La mémoire des croquants : Chroniques de la France des campagnes, 1435-1652 9791021027664

C'est à une plongée dans l'univers quotidien des villageois qui ont bâti la France, dans toute sa diversité, q

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La mémoire des croquants : Chroniques de la France des campagnes, 1435-1652
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Table of contents :
Table......Page 593
Avant-propos......Page 9
Avertissement......Page 31
Sous la coupe des gens de guerre......Page 33
Des soldats démobilisés : les « écorcheurs »......Page 34
Au son des cloches : l’insurrection des paysans cauchois......Page 35
Premiers retours à la terre. Ici et là de premiers indices, fort ténus, signalent que la vie reprend son cours......Page 36
Ravages des routiers et des écorcheurs......Page 37
Grande famine......Page 38
Guerre des loups contre les hommes......Page 39
Limitation de la durée du travail pour les vignerons du Berry......Page 40
Grande mortalité, pestilence, famine......Page 41
Multiplication des écorcheurs......Page 42
Un fléau envoyé en Aquitaine : Rodrigue de Villandrando......Page 43
Les loups sont entrés dans Paris......Page 44
Dans le Midi : reconstruction des campagnes......Page 45
En Picardie : les horreurs de la guerre......Page 46
Un fléau supplémentaire : la Praguerie (février-août 1440)......Page 47
En Bourgogne : lutte contre les loups......Page 48
Le chaud et le froid......Page 49
Remise en valeur des terres en Sologne et en Quercy......Page 50
Migrants et marchands, agents de la restauration......Page 51
Une plaie non refermée : brigandage et exactions des bandes armées......Page 52
En Bretagne : des villageois rétablis dans leurs droits d’usage......Page 53
La Seine gèle en avril......Page 54
Remise en culture......Page 55
Le roi Charles VII autorise la restauration des censives......Page 56
Début de restauration agraire en Île-de-France…......Page 57
Alertes......Page 58
Un village lorrain déserté......Page 59
Remise en culture d’une grande ferme par trois laboureurs......Page 60
Fin des opérations militaires de la guerre de Cent Ans......Page 61
Un ambitieux programme qui préfigure l’avenir : codifier les coutumes......Page 62
Lutte contre les vagabonds en Languedoc......Page 63
Un symbole de la restauration : le relèvement du gibet d’Ablon......Page 64
En Valois, des fermes à reconstruire......Page 65
En Anjou : meurtre entre laboureurs associés......Page 66
La désolation des campagnes en Brie et en Hurepoix......Page 67
Guerre et paix depuis Jeanne d’Arc : un laboureur se souvient......Page 68
En Périgord : des paysans entre français et occitan......Page 69
Cadastration générale du Languedoc......Page 70
La guerre du « Bien public » (mars-octobre 1465)......Page 71
Dévastations en Pays de France et en Brie......Page 72
Dans le comté de Nice : prospérité pastorale......Page 73
Essai de panification au froment en Bourbonnais......Page 74
Peste, tempête, mal des ardents......Page 75
Menace de déguerpissement en Lorraine......Page 76
Dénombrement général en Artois et Boulonnais......Page 77
En Haute-Normandie : convertir en argent les charges en nature......Page 78
Affouagement général des communautés de la Provence......Page 79
En Dauphiné : un artisan au village......Page 80
Dévastation de la Picardie et du Pays de Caux par les Bourguignons......Page 81
La taille à Villepreux ou comment établir l’impôt au village ?......Page 82
En prévision du veuvage : la pension alimentaire d’une paysanne du Rouergue......Page 83
L’élevage spéculatif dans le comté de Beaufort en Anjou......Page 84
Fruits, légumes, agneaux et veaux : règlement de menues dîmes dans la campagne de Caen......Page 85
Des bras, une vache, une, deux ou trois paires de bœufs ? La hiérarchie agraire en Quercy......Page 86
La mort du Téméraire : événement funeste pour les campagnes ?......Page 87
« Enfants, vous en devez pas plaindre ! »......Page 88
La reconstruction agraire se poursuit......Page 90
Épizootie en Auvergne......Page 91
De la Lorraine à la Provence : reprise de la transhumance......Page 92
Le grand hiver : vue générale......Page 93
Le grand hiver : d’une région à l’autre......Page 94
La grande famine : tour de France......Page 95
La peste en embuscade......Page 96
La grande famine (suite)......Page 97
La vie reprend…......Page 99
La peste aux aguets......Page 100
Traces de peste......Page 101
Les États généraux de Tours : la détresse rurale en pleine lumière......Page 102
Année très humide......Page 103
La fortune d’une fermière......Page 104
Pisciculture et prairies semées en Limousin......Page 105
Accidents de la vie et honneur paysan......Page 106
Tempêtes en Lyonnais......Page 107
Disette en Forez......Page 108
En Normandie, révolution dans la métallurgie......Page 109
Rude hiver : l’année des grandes neiges......Page 110
Gel des vignes et des noyers......Page 111
7 novembre : une météorite en plein champ......Page 112
Une émotion paysanne antinobiliaire en Savoie : le soulèvement des « Robes rouges » en Faucigny (septembre-octobre)......Page 113
Sécheresse en Lyonnais......Page 114
Louer deux vaches en Lauragais (24 février)......Page 115
Vignes et grains victimes du froid......Page 116
Meurtres aux champs : le roi gracie......Page 117
Exactions des gens d’armes et revanche des paysans......Page 118
Inondations : les fleuves se mettent à leur aise......Page 119
Peu de froment mais beaucoup de seigle et d’avoine......Page 120
Partage de fruits entre maître et métayer en Limousin......Page 121
Froid et orages en Lyonnais......Page 122
Inondations en Lyonnais......Page 123
Pestes......Page 124
Violente poussée de peste en France......Page 125
Contrastes climatiques......Page 126
Attaques de loups en Anjou......Page 127
Famine autour de Lyon......Page 128
Fabriquer du fromage en plaine de France. Un « laboureur de bras » à Vémars en 1504......Page 129
Brigandage dans le Maine......Page 130
Vendanges tardives......Page 131
Peste dans le Forez......Page 132
Les moissons dans la campagne de Caen......Page 133
La petite délinquance féminine......Page 134
Surproduction dans le Maine......Page 135
Le pâturage en Auvergne......Page 136
Grand hiver......Page 137
Essartage en Basse-Provence......Page 138
Des serfs en Berry......Page 139
Réunion au cimetière......Page 140
Lies et passeries dans les Pyrénées......Page 141
Pestilence en Anjou......Page 142
Le compte des luminiers de Martres-sur-Morge......Page 143
Des villageois en armes. Revue de la milice de Champagnole (Jura)......Page 144
Affranchissement de serfs dans le Jura......Page 145
Ordonnance sur les eaux et forêts......Page 146
Du froid au chaud......Page 147
Invasion d’insectes ravageurs......Page 148
Vagues de peste......Page 149
L’année des grands vents......Page 150
Entrée en vigueur de la gabelle dans le Bas-Maine......Page 151
Ouragans......Page 152
Les potiers de Ger (Manche)......Page 153
Guerre en Picardie et Champagne entre François Ier et Charles Quint......Page 154
Insécurité dans les campagnes......Page 155
Les droits d’eau en Roussillon......Page 156
Grandes inondations......Page 157
De l’Artois à la Champagne : « l’année des grands feux »......Page 158
Tempêtes et grêles......Page 159
Retours de peste......Page 160
Un chef de bande diabolique : le capitaine Maclou ou roi Guillot......Page 161
Les campagnes du Nord sur le qui-vive......Page 163
Grande sécheresse, vendanges précoces......Page 164
Provence et Picardie en état d’alerte......Page 165
« La Beste saulvaige qui dévoroit les enfens »......Page 166
« La Guerre des Rustauds » en Alsace......Page 167
Les bordagers du Haut-Maine......Page 169
Année pourrie : inondations, grêles, crues de la Seine et de la Loire......Page 170
Grandes eaux......Page 172
Famine générale et misère Avril-septembre : famine puis peste en Quercy…......Page 173
Jean Calvin, curé de paroisse......Page 174
Offensive de la peste......Page 175
Querelles de pâturages en Franche-Comté......Page 176
Gel des vignes......Page 177
Famine générale et pain de fougères......Page 178
Fièvres, pestes et famine......Page 179
Ni taille ni gabelle en Bretagne......Page 180
Chasse interdite aux paysans......Page 181
La Seine deux fois gelée......Page 182
Un bordage dans le Toulousain......Page 183
… Vaches maigres......Page 184
Une métairie en Poitou......Page 185
L’essor de la luzerne......Page 186
Les Espagnols en Provence et en Picardie......Page 187
Une plaie incurable ? Le brigandage des déserteurs aux champs......Page 188
Une vache au labour, faute de bœuf......Page 189
Le droit de premières noces en Ossau......Page 190
Août 1539 : Ordonnance de Villers-Cotterêts sur le fait de la justice......Page 191
Grande sécheresse : bons blés et vins cuits......Page 192
La paix aux frontières. « Il n’était en ce temps-là nouvelle de guerre »......Page 193
Temps et récoltes......Page 194
En pays de cocagne : l’apogée du pastel......Page 195
Grèves de dîmes......Page 196
« Le commencement des douleurs »......Page 197
Premiers conflits religieux autour de Metz......Page 198
Le cadastre arrive en Comminges......Page 199
Famine dans le Maine et en Comté......Page 200
L’année des « Bourguignons »......Page 201
Remembrement et repeuplement......Page 202
Grèves de dîmes en Beauce......Page 203
La revanche sur les bandits......Page 204
De la famine à l’abondance......Page 205
Un syndicat de villages......Page 206
Limiter le prix des vivres......Page 207
Révolte des Pitauds : descente des cloches des églises de l’Aquitaine......Page 208
En Corse : l’émergence de la châtaigneraie......Page 209
Le bétail à la ferme......Page 210
Les fermiers bourguignons : l’émergence d’une classe rurale......Page 212
Pression foncière à Saint-Martin-Vésubie......Page 213
Essartage en Cotentin......Page 214
Reprise de la guerre avec les Bourguignons : premiers pillages......Page 215
La peste au sein de la famille......Page 217
Les campagnes d’Artois incendiées par les Français......Page 218
En Cambrésis : un désastre agricole......Page 219
Sécheresse et incendies......Page 220
Le Nord dévasté, Paris menacé......Page 221
Été pourri nuisant aux blés......Page 222
Un fermier de dîmes en Vexin......Page 223
La grande sécheresse......Page 224
Vagues de pèlerinages......Page 226
Un évadé fiscal dans un manoir du bocage......Page 227
Prise de Saint-Quentin et exode des populations rurales......Page 228
Une mesure contre l’infanticide......Page 229
Les insolences des soldats......Page 231
Enfin la paix !......Page 232
14 octobre 1559 : l’arrivée du forgeron à Besse-en-Oisans (Isère)......Page 233
Au sud de Paris : une expropriation paysanne avancée ?......Page 234
Le refus de la dîme en Languedoc : grève sage ou grève sauvage ?......Page 235
Tempêtes d’automne......Page 236
Ordonnance d’Orléans de janvier 1561 (1560, ancien style)......Page 237
17 janvier 1561. Dénombrement de la gabelle du sel dans les États d’Emmanuel-Philibert de Savoie......Page 238
Étaupinage au Mesnil-au-Val......Page 239
Une pacification impossible......Page 240
L’iconoclasme protestant......Page 241
Psychose dans les campagnes parisiennes......Page 242
Les campagnes ravagées par les protestants......Page 243
Derrière les soldats : larrons, et « gens pille-hommes »......Page 244
L’industrie dans les campagnes......Page 245
Interruption de la guerre et retraite des reîtres......Page 246
Bernard Palissy critique le labour en Bigorre et en Béarn......Page 247
La terre tremble autour de Nice......Page 248
Le roi traverse les campagnes......Page 249
Du champart au nord de Paris......Page 250
Début du grand hiver......Page 251
« Moururent gens de froid par les chemins » : suite du grand hiver......Page 252
Pénurie ou abondance......Page 253
Suite du grand voyage de Charles IX......Page 254
Vagues de peste......Page 256
Fin du voyage de Charles IX......Page 257
Le Thillay au début des guerres de Religion : un pays de cocagne......Page 258
Les blés emportés par le vent......Page 259
Ravages en Île-de-France et en Bassigny......Page 260
Le trésor d’une église villageoise......Page 261
Pestilences......Page 263
Aliénations de biens ecclésiastiques......Page 264
Hiver très froid......Page 265
« Manger la poule sur le bonhomme »......Page 266
En Béthunois : 3 420 exploitations recensées en 1569......Page 267
Inondations et hiver anticipé......Page 268
Mai-septembre 1570 : des campagnes à feu et à sang......Page 269
Grand hiver......Page 270
L’« édit des laboureurs »......Page 271
Bêtes anthropophages en Champagne et en Franche-Comté......Page 272
Grande cherté en Limousin......Page 273
Après les soldats, de véritables loups en Beaujolais......Page 274
… et gelées tardives en avril......Page 275
Grande Famine......Page 276
Atrocités catholiques à Sancerre : vignerons et manœuvres acculés......Page 278
Un loup-garou en Franche-Comté......Page 279
L’oppression des gens de guerre......Page 280
À la merci des deux camps : le calvaire d’un village......Page 281
Il n’était question que de « briganderie »......Page 282
La peste décime le Beaujolais......Page 283
Passages des reîtres......Page 284
Inondations......Page 285
La trêve de Beaulieu et les exactions des reîtres......Page 286
Une plaie pour les paysans beaucerons : la « fureur » des gentilshommes......Page 287
Froidures printanières......Page 288
Année sèche......Page 289
Essor des ligues paysannes......Page 290
Mariages précoces à Athis-sur-Orge......Page 291
Année pourrie......Page 292
Les campagnes du Vivarais plongées dans l’Apocalypse......Page 293
Une prise en compte des désordres : l’ordonnance de Blois......Page 294
Un enjeu pastoral : les hautes-chaumes des Vosges......Page 295
En Dauphiné : destruction des ligues paysannes......Page 296
Droit de clôture en Bretagne......Page 297
Belles récoltes......Page 298
Que d’eau !......Page 299
Réforme du calendrier......Page 300
État des destructions agricoles à Saint-Paul-Trois-Châteaux......Page 301
Sécheresse ou humidité ?......Page 302
Des battues au loup dans tout le royaume......Page 303
Pendaison de sorciers en Sancerrois et Poitou......Page 304
Processions blanches......Page 305
Tremblement de terre, le 11 mars......Page 306
Recrudescence de la peste…......Page 307
Vague de sorcellerie en Lorraine......Page 308
Froid et pluie toujours......Page 309
De la Flandre au Poitou : consolidation des grands exploitants......Page 310
Sale temps......Page 311
Terrible famine......Page 312
En Forez : une pestiférée dicte son testament dans un pré......Page 313
« Sarrasin, fève de Calicut et sainfoin » : l’ouverture agronomique d’une ferme normande......Page 314
« L’an de grand cherté et famine »......Page 315
L’« année des reîtres », fléau complémentaire (septembre-novembre)......Page 317
Un conquérant terrien en Franche-Comté : Pierre Cécile......Page 318
Un parfumeur ou un sorcier ? Comment lutter contre la peste......Page 319
25 février 1588. Élection d’un capitaine au village d’Hérouville-en-Vexin......Page 320
Vague d’affranchissements de mainmortables en Bourgogne : Charolais, Autunois, Auxois et Chalonais......Page 321
D’Henri III à Henri IV : les soldats en Île-de-France et en Normandie......Page 322
Révolte des Gauthiers......Page 323
Ravages de la Ligue......Page 324
Été 1590 à Paris : mourir de faim devant un tas de blé......Page 325
La louve rouge de Belfort......Page 326
Des hannetons aux champs......Page 327
Procès pour sorcellerie......Page 328
Au son du tocsin ! Ligues campanères du Comminges (1591‑1592)......Page 329
En Comtat : les habitants de Gigondas réactualisent leurs statuts......Page 330
En Bretagne : renouveler le domaine congéable......Page 331
De l’Anjou à la Bourgogne : les derniers ravages ?......Page 332
De la nécrophagie à l’anthropophagie : l’arrivée des loups « carnassiers »......Page 333
Gelée et grêles dévastatrices......Page 334
Du pillage à la pacification......Page 335
Révolte des Tard Avisés......Page 336
À Paris, les fermiers cèdent la place aux jardiniers-maraîchers......Page 338
Traces de pestes......Page 339
La politique de la canonnière : Sully protège ses paysans à Saint-Mammès......Page 340
Famines, contagions et banditisme......Page 342
Une trêve relative......Page 343
Les campagnes en proie aux loups......Page 344
Point de sel ni de vin mais du grain en Saintonge......Page 345
Un seigneur pillard en Cotentin......Page 346
Rétablir la sécurité : chemins publics, chasse et forêts......Page 347
La Basse-Bretagne en proie aux loups......Page 348
Tempêtes, pluies et neiges......Page 350
Enfin, le retour à la paix !......Page 351
La guerre du loup contre l’homme : le paroxysme......Page 352
Poussées de peste......Page 355
Ravages de loups : la stupéfaction de Thomas Platter......Page 356
Sus au loup ! Une pluie de battues......Page 357
La peste se contracte......Page 358
Deux édits restaurateurs......Page 359
Orages, chenilles et vermine......Page 360
La « mauvaise bête » du Toulousain......Page 361
Terres cultivées et incultes : deux modes d’appréciation en Languedoc......Page 362
Une sorcière sur la sellette......Page 363
Blés foudrés en Beauce......Page 364
En Chartreuse : une carrière de meules......Page 365
« De long temps n’avait été telle sécheresse »......Page 366
Le peuple était à son aise......Page 367
Loups mangeurs d’hommes dans la Montagne bourguignonne......Page 368
Stigmates de sécheresse......Page 369
Prier pour vaincre les Turcs......Page 370
Un mystère joué par les jeunes au village......Page 371
Grain cher, vendange tardive......Page 372
En Provence, un souci résurgent : la déforestation......Page 373
Sécheresse et petites vendanges......Page 374
Un crime de bestialité......Page 375
Le Grand hiver du siècle (décembre 1607-mars 1608)......Page 376
Été torride : les moissonneurs succombent sous le soleil......Page 378
Naissance de Gaston, duc d’Anjou......Page 379
Vents et gelées......Page 380
Un petit office pour s’exempter de taille......Page 381
Grand bruit de sorciers et sorcières......Page 382
Mars 1610. « Bruit de guerre »......Page 383
Un paysan du Multien sollicité d’assassiner le maréchal de Bouillon ?......Page 384
Grande chaleur et sécheresse......Page 385
En labourant la terre : découverte d’un cimetière enfoui......Page 386
Poursuite de la sécheresse dans le Midi : « le bétail commençait fort à endurer »......Page 387
« Prodigieuse incursion des loups » en Queyras, Embrunais et Briançonnais......Page 388
18 septembre 1612. La belle époque du porc : un marché de paisson (1612)......Page 389
Pluies, grêles et orages......Page 390
Grand hiver 1613‑1614......Page 392
Tempête mémorable dans l’Est, le 30 juillet......Page 393
Une prise de conscience : les cahiers de doléances du bailliage de Troyes en 1614......Page 394
Grandes neiges et crues des fleuves......Page 395
Sécheresse générale......Page 396
Menaces de guerre et premières dévastations......Page 398
Le quotidien d’un village vosgien......Page 399
Froidures excessives......Page 400
Voleries et menaces de guerre......Page 401
Hiver doux, coup de froid en avril : « rien ne pouvait mûrir »......Page 402
Comète et tempête......Page 403
Feu de joie pour l’assassinat de Concini......Page 404
Année fraîche et humide......Page 405
L’opposition aux dessèchements en Auvergne......Page 406
Sécheresse générale : « peu de vendange ny de chastaines »......Page 407
Passage du roi en carrosse à six chevaux......Page 409
Gelées, grêles et petite vendange......Page 410
Les lendemains des Pont-de-Cé......Page 411
« Temps incommode pour les biens de la terre »......Page 412
Le Nord-Est à l’ombre de la guerre......Page 413
En Sologne : le nom des bêtes à cornes......Page 414
Neiges, « besches », inondations......Page 415
Du roi aux communautés : sus au loup !......Page 416
Bouchers et éleveurs : conflit de pâturage en Anjou......Page 417
Grand hiver......Page 418
Sécheresse fatale aux bestiaux......Page 419
4 mars : Fondation du village de Saint-François-Lacroix (Moselle) par ordonnance de Henri II de Lorraine (1608‑1624), à Nancy......Page 420
Point d’hiver......Page 421
Grande vague de peste bubonique en France depuis l’Allemagne......Page 422
Inondations : « jamais on n’a vu tant d’eau »......Page 423
Année de grande peste......Page 424
Refus de dîme en Pays de Caux......Page 425
Des manants au souverain : la peste désole le royaume......Page 426
Le curé de Ris fait ses annonces à la messe......Page 427
Encore du froid et de l’humidité : vendanges tardives......Page 428
Violente poussée de peste......Page 429
En Vivarais : des villageois à l’assaut des châteaux......Page 430
Violente poussée de peste en France......Page 431
Avoir la peste à ses trousses : la fuite des notables......Page 432
Dans un village du Montalbanais : la peste au ras du sol......Page 433
La portion congrue à 300 livres......Page 434
Famine « générale » et « peste presque partout »......Page 435
Une révolte de vignerons : les Lanturlus......Page 436
Au lendemain des guerres civiles : les loups du Gévaudan......Page 437
Cherté du blé et famine « extrême »......Page 438
De la Picardie au comté de Nice : peste générale......Page 439
En Lorraine : la peste au ras du sol......Page 441
Reprise des attaques de loups......Page 444
« Rubans » de grêle dévastateurs......Page 445
La Bête du Cinglais......Page 446
Réduction des portions congrues......Page 447
Protestation des pauvres manants de Rumilly (7 août)......Page 448
La réussite d’un laboureur......Page 449
La peste cantonnée......Page 450
Ravages de loups anthropophages en Gévaudan…......Page 451
La condition des taillables......Page 452
Chaleur, sécheresse et grêle......Page 453
Entrée de la France dans la guerre de Trente Ans......Page 454
En Ponthieu, guerre paysanne entre les deux camps......Page 455
En Pays de France, la gestion d’une ferme seigneuriale......Page 456
Rasement de châteaux......Page 458
La peste « suédoise » en Lorraine et sur ses marges......Page 459
Ravages des Espagnols en Picardie......Page 460
Exode des populations rurales (avril-octobre 1636)......Page 461
La Lorraine et la Champagne à feu et à sang......Page 462
Ottonville (Moselle) : l’apocalypse au village......Page 463
Hortes : village martyr......Page 465
Au départ des soldats : « la grand puanteur » du Dijonnais et du Bassigny......Page 467
Le grand soulèvement des Croquants......Page 468
« La famine fut si extrême que les hommes se mangeaient l’un l’autre »......Page 469
Persistance des pestes et contagions......Page 471
Les soldats semeurs de peste......Page 472
Le Valromey terrorisé par Canis lupus......Page 473
Famine monétaire en Velay......Page 474
Soulèvement populaire contre l’excès des impôts : les Croquants du Périgord......Page 475
De l’Auvergne au Poitou : encore des révoltes......Page 476
En Limousin : un élevage prospère......Page 477
Grands froids et sécheresse extrême......Page 478
Retours de pestes et contagions......Page 479
Ravages des Allemands en Champagne......Page 480
Un Dauphin royal sous le signe de la Vierge......Page 481
8 juin 1638. Statuts communaux de Vénasque (Vaucluse)......Page 482
Semaine sainte glaciale et sécheresse......Page 483
La peste fait place à la dysenterie......Page 484
Suite de la guerre : campagnes dévastées......Page 485
Molinges : un village du Jura au cœur de la tourmente......Page 486
Révolte des Nu-pieds en Normandie......Page 487
Tremblements de terre, débordements de rivière, calamités naturelles......Page 488
Victoire des Croquants sur les troupes du roi......Page 489
Une communauté familiale dans la Montagne bourbonnaise......Page 490
Long et terrible hiver......Page 491
Dessèchement des marais......Page 492
Un temps de chien : grêles et inondations......Page 493
Dans le Nord-Est : pillages et coups de main des soldats......Page 494
Villages résistants......Page 495
Grêles dévastatrices......Page 496
Pillages et incendies à répétition dans le Nord-Est (suite)......Page 497
Victoires paysannes......Page 498
Mort de Louis XIII : « la pauvreté a esté l’unique paix de ce règne »......Page 499
Les paysans contribuent à la victoire de Rocroi......Page 500
En Avesnois : mieux vaut lever les dîmes que gérer une ferme......Page 501
Jachère, blé et avoine : les trois saisons de l’assolement triennal......Page 502
Gelées et intempéries......Page 504
La mère du curé Aulanier : modèle de piété......Page 505
Explosion de la sorcellerie......Page 506
Contester la dîme en Pays de Bray......Page 507
Ouragan et raz-de-marée......Page 508
En armes contre les soldats......Page 509
Tremblements de terre et raz-de-marée......Page 510
Canicule estivale et grêles dévastatrices......Page 511
Le logement des gens de guerre : un fléau structurel en période de paix......Page 512
Chenilles et blés gâtés......Page 513
En Pays d’Othe : quand les champs changent de nom......Page 514
En Blésois : état des personnes mangées par les loups......Page 515
Mauvais été pour les biens de la terre......Page 516
1648‑1651 : Ravages de loups en Beauce......Page 517
Contrat de livraison d’une cabane de berger à deux essieux......Page 518
Inondations générales......Page 519
Printemps pourri, échaudure estivale......Page 520
Retour à la paix : moins de bétail de trait en Alsace......Page 521
Assurer le pain des Parisiens : les chariots de Gonesse (26 février)......Page 522
Un dernier espoir : le voyage à Saint-Hubert......Page 523
Orages, grêles et tempêtes......Page 524
Faire fortune dans la dentelle......Page 525
Grandes eaux à nouveau......Page 526
Vincent de Paul et ses missionnaires, placés sous sauvegarde royale......Page 527
1651. Processions au Brignon pour conjurer les calamités agricoles......Page 528
Grandes eaux et sécheresse......Page 529
… dans le Sud-Ouest : Quercy et Agenais (mars-décembre)......Page 530
… le Drouais et l’Orléanais (mars-mai)......Page 531
Au sud de Paris entre trois armées (fin avril-fin octobre)......Page 532
Dévastations en plaine de France et en vallée de Montmorency......Page 533
Saint-Leu-la-Forêt dans la tourmente (28 juin-novembre 1652)......Page 534
Une crise démographique séculaire......Page 535
Un spectacle apocalyptique......Page 536
Des profiteurs de la guerre ?......Page 537
Dans les bois de Chevreuse : la révolte de Sauvegrain......Page 538
Épilogue à la Fronde : l’arrivée de la Bête du Gâtinais......Page 539
Sources et bibliographie......Page 541
Anthologie des historiens......Page 555
Index des communes et localités......Page 559
Index des noms de personnes......Page 573
Index thématique......Page 587

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LA MÉMOIRE DES CROQUANTS

du même auteur Athis-Mons (1890-1939). Naissance d’une vie de banlieue [avec Danièle Treuil], Miribel, AREM, 1983. Ferme, firme, famille. Grande exploitation et changements agricoles  : les Chartier (XVIIee e XIX   siècles), Paris, Éditions de l’EHESS, 1992 (avec Gilles Postel-Vinay) ; 2   édition  : 1995. La Terre et les Paysans aux XVIIe et XVIIIe siècles (France et Grande-Bretagne). Guide d’histoire agraire, Caen, Association d’histoire des sociétés rurales, 1999. L’Élevage sous l’Ancien Régime (XVIe-XVIIIe siècles), Paris, SEDES-Nathan, 1999. Terres mouvantes. Les campagnes françaises du féodalisme à la mondialisation (1150-1850), Paris, Fayard, 2002. Histoire et géographie de l’élevage français. Du Moyen Âge à la Révolution (XVe-XVIIIe siècles), Paris, Fayard, 2005. Histoire du méchant loup. 3  000 attaques sur l’homme (XVe-XXe  siècle), Fayard, 2007 ; rééd. complétée : « Pluriel », 2016. La Bête du Gévaudan (1764-1767), Paris, Larousse, 2008. Un paysan et son univers de la Guerre au marché commun. Les agendas de Pierre Lebugle, cultivateur en Pays d’Auge (1941-1971) [avec Philippe Madeline], Paris, Belin, 2010. Repenser le sauvage grâce au retour du loup. Les sciences humaines interpellées [avec Philippe Madeline], Caen, PUC, « BPR, 2 », 2010 (dir.). Chroniques paysannes, du Moyen Âge au XXe  siècle [avec Philippe Madeline et Jean-Paul Bourdon], Paris, France Agricole Éditions, 2010. L’Homme contre le loup. Une guerre de deux mille ans, Paris, Fayard, 2011 ; rééd. complétée : « Pluriel », 2013. Les Paysans : récits, témoignages et archives de la France agricole (1870-1970) [avec Philippe Madeline], Paris, Les Arènes, 2012. Sur les pas du loup. Tour de France et atlas historique et culturel du loup du Moyen Âge à nos jours, Paris, Montbel, 2013. (dir.) Vivre avec le loup ? Trois mille ans de conflit, Paris, Tallandier, 2014. Secrets de campagnes. Figures et familles paysannes du XXe siècle, Paris, Perrin, 2014. Le Loup en questions. Fantasme et réalité, Paris, Buchet-Chastel, 2015. La Bête du Gévaudan. La fin de l’énigme ?, Rennes, Ouest-France, 2015. (dir.) Les Petites gens de la terre : Paysans, ouvriers et domestiques du Moyen Âge à aujourd’hui [avec Philippe Madeline], Caen, PUC, « BPR, 4 », 2017. Les Grands fermiers. Les laboureurs de l’Île-de-France (XVe-XVIIIe  siècle), Fayard, « Pluriel », 2017.

Jean-Marc Moriceau

LA MÉMOIRE DES CROQUANTS Chroniques de la France des campagnes 1435-1652

Tallandier

Cet ouvrage est publié sous la direction de Denis Maraval.

© Éditions Tallandier, 2018 48, rue du Faubourg-Montmartre – 75009 Paris www.tallandier.com ISBN : 979-10-210-2766-4

À Jean Le Coullon (1525-1587), laboureur et vigneron à Ancy-sur-Moselle. À Emmanuel Le Roy Ladurie, Jean Jacquart et Marcel Lachiver. À mes disciples du Pôle rural de Caen, docteurs, doctorants et diplômés de master.

Avant-propos « Les campagnes françaises ont peut-être été longtemps le “livre de raison” de notre pays, auquel il convient de se reporter pour le bien comprendre. » Fernand Braudel, L’Identité de la France. Les Hommes et les choses, 1986.

L

ongtemps, les campagnes ont retenu les hommes. Aujourd’hui éclaircies, sillonnées par les machines des quelques agriculteurs restés sur place, réduites à servir de villégiature aux gens de la ville qui s’y ressourcent, elles se sont tues. Les cloches ne rythment plus les travaux et les jours. Le cliquetis des éoliennes ou le vrombissement des tracteurs ont remplacé les chants au labour, les gestes collectifs et les processions. La cohabitation entre néo-ruraux et agriculteurs ne saurait rappeler les échanges et les conflits têtus qui ont marqué, des siècles durant, l’opposition des paysans et des bergers, le voisinage des artisans et des notables, les mouvements des « manants » et des « errants ». Le destin des anonymes du passé

Le nom des « gens de la terre » n’est point inscrit au fronton des célébrités nationales. Loin des figures de proue de l’histoire politique ou militaire, les personnages que nous recherchons forment la majorité des anonymes. Ils sont censés ne pas avoir « fait » l’histoire mais l’avoir subie. Or c’est aussi bien comme acteurs que comme sujets que nous entendons les observer. Ces « Croquants » à qui l’on doit nos paysages, notre sécurité alimentaire et nos racines, qui étaient-ils vraiment ? Au-delà des clichés qui en sont restés – largement revus et corrigés par le xxe siècle –, qu’ont-ils dit, écrit ou éprouvé depuis les époques les plus anciennes où nous disposons d’informations précises et parfois de première main ? Comment ont-ils réagi aux décisions prises par ceux qui les commandaient et aux éléments natu9

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rels, qui les frappaient au premier chef ? Dans la diversité des situations régionales – et même locales – beaucoup ont survécu ou résisté, d’autres ont sombré, quelques-uns ont même progressé. À quoi tiennent ces divergences ? Alors que la moitié de la population avait moins de 20 ans, qu’il fallait deux enfants pour faire un adulte, et que les « drôles » s’activaient comme aides familiaux dès l’âge de 7  ans, comment hommes, femmes et enfants des champs vivaient-ils, peinaient-ils et mouraient-ils ? Questions simples, mais fondamentales. Les témoignages dont nous disposons éclairent aussi leurs sensibilités. Que pensaient-ils ? À quoi rêvaient-ils ? Comment se représentaient-ils le monde dans lequel ils évoluaient ? Comprendre ce peuple majoritaire du passé au fil du temps, dans toutes les dimensions de l’approche historique, tel est l’enjeu premier de ces Chroniques de la France des campagnes. Masse anonyme de petites gens, accrochés à la terre ou vivant au plat pays, hommes des montagnes, des plaines et des plateaux, des champs ouverts (openfields) et des pays « coupés » (bouchures), les « laboureurs et gens de village » –  pour reprendre la vieille expression sortie du Moyen Âge  – ont assuré l’essentiel du patrimoine de notre humanité. De leur présence les traces se retrouvent sans cesse dans nos paysages, nos généalogies et nos cultures. Ces « païsants » pris au sens large – « villageois du païs » (comme à Rocroi, en 1643) ou plutôt des « petits païs » – ont été les mulets de l’histoire, en France comme ailleurs. Producteurs des richesses sur lesquelles les classes privilégiées ont édifié leur puissance et les pouvoirs publics leurs finances, les habitants des campagnes ont façonné, de génération en génération, la matrice environnementale dans laquelle les citadins se sont répandus depuis moins de deux siècles. Ils sont aussi à l’origine des spécificités qui fondent l’identité de l’Europe. L’Hexagone, si l’on consent à rendre compte de sa diversité, en fournit un concentré étonnant. Modes historiques : d’un angle à un autre D’abord considérés comme « classes agricoles » sous l’œil particulier des historiens du droit, dans leurs rapports juridiques avec le sol qu’ils mettaient en valeur et les maîtres qu’ils servaient, puis examinés par les géographes comme agents de transformation des milieux et des paysages, les ruraux ont connu leur heure de gloire sous la bannière de l’histoire économique et sociale chère aux disciples de Marc Bloch et de Lucien Febvre, entre 1950 et  1980. En son temps, l’Histoire de la France rurale (1974-1975) est venue assurer, dans les bonnes bibliothèques, un panorama suggestif des grandes étapes de la vie des campagnes. 10

AVANT-PROPOS

Ensuite, les modes sont passées ailleurs, délaissant pour une part les territoires ruraux et les sociétés qui les animaient pour des orientations thématiques valorisant les élites cultivées et les cités, puis les concepts et les problèmes du moment. Plus récemment encore, les curiosités ont favorisé de nouveaux regards autour de l’histoire du genre, de l’histoire globale, de l’histoire « mondiale », décentrant sans cesse les repères et les inscriptions spatiales pour repenser autrement l’évolution des sociétés humaines. Ces fluctuations ont d’incontestables avantages : elles posent un esprit critique permanent sur les travaux qui les précèdent, modifient les contextualisations et pointent des sujets d’observation inédits par leurs décentrages successifs. Tout cela est très bien, à condition de ne pas occulter les repères essentiels des acteurs les plus nombreux de notre histoire ni de tourner le dos aux apports constants des cohortes d’historiens qui ont travaillé avant nous. Retrouver ces repères, réintégrer les différentes perspectives ouvertes par les artisans de Clio depuis deux siècles, restituer l’ancrage spatio-temporel des générations successives des paysans français et de leur entourage, tout en laissant entrer les vents de la recherche actuelle, telles sont les perspectives qui m’ont guidé dans cette vaste fresque. Une histoire vue d’en bas L’intérêt pour les masses anonymes ne date pas d’aujourd’hui : qu’il s’agisse du petit peuple de Paris, des classes ouvrières, des couches bourgeoises des villes ou des galériens des ports, l’écriture des historiens ne dédaigne pas de s’attacher à des « sans-nom ». En France, le courant historiographique initié d’Angleterre dans les années 1970 par Edward Thompson, et relancé ensuite, depuis l’Italie, avec la microstoria, n’a pas privilégié les campagnes. Hormis quelques exceptions, les ruraux – et surtout les agriculteurs – ont beau l’emporter dans les statistiques, ils n’apparaissent que fugitivement. On les cite souvent, mais on les laisse volontiers sans papiers. Sans prétendre renverser à l’extrême le balancier, ce sont justement ces villageois dont on entend restituer l’identité, l’impact et la sensibilité. Dans cette perspective, plaçons-nous, autant que possible, au ras du sol pour contribuer à une histoire concrète –  « vivante » – des sujets et des acteurs majoritaires de l’évolution sociale. Tout en laissant grand ouverts les registres thématiques de l’histoire rurale, cherchons à rendre compte des réalités sur le terrain, de la matérialité des événements et des conséquences des choix politiques ou religieux pour les populations, qu’il s’agisse d’un incendie de village (comme à Hortes en 1637), d’un pillage d’église (comme à Marmoutiers en 1562), de la guérilla des paysans contre les « écorcheurs » 11

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(comme la bande des « Robes rouges », autour de Jehan Gay, en Faucigny en 1492), des processions pour faire cesser les calamités agricoles, voire des mulots dans les champs, qui obligent à semer une seconde fois en 1617. Ces réalités sont aussi celles portées par les personnages qui côtoyaient les populations « rustiques ». Le discours d’un seigneur anti-paysan aux États généraux de Tours en 1484, le point de vue d’un curé du Velay, fils et frère de laboureurs, consigné dans son Journal à partir de 1638, le regard quotidien d’un charpentier de Reims sur les paysans et vignerons de la « Montagne » qu’il avait sous les yeux de 1568 à 1626 fournissent des éclairages directs sur le monde rural. Placer les populations majoritaires du passé – les ruraux, et en particulier les paysans  – au centre d’une démarche et d’une construction historique impose de bien se reconnaître dans l’océan des « états et conditions » qui étaient les leurs. Quels sont donc nos personnages ? Des hommes dans leurs repères : « Jean qui pleure »… Les hommes d’abord, à commencer par les paysans dans leur mille-feuille géographique, ce qui impose un tour de France relativement équitable pour rencontrer « laboureurs à charrue », fermiers, « censiers », « ménagers », « caps d’ostau » ou « casalers », mais aussi métayers, « grangers », « closiers », « bordiers » ou « bordagers », « locatiers », « tenuyers », « colons », « demi-laboureurs », « suitiers », « saussons » ou « soitons », « haricotiers » et « haricandiers », « manœuvres », vignerons, journaliers, brassiers, manouvriers, « laboureurs à bras », hommes de peine, sans négliger, au sommet, les « amodiateurs » ou receveurs de dîmes et de droits seigneuriaux et, à la base, la masse considérable des domestiques agricoles, charretiers, bouviers, bergers, « bayles », vachers, chevriers, porchers, dindonniers, valets de cour, « chambrières », servantes de ferme qui s’activaient, durement, dans les exploitations rurales. Chez ces « pagès » de tout acabit, « vassaux », « rentiers » ou « tenanciers, « pariers » et « comparsonniers », ouvriers agricoles, un véritable kaléidoscope se révèle, jouant bien plus subtilement que les oppositions binaires qui privilégient, dans les manuels, les mêmes types de paysans. Pour autant, la séparation avec les autres catégories du monde rural reste ténue. Chemin faisant, nous rencontrons partout artisans liés à l’agriculture comme à l’industrie, marchands, meuniers, ecclésiastiques, sergents et garde-messiers (ou « bangards »), agents administratifs, bourgeois, gentilshommes. Ces hommes sont saisis à la lumière des événements qui ont marqué leur existence. Intempéries (grêles, coups de froid, sécheresses) survenues au mauvais moment (notamment entre les « Saints de glace » et les 12

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récoltes), décalages ou inversions des saisons, redoutés ; calamités naturelles – « orvales » ou « vimères » –, inscrites jusque dans les baux d’exploitation ; passage de gens de guerre ou, plus sérieusement, logement voire théâtre d’opérations militaires, qui introduisent des cicatrices, parfois récurrentes ; arrivée de commis et d’agents du fisc ; poussées contagieuses qui font circuler les virus, et d’abord celui de la peste, d’un village à l’autre, et souvent à partir des villes et des axes commerciaux ; retentissement d’événements politiques nationaux comme les traités de paix, le passage ou la mort d’un roi ou d’un prince ; querelles intestines ou inter-communautaires qui séquencent l’histoire agro-pastorale de bien des régions. À propos des événements climatiques, certes les accidents –  voire les catastrophes  – restent privilégiés dans cette trame  car ils assuraient des repères durables fichés dans la mémoire des hommes. Pour la peste, qui s’ancre de génération en génération, sans laisser quasiment de répit jusqu’au milieu du xviie siècle, l’intégration dans l’imaginaire collectif est générale. Chaque année ou presque, l’expérience du fléau épidémique se reproduit, frappant tantôt une province et tantôt une autre, et enracinant sa marque à toutes les échelles, de la ville à la campagne, à l’intérieur du petit pays, du village même et du ménage. Ce « mal qui répand la terreur » plane sur l’horizon biologique et mental de notre époque, étalonnant la chronologie selon l’indice de gravité ou de récurrence de Yersinia pestis, jusqu’à confondre avec lui d’autres agents mortifères. Incontestablement il y a là un marqueur universel qui prolonge très loin le Moyen Âge et hante la vie quotidienne. Mais il y a d’autres signes funestes. Pour les transmettre à la postérité, les témoins les couchaient par écrit, en s’en rapportant à leur propre expérience et à celles des anciens qu’ils interrogeaient. S’agit-il d’un froid rigoureux ? Il apparaissait « tel qu’il n’était point de mémoire du contraire que jamais hommes ne femmes l’eussent vu » (1481 ou 1537) ou « qu’il ne s’en est vu de pareil de mémoire d’homme » (1608). D’un excès de pluie ? Il « n’y avoit sy ancien qui vist oncques faire yver sy pluvieux » (1485). De chutes de neige inusitées ? Elles survenaient « en telle abondance qu’il n’est homme vivant qui en vit jamais autant » (1613) ou telles « qu’il s’en soit jamais veu au païs » (1615). D’une tempête ? C’était « si gros vent, si grande pluie que fut jamais vu » (1538), « tempête qu’on ne vit jamais la pareille » (1568) ou encore « grand orage qu’homme heusse jamais veu » (1626). Toujours circonstanciées dans le temps et dans l’espace, les grêles faisaient figure, dans tous les cantons, de repère collectif, et l’on retenait la dimension des grêlons : aussi gros qu’un œuf en 1527, qu’une balle de laine en 1623 ou qu’une noix en 1613, mais certains auraient pesé jusqu’à une livre, « tuant beaucoup de gibier » en 13

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1598, voire davantage, quand on les comparait à des « balles d’artillerie » si bien qu’on trouvait des loups morts dans les champs en 1593 ! Que le temps ne soit pas de saison et les commentaires fusent : « Il y a longtemps hors de mémoire qu’il ne s’estoit veu un sy chaulx et tel printemps et de sy longue durée » (1611) ! Dans ce contexte fragile, les conséquences sur la production agricole marquaient les esprits : les « vendanges furent aultant petites que jamais vivant eut veu » (1598) ; « de mémoire d’homme ne s’est vu si pauvre ni si misérable vinée » (1612). Encore plus mémorables, et d’ampleur plus large, les catastrophes céréalières qui déclenchaient ces famines dont le retour était redouté : « famine si grande que comme jamais ne l’avait vue telle » (1531) ; « disette et stérilité de blés si grande que jamais homme vivant n’ouït parler audit pays d’une semblable » (1585) ; un « bled a esté tellement cher que le pauvre peuple estoit fort estonné » (1631). Chez les « pauvres gens de villages », ces cicatrices font date. Elles structurent la mémoire collective. Pour autant, on ne recherche pas ici une reconstruction climatique conforme aux attentes des clio-climatologues d’aujourd’hui et de demain, en étalonnant les données dans l’espace et en fournissant des calculs d’intensité ou de corrélations. Le rassemblement annuel des indications « agro-météorologiques » vise à reconstituer le tempo et à souligner l’éventail des facteurs de dépendance des ruraux à l’égard des aléas du ciel. Il offre commodément une contextualisation au lecteur. Autant que possible, ces éclairages sont associés à leurs conséquences agricoles, ces « fruits » de la terre » qui préoccupent tant ruraux et citadins – et, plus généralement, à leur impact sur les activités économiques, si bien que les observations retenues, diversifiées mais nullement exhaustives, échappent à l’excès de la subjectivité. Dans le même ordre de repères sur la longue durée, bien des événements mémorisés interviennent, en général négativement, derrière l’adverbe « jamais », qui vient instaurer une césure événementielle. Il en va ainsi des malheurs causés par la croissance de l’État et les divisions des hommes  : « jamais n’avaient accoutumé les paysans de ces lieux payer aucunes tailles au roi » (1543) ; « ce mot de reistres n’avoit oncques, du vivant des plus anciens n’été en usage en France » (1562) ; « jamais Attila ne fut plus cruel que ces tyrans Cravates » (1636) ! Mais nos témoins perçoivent aussi les moments heureux de leur existence. Leurs écrits signalent, au moins a posteriori, les « bonnes » années. Même si les discours sont moins enclins à les mettre en avant, ces Chroniques les ont traquées, autant que possible. Regardons l’an 1441 (il est « très plantureux de grains » même si les vins font défaut) 14

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mais aussi 1509 (« à l’aoust, jamais à vie d’homme ne fust vu tant de bled ») ou 1525 (« le plus bel aoust que on eust sceu estimer »). En 1540, « les anciens disoient n’avoir jamais veu année sy chaude ne sy bons bleids et vin » ! En 1576, « les ouvriers gaignèrent 10  gr. et 1  fr, chose non jamais veue » et, deux ans plus tard, « les vins estimez aultant bon qu’ilz ont jamais estez » (1578). En 1614, on trouve la récolte de blé « si grande et si abondante que de cinquante années auparavant aucun ne l’avait vu semblable ». Quand bien même certains de ces propos ne valent que régionalement, d’autres ont une portée générale. À propos d’Henri II, disparu tragiquement en 1559, Claude Haton, un curé de la Brie provinoise, n’écrit-il pas qu’on le considérait comme « le père des laboureurs » ? Dans les événements collectés par la mémoire, ce sont les intensités négatives qui l’emportent  néanmoins  : « si grandes neiges » (1443, 1511, 1548, 1570, 1598, 1615) ; « si grand froid » ou « si grande froidure » (1523, 1572, 1573, 1595, 1603, 1607-1608, 1630) ; « si grand hiver » (1613) ; « si grande bise » (1614) ; « si grande gelée » (1538, 1564, 1639) ; si grand chaud » (1638) ; « si grande sécheresse » (1536, 1556, 1619, 1623, 1624) ; « si grande foudre » (1640) ou « si grand tonnerre » (1650) ; « si grand débordement » ou « si grandes eaux » (1586, 1615, 1625, 1626, 1640) ; « si grande inondation » (1522, 1567) ou « si grande pluie » (1538, 1623) ; « si grande tempête » (1643) ou « si grand vent » (1562, 1606) ; « si grand ébranlement et tremblement des terre » (1646) ; « si grande famine » (1437, 1481, 1587, 1630, 1637) ; « si grande cherté » (1573, 1597, 1631) ; « si grande disette » (1586, 1631) ; « si grande misère » (1586, 1595-1598) ; « si grande peste » (1637) ; « si grande quantité de vermine » (1532) ; « si grande cruauté » (1593) ; « si grande quantité de loups » (1596, 1598) ; « si grand ravage de loups » (1634) ; « si grande mortalité de bétail » (1614) ; « si grande émotion » (1637). L’inventaire est extensible à l’envi : à l’aune d’une génération et de l’expérience toujours circonstanciée des rédacteurs, le sentiment d’anormalité trouvait toujours à s’exercer. Selon le contexte géographique, c’est ici la face « noire » de l’histoire rurale qui met en avant Jean qui pleure mais l’ampleur des désastres est longtemps telle que l’observateur ne saurait rester impassible. Les « malheurs des temps » détruisent le mythe du « bon vieux temps ». Les infortunes irrémédiables que les rustres ont subies avec récurrence ont scandé leur destin. Pourquoi enterrer les morts dans les jardins, les vignes et les clos, jusqu’au sommet des puys, si la peste n’avait pas figé chacun chez soi ? Longtemps les cabanes des pestiférés ont marqué le paysage et bon nombre de nos villages, sans en avoir la moindre idée, conservent les ossements 15

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des victimes aux quatre coins du finage. Mourir de faim, de famine et de misère et manger du pain de gland ou de racine de fougère, autre risque collectif qui jalonne ce long martyrologe. Même les enfants et les femmes dévorés par les loups « et autres bêtes féroces » scandent l’histoire rurale du début du xve  siècle à celui du xixe. Tous ces repères font sens quand ils sont rassemblés et il importe d’en saisir l’impact inégal, mais souvent large, sur les différentes conditions. Marqueurs des temps, et souvent de leur dureté, ces événements fournissent par ailleurs un miroir grossissant des réalités ordinaires de ce « pauvre bonhomme », dont l’avocat Grimaudet prenait la défense en 1561. Leur mise en place dans l’espace et la chronologie révèle en négatif les phases, même rares, et les zones, plus nombreuses, qui ont échappé à la sinistrose ambiante, qui s’atténue avec le temps. Comme le marquait justement Fernand Braudel, en parcourant l’« économie paysanne » dans son Identité de la France (iii, 26) : « Si l’on ne replaçait pas ces nouvelles calamiteuses à leurs dates, au long de la durée, pour qu’apparaissent entre elles les bonnes récoltes et les intervalles presque tranquilles qui ont tout de même existé, elles constitueraient, rapprochées comme autant de pierres noires, un mur d’éternelles lamentations. » Des hommes dans leurs structures : « Jean qui rit » ? Car, au-delà des aléas, ces hommes ont survécu. Quand bien même l’optimisme ne saurait être de rigueur dans ces siècles de fer, le challenge entre « gens qui grognent », mis en lumière par Pierre Goubert, et « gens qui rient », sensibles à Emmanuel Le Roy Ladurie (Une Vie avec l’histoire, 2014), est indéniable. Pour les mêmes individus, l’alternance rebat les cartes et évite de sombrer toujours dans le misérabilisme. Ces chroniques entendent faire resurgir leur quotidien dans toutes ses dimensions. Leur vie matérielle, leur organisation familiale, leurs productions, leur rôle social mais aussi leurs rapports avec le mas, le village, les villes, avec les privilégiés, avec les pouvoirs constitués. Par ailleurs, on a scruté aussi les réactions du monde rural à l’égard de la montée de l’État en tant que premiers contribuables, endettés et révoltés. Agents du pouvoir administratif (royal, seigneurial et ecclésiastique), juges et propriétaires, sergents et percepteurs, soldats et bandits interviennent d’une année à l’autre. Leur passage, souvent redouté, marque les mémoires. La présence de Dieu imprègne nos personnages. Catholiques pour la plupart, ils sont sous la coupe du curé – ou du recteur dans le Sud-Ouest comme en Bretagne – mais ils ont affaire le plus souvent aux vicaires, qui témoignent, au premier chef, dans les « notas » de leurs registres parois16

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siaux. C’est dans le cadre religieux que s’affirme une bonne part de la sociabilité campagnarde sous l’Ancien Régime : fêtes patronales, confréries et processions mais aussi « reinages » ou « royaumes » quand il fallait assurer les dépenses de luminaire pour l’église. Enfin ces croyants sont parfois des Réformés et, dès le xvie siècle, un certain nombre de nos témoins affirment cette sensibilité, dont on peut voir la gestation chez Jean Le Coullon, aux portes de Metz. Les hommes ne sont pas seuls. Les bêtes ont également une place à côté d’eux. Même si nous n’entrons pas dans une « histoire de l’animal » pour elle-même, le rapport de l’homme avec les autres espèces reste bien présent ici. Les animaux domestiques ont accompagné les ruraux, comme acteurs pour le trait et comme source de rente, dans toute leur diversité (des « bêtes à cornes » aux « mouches à miel », des chevaux et mulets aux poulets « d’Inde », du « brébial » lanu des moutons et des chèvres aux « coches » du troupeau porcin). Eux aussi sont soumis à la vulnérabilité environnementale. Les épizooties surgissent, comme celle qui frappe les porcs du Lyonnais et du Forez en 1501 ou les vaches en Auvergne et en Velay en 1614. Les animaux sauvages les ont menacés, à commencer par les « bêtes rousses » dévastant les cultures mais aussi le redoutable loup à quatre pattes, qui a assombri les époques troubles, en tant que prédateur ou que bête enragée. L’irruption chronique de Canis lupus dans les campagnes révèle les fragilités de l’homme dans son organisation sociale et le contrôle de l’espace. La chasse –  légale ou non  – a donc été la riposte nécessaire, mais non suffisante, des producteurs. Car les conditions de l’environnement soulignent la fragilité des populations rurales : les invasions du bacille de la peste, récurrentes, mais aussi celles des chenilles (1549, 1625, 1647, 1651), des hannetons (1517, 1591, 1605), des sauterelles (1479, 1504, 1517, 1553, 1615). Enfin, on ne saurait oublier les paysages, les arbres, les champs et les vignes, les friches, les pâtures et les estives que l’homme sans cesse a façonnés et souvent modifiés. Le bocage en contruction, les marais en cours de dessèchement, les montagnes en lente déforestation : ces processus, qui échappent au temps court, sont justiciables d’une approche lente dont ces Chroniques livrent des jalons. Chaîne et trame entrecroisées Onze cent soixante-six rubriques ont été ouvertes. Dans ce florilège, deux niveaux de lecture s’offrent au public  : la trame événementielle et les aperçus structurels, qui se font écho. Au cours du long métrage que nous nous efforçons de reconstituer, sur différents registres, des arrêts sur image 17

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fournissent des coups de projecteur sur des réalités ou des processus dont l’évolution s’opère à une autre cadence. • Au jour le jour : la chronologie dévoile le rythme de l’histoire rurale, avec une série continue de repères depuis la fin du Moyen Âge (réglementation étatique et ecclésiastique, agro-météorologie, environnement, guerres et paix, révoltes populaires). Le rassemblement de ces données vient confirmer – ou nuancer – les témoignages isolés. Il révèle, à grande échelle, des concordances et des cohérences, qui singularisent la texture de la trame générale. • Les longues permanences de l’histoire « immobile »  : des extraits de documents ouvrent sur les aspects divers de l’histoire des campagnes, dont l’évolution est plus insidieuse (structures économiques, aspects démographiques, vie quotidienne, relations sociales, contrôle de l’espace, comportements culturels) et sur les apports spécifiques des historiens qui se sont intéressés aux campagnes, directement ou transversalement, depuis 1850. Dans cette vaste fresque, quels ont été les choix ? Essentiellement celui de la diversité pour éclairer la multiplicité des aspects de la vie rurale et des champs d’intérêt qui s’offrent aujourd’hui : modes et outils de production, types d’exploitation, vie quotidienne, préoccupations, activités domestiques et communautaires, liens familiaux et fonctionnement des exploitations, rapports avec les seigneurs et les autorités, sensibilités religieuses. Entrons dans les villages, arpentons les terres, les bois et les vignes, pénétrons à l’intérieur des fermes : c’est à une vision immersive de l’histoire des campagnes que l’on convie le lecteur. L’observatoire retenu : le futur Hexagone, du Moyen Âge à Louis XIV Tandis que les frontières de la France s’étendent singulièrement de la fin de la guerre de Cent Ans à la Fronde –  mais sans atteindre l’Hexagone avant 1860 –, il était difficile de ne pas privilégier les provinces du vieux royaume. Par ailleurs, l’accessibilité documentaire et la familiarité de l’auteur avec le Bassin parisien interdisaient de représenter à parts égales les régions méridionales et occitanes, la Bretagne bretonnante ou l’Alsace germanophone. Un effort a été tenté néanmoins pour éviter des injustices criantes et intégrer des informations venues de toutes les anciennes provinces françaises et de la totalité des départements actuels. Historiquement, ces Chroniques prétendent embrasser non seulement le royaume de France mais aussi ses « parties adjacentes » (1484)  : on y rencontrera les plaines et les montagnes, l’intérieur et les côtes, les campagnes « profondes » et le « péri-urbain », l’habitat groupé et l’habitat 18

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dispersé, les fleuves et les marais, l’inculte et la forêt, la terre ferme et les îles. Du cap Sizun à Villersexel, de Coudekerque à Saint-Martin-Vésubie ou de Thionville à Artigat, pour reprendre des localités citées dans ces pages, et sans négliger la Corse, on s’est efforcé de voir large. Vaste programme, dont le lecteur débusquera sans peine les imperfections. L’index des lieux (plus de 2  100  communes anciennes et actuelles, réparties sur tous les départements), qui figure à la fin de l’ouvrage, en donne la mesure. La dimension hexagonale n’a rien de réducteur  : la multiplicité des identités régionales et des cloisonnements culturels crée pour l’historien du monde rural un véritable challenge s’il ne veut pas se contenter d’une esquisse trop impressionniste ; la construction progressive de l’espace « national » fait regarder comme étrangers, aux yeux des « régnicoles », les populations alors frontalières des États de Bourgogne dans lesquels les « Franchois » ont un statut identique ; enfin les échanges multiformes auxquels tous ces territoires se prêtent, depuis l’ouverture au monde à la fin du xve siècle, sont tels qu’on est loin d’un repli. Considérer ensemble des provinces, des pays et des « petites patries » que le nom du roi de France ne réunit même pas encore est en soi un exercice de comparaison fructueux, qui est loin d’épuiser l’ingéniosité de Clio. Quelle temporalité retenir ? L’objectif est de couvrir une enveloppe chronologique large pour saisir changement et continuité, en traquant l’écho dans les campagnes des faits majeurs et en multipliant les séquences fixes. Dans cette perspective, adopter une tranche de deux siècles nous paraît être une bonne mesure  : sept à huit générations, un pas de temps suffisamment large pour saisir les mouvements de longue durée mais suffisamment étroit pour enregistrer le conjoncturel. Dans cette association, on égrènera toutes les années même si leur traitement spécifique restera inégal, en fonction de l’épaisseur de la documentation et de la subjectivité de l’historien. De 1435 à 1652, sur 218 années, un long Moyen Âge est entré dans la modernité, sans abandonner les marqueurs qui en ont fait l’identité : les poussées endémiques de peste, l’évolution homéostatique des récoltes et des hommes, la prédominance des logiques territoriales locales ou régionales, la menace quasi permanente des guerres intestines. De la paix d’Arras, qui annonce la fin des dévastations (1435), à l’achèvement de la Fronde (1652), qui marque la dernière opposition féodale à l’émergence d’un État national, les gens de village ont vécu dans un climat d’insécurité chronique  : les figures qui hantent alors la mémoire des Croquants sont des hommes de guerre ou des chefs de bandes. Entre-temps, dans le sang et dans la fureur, les campagnes ont été à la merci de la soldatesque. 19

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À feu et à sang : « gens d’armes » et « mauvais garçons » Jamais ensuite on ne retrouvera pareilles fumées. En dehors des rares périodes de trêve où le plat pays s’inquiète au moindre « bruit de guerre », les paysans ont été pris entre deux feux  : à l’avant, celui des ennemis, mercenaires des Habsbourg, « Bourguignons », « Impériaux », « Espagnols », « Flamands », « Allemands », « Croates », « Hongrois » ; à l’arrière, celui des « gens d’armes », « Français » eux-mêmes, mercenaires également, souvent étrangers ou « suivants d’armée », « Italiens » dans les années 1520 et 1540, « Suédois » dans les années 1630, sans compter les incursions intérieures de troupes « alliées » tels les « Reîtres » en 1587, ou les « Lorrains » en 1652. Comme le dénoncent fort bien les chroniqueurs du temps, « sur le plat pays, ceulx de l’Empereur pilloient et faisoient tous actes d’ennemis sauf qu’ilz ne brusloient les villages » (1554), tâche réservée en principe aux Français. Mais parfois la distinction est malaisée  : « nous étions égorgés par les « Suédois », les « Lorrains » pillaient tout, les Impériaux nous traitaient en ennemis, les Messins ne nous portaient aucun secours » (1635). La vision de villages incendiés est certainement l’une de celles qui a marqué le plus la mémoire des rustres. En 1637, depuis la montagne de Saint-Quentin, Jean Bauchez, le greffier de Plappeville, s’écrie : « au long et large tant qu’on peut regarder, c’estoit tout fumée et feu, et n’y avoit pas un lieu ni villaige qu’ils n’y brûlèrent quelque grange ou maison » ! Deux ans plus tard, en Picardie cette fois, du village de Domart, un autre observateur lui répond : « du château, on voyait plus de cent feux allumés en plein air par les fantassins » ! En dehors des soldats réguliers –  et souvent issues de leurs rangs  –, des troupes de bandits rackettent les campagnes, tenant les bois le jour, et pillant la nuit. En 1441, Charles VII dut « chevaucher ses pays de Brie, de Champagne, de Laonnois, de Picardie et de France, et les mit en grant paix et seureté en ostant les larrons ». En 1521, dans le duché de Bar et Lorraine « un tas de mauvais garçons » écument le Pays messin. En 1523, d’autres « mauvais garçons aventuriers » sèment la terreur dans les provinces du centre du royaume, avec à leur tête de redoutables chefs de bande comme ce « roy Guillot », qui défie, le temps d’un été, l’autorité de François  Ier ! L’année suivante, malgré la décapitation du brigand, la menace gagne les environs de la capitale. En août  1544, dans les campagnes poitevines, les « mauvais garçons » raflent les bestiaux des paysans pour les « faire racheter par eux ou autres », aux environs de Niort. Les mêmes scènes se répètent, inlassablement. En 1635 et  1636, au marché de Thionville, les pillards Bourguignons revendent les chevaux ou les « hardes » de bêtes à 20

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cornes des « pauvres laboureurs » lorrains ; en 1643, on y adjuge encore au son du tambour le bétail qui vient d’être ravi aux paysans. La colère de Jacques Bonhomme Devant cette menace structurelle, les campagnes s’efforcent de sauver ce qui peut l’être. C’est alors que les villages, par centaines, se fortifient et élisent leur capitaine, s’imposent pour financer la construction des murailles et l’équipement en armes, allant jusqu’à établir des amendes à l’égard des récalcitrants comme Hérouville-en-Vexin qui, en février 1588, impose six fois plus les laboureurs, tous signataires de la décision, que les manouvriers, qui apposent de simples marques. Pour autant, la précaution ne vaut qu’à l’égard de bandes isolées. Lorsque survient une armée, c’est en ville –  ou en forêt  – que les villageois se réfugient avec leur bétail et leurs meubles les plus précieux. Ce n’est qu’un pis-aller. Dans ce climat sombre, la révolte gronde  : outragés et rançonnés, les « gens de labeur » se font justice eux-mêmes. En 1496, parmi les gens d’armes de pied qui « faisoient beaucoup de mal » au plat pays « en dissipant et en mangeant les biens des laboureurs », 300 fantassins allemands sont délogés de Saint-Clément-sur-Valsonne, en Lyonnais, par « les gens dudit lieu et d’autres environnants gens », réunis en « grand nombre ». Des villageois des environs viennent secourir Villeneuve-Saint-Georges, accablé par les « mauvais garçons », en juin 1524. En 1545, les « gens des champs » capturent, en Poitou, les aventuriers en fuite pour les dépouiller. Ceux du Dijonnais s’empressent de faire payer un « péage » aux reîtres de l’électeur Casimir en 1576. En 1652, les paysans du Hurepoix massacrent les « Allemands » partis fourrager pour ravitailler l’armée des Princes à Étampes tandis qu’en vallée de Chevreuse, un laboureur au surnom emblématique – Sauvegrain ! – arme une « compagnie de paysans » pour protéger leurs biens. La mise à sac des campagnes entraîne la vendetta. On comprend mieux l’insistance mise pour souligner, à chaque accalmie, tout « bruit de paix », comme le fait le curé de Vitray-en-Beauce en 1620. Les traités qui interrompent les guerres, celui de 1559 (Le CateauCambrésis), ou celui de 1598 (Vervins) sont célébrés dans les campagnes par des Te Deum laudamus et des feux de joie. « Enfin le bon Dieu permist que la paix fuist faicte au commencement du moys d’apvril 1559 », reconnaît Jean Le Coullon, désormais soulagé ! Au cours de cette même séquence, Jacques Bonhomme s’insurge aussi contre le financement des guerres à travers la poussée fiscale et, à cet égard, les incendies qui s’allument scandent la résistance à la croissance étatique. 21

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Paroles villageoises et « discours » paysan : un idéal évanescent ? Pour aller à la rencontre des gens de la terre, et bâtir une histoire respectueuse des traces qu’ils ont laissées, il importe de souligner le substrat documentaire et d’en croiser les principales couches. La première tient aux écrits émanant au plus près des acteurs qui nous intéressent. Rien ne remplace les témoignages au ras du sol dont la saveur d’origine a été restituée dans une mosaïque d’extraits d’archives qui éclairent des pans entiers de l’histoire des campagnes. Certes, la grande majorité du monde rural est restée longtemps à l’écart de l’alphabétisation et de la culture écrite. Pourtant, même déformée et médiatisée, la parole des rustres n’est pas étouffée entièrement : les déclarations retranscrites dans les actes administratifs, et en particulier les dossiers judiciaires (comme les lettres de rémission, les informations aux procès, les cahiers de doléances) ou dans les correspondances et les mémoires de tous ceux qui ont côtoyé les humbles (notaires, curés de campagne, administrateurs) offrent un écho saisissant. Par ailleurs, dans les campagnes mêmes, une couche diversifiée de « lisants-écrivants » (propriétaires fonciers, marchands ruraux, fermiers et laboureurs, mais aussi artisans, ecclésiastiques, officiers seigneuriaux, etc.) fournit, pour toutes les régions, une documentation sans fin. On y décèle même des fragments de paroles ou de dialogues, qui émanent de certains villageois, fossilisés dans les circonstances ou les faits divers qui émaillent les témoignages écrits. Certes des filtres subsistent dans le passage à l’écrit – et notamment au français – mais ils ne sauraient anéantir la saveur d’origine des locuteurs ni la gravité des situations, qui transparaissent parfois au style direct : « Ma commère, j’ay esté mors d’un chien enragé. Je suis mort ! » (1446) ; « Villain, en parles-tu ? » (1468) ; « Enfants, vous en devez pas plaindre ! » (1477) ; « Ysabeau, tu ne chantes plus ? » (1482) ; « Areste-toi, vilain ! » (1492) ; « Mourons-nous de faim et ne trouverons-nous blé pour nostre argent ? » (1522) ; « Tu n’as ici que faire, va-t’en hors de ce camp ! » (1550) ; « Hâtez-vous, les gens-ci tardent trop d’aller dormir ! » (1615) ; « Quand je seron a la guerre o nous feret note chuesine » (1652). Et, bien entendu, les mots d’ordre qui cimentent l’imploration « Santa Maria, d’ayguy, d’ayguy, d’ayguy ! » (1534) ou la contestation – en particulier antifiscale – se retrouvent d’un pays à l’autre : « Vive le roi ! fuore élus et traîtres au pays » (1630) ; « Vive le Roi sans la gabelle ! Vive le Roi sans la taille ! » (1637). Si l’on ajoute les désignations locales de termes spécifiques, selon les régions et les professions, on 22

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comprend que la linguistique trouve dans ce corpus du grain à moudre comme les enquêtes d’histoire orale. Le lecteur découvrira aussi une sélection d’actes « de la pratique » et d’ego-histoire (chroniques, mémoires, journaux et livres de raison) qui émanent des acteurs de terrain. Dans ce filon, bon nombre de sources ont fait l’objet de publications scientifiques auxquelles il est bon de se reporter directement car, après deux ou trois strates d’utilisation et de réemploi, bien des précisions se sont érodées : la paternité même de leurs éditeurs voire de leurs auteurs est parfois oubliée ! En définitive, une partie de ces Chroniques offre une anthologie des écrits des témoins, parfois cultivateurs. Avant la seconde moitié du xviie siècle, les simples villageois à avoir tenu la plume régulièrement se comptent sur les doigts des mains. Leur apport est d’autant plus précieux : lisons Louis Bonnard, laboureur à Larajasse dans le Lyonnais des années 1640, François Robert, arpenteur à Couchey, sur la Côte bourguignonne, sous Louis XIII, et cet étonnant Jean Le Coullon, à la fois laboureur et vigneron aux portes de Metz, à Ancy-sur-Moselle, sous François Ier et Henri II. En dehors de ces exceptions – qui pourraient s’accroître à la faveur de la découverte de fonds insoupçonnés et de sources privées  –, le discours agricole émane des quelques familles de propriétaires ruraux adonnés au « ménage des champs » (Olivier de Serres), comme ces Perrote de Cairon qu’avait entrevus Marc Bloch à Bretteville-l’Orgueilleuse, et surtout, pour rester dans la Normandie du xvie siècle, Gilles de Gouberville, ce « quasipaysan » cher à Madeleine Foisil comme à Emmanuel Le Roy Ladurie. Le substrat fondamental : les « écrits du temps » Pour l’essentiel, nous dépendons de la plume d’intermédiaires culturels qui s’interposent comme relais. Pour autant, ceux que nous mobilisons restent très proches des paysans. Certains ne se privent pas de s’en faire l’écho. Depuis la seconde moitié du xve  siècle, la tenue de registres paroissiaux par les curés assure une manne d’informations. En marge ou en commentaire des actes de baptêmes, puis de mariages et de sépultures, les desservants enregistrent certains événements qui touchent leur communauté. Dès 1471, on suit ainsi l’irruption de la peste à Montarcher (Loire). En 1580, le prieur-curé d’Athis mesure la durée de la contagion et, dans les années 1620 et 1630, c’est par légions que les registres en font foi : la crise de 1631 trouverait avec eux des centaines d’informateurs placés au premier rang. En dehors des épidémies, les « notas » de curés s’ouvrent à une multiplicité d’attestations sur le climat et les calamités naturelles, le passage 23

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de troupes ou de personnages importants, les récoltes, la pauvreté, les processions, les luttes religieuses, les attaques de loups, les épizooties, etc. À cet égard, les notations avec lesquelles messire Jehan Perrault, curé de Vitray-en-Beauce, émaille son registre, n’hésitant pas à les reprendre en les complétant lorsqu’il passe des baptêmes aux mariages puis aux sépultures, constituent un cas extrême : de 1601 à 1625, les actes paroissiaux sont interrompus, à longueur de pages, par ses commentaires. En dehors des échos des événements de la Cour, c’est grâce à lui que nous disposons du livret du Mystère de sainte Suzanne joué au village le dimanche 10 juillet 1605. Curés, recteurs et vicaires ont été les premiers chroniqueurs aux champs. Dès la fin du xixe siècle, les notations des curés d’Ancien Régime, retranscrites par les anciens archivistes départementaux dans la sous-série « E supplément » de leurs inventaires, jettent une lueur sur une grande partie du territoire ; depuis quelques décennies, la numérisation des registres paroissiaux vient les compléter, à grande vitesse. Installés à la campagne, immergés de longues années dans l’environnement rural, bons connaisseurs de la situation morale et matérielle de leurs ouailles, ces prêtres sont des contributeurs hors de pair. Au demeurant, la plupart de nos informateurs sont des gens des villes. Serait-ce rédhibitoire pour reconstituer notre trame ? Absolument pas pour au moins deux raisons. Bon nombre de décisions qui commandaient la vie des campagnes se prenaient dans les petites cités si proches où se fixaient les prix agricoles et le montant des fermages. Mais, surtout, les bourgeois et les notables urbains, de tout acabit, avaient un pied en ville et un autre à la campagne : ils étaient témoins oculaires des réalités qu’ils observaient. L’interpénétration de l’urbain avec le rural est une réalité fondamentale du Moyen Âge au xixe  siècle, comme Lucien Febvre l’avait bien marqué pour Besançon sous Philippe  II, dès sa thèse en 1912. Chaque jour, les portes des villes s’ouvraient pour laisser passer, dans un sens, vignerons et journaliers partant travailler aux champs et, dans un autre, laboureurs, maraîchers et métayers venus apporter les produits de leur ferme et le bétail aux bouchers. Même Paris avait ses paysans et jusqu’au règne d’Henri IV quelques fermes dans son enceinte. Combien de citadins conservaient des parents au plat pays et des biens au soleil, dont les revenus assuraient l’épargne et le bien-être de la famille ? Le moindre incident météorologique, la maraude des gens de guerre, les attaques de loups sur le bétail entretenaient l’inquiétude du citadin dont les murailles n’enfermaient pas toutes les richesses. En temps de crise, des bourgeois comme Jarrige, le viguier de Saint-Yrieix, collectaient les informations jusqu’à déclarer, lors de la famine de 1573 : « comme je sais pour avoir parlé à une infinité de 24

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paysans du dict pays ». En temps ordinaire, dans les villes, les « bailleurs » étaient nombreux à guetter leurs fermages, à attendre leurs métayers, à surveiller moissons et vendanges. Certains prenaient même plaisir à aller voir leurs vignes, comme Jean Pussot, ce charpentier de Reims qui lorgne du printemps à l’automne ses rangées de ceps sur la Montagne. L’intérêt bien compris du propriétaire l’invitait à conserver un contact étroit avec les campagnes. Ses affinités aussi, d’autant qu’au village s’entretenaient autant les fruits de la table que les relations sociales au pays. Enfin, si l’on conserve à l’esprit que c’est à la ville que le besoin d’écriture était le plus grand, ne serait-ce qu’en raison de l’éducation et de l’ouverture des réseaux d’information, on comprendra que les auteurs qui ont tenu leurs « livres de raison » constituent, en règle générale, de bons informateurs. Journaux et livres de raison s’ajoutent naturellement, comme témoignages directs ou indirects ordonnés sous forme d’annales, aux chroniques et aux mémoires, déjà bien connus, et souvent réutilisés depuis leurs premières éditions au xixe siècle souvent, voire dès l’Ancien Régime. Exploités par les historiens en seconde ou troisième main, parfois oubliés ou travestis, il importait de leur rendre justice en assurant les références précises, d’autant plus utiles que le travail de numérisation assuré depuis quelques décennies en a accru l’accessibilité. L’ensemble de cette documentation forme le socle de nos Chroniques. Les strates supérieures : le travail des historiens Une deuxième strate documentaire nourrit ce tour de France. Des années 1850 aux années 1980, un filon exceptionnel a fait progresser nos connaissances sur l’histoire des campagnes : les monographies régionales, souvent liées à des thèses de doctorat d’histoire (mais parfois d’histoire du droit, de géographie voire d’ethnologie) qui ont scruté, patiemment, de longues années durant, les réalités rurales dans le cadre d’une province, d’un département ou d’un canton. Pour la fin du Moyen Âge, l’époque dite moderne (xvie-xviiie  siècle) et le xixe  siècle, ces travaux, publiés pour la plupart, assurent la solidité de l’historiographie française. Ils constituent toujours les murs porteurs de la connaissance du passé rural. Ils multiplient les pistes d’analyse et les chemins de traverse. Ils décryptent les structures. Ils scandent les changements. Ils offrent accès directement aux sources primaires (comme celles de notre premier tiroir) à la faveur des citations, des appels de notes et de l’inventaire des archives dépouillées. Maltraité par l’homogénéisation européenne et interdisciplinaire, ce filon s’est amenuisé. Il a réduit souvent son épaisseur géologique mais sans pour autant interdire, dans des cadres souvent plus restreints, des explorations de la même veine. 25

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Troisième couche dans cette coupe géologique, les analyses spécifiques portant sur les innombrables composantes de l’histoire rurale, dans ses dimensions traditionnelles (l’histoire économique et sociale, l’histoire des paysages et des structures agraires) ou ses angles nouveaux (l’histoire de l’environnement, l’histoire des sensibilités). En la matière, la documentation est inépuisable, placée à la fois dans les débats scientifiques (et leurs relais nationaux ou internationaux) et les apports régionaux et locaux, qui fournissent souvent des démonstrations plus aisément vérifiables et des matériaux plus facilement réutilisables (publication des « sociétés savantes » aujourd’hui « scientifiques »), immédiatement accessibles. La production d’articles de recherche et les actes des rencontres entre spécialistes assurent incontestablement les jalons du progrès de nos connaissances, mais leur étendue-même, dont la Bibliographie annuelle de l’Histoire de France a donné une bonne idée un demi-siècle durant, défie la synthèse. Certains travaux ont donc été privilégiés pour diversifier les apports de ces Chroniques. Depuis 1994, une revue les a promus dans son propre champ de vision. Elle en a ouvert les perspectives tout en produisant elle-même des éditions de sources. On ne pouvait l’ignorer : le dépouillement systématique d’Histoire et Sociétés Rurales assure à ce livre un complément fructueux. Enfin au-dessus du tout, assurant les grandes orientations, les synthèses et les essais généraux offerts par les devanciers sont restés bien en vue. Des Caractères originaux de Marc Bloch (1931, avec le supplément de Robert Dauvergne de 1952) à l’Histoire de la France rurale (1975-1976), des guides ont été posés. D’autres ont été oubliés, injustement. Depuis l’« Histoire des classes agricoles » mise au concours par l’Académie des sciences morales et politiques en 1850 (inspirant Léopold Delisle en 1851 ou Dareste de la Chavanne en 1854) et les premières fresques engagées comme celle d’Eugène Bonnemère, en 1856 (!), sur L’Histoire des paysans depuis la fin du Moyen Âge jusqu’à nos jours – si sensible aux témoignages des vieux chroniqueurs  – jusqu’à la « Terre et aux Paysans aux xviie et e xviii  siècles », sujet mis au programme pour les recrutements dans l’enseignement secondaire en 1999-2000, les recherches n’ont pas cessé. Il en va de même pour certains aspects fondamentaux du sujet comme la pauvreté, qui trouve dans l’ouvrage d’Alphonse Feillet sur La Misère au temps de la Fronde et saint Vincent de Paul une mine d’informations disponible dès le Second Empire ! En revanche il faut attendre les dernières décennies du xxe siècle pour disposer, avec l’histoire du climat et celle de l’environnement, des éclairages importants qui renouvellent notre vision du passé. Ces travaux restent précieux  : ils n’occultent pas pour autant les trois strates de notre corpus auxquelles les emprunts font sans cesse référence. 26

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Des études locales aux essais généraux, la sédimentation historique sur l’histoire des campagnes est considérable : depuis la Deuxième République, les historiens ont labouré les archives et exhumé des sources impressionnantes. Bon nombre de leurs travaux ont été repris voire pillés, tout au long du xxe siècle, par les universitaires. On en occulte souvent la paternité. Chez les historiens, on n’aime pas toujours la longue durée et la mémoire fonctionne, elle aussi, sur quelques demi-dieux qui éclipsent les « inventeurs » du départ. Qui se rappelle de Joseph Roman, l’inventeur – en 1877  – de « La guerre des paysans en Vivarais », qui a inspiré, un siècle plus tard, Emmanuel Le Roy Ladurie ? Notre historiographie est souvent téléguidée. Une relecture s’imposait. Un enjeu revendiqué : baliser l’histoire des campagnes De ce substrat documentaire jaillit un foisonnement de témoignages au plus près des manants. Ni travail collectif – une perspective possible mais souvent handicapée par son éclatement et son inégalité de traitement  – ni synthèse sélective –  une étape ultérieure, mais qui accroît la part de subjectivité et les raccourcis dommageables – cette entreprise tient un peu de la fresque où fourmillent les personnages sur les scènes successives. Chronologie, choix de sources, guide perpétuel, cet ouvrage balise le temps et l’espace, repère les événements et les inflexions, éclaire les grandes structures tout en articulant les échelles (individuelle, locale, régionale, nationale, internationale), en ménageant un va-et-vient incessant entre les décisions d’en haut et les répercussions d’en bas, une confrontation entre les pouvoirs publics et les attentes des sociétés, le tout dans un cadre localisé avec le plus de précisions à la fois dans le temps et dans l’espace. C’est au lecteur qu’il incombe de prendre ses arguments pour orienter un discours. Les repères qui suivent suffisent à eux seuls pour baliser quelques grands traits de l’évolution  : les longs siècles d’insécurité intérieure où les destructions des hommes allaient de pair avec leur vulnérabilité à l’égard de l’environnement ; la proximité à l’égard de la nature et l’irruption permanente du sauvage, illustrée ici par la lutte entre l’homme et le loup ; l’inflexion lente du poids direct des guerres vers la pesée croissante de la fiscalité ; le contrôle progressif des autonomies régionales et locales au bénéfice des instances supérieures, à commencer par l’État ; le développement discontinu mais irréversible de l’économie marchande et du capitalisme dans les campagnes ; l’ouverture par paliers du monde rural sur l’extérieur et l’arrivée, par saccades, de la mondialisation ; la spécialisation progressive de l’économie rurale et l’affirmation concomitante de spécificités paysagères ; l’augmentation des contrastes sociaux 27

LA MÉMOIRE DES CROQUANTS

et le laminage des couches moyennes ; la montée de l’alphabétisation et la progression de l’urbanisation ; la réduction lente des diversités socioprofessionnelles et des particularismes régionaux… tout cela transparaît, au fil des pages. Mais au-delà de ces tendances générales ou simplement régionales, le vécu nous importe. Derrière les notations qui colorent ces éphémérides, des figures resurgissent. En 1977, dans sa contribution à l’Histoire économique et sociale de la France (1450-1660), Michel Morineau le déclarait sans ambages (p. 877) : « La conjoncture n’est pas impersonnelle mais s’incarne dans des réactions et des destinées individuelles […]. Elle s’oppose à l’abstraction conjoncturelle. Aussi nécessaire, aussi lumineuse que puisse être celle-ci, au moment d’être réintroduite dans l’histoire, la vie concrète la subsume et la métamorphose en conditions et conduites humaines, faisant réapparaître des visages. » Ce sont ces visages que nous avons voulu mettre en lumière. Loin des abstractions de l’histoire globale ou des séries froides de l’histoire quantitative, notre appel à témoins se veut immersion dans l’histoire vivante. Pour autant le guide précède ici le manuel ou l’essai. Les jalons se dessinent, variés. Les indices foisonnent. Le rassemblement des données au fil des ans fait ressortir régularités et disparités. C’est là une étape d’une histoire en train de se faire, collectivement. Les perspectives restent ouvertes. Ouvertures et chantiers à venir On reste interloqué par cette multiplicité des points de vue, certains partisans, et toujours partiels, mais qui interpellent et offrent des repères. À cet égard, on n’a pas ménagé les citations et les notations référencées, y compris à partir des archives. Il importe de permettre à chacun de remonter directement à la source de l’information. Le lecteur prendra conscience de la complémentarité de multiples sources de première et de seconde main, de centaines de recherches ruralistes et même de l’intérêt pour les campagnes de travaux qui ne les affichent guère dans leurs préoccupations. C’est l’occasion de mesurer la richesse des acquis, la diversité des apports, l’étonnante parenté des œuvres des historiens, anciens et modernes. Ici aussi l’anthologie s’impose tant les oublis abondent dans la mémoire. Regardez ce tableau saisissant de l’émergence d’une « classe rurale nouvelle » au cours du premier xvie  siècle. Ce n’est point en Île-de-France, ni en Languedoc… mais en Bourgogne, et sous la plume d’Henri Drouot, qu’il faut aller le trouver, dès 1937 (infra, pour l’année « 1550 ») ! 28

AVANT-PROPOS

Les témoignages sont aussi l’aiguillon de l’historien. Ils soulignent la richesse de nos acquis, souvent négligée. Ils conduisent à prendre la mesure des facteurs personnels dans les mouvements d’ensemble et la complémentarité des échelles d’analyse, de l’individu aux agrégats collectifs. Ils nous convient inlassablement à articuler les échelles d’observation dans le temps comme dans l’espace. Pour comprendre le fonctionnement des rapports sociaux, une lecture plurielle s’impose, qui considère les facteurs psychologiques et culturels autant que ceux qui relèvent de la démographie et de l’économie, du politique et de l’environnement. Le qualitatif s’entrecroise avec le quantitatif. Le rassemblement et la mise en perspective de toutes ces informations assurent la substance de cet ouvrage. La trame qui en ressort offre une grille de lecture qui nourrit enfin, de l’intérieur, de multiples voies de recherche : les liens multiformes entre les campagnes et la guerre ; la gestion des risques naturels et anthropiques ; la domestication du sauvage et l’emprise croissante sur les espaces « naturels » ; la diversité des mobilités sociales et géographiques ; la perception de la paysannerie et les sensibilités culturelles propres au monde rural ; l’empreinte des ruraux dans le patrimoine immatériel parvenu jusqu’à nous ; la dynamique des « petites gens » autant que celle des « élites » ; la place des femmes et le sort des enfants « de la terre » ; la culture matérielle au « pays » et au village ; les transformations de l’habitat et du cadre de vie ; les voies du changement agricole et les mutations commerciales ; la gestion de l’environnement et la construction des paysages ; l’évolution de la consommation et l’apport des produits exotiques ; l’exploitation des ressources naturelles et l’impact des activités non agricoles, en particulier industrielles… la boîte de Pandore des réinterrogations reste inépuisable. Enfin, les données rassemblées invitent à une lecture géographique des rapports entre l’homme et son environnement. La répartition des événements qui émaillent cette fresque se prête à une cartographie multiscalaire, depuis l’exploitation agricole jusqu’à l’Hexagone, voire au-delà. Ainsi en va-t-il de l’emprise de l’homme sur le territoire, à titre individuel, des conquêtes terriennes de bourgeois comtois comme Fernand Séguin en 1569 ou Pierre Cécile en 1587, à l’organisation des cultures d’un Nicolas Delacourt à Maffliers en 1643. Les mouvements collectifs appellent tout autant une mise en cartes qui sorte de la simple esquisse, des vagues de sorcellerie aux processions « blanches », des « grèves » de dîmes aux « ligues » paysannes, sans compter le cortège des révoltes populaires, qui ne furent pas qu’antifiscales. Mais il en est de même pour les dévastations humaines – incendies de village (comme en 1553), banditisme rural 29

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(comme en 1521-1524), traversée de troupes organisées (des reîtres de 1587 aux Frondeurs de 1652), ou courses de soldats débandés (récurrentes dans les campagnes, des guerres d’Italie à la guerre de Trente  Ans), qui redonnent à l’histoire militaire une dimension sociale plus large. En dehors de l’action des hommes, les cicatrices environnementales comme les calamités requièrent des cartes de localisation précises : poussées de peste ou d’autres maladies contagieuses, circuits d’épizooties de toute nature, attaques de loups prédateurs et ravages de « bêtes » anthropophages, disettes régionales et grandes famines (et ce, dès 1481-1482). Dans cet ordre d’idées, il est temps d’inscrire spatialement l’éventail des catastrophes naturelles et de les corréler : inondations et sécheresses ; grands hivers et canicules ; tremblements de terre et raz-de-marée (comme celui de 1645 sur la côte Atlantique) ; tempêtes et « grands vents », qui emportent arbres, maisons et moulins ; « nuées » ou « rubans » de grêle (comme celui de 1545 autour de Saint-Maixent, de 1577 entre Sens et Troyes, de 1634 au sud d’Agen) mais aussi épisodes de plus grand ampleur, comme en 1598 ou en 1613. Il y a déjà longtemps qu’Emmanuel Le Roy Ladurie a souligné l’importance de l’histoire du climat dans le « territoire de l’historien ». Aujourd’hui l’histoire des fléaux naturels et anthropiques ouvre la voie à un atlas numérique des risques et des régions éprouvées, dont la sortie serait fort éclairante, au-delà même des historiens. En complément des ressources textuelles, cet outil –  appuyé sur des Systèmes d’information géographique  – serait luimême moteur de la progression de la recherche en relançant la réflexion à partir des questionnements nés de l’observation spatialisée. Sismologues, biologistes, ethnologues, médecins, géographes, acteurs du patrimoine et de l’environnement y trouveraient des références opportunes. Les marques de l’histoire et de la nature requièrent une mise à plat de notre mémoire : puisse cet ouvrage y encourager. Des jalons sont posés. Au-delà des théories générales ou des modes de pensée du moment, le terreau de Clio reste la parole, médiatisée par l’écrit ou l’objet, des générations qui nous ont précédés. De la confrontation des sources d’archives, du surgissement même des témoignages, des éclairages portés sur des réalités parfois insoupçonnées naissent des hypothèses, des angles de recherche ou des ouvertures pour l’avenir. Ouvrir à la curiosité du public les traces des sociétés dont nous sommes issus invite à des approfondissements et à des inflexions. Notre compréhension du passé est à ce prix. À une époque où les vents de l’histoire conduisent à une vision hors sol, il n’est pas inutile de restituer aux campagnes toute la place qu’elles ont tenue. Caen, au Pôle rural, mars 2017-août 2018.

Avertissement Sauf exceptions, l’orthographe a été respectée, avec quelques ajustements pour faciliter la lecture (rétablissement des accents, des apostrophes et des majuscules, transcriptions des i consonnes en j, modernisation de noms propres). En dehors de quelques rares textes en latin ou en occitan, ou d’extraits de documents patoisants, la quasi-totalité du corpus émane de témoins s’exprimant en « naturel langage français », pour reprendre les termes de l’ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539. Pour assurer un ordonnancement régulier de la masse sélectionnée (1 166  onglets), le classement adopté répond, autant que possible, aux rubriques suivantes  : –  Temps et récoltes  – Maladies et environnement – Événements politiques – Autres événements – Ouvertures thématiques. Pour faciliter le repérage géographique des événements rapportés, on a fait figurer la localisation départementale actuelle des communes qui correspondent aux paroisses rurales de l’Ancien Régime. Dans un souci de lisibilité, à l’intérieur des rubriques thématiques ouvertes pour chaque année, quelques symboles ont été utilisés : Peste ou épidémies ~ Calamités naturelles ” Conflits armés, ravages de soldats ✷ Autre type d’événements n

Lorsqu’un type d’événement a eu un large impact dans le royaume, des intertitres en déclinent les aspects géographiques, portés en général par provinces ou petits pays. En dehors des événements ponctuels, un certain nombre d’extraits se rapportent à des faits structurels qui éclairent la vie quotidienne des campagnes, le fonctionnement des sociétés rurales ou l’évolution des rapports entre l’homme et l’environnement. Ils fournissent des aperçus thématiques significatifs. Pour mettre en valeur certains d’entre eux, leurs titres ont été mis en évidence dans la table. Pour permettre au lecteur de retrouver les sources utilisées, on a indiqué, à la suite des documents, les références qui, en dehors de quelques titres spécifiques, renvoient à la bibliographie présentée à la fin de l’ouvrage. Elles se limitent au nom de l’auteur et à l’indication des pages 31

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concernées. Quand il s’agit de références d’archives, on a recouru aux abréviations usuelles  : AN (Archives nationales) –  AD (Archives départementales, suivi de l’indicatif départemental) – BMS (Baptêmes, mariages et sépultures). La revue Histoire et Sociétés rurales, souvent citée, a été abrégée HSR et la collection « Bibliothèque d’Histoire rurale », BHR. La numérisation des sources étant très avancée pour l’état civil ancien, nous avons renvoyé autant que possible aux références des sites des archives départementales directement concernés. Dans un souci d’harmonisation, pour les références antérieures à 1565, on a converti l’ancien style de Pâques au nouveau style, suivant lequel l’année commence au premier janvier. On prendra donc garde que, pour les trois premiers mois de l’année, les documents originaux sont millésimés de l’année antérieure (avant Pâques) jusqu’en 1564 (édit de Roussillon). Enfin, la réforme du calendrier grégorien, intervenue en 1583, fait passer directement du 10 au 20 décembre. Pour éviter toute complication inutile, nous n’avons pas rectifié les dates antérieures et nous avons donc respecté les jours et les mois des contemporains. Cependant, dans le cadre d’analyses sur la longue durée, les comparaisons à mener pour des événements environnementaux ou économiques (comme les dates de moissons et de vendanges), il faut rajouter 9  jours aux dates du xve  siècle et 10  jours à celles du xvie siècle jusqu’en 1582.

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1435 Pâques : le 17 avril Grand hiver « Gelée et froid de l’hiver, plus fort que de mémoire d’homme » (Le Roy Ladurie, 1966, 47). Autour de Paris, la durée du gel et sa répétition détruisent vignes, fruits et légumes. « À la Sainct-Andry [29  novembre  1434], et cellui jour commença à geller si fort que merveilles, et dura ung quart d’an IX jours mains sans point desgeller ; et si nega bien xl jours sans cesser ou de jour ou de nuyt […]. Il recommença à geller en la fin de mars, et ne fut jour qu’il ne gelast jusques après Pasques, qui furent le xviie jour d’avril, et furent les vignes qui estoient en vallées et les marés tous gelez […] et la plus grant partie des serisiers aussi moururent cette année pour la grand froidure qui dure sans pluvoir ne sans desgeler que trop pou plus d’un quart d’an » (Bourgeois de Paris, 656 et 661). Du 25  novembre  1434 au 19  février  1435, dans le Pays messin, les chariots passent au-dessus de la Seille et de la Moselle, prises par les glaces (Chronique de Saint-Eucaire, d’après Litzenburger, 54). … mais belle moisson de grains « Cette année, fist le plus bel aoust, et bon blé et foison » (Bourgeois de Paris, 672). Crue de la Garonne À Agen, en octobre 1435, la Garonne atteint la cote de 12,5 m. C’est « Lou grand aygat » « Les bateaux naviguaient par-dessus les murs de la ville ». Les champs de la vallée sont submergés (Darnalt, 1606). Sous la coupe des gens de guerre Trente ans durant, les campagnes de l’Île-de-France servent de champ de bataille. Dans cette guerre de Cent Ans qui peine à se terminer, les environs de Paris sont le théâtre d’un cortège de pillages quand il s’agit de reprendre la capitale au parti adverse, alors bourguignon. Malgré le contrôle des Anglais depuis la prise de Pontoise, en juillet 1419, et le traité de Troyes, en 1420, jamais la région n’est passée tout entière sous le contrôle anglo-bourguignon. Pour le régent Bedford comme pour le « dauphin » Charles, le sort du conflit s’y décide. ” 1er  juin  : reprise de Saint-Denis par les Armagnacs. Les raids sur les villages voisins de la plaine de France redoublent. D’après le Bourgeois de Paris, tous les « laboureux » ou bourgeois rencontrés dans les environs de Paris auraient eu la gorge coupée ! L’arrivée des Anglais, fin août, met en coupe réglée la plaine de France : « Brief, de tous les villaiges d’entour, il n’y demoura ne huys ne fesnestres, ne traillis de fer, ne quelque chose que on peust emporter ; ne n’y demoura aux champs, despuis qu’ilz furent logés, fèves ne pois, en quelque autre chose, et si y avoit encore des biens sur terre, mais quelque chose n’y demoura, et coppoient les vignes et tout le grain et en couvroient leurs logeys, et quant ilz estoient ung 33

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pou à séjour, ilz alloient piller tous les villaiges d’entour Sainct-Denis » (Bourgeois de Paris, 669). ” 4 septembre : reprise de Saint-Denis par les Anglais qui inondent la campagne en édifiant des bâtardeaux dans le lit de la Seine. Mais, le même jour, prise du pont de Meulan par les Français  : les communications fluviales entre Paris et la Normandie, encore occupée, sont coupées (Fourquin, 324). La paix d’Arras (21 septembre) : vers une sortie de guerre ? Après sept semaines de pourparlers et passant outre aux revendications anglaises, le duc de Bourgogne Philippe le Bon signe la paix avec Charles VII. Le roi se repend de l’assassinat de Jean Sans Peur à Montereau en 1417. Moyennant cession au duc des comtés d’Auxerre et de Mâcon, et des places fortes de part et d’autre de la Somme, « la guerre étant assoupie entre Français et Bourguignons, il ne restait plus aux Français qu’à tourner leurs armes contre les Anglais » (Basin, I, 184-195 ; Chartier, 197-204). L’évêque de Lisieux, qui écrit une Histoire de Charles VII en 1471-1472, dresse un tableau flatteur des effets de la paix. Plusieurs décennies seront nécessaires pour assurer cette « résurrection » des campagnes. « Le roi et aussi le royaume de France, réduits à la misère, avaient grand besoin de souffler grâce à une trêve ou à la paix. La France se fortifiait peu à peu et retrouvait une situation plus favorable au sortir des ravages que la sauvagerie des guerres lui avait infligés  : elle ressuscitait pour ainsi dire. Presque partout les terres étaient remises en culture et de nouvelles récoltes apparaissaient là où, pendant trente ans et plus, les champs étaient restés incultes et embroussaillés de taillis et de ronces » (Basin, I, 188). Des soldats démobilisés : les « écorcheurs » Plus de dix ans durant, de la paix d’Arras à la création d’une armée organisée (1445), les routiers mettent les campagnes en coupe réglée. Faute de solde régulière, « des groupes (turmas), sous la conduite de chefs qu’ils désignent eux-même, parcourent presque toutes les régions, faisant main basse sur tout ce qui les attire, mettant à sac les villages et les places fortes qui ne peuvent se garantir. « Il s’ensuivit que le royaume fut grandement dévasté et désolé en beaucoup de ses parties » (Basin, I, 197). Ramassis de troupes françaises ou bourguignonnes et d’aventuriers démobilisés, ils sont désignés sous le nom d’« Écorcheurs » parce qu’ils dépouillent leurs victimes jusqu’à la chemise. Rassemblés par des capitaines comme Antoine de Chabannes ou le bâtard de Bourbon, qui les mobilisent à leur service, ils sévissent d’abord en Champagne. Particulièrement violents en Normandie et sur les terres contrôlées encore par les Anglais au nom du principe  : « Mieux vaut terre gâtée que terre perdue » (Melius terram valere vastatam, quam perditam), ils sévissent aussi en Bourgogne, en Lorraine, en Alsace, sans épargner le sud de la Loire, notamment le Limousin et le Languedoc.

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L’arrivée des écorcheurs en Berry et en Champagne ” Juin-août : insécurité en Bas Berry, en raison de l’arrivée des « gens d’armes » de la compagnie du capitaine espagnol Rodrigue de Villandrando, comte de Ribadeo, autour d’Issoudun. Le 14  juin, les habitants d’Issoudun réclament des mesures urgentes contre les « gens d’armes et de trait de la compagnie de Rodrigo, et autres capitaines, estant en ce païs de Berry ». ” Le 14 août, un chanoine de Saint-Étienne de Bourges, Jean Gelmon, n’accepte d’aller à Issoudun que si on l’indemnise dans le cas où il serait détroussé ou pris par les gens de guerre (Raynal, 31-32). ” En novembre : « Environ quinze jours après audit an [vers le 13 novembre 1435], vindrent en pays de Champagne de trois à quatre mille hommes de guerre, dont les aucuns estoient yssus des forteresses que ledit connestable avoit fait rendre, lesquelz dommagèrent grandement le pays, et n’y avoit homme, femme ne enffans qu’ilz ne despouillassent, pourvu qu’ils les peussent rencontrer à leur advantaige, jusqu’à la chemise ; et quant ilz avoient tout pillyé, ranchonnoient les villages. Et estoient leurs capitaines ung nommé de Chabannes et deux bastards de Bourbon, et les nommoient le peuple vulgairement et communément les Escorcheurs » (Chartier, 216). Au son des cloches : l’insurrection des paysans cauchois Depuis 1434, les paysans normands se révoltent, au son des cloches (ad sonitum campanarum), contre les troupes irrégulières anglaises au nom de leur « liberté ». Avant la paix d’Arras, plusieurs milliers d’entre-eux ont péri les armes à la main, en Pays d’Auge et aux portes de Caen (Basin, I, 199-207). En novembre  1435, après la reprise de Dieppe par les Français, les paysans de la pointe du Caux se soulèvent en masse contre les Anglais, reprennent Montivilliers, Harfleur et les environs mais échouent devant Caudebec. « Certains habitants du pays, dont le principal s’appelait Charuyer [ou Le Caruyer], firent tant que tous prirent les armes et les tournèrent contre les Anglais pour lesquels, d’ailleurs, ils professaient une haine naturelle. En peu de jours, de tous les bourgs et villages, ils se réunirent aux environs de la Noël » (Basin, I, 217). L’expédition punitive anglaise survient alors, détruit les villages et massacre la population de la zone rebelle. Mal armés et mal organisés, les paysans cauchois sont massacrés devant Caudebec-en-Caux (Seine-Maritime). « Cette grande foule de paysans se répandit en désordre près de la porte et du fossé. Alors 2 ou 300 cavaliers anglais se jetèrent sur eux et en firent grand carnage » (Basin, I, 219). La défaite paysanne est due en partie au retrait de la noblesse  : les « capitaines français » et les « seigneurs du pays  jalousaient le peuple d’avoir si bien amorcé l’entreprise ». La défaite paysanne est le signal d’une terrible répression (Basin, I, 219-227). Selon la Chronique normande, « la malédiction fut si grande en Caux que le pays demeura presque entièrement inhabité. Hommes et femmes fuyaient, par terre et par mer, comme en péril de feu ». Certains villages sont rayés de la carte en 1436. Le trésorier de l’archevêque de Rouen note encore en 1447 qu’à Saint35

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Martin-aux-Buneaux (Seine-Maritime) « il ne demeure personne et il n’y a point de labour ». Le Pays de Caux désertifié Au lendemain de l’insurrection de 1435, et pour plusieurs années, c’est « Hiroshima en Normandie » (Bois, 1976, 299-302). « Le peuple du pays de Caux […] gémissait sous le joug insupportable de la domination anglaise. Après lui avoir continuellement résisté autant qu’il pouvait, il conçut une entreprise glorieuse et tenta, en prenant les armes, de redevenir sujet du roi de France. Malheureusement, les chefs qui les premiers avaient excité son courage l’abandonnèrent. Ce peuple resta donc à la merci de ses ennemis. […] Les fugitifs qui s’étaient mis à couvert dans les villes ou dans les campagnes, le sexe et l’âge le plus faible, n’échappèrent pas au glaive du vainqueur ou moururent de faim. Cette famine fut si cruelle et si meurtrière, que les riches comme les pauvres y succombaient. […] Lorsque toute la population eut été ainsi anéantie par la mort ou par la fuite, la terre demeura improductive et inculte. Où jadis vous eussiez admiré de brillantes moissons et des champs fertiles, s’offraient à la vue des buissons d’épines, des arbres qui avaient pris une croissance inutile ou démesurée. […] Une solitude profonde régnait au loin et partout un silence effrayant. Non seulement on n’entendait plus une voix d’homme, mais les oiseaux des bois même se turent. […] Ces malheurs, ils sont grands, ils étonnent, et ils sembleraient incroyables et presque fabuleux, s’il n’était pas resté de nombreux témoins de ce que j’ai dit, qui pourraient raconter d’autres circonstances innombrables de ce désastre, dont le récit, certes, remplirait des volumes […]. Dans le pays de Caux, on rencontre une infinité de villages qui renfermaient autrefois 100 feux ou familles, et qui ont aujourd’hui [en 1483-1484] n’en ont que 40 ; et sur cinq de ces familles vous en trouverez à peine deux qui soient rétablies » (Masselin, 561-573). Premiers retours à la terre. Ici et là de premiers indices, fort ténus, signalent que la vie reprend son cours ✷ En Lorraine. Un fugitif, originaire de France, vient habiter Thillot, localité désertée voisine de Dommartin-la-Montagne (Meuse) (Girardot, 520). ✷ En Quercy. De premiers « accensements collectifs » s’opèrent : quatre lieux sont repeuplés de 1435 à 1439. La recolonisation agraire s’accèlère ensuite, de 1440 à 1449 (35 lieux) et de 1450 à 1459 (30 lieux), (Lartigaut, 1978, 73). ✷ En Poitou. S’ouvre alors une période de nouveaux accensements. Entre 1434 et  1438, les religieux d’Orbestier (Château-d’Olonne, Vendée) concèdent noé, salines, maisons, logis avec obligations de réparations (Cartulaire de l’abbaye d’Orbestier, d’après Sarrazin, 347).

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1436 Pâques : le 8 avril Minimum démographique Dans plusieurs régions, on constate alors l’étiage des populations rurales. ✷ En Berry, à Graçay (Cher, au sud-ouest de Vierzon) : la population est passée d’un indice 100 en 1410 à 33 en 1436, d’après le relevé des droits seigneuriaux effectivement perçus (Michaud-Fréjaville, 474-475). ✷ En Forez  : dans l’aide octroyée au duc de Bourbon par les représentants des Trois-États le 31  janvier  1436 (n.  st.), les habitants de Nouailly en Roannais obtiennent un rabais de 34  livres  13  s. à 16  livres 9  s « pour pitié et aumosne qu’ilz ont esté et sont détruitz par les Bourguignons et autres gens de guerre ». Au même moment, le village de Messillieu (com. Précieux, Loire) n’a versé que 6 sous t. au lieu de 40 « pour ce qu’il ny demeure à present que ung habitant tenant feu et lieu et les autres s’en sont absentez » (AD 42, B1915, f°1, et B1952, f°4, d’après Colombet-Lasseigne, 229). L’Île-de-France libérée mais ravagée ✷ Février-mars : reprise de Pontoise, Saint-Germain-en-Laye, Corbeil et Charenton. Les garnisons anglaises sont chassées de l’Île-de-France (Fourquin, 326-327). ✷ Mars : Les campagnes du Vexin français incendiées par les Anglais. « Le vendredy de la iiie sepmaine de karesme, furent envoiez les Anglois en tous les villaiges d’entour Pontoise pour bouter le feu partout, et en blez et en advoynes, et en poys et en fèves qui dedens les maisons estoient. […] « Le mardy des festes de Pasques, les gouverneurs de Paris firent partir de Paris, environ minuyt, bien vi ou viiic Anglois pour aller bouter le feu en tous les petiz villaiges et grans qui sont entre Paris et Pontoise sur la rivière de Seine » (Bourgeois de Paris, 686 et 691). ✷ Vendredi 13 avril : reprise de Paris après la victoire du connétable de Richemont et de Dunois sur les Anglais en rase campagne. Les bourgeois conjurés ouvrent aux Français la porte Saint-Jacques (Fourquin, 327). La menace anglaise est écartée mais les troupes françaises ne bougent pas, en attendant leur solde, et celles d’Henri VI tiennent toujours Meaux, Creil, Montargis et la Basse-Seine d’où ils interceptent les communications avec Paris. En juillet 1436, leurs troupes ravagent les campagnes jusqu’à une lieue de la capitale et en septembre ils font une incursion jusqu’à Saint-Germain-des-Prés. ✷ 1436-1437. Reprise des versements en nature dans les demaines du chapitre de Notre-Dame de Paris à Mitry et à Mory (AN, S 329). Ravages des routiers et des écorcheurs ✷ En Île-de-France : l’insécurité s’aggrave dans les campagnes de l’Île-de-France. Les armées régulières sont renforcées, dans leurs opérations de pillage, par des « écorcheurs », gens d’armes irréguliers et paysans ne rupture de ban (Basin, I, 234-235 ; et Tuetey, 1874). 37

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✷ En Auvergne  : en 1436 et 1437, les ravages des routiers de Rodrigue de

Villandrando contraignent les habitants de Murol à se « retraire » dans les fortifications du château. Certains villageois sont capturés par les gens d’armes et doivent payer rançon (Charbonnier, 505). ✷ En Forez : les gens d’armes du bâtard de Bourbon sont signalés dans le mandement de La Tour-en-Jarez. Au nord du comté, les habitants de Noaillly en Roannais (Loire) « sont destournez par les Bourguignons et autres gens de guerre » (AD 42, B 1952, f° 4, d’après Colombet-Lasseigne, 119). ✷ En Poitou : courses de routiers et excès de gens de guerre, notamment de la part des hommes de La Trémoille et de son fils bâtard Jean qui font des ravages autour de Luçon et de Moutiers-sur-le-Lay (Vendée) (AN X2a 23, f° 19 d’après Sarrazin, 331). Invasion de loups autour de Paris… Vendredi après Pâques, édit pour la destruction des loups. Prime de 20  sols par loup détruit venant s’ajouter à la contribution volontaire et spontanée des paysans voisins (Delamare, II, 756). D’après Robert Gaguin, plus de 80 personnes auraient été mangées par les loups aux environs de la capitale (Compendium de origine et gestis Francorum, livre X, cité par Sainctyon, Les Edicts et ordonnances des rois, coutumes des provinces, règlements, arrêts et jugements notables des eaux et forêts, Paris, 1610, 290). …et à Tours Le louvetier de Tours Jean Renier est récompensé pour avoir tué 13 loups et louves dans les bois de Chatenay et de Plante (Arch. com. Tours, CC, R 25, f°  46v° ; R26, f° 114). Une hantise en Haute-Provence : la protection des bois Préoccupation émergente – Thérèse Sclaffert en cite un pemier exemple en 1405 –, la gestion des ressources ligneuses oppose seigneurs et communautés rurales dans certains secteurs méditerranéens. Annonçant les règlements seigneuriaux du xvie siècle, des mesures révèlent une prise de conscience des exactions opérées sur les arbres et la végétation forestière. En 1436, des « capitulations » interdisent aux habitans de Meyronnes et de Larche, de quelque condition qu’ils soient, de couper ou s’approprier aucune sorte d’arbre : mélèze, pin, elve (pin cimbro), sous peine de parjure et d’un florin pour chaque plante le jour et le double la nuit (Sclafert, 1959, 184).

1437 Pâques : le 31 mars Grande famine ~ « En cet an 1437, furent les blés et autres grains si chers par toutes les parties du royaume de France, et en autres et divers lieux et pays de chrétienté, que ce qu’on avoit aucune fois donné pour 4 sous, monnaie de France, on le vendait 40, 38

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ou au-dessus. À laquelle cherté fut si grande famine universelle que grande multitude de pauvres gens moururent par indigence » (Monstrelet, 6, 375). ~ En Cambrésis, Hainaut et Brabant : 1437, la plus mauvaise moisson sur deux siècles et demi. Récolte catastrophique de froment pour la dîmerie de l’hôpital SaintJulien : chute de 81 % des fermages. Gelées rigoureuses de la mi-décembre 1436 à la mi-janvier 1437, en Cambrésis, Hainaut et en Brabant (Neveux, 107 et 123). ~ En Artois : famine catastrophique en 1437-1438 (Bocquet, 1969). ~ En Valois : mortalité générale en 1437-1438. « À cette fureur de se piller réciproquement et de s’entretuer, à l’abandon de l’agriculture, qui causait dans le pays une disette affreuse, se joignirent des pluies continuelles [qui] enlevèrent une grande partie des ressources. Ce nouvel accident causa une mortalité générale » (Carlier, 477). Guerre des loups contre les hommes Comme ce sera souvent le cas plus tard, au moment des grandes famines, des loups profitent des traumatismes qui bouleversent l’organisation sociale. L’agressivité de certains d’entre eux à l’égard de l’homme suscite des vagues d’anthropophagie qui font dire aux contemporains que ces animaux carnassiers leur avaient déclaré « la guerre ». « Par surcroît de malheur, il arriva dans presque tous les lieux du Valois voisins des forêts, un fléau extraordinaire qu’on a quelquefois remarqué à la suite de famines. Des troupes de loups sortirent subitement des forêts et coururent les campagnes pendant plusieurs mois. Ils dévoraient les hommes qu’ils rencontroient, entroient dans les villages et dans les fermes, malgré la vigilance des chiens, et pénétraient dans les maisons ; ils se jetaient sur les enfans et sur les animaux domestiques. Le dommage causé par ces animaux fait frémir. « Ils sembloit que ces bêtes reprochoient aux hommes leur cruauté et cette vie de sang qui est naturelle à leur espèce, ou qu’elles les excitaient à de nouveaux excès, en leur faisant voir qu’après avoir pillé, maltraité ou tué leurs semblables, ils pouvoient encore porter leurs mains ensanglantées sur leurs enfans ou sur leurs animaux domestiques. Cette multitude de loups parut pendant une partie des années  1437 et  1438. Dès que l’on s’apperçut que cette guerre des loups contre les hommes devenoit générale, le bailli-gouverneur de Valois envoya des ordres aux juges des châtellenies de prendre des mesures promptes et efficaces selon les lieux, pour détruire la race de ces bêtes autant qu’il seroit possible. On ordonna des chasses générales ; et comme le plus grand nombre de particuliers ne vouloient courir aucun risque, on impose une taxe sur les maisons des villages et sur les fermes. Cette taxe était perçue deux fois l’année. Le produit se distribuait aux chasseurs, qui avaient travaillé avec succès à la destruction des loups. J’ai vu à Neuilly-Saint-Front, un acte de l’an 1470, par lequel les habitans renouvellent en cette année l’obligation qu’ils avaient ci-devant contractée de lever tous les ans une somme qui devait servir à payer ceux qu’on employait à la chasse des loups. L’imposition était de deux deniers parisis par ménage, dans toute l’étendue de la châtellenie. Apparemment qu’en cette année, le nombre des loups s’augmenta dans le canton » (Carlier, 477-478). 39

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Des campagnes à feu et à sang ” Au sud de Paris : exactions des « larrons » de Chevreuse. « En ce temps avoit à Paris foison gens d’armes, et environ xl ou l larrons qui s’estoient boutez dedens Chevreuse, couroient tous les jours jusques aux portes de Paris et prenoient hommes, bestes, voitures. Et devers la porte Sainct-Denis ne sçay quels larrons qui estoient à Ourville venoient prendre les hommes et les proyes jusques emprès les portes de Paris […]. Et pour ce enchéry tout grains, car blé valloit v francs et demy, qui n’estoit que mesteil, orge lx solz, fèves menues v solz parisis le boessel » (Bourgeois de Paris, n° 728). Au début de l’année 1437, les habitants du village d’Orly sont faits prisonniers par les Anglais (AN, LL 114, d’après Fourquin, 329). ” En Berry  : en avril, retour de la compagnie de Villandrando en Berry, à La Châtre, puis à Châtillon-sur-Indre. Il se retire en Bourbonnais, sous la protection du duc de Bourbon, par Déols, Saint-Amand et Montmarault, en rançonnant sur son passage villes et hameaux. Pressé par l’armée royale de Charles VII qui remontait de Montpellier, il passe l’Allier à Varennes et la Loire à Roanne pour gagner le Pays de Dombes, fief de l’Empire, qui relève du duc de Bourbon (Raynal, 32-34). ” En Auvergne : près de Murol (Puy-de-Dôme), un homme d’armes de la compagnie de Rodrigue de Villandrando est mené de « vie à trespassement » par des paysans qui le détroussent (Charbonnier, 508). ” En Ponthieu  : des villages incendiés par les Anglais. « Les Anglois, qui en rien n’avoient été empêchés audit passage, s’en allèrent loger tous ensemble au monastère de Forêt-Moustier, à deux lieues de là ; et le second jour se mirent aux champs et s’en allèrent loger à un gros village sur l’eau d’Authie, nommé La Broie, lequel étoit fourni de vivres très abondamment, et y furent quatre ou cinq jours ; et alloient très souvent battre, vanner et recueillir des vivres, cent ou six vingts au coup, en aucuns villages à demi-lieue de leurs logis. « Et mêmement, en ce temps qu’ils furent en icelui logis, allèrent quatre ou cinq ardoir un gros village nommé Enghien, auprès de Hesdin […]. Et après que les Anglois eurent été audit lieu de la Broye, quatre ou cinq jours, ils l’embrasèrent en feu et flammes, et s’en allèrent loger à Auxy, où ils furent par l’espace de trois jours ; et coururent par petites compagnies en plusieurs et divers lieux pour fourrager le pays » (Monstrelet, VI, 367-368). ” En Picardie : en avril, ravage des écorcheurs au sud de Saint-Quentin. Certains « compagnons de guerre nommés au pays les écorcheurs » mettent le feu à la maison d’un villageois de Fargniers (Aisne). Deux d’entre eux, originaires d’Écosse, sont mis à mort par les paysans (AN JJ176, 85, d’après Tuetey, 1874, II, 463-465). Limitation de la durée du travail pour les vignerons du Berry L’ordonnance de police de Bourges de 1437 fixe la durée de la journée de travail de 5  heures à 18  heures du soir du 1er  mars au 1er  octobre, et du lever du jour à 16  heures d’octobre à février. « Que tous les vignerons qui voudront besogner ès vignes, et gagner leurs journées, en la septaine, prévôté et ressort de Bourges, iront en besogne à soleil levant, ou à l’heure que le soleil de soit lever, selon la saison que ce sera, et ne partiront de ladite besogne jusques à six heures, depuis 40

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le premier jour de mars jusques à la Toussaint, et depuis ladite fête de Toussaint, jusques audit premier jour de mars jusque a quatre heures après midi, sur peine de perdre leurs journées, et de l’amende arbitrairement au roi notre sire » (La Thaumassière, 503). Un village abandonné en Provence Mimet, village perché sur le flanc sud de la chaîne de l’Étoile, n’est qu’un exemple, parmi tant d’autres, des désertions. Le 4  février  1437, six propriétaires dont les familles sont implantées depuis au moins 1341 pour cinq d’entre eux, « désemparent » leurs biens, refusant de demeurer et de posséder quoi que ce soit dans ce lieu entièrement détruit « dirruto et destructo ». Peu après, les commissaires chargés de la révision des feux dans le comté de Provence constatent que le village est déserté (AD 13, B 309e 103, f° 248V et B 199, d’après Coulet, 401 et 411).

1438 Pâques : le 13 avril Grande mortalité, pestilence, famine n « Au commencement de cet an [1438], en continuant de mal en pis, la famine universelle […] commença derechef être si très grande et si détroite, que c’était piteuse chose à voir les pauvres gens mourir en grand multitude par le moyen d’icelle famine. Et avecque ce fut très grande mortalité en diverses parties du royaume de France, et par espécial en la comté de Flandres, et pareillement dedans la cité de Paris. Et d’autre part la guerre était très âpre et dure merveilleusement en plusieurs divers lieux et pays » (Monstrelet, VII, 1-2). n « En icellui an, ou temps d’esté, fut si grant mortalité et famine à Paris que on disoit que il y estoit bien mort cinquante mille personnes, et y valloit ung septier de blé neuf frans de bonne monnoye, et s’enfuyoient les gens du plat pays à Paris, tant pour la famine que pour les oppressions que leur faisoient les Angloiz, et aussi les garnisons des François, qui les traitoient très durement […]. Et tant que presque tout le plat pays estoit inhabité et destruit, et les gens de ladite ville de Paris presque tous désespérés » (Jean Chartier, 246). n « Il est vrai qu’en l’an m  cccc  xxxviii furent très aspres pestilences de épidémie et famine […]. Celle année, depuis la mi-aoust jusqu’à la Toussaincts, le sextier de froment valut et estoit vendu quattre livres huict sols parisis, le sextier de seigle lxvi s. par., le sextier d’orge xlii s. p., le sextier d’avoine xl s. p. et ainsi des aultres grains. Vins estoient très chers, et enchérissoient et grains et vins. Et néantmoins, durant ledit temps, les François et Anglois, tout parmi ce royaume, se entrefaisoient très fortes et mortelles guerres pour quoy les labours et marchandises cessèrent en plusieurs lieux. Toutefois François furent toujours victorieus » (Maupoint, 25). n Attestations de peste en Alsace, Anjou, Artois, Bourgogne, Champagne, Dauphiné, Île-de-France et Nivernais (Biraben, 379).

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L’anthropophagie, suprême recours L’anthropophagie n’est pas l’apanage des loups. Depuis longtemps, les grandes famines ont suscité ces cas extrêmes, qu’il faut bien reconnaître même s’il ne faut pas les majorer. « En ce même temps [1438], advint une très grande, cruelle et merveilleuse chose en un village près d’Abbeville, car une femme y fut prise et accusée d’avoir meurtri plusieurs petits enfants, lesquels avaient été démembrés et salés secrètement en sa maison [sic]. » Dénoncée par des brigands, elle avoue sa « malice » avant d’être condamnée à être brûlée vive (Monstrelet). Les loups assiègent Paris 1438. Les loups se multiplient dans les environs de Paris. La chambre des Comptes alloue pour chaque loup capturé une prime de 20 sols parisis « outre ce qu’on en pouvait recevoir parmi la ville de Paris, où on les portait exposés en vue ». Ces carnassiers auraient étranglé dans le plat pays 60 à 80 personnes autour de la capitale. « Et pour lors avoit ès environs de Paris tant de loups que c’estoit merveilles, lesquelz mengeoient les gens, et plusieurs foiz en vint jucques dedens ladite ville de Paris, qui estranglèrent et mangèrent plusieurs personnes, et que on doubtoit fort à aller de nuyt ès rue foraines et estranglèrent au plat pays en icellui temps de soixante à quatre-vingts personnes. Et pour ovier aux inconvénients et meurdres que faisoient lesdits loups, fut ordonné que on s’asembleroit pour chasser et prendre iceulx loups. Et desquelz on print plusieurs, et avoit-on pour chacun loup, en la chambre des comptes du roy, vingt s.  parisis, par la main de ung nommé sire Michel Laillier, avecques ce que on en povoit avoir parmy ladite ville de Paris, parmy laquelle on les portoit » (Jean Chartier, I, 247-248). « Item, en ce temps, venoient les loups dedens Paris par la rivière et prenoient les chiens, et si mangèrent ung enffant de nuyt en la place aux Chats, derrière les Innocens » (Bourgeois de Paris, 756). Multiplication des écorcheurs Les compagnies de « capitaines du roi Charles VII, La Hire, Blanchefort, Boussac, Antoine de Chabannes, Chapelle, Pierre Regnault et autres », sévissent en Bourgogne, en Nivernais puis en Auvergne. ” Un nom qui se répand… « Et entre temps, les François, qu’on nommoit en commun langage les écorcheurs, se tenoient en grand nombre sur les marches de Bourgogne, où ils faisoient de très grans et innumérables dommages […]. « Si multiplioient chacun jour la compagnie des mauvais, car tous méchants gens se boutoient avec eux, qui n’avoient point de conscience, et tant qu’ils se trouvèrent bien telle fois en nombre de dix mille […]. Par tout pays où ils alloient, on les appeloit les écorcheurs » (Monstrelet, VII, 2 et 13). ” Les premiers écorcheurs. « Et se commencèrent ès autres pays obéissans au roy de France à eulx eslever et mettre sus plusieurs capitaines natifz de Poitou, de Berry, d’Auvergne et de plussieurs autres pays du royaulme de France où il n’avoit aucune guerre. Et s’asemblèrent plusieurs autres compaignies de gens d’armes qui vivoient sur les champs et qui pilloient et robboient le pais sans approuchier de la frontière des Angloiz. Et tant se creurent et multiplièrent icelles compaignies, 42

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tellement que qui povoit avoir plus de gens sur les champs et que plus povoit pillier et rober les povres gens, estoit le plus craint et le plus doubté et qui plus tost eust du roy de France quelque chose que nul autre, pource que quant ilz se trouvoient ainsi acompaigniez, pour le roy ne pour autre ne volloient faire sinon à leur voulenté. « Et y avoit ung capitaine espagnol nommé Rodrigues de Villandras, lequel se trouva sur les champs à plus de huit mille chevaulx, qui fut destroussé au Pontde-Sé, près d’Angiers, par le sire du Bueil, du commandement de Messire Charles d’Anjou. Et tousjours advouoit iceulx capitaines quelque adveu de ung des seigneurs de France qui estoit cause du mal qu’ilz faisoient. Et destruisirent iceulx capitaines presque tout le royaulme » (Jean Chartier, 241). ” Exactions en Bassigny  : des compagnies de gens d’armes s’installent à FaylBillot (Haute-Marne) « faisant et accomplissant tous les maux qu’ils pouvaient » et brûlant plusieurs maisons, ravissant quantité de bétail (AN JJ 176, 642, lettre de rémission de mars 1448, d’après Tuetey, 1874, II, 487-489). La vengeance du paysan En octobre 1438, la compagnie du capitaine Bourc de Pannesac établit son « logement » à Prémery (Nièvre). Douze jours durant il est fait « de très grands et excessifs dommages ». Pour se venger, quatre paysans tuent Jeannot de Vuique, valet d’un homme d’armes, originaire du comté de Comminges, et jettent son corps dans un puits près de Nolay (AN, JJ 176, 485, lettre de rémission d’avril  1447, d’après Tuetey, 184, II, 478-480). Remises de tailles Remises de tailles pour les villages des Monts Dômes, de Murol à Riom (Puyde-Dôme). Une collecte sur deux obtient un dégrèvement « pour les dommages qu’ils ont eus par les logements et rançons des gendarmes » : 29 collectes sur 46 de la prévôté de Riom et 13 sur 35 de celle de Sanadoire (BnF, Fr 23898, d’après Charbonnier, 506).

1439 Pâques : le 5 avril Violente poussée de peste n Peste signalée autour d’Aix, Angers, Arras, Aurillac, Auxerre, Besançon, Bourgen-Bresse, Dijon, Draguignan, Nevers, Poitiers, Saint-Flour, Saint-Omer, Troyes et Villefranche-de-Rouergue (Biraben, 381). Un fléau envoyé en Aquitaine : Rodrigue de Villandrando Sous la menace du roi lui-même, l’un des plus redoutables capitaines d’écorcheurs quitte le Centre de la France vers la Guyenne, qui subit désormais les ravages de soldats. « En cet an [1439], vint à la connoissance de Charles, roi de France, com43

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ment ses pays, en divers lieux, étaient dégâtés et oppressés par aucuns capitaines tenant son parti, lesquels avoient grand nombre de gens d’armes sur les champs ; entre lesquels étoit un des principaux, Rodrigue de Villandras (sic), lequel avait en sa compagnie mieux de six cents chevaux. Si lui furent envoyés, de par le roi, certains messages, lesquels lui dirent et commandèrent de par lui, qu’il vidât ses pays, ou allât en frontière contre les Anglais, à quoi ne voulut obéir. Et pour tant le roi, qui était à Bourges en Berry, assembla gens et alla en personne pour le ruer sus ; mais ledit Rodrigue en fut averti. « Si se tira vers Toulouse et alla au pays de Guyenne. Auquel lieu, avec aucuns du pays, il assembla derechef très grand nombre de gens d’armes. Si commença à faire très forte guerre aux Anglais ; et tant en ce continua, qu’il leur fit grand dommage et prit plusieurs villes et forteresses, où il mit de ses gens. Si entra en l’île de Médoc jusques à Soulac, lequel pays ils détruisirent, et y trouvèrent des biens très largement et en très grande abondance ; et pareillement conquirent le pays de Blanquefort » (Monstrelet, VII, 19). Dans le vignoble de Bordeaux, combats entre Anglais et armées françaises du seigneur d’Albret et de Rodrigue de Villandrando. Lors d’un guet-apens, les Anglais laissent plusieurs centaines de morts dans les vignes « hautes comme treilles ». « Adonc furent mises grosses et puissantes garnisons de gens d’armes autour de la ville de Bordeaux en plusieurs lieux, lesquels contraignirent et détruisirent moult le pays, qui était moult grand et plantureux, et avoit été longtemps sans être si fort approché de gens de guerre qu’il fut pour lors » (Monstrelet, II, 20). Les Anglais chassés du nord-est de l’Île-de-France Août-septembre : siège de Meaux par Arthur de Bretagne, connétable de Richemont, aboutissant à la prise de la ville le mercredi 12 août puis du « Marché » le 15 septembre, malgré l’arrivée de secours de 4 000 combattants anglais sous les ordres de Cambridge, de Talbot et de Woodville, qui multiplient les escamouches (Monstrelet, VII, 53, et Maupoint, 26). Les loups sont entrés dans Paris Suite logique à l’expansion des loups en Île-de-France les années précédentes, certains d’entre eux pénètrent dans Paris. Ils sont peu nombreux à le faire et l’essentiel de leurs ravages porte sur la ceinture maraîchère et viticole de la capitale, hors les murs, non loin du gibet de Montfaucon dont les cadavres en attirent plus d’un. Ces loups tirent parti de la vulnérabilité des travailleurs agricoles qui s’activent notamment entre Montmartre et la porte Saint-Martin. Les Parisiens font à leur tour l’expérience de leur dangerosité et ancrent désormais dans leur mémoire le nom de Courtaut, le plus terrible de ces carnassiers. ~ Septembre : « Item, en celui temps, espécialement tant comme roi fut à Paris, furent les loups si enragés de manger chair d’homme, de femme ou d’enfants que en la dernière semaine de septembre étranglèrent et mangèrent 14  personnes, que grands que petits, entre Montmartre et la porte Saint-Antoine, que dedans les vignes que dedans les marais ; et s’ils trouvaient un troupeau de bêtes, ils assaillaient le berger et laissaient les bêtes. » 44

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~ Novembre : « La vigile Saint-Martin fut tant chassé un loup terrible et horrible

que on disait que lui tout seul avait fait plus des douleurs devant dites que les autres ; celui jour fut pris et n’avait point de queue, et pour ce fut nommé Courtaut, et parlait autant de lui comme d’un larron de bois ou d’un cruel capitaine, et disait-on aux gens qui allaient aux champs  : “Gardez-vous de Courtaut !”. Icelui jour fut mis en une brouette, la gueule ouverte, et mené parmi Paris, et laissaient les gens toutes choses à faire, fut boire, fut manger, ou autre chose nécessaire que ce fut, pour aller voir Courtaut, et pour vrai, il leur valu plus de 10  francs la cueillette. ~ Item, le xvie jour de décembre, vinrent les loups soudainement et étranglèrent quatre femmes ménagères, et le vendredi ensuivant ils en affolèrent 17 entour Paris, dont il en mourut les 11 de leur morsure » (Bourgeois de Paris, 348-349). La taille devient permanente À Orléans, le 2 novembre 1439, les États généraux accordent à Charles VII la permission de renouveler la « taille » d’année en année. La taille devient permanente et sa recette est affectée au financement de l’armée royale. Le roi publie donc une ordonnance pour prélever annuellement la taille. « Pour obvier aux pilleries et vexations des gens de guerre », Charles VII réussit à venir à bout du délicat problème de la démobilisation des soldats. L’ordonnance qui suit la réunion des États (47 articles) fait dépendre du roi seul le recrutement des « gens d’armes » dont le financement repose sur l’impôt. La protection du train de labour est consacrée, sur le principe : Art. 7. « Défend le roy, sur lesdictes peines, à tous capitaines et gens de guerre, qu’ils ne prennent marchans, laboureurs, bœufs ne cheveaux, ne autres bestes de harnois, soit de labour ou de voiture ou de charroy ». Le monopole de l’impôt est réservé au roi (Ordonnances des rois de France, 306). Dans le Midi : reconstruction des campagnes ✷ En Quercy : dans la seigneurie de Béduer, en Quercy, Déodat Barasc accorde aux habitants du mas de Stip l’autorisation de construire un four pour leur usage exclusif (Lartigaut, 1978, 184). ✷ En Lauragais  : le 16  mai  1439, à Montlaur (Aude), la borde de Pezenx est inféodée à un ménage de laboureurs pour bâtir une maison « domum sive bordam » dans les deux ans. Le seigneur donnera 5 écus d’or pour acheter 2 000 tuiles pour la couvrir, la moitié à la prochaine Toussaint, et l’autre à la Toussaint suivante. Cet acte est le premier dans lequel on remarque une reconstruction de ferme en Lauragais (AD 31, 3E 10166, 56v°, d’après Marandet, 394).

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1440 Pâques : le 27 mars Jouvenel des Ursins avocat des « pauvres laboureux » En 1440, Jean  II Jouvenel des Ursins (1388-1473), évêque-comte de Beauvais, adresse une lettre à Charles  VII après l’assemblée des Trois États à Orléans. « Considérant la grant, énorme, terrible et merveilleuse tribulacion, esquelles sont de present vos povres subgetz de tout vostre royaume, ay délibéré de aucunement vous advertir en acquittant ma loyaulté et le serement de pair de France que vous ay fait […]. « Au regart des povres prêtres, gens d’Église, religieux et autres povres laboureux tenans vostre partie, on les prend et emprisonne et les met-on en fers, en seps volant, en fosses, en lieux ors, plains de vermine, et les laisse-t-on mourir de faim, dont plusieurs meurent. Et Dieu scet les tirannies que on leur fait : on rostit les uns, aux aultres on arrache les dents, les aultres sont batuz de gros bastons ; ne jamais ne seront délivrés jusques à ce que ils aient payé argent plus que leur chevanche se monte. Et encores quant on les délivre, ilz sont communément débilités de leurs membres que jamais ne feront bien. Et ne prennent pas seulement hommes, mais femmes et filles, et les emprisonnent et aucunes fois en font par force leur plaisir en la présence des maris, pères ou frères, et se ils en parlent, ils sont bastus et navrez et aucunes fois tuez. Et à l’en vu femme grosse mettre en seps qui y avortoit et mouroit, et après jetoit-on elle et son enffant dans la rivière. Et Dieu scet quans enffans sont morts sans baptesme. Et quant les mères ont esté prinses et admenées, les loups venoient, qui les dévouraient. […] « Esquelles choses, le povre peuple de tous estas, cuidant y mettre remesde, délibéra de soy appaticher à la garnison plus prochaine mais tantost toutes les aultres garnisons commencèrent à courir les villages voulans aussi avoir pâtis, lesquelles povres gens non puissans de fournir se sont absentés tellement, que le païs est demouré tout inhabité et n’y est pas demouré de cent personnes une, qui est chose très piteuse » (Denifle, I, n° 997, 503-507). En Picardie : les horreurs de la guerre Février : Massacre et brûlement de 300 villageois à Lihons en Santerre (Somme). Depuis le nord de la Normandie, 2  000 soldats anglais, sous le commandement du comte de Somerset et de Talbot, font incursion en Santerre. Ils passent la Somme et s’emparent du château de Folleville qu’ils transforment en base de rapine. Un bourgeois de Cambrai, Enguerrand de Monstrelet, signale alors les excactions anglaises : « Et le lendemain de ladite reddition se départirent d’icelui lieu ledit comte et ses gens et suivirent ledit seigneur de Talbot qui déjà s’étoit bouté bien avant dudit pays de Santhois [Santerre]. Et tous ensemble s’en allèrent loger à Lyhonsen-Santhois, où ils trouvèrent des biens largement et abondemment, et aussi par tout le pays : car on ne se doutoit de leur venue, par quoi ceux dudit lieu n’avaient point retrait leurs biens. Auquel lieu de Lyhons avoit une petite forteresse et la 46

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grande église, où le peuple et les habitants d’icelle ville s’étoient retraits hâtivement, quand ils surent que c’étoient Anglais. Si fit ledit comte signifier à ceux qui étaient en ladite église qu’ils se rendissent à sa volonté ou les feroit assaillir, ce que point ne voulurent faire. Et pour ce le lendemain fit faire ledit assaut très cruel et merveilleux  : lequel fut tant continué que pourtant les Anglais ne les pouvaient autrement avoir, boutèrent le feu dedans. Et fut l’église toute arse et démolie avec tous les biens d’icelle, et ceux qui s’étoient retraits ci y furent morts et brûlés très piteusement, bien 300 personnages ou plus, tant hommes, femmes comme enfants, et peu en échappa de ceux qui étoient dans ladite église » (Monstrelet, VII, 74-75). En Lorraine : finages désertés Le chapitre cathédral de Verdun et la duchesse de Bar cèdent les finages de deux villages désertés de la Woëvre, Warville (commune de Saint-Hilaire-en-Woëvre) et de Thiméville (commune de Maizeray), aux trois autres communautés du ban de Pareid (Pareid, Moulotte et Harville) moyennant le versement des rentes habituelles, dîmes et terrages. Les paysans ne pourront aliéner ces terres qu’aux seuls villageois du ban. Les habitants de Bulgnéville et de Saint-Hilaire, qui tentaient d’accaparer des friches, sont déboutés (Bnf Lorraine 722, 70 r°, d’après Girardot, 425). En Orléanais : les loups dévorent des enfants « À cette époque [8 juin] l’Orléanais fut tellement désolé par la présence des loups que plusieurs personnes et des enfants furent dévorés par ces animaux carnassiers jusqu’aux portes de la ville. Il fut payé 3 livres 5 sous à Favereau, louvetier, pour faire diligence de prendre les loups qui mangeaient les petits enfants » (Lottin, 294). Un fléau supplémentaire : la Praguerie (février-août 1440) Plusieurs mois durant, la révolte des princes avec le dauphin Louis contre Charles VII, qui a engagé les écorcheurs dans ses compagnies d’ordonnance, dévaste certaines régions comme le Poitou et le Bourbonnais. ” Février  : en Forez les habitants de Saint-Haon-le-Vieil, Renaison et Arcon déclarent qu’ils sont « pouvres gens […] qui ont soutenu de grans pertes à cause de la guerre […], si apovris qu’ils ne peuvent plus et sont tres fort diminuez » (Neufbourg, BD, XXXII, 1923-1925, 67, d’après Colombet-Lasseigne, 228). ” Au printemps, lorsque le duc de Bourbon, accompagné du Dauphin, entre dans la rébellion, il vient chercher refuge dans ses terres. Jacques de Chabannes inflige un échec au roi lancé à leur poursuite en s’emparant d’une partie de son artillerie, qui voyageait de nuit d’Ébreuil à Aigueperse (Charbonnier, 504-505). ” Mai-juin : ravages autour de Paris liés à la Praguerie. « Messire Jean Fourcault, chevalier, se tint à Corbeil et monsieur de Mouy au bois de Vincennes, pour mondit sieur de Bourbon, qui firent maints griefs, en cette ville de Paris et ou pays de France » (Maupoint, 26).

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Dans le Comtat : les nobles échappent à la taille Mars : le légat Pierre de Foix fait procéder à une révision de l’assiette de la taille en Comtat Venaissin. Neuf élus représentant les trois judicatures de Carpentras, L’Isle et Valréas procèdent à l’assiette fiscale des commuantés sur les bases antérieures à l’établissement des cadastres depuis 1414. Un temps assujettis à l’impôt, les nobles échappent désormais à la taille. Treize ans plus tard, une bulle du pape Nicolas V, datée de 1453, confirme l’exemption des nobles sous réserve d’un service militaire de cinq jours et de leur contribution à l’intérêt des murailles publiques là où ils avaient des biens (Zerner, 167-189).

1441 Pâques : le 16 avril Retour de la sécurité : premiers indices ✷ « Fut celluy an [1441] très plantureux de grains mais non pas de vins. Depuis le mi-aoust jusqu’à la Toussainctz, le sextier de froument estoit vendu xxiv sous parisis. Cette année mourut très pou de gens sinon par guerre, mais il fut grant occision de gens de guerres et en plusieurs lieus. Il ne fut nules neiges et peu de gelées […]. Le roi chevaucha ses pays de Brie, de Champagne, de Laonnaois, de Picardie et de France, et les mit en grant paix et seureté en ostant les larrons desdicts pays. Par son commandement fut le bastard de Bourbon noyé à Bar-surAube, dont maints larrons furent esbahis » (Maupoint, 27). ✷ 6 juillet-19 septembre : reprise de Pontoise après un long siège. L’Île-de-France est libérée des Anglais. ✷ En Val de Loire  : dernières traces des méfaits des gens d’armes dans les registres d’audience du bailliage de Blois (AN, Z2 334-335, 8 janvier, 10 février, 18 novembre et 9 décembre d’après Guérin, 61). ✷ En Nivernais : « six ans a ou environ, un routier ou capitaine de gens d’armes, nommé Tempête, avec certain nombre de gens de guerre, se transporta audit pays de Nivernais entre les rivières de Loire et d’Allier, et faisaient iceux Tempête et ses gens maux innumérables et pis que gens de guerre ». Quatre compagnons de Tempête sont jetés dans des étangs près de Saint-Pierre-le-Moûtier (AN JJ178, 143 ; JJ179, 149 bis, juillet 1447, d’après Tuetey, 1874, II, 459-460). ✷ En Forez : l’insécurité persiste. Les campagnes autour de Saint-Germain-Lespinasse (Loire) sont pillées et ravagées par les écorcheurs (Colombet-Lasseigne, 190). En Bourgogne : lutte contre les loups 9 février 1441, Nevers : Ordonnance de Philippe le Bon pour le Chalonnais, l’Autunois et le bailliage de Montcenis. En raison de la « grant multitude de loups et louves qui sont en plusieurs parties de vos dits bailliages et font journellement plusieurs maux et dommages aux bonnes gens et sujets du pays », le duc commet Guillaume Bastard Doiche pour chasser les loups et enjoint à ses baillis et à leurs 48

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lieutenants de lever une taxe de 2 deniers tournois « sur chacun étant à 2 lieues à la ronde près du lieu où lesdits loups et louves auront été pris » à l’exception des mendiants et « autres misérables personnes » (Picard, 1880, 371).

1442 Pâques : le 1er avril En Bordelais, guerre de partisans contre les Anglais « Cette année le roi mena grande armée au pays de Bordelais et là conquit mainte cité sur les Anglais » (Maupoint, 29). « Et entre-temps que les conquêtes dessusdites [en Bordelais] se faisoient, y eut aucune détrousse par lesdits Anglais sur les François, et par especial les paysans du pays leur faisoient forte guerre. Pourquoi, tant pour la grand’multitude de gens que avoit le roi comme pour les reboutements que leur faisoient les dessusdits, furent par plusieurs fois moult oppressés de famine, et moururent la plus grand’partie de leurs chevaux. Dont les routiers et autres, qui ont accoutumé de tenir les champs longtemps, furent moult troublés ; et en y eut très grand nombre qui se tirèrent plus avant ès pays pour eux rafraîchir ; et mêmement allèrent juques assez près du pays de Navarre, en faisant de très grands dommages au pauvre commun peuple » (Monstrelet, VII, 201). Retour à la sécurité : nouveaux indices ✷ En Barrois : réapparition des procès de droits d’usage. En 1442, sentence judiciaire concernant les droits d’usage des bourgeois de Vienne-le-Château (Marne) dans les bois (Girardot, 516). ✷ En Île-de-France : début des nouveaux baux à cens pour reconstruire les maisons et remettre en valeur terres et vignes dans les campagnes limitrophes de Paris à Bagneux, Orly et Saint-Denis (Fourquin, 434). En Vésubie : le curé homme d’affaires En Haute Vésubie, le prêtre ne se limite pas à l’exercice de ses tâches spirituelles, il mène parallèlement ses propres affaires. Disposant de capitaux, dans un milieu où la chose est rare, il est le principal investisseur du village. En 1442, frère Bertrand Blanqui, hospitalier et prieur de Roquebillière, loue à la communauté dont il a la charge l’exploitation d’une forêt avec scie hydraulique pour 20 ans (Boyer, 379).

1443 Pâques : le 21 avril Le chaud et le froid « Cetuy an fut plantureux de bleds et de vins, mais les vins furent très chers » (Maupoint, 29). 49

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Rude hiver en Pays messin. « L’an que dessus accomençait la gelée le premier jour de décembre [1442] et durait l’espace de xvi semaines, et furent les vignes engelées, et les convint trapper (couper par le pied), et spécialement tout le côté d’Outre-Seille, et eut si grandes neiges, spécialement la nuit de la Chandeleur et le jour de la Saint-Blaise, que la neige que fut handelée (balayée) parmi la rue était bien de six pieds d’épais […]. Et en celle année n’eut point de fleur en nuls arbres au mois de mars […]. Et fut tout ledit mois très froid en gelée et en neige, et si grosse que toutes les vignes qui étaient échappé […] furent toutes perdues, et furent pareillement mars et avril, et la mitte de mai tout froid et plein de gelée ». De fait la récolte en vin de 1443, avec 2 048 cuves contre 8 000 ordinairement, frôle la catastrophe (Chronique du curé de Saint-Eucaire, d’après Litzenburger, 51-52). Ravages des routiers ou écorcheurs ” En Argonne  : Robert  Ier de Särrebruck-Commercy dévaste les campagnes de l’Argonne, du Barrois et du Pays Messin avec 3  000 écorcheurs. Depuis la Quasimodo 1443, les exactions sont multiples : un homme de Mondrecourt perd 9 chevaux et un bœuf ; une veuve d’Issoncourt, 6 chevaux ; un homme de Véry, 7 chevaux ; un autre d’Avocourt, 11 bêtes à cornes. À Forges, 120 bovins et 400 brebis sont enlevés  et à Rambluzin, 27 têtes de gros bétail (MM B 631  N° 89, d’après Girardot, 548). ” En Lauragais  : en avril, ravages des routiers du capitaine espagnol Salazar, ancien lieutenant de Rodrigue de Villandrando, dans les campagnes. « Environ le mois d’avril iiiic xliii, étant pour lors une compagnie de routiers tenant les champs en notre pays de Languedoc, de laquelle était capitaine un nommé Salezart, aucuns d’icelle compagnie un jour vinrent courir en la vicomté de Caraman [HauteGaronne] et prirent une grande quantité de bétail et plusieurs hommes prisonniers » (AN, JJ 177, 201, lettre de rémission de mai 1446, d’après Tuetey, 1874, II, 474-476). ” En Sologne : le 19 juin, un routier nommé Jean de Bernay, « homme de guerre de la compagnie de Sisterac » est condamné à une amende de 10  marcs d’argent pour avoir passé la Loire et rançonné le bétail et les laboureurs de Sologne (AD 45, d’après Guérin, 61). ” En Lyonnais : les gens d’armes sont logés à L’Aubépin (Larajasse, Loire). Guy de Bourbon, frère naturel du duc et son lieutenant général dans le Roannais, tient le parti du dauphin, futur Louis XI, dans la révolte qui l’oppose à son père (AD 42, B1190, F°1, 10, 24, 32, d’après Colombet-Lasseigne, 120). Remise en valeur des terres en Sologne et en Quercy ✷ En Sologne : le 2 juin, Jean de Laire, seigneur de Vouzon (Loir-et-Cher), concède à Jean Arrivé le lieu de la Houssaye, moyennant une rente annuelle et perpétuelle. Les exploitants agricoles y font souche et la métairie porte bientôt leur nom : « Les Arrivés », qui signale la constitution d’une communauté taisible (AD 41, 1E26, d’après Poitou, 288-289 et 298). ✷ En Quercy  : à Peyrilles, un hôtelier de Cahors, ancien habitant du cru, vient reconnaître les limites des champs dans un lieu resté longtemps inhabité « à cause 50

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des guerres et des mortalités qui ont sévi longtemps et fortement tant par la faute des Anglais que d’autres » (AD 46, IIIE 567/4  f° 26v°, d’après Lartigaut, 1978, 101).

1444 Pâques : le 12 avril Nouveau pas vers la paix : les trêves de Tours « Le xxviii de may audit an, par monsieur le duc d’Orléans, monseigneur le comte de Vendôme et autres grands seigneurs pour les pays des royaulmes de France et d’Angleterre furent faictes et accordées trêves commençant le premier jour de juing ensuivant et finissant le premier jour d’avril à soleil levant l’an m cccc xlv avant Pâques, qui sont xii mois de trêves et cessations de toutes guerres » (Maupoint, 31-32). « Apprez les trêves et traictiez confirmez audit lieu de Tours en Touraine entre les diz Roys de France et d’Angleterre et leur royaulmes […] par especial, marchans et gens de divers mestiers se boutterent fort avant, et pareillement laboureurs mirent fort les mains à l’œuvre, esperant que, par le moien desdictes tresves, paix generalle se deust ensievyr entre iceuls oncle et nepveu. Et ainsi demeurèrent les pays consolez, qui par avant avoient esté, à cause de la guerre, en grant desolacion, assez paisibles et de plus en plus, recommencèrent les villages à repeupler et les terres à mettre en labeur en divers lieux et mêmement par aucuns de ceux qui avoient servy et fréquenté la dite guerre, qui se mettoient à labourer et rédiffier les pays très diligemment aussy bien d’une part que de l’autre. » Derrière ce morceau d’éloquence littéraire et moralisante, la perception du retour à la paix est indéniable, même si le passage à l’acte allait prendre plusieurs décennies (Mathieu d’Escouchy, Chroniques, I, 5 et 7 ; et Thomas Basin, Histoire de Charles VII et Louis XI). Migrants et marchands, agents de la restauration ✷ 15  avril  : rétablissement de la foire du Lendit, qui concentre une portion des grains commercialisables de la plaine de France, à côté de Saint-Denis. ✷ Juillet : le trésorier de l’évêque de Cahors inféode à deux colons originaires de la paroisse de Peyrusse en Auvergne une exploitation agricole dans la basse vallée du Lot, entre Pradines et Soturac. Une maison à Espère, une demi-quartérée de terre pour faire un jardin et une chènevière, 5 sétérées de terre dans la rivière d’Espère sous le cens d’un setier de froment, une éminée de terre pour faire des vignes là où il en existait jadis au lieu-dit « lo puech de Spera » moyennant une simple géline, 2 journaux de pré au-dessus du pont de Négaboc : une bonne exploitation agricole d’une douzaine d’hectares sans doute (Lartigaut, 1978, 80).

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Octobre-mi novembre 1444, à Metz : vendanges à l’insu des écorcheurs Pour les villes, le vignoble constitue une manne dont il ne faut à aucun prix perdre le profit. Assiégée par les bandes d’écorcheurs qui composent l’armée du roi Charles VII et celle de ses alliés, dont le duc René Ier et son frère Charles d’Anjou, depuis le 12  septembre, les habitants de Metz se risquent à vendanger la nuit. Attirés par des salaires journaliers exorbitants, et par une récolte exceptionnelle, les vendangeurs bravent tous les risques  : « On ne les pouvait aller vendanger pour lesdits écorcheurs. Chacune nuit, plusieurs hommes, femmes et enfants, se mettaient à l’aventure pour aller vendanger. Aucunes fois étaient cent ou deux cent personnes qui allaient vendanger, et rapportaient ce qu’ils pouvaient  : car pour rapporter une baixowe de vendange, un homme gagnait 5 sols, aucunes fois 10 sols ; les femmes ou enfants, 3 sols. Et se mettaient en grand danger, car souvent il en demeurait des pièces. Et ne les en pouvait-on détourner, car les seigneurs étaient aux portes qui gracieusement leur remontraient le danger où ils se mettaient, mais tout n’y valait rien. Car, depuis qu’on commença à vendanger, et environ cinq semaines après, y eut plusieurs hommes, femmes et enfants de Metz qui allaient vendanger qui furent pris, montant à plus de trois cent personnes, et y eut plus de septante hommes tués » (Les Chroniques de la ville de Metz, 229, d’après Litzenburger, 80 et 251). Une plaie non refermée : brigandage et exactions des bandes armées ” En Bourgogne : les excès des écorcheurs, rassemblés par le dauphin Louis pour aller combattre les Suisses, atteignent leur extrême avec la compagnie de Robinet Petit Loup. Dans le ressort des bailliages d’Autun et de Montcenis, les paysans subissent les exactions des gens de guerre du Dauphin, devenu prince des « coupe-jarrets », alors qu’il rassemble, de tous les coins de France, des bandes de « routiers et gens de compagnie appelés écorcheurs » autour de Langres, le 26 juillet. Après les incursions successives d’Antoine de Chabannes, de Jean de Blanchefort, du Roussin de Gadifer, de Malerat, de Floquet, de Bruzac et du routier nommé Tempeste, les villages du nord de la Bourgogne sont à feu et à sang. Guillaume Dame, âgé de 30 ans ou environ, rapporte pour sa part : « qu’il a vu plusieurs grands inhumanités esdits gens de guerre du roi et mêmement aux gens de la compaignie de Robinet Petit Loup et de certains autres ses compaignons. Entre autres les vit prendre deux femmes et un petit enfant d’envion six ou sept ans, les mettre en une maison et lier lesdites femmes à une colonne et ledit enfant mettre sur un fond de paille au milieu de ladite maison et bouter le feu ès corneaux de ladite maison, toutefois lesdites deux femmes, à l’aide de lui qui parle et de ses gens se sauvèrent » (Tuetey, 1874, II, 5, et AD 21, B 11881). ” En Haute-Normandie : l’armée anglaise est affectée par un processus de décomposition : « Petit à petit, les Anglais manquèrent à faire bonne justice et à payer la solde de leurs troupes ; ils prirent l’habitude d’abord dans les pays qui leur étaient soumis de rapiner et mettre en coupe réglée sous des déguisements les usagers des chemins publics. Bientôt ce fut ouvertement, et par grandes compagnies, qu’ils se mirent à parcourir, d’un bout à l’autre toute la Normandie, pressurant 52

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et rançonnant villages, bourgs, monastères et autres lieux mal défendus, d’où il y avait quelque chose à tirer. […] Naturellement les Français ne supportèrent pas longtemps de pareils agissements et se mirent à faire des chevauchées à l’intérieur des domaines soumis à l’Angleterre ; de nombreux brigands et larrons de grands chemins tendirent aux Anglais des embuscades et, s’ils en rencontraient dans les fermes ou en rase campagne, ils les tuaient sans pitié. » Au lendemain de la trêve de 1444, les autorités anglaises s’inquiètent du brigandage des hommes de guerre « tant de notre obéissance que de celle de notre oncle de France » (Basin, et Bnf, ms fr 26074, d’après Bois, 1976, 305). ” En Sologne  : le 22  juillet, les gens de guerre occupent La Ferté-Imbault, SaintGenoux, Tremblevif (Loir-et-Cher) jusqu’à Marmagne (Cher). Rafle de « tout le bétail qu’ils purent amasser ». Ils rançonnent les métayers, les menaçant de mettre le feu aux bâtiments de la métairie de Corméan. Désespérés du montant excessif de la rançon qui leur est demandée (3 mars d’or soit 21 à 24 livres), deux métayers, Pierre et Guillot Boulaye, « bonnes gens de labour », tuent l’homme d’armes à coups de bâtons et l’enterrent dans la métairie (AN JJ 179, 148, d’après Tuetey, 1874, II, 485-487).

1445 Pâques : le 28 mars Un facteur de pacification : la création d’une armée permanente Le 26  mai, Charles  VII crée les compagnies d’ordonnance par l’ordonnance de Louppy-le-Châtel (Meuse, près de Bar-le-Duc). Avec les éléments les plus présentables des bandes d’écorcheurs, le roi constitue une première armée permanente à son service esclusif, avec une mission  : assurer le retour à la paix et à la sécurité. Chaque compagnie est commandée par un capitaine nommé par le roi et comprend cent lances garnies, une lance garnie comprenant six hommes : un homme d’armes en armure, trois archers, un coutilier (armé d’une épée et d’une longue dague) un page et un valet. 100 lances forment une compagnie. Les 15 compagnies totalisent 9 000 hommes, dont 6 000 combattants. Une garde écossaise permanente est aussi formée. Cette ordonnance laisse préfigurer une nouvelle époque dont les chroniqueurs idéalisent l’avènement. « Toutes manières de gens de guerre furent retraitz et mis en conduite […]. De plusieurs parties dudit royaume […] laboureurs et autres gens du plat pays, qui avoient est de longtemps en grande désolacion, s’efforçoient de tout leur pouvoir à labourer et réédiffier leurs maisons, édiffices et habitacions ; et avec ce défrichier et essarter leurs terres, vignes et jardinages, très diligemment ; et tant se continuèrent, avec l’aide des seigneurs, gentilshommes et gens d’église » (Mathieu d’Escouchy, 58-60). En Bretagne : des villageois rétablis dans leurs droits d’usage Héritiers des colons attirés par le duc Pierre Mauclerc vers 1220, les habitants de la toute petite « ville » du Gâvre (Loire-Atlantique) se sont vu rogner leurs exemptions fiscales et leurs droits d’usage par les receveurs du duc de Bretagne. 53

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Le 20  avril  1445, ils arrachent une confirmation de leurs privilèges, motivée en partie par le souci du duc d’y maintenir une population rurale. « François, par la grâce de Dieu, duc de Bretagne, comte de Montfort et de Richemond, à tous ceux qui ces présentes lettres verront ou ouïront. […] Reçu avons la supplication et humble requête de nos sujets, les manans et habitants en ville et bourg du Gâvre […] qu’ils sont francs et exempts de tous fouages, tailles et autres subsides […] tant par ce que iceux habitants avaient usage en la forêt dudit lieu du Gâvre, se désistèrent et départirent des usages et se soumirent à payer sur ce taxes, rentes et devoirs en plus large que alors ne devaient […]. Considérant la situation desdites ville et bourg du Gâvre, qui est en pays fort infertile, la pauvreté desdits habitants qui sont en peu de nombre et les charges qu’ils ont eues […] avons aujourd’hui confirmé […] ledits lettres de franchises leur octroyées par nosdits prédécesseurs » (AD 44, E dépôt Le Gavre, AA1, d’après Jarnoux, HSR 18, 171-172). En Rouergue, un curé augmente sa pension Le 13 avril, Pierre d’Estaing, prieur de Coussergues, relève la pension du recteur de la paroisse, dont le casuel [verolh] a « beaucoup diminué depuis les guerres et les pestes ». En dehors des droits liés aux sacrements, des offrandes coutumières lors des grandes fêtes, et des legs et obits qu’il partage avec les autres prêtres, le curé rouergat est un rentier agricole tributaire de la conjoncture. Le partage est d’autant plus sensible que la paroisse comporte à la fois un « recteur », qui administre les sacrements, et un prieur, qui touche l’essentiel des grosses dîmes : dans le diocèse de Rodez, 271 paroisses sont dans ce cas. Dans les grosses dîmes, le recteur de Coussergues a droit désormais à 10 setiers de froment, au lieu de 6. Par ailleurs, il dispose des « prémices » (1/60e des récoltes, suivant les statuts synodaux), de la dîme des porcs et de la moitié de la dîme du menu bétail, le carnelage, sur les agneaux, la laine et les veaux. Enfin, ses revenus comportent deux pièces de fromage et quinze deniers. Restent à sa charge le logement et le défraiement d’un clerc (AD 12, G 152, f° 36, d’après Lemaitre, 149).

1446 Pâques : le 17 avril La Seine gèle en avril « Le mardi xiie jour d’avril après Pasques fleuries oudit an m iiiic xlv, [1446 n. st.], la lune estant en son plain, entre trois et cinq heures après minuict, y gela à glace et très fort en tout ce pays-cy et en tous les marchez d’environ jusqu’à cinquante lieues inclues. Et pour ce toutes les vignes et arbres à fruict furent du tout gelées, dont se entresuivit très grant cherté de vin et presque de tous aultres biens et maint aultres grands dommages en tout ce pays » (Maupoint, 36).

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Le long martyre d’un enragé à Wissous Ce lundi 9 mai, dans le village de Wissous (Essonne), au sud de Paris, Jean Badren, frère de Renault, laboureur, est mordu par un chien enragé à environ huit heures du matin. L’animal abattu, il part trouver « une sienne commère, nommé Jehanne La Béguine, à laquelle il dit : “Ma commère, j’ay esté mors d’un chien enragé. Je suis mort !” Après l’avoir pansé au mieux, les villageois lui conseillent « d’aller à la mer ou à Saint-Hubert d’Ardennes ». Accompagné de sa femme et de plusieurs amis, le malade se rend chez un chirurgien à Paris puis s’en va à la mer. De passage à Beaumont-sur-Oise, il se décide pour le voyage à Saint-Hubert, fortifié par un ancien pèlerin qui l’accompagne. Parvenu à Andage, il se fait tailler avec un fragment « de l’étole dudit saint Hubert ». Jean Badren revient à Wissous, ayant fait sa neuvaine et toutes ses dévotions. Pris néanmoins par un accès de rage il dicte son testament et demande à son frère et à ses voisins de le lier « de cordes et de sangles par les pieds et par les mains à grosses pièces de bois ». Il fait tendre des draps autour de lui « pour ce qu’il disoit qu’il veoit le vent qui le tuoit et ne pouvoit veoir face de homme ne de femme ». Il demande au curé de Rungis une messe du Saint-Esprit. Écumant de rage, Jean est étouffé par son frère et plusieurs hommes, d’une couette de lit, selon ce que plusieurs d’entre eux avaient déjà vu faire en pareil cas : « lesquels dessus nommés, quand ils furent devers ledit Jean et qu’ils le virent en a douleur et estat dessusdit, ils le couvrirent de ladite coette et fut éteint dessous icelle. Et tantôt près, il alla de vie à trépas et environ heure de vêpres, ledit jour, il fut mis en terre » (Roger Vautier, Le Folklore pendant la guerre de Cent Ans d’après les lettres de rémission du Trésor des chartes, 145-149). L’entrée du sarrasin dans les pratiques agricoles : « blé noir » et « bouckaie » 15 juillet : Première mention de culture du blé noir dans le Bas-Maine ? Les religieux de Saint-Vincent du Mans passent un accord avec le seigneur de Champagnette : ils lui reconnaissent une partie des dîmes de la paroisse de Bazougers (Mayenne), au sud-est de Laval. On y découvre une dîme des « blés noirs dit carabins » considérés comme gros blés. La transaction est rapportée dans un accord ultérieur de 1659 (Roger Grand, 1950, 329). La même année sous l’appellation de « bocghere » ou « bouckaie », le sarrasin semble également attesté dans les campagnes flamandes autour de Lille (Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue français, 670). Il y aurait plusieurs voies d’entrée de cette polygonacée sur le sol français, qui apparaît simultanément dans la France de l’Ouest et du Nord (Chaussat, 2017, 23-53). Remise en culture ✷ Après trente ans de friche, retour à la culture en Valois : « En 1446, on recommença à cultiver les terres des environs de Nanteuil-le-Haudouin : elles y étaient demeurées en friche depuis 1416, c’est-à-dire depuis trente ans, ainsi que les campagnes de Chèvreville. Dans ce renouvellement de l’agriculture, les terres se louaient presque rien. J’ai lu au cartulaire des Bénédictins de Nanteuil l’extrait d’un bail, 55

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passé en cette même année  1446, par frère Renaud des Granges, prieur du lieu d’une ferme d’où dépendaient 130 arpents d’assez bonnes terres et un arpent de pré, moyennant 25 sols tournois de cens, 47 sols 6 deniers de rente, 2 livres de cire et 20 francs une fois payées, pour servir aux réparations de l’église » (Carlier, II, 485). ✷ En plaine de France  : aveu et dénombrement de la ferme de Vaulerent, à Villeron, le 6  février. Avec plus de 230  ha, la ferme de l’abbaye de Chaâlis est l’une des plus grosses structures agricoles de la région, et sans doute du royaume. Après les dévastations, on établit un état des lieux (AD 60 H 5529). ✷ En Sancerrois  : le 24  juin, les habitants de Chavignol agréent la fixation des mesures et de la réglementation de la police rurale par le chapitre de Saint-Étienne de Bourges de concert avec le bailli de Sury-en-Vaux. « Le boisseau à mesure de blé en ladite terre de Chavignol sera pareil et égal à celui de Sury-en-Vaux, avec lequel ils mesureront audit Chavignol. L’étalon demeurera au même endroit, qui sera donné en garde à l’hôtel desdits seigneurs ou ailleurs pour être plus en sûreté, ainsi qu’il leur plaira. Que lesdits habitants tiendront la mesure à vin, savoir pinte et chopine, telle que lesdits seigneurs leur ordonneront dont l’étalon sera pareillement donné en garde. […] Quant à l’égard des exploits de justice il y aura à Chavignol un vignier de par lesdits seigneurs, qui gardera les vignes et autres biens dudit lieu d’être endommagés […] lequel aura puissance de prendre toutes manières de gens et bêtes quelconque qu’il trouvera en dommage, et aura pour chacune personne ou pourceau 5 sols tournois d’amende […] et de toutes les autres bêtes prises par ledit vignier 20 deniers tournois. Réservé les chèvres, savoir que si une chèvre est prise seule en dommage qu’elle aura fait il ne sera payé que 5 deniers tournois d’amende » (AD 18, G, Saint-Étienne de Bourges, l. 302). De bons bœufs pour tirer la charrue La reconstruction agraire passe par le renouvellement de la force de traction agricole. En 1446, l’abbé de Fécamp demande à l’un de ses agents d’acheter des bœufs du Cotentin pour les faire venir dans le pays de Caux. La livraison ne dut pas être suffisante pour exiger l’année suivante « cinq bons aumeaux pour tirer à la cherue de trois ou quatre ans le plus viel ». « Cher et bon ami, messire Raoul le Danois, nous vous mandons expressément que delivrés à Philipot Patrix ung bon aumel pour tirer à la cherue, du pris de iiii livres tournois, et une bonne jument dudit pris […]. Escript à Fescamp, le xxe jour de may mil iiiic quarante-six » (Delisle, 238).

1447 Pâques : le 9 avril Le roi Charles VII autorise la restauration des censives Déclaration de Charles  VII autorisant les seigneurs haut justiciers à remettre leurs terres en censives et à reprendre leurs droits (AN O1/3955, 133, d’après Bezard, 52). 56

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4  mai  : ordonnance de Charles  VII donnée à Mehun-sur-Yèvre autorisant les moines de Saint-Denis à procéder publiquement à la proclamation, « par quatre cris par quatre quinzaines accoutumées », des héritages en ruine et vacants. Il s’agit d’éviter que, « quand ils les auraient labourés ou mis en bon état, ou baillés à autre, aucuns vinssent qui y réclamassent aucun droit ou les voulussent dire à eux appartenir ». Ce texte suit de peu la déclaration royale autorisant de façon générale les seigneurs hauts-justiciers du royaume à remettre en état leurs terres en censive (AN, O1 3955, f°133, Gandilhon, 140-141). Conflits viticoles à Auxerre 27 avril : lettres royales du Parlement de Paris imposant aux vignerons d’Auxerre de respecter les salaires et la durée du travail fixée par les propriétaires. Depuis « six ans que les guerres ont cessé », les portes de la ville ferment tard, mais les ouvriers n’ont pas respecté les termes de la réglementation antérieure de juillet  1393. Cet accord vise à arrêter la nouvelle procédure intentée en 1442 par les vignerons grévistes. La question du temps de travail est au cœur des conflits viticoles à Auxerre (Stella, HSR 5, 1996). Affranchissement des serfs de Boussac-le-Château (Creuse) L’abolition du servage atteint sous Charles VII et Louis XI un point de non-retour. (« La restauration des campagnes donne l’estocade au servage », Neveux, Histoire de la France rurale, II, 136). En novembre 1447, Charles VII confirme l’affranchissement des serfs de Boussacle-Château (Creuse) qu’avait effectué le 15 septembre 1427 Jehan de Brosse moyennant 1 000 écus d’or pour en assurer le repeuplement. Pour fournir ces 1 000 écus qui « furent employés en nostre guerre et service par ledit maréchal » les habitants s’étaient mis « en grans nécessitez » et depuis, sans licence, ils se sont fortifiés et exonérés de la gabelle. En considérant « des pertes et dommages que lesdits suppliants » ont éprouvés « soubs umbre de la guerre », le roi ratifie tous les droits obtenus vingt ans plus tôt en y ajoutant les nouveaux acquéreurs […] moyennant 700 écus d’or « à laquelle ils ont pour ce composé de nostre gré et consentement avec noz amés et féauls les trésoriers de France » (Ordonnances de Charles VII, novembre 1447).

1448 Pâques : le 24 mars Début de restauration agraire en Île-de-France… ✷ En janvier, deux petites fermes de 14  ha chacune sont remises en exploitation. L’une à Bouqueval en Pays de France, au nord de Paris, l’autre, au sud, sur Athis-sur-Orge. À Bouqueval, les trois nouveaux fermiers son dispensés de tout fermage « se par fortune de guerre lesdits preneurs ne pussent labourer ». À Jacques Berangier, laboureur à Athis, qui entre au même moment dans la ferme des Vauxde-Cernay, les moines accordent que, « s’il advenoit – que Dieu ne vueille ! – qu’il 57

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feust guerre comme autrefois a été et que ledit preneur ne pût labourer ne résider sur le lieu, en ce cas il ne sera tenu de payer aucune ferme ou moison fors de tant qu’il labourera ou pourra labourer » (AN, S 4181 et AD 78, 45H19). ✷ En plaine de France, les traces de la guerre sont visibles partout. À Dugny, près de Saint-Denis, le 14 août 1448, il convient faire de « grandes réparations et ouvrages, tant de charpenterie, maçonnerie, comme autrement aux hôtes, maisons et moulins […] qui longuement et de long temps ont été en grandes désolations et en grandes ruines, et encore sont de présent » (AN, LL 1212, 137v°, d’après Fourquin, 395). ✷ 10 septembre, même situation à Pouilly-en-Brie : « Et lequel lieu a été longtemps en ruine, inutile et inhabitable à l’occasion des guerres qui ont été au temps passé en ce royaume de France, et que nul ne s’y est voulu ni osé bouter ni icelui appréhender comme propriétaire » (AN, LL1212, 143-145, d’après Fourquin, 395). ✷ Premières mentions d’immigration rurale en Île-de-France  : un Boulonnais à Saint-Denis (1448), un Bourbonnais à Argenteuil (1449, trois Bretons à Flessanville, près de Montfort-l’Amaury, à Étréchy, près d’Étampes, et dans la banlieue de Paris (1451-1452) (Fourquin, 426-427). … et en Quercy 13 janvier 1448 (n. st.) : Bertrand de Saint-Géry, donzel de Montcuq, accense à Pierre Geli, originaire de la paroisse de Saint-Michel de Soulages, au diocèse de Saint-Flour, une maison et un jardin dans le bourg de Lascabanes, un autre jardin au terroir de Verdier, non loin de là, une pièce de terre « al cap de la vila », une terre et un pré à la Fon del Mas, et, dans la paroisse voisine d’Escayrac, un pré au terroir d’El Garric de la Longaha confrontant un affluent du Mardosso, une terre à Cambeyros, une autre à Las Talhados et enfin deux parcelles, l’une à la Cumba de Valbusa et l’utre au terroir de Rocaguilhem (AD 46, IIIE 567/3, fol. 122, d’après Lartigaut, 1978, 79). Traces de guerre en Sologne Aveu par Gilet Dupuy de son domaine de la borde de la forêt, à Marcilly-en-Gault : il se compose d’une « place à motte environnée de fossés tout autour, en laquelle souloit avoir maison et hostel fort à demourer, lequel par les anciennes guerres fut tout ars et brullé et de présent n’y a aucune habitation » tandis que les terres qui « souloient être labourables » sont « de présent en ruine et de très petite valeur » (AN, P1472/1, f° 49, d’après Guérin, 4).

1449 Pâques : le 13 avril Alertes ✷ Juillet : rupture des trêves de Tours. ~ 18  juillet  : chute de grêlons de la taille d’œufs de poules qui ravagent le ban de Pont-à-Mousson (Chronique de Praillon, d’après Litzenburger, 360). n Peste en Anjou très virulente autour d’Angers (Le Mené, 260). 58

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En Vercors : le gardiennage de bétail paralysé En Vercors, les loups sont devenus si nombreux que les petits pâtres redoutent de garder leur bétail et de le conduire en dépaissance. À Rencurel, « dicunt quod in dictis locis luppi taliter habundant quod habitantes in eisdem eos et alia animalia silvestra fugare (mettre en fuite) non audent casantibus dictis inhibitionibus factis, ita quod animalia ipsorum habitantium in ipsis locis devestant et delavorant, sic quod pueri et alii pastores ipsa animalia custodientes de ipsis lupis expavescunt (redoutent) et non audent plus ipsa ducere ad depascendum » (AD 38, B 2735, f° 409). Un laboureur trompé par son curé Août 1449 : rémission à Jean Pasthin, laboureur aux Cours-les-Barres, au comté de Nevers, pour le meurtre de Jean Moreau, prêtre desservant la paroisse du lieu, amant de sa femme (AN, JJ 176, 713, f°437 v°).

1450 Pâques : le 5 avril Libération de la Normandie ” Mercredi 15 avril : prévenu par des paysans du début du combat, le connétable de Richemont précipite ses troupes bretonnes en renfort de l’armée française qui remporte la victoire décisive de Formigny sur les Anglais. Dans le village, les paysans normands massacrent les derniers archers anglais acculés à se rendre. ” Août : la reprise de Cherbourg met le point final à la reconquête de la Normandie. Les Anglais dans les campagnes du Bordelais ” Automne 1450  : en Aquitaine, le plat pays est livré aux Anglais alors que tombent les cités de Bergerac, Gensac, Sainte-Foy et Bazas (Boutruche, 405).

1451 Pâques : le 25 avril Peste n Peste à Verdun et Saint-Mihiel (Girardot, 790). n Attestations de peste autour d’Aix, Bourg-en-Bresse, Brignoles, Nîmes, Poitiers, Strasbourg, Toulouse et Villefranche-de-Rouergue (Biraben, 380). Un village lorrain déserté Le village d’Haraumont étant détruit et déserté depuis longtemps, les habitants du village voisin de Bréhéville prennent à cens du chapitre cathédral de Verdun 59

1451

la totalité du finage. Le village ne sera reconstruit qu’en 1517 (AD 55, 2G109 d’après Girardot, 523-524). Premier acte de baptême conservé en France Jeanne Raoult, baptisée le 27 novembre 1451, dans la paroisse de Roz-Landrieux (Ille-et-Vilaine). « Johanna Radulphi filia Juliani et Ysabilie Mahe uxoris [dicti Juliani] baptizata fuit XXaVIIa die mensis novembris nominavitque eam [princi] paliter super fontes Johannes Radulphi cum Beatria Radulphi et Oliva Orry [anno predicto] » Traduction : Jeanne Raoult, fille de Julien et d’Isabelle Mahé, femme dudit Julien, a été baptisée le 27 novembre et l’a nommée principalement sur les fonts Jean Raoult, avec Béatrice Raoult et Olive Orry, année susdite (AD 35, BMS Roz-Landrieux 1451-1528, vue 1). Le quart-bouillon 30  mars  : ordonnance relative à la perception du quart-bouillon, taxe modérée sur le sel. Le projet de rétablissement de la gabelle est abandonné pour le Poitou (R.  Favreau, « Le commerce du sel en Poitou à la fin du Moyen Âge », Bulletin philologique et hist, 1966, 201-202).

1452 Pâques : le 9 avril Mortalités n Suite de la mortalité angevine qui gagne les campagnes du côté de MontreuilBellay (Le Mené, 261). Année sans hiver dans le Pays Messin Les herbes prolifèrent : « Il ne gela et ne fit neige et froidure, et ne fit point d’hiver ; car en la semaine devant les rois, étaient les herbes aux champs et ès jardins toutes vertes, les fleurs et jolivets à l’air toutes vertes comme si ce fut au mois d’août » (Chronique de Praillon, d’après Litzenburger, 189). Remise en culture d’une grande ferme par trois laboureurs Le 5  février, Oudin Aubert, Simon Coiffier et Jehan Huet, trois laboureurs de Tremblay-en-France louent ensemble la grande ferme isolée de Mortières et 190 ha, qui dépendent de l’abbaye de Saint-Denis. Depuis la Saint-Martin d’hiver passée, 11 novembre 1451, ils ont commencé à le remettre en culture. Ils s’engagent pour sept ans « chascun pour son tiers, de labourer et defrycher toutes lesdites terres appartenant audit hostel de Mortières, d’arracher les mersaulx et autres mauvais arbres estans esdites terres, icelles mener par saison sans désaisonner ». La première année, le fermage ne sera que de 2 muids d’avoine et les six suivantes de 9 muids de grain, 6 muids de froment et 3 muids d’avoine. 60

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Incertains du retour à la sécurité ils font préciser dans leur bail : « si par fortune de guerre, pestilence ou orage des temps, ils ne peuvent labourer ni recuillir, ils ne paieront pas pendant ce temps qui sera évalué en sa longueur par des preux hommes en ce connaissant » (AN, S* 2446, d’après Moriceau, 82). Lettres de rémission ✷ Avril, Tours : rémission en faveur d’Étienne Bardin, laboureur à Gien-le-Vieil, qui, après avoir insulté sa femme Jeanne, âgée de 12 ou 13  ans, l’a noyée en la jetant dans un puits (AN, JJ 181, 58, f° 30v°). ✷ Avril, Montbazon : rémission pour Jeanne, veuve de Jean Bruneau, demeurant à Bourgueil, accusée d’infanticide (AN, JJ 181, 63, f° 32v°). ✷ Mai, Montrichard : rémission en faveur de Jacquette de La Crouez, femme de Jean Hardoin, de Saint-Louand, accusée d’infanticide (AN, JJ 181, 100, f° 55). ✷ Décembre, Souvigny : rémission en faveur de Pierrot Petitjean, de la châtellenie de Châteaumeillant, pour le meurtre de Guillaume Ferron, dont les bœufs gâtaient les prés (AN, JJ 181, 213, f° 132). Amours ancillaires Jean Goriot, « pauvre homme de labour de la paroisse de Coulandon », avait pour le « servir en son hôtel et être sa chambrière » une fille nommée Simone, âgée de 13 à 15 ans. Un jour que sa femme part en pèlerinage à Moulins, Jean Goriot va tout simplement coucher avec ladite Simone « et se mit en devoir de la connaître et combien qu’elle y fit aucune résistance, toutefois il en fit son plaisir et la connut charnellement et depuis lequel temps ladite chambrière est demeurée en l’hôtel dudit Goriot ». Un an plus tard, début mai 1453, Jean Goriot et sa femme s’aperçoivent que « ladite Simone était accointée d’un jeune clerc de leur paroisse, nommé Pierre Bourdois et couchée en leur hôtel avec ledit Pierre » (Germain, 176).

1453 Pâques : le 1er avril La Corse s’auto-administre 22 mai : à la suite de la demande des chefs populaires corses, réunis en assemblée générale à Lago Benedetto, l’administration de l’île est cédée par la République de Gênes à une institution financière, l’Office de Saint-Georges. Hommes, terres et villes, fleuves, étangs et montagnes sont remis à l’Office dans un inventaire minutieux. La réglementation locale est codifiée dans les Capitula Corsorum le 7 juin. Jusqu’en 1561, les Corses s’auto-administrent sous la direction de deux podestats par pieve (Graziani, 18). Fin des opérations militaires de la guerre de Cent Ans ” 17 juillet : près de Castillon, un corps français, soutenu par une forte artillerie, est victorieux de 6 000 ou 7 000 Anglo-Gascons commandés par Talbot. Invasion du Bordelais par le sud et dévastation des campagnes. 61

1453

” 9  octobre  : capitulation de Bordeaux et ouverture des vendanges. La reconstruction peut commencer. La locaterie perpétuelle Un mode particulier de remise en valeur, dicté par les circonstances  : la locaterie perpétuelle. Très répandu dans le Quercy, ce contrat à long terme est plus rare en Haute-Auvergne. En 1453, Jean Aymeri, d’Aurillac, loue « per modum conductionis sive loge » à Jean Bonhoure la boria de la Montade pour 29 ans « et ces vingt-neuf ans achevés pour autres vingt-neuf ans et ainsi ensuite à perpétuité de vingt-neuf ans en vingt-neuf ans ». Bonhoure pourra quitter la boria quand il lui plaira (AD15, 3E28/2, f° 16, d’après Bouyssou, 79).

1454 Pâques : le 21 avril Mortalités n Attestations de peste autour d’Amiens, Arras, La  Rochelle, Limoges, Niort, Périgueux, Poitiers, Toulouse, Tulle et Villefranche-de-Rouergue (Biraben, 382). n Octobre  : suite de la mortalité angevine qui gagne les campagnes du côté de Champtoceaux (Le Mené, 261). n Suite de la « mortalité » à Tours dans le faubourg du Pont (Chevalier, 588). Reprise d’activité dans les campagnes ✷ En Verdunois  : querelle de vaine-pâture entre trois villages de la Woëvre  : Warcq, Surville et Herméville (Meuse) (Bnf Lorraine 722, 144r° d’après Girardot, 517). ✷ En Lyonnais  : l’archevêque de Lyon acense à un affaneur de Lyon 4 pies de vigne (environ 1  ha) sises à Sainte-Foy, sous le cens de 2 sous forts et 4 poules c’est-à-dire 6 deniers et une poule pour chaque pie « selon ce qui est dit dans les anciens terriers du château de Francheville au sujet desdites pies, qui ont longtemps vaqué, faute de tenancier » (Cartulaire des fiefs, 484, d’après Lorcin, 269). Un ambitieux programme qui préfigure l’avenir : codifier les coutumes Avril  1454  : ordonnance de Montils-lès-Tours sur la réforme de la justice. Par l’article 125, Charles VII, « voulans abréger les procez et litiges d’entre nos subjects et les relever de mises et despens et oster toutes matières de variations et contrariétez », ordonne que les coutumes, usages et styles de tous les pays du royaume soient mis par écrit. Pour la première fois s’exprime la volonté royale d’unifier et de clarifier des coutumes éparses et souvent peu connues dans les différentes provinces du royaume. La portée de l’ordonnance est surtout symbolique. Il faudra attendre les ordonnances de 1497 et 1498 pour prendre en compte l’avis des représentants des trois ordres de la société. 62

1455

1455 Pâques : le 6 avril En Île-de-France : des secteurs toujours abandonnés Les secteurs désolés du Hurepoix et de la Brie française se remettent peu à peu en valeur. À Magny-l’Essart et dans les villages ressortissants (Magny-les-Hameaux), un aveu affirme l’absence totale d’habitants de 1431 à 1455 et, à cette date, « trois pauvres hommes de Normandie […] sont venus demeurer » (AN P23/3 XCI, Aveu à Charles  VII de la terre de Magny-l’Essart par Guy de Lévis en 1457, d’après Bezard, 49). Libération d’un serf à La Loge-en-Brie Le 27  juin, en Brie française, à La Loge-en-Brie (com. La Haute-Maison, Seineet-Marne), l’abbaye de Saint-Denis affranchit un serf ruiné pour le maintenir sur place alors que la Brie, vidée de sa population, est encore inculte. « Savoir faisons que que, sur la requette à nous faicte par Philippe Carrouget, natif de La Loge en Brye, nostre homme de corps et de mainmise et serf de condicion, disant qu’à l’occasion des guerres et divisions qui ont eu cours en ce royaume de France il ait tout perdu ses terres et ses héritages demourés en ruyne et non valeur, requérant […] qu’il nous plaise l’affranchir de la servitude en quoy luy et ses héritiers estoient et sont tenuz envers nous […] ce considéré que notre terre de Brie est toute despouillée, de nulle valeur et inhabitée par défault de peuple, et mesmement de nos hommes et sujets qui, durant lesdites guerres et divisions, s’en sont allés et absentés […] avons affranchi et affranchissons par ces présentes ledit Philippe Carrouget et ses héritiers à tousjours desdites servitudes dont cy essus est faict mention […]. Donné en nostre chapitre de Saint-Denis, en tesmoignage de ce nous avons miz à ces lettres noz sceaulx l’an mil iiiiclv le xxviie jour de juing » (AN, LL 1213, f°1-2, cité par Fourquin, 393-395).

1456 Pâques : le 28 mars Année très froide en Savoie À Samoëns, tous les blés sont détruits : « Blada ipso anno ex frigore totaliter sunt devastata » (AD 73, 14464, d’après Carrier, 2001, 572). Lutte contre les vagabonds en Languedoc 8 juin : ordonnance rendue sur les doléances des États du Languedoc pour purger le pays des vagabonds « en les mettant aux gallées » (Isambert, IX, 279).

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1456

Défrichement par brûlis en Provence En 1456, la communauté de Roquebrune transige avec le prieur de Pamayson. Les villageois sont autorisés à rompre des parcelles de terre gaste, d’y couper et d’y brûler les arbres afin de labourer et de semer en grains (« gastas rumpere, scindere, cremare arbores eixentes in eidem, si quae sint causae seminandi et arandi ad eorum commodum »). En contrepartie, le prieur aura la onzième partie des grains et les droits de mutation sur les ventes de ces nouvelles terres (Arch. com. Roquebrune-sur-Argens, DD1, et AD 13, 1H1001, doc. 296 et 366, d’après Burri, HSR 46, 2016, 43-44).

1457 Pâques : le 17 avril Pestes et fin de la mortalité angevine Attestations de peste autour d’Amiens, Bourg-en-Bresse, Cahors, Châlons-surMarne, Compiègne, Dijon, Douai, Draguignan, Grasse, Lyon, Nevers, Rouen et Villefranche-de-Rouergue (Biraben, 382). n Fin de la mortalité angevine qui gagne les campagnes du côté de Craon (Le Mené, 261). n

Ruines persistantes au sud de Versailles En 1457, à Magny-l’Essart [Magny-les-Hameaux, Yvelines], on trouve le « chastel cloz de vielz murs où il a plusieurs tours abatues et est cloz de vielz fossez avec ses jardins et appartenances, lequel par la guerre des Anglois qui longtemps ont tenu et occupé le chastel et ville de Chevreuse, près dudit Magny, à une lieue, fut detruit, rompu et bruslé ». Les terres et prés dépendant du château « sont du tout occupez et remplis de bois, buissons, espines et du tout incultes » (AN, P23/3 XCI, Aveu à Charles VII de la terre de Magny-l’Essart par Guy de Lévis en 1457, d’après Bezard, 47). Un symbole de la restauration : le relèvement du gibet d’Ablon Depuis 1448, le chapitre de Notre-Dame de Paris fait relever, dans les domaines qu’il détient, ses fourches patibulaires pour y pendre les condamnés. En décembre 1457, pour sa seigneurie d’Ablon-sur-Seine (Val-de-Marne), il en obtient du roi l’autorisation. La restauration agraire passe aussi par la lutte contre les crimes et les délits les plus graves, passibles de pendaison dans le cadre des hautes justices signeuriales. « Or que depuis certains tems en cà, à l’occasion des guerres et aussi par ce que longtemps a aulcun delict n’est advenu en ladite justice, icelui gibet ou fourches estoient chus. » Les mois suivants, les travaux de « redressement desdites fourches » sont réalisés avec « trois pilles de pierre, de taille de xiii pieds de haut [4,20  m], et trois poulies de boys » (AN, S 334, d’après Chaudré, 179).

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1458 Pâques : le 2 avril Hiver très froid « La surveille de Sainte-Catherine [25 novembre] oudit an 1457, il commença à geler et givrer très âprement, sans pluye et sans neiges, et gela continuellement jusque au jour Saint-Valentin ensuivant. Le jour Saint-Thomas apostre [21  décembre] oudit an, il commença à neiger et environ sept jours de suivant, et plusieurs heures, il neigea très fortement et très habondament, et durèrent les neiges sur terre jusqu’au xviiii (19) febvrier ensuivant. Ledit jour Saint-Thomas, la rivière de Seine fut toute gellée à bout et demoura gelée jusqu’au quatriesme jour de febvrier, auquel jour il commença à desgeler et puis regeloit tous les jours jusques audit jour Saint-Valentin et furent les bleds en grand danger, mais loué soit Dieu, il ne creut nul mal ! » (Maupoint, 38-39). Peste en Berry n Août  : Peste en Berry (Registres capitulaires du chapitre de Bourges, d’après Raynal, 45). n Attestations de peste autour d’Abbeville, Draguignan, Limoges, Orléans, Rodez et Villefranche-de-Rouergue (Biraben, 380). Disparition d’un village en Poitou En 1458, à Ménigoute (Deux-Sèvres), un village se fait absorber. Par trois acquisitions successives, les 4  juin, 1er  août et 2  octobre  1458, « noble et honorable et sage maître Jean Tudert, conseiller et maître des requêtes de l’hôtel du roi », seigneur de la Barre-Pouvreau, se rend propriétaire de divers « mazureaux, vergers, prés et terres labourables », une vingtaine de boisselées (soit 2  ha) au village de la Petite-Barre. Indivis entre trois familles de paysans des environs, ces héritages confrontent les bâtiments et les terres de la « gagnerie » que le magistrat possède déjà dans le même village. C’est le point de départ d’une « métairie » affermée contre un loyer en seigle et partage du cheptel, tandis qu’un village disparaît. Le processus de remembrement est enclenché : en 1518 une autre métairie est constituée tout à côté et une autre encore en 1530 (AD 79, D 110 et 115, d’après Merle, 58 et 73). En Valois, des fermes à reconstruire Mai  1458  : transaction entre Dom Zacharie Parent, prieur de Saint-Christopheen-Halatte, dependant du prieuré clunisien de La Charité-sur-Loire, et frère Jean Le Roy, commandeur de Lagny-le-Sec (Oise), « considérant les grandes guerres et divisions qui ont eu cours en ce royaume de France et que, à cause d’elles, les granges de la commanderie ont été brûlées et aussi que les dîmes et revenus de ladite commanderie ont été diminués », le loyer de la commanderie de Lagny-leSec est modéré de 50 muids de grains à 23, moitié froment et moitié avoine (AD 60, H 2397). 65

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Le Queyras se vide Attirés par les terroirs de plaine, certaines montagnes se dépeuplent. En Queyras, pour sept communautés (Abriès, Aiguilles, Château-Queyras, Ristolas, Arvieux, Molines et Saint-Véran), on compte en 1458, d’après les révisions de feux, 405 chefs de familles restés sur place pour 205 partis. Le pays s’est vidé d’un tiers de sa population (P. Paravy, d’après Audisio, 46-47). Maximum du pulvérage en Dauphiné Le 2 juin, un arrêt du Parlement de Dauphiné réglemente la transhumance. Sous la menace des éleveurs de Provence de ne plus monter dans le Vercors en raison de droits de passage jugés prohibitifs, les Dauphinois fixent un maximum aux droits de « pulvérage » et les procédures de cautionnement des délits (Carrier et Mouton, 2010, 267-268 et Blanc, HSR 42, 2014, 22-25).

1459 Pâques : le 25 mars Épidémie en Touraine n Octobre : venant de Château-Renault, l’épidémie atteint Tours (Chevalier, 587). Encore des ruines en Bordelais Relevé des arrérages des quartières (taxes annuelles en grains sur les dîmes des curés) dus à l’archevêque de Bordeaux, et restés impayés en raison de la ruine des paroisses. « À cause des quartières Saint-Pierre de Sautornas [Sauternes], Saint-Martin de Bomes [Bommes] et Saint-Pierre de Poyou [Pujols-sur-Ciron], qui doivent chacun une escarte et demie froment, et autant mil, lesquels lieux sont en ruine, pour ce repris  : froment, iiii escartes et demie ; mil, iiii escartes et demie » (Boutruche, 537). Dans le comté de Nice, le surpâturage indice de surpopulation ? À Tende, le conseil communal réglemente l’usage des espaces de dépaissance qui sont réservés aux paysans de la commune (les « bandites »). Dans la Magaria, la Panice et Orni, la coupe des foins ne peut s’effectuer avant la Sainte-Madeleine (22 juillet) : « Bandita Orni, Margarie et Panixe […] nullus non est ausus segare in dictas bandiats] unsque in feste Madelena sub pena [XX solidos] » (Arch. com. Tende 5, Adjudications, 239 r°, d’après Cesarini, 2016, 61). En Anjou : meurtre entre laboureurs associés La comparsonnerie ou l’entraide entre laboureurs est une pratique fréquente dans les régions du centre. Le fratricide qui suit signale une entorse à une règle qui se poursuivra longtemps en petite culture. Août 1459 : à Chinon, rémission en faveur de Gervais Hadouaire, laboureur, pour le meurtre de son frère Jean Hadouaire, qui refusait de lui prêter sa charrue 66

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et ses bœufs et prétendait exploiter seul une terre indivise entre eux à Chassant (Eure-et-Loir) (AN JJ 188, n° 156, f°77, d’après Chevalier, éd., n° 2944).

1460 Pâques : le 13 avril « Stérilité des biens » en Touraine (Arch. com. Tours, R35, f°53-54, d’après Chevalier, 588). Stabiliser la population agricole en Lorraine Conversion de la mainmorte en droit de lods et ventes d’1/10e  à Ourches entre le chapitre de Toul et les habitants (Cabourdin, 624). 2 mai 1460. La culture du sarrasin s’implante dans l’Ouest Pour régler un litige sur la répartition des dîmes entre le chapitre cathédral d’Avranches et le curé de la paroisse de Pontaubault, un accord prévoit les deux tiers de l’ensemble au premier décimateur (duas parte decimas bladorum et leguminorum ac frumentorum sarracenorum) et un tiers au second. Depuis les premières attestations de 1446, le frumentum sarracenum est alors assez courant pour entrer dans le partage des fruits de la terre (Bibl. mun. Avranches, fonds ancien, ms 206, f° 127-128, Delisle, 323-324, et Chaussat, 10, 39).

1461 Pâques : le 5 avril Peste en Bretagne n Attestation de peste dans les campagnes nantaises (Le Mené, 260). Les loups entourent Paris Alors que les friches abondent et que la population s’est éclaircie, les loups prolifèrent autour de Paris. Du 1er  janvier au 30  juin, dans le ressort de la vicomté de Paris, 227 loups sont abattus : 157 adultes, 1 louve enragée, 64 louveteaux, 5 louvettes. 17 dans la forêt de Bondy, 18 aux environs de Montlhéry, 19 près de Gonesse, 8 à Mitry-Mory, 6 à Chaillot, 5 à Créteil, 5 dans la vallée de Chevreuse, 2 à Clamart et même 4 autour du gibet de Montfaucon (BnF., ms fr. 26087, pièces 7524 et 7525). La désolation des campagnes en Brie et en Hurepoix À la fin de l’année 1461, un couvent parisien, dont la fortune foncière a été ébranlée par la guerre, fait ses comptes. Aucun revenu ne lui revient. Pour sa ferme de Malnoue, en Brie, mieux vaut sauver le droit de propriété pour une rente viagère 67

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modique en cédant pour trois générations (« trois vies ») l’exploitation du domaine à une famille d’entrepreneurs. Pour Champrosay et le Mesnil-Fontenerel, les destructions ont été telles, de 1418 à 1451, qu’aucun candidat ne se présente. Quant aux biens assis à Orsay, tombés « en désert et friche », leur rapport est insignifiant. Au sud de l’Île-de-France, la reconstruction des campagnes est à venir. « Cy après s’ensuit la déclaracion, quantité et valeur des hostels, manoirs, terres, segneuriez et héritages, lesquelz lesdits religieux, prieur et couvent de ladite église Saincte-Katherine du Val-des-Escoliers à Paris, tiengnent et possedent hors de Paris, tant ou pas de Brie comme en la chastellenie de Montlheri et alieurs. « Et premierement, ou pais de Brie, les terres, seigneuries et heritage de GransClos et de Malenoe, es paroisses de Footins [Fontains, Seine-et-Marne] et de Nangis en Brie, en la prevosté de Mellun, […] lesquelles en l’an mil cccc et douze et environ valloient par chascun an, au proffit de ladite église, en recepte de deniers 100 livres de rente et 8 muys de grain, les deux pars blé et le tiers advoine, lesdites terres et seigneuries, pour les longues fortunes et malices des guerres […] cheutes en friche, désert et inhabités. Et, pour ce et affin de les deffricher et remettre en valeur de chose, lesdits religieux, prieur et couvent de ladite église de nouvel les ont baillés à tiltre de viage à Jehan le Fevre, escuier, et damoiselle Robine Doxi, sa femme, pour eulx, leurs enffens et les enfens de lers enffens […] à la charge de 16 livres parisis de rente annuele et pansion à vie par chascun an au jour SaintDenis, ixe jour du moys d’octobre […]. « Item, les terres, seigneuries et héritages de Champsoré et du Mesnil-Fontenerel, en la prévosté de Tournant-en-Brie, lesquelles en l’an mil cccc et douze et environ valloient par chascun an, c’est assavoir la terrer et seigneurie dudit Champrosé, lx s. p. de menus cens et 16 chefs de poulaille de rente et vi muys de grain de moison [loyer] et ledit hostel du Mesnil autres clx s. de menus cens et trois chappons de rente et huit muys de grain par tiers. Pour les longues malices et males fortunes des guerres, lesquelles ont eu cours en ce royaulme par l’espace de quarante trois ans, tous includz, finissant en l’an mil cccc cinquante et ung, et par la povreté desdits prieur et religieux lesdites terres, seigneuries et héritages de Champrosé et du Mesnil sont demourés et demorent pour le présent en ruine et non valeur. « Item, les terres, seigneuries et héritages de Maudétour, Villehier et Orsay tout ce situé et assis en ladite ville et paroisse d’Orsay en ladite châtellenie de Montlhéry. En l’an 1412 valloient cent sept livres VI s. vi d. p. et obole et ugne oye blanche et en recepte de grain seize muys et trois septiers. À la cause des guerres cy devant dits, tout ce descheu et venu en désert et friche, tellement que pour ce présent an finissant le dernier jour du mois de décembre mil cccc soixante et ung, en menus cens et fondz de terre, sont revenues seulement soixante et douze s. un denier parisis » (Maupoint, Terrier de Sainte-Catherine-de-la-Couture). Guerre et paix depuis Jeanne d’Arc : un laboureur se souvient Au nord de Pontoise, à Hérouville-en-Vexin (Val-d’Oise), une enquête conduite en 1461 vise à rétablir une rente foncière dûe au chapitre cathédral de Beauvais. C’est l’occasion pour un laboureur du cru, né vers 1397, de rappeler les phases ultimes de la guerre de Cent Ans depuis 1427. « Phelipot Benoiste, laboureur 68

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demeurant à Hérouville, aagé de lxiiii ans ou environ […], dit qu’il est natif de Labbeville, qui est joignant au terrouer de Herouville, et est recolent que, deux ans ou environ paravant que la Pucelle vensist avecques le roy, que Dieu pardoint [pardonne], devant Paris […] il labouroit et menoit la charrue sur le chemin qui va de Pontoise à Beauvais […]. Il estoit connu que ladite terre devoit la somme de soixante livres et ne croit point que aucun paiement en ait esté fait depuis vint ans en ça, à l’occasion de la guerre qui a couru et qui couroit lors en ce pais, car il y a environ vint ans que la ville de Pontoise fut reduite en l’obeyssance du roi, et depuis neuf ans ou dix ans apres ou environ, a esté la générale réduction du pais de Normandie » (AD 60, G 1110).

1462 Pâques : le 18 avril La sécheresse arrête les moulins autour de Metz Eté 1462  : « Grant seicheresse. Item, on moix dessus dit (juin), il fist sy grant challeur et saicheur que, par faulte de pluye, les rivières estoient ci très courtes que merveilles ; et tellement que les mollins de Metz et du pays entour molloient à grant peine. Et durait cette saicheur jusques on moix d’aoust après et encor » (Chroniques des maîtres échevins de Metz, 193). En Périgord : des paysans entre français et occitan Le 10 août, dans leurs déclarations au terrier de Belvès (Dordogne), les tenanciers sont partagés entre le français et l’occitan. Alors que la fin de guerre de Cent Ans a unifié bon nombre de terres méridionales aux pays de langue d’oïl, que Louis XI vient de créer le parlement de Bordeaux, le français s’impose dans l’administration. Originaire du centre du royaume, le nouvel archevêque de Bordeaux, Blaise de Gréelle, fait prévaloir le français dans les documents fonciers – les terriers –, qui matérialisent la reprise du contrôle de la terre et des hommes. Néanmoins, l’occitan – qui correspond à la langue des tenanciers – se maintient parfois. Pour la châtellenie de Belvès (Dordogne), les ruraux qui comparaissent, déclarent leurs possessions tantôt en occitan tantôt en français. « Lo xe jour de haust l’an mcccclxii, Peyre Miquel dit Peters, demorant a Belver, comparent en persona, que declara par son segrament [serment] quel te en la castellania de Belver, appartenant a monseignor l’Arcevesque de Bourdeux [Bordeaux], et que s’en set cest assavoir ung hostel, assis en loc [lieu] et castel de Belver, et en la plassa de Peyrihac, confrontan an l’ostal de Basto de Serval […] lo quel te des Frayres Predicadors de Belver an III sous tournois de renda. « Item, ung ayral, sis el de castel de Belver […] Item, ung hort [jardin] […] « Du xe jour d’aoust l’an sudit Mil cccclxii, au lieu de Belver, Monseigneur l’archevesque ets, Guille de Lugnat, laboureur, demourant audit lieu de Belver, comparent personnellement pour déclarer ce qu’il tient de la juridiction de monseigneur l’archevesque, lequel a declarer tenir ce qui s’en suit. Et premierement dit qu’il tient ung houstau, assis au chasteau dudit lieu, confrontant d’une part à 69

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l’oustal de Pey la Porta et d’autre part à l’oustau de Estienne Brun, et le tient de Paleyrac, a ii sous tournois. Item, ung estable, assis a les Coustes […]. Item, ung ort […]. Item, ung journal de vigne » (AD 33, G177, d’après Éloquin, HSR 38, 2012, 172-176). En Quercy, des accensements collectifs Le 15 octobre, le précepteur des Hospitaliers accense collectivement le lieu de Cras (Lot) contre un cens anuel de 7 setiers de froment ainsi qu’un certain nombre de services. La reconstruction des campagnes se traduit par de nouvelles formes de contrats d’exploitation du sol pour attirer les colons. Dans le Quercy, bon nombre de finages étant désertés, certains seigneurs les confient à plusieurs chefs de famille en accensement collectif. Réalisés essentiellement entre 1444 et 1460, ces accensements collectifs furent particulièrement nombreux dans le grand Causse entre Lot et Dordogne (AD 31, H Malte, Le Bastit n° 27).

1463 Pâques : le 10 avril Peste autour d’Angers n Août-septembre : peste autour d’Angers (Le Mené, 260). « Année des grandes neiges » En Limousin, d’après le livre de raison de Jean Massiot, bourgeois de SaintLéonard-de-Noblat (Guibert, 1888, 27). Interdiction de la chasse Fin août, Louis XI promulgue à Paris un édit interdisant la chasse à tous les habitants du royaume sans distinction d’état et condition (Basin, I, 118). Des ruines encore en Hurepoix En 1463, l’hôtel et manoir d’Ivilliers, à Briis-sous-Forges (Essonne) « sont dès longtemps cheus et démolis par la fortune des guerres et pestilences qui ont esté en ce royaume et venus en masures pleines de buissons et d’arbres » (Bezard, 47).

1464 Pâques : le 1eravril Cadastration générale du Languedoc Sous l’influence des procédures fiscales italiennes, une redistribution de la charge fiscale s’opère dans les campagnes du Midi. En Languedoc, une cadastration déter70

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mine la quote-part de chaque diocèse civil, et à l’intérieur, de chaque communauté pour le paiement de la taille réelle. Cette première « Recherche générale » suscite dans les campagnes l’élaboration de matrices foncières, avec arpentages, les « compoix » dans les communautés rurales (Jaudon, 2014, 65, 290). Avril  : les états particuliers du Velay réunis au Puy décident de réaliser des matrices foncières sur déclarations contrôlées (mais sans arpentage) pour déterminer et actualiser le montant de la taille en Vivarais, les « estimes ». Des commissaires royaux sont envoyés dans les paroisses du diocèse de Viviers pour estimer « tous les biens mobiliers, immobiliers et cheptel des habitants » de chaque « lieu et mandement ». À Vallon Pont-d’Arc, les opérations s’étendent du 20  août au 13  septembre  1564. Les huit « estimateurs » assermentés, procurateurs des habitants et « hommes probes » reçoivent 86 tenanciers taillables, dont 58 résidents et 28 « estrangiers » ou « forenses », soit au moins 4 déclarants par jour. Chaque contribuable énumère ses biens et charges en occitan, pour déterminer le montant de l’allivrement, traduit ensuite en latin. Les 71 paroisses du Bas-Vivarais rassemblent alors 3 328 résidents et 254 forenses (Valladier-Chante, 1993 et 1998). Chute de population en Normandie En Haute-Normandie, vers 1464, le niveau de population a chuté des deux tiers depuis le xiiie  siècle. Pour 13 paroisses de la vicomté de Rouen, il ne reste plus que 223 ménages contre 694 deux siècles plus tôt, soit 32 %. Dans les terres limoneuses du Vexin normand, il en va de même comme dans l’ouest du Pays de Caux. En revanche, sur les terres lourdes et ingrates du Pays de Bray, la chute est plus sévère encore : la proportion s’abaisse à 27,5 % (Bois, 1976, 59 et 378-380).

1465 Pâques : le 14 avril La peste en Île-de-France n L’archidiacre de Josas ne peut visiter la paroisse de Bruyères-le-Châtel (Essonne) en raison de la forte mortalité (A, 219, n° 713, d’après Bezard, 212). n Attestations de peste aussi autour d’Annonay, Apt, Dijon, Le Puy, Marvejols, Mende, Nîmes, Périgueux, Poitiers, Saint-Flour et Strasbourg (Biraben, 380). La guerre du « Bien public » (mars-octobre 1465) Ayant imprudemment pris les armes le premier, Jean de Bourbon supporte seul le choc des troupes royales qui, venant du Berry, prennent Montluçon, Gannat et Aigueperse. N’osant affonter les troupes royales, le duc se livre à un curieux chassé-croisé entre Moulins et Riom. Il est sauvé par la marche sur Paris de ses alliés bretons et bourguignons (Charbonnier, 505). ” Mardi 16  juillet  1465  : bataille de Montlhéry. « Le mardi xvie jour de jullet ensuivant, dès le point du jour ou devant, le roy et toute son armée se départirent dudit lieu d’Étrechy et de environ et vint à Châtres-sous-Montlhéry [Arpajon] 71

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ouquel lieu le roi s’informa du faict et arroy dudit conte de Saint-Pol et de son armée, à ce jour et heure estant audit Montlhéry. Et le roy, […] de neuf à dix heures du matin, dès cette heure assaili ledit conte de Saint-Pol et son armée et les combatti le roy très vailliemment […]. Laquelle retraicte faicte par ledit conte de Saint-Pol et une partie de sa compaignie, ce nonobstant le roi le suivit et entra en ladite armée dudit conte de Charolais, et lors furent faictes grans vailiances de armes et grans fais de bataillie et maintes grandes occisions esquelles mains vaillans hommes et de grant non furent occis et mors. « Et du surplus desdites deux armées y en ot grant quantité de navrés et mehaingniés, et de la partie dudit de Charolais plusieurs, que hommes d’armes que coustilliers, que varlès que pages, se meirent en fuite et ce en fuirent par le païs à tous les chevaulx et bouges et bacages de leurs maistres, lesquelz furent depuis tous repris et mors ou prisonniers. […] « Toutesfois, le plus de ceux qui en parloient, tant hommez de guerre qui avoient esté en ladite bataille comme des hommes et femmes du païs qui virent les mors en ladite place, convenoient assés ad ce que, de ceulz de l’armée du roy, il en estoit mors ce jour environ vi cens hommes, et de ceulx de la partie de Charolais, il estoit mors environ dux mille trois cens des plus vailians de son armée. Le roy, ce jour, feist grand proesces tant en ralliant ses cappitaines et gens d’armes par trois reprises comme en conbatant de sa personne, en quoy il eust très grand honneur, et cessa ladite bataille ainsy comme environ vii heures après midi ; et à dont ce retrahi le roy à Corbeil, où il fut ce soir de mardi et le mercredi ensuivent, et ledit de Charolais s’en alla à Étampes à tout si pou de gens qui se peurent rassembler » (Maupoint, 57-58). Dévastations en Pays de France et en Brie Si les armées s’affrontent au sud de Paris, autour de Montlhéry, elles mettent également à sac le nord et l’est. ” « Ce temps pendant [courant septembre 1465], monseigneur le duc de Berry, le duc de Bretagne, le comte de Dunois, le sire de Loiac, le sire du Bueil et aultres seigneurs bretons se tenoient à Saint-Maur-des-Fossés, et leur armée ce teint à Saint-Denis et environ, lesquelz lors fortiffièrent l’isle de Saint-Denis contre le roy et la ville de Paris, et feirent plusieurs grans maulx en toute la France [la plaine de France], comme de rompre et pillier églises, entre les aultres les églises et villes de Gonesse, de Louvres, de Sarcelles, de Saint-Brice, de Pierrefitte, et plusieurs aultres églises et villes furent ronpues, efforcées, desrobées et piliées jusques aux cramilliées inclus. « Le conte d’Armagnac, le sire d’Albret et plusieurs aultres grands seigneurs, chevaliers, barons et gentilzhommes en grosse et fort armée, tous contre le roy et la ville de Paris, se tenoient et se teinrent à Nogent et Bray-sur-Seine, à Provins en Brie et à l’environ, et comme les aultres estant en la France et devant Paris, ilz feirent plusieurs grans maulx en toute la Brie et en la Champagne jusques aus portes de Troyes, de Chalons et de Reims et outre, avec les maulx ci-dessus dit, ilz efforcèrent fames et filliez, ils boutèrent les feus en plusieurs lieux, ils exstirpèrent et coupèrent les vingnes, ilz abatirent les arbres à fruits, ilz prenoient 72

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hommes et bestes prisonniers et plusieurs aultres maux que on ne sauroit dire » (Maupoint, 72-73). « Et est vray que le temps pendant desdiz trois jours de mardi, mercredi et jeudi et le vendredi ensuivant [octobre], les Bourguignons, qui estoient logés devers la Grange-aux-Merciers et le pont de Charenton, coururent en la France et en la Brie et y feirent plus grans dommaiges et irréparables en dégast de bleds en granches, en prises de chevaulz et de harnois, en destroussant et desrobant hommes et fames […] en emportant les biens et meubles qu’ilz trouvèrent, en dégastant et despouliant les vignes tout à l’environ de Paris et deçà l’eau et delà l’eau, et mesmement desrobèrent et pillèrent plusieurs églises es villages » (Maupoint, 81-82). La Fosse, capitaine de brigands au service du roi ” « En ce temps ledit comte d’Armagnac et ses gens faisaient toujours grands maux, grands outrages et grands pilleries ou pays de Brie en ransonnant villes et maisons. Lors fut oudit païs de Brie et devers Étréchy oultre Montlhéry, un cappitaine de brigans nommé La Fosse, lequel avoit en sa conpagnie environ trois cens hommes, et lequel cappitaine et ses hommes tenoit les bois à xvi ou à xviii lieues à l’environ et entour Paris, sans mal faire à marchans ne à gens qui eussent tenu ou qui tenoient le parti du roy, mais ausdiz Bretons, Bourguignons et Armagnacs il porta mains grans dommages, tant en mors de hommez, comme en pertez de chevaulz et d’aultres biens, et les greva très fort, dont ilz furent moult esbahis » (Maupoint, 86). L’année des Bourguignons L’alerte fut chaude mais ne dura pas. Elle toucha néanmoins le capital agricole des fermiers et les deux récoltes 1465 et 1466. « L’année des Bourguignons » resta longtemps dans les mémoires paysannes comme un épilogue tragique aux guerres des xive et xve  siècles. Au Plessis-Gassot (Val-d’Oise), où une enquête réunit 21 chefs de famille en 1499, les anciens prennent « l’année des Bourguignons » comme point de repère mais en la situant « trente sept ans en çà » (AN, S 3687). De la même manière, « la journée de Montlhéry » marqua les mémoires des habitants du Hurepoix (Joseph Délivré, « Le repeuplement du Hurepoix… », Bull. Soc. Corbeil, 1976, 54-55). Un gardien de vaches enrôlé de force Lorsque les gens d’armes de Jehan de La Roche passent par le pays d’Auvergne, ils trouvèrent [un jeune garçon qui « pouvait avoir l’âge de 12  ans] au champ où il gardait les vaches, le prirent et l’emmenèrent en Saintonge où il demeura avec un nommé le dauphin de Saint-Aignan, qui était des gens de La Roche » (Germain, 49). Dans le comté de Nice : prospérité pastorale En revanche, la prospérité règne aux portes de l’Italie, dans le comté de Ventimille et le Val de Lantosque. À Tende, l’année  1463, avec 159 troupeaux d’ovins (19 340), caprins (plus de 4 000) et de bovins (1 644) enregistrés (43 en moyenne 73

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annuelle de 1413 à 1472) marque un maximum dans la documentation conservée (Cesarini, 211). Des « laboureurs à bras » cotisés à la taille à Bonneuil-en-Valois « On payait la taille dans le Valois, dès le commencement du règne de Louis  XI. J’ai vu aux archives de Crépy un rôle de tailles de la paroisse de Bonneuil, dressé pour l’année 1465. Les habitans de cette paroisse payaient alors au roi, suivant ce rôle, sept livres seize sols de taille. On nomme dans ce rôle les manouvriers des laboureurs de bras » (Carlier, II, 493). Des paysans trompent leur seigneur 19  juin  : les habitants de Saint-Jean-de-Monts, de Notre-Dame-de-Monts et du Marais-Doux refusent de payer la taille au vicomte de Rohan. Au terme de la Saint-Gervais 1465, les habitants déclarent être de condition libre depuis 1260, moyennant 8 sous par feu. Ils font fabriquer un faux par un prêtre, ouvrant une procédure qui n’est pas terminée encore en 1486 (Sarrazin, 375-376).

1466 Pâques : le 6 avril Un mode de restauration dans le Midi : l’acte d’habitation 1465-1466. « Acte d’habitation » de Joucas (Vaucluse) entre Étienne Moreti, précepteur de l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, et les futurs habitants. En Provence, la restauration est jalonnée par des actes d’habitation dont le but est d’assurer le repeuplement des sites abondonnés. Par ces contrats, les seigneurs accordent au preneur des lieux à défricher contre un pourcentage des redevances et des services. Ces actes sont en général de véritables contrats collectifs. Joucas, cependant, fait exception puisque le seigneur passe avec chaque nouvel arrivant un contrat d’acapt ordinaire (droits fixe et modique payé à l’occasion de l’hommage d’un tenancier). De 1465 à 1512, une douzaine de villages du Luberon sont reconstruits grâce à des actes d’habitation. Cette immigration entraîne une mutation des paysages : un nouvel habitat permanent s’isole dans les « bastides », ces grosses fermes à l’écart auxquelles les colons donnent leur nom (AD 13, 56 H 4613, et Audisio, 1992, 15). 1466. Dernières inféodations de terres restées en friche en Lauragais autour de Castelnaudary, « heremas et malleolatas » (Marandet, 400). Essai de panification au froment en Bourbonnais En 1466, les consuls de Moulins dépêchent un huissier pour « voir moudre ladite quarte de froment et icelui voire faire et cuire ». On essaye la panification avec du froment au lieu du seigle en Bourbonnais. Dix ans plus tard, en 1476, les dîmes de Busset fournissent 16 setiers de froment pour 376 setiers de seigle (Germain, 23). 74

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Lutte contre les loups 10  juillet  : Pierre Hannequeau, l’un des veneurs du roi, reçoit 400  livres pour faire chasser aux loups et louves qui « repairent en plusieurs lieux du royaume » (Lapeyre, 1966, 132-133).

1467 Pâques : le 29 mars Peste jusqu’au comté de Nice n Attestations de peste autour d’Amiens, Auxerre, Bayeux, Beaune, Bourg-enBresse, Châlons-sur-Marne, Dijon, Nice, Paris et Saint-Flour (Biraben, 380). n En 1467, la peste se déclare dans tout le comté de Nice, la ville perdant 7 833 habitants dont 211 religieux. Le village de Saint-Laurent-du-Var est entièrement vidé, il sera repeuplé en 1488 par trente familles d’Oneglia (l’actuelle Imperia) à l’initiative de l’évêque de Vence. Le village de Saint-Jean-d’Alloche, près de La Tour, est également dépeuplé de ses habitants. À Roquebrune, la population implore sa patronne Notre-Dame-des-Neiges. La peste cesse et les survivants font le vœu de se rendre tous les ans, le 5 août, en pèlerinage à la chapelle de la Madonne de la Pausa, en y représentant les mystères de la passion (Rossi, 2010). n En octobre, la peste est à La Riche, aux portes de Tours (Chevalier, 588). Insurrection des « Galants de La Feuillée » En Bourbonnais, après la révolte de la petite ville de Saint-Amand-Montrond contre les exactions fiscales se produit une « chouannerie paysanne » (Basin, I, 299). Une nécessité : organiser le logement des gens de guerre Par l’ordonnance de Montils-lès-Tours au sujet des troupes, Louis XI s’en prend, en avril, à l’une des plaies qui accablent les campagnes jusqu’au xviie  siècle  : le « logement des gens de guerre ». « Art. 9. Quand lesdits gens d’armes chevaucheront, ils ne pourront logier en ung lieu, plus hault d’une nuyt, excepté le dymence ou aultre grant feste ; et payeront tout ce qu’ilz prendront, au pris du pays, excepté paille, boys et logeiz ; et de ce, ne se fournira aucun, fors par la main de son hoste […]. Ne prendront les chevaulx ne les jumens des bonnes gens pour porter leurs harnois et autres bagues [bagages] » (Ordonnances des rois de France, XVII, 84, 295).

1468 Pâques : le 17 avril Peste, tempête, mal des ardents n Attestations de peste autour d’Auxerre, Beaune, Bourg-en-Bresse, Châlons-surMarne, Dijon, Lille et Limoges (Biraben, 380). 75

1468

Peste à Palaiseau et à Bruyères-le-Châtel (Essonne)  : la moitié des paroissiens auraient été victimes de la maladie d’après l’archidiacre de Josas (Alliot, 301, n° 947 et 303, n° 953, d’après Bezard, 212). n Peste à Érize-la-Brûlée (Meuse), près de Saint-Mihiel (Girardot, 791). ✷ Tempête en Anjou, détruisant de nombreuses maisons dans les forêts et les champs (Le Mené, 60). n Mal des ardents en Bourbonnais : « Ces malades qui, de jour en jour, se y vienent rendre (à Saint-Amand ou Lurcy) de toutes parts, lesquels ont perdu les membres de la très horrible et cruelle maladie, dont messire Saint-Anthoine est requis et adonné par tout l’universel monde, laquelle est à comparer au tranchant feu d’enfer » (AN JJ 179, 35, d’après Germain, 65-66). n

Vols de moutons par les francs-archers sur le plateau de Villacoublay En avril, « fut fait commandement à chascune parroisse que tous les francs-archiers feussent arméz et habilliéz et prestz à cedit premier jour de juin, tous et nobles et francs archiers, sur paine de la hart et de confiscacion de corps et de biens » (Maupoint, 106). ” Le samedi 16 juillet 1468 : Jehan Séheurt, un berger de Villacoublay, originaire d’Anjou, « à la charge de certaines bêtes bélines et moutons appartenant à Perrenot, du Trou », se fait dérober deux moutons par cinq ou six francs-archers qu’on disait être du pays d’Auvergne, et deux ou trois heures après deux autres, dans les bois de Jouy par 8 ou 9 autres desdits franc-archers qui en avaient déjà volé deux autres encore le mercredi précédent. En s’interposant il se fait apostropher par l’un des francs-archers qui se jette sur lui avec un « vouge » : « Villain, en parles-tu avant qu’il soit commis, tu n’en auras pas tant ! » Le capitaine, Jean Baudet, demeurant à Fontenay-sous-Bagneux, égorge un mouton avant d’en reprendre un autre, suscitant la colère du berger qui le frappe d’un coup de bâton sans fer à la tête avant de s’enfuir au bois. « Ledit suppliant desplaisant de perdre sesdites bestes et de les veoir ainsi tuer, appella ledit Baudet larron, et que s’il n’y avoit que euls deux, il le luy monstreroit et qu’il estoit larron privé et valoit pis que les larrons de mener et guider lesdits francs-archiers pour prendre sondit bestail et faire les mauls qu’ilz faisoient aux laboureurs, et en ce disant chargea icelluy Baudet ledit mouston par luy tué sur le cheval dudit franc-archer, qui incontinent s’en partyt avec ses autres compaignons et demoura derrière ledit Baudet, lequel en s’en alant après euls garny desdites javeline et dague, dist audit suppliant, iré et courroucé, se approucha dudit Baudet et d’un baston sans fer qu’il tenoit lui bailla hastivement et de chaulde colle ung cop ou deulx sur la teste près de l’oreille, et véant que par son cry lesdits francs-archers retournoient contre luy, entra es boys et laissa icelluy Baudet, desquelz cops ou autrement on dit que tantost après ledit Baudet ala de vie a trespas. » Il obtient lettre de rémission en août 1468 (AN, JJ 195, 36, d’après Bezard, 345-346). Menace de déguerpissement en Lorraine Les hommes de Lacroix-sur-Meuse menaçent de quitter leur village, accablés par la pression des soldats, s’ils ne sont pas exemptés d’impôts.  Ils ont dû loger en 76

1468

1465, deux jours durant, l’armée de Jean de Calabre (2  000  hommes et 1  800 chevaux) puis, en août  1466, l’armée des Bouguignons à l’aller et au retour du siège de Dinant (AD 55, B 3032, d’après Girardot, 789). Le bail à acapte : instrument du repeuplement en Provence Le 17 octobre, Guillaume Chaussegros, seigneur du cru, consent à quatre nouveaux habitants un contrat de repeuplement à Mimet (Bouches-du-Rhône). Ce bail « à acapte », qui favorise l’installation de Jean Samat, Jean Arnaud, Olivier Salvanhi et Paulet Arnaud, est l’un des premiers « actes d’habitation » de Provence, après ceux de la Bastide d’Esclapo (1428), La Napoule (1461) et Joucas (1465). Il est passé la même année que ceux de Saint-Laurent-du-Var et de Mons. À ces nouveaux habitants le seigneur accorde le droit de chasser et de couper du bois, de recevoir des terres à défricher pour les mettre en culture moyennant le 1/15e  des grains récoltés, de faire paître librement leur bétail de trait dans sa réserve pastorale (« défenses »). Il s’engage à construire à ses frais un four et un moulin moyennant un droit de mouture de 1/20e. Il les autorise à vendre certains des biens reçus moyennant la taxe du « trézain ». Les six concessionnaires devront construire leur maison dans les deux ans et s’obligent à y faire leur résidence à l’avenir. Deux reçoivent une maison encore en place et trois des « casaux », de simples emplacements de maisons détruites. Tous obtiennent plusieurs jardins et trois des terres en friche ou en état de culture (tant « hermes que cultivées ») soumises à une redevance à part de fuit du 1/11e, la « tasque » (AD 13, 308E 132, d’après Coulet, 415-417).

1469 Pâques : le 2 avril Vols de récoltes entre laboureurs en Sologne Août : rémission en faveur de Guillaume Gaultier, dit Verneres, et son fils Jean, détenus à Romorantin, de Louis Amenon, beau-frère de Guillaume, et de Jean Gaultier, son autre fils, pour le meurtre de Guillaume Menuisier, habitant de la Lombardière, à Neung-sur-Beuvron (Loir-et-Cher), surpris en train de charger indûment une charrette de millet (AN, JJ196, 34, f° 22). Octobre : rémission en faveur d’Étienne Garreau, de Salbris en Sologne (Loir-etCher), pour le meurtre d’un nommé Le Petit Bastard, voleur invétéré, qui lui avait tendu une embuscade à Souesmes afin de lui voler son blé (AN, JJ196, 63, f° 41). Dénombrement général en Artois et Boulonnais En quelques mois, le duc de Bourgogne réalise un dénombrement de la population de l’Artois (28  750 feux) et du Boulonnais (5  550). L’enquête de 1469 couvre surtout les populations rurales et laisse peu de place à la fraude (moins de 10 % assurément). De nombreux villages sont qualifiés de « malheureux », « en difficulté » ou « disparus ». D’après cette enquête, établie paroisse par paroisse – source la plus 77

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sûre jusqu’au xviie siècle –, et en dépit d’une légère reprise depuis 1460, les chiffres sont presque moitié moins élevés que ceux de la fin du xiiie siècle (Bocquet, 1969).

1470 Pâques : le 22 avril Pestes Les campagnes ne sont pas épargnées par la peste même si l’impact de la contagion peut être discuté. En 1470-1472, la peste est à Murol (Puy-de-Dôme) (Charbonnier, 510). n

Une partie de soule et un défrichement mortels ✷ Avril : entre deux villages de Sologne une partie de soule a dégénéré. Rémission en faveur de Jean Coichart le jeune, d’Ardon (Loir-et-Cher), pour avoir tué Jacques Drouault, d’Yvoy-le-Marron (Loir-et-Cher), au cours d’une mêlée entre deux bandes de villageois à l’occasion d’une partie de soule (AN, JJ195, 361, f° 101). ✷ Octobre, au sud de la Touraine. Rémission en faveur de Pierre Richart, laboureur à Preuilly-sur-Claise (Indre-et-Loire), Jean et Louis Richart, ses enfants, pour le meurtre de Jean Farou, soi-disant propriétaire de la pièce de terre qu’ils s’apprêtaient à défricher à Bossay (AN, JJ 196, 325, f°205). Les premiers laboureurs à repeupler Rennemoulin, à l’ouest de l’Île-de-France Jean Vinot et Estienne Oubert, laboureurs, âgés de 36 à 40 ans, affirment : « ledit Vinot qu’il y a bien de xii à xiii ans [1470-1471] et ledit Estienne Oubert huit ou ix ans ou environ [1474] qu’ils sont tous deux demourans et résidans audit lieu de Regnemoulin » et « qu’ils ont esté les premiers laboureurs qui, depuis ledit temps et aussi depuis les guerres, ont deffriché et labouré terres audit lieu de Regnemoulin » (AD 78, tabellionage de Villepreux, déclaration du 7 avril 1483, d’après Bezard, 49). En Haute-Normandie : convertir en argent les charges en nature « Composition » faite par l’archevêque de Rouen avec « les hommes de Fresne [-le Plan, Seine-Maritime] pour leurs terres et campart dont ilz paient plusieurs espèces, tant de grains, vollailles, œufz que aultres choses. Pour chacune acre, lesquelles espèces ont été converties en 11  s. vi d.  pur chacune acre de ladite terre » (AD 76, G 68, Anno 1470, d’après Gandilhon, 144).

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1471 Pâques : le 14 avril La peste se répand dans les campagnes n Mai-juin : peste autour de Poitiers puis l’été en Anjou autour de Fontevraud et de Tours (Le Mené, 260, et Chevalier, 588). n « Pestilance » en Touraine (Chevalier, 588). n En Limousin, la « pestilance est si commune que personne ne pouvait demeurer au pays » (AN X1A 4812, f° 59). n En Forez : à Montarcher (Loire), du 11 octobre 1471 au 11 janvier 1472, décèdent deux fils et trois petits-fils de Mathieu Fayol, du hameau des Granges : « Et omnis isti mortui sunt morbo epidemie » (AD 42, BMS Montarcher, vue 57). Affouagement général des communautés de la Provence ✷ À la suite des plaintes déposées par certaines communautés dépeuplées par les « malheurs » de la fin du Moyen Âge, les états provinciaux procèdent à enquête pour réviser l’assiette de l’impôt et reconsidérer sa répartition par « feux », d’où le terme d’« affouagement ». Pour fixer le montant de la taille due par chaque communauté, trois ecclésiastiques, trois gentilshommes et six représentants du tiers état procèdent à une évaluation des feux. Du 14  mars au 30  mai 1470, les 12 commissaires, qui se scindent en trois équipes, recensent la viguerie de Tarascon, la Camargue et la Crau, puis se rendent dans les régions de Toulon et de Draguignan avant de gagner la Provence orientale. À chaque étape, ils font comparaître les représentants des communautés du secteur –  « syndics », « prudhommes » et « conseillers  –, qui produisent les livres d’« estimes », les cadastres. On procède à un recensement des maisons habitées, de la valeur des terres et de l’importance du cheptel, des droits et des charges de chaque communauté. L’affouagement est arrêté en février 1471. Il modifie celui de 1442 et restera valable jusqu’en 1664 : on compte désormais 3 347 feux fiscaux. Comme la taille est ici un impôt foncier qui ne pèse que sur les terres roturières, sont exemptés les nobles, les clercs, les gens du roi et de la Cour, les juristes, les étrangers, les juifs (qui paient un impôt spécial) et enfin les mendiants et indigents (qui n’ont ni terres ni immeubles). Pour être imposable, il faut sans doute posséder un capital minimum de 10 livres. L’enquête de 1471 fournit une description de premier ordre sur l’utilisation du sol et la structure de l’élevage dans l’ensemble de la Provence. Elle comporte les requêtes des habitants en vue de faire diminuer le nombre de feux fiscaux (« cédules » en provençal) (AD 13, B Tubassia, copie de 1559).

✷ Visite à Châteauneuf-de-Grasse. « Révérends pères en Dieu, magnifiques sei-

gneurs et nobles et honorables chargés des visites des fouages dans le présent pays de Provence, spécialement délégués et choisis par le conseil royal, qu’il vous plaise d’être bien renseignés pour exempter de fouagement le misérable lieu de Châteauneuf, surchargé présentement pour les raisons et causes vraies et évidentes qui suivent. 79

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« Et d’abord le lieu de Châteauneuf susdit a un terroir si réduit que s’il leur était interdit de labourer dans d’autres terroirs comme le bois de Rochefort qui appartient à Saint-Paul, Villebruc, la Someyon, Clausonnes, Sartolz et Huepie, le dit lieu de Châteauneuf ne récolterait, sur le terroir de Châteauneuf, même pas la subsistance en blé pour la moitié de l’année, et ceci est notoire et flagrant. « De même, en contrebas du terroir de Châteauneuf, est le terroir de Clermont, qui appartient à la cour royale, dans lequel plusieurs personnes de Châteauneuf ont tout leur bien, à présent ce sont des gens de Grasse, et ainsi ces parcelles échappent au revenu de Châteauneuf, et ceci n’est pas connu. « De même, en contrebas du dit terroir de Châteauneuf, il y a aussi à peu près tout le terroir d’Opio, qui est à Monseigneur de Grasse et, dans ce terroir un grand nombre de gens de Châteauneuf ont plusieurs prés et possessions et ils n’osent y faire paître leurs troupeaux, mais les fermiers dudit terroir d’Opio y font paître et y gardent leurs bêtes et ceci n’est pas connu. « De même, tous les prés du plan de Châteauneuf, à l’exception de trois ou quatre, relèvent des seigneurs de Châteauneuf, de l’église du Brusc, du prieur de l’église d’Opio et de particuliers de Grasse, ces derniers ne voulant ni payer ni contribuer à la quote-part de Châteauneuf, faisant procès, ou se constituant en parties de procédure contre le lieu de Châteauneuf et se pourvoyant en appel devant Monseigneur le Juge de première instance. « De même, ledit lieu de Châteauneuf est très malencontreusement posé sur des rochers abrupts, ce qui lui cause grand dommage ainsi qu’aux habitants et à leurs biens. « De même, ledit lieu de Châteauneuf n’a pas d’eau, sinon en un lieu distant d’un trait d’arbalète, ce qui cause aussi grand dommage aux habitants, et ceci n’est pas connu. « De même, ledit lieu de Châteauneuf ne récolte pas de vin pour leurs provisions, mais il faut que chacun se pourvoie de vin au-dehors à raison d’environ 200 coupes. « De même, ledit lieu de Châteauneuf, en raison de son terroir exigu, les autres pâturages étant chers et occupés à moins de gros et menu bétail qu’il n’en a jamais possédé et ceci n’est vraiment pas connu » (R. Tresse, L’affouagement de la viguerie de Grasse et de Saint-Paul-de-Vence en 1471. Maîtrise d’histoire, Nice, 1973). En Dauphiné : un artisan au village Jean Bompard, savetier de Buis-les-Baronnies (Drôme), est réglé en nature par les paysans. En 1471, il rapporte que les habitants du village de Bénivay (BénivayOllon, Drôme), distant de 11 km, fréquentaient souvent sa boutique autrefois. Ils venaient chez lui « acheter des chaussures ou du cuir pour les réparer, et comme ils n’avaient pas d’argent, ils apportaient tantôt des peaux de moutons, tantôt quelque peu de blé qu’ils offraient en échange ». Maintenant, la clientèle a disparu car le village est abandonné (AD 38, B 2739, f° 382, d’après Belmont, 37-41).

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1472 Pâques : le 29 mars Neige, grêle, famine dans l’Ouest ~ Dans le Pays nantais, à Savenay, « le vie mai, la veille de la Pentecôte audit an neigea bien fort tant que blés faillirent et autre gaignages [grains] furent brisés et abattis et le monde en a souffri » (BMS, vue 28). ~ Le 23 mai, grêle en Anjou (Le Mené, 60). ~ Famine en Anjou (Guillaume Oudin, Journal de l’histoire d’Anjou 1447). Poussée de peste n Attestations de peste autour d’Albi, Angers, Annonay, Auch, Bordeaux, Bourg-enBresse, Lyon, Montferrand, Montluçon, Nantes, Poitiers, Saint-Jean-de-Maurienne, Toulouse et Tours (Biraben, 380). n Mai-décembre : peste en Anjou : « la peste fut générale et commune dans tout ce pays et contrée ». Dans les campagnes, on en trouve mention à Candé, Champigné, Cherré, Châteauneuf-sur-Sarthe, Morannes, Champtoceaux, Saint-Florent-le-Vieil et Parçay, sur les marches tourangelles (Guillaume Oudin, 9, et Le Mené, 262). n Épidémies en Bretagne, dans le Pays Nantais comme en Cornouaille, à l’ouest de Quimper (Croix, 1981, 253). n En Touraine : peste pendant 5 mois, surtout en septembre (Chevalier, 588). n En Limousin : « Despuy l’an lxxii en acquest reaulme agut grans pardons et perpetuous et indulgencias de tant d’eygliezas que ne ceys memorious » (Guibert, 128). Le repeuplement de Chevilly et L’Haÿ (Val-de-Marne) Début avril  1472 [n.  st.], les habitants de ces deux villages du sud de Paris demandent au chapitre de Notre-Dame de réduire la dîme des grains de 8 à 4 gerbes du cent. En dépit de l’exagération propre à ce type de déclaration, les origines géographiques des immigrants se retrouvent dans bien d’autres documents. « Estoient les habitans en iceulx villages très povres et de diverses terres et nations en le royaulme, tant de Bretaigne, de Lymosin, de Champagne que d’ailleurs, que ils estoient mariez et […] n’estoient point natifs d’iceux lieulx excepté deux ou troys » (AN, S412B, d’après Chaudré, 94). L’équipement des francs-archers Les deux francs-archers recrutés par Toirac en 1472 reçoivent chacun une paire de chausses de drap violet, une chemise grise, un manteau de futaine, un hoqueton de drap, parti vert et violet, aux couleurs du sénéchal de Quercy et un hoqueton de drap de Bergerac à porter sur la brigandine (Lartigaut, 210). Dévastation de la Picardie et du Pays de Caux par les Bourguignons ” En Picardie (juin-octobre). Mis en échec par la résistance de Beauvais où s’illustre Jeanne Hachette, le duc de Bourgogne brûle des villages en Picardie, le 22 juillet, « le fer et la torche à la main ». Il lève son camp le mercredi 22 juillet 81

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avant le jour et se venge en incendiant les villages des environs (Lenglet, Discours véritable du siège mis devant la ville de Beauvais, III, 214). ” En Pays de Caux (juillet-août). « Le duc de Bourgogne vint devant Heu [28 juillet], qui lui fut rendue, et Sainct-Valéry [-sur-Somme], et fit mettre les feus par tout ce quartier jusques aux portes de Dieppe. Il print le Neuf Chastel et le fit brusler et tout le païs de Caux, et la pluspart jusques aux portes de Rouen » (Commynes, I, 246).

1473 Pâques : le 18 avril Attestations de peste autour d’Amiens, Angers, Bordeaux, Bourg-en-Bresse, Laval, Metz, Nantes et Tours (Biraben, 380). n Peste toute l’année en Touraine (Chevalier, 588). n

Année torride et charançons ✷ En Bourgogne : année torride donnant d’excellentes moissons et des vendanges précoces : le 29 août à Dijon ! (Le Roy Ladurie, 2004, 138 et 163). ✷ Dans le le Pays messin : la combinaison chaleur et sécheresse favorise la prolifération des charançons du blé. « Par icelle chaleur y avait tant de bawattes ès blés qu’on ne les pouvait nettoyer. Et ceux qui venaient de Rome disaient qu’il faisait plus grand chaleur en cetui pays que vers Rome » (Aubrion, 53). Invasion des routiers bourguignons en Lorraine ” Charles le Téméraire gagne l’alliance du duc de Lorraine René II. Les routiers bourguignons inondent le duché de Bar, possession du roi René (Girardot, 787). Transhumance d’hiver en Provence En 1472-1473, 36  710 têtes de menu bétail descendent de Tende et La Brigue hiverner en Basse Provence à Puget-sur-Argens, Fréjus et Saint-Raphaël, sous la houlette de plus de 700 bergers (AD 13, B 2608, f° 62, d’après Boyer, 128). La taille à Villepreux ou comment établir l’impôt au village ? Les 63 feux du village de Villepreux (Yvelines) règlent 60 livres de taille : les plus imposés paient 5 sous et les moins 5 deniers, douze fois moins. Mais la communauté est imposée aussi de 65 livres d’aides extraordinaires, ordonnées pour la guerre. « Les élus de par le roi notre sire ès ville, cité et diocèse de Paris […] aux habitants de Villepreux. Nous, en vertu des lettres du roi notre sire, données au Plessis du Parc lès Tours, le iiie jour de décembre dernièrement passé, vous mandons et commettons que pour votre part et portion […] en l’année présente commençant le premier de ce présent mois tant pour l’entretenement des gens de guerre dudit sire [que] pour les insupportables charges qu’il a de présent à fournir en plusieurs manières pour le bien et utilité du royaume, vous asseez et imposez sur vous et chacun de vous le plus justement et également que faire se pourra, le fort por82

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tant le faible […] et pour ce mandant la somme de soixante livres […] et icelles sommes cueillies et levées et apportées à quatre termes en ladite année, c’est assavoir pour le premier peiement le xve jour de février prochain, pour le second le premier jour de mars et pour le tiers au premier jour de juin et pour le quart et dernier terme au premier jour d’août […] donné […] le xxixe jour de janvier mil iiiic soixante treize » (AD 78 3E48/34, vue 63, tabellionage de Villepreux, 1er registre, 1466-1473). En prévision du veuvage : la pension alimentaire d’une paysanne du Rouergue Depuis longtemps déjà, le testament fournit une assurance-décès au survivant du ménage. Chez les riches paysans, les legs soulignent la richesse acquise et le rayonnement familial. Le testateur détaille aussi la pension alimentaire réservée à la veuve, selon son « état et condition ». « Au nom de Dieu, amen. L’an de l’Incarnation 1473, le 25 octobre, le seigneur Louis, très illustre prince roi des Français régnant par la grâce de Dieu, sachent tous et chacun, présents et futurs […] que moi, Jean Trelans, habitant du mas du Villaret, paroisse de Saint-Salmazy (Aveyron), mandement du château de Sévérac, diocèse de Rodez, sain d’esprit et de corps grâce à Dieu, bien que je sois âgé, et disposant d’une bonne et parfaite mémoire […] je fais, établis, dispose et ordonne mon testament […]. « Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, amen. En premier lieu je recommande mon âme et mon corps à notre très haut seigneur Jésus-Christ et à la bienheureuse et très glorieuse Vierge Marie […], élisant la sépulture de mon corps, une fois que mon âme en sera sortie, au cimetière de ladite église paroissiale Saint-Dalmazy et dans le tombeau de mon père Steve Trelans […]. « De même je veux et j’ordonne que Jeanne, mon épouse, soit maîtresse et seigneuresse de tous mes biens après ma mort, et […] je lui lègue, tant qu’elle vivra veuve et honnête, 2 setiers de froment, 2 setiers de seigle et 2 setiers d’orge, selon la mesure habituelle et de bonne qualité, à verser chaque année à la fête SaintMichel. De même en plus un quartier de viande de porc, salée et bien préparée, à partir des cochons de la maison [de baconibus eorum domus], à donner chaque année lors de la fête de la Nativité du Seigneur. De même en plus une brebis salée et bien préparée, à verser chaque année lors de la fête de la Toussaint. De même en plus une pesée de fromages [caseorum] bien préparée, à verser chaque année lors de la fête de la Sainte-Marie-Madeleine. De même en plus 5 sous tournois pour ses offrandes et absolutions à payer chaque année lors de la fête de Saint-Luc évangéliste. De même en plus 4 cartons d’huile d’olive, à verser chaque année. De même en plus une carte de sel, à donner chaque année lors de la fête de la Toussaint […]. Je veux aussi que Jeanne reçoive les produits du jardin et le bois des biens de mon héritier sans aucune contradiction » (AD 12, 3E  7472 f° 125 et suiv., traduction du latin d’après Dumasy, 2011, 375-378).

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1474 Pâques : le 10 avril Pestes n Attestations de peste autour de Bar-le-Duc, Bordeaux, Bourg-en-Bresse, Briey, Lyon, Nantes, Toulouse, Vierzon et Villefranche-de-Rouergue (Biraben, 380). Ravages des Français en Lorraine Renversement des alliances en Lorraine : René II est désormais l’allié de Louis XI contre le Téméraire. Les campagnes du Verdunois sont tour à tour ravagées par les Bourguignons et les Français. Un vassal du duc, André d’Haraucourt, dévaste le village de Ligny-devant-Dun et rançonne les villages de la rive droite de la Meuse. La garnison luxembourgeoise de Mangiennes enlève les hommes d’Eton, leurs charrues et plus de 500 têtes de bétail (AD 55, 11F54, d’après Girardot, 787-788). Émigration montagnarde du Queyras Poursuite, mais à un rythme ralenti, de l’émigration montagnarde du Queyras  : d’après la révision de feux 1474, les émigrés représentent 18,5 % de la population. Des 60 dont on connaît la destination, 34 sont partis en Piémont, 22 en Provence et 3 en Comtat-Venaissin (P. Paravy, d’après Audisio, 46-47). L’élevage spéculatif dans le comté de Beaufort en Anjou Dès la fin du Moyen Âge, l’exploitation abusive des communaux par les éleveurs professionnels, souvent extérieurs à la paysannerie du cru, suscite les plaintes des communautés villageoises menacées dans leurs ressources. Celles des villages angevins du comté de Beaufort, entre la Loire et l’Authion, atteste de la précocité de la menace et posent des bornes aux tentatives spéculatives des villageois qui ne voudraient pas se contenter pas de leur « nourri ». « Depuis douze a quinze ans en çà, plusieurs desdits subgez et estaigers d’iceux herbaiges et autres forains d’iceulx, tant nobles, gens d’Église, bourgeois, marchans et bouchers d’Angiers, Saumur, Beaufort et d’autres plusieurs lieux, s’estoient avancez d’envoier, mectre et tenir grant quantité et multitude de bestes en nosdits herbaiges, les ungs autres bestes que de leur nourry, et les faire venir d’autres lieux hors dudit conté en iceulx herbaiges, les autres les achacter hors nostredit et dedans ; et en ont fait et font chascun jour de grans faiz de marchandise, et les mainent et conduient, quant elles sont engrossees, ou bon leur semble, a leur avantaige ; et tantoust apres, et souventefoiz avant qu’ilz aient enlevé icelles bestes de nosdits herbaiges, en mectent d’autres meigres : tellement que, en touz temps, habonde si grant nombre de bestes en iceux herbaiges et frouz communaulx de nostredit conté, que le bestail desdits supplians, nos subgez, n’y peuvent estres nourriz ne alimentez comme ilz estoient paravant (AN, P 1342, f° 172-173, d’après Antoine Follain).

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Liberté de défrichement accordée par le seigneur de Thorame-Haute Pour faciliter la remise en valeur des communaux de Haute-Provence –  la terre « gaste » – certains seigneurs abandonnent tout droit de « tasque », se contentant de la perception de droits de mutations, les « lodz et trezains », en cas d’aliénation par les défricheurs. « Il est loisible à ses hommes de Thorame et de tout son district de rompre et défricher dans la terre gaste […], de cultiver, labourer, semer, fère la cuiellette des fruitz, les retenir pour soy et les siens, et approprier et vendre comme de leurs choses propres, sans aucune autorisation » (Sclafert, 1959, 117).

1475 Pâques : le 26 mars Peste et disette n Attestations de peste autour d’Apt, Avignon, Briey, Mâcon et Paris (Biraben, 380) – Peste à Verdun et Pont-à-Mousson (Girardot, 791). n Disette et épidémie en Cornouaille, dans les pays du cap Sizun et du cap Caval, à l’ouest de Quimper (AD 22, EE15, d’après Croix, 1981, 253). Désordres des gens de guerre ” Destruction du village de Mussent en Artois qui comptait 12 à 16 ménages en 1475 : seuls 5 ou 6 ménages restent sur place (Le Roy Ladurie et Pesez, Villages désertés et histoire économique, 1965). ” En octobre, le chapitre cathédral de Verdun se plaint au duc de Bourgogne qu’à « l’occasion des guerres qui, depuis trois ans en çà ont été par deçà, la pauvre terre et les suppôts d’icelle église ont esté courru et brullé des Liégeois, ont soutenu logis et grans appatis [rençonnement] insupportables de gens d’armes de votre ordonnance et d’autres ». Les sujets du chapitre sont « destruis » et contraints d’abandonner leurs maisons et possessions alors que le chapitre est depuis longtemps en la garde bourguignonne (Girardot, 787). ” Louis  XI mande à son bailli de Chaumont de faire cesser « les désordres que faisoient les gens de guerre » du gouverneur de Mouzon dans le pays verdunois (BnF, Lorraine 725, 141r°, d’après Girardot, 788). ” En 1475 toujours, Jehan Piédieu, garde commissaire du comté de la Marche, ordonne aux habitants de La Chapelle-Taillefert (Creuse) de « bâtir chacun en son endroit une manière de ville et de forteresse ». L’insécurité règne encore, notamment près des routes (Glomot, 179). Fruits, légumes, agneaux et veaux : règlement de menues dîmes dans la campagne de Caen « Nous avons paié la dixme de nos pommes, poeres, noueys, ouygnons, vergers, cochons, aigneiaulx et aussy la disme des viaulx de Pasques de l’an lxxv, fait le jour saint Thomas devant Nouel et ne comptons que des dismes » (AD 14, F 1654, Livre de raison des Perrotte de Cairon, d’après Aubert, 1898, 490). 85

1475

Dans les villages d’Artois : une violette pour la plus jolie fille 17 février : une soule (jeu de balle) se déroule entre jeunes de plusieurs villages. Les trois frères Becquelin, domiciliés dans la prévôté de Montreuil, sont à NeufchâtelHardelot, au sud de Boulogne. Ce dimanche de Carême prenant, « un ébattement public nommé cholle se fit au terroir dudit Neufchâtel » comme chaque année. Il est d’usage de donner « une violette à la plus belle fille, afin d’inviter les jeunes et belles filles d’y venir pour elles ébattre ». Les bandes se soudent et s’opposent en « chollant, chacun des chollant boutaient, frappaient, abattaient et tiraient l’un l’autre ainsi qu’il est d’usage de faire en de tels ébatements ». À la fin de la journée, les jeunes filles sont reconduites chez elles par des garçons qui les tiennent par le bras (Muchembled, 223-224).

1476 Pâques : le 14 avril Hiver très froid en Pays messin De fortes gelées s’étalent du 18 novembre 1475 au 29 février 1476. Les moulins tournent au ralenti. Un froid mordant détruit la moitié des plants de vigne et une bonne partie des arbres fruitiers. « Item, il fist ung grant yver et fort de nège, et encomensit la gellée dez viii jours devant la Saint-Andreu jusques au mardi, ii jours devant la Chandellour, et quant le temps se deffist, toutes les maisons furent plenne d’eawe, de force de nège et de glace qu’estoient sur les tey et en les chenal […]. Aprez ce que l’iver fuit failli, qui avoit dures depuis le xviiie jour de novembre jusquez au dairien jour de février, il fist ung poc chalt ; et tout le moix de mars qui debvoit estre sec et hairoulz, fuit moiste et pleuvieux, qu’estoit tout au contraire ; et le moix d’apvril fuit froit et rude, et y gellit iii ou iiii jours très fort ; et n’issoient point fuer les vigne par le froit ; et trouvoit-on que de la gellée d’iver il en y avoit bien la moitiés des engellés ; dont les vins en devinrent plus chiers » (Aubrion, 81-83). La lèpre aux environs de Paris Le 1er  mai, les médecins et chirurgiens de Fontenay-sous-Bagneux déclarent que Henri Rouand, infecté et lépreux, doit être séparé des habitants du village (AN LL 34, d’après Bezard, 280). Des bras, une vache, une, deux ou trois paires de bœufs ? La hiérarchie agraire en Quercy Le 30 avril, les tenanciers du bourg de Floressas en Quercy sont autorisés à utiliser des fours privés pour cuire leur pain moyennant une redevance proportionnelle à leurs attelages et par conséquent à l’étendue de leur exploitation : une quarte de froment pour une paire de bœufs ; une quarte de froment et une autre de seigle pour deux paires ; trois quartes de blé, moitié froment, moitié seigle pour trois paires. Une demi quarte de froment et autant de seigle pour un attelage de vaches ; 86

1476

une demi-quarte de froment pour un brassier (AD 82, V E 5628, f° 164v°, d’après Lartigaut, 183). Statuts communaux de Roquebillière (Alpes-Maritimes) Le 26  août, les syndics et conseillers énoncent en latin 128 prescriptions pour réglementer les multiples aspects de la vie communautaire du village, de l’organisation de l’élevage (bovins et ovins) et de la protection des cultures comme la vigne jusqu’aux élections municipales. Dans la répartition des espaces pastoraux, des secteurs sont mis à part pour faire l’objet d’adjudications annuelles : les « bandites ». De nombreux secteurs sont interdits à la dépaissance du bétail, à l’exception des bœufs de trait (exceptis bobus arantibus) privilégiés l’été, de la Saint-Jean-Baptiste (24  juin) à la Saint-Michel (29  septembre). Tous ceux qui possèdent un jardin doivent cultiver au moins la moitié d’une tresse d’ail pour éviter les chapardages. Des « campiers », salariés selon une hiérarchie opposant les possesseurs de deux bœufs, les laboureurs à un seul bœuf, et les simples brassiers, sont chargés de faire respecter la réglementation (Boyer, 508-531).

1477 Pâques : le 6 avril Année fraîche et grand séisme ~ Été frais et vendanges tardives : 11 octobre à Dijon. Vendange la plus tardive depuis 1370 (Le Roy Ladurie, 1994, 141). ~ 28  juin  : « L’an du Seigneur 1477, le jour des saints Pierre et Paul, l’avantdernier jour de juin, environ la septième heure du matin, il y eut grand tremblement de terre presque par tout le royaume de France, en Savoie, en Dauphiné, en Provence et autres régions avoisinantes. Il se fit sentir en diverses provinces pendant longtemps et à divers intervalles » (Mailliard, 21). La mort du Téméraire : événement funeste pour les campagnes ? ✷ Le 5 janvier, le dernier duc de Bourgogne trépasse devant Nancy. Le surlendemain de la victoire des Lorrains et des Suisses sur les Bourguignons, après deux nuits de gel, son corps méconnaissable est retrouvé nu et à demidéfiguré par des morsures de chien ou de loup, à proximité de l’étang Saint-Jean, dans les marais de l’actuelle « Croix de Bourgogne ». Dès le 21  avril, la fille et unique héritière du duc, Marie de Bourgogne, se marie par procuration, avec l’archiduc Maximilien de Habsbourg. Jusqu’en 1756, l’option matrimoniale de 1477 pèsera sur la situation géopolitique de l’Europe et sur la sécurité des provinces frontières du royaume de France et des États habsbourgeois : Flandre, Artois, Hainaut, Cambrésis, Picardie, Champagne, Lorraine et Barrois, Pays Messin, Bourgogne, Franche-Comté, Alsace sont plongés durablement dans l’insécurité. Pour les villageois de cette douzaine de provinces, la guerre est une menace permanente. 87

1477

✷ L’écho en Limousin de la mort de Charles le Téméraire. Entre un contrat à

cheptel de 1487 et des conseils relatifs à des achats de vigne de 1477, un petit notable campagnard fait mémoire de cet événement. « Le dimanche, vigile de l’Épiphanie mil cccclx et xvi (anc.  st.), le duc de Bourgogne fut tué et desconfi devant Nansi où ilh tenoit le siege en Lauroyne, par le duc de Lauroyne et les Alamans et autres avecque ledit duch de Louroyne » (Massiot, 140). En mai : dévastations en Flandre, Hainaut et Cambrésis Derrière les troupes de Louis XI, qui s’avancent jusqu’à Tournai, les pillards incendient villages et fermes (les « censes ») du plat pays. « Après ces gens d’armes, en y entra d’aultres, qui ont faict merveilleux dommaige es deux païs dessusdits depuys, comme d’avoir bruslé maint beau village et mainte belle sence » (Commynes, 412). Dans le Cambrésis, « les Franchois brûlaient tout le pays et se faisaient fauchier les bleds verts pour affamer le pays » (Neveux, 120). « La truie est demeurée aux champs » Le 20  juillet, une fermière de Charny-en-France (Seine-et-Marne), Tiphaine Troisvalets, réclame en justice la restitution de « trois pourceaux et une truie » qu’elle a confiés au porcher du village, Guillot Montaigne. Ce dernier demande un délai d’une heure car « la truie est demeurée aux champs ». Son valet, de 15 ou 16  ans, qu’il emploie à la garde des porcs, avoue qu’au moment de rentrer, il a frappé avec un fouet les jambes de la truie, provoquant sa chute avant de lui asséner d’autres coups et de l’abandonner sur place. Les deux sergents de la justice seigneuriale se rendent sur les lieux, découvrant que la truie est encore en vie mais qu’elle a déjà « les yeux mangés des corbeaux et le fondement » et qu’un chien a commencé à la dévorer. Après de multiples reports d’audience, Guillot Montaigne est condamné le 29  octobre  1477 à indemniser de 10 sous la propriétaire de l’animal. Occupé par ailleurs à diverses autres activités, le porcher du village entretenait un valet pour assurer la garde effective des bêtes dont il restait, en définitive, seul responsable (Registres des justices de Choisy-le-Temple et de Châtenay, 1448-1478, 2000, 155-156, d’après Wilmart, HSR 47, 2017, 26). En Sologne : une ruche pour sa filleule Dans son testament, un habitant de Souvigny-en-Sologne lègue une ruche à sa filleule. « Le xxviie jour de decembre l’an mil iiiiclxxvii, Jehan Rabardeau l’aisné fist son testament en la manière quy ensuit […]. Item, done à Jehanne, sa filleule, fille de Jean Rabardeauson fils, une barbis et une bezene [ruche] » (AD 41, BMS en ligne, 1470-1524, f° 4). « Enfants, vous en devez pas plaindre ! » De novembre 1476 à février 1477, à Villeneuve-sous-Dammartin (Seine-et-Marne), on enquête sur les corvées de chevaux de labour dues par les laboureurs. En plaine de France, les gros laboureurs qui assurent la restauration des campagnes entendent rester maîtres de leurs attelages de chevaux, ce qui les incite à contester le droit 88

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de corvée. Ils se heurtent aux efforts de restauration seigneuriale entrepris par les nouveaux maîtres du sol comme Antoine de Chabannes, conseiller de Louis  XI, comte de Dammartin. À l’appel de ce dernier, plusieurs laboureurs comparaissent pour soutenir un droit de corvée de chevaux, portant sur toutes les fermes non nobles, désormais mis en cause par les nouveaux fermiers. « Casin Périer, laboureur demeurant à Villeneuve, âgé de cinquante-deux ans ou environ […]. Dit avec ce que entre autres droits mondit seigneur a un droit en ladite ville qui se nomme droit de corvée des chevaux, comme il a toujours ouï dire et maintenir depuis le siège de Pontoise [1441] qu’il a continuellement demeuré en ladite ville de Villeneuve. Dit aussi qu’il sait ledit droit de corvée être tel que chacune bête arant et labourant audit Villeneuve, soient chevaux, juments, ânes ou bœufs, doivent trois journées de corvées l’an à mondit seigneur de Villeneuve, une en jachère, une en semailles et une en mars ou la somme de xii sous parisis pour lesdites trois journées de corvées […]. « Jean Martin, laboureur demeurant à Saint-Mard, âgé à lxxii ans ou environ […] dépose par serment que mondit seigneur le conte […] est seigneur de la ville et terroir dudit Villeneuve où il a toute justice haute, moyenne et basse avec plusieurs beaux droits comme cens, rentes, tailles, champarts et autres droits de seigneurie et mêmement un droit qui s’appelle corvée de chevaux, qui est tel que toutes personnes étant et demeurant audit Villeneuve [doit] xii sous par chacun an pour chacun cheval ou bête trayant s’ils ne couchaient en l’hôtel tenu en fief. Requis comme il le sait, dit qu’il le sait parce qu’il est natif dudit Villeneuve et y demeura du temps de son jeune âge jusques à ce qu’il eut xii ou xiiii ans ; et dit que où temps de lors les laboureurs dudit Villeneuve ayant chevaux, juments et autres bestiaux trayant à charrue payaient xii sous parisis pour chacun cheval par an à maître Jean Fleury, lors seigneur dudit Villeneuve, excepté de ceux qui couchaient en hôtel tenu en fief, et a vu payer ledit droit par plusieurs et diverses années jusques à ce que la force des guerres [vers 1416-1418] contraignit son père et eutres habitants dudit Villeneuve eux en aller hors du pays […]. « Thomas Pasquier, laboureur demeurant audit Villeneuve, âgé de xxxii ans ou environ, le sait parce que défunt Jean Pasquier, son père, en son vivant fermier de maître Robert Tulleau, audit Villeneuve, payait ledit droit de corvée tant en charriages, amener les grains de ladite seigneurie à Paris comme en argent […]. Dit avec ce que vi ou vii ans a, durant la vie de sondit feu père, dit de ce que souventes fois on les faisait venir à la corvée audit Dammartin. À quoi sondit père lui répondit et lui dit tels mots en effet ou substance  : “Enfants, vous en devez pas plaindre car si monseigneur nous voulait contraindre, nous lui devions par an pour chacun cheval xii sous parisis de corvée et serions plus largement grevés s’il nous les fallait payer que de faire lesdites corvées.” Dit avec ce, sur ce requis, que l’intention de sondit père était de demeurer quitte envers mondit seigneur le comte desdites corvées de xii sous parisis pour chacun cheval » (Chantilly, Musée Condé, CA13, d’après Claerr, HSR, 14, 2000, 209-212).

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1478

1478 Pâques : le 22 mars Sécheresse angevine et reprise de la peste ~ En Anjou : sécheresse de Pâques au début septembre (Le Mené, 60). n Attestations de peste autour d’Auxerre, Bayeux, Bordeaux, Briançon, Embrun, Gap, Mâcon, Paris, Rodez, Saint-Jean-de-Maurienne, Strasbourg, Troyes et Tulle (Biraben, 380). Hainaut, Lorraine et Franche-Comté : les Français dévastent les campagnes ” En janvier, une bande de 12 à 16 compagnons de guerre de la garnison du château de Renscure terrorise le plat pays autour de Laires (Pas-de-Calais). Au lieu d’aider les habitants contre les ennemis français qui les tiennent en sujétion, ils volent des juments et des vaches, du linge et des ustensiles à une femme enceinte qu’ils font avorter près de Bomy (Muchembled, 112). ” Pour réduire Douai et Valenciennes, Louis XI choisit de dévaster le plat pays. Le 25 juin, il écrit au grand maître Chabanes : « Je vous envoie 3 000 à 4 000 faucheurs pour faire le gât ». Quelques jours plus tard, protégés par 400 lances et 4 000 francs archers, Chabannes lance des milliers faucheurs partent « à l’assaut des blés mûrissants » (Paul Muray Kendall, Louis XI, 377). ” Avant que soit notifiée la trêve d’Arras que concluent Maximilien et Marie de Bourgogne avec Louis XI le 11 juillet, les armées françaises dévastent toujours la Comté. « L’unziesme de jullet furent prinses tresves entre le roy, Monsieur et Madame pour un an tout entier. Toutesfois, avant que l’on ne fusse adverty par deçà, les François bruslèrent Aspremont, Gray et plusieurs villages au long de la Saône » (Mémoires et documents inédits pour servir à l’histoire de la Franche-Comté, VII, 1876, 374). ” En Lorraine, Louis  XI ordonne à son bailli de Vitry de faire cesser les dommages qu’inflige aux populations du Barrois Alèche des Champs, son capitaine de Louppy (Girardot, 788). 1477-1478 : révolte antifiscale en Pays d’Albret. Autour de Casteljaloux (Lotet-Garonne), les villageois de cinq paroisses (Antagnac, Ruffiac, Saint-Martin-deCurton, Bouglon et Montcassin) se révoltent contre « les subsides imposés par le roi pour l’entretènement des gens de guerre ». La pression fiscale est jugée excessive (AD 64, E84bis). La reconstruction agraire se poursuit ✷ De Casseuil sur la Garonne, à Sainte-Foy-la-Grande, sur la Dordogne, il est peu de paroisses sans « héritages vacants, en grands bois, haies et buissons et de nulle valeur » (Boutruche, 424). ✷ Le 22 août, en Bazadais, l’abbé de Blazimont baille à fief, selon la coutume du lieu, le moulin de la Barthe à Mathelin Garin et à son frère, moyennant 75 deniers 90

1478

de Bordeaux comme droit d’entrée et un cens annuel de trois francs, deux boisseaux de froment et un couple de chapons. Dans le Bordelais, la remise en culture passe parfois par le bail à fief qui concède à perpétuité des biens à remettre en valeur. Cette concession au nom ambigu est consentie à deux frères, ce qui signale l’élargissement de la notion de famille en raison des dévastations de la guerre de Cent Ans (AD 33, H 1231, f° 43). ✷ Défrichements en Quercy. À grands frais et à grand peine les pagès de Sénaillac et de Doménac assurent la remise en culture du sol, et ils soutiennent en 1478 « quod quadraginta anni elapsi sunt vel circa, ipsa loca de Senelhaco et de Domenaco erant totaliter herema et nulla cultur nec habitatio in illis fiebat neque aliqua domus in illis erat contructa, quinymo apri et alia animalia silvestra suos partus et nidos faciebant et nutriebant infra ecclesias et ayralia ipsorum locorum et vix nemo pedester nec equester poterat ibidem transire obstante magna heremitate que in illis locis tunc erat sic quod dicti dominus abbas et religiosi dicti sacri monasterii Figiaci nullum censum nec aliud emolumentum de ipsis habebant neque percipiebant ». Les Rouergats se mettent au travail  : « desbartaverunt, arbores siderunt, terras cultivaverunt et domos ibidem construxerunt » (Lartigaut, 148).

1479 Pâques : le 11 avril Poussée de peste Attestations de peste autour d’Auxerre, Avignon, Bordeaux, Bourg-en-Bresse, Châlons-sur-Marne, Embrun, Gap, Lille, Lure, Millau, Poitiers, Pont-Audemer et Toulouse (Biraben, 380). La peste sévit à La Turbie et dans les environs, on y implore saint Roch (Rossi, 2010). n

Artois et Lorraine sous la coupe des armées (juillet-août) ” Campagne des troupes bourgundo-flamandes de l’archiduc Maximilien contre les troupes de Louis  XI (Philippe de Crèvecœur) en Artois entre Saint-Omer et Thérouanne. Le 7 août, l’archiduc Maximilien remporte chèrement la victoire de Guinegatte. ” Dégâts commis par le capitaine de Gorze dans les terres du chapitre de Verdun (BnF Lorraine 717, 395v°, d’après Girardot, 788). Épizootie en Auvergne L’isolement des animaux malades  : seule méthode prophylactique. La justice de Murol enregistre la plainte d’habitants de Beaune contre d’autres paysans de ce mas qui ont leut « betalh malade de la polmonera ». Interdiction leur est faite de conduire les bêtes infectées dans les pâturages collectifs : des cantonnements leur sont assignés (Charbonnier, 189).

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1479

Invasion de sauterelles, chenilles et limaces « En l’an du Seigneur 1479, il y eut des insectes, c’est-à-dire grande multitude de sauterelles, de chenilles, de limaces, qui rongèrent et dévorèrent les blés, l’herbe des jardins et des champs, les feuilles, les fleurs et les fruits des arbres. On fit des processions générales, par tout le diocèse de Lyon, chantant laudes, pleurant et implorant ; ces vermisseaux infects furent enfin excommuniés par l’official de Lyon et ils en moururent » (Mailliard, 27 et Lorcin, 218).

1480 Pâques : le 2 avril Année fraîche et humide ~ Été 1480 : grandes inondations. Des orages terribles entraînent des inondations dévastatrices dans les régions du Forez et du Lyonnais, les vallées du Cher et de la Loire (Gandilhon, 153). ~ Vendanges tardives en Bourgogne  : le 9  octobre à Dijon (Le Roy Ladurie, 1994, 142-143). Dévastations et restauration en Verdunois Dans la Woëvre, les hommes d’Hennemont (Meuse) refusent de payer leurs droits de garde au duc de Bar car « ils ont esté ars et brullé et ne peuvent riens payer pour ce qu’ils sont mendians et querans leur pain » (AD 55, B 1158, 70v°, d’après Girardot, 788). Toutefois, le repeuplement s’effectue, avec notamment un courant d’immigration. À Dommartin-la-Montagne (Meuse), vers 1480, cinq « conduits » ont été reformés mais avec des étrangers au pays : Guillaume Le Liégeois, Didier Le Breton et son fils Colignon, trois immigrés qui s’ajoutent à deux familles du village voisin d’Hannonville (Girardot, 521). De la Lorraine à la Provence : reprise de la transhumance ✷ En Lorraine : la transhumance porcine. Dans les forêts en Woëvre, au cours de l’année 1479-1480, arrive un troupeau de 1 800 porcs à Thiaucourt (Meurthe-etMoselle), conduits hors du duché de Bar par des hommes de Void, Nettancourt, Essey-et-Maizerais, Thiaucourt et « de France » (AD 55, B 1639, 71r° et 1640, 119r°, d’après Girardot, 547). ✷ En Provence : un seigneur s’enrichit dans la transhumance. Du 15 février au 24 octobre, Noé de Barras, co-seigneur de Mélan (Alpes-de-Haute-Provence), tient son carnet de transhumance. Il passe des contrats avec les « nourriguiers » des plaines de Basse-Provence dont il fait conduire les troupeaux de bêtes à laine (avers) par les bergers qu’il salarie. Par ailleurs, il traite avec les tenants des péages (les « pulvérages ») qui jalonnent le chemin de la transhumance jusqu’en Haut-Dauphiné. « S’ensuivent les troupeaux que je conduis en cette année 1480 ». L’ensemble cumule 758 « trenteniers » (soit 22 740 ovins), conduits par 75 bergers salariés, dirigés par des « bayles ». Les dégâts sont inévitables. En juin 1480 ceux 92

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de l’aver du maître berger Jean Mota sur le finage d’Esparron, estimés à 5 gros et 4 deniers, obligent ce dernier à laisser « en gage un novel – mâle châtré effectuant sa seconde transhumance – et un chevreau », sans compter « 6 d. d’œufs pour les étrennes » en guise d’excuses (Blanc, HSR 42, 2014, 30-34).

1481 Pâques : le 22 avril Grand hiver et année terrible ~ Du 23 décembre 1480 au 8 février 1481, plus de six semaines durant, un hiver d’apocalypse enserre le royaume. ~ Vendanges tardives à Dijon  : 17  octobre, l’une des dates les plus tardives de 1448 à 1816. La plus grave crise démographique du siècle  : plusieurs centaines de milliers de morts (Le Roy Ladurie, 1994, 142-143). Le grand hiver : vue générale La synthèse de René Gandilhon, dressée en 1941 et injustement oubliée aujourd’hui, souligne les modalités extrêmes de la vague de froid et ses conséquences sur la société. Elle s’appuie sur les chroniques que nous présentons à la suite. « La vague de froid débuta entre le 23 et le 27 décembre pour ne prendre fin qu’entre le 6 et le 8  février 1481. Un vent d’une extrême violence, joint à un profond abaissement de la température, provoqua, dès le début, la destruction de toutes les semences. À ce froid sec succédèrent ensuite d’abondantes chutes de neige dont la couche atteignit jusqu’à deux et trois pieds dans la région lyonnaise. Tous les cours d’eau, les plus grands comme les plus petits, les plus rapides comme les plus lents, tels l’Auron, la Sarthe, l’Authion, l’Yonne, la Marne, la Seine, la Loire, la Garonne, le Rhône, la Saône et l’Isère, furent entièrement pris par les glaces. Chevaux ou charrettes, lourdement chargés, pouvaient les traverser sans risquer plus de dangers que sur la terre ferme. Cette température rigoureuse entraîna une mortalité terrible qui frappa notamment les pèlerins, les voyageurs, tous les pauvres hères et même les animaux domestiques et les bêtes sauvages. « Le dégel qui suivit, bien que s’effectuant avec lenteur, car les mois de mars, avril et mai demeurèrent froids et humides, entraîna des inondations terribles qui, à leur tour, provoquèrent la destruction des ouvrages construits sur les rivières. Vainement dans les villes, et notamment à Paris, prit-on soin de briser la glace aux abords des ponts : la plupart d’entre eux, ainsi que les moulins, furent emportés. Puis, de violents orages ayant éclaté un peu partout, de nouvelles inondations, qui atteignirent leur point culminant en juillet  1481, se prolongèrent jusqu’au mois de septembre. Ce ne sont alors que murs de villes écroulés, faubourgs inondés, terrains de culture ravagés et ensablés. Les digues et turcies du Val de Loire qui avaient été réparées en 1458 sont anéanties par le flot dévastateur ; la région de Bourgueil est tout spécialement éprouvée. « Dans les contrées à température modérée, les ensemencements, nous l’avons dit, avaient été détruits par le froid et les inondations du printemps n’avaient pas 93

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permis de les remplacer. Dans les pays montagneux, par exemple en Velay, la culture semblant avoir été épargnée par la rigueur de l’hiver, on avait fondé des espérances sur les récoltes à venir : à leur tour, elles avaient été anéanties par les inondations consécutives aux orages de l’été. « Et ce n’étaient pas seulement les récoltes qui avaient péri. Les ceps de vigne, les lauriers, les figuiers et, en général, tous les arbustes qui ont besoin de chaleur avaient gelé. Il en était résulté, malgré les importations d’Espagne auxquelles des marchands avaient eu recours, une hausse générale de toutes les denrées et notamment du vin. Mais c’est surtout le blé qui, en raison d’une disette affreuse, avait atteint une cherté impressionnante. Les textes répètent à l’envi que le prix en était quatre, cinq et même six fois supérieur à celui des années antérieures. La misère était générale dans toute la France, mais principalement dans les campagnes. Aussi, les paysans accouraient-ils nombreux vers les villes, entre autres vers Lyon, Troyes, Cahors, Angoulême, Reims, car ces malheureux « ne mangeoient que rassines d’erbes, troncs de choux et naveaux cuits en la brize du feu » ou bien, comme dans la région du Puy, recherchaient « l’erbe qu’on appelle bouchibarbe, pour remplir leur pouvre ventre » (Gandilhon, 153-155). Le grand hiver : d’une région à l’autre n En Brie (Haton, 393). n En Anjou  : le froid est intense de Noël 1480 au 4  février  1481. « Il fit le plus grand et long hiver si très fort et mauvais, tel qu’il n’estoit point de mémoire au contraire que jamais homme ne femme l’eussent veu tel et commença la surveille de Noël, et dura continuellement jusques au septième jour de février […]. Et est vrai que incontinent après ledit Noël l’on charroyait par sur les rivières de Loyre et Mayenne les charettes et les charges de biens par tous les endroits communément et celle mesme année moururent les vignes, les lauriers, figuiers, petits arbres […]. En tout icelly an, il ne fit pas plus que neuf jours de chaud continuellement en beau temps, mais toujours faisoit froid ou pleuvoit ; l’année fut moult chère, infructueuse et piteuse par tout le royaume de France, car les eaux et bas lieux durent destruits et desgâtés, car il n’y crut ny blé, ny froment, febves ny pois, ne semences ne foin aussy » (Oudin, 134). n Dans le Maine : « En l’an mil quatre cent quatre-vingt gelèrent cidres et tous vins. Il fit un yver si terrible, Que d’échauffer n’estoit possible » (Le Doyen, 19). n En Berry  : Jean Battereau note qu’en 1480 il « sévit un hiver des plus grands et des plus froids, la glace s’est maintenue de très nombreuses semaines tout au long de janvier et février, d’où résultèrent une infinité de maux. On eut surtout une cruelle famine qui dura deux années et qui fut suivie d’une peste générale » (Battereau, 1882). n En Lyonnais et ailleurs (28  décembre  1480-5  février  1481). « Ensuite, l’an du Seigneur 1480, il y eut un hiver rigoureux, cruel outre mesure et tel que, chez nous, on n’entendit jamais parler de pareil. Du jour de Saint-Jean-l’Évangéliste, 94

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troisième jour de la Nativité du Seigneur, jusqu’au mardi 6  février qui suivit, il y eut sur la terre deux et trois pieds de neige. Sur les montagnes, il y en eut une hauteur considérable ; les oiseaux en volant, les moutons, les agneaux, les brebis, les chèvres mouraient en grand nombre par tout le royaume ; de grands fleuves, comme la Saône, le Rhône, la Loire, l’Allier, la Seine, l’Isère et tous les autres furent tellement gelés qu’il fallut en briser la glace avec de lourds instruments de fer, comme je l’ai vu à Lyon et dans mon voyage à Paris, et à Paris même. Là j’ai vu des chevaux attelés à des voitures chargées traverser la Seine sur la glace, sans plus de danger qu’en terre ferme. Les vignes et les blés furent gelés cet hiver, d’où provinrent les horreurs de la famine et de la peste « unde fames et pestillencie sequentes et crudelles processerunt » (Mailliard, 27-28). n En Savoie : dans le mandement de Samoëns : Blada dictarum decimarum totaliter fuerunt congelata (AD 73, E 14464, d’après Carrier, 2001, 572). Du grand hiver à la famine générale En dehors des disettes, strictement localisées et marquées surtout par la cherté des grains, les famines suscitent directement des crises de mortalité par malnutrition et même inanition. Les « grandes famines » frappent des provinces entières, donnant lieu à des hécatombes démographiques et à des tragédies sociales qui restent ancrées durablement dans la mémoire des hommes. À cheval sur deux années civiles, elles s’installent dans le cadre de l’année agricole, de l’automne suivant une (ou deux) années de mauvaises récoltes jusqu’à la moisson ultérieure. Tel est le cas en 1481-1482. « L’hiver de ladite année commença le lendemain de la Saint-Étienne et dura six semaines en rigueur de gelée si grande que toutes les rivières furent prinses et furent les blés perdus, tellement qu’il y eut famine l’année ensuivant [1481 n. st.], si grande que plus de cent mil personnes moururent de faim au royaume de France, et furent les vins si très verts qu’on n’en pouvoit boire, et furent avec ce mal très chers, car il en fut peu et pour la mémoire du temps i en ay faict ces quatre petits vers : L’an mil quatre cens quatre vingt Et un, y eut famine en France, Force d’eauës, et tant peu de vin Que le peuple en fut en souffrance » (Bouchet, 285-286). La grande famine : tour de France ~ En Cambrésis  : après un long et rigoureux hiver, qui gèle l’Escaut de la mijanver à la mi mars, la situation céréalière est par avance catastrophique dans les provinces du Nord. En Cambrésis, les paysans sèment à la hâte du trémois pendant le printemps, mais en quantité insuffisante, faute de graines disponibles. L’été arrivé, la production céréalière s’écroule, d’autant que, les trois années précédentes, les armées françaises de Louis  XI ont mis à sac le sud de la région (Histoire de la France rurale, II, 99). ~ En Anjou (Oudin, II, 19-23). 95

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~ En Touraine : les campagnards sont ruinés tel ce laboureur de Joué-les-Tours,

qui se retrouve à Noël 1481 privé de son attelage, démuni de tout et réduit à abandonner femme et enfants pour aller mendier pour eux sur les routes. Il finit par voler de quoi acheter du blé et deux bœufs avant d’être condamné puis d’obtenir une lettre de rémission (AN, JJ 207, f° 159, n°  342, juillet  1482, d’après Chevalier, 394). ~ En Forez : le grand prieur de l’abbaye de Savigny témoigne : « En 1481 et 1482, il y eut une famine étonnante et grandement cruelle, si bien que ces deux années, le froment à la mesure de Tarare, du moins la première année, valut 36 gros […], le seigle 28 ou 27 gros […]. Foule de gens, hommes, femmes, enfants moururent à travers champs ; plusieurs filles vierges, poussées par la faim, se prostituèrent, et pourtant nombre de pieuses gens firent de grandes aumônes, mais elles ne pouvaient suffire à la multitude des pauvres » (Mailliard, 28-29). ~ En Velay : la « bouchibarbe ». « 1481. L’an qu’on dit de la Male Annada. […] Quant approucha la saison qu’on doibt métiver les champs […] fist une si horrible et cruelle tempeste qui endommagea et gasta les fruits de la terre autour du Puy. » Les semences viennent à manquer et en 1482 survient une grande cherté : « Vous eussiez vu venir des pays et lieux circonvoisins de quinze et vingt lieues le poure peuple qui cherchoit les villes, mendiant […] lesquels semblans semy-morts eussiez veu courir aux prés, cherchant l’erbe qu’on appelle bouchibarbe, pour remplir leur poure ventre  : ce que leur portoit bien faible nourrissement et les amentoit du tout […]. Par laquelle cause grosse peste et fiebvre causonne, autrement dit mal chault, se mesla parmi le peuple » (Médicis, I, 262-263). ~ En Angoumois : « En l’an de grâce 1481, l’année fut fort chière de tous biens, et principalement de bled et de vin, et se vendoit la pipe de froment à Angoulesme 23 livres tournois, et 18 livres, et en plusieurs lieues, le monde mouroit de faim et ne mangeoit que racines d’herbes et de choux ; en ce temps on ne trouvoit que pouvres pour les chemins et brigands pour les bois. Le monde pour son argent ne pouvoit trouver de pain à vendre, pour la grant cherté qu’estoit. Le pouvre peuple achetoit le bran 8 sols et 6 sols le boisseau et le faisoit moudre avec de l’avoine qui coustoit 8 sols et 6 sols le boisseau ; les autres mangeant l’avoine toute pure : encore on n’en pouvoit trouver » (Bulletin de la Société archéologique et historique de la Charente, II, 1860, 3-4). La peste en embuscade Attestations de peste autour d’Abbeville, Avallon, Bergerac, Bourg-en-Bresse, Bourges, Briançon, Carpentras, Embrun, Gap, Guingamp, Lille, Lisieux, Moulins, Nantes, Narbonne, Paris, Périgueux et Reims (Biraben, 381). n

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1482 Pâques : le 7 avril Violente poussée de peste n Peste signalée autour d’Abbeville, Apt, Avignon, Bourg-en-Bresse, Briançon, Clermont, Embrun, Gap, Laval, Limoges, Loudun, Lyon, Moulins, Nîmes, Orléans, Paris, Reims, Toulon, Toulouse et Villefranche-de-Rouergue (Biraben, 381). n Mais aussi à Verdun (juillet-août) et à Saint-Mihiel (Girardot, 791). n Mai-décembre  1482  : la peste au village, à Montarcher (Loire). La peste survient au hameau des Granges, faisant 7  morts, puis elle se répand dans tous les villages de la paroisse ; Montarcher perd 26  personnes, dont 7  enfants de 5 à 10 ans en décembre : « et fuerunt mortui morbo epidemie » (AD 42 en ligne, BMS Montarcher, 1469-1604, vues 58-59). Inondations 37 moulins emportés en Anjou (Le Mené, 60). « Et si vous dy qu’en cestuy an Papeillons si firent grant ahan Aux fruits, et lymats, et chanilles Qui leur furent beaucoup nuisibles Dont plusieurs gens empouésonnez En furent à la mort livrez » (Le Doyen, 24). La grande famine (suite) ~ En Touraine : la récolte de 1482, très médiocre, ne conjure pas le mal et, en mai 1483 encore, les stocks n’étant pas reconstitués la soudure se fait mal (Arch. com. Tours, R45, f°51 et 114-135, d’après Chevalier, 394 et 588). ~ En Lyonnais, Auvergne, Bourbonnais : « En ladite année, durant le voyage [du roi à Saint-Claude, en avril 1482], fut le blé moult chier universellement par tout le royaume de France et mesmement par tout le pays du Lyonnais, Auvergne, Bourbonnais et aultres pays voisins. Et, à ceste cause, y mourut grant quantité de peuple, tant de maladie que de famine qui fut merveilleusement grande par toutes contrées, et si ce n’eussent esté les grandes aumôsnes et secours de ceulx qui avoient des blez, la mort y eust ésté moult douloureuse » (Chronique de Jean de Roye, d’après Colombet-Lasseigne, 96). ~ En Lyonnais : maximum séculaire de l’enregistrement des testaments, avec 89 actes (Lorcin, 218). ~ En Limousin : dans la série des « forléaux » de Limoges – le cours officiel des céréales fixé par l’autorité consulaire –, le prix du setier de froment augmente de 300 % de 1479 à 1482 et surtout celui du seigle de 566 %. Les prix restent élevés jusqu’en 1486 (Tricard, 39). ~ En Bourgogne et en Auvergne  : « Effectivement, la Bourgogne, l’Auvergne et les pays voisins […] souffrirent d’une telle disette que là il fallut chasser, à force de menaces et de coups, la foule des pauvres qu’avait rendus furieux la rage de la 97

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faim, pour les empêcher de forcer les maisons des riches ; là les voyageurs et ceux qui avaient de quoi manger ne pouvaient se nourrir un peu tranquillement qu’après avoir barricadé leurs portes ; là les malheureux furent forcés par le besoin d’user du pain de son [furfureo pane], qui, en temps d’abondance, est tout au plus bon pour les chiens ; que dis-je ? ils furent contraints de vivre d’aliments dégoûtants et à l’usage des bêtes, de mordre inutilement dans des matières trop dures pour être digérées par l’estomac d’un homme ; là, dans les bourgades, dans les champs, dans les maisons, on pouvait voir partout, gisant à terre, des gens affamés, la bouche béante, n’ayant plus qu’une peau livide, et faisant entendre déjà le râle de la mort » (Masselin, 538-539). Le 7  janvier  1482  : intervention de Louis  XI pour lutter contre la cherté Mandement royal adressé à tous les baillis et sénéchaux sur la libre circulation des grains, interdisant aux marchands de constituer des stocks et d’exporter hors du royaume. Des commissaires sont envoyés à Compiègne, Senlis, Troyes, Angers, Tours et même Cahors. « Loys, par la grâce de Dieu, roy de France, aux prevost de Paris et bailli de Vermendoys, de Vitry, Rouen, Caux, Caen, Costantin, Évreux, Alençon, Chartres, Mante, Senlis, Amiens, Bar, Troyes, Chaumont, Sens, Melun, Meaulx, Montargis, Auxerre, Auxois, Dijon, Châlon d’amont, d’aval, Dole, Ostun, Charolays, Masconnoys, Saint-Pierre-le-Mostier, de Montferrand, de Montargys, Berry, Montaignes d’Auvergne, de Bellay [Velay], Viverays, Gevauldan, Touraine, gouverneurs de La Rochelle, Péronne, Montdidier et Roye, sénéchaux de Guienne, de Poitou, Xantonge, les Lannes, Bazoys, Tholose, Carcassonne, Beaucayre, Agenés, Perigort, Armagnac, Lymosin, Anjou, le Maine, Pontieu, Artoys, Lion et à tous nos autres justiciers et officiers, salut. « Comme ayons esté advertiz que puis certain temps en çà aucuns de vous, nosdits baillitz et sénéchaux, aient fait faire déffense de ne tirer hors de vos bailliages et sénéschaucées aucuns blez et que n’avez souffert ne voulu souffrir en vendre à noz subgetz des autres pays de nostre royaulme, qui en ont eu et ont grant nécessité, lesquels nos subgetz à ceste cause se sont renduz plaintifs par devers nous et nous ont fit dire et remonstrer la grant et extrême necessité en quoy ils estoient et nostre pouvre peuple, en nous requérant très humblemnt nostre provision sur ce. Pourquoy, nous, ces choses considérées, voulans esqualité estre gardée entre noz bons et loyaulx subgetzs et iceulx vivre en bonne paix et union et subvenir aux necessitéz les ungs des autres, avons, pour ces causes et par l’advis et deliberation des gens de nostre grant conseil, voulu et ordonné, voulons et ordonnons que doresnavant et non obstant les déffenses sur ce faictes, soit par mandemens de nous ou de vostre autorité, que tous nosdits subgetz puissent vendre et achapter libérallement bléz, les ungs des autres, et iceulx mener et conduire es parties de nostre royaulme où avons subgetz et obéissans et où nos aides ont cours et bien libérallement et franchement en paiant toutes voyes [toutefois] les droiz, péages et coustumes anciennes et acoustumées à paier, pour iceulx bléz, vendre, adénérer et distribuer à nosdits subgetz par lessdits marchans et autres gens qui les auront achapter, de jour à autre, sans ce que lesdits marchans ou autres, qui auront achapté blés es parties de nostre royaume où ilz en trouveront à vendre, quant les auront menez es parties où en y a nécessité comme en Auvergne, Lyonnoys, Lymosin, 98

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Guienne, Bayonne et ailleurs, facent grans greniers et amas [non] pour faire chairté sur nosdits subgetz, mais les vendent et distribuent à nosdits subgets, de jour à jour, selon la nécessité. « Et pour ce que l’on dit aucuns avoir fait de grans greniers et amax de bléz en plusieurs parties de nostre royaulme, lesquelz ils ne veulent ouvrir ne vendre à nosdits subgetz, qui est mectre charté et famyne sur iceulx nosdits subgetz, vous mandons et commectons et à chascun de vous, se comme lui appartiendra, que vous informiez de ce que dit est et s’il vous appert et voiez la nécessité et que promptement on ne puisse avoir blé pour y pourveoir, faictes ouvrir lesdits greniers et vendre lesdits blés par ceulx à qui ilz sont, en les contraignant à ce faire, non obstant appellacions quelzconques, et ces présentes, faictes chacun de vous publier es lieux acoustumez à faire criz et publications en voz povoirs et juridictions, pourveu toutesvoyes que soubz umbre de ces présentes on ne pourra tirer aucuns blez hors de nostredit royaulme ne advtailler aucuns nos ennemis, rebelles et désobéissans en aucune manière. « Donné à Thouars, le viie jour de janvier, l’an de grâce mil cccc quatre vings et ung [1482 n. st.] et de nostre règne le vingt ungniesme. « Par le roy, l’arcevesque de Vienne, les évesques d’Alby, de Lombez et de Chalon, les bailliz de Rouen, de Montargis et de Meleun, maître Jehan Chambon et autres présens. » (Transcription : René Gandilhon, 444-445, d’après Arch. Lyon, HH1). À la suite de la famine qui désole le royaume, Louis XI, s’inspirant des doctrines du juste prix professées par les théologiens, casse les contrats conclus pendant « les dernières années de stérilité ». En vertu de lettres du roi du 6  août  1482, les pauvres sujets qui, pour obtenir un peu de grain, avaient dû consentir à l’établissement de rentes perpétuelles, peuvent les racheter ; ceux qui avaient aliéné leurs domaines à vil prix, les reprendre en remboursant dans l’année le blé ou l’argent qu’ils ont reçu » (Ordonnances des rois de France, XIX, 30 ; BnF, fr 26098, pièce 2001 ; Delamare, Traité de la police, II, 64, et Gandilhon, 145). Attaques de loups autour de Metz Les loups égorgent enfants et jeunes filles dans les campagnes  : « Et estoit alors en une vigne derrière leur maison qui chantait à haulte voix et plus près d’elle était un jeune fils sur un cerisier qui cueillait des cerises. Et prenait grand plaisir à l’oïr chanter. Par quoi quand plus il ne l’ouït, il regardait en terre en disant “Ysabeau, tu ne chantes plus ?”, et alors vit ceste maudite bête enragée qui la mangeait. » Pour chasser le loup, les paysans sont armés de « palz et massue, piques, arbelestres, couleuvrines et espées et aultres baston, comme se c’estoit pour aller en la guerre » (Vigneulles, éd. Bruneau, 1927). La vie reprend… ✷ Transhumance porcine au sud-ouest de l’Île-de-France. Prise à bail de 33 pourceaux par Jehan Aubry, laboureur à Fontenay-le-Fleury pour les nourrir et paissonner dedans la forêt de Senonches (AD 78, tabellionage de Villepreux, 2e  registre, d’après Bezard, 168). 99

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✷ Repeuplement de villages du Lauragais. Au Py (Pécharic-et-le-Py, Aude), en

1482, une transaction intervient entre les Hospitaliers et les habitants du lieu, frappés depuis cent ans par les mortalités et incursions de gens d’armes, accordant aux nouveaux venus toute liberté de construire « domos, bordas et alia hedificia » (Marandet, 80). Un compoix dans les Cévennes Le 15 mars, achèvement du compoix de Saint-Étienne-Vallée-Française (Lozère). Les Cévennes disposaient déjà de plusieurs cadastres lorsque les deux experts rompus à la tâche, Guillaume de Folhaquier et Peyre Reilha, interviennent dans ce village isolé en pleine montagne. Il s’agit d’estimer au mieux le revenu cadastral net de toutes charges des propriétés qui assurent l’assise de l’impôt royal en haut Languedoc, pays de taille réelle. Du 6 décembre 1481 au 15 mars 1482, les opérations sont menées avec un clerc de notaire, en allant de maison en maison enregistrer les déclarations de chaque contribuable sur l’ensemble des biens fonciers et immobiliers (« cazadures »). « Et premièrement, nous sommes venus au Mas Bernat, à la maison de Jean Guy [Et premeyrament sem vengutz als Mas Bernat a la mayso de Johan Guy] et par le pouvoir à nous donné, lui avons fait jurer de nous dire la vérité, de nous montrer et dire toutes ses pièces de terres valables pièce par pièce et toutes ses cazadures, et nous dire et remontrer tous les cens et charges qu’il donne pour les terres et propriétés qu’il en a ladite paroisse, sans y mettre ni plus ni moins. Et par nous tout a été vu et registré. « Item, en suivant pareillement les manants de ladite paroisse, ils nous ont montré et fait montrer toutes leurs terres et propriétés sous serment et dit et remontré les cens et charges comme dessus. Et par nous tout a été vu, palpé et registré. […] « Fait et achevé d’estimer le lieu de Saint-Étienne l’an 1482, le 15 du mois de mars, et l’avons conclu en la forme que s’ensuit. Et primo, que toutes les valeurs estimées, ayant déduit les cens et charges, et ajusté et rabattu est venue la somme universelle, de telle sorte que tous ceux qui auront 8 livres en valeur paieront des deniers royaux imposés à partir de maintenant 1 denier par livre ou 1 denier par denier : prenez ce qui semblera le mieux [Prenes so que miel vos senblara] (AD 48, E 928, f° 7-8, traduit de l’occitan d’après Jaudon, HSR 26, 2006, 145-148).

1483 Pâques : le 30 mars

30 août : Charles VIII succède à Louis XI

La peste aux aguets Attestations de peste autour d’Abbeville, Amiens, Annonay, Apt, Bourg-enBresse, Châlons-sur-Marne, Clermont, Limoges, Marseille, Metz, Montferrand, Orléans, Paris, Périgueux, Pont-Audemer, Quimper, Rennes, Rodez, Saint-Flour, Toulouse et Villefranche-de-Rouergue (Biraben, 381). n

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1483

Le Velay sous la sécheresse « Grande sécharesse car il ne ne pleut puys le commancement de may jusques à la fin d’aoust » (Médicis, 265). Des lapins à la place des hommes Jean de Récicourt, un écuyer de Vaudoncourt, propose de convertir le finage de Forbeuvillers, en Verdunois « détruit par les fortunes de guerres et autrement » en garenne à lapins. Malgré le refus du chapitre cathédral, il y met quelques lapins qui se multiplient et font des ravages (AD 55, 11F55, 121, d’après Girardot, 524). Un mode de remise en valeur rare autour de Paris : le bail à métairie En 1483, Robert Havart, seigneur de Rennemoulin, baille à Jehan Vinot, laboureur, l’hôtel et métairie de Rennemoulin avec 120 arpents de terre et 3 ou 4 de prés. Le preneur sera tenu de cultiver les terres « et de tout ce qu’il croistra en icelles terres, rendre, paier et livrer chascun an audit bailleur audit lieu la tierce gerbe » (AN O1/3967, 73 d’après Bezard, 115). La même année, rare mention de bœufs de labour : Philibert Pillatre et sa femme vendent en 1483 « quatre bœufs de harnoys dont il y a deux grans bœufs, l’un de poil brun gare et l’autre de poil vermeil » (AD 78, tabellionnage de Villepreux, 2e registre, 134v°, d’après Bezard, 164). En Quercy : du collectif à l’individuel Le 4  septembre  1483, dix ans après l’accensement collectif du domaine utile de la seigneurie de Trébaïx [commune de Villesèque], à six tenanciers originels, six habitants choisis comme prudhommes procèdent à la répartition du sol en douze lots ou pagésies. Il y a alors 41 tenanciers à raison de un à six par « douzaine ». À chaque « douzaine », qui peut avoir de un à six possesseurs, est attribué un seti, c’est-à-dire une maison avec ses dépendances et un enclos, une ou deux vignes, autant de prés, un bois et de très vastes parcelles de terre labourable en forme de trapèzes de l’ordre d’une trentaine d’hectares dont le tracé se lit encore dans le cadastre napoléonien aux lieux-dits « La Séoune » ou « La Plassas » (Cadastre de 1832, feuille 1 de la section G), le grand côté de rectangles dont la longueur atteint 900  m, découpage insolite en Quercy, pays où les champs sont de forme irrégulière (Annales du Midi, 1963, 201-213, et Lartigaut, 116).

1484 Pâques : le 18 avril Traces de peste n Attestations de peste autour d’Aix, Amiens, Bayonne, Bourg-en-Bresse, Châteaudun, Laval, Lille, Limoges, Loches, Marseille, Montferrand, Nantes, Paris, Poitiers, Quimper (Biraben, 381). n Octobre : peste aussi en Touraine (Chevalier, 588). 101

1484

1484-1485. Famine en Bourbonnais L’abbaye de Sept-Fons fait « grand amas de blé », aussi « tout le peuple commun d’entour ladite abbaye, de 4 à 5 lieues, se tirèrent devers » l’abbé qui « fit de grandes aumônes sans quoi plusieurs furent morts de faim » (AD 03, H 17, d’après Germain, 57). Les États généraux de Tours : la détresse rurale en pleine lumière 5 janvier-14 mars 1484 (n. st.). Réunion des États généraux de Tours. Convoqués par la régente Anne de Beaujeu, pour organiser la régence après la mort de Louis XI, et renouveler la perception de la taille, ils rassemblent des élus de tout le royaume, de langue d’oïl comme de langue d’oc : Artois, Bourgogne, Dauphiné, Provence, Roussillon, Ile-de-France, Anjou, Poitou, Berry, Touraine, Auvergne, Forez, Angoumois, Nivernais, Marche, Beaujolais, Rouergue, Guyenne, Saintonge, Agenais, Périgord, Quercy, Bazadais, Armagnac, Toulousain, Champagne, Bourbonnais. Pour la première fois également, des représentants de tous les corps sociaux sont convoqués : noblesse, clergé et « tiers état », et, au sein du tiers, les paysans sont représentés au moins par des gens de basoche, voire certains riches laboureurs comme Jehan Durant pour le bailliage de Meaux. Au total, les différentes provinces et les trois ordres envoient 285 délégués. Pour la première fois s’expriment les doléances de tout un pays meurtri par la guerre, la famine, la peste et l’excès des tailles. Au-delà des effets convenus des harangues, la généralité des souffrances du peuple des campagne est patente et l’inégalité des maux selon les régions, récurrente. Un véritable martyrologe est présenté au jeune Charles VIII. « Ceux, sire, qui ont porté, senti et vu les griefs et molestations qu’on a fait en ce royaume et ès parties adjacentes, les ont rédigées par écrit, en un beau cahier qu’ils vous font présenter, afin que plus vivement et plus certainement, soyez informés de tout » (mardi 10 février 1484). Les états n’accordent, après d’âpres discussions, qu’un renouvellement de la taille sur deux ans pour 1 500 000 livres la première année et 1 200 00 la seconde. Car « si l’on appelle nerfs de l’État les justes tributs et les richesses du peuple, nous aurons raison de dire qu’un des nerfs de la nation a été atteint, et qu’elle est devenue chancelante ; car les contributions iniques ont épuisé sa substance au point qu’il n’est plus guère possible d’obtenir d’elle ce qui est insispensable » (samedi 28 février). Un des grands seigneurs, inquiet de voir sa pension se réduire, déclare : « Moi, je connais les mœurs des vilains [rusticorum hominum mores]. Si on ne les comprime pas en les surchargeant, bientôt ils deviennent insolents ! Si donc vous ôtez entièrement cet impôt des tailles, il est sûr que tout de suite ils se montreront, les uns à l’égard des autres, comme envers leurs seigneurs, gens rebelles et insupportables : aussi ne doivent-ils pas connaître la liberté ; il ne leur faut que la dépendance. » La répartition proposée par le chancelier maintient les inégalités entre provinces et suscite les récriminations des députés  : « Ayez pitié, messeigneurs, du pauvre bailliage de Vermandois qui a tant souffert ; ayez pitié encore. » En Picardie : « les gens d’armes prennent bien ce qu’ils payent, mais ne payent pas ce qu’ils prennent. […] C’est sur le dos des paysans qu’on met la somme tout 102

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entière  : ce sont leurs bourses qu’on veut vider […]. La répartition actuelle est injuste. […] Dans le bailliage d’Amiens et ses environs, deux cultivateurs [agricolae], l’un étant des nôtres et l’autre son voisin, quoiqu’ils eussent une aisance égale, n’étaient pas assujettis à une taille égale ; et pour trois livres que le premier payait, le second en payait deux au plus » (Masselin, 441-471). Les sorciers : bouc-émissaires Le 4  décembre, les procès de sorcellerie sont associés aux destructions frappant l’agriculture. La Bulle Summis desiderantes affectibus, fulminée par Innocent VIII, à la requête des dominicains Heinrich Institoris et Jakob Sprenger, insiste sur les divers méfaits reprochés aux sorciers et sorcières. Ils sont accusés d’être la cause de décès des animaux sauvages, de détruire les cultures sous toutes leurs formes, moissons, grains engrangés, vignobles, arbres fruitiers, prés et pâturages, et de provoquer des épizooties dans tout type de bétail. Reprise en frontispice du Marteau des Sorcières deux ans plus tard, cette bulle associe la répression de la sorcellerie aux dommages provoqués aux biens de la terre (Litzenburger, 439). Le bon vin du sud de Paris Le 18 juillet, Charles VIII dînant chez les Chartreux, à Villeneuve-le-Roi (Val-deMarne), trouve le vin du cru si bon qu’il ordonne à son premier maître d’hôtel d’en prendre un muid de blanc et un muid de clairet, payés 9,12 livres sols parisis (Abbé Lebeuf, XII, 136, d’après Bezard, 152).

1485 Pâques : le 3 avril Traces de peste n Attestations de peste autour d’Angers, Bordeaux, Bourg-en-Bresse, Chalon-surSaône, Château-Gontier, Guingamp, Limoges, Mâcon, Marseille, Nantes, Périgueux et Toulouse (Biraben, 381). Année très humide ✷ Février : hiver pluvieux et venteux dans le Pays messin, annonçant une année pourrie qui condamne les semailles de printemps, la fenaison, les moissons et les vendanges. « Item, tantost iii jours aprez, la pluie encommensa à revenir, et fist ung horible vent ; et pluvoit nuit et jour ; et n’y avoit sy ancien qui vist oncques faire yver sy pluvieux ne sy venteux qu’il fit, et, avec ce, une périlleuse année de gens désespérés […]. Item, il fit le plus terrible et poure temps con vit oncques faire, car, tout le moix de janvier et de févriés, il pluit tous les jours, et encore le moix de mars, tellement que, au mey mars, on n’avoit encore ren fait en vigne, ne hannés point d’avoinne ; et ventoit, pluvoit, tonnoit et enlodoit fort » (Aubrion, 172). ✷ En Lyonnais : printemps et début de l’été pourri. « L’année suivante, c’est-à-dire 1485, il y eut un été pluvieux et très froid qui dura de la fête de Pâques, qui fut le 103

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3 avril, jusqu’au 28 juillet suivant : alors la chaleur se fit sentir jusqu’au vendredi 5 août ; il y eut grands tonnerres et grêles violentes. Il y eut aussi cette année, une quantité insupportable de moucherons et d’insectes appelés en français bardanes [punaises] ; foule de vins tournèrent (Mailliard, 31). La fortune d’une fermière Philippotte, veuve de Raoulet Hamelin, est « labouraresse » à Vémars (Val-d’Oise), village céréalier près de Gonesse, en plein cœur de la plaine de France. Avec trois charrues de labour, et près d’une centaine d’hectares, les Hamelin sont au sommet des grands fermiers. Le 29 avril 1485, lorsque le juge établi par l’abbaye de SainteGeneviève commence l’inventaire des biens laissés par la veuve en son « hostel », il passe en revue le cheptel vif et le cheptel mort de l’exploitation. « Et premièrement, a esté trouvé en l’ostel dudit Hamellin trois truies portières, cinq grand pourceaulx tels quels, comprenant le vers [verrat], prisées chacune desdites bestes pour ce xii s. p. Item, six aultres moiens, prisé chacune beste cinq soubs p. Item, xiii petis cochons de nourriture, prisés chacun ii s. p.  viii d. Item, trois bouvillons et ung toreau, prisés vi frans. Item, trois vaches latières, de poiel rouge baillette et une aultre vache rouge ohiée et bien vielle, telles quelles, prisées viii frans. Item, vixx [120] bestes à laine, tant moutons que portières, dont Pierre Hamellin le grant en a luy dix bestes […] prisée chacune beste viii s.p. Item, soixante et six anneaulx de let […]. Item, ung chériot a quatre toues, tel quel, prisé soixante s. p. Item, le tonture et despeulle desdites bestes à laine sont prisés le cent xxii frans. Item, trois cherues, telles quelles, prisées xxxiii s. p. […] Item, en ladite salle d’en bas, en pos, en plas, en escuelles d’estain et en sallières xxxiiii livres, prisés chacune livre  xxii d. […] Item, a esté trouvé en l’estable aux chevaulx six chevaulx, trois baiars, dont en a ung baillet, ung rouge limonnier, ung grison, qui va devant au cheriot, ung grison à courte queue, garnis de leurs harnois, tant gros que menu, prisé chacune pièce, l’un portant l’autre, x escus d’or […]. Item, a esté trouvé en la granche d’en bas, le vendredi iiiie jour de novembre mil iiiic iiiixx et cinq, neuf muis de blé à bastre. Item, en ladite granche, a esté trouvé deux travées d’avoine, estimé à viii muis. Item, a esté trouvé en la salle joinant de la porte, en secourgeon à bastre, prisé ung muy ii septiers. Item, au lieu mesme, x septiers d’orge à bastre. » À la clôture de l’inventaire, les Hamelin devaient des gages à leurs charretiers, à leurs bergers et à leur chambrière, aux « soieulx de l’aoust passé » mais aussi trois francs au chapelain de Vémars pour « l’escollage de quatre années » de Jacquet Hamelin (AN, Z2/4436 et Moriceau, 128, 189, 203, 256).

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1486 Pâques : le 26 mars Année fraîche et humide en Lyonnais « L’an du Seigneur 1485 [1485 n  .st.], l’hiver fut très pluvieux, du jour de la Conception de la Vierge Marie jusqu’au jour de Sainte-Agathe, 8 février, et le lendemain de la sainte Agathe le froid commença à sévir, et le vent du nord souffla âprement pendant dix-huit jours. Le froid dura jusqu’à la fin d’avril […]. Et l’an du Seigneur 1486, l’été fut sec et improductif ; il y eut peu de blé, mais les blés des années précédentes restaient en abondance et suffirent au-delà des besoins du peuple » (Mailliard, 32). Le Malleus maleficarum Jakob Sprenger et Heinrich Institoris font paraître leur Malleus maleficarum ex variis auctoribus concinatus (Hexenhammer) à Strasbourg. Ouvrage pensé en fonction de son utilisation judiciaire (notamment sa 3e partie, véritable pense-bête à l’usage des juges laïques), d’où son succès ultérieur (réédité sous le titre Le Marteau des sorcières, 15 fois entre 1486 et 1520 et 16 fois entre 1574 et 1621). Au moment de la parution de ce livre, la répression de la sorcellerie s’est développée depuis 1445 dans le Pays Messin, mais, autour de Mulhouse, elle vient seulement de se mettre en place. Elle frappa l’Alsace et la région alpine par l’Allemagne du Sud. De 1482 à 1670 on recense plus d’un millier de procès de sorcellerie en Lorraine (Diedler, 1996). Pisciculture et prairies semées en Limousin En exil à Bourganeuf, de 1484 à 1488, le sultan Djem (Zizime, en Occident) observe deux pratiques agricoles qui paraissent assez originales pour retenir l’attention de son biographe. « Dans la plupart des lieux de ces régions, on trouve des lacs artificiels et des paririres semées. Voici ce que nous entendons par “lacs artificiels” : ils dressent un barrage entre deux collines. Dans la fosse ainsi formée, ils font couler l’eau jusqu’à ce qu’elle l’ait remplie. Après qui, ils font venir par charges entières des poissons d’eau douce de cinq à six jours de route. Ils étendent dans des corbeilles successivement une cuche de paille et une couche de poisson. Une fois les corbeilles remplies, ils les chargent sur les bêtes de somme de cette manière. Ils marchent du soir au matin et s’arrêtant dans la jourée, ils repacent les poissons dans l’eau. Puis à la nuit, ils chargent de nouveau les poissons de cette manière et repartent. Ainsi se fait le voyage jusqu’à ce qu’ils jettent le poisson dans notre lac artificiel. Cela fait, ils vident le lac de son eau une fois tous les 4 ou 5 ans : quand il en reste très peu, ils se saisissent des poissons qui y ont proliféré, et vendent pour plusieurs milliers de pièces d’or de poisson. Cependant ils en gardent quelques-uns qu’ils replacent dans l’eau pour la reproduction. Puis ils remettent le lac en eau […]. « Quant aux prairies semées, voici ce que nous entendons par là : ils labourent les pentes et les plaines et y sèment des graines de prairie [naturelle  : fléole, 105

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fétuques, pâturin, dactyle pelotonné, avoine élevée]. Pendant 3 ou 4 ans, ils n’interviennent pas et arrosent comme on arrose le trèfle. Cette prairie pend tant de force, et de ce fait pousse si loin ses racines, que la charrue ne peut l’arracher. Après cela, on obtient une prairie à qui on ne fait subir aucun dommage en y menant les bêtes ou en les fauchant » (Vâkicât-i Sultân Cem [Biographie du sultan Djem exilé en Occident], d’après Vatin, HSR, 3, 1995, 265, et 4, nota de Marcel Lachiver, 1995, 281).

1487 Pâques : le 15 avril Année pluvieuse et orageuse ✷ En Lyonnais. « Il y eut cette année un hiver très rigoureux pendant environ dix semaines, et autour de la fête de la Conversion de saint Paul le froid cessa. Il y eut une grande chaleur pendant le mois de février. Le froid se prit à sévir au commencement de mars et il y eut des brumes, des rosées et de la grêle jusqu’au milieu du mois de mai. […] « L’an du Seigneur 1487, les jours de mercredi, jeudi, vendredi, 16, 17,18 mai, il eut de violents tonnerres et d’impétueux ouragans, si bien que les blés des montagnes, par toute la paroisse de Saint-Jean-de-Panissières (canton de Feurs, Loire) jusqu’à Amplepuis (Rhône) furent ravagés et perdus » (Mailliard, 36-38). ✷ En Pays messin. Pluies continuelles dans le Pays messin faisant germer les blés au cours de l’été. « Au mois de juillet, commença à pleuvoir durant jusques au mois d’août. Au plus fort qu’on devait couper les blés, ils se germaient en plusieurs lieux ès villages comme les fêtes sont Saint-Barthélemy, Saint-Pierre, Saint Laurent. On ne pouvait finer de vieux blés, les bonnes gens des villages allaient couper les épis du blé tout germé, et par pleuge, en apportaient les blés à village et les mettaient sécher en des fours ; ils en faisaient leurs gâteaux et leurs tartes : la pâte était fort cher » (La Chronique de Lorraine, éd. Laurent Marchal, d’après Litzenburger, 186). Accidents de la vie et honneur paysan ✷ Juillet, en Lochois. Rémission en faveur de Berthelot Rouer, compagnon de labour, servant chez Marie d’Azay, dame de Rondières, pour le meurtre accidentel d’Étiennette Girard, passée sous les roues de son chariot à Perrusson (Indre-etLoire) (AN JJ 217, 142, f°84v°). ✷ Juillet, en Touraine. Rémission en faveur d’Étienne Vidault, compagnon de labour, fiancé, pour avoir tué, chez Jean Eschart, laboureur à Bossée (Indre-etLoire), Jean Vidault, qui l’exaspérait par des moqueries destinées à rompre son mariage (AN JJ 217, 139, f°83).

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Petits éleveurs en Pays de Retz Dans le Pays de Retz, sur la rive gauche de l’estuaire de la Loire, la seigneurie de la Blanchardais (comm. Vue, Loire-Atlantique) comporte des marais qui accueillent chaque été le gros bétail (bovin et équin) des paysans en dépaissance (« affiage »). À cette occasion, le receveur seigneurial perçoit des droits qui varient selon l’importance des bêtes mis au marais, en plein cœur du domaine, en l’île de Vue. Cependant, hormis quelques exceptions, les effectifs en jeu signalent de petits exploitants, qui ne disposent que d’une vache. En 1487, la situation qui transparaît reste comparable les années suivantes. « Se charge ledit receveur d’autre recette par deniers et poules incertaines. Savoir pour les pasnages et affiages des bêtes des bêtes affiées es domanes de monseigneur en l’Ile de Veuz et ailleurs où est de coutume d’affier et payer par chacune vache 2 sous et 2 poules, et par chacune jument, 5 sous. Dont se charge ci endroit pour l’an iiiixxvii Jean Chastelier, 1 vache. 2 s., 2 p. Guillaume Pinczoneau, 1 vache… 2 s., 2 p. Yvon Aoustin, 1 vache… 2 s., 2 p. Gabriel Leteurle, 1 vache… 2 s., 2 p. Julien Gruau, 1 vache… 2 s., 2 p. […] Guillaume Leschardoux, 3 vaches et 1 jument… 11  s. 6 p. » (AD 44, 1E 223, d’après Rabot, HSR 45, 2016, 91-92).

1488 Pâques : le 6 avril Tempêtes en Lyonnais ✷ « L’an du Seigneur 1488, l’été fut au commencement pluvieux, et du commencement du mois de juin jusqu’à la fête de saint Jean-Baptiste, il fut sec et aride. La veille de la saint Jean-Baptiste, il plut et la pluie dura pendant trois jours. Il y eut peu de foin ; le vin valut au mois d’août  2026 gros, puis il valut 28  g. Cette année, les vendanges furent fort abondantes et les vins verts […]. Et l’an du Seigneur 1488, il y eut très peu de foin et le vin valut, au mois d’août, au pays de Lyonnais, 26 gros puis 28 » (Mailliard, 39 et 46-47). ~ « Le vendredi des Quatre-Temps de Pentecôte, qui fut le douzième jour de juin, entre midi et la sixième heure après midi, s’abattit une terrible tempête, qui, en plusieurs endroits de ce pays de Lyon, détruisit beaucoup de vignes et de blés. Cette tempête dura pendant cinq heures et au-delà, reprenant par intervalles. La foudre aussi tomba en plusieurs endroits et tua plusieurs hommes, un à Chevinay, de la maison des Combetz, au Bois-d’Oingt, à Lissieux-sur-Chasay, à Reyrieux, au pays de Beaujolais, et en plusieurs autres endroits. Ce jour-là, la foudre tua plusieurs hommes, bœufs et vaches. Et le lundi  27 du mois de juillet qui suivit, à l’heure de vêpres environ, s’abattit encore une terrible tempête avec un vent furieux ; elle tomba sur les montagnes de Montrottier (Rhône), de SaintJean-de-Panissières (Loire), de Saint-Clément-les-Places (Rhône), de Villechenève 107

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(Rhône), de Chambost (Rhône), de Longesaigne (Rhône) et lieux voisins, et vint par les maisons des Mailliard de la paroisse d’Ancy (Rhône). Il tomba de grosses pierres, environ de la grosseur du poing d’un homme, nombre de maisons s’écroulèrent, de gros arbres furent arrachés et brisés par le milieu, les meules de blé furent emportées et tout le blé restant à moissonner fut détruit ; enfin, jamais, de mémoire d’homme, une telle tempête ne s’abattit et jamais tel ouragan souffla sur ces pays » (Mailliard, 49-50). 28 janvier : première ordonnance de Montils-lès-Tours sur la rédaction des coutumes de Ponthieu-du-Perche, Mortagne, Bellême, Nogent-le-Rotrou et Boulenois (Isambert, XI, 457). Croisade contre les Vaudois, ordonnée par le pape Innocent  VIII et l’archevêque d’Embrun. Massacres à Freissinières, Vallouise, L’Argentière et Val Cluson. Louis XI met un terme aux persécutions et son nom est attribué à la vallée de la Vallouise (Vallis Loysia). Rétablir les infrastructures : le four banal de Thiais (Val-de-Marne) Dans le nord du royaume, la restauration passe par la réédification des édifices seigneuriaux assurant les insfrastructures agricoles  : moulins, fours et pressoirs. En 1488, à Thiais, au sud de Paris, tout est à refaire. L’abbaye de Saint-Germaindes-Prés, seigneur du lieu, appointe un maçon : « À Pierre Hemon, masson, pour avoir faict le grand four de Thiais de toutes façons, tant la coiffe que l’astre, pareillement le petit four, tant lacoiffe de dessus… 10 l. « Pour quarante-deux livres de fer pour faire la bouche dudit grand four… 2 L. » Deux ans plus tard, en 1490, les réparations s’achèvent et le « four bannier » de Thiais peut être loué à un boulanger pour trois ans. Il n’en est pas de même du moulin à vent qui est « en ruine » ni des équipements du village voisin de Choisy, moulins à eaux et four bannier « décadents » et « rompus » depuis longtemps (AN, LL 1113, d’après Chaudré, 164).

1489 Pâques : le 19 avril Humidité et maladie en Lyonnais « L’hiver, aux environs de la Nativité du Seigneur [25 décembre 1488], fut doux et tempéré. Le vent souffla cet hiver ; la neige tomba vers le milieu de février et dura pendant sept jours ; la moitié du mois de mars fut nuageuse, du jour de SaintBenoît jusqu’à la fin ; du moins les montagnes nous environnant furent couvertes de nuages. Le mois de mars fut sec ; avril et mai furent pluvieux et humides ; mai fut froid et la toux régna sur les gens » (Mailliard, 39-40). Disette en Forez « Il y eut une grande stérilité de toutes les moissons […] dans tout le comté de Forez, il y eut aussi une grande sérilité de vignes, de telle sorte que cette année, 108

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aux vendanges, l’ânée de vin se vendit 26 gros et plus » (Papier inséré dans le terrier de Saint-Romain-du-Puy d’après Colombet-Lasseigne, 96). Le roi René met à sac Ancy-sur-Moselle Lors de la guerre du duc de Lorraine René  II contre la cité de Metz, le village d’Ancy-sur-Moselle et son monastère sont mis à sac. ” « Item, le xviie jour de février, les Lorains vinrent mettre le siège devant le mostiés d’Ancey, et boutont le feu en pluxieurs maisons d’Ancey […]. « Item, lesdits Lorains ardoient les muées de paixel es vigne et tiroient tous les jours à grant puissance de grosse bombarde contre ledit mostiés d’Ancey. Et ceulx d’Ancey qui estoient dedans bien viixx hommes, et leur femme et anffans, se deffendoient comme vaillans champions attendans secours, et tiroient tousjours contre les Lorains et en tuoient beaucoup. Ce neanmoinx lesdits Lorrains doubtant que ceulx de Mets ne leur deussent donner ayde se hâtont sy fort. « Et prinrent cuve et tonneal et les mirent dans les fossés dudit mostier pour faire pont, et mirent leur gens en avanture en donnant un assault qui duroit iii heures et plux : dont il y oit des Lorains tués bien c et l, entre les quel y furent mors vi des plux grant. Neanmoins ils entront dedans et prinrent ledit mostiés et mirent tous les hommes à l’espée, réservés ii que l’abbé de Gorze demandit pour luy et environ xxvi aultres qui furent mis à reanson. Et chessont les femmes et les anffans dehors » (Aubrion, 95). ” « Le 25  janvier au dit ans [15]61, mon cher père rendist son esprit à Dieu environ 6 heures du matin. Sa sépulture est au moustier, à main dextre du grand aultel. […]. Il fuist en ce monde environ 74  ans, car comme il disoit, il avoit environ 2 ans quand le moustier d’Ancey fuist ruynez par le roy René d’Anjou, que fuist en l’année 1489, le 17 febvrier que ledict moustier fuist prins et il fuist bruslé le 20e  jour suyvant, qui festoit le jour du gras mardys. Mon grand-père y fuist tuez (nommé Jean Le Coullon) » (Le Coullon, 22). Le Multien toujours éprouvé 15 mars 1489. Nouvelle transaction au sujet de la commanderie de Lagny-le-Sec (Oise) « attendu que la grange et autres édifices de Lagny ne sont pas encore réparés et que le village de Lagny-le-Sec et tout le pays de France étant fort appauvris par les guerres et divisions qui ont eu cours pendant le règne du feu roi Louis » [la Guerre du Bien Public, en 1465] la redevance initiale de 50 muids est modérée à 29 (AD 60, H 2397). En Normandie, révolution dans la métallurgie À la suite d’une première expérience en Pays d’Ouche, à Breteuil dès 1480, la construction de la grosse forge de Lyre (Eure), en 1489, illustre l’arrivée du procédé indirect de fabrication du fer dans les campagnes. Désormais deux étapes se distinguent nettement : la réduction du minerai dans un fourneau, livrant régulièrement de la fonte liquide, coulée en « gueuses » ; l’affinage à la forge pour obtenir le fer marchand, en barres. L’innovation technologique, venue de Wallonie, assure une production de masse et à bon marché, qui répond à une demande croissante 109

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en fer, dans l’agriculture comme dans les transports (Arnoux, 386-387 et aussi Belhoste et alii, 1991).

1490 Pâques : le 11 avril Rude hiver autour de Metz Novembre  1490. « Il fit le plus grand hiver cette année, qu’il n’avait fait de xx ans devant, ne grand temps après ne fit point de pareil » (Journal de Philippe de Vigneulles, 47-48, d’après Litzenburger, 48). Séisme en Auvergne et en Périgord 1er  mars. Grand tremblement de terre en Auvergne (base SisFrance) ~ « Le lundi 1er mars, l’an 1489 [1 490 n. st.], la neuvième et la dixième heure du matin, il y eu un grand et terrible tremblement de terre dans les pays d’Auvergne, de Savoie, de Bresse, de Dauphiné et autres provinces voisines, si bien qu’en Auvergne le château de Pontgibaud fut presque renversé et l’abbaye de Moissac (Tarn-et-Garonne) s’écroula sur plusieurs points ; à Billom (Puy-de-Dôme), deux églises tombèrent ; à Clermont, à Montferrand, à Riom et autres villes de ce pays, il y eut beaucoup de prodiges. Le samedi 6 mars, entre la dixième et la onzième heure, il y eut encore tremblement de terre et furieux tonnerre » (Mailliard, 51-52). ~ 1er  mars  : tremblement de terre en Périgord, autour de Gourdon (AD 46, F 136, d’après Sol, 92). Divagation des bœufs dans un champ d’orge : un mort Juillet, Tours  : rémission en faveur de Pierre Coussay l’aîné, laboureur à la Ragonnière, paroisse de Montrieux-en-Sologne (Loir-et-Cher), pour le meurtre de Pierrette, femme de Jean Simon, au cours d’une bagarre entre deux familles, causée par l’errance des bœufs de Coussay dans l’orge des Simon (AN JJ221, 1, f°75v°).

1491 Pâques : le 3 avril Rude hiver : l’année des grandes neiges ~ Autour de Metz. « Quand vint Noël, la gelée commençait si très fort qu’on ne pouvait durer de froid jusque près de la Saint-Vincent, et adoncques commençait si fort à neiger, et neigeait tant et y avait tant de neige qu’à peine est-il à croire qui ne l’aurait vu. Et fut appelée l’année des grandes neiges et encore l’y appellet-on. Tellement que les loups venaient dedans les villages, et autres bêtes sauvages contraintes de faim » (Husson, 163). ~ En Anjou. Rude hiver avec gelées tardives en Anjou (Oudin). 110

1491

~ En Forez. La dîme des vins de Saint-Marcellin n’est point acensée « obstant que la gellée a gasté les vignes » (AD 42, B2010, f°117v°). ~ En Lyonnais. « L’an du Seigneur 1490 [1491 n.st.], l’hiver fut rude et dura, en ce pays, de la fête de Saint-Martin jusqu’au premier jour de février qui suivit. La veille de Saint-Thomas, apôtre, la neige tomba en abondance jusqu’au premier jour de février ; alors les rudes gelées et les neiges abondantes commencèrent à diminuer ; pourtant tout le mois de février fut froid, si bien que les laboureurs ne purent travailler ni soigner les vignes. Cette année, la Saône fut d’une étonnante hauteur et largeur, comme je l’ai dit plus haut » (Mailliard, 63). Inondation de la Saône (13 février) « L’an  1490 [1491 n. st.], environ le dimanche de Quinquagésime, qui fut le dimanche treizième jour du mois de février, le fleuve de Saône fut d’une étonnante largeur, hauteur et impétuosité, et tel que jamais, de mémoire d’homme, on ne l’avait vu ainsi. Ledit fleuve monta presque sur le pont de Lyon, si bien que, de toutes parts, les eaux, leurs remous et leurs vagues passaient sur le pont. Le fleuve était si fort et les flots avaient un courant si impétueux qu’une des piles du pont, du côté des Changes, fut presque démolie et rompue. La Saône était si large qu’elle s’étendit jusqu’à la grande rue allant à Vayfe, aux hôtels du ChapeauRouge et du Porcelet, si bien que ceux qui voulaient aller dans le quartier, ou le traverser jusqu’à l’auberge du Porcelet, devaient traverser la rue sur un petit bateau et y naviguer. Nombre de maisons et de villages, de Mâcon jusqu’à Lyon, s’écroulèrent çà et là de fond en comble ; les mobiliers des maisons, les ustensiles, d’innombrables tonneaux pleins de vins furent emportés ; à Lyon, plusieurs maisons furent enlevées » (Mailliard, 58-59). Gel des vignes et des noyers ~ Le 3 mai, gel des vignes et des noyers en Lyonnais, Beaujolais et Forez. « L’an du Seigneur 1491, les mois de mars et d’avril furent secs, arides et froids, et cinq jours d’avril, du 16 à la veille de Saint-Georges, furent chauds, La veille de SaintGeorges, le vent du nord se mit à souffler et dura jusqu’au cinquième jour de mai. Il fut si froid que, la nuit de l’Invention de la Sainte Croix [3 mai] et la nuit de ce jour, les noyers et les vignes furent entièrement gelés dans presque tout ce pays de Lyonnais, de Beaujolais et de Forez. Mai fut sec et à la fin très froid, et le 2  juin, qui fut la fête du Corps du Christ, le froid sévit âprement et il tomba une grêle très froide. Du jour de Saint-Claude jusqu’à la fin du mois, juin fut sec. Le premier jour de juillet il commença à pleuvoir et il plut assez abondamment. De la fête de Marie-Magdeleine jusqu’à la fête de Saint-Martin d’hiver, l’été fut sec aride et l’hiver également, de ladite fête de Saint-Martin d’hiver jusqu’après la Circoncision du Seigneur, fut sec et doux, si bien qu’aux environs de la Nativité du Seigneur le temps était doux, et de ce jour le mois de janvier fut pluvieux » (Mailliard, 65-66).

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1491

Repeuplement en Verdunois et en Champagne ✷ En 1491, des nouveaux-venus viennent de réédifier cinq maisons à Douaumont (Meuse), qui était encore « en désert » en 1488 (AD 55, MM B 898  n° 129, d’après Girardot, 522). ✷ La même année, Gesnes-en-Argonne (Meuse), aux « labours et héritages ruinés » et désertée depuis 60 ans, « ville par les grandes guerres de France détruite et démolie », se repeuple timidement (AD 55, 11G 33, d’après Girardot, 522). ✷ En 1513 encore, les chanoines de Montfaucon signalent que Gesnes et les villages voisins de Cuisy, Épinonville, Ivoiry et Gercourt (Meuse) ont été « en ruyne et totalement detruicts » du fait des « grandes guerres qui ont eu lieu au Royaume de France », dont ils sont limitrophes (AD 55, 11G17, d’après Girardot, 522).

1492 Pâques : le 22 avril Bonne année ✷ Dans le Bas-Maine… « Et en l’an quatre vingt douze Dire je veux, si parler j’ose, De blez il en fut à raison Et cueilli de bonne saison. Deux sols en vallait le boisseau Il fut aussi bon vin nouveau Et pour le peuple réjoui La char s’y fut à vil prix. » (Le Doyen, 71).

✷ … comme en Lyonnais

« Le dernier jour de ce mois [janvier], il y eut une grande éclipse de nuit entre la septième et la huitième heure, ni tonnerre ni éclairs, mais le temps était serein et très froid. La veille de Saint-Mathias, la neige tomba mais ne dura pas. Il y eut bissexte. Mars fut au commencement âpre et froid ; ce temps dura dix jours, et jusqu’à la fin, il fut très tempéré et même chaud. Avril fut au commencement bon, mais le vent souffla […]. « L’an du Seigneur 1492, le jour de Pâques fut le 22  avril. Mai fut froid et chaud, juin fut assez pluvieux ; juin et juillet furent chauds, de même août et septembre. Cette année fut féconde et fertile en toute sorte de biens. Les fêtes de Noël furent froides et janvier aussi » (Mailliard, 66-67). 7 novembre : une météorite en plein champ Le matin du 7 novembre, une météorite de 127 kg s’écrase dans un champ, dans le finage d’Ensisheim, territoire de l’archiduc d’Autriche Maximilien. Un bon augure pour Maximilien en lutte contre Charles  VIII ? (Christian Buchner, Die Feurmeteore…, 1858, 34). 112

1492

« Areste-toi vilain, areste-toi ! Insécurité autour de Bois-d’Arcy En janvier  1492, des rançonneurs sévissent en Hurepoix. Autour de Trappes et d’Élancourt « plusieurs marchands, laboureurs et autres passant leur chemin » subissent « excès, guetements de chemin oultre heure, aport d’armes, rensonemens et autres cas ». Déposition d’une victime le 2e  juin  : « Jehan Gefroy, laboureur demourant en la paroisse du Boys d’Arcy, aagé de xl ans ou environ, jure de dire vérité. Dit et deppose qu’au moys de janvier dernier passé, ainsi qu’il venoit d’Eslancourt allant audit Boys d’Arcy menant une beste chevaline, chargée de feure, saillirent sur luy, Guillaume Rousseau enbastonné d’un espieu et Jehan Patu enbastonné d’une espée à deulx mains, lesquels dessusdit luy dirent telx motz  : “Areste-toi vilain, areste-toi ! Où as-tu paié ton travers ?” « Lequel que parle leur dist : “Messieurs, je n’en doy point car je ne passe par dessus riens du vostre et si jamais ne fut paié travers pour passer par icy.” « Et incontinent iceulx Rousseau et Patu prindrent sadite beste et feure et l’enmenèrent où bon leur sembla. Et fut d’eulx pris prisonnier et fut par eulx contraint à paier la somme de saize solz pour advoir sadite beste et plus ne scay. « Quériot Michalet, boulengier, demourant à Montigny, aagé de lx ans ou environ, de dire verité. Dit et dépose que depuys Karesme prenant dernier passé, ainsi qu’il alloit de Trappes aux Gastines, menant une beste chevaline chargée de pain et comme il fut environ my voye desdites Gastines de Trappes et comme il alloit à ung chantier que labouroit pour luy, Denis Lechainne, saillirent sur luy Guillaume Rousseau et Jehan Patu, et si tost qu’il les aperçut, luy qui parle, dist audit Rousseau telz motz ou semblables : “Je vous alloye mener du pain” « Et adonc ledit Rousseau luy respondit : “Vous m’avez donc issi trouvé” « Et incontinent lesdits Rousseau et Patu prindrent sadite beste et son pain et l’emmenèrent ausdites Gastines et luy cousta huyt solz parisis, tant en pain comme en argent, et xii tournoys à boyre et plus n’en scait » (AN, S 2349, et Bezard, 343B). Une émotion paysanne antinobiliaire en Savoie : le soulèvement des « Robes rouges » en Faucigny (septembre-octobre) En Faucigny, entre l’été et l’automne se déploie un mouvement paysan provoqué par les extorsions des gentilshommes sur les paysans. Il prend comme signe de ralliement la robe rouge. De fait, on a conservé quelques « bans » venant sanctionner le port d’une vestem rubeam dans les comptes des châtellenies de Montjoie, Sallanches, Faucigny et Bonne. L’événement est surtout connu par le récit d’un chroniqueur genevois. « Les gentilshommes courtisans de Faucigny faisaient beaucoup de violences et extorsions aux paysans, tant leurs sujets comme autres […]. L’auteur fut un nommé Jehan Gay, de Megève, qui fit une grande assemblée de paysans, auxquels il persuada de s’élever et tuer et fourrager tous les gentilshommes qui tyrannisaient tous et de se mettre en liberté à la façon desdites Ligues, espérant faire alliance avec eux et Genève […]. Ils se découvrirent trop tôt car ils firent faire 113

1492

à Genève bien six-vingt-deux des robes rouges d’une parure, à cause de quoi ils furent appelés “la bande des robes rouges”. Puis commencèrent à piller et fourrager autant les innocents que les coupables en façon que l’on connut bien qu’ils faisaient cela plutôt par larcin que vengeance et aliéna beaucoup de gens d’eux […]. Et eux firent les plaintifs des extorsions qu’on leur avait faites et de ce qu’ils n’avaient pu avoir justice. Et lors l’on promit de les ouïr en justice et de la leur faire bonne. Et pour ce vint Monsieur de Bresse [Philippe sans Terre, comte de Bresse, grand-oncle du jeune duc de Savoie], qui était oncle déjà du père du petit duc, à Genève, où il manda les gentilshommes du pays et eux par sauf-conduit. Et aussi pria-t-on Messieurs de Berne et de Fribourg y envoyer leurs ambassadeurs pour s’y aider à pacifier ce différend, lesquels envoyèrent leurs avoyers. Et être là arrivées les ceux parties et ouïes, Monsieur de Bresse, qui était un beau parleur, donna tant du plat de la langue aux robes rouges, qu’il les apaisa. Mais quand ils furent désassemblés et épars, il y fit prendre les principaux d’entre eux l’un après l’autre et les fit pendre et étrangler, mêmement Jehan Gay leur capitaine, en la sorte qu’ont de coutume les princes de tromper le pauvre peuple » (F.  de Bonivard, Les Chroniques de Genève, rééd. 1831, II, 272-274, d’après Carrier, 2001, 523-529).

1493 Pâques : le 7 avril Sécheresse en Lyonnais « L’an du Seigneur 1493, le jour de Pâques fut le 7 avril. Les fêtes pascales furent douces et tempérées. Le mois de mai fut sec et aride, et, le lundi 13 mai, qui fut le premier jour des Rogations, il y eut un étonnant et effrayant tonnerre, environ la première heure après midi, et de ce jour jusqu’à la fête de Saint-Jean-Baptiste, il y eut des pluies abondantes. Six jours avant la fête de Saint-Jean-Baptiste, jusqu’au jour de la Décollation du même saint, l’été fut étonnamment sec, lourd et brûlant. Jamais, de mémoire d’homme, on n’en vit pareil ; il n’y eut ni pluie, ni tonnerre, ni éclairs. Quantité d’animaux moururent à cause de la sécheresse, tous les ruisseaux et nos rivières furent dessechés ; ceux qui voulaient faire moudre leur blé le conduisaient à Lyon. […] Les vendanges furent médiocres, tant à cause de la sécheresse de l’été qu’à cause de la grande violence du vent, qui se maintint pendant trois jours vers le commencement du mois de septembre et détacha nombre de raisins des ceps de vigne. Au Mont-d’Or, au Bois-d’Oingt et autres vignobles de ces pays, les vendanges furent assez bonnes. Le dimanche qui fut la veille de la Saint-Simon et Jude, la neige tomba abondamment et cela pendant presque deux jours. De la fête de la Toussaint jusqu’à l’Avent, il y eut abondance de pluie, et l’Avent fut froid. Les fêtes de Noël furent douces et sèches jusqu’au jour de SaintSébastien, et ce jour la neige tomba jusqu’au jour de Saint-Vincent pendant tout le jour et la nuit. En terre plane, la neige avait environ trois pieds de haut ; sur les montagnes, elle atteignait une hauteur étonnante jusqu’au 21 février suivant. 114

1493

Pendant tout cet hiver, jusqu’au ii du mois d’avril, les rivières furent grosses et impétueuses » (Mailliard, 69-70). Peste et guerre en Lorraine n Juillet-octobre : peste à Pagny-sur-Meuse (AD 55, B 3067, d’après Girardot, 791). ” 1493-1497. Guerre de Sedan entre René II de Lorraine et Robert de la Marck. Plusieurs villages verdunois brûlent (Girardot, 789). Ruines et friches en Brie À Forest, commune de Chaumes-en-Brie, les moines de Saint-Denis déclarent encore en 1493 : « plusieurs des héritages, revenus et possessions à nous appartenant à cause de notredite abbaye Saint-Denis, sont venus et chus en grand ruine et désolation à l’occasion des guerres qui ont couru le temps passé, et tellement [qu’ils] sont demeurés en grands bois, déserts, et les manoirs et maisons du tout chues en grand ruine et démolition » (AN, LL 1214, 91-92, d’après Fourquin, 395). Conjuration de paysans en Alsace (Bundschuch) Samedi 23 mars, à Ungersberg, près de Reichsfeld (Bas-Rhin), se produit la première rencontre du Bundschuch (du nom du « soulier à lacet » que chausse celui qui va à pied). Venus de dix localités différentes, les conjurés – qui comprennent des petits paysans du vignoble alsacien – gravissent ce sommet des Vosges (901 m) pour jurer autour d’un programme en trois articles : corriger les maux de l’Église, rapprocher la justice civile et expulser les juifs (Bischoff, 2010, 84-85). Une basse-cour plantureuse Bail à cheptel de volaille en Île-de-France en 1493. Le fermier de Saint-Denis à Rueil « prend desdits bailleurs deux douzaines de poules, deux coqs, moyennant et parmi ce que ledit preneur promet bailler et livrer chacun an auxdits bailleurs audit nom deux douzaines de poussins et, à la fin desdits ix ans, rendre lesdits poules et coqs. « Item, ledit preneur prend desdits bailleurs dix-huit oies et deux jars, moyennant et parmi ce que ledit preneur payera, baillera et livrera auxdits bailleurs audit nom xviii oisons bons et gras, près à manger, et, au bout desdits ix ans, rendra lesdits oies et jars. « Item, trois paons, six paonnesses, que ledit preneur prend à moitié de profit, qui se partiront par chacun an les petits paons qui viendront, et en rendra à la fin du temps lesdits paons et paonnesses » (AN, S* 2446, d’après Bezard, 170). Louer deux vaches en Lauragais (24 février) Variété de bail à cheptel, la gasaille du Languedoc assure aux paysans (journaliers, métayers ou laboureurs), depuis le Moyen Âge, tout type d’animaux (ovins, bovins, porcins et même ruches d’abeilles), grâce au placement opéré pour des durées de 2 à 7 ans par des investisseurs, marchands, laboureurs ou bourgeois. Les gasailles portant sur les bovins concernent surtout des animaux de trait ou de labour, dont le travail est source de profit. 115

1493

« L’an, le jour et au lieu indiqués ci-dessus, personnellement constitué Guillaume Laborie, de Fanjeaux (Aude), de plain gré a remis et concédé à Barthélemy Guausie, du lieu de Riboisse (Aude), à ce présent, à savoir deux vaches de poil rouge et ce pour le temps de 6 ans à venir, à compter de la fête de Saint-Jean-Baptiste à venir, avec la convention et le pacte suivant : durant le temps desdites six années, ledit Guausie gardera lesdits animaux à ses propres frais et dépens ; à la fin du temps de ladite gasaille (gasalhie), ledit Laborie prélevera le prix de 4 écus sur lesdits animaux. En outre, il fut convenu qu’au cas où, avec la permission de Dieu, lesdits animaux mouraient, ledit Gausie sera tenu et devra payer audit Laborie la moitié du prix des 4 écus. De même il fut convenu que le profit commun provenant desdits animaux durant le temps de la gasaille, il sera partagé à un partage moitié moitié (medium per medium) entre lesdites parties, moitié gain et moitié dommage » (AD 11, 3E5206, f° 66, traduit du latin d’après Caucanas, HSR 23, 2005, 209).

1494 Pâques : le 30 mars

1re guerre d’Italie (septembre 1494-novembre 1497)

Mortalité en Lorraine Les habitants de Bannoncourt (Meuse) obtiennent en 1495 un rabais de taille à cause de la mortalité (AD 55, 4H 129, d’après Girardot, 791). Vignes et grains victimes du froid « L’an 1494, le jour de Pâques fut le 6 avril (sic). Cette année, la veille de SaintGeorges, le vent du nord souffla âprement, et cette nuit, en plusieurs et diverses paroisses du pays, à Savigny, Bibost (Rhône), Saint-Julien Montrottier (Rhône), Bessenay et autres paroisses voisines, les vignes gelèrent entièrement, et il n’y eut point de vin ; les blés furent satisfaisants. Cette année, de la fête de la Toussaint jusqu’à la Nativité du Seigneur, le froid se fit vivement sentir ; il n’y eut point de neige cet hiver » (Mailliard, 79-80). En décembre, les habitants de Foug (Meurthe-et-Moselle) demandent au duc à être exemptés des fouages car leur récolte en vin a été mauvaise et leurs blés ont gelé (Girardot, 791). En revanche, en Bourgogne, vendanges précoces : le 18 septembre, à Dijon (Le Roy Ladurie, 1994, 138-139). ~ 23 juin : séisme en Vésubie d’intensité MSK 8 (Quenet, 22, 579).

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1495

1495 Pâques : le 19 avril Année douce et sèche ✷ Année chaude avec vendanges précoces  : le 12  septembre à Dijon (Le Roy Ladurie, 1994, 138-139). ✷ En Lyonnais : « Les mois de janvier et février furent doux et secs. Février, en somme, fut chaud, les nuits furent peu froides. Mars fut chaud jusqu’au jour du mercredi  11 dudit mois. Ce jour, un froid vent du nord commença à souffler et persista jusqu’au jour du jeudi suivant ; la nuit du jeudi, le vendredi et le samedi après, la neige tomba tout le jour et la nuit avec abondance. Le jour de Saint-Benoît en Carême, la nuit, le vent du nord, souffla âprement, et cette nuit les noyers furent gelés dans tout le pays. Mars dudit onzième jour de cedit mois jusqu’à la fin, fut froid, âpre et intempéré. « L’an du Seigneur 1495, le jour de Pâques fut le 19 avril. Le mois d’avril fut assez pluvieux. Mai, juin, juillet, août, septembre furent secs et très arides. Il ne plut pas pendant ces mois, sauf quelques jours, au mois de septembre. Il y eut cet été abondance de froment et de seigle, mais peu d’avoine. Il y eut du vin en grande quantité. Bien que cet été fût sec, il n’en fut pas moins chaud et brûlant. Dans certains pays, il y eut très peu et presque point de fruits, pommes, prunes, amandes, noix et semblables ; en Dauphiné pourtant et en Bresse, il y eut abondance desdits fruits » (Mailliard, 80-81). Meurtres aux champs : le roi gracie Février  1495  : mort d’homme au labour. Rémission en faveur de Guillot Dubet, Louise sa femme, Jean, Antoine et Jeanne, leurs enfants, laboureurs, pour le meurtre de Pierre Pichonnet, qu’ils avaient surpris à labourer des terres au mas de Chaumasson, dans le cadre d’un litige pendant devant le bailli d’Argenton-surCreuse (AN, JJ226B, 1088, f°206). Mars  : rémission en faveur d’Andru Coignart et Philippon Coignart, son fils, laboureurs, pour avoir tué, près de Léré, Étienne Pérart, qui leur reprochait d’avoir détruit une de ses haies pour faire son chemin (AN, JJ226B, 1099, f° 208). –  Rémission en faveur de Michau Brusé l’aîné, pour le meurtre de Robin Montagu, qui voulait l’empêcher par la force de labourer son champ dans un village beauceron (AN, JJ226B, 1110, f°210).  – Rémission en faveur de Jean Pointe, laboureur à Ablainville, pour avoir tué le berger de Jeannot Masson, dont les troupeaux paissaient dans ses blés et ceux de son père, Antoine Pointe (AN, JJ226B, 1115, f°211). Avril : rémission en faveur de Michel Gellain, laboureur, pour avoir tué Jean Treullin, oncle de sa femme, qui lui contestait la propriété des arbres qu’il était en train de couper avec Clément Huet, son beau-frère, dans un village de Beauce (AN, JJ226B, 1126, f°213).

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1495

10 mars 1495. Acte d’habitation à Cabrières-d’Aigues (Vaucluse) Le seigneur du lieu, Raymond d’Agout, installe ainsi 80 chefs de famille qui rebatissent le village abandonné au xive  siècle. Les colons viennent de la « vallée de Freissinières », localité dauphinoise connue pour son appartennce à la dissidence religieuse des Vaudois. Les deux tiers des nouveaux venus étaient poursuivis pour hérésie par le Parlement de Grenoble (Audisio, 1992, 15).

1496 Pâques : le 3 avril Année d’abondance et surproduction de vin en Lyonnais « L’an du Seigneur 1496, l’été ne fut ni chaud ni froid. Cette année assez tempérée, sèche et pluvieuse, fut fort abondante en toutes sortes de biens, fruits, blés et vins. Les vendanges furent telles et si abondantes que dans presque tout le pays de Lyonnais on ne trouvait ni cuves ni tonneaux pour mettre les raisins et le vin » (Mailliard, 83-84 et 91-93). 18 juin : grêle autour de Laval « Un samedi de juin, vigile Saint-Gervaise, Dix-huitième jour, en l’an mil quatre cent Oudit an seize, fut un jour de malaise De la grêle qui chut, et tempête de temps ; En ce pays ci aval s’assemblèrent moult de vents Qui firent grand dommage aux peuples d’environ En blés, vignes, potages, dont l’on perdit son sens Pour si très grands orages moult grand perte en avons » (Le Doyen, 79-80). Famine en Limousin. Dans la série des « forléaux » de Limoges –  le prix officiel des céréales fixé par l’autorité consulaire –, les prix du setier de seigle et surtout le prix du setier de seigle sont très élevés (Tricard, 39). Exactions des gens d’armes et revanche des paysans De mars à juillet, les gens d’armes de l’armée du roi logent dans les campagnes du Lyonnais. « L’an du Seigneur 1495 [1496 n. st.] au mois de mars, vinrent en nombreuses troupes, au pays de Lyon, les gens d’armes de l’armée du roi ; ils séjournèrent et circulèrent dans le pays de Lyon dudit mois de mars jusqu’au mois de juillet suivant, 1496. Le roi Charles  VIII vint à Lyon, au mois d’avril avec la reine, son épouse, duchesse de Bretagne […]. « Les gens d’armes qui étaient au pays de Lyon dissipèrent et mangèrent les biens des laboureurs qui en furent grandement désolés. Ils ne firent pourtant point autrement violence au pays et aux laboureurs que de consommer les vivres. Cette année fut fort abondante en fruits et autres denrées. « La reine retourna en France au commencement du mois de juin et le roi la suivit à la fin de même mois. Le duc d’Orléans, le cardinal de Saint-Malo et plu118

1496

sieurs grands restèrent à Lyon, attendant là le retour du roi. Il y eut alors foule de voleurs, de fripons, de personnes inutiles et sans aveu, tant à Paris que dans les autres cités, villes et lieux du royaume de France et de Bourgogne. Ils furent pris et amenés par des commissaires à Lyon, de là conduits, enchaînés et chargés de fers, jusqu’à Aigues-Mortes et placés sur les galères pour ramer sur mer jusqu’à Naples […]. « Cette année et pendant les mois d’août, septembre, octobre, novembre et décembre, circulèrent par le pays des gens d’armes de pied qui firent beaucoup de mal ; enfin le roi manda de les chasser du pays. Une troupe d’environ trois cents fantassins allemands voulut loger à Saint-Clément-sur-Valsonne (Rhône) ; les gens dudit lieu et d’autres environnants gens se réunirent en grand nombre et les chassèrent par force et violence. Ils furent là presque tous battus et blessés ; sept furent tués ; on les expulsa ainsi du pays » (Mailliard, 87-88). Incursion des Aragonais en Languedoc Alors que Charles VIII est en guerre avec l’Espagne, une des armées de Ferdinand d’Aragon, en violation du traité de Barcelone de 1493, envahit le Languedoc et s’engage (1496) dans le Fenouillèdes. Les châteaux de Montfort, Counozouls et Gincla (Aude) sont assiégés et pris, celui de Montfort presque entièrement détruit. Sur le Roc d’al Casteillas, à Montfort-sur-Boulzane, subsistent les débris d’un château (tour arasée) et du vieux village, détruits (1496) lors de la guerre d’Espagne » (Salch). À Joucou (Aude), lors des luttes entre Charles VIII et Ferdinand d’Aragon, le château de Castelport est détruit en 1496 par les armées espagnoles qui ravagent le pays de Sault. Ne restent aujourd’hui que quelques murs.

1497 Pâques : le 26 mars Inondations : les fleuves se mettent à leur aise ~ 8  janvier (n.  st.)  : crue de la Seine. Dans la mémoire de Jean de Thoulouze, la crue de 1497 ne sera égalée qu’en 1649. « Il y a en la vallée de Misère, à l’encogneure du quay, une image de Nostre-Dame au-dessous de laquelle ces vers se lisent gravés : L’an mil quatres cens quatres-vingt-seize (anc. st.) Le huictiesme de janvier La Seine se mit à son aise Au-dessous de ce pilier » (Thoulouse, II, 257-258). ~ Crue du Rhône et de la Saône : « du premier jour de janvier jusqu’à la fête de Saint-Hilaire qui suivit, il plut sans interruption et les rivières furent si grosses que personne ne pouvait les traverser ; il avait plu la nuit précédente, tout le jour et la nuit suivante. Les fleuves du Rhône et de la Saône s’étendirent au-delà des rives, tant dans la ville de Lyon qu’en dehors, […] de mémoire d’homme ni de tradition, le Rhône ne fut jamais si gros, si fort, ni si étendu. 119

1497

~ Crue de la Loire : « en 1586, les cures considérables se montrèrent à Nevers et en

aval, elles surpassèrent les crues de 1496 [1497], 1527, 1537 […] tout le bétail qui était dans les pâturages et les environs de cette rivière fut noyé » (Bonnet, 2009). Bonnes récoltes en Lyonnais « Mai et juin furent assez froids et pluvieux, il y eut beaucoup de cerises ; les blés furent satisfaisants. Juillet et août furent arides et chauds, de même septembre, octobre et novembre jusqu’à la fête de Saint Clément […]. Les vendanges furent, cette année, assez satisfaisantes et les vins bons. Cette année, une épidémie sévit dans la ville de Lyon et plusieurs autres lieux du pays de Lyonnais, surtout dans la ville de Sain-Bel » (Mailliard, 93-98). Réunions pour la rédaction des coutumes

✷ 15  mars  : lettres patentes données par Charles  VIII à Amboise précisant la

procédure pour la rédaction des coutumes. Les commissaires se rendent dans les bailliages et publient les articles qui sont accordés par les représentants des trois ordres. ✷ 2 septembre : ordonnance de Moulins pour la rédaction des coutumes de Sens et de Melun, non exécutée (Isambert, XI, 457).

En occitan : un notaire consigne les corvées à bœufs et à bras dues par les paysans de Polminhac (Cantal) « Jesus Maria. Aisso es lo lybre et terier dels castel e castelanias de Foulhola e de Polminhac, de las boadas e manobras degudas a me Jacques de Montamat, segnor de Montamat, de Folhola e de Polminhac, cosegnor dels castels de Vic e de Murat  Laguasse extraitz de laz reconnoissas a me fachas comme say l’an c xx iiii iiii et xvii, et primo. Lo loco de Polminhac  : tots los homes e habitans de Polminhac, chacun une an acostumat de far das manobras  : una de fenaz e una altra de mectro. » Traduction : Jésus Marie. C’est le livre et terrier des château et châtellenie de Foulholes et de Polminhac, des boades [corvées de bœufs] et corvées à bras dues à moi, Jacques de Montamat, seigneur de Montamat, de Foulholes et de Polminhac, co-seigneur des châteaux de Vic et de Murat-Lagasse, extrait des reconaissances à moi faites […] l’an 1497. Premièrement, le lieu de Polminhac : Tous les hommes et habitants de Polminhac ont accoutumé de faire chaque année deux corvées à bras : une de fenaison et une de moisson » (AD 15, 129F 13).

1498 Pâques : le 15 avril Peu de froment mais beaucoup de seigle et d’avoine ✷ En Lyonnais : « Ladite année 1497 [1498 n. st.], il y eut un long et âpre hiver qui dura presque quatre mois, c’est-à-dire pendant les mois de novembre, décembre, 120

1498

janvier et février, si bien que le peuple ne put travailler en rien, du moins peu. Tout janvier fut très froid et il gela fort pendant ce mois […] « L’an 1498, […] les mois d’avril, mai, juin et juillet furent assez pluvieux ; il y eut pourtant de très fortes chaleurs pendant quelques jours de juin et de juillet. […] Le mois d’août fut pluvieux et âpre à intervalles de certains jours et heures. Il y eut peu de froment, mais beaucoup de seigle et aussi d’avoine. « Cette année 1498, la nuit de l’Exaltation de la Sainte-Croix, il y eut du tonnerre fort violent et des éclairs admirables, et tels que chez nous, de mémoire d’homme, on n’avait entendu parler de semblables. Du jour de l’Exaltation de la Sainte-Croix, l’an susdit, et pendant tous les mois d’octobre et novembre, il y eut une forte chaleur et, à divers jours de ces mois, il tonna. Les fêtes de la Toussaint et de Saint-Martin furent très chaudes, comme si l’on était au mois d’août ; il y eut peu de pluie ces mois-ci. Le mardi, jour des saints Agricole et Vital, 27 novembre de l’an susdit, environ la deuxième heure après midi, il y eut éclatant tonnerre et une horrible tempête s’abattit tant en Forez qu’en Lyonnais. À Montbrison, la tempête fut si violente que les habitants de cette ville crurent périr. Il tomba dans ces pays de grosses pierres de la grosseur du poing d’un homme, elles tuèrent au vol foule d’oiseaux. « Le dimanche second jour de décembre, l’an susdit, depuis l’heure de Vêpres jusqu’au lundi suivant, environ midi, le vent souffla avec une telle impétuosité que de mémoire d’homme on n’en vit pareil ; il renversa et démolit de fond en comble plusieurs maisons et tours, tant dans la ville de Lyon qu’en Lyonnais et en Forez. Il arracha entièrement quantité de gros arbres ; il démantela la tour de Sain-Bel et emporta l’horloge qui s’y trouvait ; on ne put retrouver cette horloge de deux jours. Il fit encore quantité d’autres maux qu’il ferait difficile d’énumérer ici » (Mailliard, 98-101). Peste et famine n Attestations de peste autour d’Avallon, Avignon, Brignoles, Lyon, Mâcon, Montpellier, Nantes, Nevers, Rouen, Toulouse, Tours et Troyes (Biraben, 381). n Septembre-octobre : violente peste en Touraine (Chevalier, 588). ~ Famine en Anjou en 1498 (Oudin, III, 102-103). S’associer pour lutter contre la pénurie d’hommes À Chenereilles (Loire), en Forez, plus du quart des reconnaissances dans le terrier de 1498 concernent des associations familiales contre 10 % seulement un siècle plus tôt. Le nombre de « pariers » s’est accru. Le déficit de main-d’œuvre stimule les affiliations volontaires. Les pratiques communautaires augmentent aussi en Auvergne (AD 42, 18J3, f° 29, 39 et 58 d’après Colombet-Lasseigne, 453, et Viret, 214, 327-328). Partage de fruits entre maître et métayer en Limousin « Item, le iiiie jour d’avril iiiixxxviii, je fis au Chesaus [Le Chezeau, Haute-Vienne] partir le bestial avec les enfans de feu Aucher Loucon, jadis mesteyer, et de touttes choses fusmes quites, fors qu’ils me doivent x sestiers de segle : cinq à la part de Gillet et les cinq aux enfans. Et me poyront aux prochaine mestives » (Sainte-Feyre, 158). 121

1499

1499 Pâques : le 31 mars

2e guerre d’Italie (juillet 1499-novembre 1500)

Bonne année dans le Maine « Puis l’an quatre-vingt-dix-neuf, Ne fut pas grande année de neuf, Mais de blé en fut largement, Dont le peuple fut bien content. Deux sols en valait le boisseau, Autant le viel que le nouveau. Vins, vivres compétemment L’on en avait suffisamment » (Le Doyen, 83). Dans l’Ardenne, on découvre les maisons pour nourrir les animaux ~ « Il fit toujours froid, et négeait, et grêlait, et griselait jusques au xiie jour d’avril que le bel temps vint. Mais il faisait encore froid jusqu’au xxiiie jour d’avril, et tellement que en les vignes, ne en les arbres, ne en les haies, on n’y voyait de verdeur ne d’apparence non plus qu’à Noël. Et ne croissaient point les blés ne les avoines ne les herbes. Par quoi les bêtes n’avaient point de pâturages. Et en y avait plusieurs qui mouraient de faim. Et disait-on que, en aucuns lieux en Ardenne, les gens découvraient leurs maisons, qui sont couvertes de joncs, et les découpaient menues et les donnaient à manger à leurs bêtes, avec un peu d’avoine ou de gruxon, car on n’avait eu nul foin l’année précédente » (Aubrion, 419). Froid et orages en Lyonnais « L’an susdit 1498 [1499 n. st.], environ la fin du mois de février, le froid se fit vivement sentir pendant dix jours, et, le 25 dudit mois, la neige tomba en abondance et continua presque pendant tout le mois de mars suivant ; le froid fut rigoureux pendant ce mois. […] « L’an du Seigneur 1499, Pâques fut le dernier jour de mars […] Ce jour, la neige tomba et tout le mois de mars fut très froid. La neige fut abondante, les montagnes en furent couvertes d’une couche fort épaisse ; le froid et la gelée durèrent jusqu’au 5 avril, dans la semaine de Pâques. Le mardi après Quasimodo, 9 d’avril, il plut et tonna très fort ; la grêle tomba. Cette année, le jour de l’Ascension du Seigneur fut le 9 mai et la Pentecôte le 19. Le lundi, lendemain de la Pentecôte, environ la cinquième heure après midi, il plut étonnamment et la pluie fit beaucoup de mal en plusieurs endroits et surtout dans les paroisses de Lentilly (Rhône), Sourcieux (Rhône), Salvagny (Rhône) et plusieurs autres. Le froid fut rigoureux le mercredi des Quatre-Temps de cette semaine ; le vendredi, dernier jour de mai, le vent du nord souffla impétueux. Juin fut très chaud pendant huit jours, au commencement ; au milieu pluiveux ; il y eut de grands déluges dans la ville de Courzieu. 122

1499

« Le mois de juillet fut chaud et le lundi  8, une terrible tempête s’abattit. Aujourd’hui dimanche 4 août, l’an susdit, toute la nuit il tonna affreusement ; il y eut des éclairs et de la pluie, et le lundi suivant. « Lundi 23  septembre, l’an susdit, il plut abondamment ; le mardi suivant le vent souffla impétueux, fit beaucoup de mal aux raisins, arracha plusieurs arbres et fit tomber, noix, pommes et autres fruits. « Octobre, cette année, fut pluvieux ; les vins chez nous, gens de Savigny, furent en quantité satisfaisante. Novembre, l’an susdit, fut pluvieux au commencement à différents jours jusqu’au jour de Saint-Romain ; la nuit veille de Saint-Clément, le vent du nord souffla impétueux, le froid se fit très vivement sentir et dura jusqu’à l’avant-dernier jour dudit mois » (Mailliard, 102-107). n Juillet : Peste en Valois autour de Compiègne, et notamment entre Venette et la ville (Marsy, La peste à Compiègne, 1884, 8-10). n Attestations de peste autour d’Angers, Châlons-sur-Marne, Chaumont, Mâcon, Nantes, Nevers, Paris, Provins, Toulouse, Tours et Troyes (Biraben, 381).

1500 Pâques : le 19 avril Inondations en Lyonnais « L’an du Seigneur 1500, le premier jour de mai, qui fut le vendredi fête des saints Philippe et Jacques, les samedi, dimanche et lundi suivants, il plut très abondamment, si bien que les rivières du pays furent grosses et rapides outre mesure, et telles qu’on les avait ; ne vues depuis vingt ans. L’air fut très froid presque tout le mois de mai fut pluvieux […]. L’an du Seigneur 1500, le samedi qui fut le 9 mai, la Saône fut si grosse qu’entre Albigny-Mont-d’Or (Rhône) et Vimy, environ à sept heures du matin, un bateau se perdit ; hommes, femmes, jeunes gens des deux sexes, furent engloutis ; parmi eux, six femmes grosses ; en tout, cent personnes moins une. Le même jour, la même année, périt autre bateau avec une nombreuse multitude, hommes, femmes et enfants, sur la Loire, près de Balbigny en Forez (Loire) L’an susdit, c’est-à-dire 1500, le 1er août, qui fut le samedi de Saint-Pierreaux-Liens, il tonna très violemment, il y eut des éclairs, la foudre tomba et il plut en abondance à Courzieu ; l’eau de la Brevenne entraîna le chanvre en grande quantité. Quatre fois ce jour, ce mauvais temps recommença, et deux fois pendant la nuit il s’abattit sur la terre. « Le vendredi 4 septembre, l’an sudit 1500, de vêpres jusqu’à la nuit, il tonna beaucoup et la tempête s’abattit impétueuse ; le samedi suivant, il plut beaucoup et il tonna. « Le vendredi 20 novembre, ladite année 1500, les samedi, dimanche et lundi suivants, le vent du nord souffla âprement et le froid se fit sentir outre mesure et si rigoureux que de longtemps on n’avait vu pareil froid, du moins à pareille époque, et pendant huit jours. Le mardi et le mercredi suivants, la neige tomba et le froid se fit vivement sentir jusqu’au jeudi 17 du mois de décembre, l’an susdit » (Mailliard, 112-117). 123

1500

Grands froids de fin d’automne 7-8  décembre  : forte gelée à Rouen, 120 à 140  morts et blessés (Fallue, 42, et Sauvage, 517-518). « En cestuy an [1500] devant Noël la rivière de Saône fut gelée jusques à Mâcon, dont, à cause qu’il ne venait à Lyon blé ni autre chose, le pain y fut cher. Et le jour de Saint-Thomas après, le Rhône crut si fort jusques environ le dîner, que c’était merveille, et ne vit-on jamais en demi-jour croître si fort » (Mer des histoires, Nouv. addit. de Montrelet, fol. 102 v°). Pestes n Attestations de peste autour d’Auxerre, Bayeux, Bourg-en-Bresse, Chaumont, Dijon, Nantes, Paris, Strasbourg, Toulouse et Tours (Biraben, 381). n En Bretagne (jusqu’en 1501), dans le Maine (été 1500), puis dans le pays Nantais (Le Mené, 264). n En Lorraine, dès le 11 mars 1500, la peste règne dans la châtellenie d’Apremontla-Forêt (Meuse), près de Saint-Mihiel. 7 ou 8  personnes en meurent dans deux villages (AD 55, MM B 511 n° 13, d’après Girardot, 791). Lynchage à la messe de minuit 24 décembre 1500 : rixe à Limours (Essonne), lors de « la vigile de Noël pour ouïr le divin service » : le procureur du seigneur est lynché en l’église par les habitants de Chaumusson, venus avec leurs bâtons, à l’instigation de Guillaume du Chesnoy, seigneur de Chaumusson (AN JJ234, 81v°, d’après Bezard, 266).

1501 Pâques : le 11 avril

3e guerre d’Italie (septembre 1501-février 1504)

Famine et disette ✷ En Alsace et autour de Montbéliard (Delsalle, 2001, 47 et 56). ✷ En Touraine : de mai à juillet 1501, sévère disette autour de Tours, conjurée par les arrivages du blé de Beauce, en dépit de cours très élevés (Chevalier, 394-395). ✷ En Lyonnais  : « L’an que dessus, de la fête de Saint-Martin jusqu’à la fin, et l’an 1501, jusqu’à la fête de Saint-Jean-Baptiste, il y eut grande disette de blé, plus terrible pour le peuple que la famine de l’an  1480 […] et cela à cause du manque d’argent, qui était en petite quantité dans ce pays et dans le royaume de France. On ne pouvait trouver de blé ; le froment valut 18 gros, le seigle 16 gros » (Mailliard, 119). Pestes Attestations de peste autour d’Amiens, Angers, Bourg-en-Bresse, Dijon, Joigny, Laval, Mâcon, Montluçon, Montpellier, Nantes, Nîmes, Poitiers, Strasbourg, Tours et Vierzon (Biraben, 381). n Mais aussi à Rennes, Le Mans, Vitré, Laval (Le Mené, 264). n

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1501

Été caniculaire en Lyonnais « Cette année 1501, l’été fut, du mois de mai jusqu’au mois d’octobre, sec et chaud, si bien que, de mémoire d’homme, jamais les mois d’août et de septembre ne furent vus aussi chauds. Les moissons furent pourtant satisfaisantes, c’est-à-dire assez sèches et peu abondantes par rapport à la multitude de peuple, petits et grands, qui surgit ; les vendanges furent assez bonnes, mais pas autant que l’année précédente ; les vins furent fort bons. L’été se maintint dans cette ardeur pendant cinq mois, du premier mai premier octobre, auquel jour il plut toute la journée. Cette année 1501, l’hiver fut âpre jusqu’aux fêtes de Noël ; ces fêtes furent douces, tempérées et pluvieuses » (Mailliard, 117-118). Les Vaudois retrouvent leurs terres Absolution des Vaudois par le pape Alexandre VI en 1501  : Louis  XII ordonne la restitution de leurs terres dans les hautes vallées du Dauphiné (les Escartons et la Vallouise). La prise en nourrice : activité complémentaire pour les paysans À la campagne, la mise en nourrice des enfants de notables est une pratique déjà avérée. En juillet 1501, à Bretteville-l’Orgueilleuse (Calvados), les Perrotte de Cairon, gentilshommes campagnards qui font valoir eux-mêmes une partie de leurs terres, recourent à des paysannes des environs pour faire allaiter leurs enfants. Tel est le cas du 8e  enfant de Nicolas Perrotte et de Marie de Hotot : « Olivier de Caron fustney le neufiève jour de juillet mil chinq cent et ung, le vendredi, viron heure et demie après midy. Et le doit garder Guillemette Goullé une année entière, par le prix de quatre livres et le drap d’un chapron » (AD 14, F1654, Livre de raison des Perrotte de Cairon, d’après Aubert, 1898, 452). Maladie des porcs en Forez et Lyonnais « Dans le courant du mois de février de cette année, il y eut une grande maladie des porcs en plusieurs endroits, tant du pays de Forez que de Lyonnais » (Mailliard, 117).

1502 Pâques : le 27 mars Famine en Limousin

~ Dans la série des « forléaux » de Limoges –  le prix officiel des céréales fixé

par l’autorité consulaire –, le prix du setier de seigle est très élevé (Tricard, 39). Violente poussée de peste en France n Peste signalée autour d’Aix, Angoulême, Avignon, Bar-le-Duc, Bergerac, Bordeaux, Bourg-en-Bresse, Châlons-sur-Marne, Dijon, Joigny, Lectoure, Libourne, Mâcon, 125

1502

Montferrand, Montluçon, Montpellier, Moulins, Nantes, Nîmes, Orléans, Poitiers, Rodez, Strasbourg, Toulouse, Tours, Valence, et Vierzon (Biraben, 381). n Suite de la peste en Anjou. On en repère les effets dans les campagnes à Morannes et dans la région de Châteauneuf (Le Mené, 264). Peste et loups mangeurs d’hommes au cœur du royaume : Bourbonnais, Berry, Saintonge, Anjou, Touraine, Orléanais et Île-de-France n ~ « En cette même année  1502, la peste eut cours par le royaume de France, et mêmement en Bourbonnais, en Berry, en Saintonge, en Poitou, en Touraine en Anjou, et au pays de France comme à Paris, à Orléans et en plusieurs autres lieux ; et tant que les aucunes villes et villages demeuraient inhabités, et s’enfuyait le peuple par les bois et déserts, pour illecques se loger et garantir leurs vies, où souvent se mouraient sans secours, sans aide et confession, comme bêtes brutes, demeurant étendus sur la dure, au danger des chiens et des loups, qui souvent, à panse pleine, en faisaient leur pâture  : tellement que, après que acharnés et en curée en furent, se prirent aux petits enfants par les champs, et à la parfin aux hommes ; si que plusieurs en dévorèrent, et eussent plus à plein si le roi et les seigneurs de France n’y eussent pourvu par chasses continuelles, dont ils en nettoyèrent le pays » (Auton, 101-102). n ~ « L’année 1502, […] l’ire de Dieu punit et affligea la France. Car la peste fit un grand dégât en divers endroits à Paris et à Orléans, en Touraine et Anjou, en Saintonge et Poitou, en Berry et Bourbonnais, en telle sorte que plusieurs villes et villages demeurèrent inhabités par la mort ou fuite de tous leurs habitants, plusieurs desquels, fuyant par bois et déserts pour sauver leurs vies, moururent sans aucun secours, et demeuraient étendus sur la terre servant de pâture aux chiens et aux loups, notre Dieu aussi juste que miséricordieux punissant de cet horrible fléau les iniquités des hommes pour les délivrer de la peste du péché (Guyon, II, 325). n ~ Peste cruelle à Orléans et dans les environs : « plusieurs villages furent abandonnés par les habitants qui se retirèrent dans les bois, mais dont la plupart périrent de misère et devinrent la pâture des loups et des oiseaux carnassiers » (Lottin, 351).

1503 Pâques : le 16 avril Contrastes climatiques Importants contrastes climatiques du premier semestre  : fin de printemps et été extrêmement chauds et secs, après un début extrêmement froid et neigeux en Pays Messin. ✷ « Item, le moix de may fut bel et chault, et fit sy grant chaleur qui durait par tout le mois, et encore jusques au sabmedy xviie de jung, que, durant ledit temps, il n’avoit point cheu une seule goute d’eaw, en telle manière que tout sachoit et saches, et les eawes sy merveilleusement cortes, que chacun s’en donnoit grant merveille. Laquelle pluye, qui cheut ledit sabmedy, fit tant de bien sur la terre que 126

1503

on ne pouroit croire, tant pour les vignes, bley et avenue, comme pour touttes aultres. Et fuit ordonney que, au mercredy après, fuit faicte une procession générale Notre-Dame aux champs, en remerciant Dieu le créateur et la Vierge Marie. « Item, tout le temps d’estey fuit sy très chalt et sy sèche qu’il n’y oit quasy nulles herbes en prey ; et faisoit sy grant sécheresse que tout se perdoit pour la chaleur. Et y oit, en plusieurs lieux, des vignes quasy comme toute airse et brûlée, de force de baille, et les arbres, comme poiriés, pommiez et aultres manières d’arbres, se bruloient tous ; et n’y avoit nulz fruictz qui peust croistre. Touteffois, là Dieu mercy ! la vandange fuit bien plantureuse, et y oit du vin à plantey » (Aubrion, 447). ✷ Sécheresse en Berry (Bonnet, 2009). Peste n Peste signalée autour de Bourg-en-Bresse, Cahors, Châlons-sur-Marne, Joigny, Mâcon, Millau, Moissac, Montélimar, Montauban, Montferrand, Moulins, Rodez, Rouen, Tours et, Valence (Biraben, 381). n … mais aussi autour de Salins-les-Bains (Jura) (Delsalle, 2001, 47). Attaques de loups en Anjou Prolifération des loups autour de Beaufort et jusque sous les murs de la ville où ils attaquent les populations en Anjou. Sans doute s’agit-il ici de loups enragés, seconde cause d’attaques sur les hommes  : « Lequel sixième novembre [1506] je fis remontrance à maître René Breslay, demeurant à Angers, sénéchal dudit Beaufort, qui y était venu pour tenir les assises […] que j’avais ouï dire à plusieurs que la forêt dudit lieu de Beaufort était quasi détruite, qu’il n’y avait plus guère de chêne ni autre bois mais était plein d’épines et ronces […]. Et y avait tant de loups comme l’on m’avait dit que merveilles. Lesquels loups faisaient moult de dommages aux sujets et étaient venus par trois ou quatre années depuis dix ans en çà jusques en la ville dudit Beaufort et à la porte du chastel et y blessèrent trois hommes, une femme et un jeune enfant, qui en moururent forcenés et enragés. Et depuis un an en çà étaient venus lesdits loups dedans la halle dudit Beaufort et y blessèrent deux jeunes pauvres garçons qui illec s’étaient retirés pour passer la nuit tellement qu’ils en moururent tôt après. […] À la vérité, lesdits loups avaient fait et faisaient de grands dommages et avaient comme dit est puis huit ou dix ans fait lesdites blessures et morsures tellement que les pauvres gens en étaient présentement morts et outre que bien souvent ils étranglaient bêtes chevalines et aumailles ès pâturages contigus de ladite forêt et se retiraient ès buissons forts et épines d’icelles » (AN, P 1337, acte 354, vue 12, cité par Le Méné, 1982, 337).

127

1504

1504 Pâques : le 7 avril Année chaude avec invasion de sauterelles ✷ Grand froid en Quercy (Pouget, 14). ✷ L’un des douze ans les plus chauds du dernier demi-millénaire dans l’hémisphère Nord (Le Roy Ladurie, 2004, 163). ✷ Cherté des blés en Auvergne, Forez et Lyonnais en raison de la sécheresse. « L’an mdiv, les bleds furent de belle monstre ; toutesfois, par la grant sécheresse qu’il fist, furent cueillis en petite quantité, dont en survint charté tant en Aulvergne, Forez, Lionnois » (Médicis, 272). ✷ Grande sécheresse en Pays messin La combinaison chaleur et sécheresse printanno-estivale favorise l’invasion d’insectes ravageurs : sauterelles dans les champs et les prés ; vers sur les arbres fruitiers. « Les cultures « furent toute démangées de sauterelles, qui vinrent en cette année en si grand abondance qu’il n’est à croire. Pareillement, ce qui était échappé d’icelle chaleur, comme prune, fève, cerise et autres tels fruis, fut et était tout plain de verse et de vermine ; et mêmement les cerises, qui n’étaient qu’à demi-mûres, étaient déjà pleines d’icelle vermine » (Vigneulles, IV, 30-31). Peste n Peste signalée autour de Bourg-en-Bresse, Cambrai, Cherbourg, Marseille, Montélimar et Tours (Biraben, 1975, 381). n … mais aussi autour de Besançon (Doubs) (Delsalle, 2001, 47), et en Lorraine, autour de Nancy (Cabourdin, 100). Famine autour de Lyon ~ « L’an 1504 furent premièrement vues ces dévotes et pitoyables processions qui furent appelées les processions blanches, à cause que les pauvres gens de village, hommes, femmes et petits enfants, passaient par la ville conduits par les curés et vicaires de leurs paroisses, et la croix devant, allant en procession à Notre-Dame de l’Île et autres lieux de dévotion, tous nus et affublés d’un linceul blanc, criant avec une voix si pitoyable qu’il n’y avait cœur si endurci qu’il n’en fut mu à compassion  : “Sire Dieu, miséricorde !” ou bien  : “Sainte-Marie, mère de Dieu, priez pour nous !”. Ce qui excita ce pauvre peuple à telle dévotion fut une grande famine et disette de tous fruits, lors survenue, et de laquelle moururent plusieurs milliers d’âmes tant à la ville qu’aux champs, et qui fut causée par une sécheresse qui commença dès le mois de mars, à l’occasion de laquelle l’on ne put semer les petits blés ; les autres demeurèrent en terre sans venir à maturité, et furent les rivières, fontaines et ruisseaux tellement taris que les bêtes mourraient de soif par les champs et les chiens enrageaient » (Histoire véritable de Lyon par Rubys (1533-1613), 354 et addenda, 118). ~ Entrée à Lyon de pauvres ruraux venus du Lyonnais, du Dauphiné, des Dombes, de la Bresse, Savoie, Bourgogne, Auvergne et Forez (Gutton, 234). 128

1504

✷ Charte de fondation du village de Viéville-en-Haye (AD 54, H 1180, cité et transcrit par Jean Peltre).

Paysage seigneurial, paysage fiscal Dans la Marche, on observe des « bouchures » dans la seigneurie des Bussières (comm. de Saint-Loup, Creuse). Le terrier de 1504 révèle plusieurs parcelles encloses, en périphérie du finage cultivé, près des landes et des bruyères. Indice sans doute de la progression du bocage par défrichement en Haute-Marche (AD 23, 7 J288, d’après Glomot, HSR 36, 2011, 51). En Rouergue, pays de taille réelle, l’ajustement de la répartition des « fouages » suscite, depuis plusieurs décennies, des tensions entre secteurs géographiques. Depuis 1482, les consuls de Millau et de Rodez réclament une exonération aux dépens des paroisses rurales, notamment autour de Séverac-le-Château (« haute Marche »). Il en résulte une longue procédure, qui s’achève en 1504 par la production d’un « plan schématique », la vehuta en figura, à partir de deux grandes peaux cousues (162 × 80 cm). Cette vue figurée du Séveragais assure une recontruction mentale de l’espace à partir de relevés empiriques sur les lieux et une représentation des réalités intitutionnelles. Elle révèle le contraste entre la vallée de l’Aveyron, relativement riche et densément peuplée, et des causses pauvres, aux mas imposants. En définitive, le dessinateur offre une vision du territoire qui privilégie les feux et les lieux, assiette de l’impôt mais aussi trait fondamental de l’organisation humaine. Le foyer familial et fiscal reste l’élement structurant de la société rurale (Dumasy, 2011, 28-69). Fabriquer du fromage en plaine de France. Un « laboureur de bras » à Vémars en 1504 Sous Louis  XII, l’agriculture du nord de l’Île-de-France était loin d’avoir la spécialisation céréalière qui serait la sienne à compter de la fin du xviie siècle. Chez ce laboureur à bras, qui n’emploie pas de charretiers mais à l’aisance certaine, la présence de 7 vaches laitières assure une production de beurre et de fromage qui suscite un matériel spécialisé. On ne s’étonnera donc pas d’y trouver une grande baratte tournante (la « serène »), davantage caractérique des régions laitières. « Inventaire fait par moi Jean Clément, greffier juré en la justice […] à Vémars, pour noble homme Antoine Ducroq, écuyer, seigneur en partie de Vémars, de tous les biens qui communs étaient entre Jehan Goderon et Jehanne sa femme, en son vivant laboureur de bras demeurant audit Vémars […], ce cinquième de jour du mois de juillet mil cinq cent et quatre. Et premièrement, trouvé audit hostel une cramillère, prisée ii s t. Item, un gril, prisé xvi d. Item, un chaudron tenant un seau ou environ, une poëlle de fer et une d’airain telle quelle, prisée vi s p. Item, un chandelier d’airain, prisé xii s p. Item, en écuellée, en plat, une pinte et une chopine tout ensemble xl d’étain, prisé chacune livre  II s p la livre, qui valent en somme xx s p. Un autre chaudron tel quel, trois cuilliers d’airain, prisées iii s p. […] 129

1504

Item, trois quartiers de lard ou environ, prisés xxiiii s p. Item, une tinette telle qu’elle, prisée iv d Item, une chasière à fromage prisée xii d. […] Item, quatre chemises à façon d’homme, prisé vii s. Item, une chemise de lin, prisé iii s p. Item, une robe à façon d’homme couleur noire doublée de blanc, prisé xviii s p. Item, une paire de chausses audit usage, prisée xiv s p. […] Item, sur point de cinq setiers de blé tel quel prisé iv l vi s p. Item, une mine d’avoine à la grande mesure, prisées viii s p. Item, sur le point de trois mines de mars à la grande mesure, vii l. Item, une serenne à sereiner, prisée iii s p. Item, un panier à fromage, prisé xii d. Item, une vache de poil rouge, prisée iiii l. Item, une noire baillette sur le dos, prisée iiii l. Item, une autre noire courte queue, prisée ii écus. Item, une autre brune, prisée ii l. Item, une génisse noire, prisée ii l. Item, une autre génisse, prisée xxix s p. Item, une autre vache noire vieille prisée xl s p. Item, pour le foin trouvé audit hôtel, prisé iv l. Item, x bêtes à laine telles quelles, l’une portant l’autre, appréciées v l. […] Ensuivent les terres qui appartiennent au déffunt […]. Et premièrement, une maison, cour et jardin assis audit Vémars en la rue de la Croix Boissée » (AN, Z2 4436).

1505 Pâques : le 23 mars Peste et famine n Peste signalée autour d’Avallon, Bourg-en-Bresse, Cambrai, Marseille, Mauriac, Montferrand, Poitiers, Riom, Rouen, Toulouse, Tours et Villefranche-de-Rouergue (Biraben, 381). n Octobre-décembre  : Peste en Franche-Comté autour de Besançon et de Salins (Delsalle, 2001, 47). ~ Famine en Dauphiné. « Nota quod hoc anno mvcv to blada vendita sunt circa fiem anni xiii flor., xv flor. et xvi flor. in tantum quod magna pietas erat in pauperrimo mundo et famina magna » (AD 38, B 4385, f° 154, d’après Latouche, 1932, 343). Brigandage dans le Maine « Larrons, voleurs, brigands, cil temps Resgnoient fort, dont nul n’est contens. Quand justice les condemnoit, Chascun à Paris appelait. 130

1505

Rien ne demouroit sur les champs De jour et nuyt, o tels marchants ; Moutons es estables robaint » (Le Doyen, 105). Achèvement de la reconstruction au nord de Paris 20  novembre  1505  : au Plessis-Gassot, Étienne Bonnevie, est reconduit dans son bail à ferme de 55  ha par Marie Potier, veuve de Jean Trotet, seigneur du Blancmesnil. Il s’engage encore, pour les années 1505-1515, à « défricher ce qui es en friches desdites terres et prés », comme c’était le cas en 1496. Au bail suivant, en 1515, la clause disparaît (AN, S4772, d’après Moriceau, 84). Refus de taille en Sologne À Salbris (Loiret), en 1505-1506, 42 chefs de famille sur 69, soi-disant taillables à volonté, refusent de payer la taille pour être « hors suite », « avoir lettres de franchises » ou « être communs » avec leur frère ou leur oncle dans leur « hostel » (Guérin, 206). Trois batteurs de grains 21  septembre  1505  : contrat avec des batteurs de grains. De 1496 à 1528, la rémunération des batteurs oscille entre le 15e  et le 25e  de la récolte. En 1505, pour 54 setiers et 261 boisseaux, les trois batteurs obtiennent un marché au 18e. « Marchié fait ovecques Jehan Graffart, de Jurques, Estienne et Jehan Massé, de Saint-Jean-le-Blanc, auprès du Plessis[-Grimoult], par ainsi qu’ils doivent batre les formens [froments] et avoir le quinzième boisseau et auront le xiiie boisseau d’orge et d’avainne et feront glieu et escoussin et aider à chergier les mâles et metre les mounées et est pour despens et pour tout et auront par-dessus le tout chacun ung b. d’orge d’entrée et doivent avoir ung boisseau de poys blans parce qu’ils donneront chacun ung vitequot et auront le xviiie b. des poys et veches, le tout fait le jour Saint-Mathieu, xxie jour de septembre chinq et chinq » (AD 14, F 1654, Livre de raison des Perrotte de Cairon, d’après Aubert, 1898, 468-469).

1506 Pâques : le 12 avril Vendanges tardives ✷ Autour de Besançon : hiver très tempéré et « végétation en janvier comme en mai » (Delsalle, 2001, 56). ✷ Vendanges tardives autour de Metz. Alors que la Saint-Rémi (1er  octobre) marque traditionnellement la date des vendanges, en 1506, on attend la SaintMartin d’hiver (11 novembre) pour couper le raisin. « La sepmaine Sainct Martin d’hyver Estoit le temps sy très divers, 131

1506

Et de meurisson si très estrange, Que c’estoit la foulle de vendange. Car à la Sainct-Remy devant Fut en vielle vigne ou provent, On n’y trouvoit raisins meslez, Ny bien peu de grains tallez. » (La Chronique en vers, d’après Litzenburger, 72.) Poussée de peste Attestations de peste autour d’Aix, Amiens, Annonay, Avallon, Bordeaux, Bourgen-Bresse, Castelnaudary, Dijon, Limoges, Mâcon, Marseille, Mauriac, Montferrand, Montpellier, Nîmes, Sarlat, Toulouse, Tours et Villefranche-de-Rouergue (Biraben, 382). Révision des coutumes 28 mai : ordonnance générale de Montils-lès-Tours pour la révision et la publication des coutumes. En reprenant les textes édictés par son prédécesseur en 1497 et 1498, Louis XII inaugure une procédure en vigueur jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. Le contrôle royal est davantage affirmé par l’envoi de commissaires. Des commissaires royaux sont désignés pour la prévôté de Paris, les bailliages de Meaux, Melun, Montargis et Sens (Isambert, XI, 457). En Corse : le Camp del’Oro, pomme de discorde entre Bastelica et Ajaccio Depuis 1492, la large dotation dont bénéficie Ajaccio, comme « préside » génois, dans la plaine de Camp del’Oro, suscite la réaction des communautés rurales de l’intérieur. En 1506, Visconti Paulo, procurateur de la communauté de Bastelica, s’insurge de la mise en coupe réglée des pailles et fourrages par les colons ligures. Soldats, administrateurs, marchands et bouchers d’Ajaccio viennent impunément s’emparer de la paille au moment des récoltes alors que les Bastelicais en ont besoin pour nourrir leurs bœufs durant l’hiver. Non sans exagération, le représentant de Bastelica soutient que, faute de fourrage, près de 100 paires de bœufs sont morts de faim l’hiver dernier, et que, sans retour aux usages traditionnels, les habitants de la communauté devront quitter le pays. L’emprise croissante de Gênes et la mise en place de la giurisdizione d’Ajaccio provoquent un conflit interséculaire avec l’arrière-pays pour le contrôle de la piaghja (Pomponi et Usciati, 81-83).

1507 Pâques : le 4 avril Peste dans le Forez n « En l’an mil cinq cent et sept Que Montbrison estoit infect 132

1507

Il en mourut de compte faict Trois mille sept cens et sept » (Quatrain de Pomyer, écrit en marge d’un ancien missel, Histoire du Forez, 75). n Le 12 juillet, dans la paroisse de Montarcher (Loire), la peste « règne », comme l’indique l’acte de baptême d’un enfant de Pierre Crespelle. Originaire de Montformont, le père était parti habiter Saint-Bonnet-le-Château, à son mariage. Lors ce l’épidémie, il est venu chercher refuge au pays natal  : Petrus Crespelletus de Monteformoso, maritatus in Sancto Bonito et fugitivus propter pestem regnantem in Sancto Bonito Castri (AD 42 en ligne, BMS Montarcher, 1460-1601, vue 49). n « Peste grande » à Brive (Cassan éd. 1996, 22). n Attestations de peste autour d’Aix, Avallon, Bayonne, Bordeaux, Brignoles, Carpentras, Dijon, Draguignan, Limoges, Mâcon, Marseille, Nîmes, Rennes, Rouen, Toulouse, Tours et Villefranche-de-Rouergue (Biraben, 382). Poursuite de la rédaction des coutumes 2 avril (n. st.) : ordonnance de Grenoble pour la rédaction des coutumes d’Amiens, Touraine, Auxerre (Isambert, XI, 457). 1507. Achèvement de la coutume de Châteaufort (Yvelines). Elle développe le texte de 25 coutumes locales en dix-sept chapitres, dont le quinzième traite des « censives et droits seigneuriaux ». Les laboureurs risquent une saisie de récolte sur pied si le propriétaire de la terre qu’ils cultivent – parfois lui-même, s’il en est tenancier – n’a pas satisfait au règlement annuel du cens, redevance symbolique en argent ou en nature à l’égard du seigneur. « Un seigneur foncier peut procéder ou faire procéder par voie d’arrêt ou brandon sur les fruits pendants en héritages à lui redevables d’aucuns cens ou fonds de terre pour les arréages qui lui en sont dus » (AD 78, Y 1226). Réaffirmation du droit de cullage En Ponthieu, à Auxi-le-Château, l’époux ne peut coucher avec sa femme sans obtenir la permission du seigneur, sous peine de 60 sols d’amende. À Brisiel-lèsDoulens, il paie 11 deniers de cullage, sous la même peine. « Item, quant aucuns estrangiers se allient par mariage à aucunes filles ou femmes estans de la nacion de ladite ville d’Auxi ou demeurans en icelle ville, ilz ne pœulvent la nuit de la feste de leurs nœupces couchyer avec leursdites femmes, sans premièrement avoir congié de ce faire à mondit seigneur, ou son bailly ou lieutenant de son bailly, que ce ne soit en commectant amende de lx sols parisis chascun et pour chascune fois » (Bouthors, II, 60, 85, 626). Les moissons dans la campagne de Caen Au mois d’août, il faut scier le blé à la faucille dentelée, pour éviter l’égrenage, le lier puis le mettre en trésel (bottes de 13 gerbes)  : c’est la « besogne d’août ». Les modes de recrutement et de rémunération sont multiples. La main-d’œuvre est mixte. Tous ceux qui doivent de l’argent, des rentes ou des fermages, s’en acquittent par leur travail ; d’autres ont reçu à l’avance de l’argent ou du blé ; d’autres encore sont libres et travaillent à la journée ou à la tâche. 133

1507

« En 1507, la femme au Lièvre a fait cinq jours, elle a eu ung b. de fr. de trois s.  –  La veuve Jehan Le Baillif a eu quatre s.  pour syer demye accre d’orge –  La Gervaise doit sier sans lier une vergée et demye de forment, et vergée et demye d’orge par six s.  pour tout –  Thomas Quiesdeville doit syer et lyer demie accre de forment et demie accre d’orge par xii s.  –  Michaut, de Quéron, doit syer et lier neuf vergées de forment par xxiiii  s. » (AD 14, F 1654, Livre de raison des Perrotte de Cairon, d’après Aubert, 1898, 466).

1508 Pâques : le 23 avril

4e guerre d’Italie (1508-septembre 1513) : elle touche directement le royaume (Picardie et Bourgogne) la dernière année

Traces de peste n Traces de peste autour d’Albi, Angers, Avallon, Bayonne, Bazas, Bourg-en-Bresse, Cahors, Issoire, Lectoure, Lyon Marseille, Rennes, Tours et Troyes (Biraben, 382). n « Peste grande » à Brive (Cassan éd. 1996, 22). Rédaction des coutumes 2  septembre  : ordonnance de Blois pour la rédaction des coutumes de Maine, Anjou, Dreux, Chartres, Perche-Gouët, Auvergne (Isambert, XI, 458). Interdiction d’exporter les blés 12  février  : mandement de Melun interdisant l’exportation des blés hors du royaume et de province à province. « Aucune traite de bleds être faite hors nosdits royaume, pays et seigneuries […]. Que nulle personne, de quelque état ou condition qu’elle soit, marchand ou autre, sur peine de confiscation de corps et de biens, n’ayent à mener, transporter ne faire conduire ou transporter aucuns bleds par manière de tacite ou sauf-conduit, sous couleur des congés baillés et octroyés par les gouverneurs de nos pays, capitaines, gardes de places, port, passages ou leurs lieutenants » (Isambert, XI, 515-517). Réglementation du commerce de la viande 11 novembre : Interdiction aux bouchers de Paris d’aller acheter du bétail fourché depuis Longjumeau, Neuilly, Soisy, Montmorency et Louvres, monopole réservé aux fermiers du droit de pied fourché (art. 25). Permission faite aux fermiers de visiter les prés de rafraîchissement qu’utilisent les marchands-bouchers de Paris pour la vente au détail (art. 27) (Isambert, XI, 540). La petite délinquance féminine Pêche subreptice dans un étang seigneurial par une vingtaine de femmes et de filles, à l’est de Gray (Haute-Saône), en 1507-1508. 134

1508

« A été trouvé dimanche dernier passé, en l’étang de la Fontaine-Thévenot […], pêchant nonobstant que ledit étang fut clos et scellé dès le samedi, et que le cri fût fait par le sergent de céans, à tous, en général, de non y pêcher : Gillette, fille Viennot Tixerant, de [Saint-Loup-]Nanthouard. Marguerite, fille Jean Tixerant. Thévenotte, fille Jean Tixerand le Vieux. Jeannette, fille Jean Tixerand le Jeune. Jehannotte, servante Jean Voirot. Marguerite, fille Jean Froment. Jehannotte, fille Jean Poignerot. Guillemotte, fille Girard Cuderel. Anciez, fille Jaquot Jaquard. Perrenette, servante Jean Potel le Vieux. Jehannotte, fille Jean Lanternier. Jeanne, fille Simonnot Bonnet. Jehannotte, femme Alexandre Brahon. Huguenette, femme Jean Gentigne. Claude, fille Poullot Frete » (AD 70, H 761, d’après Delsalle, 2001, 93-94).

1509 Pâques : le 8 avril Le terre bouge : raz de marée et séisme ~ Raz de marée de 1509 : Vimer à l’île de Bouin, à Noirmoutier et dans le sud-est de la Baie, rendant les terres incultes pour plusieurs années. Par acte en date du 23 juin 1511, Anne, duchesse de Bretagne et reine de France, exempte pour cinq ans les manants de l’île de toute imposition « à cause des grandes et excessives eaux et marées qui en l’année 1509 [8 avril 1509-30 mars 1510] surmontèrent les levées et chaussées faictes pour la deffense et conservation de ladite isle, tellement que ycelle isle fut submergée, les moulins y estant et lesdites levées et chaussées rompues, démolys et abattues (M.  Luneau et E.  Gallet, Documents sur l’île de Bouin, 1874, pièce justificative XIII). ~ 13  décembre  1509  : séisme dans la vallée de la Durance. Série de secousses d’intensité MSK 8 autour de Manosque (Base SISFRANCE et Quenet, 554 et 579). Surproduction dans le Maine « Quant à l’aoust, jamais à vie d’homme Ne fust vu tant de bled en somme, Sans valoir ung moult grand denier ; Car deux sols valoit le plus cher. Froment, advaines, tant et plus, L’on en faisoit quasi refus. » (Le Doyen, 131.) 135

1509

Les coutumes ✷ 15 janvier : publication des coutumes de Montreuil-sur-Mer, Auvergne, SaintRiquier, Doullens et Beauvaisis. ✷ 16 septembre : ordonnance pour la rédaction des coutumes de Meaux, Troyes, Chaumont-en-Bassigny, Vitry-en-Perthois et Orléans (Isambert, XI, 458). Un seigneur foncier et ses domestiques dans l’Embrunais (septembre-octobre) Dans l’Embrunais, noble Martin de La Villette, seigneur majeur des Crottes, coseigneur du mandement de Savines et du Puy-Sanières, dispose d’un important capital agricole, à la fois foncier (terres, prés et vignes) et mobilier (bœufs et moutons). Pour le mettre en valeur, il embauche des domestiques agricoles. Engagés pour un an, moyennant un salaire en argent, les domestiques sont habillés et reçoivent une paire de chaussures. « L’am mil ccccc et nou, et lo deryer septenbre, ay aferma Pons Fauchyer, de Pyo Muchel [Puimichel, comm. du canton des Mées, Alpes de Haute-Provence), per hun an, fynent a Sant Michel procham, et ly dono vint s[cus] et hunas sabatas, et es pastre. « Item, ly ay peya des so[us] le xxv de hoctobre et hun parel de sabatas, present Glylen Felyp et Antoni Barneut, de Las Crotas (Les Crottes, com. Orcières, Hautes-Alpes). « L’am de sobre et lo xxviii d’hoctobre, ay aferma Renaut Mazirel, de Tosans, en hun am, et ly dono x so[us] et tres aunas de drap, et hunas chausas et hunas sabatas, et de cuer per las sabatas tant qe potre portar » (Villette, 126-127).

1510 Pâques : le 31 mars Publication des coutumes ✷ 21 janvier : ordonnance de Blois pour la publication de la coutume de la prévôté et vicomté de Paris. ✷ 21  janvier  : mandement, daté de Paris, ordonnant la révision et l’approbation des coutumes du royaume. Mise par écrit avec les modifications, corrections, interprétations et publications avec assignation des gens des trois états de chaque bailliage et sénéchaussée (Isambert, XI, 603-611). Le pâturage en Auvergne 28 juillet 1510 : publication des coutumes générales et locales du haut et bas pays d’Auvergne, parmi les premières à être mises par écrit. Elles ont six commentateurs de 1548 à 1787. Titre XXVIII : Des pâturages et dommages de bétail. Article 41 : « On ne peut faire pâturer bétail ès pâturages communs ou particuliers d’aucune justice, à plus grand nombre que l’on n’a hiverné et nourri des 136

1510

foins et pailles provenant des héritages que l’on tient […] soit leurs soit par louage ou autrement » (Coutumes d’Auvergne avec les notes de Charles Dumoulin, 1695, 296 ; Nicolas, 184). L’utilisation des pâturages communaux est une question sensible dans ce pays d’élevage. En 1509, Louis  XII venait de reconnaître, pour Allanche, que « ses habitants ont de beaux privilèges, franchises et libertés, et de grands pâturages communs » (AD 15, II E, f° 114, d’après Nicolas, 189). L’année suivante, dans la coutume publiée, l’article, dit des « foins et pailles », règle la dépaissance en Auvergne –  comme dans la Marche  – jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. Il proportionne en principe la capacité d’estivage au nombre de têtes affouragées l’hiver, pour éviter la spéculation et le surpâturage par l’achat temporaire ou la location saisonnière de troupeaux au cours de l’été. Trois mesures pour une même province Septembre 1510 : édit du Plessis-lès-Tours sur l’unification des poids et mesures de l’Auvergne en raison des tromperies des marchands qui fréquentent les foires et marchés, « en telle manière que les pauvres gens fréquentant les foires et marchés d’iceux pays, ignorant ladite diversité desdits poids et mesures et aunage, ont été trompés et déçus en achetant même marchandise à une petit poids ou mesure, autant qu’ès lieux où les poids et mesures étaient grands, cuidant tous poids et mesures être semblables les unes des autres ». Désormais « toutes gens vendant et achetant, ou baillant à prêt, ferme ou autrement l’un à l’autre, aucuns grains, sel, huile, chandelle, étain, poivre ou autres épiceries, foin, fer, graisse, draps de soie, de laine, de lin, de chanvre et toutes autres marchandises » n’auront que trois types de mesures : celui de la ville de Clermont pour la Basse-Auvergne, celui de SaintFlour pour la Haute-Auvergne, celui de Brioude pour le Brivadois et la région de Langeac (Coutumes d’Auvergne avec les notes de Charles Dumoulin, 1695, 28-30).

1511 Pâques : le 20 avril Grand hiver ~ En Anjou. Après Pâques 1511, « l’hiver en rien ne cessait, rien de terre ne profitait » (Le Doyen, 137). ~ Dans le Pays messin. Année la plus froide et la plus pluvieuse de la période 1420-1538 (Litzenburger, 200). « Item, après le biaulx temps de quoy nous avons ci-devant fait mention, qui durait comme vous avez ouy jusques après la Sainct-Mairtin, la gellée bientost après commençait à venir bien fort et bien aispre et gellait merveilleusement ; et fuit l’opinion de plusieurs qu’il n’avoit si fort gellé depuis l’année de [1477] que le duc Charles fut perdu devant Nancy, et negeait tant et si longuement que depuis Noël jusque le iiie jour de feuvrier ne fuit gaires de jour qu’il ne negeait, quelque pou que ce fuit, tellement qu’on ne povoit aller par les champs. 137

1511

« La gellée, l’iver et les neiges furent si grandes que les povres bêtes salvaiges moroient de faim, et fut trouvé plusieurs loups morts en la neige, lièvres, perdris, et aultres bêtes ; et combien que ci-devant soit fait mention de plusieurs années de grants neges, c’estoit pourtant l’opinion de plusieurs anciens, que de bien longtemps n’avoient esté si espaisses ne si grandes ; et estoient les loupz si constraints de grant famine qu’ils assailloient les gens qui alloient seulz, et de fait fut dit et certifié qu’ils avoient oultragié et estranglé gens ; maix bien est vrai que les gens n’osoient aller seuls pour la paour des loupz. Toutefois le temps se deffit et les neges fondirent bien doulcement, sans faire domaige, ce que on doubtoit bien ; maix à cause desdites grants gellées furent plusseurs vignes engellées » (Husson, 255-256). La coqueluche « Il régna cette année [1510-1511] par toute la France une maladie épidémique que l’on nomma la coqueluche parce qu’elle affectait la tête d’une douleur fort vive ; elle causait aussi une grande douleur à l’estomac, aux reins et aux gras des jambes avec une fièvre chaude, accompagnée de délire et d’un dégoût de toutes les viandes.  Peu de personnes en furent exemptes en France, et beaucoup en moururent à Paris et dans les principales villes du centre du royaume » (Lottin, 357). Des plants de bourgogne à Cachan Dans le vignoble de Cachan, l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés fait venir pour ses clos des plants de Beaune, Volnay et Meursaut (AN LL 1116, f° 202, d’après Bezard, 153). Essartage en Basse-Provence Depuis les années 1470, la Basse-Provence se repeuple, même si le rythme de la reprise diffère largement d’une localité à l’autre. L’essor démographique est dû en partie à l’afflux spontané ou planifié d’immigrants en quête de nouvelles terres agricoles. Des contrats d’essartage sont passés devant notaire. Des chartes d’habitation comportent des clauses relatives au défrichement et à la remise en culture des territoires à repeupler. C’est le cas à Vidauban en 1511, où l’on prévoit que l’essartage par le feu doit s’opérer sous la surveillance d’un officier seigneurial et du syndic de la communauté. Le bois issu des coupes d’essartages peut être vendu ou façonné pour fabriquer des cercles et des plèches (« sercles, pleches »). L’importance du défrichement par le feu, réalisé clandestinement et source d’incendie, convie à ce type de réglementation. « Tricesimo, non sera licit als dits hommes metre fuec en degung temps en leur possessions, per faire ayssart ou aultre cause, sins appellatz lous officiers del dict seigneur et ung d’aquellous et ung dals sindregues, lousqualz seran adjoints de sorte que non puesque portar prejudici a degung, et en cas d’aulcune dampniffication procedent per leur coulpe ou négligence, seran tengus damnificat lour dommage » (Arch. Com. Vidauban, AA1, d’après Letrait, 1968, 217-228, cité par Burri, HSR 46, 2016, 39 et 42, 49, 51). 138

1512

1512 Pâques : le 11 avril Traces de peste n Attestations de peste autour de Carpentras, Poitiers, Toulouse et Tours (Biraben, 382). n En Touraine, en août (Chevalier, 588). n Dans le Valois, autour de Compiègne. Pour éviter la peste les « attournés » de Compiègne ordonnent de faire sortir tous les pourceaux de la ville (Marsy, La peste à Compiègne, 1884, 11). n En Drouais : établissement d’une confrérie de Saint-Roch à Sorel-Moussel (Eureet-Loir) « à cause que la peste ruinait tout dans Chartres et Évreux, et fut établie au Moussel parce que ce lieu était un hôpital où saint Roch avait guéri les malades, et il y fut fait et dédié un autel et chapelle où furent mises des reliques » (E sup. 28, IV). Grandes tribulations en Guyenne ” « En la quala aneya mil cinq cens et dotze y ayoc grans tribulations au pays de Guyayna a occasion de guerres et autres causes ayxi que s’ensec » (E sup. 47, II, Sos). Des serfs en Berry Le 14  décembre, au sud du Berry, les serfs de la Prune-au-Pot reconnaissent leurs obligations à Guillaume de Montmorency. Déclaration faite par les serfs à Guillaume de Montmorency, seigneur de la Prune au-Pot, (comm. Ceaulmont, au sud de l’Indre). « François Chabenet, lieutenant du bailli de Gargilesse, Michel Thauvet, procureur de Guillaume, seigneur de Montmorency, comme ayant le bail et garde de ses enfants et de feue damoiselle Anne Pot, seigneur de la Prugne-au-Pot, d’une part, et Pierre Vallete, laboureur demeurant à La Prugne, au bourg, en sa personne, d’autre part […]. Ledit Vallette, […] de son plein gré et bonne volonté, pour lui et les siens descendant de lui et de sa postérité et séquelle, a connu et confessé être homme serf, de serve condition dudit seigneur de Montmorency, […] et lui délivre par chacun an perpétuellement à chacune fête de Notre-Dame d’août la taille haute et basse à volonté […]. Et, de plus, a confessé ledit Pierre Vallete comme tenant feu et lieu en ledit bourg de la Prugne, il est tenu de payer […] cinq boisseaux avoine, mesure de Gargilesse, par chacun an à chacune fête Saint-Michel et une géline […]. Plus, a confessé être tenu de faire de quinze en quinze jours le biain aux besognes et affaires de ladite seigneurie, avec deux bœufs et charrette quand il en a et s’il n’en a de sa personne seulement, ainsi qu’il sera semont et appellé. Plus, a confessé que est guettant et sujet à faire le guet au château et place-forte de la Prugne au Pot quand le cas y est requis et payer les devoirs et droits pour ledit guet, selon les ordonnances royaux sur ce faites ; plus, a confessé qu’il est mouvant et tenu conduire ses blés et grains au moulin de ladite seigneurie de ladite 139

1512

Prugne, lesqueux il peut faire moudre pour sa provision et dépense de sa maison ; aussi a confessé que ne lui est dû ni permis et ne peut vendre, donner, changer ou autrement aliéner ses héritages et domaines aucuns et en toucher qu’il n’a acquis, ne sur iceux mettre aucune charge de rente ou autre devoir à personne qui soit sinon aux autres hommes de ladite seigneurie qui soient de la condition ; et si fait le contraire, les héritages vendus, donnés et changés ou autrement aliénés ou iceux chargés ou aucunement dévoyés, seront acquis au seigneur de la Prugne au Pot, sans restitution de deniers ou autre récompense. Et que la coutume est telle entre ledit siegneur de la Puigne et les hommes serfs d’icelle seigneurie » [suit le serment de 77 autres serfs] (AN, Q*1 361, f° 3-4v°, d’après Françoise MichaudFréjaville, II, 216-217). Raccourcissement des baux Dans le Haut-Maine, la reconstruction agraire et l’essor de la population convient les moines de Saint-Vincent du Mans à transformer les conditions d’exploitation du sol. Les baux à longue durée sont remplacés par des contrats courts, à la faveur des décès ou des infractions des fermiers. En 1512, Jean Grison l’aîné, détenteur du lieu et appartenances de Touchalleaume, à Saint-Georges-de-Dangeul (Sarthe), est lourdement endetté. Le voici condamné à « céder, transporter et délaisser » aux religieux de l’abbaye ses droits sur ledit lieu, qu’il tenait par héritage d’un bail à plusieurs vies, accordé à ses parents. L’année suivante, un simple bail de deux ans est signé avec Jean Dupont, pour le lieu de la Butte, dépendant de Touchalleaume. En 1526, Jean Grison n’obtient plus qu’un bail « à moitié fruits et profits » sur 6  ans pour la métairie de Touchalleaume. Au cours de cette période, d’autres laboureurs sont condamnés ainsi à déguerpir (AD Sarthe, H 169, d’après Gautier, HSR 38, 2012, 57).

1513 Pâques : le 27 mars Peste en Touraine et ailleurs n Octobre : peste en Touraine (Chevalier, 588). n Autres attestations autour d’Agen, Lille, Poitiers, Sens et Toulouse (Biraben, 382). Réunion au cimetière Le 30  juin, après la messe, les gens de Bailleul-aux-Cornailles (Pas-de-Calais) se rassemblent pour délibérer de leurs affaires au cimetière du village, lieu primordial de sociabilité (Muchembled, 67).

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Opérations militaires en Artois et en Bourgogne ” Campagne de l’armée anglaise d’Henri VIII et de l’empereur Maximilien contre les Français de Louis XII en Artois jusqu’à la défaite française de Guinegatte, le 16 août (la « Journée des éperons »). ” Siège de Dijon (8 au 13 septembre). ” Les Suisses, qui se sont joints à la Sainte Ligue l’année précédente, se rassemblent à Zurich. Au nombre de 30 000 environ, ils sont renforcés à Besançon par un contingent franc-comtois. Ils se dirigent vers Dijon en pillant tout ce qu’ils trouvent sur leur passage. Les campagnes sont occupées. Les bourgeois de Dijon donnent une rançon de 8 000 écus et livrent cinq otages dont l’échevin Philibert Godran. Les Suisses, satisfaits de l’aubaine, s’en retournent dans leurs montagnes, non sans piller au passage les vignobles de la région. Lies et passeries dans les Pyrénées 22 avril. Traité de lies et passeries entre vallées pyrénéennes de France et d’Aragon. Originalité de la chaîne pyrénéenne, des accords transfrontaliers régissent le bon exercice du pâturage qui conduit les troupeaux de l’un et l’autre versant à hiverner et estiver de chaque de côté de la frontière. Jusqu’au xviiie  siècle au moins, des milliers de transhumants – ovins et bovins – trouvent dans ces accords entre communautés pastorales une relative sécurité. Certaines conventions dépassent le cadre local pour revêtir une dimension « internationale », même s’il faut relativiser l’anayse qu’en faisait Henri Cavaillès en 1931. Les lies et passeries de 1513, qui regroupent de nombreuses vallées des Pyrénées centrales, côté français, entre vallée d’Aure et Couserans, et côté espagnol, assurent ainsi pour longtemps la sécurité d’exploitation des montagnes. L’accord amplifie celui de 1473 en tissant une fédération autour de la haute vallée de la Garonne. À l’intérieur du vaste espace commercial protégé, est reconnu un espace tranfrontalier, plus étroit, où l’on assure la sécurité contre toute opération militaire. Traduction de l’occitan par Serge Brunet. « L’an 1513 et le vingt-deuxième jour du mois d’avril, au lieu appelé “Plan d’Arrem”, furent assemblés, à savoir : « Du côté du Très Chrétien Roi de France et pour le pays de Louron, Larboust, la vallée d’Oueil, Bagnères-de-Luchon, Frontignes, la châtellenie de Saint-Béat, baronnie et seigneurie d’Aspet, Castillonnais, Couserans, Saint-Lizier, Aure, Neste, comté de Comminges, sénéchaussée de Toulouse, noble homme Jean Depins, écuyer, sieur de Montbrun, conseiller et maître d’hôtel du roi, capitaine de Saint-Béat, et lieutenant général de M. le sénéchal de Toulouse, etc. [suivent 20 autres représentants]. « Et de la part de l’Illustrissime et Catholique Roi d’Espagne et Aragon, ainsi est, à savoir noble Joan Nibo, seigneur de Formigats, lieutenant du châtelain d’Aran, etc. [suivent 8 autres représentants]. « I. Est conclu que lesdites parties desdits pays et frontières dessus spécifiés ne se battront, courront, sauteront, ni prendront places, villes, gens ni autre exercice de guerre ; ne permettront, consentiront être faits les uns aux autres, ni faire aucun dommage à leurs biens, fortunes, personnes et machandises, de quelque condition que ce soit, excepté les marchandises prohibées. 141

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« II. Aussi a été conclu entre lesdites parties, qu’en temps de guerre, les habitants de tout le pays dessus dit, tant d’un extrême que de l’autre, pourront commercer et communiquer ensemble et faire tous les faits de marchandise comme dit ci-dessus, les uns avec les autres, ainsi comme s’ils étaient en bonne paix […]. « IV. Aussi a été conclu que tous les bestiaux, de quelque condition que ce soit, de toutes les personnes comprises dans la surséance ou non comprises, que ceux-ci ainsi puissent paître et être dans les montagnes des lieux compris en ladite surséance franchement, et en toute quiétude comme si c’était en bonne paix et si ces bestiaux étaient enlevés par quelques gens de guerre ou autres, que dans ce cas les habitants des vallées ou lieux où les bestiaux seront pris et levés, ils seront tenus de restituer et payer entièrement lesdits bestiaux, à la connaissance des juges comptétents ; et aussi tous chefs de bergers, pâtres et jeunes domestiques, et toutes choses nécessaires à la garde des susdits bestiaux soient tranquilles, gardés et assurés et demeurent francs et quittes dans la forme susdite […]. « VIII. Aussi a été conclu que la présente surséance et capitulation n’aura ni un jour ni un temps déterminé, et durera autant qu’il sera le bon plaisir desdits Seigneurs Rois » (AD 31, E 891, d’après Brunet, 2001, 747-750).

1514 Pâques : le 16 avril Grand hiver ✷ En Normandie  : « L’an  1513, fut grand yver et forte gelée depuis la feste de la Conception Notre-Dame (8  décembre) jusques à la Conversion Saint-Paul (25  janvier  1514) »  : 49 jours de gelées consécutives (Héron, 118) –  Glaciation en janvier 1514. « Il y eust l’an mil cinq cens xiii janvier [1514, n st.] grand yver, tellement que la rivière fut si fort gelée que l’on passoit par dessus, et au dégel abattist plusieurs edifices et fut le boys fort cher (Sauvage, 522). Nuit du 22 au 23 avril 1514 : gelée extraordinaire des vignes (Duval, 1894). ✷ Autour de Metz  : du 23  décembre  1513 au 25  janvier  1514, tous les moulins situés dans un rayon de 7 à 8 lieues autour de Metz, sauf deux exceptions, sont pris par les glaces (Vigneulles, IV, 166-167). « L’hiver de ladite année fut merveilleusement froid, angousseux et âpre, et gelait bien xii semaines si très âprement que les glaces étaient en plusieurs lieux de v pieds d’épais » (Husson, 286-287). Pestilence en Anjou n « L’an 1514, l’Anjou fut affligé d’une très grande contagion de pestilence « dont il mourut une infinité de monde, et fut ensuite de cela, battu par des orages de vents les plus furieux qu’on eut entendu de mémoire d’homme » (Roger, 1851, 389). n Attestations de peste autour d’Agen, Amiens, Cambrai, Coutances, Lille, Toulouse, Tours et Valenciennes (Biraben, 382).

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Police des gens de guerre 20  janvier  : ordonnance défendant aux gens de guerre de courir les champs et ordonnant aux gouverneurs de leur courir sus (Isambert, XV, n° 109). 30 septembre : ordonnance pour la publication de la coutume de La Rochelle. Achat de la seigneurie de Villeneuve-la-Comptal par Jean de Bernhuy à la famille de Caraman Le grand marchand pastelier toulousain, devenu baron de Villeneuve-la-Comptal, stimule, à partir de son château, l’activité pastellière dans le Lauragais oriental. De Villefranche-de-Lauragais, le pastel s’étend juqu’à Saint-Félix-Lauragais, puis Le Mas-Saintes-Puelles où il connaît une exceptionnelle expansion vers le sud, poursuivant son développement en direction des collines de La Piège (Mautauriol, Fajac-la-Relenque) (Maguer, 37-43). Le compte des luminiers de Martres-sur-Morge Le compte des luminiers de Martres-sur-Morge (Puy-de-Dôme), pour l’année  1514-1515, souligne l’importance de la responsabilité que prenaient, à tour de rôle, les élus de la communauté paroissiale. Partout, la gestion des fabriques paroissiales imposait aux villageois une charge qui représentait autant une reconnaissance sociale qu’une source de tracas. « S’ensuit la traisse, mise et dépense faite par Mahieu Franc et Blaise Bernard, luminiers de l’église paroissiale des Martres-sur-Morge, [de]puis la fête Monsieur Saint-Jean-Baptiste dernièrement passée mil cinq cent et xiiii que le dit Bernard fut installé luminier avec ledit Mathieu Franc. « 1. Premièrement, le jour que Antoine Mandon rendit son compte ensemble ledit Mathieu Franc et ledit Bernard fut institué luminier avec ledit Mandon, fut payé à Louis Germa, qui assista à ouïr ledit compte cinq sols, par ce v s. « 2. Item, le jour et fête Notre-Dame d’août ensuivant, firent faire trois petites torches de la cire amassée des grandes torches que coûta la façon desdites trois petites torches, xii d. « 3. Item, donnèrent à ceux que portèrent les torches ledit jour Notre-Dame d’août par boire, ii s. « 4. Item, par ceux que sonnent les campanes le jour des morts, xviii d. « 5. Item, lendemain de Noël que l’on chante Noël par les vicaires, secrestin et leur clerc, x d. […] « 10. Item, le jeudi de la Cène mil cinq cent et quinze, firent faire la cire pascale où ils mirent trois livres et demie de cire qu’était la livre iiii  s vii  d, ceci monte à xvi s i d. […] « 16. Item, lundi de Pâques assemblèrent le consellat pour faire une gélinière [poulailler] fut dépendu xv d. […] » (AD 64, G361, d’après Charbonnier, in Follain, L’Argent des villages, 2000, 165-166.)

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1515 Pâques : le 8 avril

5e guerre d’Italie (juillet 1515-août 1516)

1er janvier 1515 : tempête et changement de règne « La vigille du Nouvel an, en ladite année de mil vc et xiiii, mourut le roi Louis de France, qu’auparavant était duc d’Orléans. Et ledit jour il fit un merveilleux grand vent à l’heure que le roi trépassait, tel que, entre Saint-Denis et Paris, […] chars et charrettes furent renversés et tournés » (Husson, 293). Grands vents et pluie « L’an  1515, au mois de mai et de juin furent grantz venz et grandes pluyes qui feirent de grans dommages en plusieurs lieux et principalement à Andely et aux prochains lieux. Les ravynes des eaux emportèrent maisons, granges, chevaux, vaches, brebis, et, plus piteux, il y eut plus de cent personnes, que hommes, que femmes, que enfants lesquels furent périlz et noiés de ladite eau, et autres maulx comme labours, grains, herbage, de quoy le peuple y eust grande perte » (Alexandre Héron, Deux chroniques de Rouen, 122). Peste et famine n Extension de la peste autour d’Agen, Amiens, Angers, Angoulême, Auxerre, Bordeaux, Cambrai, Châlons-sur-Marne, Cognac, La Réole, La Rochelle, Moulins, Poitiers, Toulouse, Tours et Valenciennes (Biraben, 382). n En Touraine (Chevalier, 588). n Autour de Bayonne : le 21 octobre 1515, « l’on fait inhibition et défense à tous les manants et habitants de la présente cité […] d’aller en la paroisse de Bidart (Pyrénées-Atlantiques) […] à cause de la contagion de la peste ». ~ Famine en Poitou, Aquitaine, Auvergne. « En l’an 1515, fut grande famine et nécessité de bledz au pays de Poictou, Xainctonge, Bordeaux, Périgort, La Rochelle, Angoulmoys, Lymosin et Auvergne » (Journal d’un bourgeois de Paris à l’époque de François Ier, 10). Police des gens de guerre 20  janvier  : ordonnance touchant la gendarmerie et les compagnies des ordonnances, interdisant aux gens de guerre de protéger des vagabonds « soubz couleur d’être leurs serviteurs » (Ordonnances des rois de France, Règne de François  Ier, I, 60). Des villageois en armes. Revue de la milice de Champagnole (Jura) Dans les villages comme dans les villes de la Comté, la population est armée. Lors des « monstres d’armes », on vérifie les capacités de défense du pays sous forme de revue militaire. À Champagnole, le 29 août, 46 chefs de famille comparaissent avec leur équipement, dont figurent ici les dix premiers. 144

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« 1. Claude Clerc  : bannière, épée, écrevisse [cuirasse], salade, robe, chaussée de livrée. « 2. Pierre Tournie : pique, épée, écrevisse. « 3. Girard Bruant : épée ; gorgerin, écrevisse. « 4. Germain Alard  : hallebarde, épée, gorgerin, écrevisse. Il doit fourbir son écrevisse. « 5. Alexandre Alard : pique, épée. « 6. Alexandre Sergent  : hallebarde, écrevisse, gorgerin, et lui est ordonné de fourbir le tout, ne l’ayant pas fait avant. « 7. Claude, fils de feu Guillaume Pillard : arbalète d’acier garnie, épée, salade, gorgerin. « 8. Jean Parressolz : arbalète d’acier garnie, écrevisse, épée, robe, chausses. « 9. Pierre Bernard : pique, épée, écrevisse, et lui est ordonné de fourbir le tout. « 10. Aymonin Belin : arbalète d’acier garnie, épée, robe de livrée. » (Delsalle, 2001, 114-116.) Affranchissement de serfs dans le Jura Le 9 octobre, l’abbé Pierre de la Baume affranchit les frères Claude, André, Guyenet et Louis Casier, de Samiat (comm. Larrivoire, Jura), ainsi que tous leurs biens. L’enrichissement de certaines communautés familiales sujettes au servage, mais « protégées » à ce titre de toute division successorale, ne laisse pas indifférents certains grands propriétaires ecclésiastiques comme l’abbaye de Saint-Claude (Jura). Au prix de la somme colossale de 200 écus d’or, réglés comptant, la famille Casier entre dans la catégorie des paysans libres de toute servitude, avec un patrimoine de 80 ha, il est vrai. « Nous, Pierre de la Baume, protonotaire du Saint-Siège apostolique, commendataire et administrateur perpétuel de l’abbaye et monastère de Saint-Ouyan de Joux, […] affranchissons par les présentes, pour nous et nos successeurs, Claude, André, Guyenet et Louis Casier, de notre village de Samiaz, étant du ressort de notre cellerie et terre dudit Saint-Ouyan de Joux, nos hommes mainmortables et de condition de mainmorte […] et chacun d’eux pour eux et leur postérité née et à naître en sainte loi d’Église et sacrement de mariage, de taille, cens, mainmortes, corvées, tributs et autres servitudes quelconques, desquels ils étaient tenus à cause de leurs personnes, en les constituant francs et de franche condition, quittes de toutes macule de servitude et de condition de mainmorte quelconque, leur donnant et à chacun d’eux et à leur postérité née et à naître […] de pouvoir et à chacun leur soit loisible de tester, disposer et ordonner par testament et ordonnances de dernière volonté et par toutes les autres voies, formes et manières que gens francs et de franche condition peuvent et doivent faire de leurs biens, héritages et successions quelconques […]. « Avons en outre perpétuellement affranchi […] les meix, maisons, terres, prés, champs et autres héritages suivants et appartenant auxdits Claude, André, Guyenet et Louis Casier [3 maisons, 2 granges, 10 courtils, 2 vergers, 20 à 25 ha de terre en 40 parcelles, 40 à 45  ha de pré en 38 parcelles] […] moyennant et parmi la somme de deux cent écus d’or de roi au soleil que nous, ledit commendataire et 145

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administrateur que dessus, connaissons et confessons avoir eu et reçu d’iceux Casier […], le neuvième jour du mois d’octobre, l’an mil cinq cent et quinze » (Arch. com. Saint-Claude, BB1, f° 331v, d’après Corriol, BHR 11, Nouveaux servages, 167-168). 1515. Apparition mariale à Garaison (Montléon-Magnoac, Hautes-Pyrénées) En 1515, la Vierge apparaît trois fois à la jeune bergère de douze ans, Anglèze de Sagazan, en lui declarant : « Ici, je répandrai mes dons » ; « Je veux qu’on construise une chapelle ». À ces mots s’ajoute un miracle de pain noir transformé en pain blanc. En 1540, une chapelle est construite à l’endroit précis de l’apparition. Des miracles s’y produisent en si grand nombre qu’on donne le nom de Notre-Dame de Guérison, déformé en Garaison (Prosper Bordedebat, Notre-Dame de Garaison, 1901).

1516 Pâques : le 23 mars Année chaude ~ Vendanges tardives en Bourgogne : un record, le 11 septembre, à Dijon (Le Roy Ladurie, 2004, 163). ~ Année la plus chaude de la période 1420-1538 dans le Pays messin. Tout en étant très sèche, elle favorise la qualité des récoltes mais pas la quantité (Litzenburger, 196). ~ Juin : grande sécheresse en Comté (Besançon, Dole) (Delsalle, 2011, 57). Progression de la peste n Attestations de peste autour d’Agen, Angoulême, Auxerre, Bergerac, Bressuire, Cambrai, Châlons-sur-Marne, Limoges, Loudun, Mézières, Moulins, Poitiers, Toulouse, Tours et Valenciennes (Biraben, 382). n « Grant mortalité de malladie de peste » en Touraine (Chevalier, 589). Brigandage des « mauvais garçons » « Audict an, depuis la Toussainct [1516] jusques à la Saint-Jean-Baptiste [1517] ensuyvant, courroient, parmy le royaume de France, plusieurs maulvais garçons, appelez voleurs, répandus en divers lieux, jusques au nombre de deux ou troys cens d’une bande. Lesquels faysoient des maulx infinitz ès villes et villages, pilloient et tueoient à plain de gens ; desquels fut exécuté grand nombre à Paris et Rouen, et les faysoit-on brusler tous vifs » (Bourgeois de Paris, 36). Ordonnance sur les eaux et forêts Signé à Lyon en mars  1515 [anc.  st.], enregistré au parlement de Paris en vertu de lettres de jussion, ce texte définit la réglementation forestière de la monarchie française jusqu’en 1669. Même s’il y a fort loin du droit à la pratique dans la 146

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protection des ressources forestières, un cadre de référence est établi pour « la chasse, les forêts, les droits d’usage, rivières, étangs et pêcheries ». « Premièrement, avons défendu et défendons à toutes gens de quelque estat, conditions et quaité qu’ils soient, qu’ils n’aient à chasser en nos forests, buissons et garennes ny en icelles prendre bestes rousses, noires, lièvres, connils, faisans, perdreix, ny autre gibier à chiens, arbalestes, arcs, filets, cordes, toiles, collets, tonnelle, linière ou autre engin quel qu’il soit, si ce n’est qu’ils ayent droict de chasse […]. Art. 16. Nous avons prohibé et défendu, prohibons et défendons à tous nos sujets non nobles, et non ayans droict de chasse ou privilège de nous, qu’ils n’aient chiens, collets, filets, linière, tonnelle, lacs, ou autres engins à chasser, ne prendre lièvres, hérons, perdrix, faisans, ny autre gibier, sur peine de confiscation desdits engins, lièvres, gibier, et d’amende arbitraire […]. Art. 21. Les maistres de nos eaux et forests visiteront et vendront les panages […]. Art. 23. Chacun des verdiers, gruyers, gardes ou maistres, sergens visiteront chacune quinzaine, à tout le moins, tous les gardes de la forest […]. Art. 46. Quant aux usagers qui ont droict et coustume de prendre bois et forests, pour ardoir et pour édifier, ou pour leurs autres usages, et voir pasturage, ou telles choses semblables […] soient les maistres diligens de voir leurs titres et enquérir de leurs possesssion, la manière d’user, de l’estat de la forest, et ce qu’elle peut souffrir […]. Art. 55. Comme toujours ait esté mise différence entre les coustumiers, entendans la signification des parolles de mort-bois à bois mort, en prenant bois mort pour celui qui est sec, soit abattu ou en estant, ou entendant le mort bois de certain bois verd en estant, afin que plus n’en soit débattu, l’on déclare qu’ainsi doit-il estre entendu que dit est, et le mort bois tel, et non autre, comme il est dit et déclaré en la charte aux Normands, qui en fut faicte par le roi Louys l’an 1315 […]. Art. 72. Ordonné est que nulle beste n’ira en taillis jusqu’à tant que le bois se pourra défendre des bestes, pour ce qu’une beste qui ne vaudra pas soixante sols ou quatre livres, y pourroit faire dommage de cent livres ou de plus en une année » (Isambert, XII, 49-74, et Devèze, 1961, II, 57-60).

1517 Pâques : le 12 avril Du froid au chaud ~ 25 avril : gelée tardive de printemps en Lorraine (Cabourdin, 23). ~ Malheureuse année » en Pays messin (avril-mai). Huit jours de fortes gelées entraînent des dommages pour toutes les productions agricoles tandis qu’on assiste à une enchaînement complexe d’inversions thermiques et hydriques dans un scénario très froid. Au grand hiver succède un épisode de gelées très intenses au printemps avant deux saisons fraîches en été et en automne (Litzenburger, 201). 147

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~ « Le 26 avril, lundi suivant la Saint-Marc, 2 000 à 3 000 paysans “très épou-

vantés”, et qui “n’avaient ne pain ny argent”, accourent à Metz demander aux propriétaires des vignes dans lesquelles ils travaillent s’ils les voudraient encore aider sur le temps venant, ou sinon, leur était force d’aller briber [manger] ou d’aller en autre pays chercher leur avanture ; et pleuraient la plupart de ces gens ici que c’était pitié » (Vigneulles, IV, 230-233). ~ « L’an mil cinq cens dix-sept Comme est escrit en maintes receptes, Survint une grande persecution Au monde et grande tribulation. Au mois d’Apvril et May voisins Aux vignes y avoit tant de raisons, Qu’oncques ne fut telle abondance, Mais malle fortune rompit la dance. Huict nuitées l’une après l’aultre Gela toujours sans nulle faute, Tant que par mons et par vallées, Furent toutes les vignes engelées. Par gelée, vin, seigle, fruicts et bleds Furent de pris si hault montés, La quarte vingt sols au grenier, Et le vin à dix-huict deniers. Vin, fruit, poix, febves, aveine et bled Furent en pris si hault doublés Et en esté n’y eult nul herbage Ni foin en préi, ni pasturage. Ce fut la malheureuse année, Meschantes, chetive et fortunés. » (La Chronique en vers, éd. Calmet, CCCXXII). ~ La Comté sous le gel : l’amodiation de paisson est impossible en forêt de Chaillux « attendu que lesdits bois furent infructueux et esgellez de l’hyver précedent » (Delsalle, 2001, 57). ~ Sécheresse en Berry (Bonnet, 2009). Invasion d’insectes ravageurs Un été très chaud dans le Pays Messin multiplie sauterelles, hannetons et escargots, dans ce qui reste de productions après la gelée. « Et fut encore dit que possible la grand chaleur ferait autant ou plus de dommage qu’avait fait la gelée. Car, par icelle chaleur, toutes les herbes, et les herbes avec, aussi le reste qui était demeuré en vigne, furent mangées et rongées de ces petites bêtes qui volent, que l’on appelle “hurlat” ou “sairbat”. Et encore, ce peu d’herbe et de verdure qui était es prés était démangé et gâtée des sauterelles ou cigales » (Vigneulles, IV, 236-237).

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Peste n Attestations de peste autour d’Auxerre, Bergerac, Briey, Cambrai, Cherbourg, Guingamp, Limoges, Metz, Nevers, Rodez, Saint-Claude, Sens, Strasbourg, Toul, Tours et Troyes (Biraben, 382). n Septembre-novembre : peste en Touraine (Chevalier, 589). n 1517-1518 : peste en Lorraine (Cabourdin, 100). Bundschuch Autour de Rosheim et Haguenau (Bas-Rhin), des conjurés, venus de plusieurs villages, se rassemblent en septembre-octobre. Ils entendent abolir tribunal et conseil, supprimer cens et rentes et proclamer le refus de toute autorité locale (Bischoff, 2010, 114-115). 25 novembre : passage d’un convoi de 400 ânes, chargés de figues de Vintimille à Sospel (AD 06, C 102, d’après Boyer, 146). Loups mangeurs d’hommes en Beaujolais « Pendant cette mesme année » (1517), comme il y avoit « beaucoup de loups et de louveteaux dans le pays de Beaujolois, du Royaume et de l’Empire qui devoroient les bestiaux et même les hommes, notre princesse [Anne de France] commit Landry de Challes pour faire la chasse de ces bêtes, assembler des gens pour les prendre et tirer à la charge qu’il y feroit toujours en personne pendant dix ans, et tous les loups qu’il trouveroit, il lui seroit donner par tous les habitans à deux lieues à la ronde, qui n’auroient pas assisté à la chasse, lorsqu’ils auroient été appelés, 2 deniers parisis et 4 deniers parisis chacun pour chaque louveteau, loup et louve (Mémoire ms d’Aubret, dans Jean-Marie de la Mure, Histoire des ducs de Bourbon et des comtes de Forez, II, 1868, 552).

1518 Pâques : le 4 avril Vagues de peste n Attestations de peste autour d’Angers, Avallon, Avignon, Bergerac, Bordeaux, Briey, Cambrai, Châlons-sur-Marne, Chambéry, Dijon, Limoges, Nantes, Nevers, Nîmes, Rouen, Saint-Omer, Semur-en-Auxois, Strasbourg, Toulouse, Tours et Troyes (Biraben, 382). n En Touraine, de janvier à octobre (Chevalier, 589). n Dans les monts Dômes en Auvergne, en septembre : Clermont sort indemne de la peste alors que la maladie sévit dans la campagne et « notamment par toutes les montagnes entour Clermont (Délibération du 18  septembre  1518, d’après Charbonnier, 512). n Autour de Besançon (Delsalle, 2001, 49).

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Janvier 1518. Édit sur la conservation des forêts En dépit des règlements antérieurs, certains officiers, propriétaires ou marchands font trafic de pâturage en louant, dans les forêts du roi, davantage de places de bétail que les usages n’en concèdent aux riverains. « Défendons à toutes gens de quelque estat qu’ils soyent, de laisser aller, mettre ne tenir en nosdites forests, haras, bœufs, vaches, brebis, moutons, pourceaux, chèvres et austre bestail […]. Toutesfois n’entendons par ceste présente notres ordonnance, defendre aux ayans droict d’usage de mettre leurdit bestail en nosdites forests, hors les taillis, temps et saison défendus, et selon la condition de leur dit usage » (Isambert, XII, 161-162). Affranchissement des habitants de Preigney (Haute-Saône) L’abbaye de Charlieu affranchit ses serfs en échange d’une taille annuelle et perpétuelle de 26 francs, payable solidairement chaque année à la Saint-Michel. Les hommes du village sont libérés de la mainmorte tout comme leurs biens-fonds, « meix et héritages » (Delsalle, 2016, 190). Les estives de la Haute-Vésubie 5 avril : réglementation des estives à Saint-Martin Vésubie. Dans les montagnes, la croissance démographique mutiplie les tentatives d’utilisation individuelle des biens communaux et notamment des alpages, les bandites. Elle suscite la mise en culture des espaces fertilisés la nuit par les animaux d’estive, les « vastiere ». La communauté rurale légifère une première fois pour tenter de limiter les semailles sur ces portions de biens communaux en 1518. Le « parlement » général des chefs de famille de Saint-Martin-Vésubie stipule « que personne ne vienne travailler ni faire travailler dans les vastiere et passages nécessaires pour le bétail gros et menu ». Semblable mesure est reprise en 1550. Par ailleurs, la communauté autorise aux essarteurs la jouissance pour 3  ans des terres qu’ils mettent en valeur (AD 06, E 003, BB1, f°10-11, d’après Gili, 133 et 172).

1519 Pâques : le 24 avril L’année des grands vents ~ Grande tempête du 15 mars autour de Caen. « Le vendredy xvie jour de mars, l’an mil vc dix neuf avant Pasques, fust sy grand vent qu’il abatit maisons, rompit tours et principallement selle de Secqueville, aracha ourmes, poumiers et autre boys et fist dommage siens de cent livres en deux heures et abatit une liéson de la bergerye et se doit on donner de garde de feu par grans vent, car la grange dismeresse de Secqueville fust brulée et deux aultres maisons » (AD 14, F1654, Livre de raison des Perrotte de Cairon, d’après Aubert, 1898, 496). ~ 16  mars  1519 (n.  st.)  : grande tempête à Rouen. « L’an  1518 (ancien style), le 16 mars, il fit un horrible vent qui déracina les arbres, ébranla les maisons et 150

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découvrit un tiers de celle de Rouen ; il abattit la tout Saint-Nicaise de Rouen, celle de Saint-Saëns et celle d’Ysneauville ; cette année fut appelée l’année des grands vents » (François Farin, Histoire de la ville de Rouen, 1710, I, 392). ~ « L’an 1519, le vendredi 19e  mars, après le midi, s’élevèrent et sourdirent des plus impétueux vents jamais ouïs au précédent. Ils abattirent toutes les vierreuite [girouettes] de maisons, pierre et bois où elles estoyent affichées, et les coquets de dessus les églises. Il ne demeura que peu de couvertures de maisons, fussent-elles de tuiles ou ardoises  : abattait les gros chesnes, ourmes, pommiers et plusieurs autres édifices » (Bourgueville, 1588). ~ 15 mai : grande tempête à Chambourcy (E sup. 28, IV). Pluies et inondations ~ 26 mai. « Inondation considérable de la Loire, occasionnée par la fonte subite des neiges dans les montagnes du Vivarais, où ce fleuve prend sa source » (Lottin, 369). ~ Pluies continuelles dans le Pays messin, du 4 juillet au 1er novembre 1519. Les moissons et les vendanges en sont affectées. « De xx ans devant l’on n’avait si mal labouré ni semé comme l’on avait fait alors ; et la cause était pour le temps mal disposé et des grandes pluies » (Vigneulles). Pestes Attestations de peste autour d’Agen, Amiens, Angers, Bayonne, Bergerac, Bourgen-Bresse, Briey, Cambrai, Chambéry, Colmar, Dijon, Lectoure, Lille, Lyon, Mâcon, Moulins, Nevers, Paris, Rouen, Saint-Omer, Saumur, Semur-en-Auxois, Strasbourg, Toulouse, Tours et Troyes (Biraben, 382). n Pendant quatre mois, peste en Touraine (Arch. com. Tours, R65, f° 210, d’après Chevalier, 589). n

« La copiosité du populaire » Dans bien des régions, la renaissance démographique se traduit par la reconquête des terres. La population s’accroît. Depuis le milieu du xve siècle, la vitesse de la récupération, d’environ 0,7 % par an, frappe les contemporains. En 1519, un observateur comme Claude de Seyssel, confie son étonnement  : « Par les champs aussi, on connaît bien évidemment la copiosité du populaire, parce que plusieurs lieux et grandes contrées qui soulaient être incultes ou en friches ou en bois, à présent sont tous cultivés et habités de villages et de maisons » (Claude de Seyssel, La Grande Monarchie de France). Entrée en vigueur de la gabelle dans le Bas-Maine « Le roi aussi, semblablement Cette année, véritablement, A fait, par lui et son conseil, Une ordonnance non pareille. Car tous les archers de son corps A envoyés et autres escorts Pour empêcher tous les passages 151

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De port, de ponts, villes et villages, Où passaient les pauvres marchands Qui fournissaient de sel les champs, De froment et blé, en tout temps, Dont tout le peuple n’est content… Et dit-on partout son Royaume Sur Gaultier, aussi sur Guillaume, Et quel mestier et quel mesnaige Et tant en ville qu’en village, Quels revenus, le nom des lieux, Et que valent de ferme iceux, Combien d’enfants et serviteurs Dont s’ébahissaient les gens vieux Car jamais n’avaient vu en faire Mais convint tout cela parfaire. » (Le Doyen, 169-70).

1520 Pâques : le 8 avril Vagues de peste n Attestations de peste autour d’Amiens, Angers, Avignon, Bergerac, Cambrai, Gap, La Réole et Rouen (Biraben, 382). n Au Puy-en-Velay (1520-1521), faisant 3  000  à 4  000  morts et aux environs et « furent plusieurs des villages parmi le pays, atteints de la peste » (Médicis, 291). n En Touraine, avec construction d’un sanitat à Tours (Arch. com. Tours, BB ; R 14, f° 383, 413, 418, d’après Chevalier, 589). n Autour de Besançon (Delsalle, 2001, 49). n À l’ouest de Compiègne. Trois semaines durant, on garde la porte du Pont, « afin d’empescher les habitans de Rémy [Oise], où on se mouroit de la peste, d’entrer dans la ville » (CC 37, f° 212, 23 octobre 1520, d’après Marsy, La peste à Compiègne, 1884, 12). Ouragans « Alors le ving-troisiesme jour de febvrier, Nostre Seigneur envoya de ses trésors ung si tres impétueux vent, tant que presques partout les forest de France il abastit de boys pour plus de deux millions » (Bouchart, CCLI v°). ~ « Le dix-septiesme jour dud. moys de mars, en ung vendredy après disner, environ quattre heures, fust veu courrir par tout reaulme de France ung sy grant vent, et sy aspres et impétueux, qu’il n’estoit homme sur la terre lors qui en eust oy ung samblable, en maniere qu’il fist ung donmaige merveilleus aux boys, car il arrachoit les chênes aussy gros que six hommes. L’on dissoit que le roy en ses forès y avoit perte de plus de quatre cens mille escuz quant regard des édiffices rompuz et dissipéz, au l’on ne scauroit exstimé [sic] le donmaige que l’on en receut 152

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ne la perte des gens et biens lors estant sur la mer qui furent périz et perduz » (Versoris, 106). Derniers baux à cens… On touche au terme de la reconstruction agraire des campagnes parisiennes dans le cadre des structures anciennes. Derniers baux à cens enregistrés à Mons-surOrge, Ablon, Sucy-en-Brie. Sauf exceptions, dans les secteurs les moins denses et les moins riches du Hurepoix et de la Brie, les traces de la guerre de Cent Ans sont effacées (Fourquin, 443-462). Publication des coutumes 17  janvier  : ordonnance de Romorantin pour la publication de la coutume de Saintonge – 7 mars : seconde ordonnance de Romorantin pour la publication de la coutume de la Marche – 7 avril : ordonnance de Nancy pour la publication de la coutume du Bourbonnais (Isambert, XI, 458). Vague de plantations de vignes au sud de Paris Avril 1520 : à Orly (Val-de-Marne), « le curé dudit lieu prend gros, tant de grains que de vins, et avec une dîme à part, qui fait bien quasi le tiers de tout le dîmage. Et néanmoins, comme on m’a dit, d’aucunes terres étant d’ancienneté au dîmage de Messieurs [du chapitre de Notre-Dame] que on a depuis peu de temps converties en vigne, il en veut prendre et s’efforce prendre la dîme, par quoi y faut pourvoir car on plante de jour en jour vignes esdites terres, comme chacun scet » (AN, S 345A, déjà cité en partie par Bezard, 153). 1er  mai  : ordonnance organisant statutairement la Louveterie. À sa tête, le grand louvetier reçoit directement ses ordres du roi entre les mains duquel il prête serment. À son tour, il nomme autant de lieutenants de louveterie qu’il le juge nécessaire dans les provinces en délivrant dans tout le royaume des commissions de lieutenants de louveterie qui commandent à leur tour les sergents de louveterie, piqueurs et gardes. Ces officiers sont choisis parmi des nobles qui entretiennent déjà un équipage de chasse aux loups. Les sergents préparent les pièges. Les taxes de prises sont maintenues mais ne sont plus payées par le fisc mais par les habitants des campagnes, situés à 2 lieues de l’endroit où une bête a été abattue (2 deniers pour un loup et 3 pour une louve). Les potiers de Ger (Manche) 10  juillet  : enregistrement des statuts de la confrérie (« flarie ») et communauté des potiers de Ger. Depuis la fin du Moyen Âge, les campagnes rassemblent des communautés d’artisans qui forment des centres spécialisés dans les arts du feu comme la poterie ou la verrerie. Certains villages, dans le Domfrontais comme dans le Beauvaisis, travaillent le grès. En 1520, 43 confrères potiers de Basse-Normandie, établis à Ger, entre Domfront et Mortain, mettent à jour leurs statuts. Pour limiter la concurrence les 43 confrères potiers « ne poteront ni ne feront poter » de la Toussaint au premier lundi de mars, le samedi et le mois d’août. Ils travailleront, à la journée, selon un étalon commun d’un pot de cuisson représentant 4 barattes, ou 153

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8 terrines, 8 pichets ou 12 pintes (AD 50, chartrier de Bourberouge, 714, d’après Fajal, HSR 10, 1998, 256-260). Vicaire de campagne en Anjou Affermage de la cure de Cizay-la-Madeleine (Maine-et-Loire). En dehors du service divin, le ou les vicaires ont pour mission de récolter l’ensemble des revenus de la cure pour en tirer un loyer de 100  livres, le safran et les poires qui constituent la rente foncière du curé titulaire. « Le 15e  jour d’octobre 1520, en la cour royale d’Angers » comparaissent « vénérable et discret maître Pierre Legay, licencié ès lois, chanoine d’Angers et curé de Chizé au diocèse d’Angers, d’une part ; et messire Pierre Pinard, prêtre, à présent vicaire dudit lieu de Chizé, tant en son nom privé que comme soi faisant fort de messire Olivier Gaillart, prêtre aussi vicaire dudit lieu […]. Ledit Legay, curé susdit, a baillé et baille audit Pinard esdits noms qui a pris d’icelui Legay tant pour lui que pour ledit Gaillart, à titre de ferme et non autrement, du jour et fête de la Toussaint prochain venant, icelui jour inclus jusques à 7  ans et 7 cueillettes entières et parfaites ensuivant l’une l’autre sans intervalle et finissant à semblable jour lesdites sept années révolues et échues, et à la fin ledit jour de Toussaint exclus, ladite cure de Chizé et ses appartenances, et dépendances avec toutes et chacunes les rentes, cens, devoirs, dîmes, prémisses, oblations, terres, vignes, prés, pâtures et autres revenus et émoluments qui, durant ledit temps, y viendront, croîtront et échéront, pour en faire et disposer par ledit Pinard esdits noms durant ledit temps […]. « À la charge dudit Pinard esdits noms de payer et acquitter les cens, rentes et devoirs dus à cause de ladite cure et ainsi que par ci-devant a de coutume les payer, et de dire ou faire dire le service divin dû à cause de ladite cure, et de tout acquitter et décharger ledit curé […]. « À la charge aussi dudit Pinard esdits noms d’en payer, rendre et bailler à ses propres coûts, dépens, périls et fortunes de ses hoirs, en cette ville d’Angers, franche et quitte par chacune desdites sept années, la somme de 100 livres, payable aux termes de la Pentecôte et de la Saint-Lucas par moitié […]. « À la charge en outre dudit Pinard esdits noms de payer, rendre et bailler à ses propres coûts et dépens en cette ville d’Angers, audit curé ou autre, par chacune desdites sept années une livre de safran avec les poires du poirier » (Matz, HSR 12, 1999, 156-157).

1521 Pâques : le 31 mars

6e guerre d’Italie (1521-février 1525)

Guerre en Picardie et Champagne entre François Ier et Charles Quint « En ce dict an mil cinq cens xxvi, entre les roys de France et d’Espaigne eut grant esmeute de guerre en Picardie et Champaigne où ce trouva le très chrestien roy de France, bien accompagné et y eust plusieurs courses et riblerie les ungz sur les autres » (Bouchart, CCLII v°). 154

1521

Grande famine ~ En Île-de-France : « En l’an cinq cens vingt et ung après Pasques, et mesmement environ la my may, fust à Paris mervilieuse charté de blez et pain, en manière que le septier [de] blé estoit vendu cinq, six et sept frans et à la fin, qui fust au commencemant [de juin], n’estoit possible en recouvrer pour son argent, pour raison de quoy les pouvres de Paris eurent une intollerable indigence. La chasse madame saincte Geneviefve, pour raison de ce, fust descendue et portée en procession en la manière acoustumée pour les vivres et disposition du temps et fust ce au moys de juing, le vendredy et landemain du Sainct-Sacrement » (Versoris, 111). ~ « Audict an 1521, commencement de may jusques à longtemps après, fut quasi à Paris une famine, tellement qu’on ne pouvoit trouver bled ne pain en la ville de Paris pour argent. Et fut le bled si cher, que, pour vray, il vallut de six à sept livres le septier, mesure de Paris. Dont, par la provision de la cour de Parlement, le prévost de Paris, le lieutenant criminel et aultres furent envoyez en Picardie, en la France et en la Beauce et aultres lieux, avec les archers et arbalestriers de la ville de Paris et grand nombre de gens de pied, pour deffendre le bled qu’ils en ameneroient par la rivière de Seyne, après qu’on en auroit acheté » (Bourgeois de Paris, 96). ~ Mai : grande cherté, le setier à 6 livres 10 sous à Chambourcy (E sup. 28, IV). ~ En Normandie. « Et l’année mesme [1521], il fut encores plus grande famine et nécessité de bledz et de pain, par tout le pays de Normandie, tellement que le septier de bled valloit dix livres » (Bourgeois de Paris, 97). ~ En Bretagne : cherté du blé et regain de mortalité dans les paroisses rurales du diocèse de Rennes et une partie de celui de Nantes, en septembre-octobre (Croix, 1981, 255). ~ En Franche-Comté : cherté du blé, sécheresse extraordinaire et disette autour de Montbéliard (Delsalle, 2001, 52 et 57). Vagues de Peste n Peste signalée autour d’Aix, Amiens, Angers, Avallon, Avignon, Bayeux, Bergerac, Béthune, Bordeaux, Bourg-en-Bresse, Cambrai, Châlons-sur-Marne, Chalon-surSaône, Dijon, Gray, Grenoble, Lectoure, Lille, Lyon, Mézières, Nevers, Nîmes, Périgueux, Rouen, Sarlat, Toulouse, Vienne et Villefranche-de-Rouergue (Biraben, 1975, 382). n Peste aussi en Franche-Comté autour de Dole, Baume et Gray (Delsalle, 2001, 52) ; en Lorraine (Cabourdin, 100) ; à Corbeil (A Corbeil, CC 377, d’après Bezard, 212). Insécurité dans les campagnes ” En Multien : « Le onze avril de la même année 1521, il y eut un combat près d’Acy-en-Multien (Oise), entre un détachement des compagnies bourgeoises de Meaux, et une troupe de soldats vagabonds, qui s’étaient retranchés dans le bourg d’Acy. La troupe des soldats eut l’avantage. Les bourgeois de Meaux perdirent 155

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dix-neuf des leurs, qui demeurèrent sur la place : on enterra les dix-neuf bourgeois dans une même fosse » (Carlier, 1764, 547). ” En Cambrésis. Le 25  juillet, les villageois mettent leurs meubles en sécurité derrière les murailles de la ville. « On amena en Cambrai de 5 ou 600 cars de bagages de villages de Cambrésis craignant les gens d’armes » (BM Cambrai, B 986, Chronique de l’abbé Trenchant, d’après Neveux, 127). ” En Agenais. « En icelle année (1521), passa une compagnie de lansquenets que conduisait le seigneur de Guise, lesquels nous donnèrent grand facherie, même à moi qui était mage [et aussi consul], dont j’en devins malade jusqu’à la mort » (Daurée, 99). ” En Pays messin. Les troupes de Charles Quint et de François Ier, traversant le pays messin, perturbent les activités viticoles. « Un tas de mauvais garçons étaient alors, que ne faisaient que aller et venir par le duché de Bar et Lorraine, tant à pied comme à chevaux, et se disaient Français. Par quoi l’on fit commandement aux gens du pays de amener leurs biens, blés, vins et autres vivres à Metz en refuge » (Vigneulles, 4, 161). ” En Picardie. Fin 1521, Raoul Pécour, fourrier du seigneur de Serens, conduit au front une bande de gens de pied. Montant vers le nord, la troupe a beaucoup de difficulté à se ravitailler parce que chacun, par prudence, « mussoit [cachait] ses biens en manière que lesdicts gens de pied ne trouvoient assez vivres ». Ce réflexe de la population amène la bande à casser les fenêtres et à mettre le feu à la porte de la maison abbatiale d’Hardivilliers, où les villageois ont caché leurs volailles, afin de piller le cellier. Les soldats extorquent aussi de l’argent à la population des villages traversés en les rançonnant afin de rendre les objets volés, obligeant les habitants à récupérer leurs biens en échange d’argent. La carte de leur parcours donne une idée de la zone géographique écumée par cette troupe marchant vers le front (AN JJ 236, 273-274, d’après Paresys, 1998). Les droits d’eau en Roussillon Le 19 septembre, le seigneur de Prades (Pyrénées-Orientales) reprend la main sur le réseau d’irrigation. Honoré d’Oms, chambrier du monastère de Sainte-Marie de Grasse, seigneur du « lieu et territoire » de Prades en Conflent, impose un nouveau cadre de gestion de l’eau qui modifie celui de 1305, établi sous les auspices du comte de Roussillon et de Cerdagne. Réagissant contre la construction d’un second canal (le canal de Baix, qui venait doubler, en aval de la Têt, celui de Dalt), il affirme être le seul seigneur direct des canaux et accorde aux membres de l’« université » de Prades, représentée par ses deux consuls, des droits d’eau moyennant un prix d’entrée de 18 ducats d’or et un cens annuel de 12 deniers. Cette restauration de la prérogative seigneuriale ne va pas sans contestation de la part des tenanciers, notamment les meuniers (Ruf, HSR 16, 2001, 18-19).

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1522 Pâques : le 20 avril Ouragans et tremblement de terre ~ En juin, un ouragan ravage les massifs forestiers au nord du Berry, autour de Mennetou-Salon (AD 18, G 49). ~ Le 25 juin, tremblement de terre à Orléans. « Le mercredi xxve jour de juing, qui fu le lendemain de la Sainct-Jehan-Baptiste, la terre trembla visiblement à Orléans, environ l’heure de mynuit, comme disoient plusieurs personnes dignes de foy, comme le prieur de Sainct-Samson et autres religieux dudict lieu et autres » (Driart, 71). ~ Le 12  juillet, dans la soirée, un orage tellement impétueux que plus de 50 clochers furent renversés dans le territoire du Berry, qu’un nombre incroyable de maisons furent détruites et que des forêts entières furent arrachées. Bourges et ses édifices furent épargnés » (Raynal, 1844). Grandes inondations ~ Grandes eaux et déluge en Aquitaine. « Le quart jour de nobvembre l’an susdit [1522] lo sr Alein d’Albret anec de bita a trespas à Castegellos et plagoc quatre jorns et quatre neytz ses sessa que bien petit dont las riberas de Garona, Bayssa, Gellissa, Lossa et autres generalement per tota la Franca vengon si grandas que noy damore pont, molins, maysos, bestials et se pergoc grant nombre de gens et a bita d’ome ne seran bistas ta grosas ni per aussi dize despus lo deluge » (Dudrot de Capdebosc, 12). ~ Samedi avant la Toussaint, inondations du Lot, autour de Cahors ravageant plusieurs villages  : « Grandz pluyes, grande inundation des eaux [qui] enfondra et abisma plusieurs villages et maisons, et de moulins plusieurs. C’estoit l’an tant pronistiqué du Déluge » (Pouget, 18). ~ 6-7  novembre, inondation du Tarn  : « Dieu, par sa grâce et pour nos péchés, envoya si grande inondation des eaux, chose piteuse à voir, que porta grand dommage au peuple. Et sortit la rivière de Tarn de ses limites par la rivière de Garonne tellement que entra bien en avant dans la ville d’Agen […] et au moyen de la grande impétuosité de l’eau, tombèrent beaucoup de maisons le long de la rivière de Garonne […]. Et la rivière de Lot était si impétueuse audit Villeneuve que ne fallait de quatre pans que ne toucha aux arches du pont ; et voyait-on passer par ladite rivière maisons, moulins, bétail et autres choses qu’était pitié à les voir » (Daurée, 101-102). ~ Les eaues grosses de la Seine  : « En ce temps [novembre  1522], les eaues de la rivière de Scenne furent merveilleusement grosses et furent jusques près de la croix du cimetière de céans, abbaye Saint-Victor » (Driart, 74). ~ Crue de la Loire. « En cest an, au moys de nobvembre ; pleut en si grant habondance que l’on estimoit le Déluge […]. La rivière de Loyre creut en si grand inundation qu’elle en émangea grandement se pais, et rompit de plusieurs endroits ses levées, faisant piteuses destructions au païs de vallée, duquel furent auscunes 157

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maisons par la violence des eaues abatues, plusieurs bledz ensemencez perdus et maintes bestes submergées dont les habitans du païs firent longtemps après en grand pouvreté » (Bouchart, 1532, CCLIII°). Suite de la famine ~ « En ce temps la famine commença (Bouchart, 1532, CCLIII°). ~ En juin, procession de Sainte-Geneviève. « Le treiziesme jour dudict moys de may [sic, pour juin], vendredi des Quatre temps de Penthecouste, fut faicte une sollempnelle procession en l’église Nostre-Dame de Paris, où fut portée la chasse madame saincte Geneviefve, avec plusieurs belles relliques acoustumez de porter en pareille procession, tant pour la paix que pour le temps qui estoit fort divers, car en icelluy temps le septier de froment vallut six francs et demy, et n’en pouvoit-on trouver pour son argent, à ce que les pauvres gens disoient vulgairement  : “Mourons-nous de faim et ne trouverons-nous blé pour nostre argent ?” Et croy, sit le temps eust duré en l’estat, que on eust rompu les greniers, et l’eust on eu à force, mais Nostre Seigneur y pourvust » (Driart, 70-71). ~ Juillet 1522 : À Paris « Le xiie jour dudict moys, le septier de blé froment fut vendu sept livres dix sol tournois » (Driart, 72). Violente poussée de peste : la « grant mortalité » de 1522 n Peste signalée autour d’Agen, Amiens, Annonay, Avallon, Bergerac, Bourgen-Bresse, Briey, Cambrai, Carpentras, Châlons-sur-Marne, Chalon-sur-Saône, Chambéry, Dijon, Grenoble, Lectoure, Lille, Lyon, Nantes, Nevers, Nîmes, Nyons, Orange, Orléans, Paris, Périgueux, Péronne, Reims, Rodez, Rouen, Sarlat, Toulouse et Vierzon (Biraben, 382). n Août-septembre : « une mervileuse et dangereuse peste ». « Le xxiiie dudit moys d’aoust, lors que la ville de Paris estant fort assaillie de peste […]. Durant ce temps, en la ville de Paris, régnoit une mervileuse et dengereuse peste, en façon que l’on disoit que en l’ostel-dieu de ladite ville trespassèrent plus de douze vingt personnes en trois jours […]. À brief parler, ceste année peult estre dicte et appellée “la grant mortalité”, laquelle ne fust pas seullement en la ville de Paris, mais par tout le reaulme de France et mesmement en Normandie et en la ville de Rouen. Dieu le créateur aist pitié de leurs âmes ! » (Versoris, 117-118). n En Gascogne : à Mézin, Condom et Montcrabeau : « Mil cinq cent vingt et deux […]. En ceste temps par la peste estions fouys de Mezin […] et aussi par peste toutz ceulz de Condom s’en estoyt fouys, aussi ceuls de Moncrabeau » (Dudrot de Capdebosc). n Octobre  : « pestilance »  : « En ce temps, et auparavant environ troys moys, fut une grande mortalité quasi universelle, ce qu’il n’avoit esté veu auparavant, de l’âge des vivans » (Driart, 73). De l’Artois à la Champagne : « l’année des grands feux » En août, suivant l’accord conclu par Charles Quint avec Henri  VIII, le comte de Surrey débarque à Calais avec 16 000  hommes et opère sa jonction avec le comte de Büren, « capitaine général » de l’armée impériale. Tous deux mettent 158

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le siège devant Hesdin. Les généraux ne s’entendent pas, les pluies incessantes et la dysenterie poussent à la retraite et les Anglais se replient sur Calais avant de rembarquer pour Londres début novembre. Les campagnes du plat pays sont ravagées afin d’affaiblir les bases urbaines. Lors de l’invasion anglaise de 1522, Louis Greben, marinier de Wissant (Pas-de-Calais) dans le comté de Boulonnais, voit sa maison brûlée. Cette année 1522 est appelée « année des grands feux » du fait des dévastations incendiaires menées dans le comté par les troupes du comte de Surrey (AN, JJ 236, 219r°, août 1523, d’après Paresys, 1998). ” En 1522, des bandes d’Impériaux occupent les alentours de Marville en Lorraine. Les comptes de la prévôté d’Étain (1522-1523) signalent la présence de « Bourguignons » dans la région. Ils réquisitionnent tout dans les villages et commettent toutes sortes de violence, comme la destruction de la forteresse de Boinville. Dans cette période trouble, des Français sillonnent la Woëvre en tous sens. Des villages brûlent dans le secteur de Lissey (Étain de ses origines à nos jours, 32). ” « Monsieur Demongeot dict dans ses Mémoires qu’en l’an 1523, les Bourguignons, courant par le paiis, bruslèrent Coiffy et Montigny-le-Roi » (Macheret, 90). ” « Autour de Paris avoit aucuns pillards et mauvais garnemens contrefaisans adventuriers » (Bouchart, 1532, CCLIII°) –  En avril, les gens de guerre ravagent Chambourcy (E sup. 28, IV). ” En Picardie, excès des « gens d’armes ». « En ce temps, les gens d’armes, tant de pied que de cheval, faisoient des maulx inestimables, tant ès païs de Picardie, où estoit la guerre, que aux autres pays de France où se adressoient les chemyns, tant de ladicte Picardie que de delà les mons, en violant vierges, efforçant bonnes femmes, et avec plusieurs grosses violences qui seroit long à réciter » (Driart, 71).

1523 Pâques : le 5 avril Tempêtes et grêles Année très pluvieuse en Franche-Comté (Delsalle, 2001, 57). Vendanges précoces à Dijon, le 26 août (Le Roy Ladurie, 2004, 163). ~ 1er  avril  : Tempête de grêle autour de Paris. « Le premier jour dudict moys d’apvril, qui fut mercredi avant Pasques, environ l’heure d’une heure après midi, il fist ung merveilleux oraige et cheut de la gresle à grande multitude, qui estoit grosse comme petites noix, laquelle ne fit pas grand dommaige, pour cause que les vignes ne estoient encore guères avanceez » (Driart, 75). ~ 5 novembre : tempête en Quercy. « L’an mil sinq cens vingt et trois et le quint jour de novembre, qu’estoit jeudi, […] envyron une heure après midy se leva sy grosse brugeur et tonnere que dura envyron demye heure sans point cesser, mais brugit incessement jusques que fist grand aure [orage], pluye et gresle, et le bruit estoit espouvantable plus que paravant homme n’avait veu, et rompit grand nombre d’arbres par tout » (Pouget, 18). 159

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Un coup froid général : la gelée de la Saint-Martin (11 novembre) ~ En Agenais  : « en icelle année les blés furent gelés environ la Saint-Martin d’hiver, dont s’ensuit famine » (Daurée, 103). ~ En Normandie  : « L’an  1523 les bleds furent gelez le jour de la Saint-Martin d’hiver » (Sauvage, 523). « Cedit an 1523, la veille Saint-Martin d’iver, la nuyct, fut une grefve gellée dont tous les blés furent périlz et perdus, et fus ceste gellée la nuyct et le jour Saint-Martin, jour de novembre » (Héron, Deux chroniques de Rouen, 126). ~ En Vexin : « Le froid commença à la Saint-Martin et dura fort longtemps. Les blés furent perdus par suite des fortes gelées  : on n’en recueillit pas une gerbe dans tout le Vexin » (Nicetas Periaux, Histoire de Rouen, 1874, 255). ~ Autour de Paris : « Au dict an 1523, fut une grande et mauvaise gelée à Paris et à l’environ et partout ailleurs ; et commença le lendemain de la feste SainctMartin d’yver, et dura par six jours seullement, et fut si mauvaise que toutes les herbes estans dedans terre et mesmement aussi les bledz gelèrent. Dont, à cause de la dicte gelée, tous les jardins et maretz de Paris et les environs furent perdus et gastez, et les dictz bleds aussi ; tellement qu’il convint de nouveau ressemer les dicts bledz. Ce néantmoins ilz ne prouffitèrent guères, dont il y eust gros dommage ès dictz bledz et grande charté ; tellement que dès le commencement d’avril ensuivant, après Pasques, le bled renchérit de beaucoup ; et combien que auparavant la dicte gelée il ne valoit que xxi sols le septier, au dict an jusques à quatre livres dix solz le septier. « Et est assçavoir que, depuis la Sainct-Martin jusques à Pasques, ne fut trouvé aucunes herbes en terre, tant de choulx, espinars, poyrée, poyreaulx, lectues, ozeille, percil et autres herbes, que tout ne fut gelé ; et estoit bruict que jamais ne fut veue telle gellée, et en si peu de temps ; et aussi les vignes, verjus et arbres furent gastez, car en ceste année il n’y eust comme point de fruicts ès-dictz arbres, et aussi plusieurs arbres moururent » (Bourgeois de Paris, 186-187). ~ Autour de Metz  : année de « terrible condition et nature ». Au cours de l’automne, temps « beau et chaud plus de cinq semaines durant devant la vendange ». En revanche, rude et précoce hiver à partir de la Saint-Martin (11  novembre)  : « Mais, alors, se muait en si grand froidure de gelée et ci après très âpre, environ xv jours durant, que toutes rivières furent prises, d’une grosse épaisseur. Et fit cette gelée moult de dommages, tant en vigne comme autrement » (Vigneulles, IV, 487-491). À l’issue d’un second épisode de gel, autour de Noël, les productions potagères sont anéanties  : « Furent gâtées toutes les masures, c’est à savoir blanche joutte et vert (choux), choux naviaux, et tout autre masuage, et furent touts cuites en terre comme les vignes » (Vigneulles, IV, 487-491). ~ Grands froids en Berry, lors de l’hiver 1523-1524, entraînant une disette alors que des brigands ravagent la province (Raynal, 294). Retours de peste n Peste signalée autour d’Abbeville, Aix, Avallon, Bergerac, Bordeaux, Bourgen-Bresse, Cambrai, Carpentras, Chambéry, Dijon, Grenoble, Lectoure, Lille, 160

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Montreuil-sur-Mer, Nantes, Nyons, Orange, Paris, Périgueux, Rouen, Senlis, Toulouse, Trévoux et Villefranche-de-Rouergue (Biraben, 382). n Peste à Brive (Cassan éd. 1996, 22). – Peste et famine dans les campagnes autour de Cahors (Sol, 89). L’invasion des « mauvais garçons » ” De la Brie au Velay : insécurité générale. « Et [le connétable de Bourbon] s’en partit de Paris le vendredy, vingt septiesme de mars ensuivant, par le congé du roy, pour s’en aller en la Brye et vers Provins ; et y mena avec luy tous les archers et arbalestriers de Paris pour prendre six ou huict cens mauvais garçons advantuyriers qui faisoient beaucoup de maulx au plat pays de là environ ; desquels en furent penduz en grand nombre, mesme aucuns de leurs cappitaines. De là il s’en retourna en son païs de Bourbonnoys » (Bourgeois de Paris sous François Ier, 152). « Item, ledit an, par tout le pays de Velay et ailleurs parmy le royaulme de France, alloient par toutes et diverses bendes, un tas de gendarmes ou plustost larrons, qui faisoient de moult grandes destructions, pilleries, batteries, rensonnements et meurtres, assaulx et prinses de villes et chasteaux, sans ce que nul y peut mectre ordre » (Médicis, 295). ” « Au dict an, en juillet, s’esleva au pays de Poictou et d’Anjou plus de quinze  cens  advanturiers, maulvais garçons, qui pilloient et prenoient filles et femmes à force, et gastoient tout le païs. Dont les nobles et la commune se mirent sus contre eux ; mais des dictz advanturiers il n’en furent guères tué, et en fut tué de la commune de six à sept cens personnes ; et estoient beaucoup d’escoliers parmy la commune qui furent tuez ; et le roy y envoya pour les deffaire et tuer » (Bourgeois de Paris, 166). « Ceste bande et leur capitaine Commarque laissèrent le païs de Poictou, et tirèrent en Anjou à grand diligence. Mais ceulx d’Angiers les reccullèrent, et suyvirent avec ceulx de Saulmur et aultre grand nombre de commun populaire, jusques à la quantité de cinq ou six mil personnes. Et eulx estant, près MonstreuilBellay, assaillirent ces adventuriers. Lesquels, en ordre de bataille donnèrent sur ceste commune, dont ils occirent jusques à la quantité de cinq ou six cens […]. Pour en délivrer le pais, où plusieurs grands maulx faisoyent, le roy les envoya, soubs la conduicte du capitaine Commarque, en Escosse, pour donner secours aux Escossois contre les Angloys […] (Bouchet, f° CLXVI). Un chef de bande diabolique : le capitaine Maclou ou roi Guillot

” « Ondict an, et dès le mois de juillet […] ung gentilhomme de Bourbonnoys,

qu’on appelloit le cappitaine Monclou, assembla grand quantite de gens de pié et jusques à six ou sept mil hommes, qui feirent de grand pilleries en Bourbonnoys et Berry, et vindrent jusques en Poictou. C’estoyent gens habandonnés à tout mal et vice, et couroient sus, entre aultres gens, à prebstres et gens de justice. Toutes les fourches patibulaires et potences qu’ils trouvoient par les chemins estoient par eulx abattues. Et n’y avoist aucun prevost des mareschaulx qui ousast se trouver devant eulx, à la raison de ce qu’eulx estants à Montmorillon en Poictou, comme un gentilhomme, nommé de Chasteau-Rocher, capitaine de 161

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Montmorillon et prévost des mareschaulx ondit païs, leur voulust doulcement remonstrer que le roy n’estoit contant de ce qu’ils faisoient, le prindrent, despouillèrent tout nud, luy coppèrent le nez et le membre viril, et luy baillèrent plus de cent coups après sa mort. Les gentilshommes dudict païs et les citoyens de Poictiers assemblèrent grand compaignée de gens et suyvirent ceste diabolique bande, et leur cappitaine Monclou, qui se rendit à eulx, et fut sa compagnie rompue. Il fust mené prisonnier à Poictiers, et depuis fust ledict Monclou mené à Paris avec son fourrier, lesquels y furent dezscapités, dvant la Maison de la Ville de Paris, on mois de aoust an mil cinq cents vingt-trois, et auparavant ledict Monclou eut les deux mains coupées et luy mort, fust mis à cartiers » (Bouchet, f° CLXV). ” « 1523, le mercredy xxixe jour de juillet, furent décapitez en Grève, à Paris, un gentilhomme d’Auvergne, nommé Guillaume de Montelon […]. Et la cause de leur mort estoit parce que ledict gentilhomme estoit cappitaine de cinq cens hommes de pied, lesquelz allèrent au païs d’Auvergne, de Bourbonnois, de Lymousin et de Poictou, avec aultre nombre de  maulvais garçons, qui estoient environ deux ou troys mille, qui faisoient des maulx infiniz ès-dictz païs, et rançonnoient les gens, tant du plat païs que des villes, et mesmement à Poictiers et ailleurs, et avoient avec eulx artillerie. Et fut intitulé le Roy Guillot, et avoit trésoriers généraulx, admiral et autres qui se contrefesoient et donnoient telz noms ; et luy on l’appelloit le roy, et son dict serviteur luy servoit de fourrier. En effet ilz firent au païs des maulx sans rémission, en pillant et rançonnant un chacun, et battoient, navroient et tuoient plusieurs, et mesmement un lieutenant des prévosts des maréchaulx qui estoit ès environs, qui les voulut aller prendre ; il fut prins et le firent mourir par martire. « Mais le roy y envoya monsieur de l’Escul et aultres, avec quelque nombre de gens de guerre, pour le prendre ; et finalement furent eulx deux envoyez quérir à seureté, et incontinent eulz venuz, ilz furent prins et saisiz ; le reste fut deffaict et la plus grande partie tuez et les aultres penduz à Paris ; et iceulx deux amenez à Paris par le prévost de l’hostel du roy, pour d’iceulx faire le procez ; ce qui faict en la manière que dessus » (Bourgeois de Paris, 168). ” « Le mercredy xxixe jour dudit moys [juillet], à Paris, fust exécuté ung vulgairement dict et appellé le capitaine Mauclou, lequel pour sa peine fust mené au Palays à la pierre de marbre, où illec eust la main dextre couppée, de là mené en Greve devant l’ostel de la ville, mist sur ung eschafault, luy fust la teste tranchée et son corps mis en quattre parties, fust chacune d’icelles attachés aux quattres portes principales de ladite ville en diverses potences. Au regard de son fourrier, eust seullement la teste tranchée, puys attaché et pendu à une potence à la porte Sainct-Anthoine, près d’un des quartiers du corps de son maistre. « La cause de tant greve punition fust parce que ledit capitaine Mauclou, sans charge ne mandement, avoit fait grosse assamblée de gens de guerre piétons, lequel avec ladite assemblée avoient mengé, bastu et faictz des oultraiges inumérables aux pouvres gens des champs et vilaiges, plus avoit viollé et baillé ayde et confort à violler plusieurs femmes et filles de bien et d’honneur, plus estoit bruyt non seullement en la ville de Paris, mais partout alieurs qu’il avoit usurpé le nom du Roy et que jà avoit créé son chancellier et ses gens de conseil et qu’il se ventoit 162

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par l’aide de sa bende qui estoit jà de huyt à neuf milles hommes, toutes bandes de mauvais garnemens, avec aultres en grant nombre qui devoient venir à luy, de jecter et chasser le Roy de France de son reaulme avec ses adherens, touteffoys ce ne fust verifié contre luy et aussy sy la chose eust esté contre luy prouvée, il eust eu aultre trop plus griefve peine » (Versoris, 126). Les campagnes du Nord sur le qui-vive 15 000 soldats de l’armée anglaise du duc de Suffolk et 6 000 Flamands de Büren ravagent les campagnes de Picardie autour de Roye et Montdidier avant un rembarquement à Calais début novembre. L’ordonnance de septembre 1523 s’efforce d’y remédier. Une dizaine d’hommes de guerre en garnison au château d’Hendecourt, « proche et contigu le pays d’Artois », reviennent d’un dîner pris au village de Roisel, un dimanche de juillet 1523. ” « En cheminant, eux étants environ un jet de pierre [du village], ouïrent le son de la cloche durant l’alarme selon qu’il est accoutumé sonner au pays. Par quoi, pensant que les ennemis fussent prochains d’icelui village de Roisel, y retournèrent pour le secourir, defendre et resister ausdits ennemys à leur povoir ». Mais en y retournant, ils tombent sur une vingtaine de villageois armés, dont le curé brandissant son arbalète, qui foncent sur eux, les prenant pour des ennemis. Dans la bagarre qui s’ensuit, un soldat tue un villageois à coups de pique (AN, JJ 236, 280r°, octobre 1523, d’après Paresys, 1998). Dans les campagnes picardes la population tente de son côté de négocier au mieux le passage des troupes. Pinot Boyart, homme de labour ayant « autresfoys suyvy la guerre » a de bonnes raisons d’avoir quelques craintes pour les membres de sa famille qui doivent loger des soldats, une nuit de novembre 1523. Il se rend donc rapidement chez son beau-frère « veoir s’il congnoistroit aucuns desdicts gens d’armes pour les prier qu’ilz traictassent doulcement […] son beau-frère ». Comme certains d’entre eux ont été ses compagnons de garnison autrefois à Thérouanne, ils lui promettent « qu’ilz ne feroient aucun dommage audict Thenenon leur hoste, mais luy payeroient tous leurs despens pour l’amour de luy » (AN, JJ 236, 289r°, novembre 1523, d’après Paresys, 1998). 25  septembre  : Lettres patentes de François  Ier données à Lyon « contre les aventuriers qui désolent le bonhomme ». ” Octobre-novembre, Paris menacé. La peur des « mauvais garçons » et la double menace de l’invasion des Anglais et des Hennuyers conduisent la capitale à renforcer ses fortifications. « En ce présent moys, environ huit ou dix jours avant la fin et jusques à la fin, il courut grand bruyt à Paris et grosse esmutte, et aux villes et villaiges circonvoisins, pour ce que on disoit que les Angloys et Henoiers estoient venus jusques à Compieigne et Bieuamont [Beaumont-sur-Oise], et qu’ils brusloient partout où ils passoient, et ce souffroit-on chacun qui avoit du bien comment on le pourroit saulver […]. « Aussy, durant icelluy temps, on avoit grosse peur audict Paris que le menu peuple, qu’ils n’avoit que perdre avec les mauvais guarsons, pillassent les bonnes maisons, car le bruyt en estoit qu’ils estoient bien déliberez de faire bonne chère à la venue desdicts Anglois et Henoyers. […] 163

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« Le 4e  dudict moys de novembre, furent envoyer querir […] grosse quantité de gens maneuvriers, tant en ladicte ville de Paris que ès villages circonvoisins, pour faire des fossez hors ladicte ville, oultre les voirie d’icelle, pour la tuition et deffence d’icelle, lesquelz furent commancés vers la porte Saint-Honoré, et gaignoient lesdicts maneuvriers chascun jour trois solz tournois » (Driart, 81).

1524 Pâques : le 27 mars Grand hiver et gel des blés ~ Crise frumentaire en Cambrésis. Récolte catastrophique de froment pour la dîmerie de Saint-Géry à Cagnoncles (Nord) : les fermages chutent de 82 % ! L’hiver 1523-1524 connaît quatre et six jours de si fortes gelées « que nul blé ne crut cette année [1524]. Il fut faute de blé par tous les pays si n’eût été les blés que m’on sema en mars, il n’y eut point d’espérance sinon que tout le monde fut mort de faim » (Neveux, 107 et 123). ~ Autour de Paris  : « Semences secondes des bledz. « Item, durant ledict moys, plusieurs laboureurs resemencèrent des blés pour ce qu’ils avoient esté quasi tout gelez de la première gelée qui vint le lendemain Saint-Martin […] que d’une autre qui vint depuis, et disoit-on que la seconde avoit faict autrement de dommaige ou plus que la première. Il n’estoit mémoire d’avoir vu, ne ouyr dire, ne avoir trouvé par escript telle perdicion de grains semez en terre comme il a esté ceste année, car en tout le royaulme la fortune fut [sic] qui espouventoit fort le peuple ; mais y avoit quelques confort à cause qu’il estoit grosse habundance de grains des deux années précédentes, et que on n’en menoit point hors le royaulme au moyen des grosses guerres qui, pour ceste heure, estoient au royaulme, et aussy que on esperoit faire beaucoup d’orges le mars advenir » (Driart, 85). ~ En Pays messin. Gel des blés en terre  : on se rabat sur l’orge. La récolte des céréales est perdue à la suite de séquences successives de gelées, courtes mais intenses, en novembre et aux environs du Noël précédent  : « Environ la fin du mois de mars, et à l’accommencement d’avril, l’on vit et s’aperçut-on que, à l’occasion de la grande et extrême gelée qu’il avoit eu fait à l’accommencement de l’hiver passé, les semences des blés avaient été gelées et perdues en terre. Car la terre était demeurée toute vide ; ne de cent journaux n’en y avait point un bon. » Dès la découverte de la catastrophe agricole, au début du printemps, le prix de l’orge est multiplié par trois « pour ce que chacun en voulait avoir pour enhainer derechef leur terre » (Vigneulles, IV, 501). Grande sécheresse, vendanges précoces ~ Grande sécheresse à la mi-mai : « les biens de la terre périssaient de sécheresse ». On fit processionner la châsse de sainte Geneviève le 24  mai (Le Roy Ladurie, 2004, 163). ~ En Comté, autour de Besançon « sécheresse extraordinaire qui nuit aux récoltes, cherté du blé » (Delsalle, 2001, 57). 164

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~ Vendanges pourries autour de Paris. « Au commencement de ce présent moys

[septembre], vint une eaue, laquelle pourrist universellement les vignes du vignoble près Paris et ès environs » (Driart, 98). ~ Vendanges précoces en altitude, à Salins (Jura) le 25  septembre. En Île-deFrance, le 13 septembre (Le Roy Ladurie, 2004, 163). Vagues de peste n Peste signalée autour d’Avallon, Avignon, Bergerac, Béthune, Bordeaux, Bourg-enBresse, Cambrai, Dijon, Grenoble, La Réole, Mâcon, Marseille, Nevers, Périgueux, Toulouse, Troyes (Biraben, 382). n Peste à Brive (Cassan éd. 1996, 22). n Peste au Puy et « s’en fussent fuits beaucop de gens, se n’eust esté la peur des gensdarmes qui couroient » (Médicis, 296). n Peste dans le comté de Nice. Les populations implorent plusieurs saints pour la délivrance de la peste, et leur élevèrent des chapelles votives dont la communauté reconnaissante assure les frais. Celles-ci sont le plus souvent consacrées à saint Sébastien et à saint Roch, saints antipesteux éprouvés (Rossi, 2010). n Septembre, à Orcival (Puy-de-Dôme). « Au mois de septembre la peste se mit à trois ou quatre maisons dudit Orcival. Pour éviter auquel danger, la plus grande partie des habitants se absentèrent dudit lieu » (AN, JJ 236, 440, Charbonnier, 511). Provence et Picardie en état d’alerte ” Le 4 juillet, invasion de la Provence par les troupes impériales (15 000 hommes et 600 lances) commandées par le connétable de Bourbon. Après 40 jours de ravages en Provence, Bourbon lève le siège de Marseille et se retire sur Gênes. ” En février, les habitants de Seboncourt (Aisne) organisent des tours de guet et fortifient l’église « à cause que ledit lieu est limitrophe et ès dangers de nos ennemis ». Dans ce village du Vermandois, un maçon est engagé pour percer des canonnières dans l’église « pour eux défendre et sauver contre nosdits ennemis » (AN, JJ 236, 624r°, septembre 1524, d’après Paresys, 1998). ” En juillet, un jeune homme de Regny (Aisne), près de Saint-Quentin, explique la nécessité du guet : « Contenant que ledit Regny est en pays limitrophe entre les pays de Hainaut et d’Artois, et que au moyen de la guerre qui est entre nous et l’élu empereur, comte dudit Hainaut, les villes et villages dudit pays de Picardie, pour la tuition et défense de leurs personnes, femmes, enfants et biens, sont par chacun jour à faire le guet » (AN, JJ 236, 551v°, juillet 1524, d’après Paresys, 1998). ” Fin août, les troupes anglo-impériales causent des « alarmes » autour de Montreuil (AN, JJ 236, 674v°, novembre 1524, d’après Paresys, 1998). La monarchie est incapable de payer régulièrement et de ravitailler correctement les troupes qui se rétribuent elles-mêmes en dévastant le pays. En septembre 1524, le mayeur d’Amiens reçoit une lettre de créance du duc de Vendôme, disant que, « par faulte de payer les gens de guerre ordonnez [à] tenir garnison ès villes de Therouenne, Hesdin et Doullens, iceulx gens de guerre s’estoient partis de leursdictes garnisons et eulx mis aux champs, où ilz faisoient infinis maulz et sy estoit le bruy tel que les ennemys se preparoient pour eulx venir gecter dedens l’une 165

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desdictes villes ». Or le roi ne peut pas les payer « à cause de ses affaires présentes en Provence », envahie par le connétable de Bourbon. Les Amiénois consentent alors à accorder 4 000 livres pour payer les troupes du roi qui ravagent leur plat pays (Paresys, 1998). ” La veille de Noël, jour de marché, un groupe de villageois du Vermandois se rend au village de Rozoy y acheter « les uns des piques, les autres des épées et hacquebutes », « ensuivant certain cri faict […] de par le seigneur dudit lieu que chacun fût garni de bâtons defensables pour résister à l’encontre de la force de nos ennemis qui, par chacun jour, faisaient plusieurs courses par le pays » (AN, JJ 238, 190r°, octobre 1525, d’après Paresys, 1998). Juin : l’Île-de-France en proie aux « mauvais garçons » « En ce temps icy, y eust grosse commocion de gens de villaiges à l’encontre des gens d’armes, lesquelz leurs faisoient de grosses oppressions, tant par violacions de leurs femmes et filles que en les pillant, mutillant et robant. Entre les autres, à ung gros villaige, nommé Villeneufve-Sainct-Georges [Val-de-Marne], y eust grosse esmeute et meurtres de costé et d’autre, et y furent au secours aulcuns des villaiges voisins, espérant que, en pareil cas, lesdicts de Sainct-Georges leurs bailleront secours ; qui estoit grosse pitié, et ne remedioit le Roy ausdictes oppressions » (Driart, 94).

1525 Pâques : le 16 avril Belles moissons autour de Paris « En ce moys aussi [juillet], trois sepmaynes durant, fist grosse chaleur, et avoit faict aussy bien trois sepmaines auparavant, et fut l’esté moult chault, et les vignes, lesquelles estoient de moult belle monstre, decheruent de bien la moictié, et fist le plus bel aoust que on eust sceu estimer, et cuillismes, ès terres de ceans, grosse quantité de blé froment selon la quantité des terres » (Driart, 108). Relents de peste Peste attestée autour de Bergerac, Béthune, Dijon, Grenoble, La Réole, Nevers, Périgueux, Toulouse, Vierzon et Villefranche-de-Rouergue (Biraben, 1975, 383). n Mais aussi en Lorraine (Cabourdin, 100) et en Franche-Comté, autour de Besançon et de Salins en août (Delsalle, 2001, 52). n

« La Beste saulvaige qui dévoroit les enfens » « En ce temps [juin 1525] y avoit, comme on disoit, en la forest de Montmorency, près la chapelle du Boys-Sainct-Père [à Bouffémont, Val-d’Oise], une beste que on disoit estre une louve cerve, qui mangeoit les petis enfans autour de ladicte forest, et de faict en avoit mangiée quasi ung entier, le jour du Sainct-Sacrement » (Driart, 106). 166

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Le Ponthieu à feu et à sang La Picardie est une terre riche et fertile qui ne manque pas d’attirer les pillards ennemis. Les Anglais réussissent même à franchir la Somme, à dévaster le Ponthieu et le riche Santerre. En 1525, un villageois de Curlu (Somme), sur la rive droite de la Somme, dénonce les ravages causés par les ennemis sur le front picard aux environs de Péronne. « Estoit la guerre ouverte et les ennemys continuellement, de jour et nuict, couroient sus, couroient, tuoient, pilloyent et mectoyent le feu partout et emmenoyent les biens, bestail et tout ce que povoient trouver, prendre, emmener et emporter, et efforcoyent [violaient] femmes, filles, tant audict villaiges de Cueurlu que autres lieux et villaiges de nostre pays de Picardye et mesmes dedens les faulxbourgs et jusques aux portes de nostre ville de Péronne, en sorte que tous ou la plus grant partye des nos subjectz, villes et villaiges de nostredicts pays de Picardye, qui estoyent assez riches et oppulans, en sont et seront à jamais detruictz et mys à povreté » (AN, JJ 242, 195v°, juillet  1529, d’après Paresys, 1998). Une plaie incurable : les gendarmes démobilisés ” 1525. Des bandes de soldats désœuvrés ravagent les campagnes autour de Paris après Pavie comme « aventuriers, pillards, opprimeurs et mangeurs de notre pauvre peuple ». La régente prend une ordonnance contre ces bandes (Paresys, 251). ” Février  : « En ce temps aussy, les gens d’armes faisoient tout plain de maulx aux bonnes gens de villaiges, lesquelz ne se osoient rebeller » (Driart, 102). ” Juin  : « En ce temps, les gens d’armes coururent sur les champs et faisoient plusieurs maulx et pilleries et abominacions, et ce efforçoient de entrer ès villes, et principalement aulcuns Lombars et Italiens piétons et, comme on disoit, avoit entré entre les autres en une ville en Nyvernoys, nomméee Desire [Decize], où occirent plus de troys cens personnes et pillèrent a ville et amenèrent aulcunes des religieuses qui y estoient » (Driart, 106-107). ” Juin : le comte de Brenne, lieutenant du gouverneur de Paris, mène une expédition contre une bande de mercenaires italiens, de déserteurs et de brigands français qui écument la campagne autour de Versailles, Saint-Cyr et Guyancourt. On saisit deux coffres remplis d’objets volés, notamment « nombre de ceintures d’argent pour femmes, quinze aunes de toile de lin ». Un commissaire présidait au partage de l’argent et des objets volés, un secrétaire, un mercier servait d’espion, un vivandier assurait les approvisionnements. Trois larrons sont pendus (Bezard, 261). ” En Cambrésis, l’hôpital Saint-Julien établit deux taux de redevances dans les dîmerie de Sainte-Olle et de Sailly pour ses fermages en blé et en avoine selon qu’on sera en temps de paix ou en temps de guerre. La mesure est reconduite en 1537 et 1557 (Neveux, 127). « La Guerre des Rustauds » en Alsace ” En avril-mai, éclate le soulèvement des paysans d’Alsace. C’est la version occidentale de la « guerre des Paysans », ensemble d’insurrections qui déferle sur l’Allemagne du Sud en 1524 et 1525 (Bauernkrieg), qui associe réforme religieuse et révolution sociale dans l’espoir d’établir une société paysanne plus égalitaire en 167

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retournant à la vie évangélique. Chez les vignerons alsaciens, lourdement endettés par des créanciers catholiques, le mouvement connaît un succès régional, qui s’inscrit dans une tradition de révolte millénariste depuis 1493  : le Bundschuch (Bischoff, 125-227). ” Le 2 avril, de premiers troubles surviennent près d’Obernai. Un an après l’insurrection des paysans de la Forêt-Noire et de Souabe sous la direction de Thomas Münzer, les « Rustauds » alsaciens reprennent les « Douze articles » qui avaient déjà servi  : • i –  Élection du pasteur par les fidèles et prédication de l’Évangile dans toute sa pureté • ii  – Maintien de la dîme telle qu’elle est fondée dans la Bible pour rémunérer les pasteurs mais réduction des petites dîmes • iii – Abolition du servage • iv  – Liberté de chasse et de pêche • v –  Retour des bois usurpés par les seigneurs aux communautés rurales • vi  – Allégement des corvées • vii – Suppression des charges nouvelles • viii – Établissement de fermages plus justes • ix  – Réforme de la police et de la justice • x –  Récupération des communaux usurpés • xi – Abolition de la mainmorte et doit à l’héritage. • xii – Conformité de tout article à la parole de Dieu. ” L’insurrection est générale mais brève. En quelques jours, elle s’étend du Sundgau à l’Outre-Forêt. Le dimanche de Pâques 16 avril 1525, la bande d’Altorf, à côté de Molsheim, forte de 20  000  hommes peut-être, constitue l’épicentre du soulèvement. L’insurrection se diffuse durant le semaine Sainte à toute la province d’Alsace et sur les marches lorraines. Le succès initial du mouvement est presque total  : seules les villes de Strasbourg, Haguenau et Wissembourg échappent aux bandes paysannes. Dépassés, les seigneurs sont impuissants à endiguer le mouvement, notamment dans le bailliage d’Allemagne, où la troupe du bailli doit se replier tandis que le capitaine de Sarreguemines est fait prisonnier. À compter du 22 avril, la coordination des bandes assure une unification au mouvement. ” Certaines bandes, comme celle des paysans de l’Ortenau, se dispersent contre une amnistie et la conclusion d’un accord, le 25  mai, à Rechen, par lequel ils obtiennent des concessions inspirées des xii articles. L’expérience de cette « république paysanne » et des négociations ouvertes est toutefois éphémère. Le duc Antoine de Lorraine, auquel se rallient la plupart des seigneurs de Basse-Alsace, décide dès le 4  mai une expédition pour réduire les insurgés à l’obéissance. L’atmosphère de croisade contre les « luthériens » galvanise les Lorrains. ” Le 14 mai, le duc opère un mouvement avec une armée de 10 400 hommes et écrase militairement les bandes paysannes à Lupstein le 16 mai, à Saverne le 17 puis à Scherwiller le 20. ” La dernière troupe est anéantie en novembre près de Belfort. La répression est terrible. On estime le nombre des morts autour de 20  000 en Basse-Alsace, localement jusqu’à 10 % de la population. Pour les paysans alsaciens, la Réforme protestante n’a été qu’un moteur pour relancer l’espoir d’une révolution sociale (Bishoff, 125 et 344). ” En Franche-Comté, une partie du bailliage d’Amont est ravagée en mai 1525. Les campagnes sont pillées autour de Lure, Villersexel, Vesoul, Faucogney. En juillet, à la bataille de Villersexel, la progression des paysans luthériens est arrêtée (Delsalle, 2001, 32 et 218-219). 168

1525

” Le retour à l’ordre. En dehors de la répression, le retour à l’ordre s’effectue

par la rémission et la renonciation à toute vengeance des paysans repentis. Le 11 novembre, Eucharius Weber de Weyersheim (Bas-Rhin), l’un des révoltés, jure l’Urfehde. « Moi, Eucharius Weber, de Weyersheim à la tour, reconnais publiquement et fais savoir à tous que jadis, lorsque j’étais, non pas dans la lumière des successeurs du juste évangile mais des falsificateurs, j’ai pris part de ma propre initiative, par méchanceté, sans contrainte et de manière irréféchie à l’assemblée des paysans révoltés ; que j’ai juré de m’associer à leur mauvaise entreprise et de détruire les princes, seigneurs et autorités, d’aider à abolir les dîmes, cens et servitudes [Dientsbarkeit], mais aussi, en particulier, de remettre en question l’obéissance des roturiers ; que j’ai aidé à reprendre par la force Geudertheim [commune voisine] où le maire de Weyersheim était détenu prisonnier […] (AD 67, 1G714e, d’après Gérardin, HSR, 46, 2016, 93-94). En dehors de la guerre : violence ordinaire en Artois Robert Malone, laboureur à Baillon-lès-Valhuon (Pas-de-Calais), et ses deux fils repoussent, le 7 juillet, l’intrusion de bergers du voisinage : « gardant leurs blanches bêtes sur le terroir de Baillon, ce qu’ils ne pouvaient faire par les usages notoirement gardés ès villages du comte de Saint-Pol, où le village de Baillon est situé et assis ». Un combat acharné s’ensuit. L’un des intrus, Jennet, dit le Noiseulx, est blessé à mort ainsi que l’un des fils Malone : pour défendre le pâturage communal (Muchembled, 55). Les bordagers du Haut-Maine Dans le Haut-Maine, la restauration agraire s’achève. L’abbaye de Saint-Vincent du Mans passe, en 1525, ses dernières « baillées à toujours mais et parfaite emphytéose » aux derniers petits exploitants, qui prennent des bordages (les « bordagers »). Ces modiations à perpétuité se substituent aux anciens accensements. Pierre Gaultier et sa femme Jeanne obtiennent ce type de contrat pour le bordage du Petit-Monlay à Saint-Georges-de-Dangeul (Sarthe), avec 8 journaux de terre (3,5  ha) contre une rente annuelle de 20 sols, 20 boisseaux de froment, mesure de Saônois, et 6 deniers de cens. La même année, Saint-Vincent amodie à perpétuité à Jousser Beaufrère le bordage des Voisins, à Nouans, avec 10,5 journaux de terre (4,5 ha) moyennant, chaque année, 9 livres de rente, 2 chapons et 2 deniers de cens. Encore en 1525, Jean Richard entre, à Nouans, dans le bordage de la Turelière, d’environ 6,5 ha dont un pré de 5 hommées (1,65 ha), 3 quartiers de vigne et un petit taillis contre une rente annuelle de 13 livres et 6 deniers de cens (AD 72, H 129, d’après Gautier, HSR 382012, 55).

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Pâques : le 1eravril

7  guerre d’Italie (mai 1526-août 1529)

Traces de peste n Peste attestée autour d’Avignon, Bergerac, Briey, Châlons-sur-Marne, Dijon, Grenoble, La Réole, Nevers, Sainte-Menehould, Strasbourg (Biraben, 1975, 383). n Mais aussi en Franche-Comté autour de Besançon et de Salins (Delsalle, 2001, 52) – et, en octobre, autour de Brive (Cassan, 1996, 11). Brigandage en Île-de-France ” « Audict an  1526, en janvier et février, courroient en plusieurs villes et plat païs plusieurs garçons qui se disoient avanturiers, et y avoit des gens de cheval parmy qui alloient et desroboient partout, efforçoient filles et femmes, tueoient et faisoient des maulx sans nombre, pilloient les aucuns des faulxbourgs de la ville de Chartres et environ : aussi à Melun, à Provins et en Brie, et en plusieurs autres lieux, et estoient en gros nombre, comme environ de six à sept mil hommes, tant de cheval que de pied, et faisoient mauls infinies, et disoient estre d’ordonnance et au roy, et qu’ilz n’estoient point payez, et n’y sçavoit-on mettre remède, au moien du gros nombre qui y estoit » (Bourgeois de Paris sous François Ier, 275-276). ” Pillage des gens d’armes. « En ce temps [janvier], c’estoit pitié d’estre sur les champs, pour les gens d’armes qui y estoient, lesquelz faisoient plusieurs obprobres aux subjectz, et singulièrement des églises, et y eust, vers Chartres, ung prévost des mareschaulx lesquel avec ses gens fut occis piteusement » (Driart, 114). Un joueur de rebequet en Artois Le 11  juin, à Monchy-Breton (Pas-de-Calais), une douzaine de jeunes hommes sortent du cabaret. Parmi eux, un joueur de rebequet (instrument à cordes) auquel on demande de jouer sous les fenêtres d’une fille du lieu (Muchembled, 305).

1527 Pâques : le 21 avril Année pourrie : inondations, grêles, crues de la Seine et de la Loire ~ Du 10 au 30 janvier : « très grand froid, forte neige, gel, givre » à Brive. L’année ensuite « grand estirillité de vins et aussi de blés, point de vins pas de fruytages sinon de chastaines » (Cassan, 1996, 15). ~ En Quercy : les blés envahis d’herbes : « L’an mil sinq cens vingt et sept […] ne fist poinct d’hyver, froictz, neiges ni autre malice, mais février fist fort beau temps, et le commencement de mars ; et puys vindrent tant de pluyes que durèrent incessement envyron six sepmaynes ou plus, de quoy les bletz feurent gastés des 170

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harbes et feust plus de couyouls noyrs [folle avoine] que de bled par les ryvières [plaines]. Le froid vint à la fin et gela les fruitz et les vignes tellement qu’en vandanges, le vin se vandoit seitze denier la cart » (Pouget, 19). ~ Autour de Paris  : grêle, pluies abondantes et crue de la Seine en mai  : « Le mercredi après Quasimodo, premier jour de ce présent moys [mai], il gresla cy très fort, vers une heure après-midy, et, n’eust esté qu’il pleuvoit avecques, elle eust faict plus gros dommaige qu’elle ne feist ; et le jeudy, vendredi et samedy ensuivans, il fit grosse pluye et moult froid, par quoy on craignoit que les bledz, lesquelz estoient de moult belle monstre, ne versassent et pourrissent aux champs. « Le mercredi quinziesme jour dudit moys, environ unze heures du matin, la rivière de Biesvre fut si grosse et si impétueuse qu’elle rompit plusieurs édifices à Saint-Marcel […]. Elle venoit jusques devant l’esglise Sainct-Medart. […] et ladicte rivière de Biesvre, le lendemain, diminoit fort jusques à ce que la grand rivière de Sceine fust plaine, laquelle la fict regorger, et alors fut plus grosse que auparavant, l’espace de huit ou dix jours, avant que de descroistre, dont vint et fut la cause du dommaige » (Driart, 125). ~ Par tout le royaume : un merveilleux frimas : « Durant ce temps et jusques à la fin dudit moys de mars, qui estoit aussy la fin de la lune, fust veu courir par tout le reaulme ung mervileux frimas comme gelée, pluye, gresle, vent et aultre grosse tempeste, toutes les vignes jà advancées, dont par la grâce de Dieu en avoit peu, furent gelées et aussy furent les arbres, comme abricotiers, pruniers, admendiers et oucuns guyniers » (Versoris, 195). ~ Crue de la Loire : « En 1586, les crues considérables se montrèrent à Nevers » et en aval, elles surpassèrent les crues de 1496, 1527, 1537  : « tout le bétail qui était dans les pâturages et les environs de cette rivière fut noyé » (Bonnet, 2009). Le 13  mai et jours suivants  : « La Loire déborda, rompit les levées et renversa plusieurs maisons qui étaient le long des levées. Des hommes, des femmes, des enfants et beaucoup d’animaux furent noyés. La rivière atait si grosse qu’elle se joignit avec le Loiret » (Lottin, 375). ~ Fin mai  : pluies et inondations  : « La disposicion de ce present moys a esté la plus merveileuseque oncques vivant n’avoit veu auparavant, car il pleust tous les jours, reservé le pénultiesme jour, et en grande habondance, et les vignes principallement ne proufitoient ne croissoient aulcunement, et craingnoit-on fort des bledz qu’ilz ne pourrissent ès champs, qui fut cause qu’il encherist. Aussy les rivières de Loire, de Loing et toutes les autres de ce pays desbordèrent et abatirent plusieurs maisons, et principallement Loire, et disoit-on qu’il y avoit eu plus de troys milles personne noyez et que l’eau avoit esté par dessus le pont d’Orleans jusques à la pourtraicture de la Pucelle estant sur ledict pont d’Orléans et ce, en plusieurs villes y eust beaucoup de edifices desmollis de par l’impétuosité desdictes eaues, sy merveilleuses que vivant ne les avoit veues en ceste saison, et seroit long à racompter tous les domaiges qu’ilz firent en plusieurs lieux » (Driart, 126-127). ~ 26 juillet : tempête de grêle en Île-de-France, gâtant les vignes et autant bêtes et gens aux champs. « Le lundy xxvie jour du moys juillet, veuille Sainte-Anne, sur le seoir, fut ungne grosse tempeste et oraige avec grand vent, gresle et pluye, en sorte que la gresle chut aussy grosse que ung œuf et plus, mesmement au pas de Bervoisin [sic], et de Clermont. Fust trouvé de la gresle avoir huyt pouces de tour, laquelle 171

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abatist maisons, tua gens et grant quantité de bestial es champs et gasta totallement les vignes des environs. À Senlis, à Saint-Leu en Taverny et à Montmorency, ne fust pas la tempeste si grande ne le gresle si grosse, mais estoit de la grosseur de une grosse noyx, toutesfoyx elle gasta toutes les vignes » (Versoris, 209). Traces de peste n Peste attestée autour d’Annonay, Apt, Bergerac, Bordeaux, Cahors, Marseille, Nevers, Nîmes, Strasbourg et Vierzon (Biraben, 383). n Mais aussi en Franche-Comté autour de Besançon (Delsalle, 2001, 52) et en Cambrésis (« le trousse-galant ») (Neveux, Histoire de la France rurale, II, 90). Les excès du défrichement en Haute-Provence : la destruction du terroir du Fugeret (Alpes-de-Haute-Provence) Depuis le milieu du xve  siècle, la déforestation qui accompagne le repeuplement des montagnes de Haute-Provence, multiplie les cultures en terrasses de blé ou de vigne. Le défrichement des pentes aggrave le ruissellement, notamment lors des orages méditerranéens. Après la catastophe de Bayons, survenue en 1492, celle du Fugeret, en 1527, a failli détruire complètement le village. « Les eaux descendaient des montagnes avec une rapidité folle, emportant tout ce qu’elles trouvaient devant elles, et quand elles s’apaisaient, couvraient de monceaux de pierres les meilleurs quartiers. Se voyant obligés de quitter le pays, les habitants affolés demandèrent instamment une enquête qui découvrit la cause de ce malheur et permit de secourir les sinistrés. « Les déposants, venus des localités voisines d’Annot, de Méailles, de La ColleSaint-Michel, de Peyresq, stupéfaits par l’étendue du désastre, furent unanimes à reconnaître que la cause de cette inondation si violente et si inattendue était due, en même temps qu’aux fortes pluies, au « cultivage » des montagnes. Ils insistent sur les vignobles, particulièrement nombreux, qui couvrent les pentes et offrent aux eaux courantes une proie facile : leur terre grillée par le soleil, émiettée par la grêle, se dissout sous l’action des eaux ruisselantes qui y creusent des fossés profonds, si bien que la montagne est détruite en même temps que la vigne » (Sclafert, 1959, 170, d’après AD 13, B 1272, f° 452).

1528 Pâques : le 12 avril Grandes eaux ~ En Île-de-France : « Le lundy de Pentehecouste, premier jour de ce present moys [juin], la rivière de Scene desborda, laquelle fit moult gros dommaige » (Driart, 132). ~ Dans le Quercy, en juillet  : « par la grand pluye qu’avoit duré sy longtemps que le monde ne pouvoit batre, le bled se vandist trante soulz la carte et ne s’en trouvoit. Consécutivement, en ladite année mil sinq cens vingt et huict, la culhete feust asses bonne de bledz, vins et huyle, mais en cubrisous [époque à laquelle 172

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on couvre la blé après les semailles] fist tant de plyes que l’on ne pouvoit semer les rivières [les terrains en plaine], et ce qui estoit semé noya tellement que les marchantz et touts aultres vivant d’usures assemblèrent les bledz de par toutz les pays et l’aloient achapter tant en la bladerie que par touts les villages, que ne s’en trouvoit quasi » (Pouget, 19-20). Peste résiduelle n Attestations autour de Bergerac, Bordeaux, Bourg-en-Bresse, Cahors et Châteaudun ainsi qu’en Corse (Biraben, 383). Conflit de pâturage en Artois Le 2  juillet, à Lestrem (Pas-de-Calais), au nord de Béthune, deux jeunes bergers de 15 ans se battent à mort. L’un a dit à l’autre « qu’il avait tort et faisait mal de venir du Petit Dîmage, où il était demeurant et résident, et passait la rivière et venait fourrager ceux du Grand Dîmage d’icelle paroise, en leur usurpant la pâture de leurs brebis » (Muchembled, 58).

1529 Pâques : le 28 mars Année froide et humide La nuit du le samedi 17 au dimanche 18 avril : « Grande gelée », qui détruit une partie du vignoble autour de Paris (Driart, 139). « L’été 1529 fut l’un des plus froids et des plus humides des cinq derniers siècles » (Christian Pfister, d’après Le Roy Ladurie, 160). « Les vendanges de ceste année furent achevées fort tard, c’est assavoir en la fin de ce present moys [octobre], et furent les vins fort verdz et valurent mieulx les premières vendanges que les dernières » (Driart, 143). Retours de peste n Peste attestée autour de Bergerac, Cahors, Châteaudun, Gaillac, Lectoure, Nantes, Narbonne, Orléans, Paris, Périgueux, Perpignan, Rouen, Toulouse et Troyes (Biraben, I, 383). n Mais aussi à Cahors et aux environs (Sol, 94) –  en Franche-Comté autour de Besançon (Delsalle, 2001, 53) – à Menton et dans ses environs (Rossi, 2010). Famine générale et misère Avril-septembre : famine puis peste en Quercy… ~ « L’an mil cinq cens vingt et neuf et en apvril, la carte du froment se vendoit 55 sous tournois et 3 livres à prest ès greniers ; et estoit en France generalle famine […] et estoit grande multitude de povres […].

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« Et, en juing, quant les bleds feurent meurs, fist tant de pluyes toutz les jours que les paysants ne pouvoint faucher foin, ny bleds, ni espiguer [dépiquer] yceulz, par quoy feust plus cher que jamays, et dura tout le mois de juin. « Et en ce temps estoit fort grosse mortalité de gens, tants povres que riches, sans peste, et estoit universelle par tout le monde. […] Et dura cette mortalité ayant les qualités de peste, jusques au commencement de septambre, qu’on nomoit “mante” et personne ne s’en gardoit […]. Et, de Cahors, sortirent par la Saint-Fransoys (5 octobre), les habitans de ladite ville, lesquels demeurarent absens jusques à la fin du caresme » (Pouget, 20-21). ~ « Stérilité des biens et grand famine » dans les « duchés de Bourbonnais, Bourgogne, Forez, Lyonnais, Auvergne, Beaujolais et autres pays » (Germain, 55). ~ En Forez, à Sury-le-Comtal, plusieurs pauvres n’ont pu payer leurs servis en 1529-1530, à cause de « la chierté […] et de la stérilité du temps » (AD 42, B2997 f° 6, 27v°, d’après Colombet-Lasseigne, 96). ~ « Item, audit an fut grande cherté de blé parmi le monde » autour du Puy (Médicis, 294). ~ Famine autour de Montbéliard et de Besançon (Delsalle, 2001, 53 et 57). ~ En juillet  : procession pour faire cesser la famine à Paris. « Le vendredi deuxiesme, le roi envoya à Paris en diligence lettres à la cour, à monsieur de Paris et à la ville avertir que l’on eût à faire processions, tant en général que en particulier, et avoir singulier recours à Dieu tant pour la paix, la rédemption des enfants que pour les fruits dela terre qui étaient retardés pour les pluies pernicieuses, qui retardaient l’août, au grand préjudice et dommages des pauvres gens, qui mouraient de faim, obstant que la famine était grande en France, et le mercredi e vii dudit mois de juillet, fut descendue an grande solennité la chasse madame sainte Geneviève » (Versoris, 214-215). Retour à la paix ” Février. « Aventuriers deffects. Aussy furent deffectz en Beausse une grosse compagnie d’aventuriers, lesquelz faisoient plusieurs mauls aux gens des villaiges par le capitainne Chandiou, acompaigné des archers, arbalestriers et harquebutiers de Paris, et en eust la plus grande partie de pendus » (Driart, 137). Une fois signée la paix des Dames (1529), les villages les plus touchés du nord de la Somme sont exemptés et une réduction est concédée au Santerre, à l’élection de Péronne et à 90 villages de l’élection de Saint-Quentin pour l’année 1530 (Paresys, 302-338). Jean Calvin, curé de paroisse Le 5  juillet, pour assurer ses études, Jean Calvin bénéficie d’une permutation de cure. Les laboureurs de Marteville puis ceux de Pont-l’Évêque contribuent à la formation du futur théologien protestant en vertu du système des bénéfices ecclésiastiques qui accorde à son détenteur dîmes et rentes foncières. Jean Calvin permute avec Jean du Bisy la cure de Marteville, au diocèse de Noyon (auj. Attilly, Aisne), dont il était pourvu depuis 1521, contre celle de Pont-l’Évêque (Oise), lieu de naissance de son père, au sud-ouest de Noyon. N’ayant reçu que la simple 174

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tonsure, mais encore « plus attaché que personne aux superstitions papales », selon ses propres dires, pendant les cinq années, il se contente de quelques sermons. Les revenus de ses deux cures successives lui assurent le financement de ses études à Paris, à Orléans puis à Bourges (Abrégé chronologique de l’histoire ecclésiastique…, 1768, 218). Premières grêves de dîmes Depuis 1524, les paysans lyonnais gagnés au luthéranisme refusent de payer les dîmes au clergé. Le 4 septembre 1529, sur les plaintes du clergé du diocèse de Lyon, le roi François Ier donne des lettres patentes à Chantilly pour pacifier les troubles de la famine – la « Grande Rebeyne » –, survenue à Lyon en 1528. On y dénonce quelques centaines d’émeutiers, « mal sentants de la foi », « lesquels, depuis cinq ans en çà que la secte luthérienne a pullulé en la ville de Lyon, le pays et diocèse de Lyonnais », ont par « monopoles, assemblées illicites à sonnement de tocsin », « conspiré » contre le clergé décimateur. Ils se sont « mutinés de ne payer plus aucunes dîmes sinon à leur volonté, qui est de ne rien payer, proférant paroles hérétiques et mal sonnantes ». Enfin, pour frauder les décimateurs de leurs droits, ils ont recouru à l’action directe « emportant de nuit et clandestinement les fruits des terres » (Vidimus du 27  octobre  1529, d’après Henri Hauser, Études sur la Réforme française, 1909, 171-172).

1530 Pâques : le 17 avril Hiver doux en Quercy « Durant l’hyver ne fist aulcunement de froid, gelée, nêge, gresle, pluye excessive, ny aultre mauvais temps, ainsi toujours beau temps comme en automne. Estant en janvier et fevrier les herbes et arbres fleuries […] et ce beau temps dura tout mars » (Pouget, 22). En Quercy : entre Pâques et Pentecôte, forte gelée autour de Lauzerte (Sol, 92). Offensive de la peste n Peste attestée autour d’Agen, Aix, Angers, Avignon, Bordeaux, Cahors, Le Vigan, Marseille, Mauriac, Montélimar, Montpellier, Nantes, Nevers, Nîmes, Orléans, Paris, Valence, Villefranche-de-Rouergue ainsi qu’en Corse (Biraben, 383). n Mais aussi en Franche-Comté, peste à Gy, épidémie à Pontarlier (Delsalle, 2001, 53) – et en Quercy : « L’an mil cinq cens trente, derechef la peste survint un peu après Pasques, de sorte que les uns s’enfouyrent de ladite ville » (Pouget, 22)  – en Savoie, en octobre, avec afflux de pauvres jusqu’à Lyon (Gutton, 231) –  et en Provence.

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Désertion de villages en Bas-Languedoc De mai à juillet, en raison de la peste, plusieurs villages du Bas-Languedoc sont abandonnés. Le 22  mai, Jérôme Fabre, vice clavaire de la ville de Saint-Gilles, s’entend avec Jean Borias pour se charger de l’administration de la justice et de la ville pendant la peste. Le 11  juin, présentation de la censive de « Seolve » au seigneur de Vauvert. Antoine Falcon, religieux de Saint-Jean-de-Jérusalem, procureur du grand prieur Jacques de Manas, se présente à l’aire d’Antoine Valloubière, rentier de la juridiction de Vauvert. Il a « hurlé » plusieurs fois à la porte du château, où il n’y avait personne, comme dans le village « à cause qu’estoient tous fouys, pour e danger de peste, hors dudit lieu ». Le 12 juillet, déclaration de Martin Rodil, de Saint-Gilles, au sujet de Raimond Richard et Pierre Bonarie, de Bouillargues, rentiers de son mas de Fourques. « À cause du dangier de peste, estant audit Bolhargues notoirement, et mesmement qu’il a entendu que ledit Pierre Bonaric estoyt frappé de ladite maladie, et ledit Raymond estoit en lieu suspect, et au moien de ce ne pouvoyt ledit Rodil aller à la présence de sesdits rentiers, impétrans desdites lettres, sans grand dangier de sa personne, et que aussi ne trouvoyt aulcun personnaige que y voulsist aller pour luy » (AD 30, Inventaire sommaire E notaires, III, 401). Querelles de pâturages en Franche-Comté La dépaissance des troupeaux occasionne dans toutes les régions des conflits pastoraux entre communautés usagères. Certains se perpétuent à travers les siècles, ponctués par des accords provisoires. En Comté, les villages de Clerval et de Pompierre (Doubs) s’opposent ainsi depuis 1323. Deux siècles plus tard, après un nouveau différend survenu en 1529, un bornage entend mettre un terme, le 1er février 1530, aux conflits sur leurs droits d’usage respectifs. « Lesdits habitants dudit Clerval, leurs successeurs habitants pourront mener paître leurs bestiaux gros et menus en tous temps, ès lieux et places suivantes  : à savoir depuis la Roche blanche qu’est au bout du boichet devers Pompierre, près du champ diesme, en tirant jusques ès periers dits et appelés « Les Periers des mariages », étant en un champ de Claude Chitra, dudit Pompierre, qu’il tient présentement, en tirant tout droit au grand chemin de Fontaine, selon le long et le large que les places se comportent. « Et avec ce auront lesdits habitants de Clerval et leurs successeurs tout réage, pâturage, vive et morte pâture et affouage et lesdits habitants de Pompierre et leurs successeurs habitants pourront pâturer et faire pâturer par leurs bestiaux gros et menus en tous temps et quand bon leur semblera dès ladite Roche blanche, qui est au bout dudit boichet en tirant droit à la croix de Centoiche près ledit Pompierre jusques à la corne et bout du bois dit Le Vernois, en tirant à la fin du bout du champ près dudit Vernoy et dès l’autre bout et corne du Vernoy du côté devers Fontaine, près du grand chemin en tirant à un gros perrier qu’est à la rive du bois qu’est au long du champ Jehan Rivey, joint ès champs montant, près duquel gros perier sera plantée une borne » (Arch. com. Clerval, FF1, d’après Delsalle, 2001, 139-140). 176

1530

Hold-up dans les campagnes marchoises En mars, près de Glénic (Creuse), les tensions entre seigneur et métayers déchaînent une vendetta. « Pour ce que M.  de Saint-Garmain avait levé les rentes par force de Beaupré, ma fame prist la moitié du bétail dudit lieu et quelques petits lits et buffet, dont ledit Saint-Germain fut fort mal content. Item, en haine de se, le filz du sieur de Saint-George et le filz du sieur de la Villatte, de Fleurat, passèrent par Banassat et Gorce, y cuidant trover le bestail. Et n’y trovant rien s’en allèrent à la Brousse où ils prindrent quatre cens vin vaches et deux veaux, et estoient à ce faire xviii hommes » (Sainte-Feyre, 1895, 196). 15 juin : mandement de François Ier ordonnant aux élus de Périgord de faire respecter les exemptions de taille dont jouissent les métayers des gentilshommes (Bull. phil. et hist. du CTHS, 1913, 119-120). 15 juillet : ordonnance défendant aux gens de guerre de courir les champs et ordonnant aux gouverneurs de leur courir sus (Isambert, XV, n° 109). 18 août : ordonnance de Saint-Jean-d’Angély pour la publication de la coutume de Montargis (Isambert, XI, 458). Parcours scolaire d’un paysan lorrain En 1530, arrivé à l’âge de 5  ans, le jeune Jean Le Coullon, fils d’un laboureurvigneron d’Ancey-sur-Moselle, entre à l’école de son village. Il explique son parcours scolaire. « Ma nativitez et commencement en ce monde fuist par la grâce de Dieu au moys de febvrier 1525. Mes père et mère ont heu plussieurs enffans jusqu’au nombre de 13. Mais ils sont estez morts avant qu’estre mariez, fors Jean Le Coullon l’ainez, aigez de 6  ans plus que moy et ma sœur Frémine, de 4  ans. Estans parvenu à 1’aage de 5  ans, mon père me fit aller aux escolles à Ancey auprès de plussieurs prebtres et magister. Ayans 8  ans je fuis envoiez à Corney auprès d’un prebtre nommé Me Jean Gogney qui m’apprenoit latin. « Mais pour ce que je ne continua, il ne me prouffita nullement. Je ne fus auprès de lui qu’environ 10 moys. Après je fuis renvoiez devant des prebtres à Ancey qui ne sçavaient latin » (Le Coullon, 1-2).

1531 Pâques : le 9 avril Gel des vignes « Janvier après feust beau, cler, sans froid ny neige […] et quant à febvrier, au commansement feust bel et cler et assees froicty, plus que paravant, durant quatre ou sing jours seulement. Mars aussy bel et clair, et avril au commansement, mais en la seconde et tierce sepmayne, fist plus de froict que de tout l’hyver et gelarent les vignies pres des ryvieres, ruysseaux et combes froides. May feust froit au commansement et continua ledit froid, et se leva grand vent aure et tempeste, que fist grand mal » (Pouget, 23). Gel des vignes à Besançon (Delsalle, 2001, 57). 177

1531

Violente poussée de peste en France n Peste signalée autour d’Agen, Annonay, Angers, Auxerre, Avallon, Bordeaux, Cahors, Chartres, Dijon, Laon, Limoges, Loudun, Lyon, Montdidier, Nantes, Nevers, Nîmes, Orléans, Paris, Périgueux, Sens, Toulouse, Troyes, Verdun et Vienne (Biraben, 381). n En Lorraine, en 1531-1532 (Cabourdin, 100). n En Franche-Comté, autour de Besançon, Gy et Gray (Delsalle, 2001, 53). n En Île-de-France en juillet : « En ce temps commença la peste à nouveau » (AD 78, BM Testaments de Dampierre, d’après Bezard, 212). n Dans le Bas-Maine : « Mais la peste fort nous malait Pour quoi chacun aux champs allait » (Le Doyen, 267). n Dans le Quercy. « En septembre et octobre, la peste commansa pour lors d’estre universelle » (Pouget, 24). Famine générale et pain de fougères ~ En Beauce : « La cherté tant du bled que du vin fut si grande […] qu’on faisait du pain de fougères […] et plusieurs choses non accoutumées qui engendrèrent une grande corruption dont s’ensuivit la peste » (Constant, 11). ~ En Poitou : « L’an 1531 et 1532, y eut grande mortalité et famine en Poictou, mesmement à Chastellerault, tellement que le boisseau de froment, qui tint autant que de deux de Paris, valloit dix-sept solz six deniers. À ceste occasion le roy ordonna y donner tous les jours, par espace de quatre mois, aux pauvres gens, pour douze francs de pain » (Bourgeois de Paris à l’époque de François Ier, 427). ~ En Anjou : « En l’an 1531, fut vendu le boesseau de blé xxv sols » (E sup. 49, II, Louroux-Béconnais, 235). ~ Dans le Pays nantais  : « Il est à entendre que audit an, setier seul valait VI livres et que la famine fut au quartier nantais si grande que homme jamais ne l’avait vue telle » (Croix, 1981, 1264). ~ Dans le Pays rennais  : dans les paroisses rurales de Bais, Châteaugiron et Chantepie, crise chronique jusqu’en 1533 (Croix, 1981, 256). ~ En Lyonnais : « Une famine affreuse désole notre contrée et fait affluer à Lyon un grand nombre de malheureux. On recourt à des quêtes pour fournir à leur subsistance » (Rubys, 366). ~ En Franche-Comté, autour de Besançon et de Gray (Delsalle, 2001, 53). ~ En Quercy  : « Est à nouter qu’au commensement d’apvril la carte du bled se vendoit 40 souls, et la fin de may, 4 livres, et ne se treuvoit audit Cahors bled ny pain. Le vin, 20 deniers le cart ; la livre de mouton, 2 soulx et bœuf, 9 deniers ; huyle d’olive, 3 soulz, de noix, 2 souls. Et y avoit por lors une infinie multitude de povres  qu’estoint venus de dehors. Et ladite sepmayne se vendist 4,10  livres soulz » (Pouget, 23). ~ En Gascogne autour de Condom : « Mile Vc trente ung Tant dedans les viles que dehors 178

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Morust de faim mainct ung Que pitié estoyt voers tant de mors ! » (Dudrot de Cabdebosc, 40). Création de l’Aumône générale de Lyon, le 19  mai, en réponse à l’entrée de 7  000 à 8  000 pauvres venus des campagnes voisines. « Une grant multitude de povres gens, paysans et autres, sont venus des pays de Bourgogne, de Bresse, Beaujolais, Bassigny, Daulphiné et autres pays étrangers, et affluent journellement à Lyon, tellement que les rues en sont plaines, tous quérans leur vie et demandans ». De mai à juillet, l’Aumône générale offre un asile aux pauvres et assure des distributions de pain. Une taxe des pauvres et le travail obligatoire des mendiants valides sont expérimentés. Deux ans plus tard, l’expérience est rendue définitive avec la création d’une Aumône générale permanente (Arch. com. Lyon, BB 49, f° 288, registres consulaires, d’après Gutton, 234, 266-270). Location d’une borderie en Poitou Le 16  décembre, maître Guillaume Cothereau, procureur près la cour royale de Poitiers, baille à ferme pour 6 ans une borderie de 84 boisselées (6,4 ha) à Jaulnay. Les 31 parcelles ont été acquises récemment de plusieurs paysans (Raveau, 44).

1532 Pâques : le 31 mars Le dérèglement des saisons « Fin des malheurs qui accablaient la France depuis plusieurs années de 1528 jusqu’à ce jour [1532]. Le Ciel semblait si irrité contre ce royaume qu’il y eut un perpétuel dérèglement des saisons ou, pour mieux dire, l’été seul occupa la place des trois autres ; de sorte qu’en cinq ans on ne vit point deux jours de gelée tout de suite. Cette chaleur importune énervait, pour ainsi dire, la nature, et la rendait impuissante ; elle n’amenait rien à maturité ; les arbres poussaient des fleurs, incontinent après le fruit, les blés ne multipliaient point en terre, et, faute d’hiver, il y avait une si grande quantité de vermine qui en rongeait le germe, que la récolte ne fournissait pas la semence pour l’année suivante. Cette disette causa une famine universelle, à la suite de laquelle vint une maladie qu’on nomma trousse-galant, puis une furieuse peste, si bien que ces trois fléaux emportèrent plus de la quatrième partie de la population de la France » (Lottin, 383). Fièvres, pestes et famine n Peste signalée autour d’Angers, Avallon, Bayeux, Bordeaux, Cahors, Dijon, Limoges, Montdidier, Nantes, Nevers, Nîmes, Orléans, Paris, Vierzon et Villeneuvesur-Lot (Biraben, 383). n En Beauce : « Après cette grande disette [en 1532], les maladies étaient universelles par la France et l’Angleterre et étaient fièvres pestilentielles qui s’attachaient plutôt aux jeunes gens de 20 à 30  ans, dont il mourut grand nombre […]. On 179

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l’appela la sueur anglaise » (Jean-Baptiste Souchet, Histoire du diocèse de Chartres, d’après Constant, 11). n En Franche-Comté, autour de Besançon et Gray (Delsalle, 2001, 53). n Dramatique mortalité en Sologne bourbonnaise  : 187 décès de mars à septembre 1532 à Pierrefitte-sur-Loire (Allier), village de 109 feux (750 personnes). Enterrements collectifs : « en cette année 1532 Rémy Lescorne, Clément Boulard, Gilberte Grimaud, tous trois adultes, sont enterrés avec une enfant, Blaise Pézier, tous quatre ensemble en une fosse, es tombe Lescorne » (AD 03, E 926). n En Haute-Bretagne  : synchronisme entre cherté et « maladies et pestes » dans les campagnes nantaises et rennaises. « La première crise dont on puisse affirmer la réalité et la portée générale pour toute la Haute-Bretagne » (Croix, 1981, 256). Dans son tour de France : François Ier à Bretteville-l’Orgueilleuse Depuis septembre  1531, le roi fait un « grand tour » de France. Le dimanche 14 avril 1532, allant de Caen à Bayeux, François Ier et sa cour passent à Brettevillel’Orgueilleuse (Calvados). « Dyna ciens le Roy Fransois et son fils monsr le Dauffin et dormit le Roy troys heures emprès dyner et monsr le dauffin s’ébatoit à faire monter les gentilshommes sur la granche et maison du jardin… » (AD 14, F 1654, Livre de raison des Perrotte de Cairon, d’après Aubert, 1898, 497). Ni taille ni gabelle en Bretagne 21  septembre  : Édit du Plessis-Macé scellant l’union de la Bretagne à la France moyennant la confirmation des privilèges de la province  : « Aucunes sommes de deniers ne leur puisse êstre imposée si préallablement n’a esté demandé aux Estats d’iceluy pays et par eux octroyée. » Au début du xviie  siècle, le président de La Barre le rappelle  : « En Bretagne où ne se paye que fouage, et n’y a point d’élections ni de tailles […]. Par l’alliance qui se fit d’Anne, duchesse de Bretagne, avec Charles VIII, roi de France, confirmée par Louis XII, qui l’épousa en secondes noces, la Bretagne fut déclarée exemptée de tailles, bel affranchissement pour les Armoriques, mais on leur fait boire en récompense le vin de France, qui y est conduit bien chèrement » (Formulaire des élus, éd. 1631, 202). Le même La Barre, qui était président au bailliage (ou à l’élection) de Mortain, attribue à la rencontre du duc de Bretagne et d’un paysan rennais l’exemption de gabelle : « François II, du nom, duc de Bretagne, allant un jour à Rennes pour introduire la gabelle, eut de rencontre sur le chemin un pauvre paysan qui portait son coq sous son bras et menait sa fille et sa femme menaçant, si l’interrogea où il allait : le paysan lui respondit qu’il alloit à Rennes se défaire de ces trois mauvaises bestes, de sa femme et de sa fille pour les mettre en service, et vendre son coq pour avoir quelque argent pour gagner son pays, et qu’il fallait tout quitter à cause des imposts. Le duc, picqué de ce mot, se retint de son dessein, et ne fist pas ce qu’il s’estoit proposé » (Formulaire des élus, éd. 1631, 316).

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1533

1533 Pâques : le 13 avril Année d’abondance « Abondance de tous grains. « En ce présent moys et saison furent recuillis grosse habondance de tous grains, au moyen de quoy ils furent à bon marché au pris qu’ilz n’avoient esté auparavant quasi l’espace de dix ans » (Driart, 164). Bel été pour les moissons en Quercy  : « Juilliet aussy feust fort sec, et fist le plus beau esté pour cullir les fruicts de la terre qu’homme eut jamays veu, mais n’estoit poinct de foin. Le bled feust bon marché, la carte froment, vingt doubles et vingt et deux le plus beau, et par la sécheresse le vin s’est reculé, car avoit demeuré deux ou trois moys sans plouvoir […]. Aoust feist sec et n’y eut poinct de pluye. Septeambre feust beau et sec et n’y eut guière de vin à Caors, toutes foys aux teres fortz en y avoit assez […]. Octobre fut beau pour semer […]. Est à nouter par la grande chaleur et sécheresse qu’avoit faict l’esté précédent, par Nouël, les ruysseaux et petites rivières n’estoint revenues nec incessa solito ains in arido, ce que n’avoit esté jamays veu vero, ny ouy a maioribus nostrio, en ce temps les rivières et ruysseaux, estre secz » (Pouget, 29). Traces de peste n Peste attestée autour d’Amiens, Avallon, Cahors, Dijon, Épernay, Grenoble, Montdidier, Nantes, Nîmes, Paris, Quimper, Rouen et Valence (Biraben, 383). n Peste en Franche-Comté, autour de Besançon et Salins. Dans la seule ville de Besançon « plus de 900 ouvriers vignerons puis deux ou trois ans an ça sont trépassés » (Delsalle, 2001, 53). n Épidémie dans la région de Quimper (Sée, 482). 12 février : ordonnance défendant aux gens de guerre de courir les champs et ordonnant aux gouverneurs de leur courir sus (Isambert, XV, n° 109). La Réforme arrive dans les Cévennes Barre-des-Cévennes et sa région (Florac, Meyrueis) sont touchées par la « pénétration des réformes » dès la décennie 1530. C’est alors que se multiplient les testaments pré-réformés. Anduze et Saint-Jean-du-Gard ne seront touchés que dans les années 1540, et Saint-Germain-de-Calberte après 1550 (Chabrol, 28). Chasse interdite aux paysans Le 6 août, l’ordonnance de Toulouse interdit la chasse à tous les roturiers. La chasse devient monopole nobiliaire. Interdiction aussi du port d’armes à toute personne autre que gentilhomme  : une vingtaine d’ordonnances en rappellent ensuite les termes, signe de son peu d’application (Isambert, XII, 380-382). « En ce temps, par édict du roy Françoys, premier de ce nom, feust prohibée la chasse aux paysants, et confirmé par arrest du Parlement de Toulouze, et crié à Caors, et par les seignieurs chascun en sa terre » (Pouget, 33). 181

1534

1534 Pâques : le 5 avril Rares traces de peste Autour de Nantes, Narbonne, Nîmes, Rodez, Rouen, Saint-Malo (Biraben, II, 383). Mais aussi en Franche-Comté autour de Salins (Delsalle, 2001, 54). Sécheresse « merveilleuse » ~ En Quercy : « Apvril fust sec, dont chascun s’esbayssoit et de là ensuyvit rareté de baliarges et avoynes […] et puys ne pleust poinct de tout ledit moiys [de mai], ny de juing, jusques au 16e  et 17e  dudit moys, qui pleut tellement, de sorte que par ladite sécheresse ne feurent poinct de baillarges, advoynes, légumages, ny de foins, et se vandoit le quintal du foin au circuit de Caors, 2 livres 4 souls, parce qu’il y avoit grande stérilité, causant la défaillance des eaux. La rivière de Llolt feust sy stérile qu’auparavant homme n’avoit veu de sa vie, car à grand peine les molins pouvoint mouldre. Juing et julliet fort secs et chautz, plus qu’homme ayt veu jamays, et n’ont esté advoynes ny baillarges ; les herbes estoint toutes bruslées » (Pouget, 31-32). ~ En Lyonnais et Forez  : « Sécheresse extraordinaire. Les processions blanches furent si fréquentes que l’on ne voyait soir et matin autres que ces pauvres gens de village, hommes, femmes et petits enfants, tout nus et seulement affublés d’un linge blanc, qui allaient criant avec voix pitoyable, et la larme à l’œil en leur gavot : Sancta Maria, d’ayguy, d’ayguy, d’ayguy » (Rubys, 366, et Jean Canard, 1991, 13). ~ En Velay : « L’an mdxxxiv, fut grande et merveilleuse sécharesse, par laquelle après proceda petite année de tous biens de la terre, qui causa grande et indicible mortalité d’arbres ; mais les labours s’en cultivarent mieulx, dont l’année après fut fertile et habundante » (Médicis, 368). ~ Grandes chaleurs à Besançon, en juillet (Delsalle, 2011, 58). ~ Canicule en Île-de-France : « En ce moys [juillet], il fit sy très grande challeur que le verjutz seschoit sur le septier ; diminua beaucoup de la monstre qui avoit esté auparavant ; nonobstant, le vin n’en enchérit de guères, au moyen qu’il n’estoit de guarde. Les avoines furent bien courtes, et valut le spetier plus d’un escu soleil ; le foyn aussy fut fort cher, car il n’y en eust guères aux hautz prez ; il y eust bonne année de blez, mais ilz furent fort besongnés quasy partout » (Driart, 169). La Seine deux fois gelée ~ Janvier  : Seine prise par les glaces pendant huit jours « et dura l’iver assez longuement » (Driart, 166). ~ Décembre : « En ce présent moys, il fit troys sepmaines de grosse gellée continuelle, et fut la rivière de Sceine gellée, au moyen de quoy il y eust grosse nécessité de boys à Paris » (Driart, 174).

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Un curé laboureur Testament de « discrète personne messire » Richard Pitart, qui lègue, le 5 août, à ses exécuteurs testamentaires « blé, avoyne, poix, vesse, fourrages, chevaulx, harnois, cherrette, cherue, tombereau, pourceaulx, brebis » (AD 78, BMT Dampierre, 1525-1556, vues 107-108). Création de la première capitainerie de chasse à Fontainebleau La protection des plaisirs du roi échappe à la juridiction ordinaire des Eaux et Forêts : les seigneurs hauts justiciers perdent leur juridiction sur la chasse. Le roi seul, et, par délégation, les officiers de la capitainerie ont le droit d’y chasser. Les règlements imposent des contraintes au calendrier agricole. Un bordage dans le Toulousain En  Haut  Languedoc  comme  en  Poitou, le  métayage  est  très  répandu.  La  bourgeoisie toulousaine, à l’instar d’Antoine de Malras, confie volontiers à mi-fruits ses « bordages », domaines  ruraux  en  blés  et  vignes, exploités  dans  le  cadre de l’assolement biennal. Mais, à la différence des métayers de l’Ouest, les  bordiers détiennent l’essentiel du train de culture et du bétail. Il s’agit ici d’un  contrat à court terme (3 ans) par lequel le bailleur n’apporte que la moitié de la semence. L’acte notarié, du 9 juillet 1534, est antérieur à l’ordonnance de Villers-Cotterêts : il commence en latin et se poursuit en mêlant étroitement les langues d’oïl et d’oc. « Arrendemens bordi egregi viri domini, Anthoni de Malris jurium professoris […] Dictus de Malras, qui pro se et suis arrendavit et arrente, nomme, tradidat honeste mulieri Bernarde Vesiana relicte Ramondi Fauri, dum viveret  ejus viri et Petro Faure dicti Vesianc et dicti Fauri filius, habitante loci de  Pechbonnieu, diocèse et seneschaussée Tholose, una borda qui habet in loco de Gratentor cum suis terris, pratris, vinhis […] pro tempus sive trium annos sive  trium cuilhitas […] incipiendo in festo omnium sanctorum domini proximi. » [Arrentement d’une borde appartenant à honorable homme sire Antoine de Malras, professeur de droit […] ledit  Malras qui pour lui même et les siens a arrenté et arrente, nomme, livre à honnête femme Bernarde Vesian, veuve  de Raymond Faure, son époux en son vivant, et à Pierre Faure dit Vesianc, fils dudit Faure, habitant du lieu de Pechbonnieu, diocèse et sénéchaussée de Toulouse, une borde qu’il possède au lieu de Gratentour avec ses terres, prés, vignes […] pour le temps de trois ans ou trois cuiellettes […] commençant à la fête prochaine de tous les Saints de Dieu] « Premierament, ledit de Malras luy bailho toutes les terras appartenant à ladite borda scituadas tant à ledit loc de Gratenttour, Pechbonnieu, Castelginest (villages à quelque km au nord de Toulouse), et se per aquelles laborar, culturar, entretener de valatz, à lasdites terras utiles et necessaires durant loudit temps et en tout se ben regir et se gouverner comme un bon paire de famille. « Item, es pacte que tout le gragne se semenera en lasdites  terras ; le dit de Malras en fornira la mitat et lesdits Vesiana et Faure seran tengutz de fornir ses fusts et bestial por laborar, semenar et entretenit lasdites terras à leurs costz et despens, ensemble l’autre mitat de la semence. 183

1534

« Item, es pacte que lesdits Vesiana et Faure seran tengutz tous les ans desdits tres ans semenar la mitat de lasdites terras […]. « Item, es pacte que lousdits bordiers seran tengutz de far sarclar lou blat en  aquellas terras nayscens à leurs propres costz et despens, reservat que au temps de sarclases sera tengut ledit de Malras bailla auxdits arrendatoris quarante soulz tournoys. « Item, es pacte quant se viendra à la cuilhita, ledit de Malras tirera al sol  la mita de tout gra et se que veudra sa part, seran tengutz les dits bordiers luy portar en sa mayson à Tholose à leur artz et despens, et ledit de Malras fornira et pagara la despense de boca en sa dicte mayson […]. « Item, es pacte que de tout le fe que prendra des pratz de ladite borda seran tengutz lesdits bordiers en pourtar duas carratadas audict de Malras en sa mayson à Tholose tous les ans et le restan leur demeurera […]. « Item, es pacte que de la vinhas de ladite borda, Malras prendra la mitat del bon vy et […] las dites vinhas, seran tengutz lousdits bordiers podar, fogar, binar, vindemar et autras obras […] à leur propre costz et depens » (AD 32, 3 E 12050, éd. Janine Estèbe, Documents de l’histoire du Languedoc, 1969, 194-195).

1535 Pâques : le 28 mars

8e guerre d’Italie (1535-juin 1538)

Vaches grasses…

✷ Bonne année en Quercy  : « May, juing, juillet feurent pluvieulx, de sorte que

les bleds ne peuvoint meurir ny ceulx qu’estoint meurs ne se pouvoint coupper, ny faucher, ny les coupper, lier, despiquer, dont le bled devint cher […]. En cedit moys [septembre] et en octobre on vandangeoit, y eut plus de vin que dix ans auparavant. Au commencement de septambre, le vin se vandoit 12 ou 15 livres le plus chair, le bled froment 10 soulz ; y eut beaucoup d’herbages et de glandaige, et Dieu grâce, melieure année que eust esté longtemps auparavant » (Pouget, 35). ✷ Année d’abondance en Dauphiné : « C’est l’an mil cinq cens trente cinq Qu’avons très grant sayson de vin, Des blés et aultres biens de la terre. Prions Dieu que nous gard de guerre, Pestilence et d’aultre encombrier, Et quant ce viendra au dernier De noz jours que soyons assis Avec luy en son paradis. Amen » (Latouche, 1932, 344). … Vaches maigres 9 juillet : en Poitou, processions à Saint-Maixent pour arrêter la pluie. « Le 9, fut faite procession en cette ville et fut porté le chief de Monsieur Saint-Maixent, où 184

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vindrent plusieurs processions des champs et furent faites prières, afin que Dieu donnast beau temps qui estoit pluvieux, pour recueillir les fruits de la terre » (Le Riche, 8). ~ Excès d’humidité, limaçons et grands froids en Quercy (octobre-novembre). Après une forte gelée, la Dordogne déborde et laisse d’énormes blocs de glace dans les prairies et les champs. « Item, l’an mil vcxxxv, […] al temps de samenasos [semailles], lo temps se portet fort plusos et y avia grand cop de […] massos [limaçons], que domagero fot los blatz […]. Et a causaz de lesd. Pluesas, l oblat que se donava per xii et xiii s, se vendet enviro Totzsanctz xx s. « Lod. an, enviro la Sainct-Marti d’ivern, lo temps se meset en bel, que duret jusques a la Sainct-Maur, et feset plus frecs et gialet fort, et lo ser de Sainct-Maur, pleguet si fort que las aygas sortiro totas lendema de la Dordoignie, gitet fora lo gial [la glace], que plusors camps demorero ples de grans carties de gial, espes dos ou tres pex, que era causa mervelhosa et que on no envia plus vist » (Registre de famille des Du Noyer, d’après Guibert, 1895, 257-258). Une métairie en Poitou 18 octobre 1535. Bail à mi-fruits de la métairie du Plaix-Gaillard pour 5 ans. Le bail à mi-fruits, très commun dans les provinces de la France centrale, impose une collaboration étroite – et en principe égalitaire – entre propriétaire et exploitant. Il va de pair avec une minutie de détails qui éclairent les conditions de la production agricole et de l’entretien des paysages ruraux  : dans le régime du métayage, on compte sans cesse jusqu’au plus petit poste. Avec ce contrat, on saisit ici une exploitation d’une vingtaine d’hectares, assez banale en haut-Poitou sous François Ier. « Ont esté présens et personnellement establiz et deuhement soubzmis, maistre Jacques Lebreton, procureur à Poictiers, d’une part, et Guillaume Nemarie, laboureur, à présant demourant en la parroisse de Bouresse (Vienne), en la maison et mestairie dud. Lebreton, appellée Le Plaix-Gaillard, d’autre. Lequel Nemarie a recongnu et confessé avoir prins dud. Lebreton, jusques à cinq ans et cinq cueillettes ensuivant et consécutyves, commençans à la feste Saint-Michel derrenièrement passée 1535 [29  septembre] et finissants à lad. feste, que l’on dira mil vc quarente, lad. maison et mestairie du Plaix-Gaillard, à tiltre de mestairie à moictié de tous fruictz naissans et croissans en lad. mestairie, soyent blez, poix, febves, lins, chanvres et fruictages que aultres choses. Laquelle moictié de tous lesd. fruictz, led. Nemarie sera tenu et a promis rendre et conduyre à ses dépens par chascun an dedans la feste de Noël audit Poictiers, en la maison et greniés dudit Lebreton. « Et pendant led. temps de cinq ans, labourera et ensemencera led. Nemarie les terres labourables de lad. mestairie bien et convenablement, selon qu’il est requis en faict de labouraige. Plantera par chascune desd. années ou fera anter une douzaine de pieds d’arbres fruictiés […]. Fera sercler les blez et les mestyver [moissonner] et rendre en la grange à ses despens, et fournyra de toute ferrure [garnitures de fer nécessaires à l’entretien du cheptel] moyennant que ledit Lebreton fournyra moictié de semence, baillera par chascun an quarente solz pour sa part de la fer185

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rure et de lad. serclure. Et aussi mectra un homme pour ayder à mestyver, qu’il payera. Et pour battre les bledz, y pourra mectre un homme et led. Nemarie, deux. « Et demeureront quatre bœufs estant en lad. mestayrie, une charrete ferrée, quarente-deux chefz de moutons et brebis, tous les pourceaux, chèvres, poulailles et ouyes [oies] par moictié et commun entre lesd. partyes, et les fruictz et croistz qui en provyendront, pour estre partiz par moictié, moiennant que led. Nemarie demeure redevable envers led. Lebreton de la somme de vingt sols parce que les 2 beufz que a achapté ledit Lebreton ont cousté vingt livres, et ceulx dud. Lemarie, dix-huyt livres. « Et aussy que led. Lebreton a desduict audit Nemarie sur la somme de dix-huict livres que led. Lebreton lui a prestée en quatre fois […], c’est assavoir pour avoir la moictié ès pourceaux dudit Nemarie, quy ont esté prises huyt livres, la somme de iiii livres. Pour avoir la moictié en lad. charrete, que led. Nemarie dit luy avoir cousté six livres, la somme de soixante solz, et pour estre égaulx en brébiail [troupeau de bêtes à laine] parce que led. Lebreton n’en a que dix-neuf chefz, et led. Nemarie vingt-trois chefz, la somme de quinze solz ; et pour avoir la moictié en quatre chefz de chèvres et en la poullaille et ouyes que led. Nemarie a apréciées à la somme de cinquante-cinq solz, la somme de vingt-sept solz six deniers. Par ce demoure encores redevable led. Nemarie, de reste desd. dix-huyt livres et xx s. pour lesd. beufz, en la somme de neuf livres dix-sept solz six deniers, laquelle il a promis payer aud. Lebreton dedans la feste Sainct-Michel prochainement venant. « Et outre a confessé avoir receu dudit Lebreton présentement la somme de dix solz sur lad. somme de xx sols pour la ferrure de ceste année, commançant la fête Sainct-Michel dernière, d’une part, et douze livres t., d’autre, pour achapter deux veaulx et deux vaches, qui seront à moictié, en remboursant led. Lebreton de la moictié de ce que lesd. veaulx et vaches cousteront […]. « Est aussi accordé entre lesd. partyes que led. Lebreton pourra en temps et saison de glandée, bailler deux porceaux, et mectre en lad. mestairie outre ceulx quy sont à moictié où led. Nemarie ne prandra riens, et sera tenu les garder et faire mener aux champs et garder ès boys avec les aultres. Et quant est des pastures et fumyers, est dit que, à la fin desd. années, ledit Nemarie ne prandra riens ès foins, sauf que, s’yl les a serrez en la grange, sera payé de sa payne et aura led. Nemarie les deux-tiers ès menuz pailhes et la moictié des grandes pailhes et des fumyers. Et parce qu’il dit que ses grands bledz de ceste année, qu’il a amenez en lad. mestairie, montent à quatre charretées, ledit Lebreton sera tenu en achapter ceste année quatre charretées de grand pailhe pour mectre en lad. mestayrie […]. « Et entretiendra led. Nemarie les maisons et granges de lad. mestayrie et les rendra en bon estat, et fournyra de la main de l’ouvrier quant à la couverture, et led. Lebreton fournyra d’étoffes [matériaux de construction] […]. Fait et passé aud. Poictiers, le xviiie jour d’octobre de l’an mil vc trante-cinq » (AD 86, E4/27, d’après HSR, 1, 1994, 163-166). L’essor de la luzerne 1535-1537 : nombreux prés en luzerne signalés dans les plaintes de mésus champêtres, lors de divagation du bétail en Roussillon dans les registres des Sobreposats 186

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de l’horta (tribunaux des jardins) (Gilbert Larguier, Découvrir l’histoire du Roussillon, XIIe-XXe siècle, 2010).

1536 Pâques : le 16 avril Du froid au chaud ~ Été chaud dans la moitié nord de la France. Vendanges tardives, le 8 septembre à Dijon (Le Roy Ladurie, 2004, 163). ~ Grand froid à Cahors, le 10 janvier. Hiver rigoureux. Lot gelé (Sol, 95). ~ Le 12  janvier, à Besançon, « ordre de rompre les glaces à l’entour de la cité » (Delsalle, 2011, 58). ~ Gascogne : « À ceste année le printemps fust pluvieux et facheux tant en gelées et n’y eust guères fruytages, occasion d’ing froyt qui gasta les fleurs des arbres » (Dudrot de Capdebosc, 14). ~ Poitou : « En ce temps [juillet 1536] la sécheresse estoit si grande que les rivières estaient à sec, fors la Sèvre, qui estoit bien petite. Et convenait ès gens de Gastine venir en ce pays, pour faire moudre les blés, et on payoit argent, oultre le droit de mouture, et souffroient les bestes à faute de boire » (Le Riche, 11). ~ Sécheresse en Provence (Pichard, 195). Invasion de la Savoie par les Français Le 24 février, les troupes françaises de l’amiral Chabot entrent en Savoie conjointement avec les Bernois et les Valaisans. Les troupes de Charles  III n’opposent qu’une faible résistance aux envahisseurs. Seule la citadelle de Nice reste inviolée. Le pays est non seulement occupé, mais aussi démembré. Les Bernois s’emparent du pays de Vaud et s’installent à Thonon, dans le pays de Gex, et une partie du Genevois. Les Valaisans occupent Évian, le Val d’Abondance, le pays de Gavot et la vallée d’Aulps et y favorisent les religieux catholiques. La Savoie, occupée par les Français, est rattachée au Dauphiné. Il ne reste plus à Charles  III que Verceil, quelques places au Piémont de l’est, la vallée d’Aoste et Nice. Jusqu’en 1559, la politique d’occupation française en Savoie respecte les usages locaux et ne rencontre guère de résistance. Les Espagnols en Provence et en Picardie ” Le 13 juillet, Charles Quint envahit la Provence. Les campagnes sont ravagées jusqu’en septembre par Montmorency, désigné par le roi pour chasser l’Empereur. Il opte pour une efficace politique de la terre brûlée, qui lui vaut le titre de connétable en 1538. ” Août-septembre  : offensive espagnole en Picardie. En 1536, Henri  III de Nassau-Breda, commandant l’armée de Charles Quint, assiège la ville de Péronne du 14  août au 11  septembre. Malgré d’incessants bombardements et plusieurs assauts, la ville tient bon. 187

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1537 Pâques : le 1er avril Gel des vignes en Anjou et en Poitou ~ En Anjou, le 15  avril, lundi après les Rameaux  : « Gela fort et feist grand dommage aux septs [ceps de vigne] ; mardi, lendemain, gella davantage, tellement que les vignes furent quasi entièrement gelées […] et les arbres entièrement gelés, qui sont les seps estant en iceulx sans exception, sauf quelques noyers hault ; ce qui jamais n’avoit esté ouy ni veu. Le mercredi gela encore, mays non pas tant, et n’a point fait d’iver tellement que précédentement la glace n’avoit esté si forte ; et duroit la lune de mars, par quoy a bien esté pratiqué l’adage commun : « lune de mars ne feist jamays bien en apvril » (E sup. 49, IV, Varennes-sous-Montsoreau). ~ En Poitou : « août 1537. Audit mois, fit temps froid et de pluie qui empescha que les vignes ne vinssent à maturité, et, pour les garder de pourrir, l’on mit communément des fourchettes pour les hausser et mettre loin de la terre » (Le Riche, 17). Crue, sécheresse et raz-de-marée ~ Crue de la Loire en 1537  : « En 1586, les crues considérables se montrèrent à Nevers et en aval, elles surpassèrent les crues de 1496, 1527, 1537 : « tout le bétail qui était dans les pâturages et les environs de cette rivière fut noyé » (Bonnet, 2009). ~ Sécheresse en Forez : « En ladite année [1537] les vivres ont été fort chers, a demeuré sans pluie huit ou dix semaines, si que les grandes rivières sont sèches, le pain bien cher, moissons faites après Saint-Jean commencé, la chair a été fort cher, le vin vendu xiiii deniers la pinte […]. Audit an, le X septembre a fait gros tonnerre, la foudre tomba et grêla à grand foison, qui a fort gâté les vignes. Le dimanche xvii dudit mois la nuit et le matin a fort tonné et grêlé, si que les vignes en ont été fort gâtées. Vendanges sont commencées audit an le jour Saint-Cosme et Saint-Damien. Le xxi octobre a fait éludés, gros tonnerres et grêles. […] terres couvertes » (Abbé Bouillet, Histoire du prieuré d’Ambierle, 150). ~ Raz-de-marée sur l’île de Ré  : « Ce jour-là [22  août] l’océan a failli recouvrir l’île entièrement » tant « les deux mers qui [la] circuisent et [la] bornent […] se joignirent l’une l’autre, au grand étonnement de tous les habitants d’icelle qui se croyaient être perdus » (Amos Barbot, Inventaire des titres et chartes de La Rochelle, d’après Rambeaud, 285). Une plaie incurable ? Le brigandage des déserteurs aux champs 25  janvier  1537 (n.  st.)  : édit sur les attributions et la juridiction des prévôts des maréchaux et sur la punition des vagabonds et gens sans aveu. L’ampleur du brigandage, qui entretient un climat d’insécurité récurrent dans les campagnes, engage François Ier à confier aux prévôts des maréchaux – et non plus aux baillis et aux sénéchaux – le soin de lutter contre les vagabonds. Dès lors, et jusqu’à la Révolution, le vagabondage sera un cas prévôtal. 188

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« Comme ayant été avertis que plusieurs gens de guerre de cheval et de pied, de nos ordonnances, et autres vagabonds et domiciliés, oppriment grandement notre pauvre peuple en leurs personnes et bien en maintes manières, et tenant les champs, pillant, robent leurs hôtes, forcent et violent femmes et filles, détroussent et meurtrissent les passants. » Pour les appréhender, les prévôts des maréchaux appelleront « nos vassaux, nobles et autres gens plébéiens, laboureurs, roturiers et communautés à tocsin ou cri public » pour capturer les vagabonds et pillards (Isambert, XII, 531-533, et Gutton, 252). 26 mai : ordonnance de Fère-en-Tardenois « sur la punition des aventuriers et gens de guerre tenant les champs ». Depuis 1536, après la levée et enrôlement de chevau-léger et gens de pied pour résister à l’invasion de la Provence par Charles Quint, les déserteurs ravivent la plaie du brigandage, « tenant les champs, foulant et opprimant le peuple en leurs personnes et biens, commettant plusieurs forces crimes, violences et délits ». Devant l’inefficacité des injonctions déjà faites aux baillis et sénéchaux de réprimer leurs délits, qui persistent en février et mars 1537, sous forme de « violements de femmes et filles, détroussements, pilleries, larcons et oppressions », le roi renforce la réglementation. « Toutefois il faut bien qu’elles aient été mal exécutées, et les délinquants peu châtiés et punis, quand les vices et délits ne sont point cessés, plusieurs vagabonds, tant à cheval qu’à pied, tenant, comme encore font, les champs, les aucuns feignant de venir à notre armée, les autres retournant d’icelle, sans congé de leurs capitaines, et encore autres qui n’ont voulu, ni ne veulent la guerre qu’à la bourse du pauvre homme, faisant exécrables et innumérables maux, à Dieu déplaisant, et au monde détestables et abominables. » Tout en confirmant les commissions expédiées à cet effet aux baillis, sénéchaux et prévôts des maréchaux, « lesdits pillards tenant les champs, opprimant notre peuple, avons délaissés et abondonnés, délaissons et abandonnons, pour être offendus, rompus, départis, tués et occis comme nos ennemis rebelles, et de notre chose publique, sans qu’il soit besoin pour raison de ce obtenir pardon ne remission de nous » (Fontanon, II, 169, et Isambert, XII, 535-540). À l’ombre de la guerre. En janvier, les habitants de Cléry-sur-Somme décident de « faire toutes les nuits [le guet] tant en icelle église que sur la chaussée dudit Annecourt, en temps de guerre contre nos ennemis » (AN, JJ 252, 20r°, d’après Paresys, 1998). Une vache au labour, faute de bœuf En Vésubie, en 1537, le conseil de la communauté de Roquebillière décide qu’en dépit des usages établis, « si quelqu’un voulait domestiquer une vache [pour l’araire], qu’il soit permis à quiconque de domestiquer une ou deux vaches, s’il n’a pas de bœuf, cela surtout parce que les bœufs sont de grand prix et que certains ne pourraient avoir assez d’argent qui suffise à acheter le ou les bœufs » (Boyer, 136-137).

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La naissance d’une métairie 1537 : Début de la constitution de la métairie de la Lunardière, à Fenioux (DeuxSèvres), par Raoul de La Porte, arrière-grand père de Richelieu. Son fils François poursuit l’œuvre commencée de 1558 à 1580 par sept acquisitions sur des paysans du cru. Évincés peu à peu, les habitants du village cèdent la place au métayer du seigneur de la Lunardière, installé sur 60 ha (Merle, 60).

1538 Pâques : le 21 avril Grandes gelées destructrices ~ En Bourbonnais et Roannais : « Audict an, la veille de Pâques fleuries, le XIII d’avril, a fait gros éludés, tonnerre et grêle. Les dimanche, lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi a fait si grand gelée qu’elle a gâté les vignes, noyers et fruits. Le mardi III juin, a fait un si gros vent, si grande pluie que fut jamais vu et que les eaux ont tout gâté et tombé quantité de grosses grêles en si grande quantité et grosseur qu’elle a gâté les blés, vignes, chennevières, spécialement à Pierrefitte, Boutiers, et S. « (Bouillet, Histoire du prieuré d’Ambierle, 1910, 150). ~ En Comté. « L’an précédent, 1538, les vignes avaient été universellement gelées, tellement que je ne fis pas une pinte de vin en toutes mes vignes », écrit le seigneur de Broissia, pour ses vignes à Sellières (Jura) (Delsalle, 2011, 58). ~ En Pays messin : « Il gelât en apvril en l’année 1538 tellement que la pluspart des vignes furent gelées. Sy fust il assez abondance de vin » (Le Coullon, 2). ~ En Poitou : « La fin dudit mois [janvier] fut pluvieuse et venteuse, et furent les eaux si grandes que l’on ne pouvoit passer à cheval, par les rivières où l’on avait accoutumé passer ; auquel mois, ni autres précédents de la saison de l’hyver, n’a fait froid pareil, dont l’on présume plutôt mal que bien, tant pour les personnes que pour les biens. […] Le 16e  jour et les deux suivants [avril], fit gelée, laquelle a gâté les vignes, de tous côtés, et n’y a assurance de la dixième partie de fruits, pour l’an présent ; aussi a fait dommage aux noyers » (Le Riche, 20). 25 mars : ordonnance de Fontainebleau pour la publication de la coutume de Nivernais (Isambert, XI, 458). La chasse réprimée par la maréchaussée 12  décembre  : ordonnance attribuant au prévôt des maréchaux la connaissance des crimes et délits en matière de chasse. Soucieux de la conservation du gibier et la protection de ses chasses et « pour ne distraire nos sujets de leur métier, labourage et autres leurs affaires », le roi entend ainsi améliorer la répression d’un délit général dans les campagnes (Isambert, XII, 550). Le droit de premières noces en Ossau Le seigneur de Louvie s’arroge encore le droit de premières noces dans les montagnes d’Ossau sur quelques maisons du village d’Aas, qui dépend d’Eauxbonnes : 190

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« Item, lorsque quelques-uns desdites maisons ci-dessus désignées viendront à se marier, avant de connaître leurs femmes, ils seront tenus de les présenter pour la première nuit audit seigneur de Louvie, pour en faire à son plaisir, ou autrement ils lui paieront tribut » (Bonnemère, 1856, 59).

1539 Pâques : le 6 avril Trop d’eau ! ~ En Poitou  : « Ledit mois [mars] a esté, et aussi le mois précédent, pluvieux et venteux, en manière que les chemins estoient fort gastés et rompus. L’on ne pouvoit bêcher les vergers ni faire les baillarges » (Le Riche, 21). ~ En Quercy  : forte humidité en juillet où l’on ne peut dépiquer le grain qui pourrit sur les sols. 26 et 31 juillet : crue du Lot : « Le vingt et sixiesme julliet, feste Saint-Jacques, la rivière de Lolt creut au pontneuf jusques aux murailhes de la ville, fort hault par l’abondance des pluyes, gresle et tempeste, et en emmesnoit plusieurs bestes tant grosses que menues, gerbes de bled, boys couppé, chanvres, fustes et plusieurs autres choses que homme vivant n’avoit oncques veu dans Caors, et feust ce dernier juillet le pire de pluye, gresle, tempeste et tonnerre, et fist grand mal et domaige ledit desbordement d’eau » (Pouget, 167). Août 1539 : Ordonnance de Villers-Cotterêts sur le fait de la justice Fort discutée chez les historiens, la portée de ce texte n’est que sectorielle – elle concerne les officiers de l’administration publique  – et surtout progressive. En Haut-Languedoc, dans la rédaction des compoix conservés aujourd’hui pour le ressort départemental du Tarn, la décennie 1530 marque effectivement l’apparition timide du français à côté de l’occitan dans la rédaction des registres. Mais il faut attendre un demi-siècle pour que l’occitan cède le pas au français ou à un langage mixte avant de décliner. Ce n’est que dans les années 1680 que le français est seul utilisé. Art. 51. « Sera fait registres, en forme de preuve, des baptêmes, qui contiendront le temps et l’heure de la nativité, et par l’extrait dudit registre, se pourra prouver le temps de majorité, ou minorité, et sera pleine foi à cette fin. » Art. 111. « Et pour ce que telles choses sont souvent advenues de l’intelligence des mots latins contenus esdits arrêts, nous voulons dorénavant que tous arrêts, ensemble toutes autres procédures, soient de nos cours souveraines et autres subalternes inférieures, soient de registres, enquêtes, contrats, commissions, sentences, testaments, et autres quelconques, actes, exploits de justice, ou qui en dépendent, soient prononcés, enregistrés et délivrés aux parties en langage maternel français et non autrement. » Art. 180. Nous défendons à tous notaires, de quelque juridiction qu’ils soient, de ne recevoir aucuns contrats d’héritages, soit de venditions, échanges, ou donations, ou autres sans être déclaré par les contractants en quel fief ou censives sont 191

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les choses cédées et transportées, et de quelles charges elles sont chargées envers les seigneurs féodaux ou censuels. […] » Art. 191. Nous défendons à tous lesdits maîtres, ensemble aux compagnons et serviteurs de tous métiers, de ne faire aucunes congrégations ou assemblées, grandes ou petites, et pour quelque cause que ce soit, ni faire aucuns monopoles, et n’avoir ou prendre aucune intelligence les uns avec les autres du fait de leur métier, sur peine de confiscation de corps et de biens ». Cet article sera utilisé pour condamner les grèves agricoles, les « baccanals de moisson » au xviiie  siècle (Isambert, XII, 600-640). Publication de coutumes ✷ Première rédaction de la coutume de Bretagne. ✷ 10  juillet  : ordonnance de Paris pour la publication de la coutume de Senlis (Isambert, XI, 458). ✷ 18 août : ordonnance de Villers-Cotterêts pour la publication de la coutume de Clermont-en-Beauvaisis et celle du Valois (Isambert, XI, 458). ✷ 16  septembre  : réunion à Crépy des représentants des trois États appellés à rédiger la coutume du Valois, publiée dès 1540 avec en même temps celles de Clermont et de Senlis (Carlier, 1764, 562). Varia ✷ 22 mai : édit défendant de se servir de chêne pour les échalas dans les vignes pour réserver ce bois à la charpenterie (Isambert, XII, 559). ✷ 24  juin  : édit défendant l’entrée du royaume aux Bohémiens et enjoignant à ceux qui y sont d’en sortir (Isambert, XII, 566-567). ✷ 30 août : ordonnance signée à Villers-Cotterêts, défendant aux gens de guerre de courir les champs et ordonnant aux gouverneurs de leur courir sus (Isambert, XV, n° 109). ✷ Décembre 1539 : entrée de Charles Quint à Poitiers, dans l’enceinte de laquelle on rencontre de grandes étendues de terres de labour  : « De sa vie, il n’avait vu aussi grand et aussi beau village » (Raveau, 189).

1540 Pâques : le 28 mars Grande sécheresse : bons blés et vins cuits ~ Chaleur extrême en Pays messin. « Durant l’anhée 1540, il fuist sy extrêmement chauld que on dysoit que les biens de la terre ardoient. Touteffoys ce fuist une bonne année fertilles de tous biens. Les anciens disoient n’avoir jamais veu années sy chaude ne sy bons bleids et vin. La queue se venda 10 fr. et la quairte de bleids 6 et 7 solz » (Le Coullon, 2). ~ « Grande sécheresse » en Comté. Autour de Besançon, « les chaleurs durèrent 9  mois et commencèrent à la Chandeleur, et, sans pluie, l’année ne délaisse pas 192

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d’être fertile, et est dite l’année des boutefeux ». « Fut en ladite année si grosse sécheresse que les rivières furent, depuis le mois d’avril jusques environ la fin de novembre, si basses qu’on les passait à pied […] et furent les moissons si hâtives que l’on moissonna en juin par tout, et les vendanges furent commencées à la miaoût et achevées à la Notre-Dame de septembre, et furent les vins si bons, si forts et ardents que l’on n’en osait boire jusques environ Noël » (Froissard-Broissia, 1886, et Delsalle, 2011, 58). ~ Année de sécheresse en Quercy. « Juillet, aoust fitz si chaulz que cusèrent les raysins qu’estoint demeurés, sécher, et appeloit-on ladite année, à cause des chaleurs véhémentes, l’année de la sécheresse […]. Octobre plus chaud et sec que les précédentz, les vinz restant de la tempeste toutz cuitz, ayant la goût de sec, et demy vin, ne peult se conserver jusques à Toussaintz qu’il ne feust gasté, puant ou aygre et les vins devindrent aygres ou troubles […]. Novembre et décembre secs et erat res invisa. Le Lot n’avoit eau pour naviquer. […] Les ruysseaux, fontaines et autres petites rivières estoint stériles d’eau, à Thoulouze les moulins de Garone ne pouvoint mouldre qu’à grande difficultés pour la défaillance de l’eau » (Pouget, 170-171). ~ Sécheresse en Poitou : « On peut dire de cette année et la dernière [1540], qui fut sèche, que de mémoire d’homme, on n’en a telles deux autres, la précédente ayant été bonne, et celle-ci promettant estre fertile de bleds et vins » (Le Riche, 38). ~ Sécheresse en Gascogne : impossibilité de semer les blés autour de Condom « En ceste temps habions faulte de pluye et le monde ne povoyt semer les blez faulte de pluye, les laboreurs enuys » (Dudrot de Cabdebosc, 16). ~ Sécheresse anormale en Provence où presque tous les puits sont asséchés. L’une des plus graves en Europe (Pichard, 195). ~ Mars-octobre 1540 : grande sécheresse. Rivières et fleuves à sec, y compris le Rhin. Eté chaud. Excellentes moissons en France du Nord. « Vin du millésime 1540 tellement chargé de sucre, lui-même mûri par l’éclatante chaleur solaire, qu’il se transforme après fermentation en quasi-apéritif du genre sherry, dont les bouteilles se vendront à prix d’or jusqu’au dernier siècle du deuxième millénaire » (Le Roy Ladurie, 2004, 165). Mortalités n Peste en Franche-Comté autour de Vesoul et Besançon. Épizootie « énorme » dans la région de Salins (Delsalle, 2001, 54). n Épidémie dans le Pays rennais : la « grande menaeson ». Maximum de sépultures en septembre-octobre à Bais et Louvigné-de-Bais (Croix, 1981, 257-260). La paix aux frontières. « Il n’était en ce temps-là nouvelle de guerre » « Les nopces de mon frère fuirent le 8 janvier, sans bruyt pour ce que on attendoit la venue de l’empereur Chairles 5. Lequel entra à Metz le lendemain 9 janvier, fort bien accompaignez de grands seigneurs. Le recueil fuist magnifique. Il séjourna 5 jours puis il tira en Allemaingne. Après le partement de l’Empereur, le 20 janvier fuirent célébrées les nopces de ma sœur au lieu d’Ancey en grande joie. Le nombre 193

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des parans d’une et d’aultre part estoit d’environ 200. Il n’estoit en ce temps-là nouvelle de guerre » (Le Coullon, 2). Lancement de la persécution contre les Vaudois en Provence Le 16  octobre  1540  : Collin Pellenc, vaudois installé dans une bastide du Plan d’Apt, est brûlé vif pour hérésie, place des Jacobins, à Aix. Pour se venger, 120 à 140 villageois de Mérindol (Vaucluse), armés d’arquebuses et d’épées, détruisent le moulin du condamné et menacent le nouveau meunier. Le 18  novembre suivant, le Parlement d’Aix ordonne de saisir au corps 22 habitants de Mérindol qui tiennent « sectes vaudoises luthériennes réprouvées » pour être « brûlés et ars tout vifs et sinon exécutés en figure et peintures » sans instruction préalable. Les années suivantes, François  Ier surseoit aux poursuites jusqu’au 31  janvier  1545 (Bibl. Méjanes, Aix, Ms 954, Procès verbal de l’exécution de Cabrières et Mérindol, d’après Audisio, 1992, 19-21). Brigandage au sud de Paris 9  juillet  : lettres patentes de François  Ier en faveur des habitants de Montlhéry  : « plusieurs maux, pilleries, larcins d’aucuns mauvais garçons, gens volontaires tenant les champs, venant en notre royaume de France sans notre adveu, qui les ont souvent robbés, pillés, battus et outraigés » (AN Y 9, 212, d’après Bezard, 261). Vue d’un village en 1540 Plan du cours de la Petite Sauldre dans la paroisse d’Ivoy-le-Pré (Cher) par Guillaume Augier, à l’occasion d’un procès opposant l’abbaye Saint-Sulpice de Bourges à la famille Raymon (AD 18, 4 H506, n° 3). Le monde rural n’est pas seulement celui de l’élevage et du labour : la draperie, le cuir, à peine plus loin, la forge utilisaient, comme la meunerie, l’énergie hydraulique (F. Michaud Fréjaville, « Eaux, moulins, usages et paysages à Ivoy-le-Pré en Berry (XVe-XVIe siècle) ».

1541 Pâques : le 17 avril Temps et récoltes ~ En Berry : « La dicte année fut autant tardive qu’on n’en aye point veu passé de longtemps, car on ne commence point à vendanger jusques au moys d’octobre » (Glaumeau, 4). ~ « La bonne année » en Quercy. « Octobre, novembre, beaux pour covrir et ensemenser le bled en terre, et feust appellée la bonne année » (Pouget, 172). ~ En Poitou  : « Auquel mois [mars], jusqu’au 18, a toujours duré la pluye, qui a fait retarder plusieurs de tailler la vigne […]. Le dernier jour, il neigea fort, et dura bien trois jours […]. Le 1er  et les deux jours précédents et les quatre ensuivants [juillet], plut continuellement et venta, et fit grand dommage aux blés qui furent couchés en plusieurs endroits, et plusieurs foins, qui étaient fauchés, en 194

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furent perdus. Pour lesquelles causes furent faites processions les lundi, mardi et mercredi ; auquel jour fut porté en procession le chef de Monsieur Saint-Maixent, auquel jour ne plut, mais a esté obscur et nébuleux, jusqu’au 9e  jour. […] Le 10, plut dès vespres, et continua jusqu’au lendemain, six heures du matin, qui a fait grand dommage aux blés, que l’on ne peut couper, et pour les foins coupés, qui se perdent, et sont les rivières grandes et dérivées […]. Ledit mois a esté pluvieux et en vent de mer, en continuant jusqu’au 24 dudit mois que le temps s’est rangé au beau, selon la saison, et en vent de bise, combien que au matin et au soir le temps aussi froid, pour la froideur de la terre, qui n’est encore eschauffée. On peut dire de cette année et la dernière [1540], qui fut sèche, que de mémoire d’homme, on n’en a telles deux autres, la précédente ayant été bonne, et celle-ci promettant estre fertile de bleds et vins » (Le Riche, 33 et 37-38). Ravages de la peste n Peste signalée autour d’Aix, Avignon et Strasbourg (Biraben, I, 383). n Mais aussi en Lorraine (Cabourdin, 100) et en Franche-Comté autour de Gy et à Lomont-sur-Crête (Doubs) (Delsalle, 2001, 54). Encore un affranchissement de servage en Sologne 20 février 1541 (n. st.) : Devant le bailli de Brinon-sur-Sauldre (Cher) et 22 habitants de la châtellenie, les « manants et habitants » de Brinon sont affranchis par la dame du lieu, Louise d’Étampes, épouse de François Galliot de Genouilhac, sénéchal de Quercy (héritière de Michelle Gaillard, veuve de Florimond Robertet, trésorier de France et secrétaire des finances sous Charles VIII, Louis XII et François Ier), moyennant 100 écus d’or soleil et conversion du double cens en cas de vente en lods et ventes au cinquième du prix de vente. « Estoit anciennement la terre et seigneurie de Brinon de serve condition et les sujets d’icelle serfs et taillables à volonté, et sur leurs personnes et biens avaient les seigneurs dudit Brinon droit de suite et coutumes, ensemble sur les enfants nés et à naître » […] mais les habitants déclarent qu’ils étaient « gens libres, francs et exempts de tous droits de servitude et coutumes, quels qu’ils soient, et qu’ils avaient joui et usé de liberté et franchise, eux et leurs prédécesseurs, par temps immémorial, et fait tous actes de gens libres et francs et de franche condition, au vu et au su de ladite dame et de ses prédécesseurs » (AN, Q1/494*/2 F° 11-22, Guérin, 213). Brigandage toujours Le 19 septembre : « Claude Genton, prévost des mareschaux, fut mandé à la cour et on lui remonstra les voleries, exactions et pilleries que commettoient aux environs de Paris les gens d’armes qui tenoient les champs et leurs valets, palfreniers et goujats auxquels s’estoit joint un grand nombre de vagabonds et qu’il estoit de son devoir d’en purger le pays » (Bezard, 261). En pays de cocagne : l’apogée du pastel En 1541, les exportations de pastel depuis Bordeaux atteignent leur maximum  : 145 000 balles, soit environ 13 000 tonnes, qui ont été expédiées vers quatre ports : 195

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Rouen (52 %), Bilbao (22 %), Anvers (15 %), Londres (11 %), des proportions qui varient selon les années. Pour produire cette quantité énorme, il faut confectionner, à partir des feuilles de pastel broyées au moulin, environ 40 millions de coques ou « coquagnes », les mettre à sécher, puis les broyer et les travailler pendant quatre mois pour obtenir le produit prêt à l’emploi. Acheminer ces balles vers Toulouse et Albi nécessite 25 000 charrettes, et quelque 400 couraux (bateaux à fond plat) pour les transporter sur la Garonne avant de les décharger à Bordeaux, aux Chartrons. Il faut ensuite les embarquer sur 220 navires de haute mer, ancrés dans la Garonne, car Bordeaux ne dispose pas de quais. Arrivées sur place les balles sont vendues sur place aux teinturiers (Rouen ou Anvers), mais le plus souvent rechargées sur des mulets (à Bilbao), des charrettes ou d’autres bateaux pour être expédiées vers leur destination finale, souvent très loin du port d’arrivée. La masse considérable de travail indispensable pour mettre en œuvre le colorant, les salaires et les autres revenus qui en découlent, font considérer comme « pays de cocagne » le Lauragais et l’Albigeois, où il est alors cultivé (d’après Francis Brumont).

1542 Pâques : le 9 avril Année froide et tardive ~ En Berry : « L’an 1542, Pasques estoyent le neupvième jour d’apvril. La dicte année fut bien froide et bien tardive. Les vignes n’avoyent enquore poussé au moys de may, et à la Magdelaine on n’avoit point enquore amassés des bleds ou bien peu » (Glaumeau, 4). ~ En Poitou : « juin 1542. Jusqu’au 3 de ce mois, le temps a esté froid et pluvieux, de sorte que les fruits ne pouvaient profiter ni mûrir, même les vignes, lesquelles en plusieurs lieux gelèrent. […] Le 11 [septembre] fut grande pluie et vent, qui abatit les tuiles des maisons et arbres. Le 15 de nuit, et le 16 de jour, il a fait grande pluie, pour laquelle les rivières sont dérivées, et ne viendront les raisins à maturité. Le 18, et se continuoit la pluye » (Le Riche, 43 et 46). Poussées de peste n Peste signalée autour d’Agen, Aix, Apt, Avignon, Chambéry, Dijon, Metz, Montélimar, Nîmes et Toulouse (Biraben, 383). n Mais aussi en Franche-Comté autour de Salins, Baume-les-Dames et Besançon (Doubs), à compter de juin (Delsalle, 2001, 54). Grèves de dîmes 26 août 1542. Arrêt du parlement de Paris contre les grèves de dîmes en Beauce blésoise. « À la suscitation d’aucuns mal sentant la foi et religion chrétienne, grande partie des laboureurs, vignerons et autres habitants des paroisses ci-dessus déclarées se seraient délibérés de ne plus payer la droit de dîmes et par forme 196

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de conspiration auraient fait plusieurs monopoles et assemblées esquelles […] ils auraient dit, tenu et publié que dîmes n’étaient point dues et que si elles étaient dues, c’était à volonté et que encore d’icelles fallait déduire les labours, semences, façons et impenses […] et grande partie des habitants desdites villes n’avaient voulu et ne veulent payer aucunes dîmes ni souffrir leurs gerbes être comptées » (Puzelat, 1999, 127). Bruits de guerre dans les campagnes ” 20 février : ordonnance défendant aux gens de guerre de courir les champs et requérant les gouverneurs de leur courir sus (Isambert, XV, n° 109). ” Été  : ravages des gens d’armes  : « Au moys de juillet et aoust, Françoys premier de ce nom, roy de France, assembla quatre grands camps de bataille, un à la Franche-Conté en Bourgognhie, où estoit chef le duc d’Orléans son filz ; un autre à Bayoune ; un autre à Thurin en garnizon d’Italie, chef M. d’Annebault ; l’autre et le plus grand à Narbonne, chef et viroy M. de Montpezat, en Quercy, et y vint le roy, M. le Daufin, M. d’Orléans, dont issit grand mal aux pays de Picardie, de France et de Quercy, que feurent gastés par la descente des gens d’armes de cheval et de pied, par les grandes tirannies, larrecins, violances, batementz, pilheries et ransonnementz que fesoint sur le povre peuple » (Pouget, 174). ” Lors du siège de Perpignan, la communauté de Gaillargues (Hérault) doit envoyer des villageois porter des vivres, avec mules et charrettes, aux troupes du dauphin alors que des soldats, logés au village, détériorent le four (Hermann, 1999). « Le commencement des douleurs » 9e guerre d’Italie entre François Ier et Charles Quint (1542-juin 1546). Pour le jeune Jean Le Coullon, fils d’un riche laboureur du Pays messin, l’année 1542 inscrit une césure. La reprise de la guerre entre François Ier et Charles Quint livre les campagnes au logement et au ravitaillement des soldats. Un fléau en appelant un autre, dans la mémoire de ce chroniqueur paysan, le dérèglement des saisons touche aussi la production agricole tandis que la peste frappe à la porte. « L’an 1542 fuist le commencement de douleurs. Car au moys de juin, le Roy Françoys, premier du nom, desclaira la guerre contre l’empereur Chairles estant lors en Affrique. Pour ces armées assembler, le conte Guillaume de Furstemberg tenant son party, vint à Gorze et es quatre mairies, assembler grand nombre de lansquenetz qui journellement venoient à sa soulde. Ils fuirent 30 jours à Ancey et estoient en nombre 1350. La despance qu’ils firent fust grande excessivement. Il n’y eust logis, portant l’un l’aultre, qu’il n’y fust beu 3 queue de vin. Ils tuèrent environ 1 000 moutons sans les bœufz et vaches. L’armée, quand elle partit, que fuist le 15 juillet, estoit de 3 000 à 4 000 hommes. « Les biens commencèrent dès lors à s’appetisser et la cherté à venir avant. Les temps aussy et saisons ne fuirent sy propres qu’auparavant, pour les froidures et grosses pluyes qui vindrent, tellement que les bleidz et vins ne fuirent guères bon. On vandangeoit une partie au moys de novembre et n’y avoit plus de feuille es vignes dès la Saint-Remy. La peste survint dont plussieurs moururent. Je por197

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mena la fiebvre environ six semaine. Le vin se vanda 18  fr. la queue, le bleidz 2 F la quairte, ceux des années précédentes furent vandus 90 et 80 F la queue » (Le Coullon, 4).

1543 Pâques : le 25 mars Temps froid et pluvieux ✷ Autour de Bourges : « Le 18e jour de mars, c’estoit ung jour de Pasques fleuries, et toute la sepmaine saincte ensuyvant, les eaulx estoyent partout derrivées aux grosses rivyères et furent si grandes au molin de la Chappe qu’elles emmenèrent une grande partie des levées dudict molin et firent des maulx beaucoup. « L’an  1543, Pasques estoyent le 25e  jour de mars, et le dict jour, gella tres âprement avec neiges ; mais la grâce à Dieu, ne fist aulchun mal. Ladite année fut assez fertile » (Glaumeau, 6). ✷ En Poitou : « juillet 1543. Le commencement dudit mois fut variable, froid et pluvieux, comme fut le mois précédent, et commença à faire chaud le 12 de ce mois » (Le Riche, 51). Ravages de la peste n Peste signalée autour de Dijon, Mézières, Nîmes et Toulouse (Biraben, I, 383) ; et aussi en Franche-Comté, autour de Salins, Baume-les-Dames et Besançon (Doubs) (Delsalle, 2001, 54). Premiers conflits religieux autour de Metz À la suite de l’occupation de Gorze par le comte de Furstemberg et l’arrivée de Guillaume Farel, le duc de Guise reprend l’abbaye et rétablit le contrôle catholique, par la terreur. « Le jour de Pasques suyvant, 25  mars  1543, le sieur Claude de Guise, accompaignez de 2 ou 3 de ses fils et de bon nombre de gens d’armes, s’en vint à Gorze courir sur ceux de Metz estans venus au presche. Ung bourgeois y fuist tuez et massacrez, plussieurs femmes noyées au passaige de Jouy, contraintes de se jetter en la rivière, d’aultres furent prinses et emmenées jusqu’au Pont-àMousson. La pluspart des bourgeois se retirèrent en l’abbaye avec les Allemands. Parlement fuist fait, de sorte qu’ils rendirent la place, sortans tant les Allemand, Pharel, que ceulx de Metz, leurs armes et bagues sauves. « L’abaye rendue audict sieur de Guise, il y laissa environ 500 Italiens, gens insollens et mauvais, qui faisoient courses ordinairement sur les terres de l’empereur vers Thionville et Raville. Ils pilloyent aussy journellement à Ancey et es aultres villaiges. Continuèrent ainsy par l’espace de 5 sepmaines, puis s’en retournèrent, laissant en l’abaye environ 40 hommes seullement » (Le Coullon, 5).

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Les serfs de Bourgogne En mars  1543, un édit de François  Ier autorise les serfs royaux du duché de Bourgogne à racheter leur servitude au prix d’un dixième de leurs biens. Révoqué le 5  février  1544, cet édit est renouvelé par Henri  II en 1554 (Marcel Garaud, Histoire générale du droit privé français de 1789 à 1804, 1953, 27). Banditisme rural en Poitou « Décembre 1543. Au commencement et devant, fut nouvelle de plusieurs voleurs et brigands de bois, qui entroient de nuit par force, ès maisons dessus les champs, comme chez un nommé Gitton, paroisse de Pamplie, ou de Champdeniers, où ils firent plusieurs excès, et aussi chez un aveugle, nommé d’Anzay, paroisse de Coustiers (Coutières), et longtemps auparavant chez le curé de Xainton. Et après essayèrent d’entrer de nuit chez Coignan, paroisse de Clavé, et après chez un nommé Chasteau, à Aubigny. Et s’adressoient ceux qui se trouvoient par les chemins, et mesmement près cette ville » (Le Riche, 52-53). « Mauvais gré » Dans le cadre d’une concurrence entre fermiers au nord de Meaux, à Villeroy, une sentence intervient le 11  mai contre Jeanne Fillon, veuve de Pierre Musnier, et ses trois enfants, Guillaume, Pierre et Jean, pour avoir entravé le nouveau fermier d’un lot de 18 arpents (9 ha), Jean Martin, dans la jouissance de son bail. Le fermier entrant « se serait transporté avec ses chevaux et charrue sur une des pièces pour commencer à labourer ». Surviennent les trois fils Musnier « qui n’auraient pas voulu souffir ledit Martin qu’il labourât icelles terres et par menaces aurait été contraint de s’en aller, au moyen de quoi n’aurait pu icelles terres labourer » (AD 77, H194, d’après Moriceau, 116). Le cadastre arrive en Comminges En 1543, les experts nommés par les états de Comminges arrivent au village de Fustignac, dont le seigneur est le baron de Benque, l’une des plus vieilles familles commingeoises. Juge et partie, et soucieux de l’exclusivité de son pouvoir sur les paysans, ce dernier ne peut rien contre les experts venus sur place. Même dans les marges du royaume, la montée de l’État moderne est patente. « Et ledit jour [4  juin  1543], le seigneur de Benca nous est venu dire qu’il avait entendu que l’on lui voulait perjer [arpenter] les lieux de Abst et Fustignac [Haute-Garonne], et que jamais n’avaient accoutumé les paysans de ces lieux en payer aucunes tailles au roi, et que si l’on était sage l’on ne les misse point à la perge car lesdits lieux du tout à jamais avoient accoutumés être francs de taille. À cause de quoi, pour fuir la fureur dudit seigneur n’avons point fait perger lesdits lieux, mais iceux avons fait visiter par ledit maître Pierre Brunet, agrimenseur et maître juré audit art. Peut tenir Abst, 60 sétérées terre bonne, et Fustignac, 600 sétérées et plus » (Souriac, 1985, 277-278).

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Lies et passeries dans les Quatre-Vallées Le 18 juin, un accord de dépaissance et de sécurité réciproque associe les vallées françaises de Louron, Aure et Barège avec celles de Gistain, Bielsa et Puértolas, en Aragon. Deux siècles plus tard, Aragonais et Aurois s’accordent toujours pour penser qu’il s’agit là du « seul vrai et le plus ancien monument de cette confédération » (AD 65, C 333). Essartage et cabanisation en Provence En 1543, Antoine Arlani, marchand de Draguignan, s’associe avec Jean Astier et Perrin Ysoard, du Muy, pour réaliser un essart de 4 setiers. Ces derniers couperont le bois, le brûleront et le sèmeront. Ils conserveront l’usage de l’essart deux années. Les dépenses opérées seront « aux dépens communs desdites parties repectives et pour ensemble exceptat la cabano ». La « cabano » fait référence à une structure d’habitat temporaire dans laquelle les exploitants résideront, au moins ponctuellement, pour protéger l’essart contre les vols et les dégradations dues aux animaux sauvages. Deux ans plus tard, le même Antoine Arlani s’associe avec Joseph Ardisson, du Muy, pour réaliser un nouvel essart au Revest à l’intérieur duquel le preneur devra « faire cabane ». L’implantation provisoire sur place paraît dictée par la nécessité de surveiller les semailles (AD Var, 3E 3179, f°107-108 et 3E 3181, f° 29, d’après Burri, HSR 46, 57-58).

1544 Pâques : le 13 avril Automne pourri en Poitou « Septembre 1544. Le 23, fit beau temps clair, jusqu’à trois heures après midi, que la pluie vint avec grande abondance, telle que l’on n’a vu pluie, trois ans en çà, qui donna grende pene aux vendangeurs, qui estoient ès vignes, qui s’en vindrent, et trouvèrent les charrois pleins d’eau, comme de moult. […] Octobre. Auquel mois, jusqu’au 18, et quinze jours précédents ledit mois, la pluie a presque tous les jours continuée » (Le Riche, 58-59). Recrudescence de la peste Peste signalée autour d’Amiens, Auxerre, Briey, Châlons-sur-Marne, Chambéry, Coulommiers, Dijon, Limoges, Montpellier, Paris, Péronne, Pithiviers, Rouen et Senlis (Biraben, 383). n Mais aussi en Franche-Comté autour de Besançon (Doubs) (Delsalle, 2001, 54) et  en Lorraine autour de Nancy. Peste à Azelot, Burthécourt, Pierreville (Cabourdin, 100). n

Famine dans le Maine et en Comté ~ Dans le Maine. Année  1544  : « Il y eut un dérangement de saison si terrible que la terre perdit toute sa fertilité : les fruits ne parvinrent pas à leur maturité 200

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et, dans le peu de grains qui se recueillirent, les vers s’y engendrèrent et ne laissèrent pas la semence nécessaire. Cette famine fut suivie de quelques maladies et d’une peste qui emporta le tiers des habitants de la province. L’on ordonna des processions que l’on cessa par la trop grande mortalité. » Le mercredi 21 juin 1544, la châsse de sainte Scholastique est portée en procession pour obtenir la cessation du mauvais temps. L’année suivante, en 1545-1546, le Maine est désolé par une famine pendent laquelle une partie de la population est réduite à se nourrir d’un pain fait de glands ou de sarrasin (Triger, 100). ~ Grande misère à Salins. En juin, les pauvres y affluent « à cause de la grande cherté des vivres » (Delsalle, 2001, 54). L’année des « Bourguignons » En juin, Charles Quint revient à Metz : « Au mois de juing audict an 44, l’empereur Chairles vint à Metz (estans logés sur sieur Androyn Roucel), accompaignez de grands seigneurs, de tant de gens armez à pieds et à chevaux en fort bon ordre et de tant d’artillerie et aultres munition par terres et par eaues que chacun en estoit esmerveillez. Jamais hommes de ces pays n’avoit veu telle puissance. Ayans esté environ trois sepmaines à Metz il s’en alla avec ces armées en France. Pendant qu’il fuist à Metz vindrent environ 500 lances Hault Bourguignons loger à Ancey, y fuirent 3 jours, non sans grand dopmaige pour les pauvres gens. C’estoient gens les myeux en ordre que j’eusse jamais veu. Il convint en plusieurs lieux oster la celle des chevaulx pour entrer es logis. La paix fuist faicte vers la fin de septembre. Nonobstant, l’empereur repartit grand nombre de ces Espaignol en la terre de Gorze et aultres lieux apartenant aux presbtres pour là hyverner. Que fuist grand pitié des maux qu’il firent, veu la faulte des biens et nécessité que les pauvres gens avoient, car la moisson fuist petite, pareillement les vandange. Il ne fuist pas un demy quart d’année. Le vin se vanda 40 F la queue » (Le Coullon, 8). Charles Quint envahit la Champagne. ” 13 juillet-17 août : siège et prise de Saint-Dizier par l’empereur, qui ouvre un second front au nord-est après la défaite de Cérisoles, subie dans le Piémont. Les armées impériales, qui souffrent de la faim, vivent sur le plat pays. ” 24  juillet  : prise de Vitry-en-Perthois, incendiée par les Impériaux (Vitry-leBrûlé). Les Impériaux parviennent jusqu’à Château-Thierry et Épernay. L’armée de Charles Quint menace Paris  : plusieurs détachements s’avancent jusqu’aux portes de Meaux (Carlier, 1764, 578). ” Début septembre  : vive inquiétude à Paris, comme le signale le prologue du Tiers livre de Rabelais. ” 19 juillet-18 septembre : siège de Montreuil puis de Boulogne-sur-Mer par les armées de Henri VIII, parties de Calais. ” Septembre : traité de paix de Crépy-en-Valois, bourg situé entre les deux armées de François Ier et de Charles Quint, remettant les choses dans le même état qu’avant la trêve de Nice (Carlier, 1764, 579-580). Longtemps après, « l’année des Bourguignons » reste dans la mémoire d’un bourgeois de Reims, qui la fixe à la date du 19 juin 1544 (Pussot, 232). 201

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Banditisme rural ~ En Île-de-France : en janvier, François Ier signe des lettres patentes en faveur des habitants de Villepreux (Yvelines) : « plusieurs maux, pilleries, larcins d’aucuns mauvais garçons, gens volontaires tenant les champs, venant en notre royaume de France sans notre adveu, qui les ont souvent robbés, pillés, battus et outraigés » (BnF, Ms, NAF 3651, d’après Bezard, 261). ~ En Poitou, « août 1544. Le 25, fut fait guet, en cette ville, pour les avanturiers qui estoient à Celles, et qui estoient en plusieurs bandes, en chacune d’icelles 7 ou 800 hommes, dont deux ou trois bandes furent autour de Niort, et y voulurent entrer, ce que aucuns habitants consentirent, et les autres non, et entre eux, y eut débat, parce que les uns disoient que lesdits aventuriers gasteroient les pauvres gens des champs autour de Niort, ce qu’ils faisoient déjà, prenaient les meubles des pauvres gens, et les faisoient racheter par eux ou autres, et autant en faisoient de leurs juments, et ont fait et font plusieurs ecès au pays par où ils ont passé » (Le Riche, 57-58). Sorcellerie et bestialité Procès à Saint-Dié. Début du grand siècle de la répression de la sorcellerie en Lorraine (1544-1634) (Diedler, 132). 13 décembre : sentence du juge royal du Chaslard condamnant à la pendaison Jean Devialle, berger, pour avoir eu copulation charnelle avec une chèvre noire et une génisse. La sentence est confirmée par le parlement de Paris le 9  janvier  1545. Il s’agit du premier procès de bestialité recensé par le procureur du roi Simon Gueulette jusqu’en 1692 (Hernandez, 1920, 122-124). Remembrement et repeuplement ~ En Poitou, le 7  mars, René de Meulles, seigneur du Fresne-Chabot, donne à ferme à des laboureurs à charrue sa métairie du Grand-Marchais, en la paroisse de Nueil-les-Aubiers (Deux-Sèvres). Le bail précise que la métairie comprend « à présent » toute la borderie de La Salle, celle de l’Erbodière et la moitié du quarteron de la Milcendère. C’est par une réunion de plusieurs tenures que le domaine du Grand-Marchais a été constitué (Merle, 50-51). ~ En Provence, le 4 juin, les commissaires chargés d’enquêter sur les localités de Provence repeuplées depuis leur désertion imposent à la taille le village de Mimet. On y dénombre 27 chefs de feu, dont 12 seulement descendent des défricheurs de 1468. Le repeuplement reste fragile dans ce « terroir maigre et stérile », que plusieurs veulent « déshabiter ». Trois ans plus tard, le nombre de maisons tombe à 20 (AD 13, B 201, f°12-13, d’après Coulet, 422).

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1545

1545 Pâques : le 5 avril La « seconde chaude année » ✷ Dans le Pays messin : « La moisson fuist petite mais les bleidz furent bon, car depuis Pasque jusques la Saint-Martin fuirent toujours les chaleurs grandes ; celle année fuist appellée la seconde chaude année. Il sembloit qu’on ne deust trouver que bien peu de vandange. Mais on en trouva plus que 2 fois que on n’esperoit. Ce ne fuist portant qu’environ ung quart d’année. Les vins fuirent souverainement bon. La queue valloit 25 F » (Le Coullon, 15). ✷ En Quercy  : Été très sec avec de violents orages. Tous les grains et tous les fruits manquèrent (Sol, 369). ✷ En Poitou : Été très orageux autour de Saint-Maixent. « Juillet 1545. Le 14, au soir, fit une tempête et batteresse [nuée de grêle] des bleds et autres fruits estant ès terres, dessous Villiers, jusqu’auprès de Melle, en manière que tous les bleds ont esté gastés des paroisses d’Aigonnay, Sainte-Néomaye, Romans et autres, ce qui empeschera les gens des champs de payer. Mesmement ceux qui tiennent les métairies à ferme sont fort ébahis, et sont allés vers les maîtres dont ils tiennent, leur disant qu’ils prissent le tout du reste. Vaut à présent le boisseau de seigle 10 sous, et le froment, douze sous au minage [marché]. » « Aoust 1545. Le 7, fit grand tonnerre en ce pays et tomba une foudre sur un chesne, qui estoit ès pièce du champ de la Croix de ma métairie de Claveau, qu’elle partit en travers du long, et de telle impétuosité qu’elle porta des lopins ou buches dudit chesne çà et là, et bois dudit chesne de 20 ou 30 pas. Et auparavant, la foudre avoit tué trois ou quatre personnes en l’église de Fenioux en Gastine » (Le Riche, 63-64). Violente poussée de peste n Peste signalée autour d’Agen, Amiens, Bordeaux, Briey, Brignoles, Cambrai, Carpentras, Châlons-sur-Marne, Chalon-sur-Saône, Lectoure, Limoges, Moutiers, Nantes, Nîmes, Orange, Paris, Péronne, Pithiviers, Rouen et Senlis (Biraben, 383). n Peste aussi en Franche-Comté autour de Salins (Delsalle, 2001, 54). n Contagion en Gascogne du 1er mai 1545 au 1er mai 1546 : mortalité à Condom par une « fièvre continue que l’on appelle mal chault » (Dudrot de Cabdebosc, 17-18). Grèves de dîmes en Beauce Édit du 1er mars 1545 octroyé à la demande du clergé de Chartres pour réagir contre les premières grèves de dîmes et les prémices. « Plusieurs agricoles propriétaires et tenanciers […] redevables desdites dîmes et prémices ursurpent, détiennent et dénient payer icelles souventes fois, tenant et recueillant secrètement les fruits décimaux de leurs héritages et autres choses décimables à heures et jours indus ». En conséquence, les décimables du diocèse devront à l’avenir aviser les dîmeurs du jour de la récolte à peine de confiscation et d’amende arbitraire (Isambert, XII, 906). 203

1545

Lourmarin et Cabrières : deux villages vaudois martyrs Le 18 au 20 avril : destruction des villages vaudois de Lourmarin et de Cabrièresd’Avignon (Vaucluse) par les troupes royales et pontificales qui pillent tout ce qu’elles trouvent et massacrent les malheureux restés sur place. Le dimanche 19 avril, siège de Cabrières, refuge fortifié des Vaudois, dont les murailles sont éventrées au canon. D’après la lettre de Pero Gelido au cardinal Farnèse du 20 avril : « Après beaucoup de fatigue et de dépenses, Cabrières s’est rendue au capitaine Polin et tous les habitants de ce lieu, femmes et enfants de tout âge comme les hommes, ont été brûlés et tirés par les soldats sauf douze des principaux que l’on a menés à Avignon pour servir d’exemple au peuple. » Après Cabrières, les atrocités se poursuivent en Lubéron où un petit groupe de villageois, retiré dans la grotte de la Bérigoule, est asphyxié par les troupes royales. En 1972, des archéologues retrouveront des ossements humains de femmes et d’enfants accompagnés d’animaux domestiques, datés du xvie siècle (Audisio, 363 et Bibl. Méjanes, Aix, Ms 954, Procès-verbal de l’exécution de Cabrières et Mérindol, d’après Audisio). Fin avril-début mai, le Luberon est mis en coupe réglée. D’après J.  Aubery (Histoire de l’éxécution de Cabrières et de Mérindol, 1645), les soldats du vice-légat, « certains compagnons qui vont par escadrons, et viennent du comté de Venise, prennent des filles et des femmes, tant dudit lieu de Murs que d’autres, les mènent au bois et ne font à leur plaisir ; les tiennent trois, quatre et cinq heures, puis les renvoient ; dépouillent les hommes qu’ils trouvent, prennent le bétail et ravissent tout sans regarder à qui il est, et le transportent hors du pays de Provence, de sorte qu’il n’y a plus de bétail ni à bons ni à mauvais ». En dehors des soldats, les paysans de la région organisent des razzias. D’après Aubéry, « non seulement les soldats mais même les paysans des lieux voisins, comme Curcuron et Pertuis, venaient piller ce qui était demeuré la proie des soldats ». Certains arrivent de plus loin, comme ces pillards de Saint-Zacharie et Auriol, venus de plus de 50 km emporter les cloches enlever les tuiles des maisons. « Ces trois bandes de paysans pillards étaient ceux de La Bastide-des-Jourdans dont était capitaine Pierre Martin, ceux de Grambois et ceux de Montjustin et Montfuron ». Certaines victimes obtiennent restitution d’une partie de leurs pertes moyennant quittance des ravisseurs devant notaire. Le 5 octobre 1545, « Daniel Vian, de La Motte-d’Aigues, reconnaît avoir reçu de Me Elzias et de Me Jean Sezarii, frères, bessons de Cucuron : un sayr de drap d’hôtel dit burel, trois cheises, 13 gros en argent que lesdites frères avaient eu de certain butin que ledit Daniel lontra audit Sezari et certains autres soudarts ce mois de mai, à la destruction sive défaite contre les luthériens et hérétiques au terroir de La Motte-d’Aigues, lequel lieu de La Motte a été tout détruit et défait » (Audisio, 366-368). La revanche sur les bandits « Avril  1545. Le 15, et les deux jours précédents, furent défaits, près de ChefBoutonne (Deux-Sèvres), quelques membres d’advanturiers qui s’estoient eslevés sous ung nommé de la Tour, qui avoit esté moine de ceste ville, faisant plusieurs maux sur les champs aux gens de labeur, qu’ils rançonnoient et outrageoient. Il y 204

1545

en eut vingt-trois pendus, dont furent ung nommé Guyden, et le petit Roi de Niort, un nommé Chagneau, de Fontenay-le-Comte, et dix ou douze qui se défendirent, tués, et bien soixante envoyés à Poitiers, pour sçavoir que l’on en feroit. Ledit de la Tour, capitaine, eschappa ; les gens des champs prenoient ceux qui fuyoient, et les dépouilloient et les laissoient aller » (Le Riche, 61-62). Mariage entre laboureurs à huis clos Janvier  1545 (n.  st.). Mariage à huis clos d’un laboureur-vigneron d’Ancy-surMoselle (Moselle), au Pays messin sous l’occupation espagnole. Les trois étapes se succèdent, promptement : fiançailles, contrat et paroles de présent. « La grande amitié que Mangin Guillaume et Jean Chaussier, son filz, portoient à mon père et à moy fuist en parties cause de mon transport vers Jeannon, fille unicque dudict Chaussier et de Francoize Ollivier, sa femme, de sorte que d’ung grand consentement des parans d’une et d’aultre parties, notre contractz fuist accordez le 4 janvier  1544 et fuismes fiancez le mesmes jour avec honneste solempnité selon la coustume d’alors. Le vicaire, nommé messire Didier Pierre, presbtre, nous fiancea. « Parce que on ne savoit le temps que les Espaignol s’en yroient de ce pays, mes parans et ceux de part ma fiancée trouvèrent bon de passer oultre au mariaige. Partant, nous espousâmes le sabmedi dernier janvier 1544 à vespre, selon l’église romaine. Le lendemain, fuirent invitez, d’une et d’aultre part, environ seullement 36 ou 40  personnes des plus proches. Le festin se fist au logis de mon père, à huis fermez. C’estoit au temps que on fornisoit munition aux Espaignol » (Le Coullon, 10).

1546 Pâques : le 25 avril De la famine à l’abondance L’évêque du  Mans René du Bellay, à l’occasion de la famine de [1545]-1546, va implorer le roi, témoignant que le peuple est contraint de consommer du « pain fait de gland et de blé sarrasin », dont il apporte à la cour des échantillons de grains. « Ce bon évêque, ayant été député pour aller à Paris représenter au roi François la pauvreté et les misères de son diocèse, qui était affligé d’une telle disette de toutes choses que la plupart du peuple était contraint de sustenter sa vie de pain fait de gland ou de bled sarrazin duquel il emporta quelques échantillons en son voyage, pour tacher d’émouvoir le roi et ses ministres à compassion, afin qu’on détournât les garnisons des gens de guerre qu’on y avait assignées. Il s’acquitta fidèlement de cette commission et obtint tout ce qu’il demandait par la faveur de ses frères. Mais, lors qu’il était sur les termes de son retour en sa province, il fut surpris d’une maladie, dont il mourut à Paris, au mois d’août 1546 » (Antoine Le Corvaisier, Histoire des évesques du Mans, 1648, 825-826).

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1546

Année d’abondance en Poitou ✷ « Septembre  1546. Cette année a été fertile en tous fruits, tempérée et sans maladies : autant y a peu de malade et n’a esté telle année si abondante en fruits, depuis 25 ans ou plus. Grâce devons rendre et mercis À Dieu qui, par sa prudence, L’an mil cinq cent quarante six De tous fruits nous donne abondance. Le peuple eut grande souffrance, L’an précédent ; rude et stéril La faim à plusieurs fit genance : De mort, Dieu nous garde de péril » (Le Riche, 72). Mortalités n Peste signalée autour d’Abbeville, Aix, Arles, Avignon, Avranches, Bordeaux, Cambrai, Grenoble, La Réole, Le Puy, Limoges, Marseille, Nantes, Orléans, Paris, Rouen et Senlis (Biraben, 383). n Peste en Franche-Comté autour de Besançon (Doubs) (Delsalle, 2001, 54). n Suite du « mal chaud » en Gascogne : « En ce temps fezoyt gros chault et regnoyt grosses maladies de fieuvre chaulde sive mal chault » (Dudrot de Cabdebosc, 17). Abus des gens d’armes « Le 18 [janvier], fus à Parthenay, où je parlais à M. du Lude, qui y estoit, et les avocat et procureur du roi de Poitiers, et plusieurs gentilshommes, tous assemblés, pour délibérer au sujet de quelques gendermes, tant de cheval que de pied, étant en garnison ou en campagne, qui auroient fait beaucoup de maux, tant à Mirebeau qu’ailleurs […]. Le 2 février, fut publiée une ordonnance en ceste ville, touchant les garnisons de gens d’armes, par laquelle les villes closes où seront les gens d’armes fourniront à leurs despens, ès gens d’armes qui tiendront garnison, de logis, ustanciles, bois et manger, une chandelle et sel […]. Lesdits gens d’armes ne tiendront les champs, ne se logeront ès hostelleries, et payeront comme les autres. « Et quand ils seront en troupe, auront un chef de bande, et ne se sépareront et vivront par estapes, où ils seront fournis d’avoine, foin et paille, par les gens des champs, et le par sus payeront à la raison du taux qui sera fait par les officiers des lieux de garnison, selon les temps. Et si lesdits gens d’armes sont trouvés tenir les champs, les officiers pourront assembler l’arrière-ban, pour leur courir sus, les prendre et faire punir par le prévost des mareschaulx » (Le Riche, 66-67). Un syndicat de villages « Syndicat des villages » du Comminges contre une réforme de l’assiette de la taille. En réalité, deux « syndicats » se constituent cette année-là. Le premier, autour de Muret, regroupe 13 villages autour de Frouzins. Le second rassemble 108 communautés d’habitants du bas pays qui mandatent des syndics pour protester contre les résultats de la révision fiscale. Avec cette nouvelle répartition – ou « bolugue » 206

1546

– les états de Comminges ont déchargé les communautés du haut pays, les vallées montagnardes, reconnues comme surimposées dans l’ancienne assiette. L’assemblée générale des représentants qui mandate les syndics, chargés de faire appel de la décision des états de Comminges auprès de la cour des Aides de Montpellier puis auprès du Conseil du roi. À la suite d’une nouvelle enquête, les décisions antérieures sont confirmées et les communautés d’habitants s’exécutent en 1553 (AD 31, C 3401 à 3707, d’après Souriac, 1977 et 1985, 274-275).

1547 Pâques : le 10 avril Hiver rigoureux ✷ En Bretagne : février rigoureux à Ménéac (Croix, 261). ✷ En Poitou  : « Le commencement dudit mois (février) a esté froid et plein de gelées et glaces, jusqu’au 13 dudit mois, que le temps se radoucit et desgela » (Le Riche, 72). Vagues de pestes n Peste signalée autour d’Amiens, Angoulême, Bayonne, Bordeaux, Briey, Caen, Châteaudun, Grenoble, Limoges, Marseille, Metz, Moulins, Nantes, Rouen, Tours et Villefranche-de-Rouergue (Biraben, I, 383). n Novembre-décembre : épidémie à Ménéac (Croix, 260). Les épices s’invitent au festin Les temps changent. Le monde extérieur s’invite dans les campagnes. Il n’y a plus de festins sans épices, que les « bonnes gens » ne connaissaient pas jusque-là  : « poyvre, safran, gingembre, canelle, myrabolans à la Corinthiace, muscade, girofle, et autres semblables resveries [sont] transférées des villes en noz villages » (Noël du Fail, 20). « Il faisait alors bon vivre en ce pays » Après deux moissons jugées successivement « bonnes et fertiles », et avant une année 1548 considérée de même, un laboureur lorrain peut se laisser aller à une trêve d’optimisme. « L’année 1547, fuist pareillement bonne et fertille. Il faisoit alors bon vivre en ce pays, à cause qu’il n’y avoit guerre ny trouble » (Le Coullon, 16). Limiter le prix des vivres Ordonnance de François  Ier. « Le 13  janvier, m’a esté baillé une ordonnance du roi, par laquelle est mandé ès officiers royaux de mettre prix sur les vivres, en leurs juridictions, de trois en trois mois » (Le Riche, 75). « Grand cherté de blé en France et quasi-famine » (Daurée, 119). 207

1547

Le début du long « procès des tailles » En Dauphiné, début d’un long « procès des tailles » commencé par trois villages proches de Grenoble. Le mouvement s’étend ensuite à toute la province en raison de l’importance de l’investissement urbain à la campagne, surtout dans les vallées et sur les plateaux. La tension se terminera en 1639 avec le passage de la taille personnelle à la taille réelle (Favier, 1993).

1548 Pâques : le 1er avril Gel des vignes en Berry « En ceste année, le dimanche vie jour de may, jour de la Saint-Jehan chaulde, en nuict gella bien fort tellement que la plus grande part des vignes autour de Bourges gellèrent. […]. En la mesme année, on moys de décembre, et memement le jour Saint-Nycolas, les neiges furent aussi grandes qu’on les avait point veues à vingt-cinq ans, et durèrent bien troys spemaines ou envyron » (Glaumeau, 33). Pestes localisées Peste signalée autour d’Amiens, Angoulême, Bayonne, Caen, Limoges, Nantes, Paris, Toulouse et Villefranche-de-Rouergue (Biraben, 383). n Mais aussi pestes très localisées en Bretagne, à Saint-Jean-Brévelay en septembre (E sup. 56, et Croix, 260). n

Révolte des Pitauds : descente des cloches des églises de l’Aquitaine En juillet, des communes de l’Angoumois et de la Saintonge s’assemblent contre l’introduction de la gabelle. La révolte embrase le nord de l’Aquitaine, le Périgord et jusqu’au Limousin. Des bandes paysannes s’arment sous la conduite, en Saintonge, d’un noble (Puymoreau), en Angoumois, d’un bourgeois (Bois-Menier dit Boulon), en Bordelais, d’un ancien maréchal-ferrant (Tallemagne). Ces bandes sillonnent ces provinces pendant l’été, détruisant les greniers à sel récemment implantés de Libourne à Ruffec, en passant par Cognac. Les insurgés s’en prennent aux gabeleurs qu’ils torturent et mettent à mort. Le révolte retombe quand le roi promet de revenir à l’ancien système de la vente libre (après taxation de 25 % du produit). Mais il fait enlever les cloches des églises qui avaient trop sonné pour favoriser les attroupements. « En ce temps, estoit le roy en son voyage de Thurin en Piémont, fort loin desdites contrées de Guienne, qui donnoit en partie espoir d’impunité aus mutins dudit païs, estimans follement que, pour la distance des lieux, le roy ne pourroit sitôt donner ordre aus entreprinses sédicieuses, qu’ils n’eussent executé leur maleureux vouloir, estant Sa Majesté empeschée en plus grans affaires. Qui causa que en un petit bourg nommé Mallatrait, auprès de Blanzac, s’émut la commune et firent un capiteine apellé de Bois Mesnir, qui se surnomma Bouillon  : et donna commencement à la dite esmeute une sentence donnée par le juge commis et 208

1548

délégué de la gabelle, à l’encontre d’une povre femme, par laquelle sentence elle estoit tenue à une amende si excessive qu’il ne lui estoit possible d’y satisfaire de tout son bien ; qui fut mal avisé audit juge, qui n’avoit mesuré la grandeur de l’amende à la puissance de la povre femme  : tellement que patience vaincue se tourna en fureur et se mirent sus les communes en grandes troupes, ayans chacune son capiteine général qui se nommoit Coronnal. Ceus de Barbezieus en firent un nommé Puimoreau, qui estoit un gentihomme de ladite terre de Barbezieus, et avec lui se mettoient aux chams, assiegeans toutes les voyes et chemins, pour rencontrer les chevaucheurs du sel, ou gabeleurs. « Et n’estoient lors aucunes gens assurez, allans par païs  : car il n’y avoit si bon marchant, gentilshommes ou autres, qui ne fust devalizé sous ombre de dire qu’il estoit gabeleur » (Guillaume Paradin, Histoire de notre temps, 1550). À Brasalem, ordre de faire abattre toutes les cloches de la sénéchaussée d’Agenais « pour avoir sonné dans les séditions populaires en cette province » à l’exception des religieuses de Fontevrault (E sup. 47, II). De part et d’autre de la Loire : les loups sèment la terreur « Au commencement du mois d’avril de l’an m. d. xlvii [1548 n. st.], furent vuës en Berri, Aucerrois, Autunois, Orléanois deus grandes bêtes sauvages, et tres cruelles, faisans maus inestimables, et incredibles ès contrées susdites, par la grande immanité et cruauté de la boucherie qu’elles firent d’hommes, femmes, petis enfans, beufs, vaches, chevaus, porceaus, et autres animaus qu’elles rencontroient, de sorte qu’il n’estoit possible de sortir hors des maisons sans armes, et sans aller en troupe. Finalement estans les communes assemblées forcèrent lesdites cruelles bêtes de souvent passer et repasser la rivière de Loire, et sur la poursuite en armes, faite en si grand devoir, qu’elles furent occises après plusieurs dommages (Jean de Marconville, Recueil mémorable d’aucuns cas merveilleux de noz ans, 1564 ; Jean Du Tillet, Chronique des rois de France, leur couronne et maison, 1618 d’après François Le Maire, 1648, 35). De son côté, Sébastien de Rabutin tue une louve gigantesque, effroyable, qui désolait les rochers de Milly-la-Forêt (Essonne). Au siècle suivant, le sulfureux Bussy-Rabutin le rappelle : « J’étais hier au dîner du roi, à côté de sa chaise, près de Thermes, lequel me parlait du combat de Sébastien de Rabutin, bâtard de notre maison, contre un loup-cervier qui était dans la forêt de Milly. Le roi, qui nous entendait un peu, le demanda ce que c’était. Je lui contai cette aventure, et j’ajoutai que Henri  II l’avait fait peindre dans la salle des Suisses de Fontainebleau, sur la porte qui va à la chapelle ». La galerie Henri  II s’appelle en effet salle de bal et salle des Cent-Suisses. La peinture en question est bien au-dessus d’une petite porte donnant sur la chapelle haute de Saint-Saturnin (Lettre de Bussy-Rabutin à sa fille, comtesse de Dalet, 16 octobre 1691). En Corse : l’émergence de la châtaigneraie Le gouverneur de l’île signe le 28 août 1548 une ordonnance coercitive. « Chaque propriétaire ou fermier est tenu de planter tous les ans quatre arbres fruitiers, mûriers, oliviers, figuiers ou châtaigniers, sous peine de trois livres d’amende en 209

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cas de non-exécution. Le châtaignier rencontre un vif succès et le paysage change. Les terrains de parcours des bergers, maîtres de l’île, diminuent au profit des plantations, particulièrement dans le Nord-Est, qui ne tarde pas à prendre le nom de Castagniccia » (Pitte, 1983, II, 60).

1549 Pâques : le 21 avril Inondations, séisme, sécheresse ~ Autour de Bourges. « En icelle année, vyron le dixième jour d’apvril, gella si bien qu’on trovoit du gla en plusieurs lieux, et fit grand domaige aux vignes. « L’an  1549, Pasques estoyent le xxe jour d’apvril, année assez facheure ; le bledz assez cher, et subjecte à beaucoup de petites infortunes. Il y eut autant ou plus de chenilles sur tous arbres généralement qu’on en vid jamais, par le rapport de gens anciens » (Glaumeau, 37). ~ En Quercy. 11  au 12  avril  : neige et gel à Cahors. Débordement du Lot puis grande sécheresse de juillet à octobre (Pouget, 64). ~ Grande disette et cherté autour de Montbéliard (Delsalle, 2001, 54). ~ 4 mai : séisme dans les environs de Montélimar (Quenet, 579). ~ Dans le Pays messin, inondations le 24 juin : « L’année 1549 fuist sy pluvieuse que à la Saint-Jean les eaues estoient desmesurées. Les biens fuirent morfondus. La moisson fuist petite » (Le Coullon, 12). Traces de pestes n Peste signalée autour d’Albi, Annonay, Limoges, Rodez, Toulouse et Villefranchede-Rouergue (Biraben, 383). 12 novembre : ordonnance défendant aux gens de guerre de courir les champs et ordonnant aux gouverneurs de leur courir sus (Isambert, XV, n° 109). Le trousseau de la mariée : « comme à son état appartient » 12 mai 1549 : un laboureur de la paroisse de Jardres (Vienne, à l’ouest de Poitiers), Mathias Vachon, mariant sa fille à un laboureur d’une paroisse voisine, lui assure une dot de 20 livres avec « un lit garni de couette, coussins, couverture de laine, 4 linceux [draps de lit], 2 nappes, l’une de chanvre, l’autre de grosse toile, 6 serviettes, 2 couvrechefs. Et aussi sera tenu ledit Vachon vêtir ladite Vachonne, sa fille, d’habillements tout neufs, bien convenablement et comme à son état appartient et de lui bailler un chaperon bon et recevable » (AD 86, E4 4-1, d’après Raveau, 265). Le bétail à la ferme Deux exemples de cheptel de gros exploitants au milieu du xvie siècle. Pour le milieu du xvie siècle, les inventaires après décès d’exploitants fournissent un premier aperçu de quelques caractéristiques du bétail. Au-delà de l’opposition 210

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bien nette entre deux structures d’exploitation, le faire-valoir direct accompagné d’un bail à cheptel dans le cas breton, le fermage classique pour l’Île-de-France, et entre deux types de cultures, soit avec des bœufs soit avec des chevaux, ces deux exemples, tous deux liés à grandes exploitations, juxtaposent, dans les années 1540, des catégories animales variées. 1. Gilles Gibon, sieur de la Chesnaye en Arradon 1 cheval trottier, bay… 3 L 1 petit cheval haquenée… 5 L 1 jument brune à une étoile au front… 3 L 2 bœufs poil noir 2 bœufs, l’un rouge et l’autre noir Les 4 bœufs prisés… 28 L 1 taureau garre… 1 L 1 génisse 1ans, noire à taches blanches… 1 L 1 génisse… 12 s. 6 d. 1 vache rouge… 1 L 10 s 1 vache brune, taches blanches sous le ventre, 2 L 1 vache garre à taches blanches… 1 L 15 s 1 génisse noire… 1 L 15 s Bétail confié à moitié au métayer 1 vache noire sur le brun… 1 L 10 s 1 grande vache blanche à taches noire… 3 L 1 taurin noir garre sous le ventre… 1 L 5 s 1 vache noire sur le brun, vieille… 1 L 10 s 2 petits pourceaux de nourriture… 2 L 10 s 23 ruches d’avettes Cheptel vif : 59 L 2. Claude Papelart, laboureur à Épiais-lès-Louvres (87 ha) 1 cheval grison âgé de 12 ans… 33 L 15 s 1 cheval moreau âgé de 13 à 14 ans… 27 L 1 cheval grison pommelé, 12 ans… 27 L 1 cheval rouen, 14 ans… 13 L 10 s 1 cheval grison, 7 ans…. 13 L 10 s 1 taureau noir, 4 ans… 6 L 1 bœuf noir, 4 ans…. 8 L 1 vache rouge baillette, 7 ans… 7 L 1 vache rouge baillette, 8 ans… 5 L 10 s 1 vache rouge, fort âgée… 5 L 1 vache noire, fort âgée… 5 L 1 vache rouge, fort âgée… 5 L 1 vache noire, 4 ans… 5 L 2 génisses rouges, 2 ans… 9 L 2 génisses noires et 1 génisse rouge… 9 L 1 petit boveau, 2 mois… 2 L 10 s 2 truies dont l’une a 8 cochons de lait… 9 L 211

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13 porcs de 1 an… 19 L 10 s 7 porcs de 6 mois… 7 L 5 cochons de 4 mois… 2 L 10 s 17 moutons… 25 L 10 s 43 bêtes courte queue (brebis, antenais, agneaux de l’an)… 75 L 5 s 20 volailles… 2 L 9 oies et jars… 1 L 18 s Cheptel vif : 299 L C’est notamment sensible chez Claude Papelart, le riche laboureur à trois charrues (mais seulement cinq chevaux de trait inventoriés) dont le troupeau porcin et surtout le cheptel bovin trouvent encore à se nourrir dans la plaine céréalière au nord-est de Paris. On est encore loin de la spécialisation qui conduira, après le xviie  siècle, les plateaux céréaliers du centre du Bassin parisien à abandonner les pourceaux et les bêtes à cornes au seul profit des emblavures et des bêtes à laine. Au manoir de la Chesnaye comme dans la ferme d’Épiais, la diversité des robes ne plaide pas en faveur d’une rigoureuse sélection sur un type particulier, et la médiocre valeur des taureaux, comparativement aux vaches laitières, suggère déjà, avec la durée beaucoup plus longue que passent ces dernières sur l’exploitation, une pratique de sélection par les femelles (AD 56, E 1544/7, inventaire du 12  décembre  1541, d’après Nassiet, HSR, 2, 191-204 ; AN, Z2 1007, inventaire du 12 mars 1549).

1550 Pâques : le 6 avril Peste dans le comté de Nice n On compte de nombreuses victimes dans toutes les localités, dont plus de 3 500 dans la ville de Nice. Les autorités prennent quelques mesures d’hygiène et installent des lazarets. On interdit les déplacements d’une localité à l’autre. On entretient dans les rues des bûchers de cyprès et de plantes aromatiques. On répand des désinfectants, du vitriol, du soufre et de la poix allumée. Les maisons infectées sont marquées d’une croix blanche. Les notaires se tiennent dans les rues et se font dicter le testament par la fenêtre. Les confesseurs vêtus de bleu et munis de « caustiques » aux bras et aux jambes, circulent de maison en maison, une clochette à la main. On enterre les morts la nuit, loin de l’agglomération dans un cimetière spécial « le Pestier », dont le nom s’est encore maintenu à Levens et Saint-Martin-Vésubie (Rossi, 2010). n Peste signalée aussi autour d’Argentan, Mézières, Toulouse et Villefranche-deRouergue (Biraben, 383). Les fermiers bourguignons : l’émergence d’une classe rurale « Quelle était, vers 1550, la proportion de la propriété censitaire et des terres amodiées ? Nulle étude ne permet encore de le dire avec précisions […]. Un autre fait, plus certain, est la consolidation, dans cette période, de la catégorie des pay212

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sans riches. Encore qu’il ne faille pas, sans doute, exagérer leur nombre, ni les hausser trop haut dans l’échelle sociale, il n’est pas douteux qu’à la faveur de la reconstitution des réserves seigneuriales un certain nombre de fermiers n’aient franchement émergé, dans la plupart des régions bourguignonnes, au-dessus du menu peuple vivant sur les tenures censitaires […]. Parmi ces fermiers, dont un bon nombre étaient de pauvres sires, une partie s’éleva. Au milieu des petits cultivateurs médiocrement ou pauvrement lotis, ils exploitaient avec plus de moyens des terres plus vastes et plus fertiles, et leur enrichissement, plus aisé, fut aussi mieux garanti contre les mauvais effets de l’inflation monétaire, car, parmi les ruraux, ce furent eux qui, vendant le plus, profitèrent le plus de la hausse des prix. Enfin, le mariage consacrait parfois leur progrès en les unissant aux officiers de la terre, notaires ou baillis. Il s’ébauchait même en plus d’un lieu une sorte de petite bourgeoisie paysanne, constituée par ces agents seigneuriaux, demi-serviteurs, demi-propriétaires, que la gestion du domaine et l’exercice de la justice nourrissaient et fixaient sur la terre […]. Malgré l’accroissement des tailles, ces paysans-là, en somme, progressaient. Ils tendaient à constituer, non à la place des censitaires, mais à côté et au-dessus d’eux, comme la première ébauche d’une classe rurale nouvelle » (Drouot, 1937, I, 55-56). Conflit de bergers en Artois Octobre 1550 : encore un conflit de pâturage en Artois. Deux bergers, Gilles du Camp, né à Laventie (Pas-de-Calais), et Jean Huusman, né à Bailleul (Nord), gardant des brebis pour des maîtres différents, en viennent aux mains. Le premier récrimine : « “Que fais-tu ici, hé, bougre Flamand, avec tes brebis ? Tu n’as ici que faire. Va t’en hors de ce camp. Ce ne sont point tes mettes [limites] !” L’irascible Gilles du Camp reçoit un coup de houlette sur la tête, dont il meurt quelque temps après (Muchembled, 59). Chasse aux loups, aux ours et aux sangliers 12  novembre  : en Franche-Comté, des officiers du bailliage d’Amont s’élèvent contre l’interdiction de chasser les grosses bêtes, après les méfaits des loups qui viennent de dévorer quatre enfants à Filain (Haute-Saône). Autorisation est accordée de chasser loups, ours et sangliers, « animaux de telle férocité et nuisance que les personnes et biens du public et des particuliers en sont par trop intéressés, comme il est tout notoire, et que puis sept ou huit mois, un loup, étant quartier des bois de Filain-lès-Vesoul, a meurtri et cruellement dévoré quatre enfants, les uns à garde de bestail et les autres étant aux champs ». Le loup de Filain « a fait par trop plus de mal et inconvénient irréparable que si toutes les sauvagines du païs eussent été abattues, et peut la cour considérer quel regret perpétuel en demeure aux père et mère desdits enfans » (AD 25, 2 B 2230, f° 2 et 3, d’après Febvre, 1912, 3-4, et Delsalle, 2000, 30). Pression foncière à Saint-Martin-Vésubie Le 13  juillet, la communauté attribue à chaque citoyen une part égale de terre commune mais limitée à 3 sestairate, soit un demi-ha pour enrayer un mouvement 213

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d’appropriation irrésistible depuis le début du xvie siècle. « Chaque natif et habitant dudit lieu pourra pilliare a sua volonta… posseder et cultiva et in esse grange et altri edificij construir » (AD 06, E 003, BB1, f°28-31, d’après Gili, 173).

1551 Pâques : le 29 mars Chaleurs véhémentes Autour de Bourges  : « L’an  1551, Pasques estoyent le xxixe jour de mars, année assez fertile, bien seiche avec grande chaleur, mesmement tout le moys d’apvril. Grande habondance de vin […]. En ceste mesme année, le jour Saint-Michel, pénultième jour de septembre, négeoit et gelloit aussi fort qu’il eust peu faire à Noël qui estoit chose assez estrange, considérée la saison. En plusieurs lieux n’avoient enquore achevé les vandanges » (Glaumeau, 47-48). Autour de Besançon, 15  au 16  juillet  : « chaleurs véhémentes » (Delsalle, 2011, 60). Quelques traces de pestes Peste signalée autour d’Angers, Bayeux et Embrun (Biraben, 383), et aussi en Franche-Comté, autour de Salins (Doubs) (Delsalle, 2001, 54). Essartage en Cotentin Le sire de Gouberville adjuge les travaux d’écobuage pour défricher des parcelles de lande dans son domaine du Cotentin au Mesnil-au-Val. Deux chantiers sont successivement menés, en mars et en juin, qui augmentent de 2,5  ha –  soit de moitié – la parcelle labourable de la Haute-Vente. Les terres cultivables progressent à la périphérie du finage aux dépens de la lande. Les brûlis suivent le défrichement avant les premiers labours. Lundi 2 mars : « J’avance à Doisnard, au Marchand, à Toutdoux, à chacun vi sols sur l’essart qu’ils avaient pris de moi à la Haute Vente au prix de treize sols la vergée [20 ares] ». Dimanche 31  mai  : « Après vêpres, je m’en allé à la Haute-Vente, Mesnage, Doisnard, Hamel, Michel et Toutdoux […] de ce qui restait à essarter de landes, compris le dos du fossé de devers l’hôtel Drouet, pour le prix de lxx sols et devaient avoir lesdits Doisnard, Hamel et Michel chacun un champ à faire du sarrasin que je leur devais faire charrier, et devait avoir pour ce de chacun cinq journées : je leur donne ii sols ix deniers pour le vin » (Journal de Gilles de Gouberville, d’après Roupsard, HSR 17, 2002, 56-57).

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1552 Pâques : le 17 avril Blés et vignes grêlés ~ Autour de Bourges. « L’an 1552, Pasques estoyent le xviie jour d’apvril, année fort seiche du commancement, et en icelle peu de fruicts aux arbres, au reste assez fertille. « En ceste année, le xxve jour d’apvril, jour Saint-Marc, entre troys et quatre heures du soir, gresla si fort que la gresle estoit heulte de deux pieds, ou envyron, par les rues, et grosse comme noix. Elle tomba presque toute sur ceste ville de Bourges, et ung peu hors les murs d’icelle mesmement du cousté Saint-Paul ; et gasta quantité de bledz et vignes près ladicte ville. La dicte gresle dura vyron deux heures, et disoient gens anciens que jamais de telle n’avoient ouyr parler, mesmement tomber en si grande habondance » (Glaumeau, 50-51). Peste et lèpre n Peste signalée autour d’Amiens, Besançon, Issoudun et Troyes (Biraben, 383). n En Franche-Comté, autour de Dole et de Besançon (Doubs) (Delsalle, 2001, 54). n « Une peste cruelle désola cette année le pays de Berry » (La Thaumassière, III, 355). n Derniers lépreux aux environs de Paris. Le 19  mai, Antoine Mauny, décédé lépreux à Arcueil, est enterré en la chapelle de la banlieue « auprès de ses autres frères défunts » (Registre des testaments d’Arcueil, d’après Bezard, 281). Épierrer pour ne point casser le soc En 1552, le défrichement se poursuit chez Gilles de Gouberville, au nord-est du Cotentin. L’épierrage est indispensable pour éviter de casser les socs de charrue. 5  février  : « Je fis assembler les cailloux d’aucuns champs de la Haute-Vente par Arnoulf, Jacques, Noël et le Petit Anglais. » 16 février : « Je fis porter les cailloux de la Haute Vente aux faits de la Chasse Lambert par Thomas Paris et Jacquet. » 19  novembre  : « Je fis ôter les cailloux qui étaient sur des pâtis qu’on doit rompre à la Haute-Vente, pour faire du varet [labour de jachère] et les porter à la Chasse Lambert, entre les Longs-Champs et la Basse-Vente. » 26 novembre : « Je fis rompre à la Haute-Vente : il se trouva une roche sous la charrue au milieu d’un champ, que je fis tirer par Nicolas et François, dits Drouet » (Journal de Gilles de Gouberville, d’après Roupsard, HSR 17, 2002, 56-57). Reprise de la guerre avec les Bourguignons : premiers pillages Avril-juin : l’armée de Henri II, sous les ordres du connétable Anne de Montmorency, s’empare des Trois-Évêchés de Metz, Toul et Verdun. Les campagnes lorraines sont occupées par les Français qui dévastent les lisières du Hainaut. ” « Audict an 1551 [1552 n. st.], vers la Saint-Remy [15 janvier], la guerre commencea entre le roy Henry 2e  du nom et Chairles empereur. Celle guerre apporta 215

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en ce pays une ruyne et perdition horrible, telle que depuis que Metz fuist commencée ne s’en trouvent de semblable. ” Premièrement jusques vers la Pasques les Bourguignons et Mairangeois ne faisoient que piller, ronger et ruyner les quatre mairies en desdaing de leur dict evesque, le cardinal de Lenoncourt. ” 1552. Le 10 apvril, jour de Pasque flories, les Françoys vindrent assiéger l’abaye de Gorze. Faisant bresche et entrant incontinent dedans, mirent au fils de l’espée ceux de dedans qu’estoient environ 60 hommes. De là l’armée passant par Ancey n’y laissèrent rien à prendre. On abandonna les maisons. ” Ledit jour, le connestable de France Anne de Montmorrency entra à Metz avec telles forces qu’il mist la ville et les habitans en l’obéyssance du roy. Le lendemain, 11e  jour, il osta aux bourgeois leurs armes et privillèges. Le 18 dudict apvril 1552, le roy Henry entra à Metz, estans logez sur sieur Androyn Roucel. Le lendemain, fuist entour la ville et des lors il fist abatre les fauxbourg et faire fortiffier la ville et retrancher comme on void. Il partit avec son armée le 20e jour, tirant en Allemaigne, laissant grosse garnison à Metz. ” En ce temps-là ils firent abatre l’abaye de Gorze ; les pauvres gens pensoient estre à repos. Mais on fuist plus intéressez que devant à cause de la garnison de Metz, à cause aussy des armées et que les Françoys n’amenoient nulle vivres avec eux. Ils renchérirent  : le bleidz se vanda 5  fr. Ceux d’Ancey se tindrent enfermez en leur moustier bien demi ans pour crainte des courses des Bourguignons. Les Françoys, sentant approcher le camp de l’empereur Chairles, pillont tous les biens du pays. C’estoit une année abondante en bleidz et vin, aultant grande qu’il en fuist point estez de lointemps. Tout fuist pillez. Il bruslèrent aussy à une ou deux lieue entour Metz les villaiges, chasteaux et gaignaige. Ils chassèrent hors les bourgeois et bourgeoises, comme brebys devant le loup, tellement que de 10 il n’en eschappoit pas ung qui ne fuist pillez et destroussez des Françoys mesmes, ou bien des Bourguignons qu’estoient desjà proche » (Le Coullon, 18). ” Incendies de villages en Artois : « En ce mesme mois [juillet], bruslèrent plusieur villages audit cartier ». « Au mois de septembre lesdits François bruslèrent Focquebergue et plusieurs autres villages, et finallement se descoudirent et notre gensdarmerie se retoruna vers ceste ville d’Arras » (Artois, 144-145). ” Premiers pillages dans le Cambrésis : « Ledit mois [octobre] vie jour, se partit de ceste ville le comte du Rouelx, gouberneur de Flandres et d’Arthois avec la gesndarmerie qu’il avoit lez luy ; et ala camper à Crévecœur-en-Cambrésis, où se trouvèrent vers luy plusieurs cappitaines, avec lesquelz, et leurs gens estans lxii enseignes de pétons et cinq mil vc chevault. Le xie jour, ils alèrent par Fonsomme en dessous de Saint-Quentin, à Vendeul, Chiauly, Neele, Noyon, Roye, Lyhon, qu’ils bruslèrent et plusieurs autres plaches, et retournèrent par Bray sur Some, passant près Deurre, Beauquesne, Dourlens, Fruges, allèrent à Hesdin, où ilz mirent le siège les penultième et derniers jours dudit mois d’octore. Et quant à l’empereur, il estoit devant Metz en Lorraine, ayant divisé son armée en trois campz » (Artois, 145). ” Alerte aux brigands… Couchant à Montpellier en 1552, Félix Platter est réveillé en pleine nuit par des manouvriers venus gauler les olives, bâton sur l’épaule dès trois heures du matin. En Languedoc, l’olivier a entamé une croissance continue 216

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depuis 1500. À Gruissan et Moussan, deux paroisses du Narbonnais, la dîme de l’huile double de 1500 à 1560 (Histoire de la France rurale, II, 113).

1553 Pâques : le 2 avril « Blé bon et sec » ✷ En Artois. « Au commenchement d’aoust, le tempz commencha à estre plus humide que paravant, par la trop grande sécheresse duquel en ceste année il en crut en ce pays comme nulles avaines mais le blé fut bon et secq […]. Et le tempz précédent avoient esté les fruitz fort chers pour avoir failly par trois ans, mais en ceste saison, ilz commenchèrent à estre à bon marché comme bien adressez (Artois, 152). ✷ En Berry. « L’an  1553, Pasques estoient le second jour d’apvril, année fort mobille c’est à dire tantoust foide, tantoust chaulde. Touteffois assez fertille de bledz et vints, au reste peu d’aultres fruitz » (Glaumeau, 531). La peste au sein de la famille n Peste signalée autour d’Amiens, Dijon et Paris (Biraben, 383), et aussi en Franche-Comté, autour de Dole (Jura) (Delsalle, 2001, 54). n Peste autour de Metz. Un laboureur au désespoir (juin-juillet). Chez Jean Le Coullon, au village d’Ancey, les parents et deux enfants sont touchés. La mère en meurt comme le troisième enfant. Rare témoignage de la détresse d’un paysan accablé par l’un des grands fléaux du temps, qui brise les familles et inflige des cicatrices indélébiles. « Le 23 juing 1553, mon 3e fils Jean fuist frappez de la peste tellement qu’il pleust à Dieu le retirer de ce monde, le 28 dudict juing, au 9 heures du matin. Il ne fuist en ce monde que 3  ans 7 moys 5 jours et demy. J’en prins sy grand desplaisir que je ne me pouvois consoler. « Le 8  juillet suyvant, comme j’estoys au Champs Passaille à Metz veoir exécutera morts 2 soldatz, je fus frappez de la peste et incontinent je devins fort malade. Mon père estoit avec moy et mon bon amy Christofle Millet, qui eurent grosse peine de moy ramener. C’estoit la veille des nopces Nicollas Chaussié et de Mariette Jaym. Mon fils Collignon estoit au lict détenu de 2 grosse peste. « Ma pauvre femme avoist du mal beaucoupt. Le 11 du dict moys, du matin, la pauvre créature fuist aussy frappée de peste. Mon père et ma mère nous assistèrent fort. On pensoit avoir la fin de nous 3. Mais venant le 13e  jour depuis le midy le mal poursuiva si vivement ma bonne espouse qu’elle rendist l’esprit à Dieu le 14e  jour environ 3  heures après midy. Je prins et engendra tel deul et desplaisir que on l’attendoit que ma mort. Nous ne fuismes en mairiaige que 8 ans 5 moys 14 jours. La peste me demeura environ 10 sepmaines avant qu’estre du tout purgée. « N’estans encor guerys, la fièvre quairte me saisist le 24 aoust suyvant, qui me débilita tellement que on pensoit avoir la fin de moy. Je tiens pour le seur qu’elle me print de tristesse, car j’avois une douleur véhémente de la mort de ma 217

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femme plus que je ne puis escripre. C’estoit aussy une femme des plus vertueuse qui fust au monde » (Le Coullon, 21-22). Les campagnes d’Artois incendiées par les Français Le 1er janvier, après la levée du siège de Metz par Charles Quint et le duc d’Albe, les Impériaux regagnent Thionville. Dès le 5  février, ce sont les campagnes de l’Artois qui sont placées sous le feu de la guerre. ” « Le Ve  jour de février, les Franchois pillèrent et bruslèrent la ville de SaintPol et le village de Heuchin […]. Le 12  avril les Franchois bruslèrent prez ceste ville Monchy au bois, Hannecamp et quelque partie de Bienvilers » (Artois, 147). Le 20 juin, à l’extrémité de l’Artois, Thérouanne, assiégée depuis le 13 avril, est rasée par Charles Quint. « Des paysans, que la garnison de cette ville avait souvent pillés, s’offraient avec ardeur pour seconder les travaux du siège. En effet, cette garnison, qui était enclavée dans les cantons appartenant à l’Empereur, ne cessait de faire des courses et de les désoler » (Hector Piers, Histoire de la ville de Thérouenne, 1833). À compter du mois d’août, les campagnes d’Artois sont pillées par les Espagnols et incendiées par les Français. ” Août : « Le xe dudit mois, fut prinse par ceulx de ce pays la tour de Beauquesne, et depuis mesnée. Les Espagniolz, au lieu d’assister à ce pays, pillièrent Pas, Orville, Gaudiempré, Humbercamp, Le Bazecque, Warlincourt, Saulty, Couwin et tous les villages voisins, emmenant bestes et gens, tant hommes que filles et femmes dont les aulcunes furent enforchées au camp, que toutesfois on dissimula pour saulver leur honneur, et quant aux hommes les plusieurs furent gehinez et mis à renchon. Et depuis lesdits Espagnols faisoient esdits villages battre les bledz et aultres grains qu’ils nesnoient vendre au camp. […] Et le xixe à Miraylmont vers Bapaumes et illecq estans, pillièrent tous les villages circonvoisins en tirant sur ce pays comme Grevilers, Bienvilers et aultres plusieurs, mesme les Espagniolz enmesnèrent de forche filles et femmes belles, de beaucoup de lieulx, dont il abusoient comme de Busqyouy et de Sully en Écouage. […]. Le dernier dudit mois [31 août], les Franchois vindrent brusler depuis leur camp de Miraulmont jusques assez près de ceste ville d’Arras, dont furent les villages de Boilloeulx, Aiette, Boiry, Becquerel, Bory Saint-Martin, Ablainsevele, Bucquoy, Hébuterne, Audinfer, Moiennevile, Ervilers, Grévilers, Aissiet le Grand, et plusieurs aultres villages du pays à l’envyron, quy causa ung grand dhommage tant pour les amasements que pour les advestures et blais nouvelement despouliez et engrangez, dont le tout fut perdu, sans que les pouvres gens en ayent peu rescouvré pour leur nourriture, et remettre sur les terres. » ” Septembre  : « Le premier dud. mois, les Franchois vindrent de Miraulmont brusler le molin d’Aissiet-le-Grand et plusieurs aultres maisons, quy avoient eschappé le feu des villages bruslé le jour précédent. Le iie jour, les Franchois de Dourlens vindrent brusler la chastellenie de Pas en Arthois, et fut par le feu escheillié ce que les Espaigniolz n’avoient peu ravir et emporter ; et du nombre des villages bruslez par eulx furent Saulty, Pommier, Pommeras, Bienvilers, Baillœulemont, Hubercamp, et plusieurs aultres villages voisins et adiacens. » 218

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et xe, les Franchois bruslèrent plusieurs villages en ce pays d’Arthois, conté de Saint-Pol et Cambrésis assavoir Averdoing, Ligny, Vandelicampaine, Noielle, Noulettes, Pas et la pluspart dicelle chastellenie, Messancouture et plusieurs aultres lieulx, sans que en ce ilz fussent empeschez, au moyen que en ceste ville, ny aultres de ce pays, ny avoit garnisons, et que toutte la gensdarmerie estoit au camp. « Le xxie [octobre], les Franchois en dessoubz de Jehan d’Estoutevile, sieur de Villebont, prévost de Paris et par cy devant cappitaine de Thérouwane, descendirent en ce pays d’Arthois vers Saint-Pol où ilz furent bruslans et faissans tous actes exécrables de tuer femmes vieilles, ravir josnes filles et religieuses, tuer et enmesner enffans jusques au xxviie dudit mois, quilz se retirèrent vers Ardre pour le ravitalier. Mais, durant le tempz qu’ilz furent en ce pays, bruslèrent léglise et deux portes, avec toute l’aultre reste de Saint-Pol, Pernes et tout la conté de SaintPol, et depuis retournèrent de devers Ardre à Blangy en Ternois, ayans bruslé grand nombre de villages vers Aire et Saint-Omer, tellement que l’on estimoit qu’ilz avoient bruslé plus de iiic villages, et desquelz guaires n’estoient demeurées de maison dans tout ledit pays, quy est du meilleur d’Arthois, estant apparant de demeurer à ryen et ruyne, et les habitans de mouryr de povreté, froidure et indigence » (Artois, 156-161).

” Octobre  : « Et durant le tempz entrevenu entre led.

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En Cambrésis : un désastre agricole En Cambrésis la campagne militaire débouche sur un désastre agricole. Comment ? C’est ce qu’Hugues Neveux nous démontre. « La campagne de 1553 a valeur exemplaire. Dans les premiers jours de septembre, après avoir tenté de s’emparer de Cambrai délivré de justesse par les Impériaux, les Français, venus par l’Escaut, se replient vers l’est, en direction du Cateau, dévastant le Grand Cambrésis sur une largeur d’une dizaine de kilomètres de part et d’autre d’un axe CagnonclesQuiévy. Ne détruisent-ils pas à la fois Avesnes-lès-Aubert et Cattenières ? L’abbaye du Saint-Sépulchre entreprend, à partir du 27 janvier 1554, une information pour connaître « les dommages advenus oar les feux faits par la gendarmerie française au mois de septembre dernier ». Dans les quatre villages pour lesquels subsistent des dépositions, à savoir Avesnes-lès-Aubert, Cattenières, Saint-Hilaire et Quiévy, les granges ont brûlé avec la quasi-totalité de la moisson. « Voyez, par exemple, Avesnes-les-Aubert  : Antoine Moreau et Antoine de Béthune, laboureurs, déclarent que les “dépouilles ainsi engrangées audit lieu d’Avesnes avec plusieurs autres blés, avoine et autre sorte de grains à la venue de l’armée des Français furent brûlés, ruinés […] avec la plus grande partie et principales maisons dudit lieu d’Avesnes sans […] avoir été sauvé un seul grain parce que ladite fortune est advenus tôt après ledit août. En ce mois de septembre dernier, aucuns jours après la Nativité Notre-Dame, les Français étant campés près Cambrai, boutèrent les feux ès villages de Nasves, Cagnoncles, Avesnes-lès-Aubert et autres lieux à raison de quoi les dépouilles entassées et engrangées du recueil d’août de cet an furent et ont été consommées en cendre sans avoir sauvé qu’une rasière blé”. Quant à Michel Henne, fermier du Saint-Sépulchre, à Cattenières, il doit emprunter “4 muids de bé nouveau” 219

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pour “remettre sur 4 muids de terre qu’il tient à cense d’icelle abbaye”. En d’autres termes, il ne possède plus assez de blé pour emblaver la première sole. C’est donc bien le siège de la ville et encore plus le passage d’une forte troupe pillarde et incendiaire au moment décisif de la moisson et de l’engrangement qui compromettent définitivement la production de l’année. La destruction des récoltes entre la moisson et la mise à l’abri dans les villes, par l’incendie ou le pillage des granges, voilà le fléau le plus redoutable, qui se situe d’août à octobre (Neveux, 119-120). La Corse aussi sous le feu de la guerre De 1553 à 1569, la Corse –  enjeu de terribles conflits entre Français, Turcs, Espagnols et Génois  –, subit seize années de guerre quasi ininterrompue. Les plaies ne sont pas fermées au début du xviie siècle. Braconnage chez le duc de Guise Dans les bois avoisinant Joinville, officiers et serviteurs de François de Lorraine découvrent régulièrement les dépouilles de gros gibier, tiré par les braconniers  : trois cerfs en février 1551, deux autres en août 1552, un au moins en mai 1553. Les chasseurs non autorisés, presque tous porteurs d’armes à feu, sont désignés comme « hacquebuttiers ». Privant le duc du plaisir de la chasse, les contrevenants compromettent aussi le succès des futurs chasses ducales en faisant fuir le gibier vers des forêts plus accueillantes, comme le déplore François de la Chaussée, gentilhomme proche de François de Lorraine, en mai  1553  : « Et si vous voyez monsieur le comte de Senighan, s’il vous plaît, lui direz qu’il y a un de ses sujets demeurant à Leschères [sur-le-Blaiseron, Haute-Marne], nommé Le Paistre, qui fait métier longtemps a de tirer de la haquebute aux bêtes fauves de sorte qu’il ne s’en trouve plus du côté de Brachay, Flammerécourt et Rouvroy [sur-Marne] » (BnF, fr 20544, f° 5, d’après Meiss-Even, HSR 38, 2012, 101).

1554 Pâques : le 25 mars Sécheresse et incendies ~ Autour de Bourges. « L’an  1554, Pasques estoyent le xxve jour de mars, despuis ledict jour jusques à la fin du moys d’apvril, fist ung temps sec et chault à merveille, avec quelque peu de tonnerre, toutefoys sans pleuvoir aulcunement, en tout le dict temps, voire jusques à la fin du moys de may. […] En la mesme année, furent faictes plusieurs processions, à cause de la grande sécheresse qui fasoit  : car il fut bien l’espace de sept moys ou plus sans pluvoir » (Glaumeau, 62-63). ~ En Artois : « Pour la sécheresse du tempz [en mai] plusieurs villes et villages olrent en ce mois à souffrir de feu de meschief. Combien qu’ilz fussent hors pays frontière, comme Disquemude, Warwincq, aulcune portion nouvellement réédiffiée de Menih, Warneston et Motte au bois, plus de cent cincquante maisons de 220

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Islaires, de Saint-Omer et aultres lieulx mesmes pour ladite sécheresse, l’on estoit constrainct de délaissier le labeur en fin dudit mois » (Artois, 181). ✷ Mais bonnes récoltes en Champagne (Haton, éd. 2001, I, 18). Vague de pestes Peste signalée autour de Beaune, Cherbourg, Dijon, Dole, Paris et Périgueux (Biraben, I, 383), mais aussi en Franche-Comté, autour de Dole (Jura) et de Besançon (Doubs) (Delsalle, 2001, 54). Le Nord dévasté, Paris menacé ” Janvier. « Au mesme tempore, les Parisiens fortifioient Paris à grande diligence, quy balloit indice de leur paour et peu de courage aulx frontières » (Livre de raison d’Artois, 170). ” Mai  : nouveaux ravages des Français en Artois. « Combien que les garnisons faisoient courses et dégastz, ayant ceulx d’Aire bruslé Hucliers en Boulenois, lesdits Franchois vindrent rebrusier ce que restoit de Lisbourcq et aulcuns aultres portions daultres villages » (Livre de raison d’Artois, 180). ” Juillet : Artois, Hainaut et Cambrésis brûlés par les ennemis français et pillés par les Bourguignons. ” En Artois, autour d’Arras. « Ledit jour [du pillage de l’abbaye de Mont SaintÉloi, au nord-ouest d’Arras par les Français, 9 juillet], lesdits Franchois bruslèrent Aubigny, le Chapelle, Annieres et aultres villages estans sur la rivière venante dudit Aubigny, du nombre desquelz furent Acq, Escoivres, Bray, Marceut et aultres. » ” En Hainaut. « Le xxiie, les Franchois vindrent de Dinant vers Binch et envoyèrent brusler leurs avans coureurs le Roeulx, Marymont, Fontaisnes L’Évesque, Trazignies, Fieru et tant d’aultres chastiaulx et plaches que merveilles appartenant à divers seigneurs du pays de Haynault, et de là vindrent brusler les faubxbours de Mons, Quiéverain et plusieurs aultres burgades jusques à Valenchiennes, où ilz bruslèrent aussy les faulxbours et aprez avoir bruslé Binch où lempereur venoit pour les assalir, se retirèrent à Bavetz que pareillement ilz bruslèrent, prendans leur chemin vers Chasteau en Cambrésis, l’empereur les suivant de prez. Et le xxve du mois, jour de Saint-Jacques et Saint-Christofle, vers Bermerain en Haynault, le sr d’Arenbergue et quelques Alemans en nombre de m v chevaulx, ruèrent sur l’arriére-garde des Franchois, quy se mirent en route et fuite, par le moyen de quoy y eu plusieurs Franchois, gens de guerre, vivendiers et aultres tuez, et aultre grand nombre prisonniers mesnez à Mons, Valenchiennes et aultres villes voisines. » ” En Cambrésis. « Le xxixe [juillet], les Franchois, en passant devant le Quesnoy, vindrent camper à Marcoing et Crevecœur en Cambrésis, bruslant partout où ilz passoient […]. Sur le plat pays ceulx de l’empereur pilloient et faisoient tous actes d’ennemis saulf qu’ilz ne brusloient les villages, et entre aultres pilièrent tout ce qu’ilz trouvèrent à Bugnicourt, Hourdaing, appartenant au sieur de Bugnicourt, Marissal, lequel ny povoit ordre mettre » (Artois, 186-191). ” Afflux de réfugiés Picards autour de Provins : « Les pauvres gens de Piccardie, depuis Soissons jusques aux frontières de Flandre, avoient fort à faire, car ilz 221

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soutenoient le faiz de guerre, et principallement les villages et villes de frontières, qui furent contrainctz d’abandonner leurs maisons et pays, et de se retirer en ce pays, hommes, femmes et petits enfens, desquelz on estoit fort pitoiable » (Haton, éd. 2001, I, 8). Des ormes le long des chemins 19 février 1554 (n. st.). Ordonnance de Henri II prescrivant de planter des ormes le long des chemins. « Au commencement du moys de mars, le roy Henry fist faire les commendemens à tous ceulx de son reaulme en général de planter des hormes le long des chemains herrans, ung chascun en son endroict, sur paine de l’amende, ce qui fut faict, et appelloit-on communément lesdits hormes des Henrys » (Glaumeau, 61, Saint-Yon, édits et ordonnances des eaux et forêts, 1610). Le tableau des vins de France d’après le Praedium rusticum de Charles Estienne Ce traité lexical de 643 pages, imprimé en octobre, porte sur les plantes et les instruments agricoles. Essentiellement horticole, il accorde une place au vignoble. Un tableau distingue les vins de provinces (Anjou, Bourgogne, Champagne, Île-deFrance) mais aussi les vins de pays. Parmi ces derniers, on découvre les cépages cultivés autour de Paris  : vins de Gentilly, Vanves, Ivry, Champigny, Suresnes, Meudon, Fontenay, Arcueil, Issy, Wissous, Châtenay, Athis, Argenteuil, Montmartre et Dammartin. Dans les vignobles des Côtes du Rhône, le fonds des cépages consiste en picapolle (piquepoul) mais avec quelques pieds forains de vaccarèse (venu de Camargue ?) et de spanholis (venu d’Espagne) (Le Roy Ladurie, 57). Les moutons de Paris À Paris, l’été 1554,165 moutons paissent dans les éteules de l’exploitation de Thomas Bourgeois (150 arpents, soit 60  ha environ), fermier de l’abbaye SaintAntoine-des-Champs (Gurvil, 2010).

1555 Pâques : le 14 avril Naufrage sur la Loire « Le douxiesme de janvier 1554 [1555 n. st.] au pont de Randant [sur la Loire] se noyat, tant hommes que femmes que petits enfants environ quatre vingtz ou cent, par la mauvaise conduitte du pontanier, qui s’appelloit Jan Dabril, lequel l’on n’a jamais veu despuis au pais » (AD 42 en ligne, état civil, B Feurs 1597-1601, vue 1). Été pourri nuisant aux blés ~ En Cambrésis : l’excessive pluviosité retarde la maturité, verse les blés et pourrit les épis (Neveux, 124). 222

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~ En Normandie  : beaucoup de pluie et le froment est encore dans les champs mi-septembre (Gouberville, éd. des Champs, 204-205). ~ En Berry : « Année fort pluvieuse tellement que depuis le commencement du mois de septembre [1555] jusqu’au mois de mars [1556] suivant ne cessa point ou bien peu de pleuvoir, tellement que, en plusieurs lieux, on ne sema point de gros bledz à cause desdictes pluis et grans eaux, quie estoyent parmy les champs » (Glaumeau, 78). Pestes n Peste signalée autour d’Agen, Armentières, Bordeaux, Cambrai, Cherbourg, Dijon, Lectoure, Paris, Périgueux, Rouen et Troyes (Biraben, 383), et aussi en FrancheComté, autour de Dole et de Besançon (Delsalle, 54). Un village martyr : Cagnoncles ” Le 1er février, les armées françaises brûlent les habitants du village de Cagnoncles (Nord), au nord-est de Cambrai : « Les Français viennent à Cagnoncles et les gens se sauvèrent en l’église et se défendirent, en la fin les Français mirent le feu dedans l’église et brûlèrent hommes, femmes et enfants dans ce feu » (BM Cambrai, B 986, Chronique de l’abbé Trenchent, 133-147, d’après Neveux, 125). Accalmie en Picardie et Champagne « L’an 1555, la guerre avoit prins ung peu d’assoupissement par le bénéfice de la trêve faicte l’an passée, entre l’empereur et le roy, qui fut ung peu de repos aux pauvres gens de Picardie, la plus grande partie desquelz ne volurent s’en retourner en leur pays, ayans en eux ceste oppinion qu’elle ne dureroit pas le terme entier prins entre les princes. « Pour le regard de ce pays de Champagne et Brie et aultre de la France, estoit au plus grand ayse qu’on sçauroit penser par les villes et villages, à cause de l’opulance des biens qu’estoient sus la terre, pour le grand recueil qu’on avoit faict en l’an précédent de grains et de vins ; et estoit le pays si remply de tous biens et bestail qu’on ne pourroit croyre, et estoient toutes danrée au meilleur marché » (Haton, éd. 2001, I, 18). Un fermier de dîmes en Vexin 11  mai  1555  : Bail des grosses dîmes de Saint-Martin de Pontoise pour 9  ans. À  la  veille des guerres de Religion, la perception des grosses dîmes assure des revenus substantiels au haut clergé, tout en procurant de solides bénéfices à quelques grands fermiers qui en assurent la perception par contrat de fermage. Ces « marchands-laboureurs » rentabilisent ainsi leurs attelages et leurs charrois, tout en conservant les pailles pour fumer les terres qu’ils labourent. Tel est le cas en Vexin, de Guillaume Hauvis, qui signe en 1555 un second bail de 9 ans avec l’abbaye de Saint-Martin de Pontoise. Le procureur de Sébastien de l’Aubéspine, aumônier du roi, « abbé de l’abbaye de monsieur Saint-Martin sur Viosne lès Pontoise […] délaisse à titre de loyer, ferme et moisson de grains du jour Saint-Martin-d’hiver prochainement 223

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venant jusques à neuf ans et neuf dépouilles ensuivant l’un l’autre, finis, révolus et acomplis […] et promet garantir et défendre de tout troubles et empêchements quelconques à Guillaume Haulvis, marchand et laboureur demeurant à Hérouville, pour ce présent preneur, […] tout et tel droit des grosses dîmes que audit abbé, à cause de sadite abbaye sont dues et appartiennent au village et terrouer de Hérouville […] moyennant le prix et quantité de 10 muids de grains, les deux parts blé méteil et l’autre part en avoine, 400 de gerbées de feurre, 9 chapons et un pourceau gras de la valeur de 40 sols » (AD 95, 9H53/1). ~ Mai-juin 1555 : 2e invasion de sauterelles en Provence. Les habitants des SaintesMaries les font chasser et « cueillir contre rémunération » (BM Aix (Méjanes), Ms 806, d’après Pichard, 254). Protéger les bois contre l’industrie : arrêt du Parlement de Provence contre la dépopulation des arbres (30 juin) « Il est défendu de fère, ou soufrir estre faictes aucunes dépopulations des arbres, bois et forestz du roy, ses vassaux, barons et autres seigneurs et communautés et particuliers dudict pays ; faire aucunes rusques, verrières, charbonnnières, dépopulations de ramages et eyssartz, évulsions, coupemens, fauchemens d’arbres et faire martinet, s’il n’est et excepté quant auxdits rusques, les arbres appelé suaves, et que les verrières, charbonnières, essartz et martinetz soient limités, advisés et accordés par les seigneurs propriétaires desdits lieux. Et aussi quant aux coupemens au pied, excepté les romarins, cades, morvens et autres arbres semblables ui demeurent toujours bas et petits, et quant auxdits ramages, excepté pour le pasturage des bœufs et aultre bestail de labour et travail durent le temps que ledit bestail travaillera seulement, et ce sur peine de mille livres tournois, du fouet et autre amende arbitraire » (AD 13, C 278, d’après Sclafert, 1959, 193). À Saint-Martin-Vésubie : protéger les alpages des troupeaux Nouvelle ordonnance du parlement vésubien pour redélimiter les portions en « défens » de l’espace communal des bandites et des vastiere car « les limitations ancennes ne peuvent plus être respectées » en raison de la pression pastorale. Les nouveaux bornages interdisent à la dépaissance des troupeaux certains secteurs dévolus à la culture, des semailles au « garach ». Il est devenu essentiel d’étendre autant que possible les terres arables afin de satisfaire aux besoins alimentaires d’une population en pleine croissance (AD 06, E 003, BB1, d’après Gili, 137).

1556 Pâques : le 5 avril La grande sécheresse ~ Année brûlante. Vendanges très précoces : le 5 septembre, à Dijon… et même le 13 septembre, en Suisse romande (Le Roy Ladurie, 2004, 168). 224

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~ En Cambrésis : « le secq temps » tarit les puits et les sources, brûlant irrémédiablement les céréales (Neveux, 124).

~ En Normandie (avril-novembre) : « Le jour de Pasques, cinquiesme jour d’avril

mil cinq cents cinquante-six, auquel jour commençait ladite année, selon le cours universel de la France, il pleut en très grande abondance, mais depuis, il ne tomba aucune pluie jusques après la feste de la Toussaint ; et fut de si extresmes chaleurs et sécheresses qu’elles causèrent une grande sérilité de bleds, par ce que les orges qui furent depuis semez, n’eurent moyen de croître » (Bourgueuville, Recherches et antiquités, 233). ~ Sécheresse en Val de Saire chez Gouberville : quelques orages (22 avril, 7 juin, 23 et 27 juillet, 8 et 17 août) signalent de fortes chaleurs. Gouberville note aussi quelques ondées éparses de pluie (1er, 2 et 3  juin, 11  juillet, 10, 12 et 27  août, 29  septembre, 13, 28 et 30  octobre), mais la pluie dure rarement plus d’une demi-journée (sauf en octobre). Le 11 juillet, il note, désabusé : « Il pleut un peu au soir, mais ce fut trop peu, vu la grande sécheresse » (Beaurepaire, vol. II, 280). ~ Dans le Pays messin (mars-novembre) : « L’année 1556, depuis la fin de mars jusques la Thoussaint, fist une chaleur sy grande qu’elle fuist comparée à la chaude année de 1540  : n’eust estez que Dieu fist pleuvoir environ trois ou quatre fois en l’année, les biens n’eussent sceu venir à mourisson. Plusieurs rivières fuirent taries (choses non veues auparavant). Les cerisiers fuirent florys à l’entrée du moys d’apvril et les cerises meures à la fin dudict moys. Les biens de ladicte année fuirent hastifs et fort bon. Les foings furent dedans avant la Saint-Jean, les bleids en juillet et les vandanges à la fin d’aoust » (Le Coullon, 18). ~ En Comté : « année de la grand seicheresse ». De la mi-mars jusqu’au 10 août, on subit de « brûlantes et extrêmes chaleurs ». « Blés courts de paille et de grain ». « Aucunes herbes ». « Et, par la véhémente chaleur, les simples et menus gens (qui soulaient aller nu-pieds) étaient contraints eux chausser pour être la terre si ardamment brûlante qu’ils ne la pouvaient ainsi endurer. » Les vendanges commencent le 24 août et tout reverdit ensuite : « C’était chose émerveillable voir en septembre plusieurs arbres et buissons fleuris comme à Pâques » (Delsalle, 2001, 60). ~ En Île-de-France (avril-novembre) : « Toute ceste presente année 1556, dès son commancement, qui fut à la feste de Pasques, entra à la seicheresse et y continua quasi aultant que l’année de devant avoit esté à la pluye : car il feut sans pleuvoir depuis le jour du grand vendredy ou samedy veille de Pasques jusques à la feste de Toussainctz, que une fois, qui fut le jour de la Feste-Dieu, auquel il plut environ trois ou quatre heures, qui estoit environ le 4 ou 5e  jour du moys de juing, qui feit grand plaisir aux biens de la terre, car les mars n’avoient sceu lever à moytié et si avec les bledz demeuroient. « Et fut l’année fort hastive a cause de ladite seicheresse, qui accélera les moissons près d’ung moys plus tost que de coustume. Il y avoit, ès environs de la ville de Paris, plus de 500 arpens de seigle soyé ès premiers jours de juing ; ès pays sus la rivière de Seine, depuis Méry jusques à Montereau, la moisson des gros grains estoit serrée au jour de la Saint-Thibault, premier jour de julliet, et celle de la Brie à moytié faicte. Et recueillit-on de tous grains assez petitement, principallement de mars et de fromens, lesquelz, par faulte de pluye, n’avoient sceu guère croistre, 225

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tant le feurre que les espis, la plus grand part desquelz n’estoient à demy sortis du fourreau, mais furent fort bons » (Haton, éd. 2001, I, 46). ~ En Berry  : « L’an  1556, Pasques estoyent le cinquiesme jour d’apvril, année monstrant assez bon commeancement en tous choses comme aux arbres et aux vignes. […] Ceste présente année fut fort fertille en tous fruictz ; et fut fort chaulde, et long temps sans pluvoir ; mesmement ne pleut point despuis le cinq ou sixiesme jour de d’apvril jusques au jeudy, quatriesme jour de juin, jour de la Feste-Dieu : et pleut fort ce jour-là tellement que la procession fut faicte sans chappes, ce que n’avois jamais veu. Ladicte année estoit fort avancée, et toutes choses venues et meures de premier. Les serises estoient bonnes dès le commencement de may, avec les poix et febves. La veigne [verjus] estoit gros et bon à manger dès le commancement de jung, et commança-on à coupper les bleds à la fin de may, et furent vendanges au moys d’aust […]. « Et estoit bruit par le pays de France qu’il y avait des botefeux [incendiaires] envoyés par la royne de Hongrie pour détruire et mettre en feu et ruines toutes les belles villes de France ». En réalité les incendies avaient été d’autant plus forts et plus fréquents que la sécheresse avait été générale (Glaumeau, 79, 81, 90). ~ En Lyonnais et Beaujolais (26 mars-10 août) : « Ceste contrée de Lyonnois et Beaujolois expérimenta la saison de l’an 1556, toute pleine de prodiges. […] Advint si grande sécheresse que tout y estoit aride et bruslé car, depuis le vingt-sixiesme du mois de mars, jusques au dixiesme du mois d’aoust ensuyvant, il ne tomba pluye en tout le Lyonnois, qui fut la plus pitoyable chose à voir, qu’il est possible d’imaginer. Ayant le bon et juste seigneur Dieu fermé sa main […] les bestes des montagnes y mouraient de soif, et eussiez veu ceux des villages loingtains des grandes rivières amener le bestail à grands troupeaux abreuver au Rhône et en la Saône. […] « Par cette sécheresse demeuroyent les fruits et biens de la terre tellement en arrière qu’il semblait au povre monde qu’il estoit tout perdu et pensoit le laboureur avoir perdu ses sueurs et labeurs, et qu’il tomberait en grande famine. Au demeurant la cueillette des bleds fut fort petite, l’espi mal garni, le grain mal nourry et comme transy, la paille de mesme délice, et fort courte : de mode, qu’en plusieurs lieux de ce Lyonnais ne recueillit-on à grand peine la semence, que les povres laboureurs estoient forcez de remettre en terre, pour l’année subséquente » (Paradin, 357). ~ En Forez (mars-novembre)  : « En l’an  1556 fut si grande sécheresse qu’il ne pleu pour bien tremper la terre despuis le quatriesme de mars jusques au mois de novembre (AD 42 en ligne, état civil, B Feurs 1597-1601, vue 1). ~ En Quercy : récolte très précoce et très abondante. On moissonne le seigle vers la mi-mai (Sol, 11 et 129). Vagues de pèlerinages Chez les ruraux de Brie, Champagne et Gâtinais, la sécheresse suscite une vague de pèlerinages auprès de saints protecteurs : « Ne fault laisser à dire le debvoir que le devost peuple chrestien et catholicque feist en ce pays de France par devostes prières et grandes processions, tant en une province qu’en l’aultre, pour deman226

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der à Dieu se miséricorde et de l’eaue sus la terre ; et commença-on dès la my my-may, en continuant jusques au jour de la Feste-Dieu, que le bon Seigneur envoya de la pluie assez competanmant, dont en plusieurs lieux fut chanté le Te Deum laudamus. « Les villages de sept ou huict lieues de Paris alloient en procession audit Paris en l’église de madame saincte Geneviève […]. Ceux de la ville et villages de Melun alloient en procession à la ville de Corbeil, au corps sainct de monsieur sainct Spire. Ceux de Gastinois et pays de Beauce alloient à Estampes de 5 et 6 lieue alentour, en l’honneur des corps sainctz [de] messieurs sainct Cancien et Cancianille. Ceux de Champagne, les ungs alloient à Troye, aux vierges saincte Mathie et saincte Hélène ; aultres alloient à madame saincte Cyre (comm. Rilly) ; autres à Nogent-sur-Seine, à la Belle Dame » (Haton, éd. 2001, I, 46). « Les bonnes gens faisaient nuict et jour processions blanches (comme il les nommaient), à savoir les hommes, femmes et enfans acoustrez de linge blanc, criant miséricorde à vois effroyables et venant des paroisses loingtaines en procession à Lyon » (Paradin, 357). Vague de pestes n Peste signalée autour d’Avignon, Cambrai, Dole, Laon, Marseille, Orléans et Rouen (Biraben, 383). Autour de Lyon : terres et vignes changent de mains « Les pauvres laboureurs […] n’ayant de quoi sustenter eux et leurs ménages, contraints d’exposer en vente à non-pris leurs héritages aux personnes riches qui lors avoyent les belles terres et vignes pour un morceau de pain. Et plusieurs par ce moyen dressèrent les belles granges, bastissant leurs lieux de plaisance de la misère des pauvres » (Paradin, 357). Passages de troupes En Toulois, installation d’un camp de 4 000 protestants allemands commandés par le rhingrave de Daun, dans la prévôté de Vicherey ; séjour pendant 6 semaines des troupes de Philippe II, commandées par Rottxwiller ; camp de 8 000 Français et 800 chevaux entre Foug et Void (Cabourdin, 59-60). Un évadé fiscal dans un manoir du bocage Sous la plume verte d’Emmanuel Le Roy Ladurie, le gentilhomme campagnard qu’est Gilles de Gouberville au Mesnil-au-Val, prend un visage rabelaisien. « Qu’est-ce donc que la noblesse pour Gouberville ? La réponse est simple : fondamentalement, c’est l’appartenance à une caste, diversement privilégiée, d’agrariens locaux, avec qui l’on cousine ; à qui l’on rend des visites de courtoisie ou d’affection ; plus précisément, la noblesse est vécue comme une qualité spéciale, qui permet à celui qui en jouit de ne pas payer les impôts au roi. La savonnette à vilain, c’est d’abord un préservatif contre le fisc. On le voit bien en 1555-1556, quand se produit dans le Cotentin et le Bessin une visite générale de vérification des titres nobles. Brusquement, c’est l’affolement dans les manoirs  : “Ceux qui 227

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n’ont pas pu fournir les preuves de leur noblesse l’an passé ont été condamnés à payer six années de leur revenu.” […] Jacques Davy, bailli de Cotentin (et pseudo-noble), a été condamné à 8 000 livres [25 août 1556, dans le Journal de Gouberville]. Du coup, Gouberville, d’ordinaire si peu soucieux de ses ancêtres, s’enferme tout le jour dans sa maison, fourrage dans ses paperasses, y recherche désespérément les preuves de noblesse de sa famille depuis 1400 (“il était nuit quand je les trouvai”, 28  décembre  1555), enfin les recopie jusqu’à minuit ; il pourra ainsi, noblesse prouvée, sauver son exemption d’impôts ! » (Le Roy Ladurie, 2002, 251).

1557 Pâques : le 18 avril Grande cherté pour le pauvre monde « En ceste présente année fist aussi [autour de Bourges] grand froict et aussi long qu’il fist jamais de ma cognoissence car il dura despuis le moys de novembre [1556] jusques à la fin de mars, toujours avec grand froict et neiges […]. L’an  1557, Pasques estoient le 18e  jour d’apvril, année fort estrange et facheure, à passer au moins au commencement d’icelle, c’est assavoir despuis le moys de janvier, jusques à la Saint-Jehan. En l’année susdicte, l’espace de huict ou dix moys, le blé fut fort cher, tellement qu’on vendoit communément le boisseau de froment xvii et xviii souls, le boisseau de meton [méteil] xv solz, le boisseau de mercesche, xii soulz, et la modure, xiii et xiv soulz. L’advoyne, cinq soulz. Le pouvre monde endura tant, que par le rapport de gens enciens, jamais, de congnoissence d’homme, ne fut une telle année, combien qu’on aict bien veu le blé plus cher, car toutes aultres choses estoient à bon marché ; mais, en ceste présente année, toutes choses estoient chères, et à ceste cause, quant ce vint es moys d’aust, septembre et octobre, survint des maladies innumérables sur le pouvre peuple comme fièvres, pestillances et aultres maladies incurables, dont morurent plusieurs, sans toutteffoys grande apparence ou congnoissence de peste » (Glaumeau, 93-96). Vagues de peste n Attestations de peste autour d’Amiens, Avignon, Béthune, Carcassonne, Dole, Gaillac, Lyon, Marseille, Orléans, Rodez, Rouen, Toulouse et Villefranche-deRouergue (Biraben, 384). Peste en Franche-Comté, autour de Dole (Delsalle, 2001, 55). Prise de Saint-Quentin et exode des populations rurales S’ouvre alors la 11e  guerre d’Italie entre Henri  II et Philippe  II (janvier  1557avril 1559). ” Avril : pillage et destruction du village de Prémont (Aisne, cant. Bohain), à la frontière du royaume, par les Français (E sup. 02, V, Prémonts). 228

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” 10 août : à Saint-Quentin, la victoire d’Emmanuel-Philibert de Savoie, lieute-

nant général du roi Philippe II, sur le connétable de Montmorency ouvre la route de Paris aux Espagnols. ” Après la prise de Saint-Quentin, incendie du village d’Abbécourt, de Chauny, Ham et de Noyon « par les Bourguignons » (E sup. 02, Ognes). ” En Franche-Comté, 15 000 soldats « allemands », refumés de la Bresse, saccagent le pays (Delsalle, 2001, 55). Le bocage chez le sieur de Gouberville Février. Loin des conflits, le bocage se développe lentement chez le sieur de Gouberville. Entre la Vigne-Liot et des taillis, les « fossayeurs » du Mesnil-au-Val entreprennent la réalisation de « fossés », c’est-à-dire de haies sur talus qui se substituent à une simple haie végétale que l’on essarte. Mais le fossé matérialise aussi une nouvelle limite après un essartage (Journal du sieur de Gouberville, d’après Roupsard, HSR 17, 2002, 58). Les bois et forêts de l’Alsace Ordonnance de Ferdinand  Ier, donnée au palais impérial de Prague, le 17  avril, sur « les bois et forêts contenant les manières de la conservation d’iceux avec un règlement des amendes et pour le droit et la défense de la chasse ». Le texte porte sur les forêts domaniales des landgraviats, seigneuries et villes d’Alsace, Sundgau, Brisgau, Forêt Noire, Rheinfeld ainsi que pour l’ensemble de l’Autriche antérieure. Pour réagir contre les dégradations perpétrées dans les massifs forestiers, l’Empereur vise à sauvegarder ses réserves giboyeuses en inaugurant une véritable gestion du patrimoine ligneux. En matière de chasse, les particuliers ne peuvent détenir de chiens en dehors de ceux requis par les communautés rurales pour protéger le bétail estivant. Les chiens ne peuvent divaguer de la Saint-Georges (23  avril) à la Saint-Jean-Baptiste (24 juin) durant le « temps où les biches et autres gibiers mettent bas ». L’« ordonnance des bois et forêts de la Haute-Alsace » édicte aussi des prescriptions sylvicoles en mettant en place une administration dirigées par un Königlich Kaiserlich Fortsmeister. Essartage et écobuage sont interdits. Ovins et caprins sont exclus du pâturage. Les droits d’usage des communautés riveraines sont contrôlés et soumis à des preuves écrites (A. Pecquet, Lois forestières… 1753, I, 648-658, et AD 68, 2B 5/1-2, d’après Garnier, 55-64). Une mesure contre l’infanticide Édit du roi Henri  II qui prononce la peine de mort contre les filles qui, ayant caché leur grossesse et leur accouchement, laissent périr leurs enfants sans qu’ils aient reçu le baptême. Jusqu’à la Révolution, les curés liront au prône cet édit, qui réprime sévèrement l’infanticide. Dans les campagnes, où les amours ancillaires sont légion, la portée de ce texte est grande. « Du mois de février 1556 [anc. st.]. Henry, par la grâce de Dieu, roy de France : à tous présents et à venir, salut. […] estant duement avertis d’un crime très énorme et exécrable, fréquent en nostre royaume, qui est que, plusieurs femmes 229

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ayant conceu enfant par moyens deshonestes ou autrement, persuadées par mauvais vouloir et conseil, déguisent, occultent et cachent leurs grossesses, sans en rien découvrir et déclarer. Et avenant le temps de leur part, et délivrance de leur fruit, occultement s’en délivrent puis le suffoquent, meurdrissent, et autrement suppriment, sans leur avoir fait impartir le saint sacrement du baptême : ce fait, les jettent en lieux secrets et immondes, ou enfouissent en terre profane ; les privans par tel moyen de la sépulture coutumière des chrétiens. De quoy estans provenues et accusées pardevant nos juges, s’excusent, disant avoir eu honte de déclarer leur vice, et que leurs enfans sont sortis de leurs ventres morts, et sans aucune apparence ou espérance de vie : tellement que par faute d’autre preuve, les gens tenans tant nos cours de Parlemens, qu’autres nos juges, voulans procéder au jugement des procès criminels faits à l’encontre de telles femmes, sont tombez et entrez en diverses opinions, les uns concluans au supplice de mort, les autres a question extraordinaire, afin de sçavoir et entendre de leur bouche si à la vérité le fruit issu de leur ventre estoit mort ou vif. Après laquelle question endurée, pour n’avoir aucune chose voulu confesser, leur sont les prisons le plus souvent ouvertes, qui a esté et est cause de les faire retomber, récidiver et commettre tels et semblables délits, à notre très grand regret et scandale de nos sujets. À quoi pour l’avenir, nous avons bien voulu pourvoir. Sçavoir faisons, que nous désirans extirper et du tout faire cesser lesdits exécrables et énormes crimes, vices, iniquitez et délits qui se commettent en notredit royaume, et oster les occasions et racines d’iceux doresnavant commettre, avons (pour à ce obvier) dit, statué et ordonné, et par édit perpétuel, loi générale et irrévocable, de notre propre mouvement, pleine puissance et autorité royale, disons, statuons, voulons, ordonnons et nous plaît, que toute femme qui se trouvera deuement atteinte et convaincue d’avoir celé, couvert et occulté, tant sa grossesse que son enfantement, sans avoir déclaré l’un ou l’autre, et avoir prins de l’un ou de l’autre témoignage suffisant, même de la vie ou mort de son enfant, lors de l’issue de son ventre, et qu’après se trouve l’enfant avoir esté privé tant du saint sacrement de baptême, que sépulture publique et accoutumée, soit telle femme tenue et réputée d’avoir homicide son enfant. Et pour réparation, punie de mort et dernier supplice, et de telle rigueur que la qualité particulière du cas le méritera : afin que ce soit exemple à tous, et que ci-après n’y soit aucun doute ne difficulté. Si donnons en mandement par ces présentes à noz amez et féaux conseillers les gens tenans nos cours de parlement, prévost de Paris, baillifs, séneschaux et autres nos officiers et justiciers, ou à leurs lieutenants et à chacun d’eux, que cette présente ordonnance, édit, loy et statut, ils fassent chacun en droit soy lire, publier et enregistrer, et incontinent après la réception d’icelui, publier à son de trompe et cri public, par les carrefours et lieux publics, à faire cris et proclamations, tant de notre ville de Paris, qu’autres lieux de notre royaume ; et aussi par les officiers des seigneurs hauts justiciers en leurs seigneuries et justices, en manière qu’aucun n’en puisse prétendre cause d’ignorance, et ce de trois mois en trois mois. Et outre, qu’il soit leu et publié aux prônes des messes parrochiales des dites villes, pais, terres et seigneuries de notre obéissance, par les curez ou vicaires d’icelles ; et icelui édit gardent et observent, et fassent garder et observer de point en point 230

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selon sa forme et teneur, sans y contrevenir. […] Donné à Paris, au mois de février, l’an de grâce mil cinq cens cinquante-six ; et de notre règne le dixième. »

1558 Pâques : le 10 avril Année d’abondance ✷ En Berry : « L’an 1558, Pasques estoyent le xe jour d’apvril, année fort fertille et habondante en tous biens [en Berry]. Le blé ne se vendoit que deux sols et six blans le boisseau, qui était chose fort miraculeuse, veu la grande cherté de l’année précédente » (Glaumeau, 103). ✷ Autour de Metz  : « Ladicte année  1558 fuist bonne et fertille de bleidz et de vin. Il fuist peu de fruitz » (Le Coullon, 26-27). Été torride : les soyeurs mouraient de soif « L’esté fut fort chaud et adonné à seicheresse, à tonnerres et esclairs en son commancement ; mais incontinant se rendit pluvieux à cause des nuages que les tonnerres causèrent ; et sy lesditz tonnerres et nuages de pluies ne refroidirent point le temps, qui fut cause de faire germer les grains aux champs. Il n’i eut quasi jour au moys de juillet qu’il ne feist nuages d’eau provocquée par grands tonnerres et esclairs ; et ce néantmoings, faisoit si chault avant lesdittes nuées et depuis, que les soyeurs moroient de soif et de mort subite enmy les champs ; et en morut au bailliage de Prouvins sept ou huict en plusieurs endroictz, et si fut le bruict qu’ainsy faisoient-ilz par les pays de Brie, France et Piccardie […]. « L’autonne fut bien tempéré et bon pour les vendanges, qui furent fort copieuses […]. La semaille fut bonne ; mais ne levèrent les grains fort bien, à cause qu’ilz avoient germé aux champs et s’estoient eschaufez ès tas dedans les granges, pour avoir esté serrez trop molz. L’hiver ne fut trop froict ni inconstant, ni en pluyes ni en neiges. Il feit pour la pluspart de belles gelées seiches, qui ne furent domageables aux grains de la terre. Toute l’année, le vivre fut en France à si petit et bas prix que ung homme en ung jour n’eust sceu despenser en pain et vin que 18 den. t. pour le plus ; la chair, le drap, le cuyr et les ouvriers estoient à bon marché […]. Par toute la France n’estoient que jeux, nopces, festes, dansses et esbatemens par les villes et villages » (Haton, éd. 2001, I, 133-135). Les insolences des soldats « Au moys de may 1558, les Françoys campèrent devant Thionville. C’estoit pitiez des insollences que les soldatz commettoient ; durant ledict siège passa par Ancey et y logèrent bien 12 ou 13 compaignies que de chevaulx que de piedz, entre aultres un nommé Riqueroch y logea avec 13 enseignes de lansquenestz. Ils estoient plus de 5 000 hommes. […] La guerre estoit cruelle et merveilleuse. Les soldatz pour estre mal réglez faisoient de grand desgastz et extortions » (Le Coullon, 26-27). 231

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Un cas de lèpre 12 juin : isolement d’une lépreuse à Belleville (E sup. 69). La Réforme protestante frappe à la porte des grands mas cévenols Avant-poste des serres cévenoles, sur les flancs de la montagne de l’Hortus, le hameau de Lancyre (comm. Valflaunès, Hérault) est aujourd’hui un domaine viticole réputé au cœur de l’appellation Pic Saint-Loup. Au milieu du xvie siècle, c’est une ferme isolée –  le mas de Lancyre  – où vit une famille élargie, les Jean. Ces Jean forment plusieurs couples de « pariers et communs en biens » à la tête d’une grande exploitation agricole. Ils prennent la suite des paysanneries citadines du Languedoc pour adopter la Réforme. « Les Jean de Lancyre exploitent un vaste domaine, qui fait le “principal revenu” aux dîmes du prieuré local. À leur compoix (1558) un mas, grande bâtisse de 100 mètres de tour, plus un cellier, une citerne (aiguière) indispensable sur leur piton sec, une étable (mangidou), un four, un poulailler (galinié), une immense bergerie (mas de fédes), un colombier, un moulin à huile et deux porcheries. En plus du verger et des légumes, les Jean possèdent un grand ensemble foncier  : 314 hectares dont 264 en devès (maigres pacages à moutons) et 50 de labours, dont le plus clair (36 ha) est en céréales, dispersé en champs minuscules et très nombreux (140 parcelles) : une pièce d’un demi-hectare est qualifiée « grand champ » ! Beaucoup de terrasses (faissas) parmi ces lopins. Peu de vignes (4 ha). Des oliviers (8 ha) accrochés en escaliers de banquettes sur les versants ensoleillés que domine le mas ou bien plantés à quelque distance, sous l’église du prieuré voisin. Quelques prairies (4 ha). C’est une famille de laboureurs aisés, prolifiques, instruits [qui, alors] adhère en bloc, selon les paroles de Louis Jean, « à la Religion réformée selon la Parolle de Dieu, et au saint Évangile » (Le Roy Ladurie, 1966, 352-353).

1559 Pâques : le 26 mars Année chaude et fertile « L’année 59 fuist fort chaude et bien fertille et abondante en bleidz et vin [autour de Metz]. Il fuist peu de fruitz et de foin. Les vins fuirent bons » (Le Coullon, 28). Enfin la paix ! Après une série de trêves, le second traité du Cateau-Cambrésis met un terme aux expéditions militaires qui saccagent la Lorraine. « En ladicte année  58 vers la Saint-Martin se fist trêves entre les princes. Quelqueffois pour 15 jours, aucun effois le temps que les députez de Leurs Majestez estoient assemblez. Les trêves fuirent reitéréez plussieurs foys. En fin le bon Dieu permist que la paix fuist faicte au commencement du moys d’apvril 1559), entre les roys d’Espaigne et de France, Yzaubel, royne d’Angleterre et Françoys, fils du 232

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roy Henry, et la royne d’Escosse. Ladicte paix fuist publiée à Metz le 20 dudict apvril avec grandes solempnitez et cérémonies » (Le Coullon, 27-28). Sécheresse et surpâturage en Provence À Saint-Paul-sur-Ubaye, en Provence, les habitants font confirmer par leur seigneur les quotas traditionnels de pâturage : interdiction pour chaque chef de famille de posséder « plus de 5 chèvres, trois trentaines de brebis et 6 têtes de gros bétail ». On est pourtant dans l’une des meilleures zones d’herbages des Alpes du Sud (Sclafert 178). Mort d’Henri II, le « père des laboureurs » (10 juillet) « Il avoit bien pollicié la gendarmerie, et en telle façon y avoit mis ordre que les gens de guerre n’eussent osé rien prendre des biens du laboureur, sans le payer de gré à gré ; et a ceste ordonnance tenu et esté observée toute sa vie, c’est-à-dire le temps de son règne à la coronne, qui a esté de treze ans non entiers, car il est mort sus le commancement du treziesme an de son gouvernement. Non seullement lesditz gens de guerre n’eussent osé prendre aulcune chose sus le laboureur sans payer, mais aussi ne les eussent osé desteler de leur harnois et cherrue, ni les destourber de leur labourage pour se faire guider, eux ni leur bagage, sus peine de la hart, ni prendre leurs chevaux, harnois ni charretttes, sinon en cas de nécessité et en payant. « Cest ordre fut tout son règne si bien observé que les laboureurs n’eussent digné fermer les huis de leurs caves, celiers, garniers, coffres et aultres serrures de leurs maisons pour les gens de guerre, tant ilz se gouvernoient honestement, selon laditte ordonnance. Les poulles, poullets, chapons et aultres volailles estoient parmi les jambes desditz gens de guerre ès maisons des laboureurs quand ilz y estoient logez, et si n’en eussent pas tué une seulle sans demander congé à l’hoste et pour [de] l’argent. Ilz ne faisoient bruict ni insolence ès maisons desditz laboureurs, non plus qu’en leurs maisons propres. Et, pour ces causes, les laboureurs et gens des villages ont bien occasion de pleurer et regreter sa mort, car avec grande difficulté y aura-t-il roy au royaume de France de longtemps qui les gorverne si doulcement et en telle façon, et pour ce a-il esté appellé “le père des laboureurs” […]. Mais une chose est à craindre qui n’a guères mis à advenir après sa mort : les tailles sont demeurées sur le pauvre peuple, et si la gendarmerie a mangé et ruyné les villageois » (Haton, éd. 2001, I, 147-148). 14 octobre 1559 : l’arrivée du forgeron à Besse-en-Oisans (Isère) Dans ce village dauphinois de 1000 à 1300 âmes, qui se blotissent à 1 545 m d’altitude, acun forgeron n’avait accepté de s’installer depuis 1500. En 1559, pour faire tourner une forge et attirer un spécialiste, Blaise Pic-Pichon, un maréchal de La Grave-en-Oisans, reçoit pour le loyer modique de 25 sols une maison qu’il a tout loisir de transformer : « Item, a esté dict, convene et arresté entre lesdites parties que ledict Blays Pic Pichon aura faculté et puissance de povoyr faire overture en la muralle de ladicte chambre du cousté du midy faysant fenestre, grand porte et aultres chouses si bon luy semble pour sa commodité et proffit dudict art de 233

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mareschallerie ». Désormais, et jusqu’au xxe siècle, on y entend sans discontinuer le tintement du marteau sur l’enclume (AD 38, 3E14384, d’après Belmont, 1998, 55). Le protestantisme en Beauce et en Berry « Dans ce diocèse [Chartres], l’hérésie s’était fort avancée dans le Blésois, Vendômois, Dunois et Drouais. Deux malheureux curés la semèrent dans leurs paroisses, qui ont été comme la pépinière d’où cette perverse doctrine a été entée dans la Beauce et le Drouais : ce fut à Varize et à Mézières, près de Dreux où, grâce à Dieu, elle a été arrachée du premier, et pour l’autre, ils se sont maintenus en petit nombre dans le hameau de Marsauceux » (Jean-Baptiste Souchet, Histoire du diocèse de Chartres (écrite vers 1640, IV, 17). De fait, un bon siècle plus tard, le calvinisme est enraciné à Marsauceux, aux portes de Dreux, notamment chez les vignerons. En 1559, une femme de Bourges se rend au village d’Asnières pour demander les services d’une sage-femme réformée. La communauté vigneronne d’Asnièreslès-Bourges est passée en partie au protestantisme (Boisson, HSR, 15, 2001, 39).

1560 Pâques : le 14 avril Les blés germaient aux champs « L’an 1560, Pasques estoyent le xiiiie jour d’apvril, année monstrant grande apparence de fertilité en tous biens et fruictz, touteffoys fort humide ; car despuis le jour de Pasques susdict, jusques à la saint-Jehan ne passa point six jours sans pluvoyr ou prou. L’année susdicte, le dimanche xiiiie jour de juillet, fut faicte procession generale en ceste ville de Bourges, pour la disposition du temps, car comme il est dict dessus, l’année fut fort pluvieuse et fut l’espace de quatre ou cinq moys sans cesser de pluvoyr, tellement qu’on ne pouvoit amasser les biens de la terre, voyre que les bledz germoyent aux champs, et les foins porrissoyent dans les pretz » (Glaumeau, 110-111). Au sud de Paris : une expropriation paysanne avancée ? Au milieu du xvie siècle, sept seigneuries du Hurepoix regroupent 6 070 ha : Thiais (Val-de-Marne) ; Antony (Hauts-de-Seine) ; Montéclin, Avrainville et Mondeville (Essonne) ; Trappes et Chevreuse (Yvelines). Sur cet ensemble, calcul fait dans les registres de propriété établis pour les seigneuries (les « terriers »), les ruraux n’ont que 2 049 ha, soit 33, 75 % du sol. La répartition varie selon la nature de culture : les gens de village détiennent encore 40,6 % des labours (1 518 ha), et 68, 6 % du vignoble (304 ha) mais seulement 28 % des prés et pâtis et quasiment rien des bois (0,7 %). Pour les deux tiers du sol, les paysans sont donc locataires de propriétaires extérieurs, parisiens pour l’essentiel. « Une image singulièrement précise de la répartition de la propriété entre les différents groupes sociaux peut être fournie par l’étude de quelques seigneuries représentatives des aspects variés du Hurepoix  : terroirs de coteaux à vigne, de 234

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plaine ouverte et fertile, de vallées aux versants boisés. Le tableau qui résume les résultats du dépouillement de sept terriers, tous établis entre 1547 et 1564, montre d’abord, avec une impressionnante concordance que la propriété utile du sol, dès le milieu du xvie siècle, échappait en grande partie aux habitants des campagnes de la région. C’est à des “non ruraux”, à des communautés religieuses, hospitalières ou universitaires, à des gentilshommes, nobles de cour ou modestes hobereaux, à des officiers et à des marchands de la capitale, aux habitants de petits bourgs à l’activité économique déjà différenciée, qu’appartenaient les deux-tiers du sol. Si l’on exclut de ce calcul les masses forestières, bois de Verrières, de Chevreuse et de Trappes, la proportion reste de 56 %. Si l’on ne tient compte que des censives, les véritables ruraux ne détiennent encore que 49 % des surfaces considérées. Ainsi s’affirme un phénomène fondamental. L’expropriation paysanne, si souvent signalée comme le trait essentiel des campagnes du Grand siècle, était déjà très marquée, aux alentours de la capitale, à la veille des guerres de Religion » (Jacquart, 104-109). La misère du « pauvre bonhomme » Harangue de François Grimaudet, avocat du roi en l’assemblée particulière des états d’Angers, le 14 octobre. « Reste le tiers état […] c’est celui qui soutient les guerres ; en temps de paix entretient le roi, labourer la terre, fournit de toutes choses nécessaires à la vie de l’homme, toutefois est grandement taillé de subsides et taxes insupportables […]. Autre tribut, qui travaille et moleste tous états sans le su du roi, c’est la gabelle du sel, duquel le bon homme porterait patiemment le profit que le roi en reçoit, n’était qu’il y a des marchans, fermiers, granetiers, contrôleurs, greffiers et archers de la gabelle, lesquels vont ès maisons des pauvres gens, remuent leurs lards et tout ce peu de meubles que Dieu leur a donné, et le plus souvent s’en emparent, dont ajourner les pauvres à comparoir par devant eux aux villages, où n’y a aucuns conseils ; se montrent au peuple en grand’furie et crainte, armés de pistoles, pistolets et ongs bois, font aux rustiques procès extraordinaires, les arrêtent prisonniers, exécutent de leurs bœufs, chevaux et charrettes. Tellement qu’en une seule matinée, par leurs actions, ils ruinent 40 à 50 pauvres rustiques qu’ils envoient à l’aumône ; et se trouvera en ce pays d’Anjou qu’ils ont ruiné plus de mille » (Choix de chroniques et mémoires sur l’histoire de France, par J. Buchon, 1836). Le refus de la dîme en Languedoc : grève sage ou grève sauvage ? « En 1560, l’épidémie antidécimale gagne toute la France du Midi, du Rhône à l’Atlantique. Deux types de grèves apparaissent  : l’une est purement religieuse, c’est la grève sage, où les paysans, passés au camp des réformés, acceptent néanmoins de payer la dixième gerbe, mais seulement aux pasteurs de la nouvelle religion. Telle est l’atitude de Louis Jean, au mas de Lancyre. Telle est aussi celle des communautés rurales près de Nîmes, en 1561  : “Les parochiens de Meynes ont menassé de ne payer aulcungz dixmes le rentier du chapitre ne leur baille ung ministre de Genefve.” Mais cette sagesse exemplaire n’est pas répandue chez tous. Pour beaucoup de paysans, qu’ils soient réformés ou même catholiques, le refus de 235

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la dîme est sans nuance : c’est la grève sauvage, où l’on ne verse plus rien, à qui que ce soit. Les rustres prennent au sérieux les promesses des “gros bourgeois et marchands” qui, en Languedoc, attirent à la Réforme nombre d’habitants avec promesse “qu’ils seraient libres et francs de payer dîmes”. Ils voient flamber, dans l’été de 1560, les brasiers des registres et des chartes, le coq rouge. À Nîmes, ils écoutent les incendiaires “qui crioient avec des mouvements d’allégresse qu’on ne payerait plus ni dîmes, ni censives, et autres charges”. Et leur souhait est clair, quelle que soit leur foi  : ne plus payer, ni à Rome ni à Genève. Contagion des grèves : elles s’étendent vers l’Ouest, vers l’Agenais où “dès avant la guerre civile, les dîmes n’étaient plus payées” ; vers la Guyenne et le Périgord, où les paysans catholiques, note La Boétie, interrompent eux-mêmes leurs prestations » (Le Roy Ladurie, 1966, 381). Premiers édits de pacification 8 mars 1560 : édit d’Amboise. Premier édit de pacification, accordant un pardon général à toutes les personnes qui ont été impliquées par le passé dans des affaires d’hérésie. Les prisonniers protestants doivent être relâchés. Les affaires judiciaires en cours doivent être suspendues. Mai 1560 : l’édit de Romorantin complète l’édit d’Amboise. Il fait passer jugement de l’hérésie des tribunaux civils (présidiaux) aux tribunaux ecclésiastiques. Accalmie de la répression et fin de la peine de mort pour les crimes d’hérésie puisque seuls les tribunaux royaux peuvent la prononcer. Décriminalisation de l’hérésie en la distinguant de la sédition. La liberté de conscience est donc accordée à tous ceux qui ne perturbent pas l’ordre public. La fin de Martin Guerre Le 16  septembre, à Artigat (Ariège)  : exécution d’Arnaud du Tilh, « soi-disant Martin Guerre », originaire du village de Sajas, dans le Comminges, convaincu d’avoir usurpé l’identité du mari de Bertrande de Rols. Après avoir testé et fait amende honorable, en chemise et tête nue, une torche à la main à travers le village, l’imposteur est pendu (Jean de Coras, Arrêt mémorable du parlement de Toulouse, 144-160, d’après Nathalie Davis, Jean-Claude Carrière et Daniel Vigne, Le Retour de Martin Guerre, 1982).

1561 Pâques : le 6 avril Tempêtes d’automne ~ En Berry. « En l’année mesme, la nuict du dimanche xixe jour d’octobre, fist ung vent si grand et si emerveilleux que chascun s’an esbayoit fort. Il commença sur le minuict, et dura jusques à sept fures du lendemain matin. Durant lequel temps, ledict vent fist des maulx innumérables  : il abatit le clocher de l’église et couvent des Augustins de ceste ville de Bourges, des pignons de maisons et che236

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minées grand nombre ; et y eut bien peu de maisons, églises et aultres édifices en toute la ville, desquelz il ne myst grand quantité de tuilles par terre ; et par les champs, des arbres infinis arrachez et rompus » (Glaumeau, 121). ~ En Brie, à la mi-novembre  : « L’année même, moi allant par les champs, vis en plusieurs lieux les justices et gibets abattus, et me fut dit ce être advenu ladite nuit que celui de Provins tomba […] par une foudre et tempête de vent qu’il fit la nuit, environ les onze heures. Les hommes sages et bon esprit ne se purent garder de donner quelque jugement de ce fait et se tinrent comme pronostic et prodigieux de futurs maux à advenir en France par voleurs, larrons et méchantes gens qui feraient du mal incroyable, sans aucune punition ni répréhension des juges et magistrats justiciers » (Haton, éd. 2001, I, 288). Traces de pestes n Autour d’Amiens, Coulommiers, Orléans, Pamiers, Paris, Perpignan et Toulouse (Biraben, 384). n Le 15 mai, peste à Provins et aux environs (Haton, éd. 2001, I, 275) et aussi à Mâcon, Chalon, Lyon, Dijon, Troyes, Sens, Bray-sur-Seine et aux environs (Haton, éd. 2001, I, 277). Après la grêle : un vicaire-vigneron du Beaujolais fait ses comptes Comme souvent, les registres paroissiaux servent de livres de comptes aux administrateurs de sacrements. À Saint-Georges-de-Reneins, paroisse du sud du Beaujolais, le vicaire François Romanet fait mémoire de ces achats avant d’enregistrer les actes de baptême, mariage et sépulture. « Mémoyre que le mardy troisiesme jour du moys de juin l’an mil cinq cens soixante ung, j’ay achepté une cheval poil bay brun de monsieur l’eslu Aujard, la somme de neuf escus soleil à 2 livres v s. pièce, montant la somme de vingt deux livres dix solz tournois, pour ce… 22 L. v s. Plus, ay baillé au serviteur dudit sieur Aujard pour son vin 10 s. vi. « Dieu, par sa sainte grâce, me le veuille préserver et garder de mal, à l’intercession de la glorieuse Vierge Marie et de monsieur saint Esloy et de tous les saints et saintes de Paradis. Amen. Mémoire que ceste présente année 1561 je n’ay heu en toutes mes vignes, tant en celles que je fois à ma main que de celles de moytié la quantité de quinze asnez vin et trois asnez vivande, obstant la gresle, laquelle nous a tous gatez ceste dite année » (AD 69, BMS Saint-Georges-de-Reneins 1570, vue 4). Ordonnance d’Orléans de janvier 1561 (1560, ancien style) Le document comporte 150 articles, qui codifient les demandes exprimées par l’assemblée des États généraux réunis dans la ville, du 13  décembre  1560 au 31 janvier 1561. Art. 67. « Les prévôts des maréchaux seront tenus suivre les compagnies de gens de guerre à cheval ou à pied, et le semblable sera établi en la province où lesdits gens de guerre entreront et passeront, pour ensemblement avoir l’œil, garder nos subjets et pauvres laboureurs d’oppression et violence, et faire vivre lesdits gens 237

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de guerre selon les ordonnances à peine d’être privés et cassés de leurs états, de répondre en leurs propres et privés noms de tous dépens, dommages et intérêts, souffers par nos subjets. Art. 104. « Il est enjoint à tous Bohémiens et Égyptiens, leurs femmes, enfants, et autres de leur suite, de sortir du Royaume dans les deux mois à peine des galères et de punition corporelle. Art. 106. De la conduite sage et modérée dont les seigneurs des fiefs doivent user envers leurs vassaux. « Sur la remontrance et plainte faite par les députés du tiers-état contre aucuns seigneurs de notre royaume, de plusieurs extorsions, corvées, contributions, et autres semblables exactions et charges indues. Nous enjoignons très expressément à nos juges […] ne permettre que nos pauvres sujets soient travaillés et opprimés par la puissance de leurs seigneurs féodaux, censiers ou autres, auxquels défendons intimider ou menacer leurs sujets et redevables… et avons dès à présent révoqué toutes lettres de commission et délégation, accordées et expédiées ci-devant à plusieurs seigneurs de ce royaume […] pour juger en souveraineté les procès intentés pour raison des droits d’usage, pâturages et autres prétendus, tant par lesdits seigneurs que par leurs sujets, manants et habitants des lieux, et renvoyé la connaissance et jugement desdits procès à nos baillis et sénéchaux, et par appel à nos cours de Parlement. Art. 108. Du temps auquel la chasse est interdite. « Défendons aux gentilshommes, et à tous autres, de chasser, soit à pied ou à cheval, avec chiens et oiseaux sur les terres ensemencées, depuis que le blé est en tuyau ; et aux vignes, depuis le premier jour de mars, jusqu’après la dépouille, à peine de tous dommages et intérêts des laboureurs et propriétaires. Art. 117. « Défenses aux capitaines des charrois de munitions de guerre, artillerie, ou autres, de prendre de force les chavaux des fermiers et laboureurs, si ce n’est de leur vouloir, de gré à gré et en payant leurs journées, à peine de la hart. Art. 120. Du port d’armes. « Voulons et entendons que les défenses faites de porter pistolet ou arquebuses soient étroitement gardées. Art. 137. « Il sera permis à chacun de chasser à cris et jets de pierres seulement, les bêtes fauves et autres qu’il trouvera endommageant son héritage. » Un laboureur-vigneron gagné à la Réforme « En l’année 1561, la parolle de Dieu fuist preschée à Metz publiquement. On avoit preschez environ demy ans à Saint-Privez, mais venant l’yver, il fuist permis aux ridelles faire bastir un temple au Retranchement. C’estoit chose admirable de veoir le nombre des personnes qui se rangeoient chascun jour à la doctrine. Les presches aussy fuirent dressez aux villaiges, comme à Scey, Lorrei, Coin sur Saille, Fleury, Montoy et aultres lieux. Le règne de Jhesucrist prenoit grand accroissement » (Le Coullon, 29-30). 17 janvier 1561. Dénombrement de la gabelle du sel dans les États d’Emmanuel-Philibert de Savoie Le duc ordonne de faire « fidèle description au vrai de tous nos sujets et autres demeurant en notre pays et terres de notre obéissance de delà les monts, tête par 238

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tête, noms et surnoms et de famille en famille, en spécifiant toutefois et décrivant séparément les pauvres et misérables personnes et les petits enfants qui n’excéderont l’âge de 5  ans ». Il impose aussi de « faire description du nombre et qualité de bétail prenant sel, qui ordinairement a accoutumé être tenu, nourri et alimenté par nos sujets ». Le recensement est enregistré sur des cahiers par paroisse, dans le cadre des 23 greniers à sel qui couvrent le duché, à l’exception des trois bailliages –  Chablais, Ternier et Gaillard, Gex  – alors occupés par les Bernois et les Valaisans. Avec 3172 habitants dont 95 % de paysans, 3688 ovins et 2890 bovins, Saint-Maxime-de-Beaufort constitue la première paroisse rurale du duché de Savoie en 1561. Beaucoup plus modeste, celle de Veyrier-du-Lac (151 ménages et 802 habitants) fournit un échantillon représentatif de la richesse des données du recensement en révélant l’importance des ménages multiples et les modes d’exploitation. « Registre des noms et surnoms des paroissiens et habitants de la paroisse de Veyrier, mandement d’Annecy en Genevois, et le dénombrement du bétail d’icelle paroisse, fait par Pierre Barut et Jean de Croes, modernes syndics de ladite paroisse, et Martin Blanchard, co-vicaire dudit Veyrier, du commandement fait de la part de l’altesse de monseigneur, par Me François Garin, commissaire à ce député le jour. Et premièrement, au village de Chavoerruz : 1. – Maurice, fils de feu Aymé de la Comba, alias Guiod. L’Anthoine, sa femme. Claude, Dominique et Jehan, ses enfants. La Claude et Jacquemette, ses filles, icelle Jacquemette moindre de 5 ans. La Jacquemette Delachenal, femme dudit Claude. La Claude, sœur de ladite Jacquemette, de moindre âge. La Claude, leur servante. Item, 5 vaches tant grandes que petites. Item, 6 chèvres. VIII solvables, II moindres. 2. – Françoys, fils de feu Jehan de la Comba, alias Guiod. La Claude, sa femme. Aymé, son fils mâle. Françoise, Guigone et Jaquemette, en bas âge. Item, 2 vaches. Item, une mouge [génisse]. Item, une chèvre. III solvables, III moindres. 3. –  Jehan, fils de fau Yvoz de la Comba, alias Guiod. La Maurice, sa mère. La Maurice, sa sœur. Item, une vache. Deux chèvres et un chevrot. III solvables… » (Viallet, 1993 et 1995, 271-302). L’arrivée du riz 17 mai : autorisation à Jorges Rynaldo, Milanais, d’implanter en Franche-Comté la culture du riz (AD 25, B 0994, d’après Febvre, 37). Étaupinage au Mesnil-au-Val Le 29  décembre  1561, commence une campagne d’étaupinage qui fait la fortune de Jehan Lechevalier, engagé par Gilles de Gouberville, au nord du Cotentin. « Le lundi xxviiie décembre, jour des Innocents, il fist fort beau temps, cler et doulx, à merveille […]. Quand je revins du bois sur le soyr, je trouvé Jehan Lechevalier, taulpier, qui venoyt prendre des taulpes, et me dist qu’il venoyt des soldats en garnison à Cherebourg et qu’ilz avoyent couché aulx Pieux, et qu’ilz esptyent de 239

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la compagnée au cappitaine Vilarmoys. Le mardi xxixe, je ne bougé de céans ; je fys semer par Nicollas Drouet dix boisseaulx à la Basse-Vente. Jehan Lechevalier prinst dix taupes à la Haulte-Vente pour tout son jour. […] « Le jeudi, dernier jour […] Jehan Lechevalier prinst, tant à la Haulte que Basse-Vente, xxi taupes » (Gouberville, rééd. des Champs, 855).

1562 Pâques : le 29 mars Des saisons toutes changées ~ Dans la nuit du 31 janvier au 1er février 1562, rupture de la levée de la Loire au pont de Varennes près de La Chapelle Blonde, « laquelle fit grand dommage en la vallée » (E sup. 49, III, Saint-Georges-du-bois). ~ En Brie, le 24 juin, il neige. Les vignes coulent et les blés aussi. « Les saisons de l’année se trouvèrent toutes changées en cette présente. Le beau temps de printemps se trouva être en hiver, au printemps l’été, en été l’automne et en automne l’hiver. Toutefois, quasi toute l’année, les eaux furent grandes et dérivées et furent plus grandes l’été que l’hiver, et recueillit-on sur la prairie de la rivière de Seine du foin assez qu’il eut pu sauver et faner » (Haton, éd. 2001, 405-406). ~ En Berry, hiver pluvieux comme jamais. « En l’année que dessus, depuys le mys d’octobre [1561] jusques au moys de febvrier, ne cessa de pluvoir, voyre que tout le temps d’yver passa sans un seul our de froict, et ne passa point de tout le temps susdict troys jours suivans sans pluvoir. Durant tout ce temps les eaux furent tousjours grandes, et firent beaucoup de maulx en plusieurs lieux ; du 15e  jour de janvier les amandiers estoient fleuris. Le commung bruit estoit que jamais ung tel yver on n’avoit veu. L’an 1562, Pasques estoient le xxixe jour de mars, année bien disposée et habondante en tous fruictz » (Glaumeau, 124). Poussées de peste n Maladie contagieuse à Paris, Pontoise, Gisors, Rouen, Beauvais, Meaux, Compiègne, La Ferté-sous-Jouarre, Château-Thierry, Soissons, Reims et Chalon en Champagne, Troyes, Châtillon-sur-Seine, Langres, Dijon, Tournus, Chalon-surSaône, Beaune, Mâcon, Lyon, La Charité, Bourges, Gien, Auxerre, Sens, Bray-surSeine, Melun, Corbeil, Étampes, Orléans, Tours, Vendôme, Poitiers, La Rochelle, Moulins, Sancerre, Vézelay et Montargis (Haton, éd. 2001, 406-407). Une pacification impossible 17 janvier 1562 : édit de Saint-Germain. Deuxième édit de pacification, accordant une liberté de culte partielle. Les prêches protestants sont légalisés, de jour, sans armes et en dehors de la ville. Les protestants doivent par ailleurs libérer les temples et les biens des catholiques dont ils se sont emparés. L’iconoclasme est condamné de peine de mort sans espérance de grâce ni de rémission. L’édit encourage à la tolérance des deux communautés. Les ministres de la nouvelle 240

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religion doivent jurer de respecter l’édit devant les officiers royaux et de ne pas faire de prosélytisme. Cet édit n’interrompt les troubles que quelques semaines. Première guerre de Religion (mars 1562-mars 1563) L’étincelle : le massacre de Wassy ” 1er  mars 1562  : massacre de Wassy en Champagne. Les calvinistes mettent à sac cinq jours durant toute la région de Joinville pillant le bourg et l’abbaye de Montier-en-Der. Conduits par le capitaine Viard, les religionnaires saccagent les monastères et renversent les images. Ce massacre lance en France les guerres de Religion. Trente et un ans plus tard, ses traces et celle de l’incendie de Wassy sont bien présentes. Dans une requête éloquente, même si le trait est grossi, les habitants demandent une exemption de tailles : « Depuis les présents troubles, les ennemis rebelles à S. M. les ont par tant de fois assaillis ou les pertes incroyables que les Lorrains leur ont apportés depuis trente et un ans, lors du massacre, pour avoir été toujours connus vrais Français et fidèles serviteurs de Sa Majesté, qu’il ne leur reste moyen de vivre, lieu pour se pouvoir retirer, ni espérance de se remettre en leurs maisons étant brûlées, leurs biens pillés, la meilleure partie de leurs cohabitants mort en ces guerres, et le peu qui reste épars et vagabond en ce royaume (AD 51, C 2622, Avis du bureau des finances de Champagne sur la requête des habitants de Wassy, 11 décembre 1593). Sous la direction du frère de Coligny, d’Andelot, des mercenaires allemands traversent la Lorraine, depuis Sarrebourg et Baccarat, et se dirigent vers la Champagne (Cabourdin, 60). ” Le 18  mars, massacre des protestants par les catholiques dans un faubourg de Castelnaudary. Les catholiques incendient un moulin pastelier où se tient un prêche protestant, faisant une soixantaine de victimes (Maguer, 233). ” Le 2 avril, « Ce jour, le prince de Condé et sa compagnie logèrent à Palaiseau ou aux villages de l’entour […]. Cependant il s’acheminait tant qu’il pouvait avec ses troupes devers Orléans [qui lui ouvre ses portes] » (Journal de ce qui s’est passé en France durant l’année 1562, principalement dans Paris et à la cour, par Pierre de Paschal). L’iconoclasme protestant ” D’avril à juin, les huguenots mettent à sac églises et monastères dans les campagnes. Le dimanche de la Quasimodo (5 avril), la vague iconoclaste bat son plein. Aux portes de Tours, l’abbaye de Marmoutier-lès-Tours, est livrée au pillage. « Du temps du cardinal Charles de Lorraine fut du tout pillée ladite abbaye de Mairemoustier par les huguenots, dont était le chef du pillage le comte de La Rochefoucauld, qui vint céans avec force envahir tous les trésors de l’église, et signamment la table du grand autel, ou étaient les 13 apôtres élevées en bosse, le tout d’argent doré ; et fut emporté trois charretées d’argenterie, des reliquaires d’or et d’argent, et autre richesses qui furent brisées en la ville de Tours en lingots et monnaies pour payer les Allemands qui étaient venus au secours desdits huguenots en France. Les ornements de l’église qui étaient en si grand nombre que lors y avaient trois cent chappes, dont la moindre était de taffetas, les autres 241

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de drap d’or et drap d’argent, toile d’or et toile d’argent, que ces misérables faisaient brûler, que infinité d’autres ornements comme chasubles, tuniques, tapis, ornements, tapisseries aubes et autres semblables ustenciles furent volés et emportés. Les livres de l’église, qui étaient beaux et riches à merveille, furent ès lesdits huguenots brûlés et déchirés. Toutes les vitres de l’église qui étaient riches de portraits et peintures furent entièrement toutes cassées et abatues ; les barres et barreaux de fer, verges et goupilles « Le dimanche de Quasimodo furent ravis et emportés, le plomb pareillement ; où tombèrent trois ou quatre de ces misérables en les cassant et abattant, qui se tuèrent. À la tour où étaient les grosses cloches s’efforcèrent à coups d’arquebuse casser lesdites cloches, mais l’on y avait prévu par le moyen que l’échelle fut coupée, et n’y purent monter pour les casser. Les orgues furent toutes rompues, brisées et cassées. Bref, tout ce qu’ils purent faire de mal et ruine fut fait. « Les ustenciles de toute sorte qui étaient en ladite abbaye pour l’usage commun des frères furent tous emportés, ravagés et perdus. Les provisions de l’abbaye furent toutes dissipées et emportées. Somme qu’il fut perdu la valeur de deux cent mille ducats. « Et cependant les moines de l’abbaye en fuite, les uns chez leurs parents, les autres chez leurs amis, où ils s’étaient réfugiés, et lors ne se faisait aucun service divin en ladite abbaye pour la fureur desdits Huguenots » (Touraine, CXXXIII). Psychose dans les campagnes parisiennes « Le xxiie mai, arriva M. le cardinal d’Armagnac à Paris et fut logé au Louvre. Il avait été mandé par le roi de Navarre. Arrivant à Villeneuve-Saint-Georges, fut sonné le tocsin pensant que son train fut une troupe de huguenots, ce qui lui fut fait en plusieurs villages. Et était contraint d’envoyer un homme au-devant pour dire et déclarer qui il était. Mais pourtant il ne pouvait faire que les villages ne s’assemblassent pour voir et connaître qui il était » (Journal de ce qui s’est passé en France durant l’année 1562, par Pierre de Paschal, éd. M. François, 1950, XXX). « Le ixe juin [1562], la reine et le roi de Navarre s’en allèrent pour parlementer avec monsieur le Prince, en une métairie qui est entre Artenay et Toury, nommé Château-Gaillard, qui est à environ 8 lieues d’Orléans. Ils vienrent cent de chaque côté et sans armes […]. Il faut noter que les xe et xie fit si grand vent, pluie et froid, comme si on eût été au cœur d’un hiver bien froid, que donna grand étonnement à plusieurs, prenant ce temps pour un mauvais présage, ce ce jour-là on parlementait entre Toury et Orléans » (Journal de ce qui s’est passé en France durant l’année 1562, principalement dans Paris et à la cour, par Pierre de Paschal). ” 9 octobre : bataille de Vergt, à trois lieues de Périgueux. Le duc de Montpensier et Montluc mettent en déroute l’armée de Duras. ” Novembre : reprise de Rouen par le roi et mort d’Antoine de Bourbon, roi de Navarre. Décembre  : retour du roi et de son camp de Rouen à Paris  : « Tout le camp prit courage de se retirer vers les bons vins français, étant tous hodés et lassés de boire le cidre de Normandie » (Haton, éd. 2001, 362). 242

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Les campagnes ravagées par les protestants ” L’Île-de-France dans la tourmente Au printemps 1562, après avoir rompu avec la Cour, le prince de Condé, à la tête de 2  000 cavaliers, prend la direction du sud par Palaiseau et Arpajon et concentre son armée autour d’Orléans. Fin mai, l’armée du roi quitte la capitale à son tour, campe quatre jours à Longjumeau, puis à Arpajon, Étréchy, Guillerval avant de poursuivre vers la Loire, en juin. Fin novembre, renforcé par l’armée d’Andelot, Condé marche sur Paris avec 8  000  hommes, 5  000 chevaux et quelques canons. Campant à Juvisy et « ès villages de Châtillon, Athis, Mons, Ablon, Villeneuve-le-Roi, Orly, Thiais, Vitry et autres villages venant à Paris, lesquels ils ont tous pillés et saccagés, principalement les églises », les protestants arrivent à Paris (Bureau de la Ville, V, 180, d’après Jacquart, 172). Mais les lenteurs de Condé laissent aux Parisiens le temps de se fortifier et l’assaut du faubourg Saint-Marcel échoue et les villages de la banlieue sud servent de cantonnement (Sceaux, Montrouge et Vaugirard) aux troupes de Condé qui décampent le 8  décembre, à l’approche de l’armée royale de Normandie. Le 19  décembre, à la bataille de Dreux, Condé est vaincu et « les Suisses du roy firent un terrible carnage desditz huguenotz, quand ilz les eurent vaincuz, comme aussi firent les paysans du pays qui estoient aux escartz […]. Le plat pays, à trente lieues d’Orléans, fut fort mangé et grevé des gens de guerre qui alloient et venoient audit camp » (Haton, éd. 2001, 366 et 370). Mais ensuite pour les campagnes du sud de l’Île-de-France, la première guerre de Religion est finie. La garnison protestante décampe d’Étampes et la garnison royaliste de Corbeil est retirée. Les églises de Wissous et Orly ont été saccagées, les prieurés de Longpont et de Marcoussis pillés comme l’abbaye de Carny, les grandes fermes du chapitre cathédral incendiées à Mons et Ivry, comme celle de Saint-Germain-des-Prés à Antony (Jacquart, 173). ” De l’Orléanais au Forez Les troupes de l’amiral de Coligny occupent et incendient Sennely. Au mois de mai  1562, les deux églises paroissiales de La Ferté-Saint-Aubin sont pillées et ruinées « par la bande de Monsieur Gommery, qui étaient tous huggenault » (Poitou, 313). Du printemps à l’automne, ravages de l’armée protestante du baron des Adrets en Dauphiné. Les villages sont dévastés entre Grenoble, Vienne et Valence. La Grande Chartreuse est livrée aux flammes. Le 14  juillet, après la prise de Montbrison, 4 000 soldats pillent les alentours. En juillet-août, les troupes protestantes de Blacons (7  000 à 8  000  hommes armés de fourches et de faux) poursuivent les ravages du baron des Adrets. Elles dévastent le Velay, pillant fermes, châteaux et églises (Imberdis, 61-62). « Si furent aussi tués par les chemins et passages plusieurs desdits Huguenots, en se retirant, par les paysans et villagois » (Burel, 16). De juillet à novembre, après avoir mis à sac Aurillac, Charles de Brezons, le lieutenant général des Guise, se jette dans les campagnes qu’il met à feu et à sang avant de dévaster la Xaintrie autour d’Argentat (Imberdis, 57-60). 243

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Un fléau nouveau : l’arrivée des reîtres « Les reistres que le sieur d’Andelot, frère de l’admiral, avoit mendié en Allemaigne, par la permission du comte palatin du Rhin, estoient enrollez jusques au nombre de six mille hommes, et prestz à partir de leur pays pour venir en France au secours des huguenotz et du prince de Condé […]. Ce mot de reistres n’avoit oncques, du vivant des plus anciens, esté en usage en France. » Le duc d’Aumale rassemble 8 à 9 000 soldats pour aller au devant des reîtres : ” « Cette levée nouvelle de gens de guerre porta ung gros dommage auxditz pays de Brie et Champaigne, car ilz tindrent les villages plus de cinq sepmaines avant que d’estre assemblez, et toujours reistres entroient ès pays et gagnoient la France (Haton, éd. 2001, 349-351). La reine-mère interdisant à Aumale d’arrêter les reîtres, ils passent la Saône à Chanceaux (près de sa source), l’Yonne au-dessus d’Auxerre, et rejoignent les Condéens près d’Orléans. Aumale donne congé à ses troupes dans les villages autour de Saint-Florentin. ” « Il eust beaucoup mieux valu, pour le prouffit de la France, et principallement des pays de Champaigne, Brie et Bourgongne, que ledit sieur d’Aumalle ni aultres fussent allé au devant desditz reistres ; car ce fut la ruyne des villages où ils logèrent » (Haton, éd. 2001, 352). Après les reîtres : l’agonie d’un village Au sud de Paris, dans un secteur pauvre du Hurepoix, voici un petit village niché entre Longjumeau et Montlhéry, à 1 km du lieu-dit « La Grange-aux-Cercles ». Le passage des reîtres vient initier un processus inexorable de désertion, qui prend tout un siècle. « En 1481, au lendemain des guerres de Cent Ans, le village de Rouillon s’était fondé dans la zone dévastée du Josas  : loin de la route et des routiers, parmi les bois, des pionniers y avaient pris, en bail à cens, une clairière. Vers 1550, au terme du “beau xvie siècle”, Rouillon compte 10 à 12 maisons, dont 2 ou 3 chaumières. Mais voici les premiers traumatismes : en 1562, le site est pris, pillé et saccagé par les reîtres de Condé. Et les rassembleurs fonciers accourent de Paris : Denis Thévenin, procureur au Parlement, achète les emplacements des maisons ruinées, les “masures”. En 1609-1613, Rouillon compte une dizaine de masures, et encore quelques habitants ; en 1621, 2 ou 3 maisons valides. La localité disparaît tout à fait entre 1621 et  1652  : le châtelain de Plessis-Saint-Père a fait raser les restes du village ; il y installe son parc, et les allées de son château » (Pesez, 1965, repris en 1998, 254). Derrière les soldats : larrons, et « gens pille-hommes » « La France [est alors] remplie et fort tourmentée des voleurs, larrons et sacrilèges qui, de nuit et de jour, tenaient les champs et forçaient les églises et maisons pour voler et piller les biens d’icelles pour vivre et s’entretenir, et le tout sous le nom et couverture des Huguenots et de la guerre qui avait cours en France […]. Les voleurs et méchants garnements des villes et villages, pour la plupart gentilshommes, ou, pour mieux dire, gens pille-hommes, et leurs serviteurs, s’adonnèrent à piller et à dérober toutes parts où ils pourraient faire profit et butin, fut  ès maisons de 244

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riches gens ou dans les églises des villages, et le plus n’y allaient que de nuit, afin de n’être vus et connus et de ne point tomber ou en déshonneur, ou ès mains de justice […]. Faut noter que les gens des villages furent plus cause que les gens d’armes les rançonnèrent que ne furent lesdits gens d’armes de les rançonner ; car, pour le commencement de cette guerre, les gens des villages étaient si riches et plein de tous biens, si bien meublés en leur maison de tous meubles, si plein de volailles et bétail que c’était une noblesse […]. Les gens des villages exhortèrent si bien lesdictz gens de guerre à leur bailler rançon […] qu’en peu de temps après lesditz gens de guerre volurent chascun leur teston, et d’un vindrent à deux, de deux à trois et de trois à escu pour homme, avant que les troubles cessassent, et si rompirent tables, bancs et torteaux, couches, coffres et escabeaux » (Haton, éd. 2001, 333-338). Martyrs de prêtres aux champs

” « Les huguenots obstinez et qui suyvoient pour le pillage se jettèrent aux champs

par les villages des environs dudit Orléans et autres villes qu’ils tenoient pour aller saccager les églises et prebstres d’iceux ; lesquelz prebstres, quand ils tomboient en leurs mains, estoient plus pirement qu’entre les mains du grand Soldan de Babilone. Car, outre la perte de leurs biens, estoient martyrisés par cruelz tourmens jusques à la mort. Aux ungs couppoient les oreilles tout entièrement, puis les tuoient et enfilloient lesdites oreilles, dont ils faisoient des éscharpes ; aux aultres leur couppoient les génitoires et les leur faisoient manger […]. Claude de Sainctes, docteur en théologie et chanoine régulier […], récite qu’en un village, entre Nostre-Dame de Cléry et Orléans, ilz barbares hugunenotz prindrent ung prebstre, auquel ils coupèrent les parties honteuses et génitales, et luy firent manger ; et, incontinent après, le fendirent depuis la gorge soubz le menton jusques au petit ventre, et tout vif lui descouvrirent les boyaux pour veoir qu’estoit devenue ceste viande […]. Un aultre qu’ilz trouvèrent, qui fuyoit devant eux pour éviter la fureur de leur rage, fut par eux attainct et, attrapé et, après plusieurs injures, battures et opprobes, luy fendirent le ventre par le nombril qu’on appelle le bouteril, et par là tirèrent environ demy aulne et plus de ses boyaux, qu’ilz lièrent et attachèrent à ung petit arbre, et l’ayant mis tout nud, en le foytant avec des verges, le contraignirent de tourner à l’entour dudit arbre, jusques à ce que tous ses boyaux furent desmellez et enveloppez à l’entour dudit arbre puis le laissèrent là mourir, et au lieu de luy crier Jésus Maria à son trespassement, avec injures atroces luy persuadoient de renoncer la foy catholicque » (Haton, 2001, 318-319). L’industrie dans les campagnes ✷ La communauté de Prades (Pyrénées-Orientales), peuplée d’une centaine de feux, rétablit son autorité sur la gestion de ses canaux, dans le contexte d’un essor industriel. Au nom de la couronne d’Aragon, le lieutenant général du procureur royal donne pleine et entière autorisation à l’université de Prades, représentée par ses syndics et procureurs, de prendre toute l’eau qu’ils voudront dans la Têt et ses affluents. Cette concession, valable pour l’arrosage des prés, terres et jardins, 245

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est étendue à « l’usage des martinets à clous de cuivre et fer, moulins à farine, à huile, à foulon ainsi que les martinets à clous de cuivre et fer étiré, moulins de rémouleurs et à scie, que ladite université veut et entend faire construire ». Cette concession à perpétuité est établie contre tout contradicteur, notamment les abbayes et le seigneur du lieu. Un système de sanctions prévoit que le tiers des amendes ira au trésor royal et les deux tiers à la communauté de Prades pour l’entretien des canaux (Ruf, HSR 16, 2001, 18-19). ✷ Au même moment, en Comté, d’après l’enquête de 1562, 42 établissements modernes se sont installés depuis le début du siècle (Jean-François Belhoste et alii, La Métallurgie comtoise, 106-115).

1563 Pâques : le 11 avril Grande mortalité liée à la faim et à la peste n Indice maximum des sépultures en France (indice 200 sur la période 1550-1790) (Dupâquier, II, 150). n Attestations de peste autour d’Agen, Aix, Angers, Aurillac, Bordeaux, Boulogne, Castres, Châlons-sur-Marne, Clermont-Ferrand, Espalion, Lectoure, Le  Havre, Limoges, Loudun, Marseille, Mauriac, Murat, Nantes, Nevers, Perpignan, Rennes Rodez, Saint-Flour, Saint-Junien, Saint-Malo, Saint-Yrieix, Sarlat, Strasbourg, Toulouse et Troyes (Biraben, 384). n Peste dans les campagnes à Saint-Jean-Brévelay (E sup. 56), en Quercy, à Ayen (Sol, 1948, 371), en Lorraine, autour de Nancy (Cabourdin, 100). n Peste en Condomois  : « Le 24  novembre  1563, naquist ma filhe Jehanne deu Drot […] au bourdieu de Vinhau, pour ce que abions abandoné la ville par le grand danger de peste que i y abouet et dans ladicte ville de Condom et par tout la pays » (Dudrot de Capdebosc, 20). n Année de « la grande cherté » à Merdrignac et de la « grande famine » à Rannée. Les conceptions s’effondrent dans les villages du Pays nantais et la mortalité monte en flèche en Haute-Bretagne, à la suite de la mauvaise récolte de l’année précédente (Croix, 261). Interruption de la guerre et retraite des reîtres ✷ 19 mars 1563 : édit d’Amboise, 3e édit de pacification, restreignant la liberté de culte. Tous les prisonniers sont remis en liberté « en ce non compris les voleurs, les larrons, les brigands, les meurtriers », uniquement dans les faubourgs d’une seule ville par bailliage ou sénéchaussée. Les seigneurs dépourvus de haute justice ne peuvent célébrer leur culte que dans le cadre familial. L’édit met fin à la première guerre de Religion et marque une volonté d’union et de réconciliation du royaume. Il est signé par Louis de Condé, chef des protestants, et Anne de Montmorency, chef de l’armée catholique. Retraite des reîtres protestants et des mercenaires allemands du roi, licenciés, par Orléans, Pluviers, Étampes, Samois, Nangis, Montier-en-Der : « Les gens 246

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des villages fuyoient et vuydoient leurs maisons pour la frayeur qu’on avait d’eux, partie pour le larcin qu’ils faisoient. » Les reîtres « s’allèrent camper à plusieurs journées de (Montier-en-Der) où ils séjournèrent l’espace de six sepmaines toutes entières, sans hober, sinon pour aller à la picorée aux villages de cinq ou six lieues à l’entour et plus » (Haton, éd. 2001, I, 424). Première vente des biens du clergé Le 17 mai, lit de justice enregistrant un édit de Charles IX imposant la première aliénation de biens ecclésiastiques pour 100 000 écus de rente (300 000 livres) et un capital de 3 200 000 livres. Prélèvement d’un quart du capital immobilier des riches bénéfices du royaume  : fiefs, justices, terres, cens, rentes et biens fonds. Imposées au clergé sans l’assentiment du pape, les ventes commencent en juillet, dans le diocèse de Paris, en septembre, en Champagne et en novembre dans le Limousin. Le 22 février 1564, un état de recette est établi pour les ventes réalisées dans les diocèses de Paris, Meaux, Sens, Beauvais et Chartres. On y découvre ainsi que la terre et seigneurie de Cordoux-en-Brie (Seine-et-Marne), vaste domaine de 340 ha qui appartenait à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, évaluée à 1  520  livres de revenu annuel, a été adjugée à Artus de Cossé-Brissac, sieur de Gonnor, conseiller au conseil privé et « surintendant de ses finances » pour 40  200  livres. Pour l’ensemble des diocèses de la généralité de Paris, les 342 acquéreurs comptent 123 nobles (de robe surtout), 172 bourgeois, 30 paysans ou assimilés et 17 ecclésiastiques (AN G8* 1203, A1, fol. 5v°, d’après Carrière, 402). Confiscations de dîmes Le 18  septembre  1563 le parlement de Paris rend un arrêt à la requête de l’abbaye Notre-Dame de Flotin qui lève la dîme sur huit villages du diocèse de Sens. « Depuis deux ans », déclare le prieur, les religieux « n’ont été aucunement payés ainsi qu’ils avaient de coutume » en raison de « la malice de quelques laboureurs agricoles [à charrue] et tenanciers ou gentilshommes desdites terres ». L’action simultanée, voire concertée, des gentilshommes, parfois protestants, et des bons fermiers, arrête les prélèvements dans les champs au profit de l’Église (Carrière, 313). Au même moment, le parlement intervient contre des confiscations de dîmes opérées par le prince de Condé en Beauce comme « gouverneur et lieutenant général du roi ». Les laboureurs ont été « contraints et forcés par armes et menaces d’être tués et leurs maisons brûlées, de payer ce qu’ils devaient à cause desdites dîmes et champarts » (AN, X1a 1604, f°512-513, arrêt du 22 mars, X1a 1606, f° 236, arrêt du 1er septembre 1563, d’après Carrière, 314). Bernard Palissy critique le labour en Bigorre et en Béarn « Il n’y a pas longtemps, que j’étais au pays de Béarn et de Bigorre, mais en passant par les champs, je ne pouvais regarder les laboureurs, sans me colérer en moi-même, voyant la lourdeté de leurs ferrements  : et pourquoi est-ce qu’il ne se trouve quelque enfant de bonne maison qui s’étudie aussi bien à inventer des 247

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ferrements utiles pour le labourage, comme ils savent étudier à se faire découper du drap en diverses sortes étranges ? » (Bernard Palissy, Œuvres complètes, éd. Paul-Antoine Cap, 1844, 91). Un gros fermier à Paris Le 28 juin, le grand prieur de France baille à ferme les deux grosses pièces de la couture du Temple, situées de part et d’autre de l’enceinte de Charles V. De 1491 à 1594, les chevaux de labour des fermiers mettent en valeur ce gros îlot agricole (16 ha) accroché à l’assolement triennal en plein Paris. Producteur céréalier, Jean Quinquaire est aussi transporteur et éboueur pour le compte du propriétaire, qui dispose de vignes à La Courtille, et doit nettoyer les boues et immondices que les Parisiens déposent au contrebas des remparts. On imagine que ses champs bien fertilisés étaient particulièrement productifs. « Du jour Saint-Martin d’hiver prochainement venant jusques à 6  ans et 6 dépouilles après ensuivant, finies et révolues […] à Jehan Quinquaire, marchand et laboureur demeurant à Paris, rue Saint-Denis, près les Filles-Dieu, […] la quantité de 46 arpents de terre labourables en deux pièces, la première contenant 23 arpents ou environ, assise derrière les murailles et clôture du Temple appellé la “Couture du Temple”, et la seconde pièce contenant aussi quantité de 23 arpents, assise hors les grands fossés de la ville de Paris […], moyennant et parmi la quantité de 4 muids seigle tel que les terres le désirent porter, 1 muid d’avoine et 8 setiers d’orge […]. Item, sera tenu icelui preneur charrier les vendanges dudit sieur grand prieur pendant ledit temps, des vignes qu’il a au terroir de la Courtille et amener ladite vendange au pressoir dudit Temple. Sera aussi tenu ledit preneur à ses dépenses sans diminution de ladite ferme de lever et nettoyer ou faire lever et nettoyer bien et dûment, et mener aux champs par ses harnais et chevaux les boues, ordures et immondices qui seront et pourront être, pendant ledit temps, depuis le bout de la muraille dudit Temple vers la ville jusques à l’autre bout desdites murailles vers la porte de la ville » (AN, S 5063A, d’après Gurvil, 584-586).

1564 Pâques : le 22 avril La terre tremble autour de Nice « En l’an 1564, il y eut tel tremblement de terre, auprès de Nice, tirant à Gênes, qu’il y eut cinq villages soudainement englotys en terre » (Paradin, 393). ~ Le 20 juillet, le séisme détruit sept paroisses dans l’arrière-pays niçois, provoquant un raz-de-marée entre Antibes et Monaco, faisant peut-être 800 à 1 000 morts. Séisme d’intensité MSK 8 dans les Alpes niçoises, provoquant dix répliques, les 26 juillet, 31 juillet, 5 août, 19 août, 27 août, 4 septembre, 23 septembre, 25 septembre, 7 novembre et 16 novembre (Base SISFRANCE et Quenet, 554 et 579).

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Année bonne et fertile ✷ Autour de Metz, « l’année  1564 fuist pareillement bonne et fertilles, non pas tant toutesfois que l’année précédente. Le vin valloit 15 et 16  fr., le bleidz 2  fr. Et à cause de la sterilitez de l’année subséquente 1565, le vin remonta a 40  fr. et le bleidz 8 fr. ~ Car en l’yver 1564 il fist par trois diverses foys des gelées qui durèrent chascunes environ trois sepmaines, sy terribles que les anciens n’avoient point veu de telles. Les vignes partout fuirent gelées, sinon quelque peu en la coste SaintQuentin. Les bleidz aussy fuirent gelez et morfondus, de sorte qu’environ ung ans on endura de grande famine et pauvretez » (Le Coullon, 32). En Limousin, » autour de Saint-Yrieix  : « au moys de juillet et le troisiesme jour au dict an gela ; toutes foys vray que les bleds ne feussent recueillis ne pourta de dommaiges » (Jarrige, 13). Violente poussée de peste n Peste signalée autour d’Aix, Amiens, Auch, Avallon, Bourg-en-Bresse, Boulogne, Châlons-sur-Marne, Chalon-sur-Saône, Chambéry, Dieppe, Dijon, Gap, Grenoble, Issoire, Limoges, Lyon, Le Havre, Mâcon, Montbéliard, Montélimar, Montpellier, Morlaix, Nevers, Nîmes, Péronne, Quimper, Rennes, Saint-Jean-de-Maurienne, Saint-Malo, Sarlat, Sens, Strasbourg, Toulouse, Troyes, Valence et Vitré (Biraben, 384). n Peste aussi à Montbrison, venue de Lyon le 15 juillet 1564. La plupart des bons bourgeois abandonnent la ville et la cour du bailliage se transporte à Saint-GermainLaval. La peste s’arrête à la fin de l’année (Histoire du Forez, 145). n Dans les campagnes bretonnes. Peste à Beignon (E sup. 56). Épidémie dans la région de Quimper (Sée, 482). Un best-seller : L’Agriculture et Maison rustique Première édition de L’Agriculture et Maison rustique de Charles Estienne et Jean Liébaut (Paris, Jacques Du Puys, in-4°, 155  p.). Cette version en français, complétée par Liébaut, le gendre de Charles Estienne, élargit le public de l’édition originelle de 1554 (Praedium Rusticum). Elle connaît vite un grand succès  : à partir de 1565, les éditions se succèdent à Paris, à Lyon puis à Rouen. L’ouvrage, qui offre un véritable manuel d’agriculture pratique à destination des propriétaires fonciers et des bons fermiers, compte 81 éditions, pour un certain nombre corrigées, augmentées et mises « dans un meilleur langage » jusqu’en 1702 (Moriceau, 1999, 59-60). Le roi traverse les campagnes 24 janvier : début du grand voyage de Charles IX et de Catherine Médicis à travers la France (jusqu’au 1er mai 1566). Accompagné de la Cour – 15 000 personnes –, le roi accomplit un déplacement de près de 4 000 km (Jean Boutier, Alain Dewerpe, Daniel Nordman, Un tour de France royal, 1984). Dès 1566, Abel Jouan, dans son Recueil et discours du voyage du roi Charles IX, mentionne expressément de nombreux « petits villages » traversés par le cortège royal. 249

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✷ Île-de-France : Villeneuve-Saint-Georges : 30 janvier, Fontainebleau du 31 janvier au 13 mars ; Montereau, 14 mars. ✷ Champagne : Le roi dîne dans le village de Saint-Liébault (Estissac) avant d’arriver à Saint-Lyé le 21 mars, puis Troyes du 23 mars au 16 avril. Après Arcis-surAube, le roi dort à Poivres le 18 avril puis à Écury-sur-Coole le 19 avril avant de séjourner à Châlons. Puis Omey (26 avril), Vitry-le-François (27-29 avril, reconstruite depuis 1544), Bignicourt et Sermaize-les-Bains (le 29 avril). ✷ Lorraine  : Fains-Véel (30  avril), Bar-le-Duc (1er  au 9  mai), Ligny-en-Barrois (9 mai), Gondrecourt (10 et 11 mai, jour de l’Ascension). ✷ Bassigny  : Lezéville et Reynel (12-13  mai), Andelot, Darmannes, Chaumont (13-14 mai), Langres (15-17 mai), Longeau, Montsaugeon. ✷ Bourgogne  : Til-Châtel et Gemeaux (18  mai), village de Messigny, chartreuse de Champmol (19-22 mai), Dijon (22-27 mai, où Charles IX fait enregistrer l’édit de la Paix d’Amboise, Longecourt-en-Plaine (27  mai), Pagny (28 et 29), Seurre, Ciel (30 mai), Chalon (31 mai-3 juin), Mâcon (3-9 juin). ✷ Lyonnais : Lyon (9 juin-9 juillet) avec escapades à Saint-Genis-Laval (29 juin), Miribel (4 juillet), Oullins (6 juillet). ✷ Dauphiné  : Pont-de-Chéruy et Crémieu (9-16  juillet), Heyrieux et Septème (16 juillet), dîner au village des Côtes-d’Arey puis château de Roussillon (17 juillet-15 août) où le roi signe l’édit faisant désormais débuter l’année au 1er janvier. Puis dîner à Anjou, Jarcieu (15  août), dîner à Châteauneuf-de-Galaure, Romans (16-22 août), Valence (22 août-2 septembre), malade 10 jours au village d’Étoilesur-Rhône (2-13 septembre), dîner à Loriol (13 septembre), dîner au hameau de Derbières (commune de La Coucourde), Montélimar (14-19 septembre), Donzère (19-20 septembre), Saint-Paul-Trois-Châteaux (20-21 septembre), dîner à Suze-laRousse (21 septembre). ✷ Comtat Venaissin  : Bollène (22  septembre), Mondragon, Mornas, Caderousse (23 septembre), Sorgues (23) et Avignon (24 septembre-16 octobre). ✷ Provence  : dîner à Châteaurenard, puis Saint-Rémy (16  octobre), Salon-deProvence (18 octobre), Lambesc (18 octobre) et Aix (19 au 24 octobre). Dîner à Pourrière puis Saint-Maximin (24 octobre), l’abbaye de la Sainte-Baume, Brignoles (25-27 octobre), dîner à Garéoult et nuitée à Cuers (27 octobre) ; dîner à Solliès et séjour à Hyères (28 octobre-2 novembre), Toulon (28 octobre-4 novembre), Olioules (4 novembre), La Cadière et Aubagne (5 novembre), Marseille (6-13 novembre), Marignane (13), Martigues (14), Saint-Chamas (15), Saint-Martin dans la Crau et Arles (16 novembre-7 décembre), Tarascon (7-11 décembre). ✷ Languedoc : Beaucaire et Sernhac (11 décembre), Nîmes (12 au 14 décembre), Vauvert (14), Aigues-Mortes (15), dîner à Saint-Brès et séjour à Montpellier (16 au 30 décembre, où le roi fête Noël et escapade à Villeneuve le 28. Dîner à Fabrègues puis nuitée à Poussan (30 décembre-1er janvier). Du champart au nord de Paris Le 30  juin, l’un après l’autre, les tenanciers reconnaissent des champarts à la douzième et même à la neuvième gerbe à Attainville (Val-d’Oise), au nord de l’Île-de-France. « Déclaration des héritages appartenant à Collette Chartier, vefve de 250

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feu Jehan Meignen, estant en la terre et seigneurie des Célestins de Paris, seigneurs d’Attainville. Et premièrement, à cause de Nicolas Chartier, son père, pour ung arpent de terre prins en deux arpens, assis au Tremble de Roussel, qui fut à feu Guillaume Dutrou, tenant d’une part aux Seigneurs et aultres, d’autre part aux hoirs feu Jehan Marentin, aboutissant d’un bout aux hoirs Jacques Rousseau, d’autre aux hoirs Guischart Courtin, chargé de champart du cent gerbes, IX gerbes. Item, trois quartiers cinq perches de terre prins en ung arpent, qui fut à Guillaume Dutrou, assis au Champ du Mesnil, tenant d’une part à la veuve feu Symon Giraud, d’autre aux héritiers Guillaume Tiphaine, aboutissant d’un bout aux seigneurs, d’autres au chemyn du Mesnil, chargé de champart du cent gerbes, xii gerbes. Item, pour cinq quartiers assis à la Pointe de Fontenay, prins en trois arpens, tenant d’une part à Jehan Vacher demeurant à Saint-Brice et aux seigneurs, d’un bout aulx hoirs Guischart Courtin, d’autre bout aux seigneurs, chargé de champart du cent gerbes, xii gerbes. « Item, pour un quartier de terre assis à La Cousture aux moynes, tenant d’une part à Gervais Doutreleau, d’autre part aux hoirs Guischart Courtin, des deux bouts aux seigneurs, chargé de champart du cent gerbes, ix gerbes. « Item, à cause de Jeanne Dutrou, sa mère, vefve de deffunct Nicolas Chartier, pour cinq quartiers de terre près les fourches de Villiers-le-Sec, tenant d’une part à maistre François Bastonneau [notaire au châtelet de Paris], d’autre part audit Bastonneau, d’un bout à Aymonne Lebègue et d’autre bout à Madame de Villiersle-Sec, chargé de champart au cent, douze. « Baillé et affermé vray par ladite Collette Chartier, vefve de deffunt Jehan Mignant, dame de soy, laquelle a promis payer et continuer durant chascun an ledit droict de champart […]. Fait et passé le dernier jour de juin VC soixante quatre, ès présence de Thomas Meignan et Pierre Thiphaine, tesmoins » (AN, S 3783B). Début du grand hiver Du 18 décembre 1564 au 23 février 1565, s’installe en Île-de-France « le plus grand hiver qu’on vit il y a cent ans » (Bureau de la ville de Paris, V, 492). « Il n’y avait maison en ville ne village où l’eau ne gelast en glace, en tous lieux qu’on la pust mettre hors le feu et les charbons enfflambez. Les nuictz des vingt-trois et vingt-quatriesme jours de décembre, comme aussi la nuict de Noël, la gelée fut si forte et le geuvre si grand sur les bois de la terre, le soleil fut si cler de jour pour la fondre, qui retendrissoit le bois, que les noyers et les bois des vignes furent entièrement gelés et gastés ; ce qui n’avoit esté veu en France depuis l’an 1480, en laquelle année avoient esté gelez vignes et vins, comme l’ai ouy dire à quelques anciens, qui disoient estre nez de cest an-là » (Haton, éd. 2001, I, 497). « L’an mil cinq cens soixante-quatre La veille de la Sainct-Thomas, Le grand hiver nous vint combattre, Tuant les vieux noiers à tas ; Cent ans qu’on ne veid tel cas. Il dura trois mois sans lascher, Un mois outre Saint-Mathias, Qui fit beaucoup de gens fascher » (Pierre de l’Estoile, coll. Michaud, I, 17). 251

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« La plus grande froidure qui feust en ceste gelée-là fut le jour de la feste des Innocens, auquel jour les mainz, les piedz, les aureilles et le membre viril de plusieurs hommes gelèrent, qui cheminoient par les champs […] en divers endroicts par les champs, on trouva durant ces gelées plusieurs hommes mortz, qui n’estoient mortz d’aultre mal que de froict […]. Les crestes des cocqs et poulles furent gelez et tombèrent de dessus leurs testes quelques jours après […]. Les agnaux se mouroient en naissant, et peu en reschappa ceste année, pour la durée dudict yver » (Haton, éd. 2001, I, 497-498).

1565* 1er janvier : premier jour de l’année ✷ La France abandonne les divers styles alors en usage, l’Annonciation (la « NotreDame de Mars », comme chez le sire de Gouberville, en Cotentin) et surtout celui de Pâques. Désormais on fait usage du nouveau style (n. st.) par opposition aux anciens styles (anc. st.). Quelques années sont nécessaires pour que la décision entre en application. Dans la paroisse rurale de Maffliers (Val-d’Oise, diocèse de Beauvais), au nord-ouest du Pays de France, on lit dans le registre paroissial, aussi bien dans les actes de baptêmes que dans les sépultures  : « Janvier qu’il faut compter maintenant 1567, selon l’ordonnance du concile et du roy » (BMS 1533-1587, vue 72 et 108). « Moururent gens de froid par les chemins » : suite du grand hiver ~ Le 5 janvier, regel après cinq jours de dégel, pendant trois semaines. « Les bleds furent gelez en la Brie de ceste seconde gelée tout entièrement sur les sillons, à cause que le vent ayant chassé la neige de dessus, fut la racine d’iceux recuitte en telle sorte que peu en reschappa. » ~ Du 28 au 31 janvier, dégel puis du 31 janvier au 25 février, regel et neige. Début mars : dégel. Les blés sont perdus en Brie. « Les laboureurs s’apperceurent bien que leurs bleds estoient gelez, et si n’en pouvoien rien résouldre à la vérité, sinon les plus expertz, lesquels furent en ceste oppinion de les relabourer pour y semer des orges. Mais n’osèrent, à cause du murmure du simple peuple. […] Et si furent, par lesdittes neige, gelée et long yver, les terres si morfondues et escurées, que les laboureurs ne les pouvoient remettre en garet. Les noyers sembloient estre mortz par tout le moys d’apvril et la moytié du moys de may, car ilz ne jettoient poinct par leurs bourgeons naturels ; ainsi à la fin ceux qui reschappèrent jettèrent nouveaux bourgeons par le vieil bois et non par celuy de l’année dernière, et ne recueillit-on point de noys en ceste présente année. Les poiriers et pommiers qui n’estoient des plus hastifz portèrent quelque peu de fleurs et de fruictz, mais on guères ; les tendres et hastifs furent gelez comme les noyers. Il en fut en plusieurs lieux des prunes et des cerises passablement, mais non partout. L’hiver ne fut si impétueux de froides gelées ni neiges en Gascongne, Provence et Languedoc qu’il en * Désormais l’année commence le 1er janvier. La date de Pâques n’a plus lieu de figurer.

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fust en ce pays ; leurs grains, vignes ni arbres ne furent gastez comme en ce pays » (Haton, éd. 2001, I, 499-500). ~ « L’an mil cinq cent soixante et quatre furent gelés les vins ès caves Audit an, le jour de Noel Gelèrent vignes et noyers Trois jours après, le jour des Innocents Oreilles gelèrent à maintes gens Avec mains, pieds et membre viril À plusieurs hommes, sans mentir Et l’an mil cinq cent soixante et cinq Moururent gens de froid par les chemins Au mois de janvier droitement Furent les blés gelés aux champs Advint le tout en six semaines Je le dis pour chose certaine » (Haton, éd. 2001, I, 501). ~ En Normandie : « L’iver du commencement jusques à l’avant de Noël fut fort doulx et clément, avec quelques peu de gelées et neiges, tellement que l’on disoit que incontinent après ledit jour de Noël cesseroit l’hiver, dont plusieurs furent de ceuz qui n’avaient fait provision de bois, cet tout à coup se tourna le vent de septentryon avec telle frigidité et froidure, neiges, gelées et bruynes que la rivière de Seine gela depuis Noël jusqu’à la Chandeleur » (Alexandre Héron, Deux chroniques de Rouen, 314). ~ En Provence. Rhône gelé. Orangers et oliviers succombent. Début d’une période environnementale critique (1564-1603) (Pichard, 253-254). ~ En Anjou et dans le Maine. Au Mans, processions en mars les mardis et jeudis pour apaiser la colère de Dieu et obtenir un temps favorable aux biens de la terre (Triger, 100). ~ Dans le Pays Messin : « En l’yver 1564 il fist par 3 diverses foys des gelées qui durèrent chascunes environ trois sepmaines, sy terrible que les anciens n’avoient point veu de telles. Les vignes partout fuirent gelées, sinon quelque peu en la coste Saint-Quentin. Les bleidz aussy fuirent gelez et mor- fondus, de sorte qu’environ ung ans on endura de grande famine et pauvretez » (Le Coullon, 23). Pénurie ou abondance ✷ En Limousin, pénurie de grains, abondance de châtaignes  : « Au dict an, il y eust une grande quantité de chastaignes et en telle abondance qu’on tenoit communément que cinquante ans auparavant il n’en avoit eu autant, et bien peu de bled » (Jarrige, 18). ✷ En juillet, en Cambrésis, les récoltes sont laissées sur pied. La nielle envahit le blé au point que les « censiers ne le voulaient dépouiller pour le grand dommage et faute qu’il y avait ». Les fortes gelées de l’hiver 1565, qui se sont étendues sur sept semaines et deux jours consécutivement, ont une telle intensité que « tous les fruits, pommes, poires et oignons furent pourris et gâtés » (Neveux, 117). ~ En août, en Lorraine, l’une des plus mauvaises moissons du siècle en Lorraine (Cabourdin, 69). ✷ En Quercy, année d’abondance de grains (Sol, 1948, 371). 253

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Suite du grand voyage de Charles IX ✷ Languedoc. Le roi dîne et dort à Florensac (Hérault), village pillé par les soldats du duc de Joyeuse en 1562, car une partie des habitants s’est convertie au calvinisme, pour le 1er janvier (puis Agde 2 janvier), Béziers (3 janvier), Nissan et Narbonne (4 au 11 janvier) puis dîner dans le village de Canet et nuitée dans le village de Mons (11-12 janvier), dîner à Barbaira et séjour forcé à Carcassonne à cause des chutes de neige (12 au 26 janvier 1565). Dîner à Arzens puis nuitée au village de Montréal (26-27 janvier), dîner au monastère de Prouilhe près du village de Fanjeaux puis nuitée à Villepinte (27-28 janvier). Dîner au château de Ferrals près de Saint-Papoul où le baron de Malras offre un festin puis Castelnaudary (28 au 30 janvier). Dîner à Avignonet puis nuitée à Villenouvelle (30-31  janvier). Baziège, Montgiscard et séjour à Toulouse (31 janvier au 19 mars) où le roi fait sa confirmation. Puis dîner à Saint-Jory, nuitée à Fronton (19-20 mars) et entrée à Montauban (20-21  mars). Le 21  mars dîner à Labastide-du-Temple et arrivée en Guyenne après avoir traversé le Tarn sur un pont couvert près de Moissac. ✷ En Guyenne : Moissac (21-22 mars), dîner à Pommevic, nuit à Lamagistère où se trouvent trois pauvres maisons au bord de la Garonne. Séjour à Agen (23 au 27 mars) puis dîner à Port-Sainte-Marie, Aiguillon (27-28 mars). Marmande (28-29), La Réole (29-31  mars), Cadillac (31  mars-1er  avril) et Bordeaux (1er  avril-3  mai) où il assiste aux fêtes de Pâques le dimanche 22 avril. Nuit du 3  mai dans le village de Castres puis Langon (4-5  mai), Bazas (5 au 7  mai), Captieux (7-8  mai), Roquefort (8-9  mai) et séjour à Mont-de-Marsan (9 au 24 mai). Dîner à Meilhan et séjour à Tartas (24 au 28 mai), dîner à Pontoux et nuitée à Dax (28-29  mai). Dîner à Saubusse et embarquement sur l’Adour jusqu’à Bayonne (29 mai-12 juin), deux nuits à Saint-Jean-de-Luz (12 au 15 juin). Retour à Bayonne pour l’entrevue (15 juin au 2 juillet) avec la reine d’Espagne, fille aînée de Catherine de Médicis et le duc d’Albe qui représentent Philippe II. Saint-Jean-de-Luz (2 au 11 juillet). Dîner à Urt et nuit au château de Gramont (12-13 juillet) après une journée torride qui fait mourir plusieurs personnes et plusieurs chevaux. Peyrehorade (13-14  juillet), Dax (14 au 17  juillet), Tartas (17-18), Mont-de-Marsan (18 au 23  juillet) où Charles  IX rencontre les ambassadeurs des cantons suisses venus renouveler leur alliance avec la France et départ le 23  juillet à cause de la chaleur. Ensuite Cazères-sur-l’Adour (23-24 juillet), Nogaro (24-25), Eauze (25-26), Montréal-du-Gers (26-27), Condom (27-28), Nérac (28  juillet-1er  août), Buzetsur-Baïse (1er-2 août), Tonneins (2 au 3 août), Verteuil-d’Agenais (3 au 4 août), Lauzun (4 au 8 août), Bergerac (8 au 9 août), château de Laugat entre Bergerac et Mussidan (9-10), Ribérac (10-11) et château de Rochebeaucourt (11-13). ✷ Angoumois : Angoulême (13 au 18 août), Jarnac (18 au 21), Cognac (21 août au 1er septembre) avec une excursion le 25 août au village de Louzac appartenant au comte-rhingrave, à la lisière de l’Angoumois et de la Saintonge. ✷ Saintonge  : Chauveau (auj. Chaniers) et Saintes (1er-2  septembre). Le 3  septembre, dîner à Corme-Royal, le roi traverse le Mesnil où les habitants, tous mariniers, le reçoivent, traverse Saint-Just et entre à Marennes (3 au 7  septembre). 254

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Là, le 4 septembre, il voit passer sous ses fenêtres 6 000 à 7 000 villageois voisins bien équipés. Puis Saintes (7 au 10 septembre), Brizambourg, Saint-Jean-d’Angély (10-12), dîner au village de Parançay (hameau de Bernay-Saint-Martin). ✷ Aunis : Surgères (12 au 13 septembre). Dîner à La Jarrie et séjour à La Rochelle (13 au 18 septembre) où le roi est mal accueilli par les habitants. Dîner à Benon puis nuitée à Mauzé (18-19 septembre). ✷ Poitou  : Dîner à Frontenay et nuitée à Niort (18-19  septembre) ; Échiré et Champdeniers (20-21). Dîner dans la petite métairie de Baubare avant de traverser Parthenay puis nuitée au château de La Roche-Faton (Lhoumois) (21-22 septembre). Dîner à Airvault puis trois nuits au château d’Oiron (22-26). Puis Loudun (26-27 septembre). Le 27 septembre, le roi dîne dans le village de Céaux avant de se rendre au château de Champigny-sur-Veude (27 septembre-1er octobre). ✷ Touraine : Charles IX s’installe pour la nuit au château de Chavigny, près du village de Lerné (1er-2 octobre). ✷ Anjou : le roi arrive en Anjou le 2 octobre et passe la nuit à Fontevraud (2 au 3  octobre). Brézé (3  au 4  octobre)  : Arthus de Maillé-Brézé accueille le roi le 3 octobre dans son château de Brézé pour le dîner. Le roi y passe ensuite la nuit. Martigné-Briand (4-5 octobre) : le roi dîne à Doué et s’installe à Martigné-Briand pour la nuit. Brissac (5-6 octobre) : le roi dîne au village de Menson et dort au château de Brissac. Il y dîne le lendemain. Gonnord (6 au 8 octobre) : le roi se rend au château de Gonnord (com. Valanjou). Il y passe la journée du 7 octobre. Jallais (8 au 9 octobre) : le roi dîne à Chemillé et s’établit à Jallais pour la nuit. La Regrippière (9 au 10 octobre) : après Jallais, le roi s’arrête au château de Beaupréau avant de passer la nuit à l’abbaye de Regrippière. Il y dîne le lendemain avant de dormir au Le Loroux-Bottereau (10-11 octobre). ✷ Bretagne : Nantes (11 au 15 octobre) – Charles IX passe la Loire le matin au hameau La Chebuette (Saint-Julien-de-Concelles), dîne ensuite à Thouaré et arrive à Nantes pour dormir, après avoir traversé les grandes prairies de la ville. Joué-surErdre (15-16 octobre) : en quittant Nantes, le roi prend la direction du nord, dîne au lieu dit La Galochette, et s’arrête pour la nuit à Joué. Châteaubriant (16 octobre au 3  novembre)  : le souverain dîne au village de Moisdon et arrive au château de Châteaubriant où il est reçu par le connétable Anne de Montmorency. Le roi y reste 18 jours. La Chapelle-Glain (3-4  novembre)  : le roi quitte Châteaubriant et prend la direction de l’ouest pour retourner en Anjou. Il dîne à Erbray puis s’arrête pour la nuit au château de la Motte (La Chapelle-Glain). ✷ Anjou : Le Louroux-Béconnais (4-5 novembre) : passant en Anjou, le roi dîne à Candé puis s’installe au Louroux pour dormir. Angers (5 au 7 novembre) : le roi dîne au lieu-dit La Touche-aux-Ânes (Saint-Léger-des-Bois) puis arrive à Angers pour la nuit. Seiches-sur-le-Loir (7 au 9  novembre)  : le roi dîne au château du Verger pour deux jours. Durtal (9 au 12  novembre)  : le roi dîne au village de Lézigné, traverse le Loir sur un pont et s’installe pour trois nuits au château de Durtal. Baugé (12-13 novembre) : le roi traverse le Loir à nouveau, dîne à Jarzé puis dort au château de Baugé. Vernoil-le-Fourrier (13-14  novembre)  : le roi dîne à Mouliherne et dort au château de Ville-au-Fourrier. Du 14 au 19 novembre, le roi dîne et s’installe pour 255

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cinq jours à Bourgueil. Langeais (19-20  novembre)  puis le roi quitte l’Anjou et arrive à Ingrandes. ✷ Touraine : château de Langeais pour la nuit. Les habitants viennent accueillir le souverain à une demi-lieue du gros village, avec des bottes de paille dans leurs mains. C’est un devoir qu’ils sont obligés de rendre au roi la première fois qu’il vient chez eux. Tours (20 novembre au 1er décembre) : le roi dîne au château de Maillé (Luynes), traverse la Loire et dort ensuite au château de Plessis-lez-Tours (La Riche). Il y séjourne onze jours. Chenonceaux (1er  au 5 décembre) : quittant le Plessis-lez-Tours, Charles  IX dîne au château de La Bourdaisière (Montlouissur-Loire) et dort au château de Chenonceau. Amboise (5-6  décembre)  : le roi s’installe pour une nuit au château. Blois (6 au 14 décembre) : le roi se rend à Blois le 6 décembre. Sur le chemin, il dîne au lieu-dit Écures (Onzain), qui rassemble deux ou trois tavernes sur les bords de la Loire en face du château de Chaumont. ✷ Orléanais (14-15 décembre) : le roi dort au château de Cheverny. Romorantin (15-16  décembre)  : le roi dîne à Mur et dort à Romorantin. Vierzon (16-17 décembre) : le roi quitte l’Orléanais pour entrer en Berry. ✷ Berry  : il dîne à Mennetou et s’arrête à Vierzon pour passer la nuit. Mehunsur-Yèvre (17-18 décembre) : le roi y dort. Bourges (18-19 décembre) : le roi dîne et n’y dort qu’une nuit. Dun-le-Roi (19-20 décembre) : le roi dîne à Saint-Just et dort dans le faubourg de Dun-le-Roi (Dun-sur-Auron). ✷ Bourbonnais : Couleuvre (20-21 décembre) : le roi entre en Bourbonnais, dîne au lieu-dit Le Pont-de-Chargé et s’arrête pour la nuit à Couleuvre. Saint-Menoux (21-22  décembre)  : le roi dîne à Franchesse. Moulins (22  décembre  1565 au 23 mars 1566) : le roi dîne à Souvigny, passe l’Allier sur un pont de bois et fait son entrée solennelle dans la capitale du Bourbonnais le 22  décembre. C’est la halte la plus longue du grand tour de France, la Cour s’y installant pour 91 jours.

1566 Vagues de peste Traces de peste autour d’Autun, Avallon, Avignon, Beaune, Bourg-en-Bresse, Chambéry, Chaumont, Dijon, Mâcon, Paris, Rouen, Saint-Flour et Troyes (Biraben, 384). n Mais aussi en Bretagne, à Caro (E sup. 56, Missiriac), et en Lorraine autour de Nancy, de 1566 à 1568 (Cabourdin, 100). n Autour de Metz, la peste se répand dans les campagnes  : « Dès ledict temps jusques l’an revollu fuist une pestillence sy grande en Metz et au pays, voire en Lorraine, que on n’ouyst de loing temps pairler d’une pareille. En ung an moururent à Ancey [Ancy-sur-Moselle], par compte fait, 300 que grand que petit et davantaige » (Le Coullon, 26). n

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1566

Fin du voyage de Charles IX ✷ Bourbonnais  : Moulins (22  décembre  1565 au 23  mars  1566). En février, Catherine de Médicis y fait paraître l’édit de Moulins. Bessay (23-24  mars)  : le roi y dort après avoir quitté Moulins. Varennes (24 au 26  mars)  : le roi y passe deux nuits. Vichy (26-27 mars : le roi dîne à Saint-Germain-des-Fossés et passe la nuit dans une petite abbaye à côté de Vichy. Maringues (27-28 mars) : à la sortie de Vichy, le roi traverse l’Allier sur un long et fâcheux pont de bois. ✷ Auvergne : Le souverain dîne ensuite dans le village de Saint-Priest-Bramefant et passe la nuit à Maringues. Busséol (28-29  mars 1566)  : Charles  IX dîne au château de Pont-du-Château, repasse l’Allier sur un pont de bois, et se dirige vers le château de Busséol. Le roi n’y passe qu’une nuit et repart le lendemain après le dîner. Après six kilomètres sur des chemins de montagne, le roi arrive à Vic-leComte pour y passer la nuit (29-30 mars). Saint-Saturnin (30-31 mars) : venant de Vic-le-Comte, il franchit l’Allier sur un pont de bateaux, traverse Saint-Amant pour aller dormir au château de Saint-Saturnin, qui appartient à Catherine de Médicis. Il reste pour le dîner du lendemain. Clermont (31  mars au 3  avril)  : le roi arrive dans la capitale de l’Auvergne pour y passer la nuit du 31  mars. Le 2 avril, Charles IX dîne à Montferrand puis fait son entrée solennelle à cheval dans Clermont. Aigueperse (3-4 avril 1566) : le 3 avril, le roi quitte Clermont, traverse Riom, et va jusqu’à Aigueperse pour dormir. Chantelle (4-5  avril)  : il rentre de nouveau dans la province du Bourbonnais. ✷ Bourbonnais  : le roil traverse la Sioule sur un pont de bois à Ébreuil et dîne à l’abbaye Saint-Léger d’Ébreuil. Il dort ensuite plus au nord dans le château de Chantelle. Montmarault (5-6  avril)  : le roi dîne au hameau de La Coût (Target) et dort au château de Serre près de Montmarault. Cosne-en-Bourbonnais (6 au 8  avril)  : Charles  IX dîne au hameau Les Brets (Villefranche-d’Allier) et dort à Cosne-d’Allier). Le 7  avril, il reste dans le village pour la fête du dimanche des Rameaux. Lurcy (8-9 avril) : le roi dîne à Theneuille et dort à Lurcy. Le 9 avril, il continue sa route vers le nord, dîne au château de Grossouvre puis quitte le Bourbonnais. ✷ Retour à Paris. Le roi remonte à la capitale. Sorti du Bourbonnais le 9 avril, il traverse le Nivernais, la Bourgogne, la Champagne et l’Île-de-France. Le roi s’arrête au soir du 9 avril à La Guerche-en-Nivernais (La Guerche-sur-l’Aubois). Le roi dîne à Aubigny, traverse la Loire à La Charité et y fait son entrée. Il y reste 5 jours en raison des fêtes de la semaine sainte précédant le dimanche de Pâques qui a lieu le 14  avril cette année-là. Le 16, le roi quitte La Charité et prend la direction d’Auxerre. Il dîne à Narcy et s’arrête pour la nuit à Donzy. Sougèresen-Puisaye (17-18 avril 1566) : le roi fait son entrée et dîne à Entrains puis dort au château de Pesselière. Auxerre (18-19 avril) : le roi dîne à Ouanne, quitte le Nivernais pour entrer en Bourgogne et passe une nuit à Auxerre. Joigny (19-20  avril) : le roi prend la direction de Sens. Il traverse l’Yonne, dîne au château de Régennes, à Appoigny, quitte la Bourgogne pour entrer en Champagne, et s’arrête pour la nuit à Joigny. Dîner à Armeau et nuit à Villeneuve-sur-Yonne (20-21  avril). Charles  IX est de retour à Sens le 21 avril puis dîner à Sergines et nuit Bray-sur-Seine (23-24 avril). 257

1566

Le roi passe la Seine sur le pont de Bray, dîne à Mons et passe la nuit à Nangis. Le roi dîne à Touquin et dort au château de Montceaux qui appartient à Catherine de Médicis (25-20  avril). Le roi dîne à Bussy-Saint-Georges (Seine-et-Marne). Il traverse la Marne à Saint-Maur-des-Fossés pour la dernière nuit de son grand tour de France. Le 1er mai 1566, Charles IX revient à Paris après avoir été absent pendant deux ans, trois mois et six jours et avoir parcouru plus d’une vingtaine de provinces. Labourer après un siècle et demi de friche « Depuis l’année 1563 jusqu’en 1567, on s’occupa dans le Valois du soin de remettre en valeur les biens abandonnés, depuis les années 1407, 1415 et 1420 ; des terres même à bled d’un rapport excellent, qu’on loue maintenant [en 1764] d’un bon prix. L’avocat et le procureur du roi du bailliage de Valois […] demandèrent à la reine la permission de donner à cens ces terres, franches de dîmes et de toute autre redevance que de celle du cens. La duchesse-reine donna son consentement à un expédient aussi propre à rétablir l’agriculture et à ramener l’abondance en un pays qui commençait à réparer ses pertes. Peu de laboureurs se présentèrent pendant les années  1563, 1564, 1565. En l’année  1566, quelques cultivateurs prirent à cens un petit nombre d’arpents de friches, pour l’essai seulement. Ces terres, après le repos d’un siècle, donnèrent en 1567 une riche moisson. Cette année fut abondante dans le reste du Valois […]. En 1572, l’agriculture reprit vigueur. Plusieurs particuliers se présentèrent au procureur du roi du bailliage de Valois et demandèrent à censives les terres en friche qui restaient, du côté des Gombries [Péroy-lès-Gombries, Oise, au nord-est de Nanteuil-le-Haudouin]. Cet officier fit faire un mesurage général de ces friches, par les nommés Charles et Florent Dubois, mesureurs-arpenteurs du duché de Valois. Il passa ensuite des baux à rente aux particuliers, à raison d’une redevance par chaque arpent. Depuis ce temps, l’agriculture ne fut plus abandonnée dans le Valois. Si elle fut interrompue endant les troubles de la Ligue, elle reparut bientôt après. On ne fut pas trois années de suite sans cultiver » (Carlier, 1764, 619-620). Alerte sur les bois en Provence À Varages, dans la viguerie de Barjols, on fait interdiction de couper du bois vert ou sec dans les terres soustraites à la dépaissance du bétail, les « défens ». L’année suivante, en 1567, cette mesure de protection est renforcée par une amende d’un écu par arbre abattu et d’un florin par branche coupée. Un souci récurrent qui rappelle, pour la Provence, les premières mesures du siècle précédent (Pichard, 417). Le Thillay au début des guerres de Religion : un pays de cocagne Les données recueillies sur le niveau de vie des Parisiens sont comparables à celles d’un village de la plaine de France, Le Thillay (Val-d’Oise), scruté de 1566 à 1582. Peuplé de quelque 800 à 900 âmes surtout massées près de l’église, à une vingtaine de kilomètres au nord-est de la capitale, ce village  affiche alors une « indéniable prospérité ». Le « beau xvie siècle » s’y prolonge, sur un excellent terroir qui produit à la fois grains et vin. Les biens mobiliers font jeu égal avec les marchands du 258

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Marais : si 10 foyers n’en ont que pour 200 à 300 livres, 12 oscillent entre 300 et 400 et 7 franchissent les 500 Les maisons s’éclairent de chandeliers de cuivre, de lampes et de lanternes. La crémaillère et les chaudrons attestent qu’on fait bouillir la marmite même si souvent broches et lèchefrites assurent les rôtis. Toujours abondante, la vaisselle d’étain. Saloirs à porcs, chasières à fromages, barattes à beurre, vin vermeil ou clairet en cave suggèrent que les manants du Thillay sont mieux nourris que ne le seront les paysans miséreux de la fin du  xviie siècle (C. Scales, La Vie quotidienne au Thillay d’après 51 inventaires après décès, 1566-1582, 1997, repris par Muchembled, 149-150). Noël 1566. Retour des reîtres « Es feste de Noël suyvant, le sieur prince de Condé vint au Pont-à-Mousson recepvoir le duc Hans Casimir qui le venoit secourir avec grand nombre de reystres et lansquesnestz. Il logea à Ancey 2 enseignes de gens de piedz de chacune environ 500  hommes. Ils firent de grand dopmaige. Il abatirent toutes les mouuées des vignes pour trouver ce qu’estoit cachez dedans. Ils y fuirent 5 jours » (Le Coullon, 26).

1567 Les blés emportés par le vent ~ Lundi 13-samedi 17 juillet : Grand vent en Brie. « C’estoit grande pitié de veoir le grain tant beau et jaulne ainsi respandu sur la terre. Les pauvres gens, comme aussi plusieurs laboureurs, taschèrent à en recueillir le plus qu’ilz purent ; mais n’en eussent sceu ramasser quantité qui valust la peine qu’ilz y prindrent ; car les gluys estoient fort espès et n’en povoient recueillir qu’ès royes où ilz le faisoient tomber avec des panneaux ou petits balais. Il n’estoit possible de soyer ni faulcher, tant le vent estait impétueux et la sécheresse grande. Les bledz que aucuns avoient soyé dès le vendredy et samedy de devant lesditz vents, et qui estoient encores en javelles le lundy et les aultres jours de la sepmaine, furent emportez des vens, et n’en saulva-t-on la moytié » (Haton, II, éd. 2003, 101-102). ~ En Valois : on ramasse le blé au balais : « Les bleds charmaient la vue pendant les mois de mai et de juin. Les laboureurs attendaient une heureuse récolte, lorsqu’aux approches du temps de scier les bleds un vent impétueux s’éleva, et coucha les moissons. Les chaleurs de juin avaient muri les épis, tellement que les grains tenaient à peine dans leurs mailles. L’agitation et le choc de ces épis les égrainèrent, de manière qu’au moment de la moisson, il ne resta plus que la paille. L’année fut sèche heureusement. Il ne survint ni pluie, ni humidité, ni rosée. On coupa la paille et l’on ramassa le bled par petits tas, avec des balais. Du reste, la récolte fut bonne. Les laboureurs en furent quittes pour nettoyer leur bled. Cette année fut appellée l’année des bleds grugés, et l’année aux ramons, c’est-à-dire aux balais » (Carlier, 1764, 619) 259

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Inondations en Vivarais ~ 1re inondation : le 1er octobre. « Le mardi 1er octobre, jour de Saint-Remy, audit an  1567, après une longue et forte pluie, les rivières de Deome et de Cance et autres traversières de ce pays depuis Tournon en haut, furent si excessivement débordées que jamais on avait ouï parler de si grandes inondations […]. Les rivières d’Ay et de Doux en firent de même aux lieux de Satillieu et du Savel de Lamastre, où cent ou six-vingt maisons furent abattues et ruinées avec plusieurs moulins et grand nombre de prés » (Gamon, 34). ~ 2e inondation : le 27 octobre. « Le lundi 27 dudit mois, veille de Saint-Simon et Saint-Jude, les susdites rivières d’Ay, de Cance et de Deome, avec les autres ruisseaux de ce pays, débordèrent derechef si prodigieusement, que beaucoup de personnes pensèrent que les jours de Noé étaient revenus […]. La rivière de Déome fut demie toise plus haute qu’elle n’avait été autrefois […]. Ceci advint la nuit, sur les 8  heures, et dura environ demie heure pendant laquelle furent ruinées plusieurs maisons auxdits bourgs de Deome, La Vallette et le Savel […]. Tous les moulins, depuis Boulieu jusques au-dessous d’Annonay et ceux des Cordeliers sous les Roches-Saint-Denis, furent ruinés et ne demeura pierre sur pierre ni apparence d’édifice. Les prés et arbres demeurés de reste le long desdites rivières furent cette fois emmenés » (Gamon, 35-36). 13  janvier  : nouvelle ordonnance défendant aux gens de guerre de courir les champs et ordonnant aux gouverneurs de leur courir sus (Isambert, XV, n° 109). Pendaison d’une truie dans le Valois Le 27  mars, une truie « au museau noir » est pendue à Saint-Nicolas-d’Acy (Courteuil, Oise), près de Senlis, pour avoir dévoré une fillette de quatre mois, « mangée et dévorée en la tête, main senestre et au-dessous de la mamelle dextre ». Défense est faite à tout sujet de la seigneurie de « ne plus laisser échapper telles et semblables bêtes sans bonne et sûre garde » (Bibl. mun. Senlis, ms Afforty, XXV, d’après Moriceau, 395). Ravages en Île-de-France et en Bassigny 2e  guerre de Religion (septembre 1567-mars 1568). En septembre 1567, les ravages des guerres civiles reprennent après l’échec du coup de main de Condé sur Meaux. L’armée protestante, concentrée en Brie, vient s’installer au nord de Paris, multipliant les expéditions pour gêner le ravitaillement de la capitale (Jacquart, 174). ” Septembre  : Ravages des huguenots autour de Lagny, Rozay-en-Brie, SaintDenis, Pontoise et Poissy et profanation des églises des villages environnants (Haton, II, 109-113). Le vendredi après la Saint-Denis, ils profanent l’église du Plessis-Gassot (BMS Le Plessis-Gassot, Val-d’Oise). ” Octobre : Montgomery prend la ville d’Étampes par escalade le 17 octobre et des garnisons protestantes occupent Dourdan et La Ferté-Alais (Fleureau, 239). Pillage du Pays de France par les protestants. « Le jeudy 3e jour d’octobre ensuivant, iceulx, non contens de leurs malheureux et mauldictz actes, surprindrent la ville 260

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de Sainct-Denis en France, sur les neuf à dix heures du matin. Et en icelle y ont séjourné six sepmaines, attendans, de jour en aultre, leurs forces, pour ruyner le roy et royaume, s’ilz peuvent ; et ce pendant faisantz, aux villaiges et lieux circonvoisins d’alentour, plusieurs volleries et saccagements, brisants et rempans toutes les églises, tant de ladicte ville de Sainct-Denis que aux villaiges d’alentour, chose plus que barbare et très inique, estantz iceulx sans Dieu et desraisonnés » (Grin, 42). ” 11  novembre  : bataille de Saint-Denis, desserrant l’étau autour de Paris, la garnison d’Étampes décampe le 16  novembre. Mais la menace persiste, Condé recevant le renfort de reîtres allemands et se préparant à assiéger Chartres. ” Novembre-décembre : brûlement des églises entre Sens et Provins et massacre des ecclésiastiques par les huguenots (Haton, II, éd. 2003, 165-166). ” Le Bassigny à feu et à sang  : le plat pays est parcouru par 14  000 reîtres, venus d’Allemagne, commandés par le fils de l’électeur Palatin Jean-Casimir, pour aider les calvinistes. Les réformés incendient Doulaincourt dans le populeux Valde-Rognon. Trois villages brûlés ne se sont jamais relevés  : « Par le temps passé soulait avoir au Val-de-Rognon sept villages étant usagers ès dits bois, et à présent, lit-on dans un mémoire cinq ans plus tard, ne sont que quatre  : Dolaincourt, Bettaincourt, Roches et Cultru, parce qu’il y en a trois qui sont ruinés à savoir Saint-Brice, Saint-Èvre et Vouécourt » (Skorka, 135-136). La terreur silencieuse : le duc d’Albe monte vers les Pays-Bas En juillet, l’armée du duc d’Albe, en route vers les Pays-Bas, traverse les campagnes de Franche-Comté. Elle parcourt 18 étapes, qui évitent la région de Dole, en raison de la peste : Montfleur (Jura), Gigny, Saint-Laurent-la-Roche, Lons-leSaulnier, Brainans, Ounans, Germigney, Rans, Fraisans, Marnay (Haute-Saône), Gy, Bucey, Fretigney, Rosey, Port-sur-Saône, Fleruey, Faverney et Mailleroncourt, avant de traverser la Lorraine. La « terreur silencieuse accompagne ses pas ». De part et d’autre de Dole, trois témoignages : les habitants de Brans, seigneurie de Montmirey (Jura), sont foulés par ces soudards « dont une grande partie a esté de séjour en leur village par trois jours ». Ils ont fait montre à La Loye (Jura). Les habitants s’en plaignent : « toute leur fourniture, de bled, advenne ou de foing a esté mangée ». Les manants d’Ounans (Jura), qui ont eu à héberger « la pluspart de la cavalerie du sieur capitaine don Jehan Luppo » qui « ne fit moings de dommaige que la gresle » (États, Suppl., carton 57, d’après Febvre, 519-525 ; Braudel, La Méditerranée, II, 165, et Delsalle, 277). Le trésor d’une église villageoise Compte du trésor de l’église et fabrique du Petit-Quevilly (Seine-Maritime) en 1567-1568. En Haute-Normandie, l’administration communale s’insère dans le cadre paroissial. Élu pour deux ou trois ans, le trésorier de l’église est aussi le mandataire de la communauté  : il cumule les fonctions d’un syndic ou consul (représentation des villageois devant les pouvroir publics) et de marguillier (gestionnaire de la fabrique religieuse). Parfois on distingue entre les deux types de comptes jusqu’à réaliser deux comptabilités spécifiques, comme c’est le cas au 261

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Petit-Quevilly, qui conserve exceptionnellement, pour 1567-1569, une comptabililité « religieuse » et une comptabilité « civile ». Néanmoins, dans les revenus (les « recettes ») comme les dépenses (les « mises ») les interférences restent fréquentes. Les rubriques associent des postes strictement religieux à des postes civils, comme les locations de biens communaux sur les « rivages » des bords de Seine. Les extraits qui suivent laisseraient préjuger un climat de paix si le relèvement des fortifications de Rouen, par crainte des huguenots, n’imposait à la communauté une dépense « exceptionnelle ». 1. Comptabilité « religieuse » « C’est l’état et compte que rend et baille Jean Lyot, trésorier en l’église et peroisse de Saint-Pierre, du Petit Quevilly, au curé et paroissiens de ladite paroisse, tant de la mise que entremise qu’il aurait eue pour le temps et espace de 2  ans accomplis et révolus, commencé audit jour et fete de Pâques 1567 et finissant audit Pâques 1569. Et premièrement, ensuit la recette : Du xxviie d’avril et 4e  de mai. iiii s iii d. Du lundi, mercredi des Rogations et du jour de l’Ascension et dimanche vie de mai… ix s iv d. Du dimanche xviiie dudit mois… viii s vii d. Du dimanche xxve dudit mois… iii s i d. Du jeudi jour de Sacrement…. ii s x d. Du dimanche 1er jour de juin… iiis ii d. [suivent les autres quêtes des dimanches et fêtes, qui constituent l’essentiel du casuel] Autre recette à cause des terres et rentes appartenant à ladite église et trésor d’icelle : Reçu de Louis Amyer, pour le louage d’1 acre de terre qu’il tient de ladite église… iiii L i s vi d. Reçu de Robert Yvon, à cause d’une vergée de terre qu’il tient de ladite paroisse… xviii s. Reçu de Louis Gallot, pour 3 vergées de terre qu’il tient de ladite église lxiis vi d. Reçu de Jean Dupont, pour demie acre de terre, ainsi que dessus dit… xl s. Reçu de la veuve Jacques de Lynet, pour une vergée de terre qu’elle tient tel que desus dit… xxx s. Ensuit les mises faites par ledit Lyot, ci-dessus nommé : 2. Comptabilité « civile » « C’est autre état de compte que rend Jean Lyot, trésorier et receveur du revenu des rivages appartenant à l’église et paroisse en comunauté pour temps et espace de 2 ans, au curé et paroissiens en général […] Reçu de Nicolas Dieu et Jean Dupont pour 2 années desdits rivages xx l tournois. Item, reçu de Jean et Jacques, dits Lyot, et Jacques Lynet, pour lesdites 2 années, la somme de xxv l. Item, reçu de Gessin et Toussaint fleury, père et fils, et Jean Caron, pour lesdites 2 années dessusdites… xvi l. 262

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Item, reçu tel que dessusdit de Guillaume Samyer, Robert Picot et Laurent Darré, la somme de xx l et joint les baux à eux faits. Item, reçu de Louis Amyer et Robert Darré, Pierre Gressin la somme de xxiv l [suivent les autres fermages, qui représentent la source essentielle des revenus de la communauté depuis 1514 au moins]. Ensuit les mises… Payé à discrète personne Me Thomas Dumouchel, prêtre, curé de ladite paroisse, pour avoir dit et célébré une messe au jour de vendredi pour chaque semaine, pour les vivantes et trépassés la somme de c sous […] Item, payé pour le dîner de M. le verdier [agents des Eaux et forêts avec lequel les habitants sont en tension permanente], en présence du curé et plusieurs paroissiens, la somme de lxviii s […] Item, payé la contrainte d’un sergent à danger [sergent forestier chargé de faire payer les droits sur les ventes de bois en Normandie] pour la contrainte et prise des biens de Gessin Fleury, 15 s […] Item, payé à Jean Barré, sergent, pour une assignation à nous faite, v s […] Item, payé aux pionniers qui ont été besogner aux remparts de forteresse par le commandement de messieurs » (AD 76, G 8840-8841, d’après Follain, HSR 6, 1996, 127-142).

1568 Séisme, tempêtes et froid rigoureux ~ 8 novembre 1568 : Séisme d’intensité MSK 5 dans les Baronnies (Malaucène) (Base SISFRANCE et Quenet, 554 et 579). ~ 29 juin 1568 : « Ce fut l’année qu’il tombât, le jour de Saint-Pierre, de tempête qu’on ne vit jamais la pareille et contint depuis Loire jusque à la Bourgogne et en Bresse, tellement que à Nantua se leva sur le lac dudit Nantua une si grosse foudre, tempête et orage et alla tomber sur le clocher et se fit verser la sur la ville, en sorte qu’il ruina beaucoup de maisons et tuant beaucoup des gens, et les enlevaient en l’air, tellement qu’on ne savait qu’ils devenaient et cela fut imprimé à Lyon » (BMS Saint-Forgeux près Tarare, 1565-1573, vue 25). ~ Décembre  : « Le froid fust si fort que toutes les rivières gelèrent, et mesme devant Bourdeaulx la mer y gela et la glace y estoit de la hauteur d’ung homme et par suite de ce plusieurs navires furent submergez, et commença ledict froid le dixiesme du dict moys, jour de saincte Vallerie, et dura quinze jours » (Jarrige, 35). Pestilences n En Lorraine  : « Dès ledict temps jusques l’an revollu fuist une pestillence sy grande en Metz et au pays, voire en Lorraine, que on n’ouyst de loing temps pairler d’une pareille. En ung ans moururent à Ancey, par compte fait, 300 que grand que petit et davantaige » (Le Coullon, 36). n En Limousin : autour de l’abbaye de Grandmont (Saint-Sylvestre, Haute-Vienne) (Chanoine A. Lecler, Histoire de l’abbaye de Grandmont, 1909). 263

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Et aussi autour d’Angers, Armentières, Auxerre, Avallon, Besançon, Nantes et Paris (Biraben, 384). n

Troisième guerre de Religion (juillet 1568-août 1570) Malgré la paix « boiteuse et malassise » signée au relais de poste de Longjumeau (Essonne), le 23  mars, et le 4e  édit de pacification correspondant, les hostilités reprennent dès l’été (Jacquart, 174). ” En Lorraine : « Cest année fut fort bonne et fertille, ce n’eust esté les reistres et le prince de Condé qui passe par ce pays » (Pussot, 3). ” En Champagne, les reîtres pillent l’abbaye d’Auberive, le prieuré de Beaulieusur-Amance, prennent par escalade Châteauvillain, ruinent le Montsaugeonnais, incendient Hortes, Marcilly, Andilly, Celles et Plesnoy (Skora, 135). ” En Poitou comme en Vivarais, les conséquences de la guerre se font sentir à partir de septembre : « En ce temps commencèrent les troubles pour la troisiesme fois en France, dont toutes les provinces du royaulme furent presque assaillies de toutes partz des huguenotz hérétiques et mesme en Poictou ; conducteur le prince de Condé, nommé Loys de Bourbon » (E sup. 49, II, Vauchrétien). « Depuis s’augmenta le bruit quelque temps devant commencé, qu’on était derechef en guerre et en furent vu les effets en ce pays sur le commencement de septembre 1568. » La ville d’Annonay et la campagne environnante sont mises en coupe réglée par l’armée catholique du sénéchal de Lyon (Gamon, 58). Un village champenois victime de la guerre : Dannemoine (Yonne) « Se complaignent aussi iceux habitants qu’en l’année  1568 que, par le moyen des gens de guerre conduits par Monsieur de Montgommery tenant le parti de la Religion, auquel lieu ils auraient fait mourir et assassiner plusieurs notables personnes de ce lieu, sous ombre qu’ils jugeaient être gens d’Église et ce fait, mirent le feu audit bourg, et même leur église entièrement brûlée et ruinée. Depuis lequel temps, par le moyen de ladite ruine et perte par eux soufferte, ils n’ont pu réparer leur église et même les murailles de leurs fermes en qu’ils sont toutes ruinées et tombées par le moyen de grandes dettes qui sont en leur communauté » (Durand, 1966, 117). Aliénations de biens ecclésiastiques ✷ 1er août : 2e aliénation des biens du clergé, au capital de 150 000 livres de rente, autorisée par une bulle du pape Pie  V. Les catholiques seuls peuvent se porter acquéreurs (Carrière, 406). ✷ 24  novembre  : troisième aliénation des biens du clergé, de 50  000 écus de rente (150 000 livres). Les ventes sont confiées à une commission pontificale qui porte surtout sur les biens de second ordre pour préserver autant que possible les seigneuries et les domaines importants. Les protestants sont exclus des enchères (Carrière, 406).

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Du crime à la complainte : des marchands tués par un seigneur en Basse-Bretagne Il est rare de pouvoir corroborer des sources judiciaires à des sources orales, transmises sous forme de chanson. Dans la paroisse de Cadélac, rattachée aujourd’hui à Loudéac (Côtes-d’Armor), les agissements d’Hervé de Kerguézangor, sieur de la Villaudrain, défraient la chronique entre 1565 et 1569. Les témoignages recueillis auprès des anciens et des enfants des témoins, en 1642, et la complainte bretonnante –  une gwerz  – qui est parvenue jusqu’aux ethnologues, se font écho  : ils révèlent le degré d’insécurité auquel sont soumises les campagnes bretonnes avant même qu’y fassent irruption les guerres de Religion : « Le deffunct sieur de La Ville Audrain, en son vivant précepteur des enffens de la maison de feux nos seigneurs de Rohan, qui lors estoint catholicques, lequel sieur de La Ville Audrain estant huguenot, les enseignant, introduit en ladite maison la relligion prétendue refformée. […] En son vivant, il avoit gouverné l’abbaye de Lantenac paravant les guerres civiles régnantes en ceste province, homme mal vivant et […] avoit tué des marchands de la ville de Rennes » (AD 22, H 322). « An otro Villodre a lavare Da Ervoanic Prigeant nac an dese. Lavar ar Manus pa guiri E bout er momet ma varvi » [Le seigneur de Villaudry disait : Ce jour-là à Ervianic Prigent : Dis ton I Manus quand tu voudras Car voici le moment où tu vas mourir] (Guillorel, 242-259).

1569 Hiver très froid ~ Guyenne, Saintonge et Poitou  : « Pendant tout l’hiver, qui fut étrangement âpre et si rigoureux que grand nombre d’hommes moururent par maladie aux deux camps [celui du duc d’Anjou et celui du prince de Condé], entre iceux plus de six-vingt dudit Annonay, qui suivaient le régiment du sieur d’Acier, passant par Sancerre et la Charité » (Gamon, 50). ~ Champagne : « L’année ensuyvant [1569], les vignes furent geellées d’yver, et d’esté en may ; et de viii livres tournois montèrent à xxx I. la queue de vin et sur la fin à cause des vendanges tardives valloit lx l. t. la queue, et le bled valloit xx solz le septier » (Pussot, 3). 1569. Autour de Pau la « guerre paysanne » pour le contrôle des pâturages d’hiver du Pont-Long produit ses désastres ordinaires, opposant les Ossalois aux Palois, ignorant ceux des guerres de Religion, commis à quelques lieues à peine, et notamment des incendies de villages (Desplat, 1993).

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« Manger la poule sur le bonhomme » ” En Lorraine. Au cours de l’hiver, les habitants de Battigny, « surpris et pressés par les gens de guerre du duc d’Aumale, se seroient sauvés avec leurs femmes, enfants et bestiaux dans les bois de La Haye près dudit village » (Cabourdin, 64). ” En Beaujolais. « L’an  1569, le roi de Navarre et le prince de Condé, l’amiral, tous trois huguenots, passèrent par le pays de Forez et Beaujolais avec telle cruauté que tous les seigneurs du Forez, Beaujolais et Lyonnais se retirent dans la ville de Lyon ensemble tout le menu peuple, tellement qu’ils furent contraints d’abondonner leur maison, et là où ils ne trouvaient personne ils brûlaient les maisons et là où il y avait femmes ou filles, ils les violaient, et là où ils allaient au fourrage et qu’ils trouvaient quelques personnages qu’ils s’enfuyaient ils les tuaient, tellement qu’il en tuèrent trois ou quatre de notre paroisse de Saint-Forgeux, lesquels se nommaient Louis et Léonard De la Goutte, François Sayome et Estienne Périnet » (Reg. Par. Saint-Forgeux près Tarare, 1565-1573, vue 39). ” En Haut-Languedoc (30 juillet-1er août). À la tête de l’armée des « vicomtes » huguenots, forte de 6 000 à 7 000 hommes, tant à pied qu’à cheval, le comte de Mongommery, envoyé en Béarn pour faire lever le siège de Navarrenx, dévaste les campagnes du diocèse de Rieux, autour de Saint-Gaudens  : bétail rançonné, moissons et métairies incendiées, femmes et filles violées, ecclésiastiques et laïcs tués « par glaive » ou pendus et étranglés. Aux champs, les soldats ont brûlé « un nombre infini de maisons et métairies, les blés étant au sol et aires, prêts à dépiquer, saccagé et brûlé trente ou quarante églises […] et ruiné tout ledit pays, pauvres paysans et autre qualité de gens, n’y ont laissé blé ni vin ni bétail ». En plusieurs villages, l’église est incendiée. À voir tant de ruines, « il n’y avait cœur d’homme qui ne gémisse ». « C’est une pitié de voir lesdits lieux brûlés et les pauvres gens égarés. » Le pays est tellement ruiné « que les pauvres habitants des lieux où ils sont passés sont contraints d’aller vagabonder et mendier leur vie ». « Même que les pauvres habitants et métadiers n’ont aucun accès ne demeurance esdits lieux sinon habiter en de petites cabanes que ont été contraints faire  pour demeurer au couvert. » Après le passage de Montgommery, plusieurs réformés en armes s’assemblent en troupes pour piller les métairies de la région, notamment autour du capitaine Vindrac, moine défroqué de Lézat, à la Notre-Dame d’août (Lestrade, X et 29, 36, 38, 44). ” En Berry. Autour de Sancerre, les protestants de la ville, sortis victorieux le 1er  février 1569 du premier siège mené par Claude de la Châtre, gouverneur de Bourges, pillent les campagnes et saccagent les églises. À Crézancy, Sury-en-Vaux et Sens-Beaujeu, pillages, incendies et rançonnement ruinent les villageois (JacquesChaquin et Préaud, 1996, 320). ” En Bourgogne. « En l’année 1569, les huguenot entrère en ce pais de Dijon où il protère grand dommage au pauvre peuple, et il breloin les maisons en plusieurs village, et cestoit au moys de may 1569 » (Robert, 108). ” En Limousin. À Saint-Yrieix en février-mars  : « Estant les dicts sieurs de Neuville et Massez arrivez en la dicte ville de Sainct-Yriez, séjournèrent en ycelle jusques au second jour de mars au dict an et pendant leur séjour n’y firent chose qui mérite d’escrire, sinon manger la poule sur le bonhomme et vivre à discrétion, 266

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sans payer aulcune chose, qui fut un commencement de la ruyne de la dicte ville de Sainct-Yriez » (Jarrige, 41-42). Moment calme avec les soldats : bénédiction d’une enseigne à Belleville en Beaujolais « L’an  1569 et le vendredy iiie jour de juin, aux octaves de la Pentecoste, le seigneur capitaine Moniron, de la ville de Gresnoble, capitaine d’une compagnie d’Espaignolz, a fait bénir par moy soussigné une enseigne, laquelle estoit de diverses couleurs comme rouge, blanc, noir, vert et avec une belle croix, aussi de blanc au milieu, laquelle, après laditcte bénédiction et dict l’évangile Sainct-Jehan et faict aspersion d’eau bénite […], l’ay donné audit capitaine lequel l’a prinst très pieusement disant qu’il veut vivre et moryr pour soustenir Dieu, la foy de son église et son roy » (AD 69, BMS Belleville, 1568-1569, vue 28). Mais, au même lieu, on enterre un soldat, tué par l’un des ses compagnons, le jeudi fête du Saint-Sacrement, ixe du mois de juin, et le 31 juillet, « un pauvre soldat du régiment du baron des Adrets, et était né de la ville de Carpentras » (Ibid., vue 31). Le sainfoin en Île-de-France Première mention de sainfoin en Île-de-France à Louvres-en-Parisis (Val-d’Oise). Le fermier des Quinze-Vingts met en « pré sainfoin » 5 quartiers de terres (53 ares) dans une pièce de 5 arpents (Claude de Vitry, Recherche sur quelques fermes de la plaine de France, 1966, 100). Les hautes chaumes des Vosges Le 28 septembre, le duc de Lorraine Charles III signe une ordonnance pour le ban de Vagney. Il répond à la requête des habitants, désireux de voir confirmés leurs droits d’usage dans les montagnes et les hautes chaumes ducales, les « répandises ». Certains cantons forestiers, laissés jusque-là à l’exploitation communautaire – les « rapailles » –, sont mis en défens pour régénérer la futaie. Les habitants sont autorisés à opérer des défrichements – les « fouillées » – et de se procurer le bois d’affouage nécessaire sous le contrôle du gruyer. Cette réglementation s’étend ensuite à l’ensemble des villages de la montagne vosgienne (bans de Tendon, La Bresse et Ramonchamp) (Garnier, 2004, 69-71). En Béthunois : 3 420 exploitations recensées en 1569 En vertu d’une taxe établie le 9  septembre  1596 sur tous les biens meubles et immeubles par le roi d’Espagne Philippe  II, en tant que comte de Flandre et d’Artois –  le « centième denier » –, on connaît la répartition des exploitations agricoles. Une situation extrêmement diversifiée de part et d’autre d’une moyenne théorique de 6,84  ha  : 2790 (soit 81,6 %) se situent en dessous de ce seuil. Le groupe le plus important, compris entre 1,7 et 3,4 ha, représente 27 % des effectifs (925 exploitants) auxquels s’ajoutent 752 exploitants de 85 ares à 1,7  ha (22 %). Au-dessus de 50 ha, 161 exploitations sont qualifiées de « censes », dont la plus importante atteint 219  ha  : elles regroupent de grandes parcelles mises 267

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en location par les établissements écclésiastiques, les nobles, les riches négociants et administrateurs, qui résident le plus souvent à Béthune. Le contraste est net entre une majorité de petites exploitations et une minorité de très grandes, qui occupent l’essentiel des terres cultivées  : 628 exploitants (18,4 %) de plus de 13,68  ha mettent en valeur 63,6 % du sol disponible. Dans cette région du Nord, la puissance des « censiers » et des « laboureurs » est incontestable, surtout au sud-ouest, dans des villages comme Gosnay, Marles, Chocques, Calonnes et Lapugnoy (Rosselle, 350-361). Une passion pour la terre paysanne : une grange en Franche-Comté Voici un conseiller au Parlement de Dôle, Fernand Seguin, au sommet de son emprise foncière, à son décès. « Notre homme tisse sa toile en arc de cercle autour de Besançon. » C’est l’un des portraits de bourgeois remembreurs que brosse Lucien Febvre pour la Comté du xvie siècle. « Il laisse, quand il meurt, en 1569, une grange à Saint-Aubin, la Grange GuyotBernard, qu’il amodie tous les 6 ans. C’est lui qui l’a faite, morceau par morceau : achat d’une corvée de 36 journaux en 1546 ; d’un pré de 3 soitures en 1553 ; d’un champ en 1559,  etc. À Orchamps, même effort ; dans la seule année  1564, il y acquiert successivement, le 5 mai, des terres et des prés ; le 12, à deux reprises, de nouvelles terres et de nouveaux prés ; d’autres le 5 juin, le 11, le 29 ; un champ le 9 juillet, un pré le 1er  octobre, soit une dizaine d’opérations en trois mois. À la même époque, il travaille pareillement à Étrepigney, à Cinq-Cens, à Goux,  etc. » (AD 25, B 0418, d’après Lucien Febvre, 268).

1570 Inondations et hiver anticipé ~ En Champagne. « Ceste année [1570], furent les vignes des bas lieux fort bruslé et n’estoient les vins d’icelles guères bons. Aussy les bleds n’estoient pas fort bon, cause de l’humidité des moissons, et valloit à la vendange xviii solz le septier, et la queue du vin x l » (Pussot, 4). ~ En Beaujolais : « L’an mil VC soixante-dix, l’yvert commençat à la Toussaint et au mois de décembre tomba si grande abondance d’eau que les rivières dérivèrent […]. Ladite année, audit mois de décembre, après que les rivières eurent cessé, tomba si grande abondance de neige à la fin dudit mois et en l’année mil cinq cent soixante-unze et mêmement, en tomba toutes les fêtes de Noël, tellement qu’il n’était si grande abondance qu’on ne pouvait sortir des maisons et que l’on ne pouvait aller sur les champs à force des cunzières [congères] qui étaient par les chemins ; aussi pour le mauvais temps qui régnait, l’on ne pouvait charrier blé, vin, bois et autre chose, tellement que c’était pitié du pauvre monde […]. Le blé, en ladite année 1570, se vendait le bon froment 50 s. ; le seigle 2 l. 2 s. ; l’avoine 12  s […]. Ledit hiver, qui avait commencé à la Toussaint, n’était pas fini à la Purification 1571 » (BMS Saint-Forgeux, 1565-1573, vue 44). 268

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~ En Limousin : les 30 juin et 20 août, inondation de la Corrèze et de la Solane près de Tulle (Baluze, 186). ~ Le 2  décembre, inondation du Rhône  : « Sur les onze heures avant minuit, estant le peuple en son repoz, et ne se doutant de tel desastre, l’impétueux fleuve du Rhône s’enfla […], baignant une grande partie du païs plat et circonvoisin, qui fut en un moment noyé et inondé de ce furieux ravage » (Paradin, 386-387). Poussée bourgeoise en Montmorillonnais Le 22  octobre, Pierre Baubuisson, marchand à Plaisance, confie à un métayer, Morin Charretier, ses domaines et héritages au village de La Barde et dans celui de Chiroux, « à la charge que ledit Charretier sera tenu et a promis refondre et apporter au profit de ladite métairie tous et chacuns les fruits, profits, revenus et émoluments de tous et chacun ses domaines et héritages personnels » avec interdiction de vendre aucune de ses terres (AD 86, E 4/20, d’après Raveau 62). Mai-septembre 1570 : des campagnes à feu et à sang ” Tout au long de son trajet, l’armée protestante de Coligny sème la terreur, notamment en Vivarais puis en Forez. « L’armée des princes de Navarre et de Condé pour ceux de la religion, rassemblée après la déroute de Montcontour, sous la conduite de Messire Gaspard de Coligny, amiral de France, courut quelque temps aux environs de Toulouse et de là, vint à Montpellier et Nîmes et après en Vivarais, séjourna environ quinze jours à Charmes, Saint-Péray, Chalancon (Ardèche) et ès environs, et passant par Lamastre, Nozières, Paillarets, Rochepaule et de là par Montfaucon, Dunières et Saint-Didier, se rendit en la ville de SaintÉtienne en Forez, prenant le chemin de La Charité et Sancerre […]. Ce fut sur le commencement de mai  1570, les blés étant presque mûrs et les prés prêts à faucher ; à cause de quoi ladite armée fit infinis maux et dégâts par où elle passait, faisant dépaître blés et foins par les champs aux chevaux, sans discrétion, pillant, saccageant et mettant le feu en plusieurs lieux » (Gamon, 52-53). ” « Plumer les oisons du Forez »  : les environs de Saint-Étienne saccagés par l’armée de Coligny. Le ravitaillement de la cavalerie d’une armée en stationnement ne cause pas pire dégât à l’agriculture que début juin, alors que les prés verdissent et que les blés sont en herbe. En juin  1570, le facteur religieux vient aggraver jusqu’à l’extrême ce risque intérieur auquel les paysans restent confrontés jusqu’à la Fronde, dans les années de guerre civile. Après la défaite de Moncontour, plusieurs bandes de soldats protestants de l’armée de Coligny « fourragent » le Midi, cherchant à « plumer les oisons du Forez ». « Cette armée demeura dans ladite ville de Saint-Étienne avec plus de 9 ou 10  000 reîtres, sans les compagnies françaises, et ce fut sur la fin du mois de mai. Toute cette armée demeura dans ladite ville ou ès environs 17 jours et firent faire le dégât à leurs chevaux, non seulement aux prairies, mais encore aux blés qui étaient en herbe. Ils tuèrent beaucoup de personnes, brisèrent toutes les croix qu’ils trouvèrent, brûlèrent les bancs du chœur de l’église, rompirent la plupart des cloches, de sorte que toute église était pleine de chevaux, et toutes les chapelles. Ils firent dans ladite église mille sacrilèges et infamies ; ils en brûlèrent les portes, 269

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se chauffaient des tableaux et enfin n’y laissèrent rien, sinon le fumier de leurs chevaux, de sorte qu’elle semblait une étable ou grange. Leur séjour dans ladite ville y laissa telle infection, qu’on y prit une maladie populaire qu’on nomma picorée, qui était presque autant irrémédiable et soudaine que la peste » (Chronique citée par Auguste Bernard, Histoire du Forez, 1835, II, 156-157). ” Des ravages en Forez qui inquiètent en Beaujolais : « Le vendredi vingt-sixiesme audict moys sommes despartis pour aller à Lyon à cause de l’admiral […] et tenoit-on pour sertain qu’il voulloit venir par deçà, ce qu’il n’a faict mais y alla par les montagnes jusques à Saint-Étienne de Forest où il a demeuré par l’espace d’ung moys. Illec faysans grans dommages, mesmement aux esglizes et secondement aux pouvres gens, les faisant mourir et rensonner les aultres. Puys le douziesme de juin est sorty ledict admiral, accompagné de Bricquemault et sa compagnie que l’on disoit de huict mil hommes et s’en est retourné par la montagne où il a brûlé beaucoup esgliszes et s’en est allé vers Dijon où il a bien esté frotté de monsieur d’Anjou, frère du roy. Dieu soit par dessus ! » (AD 69, BMS Belleville 1570, vue 8). ” En Champagne et Bourgogne, les villages isolés ne sont point épargnés : Gurgyle-Château, Buxerolles et Chamblain sont dévastés. « Comme soyt que, en l’année  1570, à un jour de Saint-Pierre, premier jour du mois d’août, leurs finages furent grêlés, et tous leurs orges et avoynes ensemencez lors perduz. » Depuis, les villageois ont été « ruinez et obstruictz par les gens d’armes tant du camp de Mansfeld, l’admiral, passant et repassant par ces pays et contrées, que autres gensdarmeryes de France, tant de cheval que de pied, et leurs grain et bestial enmenez par les pigrieux » (AD 52, G 277, d’après Skora, 136). Une trêve pour deux ans : l’édit de Saint-Germain Le 8 août, l’édit de Saint-Germain (le 5e édit de pacification) favorise les protestants. Les réformés obtiennent quatre places de sûreté : La Rochelle, Cognac, Montauban, et La Charité. Les protestants recouvrent la liberté de culte dans toutes les villes qu’ils occupent au 1er août et en outre dans les faubourgs de deux villes par gouvernement. Les réformés retrouvent leurs charges et leurs biens. « L’édit de pacification fait à Saint-Germain-en-Laye, au mois d’août 1570, fut publié au bailliage et siège royal d’Annonay le jeudi 7e septembre dudit an, et lors cessèrent tous exploits de guerre de ce pays et fut reçu chacun paisiblement en sa maison » (Gamon, 54-55).

1571 Grand hiver De la fin de novembre 1570 à la fin de février 1571, les rivières restent suffisamment gelées pour supporter tous les charrois : le 10 mars, la Meuse et le Rhin sont encore pris. Un grand nombre d’arbres fruitiers sont détruits par ces froids, même dans le Languedoc (M. Garnier, Mémorial de la météorologie nationale, 1967). 270

1571

Vendre son bien pour une bouchée de pain Le 5  février, Jean Brallion et sa femme, de Saint-Georges-d’Espéranche (Isère), « pour payer leurs dettes et pour nourrir leurs enfants, n’ayant pas de quoi vivre ni d’autres biens, et étant en danger de mourir de faim à cause de la grande cherté du blé qui est à présent », vendent au charpentier de leur village, Claude Collonel, leur ultime bicherée de terre (AD 38, 16287, d’après Belmont, 1998, 64). L’« édit des laboureurs » Le 8  octobre, une déclaration de Charles  IX, signée à Blois, protège le train de culture. Les bestiaux et outils servant au labourage sont insaisissables, à l’exception notable des cas de dettes à l’égard du fisc ou du propriétaire des terres et cheptel. « Charles, etc. Comme nous eussions esté par plusieurs fois requis par la reine, notre très honorée dame et mère, de favoriser, soulager, maintenir et conserver nos pauvres sujets, spécialement ceux qui exercent et labourent la terre, habitant le plat pays, subjects aux passages et injures des gens de guerre. Considérant que le vray fondement de tout estat est en la culture de la terre, de laquelle se tirent annuellement les revenus et moyens de nourrir, vêtir et entretenir les hommes ; et que d’ailleurs, estant advenu que les guerres et troubles passés ayent diminué grandement les hommes, chevaux, bœufs, vaches, et tout sorte de bestail et nourriture, au moyen de quoi infinies terres dans notre royaume, pays, terres et seigneuries de nostre obéyssance sont sans culture, et les autres mal cultivées, pour les petits moyens qui sont demeurez à si peu de gens de labeur qui restent pour le fumage et amendement desdites terres, il est fort raisonnable que par tous moyens possibles on ayde, adavance et multiplier si peui qu’il y ait de moyen. « Nous, ayant mis cette marière en délibération avec notre dite très honorée dame et mère, nos très chers et très amés frères les ducs d’Anjou et d’Alençon, aucuns princes de notre sang, et autres très grands et notables personnages de notre conseil privé, et après que par leur avis il ne se serait trouvé meilleur expédient que de maintenir les gens de labeur, exerçant le labourage en telle franchise et liberté que nul, leur créditeur ou autre, pour quelque occasion que ce soit, les puisse exécuter ne faire exécuter ne leurs personnes et meubles servant au fait dudit labourage, circontances et dépendances. Nous, de l’avis que dessus, avons dit et ordonné, disons et ordonnons. « Que désormais, et jusques au dernier jour de décembre, qu’on comptera 24, nul homme exerçant et labourant la terre par lui, ses serviteurs et famille, pour en tirer grains et fruits nécessaires à la nourriture des hommes et bêtes, ne pourra être exécuté pour dette, ne pour autre occasion quelle qu’elle soit, en sa personne, ni en son lit, chevaux, juments, mules, mulets, ânes, ânesse, bœufs, vaches, porcs, chèvres, brebis, moutons, volaille, charrues, charrettes, chariots, tombereaux, herses, civières, n’en aucune partie de bétail et meubles servant au fait dudit labourage, circonstances et dépendances, ayant pour ledit temps affranchi, exempté et délivré […]. « Lesquels laboureurs, comme étant en notre protection, sauvegarde, en laquelle nous les avons pris et mis, prenons, mettons par cesdites présentes, nous voulons et entendons qu’ils fassent et exercent leur labourage et culture en toute liberté, 271

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sans aucun destourbier n’empêchement, excepté toutefois quand sera question de nos deniers et affaires, et des moissons de grains [fermages en nature], deniers, fruits, charrois, corvées et autres conditions à la charge desquelles seront baillées les terres, et du bétail blanc ou à cornes que tiendra le laboureur  : auquel cas nous n’entendons le présent affranchissement, protection et délivrance aient lieu n’effet, ne que les maître bailleurs desdites terres et bétail […] ne puissent agir et procéder par les voies d’exécution et autres qui seront portées par leurs contrats, obligations, cédules, brevets, et autres conventions contre les laboureurs et preneurs desdites terres et bétail. » 13 octobre : déclaration de Charles IX, signée à Blois, qui accorde trois années de surséance aux laboureurs pour payer leurs dettes, en raison des maux causés par les guerres civiles. Nouveaux statuts pour la Corse Le 17  décembre, le Sénat de la Sérénissime République de Gênes, qui a pris la tutelle de la Corse après l’Office de Saint-Georges, dote l’ensemble de l’île de Statuti civili e criminali, de modèle ligure, qui doivent servir de référence à toutes les communautés rurales. La multiplication des vendettas, qui a suscité depuis 1510 une législation spécifique sur les homicides, donne lieu à l’établissement d’une hiérarchie des peines avec, au sommet, les banditi capitali, condamnés à mort (Ferrières éd., 1999, 79, et Graziani, 19). La portion congrue à 120 livres 16 avril : édit fixant la portion congrue des curés à 120 livres. Bêtes anthropophages en Champagne et en Franche-Comté « Il nous faut reprendre les faits du pays provinois et des environs. Et dirons premièrement d’une bête féroce et sauvage, non usitée d’être vue au pays, qui tenait les champs jour et nuit pour dévorer les personnes qui se trouvaient à sa rencontre qui n’étaient de défense comme femmes, filles et enfants d’au-dessous de l’âge de 20 ans ; et si, ne savait-on quelle bête c’était encore que plusieurs personnes se vantassent de l’avoir vue. Elle n’était ours, loup ni lion ; quelques uns pensaient et disaient que c’était une once, autres disaient que non : elle n’était si grosse que vieil loup mais fort cruelle. Elle étrangla et mangea partie du corps de deux personnes à divers jours, qu’elle attrapa aux champs en plein jour entre le bourg de Sergines [Yonne] et la ville de Sens, qui donna une grande crainte aux plus hardis passants qui cheminaient en ces quartiers seuls et sans compagnie. Icelle bête se transporta entre le village de Madame sainte Syre [comm. Rilly] et la ville de Troyes en Champagne où pareillement dévora autres personnes jusqu’à la mort. « Pour laquelle déchasser du pays, s’armèrent les gentilshommes et paysans ayant armes au poing, avec les chiens pour la chercher à corps et cri par les buissons et forêts pour la tuer si elle se fut trouvée ; et tant poursuivie que, finalement, elle fut tuée près de Saint-Florentin, ainsi que des nouvelles en furent apportées en ce pays » (Haton, II, éd. 2003, 412). 272

1571

« En ce même temps en fut prise une en un bois dedans la Franche-Comté de Bourgogne, assez près de la ville de Dole […] qui avait jà mangé plusieurs enfants et jeunes gens sans défense. Toutefois advint en cette année que troupe de personnes passant chemin l’aperçurent dedans un bois qu’elle dévorait une jeune fille âgée de 18  ans et lui avait tiré du corps la fressure qu’elle mangeait. Cette bête, se trouvant surprise par ces hommes […], perdit et délaissa sa forme de bête et se présenta en forme d’homme naturel tel qu’il était ; sa bouche, son visage, ses mains et son corps tout plein du sang de cette pauvre fille. Et fut en cet état pris et mené à la justice du parlement de ladite ville de Dole » (Haton, II, éd. 2003, 413). L’homme-loup de Villers-Cotterêts « Le dix-sept novembre de la même année  1571, on prit dans le forêt de Cuise un homme qui avait été nourri parmi les loups. Velu comme un loup, il hurlait comme eux ; marchait sur ses ses mains et sur ses pieds et devançait les chevaux à la course. Il étranglait les chiens, les dévorait et les mangeait. Il paraissait disposé à exercer le même traitement sur les hommes lorsqu’on le prit. Ce sauvage, qui courait depuis longtemps les forêts de Cuise et de Retz, fut présenté au roi Charles IX » (Carlier, 628).

1572 Grand froid ~ En Champagne : « Pour ceste année les vignes furent gellées, à cause des grandes neiges et aussy des gyvres qui estoient pour lors » (Pussot, 6). ~ En Forez : « Je dis en vérité que l’an mille VC septante-deux, et le samedi et le dimanche jour des Brandons et le lundi qu’était le jour Saint-Mathias XXIIIIe jour de février, il fit si grand froid que tout gelait céans, le pain et le vin sus la table et notre pays fut si fort gelé que le glas était d’épaisseur de 2 doigts. Notre Seigneur nous veuille envoyer ce que nous est nécessaire ! Amen. Il y avait force neige par les chams » (La Chaize, f° 2). ~ En Limousin  : « Audict an, fist un grand froid qui dura puis Sainct-Michel jusques à mi-mars, et fust tel que la mer sur la fin du moys de décembre gela devant Bourdeaulx, de sorte que les gens pour aller et venir de leurs navires marchoient sur la glace autant franchement que sur la terre » (Jarrige, 67). ~ En Bourgogne : À Dijon, du 13 février au 3 mars, « gelée et froidure ». « A tous les jours gelé si impétueusement que les pauvres gens ne pouvoient plus résister » (Breunot, 6). Grande cherté en Limousin ~ « En l’an mil vc soixante-douze, despuys la my may, fust telle cherté de bled qu’il se vendist en la present ville de Tulle 3 livres 10 sols […]. Et monta le cestier jusques a 4 livres 16 solz au marché […]. En ce temps-là, y avoit grand abondance de pouvres dessendens de la montagne en grandz pouvretez et misères » (Baluze, 187-188). 273

1572

Une communauté familiale en Champagne berrichonne ✷ Le 6 février 1572, à Levroux (Indre), les Darnault entrent en communauté familiale sur la grande métairie de la Grange-Dieu (317 ha) moyennant 38 setiers de blé, moitié froment, moitié marsèche. Ils s’y perpétuent comme « consorts », « communs » ou « parsonniers » 215 ans durant, jusqu’en 1786 (AD 36, H dépôt1A/10, d’après Darnault, 2011, 36 et 73). Le Porc Claudon ✷ Le 20  mai, à Moyenmoutier (Vosges), un porc, arrêté pour avoir dévoré un enfant, est écroué sous le nom de « Porc Claudon », du nom de son propriétaire. Les échevins de Nancy se prononcent pour la peine de mort. L’animal est pendu et étranglé à la potence habituelle (Simon, HSR 17, 2002, 70). Ce type de procès entend aussi établir la responsabilité du gardien qui a mal fait son devoir : « Si nous voyons encore un pourceau pendu et étranglé au gibet pour avoir mangé un enfant au berceau (punition qui nous est familière) c’est pour avertir les pères et mères, les nourriciers, les domestiques, et ne laisser leurs enfants tout seuls ou de si bien resserrer leurs animaux qu’ils ne leur puissent nuire ni faire mal » (Pierre Ayrault, L’Ordre, formalité et instruction judiciaire, 1591, f°24r°). Varia 22  juin, Saint-Éloi d’été  : représentation théâtrale au village de Flers, au sud de Saint-Pol-sur-Ternoise (Pas-de-Calais). Le lendemain, un conflit éclate entre les jeunes gens à marier, à propos du paiement des acteurs qui ont « exhibé et joué devant le peuple aucune comédie ou jeu moral » (Muchembled, 274-275). 15 juillet : deuxième édit fixant la portion congrue des curés à 120 livres. Quatrième guerre de Religion (août 1572-juillet 1573) ” 24 août 1572. « L’amiral fut fait mourir à Paris le 24 dudit mois et an » (nota du curé de Prudemanche, baptêmes 1564-1604, AD 28 en ligne, vue 18). ” Octobre  : assaut donné « à son de tocsin » au manoir protestant de SainteMarie-du-Mont (Manche) pour en déloger Artus de Cymonts, qui se convertit ensuite (AD 76, 1B 632, arrêt du 15 février 1573, d’après Mouchel-Vallon, 64). Après les soldats, de véritables loups en Beaujolais ~ « Ce qui nous a été désigné par vrai présages, des loups qui, toutes ces années passées, ont dévoré des enfants  : voire du temps même que j’écris cette plainte, se sont les loups rués sur plusieurs enfans, qu’ils ont cruellement déchirés ; en ce païs de Beaujolais, comme des filles âgées de 12 à 15  ans, auxquelles ils tiroient les corées hors du corps, et après les avoir mangées, ils laissoyent le reste du corps aux champs. Et combien que le populaire ait cette opinion que ce fussent des loups-garoux et hommes transmués en loups, si est-ce que telle opinion est superstitieuse, et fabuleuse, et ne sont autres loups, que vrais et naturels, qui 274

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durant les guerres civiles, des troubles, ont mangé des corps morts, ès lieux égarés, où l’on se meurtrissait l’un l’autre, sans respect. Et depuis depuis étant tels loups acharnés, et affriandés à la chair humaine, ne s’en peuvent sevrer ni détrier » (Paradin, 385-386). ~ Sépulture d’une fillette tuée par un loup, à Belleville en Beaujolais. « Mortuaire de Poymié. « Plus ledit jour [9 août] une nièce [biffé : fille] à Claude Vignard, qui a esté tué par ung loup et portée depuis la grange d’honorable Philippe Bellignard jusques au bois de Briante » (AD 69 en ligne, état civil, BMS Belleville 1572, vue 17).

1573 Grand hiver… ~ En Drouais : « L’hiver [de 1572-1573] commença au mois de novembre et dura jusques à la fin d’apvril 1573 ». « Le samedi 4 juillet 1573, le blé valut à Brézolles 8 et 9 livres le minot » (nota du curé de Prudemanche, baptêmes 1564-1604, AD 28 en ligne, vue 19). ~ En Brie : le 11 novembre, précocité de l’hiver en Brie qui empêche les blés de germer (Haton, III, éd. 2005, 1). Dégel précoce en janvier et reprise du gel début février 1573. Puis, mars-avril 1573, neige, pluies froides et gelées. ~ En Bourgogne : « En l’année 1573, les vignes fure perduz de gellée le 20e  jour du mois d’apvril, et vin de la neige qui tumbaz au vespre, et, le mattin, la gellée ce prin qui perdy les bourgon qui estoient pety, que on ne voyas pas les raisins, et le vin vailluz 85 livres » (Robert, 108). ~ En Champagne : « Ceste année [1573], l’iver précédent fut fort long. Le temps jusques à la moisson fut tousjours pluvieulx et nébuleux, et valloit le bled à la Sainct-Médart c sols le septier et plus, et la queue de vin xl 1. t. » (Pussot, 6). ~ En Lyonnais : « Ladite année 1573 il fit si grand froid que l’on passait le Rhône à Lyon sur [sus] le glas et la rivière de Loire aussi. La nôtre était partout prise que c’était chose merveilleuse des grosses glaces, les gros noyers fendaient par le milieu et s’ouvraient par la grande froidure que faisait » (La Chaize, f° 15v°). ~ En Lorraine  : « En l’iver ans 1572, la gellée dura plus longuement que l’on n’avoit jamais veu. Elle commencea à la Thoussaint et dura jusqu’au Roys. On passa sur la glace dès la vigille de la Saint-Martin jusqu’à la vigille des Roys journellement » (Le Coullon, 44). … et gelées tardives en avril ~ Dans les provinces du Centre-Est  : « Le lundi 2e  avril [1573], devant le jour, tomba une si forte et si étrange gelée que tout ce que les arbres, vignes et prés déjà fort avancés, avaient de nouveau jeté fut entièrement desséché et brûlé, comme si l’ardente flamme y eût partout passé. Les blés en plusieurs lieux furent fort offensés, les figuiers, pêchers, chataigniers changèrent en noir obscur leur robe déjà verte, et non seulement mourut le nouveau bourgeon, mais aussi le jet de l’année précédente, tant fut grande la force de cette bruine glaciale. Les vignes 275

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de ce pays, principalement celles qui sont en gros et humide terroir, moururent presque toutes, de façons que plusieurs furent contraints de les arracher en tout ; les autres parmi les ceps semèrent du froment, millet et orge. Cette saison fut entièrement sans fruits ni huiles, et si peu de vin que la sommée du nouveau se vendit à vendanges 10 livres tournois et eût valu beaucoup plus n’eût été l’abondance du vieux, car tel se trouva qui, en 20 journaux de vigne, ne put recueillir une charge de vendange. « Ladite gelée fut générale en Vivarais, Dauphiné, Lyonnais et Bourgogne et même dans presque toute la France, devant laquelle s’était montré en apparence le commencement d’une autant bonne et abondante récolte qu’on eut vu de longtamps » (Gamon, 63-64). ~ En Limousin  : les 18, 19, 20 et 21  avril, gel des noyers et des châtaigniers (Jarrige, 1868, 71). ~ En Bourgogne : « Le 21 [avril], environ les trois heures après midi, fit un temps si mal commode, la neige et la gelée furent si impétueuses que la plupart et quasi toutes les vignes furent gelées » (Breunot, I, 12). ~ En Beaujolais : « Le xxe et xxie d’apvril 1573 les vignes gelèrent » (AD 69, BMS Chiroubles 1564-1597, vue 2). Grande Famine ~ En Lyonnais, Périgord et Limousin : « Au dict temps, fust grande famine tant au présent pays que au surplus du royaume de France et commença dès le commencement du moys de may, tellement qu’il mourust grande quantité de peuple de faim, et furent contraincts ceux du pays de Lyonnais tuer tous leurs chiens, afin que les paubvres s’alimentassent de ce qu’ils pourroient manger. « À Bourdeaulx, au dict temps, on demeura certains jours sans trouver du pain à vendre. Causant la famine, qui fust plus grande au pays de Périgort qu’au pays de Limosin, grand peuple du dict pays de Périgort se retira au dict pays de Limosin et mesme en la présente ville, où il mourust grande quantité de paubvres, et furent contraincts ceux de la dicte ville (Saint-Yrieix) faire garde aux portes afin que la ville ne fut infectée de la puantise des corps des dicts pauvres morts ; et combien que la dicte ville deux fois le jour fist l’aumosne générale, toutes foys les paubvres estoient si exténuez à leur arrivée que tout incontinent qu’ils avoient prins le manger ils mouroient. On commit deux hommes pour les ensepvelir, lesquels estoient stipendiez de la ville. « Les fruicts au dict an, par le moyen du grand froid précédent, furent fort tardifs et on ne commença qu’à moissonner sur la fin du mois de juillet, et encore au commencement du mois d’aoust il y avoit grande quantité de bled tant seigle que aultre à couper. « Advant moissonner, le peuple ne trouvant aulcuns grains pour vivre, fut contrainct couper une partie des bleds ores qui estoit dedans de la bouillie. Les cerises et les prunes advant venir à leur maturité furent mangées. « Audict an fut bien peu de fougères au présent pays, tant par le moyen du dict grand froid comme aussy les gens du dict pays auroient fossoyé les racines pour en faire du pain duquel ils vescurent, et pareillement de celuy qu’ils firent 276

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de chanabou [chènevis], par le temps de six semaines en plus, comme je sais pour avoir parlé à une infinité de paysans du dict pays qui me l’affirmèrent et l’avoir aussy vu » (Jarrige, 75-76). ~ Dans la Marche et le Limousin : « La dicte année [1573], au mois de juing et de juillet, le bled valut à Guéret 15, 6 et 7  livres, le fromant xix livres, l’avoine 6 livres tournois. Et feut la dicte année si grande cherté que mourut une infinité de pauvre peuple de faim par toute le France ou la cherté feut enquores plus grande que en ce païs. Dieu y pourvoye par sa grasse ! » (Sainte-Feyre, 309). « Au moys de may mil vc soixante treize, les richars de la present ville de Tulle aient faict grand provision de bleds […]. Le bled se vendit xlviii s : monta à iiii L […] aulcuns cachèrent leurs grains tellement que le bled se vendoit communément au marché quatre livres quinze solz, le froment six livres dix solz […]. En ce temps-là morust grand quantité de pouvres de pouvetré et misère, et aultres personnes de grand fièvre. Ô la grand misère ! » (Baluze, 189). ~ En Lorraine : La moisson de 1573 fuist très petite et j’ay pour ce le bleidz n’en fuist à meilleur marchez, mais plus cher. La famine fuist merveilleuse. En l’yver précédent, les vignes fuirent gellé et au moys d’apvril n’y eust un seul jour qu’il ne gela. L’année fuist fort froide et pluvieuse. En toute l’année, le soleil ne fuist clair 18 jours seulement. Les biens de terre fuirent morfondus. De sy peu qu’il y avoit eu de grains aux champs tant bleidz, orge, aveine, febve et aultrement, il en demeura grande quantitez à mettre dedans qui fuirent pouris aux champs à cause des pluyes continue. Ce n’estoit rien des vandanges et sy petit vin que on n’en pouvoit boire. Jamais on ne vist sy grande faulte de biens que la présente et l’année  1565. En tout le ban de Jouy on ne sceust assembler 10 charau de vin. Le vin de l’année 72, vers la Pasque 1574 se vandoit 70 fr., celui de l’année 1571 se vandoit 80  fr. la queue. C’est icy la 5e  année que en plussieurs contrées on n’y a vandangez. On ne vist aussy jamais mendier tant de pauvres gens. La pluspart du peuple ne mangeoit que aveine et gruson. La quairte de vesses tirés hors de l’aveine se vandoit 40 solz comme aussy la quairte d’aveine, l’orge 7 et 8 fr. Il régna des pauvretez sy grandes qu’aucung ont gectez de leurs enffans en la rivière, d’aultres ont portez les leurs en des villes et villaiges pour les perdre. Les gens sont estez trouvez mort sur les chemins et en les rues. Toutes sortes de vivres sont estez plus cher que on ne les avoit jamais veu » (Le Coullon, 44-45). ~ Dans le Maine  : « L’an  1573, le bled valait à Mamers 6  livres, le métail cent soulz, la mouture 4  livres, l’avoine xxv sous. Signé  : Robert Clément, curé de Mamers » (BMS Mamers, I, 248). En novembre  1573, « pénurie complète de blé et de vin » (Inv. somm AD 72, II, G 485). ~ En Bourgogne  : « La cherté a duré jusqu’en moisson ; le bled vieux coustoit alors trois francs quatre gros, le bled se vendit neuf blancs et le moindre à deux gros, et toutes aultres choses appartenant à la nourriture de l’homme estoient fort chères » (Breunot, I, 13). ~ En Poitou  : on taxe les grains à Saint-Maixent le 15  mai. « Le vendredi  15, reçûmes lettres-patentes du Roi, par laquelle nous étoit mandé que pour subvenir au pauvre peuple et pour la cherté du bled, étant partout ce royaume eussions à visiter ès maisons, arches, greniers et autres lieux de notre ressort, et contraignions tous les propriétaires desdits bleds les vendre à prix raisonnable au marché, sauf 277

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ce qui leur falloit pour leur ménage et famille  : ce qui fut publié, le lendemain, par cette ville, le boisseau de bled valoit lors en cette ville, soixante sous […]. Le 21, M. le lieutenant la Richerie, le greffier et moi, fîmes la visite des bleds étant ès maisons de cette ville, suivant la commission que nous en avions reçue, le 15 précédent ; il s’en trouva peu. […]. Le samedi 20, le boisseau de bled, mesure de cette ville, se vendoit 4 livres » (Le Riche, 155). Atrocités catholiques à Sancerre : vignerons et manœuvres acculés Pasteur à La Charité-sur-Loire, Jean de Léry rédige son Voyage fait en la terre de Brésil, quand les massacres de la Saint-Barthélemy l’obligent à se réfugier dans la ville de Sancerre, peuplée de petits cultivateurs –  les « manœuvres » – et de vignerons, qui s’affairent sur le piton. Le maréchal de La Châtre, dont les soldats ruinent les campagnes environnantes, affame la petite cite. L’un après l’autre, les interdits alimentaires sautent. ” « Dès le mois de mars, les vivres commencèrent déjà à s’accourcir dans Sancerre, et principalement les chairs de bœuf et autres dont on use ordinairement : le dixneuvième dudit mois, qui fut le jour de l’assaut, un cheval de charrette du bailli Johanneau, gouverneur de ladite ville, étant tué d’un coup de canon en charriant les fascines et terres aux remparts, fut écorché, découpé, emporté et mangé par le commun des vignerons et manœuvres, qui faisaient récit à chacun n’avoir jamais trouvé chair de bœuf meilleure […]. Et comme ainsi fut qu’il y eut beaucoup d’ânes et mulets à Sancerre à cause de la situation haute, et lieu mal accessible pour les charrettes, ils furent tous dans un mois tués et mangés. […] Or, la famine s’augmentant de plus en plus à Sancerre, les chats aussi eurent leur tour, et furent tous en peu de temps mangés, tellement que l’engeance en faillit en moins de quinze jours. À cause aussi de la disette dont on était pressé, plusieurs se prirent à chasser aux rats, taupes et souris. […] Les chiens, chose que je ne crois pas avoir été auparavant pratiquée, ou pour le moins bien rarement, ne furent pas épargnés : et en a-t-on assommé et tué qui ont été vendus, les uns 100 sols, les autres 6  livres tournois […]. Les peaux de parchemin blanc furent mangées, mais aussi les lettres, titres, livres imprimés et écrits en main, ne faisant difficulté de manger les plus vieux et anciens de cent à six-vingt ans. La façon de les apprêter était de les faire tremper un jour ou deux […] puis les faisait-on boullir un jour ou demi-jour […] et ainsi on les fricassait comme tripes. […] Le vingt et unième de juillet, il fut découvert et avéré qu’un vigneron, nommé Simon Potard, Eugène sa femme, et une vieille femme qui se nommait avec eux, nommée Philippe de la Feuille, autrement l’Émerie, avaient mangé la tête, la cervelle, le foie et la fressure d’une de leurs filles, âgée d’environ trois ans, morte toutefois de faim et de langueur […]. Et m’étant acheminé près le lieu de leur demeure, et ayant vu l’os, et le reste de la tête de cette pauvre fille, curé et rongé, et les oreilles mangées, ayant vu aussi la langue cuite, espèce d’un doigt, qu’ils étaient prêt à manger, quand ils furent surpris – les deux cuisses, jambes et pieds dans une chaudière avec vinaigres, épices et sel, prêts à cuire et mettre sur le feu ; les deux épaules, bras et mains tenant ensemble, avec la poitrine fendue et ouverte, 278

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appareillés pour manger –, je fus si effrayé et éperdu que toutes mes entrailles en furent émues » (Léry, 280-291). Ravages du capitaine Montbrun en Dauphiné ” D’avril à juillet, courses de la petite troupe protestante de Montbrun à travers les montagnes du Dauphiné (La Roche-sur-Buis, Orpierre, Serres, La Roche-desArnauds, Veynes, puis Le Monstrier, Vif, Sahune, Condorcet, Vinsobres, Nyons (2 juillet), Dieulefit, Le Poët-Laval, Soyans) (Gay, 21-22). Le 11 juillet, l’édit de Boulogne n’est qu’une trêve. Elle ne dure qu’un mois en Dauphiné où, le 25 août, Montbrun reprend les hostilités. ” Montbrun s’empare d’une vingtaine de places dans les Baronnies et le Valentinois. Lors de la prise d’Allex (Drôme), les soudards protestants mettent à mort le curé et trois d’entre eux saignent comme un mouton un prêtre devant l’église (Gay, 23). Repaire sinistre du capitaine protestant Érard dans le Vivarais ” « Parmi ceux qui avaient levé les armes en Vivarais sous le prétexte de la religion, était un jeune homme nommé Érard, du pays de Vernoux (Ardèche), qui, sortant de la basoche de Nîmes, se rendit capitaine de 80 ou 1 000 hommes de sa sorte, avec lesquels, en août de l’année sudite, à la conduite d’un homme d’Annonay qui savait les lieux, se vint jeter dans la tour du seigneur de Munas [château sur la commune d’Ardoix], sur la rivière d’Ay, près le village d’Ardoix.  Étant deux tours d’Oriol, la prochaine desquelles, soudain, il fit réparer […]. De là, il pilla et fourragea les villages de Cormes, Le Bruas, Ardoix, Fourany [Sarras],  Carret, Éclassan, Marçan [Éclassan] et autres circonvoisins, sans y rien laisser, prit et arrançonna de grandes sommes tous les paysans et autres qu’il put attraper, auxquels il billonait la tête à toute force avec une corde nouée, les tourmentait et violentait par moyens inouis, pour les faire composer à plus qu’ils n’avaient valant. Ledit Érard vivant sans religion, en toute licence de mal faire, de ces tours désertes et inhabitées, n’ayant depuis cent ans que servi de repaire aux chats huants et chauve-souris, sortirent comme le cheval de Troie tous les maux, ruines et calamités du pays (Gamon, 64-65). ” En décembre, une trève est convenue à Brogieu, hameau de Roiffieux (Ardèche) entre protestants et catholiques en vertu de laquelle « pour le soulagement du peuple » les garnisons quittent les tours d’Oriol. Peu de jours après, « les tours d’Oriol furent abandonnées et mises par terre par les paysans voisins qui se vengèrent courageusement sur les vieilles murailles, si bien que quelques uns s’affectionnant par trop, moururent sous les ruines ! » (Gamon, 67-68). Un loup-garou en Franche-Comté De septembre-novembre, quatre jeunes enfants sont dévorés. On accuse Gilles Garnier, loup-garou près des bois de la Serre et des Ruppes au nord de Dole (Châtenois, Authume et Gredisans) d’avoir « mangé deux la chair des cuisses d’une fille de 10-12 ans et d’un autre enfant de 10 ans » (AD 39, 2B 2437, 18 janvier  1574 n.  st., f° LIIII°-LV°, d’après Delsalle). Le 18  janvier  1575, un arrêt le 279

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condamne à être brûlé vif. Cet « arrêt « mémorable » prs contre « un loup-garou qui, près de Dole, mangeait les gens » rencontre un vif écho. En Beaujolais : le retour des cloches La sonnerie des cloches marque un symbole de l’identité catholique au cours des guerres de Religion alors que les protestants incendient bon nombre de clochers. La pose des nouvelles cloches de Belleville, le 14  janvier, donne lieu à la bénédiction des deux grosses, nommée « Marie » et « Anne », le vendredi 16  janvier, puis de la plus petite, « Charlotte », et de la plus grosse, renommée « Bon temps », le 19 janvier. « L’an que dessus et le mercredy su soir, entre cinq et six heures, xiiiie jour dudit moys de janvier ont esté jetées et faictes quatre clouces par maître Jehan Gauchet. « La première desdites clouches peyse xvi quintaux ; la seconde xiii quintaux ; la troisième et la quatriesme vi. Lesquelles clouches ont esté faictes de deux aultres grosses cloches, l’une appellée “Bon temps” et l’autre “Froment”, de la pesanteur de xxxiii quintaux, qui estoient demeurées, par la grâce de Dieu, en despit de rage des Huguenaux et adversaires de notre saincte foy catholique, lesquels ne les sceurent oncques rompre ny faire bruler combien qu’ils avoient mys le feu dans le clouchier où elles estoient aussi avec d’aultres piesses de métal des aultres petites clouches que ceulx de ceste ville de Belleville avoient retirés, et six centz soixante-six livres que ledit maître Gauchet a fourny de son métal. Et a eu pour la fasson desdites cloches, sans comprendre ledit métal qu’il a fourny, iiiixx livres tournois » (AD 69 en ligne, état civil, BMS Belleville, BMS 1573, vue 2).

1574 Cinquième guerre de Religion (avril 1574-mai 1576) « Il faisait cher vivre » ~ En Pays Messin  : « L’année  1574 fuist assez fertille et les biens fort bon. Touteffoys il faisoit cher vivre. Le bleidz a vallu au loing de l’année 4 fr. et demi et 5 fr. Le vin au vandange se vandoit 50 fr. le charau et à compte d’hoste 40 fr. Le vandaige à la queue a estez le plus comung 36  f. La chair et les vestement grandissimement cher » (Le Coullon, 45-46). ~ En Dauphiné : « Durant ce temps jusqu’aux vendanges, le vin fut estremement cher, plus que mémoire d’homme ne pouvoit avoir veu, car la charge fut vendue 15 F ; à Saint-Antoine, le pot valoit 4 sols. Cela était procédé tant de la gelée des vignes de l’an précédent 1573 du 21e  avril que du dégât que la gendarmerie avoit faite » (Mémoires des frères Gay, 26). L’oppression des gens de guerre ” En Vivarais : « L’exemple des voisins avait enseigné les habitants des villages de Préaux et de Saint-Jeure d’Ay [comm. du canton de Satillieu, Ardèche], presque tous laboureurs, à se garder des incursions ordinaires des gens de guerre, et pour 280

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ce faire, selon la nécessité présente, s’étaient fortifiées dans leurs églises et serré en icelles tout ce qu’ils avaient. « Mais, en l’année susdite, une compagnie de ceux de la religion surprit l’église de Préaux, n’étant soigneusement gardée, et y mit le feu. Un seul paysan fut trouvé et tué dedans et tout le butin pillé. Ceux de Saint-Jeure furent plus maltraités, car le 5  mars, en la même année  1574, le capitaine Clavel, qui commandait à Bouzas avec sa compagnie, provoqué par quelqu’un d’iceux sur son passage, ainsi que l’on dit, les voulut forcer dans leur église, et comme ils parlementaient d’un côté, quelques-uns des siens y étant entrés d’autre endroit par une guérite, s’en rendirent les maîtres. Tout le bien des pauvres gens fut pillé et 20 ou 24 hommes tués dedans, qui faisaient presque tout le nombre des habitants dudit Saint-Jeure. Cette cruauté exercée sur gens de si petite défense fut jugée par plusieurs barbare et inhumaine » (Gamon, 73-74). ” En Velay : la guerre se déplace du Vivarais au Velay. Les huguenots s’emparent d’une douzaine de places autour du Puy. Le capitaine Érard, s’illustre alors par ses atrocités à l’égard des paysans, parmi lesquelles « on récite que, pour savoir combien de temps un homme pourrait vivre sans manger, il laissa mourir de faim quelques paysans qu’il tenait prisonniers et que l’un d’eaux vécut jusqu’au neuvième jour » (Gamon, 71). ” En Bassigny : le 15 juin, avis donné au duc de Guise de l’« oppression que les gens de guerre de la compagnie du sieur comte de Vaudémont font journellement en ce pays proche les portes de la ville de Langres » (SHAL, M 578a, Délibérations, d’après Skora, 137). ” Les habitants du village de Gurgy, rayé de la carte et presque entièrement brûlé « et mis en cendre par les gens de guerre et ceux de la nouvelle opinion », demandent à l’évêque de Langres la propriété d’une coupe de bois pour la partager en parts égales et la défricher (AD 52, G278, d’après Skora, 137). À la merci des deux camps : le calvaire d’un village Lorsque protestants et catholiques se succèdent pour occuper un village et que les troupes décident ensuite d’y rester plus d’une saison, le cauchemar des habitants se transforme en enfer. À terme, le village d’Allex (Drôme) est rayé de la carte. ” « Le 20  février  1574, le lieu fut saisi et pillé par un capitaine, Jean d’Eurre, du parti de la religion, qui y demeura avec deux ou trois compagnies du seigneur de Mirable, tant de pied que de cheval, fins [jusque] au 12 juin de la dite année, il fut assiégé et battu par le canon et repris par monseigneur le prince Dauphin [François de Bourbon, duc de Montpensier, Dauphin d’Auvergne] et son armée, et de nouveau pillé et saccagé pour y être entré par assaut et force et la plus grande partie des maisons brûlées et abattues. Le prince y laissa en garnison deux compagnies de gens de pied, sous les ordres des capitaines Orient et Gerosme, du nombre de 250 soldats, qui y demeurèrent 27 mois, nourris et entretenus par les habitants ». « Au bout desdits 27  mois, les compagnies furent commandées s’en aller à Eurre, et en partant d’Allex, l’émantelèrent [la démantelèrent] et brûlèrent presque toutes les maisons qui étaient demeurées entières au siège. Depuis icellui 281

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pauvre lieu a servi de gîte et de retraite à tous soldats et troupes y rapassant » (AD 26, E13182, d’après Belmont, 1998, 62). Il n’était question que de « briganderie » ” Le 1er  février, rappel d’un grand principe  : ordonnance défendant aux gens de guerre de courir les champs et imposant aux gouverneurs de leur courir sus (Isambert, XV, n° 109). ” En Poitou : autour de Saint-Maixent : les paysans se réfugient dans les villes. « La nuit d’entre le samedi 29 et du dimanche 30 [mai], à une heure après minuit, 40 à 50 voleurs voulurent entrer à Vilaine [comm. Périgné, Deux-Sèvres], et forcèrent la grande porte, et étoient à la seconde, dans la cour du logis, dont ils furent repoussés, par ceux de dedans, qui tuèrent l’un des voleurs. Et le lendemain, le sieur dudit lieu de Vilaine, envoya sa femme et leurs enfants, en cette ville, en leur logis de d’Anzay, et dînèrent céans. » ” Fin mai 1574 : « En ce temps, tout le pays étant plein de voleurs, les bonnes gens des champs apportèrent et amenèrent tous leurs meubles, ustanciles et bétail, ès villes prochaines. Cette ville en étoit remplie » (Le Riche, 173-174). ” 22 juillet : « En ce temps, n’étoit question que de brigandrie, de manière que personne ne s’osoit mettre en chemin » (Le Riche, 185). ” En Île-de-France  : début juin  1574, selon Pierre de Lestoile, on vit paraître « plusieurs gens de guerre, tant de pied que de cheval, tenant les champs vers Trappes, Versailles, Vésinet, Viroflay et villages circonvoisins, et vivant à discrétion, desquels on ne put oncques savoir les noms et l’entreprise » (Lestoile, I, 37, d’après Jacquart, 175). ” En Valentinois : « Le 18 juilhet, les papistes du Valentinès, assemblés en bon nombre avec eschelles, s’acheminèrent ou se mirent en chemin pour aller à Loriol [Drôme] […] més estant en chemin pour parvenir au lieu et à l’heure assignée, s’escartèrent dentz de granges et metheryes pour piccorer et saccager » (Gay, 34). ” En Vivarais : un procureur de la cour des Aides de Montpellier, Claude Gentil, s’exprime ainsi dans l’ode qu’il adresse, le 24 août 1574, au jurisconsulte Achille Gamon : « L’on voit le pauvre rustique Sous la griffe tyrannique Comme le simple oiselet Dessous les griffes cruelles De l’épervier, ou de celles Du vorace tiercelet. Ores vient le capitaine Qui le frontale et le gehenne Pour en tirer tout soudain De l’argent, et s’il n’en offre, Il le met dedans un coffre Et le fait mourir de faim Après le soldat avare Plus larron que le tartare, 282

1574 Ravit meubles et bétail, Et plusieurs sont si infâmes Qu’ils contaminent des femmes Chastes, le lit nuptial » (Ode de Claude Gentil, Gamon, 84-85).

Affranchissement de serfs Lettres patentes d’Henri III affranchissant « moyennant une médiocre finance » les mainmortables du Berry, du Nivernais et de plusieurs provinces de la généralité de Languedoc, mais, en 1580, le maréchal d’Aumont, alors comte de Châteauroux, et plusieurs autres seigneurs du Berry, s’opposent victorieusement à ce qu’elles soient prises en considération (Bonnemère, 414). Le 24  août, la 4e  aliénation des biens du clergé est autorisée par un bref de Grégoire XIII pour un million d’or afin de régler « la solde et entretènement des gens de guerre et non ailleurs ». Les monastères de religieuses, les églises paroissiales et les bénéfices simples en sont exempts (Carrière, 408).

1575 Année abondante avec « merveilleuse » chaleur et sécheresse ✷ En Champagne : « Ceste année fut médiocrement bonne et valloit le septier de seigle, à Pasques xxxvi solz, l’avoine xxx solz, et la queue de vin xl livres. l’yver fut bien tempéré et y avoit belle apparence aux biens pour l’advenir » (Pussot, 9). ✷ En Pays messin : sécheresse, chaleur et bonnes récoltes. « L’année suyvante 1575 a estez meilleure que la précédente, car on a trouvez grande abondance de bleidz et aultres grains et des vins, fruitaige et foing fort bon. Depuis le moys de juing jusques après les vandanges, il fist une sy merveilleuse chaleur et sécheresse que les plus anciens n’en avoient point veu de plus grande, car les eaues fuirent plus basses que on ne les avoit jamais veu, et fuist la rivière de Mezelle, depuis ledict moys de juing jusqu’à Noël suyvant, quasy gueable partout » (Le Coullon, 46). La peste décime le Beaujolais Du 4 juin au 20 septembre, la contagion décime des familles entières à Chiroubles. n « L’an 1575 et le sabmedi iiiie juing, Pierre Velu est décédé de contagion et six enfants siens. […] n Benoist Arma est décédé aussi de contagion le xe juillet  1575, Catherine, sa femme, cinq leurs enfans. […] n Benoiste, veuve feu Vincent Reolet est décédée de contagion le ixe aoust 1575, et George, sa fille, le jour Saint-Martin 1575. n Sont decedez despuis le xe aoust 1575 jusques le xxe septembre 1575 de contagion  : À François Durand, sont decedez deux filles ; à Jehan Juenet, est décédé sa femme et neuf enfans. Plus, Catherine Dupont et ung petit fils. Plus Jacques Coteillon, sa femme et cinq enfans. Philipotte Juenet. À Jehan Jamin est décédé 283

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sa femme et quatre enfants. Requiescant in pace. Amen » (AD 69 en ligne, BMS Chiroubles 1564-1591, vue 3). n Du 14 février au 13 décembre, 87 morts de la peste à Beaujeu (E sup. 69). n Attestations de peste autour de Bourg-en-Bresse, Cambrai et Mézières (Biraben, 384). n Mariage de lépreux à Thimert (Eure-et-Loir). Sorcellerie à Montbéliard De 1575 à 1580, sévit une formidable épidémie de sorcellerie à Montbéliard. Plus de 180 sorciers sont exécutés (Jean-Marc Debard). Ravages des gens de guerre en Beauce ” « Les manans et habitans de la paroisse de Bouglainval disent et se plaignent que, depuis le vingtième jour d’octobre mil cinq cents soixante et quinze, les gens de guerre ont toujours loger en laditte paroisse, jusque le quinzième jour de juin dernier passé et, estant logés, ont prins et ransonné les personnes à grand sommes de denier, batuz, oultragez, emporté leurs meubles, leurs chevauls, forcent les femmes, violent les filles et faict toult outrage execrable, rompent leurs coffres, challitz, bancz, tables et tous leurs mesnages, emmènent 1eurs charettes et chevaux pour en tirer argent desdits laboureurs, coupent la gorge aux bestes de laine, les laissent tués manger aux chiens, et font tout aultres mauvais traitements que jamais homme n’aist ouy dire ne rien faire ; tellement que, sy lesdits gens de guerre veullent revenir, le pauvre peuple sera et est contraint laisser maison et tous leurs biens, mesme que les labours demeurent à faire et à labourer, parce que lesdits laboureurs et aultres personnes sont en tout ruynez et destruictz » (BnF, Ms fr 26324, Cahier de doléances de la paroisse de Bouglainval). Passages des reîtres ” En Bas-Languedoc. Pour secourir Saint-Firmin assiégé, le duc d’Uzès fait venir des reîtres qui brûlent les récoltes sur pied dans la campagne nîmoise, fin juin 1575. L’exemple donné en Bas-Languedoc est contagieux. En Vivarais, les campagnes sont menacées à leur tour. « À raison de quoi le pauvre peuple était en extrême crainte de perdre la cueillette pendante, joint que le sieur d’Uzès avait donné le gât par le feu aux blés de Languedoc, près Montpellier, Nîmes et Uzès où il en fit brûler infinie quantité, ayant écrit audit sieur de La Barge et aux états de Vivarais d’en faire tout de même ou les retirer dans les forts » (Gamon, 121). ” En Poitou. « Le lundi [5 septembre], les Reistres arrivèrent en ce pays, et plusieurs compagnies de gens de guerre, tant à cheval qu’à pied, qui étoient logés ès bourgs et villages voisins de cette ville, en fort grand nombre, où ledit jour et autres ensuivants, il firent grands dégâts, pillèrent et rançonnèrent les pauvres gens de village, leur tuant leurs bœufs et autre bétail et les contraignant leur fournir de vin, qui leur coûtoit 6 sous la pinte, lors se vendoit la pipe de vin 40 livres » (Le Riche, 235). ” En Lorraine. En décembre, Jean-Casimir, fils de l’électeur palatin, traverse de nouveau la Lorraine méridionale, passant par Lunéville, Charmes, Housséville 284

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et Neufchâteau et mettant « le feu en plusieurs villages, granges et métairies » (Cabourdin, 60). Les maîtres de forge en Franche-Comté L’industrie sidérurgique se concentre progressivement sous le contrôle des maîtres de forges en Franche-Comté. Le 2  janvier, Antoine Pénérot, maître de forges de Bèze, passe un marché avec deux laboureurs de Broyes-les-Loups (Haute-Saône) pour extraire 500 muids de minerai des minières d’Autrey-les-Gray, et conduire le minerai lavé au pont de Plantenay. Auparavant, certains laboureurs, propriétaires d’attelages de chevaux ou de bœufs, obtenaient directement des concessions d’extraction (la « furtraite des mines de fer ») et vendaient le minerai lavé aux maîtres de forges (AD 21, E2247, d’après Benoist, HSR 5, 1996, 138).

1576 L’année de la grande gelée (21 avril et 2 mai 1576) ~ En Forez : « L’an 1576, advint aux premiers jours de mai telle gelée aux blés et aux vignes que l’année fut sans récolte, et pour ce fut appelée audit pays l’année de la grande gelée » (Histoire du Forez, 1835, II, 202). ~ En Champagne : « L’yver fut fort beau et sec ; mais les vignes et les bleds furent gellées la veille de Quasimodo 1576, le mardi et mercredi suyvant : et continua la froydure l’espace de quinze jours, qui fut cause que le bled ne vallant que xxx ou xxxii solz le septier, monta en quinze jours jusques à iii l. t. xvi sols, et la queue de vin vallant xvi l. t. en quinze jours valloit xxx l. t. » (Pussot, 9). ~ En Lorraine  : « Le 21 dudict apvril (jour que les papistes appelloient grand vendredy), il fist une forte gelée tellement que plussieurs vignes furent du tout gelée, aultres à demy et d’aultres qui ne s’en sentoient ; le 28 dudict moys il fist encore une gelée dont les vignes en hault lieux fuirent du tout gelée, choses que l’on n’avoit jamais veu. Que premièrement tout le resin ne fuist perdus et gelez, le 2 may suyvant de reschefz, il gela sy fort qu’il ne demeura riens de vert hault ny bas. Tous fruits fuirent gelez et perdus, voire les cerises desjà prestes à rougir fuirent gelée. La pluspart des seigles gelez, briefz il n’y eust espèces de boys qui ne fuist fort offencez d’icelle gelée. Il gela par plussieurs aultres jours, mais les 3 jours susdicts fuirent les plus dangereux et ausquels les biens fuirent péris » (Le Coullon, 47-48). Inondations

~ En Poitou : « Février 1576. En ce temps, et dès 5 à 4 mois auparavant, conti

nuellement il avoit plu, et pleuvoit de telle sorte que l’on disoit que jamais l’on n’avoit vu tant pleuvoir, et sans interruption et si longtemps » (Le Riche, 250). ~ En Limousin : le 24 février, débordement de la Corrèze (Baluze, 190). ~ En Quercy : le 24 février, débordement du Lot (Sol, 1948, 250).

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1576

Reprise de pestes n Attestations de peste autour d’Amiens, Arras, Armentières, Béthune, Bourg-enBresse, Cambrai, Dijon, Lille, Lyon et Strasbourg (Biraben, 384). n Peste aussi en Lorraine, à Toul et à Vézelise (Cabourdin, 101). n Peste à Beaujeu, du 25 juillet au 16 octobre. « L’an 1576, il est mort de maladie contagieuse de peste cinq cents personnes à Beaujeu » (AD 69 en ligne, état civil, S Beaujeu 1585-1589 sic, vue 1). n Toussaint 1576 : peste à Serre et dans plusieurs villages du Dauphiné (Mémoires d’Eustache Piémond, 46). Procès de sorcellerie 1576-1606 : Nicolas Rémy condamne au feu 2 000 à 3 000 sorcières (Chr. Pfister, « Nicolas Remy et la sorcellerie en Lorraine à la fin du XVIe siècle », Revue historique, 1907). Une sexualité de compensation révélée par un procès : le 16 janvier, exécution à Arches (Vosges) de Claude Colley, jeune garçon de 18 ans, pour crime de bestialité avec une jument commis contre une haie entre Fresse et Le Thillot, au-dessus de la Moselle, le 2 novembre 1575 (AD 54, B 3481, d’après Antoine Follain). La trêve de Beaulieu et les exactions des reîtres ✷ Le 6 mai, avec l’édit de Beaulieu (paix de Monsieur), 7e  édit de pacification, le culte protestant est autorisé publiquement partout dans le royaume. « Le mardi 22  mai, nous reçûmes l’édit du roi en forme, sur ladite paix et pacification des troubles du royaume, publié en parlement, le 14 de ce mois, et lequel édit nous fîmes publier en cette ville judiciairement et d’abondance, à cri public et son de trompe, par cette ville, où fut chanté le Te Deum Laudamus par les catholiques, et fait feu de joie et festins par les lieux où lesdits feux de joie se faisoient » (Le Riche, 264). ” Mécontent de la paix, l’électeur Palatin Jean-Casimir, qui reçoit 6  millions de livres, envoie ses troupes saccager à nouveau les villages du Dijonnais et du Mâconnais. Il en va de même en Bassigny. Le village de Marcilly-en-Bassigny est incendié pour venger un soldat assommé par les habitants pour avoir voulu prendre un coq (Skora, 137). ” Représailles des paysans dijonnais sur les reîtres pillards de Jean-Casimir. « Le 14  juillet, Casimir, avec tout son camp, vint loger à Plombières et fit passer la plupart de son camp et les chariots près les murailles de Dijon, tirant à SaintApolomey, Varois, Ruffey, Messigny, Asnières et plusieurs aultres villages, quoy voyant le commun peuple que les reistres duditct Casimir emmenoient la plupart du bétail, tant chevaux, bœufs, vaches que moutons, se hasarda d’en faire demeurer pour le péage, et surgit tellement la populace qu’on se rua sur aucuns desdicts reistres égarés, et y eurent plusieurs tués, dévalisés et de leurs chevaux amensés dans la ville […]. Le 18, se départit le sudict Casimir, et fut le peuple un peu en repos et les pauvres gens de villages bien aises pour avoir moyen de s’en retourner chascun en leur maison et conduire le peu de bétail qui leur estoit resté, 286

1576

et principalement pour faire les moissons qui demeuroient beaucoup arriérées » (Breunot, 22-23). Le 18  juillet, 5e  aliénation des biens du clergé, consécutive au 5e  édit de paix (6  mai  1576). Afin d’acheter la retraite des reîtres et des Suisses de l’armée de Condé, dont les excès désolent les provinces de l’Est, la bulle de Grégoire  XIII autorise une aliénation de 50  000 écus de rente. Les comptes de l’opération ne se terminent que le 11 août 1587 après avoir rapporté près de 4 millions et demi de livres (Carrière, 409). Une plaie pour les paysans beaucerons : la « fureur » des gentilshommes Sur 50 cahiers de doléances conservés pour le bailliage de Chartres, 27 contestent non pas la structure seigneuriale mais la violence de leurs bénéficiaires. 14 dénoncent la tyrannie des gentilshommes et la peur qu’elle inspire. La violence nobiliaire est ressentie comme un pillage. Les paysans de Chaudon (Eure-et-Loir) forment le vœu « à eux humainement comporter » tandis que ceux de Chartainvilliers (Eureet-Loir) souhaiteraient qu’ils « n’aient à tourmenter les pauvres laboureurs ». À Ouarville, Moutiers, Ymonville et Louville, qui font cahier commun, mais aussi à Fains et à Ermenonville-la-Grande (Eure-et-Loir), les villageois – certainement les bons laboureurs – s’en prennent aux exactions des gentilshommes qui s’emparent de leurs chevaux et de leurs moissonneurs. « Défenses soient faites aux nobles et autres portant les armes de prendre les chevaux des laboureurs pour les mener et employer à leur service ; et, en saison d’août, de prendre par force les soyeux, faucheux et autres mercenaires qui sont pour faire recueillir les grains des laboureurs. » Pour leur part, les habitants de Prunay-le-Gillon (Eure-et-Loir) dénoncent, comme ceux de Chaudon et de Voves, les réquisitions et les extorsions que multiplient les gentilshommes tout au long de l’année. Le bétail de trait et d’élevage des laboureurs est mis en coupe réglée. Par le chantage aux gens de guerre, la noblesse de Beauce étend indument l’obligation de porter tous les grains à ses propres moulins. « Se plaignent des oppressions qui leur sont faites par les gentilshommes comme de voiturer [et prendre] chevaux, brebis, moutons, vaches, porcs, bétail et autres choses qui sont en leurs étables, toits [à porcs] et autres lieux, lesquels ils prennent sous promesse de les payer, ce qu’ils ne font, et, à faute de ne leur bailler ce qu’ils demandent, ils l’enlèvent par force, veulent battre et outrager les pauvres gens du plat pays, et journellement les intimident, et outre voulant contraindre les personnes qui ne leur sont sujets à aller faire moudre à leurs moulins ou autrement qu’ils le feront manger aux gens d’armes. » Enfin, que la justice vienne à présenter aux maisons nobles une ordonnance de saisie pour restituer les prélèvements indus, les seigneurs intimident les commissaires qu’ils tiennent sous leur joug. Les villageois de Luplanté (Eure-et-Loir) résument cette tyrannie  : « Les sergents malingres refusent exploits contre les gentilshommes qui vexent, pillent et tourmentent le pauvre peuple en prenant des ordonnements par sinistres moyens. […] Aussi, quand ils font saisie sur gentilshommes, y établissent commissaires simples personnes qui craignent la fureur des gentilshommes saisis, aiment trop mieux pour cette contrainte bailler audit 287

1576

sergent ce qu’il leur plaît de prendre de deniers pour de là être exemptés d’entrer à autres commissions ruineuses. » De leur côté, les protestants d’Illiers dénoncent la tyrannie de la noblesse dans le cahier qu’ils rédigent à part  : « Remontrent qu’à cause des longues guerres et faute de justice, plusieurs de la noblesse se sont élevés et plusieurs autres, sous ombre des armes, qui pillent et molestent le peuple, s’emparent de leurs biens tant meubles que héritages, leur envoient des gens d’armes, les font piller, battre et tuer » (BnF, Ms fr 26324, d’après Constant, 1981, 291-297, 345). « Nous sommes las ! » : révolte des paysans du Sud-Ouest Révolte des paysans de Gascogne, Agenais, Quercy et Périgord  : « En ce temps, l’on disoit que les communes de Gascogne, d’Agenois, de Quercy et du pays de Périgueux s’étoient élevés et pris les armes, et auroient pour leur devise, ces mots : Nous sommes las ! » (Le Riche, 251). Mention de sainfoin dans un bail à métairie du haut-Poitou : indice d’innovation qui va de pair avec les prix exceptionnels atteints par les bœufs et les brebis et l’attention marquée par la propriétaire pour la nourriture du bétail (Raveau, 1926, 179).

1577 États généraux de Blois (6 décembre 1576-2 mars 1577) Sixième guerre de Religion (mai-septembre 1577)

Froidures printanières ✷ En Brie. Fréquentes gelées en avril et mai « lorsque les seigles sortaient hors du fourreau et entraient en épis, les navettes en fleurs et les vignes en bourgeon. Les jours de ladite gelée furent les 6, 7, 8, 10, 15, 20, 21, 22, 23, 24 et 29 avril et les second, 3, 5, 7, 10 et 11e  jours de mai, esquels jours pour la plupart gelait à glace par une gelée noire qui faisait baisser la tête aux fèves et orties jusqu’à terre ; toutefois, ne porta dommage qu’ès vignes qui étaient en bas lieu et qui étaient fraîchement labourées du jour de devant ladite gelée.  Et pour ce, les sages vignerons laissèrent leurs vignes à labourer jusques après lesdites gelées passées […]. Le reste du printemps fut encore sec pour la plupart, et sur la fin pluvieux  et venteux par pluies et vents froids, qui furent cause de plus grand dommage aux vignes que n’avaient fait les gelées susdites » (Haton, III, éd. 2005, 463-464). Fin mai, début juin, en Brie, les orages de grêle en Brie sont « si terribles que les biens des champs en furent gâtés et perdus, et notamment entre Sens et Troyes, environ 9 lieues de long et une de large, et commença dès le village de Mallay, en tirant à Saint-Mars, Aix-en-Othe et jusque près de Troyes. Et y fut la foudre si cruelle que le pays pensait être quasi en abîme. La grêle y est si grosse que l’on trouva des loups morts par les champs, qui avaient été frappés d’icelle, chose qui semble incroyable » (Haton, III, éd. 2005, 468-469). 288

1577

✷ En Champagne  : « Il ne fut que bien peu de vin, à cause des froydures qui

furent grandes ès moys de may et juin, tellement qu’il valloit à la vendange L livres la queue et augmentant de là en avant, jusques environ les Avantz, pour le haulsement des monnoyes » (Pussot, 10). ✷ Autour de Metz : « Ladicte année 1577 ait estez assez abondante en bleidz, vin et fruitaige, mais peu de foing. Ils furent quasiement perdu à cause des grande eaues qui survindrent au moys de juillet, qui fuirent aussi cause que les raisins coulèrent aux vignes. Nonobstant, il y eust du vin raisonnablement et estoit à présumer qu’il n’eust vallu que environ 20 fr. la queue et la quairte de bleidz 18 gr. Mais à cause de la guerre du Pays Bas, la queue, depuis la Saint-Martin jusque la Pasque 1578, se vanda de 36 a 40  fr. et le bleidz 3  fr. Les vestemens sont estez fort chers speciallement la chausseure qui a redoublez de plus de la moitiez que les années précédentes » (Le Coullon, 50-51). Réglementation des monnaies et du commerce « L’écu valut VI L et le teston XXX s » (nota du curé de Prudemanche, baptêmes 1564-1604, AD 28 en ligne, vue 29). Ordonnance imposant de ne vendre qu’aux marchés et non dans les greniers. Un arrêt interdit les achats de vins par les marchands parisiens à l’intérieur d’une zone d’exclusion de 20 lieues (88  km) autour de la capitale. La mesure favorise le succès des vins d’Orléans. Dévastations militaires et réactions paysannes ” Apparition de ligues paysannes dans le Vivarais autour de Largentière. Elles se chargent de faire justice elles-mêmes, comme au Petit-Paris dont elles massacrent la garnison. Le 17 septembre, paix de Bergerac, 8e  édit de pacification, confirmé par l’édit de Poitiers : le culte réformé est restreint aux faubourgs d’une ville par bailliage ou sénéchaussée. ” Novembre  : nouvelle traversée de la Lorraine (Dombrot, Vicherey et VilleySaint-Étienne) par les troupes du roi d’Espagne. Des Français, Bourguignons et Lorrains commettent des dégâts au nord-est de Toul (Cabourdin, 61-62). ” Émotion et assemblée de 500 personnes accourues de Bernay et des villages de Courbépine, Plasnes et Valailles, pour tomber sur les soldats de la compagnie du « capitaine Saint-Martin le Luthérien », responsables du sac de Bernay (AD 76, 1B 3182, 19 décembre 1578, d’après Mouchel-Vallon, 857).

1578 Année sèche ✷ En Brie : en mai, grande sécheresse et procession en Brie (Haton, IV, éd. 2007, 40). 289

1578

✷ En Pays messin  : « Ladicte année  1578, depuis le moys de may, a estez fort

chaude et seiche, tellement que on a eu grande quantitez de bleidz, orge et aveine, peu de foingz et point de fruitz, car en apvril toutes les fleurs fuirent mangées de vermine. Les vandanges ont estez aussy abondante partout, et les vins estimez aultant bon qu’ilz ont jamais estez depuis la chaude année : jasoit labondance sy ait il vallu le plus comung durant les vandange 30 fr. le charau » (Le Coullon, 53). Loups mangeurs d’hommes ~ En juillet, « en divers lieux par le royaume et nommément en la ville de Nogent et villages voisins, comme aussi au pays de Laonnois ès environs de la ville de Laon et Notre-Dame de Liesse, que les loups ou autres bêtes sauvages et féroces se jetèrent sur les personnes, hommes, femmes et petits enfants par les champs et près les maisons des villes et villages pour les dévorer et manger. Et plus se jetaient sur les petits et moyens enfants qui n’étaient de défense comme de 10 et 12 ans, que sur les grands. Comme l’expérience s’en démontra audit Nogent esdits mois dessus dits, où un loup ou autre bête se transporta en plein jour à une fois et sur le soir à une autre fois sur le gravier de la rivière, où les enfants de ladite ville se baignaient, où, à chacune fois y eut un desdits enfants dévoré par ladite bête qui, ayant fait ce mal, se retirait aux bois du Parc de Pont, où en fit le semblable en plusieurs lieux des villages d’alentour. « Pour laquelle beste chasser ou prendre les habitans des villes de Nogent et Pont-sur-Seine, des villages de la Saulsotte, de Marnay, de Crancey, de Fogeon, de Saint-Aubin et de Quincey s’assemblèrent avec les gentilshommes et leurs chiens, avec port d’armes, le dimanche treziesme jour dudit moys de juillet auquel jour ne prindrent pour toutes bêtes qu’un gros vieil loup qu’ils estimèrent ladite bête qui avait dévoré tant d’enfants parce que depuis la prise dudit loup, pour le reste de l’année, ne fut plus nouvelles qu’ès environs dudit parc de Pons aulcune bête fit mal aux personnes. De parler de ceux du pays de Laonnois et comment ils se défirent des bêtes qui mangeaient les gens de leur pays, je n’en ai ouï parlé à la vérité. Et est ici la seconde année consécutive qu’en ce pays y a eu enfants dévorés et péris par les bêtes féroces et sauvages ainsi que l’avons montré l’an dernier passé » (Haton, III, éd. 2007, 121-122). Sécurisation des grands chemins Arrêt du Parlement de Dole du 4 décembre 1578 obligeant les communautés riveraines à entretenir, réparer et « rendre commodes » les grands chemins au moins deux fois par an. Les bois et bosquets latéraux doivent avoir été coupés sur 5 toises de chaque côté du chemin afin que les brigands et larrons ne puissent s’y cacher pour attaquer les voyageurs et les marchands. Mesures réitérées le 2  avril  1583 et le 7 septembre 1609 (Delsalle, 263). Essor des ligues paysannes Naissance de ligues paysannes en Dauphiné pour se protéger mutuellement contre les gens de guerre, catholiques et protestants. Les consuls de Sauzet (Drôme) 290

1578

constituent une ligue de « l’équité » avec les commnautés voisines (Adolphe de Coston, Histoire de Montélimar, 1883, 392). « À l’origine, ces ligues de paysans furent une protestation énergique et légitime contre les guerres civiles et les maux sans nombre qu’elles entraînaient à leur suite ; pillés, maltraités et rançonnés par les capitaines catholiques et protestants, qui tous disaient agir pour le service du roi, les bourgeois et les paysans s’empressèrent de s’enrôler parmi les amis de la paix et se coiffèrent pour constater leur affiliation d’un chaperon sans cordon. Ce commencement d’organisation date de la fin de l’année  1578 ; bientôt le mouvement gagne en intensité. Au commencement de 1579, les paysans se procurent des armes et se sentent assez forts pour tenir la campagne. Au son du toscin et de cornets faits sur le modèle de ceux dont les Suisses usaient dans les combats, ils courent sus aux gens de guerre, de quelque parti qu’ils soient, chassent les garnisons, refusent vivres et passage aux troupes armées, les harcèlent et s’emparent des châteaux » (Roman, 23). Mariages précoces à Athis-sur-Orge « Le 14 septembre [1578], furent fiancés Jean Quihou, fils de Jean Quihou l’aisné, et Sébastienne Le Cueur. Les premiers bans le xxie et les iie le 28, les derniers le 5e octobre, et furent mariés le 19 dudit mois » (AD 91, Athis-Mons, M 1560-1621, vue 14). Le 19 octobre 1578, en l’église Saint-Denis d’Athis-sur-Orge (auj. Athis-Mons, Essonne), Jean Quihou le jeune épouse Sébastienne Le Cœur. À la génération antérieure, la mère et le père du marié ont disparu en 1569 et les deux veufs se sont remariés ensemble. Le jeune garçon a une vingtaine d’années et la jeune mariée 14 ans et demi, puisqu’elle est née sur place le 24 février 1564. Dans ce ménage de vignerons du petit village de Mons-sur-Orge, comme il y en a beaucoup sur les coteaux de la Seine, le mariage donnera lieu à neuf enfants, après une première naissance longue à venir, celle de Fiacre –  prénom emblématique de l’activité viticole – le 10 septembre 1583. À la campagne, ce retard à la première naissance est fréquent alors chez ces jeunes mariés. Dans cette paroisse rurale du sud de Paris pour laquelle la qualité des registres autorise une reconstitution des familles aussi précoces, 16 jeunes mariées sur 50 observables de 1578 à 1599 ont moins de 18 ans (32 %) ! Ensuite, l’élévation s’opère par étapes : de 1600 à 1634, il en reste encore 27 sur 112 jeunes mariées de moins de 18 ans (24 %) mais seulement 8 sur 129 (6 %) de 1635 à 1670. Sous Henri III comme sous Henri IV, le modèle médiéval de la nuptialité reste visible. De 1595 à 1620, l’âge moyen des premières mariées est de 19,1 ans (contre 32,3 ans, de 1635 à 1670). La benjamine, Marie Rayer, transgresse même d’un mois, le 23  avril  1606, l’obligation canonique des 12 années accomplies en convolant avec un autre vigneron, Antoine Sesourge. Cinq jeunes mariées ont alors moins de 15  ans  : en 1578, Sébastienne est l’une d’entre-elles (Moriceau, 1978, 19).

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1579

1579 Septième guerre de Religion (octobre 1579-novembre 1580) Séisme en Limousin ~ 26 janvier : séisme aux environs de La Châtre (Quenet, 579). ~ 10 août : tremblement de terre en Limousin à Saint-Sylvestre (Haute-Vienne). « Sous l’abbé François de Neuville, le 10 août 1579, jour de la fête de saint Laurent, il y eut à Grandmont un tremblement de terre pendant une heure. Tous ceux qui étaient à la messe s’enfuirent de peur. » Or une chronique écrite à Ayen entre 1579 et 1585 dit « qu’en l’an 1579 il y eut à Limoges et autres lieux circonvoisins un tremblement de terre » (André Lecler, Dictionnaire historique et géographique de la Haute-Vienne, 1902-1909). Année pourrie ✷ En Pays messin : « Depuis le moys d’octobre 1578 jusqu’au my apvril 1579, le temps a tousjours estez pluvieux tellement que les rivières ont estez desbordées 10 ou 12 foys qui ont portez grand dopmaige. […] Ladicte année  1579 ait estez fort pluvieuse et froide. Si quelques foys le soleil s’a demonstrez, il estoit fort bruslant, ne durant guères. Puis le temps de pluye recommançoit tellement qu’on a eu grande peine à mettre les grains en grainge et y en ait eu grand nombre demeurez et pouris aux champs. Dont s’est ensuyvis que les vieux bleidz et le vin ont remontez de jour à aultre. « Es moys d’aoust, septembre et octobre a estez tant de pluye et le temps sy froit que les raisins n’ont sceu meurir nom pas à demy ; on n’a comencez de vandanger que depuis le my octobre, on en a assez trouvez, ils estoient fort fiers, qui fist chérir le vin vieux. Il gela vers les 26 et 27  octobre sy fort que ce qui estoit à vandanger ne valust riens. Pour la malignitez du temps on n’a peu semer plus de la moithiez des terres préparées, qu’a fait remonter le bleidz de plus de la moithiez ; car en l’estée, il ne valloit, comme il avoit fait auparavant que 2 fr. ou environ, et voyant la fautte de semer et la moisson froide et petite, il a vallu 5  fr. Les rivières, depuis Saint-Martin 78 jusqu’à Saint-Martin 79, sont estées desbordées 25 ou 26 foys » (Le Coullon, 53-55). ✷ En Champagne  : « Ceste année fut fort humide et n’estoient les vins et les bleds guère bons, pour l’humidité de la moisson et temps, après. Toutesfoys, y avoit beaulcoup de raisins aux vignes mais ne purent meurir, qui fut cause que le vin n’estoit pas bon ; et valloit la queue du vin vieil à la vendange, L l., et le bled nouveau xxxvi solz, et la queue de vin nouveau xv et xx l.  Mais parmy la vendange, avint une forte gellée, dont ce qui pendoit encore aux sepeaux furent si fort gellés que plusieurs vendangeoient et rapportoient la vendange avec des sacs. Laquelle gellée commença le xxie de octobre et fut la vendange fort tardive ; de sorte que les vins qui furent gellés n’estoient guère bons et ne valloient à Noël que vii l. la queue » (Pussot, 11-12). 292

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✷ En Beaujolais  : « Le vendredi saint

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apvril 1579, un vent terrible gela les bledz » (AD 69, BMS Chiroubles, 1564-1597, vue 2). 28  février  : édit de Nérac, 9e  édit de pacification étendant la portée des édits de Poitiers et de Bergerac. Les protestants obtiennent le droit de construire des temples et de s’imposer pour pourvoir à l’entretien de leurs pasteurs. Ils reçoivent 14 places de sûreté supplémentaires mais seulement pour six mois. xvii

Victoire de ligueurs paysans ” En janvier, victoire de la ligue des paysans de Marsaz et de Chantemerle (Drôme), dans la baronnie de Clérieux, sur la compagnie de gens de guerre de Jean de Bourellon, seigneur de Mures. « Ceulz d’un aultre villaige nommé Chantemerle furent associés avec ceulx dudict Marsas au moien de quelque assemblée, à laquelle assemblée, qui fut faicte au mois de janvier mvc lxxix soubs couleur d’un reynage, fut résolu qu’ilz feroient une ligue des gens du tiers estat et qu’ils courroient, comme dessus a esté dict, contre les gens de guerre […] ausquelles furent appellés la plus grand part des villaigeois de six lieux a la ronde, commenceans a se munir d’armes en ladicte ville de Romans par le moien d’un forgeron ou quinquilleur de Forets, qui en apportoit dans icelle grand quantité » (BnF, Ms fr 3319, 137 et suiv., d’après Roman, 30). Les campagnes du Vivarais plongées dans l’Apocalypse 13  mars. Requête des ligues paysannes du Vivarais au roi pour le prier d’avoir enfin pitié de ces « pauvres misérables, martyrisés de désolés hommes ». Les requérants dénoncent les exactions dont ils sont victimes de la part des gentilshommes, des capitaines et des soldats qui pillent les maisons et les granges, enlèvent les outils et le bétail, incendient les moissons. Tout aussi redoutables les gens du fisc qui lèvent des tailles, des droits de péage et toutes sortes d’impositions, souvent irrégulières. Pour éviter la prison, les paysans sont contraints à se sauver, à emprunter et à vendre leurs biens pour satisfaire des usuriers aussi implacables que les receveurs et les soldats. « Nous ne sommes plus les maîtres de nos biens, l’usufruit est à eux ». Les atrocités dénoncées sont dignes de l’Apocalypse, même s’il convient de ne pas les généraliser. Elles reflètent la vulnérabilité des paysans laissés en proie à la cruauté et au sadisme de soldats, indisciplinés et galvanisés par les oppositions religieuses : « Les uns ont été liés de grosses cordes et chaînes aux environs de leurs têtes et fronts, et tellement pressés et étrents, que les yeux crevés et escarbouillés leur sont sortis hors d’icelles, avec un hideux, horrible et épouvantable spectacle de telle façon de martyre. Les autres ont été enterrés vifs dedans la fange, là où ils sont misérablement pourris avec une insupportable puanteur, horribles et épouvantables hurlements et cris, en une misère exécrable. Les autres ont été jetés vifs dedans des citernes et fosses basses, et là laissés comme des chiens, criant et hurlant misérablement. Les autres ont été serrés dans des coffres pour éprouver combien ils pourraient vivre sans avoir air. Les autres, tant hommes que femmes, ont été mis dans des clochers, tours et autres lieux, desquels les 293

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portes ont été murées, et là abandonnés et oubliés par l’espace de plusieurs jours, sans être visités, alimentés ni nourris, pour expérimenter par la plus cruelle et longue façon de mort qui soit, combien de jours ils pourraient vivre sans manger. Les autres ont été liés et garrottés sur des bancs et aux pieds de leurs lits ou arbres, au meilleur et au plus profond des forêts et montagnes. Et aux autres fricassés leurs pieds avec graisses, dont les uns sont décédés et les autres demeurent impotents. Les femmes et les filles ont enduré toutes les violences, injures, indignités et opprobres. » Réduits à la plus grande misère, les habitants du Vivarais étaient réduits à se « substanter de pain de gland, chataigne et merc de grappe de raisin » (Chareton, 1913, 82-84, et Albin Mazon, 1901, Notes et documents sur les Huguenots du Vivarais, III, 297-300). Une prise en compte des désordres : l’ordonnance de Blois En mai 1579 est signée l’ordonnance de Blois, rendue sur les plaintes et doléances des États généraux assemblés en novembre 1576, relativement à la « police générale du royaume ». Même s’il y a loin des principes à leur application effective, ce texte fournit un cadre de référence qui intéresse de nombreux aspects de la vie rurale : le paiement des dîmes, les baux à ferme des gens de mainmorte, l’état civil, les crimes aux champs, la chasse et les gens de guerre sont des questions d’actualité. Ce rappel à l’ordre, très théorique, fournit un tableau des exactions de tous ordres, commises alors dans les campagnes. Art. 49. Pour rétablir le paiement de la dîme universelle. « Toutes personnes de quelque état, qualité et condition qu’ils soient, tant propriétaires que possesseurs, fermiers et autres tenanciers de terres, vignes et autres héritages sujets au droit de dîme, seront tenus faire signifier et publier aux prônes des églises paroissiales, où sont situés et assis lesdits héritages, le jour qui aura été pris et désigné pour dépouiller et enlever les fruits et grains venus et crus sur iceux, et ce le dimanche ou fête prochaine précédente icelui jour, afin que lesdits ecclésiastiques, leurs receveurs, fermiers ou commis s’y puissent trouver, faisant expresses inhibitions et défenses à tous détenteurs et possesseurs desdits héritages sujets à dîmes, de mettre en gerbe, enlever ou emporter les fruits d’iceux, sans avoir préalablement payé ou laissé ledit droit de dîme, à la raison, nombre et quantité qu’il a accoutumé d’être payé. » Art. 79. Pour réglementer les baux des collèges. Limitation à 9  ans de la durée des baux des collèges, obligation de procéder à des adjudications publiques et interdiction des pots de vin. « Les supérieurs, seigneurs, maîtres et principaux ne pourront faire baux à ferme ou loyer de maisons, fermes, censes, terres, seigneuries et autres revenus desdits collèges, qu’en public, au plus offrant et dernier enchérisseur  : et à cette fin seront mises affiches aux portes des églises paroissiales, et publiées aux prônes des messes paroissiales des lieux où sont les choses à bailler situées et assises ; avec défenses de prendre pots de vin ni avances desdites fermes, sur peine de quadruple. Et ne pourront faire lesdits baux à plus long temps que de 9 années, sur peine de nullité desdits baux qui auraient autrement été faits. » 294

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Art. 181. « Pour éviter les preuves par témoins, que l’on est souvent contraint faire en justice, touchant les naissances, mariages, morts et enterrements de personnes, enjoignons à nos greffiers en chef de poursuivre par chacun an tous curés, ou leurs vicaires, du ressort de leurs sièges, d’apporter dedans deux mois après la fin de chaque année, les registres des baptêmes, mariages et sépultures de leurs paroisses faits en icelle année […] et seront tenus lesdits greffiers de garder soigneusement lesdits registres pour y avoir recours, et en délivrer extraits aux parties qui le requerront. » Art. 198. « Parce que nous avons été averti que plusieurs voleries, meurtres et assassinats se commettent par les champs par personnes masquées, nous voulons qu’il leur soit couru sus par les autorités de justice. » Art. 285. Protégeant les cultures sur pied des dégâts liés à la chasse. « Défendons pareillement aux gentilshommes, et à tous autres de chasser, soit à pied ou à cheval, avec chiens et oiseaux sur les terres ensemencées depuis que le blé est en tuyau ni aux vignes depuis le premier jour de mars jusqu’à la dépouille à peine de tous dommages et intérêts des laboureurs et propriétaires. » Art. 298. Contre les excès des gens de guerre. « Les villages esquels lesdites compagnies de gendarmes ou gens de pied auront logé seront récompensés ou soulagés de ce qui sera avisé à la contribution des frais des étapes. » Art. 301. « Ne séjourneront lesdits gens de guerre qu’une nuit aux villages qui leur seront baillés pour loger, sans qu’il soit permis auxdits gens de guerre vaguer et s’écarter de village en village pour mal faire et piller le pauvre peuple, sous peine d’être pendus et étranglés. » Art. 310. « Défendons à toutes personnes, sur peine de la vie, d’aller à la suite des compagnies de gens de guerre, soit pour y vivre à leur aveu et acheter d’eux butin, qu’autre chose. » Un enjeu pastoral : les hautes-chaumes des Vosges Le 23  juin, un coup d’arrêt est donné aux entreprises des Alsaciens de la vallée de Munster sur les hautes-chaumes des Vosges pour l’estivage du bétail. Les chanoinesses de Remiremont abandonnent au duc de Lorraine leurs droits « en toutes et chacunes les montagnes, côtes et pâturages des chaumes ». Charles III ordonne un abornement général pour limiter les défrichements sauvages aux dépens des forêts. Un plan cavalier est levé sur les instructions du président de la chambre des comptes, Thierry Alix. Placé sous l’autorité unique du duc de Lorraine, le « grand pâturage » est soumis à une organisation rigoureuse : à chaque « gazon » est affecté une capacité d’accueil d’une quarantaine de bêtes à cornes, soit une pression pastorale de l’ordre de 1 600 bovins pour l’ensemble des chaumes (AD 54, B 617 et B 877 ; AD 88, G 879, d’après Garnier, HSR 17, 2002, 125-134).

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1580 « Année fâcheuse »

~ Autour de Metz  : « L’année  1580 a estez dès l’yver jusqu’au my juillet assez

fascheuse. Tantost froidz, gelée en apvril et en may. Plusieurs grandes pluyes comme le 12 may, jour d’Ascension, il en tomba tellement et sy largement qu’elle emmenna de plusieurs vignes et terres en lieux panchant une infinité de terre et fist un merveilleux dopmaige. Mesme au moys de juillet il pleut 15 jours continuellement, speciallement les deux derniers jours quelle voulust cesser, il pleut sans cesse tellement qu’il y eust une grande partie des foingz pouris et gastez. Depuis jusqu’au dernier jour de novembre tout ce qui ait tombez en somme ne faisoit une bonne nuée, tellement que la seicheresse ait estez merveilleusement grande, qu’a fait que on ait eu des bons bleidz et de fort bon vin mais peu. Les terres estoient sy sec qu’il en est demeurez en l’autonne grande parties que on n’a sceu semer. Plusieurs aultres semées au commencement d’octobre (le grain n’ayans aucune humeur) est demeuré en terre en mesme estat que sur le grenier, tout lesdicts moys d’octobre et novembre suyvant. Tout chacun estoit émerveillez de veoir une telle saison non veue ny cognue de semblable auparavant. La Mouselle fuist sy courte que les chiens de moyenne taille la passoient encore [sans nager], le dernier de novembre. Les puix fuirent taris et avoit on grande disette d’eaux » (Le Coullon, 55-56). ~ En Flandre  : autour d’Hazebrouck. « L’été de 1580 fut très sec et sans une goutte de pluie » (Livre de raison de Nicolas Van Pradelles, 17). ~ 6 avril : séisme dans le détroit de Calais d’intensité MSK 7,5 (base SISFRANCE et Quenet, 553, 579). Le grand retour de la peste n Peste attestée autour d’Aix, Aurillac, Avignon, Cambrai, Chartres, Châteauroux, Château-Thierry, Clermont-Ferrand, Grenoble, Issoudun, Laon, Lyon, Marseille, Mauriac, Murat, Orléans, Paris, Riom, Rodez, Rouen, Saint-Flour, Sedan, Senlis, Thiers, Troyes et Vierzon (Biraben, II, 384). n Peste et « coqueluche » à Paris conduisant à fuir tout ceux « qui avaient fermes, métairies et maisons aux champs pour se retirer ». Ainsi, la maladie, née à Paris, « s’épandit par maints villages, bourgs et bourgades et petites villes d’alentour, où il meurt grand peuple de cette maladie, et y fut plus cruelle et dangereuse qu’à Paris ». En novembre 1580, on interdit aux habitants d’Orly, frappés par la peste, de mêler leur bétail à celui des villages voisins. La peste se répand pour plusieurs années en Île-deFrance (Haton, IV, éd. 2007, 305-307, et Lestoile, I, 244-250, cité par Jacquart, 176). n Peste dans le comté de Nice. « Una crudelissima pesta nella città » écrit Pastorelli, témoin oculaire. Pendant quatre mois, la peste fait des ravages dans tout le comté (Rossi, 2010). En Dauphiné : destruction des ligues paysannes Février : les bourgeois font des courses dans les campagnes, massacrant les paysans comme pourceaux (Le Roy Ladurie, 1979). 296

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Le 26 mars, massacre d’une bande de 2 000 paysans à Moirans par les armées de Maugiron et de Mandelot (Gay, 170 et Roman, 1877, 26). Le 11 mai, dans le Vivarais, l’assemblée mixte de Chomérac jette les bases d’une nouvelle union pour faire respecter la liberté de l’agriculture et du commerce. Une trêve rapidement violée par les deux camps, mais symptomatique du besoin de pacification. Le 17  août, le duc de Mayenne entre à Livron (Drôme) qui est démantelé. Trente-deux autres places et châteaux du Bas-Dauphiné sont abattus dont de nombreuses tours qui dominaient les villages du Dauphiné  : Sainte-Croix, Le Puy-Saint-Martin, Eyzahut, Châteaudouble, Loriol, Grane, Savasse, Saint-PaulTrois-Châteaux, Saint-Restitut, Tulette et Vinsobres (AD 26, E 614, et Gay, 186). La paix de Fleix : quatre années de répit Le 26  novembre, la paix de Fleix confirme l’édit de Poitiers et les articles de Nérac. Elle accorde le maintien de 15 places de sûreté aux protestants pour 6 ans. Pendant quatre ans, jusqu’à la mort du duc d’Anjou, frère du roi, le 10 juin 1584, et le Manifeste de Péronne du 31 mars 1585, une paix relative s’instaure. C’est la trêve la plus longue dont profitent les campagnes au cours des guerres de Religion. À Montpazier (Dordogne), bastide protestante, « Savy, sindic et autres habitants de ladite ville et juridiction firent feux de joie avec grande allégresse au milieu de la place et grand tintamarre d’arquebuse et autres instruments. Et après les prières furent facites par Monsieur Bellot, ministre de la parole de Dieu » (AD 24, 2E  1432/1, Journal de Pourquery et Massoubre, de Montpazier). Premières victimes de loups identifiées Les séries d’actes de sépulture comportant des enfants sont encore très rares. C’est tout le prix des registres de Marboz (Ain), où le curé enregistre tous les types de décès. C’est l’occasion d’identifier les victimes d’attaques de loups  : des enfants, souvent orphelins, qui constituaient des proies faciles pour le prédateur. ~ « Le 10 febvrier, a esté inhumé Jullian, filz de feu Guillaume Daujat, lequel fut ossis des loups. « Le ii juingt mil cinq cens huictante, ha esté inhumé Jehan, filz de feu Guillaume Rachard, de Monttigny, lequel fut ossis d’ungt loud et estoit ledit Jehan en l’aage de seze ans. Dieu veulle par sa grand clémence et miséricorde appaiser son ire et preserver tous les aultres de telle mort et infamenie ! « Le 2 septembre, ha esté inhumé [en blanc], fils de feu Anthoyne Belleysaux, de Montagny, lequel ha esté tuhé du loud et mangé dessus la seincture en bas. « Ledit jour, ha este inhumé la fille de Pierre Gautier, que le loud tuha. « Le 12 jour septembre, ha esté inhumée Jane, fille de Jehan Vullin, laquelle le loud tuha » (AD 01 en ligne BMS 1580-1584, 1-2). Droit de clôture en Bretagne Alors que la « Très Ancienne Coutume » de Bretagne n’en disait mot, le texte de la Nouvelle Coutume, établi en 1580 par Bertrand d’Argentré, lui consacre un article. Les centres d’intérêt se sont déplacés. Les droits collectifs de vaine pâture 297

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(guerb) cèdent désormais le pas au droit individuel de clore. « Si aucun veut clore ses terres, prés, landes ou autres terres décloses […] nonobstant longue tenue d’y aller et venir pâturer durant qu’elles étaient décloses » (Antoine, 208). Varia Septembre  : Réformation de la coutume de Bretagne ; rédaction de l’usement de Rohan (Sée, 1968). Prise des châteaux de Kerouzéré et de Roscanon par les paysans bretons, qui massacrent les nobles mais sont défaits par les royalistes à Carhaix (Moreau, VII, 78 et 98 d’après Sée, 497).

1581 Ouragan de Pâques, le 26 mars ~ En Île-de-France  : « Grande fouldre et tempeste par tout le pays de France  : plusieurs églises, maisons, arbres bresillez [écrasés] et plusieurs hommes tuez » (E sup. 28, IV, Gilles). ~ En Drouais : « Ce jour fut une grande foudre » à Prudemanche (Eure-et-Loir) (AD 28 en ligne, S 1564-1604, vue 11). ~ En Pays de Bray : « Survint un vent si horrible et impétueux que plusieurs châteaux, temples et bâtiments furent ruinés et abattus, et plusieurs arbres arrachés, ce qui étonna fort le peuple pendant 7 à 8 heures que ce vent dura » (Bouquet, 33). ~ En Champagne  : « Le jour de Pasques fut un vent fort grand et oultrageulx qui causa et fict plusieurs grandes ruynes mesme en plusieurs pays » (Pussot, 12). ~ En Bourgogne, le 3  juin  : « le semmedy troiziesme jour du mois de juin, il tumbaz de la grelle environ trois heures après midy, qui gataz beaucoupt de finage depuis Gevrey jucque à Dijon, les grains et les vingne » (famille Robert, 109). Belles récoltes ✷ Bel août en Champagne : « En ce temps fut belle et bonne moisson » (Pussot, 13). ✷ Belles vendanges en Poitou. « En ce mois, furent les vendanges en ce pays, fort en abondance, et plus de moitié que l’on n’en espéroit, car celui qui avoit accoutumé recueillir une pipe de vin en de manière qu’il y eut tel défaut de vaisseaux pour recueillir la vendange et vin, qu’il fallut faire foncer les cuves où l’on fouloit ladite vendange, et s’aider des cuviers et ponnes à lessive ou buhée, pour y mettre le vin. Durant le temps des vendanges, il fit beau temps, sans pluie, sauf le mardi 27 qu’il plut » (Le Riche, 347-348). ✷ Bilan plus mitigé autour de Metz. « L’année 1581, il y avoit grande espérance qu’elle seroit assez fertille en grains, vins et fruitz, voire jusques à la moisson on estimoit que on trouveroit beaucoupt de bleidz. Mais on fuist frustrez  : car ils reviendrent sy mal que le bleidz fuist fort renchérys, tellement que depuis la moisson passée, ce fuist pitiez de veoir mendier une infinitez de pauvres gens. Quant au vin il en fuist assez raisonnablement. Mais à cause que la saison avoit estez plus froide que chaude, on différoit de vandanger jusques vers le 10e jour d’octobre. Touteffoys le 4e  jour, il vint une forte gelée qui ne laissa aucunes feuilles vertes 298

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ny es vignes ny es arbres et convint vandanger à toute diligence : que fuist cause que les vins fuirent aucunement diminuez de leur force. Sy estoient il assez bon, mais il se vandoient mal à cause que le bleidz estoit sy cher. Il s’a vandu jusques la moisson 1582, 5 fr. et demy 6 fr. et 8 fr. et demy la quarte » (Le Coullon, 58-59). Vagues de pestes Attestations de peste autout d’Aix, Amiens, Avallon, Avignon, Caen, Cambrai, Châlons-sur-Marne, Chartres, Épernay, La Flèche, Lectoure, Limoges, Lyon, Mâcon, Marseille, Nantes, Nogent-sur-Seine, Orléans, Paris, Provins, Reims, Rouen, SaintFlour, Thiers, et Troyes (Biraben, 384). n Mais aussi en Flandre : « En l’année 1581, la peste se déclara à Hazebrouck et fit de nombreuses victimes. Nous en fûmes préservés par la grâce de Dieu, à l’exception de ma jeune épouse ; nous la logeâmes dans notre fournil, et nous allâmes habiter notre maison à l’Hoflande ; de retour en ville, nous constatâmes la mort de presque tous nos voisins » (Van Pradelles, 18). n À Toul et dans les villages avoisinants comme Saint-Mansuy, Dommartin-lèsToul (Cabourdin, 100-101). n À Montélimar du 6 juin au 25 décembre (Piémond, 141). n À Reims (Pussot, 63). n

Dévastations en Poitou « Décembre 1581. Vers le milieu de ce mois, les soldats de la compagnie du sieur de Lancosme estant en garnison à Parthenay, y furent pris prisonniers par le prévôt des maréchaux, et menés et conduits à Poitiers, pour y faire leur procès, des voleries et saccagements par eux et leurs compagnons fait à Saint-Espain. Ceux de ladite compagnie et régiment de Lancosme ont fait, toute cette année, de grandes pilleries sur le pauvre peuple, laboureurs, bordiers et métayers des villages et autres. Car, outre qu’ils les contraignaient à les nourrir opulemment, ils les rançonnaient, battaient et outragaient, disant qu’ils n’étaient payés de leurs gages, et qu’ils se feraient bien avouer de ce qu’ils faisaient » (Le Riche, 350). L’arrivée du bocage Le bocage s’insinue dans les champs ouverts. La plus ancienne représentation d’un paysage rural bas-normand, le plan de Picauville de 1581, marque l’avancée des haies (Pierre Brunet, in Manneville, Le Monde rural en Normandie, 1998).

1582 Que d’eau ! ~ Autour de Metz : « Nonobstant la moisson de l’année 1582, on n’a eu sy bon marchez que on espéroit ; les grains sont demeurez cher, la vandange ait estez assez bonne, mais les vins fuirent tellement nouris d’eaue qu’il ne sont estez si bon que l’on pensoit et la gelée que vint 3 ou 4 jour après la Saint-Remy (que fuist cause de vandanger). Les fruitz mesme, dont il y avoit grande abondance, 299

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fuirent si nouris d’eaue qu’il en perdont la bonté. Avant que les vins fuissent pressez, les eaues devindrent grandes tellement que les charau feurent 7 ou 8 jour sans passer ; que fuist cause que du costez d’Ancey y olt des vins faschez par trop demeurez es cuves et cuvelles. « La saison de semer fuist sy pluvieuse que les laboureurs avoient force peine. Le bleidz se crevoit et demeuroit là. De loing temps on ne vist saisons sy pluvieuse, les rivières sont estez par plussieurs foys desbordées non sans faire de grand dopmaiges. Brefz dès le moys d’aoust 1582 jusqu’à l’entrée de febvrier suyvant, il ait pleue quasiment continuellement » (Le Coullon, 58-59). ~ Inondations du Thouet en Poitou : « La nuit d’entre le jeudi et vendredi 8 et 9 [novembre], la rivière de Thouet, qui passe à Parthenay, accrut d’une façon merveilleuse, qu’elle ruina les ponts et maisons des faubourgs de Saint-Paul et de Saint-Jacques, et quasi tous les moulins et maisons, et quelques personnes submergées et noyées, à la plus grande désolation qui oncques fut comme il me fut escrit de Parthenay, le lendemain. Partout en ce temps y eut grande inondation d’eau mais non telle qu’audit Parthenay » (Le Riche, 369-370). ~ Intempéries encore en décembre. En Beauce, le 23 décembre : « quia mirabilis elationes aquarum » (E sup. 28, III, Ver-lès-Chartres). ~ En Limousin, pluies continuelles du 7  décembre au 9  janvier  : « Il plut de telle sorte qu’il fust dict n’y avoir d’homme vivant qui eust veu tant durer l’eau » (Jarrige, 89). ~ « En ce temps, et depuis le mois de septembre dernier, continuèrent pluie, orage, tonnerre et grand vent, en ce pays de Poitou, et plusieurs autres lieux de ce royaume, jusqu’à la fin du mois de janvier 1583, auquel temps cessa la pluie, et commencèrent les gelées après » (Le Riche, 371). Peste générale « Audit an  1582, depuis le commencement du mois de juin, jusqu’à la fin de décembre ensuivant, la peste travailla infiniment la France. En plusieurs endroits, elle fut presque universelle » (Miton, 38). n Attestations de peste autour d’Abbeville, Amiens, Avesnes, Bourg-en-Bresse, Bourges, Caen, Cambrai, Châlons-sur-Marne, Chartres, Châteaudun, Forcalquier, Fougères, La Flèche, La  Rochelle, Lyon, Marseille, Montdidier, Nantes, Nevers, Orléans, Pont-Audemer, Provins, Rennes, Rouen, Strasbourg, Thiers, et Troyes (Biraben, 384). n Mais aussi à Nantes (Croix). n À Saint-Antoine, en Dauphiné, de juin à septembre (Mémoires d’Eutache Piémond, 141-142). n Peste dans les campagnes au sud de Paris. Le 4  octobre, arrivée de la peste à Athis-sur-Orge (Initium pestis grassantis apud nos) jusqu’au 22  janvier  1583 (cessat pestis), 34 morts (BMS Athis-Mons, Essonne). Réforme du calendrier « Le iiie décembre a esté retranché 10 jours de l’année. Noël célébré le xve décembre […] par commandement du Pape au Roy » (E 69, Longes). 300

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« Année de la correction grégorianne » (E 69, Chiroubles). « Nota que lundi 10e de ce mois, décembre 1582, nous commencerons à conter vingt au lieu de dix par l’ordonnance de Notre Saint père le Pape et par le commandement et ordonnance de Notre seigneur le roi très chrétien Henry de Valois, 3e  de ce nom » (E sup. 49, IV, Doué). « L’an mil cinq cent quatre-vingt-deux, par commandement du pape Grégoire XIII et Henri de Valois, roi de France, a été tenu un concile général à Bordeaux par Mgr  l’archevêque de Bordeaux et fut ordonné que la Nativité Notre-Seigneur se célébrerait le 24e  décembre et les autres fêtes mobiles ont esté changées jusques à Saint-Jean de dix jours autrement qu’elle n’était au calendrier » (E sup. 47, Coq). En dehors de cette anticipation de la fête de Noël, l’adoption du calendrier grégorien décale quelque peu les pratiques culturales et, plus grave sans doute, perturbe les dictons calendaires. Pourtant la réforme est très généralement appliquée : en Bretagne, plus de neuf paroisses sur dix la mettent en vigueur (Croix, HSR, 11, 1999, 138). Famine en Corse (1581-1582) ~ « La récolte de blé a été universellement mauvaise et misérable du fait de la grande pauvreté causée par les mauvaises récoltes qui se sont succédées depuis plusieurs années ». « Les années 1581 et 1582 ont été marquées par une très grande pénurie [penuria grandissima], si forte que les gens mouraient de faim » « Ces populations ont connu trois mauvaises récoltes [malissime raccolte] et si la culture du millet n’avait pas secouru le pays, les récoltes de blé et d’orge ont été si faibles que les gens seraient morts de faim (Archivio di Stato de Gênes, fonds Corsica, liasse 139, 1581, lettre du gouverneur au Sénat ; liasse 14, 1583, requête de Bartolomeo Costa ; 886, 14  décembre  1581, lettre du commissaire d’Ajaccio Tomaso Lercano, d’après Graziani, 60-61). État des destructions agricoles à Saint-Paul-Trois-Châteaux Au xvie  siècle, toutes les villes disposent d’un finage agricole qui contribue en partie à leur alimentation et à leurs revenus. Les va-et-vient des troupes protestantes et catholiques compromettent ce capital et vont jusqu’à l’anéantir lors de la récurrence des opérations militaires. Dans certaines provinces, les destructions agricoles ont été dramatiques et durables. Ainsi en est-il, en Dauphiné, de la petite cité de Saint-Paul-Trois-Châteaux, pillée à cinq reprises entre 1573 et  1581. Les dettes sont énormes. Les consuls n’ont plus qu’à vendre les biens communaux. Pour y parvenir, ils font procéder à une enquête. Antoine du Puy, lieutenant du bailli de l’évêque, vient déposer, le 17 octobre 1582 : ” « Durant le dict temps, le labourage dudit Sainct-Paul demeura inculte, d’autant que tout le bestail de labore a esté prins et volé, d’ung party ou d’aultre, pour trois ou quatre fois, tellement que durant ledit temps de guerre le terroir a demeuré sans pouvoir estre ensemencé ny cultivé, et les habitants reduicts en telle misère et povreté, qu’à présant estant remis dans leurs maisons et biens, par le bénéffice de la paix, n’ont de quoy se meubler, et moings achepter bestail pour cultiver 301

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leurs terres, et sy à présant treuve quelqu’un qui laboure ou sème, c’est par le moien et ayde de leurs amis circonvoysins, qui par prest les secourent » (Bull. Soc. Archéologie Drôme, 1879, XIII, 140-141).

1583 Année d’abondance ? ✷ En Valois  : « Cette année  1583 fut abondante en grains et en vin. Le prix de ces denrées fut modique » (Carlier, 1764, 654). ✷ Autour de Metz : « Ladicte année 1583, il fuist des vins et des bleidz abondamment, assez peu d’avoine et d’orge, et des fruitz moyennement. Il fuist si peu de foing que la charté a valu 25 fr. et plus vers la Pasques 84. Les raisins eurent le temps sy propre qu’il devindrent fort gros, les graines estans l’une sur l’aultre. Les vins fuirent fort bon et beaucoupt meilleurs que les années  81 et  82. Et sy en fuist beaucoupt plus que on n’esperoit, tellement qu’ils n’ont valu que 18  fr. et 19  fr. la queue et la quairte de bleidz 4  fr. et 4  fr. et demy. Avenant le moys de may 1584 et voyans l’affluence des biens par la graice de Dieu que la terre avoit produit, tant bleidz, aveine, orge et raisin, les grains et vins sont devenus à meilleur marchez. « Il vint des pluyes sur la fin dudict may qui donnèrent grand accroissement aux biens de la terre et sans icelles, il y avoit aparance d’une grande cherté de foings et d’orge et aveine. À la fin d’apvril et commencement de may 1584, il fuist des vermines sur les arbres d’une merveilleuse grosseur et en sy grand nombre qu’elles ruynèrent grande partie des feuilles et des fleurs » (Le Coullon, 60-61). ✷ Mais en Anjou : « En ceste année, il y a cherté de bled ; le froment xx sols, le seigle xvi sols, feuves xvii sols. » (E sup. 49, III, Mazé). Sécheresse ou humidité ? ~ Sécheresse en Normandie « Ladite année 1583 sèche et aride, à cause de quoi on fit une procession à Saint-Saens pour invoquer les prières de ce saint afin d’avoir de la pluie. Elle fut faite le 1er mai 1583 où il se rouva grand nombre de personnes ». Le 11 juin : « Processions continuelles en ladite année 1583 par les paroisses de Saint-Saens, Saint-Martin-le-Blanc, Maucomble, Bosc-Mesnil et Bresmontier, en la ville de Neufchâtel, le 11  juin  1583, à cause de la sécheresse, après lesquelles Dieu fit pleuvoir » (Miton, 45). ~ Sécheresse en Narbonnais  : le 15  mai « Grande mortalité du bestail mort par famine à faulte de treuver d’herbe parmi les champs » (AC Narbonne, BB4 d’après Le Roy Ladurie, 38). ~ Sécheresse en Dauphiné  : en août, sécheresse et abondance de chenilles (Mémoires d’Eustache Piémond, 144-145). ✷ Mais humidité en Champagne  : « Ceste année fut fort humide et venteuse, de sorte que les eaues furent grandes tant aux rivières que aux caves. Et valloit le bled-seigle en caresme lx solz, la queue de vin xviii L, lesquels pour ladite année n’estoient guère bons » (Pussot, 14). 302

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Grande vague de peste n Attestations de peste autour d’Amiens, Angers, Angoulême, Bourg-en-Bresse, Bourges, Cambrai, Caen, Chartres, Chaumont, Dieppe, La Flèche, Limoges, Montdidier, Nevers, Orléans, Paris, Pontoise, Rennes, Saint-Malo, Thiers, Tours, Troyes et Vitré (Biraben, 384). La peste arrive dans les campagnes à partir des ports et des villes. n À l’île de Ré (mars-décembre). La maladie est arrivée par le port de La Flotte autour du 15 mars, puis gagne début juin Sainte-Marie, Saint-Martin à la mi-août, La Couarde en novembre ; Ars et Loix en décembre (Herpin, f° 3-5, d’après Rambeaud, 285). n En Anjou, juillet : Début de la peste à Angers, qui finit le 13 décembre 1584 avant de gagner les campagnes (Lebrun, 304-305). Octobre  : contagion à Chalonnessous-Le Lude » (E sup. 49, III). Début novembre  : « pestilence » à La Chapelled’Aligné, peut-être apportée de Tours ou du Mans (Lebrun, 396). n En Bretagne. « La peste commença en Cardreuc et y fut apportée de Rennes, qui vint de Nantes, en l’an  1583, et s’étendit par toutes les paroisses circonvoisines dudit Cardreux comme Les Iffs, La Chapelle-Chaussée, Miniac, Bécherel, La Baussaine, etc., et continua fort longuement, dont plusieurs et en grand nombre moururent. » À Montreuil-sur-Ille, en quatre mois, de juillet à octobre, la peste emporte 205 victimes, près d’un quart des habitants du village (Registre de sépultures des Iffs, d’après Croix, 1981, 268-269). Pour conjurer la peste : processions à La Chapelle-d’Aligné « À La Chapelle-d’Aligné [Sarthe, à 10  km au nord-ouest de La Flèche], le curé ouvre un registre spécial de sépultures dès le début de l’épidémie, dans les premiers jours de novembre 1583, et y note 17 décès pour ce seul mois, soit quatre ou cinq fois plus qu’en temps normal dans cette paroisse de 1 000 à 1 200 habitants. Le 4 décembre, le vicaire célèbre, au point du jour, trois grand-messes consécutives, suivies d’une procession générale autour de l’église “pour qu’il plaise à Dieu faire cesser la pestilence”. Le 23, nouvelle procession de tous les paroissiens qui se rendent à pied à Varennes-Bourreau [chapelle de pèlerinage à 5 heures de marche, sur Saint-Denis d’Anjou, Maine-et-Loire]. Pourtant, la “pestilence” redouble et devient “sy véhémente que l’ung n’attendoit l’autre”. Les décès, de fait, se multiplient  : 24 en décembre, 25 en janvier, 37 en février. Le 11  mars, nouvelle procession, suivie par plus de 500 paroissiens. À la fin du mois de mai  1584, l’épidémie enfin recule  : 7 décès seulement en juin, 7 en juillet, mais 12 encore en août (dont ceux de 5  personnes appartenant à une même famille et enlevées en trois jours, sans doute par un brusque réveil de l’épidémie) et 9 en septembre. Au total, il est mort, en onze mois, 218 paroissiens, soit le cinquième environ de la population » (Lebrun, 304-305). Des battues au loup dans tout le royaume En janvier, dans son édit sur les Eaux et Forêts, Henri III énonce le principe de battues aux loups dans tout le royaume (art. 19). 303

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~ « Aussi pour le peu de soin que nos sujets habitants des villages et plats pays

ont eu à l’occasion des guerres, qui, à notre grand regret, ont duré pendant l’espace de vingt ans en cetui notre royaume, à l’extirpation des loups, qui sont accrus et augmentés en tel nombre qu’ils dévorent non seulement le bétail jusque ès basses cour et étables des maisons et fermes de nos pauvres sujets, mais encore sont les petits enfants en danger, enjoignons auxdits grands-maîtres réformateurs, leurs lieutenants, maîtres particuliers et autres, faire assembler un homme par feu de chaque paroisse de leur ressort, avec armes et chiens propres pour la chasse desdits loups, trois fois l’année, en temps plus propre et commode qu’ils aviseront pour le mieux (Isambert, XIV, 527). Banditisme dans les campagnes « En ceste année, passa par ce pays grande gensdarmerie allant au Pays-Bas pour le sieur d’Alençon, laquelle gensdarmerie gasta et fict beaulcoup de peine en ce pays, tant pour les rençonnemens, villemens, meurtres que vollerie » (Pussot, 14). Le 3  février  1583, l’une de ces bandes est détruite par le vice-sénéchal de Fontenay-le-Comte, prévôt des maréchaux, véritable homme de guerre. ” « Le jeudi  3, M.  Rapin, vice-sénéchal de Fontenay-le-Comte, accompagné de ses soldats, au nombre de 25, tuèrent à Réaumur (Vendée) 40 à 50 voleurs qui, sous ombre d’être de compagnie, pilloient et rançonnoient les pauvres rustiques du plat pays, et violoient les femmes, sauf un ou deux desdits voleurs, dont l’un estoit sergent de leur compagnie, qu’il fit conduire audit Fontenay, où il le fit pendre » (Le Riche, 374). Pendaison de sorciers en Sancerrois et Poitou ✷ En Sancerrois  : pendaison des sorciers du carroi de Marlou, le 30  mars. Des cinq accusés, quatre sont exploitants agricoles (deux laboureurs et, en dessous d’eux, deux « maneuvres ») et l’un fait partie de l’artisanat rural pluriactif. Joachim Girault, manœuvre à Menetou-Ratel, est ancien domestique agricole puis vigneron ; Marin Semellé, également manœuvre à Menetou-Ratel, travaille comme journalier dans une métairie de Neuvy-Deux-Clochers ; Étienne Girault, dit Gotté, laboureur à Sens-Beaujeu, met en valeur la métairie Tellier ; Jean Cahouet, laboureur du Grand-Oisy, à Veaugues, est accusé d’être meneur de loups ; enfin, Jean Tabourdet, dit des Bertilles, couvreur en pailles, « essis » et tuiles, travaille en même temps comme tissier en toile et sergent seigneurial à Sens-Beaujeu. Convaincus tous les cinq de sorcellerie, après un procès de trois mois (21 décembre 1582-30 mars 1583) où 160  personnes sont intervenues, ils périssent sur le bûcher, à un carrefour entre Sancerre et Sens-Beaujeu, réputé comme un lieu de sabbats, le « Carroi de Marlou ». À côté d’eux, une femme, Guillemette Piron, veuve d’Étienne Semellé, vigneron de Menetou-Ratel, accusée aussi de sorcellerie, s’était étranglée dans son cachot, dès son premier interrogatoire  : « elle était bien misérable et née en une mauvaise heure » (Jacques-Chaquin et Préaud, éd., 1996). ✷ En Poitou  : pendaison des sorciers, le 18  juillet, à Boisragon, village de la commune de La Crèche (Deux Sèvres), renommé pour ses sorciers encore au e xix  siècle. « Le lundi 18, je fus à Boisragon, où j’assistai à la prononciation de la 304

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sentence de mort, donnée par le lieutenant du prévôt des maréchaux de Fontenay, nommé Robin (Nicolas Rapin), contre Pierre et Jeanne Durant, frère et sœur, gens de labeur, par laquelle ils furent condamnés à estre pendus et étranglés, et ce fait brûlés, et qu’auparavant, ils seroient mis en question extraordinaire, pour entendre leurs complices, au fait de sortilège dont ils étoient accusés atteints et convaincus. Laquelle sentence fut, ledit jour, exécutée, après avoir été, lesdits Durant, sorciers, mis en la torture, où ladite Jeanne ne dit et ne voulut rien dire de ce qu’elle fut interrogée ; laquelle ne pleura durant icelle, et disoit-on qu’elle avoit quelque poudre, qui l’empeschoit d’endurer. Et, quant audit Pierre Durant, il reconnut son Dieu et désavoua le diable, allégua les moyens pour lesquels il s’estoit adonné à lui, l’hommage qu’il lui avoit fait, ès sabats où il se trouvoit, les poudres qu’il lui avoit baillé, dont il s’estoit aidé contre ses ennemis, et accusa ceux qui estoient allé ou s’estoient présenté audit sabat, et, à aucuns, il fut confronté. Comme plus amplement appert par le procès-verbal dudit Robin, que j’ai signé, y estant appelé par ledit Robin, qui étoit venu exprès en cette ville, où il m’avoit requis, et le procureur du roi, d’y aller » (Le Riche, 380). Processions blanches ✷ En Île-de-France : « Sur la fin de cette année [1583] commencèrent en Picardie, Montfort [l’Amaury], Houdan, Dreux, les processions blanches qui furent commencées au bailliage de Brézolles le mardi  7 de février en l’année subséquente 1584, et furent honorablement reçues en la maison des cordeliers à Verneuil [sur-Avre] environ deux mil personnes » (AD 28 en ligne, Prudemanche, BMS 1564-1604, vue 43). ✷ Sur la côte Bourguignonne : « Le deuxiesme jour du mois de juin 1583, Jehan Robert le jeusne fut à la procession à la Sainte-Chapelle à Dijon avec plusieurs villages, à sçavoir Morey, Gevrey, Brocons, Fixin, Fixey, Couchey, Marcennay [Marsannay-la-Côte]. Et lesdits villages alloint tout ensemble avec les bannière et croix, et en grand nombre de gens, et les fille vetuz a bland estant en nombre de plus de 345, et nous alloint en prossesssions pour avoir de la pluy, que les biens en avoint grand besoin » (Robert, 110). ✷ En Champagne (juillet-octobre). « Ceste année fut le peuple de France et principallement de ce pays fort esmeu de dévotion de sorte que chacun par villes et villages faisoient de grandes processions. Et commancèrent environ la mye juillet continuans jusques en fin d’octobre  : le peuple estant révestu de linge blanc, tousjours en bon ordre. Durant lesquelles, estoit porté le Corpus Domini, le peuple chantant de diverses sortes de cantiques, prières, litanies, psalmes et versets de proses, comme les Ave Maria, des proses de la Nativité et Assomption Nostre Dame, Deus benigne, Stabat mater, Christi fideles, Averte faciem et plusieurs aultres choses de grande dévotion. De sorte que c’estoit une chose admirable tellement que plusieurs gros catholiques et froids en dévotion furent alors eschaulfez et affectez en icelles voyant et considérant entre aultre chose les bons villageois n’apprehendans point la saison, le temps de leurs moissons et vendanges, et sans avoir esgard à aulcuns prouffitz ou dommages laissoient leurs villages pour faire 305

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sy longues et diverses processions. Et cependant y demouroit bien peu de gens pour traicter le bestiail lesquels toutesfoys faisoient la feste » (Pussot, 18). Bordelage et communautés paysannes en Morvan Depuis 1539 au moins, à Préporché (Nièvre), près de Moulins-Engilbert, les Panné vivent en communauté de « parsonniers », dans un village éponyme. De condition servile, ils exploitent en commun des biens tenus de leur seigneur en bordelage, des contrats perpétuels associés à des redevances symboliques mais entachés de servitude. Les biens « bordeliers » ne peuvent être transmis aux héritiers que s’ils vivent depuis au moins un an et un jour au « même pot » et au « même feu » que le défunt. C’est là la condition des mainmortables que précise la coutume du Nivernais : « Pour rendre les parents de condition mainmortable successibles les uns aux autres, l’une [des deux choses requises] est que leur demeure soit dans une même maison, qu’ils aient un même feu et qu’ils vivent d’un même pain ; l’autre est une communauté de tous biens et que les communs en biens soient tous mainmortables car jamais l’homme franc ne succède au mainmortable ». Jusqu’en 1793, les Panné, dont le chef prend le surnom de « Garreau » au e xvii   siècle, se succèdent au sein de la communauté des « Panné-Garreau ». En 1583, le maître et chef de la communauté des Panné-Garreau, André Panné, reconnaît tenir « à titre et nature de bourdelage », du seigneur de Chevannes, Philippe Bureau, le bois d’Arcy contenant vingt-six boisselées [3,15 ha], « sis au finage de la Chétive, tenant du midi au chemin allant du village des Panné à Morillons ; du couchant au bois de Chaluas, du seigneur Duclerroy ; du septentrion au grand chemin du domaine de la Praye, dudit seigneur et la rue du Maupart, allant dudit bois au village de la Praye […] moyennant une redevance de 15 sols 6 deniers, un boisseau d’avoine, une géline, payable à la Saint-Étienne, au château d’Anizy » (Reconnaissance rappelée au terrier de Vandenesse de 1717, d’après Bernard, 2006, 17, 41).

1584 Tremblement de terre, le 11 mars ~ En Bugey : « Cas admirable advenu l’onzième jourt du moys de mars en l’année 1584 : entre les onzes et douzes heure, jourt de dimenche, après la bénédiction de la grand’messe estre dicte, la terra tremblat tellement que toute l’église, les genèves et cruscifix et aultres en branlarent, les aultres maison de la ville et parroche, les vin troblarent et dura l’espace d’ung huinctain d’heure et comensat du costé du matin. Ainsi l’atteste Jullian Mossel, curé de Marboz » (BMS, d’après Jérôme Dupasquier, 15). ~ En Dauphiné  : « Le dimanche unzième dudit mois, environ le midy la terre trembla en ce païs de Daulphiné et aultres lieux et le plus grand tremblement fust à Genève, où il dura près de deux heures en plusieurs et diverses secousses, où il y eut plusieurs murailles et cheminées qui tumbèrent » (Piémond, 148-149). 306

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Tempête à l’île de Ré Les grandes tempêtes causent des dégâts considérables sous l’effet de l’eau salée qui brûle plantes et récoltes. Outre le raz-de-marée du 10 juin 1584, l’île de Ré a connu plusieurs tempêtes qui l’ont submergée partiellement à la fin du xvie siècle : le 11 décembre 1589, mais aussi fin décembre 1593, mai 1596 et décembre 1598. ~ « Le dimanche dix juin 1584, qui était le vigile de Saint-Barnabé, le temps fut le plus impétueux ; il fit la plus grande tourmente tant à la mer qu’à la terre que jamais on eut vu faire en ladite saison pour raison de laquelle les bleds et vigne furent considérablement gâtés et endommagés, que même les vignes par certains endroits étaient brûlées comme si le feu y eût été allumé » (Herpin, f° 4, d’après Rambeaud, 283). ~ Au même moment, le lundi Saint-Barnabé 11  juin  : en Beaujolais « venta un vent travers qui fist grandz maulx » (E sup. 69, Chiroubles). Inondations ~ Autour de Metz  : « Le 23  juillet  1584, après une grande nuée de pluye vint subitement une aultre nuée plaine de gresle qui endommagea grandement le ban d’Aweu en ce lieu de Jouy, fist aussy de grand dopmaige es vignes d’Ars et de Vaux ; on estimoit du perdu le thier des biens, du moins le quart. « Tout le moys de juillet 1984 et celluy d’aoust il ait pleu quasiment par chascun jour du moys de deux jours à aultrez, et sy ait greslez en tant de lieux quelle ait fait un merveilleux dopmaige, les tonneres sont tombez plussieurs foys et tuez plusrieurs personnes, bruslez maisons et grainges et fait d’aultres infinis dopmaige, sy grand que nulz vivant n’en avoit veu de pareille. On a eu une infinitez de peine de mettre les foings et grains dedans. Pour cause des pluyes, les raisains ne se portoient encor à meurir sur la fin d’aoust. Touteffoys nonobstant les pluyes, environ les 3 derniers jours et 3 premiers de septembre que la pluye cessoit, la chaleur estoit sy grande qu’en 6 ou 7 jour on fuist tout esmerveillé qu’ils fuirent plus qu’à demy meurys. « La vandange 84 ne fuist sy fertille que celle de 83 et sy ne fuirent les vins sy bons. Touteffoys à cause de l’abondance des vins provenant es années précédentes il ne fuist guères estimez ny prisez par tout l’hyver de 84 et commencement de 85. Mais venant les saisons de l’année 1585 sy fascheuse, il remonta de 3 double dès le moys de juillet audict an 1585 » (Le Coullon, 61-62). ~ En Poitou : inondations de la Sèvre, du 5 au 14 janvier (Le Riche, 384-385). ~ Dauphiné : « Le jour de la feste de la Toussainct 1584, à Saint-Antoine, vindrent en procession les paroissiens de Saint-Bonnet-de-Montrigaud, venant crier misère nuict et jour pour apaiser l’ire de Dieu, voyant partie de leurs maisons enfoncées en terre à cause des grandes pluyes et plusieurs pouvres gens ayant déshabité leurs maisons. Dieu apaisa les pluyes » (Piémond, 154). Recrudescence de la peste… Attestations de peste autour d’Abbeville, Amiens, Angers, Angoulême, Auxerre, Bourg-en-Bresse, Bourges, Caen, Chartres, Chaumont, Dieppe, La Flèche, Limoges, n

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Montdidier, Nevers, Orléans, Paris, Pontoise, Rennes, Saint-Malo, Thiers, Tours, Troyes et Vire (Biraben, 385). n En Bourgogne (Drouot, I, 26). n En Anjou  : le 1er  février, arrivée de la peste dans les campagnes angevines à Cuon (421 décès entre février et le 15 novembre dans une paroisse de 700 âmes), au sud de Baugé (E sup. 49, III, Cuon) puis en mai à Segré, en juin à Azé (près de la moitié de la population disparaît) et à Château-Gontier (Lebrun, 305-306). n En Poitou : à Niort et à Saint-Maixent d’août à octobre. « Les principaux, retirés aux champs » (Le Riche, 391-392). n En Haute-Bretagne  : peste générale au cours de l’été et de l’automne (Croix, 1981, 265-268). n En Basse-Bretagne : au village de Vallelan, commune de Beignon, en septembre (E sup. 56). n En Basse-Normandie  : en octobre, début de contagion dans les villes comme dans les campagnes. … qui arrête la production textile En Basse-Normandie, les fermiers d’impôt qui lèvent la taxe de sol pour livre de drap ne trouvent plus à travailler en raison de l’arrêt de la production textile, y compris dans les villages  : « [depuis] le 1er  octobre 1584 qu’ils sont entrés en jouissance de leur dit bail, la contagion et maladie de peste a toujours été ès villes de Caen, Bayeux, Falaise, Vire, Saint-Lô, Cherbourg, Valognes et autres villes, bourgs et villages de la Basse-Normandie, dont la plupart des façonniers de draps sont morts, ce qui y a rendu le commerce inutile » (AD 14, 4 C2, d’après Mouchel-Vallon, 38). 9  février  : nouvelle ordonnance défendant aux gens de guerre de courir les champs et enjoignant aux gouverneurs de leur courir sus (Isambert, XV, n° 109). Halte au pâturage en forêt 22 octobre 1584 : arrêt pour la forêt du Rouvray (Seine-Maritime) délimitant les « droitures prétendues par les usagers » de 17 paroisses. Auparavant, les forêts royales étaient ordinairement ouvertes aux droits d’usages des communautés villageoises riveraines et leur protection sous forme de « mise en défens » n’était qu’une situation provisoire. Désormais c’est l’inverse qui prévaut. Ce texte sert de modèle à la nouvelle politique forestière (Devèze, 1961). Un ours dans la vallée de la Loue Le 6 janvier, des chasseurs tuent un ours près de Vuillafans, dans la vallée de la Loue (Febvre, 1912, 26). Vague de sorcellerie en Lorraine Début de la vague des procès de sorcellerie qui se poursuit jusqu’en 1627. 43 personnes, surtout chez les artisans et les vignerons, condamnées à être étranglées puis brûlées (Albert Denis, La Sorcellerie à Toul aux XVIe et XVIIe siècles, 1988). 308

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En Sologne : soigner les élus pour limiter la taille En fin d’année, il est sage de bien traiter les officiers royaux qui répartissent l’impôt entre paroisses. « Monsieur l’élu Audebert », venu à Vouzon « faire sa chevauchée et visitation », les gagers (marguilliers) défraient l’aubergiste d’une partie de ses frais. Le 12 décembre ; voyage à Orléans. Les gagers achètent un lièvre, une bécasse et deux perdrix pour régaler « messieurs les élus d’Orléans » lors de la venue dans la cité « afin d’avoir diminution des tailles » (Poitou, 134).

1585 Froid et pluie toujours ~ En Poitou : « En ce temps et par l’espace de trois semaines [en février], y eut de grandes gelées, givres et estoient tous les estangs glacés et faisoit fort grand froid » (Le Riche, 397). ~ En Limousin : pluies abondantes du 1er mai au 5 juin (Jarrige, 90). ~ En Champagne : « Ceste année les moys de may, juin et juillet furent froids et humides. […] Les vins nouveaux comme les bleds ne furent guères bons, à cause que l’esté fut la pluspart froid et humide, qui fut cause que, la semence n’estant bonne, les bleds dessus terre ne levèrent de bonne sorte : joinct que l’yvert suyvant et commencement de l’année fut fort long » (Pussot, 20). ~ En Lorraine : « En apvril et commencement de may 1585, il vint (par un juste jugement de Dieu), des vermines sur les arbres, voire en plus grand nombre et plus grosse beaucoupt que n’avoient estez es années précédentes. Et sy je diray pour vray qu’à une seulle fois et sur ung seul arbre on en brusloit ou faire tumber une demi quairte et le lendemain sur le mesme arbre s’en trouvoit encor aultant ou environ. Que fuist cause que la pluspart des arbres, assavoir feuilles et fleurs, fuirent mangées et demeuront comme s’ils fuissent estez sec, jusqu’à vers la SaintJean dudict ans 85, qu’il reprindrent nouvelles feuilles. […] « Les temps fuirent sy fascheux et malpropres es moys d’apvril, may, juing et consequemment tous les moys de l’année  1585, à cause des froidures, pluyes et aultres contrarietez, que les biens hors les foings diminuont si fort que on ne trouva la moitiez des biens que on esperoit veu la belle apparence qu’ilz avoient au commencement. Venant la moisson, que le bleidz qui n’avoit valu que 3 fr. le plus cher, devoit diminuer de prix, il rencherist de 2 fr. sur la quairte. La vandange aussy fuist petite et sy ne fuirent les vins guères bon. Car on ne commencea de vandanger que vers le 20e  jour d’octobre, cause qu’une infinitez de pauvres gens avoient grande nécessitez de vivres, pour ce que les ceux de la religion, qui n’attendoient que d’estre tuez ou chassez ne faisoient plus de traficque » (Le Coullon, 63-66). ~ En Normandie  : « Ladite année  1585 abondante en vin, cidre et grains assez suffisamment » mais aussi « ladite année  1585 fort pluvieuse, et qui empêcha la maturité et récolte des grains, et de la vendange. Cela causa une grande cherté » (Miton, 50 et 53).

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Vagues de pestes n Attestations de pestes autour d’Agen, Angers, Angoulême, Auxerre, Avignon, Bordeaux, Bourg-en-Bresse, Dijon, Fougères, La Réole, Lectoure, Lesparre, Limoges, Lyon, Orléans, Rennes, Riom, Saint-Claude, Saint-Lô, Senlis, Thiers, Toulouse, Troyes et Vienne (Biraben, 385). n Poursuite de la peste en Bourgogne (Drouot, I, 26). n En Île-de-France : 3 septembre-20 octobre 1585 : récurrence de la peste à Athissur-Orge (Essonne). « Maladie de peste » à Mitry-en-France d’août à novembre 1585 (BMS). n Peste à Poitiers en juin (Le Riche, 404). Reprise des guerres civiles (8e guerre de Religion) : les campagnes premières exposées Encouragés par Charles  III à s’emparer des Trois-Évêchés, les Ligueurs, après avoir pris Verdun, occupent sans difficulté Void et Vicherey et assiègent Toul (Cabourdin, 60). 7 juillet 1585 : traité de Nemours : interdiction de la religion réformée. Henri III donne satisfaction à Henri de Guise et à la Ligue. Henri de Navarre est déchu de sa succession. Les places de sûreté des protestants doivent être rendues. ” En Bas Limousin  : « Les Huguenaulx […] firent beaucoup de ravages et pileries » (Baluze, 195). ” En Poitou  : le 23  août, les villageois des environs de Saint-Maixent portent tous leurs biens dans la ville. « Le mardi  23, tout le peuple des champs apporta son bien et hardes, en cette ville, au moyen de ce que partout y avoit des gens de guerre, et s’en alloient les gentilshommes, hors leurs maisons » (Le Riche, 412). ” En Dauphiné  : le 11  septembre, capitulation de Montélimar pris par l’armée protestante de Lesdiguières. L’armée catholique de Maugiron tient la campagne ravagée aussi ponctuellement par les courses des protestants (Gay, 206). De la Flandre au Poitou : consolidation des grands exploitants ✷ En Flandre. Ordonnance de Philippe II contre le mauvais gré dans les châtellenies de Lille, Douai et Orchies en 1585. « Plusieurs censiers et autres mauvais garnements […] ores qu’ils aient fait fin de cense ou qu’autrement ils soient du tout impuissants de retenir les terres et dîmes qu’ils occupent à bail, s’efforcent de continuer en l’occupation d’icelles pour eux ou leurs enfants, contre le gré des propriétaires, sans payer rendages outre que bon leur semble, usant de menaces […] de bouter ou faire bouter le feu es édifices des censes comme de fait il est advenu » (François Debouvry, Étude juridique sur le mauvais gré, 1899, 24 et 173). ✷ Concentration de l’exploitation dans le Haut-Maine. Bordages et métairies s’agrandissent et les métairies commencent à absorber les bordages. En 1585, les bordages de Gaumont et de Louvannerie, à Dangeul (Sarthe), fusionnent pour constituer une métairie. La métairie de Touchalleaume s’accroît par les terres des deux bordages. À Courgains, deux métairies fusionnent alors que sont détruits les bâtiments de l’une d’elles. Le processus, réalisé par les propriétaires du sol, se poursuit ensuite subrepticement (AD 72, H 169, d’après Gautier, HSR 38, 2012, 57). 310

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1586 Sale temps

~ Autour de Reims : « Yvert long ne feit presque de chaleur jusques au moys de

juillet à cause de quoy les bleds avec les vignes eurent maulvais temps, jaunissirent lesdites vignes et sy n’y avoit que bien peu de raisins et mal nouris de sorte que peu devant la moisson le seigle fut vendu vi livres et plus le septier, l’avoine xl solz ; et le bon vin, encor qu’il ne fut guères bon, valloit l l. et plus la queue. Au mesme temps fut en ce pays pour la famine grande multitude de pauvres, venans de plusieurs pays. Et continua la chéresse jusques ès moissons de l’année  1587, de sorte que le froment valloit x livres le septier, le seigle vii livres ; l’orge aultant à cause qu’il y avoit peu de seigle, qu’il ne fut fort [ederne] et fut ceste année recuillé aultant [desderne] que de seigle, l’avoine au prix susdit » (Pussot, 21). ~ Autour de Metz : « L’yver 1585 fuist par trop pluvieuse de sorte que les semences se portont mal, car venant le moys de mars  1586 on ne voyoit que bien peu de bleidz aux champs, que fuist cause qu’il rencherist grandement. Car tout incontinent il valust 6 et 7 fr. la quairte. Et venant la moisson qui fuist fort petite, mais les bleidz fort bon, il valust 10 fr. la quairte. Et sy au moys de may dudict ans 86 il n’eust fait ung temps amiable, on n’avoit espérance de faire moisson. « La vandange suyvante 86, fuist fort petite, assavoir que on ne trouva que bien peu de vandange, mais les vins fuirent bon, ce n’estoit qu’environ ung quart d’année. […] Il fist une saison assez propre pour semer, qui dura jusqu’au 22 de novembre dudict ans 86. Puis fist ung froit très terrible, et fuist la rivière prinse le 29 dudict moys qui dura 15 jours. Durant iceux il passa une infinitez de chariots sur la glace, puis elle se rompist par impetuositez nompas par grandes eaues, sy furent les rivaiges couverts de gros glaçon qui durèrent loing temps. Les froidures ont depuis tousjours continuées fort aspre. Et sy fuist encor la rivière gelée sur la fin de febvrier. Breifz il tomba force neiges et sy fist des froidures sy véhémentes que chacun en estoit tout esbahis. La terre fuist serrée bien 12 sepmaine. Le 6 de mars 87 il neiga toute la journée et sy se ferma, la gelée donnant aussy asprement comme si ce fuist estez au moys de décembre » (Le Coullon, 66-68). ~ Autour de Hazebrouck  : le 3  juin, orage épouvantable avec une « pluie de grêlons aussi gros qu’un œuf de poule  : les blés, les seigles et les fèves furent hachés » (Van Pradelles, 17). ~ Crue de la Loire : « L’an 1586, y eust de si grands débordements en Forez de la rivière de Loire que plusieurs places du domaine en furent démolies pour la réparation desquelles la reine Isabelle (comtesse douairière) donna un bail l’année suivante, et fit faire une aumône générale aux pauvres, misérables et languissants de ses villes et châtellenies dudit pays, et à ceux des villages et plat pays, à cause de la nécessité et disette de vivres dont ils furent affligés » (Histoire du Forez, 1835, II, 210). « En 1586, les crues considérables se montrèrent à Nevers et en aval, elles surpassèrent les crues de 1496, 1527, 1537  : « Tout le bétail qui était dans les pâturages et les environs de cette rivière fut noyé » (Guy Coquille, Histoire du pays et duché de Nivernais). 311

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Terrible famine ~ En Velay (mars-août)  : « La grand cherté du bled et abondance des pauvres » dans les campagnes du Velay. « Faut entendre qu’en ladite année, par le moyen de l’indisposition du temps, neiges continuées tout le temps du Carême ordinairement, par tout le pays de Velay qu’ès montagnes des environs, le pauvre peuple, qui avait été ruiné par les guerres et après par la misère du temps, étaient (sic) si ruinés et affaiblis qu’ils mouraient de faim, les trouvant dans la neige morts en grande abondance, car aussi à la vérité ils avaient mangé du pain d’avoine, de fougères, et les autres d’écorces des arbres : choses dignes de mémoire ! Et s’en venaient retirer au Puy par grand force étant si maigres et défaits qu’ils ressemblaient des corps morts sortis du sépulchre […]. Si y avait du danger auxdits pauvres étrangers, à cause que par toutes les montagnes et villages d’où ils venaient, la peste les en avait délogés. Et par le moyen desdits fléaux, peste, guerre et famine, le peuple était venu à telle misère et pauvreté […]. Il ne faut oublier la pauvreté et misère des autres villageois, nos proches voisins, car ils n’avaient blé ni argent et mouraient de faim. Car de jour à autre le prix du blé augmentait, de sorte que le carton de seigle se vendait quatre livres, et le carton du froment cinq livres, autant les fèves et le carton d’orge trois livres cinq sols […] ce que dura tout l’été » (Burel, I, 98-100). ~ En Vivarais et Forez  : « Discours véritable de ce qui est advenu en Vivarois, Velay, Forez et pays voisins, ès années  1585 et  1586, par la guerre, cherté et pestilence. Ce que fut commencé environ le mois de mars  1585, et continua si longuement que lesdites gens de guerre trouvèrent que manger, piller et ravager sur les champs […]. Le commencement de guerre fut suivi d’une disette et stérilité de blés si grande, que jamais homme vivant n’ouit parler audit pays d’une semblable ; car aux moissons dudit an 1585, en la plupart des terres ne se recueillit guère que la semence nécessaire pour l’année suivante, encore plusieurs n’en eurent assez pour semer. De sorte que l’hiver [janvier-mars 1586], à cause de l’extrême cherté des blés, se trouva un nombre infini de pauvres mendiant et courant par tout […]. C’était chose ordinaire aux villageois de vivre de la gland comme les premiers hommes, s’ils en pouvaient trouver, manger racines et herbes sauvages, faire du pain de fougère et du marc de pépins de raisin séchés au four et passé par le moulin, et de pratiquer pour cela toutes anciennes inventions, comme d’appliquer à cet usage l’écorce des oins et autres arbres, les coquilles de noix et amandes, les tronçons de vieux tuiles et briques mêlés avec quelques poignées de farine d’orge, d’avoine ou du son, ce qui n’avait encore jusques à ce temps été entendu et pratiqué comme il fut fait en quelques villages de Vivarais et Velay […] tout le long de l’hiver et jusques après Pâques 158[6] […], il en mourut un très grand nombre de faim, de froid et de maladies, aux villages et par les champs » (Gamon, 135-137). ~ En Lorraine : « Nonobstant on ne faisoit grande distribution de vin, cause du bleidz qui estoit excessivement cher. C’estoit une pitiez très grande de veoir mendier une infinité de personne ; la pluspart ne mangeont que pure aveine, voire des gros laboureurs et sy valoit la quairte 40 gr. » (Le Coullon, 66-68).

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~ En Poitou : « Le samedi 4, me fut dit que la contagion étoit telle à Parthenay

que les habitants en sortoient, pour habiter les campagnes, malgré le grand nombre des brigands de ce temps » (Le Riche, 462). Violente poussée de peste n Peste signalée autour d’Agen, Aix, Albi, Amiens, Angoulême, Annonay, Auxerre, Avallon, Bordeaux, Bourg-en-Bresse, Cahors, Carpentras, Châlons-sur-Marne, Chalon-sur-Saône, Chaumont, Die, Dijon, Dinan, Dole, Grenoble, La Réole, Lectoure, Limoges, Lyon, Mâcon, Marseille, Mende, Montélimar, Montpellier, Orange, Orléans, Paris, Parthenay, Rodez, Rouen, Saint-Lô, Sens, Strasbourg, Thiers, Toulouse, Troyes et Villefranche-de-Rouergue (Biraben, 385). n « Grande peste » dans le Sud-est de la France. En Dauphiné à Saint-Antoine, Vif, Grenoble, Romans, Tournon, Die, Châteauneuf-de-Mazenc dans la Valdaine (Piémond, 191). n Peste en Dauphiné (juin-août), autour de Grenoble, Valence, Romans, et à Die. « Au moys d’aoust 1586 […] la peste quy fut generale en cette province du Daulphiné et fort grande, de laquele morut la moytyé du peuple et plus, et en cette vylle de 4 et 5 000 personnes. La myzère i fut si grande qu’on veit en cette année les homes par ceste contagion forcennés et hors de sens. Il se trouva jour estre mort cent ou six-vingt personnes et ne sçavoit on plus que faire pour les enterrer car tous les galoupins mouroyt. Se mal estoit cy contagieus que d’aussi tot qu’une personne en estoiyt surpris, il mouroyt ; il s’est veu des homes, craincte de n’estre incepvelis, comme une infinyté qui mouroyt et demouroyt sans sepulture par le teroyr, fayzoyt leurs fosses et ce metoyt dedans » (Gay, 278). n Peste en Bourgogne et en Beaujolais : Suite de la peste en Bourgogne (Drouot, I, 26). De juillet à novembre : peste en Beaujolais (E sup. 69, Chiroubles et Chazayd’Azergues). À Beaujeu : « maladie contagieuse » le 13 juin 1586 (AD 69 en ligne, état civil, S Beaujeu, vue 1) – « Année de la contagion » à Condrieu (E sup. 69). n Peste en Forez  : « Ceux qui sont mort de la contagion en l’an  1586 »  : liste de 515  morts, adultes et enfants dont trois prêtres. 312 en ville et 203 dans les fauxbourgs (AD 42 en ligne, état civil, MS Feurs 1586-1597, vues 56-74). Les corbeaux sèment la peste En mars, en Basse-Normandie, les corbeaux répandent eux-même la contagion. Les « évacuateurs » de la peste se transforment en escrocs à Périers (Manche). Une bande de « purgeurs » de contagion abuse de la crédulité des habitants : « Pour avoir lesdits Hubert Desmonts et Le Metterel, commis plusieurs fautes et malversations en nettoyant les maisons inconvénientées de peste, mis plusieurs excréments et autres choses pestiférées pour intoxiquer et mettre la peste aux maisons où il n’y avait inconvénient » (AD 76, 1B 320, 19 mars 1586, d’après Mouchel-Vallon, 38). En Forez : une pestiférée dicte son testament dans un pré « Par devant Jean Fournier, de Sury-le-Comtal, notaire royal juré et en présence des témoins ci après nommés, s’est établie en personne Jeanne Montmey, fille de feu Antoine Montmey, vivant laboureur de la Devalla, paroisse dudit Sury, laquelle 313

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étant en un sien pré, sis audit lieu de la Devalla, atteinte et malade de contagion, saine toutefois de ses sens, pensée, mémoire et entendement, considérant l’état de ce mortel monde, et qu’il n’y a chose si certaine que la mort, ne chose moins incertaine que l’heure d’icelle […], donne et lègue comme dessus à tous ses autres parents et amis et prétendant droit en ses biens, à chacun d’eux la somme de 5 sols tournois payables l’an révolu après son décès […]. Fait et passé audit lieu de la Devalla, le 23e jour d’août après midi l’an 1586 » (Histoire du Forez, 1835, II, 212). 30  janvier  1586  : 6e  et ultime aliénation des biens du clergé pour mener la guerre contre les huguenots en Guyenne, autorisée par une bulle de Sixte Quint. Les opérations sont prévues en deux fois, chacune pour 50  000 écus de rente (capital d’un million d’or). Les dîmes peuvent être aliénées. Seule la première opération est acceptée par l’Assemblée du clergé et enregistrée au Parlement de Paris. La recette de cette dernière aliénation atteint 4,445 000 livres (Carrière, 410). Processions en Sologne À Vouzon, pour la seule année comptable 1585-1586, les paroissiens se déplacent 14 fois en des localités distantes de 8 à 30 km. En 1585, ils se rendent le 29 septembre à Souvigny pour la Saint-Michel, le 11 novembre à Nouan pour la SaintMartin, le 19  novembre à Sennely pour la Saint-Simon. Au cours du seul mois d’avril  1586, période pascale, trois processions se succèdent  : le lendemain de Pâques (7 avril) à Chaon, et le surlendemain (8 avril) à Menestreau puis le 30 à Pierrefitte pour la Saint-Eutrope. Le 6  mai, on se rend pour la Saint-Jean Porte latine à Sennely, et le 6 juillet à Saint-Aubin. Le 3 août, procession à Tremblevy (Saint-Viâtre), le 10 à Nouan pour la Saint-Laurent et le 17, à Marcilly-en-Villette pour la Saint-Blaise. Le 1er  septembre, on part fêter Saint-Loup à La Ferté-SaintAubin avant de clôturer l’année à Notre-Dame de Cléry pour le grand pèlerinage de la Nativité Notre-Dame, le 8 septembre 1586 (Poitou, 668). Une bête monstrueuse autour de Revin Autour de Revin, en décembre, ravages d’une bête » grandement monstrueuse et furieuse »  : Figure d’un loup ravissant trouvé en la forest des Ardennes et de la destruction et grands dommages par lui faicts en plusieurs bourgs et villages et dépendances d’icelle forêt au mois de décembre dernier passé avant qu’estre attrapé, Troyes, 1587. « Sarrasin, fève de Calicut et sainfoin » : l’ouverture agronomique d’une ferme normande En 1586, un bail à moitié est passé en Haute-Normandie, pour la ferme de Canteloup, à La Neuville-du-Bosc (Eure). Dans les régions d’agriculture modernisée, comme celle qui règne dans la plaine du Neubourg, le métayage de grands domaines permet au propriétaire, en l’occurrence Catherine de Daubray, d’impulser une intensification de l’assolement triennal. La variété des légumineuses souligne les liens entre céréaliculture et élevage. 314

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« Lesdicz preneurs seront aussi subjectz bailler et fournir à leurs despens toutes les semences […] sçavoir de bled froment les terres de la saison des bledz et en la saison des mars six acres de terre en orge, quatre acres en poix blancz, deux acres en lin […] du chanvre s’ilz en font et le surplus de ladicte saison des mars les deux tiers en avoine et l’aultre tiers en poix gris, vesce esgalement. Aussi seront tenuz faire semer et fournir deux acres de terre en bled sarrazin aux vorets par chacun an, plus de faire fournir, ensemencer dedans l’enclos de Cantelou des gros pois blancz, chiques, felves communes et de calicutz […]. Aussi labourer, fumer et cultiver les trois prez […] pour les semer en saincfoing » (Plaisse, 632-636).

1587 Lundi de Pâques : naufrage à Ouzouer-sur-Loire (Loiret) « Je vis l’an 1587, ceux d’Ouzouer-sur-Loire, bon et riche bourg, qui avaient perdu leur curé et presque tous leurs paroissiens, traversant la rivière pour aller en procession à Sully un lundi de Pâques, ainsi qu’ils avaient coutume, passèrent et consommèrent deux ans à les [lettres de remise de taille auprès du roi] obtenir et valider. Au même moment ceux de Mantes-sur-Cher [Mareuil-sur-Cher ?], en Berry, qui avaient été brûlés, deux de leurs procureurs étant morts à la suite de la cour, quittèrent tout, n’en pouvant plus Il faut passer par tant de mains [pour obtenir un dégrèvement de taille] que c’est pitié » (René Laurens de La Barre, Fourmulaire des élus, 1616, rééd. 1631, 152). « L’an de grand cherté et famine » ~ En Île-de-France : année très stérile en blés (Thoulouse, II, 287-288). Mercredi 3 juin, « Le bled se vendit à Paris 30 livres et aux villes circonvoisines jusqu’à 40 et 45 livres » (Pierre de l’Estoile). ~ En Drouais  : « L’an de grand cherté et famine, que l’homme mangeait avec les porcs et paissait avec les bêtes. J’en ai vu qui mangeaient les hannetons et les charognes des bêtes mortes » (AD 28 en ligne, BMS Prudemanche, vue 48). ~ En Pays de Bray : « Continuation de la cherté des grains en ladite année 1587, la mine de bled ayant valu jusqu’à 30  livres. Et sans des bleds qui vinrent du Dannemark et de la Pologne, il y aurait eu en France une famine générale » (Bouquet, 58). ~ En Basse-Normandie, comme le rapporte Delamer, tabellion à Cherbourg : « L’an 1587 courut une grande chertey Le paouvre peuple bien le scayt Qui moleste en a estey La plupart au haut de Lestey N’avoient bley, ne pain, ne faryne Pourquoy plusieurs en paourtey Sont morts par extrême famine » (Bibl. mun. Cherbourg d’après Mouchel-Vallon, 42). ~ En Picardie : « La chère année » à Abbécourt (E sup. 02). 315

1587

~ En Champagne : « Yvert fort fong les froigdures continuèrent jusques au moys

de juin ; les biens de dessus la terre ne croissoient que de force ; audit moys de juin, vint une gelée le jour de la Trinité qui gatta les vignes des tendres villages et plusieurs seigles ès bas lieux ce qui fut cause en ce pays de grande chéresse de sorte que le froment valloit xv et xvi livres le septier, le seigle x et xi livres, l’orge aultant, l’avoine iv 1ivres. Et tous aultres vivres estoient fort chers, et encor plus aux aultres pays que ès environs de Reims. Aulcunes poires de Bon Crestien furent vendues vi solz tournois la pièce. Pourquoy advint en ce pays grand nombre de pauvres, pour la pluspart employez à la diligence de Messieurs de Reims à curer les fossez d’entre la tour Sainct George et Sainct Nicaise, et estoient lesdits pauvres nourris de pain, potage, et à chacun six deniers par jour […]. Ceste année fut fort tardive pour les froidures mois d’aoust, de sorte vin et fort pelitz, qui valloient toutesfois à la vendange xx le moyen, et le bon c livres la queue, mesme l’excellent tant viel que nouveau valloit huict vingts livres la queue ; mais le moyen et le petit diminuèrent de pris sur le printemps (1588) d’aultant qu’il ne s’en vendoit que bien peu. Et fut bonne quantité de grain et principalement du froment, tellement que en caresme (1588) le froment ne valloit plus que iv 1ivres x solz, le seigle lxv solz et l’avoine xxxv solz, le septier » (Pussot, 22-24). ~ En Lorraine  : « 1587. La quairte de bleidz es moys de juin a vallu à Thoul, Nancey, Pont-à-Mousson xx fr. et xxvii fr. monnaye barroyse. A Metz, par la diligence du gouvernement qui ait fait inhibition et desfances de ne le vendre plus de x fr., et n’en laisser sortir es ses deux moys hors de la ville mesmes au gens du pays ny pain ny vin, si ce n’estoit que les pauvres gens par subtil moyen en faisoient sortir. Une infinitez de pauvres mouroient en ce temps hors des portes de faim, ne mangeant aultres choses que des herbes et faisoient grand degatz es jardins et mesoiaiges, comme aulx, oignons et pattenées » (Le Coullon, 69). ~ En Bassigny : « le 15 septembre, la famine a été si grande que ladite ville [de Langres] a été contrainte subvenir au peuple tant d’icelle ville que de 10 lieues à l’environ, et vidée de tous grains, une grande partie du pays a été perdu par les grêles, les terres rendus si infertiles que l’on n’a recueilli la semence, étant impossible de réensemencer pour l’avenir, parce que la famine commence comme auparavant, vu que les héritages des habitants sont demeurés et demeurant en friche, sans labour ni semence » (SHAL, M 278, registre des délibérations de Langres, d’après Skora, 139). ~ En Dauphiné : les blés sont rares « par la cessation du labourage tant d’une part que d’autre (catholiques et protestants) d’aultant que pour le payement tant des impositions que thailhes […] l’on saisyt à toute heure les beufz aux laboraiges et tout autre bestail » (Arch. com. Grenoble, BB 39, f° 109 v°, d’après Latouche, 345). ~ En Limousin : le 10 janvier : « l’eyminal de chastaignes vertes se vend 8 sols 6 12 sols à Saint-Yriex » (Jarrige, 95). ~ En Gévaudan : « La plupart du plat pays n’est habité que de loups et autres bêtes sauvages, tellement acharnés sur les corps humains morts, à grand tas, de peste ou famine, qu’à peine ceux qui sont dans les villes peuvent garantir et défendre de leur violence et férocité » (AD 48, C, remontrances adressées au roi par les états du Gévaudan, d’après André, 1872, 3). 316

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La grande poussée de la peste (suite) n Attestations de peste autour d’Aix, Albi, Amiens, Angoulême, Apt, Argentan, Aurillac, Avallon, Avignon, Bellac, Brignoles, Cahors, Chalon-sur-Saône, Chambéry, Château-Chinon, Draguignan, Lectoure, Limoges, Lyon, Marseille, Mauriac, Mende, Murat, Orléans, Riom, Saint-Flour, Saint-Lô, Toul, Toulon, Toulouse, Villefranchede-Rouergue et Vire (Biraben, 385). n Peste en Anjou  : « contagion » à Chalonnes-sous-Le Lude en octobre (E sup. 49, III). n Peste en Bourgogne, autour de Dijon, Montbard, Châtillon-sur-Seine (Drouot, I, 26). n Peste en Beaujolais d’avril à août (E sup. 69, Chiroubles). n Peste en Bretagne, à Guégon (E sup. 56). n Peste en Champagne, à Trélou-sur-Marne (Aisne) de juillet à septembre « Le 6e  jour (juillet  1587) trépassa Madeleine, en son vivant femme de Lucas Liège. Elle est morte de peste et fut inhumée au champ. » « Le 3e  jour du mois [août] trépassa de peste Noëlle, en son vivant femme de Louis Halus et fut inhumée en son jardin. » « Le même jour trépassa de la peste Marion, fille dudit Louis Halus et fut inhumée en son jardin. » Du 6 juillet au 17 septembre 1587 : 84 morts dont 30 explicitement au champ et non au cimetière (BMS en ligne, vues 112-114). L’« année des reîtres », fléau complémentaire (septembre-novembre) Arrivée du duc de Bouillon avec 10 000 reîtres allemands et de 20 000 suisses au secours du roi de Navarre et du prince de Condé, qui ravagent en août et septembre la Lorraine entre Blâmont et Vaucouleurs et évitent l’affrontement avec les troupes du duc de Guise et de Charles III, massées entre Saint-Nicolas et Toul (Cabourdin, 61). Le 5  septembre au Pont-Saint-Vincent, sur la Moselle, le duc Henri de Guise s’engage contre les forces supérieures des Allemands et s’en tire avec honneur. Mais il ne peut arrêter les envahisseurs qui passent en Champagne et courent vers la Loire. ” Dévastation des reîtres : « Ils mettent le feu indifféremment en toutes les maisons des gentilshommes, abbayes, bourgades et villages d’où ils délogent et partout ailleurs où ils peuvent entrer. Hier, en marchant Monsieur de Lorraine vit dix-huit grands villages en feu. Ils ont brûlé une maison au baron d’Ossonville, treize villages d’une terre au sieur de Bassompierre et sont logés asteure en une autre et en une terre du comte de Salm » (Lettre de Gaspard de Schomberg au roi, 13 septembre 1587, BnF, 500 Colbert, t. X, f° 213). ” Le passage des reîtres allemands laisse une traînée de feux : 35 maisons brûlées à Allain-aux-Boeufs, 39 à Bagneux (dont le moulin à vent), 36 à Colombey, 67 à Harmonville, les châteaux de Vézelise, Bagneux et Le Grelot, les églises de Goviller et Barisey-la-Côté (Cabourdin, 63). Le 24 novembre, les reîtres sont arrêtés à Auneau. Le duc de Guise et le marquis de Pont-à-Mousson poursuivent les débris de leurs troupes jusqu’au comté de Montbéliard. 317

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L’enchevêtrement des calamités Famine, guerre et peste au sud du Vercors  : à Beaufort-sur-Gervanne (Drôme), les consuls dénoncent le cumul des fléaux. « En après de l’anée 1586, la guerre civile s’est continuée au présent pays et y a heu famine avec grand mortalité générale et notamment en ce lieu de Beaufort, qui est descedé de contagion de peste d’environ 350 personnes. De l’année 1587, la guerre civile s’est continuée avec grandz contributions des années précédentes en argent, magasins de grains, foins et avoynes de façons que les uns comme les autres se sont grandement endebtés et embringués. La famine encore réignante avec grand mortalité de contagion de peste en plusieurs endroits de ce pays » (AC Beaufort-sur-Gervanne, Drôme, CC7, d’après Belmont, 1998, 63). Une crise démographique majeure Dans la courbe annuelle des sépultures pour la France (1550-1790), en l’état actuel des reconstitutions, le mouvement de longue durée reconstitué pour l’Histoire de la population française fait apparaître le pic de 1587 avec l’indice 170  : 4e  position après ceux de 1563, 1694 et 1636. Le déficit des baptêmes (avc un indice de 70, minimum absolu), qui est lié autant à rupture des couples féconds qu’à la chute de fécondité des couples subsistants, correspond en partie à une chute des conceptions depuis 1586, début de la crise. La chute est comparable à celle de 1710 et supérieure à celle de 1694. Consécutif à la conjonction de la famine et de la peste, ce creux est visible dans la majorité des régions pour lesquelles une observation est possible. Seule la Bretagne, le Roussillon et une partie de l’Aquitaine semblent y avoir échappé (Dupâquier, 1988, II, 150 et 196). 12 juillet 1587 : permission de fortifier le village du Thillay « Fort incommodés par le passage des gens de guerre sans aveu qui les pillent et ruinent », les habitants du village obtiennent du gouverneur de l’Île-de-France, René de Villequier, la permission de « clore de murailles » leur village (AD 95, B 2925, 1571-1790). Un conquérant terrien en Franche-Comté : Pierre Cécile « Voici, exemple frappant, la liste des biens-fonds amassés par un conseiller au Parlement de Dole, Pierre Cécile, telle que nous la donne un inventaire après décès [du 27  février 1587]. C’est une véritable accumulation de prés, de vignes, de champs isolés, morcelés, séparés les uns des autres, achetés visiblement au hasard de ventes, de décrets, d’occasions successives –  au hasard, mais avec un plan suivi : dès que, dans une contrée, sur un territoire donné, assez de “corvées”, de “semées”, de “fauchées”, d’ “ouvrées” auront été acquises, le riche bourgeois de ces terres éparses fera une grange ; dans une maison de ferme, il mettra, pour les faire valoir, une famile paysanne. À Orchamps, l’opération était faite ; Pierre Cécile possédait un grangier ; à Damparis, Belvoye et la Borde, “le conseiller Cécile, dit l’inventaire, estoit en délibération de y mectre ung grangier pour ensemencer les terres”. Au total, près de 250 pièces de terre et de pré, 3 maisons de ville, 3 318

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maisons de village et 14 vignes disséminées sur le territoire de plus de 25 villes ou villages différents » (AD 25, B 0418, d’après Febvre, 1912, 266-268). Vol d’abeilles Le 14 mai, pour avoir volé les mouches à miel de son maître, Nicolas Ferrand, élu en l’élection de Coutances et Carentan, sa domestique Michelle Bihel est condamnée à être battue nue de verges, un jour de marché, une ruche à son cou (AD 76, 1B 3208, d’après Mouchel-Vallon, 137).

1588 Temps capricieux ✷ En Champagne  : « Ceste année fut assez fertille en grains mais fut peu de vin et moyen en bonté d’aultant que les moys d’aoust et septembre avec le temps de vendange furent humides […]. À la vendange le seigle valloit xlvii sols le septier, le froment lxx sols et l’avoine xxx sols. L’humidité fut continue et dura le temps pluvieux jusques à Noël, qui estoit temps extraordinaire et merveilleux » (Pussot, 27). ✷ En Velay  : « Neige en grande abondance qui fait épier les blés à Yssingeaux. « Tumbe nege ledict jeudy [jeudi Saint, 14 avril] tout le matin, en grand abondance, et les blés acommensoient d’espier au bas de la parroisse et de là quelque peu à l’hault de la parroisse, l’an 1588 » (Burel, 106). Séisme et peste

~ 25 mars 1588 : Séisme d’intensité MSK 6,5 autour d’Angers (Base SISFRANCE

et Quenet, 553 et 579). n Attestations de peste autour d’Angoulême, Apt, Bagnères-de-Bigorre, Bellac, Briey, Brives, Cahors, Cambrai, Chambéry, Fougères, Grenoble, Lectoure, Limoges, Marseille, Mirande, Montbéliard, Murat, Reims, Rennes, Rethel, Riom, Saint-Flour, Sens, Tarascon, Toulouse, Tours, Tulle et Villefranche-de-Rouergue (Biraben, 385). n Par ailleurs, peste au village de l’Épinay, à Beignon en septembre (E sup. 56), et « contagion » à Liergues, le 2 octobre (AD 69 en ligne, BMS vue 7). Un parfumeur ou un sorcier ? Comment lutter contre la peste Mercredi 10  février, on désinfecte Dun, village du Bas Limousin contaminé par la peste  : Saint-Germain-les-Vergnes (Corrèze). Seigneur de Saint-Germain-lèsVergnes, où il suit régulièrement les travaux de son métayer, Hélie de Rouffignac s’active pour protéger ses sujets des gens de guerre et aussi de la contagion. « Suys party de Favars et suys venu à Saint-Germain trouver le perfumeur de Tulle, avec lequel avons faict pris de perfumer le bourg et paroisse de SaintGermain, l escutz » (Roffignac, 409). Le 26  septembre, en Auvergne, les consuls de Riom font appel à un sorcier d’un village près de Manzat pour lutter contre la peste. « A esté exposé qu’il y a un homme à ung villaige près de Manzat qui a nom Gabriel, lequel a mandé que si on lui veult permectre qu’il vienne en ceste ville, qu’il fera en sorte que la malladye 319

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de peste ne durera plus longtemps et qu’il coppera chemin à icelle. Sur quoy a esté résollu que Gabriel sera mandé venyr en ceste ville dès demain pour veoir s’il pourra donner ordre que la malladye de peste n’aye plus cours » (Clouard, 388). Ravages des soldats ” En Gévaudan : plusieurs villages ruinés dans le Causse Méjan comme celui de Poujols, au Mas Saint-Chély (Lozère) dont le bétail est enlevé par les protestants (AD 48, C 952). ” En Dauphiné  : de septembre à décembre, destructions en Dauphiné lors des opérations militaires menées entre Lesdiguières et Maugiron à Saint-Égrève et Bourg-d’Oisans (Mémoires des frères Gay, 229). ” En Bretagne : point de noces à Fégréac (Loire-Atlantique) en raison des guerres. « Nota que en l’an 1588 et en l’an 1589 ne furent faictes nulles nopses a rayson des guerres » (BMS en ligne 1570-1631, vue 25). Un laboureur à Blois aux États généraux (16 octobre-16 janvier 1589) Le 13 août, à Caudebec sont élus « pour l’Église, le curé d’Ausebosc, le comte de Brissac pour la noblesse et  le nommé le Vasseur, simple laboureur, pour le tiers estat » (Miton, 62). 25 février 1588. Élection d’un capitaine au village d’Hérouville-en-Vexin Au cours de guerres civiles, et en particulier de la huitième guerre de Religion, la plus éprouvante pour les campagnes, bien des villages s’efforcent de se prémunir des exactions des soldats et brigands, en demandant au roi le droit de fortification, d’élection de capitaine et de port d’armes. Si le cadre de formulation est alors stéréotypé, les conditions d’application de cette mesure de circonstance varient. L’exemple d’Hérouville va jusqu’à détailler les services de guet au clocher du village et le taux des amendes pour les récallcitrants, six fois plus fort pour les laboureurs que pour ces manouvriers, selon la structure sociale en place dans la plaine du Vexin français à la fin du xvie siècle. « Du jeudy vingt cinquiesme jour de febvrier l’an mil cinq cens quatre-vingtz et huict, avant midy, en l’hostel du seigneur de Herouville, furent présens en leurs personnes Pierre Benoiste, Antoine Caffin, Jehan Benoiste [suivent 47 noms], faisans et représentans la plus grande et seyne partie de tous les habitans du villaige dudict Hérouville, estans tous congregez et assemblez, et après avoir faict sonner le beuffroy pour traicter de leurs affaires, et sur ce recongurent et confessèrent, recongnoissent par ces présentes avoir esleu et eslisent pour leur capitaine et suivant les certaines lectres patentes à eulx donnez de par le roy nostre sire, à Paris, au mois de septembre l’an de grâce mil vc quatre vingt-sept, de nostre règne le quatorziesme […], par lesquelles il est permis et est octroié aulx manans et habitanz du village de Hérouville qu’il puisse et leur soyt loysible faire fermer, fortifier, clore de murailles, tours, portez, fossez, pont-levis, boullevartz, platesformes, casematez, courtinez, contrescarpez et aultres choses requises et nécessaires à forteresse, telles et semblables qu’ilz sons cranelés noz villes closes de nostre dict royaume, iceluy bourg de Hérouville et y avoir et tenir toutez sortes d’armes qui 320

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leur seront necesserez pour leut seuretté, tuytion et deffence de leurdict villaige dudict Hérouville, ledict Pierre Benoiste, capitaine. « Et ou cas qu’il y eust aucuns des laboureurs et manouvriers dessuz nommez contredisans et déobéissans aux commendemenz dudict Benoiste, capitaine, en cas acordent et consentent, assavoir lesdicts laboureurs estre contrainctz par vente de leurs biens en la somme de vingt escus d’or soleil d’amende [soit 60  L], laquelle somme sera apliquée aux fortifications de leurdit villaige ; et lesdicts manouvriers en la somme de trois escus un tiers d’amende [soit 10 L], condamnés aussy estre contrainctz par vente de leursdicts biens, et ce, sy tost qu’ilz seront rebelles aux commandemens dudict capitaine, et le tout nonobstant oppositions ou appellations quelsconques que lesdicts contredisans pourroient dire et remontrer. « Et oultre puissance audict Benoiste, capitaine, de faire vendre les biens des dessusdictz et aultres habitans dudict villaige pour avoir des armes selon leur capasité et moyens, mesme aussy où aulcuns estoient trouvez sans poudre à canon et balles, en ce cas iceux seront condamnez en soixante solz tournois d’amende, laquelle somme sera apliquée ausdictes fortifications. « Et oultre, tous les dessusdictz seront tenuz et ont promis d’aller chacun ung jour à la tour du clocher du villaige de Hérouville pour faire la guette selon son rent et pour avertir le villaige des troupes de gens d’armes qui seront aux champs. Et où aulcunz des dessudictz ne sonnoist ladicte cloche pour avertir le villaige desdictes troupes de gens d’armes qui seront veuz aux champs et que ledict villaige feust surprins, en ce cas iceluy qui y sera dix trouvé, sera condemné en quatre escus d’amende, laquelle somme sera apliquée comme dessus. Et ad ce faire se sont tous les dessusdictz obligez et obligeans leurs biens, et ce nonobstant oppositions ou appellations quelsconques, à fournir tout ce que dessus, es présens Guillaume Crosneau et Pierre Maistre, tesmoingts. » [suivent les signatures avec paraphe des 14 laboureurs et notables du village, du notaire de Pontoise, et les marques des 15 manouvriers] (AD 95, AMP, 31Z 122, acte du 25 février 1588 passé par devant Jehan Levasseur, notaire à Pontoise, d’après Descamps, 97-102). Vague d’affranchissements de mainmortables en Bourgogne : Charolais, Autunois, Auxois et Chalonais « À la veille de la dernière prise d’armes de la Ligue, en 1588, c’était 200 localités peut-être qui venaient de passer de la mainmorte à la franchise, localités souvent petites, il est vrai, écarts ou hameaux dispersés sur le granite autunois ou charolais, petits groupes humains exposés au soldat et prêts à l’émigration, qu’il était urgent de retenir. « Pour prix d’une forte somme d’argent, des milliers de villageois s’émancipent : 1  800 écus d’or à Montpont-en-Chalonais (1588) ; 1500 à Courban (1578) ; 400 à Bissey-la-Côté (1580) et à Louesme (1580) ; 90 seulement pour le hameau de Pasilly, en Avallonais (1585) (Drouot, 39-40).

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1589 Humidité du nord, sécheresse dans le Midi ~ De l’eau en Champagne : « Le 2e jour dudit mois [mai], les vignes furent gellées en plusieurs endroitz de la montaigne, et principalement des villages des bas lieux. L’esté fut fort humide dès le moys de may, juin et jusques mye juillet. Le reste de l’esté fut fort beau » (Pussot, 31). ~ Sécheresse en Languedoc  : Ensablement de Mauguio, qui perd ses ressources en pêche. « Il souloit avoir un grau aux plages dudit Mauguio, lequel dura environ cent vingt ans, et s’est fermé et entassé de sable en l’année  1589 […]. La perte de ces graus a causé de grands préjudices et interests aux habitants dudit Mauguio desquels une bonne partie se prévaloit par moyen de la pescherie des estangs, lesquels estoient grandement peuplés de poisson par le moyen dudit grau où maintenant ne se pêche que des carpes et autres mauvais poissons mais pas de bon poisson » (Chronique de Mauguio, 1610-1638). En Camargue, l’étang d’Escamandre est « desseché du tout » en 1589 comme en 1612 et 1680 (AD 30, G 1179, d’après Le Roy Ladurie, 37). ✷ Abondance de fruits en Poitou et Saintonge : « Il y eut cette-année là abondance de sel, vin, et de blé » (Dangibeaud, 67). Traité du vin et du cidre 1re édition en français, à Caen, du Traité du vin et du cidre, de Jean Le Paulmier. Exposant la fabrication et la consommation du cidre, Le Paulmier défend cette boisson en démontrant qu’elle ne nuit pas à la santé à condition qu’elle soit fabriquée correctement et consommée en fonction des humeurs de chacun. D’Henri III à Henri IV : les soldats en Île-de-France et en Normandie ” En Dauphiné : le 28 mars, une trêve de 21 mois en Dauphiné est signée par Lesdiguières (jusqu’au 31 décembre 1590) (Gay, 230). ” En Île-de-France : Après la soumission d’Étampes le 1er juillet, les troupes royales s’approchent de la capitale investissent les villages de la banlieue parisienne. « Le samedi premier jour du mois de juillet, la ville et chasteau d’Estampes fus tendues aux deux Rois. Lesquels, par là ayant leurs coudées un peu plus franches, s’approchèrent de Paris où ils avoient opinion d’enter bientôt, et y commander. Et envoyèrent leur avant garde courir et ravager les villages plus proches de la ville comme Clamart, Vanves, Issy, Meudon, Vaugirard, Montrouge et circonvoisins. Le dimanche 2e  juillet, on commença à faire aller xv cent ou 2 mil bourgeois aux tranchées pour y demeurer en agarde 24 heures, chaque dixaine à leur tour, avecq les soldats logés aux fauxbourgs ausquels seules on ne s’osoit fier. Cependant les pauvres gens des villages des environs de Paris, espouvantés, y refuioient en grande désolation, chassant devant eux bœufs, vaches, moutons, chevaux, asnes, et tout ce qu’ils pouvoient sauver de leurs meubles, comme faisoient aussi les religieuses des monastères voisins » (L’Estoile, 798).

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” Assassinat d’Henri  III, le 1er  août. « Au premier d’aoust, fut occis à Sainct-

Clou Henry de Valois, roy de France, par un jacobin » (AD 28 en ligne, BMS Prudemanche 1564-1604, vue 50). Le 8  août,  le siège de Paris est levé. Avec des troupes diminuées, Henri  IV gagne la Normandie. ” En Drouais  : le 13  août, ravages des gens d’armes à Senantes et à Vert-enDrouais (E sup. 28, IV, Nogent-le-Roi). ” En Normandie  : le 12  septembre, reprise de la ville de Neufchâtel-en-Bray aux Ligueurs par l’armée de François de Montmorency, après la défaite de la troupe d’un seigneur picard, nommé Catillon, « suivi de plus de 4  000 paysans » ligueurs (Miton, 68). Le 29 septembre, après la victoire d’Arques sur les Ligueurs de Charles de Mayenne. Henri  IV tente à nouveau de prendre Paris qui résiste. Du 21  octobre au 3  novembre, les faubourgs de la capitale sont saccagés par les troupes royalistes. Les campagnes normandes aux mains des Ligueurs En mars, à Rouen le conseil de l’Union de la province de Normandie accorde aux paysans le droit de port d’armes « dont arriva qu’il ne s’osait présenter gens de guerre pour manger le peuple » (Miton, 65). Le 4  avril, l’assemblée des trois états à Valognes lance le signal de la révolte des ligueurs du Val-de-Saire contre Robert aux Épaules, seigneur huguenot de Sainte-Marie-du-Mont. 2  000  hommes armés venus de 30 paroisses (24 de la sergenterie du Val-de-Saire et 6 de celle de Valognes) et 2 villes, s’abattent sur les nobles protestants du nord du Cotentin en avril-mai 1590. Quatre séries d’expéditions interviennent jusqu’à la reprise en main par l’armée royale en février 1590 et la capitulation des 30 paroisses imposées à 10 0000 écus d’amende (AD 76, 1B5712, Mouchel-Vallon, 119 et 325). De son côté, Louis de La Moricière, sieur de Vicques, capitaine catholique d’Avranches, s’en prend aux châteaux protestants de l’Avranchin, de mars  1589 à octobre  1590, avec les villageois « de toutes les communes du pays » (AD 76, 1B99, délibération du 28  avril 1590, MouchelVallon, 133).

Révolte des Gauthiers Depuis 1588, les Gauthiers se révoltent contre le ravage des armées dans la région de Laigle et d’Argentan (De Thou, Histoire Universelle, VII, 437). Les Gauthiers se composent en majorité de paysans de La Chapelle-Gauthier dans l’Eure. Ils sont organisés en groupe d’autodéfense, sous le commandement de Vaumartel : ils défendent leurs fermes contre les pillages des mercenaires levés par Henri III pour combattre les Ligueurs. Le viol d’une jeune femme par les soldats allume la révolte. ” Le 22 avril, à Commeaux, entre Argentan et Falaise, la bataille des Gauthiers fait plus de 3  000  morts sur les communes de Nécy, Rônai et Montabard communes limitrophes de Commeaux. Le 23  avril, les 1  500 survivants se rendent aux troupes royales commandées par le duc de Montpensier. ” Le 18  avril, le siège est mis devant Falaise, place-forte des ligueurs, par les troupes royales du duc de Montpensier. Par l’intermédiaire des ligueurs d’Argen323

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tan, Cossé-Brissac obtient l’accord des Gauthiers, venus de la région de Gacé, pour attaquer les troupes royales par derrière. Pendant plusieurs jours, les Gauthiers se rassemblent à Pierrefitte sur les communes de Nécy et Ronai. Ils sont environ 5  000  hommes. Prévenu de ce rassemblement, le duc de Montpensier lève le siège de Falaise et encercle les Gauthiers rassemblés à Pierrefitte le 22  avril. La bataille fait rage toute la journée ; les troupes royales sont mieux armées, les Gauthiers, malgré leur courage, seront submergés par les troupes royales. Ils laissent plus de 3  000  morts sur les communes de Nécy, Ronai et Montabard. Restée à Occagnes, à 4 km, la cavalerie des ligueurs n’est pas intervenue, laissant massacrer les Gauthiers. Le reste des troupes paysannes se dirige vers Vimoutiers, poursuivie par une partie de l’armée royale. En 1590, les survivants retournent à leur village en renonçant à prendre les armes. Ravages de loups en Velay ~ « Je ne veulx oublier, en passant, de dire ce petit mot que toute ceste année dernière s’estoient levés une grande quantité de loups par tout le pays de Vellay, que mangeoient les hommes, femmes et enfans et ne touchoient rien le bestailh qu’ilz trouveoient aux champs, tellement que personne ne osoient sortir de leurs maisons » (Burel, 121).

1590 Abondance et sécheresse ~ En Champagne  : « L’année fut fort bonne pour les biens de la terre, et fut le bleid et le vin fort bons pour la beaulté et seicheresse de l’esté, de sorte qu’il fut recuilly deux foys autant de vin que l’année précédente ; et ne valloit le vin nouveau que xxv livres la queue, le septier de seigle iii livres, le froment iv livres. x s.  et l’avoine xxx s.  tournois le septier ; et le vin vieil qui n’estoit guère bon » (Pussot, 35-36). ~ En Pays de Bray  : « L’été fut si chaud et aride que tous les menus grains périrent presque, qui affligea infiniment le peuple, avec ce qu’il était fort peu de bled, parce qu’on n’avait pu semer ni labourer pour les voleries qui se faisaient par l’un et par l’autre parti des chevaux, bœufs, vaches, moutons et autres bestiaux, et que les laboureurs étaient tous fugitifs et retirés de leurs maisons, pour éviter la capture et saisie de leurs personnes » (Miton, 74-75). ✷ En Poitou et en Saintonge  : « Cette-année-là fut bien tempérée en toutes ses saisons, et il y eut quantité de toutes sortes de fruits » (Dangibeaud, 67). Ravages de la Ligue ” En Basse-Bretagne : les campagnes du Trégor prises entre royalistes et ligueurs : « Le 3e  et 7e  jours de juillet 1590 fust bruslée et ravagée la paroisse de Plestin par ceulx du party du roy. Et au reciproque le 21 dudit mesme mois de juillet fust pareillement bruslée et ravagée la paroisse de Plouaret, Ploecberzé [Ploubezré], et la ville de Lannyon par ceulx qui tenoient le parti du duc de Mercure et de 324

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la saincte union » (AD 22 en ligne, BMS Lanvellec 1590-1654, vue 292). Prise du château de Kerouzeré et massacre des nobles par les paysans. La succession des opérations militaires entre l’armée de Mercœur et les royalistes multiplie les destructions (Croix, 1981, 275-277). ” En Laonnois : « En ce temps [avril 1590] les reîtres du duc du Maine étaient logés à Monceau-le-Wast, Fay, Pierrepont et autres villages prochains où ils faisaient un fort grand dégât par volerie et pillerie, pourquoi les habitants de ces villages furent contraints d’abandonner toute leur habitation » (Richart, 267). ” En Vexin normand  : du 25 au 27  février 1590, l’armée de Mayenne ravage plusieurs villages. « Les soldats et capitaines du sieur du Maine, étant logés en tous les villages d’alentour cette ville de Gisors (et Dangu), avaient tout pillé et ravagé ce qu’ils avaient trouvé ; même mis le feu à plusieurs desdits villages comme Beauseré, Courcelles, Boisgilloul, Lattainville, Reilly (Oise), Hérouval, Valécourt, Chambors, et autres villages, où ils avaient brûlé plusieurs maisons […] comme même les villages de Trie-Château et Trie-la-Ville […] et était le commun bruit que ledit sieur du Maine et son armée allaient recevoir grand nombre d’Espagnols qui venaient à son aide et secours. « Durant lesquelles journées, toute la plus grande partie des hommes, femmes et enfants de tous lesdits villages s’étaient réfugiés dans cette ville de Gisors, avec leur bestial, en grande désolation et calamité » (Journal d’un bourgeois de Gisors, 27-28). ” « 1590. Le 13  février fut pris Nonancourt. Dreux assiégé. Ce jour [13e  de mars] le siège fut levé de devant Dreux. Ce jour [14e  de mars] fut la bataille entre Saint-André et Ivry à la Malmaison » (nota du curé de Prudemanche, baptêmes 1564-1604, AD 28 en ligne, vue 51). ” En Pays de France  : Jacqueline Vallet, veuve de Pierre Dubarle, marchandlaboureur à Goussainville, doit payer 8 écus soleil « pour aller rachepter au MesnilAubry l’un de ses chevaux qui avait été pris par les gens de guerre » (AD 95, B Goussainville, comptes de tutelle 1586-1610). Été 1590 à Paris : mourir de faim devant un tas de blé Dans la capitale assiégée par l’armée du roi, les vivres manquent et une terrible famine s’instaure au cours de l’été. Comme à Sancerre en 1573 – mais à une tout autre échelle  –, le petit peuple de la ville est acculé à briser les tabous alimentaires. Alors que les récoltes de l’Île-de-France sont satisfaisantes, on meurt de faim à Paris. Juste avant la levée du siège, le 30 août, on assiste même à des cas d’anthropophagie. « Pendant le mois de juillet, la saison étant de cueillir les grains et faire la moisson, qui était fort belle et en grande quantité, tout autour de la ville de Paris, ceux de ladite ville, qui étaient fort pressés de faim, s’efforçaient d’en aller couper, et sortaient aux dépens bien souvent de leurs bras et de leurs jambes ; car on ne voyait autre chose tous les jours qu’hommes et femmes coutelassés en revenir […]. « Pendant ce temps, qui était six jours avant la levée du siège de Paris, et jusques à la fin d’icelui [du 24 au 30 août], vous eussiez vu le pauvre peuple qui commençait à mourir à tas, manger les chiens mort tout crus par les rues ; autres 325

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mangeaient les tripes qu’on avait jetées dans le ruisseau ; autres des rats et souris qu’on avait semblablement jetés ; et quelques-uns les os de la tête des chiens moulus (chose qui montrait une grande extrémité) ; et étant la plupart des ânes, chevaux et mulets mangés, on vendait les peaux et cuirs desdites bêtes cuites, dont les pauvres mangeaient avec fort bon appétit […]. Finalement, la nécessité croissant, deux ou trois jours devant la levée du siège, les lansquenets, gens de soi barbares et inhumains, mourant de male rage de faim, commencèrent à chasser aux enfants comme aux chiens, et en mangèrent trois : deux à l’hôtel Saint-Denis et un à l’hôtel de Palaiseau ; et fut commis ce cruel et barbare acte dans l’enceinte des murailles de la ville de Paris, tant l’ire de Dieu était embrasée sur nos têtes » (Pierre de l’Estoile, Journal 1589-1600, éd. 1948, 59 et 70). Des villages taillés par les deux partis : royalistes et ligueurs « Le sieur de Tavannes, gouverneur de la ville de Rouen pour la Ligue […] avait envoyé un élu à Gournay, qui avait délivré mandement pour la taille aux villages circonvoisins, comme Éragny, Tierceville, Sérifontaine, Saint-Denis-le-Ferment (Oise), Bézu-le-Long, Saint-Éloi (Eure), et à tous les autres villages de la province de Normandie. Et laquelle taille, il leur avait convenu payer pour la garnison dudit Gournay et autres ; tellement que les villages avaient payé les tailles à deux  : au roi et aux ligueurs. N’osant les habitants desdits villages, ou bien peu, osé venir à Gisors ni ailleurs, à cause qu’ils étaient mis en prison par le sieur de Flavacourt, notre bailli, qui retenait lesdites tailles pour le roi, si bien qu’il ne venait audit Gisors que des femmes. Comme par semblable, lesdits pauvres villageois n’osaient coucher dans leurs maisons, de peur des ravageurs et pillards qui, nuit et jour, passaient par lesdits villages pour voler et piller ; ains étaient contraints coucher dans les bois, maisons des gentilshommes et ailleurs, laissant leurs femmes et enfants dans leurs maisons à l’abandon desdits pillards » (Journal d’un bourgeois de Gisors, 49-50). Capitulation des Lipans Après la reprise de Falaise et d’Argentan aux Ligueurs, les Lipans, de paysans qui ont succédé aux Gautiers, commandés par Jean Mallard de La Motte, gouverneur du château d’Essay, font « de grands ravages aux environs de Domfront, de Bellême et dans le canton de Sées » (Mémoires historiques sur la ville d’Alençon, 353). Au début de l’année  1590, ils capitulent et disparaissent. Comme les Gauthiers, ils paraissent avoir vécu de maraude et de rapines : franches lippées et tranches repues sont termes synonymes. La louve rouge de Belfort La sinistre équipée d’un loup enragé au sud-est de Belfort, est l’un des exemples les plus anciennement documentés sur cet autre risque occasionnel que les gens de village connaissaient sporadiquement. En dehors des attaques de loups anthropophages qui paraissent alors bien plus générales, et frappent surtout les enfants et les femmes, les agressions de loups enragés terrifient les populations par le nombre de victimes, la soudaineté de l’événement, la violence des morsures et la mort à retardement que le virus de la rage peut occasionner. Perturbé par la 326

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crise rabique, l’animal furieux mord très grièvement tous les êtres vivants qu’il rencontre sur son passage, adultes et enfants. ~ Le 25 juin, une vieille louve rouge enragée « à laquelle les dents étaient usées, qui avait les flancs et queue pelés, n’ayant rien dans l’estomac, mais du lait dedans les tétins », blesse grièvement 12  personnes en 24  heures dont 9 sont morts trépassent « avec grande misère ». À Bourongne, deux jeunes filles parties « cueillir des cerises au bois, entre les fins de Meru et Bourongne » défigurées, succombent après d’atroces souffrances 21 à 22 jours après ; l’une « priait son beau-père […] qu’il prît une pioche et qu’il l’assommât ». À Trétudans, elle arrache un œil et le bout du nez à un jeune garçon de 13 ans (qui meurt 17 jours après) ; à Danjoutin, elle fait des plaies affreuses à un enfant de 3  ans qui succombe dans les trois jours ; puis, passant derrière le château de Belfort, elle traverse le grand chemin qui mène à Roppe, et attaque une fille perdue assise sous un cerisier ; à Vétrigne, elle mord deux personnes puis à La Charme, une femme ; à Étuefont, un homme blessé au doigt, succombe 59 jours plus tard et deux autres personnes ; revenant sur ses pas, à Vézelois (par Roppe), un homme au visage et au bras qui trépasse, « enchaîné » en l’église de Brasse le 13  juillet, enfin au village de Méroux où elle mord encore quelques habitants avant d’être abattue à coup de faux par des faucheurs aidés de leurs chiens à Sévenans. La peau de l’animal est exposée à Montbéliard (Observations de Jean Bauhin d’après Nardin, Bull. Soc. Belfortaine d’émulation, 1894, 125-128).

1591 Séisme à l’île de Ré ~ 24 avril : Séisme d’intensité MSK 5,5 sur l’île de Ré (Base SISFRANCE et Quenet, 532). Des hannetons aux champs « Et en ce temps [autour de Reims], qui estoit tout le temps des arnould [hannetons] et des moissons, fut du tout pluyes, de sorte qu’il ne fut guère de jours ouvriers sans pluveoir, et d’abondance tellement qu’il n’y a mémoire d’avoir veu une sy humide moisson et qu’il y aveit merveilleusement de tout grain prest à recueiller, parquoy y en eust beaulcoup de germez […]. Les vendanges furent assez heureusement faictes, contre tout espoir. Mais les vins ne furent guère bons à cause qu’ilz ne furent nourris de challeur, et contraint de les prendre et cueiller avant leur maturité pour la doubte des coureurs réalistes d’Esparnay, avec le dégât des estrangers estans es environs de Reims. De sorte que les vendanges furent de grans fraix, et coustoit la queue à ramener de la monlaigne, c solz tournois, vi livres et iv livres du moins ; à la vendange, la queue de vin nouveau valloit xxii livres, le vieil lxxv 1ivres, le bleid seigle l solz tournois le septier, et l’avoine quasy aultant, d’aultant que iceulx estrangers avoient destruit et dissipé les avoines du pays » (Pussot, 38-39).

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La Provence sous la botte savoyarde Après l’invasion de la Provence par les troupes du duc de Savoie, le séjour des soldats provoque, de 1591 à 1595, un endettement des communautés rurales. Roquebrune-sur-Argens vend la moitié de la juridiction sur la terre de Villepey pour 18 000 livres en 1595 (AD13, C 114). En 1600, la communauté de ThorameBasse vend pour 12  000  livres tous les herbages de sa terre gaste (Ibid.). Dans les vigueries de Digne, Seyne, Sisteron et Forcalquier une vague d’aliénation de biens communaux, avec franchise de taille, s’effectue au profit des créanciers de 1599 à 1602 (AD 04, 1B 400-406 et 2 B164, B 20008-2478, d’après Pichard, HSR 16, 2001, 85). De la Bretagne à la Lorraine : les campagnes à feu et à sang ” En Anjou : le 22 février, « délogea de cette paroisse de Cuon deux compagnies de gens d’armes du régiment de Stronze (la compagnie coronelle étant logée à Beaufort) (E sup. 49, III, Cuon). ” En Bretagne : passage des Anglais et des lansquenets de la compagnie du prince de Dombes à Mauron (E sup. 56). En septembre, à Châteaugiron, les 3 000 hommes de l’armée anglaise sèment l’infection. Plus généralement, trois mauvaises récoltes successives rendent insupportables les ponctions infligées par les gens de guerre de 1591 à 1593 (Croix, 1981, 276). ” Dans le Mantois : le jeudi 19 septembre, « Le Mesnil [Le Mesnil-Simon, Eureet-Loir] fut brullé des gens de guerre qui vindrent de Dreux tout exprès » (E sup. 28, IV, Gilles). ” En Lorraine : 15 000 protestants allemands, sous le commandement du prince Christian d’Anhalt-Bernburg, traversent la Lorraine septentrionale. Seule une faible partie des effectifs se dirige vers le Toulois, pillant quelques villages autour de la cité (Cabourdin, 61). ” En Cambrésis : depuis le 19 octobre, et trois années durant, « les gens du Pays bas auraient assiegez la ville de Cambrai et ruyné le pays de Cambrésis » (E sup. 02, V, Prémont). ” En Auxerrois : la paroisse d’Aillant-sur-Tholon (Yonne) est « toute ruinée et brûlée » en 1591 (Durand, 194). ” En Vexin normand : Les Anglais envoyés par la reine d’Angleterre pour soutenir Henri  IV ont « scié et fauché toute l’herbe des prairies, et pillé tous les villages, mis leurs chevaux dans les églises des villages, comme à Saint-Denis-le-Ferment, Thiergeville, Droictecourt, Éragny, Bezu-le-Long, Saint-Éloy, Courcelles et autres, tellement que c’était horreur de voir tel désastre » (Journal d’un bourgeois de Gisors, 58). Procès pour sorcellerie 1591. Procès pour sorcellerie à Amance, près de Nancy. Bulme, le herdier de la commune –  c’est-à-dire celui qui garde la herde, le troupeau commun  –, est accusé de sorcellerie et les bergers qui vivent isolés dans les champs fournissent un important contingent de victimes, accusés d’avoir jeté un sort sur les animaux 328

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et provoqué la mort des maris de leurs accusatrices (Henri Lepage, Annuaire de la Meurthe, 1857, « Une procédure de sorciers au XVIe siècle »). En Cotentin, recours au cabotage pour assurer le ravitaillement de certains villages bloqués par les Ligueurs Juin 1591 : Guillaume Brohier et Jacques Lerozier, marchands demeurant à SainteMarie-du-Mont, offrent d’approvisionner leur paroisse à hauteur de 400 boisseaux de froment et 400 boisseaux d’orge, en passant marché avec Richard Périgault, propriétaire d’un bateau (AD 76, 1B 5719, arrêt du Parlement de Rouen, d’après Mouchel Vallon, 155). Au siège de Chartres : les paysans sacrifiés par les assiégés Le 3  mars, « Chartres est rendu au roi par composition » (AD 28 en ligne, BMS Prudemanche, 1564-1604, vue 53). « Durant notre siège les pauvres gens de village et vignerons réfugiés ont du fort mauvais temps car ils étaient opprimés de labeur aux remparts […]. Plusieurs tombèrent malades pour avoir trop travaillé sans se reposer, ni nuit et ni jour et quand on les tenait, on ne les laissait aller […]. On leur donnait un ou deux petits pains et fort peu de vin sans autre argent […]. Leur paiement était la mort » (Bibliothèque de l’Arsenal, ms 4174, d’après Constant, 81, 287). En Normandie et en Picardie : ravage des Catillonnais (1589-1594) Sur la 9e  tapisserie tendue dans la salle des États de la Ligue figure « une grande Géante, gisante contre terre, qui avortait d’une infinité de vipères et monstres divers, les uns intitulés Gaultiers, les autres Catillonnais, Lipans, Ligueurs, Catholiques zélés et Châteauverds » (Satire Ménippée, Abrégé des États de la Ligue). « Le 5e  novembre audit an  1591, deux soldats de Catillon ayant été surpris volant aux champs, furent pendus et étranglés audit lieu de Neuchâtel, devant les halles. Et un autre, nommé Le Clerc, natif de Copainville, fils d’un riche paysan, ayant été pris avec eux, fut condamné à être présent à l’exécution, la corde au col » (Miton, 83). Au son du tocsin ! Ligues campanères du Comminges (1591-1592) Elles naissent, à l’avènement d’Henri  IV, des exactions dont sont victimes les campagnes catholiques du Comminges, victimes des incursions protestantes voisines. Il s’agit d’une association de villages appartenant aussi bien au Comminges qu’aux territoires voisins  : Nébouzan, Rivière-Verdun, Astarac et Magnoac. En janvier 1592, lors des états de Comminges tenus à l’Isle-en-Dodon, les « confédérés » apportent leurs statuts. Tout comme en 1546, les communautés villageoises se font représenter par des syndics. Sans désir de contestation sociale, ce mouvement d’autodéfense paysanne prend toutefois des aspects plus insurrectionnels. Au son du tocsin (campana) les associés organisent une défense commune contre les agressions des bandes qui n’appartiennent pas au parti de la Ligue, pour conserver le pays dans la foi catholique et s’opposer à toutes les exactions (Souriac, 1985, 276). 329

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Sans atteindre pareille échelle, ce type de réaction se retrouve ailleurs comme en Mâconnais. Les villageois de Grièges, livrent un combat contre les soldats en 1591 (Arch. com. Macon, BB 57, d’après Drouot, 1937, II, 141).

1592 Année médiocrement bonne « Ceste année fut médiocrement bonne [en Champagne], les bleidz et le froment cx soiz, le seigle vins fort bons eut valloit lv solz, l’avoine xxx s. le septier la queue de vin nouveau xl livres, et le bon, lxx » (Pussot, 43). Toujours les gens de guerre ” En Sancerrois : « Environ ce tems [mars] le sieur de Vauvrille prit le château d’Herry, et y mit garnison pour faire la guerre à ceux de Sancerre et de la Charité qui tenoient pour le roy » (Gaspard Thaumas de la Thaumassière, Histoire de Berry, 1689, 212-213). ” En Anjou  : 1er  mai  : passage des gens de guerre à Chazé (E sup. 49, II, Le Louroux-Béconnais). 2 avril et 17 août : décès causés par les gens d’armes à SaintPhilbert-du-Peuple, en Anjou » (E sup. 49, III). 22 juillet : troubles de la guerre à Maumusson (Loire-Atlantique) (E sup. 49, II, Le Louroux-Béconnais). ” En Bretagne : passage des gens de guerre à Guégon. Le 11 octobre 1592, décès de Perrine Guillochon « a cause du feu qui fut mis ou laissé prendre en la maison où elle demeurait lors, par des gens de guerre qui étaient logés audit bourg de Guégon, qui se disaient du régiment de Pignefie et Goullaine » (E sup. 56). En Comtat : les habitants de Gigondas réactualisent leurs statuts L’un des quatre villages qui entourent Orange et composent, avec la capitale, la principauté, Gigondas compte 200 à 300 habitants soumis à l’autorité de PhilippeGuillaume de Nassau, prisonnier du roi d’Espagne, et représenté par son lieutenant. En faisant acter en français – en non en provençal – ces usages ruraux, le prince protestant entend se concilier le soutien économique de ses sujets catholiques. Collection de 73 articles, les statuts de Gigondas reprennent des dispositions courantes dans la réglementation agraire du Comtat Venaissin à une réserve d’importance : la place centrale de l’élevage : le troupeau de chacun doit être proportionné à la valeur des biens au soleil enregistrés au cadastre. À la fin des guerres de Religion, il importe de réactualiser certaines dispositions, notamment le tarif des amendes, et de tenir compte des rééquilibrages intervenus dans le contrôle économique du finage avec l’arrivée des profiteurs de ventes de biens communaux. Pendant au moins trois siècles, les statuts de 1592 fournissent les bases de la culture juridique du paysan de Gigondas et le cadre de gestion du terroir. « Ce sont les statuts et ordonnances municipaux faits et établis pour la conservation du bien public et des personnes habitant dudit lieu… « Article premier. De ne prendre les fruits d’autrui. 330

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« A été statué, établi, ordonné que nulle personne de telle qualité et condition qu’elle soit d’âge compétent ou de discrétion, n’ose prendre ou emporter les fruits des arbres d’autrui, sans la permission du maître, à peine y contrevenant de payer pour la première fois et chaque personne 20 sous tournois, pour la seconde 40 sous, et pour la troisième 6  livres […] et quant aux enfants de au-dessous de 12  ans, ils paieront 10 sous pour la première fois, 20 sous pour la seconde, et pour la troisième fois 3 livres si c’est de jour, et de nuit ils peiront le double. […] XLI. De ne pouvoir prendre bête lanue à moitié. « Tout habitant de Gigondas aura la permission de prendre et tenir à moitié ou à rente de quelque personne que ce soit tant de bête lainue qu’il pourra entretenir, pour l’espace de 3  ans complets et révolus, et non à moins, en faisant toutefois apparaître l’acte public, autrement ils ne pourront en tenir, à peine y contrevenant, de payer à la discrétion et ordonnance de la Cour dudit lieu […]. XLII. De ne mettre aucun bétail au terroir de Gigondas qu’il n’ait plus vaillant deux fois audit lieu. « Aucune personne ne pourra mettre ni faire mettre dans le tènement de Gigondas aucun genre de bétail, sinon que jusqu’à la valeur de la moitié du bien qu’elle aura vaillant audit Gigondas, tout au moins plus haut d’un trentenier [valeur de 30 ovins-caprins], et qu’il soit natif et habitant de Gigondas, à peine y contrevenant de payer 50 livres à Sadite Excellence […] (Bibl. mun. Avignon, 8° 27195, d’après Ferrières, HSR 16, 2001, 177-204). En Bretagne : renouveler le domaine congéable Dans le cadre de ce type particulier de mode de faire-valoir, le propriétaire (le « foncier ») dispose d’une rente et d’un droit de congédier son exploitant (le domanier) moyennant remboursement des constructions. Le 8 novembre, une propriétaire écrit à son notaire pour renouveler le contrat avec ses domaniers, les Pasco (orthographe respectée). « Monsieur de Quermaso « Cest home appelé jan Pasco et son filz, nommé jan Pasco aussy, ont faist condition avec moy dès la Saint-Gille dernière d’une tenue appelée la villeneufve, pour le terme de neuf ans a commacer de la Saint-Gille dernière. Les edifices sont a euls de longt temps et me pient la quarte gerbe de tous les grains et trante sous monnoye d’argent et ung mouton gras et quatre chapons et deux poules par an, et m’ont payé vingt et cinq écus pour nouveautés. […] « Et sont d’acort d’estre tiers et deulx pars sur la dicte tenue, scavoir les deux pars au filz et le père au tiers. Yls doivent avoir leurs stus et angres quant ils seront congées et sont subje à court et moullyn, corvées et obéissances, coe scavez qu’est la coutume du pays. Yls veulet tout mensyone ce que dessus en leur contrat. Yl les fault hobliger par leur contrat de me bailler descrybtion des terres de ladycte tenue dans quinze jours. Je vous prie de leur fayre et ne leur bailler le leur, quils n’en tirent ung pour moy par mesme. Et pour tesmoygnage de nos condytions ie signe, cette huyttiesme de novembre 1592, de par Charlotte de Gaincru » (AD 56, En., 2183, d’après Gallet, 1983, 627). 331

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1593 Orages et séismes ~ 8 avril : Séisme d’intensité MSK 6 autour d’Angers (Base SISFRANCE et Quenet, 552 et 579). ~ 15  avril  : un orage renverse le clocher de l’abbaye du Mont Saint-Michel (Girard, Annuaire d’Avranches, 1842, 52). ~ 28 juin, grêle autour de Gisors : « Le 28 juin, jour de lundi, il était tombé de la grêle en grande abondance en aucuns endroits, de telle sorte et si grosse qu’elle avait, partout où elle avait passé, tout rompu et accablé les fruits et les grains ; il ayant trouvé peser jusques à une, deux, trois et quatre livres et même jusques à douze et treize livres, grosse comme une balle d’artillerie et comme la tête d’un homme, chose admirable » (Journal d’un bourgeois de Gisors (1588-1617), 92). ~ 19 novembre : tremblement de terre à La Rochelle sur les 15 h (Dangibeaud, 71). ~ 2-3  décembre  : « Et le soir de l’avent, qui estoit la nuit d’entre le jeudy et vendredy, entre neuf à dix heures du soir, que la terre trembla ; et en la mesme année les loups dévoroient les enfants » (E sup. 49, III, 47, Fougeré). De l’Anjou à la Bourgogne : les derniers ravages ? ” En Anjou : « Il a fallu à Pasques pour accomunier le peuple de la paroisse de Cuon que aultres, a l’occasion des gens d’armes qui estoient logez a Bogé [Baugé] et à Sobz, le nombre de 463 païsans » (E sup. 49, Brion). ” En Champagne  : le 30  mars, confiscation du troupeau des porcs de la ville – ligueuse – par les royalistes d’Épernay. « En febvrier, les trouppes estrangeires arrivèrent ès environs de Reims, conduitz une partye par le conte Charles, tant Espaignolz, Italiens que Allemantz et aultres, pour la partye des princes, mais gattèrent et pillèrent ce pays plus encor qu’il n’avoit esté auparavant. Et vint mondit sieur de Mayenne audit Reims, qui peu y séjournant les emmena vers Parys cause pourquoy le bleid monta de pris. Les volleurs d’Esparnay emmenèrent le trouppeau des porcz de ceste ville savoir les porcz subjetz la paisture de la porte à Veesle, et les menèrent audit Esparnay, le mardy xxxe mars 1593 » (Pussot, 44). ” En Hurepoix  : au printemps, fin des opérations militaires au sud de Paris. Tableau noir, peut être un peu extrême, dressé dans La Crise rurale en Île-deFrance  : « Dans les campagnes, désertées, la vie s’était comme arrêtée. Le tabellion ne rédigeait plus d’actes, le curé ne enait plus de registres, le collecteur des tailles ou le receveur seigneurial voyait se dérober la matière imposable, vignes et champs retournaient à l’état de friches […]. De toutes parts on aspirait à la paix » Le 4 mai 1593, la trêve de Suresnes assure un répit de dix jours dans un rayon de quatre lieues, renouvelée plusieurs fois pour de courtes périodes et le 31 juillet, à La Villette, pour trois mois (Jacquart, 184). ” En Champagne : en mars, destruction du village de Neuilly (Yonne) par le duc de Guise. Les villageois, partisans du roi, sont contraints de s’endetter en aliénant une partie de leurs biens communs pour payer rançon. Encore en 1614, les habi332

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tants de ce village champenois dénoncent la « ruine totale à eux faite par l’arrivée de Monseigneur le duc de Guise en l’année 1593 au mois de mars, laquelle prise fut ledit lieu de Neuilly démantelé et les deux tours dudit bourg de Neuilly brûlées et mises en cendre, et partie des habitants tués, pris, prisonniers et mis à rançon et meurtris par les gens de guerre et emmenés audit lieu de Joigny. Ils auraient payé des grosses rançons en considération que lesdits pauvres habitants étaient et tenaient pour le service du roi, qui leur a causé une grande pauvreté, tellement qu’ils étaient contrants de vendre une grande partie de leurs héritages tant auxdits habitants dudit lieu de Joigny que ailleurs et autrement » (Durand, 234). ” En Bourgogne : le 16 avril, pillage de Domoy (com. Fenay, Côte-d’Or) par les reîtres. Cinq semaines plus tard, le 22 mai, dans le même village, une fillette de 7 à 8 ans est emportée et mangée par un loup (Breunot, 297 et 314). Fin juillet : Trêve générale entre le roi Henri IV, qui vient d’abjurer, et le duc de Mayenne, pour trois mois, publiée partout. L’espoir d’une paix prochaine s’installe. En Basse-Bretagne : les paysans massacrés par La Fontenelle Un mois après la prise du manoir du Granec, en juillet, le capitaine Guy-Eder de La Fontenelle taille en pièces avec sa cavalerie la « paysantaille non aguerrie » des paroisses voisines. À Collorec (Finistère), il en fait un carnage de « 7 à 800 et davantage ». « Or la cruauté de ce barbare fut si grande qu’il ne permit que les parents des décédés vinssent quérir leurs corps et qu’ils reconnussent leurs morts, et les faisait garder de nuit pour empêcher de leur rendre leurs derniers devoirs, et par ainsi demeurèrent corrompre sur la face de la terre, sans que personne osât ouvrir la bouche. […] C’était une grande compassion de voir ces pauvres rustiques ainsi massacrés qui pourrirent et furent mangés des chiens et la nuit des loups ; car, si aucun des parents venait de nuit pour enlever un mort, il était tué sur-le-champ. […] Quant au plat pays, il y apporta telle ruine qu’il est impossible de l’exprimer, n’y demeurant ni hommes, ni bêtes, ni maisons où il n’eût facile accès, le restant du peuple étant obligé de se cacher parmi les landes, genêts, broussailles, où par la rigueur et nécessité du temps ils mouraient et demeuraient en proie aux loups, qui en faisaient leur curée vifs ou morts » (Moreau, 117-118). De la nécrophagie à l’anthropophagie : l’arrivée des loups « carnassiers » Les massacres perpétrés en Basse-Bretagne ne sont qu’un exemple de cette reconquête du sauvage à la fin des guerres de Religion. En Quercy, famine et peste sont suivies de ravages de loups (Sol, 89) et il en est de même en Anjou en 1593  : « On travailla aussi avec la même diligence à exterminer les loups, qui couraient qui couraient vers Craon, Segré et Château-Gonthier, le Louroux et Bécon, et mangeaient les jeunes garçons et filles qu’ils trouvaient à la campagne. Ils en dévorèrent et blessèrent si grand nombre que la noblesse de ces quartiers-là fut obligée de monter à cheval, pour les tuer et prendre, et l’on fit une procession à Angers pour implorer l’assistance de Dieu et sa bénédiction sur cette entreprise et le succès en fut favorable. Nous avons encore vu, en 1640 et 1650, des hommes qui avaient été blessés de ces loups, petits garçons, et s’étaient sauvés avec beau333

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coup de peine de leurs pattes et griffes. On croit que la cause pourquoi ces loups étaient devenus si horriblement carnassiers était qu’ils avaient mangé quantité de corps morts de ceux qui avaient été tués à la déroute de Craon, en 1592. » Après le 22 mai 1592, l’armée du duc de Mercœur poursuit les royalistes qui subissent un carnage  : 2  000  morts jonchés de Craon à Laigné (Roger, Histoire d’Anjou, 1852, 458-459). Un manouvrier gyrovague La condition de manouvrier n’est pas gage de stabilité, encore moins dans des époques troublées. En Lorraine, pour « gagner » ses journées, Pierre Jay, manouvrier franc-comtois (« de Bourgogne ») va jusqu’à Bayon (Meurthe-et-Moselle), à plus de cent kilomètres de Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône), en 1593. « Enquis de son nom, âge et demeurance, dit avoir nom Pierre Jay, natif de Saint-Sauveur proche Luxeuil, pays de Bourgogne, âgé de 30  ans ou environ. S’il est marié ? Dit qu’oui et qu’il a épousé Jeanne Collenot, de Froideconche, où il réside présentement. De quel métier il est ? Répond qu’il est manouvrier […]. A répondu qu’il y a aujourd’hui huit jours qu’un nommé le Gouyat, dudit Froideconche, retournant de devers Saint-Nicolas, lui dit qu’on gagnait bonne journée à la moisson en Lorraine ; et estimant qu’il y pourrait gagner quelque argent, s’achemina jusqu’en un village proche, Bayon (Meurthe-et-Moselle), où il travailla demi-journée seulement, n’y ayant pu demeurer davantage parce que les blés y étant grêlés n’étaient encore en nativité ; qui fut l’occasion qu’il rebroussa son chemin droit au pays de Bourgogne […]. Dit qu’il a servi plusieurs maîtres par l’espace de dix à douze ans en la ville de Luxeuil » (AD 54, B 2512, d’après Dagot, HSR 43, 2015, 50-51).

1594 Gelée et grêles dévastatrices ~ Autour de Reims : « L’yver précédent fut fort humide et pluvieux jusques au moys de may, qui fut cause que les laboureurs et vignerons eurent grande peine à mettre sus les mars et houer les vignes […]. La sepmaine de Pasques, le bleid froment valloit cm solz le seplier, le seigle iv livres, l’avoine xxxv solz le septier. […]  Et le dimanche xxiii may et le mardy suyvant, les vignes furent gellées en plusieurs endroits, et signament les bas lieux, avec celles de la rivière de Marne, et avoit esté tut le devant dudit moys fort beau et chaulx » (Pussot, 52-58). ~ Autour de Dijon : « Cette semaine de l’Ascension, depuis le dimanche 17 jusques au dimanche 22, il a faict fort froid, il a neigé et gelé, si bien que la pluspart du vignoble de Dijon a esté gasté de gelée et perdu, comme tous les fruicts » (Cuny, 73). ~ En Valois : « Il y eut sur la fin de cet été un orage terrible dans plusieurs cantons du Valois. Cet orage, mêlé de grêle, ruina les moissons en grande partie. Le tonnerre tomba sur l’église de Thury, et tua quelques personnes. La pluie succéda à 334

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la grêle, comme un déluge ; les torrents et les débordements des rivières causèrent un grand dégât » (Carlier, 1764, 679). ~ En Lorraine : gelée tardive le 22 mai (Cabourdin, 23). ~ En Beauce et en Drouais  : « Furent gelés toutes les vignes du vigneron de Chartres », les 22 et 24 – Le 23, gel des vignes à Prouais en Drouais (E sup. 28, III et IV). ~ Dans le Maine  : « La nuytée d’entre lundi et mardy qui estoient le 23 et le 24 mai 1594, il intervint une si très grande froidure que les vignes universellement gelèrent presque toutes » (E sup. 49, III, 218, Chalonnes-sous-Le Lude) – « La nuit d’entre le lundi et ledit jour de mardi [23 au 24 mai], la gelée ft telle que les vignes de tout ce pays furent perdues et gelées, tellement que du vivant de personne on n’avait vu tel dégât tant aux susdites vignes, qu’aux noyers, seigles et autres fruits de la terre (BMS Fresnay-sur-Sarthe). « La nuit d’entre le dimanche et le lundi, jour de Saint-Désir, 23e mai l’an 1594, il fit une si forte et âpre gelée qu’elle perdit et gâta les blés et les vignes partout les pays d’Anjou et le Maine » (AD 53 en ligne, BMS Saint-Denis-du Maine, 1597-1636, vue 805). En Champagne : « Guerre aux vaches ! » « Laditte guerre estoit sy malheureuse qu’il n’y avoit aulcune discipline et estoit une vraye vollerye, de telle sorte que ordinairementestoitappelée la guerre aux vaches d’aultant que tout le principal d’icelle estoit de piller, voller et courir le bestail, tant d’une part que d’aultre. Et aimait-on mieux les bestes que les hommes, tant pour le prétexte de la guerre que pour l’exaction des tailles, somme que le pauvre villageois estoit de toutes pars pillé, vollé, rançonné, battu et tourmenté, sans espoir de meilleure attente » (Pussot, 58-59). Aux portes de Reims, les vendanges s’opèrent sous surveillance militaire. « L’armée du roy vint à la Montaigne de Reims, qui empescha de vandanger et survint une forte gellée qui dessécha toutes les feuilles des vignes. Les raisins se perdoient sur les sépaulx, sans avoir moyen de les cueillir, sinon avec composition que quelques compagnies faisoient et pour le sauf-conduit estoit donné xx solz pour poinsson. Les aultres estans rencontrez, estoient pillés, robés, et non seulement le vin, mais les chevaulx et habits des charetiers. Les plus riches habitans ayans prévu le danger, avoient prévenu ; il n’y avoit que les pauvres ; et les riches ne se soussioient de telle calamité, ains faisoient chose nuisible au reste du peuple, endormoient le sieur de Guise de leur affection mal réglée, ce qui troubloit et abusoit grandement le peuple » (Pussot, 290-291). Du pillage à la pacification ” En janvier, exaction et rapines des soldats de Mozac autour de Riom. Les consuls de la ville défendent à tout habitant « sous peyne de la vye » d’acheter du bétail de « picourée » (Clouard, 511). ” Le 25 février, prise du chef de bande Catillon, assommé au manoir seigneurial d’Argueil (Seine-Maritime). Les Catillonnais, qui tourmentaient les laboureurs du Pays de Caux, se dispersent. « Par ce moyen, une infinité de voleurs qu’il avait 335

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maintenus durant les troubles de la Ligue, et ruine le pays à 10 lieues à la ronde, furent épars et contraints de faire retraite » (Miton, 98). ” En Bourgogne : gare aux villages qui quittent le parti de la Ligue pour rejoindre les « politiques »  : « Ce mardy 26 [juillet  1594], le Prince est rentré à Dijon ; il vient de Montsaujon, lequel il a ravitaillé, y a mis centz queues de vin, cinq cens mesures de bled ; il a renversé, rompu et abbatu les fortz d’alentour comme à Prauthoy (Haute-Marne), Envault [Vaux-sous-Aubigny], Rivières [-les-Fosses]. Dict-on mesme qu’il a bruslé lesdits villages, qui mal à propos et inconsidérement avoient laissé leur labourage pour prendre les armes, avoient laissé le party de l’Union, lequel il n’avoient guières aymé pour se ranger avec l’héreticques » (Cuny, 85). ” En Guyenne, renouvellement de la trêve entre le roi et le duc de Mayenne. ✷ 30 avril 1594 : arrêt du Conseil accordant à tous les contribuables du royaume décharge pour les tailles de 1589 à 1592, avec surséance pour 1593 mais à l’exclusion des habitants des villes et villages qui se sont opposés de force à la levée des tailles et qui ont suivi ouvertement le parti contraire au roi (Noël Valois, Inventaire des arrêts du Conseil d’État, règne de Henri IV, 1, 1886-1889, 45). ✷ 25 juin : arrêt du Conseil autorisant, dans l’incapacité des asséeurs-collecteurs de régler la taille de la paroisse, à saisir les biens du « premier habitant », y compris ses biens meubles, à charge pour lui de se retourner contre les asséeurs-collecteurs pour obtenir dédommagement. Le texte ne fait que légaliser une pratique déjà en usage et sert à sauver la mise à des rançonnés fiscaux (Ibid., 63). Les « Bonnets rouges », paysans en armes en Bourgogne ” Dès la rupture de la trêve, en octobre  1593, les « communes » des villages de Pommard, Volnay, Meursault sonnent le tocsin et assomment les gendarmes du duc de Mayenne. En février-mars 1594, la résistance paysanne s’étend : en Beaunois et Chalonnais, tout un peuple de vignerons s’active, muni de cuirasses et protégé par des tranchées. Le Val de Saône s’agite aussi : les « communes » du Mâconnais se mettent en armes. Ornano, venu barrer la route au jeune prince de Mayenne près de Tournus, trouve le renfort d’« une compagnie de villageois, élevés d’eux-mêmes, que l’on nomme les Bonnets rouges, en nombre de douze ou quinze cents » et qui vont à la bataille. En mai, une émeute de Bar s’accompagne d’un mouvement paysan et de massacres de soldats. Au même moment, dans le Langrois, les abords de Montsaugeon sont barricadés et, derrière, des arquebusiers tiennent au large les capitaines, de quelque parti qu’ils soient. De septembre à novembre 1594, les défenses paysannes combattent les soldats (Drouot, 1937, II, 288-283). Révolte des Tard Avisés Avril-juin : révolte des Tard Avisés ou Croquants du Bas-Limousin et du Périgord. Nés dans la vicomté de Turenne, en Limousin, en 1593, des attroupements paysans dénoncent les incursions des « picoreurs » et de « l’excès des subsides ». De l’automne 1593 à l’automne 1595, durée d’extension chronologique maximale du mouvement, Yves-Marie Bercé compte 21 « assemblées » au moins : 13 en Périgord, 6 en Limousin et 2 en Agenais. L’aire géographique circonscrite reprend celle de 336

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1548 et annonce celle des émeutes antifiscales du Sud-Ouest pendant le règne de Louis XIII (Bercé, 1974, 259-293). Rare mouvement paysan à caractère révolutionnaire ? Volonté de restauration d’un ordre social bouleversé par les guerres ? Simple réaction d’autodéfense des communautés paysannes pour garantir une bonne justice indépendante des villes et des officiers provinciaux ? « En refusant le paiement des droits seigneuriaux, en contestant la dîme, en protestant contre le montant des loyers, les Croquants de 1594 remettaient bien en cause le système qui assurait la domination des villes et des nantis sur le peuple des villages. » Ils ne se contentaient pas de lutter contre l’irruption d’un impôt nouveau ou une « nouvelleté » venue de la capitale (Jacquart, Histoire de la France Rurale, II, 351). Le 27  mars, la circulaire du tiers état de Périgord aux habitants de Limeuil, énonce les raisons de la révolte. Dans les campagnes du Périgord, l’accablement des paysans, réduits à la misère, se tourne contre l’excès des impôts. Endettement, brigandage et calamités naturelles ont renversé la position des bons laboureurs, métayers à bœufs, dont la rancœur sociale et l’hostilité à l’égard des villes sont patentes. La fin de la guerre – qui n’apparaît encore que comme une trêve – n’a rien changé. Pour mettre fin à cette situation, ceux qui se disent les Tard-Avisés convoquent une assemblée à Château-Missier (auj. com. Salon-de-Vergt, Dordogne), le jour des Rameaux, le 3  avril. Le foyer de l’insurrection de 1594, au sud de Périgueux, se rallumera en 1637. « Dieu, qui a connu nos cœurs plein d’ambition et de toute méchanceté, nous a voulu visiter de ses fléaux, peste, guerre et famine, que nous avons vus dans ce royaume, même la guerre qui a duré presque 9 ans sans aucune trêve et faut croire que nous avons bien mérité davantage. Les grands ni les petits ne s’en peuvent dire exempts […]. Le plat pays, ruiné entièrement par un grand nombre de brigands, même les pauvres laboureurs qui, après avoir souffert par tant de fois des logis des gens d’armes d’un et d’autre partis, qui les ont réduits à la faim, forcé femmes et filles, pris leurs bœufs par plusieurs fois et fait délaisser les terres incultes, mais encore on en a faire mourir de faim une infinité dans les prisons, pour ne pouvoir payer les grandes tailles et subsides que l’un et l’autre partis les ont contraint de payer. « À raison de quoi il y a trop de bonnes maisons et honnêtes familles réduites à toute pauvreté, lesquelles, au lieu qu’elles soulaient commander, sont à présent commandées et valets d’autres qui naguère étaient bélîtres, qui est un grand crèvecœur aux gens de bien. « Et maintenant que Dieu nous a fait la grâce d’avoir ce peu de temps de trêve, laquelle nous espérions jouir, nous voyons que nous en sommes frustrés, car les villes, au lieu de la faire entretenir et tenir la main à la justice, ne se soucient de la ruine du pauvre peuple, parce que notre ruine est leur richesse. Ils ont leurs biens et marchandises dans leurs forts, point sujets aux brigands qui tiennent la campagne, nous les vendent au prix que bon leur semble et font les belles métairies à bon marché, nous font payer la rente au double et au triple de ce que nous leur devons et s’aident de la justice quand il leur plaît. […] « Nous sommes un bon nombre de gens de bien qui sommes venus ensemble et juré solennellement de nous assister les uns aux autres pour empêcher les desseins des voleurs et contraindre les villes de nous assister et unir avec nous, autrement 337

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résolus de les traiter comme ennemis. Nous sommes assurés que, comme vous êtes participants aux misères de ce temps, vous désirez vous joindre avec nous. C’est pourquoi nous avons voulu écrire la présente pour être près à la première sommation, vous priant vous trouver le jour des Rameaux prochain, heure de midi, avec le plus grand nombre de votre juridiction, au lieu de Château-Missier […]. Ce xxvii mars  1594, vos bons amis, compagnons et serviteurs, les Tard-Avisés » (Bnf Ms fr 23194, 373, d’après Bercé, 1974, 701-703). « Le 24 juin, les Croquants limousins sont massacrés par les 600 cavaliers du gouverneur Chambaret, qui laisse 1500 cadavres au lieu-dit Les Pousses près de Saint-Priest-Ligoure (Haute-Vienne). Entre-temps cependant, le mouvement s’est répandu en Angoumois et en Agenais. La moisson et les vendanges retiennent la plupart des révoltés. De la mobilisation paysanne, les gouverneurs tirent des renforts pour réduire les derniers points d’appui ligueurs en Guyenne, Quercy et Limousin (Bercé, 1974, 258-262). Autour de Laon : les « loups », quatrième fléau de l’Apocalypse En août 1594, autour de Laon, les loups interviennent, pour les populations rurales, comme un quatrième fléau de l’Apocalypse après la reprise de la ville aux Ligueurs. ~ « Mais ès villages circonvoisins de la ville, la misère était grande. Les riches paysans avaient vendu la plupart de leurs héritages à fort vil prix pour avoir de l’orge, de l’avoine et du son pour sustenter eux et leurs familles ; les pauvres gens quittèrent le pays et étaient errants par les champs ; les autres mouraient de faim, de maladie et de mésaise, de façon que plusieurs villages demeurèrent déserts et sans habitation, les terres en friches, les vignes en savart et les pâtures sans bétail, ce qui engendra comme un quatrième fléau de l’ire de Dieu envers ceux qui restaient aux villages, à savoir la furie exercée par les loups, lesquels ne trouvant aucun bétail par les champs et affriandés de la chair humaine de plusieurs corps morts tant durant la guerre, famine que pestilence, sortirent des bois et forêts, se jetaient furieusement sur les personnes de tous sexes et âges et les dévoraient et mangeaient en plusieurs parties de leurs corps avec grand rage et cruauté, de sorte que, à cause de la crainte d’iceux, on n’osait aller par les champs que en troupes et bonne compagnie avec armes et bâtons offensifs. Voilà l’état et la misère où les habitants de Laon et les villageois du plat pays ont été réduits quelque temps et qui a été assez connue de tous » (Richart, 487). À Paris, les fermiers cèdent la place aux jardiniers-maraîchers Le 18 août, dans l’enclos du Temple, un bouleversement cultural s’opère. Le grand prieur loue 15 arpents de terre (environ 5 ha) à sept maîtres jardiniers qui s’engagent à « convertir lesdites terres en nature de jardins et marais et y semer et planter de toutes sortes de semences et verdures de jardinages et marais antés et arbres fruitiers, ainsi qui leur plaira » (AN, S 6063B, d’après Gurvil, 104 et 589-590).

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1595 Grand hiver

~ « En l’année 1595, depuis le commencement de décembre de l’année précédente

1594 ; il a fait de très grandes et longues gelées et même plus fortes qu’aucun homme vivant n’avait jamais vu et de telle sorte que le fief d’Ars a tout glacé et gelé chose qu’aucun homme n’avait vu ni ouï parlé » (Herpin, f° 14, d’après Rambeaud, 284). ~ Rude hiver autour de Cahors (Sol, 372). ~ Du 16 au 18 avril le « Comtat est sous mi-pan de neige » et il y « gellat a goutte pendu » (notaires de Sorgues et Cavaillon, d’après Le Roy Ladurie, 39). ~ Le 17  avril, à Cucharmoy (Seine-et-Marne), « il y avait un pied de neige partout ; elle est restée 8 jours ». ~ Le dimanche 5  mai, « il fist une froidure si grande qu’elle gella les vignes » (E sup. 49, III, 218, Chalonnes-sous-Le Lude). ~ En Champagne, « grandes froydures et neiges continuèrent jusques dans le moys de may. Le froment valloit xvii livres, le seigle viii, l’orge aultant et l’avoine lii sols le septier, pourquoy estoit grand nombre de pauvres » (Pussot, 62). Grands orages ~ Le vendredi 19  mai, jour des Quatre-Temps, à Chartrené  : « Il fist un grand oraige de temps, comme tonnerre, éclers et fort grosse gresle qui couvrit tout. » À Jarzé, à 14 h : « la plus grande nuée de grosse gresle, aussi grosse que heufs [sic] de poulle ». À Chalonnes-sous-Le Lude : grande tempête de gresle qui « gasta presque tout par les contrées, principalement au pays du Mans » (E sup. 49, III, 218). Et encore le mardi 14 juin, entre 4 et 5 h du matin : « terrible horraige et tempeste tellement qu’elle descouvrit presque tout le clocher de Chalonnes » (E sup. 49, III, 218, Chalonnes-sous-Le Lude). ~ Les 2-4 octobre 1595 : forte gelée blanche sur la Montagne de Reims. « Le II, III et IV octobre 1595, vint une forte gellée blanche qui dessécha et fit tomber toutes les feuilles des vignes de la montagne, et sy n’estoient les raisins encor guère meurs, n’ayant que bien peu vendangé et suyvant vint une grande et longue pluie accompagné d’une grande neige qui gâta fort les vendanges et principalement les blancs qui n’estoient en maturité » (Pussot, 64-65). Traces de pestes Autour d’Amiens, Bourg-en-Bresse, Morlaix, Nantes, Paris, Quimper, Reims et Troyes (Biraben, 385). La peste sévit en Champagne en septembre-octobre : « Durant ce temps, la peste augmentant tellement que bien peu d’hommes qui en estoient atteints en eschappoient, et estoit grandement cruelle au masculin beaucoup plus que au féminin, et morut un grand nombre de personnes an dit Reims, sans comprendre plusieurs villages qui en furent fort aflligés » (Pussot, 65). En Basse-Bretagne, la Cornouaille subit la contagion (Sée, 482). 339

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Fins de guerre ” En Picardie  : en janvier, les habitants du village de Prémont se réfugient à Saint-Quentin (E sup. 02, V, Prémont). En juin, à la fin de la guerre contre les Espagnols, les moissons sont menacées autour d’Abbeville  : « Du xxe jour de juin 1595. La récolte est instante, mais il y a à craindre que la moisson ne puise être faite « par le moien des courses des gens de l’ennemy quy ravaigent chacun jour par les champs les environs de ceste ville sans aucun empeschement, de sorte que s’il n’est promptement advisé de quelque expédient pour faire donner la liberté aux pouvres gens des champs de faire la despouille et engranger les grains, le se voit appremment une famine par l’extrême nécessité et paouvretté du poeuple » (Prarond, III, 268). ” En Bretagne : Dévastations du Ligueur La Fontenelle dans les pays de Pontcroix, Concarneau et jusqu’aux portes de Quimper (Sée, 473 et Moreau). Les Espagnols incendient plusieurs maisons à Ploudren (E sup. 56). ” En Brie champenoise  : le 30  août, les habitants du village de Baye (Marne) demandent une exemption de taille, « ayant été la plus grande partie dudit bourg brûlé, plusieurs d’entre eux tués et homicidés, de façon que de 300 feux qui y soulaient être, ils sont maintenus réduits à moitié » (AD 51, C 2622). ” En Bassigny : le village de Maizières-sur-Amance est incendié par les Espagnols, installés au château frontalier de Fouvent (Skora, 143). Le 15  mai, le village d’Is-en-Bassigny brûlé aux deux tiers. En 1619 encore, les habitants déclarent qu’il « peut y avoir vingt-quatre ans ou environ et qu’en que ce soit des années 1596, 1597 et 98 et même que en l’année 1595 le quinzième jour du mois de mai les deux tiers du village furent brûlés, les régiments de Faulge, Grand Val, de Senoncourt et Vaucheruelles y étant logés, que fut cause de la ruine du tiers des habitants » (Skora, 150). ” En Bourgogne : Nonobstant la trêve signée entre le roi, Mayenne et la Comté le 15 juillet pour dix jours, les campagnes bourguignonnes sont mises à sac. Dans tout le plat pays, ce ne sont que « dégastement de tous les biens, volerie, sacrilèges et ravagemens des églises, bruslement de plusieurs villages, perte et ruine des bleds, orges, avoines et tous aultres biens qui estoient prests à cueillir, qui ont été perdus et ravagés par les carabins et aultres, et dérobant au pauvre laboureur bœufs, jumens, moutons et toute sorte de biens qu’ils rencontroient, ne laissant après eux que les murailles et ruynes » (Breunot, 141). ” En Franche-Comté : Invasion de la province par Henri IV. Le village de Venisey (Haute-Saône) est « tellement bruslé qu’il n’y reste qu’une chambre de pierres, une vieille maison et le molin, comme entièrement ruyné ». La plupart des habitants « se sont absentez et sont par le pays mendians leurs vies » (Delsalle, 2016, 49). La politique de la canonnière : Sully protège ses paysans à Saint-Mammès Les 15 et 16  juin 1595, Rosny séjourne à Moret-sur-Loing, dans l’un de ses domaines, alors que les gens de guerre viennent loger brusquement au village de Saint-Mammès. Le ministre –  qui prend ici la pose en relatant les faits à la troisième personne  – mobilise ses vassaux, ses paysans « portant armes » et ses fidèles pour les faire déloger. Pour y parvenir, seule la force l’emporte avec une 340

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habile tactique de dissuasion qui s’achève par deux pâtés et 12 bouteilles de vin ! Un grand seigneur a réussi à protéger ses paysans des gens de guerre. Pour un Saint-Mammès ainsi immunisé, combien de villages livrés à la soldatesque ? « Quelques trois ou quatre jours après, l’on vous vint dire qu’il arrivait des gens d’armes à Saint-Mammès, village étant à vous, à un quart de lieue de Moret, sur le confluent des rivières de Seine et Loing, lesquels se disposaient d’y loger, vers lesquels ayant été envoyé un gentilhomme des vôtres, nommé Camor, pour savoir quels ils étaient, et les prier par courtoisie de vouloir prendre autre logis. Il revint aussitôt et vous dit qu’il avait trouvé des gens les plus discourtois qu’il était possible, lesquels sans avoir égard à vos prières, ni même dire les noms des chefs qui leur commandaient, dirent seulement qu’ils étaient à Monsieur le comte de Soissons, et qu’ils avoient accoutumé de loger partout, pour ce qu’ils vivaient fort bien, et qu’ayant ce jour-là fait une grande traite, ils ne pouvaient aller chercher gîte ailleurs, leurs chevaux étant las. Sur cette réponse, vous leur fîtes une telle lettre. « Messieurs, qui commandez aux gens de guerre, arrivez au village de SaintMammès, qui m’appartient, je ne saurais croire que vous apparteniez à Monsieur le Comte de Soissons, d’autant que n’ignorant point que je suis son serviteur, et qu’il me fait cet honneur de m’aimer, vous sauriez quant et quant, qu’il n’aurait nullement agréable que vous me refusassiez la courtoisie que je vous ai demandée. Que si vous vivez si bien que vous m’avez mandé, et que je sais bien que Monsieur le Comte veut que fassent ceux de sa compagnie, attendu qu’ils sont payez, je vous prie de vous en venir tous loger à Moret, ou, s’il n’y a pas assez d’hôtelleries pour vous loger tous dans la ville, je vous ferai marquer des écuries et logis bourgeois. À quoi m’assurant que vous vous disposerez plutôt que de m’offenser de gaieté de cœur, je vous baise les mains, et suis votre serviteur, Rosny ». « Ayant baillé cette lettre au Sieur de Camor, il vous dit qu’il n’espérait pas qu’ils déférassent davantage à vos lettres, qu’aux prières qu’il leur avait faites en votre nom, ayant tenu de telles paroles qu’ils semblaient être venus là tout exprès pour vous fâcher, et partant que vous fissiez comme si vous deviez être refusé tout à plat. Ce qu’entendu par Madame votre femme, elle se mit fort en colère contre lui, et lui dit qu’il semblait qu’il voulût former une querelle, qu’il n’avait que faire de redire tout cela, et qu’elle aimerait mieux que Saint-Mammès fût mangé, que vous eussiez à leur occasion, une brouillerie avec Monsieur de Soissons, ou une querelle avec les chefs de sa compagnie. Desquelles paroles vous vous fâchâtes contre elle, lui dîtes qu’elle se mêlât de filer sa quenouille, et vous laissât disposer des choses qui concernaient les armes, où vous n’étiez pas apprenti, ni n’aviez pas accoutumé de mettre votre honneur en compromis de crainte des périls, et que vous étiez bien sorti à votre avantage, d’affaires plus fâcheuses que celle-là. Et en même temps étant sorti du château, vous envoyâtes prier quelques gentilshommes, vos voisins et vassaux, de se rendre à Moret, avec leurs chevaux et leurs armes ; mandâtes à tous les paysans portant armes, des villages circonvoisins, de vous venir aussitôt trouver ; fîtes battre le tambour par la ville, et faire garde aux portes, avec défenses de laisser sortir cinq ou six gens d’armes de cette troupe-là, qui étaient venus en icelle pour ferrer leurs chevaux, racoutrer leurs brides, selles, pistolets, bottes et souliers et acheter leurs petites nécessités mais 341

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de laisser entrer tous ceux qui arriveraient encore. Et fîtes soudain préparer un grand bateau accommodé de planches à canonnières. Bref donnâtes si bon ordre à vos affaires, que dans deux heures vous eûtes rassemblé 30 chevaux et 150 arquebusiers, dont il y en avait cent d’assez bons, et fait retenir douze de ces gens d’armes dans la ville. Si bien qu’au retour du Sieur de Camor (qui ne vous apporta que des refus, avec des menaces, de ce que vous reteniez de leurs compagnons par force) vous sortîtes dehors avec environ 50 arquebusiers, 30 piquiers, 30 assez bons chevaux, fîtes embarquer le surplus dans votre bateau couvert de planches, lequel vous fîtes aussi descendre la rivière, et s’aller ancrer vis avis des maisons du village qui sont toutes fur le bord d’icelle. De quoi les gens d’armes logés, avertis, ils commencèrent à s’étonner, et envoyèrent vers vous pour savoir que vouloir dire tout cela : Rien autre chose, leur répondîtes-vous brusquement, sinon que vous vouliez aller loger à Saint-Mammès qui était à vous, et le quartier de ces gens de pied. Et vous étant en même temps avancés en bon ordre du long les lieux couverts, il fut fait tant d’allées et venues, qu’enfin ils vous mandèrent qu’ils ne doutaient point que Monsieur le comte ne s’offensât, lorsqu’il saurait qu’ils auraient logé fur vos terres, et partant qu’ils délogeraient et paieraient ce qu’ils avaient dépensé, ainsi qu’ils firent. Et comme ils furent sur le haut du coteau, tirant vers Dormelles, et vos arquebusiers du bateau logés dans Saint-Mammès, vous leur renvoyâtes leurs douze gens d’armes et eux des remerciements, recommendations et offres de service : en sorte que toutes choses réconciliées, vous leur fîtes présent de deux pâtés de venaison et de douze bouteilles de vin » (Sully, Économies royales, éd. 1725, II, 394-398 ; cf aussi éd. David Buisseret et Bernard Barbiche, 1988, 10-12). Épilogue à la révolte des Croquants du Périgord (juillet-octobre) Après une tentative de médiation le 8 août, le sénéchal Bourdeilles, avec une centaine de gentilshommes et 800  hommes de pied, disperse les derniers révoltés à Négrondres, le 19 août, Saint-Crépin-d’Auberoche, les 24 et 25 août et Condat-surVézère, le 4 septembre. Fin octobre, aux confins de la Saitonge et de l’Angoumois, les derniers attroupés sont dispersés (Bercé, 1974, 262). Famines, contagions et banditisme

~ Famine en Périgord, causée par la révolte des Tard-avisés (Sol, 1948, 372). ~ Famine à Francescas, près de Nérac (E sup. Lot-et-Garonne, II). ~ Dans le Cotentin, contagion, guerre et banditisme justifient le non-paiement

de la taille dans l’élection de Valognes : « La pauvreté du peuple qui a augmenté tant à raison de la contagion encore durante en grand nombre de paroisses, que pour les pertes récentes qu’ils ont reçeues durant les guerres non du tout assurée à cause de plusieurs voleurs tenant les bois de jour, pillant et ravageant de nuit aux maisons de toutes sortes de personnes tellement qu’il n’y a aujourd’hui sûr accès » (AD 50, E 14558, accord pour le recouvrement de la taille, 14 mai 1595, d’après Mouchel-Vallon, 739). ~ Traces de peste autour d’Amiens, Bourg-en-Bresse, Morlaix, Nantes, Paris, Quimper, Reims et Troyes (Biraben, 385). 342

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Protection du laboureur et des blés dans le royaume 15 mars 1595 : déclaration royale interdisant d’exporter les blés hors du royaume et portant que les laboureurs ne pourront être exécutés par leurs créanciers soit par voie de contrainte par corps, soit par saisie de leurs bestiaux et meubles. « Chevaux, bœufs et autres bestes ou ustanciles des laboureurs, vignerons et manœuvres » sont déclarés insasisissables aussi bien pour arrérage d’impôts que pour autres dettes (Traité de la Police, V, 670 et Isambert, XV, 98). La Démonolâtrie de Nicolas Rémy Nicolas Rémy, procureur général de Lorraine, qui se targue d’avoir fait périr plus de 900 sorciers (surtout des sorcières) sur le bûcher de 1576 à 1591, publie sa Démonolâtrie, composée en 1592 (Daemonolatreiae libri tres, ex judiciis capitalibus nongentorum plus minus hominum, qui sortilegii crimen intra annos quindecim in Lotharingia capite luerunt, Lyon, 1595).

1596 « On ne pouvait moissonner » En Champagne, l’excès d’humidité compromet les récoltes : « Les biens de dessus terre estoient de belle apparence, et principallement les bleds et estoient les grains diminués de lx sols sur le septier. […] Le reste de may avec le moys de juin furent du tout humide et froyd, qui fut cause que tout le grain revint à plus haut pris et cheresté que devant, tant du retardement de la moisson que de l’humidité, causant mauvais gouvernement aux biens dessus la terre tellement que la sepmaine devant la Sainct-Jehan le froment valloit xiii livres, le seigle ii l. et plus, et l’avoine iv 1. vii sols le septier. […] D’autant que jusques à mye juillet, le temps toujours pluvieux accompagné de nuée et tonnerre, pourquoy on ne pouvoit moissonner. Le froment valloit xvi l. le septier, le seigle nouveau vi l. non encore en maturité » (Pussot, 67-70). Violente poussée de peste n « Mais la contagion de peste augmentoit et en plusieurs lieux, contrées, villes et villages de ce pays. […] En  juillet-août, Jean Pussot perd l’un de ses fils le jour de la Saint-Laurent alors qu’il était « allé voir ses vignes à Colommes et à Ormes, sur la Montagne » (Pussot, 67-70). n Peste signalée autour d’Abbeville, Amiens, Avallon, Avesnes, Bernay, Bourg-enBresse, Bourges, Cambrai, Chambéry, Dijon, Limoges, Mâcon, Montreuil-sur-Mer, Nantes, Orléans, Paris, Provins, Reims, Rethel, Saint-Omer, Sedan, Troyes et Valenciennes (Biraben, 385). Une trêve relative « En l’an 1596 fut faicte une treuve generalle par toutte la France et dura depuis le premier jour de janvier 1596 jusqu’au premier jour de may. Et de là fust encore 343

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prolongée jucq au premier jour de juillet aussy ensuivant, quel terme expiré, fust encore icelle treuve prolongée jucq au premier de septembre, laquelle treuve dura encore jucq au premier jour de janvier en l’an 1597. […] « Est à notter, combien que le treuve dura entierement pendant l’an  1596, neantmoings le plat pays et pauvre commune estoict si affligée comme de paravant […]. Le jour de l’Ascension Notre Seigneur 23 de may 1596, les Espaignols retournantz de Lanmeur et chasteau de Primel sitts en Plougasznou, estans venu de Blavez pour lever le siège dudit Primel, assiégé par les royaulx, courèrent les paroisses circonvoisines sçavoir Lanvelec, Ploefur, Plouaret, Ploesellembre, Treduder, Ploenevez, Loguivi, Ploegras et autres et mesmes ravagèrent les noblesses desdites paroesses et prenoient tous les bestailz tant cavalines que bestes a corne qu’ilz pouvoient trouver. « Nota que le jeudi 11 jour de juillet 1596 ceulx de la garnison de Toncquedec vindrent courir les paroessiens de Ploefur, faulte de leur fournir une taillée qu’ilz avoient demandé, et à leur retour à Saint-Orien s’estoict amassé grand nombre de paysantz, qui estoient pour lors soubz les armes, de peur de l’Espaignol qui estoit à Primel, tellement que lesdits soldatz de Toncquedec furent devalisez et deux d’iceulx tuez » (AD 22 en ligne, BMS Lanvellec 1590-1654, vues 292-293, Récit d’Alain Lucas, prêtre de Lanvellec, et Croix, 1981, 1263). ” Pillages et excès des gens de guerre en Bretagne à Kerauffret en Maël-Pestivien autour de l’abbaye du Rellec (Sée, 474). ” Révoltes en Vallage  : plus de 1  500 paysans prennent les armes pour empêcher les gens de guerre de piller leurs maigres réserves. L’armée royale les met en déroute près d’Avrainville (Haute-Marne) (Skora, 142). Les campagnes en proie aux loups Du Vendômois, autour de la Ville-aux-Clercs (Loir-et-Cher), jusqu’au Bugey, autour d’Hotonnes (Ain), de nombreuses régions françaises sont en proie au loup. On se limitera ici à trois exemples en Bourbonnais, en Bourgogne et en Champagne. ~ En Bourbonnais. « En l’année 1596, les loups ont commencé à tuer et dévorer le peuple et massacrer les corps humains. Et en ont tué, dévoré et mis à mort vingt et sept dans la paroisse de Vaumas [en fait 29 car deux actes de décès concernent deux victimes] tant petits enfants que grands. Et premièrement, le 8e novembre 1596, a été tué par les loups le fils de Denis Colin et fut apporté au cimetière de Vaumas et enterré par moi curé soussigné  : Antoine Deschièse » (AD 03 en ligne, BMS Vaumas 1588-1602, vue 105). ~ En Bourgogne. Les loups et autres bêtes sauvages couraient ordinairement par les plaines et campagnes et dévoraient les hommes, femmes, enfants […]. D’autres entraient privément dans les maisons des paysans et emportaient les petits enfants au vu des père et mère (Chronique de Julot, bourgeois de Dijon, pour 1596). ~ En Champagne. « En l’année  1596, il y a eu si grande quantité de loups en Champagne que l’on ne pouvait presque sortir. Ils étranglaient les grands et les petits et déterraient les morts des cimetières (Taté, 1890). 344

1596

Exemption de taille pour la patrie de Jeanne d’Arc Le 16 septembre, le bureau des finances de Champagne confirme l’exemption de « toutes tailles, crues, aides et subsides » octroyée en faveur des habitants de Greux (Vosges), dont dépend Domrémy, « en faveur de Jehanne la Pucelle, qui estoit native de ladite paroisse de Greux, en laquelle sont ses parents » (AD 51, C 2623).

1597 Gelées et neiges

~ En Anjou  : dans la nuit du samedi  4 au dimanche 5  mars, « grande gelée,

laquelle offenza et gasta partie des vignes de ceste paroisse et beaucoup davantage celles des paroisses d’Andard, Brain, Fordon, Le Plessis-Grammoire, païs de quinte en la duché d’Anjou » (E sup. 49, III, Corné). ~ Sur l’île de Ré : « Au mois de mars 1597, il a fait de très fortes gelées en telle sorte que la glace portait les charrettes […] il se disait qu’on n’avait jamais vu de gelée si forte en une telle saison » (Herpin, f° 17, d’après Rambeaud, 284). ~ Dans le Velay : « Le jour sainct Claude, 7e  de juin, année présente 1597, deux heures après midi, commença tomber de la neige et continua profond dans la nuit » (Burel, 459n). ~ Dans la montagne comtadine  : le 8  juin, neige à la Saint-Médard (Evesque, notaire à Valréas d’après Le Roy Ladurie, 39). ~ Dans le Maine  : « lundi, vigile de la Madeleine, 25  juillet  : « sur le soir, vint un très grand oraige et tempeste, tellement qu’elle fist fort grand dommaige aux fruicts » (E sup. 49, III, 218, Chalonnes-sous-Le Lude). ~ En Champagne : « La moisson fut assez bonne, mais le grain toujours à hault pris, d’aultant qu’il estoit peu de seigle […]. La vendange fut tardyve, pluvyeuse, et n’estoient les raisins meuris de challeur » (Pussot, 73-74). Point de sel ni de vin mais du grain en Saintonge « Pendant toute cette année, nous avons eu quasi toujours des vents d’aval avec hasle, pluies, brumes, depuis mai jusqu’en septembre. Les quatre premiers jours de la lune étaient aussi beaux qu’on le pouvait souhaiter, mais soudain on voyait du changement tellement que cette année-là, chose remarquable, il ne s’est recueilli aucun sel en marais salants, près cette ville, ni en toutes les îles, hormis un peu en l’île de Ré, qui a été fort cher. Et quant à la vigne, ma vendange a été si petite qu’on n’a pas recueilli le vingtième des années passées, quelques-uns rien du tout. Et toutefois n’avons eu ni gelées ni grêles ni tempêtes par lesquels vimaires on puisse dire la vendange ainsi endommaée. Mais il faut remonter à Dieu, nous châtiant en nos ingratitudes. Quant à la moisson elle a été passablement belle. Aussi, si le Seigneur pour les grains n’eût eu pitié de nous, le pays eut été consumé par la faim. Le froment, dès après la moisson, ravala de prix et vint à 29 et 30 sols le boisseau de rive » (Dangibeaud, 77).

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Poussées de peste n Attestations de peste autour d’Amiens, Auxerre, Beaune, Bourg-en-Bresse, Chartres, Dijon, Grenoble, Lille, Loudun, Nantes, Orléans, Paris, Provins, Quimper, Reims, Rennes, Rodez, Sedan et Troyes (Biraben, 385). n Le 7 mars, à Orgères-en-Beauce Robert Bretonneau, malade de la contagion au village de Villepéreux, se laisse « brûler dans la maison où il était » (E sup. 28). Famine en Pays nantais et en Bourgogne ~ Mai-juillet  1597  : famine en Pays nantais. Témoignage du curé de Savenay (Loire-Atlantique). « De l’an mil cinq centz quatre vingtz dix-sept Aux mois de may, juing et juillet Le septier de seigle valloict communément La somme et numbre de trente francs Du fourment aussi pareillement Le spetier valloict trante deuls francs Jamays unques homme vivant Ne l’avoict veu valloir autent La cherté par my le munde estoict si grande Que jamays homme ne l’avoict veu de congnoissance Les hommes, femmes et jeunes enffens mouroient en divers lieulx » (RP Savenay, Baptêmes 1563-1599, vue 176). ~ En Bourgogne : « Mourust ceste année [1597] beaucoupt de monde de famine, des pauvrse qui mouroint de fain pour les chemins ; et fut fait nombre en ce lieu de Couchey qu’il en mourut tant en l’année 1595 que en l’année 1597 le nonbre fut fait de saize vin [320], tant grand que pety. Prions Dieu que nous fasse la grâce de ne plus veoir un tel temps » (Robert, 112). Préparer la paix ✷ Renouvellement de la trêve. « En l’an 1597 fust faicte une treuve generalle par toutte la France et dura puis le 15 d’octobre dudit an 1597 jusq’au premier jour de janvier prochainement suyvant » (AD 22, BMS Lanvellec 1590-1654, vue 293). ✷ Le 20  janvier, la neutralité entre la Comté et le Bassigny est enfin signée (Skora, 143). ✷ Le 24  février, déclaration du roi défendant aux gens de guerre de courir les champs et ordonnant aux gouverneurs de leur courir sus et de la tailler en pièces en raison des « excez insupportables, injures et violences que reçoivent nos pauvres subjets du plat pays par l’oppression et barbare cruanté de la plupart de nos gens de guerre » (Isambert, XV, n° 109). ” Mais le lundi 14  juillet, en Anjou, l’église paroissiale de Saint-Pierre de Montrelais est polluée par les gens de guerre (E sup. 49, II, Ingrandes). Un seigneur pillard en Cotentin Dans le sud du Cotentin, en 1597-1598, un seigneur met en coupe réglée sa propre seigneurie pour récupérer les communaux. Par le biais de gens stipendiés, il multiplie « assassinats, outrages, violences, indignités commis à plusieurs pauvres 346

1597

gens laboureurs indéfendus […], tant en aguet de chemin que autrement, voleries et larcins de chevaux ». Me Pierre Michel, lieutenant du bailli de Saint-SauveurLandelin et « se disant curé d’Hautheville » prétend s’approprier les marais du Coudray à Rémilly-sur-Lozon (Manche). Certains vassaux dépouillés nus sont battus d’étrivières pour signer des reconnaissances, d’autres sont enfermés au château, d’autres encore se font ravir leur bétail ; un prêtre, qui a les doigts coupés, ne peut plus célébrer la messe (AD 76, 1B 5336, affaire Le Bedel contre Michel (1597-1600) d’après Mouchel-Vallon, 582-583). Rétablir la sécurité : chemins publics, chasse et forêts Mai 1597 : ordonnance sur les Eaux et Forêts, l’entretien des chemins publics et des rivières. ~ Réglementation de l’affermage de la glandée des porcs : « Art. 34. D’autant aussi que les adjudications, paissons et glandées se sont faites par nos officiers, sans avoir au préalable fait l’estimation de la quantité des porcs qui y pourroient estre mis, ne fait voir aux marchands l’estat des usages et autres personnes ayant droit d’y mettre porcs, qui est cause qu’ils n’enchérissent si hardiment, et ne mettent à prix nos fermes desdits paissons et glandées, à la diminution de nostre domaine ; nous avons ordonné et ordonnons qu’ès publications qui se feront ci-après d’icelles paissons et glandées, auparavant l’adjudication d’icelles y sera compris la quantité de porcs que pourra porter la glandée de la forest. » ~ Renouvellement du principe de battue aux loups. « Art. 37. Et d’autant que le nombre des loups est infiniment accru et augmenté à l’occasion du peu de devoir que les sergents louvetiers de nos dites forêts font d’y chasser, bien qu’ils soient spécialement institués pour cet effet  : nous leur avons enjoint de faire de trois mois en trois mois rapport par devant les maîtres particuliers et gruyers, des prises qu’ils auront faites des loups, sur peine de suspension des droits et privilèges attribués à leurs dits offices pour la première fois, et de privation de leurs dits offices pour la seconde, et sans que par lesdits officiers leur puisse être délivré aucun bois pour la confection des engins à prendre des loups, qu’il ne leur soit apparu desdits rapports » (Isambert, XV, 14). 15 mai : institution des charges de capitaine et de lieutenant général de la capitainerie des chasses de la varenne du Louvre. Le roi protège ainsi ses chasses autour de Paris dans les « plaines à commencer es Faubourg Saint-Germain des Prés, le long de la rivière de Seine, aval jusqu’au-dessous de Meudon, et remonter par les villages de Vaugirard, Vanves, Issy, Fleury, Clamart ; et allant par Montrouge, Châtillon, Bagneux, Fontenay sous ledit Bagneux, Chatenay, Verrières, Sceaux, Antony, le Bourg-la Reine, Arcueil, Cachan, Gentilly, Villejuif, Lay, Thiais, Vitry et Ivry-sur-Seine ; revenant le long de la rivière, la porte Saint-Victor ; lesquels villages ci-dessus nommés et banlieue par-delà chacun d’iceux voulons être exemps de gens de guerre » (Yves Gaultier, 22).

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Réduire les droits seigneuriaux pour remettre le sol en valeur En Poitou, dans la métairie de La Faurie à Bignoux (Vienne, à l’est de Poitiers), le terrage est prohibitif. En raison de l’expropriation paysanne et de la généralisation du régime du métayage, cet ancien droit seigneurial est devenu un handicap agraire. Le 15  mai, Blaise Arthus, laboureur à bras dans la paroisse de Bignoux, âgé de 56  ans, « déclare bien connaître toutes les terres acquises par Me Guillaume Mannevy […] que la plupart d’entre elles sont chargées du droit de terrage au cinquain et au septain des fruits, qui est occasion que iceles ne sont faites ne façonnées de façons requises, ne se trouvant aucun métayer qui veuille labourer et cultiver icelles, aussi qu’elles sont la plus grande partie en ajoncs, brandes et genêts. Pour quoi serait très nécessaire que toutes les terres dudit pays […] fussent mises au droit du terrage au huitain des fruits, pour que icelles fussent dorénavant essartées, labourées et ensemencées selon la coutume du pays, savoir : un tiers en bons blés, un tiers en gros blés, un tiers en guéret » (AD 86, E4/27, d’après Raveau, 51). La Basse-Bretagne en proie aux loups ~ En Cornouaille : En 1597, alors que la Cornouaille avait enduré tous les maux d’une « cruelle guerre » depuis 1589, « la paix fut faite en cette province » avec la reddition au roi du duc de Mercœur, gouverneur de Bretagne et chef du parti catholique. « Laquelle paix tant désirée ne mit toutefois fin aux misères du pays ains fut suivie de tous les autres fléaux desquels Dieu par l’Écriture menace son peuple endurci. La peste, la famine, les bêtes farouches dévorant les hommes, savoir est des loups, chose assez difficile croire à qui ne l’a vue, toutefois très véritable […]. La famine ne dura qu’un an ou deux, qui fut l’an 1597, principalement suivie de la peste l’année suivante, et qui dura depuis le mois d’avril l’an 1598 jusques à la Toussaint en suivant ; mais les loups continuèrent leur rage depuis les années 1597 jusques en l’an 1605 ou 1606 » (Chanoine Moreau, 4). « Les pauvres gens n’avaient pour retraite que les buissons où ils languissaient pour quelques jours, mangeant de la vinette [oseille sauvage] et autres herbages aigrets, et même n’avaient moyen de faire aucun feu de crainte d’être découverts par l’indice de la fumée, et ainsi mouraient dedans les parcs et fossés, où les loups les trouvant morts s’accoutumèrent si bien à la chair humaine que, dans la suite, pendant l’espace de 7 à 8  ans, ils attaquèrent les hommes étant même armés. Personne n’osait plus aller seul. Quant aux femmes et enfants, il les fallait enfermer dedans les maisons, car, si quelqu’un ouvrait les portes, il était le plus souvent happé jusque dans la maison ; et s’est trouvé plusieurs femmes, au sortir auprès de leurs portes pour faire de l’eau, avoir eu la gorge coupée sans pouvoir crier à leurs maris, qui n’étaient qu’à trois pas d’elles, même en plein jour. « Il est impossible de rapporter par écrit toutes les pauvretés que nous avons vues et souffertes en Cornouaille, et, s’il était possible de les raconter, on les estimerait des fables et non des vérités, et à peine peut-on dire laquelle desdites quatre persécutions aurait plus affligé le pays ; et combien qu’il semblerait peut-être que celle des loups était plus évitable, parce qu’ils n’étaient en si grand nombre, néanmoins c’est chose horrible à réciter ce qu’ils faisaient de maux. 348

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« Dès le commencement de leur furieux ravage, ils ne laissèrent dans les villages aucuns chiens, comme si, par leur instinct naturel, ils eussent projeté qu’ayant tué les gardes qui sont les chiens, ils auraient bon marché des choses gardées ; et avaient cette finesse que quand il y avait quelques mauvais chiens en un village et de défense, ils fussent venus en bande vers le village, et se fut l’un d’eux avancé jusques à bien près de la maison. Les autres demeuraient un peu cachés derrière comme en embuscades ; celui qui s’était avancé, se sentant découvert par le chien et suivi, se retirait d’où il était venu, jusques à ce qu’il l’eût attiré aux embûches, et lors tous ensemble se ruaient sur le chien et le mettaient en pièces. « Telles ruses de ces bêtes sont à peu près semblables à celles de la guerre, et mirent dans l’esprit du simple peuple une opinion que ce n’étaient pas loups naturels, mais que c’étaient des soldats déjà morts qui étaient ressuscités en forme de loups, pour, par la permission de Dieu, affliger les vivants et les morts, et communément, parmi le menu peuple, les appelaient-ils, en leur breton, tut-bleis, c’est-à-dire gens-loups ; ou que c’étaient des sorciers en ce pays comme en plusieurs autres contrées de la France. « Cette dernière raison n’eût été hors de propos, attendu que les plus graves auteurs disent que les sorciers sont des anthropophages ou mangeurs de chair humaine, et surtout la chair des petits enfants sans baptême. Ainsi ces cruels animaux, combien qu’ils assaillissent indifféremment tout âge et tout sexe les trouvant à leur commodité, néanmoins ils poursuivaient avec plus grande fureur une femme grosse qu’une autre, à la quelle ils fendaient le ventre en un instant et lui tiraient le fruit, laissant la pauvre femme toute palpitante, s’ils n’avaient le loisir de manger la mère et l’enfant. « Une honnête femme de Kerfeuntun, pressée d’accoucher, un certain jour de marché, sortant par la porte Bihan, à 10 ou 12 pas de la porte, fut en plein jour éventrée, et son enfant tiré et emporté, et cependant il y avait du monde après et devant. Ceux du devant ne virent rien, parce qu’elle ne jeta aucun cri ; ceux du derrière qui virent ne surent être assez à temps, tant cela fut expédié bien promptement par un seul loup. La paix faite, les portes de la ville [Quimper] demeuraient ouvertes et les loups se promenaient toutes les nuits par la ville jusques au matin, et, aux jours de marchés, les venderesses de pains et autres regrattières qui se levaient matin pour prendre leurs places les ont souvent trouvés autour du Chastel et ailleurs, et emportaient la plupart des chiens qu’ils trouvaient la nuit sur la rue. La nuit, ils blessaient plusieurs personnes sur la rue au milieu de la ville, et, sans le secours et cri que l’on faisait criant au loup, ils les eussent mangés. Ils avaient cette finesse de prendre toujours à la gorge, si faire se pouvait, pour les empêcher de crier, et, s’ils avaient loisir, ils savaient dépouiller sans endommager les habits ni leurs chemises même, qu’on trouvait tout entiers auprès des ossements des dévorés, qui augmentait de plus en plus l’erreur des simples de dire que ce n’étaient point loups naturels, mais loups-garous ou soldats, ou sorciers transformés » (Chanoine Moreau, rééd. 1960, 275-279).

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1598 Tempêtes, pluies et neiges

~ Janvier : grandes neiges en Auvergne. « Au commencement de l’année, tomba

si grande habondance de neige que en la plaine du Daulphiné en y avait bien huict piedz de hauteur et aux montaignes d’Auvergne si grande hauteur que la plus part des maisons des villages étaient cachées soubz la neige et les habitans d’icelles bien estonnez » (AD 42 en ligne, état civil, B Feurs 1597-1601, vue 21). ~ 9 juillet : tempête déracinant les arbres en Poitou. « Le 9 de juillet 1598 commença, entre les 6 à 7  heures du soir, une tempête plus grande et épouvantable dont jamais on ouït parler, qui dira toute la nuit avec vent, éclairs, tonnerre et pluies. Les effets de cette tempête furent étranges par toute la France ; les bleds qui étaient en terre en plusieurs lieux furent emportés ; les noyers, les châtaigniers furent rompus par le milieu et les chênes, les autres déracinés jusque dans les fibres des racines. Etant allé quelque temps après en Poitou, j’y vis les effets de cette tempête-là » (Dangibeaud, 83). ~ Fin juillet : tempête et grêle en Pays de Bray : « Fouldre, tonnerre, tempeste et pluye sur la fin de juillet de ladite année. Beaucoup d’édifices renversés et bien des arbres déracinés, brisés et tors, la grêle qui tomba, en quelques endroits, il s’en trouva des grains qui pesaient une livre, elle endommagea les bleds et tua beaucoup de gibier. Ladite année fort infertile de cidres et de vins » (Miton, 104-105). ~ 27 juillet, tonnerre en Drouais : l’église Saint-Corentin de Gilles (Eure-et-Loir) « brûlée du tonnerre » (E suplément 28, IV). ~ Juillet : tempêtes de grêle en Dauphiné et en Velay. « En ce temps [9 juillet], les grêles et tempêtes gâtèrent en plusieurs et divers lieux les biens de la terre et en tomba en Dauphiné qui pesaient 5  livres. Les orages abattirent plusieurs maisons à Die et les murs de la ville, comme aussi une tour. Et en Velay, tomba grand nombre d’arbres du côté de Marlhes, Rioutort [Riotord], Saint-Genest et à Saint-Pierre-Duchamp tua un enfant et blessa le père sonnant les cloches,  etc. » (Burel, 463n). ~ Juillet-octobre : été pluvieux puis anormalement chaud en Franche-Comté. « Le 9 juillet, les pluies ont été telles que les fleuves sont sortis hors mère et ont bien endommagés les blés et foins, ont tout ravagé Salins, rompant leurs ponts et moulins, et pensaient les habitants être perdus […]. Le dernier jour d’octobre, suis été à Dole […] et était la chaleur comme en été, les froments étant si grands qu’on les faisait paître aux chevaux, bœuf et vaches et aux brebis, et plusieurs resemaient pour être leurs blés trop avancés et proches se perdre. La continuation du temps a été telle qu’on a vu l’orge épier, les fleurs renaître, fraises mûries et les autres fleuries et formées ; et a duré ce jusques au 17 quand est arrivée une pluie douce comme au printemps ; mes choux rouges fleurissaient partout le 22 dudit mois, non sans admiration humaine » (Journal du poète Jean Vuillemin (1596-1613), d’après Delsalle, 2002, 298). ~ 28  septembre, neige autour d’Yssingeaux (Haute-Loire)  : « neigea par tout le pays et étaient les montagnes et haut de cette paroisse, tout blancs de neige, y ayant un demi-pied de hauteur » (Burel, 466n). 350

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~ Octobre, vendanges catastrophiques autour de Reims. « Ces jours estoient le

temps des vendanges qui furent aultant petites que jamais vivant eut veu, tellement que ne recueilly en toutes mes vignes et celles que tenois de louage de nostre (myneur) que viii poinssons de vin ; et estoient les vins médiocrement bons, tant pour la petite quantité que pour la fin du moys d’aoust et tout le moys de septembre, qui furent beaux et secs, mesme le temps de la cueillette assez bon ; et valloit la queue de vin nouveau xxv escus, et le vieil xv l. ; le froment, iv l., le seigle lv sols, l’orge peu moins et l’avine xxviii sols le septier. […] Tout l’hyver fut grandement humide et nébuleux de sorte que durant les festes de Noël estoit aultant de neiges qu’il n’en avoit esté pour une fois plus de vingt ans auparavant » (Pussot, 80-84). ~ 31 décembre : une tempête – un « vimer » – d’une extrême violence dévaste le comté nantais. Les villages des Guérins et des Puymains sont submergés, de même que la basse rue de Bourgneuf où plusieurs maisons sont démolies. Les habitants de l’île de Bouin doivent s’enfuir ainsi que ceux de plusieurs villages de Noirmoutier. Au cours du xvie siècle, les digues de protection des parties sud de la baie ont été rompues quinze fois au total (Arch. mun. Bourgneuf). Attestations de peste n Peste signalée autour d’Amiens, Angers, Annecy, Bourg-en-Bresse, Caen, Chartres, Coutances, Douai, Gap, Grenoble, Lille, Lyon, Marseille, Morlaix, Quimper, Quimperlé, Rennes, Rouen, Saint-Brieuc, Saint-Jean-de-Maurienne, Sedan (Biraben, 385). Enfin, le retour à la paix !

~ 2  avril  : publication de la paix entre le duc de Mercœur et le roi à Lannion,

marquant la fin des guerres de Religion en Bretagne. À Lanvellec, le prêtre Alain Lucas témoigne du soulagement général : « Appres tous ces tourbillons et innummerables cruautez et tyrannyes espouvantables de Mars, quand il a pleu a notre bon et clément Dieu d’en hault, il a envoyé ci bas la paix, d’un chacun homme de bien tant souhaictée et de tout temps désirée, laquelle enfin, maulgré les larrons et ravageurs n’en voulants suelement ouyr parler, fust publyée en la ville de Lannyon ce judi deuxième jour d’avril 1598. Plaise à Dieu la continuer longuement au désolé royaume de France et en cette Basse Bretaigne » (nota d’Alain Lucas, prêtre de Lanvellec, AD 22 en ligne, BMS Lanvellec 1590-1654, vue 293). ~ En avril, insécurité encore en Champagne  : « Ce pendant les environs de Reims estoient fort travaillés d’un régiment de gensdarmes nommé le régiment de Monsieur le mareschal de Byron, lesquels rençonnoient, pilloient, volloient et violloient, autant et plus que les précédents, ennemys, combien qu’ils fussent pour le roy et gens qui nous debvoient deffendre » (Pussot, 75). ~ 24 avril : À la suite des derniers ravages des troupes espagnoles en Champagne, les habitants de Vandeuvre-sur-Barse (Aube) sollicitent une exonération de tailles. « En considération des grandes pertes et ruines par eux souffertes pendant les troubles par le moyen tant du brûlement et pillerie de leurs maisons, meubles et bestial [sic], que mortalité d’une grande partie des habitants et autres afflictions 351

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qui leur sont survenues, même depuis peu de temps par Le Gauchier, espagnol, et ses troupes, qui auraient pillé entièrement ledit bourg, emmené 100 à 120 prisonniers et plus de 200 chevaux et tué 10 ou 12 personnes (AD 51, C 2624). ~ 26 avril, reddition du Mont Saint-Michel. Le dernier bastion ligueur dans l’Ouest se soumet (AD 76, 1B 729, arrêt du 5 juin 1798, d’après Mouchel-Vallon, 751). ~ 30  avril, édit de Nantes  : le catholicisme demeure la religion officielle du royaume, mais les protestants acquièrent la liberté de conscience et de culte et 144 places fortes de sûreté. ~ 26  mai, soumission de La Fontenelle en Basse-Bretagne. La sécurité revient en Cornouaille. Le chef de bande obtient du roi absolution de tous ses crimes et la garde du fort de l’île Tristan. ~ Mai-juin, paix de Vervins. Paix générale entre le roi de France, le roi d’Espagne et « tous les princes chrétiens et catholiques ». Les campagnes du nord et du nord-est du royaume retrouvent la sécurité. ~ 10-12 septembre : le Velay est pacifié. Le 10, écartèlement du capitaine Largalié et défense du port d’armes en dehors de la noblesse. Le 12, confirmation de la paix et « inhibition et défense de ne porter les armes et bouches à feu ni autres armes de guerre, si ce n’est l’épée, sur peine d’être désobéissant au roi » (Burel, 466). Te Deum et feux de joie Un peu partout, la publication de la paix de Vervins donne lieu à des réjouissances. ~ À Gisors, le 7 juin : « Laquelle paix avait été publiée en tous les endroits et principaux lieux et villes d’icelle France, le septième jour de juin 1598. Lors de laquelle publication, le peuple s’était grandement réjoui, en prières et processions, avait fait des feux de joie, et toutes sortes de réjouissances, allant et venant librement en ses affaires, sans aucun contredit, ni mauvaises rencontres, pour ce que l’on avait dû tout quitter et mis bas les armes » (Journal d’un bourgeois de Gisors, 118). ~ À Saint-Meloire-des-Ondes (Ille-et-Vilaine), le 23  juin  : « La paix généralle d’entre le roy de France Henry 4 de ce nom, roy de France et de Navarre, entre le roy de Espagne et aultres princes a esté publiée à Saint-Malo le mardi 23e  jour de juin an présent 1598 (AD 35 en ligne, BMS Saint-Meloir-des-Ondes, S, vue 80). ~ À Feurs (Loire), le 24 juin : « Le mardy 23e juin 1598, vigille de la Saint Jehan, la paix publiée à Feurs. Le lendemain, feste de la Nativité Saint-Jehan Baptiste, l’on fit la procession généralle où l’on porta le Saint-Sacrement. Les rues furent tapissées et, le soir après vespres, l’on chanta le Te Deum laudamus, rendant grâce à Dieu du bénéfice de la paix. Le mesme soir, fut faict feu de joye en lagrenette dudit lieu et allumé le feu par quatre assavoir deux l’église et deux de la justice. Les deux de la justice furent monsieur maître Jehan Rozier, capitaine et châtelain dudit Feurs et noble Jacques Durozier, esleu pour le roi en Foretz, et les deux de l’église furent messire Jehan Decombegrand, curé dudit lieu, et moy seul vicaire » (AD 42 en ligne, état civil, B Feurs 1597-1601, vue 22). La guerre du loup contre l’homme : le paroxysme C’est au moment où la paix est enfin rétablie entre les hommes que les loups, prédateurs, enhardis par les massacres des premiers, se retournent contre les femmes 352

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et les enfants, affaiblis et vulnérables, devenus des proies faciles. Seule une petite minorité de loups passent ainsi à l’anthropophagie, mais la généralité des plaintes et des mesures prises pour organiser la destruction de l’animal souligne que le risque s’était multiplié à la fin des guerres de Religion. Pour de nombreuses provinces, le début de l’enregistrement des sépultures, fournit l’identité des victimes, qui se recrutent parmi les pauvres gens des campagnes. Si l’on tient compte qu’en 1598, la tenue des actes de décès est encore peu fréquente, et de surcroît que les sépultures d’enfants sont généralement absentes des registres paroissiaux, on ne peut qu’être certain d’une chose  : dans les attaques de loups, l’année considérée a été la plus redoutable pour l’homme dans les cinq derniers siècles. Statistiquement, même avec quelques milliers de victimes probables, les pertes sont bien inférieures à celles dues au trois grands facteurs de mortalité accidentelle qui viennent se s’enchaîner  : la peste, la famine et la guerre. Pour autant, la transgression anthropologique qui s’attache à ces attaques et les conséquences psychologiques qui s’ancrent chez les témoins et les parents des victimes instaurent une trace mémorielle profonde dans la perception de l’animal sauvage par l’homme. ~ En Brie, Champagne et Bassigny  : « La guerre étant finie entre les hommes [juin  1598], commença celle des loups contre eux. Principalement en la Brie, Champagne et Bassigny on contait de cruels exploits faits par lesdits loups » (Pierre de l’Estoile, Journal 1589-1610, 527). ~ En Champagne : « En ce temps régnoit une aultre affliction, c’est que les loups avoient telle domination sur le corps humain qu’ils se jettoient et dévoroient plusieurs gens, tant aux champs, vignes, que dans les villages, tuèrent, mangèrent et blécèrent grans nombre de gens, et quasy par tout lieu, et signamment aux femmes, filles et enflants et sy chacun estoit sy esblouy, que personne ne se mettoit en debvoir d’aviser moyen d’y remédyer, et sy les dits loups n’avoient aulcunes craintes, comme s’ils eussent esté asseurés de ne leur pouvoir mal faire » (Pussot, 79). ~ En Anjou : « En cette année les loups mangèrent grand nombre d’enfants en Anjou vers Craon, Château-Gontier, Segré et Candé. La noblesse en tua grande partie, procession générale faite à Angers le mardi 4e  jour d’août à cause de ce (Jean Hiret, Des Antiquités d’Anjou, 1609). Le 13  novembre, la municipalité d’Angers supplie le gouverneur de convoquer la noblesse pour « faire la huée aux loups qui s’attaquent ordinairement aux personnes et les dévorent, relaissant le bétail » (Arch. com. Angers, d’après Sylvain Bertoldi). ~ En Artois. La province alors, sous la domination des Espagnols, est infestée par des loups, qui dévorent hommes, femmes et enfants. Des battues sont nécessaires. « En pratiquant bien la présente instruction [le triquetrac ou la battue au loup avec arquebuses], tu viendras heureusement à un désiré succès, et à petit frais, et peu à peu cette vermine sera dissipée, en sorte que le paysan vivra à repos, tant pour lui que pour ses enfants que des bestiaux. Nous avons fait cette charité en Artois, il y a quarante ans, et lors les hommes, femmes et enfants étaient dévorés tous les jours. Et or que n’avais que 15 ans, j’en faisais mourir en grande quantité aux lévriers et à l’arquebuse à quoi m’avait dressé feu mon père, qui ne cédait à personne de son temps au fait de la chasse et prenait plaisir à me découvrir et mes 353

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frères, les ruses tant de des animaux que de tous autres, et la méthode pour les ruiner, comme je continue encore de faire cette année 1642 » (Robert Monthois, La Noble et Furieuse Chasse au Loup, 1642, 31). ~ En Franche-Comté, le 25  janvier, le Parlement de Dole organise la chasse au loup  : « Sur la remontrance faite à la cour souveraine de Parlement à Dole, par les officiers de Sa Majesté, qu’en divers endroits du pays, même du côté des montagnes, les loups s’étaient adonnés d’occire et blesser non seulement le bétail mais aussi les personnes ; et que le semblable était fait au regard dudit bétail par les ours, et loups cerviers, et que les villages ne faisaient aucun devoir à cause de la prohibition du port d’harquebuse… Ordonne aux habitants desdits villages où lesdits loups et ours font tels dommages, de commettre chasseurs ordinaires aux aguets pour quelque temps et faire tous devoirs à prendre et tuer lesdits loups et ours. Pour chacun de lesquels qui sera pris et tué, ladite cour ordonne qu’il sera payé auxdits chasseurs la somme de 10 francs monnaie par les communautés […]. Donnant ladite cour auxdits chasseurs et à tous autres qui se voudraient entremettre à poursuivre, prendre et occire lesdits loups et ours, de porter harquebuses à cet effet, sans danger d’échoir ès peines et amendes des édits concernant la chasse, pourvu toutefois qu’ils n’en abusent pas sous ce prétexte » (Moreau, 1953, 143). ~ En Bretagne : la paroisse de Meslin (Côtes-d’Armor) offre l’un des rares exemples d’enregistrement apparemment satisfaisant des victimes de loups car le recteur procède à une récapitulation. On y mesure le caractère collectif du drame qui tient aux attaques successives de loups prédateurs dans une même zone. « S’ensuit les noms des enfants qui ont esté dévorés par les loups et les bestes sauvages en l’an 1598. « Ung enfant à Pierre Félibien qui fut dévoré aux prés de Carlan ; ung enfant à Ollivier Vollette qui fut dévoré aux prés de Cargouët ; ung à Pierre Nyvet du Cartier Meuron ; ung enffant à Jullien Lovelet à l’intérieur du Bois au Pont de Keranguis ; ung qui fut blessé en une jannais appelée Paillenot et ce fut à clos Pasques ; ung enfant à Denis Le Breton ; ung enfant aux métayers de la Touche Blandel ; ung enfant à Pierre Couespele en Pommeret ; ung qui a esté trouvé à la Chapelle de Melain en Veneurs ; ung enfant à la famme de Allain Danet ; ung enfant à Jacques Bescat à Pont de Mauril ; ung enfant aux près de la Cornillière ; ung enfant à Bertrand Coroisel, ce que dessus fust faict au milieu de juillet au dernier ; ung enfant à Allain Le Grou et ce fus la Sainct Mathurin et ce fust à la vanne de la rivière ; ung enfant à Blanchart au mois de janvier 1599 audict an ; ung enfant à Jacques… [acte rogné] qui furent dévorés par les loups » (AD 22 en ligne, BMS Meslin l574-1668, vue 381). ~ En général, parmi les rares collections d’actes de séputure conservés pour la fin du xvie siècle, dix-sept paroisses au moins comportent des actes de séputure de victimes de loups en 1598 sur 8 régions différentes. En Vendômois, à La Ville-auxClercs, Chauvigny et Suèvres (Loir-et-Cher) ; en Bourbonnais, à Saint-Pourçainsur-Besbre et à Vaumas (Allier) ; en Orléanais, à Beaugency (Loiret) ; dans le Maine, à Pré-en-Pail (Mayenne) ; dans le Pays Nantais, au Cellier, à Maumusson et Saint-Mars-du-Désert (Loire-Atlantique), en Bretagne, à Lanvellec et Meslin (Côtes-d’Armor), à Amanlis, Montauban-de-Bretagne et Piré-sur-Seiche (Ille-etVilaine) ; en Anjou à Saint-Pierre-Montlimart (Maine-et-Loire) ; en Franche-Comté, à Louvenne (Jura). 354

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1599 Neige, froidure et moissons « fraîches » ~ 23 avril : neiges autour de Rodez (Platter, d’après Le Roy Ladurie, 39). ~ 30  juin  : en Forez, « le pénultième de juin an susdit tomba de neige en la montagne que la terre en était couverte » (AD 42 en ligne, état civil, B Feurs 1597-1601, vue 1). ~ Juin : neige en Provence (Du Haitze, cité par Braudel, 1949, 234). ~ Samedi 7 août, en Drouais, vers 22 heures, grande quantité de grêle « et y en avait qui avait de tour 6 pousses de mesure faicte » qui fit grand mal aux arbres et aux grains à Gilles (E sup. 28, IV). ~ Moissons fraîches en Champagne. « La moisson fut un peu tardée à cause des froidures humides durant environ douze journées, qui commancèrent par une nuée qui advint le jour saint-Jehan-Baptiste au soir, de la quelle, en plusieurs lieux, lès vignes furent greslées et par la tempeste et tonnère plusieurs choses foudroyées, comme le clocher d’Isle en Champaigne et aultres lieux. Et sy les vignes quasy partout furent fort escoullées et diminuées, tant par lesdites froigdures que des grandes challeurs du devant, tellement qu’on ne commança à moissonner les seigles que le lundy ve juillet, le temps mis en bonne disposition […]. « Et sur le commancement de septembre, par trois ou quatre jours, furent de gran vents, impéteulx et orageulx, causans quelque pluye même le jour de NotreDame viiie septembre, à une heure après mydy, tomba une heslée de gresle qui gasta plusieurs vignes. Et estoit le commancement de la vendange dès le premier du dict mois, d’aultanlt que la grande chaleur devant mentionnée continua jusques en ladite vendange ; de sorte que les vins furent fort bons et de moyenne quantité. Et dura ladicte vendange jusques au jour sainct Remy plus qu’on n’estymoit d’auliant ledict temps de vendange fut fort pluvieulx, signamment sur la fin » (Pussot, 87 et 89). ~ Vendanges précoces (Le Roy Ladurie, 1966, – 17/moy. 1599-1791). ~ Mais année abondante en fruits en Saintonge et Aunis. « Depuis le 20e de juin jusqu’au 9e  d’août, il y atoujours eu de grandes chaleurs. Il y a eu, par la bénédiction divine, abondance de sel, de vin et de blés […]. Les vendanges d’Aunis furent toutes parachevées au mois de septembre de ladite année  1599, et fut le temps fort agréable pour recueillir les fruits » (Dangibeaud, 103). Poussées de peste Autour d’Abbeville, Agen, Amiens, Angers, Bordeaux, Briançon, Chartres, Dieppe, Douai, Embrun, La Réole et Saint Jean-de-Maurienne (Biraben, 385). n Contagion dans le Haut-Maine. « Gervais Trullez, inhumé et enterré derrière sa maison […] par la crainte de la contagion et qu’il estoit mort sans confession et qu’il ne s’est trouvé personne pour se voulut hazarder à enterrer le corps le mardi 5e janvier 1599 » (AD 72, BMS Dissé-sous-Ballon 1515-1640, vue 70). n Et, en février, contagion à Plouharnel (E sup. 56). n

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Assèchement des marais 8 avril : première mesure de bonication établie par Sully, l’édit sur l’assèchement des « palus et marais »  : « Le plus grand et legitime gain et revenu des peuples, même des nôtres, procède principalement du labour et culture de la terre. » Le roi consacre la primauté des des sociétés de dessèchement sur les propriétaires des marais. Il accorde des privilèges fonciers (propriété de la moitié des marais desséchés), fiscaux (exemption de taille pendant 20 ans) et commerciaux (monopole de la vente de tourbe) à la compagnie du Hollandais Humfrey Bradley qui obtient le monopole des opérations jusqu’en 1639. L’État lui fait bénéficier de toutes les protections nécessaires et l’autorise à faire appel à des étrangers qui deviendront Français au bout de deux ans. Ce règlement, établi par Sully juste un an après le retour à la paix, jette la base juridique aux dessèchements à venir. Point de départ d’une politique d’encouragement à l’assèchement des marais après les guerres de Religion. Une nouvelle donne pour le Marais poitevin, qui bouleverse les paysages et les modes de vue des Maraîchins (Isambert, XV ; Comte de Dienne ; Suire, 2006 ; Morera, 2011). Du Vivarais à la Cornouaille : l’insécurité face au loup ” Repousser les loups des finages agricoles et éliminer les animaux les plus dangereux est une tâche de longue haleine. En 1599, on ne fait encore que constater l’ampleur du danger. En Vivarais, à Saint-Agrève (Ardèche), le 18 juillet : « Les loups, en ce temps, comme auparavant avaient fait, mangeaient les hommes et femmes en plusieurs lieux, même en Vivarais et autour de Saint-Agrève ; d’où M. de Chambarlhac fut contraint laisser trois métairies incultes, pour y avoir mangé une partie de ceux qui y demeuraient » (Notes de Laurent Reboul, curé d’Yssingeaux, in Mémoires de Jean Burel, rééd. 1983, p. 469n). ” En Cornouaille, en septembre  : les paroisses portent plainte devant le parlement de Bretagne : « ledit évêché est désert et presque du tout inhabité pour avoir été plus de six mil des habitants d’icelui dévorés des loups dans les forêts et bois où ils sont contraints de s’enfuir pour éviter aux emprisonnements, cruautés et inhumanités dont l’on use à l’encontre d’eux pour les contraindre au paiement desdites restes des deniers des garnisons et autres restes des années 1597 et 1598 » (AD 35, 1Bb 93, f° 20v°). Ravages de loups : la stupéfaction de Thomas Platter Dans son tour de France, l’étudiant bâlois découvre à deux reprises l’impact des loups prédateurs sur les hommes : en Val de Loire et en Pays de Bray. ~ En Val de Loire, le 2 juin. « Ce château [Chambord] est entouré par un grand espace forestier […]. J’ai voulu traverser ces grands bois. Mais aucun paysan n’a accepté de m’accompagner. Ils m’ont dit qu’il se faisait tard et qu’un très grand nombre de loups sauvages erraient dans la forêt. C’était la faute des guerres ! Les loups ont bouffé pendant celles-ci beaucoup de cadavres d’hommes ; ils sont donc devenus acharnés à manger de la chair humaine. Depuis ce temps-là, ils se sont attaqués maintes fois à des hommes costauds et les ont égorgés. Et même le jour 356

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précédent, à Thoury, un village situé à une demi-lieue de Chambord, les loups ont dévoré une femme de 50 ans et ils ont horriblement blessé et endommagé un grand garçon. Ils m’ont aussi raconté que souventes fois pendant l’hiver les loups viennent faire les cent pas dans les bourgs et, s’ils aperçoivent un enfant ils lui sautent dessus et ils l’égorgent ; ce qui s’est produit à de nombreuses reprises. Ils me faisaient entendre leurs plaintes jusqu’à satiété  : doléances spécialement justifiées à leur gré, depuis qu’ils n’avaient plus le droit de porter des armes à feu. Ils avaient l’intention de présenter une supplique au roi pour qu’il veuille bien leur permettre de donner la chasse à ces loups avec un tel armement afin de les repousser en leur tirant dessus. » ~ En Pays de Bray, le 13  août. « Nous bûmes à Neufchâtel le coup du soir, Abendtrunck. Puis sommes passés par le village de Mortemer, où les loups, à mainte reprise, causent un gros préjudice à de nombreuses personnes et même les dévorent entièrement. Tard dans la soirée, sommes arrivés au bourg d’Aumale. Depuis Neufchâtel, ça faisait cinq lieues » (Emmanuel Le Roy Ladurie et Francine-Dominique Liechtenhan, Le Siècle des Platter, III, 2006, 72-73 et 182). Sus au loup ! Une pluie de battues Henri IV multiplie les autorisations de faire « assemblées pour la huée aux loups et y faire porter harquebuses à la charge de les faire resserrer incontinent que ladite huée sera faite, le tout nonobstant les défenses faites et publiées sur le port et usage des bâtons à feu ». ” En Pays de Bray : « En ladite année (1599), les loups étaient furieux, ils mangeaient les enfants qu’ils rencontraient, ils en mangeaient qui avaient 15 à 16 ans. Les paysans portaient des bâtons ferrés pour se défendre de ces bêtes féroces et avides, cette année, de sang humain » (Miton, 106). ” En Bretagne : Le 12 janvier, un arrêt du Parlement de Bretagne enjoint à tous les juges royaux et hauts justiciers de faire la chasse aux loups qui dévoraient « les hommes et le bestial ». Le 26 septembre, le roi octroie au sieur de Coëtnisan la faculté de « faire assembler et huer sur les loups » aux environs de ses terres et de faire porter harquebuses à ses tenanciers le jour des assemblées (Moreau, éd. 1960, 277n). Le 28 août, Henri IV décharge de poursuites pour extorsion de rançons Jean de Goulaine, un fidèle du duc de Mercœur, moyennant l’exercice d’un brevet de louvetier du roi avec port de l’arquebuse pour détruire les loups (AD 35, IB f° 95). ” En Touraine et Orléanais : Autorisations de battue le 14 mai, à Alexandre de la Boissière, seigneur de Fleury (Suèvres), le 23 juillet, à Daniel Delaunay, sieur de La Ravinière (Fontaines-en-Sologne), le 24 août, à l’abbesse du Lieu Notre-Dame près Romorantin (Moriceau, 2007, 102-104). ” En Quercy, le 22  novembre, au sieur de la Coste de Grezels et à Pons de Lauzières-Thémines, « sur ses maisons et terres » (Lartigaut, 1984, 149). ” En Provence, le 16 décembre, à la comtesse de Sault (AD 13, B 3341, f°9v°). ” En Normandie, le 6 décembre, permission donnée à Charles d’Argouges, baron de Rânes, seigneur de Gratot de faire assembler et huer au loup, de porter et faire porter armes (Marie d’Argouges, Maison d’Argouges, 1981, 344). 357

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1600 Hiver, peste et grands vents ~ En Pays de Bray. « L’hiver de l’année  1599, très rigoureux, dura depuis le 12e  décembre jusqu’au 25  mai. La vigne et les fruits furent fort endommagés » (Bouquet, 111). ~ Autour d’Arbois. À Besançon, le Doubs est gelé : les gouverneurs font briser la glace, pour empêcher qu’on puisse facilement entrer en ville. « Janvier a commencé par temps doux et humide et a continué jusques au quinziesme que nous a rendu de la neige et froidure, et ne pouvoient venir les chariotz de la montaigne pour ladite neige » (Journal du poète Jean Vuillemin (1596-1613), d’après Delsalle, 2002, 298). ~ En Champagne. « L’yver continuant en longueur fut fort long, tellement que les grandes gellées durèrent et continuèrent jusques à Pasques, qui estait le IIe d’apvril 1600, lequel jour, avec les festes suyvantes, ne fit que neiger et de grande abondance, continuant jusques au dimanche de Quasimodo durant la messe d’après la procession duquel naygea aultant et plus que devant […]. Tout le moys de septembre fut fort pluvyeux et froid, tellement que la vendange fut tardée, mais recuelly bonne quantité de vin et plus qu’on n’estymoit toutesfois petit en qualité, fautte de challeur durant le pressurage » (Pussot, 92-95). ~ En Drouais : « Pasques le 2 avril. Grandes neiges » (nota du curé de Prudemanche, baptêmes 1564-1604, AD 28 en ligne, vue 62). ~ En Normandie et Picardie. « Au moys d’aoust furent plusieurs nuées, tonnères, inondations et gros greslons qui gastèrent plusieurs pays et mesme sur la rivière d’Aixne, à Normandye et Picardie » (Pussot, 94). ~ Dans le Rouergue. « Le troisième jour du mois de décembre à cinq heures du matin, fit de grands tonneres, après les jours suyvans de grands vents espouventables : Dieu par sa grâce infinie nous preserve de tous malheurs » (AD 12, Reg. Coubisou (1597-1699), 4 E 69, 1). Mais abondance de fruits… « Abondance de fruits et à bon marché en Saintonge et Aunis. L’automne et l’été de ladite année ont été fertiles. Le froment mesure de rive n’a valu que 18, 19 et 20 sols, et le tonneau de vin 9 écus au plus, ce qui a fort incommmodé la pays » (Dangibeaud, 109). La peste se contracte Attestations autour d’Angers, Bordeaux, Douai, Saint-Jean-de-Maurienne, SaintMalo et Troyes (Biraben, 385). En juin, la peste sévit à Villévêque, Corzé, Briollay, défense de pénétrer à Angers (Lebrun, 309). Samedi 9  décembre  : peste dans une maison de Gilles (Eure-et-Loir), « Louis Legay et Gaspard son fils […] six de ses enfants moururent de la maladie ; toute la maison est vidée et n’y est demeurée qu’une qui s’estoit enfuite quand elle a vu les autres malades » (E sup. 28, IV). 358

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Olivier de Serres : Le Théâtre d’Agriculture et mesnage des champs « La fin de la culture des terres à grains est la moisson : récompense attendue et digne du travail du laboureur ». L’ouvrage d’Olivier de Serres, qui s’inspire des expériences de l’auteur, propriétaire du domaine du Pradel à Villeneuve-de-Berg (Ardèche), paraît dans une superbe édition in-folio de 1004 p. à Paris, chez JametMétayer, en juillet 1600. Très coûteuse (12 livres pour l’édition reliée), l’édition princeps assure à l’auteur une série de cadeaux de valeur auprès de différents seigneurs à Paris et à Lyon. Elle est suivie d’une 2e puis d’une 3e éditions, revues et augmentées par l’auteur, sous un format in-4° plus maniable, et moins onéreux, en 1603 et 1605. En 1608, Olivier de Serres contrôle une 4e édition « revue et augmentée », qui comporte, depuis 1603, un chapitre nouveau relatif à « La seconde richesse du mûrier » (chapitre  xvi du cinquième lieu). Destiné, comme L’Agriculture et Maison Rustique, d’Estienne et Liébault, au propriétaire terrien soucieux de son domaine ou au « bon ménager », le Théâtre d’Agriculture connaît 18 éditions différentes (quelques-unes « reconditionnées et même une édition « pirate ») jusqu’en 1675, sans atteindre la notoriété de l’ouvrage d’Estienne et Liébault. Passé 1646, le désintérêt progressif des lecteurs – propriétaires fonciers nobles et bourgeois – fait retomber l’ouvrage dans l’oubli (Vidal, HSR 39, 2013, 43-70). La poule au pot : sur la table du propriétaire À la fin du xvie siècle, des centaines de milliers de propriétaires, urbains et ruraux, tirent de leurs domaines agricoles une rente foncière, en grande part en nature, accompagnée de compléments en menus produits, les « faisances » ou « suffrages ». Les quatre poules que doit porter chaque année, depuis 1599, François Nogues, métayer à Vidausson, soulignent que les « gélines », consommées largement à sa table, sont appréciées aussi à celle de son maître. « La Meterie de Pailhes. 1600. Roole de ce qu’avons receu de la metterie dicte de Pailhes estans arrenté pour trois ans à François Nogies, de Barbazan, moyennant chescune années de quinze charges grains, scavoir sept charges forment, quatre charges segle et quatre charges milhet, une paire de chapons et quatre paires de poulles » (Recette des rentes faictes en grains… de la maison Vidausson (1599-1602), AD 64, J). Deux édits restaurateurs Pour Henri IV, la réglementation de la chasse et de la levée des tailles font partie de la remise en ordre dans les campagnes. Deux édits viennent en poser (et en rappeler) les principes. ✷ Janvier : Édit sur le fait des chasses. « Art. 6. « Et d’autant que depuis les guerres dernières, le nombre des loups est tellement accru et augmenté en ce royaume qu’il apporte beaucoup de perte et dommage à tous nos pauvres sujets, nous admonestons tous nos seigneurs hauts justiciers et seigneurs de fiefs, de faire assembler de trois mois en trois mois, ou plus souvent encore, selon le besoin qu’il en sera, aux temps et jours plus propres et commodes, leurs paysans et rentiers, et chasser au-dedans de leurs terres, bois et buissons, avec chiens, arquebuses et autres armes à loups et renards, blaireaux, 359

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loutres et autres animaux nuisibles […] révoquant par ce moyen toutes les permissions particulières que nous pourrions par importunité ou autrement avoir accordées et fait dépêcher, de tirer de l’arquebuse à qui que ce soit, s’il n’est de ladite qualité, et en son fief, sur les marais et terres qui en dépendent seulement. ✷ Mars : Règlement général sur les tailles. Art. 16 : « Pour recognoistre à l’inspection et lecture des roolle si la taille aura esté bien assise ou non, la condition des cottisez sera adjoustée à leur nom, comme de juge, greffier, notaire, sergent, procureur de seigneurs, marchand, artisan ou laboureur, et s’il laboure pour luy ou pour autruy, et à combien de charrues, et ainsi de tous autres. » Art. 22  : « Plusieurs habitans, pour s’exempter du paiement des tailles, ont accoustumé de faire publier au prône, avant la Saint-Remi, qu’ils veulent aller demeurer en autre paroisse, puis retournent quand la taille est assise, n’étant bien souvent cottisez ny en l’un ny en l’autre lieu. » Art. 32 : Réduction de l’exemption à 20 livres pour les maîtres de poste « avec permission tant auxdits chevaulcheurs qu’aux maîtres de poste de tenir à ferme 30 arpents de terre d’autruy sans déroger à leurs privilèges ». Art. 37. « Ayant été contraints la plupart des habitans des paroisses de ce royaume vendre leurs usages et communes à vil prix pour payer les tailles et autres grandes sommes de deniers qui se levoient avec violences sur eux durant les troubles », il sera loisible aux habitants de retirer les ventes en remboursant le prix dans un délai de 4 ans (Isambert, XV, 228-235). Un centenaire chez les laboureurs « Janvier 1600. J’ai mention et mémoire d’un homme vivant encor à présent, nommé Nicolas Troyon, laboureur de sa vocation, homme de bonne vie, aagé de cent-dix ans, encor clairvoyant, bien mangeant et beuvant, et de bonne disposition selon son aage ; et ce qui est admirable et mémorable, c’est qu’il tient de trois centeynes d’années, que l’on dit de trois aages car de la centeyne 1400 il avoit comme il dit dix ans, et passé toute la centeyne de 1500, et est parvenu par la grâce de Dieu en  ceste centeyne 1600. Ce qui ne s’est veu de semblable à Reims sy ce n’est de fort longlemps. Lequel décéda, et fut enterré le x febvrier 1601 » (Pussot, 92).

1601 Orages, chenilles et vermine ~ 19 décembre : séisme aux environs de Morlaix (Quenet, 579). ~ En Champagne. « Ceste année les vignes furent gellées, principallement les bas lieux, tant d’iver que d’esté ; est sy les bledz ne pouvoient croistre, d’aultant que la seicheresse se fict grande et froigde, durant depuis le moys de mars et jusques sur la fin de may pour laquelle seicheresse, froigdure et brouillars, les arbres pour la pluspart signamment les pommiers et fruicts à noyaulx, furent tellement mangez des vers et qu’ils furent rendus comme secz. Au moys de juin, durant ce temps, y avoit belle apparence aux vignes, mesme partye de celles qui estoient 360

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gellées rejettèrent bas quantité de raisins, et avoient lors le temps à soubhait mais l’humidité et pluyes qui advindrent depuis la Pentecostes qui estoit du dit moys de juin et jusques au jour de Feste-Dieu, les feit jausnire […]. Et au moys d’aoust suyvant, par plusieurs et diverses nuées les vignes furent fort greslées, battues et despouillées, de sorte que le fruict vint à rien et les sépeaulx rendus en partye secz, tant tourment de gresle, pavillons blancs qui s’eslevaient extraordinairement, qui engendrèrent aultres chenilles et vermines signamment aux choulx. Toutesfoys la moisson fut belle, belle, avec peu de seigle et qui n’estoit fort bon. […]. La vendange fut fort belle, mais petite en quantité et bontée, petite, dis-je, aultant ou moins que la devant dite sous trois ans. Toutesfoys y avoit bonne quantitée de grains en ce temps » (Pussot, 97-101). ~ En Pays de Bray. Grande sécheresse en ladite année [1601], à raison de quoi les habitants de cette ville [Neufchâtel-en-Bray], mûs de dévotion, s’acheminèrent avec le clergé, en procession au bourg de Saint-Saens » (Miton, 110). ~ En août, orages et grêles dévastent les campagnes de la France centrale. Le 29  novembre suivant, un arrêt ordonne aux trésoriers de France des généralités de Tours, Soissons, Moulins et Châlons d’avoir égard aux pertes subies par les paroisses dont les récoltes ont été détruites (AN E3b, 361r°, et Noël Valois, Inventaire des arrêts du Conseil d’État du roi du règne de Henri IV, II, 68). ~ Pluviosité et inondations en Franche-Comté. En janvier, le Doubs est gelé : à Besançon, on fait briser la glace. Mais le printemps est très humide. Le mercredi 19 juillet « le temps ayant été fort pluvieux l’espace de trois mois, conséquemment contraire aux fruits de la terre ». En septembre, « les pluyes furent excessives » (Delsalle, 2002, 298). La « mauvaise bête » du Toulousain ~ Depuis le 28 mars 1600 au 22 juillet 1603, 65 enterrements sont causés par des attaques de loups dans trois paroisses rurales au nord de Toulouse. C’est la plus forte concentration de victimes jusqu’ici identifiables avant la bête du Gévaudan, grâce à la conservation exceptionnelle de ces quelques registres de l’époque d’Henri IV. Le pic des attaques se situe en 1601, avec 7 décès à Aucamville (Tarn-et-Garonne) de personnes « mangées » ou « égorgéees » par le loup, une à Saint-Cézert (HauteGaronne), « dont les os furent ensevelis et la chair qu’on trouva », le 22 octobre, et enfin 15 au Burgaud (Haute-Garonne). Les blessés nous restent inconnus, de même que les victimes dans les paroisses voisines. Dans la paroisse du Burgaud, l’hécatombe est telle que le recteur en dresse un mémoire particulier : « 1601. Registre des hommes et femmes et petits enfants qui sont décédés ou ont été tués ou mangés par les loups au présent lieu du Burgau, depuis la fête SaintJean-Baptiste dernier passé 1601 jusques à la prochaine fête Saint-Jean 1602. Et premièrement, une femme nommée Mariette Laurensse, mère de Pierre Cariton. 2. Arnaude Corlocque, fille de Pierre Corloc. 3. Aussi, Guillaumette Tubidie, femme de Léonard Burbaille. 4. Plus, Jeanne Barthe, femme à Pierre Syrieu, fut enterrés le 4e  juin  1601 par moi Fraysse, recteur 5. Plus, une fille de Guillaume Poguy Cozy. 6. Plus aussi, une fille de Bartezar Vuina Barat. 7. Plus, Jeanne Tubarde, femme à Jean de Pourguye, fils de Durand. 8. Plus, un enfant de Vidal Barbara, 361

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le 13e  octobre  1601. 9. Plus, la femme de Guillaume de la Bayeux, dit Mane, le 18e  juin  1601, jour et fête de Trinité, fut enterrée par moi, Fraysse, recteur. 10. Plus, une fille de Jean Garon, dit Moutonne. 11. Plus, la femme de Jehan Castet. 12. Plus, la femme de François Laporte dit Pegné. 13. Plus un enfant de Jean Pictols, dit Gabais. 14. Plus, la femme de Jean Costurian. 15. Plus, autre femme, nommée La Matine. 16. Plus, autre femme, nommée Esclamond » (AD 31 en ligne, S 1601-1610 vue 90, et site Homme et loup : 2000 ans d’histoire). Juin : nouvel édit sur la chasse Art 8  : « Et quant aux marchands, artisans, laboureurs, paysans et autres telles sortes de gens roturiers, leur avons faict et faisons inhibition et défenses très expresses de tirer de l’arquebuze, escopette, arbaleste et autres bastons, et d’avoir et tenir en leurs maisons collets, poches, filets, tonnelles et engins de chasse, oiseaux gentils et de prise, furets et lévriers, ensemble de chasse au feu ny autrement, a aucuns grosse et menues bestes et gibier, en quelque sorte et manière que ce soit » (Isambert, XV). Naissance du futur Louis XIII La naissance du dauphin, garantie de continuité dynastique, est célébrée par de nombreux curés de paroisse. C’est avec cet événement que, dans la petite paroisse de Vitray-en-Beauce (moins de 400 âmes), Messire Jean Perrault ouvre une série de notations qui occupent la plus grande partie de son registre paroissial, de 1601 à 1625. « Le 27  septembre sur les… heures du soir 1601, Marie de Médicis, espouse de Hanry 4, roy de France et de Navare, accoucha de monseigneur le Dauphin, à Fontainebleau. Laus tibi Christe » (AD 28, BMS Vitray-en-Beauce 1569-1624, vue 16). Terres cultivées et incultes : deux modes d’appréciation en Languedoc En 1601, dans les communautés rurales du Languedoc, le retour à la paix multiplie la réfection des matrices cadastrales et la réalisation de nouveaux compoix. C’est l’occasion de dresser un tableau de l’utilisation du sol. Pour les terres cultivées, rien n’est laissé au hasard dans les évaluations. En revanche, pour les garrigues et terres hermes, l’appréciation s’opère à vue d’œil. Coup de projecteur sur le finage de Salasc (Hérault), au bord du Salagou. « Compois du terroir et tailhable du lieu de Salasc, diocèse de Lodève, faictz par nous, Pierre et Martin Revelz, père et filz, arpenteurs de Peiriac en Minervoix, de l’authorité de la souveraine cour des aydes de Montpellier […]. C’est la table accordée par nous, Estienne de Salasc, bailhe, Estienne Gauffre, Guillen Rouch, Guilhen Cros, Daniel Pascal et Jean Arnhac, habitans du présent lieu de Salasc, diocèse de Lodève, en le presance et adsistance des sieurs Bernard Vieules, Jean Brengues et Pascal, de Salasx, consuls, […] commis et depputés par le conseil général dudit lieu, teneu et assemblé du mois de may an [mil six] cens ung […]. Et premièrement, a esté arresté et accordé que toutes et chacuns les maisons, pijonniers, cazals et patus assiz audit lieu de Salasc, maisons champestres, masaiges 362

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ce trouvant audit tailhable seront extimées à leur juste pris et valeur par les habitans preudhommes […], pour chesque cent livres d’extimation, trois soulx, cy…. e iii  s. Pour raisons de moulins à bled, assis dans le terroir et tailhable dudit Salasc, […] pour chesque cent livres d’extimation quatre souls, cy… iiiie s. […] En ce qui concerne les champs, heres [aires à battre], vignes et ollivettes de tout ce terroir et tailhable […] seront fait six degrés cy après déclarés […]. Et quant aux terres champestres, monteuz et presque du tout infertilles, seront extimées par lesdits preudhommes à veue d’oeilh et compeziées ainsi qu’ils adviseron, ayant esgard à l’infertillité d’icelles, à leur loyaulté et conscience » (AD 34, 292 Edt 3, d’après Olivier, 723). Une sorcière sur la sellette 12  mars  : ouverture du procès de Claudette Clauchepied, accusée de sorcellerie à Bruyères (Vosges). En plein cœur de la grande vague de chasse aux sorcières que subissent les provinces du Nord-Est, le procès qui s’ouvre éclaire certains comportements des ruraux. La guérisseuse appuie son savoir sur un complexe de notions collectivement partagées, qu’on ne peut attribuer à quiconque ni même remettre en question. Elle est prenante d’un capital culturel qui associe pratiques chrétiennes et magiques. Liée au milieu des bergers, et au gardiennage des animaux domestiques qui constituent la principale richesse dans les campagnes, Claudette Clauchepied est le prototype de la sorcière de la première modernité, dans les États du duc Charles III de Lorraine. « Interrogée de son nom et surnom, âge, d’où elle est née et qui sont ou étaient ses père et mère ? – Répond qu’elle s’appelle Claudette Clauchepied, âgée d’environ 66  ans ; qu’elle est née à Épinal, son père s’appelant Nicolas Clauchepied et sa mère Jeanne de Darnieulles, tous deux morts il y a longtemps ; son père étant à son vivant pâtre du bétail dudit Épinal. « Si elle est mariée, à qui et si elle a des enfants ? – Dit être veuve mais qu’elle a été mariée : la première fois à Demenge Claudel Stouvenin, de Champdray, avec lequel elle a été l’espace de 7 ans, ayant eu dudit mariage deux enfants qui sont morts ; et l’autre fois à Dieudonné, de Taintrux, pâtre du troupeau de bétail du Houx, avec lequel elle n’a été qu’environ 2 ans, icelui étant mort depuis 5 à 6 ans. « Où elle résidait avant d’épouser son premier mari ? –  Répond qu’elle s’est tenue longtemps avec une sienne sœur à Saint-Marie [aux-Mines] : autrefois elle a servi maître ès Allemagne [Alsace] et s’ayant parti, mendiait sa vie, vivante des aumônes des bonnes gens. […] « 5. Si elle se mêle de deviner, guérir gens malades et faire plusieurs vœux et pélerinages pour eux ? – Dit que pour avoir été née le jour du Grand Vendredi pendant qu’on lisait la Passion, elle a eu de Dieu ce don de grâce de connaître plusieurs maladies et deviner si elles procédaient de mal de saints ou mal donné […]. « Dit qu’elle guérissait des fièvres avec des herbes appelées du grand pourpier, qu’elle appliquait sur le bras doit du fébrilicant ; guérissait aussi des jaunisses avec des herbes dites de la claie, et disait en les appliquant cinq Pater Noster et cinq Ave Maria, avec injonction au malade d’en dire neuf par neuf jours durant […]. 363

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« À qui elle a ouï dire que quand les Saints-Sacrements interviennent à la maladie d’une personne, il n’y avait moyen de la guérir ? –  N’a voulu répondre autre chose sinon qu’elle l’a ouï dire à plus de 40 personnes sans en avoir voulu nommer aucune […]. « Si, à la sollicitude dudit malin, elle n’a fait mourir plusieurs personnes, bétail et quand ? –  Répond qu’il peut y avoir 7 ou 8  ans, qu’étante moquée souvente fois d’un particulier de Champdray, nommé Mengeon Doudez, et de ce irritée et fâchée, sema de la poudre de l’herbe où devait passer et pâturer le bétail dudit Doudez, près d’une grange dite à Strowelfaing ; lequel bétail parvenu celle part et deux des vaches en ayant mangé moururent deux ou trois jours après » (AD 57, B 37531, d’après Diedler, HSR 7, 1997, 143-154).

1602 « En ce temps faisait bon vivre » « En ce temps faisoit bon vivre, le bled à juste pris, savoir le seigle, xxxvi solz, le froment, l solz, l’avoine, xviii solz le septier, et la queue de vin commun, xxxvi, tant vieil que nouveau. Et sy y avoit belle apparence aux biens de la terre pour le beau et doulx temps qu’il avoit faict depuis Noël et jusques la fin du moys d’apvril, lequel fut pluvieux et humide. […] « Et depuis environ la mye-juillet fut quatre jours d’extrême challeur, laquelle causa escouller tellement les fruicts des vignes, qu’il n’y demoura que bien peu, et estoient les sépeaux pour la pluspart jaulnis les pluyes froigdures et ventz du paravant que la dicte challeur les brusla et fit de sorte qu’il y avaoit fort petite apparence de pouvoir bien peu recueillir. […] « Cette année fut fort belle et bonne moisson de grande quantité de tous grains ; mais les vignes ayant eu le temps contraire comme devant, le fruict diminuoit journellement de quantité et y avoit fort peu pendant par les racynes. En sorte que les pauvres tonnelliers demouraoient les bras croisés, n’estant guères occuppez de leur mestier » (Pussot, 102-105). Blés foudrés en Beauce ~ « Le samedy troisiseme jour d’aoust, les bleds furent fouldrés en telle manière qu’il y eut en plusieurs endroits plus de la moitié des blés  perdue et en aucuns lyeux presque demy semences et en autres lyeux moing. Et pour le regard de ceux de ceste paroisse il n’y avoit qu’envyron la moictyé de sayé. […] « Le sabmedy troysième iour d’aoust mil six cent deux, y eut grande fouldre qui secouict et battit tellement les bledz qu’il y en eut presque la moytié de egrennez et disent aucuns laboureurs qu’il n’estoit arivé telle fouldre qui eust tant faict de tort auxdits bledz depuis trante ans. C’est pourquoy nous devons prier celuy qui a faict de tout un rien. Qu’il veille convertir le mal en bien » (AD 28, BMS Vitray-en-Beauce 1569-1624, 10 et 92). « Le 3 d’août, les blés furent ventés à Prudemanche (AD 28 en ligne, Prudemanche, Baptêmes, 1564-1604, vue 65). 364

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Mortalités et contagions n Traces de peste autour d’Angers, Dieppe, Douai, Lille, Nantes, Orléans et Troyes (Biraben, 385). n Dans le Haut-Maine : « Le 19e  jour dudit moys [août] fut enterré un enfant de déffunte Gillemine Faron, et de défunt André Voymineau, son premier mary, est se en ung champ de la métairie de la cour du bois à cause qui ne se trouva aucun qui le voulist aporter au cymetière à cause de la contagion. « Le 21 dudit moys René Dagueron fut enterré avec troiys enfans yssus de luy et de deffunte Guillemette Faron, sa femme, et aussy un enfant de deffunte ladait Faron et de deffunt son premier mai Voymineau et furent enterrés audit champ par un homme de Saint-Aubin de Locquenay lequel eut dix escus pour les enterrer […]. « Depuis le temps sy dessus sçavoir est la mort de René Dagueron jusques au 12 jour de janvier 1603 sont morts de la contagion chacuns (suit une liste de femmes et d’enfants) » (AD 72 en ligne, BMS Asé-le-Boisne 1587-1635, vue 91). De juin à août, plusieurs décès de femmes et enfants à cause de la contagion à Saint-Biez-en-Belin (AD 72 en ligne, BMS 1595-1652, vue 26). n En Anjou, à Saint-Martin-de-la-Place, « contagion d’inflammation inguinaire ». Tout au long de l’été, peste dans la vallée d’Anjou à Beaufort, Mazé, Andard, Brain (Lebrun, 301 et 309). n En Poitou, du 8  septembre à la Toussaint  : « grande mortalité » à La ChapelleMoulière (E sup. 86). Planter des ormes et des mûriers

✷ Le vendredi 25 janvier, à Prouais (Eure-et-Loir) : « fut faict mandement de par

le roi de faire planter par tous les grands chemins et carrefours de villes et villages des ormes, à peine de 10 écus d’amende. Et pour ce furent plantés les ormes qui sont au-dedans du carrefour de Proués et dedans le cimetière par Me Philippe Mailliard, curé dudit lieu, le 30e  jour dudit moys » (E sup. 28, IV). ✷ Le 2 juillet, édit ordonnant de planter des mûriers dans les environs des grandes villes et en particulier Paris, Lyon, Tours et Orléans. ✷ Le 7  décembre, mandement pour l’établissement d’un plan de mûrier et l’entretien des vers à soie dans les paroisses propices (Isambert, XV). Fondation de villages en Lorraine En 1602, la reconstruction des campagnes lorraines est engagée. Charles  III de Lorraine et l’abbaye cistercienne de Villers-Bettenach fondent trois villages  : Bellefontaine, Saint-Humbert et Nidange (Moselle) (Peltre, 1966, 6, 3-27). En Chartreuse : une carrière de meules Le 9 mars, François Couchet, meunier à Claix, baille à prix-fait à Michel Allemand et à son fils Jean le droit de « couper une pierre de moulin à Quaix [en-Chartreuse], lieu-dit au Crédot, de 17 tours de grandeur » moyennant 15 écus et une livraison à Grenoble. Depuis 1590, la famille Allemand – laboureurs et meuliers – exploite la carrière pour livrer des meules à une échelle locale. Les moulins équipés avec 365

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des meules de Quaix se concentrent à une distance de moins de 30  km du site d’extraction. Une production locale, de qualité courante, qui ne fait qu’écorner la richesse du gisement (Belmont, HSR 16, 2001, 57-59).

1603 « De long temps n’avait été telle sécheresse » ~ Février. « Les gelées ont été extrêmes ici et par toute la France. « L’espace de six semaines, les rivières de France ont toutes gélé. Grande quantité de poisson s’est trouvé mort. Le  havre de cette ville [La  Rochelle] fut gelé tellement qu’on passait à pied de par et d’autre » (Dangibeaud, 112). ~ Au cours de l’hiver, il y eut « si grande froideur que tua tout le bétail de partout le terroir d’Arles » (Baehrel, 208). ~ Sécheresse de printemps en Île-de-France  : le 1er  juin  : sortie des châsses de saint Marcel et de sainte Geneviève pour obtenir de la pluie (Ferté, 339). ~ 2  août  : grand tremblement de terre en Anjou à Bouchemaine entre 6 et 7 heures du matin (E sup. 49, 2). ~ 17 août : grand orage de grêle qui gâta les vignes et les fruits à Gilles. Débordement d’eau qui emporta plusieurs maisons. Noyades comme à Rosny, en présence du roi. Plusieurs bêtes mortes, pourceaux et chevaux noyés (E sup. 28, IV). ~ … et en Champagne : « Le moys de mars et grande partie d’apvril furent fort chaulx et secz, mais le jour Sainct-Georges aultres jours suyvans, les vignes des bas et tendres lieux furent gellées ; et n’eut esté la seicheresse, plus grande perte en eut advenue ; laquelle seicheresse continuant avec grande chaleur, tout le reste du moys moys de may tout entier, sans pleuvoir, et jusques au mye juillet, de sorte que de long temps n’avoit esté telle seicheresse. Cependant les vignes estoient de belle apparence mais les grains sur terre avoient fort à souffrir, et signamment les mars et herbes des prez. […]. « Le vin n’estoit pas fort recherché, encore qu’il fut d’assez grand pris, et valloit xx, xxii et xxiv escus la queue ; et le seigle L sols le septier, le froment iv livres  x sols, et l’avoine xxvi sols. À cause de la grande séicheresse, fut peu de mars et signaement peu d’avoine, qui fut cause de l’enchérir. Mesme le vin plus cher qu’il n’esoit auparavant, à cause que la vendange fut tardée au moyen de quelque temps pluvieulx, et que chacun s’estoit efforcé de vendre et distribuer ce qu’il en avoit, à quelque prix que ce fut, tant en gros que en détaille, pour l’apparence d’en avoir deux poinssons de nouveau pour le pris d’un de vieil, pourquoy chacun s’efforçoit d’en faire, vuydange : pour ce faict requis plus que devant, a cause du tardement de la vendange qui fut achevé environ la Sainct-Remy, fut recueilly beaulcoup plus de vin qu’on n’estymoit. […]. « Le beau et secq temps reprenant cour continua jusques au xxiiie novembre, tellemeut que les bleds sur terre estoient sy beaux et plus fort que de long temps n’avoit est veu ; en sorte que plusieurs, à la Sainct-Martin estoient nouez, commenceans à monter » (Pussot, 106-109). Vendanges précoces (Le Roy Ladurie, 1966, – 18/moy. 1599-1791). 366

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Poussées de peste n Peste attestée autour d’Angers, Bordeaux, Bourg-en-Bresse, Douai, Lille, Limoges, Loudun, Nantes, Niort, Orléans, Rouen et Troyes (Biraben, 385). n Dans les campagnes angevines, contagion à Huillé, à Noëllet et à Daumeray, de septembre à novembre (E sup. 49, III). Les jardiniers de Paris Dans le Paris d’Henri IV, les jardins prennent de plus en plus de place aux dépens des dernières terres céréalières. Les jardiniers et les maraîchers en arrivent à représenter l’essentiel de la population agricole de la capitale. En matière horticole et maraîchère, les attentes des propriétaires et des consommateurs urbains se sont accrues. Le 23 août, trois jardins sont loués au faubourg Saint-Jacques. « Honorable homme François Buvault, bourgeois de Paris, y demeurant, rue Planche-Mibray, paroisse Saint-Jacques-de-la-Boucherie, confesse avoir baillé et délaissé à titre de loyer et prix d’argent du jour Saint-Remy prochain venant jusque à 5 ans […] à Nicolas Pelé, maître jardinier à Paris, demeurant ès fauxbourgs de Paris, hors la porte Saint-Victor […] trois jardins clos de murs attenant l’un de l’autre […] assis ès fauxbourgs Saint-Jacques […], à la charge de labourer, cultiver et fumer bien et dûment lesdits jardins […], de planter les arbres et sauvageons […], de nettoyer et éplucher lesdits arbres et les arroser en trop grande sécheresse […], de enter en temps et saisons tous les sauvageons […]. Seront les fruits qui proviendront tant des arbres audit Buvault que de ceux que ledit preneur plantera à son profit […] partagés par moitié » (AN, MC, XXIV, 98 d’après Gurvil, 594-596). Un berger accusé de lycanthropie Le 6 septembre, une affaire de lycanthropie jugée est jugée à Bordeaux. Au village du Poulet, près de La Roche-Chalais, une bête semblable à un loup s’était jetée sur une jeune fille, Marguerite Poirier. Le lendemain, un enfant de 13 ans, Jean Grenier, berger du même village, avouait fièrement avoir voulu dévorer Marguerite comme il avait déjà mangé plusieurs enfants et il raconta ses aventures avec force détails. Condamné à être enfermé à vie dans un couvent de Bordeaux (Trin, 69-71).

1604 Séismes en Lorraine et en Limousin ~ 6 avril : séisme à Nancy. ~ 20 décembre : séisme aux environs de Bellac (Quenet, 579). Le peuple était à son aise ✷ En Comté. En mars, à Arbois, « la neige est estée si abondante qu’homme vivant l’aye veu au grand estonnement du peuple » (Delsalle, 2002, 299). 367

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✷ En Champagne  : belle moisson et grosse vendange qui fait le bonheur des tonneliers. « En ce temps fut belle et bonne moisson pour les seigles, toutesfoys courroit des grans vents, sans orages. […] Durant ce temps, faisoit grande chaleur, de sorte que plusieurs raisins et verjus des vignes furent cuyctz et seichez ; et les grandes seicheresses faisoient diminuer le fruict des vignes, en sorte qu’on estymoit n’avoir beaulcoup de vin, nonobstant la grand monstre et belle attante de sorte que, au commancement de la vendange ou peu devant, les poinssons neufz ne valloient que environ xxv solz la pièce. Sur lequel commancement, vint le temps pluvyeulx, qui fut cause de renfler et augmenter le fruict et rendre ladite vendange fascheuse et affluente ; de manière que chacun fut abusé pour n’estre proveu suffisamment de vaisseaulx, d’aultant qu’il fut recuilly partout encor aultant de vin qu’on n’estymoit ; de fasson que les poinssons neufz et vuydanges furent vendu lxv et lxx solz la pièce, qui fut cause de mettre beaulcoup de personnes en peyne. Et failloit emplyre les gros vaisseaulx mesme grand nombre de cuves furent enfoncées et emplyes de vin, faute de vaisseaulx, encor qu’il n’en fut jamais aultant faict et fassonné à Reims pour une année, comme en fut faict cesteannée. Et sy la vendange fut fort longue et dura jusques à la Sainct-Martin, et commancée dès la mye septembre. Et estoit-on contrainct de ne se haster de vendanger, a cause du deffault des cuves, places et attente des poinssons, lesquels on ne vit jamais aultant ravys et recherchez » (Pussot, 111-113). ✷ En Pays de Bray  : « Ladite année fort fertile en vin, cidre, orge, avoine, poix, fèves, foins, glands,  etc. Il y avait plus de 50  ans que le peuple n’avait été si à son aise » (Miton, 117). ✷ Vendanges précoces (Le Roy Ladurie, 1966, – 11/moy. 1599-1791). Attestations de peste n Autour de Bordeaux, Bourg-en-Bresse, Lille, Loudun, Mâcon, Paris, Perpignan, Saint-Omer et Troyes (Biraben, 385). n Épidémies à Murat et en Haute Auvergne. n Avril : cas de contagion à Baracé, canton de Durtal, en Anjou » (E sup. 49, III, Baracé). n Juin-août : peste à Fougeré en Anjou. « En ceste année, la contagion a esté déjà commencée dès la Pentecoste, et est déjà mort hier (10 août) 20 personnes, tant en petits que grands » (E sup. 49, III, Fougeré et Lebrun, 310). n Septembre : contagion au Lude » (E sup. 49, III, Broc). Loups mangeurs d’hommes dans la Montagne bourguignonne Dans plusieurs villages de la vallée de l’Ouche, s’ouvre en 1604, une séquence d’attaques de loups qui se poursuit jusqu’en septembre 1608. Pour Crugey, Chaudenay et Thorey-en-Ouche (Côte-d’Or), dix-huit décès de femmes et d’enfants dévorés par le canassier sont conservés dans les registres paroissiaux. Le premier d’entre eux survient au printemps 1604 : « Le xviie avril 1604, furent désvorés des loups Denise Jehantiot, Jehanfiot et François Chevillard, de Colombier, et furent inhumées le même jour au cimetière dudit Colombier. » 368

1604

Épizootie sur le bétail en Auvergne, Rouergue et Limousin ~ « Maladie inoye de bestal en l’an  1604. En apvril et may 1604, comensa en Auvernhe et passa par Rouergue une maledie a toutte beste a quattre pieds, lesmes aus sauvages, que leur venoict une petite postumation a la langue ; et, ne s’en prenant garde, dens 6 heures leur avoict couppé et mis a terre la langue. De quoy s’en perdoict force jusqu’à tant que, la maledie descouverte, chascung fesoict trois fois le jour visiter son bestal et, se treuvent blessez, avec l’ongle ou coteau l’enflure crevée et fort lavé avec vinaigre, sel et auge, ne s’en perdoinct pas » (Austry, 122). ~ « En l’an  1604, au moys de may, le bestial gros a esté malade d’une blessure au-dessus et au-dessous de la langue ; de quoy le monde a este grandement esbay. Et pour recepte, on a frotté la langue de celluy qui n’estoyt pas blessé avec du vinaigre, du miel vieux et du sel benist, tout battu ensemble. Et celluy qu’estoit blessé, avons faict un onguent de sauge, de cherfeul, de percil, de l’erbe de serpent, de l’herbe de chèvre, tout pilé ensemble. Et après, y avons ajousté du vin blanc, et le tout passé avec un linge blanc. Et y avon mis encore du poivre, de la muscade et de l’alun glacé, et avons frotté le mal avec une pièce d’argent, et puis oingt la langue avec ledit onguent, et garder le bestial de manger trois heures après. De manière que, grâces à Dieu, il n’en est mort pas une beste en ce païs, et a esté laditte maladie généralle en tous ce païs à une partie du bestail » (Guibert, 503). ~ Le bétail incommodé de la soif. « Les sécheresses ont tellement continué, l’été et l’automne en l’an 1604, en ce gouvernement et encore juques au commencement du mois de février en l’an  1605, que plusieurs puits et fontaines et ruisseaux ont tari ; et pour cette cause, le bétail a été fort incommodé de la soif. Les pluies commencèrent en février de l’an 1605 » (Dangibeaud, 122).

1605 Stigmates de sécheresse ✷ Autour de Reims : vendange hâtive « Tout le temps d’yver dernier passé fut fort doulx sans aulcunes gellées sy non que quelque petite gellée blenche peu après la vendange, de sorte que de long temps n’a esté veu hyvert aultant doulx, rendu admirable. Mais le jour de Pasques et festes suyvantes advint des blanches gellées et forles plus qu’il n’en avoit faict au dit hyvert, qui gastèrent les vignes, les quelles n’estoient toutesfoys guères advancées. […] Tout le temps de l’esté fut fort sec. La challeur et continuant mesme durant le dit moys de septembre, tant jours que nuilz, et extraordinairement chault. […] « La vendange fut hastyve pour le commencement, spécialement à la rivière de Marne, où les vins furent fort corosifs, d’aultant qu’ils furent recueillys sans pluye. Les bons vins d’Ay valloient, à la vendange, LX l.  et plus. Et fut recueilly ceste année environ un tiers de l’année passée, touschant, pour le vin, qui fut fort bon. La moisson fut médiocrement bonne, et fut recueilly beaulcoup de grain, tellement que le seigle ne valloit que xxv s. le septier et l’avoine xxs. » (Pussot, 114-117). ✷ En général vendanges précoces (Le Roy Ladurie, 1966, – 10/moy. 1599-1791). 369

1605

✷ Hannetons à Arbois en mai : « May a pris commancement par beau et grande

chaleur que nous a suscité légion de canquoille [hannetons] à nostre grand dommaige » (Delsalle, 2002, 299). ✷ Rivières guéables. « Après de longues sécheresses qui ont commencé depuis le commencé d’avril 1605 jusques en septembre dudit an, un peu de pluis ea tombé ; et elles ont été telles que quasi presque toutes les rivières de la France ont été rendue gayables ; il y a eu audit an et de bonne heure quantité de mouches » (Merlin, 122). ✷ Grosses averses de grêle. En Pays de Bray : « il tombe de la grêle grosse comme un esteuf sur la fin de juin de ladite année, dont les grains furent fort endommagés » (Bouquet, 117). En Anjou, le 30  septembre, à Chalonnnes-sous-Le Lude  : sur le soir « très grant horaige de tourmente et tempeste, gresle tombant aussi grosse de noys ou plus, tellement qu’elle fist grand dégast » (E sup. 49, III, 218). Quelques contagions n Traces de peste autour d’Angers, Bazas, Bordeaux, Caen, Lille, Rennes et Troyes (Biraben, 385). n L’été, peste en Anjou, à Vergonnes, dans le Segréen, et à Broc, en Beaugeois. Forte contagion à Broc avec « enterrements sur les routes » ainsi qu’à Vaulandry, de mai au 15 janvier 1606 (E sup. 49, III). n En Bretagne, contagion à Augan (E sup. 56). Raz-de-marée de la châtaigneraie au nord d’Aubenas À Vesseaux (Ardèche), dans le terroir des Chaussadenches, le compoix de 1605 signale que la châtaigneraie est devenue majoritaire  : dans la récapitulation que fournit un plan cadastral ultérieur, plus de 85 % est alors consacré aux arbres à « pain de bois ». Après une phase intermédiaire de complantage céréales-châtaigniers au cours du xvie siècle, la monoculture est devenue presque effective. Tout au long du xviie siècle, les dernières parcelles sont absorbées dans cette submersion (Pitte, 1983, II, 60-63 et 1986, annexe, d’après AD 07, 3E210bis). Planter des ormes dans les cimetières « Le dimanche neufième jour de janvier audit an [1605] fut publyé au prosne de première et grande messe une commission envoyée par messieurs les lyeutenent, esleuz et controlleurs de Chasteaudun et Bonneval affin de faire planter des ormes des cimetyères » (AD 28, BMS Vitray-en-Beauce, 94). Prier pour vaincre les Turcs « Au mesme temps [octobre] fut envoyé ung pardon général par toute la Chrestienté affin d’implorer la grâce de Dieu affin d’avoir victoire contre les Turcz qui font la guiere contre Rodolphe, empereur, et au pays de la Hongrie. Et ledit pardon fut envoyé par très sainct père Paul pappe et falut faire troys processions par troys jours, scavoir le mercredy, vendredy et semedy, ensemble faire sa pasque » (AD 28, BMS Vitray-en-Beauce, 96). 370

1605

Des laboureurs élisent leur messier Dans les terroirs céréaliers, l’élection des gardes-grains ne rassemblait que les gros laboureurs, intéressés au premier chef à recruter des hommes de confiance pour préserver les récoltes de toute déprédation. Au sein des communautés rurales, la sanior pars en vint bientôt à définir elle-même les conditions de travail des messiers avant de faire homologuer ses décisions par le juge seigneurial. À Gonesse, prévôté royale, on n’en était pas encore là le 26 mars 1605, lorsque des laboureurs se réunissent pour engager des messiers. « À Monsieur le lieutenant de Gonnesse, Vous remonstre humblement la plus grande et seine partye des laboureurs dudit Gonnesse soubzignez, disant que, a faulte de messiers et garde des grains du territoire dudit Gonnesse, plusieurs chemins se font de jour en jour au travers des terres ensemencées en bled et autre guaignage estant sur ce territoire, chose qui tourne à leur grand préjudice, dommaiges et intherestz et de tout le publicq. Et craignent que à l’advenir encores plus grands domaiges attendu la saison des mars et jachères ausquelz nous sommes a present, sy il n’y est par vous pourveu de personnes capables pour faire et exercer la charge de garde des grains dudit territoire, à la charge de les paier selon les anciennes ordonnances ou telles autres qu’il vous plaira ordonner. « Pour et à quoy satisfaire vous presente les personnes de Jehan Gilles, sergent royal en vostre prevosté et chastellenye, Pierre Chappon et Jacques Le Maire, pour accepter ladicte charge de messier et garde des grains ad ce qu’il vous plaise de eulx prendre et recepvoir le serment, à la charge qu’ilz seront tenuz bien faire leur debvoir sans y commestre aulcun abuz et amener les délinquans en justice, en faire bons et loyal rapportz, en ce faisant et exerceant le deub de leurs charges qu’il ne leurs soyt donné aulcung troubles ny empeschemens ainsy conseil, confort et ayde, requérant a ceste fin la déduction de monsieur le procureur du roy et ferez bien. » [Signé  :] Delamare, Géhenault, Géhenault, Demory, Doutreleau, Vallet, P.  Frémin, Lière, Anthoine Pingart, Morel, A.  Lière, Doultreleau, Jehan Vallet, [illis.], Jacques Husson, Bimont (AD 95, B 1665, Gonesse, homologation d’élection de messiers, 26 mars 1605). Un mystère joué par les jeunes au village « Le dimenche dixième jour de juillet, les enfans de ceste paroisse jouirent histoire de sainte Suzanne, dont lesquelz estoint pour personnages : Guillaume Le Serie, qui représentoit Joachim ; Jehan[ne] Feilleteau, Suzanne ; Jacques Courtrys et Noël Guerrot, les deux juges ; les deux damoyselles : René, fils de René Pellard et Jehan Menné ; les deux serviteurs estoinct Jehan Creddé, nepveu de Monsieur Creddé, procureur fiscal de la terre et barronye de Mellay, et François Leclerc ; et les deux juifs estoint Françoys Libert et Marc Robinet, de boys de Fugières ; et Daniel estoit Jehan Bruneau ; et les deux filz Sainte Suzanne estoint Barthellemy, filz de Pierre Perard et Noël, fils de Noël Forestier. Lesquels jouèrent fort honnestement selon et au contentement de la compagnie qui les regardoict » (AD 28, BMS Vitrayen-Beauce 1569-1624, 94).

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1606

1606 Ouragan de Pâques ~ Dimanche 26 et lundi 27 mars : grands vents impétueux qui renversent édifices, maisons, cloches d’église et grande quantité d’arbres « et y a 25 ans accomplis qu’il estoit venu de tels et semblables vens qui apportèrent pareilles pertes et dommages » (E sup. 28, IV, Gilles). ~ « Le lundy vint sixième de mars et aussy le jour de Pasques, il fist un mauvais vent de grande tempeste, tellement qu’il tomboist de la taille des églises et autres maisons, tellement qu’il faisoit un merveilleux temps, dont il fut dist que de long temps, selon le dire des antiens, qu’il n’y eut ung tel temps ny telle tempeste » (AD 28, BMS Vitray-en-Beauce 1569-1624, 97). ~ « La feste de Pasques eschéant le 26 mars, s’eslevèrent de si grandz et si furieux vents, que l’on croioit estre au fort de l’hiver, oultre ce que l’on ne marchoit dans les rues de Paris qu’en appréhension depis le vendredy sainct jusques au mercredy de Pasques. Ces ventzs amenèrent ensuitte de grandes pluyes qui durèrent jusqu’au plus grand esté, plein de challeurs extrêmes et tonneres impétueux, suyviz de pestillence en plusieurs endroictz de France et notamment à Paris, qui en avoit été exempt dix ans entiers avant cette mauvaise saison » (Thoulouse, I, 137). ~ Bourrasque à Hazebrouck en Flandre : « Le lundi de Pâques, 27 mars 1606, de dix heures à midi, il y eut une grande bourrasque de vent, beaucoup de granges et d’arbres furent renversés, ainsi que quelques moulins et des maisons » (Livre de raison de Nicolas Van Pradelles, 42). ~ Trop de pluie : les grains sont perdus en Franche-Comté. « Depuis l’Assension jusques environ la Magdeleine, les pluies furent quasi partout continuelles, de sorte que les fruits de la terre qu’estoient en fort belle apparence se recongnurent quasi perdus, tant les foins que les froments et aussi les vignes, à raison de quoy le froment commença à se vendre plus de ce qui se vendoit aupravant, ou à peult près, de manière que c’estoit une grande misère de veoir le pauvre peuple en la peine où il estoit, lequel se mis en debvoir de rechercher le vray moyen pour y remédier, que fu à prières et oraisons à Dieu » (Jean Bonnet, Ce qui s’est passé de mon temps, d’après Delsalle, 2002, 300). Grain cher, vendange tardive Autour de Reims : « Tout le temps d’esté fut fort inconstant, partye froig et humide, et spéciallement le commancement, et partye de la moisson, qui fut cause de renchérir le bled et le vin, mesme les vins vieulx qui avoient esté décrachez furent requis et marchans. Les eschalalz pour ficher les vignes furent fort chers ; pour quoy plusieurs vignes demourèrent sans fichée, où il y eut grande perte : le tout à cause qu’on ne pouvoit chérier dans les boys pour les grandes pluyes souvent recommencées […]. La vendange fut tardyve, et jusques à la Toussaint depuis y avoit encor à pressurer. Durant laquelle fut troys ou quatre matynées fort froigdes, où fut grande gellée, qui fut cause de seicher les vignes ; et sy les bledz, qui estoient sur terre en furent grandement offencez, et en plusieurs pays du tout perduz cause que le grain fut enchéry. Et valloit le septier seigle à la sainct Martin, l sols le 372

1606

froment iv l., l’orge xxxvi s.  et l’avoyne xx s.  Le vin fut de moyenne qualité et plus de moindre que de bon, et sy fut de pour quoy quantité. Ce nonobstant la tardyvité de ladite vendange, chose admirable, fut la plus belle que de long temps n’a esté veu de sorte qu’il ne tomba durant icelle une seulle goutte d’eau, tellement que pouldre volloit partout jusques après la ditte Toussainct » (Pussot, 119-120). Peste et contagions Attestations de peste autour d’Agen, Angers, Bordeaux, Châteaudun, Coutances, Dijon, Lille, Nevers, Paris, Poitiers, Riom, Saint-Malo, Troyes et Verdun (Biraben, 386). n 5 juin : maladie contagieuse à Montlivault (E sup. 41). n 9 octobre : première messe d’un prêtre parisien réfugié à Villeneuve-Saint-Georges « à l’occasion des contagions qui pour lors infectaient la ville et faubourgs de Paris ». n Une cloche de l’église de Bussière-Boffy portait cette inscription  : « +. 1606. Parrain François Dupin, écuyer, seigneur de Monts. Marraine dame Ag. Duchiron. M. Chuigle, curé. – Laudo Deum, plebem voco, colligo clerum, defunctos ploro, festa decoro, pestem fugo, fulgura repello » (Dictionnaire historique et géographique de la Haute-Vienne, abbé Nadaud). n

En Toulousain et Lauragais : grande chasse aux loups et bêtes sauvages ~ Arrêt du parlement de Toulouse. « Samedi 7e janvier 1606, en la grand chambre […], vu la requête présentée par le procureur général du roi concernant les meurtres et ravages faits par les loups et bêtes sauvages ayant tué plus de 500  hommes, femmes et petits enfants, depuis trois mois dans les sénéchaussées de Toulouse et Lauragais, même dans le gardiage et fauxbourg dudit Toulouse, la cour enjoint à tous les officiers du roi, viguiers, sergents des lieux, capitouls et consuls dans le district des sénéchaussées de Toulouse et Lauragais, d’assembler les habitants des lieux et faire chasser les loups et autres bêtes sauvages […] et à ces fins mettre ceux qu’ils commettront tant de jour que de nuit pour plus facilement faire ladite chasse à peine de permutation de leurs offices et juridictions, leur permettant à l’effet de ladite chasse tant seulement porter et user d’armes à feu, arbalêtes et […] et icelles armes mettre en main de personnes qu’ils jugeront propres des actions, desquels ils seront reponsables pour le temps et l’espace de trois mois » (AD 31, B 238, fol. 62). En Provence, un souci résurgent : la déforestation Au lendemain des guerres civiles, les états de Provence s’adressent au roi, en janvier  1606. Ils le supplient « de défendre, par édit, la dépopulation des bois à toute personne, de quelque quallité et condition que soyt, ensemble les défrichemens des terres, attandu le grand dommage et préjudice que cela apporte à toute le province, estant telles deppopulations et deffrichemens la seule cause des ravaiges et inondations des eaux qui emporte la graisse et le meilleur de la terre, laquelle par ce moyen devient extérille et sans fruict » (AD 13, C 278, d’après Sclafert, 1959, 193). Dans la viguerie de Saint-Maximin, à Pourrières, au sud-est de la Sainte-Victoire, le défens de la Palière fait l’objet, en 1606, d’une réglementation prohitive, réité373

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rée tout au long du xviie siècle. Interdiction y est faite de couper les chênes et un garde est nommé pour surveiller les bois, « au meilheur pris que faire se pourra » (Pichard, 1999, 418).

1607 Tempêtes de neige et de vent ~ Le 1er mai en Drouais : grande neige, arbres rompus à Gilles, « on disoit qu’elle chesoit [tombait] grosse comme botte de feurre ». À Prudemanche : « Le premier de mai audit an 1607 furent de grandes neiges, lesquelles feirent une perte inestimable aux arbres pour les avoir rompus et froissez, chose grandement déplorable et calamiteuse. » À Vert-en-Drouais le 2 mai : « il neigea et gresla grandement, avec impétuosité de vent » Vert-en-Drouais (E sup. 28, IV et AD 28 en ligne). ~ En Bas-Limousin le 1er  et 5  août  : « Le premier dimanche d’aoust 1607, il a faict une tempeste qu’en a pourté tout le vin de Saint-Viance, Saint-Martial et force aultres paroisses ; et après, le vin c’est vandu iiii livres  x s ele baste, et en vendanges apres a esté vandu au pais bas communément iii livres  x  s.  […]. Le dimanche cinquiesme jour d’aoust 1607, environ sept heures de matin, il a faict une telle tempeste qui nous a rompu une grande partie des arbres, en a emporté les avoynes et bledz noirs, et a grandement gasté les busches et boys à Saint-Bonnet, Alverge, et a suivy jusques à Laval, Auriac, Bassinhac, Saint-Martial, Argentat, Sainct Chemans et Laguenne » (Livre de raison de Pierre Doumail, notaire à GrosChastang, d’après Guibert, 1895, 500 et 508). Sécheresse et petites vendanges ~ En Languedoc : « Sécheresse et stérilité en la présente année et saison de l’esté » (AC Narbonne, BB 7, d’après Le Roy Ladurie, 37). Essor de cépages méridionaux en Languedoc comme le Terret, d’origine ibérique, qui s’acclimate en val d’Hérault. Le 25, plantation de Terret en Agde (Le Roy Ladurie, 57). ~ En Champagne  : « Et pour les grande et extrêmes challeurs de quasy tout le moys de mars et grande partye d’apvril, les vignes et fruictz des arbres s’avansans, vint une gellée le jour du Vendredi sainct et aultres jours suyvans ; cause que les vignes furent gellées pour moictié, les bourgeons estans encor petitz […]. Les moys de may et de juin furent froigs et humides, causant grand escoulletnent des vignes, et puis la grande seicheresse des moys de juillet, aoust et septembre la feit encore diminuer, en sorte que, de la vie des hommes n’a esté une sy petite vendange et sy peu de raisins aux vignes ; dont on fut pugny d’avoir ainsy par cy devant décraché les préceddens et la grande affluence passée. Les vins de ceste année furent fort bons. Le vin nouveau valloit de xxiv à xl escus la queue, et le vieil xx escus » (Pussot, 122 et 125). ~ En général : Vendanges précoces (Le Roy Ladurie, 1966, – 13/moy. 1599-1791). 374

1607

Peste et dysenterie n Attestations de peste autour d’Angers, Bordeaux, Coutances, La Réole, Lyon, Narbonne, Nevers, Paris, Poitiers, Riom, Saint-Malo, Troyes et Verdun (Biraben, 386). n Traces de peste autour de Paris : à Villeneuve-Saint-Georges (mars) et à Corbeil (août-novembre). n Peste à Condom (E sup. 47, Astaffort). n Peste en Gascogne  : « Le 28e  aoust 1627 […] est né mon fils Odet du Droy, à Bordenave, moy m’y estant retiré à cause de la peste, et a esté baptisé à Scieurac [Gers] » (Dudrot de Cabdebosc, 24). n Épidémie de « dissenterie » en Beaujolais de septembre à novembre (E sup. 69, Chiroubles). n Dysenterie en Anjou : « contagion de flux de sang ou dicenterye » à Saint-Martinde-la-Place. n Dysenterie en Lyonnais : « On mouroit fort à Lion et tout autour du flux de sang et dysenterie, mesme en ce lieu de Montanay, et principallement les petis enfans, aux moys d’aoust et septembre » (E sup. 69, Fleuriau-sur-Saône). Janvier : 2e édit de bonification pour le dessèchement des marais La déclaration d’Henri IV confirme les privilèges octroyés en 1599 en élargissant le nombre des bénéficiaires  : elle permet aux nobles de se consacrer à ces opérations sans déroger. Des exemptions fiscales sont accordées et il est permis aux dessicateurs d’empiéter sur les terres des voisins pour réaliser leurs travaux. Le roi supprime pour 10 ans les droits levés sur les produits agricoles, y compris les dîmes (et après ce délai réduction au 50e), venant des marais desséchés (art. 15). Un consortium s’établit au cœur de l’État, sous la direction d’Humphrey Bradley – l’« Association pour le dessèchement des marais et lacs de France » –, avec prolongation de vingt ans des droits déjà concédés. Des capitaux sont mobilisés par les investisseurs protestants qui fuient les troubles des Pays-Bas pour se réfugier en France. Cette politique d’encouragement se réduit après la mort d’Henri IV et l’arrivée au pouvoir du parti catholique, mais les exemptions fiscales subsistent jusqu’en juillet 1638 (Isambert, XV ; Morera, 2011). Attacher les chiens pour protéger les plaisirs du roi En juillet, est promulgué un édit sur le fait des chasses et défense du port d’armes. Dans un rayon d’une lieue autour des plaisirs du roi « paysans et gens de village » doivent avoir leurs chiens attachés ou leur rompre une patte (Isambert, XV). Un crime de bestialité En 1607, s’ouvre le procès de Demenge Colas Humbert dans le Val de Lièpvre pour crime de bestialité. L’auteur se dénonce lui-même, avouant s’être oublié depuis trente-six ans avec presque tous les animaux de sa ferme : vache, chèvre, truie et même poule. Reconnaissant aussi des pratiques sexuelles de jeunesse sur des enfants ou des serviteurs, il est condamné au bûcher par les juges de Nancy (AD 54, B 9576, d’après Simon, HSR 17, 2002, 72). 375

1607

Naissance de « Monsieur » : Nicolas d’Orléans Suivant l’usage, les villageois apprennent de leur curé l’arrivée des naissances royales, comme celle du jeune frère du Dauphin. « Le lundi vingt troysiesme jour d’avril 1607, Monseigneur le duc d’Orléans, à qui Dieu donne bonne vie et longue, prinst commencement de ses jours, estant fils de Hanri de Bourbon et de Marie de Médicis, roy et royne de France. Alleluia. Laus deo par vivis et requies defunctis. Parrault presbtre » (AD 28, BMS Vitray-en-Beauce 1569-1624, vue 28).

1608 Le Grand hiver du siècle (décembre 1607-mars 1608)

~ En Beauce  : « L’an mil six cens sept, le jeudy vingtième jour de décembre, il

commença à geller, durant ung jour ou deux après, il commença à neiger, et dura les neiges jusques au dernier jour de mars 1608. Il s’en trouva en la cour de Jacques Bourgeoys, qui demeure au bout du carrefour, en la dernière maison, 10 pieds. Il fit un fort grand froid si âpre et si rudde qu’il mourut beaucoup d’hommes et de femmes par les chemins… les plus anciens [déclarèrent] jamais n’est vu ni ouï dire avoir vu un pareil temps […]. « L’an mil six cent huit, dont l’hiver fut si véhément, il y eut grande perte sur les fruitz de la terre, dont les bledz furent grandement endommagez et l’on tient que il y a la moictié presque des terres ensepmencées en bled qui, n’estant que tiers à cause de la véhémence de l’hiver, qui fut si long que au moys de apvril il gelait encore […]. Il y eut plusieurs laboureurs qui relabourèrent leur terre où ils avaient faict des bledz » (AD 28 en ligne, BMS Vitray-en-Beauce, vues 159 et 161). À Levainville : « L’iver suivant, que l’on comptoit 1608, les puis gelèrent, les potz au feu, les vins aux caves ; plusieurs hommes moururent sur les chemins de froidure ; les gelées et neiges durèrent depuis la veille Saint-Thomas jusques après la mi-mars, voire jusques à la Notre-Dame de mars. Les vignes furent toutes geleez et la pluspart des blés » (E sup. 28, III). À Prudemanche : « En l’année 1608, il fist de grandes neiges et grandes froidures, lesquelles commencèrent devant Noël 1607 et durèrent jusqu’à la Chandeleur. Il fist un froid tel que jamais il eust fait au précédent : la glace avait 8 pieds d’épaisseur. Les blaidz gelèrent ou ils avoient été découverts de la neige ; les oyseaulx tant domestiques que sauvages moururent de froid. Il n’y eut créature qui ne se ressentit de la violence du froid, mesme les plantes » (E sup. 28). ~ En Brie  : « L’année  1608 a été de grande neige et gelée ; au mois de janvier, il y a eu grande quantité de peuple mort pieds et mains gelés, et ont duré icelles neiges depuis le 10 décembre jusqu’au 10 mars ensuivant. Et le 20 juillet jusqu’au 8 août, a fait des chaleurs extrêmes dont il est mort plusieurs chrétiens, bestiaux et chevaux » (E sup. 77, Cucharmoy). ~ En Anjou : à Fougeré (Maine-et-Loire), le 23 février, « il a faict un verglas qui fut fort grand et a duré depuis le jour des Rois jusqu’à la Chandeleur ; ensemble la neige a commencé le jour des Roys et a duré jusqu’audit jour de la Chandeleur, 376

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avecques un iver et gelés ; que les glasse ont tellement que, quand ils sont remis, ils l’ont ammené beaucoup des pons de Sel et ensemble les ponts à Tours » (E sup. 49, III, Fougeré). ~ Sur la côte bourguignonne : « En l’année 1608, les vignes [à Couchey, Côte-d’Or] furent perduz de jellée d’iver au mois de janvier du verglas qui tumbaz desus, dont ont en coupaz ungne grande party des plus grand set ; et il en y avoit qui coupire toute leurs vigne, qui heure grand interrest, car il jetire encor des raisin honnestemant, encore qu’il sembloit que le bois estoit mort. Et la présente année la queux de vin valluz 90 livre » (famille Robert, 113). ~ En Normandie  : « Le 18  décembre 1607, commença l’hiver, avec une telle rigueur de froidure qu’il ne s’en est vu de pareil de mémoire d’homme [texte écrit en 1618] avec une si longue continuation que la rivière de Seine fut prinse de glace et scellée presque tout le long de son cours l’espace de plus d’un moins ou viron, de telle sorte que les bateaux et voitures ne pouvoient apporter marchandises ny autres commodités, ains un chacun passoit à pied sec dessus, comme par miracle et pour en garder la mémoire ; et n’estoit pas que les bœufs, brebis et autres bestiaux, et bêtes de voiture, avec leurs sommes mesmes, jusqu’aux charrettes chargées n’y passassent » (Sauvage, 527-528). En Normandie, le grand hiver se traduit par 45 jours de glaciation de la Seine du 18  décembre 1607 au début février  1608. « Et fut icelle froidure si rude et si âpre que plusieurs personnes en sont mortes en leurs maisons et autres par les chemins, à cause de sa grande rigueur et de la quantité des neiges, qui ont resté fort longtemps à se dissoudre et fondre et même plusieurs ont perdu les pieds et jambes et les doigts ; et a duré et continué icelle rigueur plus de six semaines et pouvons à bon droit l’appeler le grand hiver » (Sauvage, 528-529). ~ En Île-de-France : « Grand hyver. Le froid fut si grand au commencement de cette année, qui avoit commencé le jour Sainct-Thomas-l’Apostre et dura jusqu’au jour de la conversion de sainct Paul, que tous les anciens asseuroient ne l’avoir point veu si grand ni sy extrême depuis l’an  1571 […] restant néantmoins tant de frimatz, neiges et brouillards que la rivière demeura glaces d’un pied d’espais dedans nos préz jusqu’à l’Annonciation […]. Le jour Saint-Sébastien [20 janvier], le roy Henry le Grand passa la rivière de Seine par plaisir sur la glace depuis l’Arsenal jusques à la Tournelle » (Thoulouse, I, 156). ~ En Saintonge. Grand verglas, du 6 au 14  janvier, autour de La  Rochelle. Le dégel survenu le 16 janvier entraîne de nombreux accidents. De nombreux arbres fruitiers, trop chargés de glaces, se rompent. Le froid reprend le 21 et, le 24, très grand froid. « Jusques à la nuit close, il faisait un très grand froid au moyen diquel le pain était gelé ; et ainsi que je voulais écrire, l’encre gelait au bout de la plume » (Dangibeaud, 139). ~ En Forez : « Le froid extrême qui se fit sentir pendant plus de deux mois glaça toutes les rivières, gela toutes les jeunes vignes, fit périr beaucoup de voyageurs sur les grands chemins, tua dans la campagne la plupart des oiseaux, du gibier et du bétail » (Canard, 22). ~ En Franche-Comté : Depuis décembre, à Besançon « il y eut des glaces epaisses de trois pieds sur la rivière, la froidure et lesdits glaces durarent jusqu’au 24 avril de l’an 1608 » (Delsalle, 2002, 300). 377

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Cet épisode climatique extrême a une conséquence : la destruction de la châtaigneraie pour plusieurs années. À cause du gel de 1608, l’abbaye de Bellevaux ne peut amodier la récolte de châtaignes encore en 1611 : « Des chastaignes de la maison aux environs d’icelle n’en faict icy compte pour avoir esté gellez l’an six centz et huict et n’y a encoire heu que bien peu de fruictz » (AD 70, H56, compte de 1611-1612, f° 66, d’après Delsalle, 2002, 301). ~ En Champagne  : « l’année des grandes neiges ». « Et au commancement de janvier 1608, fut des grandes neiges et aultant que la vie des hommes on n’a veu, mesme de l’année appellée des grandes neige, passé xliii a xliv ans [1563-1564], qui fut cause de geller les vins qui estoient aux celliers et le boys des vignes aux champs, et plusieurs arbres morurent. Laquelle grande gellée avoit commancé la veille sainct Thomas, et dura avec les dittes grandes neiges jusques environ mye febvrier suyvant, durant laquelle le vin gelloit sur les tables, quelques proches du feu qu’elles fussent. « En sorte qu’il convint coupper la pluspart des sepeaulx des jardins, ensemble des haultes vignes, et lyer à rez de terre ; les gluyes pour lier les vignes valloient viii s. la pièce. Depuis y eut grande seicheresse jusques au moys de may, de sorte que les petitz bledz sur terre eurent fort à souffrir et plusieurs devindrent à rien » (Pussot, 126-129). Été torride : les moissonneurs succombent sous le soleil ✷ « La chaleur de cette année-là fit que l’eau de la rivière fut si bonne pour s’y baigner que, plus d’un mois durant, on voyait, depuis Charenton jusques en l’île du Palais, plus de quatre mille personnes dans l’eau » (Mémoires de Bassompierre, I, 199). ✷ En Beauce : canicule mortelle avant les orages : ~ « Le vendredi premier jour d’aoust il fist telle et véhémente chaleur qu’il y eust plusieurs hommes estant aux champs qui moururent à cause de la véhémence de la chaleur, dont les hommes estoient du pays de Normandye et austre pais qui estoint veneuz pour faire l’aoust. Dont y en eust un en ceste parroisse qui y fut enterré, un qui estoit des ousterons à Pierre Bougery, laboureur demeurant à La Ronce, paroisse d’Alluyes, qui mourut aussi de pareille mort. L’on tient qu’il y en eut troys en la paroisse de Voves qui moururent aussy de telle mort. […] Plus l’on tient que vers Chartres, il en mourut aussy. C’est chose asseurée qu’il fausoit une fort grande et véhémente challeur. Pendant ledit jour il se noya ung jeune homme de la paroisse de Boisvillette [La Bourdinière-Saint-Loup] en se baignant. ~ Item, le samedy ensuivant segond jour, il fist aussy une grande et véhémente challeur, approchant de celle du vendredy si devant nommé. Toutesfoys que ung peu après midy l’air se brouilla de telle façon et en telle sorte qu’il y eut de grands tonnerres et grandes tempestes en l’air, dont en issit grande abondance de gresle et eax, dont la gresle et tempeste apportèrent grande pertes et dommages aux bledz et avennes, non en ceste paroisse, Dieu mercy, mais bien en la paroisse de Boisville. Il n’y avoit à Bouville maison ny logis qui ne furent despecez. La gresle, qui porta dommage, commensoit au chemin de Lupplanté et Bouville, tenant d’un costé vers la petite vallée, lieu situé entre Bouville et Ermenonville, de là vers le bois Brisson, 378

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lieu citué au bas de Bouville, vers La Ronce et de là vers Augouville, et d’autre part, tirant vers le Brière Guion, lyeu situé entre Vitray et Bouville, de là, tirant vers la Belle croyx, lieu situé au bout du bois de Fougières, et de là, tirant vers ledit Angouville. J’ay veu moy-mesme la pauvreté de dommage des graindz qui furent perdutz. Les bledz, qui estoient lies au bout de la gerbe y avoit de grandes ecuilles de bledz battu et aux javelles en pareil. « La gresle estoit de la grosseur de balles de tuppot, bonnes et carrés. Il y en eust bien en ceste paroisse et autres lieux mais elle n’apporta point de dommages, Dieu mercy. Toutesfoys près de Chartres, il y eut bien de la perte aux vignes et autres fruitz. « Je ne mets ce cy par plaisir ny par curiosité mais afin que ceux qui liront ou pourront lire aye à implorer la bonté divine qu’elle nous veille par sa bonté et miséricorde nous delivres de pareilz accident comme faire chose qui soit contre sa divine volonté. Laus Deo vivis et requies defunctis. […] « Le vendredy huitiesme jour d’aoust, il tumba une forte nuée de gresle non en ceste parroisse, Dieu mercy, ainsi en la parroisse de Bouville, Generville, La Ronce, Montainville et grand boys Mairon, Alluyes, Saint-Germain, Hussay, Angouville, Dangeau et boys de Fougières et aussy en la paroisse de Nefvy, qui porta ung fort grand dommage aux biens de la terre qui furent tous perduz. Dieu, par sa bonté et miséricorde, nous veille préserve » (AD 28 en ligne, Vitray-en-Beauce 1569-1624, vue 162). Séismes et déluges ~ Le 25 août : grand tremblement de terre (entre le lundi et le mardi de nuit, à une heure et demie avant le jour) à Bouchemaine (E sup. 49, II et Quenet, 597). ~ Dans la nuit du 3 septembre : deux heures avant jour, tremblement de terre à Bouchemaine « et estois en mon lict avecque de la chandelle, lizant mon brevière » (E sup. 49, II, et Quenet, 579). ~ Débordement de la Garonne  : « Le huictiesme septembre, jour de la nativité Notre-Dame 1608, fit une espouvantable déluge, aussi grant et terrible que homme vivant ay veu ensemble féroce grelle tellement que le fleuve de Garonne fut débordé dans une heure, que fit un grand dommage aulx vingnes et garetz en ceste juridiction et que cela soict vray moy comme recteur duit Larrazat l’ay escript et signé : Thuries, recteur » (AD 82, BMS Larrazet en ligne, vue 122). ~ Débordement de la Loire  : fin septembre/début octobre, des arches sous les ponts de Tours sont emportées, un cimetière près du fleuve ravagé « qui emporta les os des morts de ceux qui naguère y avaient été inhumés ». La levée est rompue en plusieurs endroits (Dangibeaud, 142). Naissance de Gaston, duc d’Anjou « Le jeudi dix septième jouyr de avril audit an, et par la grâce de Dieu vint sur terre hault et puissant prince [en blanc] fils de hault et puissant prince et nostre roy Hanri de Bourbon, quatrième de ce nom et de haute et puissante princesse Marie de Médicis, royne de France, auquelz Dieu veille donner bonne vie et longue, que l’on apelle Monseigneur le duc d’Anjou » (AD 28, BMS Vitray-en-Beauce, 31). 379

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« Il était un p’tit homme Qui s’appelait Guillery, Carabi ! » Le 30  novembre, l’arrestation de Philippe Guillery marque un coup d’arrêt au brigandage nobiliaire en Bas-Poitou. Apparue depuis juillet 1604 en Talmondois, la bande des Guillerys s’en prend aux collecteurs d’impôts, aux marchands et aux arches de la maréchaussée. Ligueur, leur chef est, semble-t-il, un ancien officier du duc de Mercœur qui a mal tourné. Après plus de quatre ans de banditisme, compère Guillery est arrêté puis roué vif à La Rochelle le 4 décembre 1608 (Bercé, 1974, 135-136 ; Lavallée, 1991). Fondation du village de Henriville (Moselle) par le duc de Lorraine Henri II. Le duc autorise le défrichement de la forêt entre Farebersviller, Seingbouse, Cappel et Farschviller pour y bâtir un village. La même année, le comte Palatin GeorgesGustave fonde le village de Lixheim. De 1600 à 1630, vingt-trois villages nouveaux au nord-est de la Lorraine sont créés dans le cadre de la reconstruction qui suit les guerres du xvie siècle (Peltre, 1966, 6, 3-27). Le maïs en Bresse Le 25 juillet, lors d’une reconnaissance de dette par Philibert et Jean Lay, frères, de Feillens (Ain), apparaissent « six coupes de turquys ». L’appellation semble avaliser l’identification du maïs, attesté à Bourg-en-Bresse depuis 1603. C’est sous le règne de Henri IV que cette graine nouvelle vient relancer en Bresse l’élevage de la poule ou du poulet, qu’ils soient destinés « au pot », au four ou à la broche (Ponsot, 2005, 117-136).

1609 Séisme et crues ~ 15  janvier  : de nuit, 2 à 3  heures après minuit, fort tremblement de terre à Bouchemaine (E sup. 49, II).  Séisme d’intensité MSK 6 autour d’Angers (Base SISFRANCE et Quenet, 552 et 579). ~ Crue de la Seine (Thoulouse, II, 258). ~ Crue de la Loire, le jour de la Saint-André, rompant sa levée. Grands dégâts autour de Blois et Tours » (Dangibeaud, 155). Vents et gelées « L’humidité, pluye et grand vent continuant jusques dans le moys de mars, tellement que toute la ditte année 1609 fut fort venteuse [autour de Reims]. De là en advant, le temps fut fort sec et beau, en sorte que proche de Pasques on ne pouvoit houer les vignes, et sy elles poussoient et s’avançoient à cause des chaleurs du dit moys de mars et commancement d’apvril ; faisant toutesfoys des froigdes matynées, de sorte que le matin, lundy landemain de Pasques, xxe apvril 1609, les vignes des bas et tendres lieux furent fort gellées par une blanche et assez forte gellée et 380

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n’eut esté qu’il faisoit sec, elle eut encor faict plus grande perte. Laquelle gellée fit beaulcoup plus de dommage qu’on n’avoit estymé ; et y eut plusieurs terroirs qui n’avoient oncques aultant esté gellé d’esté qu’ils furent lors, principalement en la montaigne de Reims. […] « En ce temps faisoit des grandes chaleurs et touffeures, causant plusieurs nuées et dommages en plusieurs endroits, tant par les eaues pluviales que des gresles et grans vents » (Pussot, 130-133). ~ 10 janvier, 9 h : à Feurs (Loire), « Le xe [ou xve ?] janvier 1609 sur les [déchiré] heures du matin, fit de grands tonnerres, acompaignés des éclairs, chose qui n’avoit été vue d’homme vivant » (AD 42 en ligne, état civil, B Feurs 1597-1601, vue 19). 19 avril, jour de Pâques, gelée en Beaujolais « laquelle a porté grand dommaige aux vignes » (E sup. 69, Chiroubles). ~ Gel des vignes sur la côte bourguignonne. « En l’année 1609, les vignes furent perduz de jellée le dix-neufiesme apvril, qu’estoit le jour de Pacques, et les bourgons estoint grand tellement que on voya les raisin, et il en y avoit aultant que ont en vie jamais ; et néanmoins il en y heux peult de reservé en se finage, sinon les Geleviers et les Comberot. Et ladite année, la queux de vin vailloit en ce lieu de Couchey [Côte-d’Or], 96  livres, et à Dijon, il ce vandoit 110 livre » (famille Robert, 113). La peste s’interrompt n Traces de peste à Coutances, Nice et Strasbourg (Biraben, 386). n De novembre 1609 à janvier 1610 : peste à Vézelise et aux environs (Cabourdin, 100-101). n Deux enfants morts d’un « flux de sang » à Écully (Rhône) (E sup. 69). Un petit office pour s’exempter de taille « De vrai, il y a tant de menus officiers, tant de sortes d’affranchis, d’exempts, de privilégiés qu’il n’y a celui riche et moyenné en quelque paroisse que ce soit qui ne tâche de s’y faire promouvoir. Les uns se font coucher sur les états de la Maison du roi, des reines, et des princes et princesses, de la Connétablie, de l’Amirauté, de l’Artillerie, de la Fauconnerie, de la Vénerie, des Monnaies  : les uns se font salpêtriers, mortepayes, gardes des chasses des bêtes des forêts, geoliers, concierges, jardiniers des Maisons du roi et des seigneurs, et se déguisent en tant de façons que tous les aisés taillables tâchent à se décharger de la taille : lesquelles [les tailles] néanmoins croissent de jour en jour, combien que le nombre des taillables aille en diminuant. Me souvient qu’en la paroisse de La Bazoge [sud Manche], élection de Mortain, à la faveur d’un gentilhomme, un Simon Sauny, le plus riche d’icelle, ayant épousé une parente de sa femme, obtint l’an 1609 un état d’aide de fruiterie de la reine Marguerite, qui fut validé par arrêt de la cour des généraux [des Aides] avec exemption. S’il était sur l’état des exempts que le roi envoie tous les ans à ladite cour, je m’en rapporte : mais je sais qu’auparavant on n’avait point ouï parler de tels officiers en Normandie. Ceux qui l’ont autorisé en 381

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demeurant responsables, exemptant un homme de six à sept cent livres de rente » (René Laurens de La Barre, Formulaire des élus, 1616, rééd. 1631, 153-154). Avoir au moins douze ans pour être parrain ou marraine Dans les campagnes, les mariages se heurtaient souvent à des empêchements d’affinités spirituelles contractées au moment du baptême des futurs époux. Il n’était pas possible aux parrains et marraines de pouvoir épouser leurs filleuls. Or, avec des parrainages mettant en scène des enfants très jeunes (de moins de 10  ans souvent), choisis chez les notables du village pour des raisons de prestige social, et longtemps au nombre de trois (deux parrains et une marraine pour un garçon : deux marraines et un parrain pour une fille), les risques n’étaient pas minces pour choisir son conjoint. Afin d’y rémédier, de nombreux évêques, à l’instar de Philippe Hurault, inspirés par le concile de Trente, prennent des décisions qui marquent un terme aux pratiques du xvie siècle. « Le 1er jour de novembre 1609, RP en Dieu messire Philippe Hurault, évesque de Chartres, pour obvier à plusieurs inconvéniens qui arrivent d’ordinaire à cause des susceptions des enffans aux baptesmes, a ordonné, conformément aux décretz du sainct et sacré concille de Trente, que doresnavant il n’y auroit aux enffans de l’un et l’autre sexe qu’un parein et mareine » (E sup. 28, Béville-le-Comte). Ordonnance de l’évêque de Chartres Philippe Hurault : « Nous trouvons comme obligez d’ordonner ensemble sur le faict du sacrement de baptesme ayant trop souvant recognu qu’a raison des cognations spirituelles qui se contractent audit sacrement de baptesme se présentent plusieurs empêchements et difficultés ausditz mariages, de quoy désirant remédier et retrancher ainsy que nous le devons toutes les occasions qui peuvent êstre raisonnableùent evitées afin que le sacrement du mariage soit laissé et rendu en sa légitime liberté, « Nous voulons et ordonnons, conformément aux entiens décretz, règlements dudit saint concile de Trente et constitutions synodalles de notre dit diocèse, que doresnavant les curez ne puissent admettre que deux personnes catholiques pour tenir chacun enfant sur les saints fons de baptesme à scavoir un homme pour parrain et une femme pour maraine qui ne pourront estre receus sy non qu’ils ayent au moins douze ans, n’estant juste raisonnable ny bien séant que celuy là soit pris pour pleige et respondans de la foy d’autruy qui vraisemblement ne peut rendre raison de la sienne » (AD 28 en ligne, BMS de Vitray-en-Beauce, 1569-1624, vue 100). Grand bruit de sorciers et sorcières « En ce temps estoit grand bruict et course de sorciers et sorcières, mais ne s’en faisoit aulcune pugnition en cets ville, synon s’en exécutoit en quelques villages des environs de Reims » (Jean Pussot, 134). 17 janvier, commission du roi à Jean d’Espagnet, président, et Pierre de Lancre, conseiller au Parlement de Bordeaux, « pour aller au pays de Labour faire le procès aux sourciers et sourcières et les juger souverainement » : « Nos chers et Bien Aimés, les manans et habitans de nostre pays de Labour nons ont fait dire et remonstré que despuis quatre ans déjà il s’est trouvé dans ledict pays ung sy grand 382

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nombre de sorciers et de sorcières qu’il en est quasy infecté en tous endroicts » (Mandrou, 134, d’après AD. 33, 1 B 19, f° 123-124). « Grand bruit de guerre » « Le vendredy vint cinquiesme jour de décembre, grand bruit de guierre. Monseigneur le prince de Condé c’est distraict de la court. Monsieur de Joinville et monsieur de [blanc]. L’on ne sçait la raison pour quoy ou bien on ne l’oze dire. Les huguenotz de Poictiers ont conspiré d’exterminer tous les catolicques le nuictz de Noël et leur entreprise fut découverte par ung de leur loy, qui portait signez des billetz qui tendoict à cest fin tant y a… qui savaoit que c’estoit du repos public à qui les billetz furent présentez ne les voulut signer ains en advertit monseigneur l’esvesque de Potiers qui fist mettre ordre. L’on tient qu’il y en a de prisonniers. Tout n’en va guère bien suivant le bruict qui en ensuit. Dieu y veille mettre ordre s’il luy plaist » (AD 28, BMS Vitray-en-Beauce, 85).

1610 Bonne année agricole ✷ En Champagne  : « La moisson fut bonne et ne valloit le seigle que xxxv  s.  le septier, le froment l et lx sols mais l’aydine vint à enchérir jusques à xlv sols à cause du sacre et qu’il s’en estoit peu recueilly […]. En ce temps y avoit belle monstre aux vignes, mais plusieurs jaunissirent de telle sorte que grande partye des sepeaulx en plusieurs lieux venoient à seicher et tendant à mourir. Celles qui furent exemptes de telle jaunissure prouffitèrent grandement. Et furent les moys d’aoust et septembre fort chaulx et secz sans pluyes, causant grande quantité de vin, signamment à la rivière de Marne, qui fut fort bon » (Pussot, 134-139). ✷ « Cette année fut fort fertille en bled et en vin qui furent fort bons, et d’aultant plus aggréables que les trois années précédentes en avoient produict de vertz » (Thoulouse, I, 184). ✷ En Comté : « vendanges belles et abondantes » (Despotot, Recueil de plusieurs choses mémorables, d’après Delsalle, 2002, 302). ✷ Vendanges précoces (Le Roy Ladurie, 1966, – 13,5/moy. 1599-1791). Mars 1610. « Bruit de guerre » « En ce moy de mars 1610 il y eut grand bruict de guerres dont y eut force compagnies nouvelles qui s’ellancèrent. L’on tient que c’est pour aller recouvrer le duché de Millan ; autres disent autrement pour ce je n’en mettre autre chose pour le faict à cause que je ne certain de l’entreprise de notre roy. Monsieur le prince de Conday esloigné de la court » (AD 28 en ligne, Vitray-en-Beauce 1569-1624, vue 170).

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La mort d’Henri IV vue par les curés et les notaires de campagne « Le 4  mai 1610, fut tué Henry, roy de France et de Navarre ; le jour précédent fut couronnée la royne, sa femme, et après le jour suivant, fut couronné Loys, son filz » (E sup. 49, III, 219, Chalonnes-sous-Le Lude). « Henry de Bourbon, de très heureuse mémoire roy de France et de Navarre, feut assassiné et fut de deux coups de coteau au côté gauche, en la ville de Paris, le 12 may 1610, par un très misérable et très barbare parricide nommé François Ravaillac, praticien natif d’Angoulesme » (AD 12, Reg. Coubisou, 1597-1699). « Le vendredi quatorzième dudit mois [mai], fut tué Henry quatriesme, roy de France et Navare, en sa ville de Paris » (AD 28 en ligne, Prudemanche, 1606-1610, vue 7). « Le 14e jour de may, Henri 4  e, roy de France et de Navarre, fut tué d’un coup de cousteau dans la ville de Paris par un nommé Ravaillac, natif d’Angoulesme. Le 15 e jour dudit moys et an Loys, fils du deffunct roy Henry 4e fut couronné roy de France, et fut chanté : Vive le roy, d’un droit fort piteux pour la mort pitoyable de son père » (E sup. 49, II, Andard). « Henry de Bourbon, roy de France et de Navarre a esé occis et tué à Paris le 14e de may 1610 et le xve (sic) Loys de Borbon, son filz, fust coroné roy de France et de Navarre. N. Rolet » (E sup. 69, Chiroubles). « Le vendredy quatorziesme iour de may mil six cens dix, très hault et tres puissant prince Henry de Bourbon, roy de France, fut tué dans sa ville de Paris par Louys Ravaillard (sic), de pays et ville d’Angoulesme, aagé d’envyron trante à quarente ans et fist ledit assassinat d’ung coutteau et eust deux coups dont l’ung fut mortel, qui penettra jusques à l’oreille deu cœur et fut ainsy tué comme il ensuit et comme l’y recongneu par un petit livret nommé Les Soupirs de la France sur la mort du roy Hanry quatriesme et la fidélité des Français. Le lundy dernier iour de may, le cœur du deffuntz roy fut amené à Chartre et repose aux Cappuchins et le lendemain, qui estait le prmeier jour de juin il fut porté à La Flèche et fut conduit par moult de monde » (AD 28 en ligne, BMS Vitray-enBeauce 1569-1624, vue 172). Un paysan du Multien sollicité d’assassiner le maréchal de Bouillon ? « Lundi au soir, 14 de juin  1610, un paysan d’auprès de Meaux fut adressé par M. Blondel, pasteur dudit Meaux, à M. de Montigny, pasteur de l’église de Paris, qui lui récita que, le samedi précédent, qui fut le 12 dudit mois, étant allé au marché de Clayes vendre des fromages, il rencontra le diable en forme humaine, habillé comme un grand laquais ou va-de-pied du roi, qui l’arraisonna sur la mort du feu roy, et lui dit que c’était un grand tyran, et que François Ravaillac, qui l’avait tué, était bien heureux et n’avait senti aucun mal lorsqu’on l’avait exécuté par justice, lui présenta un sac de pistoles et un couteau du tout semblable à celui duquel Ravaillac avait fait le malheureux et détestable assassinat, le persuadant de tuer un autre tyran aussi méchant que le premier, à savoir le maréchal de Bouillon, l’assurant qu’il en viendrait à bout dans le 15 de juillet prochain, qu’il le turerait facilement à Charenton, et incontinent après avoir fait le coup, deviendrait invisible » (Dangibeaud, 159). 384

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Des laboureurs, voituriers pour les forges Le 5  novembre, deux laboureurs de Licey-sur-Vingeanne s’engagent à conduire du fer tiré en bandes provenant des forges de la vallée de la Tille, moyennant 3  livres par millier, depuis Selongey jusqu’à Maxilly-sur-Saône, l’un des ports d’embarquement des fers bourguignons à destination des négociants de Chalon et de Lyon. Les laboureurs dotés d’attelages participent au transport des produits finis vers les lieux d’expédition ou de consommation. Ils se font occasionnellement voituriers. Les charrois pour le service des usines forment pour eux une activité complémentaire qui rentabilise leurs attelages (AD 21, E2536, d’après Benoist, HSR 5, 1996, 139). Louis XIII chasse le loup autour de Paris Lundi 25  octobre  : au retour du sacre, à Trilport, Louis  XIII « voit prendre un loup et une louve ». Vendredi 28 octobre : « monté à cheval, va à la chasse au loup » entre Meaux et Fresne-sur-Marne. Dimanche 7  novembre  : « mené par la galerie aux Tuileries où il fait courir un loup qui se jeta dans l’étang où il fut pris ». Mardi 9 novembre : Louis XIII part à la chasse au loup à Colombes. Monté à cheval à 12 h, il va courir un loup et le prend puis en court un autre qui se sauve. 20  novembre  : aux Tuileries, « voit courir qu’il avait fait porter dans la carrière de l’écurie ». Jeudi 23  décembre  : Louis  XIII chasse deux loups au bois de Madrid (Héroard, 1989, 1841-1869).

1611 Grande chaleur et sécheresse ~ Autour de Paris : « Le printemps de cette année fut merveilleusement beau et sec et empescha les grains de la terre, et notamment les mars, de pousser et profiter. C’est ce qui fist avoir recours au Ciel pour obtenir de la pluye et, à cet effect, furent faictes deux processions sollemnelles où, selon l’ancienne dévotion en telles occurrences, furent portées les chasses de saint Marceau et sainte Geneviefve et celle de saint Clément » (Thoulouse, I, 185). ~ En Drouais : « Tout le printemps et esté 1611, il a faict fort sec tellement que les guérez sont demeurés à faire ; il a commencé à pleuvoir au commencement d’aoust, et la récolte qui estoit lors a esté toute germée par l’abondance des eaues qui ont continué » (E sup. 28, Prudemanche). ~ En Beauce, « Le dimenche vinct-septiesme jour de mars mil six cens unze, qui estoit le jour des Rameaux, les ensiens disent n’avoir veu de long temps ung si beau temps pour la saison » (AD 28 en ligne, BMS Vitray-en-Beauce, vue 179). ~ En Pays de Bray : « Il fut sans pleuvoir depuis la mi-mars jusques à la mi-juin, que commença la pluie, et les grains, qui estoient presque secs et brûlés, reprirent 385

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une nouvelle vigueur par une pluie abondante qui dura plusieurs jours sans cesser » (Miton, 124). ~ En Champagne  : « Grande chaleur et sécheresse ». « L’yver fut fort pluvyeu, humide, venteu et nébuleu, causant grandes neiges. Mais la fin de febvrier et commancement de mars fut beau et douls temps […]. Peu auparavant, la grande challeur et seicheresse extraordinaire continuant, depuis la fin de febvrier jusques au xe may, sans tomber eaue, excepté seullement quelque petit nuage de gresil le jour du vendredy sainct, tousjours faisant grande chaleur et touffeur  : sorte qu’on ne pouvoit labourer ny semer. Les vignes houées de bonne heure, croissant de grande habondance et fort résyneuses ; mais les tardyves houées et plusieurs demourées sans houes ne croissoient que de force et demouroient courtes et de peu d’espérance  : mesme les mars ne pouvant lever et les petitz seigles des terres de Champaigne, sans humeurs, ne pouvant croistre et tournez à rien faulte de pluyes. […] Il y a longtemps un hors de mémoire qu’il ne s’estoit veu un sy chaulx et tel printemps et de sy longue durée, ce qui ne faisoit bon présage. […] La grande seicheresse se continuant jusques au viiie juin, sans avoir pluye, synon une doulce nuée d’eau seullement le jour de la  Trinité ; laquelle seicheresse causa enchérir le grain et aultres vivres, jusques sur la mye juin, que le tout vint a moderer à cause de la doulce pluye advenant. […] La chaleur et beau temps continuant, fut cause que la vendange commança dès la fin du moys d’aoust » (Pussot, 146-150). ~ Vendanges précoces (Le Roy Ladurie, 1966, – 12,5/moy. 1599-1791). Invasion des sauterelles, excommunication des chenilles ~ Invasions de sauterelles en Camargue de 1611 à 1615 (Pichard, 254). ~ En Comté, le 17  avril  : excommunication des chenilles. « Le jour de la fête Saint-Vernier, comme l’on s’aperçut que les chenilles, vers et vermines gastoient et rongeoient les fruits de la terre et des arbres, comme deux années précédentes, furent à la réquisition de Messieurs les gouverneurs, établies processions fort solennelles dans l’église Monsieur Saint-Jean jusqu’au Pilori ; au retour devant la porte de ladite église fut fulminée l’excommunication ou anathème contre vermine » (Despotot, Recueil de plusieurs choses mémorables…, Mémoires et documents inédits pour servir à l’histoire de la Franche-Comté, 319). En labourant la terre : découverte d’un cimetière enfoui « En ce mesme temps se descouvrit plusieurs tombeaux de pierre par un certain laboureur de la paroisse de Marboy [Marboué] près Chasteaudun, ausquelz tombeaux se trouva des corps ou bien des ossementz de certains hommes qui y avoist estez mis et posez ; et se fut trouvé en plain champs en labourant la terre. L’on n’avoyt jamais ouy parler qu’il y eust un cimetière ny bataille. Enfin il s’est trouvé grande quantité et ne l’ay veu mais bien l’ay ouy dire par plusieurs et entre autres par Guillaume Le Fort qui m’a asseuré sur sa foy les avoir veuz ce que depuis, et le vendredy huitiesme jour d’avril  1611, estant allé à Chasteaudun et en estant passé par ledict lyeu où estoient lesditz tombeaux dont en party la quantité de saize sans les autres qui estoist encore à decouvrir. Le lyeu où sont esditz tombeaux ce consite bien en la valleur et grandeur de deux arpens de terre ou envyron qui 386

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esté peu de de valleur, qui est esloigné d’une chappelle qui a esté et est encore à présent ruinée. Ceulx du pays disent qu’entiennement une ville qui s’appellait La Magnanne. Jé veu esditz tombeaux les ossement desditz deffunctz qui y avoist esté mis et enterrés. Lesditz tombeaux j’en eu veu quatre qui estoist juste les ungs les autres et n’en vey guierre qu’un ou deux qui feussent seuls. Les autres deux et deux troys et tuy (?) et autre nombre y sont. Moy je croy qu’enciennement estait l’église et le cimetière de la paroisse de Marboy car l’on m’a dict que l’église qui est à présent n’est des plus ensiennes. En signe de tout ce que veu et ouy dire je mis mon sing. Signé avec paraphe : J. Perault » (AD 28 en ligne, BMS Vitray-enBeauce 1569-1624, vue 180). La violence en Artois ~ Dimanche 15 mai, fête de la confrérie des archers du village à Moulle (Pas-deCalais), au nord-ouest de Saint-Omer. Jean Crasset, qui habite près de la frontière française, vient provoquer les jeunes du lieu  : « N’y a-t-il point un bougre de Flamand qui se veuille battre contre moi ? » Une furieuse bataille oppose les jeunes gens du « Haut Pays » à ceux du « Bas Pays » (Muchembled, 98). ~ Dimanche 31 juillet, lapidation d’une femme à Croisilles (Pas-de-Calais). Après boire, huit jeunes hommes du village vont lapider Marguerite Couppet, une veuve suspectée, comme une partie de sa famille, d’avoir fait mourir des chevaux et du bétail. Malgré la torture et le bannissement dont elle faisait l’objet, cette sorcière terminait ses vieux jours au village (Muchembled, 377).

1612 Poursuite de la sécheresse dans le Midi : « le bétail commençait fort à endurer » Le printemps 1612 est marqué par une sécheresse grave, en particulier dans les campagnes du Midi. ~ En Languedoc  : En Camargue, l’étang d’Escamandre « desseché du tout » en 1612 comme en 1589 et 1680 (AD 30, G 1182-1183, d’après Le Roy Ladurie, 37). Le 23 mai, procession de 16 000 paysans, évêques en tête, près de Saint-Pons (Hérault) pour implorer la pluie « sous une forêt de croix et un ciel de plomb » (Cabrol, 1911-1912). ~ En Provence : chaleur avec invasion de sauterelles (Pichard, 195). ~ En Saintonge : petite vinée. « Les vendanges ont été faites dans un temps fort sec mais elles ont été petites et de mémoire d’homme ne s’est vu si pauvre ni si misérable vinée […] À l’entrée de l’automne, nous avons eu des pluies abondantes, temps favorable pour préparer la terre pour le labourage, les semailles et l’herbe des champs : car le bétail commençait fort à endurer » (Dangibeaud, 171). ~ En Champagne  : « Les moys de juillet et aoust furent fort chaulx ; les vignes fort escoulées, tant pour le commancement d’icelle challeur que pour avoir esté les raisins, dès leur naissance et jusques après la fleur, nourriz de froigdure, et continué de grande seicheresse et grans ventz […]. Sur la fin du moys de septembre, 387

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après avoir faict le temps de chaleur et beau et sec temps cy dessus feit troys à quatre jours de grandes et continuelles pluyes avec quelques matynées froigdes et grans ventz, qui fut cause de faire seicher les feuilles de plusieurs vignes et principalement des bas lieux, quasy par tous terroirs pourquoy y eut grande perte, avec aulcunes qui estoient batues battues de gresle. Ce qui diminua beaulcoup l’attente et espérance d’avoir quantité ci bonté de vin, ensemble diminution du pris des poinssons » (Pussot, 157-158). Récoltes abondantes ✷ Laplume (Armagnac)  : « fort grande abondance de grains et vins (E sup. 47, I, Laplume). ✷ Neufchâtel-en-Bray : « Ladite année 1612, abondante en vin, cidre, bled, etc. Il n’y eut que les menus grains qui étaient rares, à cause de la sécheresse de l’été » (Bouquet, 127). ✷ « Bel aoust » à Prudemanche (Eure-et-Loir) (AD 28 en ligne, 1611-1635, vue 6). Entre quatre croix : clore les villages En Franche-Comté, Bourgogne et Lorraine, l’espace villageois se circonscrit à l’intérieur des quatre croix érigées autour de l’agglomération bâtie. Les jardins doivent y être enclos. Les statuts de la communauté de Faverney (Haute-Saône) précisent en 1612 que « tous ceux ayant vergers et chenevières et héritages entre les croix les cloront suffisamment en sorte que les porcs n’y puissent entrer » (AD 70, E dépôt 12, d’après Delsalle, 129). « Prodigieuse incursion des loups » en Queyras, Embrunais et Briançonnais De 1612 jusques à l’année 1618, par l’espace de sept ans entiers, 500  femmes, filles et enfants sont dévorés dans l’Embrunais, d’après le père Marcellin Fournier. ~ Maintenant je me remets à la déclaration des choses qui peuvent être tenues les plus mémorables, en l’ordre, chacune, de leur année. Je rencontre, toute première, la prodigieuse incursion des loups, ès années 1612, 1613, 1614, jusques à l’année 1618, par l’espace de sept ans entiers. Premièrement, les villages du voisinage en furent infestés, avec de tant effroyables effets, que l’on compta les massacres, tant de femmes ou filles que d’enfants, au nombre de plus de 500, sans ce que fut veu dans le Briançonnais  : sujet lamentable qu’il a été reconnu digne des funestes regrets de M.  Froment, avocat et docteur ès droits au bailliage de Briançon, qui fut tel que je déduirai brièvement en l’année 1624. Je ne me souviens pas d’avoir jamais lu rien de si horrible que cette plaie. Il se lira bien que les loups aient tué ou dévoré quelques personnes, et pour quelque temps, mais un si grand nombre, en de lieux si séparés, et en telle étendue, comme est tout le Briançonnais et l’Embrunais, et le long de 7 ans, et avec un massacre de tant de personnes, c’est dont il y aura peu d’exemples, et qu’il ne faudra point attribuer à la nature des lieux, qui n’ont jamais rien produit de semblable. Il faut bien conclure que c’était la peine dont avait menacé Dieu son peuple, par la plume de Moïse, en son cantique […]. 388

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Ces bêtes acharnées, instiguées (crois-je) par des loups de l’Enfer, avaient eu quelque respect à l’endroit du terroir d’Embrun, jusqu’à l’année 1613, en laquelle elles eurent la hardiesse de s’en prendre à beaucoup de personnes, et de faire un déplorable ravage sur les campagnes, et comme aux portes de cette ville. Le plus grand épouvantement et le plus terrible effroi frappait les femmes qui se tenaient ès métairies, ès hameaux paroissiens d’Embrun. Ces pauvres créatures, instruites par le dommage et par les exemples de leurs voisines, se résolvant à la défense de leurs vies par tous les moyens dont elles se purent aviser, les unes se garantissent de ces inconvénients en se tenant fermées en la maison ; les autres à la contrainte donne plus de courage, ne mettent point le pied hors de leurs portes sans être bien armées de broches, de bâtons ferrés, d’épieux, de hallebardes ou pertuisanes qu’elles n’avaient jamais appris à manier, non pas même quasi à toucher, et toujours bien accompagnées. Les autres prenaient plus d’attention à se fortifier par les sacrements de la Pénitence et de l’Eucharistie, dans l’église des pères Jésuites et à Notre-Dame, et par les Agnus Dei, qui servirent jusqu’aux véritables effets d’un extraordinaire miracle à une fille (Fournier, 638). 18 septembre 1612. La belle époque du porc : un marché de paisson (1612) Caractéristique de la période 1570-1650, le contrat de paisson était accompagné d’un recensement des porcs qui partaient en transhumance dans les forêts royales pour s’engraisser. Celui des trois villages voisins de Survilliers, Vémars et Villeron (Val-d’Oise) – qui comprenaient les deux grandes fermes isolées de Vaulerent et de Choisy-aux-Bœufs  – est l’un des plus importants (436  porcs) que le tabellion Jean Gaudet ait enregistrés. « Furent présens honnestes personnes Jehan Poultier, marchand demeurant à Compiegne, adjudicataire des pessons et glandée de la forestz de L’Aigue [Oise] pour ceste présente année, et Pierre Lardé, marchand demeurant à Sainct-Légerau-Bois [Oise], en ladite forestz de L’Aigle, tant en leurs noms que comme stipulateurs et eux faisant fort de Guillaume Du Rosoy, marchand demeurant audit Sainct-Léger, par lequel ils ont promis faire ratifier le contenu en ces présentes toutes et quantes fois que requis en seront. Lesquelz, de leurs liberalles volontez, sans contraincte si comme ils disoient, recongneurent et confesserent avoir pris et retenu comme par lesdictes presentes prennent et retiennent, des manants et habitans de Vémars et Vileron [Val-d’Oise] ce acceptans par honnestes personnes Pierre Berson, Marc Dubarle et Marc Berson, laboureurs demeurant audit Vémars, Jehan Brulé, laboureur demeurant a la ferme de Vaulaurens, paroisse dudit Vileron et Guillaume Monger, laboureur demeurant audit lieu, a ce presens, la quantitté de quatre cens trente-six porcqs, a scavoir dudit Vémars, trois cens vingt trois et dudit Vileron, cent treize porcqs. « Laquelle quantitté ils ont promis promettent et seront tenus in solidum, sans division, discussion ne forme de fidejussion, renonceant aux bénéfices et exceptions d’iceux soubs promesse de la ratisfication susdicte, de mener et conduire en ladite forestz de L’Aigle, et en icelle les retenir garder faire garder et deuement empessonner a leurs frais et despens par le tems et espace de deux mois et huict 389

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jours entiers, non compris le temps qu’il conviendra emploier pour les mener et ramener, et en fin dudit temps les rendre et remettre en la pocession des bailleurs et autres denommez en l’inventaire quy sera transcript en fin desdictes présentes, bons gras et suffisament empessonnez, sans aucun déchet perte ou diminution sy ce n’est par mort naturelle, advenant laquelle et preuve suffisante préalablement faicte par lesdicts preneurs et à leurs despens par la representation des corps morts, en demeureront iceux preneurs deschargez de la restitution. Et ou le dechet perte ou diminution arrivé par autre accident tel qu’il le soit, seront tenus lesdits preneurs in solidum sans division discussion ne forme de fidéjussion comme dict est, de paier aux propriétaires la somme a quoy sera faict estimation dudit déchet selon l’estimation d’experts dont les parties conviendront sy tost le cas advenu. À condition expressement accordée que, où il ny eust pesson suffisante ou que lesdictz porcqs n’engressassent au gré desdictz habitans, en ce cas pourront iceux habitans réintegrer leursdictz porcqs toutes fois que bon leur semblera et lesdictz preneurs contrainctz de les ramener et restituer sans aucune solempnité de justice observer sur peine de tous les despens dommages et interests quy s’en pourroient ensuivre. Et où il y aict pesson plus que suffisante pour le temps susdict, pourront aussy iceux habitans laisser leursdictz porcqs en pesson par tel temps que bon leur semblera, en paiant la pesson d’iceux au fur et a rata du pris cy apprès declaré. Comme aussy a condition que lesdictz preneurs ne pourront pour l’esfect et en exécution du présent marché clauses et conditions d’iceluy, contraindre iceux habitans ny faire aucune poursuitte contre eux ny mesmes iceux habitans contre iceux preneurs, sinon par devant le juge ordinaire dudit Vémars et Vileron. […] Ceste dicte prise faicte ausdictes charges et moiennant le pris et somme de soixante sols tournois pour la pesson de chacun porcq, à treize en particullier pour douze, que pour ce lesdictz susnommés acceptans et autres quy seront dénommez audict inventaire sy apprès transcript seront tenus chacun en son regard paier ausdictz preneurs ou au porteur des présentes pour eux lors de la restitution desdictz porcqs. Car ainsy lesdictes parties l’ont dict et expressément acordé » [suivent les signatures et la liste des détenteurs de porcs] (AD 95, 2E14 Gonesse, tabellionage de Vémars, minutes Gaudet, marché du 18-09-1612).

1613 Pluies, grêles et orages ~ En Champagne : « Les grandes pluyes et grans vents orrageulx continuans, de sorte que jusques à mye janvier  1613 ne fut troys jours soyons sans pleuvoir et fit merveilleux orrages, nottament le jour des Ynocens. Le jeudy xe janvier, après mydy, fut grandes impétuisités de pluyes et vents, et encor le sabmedy veille Sainct-Remy et Sainct-Hilaire, trois heures après mydy auxquels jours fut faict grans dégats aux couvertures, tuyaulx de chemynées, […] comme aussy hors ceste ville, et grand nombre d’arbres arrachez et abbattuz. En sorte qu’on ne veit de longtemps un yvert continuer aultant en pluyes, ventz et orages. Nonobstant, ce temps de mye janvier estant fort doulx et chaulx, en sorte que les choux et her390

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bages montoient en semence, les fleurs renouvellans, les arbres advançans, et les grans vents parfoys recommançans ; tellement que les choux, porreaux, oignons et aultres herbages estoient à fort bon marché, au mescontentement des jardiniers. À cause duquel temps orageux, fut ordonné et faict prières publiques en chacune des églises de Reims durant huit jours commancées le dymanche jour de SainctRemy et Sainct-Hilaire, en chacune une heure durant alternativement, et fin des vespres procession puis le dernier jour, dymanche, feste de saint Sébastien, faict procession généralle. Durant la quelle sepmaine le temps se remit en bon poinct, faisant beau et doulx contre le naturel de l’hyver. Dieu veuille que le tout vienne à bien ! […] Tout le temps fut fort beau et sec, mesme la saincte sepmaine, les festes de Pasques ensemble, durant la foire et longtemps après jusques au iiie may, qui feit une nuée de greslons gastant les vignes d’Ormes, Coulommes, Pargny, Joy et Villedommange, avec plusieurs terroirs de la Montaigne, où y eut grande perte, les gectz n’ayant que troys poulces de longueur. […] Le moys de juin fut fort pluvyeu de nuages greslons avec quelques froigdes matynées ; pour quoy on charioit malaisément dans les boys, qui fut cause que le boys de busches et fagoiz estoit cher et princippallement les eschalatz, lesquels on ne pouvoit cherrier ; qui fut cause que grande partye des vignes de ce pays demourèrent à ficher que bien tard, et en avoit-on grande nécessité dont plusieurs estoient en esmoy. Et tous moindres qu’ils estoient, on les vendoit xii l le cent encore faict à faict qu’on les faisoit, et n’en avoit pas qui voulloit. Pourquoy y eut grande perte vignes. Et sy furent les vignes avec les bleds en ces quartiers fort greslées le dymanche e vii juillet où y eut encor grande pert. Et sy elles escoullèrent fort à cause de leur jaunissure provenant du temps ainsy pluvyeu nébuleu et fort inconstant continuant lequel temps pluvyeu jusques enfin de juillet, en sorte qu’on ne pouvoit moissonner ny returcer les vignes qui estoient pleynes d’herbes. Pourquoy on faisoit prières en toutes les églises de Reims, en chacune une heure alternatipve » (Pussot, 162-170). ~ En Drouais : le 12 janvier, grande tempête à Vert-en-Drouais (E sup. 28, IV). ~ En Pays de Caux : « Le premier jour de janvier 1613 furent foudre, vents, pluies, esclairs, depuis 8 heures du matin jusques à midi, lesquels causèrent beaucoup de ruines à Rouen. Le 12e  jour de janvier, fut le vent encore plus impétueux et plus grand qu’on avoit veu ou qu’on peut cognoistre avoir esté, de ce que je me suis informé de plusieurs vieilles personnes, lesquelles m’ont dit que de leur vie ils n’avoient veu ni cogneu avoir esté, commencèrent le vendredy sur les 11 heures du soir jusques au samedy 12 heures de midi, lesquels accompagnés de pluies et foudres et esclairs causèrent beaucoup de ruines, non seulement à Rouen, mais aussi par tout le pays. Plusieurs ruines causèrent les vents ès lieux par delà la ville de Dieppe, de sorte que l’église d’un village fut abbatue, clocher et cloches brisés et jusques aux fondements et est depuis demeurée déserte, et plusieurs autres églises desquelle je ignore les noms ont eu pareille fortune » (Josse, 34-36). ~ En Pays de Bray  : « En 1613, pluies continuelles, foudres, tempêtes et vents impétueux, qui renversèrent plusieurs édifices et déracinèrent les arbres » (Bouquet, 127). 391

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~ En Revermont : le 13 mars, « tonnerre fort » (AD 39 en ligne, BMS Louvenne, 1598-1622, vue 24). ~ En Angoumois, le 6  juin. « En la nuit, il y eut tonnerre éclairs, tempêtes et orages avec grêle qui tomba sur les quartiers de Meuron, Maransenne, Piraveau, Surgères, qui a entièrement perdu les biens de la terre, bleds, vignes, arbres » (Dangibeaud, 183). ~ Sur la côte bourguignonne : « En l’année 1613, le huictiesme jour du mois de jun, les vigne fure perdue de grelle, qui tumbaz sur les onze heure depuis Morey jucque au pais de Dijon tenant toute la coste, et porty grand domage » (famille Robert, 113). ~ En Auxerrois : le 17 juillet, : « infortune de grêles » puis de « grandes inondations » qui détruisent les grains sur pied à l’Isle-sur-Serein et à Massangis (Yonne) (Durand, 1966, 148-149). Les moulins de Beauce abattus par le vent « Depuis le premier jour de janvier mil six cent treize, il fist un merveilleux temps pour faire de grand ventz et ledit temps dura envyron quinze jours et par la force d’icelly furent abbatus plusieurs moulins entre les autres ung qui estoit proche du boys de Fougières, qui s’appelloit le moulin de Gastine, ung autre auprès de la rivière, plusieurs arbres fruictiers, plusieurs maisons furent abattues et descouvertes ; les esglises furent molestées et descouvertes, mesme le plomb de la grande église Notre-Dame de Chartres fut levé au moins en plusieurs endroitz, tellement les antiens disent que de leurs vies n’avoist veu ung pareil temps et pour dire plusieurs clochers furent aussi abattus » (AD 28 en ligne, BMS Vitray-en-Beauce 1569-1624, vue 109). La fin des grands fermiers à Paris Marie de Médicis achète la ferme du Pressoir à l’Hôtel-Dieu pour créer le jardin du Luxembourg. Cette ferme de 85 ha, que les Chachouin avaient exploité avec leurs deux charrues au milieu du xvie siècle, est démembrée pour constituer désormais le secteur est du jardin. En prévision de la construction du palais et de son parc (dont les fondations sont jetées en 1615), la reine-mère acquiert d’abord 7 arpents et demi puis en juin 1613 elle y adjoint 25 arpents de terre à prendre sur une pièce de 50 (Dom Jacques Bouillart, Histoire de l’abbaye royale de Saint-Germain-desPrés, et Jacquart, 55 et 153).

1614 Grand hiver 1613-1614 ~ En Normandie : « En ladite année 1614, l’hiver fut sec et il gela continuellement de la Toussaint (2 novembre 1613) jusqu’à Pâques (30 mars 1614) (Miton, 130). ~ En Bas-Limousin : « En l’an 1614 fust un grand yvern, qui commença à neiger le jour des mortz (2 novembre) et jusques au xve de mars après » (Tarrade, 296). 392

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~ En Revermont, dans le Jura : « Le 11e  novembre 1613, il tomba de la neige en

grande abondance, laquelle dura avec de l’autre que tomba à plusieurs et diverses fois en telle abondance qu’il n’est homme vivant qui en vit jamais autant, que l’on ne peut rien faire, dont l’hiver et dura jusques au 16 mars de l’année 1614, que l’on commença en quelque endroit à semer bien peu à cause de la neige » (AD 39 en ligne, BMS Louvenne, 1598-1622, vue 24). ~ En Forez, à Feurs (Loire) : « En l’an 1613, l’hiver a été si grand qu’il commença à neiger le second jour de novembre et continua en froideur pour l’espace de six mois et encore neigea par les montagnes le xiiie et xiiiie de mai de l’an  1614. Il gâta les blés des montagnes le douzième, treizième et quatorzième, il gela et, par la grâce de Dieu, il ne fit aucun mal ni aux blés ni aux vignes ni aux arbres » (E sup. 42). ~ En Lyonnais  : « À la Saint-Martin d’hiver, l’hiver a commencé et continué jusques aux festes de Pasques ensuyvant de l’an 1614, sans fort peu de relâche » (E sup. 69, Brussieu). ~ En Forez : « Cejourd’hui 12e  mai 1614, fête Saint-Pancrasse, il l’a fait de neige la terre toute couverte et même l’on ne voyait pas marcher tant il l’en faisait » (Registre paroissial Saint-Bonnet-le-Courreau, AD 42, B 1611-1622, vue 29). ~ En Champagne : « Il y a longtemps qu’on n’avoit yeu un sy long yvert que le présent, continuant tousjours gellée et en neige, depuis la veille Sainct-Martin et jusques passé le moys de mars 1614, tellement que plusieurs estoient en esmoy et signamment les mal porvus de boys, qui fut fort cher. […] Ce pendant, la grande froydure de gellée et neige continuoit, en sorte que les vignes ne poussoient non plus qu’au cœur d’yver ; et sy les bleds sur terre demouroient tout court. Ce qui mettoit le peuple en esmoy et faisant enchérir le grain […]. « La vendange fort tardyve en ces quartiers, et sy fut fort humide et pluvyeuse durant jusques proche le Novembre, tellement que le vin, pour la montaigne, fut d’assez petite qualité et quantité, du moins aulcuns. De sorte que ne recueillys qu’environ xxv poinssons de vin, encor avec grans fraiz aulcuns en recueillirent bonne quantité » (Pussot, 173-175). ~ En Drouais : Prudemanche (Eure-et-Loir) : « L’hiver [1613 à 1614] commença par grandes neiges. Il n’a fait en tout l’hiver gelée qui ait portée une oie. Gelées longues. L’année (1614) a été sèche et bonne » (AD 28 en ligne, BMS Prudemanche, vue 9). Tempête mémorable dans l’Est, le 30 juillet ~ « Le pénultiesme jour du moys de jullier mil six cents et quatorze, un mercredy à cinq heures après midy, la tempeste est tombée en divers lieulx, despuys la rivière de Lhoyre [Loire] jusques aux Alamaigne [Allemagne], et est tombée de telle rudesse qu’elle a gasté entièrement là où elle est tombée, a mis par tere beaucoup d’arbres à Sainct-Jullien-sur-Veylle, Sulligniat et aultres lieux. Ainsy je certifie pour l’avoir veu » (AD 01, 3E 23461, Philippe Besson, notaire à Châtillonsur-Chalaronne, d’après Dupasquier, 17).

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« Le pénultiesme juillet  1614, après midy, une grande tempeste est eslevée, laquelle a ruyné les vignes » (AD 69 en ligne, état civil, BMS Chiroubles 1564-1591 sic, vue 5). Épizootie en Saintonge, Auvergne et Velay ~ Maladie du bétail en Saintonge  : « L’hiver ayant été fort long et les froidures ayant toujours continué, l’année a été fort tardive et les pâturages courts ; la mortalité s’est jetée sur les brebis et les agneaux, et particulièrement sur les agneaux dont la chair est enchéri de prix ; les bleds ont enchéri, encore plus loin qu’en cette ville [La  Rochelle], à cause des vimaires de l’an passé et des inondations » (Dangibeaud, 210). ~ En Auvergne et dans le Velay : « En ladicte année 1614, il fust si grand mortalité de bestail en ce peys et au peys d’Aulvernhe, qu’est choze remarquable, disant qu’il provenoyt de grand challeur et sécheresse, quy ne pleust despuis le moys de may jusques à la fin du moys de julhet, quy fist quelque pluye que ne dura guère ; et mouroict de mal contagieux, que quelques paysans en moururent pour avoir vollu escorcher » (Burel, 506). Excellente récolte en Provence ✷ La moisson du blé y est « si grande et si abondante que de cinquante années auparavant aucun ne l’avait vu semblable » (BM Aix Méjanes, Ms 806, d’après Pichard, 254). La guerre des Princes La révolte nobiliaire de Condé, Mayenne et Bouillon inquiète les gens de village. On revoit les exactions de soldats. Mais l’alerte est de courte durée (mars-mai 1614). ” En Champagne : « Lesdits princes ensemble s’emparèrent de la ville de Soissons, où se retirent avec grand nombre de gens d’armes tant dedans que dehors soubz prétexte de quelque conférence, comme on tenoit, et parce que la gensdarmerye eslevée par eulx gastoit merveilleusement les villages où ils estoient » (Pussot, 175). ” En Beauce : « May 1614. En ce moys grand bruist de paix et d’acordz entre le roy, la reyne et les princes » (AD 28, BMS Vitray-en-Beauce, 50). Une prise de conscience : les cahiers de doléances du bailliage de Troyes en 1614 Certains villages sont encore ruinés par les guerres religieuses. Sur la route de Paris à Lyon, Virey-sous-Bar (Aube)  se présente comme l’un des « plus pauvre village qu’il soit en France à cause de la perte soufferte pendant lesdites guerres […] depuis vingtz cinq ans sont, le feu a esté par trois fois esdictz village ayant bruslé les plus beaux et meilleurs bastimets comme plus de cent ou six vingtz bastimens » (Durand, 1966, 289). D’autres, comme Paroy-sur-Tholon (Yonne), protestent contre l’enlèvement de leur train de labour, contrairement aux ordonnances  : « Que contre quelques louables édits qui ont quelquefois défendu aux sergents de prendre et saisir chevaux et harnois de laboureurs iceux sergents ne laissent de prendre non seulement les 394

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corps et biens desdits habitants laboureurs et vignerons mais aussi lesdits chevaux et harnois, soit que ce soit pour petite somme, voire même quand il y aurait autres meubles a suffisance qui est cause que les terres demeurent sans être façonnées ni ensemencées » (Durand, 1966, 190). Accidents climatiques, excès des gens de guerre, excès des tailles mais aussi « la prise de conscience de nos villageois s’élève plus haut » : les cahiers dénoncent la médiocrité de l’exploitation familiale et la lente expropriation dont ils sont victimes, des biens fonds comme des droits d’usage et des communaux. Le nombre de manouvriers s’élève alors que celui des laboureurs se comprime, les horsains étendent leur emprise sur le sol  : « Et si la plupart du territoire dudit Fontette appartient à des forains et des bourgeois des villes de Mussy, Châtillon, Langres et autres lieux, et n’en sont les habitants que locataires et reteneurs » (Jacquart, Histoire de la France rurale, II, 330-331). De leur côté, les villageois de La Ferté-Loupière (Yonne) souhaitent réglementer la durée du travail et les salaires agricoles. Ils remontrent le 7 août 1614 « que les maneuvres, vignerons et autres gens de corps seront tenus de travailler depuis soleil levé jusques à soleil couché hors deux heures qui leur seront prescrits en la journée pour prendre leur repas et qu’il sera mis taux à leur journée par les juges des lieux avec l’avis de quelques habitants du lieu selon le temps et les saisons » (Durand, 203). Sire, si vous aviez vu dans vos pays de Guyenne et d’Auvergne… Du 27 octobre 1614 au 23 février 1615, les États généraux sont réunis à Paris au couvent des Augustins. Ils s’ouvrent à l’hôtel du Petit-Bourbon près du Louvre. Le tiers état, sous la présidence de Robert Miron, prévôt des marchands de Paris, comprend 182 « députés », majoritairement officiers de justice ou de finance. C’est à ce moment (en novembre ?) que le député du tiers état d’Auvergne, Jean Savaron, prononce une harangue qui rappelle celle de Thomas Basin aux États de Tours en 1484 : « Sire, ce ne sont pas des insectes et vermisseaux qui réclament votre justice et miséricorde. C’est votre pauvre peuple : ce sont des créatures raisonnables : ce sont des enfants desquels vous êtes le père, le tuteur et le protecteur. Prêtez-leur votre main favorable pour les relever de l’oppression, sous le faix de laquelle ils ploient continuellement. Que diriez-vous, Sire, si vous aviez vu dans vos pays de Guyenne et d’Auvergne, les hommes paître l’herbe à la manière des bêtes ? » (Florimond Rapine, Recueil de tout ce qui s’est fait et passé… en 1614, 1651, 129-134).

1615 Grandes neiges et crues des fleuves ~ En Anjou : en février : « en cedit moys les neiges furent grandes et de longue durée » (E sup. 49, III, Saint-Martin-d’Arcé). Le 15  mars, rupture des levées de la Loire à Saint-Mathurin, Rosier, Saint-Martin de la place et Saint-Lambert « de sorte que les eaulx furent si grandes en la rivière qu’elles passaient de toutes parts 395

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sur la levée. Ceste [crue] vint à cause des grandes neiges qui commencèrent à la Chandeleur précédente, qui estoient à hauteur de genoux, en quelques endroits à hauteur d’estomac » (E sup. 49, II, Saint-Mathurin). Le 18 mars : la levée rompt en cinq endroits entre Saumur et La Chapelle-Bohalle (E sup. 49, II, Andard). ~ En Poitou  : Saint-Pierre 22  février 1615  : « Les neiges furent si grandes que non ne pouvoit aller ny venir, sinon qu’en faisant le chemin avec des pailles » (E sup. 86, Lavoux). ~ En Drouais : « Ce mois [février], il a faict toujours froid. Le dimanche 22e dudict février, il a faict de grandes neiges telles qu’il s’en soit jamais veu au pais, qui ont duré jusque au 14 de mars. On ne pouvoit labourer le 25 de mars » (AD 28 en ligne, Prudemanche 1611-1635, vue 11). Les 26 avril et 9 mai, des gelées tardives qui détruisent les vignes à Vert-en-Drouais et, le 10  mai, à Prudemanche, une grande gelée qui gâte les vignes et les arbres (E sup. 28, IV). ~ En Beauce : « Le dixiesme jour de may et toute le sepmaine, il a gellé en telle façon que presque toutes les vignes ont esté perdues » (AD 28 en ligne, BMS Vitray-en-Beauce 1569-1624, vue 191). ~ En Lorraine : gelées tardives les 5, 11 et 14 mai (Cabourdin, 23). ~ En Forez  : gel des vignes en Forez le jeudi 11 et le vendredi 12  juin (E sup. 42, Feurs). ~ Crue de la Seine (Thoulouse, II, 258). Sécheresse générale « En ladite année 1615 stérile en tout, à cause d’une grande sécheresse ; il n’y eut que très peu de grains, et encore moins de fruits » (Miton, 110). Le 21 juin : sortie des châsses de saint Marcel et de sainte Geneviève pour obtenir de la pluie (Ferté, 339). ~ En Anjou  : Année de sécheresse, qui compromet les fourrages, les lins et les chanvres (Lebrun, 130). ~ En Beauce : « En toute cette année [1615], depuis les neiges jusques à la SaintDenis [9 octobre], il n’est tumbé aucune pluye. Il ha esté une année stérile de tous biens et fruitz, excepté de gland » (AD 28 en ligne, Prudemanche 1611-1635, vue 13). ~ En Provence : sécheresse avec invasion de sauterelles (Pichard, 195). ~ Dans le Maine : « Depuis la Toussaint 1614 a été sans tomber de pluie suffisante pour abreuver les terres bien que quelquefois par les contrées il tombasse quelques petites pluies par les contrées [sic] sans beaucoup de profit jusques au 8e  jour de septembre, vigile Saint-Denis 1615, par trois nuits il tomba jour et nuit des gilles [?] de pluies qui réjouit beaucoup le peuple. Quelques-uns commencèrent à semer, les autres à faire leurs guérets qui eussent du être faits de la Saint-Jean passée, ce qui n’avait su être à raison de la grand sécheresse. Les bestiaux mouraient de faim et de soif en plusieurs lieux » (AD 72 en ligne, BMS Saint-Cosme-en-Vairais, 1595-1668, vue 41). ~ En Pays de Bray : « En cette présente année 1615, nous avons été sans avoir de l’eau du ciel, autre que de la rosée, depuis le 15e jour d’avril audit an » (Vanel, Jounal de Simon Le Marchand, 22). « En ladite année 1615 stérile en tout, à cause d’une grande sécheresse ; il n’y eut que très peu de grains, et encore moins de 396

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fruits. En ladite année 1615, il tomba de la grêle en divers endroits du royaume, grosse comme une balle de laine, qui fit bien du dégât » (Miton, 133). ~ En Franche-Comté. Autour de Besançon, de juin à septembre, plusieurs villages « furent brûlés faute d’eau, plusieurs fontaines tarirent, les rivières très basses ; à peine pouvoit-on moudre » (État de ce qui s’est passé à Besançon depuis 1612, Mémoires et documents inédits pour servir à l’histoire de la Franche-Comté, t.  IX, d’après Delsalle, 2002, 303). À Montbéliard, « le 18 septembre, […] la sécheresse a prins fin car depuis Pasques passé, il n’avait point tombé aucune pluye passé une heure, tellement qu’il y avait grande nécessité de moudre et nécessité de pain » (Chronique de Hugues Bois de Chesne, d’après Delsalle, 2002, 303). ~ En Champagne : « Tout ce temps et moys de febvrier, fit de grandes froigdures de gellée et grandes neiges ; et durant tout cest yvjert jusques en fin du dit moys de febvrier […]. La grande froigdure continuant tellement qu’on ne pouvoit labourer (en février). […]. Sur la fin du caresme on ne pouvoit trouver de harencz sorets, et le poisson fort cher et principalement le boeur, à cause que le bestial estoit mal noury, faulte que les paties estoiet faillies pour la longueur de l’yver ; en fut vendu xiv s. la livre. […] Les vendredy sainct, sabmedy et jour de Pasques, le temps se mit en grande chaleur, tellement que les vignes commencèrent a poulser et les boutons croistre, en sorte que l’on voyoit le raisin. Mais le landemain de Pasques, le temps se remit encore au froig, tellement que le mardy suyvant feit une gellée blanche forte, de sorte que les bas lieux furent la pluspart perduz. […] La gellée continuant, spéciallement reprise le iie may et jusques au dymanche xviie may, qu’il gelloit à glace tous les jours tellement que touttes les vignes des bas lieux et principallement celles de la rivière de Marne touttes perdues et noircies et mesme en plusieurs haulz lieux et quasy en tous pays. Finallement, le peuple se mettant en prières par touttes les églises alternatyvement une heure, le dit dymanche le temps par la grâce de Dieu, se remit en bonne nature. Et y eut mesme quelques seigles gellés et le reste conservé contre tout jugement humain. Dieu en soit loué et bénict ! Amen. Et le chaulx temps continuant jusques au lendemain de Pentecostes, qui se remit en froigdure de sorte que le jour Sainct-Barnabé il y eut encore quelques vignes gellées. Dieu veille en conserver le reste ! […]. « Les moys de juin et juillet fort secz et de grande chaleur, en sorte que plusieurs verjus aux vignes furent cuitz et seichez ; tellement que de long temps n’y avoit eu telle seicheresse et mesme tout d’aoust. […] Et sy la grande seicheresse se continuoit, ne pouvant avoir de pluye, qu’il sembloit à tous estre très nécessaire. Dieu y veuille pourveoir ! Amen. Ce nonobstant (chose miraculeuse), c’est que encor que tout le moys de septembre fut fort beau, sec, faisant grande chaleur et touffeur, les raisins des vignes ne laissoient de bien meurir, avec bon accroissement. En sorte que toute la vendange fut achevée devant la Sainct-Remy, laquelle fut fort chaulde et hasté, tellement qu’il n’avoit esté veu du vivant des hommes de ce temps ; les raisins et grains d’iceulx aussi gros et meurs et sans avoir d’eaue, seullement que de la froigdure et seicheresse, comme devant est dict. En sorte qu’il fut, recueilly encor une foys aultant de vin que l’année passé, et fut fort excellent en bonté, et recueillys heureusement nonobstant les troubles » (Pussot, 180-185). Vendanges précoces (Le Roy Ladurie, 1966, – 11/moy. 1599-1791). Avec des exceptions : 397

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✷ Année 1615 : « Abondance de vins, de bledz et de toux fruicts. Dieu mercy ! » (Rymond, 381). Avertissement de Robert Miron sur les misères du peuple 23  février, discours de clôture des États généraux. Harangue de Robert Miron. « Le pauvre peuple travaille incessamment, ne pardonnant ni à son corps, ni quasi à son âme, c’est-à-dire à sa vie, pour nourrir l’universel du royaume. Il laboure la terre, l’améliore, la dépouille, met à profit ce qu’elle rapporte : il n’y a saison, mois, semaine, jour ni heure, qui ne requière son travail assidu ! En un mot, il se rend ministre et quasi médiateur de la vie que Dieu nous donne, et qui ne peut être maintenue sans les biens de la terre. De son travail, il ne lui reste que la sueur et la misère ; ce qui lui demeure de plus présent s’emploie à l’acquit des tailles, de la gabelle, des aides, et autres subventions qui se paient à Votre Majesté […]. Sans le labeur du pauvre peuple, que valent à l’Église les dîmes ? les grandes possessions à la noblesse ? leurs belles terres, leurs grands fiefs ? au tiers état leurs maisons, leurs rentes et leurs héritages ? Il faut passer plus outre. Qui donne à Votre Majesté les moyens d’entretenir la dignité royale, fournir aux dépenses nécessaires de l’État, tant dedans que dehors le royaume ? Qui donne le moyen de lever les gens de guerre ? Qui ? Le laboureur, les tailles et le taillon, que le peuple paie, ordonnés en France pour l’entretènement des gens de guerre. Et ils ne sont pas sitôt en pied qu’ils écorchent le pauvre peuple qui les paie. Ils le traitent de telle façon qu’ils ne laissent point de mots pour exprimer leurs cruautés. Combien ont été plus doux les passages des Sarrazins, quand on les a vus en France, que ne sont aujourd’hui les rafraîchissements des gens de guerre ! « Ce peuple, qui n’a pour partage que le labeur de la terre, le travail de ses bras, la sueur de son front, accablé de taille, d’impôt du sel, doublement retaillé par les recherches impitoyables et barbares de mille partisans et donneurs d’avis, à la suite de trois années stériles, qui ont témoigné de l’ire de Dieu en plusieurs provinces, a été vu manger l’herbe au milieu des prés avec les bêtes brutes. […] « Si Votre Majesté n’y pourvoit, il est à craindre que le désespoir ne fasse connaître au pauvre peuple que le soldat n’est autre chose qu’un paysan portant les armes ; que quand le vigneron aura pris l’arquebuse, d’enclume qu’il est, il ne devienne marteau. Ainsi tout le monde sera soldat ; il n’y aura plus de laboureur : les villes, la noblesse, l’Église, les princes et les grands mourront de faim » (Florimond Rapine, Recueil de tout ce qui s’est fait et passé… en 1614, 1651, 451-453). Menaces de guerre et premières dévastations Les troubles consécutifs à la minorité de Louis XIII entraînent des dévastations pour les villages traversés par les troupes rebelles emmenées par Henri II de Bourbon Condé, gouverneur de Bourgogne. En Bassigny, le marquis de Saulx-Tavannes, le baron de Clinchamp et le sieur de Cressiat, fidèles de Condé créent une menace de guerre ; des bandes de pillards sont levées ; des garnisons rançonnent le plat pays. Le 7 septembre 1615 : la municipalité de Langres donne l’ordre d’armer les villages du plat pays (SHAL M578a, d’après Skora, 162). 398

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” Au nord de l’Île-de-France. Le 4 octobre, assemblée des principaux habitants de Louvres-en-Parisis, au grand carrefour. Comme cela avait été déjà le cas le 29 avril 1590, lors du siège de Paris, les notables de ce bourg rural situé sur la route de Paris à Senlis prévoient la garde de leurs portes. « À cause des guerres qui sont de présent en ce royaume, il leur est nécessaire pour le service du roi que pour la conservation de leurs corps et biens, que dudit bourg de Louvres il est besoin de faire garde et sentinelle par lesdits habitants aux portes et closture dudit lieu, tant de jour que de nuit. » Pour y parvenir, on nomme un commandant à chaque porte : Me François Guérin, à la porte de Paris ; honnête personne Jean Roussel, à la porte de Senlis ; Jean Fieffé à la porte de Meaux et Philippe Roussel à la porte de Pontoise (AD 95, B 1581-1671). ” Dévastations en Champagne  : en octobre  1615, Condé et les autres princes s’emparent de Château-Thierry, Épernay, Neufchâtel, Soissons. La Vieuville « fit ruiner et détruire une grande partye des villages des environs de Reims, par vollerye, pillage, rançonnements et autres grandes extorsions ; et signamment le bourg d’Attigny (Ardennes) et aultres, qui furent par luy grandement pillez usant de toutte cruaulté […]. Les troubles continuant, eut grande extorsion des gensdarmes et volleurs, ransonnement et desvoyes sur les pauvres villaigeois et gens frecquantans les champs » (Pussot, 186). ” En Quercy : « Les baptesmes furent faits à Valetes, à cause des guerres, comme l’atteste le sieur Laté, curé, où il fut obligé de se réfugier » (E sup. 47, II, Lougratte). Le 16 septembre, à Montagnac, les « hommes des deux religions jurent de demeurer en bonne union, amitié et concorde, les uns contre les autres sans exception » (E sup. 47, II, Sos). En Corse : les Feux de la Saint-Laurent Le 10  août, nuit de la Saint-Laurent, au sud d’Ajaccio. Révolte des villageois de Cauro, d’Ornano et de Taravo contre leurs seigneurs et l’impéritie de l’État génois. Excédés par la piraterie, le banditisme et les difficultés économiques, des centaines de paysans corses massacrent leurs seigneurs détestés à la fois comme détenteurs de charges insupportables (comme la taglia) et comme relais des autorités génoises. Prenant d’assaut les châteaux, ils tuent les domestiques qui s’interposent et attachent sur des grills ardents les seigneurs, leurs femmes et leurs enfants. La répression de ce mouvement isolé, à la fois antiseigneurial et antifiscal, fait sept pendaisons et plusieurs dizaines de prisonniers (Graziani et Stromboni, 2000). Le quotidien d’un village vosgien Le 22 août, à Nayemont – entre Corcieux et Gérardmer –, les six vagabonds qui s’introduisent dans la « grange » de Curien Le Masson ne massacrent le propriétaire qu’au moment où leur tentative de vol échoue. Dans cette région lorraine (la prévôté de Bruyères), ce crime brutal est en fait exceptionnel. Dans l’information judiciaire qu’il suscite, ce sont des éléments beaucoup plus ordinaires de la sociabilité villageoise qui émergent comme l’hospitalité forcée des vagabonds, le souper autour du poêle – la pièce chauffée à côté de la cuisine –, le port général 399

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du chapeau, qui forme un élément d’identification et la vente de vêtements d’occasion (orthographe modernisée). « Du xxiie août 1615. Au sujet du meurtre commis naguère en la personne de Curien Le Masson, vivant demeurant dans une grange de la contrée de Neymont, le xviiie du présent mois […]. « Icelle [la veuve de la victime], nommée Marion, s’étant dite âgée d’environ cinquante ans, a déclaré que mardi dernier dix-huitième du présent mois, deux jeunes garçons, âgés d’environ 15 ou 16 ans, entrèrent en leur logis environ une heure avant la nuit fermée, lui demandant à y gîter ; et qu’en ayant fait quelque refus, leur allégant de n’avoir pas de commodité ni de lieu pour ce faire, ils dirent qu’ils coucheraient sur de la fougère et qu’ils y avaient bien dormi d’autres fois ; que l’heure du souper étant arrivé, et son mari, elle et leur famille entrés au poêle pour souper, envoya auxdits deux garçons restés en la cuisine chacun une écuelle de leur potage et du pain. […] Après souper, étant tous retournés en ladite cuisine, elle leur dit, et son mari aussi, de s’en aller coucher ; mais […] néanmoins ils dilayaient toujours de ce faire, alléguant qu’il n’en était encore heure, et pour mieux les amuser, offraient à vendre un pourpoint de drap bleu piqué de soie […]. Enfin, l’un d’eux étant sorti une dernière fois, l’autre le suivit peu de temps après et de dessus la porte écria hautement en disant tels mots : “Hâtez-vous, les gens ci tardent trop d’aller dormir !” Puis étant rentrés, peu de temps après quatre autres vagabonds survinrent […]. Le premier peut être âgé d’environ 50  ans, le visage et barbe noire, habillé de drap, ne sait quelle couleur, chapeau noir […] qu’on dit s’appeler Antoine et être de Badmesnil [au-Bois], mais ne le sait au vrai. Le second est ledit Gérard Vincent, dudit Rennegoute [comm. Corcieux], âgé d’envrion 24 ans, ayant peu de barbe blonde, de médiocre stature, habillé de drap gris, chapeau noir […]. Le troisième était un grand jeune homme, de pareil âge de 24 ans ou environ, qui avait un pourpoint blanc et le chapeau noir, n’ayant pas de barbe, que l’on estime des Evelines [hameau de Granges-sur-Vologne], proche le village des Granges. Et le quatrième, âgé de 30 ans, barbe noire, assez puissant et de moyenne stature, qui avait un pourpoint et chaussé de toile toute souillée et déchirée, le chapeau noir. Quant aux deux premiers entrés, âgés d’environ 15 ou 16  ans, l’un avait un pourpoint de toile blanche découpé, doublé de vert, un chapeau de paille qui avait un gros cordon cordelé à quatre fois […] et l’autre habillé d’un pourpoint bleu, chaussé de toile toute déchirée et un chapeau gris fort blanc ; et le dit en être de Saulcy val Saint-Dié » (AD 54, B 3789A, d’après Follain, HSR 45, 2016, 151-152).

1616 Froidures excessives ~ En Champagne : « L’yver fut fort doux jusques au xixe janvier 1616, tombant grande quantité de neige, et une très forte gellée durant un moys. […] La gellée avait gasté une grande partye du boys des vignes. Ce nonobstant, les vignes ne laissèrent de pousser et jecter grand nombre de raisins, monstrant selon la nais400

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sance avoir grande année de vin ; mesme le commencement du mois de may qui fut beau et chault. Mais le vent se tournant et venant du septentrion, les ixe, xe et xie jours du dict moys, fit grande froydure et gellée, qui estoit les Rogations, de sorte que la pluspart des vignes, tant hault que bas, furent perdues et rendues seiches » (Pussot, 188). ~ En Franche-Comté, autour de Montbéliard : « Tout au long du mois [de janvier], il a fait un si extrême froid par gellée et quantité de neige qu’à grand peine le pouvoit-on supporter » (Chronique de Hugues du Bois de Chesne, d’après Delsalle, 2002, 303). ~ En Drouais : le 9 février, grandes froidures excessives (E sup. 28, Prudemanche). Vendanges précoces (Le Roy Ladurie, 1966, – 18/moy. 1599-1791). Nourrir la troupe : réquisitions à Vitray-en-Beauce Le soldat pillard et le carabin protecteur des travaux des champs  : deux types de gens de guerre qui suscitent une réaction. Le 1er  février, à Vitray-en-Beauce, paroisse de 400 âmes, le sujet rassemble les chefs de famille. « Les manans et habitans de la paroisse de Vitray avec tous hameaux et mestaries qui en dépendent fourniront en chasque jour aux sieurs de la Brière et de Cingny, chevaux légers de la compagnie de Monsieur le conte de Limours, estant de présent en garnison en la ville de Bonneval par le commandement du roy, assavoir un quintal de foin, quatre bottes de paille, un quatre mesure d’avoyne réduitz à deux minotz pour la nourriture de leurs chevaux ; et, pour leurs personnes et serviteurs, six livres de mouton ou veau, quatre livres de bœuf, deux livres de lard, quatre pains blanc pessant chascun une livre, quatre bis de mesme poix avec six pintes de vin. « Et oultre que dessus, seront teneuz lesdits habitans d’icelle paroisse fournir pour la nourriture du carabin par chasque jour quinze livres de foin, une botte de paille, quatre mesures d’avoyne, deux pains blanc et ung bis, pesant chascun une livre, deux pintes de vin, deux livres de mouton et une de bœuf, et se faisant sera teneu ledit carabin demeurer audit lieu affin que les habitans puissent labourer, faire pasturer leurs bestiaux en toutte asseurance. Faict à Bonneval, par nous, conte de Limours, capitaine susdit, le premier jour de février  1616 » (AD 28, BMS Vitray-en-Beauce, 58). Voleries et menaces de guerre ” En Drouais  : « Au mois de janvier  1616, commencèrent les grandes voleries par les gens de guerre » (E sup. 28, Prudemanche). ” En Anjou, le 21  janvier, le fort Brilly, dans la paroisse du Guédéniau a été « forcé, pris et pillé par le chevalier de Coublies, près Angers, avec 400 mousquets et 100 piques, tous gens d’armes et estoit trois capitaines et 300 soldats, et tout les biens des circonvoisins pillé et emporté » (E sup. 49, III, Guédénian). ” En Île-de-France, le 15 mars, les capitaines des murailles du bourg de Gonesse demandent de « faire curer les fossés et réparer les murailles pour protéger le bourg des gens de guerre » (AD 95, B Gonesse). 401

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” En Lorraine, Guise et 10 000 hommes d’armes se logent à Toul, « tant à la ville qu’au faubourg de ladite ville et villages d’alantour » (Cabourdin, 62).

Feux de joie pour le retour à la paix

✷ Le 12  mai  : « M.  de Cancon fist faire publier la paix et a faict faire le feu de joye à Saint-Jehan » (E sup. 47, II, Casseneuil).

✷ Le 13  mai  : édit de paix de Loudun. Cependant les affidés de Condé

poursuivent leurs ravages en Bassigny, l’emprisonnement du prince (septembre 1616-octobre 1619) ayant décuplé leur colère. Autour de Langres, les villages restent à la merci des gens de guerre jusqu’en 1619 (Skora, 162). « Si le laboureur prenoit garde quand il ensemence sa terre, pour qui il sème, il ne sèmerait point » Difficultés des « pauvres collecteurs » vues par le président de l’élection de Mortain, René De la Barre  : « Jay toujours insisté pour les pauvres collecteurs ; quelque assistance qu’on leur puisse faire, peu s’eschappent ès grandes paroisses qui n’y perdent leur bien. Me souvient, en l’an  1599, pour la contagion, en 1603, des flux de sang, en 1616, des langueurs qu’il fallut attendre l’hiver ensuivant et bien davantage, avant que d’oser toucher aux meubles. Et en 1615, se fist un tel souslèvement de soldais et soudrilles par les paroisses qu’il ne fallut rien demander pendant qu’ils eurent les armes entre mains, ni longtemps après. […] « Nos mines en France ne sont ny d’or ny d’argent, sont en revenus de bleds, vin et sel, qui viennent petit à petit avec la peine et travail que l’on y prend ; qui défaillent à mesure qu’on faut de s’y employer et souvent par l’intempérie des années et des saisons. […] « Si véritablement le laboureur prenoit garde quand il ensemence sa terre, pour qui il sème, il ne sèmerait point. De son travail il en amende et jouit le moins. La première poignée de grain qu’il jette est pour Dieu, ainsi dévoue-t-il librement ; la seconde ne suffit pour les oiseaux ; la tierce pour les cens et rentes du tréfoncier ; la quatrième pour la disme ; la cinquième pour les tailles, impôts et subsides. Et quoy tout cela se prend devant qu’il ait rien pour luy ! Et sur le reste faut se vivre, se vestir et entretenir soy et sa famille, payer mestive à serviteurs et chambrières, achepter ustensiles, outils et ferremens, charrue, chariots et charettes, achepter bœufs, chevaux et vaches, sans avoir une heure de repos en l’année » (René de La Barre, Formulaire des élus, rééd. 1631, 284, 319, 354).

1617 Hiver doux, coup de froid en avril : « rien ne pouvait mûrir » ~ En Champagne  : « Ceste année fut bonne quantité tant de bled que de vin, nonobstant la gellée susditte et contre l’oppinion de tous (s’il y eut eu bon règne), dont la ditte guere en dissippa beaulcoup. Ne fut point d’yver, et ne gellée que bien peu de petites gellées blanches, et le plus doulx yver qui s’est veu de nosre 402

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temps ; cause de bon marché de choulx, oignons, poreaux et aultres herbaiges et verdures, n’en ayant dé long temps veu aultant comme chose extraordinaire. […] « Et nonobstant touttes les ruynes de guere, le seigle ne valloit que xl sols le septier et le vin xx livres la queue. Il y avoit eu belle monstre et grande naissance aux vignes, mais par l’humidité et froigdure du moys d’apvril furent transis et eurent maulvaise nourriture ; de sorte que la fleur fut loingtaine, tardive et puis les moys de septembre et octobre fort pluvyeux, comme avoit esté le commancement de la moisson, en sorte que rien ne pouvoit meurir ; et ne fut point quasy d’aultres fruictz de quelques espèces que ce fut. Et dura la vendange jusques proche de la Toussainctz ; le temps si incommode, chéresse de vendangeresses, vivres et chartiers, tellement qu’on eut grande peyne d’icelle. Et les vins fort petitz, en assez bonne quantité. […] La moisson pareillement fort fâcheuse, où estoient grande des bleds couchez et allictez par l’injure du temps pourquoy le bled, tant seigle que froment, ne furent si bons que les années précédentes et vint à enchérir, à cause aussy que en plusieurs lieux et pays furent les grains semez sur terre, fort mangez des souris qui régnoient en telle quantité et habondance que ne s’estoit veu des vivans » (Pussot, 191-194). ~ En Franche-Comté : « Pendant le mois de janvier, il fit un temps si doux qu’on voyait déjà plusieurs fleurs. Au commencement de mars, les vignes poussoient, les abricotiers avaient défleuri. En avril, il fit si grand froid que les fruits d’arbres furent perdus, les vignes n’eurent point de mal » (État de ce qui s’est passé à Besançon depuis 1612, d’après Delsalle, 2002, 304). ~ En Pays de Bray  : « Ladite année  1617 aurait été très fertile en grains, sans une grande quantité de mulots que produisit la terre, qui rongeaient les germes. L’on fut contraint, en plusieurs endroits, de semer une seconde fois les terres. Cela vint de ce que l’hiver avait été très doux » (Miton, 137). ~ En Anjou  : 25  avril  : grande gelée qui gasta les vignes. 16  juillet  : orage et tempête. La foudre détruit un moulin à vent dans la paroisse de Parnay (E sup. 49, IV, Varennes-sous-Montsoreau). Comète et tempête Le 22 juillet, « environ sur les 10 heures et demie, l’air estant couvert de nuages très obscurs, commença à se vouloir décharger par éclairs et fulminations, qu’il n’y avait vue si forte ni puissante qui ne fût éblouie par la trop grande splendeur d’un tel feu qui brûlait mêmement les sourcils des yeux. Et parmi l’air se voyait voltiger une quantité prodigieuse de feux volants semblable à des astres et étoiles errantes, qui s’allaient dissipant en bluettes, et étincelles qui tombaient jusqu’à terre, ainsi que des étincelles de fusée de poudre à canon ; entre ces étoiles errantes, parut une comète chevelue dont la queue paraissait de plus de trois toises de long, laquelle se voyait en couleur toute de feu ; ensuite de ce, s’éleva une telle tempête de vent, que plusieurs arbres de la grosseur de deux hommes en furent déracinés. « Et était en ce temps nocturne une chaleur si grande et extrême, que les habitants desdits lieux furent contraints de descendre aux caves, tant pour y chercher le frais que pour être en assurance contre les foudres impétueuses, véhémentes et terribles, voire telles qu’il semblait à chaque minute et moment, que tout devait 403

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périr. Au milieu de ces foudres, tomba une grêle si prodigieuse que chaque dragée surpassait la grosseur du plus gros œuf de cane, et fut portée par admiration jusque dans Bourges, où se jugea plus que jamais on n’en n’avait vu de semblable. Plusieurs renards, lapins et moutons furent tués, et ce qui est de plus merveilleux, fut qu’après cette grêle, tomba une pluie si pestiférée et si contagieuse, que le bestial venant à paître et pâturer l’herbe sur laquelle elle tomba, mourut à l’instant et sans remède quelconque » (Les Signes merveilleux et espouvantables apparus au ciel au pays de Berry le jour de la Magdeleine dernière, 1617). À Badefols-d’Ans (Dordogne)  : « En 1617, sur les 7  heures du soir, il parut une comète du côté du levant qui a semblait être des piques qui venaient prendre pied dans l’étoile et penchait du même côté du levant, et était sans comparaison plus belle que celle qu’on a vue depuis peu. Aussi n’avons-nous vu en France depuis ce temps-là que guerres et malheurs » (Livre de raison des Raffailhac, de Badefolsd’Ans (1626-1676), d’après Barat, 47). De la Picardie aux Dombes : l’action de Vincent de Paul 25  janvier  : Première mission de Vincent de Paul en Picardie. À la suite de la conversion d’un paysan de Gannes, confession générale des habitants de Folleville (Somme) au père Vincent, sur la demande de Mme de Gondi. « Toutes ces bonnes gens furent si touchés de Dieu qu’ils venaient tous pour faire leur confession générale […]. Nous fûmes ensuite aux autres villages qui appartenaient à Madame en ces quartiers-là, et nous fîmes comme au premier. Il y eut grand concours, et Dieu donna partout la bénédiction. Et voilà le premier sermon de la Mission et le succès que Dieu lui donna le jour de la Conversion de saint Paul » (Vincent de Paul, XI, 4). 23  août  : trois jours après un sermon pour secourir une famille plongée dans la détresse, à un quart de lieue de à Châtillon-sur-Chalaronne (Ain), création de la confrérie des Filles de la Charité par Vincent de Paul (Pierre Coste, Monsieur Vincent, 103-104). Feu de joie pour l’assassinat de Concini Lundi 24 avril (sic) : à Paris « fut tué et mis à mort le nommé et appellé le marquis d’Ancre, qui estoyt pourveu en la court de plusieurs beaux et grans estatz auprès de Sa Majesté et de plusieurs gouvernements et places […] duquel coup et homicide toute la France fut en grande joye et allégresse tant grans que petitz, et en fut faict et chanté le Te Deum et feuz de joye » (E sup. 49, IV, Varennes-sous-Montsoreau). « Le samedy vingt et deux [avril], le maréchal d’Encre tué par le sieur de Vitray, premier cappitaine des gardes et par consentement du roy » (AD 28, BMS Vitray-en Beauce, 56). « L’an mil six cent dix-sept, le samedy vingt-deuxième jour d’apvril, le marquis d’Ancre fut tué en la ville de Paris par monsieur de Vitry, premier cappitaine des gardes du corps du roy et, après avoir esté enterré, il fut deterré puys après son corps fut pendu, démembré, traisné de rue dudit Paris puis après bruslé et les cendres de son corps gettées au vent. Sa femme et ses enfans prisonniers puis après relâchés et envoyés en leur païs. La royne-mère est veneue à Bloys faire sa 404

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retraicte en atendant que le chasteau de Moulins en Bourbonnoys fust en estat » (AD 28 en ligne, BMS Vitray-en-Beauce, 116). Bruits de guerre « Mars 1617. Grands augures de guerres ». « Mai  1617. En se temps l’on tient la paix faicte et asseurée » (AD 28, BMS Vitray-en-Beauce, 56). « Il y eut une grande guerre en Piedmont de Son Altesse contre le roy d’Espagne [prise de Verceil] […]. Le roy de France donna secours à Son Altesse, et passa par icy M. le comte d’Auvergne, qui avoit un régiment de grand nombre de chevaulx, et la cornette blanche dudit régiment logeat à Montanay et aussy l’un des troppes de M. de Valansay qui firent un grand degast, notamment d’avoyne pour les chevaux » (E sup. 69, Fleurieu-sur-Saône).

1618 Séismes à répétition ~ 14, 16 et 18  janvier  : série de séismes sur la Côte-d’Azur (Nice, Coaraze) et dans l’arrière-pays nicois, d’intensité MSK 8. Des maisons et des fermes s’écroulent à Coaraze et Roquespervièra. ~ 8 juin et 3 juillet : série de séismes en Béarn autour d’Oloron, d’intensité MSK 6,5 (BASE SISFRANCE et Quenet, 552 et 579). ~ « Le 3e  juillet  1618, jour de mardy, entre les cinq à six heures du matin, treziesme de la lune, il y a heu tremblement de terre comme ung vent que passe. Seulement le temps estant bien serein. Et a esté cogneu à Bayonne, Daqs et ez environ et païs de Béarn, Pau, Salies, à Bidache, Bardos, Urt, Hastingues et autres lieux. Soubiron, curé » (AD 40 en ligne, BMS Hastingues 1594-1686, vue 97). Année fraîche et humide ~ En Anjou  : 2  février  : « Commencèrent les neiges qui furent fort grandes et durèrent jusqu’au soir » – 4 février : reprise de la neige et dans la nuit, grand froid et gel – 11 février : la levée de la Loire casse aux Rosiers – 23 avril : forte gelée gâtant beaucoup de vignes (E sup. 49, IV, Varennes-sous-Montsoreau). ~ En Franche-Comté : le 6 février : grand verglas autour de Montbéliard (Delsalle, 2002, 304). « L’année 1618 fut fort tardive ; les vignes ne fleurirent qu’au mois de juillet. Les moissons ne furent faites que sur la fin d’août. On vendangea seulement au 15 d’octobre ; la vendange fut fort verte à cause des pluies qui pourirent les foins, graines et raisins » (État de qui s’est passé à Besançon depuis 1612, d’après Delsalle, 2002, 304).  « Nota que le xxvii, xxviii et le xxixe avril, il tomba de la neige trois doigts en ce lieu de Louvenne. En la montagne il en tomba beaucoup. Le xxviiie des jours susdits il verglaçait, Dieu grâce ne fit point de mal. Cette même année fut tant pluvieuse, même le mois de février, mars, avril qui hébétaient bien le pauvre monde. Le premier jour du mois de mai, il plut tout le jour. Nota que le 405

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1er août 1618 il plut de telle impétuosité que les rivières […] les gerbes qui étaient faite » (AD 39 en ligne, BMS Louvennes 1598-1621, vue 30). ~ En Champagne : « Le printemps fut fort froidg et humide, spécialement le moys d’apvril et jusques passé mye may, où feit gellée, neige, greslons et froigde pluye, de sorte que les biens de dessus terre eurent fort à souffrir. Pourquoi les grains enchérirent, et fut le seigle monté jusques environ c solz le septier, et principalement à cause qu’il s’enlevoit par les forains, au mescontentement du menu peuple qui estoit en esmoy. […]. Le commancement de la moisson fort pluvyeuse et humide, en sorte que les seigles, en plusieurs lieux, estoient ordes, pleins d’herbes, et furent partie germez. Mais y eut grande quantité de froment, orge, avoyne et aultres mars qui furent très bons et de telle quantité que ne s’est veu passé long temps. Ce nonobstant les vignes des haults lieux demouroient jaulnes et grande partie des sepeau secz, tirant à mourir, et en tel estat que de longtemps on n’avoit veu les vignes si laides et deffaictes. Mais les bas lieux estoient belles, verdes et raisineuses, donnant encor espérance de quelque bonne vendange, moyennant la grâce de Dieu. […] La vendange fut fort belle, sans, pluye encore qu’elle, fut tardive et dura jusques proche la Toussaintz » (Pussot, 197-200). ~ En Forez : 1er août, « il tomba de la neige aux montagnes du Forez que la terre en était couverte » (E sup. 42, Feurs). ✷ En Pays de Bray : « Grande fertilité et abondance de vin, cidre et autres biens en ladite année 1618 et l’automne fort commode pour l’approfitement des biens » (Miton, 139). Sécheresse et incendies ✷ Grande sécheresse en Beauce (E sup. 28, Gauville). ✷ Sécheresse en Provence et abaissement du lit du Rhône (Pichard, 195). ✷ Sécheresse favorisant les incendies : « Le samedy unzième iour d’aoust, le feu fut mis et par inadvertance au village de Ermenonville-la-Petite [Eure-et-Loir], qui y apporta, par sa combustion, grand dommage et desgats et y eut quinze demeures ou mesnages autrement qui furent tous bruslez et y eut envyron quatre vingt-dix creux qui furent bruslez et envyron quatre-vingt muids de bledz bruslez, selon le dire des personnes à ce présent, qui est le tout fort deplorable » (AD 28 en ligne, BMS Vitray-en-Beauce, 205). L’opposition aux dessèchements en Auvergne Depuis 1599, l’assèchement des « palus et marais » pour étendre labours et pâturages bénéficie de l’impulsion royale. Sous la régence de Marie de Médicis, de nouvelles entreprises apparaissent, souvent à capitaux étrangers, qui se heurtent aux intérêts des populations riveraines, attachées aux ressources de la pêche et des roseaux. Tel est le cas du lac de Sarlièves, au pied de Gergovie, dont le projet, présenté par l’Allemand Strada, suscite une protestation auprès des échevins de Clermont, le 17 mars 1618. Le lac sera néanmoins asséché en 1625. « Aucuns entrepreneurs ont fait faire un grand canal et tranchée tout le long des appartenances du Cendre et la continuent encore pour dessécher le lac de Sarlièves, au grand préjudice […] des bourgs et bourgades de l’entour, qui en 406

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tirent, durant toute l’année, grande quantité de poisson pour la nourriture de leurs manœuvres durant les fenaisons, moissons et vendanges, qu’ils peuvent plus aisément nourrir avec cinq sols de poisson qu’avec vingt sols d’autre viande, outre la commodité qu’ils ont des cannes pour servir aux tisserands et des roseaux et chaume pour la couverture des granges, maisons et pour le chauffage » (AD 63, 3E/113 dép., fonds 1). Le tabac en Alsace Premiers essais de plantation de tabac en Alsace, à Bischwiller, au nord de Strasbourg (Uchida, 34). Le 25 août : fêter la Saint-Louis dans tout le royaume « Par commandement du roy à présent regnant, il a esté commencé de festivez et sollennnisez la feste monseigneur Saint-Louys, duquel il porte le nom par tout le royaume » (AD 28 en ligne, BMS Vitray-en-Beauce, 1569-1624, vue 205).

1619 À nouveau des séismes ~ 30 avril : séisme dans la baie du Mont Saint-Michel. ~ 11 août : séisme dans le bocage vendéen (Quenet, 579). Sécheresse générale : « peu de vendange ny de chastaines » ~ En Champagne : moisson humide et grande sécheresse aux vignes. « Les vignes qui avoient esté gellées d’yver, et sy le furent d’esté pour l’inconstance et froigdure du printemps tellement qu’elles ne gettoient que de force, causant peu de naissance à la montaigne ; mais celles de la rivière de Marne estoient fort belles et de grande monstre. Le moys de may comme les précédents, saulf le commencement, fut fort froigd, et jusques partie du commancement de juin, le temps se mettant en chaleur, causant le dymanche, durant les vespres, ixe juin  1619, une grosse nuée de pluye, greslons et tonnerre […] « Il y avoit lors sur terre grande quantité de grains de toutte espèce, autant que de long temps on avoit veu. Mais la moisson et recueil fort fâcheuse et pluvyeuse, sauf la première sepmaine des seigles, quelque peu de pluye au commencement tellement que ceulx qui se hastèrent eurent fort bon seigle. Car advint, au fort d’icelle moisson, le temps sy addonné en pluye continuant en grande affluence, que grande partie des seigles et commancement des froments furent grandement germez. Venant au fort des fromentz, le temps se mit en chaleur sur la mye aoust, sy grande que les vignes seichessoient tant en feuilles que les verjus qui se cuisoient aux sépeaulx, et principallement les oultremers et verjus des treilles, choses inaccouslumées. Et grand nombre des sépeaulx des vignes, signament ceulx qui avoient esté jaulnes de l’année passée, estoient encore jaulnes en ce temps, en sorte que la pluspart moururent, demourant les places en savartz. Mais celles de la rivière de Marne se maintenant tousjours en bon estat, nonobstant ceste injure 407

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temporelle, causa bonne espérance d’une affluente vendange en ce lieu, comme il y avoit apparence. Et nonobstant tout ceste incommodité aux vignes de la Montagne, les vins estoient à grand mespris et n’en tenoit-on grand conte, chose inaudicte. En ce temps s’apparoissoit aux feuilles de plusieurs arbres, et signamment à celles des pommiers, plusieurs caractères et figures de couleuvres, lézards et crappaulx marquez en icelles causant esmerveiller le peuple […]. « Et le temps inconstant continuant, encor que la vendange ne fut sy tardifve qu’on n’estymoit, sy est-ce qu’il ny eut que bien peu de vin à la Montaigne et moins encor qu’on avoit espéré. Et sy fut petit en qualité ; à cause pourquoy n’estoit requis non plus que les vieulx, desquels on ne tenoit grand compte. Joinct que ceulx de la rivière de Marne estoient beaulcoup meilleurs et en merveilleuse quantité. Les poinssons à Reims ne valloient à la vendange que de xx à xxive s. pièce. En tout, je ne recueilly que xvi poinssons de vin. Dieu en soit loué et bénit. Amen » (Pussot, 202-205). ~ En Franche-Comté  : Autour de Montbéliard, « le sabmedy 12  juin  1619, au plus grand jour de l’année, s’est faict un grand tonnerre avec grosse gresle qui gastit tous les biens des champs circonvoisins en beaucoup de villages, mesme des personnes qui en furent tués, des arbres froissés et les fenestres des maisons rompues ». Le 13 octobre, « forte neige », suivie le 15 d’une forte gelée (Chronique de Hugues Bois de Chesne, d’après Delsalle, 2002, 304). ~ En Beauce : incendies et tempête. « Le dimanche quinziesme jour de septembre, le feu fut mis à Lupplanté, et de nuict, à dix heures du soir, au logis de Gaiet et y eut grand perte tant en meubles, grains, bestiaux. Il eut six mesnages bruslez, tant en maisons, granges, estables. Et s’est trouvé trante-six fermes ou environ de bruslez » (AD 28 en ligne, BMS Vitray-en-Beauce, 1569-1624, vue 211). Tempête, les 18-19  novembre. Les moulins à vent sont arrachés au sud de Chartres. « Du mardy envyron [19  novembre], jour couché, il fit ungs grandes fouldre avec grande quantité d’eaux qui tombèrent les lundy, mardy avec grand vent, qui ont continué les jour et nuictz tellement que ledit jour que la fouldre passit, elle abbattit plusieurs moulins et maisons, et entre autre le moulin de Lupplanté appartenant à Madame de La Frette, qui estoit situé entre ledit Lupplanté et Sainct-Loup ; un autre qui appartient aux enfans de deffunct Monsieur de Thou à cause de leur baronnye de Meslay, qui estoit citué et assis entre le pouste de Fresné-le-Comte avec deux autres de Ermenonville-la-Grande » (AD 28 en ligne, BMS Vitray-en-Beauce 1569-1624, vue 132). ~ En Quercy, du 24  juin au 23  novembre  1619  : grande sécheresse autour de Martel. « La mesme année, fist une si grand saicheresse qu’il ne plust depuis la Saint-Jean d’esté jusques au xxiii nouvembre, que sont cinq moys, si ce n’est qu’une petite rosée au moys de septembre, qui n’arrousa qu’ung peu la terre  : que fust cause qu’il n’y eust que peu de vendange ny de chastaines. Comme aussi les bleds semés ne peurent naytre jusques alors qu’il heust pleu, pendant lequel [temps] toucte l’eaue des puys de la ville tarirent, et falust aler sercher toucte l’eaue a Marlat, tant pour le service des maisons que pour les chevaulx et pourceaulx » (du Noyer, 273).

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~ En Forez, à la Saint-Georges, le 23 avril, vers 8 h du matin, « tomba grande quan-

tité de neiges avec pluies et demeurèrent les montagnes toutes bourdes jusqu’au lendemain fort tard » (E sup. 42, Cuzieu). ~ En Béarn, neiges puis terribles chaleurs : « Le 9 mars 1619, fit une grand neige et dura 3 jours, et fust une sy grande byse et vent de nord acompaigné d’une grande glace. Le 14  avril  1619, fist une si grande bise et a duré 6 jours que la neige est venue jusques à la bastide de Clarence […]. En ceste année 1619, fust de sy terribles chaleurs au moys juillet, aoust et septembre, que l’on ne pouvoit demeurer dedans ny dehors que les vignes et raisins se séchèrent et n’a plu depuis la Saint-Marceau jusqu’à la fin de septembre si ce n’est le 28 d’aoust une rousée simplement » (AD 40 en ligne, BMS Hastingues, 1594-1686, vue 100). Le retour de la peste n « Cette année la peste commença à Paris, dont l’on n’avoit ouï parler depuis l’an 1606 » (Thoulouse, I, 234). n Peste à Bayeux, Caen, Vire. n Juillet-août : contagion à Annet-sur-Marne (Seine-et-Marne). n Attestations de peste autour d’Amiens, Avignon, Bayeux, Caen, Dieppe, Louviers, Marseille, Orléans, Paris, Rouen et Toulon (Biraben, 386). Grand bruit de guerre « Était grand bruict de guerre […] le pauvre peuple, et signamment les vilageoys, estoit en souffrance de la tyrannie de plusieurs gensdarmeries » (Pussot, 202). 13 mars : logement des gens de guerre à Prouais (E sup. 28, IV). Passage du roi en carrosse à six chevaux 26-30 septembre 1619. ✷ Passage du roi, de Madame et de Monsieur, sœur et frère du roi. « Le jeudy vingt sixiesme de septembre  1619, le roy et la royne, assistez de Monsieur de Guise, Monsieur le comte de Soissons, Monsieur le duc du Maine, Monsieur de Luines et plusieurs autres princes et autres grands seigneurs et grandes dames passèrent par le grand chemin venant de Bonneval à Chartres, et séjourna audit Chartres huit ou dix jours. ✷ Le lundy dernier dudit moys de septembre audit an [1619], Madame, seur du roy, qui estoit la plus jeune, disna à Bonneval au logis de Monsieur Hallegrin, où je eu ce bonheur de la voir. Et près son diner, alla trouver le roy à Chartres, et estoit arrivée audit Bonneval le dimanche préceddant, assistée de grand seigneurs et dames, estant en un carosse attellé de six chevaux. ✷ Et ledit lundy, seur les quatre heures de soir arriva audit Bonneval Monsieur, frère du roy, où je eu ce bonheur de le veoir. Et prins logis en l’abbaye et le lendemain au matin alla trouver le roy à Chartres, estant assisté de plusieurs grands seigneurs en ung carosse attellé de six chevaux » (AD 28 en ligne, BMS Vitrayen-Beauce 1569-1624, vue 199).

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Le droit des célibataires : le « plat de trancheur » 27 janvier 1619 : en Artois, les jeunes encore célibataires ont un droit particulier : servir le « plat du trancheur », un don en nature qui doit être consommé collectivement pour les dédommager de la mise hors jeu de la nouvelle mariée. À Hermies (Pas-de-Calais), des jeunes hommes du lieu viennent demander aux mariés « de leur vouloir délivrer le plat de trancheur, selon les coutumes ordinaires et du tout temps usitées illec ». On leur répond qu’il est tard et de revenir demain pour ne perturber le banquet. L’un des jeunes se fâche et s’en prend au porte-parole des convives qui le blesse à mort (Muchembled, 227).

1620 Gelées, grêles et petite vendange ~ En Île-de-France. Samedi 9 mai : grand orage entre Bréval (Yvelines) et Gilles (Eure-et-Loir)  : « les rues à Gilles étaient pleines jusque aulx terres à fillasses » (E sup. 28, IV). « Le dimanche disxieme jour de may, il tumba une forte nuée de gresle à Generville, paroisse de Bouville et autres lyeux se trouvant […] petitz glassons qui estoient aux champs » (AD 28 en ligne, BMS Vitray-en-Beauce, 1569-1624, vue 138). ~ En Franche-Comté. « Nota que le xixe d’avril [1620], jour de Pâques, il gela extrêmement même […] étant de glace forte. Je crois que c’est un miracle parce que ne fut point de vigne ès vigne, Dieu grâce, toutefois les noyers en aucuns lieux furent gâtés comme bourgeons aux vignes et fruits. Le 26 avril, dimanche de Quasimodo, les eaux furent très grandes et tomba quatre grands doigts de neige, laquelle dura plus de vingt-quatre heures. Le 27, les eaux furent grandes sans pareilles en beaucoup de lieux labourés fit perdre des froments » (AD 39 en ligne, BMS Louvennes 1598-1621, vue 32). ~ En Béarn : « Le vendredi 17 [février] a pris la neige et greslé fort et, toute la semaine de Pâques, les arbres tout brûlés 1620 » (AD 40 en ligne, BMS Hastingues 1594-1686, vue 101). ~ En Normandie  : « Il y eut grêle, foudre et tonnerre qui endommagèrent les grains en divers cantons de ladite année 1620 » (Miton, 141). « Le vendredi, 25e jour d’août 1620, sur les deux heures du matin, le tonnerre tombit sur la tour Saint-Nicolas [Caen] et abatit une pierre de la tour Saint-Étienne, et tombit sur le cheminey de la maison de Monsieur de Beaumont-Baillehache, à Vaucelle, et allait de chambre en chambre de ladite maison, rompant et brisant ce qu’il trouvait à son chemin » (Vanel, 99). ~ En Champagne  : « petite vendange ». « Tout ce temps estoit fort humide et pleuvoit en grande affluence, tellement qu’on ne pouvoit moissonner […]. « Les vignes furent fort escoullées, et y avoit grande petite vendange, quantité de crappes, imitant que de longtemps on n’avoit veu, mais peu chargées de grains ; tellement qu’ils diminuèrent tous les jours. Puis vint grande chaleur, seicheresse et beau temps continuant jusques après la sainct Denys, tellement qu’il fut petite vendange fort belle pour la rivière de Marne, et la première sepmaine pour la 410

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Montaigne et ès environs de la seconde sepmaine, le mardy jour de Reims. Mais la seconde sepmaine, le mardy jour de Sainct-Gérard, le temps se meit en pluye, et toute en sorte que le reste de la vendange fut fort pénible et de grans fraiz. Le vin médiocrement bon » (Pussot, 210-213). Traces de pestes Attestations de peste autour de Caen, Cherbourg, Gap, Grasse, Louviers, Nice et Rouen (Biraben, 385). n Peste à Tinchebray (de 1620 à 1623). n

Drôlerie des Ponts-de-Cé et « pauvres gens des champs » Mardi 30 juillet : Louis XIII passe trois jours à Rillé en Anjou. Le 6 août, avec son armée, Louis XIII vient de La Flèche au village de Brain-sur-Authion avec 30 000 à 40 000  hommes tant de pied que de cheval pour assiéger Les Ponts-de-Cé qui obéissait alors à la reine-mère (E sup. 49, IV, Varennes-sous-Montsoreau). Vendredi 7  août  : drôlerie des Ponts-de-Cé. Le roi, qui met le siège devant Angers, y reste 8 jours, et son armée aux environs puis cinq à six jours à Brissac avant de gagner La Rochelle (E sup. 49, II, Saint-Lambert-de-la-Poterie). ” Les troupes royales culbutent sans effort les troupes rebelles de la reine-mère. Le 13 août, réconciliation de la mère et du fils au château de Brissac : c’est la fin de la deuxième guerre de la mère et du fils. Depuis juillet, la campagne alentour est vidée et ses habitants se réfugient à Angers. La reine Marie de Médicis ordonne « tant aux pauvres gens des champs que de tous les faubourgs de quitter et abandonner tout, et apporter et traîner en la ville d’Angers ce qu’ils ont pu y apporter, qui était une chose bien pitoyable et effroyable à voir, et de les ouir crier et lamenter, disant que les compagnies et soldats de gens de guerre de la reine mère les avaient grandement pillés, battus et rançonnés, à aucun desquels ils n’avaient rien laissé, et ont été contraints de laisser les blés qu’ils avaient commencé à couper et mis en tas, et ce, à raison que les soldats, méchants et pleins de rage, conduits par le diable, y mettaient le feu et les faisaient brûler » (Louvet, 1854-1856, 36-37). Les lendemains des Pont-de-Cé « Aoust 1620. Après ces choses faictes, le pont de Sé fut par le roy pris. Grand bruit de paix. Grand bruit pour le siège de La Rochelle » (AD 28 en ligne, BMS Vitray-en-Beauce 1569-1624, vue 140). « Ce trouble estant aulcunement appaisé par la grâce de Dieu [aux Ponts-de-Cé] et grand espoir de paix, comme les gens de guerre commançoient à se retirer, advint le jeudy iiie septembre suyvant, que la compaignie de Monsieur le baron de Ronay et celle de Monsieur de la Neufville-aux-Boys, en contention sur la prévention du logement et quelque desdaing d’ailleur, aulcuns d’eulx. mutinez s’entrebatirent. En sorte que ledit de Ronay y fut tué de coups de picques, dont aulcuns furent emmenez prisonniers en ceste ville. […] Ceste mutinerie fut entre les villages de Thil et Pouillon, lès Sainct-Thierry au Mont d’Or. Voilla un eschantillon du reliqua de la guerre. Dieu nous en préserve par sa grâce. Lesquels venoient de Cormicy 411

1620

qu’ils avoient forcez pour le refuz de l’entré, où ils vescurent troys jours à leur discrétion, et y firent grand dommage » (Pussot, 211). Août-septembre  : arrivée de renforts français à Toul et escarmouches dans les villages de la région (Cabourdin, 62). Entrée du roi en Béarn « Le roy Louys II entra en Béarn au 20 octobre 1620. A restably la sainte messe partout en Béarn et rendant tout le bien à l’Église. Ensemble toutes les églises ont esté consacrées. C’est preuve que mesme jour que la regne Jane, grand-mère du roy, avoit chasser les prêtres dudit pays » (AD 40 en ligne, BMS Hastingues 1594-1686, vue 102).

1621 « Temps incommode pour les biens de la terre » ~ En Champagne  : « Course de besches aux vignes ». « Il estoit grande quantité des besches aux vignes, y faisant grand dommage ; en sorte qu’on fut contrainct faire commandement à tous villages de faire débvoir, en peine d’amande, à les esplucher les matins et soirs de quelques jours que ce fut. Et les gluys à les lyer coustoient vi sols la pièce d’aultant qu’il estoit peu de putit [sic] pour la longueur de l’yver qui dura jusques au moys de juin. Pourquoy on ne commença à lyer les vignes que proche la fin dudit moys, que la fleur commança à paroistre. […] « L’esté fut sy inconstant qu’il ne fut troys jours suyvans sans pleuvoir, mesme la vendange très difficile et humide, pour celle de la Montaigne, encore que les fruiclz n’estoient en bonne bonne maturité, ceulx de la Rivière eurent assez beau temps et froigd causant gellée es jours de la Sainct-Luc, qui feit despouiller les bas-lieux ; pourquoy on fut contrainct vendanger plus tost qu’on espéroilt, totl telz que les raisins estoient. Le tout, avec grans fraiz et chéresse de vendangeresse et voicture, pour la grande incommodité et tardiveté d’icelle vendange, tellement qu’elle dura jusques en novembre. Et y eut grande diminution pour la quantité, et petit en qualité, en sorte que les poinssons ne valloient que dix-neuf et vingt solz pièce, au grand regret des pauvres tonnelliers et aultres » (Pussot, 217-225). ~ En Franche-Comté  : Le 13  février, autour de Montbéliard, « il y tumba tant de neige que l’on ne pouvoit sortir des miasons, avec forte et espaisse gelée ». À Besançon, « les pluies furent si fréquentes que les vignes ne purent passer en fleurs qu’au milieu de juillet. On vendangea à la Saint-Simon (28 octobre) ». « Le jour de Barthélémy, 24 d’aoust 1621, s’est faict un grand vent avec pluye et gresle obscure qui a froissé, rompu et brisé les arbres et vignes et tué des personnes » (Chronique de Hugues Bois de Chesne et État de qui s’est passé à Besançon depuis 1612, d’après Delsalle, 2002, 304). ~ En Quercy : Hiver rigoureux à Cahors (Sol, 95). ~ En Normandie : la Seine gelée. « Le 19 février [1621], la circulation sur la Seine se trouvant interrompue par les gelées et les glaces, la foire de la Chandeleur fut renvoyée au 8 mars » (Periaux, Histoire de Rouen, 423). 412

1621

~ Vendanges tardives (Le Roy Ladurie, 1966, + 11,5/moy. 1599-1791). Guerre contre les protestants : les forces royales sèment de « grandes maladies » En septembre, alors que les forces royales assiègent Montauban, la contagion arrête les opérations militaires. Les campagnes de l’Armagnac sont sévèrement touchées. « Grandes maladies, qui estoient à cause des sièges de Saint-Jehan, Bragerac, Clayrac, Nérac, Montauban, qui avoint quasy infecté tous les lieux où ils passoient […] même que le roi fut obligé de lever le siège de devant Montauban à cause de ladite maladie et de la mauvaise intelligence qui estoit en son armée » (E sup. 47, I, Laplume). Un homme pendu pour avoir épousé trois femmes 19 juillet 1621 : « il y eut un homme pendu à Bréval (Yvelines) pour avoir épousé trois femmes » (Gilles, E sup. 28).

1622 Tempête du 5 juin ~ En Beaujolais  : « L’an 1622 le dimanche cinquiesme juin, fist une grande abondance d’eau et pierres de tempeste, laquelle a gasté les labourages et couvert de sable les prez. Le dommage est inestimable » (AD 69 en ligne, BMS Chiroubles 1564-1591, sic, vue 4). ~ En Bas-Limousin  : « Le ve jung, jour de dimanche, environ l’heure de cinq à six heures de soir, a faict une grand tempeste qui a duré un quart d’heure et a gasté les semances, vignes et autres biens, du cousté de Laguenne, La Bachelerie, Chanac[-les-Mines], La Bitarelle, Naves et autres paroisses. Il c’est trouvé grand quantité de pierres, grosses comme œufs de gelline. La terre en a esté aussy couverte comme l’hiver de neige » (Lagarde, 301). ~ En Champagne : « Ce jour [6 juin], comme la veille au soir, fut fort cruel aux biens de la terre, donnant forte inundation à merveille de grande pluye froigde, l’aire bien desréglé. Ce nonobstant y avoit tant de besches aux vignes en sy grande multitude que de longtemps n’avoit esté veue. Et sy on n’en pouvoit venir à bout ; et sy y avoit fort peu de monstre et peu de raisins, en sorte qu’on n’espéroit que bien petite recueille. Dieu y veuille pouveoir ! » (Pussot, 227-228, 235-236). Le Nord-Est à l’ombre de la guerre

” En Lorraine : logement de lansquenets de l’armée du comte de Mansfeld dans la prévôté de Vicherey, en juillet (Cabourdin, 61).

” En Champagne : moisson gâtée par les reîtres. « 24 juillet. Le temps estoit remis

en bonne chaleur, mais les villageois estoient en grande peine d’emmener et saulver leur meilleur meuble, à cause du bruict de quelque armée estrangère qui s’efforçoient d’entrer en France pour la part des rebelles ; et sy estoit le commancement de la moisson. Lesquelz estrangers estoient reistres et aultres chevalliers avec gens 413

1622

de piedz en grand nombre, qui gastoient tout le pays où ilz passoient. Les chefz estoient le Palatin qui s’estoit réfugié à Sedan, le conte Mansfel et un aultre que on disoit estre évesque renié soy disant amy de Dieu et ennemy des prebtres ; et vindrent sans position jusques près de Verdun. Et tenoit-on que Monsieur de Bouillon, sieur de Sedan, les avoit faict venir avec belles, mais inasseurées promesses, pour penser faire rompre les desseincts du roy où il estoit occupé. Pourquoy le roy y feit venir le sieur de Nevers, nostre gouverneur, et aultres grans seigneurs ayant grande armée françoise, avec toute la noblesse de par deçà, qui se mirent en bon debvoir pour empescher iceulx ennemis d’entrer davantage, les amusant doucement, attendant l’amas complect et meure délibération. Mais les amas causoient grandes pertes et ruynes où ilz estoient, ruynant les biens de la terre, tant par dégatz que par le feu en plusieurs lieux, et principallement à Aubenton [Aisne], où y eut grand nombre de maisons et granges pleines de grain, foings et boys bruslées, où Monsieur de Nevers et sa compagnie estoit logé, où y eut perte merveilleuse et quasy inestimable. Lesquelz estrangers ne passèrent plus avant en France et tirèrent vers le Pays-Bas, qui fut cause de licencier une partie de la gensdarmerie françoise, et l’aultre partie mise en garnison ès petites villes, bourgs et bons villages de ces quartiers et frontière » (Pussot, 234). Fin de la guerre contre les protestants ” 16 avril : massacre de 2 500 huguenots « tant de tués par les paysans » à Croixde-Vie (Amplepuis, E sup. 69). ” Juin : le maréchal de Thémines fait « le dégât » autour de Montauban (Sol, 87). ” 28  juin  : prise de Caraman. Pillage et incendie de Cuq. Vendôme fait brûler Lombers (Arthès, E sup. 81). ” 15  août-15  novembre  : ravages des soldats en Haut et Bas-Quercy autour de Figeac, Capdenac, Cajarc et Cardaillac (Sol, 87). ” 3  juillet  : capitulation du village de Mas-Saintes-Puelles aux portes de Castelnaudary, livré aux flammes et entièrement consumé. Un-demi siècle d’irrédentisme huguenot s’envole en fumée et tout n’est que ruines encore sur le plan terrier de 1680 où les Chauriens catholiques se sont approprié le sol (Maguer, 201). 19 octobre : édit de Montpellier confirmant l’édit de Nantes. Extension de la liberté d’exercice de culte des protestants. Réduction du nombre des places de sûreté à deux (La  Rochelle et Montauban). Rétablissement du catholicisme en Béarn. Louis XIII institue des élections dans toutes les provinces de Guyenne et Gascogne dotées encore d’états provinciaux, comme le Quercy et l’Agenais. En Sologne : le nom des bêtes à cornes D’après un inventaire de juin  1622, plusieurs dizaines d’animaux fournis à titre de cheptel par le seigneur de Vouzon et La Motte-Beuvron (Loir-et-Cher) à ses métayers sont nommément désignés. D’une métairie à l’autre, les mêmes noms reviennent, qui se retrouveront ultérieurement. Chez les vaches  : Bernée, Blonde, Bourgeoise, Fiette, Franquette, Grivette, Lunette, Marjolaine, Mignonne, Pigeonne, Rouzette, Taupine. Les bœufs s’appellent Berné, Blondeau, Capitaine, 414

1622

Charbonneau, Fromentin, Gaillard, Roudy, Taupin ou Vermillon (AD 41, 1 E 75 d’après Poitou, 385). Dans les Dombes : proclamation du « royaume » Chaque année, dans les paroisses de la Dombes, de l’Auvergne et du Velay, le curé précède à une adjudication des places d’honneur dans les les processions (les « reinages ») organisées sur la paroisse. Le plus offrant des villageois, qui promet le maximum de cire pour fondre les cierges, prend le titre de « roi » pour l’année, ce qui l’autorise à marcher en tête des processions. Viennent ensuite la reine, l’enseigne, le capitaine, le lieutenant, etc. « Le royaulme de la saint-Christophle pour l’année 1622 : Premier, le roy François Parra, a promis XX [livres de] cire Le lieutenant, Claude Dayet, a promis 2 [livres de] cire Le porte-enseigne Benoist Messilie a promis 3 [livres de] cire Le capitaine, Jaque Girard, a promis 2 [livres de] cire Le capitaine en chef, Claude Croix, 1 [livre de] cire Le dauphin, Benoist Chapular, a promis 1 [livre de] cire Le sergent, Jacques Colonge, a promis 1 [livre de] cire Le prévôt, Philiber Fontanayt, a promis 1 [livre de] cire Le tâte-vin, François Grégoire, a promis demi [livre de] cire La royne, Jeanne Chanteret, a promis VII [livres de] cire Guillaume Girard, porte-poumier, 2 [livres de] cire Le porte-espéee, Benoiste Parra, 1 [livre de] cire Le connestable, Jyonard Lavaure. Faict par devant moy, curé dudit lyeu, 1622. Signé : Pécheret » (AD 01, BMS Saint-Jean-de-Thurigneux, d’après Dupasquier, 18-19).

1623 Neiges, « besches », inondations ~ En Bas-Limousin  : « En l’an 1623, l’iver commensa le jour des mortz 1622. Guardâmes la neyge jusques a Nouel par les montannes. Les festes fust du beau temps jusques au lendemain de Saint-Anthoine (27 janvier) qu’il nega et dura en grande abondances jusques au jour de Notre-Dame de martz (25), qui commença à revenir et n’avions ouvert le bestial que cinq ou six foys durant ledit temps » (Tarrade, 296). ~ En Pays de Bray : « L’hiver de ladite année [1623] fut très rude, et commença le 1er  décembre et dura jusqu’au 10e  février ensuivant » (Miton, 148). ~ En Champagne  : « Tout l’yver fut fort bien tempéré, ensemble les moys de mars, apvril et jusques à mye may, mais le xve, le temps se meit en froigdure, continuant en diversité assez longtemps, cause de retarder la croissance des biens de la terre. Et sy avoit grande affluance de besches aux vignes qui les molestèrent merveilleusement et feirent grand dommage. La pluspart des arbres fructueux furent renduz secs par la vermine des vers et affluence de chenilles provenant des brouillars et importunité du dit moys de may. […] Sur la mye juin, le temps se 415

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mit en bonne disposition et chaleur, tellement que le mercredi xive juin, veille du sainct Sacrement, après mydi, feit une nuée dont le tonnoire tomba dans l’église de Besanne [Bezannes, Marne] et incontinant après mynuict suyvant, en feit une plus forte de merveilleux esclairs et tonnoirs, accompaigné de gros greslons en grande affluence et impétuosité effroyable. Toutesfoys, en ces quartiers ne feit grand mal aux biens de la terre, que Dieu de sa grâce a conservé, suellement quelques petitz dommages passanten ceste ville et spéciallement aux jardiniers » (Pussot, 243-245). ~ En Drouais : vignes et seigles grêlés le 27 avril vers 18 h (E sup. 28, IV, Verten-Drouais). ~ Autour de Montbéliard, grêle catastrophique le 28 mai. « Il s’est fait un temps si effroyable de gresle qui est tumbé aussi grosse comme noix, qui a gasté les vignes, oiches [plantations de chanvres] et blés, abattu fruits et fleurs des arbres » (Éphémérides de Jean Garinet, d’après Delsalle, 2002, 305). ~ Inondations du 14 juin : « La veille du sacre, sur les minuit, arriva un désastre de gresle et pluye si grand et impétueux, que jamais personne ne l’avoit veue pareille, qui gasta en cette paroisse grand nombre de bleds et vignes, qui fut cause que le marché que j’avais passé de mes dixmes fut rompu avec mes fermiers » (E sup. 49, III, 127, Gée). Le même jour, inondation à Vert-en-Drouais (E sup. Eure-et-Loir, IV). Grande sécheresse ~ En Forez  : « En l’année 1623 [21  août], la sécheresse a été si grande que la rivière de Loire tarit si fort qu’elle n’avait que 33 pieds de large » (E sup. 42, Feurs). ~ En Beaujolais  : « Ceste présente année [1623], il a fait une si grande sécheresse en ce pays que, despuys la saint Jehan jusques à la Toussainct, en ce lieu de Charney, l’eau a esté plus rare que le vin » (E sup. 69, Charly, 171). ~ En Franche-Comté  : Le 4  septembre, à Montbéliard « nécessité de moudre pour la sécheresse qui a duré quasi toute l’année » (Éphémérides de Jean Garinet, d’après Delsalle, 2002, 305). Retour de la peste Attestations de peste autour d’Amiens, Caen, Guingamp, Lisieux, Melun, Morlaix, Nogent-sur-Seine, Paris, Pontoise, Reims, Rouen et Soissons (Biraben, 386). n Octobre-novembre : peste au sud de l’Île-de-France, à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) et à Athis-sur-Orge (Athis-Mons, Essonne). Dans cette dernière paroisse : 12 morts du 13 octobre au 22 novembre (BMS). n Famine et peste en Normandie (Beaurepaire, Cahier des états de Normandie, II, 55). n

Du roi aux communautés : sus au loup ! Le 4 janvier, Louis XIII court le loup dans le bois Gauthier, enclos de mur, près de Puiseaux en Gâtinais (Dom Morin, Histoire du Gastinois, 1630, 270). Le 11 mars, Louis XIII, infatigable chasseur, cavalier hors de pair, « va courir le loup » le matin au Plessis-au-Bois puis, l’après-midi courre encore le loup autour de Louvres-en-Parisis. Recommence le lendemain (Héroard, 1989, 2887-2888). 416

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Septembre : le parlement de Franche-Comté demande aux officiers du bailliage d’Orgelet (Jura) d’organiser des chasses aux loups qui font de nombreuses victimes parmi les hommes et les animaux : « que les communautés s’assemblent en corps pour y chasser avec arquebuses et autres armes » (AD 25, B 106, d’après Delsalle). Dans le diocèse de Rieux : rétablissement du catholicisme « Depuis longues années, les lieux de Saverdun, Le Carla [Bayle], Le Mas-d’Azil, Les Bordes [sur-Arize], Sabarat, Camarade, Gabre, sont occupés par ceux de la Réligion prétendue réformée et en iceux les églises, chapelle et maisons appartenant aux ecclésiastiques ont été démolies, brûlées et saccagées […]. Le divin service a cessé et cesse encore nonobstant l’édit de Nantes et ordonnances des commissaires exécuteurs d’iceluy […]. Iceux de la Religion ont commis plusieurs excès, meurtres, battements, brûlements de fruits, déplacements de gerbes, de nuit, sans payser les dîmes, tué leurs chevaux et intimidé en telles sorte lesdits ecclésiastiques, fermiers, agents ou par eux députés qu’ils n’osaient se présenter esdits lieux » (Lestrade, 59-61). Bouchers et éleveurs : conflit de pâturage en Anjou Des siècles durant, l’engraissement du bétail destiné à l’approvisionnement des villes a suscité des conflits d’usage dans les biens communaux avec les paysans. Aux portes des villes, c’est sur les moutons des bouchers que les frictions ont été les plus générales – et les plus durables – avec les exploitants du cru, éleveurs de tout type de bétail, équin, bovin, ovin, porcin et même avicole. Le règlement qui intervient en vallée d’Anjou, à Beaufort en 1623, sur les landes d’usage commun –  les « frous » – n’en est qu’un exemple. Il ne fait que reprendre une ancienne ordonnance de 1471. Il entend réguler aussi le pâturage en fonction de la dimension des exploitations, ce qui rejoint la notion de capacité d’hivernage propre aux pays de montagne. Il n’arrête pas pour autant des abus de dépaissance qui occasionneront la rédaction d’un mémoire particulier en 1770. « Par notre sentence et jugement avons condamné et condamnons lesdits Boyer et Lebrun [maîtres bouchers de la ville de Beaufort] ôter et vider les frous de ce comté du nombre excessif de moutons qu’ils y tiennent à présent, et ce dans quatre semaines prochainement, et ayant égard au fournissement de la boucherie de cette ville, leur avons permis de tenir pour chacun le nombre de 200 moutons, qu’ils égailleront ès paroisses de Beaufort, les Rosiers et autres de ce ressort ». « Quant aux “manants et habitants des paroisses de cedit comté” : “Ne pourront lesdits sujets et habitants tenir que chacun une bête chevaline et suite d’un poulain ou deux au plus ; et celui qui a métairie et closerie de 6 arpents de terre et au-dessus, il pourra avoir 2 juments et leur suite de 3 ans, et celui qui a domaine excédent 12 arpents 4 juments et leur suite […]. Et outre ordonnons que chacun desdits usagers ayant maison au-dedans des fins et limites dudit comté, leurs fermiers ou métayers pourront nourrir esdits frous de 12 chefs de bergail [brebis] avec leur suite de l’année seulement, ou 25 moutons, et outre pour chacun de demi arpent de pré ou pâture qu’il aura au-dedans dudit comté, 2 chefs de bergail avec leur suite de l’année seulement. Et quant aux porcs, chacun desdits usagers 417

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en pourra nourrir et tenir au-dedans desdits frous tant qu’il voudra pourvu qu’ils soient du cru et nourris, et qu’ils aient le bout du groin coupé et cloué […]. Aussi pourra chacun desdits usagers avoir et nourrir sur lesdits frous, 6 oies avec leur suite de l’année, et en métairies comme dessus 12 oies et leur suite » (AD 49, C10, d’après Follain et Pleinchêne, HSR 14, 2000, 234-235).

1624 Grand hiver ~ En Agenais : Grand et horrible hiver : « Le vin pur se gelait dans les barriques » à Coq, destruction des figuiers, des lauriers et des oliviers de la Toussaints à la mi-avril » (E sup. 47, Coq, 26). ~ En Périgord : « Un grand froid qui a commencé le 30 décembre a duré jusqu’en février 1624, il a tellement gelé que la rivière Dordogne a pris de telle sorte qu’on peut traverser la rivière (Sainte-Foy-la-Grande, La Mothe-Montravel) sur la glace. Un grand nombre de personnes ont allumé du feu au milieu de la rivière » (Livre de raison d’Arnaud Vidal, 1623, d’après Paulette Barat, Bull. Soc. hist. Périgord, 1988, 48). ~ En Normandie  : Autour de Neufchâtel-en-Bray, l’hiver « fut très rude et commença le 10e  décembre [1623] et dura jusqu’au 10e  février [1624] » (Miton, 148). « L’hiver fort abondant en neiges, gelées et autres mauvais temps, après la Chandeleur (2 février) jusqu’au 4e  jour de mars 1624 » (Duval, 350). ~ En Île-de-France  : « Depuis la conversion Saint-Paul [25  janvier] jusques ici [3 mars], il ha faict de grandes froidures ; tousjours la terre couverte de neige. Le samedi de la quinquagésime [17 de febvrier], il ha faict le plus fascheux temps qui de vie d’homme aye esté remarqué, tant à cause de la gelée que des impétueux vents de bize, que à cause des neiges qui tombèrent le long de la journée en grande abondance. Beaucoup de gens furent trouvez mortz sur les chemins. L’hiver avait commencé dès la Sainct-Martin [11 novembre 1623] avec fort peu de relâche. Cet hiver, quelque long qu’il aye esté, n’ha esté égal en froidure à un autre cy devant remarqué [celuy de 1608] » (AD 28 en ligne, Prudemanche 1611-1635, vue 30). ~ En Champagne  : « Nonobstant la grande froigdure qu’il faisoit, le xie janvier 1624, après midy, fit grand tonnoir à la terre Sainct-Thierry, avec une nuée de gresle et quelque neige consécutive […]. Cest yvert fut fort rude et continuel en forte gellée et grande froigdure, et principallement ès moys de janvier et febvrier continuant. Advint les sabmedi et dimanche gras, 18 febvrier 1624, qu’il néga de telle aflluence et grande quantité qu’on n’avoit veu, depuis 58  ans ou 59, tousjours depuis appellée l’année des grandes neiges et grans buttinemens aux grandes rivières, ruyne de plusieurs notables pontz et molins à bras signamment à la rivière de Loire. […] « Laquelle forte gellée continua, hormis troys jours en mye mars de chaleur, jusques au jour Sainct-Marc tombant doulce et amyable pluye, rien n’estant hors le bouton, ny advancé non plus que à Noël. Ce qui fut cause de grandement 418

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enchérir le boys de chauffage tellement qu’il fut vendu des fagotz cent » (Pussot, 247-249).

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Sécheresse fatale aux bestiaux ~ En Beaujolais : « L’année suivante 1624, la mesme sécheresse a continué apprès ung bien long hiver, tous les mois d’apvril, may et juing, sans pleuvoir en ce pays et, par ce moyen, ne s’est poinct quasi recueilly du foing, les vignes se sentans tellement du froid que à la fin d’apvril elles n’avoient rien poussé du tout, néanlmoings à la Sainct-Jehan, elles ont esté toutes en esgretz et en grande quantitté, et bledz meurs et recuillis à la Saint-Christophe, feste et patron de Charnay » (E sup. 69, Charnay). ~ En Pays de Bray  : « En ladite année 1624, les fruits des arbres, pommes et poires, périrent en Normandie presque partout, si bien que le poinçon de cidre valut 34 livres, et fut la saison si sèche et aride qu’il ne plût que fort peu, depuis les Rogations jusqu’à la mi-août, et fut la sécheresse si grande que les mars demeurèrent arrêtés, et avec fort peu de fruits, si bien que les orges, avoines, pois et autres menus grains furent fort chers, le beurre était aussi très cher, mais en récompense Dieu envoya quantité de bled et de vin […]. La sécheresse continuant de plus en plus en cette ville et aux environs, les villages situés sur les hauteurs étaient obligés d’aller plus de 2 lieues pour avoir de l’eau pour eux et pour leurs bestiaux. On fit des processions de tous côtés pour avoir de la pluie, et il en vint […]. Comme l’hiver de ladite année 1624 fut fort rude, l’été fut très sec et aride : il n’y eut presque pas de foin, beaucoup de bœufs, vaches, moutons moururent, ce qui causa que la viande était extrêmement cère, la volaille et le beurre à proportion » (Miton, 155-158). ~ En Champagne  : La grande seicheresse et chaleur continuoient à merveille, tellement que les avoines et jardins avoient fort temps, le reste se portoit bien. Dieu en soit loué […] La grande chaleur continuant fut sy forte et véhémente, que le jour saincte Anne, vendredy xxviie juillet la pluspart des vignes furent bruslées et les feuilles desseichées, en sort que le fruict n’alloit en augmentant et y avoit peu d’espérance d’avoir bon recueil mais Dieu est par dessus. […] « La vendange fut heureusement faicte et achevée à la sainc-Remy, les vins fort bons, à cause de la continuation des extresmes et extraordinaires chaleurs et seicheresse, et recueilly moyenne quantité, un peu plus que l’année passée. Dieu en soit loué ! » (Pussot, 253-254). ~ En Limousin  : « Le premier jour avril  1624, estant le lundy de la sepmeyne sainte, ce brula 23 granges ou maisons et un homme avec une sienne filhe (il s’apelloit Rouques), et un enfent de Caddenon, le tout à Sainte-Féréole et dans un quart-d’hure, commensant à la maison de Caddenon, dict de la Rousigue, et finissant à celle d’Antoyne Mercier. Force bestial se perdit, et les bleds mesme par les champs se bruloit ; ces nouvelles me furent portées à Limoges trois jours après. Je remercie Dieu de ce qu’il conserva la mienne ! » (Vacherie, 26-36). ~ Vendanges précoces (Le Roy Ladurie, 1966, – 11,5/moy. 1599-1791).

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1624

En Beauvaisis : vendanges à moindre coût « En septembre 1624, les vendanges de Fay-sous-Bois [Oise] ne durèrent que deux journées. Les 21 “coupeurs” furent payés 2 à 4 sols par jour, selon l’âge et le sexe ; le fouleur et les six “hotteurs” reçurent chacun 5 sols, pour récompenser sans doute les forces qu’ils dépensèrent. On les nourrit tous, et nous n’ignorons pas ce qu’ils consommèrent : soupe de viande et ventre de veau, copieusement accompagnés de pain bis et de vin du cru. Pour chaque année et pour chacun des trois vignobles de l’Hôtel-Dieu, les vendanges se déroulaient de manière toute comparable : il est patent que la nourriture constituait l’essentiel des salaires versés, et qu’il suffisait de disposer de quelques sacs de monnaie “noire” pour régler le complément aux vendangeurs. Pas un écu, jaune ou blanc, ne devait sortir des coffres de l’établissement » (Goubert, 139-140, d’après AD 60, Arch. Hôtel-Dieu, E 96). Poursuite de la peste n Attestations de peste autour d’Amiens, Calais, Dieppe, Lille, Louviers, Melun, Montdidier, Nogent-sur-Seine, Paris, Pontoise, Reims, Rennes, Rouen, SaintBrieuc, Senlis, Soissons, Strasbourg et Toulon (Biraben, 386). n Cas de peste au Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) à l’automne. 4 mars : Fondation du village de Saint-François-Lacroix (Moselle) par ordonnance de Henri II de Lorraine (1608-1624), à Nancy « Henri, par la grâce de Dieu duc de Lorraine […] sur la requête à nous présentée par Nicolas Lamothe, demeurant à Rodelaq près Fauquemont, Robert Lenoy, Jean Baloir dit Hergaire, Pierre Bourguignon, Claude le Roux et consors, suppliant que notre bon plaisir soit leur accorder 2  000 arpents de bois en la forêt de Monderen, office de Sierck, pour y construire et édifier un nouveau village selon les redevances qu’ils nous offraient […] vu cejourd’hui le rapport à nous fait par les présidents et gens] des Comptes de Lorraine […], octroyons auxdits Lamothe et consorts la quantité de 1687 arpents, une hommée un quart en la dite forêt de Monderen pour y ériger un village […]. Savoir qu’ils bâtiront pour le ledit village des maisons capables pour 20 conduits, tant laboureurs que manouvriers, lesquels paieront la septième gerbe de tout ce qui s’ensemencera sur leurs terres, sauf sur six vingt jours qui serviront de pâquis et autres usuaires public, sans toutefois préjudicier au droit de dîme qu’un curé pourrait prétendre de chacune fauchée de pré 6 gros ; que chacun conduit résidant audit village payera annuellement au jour Saint-Martin-d’hiver tant à nous qu’à nos comparsonniers 6 gros en argent, un chapon et deux bichets d’avoine ; qu’à notre égard seul ils seront obligés à toutes prestations et corvées comme autres nos sujets de l’office de Sierck […]. Auront aussi le droit de vain pâturage sur les bans de leurs voisins comme les voisins sur le leur conformément aux coutumes générales de notre duché de Lorraine, et comme les glandées nous appartiennent seul, après que les usagers y auront embouché leurs porcs, chacun conduit nous paira 1 gros privativement à tous autres seigneurs » (AD 57, H 1794, copie de 1689, d’après Jean Peltre, 1966, 6, 25-26).

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1624

13 mai : révolte des Croquants du Haut-Quercy Dans le Causse, entre Gramat et Figeac, une première révolte éclate contre l’introduction du système des élections et les acquéreurs des nouveaux offices d’élus. Les insurgés craignent un accablement des impôts et une injustice fiscale à l’avantage des notables de la province qui pourraient acheter des charges qui les exonéreraient. Une armée de plusieurs milliers d’hommes se constitue sous le commandement d’un aventurier, Douat, et de Barruau, un noble ruiné de la ville de Gramat avec comme programme, la diminution des impôts et le massacre des élus. Les métairies et les domaines de « Messieurs les élus » sont détruits. La haine des Croquants s’étend aux riches et sans doute aussi aux seigneurs. Le 6 juin, les Croquants sont massacrés par le maréchal de Thémines et le vicomte d’Arpajon aux portes de Cahors. Douat est décapité à Figeac et Barrau pendu à Gramat (Porchnev, 49-52, et Bercé, 1974, 89 et 437-438).

1625 Point d’hiver ~ En Champagne  : des violettes en hiver. « Cet yvert de 1624 et 1625 fut merveilleusement doulx et humide, ne cessant de pleuvoir eu grande habondance et ventz impétueux, depuis la fin d’octobre 1624 continuant jusques après mie febvrier 1625, seullement deux ou trois matinées de petite blanche gellée, encore ce n’estoit qu’eaue. En sorte que tout poussoit et croissoit, mesme les fleurs et violettes, comme en esté tellement qu’il fut semblable à celluy des années 1616 et 1617, voir encor plus doulx et gracieux ; causant, comme devant, bon marché des choux (qui montoient en semence), oignons, porreaux et aultres verdures mesme les bleds sur terre nouez. De quoy le peuple s’esmerveilloit grandement, comme n’ayant point d’yvert : chose convenable aux pauvres gens mal pourveuz de boys. […] On n’a veu de longtemps aultant de nyds de chenilles aux arbres, comme y en avoit durant cest yvert et sur printemps, ce qui ne faisoit présumer chose de bon. […] Depuis ladicte mye juillet, la grande chaleur et seicheresse continuant, et pour le facheu temps passé, n’y demoura quasy rien aux vignes et aussy peu que de la vie des vivants on a veu, comme en 1598, 1601, 1607 ; mais les vivres bien à meilleur marché ès dictes années que la présente. […] En ce temps et sur la fin de l’esté, les vins vielz qui estoient sy excelents en bonté, pour estre mœurs, comme on disoit, et signamment ceulx des mauvaises caves, prindrent le goust d’esté ce qui les feit mespriser, où y eut grande perte » (Pussot, 262-269, et 284-286). ~ En Lyonnais  : « L’année susdite il n’avoit point faict d’hyvert, jusques audit temps que chaque chose ayant poussé si bien qu’il estoit de fleurs » (Amplepuis, E sup. 69). ~ En Bas-Limousin : « En l’année 1625 nous n’avons poinct heu d’iver jusques a comencement de febvrier qu’a bien negé et mieulx, gela jusques au xie dudit moys qui commença à plouvoir et a duré jusques au ixe d’apvril que nega fort et dura 3 jours sans pouvoir ouvrir les bestiaux, après se remit en pluye » (Lemaitre, 2000, 322). 421

1625

Débordement d’eaux dans le Nord… ~ En Île-de-France : « Le 16 mais, grand débordement d’eaux en beaucoup d’endroits de la France et spécialement à Septeuil et à Villette [vallée de la Vaucouleurs] où il eut plusieurs maisons emportées et force hommes et femmes noyés » (E sup. 28, IV, Gilles). « Le jour de la Pentecoste, 18 may, sur les trois heures après midy, il survint un si grand orage de pluye que le lendemain, du matin, la rivière de Bièvre déborda avec autant d’inondation et de dégast au rapport des anciens comme elle avait faict le 12 avril 1579, qui n’estoit qu’un diminutif d’un aultre déluge de la mesme rivière, arrivé, au rapport de frère Pierre Driart en ses mémoires, au mesme mois d’avril 1528 » (Thoulouse, I, 344). Le 6 juillet, sortie des châsses de saint Marcel et de sainte Geneviève pour arrêter la pluie (Ferté, 339). ~ En Normandie : « Le samedy 17 may, arriva un grand ravage d’eau au Mesnilaux-Moines, vallée de Neufchâtel, sur les trois ou quatre heures après midi, ce qui fut cause de la mort de 40 personnes et plusieurs maisons et granges enlevées et transportées dans les lieux voisins. Plusieurs bestes à laine, moutons, vaches, pourceaux, chevaux submergés, ce qui arriva sans grêle ni tonnerre ni esclairs. Ce qui est plus à déplorer, il y a 40 acres de terre semées en ladite vallée, des jardins, des arbres submergés d’eau, plusieurs prairies en perdition, les moulins, les pressoirs emportés » (Josse, 49). « Le samedi 17e  mai audit an 1625, la pluye tomba en telle abondance qu’elle emporta jusqu’à trente maisons au village de Mesnil-aux-Moines, près Osmoy [auj. Le Mesnil-Follemprise, Seine-Maritime], et si parmi ce désastre furent trouvées 25 à 30 personnes mortes, qui furent emportées au courant de l’eau, de sorte même qu’avec toute difficulté pouvait-on juger ni remarquer, par les propriétaires desdites maisons, les lieux où elles avaient été assises et bâties. Et le débordement fut si grand au village de Mortemer [sur-Eaulne, à 6  km de Neufchâtel], et la pluie si abondante qu’elle submergea entièrement des pièces de grains, et noya des moutons, vaches et autres bestiaux de sorte qu’il y eut des personnes qui perdirent la valeur de plus de 1 000 livres » (Miton, 161). Sécheresse dans le Midi ~ En Provence : la pluie manque de début avril au 12 novembre (Pichard, 195). Grande vague de peste bubonique en France depuis l’Allemagne n Attestations de peste autour d’Abbeville, Aix, Bayeux, Béthune, Boulogne, Caen, Calais, Laon, Lille, Metz, Montdidier, Montpellier, Nantes, Nîmes, Orléans, Paris, Pontoise, Reims, Rennes, Rouen, Saint-Omer, Senlis, Strasbourg et Vire (Biraben, 386). n Peste en Basse-Normandie  : à Granville et Coutances et, dans les campagnes, dans la région de Domfront (la Haute-Chapelle, Juvigny, Lonlay, Passais, SaintFraimbault, Lucé, Saint-Bomer, Saint-Front). n Peste en Valois  : Des bourgeois de Senlis de réfugient dans les campagnes du Multien. La femme de l’un d’entre-eux accouche chez son frère, dans la cure d’Ève 422

1625

(Oise), à 17  km au sud-est. « Le 30e  juillet  1625, fut baptisé Dominique, fils de maître Claude le Tellier, mon beau-frère, bourgeois de Senlis, et de Barbe Guillot, ma sœur, réfugiez chez moy en ce village d’Ève à cause de la peste qui infectoit ledit Senlis » (Arch. com. Ève, 1er  registre BMS). n Peste en Île-de-France Mai-juin : « opérations pour ayrier [purifier l’air en brûlant] les maisons infectées de la contagion » à Louvres-en-Parisis (Val-d’Oise) (AD 95 B 1583-1682, pièce du greffe criminel). 3  août-28  octobre  : contagion à Chilly (Essonne), 33  morts enterrés par un fossoyeur « appellé exprès pour enterrer les pestiférés ». 31  décembre  : premier cas de peste à Brétigny-sur-Orge. Décembre  1625-mars  1627  : contagion à Linas (Essonne) : 60 morts en octobre-novembre 1627 (BMS). « Caressets » et « Égyptiens » : des vagabonds inquiétants Le 15 août, rencontre avec des vagabonds, « caressets » ou « égyptiens ». Le monde des errants offre un repaire de présumés voleurs. La « carasse », qui regroupe sous le terme de « caressets » les bandes d’errants qui sillonnent les campagnes, suscite l’inquiétude de la communauté villageoise. « Michel Poirot […] a dit que le jour de Notre-Dame d’août dernier, allant aux vêpres, accompagné de plusieurs, rencontrèrent par le chemin deux hommes, deux femmes ou filles qu’ils jugèrent être caressets et vagabonds, auxquels ayant demandé où ils allaient, l’un d’iceux, portant une épée au côté, répondit qu’il n’en avait affaire, et d’autant qu’il, déposant, avait oui dire que quelques jours auparavant aucuns caressets ou égyptiens avaient robé au logis de Humbert Maimbourd, dudit ban, sut que ceux-ci pouvaient être de la partie » (AD 54, B 2584, d’après Dagot, HSR 43, 2015, 50-51). Les gens d’armes molestent les villageois « Durant ce temps [février-mars  1625], régnoit grand nombre de gensdarmerie molestant grandement les villageois. Et les charetiers n’osoient sortir de la ville, à cause qu’on leur prenoit les chevaulx, faignant par commissions bonnes ou faulces de les mener à l’armée en quoy y avoit pauvre adresse et grande vollerie. Monsieur le conte d’Auvergne vint en ceste ville le mardy de Pasques, qui avoit grande charge et commandement sur ceste gensdarmerie (comme on disoit) » (Pussot, 282).

1626 Inondations : « jamais on n’a vu tant d’eau » ~ En Limousin, de mars à juillet. « Dieu, justement irrité contre les péchés de son peuple, a tellement changé les saisons que, depuis le mois de mars jusques au 24 juillet, il ne s’est passé jour qu’il n’ait plu excepté au mois de mai, sur la fin, trois ou quatre, et ce avec une telle violence que nuit ni jour on ne pouvait sortir des maisons ; mais particulièrement le mois de juin et juillet, si bien que les épis du blé coupé étaient presque tous germés et ceux qui n’étaient pas coupés, une partie germée et l’autre pourrie par la trop fréquente pluie […]. Après la suite de 423

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cette grande pluie, il a fait de grandes chaleurs trois mois consécutifs, ce qui a gasté les châtaignes, mais en revenche on a aprêté les terres pour de bonnes semailles ; les maladies pourtant ont bien vaqué à cause de deux principes de corruption, le trop grand chaud et le trop humide » (Vacherie, 45-46). ~ En Drouais, le 4  avril  : grand orage. « Jamais on n’a vu tant d’eau » (E sup. 28, Prudemanche). ~ En Pays de Bray, le samedi 30  mai  : « arriva une si grande tempête, foudre, grêle, grosse comme un œuf, qui passa par Clais [8 km au NO de Neufchâtel], où mon fermier fit perte de 15 acres de bled et d’une tonsure de pré et d’herbage, même rompit les greffes de plus de 200 entes, qui furent toutes perdues, lesquels foudre, grêle et tempête firent beaucoup de dégât à Baillolet, Mainières et autres lieux, ce qui occasionna une perte inestimable » (Miton, 166-167). ~ En Languedoc, en juillet : le village d’Esperaza ruiné par les inondations (AD 34, G 71, d’après Le Roy Ladurie, 39). ~ Dans le Maine  : « Nota que, le vendredi 10e  de juillet  1626, les eaux furent si grandes que les terres de la Couture furent plus demi couvertes, les moulins engayés, beaucoup de chènevières gâtées » (Registres de Fresnay-sur-Sarthe, BMS en ligne 1541-1660, vue 253). ~ En Franche-Comté, en juillet, autour de Besançon, « pendant l’été, les pluies furent si abondantes qu’on fit des prières de quarante heures en l’église SaintPierre, devant la châsse de saint Prothade. Le 19 de juillet, on fit une procession générale avec le saint Suaire. Les eaux débordèrent deux fois, au commencement et à la fin de ce mois ; les foins furent presque tous perdus, les froments du pays bas germèrent sur leurs pieds ; le blé vieux valoit 26 gros et le nouveau 18 gros la mesure » (État de ce qui s’est passé à Besançon depuis 1612, d’après Delsalle, 2002, 306). ~ Sur la côte bourguignonne, le 2 août : « En l’année 1626, ung dimanche secon jour du mois d’aost, il ce fit ung des grand orage que homme heusse jamais veu ; il ce prin doibt les neuf heure du mattin et duraz cinq ou six heure, et abataz ugne grande party des fruy qui estoit sur les arbre, tellemant qu’il estoit ladite année la plus grande abondance de foint que homme euse veux depuis environd vingt année ; et ledit orage fut universelle par toute la Bourgogne » (famille Robert, 115). Année de grande peste n Attestations de peste autour d’Amiens, Angers, Armentières, Bayeux, Béthune, Château-Gontier, La  Rochelle, Limoges, Lyon, Mauriac, Montbéliard, Nevers, Orléans, Paris, Provins, Reims, Rennes, Saint-Flour, Saint-Lô, Toulouse et Valenciennes (Biraben, 386). n En Beauce  : à Toury, + 168 % de décès par raport à la moyenne 1620-1629 (Constant, 9). En Hurepoix : contagion à Viry-Châtillon (Essonne) en avril-mai, et à La Ville-duBois (Essonne) du 26 août au 5 novembre (BMS, et Moriceau, 1980). n Au nord de l’Île-de-France : le jour de la Saint-Pierre (29 juin), la peste survient à Fontenay-en-France (Fontenay-en-Parisis, Val-d’Oise). Aux 102 décès, 81 tiennent à la contagion, frappant parents et enfants dans des familles entières. « L’an 1626, 424

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la peste et maladie contagieuse fut grande à Fontenay » (BMS) – Maladie contagieuse à Belloy-en-France le 13 août, et à Jagny-sous-Bois (BMS). n En Anjou, le 5  juillet, la peste est à Gée, à moins d’une lieue de Mazé  : « Un pandart portant sel, qui était de Mazé, a apporté la peste en ma paroisse, et en tombant chez un nommé François Denyau : le mal y a commencé en sa femme et deux de ses enfants, et sont mortes les premiers ; et a commencé le 5e juillet, et la peste estoit bien vifve audit Mazé ». Le 3 octobre : mort d’un corbeau de contagion à La Lande-Chasle (E sup. 49, III). n En Blésois : peste à Villerbon de la fin 1626 au début 1627 (E sup. 41). n En Normandie  : contagion dans le Cotentin apportée par un vaisseau venu de La  Rochelle jusqu’à Saint-Lô et Cerisy-la-Forêt. Inhumation dans les jardins à Coulombs (Calvados). Le 19  mai 1626, Hermine, fille de feu Henri Graffart, est inhumée « dans le jardin de Calès, assis dans ledit lieu de Coulonbs, appartenant à Jacob Graffard, son frère ; la cause pour quoi elle n’a pas été apportée au cimetière a été qu’on n’a trouvé personne pour ce faire, pour ce qu’elle est morte de la peste. Le 16 mai 1626 déjà dans la même paroisse, Judith Rocquer, servante chez Étienne Graffart avait été inhumée par son maître dans son jardin « faute de la vouloir apporter au cimetière dudit lieu de Coulombs ». La contagion est à Courseulles en octobre 1626 (un décès le 28 octobre). Août-octobre : peste à Juvigny-sur-Andaine, Champsecret, le Gué-Besnard. Novembre, peste dans l’Avranchin (Saint-Martin des Champs) et à Condé-sur-Noireau. En Normandie : l’action de Saint Jean Eudes Le père Eudes se dévoue auprès des pestiférés de Sées. Il découvre l’abandon spirituel et matériel dans lequel sont plongées les campagnes en 1627. n En Lorraine : peste à Colombey près de Vézelise (Cabourdin, 102). n En Bourgogne (Roupnel, 1922). Ravages de loups en Alsace Les loups ont déchiqueté une fillette entre Bischwiller et Haguenau. Demande d’autorisation de battue dans le bailliage de Brumath, 21 décembre 1626 en raison des ravages d’un assez grand nombre de loups errants (Pfeiffer, 2011, 81). Démolition des forteresses 31  juillet  : déclaration de Nantes. Quelques jours après l’arrestation du comte de Chalais, Louis  XIII prend la décision de raser les châteaux et forteresses non situés aux frontières du royaume. Point de départ d’un effort de désarmement des seigneurs et d’affaiblissement du parti protestant. Refus de dîme en Pays de Caux Dans la paroisse de Sainte-Croix de Montivilliers (Seine-Maritime), le sieur d’Escures, lieutenant criminel au bailliage et l’un des principaux propriéaires du cru, s’oppose brutalement, en 1626, à la levée de la dîme par Jehan Estur, le fermiercollecteur. À l’échelle de ce petit pays, il faut attendre 1640 pour que la contreoffensive décimale l’emporte. « Le jour de la Sainte-Croix, l’un des serviteurs dudit 425

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Estur, n’ayant verge ni baston, ayant esté au champ dudit sieur d’Escures, qui faisait lier une pièce de vesche, luy demanda le droit de dixme à l’unziesme et à la rangée. Le sieur d’Escures luy avoit faict response qu’il n’avoit que faire de pareils guetteurs en son champ, et après quelques menaces, avoit donné plusieurs coups de poings et de pieds audit serviteur […]. Ledit sieur lieutenant mit en main son pistollet, le chien abattu, et poussa son cheval de toute sa force contre ledit Estur, fermier, aagé de viron cinquante-cinq ans, le jetta par terre et le fist fouler aux pieds par son cheval » (AD 76, 54H, d’après Bottin, 232).

1627 Crue de la Garonne 16  janvier  : crue de la Garonne, très forte pendant 18 jours, « ledit déluge est arrivé 28 ans après le grand déluge de Saint-Anthoyne auquel 26 ou 27 maisons furent emportées » (E sup. 47, I, Saint-Sixte). Vendanges tardives En Franche-Comté, en mai « rien n’avoit encore poussé. Il y avoit encore des raisins en fleurs au mois de juillet […]. Le premier jour de vendange fut le 2 novembre. On vendangea encore à Rogot le 22 novembre » (Delsalle, 2002, 307). Vendanges tardives (Le Roy Ladurie, 1966, + 11/moy. 1599-1791). Des manants au souverain : la peste désole le royaume n Attestations de peste autour d’Aix, Amiens, Angers, Bayeux, Béthune, ChâteauGontier, La Rochelle, Limoges, Lyon, Mauriac, Montbéliard, Nevers, Orléans, Paris, Provins, Reims, Rennes, Saint-Flour, Saint-Lô, Toulouse, Tours, Troyes et Vire (Biraben, 386). n En Île-de-France. D’abord au nord de Paris, de mai à septembre : « la peste est au Mesnil au logis de Denis Montgé, à l’enseigne de Saint-Martin » (Le MesnilAmelot, Seine-et-Marne, BMS). Puis au sud, de juillet à septembre, à Fresnes (Val-de-Marne), 13  morts sur 22 en succombent. Dans une maison, père, mère et fille enterrés par les corbeaux de la santé de Paris en juillet. Dans une autre, père, mère et deux enfants, frappés de la peste, sont transportés à l’hôpital de la Santé de Paris. La « maladie contagieuse » se répand à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), à Brétigny-sur-Orge, Ris et à Corbeil (Essonne) (Moriceau, 1980). Le bruit court même, début juillet, que le roi Louis  XIII, alité pour plusieurs semaines, est victime de la peste  : « Au sortir de Parlement, le Roy s’en vint disner à Villejuifve [Villejuif, Val-de-Marne], à l’Escu et de là, coucher à Villeroy [Mennecy, Essonne], où la fièvre le prit [le 30  juin], du commencement tierce, puis double, et enfin continue puis en peste, comme je l’ay appris des médecins qui l’assistoient, quoy que le bruit commun ne fust que d’une fièvre continue, mais violente » (Jean de Thoulouse, I, 389). n Peste en Anjou, en août. À Jarzé (Maine-et-Loire), la peste est apportée par deux femmes de la closerie de la Barbelière qui commettent l’imprudence d’« aller 426

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partager plusieurs hardes, meubles et nippes » de leur père, mort de la peste à Beauvau (E sup. 49). n En Haute Auvergne, en septembre. À travers les monts d’Auvergne, des marchands de moutons revenant des foires de Cosne et de Pouilly-sur-Loire apportent la peste à Saint-Flour (Bercé, 1974, 25). n En Lorraine : début de la peste « hongroise » à l’est de la province (Cabourdin, 102). La crue de l’impôt et la guerre contre les protestants Doublement du taillon pour financer les guerres contre les protestants. Les exigences fiscales de l’État s’étendent aux provinces périphériques  : les pays pyrénéens ne peuvent plus se dispenser de taille ni de logement des gens de guerre. Le Comminges et le Couserans doivent contribuer au logement de troupes qu’y envoie le duc d’Épernon pour empêcher l’union des protestants du Béarn avec ceux du comté de Foix (Requête du 28 décembre 1627 d’après Brunet, 2001, 354 et 359). Le 20 août : « il y a des gens de guerre logés à Gararret, lesquels font mille maux, pillent et derrobent tout ce qu’ils peuvent » (E sup. 47, II, Sos). 10 septembre : début du siège de La Rochelle par Louis XIII et Richelieu. Le curé de Ris fait ses annonces à la messe En dehors des bans de mariage, que le prêtre proclamait les dimanches et fêtes, le prône qui suivait la lecture de l’Évangile donnait lieu à une série d’annonces publiques, pour la plupart liées aux événements ordinaires, mais pour certains aux événements qui l’étaient moins, comme l’interdiction de toute relation avec la ville voisine de Corbeil, frappée par la peste. « Le Jour et fête de la Circoncision Notre Seigneur, premier jour de janvier 1627, j’ai publié le rescrit du sieur receveur des huitièmes dont je lui ai délivré attestation entre les mains de ses commis. « Le dimanche 24e  jour dudit mois et an au prône, j’ai publié que le mercredi  27e  dudit mois, en l’auditoire du roi à Corbeil, se passera par adjudication le bail à ferme des héritages appartenant aux soussignés de feux Élie Grégoire et Denise Roland, sa femme, au plus offrant, laquelle publication j’ai faite à l’instance de Me Nicolas Grégoire, procureur et notaire royal à Corbeil, tuteur desdits soussignés. « Le 14e dudit mois (de mars) à la requête de Me Pierre de Larche, procureur fiscal en la prévôté et haute justice dudit Ris et La Borde, j’ai publié au prône de la grande messe parrochiale dudit Ris que les biens provenant de la succession de Jean Favron seront vendus ce jourd’hui après midi, dont j’ai baillé attestation audit sieur procureur. Ledit Jean fut inhumé au cimetière dudit Ris, le premier de présent mois et an ». « Le dimanche 25e  avril audit an, j’ai publié que le commis du fermier des aides fera sa recette en la maison de Me Claude Blondel le troisième jour de mai prochain jusqu’au lendemain midi. Acte délivré. « Le dimanche second jour dudit mois et an, instance de Pierre Léger, procureur syndic de cette paroisse, a été fait lecture et publication au prône de la grande messe parrochiale de Ris de l’assignation à lui faite faire instance de Jean Chastecourt, 427

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meunier au moulin d’Écoute S’il Pleut, qui est pour comparoir en la juridiction d’élection à Paris mercredi prochain pour être oy contre lui et les habitants de Viry parce qu’il soutient qu’étant imposé en deux lieux, il soutient ne devoir payer qu’en l’un d’iceux. […] Ledit jour et an, a été publié que ceux qui doivent de l’argent à la veuve et héritiers d’Étienne Sallet aient à les aller trouver et payer à peine de frais. « Du 21e jour d’août 1627 […], sur la requête présentée par le procureur fiscal narrative que plusieurs des habitants de ce lieu fréquentent à Corbeil et exercent trafic avec les habitants de ladite ville, combien qu’elle soit grandement affligée de la contagion et à cette occasion en pourrait être cette paroisse infectée […]. Il est dit que défenses soient faites de par mondit seigneur à tous les manants et habitants de cette paroisse de Ris, d’aller en la ville de Corbeil, commercer ni fréquenter avec les habitants dudit Corbeil à cause de la maladie contagieuse dont ladite ville est maintenant affligée sur peine aux contrevenants d’être contre eux procédé par les voies de droit, de 25 livres d’amende et d’être honteusement chassés de cette dite paroisse […]. L’acte ci-dessus transcrit a été publié au prône de la grande messe parrochiale de Ris à ce qu’aucun n’en prétende cause d’ignorance, le dimanche 22e jour d’août 1627. « Le jour et fête Saint-Barthélémy 24e  jour dudit mois, j’ai réitéré ladit publication au prône de la grande messe parrochialle dudit Ris suivant l’exprès commandement de Monseigneur. « Le dimanche 29e jour d’août et 5e septembre audit an au prône a été publié et fait à savoir que par autorité de justice l’on fait vente et aliénation des maisons et héritages appartenant à Françoise Moynart, fille mineure de feu Jean Moynart, sis en cette paroisse de Ris » (AD 91 en ligne, BMS Ris-Orangis, vues 61-66).

1628 Encore du froid et de l’humidité : vendanges tardives ~ En Île-de-France : « Cette année ayant esté pluvieuse et froide, plusieurs grains furent germez, la vendange petite et tardive, et les vins fort verts […]. On vendangea à Athis et Villeneuve la veille de la Toussaints. En Brie, elles se firent à la Saint-Martin » (Jean de Thoulouse, I, 423). ~ En Anjou : gelée nocturne à Saint-Pierre-du-Lac, le 9 mai (E sup. 49). ~ En Franche-Comté : à la mi-juillet, à Besançon, « pluies préjudiciables ». « Il y eut peu de vin, à cause des pluies qu’i lavoit fait pendant l’été, qui continuèrent jusqu’en septembre. On commença à vendanger le 26  octobre » (État de ce qui s’est passé à Besançon depuis 1612, d’après Delsalle, 2002, 307). ~ En Bugey : les fléaux du ciel à Montagnieu (Ain) : « à Montaignieu, le 17e  julliet 1628, heure de vespre, est tombé grosse tempeste qui oyt gaté les fruits de la terre ; et le 1er aust 1628 est tombé grosse grelle et tempeste. Au mois de décembre, an susdit, la gelle a gasté les raisons dans les vigne » (AD 01, BMS, 1603-1610, page de couverture). ~ Vendanges tardives (Le Roy Ladurie, 1966, + 11,5/moy. 1599-1791). 428

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Crue de la Loire ~ 25-26  novembre. Le samedi  25, mauvais temps et inondations d’eau […]. Le dimanche arriva une grande inondation des rivières, pluies, neiges, tonnerres, éclairs, qui semblait chose étrange (AD 43, Le Brignon, E dépôt 237/1). ~ 30  novembre  : « In festo Sancti Andreae, ita intumuerunt aquae nostri fluvi Ligeris, ut fere in nostra ecclesia, circa majus altare, hoc superaverunt pede, ad basum » (La Chaussée Saint-Victor, E sup. 41). ~ 2  décembre  : la rivière rompit à La Chapelle-Blanche et le dimanche  3 « tout le bas païs fut couvert d’eau » (E sup. 49). Violente poussée de peste n Peste signalée autour d’Agen, Aix, Albi, Amiens, Angers, Annonay, Apt, Aurillac, Autun, Avallon, Beaune, Beaucaire, Blois, Bourg-en-Bresse, Bourges, Cahors, Carcassonne, Carpentras, Châlons-sur-Marne, Chalon-sur-Saône, Chartres, Cosne, Dijon, Dole, Domfront, Évreux, Figeac, Grenoble, Langres, La  Rochelle, Lavaur, Lectoure, Limoges, Lyon, Mâcon, Marseille, Melun, Moissac, Montauban, Montbrison, Narbonne, Nevers, Nîmes, Orléans, Paris, Périgueux, Perpignan, Poitiers, Pontarlier, Reims, Rennes, Roanne, Rouen, Saint-Amand, Saint-Brieuc, Saint-Étienne, Saint-Flour, Saint-Lô, Sancerre, Sisteron, Tarascon, Thiers, Toulouse, Valenciennes, Vienne et Villefranche-de-Rouergue (Biraben, 1975, 386). ~ En Anjou : à Candé à partir d’octobre, à Martigné-Briant, dès août, à Chavagnes, à Gonnord et à Tigné pendant l’été (Lebrun, 315). ~ En Drouais : contagion à Sorel-Moussel, d’août à octobre (E sup. 28, IV). ~ En Normandie : peste à Vire et dans les paroisses d’alentour (Viessoix, LalandeVaumont, Clinchamps, Saint-Sever, Beaumesnil, Campagnolles, Landelles (Foisil, 1970). ~ En Mâconnais et Charolais (Roupnel, 1955). ~ En Nivernais : 625 morts pour la paroisse de Varzy (BMS). ~ En Berry, à Bourges et dans les paroisses rurales voisines où se réfugient les citadins : « en l’année 1628, au mois d’août, la ville a été grandement affligée de la peste qui aurait causé la fuite et le retraite de la plus grande quantité des habitants dont sont demeurés fort peu de notables. L’on fait nombre de 4 000 personnes mortes et plus » (Le Large, 7). ~ En Lyonnais  : à Chambost-Longessaigre  : « Nous avons été affligé de peste, famine et guerre. La peste grande à Lyon, 1628 » (E sup. 69). ~ En Forez : contagion à Cervières de septembre à novembre (E sup. 42). ~ En Lyonnais : peste à Coise d’octobre à novembre (E sup. 69, Saint-Symphoriensur-Loire). ~ En Toulousain : peste de Toulouse à Moissac puis à Agen de mai à novembre (Bercé, 1974, 25). ~ En Rouergue  : à Villecomtal, village de 600 habitants, 280 succombent de la peste (Sylvie Mouisset, Ann. Midi, 1993, 329-348). ~ En Gascogne et en Quercy  : maximum de la peste de septembre à novembre (Bercé, 1974, 26). 429

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~ En Agenais  : le mercredi 11  octobre, « fut tout a faict recogneue la maladie de peste estre dans le lieu de Moirax, lequel presque tous les habitans quittèrent pour se retirer aux champs ». 60 morts du 12 au 28 octobre contre 23 par an en moyenne (E sup. 47, I, Moirax). La peste empêche de battre monnaie En mai  1628, en Normandie, l’hôtel de la monnaie de Saint-Lô doit fermer ses portes dix mois en raison de la contagion qui frappe ville et campagne. « À raison de maladye de peste, qui commença dès lors en la ville, forsbourgs dudit Saint-Lô, paroisses et villages voisins, à cause de laquelle maladye lad. ville a esté tellement inhabitée que toutes les juridictions, marchés et fréquentations d’icelle ont cessé […] de dix mois pendant lesquels il a été de tout impossible […] de faire travailler » (AN, Z1b, 403, d’après Jambu, 58). Les parpaillots sur la brèche Dimanche 16  mai, en Vivarais, le domaine du Pradel (Ardèche) est détruit par l’armée catholique du duc de Ventadour, sous les yeux de Daniel de Serres, fils d’Olivier. ” « Le tresième jour du mois de septembre 1628, Jean Boudet, consul de Canalz, Anthoine Ornières, filz de Ponz, et Jean Mignié Jeane, habitant de Grisolles, tous trois furent meurtris avec neuf vingtz [180] des villages circonvoisins poursuivant les Parpaliotz jusques à la plaine dessus La Peyrrière et le lendamin lesdits Boudet, Ornières et Mayniet furent enterrés au saint cimetière de la paroisse de Canalz » (AD 82, BMS Canals 1597-1668, vue 32). ” 27  octobre  : reddition de La  Rochelle. « Le xxviie octobre  1628, la ville de La Rochelle se rendit à l’obéissance du roi Louis XIII après avoir tenu le roi présent un an au siège ; ont été en telle extrémité qu’ils ont mangé chiens, chevaux, cuirs et presque se manger les uns les autres, et sont morts de faim plus de 2 000 personnes » (E sup. 87, II, Aslonnes). Les malheurs du temps vus par un propriétaire rural du Rouergue « La susdicte contagion vingt en Rouergue par ceux qui trafiquent à Figeac an Carsy, feust aussi furieusement a Caours aussy et l’iver devant avet este à SaintFlour. Nous husmes ceste presente année cherté de bledz par la guerre que Louis Quatriesme Roy de France (sic) avet contre ceux de la religion pretendue quy feurent acister de l’Anglois. Le roy aciga la Rouchelle, chef de ceulx de la religion » (AD 12, E sup. 1612, livre de raison de Le Salle (1612-1650), d’après Catalogue Les Livres de raison, 1954). En Vivarais : des villageois à l’assaut des châteaux ” À la fin de l’année 1628, des villageois détruisent les châteaux de leur seigneur : un épisode du conflit entre protestants et catholiques ? En 1628, les habitants du comté de Charlat et de la baronnie de Chomérac (Ardèche), détruisent les deux châteaux d’Henri de Lévis, duc de Ventadour « non par un acte d’hostilité publique mais par l’effet d’une animosité particulière ». Il est vrai que pour Chomérac, le 430

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village avait été assiégé six fois depuis 1621 jusqu’à sa reprise en mains par les catholiques. « C’est la malice des habitants qui en a été la seule cause. Ils ont été les seuls auteurs de la démolition de ses châteaux : ce sont eux qui l’ont poursuivie, et ce sont eux-mêmes qui l’ont faite, ainsi qu’il est justifié par l’enquête. […] Les châteaux qu’avait monsieur le duc de Ventadour lui donnaient de l’autorité. C’était un objet peu agréable à ces habitants séditieux. Il y avait longtemps qu’ils avaient dessein de les ruiner. Les marques de seigneurie les importunaient autant que celles de souveraineté. La paix les avait détournés de les abolir : ils attendaient un remuement afin que dans le trouble et dans l’orage, ils éxécutassent leur dessein avec plus de sûreté, et qu’ils envelopassent la rébellion contre leur seigneur dans celle que les autres rebelles commettaient contre leur prince. » Il ne s’agit pas d’une destruction par le feu mais d’une démolition pierre à pierre : « Il ne les ont pas voulu brûler de peur que la flamme ne consumât toutes les marques de leur insolence ; ils les ont voulu démolir afin que les ruines en fussent des témoins perpétuels et qu’ils pussent, non seulement réjouir leur mémoire du souvenir de cette destruction mais encore repaître leurs yeux des restes de leur fureur ». « Cette cause ne fut pas plaidée, la peur qu’eurent les habitants d’être condamnés les ayant portés à composer avec Monsieur le duc de Ventadour en janvier 1634 » (Plaidoyers et Harangues de Monsieur [Antoine] Lemaistre, éd. 1673, 321-330).

1629 Violente poussée de peste en France Peste signalée autour d’Agen, Aix, Angers, Angoulême, Annecy, Annonay, Arles, Arras, Auch, Aurillac, Avignon, Barbezieux, Bar-sur-Seine, Beaucaire, Besançon, Blois, Bordeaux, Bourg-en-Bresse, Briançon, Carcassonne Carpentras, Castellanne, Castelnaudary, Chalon-sur-Saône, Chambéry, Chartres, Châtellerault, Digne, Dijon, Dole, Domfront, Embrun, Forcalquier, Grenoble, La Réole, Lavaur, Lectoure, Le Puy, Lille, Limoges, Lons-le-Saunier, Lyon, Mâcon, Mauriac, Montauban, Montbéliard, Montbrison, Montpellier, Nantua, Narbonne, Nérac, Nevers, Nîmes, Nyons, Orange, Orléans, Paris, Périgueux, Perpignan, Pont-à-Mousson, Rennes, Rive-de-Gier, Saint-Brieuc, Saint-Chamond, Saint-Étienne, Saint-Flour, Semuren-Auxois, Sisteron, Thiers, Toulon, Toulouse, Valence, Vienne, Villefranche-deRouergue, Villefranche-sur-Saône et Vire (Biraben, 386-387). n En Beaujolais  : « mal contagieux » le 6  février à Charnay (E sup. 69). 8  mai  : « La contagion commença en ceste paroisse de Chyroubles […] par l’infortunée vente d’un veau que Claude Rollet, habitant de lad. paroisse, vendit à un boucher de Villefranche, qui estoit infecté du mal contagieux. Ladite vente feu le 3e  dud. moys, jour de Saincte Croix, et le lendemain, Jehanne Dupont, femme de Benoît Rollet, personnier dud. Claude, fut surprise dudit mal contagieux et morut le 8 dudit mois et fut ensépultérée aud. cymetière sans solemnité. Mestral prestre » (E sup. 69, Chiroubles). 11  juillet-26  décembre, maladie contagieuse à Beaujeu, 1  200  morts  : « Il faut noter que depis le 11  juillet 1629 jusqu’au jour SaintÉtienne, le lendemain de Noël, il ne s’est baptisé aucun enfant dans l’église de n

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Beaujeu à cause de la maladie contagieuse, et les femmes enceintes presque toutes à leurs accouchements sont mortes et leurs fruits […]. Et faut noter qu’il est mort et enterré dans le cimetière dudit lieu et ailleurs mille ou douze cent personnes. Ceux qui avaient l’âge de discrétion ne sont point morts sans confession grâce à Dieu » (AD 69 en ligne, état civil, S Beaujeu 1628-1638, vue 6). n En Lyonnais : peste à Coise en juin (E sup. 69). n En Bourgogne : peste en Auxois et dans le Dijonnais (Roupnel, 1955). n En Saintonge  : peste autour Cognac en février, de Barbézieux en juin (Bercé, 1974, 26). n En Agenais  : le 18  mai, la peste se répand dans le pays. Murement de deux portes à Calignac (E sup. 47, II, Calignac). n En Bretagne : peste à Guégon (E sup. 56, et Croix, 1981). n En Lorraine : peste à Vézelise, du 15 juillet 1629 au 22 octobre 1630, Favières et Saulxerotte (Cabourdin, 101). n En Drouais  : le 29  juillet, maladie pestilentieuse à Barjouville (Eure-et-Loir). Mort de deux servantes à Chartres où elles ont pris la maladie vers la Saint-Michel 1628. Maladie qui dura jusqu’au jour de l’an et cessa tout à fait. Mais elle reprit à la Pentecôte 1629 « qui a fort estonné les Chartrains, qui ont mesme abandonné leur ville, et les plus hault montés ont passé par la vaste contrée ». En septembre, contagion à Boncourt (E sup. 28, IV). n En Beauce  : à Thivars (Eure-et-Loir), le 29  septembre, on enterre un mort de contagion dans un jardin. En octobre, des corbeaux interviennent à Saint-Prest et en décembre, la contagion est à Courville (E sup. 28, III). n Dans le Perche : contagion aux Étilleux, canton d’Authon. Le 16 août, inhumation de Jean Montégu avec un de ses enfants dans un jardin (E sup. 28). n En Limousin : la peste arrive en septembre. « Une fiévre pestilentielle a ravagé tout le Limousin […]. L’an 1630 et 1631 ont été pires » (Vacherie, 49). Avoir la peste à ses trousses : la fuite des notables n Antoine Jacmon, tanneur au Puy, se réfugie avec femme et enfants d’un village à l’autre du Velay, au fur et à mesure de la progression de la contagion, de juillet à septembre : « Nota que j’estoix réffugié de ladicte malladye contagieuse avec ma famme et Marie et Marguerite Jacmon, mes enfans, dans la maison de feu mestre Nicolas Aleilh, notaire royal pour lors à Saint-Julien-Chapteuil [Haute-Loire], là où ma famme, qui estet ensaincte, luy enfanta un filz dans ladicte maison, et y fust batizé dedans comme est plus à plain escript dans le présent livre au nonbre des batistères de mes enfans. « Donc ladicte malladye contagieuse se mist audict lieu de Saint-Julien, et je me remua au lieu de Cordes [hameau de la paroisse], maison de mon oncle Vidal, et dellà à Neysac [autre hameau], et dellà à une cabotte que Pierre Barriol fist à un sien pré qu’est auprès du boix de Mégal, et dellà au lieu d’Auteyrac, en la parroisse de Saint-Julien, et dellà au Puy, la vieulhe de Nohé [la veille de Noël], et ce fust à cause de ladicte malladye qui toujours nous talonnoit de près, mais par la grâce de Dieu et de la Vierge Marye, nous fûmes guarantis d’icelle sans avoir aulcun mal » (Jacmon, 32). 432

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Dans un village du Montalbanais : la peste au ras du sol n Du 19  mai au 18  août 1629, 61 villageois de Canals (Tarn-et-Garonne) succombent du « mal commun ». Dans cette paroisse de 450 habitants environ (20 à 23 baptêmes entre 1625 et 1628), 15 % de la population disparaît en trois mois. La précision de la plume du vicaire souligne le caractère foudroyant de la peste, depuis l’apparition du premier bubon jusqu’à l’inhumation aux quatre coins du terroir, jonché de sépultures. « Le dix-neuvième jour du mois de may 1629, Jean Despousdessus décéda, qu’on soubstenoit estre touché de la peste, et feust visité par Audemon Surgent, de Griselles, qui recogneut quelques signes n’estre bons et qu’on le gardât pour quelques jours. Ledit Despousdessus feust enseveli au saint cimetière de Canalz le 20e  du susdit mois et an. « Est arrivé le premier jour du mois de juin 1629 que Durand Despousdessus feust recogneu malade de la contagion et le jour second dudit mois et an, sur le soir, feust enterré dans leur claux qui confronte avec Arnaud Demons d’ung costé et le chemin alant de Fronton à Verdun [sur-Garonne], prez les pruniers de Saint-Anthoine, vers le soleil levant, et ordonné par les conseulz Pierre Demons et Guilhem Valez, et de moy signé, vicaire de Canalz. Signé avec paraphe : P. Bonafos, prêtre. « Advenu les an et jour susdit que Anthoinette Castelle, mère du susdit, feust recognue malade de la contagion qu’elle disoit l’avoir au bras droit. Ladite Castelle fust conduite à une cabane près le ruisseau tenanc à une bouzigue de Proh, le troiziesme de juin 1629 et, le lendemein, feust enterrée près le ruisseau, au bout de la piesse, vers le soleil levant. Plaise à Dieu luy donner repos. « Le douziesme jour du mois de juin 1629, Jeanne Derien, fille d’Anthoine et de Margueyrie Baissade, âgée de cinq ans, feust recognue malade à ce qu’on disait d’esquinances et vesquit jusques au quinziesme jour du susdit mois et an. Ladite Derien feust enterrée au saint cimetière de la paroisse de Canalz. « Le quatorziesme jour du mois de juin 1629, Guilhem Valez, consul de Canalz, sur le soir se recogneust malade et vesquit jusques aux dix septiesme jours du mois et an susdit a midi. Sa femme assura qu’il avoit grandement vomy le jour précédant et quelle luy recogneust au desoubz le ventre près la cuisse, une tumeur rouge un peu longue. Le susdit Valez feust enterré au coing du plantier du sieur de Verger, vers le soleil levant, près la maison du défunt. Requiescat in pace. « Le quinziesme jour du mois de juin 1629, Guilalme Pêche, fille de Jean Pêche et de Jeanne Panassière, feust recognue malade et vesquist jusque au dix-huictième jour du moi et an susdit, sur le matin, luy ayant recogneu un carboncle sur le muscle gauche, et feust enterré dans le jardin près la maison vers le soleil levant, âgée de trois ans. « Le dix-huictième jour du mois de juin  1629, Peyronne Demons, âgée de 70 ou tant d’ans à ce que le commun disoit, trespassa sur les cinq heures du soir le quatrième jour du susdit mois et an, feust recognue malade, et a estéenerrée au saint cimetière de Canalz, à part du costé du ruisseau Saint-Jean, à laquelle ne se recogneust aucun mal, en présence de Pierre Demons, conseul et autres jurats et de moy, signé P. Bonafos. 433

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« Le dix-neufiève jour du mois de juin 1629 Bérenguière Vinçonne, vefve ditte Magnière, âgée de 65 ans au dire du commun, feust recognue malade de contagion, laquelle vesquit jusques au vingt-deux, la nuit, jour du susdit mois et an, et feust enterrée ledit jour et an près sa maison, vers le soleil couchant, en présence de Pierre Demons, conseulz de canalz et autres jurats. « Le vingt-troisième jour du mois de juin 1629, Arnauld Neutré [feust] recogneu malade de contagion, âgé de huict ans, et vesquit au lendemain et feust enterré près le métérie de Crabilanges, vers le soleil levant près la terre du sieur Laborel. Dieu veuille appeser son ire ! « Le mesme jour et an que dessus, Marguerite Combes, femme d’Anthoine Neutré, feust recognue malade de la contagion et vesquit jusques au vingt-et-cinq jour du susdit mois et an, et on l’enterra devant la grand méterie de Crabilanges, vers le solei levant, après une rage qu’elle endura son mal qui l’avoit au joincture des cuisses. Requiescat. « Le mesme jour du mois et an susdit, une fille de Jean Peh et de Jeanne Panassière, de l’âge de sept ou huit ans, feust recognues malade du mal commun, laquelle feust enterrée dans le chemin des caves le vingt et septiesme jour de juin 1629. Requiescat in pace. « Le vingt-et-cinquième jour du mois de juin 1629, environ un [sic] heure de matin, Jeanne Croyade se dit malade du mal commun, disant l’avoir à la joincture de la cuisse droicte. Dieu, par sa grande miséricorde, luy veuille assister, et moy soubssigné estant domicilié de la maison de Cruzel. Je quitta ladite maison le 27e  jour du mois et an susdit sur le soir, me retrouva à une cabane dans la vigne de Cruzel, au vigne de Cabes. Plaise à Dieu assister le lieu Canalz et tous. Amen, amen. Signé avec paraphe : P. Bonafos, prêtre et vicaire dudit lieu. » Suit une liste de 51 inhumations de pestiférés dans leurs terres, les vignes, les jardins, les fossés, les plantiers, les enclos, « sous l’enclos de la fontaine », près de certaines métairies (Périgal, Fontpetit)  : 1 le 26  juin ; 2 le 28 ; 5 le 30 ; 1 le 1er juillet ; 3 le 2 juillet ; 4 le 3 juillet ; 3 le 4 juillet ; 1 le 5 juillet ; 2 le 6 juillet ; 2 le 10 juillet ; 1 le 11 ; 1 le 13 ; 1 le 15 ; 2 le 16 ; 1 le 17 ; 1 le 18 ; 2 le 20 ; 3 le 21 ; 2 le 24 juillet ; 3 le 25 juillet ; 1 le 26 ; 2 le 28 ; 1 le 30 ; 1 le 2 août ; 2 le 5 août ; 1 le 7 ; 1 le 10 ; 1 le 18 (AD 82 en ligne, BMS Canals 1597-1668, vues 33-37). Derniers cas de lèpre ? En Lorraine  : le 16  février, à Bainville-aux-Miroirs, mort « en sa logette » de Claude de Velle, femme de Nicolas Hanry, lépreuse, « séparée de la conversation des hommes sains » depuis le 28  janvier. L’un des derniers cas de lèpre ? (Cabourdin, 99). La portion congrue à 300 livres ✷ 15  janvier  : le Code Michau fixe à 300  livres la portion congrue des curés (art. 13).

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La Paix d’Alès et la destruction des châteaux ✷ Janvier : ordonnance sur la destruction des châteaux. Cependant, le démantèlement n’est pas systématique, et des raisons financières empêchent le pouvoir royal de mener à terme sa volonté de destruction des « châteaux-forteresses ». ✷ 28  juin  : édit de grâce d’Alès qui met fin aux guerres contres les protestants en Languedoc et en Vivarais. Il supprime le privilège des assemblées politiques et des places de sûreté protestantes : 38 fortifications sont à démanteler. L’endettement des communautés En 1629, pour la première fois, des communautés des Pyrénées centrales empruntent pour régler les dépenses de guerre. En Larboust, Cazeaux, mais aussi Saint-Aventin, Bernet, Billière et Cathervielle empruntent les sommes nécessaires pour payer « leur cote part de leur cottise pour l’entretènement du régiment de Normandie » (AD 31, 3 E 24199, d’après Brunet, 2001, 375).

1630 « Grand dommage aux fruits de la terre » ~ En Beauce : le jeudi 21 février, neiges et gel des vignes à Barjouville (Eure-etLoir) : « Il neigea de telle façon que les neiges estoient d’un pied d’espois ; mesme il gela de telle façon que les vignes ont esté toutes perdues, et ladite gelée ne dura que deux jours » (E sup. 28, III). ~ En Velay : « Ce 19e et 20e may audict an 1630, […] il se leva un sy grand froid et fist abondance de naige audit quartier et autres lieux, et y en demeura trois jours durans de ladicte naige, et le froid y continua sept ou huict jours, que causa un grand dommage aux fruictz de la terre » (Jacmon, 34). ~ En Anjou, la récolte est catastrophique : « il n’a été cueilli que les semences en plusieurs endroits, et un peu plus ès autres lieux » (Louvet, 1856/2, 194). ~ En Poitou, le samedi 21 décembre, fête de Saint-Thomas : « grande et excessive froidure que homme du monde avoit vu ni senti de ce temps ». Plusieurs morts de froid (E sup. 86, II, Nouaillé). Famine « générale » et « peste presque partout » « L’an mil six cent trente, la famine a esté générale en France, et la peste presque partout ; les tailles trop fréquentes ont miné le peuple, et la guerre d’Italie entre le roi Louis XIII, l’empereur, l’Espagnol et le Savoyard ont épuisé toute la monnaie de France. Aujourd’hui, 12 novembre, le blé se vend 6 livres et 10 sols à Limoges, ou la contagion commence à ravager, après avoir ruiné Toulouse, Lyon, Bordeaux, Cahors, Rouen et presque toute la France. Et après l’an 1631, tout le plat pays du Limousin a esté presque perdu » (Vacherie, 50). En Bordelais : « Dans l’année 1630, la disette et famine a esté si grande dans toute la province que les pauvres, non seulement de la paroisse mais aussi les estrangers et passants, sont morts en grand nombre et ont esté ensevelis, ceux qui 435

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sont morts, dans ladite paroisse ». À Baurech, on dénombre 110 morts de mai 1630 à juillet 1631 (E sup. 33, I, 182, Baurech, cant. Créon). Violente poussée de peste en France n Peste signalée autour d’Agen, Aix, Albi, Amiens, Angers, Angoulême, Annecy, Annonay, Arles, Auch, Aurillac, Avignon, Barbezieux, Barcelonnette, Bar-leDuc, Bar-sur-Seine, Bazas, Beaucaire, Bergerac, Béziers, Blois, Bordeaux, Bourgen-Bresse, Briançon, Carpentras, Castellanne, Castelnaudary, Châlons-sur-Marne, Chalon-sur-Saône, Chambéry, Château-Salins, Châtellerault, Dieppe, Digne, Dole, Embrun, Épinal, Forcalquier, Gap, Gourdon, Grenoble, Guingamp, La Réole, Lavaur, Le Vigan, Limoges, Lunéville, Lure, Lyon, Mâcon, Marseille, Metz, Moissac, Montauban, Montbrison, Montpellier, Moulins, Nancy, Nice, Pamiers, Paris, Périgueux, Perpignan, Poitiers, Quimper, Rodez, Saint-Dié, Saint-Étienne, Saint-Jean-de-Maurienne, Sisteron, Thiers, Toul, Toulouse, Valence, Verdun et Villefranche-de-Rouergue (Biraben, 387). À travers villes et campagnes…

~ En Armagnac et pays d’Albret  : le 12  janvier, la contagion augmente autour

de Nérac et à Condom. À Castelnau-sur-Gupie, la peste fait 46 morts (E sup. 47, Castelnau-sur-Gupie et Sos). ~ En Velay  : les 19 et 20  mai, reprise de la peste au Puy. Le tanneur Antoine Jacmon se réfugie au village de Freyssenet-le-Buisson, commune de Borne (HauteLoire). « Ce 19e  et 20e  mai audit an 1630, j’estois reffugié de la ville du Puy de la malladye contagieuse de la rechuste, au village de Freyssenet-le-Buisson avec ma familhe, maison et grange de mestre Jacques Musnier » (Jacmon, 34). ~ En Cotentin  : reprise de la peste autour de Saint-Lô, Thorigny, Carentan) et dans la région de Mortain (Caillard, 1966). ~ En Beaujolais : peste à Joux (E sup. 69). ~ En Lorraine : progressant à partir de l’Est (Moyenvic touché dès 1627), la peste est à Nancy le 31 mars, à Toul début mai, à Gondreville le 4 octobre (Cabourdin, 103). De septembre à décembre, elle frappe Saulxures-lès-Nancy (E sup. 54). ~ En Île-de-France  : du 29  mars au 27  avril, la « maladie contagieuse » frappe Savigny-sur-Orge (Essonne). En septembre-octobre la peste est à Marville-MoutiersBrûlé (E sup. 28, IV). Contre le tabac en Alsace Protestation contre l’introduction de la culture du tabac en Alsace. À Bischwiller, le 18 mai, on s’insurge contre la « Pfaunzung unndt Bau des Tabackhs » (AD 67, E 27, d’après Uchida, 34). Une révolte de vignerons : les Lanturlus Les vignerons de Dijon protestent contre l’introduction des aides par les élus en Bourgogne. Les 27 et 28 février, une troupe de vignerons et d’artisans, conduite par Anatoire Changenet, pille les hôtels de certains officiers royaux, en chantant le refrain « Lenturlu ». « En l’année 1630, le dernier jour du mois de febvrier, fut 436

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fait dedant la ville de Dijon une révolte par les vignerons en six ou sept maison qui estée accusée adverty le Roy de rendre la Bourgogne un païs d’élection ; et en plusieur desdites maison il y portire grand dommage, savoir des meubles qu’il brulloin » (famille Robert, 116). Des paysans envahissent Aix-en-Provence : les Cascaveù Le dimanche  3 et le lundi 4  novembre, des bandes de paysans du bassin d’Aix rejoignent les rangs des Cascaveù qui s’insurgent contre l’introduction des « élus », derrière Paul de Joannis, seigneur de Châteauneuf. Partis après la messe, des centaines de paysans pénètrent dans la ville en fin d’après-midi. Deux maisons sont mises à sac. Dans cette foule, qui inquiète la bourgeoisie et les parlementaires, les femmes ne sont pas les dernières à crier « Vive le roi ! fuore élus et traîtres au pays ». Après ce coup de force, la foule des paysans quitte la ville pour aller piller, en compagnie de la plèbe urbaine, les bois du premier consul sortant, Forbin La Barben. La menace fiscale et la lutte pour le bois de chauffage ont cimenté cette émeute singulière (Pillorget, 330-336). « On ne parlait alors que de sortilèges et de sorciers » De 1629 à 1638, le Pays de Bray connaît une vague de sorcellerie en En juin 1630, on exécute à Londinières [Seine-Maritime] un berger pour crime de sortilèges « et convaincu d’avoir ensorcelé et fait mourir plusieurs personnes et bestiaux par sort », condamné à être pendu et étranglé, et ensuite son corps brûlé. Le 21 septembre, nouvelle exécution à Londinières « du nommé Grongnet, berger demeurant à Parfondeval [hameau de Smermesnil, Seine-Maritime], accusé de sortilèges et convaincu ». « On ne parlait alors que de sortilèges et de sorciers, même en ces quartiers » (Miton, 177-180). Depuis 1628, la Franche-Comté subit aussi une vague de sorcellerie, notamment dans la région de Luxeuil). Sur 42 condamnations à mort, 28 viennent à Dole en appel dont 14 aboutissent à un simple renvoi et 6 à des bannissements temporaires (Mandrou, 395). Au lendemain des guerres civiles : les loups du Gévaudan À Saint-Julien-du-Tournel (Lozère), paroisse rurale à l’est de Mende, 25 à vingt-six personnes sont égorgées par les loups de 1630 à 1637. ~ Le premier acte qui inaugure cette série macabre est du 3  octobre 1630  : « Enseveli Étienne Durand, fils d’Antoine Durand, dit Mouret, tué par le loup par dessous le village d’Oltet, gardant certain bétail gros, âgé de 14 ans ou environ » (AD 34, C 44, copie du curé Peytavin, 23  mai 1765). D’après l’abbé Peytavin, qui rapporte ces faits en 1763, ces ravages seraient liés à la fin des guerres entre catholiques et protestants (1629) qui firent de nombreux morts dont les cadavres non ensevelis furent dévorés par les loups. Quand les loups n’eurent plus de morts pour se repaître, ils s’attaquèrent aux vivants. ~ Dans le Sud-Est, autour d’Embrun, la situation est comparable  : « Les loups, ministres de la colère de Dieu, lesquels ces années ne courraient aux chairs humaines que de l’Embrunais sans en dommager les voisins ni l’étranger qui y fréquentait, ni même sortir de cette principauté, commencèrent enfin de venir faire 437

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leurs courses et ravages dans nos terres » (Essais de l’avocat Antoine Froment, de Briançon, 1635).

1631 ~ 16  septembre  : tremblement de terre dans le Massif central (Quenet, 597).

« D’un grand tramblement de terre arrivé le mardy matin, à une heure après minuict du lundy, que c’étet le seiziesme jour du mois de septembre audict an 1631. Arrivé-là, comme dict est, la nuict, et dura demy-cart de heure que toute la terre tranbla, les arbres, murailhes et maisons, que esvelha les andormis et balha une telle espovante au peuple que l’on tranblet de grand peur. Cella arriva en Auvergne, Vivarais, Forez, Gévaudan et Velay et autres provinces » (Jacmon, 49). Été en Anjou exceptionnellement chaud et sec (Lebrun, 133). Cherté du blé et famine « extrême »

✷ En Anjou, au Plessis-Grammoire (Maine-et-Loire) : « 1631, année de stérilité.

Le premier jour d’avril, le fourment valoit lxx sols le boisseau, le seigle lxiiii sols, et le boisseau d’orge et febves, xlv sols » (E sup. 49, II, Le Plessis-Grammoire). ✷ En Blésois, à Saint-Dyé-sur-Loire (Loir-et-Cher) : « L’année précédente 1630, et l’année présente 1631 ont été si misérables et calamiteuses que l’on n’y peut rien ajouter car il y a eu une si grande cherté et disette que le setier de blé, mesure de Beaugency, y a valu 18, 20, 24 et jusqu’à 30 livres ; ensuite il y a eu une telle peste qui a régné plus d’un an, de sorte qu’il est décédé, tant à cause de la disette et cherté que de la peste presque la moitié du peuple ; outre ce, on a tant levé de tailles et autres subsides que les prisons ont été pleines pour ce sujet, le pauvre peuple ne pouvant payer. Les gens de guerre ont été si cruels qu’ils ont battu, pillé et emporté ce qui était resté de la peste avec un si grand nombre d’officiers qui n’ont servi qu’à piller, dérober sans donner aucun ordre quelconque » (E sup. 41). ✷ En Beauce, à Barjouville (Eure-et-Loir)  : « En l’année 1631, le blaid a esté tellement cher que le setier valloit 12 et 14 livres, tellement que le pauvre peuple estoit fort estonné, que plusieurs s’adonnoient au larcin et alloient au marché de force prendre ce qu’ils pouvoient » (E sup. 28, III). ✷ En Limousin : « Au mois de mars, le bled a vallu à Limoges huict livres et demy le sestier, et la famine a été extrême par toute la France. On dict qu’à Bourdeaux, c’est mangé de la chair humaine ; l’émine de châtaignes, 25 sols ; le blé noir 9 1. et 10 s. ; le froment 12 livres le setier à Limoges […]. Cette année, la peste a ravagé Limoges, où il est mort dans quatre mois vingt mille personnes  : Tulle, Brive, Donzenac et presque tout le Limousin a esté infecté excepté Esmoutiers, où nous sommes réfugiés, et Uzerche, qui n’ont encore de mal. Dieu veuille, par la saincte miséricorde, rendre l’autre année plus heureuse » (Vacherie, 55). ✷ En Gascogne : autour de Condom « L’an 1631 y eust grande famine en ce pais et la cartal du bled se vandist puis l’esté de l’année 1630 jusque à l’esté 1631, dix, doutze et quatorze livres la cartal, lezure de la present ville et les aultres grains à proportion, mesme le milhet à dix livres » (Dudrot de Cabdebosc, 27). 438

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✷ En Lectourois, à Saint-Mézard (Gers), le curé note « mort de faim » en face des inhumés comme à Casseneuil de novembre 1630 à juillet 1631 (BMS). ✷ En Pays d’Albret, en février : la disette est grande autour de Nérac (E sup. 47, II, Montagnac). Gel des châtaignes en Limousin 31 octobre-1er novembre 1631. « L’avant-veille et veille de tous les Sainctz, 1631, a tellement gelé que les châtaignes qui estoit encore toutes presque dehors se sont gelées, qui a fait enchérir le blé tout aussitôt de dix sols ; et la glace fut telle que les chevaux passoit dessus sans rompre » (Vacherie, 55). De la Picardie au comté de Nice : peste générale Peste signalée autour d’Agen, Aix, Albi, Amiens, Angers, Annonay, Apt, Aurillac, Barcelonnette, Beaucaire, Bergerac, Béziers, Blois, Bordeaux, Bourges, Brive, Château-Gontier, Château-Salins, Châtellerault, Clermont-Ferrand, Digne, Dijon, Dinan, Étampes, Forcalquier, Gap, Grenoble, Guingamp, La  Rochelle, Lectoure, Limoges, Lunéville, Lure, Lyon, Mâcon, Metz, Millau, Montbéliard, Montbrison, Morlaix, Nancy, Nantes, Narbonne, Nice, Paris, Périgueux, Perpignan, Poitiers, Prades, Rennes, Riom, Saint-Étienne, Saint-Yrieix, Sarlat, Sedan, Toulouse, Trévoux, Troyes et Tulle (Biraben, 387). n En Lorraine, la contagion sévit dans presque toute la province, de mars à décembre. « Les maladies furent fort fâcheuses ces deux années 1631 et 32, dont moururent plusieurs personnes, particulièrement la peste qui infesta presque toute la Lorraine » (Bigot, 19). Elle infecte ainsi Autreville (entre Pont-à-Mousson et Nancy), en avril, Laxou et Villers (autour de Château-Salins), Malzéville, en mai, Saint-Nicolas et Lunéville le 10 juin et Vézelise le 19 juin. Pont-à-Mousson et Gondreville sont frappés jusqu’en août, puis Villey-Saint-Étienne et Pagney (1er  novembre). De la Lorraine centrale l’épidémie se propage dans le Barrois et le Verdunois et ne cesse qu’à la fin de l’année (Cabourdin, 103). Dans les villages lorrains, les curés dressent des listes de pestiférés à Frosloy, Labry, Gondreville et Vézelise (Meurthe-et-Moselle). Pour Gondreville, 96  morts du 2  avril au 8  août, presque tous de peste, souvent dans leurs loges (BMS en ligne, vues 104-105). n En Anjou, dès le 18 janvier la pestilentia est signalée à Corné. De septembre à octobre, la contagion désole à Savennières. Le 22 octobre, elle arrive à FontaineGuérin où elle sévit jusqu’en février 1632 : « Il n’en étoit point mort de contagion en ceste paroisse auparavant » (E sup. 49). n En Beauce, à Toury, + 233 % de décès par rapport à la moyenne 1630-1639 (Constant, 9). n En Île-de-France, le fléau sévit de juillet à octobre, notamment à Soisy-sur-Seine, où interviennent des corbeaux de l’hôpital Saint-Louis de Paris, à partir du 7 juillet, Linas à compter du 1er septembre, Arpajon en septembre-octobre, Draveil du 19 septembre au 9 octobre, Viry-Châtillon à partir du 1er octobre (BMS). n Du Bourbonnais au Lyonnais : de mai à juillet, la peste sévit à Chezelles (Allier) puis, de juillet à septembre à Essertines-en-Donzy (Loire). Du 17  juin à la fin septembre, le « mal contagieux » frappe la petite ville de Feurs (Forez) « qui oblin

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gea tous messieurs les officiers et notables de ladite ville, voire tous les médecins, apoticaires, chirurgiens et ceux qui avaient de quoi vivre en la campagne de se retirer et abandonner le lieu » (E sup. 42). En octobre, le « mal contagieux » est à Chiroubles (Rhône) (E sup. 69). n En Agenais et en Guyenne, à Saint-Caprais-de-Lerm, sud est d’Agen, 1631, c’est « l’année de la peste » (40  morts du 8  avril au 30  mai). À Saint-Urcisse, sud-est d’Agen, la peste s’installe à partir du 28  mai (118  morts contre 3 à 5 en année ordinaire). La peste gagne Casseneuil, Monbahus, Loupinat et Rouffiac. « La sepmaine des festes de la Pentecoste 1631 [8  juin], en mourut une douzaine, au Betoulat, de la contagion, et furent ensevelis près de leurs maisons ». Le 30 août, la contagion arrivant, on ferme les portes de Sos. À Saint-Georges-de-Vesne, la peste fait 169  morts décimant de nombreuses familles. En septembre-octobre, la peste se déclare à Louspeyroux (E sup. 47). n En Limousin. « Le mal s’étend dans l’été de 1631, n’épargnant pas les villages où se sont réfugiés en masse les habitants des villes » (Pierre Robert, lieutenant général au siège royal du Dorat et lieutenant-général de la Basse-Marche, se retire dans son manoir de Villemartin. Alors que la peste désolait le pays, il conduit sa femme Louise Thomas dans son château de Saint-Sornin, le 16  août 1631. Elle y meurt le 19  décembre suivant. Un bourgeois de Limoges, Pierre Mesnagier, réfugié dans sa métairie, près de Saint-Sylvestre (Haute-Vienne) s’écrie  : « Dans certaines contrées, il ne s’est pas levé un seul grain de blé. Tel village il y a eu, où il n’est demeuré vivant ni hommes ni femmes ni petits enfants. Le bétail était abandonné. Le dégât fut grand, notemment du côté de Grandmont, aux villages appelés Clou, Puy Gassente, Peret, et autres. Que Dieu à l’avenir nous préserve de tels malheurs ! » (André Lecler, Dictionnaire historique et géographique de la Haute-Vienne, 1902-1909). n En Poitou : Amberre (Vienne) est touché d’août à octobre, « ita pestis invaluit ut mediam fere populi partem Myrabelli sustulerit ; ruri vero non ita crudeliter se gessit nisi in quibusdam domibus ». Le « mal contagieux » est aussi à Nouaillé (Vienne). Grande mortalité à Cissé (Vienne). « Le 8 septembre 1631, a esté dédié ung cymetière au lieu appelé la croix de Roussigny, pour ensépulturer ceux qui mouraient de contagion » (E sup. 86). n En Périgord, « contagion » à Saint-Barthélemy-de-Pluviers, et Sainte-Croix de Mareuil le 20 mai, à Creyssensac, du 22 mai au 15 novembre (E sup. 24). n Dans le comté de Nice, l’épidémie se déclare de mai à novembre, à la suite d’une longue sécheresse de neuf mois et d’une cruelle famine. Sept mois durant, de mai à novembre, elle infeste Nice et plusieurs villes et villages du comté, faisant plus de 10 000 victimes dans les Alpes-Maritimes, s’étendant également à la Provence et au Piémont. Châteauneuf, Aspremont, La Turbie, L’Escarène, Villefranche, Monaco, Sospel sont touchés. Contes est épargné. Châteauneuf voit disparaître 336 habitants, Aspremont 73. À Monaco, le mal se propageant en juillet avec une rapidité foudroyante, les habitants sont conduits sous escorte au bord de la mer pour des bains prolongés (Rossi, 2010).

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En Quercy : les cabanes des pestiférés n Dans la toute petite paroisse de Caminel (aujourd’hui com. Lebreil, Lot), la peste sévit du 14  juin au 9  juillet. Installés dans des cabanes sur les Puys ou dans les vignes et jardins, les quelques pestiférés sont enterrés par un maître parfumeur ou par leurs conjoints. « Le 14e jour du mois de juin 1631, Bernarde de Gilibert, femme de Jehan La Combe dit Conetan, du village de Bacou, mourut de la contagion à La Combe dudit Bacou, et feust illec ensépulturée par Henry Renou, maître parfumeur de Beaucaire et Guillaume Courech, valet dudit Renou, bastier de Lauzerte. « Jehan Daffort, de l’Artel, mourut le 23e de juin 1631 et par qu’on subsonnoit qu’il fust mort de la contagion, personne ne s’en voulut aprocher et sa femme l’ensépultura dans son jardin. « L’an 1631 et le 24e  juin, Jehan Bonnet, tisserand de La Coste, mourut de la contagion sur le Puy de Bacon, et feust illec ensépulturé par sa femme et Jehan La Combe, dit Coutat, dudit Bacon. « Le second du moys de juillet  1631, Marguerite de Castaigne, femme de Anthoine Mercadié, de La Coste, mourut de la contagion sur le Puy del Poustal et feust illec ensépulturée par Renou, maître parfumeur de Beaucaire. « Le neuvième jour du moys de juillet  1631, Jacques Castaigne, tailleur, du villaige de la Coste, mourut de la contagion à une vigne qu’il avoit au terroir de Poustal où il cestoit cabane et feust illec ensevelly par Joseph Castaigne, son fils » (AD 46 en ligne, BMS Caminel, S 1609-1654, vue 16). En Lorraine : la peste au ras du sol La précision avec laquelle le curé de Labry (Meurthe-et-Moselle), chanoine de Prémontré, tient ses registres mortuaires jette une vive lumière sur les réalités de la peste dans les campagnes lorraines. Identifié le 2 juillet 1631, le fléau frappe le village jusqu’au 18  mai 1632  : sur les 52  morts inscrits au registre, il en fait au moins 44. Dans cette paroisse où l’on n’enregistre pas 10 baptêmes par an et qui ne compte pas 200 âmes, un quart de la population disparaît. Mais l’hécatombe se manifeste au début, lors des deux mois d’été (14 en juillet, 15 en août), les mois suivant ne marquant qu’une rechute. La terrible maladie détruit des familles entières : 7 d’entre elles totalisent plus de la moitié des décès. Pour se prémunir des risques très forts de contagion, toute vie collective cesse, y compris pour les funérailles. Les moribonds sont relégués dans des « loges », cabanes provisoires édifiées dans les jardins. L’accès au cimetière paroissial est interdit.  On enterre les corps à la sauvette, comme des bêtes, en plein champ, notamment au « Pré le loup ». De peur d’être atteintes par la contagion, les familles saines refusent qu’on inhume les morts à côté de l’église, au milieu du village, dans la terre consacrée où reposent leurs ancêtres. Le 9  août, lorsqu’on brave l’interdit en y portant de nuit Frémine Roncourt, la colère fuse. Pour calmer les esprits, dès le lendemain de cette inhumation clandestine, le curé consacre de son propre chef, en plein champ, un nouveau cimetière dédié aux pestiférés, le cimetière Saint-Sébastien. n « Juillet  1631 2. Jean Bergeotin, maçon, mourut le 2 de juillet […]. Il mourut d’une pleurésie fort subite et violente ou de contagion. 441

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3, 4, 5. Jeanne Bergeotin, Anne et Catherine, toutes trois fillettes audit Jean Bergeotin, âgées d’environ 10, 7, 3  ans, moururent de peste le 14, 15, 16e  jour dudit mois, et furent enterrées au champ, lieu-dit « La Queue des oies ». 6. Nicolas Bergeotin, maçon, mourut au loge, lieu-dit Le Pré le loup et y fut enterré pour la pestilence, le 17 de juillet […]. 7. Jeanne Tuvenin mourut de peste, âgée de 60 ans, au lieu-dit « La Durtur » où elle est enterrée le 19 de juillet, confessée auparavant. 8. Jean, fils de Mangin Perin, mourut de peste le 27 juillet et fut enterré en la Hannée dans un jardin. Il était âgé de 6 ans. 9. Jean Mangin, âgé de 64  ans, mourut aux loges du Pré le loup, ayant pris charge de servir et soulager les pestiférés, le 29 juillet […]. 10. Agathe Perin, femme de Mangin Perin, mourut âgée de 32 ans de peste et inhumée au Pré le loup. 11. Goeurine Wilaume femme de Jean WIilaume, âgée de 57  ans, mourut de peste en son logis où elle est inhumée au jardin, le 5 d’août. 12. Jenon, femme de Jean Colin, mourut de peste aux loges derrière Chesnot, âgée de 50 ans et fut enterrée au même lieu le 4 août. 13. Damien Clément, âgé de 56  ans, mourut de la peste en son logis de la Hannée où il fut enterré le premier jour d’août où il est inhumé en son jardin. 14. Barbe Clément, femme de Damien Clément, âgée de 50  ans, mourut de peste le 5 août au Pré le loup où elle est enterrée. 15. Jean Migot, fils d’Estienne, mourut des espinçons ou de peste  à Chesnot où il est enterré âgé de 4 ans. Août, 16. Henri Pion, âgé de 69 ans, mourut aux loges peut être de contagion, où il est enterré vers le Pré le loup le 9 dudit mois. 17. Didier Hault Didier, âgé de 56 ans, mourut de peste en La Conjon (?) où il fut enterré le 10 dudit mois. 18. Frémine ou Firmine, nièce à Jean Mantiel, mourut de peste le 9 d’août ; fut enterrée au cimetière de Labry la nuit par ses parents. 19. Christophe, fille de Jean Laroche, âgée de 10 ans mourut de peste le 9 d’août. Nota : Pour obvier au mécontentement et déshonneur des pauvres chrétiens qui étaient contraints d’enterrer leurs parents aux champs et aux jardins et lieux profanes, d’autant qu’on ne voulait permettre qu’ils fussent apportés ni mis en terre sainte, le sieur curé d’alors, mu de compassion chrétienne selon la nécessité instante, ne pouvant avoir recours aux supérieurs ecclésiastiques, désigna et bénit aux champs un cimetière processionnellement et solennellement sous l’invocation de Dieu et en la mémoire et honneur de Saint-Sébastien martyr, le dixième jour du mois d’août 1631 ; parrain, noble François Hugo, marraine Damoiselle Alizon Mahuet. Ita est. 20. Sainctine, fille de Jean Michel, âgée de 3  ans, mourut de peste au Pré le loup, le 12 dudit mois. 20. Marguerite, femme de Jean Roncour, âgée de 32  ans, mourut de peste à Labry le 13e jour d’août ; fut enterrée au cimetière Saint-Sébastien. 21. Pareillement fut enterré son fils, Mathias, âgé de deux heures, ayant reçu le baptême par son propre père Jean Roncourt. 442

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22. Lucie, fille de Damien Clément, âgée de 18  ans, mourut de peste le 17 d’août fut enterrée au Pré le loup. 23. Fiate ou Fiacrine, fille de Jean Colin, âgée de 7  ans, mourut de peste à Labry le 18 août ; est enterrée au cimetière Saint-Sébastien. 24. Jeanne ou Jenon, fille de Damien Clément, âgée de 12 ans mourut de peste au Prez le loup, le 20 dudit mois. 25. Sébastienne, fille d’Estienne Migot, âgée de 10 jours mourut au Chesnot le 19 d’août ; est enterrée au cimetière Saint-Sébastien. 26. Marguerite, fille de Nicolas Maurin, âgée de 20  ans mourut de peste à Chesnot et fut enterrée au cimetière Saint-Sébastien le 21 dudit mois. 27. Mangin, fils de Mangin Perin, âgé de 7 mois, mourut le 25 août ; fut enterré au cimetière Saint-Sébastien. 28. Jean Roncour, échevin d’église, mourut à Labry de contagion en son logis, âgé de 72 ans, ayant eu le bonheur de recevoir les Saints Sacrements de l’Église. […] 29. Jean Roncourt le jeune mourut à Labry de contagion en son logis, âgé de 38 ans, après avoir langui 15 jours et ayant reçu les Saints Sacrements de l’Église, trépassa le 29 dudit mois et fut enterré au cimetière Saint-Sébastien. […] Septembre, 30. Barbe Hussenotte, la cordonnière de Saint-Mihiel, mourut à Chesnot de Labry le 2  septembre, âgée de 57  ans, s’étant réfugiée à Labry pour la contagion de Saint-Mihiel, de laquelle elle mourut et fut enterrée au cimetière Saint-Sébastien. 31. Jean Colin, âgé de 46 ans mourut de peste à Chesnot le 4 septembre et fut enterré au lieu-dit « derrière Chesnot » auprès de sa femme par son fils Antoine, personne ne l’ayant voulu assister pour l’inhumer. 32. François Didion, tisserand, âgé de 33  ans, mourut de peste à Labry le 5 dudit mois de septembre ; fut enterré au cimetière Saint-Sébastien, ayant reçu au préalable les Saints Sacrements. 33. Lucie, femme de Nicolas Morize, âgée de 54  ans, mourut de peste aux loges le 7 dudit mois fut enterrée au cimetière Saint-Sébastien munie du Saint Sacrement de l’autel. 34. Catherine Tissellette, femme à Mangin Tisselet, couturier, âgée de 57 ans, mourut de peste aux loges proche du Pré le loup le treizième de septembre et est enterrée au cimetière Saint-Sébastien […]. 35. Jeanne, fille de François Tuvenin, et de Agathe sa femme, âgée de 13 jours, mourut à Labry en chartre languissante, et fut enterrée au cimetière de l’église Saint-Gorgone. 36. Agathe, fille de Cuny Wilaume, manouvrier, âgée de dix-huit ans, mourut en la basse Labry, de mal contagieux le 22 dudit mois de septembre et fut enterrée dans son jardin. 37. Catherine, fille de François Didion le jeune, mourut à Labry d’une fièvre, étant âgée de un an et demi environ et fut enterré au cimetière Saint-Sébastien, d’autant qu’on craignait toute contagion. 38. Blaisette, femme à Cunin Wilaume, mourut de peste à Labry le 5 octobre ; est enterrée au cimetière Saint-Sébastien. 443

1631

39. Gérard, fils de Martin Brasselet, âgé de 2 ans, mourut de peste étant trop tôt revenu des loges à la Ville Bas ; fut enterré au cimetière Saint-Sébastien le jour Saint-Michel de septembre. Novembre  1631, 40. Alizon, fille de Mangin Perin, âgée de 3  ans, mourut en chartre à Labry le 7  novembre ; fut enterrée au cimetière de Saint-Gorgone nuitamment. 41. Lucie, femme Henri Pion, cordonnier, âgée de 62  ans, mourut de peste à Labry le onzième de novembre ; fut enterrée au cimetière Saint-Sébastien. 42. Claudon Pentecoste, bergère, âgée de 13  ans, mourut de peste le 14  septembre [sic] et enterrée au cimetière Saint-Sébastien. Avril 1632 [45] Nicolas Francin, âgé de 26 ans, mourut de pleurésie [de peste] à Labry où il est enterré au cimetière tout devant le portail d’église. 46. Jeanne Migote, âgée de 37  ans, mourut à Labry de peste le 16  avril ; est enterrée derrière le chœur, au cimetière. 47. Magdeleine Conrard, âgée de 67 ans, mourut de peste à Labry le 22 d’avril ; est enterrée au cimetière devant le portail. Mai. Christophe Beyer, fils de Blaize, âgé de 3 ans, mourut le 4 mai de maladie incertaine. […] 49. Barbe Manin, âgée de 20 ans, mourut aux loges de peste le 18 dudit mois, n’étant mariée » (AD 54 en ligne, BMS Labry 1603-1626, vues 62-68). Reprise des attaques de loups ~ En Valromey : à Ruffieu, « Bernarda Songieu Sarpol mangée du loup le 27 mai 1631 sous Le Jorat ». « Clauda Girard, femme à Denis Brunet Vuasson, tuée des loups en la montagne, le 19  juin 1631. » À Champdor  : « le 24  juin 1631, a été dévoré des loups Aymaraz, fille de Claude Michaud, dit Cadet, sauf les entrailles et quelques autres petites parties lesquelles ont été ensépulturées avec les cérémonies requises de l’église. » ~ En Gévaudan  : à Saint-Julien-du-Tournel, « le dernier jour du mois de mai, fut ensevelie Anne Couderc, fille de Jacques Couderc et de Françoise Jourdan, du présent lieu, âgée de 7  ans et quelques mois, présents Gilles Teissier, Simon Deveze, André Jourdan et moi soussigné. Laquelle a été tuée par le loup ». « Et, deux heures après ou environ, a été ensevelie Jeanne Nègre, fille d’Antoine Nègre, du lieu de Chayroux, tuée par le même loup, comme celle de cet enfant, présents Pierre Diet, Claude Ferrier du Chayroux, et moi soussigné. [Signé  :] Jourdan, prêtre et curé. » ~ Dans le Toulousain : à Lavalette (Haute-Garonne), « Françoise Druille fut mangée des loups le 8e  juillet 1631 » (BMS en ligne, et site Homme et loup : 2 000 ans d’histoire). Auvergnats et Gascons attirés par l’Espagne En 1631, s’observe une hausse en flèche des émigrés français vers l’Espagne, notamment les Auvergnats, et secondairement Gascons. 146 malades sont admis à l’hôpital Saint-Louis de Madrid. La cherté des grains accentue l’émigration (Daniel 444

1631

Alcouffe, « Contribution à la connaissance des émigrés français au 1966).

e

XVII

  siècle »,

Vendre son bien pour survivre Le 8 mars, Charles Bargeau, âgé de 24 ans, demeurant au village de Soueil, paroisse du Chillou (Deux-Sèvres, au nord-est de Parthenay), vend une demi-douzaine de boisselées de terre pour 60  livres. Les raisons de cette vente tiennent à la crise de 1630-1631 : « pour la faim, disette, necessité et misère qu’il endure à présent à cause de la stérilité et rareté des fruits qui est l’année présente, et vu la cherté du temps qui est que ledit Bargeau, son père, n’a moyen de le sustenter et empêcher de périr de faim » (AD 79, E 1507, minutes Perrin, d’après Merle, 71). Guerre de partisans autour de Luxeuil En septembre, les mercenaires de Gaston d’Orléans séjournent dans la région de Luxeuil. Ils provoquent la naissance d’une guerre de partisans chez les paysans. Depuis Remiremont et les villages de surséance entre la Bourgogne, la Lorraine et la France, les troupes de Gaston d’Orléans multiplient les courses : « Nos paysans se maintinrent contre elles ensuite de l’édit, et à la fureur des bois et des passages, se commença entre eux une petite guerre avec meurtres, brûlements et cruautés […]. Nous trouvâmes en la terre de Luxeuil les choses échauffées, s’étant nos paysans répartis dans les bois en petites escadres commandées par des soldats bourguignons retournés naguère de Flandres. Nous visitâmes les troupes dudit duc que nous trouvâmes commandées par le marquis de la Ferté […]. Ils nous firent plainte de nos paysans, et nous leur fîmes les nôtres des excès de leurs soldats. Ils disaient que nos paysans venaient jusques à leurs corps de garde tuer leurs sentinelles ; qu’ils enterraient vifs leurs soldats dans les bois, la tête hors de terre ou les bras par excessives cruautés » (Girardot de Noseroy, 25). Doléances des habitants d’Aingeray du vol par les soldats qui campèrent deux journées sur le ban de 38 chevaux, 200 bêtes à cornes, 5 à 600 bêtes à laine (Cabourdin, 63).

1632 « Rubans » de grêle dévastateurs ~ En Armagnac  : à Barran (Gers), le 29  mai, la grêle est si violente que « tout le terroir de ladite ville aurait été entièrement ruiné, si les habitants privés d’y glaner un épi ni recueillir aucun raison, fruit, ni aucune sorte de grains, les ceps de vigne ayant été rompus, les arbres ébranchés, les garets [terres en labour] et meilleures terres emportées par l’inondation des eaux […], tellement que la plupart desdits habitants qui sont laboureurs, voyant qu’au moyen de ladite désolation, ils étaient réduits à une extrême misère et pauvreté, aurait abandonné ladite ville pour aller chercher leur vie ailleurs » (AD 33, C 4063, d’après Bercé, 1974, 11). ~ En Anjou : le 1er  dimanche d’août, jour de Saint-Pierre-aux-Liens, entre 13 et 14  heures, grand orage à Corné « tout à la traverse par le Pont-de-Cé, Trélazé, 445

1632

Brain, Andard, Foudon, partie de Plessis et Corné, gresla les orges et aultres chenevières qui estoient demeurés à scier, de telle sorte qu’il engraina presque tout, perdit les vignes totalement » (E sup. 49, III, Corné). Au même moment, au Plessis-Grammoire (Maine-et-Loire), « auraige de grelle et tempeste, sur les 2 à 3 heures du soir, si grande qu’il fallut alumer de la chandelle en cette églize pour achever vespres, et égrenna les bledz ès champs, que plusieurs en demeurèrent semez » (E sup. 49, II, Le Plessis-Grammoire). ~ En Languedoc  : le 14  octobre, grande tempête qui frappe la cour, alors de passage (Comte de Dienne, 1982, 199). Retours de peste Peste signalée autour d’Agen, Albi, Amiens, Angers, Annonay, Auch, Barcelonnette, Bar-le-Duc, Bordeaux, Brive, Charleville, Château-Salins, Châtellerault, Dole, Domfront, Lectoure, Limoges, Limoux, Loudun, Lure, Mâcon, Mézières, Mirecourt, Montauban, Nantes, Narbonne, Nérac, Orléans, Rennes, Riom, Saint-Brieuc, Saint-Étienne, Sarlat, Sedan, Tonnerre, Toulouse, Troyes, et Tulle (Biraben, 387). Retours de peste en Île-de-France. De janvier à août, la peste est à Draveil (Essonne). Du 7 septembre au 15 octobre, la « maladie » est à Louans (aujourd’hui Morangis, Essonne). Le 3  novembre, la contagion touche une femme mariée à Chilly-Mazarin (Essonne). En février, la « contagion » s’installe au nord de Paris, en Multien, à Étrépilly (Seineet-Marne). « Maladie contagieuse » à Jagny-sous-Bois (Val-d’Oise). À Compiègne, quatre gardiens sont placés aux autres portes de la ville pour empêcher l’entrée « aux vagabonds et autres personnes qui viennent des villes et lieux infectés de contagion » (AD 60 BB 25, f° 4). Retours de peste en Lorraine à Gondreville (26  janvier), dans les régions de Nancy et Vézelise, à partir de mai, et aussi Mirecourt, Verdun, Pont-à-Mousson, Metz. De nouveau, le mal disparaît avec l’hiver (Cabourdin, 103). Peste en Auxerrois (Roupnel, 1955). n

La Bête du Cinglais En février-mars, au sud de Caen une « bête » sauvage dévore 15  personnes. Elle fait l’objet d’une notice dans la toute nouvelle Gazette de France. ~ « De Caen en Normandie, le 10 dudit mois de mars  1632. Il s’est découvert depuis un moins en çà dans la forest de Singlaiz, entre icy et Falaize, une beste sauvage qui a desjà devoré quinze personnes. Ceux qui ont évité sa dent rapportent que la forme de cet animal farouche est pareille à celle d’un grand dogue, d’une telle vistesse qu’il est impossible de l’atteindre à la course et d’une agilité si extraordinaire qu’ils luy ont veu sauter nostre rivière en quelques endroits. Aucuns l’appellent Thérende. Les riverains et gardes de la forest luy ont bien tiré de loing plusieurs coups d’harquebuze, mais sans l’avoir blessée. Car ils n’ozent en approcher, ni mesmes se descouvrir à elle jusques à ce qu’ils se soyent attroupez, comme ils vont et faire au son du tocsin  : à quoy les curez des parroisses circonvoisines ont invité tous leurs parroissiens à ce jourd’huy, auquel on fait estat 446

1632

qu’il s’assemble trois mille personnes pour luy faire la huée (Gazette du 19 mars 1632, Bibliothèque Mazarine, 16301 * 2). Prime au loup dans l’ensemble de la Provence Le 4 décembre, les états de Provence, tenus à Brignoles, accordent une prime de 8  livres à chaque tueur de loups, « eu égard au grand bétail qui se perd à cause des loups ». La décision étend à l’ensemble des vigueries provençales des mesures ponctuelles prises antérieurement par certaines communautés d’habitants, mais sur une base de gratification plus faible comme à Lorgues (Var) (3 livres en 1611). La réglementation ne prévoit pas de différence selon l’âge des loups : « Chaque loup, petit ou gros, qui sera tué, en sera payé 8  livres par la viguerie où le loup aura été tué. » Elle inaugure une politique de gestion du loup qui entraîne des rappels à l’ordre (en 1636, 1655 et 1684) et une réduction à 4  livres pour les simples prises de louveteaux, entérinée en 1749 (AD 13, C 20, f° 255, d’après Alleau, HSR 32, 2009, 54-58). Traversée de l’armée du duc d’Orléans En 1632, environ 40 000 hommes « en fort bel ordre et équipage […] assistés de grand quantité de noblesse » traversent les provinces. Ils sillonnent la Champagne et le Bassigny, logeant à Rolampont, Parangey, Vesures et autres villages cironvoisins, près de Dijon. « Le dict seigneur duc d’Orléans, passant par la Bourgogne, traversa le Bourbonnais, l’Auvergne et entra en Languedoc ; où le duc de Montmorency se jetta dans [son] party quoy qu’il fut gouverneur de la dicte province » pour le roi, avant d’être vaincu par les troupes royales de Schomberg et Brézé devant Castelnaudary (Macheret I, 19). En juin, les soldats du duc d’Orléans ravagent les villages de la Côte bourguignonne : « En l’année 1632, au mois de juin, Monsieur le frère du Roy et monsieur le duc d’Allebeuf entrire en ce pais icy de Bourgogne avec ugne armée de gens de toute nations étrangère, où il portire grand domage, et ransonnoint, voulloy et brulloit en beauxcoup de lieu où il passoint, et en logis en ce lieu de Couchey le vingtiesme dudit mois de jun, et portire grand domage en cedit lieu et en ceus où il passoint, car c’estoit tous gens à chevaux. Et la veille, il brullère ungne party des faubours Saint-Nicolas de Dijon et y portire grand domage » (famille Robert, 117). L’Alsace, porte d’entrée de la guerre de Trente ans Ouverture du pont de Strasbourg aux Suédois de Gustave-Adolphe qui traversent le Rhin et investisssent la Haute Alsace. Les Scandinaves occuppent Erstein, Obernai et Benfeld avant de prendre Sélestat et Colmar. La progression suédoise, favorisée par les sympathies protestantes, atteint les vallées de Saint-Amarin et de Munster (Garnier, 2004, 133). Réduction des portions congrues 17 août : déclaration sur la réduction des portions congrues à 200 livres pour les diocèses de Bretagne et et les provinces situées « au-delà de la Loire » et ne maintenant les 300 livres que pour les provinces situées en deçà de la Loire, registrée 447

1632

en grand conseil. Dans lesdites portions sont comprises les « petites dîmes, les fonds des cures, les fondations des obits et autres revenus ordinaires » (Gagnol, 97 et Isambert, XVI, 375).

1633 Recul de la peste Attestations autour d’Amiens, Annonay, Bar-le-Duc, Briey, Loudun, Lure, Mézières, Sarlat, Tonnerre, Troyes, Vannes et Verneuil-sur-Avre (Biraben, 387). Au sud de l’Île-de-France  : une femme mariée succombe de la contagion à Viry-Châtillon, le 14 novembre. En Lorraine, recul de la peste (Cabourdin, 104). Peste à Frolois et Vézelise (E sup. 54). En Drouais : maladie contagieuse à Escorpain, à l’ouest de Dreux, en septembre (E sup. 28, IV). Jeudi 6 octobre : inhumation dans un jardin pour cause de contagion (E sup. 28, III, Fruncé). Peste à La Framboisière, canton de Senonches, en octobre (E sup. 28, III et IV). n

Protestation des pauvres manants de Rumilly (7 août) Localement, une grêle importante peut constituer un fléau redoutable. Alors que les moissons viennent à peine de commencer, les habitants de ce village de l’Aube voient disparaître sous l’averse toutes leurs espérances de récoltes  : froments, cultures fourragères, produits arboricoles, dont le détail signale l’état de détresse. Car cette destruction s’abat sur une communauté lourdement endettée en raison des logements de soldats, frappée par les amendes pour délits de droits d’usage et accablée de surcroît par le retour de la peste. Si la protestation, destinée à réduire ou annuler la taille due au roi, ne pèche pas par euphémisme, elle signale bien le degré de vulnérabilité auquelles les catastrophes naturelles peuvent soumettre alors les villages qui supportent l’effort de guerre de la monarchie. ~ « Certifie et vous remonstre en toute humilité et à tous juges, officiers du roy, qu’il appartiendra, les pauvres manans et habitans de la paroisse de Rumilly-lezVaulde, que le dimenche septiesme jour du moys d’aoust de 1633, seroit advenu audit Rumilly et sur tout le finage environ les sept à huict heures du soir ung merveilleux et terrible accident de gresle, par tempeste et orage sur tous les bledz qui restoient plus de la troysiesme partye à moysonner, dans les emblaves d’orge, avoyne, poix, vesce, chenevitz que aultres graines, que sur le vignoble de Rumilly et fruits estans lors sur les arbres, tant prunes, pommes, poyres qui estoient en grande abondance audit finage, lesquels sont estez du tout ruynez et perdus à cause dudit accident dont s’ensuit la perte et dommage d’un nombre infiny de jeunes antes et gros arbres antiens, qui sont estez brisez et rompus par cest et tormente, à la grand desolation de tous les habitans de Rumilly, toute leur communaulté afligée, et engagée de debtes à cause des guerres depuys douze ou quinze ans sont, et par les fréquents logementz de la gendarmerie qui y a séjourné, que grosses amendes dont ils sont par chascun an moltez et surchargez pour le faict de leur 448

1633

boys et usages, et grandement afligez de la maladie contagieulze ceste année, en sorte que de long temps iceulx habitans ne se peuvent restablir eu esgard a leurs misères et infortunes si ne leur est pourveu par nécessité de remède souverain pour leur soulagement. » (AN, P 757, n° 4647, supplique aux élus de Troyes, du dimanche 19 février 1634, d’après Durand, 1966, 287-288). Une bête furieuse autour d’Évreux ~ Juin-juillet 1633 : ravages d’une bête furieuse dévorant plus de 50 personnes autour d’Évreux. « D’Évreux, le 17  août 1633. Une beste furieuse plus grande qu’un dogue ; mais de sa forme, sort de nos forests il y a deux mois, et vient dans les villages d’icy autour, souvent jusques aux faubourgs de cette ville, devorer non seulement les enfants, mais jusques aux plus forts hommes qu’elle entraîne d’une telle vistesse qu’on n’a pu iusques icy rencontrer aucun moyen de l’attraper : se trouvant à dire plus de cinquante personnes qu’elle a dévorez de la sorte. Une seule chose luy fait peur, à savoir la splendeur des éspées, ce qui oblige un chacun à en porter, et croid-on que c’est la mesme, dont je vous escrivi l’année passée » (Gazette du 20 août 1633, Bibliothèque Mazarine, 16301* 4). Les ruines des églises dans le diocèse de Rieux Au sud du Languedoc, les traces des guerres civiles sont patentes. Le culte catholique peine à se rétablir, comme l’attestent les repports de visites de l’automne 1633. Saint-Félix-des-Salenques. Église « toute ruinée sans aucun couvert, les murailles étant encore en état pour les pouvoir soutenir ; le curé nous ayant dit qu’elle avait été mise en ce piteux état par les huguenots lors des premières guerres et qu’il n’y avait acun village présentement dans ladite paroisse, touts les paroissiens étant dispersés en diverses métairies, n’y ayant que trois ou quatre catholiques » (visite du 19 octobre 1633, d’après Lestrade, 64). Voici Artigat, l’ancien village de Martin Guerre  : « Artigat. L’église est toute démolie jusques aux fondements pour avoir ladite église, pendant les troubles, été occupée par ceux de la religion prétendue réformée, hormis une petite voûte qu’il y a, où l’ancien grand autel est encore et où le recteur nous a dit qu’il célèbre la sainte messe fort incommodément et indécemment » (visite du 5 novembre 1633, d’après Lestrade, 65). La réussite d’un laboureur Le 12  novembre 1633, Martin Afforty, alors receveur temporel du prieuré d’Aulnay-sous-Bois, se rend maître d’une ferme de 48 arpents (18 ha) sur Marlyla-Ville [Val-d’Oise]. L’ensemble comprend 65 pièces autour d’« un grand corps d’hostel manable avec deux granges, escurye, estables à vaches et porcs, engart, court, jardin [et] petit vollet à pigeon ». La vente, passée chez maître Leroy, rue Saint-Honoré, fait intervenir un maître d’hôtel ordinaire du roi et un conseiller au Grand Conseil, cohéritiers d’un commissaire au Châtelet. Sans sourciller, notre homme leur verse une somme de 9 500 livres « payée, baillée, comptée et déllivrée réellement comptant en pièces de sceize sols, testons, pistolles d’Espagne, escus 449

1633

au soleil et aultres monnayes (AN, MC, LXXX Claude Oudet et Charles de Bragelongne).

VII,

473, vente du 12-11-1633 par

1634 Orages de grêle ~ En Anjou  : le 1er  mai, « il tomba de l’eau en abondance, et depuis il n’en tomba en aulcune façon, mais tous les jours un grand hâle avec une grande froidure la nuict, jusques au 8e juin où il en est tombé. Il a esté beaucoup perdu de bien ; les chenevières n’ont été grandes non plus que d’un pied en beaucoup d’endroits ; néantmoins, le seigle ne vault que 8 sols le plus beau » (E sup. 49, III, Corné). ~ En Lomagne : les 3 et 4 juillet, la grêle sinistre trois paroisses, Montesquieu, Sainte-Colombe-en-Bruilhois et Montagnac-sur-Auvignon (Lot-et-Garonne). L’orage « rompit tous les ceps de vigne, assomma tous les bestiaux, ébrancha les arbres, découvrit les maisons et les a rendu inhabitables, ce qui aurait réduit les habitants à une extrême nécessité et la plupart contraints d’abandonner leurs maisons et de vaquer à la campagne pour mendier leur vie, n’espérant pas de plus de 6 ans recueillir aucuns fruits sur lesdites terres tant cette grêle et inondation des eaux a rendu stériles lesdites terres à cause de leur situation, qui sont collines et coteaux, et que le seul revenu desdites paroisses consiste en vignobles » (AD 33, C 3829, f°21, arrêts du Conseil du 15 novembre 1634 et du 8 mars 1635, d’après Bercé, 1974, 11). Le 14  juillet  : un autre orage de grêle sinistre les manants et habitants de Moncrabeau, Espiens, Fieux, Calignac, Puy-Fort-Éguille, Frechou et Bruch. « Les foins et blés furent tous ruinés, les plus gros arbres brisés et déracinés, les maisons fracassées et détruites, les vignes, qui font la meilleure partie du revenu desdites terres tellement outragées qu’il a fallu les arracher en plusieurs endroits » (AN, E 124b, f° 298, arrêt du conseil du 30 juin 1635 d’après Bercé, 1974, 9). Le 25 décembre 1634, Noël glacial à Rouen et dans la Basse-Seine : « Les festes de Noël dernier [1634], le froid fut si âpre et si violent que la rivière se trouva prise en une nuit. À peine jouissions-nous de ce calme que le froid recommençant bien plus âpre et rigoureux que devant, la rivière fut derechef couyverte de glaces beaucoup plus fortes et plus épaisses que les premières, ce qui nous estonna extrêmement, n’estant point de mémoire d’homme que la rivière eust été prise deux fois dans un mesme hiver » (Julien Felix, Comptes rendus des échevins de Rouen, 1890, II, 100-101). La peste cantonnée n Attestations de peste seulement autour d’Amiens, Bar-le-Duc, Besançon, Briey, Castres, Dijon, Joigny, Lille, Limoges, Lure, Mézières, Montauban, Périgueux, Provins et Saint-Lô (Biraben, 387). n Répit épidémique en Lorraine (Cabourdin, 104). 450

1634

Traces de contagion en Beauce et en Drouais : à Thimert, 45 morts, enfants et adultes, du 22 août au 14 novembre, à Mézières-en-Drouais, du 13 septembre au 13 octobre (E sup. 28, IV). n

Invasion des Vosges par les troupes suédoises En 1634, le Nord-Est s’enfonce dans la guerre de Trente Ans. Sous forme de petits détachements, les troupes suédoises envahissent les Vosges, mettant la montagne à feu et à sang. Les mercenaires protestants – les reîtres – du maréchal Horn, chef des armées du roi de Suède, multiplient les exactions dans les villages (Garnier, 2004, 133). Ravages de loups anthropophages en Gévaudan… ~ Le 19 janvier, au Bleymard (Lozère) : « Jeanne Brunelle fut égorgée par le loup au Clayroux la même journée 1634 et fut enterrée le lendemain 20e dudit mois par moi Chauchat ». « Le lendemain de ce sinistre spectacle deux heures de soir Michel Teyssier, âgé de 10 à 11 ans, au milieu du Bleymard fut égorgé par le loup horribile dictu et à demi dévoré et le reste de son corps furent enterré dans l’église de SaintJean par monsieur le curé de Cubière le 22e  janvier 1634 » (AD 48, 4 E 027/2). ~ Le même jour, 22 janvier, à Saint-Julien-du-Tournel (Lozère), « a été enseveli Guillaume Chalbos, âgé de 14 ans ou environ, du lieu d’Oltet, tué par les loups en allant abreuver le bétail de son maître Étienne Durand ». Dans la même paroisse, le 3 février, « a été enseveli un bras et une pertie des tripes de Catherine Pontié, fille de Bertrand Pontié, du lieu de Malmont, laquelle fut dévorée par les loups le jour de devant Notre-Dame, en venant à l’église par dessus La Vignolle et les parents ayant recherché le corps ne trouvèrent que ce qui est dit ci-dessus » (AD 34, C 44). ~ Le 16  février, l’évêque de Mende, Marcillac, écrit au syndic du diocèse  : « Puisque le ravage que font les loups est si grand, et que même le curé d’Altier me vient tout présentement d’assurer que quatre personnes de sa paroisse ont été dévorées, je serai bien aise qu’une vingtaine de personnes s’assemblent pour, avec armes à feu, les poursuivre, pendant que les autres iront battre les bois » (AD 48, d’après André, 1872, 3). Et les attaques reprennent. Le 13 mai, à Saint-Julien-du-Tournel (Lozère), « a été enseveli Claude Richard, fils d’Alexandre, âgé de 10 ans ou environ, tué et occis par les loups, du lieu de La Bessière ». Le 21 octobre, « a été ensevelie Catherine Teyssière, fille d’Antoine, âgé de 12 ans ou environ, tuée des loups ». Le 26 octobre, « a été enseveli Antoine Chaldaureille, âgé de 7 ans ou environ, tué par les loups, du lieu de Serviès ». Le 5  novembre, toujours à Saint-Julien-du-Tournel, « a été ensevelie Vidale Bertine, femme de Jean Maliges, tuée par les loups, du lieu de Louzerette [Lozerette] ». Le 8  décembre, jour de Notre-Dame, « a été ensevelie Antoinette Boirale, fille de Antoinette Amouroux, du lieu du Tournel, tuée par le loup auprès du Ruisseau de Regousi » (AD 34, C 44).

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… et en Normandie ~ Mai 1634 : huée au loup par les habitants d’Évreux en raison « du dégast que faisoit parmi la campagne et dans la forest d’Évreux une beste féroce, en forme de loup-cervier, mangeant et devorant les enfants jusqu’à l’aage de dix-huit ans, même attaquant les hommes et les femmes qui estoient sans deffence » (Le Batellier d’Aviron, Le Mémorial historique des évêques, ville et comté d’Évreux, 1865, 176). Avril-mai, fin des ravages de la bête féroce  : « D’Évreux, le 24  mai 1634. Cette beste furieuse, dont je vous escrivi l’année passée, ayant depuis deux mois dévoré plus de 30  personnes dans cette forest sans pouvoir estre prise, passoit pour un sortilège en la créance d’un chacun : mais le comte de la Suze ayant par l’ordre de nostre lieutenant général, assemblé le 21 de ce mois cinq à six mille personnes : l’a si bien poursuivie, qu’au bout de trois jours elle fut tüée d’un coup d’harquebuse. Il se trouve que c’est une sorte de loup plus long, plus roux, la gueule plus pointuë, et la croupe plus large que l’ordinaire » (Gazette du 27  mai 1634, Bibliothèque Mazarine, 16301* 5). Réglementation des portions congrues 18 décembre : une déclaration royale uniformise dans tout le royaume les portions congrues à 200 livres, pour tous les curés sans vicaire et à 300 livres, pour ceux à qui l’évêque jugerait à propos de donner un vicaire amovible. Elle distingue d’un côté les « petites dîmes, les revenus des fonds et domaines des cures » qui seraient précomptés sur les portions congrues et, d’un autre côté, les « offrandes et droits casuels » ainsi que les fondations des obits » qui demeuraient aux curés (Isambert, XVI, 417). La condition des taillables L’augmentation des dépenses publiques conduit l’administration des finances à préciser le mode de répartition de la taille en s’assurant du maximum de précautions. « Art. xxxix. Lesdits asséeurs-collecteurs seront élus et nommés par les habitants des paroisses, deuement assemblés, issue de grande messe, à jour de Dimanche ou feste […]. « Art. xlv. Le rolle du principal de la taille de l’année présente sera fait par tous lesdits asséeurs, en la présence de l’éleu, qui aura fait ses chevauchées en ladite année dernière […]. Auquel rolle sera employé la condition des cottisez, comme de juge, notaire, greffier, sergent, procureur de seigneurie, marchand, artisan, fermier de gentilhomme, des officiers des élections ou laboureur ; et si le laboureur travaille pour luy ou pour autruy, et de combien de charrues, afin de recongnoistre par la lecture dudit rolle su la taile aura esté bien assise. Et, en fin d’iceluy, seront mis les noms des ecclésiastiques, des nobles et des exempts, s’il y en a en la paroisse, avec la cause de leurs exemptions. « Art. lv. […]. Auxquels sergents nous faisons très expresses défenses d’exiger aucuns deniers ni traitement desdits habitans et collecteurs, ni de faire aucune exécution sur le pain, le lit, les chevaux et autres bêtes de labour, ustancilles et outils de maneuvres et artisans, comme aussi de découvrir les maisons, ni arracher les portes et fenêtres, le tout à peine de la vie. 452

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Art. lix. Les habitants qui voudront desloger de leurs paroisses, pour aller demeurer en d’autres lieux seront tenus de faire publier leur deslogement auparavant le premier jour d’octobre précédant les tailles assises et le faire signifier aux habitants et procureur-syndic de la paroisse » (Déclaration du roi sur le règlement général des tailles, 18 janvier 1634, éd. 1640, 33, 39, 51). De la vile monnaie pour les paysans Le 7  janvier 1634, la Cour des monnaies informe Louis  XIII que les paysans et autres ruraux, victimes de la famine monétaire, ne peuvent régler leurs impositions qu’en mauvaises pièces. « Vos pauvres sujets de la campagne souffrent une sensible perte lors du paiement des aides et droits dûs à votre Majesté, pour lesquels ils se voient le plus souvent contraints de rechercher et suracheter de bonnes et fortes monnaies, les mauvaises espèces n’étant point reçues ni au même prix qu’ils avaient été nécessités de les prendre pour la vente et débit de leurs blés, vins et fruits et pour le salaire de leur labeur » (AN Z1b 405, avis du 7  janvier 1634, d’après Bercé, 1974, 38). Des Percherons au Canada Premier seigneur colonisateur de la Nouvelle-France, Robert Giffard recrute des colons dans les environs de Tourouvre-au-Perche. En mars  1634, au moins 33 Percherons partent avec Robert Giffard, sa femme, Marie Renouard, et leurs enfants pour les rives du Saint-Laurent. Début juin, le navire atteint Québec. L’année suivante, à la mort de Samuel de Champlain, la colonie compte 132 colons dont 35 viennent du Perche, attirés par Giffard, à qui la Compagnie des Cent Associés à concédé la seigneurie de Beauport. La première colonisation organisée de la Nouvelle-France est commencée. Giffard implante le système du « rang », mode d’organisation de l’espace rural qui s’est par la suite étendu à toute la colonie et qui s’est perpétué jusqu’à aujourd’hui (Charbonneau, 11, et Yves Landry).

1635 Chaleur, sécheresse et grêle ~ 3 février : grand débordement des eaux de la rivière d’Hure. Noyades (E sup. 28, III, Saint-Prest). ~ « Le printemps fust cette année fort sec et chaud, et la chaleur redoubla depuis la mi-may jusques à la Saint-Pierre presque sans pluye, qui fut cause d’advancer la vigne, en sorte que, le quinzième jour de juin, je vis et tasté d’une grappe de raisin de gros noir d’Espagne aussi meure qu’en septembre, et les vendanges se commencèrent proche Paris dans les octaves de l’Assomption de la Vierge avec abondance de vin » (Thoulouse, I, 561). ~ 6  juillet  : grêle dévastatrice sur la Côte bourguignonne. « En l’année  1635, le sixiesme jullet, il tumbaz ugne greille sur environ le midy qui portaz grand domage en beauxcoupt de lieu, et principalement au finage de Fixin, Fixey, Broichon et ce lieu de Couchey, où les vignes des plante Crabonnot furent entierrement perduz, 453

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ceux de Fixin aussy, et n’y restaz pas un tier de vin au journal ; et tout le reste dudit finage de Couchey fut perduz plus de la mittié, comme ausy les bled et les caresme, et ceux du finage de Fixin, Fixey entierrement. Dieu nous garde de telle acquecidant » (Robert, 118). Contagions résiduelles n Attestations de peste autour d’Abbeville, Amiens, Bordeaux, Briey, Cambrai, Dieuze, Douai, Dunkerque, Lille, Lure, Metz, Mézières, Montbéliard, Reims, Saint-Lô et Strasbourg (Cabourdin, 387). n En Thymerais : le 11 mai, le village de Saint-Arnoul est infecté par la « maladie contagieuse » (E sup. 28, III, Billancelles). Octobre-novembre  : contagion à La Framboisière, canton de Senonches (E sup. 28, IV). n En Lorraine  : « fièvre pourpre chaude » à Gondreville, de juillet à octobre (Cabourdin, 104, 110). n En Basse-Normandie  : peste à Troarn et à Condé-sur-Seulle « avec une telle véhémence qu’il ne s’en est sauvé que deux maisons, que la plupart en sont décédés, ce qui est de reste de vivants, s’en estans enfuis à Paris et ailleurs si bien que ladite paroisse est en totale ruyne et déserte » (AD 14, Bureau des finances de Caen, 1636, f° 42). Doublement des tailles par rapport à 1628. Le brevet de la taille s’établit à 39 millions de livres environ (Jacquart, Histoire de la France rurale, II, 202). Entrée de la France dans la guerre de Trente Ans « En ceste année fut faicte la déclaration de la guerre à l’Espagnol et particulièrement fut dénoncée au comté de Bourgogne, et la neutralité qui estoit si sainctement confirmée en l’une et l’autre Bourgogne, fut rompue au grand détriment de tout ce paiis » (Macheret I, 33). ” 28 juillet 1635 : « La guerre criée derechef entre les roys d’Espaigne et le roy de France ». « Le vingt huitiesme jour de moys de juillet […] fut derechef crié et publié dans Thionville de la part dudit roy des Espaignes, la guerre encontre les François Messins et tous pays qui tenoient pour le roy très chrestien de France. Où il estoit permis que la liste par eux publiée qui estoit à tous Espagnols, Flamans, Bourguignons et aultres, tenant le parti d’Espaignes, de prendre sur les terres venant du parti de France, tué, pillé, brûlé, violé, fille ou femme de quelle condition qu’elle puisse être, mesme permis de prendre à rançon hommes et enfans au-dessus d’aage de 7 ans, bref, il estoit donné à ses gens toutes sortes de libertés à faire mal […]. Dès le jour au lendemain ils sortirent bien 400 hors de Thionville et s’en vindrent courir par devers Amanvillers et Montigny-la-Grange et sur les hauts Chastelz où ils prindrent trente chevaulx des pauvres laboureurs dudit lieu et au retour ils prindrent les herdes [troupeaux communaux] de Vernéville, Montignyla-Grange et celles d’Armanvillers sans en guère échapper ; et, au retournant avec ce butin et passant à Ferconmoulin, prindrent encore la harde de Semécour et les vaches et chevaux de la maîtresse de Sainte-Agathe, et tout ce emmenèrent vendre ce butin devant les portes de Thionville » (Bauchez, 221). 454

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Août : arrivée des Suédois en Lorraine « Les Suédois  estoient  pour lors joinct en ladite armée de France ; estoient 1’armée desdits Suédois dix mil hommes surtout gens de cheval, partie estoit du côté  de  Morhange.  Ils  n’épargnoient personnes, nations  qu’il  y fût, et  jusque  au banc Saint-Pierre [paroisse de trois villages voisins] et en tous ses quartiers détalloient les charue, chars, faisoient à eux tout contribué de quinze à dix-huit lieues de long ; ils estoient chassé par l’empereur Ferdinand hors de leur pays et de par  le roy de Dannemarcq ; le plus souvent venoient par troupe à Metz, en retournant estant yvre. On les craindoit comme ennemys, aussy ne scavait-on au vrai ce qui ou à qui ils estoient, sinon qu’ils dissoient estre au roy de France  : prenoient, battoient, volloient tout ce qu’ils rencontroient » (Bauchez, 217). En Lorraine, l’armée du roi de Suède mène une politique de terre brûlée. Les reîtres massacrent les habitants et emportent le bétail après avoir incendié les maisons. Près de 270 victimes civiles sont recensées à Vagney (Vosges) entre le 1er janvier et le 6 octobre 1635. Incapables de subsister dans les villages détruits, les survivants se réfugient dans les forêts où ils tendent des embuscades à leurs bourreaux (Pierre Boyer, Les Hautes-Chaumes des Vosges…, 1903, 288). En Alsace, le reflux des Suédois après la défaite de Nördlingen (10  septembre 1634) laisse le champ libre aux Lorrains qui, en juin 1635, s’emparent de Riquewihr et occupent Thann avec le château de Wildenstein. Les villes impériales d’Alsace accueillent favorablement l’intervention française, sous le commandement de Bernard de Saxe-Weimar. En novembre  1635, par le traité de Rueil, la ville de Colmar se place sous la protection française mais les vallées vosgiennes sont saccagées par les mercenaires à la solde de Louis XIII (Garnier, 2004, 134). « Depuis le premier d’octobre, sans compter une infinité d’enfants, sont morts plusieurs, les uns tués, les autres outragés de coups, de famine, de pauvreté et de mélancolie, se voyant traicté avec beaucoup d’indignité et de violence par les Hongrois, Suédois et Allemans qui estoient dans le pays » (E sup. 54, Tantonville, 3196). La « terreur » française 4 juin : prise de Châtillon-sur-Saône, tenue par une garnison de 400 Lorrains et Croates, par le maréchal de Sourdis. Dans les villages avoisinants des détachements sèment la « terreur française ». À Fresnes-sur-Apance, l’église et les maisons de la grande rue sont ruinées et des cadavres se balancent aux portes des granges. La ville prise, le château est rasé et les maisons sont abandonnées, les survivants viennent grossir la population des villages qui n’avaient pas trop souffert, et il faut attendre 1654 pour que huit familles viennent se réinstaller dans les maisons désertées (Roupnel, 1955). En Ponthieu, guerre paysanne entre les deux camps ” Préliminaires à l’invasion espagnole de 1636, des raids de reconnaissance conduisent des paysans artésiens au sud de l’Authie en territoire français. Ils y sont repoussés. « La nuit entre samedi et dimanche 18 juillet, une partie de la garnison d’Hesdin et bon nombre de paysans bourguignons passent l’Authie, entrent en France droit au village de [Estrées-lès-Crécy ou Fontaine-sur-Maye], le pillent, 455

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et prennent M.  de [Navailles] prisonnier ; cela fait, ils retournent en Artois, mais bon nombre de paysans des villages voisins, notamment du village de [Crécy-enPonthieu], étant bien armés, vont les attendre au passage dans un petit village proche de Labroye, appelé Le Boisle ; une partie des paysans se placent en embuscade dans l’église ; d’autres pénètrent dans les maisons ; d’autres encore se cachent dans les jardins derrière les haies et les broussailles ; bientôt on signale l’arrivée des ennemis ; ils sont chargés de butin, tel que vaches, chevaux, hardes et M. de [Montault], prisonnier » (Boisbergues, 12). En Pays de France, la gestion d’une ferme seigneuriale Alors que la menace ennemie est d’actualité –  le contrat suivant fait état du cas d’« hostilités d’ennemis » –, la gestion des fermes seigneuriales assure tout autant de confortables rentes au bailleur qu’un pouvoir économique et symbolique certain au preneur, qui prend en charge, en dehors de l’exploitation agricole des terres du domaine, l’entretien du système féodal. La complexité des tâches est telle qu’elle suscite un luxe de détails dans le renouvellement du bail de la ferme seigneuriale de Maffliers (Val-d’Oise), que consentent Marc Le Boulanger et Pierre Pastoureau à Nicolas Delacourt et Anne Ferry, sa femme, pour 7 ans, le 20 décembre 1635. C’est chez le notaire parisien des propriétaires, magistrats du Parlement, que le contrat est établi. « Furent présents en leurs personnes Messire Marc Le Boulanger, conseiller du roy en ses conseils et en sa cour de Parlement, et président des enquestes d’icelle, demeurant en ceste ville de Paris, rue des Augustins, paroisse Saint-André des Artz, et Monsieur Maître Pierre Pastoureau, sieur d’Ouarville, conseiller du roy en sadite cour de Parlement, à cause de dame Jehanne de Combaud, son espouze, demeurant en ceste dite ville de Paris, rue des Noyers, paroisse Saint-Séverin, seigneur baron de la terre et baronnie de Maflée, Montsoult et Bethemont, et autres appartenances et dépendances. « Lesquelz, volontairement, ont recongnu et confessé avoir baillé et délaissé à tiltre de ferme et admodiation d’argent, du jour et feste Sainct-Jehan-Baptiste mil six cent trente-sept jusques à sept années, sept cueillettes et despouilles consécutives après ensuivantes […] à Nicolas Delacour, laboureur demeurant à Maflée, à ce présent, preneur audit tiltre ledit temps durant, tant pour luy que pour Anne Ferry, sa femme, de laquelle il se fait et porte fort en ceste partie, promettant luy faire ratiffier et avoir pour agréable […] dans trois moys prochain… « C’est assavoir le corps du logis estant en la première court du chasteau dudit Maflée, au-dessus des escuries, dont l’une n’est comprise au présent bail, ains réservée pour la commodité desdits sieurs bailleurs. Plus, leur est baillé la grange dixmeresse et commodités de la basse court estant proche d’icelle. Plus, les logis, édiffices, jardins de ladite ferme et celuy estant derrière la grange dudit chasteau, déppendant de ladite baronnie. Les terres labourables, prés, bois taillis, avenages, cens, rentes, lotz, ventes, dixmes, champartz, moulins, dont l’un à eau et l’autre à vent […] et générallement toutes les autres choses deppendants du revenu de ladite baronnie, terre et seigneurie de Maflée et des chastellenies de Bethemont et Montsoult […]. Pour, des susdites choses cy-dessus baillées, jouir par luy et sadite femme lesdites sept années durant tout ainsy qu’ils ont cy-devant faict et font encore à présent. 456

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« À la réservation des bastiments et édifices estant en la grande cour dudit chasteau, tours, terrasses, parterres, bois de haulte futaye, allées estant en iceulx et des autres allées qui sont aux bois taillis […] à la réserve aussy de tous les balliveaux qui sont de présent et seront auxdits bois taillis, pour en disposer par lesdits sieurs bailleurs ainsi qu’il leur plaira. Pareillement, à la réservation des droits de présentation du patronage des chapelles deppendant de ladite baronnie de Maflée, droits de rachaptz, quintz, espaves, confiscations, droictz de fisque et autres proffits féodaux des fiefs et arrière-fiefs déppendant d’icelle baronnie et chastellenie de Montsoult et Bethemont. […] Comme aussi à la réserve des délitz qui auront esté commis ès bois de haulte futaye et taillis, dont les coupes auront esté faites, des dommages et intérests qui seront adjugés contre ceulx qui se trouveront avoir fait lesdits délitz. « Cesdits présents bail et prinse faictz aux réservations susdites et aux charges, clauses et conditions qui ensuivent : savoir est que ledit preneur et sadite femme seront tenus payer par chacune desdits sept années, le gros, dû au curé dudit Maflée, montant à deux muids de blé et ung muid d’avoine, ainsi et aux termes qu’il a accoustumé d’estre payé. Item, les gages des officiers de ladite baronnie et chastellenie et gardes des bois, tels et semblables qu’ils ont acoustumé d’estre paiez, lesquels officiers lesdits sieurs bailleurs se réservent d’instituer et d’y pourvoir ainsy que bon leur semblera. Et oultre, moiennant le pris et somme de six mille livres tournois de ferme et admodiation pour et par chacune desdites sept années […] à payer auxdits sieurs bailleurs en leurs hostels, en ceste ville de Paris, à chacun pour leurs portions susdites ou au porteur, à trois termes et trois paiements esgaux, qui seront Noël, Pentecoste et Saint-Remy […]. « Seront tenus faire bien et deument labourer lesdites terres labourables par solles et saisons convenables, convertir les feures et fourrages en fiens pour en fumer et amander lesdites terres près et loing, tenir lesdits prez netz et en bonne nature de faulche, faire rellever les fossez d’iceux ès lieux où il y en a, entretenir les hayes clozes desdits prez. « Plus entretenir les bastiments qu’ils occupent de menues réparations nécessaires à y faire pendant ledit temps. Faire couper durant icelluy lesdits bois taillis par les coupes ordinaires et en l’aage de sept ans, ainsy et selon l’ordre acoustumé, et délaisser en chacun arpent desdits bois le nombre de jeunes ballivaux tel qu’il est acoustumé esdits bois, oultre les anciens qui y sont ausquels lesdits preneur et sa femme n’auront droict quelconque […]. Lesdits preneur et sa femme seront tenus résider ou faire résider gens de leur part dont ils répondront au logis estant sur lesdites écuries dudit chasteau pour la garde d’iceluy et prendre la charge des meubles qui y sont selon l’inventaire que leur en sera baillé. Et néantmoings, en cas d’hostilités d’ennemis, lesdits sieurs bailleurs auxquels ils appartiennent seront tenus les faire retirer. « Oultre, à la charge de faire par lesdits preneur et sa femme, par chacun an, ung papier de recepte desdites censives, champarts, rentes, et advenages, comme aussy faire tenir et exercer la justice et plaidz, tant ordinaires que de gruerie, de ladite baronnie de Maflée et chastellenie de Montsoult et Bethemont aux jours et lieux acoustumé. Faire faire les saisies à faulte de paiement des droits du cens et autres redebvances, soustenir les procès à leurs despens jusques à contestation en cause […]. Faict et passé double ès maisons desdits sieurs bailleurs, le jeudy après-midy vingtiesme jour de décembre mvic trente-cinq, et ont signé » (AN, MC, XVI, 345). 457

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En Sancerrois : des petits exploitants comme « mulets » de l’État Tandis que l’entrée de la France dans la guerre de Trente Ans fait bondir la pression fiscale, la taille que les villageois ont à se répartir est fonction, peu ou prou, de leurs revenus. Dans cette petite paroisse du sud du comté de Sancerre, la société rurale n’est guère polarisée. Néanmoins, une hiérarchie – et une complémentarité  – apparaît entre deux types principaux de paysans  : les « laboureurs » qui exploitent, souvent en commun (comme « consorts ») des métairies de quelques dizaines d’hectares ; les « maneuvres », qui offrent ici une figure emblématique du petit exploitant, vivotant de la pluriactivité sur 1 à 5 ha. En fait, dans ce pays du centre de la France, les contrastes économiques et sociaux restent mesurés. « Rolle et département des tailles de la paroisse de Saint-Bouise, mandées estre imposées l’année présente mil six cens trente-cinq sur lesdicts habitans […]. Premier, la vefve Jean Darbier, ung denier. François Charlon, maneuvre, quatre livres. Noël Chauveau et consorts, laboureurs, treize livres. Le vefve François Nauldin, cinq sols. Simon Couet, maneuvre, un sol. La vefve Simon Forêt, dix sols. Louis Fontaine et consorts, laboureurs, treize livres dix sols. Jean Chiguin, maneuvre, quarente sols Jean Gouin, maneuvre, cent quatorze sols. Louis Garreau, maçon, quatre livres dix sols. Mahurin Pesant, charpentier, six livres. François Bourbonnat, maneuvre, trois livres cinq sols. Jean Barrou et consorts, laboureurs, douze livres quinze sols. Jean Marnier et ses communs, mareschaux et laboureurs, treize livres dix sols. La vefve Pierre Delorme, trente sols. Simon Barrou, maneuvre, neuf livres. Jacques Solligny, cinq sols. Edme Boisseau et son gendre, foulons à draps, sept livres. Charles Barreau, laboureur, six livres dix sols. François Rameau, maneuvre, cent-dix sols. […]

Faict et arresté par nous, égalleurs susdicts, en la présence dudict Jomier, notaire royal susdit, pris par nous pour greffier, auquel moy Jean Rebours, ai déclaré ne savoir signier, ledict jour 25 mai 1635 » (AD 18, E 19913, d’après Maîtrepierre, HSR 45, 2016). Rasement de châteaux « Au mois d’apvril de ceste année  1635, furent rasez les chasteaux de Ciffey, Monteigney et Monteclair appartenant à la couronne de France, le tout suyvant la volonté de sa Majesté, ce qui fut promptement exécuté par le seigneur de Choisy, intendant de justice ès provinces de Champagne et Lorraine » (Macheret I, 30). La même année, rasement du château de Murat (Cantal). 16 juillet : aux Alleuds, en Anjou, sépulture d’un enfant « navré par un porc » (E sup. 49, II, 369).

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Lutter contre le banditisme corse : primer la tête des assassins comme pour le loup Le 28 août 1635, comme l’exige la loi en matière de primes (article lxxx des Statuts civils et criminels de la Corse), les têtes de deux bandits – Giovan Orsino et Anton Santo – sont présentées aux autorités : « Une tête aux cheveux longs, noirs, et à la figure noire, d’un individu de 24 ou 25 ans, l’autre avec des cheveux longs, mais plus courts, châtains, d’un individu de 22 ans, à la face blanche. Sur la première on voit un peu de barbe noire, sur l’autre elle est naissante. » Une fois reconnus les criminels par un défilé de témoins, les chasseurs de primes obtiennent leur récompense (AD Corse du Sud, 5FG62, d’après Graziani, 9).

1636 Sécheresse, grêles et orages ~ 1er juin : en Limousin, « le dimanche, jour de Saint-Clair, premier jour de jung mil six cens trente six, environ l’heure de cinq heures de soir, a faict une grand tempeste : l’oraige a duré deux heures. Toute la terre où il a tempesté a demeure couverte de gresle tout le restant du jour, et ne plusieurs endroicts deux jours après […]. Ladite année 1636 a esté fort advancée, car les bleds ont este a demy couppés le jour de Saint-Jehan, et tout a esté bon marché : le bled s’estant vendu ledit jour vingt solz le cestier » (Lagarde, 301-302). ~ 2  juin  : à Thivars, en Beauce, « on a commencé à couper des seigles à cause de la grande sécheresse qu’il a faict, à cause qu’il n’a point tombé d’eau depuis la mi-février jusques environ la Saint-Pierre et Saint-Paul » (E sup. 28, III). ~ En septembre  : très grave orage dans la région de Dol à Pontorson (Histoire des effets prodigieux et épouvantables, éd. Charles Lormier, 1887). ~ 26 novembre : « grands orages, tant de pluies, grands vents que grands éclats de tonnerre » à Brissac, en Anjou (E sup. 49, II). Paroxysme de peste ? Peste signalée autour d’Abbeville, Albi, Amiens, Angers, Angoulême, Annecy, Annonay, Arles, Avallon, Avesnes, Bar-le-Duc, Bar-sur-Aube, Bayeux, Beaune, Belfort, Besançon, Bordeaux, Boulay, Boulogne, Bourg-en-Bresse, Briey, Cambrai, Chalon-sur-Saône, Chaumont, Commercy, Dieppe, Dijon, Douai, Elbeuf, Épinal, Gray, Langres, Lille, Lyon, Lure, Metz, Mézières, Nancy, Nantes, Paris, Pontà-Mousson, Provins, Reims, Rennes, Rethel, Saint-Omer, Semur-en-Auxois, Thionville, Toul, Toulouse, Troyes, Verdun et Vervins (Biraben, 387). n

Indice maximum (2e position) des sépultures en France (indice 175 sur la période 1550-1790) (Dupâquier, II, 150). La peste « suédoise » en Lorraine et sur ses marges C’est en janvier, que l’invasion des troupes suédoises venues d’Allemagne sème en Lorraine la « peste suédoise », d’abord autour de Toul, du 24  janvier au 459

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27  novembre, puis de Metz entre avril et décembre. L’Ouest lorrain est frappé aussi, Verdunois et Barrois surtout, ainsi que les régions de Nancy et de Pont-àMousson, Vézelise dès novembre 1635 et jusqu’en juillet 1636 (Cabourdin, 104). La guerre accentue, par les mouvements des troupes (Suédois, Croates et Français) et l’exode des populations, une maladie latente depuis 1621. En outre, l’invasion de la région en mars, mois des labours et des semailles, jointe à la violence de l’épidémie en août, mois des récoltes, désorganisent la vie agricole, provoquant la rareté des grains et par là même la famine. Des trois fléaux qui frappent la région en 1636, il ne fait guère de doute que la peste reste de très loin le plus meurtrier. Certains villages perdent jusqu’à 60 % de leur population. À Vézelise, Mars-la-Tour et Gondreville, c’est l’hécatombe. Dans ce dernier village, le clocher de mortalité (256 victimes), lié à la peste, présente un maximum en juillet et août (BMS en ligne, vues 108-110). Selon Dom Ganneron, chartreux du Mont-Dieu (Ardennes), 20  000  personnes en seraient mortes depuis Sedan jusqu’à Verdun (Annales de dom Ganneron, 1893). En cinq mois, l’épidémie aurait causé plus de 10 000 victimes, tant à Dun qu’à Stenay, alors que la famine y est effroyable. Dans le Bassigny voisin, la situation est aussi tragique : « Ceste année 1636, s’est finie une très grande guerre au dehors et peste au dedans de la ville de Langres ; peste, dis-je, plus grande que l’on ne croyait à cause de l’automne qui fut fort chaud. En ceste même année, le village de Pernoy [Haute-Marne] en Bassigny fut désolé par la peste : de 153 feux, il n’en reste que 26 » (Macheret, 64). Autres vagues de peste En Anjou, contagion à partir de Pâques à Andard (E sup. 49, II). En Bourgogne du Nord, « peste générale » (Roupnel, 1955). En Thymerais : à Thimert (36 morts du 26 mai-27 août) et à Villette-les-Bois d’août à novembre, contagion à laquelle s’ajoute en octobre, à Saint-Sauveur-Marville « la vérolle, maladye qui pour lors régnait grandement en ce pays » (E sup. 28). En Île-de-France  : « contagion » à Attainville (Val-d’Oise) qui frappe surtout dix maisons de septembre à novembre, et en Multien, à Étrépilly (Seine-et-Marne), en octobre (BMS). En Normandie : Peste générale, à Eu, dans l’élection de Caen, dans celle de Falaise, frappant de nombreux chefs de familles imposés à la taille. Dans l’élection de Mortain, la paroisse de Milly est atteinte au mois de juin et, depuis le 12 août 1636, les habitants ont dû s’enfuir, abandonner leurs maisons, quitter leurs terres. Autour de Caen, « grande quantité de paroisses infestées de la peste et de la contagion » (AD 14, Bureau des finances de Caen, 1636, f° 8 et 203v°, Foisil, 120). n

Ravages des Espagnols en Picardie Le 1er  juillet, les Espagnols entrent en France par la Thiérache et prennent La Capelle. Le 14 août, après trois jours de siège, ils font capituler Corbie. ” « Les ennemis étant maîtres absolus de Corbie firent fortifier la ville […] une grande quantité de chars et de chariots étaient occupés à transporter clans la ville tout le blé volé par les ennemis dans le Santerre et dans le Vermandois ; ils 460

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servaient aussi au transport des gerbées, de l’avoine et du fourrage destinés à la nourriture des chevaux » (Boisbergues, 16). En septembre, les Français pillent le plat pays pour approvisionner Doullens. Les villageois des environs sont réquisitionnés pour défendre la ville. ” « Les gens de guerre furent placés hors de la ville dans des demi-lunes que M. de Rambures fit établir ; trois de ces ouvrages furent élevés entre la ville et le château ; M. de Rambures obligeait les habitants des villages voisins à venir travailler à tour de rôle et à leurs dépens aux demi-lunes qu’il faisait élever ; la tâche était imposée en proportion du nombre d’habitants ; elle devait être exécutée sous peine d’une grosse amende ou sur la menace d’un pillage ; les cavaliers allaient à main-forte surprendre dans les champs les vaches et les charrues des réfractaires et les vendaient à vil prix en ce bourg de Domart » (ibid.) À la fin du mois, les Espagnols ravagent les campagnes picardes. ” « Le 22 septembre, comme les ennemis, conduits par Jean de Werth et le prince Thomas, étaient campés à Gézaincourt, Bagneux et autres lieux près de Doullens, où ils étaient arrivés la veille, ils eurent avis que l’armée du roi avançait ; aussitôt ils abandonnèrent chariots, bagages et attirail dans les champs et allèrent camper à Fienvillers, Bonneville, Montrelet, Fieffés, Berneuil et Gorges, d’où ils vinrent fondre sur Domart le vendredi 24  septembre et brûlèrent quarantequatre maisons, entre autres celle de M.  le maréchal de Créquy, qui était dans le château » (ibid.) ” « En l’année  1636, tous les habitants du village de Villers-au-Bocage ont été chassés dehors de leur village à cause du siège de Corbie, et ne sont retournés qu’en 1637, et n’est retourné que fort peu de monde, et sont morts par les villages » (E sup. 80). Exode des populations rurales (avril-octobre 1636) Fuyant l’invasion espagnole, de nombreux ruraux quittent la Picardie pour descendre plus au sud. Des familles entières prennent la route, avec femmes enceintes et enfants. Beaucoup s’arrêtent en Île-de-France. Dans les campagnes du nord de Paris, les registres paroissiaux abondent de mentions relatives aux réfugiés de la guerre de Trente Ans. Accueillis dans les grandes fermes du Valois, du Multien et de la plaine de France, et installés dans les étables des gros laboureurs, ils y succombent par dizaines. Certaines mères y accouchent. Le 9 avril 1636, le curé du Mesnil-Amelot baptise l’enfant de Lorrains, réfugiés de Verdun et « réduits à abandonner leur pays pour avoir été totallement ruinez par l’incursion des gens de guerre » (AC Le Mesnil-Amelot, BMS). Le 28  septembre 1636, dans la ferme isolée d’Orcheux, naît la petite Marie Boite, aussitôt baptisée par le curé d’Ève-sous-Damartin dans l’église paroissiale : « Le 28e  septembre audit an [1636], fut baptisée Marie, fille de Jean Boite et de Jeanne Goron, sa femme, Picards réfugiés à Orcheux à cause des Espagnols en Picardie » (Arch. com. Ève, 1er  registre BMS). Du 15 au 20  septembre  1636, une douzaine de Picards, descendus jusqu’à Roissy-en-France, y succombent, notamment Jeanne Moreau, de Richemond en 461

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Picardie et Antoine Cateau, des faubourgs de Chauny, dans le diocèse de Noyon (AC Roissy-en-France, état civil, 2e  registre). Le 16 octobre suivant, on enterre à Raray un enfant venu de Roye en Picardie (AC Raray, état civil, 1er  registre). La Lorraine et la Champagne à feu et à sang Début mars, les Croates quittent le pays de Montmédy pour Verdun. Après avoir traversé la Meuse à Vilosnes, ils arrivent à Brieulles, où ils assiègent en vain les paysans du canton, fortifiés dans l’église le 4 mars. Après avoir massacré ceux qui s’en échappent et les dix-sept femmes cachées dans une maison aboandonnée, les Croates poursuivent leur route sanglante jusqu’à Montfaucon qu’ils pillent, ainsi que dix-sept villages des environs. Le 6  juin, l’église paroissiale est incendiée, et la plupart des réfugiés périssent dans l’incendie. En mai, la région de Montmédy est livrée au pillage par un ramassis de vagabonds protégés par le seigneur du fief de Hugne, près de Juvigny, Claude-Charles de Housse. Pour s’opposer à l’occupation française, il s’allie à des gens sans aveu qui pillent les environs. Renforcée par des mercenaires ennemis, la troupe passe la Meuse le 8 mai, brûle le village de Beaufort et ravage Beauclair, Halles et Wiseppe, avant d’enlever le troupeau de vaches de la ville de Stenay. Toujours en mai, les Lorrains du baron de Clinchamp dévastent la haute vallée de la Marne : ” « L’an 1636, environ le moys de may, le duc Charles mit certaines garnisons de volleurs et coureurs ès places de Darney, Richecourt et autres, lesquels volloient et brusloient tout ; et fut leur capitaine le baron de Clinchamp ; et brûlèrent en la première sepmaine de may les villages de Montigny-le-Roi, de Fresnoy, passant par le fil de l’épée tous ceulx qui n’étaient capables de lui payer rançon […]. En ce mesme mois de may, le susdit baron de Clinchamp mit à rançon tout le paiis et leva et receut environ 13  000 pistoles depuis la rivière de Marne jusqu’en la Lorraine » (Macheret, I, 42-43). À la fin de mai, 22 villages de l’Argonne sont brûlés par les Croates : ” « Monsieur le comte de Soissons, sur la fin de may, se retire à Mouzon pour estre mieux au couvert des courses des Cravates qui bien souvent lui donnaient des alarmes en la campagne, tésmoing le feu mis à Montfaucon et à vingt-deux villages, en tirant du côté de Grendpré ; ce qui a causé une grande terreur à ceux de la plate campagne, qui quittent le lieu de leur demeure pour se retirer dans les villes, s’ils peuvent, ou bien dans les bois, ne pouvant plus supporter les voleries et pillages qui s’exercent partout ; les gens du roy faisant autant de mal que l’ennemy, à la réserve du feu » (Bigot, 56). ” En octobre, dans les Trois-Évêchés, le village de Sainte-Barbe, est incendié par un régiment de Croates, les habitants forcés dans l’église, massacrés pour un grand nombre (Dictionnaire du département de la Moselle, 1817, 32-34). Du 15 octobre au 31  décembre, autour de Langres, les villageois se réfugient dans les bois pour massacrer les soldats isolés. ” « Faut notter que, depuis le quinziesme octobre jusqu’à la fin de ceste année 1636, les Suédois et Croates n’ont presque point manqué de courir chascun le partt contraire avec très grande ruine du paiis et perte de plusieurs villageois, lesquelz 462

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villageois jouant de leur reste, furent conctraincts de tenir les bois pour la plus part et sans avoir acception de party, tuoient Suédois, Croates à toute rencontre » (Macheret, 60). De la Bourgogne à la Franche-Comté : ravages des Impériaux ” Du mercredi 18 mai au jeudi 14 août 1636, la ville de Dole est assiégée par le prince de Condé, lieutenant général du roi, et le colonel Gassion. « Ledit prince fut contraint de lever le siège le jeudi 14e  jour d’août, ce qui a causé la perte totale et la ruine entière de tout ce pays » (Macheret, 46). 250 villages sont ruinés (Roupnel, 1955, 7). Le siège de Dole est levé sous la pression du duc Charles IV de Lorraine, avec derrière lui 45  000  hommes « tant Allemands que Croates […] sans comprendre la menuaille ou lie de l’armée, composée de quantité de volontaires, femmes, filles de guerre, laquais, pourvoyeurs et autres de tel genre qui faisoient encore plus de 30 000 bouches » sous la direction du comte Galasse (général des Allemands), du général Fourcasse (général des Croates), du baron de Mercy et du major Lamboy sous l’autorité du Roi Catholique pour la défense du comté et l’alliance avec le duc de Lorraine. « Cette armée faisoit trembler les provinces de Champagne et de Bourgogne » (Macheret, 48-49). Du côté français, trois armées ravagent les campagnes en août et septembre : « Sa Majesté chrestienne ordonna trois corps d’armée pour faire tête [aux Allemands et Croates], sçavoir la première, l’armée du seigneur cardinal de La Valette, composée de 20 000 hommes ; celle du grand-duc Bernard de Weymar, appelée l’armée suédoise, composée de 15 000 hommes ; et celle du seigneur de Vaubecourt, composée de 6 000 hommes, laquelle dernière estoit placée à Rolampont, afin d’attendre si l’armée espagnole s’approcheroit de Langres ou Chaumont […]. Toutes lesquelles armées ont grandement ruinez ce paiis et furent à se regarder et costoyer environ trois sepmaines sans beaucoup se chocquer » (Macheret, 49-50). ” Du 15  septembre au 25  octobre, du côté « ennemi », les Impériaux de Gallas mettent à feu et à sang la plaine de la Saône : 86 villages détruits (Roupnel, 1955). En novembre, les Suédois de Bernard de Saxe-Weimar poursuivent les Impériaux en retraite : « Dix lieues à la ronde de Dijon, tout est perdu plus par les Suédois que par les ennemis » (lettre de Condé à Richelieu, Roupnel, 1955, 19). Des débris de l’armée impériale sortent les bandes de « Croates et Comtois » qui pillent la plaine bourguignonne jusqu’en 1645. Ottonville (Moselle) : l’apocalypse au village ” « Cette paroisse florissait par ses richesses, ses troupeaux et un nombre considérable de laboureurs courageux et robustes, lorsqu’une série interminable de malheurs vint fondre sur elle. Nous étions égorgés par les Suédois, les Lorrains pillaient tout, les Impériaux nous traitaient en ennemis, les Messins ne nous portaient aucun secours, et dans cette position, obligés à la neutralité, nous étions constamment en butte aux incursions de soldats pillards de Thionville et de Sierck qui nous enlevaient chaque jour une grande quantité de bétail. 463

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« La veille de la fête de Saint-Michel [28 septembre], une cohorte du marquis de Bade ravit d’un seul coup 300 bœufs, 500 porcs et 50 chevaux, mit à mort le pasteur des bœufs et cependant m’épargna, moi le pasteur des hommes. La même cohorte enleva ensuite, vers la Saint-Martin [11  novembre], 60 autres vaches et 20 chevaux. J’obtins même, sur la demande de mes paroissiens, du duc Charles de Lorraine, campé à Boulay avec son armée, la confirmation de la protection de notre village. Cependant je ne pus empêcher que nos récoltes ne fussent saccagées et que la moitié du village ne fût incendiée par les troupes du baron de Blainville, de Lenoncourt et de Mercy, qui, semblables à une nuée de sauterelles, anéantirent tout durant l’espace de dix jours. « Ce qui avait échappé à la sauterelle fut ensuite dévoré par la chenille, c’est-àdire par l’armée des Croates et des Hongrois qui séjourna près de six semaines et plus dans la vallée de la Nied et anéantit presque tous les villages par la dévastation et l’incendie [le village de Bechingen, annexe d’Ottonville, est complètement détruit par les Croates]. Confondant tout dans sa rage, le sacré et le profane, elle ne tenait compte ni de la valeur personnelle, ni de l’âge, ni du sexe. Les objets cachés ou enfouis étaient partout découverts et enlevés, tout ce qui restait encore de bétail était emmené ; on n’entendait parler de tous côtés que de jeunes filles violées, de mères assassinées et d’hommes mis à la torture. « Ils donnaient la question en proposant au patient de boire un coup diabolique qu’ils appelaient le “coup suédois” [suecum] : l’homme étant couché sur le dos, on lui introduisait de force dans la gorge, jusqu’à rupture des parois de l’estomac, de l’eau ou de l’huile et quelquefois des ordures, pour l’amener à indiquer les lieux où étaient cachés l’argent, les provisions ou les hardes. Vêtu hors de chez lui ou nu à la maison, nul n’était en sûreté. La jouissance de l’air était refusée aux vivants et la sépulture aux morts. Auparavant on pouvait acquérir et posséder des terres, cette année on se disputa avec acharnement l’espace nécessaire pour un tombeau. « Partout les cimetières furent remplis et agrandis. Quoique souvent à Boulay 10 ou 12 corps fussent inhumés dans une seule fosse, dans les villages, un grand nombre attendirent pendant huit jours, beaucoup attendirent même des mois entiers, et dans quelques maisons quatre ou cinq cadavres restèrent sans sépulture. « La peste, la famine, la fièvre de Hongrie et d’autres calamités semaient la mort de tous côtés ; le plus robuste était par cela même plus violemment atteint et plus rapidement enlevé. Celui qui paraissait avoir échappé une fois à la maladie ne tardait pas à succomber après trois ou quatre rechutes, avec des alternances de mieux et de plus mal. Nous avons inhumé la plupart de ceux de notre paroisse à Boulay et ailleurs, et nous avons célébré leurs services funèbres dans la chapelle du château, à une époque où nous n’avions ni calice sacré ni autres ornements, et où personne ne pouvait demeurer dans le village ; ce qui dura depuis la fête de la Toussaint jusqu’à la Septuagésime [20 janvier 1636]. Que leurs âmes et celles de tous les fidèles défunts reposent en paix. Amen » (L. Boulange, Le manuscrit de Henri Champson, curé d’Ottonville en 1635, L’Austrasie, revue de Metz et de Lorraine, 1854, 7-14, traduction du latin).

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Les « Cravacs » à Plappeville, ou comment « mettre le feu dans la paille des couches » ” « Tout ce ravaige et désastre fait, ces Cravacs, conduits par un homme de Betelly, s’en vinrent droit à Plappeville, passant à l’Orme à l’angevines, entre la côte de Saint-Quentin et celle de Plappeville, s’en vinrent à Plappeville et à Thignomont, pillant, mettant le feu en dix-huit ou vingt maisons, criant, hurlant comme diables. En fin de compte, ils mirent à la mort les nommés Woirin, lieutenant du maire audit lieu, Nicolas Grandjean, Élie le Roucel, Thomas Bauchez, jeunes fils à marier qui estoient mes cousins, tant les Woirin que Bauchez, où à l’heure qu’ils furent tués de coups de pistolets, j’y estois et les vis cheoir à terre. « J’y fus fait prisonnier moy mesmes et dépouillé en pure chemise. Loué Dieu et je l’en remercie, je ne fus pris prisonnier, mais après m’avoir pris mes habits un Hongrois me pointa d’un coup de pistolet […], il manqua à feu, grâce à Dieu ! et à Monseigneur Nicolas ! voilà où je m’enfuis. […] « Estant donc l’ennemi sorti dudit Plappeville, les gens coururent esteindre le feu qui estoit en leurs lits et leurs logis. La première chose que les Cravacs faisoient en entrant dans une maison, c’estoit de mettre le feu dans la paille des couches : tellement que cela fut cause que la plus grande partie du village de Plappeville et Tignomont ne fut brûlée de fond en comble. Le feu y estant, la plume du lit l’étouffoit » (Bauchez, 294-295). Hortes : village martyr Troisième témoin, Clément Macheret, curé d’Hortes-en-Bassigny (auj. HauteAmance, Haute-Marne, à l’est de Langres), souligne que le pire vient de la résistance inutile d’un village contre une armée en campagne. Grâce à lui, on suit l’une après les autres les étapes de la tragédie. ” « L’an susdit 1636, le mardi 23 septembre, certains escadrons de Croates avec d’autres soldatz du party impérial et espagnol apparurent sur la coste de Lerreux, proche et finage d’Orthes, et de là vindrent jusques au-dessous de la rue SaintDidier, assé proche de la petite église qui était au bas du village, lesquels furent assez bien repoussez ; et environ trois heures après parurent 12 cavaliers au-dessus de la rue de la Barre, qui pareillement furent contrainctz de quitter, pourtant receurent la courtoisie de quelques bouteilles de vin qui leur fut portée hors l’entrée dudict village. « Le lendemain, mercredi 24  septembre, les susdicts Croates et autres ennemis vindrent quasi au nombre de quatre cent du costé de Rosoy et prindrent les bestes dudit village au lieu dict “Entre deux Vefves”, scavoir environ 1 500 bêtes à cornes et trois mille, tant moutons que brebis, et en oultre voulurent voir la résolution des païsans pour maintenir leur garde, lesquels ne furent forcez en leurs dites gardes et barricades mais peu s’en fallust, et promirent lesdicts habitants de donner rançon afin de n’être pas brûlez ni prisonniers, à charge pourtant de ne rien répéter de leur bestial, ne point résister à leur force, ains mettre les armes bas et s’absenter affin de leur donner libre entrée au dict village d’Orthes pour y chercher leur vivre et nécessitez, moyenant quoi lesdits Impérialistes croates et espagnols et comtois ne brusleroient point ledict village, et receurent lesdicts 465

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ennemys la rançon accordée, laquelle fut à l’instant levée par deux personnes et portée payer au lieu de Rosoy […]. « Plusieurs ne goustèrent pas le susdict accord ains se résolurent à se défendre contre un corps d’armée ce qui leur cousta cher, car ce mesme jour 25  septembre 1636, environ les neuf heures du matin, la sudicte armée ennemie, venant chercher sa proie suivant les accords du mercredy, veille de ce jour, et se croyant rafraischir, vint quasi au nombre de quatre mille hommes tant en armes que suivant le bagage et marchant en corps d’armée depuis Rosoy jusqu’au dit Orthes, laquelle approche des barrières dudict village, voyant qu’il y avait résistance contre leur foy, força incontinent les barrières proche a maison des chevaliers de Thon et fillant le long de la rue du Pont, arrivèrent jusque au près de la halle dudict Orthes et, par ce moyen, se distribuèrent facilement dans tous les quartiers dudict village sans contredict […]. « Ceulx du village, se voyant estre entièrement perdus et en proye de leurs ennemis, tirèrent et déchargèrent sur eux environ douze coupz de fusilz et en blessèrent et tuèrent plusieurs. Quoy considéré par lesdicts ennemis, bruslèrent deux rues, savoir celle dite la rue du Pont en allant audict Rosoy, et celle de dessous l’église, affin que par la dernière ils puissent estouffer et perdre de fumée ceulx qui estoient à l’église, ce qu’ils firent car le feu fut si grand qu’il brusla le clocher et le toict de la nef de ladite grande église où il y avait plus de quatre cent personnes. Les ennemis, voyant que lesdicts habitants dudict Orthes ne se vouloient rendre, ains persistoient à se deffendre valeureusement, gaignèrent la gallerie qui était au-devant de la grande porte et là étant, commencèrent à démurer ledict portail. Et ayant trouë quelque peu pendant que les autres continuoient à oster ladicte muraille, tirèrent si grande quantité de mousquetade qu’ils renversèrent par terre ceux qui estoient propres à la défense du bas de ladite église, et entrant par force leur sabre et coutelas en main, firent un si grand carnage qu’ils tuèrent tout ce qu’ils eurent à leur rencontre, puis mettant le feu au bas de ladicte église, bruslèrent sièges, livres, crucifix, images de Notre-Dame et des saints, ornements, autels, calices, et autres choses comme croix, bénistiers, chappes, nappes, coffres, titres et papiers de très grande conséquence en telle sorte qu’il n’y a resté qu’une forme de gouffre ou enfer en considérant le creux de ladite église […]. « Cependant ceux qui estoient sur la voûte, se défendant du feu qui les pressoit, tant par dessoubs qu’à costé, ne laissèrent de tirer continuellement et n’épargnèrent non plus leurs ennemis, que lesdicts ennemis avaient fait contre les habitants qui estoient au bas de ladite église, et en tuèrent jusque au nombre, tant d’officiers que cavalliers, de deux cent environ. Ce qui anima tellement les généraulx de ladicte armée qu’ils bruslèrent quasi tout le reste dudict village et tuèrent tous ceux qu’ils eurent à rencontre, même jusqu’aux petits enfants ; et il y en eust de ceux dudict village de tuez plus de quatre cent personnes, tant à l’église, parmi les rues, aux maisons, que dedans les champs, et entre autres plus de quarantes petitz enfants qui estoient réfugiez au bas de ladicte église furent bruslez et ensevelis dedans les susdictes misères, desquels parties des corps furent trouvés quatre jours après, savoir tantost un bras, une tête, une cuisse ; d’aultres à demi brûlés, toutes lesquelles parcelles le sieur Nicolas Joliot, vénérable curé dudit lieu, ramassa 466

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luy-mesme et les fict enterrer en une grande fosse ronde, faicte quasi au milieu du cimetière à c’est effect. « Ainsi finit le malheur et ruine d’un village, qui se disoit estre quasi le premier et meilleur de tout son climat […]. Faut savoir qu’en c’est incendie furent bruslées environ cent soixante et cinqt maisons, esquelles il y avoit plus de cent composées de trois ou quatre chastz, cinq pavillons et deux églises ; bref, la perte tant de ceux du village qui fut en maisons, meubles, bois, graines, linges, vaisselles, argent monnoyé et non monnoyé, or et autres ustanciles de ménage, que celle des estrangiers qui y estoient réfugiez, y compris une très grande quantité tant de gros que menu bestial, et près de deux milles muids de vin qui demeurèrent à vendanger, a été estimée à la valeur de quarante-deux mille escuz, de prix faict par plusieurs dudict lieu, et sont à présent les plus pauvres du paiis. Dieu les veuille consoler et donner patience dedans leurs afflictions ! » (Macheret, I, 54-59). Au départ des soldats : « la grand puanteur » du Dijonnais et du Bassigny Dans son orthographe approximative, un arpenteur de la Côte bourguignonne témoigne du degré de corruption que laissent les Croates dans son village de Couchey. ” « En ladite année 1636, aus mois d’octobre, l’ennemy estrangé entrire dedant ce païs, qui s’appelloit les Cravat, estant conduit par le duc Charle de Lorene et ung nomée Gallals, qui estoint pour le roy d’Espaigne. Et premièrement vindre assiégée Mirebeux avec plus de vingt pièces de canon et entrère dedant le bourg, plus batire le chateaux, lequel ce rendy a composion [sic]. Il pilire, tuire et brulire grande quantitée de maison dedant ledit Mirebeux [Mirebeau-sur-Bèze] et ès village cironvoisin tout du lon de la Vingenne [Vingeanne]. Et, au départ de là, vinre assiégée Saint-Jehan-de-Lonne et toute leur armée estant à l’environd. […] « Et depuis ledit 24e  [octobre] jucque au huitiesme de novembre, toute l’armée du Roy fut à l’environ de Dijon, et ne passire jamais Couchey jucque au troiziesme de novembre qu’il sortire de Couchey pour allere à Nuyt [Nuits-Saint-Georges]. Et fure dedant cedit lieu de Couchey logée six ou sept jour plus de dix mille homme : tout en estoit plain, les maison, les ruz, cour, jardin, et encore tout à l’environd du village, qui estoint canpée, et avoint grand peure de l’annemy qui estoit puissant, et tenois t’on qu’il estoint plus de cinquant mil combatant, et tout contere plus de quatre vin mil, tant homme, femme que enfant. « Et estant donc tout retirée tant les gens du Roy que de l’ennemy, il faisoit dant lesdit village la plus grande puanteur du cheny qu’il avoint fait et des beste morte, princippalement des chevaulx qu’il failloy enterrere avec de grand peine à cause de la grand puanteur qu’il estoit. Mesme dans ce village de Couchey il y heux grand quantitée de mallade, et plus de cinquante que mourure l’ivert, tant homme, femme, que enfant. Je prie Dieu que nous conserve de ne plus veoir de telle misère, car elle estoit bien grande ! » (famille Robert, 119-123). « En Bassigny, l’infection est comparable. En décembre, le village de Torcenay (Haute-Marne) reste empesté par les armées  : « Ledict seigneur duc Weymar, retournant du comté, eust pour département le village de Torcenay et paiis d’alentour et y demeura environ jusque au 15e  de décembre de la présente année 1636, 467

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et ensuitte de l’infection de son armée audict lieu, moururent plusieurs paiisants dudict Torcenay, lesquels se pensantz retirer dans leurs maisons, les trouvèrent toutes infectées des corruptions que la guerre cause ordinairement » (Macheret, 64). À l’arrière : la « guerre aux esclops » en Auvergne ” « Province aultant chétifve et misérable qu’il y aye dans le Rouaulme », l’Auvergne est accablée en septembre par le passage des soldats et l’institution d’un impôt sur le bétail. « Il reste à vous dire que le passage ordinaire des gens de guerre, de la noblesse ou de ceulx qui marchent pour servir le roy, passant à discrétion sans paier, est la peste et le poison qui envahira et destruira cest estat s’il ny est promptement pourveu, le désordre est si effroiable que les pirats et escumeurs de mer, assemblés de tous les coings de la terre ne scauroient commetre telz excès » (F. D. 114/II/ n° 53 d’après Porchnev, 55-56). Le nouvel impôt sur les pieds fourchés met le feu aux poudres. ” « C’est une véritable révolte organisée dite “guerre des esclops”. Le 17  septembre  1636, à Ouradour et Fraissinet, les collecteurs d’impôts sont reçus par “quantité de personnes assemblées avec bâtons ferrés et autres armes, aux cris de ‘Tue ! tue les voleurs !’ Deux jours plus tard, à Mauriac, la révolte éclate contre les percepteurs arrivés depuis peu. Maltraités, emprisonnés, ils réussissent à s’évader grâce au juge. Tout le haut pays et en révolte et ce pour une période de plusieurs mois » (Claude Grimmer, in Daniel Martin, L’Identité de l’Auvergne, mythe ou réalité historique… 2002, 277). Le même mois, des ordonnances du roi suppriment les « menus » impôts qui s’ajoutaient à la taille, les droits sur le vin et sur la sortie des denrées (Porchnev, 71). Le grand soulèvement des Croquants ” Avril  1636 marque le début du soulèvement des Croquants, qui se répand jusqu’au printemps 1637 en Gascogne, Guyenne, Périgord, Quercy, Limousin, Languedoc, Saintonge, Poitou, Berry, Marche, Bourbonnais et Nivernais. En mai, la réception de la quote-part de la taille, en forte augmentation, et l’annonce d’un nouveau droit sur le commerce des vins soulèvent les villages de l’Angoumois. Le vendredi 6  juin, une véritable armée de paysans fait son entrée à Blanzac  : « Depuis deux mois en çà, les paysans et villageois des chastellenies de Barbesieux, Chalais, Montmoreau, Blanzac, et autres parties de Xaintonge et partie d’Angoumois s’estant soulevés […] vendredy dernier, sixiesme du mois courant, les habitans de la chastellenie de Blanzac, distante d’Angoulesme de trois lieues de Poitou, se serpient mis sur pied au nombre d’environ 4  000  hommes armés d’arquebuses et de piques, distribués en 12 ou 15 compagnies conduittes par leurs curés, tous lesquels marchans en bon ordre au son de quelques fifres et violons par faute de tambours, se seroient rendus en la ville de Blanzac ou la foire se tenoit avec une clameur et des menaces confuses contre la vie de tous les collecteurs des droits de Sa Majesté à l’exception de la taille, taillon et creuë des garnisons qu’ils disent estre prests de payer, voire de porter jusques dans la ville de Paris. » 468

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Les mutins assassinent un chirurgien de Bergerac qui transportait une lettre d’un gentilhomme d’Angoulême à un de Saintonge (La Fosse, lettre du 9 juin au chancelier Séguier, d’après Porchnev, 594-596). Le 24  juin  1636, 9  000 à 10  000  paysans réunis à La Couronne (Charente), établissent un programme de revendications. En juillet, rédaction en est faite par les paysans réunis en Saintonge près de Matha et dans les landes de BaignesSainte-Radegonde, à 70 km au sud. Les plaintes s’élèvent contre les collecteurs et les gens de guerre, les impositions indirectes (sur le commerce du vin, du bétail, du poisson, du fer, de la toile, du sel), les rentes seigneuriales, la dîme et les privilèges en matière de taille. En août, des pourparlers s’engagent entre Richelieu et les Croquants de Saintonge par l’intermédiaire d’un certain Estanchot : on promet aux paysans la grâce et on leur propose d’examiner leurs griefs. Le 20, les délégués paysans rencontrent à Saintes le gouverneur Brassac, l’intendant Villemontée et les délégués paysans (Porchnev, 69-70).

1637 Année agricole avancée ✷ Moissons précoces en Beauce… « En l’année 1637, tous les bleds ont esté serrés devant la Magdeleine, et n’i en a plus demeuré dans les champs » (E sup. 28, III, Thivars). ✷ … et en Bugey « 1637. L’anné mil six cent trente-sept, ont a commencé à moysoner le dixiesme jour du moys de juin. Les seigles ont esté moysoné à la SaintJean-Baptiste. L’anné 1637 et le huictiesme septembre, les premières vendanges ont esté ; à Montanieu abondance de vin ladicte anné et bon » (AD 01, BMS Montagnieu, 1632-1644, vue 20). ✷ Vendanges précoces (Le Roy Ladurie, 1966, – 18/moy. 1599-1791). ✷ … et notamment en Berry. « Ladite année 1637 a été la plus avancée pour les vignes qu’il s’en soit vu de mémoire d’homme. Car la plupart ont vendangé au mois d’août et l’ouverture et bannie générale des vendanges a été au lendemain de Notre-Dame, 9 septembre ; le vin qui s’est cueilli a été très bon et en abpondance : dont Dieu soit loué » (Le Large, 23). « La famine fut si extrême que les hommes se mangeaient l’un l’autre »

~ De Saverne à Metz, des milliers de miséreux tombent sur le grand chemin. « Il y avoit une sy très grande famine en Allemaigne que l’homme n’y sçauroit jamais racompter. Il y vint un messager de Saverne qui venoit pour lors apporter des lettres à M. Roquepine [gouverneur de Metz] qui affirmoit qu’il y avoit si très grande disette, tant à Saverne qu’en deçà du Rhin, qu’il estoit force que les gens se mangeoient l’un à l’aultre, et qu’il y avoit bien trouvé pendant son voyage dix mille pauvres, qui demandoient le chemin droit à Metz. Mais ledit messager dit qu’il n’estimoit pas que des dix mil qui estoient en chemin qu’il ne sçauroit venir que le thiers près de Metz, cause qu’ils estoient si dolents qu’on ne se rencontroit 469

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que des pauvres corps morts ou à demi morts, aieant encoure de la charongne de bestes ou de gens auprès d’eulx, mais qu’il croyoit plustost estre chair de chrestien que de beste, car il n’y avoit plus de bestiaulx en ces quairtiers-là. Enfin, au bout de trois jours, les pauvres Allemands, ceux qui estoient encore un peu forts, arrivèrent devant les portes des Allemands et de Moselle [à Metz] où ils se trouvèrent par compte fait deux mil. Leurs compagnons demeurèrent à la proye des loups » (Bauchez, 352-353). ~ Dans les campagnes d’Alsace dévastées par la guerre de Trente Ans, la famine est atroce. Georg Hehl, inspecteur ecclésiastique de La Petite-Pierre, écrit ainsi, en Nota bene, entre deux actes de décès  : « En cette année toutes les personnes décédées ne m’ont pas été signalées, certaines étant mortes de faim et laissées à dépérir ici et là. En août, une fillette de Lemberg qui portait de la nourriture a été dévorée par les loups. D’autres ont été déterrés et dévorés par les loups comme [nom manquant], de Graufthal. « Ce fut encore une année très dure  car les pauvres gens, faute d’aliments convenables, durent se contenter de choses inhabituelles : souris, rats, escargots, gui des arbres, toutes sortes d’herbes sauvages, peaux de porcs, de chiens, de chats ainsi que du cuir ; à la suite de quoi ils souffrirent de tous types de maux, plus particulièrement d’abcès et de fièvres, desquels ils mouraient fréquemment. Le pays tout entier, jusqu’à ce lieu, se trouva vide et désolé. Seigneur aie pitié ! » (Traduction de l’allemand par Frédéric Specht, d’après AD 67, La Petite-Pierre, Paroisse protestante, BMS, 1636-1787, 3 E 371/1 vue 211). ~ Acculés à la nécrophagie voire à l’anthropophagie  : « La misère continue à estre si extrême partout pour la nécessité des vivres que plusieurs sont morts de malfaim ; les carnages et bestes mortes sont recueillis des pauvres gens, comme de bonnes viandes ; mesme l’on m’a asseuré que la nécessité a esté si grande et terrible que les mères ont faict rentrer leurs enfants dans leur ventre, pour les avoir mangés. L’on a trouvé plusieurs corps morts par les champs auxquels l’on avoit arraché tout le gras pour les avoir mangés » (Bigot, 72). ~ De la nécrophagie à l’anthropophagie : chasse à l’homme en Lorraine : « Une grande partie des Lorrains moururent de faim. Celle qui resta et qui ne trouva plus d’herbes pour se nourrir, mangea tout ce qu’il y a de plus sale et de plus dégoûtant, comme les charognes des chevaux, des chiens et des chats qui souvent étoient pourris et exhalloient une odeur insupportable : il y en eut même plusieurs qui, pour soutenir leur misérable vie, ne trouvant rien, mangèrent les cadavres des hommes qui avoient été tués, ou qui étoient morts de faim. Il y en avoit même qui alloient à la chasse aux hommes comme on va à la chasse du lièvre : ils tendoient des embûches pour les attraper et pour les manger ensuite. Il y en avoit d’autres qui ouvroient la terre où on avoit tout récemment enterré les corps de leurs pères et mères ou autres parents, les en tiroient et les mangeoient. « On trouva auprès des portes de Metz trois têtes d’enfants enterrées dont on avoit mangé les corps. On condamna à Mirecourt au dernier supplice une femme qui fut convaincue d’avoir tué son petit enfant et l’avoir mangé ensuite. Il se répandit même un bruit que deux jeunes hommes mangèrent leur grand père après l’avoir tué. Enfin il y eut tant d’autres abominations que j’aurois honte de publier et que la postérité ne pourra jamais croire » (Abram, Histoire latine de 470

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l’université et collège de Pont-à-Mousson, trad. Fr.  de Ragot, d’après Recueil de documents sur l’histoire de la Lorraine, 1869, 80). ~ Diemeringen (Bas-Rhin), 8 juin 1637 : une femme et sa fille ont été trouvées mortes, les habitants les ont enterrées mais elles furent déterrées et dévorées par les loups » (Matthis, 1888, 113). ~ En Alsace en 1637 : « Aux abords des cimetières, des gardes veillent pour empêcher le vol de cadavres de pestiférés qui, sans cette surveillance, seraient enlevés et mangés ». « Des mères tuent et cuisent leurs nouveau-nés » (Henri Riegert, Le Journal historique de l’Alsace, t. 2, 1975, 232, d’après des écrits de 1648). ~ En Lorraine au même moment : « les paysans se seraient accoutumés à manger toutes sortes de viande, de chevaux, de chiens, de chats et […] le plus délicat était de manger de la chair de renard, de loup quand on pouvait les attraper » Mais aussi  : « La famine fut si extrême que les hommes se mangeaient l’un l’autre » (Martin, 2002, 208). ~ À l’autre bout du royaume, la Provence est accablée elle aussi, à la suite des mauvaises récoltes. En juillet, l’intendant Champigny souligne son état de détresse. « Ceste province est en estat misérable à cause de la récolte qui a esté très mauvaise et de la multitude des gens de guerre qui y passent et qui y font de très grands désordres » (Porchnev, 55, d’après Fonds Dubrowski, 108/1 n° 36). Persistance des pestes et contagions n Peste signalée autour d’Abbeville, Amiens, Autun, Avallon, Bar-le-Duc, Bourg-enBresse, Briey, Chalon-sur-Saône, Coulommiers, Dieppe, Dijon, Dinan, Dole, Gray, Langres, Lille, Lure, Mézières, Montbéliard, Nancy, Nantes, Rennes, Roubaix, Rouen, Troyes (Biraben, 387). Au fil des registres d’état civil (BMS) : n En Anjou, dysenterie à Saint-Sigismond, en avril. n En Bassigny, « peste » à Rolampont (Haute-Marne)  : 89 décès de la contagion de janvier à décembre. n En Valois, plusieurs victimes de contagion en avril et mai. Le 18 mai, à Raray, on enterre une femme qui mettait au monde une petite fille. Cette dernière survit quatre mois grâce au lait d’une chèvre. « Elle fut élevée par le moyen d’une chèvre, laquelle l’a toujours allectée et ce jusque au 14 septembre, où elle est morte. » n En Île-de-France : « contagion » à Chennevières-lès-Louvres (Val-d’Oise) le 7 juillet ; « maladie contagieuse » au Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) où l’on enterre les morts dans leurs jardins ; « contagion » à Viry-Châtillon le 19 août. n En Basse-Normandie, « peste » en Bessin à Martragny en septembre. Dans l’élection de Bayeux, les paroisses du Breuil, de Saint-Louet, de Sept-Vents, Lectanville, Damsan sont atteintes d’extrême pauvreté à cause du logement des gens de guerre et maladie de peste. Dans l’élection de Falaise, peste à Saint-Patrice, Magny et La Motte : « Les forges et fourneaux sont demeurés en chômage car il n’y a plus d’ouvriers et forgerons. »

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Croates et Suédois : envahisseurs redoutés de janvier à juillet ” En Bassigny. « 1637. Les Croates et Suédois naturels ont courus ce paiis jusqu’au premier aoust sans aucun relasche, particulierement les frontières du comté de Bourgogne. Le vingt-deuxiesme febvrier de la présente année, les susdictz Croates ont de rechef pillé le reste du village d’Orthes [Hortes] et tuez deux personnes et commis aultres actes execrables que je laisse soub le silence » (Macheret, I, 68). « Année 1637. En la dite année mil six cent trente sept, il n’a esté fait aucun baptesme en la paroisse de Tourcenet a cause que les paroissiens dudit Tourcenet ont estés contraint se refugier en la présente année en la ville de Langres et autres lieux a cause des Cravatz [Croates] et autres ennemis de la France qui pilloient et tuoient ou prenoient prisonniers tous les pauvres laboureurs et autres gens qu’ils trouvoient en la campagne et outre ce a cause de l’armée françoise qui se demeura en tout ce pais l’espace de cinq ou six mois qui causa une grande pauvreté en tout la pais et la ma(la)die contagieuse qui estoit pour lors fort grande partout que près des deux tiers des paroissiens sont morts » (AD 52, BMS Torcenay, vue 28). ” En Pays messin : « C’estoit tout fumée et feu ». « Ajeant cest gens tout pillé et ramassé ils eurent ordre de leur prince de se venir camper entre les Trois Ormes et la métairie de Fristo, en tirant vers Montigny, où l’on faissoit nombre qu’ils estoient dix huit mil chevalliers, trois mil piétons, et sept mil, tant chars que chariotz, qui estoient tout chargé de pain, vin et chair qu’ils avoient ramassé entre deux eaulx, la Moselle et la rivière de Seille […]. « Lorsqu’ils arrivèrent auprès de Trois Ormes […], moy-mesme, je monta de Plappeville, où je faissoit ma résidance, sur la montagne de Saint-Quentin, proche l’hermitage, où je les vis arriver avec leur bagaige ; il sembloit avoir un bois, et du plus loin que je pouvois aviser, dès Nommeni et la cotte de Desme en tirant jusqu’au pont de Mollin et au long et large tant qu’on peut regarder c’estoit tout fumée et feu, et n’y avoit pas ung lieu ni villaige qu’ils n’y brûlèrent, quelque grainge ou maison, bon Dieu ! C’estoit la plus grande cruaulté qu’oncques vit homme » (Bauchez, 276-277). ” En Champagne, le 23  juin  1637, le village du Mesnil-Sellières (Aube), est incendié par une compagnie de cavalerie allemande. « Une compagnie de cavalerie allemande s’étant présentée pour loger dans ledit lieu nuitamment, les pauvres suppliants ne pouvant leur résister les reçurent le plus doucement qu’il leur fut possible. Quoi qu’ils n’eussent aucun ordre ni bulletin pour ce faire, néanmoins aucun d’eux ne laissèrent par une méchanceté sans exemple, d’aller dans les meilleures granges dudit lieu avec des pailles allumées pour y mettre le feu, ce qu’ils firent en telle sorte qu’il y eut 39 maisons brûlées entièrement et consommés ensemble » (AD 51, C 2499, demande de décharge de taille pour trois ans, février 1638). Les soldats semeurs de peste Pour les villages situés dans la zone des conflits, un cycle infernal s’instaure  : guerre, désorganisation, migrations, entassement de réfugiés, épidémie. Le bourg de Prangey (Haute-Marne) contenait 139 feux en 1633 et, même si le chiffre de 1 200  personnes paraît excessif, la réalité du désastre est indiscutable. On saisit notamment les conditions du développement de la « maladie ». 472

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” « En ce mois d’août  1636 est arrivée au pays l’armée ennemie de Gallas et

celle du roi pour défendre, gouvernée par M.  le cardinal de La Vallette, qui y ont séjourné jusque à la fin du mois d’octobre, quelles avancèrent du côté de Saint-Jean-de-Losne, et retournèrent audit pays le soir de la Saint-Martin suivante, Xe  novembre de ladite année  1636, où le quartier du roi fut pris audit Prangey, lequel fut entièrement pillé et ruiné, sans y demeurer aucune chose. Ce qui apporta en telle sorte la maladie audit Prangey et environs qu’il y mourut incontinent après et pendant le commencement de l’année suivante 1637 plus de 1 200 personnes, tant de communiants que de petits enfants, sans y comprendre ceux des villages circonvoisins qui y étaient réfugiés, tous enterrés tant en l’église qu’au cimetière dudit Prangey, par moi, curé dudit lieu et un vicaire » (AD 52, BMS Prangey, 1606-1675, vue 86, et Skora, 193). La guerre des loups contre l’homme ~ « Après tous ces malheurs survint une peste effroyable qui enleva presque le reste des hommes que la guerre et la faim avoient respectés. À ce fléau cruel [guerre, famine, peste] succéda [vers 1636-1637] la guerre des animaux voraces, je veux dire que les loups accoutumés depuis quelques années à se repaître des cadavres de ceux qui étaient morts ou par le fer ou par la faim, et qui étaient épars çà et là, et n’en trouvant plus, et affriandés de la chair humaine, se jetèrent et entrèrent en plein jour dans les villages, dévorèrent les femmes et les enfants qui étaient sans défense. « Cette voracité et cruauté de ces bêtes féroces dura même plusieurs années après qu’une espèce de tranquillité eut ramené les habitants des campagnes qui s’étaient retirés dans les bois, tant ils étaient accoutumés à se repaître de la chair humaine » (Abram, Histoire…, d’après Recueil de documents sur l’histoire de la Lorraine, 1869, 80-81). Le Valromey terrorisé par Canis lupus De l’été 1631 au printemps 1640, les hauts plateaux du Valromey sont en proie aussi aux attaques de loups. Mais ici l’isolement géographique est un facteur à prendre en compte. Dans ces combes reculées du Jura méridional, les pâturages sont fermés entre deux lignes de crêts, qui culminent à plus de 1 200 m : au centre, entre 600 et 900  m, l’insécurité est chronique  : des dizaines d’enfants et quelques femmes sont attaqués ou dévorés, comme le cas s’était déjà produit, lors d’une première séquence d’attaques, de 1587 à 1591, et comme il se reproduira encore, à plusieurs reprises. Pour trois paroisses contiguës, dix personnes au moins succombent tragiquement – « violentairement » – de cette mauvaise rencontre en l’année 1637. ~ Lompnieu : « Clauda Mazin, de Chavillieu, a été tuée par le loup, le 22 mars 1637 et, ce même jour, a été ensépulturée. – J’ai aussi ensépulturé la sœur de François Gay, du Tremblay, ayant été tuée et gâtée par le loup, le 12 mars 1637. » ~ Hotonnes : « Bernard, fils de feu Claude Guy, violentairement [tué] par le loup, est décédé le 3e  juillet 1637. – Estienne, fils de Claude Peret, du Buloz, aussi par le loup a esté tué et partie mangé comme le dessus, le 7e août 1637. – Clauda, fille de feu Domenico Berna, [tuée] violentairement par le loup, est décédée le 10 sep473

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tembre 1637. – Anthoinette Baron est décédée violentairement par le loup l’an et jour susdit 3 octobre 1637. – Clauda Tornier Pouroz est décédée violentairement par le loup le 18e  décembre 1637. ~ Songieu : « Martinaz, fille de feu Pierre Mareschal, dit Carraz, de Songieu, fut par infortune tuée des loups le 12e  août  1637, au lieu appelé Vernatet, à soleil levant, et fut enterré au tombeau de ses parents. Et, pour le soulagement de son âme, furent célébrées messe et autres prières selon la coutume de la paroisse. [Signé  :] Prussy, curé. –  Blaise, fils de Claude Amorand, de Chaynay, fut par mauvaise fortune tué des loups à la petite porte dudit lieu à soleil couchant le dernier novembre an que dessus [1637] et le lendemain fut le reste de son corps enterré au lieu de ses prédécesseurs. Pour le soulagement de son âme fut fait comme dessus. [Signé :] Prussy, curé. » (AD 01 en ligne, BMS, et site Homme et Loup : 2 000 ans d’histoire.) Famine monétaire en Velay L’accroissement de la pression fiscale, lié à l’entrée de la France dans la guerre de Trente Ans, pèse d’autant plus sur le peuple des campagnes qu’il est frappé au premier chef par la taille et qu’il ne reçoit que de la vile monnaie alors que les bonnes espèces, or et argent, partent pour la fourniture des armées. En 1634 déjà, la Cour des monnaies avait averti Louis  XIII que ses « pauvres sujets de la campagne » en étaient les premières victimes. Trois ans plus tard, alors que les tailles se sont encore accrues, la fabrication de fausse monnaie de billon « de pauvre ligne et de méchant coin » aggrave encore la situation, dans les provinces du Centre-Sud-Est du royaume. Comme le souligne un tanneur du Puy-en-Velay, alors on voyait « pleurer les pauvres artisans et paysans qu’ils n’avaient que liards » à se mettre sous la dent. « De la terrible pauvretté et mizère arrivée en France et principallement au pays de Velay et en la présent ville du Puy, sur l’aussement de l’or et de l’argent et décriement des petitz doubles et principallement des liards d’Orange, et ce, en l’année 1637. Ladicte année 1637, est arrivé que affaulte de trouver d’or et d’argent à cause que les espèces s’an alloient hors de France pour entretenir les armées du roy aux guerres qui ont sy longtamps duré, qui est cause que notre pauvre France s’en va toute en ruine ; ce qui a donné occasion aulx mestres des monnaies de fère bastre de liardz, de doubles, de grandz ou petitz et de pièsses de cinq solz, de celles qui se battent en Avignon ; ce que a donné subject à plussieurs faux-monnoyeurs d’entreprandre de contrefère les liardz doubles, patagons et pièces de cinq solz d’une pauvre ligne et meschant coin. Que, lorsque le pauvre peuple ne trouvant autre espesse d’or ny d’argent pour fère checun en son endroict la petite néguosse [sic] ou traffic, l’on estoit contrainct de se servir de liars doubles des contrefaictz avec les vieux. Que, advant que l’an s’en fust prins guarde des faulx, l’on avoit inffecté tout le pays de cette meschante monnoie. Que, après l’advoir recongnue en plussieurs endroictsz, leur a donné subject de les mestre au billon et descry. Et, à l’ombre des faulx, l’on refuzet les bons et bien faictz, et les apportoient à la part où ils sçavoient qu’avoient cours, comme en Lyonnais, Forez, Languedoc, Vivarais, Cévennes, Gévaudan et Auvergne, que l’on ne prenoit poinct, l’on les 474

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fessoit conduire en ceste ville du Puy, soubz ombre qu’ilz avoient cours ycy et soubs préteste qu’ils venoient achepter de nous danrrées, comme bledz, dantelles et autres choses […]. Que fut cause que tout le pays en fut rempli. « Et lhorsque les pauvres marchantz et artizans volloient sortir de ce pays pour aller en quelque foire ou voyage, l’on leur reffuzet toute leur monoye. Et voyant cella, leur donna subject de les reffuzer pour l’advenir […] parce que ne pouvoient rien fère  : ce qui fust cause d’un grand tumulte et grande émontion de mesnu peuple, parce qu’avec des liardz et des patagons d’Avignon, Orange que d’autres lieux, fussent-ilz bons, l’on n’en prenet point […] ce qui donna ocation que toute sorte de marchandises et danrées enchérirent d’un cart, que lors vous heussiez vu pleurer les pauvres artizans et paysans qu’ils n’avoient que liards et n’en pouvoient avoir pain ny seel ny autres choses, et morroient de faim » (Jacmon, 112-114). Soulèvement populaire contre l’excès des impôts : les Croquants du Périgord Au moment de l’envoi des commissions des tailles dans les campagnes, l’exaspération paysanne déclenche, du Bas-Poitou au Quercy et du Limousin au Périgord et à l’Auvergne, une vague de contestations antifiscales qui rassemblent plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de paysans. Bon nombre de foyers de ces séditions sont la résurgence de mouvements anciens, survenus en 1594-1595 ou en 1624. Dès le 23  mars, les habitants de Saint-Bonnet-Briance (Haute-Vienne) se révoltent contre le vice-sénéchal de Limousin (AN, E 136B, f°419, d’après Bercé, 1974, 440). Le 22 avril, éclate la révolte des Croquants du Périgord (1637-1641). « Le soulèvement du peuple. La sédition arriva en cette année 1637 et le sieur Durand se retira en Poitou au commencement du mois de juin de ladite année » (AD 24 en ligne BMS Boulazac, vue 40). Les cadavres de deux sergents de l’élection de Périgord sont retrouvés près de Nanteuil-de-Bourzac (Dordogne), sur le grand chemin d’Auriac, aux confins du Périgord et de l’Angoumois. « Il y eut une si grande émotion à la campagne que les sergents envoyés pour la distribution des commissions furent massacrés » (Livre de raison de Dartensec, bourgeois de Périgueux, d’après Bercé, 1974, 405-408). L’annonce d’une « crue » extraordinaire de la taille, pour approvisionner les troupes du duc d’Épernon destinées à défendre Bayonne, met le feu aux poudres. Les jours suivants, d’autres commis sont assassinés en apportant les commissions de taxes pour l’armée de Bayonne. Comme en 1594, la centre de l’insurrection prend place à dans le Paréage, canton d’une vingtaine de paroisses au sud de Périgueux, autour de la forêt de Vergt. Le 1er mai 1637, au son du tocsin, 4 000 à 5 000 Croquants se présentent devant Périgueux « en gros d’armée » et dévastent les maisons de campagne des « gabeleurs » notoires, c’est-à-dire ici des nouveaux officiers des élections chargés de faire payer les impositions directes. Dans le grand pré des Terriennes, à l’ouest de la ville, la première assemblée des communautés rurales soulevées publie un règlement. L’un des plus grands soulèvements paysans de l’histoire de France est engagé (Bercé, 1974, 408-409). 475

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Plusieurs milliers de villageois révoltés prennent les armes au cri de « Vive le Roi sans la gabelle ! Vive le Roi sans la taille ! » Ils massacrent les commis des finances et attaquent les seigneurs les plus détestés (saccage du château de SaintAstier). Les Croquants du Périgord élisent comme chefs deux petits hobereaux, Antoine du Puy, sieur de La Mothe et de La Forêt, et Léon de Laval, baron de Madaillan. Mais ils comptent dans leurs rangs quelques meneurs roturiers comme Buffarot, tisserand à Capdrot, près de Montpazier (Dordogne) (Porchnev, 76). Le 11 mai, l’armée des communes du Périgord (8 000 soldats en 60 compagnies) entre à Bergerac. Maîtres d’une ville active, siège de justice royale et centre commercial animé par la bourgeoisie protestante, les Croquants semblent triompher pendant vingt jours. L’insurrection fait tache d’huile jusqu’en Agenais où les communes s’emparent un à un des bourgs de Met, La Sauvetat, Miramont et Lauzun. Le 1er juin, jour de la Pentecôte, la sanglante victoire de l’armée royale (200 à 800 morts) à La Sauvetat brise l’élan des 2 000 à 3 000 Croquants de Madaillan (1 000 à 1 500 tués). Le 7 juin, La Valette reprend Bergerac et les communes se dispersent. L’arrivée des troupes du front espagnol, sous le commandement du duc de La Valette, fils d’Épernon, a raison des insurgés, mais Richelieu, exaspéré par l’impact du soulèvement sur le dégagement de Bayonne, remplace Épernon par le prince de Condé comme lieutenant général des armées de Guyenne. La « guerre des Croquants en Périgord » annonce plus de vingt ans de troubles antifiscaux (Bercé, 1974, 403-432 et 451-454). Juin-août 1637. Seconde révolte des Croquants du Quercy ” Alors ce sont les paysans du Quercy qui se révoltent, d’abord à l’ouest de Cahors, de Montcuq à la vallée du Lot (Bas-Quercy). Avec environ 1 000 hommes, et des paysans du Sarladais, conduits par Buffarot et Madaillan, venus du Périgord, s’érigent en « général des communautés politiques » le 18 juin. Ils mettent à sac les biens des « gabeleurs », brûlant leurs métairies et ravageant leurs récoltes. Leurs chefs occupent deux positions stratégiques dominant le cours du Lot, Mercuès et le château d’Albas. Il faut un détachement de cavalerie envoyé par le duc de La Valette, sous les ordres du comte de Maillé, pour reprendre le château d’Albas, début juillet. L’insurrection se déplace alors vers l’Est, dans le Haut-Quercy où des assemblées de communes se font ouvrir les portes de deux bourgs murés, Assier et Fons, puis de la cité de Gramat. Début août, après avoir ravagé sur le Causse les biens des officiers de l’élection du Haut-Quercy, fortes d’environ 6 000 hommes conduits par un maréchal-ferrant, le capitaine Basque, les communes sont mises en déroute par les bourgeois de Figeac. L’arrivée du temps des moissons disperse les émeutiers. Les morceaux du cadavre de Buffarot, roué vif le 4  août un jour de foire, sont exposés aux portes de Montpazier et de Belvès ainsi qu’à un cerisier au carrefour de plusieurs chemins (Bercé, 1974, 432-436 et 445). De l’Auvergne au Poitou : encore des révoltes ” En avril 1637, un soulèvement paysan éclate en Haute-Auvergne. Autour d’Apchon (Cantal), les paysans de plusieurs paroisses se réunissent pour tenir tête 476

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aux huissiers. Le régiment d’Effiat disperse 1500 paysans rangés sur la colline de Moussages le 26 avril (Journal de Lacarrière, 139, d’après Bercé, 1974, 441). ” En mai et juin, le Bas-Poitou est placé sous occupation militaire pour contraindre les ruraux à payer l’impôt. Les huissiers des tailles n’osant plus s’aventurer dans les campagnes autour des Sables-d’Olonne, des commis des fermes étant assassinés, Philippe des Roches-Baritaut reçoit le commandement de 6  000  hommes pour assurer par la force la levée de l’impôt dans les « marais mutinés ». Le régiment de la Meilleraye prend garnison à Luçon, Fontenay, Niort, Saint-Maixent et Lusignan (Bercé, 1974, 439-440). ” Le 20 juin, en Angoumois, des assemblées séditieuses protestent contre la taille, suivies d’attroupements paysans en Saintonge, dispersés par Les Roche-Baritaut autour de Cognac (Bercé, 1974, 439-440). ” Du 15 au 28  juillet, les habitants du duché de Fronsac, appartenant au cardinal de Richelieu, s’insurgent à leur tour contre les impositions. À la mi-juillet, les archers de la vice-sénéchaussée ne peuvent pénéter dans le duché. On sonne le tocsin à leur approche et ils doivent s’enfuir suivis par les paysans. Les 27 et 28 juillet, Jean Fournier, le représentant du cardinal, parcourt le duché avec 150 fantassins et 50 cavaliers, emprisonnant par dizaines les récalcitrants, notamment à Cadillac-en-Fronsadais (Gironde) (Bercé, 1974, 448-449). ” En août, encore des séditions isolées dans les Monts de la Marche inquiètent les sergents des tailles de l’élection de Guéret. Le foyer principal de la résistance se situe dans les villages forestiers du plateau de Millevaches, à La Mazière-aux-BonsHommes (Creuse) près de Crocq « et autres paroisses de la ligue des Croquants ». Il n’y a plus « ni sergents ni archers qui veuillent plus aller dans la montagne » (AN E141a, f°212, d’après Bercé, 1974, 441). En Limousin : un élevage prospère Au cœur du royaume, l’étonnante importance de l’élevage limousin souligne le dynamisme d’un pays pauvre. « La Basse Marche consiste en deux villes, savoir Le Dorat, qui en est la capitale, et Bellac. […] La Marche ne porte que des seigles, des avoines et du blé noir. […] Comme c’est un pays d’assez petite étendue, et attouchant à diverses provinces, les habitants y prennent aussi les mœurs et le langage même de leurs voisins. Ils sont assez rudes mais non pas tant comme les Auvergnats de la montagne ou du commun peuple ; et sont superbes et glorieux. Leur langage tient bien de l’Auvergnat mais il approche plus du français. « Chaque ville de la Marche a son trafic particulier, et comme la Haute Marche abonde en bétail gros et menu qui se débite à Paris et autres villes de France en assez grand nombre, et en des foires dans le pays même, comme au bourg de Châtelus et en celui de Faux (là où de la Picardie, Touraine, France, Berry et du Blésois on vient acheter des moutons en très grande quantité), la ville de Felletin en fait une grosse vente à certains jours de chaque mois, particulièrement des bœufs pour le labourage » (Pierre d’Avity et François Ranchin, Le Monde ou la description générale de l’Europe, quatrième partie du monde, t.  II, 2e  éd. 1643, 1re  éd. 1637, 279). 477

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Maïs, tabac et olivier Première cotation du maïs à la mercuriale de Castelnaudary en tant que « millet gros ». Début de la culture du tabac à Clairac (Lot-et-Garonne) (AD 47, C 1350, f° 12). En 1637 s’ouvre pour la Corse une décennie de mise en valeur agricole par la République de Gênes : La Coltivatione univerale del Regno di Corsica. Une politique volontariste est mise en place : obligation de planter des arbres fruitiers, de remédier à la divagation du bétail, de drainer les terres impaludées (Serpentini, 1999).

1638 Grands froids et sécheresse extrême

~ Janvier-février, grand froid en Lorraine : « L’année a commencé avec des grandes

froidures, et telles qu’on n’en a pas remarqué de plus piquantes depuis l’an 1608, et ont continué tout le mois de février ; ce qui a causé, outre les autres malheurs, la mort à un grand nombre de pauvres gens qui, dénués des remèdes nécessaires pour la conservation de la vie, sont morts misérablement, les uns aux bois, les autres à la campagne sur les grands chemins […]. En plusieurs endroits et régions, les vignes ont été gelées par la véhémence du froid, en sorte qu’en plusieurs lieux, l’on a arraché grande quantité de vignes, tant pour ce sujet que pour l’excessive quantité qui se retrouvait, eu égard au peu de monde qui reste tant pour les façonner que pour en débiter le vin » (Bigot, 74). ~ Extrême sécheresse en Île-de-France : « Cette année fut fort seiche aussi bien que les deux précédentes, et fust fertile en bons grains et bons vins à prix raisonnable » (Thoulouse, II, 61). ~ Année bizarre en Limousin  : sécheresse qui faillit faire mourir de faim tout le bétail. « L’année  1638 se porta si extraordinairement que, de tout le mois de février, il ne gela ; et plut si très fort jusques au xiie du mois, que les rivières se débordèrent étonnement ; et dudit jour jusques à la fin dudit mois, il ne plut que deux ou trois fois ; et tout le mois de mars il ne tomba une goutte de pluie, jusques à commencement d’avril, qu’il plut quelque peu : tellement que tout le bestial de ce pays et presque de toute la France, faillit à mourir de faim, à cause que, l’année précédente, il avait fait si grand chaud et plut si peu qu’il ne recueillit pas le quart de foin qu’on avoit acostumé, et toutes les avoines, par le moyen de ladite sécheresse, se perdirent, et partie du seigle. Mais il y eut si grande quantité de châtaignes que firent abonder ledit seigle. Néanmoins le foin se vendit le quintal, ladite année 1638, 20 et  22 sols, et par faute d’avoine, on fut contraint de donner aux chevaux des châtaignes vertes et sèches. Et, par faute de foin, les paysans coupaient le blé vert, de sur la terre, pour faire manger au bétail gros et menu (Baluze, 87). ~ Extrême sécheresse estivale en Lorraine. « Les chaleurs ont esté extremes ceste année depuis le commencement de juillet jusqu’à la fin du mois d’aoust, et telles que de longtemps l’on ne les a expérimentées, avec une quantité si extraordinaire de chenilles qui ont brouté si extremement tous les choux et aultres légumages, 478

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même qui se sont espendues dans les campagnes, et encore que ce soit un effect des grandes chaleurs, il y à craindre que ce ne soit encor une punition ou vengeance du Ciel » (Bigot, 83-84). ~ Vendanges précoces (Le Roy Ladurie, 1966, – 14,5/moy. 1599-1791). ~ 26 et 29 mai : après de très fortes pluies, débordements de la Borne dans le Velay. Tous les prés sont ruinés. « Vous ne verriès que venir le pauvre peuple qui tenoient [sic] en afferme les possetions, trouver leurs maistres pour fère des extimes du desguast que c’estet grande pitié à voir, que causera pour quelque tampz charté de foin et boix » (Jacmon, 124-125). Terrible famine dans le Nord-Est ~ Anthropophagie en Franche-Comté. « La famine de notre Bourgogne en cette année 1638 a passé par-dessus tout cela incomparablement. La postérité ne le croira pas : les riches, qui possédaient force chevances et avaient eu au commencement des épargnes, étaient épuisés ; les pauvres paysans étaient retirés dans les villes sans labeur ni emploi. On vivait des herbes des jardins et de celles des champs. Les charognes des bêtes mortes étaient recherchées. […] Enfin on vint à la chair humaine, premièrement dans l’armée où les soldats étant occis servaient de pâture aux autres qui coupaient les parties plus charnues des corps morts pour bouillir ou rôtir, et hors du camp faisaient picorée de chair humaine pour manger. On découvrit dans les villages des meurtres d’enfants faits par leurs mères pour se garder de mourir et des frères par leurs frères » (Girardot de Nozeroy, XI, 212-213). ~ En Lorraine  : « La postérité aura peine de croire ce que je m’en vay escrire, qui est véritable néantmoins. Durant ces grandes froidures, un garçon s’estant allé chauffer chez un aultre à Badonviller [Meurthe-et-Moselle], estant auprès du feu, il fut tué par le maistre de la maison, non pour aultre suject que pour le manger. De quoy la justice estant advertye, elle fit appréhender cest homme qui confessa le faict, pressé par la rage de la faim : en effet il mangea de bonne trancades. En un village près de Morhange [Moselle], il a esté vérifié par le bailly de Vic, qui en envoya les informations au conseil de Monsieur de Metz, comme le fils avoit mangé son père, estant mort, et puis après, le fils mourant, la mère le mangea. Qui a jamais ouï telles extremités et malheurs ? » (Bigot, 76). Retours de pestes et contagions n En Anjou, janvier et juillet : peste à Savennières. Contagion à Broc. Dysenterie à Saint-Sigismond, d’octobre à novembre (E sup. 49, II et III). n En Normandie. À Biéville-sur-Orne, le 16 mars, on enterre Marie, fille d’André Lebret, du hameau du Londel, « affligée de la maladie de la peste » qui « à cause du péril public et de la violence de la contagion, qui, en trois ou quatre jours, saisit plusieurs personnes audit hameau, a été inhumée par ses parents, dans le jardin de son père ». Autre cas le 13 mars. En Normandie, la peste est très violente dans l’élection de Coutances (40 ou 50 paroisses), la région de Vire et d’Argentan). Dans la paroisse de Pirou, il serait décédé « jusqu’au nombre de 377 personnes qui est presque la moitié des paroissiens et à cause de ladite maladie, leurs bleds ont été perdus au mois d’août suivant, estant demeurés aux champs pourris, mangés 479

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de bêtes pour n’avoir pu trouver qui en voulut moissonner, la plus grande partie des bestiaux aynt été dérobés dans la véhémence de cette affliction » (Foisil, 124). n Dans les campagnes du sud de Paris  : Les 22 et 26  septembre  1638, la « maladie contagieuse » est identifiée à Ablon (Val-de-Marne) et elle règne à Étiolles (Essonne) du 19 juillet au 25 octobre (21 morts). Du 4 juin au 18 octobre, l’épidémie sévit à Corbeil. C’est la dernière vague épidémique qui frappe les campagnes du Hurepoix jusqu’à la Fronde. n Dans les campagnes à l’ouest de Paris : Contagion de juillet à septembre à Bréval (Yvelines). Mercredi 16 juillet et le dimanche 20 juillet ont été enterrées Catherine et Marie, filles d’Alexandre Fosse, lesquelles sont mortes de la contagion. –  15 et 6  août  : ont été enterrées deux filles à Pierre Devin, et audit mois, une autre fille à Marin Devin, lesquelles sont mortes de la contagion – 11 septembre 1638 : sépulture de Louis Boucher « étant mort de la contagion » (AD 78 en ligne, Bréval 1604-1608, vue 193). –  Peste à Francourville, du 19  septembre  1638 au 3  janvier 1639, 4 adultes en périssent (E sup. 28, III). n Quelques cas en Lyonnais : début du « mal contagieux » à Lacenas en juillet. Des familles entières sont décimées (E sup. 69). n Rares cas en Bretagne : contagion à Quily (Morbihan) en juillet-août, inhumation par des « éventeurs » (E sup. 56). En Picardie : les « pauvres paysans » rôtis par les Suédois de Gassion ” « Les troupes qui rodaient au-delà de l’eau de Somme par logements importuns et ruineux fatiguèrent les gens de ces pays à l’égal de ceux des frontières ; les cruautés des gens de guerre, tant gens de pied que gens de chevaux, faisaient pitié, car ils bridaient, violaient force femmes et force filles, tuaient des hommes, composaient et tyrannisaient les pauvres paysans en leur rôtissant et grillant la plante des pieds au feu. « Les premiers qui passèrent l’eau de Somme furent les soldats du valeureux capitaine Gassion, guerrier suédois, que l’on appelait les Gassions ; ils faisaient une guerre acharnée contre l’Empereur, et s’étaient mis au service du roi de France sans solde ni pension, se contentant de prendre ce qu’ils pourraient gagner à la pointe de leur épée ; c’est pourquoi ils pillaient et volaient tout ce qu’ils rencontraient ; ils démontèrent même plusieurs cavaliers français arriérés des grands seigneurs ; bref, tant dans les villes que dans les villages, ils ont pris tout ce qu’ils purent attraper. « Ils ont fait autant de mal en Picardie que les ennemis. Ces Suédois étaient toujours destinés pour l’avant-garde de l’armée du roi ; ils partaient toujours une journée avant les autres ; le 17 mars, ils logèrent à Domqueur et au Plouy » (Boisbergues, 30-31). Ravages des Allemands en Champagne ” Le 15 mars, les ravages commis par le régiment d’Allemands du colonel Strif incitent les habitants de Soulaines (Aube) à demander une décharge de tailles pour 16 ans. « Le colonel Strif, commandant pour Sa Majesté un régiment d’Allemands, ayant envoyé sommer les suppliants par un de ses cavaliers de loger ledit régiment, et l’ayant offert pourvu qu’il en eût l’ordre, icelui Strif, qui ne se serait pas 480

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trouvé satisfait de la réponse des suppliants, aurait le 15 mars dernier conduit son régiment et ceux de Bouillon et Hans audit Soulaine, où étant entrés sans aucune résistance de la part desdits suppliants, ils auraient, le flambeau à la main, entré en toutes les maisons auxquelles ils auraient mis le feu, ce qui étonna d’abord si fort lesdits suppliants que s’étant sauvés dans l’église, ils avaient environ une heure après vu tout ledit lieu embrasé et eux dans l’impossibilité de sauver quoi que ce soit » (AD 51, C 2499, f° 136). Ravages des Croates en Bassigny ” Le 13  mai, Selongey est envahi par les Croates et les Comtois après la prise de Champlitte. Les villagois vendent cher leur peau  : 40 Croates demeurent sur place mais le village est pillé et brûlé aux deux tiers. Le 15  mai, cinq villages sont incendiés. À Coiffy-le-Châtel (auj. Coiffy-le-Bas, Haute-Marne, au sud de Bourbonne)  : village quasi tout brûlé, plusieurs pauvres et enfants tués, femmes violées ; 6 maisons brûlées à Chézeaux ; Lavernoy presque tout brûlé ; Varennes brûlé en partie ; une grande partie du village d’Arbigny-sous-Varennes brûlé. Le 1er septembre, le château et les portes de Champlitte, repris par les troupes du roi le 27 août, sont démolis et rasés par les « communautés du paiis » rassemblées par ordre du duc de Longueville (Macheret, 87-94). Représailles des paysans ” En juillet, des paysans mènent une guerre de partisans contre les soldats espagnols en Ponthieu. « Le lundi 19 juillet, les Bourguignons s’embusquèrent de nuit dans la forêt de Goyaval ; ils avaient pris de force un paysan qui devait leur servir de guide. Comme ces soldats avaient passé plusieurs nuits consécutives à faire ce métier, aux environs de Domart, leur guide profita du moment où ils succombèrent au sommeil pour s’esquiver ; il alla aussitôt prévenir les habitants des villages voisins et leur raconta qu’ayant été pris dans sa maison à Surcamps, il avait été forcé, pour se rédimer, de servir de guide aux ennemis, mais qu’il avait pu s’échapper. Les paysans s’amassèrent aussitôt en grand nombre et en diligence, et, dès la pointe du jour, ils se rendirent en bon ordre au lieu indiqué, entre le fond du Rosnel et Nouvillers ; ils étaient entrés dans la forêt du côté du Mesnil [-Domqueur]. En apercevant les ennemis, ils firent une décharge générale et en tuèrent deux ; aussitôt, les autres s’enfuirent, abandonnant leurs chevaux ; d’autres se cachèrent, et l’un deux, blessé à mort, fut fait prisonnier. Lesdits paysans eurent six chevaux tout harnachés, des pistolets et un fort butin. Le tout fut vendu le même jour, mais il y eut débat pour le partage » (Boisbergues, 46). Un Dauphin royal sous le signe de la Vierge Le 10  février  1638, Louis  XIII place sous la protection de la Vierge Marie « sa personne, son Estat, sa couronne et tous ses subjectz et désire que tous les ans, au jour de la glorieuse et triomphante Assomption de ladicte Saincte Vierge Marie, il se fasse, à l’issue des grandes vespres, une procession générale le plus solennellement que faire se pourra par toutes les églises de sondict Estat » (Ordonnance de Louis XIII d’après Macheret, 93). 481

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Le 5 septembre, la naissance du futur Louis XIV est considérée comme miraculeuse et donne lieu à des réjouissances dans les villages. De nombreux curés de campagne y voient un signe du Ciel. ✷ En Lorraine : « Le cinquiesme septembre le Daulphin naquit à Saint-Germainen-Laye, entre onze et douze du matin ; ce qui a apporté un subject de grandes réjouissances par toute la France ; ce qu’elle a témoigné extérieurement par plusieurs feux de toute façon, estant le plus grand bonheur qui luy pouvoit arriver, pour voir un successeur de la couronne, qui retranchera plusieurs malheurs qui l’eussent accablées » (Bigot, 84). ✷ En Bassigny  : « Ceste présente année  1638, nous ayant été grandement favorable en son commencement par l’extermination de la peste et épidémie qui alloit depeuplant entièrement la pauvre France, nous produit en cette saison automnière un antidot perpétuel pour nous garantir des poisons d’Affrique, un phare pour éclaircir les ténèbres d’Aquilon, un soleil pour dissiper tous les brouillards de l’Europe, enfin nous donne un Daulphin royal […], arrivé soub le signe de la Vierge. Ce bonheur, qui ne se peut exprimer qu’avec un excès de joie, arriva, dis-je, le susdict jour de dimanche 5  septembre à Saint-Germain-en-Laye, et les premières nouvelles qui en vindrent à Langres arrivèrent le jeudy suivant pareille heure par le courrier de monseigneur de Longueville qui attendoit exprès la susdite naissance » (Macheret, 96-98). ✷ En Île-de-France : « Le cinquiesme de septembre mil six cent trente huit entre dix et onze du matin nasquist un dauphin à la France dans Saint-Germain-enLaye avec la réjouissance de tous les Francois qui ont estimez cette naissance estre arrivee plustost par miracle [et] révélation [que] par nature et voye ordinaire ce qui presage qu’il sera un jour un grand et Saint Roy de France, est ce que luy souhaitte son tres humble et obeissant curé soussigné » (AD 78 en ligne, BMS). 8 juin 1638. Statuts communaux de Vénasque (Vaucluse) Dans ce finage méditerranéen du Comtat, où les cultures arbustives et légumières sont tributaires de l’eau, les paysans ont les mêmes préoccupations que ceux de Gigondas entrevus en 1593. A la demande d’un parlement général tenu le 8  juin devant l’église paroissiale, et réunissant 61 chefs de famille « faisant la plus saine partie des habitants », « s’ensuivent les statuts municipaux faits et dressés par Sieur Poncet Monery et Monsieur Jean Fructus, consuls dudit lieu, Monsieur Barthélemy Sibour, et moi Jean-François Sibourd, notaire et secrétaire de la communauté […] pour chasser les abus qui se commettaient aux vieux statuts ». « 1. En premier lieu il a été arrêté […] qu’aucune personne, de quel état et condition que soit, ne pourra rompre ni couper aucun arbre, sur la peine de 5 sols pour chaque branche […]. « 2. Item ont arrêté qu’aucun ne rompra, coupera ou arrachera aucune souche aux vignes d’autrui, soient vives ou mortes […]. « 12. Item a été arrêté qu’il sera permis aux particuliers dudit Venasque conduire les eaux communes par la possession d’autrui pour arroser leur possession, savoir par le lieu moins dommageable […]. 482

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« 23. Item ont arrêté qu’aucun particulier dudit lieu ne pourra faire paître son bétail, gros ni menu, aux semés, vergers, vignes, prés, luzernes et aires situées au terroir dudit Venasque […] sur peine d’un florin de jour et deux de nuit pour chaque grosse bête et pour chaque trentain lanut, cabrun ou porqun. » (BM Carpentras, ms 1745, f° 86-101, d’après Madeleine Ferrières éd., Les statuts communaux, source d’histoire rurale, 1999, 99-100). Le gruyère dans les alpages C’est en 1638 qu’on remarque l’une des premières mentions de fabrication de gruyère (« grevire ») dans les alpages du Beaufortain. Les années suivantes, la production se développe. Dans les « accensements » d’alpage, ceux qui concernent les grands pâturages comportent un loyer en gruyère à partir de 1646. L’arrivée de ce fromage de garde venu de Suisse favorise la concentration du cheptel (une meule exige au moins 300  l de lait par jour) et des alpages. Elle aboutit à l’élaboration d’un produit marchand, écoulé sur les foires piémontaises, dont le poids moyen (12 à 15 kg à la fin du xviie siècle) et la qualité s’élèvent (Viallet, 1993, 96). Vincent de Paul agronome Le fondateur des Lazaristes se montre soucieux d’innovation agricole auprès de son fermier de Gonesse, Christophe Bienvenu. Le père Vincent lui avait renouvelé l’année précédente son bail de 42 ha en majorant le loyer : le fermage était passé de 4 muids de froment et 1 muid d’avoine à 7 muids de froment (AN, S6661, 20  mai  1637). Dans cette lettre, datée de juin  1638, on mesure l’attention du propriétaire à l’égard de la bonne gestion de son bien  : « Je vous prie d’envoyer quérir le fils aîné du fermier qui est marié à La Chapelle, et de vous informer de lui comment M. Bienvenu, notre fermier de Gonesse, lui fait herser deux fois en même temps la pièce de blé dans laquelle M. le prieur [Adrien Le Bon] a fait semer son sainfoin, derrière la grange. Il me semble que la première fois fut la herse renversée d’un bout, et l’autre au travers de la pièce, la herse non renversée, ains à l’ordinaire » (Vincent de Paul, I, 486-487).

1639 Séisme en Saintonge ~ Le 16  février, le terre tremble aux environs de La  Rochelle et Saintes, vers 11 heures (Livre de raison de Samuel Robert, lieutenant particulier en l’élection de Saintes, 360, et Quenet, 597). Semaine sainte glaciale et sécheresse ~ En Île-de-France  : « Pour cette année il fist si froid la veille et jour du SaintSacrement, et le jour Saint-Jean que l’on avoit besoing de feu comme hyver, ce qui porta un tel dommage aux biens de la terre, que les bleds souffrirent et diminuèrent de beaucoup, et les vignes coulèrent et fust fort peu de vin. Aussi n’avoit-il point 483

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faict de geleez et froidures tout l’hyver, et l’esté fust si sec quoy que froid, que la pluspart des rivières, puits et fontaines tarirent, qui incommodoit grandement les villes et les villages et surtout Paris, qui la pluspart de l’esté et automne fust sans eaues de dontaine. Je scay que dans le village d’Athis, il n’y avoit que le puitz du prioré qui fournît d’eaue à tous le village et le soir l’on en tiroit jusques à la marne » (Thoulouse, II, 70-71). ~ En Bugey  : neige et gel qui gâtent vignes et noyers. « Le 21  avril  1639 et le jour du Jeudy Saint, il est tombé des neiges au Montaniez et demeuré le 22 du présent moys jusqu’à mydy, a gâté les vignes de la Choz [l’Echaux] et partye du replat et le noyer au Montanieu. Et le 23 jour Saint-Georges, samedi de Pâques, a faict gelée au bas et gasté les noyers au bas et partie des vignes en tous les lieux de cepte province et ausy voisinage » (AD 01, BMS Montagnieu, 1632-1644, vue 20). ~ En Bassigny : gel des vignes le 22 avril. « L’an présent 1639, le vendredy sainct vingt-deuziesme jour d’apvril, arriva en ce paiis une gelée si grande qu’elle brusla entièrement les bourgeons des vignes » autour de Langres. Et les 22-24  juin, les vignes gèlent pour la 3e  fois autour de Langres (Macheret, 109-113). ~ En Lorraine : de la sécheresse au gel. « La sécheresse est extrême, n’ayant plu que deux fois au mois de febvrier et une fois au mois de mars, la saison s’estat fort advancée, en sorte qu’on a veu à mars des raisins aux ceps ; ce que les plus vieux n’ont jamais veu, mesme un si long temps sans pleuvoir, et une saison si chaude en deux mois […]. Le 22 apvril, jour du grand vendredi, une bonne partie des vignes furent gelées, avec quelques contrées de grains qui s’en entiren fort. Ce qui fut cause que les grains en furent plus chers et les vins fort peu » (Bigot, 88) ~ En Pays messin : les vignes gelées deux fois en quinze jours. « Le jour du grand vendredy, la moitié des vignes fust partout engellée, quinze jours après, deux sepmaines avant la Pentecoste, furent tout à faict engellées, dont il y eust moult de pleurs et de crys par les pauvres vignerons comme aussy par les laboureurs, du costé de Magni, Sablon, Augni et tout partout entre deulx eaux. Les bledz furent plus de la moittié engelléz […]. Plusieurs vignerons abandonnèrent tout et s’en allèrent à la guerre, et aultres lieux, pour gaingner du pain » (Bauchez, 368-369). ~ En Provence  : sécheresse du siècle. Les eaux du Rhône abandonnent les murs d’Arles. « Presque toutes les rivières étaient sans eau » (BM Avignon, Ms 2562-2564, d’après Pichard, 195). La peste fait place à la dysenterie n Traces de peste autour d’Albi, Amiens, Angers, Briey, Cambrai, Châteaudun, Dole, Guingamp, Le Havre, Lure, Mézières, Moutiers, Nantes, Quimper, Rouen, Tours et Troyes (Biraben, 387). La sécheresse exceptionnelle de l’année fait le lit d’une grave crise de dysenterie. « On tient que c’est à cause de la grande stérilité d’eaulx qui est es puitz et fontaines, et des eaulx sales et bourbeuses que l’on a beu » (Journal de Valuche, 35, d’après Lebrun, 320). n En Anjou  : « Au mois d’octobre, les maladies de discenterie se sont tant enracinées de tous costés tant ès villes et aux chaps que homme vivant n’avoit point veu si grande mortalité pour estre universelle » (Journal de Valuche, 35, d’après 484

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Lebrun, 320). Dysenterie à Andard et à Azé dès le 29  septembre puis à Corné, près de Beaugé, à Brissac (E sup. 49, III). À la dysenterie, qui frappe surtout les enfants en octobre-novembre, s’ajoute parfois la peste. C’est la dernière grande épreuve épidémique infligée à l’Anjou jusqu’en 1707. n En Haute-Bretagne  : la violence de la « dysenterie furieuse » frappe d’août à octobre. Née au nord de Rennes dans les derniers jours de juillet, l’épidémie gagne en septembre et en octobre le sud de Rennes, le pays de Dol et de nombreuses paroisses du pays nantais. Elle touche surtout les campagnes et emporte environ 8 % de la population en quelques semaines. C’est peut-être la plus grave épidémie de toute l’histoire bretonne mais comme elle touche surtout les enfants, une crise violente à effets limités (Croix, 308-323). n En Basse-Bretagne : épidémie dans la région de Quimper (Sée, 482). Contagion à Elven (E sup. 56). n En Lyonnais : dysenterie à Lacenas en octobre (E sup. 69). Suite de la guerre : campagnes dévastées

” En Picardie : en mars les soldats français saccagent le plat pays. « Les troupes qui avaient hiverné en France en plusieurs endroits s’assemblèrent vers la mi-mars dans les villages situés au delà de la rivière de Somme, où elles causèrent le plus affreux désordre, lequel ne se peut honnêtement réciter ; les soldats pillèrent, violèrent femmes et filles et démontèrent les moulins à blé. Bref, ils firent tout ce qui peut s’imaginer de plus mal » (Boisbergues, 56). ” En Bassigny  : le 12  avril les Croates reprennent leurs exactions. « Le mardy douziesme apvril mil six cent trente-neuf, les susditz Croates et ennemys de l’estat de France, composez des garnisons de Dole, Gray et autres lieux du comté, étant assemblés en un bois dit le Bois d’Amour, proche le monastère Saint-Geosmes, environ trois centz cavailliers montés à l’avantage, conduits par le lieutenant du sieur marquis de Sainct-Martin et par le sieur marquis de Salenove, firent course par les villages circonvoisins de Langres et sur le chemin de Bourgogne, où ils prindrent quasi tout les hommes qu’ilz eurent à la rencontre […], cent cinquante chevaulx et envrion trois centz tant bœufs que vaches et autres bêtes blanches, et le tout fut conduict en la susdicte ville de Gray, ce qui a causé une grande ruine à ce pays. Dieu nous veulle donner la paix s’il lui plaist ! » Autour de Langres, ce n’est alors que dévastations.  Le 3  juin, le village de Marcilly est pillé par les Croates comtois de la garnison de Jonvelle tandis que celui de Champigny-sous-Varennes est livré aux flammes  : le 8, vient le tour du village de Humes par les soldats de la comté qui emmènent chevaux, vaches et brebis. Le 14  juillet, les Croates et Allemands des garnisons de Jonvelle, Jussey et Vesoul détruisent Les Franchises-sous-Langres, « plus les villages d’Orbigny ou Val, Orbigny ou Mont et Plesnoy ». Le 16, les Croates, Comtois et autres gens de guerre des garnisons de Gray et des environs « se sont transportez à Heulley-leGrand et y ont bruslez quinze maisons et emmené tout le bestail et peuple qu’ils ont treuvez audict village et en outre ont pillé Piepape, Dommarien et Grenant, ce qui a beaucoup ruyné lesdicts lieux » (Macheret, 106-116). 485

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Un village enfoui sous le fumier, Domart ” Les 8 et 9  mai, un village picard accueille une armée en campagne pour une journée. « M. de Gassion avait fait rester à Domart de huit à dix mille hommes tant de pied que de chevaux. La cavalerie fut logée à l’intérieur du bourg ; quant à l’infanterie, une partie campa vers la censé de la Prée et l’autre partie vers Saint-Ladre ; pour se mettre à couvert, les fantassins établirent des huttes. « Il n’y avait aucune maison dans le bourg qui n’eût moins de sept à huit chevaux ; il y en avait jusqu’à vingt dans les maisons les plus importantes. Il y eut bientôt deux pieds de fumier répandant une odeur infecte ; cette puanteur provenait de ce que les chevaux étaient nourris avec du blé que l’on sciait vert. Deux cents charrettes de vivres et de munitions arrivèrent aussi à Domart ; elles furent rangées dans trois jardins en face de la maison de Jean Foubert ; le plus bel ordre présida au rangement de ces charrettes, qui furent disposées en forme de limaçon, aussi n’y eut-il aucune confusion au départ. « Nous autres habitants de Domart étions logés dans le château avec nos meubles ; nos bestiaux avaient été envoyés à Vignacourt et à Flixecourt, parce que ces villages appartenaient à M.  le duc de Chaulnes, gouverneur de Picardie, qui les avait exemptés de logement […]. Quand les fantassins avaient terminé leur souper, il se faisait un grand cri de Vive le Roi ! qui durait bien un bon quart d’heure. Du château, on voyait plus de cent feux allumés en plein air par les fantassins ; pour cela, ils démolirent plusieurs maisons, des granges et des étables. « L’armée décampa de Domart le 9 mai, vers midi ; elle passa par Berneuil et alla camper auprès de Doullens, à Bretel et aux environs » (Boisbergues, 59-60). Des barricades en Bourbonnais ” Les 4 et 5 juin, les habitants du Donjon (Allier) se soulèvent. Ils dressent des barricades pour empêcher le logement d’un régiment de piétons commandés par le seigneur du Palais. Huit jours auparavant, ils avaient dû loger un régiment de Gascons (Leguai, 1960, 54). Molinges : un village du Jura au cœur de la tourmente Dans ce village du Haut-Jura, l’année 1639 est marquée par de nombreux cas de décès survenus sans confession. Accablés par l’extrême pauvreté, la peste et les ravages des soldats français, les habitants agonisent dans des cabanes. n « 23. Guilla Patel, femme de Guille Person, demeurant ensemblement dans une grange de Louis Person, infectée du mal chaud, y mourut incontinent après Quasimodo sans viatique, et fut inhumée proche ladite grange à cause de grande pauvreté. n 24. Guille Person, son mary, mourut de mesme mal le 8 juing et fut inhumé de la mesme façon à mon insceu. n 25. Claude Patel Vallet, de Chassal, aagé de 20 ans ou environ, ayant longtemps langui de pauvreté despuis son retour de je ne sçay quelle milice, mourut le 28 juing sans confessé, et fut inhumé aussi sans mon assistance[…]. 486

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26. Louis Person ou Petit-Jean, aagé de 60 ans, estant le 2e  dimanche juillet allé aux montaignes pour visiter quelques bœufs, fut tué par les François avec 2 coups d’harquebuse et fut inhumé le xi. n 27. Clauda, aagée de 10  ans ou environ, fille d’André Patel, de Chassal, fut le 23 samedy au soir estouffée d’un loup qu’on tient estre garoux et fut inhumée le lendemain 24 juillet. n 28. Henriette, vefve feu petit Claude Rosset, de Reignyac […] receu le Saint Sacrement dans une logette le 25  juillet et mourut le 28. Fut inhumée avec la messe et autres cérémonies le 29 juillet. n 29. Michelle Laîné, femme de Claude David, dit Passoz, de Roignyac, y mourut par le glaive de l’ennemy le 30 juillet et fut inhumé à Saint-Georges le lendemain avec cérémonies ordinaires. n 30. Benoiste Blondet, femme de Jean David Passoz, aussi de Roigniac, receut dans sa cabanne du Chesnois le Saint-Sacrement dans le mois de juing, y mourut le 4 juillet. […] n 47. Louys, aagé de 2  ans, fils de Claude Michaud, granger à Roygnuac, a été inhumé le 14e  septembre mais ce jour d’hui 17. J’ai trouvé la fosse ouverte et les aix de la bière dedans mais non pas le corps. […] n 56. Pernette Perrier, femme de Jean Morand, mourut de peste et enceinte d’un enfant que je fis tirer de son ventre pour ne l’hinumer [sic] avec la mère à cause qu’il n’avoit esté baptisé […]. n 85. Guillaume Person, gendre Magnin, qu’on appelloit autrement Vaillant, mourut d’extrême pauvreté après une longue maladie, et sans confession, telle vie, telle mort ; et ce fut environ la feste sainte-Caterine, et n’est pas inhumé en terre saincte. […] n 93. Jean Karraz Le Borgne, aagé de 49 ans, mourut de peste le 17 octobre après confessions sacramentelles qu’il fit pendant son séquestre. […] n 98. Clauda Patelin, bien aagée et pauvre et bien importunée, morut en Vulnoz d’extrême misère et fut inhumée sine crux sine lux dans le cemetière Saint-Georges en la place des Cappel le dernier décembre. Elle estoit de Roigniac » (AD 39, BMS). n

Révolte des Nu-pieds en Normandie ” 16 juillet : jour de marché, dans une auberge d’Avranches, massacre du sieur Besnardière-Poupinel, lieutenant particulier au présidial de Coutances, considéré comme l’émissaire des « partisans » venus introduire la gabelle. Un vicaire d’Avranches, Jean Morel, sert de porte-parole au « général de l’armée de souffrance », le célèbre et sans doute mythique Jean Nu-Pieds. Plusieurs nobliaux normands, « pauvres et de nulle considération », participent au mouvement. 30  novembre  : défaite des Nu-Pieds par le colonel Jean de Gassion, soutenu par plus de 10 000 hommes, des « meilleures troupes », aux portes d’Avranches (Foisil, 1970).

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La betterave flamande C’est en Flandre maritime que l’on découvre la première mention de betterave fourragère. Dans l’inventaire après décès d’Anna Goldynck, décédée à Coudekerque, figurent des « bitraven » (Vandewalle, 200).

1640 Une accalmie en Velay ✷ « Il est à remarquer que ladicte année  1640, il n’a jellé aucunement ny faict aucune naige en ce pays pendant les trois mois d’yver, qu’est les mois de décembre dernier 1639, et le mois de janvier et la moitié du présent mois de febvrier audict an 1640 ; qu’est un grand sollagement au pauvre peuple que n’ont poinct de boix, pailhe ny foyn pour norrir leur bestailh, et mesmement que le froid ne les garde poinct de trevalher. Mais le moix de mars a faict un terrible tamptz de pluyes, naiges et de fortes gellées espaisses, qui est un grand préjudice aulx biens de la terre. Dieu les conserve ! » (Jacmon, 151). Tremblements de terre, débordements de rivière, calamités naturelles

~ Dimanche de Pâques 8  avril  1640, à Briouze (Orne)  : « Il fit une si grande

foudre la nuit et le vent fut tellement impétieux qu’il fist tomber plusieurs arbres et maisons, comme aussi il tomba de la neige en telle abondance qu’à grand peine pouvait-on sortir, tant elle estoient grandes et le vent furieux » (Duval, 258). ~ 6 juillet, tremblement de terre près de Dinan (Côtes-d’Armor). « Le vendredy sixième jour de juillet 1640 au soir vers les dix heures de l’après midi se fist en l’air le plus estrange et le plus espouvantable riblement et tremblement de terre soit qu’il vingt de l’air ou de la terre qu’il se fut vu de connaissance d’homme ce qui espouvanta grandement le peuple de Dinan et aux environs principalement à Taden. On pensait que la terre s’abimât et que les maisons fussent toutes renversées et faisoit branler les coffres et buffets même les poutres et solivaux et muraille » (BMS de Taden). Le même séisme est ressenti aux environs de Coutances (Quenet, 597). ~ 14 juillet : Inondations en Périgord. « 1640. Le mesme an que dessus, le 14 juillet, il feit un si grand débordement d’eau, que, aux hyvers les plus pluvieux, l’on n’a rien veu de semblable ayant emporte tous les foins et gasté ceux qui restèrent. » (Journal de Pierre de Beyssot (1609-1652), Bulletin de la Société du Périgord, 1893). ~ Septembre  : grandes eaux autour de Bourges. « Environ du 15 au 24  septembre 1640, les eaux ont été si grandes qu’elles ont inondé quasi tout le pays, et que le pont d’Orval, à Saint-Amand, qui est sur la rivière du Cher, en fut rompu » (Le Large, 37). ~ Octobre : hiver précoce en Bassigny. Les 7 et 8, grande gelée autour de Langres qui « gasta et diminua fort le fruict des vignes, même le bois des gasmez raisins blancs ». Le 28, jour de fête Saint-Simon Saint-Jude, « se fict une grande neige d’un pied d’espesseur ce qui d’aage d’homme ne s’estoit vu à ce jour » (Macheret, 141). 488

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Traces de peste n Autour d’Amiens, Arles, Beaucaire, Besançon, Briey, Cambrai, Castres, Chambéry, Château-Gontier, Le Havre, Lure, Marseille, Morlaix, Montpellier, Nantes, Nîmes, Quimper, Rennes, Saint-Chamond, Tarascon et Tours (Biraben, 388). n En Anjou : contagion signalée à Jarzé » (E sup. 49, III, Saint-Georges-du-bois). Suites de la guerre ” Mars  : incendie du village de Cérences (Manche), près de Coutances, par les soldats de Gassion. Abandon du village de Villers-Bocage (Somme) par les habitants chassés au moment du siège d’Arras (E sup. 80). 10 août : prise d’Arras par l’armée royale. 25 août : un détachement de Croates et de Comtois mis en fuite et passés au fil de l’épée près du village d’Hortes, à l’est de Langres (Macheret, 136). 25  septembre-4 décembre  : courses de Croates et de Comtois écumant le plat pays, de la Champagne au Dijonnais. Incendie et pillage de villages (Bonnecourt, Pressigny, Saint-Vallier, Coiffy-le-Bas, Plesnoy,  etc.) (Macheret, 133-150). Le Dijonnais ravagé jusqu’en 1643 par les pilleurs de Gray (Roupnel, 1955). Victoire des Croquants sur les troupes du roi

” En mars 1640, sous la conduite de Greletty, les Croquants du Périgord infligent

une sanglante déroute aux troupes royales venues les réprimer. Grelety est laboureur comme toute sa famille. Il rassemble les paysans mécontents du Paréage contre les menées du fisc. Trois années durant, les Croquants de Greletty font la loi au sud de Périgueux, incendiant les métairies des notables de la cité et razziant leurs bestiaux. Protégés par certains gentilshommes qui ne supportent pas le contrôle du plat pays par la bourgeoisie périgourdine, approvisionnés par plusieurs communautés villageoises et quelques marchands du bourg de Vergt, et habiles à se diperser dans les bois dès l’arrivée des troupes, les « Greletys » défient les autorités. En mars 1640, ils tendent une embuscade aux détachements militaires venus les traquer, sous les ordres du comte de Grignols  : des soldats des régiments de Tonneins et de Ventadour, et des cavaliers de la compagnie de Marsin, envoyés par le marquis de Sourdis, lieutenant général de la Guyenne. Les troupes du roi sont mises en fuite après un carnage où périssent plus de 200  hommes dont 14 officiers. Grignols est blessé et le régiment de Ventadour doit être reconstitué. Au cours du mois de juin, Sourdis accourt lui-même du bout de la Gascogne pour diriger une expédition punitive. Neuf jours durant, on emploie deux régiments et on requiert les paysans à trois lieues à la ronde pour abattre les arbres et brûler les fourrés. L’expédition ne réussit pas à pacifier le Paréage, les rebelles dispersés se regroupant en septembre lorsque les régiments sont rappelés en Languedoc, en raison de la guerre franco-espagnole. Les collectes des receveurs des tailles sont confisquées, les incendies reprennent et un détachement de régiment est massacré au château de Rossignols. Il faut attendre le 19 décembre 1641 pour que Greletty, avec la centaine d’hommes qui lui restent, fasse sa soumission au lieutenant général 489

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de Bergerac, au village de Lembras. Pourvu d’un brevet de capitiane, il emmène avec lui aux armées ses derniers compagnons le 25 janvier 1642. Révolte antifiscale dégénérée en brigandage, l’aventure de Greletty fait resurgir l’antagonisme structurel entre la société rurale et l’étatisme moderne, avec ses représentants locaux, officiers, partisans et commis. Réputé « homme d’honneur », admiré dans son canton forestier et protégé par les barons du Périgord (le marquis de La Douze et le baron d’Auberoche), défendu auprès du roi par le duc de La Force, Greletty est sans doute, d’après Yves-Marie Bercé, « le plus illustre de ces chefs paysans surgis aux xvie et xviie siècles dans cette lutte incohérente et ignorée des campagnes contre les cités » (Bercé, 1974, 456-462). Les marais du Bessin taxés par le roi Le « tour de vis » fiscal consécutif à la guerre de Trente ans atteint les biens communaux et les terres « vagues et vaines ». En 1640, la pression est maximale sur ces biens « de mainmorte ». « Les paroisses de la vallée d’Aure doivent d’abord payer, en 1637, une taxe pour les franc-fiefs et nouveaux acquêts, qui dépasse souvent la centaine de livres. Elle atteint même une somme supérieure à 500  livres pour la modeste paroisse de Monfréville (Calvados). Au début des années  1640, le triple de la somme est exigé dans le cadre de la perception du droit d’amortissement : les paroissiens de Monfréville doivent alors verser une somme de 1 500 livres ; ceux de Longueville doivent payer 1  200  livres, ceux de Colombières, 700  livres. À la même époque, dans les marais de la Taute, les habitants de Saint-Georges et de Saint-André-deBohon (Manche) sont taxés à la hauteur de 4 400 livres. » (Poncet, 449). Une communauté familiale dans la Montagne bourbonnaise Dans ce petit village de la paroisse de Saint-Clément (Allier), le mariage de Benoît Quarton, le dernier des quatre fils de Vincent, avec Marie Mallot, le 4 février 1640, vient parachever, pour la génération présente, une communauté d’exploitation déjà ancienne. Deux semaines avant le passage à l’église, le contrat de mariage est l’occasion de réaffirmer la solidarité familiale et de confirmer l’accord de tous pour maintenir Gilbert Quarton, l’un des frères, comme chef de communauté. Dans la Montagne bourbonnaise, le contrat de mariage, qui module les communautés familiales, est un acte soigneusement pesé entre tous les laboureurs concernés. « Ont été présents en leurs personnes Benoît Quarton, fils de feu Vincent, laboureur de la paroisse de Saint-Clément, pour lui et pour les siens, d’une part ; André Mallot, laboureur de ladite paroisse et à son autorité, consentement et licence Marie Mallot, sa fille, et de défunte Jehanne Campagnat, icelle Mallot, veuve de Philibert Martin, pour eux, d’autre part. Icelles parties de leur gré et volontés, par l’avis, conseil et délibération de plusieurs leurs parents et amis assemblés de part et d’autre, sont traité, convenu et accordé entre eux le contrat de mariage et convenance suivant : « Savoir que ledit Quarton et ladite Mallot, procédant sous la susdite autorité, se sont promis prendre en loyal mariage et eux représenter en face de Sainte-Mère 490

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église dans le temps par elle ordonné et quand ils en seront requis l’un par l’autre pourvu qu’il n’y ait empêchement au contraire. « En faveur duquel mariage et pour donner clause à icelui ledit André Mallot a donné et constitue à sadite fille et pour elle à son dit futur époux à savoir icelle habillée d’une robe d’aignien, une de bureau, un blanchet de Poutanges, un lit à coutume de Montagne […] couverte de laine pour 4 livres ; un coffre de sapin fermant à clé avec ses autres habits et menus linges qu’elle a de présent, partie des frais de noces, un setier seigle, mesure de Cusset, un poinçon de vin et la somme de 8 livres […] deux brebis garnies d’agneaux, une taure de l’estime de 7 livres et la somme de 50 livres payables à la volonté et requête desdits futurs […]. « Et au regard dudit futur époux s’est constitué avec tous et ung chacun ses biens meubles et immeubles […] tant paternels que maternels […]. « Et aussi en faveur du présent mariage, ont été présents en leurs personnes Gilbert, Pasquet et Claude Carton, frères du futur, lesquels agréant icelui et ledit Benoît Carton futur, se sont associés et affidés par communauté en tous biens meubles et immeubles présents et à venir comme quatre frères germains chacun pour un quart, et instituent héritier l’un de l’autre en cas de non-enfant le survivant du premier mourant. Et consentent que ledit Gilbert Quarton régira et gouvernera leur communauté comme il a ci-devant fait en père de famille. Et pour les autres choses dont n’est ici fait mention, les parties s’en sont remises à la coutume […]. Fait au village Rivière, avant midi, le 4e  février 1640 » (AD 01, 3 E 12898).

1641 9 janvier : séisme dans les environs de Mulhouse (Quenet, 597). Total des impôts : 118 millions de livres environ (Jacquart, Histoire de la France rurale, II, 203). Long et terrible hiver ~ En Velay : « Depuis le jour Saint-Michel jusques à may de ladite année 1641, qui sont sept moix completz, l’hiver a esté si terrible esguallement qui soit esté de la souvenance des vivants […]. L’injure dudit tamptz empêchet de cultiver les terres […]. Nous avons si peu culhy de grains qu’a esté cause que le carton fromant est venu jusques à 32 solz, la soigle [sic] à 28 solz, la fromantade à 29 solz, febves 21 solz, orge 20 solsz, avoyne 8 solz, la couppe de la sel 32 solz, la livre d’huille 6 solz, la livre de chandelles 6 solz, le pot vin 5 solz, la livre de burre 4 solz » (Jacmon, 171 et 175). ~ En Lorraine  : « De longtemps l’on n’a vu un hiver de si longue durée, pour avoir commencé à geler au mois d’octobre et a continué jusqu’au 6 et 7  mai » (Bigot, 104). ~ En Île-de-France : « L’automne, commencé dès l’année passée le jour Saint-Louis 25 aoust par une pluye froide en façon de neige fondue, fist continuer les saisons en frimatz, brouillards, pluyes, et aultres incommodités du temps qui durèrent 491

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opiniastrement jusques au 21e mars cette année, qui causèrent plusieurs maladies, coqueluches, catharres, et aultres maulx inopinez dont il y eust grande mortalité » (Thoulouse, II, 109-110). ~ 10 octobre : début des vendanges à Chartres (E sup. 28, III, Thivars). La peste se replie n Attestations seulement autour de Briey, Guingamp, Lure, Montpellier, Nantes et Vire (Biraben, 388). n En Anjou, peste jusqu’au 28 avril 1641 à Villévêque (E sup. 49, 2). Croates et Comtois à l’assaut des troupeaux De janvier à septembre, les campagnes du Bassigny restent à la merci permanente des courses des mercenaires étrangers. « Le sabmedy 5 janvier, les Croates et Comtois de Gray tenant les grands chemins des costés de Selongey, Cusey et Dommarien, firent beaucoup de peines à ceulx qui venoient à la foire des Rois à Langres, prirent quantité de prisonniers et enlevèrent plusieurs bestiaux, ce qui a causé la ruyne à une infinité de pauvres marchands » (Macheret, 148). Les pillages de villages se succèdent : Dommarien, le 11 janvier ; Rougeux, le 1er  février ; Torcernay, le 11  mars ; Chezeaux, le 23  mars ; Hortes, le 18  avril ; Torcenay à nouveau le 23 juillet. Le 16  septembre, la prise de la garnison de Jonvelle par les troupes du roi, celle des derniers bastions comtois tombent du 23  septembre au 3  octobre, et la reddition de Vesoul le 27  septembre, mettent un terme à six années d’eaxctions (Macheret, 150-178). Des hommes attelés à la charrue La mise en coupe réglée des campagnes parcourues par les armées aboutit, dans les cas extrêmes, à la disparition de tout capital d’exploitation. Le 6 avril, à Torcenay, en Bassigny, des hommes doivent s’atteler eux-mêmes à la charrue. « L’an présent 1641, le sabmedy sixiesme apvril, la nécessité du labourage a esté si grande en ce pays que l’on a vu six hommes attelés à la cherue en forme et place de bestes et la tirer pour labourer au finage de Torcenay, et pour confirmation de ce, les sieurs Raoux, curé dudit Torcenay, et Houdry, curé de Chalindrey y « estoient présentz. « Le même [fait] est arrivé à Choiseul en Bassigny en l’année 1637. Un homme avec ses trois filz faisoit un bichet de terre par jour à raison de trente solz et j’avois le nom par escript, mais il s’est esgaré par mes mémoires et ne l’ay peu retrouver, me souvenant seulement de l’année et du village. Le même est arrivé au Fayl-Billot la même année » (Macheret, 153). Dessèchement des marais 4  mai  : nouvelle déclaration royale sur le dessèchement des marais. Louis  XIII accorde aux investisseurs locaux, souvent anciens membres du réseau d’Humphrey Bradley puis de Jean Hoeufft, les mêmes privilèges. Mais cette déclaration contraint 492

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aussi les dessicateurs à s’entendre avec leurs voisins puisque des indemnités sans cesse plus importantes sont prévues lorsque des canaux d’évacuation doivent traverser les terres des riverains (Derex, HSR 15, 2001, 20 et Morera, 2011). En Velay : lever les agneaux et quêter les œufs 29 mars 1641, au Brignon (Haute-Loire) : « Le vendredi saint, l’office le matin en partie et après je prêchai la Passion, l’appliquant en tous les mystères de la sainte messe, après laquelle prédication, où y avait grand nombre de peuple, fut fait le reste de l’office. Ce jour, je fus au lieu des Rozières lever la dîme des agneaux due ce jour-là au curé et quête des œufs, deux pour chacun agneau lorsque ne sont en nombre de dix » (Aulanier, II 14).

1642 Un temps de chien : grêles et inondations ~ Jeudi 8 mai : autour de Langres, grande gelée des vignes « entièrement perdues excepté quelque peu du haut des vignes noires » (Macheret, 189). ~ 21 mai : terrible grêle en Quercy à Carennac et à Magnagues (Lot), qui « nécessite la plupart des habitants d’abandonner les lieux » (AN, E 174a, f°129, arrêt du Conseil du 5 novembre 1642, d’après Bercé, 1974, 11). ~ 7 juin, terrible grêle en Périgord. « 1642. La veilhe de la Feste Dieu, la gresle tomba en quantité d’endroicts, mesme à Pissot et Beauregard, que fut cause que ne reculleimes en tout que sept ou huict barriques de vin a nostre part, sans avoir eu de bled quasi rien. » (Livre de raison de Pierre de Bessot (1605-1652), Bull. Soc. Périgord, 1893). ~ 3 juillet : terrible grêle qui détruit les récoltes sur pied à Montréjeau (HauteGaronne), Mazères, Montoussé et Cuguron (Hautes-Pyrénées). Une grêle d’une demi heure « abattit de gros chênes et la plus grande partie des arbres fruitiers, rompit les branches et fit tomber les fruits, brisa tous les blés, froment, seigles, panniottes, avoines et autres grains et légumages qui étaient encore pendant par les racines, comme aussi abattit toutes les grappes de raisins des vignes, coupa et brisa les sarments qui étaient encore tendres, coucha l’herbe des prés, la brisa et sabla » (AN, E173b, f°666, arrêt du Conseil du 30 septembre 1642, d’après Bercé, 1974, 9-10). ~ Dimanche 6 juillet : « gelée accompagnée d’un vent très froid, aussi forte qu’en janvier » à Langres, si bien que « la vendange « ordinaire de l’automne n’a monté qu’à la douziesme partie de l’ordinaire » (Macheret, 189). ~ En Lorraine : « La saison est terriblement fascheuse : il a pleu presque continuellement tous les mois de juin et juillet, ce qui a perdu et ruiné les vignes, en sorte qu’il ne nous reste aulcune espérance de pouvoir vendanger. La famine a esté si extraordinaire que d’aage d’homme l’on n’a veu le grain si cher dans la ville de Metz comme il a esté » (Bigot, 119). 493

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~ 3 août, en Languedoc : « les grandes herbes de la vigne surpassoint les sarments

à cause des grandes pluies de ceste année-là. Payé 8 garsons, 16 journés pur les arracher » (AD 34, G919, compte du baille, d’après Le Roy Ladurie, 39). ~ 17  août, tempête en Bourgogne  : « Environ les trois heures après midi, se fit une tempête et orage si grande entre Chastevillain et Clairvaux que les plus gros arbres du pays ont été déracinés, la grêle ayant coupé même les bois des vignes […] ceux de ce pays-là furent tellement épouvantés qu’ils pensaient que la dissolution des siècles fut arrivée. Le même arriva en un bois de haute futaie entre Mignot et Estallandes, lequel bois sépare l’évêché de Langres de celui d’Autun » dont plus de la moitié des arbres ont été renversés (Macheret, 204). ~ Septembre, en Languedoc : « desbort » de la rivière d’Orb, qui ruine son rivage (AD 34, G919, d’après Le Roy Ladurie, 39). Occupation du Roussillon par les armées françaises ” Le 9  septembre, après un siège de six mois, prise de Perpignan « estimée la plus forte des provinces espagnoles » (Macheret, 208). Le 9 septembre 1642, entre 7 à 8 heures, « il fut ouy par toute la France un coup qui roulla quelque temps et espouvanta tout le monde […] le jour où Perpignan se rendit à MM. de Chambert et La Meilleraye, maréchaux de France » (Amberre, E sup. 87). Dans le Nord-Est : pillages et coups de main des soldats

” Raids de pillages, embuscades, confiscations de bétail, incendies, meurtres dans

les champs, les provinces du Nord-Est semblent vouées à subir perpétuellement les « malheurs de la guerre ». La plume de Clément Macheret, curé d’Hortes, en Bassigny, ne cesse d’allonger la liste des déprédations. 13 juin : après leur échec devant le village de Longeau, 300 Croates et Comtois mettent en déroute une armée de paysans des villages voisins de Baissey, Brennes, Verceilles et Prangey qui voulaient leur tendre une embuscade. Grâce à leur cavalerie, ils tuent 38 villageois, dont deux curés, en rase campagne. 22 juin : « les Lorrains, Allemands et autres de la ganison de la Mothe se transportèrent à Banne, proche Langres et illec prirent jusqu’au nombre de 14 chevaux ». 6 juillet : « les susdits ennemis se transportèrent au lieu de Poiseul en Bassigny, et prirent tous les chevaux du village et trois personnes qu’ils conduirent prisonniers jusqu’au susdit lieu de La Mothe ». 10 juillet : incendie du village de Noidant-Châtenoy (Haute-Marne) « les Croates, Comtois et autres de la garnison de Gray, au nombre de deux cents ou environ sont venus brusler le village de Noidant Chastenoy et ont bruslez seize corps ou chastz de maison, emmenez le bestial dudict lieu et tué sept personnes, blessés trois, emmenés deux : et d’iceulx ennemis sont péris, tant blessez à mort que tuez sur la place audict choc, jusqu’au nombre de dix, ayant conduictz leurs blessés jusqu’au premier village du comté pour les y faire enterrer, et s’en retournant, bruslèrent la plus grande partie du petit village de Palaiseux, excepté quelques maisons dans lesquelles estoient retirés les habitans dudict lieu, plus bruslèrent le moulin de Rivière-le-Bois » (Macheret, 187-194). 494

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12  août  : les Croates et Comtois de la garnison de Gray, cavaliers et piétons en embuscade, enlèvent au village de Pailly une charrue et 16 bœufs et vaches. Ils tuent à Monsaujon un homme et font quelques prisonniers. 23 août : les Comtois dressent une embuscade aux paysans du Pailly et prennent 25 bêtes à cornes qu’ils emmènent à Gray. 26  septembre  : « le vendredi 26  septembre  1642, les Comtois des garnisons de Scey et Rupt furent courir le finage de Pressigny et tuèrent de sang froid un honneste homme et emmenèrent une cherue qu’ils treuvèrent labourant audict finage. Les susdictz ennemis furent au même instant au lieu de Pierrefaite et emmenèrent tout le bestial, qui consistoit en trois chevaux, une vache et trois chèvres ». 29  septembre  : prise de Sedan « mettant à couvert contre les incursions des ennemis » sur la Champagne et la Picardie. 25  octobre  : la garnison de La Mothe se transporte à Corlée près de Langres où elle enlève 28 chevaux. 11  novembre  : les Comtois de la garnison de Gray font plusieurs prisonniers près du village de Bourg. 15  novembre  : la garnison de La Mothe, conduite par un Français renégat, pille la métairie de Le Genevrouse, tue le jeune maître de la maison et emporte son père avec le bétail en laissant comme mort le conducteur. 25  novembre  : passage et logement de plusieurs régiments près de Langres. « Logèrent à Brevoyne et autres fauxbourgs trois régimentz de piedtons le sabmedy suivant, qui fut le 29, lesquels ont porté beaucoup de dommage et ruyne aux pauvres habitans desdictz fauxbourgs. » 1er décembre : quartiers d’hiver. « Sont arrivés aux environs de Langres et ce au climat du Bassigny plusieurs soldats logés à Bourbonne, Clefmont, Nogent-le-Roi et plusieurs autres bourgs et villages, lesquels gens d’armes sont pour hyverner en ces quartiers. » 13 décembre : « Un petit régiment composé d’environ cent cinquante hommes, tant officiers que soldats, ayant ordre (comme ils disoient) de loger en cette ville de Langres, furent conduictz et envoyez aux villages de Champagney et Peigney, lesquels soldatz, soit de guet-apens ou autrement, mirent le feu audict village de Champeigney et bruslèrent dix corps ou chastz de maisons le lundi 15 du courant, environ les six heures et demie du matin, ce qui a causé la ruyne entière de trois des meilleurs laboureurs dudict village » (Macheret, 202-237). Villages résistants ” 2 octobre : résistance du village de Rougeux à l’égard des Comtois. « Le mercredy 2 octobre, vingt-cinq cavailliers des garnisons du comté étant en ambuscade proche la grange du Haut-Chemin, finage de Rougeux, et voulant enlever tout ce qui estoit audict village, furent découverts par ceulx dudict village, lesquelz avoient envoyez aux villages cironconvosins pour avoir l’assistance de mousquetons. Ce qu’ayant recongneu, l’ennemy leva pied pour prendre la fuitte et y demeura sur la place un cavaillier tué, ce qui leur a donné un subjet de menasser ledict village avec tant de passion qu’ilz se promettent de les mettre à feu et à sang » (Macheret, 224-225). 495

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11  octobre  : résistance du village de Maizières-sur-Amance, pillé par les soldats de la garnison de Scey-sur-Saône qui prennent tous les chevaux (7) font 4 prisonniers, dont 3 sont délivrés (Macheret, 226-227). Une lutte au quotidien : protéger le chêne-liège en Provence À Pourrières, dans la viguerie de Saint-Maximin, la communauté s’inquiète des écorceurs de liège qui « font de la rusque ». Depuis 1626, les règlements se répètent. En vain, puisqu’en 1642 on délibère de rechercher dans les archives de la communauté « s’il est permis aux habitants de faire de la rusque en terre commune » ! (AD 83, arch. com. Pourrières, d’après Pichard, 419). Défrichement en Brionnais En 1642, Jacques Du Claux, seigneur de l’Étoile-en-Brionnais, accorde un « asservisage » à deux laboureurs de Tréval, Benoît et Pierre Berry, « sur une terre qui fut bois » de 25 mesures (4  ha). Les « asservisataires » s’engagent à y construire une maison et à payer une redevance annuelle de deux mesures de seigle, six raz d’avoine, deux poules, quatre sous pour la réparation du château, un chevreau, trois corvées à bœufs ou à bras. En cas de plantation de vigne, le seigneur se réserve le tiers des fruits (Dontenwill, 148). Ouverture du canal de Briare enre Loire et Seine (41 écluses) « On a vu plusieurs batteaux chargez de diverses marchandises, bascules à poissons et trains de bois venus de Roanne, d’Auvergne, de Tours et d’Angers, et autres lieux, aborder aux ports de notre dite ville de Paris avec grande joie et admiration de chacun » (Lettres patentes de décembre 1642). Le Hollandais Jan Van Ens, héritant des travaux de bonification qu’il a réalisés, devient propriétaire des deux tiers des terres desséchées du marais d’Arles (Morera, 2011).

1643 Grêles dévastatrices ~ 13  mai  : grêle en Velay autour du Puy. « Ce mercredy 13e  jour du mois de may 1643, environ vespres, tumba plus d’un pan de grelles ou tempeste avec une bize froide dans ceste ville et l’antour d’icelle une leue [lieue], laquelle fist grands maux à des endroictz aux bledz, febves et fleurs des arbres et autres fruictz de la terre » (Jacmon, 191). ~ 5 juillet : grêle en Comminges à Sabaillan (Gers) : « les métairies dudit terroir sont désertes et abandonnées » (AN, E 184a, f°179-180, arrêt du Conseil du 15 octobre 1643, d’après Bercé, 1974, 11). ~ 10 juillet : nouvelle grêle en Velay autour du Puy. « Ce 10e julhet 1643, tumba si grande abondance de tampeste et tonnerres en neuf ou dix paroisses de l’entour du Puy, que causa une grande ruine au peuple qui en furent atteints, car ilz estoient assés afligés de la pauvre année précédente par l’estérilitté de la terre et 496

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grande cherté des vivres et de sy grans charges que cella les achève tout-à-faict de ruiner » (Jacmon, 197). ~ 15 et 16  mai  : grand froid dans le pays de Langres, qui gèle les fruits et les seigles (Macheret, 266). ~ 4 juin : orage de l’Angoumois au Limousin. Sur les 15 h, « Il se fit un grand orage qui arracha en tous endroits quantité d’arbres, et surtout les noyers, yant greslé en beaucoup d’endroits, et principalement depuis Angoulême, La Rochefoucauld, et le reste tirant jusqu’à Bellac et au Dorat » (E sup. 24, II, Piégut-Pluviers). Disettes régionales Famines et disettes en Bretagne, Normandie, Anjou. Interdiction d’exporter les blés, notamment de Poitou, Saintonge et Bretagne. Contagions cantonnées n Attestations de peste limitées autour de Grenoble, Lure, Lyon et Vienne (Biraben, 388). n Octobre : peste à Lacenas (E sup. 69). Pillages et incendies à répétition dans le Nord-Est (suite) 24 janvier : incendie de plusieurs maisons de Lifou par la garnison de Neufchâtel en raison de la connivence des habitants avec la garnison de La Mothe qui surprend 40 cavaliers allemands « dormant à la française ». 25 janvier : pillage de maison à Hortes par des Croates et Comtois qui emmenent un garçon, une servante et trois cavales. ” « 27 janvier : les soldats de la garnison de La Mothe emportent le bétail et deux hommes du village de Banne alors que de leur côté les Croates des garnisons de Rupt et Scey emmènent 12 bêtes et plusieurs prisonniers à Varanne. 31 janvier : conduits par le garçon d’Orthes [Hortes] qu’ils avaients fait prisonnier, Croates et Comtois enlèvent 6 chevaux et une vache au desservent d’Orthes établi au village de Rosoy. 23  mars  : 25 cavaliers croates et comptois de la garnison de Rupt, postés en embuscade dans le bois de Culmont, prennent 6  hommes de Celsoy et de Montlandon (dont un s’échappe) et 14 chevaux avant de prendre deux charrues. 1er mai : arrivée à Langres de l’armée de La Meilleraye, grand maître de France, avec 13  000 à 14  000  hommes qui logent autour de la ville quinze jours durant « ce qui a entièrement ruiné de pauvre pays ». 5 mai : les soldats du régiment de Grancey logés à Peigney prennent un pauvre homme du village de Banne et « après l’avoir battu et outragé chauffèrent un four et le mirent dedans où il fut rôti et demi mort ». 15 mai : Croates et Comtois de la garnison de Scey-sur-Saône prennent 12 prisonniers après avoir escaladé l’église d’Anrosey, tuent trois personnes et brûlent une partie de l’église. 25 mai : pillage de chevaux et bétail par des Croates et Comtois à la Neufvelleles-Coiffys et près de Bourbonne. 497

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1er juin 1643 : pillage du village de Serceuil proche de Bourbonne par les Croates et Comtois qui tuent 12 personnes et en font prisonnier 19. 5 juin : pillage des villages de Corgirnon et des Loges par la garnison de Gray, qui enlève tout le bétail. 8 juin : les Croates et les « ennemis de l’État » pillent Brevoyne au cours de la nuit, emportant 140 grosses bêtes à cornes, 15 chevaux et 500 bêtes blanches, puis Saint-Geosmes, où ils prennent 45 grosses bêtes et tuent trois hommes. 14 juin : pillage par les Croates et « gredins du Comté » du Fayl-Billot : 3 hommes et 5 chevaux et vaches. 18 juin : plusieurs cavaliers du Comté venus piller Bourbonne sont arrêtés par une embuscade dressées par les habitants, où ils laissent 7 morts. 23 juin : pillage par les Comtois du moulin de Torcenay : 2 hommes et 2 femmes emportés. 3  juillet  : nouvel échec des Comtois et « ennemis de l’État » à Rougeux sans rien prendre. 8 juillet : retraite de 7 Comtois à travers champs faisant un prisonnier et trois tués lorsque les communautés voisines de Corgirnon sonnent le tocsin. 10 juillet : levée du siège de La Mothe (commencé le 22 juillet 1642). 12  juillet  : « ravage à Rolampont d’un régiment de cavalerie moissonnant les grains et coupant les foins jusqu’au 10 août pour 8 cornettes et jusqu’au 30 septembre pour les 4 autres » (Macheret, 244-280). En octobre : Trêve entre Comtois et Bourguignons (Roupnel, 1955, 10). Au nord-est de la Bourgogne, 43 villages entièrement détruits dont 7 ne sont jamais rebâtis (Roupnel, 1955, 16, 57). Des vaches vendues au son du tambour Plappeville pillée par les Bourguignons. « Le septiesme du moys de febvrier, les Bourguignons de Luxembourg vindrent environ les onze heures de nuict piller la plus grande partie des maisons de Plappeville […]. Venant de Luxembourg, environ trois cents fantassins […] vindrent circuire ledit village tant par les deux boults que par le milieu […]. Ils gaignèrent l’un des corps-de-garde du villaige qui estoit en la maison Duchat, pillèrent chevaulx, vaches, plus de vingt-cinq, à moy-mesme ils en prindrent trois […]. À la parfin, ils emmenèrent les bestiaulx par le mesme chemin qu’ils avoient venu […]. Les vaches furent menées à Thionville et vendues au son du tambour en place publique » (Bauchez, 441-442). Victoires paysannes Dimanche 8 février : résistance des habitants du village de Culmont qui repoussent la garnison de Gray. « Le dimanche huitiesme febvrier, les susdicts ennemis de la garnison de Gray furent pétarder la première porte de l’église de Culmont, et avec violence croyaient enlever tous ceulx qui s’y estoient retirez mais les paysans se déffendirent avec une telle adresse que les ennemys furent contrainctz de se retirer sans faire aucun butin » (Macheret, 246). Mercredi 11  février  : les soldats de la garnison de Gray font prisonniers plusieurs hommes au village de Cohons et grande quantité de bétail (Macheret, 246). 498

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Mercredi 25 février : plusieurs cavaliers de la garnison de Gray sont repoussés « devant les barricades du village de Ballesme » avant d’aller capturer 4 prisonniers et plusieurs chevaux parmi ceux qui sortaient de la ville de Langres (Macheret, 247). Samedi 30 mai : victoire des paysans de France associés en quatre communautés sur les ennemis comtois. « Le sabmedy 30 mai, plusieurs soldatz des lieux de Saint-Remy et Dimanchevelle, au comté de Bourgogne, estantz venu à la petite guerre en France, et ayant été aperceu par ceux de Rougeux et Maizières, lesquels s’estoient joinctz par ensemble pour leur former une ambuscade, n’estant assez forts et ayant mandés à leurs secours les communautés d’Orthes et Rosoy pour leur ayder à courir ceste proie, de quoy les susdicts ennemis avertis se retirèrent en un bois et pensant faire fort contre les paysans de France, furent si vivement attaquez qu’il en demeura six sur la place ; les autres furent contraincts de se jetter entre les mains du sieur de Rompré, capitaine à présent à Varennes, lequel y accourut mais à tard, pourtant ayant fait faire un holà, empescha de davantage épancher le sang et s’en saisit et les pris prisonnier de guerre en sa garde sans en donner aucune chose aux communaultez qui les avaient livrez (comme l’on dict, tous liés et garottés), mesme battit outrageusement certains paysanz d’Orthes et entre autres un nommé Dimanche Seauvageot pour en avoir tué un sur la rencontre dudict choc » (Macheret, 269-270). Faire payer les tailles : répression des révoltes de Croquants dans le Sud-Ouest Dans le comté de Pardiac, comme dans les provinces du Sud-Ouest récalcitrantes au logement des gens de guerre et à la crue des tailles, les intendants, appuyés par la troupe, appliquent une politique de répression impitoyable pour faire triompher les ordres du roi. « Au mois de février 1643, l’intendant ayant eu commission du Conseil pour aller en Pardiac et tâcher par la force et par la justice de ramener le peuple du pays à l’obéissance, quoy que despuis six ou sept ans ils n’eussent point payé de tailles, ou fort peu, qu’ils eussent esté en armes et faict un complot entre eux et quelques paroisses voisines au nombre de 50 ou 60, qu’aussy tost que l’on les voudroit contraindre une pour la taille, on sonneroit le tocsin, et toutes les autres y envoyeroient un homme armé de chaque maison […] il réduisit ces rebelles à l’obéissance par la justice exemplaire qu’il fit des principaux chefz, lesquels il fist prisonniers et condamner à estre rouéz en partie et partie à estre penduz dans les principaux bourgs et villages dudit Pardiac [… ] en sorte que les tailles y ont esté despuis payées assez volontairement et sans rébellion aucune de la part des paisans » (AN, KK 1217, f° 76-79, d’après Bercé, 1974, 799). Mort de Louis XIII : « la pauvreté a esté l’unique paix de ce règne » 14  mai  : mort de Louis  XIII. « Mourut le 14 de 1643, le mesme jour que Henri son père […] a succédé Louis 14, âgé de six année ou environ » (Livre de raison de Louis Bonnard, d’après Savey-Cassard, 53). « Le 14e  jour de may mil six centz quarante trois, expira Louys treizième, Roy de France et de Navarre, en la quarante deuxiesme de son aage non encore révolu, 499

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apres avoir régné justement trente trois ans et ce qui ne se peut concepvoir sans merveille, le mesme jour du mesme mois, la mesme apres dinée qui fut sur les deux heures et un quart apres midy, mourut Henry le Grand, son père, tous deux d’éternelle mémoire. Jour que cette double perte nous feroit appeller malheureux si Notre Sauveur ne l’avoit choisi cette année pour le jour de sa triomphante Ascension et pour celle de cette âme bien heureuse qui loge maintenant dans le ciel. C’est ce que luy souhaitte son tres humble subjet et curé de l’église parroissialle Notre-Dame et Saint-Denis de Senlisse, soubsigné. [Signé avec paraphe  :] Douesnard » (AD 78 en ligne, BMS Senlisse 1629-1684, vue 86). « Le 14 jour de may mil six cent quarante trois, décéda Louis  XIII du nom, Roy de France, aagé de 42  ans, au mesme jour que le grand Henry 4 son père fut assassiné malheureusement par Ravaillac, l’an  1610 et le 14 may. Ledit Roy Louys, à ce qu’on dict, a esté empoisonné, comme on a cognu après sa mort qui a esté toute chrestienne et digne de la resignacion d’un Roy très chrestien. Aussy estoit-il bon de son naturel. Mais les ministres desquels il s’est servy durant son règne ont rendu la France un théâtre de malheurs causé par la guerre continuelle avec l’Espagne, qui a produict mille monstres difformes qu’on apelle partisans, qui ont tout pillé par les subsides de tailles, subsistences, solz pour livre, manque de fonds, aisés, soulz aisés, impotz, crues, etc., que les sargens qui tranchoit des Roys ont levé à leur fantasie, et sellon leur ordinaire charité, prenant soliderement les solvables pour toute une paroisse, et metant par ce moyen tout à blanc, le pauvre peuple qui a heu et a encore plus de charges que tout son revenu ne valloit. Les prisons ont esté pleines de ses pauvres gens pour la solidarité, ou la pluspart sont mortz de faim et de misères, et les autres ont quitté tout leur bien pour vivre en paix. Car la pauvreté a esté l’unique paix de ce règne. L’autre malheur qui a suivy le peuple a esté le continuel, ou du moins le fréquent logement des soldats impitoyables chez les paisans, avec tant d’insolence que les Turcs n’eussent pas été si cruels  : ils tuoit, pilloit, bruloit, violoit, decouvroit les maisons, rançonnoit,  etc., sans que personne n’y mit d’ordre » (Vacherie, 64). Les paysans contribuent à la victoire de Rocroi

” Lundi 25 mai 1643 : bataille de Rocroi. Les villageois de la région participent

à la victoire de Condé sur les Espagnols. « L’an présent 1643, le lundi vingtcinquiesme may, lendemain du sainct jour de Pentecôte, se fit la rencontre de Rocroy où se donna la bataille rangée de nos François avec le party espagnol, et dura ladicte bataille plus de dix heures, en laquelle, au premier choc, notre aisle droicte, laquelle estoit composée d’environ quatre milles hommes, fut entièrement passée par le fer ; ce qu’estant considéré par le sieur Gassion, chef de la plus grande partie de la cavallerie, usa de prudence et de très grande dextérité en se jettant sur l’infanterie ennemie, étant aidé par les régiments des Suisses et par les villageois du paiis qui avoient des faux emmanchées à la renverse, et la mit entièrement en desroutte pourtant avec grand peine car le régiment des gardes espagnolles, qui estoit composé de dix huict cens hommes, fit telle résistance qu’on ne le pouvoit rompre. Toutefois, à la fin, il y eut quatre centz dudict régiment de tués et le reste prins prisonniers ; leur cavallerie pour la pluspart ayant lasché le pied, leur 500

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chef, qui estoit le seigneur-comte de Fontaine, fut tué sur la place, leurs canons et bagage, argent et munitions ayant été entièrement perdues. Et le lendemain, les nostres continuant leurs poinctes, en firent encore périr plusieurs par le sang et ravagèrent leurs campagnes depuis Rocroy jusqu’aux approches de Bruxelles et firent des dégastz quasi de trente lieues de paiis, ce qui les a bien espouvantés et grandement affoiblis, eux qui se targant de la mort de nostre deffunct roi, croyoient venir donner la crainte à la ville de Paris » (Macheret, 267-268). « Cette bataille est une des plus signalées qui s’est faite depuis l’ouverture de la guerre. Il y demeura sur la place des Espagnols, Flamands, Bourguignons, Brugeois, Gantois et ennemis, environ six mille sans ceux qui ont été tués plus de deux mil par les paysans qui étaient es bois les suivant et trois mil qui furent emmenés prisonniers à Rocroi et plus de 700 blessés que l’on fut contraint de mettre dehors » (Bauchez, 449). Le bilan de la guerre : les « pauvres païsantz » ruinés et endettés

” Entre le Bassigny et la Comté, les campagnes ont été placées entre deux feux : Impériaux et Français. Le tableau qu’en tire le curé Macheret vaut pour bien des régions dévastées. « Faut sçavoir que nos garnisons que nous avions dedans nos chasteaux de France faisoient la guerre aux pauvres païsantz et aux bestiaux du Comté, et les Croates, Hespagnols et Comtois, qui tenoient les places du Comté, faisaient pareille guerre aux païsantz et bestiaux de France, ce qui a grandement ruyné le paiis et n’a rien profficté aux deux couronnes ; et tous les libertins de part et d’autre se faisoient soldatz pour voller plus hardiment et impunément  : les villes et les laboureurs payant tout le coust de ceste guerre, se sont épuisez jusqu’au sang, pour ainsy parler, car ilz ont tirez jusqu’à la dernière pièce et ont faictz des emprunts qu’ils ne paieront peut-être jamais » (Macheret, 270). En Avesnois : mieux vaut lever les dîmes que gérer une ferme Tandis que le collecteur des dîmes de Taisnières-sur-Hon (Nord), par ailleurs censier de 27 ha, refuse d’assumer le tiers des frais exigés par une garnison espagnole, les échevins du village procèdent à une enquête pour démontrer ses avantages par rapport à la gestion d’une ferme (une « cense ») de 80 ha. Tableau comparatif. « Le fermier de la cense de Taisnière faict plus de prouffit de son droict de disme et terrage qu’il cueille sur toute l’étendue du terroir dudit Taisnières qu’un censier ou ung laboureur poursuivant cent rasières de terre à la roye. Voicÿ les raisons apportées : • Ung laboureur ou censier qui at cent rasières de terre à la roye (27 à 30 ha) sur le terroir de Taisnières, il lui faut huit chevaux pour les labourer. Il luy fault foing, pailles avec et pasture pour les gouverner ung an enthière, cinquante livres pour chacun, soit 400 livres. • Il luy fault deux serviteurs à cent livres chacun par an pour conduire iceulx chevaux à la cherrue pour labourer lesdittes terres et pour cherir ce qui est nécessaire à icelles. Pour leurs salaires : 200 livres. Pour leur gouvernement, à 6 patars par jour à chacun, soit 200 livres en plus. 501

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• Il luy fault deux chariots, deux erches (herse), deux erelles (charrues) et deux binoires (binots), estant en valeur de 200 livres. • Il fault payer les ouvrages faict par le carlier (charron) et marischal, de ce qui est besoing servant à chariot, cherues et ferrer les chevaux. Il fault au moins par an 100 livres. • Il fault payer le gourlier (bourrelier) pour ses ouvrages faict, tant gourreaux (collier de cheval) qu’aultre ouvrages : 60 livres. • Il fault deux cherées de fien pour fumer une rasière de terre à quinze patars la cherée, compris le cheruage pour fumer les cent rasières de terre, soit mil cherées, qui porte à 2 000 livres. Il fault des personnes pour cherger les fiens et l’espandre sur lesdittes terres à 12 patars de chaque cheruée, soit 50 livres. • Il fault des ouvriers pour faire fosserie enthour et sur icelles terres pour le bien et l’augmentation d’icelles. Il leut fault payer leurs salaires : 25 livres. • Il fault, après avoir labourer lesdittes terres, au moins quatre-vingt rasières de grain pour les assemencer ; à 70 patars la rasière, soit 215  livres. Il fault un home pour serter et semer les grains sur lesdittes terres : 15 livres. • Il fault, au temps de la moisson, dix personnes pour faulcher, recoeillir et lÿer les dépouilles desdites terres. Il fault paÿer leurs salaires, 200 livres. Il faut paÿer les droits de disme et terrage au seigneur et collateur qui est de 16 gerbes du cent. « Le fermier de la cense n’a pas tels despens, il n’a que ouvrir les portes de sa grange au matin et les clore au soir. Oultre touttes les parties cy-dessus, le censier at encore à son prouffit deux tiers des dismes des laignes, agneaux, cochons poulles et fruicts par tout le village et en faict proufit. Ung censier quÿ a cent rasières de terres à la roye n’at pas un tel proufit » (AD 59, E 4758, d’après Delleaux, 334). Jachère, blé et avoine : les trois saisons de l’assolement triennal Au nord de l’Île-de-France, l’arrivée de nouveaux concurrents contraint Nicolas Delacourt, fermier « sortant » du domaine de Maffliers (Val-d’Oise), à partager une grande ferme seigneuriale dont plusieurs cohéritiers sont devenus propriétaires. Toutes les parcelles sont subdivisées en quatre lots, luxe que seules les grandes exploitations peuvent se permettre. C’est une occasion rare de découvrir, pièce par pièce, l’oganisation de l’assolement triennal. Deux partages successifs sont passés devant notaire : le premier, le 16 juillet 1643, porte sur les terres laissées en jachère par Nicolas Delacourt ; le second, après la moisson, le 30  novembre suivant, porte sur les parcelles en chaume de blé et d’avoine. C’est justement dans cet ordre cultural que s’opère le rythme des cultures. « Furent présents en leurs personnes Me Nicolas Delacourt, d’une part, et Me François Pays et Nicolas Richard, d’autre ; lesquelles partyes, en quallité de recepveurs de la baronnye de Maffliers pour le bail de ladite terre qui commencera au jour Saint-Jean-Baptiste prochain venant [24  juin  1644] ont recogneu avoir cejourd’huy faict quatre lots de partage des terres à présent en jachère, deppendant de ladite baronnie, lesquels ils ont recongneus estre bien et esgallement prisés, pour les avoir considéréz et vus de part et d’autre par communication. Lesquelz lots ont este présentement jettez au sort et hazard par moy tabellion soussigné, du 502

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consentement desdites partyes. Par lequel ject, sort et hazard, le premier desdicts lots est venu et escheu audict Me Nicolas Delacourt et prendra. Premièrement, sept arpens et demi demi quartier de terre, assis au terroir de Mafflée, lieu-dit La Sente de la Fontayne au Roy, tenant d’un costé à Monsieur de Montbrun et à Mademoiselle Bouscheron, d’autre costé à la pièce cy a qui est La Fosse Hoclin et au troisiesme lot, […], d’un bout à ladite sente de la Fontaine au roy et d’autre bout audit sœur de Montbrun et audit Delacourt. Item, trois quartiers et demi, assis audit terroir et mesme lieu, tenant d’un costé au sieur de Montbrun, d’autre cosé à ladite demoiselle Boucheron, d’un bout audit Delacourt et d’autre à la pièce cy devant déclarée. Item, six arpents et demi en ce mesme lieu, appellée La Fosse Hoquelin, tenant d’un costé au second lot, d’autre costé à la première pièce cy devant déclarée, d’un costé au boquet Collin Mafflé et d’autre au sieur de Montbrun et d’autre bout à l’autre bocquet. » « Du lundy xxxe novembre mvicxliii. Furent présents en leurs personnes Me Nicolas Delacourt, d’une part, et Me François Pays et Nicolas Richard, d’autre ; lesquelles partyes, en quallité de recepveurs de la baronnye de Maffliers pour le bail de ladite terre qui encommencera au jour Saint-Jean-Baptiste prochain venant [24 juin 1644] ont recogneu avoir ce jourd’huy faict quatre lots de partage des terres à présent en chaume de bled et d’avoyne, deppendant de ladite baronnie, lesquels ils ont recongneus estre bien et esgallement prisés, pour les avoir considéréz de part et d’autre. Lesquelz lots ont este présentement jettez au sort et hazard par moy tabellion soussigné, du consentement desdites partyes. Par lequel ject, sort et hazard, les premier, second et troisième sont venus et escheuz ausdits Pays et Richard et le quatriesme et dernier audit Delacour. Le premier lot aura et luy appartiendra ce qui ensuit. Chaume de bledz Premièrement, ung arpent et demy de terre pris dans six arpents au terroir de Mafflée, lieu-dit Vignelles, le costé vers le chemin qui conduict à Presles, d’autre costé au deuxième lot, d’un bout au sieur Durandeau. Item, prendra cedit lot cinq quartiers de terre pris dans cinq arpens, assis su terroir de Mafflée ou lieudit La Noue, les costé vers les destroictz, tenant d’un costé à Nicolas Provins, d’autre au quatriesme lot […]. Item, prendra ledit lot troys arpens ung quartier huit perches de terre assis au terroir de Mafflée ou lieu-dit L’Orme au Roze tenant d’un costé à Nicolas Delacourt et d’autre costé au sieur Huet, d’un bout aux héritiers de Pair et d’autres au sieur de Montbrun […]. Chaume d’avoyne Item, cinq arpents quatre-vingt perches assis audit terroir, à prendre dans la pièce du pré Meriger, tenant d’un costé à l’église et d’autre au sieur de Montbrun et au quatriesme lot, d’un bout au chemin vert et d’autre à la veuve Charles Vacher. Item, six-vingt perches de terre audit terroir, lieu-dit le Beauhin, à prendre dans quatre arpents soixante et cinq perches, tenant d’un costé aux Coustumes d’autre au premier lot, d’un bout au sieur Durandeau et d’autre au sieur de Bellaire. » (AD 95, 2E7/380, Notariat de Maffliers.) 503

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Vague de sorcellerie en Chalosse « En ce temps-là [décembre 1643] l’on parla grandement de faire mourir les sorciers, et arriva un commissaire en Chalosse qui en fit mettre grande quantité en prison ; mais ce fut une grande effronterie qu’il n’en mourut pas aucun » (Relation des événements de la Chalosse, in Armorial des Landes, Bordeaux, 1869, III, 548).

1644 Séisme dans l’arrière-pays niçois

~ 15 février : Rude tremblement de terre dans l’arrière-pays nicois. Séisme dans La Vésubie d’intensité MSK : 8. Localisé près de Roquebillière, le séisme cause de nombreux morts. Dans certains villages perchés de La Vésubie, le bilan est lourd. La secousse est ressentie en Provence (Base SISFRANCE et Quenet, 22, 551, 597).

Gelées et intempéries Avancée de la Mer de Glace (alors le « Glacier des Bois ») dans la vallée de Chamonix. ~ 7 janvier : « grand orage de pluie et d’un vent fort impétueux » qui abat la croix et la girouette du clocher de l’église de Brissac (E sup. 49, II, 373). ~ 30  avril  : « les gelées ont commencé le dernier jour du mois d’avril et fini le 4e  du mois de mai, sans manquer à geler, dont il y a quatre nuittées, qui ont tout vendangé nos bourgeons et gelé les noyers et les bleds en partie gâtés. » la gelée a commencé à la Saint-Eutrope (30 avril) et duré 14 nuits mais « à la fin s’est trouvé honnestement de l’un et l’autre » (E sup. 49, III, Saint-Pierre-du Luce). ~ 8-12  mai  : gelée qui détruit le vignoble de la côte bourguignonne. « En l’année 1644, les vigne furent perduz de gellée en plusieur lieu, que ce fire le huitiesme, neuf, dix, unze et douziesme may, qui gelloit tout les mattin desdits jour, et l’on n’avoyt jamais veux ung telle gellée en ce temps, car il gelloit à glasse, tellemant que tout les vignoble au loin de Dijon ont ny fit peul de vin, et celuy que l’on fit vailly trente-cinq et quarente escut la queux dant Dijon, et les moindres cent livres la queux, qui n’estoint point les meilleur » (famille Robert, 123-124). ~ Sécheresse dans le bocage normand en 1644  : « Toute l’année depuis le premier jour d’avril fut fort sèche sans qu’il tomba de l’eau que en deux semaines » (Massé de Boisgrallon, 32). ~ 26 octobre : tempête de neige en Limousin. « Le 26 octobre 1644, il neigea si extrêmement en Limousin que le quart des arbres fut renversé par terre à cause du poids de la neige qui, s’étant amoncelée sur les feuilles, crevait tout de son horrible poids. […] J’étais dehors et passant à travers les bois à cheval ; sa bonté me préserva de la chute de mille branches d’arbres qui tombaient et embarrassaient les chemins avec un horrible fracas ; les châtaigners et chesnes surtout furent brisés à cause du poids des chastaignes, glandes, feuilles, que la neige surchargea » (Journal de l’abbé Pierre Vacherie, Bulletin de la société scientifique… de la Corrèze, 9, 1887, 70). ~ 9 septembre : « grandes inondations, terres de la metterie d’Amilhac sablées et ravagées, ne peuvent être semées » (AD 34, G921, d’après Le Roy Ladurie, 39). 504

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~ Vendanges précoces (Le Roy Ladurie, 1966, – 10,5 moy. 1599-1791). Destructions en Bourgogne et en Comté Pillage de Selongey par les Lorrains. Ravages du régiment d’Enghien à Norges (Roupnel, 1955, 20 et 56). Au printemps 1644, en Franche-Comté, le bailliage d’Amont est submergé par les troupes de Turenne. Les Français s’emparent des châteaux vosgiens de Fougerolles et de Mélisey ainsi que de la ville de Luxeuil (Garnier, 2004, 135). En Brionnais, à Saint-Julien-de-Cray : « Cinq de six journaliers ont quitté leur demeure, partis desdits feux mainmortables » (AD 21, C 4841, d’après Dontenwill, 96). La mère du curé Aulanier : modèle de piété Image sainte d’une famille paysanne unie sur terre comme au ciel. Dans un village du Velay, le curé de la grosse paroisse rurale du Brignon, au sud du Puy, assiste sa mère en lui conférant les derniers sacrements. Ancrée dans l’un des vingt écarts de la paroisse, la mère du curé Aulanier est l’une de ces nombreuses figures de la dévotion de la Contre-Réforme qui ont favorisé, dans les solides dynasties de coqs de village, la vocation sacerdotale. Entre la terre et la foi, l’exploitation du sol et la pastorale des âmes, la perpétuation de la maison paysanne (avec l’héritier unique de la maison) et la préparation du salut céleste, l’enregistrement des actes civils (le beau-frère est le notaire royal du lieu) et l’administration des sacrements, les liens sont très étroits, et le resteront ici jusqu’au xixe  siècle. La personnalité de l’abbé Hugues Aulanier (1601-1691), curé de sa paroisse natale cinquante-trois ans durant, de 1638 à 1691, en témoigne éloquemment, au fil des 6  980 pages de son Journal. « Le premier jour du mois de janvier mil six cent quarante quatre, entour le soleil levant du matin, Françoise Lutaud, ma mère, femme de Jacques Aulanier, mon père, du lieu d’Aunac [village de la paroisse, à 3 km au sud-ouest du chef-lieu], en cette paroisse de Saint-Martin-du-Brignon, âgée d’environ soixante-et-quatorze ans, décédée dans sa maison d’Aunac, de maladie de vieillesse, après avoir confessé (sic) et communié plusieurs fois pendant sa maladie, même reçu le saint sacrement pour la seconde fois le vingt-quatrième décembre 1643, vigile de la Noël, confessé et communié pour la dernière fois le 28 dudit mois et an, fête des Innocents, étant de la confrérie du saint Rosaire et fort dévote à Notre-Dame, ayant vécu en très femme de bien et de sainte vie, nous ayant nourri et élevé à la crainte de Dieu autant qu’est possible à une mère, ayant laissé survivant ledit Jacques Aulanier, son mari et notre père, et quatre enfants, savoir moi Hugues Aulanier, curé, Jean Aulanier, notre héritier de la maison, Catherine Aulanier, femme de maître Michel, notaire royal dudit Brignon, et Jeanne Aulanier, femme de Mathieu Boyer, de Cussac, nous ayant donné la bénédiction à tous et principalement à moi […]. « Le samedi 2 janvier, ladite Françoise Lutaud, ma mère, fut enterrée dans notre cimetière en notre tombe, à l’entrée d’icelui, après la messe et autres offices en tel cas requis faits par Monsieur Serres, curé de Cayres ; dîner à notre maison et l’aumône aux pauvres » (Aulanier, II, 77). 505

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Explosion de la sorcellerie Janvier : l’assemblée d’Eauze demande la venue d’un chirurgien pour inspecter les sorcières : sur 10 présentées, 8 présentent des marques insensibles (Mandrou, 378). 25  mars  : sorcellerie en Agenais. La jurade de Fieux, près d’Agen, autorise les consuls à engager de nouvelles dépenses pour faire venir du Nomdieu, où il exerce ses fonctions, « le commissaire qui éprouve et visite les sorciers » (AD 47, E suppl. 2619, 25 mars 1644, d’après Mandrou, 378). ✷ Vague de sorcellerie en Champagne. « Depuis quelques mois, il s’est glissé de grands désordres en quantité de paroisses de mon diocèze vers la frontière à cause de certaines personnes que l’on veut faire passer pour sorciers, on les maltraite, on les chasse, on les assomme, on les fait brusler et prend on sette coustume de lier ceux que l’on a envie de soubçonner et des le ietter en l’eau et s’ilz nagent au dessus cest assez sont des sorciers ; cet abus est si grand qu’il s’en trouve jusques à trante et quarante en une seule paroisse, ainsy faussement acusez, je dis faussement parce qu’il en est venu à moy que j’ay confessez et à qui j’ay donné la confirmation, qui sont trez inocens ; c’est un prétexte duquel se servent ceux qui désirent vanger leurs passions ou qui veulent impunément s’emparezr du bien de leurs voisins et il leur est trez aisé dans cette persécution si générale » (Mousnier, 636-637). ✷ Vague de sorcellerie en Languedoc. « L’année dernière et présente 1644, Dieu voulant faire punition des maléfices, abominations et excez diaboliques, commis par ces sacrilèges maudits, serviteurs et suppos du diable au sabbath […] s’en estant ensuivies diverses punitions ou condamnations à mort, au feu et aux potances » (Mandrou, 380). 7 juin : condamnation à la pendaison de trois chasseurs de sorcières, « connaisseurs de sorciers » qui visitent le pays moyennant finance, prétendant « avoir commission du Parlement » pour discerner les marques de sorcellerie, par le Parlement de Toulouse (AD 31, B criminel, 296, d’après Mandrou, 392). 7 juillet : les magistrats toulousains sont accablés par l’afflux des sorciers et sorcières qui s’entassent dans les prisons de la ville en si grand nombre que les fonds manquent pour les nourrir et les soigner (AD 31, B criminel, 296, d’après Mandrou, 392). Nombreuses relaxes mais quelques femmes et prêtres sorciers brûlés. 26 août : à Salvagnac, près de Montauban, le curé de Laboisse, Jean Gausion, est dénoncé par l’une de ses paroissiennes comme noueur d’aiguillette et son procès instruit par le tabellion (AD 82, G 444, 24 août 1644, d’après Mandrou, 379). Novembre  : rentrée à Paujas (Gers) de 15 prétendus sorciers et sorcières qui obtiennent la restitution de « tout ce qui leur a esté prins » et l’ouverture d’une enquête pour subornation contre le syndic (AD 32, E 273, d’après Mandrou, 393). ✷ Vague de sorcellerie en Bourgogne. « Ce fut l’an 1644 que la plupart des bourgs et villages de Bourgogne se trouvèrent dans une telle consternation par le bruit qui s’était répandu que les sorciers étaient la cause des altérations de l’air, que c’étaient eux qui, par des maléfices, avaient fait périr les bleds par la gresle, et les vignes par la gelée. […] Chacun d’une autorité privée, usurpait les droits de la justice ; les moindres païsans s’érigeaient en magistrats, leurs fantaisies et leurs chimères 506

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estaient receues comme des oracles, quand ils accusaient quelqu’un de maléfice, sans faire réflexion qu’ils confondaient dans les mêmes personnes les différentes conditions de témoins et de juges ; ils bannissaient toutes les formalitez de la justice et n’en voulaient point recevoir d’autre que celle de l’épreuve de l’eau ». Un jeune berger « que la stupidité des villageois appelaient le petit prophète » allait dans les assemblées de villages pour reconnaître les sorciers. « Son artifice était de regarder dans la prunelle de ceux que l’on amenait devant luy, pour estre l’arbitre de leur sort » (Jacques d’Autun, L’Incrédulité savante et la crédulité ignorante au sujet des magiciens et sorciers, 1671, d’après Mandrou, 372-373). 26  août  : arrêt du Parlement de Dijon. Huit paysans de Mailly, accusés d’avoir fait justice expéditive de sorciers, sont livrés à la potence (AD 21, BII469, 26 août 1644). 11  octobre  : arrêt du Parlement de Dijon. Malgré ses injonctions, les paysans « continuent de baigner les particuliers soupçonnés de sortilège, enlever leurs biens, et même expulser ceux qui avaient été rétablis en leurs maisons par autorité de la Cour » (BM Dijon, ms 1500, f° 292, d’après Mandrou, 374). Des villages entiers sont décimés par ces poursuites qui s’accompagnent de saisies sur les biens meubles, sur les troupeaux  : à Lucenay-l’Évêque (Saône-et-Loire), Maisonneuve, Montréal, Sainte-Marie-sur-Ouche, Bussy, Longecourt-en-Plaine, Hully (Côte-d’Or) (Mandrou, 374). Contester la dîme en Pays de Bray À Rainvillers (Oise), à la fin de la moisson, lorsque le curé de la paroisse publie en pleine messe, le dimanche 4 septembre, l’ordonnance de l’évêque de Beauvais relative à la levée des dîmes, un esclandre se produit. Dans les champs, une famille de fraudeurs qui subtilise nuitemment les gerbes au décimateur, n’hésite pas à s’en prendre au curé au cours du prône, interrompant l’office divin. Un témoin comparaît quelques semaines plus tard. « Pierre Merard, laboureur demeurant aux Prés Berard, paroisse de Rainvillers, âgé de L ans ou environ. Lequel, après serment par lui fait, a dit qu’un jour de dimanche [début septembre], étant allé à la messe paroissiale dudit Rainvillers en la saison d’août dernier, du temps que l’on liait le grain, et comme le curé dudit Rainvillers faisait une publication au prône contenant défense d’enlever le grain sans endixeler et appeler le dîmeur, un nommé Roland Merlin, demeurant en ladite paroisse, et à présent à Auneuil, se serait retourné vers le curé, et dit tout haut audit curé qu’il voulait amener des modes nouvelles, et sur ce, la femme dudit Merlin en voulut parler aussi mais ne sait ce qu’elle dit, d’autant que ledit Merlin la fit taire, ce qui émut un grand murmure et bruit dans l’église parmi tout le peuple, et fut cause que le curé cessa de parler, et dit audit Merlin et sa femme que, s’ils avaient quelque chose à dire, qu’ils attendissent que la messe fut achevée, et descendit le curé de sa chaire à cause dudit bruit et s’en alla achever la messe » (AD 60, G 3247, d’après Bonzon, 449).

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1645

1645 Minimum de Mauder Début du minimum de Maunder (1645-1715) caractérisé par un déficit prolongé en taches solaires, et par une réduction du rayonnement ultraviolet. Il s’ensuit une baisse des températures estivales mais sans hausse sensible des précipitations hivernales. Dans ce contexte, la conjonction d’épisodes trop frais ou trop chauds, de saisons trop sèches ou trop humides (le « dérèglement des saisons ») multiplie les années de mauvaises récoltes (Le Roy Ladurie, 2004). « Cette année commença par un froid très aspre et aigu qui dura jusques au jour Saint-Vincent, où je vis tout d’un coup, estant sur le pont de Mons, la rivière enlever toute sa glace comme une croutte, et puis un cart d’heure après s’arrester, et le lendemain toute la glace commencea à se résoudre, et l’hiver à se dissiper » (Thoulouse, II, 181). Ouragan et raz-de-marée ~ En Saintonge et Poitou et sur la côte atlantique. « La nuit du sapmedy venant au dimanche, 29  janvier  1645, s’est passé une si horrible et espouvantable tempeste que, de mémoyre d’homme, il ne s’en est oüy parler d’une semblable, ayant emporté une partie du plomb de la couverture du cloché de Sainct-Pierre de cette ville, descouvert plusieurs maisons et getté par terre plusieurs cheminées, et à la campagne descouvert plusieurs chasteaux et maisons nobles, desraciné et rompu nombre d’arbres et moulins. Chose inoüye que la mer aesté tellement agitée et esmeüe que ses flotz ont emporté des bourgs entiers, quanthité de maisons, tant à La Rochelle, Ré, Olleron, Arvert, Marennes, Nieulle, Talemont, Sainct-Seurin, Sauljon, Sainct-Jehan Dangles et autres lieux dans les isles où les grandes bourrasques et coups de vants ont emporté plusieurs navires et barques sur les marais et autres lieux plus eslevés et seongnés de la mer, où ils demeurent eschoués, rompus et fracassés au nombre de 36, y ayant noyé et perdu quantité de bestail. Mesmement par des flotz emporté plus des trois quartz du sel qui estoyt sur les bossis de tous ces marais en grand nombre ceste année, gasté et perdu tous les semés qui estoyent sur iceux, ensemble toutes les vignes et prés desdites contrées par le moyen de l’eau sallée. Chose encore plus espouvantable, qu’en costes de Chédebois et La Rochelle, on a emporté les hommes noyés à chartées, que la mer y a getté » (Robert, 343-344). ~ En Berry. « La nuit du samedi au dimanche 4 février 1645, il est survenu un vent si violent et si impétieux, qui a été quasi universel, qu’il a abattu des maisons, ruiné les églises, abatu des clochers et pyramides de la Sainte-Chapelle, ruiné des forêts tout entières. Il s’est vu du feu mêlé parmi cet orage » (Le Large, 66). ~ En Bourgogne : « Le dimanche vingt-sixiesme jour du mois de feubvrier 1645 [erreur de copie pour 29  janvier], environ les sept heures du mattin, il ce fit le plus grand vent que jamais homme ne vit, tellemant qu’il tombère le clocher de Saint-Jehan de Dijon, et quantité de cheminée dant ladite ville, et plusieur maison dans les village […] tellement que ledit orage fut ugniverselle en ce pais qu’il mire en bas plusieure maison et clochier es ville et village » (famille Robert, 124). 508

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~ En Beauvaisis  : crue du Petit-Thérain, qui inonde Marseille-en-Beauvaisis

(Ganiage, 16). ~ En Artois : « Pendant l’année 1645, les sources étaient si basses que les puits et les fontaines étaient taries. La grande fontaine de Domart était presque sèche ; il n’y avait plus au milieu qu’un espace de la grandeur d’un boisseau qui contenait un peu d’eau trouble. La moisson était tellement abondante que le blé était très bon marché et se vendait à vil prix ; le pur froment valait vingt-quatre sous » (Boisbergues, 203). Mais bonne année agricole ✷ Sur la côte bourguignonne : « En l’année 1645, il fut fait la plus grande abondance de vin que l’on n’avoit fait il y avoit plus de dix ans par tout » (famille Robert, 124). ✷ En Périgord : « L’année 1645 a esté fort bonne, quantité de grains, chastaignes et noix ; l’année  1646 meilleure, mais moins de noix ; en 1647, grande quantité de fruits, surtout des cerises et prunes » (E sup. 24, II, Piégut-Pluviers). ✷ En Pays messin : « La moisson en ceste année 1645 vint de bonne heure, cause des chaleurs qui se firent et fut six sepmaines sçans cheoir du ciel goutte de pluie. On commence les moissons à sciller à la Saint-Jean d’esté et le prix du blé ravallist. Il y avoit assés plantureusment de bled, froment, moittange et seigle, mais peu de marsaige » (Bauchez, 490). ✷ Autorisation d’exporter les blés pour Picardie, Normandie, Champagne, Bourgogne, Guyenne, Bretagne, Poitou, Aunis. ✷ Vendanges précoces (Le Roy Ladurie, 1966, – 12,5/moy. 1599-1791). En armes contre les soldats Du 10 au 12 janvier, sur la frontière nord, des paysans s’arment pour lutter contre les logements incessants de gens de guerre à Domart (Somme). Les fusiliers du roi trouvent maille à partir. « Le mardi 10 janvier, cinq cents Suisses du régiment de Guy logèrent à Domart ; croyant avoir leur étape pour ici, ils vinrent pour y faire les logis ; à ce sujet, les fourriers étant arrivés en avant demandèrent leur étape pour cinq cents hommes ; ils firent voir l’ordre de par le Roi portant que le bourg de Domart devait fournir les étapes. On leur répondit qu’il n’y avait point d’étape ici et que l’on ne savait ce que c’était qu’une étape. “Vous nous refusez les étapes et le logement, dirent-ils ; nous les aurons bien tantôt, malgré vous” […]. « L’alarme donnée, on porta les meubles dans le château en toute hâte et on y fit entrer une partie du troupeau. Un fusilier mieux monté que les autres s’élança au galop de son cheval et arriva à la porte de bas du château dans l’espoir de couper le fort ; il tira son épée et frappa de droite et de gauche sur ceux qui entraient chargés clans le château, mais on l’assomma à coups de pierres, et, à la vue de quelques paysans armés, il s’enfuit avec ses coups par la rue du Bourguet ; il tira deux coups de pistolet, mais sans effet. Trois autres fusiliers arrivèrent presque aussitôt ; ils ne furent pas plus heureux que le premier. Mais voici venir le gros, qui surprit un troupeau de moutons. On descendit du fort et plusieurs paysans 509

1645

s’élancèrent tête baissée contre ces picoreurs armés de bons fusils, de piques, de hallebardes, de fléaux et autres bâtons, et nous leur fîmes quitter le troupeau » (Boisbergues, 178-180). Des destructions qui se réduisent ” En Bourgogne. Le 7 juillet, la prise de la place-forte lorraine de La Mothe, met fin aux invasions étrangères (Roupnel, 1955, 56) : la ville est entièrement détruite par l’armée française au cours de l’été. ” En Champagne. Le 13 mai 1645, à Renneville (Ardennes), Marie Potier, femme de Martin Brizefer « meurtrie et cruellement mise à mort par les cavaliers du régiment de Raab qui, après avoir logé à Renneville, logeaient pour lors par ordre du roi à Robigny » (E sup. 08). Le sainfoin obligatoire L’évêque de Paris oblige le nouveau fermier d’Ivry-sur-Seine à « mettre en sainfoin » la pièce la plus proche de sa ferme : 25 arpents, soit plus de 8 ha d’un seul bloc. Autour des bâtiments, le locataire doit entourer de fossés cette grande pièce de terre avant « d’égaler le reste des terres par soles » suivant l’assolement triennal. Depuis 1635, la vigne a disparu au profit des prairies artificielles, dans un secteur proche de Paris où les besoins de cavalerie incitent à étendre les cultures fourragères (AN, S 1149, d’après Jacquart, La Crise rurale, 1974, 329). Automne 1645 : premières faillites de fermiers en Île-de-France 19 octobre : le président de Nicolaÿ ordonne une saisie-brandon sur les récoltes de Roland Le Duc, l’un de ses fermiers à Goussainville (Val-d’Oise)  : il lui réclame 1  426  livres d’arriérés, qui remontent à l’année précédente, et entend s’assurer du versement du prochain fermage. Incapable de répondre à ses obligations, l’exploitant transporte ses réserves dans une nouvelle ferme, au village de La Villetteaux-Aulnes (Seine-et-Marne), à 10 km à l’est (AD 95, B 1772, d’après Moriceau, 1994, 586, et 2017, 359). Décembre : de l’autre côté de Paris, Monsieur Loyal frappe à la porte des premiers fermiers endettés. Le fermier de l’archevêque de Paris fait l’objet d’une saisie sur tous ses biens (Jacquart, 1974, 708).

1646 Tremblements de terre et raz-de-marée

~ 17  mai. Inondation extraordinaire du Lez en Languedoc (AC Montpellier,

Délibérations, d’après Le Roy Ladurie, 39). ~ 27 mai. Une grande marée submerge les côtes du nord de la Bretagne, causant de multiples noyades. Dimanche de la Trinité 27 mai 1646 : « Il se fourra dans le passage si grande quantité de monde qui allaient à Notre-Dame du Gueaudet que furent noyées près de 50 personnes : Que Dieu leur fasse paix à tous ! » La tragédie est confirmée dans les registres de Plestin : « On compta des noyés le même jour 510

1646

audit havre de Toumanquern jusques à 48  personnes et 10 qui furent sauvées par Yvon Coty et des Anglais qui faisaient cargaison (Registre des mariages de Tréduder et décès de Plestin, d’après Croix, 224). ~ 27  octobre  : séisme au Puy. « Ce sabmedy 27e  octobre  1646, à quatre heures du matin, heure de repos, arriva par deux diverses foix, demi-quart d’heure d’ung après l’autre, un si grand esbranlement et tremblement des terres et maizons quy faisoit remuer les meubles d’icelles, tant portes, fenestres, lictz, bastimants que autres chozes ; lequel avoict donné sy grande espouvante à ceux quy veilloient et sy grande frayeur, ne sçachant quel signe c’estoit, ou quel mal devoict arriver. Mais ce quy en consola plusieurs qui se souvindrent d’un autre grand tremblement quy estoit arrivé de nostre temps en ceste ville et pays de Velay le 16e  septambre 1631 » (Jacmon, 234). ~ 5  décembre  : séisme aux environs de Langres, autour de Prangey. Intensité MSK : 4 (Base SISFRANCE et Quenet, 551, 597). Canicule estivale et grêles dévastatrices

~ Au sud de Paris : l’excessive chaleur frappe d’insolation à Athis-sur-Orge, sur le grand chemin, un inconnu « ressemblant fort au feu roi Henri le Grand ».

~ Le 22 juillet, jour de la Madeleine : « Effroyable gresle qui tomba en vingt lieues

de pays, scavoir depuis Nanteuil-le-Haudouin jusques en Thierasche en long, et en largeur de quatre lieues, et gasta tous les bleds et autres grains et vins, de 96 paroisses et, sur les trois heures après midy, vint un nuage qui gasta quelques paroisses du Longboyau sur les lisières, scavoir Rungis, Laÿ, Chevilly et Thiais […]. « Le temps excessivement chaud depuis deux mois, commença à se rafraischir tout à coup le mardy 4e septembre, et se tint jusques au douziesme d’octobre, tantost plein de hale, tantost pluvieux et froid, d’où arriva que les vendanges furent tardives et les vins verts, qui ne se clariffoient point » (Thoulouse, II, 203-205). ~ Autour de Metz : « On a commença la moisson quinze jours après la Saint-Jean. Il se fist une telle chaleur et si véhémente qu’il y avoit plus de vingt ans qu’il n’avoit faict. Fut neuf sepmaines enthières sçans pleuvoir qu’une petite bruine qui survint une seule fois, tellement que plusieurs moururent de ceste chaleur aux moisonner et en la vigne » (Bauchez, 496). ~ En Picardie  : « À la fin du mois de juillet, alors que les blés étaient d’une si belle apparence, un miello tomba qui noircit tous les blés, surtout le froment ; le grain n’ayant plus de nourriture, resta maigre. Cette punition fut universelle, de sorte que le blé renchérit aussitôt, et se vendit sept livres le setier. La moisson venue, on coupa les blés, que l’on mit en javelles ; les laboureurs attendirent de la pluie pour faire grossir le grain. « Mais, ô malheur ! le 14 août, il se mit à pleuvoir sans discontinuer pendant trois semaines ; les blés germèrent et furent à peu près perclus ; ceux qui avaient lié et rentré leurs blés avant la pluie firent fort bien, mais les gerbes ne rendaient que demi-quarte. Ceux de Domart furent plus malheureux que d’autres ; les uns firent des meules de blé au milieu du château ; exposé à la pluie, qui dura jusqu’à la Saint-Martin, le blé fut perdu. Ceux qui rentrèrent leur blé dans leurs granges le virent enlever par les gens de guerre » (Boisbergues, 217-218). 511

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Le logement des gens de guerre : un fléau structurel en période de paix ” Le 16 janvier 1646, dans les paroisses de Louzy et de Saint-Médard-des-Champs (Deux-Sèvres), qui dépendent du duché de Thouars, le régiment de la Reine vient passer la nuit. Près de 400 cavaliers, une centaine de gens de pied, suivis d’une cinquantaine de valets, d’une demi-douzaine de femmes et commandés par cinq officiers, séjournent chez les villageois. Une fois la troupe partie, les récriminations fusent  : pas moins de 84 victimes témoignent. Quatorze habitants –  les moins fortunés – ont réussi à racheter leur logement pour des sommes de 10 à 40 livres. Chez les 25 laboureurs qui ont hébergé les cavaliers, le dégât est estimé en moyenne à 50,16 livres sous par maison. Pour 45 vignerons, plus pauvres, le saccage monte à 20 livres 2 sous. Au total, la perte est de 2 641 livres, soit 31,10 livres par maison – deux à trois mois de salaire – pour une nuit de logement ! (AN, 1 AP401, d’après Bercé, 1974, 64). À partir d’exemples comme celui-ci, Yves-Marie Bercé reconstitue le modèletype du logement des gens de guerre au village. Même s’il force un peu le trait en concentrant la plupart des exactions enregistrées, cette peinture de la troupe au village a valeur exemplaire en fournissant un tableau magistral de l’impact du séjour des soldats sur l’économie et la société rurales. « Voici les soldats arrivant à une étape. Ils se font guider sur le chemin par le premier passant rencontré et contraint par les armes à les accompagner. Au village, les officiers vont s’établir dans les auberges et les meilleures maisons ; les soldats se répartissent un peu partout, jusque dans les fermes isolées. Ils ne s’attardent pas dans les logis les plus pauvres où ils obligent les malheureux à racheter leur logement en donnant tout le peu d’argent qu’ils peuvent avoir et, dans les bonnes demeures, ils s’attablent à dix ou vingt. « Ces soldats envahissant une communauté rurale sont, eux-mêmes, des paysans ; ils sont souvent issus de la même province et les villageois les reconnaissent, le fils untel de tel endroit, son cousin. Devenus soldats, ils entendent vivre largement. Ils font bonne chère, se font servir du pain blanc, des chapons rôtis, des quartiers de bœuf ou de mouton, des confitures et des vins vieux. Ils obligent l’hôte à leur donner tout ce qui a la moindre valeur et se peut emporter ; ils en feront commerce dans les villes d’étapes. « Par la terreur, ils extorquent aux habitants l’aveu de la cache de leur argent. Pour cela, les hommes sont ligotés, on leur arrache la barbe, on les pousse dans le feu de la cheminée, on les attache à une poutre pour les battre à coups de plat d’épée ou de crosses de mousquets. Les femmes ont souvent dû quitter le village pour échapper aux violences ; on menace de mettre les enfants à la broche. Dans les maisons où les soldats ne trouvent pas assez d’argent à leur guise, ils saccagent tout et exercent des violences gratuites ; ils arrachent les portes, fracassent les meubles, brûlent les papiers, brisent la vaisselle de terre, cassent les tuiles, éventrent les barriques, estropient les animaux domestiques, massacrent les volailles, donnent en vrac tout le blé et le fourrage à leurs chevaux et foulent les récoltes sur pied. En quittant le logement, les soldats emmènent tout le mobilier du paysan, coffres, vaisselle d’étain, nappes, draps, couvertures, veste et manteaux […]. 512

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« Les pillages dénoncés dans les procès-verbaux surviennent dans des campagnes paisibles, sans que les troupes de passage aient aucune mission répressive. Car devenir soldat c’est courir l’aventure hors de l’étroit horizon de son canton, entrer dans un groupe social pour qui les lois n’ont pas cours, qui vit en marge de la société, à ses dépens, à la fois haï et envié. Dès lors le pillage n’est guère un délit : c’est un trait de mœurs. À l’approche des troupes, les habitants transportent leurs meubles au château voisin ou dans l’église pour les mettre à l’abri des rapines. Dans les ordonnances de police municipale, les consuls doivent défendre le commerce des objets volés par les soldats dans les paroisses rurales » (Bercé, Histoire des Croquants, 1974, 62-64). Les « mange-paysans », créanciers abusifs Le 29  novembre, on dénonce des « mange-paysans » au chancelier Séguier. En Aquitaine, négociants et courtiers profitent de la détresse des ruraux pour imposer un crédit usuraire et hypothécaire. Ils refusent de montrer aux commissaires leurs livres et leurs magasins  : « Ils sont dans un tel décri que partout on les appelle mange-paysans, et qu’ils semblent avoir fait entre eux le département des paroisses pour y dévorer les pauvres et pour achever la ruine netière du pays (Lettre du premier président au parlement de Bordeaux au chancelier, Arch. hist. Gironde, 19, 164, d’après Bercé, 1974, 23). Défrichement excessif en Haute-Provence Dans sa supplique du 15 décembre 1646, le seigneur de Clumanc et de Douroules, François de Peirier, rappelle que ses devanciers « auroient baillé la terre gaste dudit Clumanc auxdits consuls et communauté du lieu […] à la charge de la meilleurer et non déteriorer comme bons emphitéotes. Or, serait arrivé que la plus grande partie de la terre gaste autoit eté défrichée par plusieurs particuliers dudit lieu et rendu en tel estat qu’il n’y a presque plus aucuns herbages » (AD 83, E 314, d’après Sclafert, 1959, 124).

1647 Chenilles et blés gâtés ~ Mai-juillet, chenilles en Poitou : « Il y avoit une grande quantité de chenilles au mois de may, juin et juillet, lesquelles revindrent sur la fin du mois d’aoust et en septembre, lesquelles gâtèrent les fruits et aultres jettes de bois en l’année 1647, et au mois de septembre, il y eut une grande maladie de disenterie et flux de sang » qui reviennent en août-septembre et gâtent les fruits. Grande maladie de dysenterie et flux de sang (E sup. 86, I, Liniers). ~ Moisson noire en Ponthieu : « En 1647, les blés étaient de belle apparence et en grande quantité ; chacun se réjouissait, mais Dieu retira sa bénédiction. La veille de la Saint-Arnoul et les jours suivants, il se produisit un brouillard si épais et si puant que les blés devinrent tout noirs, et, au lieu de voir une moisson dorée, elle était tout à fait noire ; les épis restaient droits, car ils ne contenaient que des 513

1647

grains maigres ; les gerbes ne rendirent pas demi-quarte. Il y avait de la paille en abondance mais fort peu de grains, aussi le blé valut cent dix sous le quartier. Sans les orges et les pamelles, qui produisirent beaucoup, nous aurions eu la famine dans toute la France, car ce manque de blé fut général » (Boisbergues, 241). En Guyenne, dessèchement des marais de Blaye Le 20  mars  1647, à la suite de nombreux contrats passés depuis 1643, le roi accorde à Pierre Lenquey le droit de vendre et disposer des terres desséchées « au proffict de qui et sous telles conditions que bon luy semblera, d’y faire bastir des villages aux lieux et endroits les plus commodes » (Comte de Dienne, 147-148). En Normandie, les paysans de Camembert débattent de l’impôt Dans le registre paroissial qui conserve les procès-verbaux des assemblées communales, la répartition de la taille et le recouvrement souvent délicat des arriérés, qui oblige à de multiples transactions, fournit la quasi-totalité des sujets débattus jusqu’à la simplification de la levée de l’impôt en Normandie par Colbert en 1672. « Le dimanche troisième mars  1647, à l’issue de la messe parroissiale de Camembert […]. Premièrement Marin Denys, Olivier le Blanc, François Brunet, Pierre le Couteux, Jacques Gallot, Marin et Pierre dits Vicaire, Odet Le Prévost, Léonard Mallet, Maurice Mallet, Robert Rivière, François Juneaux, fils Jean, Richard et François dits Dumont, Olivier Brunet le jeune, François et Thomas dits Malherbe, Joachim Plomesle et autres, les présents faisant fort pour les absents, ont nommé pour faire la charge de collecteur pour cette année présente la personne d’Olivier Le Blanc au lieu et place de Jean Cally. Fait présence de Alexandre Brunet et Jean de Saint-Aignan, témoins. « Le dimanche troisième mars  1647, à l’issue de la messe paroissiale de Camembert, se sont présentés par devant nous curé dudit,  etc. Lesquels reconnaissant l’incommodité de la personne de Marin Vicaire, tant à son corps que à ses biens, ont consenti et accordé qu’il soit déchargé de ses impôts à taille aux années [16]46 et 47, la somme de 35 livres par chacun an, une fois payée, accordant lesdits paroissiens aux collecteurs desdites années faire remplacement de ladite somme sur eux et un chacun d’eux au marc la livre sur les rôles desdites deux années […]. « Lundi vingt-deuxième avril 1647, [lendemain] de fêtes de Pâques, à l’issue et sortie de la grande messe paroissiale de Camembert, se sont présentés par devant nous curé dudit lieu les paroissiens en général d’icelle paroisse dont les noms et surnoms ensuivent […]. Ont consenti et accordé que la veuve François Brunet le jeune soit quitte de son taux et imposition pour l’année [16]45 pour la somme de ix vingt livres » (AD 61, E dépôt 8/3, Camembert, d’après Follain, L’Argent des villages, 232-233). En Pays d’Othe : quand les champs changent de nom L’inflexion de la microtoponymie en pays d’Othe, au sud-est de Sens  : une fluctuation de très longue durée. Dans les années  1520, le petit domaine qui avait appartenu trois quarts de siècle plus tôt à un certain Danton de la Persoy, est bien connu à Dixmont comme le « Champ-Danton ». Le milieu du xvie siècle venu, 514

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arrivent avec les Rondeau de nouveaux propriétaires. Moins d’un siècle plus tard, en 1647, à Dixmont, le « Champ Danton » est devenu le « Champ des Rondeaux » (Noël, 2002). En Blésois : état des personnes mangées par les loups ~ Du xxe juin 1647. État des personnes que les loups ont mangées dans la paroisse de Saint-Nicolas-lès-Blois. Premièrement, le 15e  jour d’avril  1647, la fille de Michel Oudin, âgée de 15  ans, fut grandement blessée par un loup et en danger de mort. Plus, il y [a] un an ou environ, que la fille de Silvain Labbé demeurant en la Closerie de Belle Vue, âgée de 2 ans, fut mangée par un loup. Plus, le 29  novembre dernier, une autre fille dudit Labbé, âgée de 14  ans, a été mangée par un loup. Plus, le 25 mai dernier, la fille de Hadon, demeurant proche les Capucins, âgée de 14 ans, fut entièrement mangée par les loups, sans qu’il en restât rien. Plus, le 15e  mai dernier, le fils de Jehan Rousseau, demeurant aux Grouets, âgé de 12 ans, fut emporté par un loup qui l’eût mangé sans le prompt secours qui arriva. Plus, le fils de Michel Plocquin, âgé de 3 ans, a été mangé des loups entièrement, sans qu’il en soit rien resté que quelques os des côtes. Plus, le fils de Jehan Bordier, des Grouets, âgé de 9 ans, a été mangé d’un loup la première semaine du carême dernier. Plus, le fils d’André Jouard, le 15e  mai dernier, âgé de 6  ans, fut pris à la gorge par un loup dans les Groix, qui l’eut mangé n’eût été le prompt secours. Plus, le fils de la veuve Tachereau, âgé de 9 ans, a été emporté et mangé par les loups. Plus, le fils d’un savetier des Grouets, nommé Louis, âgé de [blanc], fut pris à la porte par un loup le 1er  jour de ce mois [juin 1647] qui l’emportait et l’eut mangé n’eût été le prompt secours. Plus, le 10e  de ce mois, le fils de Martin Lévesque, âgé de 2  ans, fut pris par un loup sur le seuil de la porte, en sa présence, emporté et mangé sans en avoir rien trouvé. Plus, la femme de Louis Marchais, âgée de 40 ans, cueillant des herbes, fut attaquée par un loup qui sauta sur elle et la prit à la gorge pour l’étrangler et n’eut été sa force et grande résistance, il l’eût mangée. « Aujourd’hui sont comparus par devant moi, notaire et tabellion royal à Blois soussigné vénérable et discrète personne Messire François Faverel, prêtre curé, recteur de la paroisse Saint-Nicolas-lès-Blois, Pierre Morin, marguillier, Nicolas Le Maindre, valet de chambre de la feue reine-mère, Louis Larpenteur, Marin Massuau, marchand, Michel Boulanger, exempt de la maréchaussée et Pierre Imbert, maître boulanger, tous habitants de ladite paroisse, « Lesquels ont dit, déclaré et certifié à tous qu’il appartiendra que le contenu en l’état ci-dessus écrit est véritable et que les loups règnent grandement et font dégât en leur paroisse, en sont beaucoup tourmentés et particulièrement leurs enfants qui n’osent sortir, à raison de quoi fut fait procession autour de ladite paroisse 515

1647

par ledit sieur curé avec bon nombre d’habitants le premier férié de la Pentecôte dernière, ce qu’ils affirment être véritable, « Dont a été fait et passé au banc de la marelle dudit Saint-Nicolas le jour de la fête de Dieu 20e  jour de juin  1647. Les non-soussignés ont déclaré ne savoir signer. Signé  : Larpenteur –  Pierre Morin  – F.  Favorel, curé de Saint-Nicolas –  Marin Massuau  – Imbert –  Jacques Le Royer  – M.  Boullengier –  J.  Locquet  – Nicolas Lemaindre, valet de chambre de feue la reine mère –  Leons » (AD 47, 3 E 9, minutes de Me Pierre Léons, notaire à Blois, liasse 80).

1648 Mauvais été pour les biens de la terre ~ En Picardie : « Le printemps de l’année 1648 fut mauvais et pluvieux jusqu’à la mi-mai ; on eut alors quinze jours d’assez beau temps ; mais, le 31 mai, il commença à pleuvoir jusqu’au mois de septembre sans discontinuer ; dans le mois d’août, il n’y eut pas quatre jours de beau temps, aussi les blés germèrent. La moisson terminée, la pluie recommença et dura jusqu’à la Toussaint. La terre, battue comme l’aire d’une grange, était couverte d’une nappe d’eau, de sorte que les semailles ne purent se faire en temps ; on semait encore des blés huit jours après la Saint-Martin ; au mois de janvier, ils n’étaient point encore levés. Il commença à geler le 1er février 1649 jusqu’au 1er mars ; à la fin de mars, il neigea sans interruption pendant neuf jours. Quand la neige eut disparu, on aperçut la pointe des blés sortant de terre. Le 6  avril, il commença à geler très fort, puis il tomba de la pluie jusqu’au mois de mai ; pendant cinq jours, la pluie cessa, mais elle recommença de plus belle. Le 26 et le 27 juillet, il se produisit un brouillard épais et puant, qui gâta les blés » (Boisbergues, 263-264). ~ En Pays messin  : « Ceste année, l’esté de la saison fust assez dangereuse et maulvaise pour les biens de la terre par pluyes froides qui chut par trop sur les bledz estant en fleur, que cela fut la cause qu’il y eust peu de bled. Et graina mal et il n’y vint que des herbes parmy lesdits bledz. Dieu voulut qu’il y vînt plantureusement de menus grains. Le bled renchérit de beaulcoup et remonta jusqu’à 7  francs le meilleur. La sepmaine de Saint-Remy, le raisin prest à vendanger et en vendangeant furent tellement engellés qu’ils estoient durs comme cailloux, et ne pouvoit-on froisser et oster les grains force qu’ilz estoient durs de gelée » (Bauchez, 504). ~ En Normandie  : Dans le Mortainais, grande fraîcheur à la Saint-Jean  : « Le temps à la Saint-Jean en cette dite année  1648 fut tellement pluvieux que le blé renchérit ; on croyait être à Noël tant le temps était froid et importun et mauvais » (Massé de Boisgrallon, 52). ~ En Bourgogne : « En l’année 1648, le 24 et 25 jour d’octobre, il tumbat la plus grande abondance de neige que demeuraz sur les arbre que estoit encore tout vert des feules, qui en ronpat grande quantité mesme plusieurs dans les bois qu’il en euvoit des abatuz au travert des chemins en beaucoupt d’endroit que l’on ne peuvoit pas y passere ; et il en y heut depuis ledit temps jucque au lendemain de 516

1648

Casimodot, proche la fontaine de Saulcy [Saussy, Côte-d’Or] sans discontinuer, qu’estoit l’espasse de six mois » (famille Robert, 125). Restaurer l’assolement triennal Le 27 janvier, en Franche-Comté, édit « du labeur des héritages avec la charrue ». Rétablissement de l’assolement triennal tel qu’il était avant la guerre de Trente Ans. « Il est ordonné à toutes communautés ayant accoutumé avant l’année 1636 de semer par certaines pies, ou cantons, de rétablir et garder lesdites pies à l’avenir, comme aussi aux particuliers de les observer » (Delsalle, 96). Réparer l’église paroissiale En 1648, le curé du Brignon, au sud du Puy, obtient une sentence de justice pour imposer une taxe de 80 livres selon la hiérarchie économique de ce haut pays vellave, qui distingue les laboureurs (à bœufs en premier, puis à vaches) des simples brassiers. L’acheminement des matériaux nécessaires aux travaux (chaux, tuiles et sable) suscite une répartition des tâches entre les vingt villages de cette grande paroisse d’habitat dispersé. « 16 avril. Le jeudi Corpus Domini à Vazeilles et de là, fus à Solignac faire travailler monsieur le bailli dudit lieu au département de la somme de 80 livres pour employer aux réparations de notre église, ce que fut fait, se montant pour chacune paire de bœufs 11 s 6 d, chacune paire de vaches 6 s, et les brassiers 4. Et furent par ordonnance dudit sieur bailli expédiés et envoyés mandes à chacun village de ladite paroisse, payables dans quinze jours prochains, aux marguilliers qui sont Nicolas Vidilh, des Ceyssoux, et Goudoffre Ménabé, d’Ussel, par les collecteurs de chacun village à l’emploi desdites réparations. Bizac, Aunac, Fontanes et Granges doivent aller quérir la chaux au Puy avec leurs cavales ; lesdits brassiers et autres, qui n’ont cavales à la manœuvre pour mettre à pied d’œuvre les matériaux. Tourtinhac, Tarret, Chadernac, Bessarioux, Ussel, La Benarde, Fontanette, Bèthe, Fleurac iront quérir les tuiles à Alleyras ou Onzillon. Ceyssoux, Rozières, Salles, Le Brignon, Besson, Mazel, Vazeilles apporteront le sable que sera nécessaire et les brassiers feront manœuvre comme dit a été par ordonnance du sieur bailli de ce jour » (Aulanier, II, 159). 1648-1651 : Ravages de loups en Beauce ~ « En quatre années, en ces quartiers icy, il se trouve aprochant de quatre-vingt personnes, blessées et dévorées tant jeunes que vieux jusques à l’âge de soixante ans, par les loups et notamment par un loup et une louve qui estoient journellement ensemble. L’an mil six cent cinquante un, le samedi dixième juin sur les deux heures après midi entre le moulin de Luet et proche le village de Béville dans le chemin fut desvoré par deulx loups un enfant masle, fils de Fiacre Besnard, de Luet, âgé de 9 à 10 ans. Le jour de jeudi dernier, feste du Saint-Sacrement [8  juin], fut dévoré un autre enfant par un loup au village d’Oconville [Occonville, paroisse du Gué de Longroy]. Le dimanche xi juin  1651, fut desvoré un enfant par les loups dans le village d’Ymeray. 517

1648

Au mois d’avril dernier fut dévoré un autre enfant par un loup, proche la Croix de Housville. L’an passé [1650] fut aussy desvoré un enfant par le loup proche le village d’Adonville [paroisse de Denonville], un autre près de Manterville, un autre à Ymeray, âgés de chacun 8 ou 9 ans. Plus a esté fait grande destruction de bestial par lesdits loups en ces quartiers. Un autre enfant de Bernard Leloup dévoré proche Occonville le jeudi 22 juin 1651. Un autre enfant de Lubin Marie, proche de Monceau Saint-Jean le 23 juin 1651 fut dévoré par un loup. Un autre à P[…]nne le 24e  juillet 1651. Un autre, fille de Michel Martin, âgée de 9 ans, à Occonville le premier aoust 1651. La louve fut tuée dans les bois de Cherville [Oinville-sous-Auneau] par le sieur des Rochers, chirurgien audit Cherville, bon giboyeur » (AD 28, 2E5-53, fin année 1651). En Berry, survivances du servage Usances locales de Châteaumeillant en 1648  : « Tous hommes, femmes, serfs demeurant en la justice et châtellenie de Châteaumeillant sont  hors la ville et fauxbourgs dudit lieu […] sont teus, censés et réputés serfs et de serve condition, s’il n’appert du contraire » (La Thaumassière, 188-190). Contrat de livraison d’une cabane de berger à deux essieux « Fut présent en sa personne Gaspart Certain, menuisier demeurant à Beaumont, de présent en ce lieu de Maffliers, lequel a vendu et promet livrer au jour SaintJehan-Baptiste prochain venant [24 juin 1648] à Maître Nicolas Delacourt, gruyer et recepveur de la baronnye de Maffliers, Philippe et Anthoine Delacourt, Michel Le Fort et Claude Thoret, laboureurs demeurant audit Maffliers, lesdits Delacourt et Thoret présents tant pour eux que ledit Lefort, c’est assavoir une cabanne à berger, garnye de deux essuez, de la longueur de six pieds [1,95 m] de corps, sans comprendre les deux pièces de long qui passent hors le corps, de chacun un pied [0,33  m] par les deux boutz, et la largeur de quatre pieds [1,30  m], de boys de chesne, à la reserve que l’enfonsure sera de bois blanc, loyalle et marchande, le tout de boys secq, seing et non subject à visitation, et pour la ferme et roues seront fournies par lesditz acceptans moyennnant la somme de quarente-deux livres dix sols tournoys [42 L 10 s], laquelle somme lesditz acceptans ont promis payer solidairement l’un pour l’autre audit Certain audit jour Saint-Jehan-Baptiste prochain venant. Car ainsy, promettant, obligeant. […] Fait et passé à Maffliers, par devant le tabellion, le troisième juin mvic quarente-huict, en présence de Jacques Bigot, masson, et François Gesseaume, demeurant à Beaumont, tesmoins. « Fait double le présent pour ledit Certain. [Signé avec paraphe] : N. Delacourt –  P.  Delacourt –  C.  Thoret –  A.  Delacourt –  Jacques Bigot  – Caignet [et sans paraphe] : François Gesseaume. Marque dudit Certain (AD 95, 2E7/381, Notariat de Maffliers).

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1648

Séparer protestants et catholiques au cimetière paroissial L’implantation protestante dans les campagnes suscite des pratiques de séparation pour l’enterrement des morts. Depuis 1611, en Normandie, des commissaires du roi interviennent pour trouver des cimetières particuliers quand on ne se contente pas d’une séparation dans le cimetière paroissial. En 1648, à Courseulles (Calvados), on parvient à une transaction lorsque le seigneur donne aux protestants une petite pièce de terre pour en finir avec le cimetière mixte (Follain, 2008, 145, d’après les travaux de Jean-Marie Vallez). Noël 1648 : la soupe populaire de la Mère Angélique Dès sa première année, la Fronde multiplie les miséreux. À l’occasion de la Noël 1648, Angélique Arnauld, abbesse de Port-Royal-des-Champs, met au point son « potage des pauvres ». « Je prends, au lieu du boisseau qui vaut 50 sols, un petit mouton ou des fressures et des triboulets qui ne coûtent pas tant. Je fais cuire la viande , puis on la retire, on la hache par petits morceaux, et on coupe aussi le pain fort menu. On fait encore bouillir tout cela un bouillon, après que les choux, que l’on a mis lorsqu’on a tiré la viande, et rempli d’eau la chaudière, sont cuits. Les fêtes de Noël et hier, à cause du temps, j’en ai fait faire dix à douze seaux de la sorte. Mais on y met pour 40 sols de pain ; aussy il y en a pour cent cinquante personnes qui n’ont rien autre chose » (Lettre de la mère Angélique à la cellerière de Port-Royal de Paris, 17 janvier 1649, d’après Feillet, 229).

1649 « Il y avoit des grand troble […] entre le Parlement est la Reine à cose d’un sertain cardinal que l’on nommoit Mazarin » (Louis Bonnard, laboureur à Larajasse). Inondations générales ~ 10 janvier : crue du Lot (E sup. 47, II, Montastruc). ~ 12 janvier : rupture de la levée de la Loire près de Varannes. Inondation presque aussi grande que la crue du 15 mars 1615 (E sup. 49, II, Saint-Mathurin). ~ 9-15 janvier : « inondation extraordinaire des rivières de Marne et de Seine » avec un maximum les 13-14  janvier. Crue de 7,81  m à Paris le 1er  février (Bastié, 53). « À la campagne c’estoit chose prodigieuse à veoir le desbordement des eaues effroyables. Je voyais de mes fenestres [d’Athis] l’eaue qui inondoit tout Villeneuve-Saint-Georges en bas, belle place, et les maisons jusques au pied du village de Montgeron, et de là, venoit gaigner jusques Vigneux, et à un piquet près des derniers jardins de Draveil, et de là, depuis Ris, Grigny, Viry, Savigny et Juvisy, pleins d’eaue jusques en montant aux vignes » (Thoulouse, II, 258-259). ~ 15 janvier : inondation des eaux de la Loire en Anjou (E sup. 49, III, Corné). ~ Janvier : inondations en Périgord de l’Isle et de la Dordogne. « 1649. Au moys de janvier, il feit une trez notable inundation de toutes les rivières. L’Isle n’en fut pas exempte, ayant faict un grand degast aux fauxbourgs de la ville et abbatu 519

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les murailles du cimetière et du jardin et près de M.  Duchaine, juge mage, pour se faire passage, et dit-on que l’eau avoit monté à pardessus le pont de Bergerac, quoyque très hault » (Livre de raison de Pierre de Bessot (1605-1652), Bull. Soc. Périgord, 1893). ~ 17  janvier  : « Nota que le jour et feste de Saint-Antoine […] la levée de la rivière de Loire cassa aux Troix-Vollets, que l’eau estoit si grande que la grande arche du pont de Mazé estoit couverte bien d’un pié de hault par dessus » (E sup. 49, III, 131, Mazé). ~ 17 janvier : inondation de la Loire aux Ponts-de-Cé. « L’eau était très grande, et il ne s’en fallait que la hauteur du poing d’un homme qu’elle ne fust aussi grande qu’elle estoit à la N-D de mars, l’année 1615 » (E sup. 49, II). ~ 19  janvier  : « La levée de la rivière de Loire se rompit dans la paroisse de Varannes, une lieue par delà Saumur, entre Varannes et Villebernié […] et ladite rupture avoit 702 pieds de longueur, entre lesquels il y en avoit 212 pieds qui estoient de cruex 21 à 35 pieds et le reste jusqu’au soir du 28e  jour de janvier ensuivant » (E sup. 49, III, 131, Mazé). Printemps pourri, échaudure estivale

~ Autour de Metz : « L’année 1649, il s’y fist un si maulvais temps que l’hyver

commença dès la vendange 1648 l’an passé. Il ne cessa de geler et de faire froyd jusqu’à la mitte du moys de may 1649, tellement que la trois partie des semences des bledz des champs furent déracinés et perdus, principalement les nouvelles terres qu’on avoit ensemencés. C’estoit grand pitié à voir cela : au moys de may on ne voyoit rien de verd dans les champs. Et il fallut y semer de l’orge et de l’adveine qui germa et vint à bonne perfection pour les pauvres menus peuples […]. « La moisson fut plantureuse en orge et adveine, principalement celle qui avait été rensemancée. Pour les bledz il y en eut peu, bien qu’il en estoit revenu depuis le mois de mai en aulcuns lieux à foison, mais la froyde pluie survint vers la SaintJean qui embrussa la plus grande partie du peu de bled qui estoit resté, tellement tant ce que l’on peut faire, fut d’avoir du bled pour rensemencer les terres. Parmy le cours de la moisson, le bled se vendoit 26 francs et 30 francs, a quarte d’orge 12  francs, l’adveine 12  francs, on n’en pouvoit recouvrir […]. Les pauvres gens de mestiers de Metz qui n’avoient point de rentes ni de bled semé avoient plus de mal d’en trouver qu’auparavant. Au vray dire il fut quatre moys entiers sçans entrer deux quartes de bled, ni d’adveine, ni orge dans le marché de Metz. Enfin ma plume ne sçauroit décrire la misère qui estoit le durant du cours de moisson pour les gens du mestier ; pour l’égard des paysans, ils avoient bon tempts, car ils avoient semé de l’orge et de l’adveine à foison qui leur venoit à souhait pour eulx substanter. À l’esgard des vendanges les fruicts en estoient assez beaux et de bonne maturité, mais il ne s’en trouva que le quart que l’on jugeoit estre » (Bauchez, 505 et 508-509). ~ En Île-de-France  : « L’été de cette année fut autant chaud et aspre comme l’hyver avoit esté long et fascheux, tant en neiges que grandes eaues, que froid et temps moux, le printemps avoit esté tendre, et le temps bas, fors la veille jour et lendemain de la Pentecoste qu’il fist fort chaud, du depuis il ne fist pas de pluye 520

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à mouiller un collet iusques au iour Saint-Dominique, bien il est vray que le jour Saint-Clair, et le jour Saint-Victor après disner, il fist de grands orages et tonnerres qui versèrent de l’eaue depuis Villejuifve iusques à Paris et de la huée s’alla crever sur les bois de Liorge, et partout ailleurs il ne pleust point, si bien que les bleds qui, par la longueur de l’hyver n’avaient peu dans la fraischeur du printemps talir et se multiplier, par ceste excessive chaleur furent tous eschaudes, en sorte que l’année fust fort rare en bleds, et ne s’estoit rencontré depuis l’an 1587, qui estoit 62 ans, une année si stérile. Et bien que l’abondance de l’année précédente deust se sembloit suppléer la disette de cette année, néanmoins les 16 000 hommes qui avoient logé trois mois à vingt lieues et les troupes d’Erlac qui avoient ruiné la Champagne et un coing de la Picardie et les troupes de l’Archiduc qui avoient logé deux mois dans la Picardie avoient tellement ruiné le pays que le bled commencea à estre fort cher et creut-on du commencement que c’estoit a l’occasion des semailles mais, après les semailles, il augmenta encore de prix, et valloit le moindre bled 25 et 26 francs le septier, et le bon de 32 jusques à 36 et 38 livres, et iusques à la fin de l’année, il se tint le bon jusques à 32 et 33  livres, et le moindre à 19 et 20 francs le septier, bien que l’on en eust fait venir de Frise, de Hollande et de Poitou, sans lequel secours il eust vallu plus de 50 livres. Le pauvre monde de la campagne eut bien de la peine à vivre et mangeoit orge, dramois et avoyne avec l’appréhension qu’apère la guerre et la famine en cette mesmes année, le troisième fléau du ciel ne nous visite l’année prochaine. Mais comme Dieu attempère d’ordinaire la rigueur de sa justice par sa miséricorde, aussi, dans la dizette de bled, il envoya quantité de vins et de fruits, si que le vin estoit a grand prix, ne valant à Athis que dix-huict à vingt francs, que l’année précédente valoit trente-trois à trente-quatre livres, bien que l’année  1648 ne fust pas manque de vins » (Thoulouse, II, 287-288). Effectivement, en août, à Gonesse « les niellures et eschaudures causées par les brouillards et grandes chaleurs » provoquent de grands dégâts aux fermiers (AN, S 3692B, d’après sentence de diminution de bail du 10-11-1649). Le 7  août, à Ézanville (Val-d’Oise), la « plupart des bleds sont fort petits et de petite despeulle a cause de la longueur de l’hiver qui a empesché qu’ils ne soient bien levés » tandis que les « challeurs excessives survenues depuis trois semaines […] ont bruslé et eschaudé les froments plus que les mesteils […] et les mieux fumés et amendés plus que les autres » (AD 60, H 7463, procès-verbal de visite de récolte). Retour à la paix : moins de bétail de trait en Alsace Après la paix de Westphalie, qui marque la fin de la guerre de Trente Ans, la réduction de la capacité de traction est indéniable pour l’agriculture en Alsace. En 1649, le village d’Ebersheim, dans l’une des régions les plus fertiles de l’Alsace –  la plaine d’Erstein  –, en souligne l’ampleur. Au retour de la paix, 88 % des chevaux et 93 % des bovins recensés à la veille de la guerre de Trente Ans ne s’y retrouvent pas, et Jean-Michel Boehler signale que le cas est loin d’être unique. Alors qu’en 1618, on comptait 280 chevaux de labour et 290 bovins par exploitant (soit une moyenne respective de 3,5 et de 4 têtes par exploitant), en 1649, il n’y 521

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a plus que 34 chevaux de trait et 21 bêtes à cornes (soit une tête en moyenne par exploitant). Dans ces conditions, les terres ne sont plus cultivées et les pâturages ne sont plus entretenus, ce qui contracte doublement la surface agricole (AD 67, G 1470, d’après Jean-Michel Boehler, 1994, 199). L’Île-de-France frappée par la Fronde ” Le 7 janvier 1649, au lendemain de la fuite du jeune Louis XIV à Saint-Germainen-Laye, avant même le début des opérations militaires, Angélique Arnauld écrit de Port-Royal-des-Champs : « C’est une chose horrible que ce pauvre pays : tout y est pillé, les gens de guerre se mettant dans les fermes, ont fait battre le blé […]. On ne laboure plus, il n’y a plus de chevaux, tout est volé ». Pour être brève, le première Fronde touche sévèrement les campagnes de la région parisienne (Jacquart, Histoire de la France Rurale, II, 205). « Le larcin était permis, les crimes étaient légitimes, les méchants étaient les maîtres, et, sous le nom de Mazarin, on pouvait offenser qui ont voulait […]. Parmi cette pillerie, la misère des habitants de Saint-Germain tenait sa place. Ils n’avaient point d’argent, ni de meubles que ceux que les soldats leur vendaient à bon marché, quand ils avaient pillé ces beaux villages qui environnent Paris » (Motteville, 160). 21  janvier  : « Un village a aussi eté brûlé derrière Saint-Cloud, entre Sèvres et Vaucresson, dont on a vu le feu à Paris ; et dit-on que c’est Ville-d’Avray » (Dubuisson-Aubenay, I, 127). L’armée du roi, commandée par Condé, fait le blocus de Paris. 10  février  : les convois d’animaux et de vivres arrivent sous bonne escorte. « Cependant, le convoi venant d’Étampes est passé bravement avec tous les bœufs, au nombre de cinq ou six cents, autres disent huit cens, qui est pour la fourniture ordinaire d’une semaine de la ville ; porcs et moutons au nombre de six mille et que l’on a escortés de bonne cavalerie. Pour les charrettes, restées derrière, il n’en est point entré qu’environ quatre-vingt, mais il y avoit cent cinquante chevaux et deux cens hommes chargés de farine et pains » (Dubuisson-Aubenay, I, 152). 20 février : les environs de Paris connaissent les malheurs de la guerre. « Nous (ma sœur et moi) arrivâmes à Saint-Germain. Il nous fallut prendre un grand détour (depuis Saint-Denis), et nous passâmes par plusieurs villages, où nous remarquâmes une désolation effroyable. Ils étaient abandonnés de leurs habitants : les maisons étaient brûlées et abattues, les églises pillées, et l’image des horreurs de la guerre y était dépeinte au naturel » (Motteville, 208). 10  mars  : « Le cardinal Mazarin, s’en allant de Rueil faire un tour à SaintGermain, fut hué à son passage par les paysans et même par la valetaille suivant la cour » (Dubuisson-Aubenay, I, 184). Assurer le pain des Parisiens : les chariots de Gonesse (26 février) « Sur le soir, sortit une cherretée de fagots et autre bois et des vivres avec marmites et broches pour le chauffage et souper du généralissime et généraux, qui s’en alloient tenir les chemins depuis Paris, par Aubervilliers, jusqu’à Gonesse, à quatre lieues, leur milice en haie. Et y eut commandement à tous les chariots de Paris d’aller quérir blé et farine, comme ils firent au nombre de quinze cens, et plusieurs 522

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gens à cheval et à pied, à dix-huit, vingt et vingt-quatre livres le setier, qui leur fut délivré dans l’Hôtel-Dieu de Gonesse, où tout étoit prêt. Les chariots, rentrant dans la ville, trouvèrent toutes les embouchures des rues tendues de chaînes et une seule rue passante et chemin débouché, droit aux Halles, où les officiers de la Ville les firent décharger, à deux setiers près, que chacun d’eux ont pour leurs maîtres ; le surplus fut vendu au prix de quarante livres le setier, au profit des ameneurs, qui recevront cet argent de la Ville. On fut au Mesnil-Madame-Ranse [Le Mesnil-Amelot, Seine-et-Marne] et autres villages voisins ; on en amena aussi du bétail » (Dubuisson-Aubenay, I, 178). Picardie, Champagne, Bassigny ravagés par la guerre ” Printemps : ravage des soldats du maréchal du Plessis-Praslin et de l’archiduc Léopold, gouverneur général des Pays-Bas, en Champagne. 20  mai  : à Seboncourt (Aisne), sépulture d’Anne Duchemin, du village de Vadencourt, réfugiée « à cause de l’armée d’Herlacque ». 21 mai : à Pinon, baptême de Louis, fils de Philippe Dufour, « habitant de Vaudesson, réfugié à Pinon à cause de l’armée d’Erlacq » (E sup. Aisne, V). Novembre : ravage du Bassigny par les Suédois en quartiers d’hiver (Roupnel, 1955, 19). Un dernier espoir : le voyage à Saint-Hubert

~ Devant la rage, maladie virale incurable jusqu’à 1885, et traumatisante par ses

effets spectaculaires, les hommes ont multiplié les secours matériels et spirituels. Parmi ces derniers, le voyage jusqu’au monastère de Saint-Hubert, dans l’Ardenne belge, pour se faire inciser au front avec un filament de l’étole du saint, est l’un des plus réputés, pour les campagnes du nord de la Loire. Comme ce fut le cas à Wissous en 1446, ce long déplacement (560  km en tout ici) ne sauve par d’une mort atroce l’une des femmes du Bassigny partie tenter sa dernière chance. Les 7 et 8 octobre, l’attaque d’un loup enragé près de Langres (Haute-Marne) cause trois morts de la rage. Terrible et tragique accident aux villages de Montlandon et Celsoy, « savoir d’un loup-garroux et enragé, lequel ayant blessé dix chevaux qui sont mortz desdictes blessures et plusieurs autres bestiaux, tant vaches, porcz, chèvres que chiens, qui pareillement sont tous mortz et en outre cinq pauvres personnes, grandement blessez, deux desquelles sont mortz quelque peu de temps après, sçavoir un homme qui, par la grande quantité de blessures, ne dura pas longtemps, et une femme, laquelle mourut enragée, chose qui fut terrible à voir. Les trois autres allèrent en voyage à Sainct-Hubert, savoir deux hommes et une femme, et encore l’homme de ladite femme, qui la voulut assister, et par plus grande assistance et asseurance, ladicte paroisse des villages de Montlandon et Celsoy leur fit présent de la somme de [en blanc] livres et leur donna un homme pour les conduire et les ramener dudict voyage, pour lequel faire ils ont employez environ un mois. Et, en retournant dudict Saint-Hubert, le dernier jour de leur neufvaine, la femme qui estoit avec eux mourut enragée, environ vingt lieues de Langres, en un village appelé […]. Les autres sont retournez assez tristement du malheur qui était arrivé à cette pauvre chrestienne. Dieu veuille mettre ces pauvres 523

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défunctz en son sainct paradis et consoler les autres affligez et nous enseigner à bien cognestre que quelquefois ces maux viennent pour sa gloire et pour nostre justification, ce qui ne se peut assé bien considérer » (Macheret, II, 20-22). ~ 8  décembre  : nouvelle attaque à Provenchères en Bassigny (Haute-Marne)  : « arriva icy un loup-garroux ou enragé, lequel après avoir couru plusieurs villages et particulièrement Montigny-le-Roi, se vint rendre au village de Provenchère où il fut tué et sa chair enterrée afin de ne point corrompre par son infection et rage, le paiis » (Macheret, II, 23-24).

1650 Orages, grêles et tempêtes ~ 30  juin  : en Velay, débordement de la Borne. « Ce mercredy, dernier jour de juin 1650, tumba sur les cinq heures du soir sy grande abondance de tanpeste au mandement de Blanzac, à la parroisse de Saint-Paulhan [Saint-Paulien] et autres lieux circonvoisins, et engrossit tellement la rivière de Borne, que mit soubz terre les bledz, foins et autres fruicts, que ruina beaucoupt de maisons, et emmenest harbres, rochers, terres, prés, besailh, bastimantz, que c’estet une chose effroyable et diabolicque. Dieu nous en veuilhe préserver ! » (Jacmon, 265). ~ 1er juillet : en Beaujolais, grêle avec quantité d’eau qui ruine les fruits et emporte tout en Beaujolais tout autour de Villefranche (E sup. 69, Lacenas). ~ Août  : orages en Champagne. « Il n’y eust point d’hiver et le temps semblait printannier dès la Saint-Mathias, et puis en mars, il se mit à la pluye jusques vers les Rogations, où le temps se tint beau et doux jusques après la Pentecôte, car le mercredy dans les octaves huitiesme jour de juin jusques à la petite FêteDieu, 23e  dudit mois, il pleut beaucoup, et environ quinze jours durant après la Saint-Jean, le temps se tint couvert, et puis recommença à pleuvoir jusques au premier jour d’août, et pendant ce mauvais temps, toute la belle montre qui avait paru aux blés et aux vignes se fondit, et fit des orages et des tonnerres si grands en d’aucunes contrées pendant ledit mois d’aoust qu’il y eut des clochers, des maisons et des églises abattues, entre autre le monastère de Paraclet, diocèse de Troyes, et l’église d’icelui et des villages circonvoisins furent ruinés. Je vis et lu une lettre qu’une religieuse dudit Paraclet écrivait à son père par laquelle elle lui mandait que le jour Saint-Laurent, sur les sept heures du soir jusques à onze heures de nuit, la grêle était tombée si grosse et avec telle impétuosité dans ledit monastère et deux lieues à la ronde, que les clochers et les toits des églises et toits des maisons en étaient tombés, et que tout le monastère était ruiné à la réserve du département de l’abbesse où il y avait un oratoire dans lequel elles faisaient lever service et qu’à l’heure qu’elle écrivait, qui était la veille de l’Assomption de la Vierge, après-dîner, elle voyait et maniait encore dans ledit monastère des grains de grêle aussi gros que des petits éteufs. Cela fut cause qu’il y eut disette de blé, et fut encore cher et, le tonnerre ayant refroidi le temps et amené la pluie, il y eut encore moins de vins, et fort verts, car l’on fit vendange à la Saint-Luc dans 524

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un temps froid et maussade. Je recueillis trois demi-muids de vin en trois arpents de vigne » (Thoulouse, II, 303-304). ~ 23  août  : en Anjou, grêle, foudre et tonnerre grêlant les vignes d’Avrillé, Montreuil, Juigné et déracinant des chênes (E sup. 49, 2, Avrillé). ~ 29 août : tempête en Pays messin détruisant les récoltes. « Le 29 d’aoust arriva une estrange tempeste à Metz, et telle que d’aage d’hommes l’on n’en a veu une semblable ; après avoir ruiné l’église de Saint-Livier, qui est une des belles paroisses de la ville, faict plusieurs aultres ruines, une grande partie des vignes furent arrachées, la terre bouleversée, depuis le village d’Ars jusqu’à la ville. Tous les grains qui restoient aux champs furent entièrement perdus » (Bigot, 160). Ravages de la Fronde en Bordelais, Bourgogne et Picardie

” En Bordelais. Le 5 janvier, ravage de gens de guerre en Bordelais (E sup. 33, I,

Saint-Sulpice-et-Cameyrac). « Tous les regimens estants licentiées par les ordres de M.  d’Espernon, le régiment de Picardie vint hiverner dans Périgueux ; vingt compagnies et dix du mesme régiment s’en allèrent aussi à Sarlat pour avoir là tout quartier d’hiver, et y eut aussy en d’aultres endroicts du Périguord d’aultres régiments de cavalerie composés d’Alemans. Tous les lieux circonvoisins de Bourdeaux furent quasi tous bruslés pendant la durée de ceste guerre, Lormon et La Bastide, par les troupes de M. d’Espernon, Podensac par les troupes du parlement » (Livre de raison de Pierre de Bessot (1609-1652), Bulletin de la Société du Périgord, 1893). ” En Bourgogne. Ravages de l’armée de Tavannes dans la plaine bourguignonne et de l’armée de Condé et de Bellegarde plus au sud, dans le val de Saône (Roupnel, 1955, 11). ” En Picardie. 28 août-19 septembre : à Lesges (Aisne), « les ennemis ont occupé le pays. Les habitants ont fui et ne sont rentrés que le 22 septembre » (E sup. 02, V). Des bulletins de misère sur la Picardie et la Champagne À la tête d’une société charitable, soutenue par les milieux parlementaires jansénistes de la capitale, Charles Maignart de Bernières organise un réseau de secours aux victimes des armées en Picardie et en Champagne. Pour stimuler les donateurs, il publie des Relations des misères et des secours nécessaires, à partir d’extraits de lettres de correspondants locaux. Tirés à 4 000 exemplaires, ces bulletins s’ouvrent en septembre 1650. Leur publication se poursuit jusqu’en décembre 1655, en raison des ravages de la Fronde qui s’ajoutent à ceux de la guerre étrangère. Un recueil factice les rassemblera ensuite : Recueil des Relations contenant ce qui s’est passé pour l’assistance des pauvres, entre autres ceux de Paris et des environs, et des provinces de Picardie et de Champagne, pendant les années  1650-1655 (Feillet, 229-233). Faire fortune dans la dentelle En dehors de la culture céréalière et de l’arboriculture fruitière, le nord-ouest de l’Île-de-France connaît depuis le xvie siècle une activité dentellière en plein essor. En 1650, cette spécialisation assure la réussite sociale d’un marchand de Villiersle-Bel (Val-d’Oise) haut en couleurs, Didier Rahault, qui profite de la détresse des 525

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plus humbles. « Le marchand de dentelles Didier Rahault a une origine sociale relativement modeste. Fils d’Étienne Rahault, il convole en premières noces avec la fille d’un simple vigneron de Sarcelles. Deux de ses belles-sœurs ont épousé des vignerons tandis que deux beaux-frères sont alternativement marchand-fruitiers et vignerons, ce qui ne signale certainement pas une bien grande aisance. Pourtant, Didier Rahault bâtit une fortune. De 1641 à 1660, il est le client le plus assidu du notaire et n’acquiert pas moins de 27 ha, répartis sur onze paroisses. Il profite spécialement des années de crise et achète entre 1649 et 1653 pour 5 980 livres de terres et 14  320  livres de capital en rentes. C’est énorme si l’on songe qu’en 1650, en pleine crise, le total des ventes d’immeubles à Écouen et Villiers-le-Bel atteint à peu près 15 000 livres. « On connaît le détail de sa fortune mobilière. Après la mort de sa première femme, elle est estimée à 117 160 livres : 35,3 % en argent monnayé, 23,6 % en créances, 15,1 % en dentelles et 11, 9 % en étoffes. Cette fortune évolue rapidement. Quelques mois plus tard, son encaisse est descendue de 41  380  livres à 29 296 livres, tandis que son stock de dentelles est passé de 17 780 à 29 450 livres. Il prête à ses ouvriers comme à des marchands parisiens, avance l’argent de la taille pour le village. Il fait encore d’énormes avances de mariage à ses enfants  : 8 500 livres à chacun de ses sept enfants, soit au total 59 500 livres. Ce sont des sommes vrament inouïes » (Viret, 2004, 259-260, et Buffévent, 366-369). Premières horloges à la ferme De nouveaux instruments de mesure du temps se diffusent dans certaines fermes de l’Île-de-France. En 1650, Nicolas Le Febvre, qui exploite les 233 ha de la ferme de Stains, à Villeneuve-sous-Dammartin (Seine-et-Marne), laisse à sa mort « une horloge garnie de ses roues et contrepoids » dans sa cuisine. L’objet est estimé 15 livres, aussi cher que la « petite montre couverte d’argent » dont il avait trouvé bon de faire l’acquisition. Après lui les horloges commencent à sonner les heures dans les fermes voisines (Moriceau, 1994, 760).

1651 Grandes eaux à nouveau ~ En Lorraine : « environ la mi-janvier, les eaux ont esté fort desbordées, et telles qu’on ne les a veues depuis neuf ans en ceste ville de Verdun où je suis demeurant depuis le mois de juin. Elles l’ont été davantage en Lorraine où elles ont faict des grandes ruines et ravages » (Bigot, 168). ~ En Anjou : le 16 janvier, grandes eaux. « Les eaux débordaient excessivement » à Cantenay-Epinard (E sup. 49, 2). Le 17, crue d’eau à Avrillé (E sup. 49, 2). ~ En Île-de-France : 25 janvier, inondation de la Seine et de la Marne. Crue de 7,98  m à Paris (Bastié, 53). « L’on alloit presque par tout Paris par bateau. Du bout des murs de nostre abbaye, l’on alloit jusques à Saint-Julien-le-Pauvre en basteaux. Je remarquay néantmoins qu’en nostre campagne, au-dessous du village d’Athis, les eaues n’estoient si hautes de quatre pouces que deux ans auparavant ; 526

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et néantmoins, dans les villages comme Ablon et Juvisy, elle estoit plus haute de quatre poulces que deux ans auparavant, et me fut dist pour raison que la rivière de Marne estoit plus enflée que la Seyne, et la soustenoit et regonfloit à Charenton, et par ce moyen les petites rivières estoient soutenues jusques à Corbeil qui les faisait grossir aux lieux bas. Et toute cette multitude d’eaue venant à rencontrer les ponts et les bastiments de Paris, c’est ce qui la rendait si enflée et eslevée dans Paris » (Thoulouse, II, 314). ~ En Velay : le 7 avril, inondation de la Loire dès l’amont, au sud du Puy. « Mon frère Jean Aulanier fut aux Rozières prendre la dîme des agneaux et la quête, et ne put aller au Mazel et Vareilles [comm. Le Brignon, Haute-Loire], la rivière de Loire étant débordée, et doivent les dîme et quête de cette année 1651 » (Aulanier, III, 18). ~ Vendanges précoces (Le Roy Ladurie, 1966, – 10/moy. 1599-1791). La Fronde dans le Sud-Ouest Octobre. Aggravation des troubles de la Fronde. La guerre fait rage en Guyenne entre les princes de Condé et de Conti et les troupes royales. Sur le front de Catalogne, le comte de Marsin fait défection et traverse le Languedoc avec ses régiments pour rejoindre les princes révoltés. Il occupe Moissac en novembre. Vincent de Paul et ses missionnaires, placés sous sauvegarde royale ” Aux frontières de la Picardie et de la Champagne, zone de combat entre Français et Espagnols, des centaines de villages sont en état de pillage permanent. Devant l’impuissance des missionnaires envoyés par le père Vincent, Anne d’Autriche leur accorde une protection royale. Mesure théorique mais sans précédent qui officialise l’action humanitaire des Lazaristes. « Paris, 14 février 1651, « De par le roi. Sa Majesté étant bien informée que les habitants de la plupart des villages de ses frontières de Picardie et de Champagne sont réduits à la mendicité et à une entière misère, pour avoir été exposés aux pillages et hostilités des ennemis et aux passages et logements de toutes les armées ; que plusieurs églises ont été pillées et dépouillées de leurs ornements, et que pour sustenter et nourrir les pauvres et réparer les églises, plusieurs personnes de sa bonne ville de Paris font de grandes et abondantes aumônes qui sont fort utilement employées par les prêtres de la Mission de M. Vincent et autres personnes charitables, envoyées sur les lieux où il y a le plus de ruines et le plus de mal, en sorte qu’un grand nombre de ces pauvres gens a été soulagé dans la nécessité et maladie. « Mais qu’en ce faisant, les gens de guerre passant ou séjournant dans les lieux où lesdits missionnaires se sont trouvés, ont pris et détroussé les ornements d’église et les provisions de vivres, d’habits ou autres choses qui étaient destinés pour les pauvres […]. « Sa Majesté, de l’avis de la reine régente, défend très expressément aux […] officiers commandant ses troupes […] de loger ni souffrir qu’il soit logé aucuns gens de guerre dans les villages desdites frontières de Picardie et de Champagne, 527

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pour lesquels lesdits prêtres de la Mission leur demanderont sauvegarde pour assister les pauvres et les malades […]. Défend en outre Sa Majesté à tous gens de guerre de prendre aucune chose aux prêtres de la Mission et aux personnes employées avec eux ou par eux, à peine de la vie, les prenant en sa protection et sauvegarde spéciale » (Feillet, 246-247). 1651. Processions au Brignon pour conjurer les calamités agricoles Du 19 mars au 15 octobre, en moins de sept mois, pas moins de seize processions sont répertoriées dans le Journal de l’abbé Aulanier. Leur abondance tient autant au soin apporté par le curé à assurer la Contre-Réforme dans son village qu’au rôle de recours attribué au surnaturel pour arrêter les fléaux de la nature : pluies continuelles de printemps et invasion de chenilles estivales, qui justifient à elles seules trois processions en juillet. Ces déplacements collectifs sont l’occasion de sanctifier les lieux identitaires de la paroisse en rassemblant les habitants, avec un succès inégal selon les circonstances. « 19 mars. Le dimanche 4e de quarantaine, messe, prédication, vêpres, procession générale à vêpres pour implorer le beau temps. « 2 avril. Le dimanche des Rameaux et dernier de la quarantaine. Messe, prédication, vêpres et domade, et procession générale pour le bien de la terre à cause du mauvais temps. « 25  avril. Le mardi, messe, fête de saint Marc évangéliste, l’office requis à l’accoutumée en tel cas requis et la procession générale pour l’ouverture des processions, où y assista beaucoup de paroissiens. « 15 mai. Le lundi, messe, lundi de Rogations, l’office à l’accoutumée et la procession à la Garde des Ceyssoux [sommet à plus de 1 000 m au sud du Brignon] et puis la messe où y assista beaucoup de paroissiens nonobstant la foire du Puy. « 16 mai. Le mardi des Rogations, messe, l’office à l’accoutumée et la procession au terroir de Chaussiac, proche Concis. « 17  mai. Le mercredi des Rogations, vigile de l’Ascension, messe, l’office à l’accoutumée et la procession au Chomeil et Rois. « 4 juin. Le dimanche de la sainte Trinité, messe, prédication, vêpres, domade, 1er  dimanche du mois du saint Rosaire, la procession à vêpres. « 8  juin. Le jeudi, messe, Fête-Dieu solennelle, prédication, vêpres, domade, la procession avec le saint sacrement à l’accoutumée où les habitants du Brignon avaient très bien orné les rues suivant leur petit porte-Dieu.  « 11  juin. Le dimanche, messe, 2e  d’après Pentecôte et dans l’octave du saint Sacrement. Ce jour notre procession fut avec moi à Saint-Médard en dévotion, qui est proche Allier, où y assista assez quantité de paroissiens. « 15 juin. Le jeudi, messe, octave du saint Sacrement, l’office en tel jour requis, la procession avec le saint sacrement et le pavillon, où n’assista que maître Mathieu, prêtre, et quelques habitants du Brignon, et parès je dis la messe. « 16 juillet, 7e d’après Pentecôte, messe, prédication, vêpres, domade, procession générale le matin et après vêptres pour détourner le fléau des chenilles qui gâtent tous les blés et légumages. 528

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« 25 juillet. Le mardi, messe, procession, vêpres, procession générale contre les chenilles, fête de Saint-Jacques le Grand. « 26 juillet. Le mercredi, messe, fête de Sainte-Anne, mère de Notre-Dame […] À vêpres, que je dis sans aucun prêtre et avec fort peu d’habitants, fut faite une procession générale contre les chenilles qui gâtaient les blés de quelques villages. « 14 septembre. Le jeudi, messe, fête de l’Exaltation sainte Croix, prédication, la procession générale pour clore les processions de l’année pour le bien de la terre et remettre la sainte croix dans l’église qu’on exposait puis [depuis] la fête de la sainte Croix de mai jusques à présent, et pour rendre grâces à Dieu de ce qu’il a conservé d’orages notre paroisse et le prier de conserver la cueillette qu’on impose. 21 septembre. Le jeudi, messe, fête de saint Matthieu, apôtre et évangéliste. À vêpres finies, une procession générale pour obtenir le bon temps et faire cesser la pluie. 15  octobre. Le dimanche 21e, messe, prédication, vêpres, domade, procession générale pour les troubles de France et pour avoir le bon temps » (Aulanier, III, 9-56). Le Jardinier français Nicolas de Bonnefons, Le Jardinier français, qui enseigne à cultiver les arbres et herbes potagères avec la manière de conserver les fruits, et faire toutes sortes de confitures, conserves et massepains…, dédié aux dames, Paris, chez Pierre Deshayes. Manuel très populaire au xviie siècle qui fait l’objet de nombreuses rééditions à Paris et à Amsterdam. Bonnefons dédie son livre aux dames, mais aussi aux bourgeois qui ont « des maisons de plaisir proches de Paris et qui ne veulent faire la despense d’y entretenir un jardinier ». Ils pourront donner ce livre « à leurs vignerons pour que ces sortes de gens (quoy que grossiers) ne se laisseront pas de se façonner !

1652 Grandes eaux et sécheresse « Il est à propos de remarquer deux choses arrivées qui ne se sont jamais vues ou rencontrées d’aage d’homme, sçavoir  : le débordement d’eau arrivé au mois de juillet […]. La seconde une grande sécheresse qui a esté telle qu’il n’a presque point pleu depuis la Sainct-Luc [18  octobre] jusqu’à la fin de l’année, en sorte qu’en plusieurs endroicts il n’y avoit point d’eau aux puits, les rivières si basses qu’en plusieurs lieux on ne pouvoit mouldre. Avec tout cela, les malheurs n’ont jamais esté si grands depuis le commencement des guerres comme ils le sont à présent. Et s’ils augmentent, humainement parlant, il est impossible que le monde puisse subsister » (Bigot, 193). 24  juillet  : grand débordement de rivière et même de la Garonne (E sup. 47, I, Clermont-Dessous).

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Ravages de la Fronde en Berry (janvier)… ” « Pendant le séjour du roi à Poitiers, Monsieur le Prince est vivement poursuivi par les troupes de Monsieur le comte d’Harcourt, battu à trois diverses fois et contraint de se retirer vers Bordeaux, qui se préparait d’aller assurer le roi de ses obéissances, dont elle fuit détournée par la nouvelle survenue que le cardinal Mazarin entrait en France avec messieurs les maréchaux d’Hocquincourt et de Grançay. Ledit Cardinal passa à Vierzon avec ses troupes, composées de 7 à 8  000  hommes sur la fin de janvier  1652, qui firent des ravages et des voleries sans exemple » (Le Large, 147). … au sud de la Bourgogne (Brionnais et Mâconnais) ” En Brionnais, à Saint-Martin-la-Vallée [Semur-en-Brionnais] et Saint-Christopheen-Royauté [Brionnais, Saône-et-Loire] « deux compagnies du régiment Uxelles ont commis de grands dégâts, mauvais traitements, jusqu’à piller la paroisse et contraindre les habitants d’abandonner héritages, dans les bois » (AD 21, C 4843, d’après Dontenwill, 162). ” En Mâconnais, à Solutré, « les soldats vinrent loger en ce village, sans aucun ordre du roi […] et y ont séjourné environ trois jours pendant lequel temps ils ont rançonné, rompu et bruslé les meubles, emporté linges, joyaux, papiers, contractz, fondu la vaisselle d’estain, battu et exceddé plusieurs laboureurs à coups de bastons et d’espées, mesmes attaché l’un d’iceulx par derrière les bras à un van, et l’ayant mis en estat de ne pouvoir changer de posture luy ont faict boire du vin par force, jusques à regorger et perdre toute cognaissances et après, luy ont attaché une corde au col, avec laquelle ilz le tirassaient pour le faire lever, et enfin, l’ayant détaché, le portèrent dans la cour de la maison où ils estait, et là, le dépouillèrent tout nud » (AD 71, B 1271, d’après Dontenwill, 162). … dans le Sud-Ouest : Quercy et Agenais (mars-décembre) ” À Cahuzac : « Les armées occupaient tout le pays et l’on ne pouvait sortir des maisons » (E sup. 47, II, Cahuzac). ” À Sos, le 22 mars : plaintes au comte d’Harcourt au sujet des ravages que les gens de guerre commettent dans la banlieue. Ils brûlent les granges ; ils ont tué un homme aux portes de Sos, en ont blessé plusieurs et ont réduit « lesdites paroisses à telle extrémité qu’il n’y a homme, femme ny fille qui ose habiter, ayant quitté et abandonné tout » (E sup. 47, II). ” À Leyrits-Moncassin, en avril : campement de l’armée du duc d’Harcourt dans le duché d’Albret : 59 morts (E sup. 47, II). ” À Montastruc : « Le samedy xv juin 1652, Son altesse d’Harcour est venu loger à Montastruc et le régiment de Champagne, commandé par M. Bougton, est venu loger dans nos trois maytairies d’icy et dans deux granges de la maison dont je n’ay ressu nonobstant le dommage que toute sorte d’honneur » (Deux livres de raison de l’Agenais, 40). ” À Jurades de Fieux, le 14 juillet. Les habitants ont été réduits à la mendicité en raison des logements militaires (E sup. 47, II). 530

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” En octobre, pillage de Saint-Pastour par les troupes de Duplessis-Bellièvre (E sup. 47, II).

” Vendredi 13 décembre, prise du château de Clermont-Dessous, sur la Garonne, et pillage de tout ce que les paysans y avaient mis (E sup. 47).

” À Saint-Front (Lot-et-Garonne) : ravages par les gens de guerre qui ont brûlé

la plupart des maisons et enlevé le bétail. On a coupé les oreilles à des habitants pour leur extorquer plus d’argent. D’autres ont été pendus par le bras dans le même but. Pour sauver leur vie et leur honneur, beaucoup ont quitté le pays après avoir vendu leurs biens à des étrangers (E sup. 47). … le Maine et l’Anjou (février-juin) ” 14 février : l’église du Plessis-Grammoire pillée « par les troupes allemandes et poullonaise, qui estoient venu pour assiéger Angers… Le jour de saint Mathias et suivant, La Bertière feut pillée et tout mis en désordre, où la populasse de trois paroisses perdit tout leur bien, les uns noiez, et les autres viollé. Le dernier de février feut faict un accord de M.  Chabot, duc de Rohan, avecq le mareschal d’Ocquincourt, général de la cause pour le Roy, et le comte de Quinssé, touchant la paix, où il feut aresté que l’armée se retireroit, où ils ruinèrent toute la campagne, vollant toutes les églises, viollant, estropiant et tuant les pauvres gens des champs, faisant mille indignitez aux prestres » (E sup. 49, II). ” 23 février : « Les 23e  jour de février, 24 et 25, arrivent à La Pointe les troupes du roy soubz la conduite du comte de Broglie, pour chasser les troupes de M. le duc de Rohan, qui tenait le passage de la rivière et le chasteau des Ponts-de-Cé, qui firent beaucoup de mal en ce lieu, vol, viol et incendie » (E sup. 49, II, Savennières, paroisse d’Épiré). ” 1er mars : Courcebœufs (Sarthe) : « Le premier jour de mars 1652, le régiment de M. le comte de Dolay, qui estoit de l’armée de Monsieur le duc de Beaufort, a logé à Courcebœufs et qui a fait tort de plus de 10 000 livres pour les avoir norry quatre jours et qui ont tous volé tout ce qui pouvoient trouver dedans les coffres d’abits, linges, bagues et ammenez les cheveaulx et harnais, battu et estropié la plus par du monde. » ” 9 mars : « Temps de la ruyne des Ponts-de-Cé que notre roi Louis Quatorziesme assiégea et print sabmedy dernier, par assault, avec quantité de coups de canon » (E sup. 49, II). ” 10  juin  : au Plessis-Grammoire, aux portes d’Angers, sépulture de Catherine Felon, âgée de 10 ans, « laquelle fut tuée par un cheval, qui la tréna par les champs, estant atachée de son cordeau autour du corps de ladite Frelon » (E sup. 49, II). … le Drouais et l’Orléanais (mars-mai) ” 17 mars : logement de 7 régiments de cavalerie française pendant 3 jours avec 2 000 chevaux à Broué (E sup. 28, IV). ” 2 mai : « picorée » de soldats au village de Must (E sup. 28, Abondant). ” « Les environs d’Orléans pillés et ruinés d’un côté par les troupes des Princes et de l’autre par celles du Roi, qui prend sa marche du côté de Sully où il séjourna quelques jours, de là va à Gien, où il fait aussi séjour pendant lequel l’armée des Princes s’avance, laquelle est jointe par monsieur le Prince de Condé revenant de 531

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Guyenne qui, à son abord, battit l’arrière-garde du maréchal d’Hocquincourt… entre Gien et Montargis » (Le Large, 148-149). Beauce et Hurepoix pris en étau (avril-juin) ” Alors que les troupes de Condé gagnent Étampes, abondamment pourvue en grains qu’on avait apportés de toutes parts, celles de Turenne et Hocquincourt s’efforcent, en vain, d’investir la ville, dévastant les campagnes au sud du Hurepoix. Le 4 mai, les combats font rage, et l’armée du roi fait 1500 prisonniers. Celle de Condé subit de nombreuses désertions, alors que ses fourragers allemands se font massacrer par les paysans de la région. Jusqu’au 7  juin, les deux armées se font face, dévastant les environs d’Étampes. Ensuite, Turenne remonte vers Paris, portant les ravages dans les campagnes du sud de la capitale. « Le prince de Condé, et les ducs de Beaufort et de Nemours, qui s’étaient tous rendus à Montargis avec leurs troupes après le combat de Bléneau, laissant leur armée sous la conduite de leurs lieutenants généraux […], se résolurent de faire approcher leurs troupes […] et la nuit du 21e  jour d’avril toute cette armée, qui commençait à souffrir beaucoup, faute de pain, et qui n’avait subsisté que par l’abondance du vin qu’elle avait trouvée dans les ports de Montargis, décampa et prit sa marche vers Paris, pour s’y rendre au plus tôt, si elle n’en eût été empêchée par elle du roi, qui était aussi en marche le long de la rivière d’Yonne et de Seine pour prendre le devant. « L’armée du roi s’étant remise en bataille, sur les quatre heures du soir, reprit son chemin pour s’en retourner par la même plaine qu’elle étoit venuë, emmenant plus de quinze cent prisonniers, avec de très amples, et riches depouïlles. Elle alla camper aux environs d’Estrechy, et deux jours après elle arriva à Palaiseau » (Fleureau, 267-283). Au sud de Paris entre trois armées (fin avril-fin octobre) Désormais ce sont les proches environs de Paris qui sont dévastés. Dans un quadrilatère compris entre Chevreuse, Paris, Yerres et Corbeil, les campagnes du Hurepoix sont à la merci des soldats de Turenne et Condé, auxquels s’ajoutent, sur la rive droite de la Seine, ceux du duc de Lorraine. ” « Cette armée campa à Estrechy, passa  le lendemain  la rivière d’Estampes et alla camper à Itteville prés de la Ferté-Alais, où elle séjourna jusques à ce qu’elle en partit pour aller à Villeneuve Saint-Georges sur la rivière de Seine, charger les troupes du duc de Lorraine, comme je diray dans la suite, et quelle fut la cause de la levée du siège, lequel si on eut continué encore huit ou dix jours, sans doute que les assiegez eussent esté contrains de se rendre, non pas faute de vivres pour les hommes, mais faute de fourrage pour les chevaux. […] « Le duc Charles de Lorraine avoit accoûtumé de faire tous les ans, un traité avec les Espagnols en Flandres, et de s’obliger à les servir moiennant une somme, dont ils convenoient au commencement de chaque campagne. Il s’obligea donc au commencement de l’année 1652, d’entrer en France, et de venir faire lever le siège d’Estampes, pour dégager leurs troupes. Son armée étoit composée de quatre mille hommes de pied, et de cinq mille chevaux avec quelques pièces d’artillerie. Il prit 532

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sa marche par la Champagne, pour passer la rivière de Seine au-dessus de Paris » (Fleureau, 267-283). ” Dès la fin avril les campagnes se ressentent des pillages. Le 29, le village d’Athis-sur-Orge en est victime (Thoulouse II, 336-350). Du 6 au 26 mai, lorsque Turenne et Hocquincourt campent à « Palaiseau, Champlan et lieux circonvoisins », c’est « à la ruine et désolation de tout le pays » (BMS Champlan). Mourir à Villeneuve-Saint-Georges ” Des semaines durant, les habitants se réfugient dans l’enceinte des châteaux de la région (Ablon, Chilly, Savigny, Marcoussis) où ils s’entassent, dans des conditions d’hygiène déplorables, dans les communs. À Villeneuve-Saint-Georges, où la mortalité s’élève de juin à novembre, les mois de septembre et octobre enregistrent une hécatombe (plus de 200 morts sur les 423 de l’année) : aux villageois et aux réfugiés (de Valenton, Vigneux et des environs) s’ajoutent les « gens suivant l’armée » qui succombent pendant les combats. Quand ils sont reconnus comme catholiques, leur décès enregistré. Sont inhumés alors des valets, « goujats » et palefreniers, qui assurent les services des troupes mais aussi vivandiers, boulangers et bouchers, qui en assurent l’intendance et même des soldats et quelques officiers. Dans le désastre, quelques femmes laissent leur vie, soulignant, encore, le caractère hétéroclite de ces populations nomades qui accompagnent les armées de mercenaires(BMS). Dévastations en plaine de France et en vallée de Montmorency Les stationnements de troupes puis le chassé-croisé des troupes de Condé et de Turenne, et enfin l’arrivée du duc de Lorraine, sèment la terreur aussi au nord et au nord-ouest de la capitale. Les campements des armées de Turenne à Deuil-laBarre (juillet), au Thillay et à Vémars (août) et du duc de Lorraine à Claye-Souilly (juin), Aulnay-sous-Bois et Villepinte (octobre) mettent le plat pays en coupe réglée. ” Dès le 12 mars, les portes de l’église de Montmorency sont fracassées, les fonts baptismaux détruits, et le cimetière maculé de traces de sang, restées « des plaies que les soldats se firent l’un à l’autre partageant le butin qu’ils avaient fait en l’église » (AD 95, B 1091, d’après Florent Mérot). ” Le 12  mai  : « sur une heure après midi du même jour, toute l’armée du roi parut du côté de Villetaneuse et d’Épinay. Cette armée était composée de 800 chevaux et 400 fantassins… Cette armée était proche d’Argenteuil et s’en allait à Saint-Cloud pour combattre les gens des Princes qui s’y étaient retranchés » (Livre des choses mémorables de l’abbaye de Saint-Denis…, 357). ” Août : plus un seul pigeon au Thillay : « L’armée est venue camper au Thillay pendant quinze jours […]. Le sieur de Balbécourt, l’un des généraux de ladite armée, était logé dans la ferme de la Mothe avec tous ses gens et domestiques. Tous ces domestiques, laquais, palefreniers, cochers, ont dérobé les pigeons du colombier. Pour prendre plus facilement les pigeons, ils les ont enfermés avec du feu et de la paille : il n’est pas resté un seul pigeon. » En octobre 1652, les Lorrains, campés à Aulnay, viennent piller Le Thillay, prenant le reste des pigeons (AD 95, B 16, 1662-1665, information du 25 juin 1665). 533

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” Août  : campement des armées du roi à Vémars. « Les habitants [de Vémars]

n’ayant point de deniers commungs et estans pressez de trouver de l’argent pour les nourritures et payement de garde des maréchaulx de Turenne et de la Ferté », passent procuration à Jacques Guérin pour emprunter 450 livres à intérêt auprès du Bureau des pauvres de la ville de Senlis (AD 95, B Gonesse 220, 20 octobre 1658, compte rendu par Jacques Guérin). ” 28  juin  : « environ une heure après midi toutes les deux armées, du moins l’avant garde, arriva autour de la ville de Saint-Denis où, ayant surpris dans les villages voisins presque tout le monde, firent des désordres qui ne sont pas croyables. Le moindre fut qu’ils enlevèrent et volèrent tout ce qu’ils rencontrèrent » (Livre des choses mémorables de l’abbaye de Saint-Denis, 408-409). ” 1er au 17 juillet 1652 : Turenne installe son état-major à Deuil, au lieu-dit La Barre, à proximité immédiate des axes de communication avec Paris. Les habitants de la vallée de Montmorency sont mis à contribution pour assurer le ravitaillement du « camp de La Barre ». « Les gens de guerre font paître les prés de foin de Bourgogne […] à leurs chevaux » (AD 95 B 1095, enquête du 26  mai  1653 d’après Mérot, 110). Le 15 juillet, Turenne apprend l’arrivée de l’armée espagnole et part pour Pontoise le 17. Saint-Leu-la-Forêt dans la tourmente (28 juin-novembre 1652) La chute de la masse imposable est le premier dommage public que la Fronde suscite pour plusieurs années. Soucieux de rétablir la situation au plus vite, des commissaires royaux de l’élection de Paris viennent sur place mesurer les désastres. La paroisse de Saint-Leu, composée de 250 feux, et pourvue d’un finage de 400 arpents de terre labourable et de 700 à 800 pieds de vignes, a perdu plus du quart de sa population et les trois quarts de sa récolte ordinaire. Tout s’est joué en quelques mois, au cours de l’été et au début de l’automne 1652. L’attitude des victimes, soucieuses de protéger leurs biens meubles dans l’église du village, fait apparaître en pleine lumière, tout près de Paris, les réalités ordinaires que les campagnes du Nord et du Nord-Est ont subies depuis des décennies. ” « Environ la fin du mois de juin dernier, l’armée de Sa Majesté estant venu camper à La Barre et autres lieux circonvoisins, qui ne sont distans dudit SainctLeu que de deux lieues, il s’y destacha plusieurs gens de guerre la veille de SainctPierre (28 juin) qui vinrent audit lieu où ilz surprirent lesdicts habitans qui avoient encore leurs vaches et bestiaux qui leur furent pris et emenez au camp. « Et ensuitte lesdicts habitans s’estant resfugiez en ladicte églize et voyant qu’une partie de ladicte armée estoit venu pour les foins, ilz furent obligez pour sauver leurs vies de sortir de ladicte églize, laquelle lesdicts gens de guerre forcerent apres avoir rompu les portes ainsy que l’avons peu recognoistre par les reffections qui y ont esté faictes, rompirent hachèrent et brisèrent tous les coffres, armoires et buffetz que lesdicts habitans y avoient portez, emporterent tous les linges, vaisselles et habits, hardes, lictz couvertures et autres meubles qui y estoient […]. « Que outre les pertes cy dessus lesdicts habitans en souffrent une tres grande par ce que les présente anneé pour n’avoir eu des chevaux ilz n’ont pu labourer et semer que quelque vingt arpens de bleds au lieu de six vingt arpens quilz ont 534

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coustume de semer et n’ont labouré que quelque quarante arpens pour semer en mars au lieu de pareille quantité qu’on avoit de coustume de faire. De plus que faulte de monde, il demeure et demeurera a tailler et labourer quantité de vignes tellemant que lorst des vendanges prochaines ilz ne peuvent pas esperer grandes recoltes […]. « Et pour nous informer du nombre des morts de ladicte paroisse depuits le premier janvier mil six cens cinquante deux jusques a present, nous sommes transportez en la maison de maistre Philipes de Mouchy curé dudict lieu, lequel avons requis de nous vouloir representer le registre et livre mortuaire de ladicte paroisse, ce qu’ayant faict, avons par icelluy recognu que depuits ledict jour premier janvier jusques a présent, il est deceddé audict lieu cent soixante-dix personnes, du nombre desquelz avons recognu par la confrontation au roslle de l’année 1651 qu’il y en a 75 chefs de famille et taillables [sur 250 feux], ce que ledict sieur curé nous a affirmé véritable, et qu’outre le nombre cy-dessus il sçait qu’il est encore deceddé plusieurs autres personnes dudict Sainct-Leu qui s’estoient retirez tant à Ponthoise, Méry, Beaumont, Auvers et autres lieux pour éviter les ermantz des gens de guerre » (Archives Chantilly, 1BA47, procès-verbal de la visite de SaintLeu-lès-Taverny, 26 mars 1653, d’après Florent Mérot). Une crise démographique séculaire Autour de Paris, les ravages de la Fronde et la poussée des épidémies (peste et typhus) provoquent la plus grave crise démographique de tout le xviie siècle. Au sud de la capitale, pour une dizaine de paroisses rurales placées dans l’œil du cyclone (Athis, Brétigny, Champlan, Chilly, Épinay-sur-Orge, Évry, Morangis, Montlhéry, Savigny et Soisy-sur-Seine), la mortalité atteint un indice 538 (par rapport à la moyenne 1632-1641) et l’intensité de magnitude, sur l’échelle de Jacques Dupâquier, culmine à 5 (« super-crise »). Août, avec 350  morts, marque un sommet vertigineux, quinze fois supérieur à la moyenne (Moriceau, 1980). Au nord, et presque au même moment, l’hécatombe est comparable : 234 morts à Chelles (Val-de-Marne) ; 116 à Messy-en-France (Seine-et-Marne), dont 108 d’août à décembre ; 115 morts à Monthyon ; 29 juillet-9 novembre : mortalité à Bobigny. Pour Annet-sur-Marne, un « Estat des personnes de ma paroisse d’Annet qui sont morts depuis le 3e  de juin  1652 auquel jour, l’armée du duc de Lorraine, campa à Claye, jusques aux environs de Pasques de l’année suivante 1653 » indique 255 morts ! (BMS Annet-sur-Marne). À Compans-la-Ville, le curé reconnaît que depuis le passage de l’armée lorraine, « il en est mort plus grand nombre de maladies causées en partie par la disette des deux années précédentes, en partie par la malignité de l’air et de l’infection des deux campements de l’armée » (BMS Compans, Seine-et-Marne). En dehors des campagnes parisiennes, la crise touche plusieurs provinces de l’intérieur du royaume. À Toury, en Beauce, par rapport à la décennie 1650-1659, la hausse des décès atteint + 279 % (Constant, 9). En Bourgogne, la fièvre pourprée ou « fièvre des armées » correspond au typhus exanthématique à la suite des armées (Roupnel, 1955). 535

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Au sud du Berry, près de la place forte dont Condé dispose à Saint-AmandMontrond, la mortalité est si grande que les cadavres sont enterrés sur place. Sur les 315 décès qu’enregistre le curé de Lignières (Cher) pour 1652, bon nombre tiennent à des réfugiés de Saint-Amand-Montrond et des paroisses environnantes : « J’avertis le lecteur que voilà 71 corps que j’ai inhumés en ce mois [juillet] que plusieurs corps ont été ensépulturés dans les chemins, proche les croix, par des villageois qui ne veulent prendre la peine de les ensevelir, ni faire les fosses dans le cimetière ; que parmi tous ces lieux circonvoisins, le peuple meurt plus fréquemment que dans ma paroisse. Au reste j’atteste que je n’y ai connu aucune maladie contagieuse ». « Nota qu’en cette année la disette du blé a été grande, ayant valu jusques a 55 sous le boisseau seigle. Les pauvres étaient fréquents en ces lieux, qui ne se pouvait voir chose plus pitoyable, mangeant des troncs de choux. Les fermiers du prieuré de Saint-Hilaire donnaient du pain jusques à 5 000 personnes par jour. Les pauvres mouraient dans les rues. Il en a été ensépulturé 11 et 12 par jour à Saint-Hilaire. J’en ai ensépulturé par jour jusques à cinq personnes » (AD 18, BMS Lignières). Un spectacle apocalyptique Même si depuis Octave Feillet, il est impossible d’ignorer les conséquences matérielles et humaines de la Fronde dans les campagnes, elles restent souvent traitées allusivement dans les récits sur les événements de 1652. Pourtant, jamais les élites du royaume n’avaient été confrontées à un tel degré de misère aux portes de la capitale. Dans ce combat inégal entre puissants et misérables, les environs de Paris imposent aux notables de la grande ville des scènes qui souvent leur échappent. L’immensité de la détresse provoquée par l’enchaînement des trois fléaux de l’apocalypse (guerre, peste et famine) est si grande qu’elle suscite un premier appel général à la charité. L’archevêque de Paris rassemble toutes les énergies. En tirant les leçons des rapports désastreux qui lui parviennent (les « Relations »), il dresse un premier bilan à la fin octobre 1652. « Les lieux, villages et hameaux déserts et destitués de pasteurs ; les rues et voisinages infectées de charognes, puanteurs et de corps morts exposés. Les maisons sans portes, fenêtres, cloisonage, et plusieurs sans couvert ; et toutes réduites en cloaques et étables. Toutes les femmes et filles en fuite, et les habitants restés sans meubles, ustensiles, vivres et destitués de tout secours spirituel et temporel. Mais surtout les malades languissants, moribonds et mourant sans pain, viande, remèdes, feu, lits, linge, couverts, et sans prêtre, médecin, chirurgien, ni aucun pour les soulager […]. « Les uns ont été vus enfouis la nuit dans des fumiers comme des bêtes, et s’exposant le jour au soleil pour en recevoir la chaleur, déjà tout remplis et pénétrés de vers et morts auparavant que de mourir […]. « À Villeneuve-Saint-Georges, il y a 50 ou 60 malades, dont l’on donne du potage à quelque 25 ou 30 des Charités de Paris. À Crosne, 20 ou environ ; Montgeron, 16 ou 17 ; il n’y a point de curé. Valenton, 15 ou 16 ; point de curé. Limeil, 10 ou 12. Brévannes, 6 ou 7. Boissy, 10 ou 12 ; point de curé. [Tous sont victimes] de maladie d’inanition, de corruption, d’infection, de fièvres pourpreuses, tierces et 536

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doubles tierces, dysenteries, flux de sang, et une autre qu’ils appellent « emprainte », vers le canton de Brie [-Comte-Robert], qui en moissonne quantité, et sont réduits jusques à ce point de ne pouvoir plus manger de pain, de sorte que faute de viandes, bouillons et autres remèdes, ils meurent de faim auprès du pain, qui est un autre genre de mort, toute extraordinaire. « De l’autre côté de la rivière, il y a seulement 400 malades, à Savigny, dans les greniers, caves et étables, la plupart moribonds, faute de soutien […]. À Brétigny, 12 ; il n’y a pas de draps seulement pour ensevelir les morts. […] À Orangis, tous les habitans sont morts, le tabernacle s’est trouvé ouvert, et une hostie restée dans un ciboire d’étain. À Fleury, les saintes hosties ont été trouvées sur le carreau. Dans Juvisy, il y a des désordres sans nombre. À Corbeil, tous les pauvres réfugiés de la campagne y meurent de faim, pour ne trouver aucun secours dans la ville, qui est un hôpital général, les habitants étant eux-mêmes ruinés de toutes parts. À Étiolles, les maisons sont autant d’étables, les habitants autant de malades, et les malades autant de moribonds : les Missionnaires en enterrent tous les jours […]. « Tout le voisinage de Gonesse universellement pillé, les églises prophanées. À Villiers-le-Bel, Pantin, Saint-Gervais, Bondy, d’autres désordres que le papier ne peut souffrir […] Des orphelins partout, et des enfants abandonnés, qui n’ont plus que la charité pour mère ; il y a bien en ce canton 150 malades, et dans tous les cantons ensemble plus de 12 ou 1500 malades par estime, qui vont tous les jours mourant de faim, et dorénavant de froid, et en mourant ne retranchent pas le nombre, parce que de nouveaux moribonds succèdent en leur place à cause de l’infection de l’air contre laquelle on ne se peut garantir. […] « Pour le soulagement général de tous les pauvres de ces cantons […] l’on a conçu un généreux et pieux dessein […] qui est d’avoir dans chaque paroisse un magasin général chez monsieur le curé, où les paroissiens, ou tous ceux qui seront touchés de cette œuvre, apporteront ce qu’il leur plaira du superflu ou de nécessaire qu’ils peuvent avoir de toutes les commodités de la vie, comme blé, farine, beurre, lard, vin, huile, sel, chandelle, luminaire, charbon, vieux habits, soutanes et longs manteaux pour les curés, linge, serviettes, chemises, bonnets, chaussures, souliers, chapeaux, paillasses, couvertures, vieux meubles, tables, bancelles, armoires, vaisselles, écuelles, marmites, serpes pour occuper du bois, pics et houes pour faire les fosses et enterrer les morts, qui est l’une des plus grandes peines des Missionnaires, parce qu’il faut gratter la terre avec la main pour faire les fosses, et porter les morts sur des échelles qu’à peine encore peut-on rencontrer : bref, toutes autres sortes d’ustensiles de ménage, bons ou mauvais, vieux ou neufs, parce que généralement tout manque et que l’on a besoin de tout » (État sommaire, 20 au 25 octobre 1652). Des profiteurs de la guerre ? Perrin invite son ami Colas à profiter de la guerre civile, en suivant l’armée des Princes pour profiter des rapines. « Quand nous serons à la guerre, on nous fera notre cuisine… il faut pêcher en eau trouble. » Ce discours est l’un des rares exemples de l’esprit de profit attaché à certains ruraux qui font partie des « suivans d’armée » pour participer au pillage des campagnes. L’auteur – sans doute le poète 537

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Sarasin – place dans la bouche de ces deux Normands un patois authentique, qui semble être le parler de l’ouest de la Basse-Normandie. « Quand je seron a la guerre o nous feret note chuesine je l’envirion a querbert du blaid [voler des gerbes] vechin la saison il faut paisquie quand l’iau est treuble. Y veux tu veni ? tout de bon, nous ne sommes pas pus amord a la guerre l’un que l’autre mais nous ne nous trovérons pas es cous [aux coups] nous n’yrons peit devant, qui tro se hastit cauda et pieds i lifera bon que i liera bien du monde nous iron deriere, cheux de devant nous feron ombre, y rechevront les cous de harquebouse, y nous faut fere le bados [le sot] et la cattemitte que me je ray dééja di thi itro se hasi sé cauda, et pieds que me dit l’autre, pieds qu’enchin est que je siémes du costay de Monsueurs les Prinches » (Bougy, HSR 6, 1996, 158-159, l. 90-98). Dans les bois de Chevreuse : la révolte de Sauvegrain

” L’été 1652, un laboureur de Milon-la-Chapelle (Yvelines), en vallée de Chevreuse, las de voir les soldats fourrager dans son canton, prend la tête, sous le nom de Sauvegrain, de quelques compagnons bien résolus qui attaquent tous les pillards. Le familier de Port-Royal auquel nous devons ce récit, rapporte que, la guerre finie, il rentra sans la moindre peine, dans son premier état de laboureur (Jacquart, La Crise rurale, 672). « Je ne saurais m’empescher de parler icy, en passant, d’un paysan de ce canton, qui, après avoir longtemps mené la charrue, devint fameux à l’occasion de cette guerre, semblable en quelque façon à ces anciens dictateurs, qui, de la queue de la charuë, alloient prendre froidement la conduite des armées romaines. C’étoit un grand homme, bien pris dans sa taille, assez bien fait, quoique paysan et laboureur de profession, il avait naturellement le cœur et la teste d’un grand capitaine. « Comme il se vit exposé au commencement de cette guerre à perdre tout, et que la campagne étoit pillée tous les jours par les troupes des deux partis, selon qu’elles se trouvoient tantost en un lieu, tantost en un autre, il songea à se sauver dans les bois de Chevreuse et des environs, avec le peu qu’il avoit. Étant d’un village, qu’on nomme Milon, il inspira le même dessein à plusieurs de ses camarades : et résolu de se défendre contre les insultes des cavaliers et des soldats, il prit luy même les armes, et les fit prendre à beaucoup d’autres de sa connoissance. Enfin il composa une compagnie de païsans, tous bien armez et très résolus, qui le choisirent pour leur capitaine, remarquant en luy beaucoup de conduite, de résolution et de présence d’esprit, dans toutes les occasions qui se présentoient. Il prit le nom de Sauvegrain, marquant par ce nom-même qu’il n’avoit dessein que de sauver et les bleds et les autres grains de la campagne  : et sa compagnie étoit connue souz le nom de Milonnois. D’abord ils étoient à pied ; et ensuite ils trouvèrent le moyen d’en monter plusieurs d’entre eux. Et avec cette cavalerie et cette infanterie, le capitaine Sauvegrain devint si furieux, et se rendit si redoutable, que les troupes du roy craignoient de passer aux environs, ou de s’écarter du corps, et que le maréchal de Turenne envoya dire au duc de Chevreuse, de la part du roy, de donner ordre que ces gens-là se tinssent dans leur devoir, se contentassent d’empescher qu’on ne les pillast […]. 538

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« Ceux qui étoient venus pour piller se voyoient eux-mêmes pillez et dévalisez, tant la terreur de ce brave homme avoit fait d’impression sur les soldats. Il mit à couvert de cette sorte plusieurs hameaux et paroisses et il donnoit de ses gens pour accompagner les convois, chacun se tenant en sûreté, sous la protection d’un homme, dont le nom seul sembloit tenir lieu de sauvegarde. » (Mémoires de Pierre Thomas, sieur du Fossé, concernant l’histoire de sa vie et pour servir à l’histoire de Port-Royal, I, 225-228). Épilogue à la Fronde : l’arrivée de la Bête du Gâtinais

~ De juin à novembre  1652  : l’odeur des cadavres sans sépulture attire, entre

Étampes et La Ferté-Alais, quelques loups nécrophages qui passent, les soldats partis, à l’anthropophagie. L’ampleur des destructions laissées par la Fronde est telle qu’elle suscite, tout près du théâtre des opérations, l’apparition d’un nouveau fléau dans les campagnes : la « Bête du Gâtinais » (Moriceau, 2007, 111-115). « Cette ville [Étampes] est entourée de corps morts ; ce qui reste dans des maisons en ruines a la peau collée sur les os, et rien pour les soulager […]. Les cimetières sont trop petits pour recevoir les corps ; les loups commencent à y chercher leur pâture, et sont déjà si affamés du sang de l’homme, qu’une bête court par les villages et a dévoré trois femmes » (Relations, d’après Feillet, 412 et Revue de Paris 1856, 282). « Il est ici nécessaire de laisser ici par écrit, s’il était possible de la faire, le nombre des enfants, petits et grands, femmes, même fortes et grandes, que deux bêtes farouches, loups ou louves, qui avaient mangé des corps morts au siège de la ville d’Étampes l’année 1652, [dévorèrent] à Videlles, Mondeville, Moigny, Courances, Dannemois, Soisy, Boutigny, La Ferté-Alais, Saint-Germain, Courdimanche et jusque près de Milly, et quantité d’autres paroisses que je ne nomme pas. Il y eut bien 3 ou 400  personnes mangées, dévorées, mises en pièces. Cela dura trois ou quatre années » (AC Videlles, BMS, année 1654).

Sources et bibliographie En dehors des sources manuscrites puisées directement dans les archives – et indiquées dans le corps du texte (essentiellement Archives départementales et nationales) –, le substrat documentaire de cet ouvrage comporte trois strates complémentaires. La première, fondamentale, repose sur les sources éditées et d’abord les écrits du for privé (chroniques, journaux et mémoires, livres de raison, recueils de notes)  : elle révèle l’immense travail d’érudition des historiens régionaux et des spécialistes. La seconde strate tient à la remarquable prospection régionale liée aux thèses et aux monographies qui couvrent, inégalement, l’ensemble de l’Hexagone  : seuls ces travaux assurent une connaissance approfondie des archives et des questions d’histoire rurale qui ont d’abord touché un espace circonscrit et clairement identifié. La troisième strate rassemble les publications thématiques, synthèses ou articles, qui éclairent des aspects particuliers de l’histoire des campagnes à partir de questionnements suggestifs. Dans le premier et le dernier volet, le lecteur s’en rendra compte, les contributions apportées, depuis un quart de siècle, par la revue Histoire et Sociétés rurales (HSR), occupent une place privilégiée. Au demeurant, l’exhaustivité étant impossible, et l’égalité de traitement de toutes les régions, illusoire, des choix ont été faits : ils s’efforcent néanmoins d’offrir une vision équilibrée et diversifiée des « vingt paysanneries contrastées », sans négliger les autres « gens de village », clercs, nobles, administrateurs, artisans et commerçants.

1. Sources imprimées et recueils de sources Chroniques, journaux et livres de raison Aubert, abbé, « Notes extraites de trois livres de raison de 1473 à 1550. Comptes d’une famille de gentilshommes campagnards normands », Bulletin historique et philologique du CTHS, 1898, 447-499 [Les Perrotte de Cairon]. Aubrion, Journal de Jean…, bourgeois de Metz (1465-1512), éd. Lorédan Larchey, 1857. Aulanier, Hugues, Moi, Hugues Aulanier. Journal de l’abbé Aulanier, curé du Brignon (1638-1691), t.  II, 1641-1650, et III, 1651-1655, éd. Sylvère Heuzé, dir. Yves Soulingeas et Martin de Framond, 1987 et 1990 ; ms du t. I, AD 43, en cours d’éd. Austry, Raymond d’, Livre de raison de Raymond d’, Bourgeois et marchand de Rodez (1575-1624), éd. Antoine Debat, Archives historiques du Rouergue, xxiii, 1991. Auton, Jean d’, Chroniques de Louis XII, éd. Jacob, 3 vol., 1834-1835. Baluze, Le livre de raison des…, Registre domestique et chronique tulloise (1564-1641), éd. Louis Guibert, extrait du Bulletin de la Société des Sciences, Lettres et Arts de la Corrèze, 1887. Basin, Thomas, Histoire de Charles VII, éd. et trad. Charles Samaran, 1933. Battereau, Jean, Chronique de Bourges, (1467-1506), éd. 1882. Bauchez, Jean, greffier de Plappeville au XVIIe  siècle, Journal de…, éd. Charles Abel et Ernest de Bouteiller, 1868. Bessot, Livre de raison de Pierre de… (1609-1652), contrôleur en l’élection de Périgord, extrait du Bulletin de la Société du Périgord, 1893. Bigot, Dom Cassien, Journal de…, prieur de l’abbaye de Longeville, Recueil de documents sur l’histoire de Lorraine, éd. Marchal, 1869.

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SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE Boyer, Jean-Paul, Hommes et communautés du haut pays niçois médiéval : la Vésubie (XIIIe-XVe siècle), 2 vol., 1990. Brunet, Serge, Les Prêtres des montagnes. La vie, la mort, la foi dans les Pyrénées centrales sous l’Ancien Régime, 2001. Buffévent, Béatrix de, L’Économie dentellière en région parisienne au XVIIe siècle, 1984. Cabourdin, Guy, Terre et hommes en Lorraine (1550-1635). Toulois et comté de Vaudémont, 1977. Caillard, Michel, « Recherches sur les soulèvements populaires en Basse-Normandie (1620-1640) », Cahier des Annales de Normandie, 3, 1963. Carrier, Nicolas, La Vie montagnarde en Faucigny au Moyen Âge. Économie et société (fin XIIIe-début e XVI  siècle), 2001. Cesarini, Roxane, Étude de l’économie pastrale d’une communauté de alpes du Sud à la fin du Moyen Âge. Tende, au regard des sources archéologiques et historiques, mém. M2, 2016, univ. Aix-Marseille. Chabrol, Jean Paul, Les seigneurs de la Soie. Trois siècles de la vie d’une famille cévenole (XVIee XIX  s.), 1994. Charbonnier, Pierre, Une autre France. La seigneurie rurale en Basse-Auvergne du XIVe au XVIe siècle, 1980. Chareton, Victor, La Réforme et les guerres civiles en Vivarais (1544-1632), 1913. Chaudré, Christian, Les seigneuries du chapitre de Notre-Dame au sud de Paris (1436-1500), mém. Maîtrise Paris I, 1980. Chaussat, Alain-Gilles, La population du Massif armoricain au crible du sarrasin (XVIe-XXe siècle), 2017. Clouard, Émile, Les gens d’autrefois. Riom aux XVe et XVIe siècles, 1910. Colombet-Lasseigne, Claude, Les hommes et la terre en Forez à la fin du Moyen Âge. La seigneurie rurale face aux crises des XIVe et XVe siècles, 2006. Conesa, Marc, D’herbe, de terre et de sang. La Cerdagne du XIVe au XIXe siècle, 2012. Constant, Jean-Marie, Nobles et Paysans en Beauce aux XVIe et XVIIe siècles, 1981. Croix, Alain, La Bretagne aux 16e  et 17e siècles. La vie, la mort, la foi, 1981. Croix, Alain, Nantes et Le Pays Nantais au XVIe siècle. Étude démographique, 1974. Darnault, Monique et Bertrand, La vie quotidienne d’une communauté familiale agricole en Champagne berrichonne. L’histoire des Darnault, 2011. Delisle, Léopold, Études sur la condition de la classe agricole et l’état de l’agriculture en Normandie au Moyen Âge, 1851. Delleaux, Fulgence, À la recherche des mutations agircole. Économie et société dans les campagnes du Hainaut français de Louis XIV à la Révolution, thèse d’histoire, université de Caen-Normandie, 2006. Delsalle, Paul, Des paysans au temps de la poule au pot (1580-1635), 2016. Delsalle, Paul, « Du lard et du cochon dans les campagnes comtoises, vers 1500-1635 », À la table des Bourguignons du comté (XIIIe-XVIIIe siècle), 2017, 111-129. Desplat, Christian, La guerre oubliée. Guerres paysannes dans les Pyrénées (XIIe-XIXe siècle), 1993. Diedler, Jean-Claude, Démons et sorcières en Lorraine de 1550 à 1660, 1996. Dion, Roger, Le Val de Loire. Étude de géographie régionale, 1932. Dontenwill, Serge, Une Communauté rurale sous l’Ancien Régime : L’Étoile en Brionnais du XVIe au XVIIIe siècle (1575-1778), 1973. Drouot, Henri, Mayenne et la Bourgogne. Étude sur la Ligue (1587-1596), 1937, 2 vol. Du Besset, Charles, Trois siècles de vie rurale, économique et sociale en Haut-Vivarais (1600-1900), 1944 (rééd. : 2004). Dumasy, Juliette, Le feu et le lieu. La baronnie de Séverac-le-Château à la fin du Moyen Âge, 2011. Durand, Georges, Vin, vigne et vignerons en Lyonnais et Beaujolais (XVIe-XVIIIe), 1979. Édeine, Bernard, La Sologne. Contribution aux études d’ethnologie métropolitaine, 1974-1975. Favier, René, Les Villes du Dauphiné aux XVIIe et XVIIIe siècle, 1993. Febvre, Lucien, Philippe II et la Franche-Comté. Étude d’histoire politique, rleigieuse et sociale, 1912. Ferté, Jeanne, La Vie religieuse dans les campagnes parisiennes (1622-1695), 1962.

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LA MÉMOIRE DES CROQUANTS Foisil, Madeleine, Le sire de Gouberville, 1981 (avec préface de Pierre Chaunu). Foisil, Madeleine, La révolte des Nu-pieds et les révoltes normandes de 1639, 1970. Fourquin, Guy, Les Campagnes de la région parisienne à la fin du Moyen Âge, 1964. Gallet, Jean, La seigneurie bretonne (1450-1680). L’exemple du Vannetais, 1983. Gangneux, Gérard, Économie et Société en France méridionale (XVIIe-XVIIIe siècle). Les Grand Prieurés de Saint-Gilles et de Toulouse de l’ordre de Malte, 1973. Garnier, Emmanuel, Terre de conquêtes. La forêt vosgienne sous l’Ancien Régime, 2004. Germain, René, Les campagnes bourbonnaises à la fin du Moyen Âge, 1984. Gili, Éric, Dans l’ordre des choses… Saint-Martin-Vésubie au temps des notables (XVIe-XIXe  siècle), 2011. Girardot, Alain, Le droit et la terre. Le Verdunois à la fin du Moyen Âge, 1992. Glomot, David, « Héritage de serve condition », une société et son espace. La Haute Marche à la fin du Moyen Âge, 2013. Goubert, Pierre, Beauvais et le Beauvaisis de 1600 à 1730. Contribution à l’histoire sociale de la France du XVIIe siècle, 1960. Graziani, Antoine-Marie, La violence dans les campagnes corses du XVIe au XVIIIe siècle, 2011. Graziani, Antoine-Marie, et Stromboni, José, Les Feux de la Saint-Laurent. Une révolte populaire en Corse au début du XVIIe siècle, 2000. Guérin, Isabelle, La vie rurale en Sologne aux XIVe et XVe siècles, 1960. Guillemet, Dominique, Les Îles de l’Ouest, de Bréhat à Oléron, du Moyen Âge à la Révolution, 2000. Guillorel, Éva, La complainte et la plainte. Chanson, justice, cultures en Bretagne (XVIe-XVIIIe siècle), 2010. Gurvil, Clément, Les Paysans de Paris du milieu du XVe au début du XVIIe siècle, 2010. Hermann, Anny, Gaillargues au XVIe  siècle. Une communauté languedocienne à la veille de la Réforme d’après le registre des consuls, 1536-1553, 1999. Imberdis, André, Histoire des guerres religieuses en Auvergne pendant les XVIe et XVIIe siècles, 1840, 2 vol. Jacquart, Jean, La Crise rurale en Île-de-France (1550-1670), 1974. Jacques-Chaquin, Nicole, et Préaud, Maxime, éd. Les sorciers du carroi de Marlou. Un procès de sorcellerie en Berry (1582-1583), 1996. Jambu, Jérôme, Tant d’or que d’argent. La monnaie en Basse-Normandie à l’époque moderne (XVIee XVIII  siècle), 2013. Jaudon, Bruno, Les Compoix de Languedoc. Impôt, territoire et société du XIVe au XVIIIe siècle, 2014. Julien-Labruyère, François, Paysans charentais. Histoire des campagnes d’Aunis, Saintonge et basAngoumois, 1982. Lartigaut, Jean, Les Campagnes du Quercy après la guerre de Cent Ans (vers 1440-vers 1500), 1978. Latouche, Robert, La Vie en Bas-Quercy du XIVe au XVIIIe siècle, 1923. Lebeau, René, La Vie rurale dans les montagnes du Jura mériodonal. Étude de géographie humaine, 1955. Leguai, André, De la seigneurie à l’Etat. Le Bourbonnais pendant la guerre de Cent Ans, 1969. Le mené, Michel, Les Campagnes angevines à la fin du Moyen Âge (1350-1530), 1982. Le Roy Ladurie, Emmanuel, Les Paysans de Languedoc, Paris, ehess, 1966. Le Roy Ladurie, Emmanuel, Le Carnaval de Romans (1579-1580), 1979. Lebrun, François, Les hommes et la mort en Anjou aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris-La Haye, Moutonephe, 1971. Lemaitre, Nicole, Le Rouergue flamboyant. Le clergé et les fidèles du diocèse de Rodez, 1417-1563, 1988. Litzenburger, Laurent, Une ville face au climat : Metz à la fin du Moyen Âge (1400-1530), 2015. Livet, Georges, L’Intendance d’Alsace sous Louis XIV (1648-1715), 1956. Lorcin, Marie-Thérèse, Les Campagnes de la région lyonnaise aux XIVe et XVe siècles, Lyon, 1974. Lottin, Denis, Recherches historiques sur la ville d’Orléans, 1836. Maguer, Roger, De la cocagne au blé. Pouvoir et espace autour de Castelnaudary de la Réforme à la Révolution, 2003.

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3. Autres publications Alauzier, Louis d’, « Le repeuplement de Trébaïx au xve siècle », Annales du Midi, 1963, 201-213. Alleau, Julien, « Sociétés rurales et chasse aux nuisibles en Haute-Provence. L’exemple du loup (xviie-xviiie siècle) », HSR, 32, 2009, 49-80. André, Ferdinand, « Les ravages des loups en Gévaudan », Annuaire de la Lozère, 1872, p. 3-46. Belmont, Alain, « La pierre et le pain. Les carrières de meules de moulin de Quaix-en-Chartreuse (xvie-xviie siècle) », HSR, 16, 2001, 45-79. Benoist, Serge, « Paysans et protoindustrie en Bourgogne du Nord à l’époque moderne », HSR, 5, 1996, 131-144. Boisson, Didier, « Une communauté protestante au xviiie  siècle. Les vignerons d’Asnières-lèsBourges », HSR, 14, 2000, 37-66. Burri, Sylvain, « Essartage, culture temporaire et habitat en Basse-Provence entre Moyen Âge et première modernité (xiiie-xvie siècle) », HSR, 46, 2016, 31-68. Corriol, Vincent, « Sicut homo liber sui juris. Pratiques et significations de l’affranchissement personnel dans les terres de l’abbaye de Saint-Claude (xive-xvie  siècle) », in Carrier, Nicolas, éd., Nouveaux servages et société en Europe (XIIIe-XXe siècle), 2010. Coulet, Noël, « Mort et résurrection d’un village du pays d’Aix au bas Moyen Âge : Mimet », Provence historique, 256, 2014. Croix, Alain, « L’ouverture des villages sur l’extérieur fut un fait éclatant dans l’ancienne France. Position de thèse », HSR, 11, 1999, 109-146.

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Anthologie des historiens Principaux auteurs cités L’histoire – et l’histoire rurale en particulier – s’est construite essentiellement grâce à quatre ou cinq générations d’historiens. Certains restent connus, d’autres sont injustement oubliés. Bon nombre ont donné lieu ici, en dehors des sources elles-mêmes –  qu’on a voulu abondantes et directement accessibles au lecteur –, à des emprunts spécifiques. Leurs noms, qui apparaissent au fil des années considérées dans ces Chroniques, forment une manière d’anthologie qu’on aura intérêt à parcourir. On y découvrira un cortège de personnalités qui ont œuvré – et qui, pour beaucoup, œuvrent toujours – à l’étude des sociétés rurales, du Moyen Âge au milieu du xviie siècle. Leurs effectifs sont moindres que ceux qui s’intéressent aux époques postérieures, et notamment à la période 1650-1800 : aussi la plupart d’entre eux apparaissent dans ces pages. C’est l’occasion de saisir les perspectives que ces auteurs ont ouvertes et, pour un certain nombre, leur marque de style, qui n’est pas indifférente pour diffuser leur apport. D’une séquence historique à l’autre, ils se donnent le relais. En exhumant des sources et en les analysant, ils jouent le rôle de passeurs. Ils contribuent largement au substrat de ce livre. N-B : Ne figurent ici, vis-à-vis des années pour lesquelles nous en avons extrait des informations, que les auteurs considérés comme marquants pour notre propos ou dont les travaux ont donné lieu à un développement particulier (en gras). Alleau (Julien) Antoine (Annie) Arnoux (Mathieu) Audisio (Gabriel) Baehrel (René) Belmont (Alain) Bercé (Yves-Marie) Bezard (Yvonne) Biraben (Jean-Noël) Bischoff (Georges) Blanc (William) Boehler (Jean-Michel) Bois (Guy) Bonnemère (Eugène) Bonzon (Anne) Bottin (Jacques) Boutruche (Robert) Bouyssou (Léonce) Boyer (Jean-Paul) Braudel (Fernand) Brumont (Francis) Brunet (Serge) Buffévent (Bétrix de) Cabourdin (Guy) Carrier (Nicolas) Carrière (Victor)

1632 1580 1489 1466, 1474, 1495, 1540 1603 1471, 1559, 1574 1594, 1595, 1624, 1627, 1628, 1636, 1637, 1643 1457, 1463, 1465, 1468, 1470, 1476, 1483, 1484, 1492, 1493, 1500, 1511 1438-1652, passim 1493, 1525 1458, 1480 1649 1435, 1464 Introduction, 1498 1644 1626 1450, 1459 1453 1442, 1473, 1476 Introduction, 1567, 1599 1541 1513, 1629 1648 1460, 1504, 1517, 1521, 1535 et passim 1456, 1481, 1492 1563, 1568, 1774, 1576, 1586

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LA MÉMOIRE DES CROQUANTS Cassan (Michel) Caucanas (Sylvie) Charbonnier (Pierre) Chaussat (Alain-Gilles) Chevalier (Pierre) Colombet-Lasseigne (Claude) Constant (Jean-Marie) Coulet (Noël) Croix (Alain) Dareste de la Chavanne (Antoine) Delisle (Léopold) Delleaux (Fulgence) Delsalle (Paul) Desplat (Christian) Devèze (Michel) Diedler (Jean-Claude) Dontenwill (Serge) Drouot (Henri) Dumasy (Juliette) Dupâquier (Jacques) Durand (Yves) Febvre (Lucien) Feillet (Alphonse) Ferrières (Madeleine) Foisil (Madeleine) Follain (Antoine) Fourquin (Guy) Gandilhon (René) Garnier (Emmanuel) Gautier (Michel) Gérardin (Emmanuel) Germain (René) Gili (Eric) Girardot (Alain) Glomot (David) Goubert (Pierre) Grand (Roger) Graziani (Antoine-Marie) Guérin (Isabelle) Guillorel (Éva) Gutton (Jean-Pierre) Gurvil (Clément) Jacquart (Jean) Jambu (Jérôme) Jarnoux (Philippe) Jaudon (Bruno) Larguier (Gilbert) Lartigaut (Jean) Latouche (Robert) Le Mené (Michel) Le Roy Ladurie (Emmanuel) Lebrun (François)

1506, 1508 1493 1437, 1438, 1440, 1465, 1470, 1479, 1518 1446, 1460 1454, 1467, 1471, 1472, 1473, 1481, 1482, 1484, 1498, et passim 1436, 1441, 1443, 1482, 1489 1531-1532, 1576, 1591, 1626 1437 1472, 1475, 1521, 1531-1532, 1537, 1562, 1582 1446 1643 1503-1506, 1508, 1515, 1516, 1518, 1520-1521 1569 1516, 1584 1486, 1601 1642, 1644, 1652 1550, 1584-1588, 1591, 1594 1473, 1504 1563, 1587, 1636 1614, 1633 1550, 1569, 1587 Introduction, 1648, 1650 1571, 1638 1629, 1639 1474, 1567, 1615, 1623, 1648 1435, 1436, 1437, 1442, 1448, 1455, 1493 1481, 1482 1557, 1632 1512, 1525, 1585 1525 1453, 1465, 1466, 1468, 1484 1518, 1550, 1555 1435, 1443, 1451, 1454, 1468, 1474, 1475, 1479, 1480, 1483, 1491, 1494, 1500 1475, 1504 Introduction, 1624 1446 1453, 1571, 1582, 1615, 1635 1443, 1448, 1505 1568 1504, 1530, 1531 1554, 1594, 1603 1560, 1562, 1567-1568, 1574, 1580 1593-1594, 1613-1614, 1628, 1645, 1649, 1652 1628 1445 1482 1535 1435, 1439, 1444, 1448, 1472, 1476, 1478, 1483 1505, 1535, 1587 1449, 1452, 1457, 1461, 1468, 1471, 1472, 1500-1502 Introduction, 1473, 1475, 1477, 1480, 1494, 1495, 1556, 1560, 1599, 1645, et passim 1583-1584, 1600, 1602, 1628, 1631, 1639

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ANTHOLOGIE DES HISTORIENS Lemaitre (Nicole) Litzenburger (Laurent) Lorcin (Marie-Thérèse) Maguer (Roger) Maîtrepierre (Jacques-Marie) Mandrou (Robert) Marandet (Marie-Claude) Merle (Louis) Mérot (Florent) Michaud-Fréjaville (Françoise) Moriceau (Jean-Marc) Morineau (Michel) Mouchel-Vallon (Patrice) Mousnier (Roland) Mouysset (Sylvie) Nassiet (Michel) Nicolas (Violaine) Muchembled (Robert) Neveux (Hugues) Olivier (Sylvain) Paresys (Isabelle) Peltre (Jean) Pesez (Jean-Marie) Pichard (Georges) Pillorget (René) Pitte (Jean-Robert) Plaisse (André) Poitou (Christian) Pomponi (Francis) Poncet (Fabrice) Ponsot (Pierre) Porchnev (Boris) Puzelat (Michel) Quenet (Grégory) Rabot (Brice) Rambeaud (Pascal) Raveau (Paul) Rosselle (Dominique) Rossi (Edmond) Roupnel (Gaston) Roupsard (Marcel) Sarrazin (Jean-Luc) Sclafert (Thérèse) Sée (Henri) Serpentini (Antoine-Laurent) Skora (Sylvain) Sol (Eugène) Souriac (René) Stella (Alessandro) Tricard (Jean) Vandewalle (Paul)

1445 1487, 1490, 1506, 1511, 1515, 1517, Passim 1454, 1479, 1482 1514 1635 1609, 1644 1439, 1466, 1482 1458, 1537, 1631 1652 1436, 1512, 1540 1452, 1485, 1505, 1543, 1565, 1578, 1599, 1626, 1645, 1650, 1652 Introduction 1572, 1577, 1584, 1586-1589, 1590, 1595, 1597, 1598 1644 1628 1549 1510 1475, 1478, 1513, 1526, 1528, 1550, 1572, 1611, 1619 1437, 1447, 1449, 1477, 1521, 1524-1525, 1527, 1553, 1555, 1565 1601 1521-1525, 1529, 1537 1504, 1602, 1608, 1624 1562 1536, 1540, 1555, 1565-1566, 1591, 1606, 1611, 1614, 1625, 1642 1630 1548, 1605 1586 1443, 1584 1506 1640 1608 1624, 1636, 1637 1542 1494, 1509, 1549, 1564, 1568, 1579, 1588, 1591, 1593, 1601, 1604,1609, 1618-1619, 1631, 1639-1641, 1644, 1646 1487 1537 1576, 1597 1569 1631 1628-1652 1551-1552, 1557 1435, 1436, 1465 1435, 1436, 1474, 1527 1533,1564, 1580, 1595, 1639 1639 1568, 1570, 1574, 1595, 1597, 1615, 1617, 1619, 1637. 1490, 1523, 1529, 1545, 1556, 1563, 1576, 1593, 1595, 1621-1622 1543, 1546, 1591 1447 1482, 1496 1639

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LA MÉMOIRE DES CROQUANTS Viallet (Hélène) Viret (Jérôme) Zerner (Monique)

1561, 1638 1650 1440

Index des communes et localités Par souci de clarté, les villes ont été inscrites en gras. Les communes et anciennes communes (ou paroisses) apparaissent en romain. Les simples villages et lieux-dits sont en italique maigre. Pour faciliter le repérage tous les noms de lieux français sont suivis de leur indicatif départemental. Afin de ne pas surcharger cet index, les cours d’eau mais aussi les provinces et les régions – toutes représentées ici – ont été exclus. Aas (64), 190 Abbécourt (02), 229, 315 Abbeville (80), 42, 65, 96-97, 100, 160, 206, 300, 307, 340, 355, 422, 454, 459, 471 Ablainville (41), 117 Ablon (94), 64, 153, 243, 480, 527, 533 Abondance (74), 187 Abondant (28), 531 Abriès (05), 66 Abst (31), 199 Achiet-le-Grand (62), 218 Acq (62), 221 Acy-en-Multien (60), 155 Agde (34), 254, 374 Agen (47), 33, 140, 142, 144, 146, 151, 157-158, 175, 178, 196, 203, 223, 246, 254, 310, 313, 355, 373, 429, 431, 436, 439, 446 Aigonnay (79), 203 Aigueperse (63), 47, 71, 257 Aigues-Mortes (30), 250 Aiguilles (05), 66 Aiguillon (47), 254 Aillant-sur-Tholon (89), 328 Aire (62), 219 Airvault (79), 255 Aix-en-Othe (10), 288 Aix-en-Provence (13), 43, 59, 101, 125, 132-133, 155, 160, 175, 195-196, 206, 246, 437 Ajaccio (2A), 132, 301, 399 Albas (46), 476 Albi (81), 81, 134, 210, 313, 317, 429, 436, 439, 446, 459, 484 Albigny-Mont-d’Or (69), 123 Allain-aux-Bœufs (54), 317 Allanche (15), 137 Allex (26), 281 Alluyes (28), 378-379 Altorf (67), 168

Alverge (19), 374 Amance (54), 328 Amanlis (35), 354 Amanvillers (57), 454 Amboise (37), 256 Amiens (80), 62, 64, 75, 82, 98, 100-101, 124, 132-133, 142, 144, 151-152, 155, 158, 181, 200, 203, 207-208, 215, 217, 228, 237, 249, 286, 299-300, 303, 307, 313, 317, 339, 342343, 346, 351, 355, 409, 416, 420, 424, 426, 429, 436, 439, 446, 448, 450, 454, 459, 471, 484, 489 Amilhac (34), 504 Amplepuis (69), 106, 421 Ancy (69), 108, 198, 240 Ancy-sur-Moselle (57), 23, 109, 177, 201, 205, 216-217, 231, 256, 259 Andard (49), 345, 365, 384, 446, 460, 485 Andelot (52), 250 Andilly-en-Bassigny (52), 264 Anduze (30), 181 Angers (49), 43, 58, 70, 81-82, 98, 103, 123-124, 134, 144, 149, 151-152, 155, 175, 178-179, 214, 246, 255, 264, 303, 307, 310, 333, 351, 355, 358, 365, 367, 370, 373, 375, 424, 426, 429, 431, 436, 439, 446, 459, 484 Angoulême (16), 125, 144, 146, 207-208, 254, 303, 307, 310, 313, 317, 319, 431, 436, 459 Anjou (38), 41, 58, 66, 76, 79, 81, 90, 95, 98, 102, 110, 121, 126, 134, 142, 178, 250 Annecy (74), 239, 351, 431, 436, 459 Annet-sur-Marne (77), 409, 535

559

Annonay (07), 71, 81, 100, 132, 158, 172, 178, 210, 260, 313, 429, 431, 436, 439, 446, 448, 459 Annot (04), 172 Anrosey (52), 497 Antibes (06), 248 Antony (92), 234, 243, 347 Anvers (Belgique), 196 Apchon (15), 476 Appoigny (89), 257 Apremont (70), 90, 440 Apremont-la-Forêt (55), 124 Apt (84), 71, 85, 97, 100, 172, 196, 317, 319, 429, 439 Arbois (39), 367 Arches (88), 286 Arcis-sur-Aube (10), 250 Arcon (42), 47 Arcueil (94), 222, 347 Ardoix (07), 279 Ardon (41), 78 Argentan (61), 317, 323, 479 Argentat (19), 243, 374 Argenteuil (95), 58, 222 Argenton-sur-Creuse (36), 117 Argueil (76), 335 Arles (13), 206, 250, 366, 431, 436, 459, 484, 489 Armeau (89), 257 Armentières (59), 223, 264, 286, 424 Arpajon (91), 71, 243, 439 Arradon (56), 211 Arras (62), 34, 43, 62, 218, 286, 431, 489 Ars-en-Ré (17), 307 Artenay (45), 242 Artigat (09), 19, 236, 449 Arvert (17), 508 Arvieux (05), 66 Arzens (11), 254 Asnières-lès-Bourges (18), 234

LA MÉMOIRE DES CROQUANTS Asnières-lès-Dijon (21), 286 Aspet (31), 141 Assé-le-Boisne (72), 365 Assier (46), 476 Athis-Mons (91), 23, 416, 535 Athis-sur-Orge (91), 57, 222, 243, 291, 300, 310, 511, 521, 533 Attainville (95), 250-251, 460 Attilly (02), 174 Aubagne (13), 250 Aubenton (02), 414 Aubervilliers (93), 522 Aubigny (18), 199, 257 Aubigny-en-Artois (62), 221 Aubigny-sous-Varennes (52), 481 Aucamville (82), 361 Auch (32), 81, 249, 431, 436, 446 Augan (56), 370 Augny (57), 484 Aulnay-sous-Bois (93), 449, 533 Aulps (74), 187 Aumale (76), 357 Aunac (43), 517 Auneau (28), 317 Auneuil (60), 507 Auriac (19), 374 Aurillac (15), 43, 62, 246, 296, 317, 429, 431, 436, 439 Authume (39), 279 Autreville-sur-Moselle (54), 439 Autrey-les-Gray (70), 285 Autun (71), 52, 256, 429, 471 Auvers-sur-Oise (95), 535 Auxerre (89), 34, 43, 57, 75, 90-91, 98, 124, 133, 144, 146, 178, 200, 240, 257, 264, 307, 310, 313, 346 Auxi-le-Château (62), 133 Avallon (89), 96, 121, 130, 132134, 149, 155, 158, 160, 165, 178-179, 181, 249, 256, 264, 299, 313, 317, 343, 429, 459, 471 Averdoingt (62), 219 Avesnes (62), 300, 343, 459 Avesnes-les-Aubert (59), 219 Avignon (84), 85, 91, 97, 121, 125, 149, 152, 155, 165, 170, 175, 195-196, 206, 227-228, 250, 256, 296, 299, 310, 317, 409, 431, 436 Avignonet-Lauragais (31), 254 Avrainville (52), 234, 344 Avranches (50), 67, 206, 323, 487 Avrillé (49), 525-526 Aÿ (51), 369 Ayen (19), 246 Azé (53), 308, 485 Azelot (54), 200 Baccarat (54), 241 Badefols-d’Ans (24), 404 Badonviller (54), 479 Bagnères-de-Bigorre (65), 319

Bagnères-de-Luchon (31), 141 Bagneux (54), 49, 317, 461 Bagneux (94), 347 Baignes-Sainte-Radegonde (16), 469 Bailleul (59), 213 Bailleul-aux-Cornailles (62), 140 Bailleulmont (62), 218 Baillon-lès-Valhuon (62), 169 Bainville-aux-Miroirs (54), 434 Bais (35), 178, 193 Balbigny-en-Forez (42), 123 Banassat (23), 177 Bannes (52), 494, 497 Bannoncourt (55), 116 Bar-le-Duc (55), 84, 125, 250, 436, 446, 448, 450, 459, 471 Bar-sur-Aube (10), 48, 459 Bar-sur-Seine (10), 431, 436 Baracé (49), 368 Barbaira (11), 254 Barbazan (32), 359 Barbézieux (16), 432 Barcelonnette (04), 436, 439, 446 Barèges (65), 200 Barisey-la-Côté (54), 317 Barjouville (28), 432, 435, 438 Barran (32), 445 Barre-des-Cévennes (48), 181 Bassignac-le-Haut (19), 374 Bastelica (2A), 132 Battigny (54), 266 Baugé (49), 255, 332 Baume-les-Dames (25), 155, 196, 198 Baurech (33), 436 Baye (51), 340 Bayeux (14), 75, 90, 124, 155, 179, 214, 308, 409, 422, 424, 426, 459 Bayon (54), 334 Bayonne (64), 101, 133-134, 144, 151, 207-208, 254 Bayons (04), 172 Bazas (33), 59, 134, 254, 370, 436 Baziège (31), 254 Bazougers (72), 55 Beaucaire (30), 250, 429, 431, 436, 439, 489 Beauclair (55), 462 Beaufort (73), 483 Beaufort-en-Vallée (49), 328 Beaufort-sur-Gervanne (26), 318 Beaugé (49), 485 Beaugency (45), 354 Beaujeu (69), 284, 286, 313, 431 Beaulieu (52), 286 Beaumesnil (14), 429 Beaumont-sur-Oise (95), 55, 163, 535 Beaune (21), 75, 91, 221, 240, 256, 346, 429, 459 Beaupréau-en-Mauges (49), 255 Beauvais (60), 69, 81, 240 Beauvau (49), 427

560

Bécherel (35), 303 Bechingen (57), 464 Bécon-les-Granits (49), 333 Béduer (46), 45 Beignon (56), 308, 319 Belfort (90), 326, 459 Bellac (87), 317, 319, 367, 477 Bellême (61), 108, 326 Belleville (69), 232, 267, 275, 280 Belloy-en-France (95), 425 Belvès (24), 69, 476 Belvoye (39), 318 Benfeld (67), 447 Bénivay-Ollon (26), 80 Benon (17), 255 Bergerac (24), 59, 96, 125, 146, 149, 151-152, 155, 158, 160, 165-166, 170, 172-173, 254, 436, 439, 476, 520 Bermerain (59), 221 Bernay (27), 289, 343 Bernay-Saint-Martin (17), 255 Berne (Suisse), 114 Bernet (31), 435 Berneuil (80), 461 Besançon (25), 43, 130-131, 146, 149, 152, 164, 170, 172-174, 177-178, 180-182, 192-193, 196, 198, 200, 206, 215, 221, 223, 264, 358, 377, 397, 412, 428, 431, 450, 459, 489 Bessay-sur-Allier (03), 257 Besse-en-Oisans (38), 233 Bessenay (69), 116 Béthune (62), 155, 165-166, 228, 286, 422, 424, 426 Bettaincourt (52), 261 Bezannes (51), 416 Béziers (34), 254, 436, 439 Bézu-le-Long (27), 326, 328 Bibost (69), 116 Bidart (64), 144 Bielsa (Espagne), 200 Bienvillers-aux-Bois (62), 218 Biéville-sur-Orne (14), 479 Bignicourt-sur-Marne (51), 250 Bignoux (86), 348 Bilbao (Espagne), 196 Billancelles (28), 454 Billière (31), 435 Bischwiller (67), 407, 425, 436 Bissey-la-Côté (21), 321 Blanzac (16), 208, 468 Bléneau (28), 532 Blois (41), 48, 256, 429, 431, 436, 439 Bobigny (93), 535 Boinville-en-Woëvre (55), 159 Boiry-Saint-Martin (62), 218 Bois-d’Arcy (78), 113 Bois-d’Oingt (69), 107, 114 Boisville-la-Saint-Père (28), 378 Bollène (84), 250 Bommes (33), 66

INDEX DES COMMUNES ET LOCALITÉS Bondy (93), 67, 537 Bonnecourt (52), 489 Bonneuil-en-Valois (60), 74 Bonneval (28), 401, 409 Bonneville (80), 461 Bordeaux (33), 44, 62, 81-82, 84, 90-91, 103, 125, 132-133, 144, 149, 155, 160, 165, 172-173, 175, 178-179, 195-196, 203, 206-207, 223, 246, 254, 310, 313, 355, 358, 367-368, 370, 373, 375, 431, 436, 439, 446, 454, 459 Borne (43), 436 Bosc-Mesnil (76), 302 Bossée (37), 106 Bouchemaine (49), 366, 379-380 Bouffémont (95), 166 Bouglainval (28), 284 Bouillargues (30), 176 Bouin (85), 135, 351 Boulay (57), 459, 464 Boulay-Moselle (57), 464 Boulieu-lès-Annonay (07), 260 Boulogne-sur-Mer (62), 201, 459 Bouqueval (95), 57 Bourbonne-les-Bains (52), 495, 498 Bouresse (86), 185 Bourg (52), 495 Bourg-en-Bresse (01), 43, 59, 64, 75, 81-82, 84, 91, 96-97, 100101, 103, 124-125, 127-128, 130, 132, 134, 151, 155, 158, 160, 165, 173, 249, 256, 284, 286, 300, 303, 307, 310, 313, 339, 342-343, 346, 351, 367368, 380, 429, 431, 436, 459, 471 Bourg-la-Reine (92), 347 Bourganeuf (23), 105 Bourges (18), 35, 40, 44, 96, 157, 198, 210, 214-215, 220, 234, 236, 240, 256, 300, 303, 307, 343, 429, 439 Bourgneuf-en-Retz (44), 351 Bourgueil (37), 61, 256 Bourongne (90), 327 Boussac-le-Château (23), 57 Boutigny-sur-Essonne (91), 539 Bouville (28), 410 Brachay (52), 220 Brain-sur-l’Authion (49), 345, 365, 446 Brasse (90), 327 Bray-sur-Seine (77), 72, 237, 240, 257 Bray-sur-Somme (80), 216 Bréhéville (55), 59 Brémontier (76), 302 Brennes (52), 494 Bressuire (79), 146 Breteuil-en-Ouche (27), 109 Brétigny-sur-Orge (91), 423, 426, 535, 537

Bretteville-l’Orgueilleuse (14), 23, 125 Bréval (78), 410, 413, 480 Brévannes (94), 536 Brevoines (52), 495, 498 Brézé (49), 255 Brézolles (28), 275 Briançon (05), 90, 96-97, 355, 431, 436 Brieulles-sur-Meuse (55), 462 Briey (54), 203, 459, 492 Brignoles (83), 59, 121, 133, 203, 250, 317, 447 Briis-sous-Forges (91), 70 Brinon-sur-Sauldre (18), 195 Brioude (43), 137 Briouze (61), 488 Brisiel-lès-Doullens (80), 133 Brissac (49), 255, 459, 485, 504 Brive-la-Gaillarde (19), 439, 446 Brizambourg (17), 255 Broc (49), 370, 479 Brochon (21), 453 Broué (28), 531 Broyes-les-Loups (70), 285 Bruch (47), 450 Brumath (67), 425 Bruyères (88), 363 Bruyères-le-Châtel (91), 71, 76 Bucquoy (62), 218 Bugnicourt (59), 221 Buis-les-Baronnies (26), 80 Burgaud (31), 361 Burthécourt (54), 200 Busséol (63), 257 Busset (03), 74 Bussière-Boffy (87), 373 Bussy-Saint-Georges (77), 258, 507 Buxerolles (21), 270 Buzet-sur-Baïse (47), 254 Cabrières-d’Aigues (84), 118 Cabrières-d’Avignon (84), 204 Cachan (94), 138, 347 Cadélac (22), 265 Caderousse (84), 250 Cadillac-en-Fronsadais (33), 477 Caen (14), 35, 85, 98, 133, 207-208, 299-300, 303, 307-308, 351, 370, 409, 411, 416, 422, 446 Cagnoncles (59), 164, 219, 223 Cahors (46), 50, 64, 98, 127, 134, 157, 161, 172-173, 175, 178179, 181, 187, 210, 313, 317, 319, 339, 412, 429 Cahuzac (47), 530 Cairon (14), 23 Cajarc (46), 414 Calais (62), 420, 422 Calignac (47), 432, 450 Calonne-Ricouart (62), 268 Camarade (09), 417 Cambrai (59), 128, 130, 142, 144, 146, 149, 151-152, 155-156,

561

158, 160, 165, 203, 206, 219, 223, 227, 284, 286, 296, 299300, 303, 319, 328, 343, 454, 459, 484, 489 Camembert (61), 514 Caminel (46), 441 Campagnolles (14), 429 Canals (82), 433 Candé (49), 81, 255, 353, 429 Canet-d’Aude (11), 254 Canteloup (27), 314 Cantenay-Épinard (49), 526 Capdenac (46), 414 Capdrot (24), 476 Cappel (57), 380 Captieux (33), 254 Caraman (31), 50 Carcassonne (11), 98, 228, 254, 429, 431 Cardaillac (46), 414 Carennac (46), 493 Carentan (50), 436 Carhaix (29), 298 Carla-Bayle (09), 417 Caro (56), 256 Carpentras (84), 48, 96, 133, 139, 158, 160, 203, 313, 429, 431, 436 Carret (07), 279 Carroi de Marlou (18), 304 Casseneuil (47), 402, 440 Casseuil (33), 90 Castellane (04), 431, 436 Castelnaudary (11), 74, 132, 241, 254, 431, 436, 478 Castelnau-sur-Gupie (47), 436 Castres (81), 246, 450, 489 Castres-Gironde (33), 254 Cathervielle (31), 435 Cattenières (59), 219 Caudebec-en-Caux (76), 35, 320 Cauro (2A), 399 Cazeaux (31), 435 Cazères-sur-l’Adour (40), 254 Céaux-en-Loudun (86), 255 Celles-en-Bassigny (52), 264 Celsoy (52), 523 Cérences (50), 489 Cervières (42), 429 Chaillot (75), 67 Chalais (16), 468 Chalindrey (52), 492 Chalon-sur-Saône (71), 72, 103, 155, 158, 203, 249, 313, 317, 429, 431, 436, 459, 471 Chalonnes-sous-Le-Lude (49), 303, 317, 335, 339, 345, 370, 384 Châlons-sur-Marne (51), 64, 75, 91, 98, 100, 123, 125, 127, 144, 146, 149, 155, 158, 170, 200, 203, 246, 249, 299-300, 313, 429, 436

LA MÉMOIRE DES CROQUANTS Chambéry (73), 149, 151, 158, 160, 196, 200, 249, 256, 317, 319, 343, 431, 436, 489 Chamblain (21), 270 Chambord (41), 356 Chambors (60), 325 Chambost (69), 108 Chambost-Longessaigne (69), 429 Chambourcy (78), 151, 155, 159 Chamonix (74), 504 Champagney (70), 495 Champagnole (39), 144 Champdeniers (79), 255 Champdor (01), 444 Champdray (88), 363 Champigné (49), 81 Champigny-sous-Varennes (52), 485 Champigny-sur-Marne (94), 222 Champigny-sur-Veude (37), 255 Champlan (91), 533, 535 Champlitte (70), 481 Champrosay (91), 68 Champsecret (61), 425 Champtoceaux (49), 62, 81 Chanac-les-Mines (19), 413 Chaniers (17), 254 Chantelle (03), 257 Chantemerle-les-Blés (26), 293 Chantepie (35), 178 Chaon (41), 314 Charenton (94), 37, 378, 527 Charleville (08), 446 Charly (69), 416 Charmes (88), 269, 284 Charnay (69), 419, 431 Charny-en-France (77), 88 Chartainvilliers (28), 287 Chartrené (49), 339 Chartres (28), 379, 492, 511 Chassant (28), 67 Château-Gontier (53), 103, 308, 333, 353, 424, 426, 439, 489 Château-Missier (24), 337-338 Château-Renault (37), 66 Château-Salins (57), 436, 439, 446 Château-Thierry (02), 201, 240, 296 Châteaudouble (26), 297 Châteaudun (28), 101, 173, 207, 300, 373, 484 Châteaufort (78), 133 Châteaugiron (35), 178, 328 Châteaumeillant (18), 61, 518 Châteauneuf-de-Galaure (26), 250 Châteauneuf-de-Grasse (06), 79 Châteauneuf-de-Mazenc (26), 313 Châteauneuf-sur-Sarthe (49), 81 Châteaurenard (13), 250 Châteauvillain (52), 264 Châtellerault (86), 178, 431, 436, 439, 446 Châtelus-Malvaleix (23), 477 Châtenay-Malabry (92), 222 Châtenois (39), 279

Châtillon-sous-Bagneux (94), 347 Châtillon-sur-Indre (36), 40 Châtillon-sur-Saône (88), 455 Châtillon-sur-Seine (21), 240, 317 Châtres : cf. Arpajon Chaudenay (21), 368 Chaudon (28), 287 Chaumes-en-Brie (77), 115 Chaumont (52), 85, 98, 123-124, 250, 256, 303, 307, 313, 459 Chaumusson (91), 124 Chauvigny (41), 354 Chavagnes (49), 429 Chavignol (18), 56 Chazay-d’Azergues (69), 313 Chazé (49), 330 Chef-Boutonne (79), 204 Chemillé-Melay (49), 255 Chenereilles (42), 121 Chennevières-lès-Louvres (95), 471 Chenonceaux (37), 256 Cherbourg (50), 59, 128, 221, 223, 308, 315, 411 Cherré (49), 81 Cherville (28), 518 Cheverny (41), 256 Chevilly-La Rue (94), 81, 511 Chevinay (69), 107 Chevreuse (78), 21, 40, 64, 67, 234235 Chèvreville (95), 55 Chézeaux (52), 481, 492 Chezelles (03), 439 Chilly-Mazarin (91), 423, 446, 533, 535 Chinon (37), 66 Chiroubles (69), 276, 283-284, 293, 307, 313, 317, 381, 384, 413, 431, 440 Chocques (62), 268 Choisy-aux-Bœufs (95), 389 Choisy-le-Roi (94), 108 Chomérac (07), 297, 430 Ciel (71), 250 Ciffey (52), 458 Cinq-Cens (39), 268 Cizay-la-Madeleine (49), 154 Clairac (47), 413, 478 Clairvaux-sur-Aube (52), 494 Clais (76), 424 Clamart (94), 67, 322, 347 Clavé (79), 199 Claye-Souilly (77), 533, 535 Clefmont (52), 495 Clermont (60), 97, 100, 110, 137, 257 Clermont-Dessous (47), 529, 531 Clermont-Ferrand (63), 246, 296, 439 Clerval (25), 176 Cléry-Saint-André (45), 314 Cléry-sur-Somme (80), 189 Clinchamps (14), 429 Clumanc (04), 513

562

Coaraze (06), 405 Cognac (16), 144, 208, 254, 432 Cohons (52), 498 Coiffy-le-Bas (52), 481, 489 Coiffy-le-Haut (52), 159 Coin-sur-Seille (57), 238 Coise (69), 429, 432 Collorec (29), 333 Colmar (68), 151, 447 Colombes (92), 385 Colombey-les-Belles (54), 317, 425 Colombières (14), 490 Commeaux (61), 323 Commercy (55), 459 Compans-la-Ville (77), 535 Compiègne (60), 64, 98, 123, 139, 152, 163, 240, 446 Concarneau (29), 340 Concis (43), 528 Condat-sur-Vézère (24), 342 Condé-sur-Noireau (14), 425 Condé-sur-Seulles (14), 454 Condom (32), 203 Condom (32), 158, 178, 193, 246, 254, 436, 438 Condorcet (26), 279 Condrieu (69), 313 Coq (47), 418 Corbeil (91), 37, 47, 72, 155, 227, 240, 243, 375, 426, 428, 480, 527, 537 Corbie (80), 460-461 Corcieux (88), 400 Cordoux-en-Brie (77), 247 Corgirnon (52), 498 Corme-Royal (17), 254 Corméan (18), 53 Corné (49), 345, 439, 445, 450, 485, 519 Cosne-d’Allier (03), 257 Cosne-sur-Loire (58), 427, 429 Coubisou (12), 384 Couchey (21), 23, 305, 346, 377, 381, 447, 453, 467 Coudekerque (59), 19, 488 Coulandon (03), 61 Couleuvre (03), 256 Coulombs (14), 425 Coulommes-la-Montagne (51), 343, 391 Coulommiers (77), 200, 237, 471 Courances (91), 539 Courban (71), 321 Courbépine (27), 289 Courcebœufs (72), 531 Courcelles-lès-Gisors (60), 325, 328 Courdimanche (91), 539 Courgains (72), 310 Cours-les-Barres (58), 59 Courseulles (14), 519 Courteuil (60), 260 Courville (28), 432 Courzieu (69), 123 Coussergues (12), 54

INDEX DES COMMUNES ET LOCALITÉS Coutances (50), 142, 351, 373, 375, 381, 422, 479, 487 Coutières (79), 199 Couture du Temple (75), 248 Crancey (10), 290 Craon (53), 64, 333-334, 353 Cras (46), 70 Crécy-en-Ponthieu (80), 456 Creil (60), 37 Crémieu (38), 250 Crépy-en-Valois (60), 201 Crèvecoeur-sur-l’Escaut (59), 216, 221 Crézancy-en-Sancerre (18), 266 Croisilles (62), 387 Crosnes (91), 536 Crugey (21), 368 Cucharmoy (77), 339, 376 Cuers (83), 250 Cuguron (31), 493 Cuisy (55), 112 Culmont (52), 139, 498 Cultrut (52), 261 Cuon (49), 308, 328, 332 Cuq (81), 414 Curcuron (84), 204 Curlu (80), 167 Cusey (52), 492 Damparis (39), 318 Dampierre (78), 178, 183 Dangeul (72), 310 Dangu (27), 325 Danjoutin (90), 327 Dannemoine (89), 264 Dannemois (91), 539 Darmannes (52), 250 Darney (88), 462 Daumeray (49), 367 Dax (40), 254 Decize (58), 167 Denonville (28), 518 Deuil-la-Barre (95), 533-534 Die (26), 313 Diemeringhen (67), 471 Dieppe (76), 35, 249, 303, 307, 355, 365, 409, 420, 436, 459, 471 Dieulefit (26), 279 Dieuze (57), 454 Digne (04), 328, 431, 436, 439 Dijon (21), 43, 64, 71, 75, 87, 92, 98, 116-117, 124-125, 132-133, 141, 149, 151, 155, 158-160, 165-166, 170, 178-179, 181, 187, 196, 198, 200, 217, 221, 223-224, 237, 240, 249-250, 256, 270, 273, 286, 310, 313, 334, 336, 343, 346, 373, 392, 429, 431, 436, 439, 450, 459, 471, 504, 508 Dinan (22), 313, 439, 471, 488 Dinant (Belgique), 77 Dissé-sous-Ballon (72), 355

Dixmont (89), 514 Dixmude (Belgique), 220 Dol-de-Bretagne (35), 459, 485 Dole (70), 98, 146, 155, 215, 217, 221, 223, 227-228, 273, 313, 350, 429, 431, 436, 446, 463, 471, 484-485 Domart-en-Ponthieu (80), 20, 461, 481, 486, 509 Dombrot-sur-Vair (88), 289 Doménac (46), 91 Domfront (61), 326, 429, 431, 446 Dommarien (52), 485, 492 Dommartin-la-Montagne (55), 36, 92 Dommartin-lès-Toul (54), 299 Domoy (21), 333 Domrémy (88), 345 Donzère (26), 250 Donzy (58), 257 Douai (59), 64, 90, 310, 351, 355, 358, 365, 367, 454, 459 Douaumont (55), 112 Doué-la-Fontaine (49), 301 Doulaincourt (52), 261 Doullens (80), 136, 165, 216, 461 Dourdan (91), 260 Draguignan (83), 43, 64-65, 79, 133, 200, 317 Draveil (91), 439, 446, 519 Dreux (28), 134, 243, 305, 325 Droittecourt (60), 328 Dugny (93), 58 Dun-sur-Auron (18), 256 Dunkerque (59), 454 Dun-sur-Meuse (55), 460 Durtal (49), 255 Eaux-Bonnes (64), 190 Eauze (32), 254, 506 Ébersheim (67), 521 Ébreuil (03), 47, 257 Échiré (79), 255 Éclassan (07), 279 Écury-sur-Coole (10), 250 Élancourt (78), 113 Elbeuf (76), 459 Elven (56), 485 Embrun (05), 90-91, 96-97, 214, 355, 389, 431, 436-437 Enghien (62), 40 Entrains-sur-Nohain (58), 257 Épernay (51), 181, 201, 299, 332 Épiais-lès-Louvres (95), 211 Épinal (88), 363, 436, 459 Épinonville (55), 112 Épiré (49), 531 Éragny-sur-Epte (60), 326, 328 Erbray (44), 255 Érize-la-Brûlée (55), 76 Ermenonville-la-Grande (28), 287, 408 Ermenonville-la-Petite (28), 406 Erstein (67), 447

563

Ervillers (62), 218 Escayrac (46), 58 Escorpain (28), 448 Espalion (12), 246 Esperaza (11), 424 Espère (46), 51 Espiens (47), 450 Essertines-en-Donzy (42), 439 Éssey-et-Maizerais (54), 92 Estissac (10), 250 Estrées-lès-Crécy (80), 455 Étampes (91), 21, 72, 227, 240, 260-261, 322, 439, 532, 539 Étiolles (91), 480, 537 Étoile-sur-Rhône (26), 250 Éton (55), 84 Étréchy (91), 58, 71, 73, 243, 532 Étrepigney (25), 268 Étrépilly (77), 446, 460 Eu (76), 460 Ève (60), 422-423, 461 Évian (74), 187 Évreux (27), 98, 429, 449, 452 Évry (91), 535 Eyzahut (26), 297 Ézanville (95), 521 Fabrègues (34), 250 Fains-la-Folie (28), 287 Fains-Véel (10), 250 Fajac-la-Relenque (11), 143 Falaise (14), 308, 323, 446 Fanjeaux (11), 116, 254 Faréberswiller (57), 380 Fargniers (02), 40 Farschviller (57), 380 Faucogney (70), 168 Faux-la-Montagne (23), 477 Faverney (70), 388 Fay (02), 325 Fay-sous-Bois (60), 420 Fayl-Billot (52), 43, 492, 498 Fécamp (76), 56 Fégréac (44), 320 Feillens (01), 380 Felletin (23), 477 Fenay (21), 333 Fenioux (79), 203 Feurs (42), 226, 313, 350, 352, 355, 381, 393, 406, 416, 439 Fieffes (80), 461 Fienvillers (80), 461 Fieux (47), 450, 506 Figeac (46), 414, 421, 429, 476 Filain (70), 213 Fixey (25), 305, 453 Fixin (21), 305, 453 Flammerécourt (52), 220 Flers (62), 274 Flessanville (78), 58 Fleuriau-sur-Saône (69), 375 Fleury (57), 238, 347, 357, 537 Flixecourt (80), 486 Florac (48), 181

LA MÉMOIRE DES CROQUANTS Florensac (34), 254 Floressas (46), 86 Folleville (80), 46, 404 Fons (46), 476 Fontaine-Guérin (49), 439 Fontaine-sur-Maye (80), 455 Fontainebleau (77), 183, 250 Fontaine-l’Évêque (Belgique), 221 Fontaines-en-Sologne (41), 357 Fontains (77), 68 Fontenay-en-Parisis (95), 424 Fontenay-le-Comte (85), 205, 304, 477 Fontenay-le-Fleury (78), 99 Fontenay-sous-Bois (94), 347 Fontevraud (37), 79, 255 Forbeuvillers (55), 101 Forcalquier (04), 300, 431, 436, 439 Formigny (14), 59 Foudon (49), 446 Foug (54), 116, 227 Fougeré (49), 332, 368, 376 Fougères (35), 300, 310, 319 Fougerolles (70), 505 Fourany (07), 279 Fraissinet (15), 468 Francescas (47), 342 Franchesse (03), 256 Franchises-sous-Langres (52), 485 Francourville (28), 480 Fréchou (47), 450 Freissinières (05), 108 Fresnay-le-Comte (28), 408 Fresnay-sur-Sarthe (72), 335, 424 Fresne-le-Plan (76), 78 Fresne-sur-Marne (77), 385 Fresnes (94), 426 Fresnes-sur-Apance (52), 455 Fresnois-en-Bassigny (52), 462 Freyssenet-le-Buisson (43), 436 Frolois (54), 448 Frontenay (79), 255 Frontignes (31), 141 Fronton (31), 254 Frouzins (31), 206 Fruges (62), 216 Fugeret (04), 172 Fustignac (31), 199 Gabre (09), 417 Gacé (61), 324 Gaillac (81), 173, 228 Gaillargues (34), 197 Gannat (03), 71 Gannes (60), 404 Gap (05), 90-91, 96-97, 152, 249, 351, 411, 436, 439 Garéoult (83), 250 Gée (49), 416 Gemeaux (21), 250 Génerville (28), 379 Gênes (Italie), 132 Genève (Suisse), 113

Gensac (33), 59 Gentilly (94), 222, 347 Ger (50), 153 Gercourt (55), 112 Gesnes-en-Argonne (55), 112 Geudertheim (67), 169 Gevrey-Chambertin (21), 298, 305 Gézaincourt (80), 461 Gien (45), 240, 531-532 Gien-le-Vieux (45), 61 Gigondas (84), 330-331 Gilles (28), 298, 328, 350, 355, 358, 366, 372, 374, 410, 422 Gisors (27), 240, 325-326, 332, 352 Gistain (Espagne), 200 Glénic (23), 177 Gondrecourt (55), 250 Gondreville (54), 436, 439, 446, 454, 460 Gonesse (95), 67, 72, 104, 371, 401, 483, 521-523, 537 Gonnord (49), 255, 429 Gorce (23), 177 Gorge (80), 461 Gorze (57), 197-198, 201, 216 Gourdon (46), 110, 436 Gournay-en-Bray (60), 326 Goussainville (95), 325, 510 Goux-les-Usiers (25), 268 Gramat (46), 421, 476 Grane (26), 297 Granges-sur-Vologne (88), 400 Granville (50), 422 Grasse (06), 64, 80, 411 Graufthal (57), 470 Gray (70), 90, 134, 155, 178, 180, 459, 471, 485, 489, 492, 495, 498-499 Gredisans (39), 279 Grenant (52), 485 Grenoble (38), 155, 158, 160, 165166, 170, 181, 206-207, 249, 296, 313, 316, 319, 346, 351, 429, 431, 436, 439, 497 Greux (88), 345 Grévillers (62), 218 Grièges (01), 330 Grigny (91), 519 Grossouvre (18), 257 Gruissan (11), 217 Guégon (56), 317, 330, 432 Guéret (23), 277 Guillerval (91), 243 Guinegatte (62), 91, 141 Guingamp (22), 96, 103, 416, 436, 439, 484, 492 Gurgy (52), 281 Gurgy-le-Château (21), 270 Guyancourt (78), 167 Gy (70), 175, 178, 195 Haguenau (67), 149, 168, 425 Halles-sous-les-Côtes (55), 462 Ham (80), 229

564

Hannescamps (62), 218 Hannonville (55), 92 Haraumont (55), 59 Hardivilliers (60), 156 Harfleur (76), 35 Harmonville (88), 317 Harville (55), 47 Hastingues (40), 405, 409-410, 412 Haute-Amance (52), 465 Hauteville-sur-Mer (50), 347 Hazebrouck (59), 299, 311, 372 Hébuterne (62), 218 Hendecourt (62), 163 Hennemont (55), 92 Henriville (57), 380 Herméville (55), 62 Hermies (62), 410 Hérouval (27), 325 Hérouville-en-Vexin (95), 21, 68-69, 320 Herry (18), 330 Hesdin (62), 40, 165 Hesdin (62), 216 Heuchin (62), 218 Heuilley-le-Grand (52), 485 Heyrieux (38), 250 Hordain (59), 221 Hortes-en-Bassigny (52), 11, 264, 465, 472, 489, 492, 494, 497 Hotonnes (01), 344, 473 Houdan (78), 305 Housséville (54), 284 Hucqueliers (62), 221 Huillé (49), 367 Humbercamps (62), 218 Humes-Jarquenay (52), 485 Hyères (83), 250 Illiers (28), 288 Ingrandes (49), 256 Is-en-Bassigny (51), 340 Issoncourt (55), 50 Issoudun (36), 35, 215, 296 Issy (92), 222, 347 Issy (94), 322 Itteville (91), 532 Ivoiry (55), 112 Ivoy-le-Pré (18), 194 Ivry-sur-Seine (94), 243, 347, 510 Jagny-sous-Bois (95), 425, 446 Jallais (49), 255 Jarcieu (38), 250 Jardres (86), 210 Jarnac (16), 254 Jarzé (49), 255, 339, 426, 489 Jaulnay (37), 179 Joigny (89), 124-125, 127, 257, 450 Joinville (52), 220 Joucas (84), 74, 77 Joucou (11), 119 Joué-les-Tours (37), 96 Joué-sur-Erdre (44), 255 Joux (69), 436

INDEX DES COMMUNES ET LOCALITÉS Jouy-aux-Arches (57), 307 Juigné (49), 525 Jurades-de-Fieux (47), 530 Jurques (14), 131 Juvigny-sous-Andaine (61), 425 Juvisy-sur-Orge (91), 243, 527, 537 L’Étoile-en-Brionnais (71), 496 L’Haÿ-les-Roses (94), 81 L’Isle-en-Dodon (31), 329 L’Isle-sur-Serein (89), 392 La Bachellerie (19), 413 La Barre (95), 534 La Bastide (33), 525 La Baussaine (35), 303 La Bazoge (50), 381 La Bitarelle (19), 413 La Bohalle (49), 396 La Bresse (88), 110, 128, 179, 267 La Brigue (06), 82 La Broie (62), 40 La Cadière (83), 250 La Chapelle (93), 303, 483 La Chapelle-Blanche (49), 429 La Chapelle-Chaussée (35), 303 La Chapelle-d’Aligné (72), 303 La Chapelle-Gauthier (27), 323 La Chapelle-Glain (44), 255 La Chapelle-Moulière (86), 365 La Chapelle-Taillefert (23), 85 La Charité-sur-Loire (58), 278 La Châtre (36), 40, 292 La Chebuette (44), 255 La Colle-Saint-Michel (04), 172 La Couarde-sur-Mer (17), 303 La Coucourde (26), 250 La Couronne (16), 469 La Courtille (75), 248 La Crèche (79), 304 La Ferté-Alais (91), 260, 539 La Ferté-Imbault (41), 53 La Ferté-Loupière (89), 395 La Ferté-Saint-Aubin (45), 243, 314 La Ferté-sous-Jouarre (77), 240 La Flèche (72), 299-300, 303, 307 La Framboisière (28), 448, 454 La Grande Chartreuse (38), 243 La Grave (05), 233 La Guerche-sur-l’Aubois (18), 257 La Haute-Chapelle (61), 422 La Haute-Maison (77), 63 La Jarrie (17), 255 La Lande-Chasle (49), 425 La Lande-Vaumont (14), 429 La Loge-en-Brie (77), 63 La Loye (39), 261 La Mazière-aux-Bons-Hommes (23), 477 La Mothe-en-Bassigny (52), 471, 494-495, 498 La Mothe-Montravel (24), 418 La Motte-Beuvron (41), 414 La Motte-d’Aigues (84), 204 La Napoule (06), 77

La Neuvelle-lès-Coiffy (52), 497 La Neuville-du-Bosc (27), 314 La Prune-au-Pot (36), 139 La Regrippière (44), 255 La Réole (33), 144, 152, 165-166, 170, 206, 254, 310, 313, 355, 375, 431, 436 La Riche (37), 75 La Roche-Chalais (24), 367 La Roche-des-Arnauds (05), 279 La Roche-sur-le-Buis (26), 279 La Rochebeaucourt (16), 254 La Rochelle (17), 62, 98, 143-144, 240, 255, 300, 332, 366, 377, 394, 424, 426, 429-430, 439, 483, 508 La Ronce (28), 379 La Saulsotte (10), 290 La Sauvetat-du-Dropt (24), 476 La Tour-en-Jarez (42), 38 La Ville-aux-Clercs (41), 344, 354 La Ville-du-Bois (91), 424 La Villette (93), 332 La Villette-aux-Aulnes (77), 510 L’Argentière (05), 108 Labastide-du-Temple (82), 254 Labbeville (95), 69, 343 Labry (54), 439, 441 Lacenas (69), 480, 485, 497 Lagny-le-Sec (60), 65, 109 Lago Benedetto (Italie), 61 Laguenne (19), 374, 413 Laigle (61), 323 Laigné, 334 Laigue (forêt de) (60), 389 Laires (62), 90 Lamagistère (82), 254 Lamastre (07), 260 Lambesc (13), 250 Lancyre (34), 232 Landelles-et-Coupigny (14), 429 Langeais (37), 256 Langon (33), 254 Langres (52), 52, 240, 250, 281, 316, 429, 459-460, 462, 471, 482, 493, 499, 523 Lanmeur (29), 344 Lannion (22), 351 Lanvellec (22), 325, 344, 346, 351, 354 Laon (02), 178, 227, 296, 338, 422 Laplume (47), 388, 413 Lapugnoy (62), 268 Larajasse (69), 23 Larche (04), 38 Largentière-la-Bessée (07), 289 Larrazet (82), 379 Larrivoire (39), 145 Lattainville (60), 325 Lauzerte (82), 175 Lauzun (47), 254, 476 Laval (53), 82, 97, 101, 118, 124 Lavalette (31), 444 Laval-sur-Luzège (19), 374

565

Lavaur (81), 429, 431, 436 Laventie (62), 213 Lavernoy (52), 481 Laxou (54), 439 Le Bleymard (48), 451 Le Boisle (80), 456 Le Bourg-d’Oisans (38), 320 Le Breuil-en-Bessin (14), 471 Le Brignon (43), 493, 505, 517, 527-528 Le Bruas (07), 279 Le Cateau-Cambrésis (59), 21, 221 Le Cellier (44), 354 Le Chezeau (87), 121 Le Chomeil (43), 528 Le Donjon (03), 486 Le Gâvre (44), 53-54 Le Gué-Besnard (61), 425 Le Gué-de-Longroy (28), 517 Le Guédéniau (9), 401 Le Havre (76), 246, 249, 484, 489 Le Loroux-Bottereau (44), 255 Le Louroux-Béconnais (49), 178, 255, 333 Le Mans (72), 55, 124, 205, 303 Le Mazel (43), 517 Le Mesnil-Amelot (77), 420, 422, 426, 461, 471, 523 Le Mesnil-au-Val (50), 214, 227, 239 Le Mesnil-Aubry (95), 325 Le Mesnil-Follemprise (76), 422 Le Mesnil-Simon (28), 328 Le Met (33), 476 Le Muy (83), 200 Le Plaix-Gaillard (86), 185 Le Plessis-aux-Bois (77), 416 Le Plessis-Gassot (95), 73, 131, 260 Le Plessis-Grammoire (49), 345, 438, 446, 531 Le Plessis-lès-Tours (37), 137, 256 Le Poët-Laval (26), 279 Le Pradel (07), 430 Le Pré-Saint-Gervais (93), 537 Le Puy-en-Velay (43), 71, 152, 206, 312, 431, 474, 496 Le Relec (com. Plounéour-Ménez, 29), 344 Le Roeulx (Belgique), 221 Le Thillay (95), 258, 533 Le Vésinet (78), 282 Le Vigan (30), 175, 436 Lebreil (46), 441 Lectoure (32), 125, 134, 151, 155, 158, 160, 173, 203, 223, 246, 299, 310, 313, 317, 319, 429, 431, 439, 446 Lemberg (57), 470 Lembras (24), 490 Lentilly (69), 122 Léré (18), 117 Lerné (37), 255 Les Alleuds (49), 458 Les Andelys (27), 144 Les Bordes-sur-Arize (09), 417, 449

LA MÉMOIRE DES CROQUANTS Les Côtes-d’Arey (38), 250 Les Crottes (05), 136 Les Étilleux (28), 432 Les Iffs (35), 303 Les Loges (52), 498 Les Ponts-de-Cé (49), 43, 411, 445, 520, 531 Les Rois (43), 528 Les Rosiers-sur-Loire (49), 395, 405 Les Sables-d’Olonne (85), 477 Les Saintes-Maries de la Mer (13), 224 Les Tuileries (75), 385 Leschères-sur-le-Blaiseron (52), 220 Lesges (02), 525 Lesparre (33), 310 Lestrem (62), 173 Levainville (28), 376 Levens (06), 212 Levroux (36), 274 Leyrits-Montcassin (47), 530 Lezéville (52), 250 Lhoumois (79), 255 Licey-sur-Vingeanne (21), 385 Liergues (69), 319 Lignières (18), 536 Ligny-devant-Dun (55), 84 Ligny-en-Barrois (55), 250 Ligny-Saint-Flochel (62), 219 Lihons (80), 46 Lille (59), 55, 75, 91, 96, 101, 140, 142, 151, 155, 158, 160, 286, 310, 346, 351, 365, 367-368, 370, 373, 420, 422, 431, 450, 454, 459, 471 Limeil (94), 337, 536 Limoges (87), 62, 65, 75, 97, 100101, 103, 125, 132-133, 146, 149, 178-179, 200, 203, 206208, 210, 246, 249, 299, 303, 307, 310, 313, 317, 319, 343, 367, 424, 426, 429, 431, 436, 438-439, 446, 450 Limours (91), 124 Limoux (11), 446 Linas (91), 423, 439 Lisbourg (62), 221 Lisieux (14), 96, 416 Lissey (55), 159 Lissieu (69), 107 Livron (26), 297 Lixheim (57), 380 Loguivy-Ploudras (22), 344 Loix (17), 303 Lombers (81), 414 Lomont-sur-Crête (25), 195 Lompnieu (01), 473 Londinières (76), 437 Londres (Royaume-Uni), 196 Longeau (52), 250, 494 Longecourt-en-Plaine (21), 250, 507 Longes (69), 300 Longesaigne (69), 108 Longjumeau (91), 134, 243, 264

Longpont (91), 243 Longueville (14), 490 Lonlay-l’Abbaye (61), 422 Lons-le-Saunier (39), 431 Lorgues (83), 447 Loriol-sur-Drôme (26), 282, 297 Lormont (33), 525 Louans : cf. Morangis Loudéac (22), 265 Loudun (86), 97, 146, 178, 246, 255, 346, 367-368, 446, 448 Loudun (86), 402 Louesme (21), 321 Lougratte (47), 399 Loupinat (47), 440 Louppy-le-Châtel (55), 53 Lourmarin (84), 204 Louspeyroux (47), 440 Louvenne (39), 354, 393, 410 Louviers (27), 409, 411, 420 Louvigné-de-Bais (35), 193 Louville-la-Chenard (28), 287 Louvres-en-Parisis (95), 267, 399, 416, 423 Louzac-Saint-André (16), 254 Louzy (79), 512 Lucé (61), 422 Lucenay-l’Évêque (71), 507 Luçon (85), 38, 477 Lunéville (54), 284, 436, 439 Luplanté (28), 287, 408 Lupstein (67), 168 Lurcy-Lévis (03), 76, 257 Lure (70), 91, 168, 436, 439, 446, 448, 450, 454, 459, 471, 484, 489, 492, 497 Lusignan (86), 477 Luxembourg (jardin du) (75), 392 Luxeuil-les-Bains (70), 334, 437, 445, 505 Luynes (37), 256 Lyon (69), 64, 81, 84, 97, 111, 118, 121, 124, 134, 146, 151, 155, 158, 175, 178, 228, 237, 240, 249-250, 286, 296, 299-300, 310, 313, 317, 351, 375, 424, 426, 429, 431, 436, 439, 459, 497 Lyre (27), 109 Mâcon (71), 34, 85, 90, 103, 121, 123-125, 127, 132-133, 151, 165, 240, 249-250, 256, 299, 313, 343, 368, 429, 431, 436, 439, 446 Madrid (château) (92), 385 Madrid (Espagne), 444 Maffliers (95), 252, 456, 502, 518 Magnagues (46), 493 Magny (57), 484 Magny-la-Campagne (14), 471 Magny-les-Hameaux (78), 63-64 Mailly (89), 507 Maisonneuve (21), 507

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Maizeray (55), 47 Maizières-sur-Amance (52), 340, 496 Malay (89), 288 Malnoue (77), 67 Malzéville (54), 439 Mamers (72), 277 Mangiennes (55), 84 Manosque (04), 135 Manzat (63), 319 Marboué (28), 386 Marboz (01), 297, 306 Marcilly-en-Bassigny (52), 286, 485 Marcoing (59), 221 Marcoussis (91), 243, 533 Marennes (17), 254, 508 Marignane (13), 250 Marimont (Belgique), 221 Marles-les-Mines (62), 268 Marlhes (42), 350 Marly-la-Ville (95), 449 Marmagne (18), 53 Marmande (47), 254 Marmoutier-lès-Tours (37), 11, 241 Mars-la-Tour (54), 460 Marsannay-la-Côte (21), 305 Marsauceux (28), 234 Marsaz (26), 293 Marseille (13), 100-101, 103, 128, 130, 132-134, 165, 172, 175, 206-207, 227-228, 246, 250, 296, 299-300, 313, 317, 319, 351, 409, 429, 436, 489 Marseille-en-Beauvaisis (60), 509 Marteville (02), 174 Martigné-Briand (49), 255, 429 Martigues (13), 250 Martres-sur-Morge (63), 143 Marvejols (48), 71 Marville-Moûtiers-Brûlé (28), 436 Mas-Saint-Chély (48), 320 Mas-Saint-Puelles (11), 143, 414 Massangis (89), 392 Matha (17), 469 Maucomble (76), 302 Maudétour (91), 68 Mauguio (34), 322 Maumusson (44), 330, 354 Mauriac (15), 130, 132, 175, 246, 296, 317, 424, 426, 431, 468 Mauron (56), 328 Mauzé-sur-le-Mignon (79), 255 Maxilly-sur-Saône (21), 385 Mazé (49), 302, 365, 520 Mazères (65), 493 Méailles (04), 172 Meaux (77), 37, 44, 132, 199, 201, 240, 260 Mehun-sur-Yèvre (18), 57, 256 Meilhan (40), 254 Mélan (04), 92 Mélisey (70), 505 Melle (79), 203

INDEX DES COMMUNES ET LOCALITÉS Melun (77), 98, 120, 132, 170, 227, 240, 416, 420, 429 Mende (48), 71, 313, 317 Ménéac (56), 207 Menestreau-en-Villette (45), 314 Menetou-Râtel (18), 304 Menetou-Salon (18), 157 Ménigoute (79), 65 Menin (Belgique), 220 Mennecy (91), 426 Mennetou-sur-Cher (41), 256 Menton (06), 173 Mercuès (46), 476 Merdrignac (56), 246 Mérindol (84), 194 Méry-sur-Oise (95), 225, 535 Méry-sur-Seine (10), 225 Meslin (22), 354 Mesnil-Domqueur (80), 481 Mesnil-Sellières (10), 472 Messigny (21), 250, 286 Messy-en-France (77), 535 Metz (57), 17, 23, 52, 69, 99-100, 110, 131, 142, 148, 160, 196, 201, 207, 216-218, 231, 233, 249, 302, 311, 422, 436, 439, 446, 454, 459, 469-470, 493, 520, 525 Metz (57), 238 Meudon (92), 222, 322, 347 Meulan (78), 34 Meursault (21), 336 Meynes (30), 235 Meyronnes (04), 38 Meyrueis (48), 181 Mézières (08), 146, 155, 198, 234, 284, 446, 448, 450, 454, 459, 471, 484 Mézières-en-Drouais (28), 451 Mezin (47), 158 Milly (50), 460, 539 Milly-la-Forêt (91), 209 Milon-la-Chapelle (78), 538 Mimet (13), 41, 77, 202 Miniac-sous-Bécherel (35), 303 Miramont-de-Guyenne (47), 476 Mirebeau (86), 206 Mirebeau-sur-Bèze (21), 467 Mirecourt (88), 446, 470 Miribel (01), 250 Mitry-Mory (77), 37, 67, 310 Moigny (91), 539 Moisdon-la-Rivière (44), 255 Moissac (82), 110, 127, 254, 429, 436 Molines (05), 66 Molinges (39), 486 Molsheim (67), 168 Monaco, 248, 440 Monbahus (47), 440 Monceau-le-Wast, 325 Monchy-Breton (62), 170 Moncrabeau (47), 158, 450 Mondeville (91), 234, 539

Mondragon (84), 250 Mondrecourt (55), 50 Monfréville (14), 490 Mons (11), 221, 243, 254, 508 Mons-en-Montois (77), 258 Mons-sur-Orge (91), 153, 291 Mont-de-Marsan (40), 254 Mont-Dieu (08), 460 Mont Saint-Michel (50), 332, 352, 407 Montabard (61), 323-324 Montagnac-sur-Auvignon (47), 399, 450 Montagnieu (01), 428, 469, 484 Montainville (28), 379 Montarcher (42), 23, 79, 97, 133 Montargis (45), 37, 98, 132, 177, 240, 532 Montastruc (47), 519, 530 Montauban (82), 127, 254, 413414, 429, 431, 436, 446, 450 Montauban-de-Bretagne (35), 354 Montauriol (47), 143 Montbard (21), 317 Montbéliard (25), 124, 155, 174, 210, 249, 284, 319, 327, 397, 401, 405, 408, 412, 416, 424, 426, 431, 439, 454, 471 Montbrison (42), 121, 132, 243, 429, 431, 436, 439 Montcenis (71), 48, 52 Montcrabeau (47), 158 Montcuq (46), 58 Montdidier (80), 98, 163, 178-179, 181, 300, 303, 308, 420, 422 Monteclair (52), 458 Montélimar (26), 127-128, 175, 196, 210, 249-250, 299, 310, 313 Montereau-Fault-Yonne (77), 34, 225 Montesquieu (47), 450 Montfaucon (75), 44, 67, 462 Montferrand (63), 81, 98, 100101, 110, 126-127, 130, 132, 257 Montfort-l’Amaury (78), 305 Montfort-sur-Boulzane (11), 119 Montgeron (91), 519, 536 Montgiscard (31), 254 Monthyon (77), 535 Montier-en-Der (52), 241, 247 Montigny-la-Grange (57), 454 Montigny-le-Bretonneux (77), 113 Montigny-le-Roi (52), 159, 462 Montils-lès-Tours (37), 62, 75, 108 Montivilliers (76), 35, 425 Montlandon (52), 523 Montlaur (11), 45 Montléon-Magnoac (65), 146 Montlhéry (91), 67-68, 71, 73, 535 Montlivault (41), 373 Montlouis-sur-Loire (37), 256 Montluçon (03), 71, 81, 124, 126

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Montmarault (03), 257 Montmartre (75), 44, 222 Montmédy (55), 462 Montmirey (39), 261 Montmoreau (16), 468 Montmorency (95), 134, 172, 533 Montmorillon (86), 161 Montoussé (65), 493 Montoy-Flanville (57), 238 Montpazier (24), 297, 476 Montpellier (34), 121, 124, 126, 132, 175, 200, 216, 249-250, 313, 422, 431, 436, 489, 492 Montpont (71), 321 Montréal (11), 254, 507 Montréal-du-Gers (32), 254 Montréjeau (31), 493 Montrelais (49), 346 Montrelet (80), 461 Montreuil-Bellay (49), 60, 161 Montreuil-Juigné (49), 525 Montreuil-sur-Ille (35), 303 Montreuil-sur-Mer (62), 136, 161, 201, 343 Montrieux-en-Sologne (41), 110 Montrottier (69), 107 Montrouge (94), 243, 322, 347 Montsaugeon (52), 250, 336 Morangis (91), 446, 535 Morannes (49), 81, 126 Moret-sur-Loing (77), 340-341 Morey (71), 392 Morey-Saint-Denis (21), 305 Morhange (57), 455, 479 Morlaix (29), 249, 339, 342, 351, 360, 416, 439, 489 Mornas (84), 250 Mortagne-au-Perche (61), 108 Mortain (50), 180, 402 Mortemer-sur-Eaulne (76), 422 Mortières (93), 60 Mory (77), 37 Mouliherne (49), 255 Moulins (03), 71, 74, 96-97, 126127, 144, 146, 151, 207, 240, 256-257, 436 Moulle (62), 387 Moulotte (55), 47 Moussan (11), 217 Moutiers (28), 287, 484 Moutiers (73), 203 Moutiers-sur-le-Lay (88), 38 Moyenmoutier (88), 274 Moyenvic (57), 436 Munster (68), 295, 447 Murat (15), 246, 296, 317, 319, 368 Mur-de-Sologne (41), 256 Muret (31), 206 Murol (63), 38, 40, 43, 78, 91 Muron (17), 392 Murs (84), 204 Mussent (62), 85 Must (28), 531

LA MÉMOIRE DES CROQUANTS Nancy (54), 87, 137, 153, 375, 436, 439, 459-460, 471 Nangis-en-Brie (77), 68 Nantes (44), 81, 84, 96, 101, 103, 121, 123-124, 126, 149, 155, 158, 161, 173, 175, 178-179, 181-182, 203, 206-208, 246, 255, 264, 299-300, 303, 339, 342-343, 346, 365, 367, 422, 439, 446, 459, 471, 484, 489, 492 Nanteuil-Auriac-de-Bourzac (24), 475 Nanteuil-le-Haudouin (60), 55, 511 Nantua (01), 263, 431 Narbonne (11), 96, 173, 182, 254, 375, 429, 431, 439, 446 Narcy (58), 257 Navarrenx (64), 266 Naves (59), 413 Nayemont-les-Fosses (88), 399 Nébouzan-Rivière-Verdun (31), 329 Nécy (61), 323-324 Négrondes (24), 342 Nérac (47), 254, 413, 431, 436, 439, 446 Nesle (80), 216 Nettancourt (55), 92 Neufchâteau (88), 285 Neufchâtel-en-Bray (76), 302, 323, 357, 361, 388, 418 Neufchâtel-Hardelot (62), 86 Neuilly (89), 134, 332 Neuilly-Saint-Front (02), 39 Neung-sur-Beuvron (41), 77 Neuvy-Deux-Clochers (18), 304 Neuvy-en-Dunois (28), 379 Nevers (58), 43, 48, 64, 121, 123, 149, 151, 155, 158, 165-166, 170-172, 175, 178-179, 188, 246, 249, 300, 303, 308, 311, 373, 375, 424, 426, 429, 431 Nice (06), 66, 73, 75, 165, 248, 381, 411, 436, 439 Nieulle-sur-Seudre (17), 508 Nîmes (30), 59, 71, 97, 124, 126, 132-133, 149, 155, 158, 172, 175, 178-179, 181-182, 196, 198, 203, 235-236, 249-250, 284, 422, 429, 431, 489 Niort (79), 20, 62, 202, 205, 255, 308, 367, 477 Nissan-les-Ensérune (34), 254 Noailly-en-Roannais (42), 38 Noëllet (49), 367 Nogaro (32), 254 Nogent-le-Rotrou (28), 108 Nogent-sur-Seine (10), 72, 227, 299, 416, 420 Noidant-Châtenoy (52), 494 Noirmoutier (85), 135, 351 Nolay (58), 43 Nonancourt (27), 325 Norges (21), 505

Notre-Dame-de-Monts (85), 74 Nouaillé (86), 435, 440 Nouan-le-Fuzelier (41), 314 Nouans (72), 169 Noyon (60), 216, 229 Nueil-les-Aubiers (79), 202 Nuits-Saint-Georges (21), 467 Nyons (26), 158, 161, 279, 431 Obernai (67), 447 Occagnes (61), 324 Occonville (28), 517-518 Oinville-sous-Auneau (28), 518 Oiron (79), 255 Oléron (17), 508 Ollioules (83), 250 Omey (51), 250 Onzain (41), 256 Oradour (15), 468 Orange (84), 158, 161, 203, 313, 330, 431 Orchamps (39), 268, 318 Orchies (59), 310 Orcières (05), 136 Orcival (63), 165 Orgelet (39), 417 Orgères-en-Beauce (28), 346 Orléans (45), 45, 65, 97, 100, 126, 136, 157-158, 173, 175, 178179, 206, 227-228, 237, 240, 296, 299-300, 303, 308, 310, 313, 317, 343, 346, 365, 367, 409, 422, 424, 426, 429, 431, 446, 531 Orly (94), 40, 49, 153, 243, 296 Ormes (51), 343 Ornano (2A), 399 Orpierre (05), 279 Orsay (91), 68 Orville (62), 218 Ottonville (57), 463-464 Ouanne (89), 257 Ouarville (28), 287 Oullins (69), 250 Ounans (39), 261 Ourches-sur-Meuse (55), 67 Ouzouer-sur-Loire (45), 315 Pagney (54), 439 Pagny-le-Château (21), 250 Pagny-sur-Meuse (55), 115 Palaiseau (91), 76, 243, 532-533 Pamiers (09), 237, 436 Pantin (93), 537 Parançay (17), 255 Parcay (49), 81 Pardiac (32), 499 Pareid (55), 47 Pargny-lès-Reims (51), 391 Paris (75), 24, 33-34, 37, 41, 44, 47, 75, 90, 96-97, 100-101, 123124, 126, 151, 158, 161, 171, 173, 175, 178-179, 181, 200, 203, 206, 208, 217, 221-223,

568

237, 256, 264, 296, 299, 303, 308, 313, 338-339, 342-343, 346, 368, 373, 375, 409, 416, 420, 422, 424, 426, 429, 431, 436, 439, 459 Paris (environs de), 42, 165, 173 Parnay (49), 403 Paroy-sur-Tholon (89), 394 Parthenay (79), 206, 255, 299300, 313 Pas-en-Artois (62), 218 Passais (61), 422 Paujars (32), 506 Pécharic-et-le-Py (11), 100 Pechbonnieu (31), 183 Peigney (52), 495, 497 Périers (50), 313 Périgné (79), 282 Périgueux (24), 62, 71, 96, 100, 103, 155, 158, 161, 165-166, 173, 178, 223, 429, 431, 436, 439, 450, 475, 525 Pernes (62), 219 Pernoy-en-Bassigny (52), 460 Péronne (80), 98, 158, 167, 174, 187, 200, 203, 249 Péroy-lès-Gombries (60), 258 Perpignan (66), 173, 197, 237, 246, 368, 429, 431, 436, 439 Perrusson (37), 106 Pertuis (84), 204 Petit-Quevilly (76), 261-262 Peyrehorade (40), 254 Peyresq (04), 172 Peyrilles (46), 50 Peyrusse (15), 51 Picauville (50), 299 Piepape (52), 485 Pierrefaites (52), 495 Pierrefitte (95), 72, 324 Pierrefitte-sur-Loire (03), 180 Pierrepont (02), 325 Pierreville (54), 200 Pinon (02), 523 Piré-sur-Seiche (35), 354 Pirou (50), 479 Pithiviers (45), 200, 203 Plaisance (86), 269 Plappeville (57), 20, 465, 472, 498 Plasnes (27), 289 Plesnoy (52), 489 Plestin-les-Grèves (22), 324, 510 Plouaret (22), 324, 344 Ploubezré (22), 324 Plougasnou (29), 344 Plougras (22), 344 Plouharnel (56), 355 Plounevez-Moëdec (22), 344 Plufur (22), 344 Podensac (33), 525 Poiseul (52), 494 Poissy (78), 260 Poitiers (86), 43, 59, 62, 71, 79, 81, 91, 101, 124, 126, 130, 139-140,

INDEX DES COMMUNES ET LOCALITÉS 144, 146, 185, 192, 205, 240, 373, 375, 429, 436, 439 Poivres (10), 250 Polminhac (15), 120 Pommard (21), 336 Pommevic (82), 254 Pommier (62), 218 Pompierre (25), 176 Pont-à-Mousson (54), 58, 85, 198, 259, 316, 431, 439, 446, 459-460 Pont-Audemer (27), 91, 100, 300 Pont-de-Chéruy (38), 250 Pont-l’Évêque (60), 174 Pontaubault (50), 67 Pont-Croix (29), 340 Pontgibaud (63), 110 Pontoise (95), 33, 37, 48, 69, 240, 260, 303, 308, 416, 420, 422, 535 Pontorson (50), 459 Pontoux (40), 254 Port-Royal-des-Champs (78), 519, 522 Port-Sainte-Marie (47), 254 Pouilly-en-Brie (77), 58 Pouilly-sur-Loire (58), 427 Pourrières (83), 250, 373, 496 Poussan (34), 250 Prades (66), 156, 245, 439 Pradines (46), 51 Prague (République tchèque), 229 Prangey (52), 472-473, 494, 511 Prauthoy (52), 336 Preaux (07), 280 Pré-en-Pail (53), 354 Preigney (70), 150 Prémery (58), 43 Prémont (02), 228, 340 Préporché (58), 306 Pressigny (52), 489 Pressoir (ferme du) (75), 392 Preuilly-sur-Claise (41), 78 Prouais (28), 335, 365, 409 Provenchères-en-Bassigny (52), 524 Provins (77), 123, 170, 221, 237, 299-300, 343, 346, 424, 426, 450, 459 Prudemanche (28), 275, 298, 305, 315, 323, 358, 364, 374, 376, 384-385, 388, 393, 396, 401, 418, 424 Prunay-le-Gillon (28), 287 Puértolas (Espagne), 200 Puget-sur-Argens (83), 82 Puiseaux (45), 416 Pujols-sur-Ciron (33), 66 Puy-Fort-Aiguille (47), 450 Puyravault (79), 392 Quiévy (59), 219 Quily (56), 480

Quimper (29), 81, 100-101, 181, 249, 339-340, 342, 346, 349, 351, 436, 484-485, 489 Quimperlé (29), 351 Quincey (10), 290 Rainvillers (60), 507 Ramonchamp (88), 267 Raray (60), 462 Raville (57), 198 Ré (71), 508 Régennes (89), 257 Regny (02), 165 Reichsfeld (67), 115 Reilly (60), 325 Reims (51), 12, 25, 72, 94, 96-97, 158, 240, 299, 311, 319, 332, 335, 339, 342-343, 346, 351, 381, 416, 420, 422, 424, 426, 429, 454, 459 Rémilly-sur-Lozon (50), 347 Remiremont (88), 295 Rémy (60), 152 Renaison (42), 47 Rencurel (38), 59 Rennemoulin (78), 78, 101 Rennes (35), 100, 124, 133-134, 155, 246, 249, 300, 303, 308, 310, 319, 346, 351, 370, 420, 422, 424, 426, 429, 431, 439, 446, 459, 471, 485, 489 Renneville (08), 510 Rethel (08), 319, 343, 459 Reynel (52), 250 Reyrieux (01), 107 Ribérac (24), 254 Riboisse (11), 116 Richecourt (55), 462 Rilly-Sainte-Syre (10), 227, 272 Riom (63), 43, 71, 110, 130, 257, 296, 310, 317, 319, 335, 373, 375, 439, 446 Riotord (43), 350 Riquewihr (68), 455 Ristolas (05), 66 Rive-de-Gier (42), 431 Rivière-les-Fosses (52), 336 Roanne (42), 40, 429 Rocaguilhem (46), 58 Rocroi (08), 500 Rodez (12), 65, 90, 100, 126-127, 129, 158, 182, 210, 228, 246, 296, 313, 346, 355, 436 Roiffieux (07), 279 Roisel (80), 163 Roissy-en-France (95), 461 Rolampont (52), 447, 463, 471, 498 Romans (79), 203, 250 Romans-sur-Isère (26), 293, 313 Romorantin (41), 77, 256, 357 Rônai (61), 323-324 Roquebillière (06), 49, 87, 189, 504 Roquebrune-sur-Argens (13), 64, 75, 328

569

Roquefort (40), 254 Rosheim (67), 149 Rosny-sur-Seine (78), 366 Rouen (76), 64, 98, 121, 124, 127, 130, 133, 149, 151-152, 155, 158, 161, 173, 181-182, 196, 200, 203, 206-207, 223, 227228, 240, 242, 256, 296, 299300, 313, 323, 326, 351, 367, 409, 411, 416, 420, 422, 429, 471, 484 Rougeux (52), 492, 495, 498 Rouillon (91), 244 Roussillon (38), 32, 102, 156, 250 Rouvray (76), 308 Rouvroy-sur-Marne (52), 220 Roye (80), 98, 163, 216, 462 Roz-Landrieux (35), 60 Rozay-en-Brie (77), 260 Rozoy (02), 166 Rueil-Malmaison (92), 115, 522 Ruffey-lès-Échirey (21), 286 Ruffieu (01), 444 Rumilly-lès-Vaudes (10), 448 Rungis (94), 55, 511 Rupt-sur-Saône (70), 495 Sabaillan (32), 496 Sabarat (09), 417 Sablon (57), 484 Sahune (26), 279 Sain Bel (69), 120 Saint-Agrève (07), 356 Saint-Amand-Montrond (18), 40, 75, 429, 488, 536 Saint-André-de-Bohon (14), 490 Saint-Antoine (porte) (75), 44, 162 Saint-Antoine-l’Abbaye (38), 300, 307, 313 Saint-Apolomey (21), 286 Saint-Arnoult-des-Bois (28), 454 Saint-Astier (24), 476 Saint-Aubin (10), 268, 290, 314 Saint-Aventin (31), 435 Saint-Biez-en-Belin (72), 365 Saint-Bômer-les-Forges (61), 422 Saint-Bonnet-Briance (87), 475 Saint-Bonnet-de-Montrigaud (26), 307 Saint-Bonnet-le-Château (42), 133 Saint-Bonnet-le-Courreau (42), 393 Saint-Bouize (18), 458 Saint-Brès (30), 250 Saint-Brice (52), 261 Saint-Brice (95), 72 Saint-Brieuc (22), 351, 420, 429, 431, 446 Saint-Caprais-de-Lerm (47), 440 Saint-Cézert (31), 361 Saint-Chamant (19), 374 Saint-Chamas (13), 250 Saint-Chamond (42), 431, 489 Saint-Christophe-en-Brionnais (71), 530

LA MÉMOIRE DES CROQUANTS Saint-Claude (39), 145, 310 Saint-Clément (03), 490 Saint-Clément-les-Places (69), 107 Saint-Clément-sur-Valsonne (69), 21, 119 Saint-Cloud (92), 533 Saint-Crépin-d’Auberoche (24), 342 Saint-Cyr (78), 167 Saint-Denis (93), 33-34, 49, 51, 58, 72, 260, 534 Saint-Denis-d’Anjou (49), 303 Saint-Denis-du-Maine (53), 335 Saint-Denis-le-Ferment (27), 326, 328 Saint-Dié (88), 202, 400, 436 Saint-Dizier (52), 201 Saint-Dyé-sur-Loire (41), 438 Saint-Égrève (38), 320 Saint-Éloi (27), 326, 328 Saint-Épain (37), 299 Saint-Étienne (42), 269, 429, 431, 436, 439, 446 Saint-Étienne-Vallée-Française (48), 100 Saint-Félix-des-Salenques : cf. Les Bordes-sur-Arize Saint-Florent-le-Vieil (49), 81 Saint-Flour (15), 43, 71, 75, 100, 137, 246, 256, 296, 299, 317, 319, 424, 426-427 Saint-Fraimbault (61), 422 Saint-François-Lacroix (57), 420 Saint-Front (61), 422, 531 Saint-Gaudens (31), 266 Saint-Genest-Lerpt (42), 350 Saint-Genis-Laval (69), 250 Saint-Georges-d’Espéranche (38), 271 Saint-Georges-de-Bohon (14), 490 Saint-Georges-de-Dangeul (72), 140, 169 Saint-Georges-de-Reneins (69), 237 Saint-Geosmes (52), 498 Saint-Germain-de-Calberte (48), 181 Saint-Germain-des-Fossés (03), 257 Saint-Germain-des-Prés (75), 37, 347 Saint-Germain-en-Laye (78), 37, 482 Saint-Germain-l’Espinasse (42), 48 Saint-Germain-Laval (42), 249 Saint-Germain-lès-Corbeil (91), 539 Saint-Germain-les-Vergnes (19), 319 Saint-Haon-le-Vieux (42), 47 Saint-Hilaire-en-Woëvre (55), 47 Saint-Hilaire-lès-Cambrai (59), 219 Saint-Honoré (porte) (75), 164 Saint-Jean-Brévelay (56), 246 Saint-Jean-d’Alloche (06), 75 Saint-Jean-d’Angély (17), 177 Saint-Jean-d’Angle (17), 508 Saint-Jean-de-Luz (64), 254

Saint-Jean-de-Maurienne (73), 81, 90, 249, 351, 355, 358, 436 Saint-Jean-de-Monts (85), 74 Saint-Jean-de-Panissières (42), 106107 Saint-Jean-de-Thurigneux (01), 415 Saint-Jean-du-Gard (30), 181 Saint-Jean-le-Blanc (14), 131 Saint-Jeure-d’Ay (07), 280 Saint-Jory (31), 254 Saint-Julien-Chapteuil (43), 432 Saint-Julien-de-Concelles (44), 255 Saint-Julien-de-Donzy (71), 505 Saint-Julien-du-Tournel (48), 437, 444, 451 Saint-Julien-Montrottier (69), 116 Saint-Julien-sur-Veyle (01), 393 Saint-Junien (87), 246 Saint-Just-Luzac (17), 254 Saint-Lambert-des-Levées (49), 395 Saint-Laurent-du-Var (06), 75 Saint-Léger-aux-Bois (60), 389 Saint-Léger-des-Bois (49), 255 Saint-Léonard-de-Noblat (87), 70 Saint-Leu-la-Forêt (95), 172, 534 Saint-Lizier (09), 141 Saint-Lô (50), 308, 310, 313, 317, 424, 426, 429-430, 436, 450, 454 Saint-Louand (37), 61 Saint-Louet-sur-Vire (50), 471 Saint-Loup (23), 129 Saint-Loup (28), 314 Saint-Lyé (10), 250 Saint-Maixent (79), 184, 277, 282, 308, 310, 477 Saint-Malo (35), 182, 246, 249, 303, 308, 352, 358, 373, 375 Saint-Mammès (77), 340-342 Saint-Mansuy (54), 299 Saint-Mard (77), 89 Saint-Mards-en-Othe (10), 288 Saint-Mars-du-Désert (44), 354 Saint-Martial-de-Gimel (19), 374 Saint-Martin-aux-Buneaux (76), 35 Saint-Martin-de-Crau (13), 250 Saint-Martin-de-la-Place (49), 365, 375, 395 Saint-Martin-de-Ré (17), 303 Saint-Martin-des-Champs (50), 425 Saint-Martin-la-Vallée (71), 530 Saint-Martin-Osmonville (76), 302 Saint-Martin-Vésubie (06), 19, 150, 212-213, 224 Saint-Mathurin-sur-Loire (49), 395, 519 Saint-Maur-des-Fossés (94), 72, 258 Saint-Maximin (83), 250, 373 Saint-Médard (79), 512, 528 Saint-Meloir-des-Ondes (35), 352 Saint-Menoux (03), 256 Saint-Mézard (32), 439 Saint-Mihiel (55), 59, 97 Saint-Nicolas-d’Acy (60), 260

570

Saint-Nicolas-de-Port (54), 317, 334, 439 Saint-Nicolas-lès-Blois (41), 515-516 Saint-Omer (62), 43, 91, 149, 151, 219, 221, 343, 368, 422, 459 Saint-Papoul (11), 254 Saint-Pastour (47), 531 Saint-Patrice-du-Désert (61), 471 Saint-Paul-sur-Ubaye (04), 233 Saint-Paul-Trois-Châteaux (26), 250, 297, 301 Saint-Paulien (43), 524 Saint-Philbert-du-Peuple (49), 330 Saint-Pierre-du-Champ (43), 350 Saint-Pierre-du-Lac (49), 428 Saint-Pierre-le-Moûtier (58), 48, 98 Saint-Pierre-Montlimart (49), 354 Saint-Pol-sur-Ternoise (62), 274 Saint-Pons (34), 387 Saint-Pourçain-sur-Besbre (03), 354 Saint-Prest (28), 432 Saint-Priest-Bramefant (63), 257 Saint-Priest-Ligoure (87), 338 Saint-Quentin (02), 40, 174, 216, 229, 340 Saint-Rémy-de-Provence (13), 499 Saint-Restitut (26), 297 Saint-Riquier (80), 136 Saint-Saëns (76), 302, 361 Saint-Salmazy (12), 83 Saint-Saturnin (63), 257 Saint-Sauveur (70), 334 Saint-Sauveur-Marville (28), 460 Saint-Seurin-de-Cadourne (33), 508 Saint-Sever-Calvados (14), 429 Saint-Sigismond (49), 471, 479 Saint-Sulpice-et-Camayrac (33), 525 Saint-Sylvestre (87), 263, 292, 440 Saint-Symphorien-sur-Loire (69), 429 Saint-Urcisse (47), 440 Saint-Valéry-sur-Somme (80), 82 Saint-Vallier-sur-Marne (52), 489 Saint-Véran (05), 66 Saint-Viance (19), 374 Saint-Viâtre (45), 314 Saint-Victor-lès-Paris (75), 367 Saint-Yrieix-la-Perche (87), 24, 246, 266, 276, 439 Sainte-Colombe-en-Bruilhois (47), 450 Sainte-Féréole (19), 419 Sainte-Foy-la-Grande (33), 90, 418 Sainte-Foy-lès-Lyon (69), 62 Sainte-Marie-du-Mont (50), 274, 323, 329 Sainte-Marie-de-Ré (17), 303 Sainte-Marie-sur-Ouche (21), 507 Sainte-Menehould (51), 170 Sainte-Néomaye (79), 203 Saintes (17), 254-255, 469, 483 Salasc (34), 362 Salbris (41), 77, 131

INDEX DES COMMUNES ET LOCALITÉS Salins-les-Bains (39), 127 Sallanches (73), 113 Salon-de-Provence (13), 250 Salon-de-Vergt (24), 337 Salvagnac (81), 506 Salvagny (69), 122 Samiat (39), 145 Samoëns (73), 63, 95 Sanadoire (63), 43 Sancerre (18), 240, 265, 269, 278, 304, 429 Sarcelles (95), 72, 526 Sarlat (24), 132, 155, 158, 246, 249, 439, 446, 448, 525 Sarras (07), 279 Sarrebourg (57), 241 Satilieu (07), 260 Saubusse (40), 254 Saugeon (17), 508 Saulcy-sur-Meurthe (57), 400 Saulty (62), 218 Saulxures-lès-Nancy (54), 436 Saumur (49), 151, 396 Saussy (21), 517 Sauternes (33), 66 Sauzet (26), 290 Savasse (26), 297 Savenay (44), 81, 346 Savennières (49), 479, 531 Saverdun (09), 417 Saverne (67), 168, 469 Savigny (69), 116, 519, 533, 535, 537 Savigny-sur-Orge (91), 436, 519 Sceaux (94), 243, 347 Scey-sur-Saône (70), 495 Scherwiller (67), 168 Scieurac-et-Flourès (32), 375 Seboncourt (02), 165, 523 Secqueville-en-Bessin (14), 150 Sedan (08), 296, 343, 346, 351, 439, 446, 495 Sées (61), 326 Segré (59), 308, 333, 353 Seiches-sur-le-Loir (49), 255 Seingbouse (57), 380 Sélestat (67), 447 Sellières (39), 190 Selongey (21), 385, 481, 492, 505 Semécourt (57), 454 Semur-en-Auxois (21), 149, 151, 431, 459 Semur-en-Brionnais (71), 530 Sénaillac-Lauzès (46), 91 Senantes (28), 323 Senlis (60), 98, 161, 172, 192, 200, 203, 206, 296, 310, 420, 422423 Sennely-en-Sologne (45), 243, 314 Sens (89), 98, 120, 132, 140, 178, 237, 240, 249, 257, 313, 319 Sens-Beaujeu (18), 266, 304 Sept-Vents (14), 471 Septème (38), 250

Septeuil (78), 422 Sergines (89), 257, 272 Sérifontaine (60), 326 Sermaize-les-Bains (51), 250 Sernhac (30), 250 Serres (05), 279, 286 Seurre (21), 250 Séverac-le-Château (12), 129 Seyne (04), 328 Sisteron (04), 328, 429, 431, 436 Soissons (02), 240, 416, 420 Soisy-sous-Montmorency (95), 134 Soisy-sur-Seine (91), 439, 535, 539 Solliès (83), 250 Solutré (71), 530 Songieu (01), 474 Sorel-Moussel (28), 139, 429 Sorgues (84), 250 Sos (47), 399, 436, 440, 530 Sospel (06), 149, 440 Soturac (46), 51 Souesmes (41), 77 Sougères-en-Puisaye (89), 257 Soulac-sur-Mer (33), 44 Soulages (46), 58 Soulaines (10), 480 Sourcieux (69), 122 Souvigny (03), 256, 314 Souvigny-en-Sologne (41), 88 Soyans (26), 279 Stains (77), 526 Stenay (55), 460, 462 Strasbourg (67), 59, 71, 90, 124, 126, 149, 151, 170, 172, 195, 246, 249, 286, 300, 313, 381, 420, 422, 447, 454 Sucy-en-Brie (94), 153 Suèvres (41), 354, 357 Sulignat (01), 393 Suresnes (92), 222, 332 Surgères (17), 255, 392 Surville (55), 62 Survilliers (95), 389 Sury-en-Vaux (18), 56, 266 Sury-le-Comtal (42), 174, 313 Suze-la-Rousse (26), 250 Taintrux (88), 363 Taisnières-sur-Hon (59), 501 Talmont-sur-Gironde (17), 508 Tarascon (13), 79, 250, 319, 429, 489 Taravo (2A), 399 Target (03), 257 Tartas (40), 254 Tende (06), 66, 82 Tendon (88), 267 Thann (68), 455 Theneuille (03), 257 Thérouanne (62), 91, 165, 218 Thiais (94), 108, 234, 243, 347, 511 Thiaucourt-Régniéville (54), 92 Thiers (63), 296, 299-300, 303, 308, 310, 313, 429, 431, 436

571

Thillot (55), 36 Thimert (28), 284, 451, 460 Thiméville (55), 47 Thionville (57), 19-20, 198, 218, 231, 454, 459, 498 Thivars (28), 432, 459, 469 Thonon (74), 187 Thorame-Basse (04), 328 Thorame-Haute (04), 85 Thorey-en-Ouche (21), 368 Thorigny (50), 436 Thouaré-sur-Loire (44), 255 Thoury (41), 357, 535 Thury-en-Valois (60), 334 Tigné (49), 429 Tignomont (57), 465 Til-Châtel (21), 250 Tinchebray (61), 411 Tonneins (47), 254 Tonnerre (89), 446, 448 Tonquédec (22), 344 Torcenay (52), 468, 492, 498 Toul (54), 286, 310, 316-317, 402, 436, 459 Toulon (83), 97, 250, 317, 409, 420, 431 Toulouse (31), 44, 59, 62, 81, 84, 91, 97, 100, 103, 121, 123-124, 126, 130, 132-133, 139-140, 142, 144, 146, 149, 151, 155, 158, 161, 165-166, 173, 178, 196, 198, 208, 210, 228, 246, 249, 254, 310, 313, 317, 319, 424, 426, 429, 431, 436, 439, 446, 459 Touquin (77), 258 Tournon (07), 313 Tourouvre-au-Perche (61), 453 Tours (37), 12, 51, 62, 66, 79, 81, 98, 121, 123-124, 126-128, 130, 132-134, 139, 142, 144, 146, 149, 151-152, 207, 240, 303, 308, 319, 426, 484, 489 Toury (45), 242, 424, 439 Trappes (78), 113, 234-235, 282 Tréduder (22), 344 Trélazé (49), 445 Trélou-sur-Marne (02), 317 Tremblay-en-France (93), 60 Tremblevif (46), 53, 314 Trétudans (90), 327 Tréval (71), 496 Trévoux (01), 161, 439 Trie-Château (60), 325 Trie-la-Ville (60), 325 Trilport (77), 256, 385 Troarn (14), 454 Troyes (10), 33, 43, 72, 90, 98, 121, 123, 134, 136, 149, 151, 165, 178, 215, 223, 227, 237, 240, 246, 249-250, 272, 296, 299300, 303, 308, 310, 313, 339, 342-343, 346, 358, 365, 367-

LA MÉMOIRE DES CROQUANTS 368, 370, 373, 375, 426, 439, 446, 448, 459, 471, 484 Tulette (26), 297 Tulle (19), 62, 90, 273, 277, 319, 439, 446 Ungersberg (67), 115 Urt (64), 254 Uzès (30), 284 Vagney (88), 267, 455 Valailles (27), 289 Valanjou (49), 255 Valécourt (60), 325 Valence (26), 126-127, 175, 181, 249, 431, 436 Valenciennes (59), 90, 142, 144, 146, 343, 424, 429 Valenton (94), 533, 536 Valflaunès (34), 232 Vallon-Pont-d’Arc (07), 71 Vallouise (05), 108, 125 Valognes (50), 308, 323, 342 Valréas (84), 48, 345 Vandeuvre-sur-Barse (10), 351 Vannes (56), 448 Vanves (94), 222, 322, 347 Varages (83), 258 Varennes-sur-Allier (03), 40 Varennes-sur-Armance (52), 481 Varennes-sur-Loire (49), 40, 240 Varize (28), 234 Varois (21), 286 Varzy (58), 429 Vaucouleurs (55), 317 Vaudoncourt (55), 101 Vaugirard (75), 243, 322, 347 Vaulandry (49), 370 Vaulerant (95), 56 Vaumas (03), 344, 354 Vauvert (30), 176, 250 Vaux (54), 307 Vaux-sous-Aubigny (52), 336 Veaugues (18), 304 Vémars (95), 104, 129-130, 389-390, 533-534 Vénasque (84), 482 Vendeuil (02), 216 Vendôme (41), 240 Venette (60), 123 Venisey (70), 340 Ver-lès-Chartres (28), 300 Verdun (55), 59, 85, 97, 178, 373, 375, 436, 446, 459, 526 Vergonnes (49), 370 Vergt (24), 242, 475, 489 Verneuil-sur-Avre (27), 305, 448 Vernéville (57), 454 Vernoil-le-Fourrier (49), 255 Vernoux-en-Vivarais (07), 279

Verrières-le-Buisson (91), 235, 347 Versailles (78), 282 Vert-en-Drouais (28), 323, 374, 391, 396, 416 Verteuil-d’Agenais (47), 254 Vervins (02), 21, 352, 459 Vesoul (70), 168, 193, 492 Vesseaux (07), 370 Veynes (05), 279 Veyrier-sur-Lac (74), 239 Vézelay (89), 240 Vézelise (54), 286, 317, 381, 425, 432, 439, 448, 460 Vézelois (90), 327 Vic-le-Comte (63), 257 Vicherey (88), 289, 310, 413 Vichy (03), 257 Vicques (14), 323 Vidauban (83), 138 Videlles (91), 539 Vienne (38), 155, 178, 185, 210, 310, 348, 429, 431, 440, 497 Vienne-le-Château (51), 49 Vierzon (18), 84, 124, 126, 158, 166, 172, 179, 256, 296, 530 Viessoix (14), 429 Viéville-en-Haye (54), 129 Vif (38), 279, 313 Vignacourt (80), 486 Vigneux (91), 519, 533 Villacoublay (78), 76 Ville-d’Avray (92), 522 Villecomtal-sur-Arros (32), 429 Villefranche-d’Allier (03), 257 Villefranche-de-Rouergue (12), 43, 59, 62, 64-65, 84, 97, 100, 130, 132-133, 155, 161, 166, 175, 207-208, 210, 228, 313, 317, 319, 429, 436 Villefranche-sur-Saône (69), 431, 524 Villejuif (94), 347, 426 Villeneuve-de-Berg (07), 359 Villeneuve-la-Comptal (11), 143 Villeneuve-le-Roi (94), 103, 243 Villeneuve-lès-Maguelonne (37), 250 Villeneuve-Saint-Georges (94), 21, 166, 242, 250, 373, 375, 416, 426, 519, 532-533, 536 Villeneuve-sous-Dammartin (77), 88, 526 Villeneuve-sur-Lot (47), 157, 179 Villeneuve-sur-Yonne (89), 257 Villenouvelle (31), 254 Villepéreux (28), 346 Villepinte (11), 254, 533 Villepinte (93), 254 Villepreux (78), 78, 82, 202 Villerbon (41), 425

Villeron (95), 389-390 Villeroy (77), 426 Villeroy (91), 199 Villers-au-Bocage (80), 461, 489 Villers-Cotterêts (02), 31, 192, 273 Villersexel (70), 19, 168 Villers-lès-Nancy (54), 439 Villesèque (46), 101 Villetaneuse (93), 533 Villette (78), 422 Villette-les-Bois (28), 460 Villévêque (49), 358, 492 Villey-Saint-Étienne (54), 289, 439 Villiers-le-Bel (95), 525-526, 537 Villiers-le-Sec (95), 251 Vilosnes-Haraumont (55), 462 Vimoutiers (61), 324 Vincennes (94), 47 Vinsobres (26), 279, 297 Vintimille (06), 73, 149 Vire (14), 308, 317, 409, 422, 426, 429, 431, 479, 492 Virey-sous-Bar (10), 394 Viroflay (78), 282 Viry-Châtillon (91), 424, 428, 439, 448, 471, 519 Vitray-en-Beauce (28), 21, 24, 362, 364, 370-372, 376, 379, 382385, 387, 392, 396, 401, 404406 Vitré (35), 124, 249, 303 Vitry-Châtillon (91), 243 Vitry-en-Perthois (51), 136, 201 Vitry-le-François (51), 250 Vitry-sur-Seine (94), 243, 347 Void-Vacon (54), 92, 310 Volnay (21), 336 Vouzon (41), 50, 309, 314, 414 Voves (28), 287, 378 Vue (44), 107 Vuillafans (25), 308 Warcq (55), 62 Warlincourt-lès-Pas (62), 218 Warneton (Belgique), 220 Warville (55), 47 Wassy (52), 241 Weyersheim (67), 169 Wiseppe (55), 462 Wissant (62), 159 Wissembourg (67), 168 Wissous (91), 55, 222, 243 Ymeray (28), 517-518 Ymonville (28), 287 Yssingeaux (43), 319, 350 Yvoy-le-Marron (41), 78

Index des noms de personnes Dans cet index général de plus de 1 500 noms de personnes, figurent d’abord les « paysans et gens de village », du couvreur en chaume ou de la bergère, du « maneuvre » ou du « bordager » jusqu’au fermier-receveur de seigneurie, en passant par de nombreux « laboureurs ». En dehors d’eux, apparaissent aussi des personnages de la « grande » histoire ou les notables qui servent de repères : par souci de clarté, on les a placés en gras. Enfin, en italique, comparaissent l’ensemble des auteurs appelés pour l’écriture de ces Chroniques (historiens, archivistes ou éditeurs contemporains). Abram, Nicolas (père), 470, 473 Adrets, François de Beaumont (1513-1587), baron des, 243 Afforty, Martin (1603-1669), fermier à Aulnay-sous-Bois, 260, 449 Alard, Alexandre, 145 Alard, Germain, 145 Albe, Ferdinand Alvare de Tolède (1507-1582), duc d’, 218, 254, 261 Albret, Alain, 157 Albret, seigneur, 44, 72 Alcouffe, Daniel, 445 Aleilh, Nicolas, notaire à SaintJulien-Chapteuil, 432 Alexandre  VI Borgia, pape (1492-1503), 125 Alix, Thierry, président de la chambre des Comptes de Lorraine, 295 Alleau, Julien, 447 Allemand, Michel, laboureur et meulier à Quaix en 1602, 365 Alliot, abbé J.-M., 76 Amenon, Louis, 77 Amorand, Blaise, 474 Amorand, Claude, 474 Amouroux, Antoinette, 451 Amyer, Louis, 262-263 Angélique Arnauld (1591-1661), abbesse de Port-Royal, 519, 522 Anhalt-Bernburg, Christian d’, 328 Anjou, Charles IV d’ (14141473), comte du Maine, 43, 52 Anne de Beaujeu (1461-1522), régente du royaume de France (1483-1491), 102, 149 Antoine, Annie, 298 Aoustin, Yvon, 107 Ardisson, Joseph, 200

Arenberg, 221 Argouges, Charles, 357 Argouges, Marie d’, 357 Arlani, Antoine, marchand à Draguignan en 1543, 200 Arma, Benoist, 283 Arma, Catherine, 283 Armagnac, Georges, cardinal d’ (1544-1585), 242 Armagnac, Jean V, comte d’ (1450-1473), 72-73 Arnaud, Jean, laboureur à Mimet en 1468, 77 Arnaud, Paulet, laboureur à Mimet en 1468, 77 Arnoux, Mathieu, 110 Arpajon, Louis, vicomte puis duc (1650), 421 Arrivé, Jean, laboureur à Vouzon en 1443, 50 Arthur de Bretagne, connétable de France (1425-1458), 44 Arthus, Blaise, laboureur à bras à Bignoux en 1597, 348 Astier, Jean, 200 Auberoche, Jacques, baron d’, 490 Aubert, abbé, 85, 125, 131, 134, 150, 180 Aubert, Oudin, laboureur à Tremblay-en-France en 1452, 60 Aubéry, Jacques, 204 Aubespine, Sébastien de, abbé de Saint-Martin de Pontoise en 1555, 223 Aubrion, Jean, bourgeois de Metz, auteur d’un journal, 82, 86, 103, 109, 122, 127 Aubry, Jean, laboureur à Fontenayle-Fleury en 1482, 99 Audisio, Gabriel, 66, 74, 84, 118, 194, 204 Augier, Guillaume, 194

573

Aulanier, Catherine, 505 Aulanier, Hugues, curé du Brignon (1638-1691), 493, 505, 517, 527-529 Aulanier, Jacques, granger au Brignon en 1644, 505 Aulanier, Jean, laboureur et héritier de maison au Brignon en 1644, 505, 527 Aulanier, Jeanne, 505 Auton, Jean d’, 126 Autun, Jacques d’, 507 Avity, Pierre d’, 477 Aymeri, Jean, 62 Ayrault, Pierre, 274 Azay, Marie d’, 106 Badren, Jean, laboureur à Wissous en 1446, 55 Badren, Renault, 55 Baehrel, René, 366 Baissade, Marguerite, 433 Balbécourt, sieur de, 533 Baloir, Jean, 420 Baluze, famille de Tulle, 269, 273, 277, 285, 310, 478 Barasc, Déodat, 45 Barat, 361 Barat, Paulette, 404, 418 Barbiche, Bernard, 342 Bardin, Étienne, laboureur à Gien-leVieil en 1452, 61 Bardin, Jeanne, 61 Bargeau, Charles, 445 Barneut, Antoni, 136 Baron, Anthoinette, 474 Barras, Noé de, co-seigneur de Mélan en 1480, 92 Barreau, Charles, laboureur à SaintBouize en 1635, 458 Barriol, Pierre, laboureur à SaintJulien-Chapteuil en 1631, 432 Barrou, Jean, laboureur à SaintBouize en 1635, 458

LA MÉMOIRE DES CROQUANTS Barrou, Simon, manœuvre à SaintBouize en 1635, 458 Barruau, 421 Barut, Pierre, syndic du Veyrierdu-Lac en 1561, 239 Basin, Thomas, évêque de Lisieux, auteur d’une histoire de Charles VII, 34-35, 37, 51, 53, 70, 75, 395 Basque, capitaine des Croquants en 1637, 476 Bassompierre, Christophe, sieur de (v. 1535-1596), 317 Bassompierre, François de, maréchal de France, auteur de Mémoires, 378 Bastard Doiche, Guillaume, 48 Bastié, Jean, 519, 526 Bastonneau, François, notaire au châtelet de Paris en 1564, 251 Battereau, Jean, 94 Baubuisson, Pierre, marchand à Plaisance en 1570, 269 Bauchez, Jean, greffier de Plappeville, auteur d’un journal, 20, 454-455, 465, 470, 472, 484, 498, 501, 509, 511, 516, 520 Bauchez, Thomas, 465 Baudet, Jean, 76 Bauhin, Jean, 327 Baume, Pierre de la, abbé de Saint-Claude en 1515, 145 Beaufort, François de Vendôme (1616-1669), duc de, 531 Beaufrère, Jousser, bordager à Nouans en 1525, 169 Beaumont-Baillehache, 410 Becquelin, 86 Bedford, Jean de Lancastre, duc de, régent du royaume de France (1422-1435), 33 Béguine, Jehann la, 55 Belhoste, Jean-François, 110, 246 Belin, Aymonin, 145 Belleysaux, Anthoyne, 297 Bellignard, Philippe, 275 Bellot, 297 Belmont, Alain, 80, 234, 271, 282, 318, 366 Benoiste, Jehan, laboureur à Hérouville-en-Vexin en 1588, 320 Benoiste, Phelipot, laboureur à Hérouville-en-Vexin en 1461, 68 Benoiste, Pierre, laboureur à Hérouville-en-Vexin en 1588, 320-321 Berangier, Jacques, laboureur à Athis-sur-Orge en 1448, 57 Bercé, Yves-Marie, 336-338, 342, 380, 421, 427, 429, 432, 445, 450, 453, 475-477, 490, 493, 496, 499, 512-513

Bergeotin, Jean, maçon à Labry en 1631, 441-442 Bergeotin, Jeanne, 442 Bergeotin, Nicolas, 442 Berna, Clauda, 473 Berna, Domenico, 473 Bernard, Auguste, historien du Forez, 270 Bernard, Blaise, 143 Bernard, Jacqueline, 306 Bernard, Pierre, 145 Bernay, Jean de, 50 Bernhuy, Jean de, marchand pastelier à Toulouse en 1514, 143 Berry, Benoît, laboureur à Tréval en 1642, 496 Berry, Charles de France, duc de (1461-1465), frère de Louis XI, 72 Berry, Pierre, laboureur à Tréval en 1642, 496 Berson, Marc, laboureur à Vémars en 1612, 389 Berson, Pierre, laboureur à Vémars en 1612, 389 Bertine, Vidale, 451 Bertoldi, Sylvain, 353 Bescat, Jacques, 354 Besnard, Fiacre, 517 Besnardière-Poupinel : cf. Le Poupinel Béthune, Antoine de, laboureur à Avesnes-lès-Aubert en 1553, 219 Beyer, Blaize, 444 Beyer, Christophe, 444 Beyssot, Pierre de, auteur d’un livre de raison de 1609 à 1652, 488, 493, 520, 525 Bezard, Yvonne, 56, 63-64, 70-71, 76, 78, 86, 99, 101, 103, 113, 115, 124, 138, 153, 155, 167, 178, 194-195, 202, 215 Bienvenu, Christophe, fermier à Gonesse en 1638, 483 Bigot, Dom Cassien, prieur de l’abbaye de Longeville (+ 1655), 439, 462, 470, 478-479, 482, 484, 491, 493, 525-526, 529 Bigot, Jacques, 518 Bihel, Michelle, domestique de Nicolas Ferrand en 1587, 319 Biraben, Jean-Noël, 41, 43, 59, 62, 64-65, 71, 75, 81-82, 84-85, 90-91, 96-97, 100-101, 103, 121, 123-124, 126-128, 130, 132-134, 139-140, 142, 144, 146, 149, 151-152, 155, 158, 161, 165-166, 170, 172-173, 175, 178-179, 181-182, 195196, 198, 200, 203, 206-208,

574

210, 212, 214-215, 217, 221, 223, 227-228, 237, 246, 249, 256, 264, 284, 286, 296, 299300, 303, 308, 310, 313, 317, 319, 339, 342-343, 346, 351, 355, 358, 365, 367-368, 370, 373, 375, 381, 409, 411, 416, 420, 422, 424, 426, 429, 431, 436, 439, 446, 448, 450, 459, 471, 484, 489, 492, 497 Biron, Charles de Gontaut-Biron, maréchal de France (15941602), 351 Bischoff, Georges, 115, 149, 168 Bisy, Jean du, curé de Marteville en 1529, 174 Blanc, Olivier le, 514 Blanc, William, 93 Blanchart, 354 Blanchefort, Jean de, 52 Blanqui, Bertrand, 49 Bloch, Marc, 10, 23, 26 Blondel, 384 Blondel, Claude, 427 Bloquet, André, 39, 78 Boehler, Jean-Michel, 521-522 Boirale, Anthoinette, 451 Bois de Chesne, Hugues, 397, 401, 408, 412 Bois, Guy, 36, 53, 71 Bois-Menier dit Boulon, chef des Pitauds en 1548, 208 Boisseau, Edme, foulon à draps à Saint-Bouize en 1635, 458 Boissière, Alexandre de la, 357 Boisson, Didier, 234 Boite, Jean, 461 Boite, Marie, 461 Bompard, Jean, savetier à Buis-lesBaronnies en 1471, 80 Bonafos, P., 433-434 Bonaric, Pierre, 176 Bonarie, Pierre, 176 Bondet, Benoist, 487 Bonhoure, Jean, 62 Bonivard, François de, 114 Bonnard, Louis, laboureur à Larajasse en 1649, auteur d’un livre de raison, 23, 499 Bonnefons, Nicolas de, 529 Bonnemère, Eugène, 26, 191, 283 Bonnet, Jean, 372, 441 Bonnet, Jean-Claude, 120, 127, 148, 171, 188 Bonnet, Jeanne, 135 Bonnet, Simonnot, 135 Bonnevie, Étienne, fermier au Plessis-Gassot en 1505, 131 Bonzon, Anne, 507 Bordedebat, Prosper, 146 Bordier, Jehan, 515 Borias, Jean, 176 Bottin, Jacques, 426

INDEX DES NOMS DE PERSONNES Bouchart, Alain, auteur de Chroniques, 152, 154, 158-159 Boucher, Louis, 480 Bouchet, Jean, 95, 161-162 Boudet, Jean, 430 Bougery, Pierre, 378 Bougton, 530 Bougy, Catherine, 538 Bouillart, Jacques, 392 Bouillet, abbé, 188, 190 Bouillon, Henri de la Tour d’Auvergne (1555-1623), duc de, maréchal de France (15921623), 317, 384, 394, 414 Boulange, L., 464 Boulanger, Michel, 515 Boulard, Clément, 180 Boulaye, Guillot, 53 Boulaye, Pierre, 53 Boullengier, 516 Bouquet, François, 298, 315, 358, 361, 370, 388, 391, 403 Bourbon, Antoine de, roi de Navarre (1555-1562), 242 Bourbon, Charles Ier, duc de (1434-1456), 37, 40, 47 Bourbon, Charles III, duc de (1505-1523), connétable de France (1515-1521), 161 Bourbon, Guy, bâtard de, 48, 50 Bourbon, Jean II, duc de (14561488), 71 Bourbonnat, François, manœuvre à Saint-Bouize en 1635, 458 Bourc de Pannesac, capitaine, 43 Bourdeilles, Henri de, sénéchal du Périgord en 1595, 342 Bourdois, Pierre, 61 Bourellon, Jean de, 293 Bourgeois, Thomas, 222 Bourgeoys, Jacques, 376 Bourgueville, Charles de, 151 Bourguignon, Pierre, 420 Bouthors, A., 133 Boutier, Jean, 249 Bouyssou, Léonce, 62 Boyart, Pinot, 163 Boyer, Jean-Paul, 49, 82, 87, 149, 189 Boyer, Mathieu, 505 Boyer, Pierre, 455 Bradley, Humphrey (15841645), ingénieur hollandais, 356, 375, 492 Brahon, Alexandre, 135 Brahon, Jehannotte, 135 Brallion, Jean, 271 Brasselet, Gérard, 444 Brasselet, Martin, 444 Braudel, Fernand, 9, 16, 261, 355 Brenne, Amé de Sarrebrück (1495-1525), comte de, 167 Breslay, René, 127 Bretonneau, Robert, 346

Breunot, Gabriel, auteur d’un journal (1575-1602), 273, 276277, 287, 333, 340 Brezons, Charles de, gouverneur de Haute-Auvergne en 1562, 243 Bricquemault, 270 Brizefer, Martin, 510 Brohier, Guillaume, 329 Brosse, Jehan de, 57 Bruant, Girard, 145 Brulé, Jean, laboureur à Villeron en 1612, 389 Brumont, Francis, 196 Brun, Étienne, 70 Bruneau, Jean, 61, 371 Bruneau, Jeanne, 61 Brunet, Alexandre, 514 Brunet, Denis, 444 Brunet, François, 514 Brunet, Olivier, 514 Brunet, Pierre, 199, 299 Brunet, Serge, 141-142, 427, 435 Brusé, Michau, 117 Buchner, Christian, 112 Buchon, Jean-Alexandre, 235 Bueil, Jean V, sire du (14061477), 43, 72 Buffarot, tisserand, chef des Croquants du Périgord en 1637, 476 Buffévent, Béatrix de, 526 Bugnicourt, 221 Buisseret, David, 342 Bureau, Philippe, 306 Burel, Jean, père et fils, bourgeois du Puy, auteurs d’un journal (1561-1621), 243, 312, 319, 324, 345, 350, 352, 356, 394 Büren, Florent d’Egmont, comte de, capitaine général de l’armée impériale en 1522, 158 Burry, Sylvain, 64, 138, 200 Bussy-Rabutin, 209 Buvault, François, 367 Cabourdin, Guy, 67, 128, 147, 149, 155, 166, 178, 195, 200, 227, 241, 246, 253, 256, 266, 285286, 289, 299, 310, 317, 328, 335, 381, 396, 402, 412-413, 425, 427, 432, 434, 436, 439, 445-446, 448, 450, 454, 460 Cabrol, Bernard, 387 Caffin, Antoine, 320 Cahouet, Jean, laboureur à Veaugues en 1583, 304 Caignet, Claude, greffier-tabellion à Maffliers en 1648, 518 Calabre, Jean II de Lorraine, duc de (1435-1470), 77 Cally, Jean, 514 Calvin, Jean (1509-1564), 174 Cambridge, Richard Plantagenêt, comte de, 44

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Camor, 341-342 Campagnat, Jehanne, 490 Canard, Jean (abbé), 182, 377 Carlier, Claude, 39, 56, 74, 156, 192, 201, 258-259, 273, 302, 335 Caron, Jean, 262 Carrier, Nicolas, 63, 66, 95, 114 Carrière, Jean-Claude, 236 Carrière, Victor (abbé), 247, 264, 283, 287, 314 Carrouget, Philippe, 63 Carton, Benoît, laboureur et communier à Saint-Clément en 1640, 490-491 Carton, Claude, laboureur et communier à Saint-Clément en 1640, 491 Carton, Gilbert (+ 1661), laboureur, chef de communauté à Saint-Clément en 1640, 490491 Carton, Pasquet, laboureur et communier à Saint-Clément en 1640, 491 Carton, Vincent (1575-1625), laboureur à Saint-Clément, 490 Casier, André, laboureur de SaintClaude affranchi en 1515, 145 Casier, Guyenet, laboureur de SaintClaude affranchi en 1515, 145 Casier, Louis, laboureur de SaintClaude affranchi en 1515, 145 Casimir, Hans ou Jean, duc, 21, 259, 261, 284, 286 Cassan, Michel, 133-134, 161, 165, 170 Castaigne, Jacques de, 441 Castaigne, Joseph, 441 Castaigne, Marguerite de, 441 Castelle, Anthoinette, 433 Cateau, Antoine, 462 Catherine de Médicis (15191589), veuve de Henri II, 249, 254, 257-258 Catillon, chef de bande de paysans en Normandie de 1588 à 1594, 323 Caucanas, Sylvie, 116 Cavaillès, Henri, 141 Cécile, Pierre, conseiller au parlement de Dole en 1587, 29, 318 Certain, Gaspard, 518 Cesarini, Roxane, 66, 74 Chabannes, Antoine de (14081488), capitaine d’écorcheurs, 34-35, 42, 52, 89-90 Chabannes, Jacques de, 47 Chabenet, François, 139 Chabot, amiral, 187 Chabrol, Jean-Paul, 181 Chalbos, Guillaume, 451 Chaldaureille, Antoine, 451 Chambaret, 338

LA MÉMOIRE DES CROQUANTS Chambarlhac, 356 Champson, Henri, curé d’Ottonville en 1635, 464 Chandiou, capitaine, 174 Changenet, Anatoire, 436 Chanteret, Jeanne, 415 Chapelle, capitaine d’écorcheurs en 1438, 42 Chappon, Pierre, 371 Chapular, Benoist, 415 Charbonneau, Hubert, 453 Charbonnier, Pierre, 38, 40, 43, 47, 71, 78, 143, 149, 165 Chareton, Victor, 294 Charles Ier d’Orléans, duc d’ (1407-1465), 51 Charles II d’Orléans, duc d’ (1536-1545), 197 Charles III, duc de Lorraine, cf. Lorraine (Charles III) Charles III, le Bon, duc de Savoie, 187 Charles IV, duc de Lorraine, cf. Lorraine (Charles IV) Charles V, roi de France (13641380), 248 Charles VII, roi de France (14221461), 20, 34, 40, 42, 45-47, 51-53, 56-57, 62-64 Charles VIII, roi de France (1483-1498), 100, 102-103, 112, 118-120, 180, 195 Charles IX, roi de France (15601574), 247, 249-250, 254-258, 271-273 Charles Quint (1500-1558), empereur des Romains (1519-1558), 154, 187, 189, 197, 201, 218 Charles le Téméraire, comte de Charolais puis duc de Bourgogne (1467-1477), 72, 82, 84-85, 87 Charlon, François, manœuvre à Saint-Bouize en 1635, 458 Charretier, Morin, 269 Chartier, Collette, veuve de Jean Meignan, propriétaire à Attainville en 1564, 250-251 Chartier, Jean, auteur d’une Chronique, 34-35, 41-43 Chartier, Nicolas, 251 Chasteau, 161, 199 Chastecourt, Jean, 427 Chastelier, Jean, 107 Chaudré, Christian, 64, 81, 108 Chaulnes, Honoré d’Albert, 1er  duc de (1621-1649), maréchal de France, 486 Chaussat, Alain-Gilles, 55, 67 Chaussée, François de la, 220 Chaussegros, Guillaume, 77 Chaussié, Nicolas, 217 Chaussier, Jean, 205

Chaussier, Jeannon, 205 Chauveau, Noël, laboureur à SaintBouize en 1635, 458 Chesnoy, Guillaume du, 124 Chevalier, Pierre, 62, 66-67, 75, 79, 81-82, 96-97, 101, 121, 124, 139-140, 144, 146, 149, 151152 Chevillard, François, 368 Chevillard, Jehanfiot, 368 Chiguin, Jean, manœuvre à SaintBouize en 1635, 458 Chitra, Claude, 176 Chuigle, curé de Bussière-Boffy en 1606, 373 Claerr, Thierry, 89 Clauchepied, Claudette, 363 Clauchepied, Nicolas, 363 Clavel, capitaine, 281 Clément, Barbe, 442 Clément, Damien, 442-443 Clément, Jean, 129 Clément, Lucie, 443 Clément, Robert, 277 Clerc, Claude, 145 Clinchamp, baron de, 398, 462 Clouard, Émile, 320, 335 Coichart, Jean, 78 Coiffier, Simon, laboureur à Tremblay-en-France en 1452, 60 Coignart, Andru, laboureur près de Léré en 1495, 117 Coignart, Philippon, laboureur près de Léré en 1495, 117 Coligny, Gaspard de (15191572), 243, 269 Colin, Denis, 344 Colin, Fiate, 443 Colin, Jean, 442-443 Colin, Jenon, 442 Collenot, Jeanne, 334 Colley, Claude, 286 Collonel, Claude, charpentier à Saint-Georges d’Espéranche en 1571, 271 Colombet-Lasseigne, Claude, 37-38, 47-48, 50, 97, 109, 121, 174 Colonge, Jacques, 415 Combaud, Jehanne de, 456 Combes, Marguerite, 434 Commarque, capitaine de brigands en 1523, 161 Commynes, Philippe de (14471511), auteur de mémoires, 82, 88 Condé, Henri Ier de Bourbon (1552-1588), 2e prince de, 317 Condé, Henri II de Bourbon (1588-1646), 3e prince de, 383, 398, 463

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Condé, Louis Ier de Bourbon (1530-1569), 1er prince de, 241, 244, 247, 259, 264-266 Condé, Louis II de Bourbon (1621-1686), 4e prince de, 532 Conrard, Madgeleine, 444 Constant, Jean-Marie, 178, 180, 288, 329, 424, 439, 535 Coquille, Guy, 311 Coras, Jean de, 236 Coroisel, Bertrand, 354 Corriol, Vincent, 146 Cossé-Brissac, Artus de, surintendant de finances, 247 Coste, Pierre, 404 Coston, Adolphe de, 291 Cothereau, Guillaume, 179 Coty, Yvon, 511 Coublies, chevalier de, 401 Couchet, François, meunier à Claix en 1602, 365 Couderc, Anne, 444 Couderc, Jacques, 444 Couespele, Pierre, 354 Couet, Simon, 458 Coulet, Noël, 41, 77, 202 Courech, Guillaume, 441 Courtin, Guischart, 251 Courtrys, Jacques, 371 Crasset, Jean, 387 Creddé, Jehan, 371 Créquy, Charles II de, maréchal de France (1622-1638), 461 Crespelle, Pierre, 133 Crèvecœur, Philippe de, 91 Croes, Jean de, 239 Croix, Alain, 81, 85, 155, 178, 180, 193, 207-208, 246, 300-301, 303, 308, 325, 328, 344, 432, 485, 511 Croix, Claude, 415 Crosneau, Guillaume, 321 Croyade, Jeanne, 434 Cuderel, Girard, 135 Cuny, Agathe, 443 Cuny, Blaisette, 443 Cuny, Dominique de, 334, 336 Cuny, Wilaume, 443 Cymonts, Arthus de, 274 Daffort, Jehan, 441 Dagot, Camille, 334, 423 Dagueron, René, 365 Dame, Guillaume, 52 Danet, Allain, 354 Dangibeaud, Charles, 322, 324, 332, 345, 350, 355, 358, 366, 369, 377, 379-380, 384, 387, 392, 394 Darbier, Jean, 458 Dareste de la Chavanne, Antoine, 26 Darnault, Monique et Bertrand, 274 Darnieulles, Jeanne de, 363

INDEX DES NOMS DE PERSONNES Darré, Laurent, 263 Darré, Robert, 263 Daubray, Catherine De, 314 Daujat, Guillaume, 297 Daujat, Jullian, 297 Daurée, famille, rédactrice d’un livre de raison, 156-157, 160, 207 Dauvergne, Robert, 26 David, Claude, 487 Davis, Nathalie, 236 Dayet, Claude, 415 De la Barre, René, 180, 402 Debard, Jean-Marc, 284 Debouvry, François, 310 Decombegrand, Jehan, 352 Delacourt, Anthoine (1615-1703), laboureur à Maffliers, 518 Delacourt, Nicolas (1589-1668), gruyer et receveur de la seigneurie de Maffliers, 29, 456, 502-503, 518 Delacourt, Philippe (1617-1673), laboureur à Maffliers, 518 Delaunay, Daniel, sieur de la Ravinière, 357 Delisle, Léopold, 26, 56, 67 Délivré, Joseph, 73 Delleaux, Fulgence, 502 Delorme, Pierre, 458 Delsalle, Paul, 124, 127-128, 130131, 135, 145-146, 148-150, 152, 155, 159, 164, 166, 168, 170, 172-178, 180-182, 187, 190, 193, 195-196, 198, 200201, 203, 206, 210, 213-215, 217, 221, 223, 225, 228-229, 261, 279, 290, 340, 350, 358, 361, 367, 370, 372, 377-378, 383, 388, 397, 401, 403, 405, 408, 412, 416-417, 424, 426, 428, 517 Demons, Arnaud, 433 Demons, Peyronne, 433 Demons, Pierre, 433-434 Demory, 371 Denifle, Henri (père), 46 Denis, Albert, 308 Denyau, François, 425 Denys, Marin, 514 Depins, Jean, 141 Derex, Jean-Michel, 493 Derien, Anthoine, 433 Derien, Jeanne, 433 Descamps, Roger, 321 Deschièse, Antoine, curé de Vaumas en 1596, 344 Desmonts, Hubert, corbeau de peste à Périers en 1586, 313 Desplat, Christian, 265 Despousdessus, Durand, 433 Despousdessus, Jean, 433 Devèze, Michel, 147, 308 Deveze, Simon, 444

Devialle, Jean, berger en 1544, 202 Devin, Marin, 480 Devin, Pierre, 480 Dewerpe, Alain, 249 Didion, Catherine, 443 Didion, François, tisserand à Labry en 1631, 443 Diedler, Jean-Claude, 105, 202, 364 Dienne, comte de, 356, 446, 514 Diet, Pierre, 444 Dieu, Nicolas, 262 Djem, sultan (1459-1495), fils de Mehmet II, exilé à Bourganeuf de 1484 à 1488, 105106 Dolay, comte de, 531 Dontenwill, Serge, 496, 505, 530 Douat, chef des Croquants du HautQuercy en 1624, 421 Doudez, Mengeon, 364 Doumail, Pierre, notaire, auteur d’un livre de raison, 374 Doutreleau, Gervais, 251, 371 Doxi, Robine, 68 Driart, Pierre, chanoine de SaintVictor, auteur d’une chronique parisienne (1522-1535), 157159, 164-167, 170-174, 181182, 422 Drouault, Jacques, 78 Drouet, François, 215 Drouet, Nicolas, 215, 240 Drouot, Henri, 28, 213, 308, 310, 313, 317, 321, 330, 336 Druille, Françoise, 444 Du Bellay, René, évêque du Mans (1535-1542), 205 Du Camp, Gilles, berger en 1550, 213 Du Haitze, 355 Du Noyer, 185 Du Rosoy, Guillaume, marchand à Saint-Léger-au-Bois en 1612, 389 Du Tillet, Jean, chroniqueur, 209 Dubarle, Marc, laboureur à Vémars en 1612, 389 Dubarle, Pierre, marchandlaboureur à Goussainville avant 1590, 325 Dubet, Antoine, 117 Dubet, Guillot, laboureur en 1495, 117 Dubet, Jean, 117 Dubet, Jeanne, 117 Dubet, Louise, 117 Dubois, Charles et Florent, arpenteurs en 1572, 258 Dubuisson-Aubenay (15901652), 522-523 Duchemin, Anne, 523 Duchiron, 373 Ducroq, Antoine, 129

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Dudrot de Capdebosc, famille, rédactrice d’un livre de raison, 157-158, 187, 246 Dufour, Louis, 523 Dufour, Philippe, 523 Dumasy, Juliette, 83, 129 Dumouchel, Thomas, curé du PetitQuevilly en 1567, 263 Dumoulin, Charles, juriste, 137 Dunois, Jean d’Orléans, comte de (1403-1468), 37, 72 Dupâquier, Jacques, 246, 318, 459, 535 Dupasquier, Jérôme, 306, 393, 415 Dupin, François, 373 Dupont, Catherine, 283 Dupont, Jean, 140, 262 Dupont, Jehanne, 431 Dupuy, Gilet, 58 Durand, Antoine, 437 Durand, Étienne, 437, 451 Durand, François, 283 Durand, Yves, 264, 328, 333, 392, 394-395, 449 Durant, Jeanne, 305 Durant, Jehan, 102 Durant, Pierre, 305 Durozier, Jacques, 352 Dutrou, Guillaume, 251 Dutrou, Jeanne, 251 Duval, Louis, 142, 418, 488 Élisabeth Ire, reine d’Angleterre (1558-1603), 232 Éloquin, Jennifer, 70 Elzias, maître, 204 Emmanuel-Philibert, duc de Savoie (1553-1580), 229, 238 Épernon, Jean-Louis de Nogaret de La Valette (1554-1642), duc d’, 475-476 Érard, capitaine, 279, 281 Erlach, Jean-Louis d’ (15951650), commandant de l’armée française dans le Saint-Empire, 523 Eschart, Jean, 106 Escouchy, Mathieu d’, auteur de Chroniques, 51, 53 Espagnet, Jean d’, 382 Estaing, Pierre d’, 54 Estienne, Charles : cf. Liébaut, Jean Estoile, Pierre de, Bourgeois de Paris, auteur d’un journal, 251, 315, 322, 353 Estouteville, 219 Estur, Jehan, fermier de dîmes à Montivilliers en 1626, 425-426 Étampes, Louise d’, 195 Eudes, saint Jean (1601-1680), 425 Eurre, Jean, capitaine protestant en 1574, 281

LA MÉMOIRE DES CROQUANTS Fabre, Jérôme, 176 Fail, Noël du, 207 Fajal, Bruno, 154 Falcon, Antoine, 176 Fallue, Léon, 124 Farel, Guillaume, 198 Farin, François, 151 Farnèse, cardinal, 204 Faron, Gillemette, 365 Faron, Gillemine, 365 Farou, Jean, 78 Faure, Pierre, bordier en 1534, 183 Favereau, louvetier en 1440, 47 Faverel, messire, 515 Favorel, F., 516 Favron, Jean, 427 Fayol, Mathieu, 79 Febvre, Lucien, 10, 24, 213, 239, 261, 268, 308, 319, 526 Feillet, Alphonse, 26, 519, 525, 528, 536, 539 Feilleteau, Jehanne, 371 Félibien, Pierre, 354 Félix, Julien, 450 Felon, Catherine, 531 Felyp, Glylen, 136 Ferdinand d’Aragon, 119 Ferdinand Ier, empereur des Romains (1556-1564), 229 Ferdinand II, empereur des Romains (1619-1637), 455 Ferrand, Nicolas, élu à Coutances en 1587, 319 Ferrier du Chayroux, Claude, 444 Ferrières, Madeleine, 272, 331, 483 Ferron, Guillaume, laboureur à bœufs en 1452, 61 Ferry, Anne (1586-1653), épouse de Nicolas Delacourt, 456 Feuille, Philippe de la, 278 Fieffé, Jean, 399 Fillon, Jeanne, 199 Fleureau, Dom Basile, 260, 532-533 Fleury, Gessin, 262 Fleury, Jean, 89 Fleury, Toussaint, 262 Floquet, 52 Foisil, Madeleine, 23, 429, 460, 480, 487 Foix, Pierre de (1386-1464), légat du pape en 1440, 48 Folhaquier, Guillaume de, arpenteur en 1481, 100 Follain, Antoine, 84, 143, 263, 286, 400, 418, 514, 519 Fontaine, Louis, laboureur et communier à Saint-Bouize en 1635, 458 Fontanayt, Philiber, 415 Fontanon, Antoine, 189 Forbin La Barben, 437 Forestier, Noël, 371 Forêt, Simon, 458 Fosse, Alexandre, 480

Fosse, Catherine, 480 Fosse, Marie, 480 Fourcault, Jean, 47 Fournier, Jean, 313, 477 Fournier, Marcellin, 388-389 Fourquin, Guy, 34, 37, 40, 49, 58, 63, 115, 153 Franc, Mathieu, luminier à Martressur-Morge en 1514, 143 Francin, Nicolas, 444 François de Lorraine : cf. Guise, François de François Ier de Bretagne, duc de (1442-1450), 20, 23 François Ier, roi de France (15151547), 144, 154, 156, 161, 163, 170, 175, 177-178, 180, 185, 188, 194-195, 197, 199, 201202, 207 François II de Bretagne, duc de (1458-1488), 53, 180 François II, roi de France (15591560), 180 Frete, Claude, 135 Froissard-Broissia (famille), 193 Froment, Antoine, avocat à Briançon en 1635, 388, 438 Froment, Jean, 135 Froment, Marguerite, 135 Fructus, Jean, consul de Vénasque en 1638, 482 Furstemberg, comte Guillaume, homme de guerre au service de François Ier puis de Charles Quint, 197-198 Gagnol, Paul, 448 Gaguin, Robert (1434-1501), historien, 38 Gaillard, Michelle, 195 Gaillart, Olivier, 154 Gallas, Mathias (1584-1647), général de l’armée impériale, 463, 467, 473 Gallet, E., 135 Gallet, Jean, 331 Galliot de Genouilhac, François, 195 Gallot, Jacques, 514 Gallot, Louis, 262 Gamon, Achille, avocat d’Annonay, auteur de Mémoires (15521586), 260, 264-265, 269-270, 276, 279, 281-284, 312 Gandilhon, René, 57, 78, 92-94, 99 Garaud, Marcel, 199 Garin, François, 239 Garin, Mathelin, 90 Garinet, Jean, 416 Garnier, Emmanuel, 229, 267, 270, 295, 447, 451, 455, 505 Garnier, Gilles, 279 Garreau, Étienne, 77, 306 Garreau, Louis, 458

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Gassion, Jean de, maréchal de France (1643-1647), 463, 480, 486-487, 489, 500 Gaston de France (1608-1660), duc d’Anjou puis duc d’Orléans, 265, 379, 604 Gauchet, Jehan, 280 Gaudet, Jean, 389 Gaultier, Guillaume, 77 Gaultier, Jean, 77 Gaultier, Pierre, bordager à SaintGeorges-de-Dangeul en 1525, 169 Gaultier, Yves, 347 Gausion, Jean, 506 Gautier, Michel, 140, 169, 310 Gautier, Pierre, 297 Gay, François, 473 Gay, frères, auteurs de mémoires, 279-280, 282, 297, 310, 313, 320, 322 Gay, Jehan, 12, 113-114 Gefroy, Jehan, laboureur à Boisd’Arcy en 1492, 113 Géhenault, 371 Geli, Pierre, 58 Gelido, Pero, 204 Gellain, Michel, laboureur en 1495, 117 Gelmon, Jean, 35 Geneviève (sainte), 164, 174, 227, 366, 396, 422 Gentigne, Jean, 135 Gentil, Claude, 282 Genton, Claude, 195 Gérardin, Emmanuel, 169 Germa, Louis, 143 Germain, René, 61, 73-74, 76, 102, 174 Gesseaume, François, 518 Gibon, Gilles, sieur de La Chesnaye en Arradon en 1541, 211 Giffard, Robert, 453 Gili, Éric, 150, 214, 224 Gilibert, Bernarde de, 441 Gilles, Jehan, 371 Girard, 332 Girard, Claude, 444 Girard, Étiennette, 106 Girard, Guillaume, 415 Girard, Jacques, 415 Girardot, Alain, 36, 47, 49-50, 59-60, 62, 76-77, 82, 84-85, 90-92, 97, 101, 112, 115-116, 124 Girardot de Nozeroy, Jean (15801651), historien franc-comtois, 445, 479 Giraud, Symon, 251 Girault, Étienne, manœuvre à SensBeaujeu en 1583, 304 Girault, Joachim, manœuvre à Mentou-Ratel en 1583, 304

INDEX DES NOMS DE PERSONNES Glaumeau, Jean, prêtre de Bourges, auteur d’un journal (15411562), 194, 196, 198, 208, 210, 214-215, 217, 220, 222-223, 228, 231, 234, 237, 240 Glomot, David, 85, 129 Godran, Philibert, 141 Gogney, Jean, 177 Goldynck, Anna, 488 Goriot, Jean, pauvre homme de labour en 1452, 61 Goron, Jeanne, réfugiée picarde en 1636, 461 Goubert, Pierre, 16, 420 Gouberville, Gilles Picot de (15211578), seigneur du Mesnilau-Val en Cotentin, auteur d’un journal, 23, 214-215, 223, 225, 227-229, 239-240, 252 Gouin, Jean, manœuvre à SaintBouize en 1635, 458 Goulaine, Jean de, 357 Goullé, Guillemette, 125 Gouyat, 334 Graffart, Étienne, 425 Graffart, Henri, 425 Graffart, Hermine, 425 Graffart, Jacob, 425 Graffart, Jehan, batteur de grains de Jurques en 1505, 131 Grancey, Jacques Rouxel de, maréchal de France (16511680), 530 Grand, Roger, 55 Grandjean, Nicolas, 465 Granges, Renaud des, 56 Graziani, Antoine-Marie, 61, 272, 301, 399, 459 Greben, Louis, marinier de Wissant en 1522, 159 Gréelle, Blaise Régnier de, archevêque de Bordeaux (14561467), 69 Grégoire, Élie, 427 Grégoire, François, 415 Grégoire, Nicolas, 427 Grégoire XIII, pape (1572-1585), 283, 287, 301 Greletty, chef des Croquants du Périgord en 1640, 489-490 Grenier, Jean, 367 Grimaud, Gilberte, 180 Grimaudet, François, avocat du roi en 1560, 16, 235 Grison, Jean, métayer à SaintGeorges-de-Dangeul en 1526, 140 Grongnet, berger à Smermesnil, exécuté comme sorcier en 1630, 437 Gruau, Julien, 107 Guausie, Barthélémy, 116 Guérin, François, 399 Guérin, Isabelle, 48, 50, 58, 131, 195

Guérin, Jacques, laboureur à Vémars en 1652, 534 Guerre, Martin (1524-1560), 236, 449 Guerrot, Noël, 371 Gueulette, Simon, 202 Guibert, Louis, 70, 81, 185, 369, 374 Guillery, Philippe, chef de brigands du Poitou en 1608, 380 Guillochon, Perrine, 330 Guillorel, Éva, 265 Guillot (le roi), cf. Maclou (capitaine) Guise, Charles de Lorraine, 4e duc de Guise (1588-1640), prince de Joinville, 383 Guise, Claude de Lorraine, 1er  duc de Guise (15281550), 198, 220, 281 Guise, François de Lorraine, 2e duc de Guise (1550-1563), 220 Guise, Henri de Lorraine, 3e duc de Guise (1563-1588), 156, 310, 317, 332-333, 335, 402, 409 Gurvil, Clément, 222, 248, 338, 367 Gutton, Jean-Pierre, 128, 175, 179, 189 Guy, Claude, 473 Guy, Jean, 100 Guyon, Symphorien, 126 Habsbourg, 20 Habsbourg, Maximilien de, 87 Hadon, 515 Hadouaire, Gervais, laboureur communier à Chassant en 1459, 66 Hadouaire, Jean, laboureur communier à Chassant en 1459, 66 Halus, Louis, 317 Hamelin, Jacquet, 104 Hamelin, Philippotte, 104 Hamelin, Raoulet, laboureur à Vémars avant 1485, 104 Hannequeau, Pierre, 75 Hanry, Nicolas, 434 Haraucourt, André d’, 84 Harcourt, Henri de Lorraine (1601-1666), comte d’, 530 Hardoin, Jean, 61 Haton, Claude, prieur, auteur de Mémoires (1553-1582), 15, 94, 221-223, 226-227, 231, 233, 237, 240, 242-245, 247, 251-253, 259-261, 272-273, 275, 288-290, 296 Hault, Didier, 442 Hauser, Henri, 175 Hauvis, Guillaume, fermier de dîmes à Hérouville-en-Vexin en 1555, 223 Havart, Robert, 101 Hehl, Georg, 470 Henne, Michel, fermier en 1553, 219

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Henri II, roi de France (15471559), 15, 23, 199, 209, 215, 222, 228-229, 232-233 Henri IV, roi de France (15891610), 24, 291, 322-323, 328329, 333, 336, 340, 357, 359, 361-362, 367, 375-377, 380, 384 Henri VI, roi d’Angleterre (14221461 puis 1470-1471), 37 Henri VIII, roi d’Angleterre (1509-1547), 141, 158, 201 Hermann, Anny, 197 Hernandez, 202 Héroard, Jean, médecin de Louis XIII, auteur d’un Journal (1601-1628), 385, 416 Héron, Alexandre, chroniqueur rouennais, 142, 144, 160, 253 Herpin, notaire à La rochelle, auteur d’un livre de raison, 303, 307, 339, 345 Hiret, Jean, curé de la Trinité d’Angers puis de Challain, auteur d’une chronique sur l’Anjou, 353 Hocquincourt, Charles de Mouchy, marquis d’, maréchal de France (1651-1658), 530-533 Hoeufft, Jean, 492 Hotot, Marie de, 125 Houdry, curé de Chalindrey en 1641, 492 Huet, Clément, 117 Huet, Jehan, laboureur à Tremblayen-France en 1452, 60, 503 Hugo, François, 442 Hurault, Philippe, évêque de Chartres (1608-1620), 382 Husson, Jacomin, auteur d’une chronique de Metz, 110, 138, 142, 144, 371 Huusman, Jean, berger en 1550, 213 Imberdis, André, 243 Imbert, Pierre, 515 Innocent VIII, pape (1484-1492), 103, 108 Isambert, François-André, 63, 108, 120, 132-134, 136, 143, 147, 150, 153, 177, 181, 189-190, 192, 197, 203, 210, 260, 282, 304, 308, 343, 346-347, 356, 362, 365, 375, 448, 452 Jacmon, Antoine, bourgeois du Puy, auteur de Mémoires (16021652), 432, 435-436, 438, 475, 479, 488, 491, 496-497, 511, 524 Jacmon, Marguerite, 432 Jacmon, Marie, 432

LA MÉMOIRE DES CROQUANTS Jacquart, Jean, 235, 243, 260, 264, 282, 296, 332, 337, 392, 395, 454, 491, 510, 522, 538 Jacques-Chaquin, Nicole, 266, 304 Jambu, Jérôme, 430 Jaquard, Anciez, 135 Jaquard, Jaquot, 135 Jarnoux, Philippe, 54 Jarrige, Pierre de, viguier de SaintYrieix, auteur d’un journal (1560-1574), 24, 249, 253, 263, 267, 273, 276-277, 300, 309, 316 Jaudon, Bruno, 71, 100 Jay, Pierre, manouvrier à Luxeuil puis à Bayon en 1593, 334 Jaym, Mariette, 217 Jean II Jouvenel des Ursins (1388-1473), évêque de Beauvais (1432-1444), 46 Jean, Louis, 232, 235 Jean Sans Peur, duc de Bourgogne (1404-1419), 34 Jeanne d’Arc (1412-1431), 68, 345 Jeanne Hachette, 81 Jehantiot, Denise, 368 Jennet, dit le Noiseulx, 169 Joannis, Paul de, chef des Cascaveù à Aix en 1630, 437 Joliot, Nicolas, 466 Josse, Philippe, 391, 422 Jouan, Abel, 249 Jouard, André, 515 Jourdan, André, 444 Jourdan, Françoise, 444 Juneaux, François, 514 Juneaux, François (fils), 514 Juneaux, Jean, 514 Juneaux, Richard, 514 Karraz Le Borgne, Jean, 487 La Chaize, auteur d’un livre de raison, 273, 275 La Châtre, Claude de, gouverneur du Berry (1569-1588), maréchal de France (15931614), 266, 278 La Combe, Jehan, 441 La Crouez, Jacquette de, 61 La Douze, marquis de, 490 La Fontenelle, Guy Eder de (1572-1602), chef de guerre et brigand, 333, 340, 352 La Force, Jacques Nompar de Caumont (1558-1652), duc de, 490 La Marck, Robert II de la (14681536), 115 La Meilleraye, Charles de La Porte, marquis de, maréchal de France (1639-1664), 477, 494, 497

La Porte, Raoul de, 190 La Richerie, lieutenant, 278 La Roche, Jehan de, 73 La Rochefoucauld, François III (1521-1572) comte de, chef protestant, 241 La Trémoille, Georges Ier de (1384-1446), chef de guerre, 38 La Valette, Bernard de Nogaret, duc de (1592-1661), 476 La Valette, Jean-Louis de Nogaret (1554-1642), cf. Épernon, 476 La Valette, Louis de Nogaret d’Épernon, cardinal de (1593-1639), 463, 473 Labbé, Sylvain, closier près de Blois en 1647, 515 Laborel, 434 Laborie, Guillaume, 116 Lacarrière, 477 Lachiver, Marcel, 106 Lagarde, famille, rédactrice d’un livre de raison, 413, 459 Laîné, Michelle, 487 Laire, Jean de, 50 Lamothe, Nicolas, 420 Lancre, Pierre de, 382 Landry de Challes, 149 Landry, Yves, 453 Lanternier, Jean, 135 Lanternier, Jehannotte, 135 Larche, Pierre de, 427 Lardé, Pierre, 389 Larguier, Gilbert, 187 Laroche, Christophe, 442 Laroche, Jean, 442 Larpenteur, Louis, 515-516 Lartigaut, Jean, 36, 45, 51, 58, 81, 87, 91, 101, 357 Latouche, Robert, 130, 184, 316 Laurens de la Barre, René, 315, 382 Laurensse, Mariette, 361 Laval, Léon de, baron de Madaillan, 476 Lavaure, Joynard, 415 Lay, Jean, 380 Lay, Philibert, 380 Le Baillif, Jehan, 134 Le Batellier d’Aviron, 452 Le Bon, Adrien, prieur de Saint-Lazare en 1638, 483 Le Boulanger, Marc, 456 Le Breton, Colignon, 92 Le Breton, Denis, 354 Le Breton, Didier, 92 Le Clerc, 329 Le Corvaisier, Antoine, 205 Le Coullon, Jean (1525-1587), laboureur et vigneron à Ancysur-Moselle, auteur d’un livre de raison, 17, 21, 23, 109, 177, 190, 192, 194, 197-198, 201,

580

203, 205, 207, 210, 216-218, 225, 231-233, 238, 249, 253, 256, 259, 263, 275, 277, 280, 283, 285, 289-290, 292, 296, 299-300, 302, 307, 309, 311312, 316 Le Coulon, Colignon, 217 Le Couteux, Pierre, 514 Le Cueur, Sébastienne, 291 Le Danois, Raoul, 56 Le Doyen, Guillaume, auteur d’une chronique sur le Maine (14801537), 94, 97, 112, 118, 122, 131, 135, 137, 152, 178 Le Duc, Roland, fermier en faillite à Goussainville en 1645, 510 Le Febvre, Nicolas, fermier de Stains à Villeneuve-sous-Dammartin en 1650, 526 Le Fort, Guillaume, 386 Le Fort, Michel, laboureur à Maffliers en 1648, 518 Le Gauchier, 352 Le Grou, Allain, 354 Le Large, famille bourgeoise de Bourges, auteure d’un Journal, 429, 469, 488, 508, 530, 532 Le Liégeois, Guillaume, 92 Le Maindre, Nicolas, 515 Le Maire, François, 209 Le Maire, Jacques, 371 Le Marchand, Simon, bourgeois de Caen, auteur d’un journal, 396 Le Masson, Curien, 399-400 Le Mené, Michel, 58, 60, 62, 64, 67, 70, 76, 79, 81, 90, 97, 124, 126 Le Metterel, corbeau de peste à Périers en 1586, 313 Le Paulmier, Jean, auteur d’un Traité du cidre, 322 Le Poupinel, Charles, sieur de la Besnardière, lieutenant au bailliage de Coutances en 1639, 487 Le Prévost, Odet, 514 Le Riche, Guillaume et Michel, 185, 187-188, 190-191, 193, 195196, 198-200, 202-203, 205207, 278, 282, 284-286, 288, 298-300, 304-305, 307-310, 313 Le Roy, Jean, 65 Le Roy Ladurie, Emmanuel, 16, 23, 27, 30, 33, 82, 85, 87, 92-93, 116-117, 128, 146, 159, 164165, 173, 187, 193, 222, 224, 227-228, 232, 236, 296, 302, 322, 339, 345, 355, 357, 366, 368-369, 374, 383, 386-387, 397, 401, 413, 419, 424, 426, 428, 469, 479, 494, 504-505, 508-510, 527 Le Royer, Jacques, 516 Le Serie, Guillaume, 371 Le Tellier, Claude, 423 Le Tellier, Dominique, 423

INDEX DES NOMS DE PERSONNES Le Vasseur, laboureur élu des États généraux de Blois en 1589, 320 Lebègue, Aymonne, 251 Lebeuf, abbé Jean, 103 Lebret, André, 479 Lebret, Marie, 479 Lebreton, Jacques, 185-186 Lebrun, François, 303, 308, 358, 365, 368, 396, 417, 429, 438, 484-485 Lechevalier, Jehan, 239-240 Lecler, André, 292, 440 Leclerc, François, 371 Legay, Louis, 358 Legay, Pierre, 154 Léger, Pierre, 427 Leguai, André, 486 Leloup, Bertrand, 518 Lemaindre, Nicolas, 516 Lemaistre, Antoine, 431 Lemaitre, Nicole, 54, 421 Lenglet, 82 Lenoy, Robert, 420 Léons, Pierre, notaire à Blois en 1647, 516 Léopold-Guillaume de Habsbourg, gouverneur général des Pays-Bas espagnols (1647-1656), 523 Lepage, Henri, 329 Lercano, Tomaso, 301 Lerozier, Jacques, 329 Léry, Jean de (1536-1613), 278-279 Leschardoux, Guillaume, 107 Lescorne, Rémy, 180 Leteurle, Gabriel, 107 Levasseur, Jehan, 321 Lévesque, Martin, 515 Lévis, Guy de, 63-64 Libert, François, 371 Liébaut, Jean, auteur de l’Agriculture et Maison rustique, 222, 249, 359 Liechtenhan, Francine-Dominique, 357 Litzenburger, Laurent, 33, 50, 52, 58, 60, 103, 106, 110, 132, 137, 146-147 Locquet, J., 516 Lorcin, Marie-Thérèse, 62, 92, 97 Lorraine, Antoine de, 168 Lorraine, Charles de (15271574), cardinal, 241 Lorraine, Charles  III, duc de (1545-1608), 267, 295, 310, 317, 363, 365 Lorraine, Charles IV, duc de (1604-1675), 463-464, 467, 532 Lorraine, Henri II, duc de (16081624), 420 Lottin, Denis, 47, 126, 138, 151, 171, 179

Loucon, Aucher, métayer au Chezeau avant 1498, 121 Louis XI, roi de France (14611483), 50-51, 57, 69-70, 74-75, 84-85, 88-91, 95, 98-100, 102, 108 Louis XII, duc d’Orléans (14651498) puis roi de France (1498-1515), 118, 125, 129, 132, 137, 141, 144, 180, 195 Louis XIII, roi de France (16101643), 23, 337, 362, 385, 398, 411, 414, 416, 425-427, 430, 435, 453, 455, 474, 481, 492, 499-500 Louis XIV, roi de France (16431715), 18, 482, 522 Louvie, seigneur de, 190-191 Lovelet, Julien, 354 Lucas, Alain, prêtre de Lanvellec en 1596, 344, 351 Luneau, M., 135 Luppo, Jehan, 261 Lutaud, Françoise, 505 Lynet, Jacques de, 262 Lyot, Jean, trésorier du PetitQuevilly en 1567, 262 Macheret, Claude, 465 Macheret, Clément, curé d’Hortes en Bassigny, auteur d’un Journal (1628-1658), 159, 447, 454, 458, 460, 462-463, 467-468, 472, 481-482, 484-485, 488489, 492-499, 501, 524 Maclou, capitaine de brigands en 1523, 161-162 Madaillan, chef des Croquants du Périgord en 1637, 476 Maguer, Raymond, 143, 241, 414 Mahé, Isabelle, 60 Mahé, Julien, 60 Mahuet, Alizon, 442 Maignart de Bernières, Charles, 525 Maillé-Brézé, Arthus de, 255 Mailliard, Benoît, grand-prieur de Savigny, auteur d’une chronique (1460-1506), 87, 92, 95-96, 104-108, 110-112, 115121, 123-125 Mailliard, Philippe, curé de Prouais en 1602, 365 Maimbourd, Humbert, 423 Maistre, Pierre, 321 Maîtrepierre, Jacques-Marie, 458 Malherbe, François, 514 Malherbe, Thomas, 514 Maliges, Jean, 451 Mallard, Jean, 326 Mallet, Léonard, 514 Mallet, Maurice, 514 Mallot, André, laboureur à SaintClément en 1640, 490-491 Mallot, Marie, 490

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Mallot, Vincent, 490 Malone, Robert, laboureur à Baillonlès-Valhuon en 1525, 169 Malras, Antoine de, professeur de droit à Toulouse en 1534, 183184 Malras, baron de, 254 Manas, Jacques de, 176 Mandon, Antoine, 143 Mandrou, Robert, 383, 437, 506-507 Mangin, Agathe, 442 Mangin, Guillaume, 205 Mangin, Jean, 442 Manin, Barbe, 444 Mannevy, Guillaume, 348 Mansfeld, Ernst von (15801626), chef de guerre protestant, 413 Mansfeld, Pierre-Ernest 1er (1517-1604), comte de, gouverneur du Luxembourg, 270 Mantiel, Jean, 442 Marandet, Marie-Claude, 45, 74, 100 Marchais, Louis, 515 Marconville, Jean de, 209 Mareschal, Pierre, 474 Marie de Bourgogne (14571482), 87, 90 Marie de Médicis, veuve de Henri IV, 362, 376, 379, 392, 406, 411 Marie, Lubin, 518 Marnier, Jean, 458 Marsin, Jean-Gaspard-Ferdinand (1601-1673), comte de, 489, 527 Marsy, 123, 139, 152 Martin, Jean, laboureur à SaintMard en 1477, 89, 199 Martin, Michel, 518 Martin, Philibert, 490 Martin, Pierre, 204 Massé de Boisgrallon, 504, 516 Massé, Estienne, batteur de grains de Saint-Jean-le-Blanc en 1505, 131 Massé, Jehan, batteur de grains de Saint-Jean-le-Blanc en 1505, 131 Masselin, Jean, 36, 98, 103 Massiot, Jean, 70, 88 Masson, Jeannot, 117 Massuau, Marin, 515-516 Matthis, Gustav, 471 Matz, Jean-Michel, 154 Mauclerc, Pierre, duc de Bretagne, 53 Mauny, Antoine, 215 Maupoint, Jean, auteur d’un journal (1435-1469), 41, 44, 47-49, 51, 54, 65, 68, 72-73, 76 Maurin, Marguerite, 443 Maurin, Nicolas, 443

LA MÉMOIRE DES CROQUANTS Maximilien Ier de Habsbourg, empereur des Romains (1508-1519), 90 Mayenne, Charles de Lorraine (1554-1611), duc de, 297, 323, 332-333 Mayenne, Henri de Lorraine (1578-1621), duc de, 336 Mazarin, Jules (1602-1660), cardinal, 522, 530 Mazirel, Renault, 136 Mazon, Albin, 294 Médicis : cf. Catherine de Médicis et Marie de Médicis Médicis, Estienne, bourgeois du Puy, auteur d’une chronique (14751565), 96, 101, 128, 152, 161, 165, 174, 182 Meignan, Thomas, 251 Meignen, Jehan, 251 Ménabé, Goudoffre, 517 Menné, Jehan, 371 Merard, Pierre, 507 Mercœur, Philippe-Emmanuel de Lorraine (1558-1602), duc de, 325, 334, 348, 351, 357, 380 Merle, Louis, 65, 190, 202, 445 Merlin, Roland, 370, 507 Mérot, Florent, 533-535 Mesnagier, Pierre, 440 Messilie, Benoist, 415 Metz, Monsieur de, 479 Meulles, René de, 202 Michalet, Quériot, 113 Michaud-Fréjaville, Françoise, 37, 140 Michel, Jean, 442 Michel, Pierre, 347 Mignant, Jehan, laboureur à Attainville, 251 Mignié Jeane, Jean, 430 Migot, Estienne, 442-443 Migot, Jean, 442 Migot, Sébastienne, 443 Migote, Jeanne, 444 Millet, Christofle, 217 Miquel, Peyre, 69 Miron, Robert (1570-1641), prévôt des marchands de Paris en 1614, 395, 398 Miton, Adrien, auteur de mémoires (1520-1640), 300, 302, 309, 320, 323-324, 329, 336, 350, 357 Monery, Poncet, consul de Vénasque en 1638, 482 Monger (ou Montgé), Guillaume, laboureur à Villeron en 1612, 389 Monstrelet, Enguerrand de, 39-42, 44, 46-47, 49 Montagu, Robin, laboureur en 1495, 117

Montaigne, Guillot, 88 Montbrun, Charles Du Puy (1530-1575), sieur de, capitaine protestant en Dauphiné, 141, 279, 503 Montégu, Jean, 432 Montgé, Denis, aubergiste au Mesnil-Amelot en 1627, 426 Monthois, Robert, 354 Montluc, Blaise de (v. 15011577), homme de guerre, 242 Montmat, Jacques de, seigneur de Pominhac en 1497, 120 Montmey, Antoine, laboureur à Sury-le-Comtal avant 1586, 313 Montmey, Jeanne, 313 Montmorency, Anne de (14931567), connétable de France (1538-1567), 215, 246, 255 Montmorency, Guillaume de (1453-1531), baron de, 139 Montpensier, François de Bourbon (1542-1592), duc de Montpensier, Dauphin d’Auvergne, 242, 281, 323-324 Morand, Jean, 487 Moreau, Antoine, laboureur à Avesnes-lès-Aubert en 1553, 219 Moreau, Jean (chanoine), auteur d’une Histoire de la Ligue en Bretagne, 59, 298, 333, 340, 348-349, 354, 357 Moreau, Jeanne, 461 Morel, Jean, 371, 487 Morera, Raphaël, 356, 375, 493, 496 Moreti, Étienne, 74 Moriceau, Jean-Marc, 61, 104, 131, 199, 249, 260, 291, 357, 424, 426, 510, 526, 535, 539 Moricière, Louis de la, 323 Morin, Dom Guillaume, 416 Morin, Pierre, 515-516 Morineau, Michel, 28 Morize, Lucie, 443 Morize, Nicolas, 443 Mota, Jean, 93 Motteville, Françoise de, 522 Mouchel-Vallon, Patrice, 274, 289, 308, 313, 315, 319, 323, 342, 347, 352 Mouchy, Philippe, curé de Saint-Leu en 1652, 535 Mouisset, Sylvie, 429 Mousnier, Roland, 506 Mouton, Fabrice, 66 Moynart, Françoise, 428 Moynart, Jean, 428 Muchembled, Robert, 86, 90, 140, 169-170, 173, 213, 259, 274, 387, 410

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Münzer, Thomas (1489-1525), chef de la guerre des paysans, 168 Muray-Kendall, Paul, 90 Mure, Jean-Marie de la, 149 Musnier, Guillaume, laboureur à Villeroy en 1543, 199 Musnier, Jacques, 436 Musnier, Jean, laboureur à Villeroy en 1543, 199 Musnier, Pierre (fils), laboureur à Villeroy en 1543, 199 Nardin, 327 Nassau, Philippe-Guillaume de, 330 Nassau-Breda, Henri III de (1483-1538), 187, 283, 291, 301, 303, 310, 322-323 Nassiet, Michel, 212 Nauldin, François, 458 Nègre, Antoine, 444 Nègre, Jeanne, 444 Nemarie, Guillaume, métayer à Bouresse en 1535, 185-186 Nemours, Charles-Amédée de Savoie, duc de (1641-1652), 532 Neutré, Anthoine, 434 Neutré, Arnauld, 434 Neuville, François II de, abbé de Grandmont (1561-1596), 292 Nevers, Charles de Gonzague, duc de (1595-1637), 414 Neveux, Hugues, 39, 57, 88, 156, 164, 167, 172, 219-220, 222223, 225, 253 Nibo, Joan, 141 Nicolas d’Orléans, duc d’ (16071611), 376 Nicolas, Violaine, 137 Nogues, François, métayer à Vidausson en 1600, 359 Nordman, Daniel, 249 Nu-pieds, Jean, chef des révoltés de 1639, 487 Nyvet, Pierre, 354 Olivier, Sylvain, 363 Ollivier, Françoise, 205 Oms, Honoré d’, seigneur de Prades en 1521, 156 Orléans, duc d’ : cf. Charles Ier, Charles II, Louis XII, Nicolas d’Orléans et Gaston de France Orléans, Gaston d’, 445 Orléans, Nicolas d’, 376, 447 Ornières, Anthoine, 430 Orry, Olive, 60 Orsino, Giovan, bandit corse en 1635, 459

INDEX DES NOMS DE PERSONNES Oubert, Étienne, laboureur à Rennemoulin depuis 1470, 78 Oudet, Claude, 450 Oudin, Guillaume, chroniqueur de l’Anjou (1447-1499), 81, 94-95, 110, 121 Oudin, Michel, 515 Palatinat-Veldenz, GeorgesGustave, 380 Palissy, Bernard (v. 1510-1590), 247-248 Panassière, Jeanne, 433-434 Panné, André, 306 Papelart, Claude, laboureur à Épiaislès-Louvres en 1549, 211-212 Paradin, Guillaume, historien de Lyon, 209, 226-227, 248, 269, 275 Paravy, Pierrette, 66, 84 Parent, Dom Zacharie, 65 Paresys, Isabelle, 156, 159, 163, 165 Paris, Thomas, 215 Parra, Benoiste, 415 Parra, François, 415 Parressolz, Jean, 145 Paschal, Pierre de, 241-242 Pasquier, Jean, 89 Pasquier, Thomas, laboureur à Villeneuve-sous-Dammartin en 1477, 89 Passoz, Jean David, 487 Pasthin, Jean, laboureur aux Coursles-Barres en 1449, 59 Pastoureau, Pierre, 456 Patel, André, 487 Patel, Guilla, 486 Patel Vallet, Claude, 486 Patelin, Clauda, 487 Patu, Jehan, 113 Paulo, Visconti, 132 Pêche, Guillaume, 433 Pêche, Jean, 433 Pécheret, curé de Saint-Jean-deThurigneux en 1622, 415 Pécour, Raoul, 156 Pecquet, Antoine, maître des Eaux et forêts, auteur de commentaires sur les lois forestières, 229 Peh, Jean, 434 Peirier, François de, 513 Pelé, Nicolas, jardinier à Paris en 1603, 367 Pellard, René, 371 Pellenc, Collin, vaudois brûlé vif en 1540, 194 Peltre, Jean, 129, 365, 380, 420 Pentecoste, Claudon, bergère à Labry en 1631, 444 Perard, Pierre, 371 Pérart, Étienne, 117 Periaux, Nicetas, 160, 412

Périer, Casin, laboureur à Villeneuve-sous-Dammartin en 1477, 89 Périgault, Richard, 329 Perin, Agathe, 442 Perin, Mangin, 443-444 Perrault, Jean, curé de Vitray-enBeauce en 1601, 24, 362 Perrier, Pernette, 487 Perrotte de Cairon, famille normande, auteure d’un livre de raison, 85, 125, 131, 134, 150, 180 Perrotte, Nicolas, 125 Person, Guillaume, 487 Person, Guille, 486 Person, Louis, 486-487 Pesant, Mahurin, 458 Pesez, Jean-Marie, 85, 244 Petit Loup, Robinet, chef d’écorcheurs en 1444, 52 Petitjean, Pierrot, 61 Peytavin, abbé Jean, curé de SaintJulien-du-Tournel, 437 Pfister, Christian, 173, 286 Philippe II, roi d’Espagne (15551598), 24, 227-229, 232, 254, 267, 310 Philippe le Bon (1396-1467), duc de Bourgogne (1419-1467), 34, 48 Picard, 49, 323 Pichard, Georges, 187, 193, 224, 253, 258, 328, 374, 386-387, 394, 396, 406, 422, 484, 496 Pichonnet, Pierre, laboureur en 1495, 117 Picot, Robert, 263 Piémond, Eustache, auteur de mémoires sur le Dauphiné, 286, 299-300, 302, 306-307, 313 Pierre, Didier, vicaire à Ancy en 1545, 205 Piers, Hector, 218 Pillard, Claude, 145 Pillard, Guillaume, 145 Pillatre, Philibert, laboureur à bœufs à Villepreux en 1483, 101 Pillorget, René, 437 Pinard, Pierre, 154 Pinczoneau, Guillaume, 107 Pion, Henri, 442, 444 Pion, Lucie, 444 Piron, Guillemette, 304 Pitart, Richard, 183 Pitte, Jean-Robert, 210, 370 Plaisse, André, 315 Platter, Félix, 216 Platter, Thomas, 355-357 Pleinchêne, Katia, 418 Plocquin, Michel, 515 Plomesle, Joachim, 514 Poignerot, Jean, 135 Poignerot, Jehannotte, 135

583

Pointe, Antoine, 117 Pointe, Jean, laboureur à Ablainville en 1495, 117 Poirier, Marguerite, 367 Poirot, Michel, 423 Poitou, Christian, 50, 243, 309, 314, 415 Pomponi, Francis, 132 Poncet, Fabrice, 490 Ponsot, Pierre, 380 Pontié, Bertrand, 451 Pontié, Catherine, 451 Porchnev, Boris, 421, 468-469, 471, 476 Pot, Anne, 139 Potard, Simon, vigneron à Sancerre en 1573, 278 Potel, Jean, 135 Potel, Perrenette, 135 Potier, Marie, 131, 510 Pouget, famille du, auteure d’un livre de raison, 128, 157, 159, 171, 173-175, 177-178, 181182, 184, 191, 193-194, 197, 210 Poultier, Jehan, marchand à Compiègne en 1612, 389 Préaud, Maxime, 266, 304 Pussot, Jean (1544-1626), bourgeois de Reims, auteur d’un journal, 25, 201, 264-265, 268, 273, 275, 283, 285, 289, 292, 298, 304, 306, 316, 319, 322, 324, 327, 330, 332, 334, 339, 343, 345, 351, 353, 355, 358, 360-361, 364, 366, 368-369, 373-374, 378, 381-383, 386, 388, 391, 393-394, 397, 406, 408-409, 412-414, 416, 419, 421, 423 Puy, Antoine du, 301, 476 Puymoreau, chef des Pitauds en 1548, 208 Puzelat, Michel, 197 Quenet, Grégory, 116, 135, 210, 248, 263, 292, 296, 319, 327, 332, 360, 367, 379-380, 405, 407, 438, 483, 488, 491, 504, 511 Quiesdeville, Thomas, scieur de blé à Cairon en 1507, 134 Quihou, Jean, vigneron à Mons-surOrge en 1578, 291 Quinquaire, Jean, marchandlaboureur à Paris en 1563, 248 Rabot, Brice, 107 Rabutin, Sébastien de, 209 Rachard, Guillaume, 297 Rahault, Didier, marchand de dentelles à Villiers-le-Bel en 1650, 525-526 Rahault, Étienne, 526

LA MÉMOIRE DES CROQUANTS Rambeaud, Pascal, 188, 303, 307, 339, 345 Rambures, Monsieur de, 461 Rameau, François, manœuvre à Saint-Bouize en 1635, 458 Ranchin, François, 477 Raoult, Béatrice, 60 Raoult, Jean, 60 Raoult, Jeanne, 60 Raoux, curé de Torcenay en 1641, 492 Rapin, Nicolas, 304-305 Rapine, Florimond, 395, 398 Ravaillac, François (1577-1610), 384, 500 Raveau, Paul, 179, 192, 210, 269, 288, 348 Rayer, Marie, 291 Raynal, Louis, historien du Berry, 35, 40, 65, 157, 160 Reboul, Laurent, curé d’Yssingeaux en 1599, 356 Rebours, Jean, 458 Récicourt, Jean de, écuyer de Vondoncourt en 1483, 101 Regnault, Pierre, 42 Reilha, Peyre, arpenteur en 1481, 100 Rémy, Nicolas, 286, 343 René Ier d’Anjou, duc de Lorraine (1431-1453), 52 René II, duc de Lorraine (14731508), 82, 109, 115 Renier, Jean, 38 Renou, Henry, 441 Renouard, Marie, 453 Reolet, Benoiste, 283 Reolet, George, 283 Reolet, Vincent, 283 Richard, Alexandre, 451 Richard, Claude, 451 Richard, Jean, bordager à Nouans en 1525, 169 Richard, Nicolas, 502-503 Richard, Raimond, 176 Richart, Antoine, auteur de mémoires sur le Laonnois, 325, 338 Richart, Jean, 78 Richart, Louis, 78 Richart, Pierre, laboureur à Preuillysur-Claise en 1470, 78 Richelieu (1585-1642), cardinal de, 190, 427, 463, 469, 476-477 Richemont, Arthur III de Bretagne, comte de (1393-1458), connétable de France, 37 Riegert, Henri, 471 Rivey, Jehan, 176 Rivière, Robert, 514 Robert aux Épaules, seigneur de Sainte-Marie-du-Mont en 1589, 323 Robert, François, 23

Robert, Jehan, 305 Robert, Samuel, auteur d’un livre de raison, 483 Robillard de Beaurepaire, Charles de, 225, 416 Robinet, Marc, 371 Roches-Baritaut, Philippe de Châteaubriant, comte (+ 1642), 477 Rocquer, Judith, servante à Coulombs en 1626, 425 Rodil, Martin, 176 Rodolphe II, empereur des Romains (1576-1612), 370 Roffignac, Élie de, auteur d’un journal, 319 Rohan, Jean II, 14e vicomte de (1462-1516), 74 Roland, Denise, 427 Rollet, Benoît, 431 Rollet, Claude, 431 Rols, Bertrande de, 236 Roman, Joseph, 27, 291, 293, 297 Romanet, François, vicaire de Saint-Georges-de-Reneins en 1561, 237 Ronay, baron de, 411 Roncour, Jean, 442-443 Roncour, Marguerite, 442 Roncour, Mathias, 442 Roncourt, Frémine, 441 Roncourt, Jean, 442-443 Rosny : cf. Sully Rosselle, Dominique, 268 Rosset, Claude, 487 Rosset, Henriette, 487 Rossi, Edmond, 75, 91, 165, 173, 212, 296, 440 Rouand, Henri, lépreux à Fontenay-aux-Roses en 1476, 86 Roucel, Androyn, 201, 216 Roucel, Élie le, 465 Rouer, Berthelot, 106 Rouffignac, Hélie de, 319 Roupnel, Gaston, 425, 429, 432, 446, 455, 460, 463, 489, 498, 505, 510, 523, 525, 535 Roupsard, Marcel, 214-215, 229 Rousseau, Guillaume, 113 Rousseau, Jacques, 251 Rousseau, Jehan, 515 Roussel, Jean, 399 Roussel, Philippe, 399 Roussin de Gadifer, 52 Roy, Jean de, chroniqueur, 97 Rozier, Jehan, 352 Rubys, Claude de, 178, 182 Ruf, Thierry, 156, 246 Rymond, Antoine, 398 Rynaldo, Jorges, 239 Sagazan, Anglèze, 146 Sainctes, Claude de, 245 Saint-Aignan, Jean de, 514

584

Saint-Géry, Bertrand de, 58 Salazar, capitaine de routiers en 1443, 50 Sallet, Étienne, 428 Salvanhi, Olivier, laboureur à Mimet en 1468, 77 Samat, Jean, laboureur à Mimet en 1468, 77 Samyer, Guillaume, 263 Santo, Anton, bandit corse en 1635, 459 Sarrazin, Jean-Luc, 38, 74 Särrebruck-Commercy, Robert Ier de (+ 1460), 50 Sault, comtesse de, 357 Sauvage, Eugène, 124, 142, 160, 377 Sauvegrain, chef d’une bande de paysans en 1652, 21, 538 Savey-Cassard, Marie-Françoise, 499 Saxe-Weimar, Bernard de (16041639), 455, 463 Scales, C., 259 Schomberg, Gaspard de (15401599), 317 Schomberg, Henri de, maréchal de France (1625-1632), 447 Sclafert, Thèrèse, 38, 85, 172, 224, 233, 373, 513 Seauvageot, Dimanche, paysan d’Hortes en 1643, 499 Sée, Henri, 181, 249, 298, 339-340, 344, 485 Séguier, Pierre, chancelier de France (1635-1672), 469, 513 Séheurt, Jean, berger de Villacoublay en 1468, 76 Semellé, Étienne, 304 Semellé, Marin, manœuvre à Mentou-Ratel en 1583, 304 Sergent, Alexandre, 145 Serpentini, Antoine-Laurent, 478 Serres, Daniel de, 430 Serres, Olivier de (1539-1619), 23, 359 Sesourge, Antoine, 291 Seyssel, Claude de, 151 Sezarii, Jean, 204 Sibour, Barthélemy, 482 Sibourd, Jean-François, 482 Simon, Jean, 110 Skorka, Sylvain, 261 Soissons, Charles de Bourbon (1566-1612), comte de, 341, 409, 462 Sol, Eugène, 110, 161, 173, 175, 187, 203, 226, 246, 253, 285, 333, 339, 342, 412, 414 Solligny, Jacques, 458 Somerset, comte de, 46 Songieu Sarpol, Bernarda, 444, 474 Souchet, Jean-Baptiste, 180, 234 Sourdis, Pierre d’Escoubleau, marquis de, 455, 489

INDEX DES NOMS DE PERSONNES Souriac, René, 199, 207, 329 Specht, Frédéric, 470 Sprenger, Jakob, 103, 105 Stella, Alessandro, 57 Stouvenin, Claudel, 363 Strada, 406 Strif, colonel, 480 Sully, Maximilien de Béthune (1559-1641), duc de, 218, 340-342, 356, 531 Surgent, Audemon, 433 Surrey, Thomas Howard (14731554), comte de Surrey, 158 Suzanne (sainte), 24, 371 Tabourdet, Jean, couvreur en chaumes et en tuiles en 1583, 304 Tachereau, 515 Talbot, John (1384-1453), chef de guerre anglais, 44, 46, 61 Tallemagne, 208 Tarrade, notaires à Chaumeil, auteurs d’un livre de raison, 392, 415 Taté, Jean, chroniqueur de ChâteauPorcien, 344 Teissier, Gilles, 444 Tempeste, routier en 1444, 52 Teyssier, Michel, 451 Teyssière, Antoine, 451 Teyssière, Catherine, 451 Thaumas de la Thaumassière, Gaspard de, 41, 215, 518 Thauvet, Michel, 139 Thémines, Pons de Lauzières, maréchal de France (16161627), 414, 421 Thévenin, Denis, 244 Thomas, Louise, 440 Thomas, Pierre, 539 Thoret, Claude, laboureur à Maffliers en 1648, 518 Thoulouse, Jean de (1590-1659), prieur-vicaire de Saint-Victor, auteur d’un Mémorial, 119, 315, 372, 377, 380, 383, 385, 396, 409, 422, 426, 428, 453, 478, 484, 492, 508, 511, 519, 521, 525, 527, 533 Thuvenin, Jeanne, 443 Tiphaine, Guillaume, 251 Tisselet, Mangin, couturier à Labry en 1631, 443 Tissellette, Catherine, 443 Tixerand, Jean, 135 Tixerant, Gillette, 135 Tixerant, Jean, 135 Tixerant, Jeannette, 135 Tixerant, Marguerite, 135 Tixerant, Thévenotte, 135

Tixerant, Viennot, 135 Tornier Pouroz, Clauda, 474 Tournie, Pierre, 145 Trelans, Jean, laboureur à SaintSalmazy en 1473, 83 Trelans, Steve, 83 Trenchant, abbé, 156 Tresse, R., 80 Treullin, Jean, 117 Tricard, Jean, 97, 118, 125 Triger, Robert, 201, 253 Troisvalets, Tiphaine, fermière à Charny-en-France en 1476, 88 Trotet, Jean, 131 Tudert, Jean, 65 Tuetey, Alexandre, 37, 40, 43, 48, 50, 52-53 Tulleau, Robert, 89 Turenne, Henri de La Tour d’Auvergne (1611-1675), maréchal de France en 1643, 336, 505, 532-534, 538 Tuvenin, François, 443 Tuvenin, Jeanne, 442 Uchida, Hidemi, 407, 436 Usciati, Jean-Jacques, 132 Vacher, Jehan, 251 Vacherie, abbé Pierre, 419, 424, 432, 435, 438-439, 500, 504 Valette, duc de la, cf. La Valette Valez, Guilhem, 433 Valladier-Chante, Robert, 71 Vallet, Jacqueline, veuve Pierre Dubarle en 1590, 325 Vallet, Jehan, 371 Vallete, Pierre, 139 Vallez, Jean-Marie, 519 Valloubière, Antoine, 176 Valois, Henri de : cf. Henri III Valois, Noël, 336, 361 Valuche, auteur d’un journal, 484 Van Ens, Jan, ingénieur hollandais en 1642, 496 Van Pradelles, Nicolas, auteur d’un livre de raison, 296, 299, 311, 372 Vandewalle, Paul, 488 Vanel, Gabriel, 396, 410 Vaubecourt, seigneur de, 463 Vaumartel, chef des Gauthiers en 1588, 323 Vautier, Roger, 55 Velle, Claude de, 434 Velu, Pierre, 283 Vendôme, Charles IV de Bourbon, duc de (1514-1537), 165 Vendôme, Louis Ier de Bourbon, comte de (1393-1446), 51

Ventadour, Charles de Lévis, 4e duc de (1631-1649), 489 Ventadour, Henri de Lévis, 3e duc de (1622-1631), 430431 Versoris, Nicolas, avocat au parlement de Paris, auteur d’un livre de raison (1519-1530), 153, 155, 158, 163, 171-172, 174 Vesian, Bernarde, 183 Viallet, Hélène, 239, 483 Vian, Daniel, 204 Vicaire, Marin, 514 Vicaire, Pierre, 514 Vidal, Arnaud, auteur d’un livre de raison, 418 Vidal, Bernard, 359 Vidault, Étienne, compagnon de labour en 1487, 106 Vidault, Jean, 106 Vidilh, Nicolas, 517 Vignard, Claude, 275 Vigne, Daniel, 236 Vigneulles, Philippe de, auteur d’une Chronique (1471-1528), 99, 110, 128, 142, 148, 151, 156, 160, 164 Vilarmoys, capitaine, 240 Villandrando, Rodrigue de, écorcheur, 35, 38, 40, 43-44, 50 Villequier, René de, 318 Vincent de Paul (1581-1660), 404, 483, 527 Vincent, Gérard, 400 Vinçonne, Bérenguière, 434 Vinot, Jean, laboureur à Rennemoulin depuis 1470, 78, 101 Viret, Jérôme, 121, 526 Vitry, Claude de, 267 Voirot, Jean, 135 Voirot, Jehannotte, 135 Vollette, Ollivier, 354 Voymineau, André, 365 Vuillemin, Jean, auteur d’un journal, 350, 358 Vuique, Jeannot de, 43 Weber de Weyersheim, Eucharius, paysan révolté d’Alsace en 1525, 169 Werth, comte Jean (1595-1652), 461 Wilaume, Goeurine, 442 Wilmart, Mickaël, 88 Woirin, 465 Woodville, Richard de, 44 Ysoard, Perrin, 200 Zerner, Monique, 48

Index thématique Dans cet inventaire raisonné – qu’on a voulu le plus précis possible – les notions jugées essentielles apparaissent en gras et les noms propres qualifiant certaines catégories de population, en italique. Abandon de villages, 126, 176, 455, 489, 496, 522, 530 Abeilles, 115 Absorption de village, 65 Acapte, 77 Accensement collectif, 36, 70, 101 Accensement, 36, 169, 483 Acte d’habitation, 74, 77, 118 Affouagement, 79-80 Affranchissement, 57, 145, 150, 180, 195, 272, 321, 552 Agneaux, 54, 85, 95, 104, 212, 394, 491, 493, 502, 527 Agronomie, 359 Ail, 87 Aire à battre, 363 Aliénation de biens ecclésiastiques, 264, 283, 287, 314 Alimentation, 301 Alphabétisation, 22, 28 Amandes, 117, 312 Amende, 21, 41, 50, 56, 133, 147, 203, 209, 222, 224, 229, 236, 246, 258, 320-321, 323, 330, 354, 365, 402, 428, 448, 461 Ânes, 89, 149, 271, 278, 322 Année des reîtres, 317 Anthropophagie, 39, 42, 333, 353, 470, 479, 539 Arboriculture, 525 Arbres, 17, 36, 38, 50, 54, 60, 64, 70, 72, 86, 92, 94, 103, 108, 117, 121-123, 127-128, 150, 159-160, 171, 175, 179, 182, 185, 187-188, 196, 209-210, 215, 224-226, 237, 253, 260, 270, 275, 294, 298-299, 302, 309, 312, 331, 338, 350, 355, 360, 367, 370, 372, 374, 377378, 386, 390-393, 396, 403, 408, 410, 412, 415-416, 419, 421-422, 438, 445, 448, 450, 470, 478, 488-489, 493-494, 496-497, 504, 508, 524, 529 Ardents (mal des), 75-76 Armée, 20-21, 34, 37, 40, 44-45, 49, 52-53, 59, 71-72, 77, 90-91, 95, 118-119, 141, 144, 158, 163, 168, 187, 189, 197, 201, 215-

216, 219, 223, 242-243, 246, 260-261, 264, 266, 269, 281, 287, 297, 310, 323-325, 328, 334-335, 344, 411, 413-414, 421, 423, 430, 447, 451, 455, 461, 463-468, 472-476, 479480, 486-487, 489-490, 492, 494, 497, 522-523, 525, 527, 530-535, 537-538 Armement, 357 Arpenteur, 23, 362, 467 Artisan, 9, 11-12, 22, 80, 153, 308, 360, 362, 436, 452, 474, 541 Assemblée, 46, 61, 113, 162, 169, 175, 192, 197, 207, 209, 237, 289, 293, 297, 314, 323, 336337, 357, 399, 435, 475-477, 506-507, 514 Asservisage, 496 Assistance, 333, 402, 486, 495, 523, 525 Assolement, 183, 248, 314, 510, 517 Atrocités de soldats, 204, 281, 293 Attaques de loups, 24, 99, 127, 290, 297, 326, 333, 338, 344, 348, 353, 361, 368, 373, 388, 425, 437, 444, 451, 473, 515, 523, 539 Attelages animaux, 86, 285 Attelages humains, 492 Attelages, 45, 73, 75, 77, 86, 88, 95-96, 104, 115, 183, 223, 233, 285, 287, 385, 409, 522, 531 Avoine, 41, 60, 65, 96, 104, 106, 117, 120-122, 130, 139, 167, 171, 182, 206, 219, 224, 248, 268, 277, 283, 302, 306, 311312, 315-316, 319, 324, 327, 330, 334, 338-340, 343, 364, 366, 368-369, 419-420, 457, 461, 477-478, 483, 493, 496 Bagarre, 110, 163 Bail à cheptel, 115, 211 Bail à ferme, 131, 427, 456 Baillarge, 182, 191 Ban, 37, 47, 58, 206, 266-267, 277, 307, 423, 445 Bandite, 66, 87, 150, 224

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Banditisme, 199, 202, 304, 342, 380, 399, 459 Baptême, 23-24, 32, 60, 133, 191, 229-230, 237, 252, 274-275, 289, 295, 318, 325, 346, 349, 358, 364, 382, 433, 441-442, 523 Barbot, 188 Barricades, 465, 486, 499 Bastide, 74, 77, 194, 204, 254, 297, 409 Bâton, 53, 76, 124, 166, 216, 338, 357, 389, 468, 510 Batteurs de grains, 131 Battue au loup, 303, 353-354, 357, 373, 417 Battue aux loups, 347 Baux à court terme, 140 Baux à longue durée, 140 Bayles, 12, 92 Bergers, 9, 12, 82, 92, 104, 142, 169, 173, 210, 213, 328, 363, 367, 437 Besches, 412-413, 415 Bêtes anthropophages, 272, 333, 348, 352, 361, 449, 451, 539 Bêtes de trait : cf. Attelages Betterave, 488 Beurre, 129, 259, 419, 537 Biens communaux, 150, 262, 301, 328, 330, 417, 490 Blaireaux, 359 Blé noir, 55, 438, 477 Bocage, 17, 129, 227, 229, 299, 407, 461, 489, 504 Bœufs, 86, 101, 104, 107, 150, 186, 189, 197, 209, 211, 271, 284, 322, 324, 340, 419, 464, 477, 485, 495, 522 Bonheur, 368, 409, 443, 482 Bonne année, 112, 122, 182, 184, 192, 194, 383, 509 Bonnets rouges, 336 Bordagers, 12, 169 Borde, 45, 58, 183, 318, 427 Bordelage, 306 Bordiers, 12, 183-184, 299 Bouchers, 24, 84, 132, 134, 417, 533 Bouchibarbe, 94, 96

LA MÉMOIRE DES CROQUANTS Boulanger, 108, 515 Bourgeoisie, 183, 213, 437, 476, 489 Bourguignons, 34, 37-38, 73, 81-82, 84, 87, 159, 201, 215, 221, 289, 454-455, 481, 498, 501 Bourrelier, 502 Boutefeux, 193, 226 Boutruche, Robert, 59, 66, 90 Braconnage, 220 Brebis, 50, 83, 95, 144, 150, 173, 183, 186, 212-213, 233, 271, 287-288, 350, 377, 394, 417, 465, 485, 491 Brigandage, 42, 52, 73, 96, 130, 146, 161, 167, 170, 188, 194-195, 199, 216, 246, 282, 290, 313, 320, 337, 380 Bruits de guerre, 197, 405 Bruyères, 129 Cabane à berger, 518 Cabanes des pestiférés, 15, 441 Cabaret, 170 Cadastre, 48, 79, 100-101, 199, 330 Calendrier, 32, 183, 300-301 Calvinistes, 241, 261 Canaux, 156, 245-246, 493 Cannelle, 207 Capitulations, 38, 62, 142, 310, 323, 326, 414 Caressets, 423 Cascaveù, 437 Catillonnais, 141, 329, 335 Cense, 220, 310, 501-502 Censiers, 12, 238, 253, 268, 310 Céréales, 97, 118, 125, 164, 225, 232, 370 Cerises, cerisiers, 99, 120, 128, 225, 252, 276, 285, 327, 509 Chambrières, 12, 61, 104, 402 Champart, 89, 247, 250, 456 Chants, 9 Chanvre, 123, 137, 210, 315 Charançons, 82 Charbon de bois, 251, 537 Chariot, 33, 106, 271, 286, 311, 358, 402, 460-461, 472, 502, 522-523 Charité, 353, 500, 536-537 Charretiers, 12, 104, 129 Charrette, 77, 93, 139, 144, 196197, 235, 271, 278, 345, 377, 486, 522 Charron, 502 Charrue, 12, 56, 66, 69, 84, 89, 104, 106, 199, 202, 212, 215, 247, 271, 360, 392, 402, 452, 461, 492, 495, 497, 502, 517, 538 Chasse, 39, 48, 75, 77, 99, 126, 147, 149, 153, 168, 181, 183, 190, 213, 220, 229, 238, 290, 295, 304, 347, 353-354, 357, 359, 362, 373, 375, 385, 416-417

Chasseur, 39, 220, 308, 354, 416, 459, 506 Châtaigne, 253, 424, 438-439, 478 Chats, 42, 278-279, 470-471 Chaumes (hautes), 267, 295 Chauve-souris, 279 Chemins (grands) : cf. Routes Chènevière, 51, 424 Chenilles, 17, 92, 97, 210, 302, 361, 386, 415, 421, 478, 513, 528-529 Cheptel mort, 104 Cheptel vif, 104, 211-212 Chevaux, 89-90, 93, 104, 144, 209, 211-212, 271, 287, 322, 324, 340, 395, 417, 422, 454, 456, 464, 485, 498, 534 Chèvres, 17, 56, 95, 150, 186, 233, 239, 271, 471, 495, 523 Chiens, 39, 42, 55, 87-88, 126, 128, 147, 375, 430, 470-471, 523 Choux, 94, 96, 160, 390-391, 421, 478, 519, 536 Cidre, 94, 242, 309, 322, 350, 368, 388, 406, 419 Clergé, 102, 175, 203, 223, 247, 264, 283, 287, 314, 361 Cloches, 9, 35, 204, 208-209, 242, 269, 280, 350, 372, 391 Clore (droit de), 298, 318, 320, 388, 502, 529 Cochon pendu, 260, 274 Cocuage, 59 Comète, 403-404 Commerce de la viande, 134 Communauté familiale, 274, 490 Communauté rurale, 150, 512 Comparsonnerie, 66 Complainte, 265 Compoix, 71, 100, 191, 232, 362, 370 Comtois, 463, 465, 481, 485, 489, 492, 494-495, 497-499, 501 Confréries, 17, 139, 153, 387, 404, 505 Consuls, 74, 129, 156, 290, 301, 318-319, 335, 362, 373, 482, 506, 513 Contestation, 22, 156, 329, 457, 475 Contrat de mariage, 490 Coqs, 115, 505 Coqueluche, 138, 296, 492 Corvées, 88-89, 120, 145, 168, 238, 272, 331, 420, 496 Courses, 38, 382, 412, 446 Courses de soldats, 30, 154, 166, 198, 216, 218, 221, 273, 279, 296, 310, 340, 438, 445, 462, 485, 489, 492 Crédit, 513 Crise démographique, 93, 318, 535 Croates, 455, 462-465, 467, 472, 481, 485, 489, 492, 494-495, 497-498, 501

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Croquants du Limousin, 336, 338 Croquants du Périgord, 342, 475476, 489 Croquants du Quercy, 421, 476 Crues, 396, 427, 429, 519-520, 526527 Crues et inondations, 33, 93, 119120, 157, 172, 188, 191, 210, 260, 300, 311, 350, 379-380, 395, 422, 426, 429, 488, 509, 520, 526 Cuivre, 246, 259 Cullage, 133 Curés, 22-24, 66, 128, 229, 234, 272, 274, 295, 362, 384, 434, 439, 452, 468, 482, 494, 537 Défaite paysanne, 35 Déforestation, 17, 172, 373 Défrichement, 64, 78, 85, 91, 129, 138, 172, 214-215, 267, 295, 380, 496, 513 Déguerpissement, 76 Délinquance féminine, 134 Démobilisation, 45 Démographie, 29 Dénombrement, 56, 77, 238-239 Dentelles, 525-526 Désertion, 41, 176, 202, 244, 532 Destruction des châteaux, 435 Dettes de communauté, 264, 301 Dévastation, 19, 56, 61, 72, 81, 88, 91-92, 159, 289, 299, 317, 340, 398-399, 464, 485, 533 Dîmes, 47, 54-55, 65-67, 74, 81, 85, 111, 153-154, 168-169, 174175, 196, 203, 217, 223, 232, 235-236, 247, 294, 420, 425426, 448, 501-502, 507, 527 Disette, 14-15, 39, 85, 94-95, 97, 108, 124, 128, 155, 160, 179, 205, 210, 278, 296, 311-312, 435, 438-439, 445, 469, 497, 521, 524, 535-536 Domade, 528-529 Domaine congéable, 331 Droits d’usage, 49, 53, 147, 176, 229, 238, 267, 308, 395, 448 Droits seigneuriaux, 12, 37, 133, 337, 348 Durée du travail, 40, 57, 395 Dysenterie, 159, 375, 471, 479, 484485, 513, 537 Eaux-et-forêts, 38, 146-147, 183, 222, 263, 303, 347 Écobuage, 214, 229 École, 177 Écorcheurs, 11, 34-35, 37, 40, 42-43, 47-48, 50, 52-53 Éducation, 25 Égyptiens, 238, 423 Élevage, 79, 84, 87, 137, 194, 287, 314, 330, 380, 477

INDEX THÉMATIQUE Émigration, 84, 321, 444 Endettement, 328, 337, 435 Engraissement, 417 Enterrements, 180, 295, 361, 370, 519 Épices, 207, 278 Épidémies, 23, 31, 41, 66, 81, 85, 120, 133, 175, 181, 193, 207, 235, 249, 284, 303, 368, 375, 439-440, 460, 472, 480, 482, 485, 535 Épizooties, 17, 24, 91, 103, 193, 369, 394 Errants, 9, 338, 423 Escargots, 148, 470 Étain, 129, 137, 259, 512, 537 Étang, 48, 61, 87, 134-135, 147, 322, 385, 387 Excommunication des insectes, 386 Exode, 228, 460-461 Exploitation agricole, 51, 232, 267, 456 Expropriation agricole, 234-235, 348, 395 Fabrique, 143, 261 Faillites, 510 Faisances, 359 Famine (grande), 38-39, 95, 128, 144, 155, 158, 173, 178, 226, 246, 249, 276, 435, 438, 469, 471 Faucheurs, 90, 327 Fer, 16, 33, 76, 81, 95, 108-110, 129, 137, 185, 242, 246, 285, 385, 469, 473, 500 Fermage, 57, 60, 211, 223, 483, 510 Fêtes, 17, 54, 106, 112, 114, 121, 125, 254, 257, 262, 268, 301, 427, 514, 519 Feu de joie, 286, 404 Fève de Calicut, 314 Fèves, 128 Fiançailles, 205 Figuiers, 94, 209, 275, 418 Finage, 16, 47, 60, 70, 270, 356, 362, 381, 448, 453-454, 465, 482, 492, 495, 534 Fleurs, 50, 60, 92, 179, 187, 252, 288, 290, 302, 309, 350, 391, 403, 412, 416, 421, 426, 496 Folle avoine, 171 Fondation de village, 365 Forgerons, 471 Forges, 285, 385, 471 Fortifications, 38, 163, 262, 320321, 435 Foudre, 15, 107, 123, 188, 203, 237, 263, 288, 298, 391, 403-404, 410, 424, 488, 525 Four, 45, 77, 86, 106, 108, 197, 232, 312, 380, 497 Fourches patibulaires, 64, 161

Fourrages, 132, 183, 228, 266, 396, 457, 461, 512, 532 Franc-archers, 76 Franc-fief, 490 Francs-archers, 76, 81 Fraude, 77 Friches, 17, 47, 67, 77, 115, 131, 151, 258, 332, 338 Fromage, 54, 83, 129-130, 259, 384, 483 Fumiers, 270, 486, 536 Gabelle, 22, 57, 60, 151, 180, 208209, 235, 238, 398, 476, 487 Gagnerie, 65 Galants de La Feuillée, 75 Gardiennage de bétail, 59 Gasaille, 115-116 Gauthiers, 323-324, 326 Gel des vignes, 111, 177, 188, 208, 335, 381, 396, 435, 484 Gibet, 44, 64, 67, 237, 274 Gingembre, 207 Glandées, 186, 347, 389, 420 Grand hiver, 15, 33, 93-95, 110, 137, 142, 147, 164, 251-252, 270, 275, 339, 376-377, 392, 418 Grande sécheresse, 69, 126, 128, 146, 164, 192, 210, 217, 220, 224-225, 289, 361, 396, 406 Granges, 65, 144-145, 186, 219-220, 227, 231, 282, 285, 293, 372, 407-408, 414, 419, 422, 449, 455, 472, 486, 511, 530 Greletys, 489 Grêlons, 13, 58, 311 Grèves de dîmes, 196, 203 Guerre de Cent Ans, 18, 33, 55, 61, 68-69, 91, 153 Guerre de partisans, 49, 445, 481 Guerre de Trente Ans, 33, 447, 451, 454, 458, 461, 470, 474, 490, 517, 521 Guerre du Bien Public, 109 Guerres d’Italie, 116, 122, 124, 134, 144, 154, 170, 184, 197, 228, 435 Guerres de Religion, 223, 235, 241, 243, 246, 258, 260, 264265, 274, 280, 288, 297, 310, 320, 330, 333, 351, 353, 356 Habillement, 210 Haies, 90, 117, 122, 229, 286, 299, 456, 522 Hannetons, 17, 148, 315, 327, 370 Harnais, 45, 73, 75, 104, 183, 233, 248, 394-395, 531 Herdier, 328 Hermes (terres), 77, 362 Herse, 271, 483, 502 Hold-up, 177 Hongrois, 20, 455, 464-465

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Horloge, 121, 526 Huguenots, 241-245, 260-262, 264266, 281, 314, 323, 383, 414, 449 Huile, 83, 137, 217, 232, 246, 276, 464, 476, 537 Hygiène, 212, 533 Iconoclasme, 240-241 Immigration, 58, 74, 92 Impériaux, 20, 159, 201, 218-219, 463, 501 Impôts, 45, 48, 76, 82, 100, 102, 129, 227-228, 308-309, 337, 343, 380, 398, 402, 421, 427, 468, 475, 477, 491, 514 Incendies, 21, 220, 226, 266, 406, 408, 489, 494, 497 Incendies de villages, 216, 265 Inculte, 19, 34, 36, 63-64, 135, 151, 301, 337, 356, 362 Industrie, 12, 224, 245, 285 Infanticide, 61, 229 Insectes, 92, 104, 128, 148, 395 Insécurité, 19, 27, 35, 37, 48, 85, 87, 113, 155, 161, 188, 265, 351, 356, 473 Inventaire, 104, 129, 210, 318, 390, 457 Inventaire mobilier, 104 Irrigation, 156 Italiens, 20, 167, 198, 332 Jardiniers, 338, 367, 381, 391, 416 Labour, 9, 36, 45, 53, 61, 88, 101, 104, 106, 115, 117, 163, 189, 192, 194, 215, 224, 247-248, 316, 356, 394, 445, 452, 521 Labouraresse, 104 Laine, 13, 54, 92, 104, 130, 137, 186, 210, 212, 284, 397, 422, 445, 491 Lait, 327, 471, 483 Landes, 129, 214, 298, 333, 417, 425, 469 Langage, 31, 42, 191, 249, 477 Lansquenets, 156, 328, 413 Lanturlus, 436 Lapins, 101, 404 Lard, 130, 401, 537 Larrons de grands chemins, 53 Latin, 31, 71, 87, 177, 183, 191 Lauriers, 94, 418 Légumes, 33, 85, 232 Légumineuses, 314 Lèpre, 86, 215, 232, 434 Lies et passeries, 141, 200 Lièvre, 138, 147, 309, 470 Ligues paysannes, 289-290, 293, 296 Limaces, 92 Lin, 130, 137, 167, 315 Lipans, 326, 329

LA MÉMOIRE DES CROQUANTS Locaterie perpétuelle, 62 Lods et ventes, 67, 195 Logement des gens de guerre, 75, 409, 427, 471, 499, 512 Lorrains, 20, 87, 109, 168, 241, 289, 455, 461-463, 470, 494, 505, 533 Loups, 24, 46-47, 99, 110, 126-127, 216, 288, 290, 297, 303-304, 316, 324, 326, 332-334, 338, 344, 347-349, 352-354, 356357, 367-368, 373, 385, 388389, 416-417, 425, 437, 444, 447, 451, 459, 470 Loups-garous, 279-280, 349 Loutres, 360 Louvetier, 38, 47, 153, 347, 357 Luminier, 143 Lynchage, 124 Mage (juge), 156, 520 Main-d’œuvre, 121, 133 Mainmorte, 67, 145, 150, 168, 294, 321, 490 Maïs, 380, 478 Maneuvriers, 164 Manœuvres, 12, 278, 304, 343, 407, 517 Manouvriers, 12, 21, 74, 216, 320321, 334, 395, 420, 443 Maraîchers, 24, 338, 367 Maréchal-ferrant, 476 Maréchaussée, 190, 380, 515 Martinet, 224, 246 Mas, 16, 45, 83, 91, 117, 129, 176, 232, 235 Massacre, 35, 46, 241, 261, 297, 325, 388, 414, 421, 487 Mauvais garçons, 20-21, 146, 156, 161, 163, 166, 194, 202 Mauvais gré, 199, 310 Médecins, 86, 426, 440, 536 Membre viril, 162, 252-253 Menaeson (la grande), 193 Mendiants, 49, 79, 96, 179, 312 Mendicité, 527, 530 Mesures, 35, 38-39, 56, 137, 212, 258, 290, 336, 353, 401, 447, 496 Métairies, 50, 53, 65, 101, 140, 185, 190, 202-203, 242, 255, 266, 269, 274, 285, 288, 296, 304, 310, 337, 348, 356, 365, 389, 414, 417-418, 421, 434, 440, 449, 458, 472, 476, 489, 495-496 Métallurgie, 109 Métayage, 183, 185, 314, 348 Métayers, 12, 24-25, 53, 115, 121, 177, 183, 190, 211, 269, 299, 319, 337, 348, 354, 359, 414, 417 Méteil, 224, 228 Météorite, 112

Meuniers, 12, 156, 194, 365, 428 Migrations, 472 Millet, 77, 276, 301, 478 Milonais, 538 Mobilier domestique, 71, 111, 136, 258, 512 Moissonneurs, 287, 378 Monastère, 40, 53, 109, 145, 156, 241, 254, 283, 322, 485, 523524 Monnaie, 38, 241, 289, 354, 420, 430, 435, 453, 474 Moulins, 58, 69, 86, 93, 97, 108, 135, 142, 157, 193-194, 246, 260, 287, 300, 350, 363, 365, 372, 392, 408, 422, 424, 456, 485, 508 Moutons, 76, 80, 95, 104, 131, 150, 186, 197, 222, 232, 271, 287, 322, 340, 404, 417, 419, 422, 427, 465, 477, 485, 509, 522 Mulots, 12, 403 Mûriers, 209, 359, 365 Muscade, 207, 369 Naufrage, 222, 315 Noblesse, 35, 102, 227-228, 245, 287-288, 320, 333, 344, 352353, 398, 414, 447, 468 Noix, 13, 117, 123, 159, 178, 215, 312, 416, 509 Nom des champs, 514 Noms des animaux, 44, 274, 414 Nourrice, 125 Nourriguiers, 92 Noyade, 366, 453, 510 Noyers, 111, 117, 188, 190, 251-253, 275-276, 335, 350, 410, 484, 497, 504 Nu-pieds, 487 Occitan, 18, 31, 69, 71, 120, 191 Œufs, 13, 171, 311, 404, 424 Officiers royaux, 207, 241, 309, 436 Officiers seigneuriaux, 22 Oies, 115, 186, 212, 393, 418, 442 Oignons, 253, 316, 391, 403, 421 Oiseaux, 36, 95, 121, 126, 238, 295, 362, 377, 402 Olives, 216 Orages, 13, 61, 157, 159, 172, 263, 300, 311, 332, 334, 366, 403, 410, 422, 424, 431, 445, 448, 450, 459, 494, 497, 504, 508 Ormes, 222, 365, 370, 391, 472 Ouragans, 108, 157, 298, 372, 508 Ours, 213, 272, 308, 354 Ovins, 73, 87, 92, 115, 141, 229, 239, 331, 417 Pagésies, 101 Paille, 52, 75, 105, 132, 206, 225226, 256, 259, 400-401, 465, 514, 533

590

Pain de fougères, 178, 312 Pain de gland, 16, 294 Paons, 115 Paroles, 22, 30, 168, 175, 205, 232, 297, 341 Partage de fruits, 121 Pastel, 143, 195-196 Pauvreté, 24, 26, 54, 205, 301, 312, 333, 337, 342, 348, 379, 445, 455, 471-472, 486-487, 499-500 Pêchers, 275 Perdrix, 147, 309 Picorée, 247, 270, 479, 531 Pitauds, 208 Plat de trancheur, 410 Poires, 154, 253, 316, 419 Pois, 33, 94, 315, 419 Poissons, 105, 322, 366, 397, 407, 469, 496 Poitiers, 375 Poivre, 137, 369 Poix, 148, 183, 185, 212, 226, 315, 368, 401, 448 Politique, 9, 29, 187, 308, 340, 356, 375, 447, 455, 478, 499 Pommes, 85, 117, 123, 253, 419, 448 Porcs, 17, 54, 83, 88, 92, 104, 125, 150, 186, 209, 211-212, 259, 271, 274, 287, 315, 332, 347, 388-390, 417, 420, 422, 449, 458, 464, 470, 502, 522 Portion congrue, 272, 274, 434, 447, 452 Potiers, 153, 383 Poules, 58, 62, 107, 115, 311, 331, 359, 375, 380, 496 Prairies semées, 105 Prémices, 54, 203 Prêtres, 24, 46, 49, 54, 74, 154, 245, 263, 279, 313, 347, 351, 373, 412, 427, 433-434, 444, 506, 515, 527-529, 536 Prières, 185, 226, 297, 302, 305, 341, 352, 372, 391, 397, 424, 474 Prime au loup, 447 Prix du blé, 312, 509 Processions, 92, 127-128, 155, 158, 164, 174, 182, 184, 195, 201, 220, 226, 234, 253, 289, 302-303, 305, 307, 315, 333, 352-353, 358, 361, 370, 385387, 391, 415, 419, 424, 442, 481, 515, 528 Processions blanches, 128, 182, 227, 305 Protestantisme. Cf aussi : Huguenots, 234 Prunes, 117, 128, 252, 276, 448, 509 Puits, 43, 61, 193, 225, 369, 484, 509, 529, 535 Pulvérage, 66, 92 Quart-bouillon, 60

INDEX THÉMATIQUE

Racines, 9, 16, 106, 230, 276, 312, 350, 493 Rage, 55, 97, 245, 280, 324, 326, 338, 348, 411, 434, 464, 479, 523-524, 527, 532 Rats, 278, 470 Raz-de-marée, 188, 248, 307, 370, 508, 510 Reconstruction, 14, 45, 56, 62, 68, 70, 90, 131, 140, 153, 365, 380 Règlementation forestière, 146, 150, 229, 373 Reinages, 17, 415 Reîtres, 20-21, 244, 246-247, 259, 261, 264, 269, 284, 286-287, 317, 325, 333, 413, 451, 455 Remembrement, 65, 202 Renards, 359, 404, 471 Répandises, 267 Réparations, 36, 56, 58, 108, 457, 517 Repas, 395 Représailles paysannes, 286, 481 Représentations théâtrales, 75, 371 Révolte antifiscale, 22, 90, 337, 475-476, 490 Révolte antinobiliaire, 113 Riz, 239 Rôle de tailles, 74, 454, 458 Romarin, 224 Routes, 53, 85, 96, 290, 365, 370, 377, 478, 492 Routiers, 34, 37-38, 48-50, 52, 82, 244 Ruches, 88, 115, 211

Sarrasin, 55, 67, 201, 205, 214, 314 Sauterelles, 17, 92, 128, 148, 224, 386-387, 396, 464 Séisme, 87, 110, 116, 135, 210, 248, 263, 292, 296, 319, 327, 332, 360, 367, 379, 405, 407, 483, 488, 504, 510-511 Sel, 60, 83, 137, 152, 206, 208-209, 235, 238-239, 278, 322, 345, 355, 369, 377, 398, 402, 425, 469, 491, 508, 537 Semailles, 89, 103, 150, 173, 185, 200, 224, 231, 387, 424, 460, 516, 521 Serène, 129 Serf, servage, 57, 63, 139-140, 145, 150, 168, 195, 199, 283, 518 Servante, 12, 135, 239, 425, 432, 497 Sexualité, 286 Solde des troupes, 34, 37, 52 Sorcellerie, 103, 105, 202, 284, 286, 304, 308, 328, 363, 437, 504, 506 Sorciers, 103, 284, 304-305, 319, 343, 349, 382-383, 437, 504, 506-507 Soule, 78, 86 Soupe, 420, 519 Souris, 278, 403, 470 Soyeurs, 231 Spéculation, 137 Statuts communaux, 87, 482 Suédois, 20, 447, 455, 460, 462-463, 472, 480, 523 Surpâturage, 66, 137, 233 Syndicat de villages, 206

Safran, 154, 207 Sage-femme, 234 Sainfoin, 267, 288, 314, 483, 510 Saisie-brandon, 510 Saisons, 13-14, 40, 60, 96, 112, 147, 150, 171, 179, 181, 186, 190, 195, 197, 200, 214, 217, 226, 240, 276, 281, 287, 296, 298, 300, 305, 307, 311, 315, 324, 345, 367, 371-372, 374, 385, 395, 398, 402, 419, 423, 457, 482, 484, 491, 493, 507-508, 516, 538 Salaires agricoles, 52, 57, 196, 420, 501-502 Salines, 36 Sangliers, 213

Tabac, 407, 436, 478 Tard-Avisés, 337-338, 342 Tasque, 77, 85 Taupes, 240, 278 Taureaux, 211-212 Taxe, 39, 49, 54, 60, 66, 77, 153, 179, 235, 267, 308, 475, 490, 517 Tenanciers, tenures, 12, 69, 71, 86, 101, 156, 202-203, 213, 247, 250, 294, 357 Terrage, 47, 348, 501-502 Terre gaste, 64, 85, 328, 513 Testament, 55, 83, 88, 97, 145, 183, 191, 212, 313 Textile, 308 Tissier en toile, 304

Train de culture, 183, 271 Transhumance, 66, 82, 92-93, 99, 389 Transports, 110 Trémois, 95 Trousseau de noces, 210 Trousse-galant, 172, 179 Typhus, 535 Usages ruraux, 330 Vachers, 73 Vaches, 73, 86, 90, 104, 107, 115, 129-130, 144, 150, 177, 189, 197, 209, 211, 239, 271, 287, 322, 324, 335, 414, 419, 422, 454, 456, 461, 464, 485, 495, 498, 517, 534 Vagabonds, 63, 144, 155, 188-189, 399-400, 423, 446, 462 Vaine pâture, 297 Vaisselle, 259, 467, 512, 530, 534, 537 Veaux, 54, 85, 177, 401, 420, 431 Vendangeurs, 52, 200, 420 Vente des biens du clergé, 247 Vergers, 65, 85, 145, 191, 388, 483 Vêtements, 400 Viande, 83, 134, 138, 245, 407, 419420, 470-471, 519, 536-537 Vicaire, 16, 24, 128, 143, 154, 205, 230, 237, 295, 303, 352, 433434, 452, 473, 487 Victoire paysanne, 293, 489, 498 Vigne, 62, 70, 86-88, 94, 99, 103, 109, 114, 132, 148, 153, 160, 169, 172, 188, 194, 229, 234, 276, 307, 345, 358, 377, 392, 410, 428, 434, 441, 445, 450, 453, 494, 496, 504, 510-511, 525 Vignerons, 12, 23-24, 40, 57, 168, 177, 181, 196, 205, 234, 237238, 278, 288, 291, 304, 308, 329, 334-336, 343, 395, 398, 436-437, 484, 512, 526, 529 Villages disparus, 41, 77, 80, 118, 176, 496 Viol, 323, 531 Violette, 86 Viols, 304 Vol de bétail, 90, 131, 177, 286, 324, 335, 340, 456, 461, 465, 485, 495, 498, 534

Table* Avant-propos ......................................................................................................................................

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Avertissement ....................................................................................................................................

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1435 .................................................................................................................................................... Grand hiver, p.  33. – … mais belle moisson de grains, p.  33. – Crue de la Garonne, p.  33. – Sous la coupe des gens de guerre, p.  33. – La paix d’Arras (21  septembre)  : vers une sortie de guerre ?, p.  34. – Des soldats démobilisés  : les « écorcheurs », p.  34. – L’arrivée des écorcheurs en Berry et en Champagne, p. 35. – Au son des cloches : l’insurrection des paysans cauchois, p.  35. – Le Pays de Caux désertifié, p.  36. – Premiers retours à la terre. Ici et là de premiers indices, fort ténus, signalent que la vie reprend son cours, p.  36. 1436 .................................................................................................................................................... Minimum démographique, p.  37. – L’Île-de-France libérée mais ravagée, p.  37. – Ravages des routiers et des écorcheurs, p.  37. – Invasion de loups autour de Paris…, p.  38. – …et à Tours, p.  38. – Une hantise en Haute-Provence  : la protection des bois, p.  38. 1437 .................................................................................................................................................... Grande famine, p.  38. – Guerre des loups contre les hommes, p.  39. – Des campagnes à feu et à sang, p.  40. – Limitation de la durée du travail pour les vignerons du Berry, p.  40. – Un village abandonné en Provence, p.  41. 1438 .................................................................................................................................................... Grande mortalité, pestilence, famine, p.  41. – L’anthropophagie, suprême recours, p.  42. – Les loups assiègent Paris, p.  42. – Multiplication des écorcheurs, p.  42. – La vengeance du paysan, p.  43. – Remises de tailles, p.  43. 1439 .................................................................................................................................................... Violente poussée de peste, p. 43. – Un fléau envoyé en Aquitaine : Rodrigue de Villandrando, p.  43. – Les Anglais chassés du nord-est de l’Île-de-France, p.  44. – Les loups sont entrés dans Paris, p.  44. – La taille devient permanente, p.  45. – Dans le Midi  : reconstruction des campagnes, p.  45. 1440 .................................................................................................................................................... Jouvenel des Ursins avocat des « pauvres laboureux », p. 46. – En Picardie : les horreurs de la guerre, p.  46. – En Lorraine  : finages désertés, p.  47. – En Orléanais  : les loups dévorent des enfants, p.  47. – Un fléau supplémentaire  : la Praguerie (février-août  1440), p.  47. – Dans le Comtat  : les nobles échappent à la taille, p.  48. 1441 .................................................................................................................................................... Retour de la sécurité  : premiers indices, p.  48. – En Bourgogne  : lutte contre les loups, p.  48. 1442 .................................................................................................................................................... En Bordelais, guerre de partisans contre les Anglais, p. 49. – Retour à la sécurité : nouveaux indices, p.  49. – En Vésubie  : le curé homme d’affaires, p.  49. 1443 .................................................................................................................................................... Le chaud et le froid, p.  49. – Ravages des routiers ou écorcheurs, p.  50. – Remise en valeur des terres en Sologne et en Quercy, p.  50. 1444 .................................................................................................................................................... Nouveau pas vers la paix  : les trêves de Tours, p.  51. – Migrants et marchands, agents de la restauration, p.  51. – Octobre-mi novembre  1444, à Metz  : vendanges à l’insu des écorcheurs, p.  52. – Une plaie non refermée  : brigandage et exactions des bandes armées, p.  52.

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* Certains éclairages thématiques apparaissent en gras.

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LA MÉMOIRE DES CROQUANTS 1445 .................................................................................................................................................... Un facteur de pacification : la création d’une armée permanente, p. 53. – En Bretagne : des villageois rétablis dans leurs droits d’usage, p.  53. – En Rouergue, un curé augmente sa pension, p.  54. 1446 .................................................................................................................................................... La Seine gèle en avril, p.  54. – Le long martyre d’un enragé à Wissous, p.  55. – L’entrée du sarrasin dans les pratiques agricoles  : « blé noir » et « bouckaie »., p.  55. – Remise en culture, p.  55. – De bons bœufs pour tirer la charrue, p.  56. 1447 .................................................................................................................................................... Le roi Charles VII autorise la restauration des censives, p. 56. – Conflits viticoles à Auxerre, p.  57. – Affranchissement des serfs de Boussac-le-Château (Creuse), p.  57. 1448 .................................................................................................................................................... Début de restauration agraire en Île-de-France…, p.  57. – … et en Quercy, p.  58. – Traces de guerre en Sologne, p.  58. 1449 .................................................................................................................................................... Alertes, p.  58. – En Vercors  : le gardiennage de bétail paralysé, p.  59. – Un laboureur trompé par son curé, p.  59. 1450 .................................................................................................................................................... Libération de la Normandie, p.  59. – Les Anglais dans les campagnes du Bordelais, p.  59. 1451 .................................................................................................................................................... Peste, p.  59. – Un village lorrain déserté, p.  59. – Premier acte de baptême conservé en France, p.  60. – Le quart-bouillon, p.  60. 1452 .................................................................................................................................................... Mortalités, p.  60. – Année sans hiver dans le Pays Messin, p.  60. – Remise en culture d’une grande ferme par trois laboureurs, p.  60. – Lettres de rémission, p.  61. – Amours ancillaires, p.  61. 1453 .................................................................................................................................................... La Corse s’auto-administre, p. 61. – Fin des opérations militaires de la guerre de Cent Ans, p.  61. – La locaterie perpétuelle, p.  62. 1454 .................................................................................................................................................... Mortalités, p.  62. – Reprise d’activité dans les campagnes, p.  62. – Un ambitieux programme qui préfigure l’avenir  : codifier les coutumes, p.  62. 1455 .................................................................................................................................................... En Île-de-France  : des secteurs toujours abandonnés, p.  63. – Libération d’un serf à La Loge-en-Brie, p.  63. 1456 .................................................................................................................................................... Année très froide en Savoie, p.  63. – Lutte contre les vagabonds en Languedoc, p.  63. – Défrichement par brûlis en Provence, p.  64. 1457 .................................................................................................................................................... Ruines persistantes au sud de Versailles, p.  64. – Un symbole de la restauration  : le relèvement du gibet d’Ablon, p.  64. 1458 .................................................................................................................................................... Hiver très froid, p.  65. – Peste en Berry, p.  65. – Disparition d’un village en Poitou, p.  65. – En Valois, des fermes à reconstruire, p.  65. – Le Queyras se vide, p.  66. – Maximum du pulvérage en Dauphiné, p.  66. 1459 .................................................................................................................................................... Épidémie en Touraine, p.  66. – Encore des ruines en Bordelais, p.  66. – Dans le comté de Nice, le surpâturage indice de surpopulation ?, p.  66. – En Anjou  : meurtre entre laboureurs associés, p.  66. 1460 .................................................................................................................................................... « Stérilité des biens » en Touraine (Arch. com. Tours, R35, f°53-54, d’après Chevalier, 588)., p.  67. – Stabiliser la population agricole en Lorraine, p.  67. – 2  mai  1460. La culture du sarrasin s’implante dans l’Ouest, p.  67. 1461 .................................................................................................................................................... Peste en Bretagne, p.  67. – Les loups entourent Paris, p.  67. – La désolation des campagnes en Brie et en Hurepoix, p.  67. – Guerre et paix depuis Jeanne d’Arc  : un laboureur se souvient, p.  68. 1462 .................................................................................................................................................... La sécheresse arrête les moulins autour de Metz, p. 69. – En Périgord : des paysans entre français et occitan, p.  69. – En Quercy, des accensements collectifs, p.  70.

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TABLE 1463 .................................................................................................................................................... Peste autour d’Angers, p.  70. – « Année des grandes neiges », p.  70. – Interdiction de la chasse, p.  70. – Des ruines encore en Hurepoix, p.  70. 1464 .................................................................................................................................................... Cadastration générale du Languedoc, p.  70. – Chute de population en Normandie, p.  71. 1465 .................................................................................................................................................... La peste en Île-de-France, p.  71. – La guerre du « Bien public » (mars-octobre  1465), p.  71. – Dévastations en Pays de France et en Brie, p.  72. – La Fosse, capitaine de brigands au service du roi, p.  73. – L’année des Bourguignons, p.  73. – Un gardien de vaches enrôlé de force, p.  73. – Dans le comté de Nice  : prospérité pastorale, p.  73. – Des « laboureurs à bras » cotisés à la taille à Bonneuil-en-Valois, p.  74. – Des paysans trompent leur seigneur, p.  74. 1466 .................................................................................................................................................... Un mode de restauration dans le Midi : l’acte d’habitation, p. 74. – Essai de panification au froment en Bourbonnais, p. 74. – Lutte contre les loups, p.  75. 1467 .................................................................................................................................................... Peste jusqu’au comté de Nice, p.  75. – Insurrection des « Galants de La Feuillée », p.  75. – Une nécessité  : organiser le logement des gens de guerre, p.  75. 1468 .................................................................................................................................................... Peste, tempête, mal des ardents, p.  75. – Vols de moutons par les francs-archers sur le plateau de Villacoublay, p.  76. – Menace de déguerpissement en Lorraine, p.  76. – Le bail à acapte  : instrument du repeuplement en Provence, p.  77. 1469 .................................................................................................................................................... Vols de récoltes entre laboureurs en Sologne, p.  77. – Dénombrement général en Artois et Boulonnais, p.  77. 1470 .................................................................................................................................................... Une partie de soule et un défrichement mortels, p.  78. – Les premiers laboureurs à repeupler Rennemoulin, à l’ouest de l’Île-de-France, p.  78. – En Haute-Normandie  : convertir en argent les charges en nature, p.  78. 1471 .................................................................................................................................................... La peste se répand dans les campagnes, p. 79. – Affouagement général des communautés de la Provence, p.  79. – En Dauphiné  : un artisan au village, p.  80. 1472 .................................................................................................................................................... Neige, grêle, famine dans l’Ouest, p.  81. – Poussée de peste, p.  81. – Le repeuplement de Chevilly et L’Haÿ (Val-de-Marne), p.  81. – L’équipement des francs-archers, p.  81. – Dévastation de la Picardie et du Pays de Caux par les Bourguignons, p.  81. 1473 .................................................................................................................................................... Année torride et charançons, p.  82. – Invasion des routiers bourguignons en Lorraine, p.  82. – Transhumance d’hiver en Provence, p.  82. – La taille à Villepreux ou comment établir l’impôt au village ?, p.  82. – En prévision du veuvage  : la pension alimentaire d’une paysanne du Rouergue, p.  83. 1474 .................................................................................................................................................... Pestes, p.  84. – Ravages des Français en Lorraine, p.  84. – Émigration montagnarde du Queyras, p.  84. – L’élevage spéculatif dans le comté de Beaufort en Anjou, p.  84. – Liberté de défrichement accordée par le seigneur de Thorame-Haute, p.  85. 1475 .................................................................................................................................................... Peste et disette, p.  85. – Désordres des gens de guerre, p.  85. – Fruits, légumes, agneaux et veaux  : règlement de menues dîmes dans la campagne de Caen, p.  85. – Dans les villages d’Artois  : une violette pour la plus jolie fille, p.  86. 1476 .................................................................................................................................................... Hiver très froid en Pays messin, p.  86. – La lèpre aux environs de Paris, p.  86. – Des bras, une vache, une, deux ou trois paires de bœufs ? La hiérarchie agraire en Quercy, p.  86. – Statuts communaux de Roquebillière (Alpes-Maritimes), p.  87. 1477 .................................................................................................................................................... Année fraîche et grand séisme, p.  87. – La mort du Téméraire  : événement funeste pour les campagnes ?, p.  87. – En mai  : dévastations en Flandre, Hainaut et Cambrésis, p.  88. – « La truie est demeurée aux champs », p.  88. – En Sologne  : une ruche pour sa filleule, p.  88. – « Enfants, vous en devez pas plaindre ! », p.  88. 1478 .................................................................................................................................................... Sécheresse angevine et reprise de la peste, p. 90. – Hainaut, Lorraine et Franche-Comté : les Français dévastent les campagnes, p. 90. – La reconstruction agraire se poursuit, p. 90.

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LA MÉMOIRE DES CROQUANTS 1479 .................................................................................................................................................... Artois et Lorraine sous la coupe des armées (juillet-août), p.  91. – Épizootie en Auvergne, p.  91. – Invasion de sauterelles, chenilles et limaces, p.  92. 1480 .................................................................................................................................................... Année fraîche et humide, p.  92. – Dévastations et restauration en Verdunois, p.  92. – De la Lorraine à la Provence  : reprise de la transhumance, p.  92. 1481 .................................................................................................................................................... Grand hiver et année terrible, p.  93. – Le grand hiver  : vue générale, p.  93. – Le grand hiver  : d’une région à l’autre, p.  94. – Du grand hiver à la famine générale, p.  95. – La grande famine  : tour de France, p.  95. – La peste en embuscade, p.  96. 1482 .................................................................................................................................................... Violente poussée de peste, p.  97. – Inondations, p.  97. – La grande famine (suite), p.  97. – Attaques de loups autour de Metz, p.  99. – La vie reprend…, p.  99. – Un compoix dans les Cévennes, p.  100. 1483 .................................................................................................................................................... La peste aux aguets, p.  100. – Le Velay sous la sécheresse, p.  101. – Des lapins à la place des hommes, p. 101. – Un mode de remise en valeur rare autour de Paris : le bail à métairie, p.  101. – En Quercy  : du collectif à l’individuel, p.  101. 1484 .................................................................................................................................................... Traces de peste, p. 101. – 1484-1485. Famine en Bourbonnais, p. 102. – Les États généraux de Tours  : la détresse rurale en pleine lumière, p.  102. – Les sorciers  : bouc-émissaires, p.  103. – Le bon vin du sud de Paris, p.  103. 1485 .................................................................................................................................................... Traces de peste, p. 103. – Année très humide, p. 103. – La fortune d’une fermière, p. 104. 1486 .................................................................................................................................................... Année fraîche et humide en Lyonnais, p.  105. – Le Malleus maleficarum, p.  105. – Pisciculture et prairies semées en Limousin, p.  105. 1487 .................................................................................................................................................... Année pluvieuse et orageuse, p.  106. – Accidents de la vie et honneur paysan, p.  106. – Petits éleveurs en Pays de Retz, p.  107. 1488 .................................................................................................................................................... Tempêtes en Lyonnais, p.  107. – Rétablir les infrastructures  : le four banal de Thiais (Val-de-Marne), p.  108. 1489 .................................................................................................................................................... Humidité et maladie en Lyonnais, p.  108. – Disette en Forez, p.  108. – Le roi René met à sac Ancy-sur-Moselle, p.  109. – Le Multien toujours éprouvé, p.  109. – En Normandie, révolution dans la métallurgie, p.  109. 1490 .................................................................................................................................................... Rude hiver autour de Metz, p.  110. – Séisme en Auvergne et en Périgord, p.  110. – Divagation des bœufs dans un champ d’orge  : un mort, p.  110. 1491 .................................................................................................................................................... Rude hiver  : l’année des grandes neiges, p.  110. – Inondation de la Saône (13  février), p.  111. – Gel des vignes et des noyers, p.  111. – Repeuplement en Verdunois et en Champagne, p.  112. 1492 .................................................................................................................................................... Bonne année, p.  112. – 7  novembre  : une météorite en plein champ, p.  112. – « Areste-toi vilain, areste-toi ! Insécurité autour de Bois-d’Arcy, p. 113. – Une émotion paysanne antinobiliaire en Savoie : le soulèvement des « Robes rouges » en Faucigny (septembre-octobre), p. 113. 1493 .................................................................................................................................................... Sécheresse en Lyonnais, p.  114. – Peste et guerre en Lorraine, p.  115. – Ruines et friches en Brie, p. 115. – Conjuration de paysans en Alsace (Bundschuch), p. 115. – Une basse-cour plantureuse, p.  115. – Louer deux vaches en Lauragais (24  février), p.  115. 1494 .................................................................................................................................................... Mortalité en Lorraine, p.  116. – Vignes et grains victimes du froid, p.  116. 1495 .................................................................................................................................................... Année douce et sèche, p.  117. – Meurtres aux champs  : le roi gracie, p.  117. – 10  mars  1495. Acte d’habitation à Cabrières-d’Aigues (Vaucluse), p.  118. 1496 .................................................................................................................................................... Année d’abondance et surproduction de vin en Lyonnais, p.  118. – 18  juin  : grêle autour de Laval, p.  118. – Exactions des gens d’armes et revanche des paysans, p.  118. – Incursion des Aragonais en Languedoc, p.  119.

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TABLE 1497 .................................................................................................................................................... Inondations : les fleuves se mettent à leur aise, p. 119. – Bonnes récoltes en Lyonnais, p. 120. – Réunions pour la rédaction des coutumes, p.  120. – En occitan  : un notaire consigne les corvées à bœufs et à bras dues par les paysans de Polminhac (Cantal), p.  120. 1498 .................................................................................................................................................... Peu de froment mais beaucoup de seigle et d’avoine, p.  120. – Peste et famine, p.  121. – S’associer pour lutter contre la pénurie d’hommes, p. 121. – Partage de fruits entre maître et métayer en Limousin, p.  121. 1499 .................................................................................................................................................... Bonne année dans le Maine, p.  122. – Dans l’Ardenne, on découvre les maisons pour nourrir les animaux, p.  122. – Froid et orages en Lyonnais, p.  122. 1500 .................................................................................................................................................... Inondations en Lyonnais, p.  123. – Grands froids de fin d’automne, p.  124. – Pestes, p.  124. – Lynchage à la messe de minuit, p.  124. 1501 .................................................................................................................................................... Famine et disette, p.  124. – Pestes, p.  124. – Été caniculaire en Lyonnais, p.  125. – Les Vaudois retrouvent leurs terres, p. 125. – La prise en nourrice : activité complémentaire pour les paysans, p.  125. – Maladie des porcs en Forez et Lyonnais, p.  125. 1502 .................................................................................................................................................... Famine en Limousin, p.  125. – Violente poussée de peste en France, p.  125. – Peste et loups mangeurs d’hommes au cœur du royaume  : Bourbonnais, Berry, Saintonge, Anjou, Touraine, Orléanais et Île-de-France, p.  126. 1503 .................................................................................................................................................... Contrastes climatiques, p.  126. – Peste, p.  127. – Attaques de loups en Anjou, p.  127. 1504 .................................................................................................................................................... Année chaude avec invasion de sauterelles, p.  128. – Peste, p.  128. – Famine autour de Lyon, p.  128. – Paysage seigneurial, paysage fiscal, p.  129. – Fabriquer du fromage en plaine de France. Un « laboureur de bras » à Vémars en 1504, p.  129. 1505 .................................................................................................................................................... Peste et famine, p.  130. – Brigandage dans le Maine, p.  130. – Achèvement de la reconstruction au nord de Paris, p.  131. – Refus de taille en Sologne, p.  131. – Trois batteurs de grains, p.  131. 1506 .................................................................................................................................................... Vendanges tardives, p.  131. – Poussée de peste, p.  132. – Révision des coutumes, p.  132. – En Corse  : le Camp del’Oro, pomme de discorde entre Bastelica et Ajaccio, p.  132. 1507 .................................................................................................................................................... Peste dans le Forez, p.  132. – Poursuite de la rédaction des coutumes, p.  133. – Réaffirmation du droit de cullage, p.  133. – Les moissons dans la campagne de Caen, p.  133. 1508 .................................................................................................................................................... Traces de peste, p.  134. – Rédaction des coutumes, p.  134. – Interdiction d’exporter les blés, p.  134. – Réglementation du commerce de la viande, p.  134. – La petite délinquance féminine, p.  134. 1509 .................................................................................................................................................... Le terre bouge  : raz de marée et séisme, p.  135. – Surproduction dans le Maine, p.  135. – Les coutumes, p.  136. – Un seigneur foncier et ses domestiques dans l’Embrunais (septembre-octobre), p.  136. 1510 .................................................................................................................................................... Publication des coutumes, p.  136. – Le pâturage en Auvergne, p.  136. – Trois mesures pour une même province, p.  137. 1511 .................................................................................................................................................... Grand hiver, p.  137. – La coqueluche, p.  138. – Des plants de bourgogne à Cachan, p.  138. – Essartage en Basse-Provence, p.  138. 1512 .................................................................................................................................................... Traces de peste, p.  139. – Grandes tribulations en Guyenne, p.  139. – Des serfs en Berry, p.  139. – Raccourcissement des baux, p.  140. 1513 .................................................................................................................................................... Peste en Touraine et ailleurs, p.  140. – Réunion au cimetière, p.  140. – Opérations militaires en Artois et en Bourgogne, p.  141. – Lies et passeries dans les Pyrénées, p.  141.

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LA MÉMOIRE DES CROQUANTS 1514 .................................................................................................................................................... Grand hiver, p.  142. – Pestilence en Anjou, p.  142. – Police des gens de guerre, p.  143. – Achat de la seigneurie de Villeneuve-la-Comptal par Jean de Bernhuy à la famille de Caraman, p.  143. – Le compte des luminiers de Martres-sur-Morge, p.  143. 1515 .................................................................................................................................................... 1er  janvier 1515  : tempête et changement de règne, p.  144. – Grands vents et pluie, p.  144. – Peste et famine, p.  144. – Police des gens de guerre, p.  144. – Des villageois en armes. Revue de la milice de Champagnole (Jura), p. 144. – Affranchissement de serfs dans le Jura, p. 145. – 1515. Apparition mariale à Garaison (Montléon-Magnoac, Hautes-Pyrénées), p. 146. 1516 .................................................................................................................................................... Année chaude, p.  146. – Progression de la peste, p.  146. – Brigandage des « mauvais garçons », p.  146. – Ordonnance sur les eaux et forêts, p.  146. 1517 .................................................................................................................................................... Du froid au chaud, p.  147. – Invasion d’insectes ravageurs, p.  148. – Peste, p.  149. – Bundschuch, p.  149. – Loups mangeurs d’hommes en Beaujolais, p.  149. 1518 .................................................................................................................................................... Vagues de peste, p.  149. – Janvier  1518. Édit sur la conservation des forêts, p.  150. – Affranchissement des habitants de Preigney (Haute-Saône), p.  150. – Les estives de la Haute-Vésubie, p.  150. 1519 .................................................................................................................................................... L’année des grands vents, p. 150. – Pluies et inondations, p. 151. – Pestes, p. 151. – « La copiosité du populaire », p. 151. – Entrée en vigueur de la gabelle dans le Bas-Maine, p. 151. 1520 .................................................................................................................................................... Vagues de peste, p.  152. – Ouragans, p.  152. – Derniers baux à cens…, p.  153. – Publication des coutumes, p.  153. – Vague de plantations de vignes au sud de Paris, p.  153. – Les potiers de Ger (Manche), p.  153. – Vicaire de campagne en Anjou, p.  154. 1521 .................................................................................................................................................... Guerre en Picardie et Champagne entre François Ier et Charles Quint, p. 154. – Grande famine, p.  155. – Vagues de Peste, p.  155. – Insécurité dans les campagnes, p.  155. – Les droits d’eau en Roussillon, p.  156. 1522 .................................................................................................................................................... Ouragans et tremblement de terre, p.  157. – Grandes inondations, p.  157. – Suite de la famine, p.  158. – Violente poussée de peste  : la « grant mortalité » de 1522, p.  158. – De l’Artois à la Champagne  : « l’année des grands feux », p.  158. 1523 .................................................................................................................................................... Tempêtes et grêles, p. 159. – Un coup froid général : la gelée de la Saint-Martin (11 novembre), p.  160. – Retours de peste, p.  160. – L’invasion des « mauvais garçons », p.  161. – Un chef de bande diabolique  : le capitaine Maclou ou roi Guillot, p.  161. – Les campagnes du Nord sur le qui-vive, p.  163. 1524 .................................................................................................................................................... Grand hiver  et gel des blés, p.  164. – Grande sécheresse, vendanges précoces, p.  164. – Vagues de peste, p.  165. – Provence et Picardie en état d’alerte, p.  165. – Juin  : l’Île-deFrance en proie aux « mauvais garçons », p.  166. 1525 .................................................................................................................................................... Belles moissons autour de Paris, p.  166. – Relents de peste, p.  166. – « La Beste saulvaige qui dévoroit les enfens », p. 166. – Le Ponthieu à feu et à sang, p. 167. – Une plaie incurable : les gendarmes démobilisés, p. 167. – « La Guerre des Rustauds » en Alsace, p. 167. – En dehors de la guerre : violence ordinaire en Artois, p. 169. – Les bordagers du Haut-Maine, p. 169. 1526 .................................................................................................................................................... Traces de peste, p.  170. – Brigandage en Île-de-France, p.  170. – Un joueur de rebequet en Artois, p.  170. 1527 .................................................................................................................................................... Année pourrie : inondations, grêles, crues de la Seine et de la Loire, p. 170. – Traces de peste, p.  172. – Les excès du défrichement en Haute-Provence  : la destruction du terroir du Fugeret (Alpes-de-Haute-Provence), p.  172. 1528 .................................................................................................................................................... Grandes eaux, p.  172. – Peste résiduelle, p.  173. – Conflit de pâturage en Artois, p.  173. 1529 .................................................................................................................................................... Année froide et humide, p.  173. – Retours de peste, p.  173. – Famine générale et misère Avril-septembre  : famine puis peste en Quercy…, p.  173. – Retour à la paix, p.  174. – Jean Calvin, curé de paroisse, p.  174. – Premières grêves de dîmes, p.  175.

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TABLE 1530 .................................................................................................................................................... Hiver doux en Quercy, p.  175. – Offensive de la peste, p.  175. – Désertion de villages en Bas-Languedoc, p.  176. – Querelles de pâturages en Franche-Comté, p.  176. – Hold-up dans les campagnes marchoises, p.  177. – Parcours scolaire d’un paysan lorrain, p.  177. 1531 .................................................................................................................................................... Gel des vignes, p.  177. – Violente poussée de peste en France, p.  178. – Famine générale et pain de fougères, p.  178. – Location d’une borderie en Poitou, p.  179. 1532 .................................................................................................................................................... Le dérèglement des saisons, p.  179. – Fièvres, pestes et famine, p.  179. – Dans son tour de France  : François  Ier à Bretteville-l’Orgueilleuse, p.  180. – Ni taille ni gabelle en Bretagne, p.  180. 1533 .................................................................................................................................................... Année d’abondance, p.  181. – Traces de peste, p.  181. – La Réforme arrive dans les Cévennes, p.  181. – Chasse interdite aux paysans, p.  181. 1534 .................................................................................................................................................... Rares traces de peste, p.  182. – Sécheresse « merveilleuse », p.  182. – La Seine deux fois gelée, p.  182. – Un curé laboureur, p.  183. – Création de la première capitainerie de chasse à Fontainebleau, p.  183. – Un bordage dans le Toulousain, p.  183. 1535 .................................................................................................................................................... Vaches grasses…, p.  184. – … Vaches maigres, p.  184. – Une métairie en Poitou, p.  185. – L’essor de la luzerne, p.  186. 1536 .................................................................................................................................................... Du froid au chaud, p. 187. – Invasion de la Savoie par les Français, p. 187. – Les Espagnols en Provence et en Picardie, p.  187. 1537 .................................................................................................................................................... Gel des vignes en Anjou et en Poitou, p.  188. – Crue, sécheresse et raz-de-marée, p.  188. – Une plaie incurable ? Le brigandage des déserteurs aux champs, p.  188. – Une vache au labour, faute de bœuf, p.  189. – La naissance d’une métairie, p.  190. 1538 .................................................................................................................................................... Grandes gelées destructrices, p.  190. – La chasse réprimée par la maréchaussée, p.  190. – Le droit de premières noces en Ossau, p.  190. 1539 .................................................................................................................................................... Trop d’eau !, p.  191. – Août  1539  : Ordonnance de Villers-Cotterêts sur le fait de la justice, p.  191. – Publication de coutumes, p.  192. – Varia, p.  192. 1540 .................................................................................................................................................... Grande sécheresse  : bons blés et vins cuits, p.  192. – Mortalités, p.  193. – La paix aux frontières. « Il n’était en ce temps-là nouvelle de guerre », p.  193. – Lancement de la persécution contre les Vaudois en Provence, p.  194. – Brigandage au sud de Paris, p.  194. – Vue d’un village en 1540, p.  194. 1541 .................................................................................................................................................... Temps et récoltes, p.  194. – Ravages de la peste, p.  195. – Encore un affranchissement de servage en Sologne, p.  195. – Brigandage toujours, p.  195. – En pays de cocagne  : l’apogée du pastel, p.  195. 1542 .................................................................................................................................................... Année froide et tardive, p.  196. – Poussées de peste, p.  196. – Grèves de dîmes, p.  196. – Bruits de guerre dans les campagnes, p. 197. – « Le commencement des douleurs », p. 197. 1543 .................................................................................................................................................... Temps froid et pluvieux, p.  198. – Ravages de la peste, p.  198. – Premiers conflits religieux autour de Metz, p.  198. – Les serfs de Bourgogne, p.  199. – Banditisme rural en Poitou, p.  199. – « Mauvais gré », p.  199. – Le cadastre arrive en Comminges, p.  199. – Lies et passeries dans les Quatre-Vallées, p.  200. – Essartage et cabanisation en Provence, p.  200. 1544 .................................................................................................................................................... Automne pourri en Poitou, p.  200. – Recrudescence de la peste, p.  200. – Famine dans le Maine et en Comté, p.  200. – L’année des « Bourguignons », p.  201. – Banditisme rural, p.  202. – Sorcellerie et bestialité, p.  202. – Remembrement et repeuplement, p.  202. 1545 .................................................................................................................................................... La « seconde chaude année », p.  203. – Violente poussée de peste, p.  203. – Grèves de dîmes en Beauce, p.  203. – Lourmarin et Cabrières  : deux villages vaudois martyrs, p.  204. – La revanche sur les bandits, p.  204. – Mariage entre laboureurs à huis clos, p.  205.

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LA MÉMOIRE DES CROQUANTS 1546 .................................................................................................................................................... De la famine à l’abondance, p.  205. – Année d’abondance en Poitou, p.  206. – Mortalités, p.  206. – Abus des gens d’armes, p.  206. – Un syndicat de villages, p.  206. 1547 .................................................................................................................................................... Hiver rigoureux, p.  207. – Vagues de pestes, p.  207. – Les épices s’invitent au festin, p.  207. – « Il faisait alors bon vivre en ce pays », p.  207. – Limiter le prix des vivres, p.  207. – Le début du long « procès des tailles », p.  208. 1548 .................................................................................................................................................... Gel des vignes en Berry, p.  208. – Pestes localisées, p.  208. – Révolte des Pitauds  : descente des cloches des églises de l’Aquitaine, p. 208. – De part et d’autre de la Loire  : les loups sèment la terreur, p.  209. – En Corse  : l’émergence de la châtaigneraie, p.  209. 1549 .................................................................................................................................................... Inondations, séisme, sécheresse, p.  210. – Traces de pestes, p.  210. – Le trousseau de la mariée  : « comme à son état appartient », p.  210. – Le bétail à la ferme, p.  210. 1550 .................................................................................................................................................... Peste dans le comté de Nice, p.  212. – Les fermiers bourguignons  : l’émergence d’une classe rurale, p.  212. – Conflit de bergers en Artois, p.  213. – Chasse aux loups, aux ours et aux sangliers, p.  213. – Pression foncière à Saint-Martin-Vésubie, p.  213. 1551 .................................................................................................................................................... Chaleurs véhémentes, p.  214. – Quelques traces de pestes, p.  214. – Essartage en Cotentin, p.  214. 1552 .................................................................................................................................................... Blés et vignes grêlés, p.  215. – Peste et lèpre, p.  215. – Épierrer pour ne point casser le soc, p.  215. – Reprise de la guerre  avec les Bourguignons  : premiers pillages, p.  215. 1553 .................................................................................................................................................... « Blé bon et sec », p. 217. – La peste au sein de la famille, p. 217. – Les campagnes d’Artois incendiées par les Français, p.  218. – En Cambrésis  : un désastre agricole, p.  219. – La Corse aussi sous le feu de la guerre, p. 220. – Braconnage chez le duc de Guise, p. 220. 1554 .................................................................................................................................................... Sécheresse et incendies, p. 220. – Vague de pestes, p. 221. – Le Nord dévasté, Paris menacé, p.  221. – Des ormes le long des chemins, p.  222. – Le tableau des vins de France d’après le Praedium rusticum de Charles Estienne, p.  222. – Les moutons de Paris, p.  222. 1555 .................................................................................................................................................... Naufrage sur la Loire, p.  222. – Été pourri nuisant aux blés, p.  222. – Pestes, p.  223. – Un village martyr  : Cagnoncles, p.  223. – Accalmie en Picardie et Champagne, p.  223. – Un fermier de dîmes en Vexin, p. 223. – Protéger les bois contre l’industrie : arrêt du Parlement de Provence contre la dépopulation des arbres (30  juin), p.  224. – À Saint-Martin-Vésubie  : protéger les alpages des troupeaux, p.  224. 1556 .................................................................................................................................................... La grande sécheresse, p.  224. – Vagues de pèlerinages, p.  226. – Vague de pestes, p.  227. – Autour de Lyon : terres et vignes changent de mains, p. 227. – Passages de troupes, p. 227. – Un évadé fiscal dans un manoir du bocage, p.  227. 1557 .................................................................................................................................................... Grande cherté pour le pauvre monde, p.  228. – Vagues de peste, p.  228. – Prise de SaintQuentin et exode des populations rurales, p.  228. – Le bocage chez le sieur de Gouberville, p.  229. – Les bois et forêts de l’Alsace, p.  229. – Une mesure contre l’infanticide, p.  229. 1558 .................................................................................................................................................... Année d’abondance, p.  231. – Été torride  : les soyeurs mouraient de soif, p.  231. – Les insolences des soldats, p. 231. – Un cas de lèpre, p. 232. – La Réforme protestante frappe à la porte des grands mas cévenols, p.  232. 1559 .................................................................................................................................................... Année chaude et fertile, p.  232. – Enfin la paix !, p.  232. – Sécheresse et surpâturage en Provence, p.  233. – Mort d’Henri  II, le « père des laboureurs » (10  juillet), p.  233. – 14 octobre 1559 : l’arrivée du forgeron à Besse-en-Oisans (Isère), p. 233. – Le protestantisme en Beauce et en Berry, p.  234. 1560 .................................................................................................................................................... Les blés germaient aux champs, p. 234. – Au sud de Paris : une expropriation paysanne avancée ?, p.  234. – La misère du « pauvre bonhomme », p.  235. – Le refus de la dîme en Languedoc  : grève sage ou grève sauvage ?, p.  235. – Premiers édits de pacification, p.  236. – La fin de Martin Guerre, p.  236.

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TABLE 1561 .................................................................................................................................................... Tempêtes d’automne, p. 236. – Traces de pestes, p. 237. – Après la grêle : un vicaire-vigneron du Beaujolais fait ses comptes, p. 237. – Ordonnance d’Orléans de janvier 1561 (1560, ancien style), p.  237. – Un laboureur-vigneron gagné à la Réforme, p.  238. – 17  janvier  1561. Dénombrement de la gabelle du sel dans les États d’Emmanuel-Philibert de Savoie, p.  238. – L’arrivée du riz, p.  239. – Étaupinage au Mesnil-au-Val, p.  239. 1562 .................................................................................................................................................... Des saisons toutes changées, p.  240. – Poussées de peste, p.  240. – Une pacification impossible, p.  240. – Première guerre de Religion (mars  1562-mars  1563). L’étincelle  : le massacre de Wassy, p.  241. – L’iconoclasme protestant, p.  241. – Psychose dans les campagnes parisiennes, p.  242. – Les campagnes ravagées par les protestants, p.  243. – Un fléau nouveau  : l’arrivée des reîtres, p.  244. – Après les reîtres  : l’agonie d’un village, p.  244. – Derrière les soldats  : larrons, et « gens pille-hommes », p.  244. – Martyrs de prêtres aux champs, p.  245. – L’industrie dans les campagnes, p.  245. 1563 .................................................................................................................................................... Grande mortalité liée à la faim et à la peste, p.  246. – Interruption de la guerre et retraite des reîtres, p.  246. – Première vente des biens du clergé, p.  247. – Confiscations de dîmes, p.  247. – Bernard Palissy critique le labour en Bigorre et en Béarn, p.  247. – Un gros fermier à Paris, p.  248. 1564 .................................................................................................................................................... La terre tremble autour de Nice, p.  248. – Année bonne et fertile, p.  249. – Violente poussée de peste, p.  249. – Un best-seller  : L’Agriculture et Maison rustique, p.  249. – Le roi traverse les campagnes, p.  249. – Du champart au nord de Paris, p.  250. – Début du grand hiver, p.  251. 1565 .................................................................................................................................................... 1er janvier : premier jour de l’année, p. 252. – « Moururent gens de froid par les chemins » : suite du grand hiver, p.  252. – Pénurie ou abondance, p.  253. – Suite du grand voyage de Charles IX, p. 254. 1566 .................................................................................................................................................... Vagues de peste, p. 256. – Fin du voyage de Charles IX, p. 257. – Labourer après un siècle et demi de friche, p.  258. – Alerte sur les bois en Provence, p.  258. – Le Thillay au début des guerres de Religion : un pays de cocagne, p. 258. – Noël 1566. Retour des reîtres, p. 259. 1567 .................................................................................................................................................... Les blés emportés par le vent, p.  259. – Inondations en Vivarais, p.  260. – Pendaison d’une truie dans le Valois, p.  260. – Ravages en Île-de-France et en Bassigny, p.  260. – La terreur silencieuse  : le duc d’Albe monte vers les Pays-Bas, p.  261. – Le trésor d’une église villageoise, p.  261. 1568 .................................................................................................................................................... Séisme, tempêtes et froid rigoureux, p.  263. – Pestilences, p.  263. – Troisième guerre de Religion (juillet  1568-août  1570), p.  264. – Un village champenois victime de la guerre  : Dannemoine (Yonne), p.  264. – Aliénations de biens ecclésiastiques, p.  264. – Du crime à la complainte  : des marchands tués par un seigneur en Basse-Bretagne, p.  265. 1569 .................................................................................................................................................... Hiver très froid, p.  265. – « Manger la poule sur le bonhomme », p.  266. – Moment calme avec les soldats  : bénédiction d’une enseigne à Belleville en Beaujolais, p.  267. – Le sainfoin en Île-de-France, p.  267. – Les hautes chaumes des Vosges, p.  267. – En Béthunois  : 3 420  exploitations recensées en 1569, p.  267. – Une passion pour la terre paysanne  : une grange en Franche-Comté, p.  268. 1570 .................................................................................................................................................... Inondations et hiver anticipé, p.  268. – Poussée bourgeoise en Montmorillonnais, p.  269. – Mai-septembre  1570  : des campagnes à feu et à sang, p.  269. – Une trêve pour deux ans  : l’édit de Saint-Germain, p.  270. 1571 .................................................................................................................................................... Grand hiver, p.  270. – Vendre son bien pour une bouchée de pain, p.  271. – L’« édit des laboureurs », p.  271. – Nouveaux statuts pour la Corse, p.  272. – La portion congrue à 120  livres, p.  272. – Bêtes anthropophages en Champagne et en Franche-Comté, p.  272. – L’homme-loup de Villers-Cotterêts, p.  273. 1572 .................................................................................................................................................... Grand froid, p.  273. – Grande cherté en Limousin, p.  273. – Une communauté familiale en Champagne berrichonne, p.  274. – Le Porc Claudon, p.  274. – Varia, p.  274. – Quatrième guerre de Religion (août  1572-juillet  1573), p.  274. – Après les soldats, de véritables loups en Beaujolais, p.  274.

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LA MÉMOIRE DES CROQUANTS 1573 .................................................................................................................................................... Grand hiver…, p.  275. – … et gelées tardives en avril, p.  275. – Grande Famine, p.  276. – Atrocités catholiques à Sancerre  : vignerons et manœuvres acculés, p.  278. – Ravages du capitaine Montbrun en Dauphiné, p.  279. – Repaire sinistre du capitaine protestant Érard dans le Vivarais, p.  279. – Un loup-garou en Franche-Comté, p.  279. – En Beaujolais  : le retour des cloches, p.  280. 1574 .................................................................................................................................................... « Il faisait cher vivre », p.  280. – L’oppression des gens de guerre, p.  280. – À la merci des deux camps  : le calvaire d’un village, p.  281. – Il n’était question que de « briganderie », p.  282. – Affranchissement de serfs, p.  283. 1575 .................................................................................................................................................... Année abondante avec « merveilleuse » chaleur et sécheresse, p.  283. – La peste décime le Beaujolais, p.  283. – Sorcellerie à Montbéliard, p.  284. – Ravages des gens de guerre en Beauce, p.  284. – Passages des reîtres, p.  284. – Les maîtres de forge en Franche-Comté, p.  285. 1576 .................................................................................................................................................... L’année de la grande gelée (21 avril et 2 mai 1576), p. 285. – Inondations, p. 285. – Reprise de pestes, p.  286. – Procès de sorcellerie, p.  286. – La trêve de Beaulieu et les exactions des reîtres, p.  286. – Une plaie pour les paysans beaucerons  : la « fureur » des gentilshommes, p.  287. – « Nous sommes las ! »  : révolte des paysans du Sud-Ouest, p.  288. 1577 .................................................................................................................................................... Froidures printanières, p.  288. – Réglementation des monnaies et du commerce, p.  289. – Dévastations militaires et réactions paysannes, p.  289. 1578 .................................................................................................................................................... Année sèche, p.  289. – Loups mangeurs d’hommes, p.  290. – Sécurisation des grands chemins, p.  290. – Essor des ligues paysannes, p.  290. – Mariages précoces à Athis-surOrge, p.  291. 1579 .................................................................................................................................................... Séisme en Limousin, p.  292. – Année pourrie, p.  292. – Victoire de ligueurs paysans, p.  293. – Les campagnes du Vivarais plongées dans l’Apocalypse, p.  293. – Une prise en compte des désordres : l’ordonnance de Blois, p. 294. – Un enjeu pastoral : les hautes-chaumes des Vosges, p.  295. 1580 .................................................................................................................................................... « Année fâcheuse », p. 296. – Le grand retour de la peste, p. 296. – En Dauphiné : destruction des ligues paysannes, p. 296. – La paix de Fleix : quatre années de répit, p. 297. – Premières victimes de loups identifiées, p. 297. – Droit de clôture en Bretagne, p. 297. – Varia, p. 298. 1581 .................................................................................................................................................... Ouragan de Pâques, le 26  mars, p.  298. – Belles récoltes, p.  298. – Vagues de pestes, p.  299. – Dévastations en Poitou, p.  299. – L’arrivée du bocage, p.  299. 1582 .................................................................................................................................................... Que d’eau !, p.  299. – Peste générale, p.  300. – Réforme du calendrier, p.  300. – Famine en Corse (1581-1582), p. 301. – État des destructions agricoles à Saint-Paul-Trois-Châteaux, p.  301. 1583 .................................................................................................................................................... Année d’abondance ?, p.  302. – Sécheresse ou humidité ?, p.  302. – Grande vague de peste, p.  303. – Pour conjurer la peste  : processions à La Chapelle-d’Aligné, p.  303. – Des battues au loup dans tout le royaume, p.  303. – Banditisme dans les campagnes, p.  304. – Pendaison de sorciers en Sancerrois et Poitou, p.  304. – Processions blanches, p.  305. – Bordelage et communautés paysannes en Morvan, p.  306. 1584 .................................................................................................................................................... Tremblement de terre, le 11  mars, p.  306. – Tempête à l’île de Ré, p.  307. – Inondations, p.  307. – Recrudescence de la peste…, p.  307. – … qui arrête la production textile, p.  308. – Halte au pâturage en forêt, p.  308. – Un ours dans la vallée de la Loue, p.  308. – Vague de sorcellerie en Lorraine, p. 308. – En Sologne : soigner les élus pour limiter la taille, p. 309. 1585 .................................................................................................................................................... Froid et pluie toujours, p.  309. – Vagues de pestes, p.  310. – Reprise des guerres civiles (8e  guerre de Religion)  : les campagnes premières exposées, p.  310. – De la Flandre au Poitou  : consolidation des grands exploitants, p.  310. 1586 .................................................................................................................................................... Sale temps, p.  311. – Terrible famine, p.  312. – Violente poussée de peste, p.  313. – Les corbeaux sèment la peste, p.  313. – En Forez  : une pestiférée dicte son testament dans un pré, p.  313. – Processions en Sologne, p.  314. – Une bête monstrueuse autour de Revin,

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TABLE p.  314. – « Sarrasin, fève de Calicut et sainfoin »  : l’ouverture agronomique d’une ferme normande, p.  314. 1587 .................................................................................................................................................... Lundi de Pâques  : naufrage à Ouzouer-sur-Loire (Loiret), p.  315. – « L’an de grand cherté et famine », p. 315. – La grande poussée de la peste (suite), p. 317. – L’« année des reîtres », fléau complémentaire (septembre-novembre), p.  317. – L’enchevêtrement des calamités, p.  318. – Une crise démographique majeure, p.  318. – 12  juillet 1587  : permission de fortifier le village du Thillay, p.  318. – Un conquérant terrien en Franche-Comté  : Pierre Cécile, p.  318. – Vol d’abeilles, p.  319. 1588 .................................................................................................................................................... Temps capricieux, p.  319. – Séisme et peste, p.  319. – Un parfumeur ou un sorcier ? Comment lutter contre la peste, p.  319. – Ravages des soldats, p.  320. – Un laboureur à Blois aux États généraux (16  octobre-16  janvier 1589), p.  320. – 25  février 1588. Élection d’un capitaine au village d’Hérouville-en-Vexin, p.  320. – Vague d’affranchissements de mainmortables en Bourgogne  : Charolais, Autunois, Auxois et Chalonais, p.  321. 1589 .................................................................................................................................................... Humidité du nord, sécheresse dans le Midi, p.  322. – Traité du vin et du cidre, p.  322. – D’Henri III à Henri IV : les soldats en Île-de-France et en Normandie, p. 322. – Les campagnes normandes aux mains des Ligueurs, p.  323. – Révolte des Gauthiers, p.  323. – Ravages de loups en Velay, p.  324. 1590 .................................................................................................................................................... Abondance et sécheresse, p. 324. – Ravages de la Ligue, p. 324. – Été 1590 à Paris : mourir de faim devant un tas de blé, p.  325. – Des villages taillés par les deux partis  : royalistes et ligueurs, p.  326. – Capitulation des Lipans, p.  326. – La louve rouge de Belfort, p.  326. 1591 .................................................................................................................................................... Séisme à l’île de Ré, p.  327. – Des hannetons aux champs, p.  327. – La Provence sous la botte savoyarde, p.  328. – De la Bretagne à la Lorraine  : les campagnes à feu et à sang, p.  328. – Procès pour sorcellerie, p.  328. – En Cotentin, recours au cabotage pour assurer le ravitaillement de certains villages bloqués par les Ligueurs, p.  329. – Au siège de Chartres  : les paysans sacrifiés par les assiégés, p.  329. – En Normandie et en Picardie  : ravage des Catillonnais (1589-1594), p. 329. – Au son du tocsin ! Ligues campanères du Comminges (1591-1592), p.  329. 1592 .................................................................................................................................................... Année médiocrement bonne, p.  330. – Toujours les gens de guerre, p.  330. – En Comtat  : les habitants de Gigondas réactualisent leurs statuts, p. 330. – En Bretagne : renouveler le domaine congéable, p.  331. 1593 .................................................................................................................................................... Orages et séismes, p.  332. – De l’Anjou à la Bourgogne  : les derniers ravages ?, p.  332. – En Basse-Bretagne  : les paysans massacrés par La Fontenelle, p.  333. – De la nécrophagie à l’anthropophagie : l’arrivée des loups « carnassiers », p. 333. – Un manouvrier gyrovague, p. 334. 1594 .................................................................................................................................................... Gelée et grêles dévastatrices, p. 334. – En Champagne : « Guerre aux vaches ! », p. 335. – Du pillage à la pacification, p.  335. – Les « Bonnets rouges », paysans en armes en Bourgogne, p.  336. – Révolte des Tard Avisés, p.  336. – Autour de Laon  : les « loups », quatrième fléau de l’Apocalypse, p. 338. – À Paris, les fermiers cèdent la place aux jardiniers-maraîchers, p.  338. 1595 .................................................................................................................................................... Grand hiver, p.  339. – Grands orages, p.  339. – Traces de pestes, p.  339. – Fins de guerre, p.  340. – La politique de la canonnière  : Sully protège ses paysans à Saint-Mammès, p. 340. – Épilogue à la révolte des Croquants du Périgord (juillet-octobre), p. 342. – Famines, contagions et banditisme, p.  342. – Protection du laboureur et des blés dans le royaume, p.  343. – La Démonolâtrie de Nicolas Rémy, p.  343. 1596 .................................................................................................................................................... « On ne pouvait moissonner », p.  343. – Violente poussée de peste, p.  343. – Une trêve relative, p.  343. – Les campagnes en proie aux loups, p.  344. – Exemption de taille pour la patrie de Jeanne d’Arc, p.  345. 1597 .................................................................................................................................................... Gelées et neiges, p.  345. – Point de sel ni de vin mais du grain en Saintonge, p.  345. – Poussées de peste, p. 346. – Famine en Pays nantais et en Bourgogne, p. 346. – Préparer la paix, p.  346. – Un seigneur pillard en Cotentin, p.  346. – Rétablir la sécurité  : chemins publics, chasse et forêts, p.  347. – Réduire les droits seigneuriaux pour remettre le sol en valeur, p.  348. – La Basse-Bretagne en proie aux loups, p.  348.

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LA MÉMOIRE DES CROQUANTS 1598 .................................................................................................................................................... Tempêtes, pluies et neiges, p.  350. – Attestations de peste, p.  351. – Enfin, le retour à la paix !, p.  351. – Te Deum et feux de joie, p.  352. – La guerre du loup contre l’homme  : le paroxysme, p.  352. 1599 .................................................................................................................................................... Neige, froidure et moissons « fraîches », p. 355. – Poussées de peste, p.  355. – Assèchement des marais, p.  356. – Du Vivarais à la Cornouaille  : l’insécurité face au loup, p.  356. – Ravages de loups  : la stupéfaction de Thomas Platter, p.  356. – Sus au loup ! Une pluie de battues, p.  357. 1600 .................................................................................................................................................... Hiver, peste et grands vents, p.  358. – Mais abondance de fruits…, p.  358. – La peste se contracte, p.  358. – Olivier de Serres  : Le Théâtre d’Agriculture ou mesnage des champs, p.  359. – La poule au pot  : sur la table du propriétaire, p.  359. – Deux édits restaurateurs, p.  359. – Un centenaire chez les laboureurs, p.  360. 1601 .................................................................................................................................................... Orages, chenilles et vermine, p.  360. – La « mauvaise bête » du Toulousain, p.  361. – Juin  : nouvel édit sur la chasse, p.  362. – Naissance du futur Louis  XIII, p.  362. – Terres cultivées et incultes  : deux modes d’appréciation en Languedoc, p.  362. – Une sorcière sur la sellette, p.  363. 1602 .................................................................................................................................................... « En ce temps faisait bon vivre », p.  364. – Blés foudrés en Beauce, p.  364. – Mortalités et contagions, p.  365. – Planter des ormes et des mûriers, p.  365. – Fondation de villages en Lorraine, p.  365. – En Chartreuse  : une carrière de meules, p.  365. 1603 .................................................................................................................................................... « De long temps n’avait été telle sécheresse », p.  366. – Poussées de peste, p.  367. – Les jardiniers de Paris, p.  367. – Un berger accusé de lycanthropie, p.  367. 1604 .................................................................................................................................................... Séismes en Lorraine et en Limousin, p.  367. – Le peuple était à son aise, p.  367. – Attestations de peste, p.  368. – Loups mangeurs d’hommes dans la Montagne bourguignonne, p.  368. – Épizootie sur le bétail en Auvergne, Rouergue et Limousin, p.  369. 1605 .................................................................................................................................................... Stigmates de sécheresse, p.  369. – Quelques contagions, p.  370. – Raz-de-marée de la châtaigneraie au nord d’Aubenas, p.  370. – Planter des ormes dans les cimetières, p.  370. – Prier pour vaincre les Turcs, p.  370. – Des laboureurs élisent leur messier, p. 371. – Un mystère joué par les jeunes au village, p.  371. 1606 .................................................................................................................................................... Ouragan de Pâques, p.  372. – Grain cher, vendange tardive, p.  372. – Peste et contagions, p.  373. – En Toulousain et Lauragais  : grande chasse aux loups et bêtes sauvages, p.  373. – En Provence, un souci résurgent  : la déforestation, p.  373. 1607 .................................................................................................................................................... Tempêtes de neige et de vent, p.  374. – Sécheresse et petites vendanges, p.  374. – Peste et dysenterie, p.  375. – Janvier  : 2e  édit de bonification pour le dessèchement des marais, p.  375. – Attacher les chiens pour protéger les plaisirs du roi, p.  375. – Un crime de bestialité, p.  375. – Naissance de « Monsieur »  : Nicolas d’Orléans, p.  376. 1608 .................................................................................................................................................... Le Grand hiver du siècle (décembre  1607 –  mars  1608), p.  376. – Été torride  : les moissonneurs succombent sous le soleil, p.  378. – Séismes et déluges, p.  379. – Naissance de Gaston, duc d’Anjou, p.  379. – « Il était un p’tit homme. Qui s’appelait Guillery, Carabi ! », p.  380. – Le maïs en Bresse, p.  380. 1609 .................................................................................................................................................... Séisme et crues, p.  380. – Vents et gelées, p.  380. – La peste s’interrompt, p.  381. – Un petit office pour s’exempter de taille, p.  381. – Avoir au moins douze ans pour être parrain ou marraine, p.  382. – Grand bruit de sorciers et sorcières, p.  382. – « Grand bruit de guerre », p.  383. 1610 .................................................................................................................................................... Bonne année agricole, p. 383. – Mars 1610. « Bruit de guerre », p. 383. – La mort d’Henri IV vue par les curés et les notaires de campagne, p.  384. – Un paysan du Multien sollicité d’assassiner le maréchal de Bouillon ?, p.  384. – Des laboureurs, voituriers pour les forges, p.  385. – Louis  XIII chasse le loup autour de Paris, p.  385.

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TABLE 1611 .................................................................................................................................................... Grande chaleur et sécheresse, p.  385. – Invasion des sauterelles, excommunication des chenilles, p.  386. – En labourant la terre  : découverte d’un cimetière enfoui, p.  386. – La violence en Artois, p.  387. 1612 .................................................................................................................................................... Poursuite de la sécheresse dans le Midi  : « le bétail commençait fort à endurer », p.  387. – Récoltes abondantes, p.  388. – Entre quatre croix  : clore les villages, p.  388. – « Prodigieuse incursion des loups » en Queyras, Embrunais et Briançonnais, p.  388. – 18  septembre 1612. La belle époque du porc  : un marché de paisson (1612), p.  389. 1613 .................................................................................................................................................... Pluies, grêles et orages, p.  390. – Les moulins de Beauce abattus par le vent, p.  392. – La fin des grands fermiers à Paris, p.  392. 1614 .................................................................................................................................................... Grand hiver 1613-1614, p.  392. – Tempête mémorable dans l’Est, le 30  juillet, p.  393. – Épizootie en Saintonge, Auvergne et Velay, p. 394. – Excellente récolte en Provence, p. 394. – La guerre des Princes, p. 394. – Une prise de conscience : les cahiers de doléances du bailliage de Troyes en 1614, p.  394. – Sire, si vous aviez vu dans vos pays de Guyenne et d’Auvergne…, p.  395. 1615 .................................................................................................................................................... Grandes neiges et crues des fleuves, p. 395. – Sécheresse générale, p.  396. – Avertissement de Robert Miron sur les misères du peuple, p.  398. – Menaces de guerre et premières dévastations, p.  398. – En Corse  : les Feux de la Saint-Laurent, p.  399. – Le quotidien d’un village vosgien, p.  399. 1616 .................................................................................................................................................... Froidures excessives, p.  400. – Nourrir la troupe  : réquisitions à Vitray-en-Beauce, p.  401. – Voleries et menaces de guerre, p.  401. – Feux de joie pour le retour à la paix, p.  402. – « Si le laboureur prenoit garde quand il ensemence sa terre, pour qui il sème, il ne sèmerait point », p.  402. 1617 .................................................................................................................................................... Hiver doux, coup de froid en avril  : « rien ne pouvait mûrir », p.  402. – Comète et tempête, p.  403. – De la Picardie aux Dombes  : l’action de Vincent de Paul, p.  404. – Feu de joie pour l’assassinat de Concini, p.  404. – Bruits de guerre, p.  405. 1618 .................................................................................................................................................... Séismes à répétition, p.  405. – Année fraîche et humide, p.  405. – Sécheresse et incendies, p.  406. – L’opposition aux dessèchements en Auvergne, p.  406. – Le tabac en Alsace, p.  407. – Le 25  août  : fêter la Saint-Louis dans tout le royaume, p.  407. 1619 .................................................................................................................................................... À nouveau des séismes, p.  407. – Sécheresse générale  : « peu de vendange ny de chastaines », p. 407. – Le retour de la peste, p. 409. – Grand bruit de guerre, p. 409. – Passage du roi en carrosse à six chevaux, p. 409. – Le droit des célibataires : le « plat de trancheur », p. 410. 1620 .................................................................................................................................................... Gelées, grêles et petite vendange, p.  410. – Traces de pestes, p.  411. – Drôlerie des Pontsde-Cé et « pauvres gens des champs », p.  411. – Les lendemains des Pont-de-Cé, p.  411. – Entrée du roi en Béarn, p.  412. 1621 .................................................................................................................................................... « Temps incommode pour les biens de la terre », p. 412. – Guerre contre les protestants : les forces royales sèment de « grandes maladies », p.  413. – Un homme pendu pour avoir épousé trois femmes, p.  413. 1622 .................................................................................................................................................... Tempête du 5  juin, p.  413. – Le Nord-Est à l’ombre de la guerre, p.  413. – Fin de la guerre contre les protestants, p.  414. – En Sologne  : le nom des bêtes à cornes, p.  414. – Dans les Dombes  : proclamation du « royaume », p.  415. 1623 .................................................................................................................................................... Neiges, « besches », inondations, p.  415. – Grande sécheresse, p.  416. – Retour de la peste, p.  416. – Du roi aux communautés  : sus au loup !, p.  416. – Dans le diocèse de Rieux  : rétablissement du catholicisme, p.  417. – Bouchers et éleveurs  : conflit de pâturage en Anjou, p.  417. 1624 .................................................................................................................................................... Grand hiver, p.  418. – Sécheresse fatale aux bestiaux, p.  419. – En Beauvaisis  : vendanges à moindre coût, p.  420. – Poursuite de la peste, p.  420. – 4  mars  : Fondation du village de Saint-François-Lacroix (Moselle) par ordonnance de Henri  II de Lorraine (1608-1624), à Nancy, p.  420. – 13  mai  : révolte des Croquants du Haut-Quercy, p.  421.

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LA MÉMOIRE DES CROQUANTS 1625 .................................................................................................................................................... Point d’hiver, p.  421. – Débordement d’eaux dans le Nord…, p.  422. – Sécheresse dans le Midi, p.  422. – Grande vague de peste bubonique en France depuis l’Allemagne, p.  422. – « Caressets » et « Égyptiens »  : des vagabonds inquiétants, p.  423. – Les gens d’armes molestent les villageois, p.  423. 1626 .................................................................................................................................................... Inondations  : « jamais on n’a vu tant d’eau », p.  423. – Année de grande peste, p.  424. – En Normandie  : l’action de Saint Jean Eudes, p.  425. – Ravages de loups en Alsace, p.  425. – Démolition des forteresses, p.  425. – Refus de dîme en Pays de Caux, p.  425. 1627 .................................................................................................................................................... Crue de la Garonne, p.  426. – Vendanges tardives, p.  426. – Des manants au souverain  : la peste désole le royaume, p. 426. – La crue de l’impôt et la guerre contre les protestants, p.  427. – Le curé de Ris fait ses annonces à la messe, p.  427. 1628 .................................................................................................................................................... Encore du froid et de l’humidité  : vendanges tardives, p.  428. – Crue de la Loire, p.  429. – Violente poussée de peste, p.  429. – La peste empêche de battre monnaie, p.  430. – Les parpaillots sur la brèche, p.  430. – Les malheurs du temps vus par un propriétaire rural du Rouergue, p.  430. – En Vivarais  : des villageois à l’assaut des châteaux, p.  430. 1629 .................................................................................................................................................... Violente poussée de peste en France, p.  431. – Avoir la peste à ses trousses  : la fuite des notables, p.  432. – Dans un village du Montalbanais  : la peste au ras du sol, p.  433. – Derniers cas de lèpre ?, p.  434. – La portion congrue à 300  livres, p.  434. – La Paix d’Alès et la destruction des châteaux, p. 435. – L’endettement des communautés, p. 435. 1630 .................................................................................................................................................... « Grand dommage aux fruits de la terre », p.  435. – Famine « générale » et « peste presque partout », p.  435. – Violente poussée de peste en France, p.  436. – À travers villes et campagnes…, p.  436. – Contre le tabac en Alsace, p.  436. – Une révolte de vignerons  : les Lanturlus, p.  436. – Des paysans envahissent Aix-en-Provence  : les Cascaveù, p.  437. – « On ne parlait alors que de sortilèges et de sorciers », p. 437. – Au lendemain des guerres civiles  : les loups du Gévaudan, p.  437. 1631 .................................................................................................................................................... Cherté du blé et famine « extrême », p.  438. – Gel des châtaignes en Limousin, p.  439. – De la Picardie au comté de Nice  : peste générale, p.  439. – En Quercy  : les cabanes des pestiférés, p. 441. – En Lorraine  : la peste au ras du sol, p. 441. – Reprise des attaques de loups, p.  444. – Auvergnats et Gascons attirés par l’Espagne, p.  444. – Vendre son bien pour survivre, p.  445. – Guerre de partisans autour de Luxeuil, p.  445. 1632 .................................................................................................................................................... « Rubans » de grêle dévastateurs, p.  445. – Retours de peste, p.  446. – La Bête du Cinglais, p. 446. – Prime au loup dans l’ensemble de la Provence, p. 447. – Traversée de l’armée du duc d’Orléans, p.  447. – L’Alsace, porte d’entrée de la guerre de Trente ans, p.  447. – Réduction des portions congrues, p.  447. 1633 .................................................................................................................................................... Recul de la peste, p.  448. – Protestation des pauvres manants de Rumilly (7  août), p. 448. – Une bête furieuse autour d’Évreux, p. 449. – Les ruines des églises dans le diocèse de Rieux, p.  449. – La réussite d’un laboureur, p.  449. 1634 .................................................................................................................................................... Orages de grêle, p.  450. – La peste cantonnée, p.  450. – Invasion des Vosges par les troupes suédoises, p.  451. – Ravages de loups anthropophages en Gévaudan…, p.  451. – … et en Normandie, p.  452. – Réglementation des portions congrues, p.  452. – La condition des taillables, p.  452. – De la vile monnaie pour les paysans, p.  453. – Des Percherons au Canada, p.  453. 1635 .................................................................................................................................................... Chaleur, sécheresse et grêle, p. 453. – Contagions résiduelles, p. 454. – Entrée de la France dans la guerre de Trente Ans, p. 454. – Août : arrivée des Suédois en Lorraine, p. 455. – La « terreur » française, p. 455. – En Ponthieu, guerre paysanne entre les deux camps, p. 455. – En Pays de France, la gestion d’une ferme seigneuriale, p. 456. – En Sancerrois : des petits exploitants comme « mulets » de l’État, p.  458. – Rasement de châteaux, p.  458. – Lutter contre le banditisme corse  : primer la tête des assassins comme pour le loup, p. 459. 1636 .................................................................................................................................................... Sécheresse, grêles et orages, p.  459. – Paroxysme de peste ?, p.  459. – La peste « suédoise » en Lorraine et sur ses marges, p. 459. – Autres vagues de peste, p. 460. – Ravages des Espagnols en Picardie, p.  460. – Exode des populations rurales (avril-octobre  1636), p.  461. – La

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TABLE Lorraine et la Champagne à feu et à sang, p.  462. – De la Bourgogne à la Franche-Comté  : ravages des Impériaux, p. 463. – Ottonville (Moselle)  : l’apocalypse au village, p. 463. – Les « Cravacs » à Plappeville, ou comment « mettre le feu dans la paille des couches », p.  465. – Hortes  : village martyr, p.  465. – Au départ des soldats  : « la grand puanteur » du Dijonnais et du Bassigny, p.  467. – À l’arrière  : la « guerre aux esclops » en Auvergne, p.  468. – Le grand soulèvement des Croquants, p.  468. 1637 .................................................................................................................................................... Année agricole avancée, p.  469. – « La famine fut si extrême que les hommes se mangeaient l’un l’autre », p.  469. – Persistance des pestes et contagions, p.  471. – Croates et Suédois  : envahisseurs redoutés de janvier à juillet, p.  472. – Les soldats semeurs de peste, p.  472. – La guerre des loups contre l’homme, p.  473. – Le Valromey terrorisé par Canis lupus, p.  473. – Famine monétaire en Velay, p.  474. – Soulèvement populaire contre l’excès des impôts : les Croquants du Périgord, p. 475. – Juin-août 1637. Seconde révolte des Croquants du Quercy, p.  476. – De l’Auvergne au Poitou  : encore des révoltes, p.  476. – En Limousin  : un élevage prospère, p.  477. – Maïs, tabac et olivier, p.  478. 1638 .................................................................................................................................................... Grands froids et sécheresse extrême, p.  478. – Terrible famine dans le Nord-Est, p.  479. – Retours de pestes et contagions, p.  479. – En Picardie  : les « pauvres paysans » rôtis par les Suédois de Gassion, p.  480. – Ravages des Allemands en Champagne, p.  480. – Ravages des Croates en Bassigny, p.  481. – Représailles des paysans, p.  481. – Un Dauphin royal sous le signe de la Vierge, p.  481. – 8  juin  1638. Statuts communaux de Vénasque (Vaucluse), p.  482. – Le gruyère dans les alpages, p.  483. – Vincent de Paul agronome, p.  483. 1639 .................................................................................................................................................... Séisme en Saintonge, p.  483. – Semaine sainte glaciale et sécheresse, p.  483. – La peste fait place à la dysenterie, p.  484. – Suite de la guerre  : campagnes dévastées, p.  485. – Un village enfoui sous le fumier, Domart, p.  486. – Des barricades en Bourbonnais, p.  486. – Molinges  : un village du Jura au cœur de la tourmente, p.  486. – Révolte des Nu-pieds en Normandie, p.  487. – La betterave flamande, p.  488. 1640 .................................................................................................................................................... Une accalmie en Velay, p. 488. – Tremblements de terre, débordements de rivière, calamités naturelles, p.  488. – Traces de peste, p.  489. – Suites de la guerre, p.  489. – Victoire des Croquants sur les troupes du roi, p.  489. – Les marais du Bessin taxés par le roi, p.  490. – Une communauté familiale dans la Montagne bourbonnaise, p.  490. 1641 .................................................................................................................................................... Long et terrible hiver, p. 491. – La peste se replie, p. 492. – Croates et Comtois à l’assaut des troupeaux, p.  492. – Des hommes attelés à la charrue, p.  492. – Dessèchement des marais, p.  492. – En Velay  : lever les agneaux et quêter les œufs, p.  493. 1642 .................................................................................................................................................... Un temps de chien : grêles et inondations, p. 493. – Occupation du Roussillon par les armées françaises, p.  494. – Dans le Nord-Est  : pillages et coups de main des soldats, p.  494. – Villages résistants, p. 495. – Une lutte au quotidien  : protéger le chêne-liège en Provence, p.  496. – Défrichement en Brionnais, p.  496. – Ouverture du canal de Briare enre Loire et Seine (41 écluses), p.  496. 1643 .................................................................................................................................................... Grêles dévastatrices, p.  496. – Disettes régionales, p.  497. – Contagions cantonnées, p.  497. – Pillages et incendies à répétition dans le Nord-Est (suite), p. 497. – Des vaches vendues au son du tambour, p.  498. – Victoires paysannes, p.  498. – Faire payer les tailles  : répression des révoltes de Croquants dans le Sud-Ouest, p. 499. – Mort de Louis  XIII  : « la pauvreté a esté l’unique paix de ce règne », p.  499. – Les paysans  contribuent à la victoire de Rocroi, p.  500. – Le bilan de la guerre  : les « pauvres païsantz » ruinés et endettés, p.  501. – En Avesnois  : mieux vaut lever les dîmes que gérer une ferme, p.  501. – Jachère, blé et avoine  : les trois saisons de l’assolement triennal, p.  502. – Vague de sorcellerie en Chalosse, p.  504. 1644 .................................................................................................................................................... Séisme dans l’arrière-pays niçois, p.  504. – Gelées et intempéries, p.  504. – Destructions en Bourgogne et en Comté, p.  505. – La mère du curé Aulanier  : modèle de piété, p.  505. – Explosion de la sorcellerie, p.  506. – Contester la dîme en Pays de Bray, p.  507. 1645 .................................................................................................................................................... Minimum de Mauder, p.  508. – Ouragan et raz-de-marée, p.  508. – Mais bonne année agricole, p.  509. – En armes contre les soldats, p.  509. – Des destructions qui se réduisent, p.  510. – Le sainfoin obligatoire, p.  510. – Automne 1645  : premières faillites de fermiers en Île-de-France, p.  510.

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LA MÉMOIRE DES CROQUANTS 1646 .................................................................................................................................................... Tremblements de terre et raz-de-marée, p.  510. – Canicule estivale et grêles dévastatrices, p.  511. – Le logement des gens de guerre  : un fléau structurel en période de paix, p.  512. – Les « mange-paysans », créanciers abusifs, p.  513. – Défrichement excessif en Haute-Provence, p.  513. 1647 .................................................................................................................................................... Chenilles et blés gâtés, p.  513. – En Guyenne, dessèchement des marais de Blaye, p.  514. – En Normandie, les paysans de Camembert débattent de l’impôt, p.  514. – En Pays d’Othe : quand les champs changent de nom, p. 514. – En Blésois : état des personnes mangées par les loups, p.  515. 1648 .................................................................................................................................................... Mauvais été pour les biens de la terre, p.  516. – Restaurer l’assolement triennal, p.  517. – Réparer l’église paroissiale, p.  517. – 1648-1651  : Ravages de loups en Beauce, p.  517. – En Berry, survivances du servage, p.  518. – Contrat de livraison d’une cabane de berger à deux essieux, p.  518. – Séparer protestants et catholiques au cimetière paroissial, p.  519. – Noël 1648  : la soupe populaire de la Mère Angélique, p.  519. 1649 .................................................................................................................................................... Inondations générales, p.  519. – Printemps pourri, échaudure estivale, p.  520. – Retour à la paix  : moins de bétail de trait en Alsace, p.  521. – L’Île-de-France frappée par la Fronde, p.  522. – Assurer le pain des Parisiens  : les chariots de Gonesse (26  février), p.  522. – Picardie, Champagne, Bassigny ravagés par la guerre, p. 523. – Un dernier espoir : le voyage à Saint-Hubert, p.  523. 1650 .................................................................................................................................................... Orages, grêles et tempêtes, p. 524. – Ravages de la Fronde en Bordelais, Bourgogne et Picardie, p.  525. – Des bulletins de misère sur la Picardie et la Champagne, p.  525. – Faire fortune dans la dentelle, p.  525. – Premières horloges à la ferme, p.  526. 1651 .................................................................................................................................................... Grandes eaux à nouveau, p.  526. – La Fronde dans le Sud-Ouest, p.  527. – Vincent de Paul et ses missionnaires, placés sous sauvegarde royale, p.  527. – 1651. Processions au Brignon pour conjurer les calamités agricoles, p.  528. – Le Jardinier français, p.  529. 1652 .................................................................................................................................................... Grandes eaux et sécheresse, p. 529. – Ravages de la Fronde en Berry (janvier)…, p. 530. – … au sud de la Bourgogne (Brionnais et Mâconnais), p.  530. – … dans le Sud-Ouest  : Quercy et Agenais (mars-décembre), p.  530. – … le Maine et l’Anjou (février-juin), p.  531. – … le Drouais et l’Orléanais (mars-mai), p.  531. – Beauce et Hurepoix pris en étau (avril-juin), p.  532. – Au sud de Paris entre trois armées (fin avril-fin octobre), p.  532. – Mourir à Villeneuve-Saint-Georges, p.  533. – Dévastations en plaine de France et en vallée de Montmorency, p.  533. – Saint-Leu-la-Forêt dans la tourmente (28  juin-novembre  1652), p.  534. – Une crise démographique séculaire, p.  535. – Un spectacle apocalyptique, p.  536. – Des profiteurs de la guerre ?, p.  537. – Dans les bois de Chevreuse  : la révolte de Sauvegrain, p.  538. – Épilogue à la Fronde  : l’arrivée de la Bête du Gâtinais, p.  539. Sources et bibliographie .................................................................................................................... Anthologie des historiens ................................................................................................................. Index des communes et localités...................................................................................................... Index des noms de personnes .......................................................................................................... Index thématique ...............................................................................................................................

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