La Lettre du Musicien n° 518 : Après les gilets jaunes, les intermittents ?

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518

34e ANNÉE JANVIER 2019

Après les gilets jaunes, les intermittents ? Musique et parité en Scandinavie Directeurs de conservatoire : administratifs vs musiciens Téléphone portable à l’orchestre : faut-il l’interdire ? Pédagogie : éduquer l’oreille

N° 518 – France : 5,50 € Outre-mer : 7,50 € – Autres pays : 8,50 €

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L’année 2018 s’est terminée dans un climat de grave crise sociale. Au-delà des violences qui ont émaillé les manifestations, le mouvement des gilets jaunes a révélé la précarité criante d’un trop grand nombre de nos compatriotes ; les artistes, et notamment les musiciens, ont d’ailleurs pu se retrouver dans certaines revendications, comme le montre l’enquête de notre collaboratrice Gabrielle Maréchaux. Les prochains mois ne vont pas marquer de répit sur le terrain social. L’une des prochaines étapes, très attendue, est la réforme de l’assurance chômage. Avec comme objectif 3 à 3,9 milliards d’euros d’économies sur trois ans. Syndicats et patronat, qui gèrent paritairement l’assurance chômage à travers l’Unédic, risquent bien de s’écharper sur le sujet. Le gouvernement objecte que cette réforme va permettre de s’attaquer aux contrats courts et donc à la précarité. On peut dès lors s’interroger : le modèle de l’intermittence du spectacle va-t-il survivre à une telle cure d’austérité ? Si Emmanuel Macron a beau annoncer vouloir maintenir le régime, on ne sait pas encore dans quelles conditions. Le dernier accord remonte à 2016 : il avait été piloté directement à Matignon par Manuel Valls, avec à la manœuvre Claire Guillemain, ancienne déléguée générale du syndicat Profedim et par la suite conseillère spectacle vivant de Françoise Nyssen. Aujourd’hui, la situation n’a plus rien à voir. Le Premier ministre a toujours affiché son hostilité à l’égard de Françoise Nyssen ; c’est lui qui aurait exigé son départ. Maintenant qu’un proche d’Edouard Philippe est rue de Valois, les choses vontelles s’améliorer ? Rien n’est moins sûr, car le cabinet de Franck Riester ne compte pas de conseiller social. C’est le ministère du Travail qui va se retrouver en première ligne, et le directeur de cabinet de Muriel Pénicaud n’est autre qu’Antoine Foucher, qui était au Medef pendant les négociations de l’accord de 2016… Il est légitime de s’interroger sur le régime, notamment sur le rapport entre artistes et techniciens, sur le fait d’intégrer tous les revenus et non seulement les salaires dans le calcul (l’auto-entrepreneuriat est trop peu déclaré) ou encore sur la question de la permittence. Même si, paradoxalement, ce sont justement les permittents de l’audiovisuel qui, par leurs cotisations, rapportent de l’argent au régime. A travers cette réforme, le risque le plus grave est de créer une fracture entre les Français, avec des intermittents perçus comme des privilégiés. Le gouvernement pourrait avoir intérêt à voir se créer de telles tensions. Plus que jamais, le monde de la culture devra faire œuvre de pédagogie (le public ignore trop souvent que tous les ensembles de musique baroque ou contemporaine emploient des intermittents) et ne pas s’isoler du reste des travailleurs. Il reste six mois avant le début des festivals d’été : le chronomètre est lancé. Au Antoine Pecqueur risque sinon de reproduire la bronca de 2003.

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L’IESM est un pôle ressources pour la formation initiale, la formation continue, la validation des acquis de l’expérience accrédité par le Ministère de la Culture et de la Communication à délivrer le Diplôme National Supérieur Professionnel de Musicien (DNSPM), et le Diplôme d’État (DE) de professeur de musique. L’IESM propose des cursus pour la formation des jeunes artistes interprètes de haut niveau par des enseignants d’exception.

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CONCOURS D’ENTRÉE 2019 Calendrier des épreuves consultable sur le site de l’IESM.

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• Clarinette – Patrick MESSINA • Fagott – Lola DESCOURS • Trompette – Frédéric MELLARDI • Cor – André CAZALET • Trombone – Jonathan REITH • Tuba – Gérard BUQUET • Musique de chambre – Jean-Claude PENNETIER – Joël NICOD – Luc DEDREUIL

INSCRIPTIONS EN LIGNE sur iesm.fr Du 15 janvier 2019 au 23 mars 2019 CONCOURS D’ENTRÉE Du 8 avril 2019 au 17 avril 2019 • Épreuve instrumentale et entretien

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Du 15 janvier 2019 au 2 mars 2019 CONCOURS D’ENTRÉE Mi mars 2019 • Épreuves écrites : mi mars 2019 Du 8 avril 2019 au 13 avril 2019 • Épreuve instrumentale et entretien

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SOMMAIRE NO 518 JANVIER 2019

Directrice de la publication Michèle Worms Directeur de la rédaction Antoine Pecqueur Rédaction [email protected] Chef de rubrique Suzanne Gervais Secrétariat de rédaction/maquette Gabriel Lacascade Ont collaboré à ce numéro Matthieu Charbey, Max Dozolme, Vincent Flückiger, Gabrielle Maréchaux, Alain Pâris, Marc Rouvé, Laurent Vilarem, Camille-Marie Wohlert Directrice générale Marie Hédin-Christophe mhedin.christophe@ lalettredumusicien.fr Directrice par intérim Marion Duval [email protected] Abonnements Calixte Bailliard [email protected]

PÉDAGOGIE

ACTUALITÉS

5

INTERNATIONAL La Scandinavie, la musique au féminin

7

Le mois passé

10 Le mois à venir 12 Gilets jaunes : y a-t-il des musiciens au rond-point ? 14 L’actu numérique ORCHESTRES & ENSEMBLES

Chargée de marketing et développement Alicia Arsac [email protected]

15 DÉCRYPTAGE Téléphone en répétition: plaie ou atout?

© La reproduction, même partielle, des articles publiés dans ce numéro est strictement interdite (L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle).

16 La vie des chefs

ISSN: 0766-916X Commission paritaire n° 1023K83760 Dépôt légal: janvier 2019 Editeur: La Lettre du Musicien, SARL au capital de 8262,74 € RC Paris B331173393 Cogérantes: Michèle Worms, Anne-Cécile Worms Imprimeur: Imprimerie de Champagne Groupe Graphycom ZI Les Franchises – 52200 Langres France : 5,50 € Outre-mer : 7,50 € – Autres pays : 8,50 €

PROCHAINES PARUTIONS n°519 11 février n°520 4 mars

25 ANALYSE Estelle Huet éduque l’oreille 29 Rencontres, formations 30 Concours CONSERVATOIRES

33 ENQUÊTE Recrutement des directeurs de conservatoire: quel profil privilégier? 36 La vie des établissements 38 Les directeurs d’écoles de musique de Franche-Comté se concertent POINT JURIDIQUE

42 Fonction publique : la procédure des emplois réservés

18 La vie des orchestres et des ensembles

OFFRES D’EMPLOI

INSTRUMENTS & ÉDITIONS

43 Recrutements en France et à l’étranger

19 FOCUS Anniversaire Debussy, clap de fin

PORTRAIT “DOUBLE VIE”

22 L’agenda des compositeurs 23 Partitions, livres 26 Disques

46 Florian Léard, trompettiste et professeur de ski TRIBUNE

59 « La richesse de la diversité », par Claire Sirjacobs 

Toute l’équipe de La Lettre du Musicien vous souhaite une belle et mélodieuse année 2019!

n°521 18 mars Bulletin d’abonnement page 4

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34e ANNÉE DÉCEMBRE 2018

ATTENTION : NOUVEAUX TARIFS depuis le 1er janvier 2019, les anciens bons de commande 2018 ne sont donc plus valables

L’orgue, instrument-monde SPÉCIAL ORGUE Un enseignement de plus en plus diversifié Orgue et orchestre symphonique

GUIDE FISCAL DU MUSICIEN

La place des femmes

BNC, traitements, salaires Droits d’auteur, droits voisins

l’orgue qui en est thématique : c’est tenez entre vos mains qu’il traverse Le numéro que vous cet instrument, parce Nous avons choisi est le fil conducteur. nnantes à explorer. de mutations passio e en France. périod lexe une comp aujourd’hui ulièrement far religion est partic la ir un faravec deven nt ique Son lien histor avec le clergé peuve tra traintes de cohabitation rémunérés pour leur Alors que les contra tribunes ne sont pas de res liturgique. titulai cadre des son deau, la plupart plus que jamais de ncipe e s’éma propr e leur l’orgu enant vail… En parallèle, ennes possèdent maint g parisi rt lobbyin conce le de sur ter Les nouvelles salles . Le secteur a pu comp était loin d’être acquis instrument – ce qui s, organiste amateur. Darco Xavier dans tre nt actif de l’ancien minis comptent généraleme essor, plein en rs rs ues, toujou saluer les facteu Les ensembles baroq e positif – et il faut t. ien jouant de l’orgu ce type d’instrumen le continuo un music plus colorées pour la rd’hui des sonorités ilités, quitte à créer qui trouvent aujou de nouvelles possib devedeve du numérique offre instrument est ainsi Cet x. Le développement tuyau à e partisans de l’orgu ins, et même le controverse avec les ositeurs contempora exaltant pour les comp plus en plus inventifs. nu un terrain de jeu les enseignants de perspectives pour s doivent venir monde du jazz : des e de l’orgue. Des progrè pas rose dans le mond que dénoncent tion aberra une Bien sûr, tout n’est existe d’exa ue. Car aujourd’hui Leur mission est d’exade la puissance publiq tère de la Culture. travaux. Mais : les experts du minis tuels istes  d’éven organ les niser tous et de préco patrimoine français utions des chantiers miner les orgues du floues et les attrib tion pour démarches restent forma de leurs nt, ques èteme concr filières spécifi tère réfléchirait à des enjeu : l’Etat fait contestables. Le minis ut aujourd’hui. Autre mar clanique qui préva Des lors, les marsortir de la dimension le coût des chantiers. n, le “made in plus sur les collectivités reposer de plus en gone. A l’exportatio facteurs de l’Hexa les r (comme pour ent du grands noms secteu chés se réduis tions, à concurrencer les e excep encor ues pas e quelq France” n’arriv ant). Même s’il y a l orgue de la ou le Canadien Casav l’Autrichien Rieger de construire le nouve e Muhleisen, qui vient l. comme la Manufactur notre portfolio centra u, à découvrir dans salles de concert ou salle Zaryadye de Mosco état des orgues de en tre remet : e rêver  cinéma comme Enfin, on peut encor sées) et même de patri théâtre des Champs-Ely t la richesse du patrid’opéra (comme au oublier pour autan frères Lumière. Sans Loin des clichés, à La Ciotat, fief des l’orgue est mondial. ue, Mexiq au au fil des pines ns à (re)découvrir moine sacré. Des Philip invito vous nous eur monde que Antoine Pecqu c’est un instrumentpages de ce numéro.

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ACTUALITÉS

En Scandinavie,

Grand reportage

la musique à l’heure de la parité Les pays nordiques se révèlent socialement à la pointe de l’Europe. Emploi des femmes, conditions de travail, méthodes pédagogiques… Pour autant, ce modèle n’est pas sans faille, notamment dans la conquête du public.

« J

’aurais du mal à trouver ailleurs un tel équilibre. » Premier hautbois à l’Orchestre de la radio suédoise, le Français Emmanuel Laville se plaît à Stockholm, où il a posé ses bagages il y a sept ans. Perché à l’extrême nord de l’Europe, le royaume, aux terres recouvertes d’épicéas, est pourtant plus connu pour sa pop édulcorée et les succès à paillettes du groupe ABBA que pour son appétence pour la musique classique. Mais, comme ses voisins danois et norvégiens, il a su séduire plusieurs générations de musiciens par les conditions de vie proposées et la diversité des répertoires interprétés, sur fond d’engagement en faveur de la parité. « La Suède n’a rien à envier à d’autres pays d’Europe. Elle est même avant-gardiste, assure Emmanuel. Si je revenais en France, j’aurais l’impression de retourner en arrière. » DES RECRUTEMENTS INTERNATIONAUX Preuve de leur attractivité, le recrutement s’internationalise de plus en plus dans les orchestres nordiques. « Nous avons beaucoup de candidats d’Europe du Sud: France, Italie et Espagne», relève John Kruse, clarinettiste à l’Opéra de Copenhague. « Toutes les auditions commencent derrière un rideau, on ne voit pas le candidat et le sexe n’est jamais discuté. Les femmes sont aussi nombreuses que les hommes dans l’orchestre. Elles sont plus représentées dans les instruments à cordes que dans les vents. » Emmanuel se souvient avoir répondu à une offre d’emploi en Norvège, où il était écrit noir sur blanc qu’à compétence égale l’orchestre préférerait engager une femme ! Le but : rendre les effectifs des orchestres le plus paritaires possible. Pour le trompettiste danois Ole Jensen, l’égalité hommes-femmes puise ses racines dans la loi de Jante, un code de conduite écrit dans les années 1930 par le Dano-Norvégien Aksel Sandemose et connu de tout Scandinave qui se respecte. Parmi ses commandements, les maximes « tu ne dois pas imaginer que tu es spécial» ou « tu ne dois pas imaginer que tu es plus intelligent» sont les pierres angulaires de la mentalité nordique – laquelle suppose que tout le monde est égal : homme et femme, petit ou grand. Pas question donc de verser dans l’élitisme ni dans la hiérarchie, où que l’on soit. Si, en France, par exemple, on attend de la première trompette qu’elle fasse la police, impose la discipline et dicte la loi, au Danemark, elle ne décide que des questions artistiques,

de concert avec les autres musiciens. « La troisième trompette peut venir me voir et me suggérer des changements », souligne Ole Jensen. « Les Français sont très fiers de leur élitisme, cela fait partie de leur identité. Ici, au Danemark, nous avons du mal à accepter le concept », observe John. Cheval de bataille des Scandinaves, la parité reste encore à améliorer en ce qui concerne les chefs d’orchestre. « C’est plus difficile, car il y a encore peu de femmes, mais un gros travail a été engagé et il commence à porter ses fruits », relève le hautboïste français. LES COMPOSITRICES À L’HONNEUR Il s’agit aussi de promouvoir la musique écrite par des femmes, à travers de nouvelles commandes, notamment. « Je suis surpris, quand je regarde les programmations dans d’autres pays, de voir si peu d’œuvres de compositrices », note Emmanuel Laville. Lors de la saison 2014-2015, 4 % de la musique jouée en Suède avait été composée par des femmes, selon des statistiques présentées par l’association des compositrices, Kvast (terme qui désigne le balai en suédois !). En 2008, c’était le cas de 1 %des œuvres données en concert. « Ça paraît peu, mais par rapport aux autres pays, comme la France et l’Allemagne, la Suède est en avance! » relève sa présidente, Astrid Hartmann. Selon elle, les nouveaux chiffres, qui ne seront disponibles que courant 2019, vont montrer une hausse de la part de la musique jouée écrite par des femmes, « entre 7 et 8 % », une part que l’association aimerait voir autour de 21 % en 2021. La méthode de Kvast – qui a fêté ses dix ans en 2018 – consiste à mettre en avant les œuvres de compositrices grâce à un catalogue en constante évolution, disponible sur internet, et à encourager les bonnes pratiques en décernant un prix, le “Balai d’or”. En 2017, il avait récompensé la Maison des concerts de Stockholm et l’Orchestre royal. « C’est l’effet boule de neige. Longtemps, l’excuse a été: “On ne sait pas où trouver des œuvres de femmes”, puis “On ne les a jamais entendues”. Maintenant, de plus en plus de pièces sont disponibles et jouées, d’abord par un puis par d’autres », souligne Astrid Hartmann. Pour le moment, le catalogue de Kvast propose des œuvres de près de 2 000 femmes et son travail fait des émules chez les voisins scandinaves. Le Danemark vient de publier ses premières statistiques, qui montrent que 95 % de la musique jouée dans le pays entre 2014 et 2018 avait été composée par des hommes. LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 518 — JANVIER 2019 — 5

ACTUALITÉS

CONGÉ PARENTAL D’UN AN Bénédicte Royer, altiste installée à Oslo, se félicite d’une qualité de vie « superbe » dans ce pays dont la fortune vient du pétrole, et où les touristes se pressent pour admirer les fjords. « Il est facile de trouver du travail et d’en vivre, même les petits cachets sont bien payés », dit-elle. Elle travaille depuis quatre ans à l’Orchestre philharmonique et apprécie les « excellentes » conditions de travail. Bénédicte salue le fameux “modèle nordique” : des sociétés dans lesquelles tout est fait pour les enfants, avec un congé parental d’environ un an, très favorable aux femmes. « Si l’on veut fonder une famille, avoir du temps, c’est parfait, estime la jeune femme. Par contre, Oslo est une ville un peu provinciale sur le plan culturel, les choix sont maigres et les gens ne sont pas vraiment intéressés. Le niveau de vie est très élevé: les gens ont tout chez eux, ils adorent la nature et iront plutôt faire du ski que d’assister à un concert. Au début, ça m’a un peu démotivée…» Un comble au pays d’Edvard Grieg ! DIFFICILE CONQUÊTE DU PUBLIC La vraie gageure est donc de trouver un public. « Les membres du quatuor d’Oslo jouent parfois devant une petite vingtaine de personnes », regrette Bénédicte. Heureusement, « le Philharmonique est très actif pour attirer les enfants, diversifier les publics ». « Le grand défi est de toucher plus de monde », enchérit John Kruse, au Danemark. « Nous jouons de plus en plus de musique populaire, mais nous devons continuer à chercher une légitimité auprès du public et rendre la musique plus abordable. » En 2017, l’Opéra populaire de Stockholm avait rempli sa salle pour les représentations de Turandot de Puccini en promettant un « opéra d’orgasme»… Pour Emmanuel Laville, « en tant qu’orchestre symphonique, on ne peut pas jouer exclusivement des musiques écrites il y a trois cents ans, il faut s’adapter au public. On essaie d’en avoir pour tous les goûts: des concerts classiques avec un public fidèle, certains avec des artistes pop-jazz. Nous faisons salle pleine avec des concerts de musique de jeux vidéo ou de films. Là, c’est plus une ambiance de stade de foot! » En 2015, la Suède était le pays au monde où se jouait le plus de musique contemporaine, avec 55 % des œuvres présentées en concert. Au pays du soleil de minuit, l’enseignement de la musique aux enfants est un défi pris très au sérieux. Le Philharmonique de Stockholm organise depuis cent ans des concerts dans les écoles. Il y a dans le pays une très forte tradition de chant lyrique : près de 600 000 Suédois font partie d’une chorale. « Les Suédois essaient vraiment d’amener la culture dans chaque famille, de démocratiser les arts et ils l’ont toujours fait », 6 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 518 — JANVIER 2019

FICHE TECHNIQUE

Nom officiel Royaume de Danemark. Superficie 43098 km2 (hors Féroé et Groenland). Capitale Copenhague. Monnaie Couronne danoise (0,13 euro). Population 7 millions (densité: 30,4 hab./km2). Indice de développement humain 0,92 (4e rang mondial).

Nom officiel Royaume de Norvège. Superficie 323802 km2. Capitale Oslo. Monnaie Couronne norvégienne (0,10 euro). Population 5,2 millions (densité: 15,9 hab./km2). Indice de développement humain 0,944 (1er rang mondial).

Nom officiel Royaume de Suède. Superficie 450000 km2. Capitale Stockholm. Monnaie Couronne suédoise (0,10 euro). Population 9,7 millions (densité: 21,6 hab./km2). Indice de développement humain 0,898 (12e rang mondial).

se félicite le compositeur André Chini, installé en Suède depuis les années 1970. Le Danemark est le premier pays à s’être doté, en 1976, d’une loi pour garantir l’accès à la musique. Depuis 2007, chaque commune doit avoir une école de musique. En Europe du Nord, la culture est avant tout financée par l’Etat et les collectivités publiques, afin d’assurer l’accès de tous à la culture. Parmi les meilleurs élèves de l’Union européenne, le Danemark consacre 1,8 % de son PIB à la culture. Toutefois, « le coût des cours de musique est encore trop élevé», estime John Kruse. LE SOLFÈGE LIÉ À LA PRATIQUE Dans les pays scandinaves, le solfège n’est pas enseigné séparément de la pratique d’un instrument. « Les critiques sont moins dures et j’ai l’impression que les enfants les acceptent plus facilement», explique Emmanuel Laville. Pour Bénédicte Royer, « l’enseignement est plus laxiste, mais ça ne me choque pas du tout au quotidien dans mon travail ». C’est donc avant tout une question de méthode. « Au Conservatoire de Paris, il faut toujours être le meilleur, la compétition est permanente, contrairement à ici », souligne-t-elle. Selon André Chini, « il peut y avoir en France un côté un peu agressif. A mon arrivée en Suède, j’avais été très agréablement surpris de la convivialité avec les professeurs. » « La France et le Danemark ont des approches différentes en matière d’enseignement. C’est plus technique en France, très solide, ce qui n’est pas le cas au Danemark », résume pour sa part John Kruse. Au final, « les Scandinaves n’ont pas la même confiance en eux que les musiciens américains, on s’excuserait presque avant de commencer à jouer, mais cette humilité tient surtout à la fameuse loi de Jante », affirme son confrère trompettiste. Point noir chez les hérauts de la parité, le sexisme n’a pas disparu des salles de concert et d’opéra. Dans la foulée du mouvement #Metoo, quelque 700 femmes ont révélé avoir été harcelées sexuellement dans le milieu de la musique classique en Suède. Une enquête a montré que 47 % des femmes qui travaillent dans les théâtres et les orchestres de Suède ont été victimes d’actes sexistes. Plus d’un millier de femmes ont aussi dénoncé les abus sexuels, le harcèlement et les viols dans l’industrie musicale norvégienne. « Il n’y a aucune raison de penser que le milieu de la musique est à l’abri, dans le pays le plus égalitaire du monde », ont-elles écrit dans une tribune au quotidien Aftenposten. • Camille-Marie Wohlert (Stockholm, correspondance) @stockholmoise

ACTUALITÉS

LES LAURÉATS HSBC 2018 DE L’ACADÉMIE SONT… MARIE-LAURE GARNIER • soprano FLEUR BARRON • mezzo-soprano TRYSTAN LLŶR GRIFFITHS • ténor CÉLIA ONETO-BENSAID • pianiste OLEKSANDR YANKEVYCH • pianiste

Quatuor Esmé, Festival d’Aix 2018 © Vincent Beaume

QUATUOR ESMÉ

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ACADEMIE.FESTIVAL-AIX.COM

Le mois passé PASS CULTURE: PRÉCISIONS SUR LE FINANCEMENT

On commence à en savoir un peu plus sur le financement du Pass culture, mesure phare d’Emmanuel Macron, qui consiste à offrir un chèque de 500 euros à chaque jeune de 18 ans. Au cours de son audition, le 12 décembre, devant la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale, Frédéric Jousset, chargé du pilotage du Pass (il est également président de la SAS Beaux-Arts et Cie), a défendu «l’originalité» du projet, qui doit être expérimenté l’année prochaine dans cinq départements. Le Pass coûtera 410 millions d’euros lors de sa généralisation à l’ensemble des 820000 jeunes de 18 ans. Au moins 50 % des 500 euros seront «des gratuités négociées avec les grands offreurs en échange de pouvoir capter de futurs abonnés». Il y aura aussi les partenaires bancaires qui financeront environ 20 % du Pass par des ouvertures de compte de monnaie électronique. Les fonds publics participeront à hauteur de 20 %. On peut s’interroger: le but de ce dispositif est-il d’offrir aux grands acteurs privés, comme les services de streaming, une clientèle captive? A l’heure actuelle, sur les 717 offreurs, seuls 67 sont issus du secteur du spectacle vivant… Le modèle est pour le moins troublant. Sans compter que la nature juridique de la structure censée porter le Pass culture n’a toujours pas été trouvée.

UNE DÉPUTÉE SALUE LE TRAVAIL DES HARMONIES

Dans une question publiée au Journal officiel, la députée du Nord Anne-Laure Cattelot (LREM) a attiré l’attention du ministre de la Culture sur la situation des harmonies musicales, qui contribuent au lien social en permettant non seulement la pratique de la musique, mais aussi la rencontre de différentes générations de musiciens. «Ces associations sont indispensables pour développer le lien social et contribuer à l’animation des territoires ruraux», estime la députée, qui pointe néanmoins les difficultés budgétaires rencontrées par ces formations. «Celles-ci sont souvent soutenues par les collectivités locales, régionales et départementales pour participer à l’acquisition de matériel.» Mais face aux contraintes économiques des collectivités, «quelles mesures sont envisagées par l’Etat pour offrir à ces structures la reconnaissance qu’elles méritent et ainsi protéger ce patrimoine culturel?». La question est posée. La réponse est, elle, attendue. > bit.ly/2PV6mP2 LA DIRECTRICE DE L’OPÉRA DE LILLE ÉLUE FEMME D’INFLUENCE 2018

Lors de la cérémonie organisée par le club Génération femmes d’Influence, Caroline Sonrier, directrice de l’Opéra de Lille depuis 2001, a été primée dans la catégorie culture. Elle est l’une des trois femmes (seulement) à diriger une maison lyrique en France. Caroline Sonrier a tenu à souligner la trop faible place des femmes dans la musique classique, en rappelant notamment que les œuvres composées par les femmes représentaient seulement 1 % de la programmation des salles de concert en France. L’étude “Où sont les femmes”, publiée en 2016 par la SACD, précisait que l’institution lyrique lilloise était la seule en France à atteindre le seuil des 30 % de femmes dans sa programmation. LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 518 — JANVIER 2019 — 7

ACTUALITÉS

BORDEAUX: MARC MINKOWSKI RECONDUIT À L’OPÉRA

On s’en souvient: l’ouverture de saison de l’Opéra de Bordeaux fut pour le moins agitée, les musiciens de l’orchestre reprochant à leur directeur général, Marc Minkowski, d’avoir fait appel non pas à eux, mais aux Musiciens du Louvre pour la production de la rentrée. Distributions de tracs, huées à la première… Les musiciens de l’ONBA ont d’ailleurs tenu à affirmer que ce n’étaient pas eux qui avaient sifflé leurs collègues du Louvre, contrairement à ce qu’affirment différentes sources internes. Après toutes ces crispations, on attendait donc le verdict: Marc Minkowski serait-il reconduit à la direction de l’Orchestre? L’Opéra vient de le confirmer dans ses fonctions jusqu’en 2022. Son contrat initial prenait fin en 2019. Son deuxième mandat sera-t-il plus calme sur le plan social? On peut aussi se demander si le chef d’orchestre ne serait pas tenté de se positionner à l’Opéra de Paris, qui recrute le successeur de Stéphane Lissner. MONTPELLIER: L’OPÉRA SORTI D’AFFAIRE

L’Opéra Orchestre national Montpellier revient de loin. Quatre ans après avoir frôlé la disparition, l’institution est tirée d’affaire, selon Philippe Saurel, maire de la ville. Cette structure, qui regroupe un orchestre, un chœur et deux salles d’opéra, sort d’une crise budgétaire sans précédent, avec un déficit qui avait atteint 1,6 million d’euros en 2016. Deux ans auparavant, en 2014, le maire avait appelé Didier Deschamps, ancien chef de la direction régionale des affaires culturelles en Languedoc-Roussillon, à la présidence de l’Opéra Orchestre. Le défi était de taille: redresser les finances de l’institution, mises à mal par le désengagement de la région: 4,5 millions d’euros de subventions en moins. Un sauvetage au parfum de tensions sociales du fait d’une diminution de la masse salariale: 33 postes sur 238 grâce à un plan de départs volon-

taires, l’orchestre étant passé de 96 à 86 musiciens. L’assainissement de la situation a également nécessité une réduction des frais de fonctionnement et l’augmentation des recettes propres. Didier Deschamps va donc quitter son poste de président. Le nom de l’ex-préfet Jean-François Carenco est avancé. ARCADI: PROTOCOLE D’ACCORD

Alors que la dissolution d’Arcadi a été actée, après le retrait de la région Ile-de-France, cette dernière et l’Etat ont mis en place un protocole d’accord. Avec un double but: poursuivre la politique de soutien au spectacle vivant et garantir la reprise du personnel – Arcadi compte 27 salariés. Il nous tarde maintenant de découvrir quelle va être la politique culturelle de la région Ile-deFrance, qui s’est jusqu’à présent surtout distinguée par la fermeture de structures existantes (avant Arcadi, l’Ariam et le Festival d’Ile-de-France). IMPORTANCE DU SOUTIEN PUBLIC AU JAZZ

Le réseau Jazzé croisé (AJC) a mené une enquête intitulée “Les structures de diffusion du jazz en France” auprès de 48 structures (lieux et festivals). Les chiffres sont éloquents: en 2016, 60 % des produits de ces structures étaient issus de financements publics: 61 % pour les lieux, 57 % pour les festivals. Les communes sont les premiers contributeurs (35 %), surtout pour les festivals (42 %), moins pour les lieux (19 %). Une répartition qui s’inverse pour les aides de l’Etat: 13 % pour les festivals, 27 % pour les lieux. Pour les autres collectivités, la proportion est globalement égale entre lieux et festivals: 20 % pour les départements, 15 % pour les régions et 9 % pour les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI). > bit.ly/2AbJXbv

DISPARITIONS ROBERT DUMÉ, ténor, le 6 décembre à Paris, à l’âge de 77 ans. Diplômé du Conservatoire de Paris et lauréat du concours de chant de Paris en 1970, il a participé à la plupart des productions de l’ère Liebermann à l’Opéra de Paris, dans de petits rôles. A l’étranger, il avait abordée des rôles plus ambitieux, comme Florestan dans Fidelio ou le rôle-titre de Lohengrin. Il enseignait le chant au CNSMD de Paris depuis 1992. CHRISTIAN VIDUVIER, clarinettiste,

le 7 décembre à Paris, à l’âge de 70 ans. Diplômé du Conservatoire de Paris, il a enseigné aux conservatoires de Tours, de Saint-Quentin, de Reims et de Draveil (91). Il était le père d’Amaury Viduvier, clarinettiste et membre fondateur de l’ensemble Ouranos. ALAIN KREMSKI, compositeur, pianiste

et percussionniste, le 28 décembre à Paris, à l’âge de 78 ans. Elève de Darius Milhaud au Conservatoire de Paris, il avait reçu le prix de Rome en 1962. Profondément inspiré par les instruments asiatiques, il a notamment composé des pièces

pour bols tibétains et cloches d’Iran. Pianiste curieux, il a interprété des œuvres méconnues, comme celles de Clara Schumann ou de Nietzsche. Il était le frère du compositeur et chef d’orchestre Laurent Petitgirard. BLANDINE VERLET, claveciniste, le 30 décembre à Paris, à l’âge de 76 ans. Diplômée du Conservatoire de Paris à 21 ans, où elle suit les cours de Marcelle Lacour, elle se perfectionne en Italie, puis aux Etats-Unis, avant

d’enseigner à Paris, Rueil-Malmaison, Angoulême et Bordeaux. Grande interprète du baroque français, elle a enregistré plus d’une centaine de disques, dont des intégrales Rameau et Couperin. Dans un portrait publié par Télérama en mars dernier, elle disait avoir choisi de faire de la musique pour qu’on «lui foute la paix». Elle racontait aussi avoir appris à jouer seule, «avec Bach». Pédagogue reconnue, elle a compté parmi ses élèves Jean Rondeau et Jean-Luc Ho.

FRANCINE MAILLARD , musicologue et professeur d’éducation musicale, le 1er décembre à Paris, à l’âge de 94 ans. Epouse du musicologue Jean Maillard, elle a enseigné aux lycées de Mulhouse et de Fontainebleau jusqu’en en 1984. On lui doit une biographie de Vincent d’Indy, Le Maître et sa musique: la Schola Cantorum (Zurfluh, 1994), cosignée avec son mari – ouvrage qui avait fait l’admiration d’Henri Dutilleux –, ainsi que de nombreux articles, publiés essentiellement dans la revue L’Education musicale. L’organiste Eric Lebrun, qui a fait partie de ses élèves, lui rend hommage: «Grandeur d’âme, haute culture, vivacité d’esprit (plus une mémoire exceptionnelle), convivialité, distinction et fidélité: c’est bien l’un des derniers témoins d’une certaine époque de l’enseignement musical qui s’efface avec discrétion aujourd’hui. J’ai eu l’honneur d’être son élève, avant d’être celui de Jean Maillard. Ce couple d’exception représente le soleil de ma jeunesse et, avec de très nombreux autres musiciens, j’ai vu mon destin basculer à leur contact.»

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AFRIQUE: LA CULTURE À L’HONNEUR

Après les heures sombres de la Françafrique, Paris relance son lien avec le continent africain par le biais de la culture. C’est ce qu’a réaffirmé la présidence de la République dans un communiqué fin novembre, un an après le discours de Ouagadougou d’Emmanuel Macron. C’est dans ce cadre qu’a été lancé le débat autour de la restitution des œuvres d’art, pillées massivement pendant la colonisation. La France va aussi organiser en 2020 une saison des cultures africaines, sous la houlette du commissaire N’Goné Fall. La musique classique ne doit pas être oubliée dans la programmation, alors que vient d’être fondé en Grande-Bretagne le Chineke! Orchestra, qui réunit des musiciens d’origine majoritairement africaine et afro-américaine sous la direction du chef allemand d’ascendance ghanéenne Kevin John Edusei. JAPON: LA REVENTE DE BILLETS INTERDITE

Fin 2018, le Japon a adopté une loi qui interdit la revente de billets lorsque l’organisateur n’a pas donné son autorisation. Les peines encourues vont jusqu’à un an d’emprisonnement. Cette mesure a été notamment prise en prévision des JO de 2020 et de l’Exposition universelle de 2025. Quand on voit les scandales qui existent en Europe en la matière (par exemple, pour le concert du Nouvel An à Vienne, voir ici bit.ly/2oG5yWe), il serait pertinent de suivre la mise en place de cette loi. D’autant qu’en France la loi relative à la revente de billets vient d’être jugée conforme à la Constitution par le Conseil constitutionnel.

L’ARTISTE DU MOIS GILLES SCHUEHMACHER S’ENGAGE POUR LE CLIMAT Rares sont ceux qui associent musique classique et engagement écologique. Pourtant, à l’instar d’autres professions artistiques, les musiciens sont nombreux à s’engager pour la planète. Ainsi Gilles Schuehmacher a-t-il décidé de fonder le collectif Action Musique Climat. « Les musiciens sont souvent accaparés par leur passion, explique le compositeur. Il est cependant temps d’agir, collectivement: nous nous connaissons, nous rencontrons des publics variés et pouvons, grâce à la musique, porter un message d’écoute, d’espoir, de résistance déterminée pour un monde juste et durable. » Le site internet du collectif invite chaque musicien à signer l’Appel pour une prise de parole musicale, qui dit notamment : « Nous, musiciens, ne pouvons plus jouer Les Quatre Saisons, la Symphonie “pastorale” ou La Mer comme si de rien n’était. A notre tour, après tant d’autres, scientifiques et artistes, prenons la parole et appelons à l’action individuelle et collective, chacun dans et selon son environnement. » La rubrique “Que faire ?” donne des pistes concrètes : elle invite les enseignants à sensibiliser leurs élèves au message écologique par le choix des œuvres travaillées (bestiaire, saisons, éléments…) et encourage les interprètes à mettre en avant, sur leur sites et réseaux sociaux, des sites engagés. Pour les organisateurs, il s’agit de glisser un mot dans le programme des concerts, voire d’organiser des concerts au profit d’associations de lutte contre le réchauffement climatique… L’appel a déjà été signé par de nombreux musiciens, dont les compositeurs Philippe Hurel et Tôn-Thât Tiêt. • Suzanne Gervais

FUSILLADE À STRASBOURG : L’OPÉRA ET LE CONSERVATOIRE CONCERNÉS Alors qu’ils étaient à Strasbourg pour l’opérette d’Offenbach Barkouf, les musiciens de l’Orchestre symphonique de Mulhouse sont restés confinés plusieurs heures à l’intérieur de l’Opéra du Rhin, en raison de la fusillade qui a éclaté le 11 décembre vers 20 heures, au marché de Noël, peu après le début de la représentation. Le bassoniste Thomas Quinquenel y jouait: «Ce n’est qu’à l’entracte que les équipes de l’Opéra ont annoncé que tout le monde devait rester à l’intérieur: il y avait eu une attaque à 300 mètres de là. L’ambiance était tendue: on ne connaissait pas encore le nombre de victimes, nous étions tous sur nos téléphones. Puis il a été décidé qu’on continuait le spectacle. Je vous avoue que l’ambiance était étrange: il y avait un décalage entre le sujet de l’opérette, drôle et potache, et l’actualité de la soirée. Et puis on savait que le tueur était en fuite. Mais c’était, je crois, une bonne idée de se remettre à jouer. De toute façon, nous étions tous bloqués à l’intérieur: autant faire et écouter de la musique.» Le lendemain, le conservatoire a été réquisitionné comme centre d’accueil des familles. Son directeur, Vincent Dubois, nous a expliqué que «voilà un an et demi le préfet du BasRhin et le maire de Strasbourg ont décidé que le bâtiment du conservatoire et de la Cité de la musique serait le centre d’accueil des familles en cas d’attaque. Les policiers et les médecins ont pris possession des bureaux, les fenêtres ont été occultées, pour que les journalistes ne soient pas tentés de prendre des photos depuis l’extérieur.» • SG @ Retrouvez l’intégralité des deux témoignages sur notre site.

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ACTUALITÉS

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Le mois à venir

LE CHIFFRE DU MOIS 14 MILLIONS

SÉCURITÉ: UN NOUVEAU DISPOSITIF POUR LA CULTURE

Le fonds d’urgence, mis en place après l’attentat contre le Bataclan et destiné à aider les structures culturelles dans leurs dépenses de sécurité, s’est arrêté à la fin de l’année passée. Le ministère de la Culture a déjà annoncé qu’un nouveau dispositif, pérenne, sera instauré cette année. Après l’attentat de Strasbourg, ce fonds est absolument nécessaire. Mais on peut s’interroger: le budget de 2 millions d’euros sera-t-il suffisant? Et surtout, n’oublions pas que des structures de musique classique avaient pu avoir du mal à obtenir les aides du fonds d’urgence, réservé en grande partie aux manifestations de musiques actuelles. OPÉRA DE PARIS: DOUBLE ANNIVERSAIRE

L’Opéra de Paris profite de 2019 pour célébrer deux anniversaires: les 350 ans de la création de l’Académie royale de musique et les 30 ans de l’inauguration de l’Opéra Bastille. La programmation offrira des clins d’œil à ces événements, avec Les Indes galantes de Rameau, créées à l’Académie royale, ou Les Troyens de Berlioz, premier ouvrage programmé à Bastille. On ne manquera pas non plus d’aller faire un tour sur la 3e Scène, la plateforme Web de l’Opéra, qui reste la plus belle innovation du mandat de l’actuel directeur général, Stéphane Lissner. Une incertitude demeure: qui va lui succéder? (Voir aussi page 18)

C’est le nombre de musiciens représentés par le Conseil allemand de la musique, ce qui en fait la plus grande association de musique au monde. Cette structure défend les intérêts de plus de 100 institutions et associations musicales outre-Rhin. Le violoncelliste et chef d’orchestre Christian Höppner vient d’en être réélu secrétaire général. A l’image des syndicats, l’Allemagne montre un visage uni et donc plus fort pour représenter la corporation, loin des traditionnelles divisions françaises.

PHILHARMONIA, UNE SÉRIE TÉLÉVISÉE SUR UNE CHEFFE D’ORCHESTRE

Rares sont les fictions télévisuelles à aborder la musique classique. On citera la série américaine Mozart in the Jungle, produite par Amazon et dont la quatrième et ultime saison est sortie en avril. Bonne nouvelle en ce début d’année: France Télévisions a annoncé la diffusion, à partir de février sur France 2, de Philharmonia, une série de six épisodes racontant l’ascension d’une cheffe d’orchestre. Les scènes de concert et de répétitions ont été tournées à la Philharmonie de Paris avec l’Orchestre national d’Ile-de-France – sans doublures! – et la bande originale comporte deux pièces d’Etienne Perruchon. France 2 a annoncé que la série serait diffusée en prime time. Espérons que cette fiction ne participe pas à véhiculer des clichés sur la musique classique, mais bien à les battre en brèche… Verdict dans un mois.

MOUVEMENTS STÉPHANE FIÉVET, DIRECTEUR DE LA CULTURE POUR LES JO

Bruno Julliard l’avait annoncé alors qu’il était encore premier adjoint d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris: les Jeux olympiques de 2024 comprendront un important volet culturel. Rien d’étonnant quand on voit les précédentes éditions, notamment à Londres (voir LM501). On connaît maintenant celui qui sera chargé de cette programmation: le metteur en scène Stéphane Fiévet, qui fut notamment président du Syndeac, le syndicat du spectacle vivant. A noter que la programmation culturelle des JO se fera tout au long des cinq années précédant l’événement. RODOLPHE BRUNEAU-BOULMIER À LA FONDATION BANQUE POPULAIRE

A la fois compositeur, producteur à France Musique et programmateur (à l’auditorium du Louvre-Lens et à La Scala Paris), Rodolphe Bruneau-Boulmier vient d’être nommé conseiller artistique de la Fondation Banque Populaire. Il assurera également la direction artistique du festival Les Musicales de Bagatelle, organisé par la banque. Il succède à Marielle Nordmann. De quoi apporter un nouveau souffle à la Fondation, qui chaque année attribue des bourses à de jeunes talents. JEAN-PHILIPPE LEFÈVRE, PRÉSIDENT DE LA FNCC

On l’a encore vu lors du dernier congrès des maires de France: les collectivités territoriales, premiers financeurs de la culture, sont confrontées à des enjeux de taille, à la suite de la baisse des

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dotations de l’Etat. Dans ce contexte, le rôle de la Fédération nationale des collectivités pour la culture (FNCC) est plus que jamais crucial. Jean-Philippe Lefèvre, adjoint à la culture de la ville de Dole (39) et administrateur du CNV, a pris la présidence de la FNCC, après le départ de Déborah Münzer, qui a rejoint le cabinet de Franck Riester (voir LM517). PIERRE-YVES LENOIR QUITTE LA SCALA

C’est un départ de poids au sein de l’équipe de la toute jeune Scala, salle pluridisciplinaire qui a ouvert ses portes à Paris en septembre dernier. Son directeur exécutif assurera, à partir de mars, la codirection du théâtre des Célestins à Lyon. Un tel mouvement ne va pas manquer d’interpeller sur la pérennité du modèle économique de La Scala, fonctionnant majoritairement sur des fonds privés. BRUNO ORY-LAVOLLÉE, PRÉSIDENT DE LA MÉDIATHÈQUE MUSICALE MAHLER

La Médiathèque musicale Mahler est décidément en pleine mutation. Elle s’apprête à s’adosser définitivement à la Fondation Royaumont et vient d’avoir un nouveau président. Bruno Ory-Lavollée est bien connu dans le monde musical: il a dirigé l’Adami et il est actuellement directeur artistique du Festival des forêts, dans l’Oise. Une chose est sûre: les défis ne vont pas manquer pour relancer ce lieu trop souvent ignoré des Parisiens comme des mélomanes. (> bit.ly/2VmAqak)

ACTUALITÉS

Rome a la villa Médicis, Madrid la Casa de Velazquez et Tokyo la villa Kujoyama. Le Caire a désormais la villa Champollion, pilotée par l’Institut français. A l’instar de la villa Médicis, la villa égyptienne propose un programme de résidences calqué sur le modèle romain, qui concerne toute les disciplines: peinture, sculpture… et musique. Les noms des premiers musiciens en résidence seront annoncés courant janvier. BREXIT: INQUIÉTUDES POUR LE SECTEUR MUSICAL

A l’heure où nous bouclons, l’incertitude règne toujours. L’accord sur le Brexit va-t-il se faire? Dans quelles conditions? Va-t-on vers une sortie soft ou hard? Se dirige-t-on vers un nouveau référendum? Les pistes sont multiples, et l’inquiétude est réelle dans le secteur musical. Une lettre ouverte signée par des artistes et des producteurs met en garde: «Le Brexit représente une menace importante pour l’industrie de la musique du Royaume-Uni. Quitter l’union douanière, le marché unique et le cadre réglementaire de l’Union européenne pourrait porter atteinte à notre liberté de commercer, de tourner et de promouvoir nos artistes et nos œuvres.» Les musiciens classiques sont nombreux à affirmer leur engagement pro-européen, à commencer par le chef Simon Rattle, directeur musical de l’Orchestre symphonique de Londres.

JOURNÉE

PORTES TES 2019

INSTITUT FRANÇAIS D’ÉGYPTE: UNE NOUVELLE RÉSIDENCE POUR LES ARTISTES

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Rencontre avec les professeurs Conseils et orientation

DNSPM – LICENCE DE MASTER

UNE ÉTUDE SUR LA PRÉCARITÉ DES ARTISTES LYRIQUES

poitiers-tours

Le chœur Accentus a confié à son ancienne administratrice, Laetitia Auphan, la réalisation d’une étude sur la précarité à laquelle sont confrontés les artistes lyriques. L’auteur a ainsi sondé 200 personnes – essentiellement des chanteurs lyriques, de tous les âges, mais aussi Pôle emploi et l’Afdas. Plusieurs constats se dégagent: la situation particulièrement fragile des chanteurs en fin de carrière, dans un secteur ayant tendance au jeunisme et, dans le même temps, le problème de l’insertion dans le marché du travail des chanteurs qui sortent du conservatoire; le tabou qui pèse sur la santé vocale (l’étude montre que les chanteurs cachent même leurs problèmes de santé à la médecine du travail) ou la solitude des artistes, dans un secteur où la concurrence est particulièrement rude. Une série de préconisations appellent à une mobilisation des pouvoirs publics et à une structuration du secteur du chant lyrique, à l’instar d’autres secteurs artistiques: le Centre national de la danse et le Centre national des arts du cirque offrent, eux, un accompagnement aux artistes danseurs et circassiens. Rien de tel pour les artistes lyriques. Pour obtenir l’étude, contacter l’auteur. > [email protected]

L U DM I L A B E R L I N SK AYA & A RTH U R A N C E L L E

S A I NT- S AËN S, TC H AÏK O VSK I , R A V E L , D E B U S SY, R A C H M A N I N O F F

O R C H E STR E C O L O N N E

M A R C K O R O V ITC H D E LP L A C E, STR A U S S, M E N D E LS S O H N

RÉS O N A N C E

A MÉL I E R A I S O N / M A R C H AJJ A R D E V I E N N E, B U R G A N , P U R C E L L , B O U L EZ

TE A F O R T W O

O N D I F / S H IYE O N S U N G C H O STA K O V ITC H , B R IT TE N

LE VIOLONCELLE DE GUERRE

LICENCE : 3-1056736

E M M A N U E L L E B E RTR A N D ET C H R I STO PH E M A L A V OY

LE VIOLONCELLE DE GUERRE © NIKO RODAMEL

Laetitia Auphan vient par ailleurs de rejoindre le Fonds de professionnalisation et de solidarité géré par Audiens pour y développer l’accompagnement des parcours professionnels auprès des chanteurs lyriques. Une nouveauté qui permettra aux chanteurs de bénéficier d’un soutien individuel: financement de soins de santé, financement de supports de promotion (site internet, album), prise en charge de frais de déplacement lors de contrats longs, aide aux matermittentes, à la garde d’enfants, accompagnement en cas d’aléas ou de réorientation professionnels… De nombreux artistes méconnaissent ces dispositifs et restent en marge de ceux-ci, alors qu’ils pourraient en bénéficier. • SG

www.polealienor.eu

WWW.THEATRE-RUNGIS.FR 01 45 60 79 05

LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 518 — JANVIER 2019 — 11

ACTUALITÉS

A la recherche des musiciens gilets jaunes

Enquête

Le mouvement de protestation réunit des professions extrêmement variées. Mais les artistes y participent-ils aussi? Enquête parmi les précaires, intermittents comme professeurs, du monde de la musique.

« F

ranchement, je ne sais pas si vous trouverez. » « Personne ne voudra explicitement en parler. » Commencer une enquête sur les musiciens précaires et donc potentiellement solidaires des gilets jaunes, c’est d’abord rencontrer un certain scepticisme, pas mal de silences, mais aussi la certitude que la question ne se pose pas comme ça : « La précarité, par définition, c’est subi, alors que musicien, c’est un choix, une vocation », assure un pianiste intermittent du spectacle, qui s’inquiète pour son compte d’heures, mais ne se considère pas comme précaire et n’est donc pas près d’enfiler un gilet jaune sur son habit de concert. Cet avis, auquel bon nombre de musiciens interrogés se rangent, dénote pourtant dans une France qui a connu jusqu’à 84 % de soutien aux gilets jaunes, fin novembre.

«J’étais dans une forme de culpabilité personnelle à me dire que je n’avais pas su bien gérer ma carrière. Aujourd’hui, je me rends compte que je suis loin d’être la seule.» Marine, musicienne gilet jaune

ENCHAÎNEMENT DE CDD Marine (les prénoms ont été modifiés) fait partie de ces musiciens solidaires du mouvement. Professeur de piano en conservatoire depuis vingt ans, elle a passé vingt années en CDD. Actuellement fonctionnaire contractuelle dans un conservatoire, elle occupe un poste mis en place “en attente d’un titulaire”. Marine a pourtant réussi le concours de fonctionnaire territoriale nécessaire pour être titularisée, et ainsi mieux payée avec les années, mais la mairie dont dépend son conservatoire préfère être dans l’illégalité et la renouveler éternellement en CDD. Elle touche 1 380 euros et vit seule avec sa fille, une situation à laquelle elle ne s’attendait pas au sortir du conservatoire : « On a beau faire des écoles prestigieuses, comme le Conservatoire de Paris ou celui de Genève, on a beau remporter des premiers prix, on n’est pas tiré d’affaire. » Son désarroi, elle l’a longtemps tu, songeant parfois à une reconversion, « mais pour quoi faire? Et puis j’aime mon métier », assure-t-elle. Le mouvement des gilets jaunes a provoqué chez elle un sentiment de “soulagement” : « J’étais dans une forme de culpabilité personnelle à me dire que je n’avais pas su rebondir ou bien gérer ma carrière. Aujourd’hui, je me rends compte que je 12 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 518 — JANVIER 2019

suis loin d’être la seule. » Si elle avait pu faire garder sa fille, elle se serait volontiers jointe au mouvement. EN RÉPÉTITION AVEC UN GILET JAUNE Mathilde avait répétition le samedi de la deuxième manifestation. Elle y est allée en gilet jaune. Cette chanteuse lyrique revendique une forte conscience politique, au risque d’être souvent perçue par ses pairs « comme une extrémiste, ou une idéaliste » qui espère encore dans un milieu plutôt défaitiste. Pour elle, le problème de la précarité dans la musique classique est bêtement numérique : « On est beaucoup trop nombreux.» Une disproportion qui amène des situations absurdes et difficiles : « Je suis allée à des auditions où j’ai été retenue, mais sans travail à la clef. Alors que moi j’ai pris un billet de train, un hôtel, travaillé le programme pendant plusieurs jours », raconte-t-elle. Courir après les cachets, en accepter sans être satisfaite des conditions n’a pas toujours suffi à lui conserver son statut d’intermittente, qu’elle a déjà perdu deux fois. L’an dernier, elle a dû faire de la figuration pour atteindre son nombre d’heures. Un moment « franchement ingrat », se souvient-elle. Habituée des manifs, elle fait des rapprochement entre le monde de la musique et les réformes des différents gouvernements : « La suppression par Emmanuel Macron de la plupart des emplois aidés a été un coup dur pour le monde de la musique, car il s’agissait de postes non négligeables, surtout au niveau local. » LE POIDS DU CARBURANT SUR LES TOURNÉES Didier, bassiste jazz dans le Sud-Ouest, voit un lien entre la situation économique globale et la vie des musiciens. Intermittent depuis vingt-cinq ans, il a commencé dans les cafés-concerts. Des scènes qu’il appréciait pour le rapport direct qu’elles créaient avec le public. Mais aujourd’hui, les cafés peinent à s’en sortir et ils « n’ont plus de quoi déclarer les artistes. Alors soit c’est au black, soit les tenanciers nous disent: “On vous fait manger, ça vous fait de la notoriété et vous pouvez vendre vos disques” ». C’est la vision « troubadour » du métier, explique Didier. « D’ailleurs, la première question qu’on nous pose est très souvent: “C’est votre seul métier? Vous arrivez à en vivre?” » Didier s’est réorienté vers l’événementiel d’entreprise. Mais, là aussi, les réformes qui font les titres des journaux s’invitent dans sa routine de musicien : « J’ai des contrats signés parfois un ou deux ans à l’avance: on établit le budget avec les prix d’avant, et quand le prix du carburant augmente, ça empiète fortement sur notre marge.» Solidaire des gilets jaunes, Didier est allé discuter avec eux sur un rond-point et, s’il n’avait pas eu autant de concerts en décembre, il serait peut-être allé plus loin.

ACTUALITÉS

INÉGALITÉ DES CACHETS Thierry, guitariste et professeur de musique dans l’un des principaux conservatoires d’Ile-de-France, constate le fossé qui sépare sa génération de celle de ses élèves. Il ne sait pas toujours quoi dire à ceux qui veulent devenir professionnels. A un élève excellent musicien, mais aussi bon dans les matières scientifiques, il aurait envie de suggérer une carrière d’ingénieur du son ou un autre métier proche de sa passion. C’est en pensant notamment à eux, par solidarité avec ceux qui galèrent aujourd’hui plus que lui hier, qu’il est allé manifester en gilet jaune à la marche du climat. Si certains musiciens assurent voir au quotidien les conséquences d’une morosité ambiante, d’autres notent des difficultés propres au monde de la musique. Aurélien, guitariste, observe une inégalité dans la course aux cachets, qu’il explique ainsi : « Il y a une grande peur du vide, qui conduit certains musiciens à une boulimie de concerts. Ça devient vite un cercle vicieux. Plus on a de réseaux, plus on a de contrats, et on en accepte de plus en plus. Du coup, certains musiciens travaillent “trop”, acceptent systématiquement des cachets que d’autres, qui ont les moyens de travailler autant et qui attendent que le téléphone sonne, pourraient obtenir. » Mathilde constate, elle, combien les statuts sont figés dans la musique, là où un salarié d’entreprise, par exemple, pourrait naturellement penser avec les années monter en grade : « Je suis souvent choriste, payée parfois dix fois moins que les solistes. L’avancement dans cette hiérarchie est difficile. Il n’y a pas d’évolution naturelle, pourtant, dans le chœur, beaucoup sont peu satisfaits et aimeraient évoluer. » LA SOLITUDE DU MUSICIEN Trouver des raisons d’aller manifester est donc aisé pour les musiciens. Mettre le doigt sur les raisons du peu d’écho qu’a ce mouvement dans le monde de la musique l’est moins. Quand on lui pose la question, Thierry se rappelle un collègue à qui il avait dû apprendre l’existence de la crise économique de 2008 et assure que la “bulle” dans laquelle vivent les musiciens est bien réelle. Il songe également à Pierre Bourdieu, sort de son sac l’article “Musique et musiciens” du sociologue pour rappeler que la plupart des musiciens sont issus de classes favorisées. En y réfléchissant plus encore, en comparant la musique à d’autres arts, il avance : «Le musicien, par rapport à d’autres artistes, est un solitaire, il répète seul. De ce fait, il analyse parfois des problèmes structurels (je ne trouve pas de cachets, je galère) comme ayant des causes personnelles (je suis mauvais, pas assez bon). » En se penchant également sur la particularité du musicien, Jonathan, compositeur solidaire des gilets jaunes, qui collabore souvent avec des acteurs de théâtre, note que ces derniers « se posent plus, à chaque nouveau projet, la question du sens. Les musiciens, eux, sont davantage obnubilés par l’idée de “faire du beau” », une différence qui les éloigne peut-être d’une possible prise de position. RESPECT DE L’AUTORITÉ Thierry évoque le respect absolu du compositeur, et parfois aussi d’un maître à penser, souvent de mise dans la musique. « Je me rappelle une répétition où un collègue avait refusé de changer une respiration ou une nuance parce que son mentor avait écrit l’inverse sur sa partition. Le monde de la musique classique se forge beaucoup autour du respect des règles et de l’autorité. Il n’est peut-être

QUELLE RÉACTION DU CÔTÉ DES SALLES DE CONCERT ? De nombreuses institutions parisiennes ont fermé leurs portes le samedi 8 décembre, jour de “l’acte IV” des gilets jaunes: Pleyel, Philharmonie, théâtre des Champs-Elysées ainsi que l’Opéra de Paris (Bastille et Garnier). Le manque à gagner a dû être particulièrement élevé pour l’Opéra de Paris, car ce jour-là avaient lieu les Démonstrations de l’Ecole de danse, toujours très attendues. Contactées par La Lettre du Musicien, aucune de ces institutions n’a souhaité répondre à nos questions. • GM

pas propice à toute contestation ou revendication, et c’est regrettable. » Face à ce constat, que Thierry n’est pas le seul à faire, plusieurs microcosmes musicaux semblent se démarquer. Louis, l’un des initiateurs de l’orchestre baroque des Insoumis, qui s’est notamment produit en marge d’un des meetings de JeanLuc Mélenchon, constate qu’« il y a plus de liberté laissée à l’interprète dans la musique baroque, ce qui explique peut-être que les baroqueux aient tendance à être plus politisés ». Ce rapport entre la façon de pratiquer une musique et le positionnement politique de ses interprètes fait également sens pour Gaël, artiste musicien et enseignant. Il remarque que «le microcosme de la musique improvisée est porteur d’un fort héritage libertaire, qui part d’une revendication forte: la musique improvisée est la musique de ceux qui la jouent. C’est le lieu où des individus font exister le collectif et s’affranchissent de la domination de la sacro-sainte partition et de la figure tutélaire du compositeur. » MANIFESTER EN FANFARE Du côté de ceux qui composent la musique, certains ont également enfilé un gilet jaune. Solidaire de toutes les dernières grandes luttes sociales, Juan tâche de respecter ses engagements dans son métier : « Je ne demande pas de bourses de fondations d’entreprise. Concernant les concours où j’ai été lauréat, je mets en avant l’institution publique qui l’organise, pas l’entreprise qui le finance. Je n’ai pas envie de participer à du social washing ou d’être la pancarte d’une banque, par exemple. Financièrement, je me débrouille. J’ai la chance de ne pas payer de loyer, j’essaye de vivre avec peu, de combattre le consumérisme, de boycotter les produits des multinationales et des GAFA. Ça fonctionne pour moi comme ça, mais ça peut devenir difficile dès que l’on a une famille, des enfants. » Le 15 décembre, il était dans les rues de Paris avec la Fanfare invisible, un ensemble de musique révolutionnaire qui se retrouve lors de manifestations ou de grèves. Sur une vidéo diffusée sur internet, on voit la fanfare, qui regroupe amateurs et quelques professionnels, jouer Du mouvement social. Les musiciens sont disséminés dans une foule de gilets jaunes et de manifestants. Tous sautent et dansent au rythme de la fanfare. Soudain la chanson s’arrête. Elle n’est pas terminée, mais hors champ, des grenades lacrymogènes ont été lancées. La foule se disperse alors, mais la Fanfare s’est, elle, retrouvée le soir même pour jouer devant les postiers en grève. • Gabrielle Maréchaux @Gabrielle_MX Commentez cet article sur le site www.lalettredumusicien.fr

LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 518 — JANVIER 2019 — 13

ACTUALITÉS

L’actu numérique UN CONCOURS DE COMPOSITION SUR INSTAGRAM

LE MOTEUR DE RECHERCHE QWANT MUSIC S’ASSOCIE À QOBUZ

L’année 2018 s’est bien terminée pour Qobuz: la plateforme de streaming spécialisée en musique classique vient de signer un partenariat avec une autre entreprise française, le moteur de recherche Qwant, qui garantit aux internautes la protection de leurs données personnelles. Les heures sombres de 2015 semblent loin pour Qobuz: après avoir échoué à lever des fonds, l’entreprise française avait failli mettre la clé sous la porte, avant d’être rachetée par Xandrie, société spécialisée dans la culture et le divertissement numériques. Qobuz est désormais accessible depuis Qwant Music, le moteur de recherche musical développé par Qwant. Cela devrait permettre à ces deux services français de se faire mieux connaître. SONY MUSIC SE LANCE DANS LE STREAMING

La fin de l’année 2018 a été marquée par l’arrivée d’un nouvel acteur dans le paysage de plus en plus concurrentiel du streaming musical: Mora Qualitas, la plateforme du géant japonais Sony Music. Ce service se positionne dans le haut de gamme en misant sur la qualité, avec une offre plus chère que celle proposée par ses concurrents (15 euros au lieu des 10 euros sur lesquels se sont alignés Deezer, Spotify, Prime Music…). Mora Qualitas sera disponible au Japon seulement. Si une diffusion internationale n’a pour l’heure pas encore été évoquée, il y a fort à parier que Sony, présent dans 35 pays, déploie son service de streaming hors de l’archipel nippon.

Le compositeur américain Eric Whitacre, 48 ans, n’est pas seulement une coqueluche des médias; il est aussi très connecté. Fort de ses 55000 abonnés sur Instagram, il a lancé, début janvier, un concours de composition sur le réseau social. Il appelle les jeunes compositeurs à télécharger une série d’illustrations et à lui envoyer une œuvre en rapport avec les images. Il en choisira cinq dans les prochains jours. Une belle manière de faire vivre la musique d’aujourd’hui; elle ne remplace cependant pas les politiques de commandes, qui se réduisent comme peau de chagrin. > bit.ly/2R40ubF LA CMF SUR INSTAGRAM

La Confédération musicale de France, qui vient de s’abonner au réseau social, invite ses quelque 4500 adhérents à envoyer leurs photos et vidéos de concerts ou de répétitions.

ONSTAGE, L’APPLI QUI NOUS EMMÈNE SUR SCÈNE PENDANT LE CONCERT

Les nouvelles salles de concert ont beau proposer une disposition “en vignoble”, c’est-à-dire avec la scène au centre de la salle et le public autour – philharmonies de Berlin, de Paris, de l’Elbe – il reste souvent difficile de voir tout l’orchestre. L’application polonaise Onstage propose aux spectateurs de voir ce qui se passe sur scène, en temps réel et en gros plan, sur l’écran de leur smartphone. Le principe des jumelles, mais sur téléphone. Pour cela, la salle doit être partenaire de l’application et équipée en conséquence. Le Centre de musique de chambre de Varsovie et le Théâtre musical de Bâle viennent de signer. La dimension pédagogique de l’application séduit, mais l’écran ne crée-t-il pas un filtre, une distance entre le public et le spectacle? L’expérience collective du concert deviendrait plus individuelle… Le débat est lancé.

FINANCEMENT PARTICIPATIF UNE CONTREBASSE POUR L’ABBAYE AUX DAMES

Le Jeune Orchestre de l’Abbaye a ouvert une cagnotte pour l’achat d’une contrebasse de la fin du 19e siècle. Elle rejoindra le fonds de 30 instruments anciens, mis à la disposition des 120 étudiants qui participent au master recherche et pratiques d’ensemble orchestre. Coût de l’instrument: 15000 euros. > bit.ly/2CJK8MN BANDONÉON CONTEMPORAIN EN ALSACE

L’orchestre de tango La Grossa a passé commande au compositeur argentin Alex Nante d’une pièce pour quatre bandonéons. L’œuvre sera créée au musée Unterlinden de Colmar, le 24 mai. D’ici là, 5400 euros sont nécessaires pour achever de financer la commande et payer le salaire des quatre musiciens. > bit.ly/2R1obkZ CONCERTOS POUR VIOLONCELLE EN NOUVELLE-ZÉLANDE

L’association Ouvrez grand les oreilles projette d’enregistrer des concertos pour violoncelle d’Elgar et du compositeur néo-zélandais Gareth Farr (né en 1968) avec le violoncelliste français Sébastien Hurtaud et l’Orchestre national de Nouvelle-Zélande. L’enregistrement est prévu au mois d’avril, à Wellington. Les 7500 euros demandés représentent un tiers du budget total. Les deux concertos, qui paraîtront chez Rubicon Classics, seront aussi disponibles en streaming sur Deezer et Spotify. > bit.ly/2Rn5KGX

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14 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 518 — JANVIER 2019

ORCHESTRES & ENSEMBLES

Le smartphone en répétition

Décryptage

Tandis que les orchestres invitent de plus en plus les spectateurs à garder leur téléphone portable allumé dans la salle – l’Orchestre national de Lille organise même des concerts “Smartphony” –, la présence du téléphone sur le pupitre, en répétition, divise les musiciens. Plaie ou atout?

« I

l y a clairement un avant et un après-smartphone en répétition », considère le chef d’orchestre Patrick Davin, qui s’estime tolérant vis-à-vis des “téléphones intelligents” de ses musiciens. « Je refuse catégoriquement les oreillettes et les écouteurs, qui déconnectent de la vie de l’orchestre. En revanche, pas de problème si un musicien pianote sur son téléphone quand il ne joue pas, du moment qu’il est réactif quand je m’adresse à lui. » Le maestro considère même que le smartphone rend service au chef : « Avant le portable, les musiciens bavardaient beaucoup… C’était bien plus gênant! »

«Même quand il est en mode avion, le téléphone est un objet de tentation. On y jette un œil, on y pense. C’est une pollution mentale qui n’a pas sa place en répétition.» Simon Proust, chef d’orchestre

UNE GÉOGRAPHIE BIEN PRÉCISE Désormais voisin de la partition et du crayon, le téléphone n’est pas utilisé avec la même intensité selon les pupitres. Et force est de constater que les pupitres les plus connectés se trouvent généralement… au fond du plateau. Cuivres et percussions sont ainsi les plus zélés utilisateurs du smartphone pendant les heures de service. « Nous avons moins de notes à jouer que les cordes, explique Renaud Muzzolini, percussionniste solo à l’Orchestre philharmonique de Radio France, donc, fatalement, on passe plus de temps sur notre téléphone. » Une addiction qui pénalise parfois le travail : « Il arrive qu’on rate notre entrée parce qu’on est sur WhatsApp… et d’ailleurs souvent pour discuter entre nous et se moquer du chef! confie un corniste, qui a voulu rester anonyme. Les tournées à l’étranger ne nous freinent pas: on utilise le wifi de la salle. » Cet été, en période de Coupe du monde, nombreux ont été les musiciens à regarder les matchs, dissimulés derrière leur pupitre, en répétition, mais pas seulement. « Un supplémentaire a poussé le vice jusqu’à

regarder un match pendant le concert. Il a été viré », raconte Claire Händel-Privat, hautboïste à l’orchestre du théâtre de Hildesheim, en Allemagne. Mais plutôt que de jeter la pierre aux musiciens, Marc Hajjar, qui dirige notamment l’ensemble Nouvelle Portée, rappelle que le mauvais exemple vient souvent du chef lui-même. « Mon smartphone est systématiquement sur mon pupitre…», confesse-t-il. LE SMARTPHONE PARASITE « On en est où? », « On reprend où? » Pour le chef Simon Proust, 28 ans, la présence du smartphone en répétition est réellement intempestive : « Les téléphones sont de plus en plus perfectionnés, ils hypnotisent les musiciens, ils les isolent alors qu’on est censés faire un travail collectif et se concentrer sur le moment présent. » Le jeune chef, qui posait son smartphone sur son pupitre lorsqu’il a commencé à diriger, « pour regarder l’heure », le laisse désormais dans son sac. Et s’est acheté une montre : « Même quand il est en mode avion, le téléphone est un objet de tentation. On va y jeter un œil, y penser. C’est une pollution mentale qui n’a pas sa place en répétition. » Le bassoniste Benjamin El Arbi voit sans cesse ses collègues faire défiler leur écran : « J’ai du mal à me sentir investi quand mon voisin de pupitre écrit un SMS ou actualise son fil Instagram. Quand je leur dis qu’ils sont pénibles, ils me répondent que cela n’altère pas leur manière de jouer. Peutêtre, mais la téléphone gâte forcément la concentration, l’attitude générale. » Pourtant, les musiciens ont toujours eu des distractions pour passer le temps pendant les services : « Avant le téléphone, c’était le journal, rappelle David Mollard, qui dirige l’Orchestre des jeunes d’Ile-de-France. Je me souviens avoir assisté à des répétitions dirigées par Michel Plasson, au Capitole de Toulouse, où toutes les trompettes lisaient L’Equipe… Le téléphone est moins encombrant qu’un journal.» Mais le papier, lui, ne suscite pas une réactivité immédiate. « Quand on joue et qu’un nouveau message s’affiche, on est déconcentré… et on perd forcément du temps», poursuit Benjamin El Arbi. La perte de temps, un argument qui fait mouche pour la cheffe Lucie Leguay, 28 ans, lauréate du Tremplin pour jeunes cheffes d’orchestre et fondatrice de l’Orchestre de chambre de Lille : « Il y a tellement peu de répétitions par programme qu’on ne peut pas se permettre de perdre de temps. Il faut être très efficace. » LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 518 — JANVIER 2019 — 15

ORCHESTRES & ENSEMBLES

LE TÉLÉPHONE ET LA SANTÉ DU MUSICIEN Lumière bleue et ondes nocives pour le cerveau: si ces effets néfastes du téléphone portable sont connus, certains maux générés par une utilisation effrénée peuvent pénaliser le musicien. Tout d’abord, le risque de tendinite du pouce dû… à l’écriture de SMS. Lorsque le téléphone est logé dans le creux de la main, le pouce réalise de multiples flexions et extensions forcées sur les touches du clavier. Dans cette position, les tendons sont fortement sollicités et risquent l’inflammation… Second bémol: l’utilisation directe au niveau de l’oreille augmenterait considérablement le risque d’acouphènes. Préconisations: limiter les entretiens téléphoniques chez les chanteurs et les musiciens ou utiliser une oreillette.

INTERDIRE OU TOLÉRER ? Faut-il dès lors bannir le téléphone ? Le chef Rani Calderon avait tenté d’interdire son utilisation en répétition lorsqu’il était directeur musical de l’Orchestre de l’Opéra national de Lorraine. Une décision impopulaire, qui lui avait attiré les foudres des musiciens. A l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, le téléphone est à utiliser avec modération : « Les musiciens qui utilisent trop leur téléphone pendant les service reçoivent des avertissements vindicatifs», confie un musicien de la phalange monégasque. Véritable casse-tête juridique, la question de l’utilisation par les employés de leur smartphone privé pendant les heures de travail se pose régulièrement en entreprise. L’employeur peut-il interdire son usage ou doit-il respecter une certaine marge de tolérance ? Une question à laquelle le monde de l’orchestre n’échappe pas. A l’Orchestre de l’Opéra de

Hanovre, interdiction formelle d’utiliser le téléphone en répétition, sous peine de recevoir un blâme. Et la jeune génération de chefs, pourtant très connectée, n’est pas forcément la plus tolérante vis-à-vis du téléphone : «Je suis absolument contre en répétition, confie Lucie Leguay. Je refuse qu’il soit sur le pupitre: il doit être rangé, point. » Un service de répétition dure généralement entre deux heures et demie et trois heures, avec une pause. « Ce n’est pas intenable d’être injoignable pendant quelques heures », estime la jeune cheffe. La musique, seulement la musique. Un idéalisme qui se heurte aux réalités du métier de musicien ? « Même s’il y a des moments de grâce en répétition, une répétition est, comme son nom l’indique, répétitive, explique Patrick Davin. Les musiciens attendent de longs moments. Qu’un chef interdise le portable en répétition n’est absolument pas réaliste. » Un musicien qui flâne sur Facebook a peut-être deux cents mesures à compter… La solution ? « Privilégier les partielles pour minimiser le temps d’attente de chaque pupitre », explique Patrick Davin. LE SMARTPHONE ADJUVANT Le smartphone peut aussi s’avérer utile pendant la répétition : « C’est une vraie boîte à outils, estime David Mollard. Avec un seul téléphone, nous avons un accordeur, un métronome, des applications d’enregistrement qui ont un son plutôt correct. Le smartphone allège la besace du musicien. » Simon Proust, chef assistant à l’Ensemble intercontemporain, le concède, « l’appli métronome m’est indispensable quand une partition demande des précisions rythmiques ». Son smartphone, Renaud Muzzolini aurait du mal à s’en passer pendant ses heures de travail, et pas seulement pour se distraire : «C’est un passe-temps, mais c’est surtout un gain de temps!

LA VIE DES CHEFS LA LÉGION D’HONNEUR ATTRIBUÉE À DEUX CHEFS D’ORCHESTRE

Les 431 noms de la promotion 2019 de la Légion d’honneur ont été publiés le 1er janvier. Aux côtés des joueurs de l’équipe de France et de l’écrivain Michel Houellebecq figurent ceux de la cheffe d’orchestre et contralto Nathalie Stutzmann, 53 ans, fondatrice de l’ensemble Orfeo 55, et de Jean-Pierre Loré, 82 ans, fondateur de l’Orchestre français d’oratorio, qui fut également le directeur de l’école de musique de Cernay-la-Ville (78) pendant quarante ans. Des choix qui peuvent surprendre. ORCHESTRE DE PARIS : QUI SUCCÉDERA À DANIEL HARDING ?

C’est l’une des nominations les plus attendues. L’Orchestre de Paris, qui est en train de fusionner avec la Philharmonie de Paris, recrute son futur directeur musical, Daniel Harding quittant ses fonctions cette année. Selon nos informations, plusieurs noms circulent: Tugan Sokhiev (directeur

musical de l’Orchestre du Capitole de Toulouse et du Bolchoï de Moscou), Pablo Heras-Casado (chef principal associé de l’Orchestre du Teatro Real de Madrid et directeur du Festival de Grenade), François-Xavier Roth (directeur musical des Siècles et de l’Opéra de Cologne, principal chef invité de l’Orchestre symphonique de Londres) et une femme, Karina Canellakis, désignée pour prendre la tête de l’Orchestre philharmonique de la Radio des Pays-Bas et qui a dirigé l’Orchestre de Paris en juin dernier comme chef invité. Cette nomination doit être décidée par Laurent Bayle, le directeur de la Philharmonie de Paris, en concertation avec les musiciens. Elle est rendue d’autant plus complexe que, au même moment, l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam doit trouver un directeur musical pour succéder à Daniele Gatti, dont le départ avait été provoqué, l’été dernier, par une affaire de harcèlement sexuel.

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ANDRIS NELSONS À VIENNE EN 2020

Le très médiatique concert du Nouvel An de l’Orchestre philharmonique de Vienne est à peine terminé que les Philharmoniker autrichiens ont déjà annoncé le nom du chef qui le dirigera l’année prochaine: après l’Allemand Christian Thielemann, ce sera le Letton Andris Nelsons qui tiendra la baguette. Une cheffe, pourquoi Mirga GrazinyteTyla, pour 2021? KAZUKI YAMADA RECONDUIT À MONTE-CARLO

La stabilité est de mise sur le Rocher. Après des périodes délicates consécutives au décès de Yakov Kreizberg (et l’étape compliquée de Gianluigi Gelmetti), l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo vient de resigner avec Kazuki Yamada pour deux saisons supplémentaires. On peut néanmoins s’interroger sur le fait de limiter le contrat à deux saisons, alors que le premier était de trois saisons…

ORCHESTRES & ENSEMBLES

En tant que chef de pupitre, j’utilise mon téléphone, pendant les mouvements où je ne joue pas, pour envoyer les partitions aux supplémentaires, commander le matériel…» Autre atout du téléphone en répétition : faire vivre l’orchestre sur les réseaux sociaux, à l’instar de Salvatore Lombardo, alias le “Crazy Violonist”, membre de l’Orchestre de l’Opéra de Naples, dont le compte Facebook, riche en gags qu’il prend le temps de filmer pendant les répétitions et dans les coulisses, est suivi par quelque 11 000 musiciens. A l’Orchestre symphonique de Seattle, aux Etats-Unis, le directeur général a dû faire interdire le téléphone pendant les applaudissements après que certains musiciens ont été pris en flagrant délit de selfie au moment des saluts ! Mais un recours judicieux au téléphone peut également servir à certains moments. A l’affiche de l’Opéra-Comique en novembre, pour Donnerstag auf Licht de Stockhausen, Maxime Pascal avait mis en place une solution bien particulière pour diriger les trompettistes qu’il ne pouvait pas voir (tous les instrumentistes se déplaçaient dans la salle) : une conversation WhatsApp ! Pour Renaud Muzzolini, la présence désormais incontournable du smartphone en répétition est juste une question d’adaptation : «Il n’y a statistiquement pas plus de faux départs depuis qu’on pose nos téléphones sur le pupitre. Le fait d’avoir mon téléphone avec moi a seulement modifié mon écoute en répétition. Plutôt que de compter mes temps, je suis davantage attentif au trajet tonal et aux nuances.» Reste que le smartphone, tantôt parasite, tantôt utile pour le musicien et le chef, peut devenir un moyen de pression, y compris dans les orchestres d’amateurs. « Quand le chef voit ses musiciens sur leur téléphone, cela veut aussi dire que c’est à lui de rendre la répétition intéressante: il ne doit pas perdre son audience», explique Aleth Pauphilet, violoncelliste à l’Orchestre des grandes écoles à Paris. La présence du téléphone pendant les heures de répétition peut également se transformer en menace tacite vis-à-vis du chef : le musicien peut enregistrer la répétition et le chef se sentir surveillé. Big Brother, le retour? • Suzanne Gervais @SuzanneGervais Commentez cet article sur le site www.lalettredumusicien.fr

INSOLITE GARE À LA GROSSE CAISSE! Jouer au fond de l’orchestre est risqué. La preuve avec l’incident qui a eu lieu lors du concert de fin d’année d’un orchestre universitaire au Canada. Au programme, la Suite n°1 de Holst. Lors de l’ultime frappe de la grosse caisse, à la fin du premier mouvement, la lourde mailloche a échappé aux mains en sueur du percussionniste… pour venir frapper sa collègue en plein visage. Les autres percussionnistes ne savaient pas s’il fallait rire ou s’inquiéter, mais le reste de l’orchestre et le chef, n’ayant pas vu l’incident, ont poursuivi le concert. Par chance, la musicienne ne jouait pas pendant le deuxième mouvement et a courageusement réussi à revenir pour le troisième. La vidéo, elle, a déjà fait le tour des réseaux sociaux. > bit.ly/2QCrRcN

Saison 2019 des concerts de la Musique des gardiens de la paix MARS 2019 Vendredi 22 mars • 20h30 En partenariat avec le Conservatoire de musique Orchestre d‘harmonie - direction : Jean-Jacques Charles Salle Pablo Neruda, 93000 Bobigny Vendredi 29 mars • 20h00 En partenariat avec le Conservatoire de musique Orchestre d‘harmonie - direction : Gildas Harnois Espace Reuilly 75012 Paris Samedi 30 mars • 19h00 En partenariat avec le Conservatoire de musique Orchestre d‘harmonie - direction : Gildas Harnois Espace Louis Lumière 93800 Épinay-sur-Seine AVRIL 2019 Vendredi 5 avril • 20h30 Orchestre d‘harmonie - direction : Jean-Jacques Charles Espace culturel du Parc 93700 Drancy Samedi 13 avril • 15h00 et 20h30 Orchestre d‘harmonie - direction : Gildas Harnois Théâtre 13e art – centre commercial Italie 2 Place d’Italie 75013 Paris Réservations : 01 53 31 13 13 ou - [email protected] Vendredi 19 avril • 20h30 Orchestre d‘harmonie - direction : Jean-Jacques Charles Théâtre des Deux-Rives, 107 rue de Paris 94220 Charenton-le-Pont MAI 2019 Dimanche 5 mai • 17h30 Les heures musicales du Val de Grâce Musiciens de l‘orchestre d‘harmonie - direction : Gildas Harnois Orchestre à cordes de la Garde républicaine direction Sébastien Billard Chapelle du Val de Grâce 75005 Paris - 75e anniversaire de la libération de Paris Samedi 18 mai • 16h00 Orchestre d‘harmonie - direction : Gildas Harnois Auditorium Marcel Landowski Conservatoire à Rayonnement Régional 75008 Paris - Dukas, Calmel, Kosmicki, Aulio, Beffa Samedi 25 mai • 15h00 et 20h45 Batterie-Fanfare - direction : Jean-Jacques Charles/Laurent Douvre Théâtre de la Fleuriaye - 30 boulevard Ampère 44470 Carquefou Mardi 28 mai • 20h00 Orchestre d‘harmonie - direction : Gildas Harnois Centre culturel Cyrano de Bergerac 95110 Sannois - Bernstein, Gershwin, Legrand JUIN 2019 Mardi 11 juin • 20h00 Sainte Chapelle, 8 boulevard du Palais Paris 4e Jeudi 13 juin • 20h30 Ensemble à vents de l‘orchestre d‘harmonie - direction : Gildas Harnois Eglise Saint-Roch, 296 rue Saint-Honoré Paris 1er Programme : Sérénades pour instruments à vent de Richard Strauss renseignements : http://www.prefecturedepolice.paris/Musique https://www.ompfr.com/ https://www.facebook.com/musiquedesgardiensdelapaix - Tél : 01 53 71 61 97

LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 518 — JANVIER 2019 — 17

ORCHESTRES & ENSEMBLES

LA VIE DES ORCHESTRES ET DES ENSEMBLES

Orchestre d’Avignon: une nouvelle étape La phalange provençale recrute le successeur de Samuel Jean, dont le mandat de premier chef invité arrive à son terme à la fin de l’année.

Il y a dix ans, l’Orchestre régional Avignon-Provence était en procédure de liquidation judiciaire. Pour remettre la formation en état de marche, « il a fallu combler un déficit de 1700000 euros et régler plus de quarante procédures prud’homales », se souvient Philippe Grison, directeur général. Aujourd’hui, l’Orchestre peut se prévaloir d’une situation économique assainie, avec un budget annuel de 4,4 millions euros. Sur le plan artistique, Samuel Jean occupe depuis 2010 le poste de premier chef invité. Au cours de cette période, l’orchestre a enregistré une dizaine de disques, réalisé des tournées internationales. Mais le mandat de Samuel Jean arrive à son terme cette année. L’orchestre va se lancer dans le recrutement non plus d’un premier chef invité, mais d’un directeur musical. « Les fonctions seront à peu près similaires, mais cette dénomination est indispensable si nous voulons obtenir le label national pour notre orchestre », poursuit Philippe Grison. Le futur chef sera recruté par une commission, qui comprendra deux musiciens de l’orchestre. Le nouveau directeur musical fera ses débuts en septembre 2020, au moment de la réouverture de l’Opéra d’Avignon. On peut regretter toutefois que la mission du ministère de la Culture préconisant un rapprochement des structures avignonnaises Orchestre et Opéra n’ait pas été suivie dans les faits. A l’ombre de la cité des Papes, les querelles de clochers continuent… • Antoine Pecqueur

Opéra de Paris: où en est le processus de recrutement? Retour sur les étapes qui doivent aboutir à la nomination du nouveau directeur général ainsi que du directeur musical.

Dans nos colonnes, nous avions fait écho de l’inquiétude des musiciens de l’Orchestre de l’Opéra de Paris, qui regrettaient de ne pas être associés au processus de recrutement du successeur de Stéphane Lissner et du futur directeur musical. L’Opéra de Paris, qui s’apprête à fêter ses 350 ans, est en pleine mutation. Tout a commencé en octobre dernier avec la nomination de Jean-Pierre Clamadieu, le patron d’Engie, comme président du conseil d’administration. Pour la première fois de son histoire, le CA de l’Opéra de Paris n’est pas dirigé par un représentant de l’Etat, mais par une figure du secteur privé. De quoi susciter chez certains quelques crispations… Cette nomination a pour but de donner un nouveau souffle à la gouvernance de la “grande boutique”, et notamment de développer la stratégie de recherche de fonds. L’étape suivante a été la modification par décret du calendrier de nomination du nouveau directeur général. 18 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 518 — JANVIER 2019

« Le délai était jusqu’alors de dix-huit mois avant le départ, ce qui était trop court », nous explique un proche du dossier. Les candidats se sont ensuite manifestés : certains ont adressé un projet, d’autres ont fait savoir qu’ils étaient intéressés par le poste. Pour ne rien arranger, le processus de recrutement est piloté à la fois par le ministère de la Culture et par l’Elysée – c’est le président de la République qui nomme le directeur de l’Opéra. Serge Dorny, favori de Françoise Nyssen lorsqu’elle était ministre, préfère rester à l’Opéra de Munich, où il vient d’être nommé. Des candidatures ont été présentées en binôme, comme Christophe Ghristi, directeur du Capitole de Toulouse, avec la cheffe d’orchestre Susanna Mälkki. Cette dernière candidature a semblé avoir les faveurs de l’Elysée, notamment de celui qui en était jusqu’à ce début d’année le directeur de la communication, Sylvain Fort. Le ministère de la Culture, à l’époque de Françoise Nyssen, avait fait appel à un cabinet de chasseur de têtes… Depuis l’arrivée de Franck Riester, la Rue de Valois continue de recevoir de potentiels candidats, comme Marc Minkowski. Mais en ce début d’année, selon nos informations, le processus de recrutement devrait nettement évoluer. Le but serait de mettre en place une consultation avec un jury. En bref, davantage de transparence. Les jeux sont donc ouverts. Reste à savoir si les musiciens de l’orchestre seront maintenant associés au processus. • AP

EN BREF LAMOUREUX CRÉE UN ORCHESTRE DE CHAMBRE

L’orchestre Lamoureux ne manque décidément pas d’idées. L’association vient de lancer une formation Mozart, sous la houlette du violoniste Hugues Borsarello. Pour aborder les répertoires plus intimes, et aussi pour proposer des programmes plus souples et moins coûteux. Prochaine étape: une formation sur instruments anciens? L’ORCHESTRE DE PICARDIE RENFLOUÉ, MAIS FRAGILE

Après avoir frôlé la cessation de paiement (voir LM514), la phalange picarde a été remise à flot grâce à la mobilisation de ses tutelles. Amiens Métropole a apporté une subvention d’investissement de 100000 euros, la Drac un complément exceptionnel de 200000 euros et la région a voté, le 10 novembre, une avance d’un fonds associatif de 1,3 million d’euros. Mais il faudra le rembourser sur treize ans, à partir de 2021. Ce qui oblige à relever les fonds propres de l’établissement de 100000 euros par an. Cet orchestre de 37 musiciens permanents demeure donc fragile et ses possibilités de soulever des fonds de mécénat sont assez maigres, sur un territoire pauvre en sièges sociaux. C’est maintenant la question de la permanence artistique qui se pose dans un territoire situé entre Paris et la métropole européenne de Lille. UN DISQUE DE CRÉATIONS POUR C BARRÉ

L’ensemble dirigé par Sébastien Boin vient d’enregistrer un disque entièrement consacré au compositeur Frédéric Pattar, avec des œuvres composées depuis 2014: Sangre, Mind Breaths et Peephole Metaphysics. Sortie prévue en mai chez L’Empreinte digitale.

INSTRUMENTS & ÉDITIONS

Debussy, un dernier tour de piste

Focus

Le propre des anniversaires, c’est de susciter un enthousiasme qui s’essouffle au fil des mois avant de disparaître, l’année écoulée. Debussy n’échappe pas à la règle et doit céder la place à Berlioz et Offenbach. Et pourtant…

L

a musique de Debussy a toujours tenté les orchestrateurs. Mais le maître veillait. Seuls quelques fidèles ont eu le droit d’orchestrer certaines de ses pièces : Caplet, Büsser, Koechlin. Ravel également. Mais toujours sous son contrôle. On sait aussi que Caplet a largement participé à l’orchestration du Martyre de saint Sébastien et, dans une moindre mesure, des Images pour orchestre. Mais ce qui est frappant, c’est que Debussy lui-même n’a que très rarement cherché à orchestrer ses propres œuvres : quelques mélodies, La plus que lente et la Berceuse héroïque. Toutes ces versions sont regroupées, avec l’orchestration de deux Gymnopédies d’Erik Satie, dans le dernier volume paru de l’édition monumentale entreprise par Durand sous la houlette de Denis Herlin et Edmond Lemaître (Musica Gallica – volume préparé par Robert Orledge). J’aime beaucoup l’anecdote citée dans l’avant-propos qui retrace les circonstances dans lesquelles l’orchestration des Gymnopédies aurait vu le jour : Satie se mit au piano devant un petit groupe de musiciens et joua quelques-unes de ses pièces. Devant la médiocrité du jeu de l’auteur de Parade, Debussy intervint et prit amicalement sa place : « Attends, mon vieux, je vais te faire entendre ta musique. » D’après le chef d’orchestre Gustave Doret, chez qui se tenait cette réunion, les Gymnopédies sonnèrent alors miraculeusement, pleines de couleurs et de nuances. « Il ne reste plus qu’à les instrumenter ainsi », s’exclama-t-il. Ce qui fut fait. Difficile de faire la part du vrai et du faux, mais l’anecdote méritait d’être connue. DEBUSSY ET L’ORCHESTRE Un autre exemple permet de mieux apprécier le rapport de Debussy à l’orchestre : il projetait d’orchestrer deux de ses quatre Proses lyriques pour les concerts d’Eugène Ysaÿe à Bruxelles. Mais, après quelques semaines, il avait changé d’avis et écrivait au compositeur Pierre de Bréville qu’il lui semblait « très inutile de les augmenter d’un fracas orchestral quelconque ». De ce projet subsistent seulement les vingt-cinq premières mesures de la seconde prose, “De Grève”, dont l’orchestration fut achevée par Roger-Ducasse en 1924. Avec le recul, on se rend compte que Roger-Ducasse a plutôt traité l’orchestre à sa manière. C’est ce qui a incité Robert Orledge à proposer sa propre orchestration, qui cherche à rester davantage dans le style et les couleurs des premières mesures. Les Trois ballades de François Villon constituent un cas à part, car Debussy les a orchestrées immédiatement après avoir composé

la version avec piano. On peut se demander s’il ne pensait pas à l’orchestre dès le premier stade. Pour “Le jet d’eau”, troisième des Cinq poèmes de Charles Baudelaire, c’est l’inverse : dix-huit ans séparent les deux versions, l’orchestration étant peut-être une réponse aux demandes pressantes d’Edouard Colonne, qui voulait «du neuf » chaque saison. La création se solda par un accueil plus que mitigé, avec une descente en flammes d’Emile Vuillermoz, qui ne voyait « aucune fluidité, aucune fraîcheur et aucun scintillement dans l’instrumentation de cette page ». En 1922, Caplet allait en réaliser une nouvelle orchestration, plus transparente (déjà publiée dans le volume V/12 de la même édition intégrale). Parmi les autres orchestrations réunies dans le même volume, j’ai un faible pour celle de La plus que lente, avec son merveilleux solo de cymbalum (auquel peut se substituer un solo de flûte). Debussy la réalisa pour remplacer celle d’Henri Mouton, qu’il trouvait trop « genre brasserie […] inutilement ornée de: trombone, timbales, triangle, etc. ». DEBUSSY ET LE MÉTRONOME Pendant que cette édition monumentale avance pas à pas (il reste encore une quinzaine de volumes à paraître), les éditeurs d’outre-Rhin publient à marche forcée. Henle avait un temps d’avance avec la musique pour piano et la musique de chambre ; mais Bärenreiter, avec des éditions de Douglas Woodfull-Harris, comble son retard et nous donne surtout de très belles éditions des œuvres pour orchestre (les Images paraîtront bientôt). Le dernier volume paru est consacré à la musique pour violon et piano. Woodfull-Harris se montre d’une précision extrême dans l’utilisation des sources pour résoudre les divergences qui existaient dans l’édition d’origine entre la partie séparée de violon et la partition d’ensemble : Debussy était déjà très malade et les épreuves ont été mal relues. Une analyse des enregistrements d’époque faisant autorité constitue un complément précieux à la stricte lecture du texte, notamment en ce qui concerne les mouvements métronomiques, dont on sait que Debussy leur accordait une valeur toute relative. En plus de la sonate, le même volume comporte la transcription de Minstrels (dernier prélude pour piano du premier livre) par Debussy luimême et celles du violoniste américain Arthur Hartmann pour La Fille aux cheveux de lin et Il pleure dans mon cœur avalisées par le compositeur, la première des deux ayant probablement incité Debussy à transcrire Minstrels. • Alain Pâris LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 518 — JANVIER 2019 — 19

INSTRUMENTS & ÉDITIONS

DES ACCESSOIRES POUR FACILITER LA VIE DES MUSICIENS Une plaque pour éliminer les mauvaises harmoniques des vents ou un système d’attache pour améliorer le changement de cordes de la guitare. Le point sur les nouveautés.

Si la fabrication d’instruments de musique demande un savoirfaire éprouvé et des investissements importants dès que l’on atteint un certain volume de production, il en va tout autrement dans le monde de l’accessoire. C’est un secteur dans lequel des inventeurs, à la fois astucieux et fins connaisseurs de leur domaine, peuvent lancer plus aisément leurs produits et rencontrer le succès. Ainsi, dans la famille des instruments à vent, le Néerlandais Hans Kuijt a créé, il y a quelques années, le système LefreQue. Il s’agit de deux petites plaques métalliques en forme de vagues superposées qui créent un véritable pont sonore visant à éliminer les harmoniques “dissidentes”, inévitables avec tous les instruments à vent, en raison des emboîtements, soudures, défauts inhérents au tube et aux clés et tampons (bouchage)… Le LefreQue connaît un beau succès, d’autant plus que le système se décline en une multitude de matériaux (laiton, cuivre, argent massif, plaqué or…) et de formes, afin de s’adapter à la quasi-totalité des instruments à vent. Autre innovation pratique dans un tout autre domaine : le String-ties. Cette fois, ce sont les guitaristes qui sont à l’honneur. Le changement des cordes de la guitare classique est un véritable “pensum” pour de nombreux instrumentistes. Le but de ce petit accessoire fait en matériau naturel (la galalithe, un polymère issu de la caséine) est de faciliter le positionnement de la corde sur la partie chevalet, tout en empêchant la corde de sauter de manière intempestive et donc d’endommager la table, ce qui peut arriver fréquemment sur les cordes les plus fines. • MR

EN BREF NOUVELLE ADRESSE PARISIENNE POUR SELMER Pour fêter son déménagement, Selmer Paris a organisé un “pot de départ”, le 13 décembre dernier. De la joie, de la musique, du champagne, mais aussi une pointe de nostalgie, tant l’adresse du 18 rue de la Fontaine-au-Roi (Paris 11e) était emblématique pour de nombreux musiciens. Qu’ils soient français ou étrangers, la visite au showroom ou à l’atelier était pour eux une étape obligée lors d’un passage dans la capitale. L’entreprise reste néanmoins dans Paris intra-muros et revient même dans son arrondissement d’origine, le 18e. Un arrondissement qui abrite également un autre nom légendaire de la facture instrumentale française: Vandoren. Situé 59 rue Marcadet, le nouveau siège de Selmer Paris sera certes moins vaste, mais les musiciens pourront tout de même profiter d’un showroom, du service technique pour l’entretien des instruments et même de studios de travail. Nul doute qu’après quelques mois les nombreux visiteurs attendus auront su insuffler une véritable et belle âme musicale à ce nouveau lieu. • MR

20 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 518 — JANVIER 2019

Insolite

Histoires de luthiers Souvent méconnu, le métier de luthier regorge d’anecdotes, tantôt touchantes, tantôt cocasses. Trois professionnels se sont prêtés au jeu et nous dévoilent leur petit florilège 2018. De quoi bien commencer l’année…

DAVID LEONARD WIDMER (LYON) Bric-à-brac Vous seriez ébahis de voir ce que je peux trou-

ver dans les instruments que j’ouvre (violons, altos, violoncelles). Souvent des mégots, particulièrement dans les contrebasses… J’ai trouvé une barrette à cheveux dans un alto. Dernièrement, un musicien de l’Orchestre national de Lyon m’a appelé en urgence, car, en répétition générale, il avait fait tomber son crayon dans son violon et n’arrivait pas à le sortir : il avait un concert le soir même. PATRICK CHARTON (PARIS) Sans âme Un client m’apporte son violon en se plaignant

qu’il ne sonne pas très bien : « C’est un violon que j’ai trouvé dans le grenier familial. Il était très poussiéreux et à l’intérieur il y avait des morceaux de journal et même un bout de bois! J’ai eu du mal à l’enlever. » C’était l’âme… Kamikaze Un autre jour, c’est un parent d’élève, l’air furieux, qui m’apporte le violon loué pour son enfant, tout simplement coupé en deux. « Ce n’est pas solide, vos appareils. Pourtant je ne l’ai pas jeté de haut! » MICKAËL OURGHANLIAN (BOURG-EN-BRESSE) Luthier et psy Une violoncelliste pousse la porte de l’ate-

lier, manifestement angoissée, elle joue le soir même un concerto. « Mon instrument ne sonne pas!» se plaint-elle. Pas de problème, nous allons faire un réglage et tout ira bien. Nous y passons quinze minutes, une demi-heure, une heure ! Et toujours pas de satisfaction de la cliente. Je commence à ne plus rien entendre et lui conseille de faire une pause : « Allez boire un café, je continue le réglage. » Elle revient, essaie l’instrument… qui sonne merveilleusement. Elle repart, ravie. Pendant tout le temps où elle était allée boire son café, j’avais laissé son instrument sur un établi, sans y toucher… Ah, la psychologie du musicien ! Dégât des eaux Un musicien arrive à l’atelier et nous explique que son violon, un magnifique Guersan, a passé douze heures dans sa boîte… sous l’eau ! J’ouvre la boîte en tremblant et je découvre un puzzle de 70 pièces. Cela m’a demandé six mois de travail pour le remettre en état. Plastique Une prof de violon m’envoie un élève dont le violon ne sonne, selon elle, « franchement pas terrible ». Il m’explique l’avoir acheté… à la Fnac ! Drame : le manche, la volute et la touche sont en plastique. J’essaie toujours de faire ce que je peux pour rendre ce genre d’instruments aussi jouable que possible, y perdant souvent du temps et de l’argent, mais là j’ai capitulé. • Propos recueillis par Suzanne Gervais

INSTRUMENTS & ÉDITIONS

Un crowdfunding pour l’épicéa du Val di Fiemme A la suite des tempêtes de cet automne, la manufacture italienne Ciresa, spécialisée dans le bois de lutherie, doit gérer les arbres déracinés. Un travail de grande ampleur.

Vous vous souvenez certainement des terribles tempêtes qui ont frappé le nord de l’Italie en octobre dernier. Dans le nordest, la région du Val di Fiemme et la parc national de Panaveggio ont été durement touchés, avec des milliers d’arbres déracinés. En dehors du désastre écologique qui doit mobiliser chacun d’entre nous, cette catastrophe naturelle – qui est peutêtre une illustration supplémentaire du désordre climatique mondial – touche indirectement les musiciens. En effet, le climat particulier de cette région favorise la pousse très lente d’un épicéa d’une qualité exceptionnelle, recherché par les grands luthiers de Crémone il y a plus de trois siècles, comme par ceux de notre temps : fabricants de guitare, facteurs de clavecins ou les pianos Fazioli, dont les locaux sont situés non loin du Val di Fiemme. L’épicéa utilisé pour les instruments de musique est âgé de 150 à 200 ans, c’est dire si la replantation mise en œuvre ne produira pas ses effets tout de suite. De son côté, la manufacture régionale Ciresa, spécialisée dans le travail du bois de lutherie, se trouvé confrontée à une problème inédit : en temps normal, elle gère 350 à 400 mètres cubes de bois chaque année, or, avec les chutes d’arbres, elle pourrait avoir à traiter 1 300 à 1 500 mètres cubes, selon son directeur Fabio

Ognibeni. L’idée est donc de récupérer le maximum d’arbres déracinés, compatibles avec les exigences spécifiques des bois de lutherie. Face à ce défi, les difficultés ne manquent pas. En effet, Ciresa doit surmonter deux écueils. Il faut d’abord ramasser autant d’arbres que possible avant le mois de juin, la saison chaude favorisant le développement des insectes et de la moisissure. Un arbre “infesté” sera réservé à l’utilisation en bois de chauffe ou terminera en emballage ou palette. Triste fin pour le roi des bois de lutherie ! La deuxième difficulté est financière, car pour acheter ce bois puis le traiter convenablement, Ciresa va devoir investir des sommes qui dépassent ses capacités de trésorerie. L’entreprise transalpine a donc lancé une campagne de crowdfunding pour réunir les fonds nécessaires. Les donateurs peuvent donner 80, 150 ou 300 euros. Pour les luthiers il pourra s’agir d’une avance sur des commandes futures en épicéa du Val di Fiemme, tandis que le particulier mélomane, sensible à la préservation de ces arbres exceptionnels vieux de deux cents ans, pourra se voir restituer la somme au bout de trois ans maximum. Chaque donateur se verra remettre un certificat et un objet souvenir fabriqué en épicéa du Val di Fiemme. > www.ciresafiemme.it • Marc Rouvé LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 518 — JANVIER 2019 — 21

INSTRUMENTS & ÉDITIONS

L’AGENDA DES COMPOSITEURS

Festival Présences: Wolfgang Rihm à l’honneur La première édition conçue par le compositeur Pierre Charvet, chargé de la création à Radio France, a comme fil rouge Wolfgang Rihm (après Thierry Escaich l’an dernier et la Finlandaise Kaija Saariaho avant lui). On a hâte de découvrir la nouvelle pièce du compositeur allemand, écrite à l’intention du pianiste Bertrand Chamayou. Les formations “maison” – notamment l’Orchestre philharmonique de Radio France, qui avait été créé pour défendre la création – seront aussi à l’honneur. On aura l’occasion d’entendre, pour la première fois, la Fantaisie Concerto de Graciane Finzi avec l’altiste Marc Desmons, mais aussi des créations

> KAROL BEFFA:

Le roi qui n’aimait pas la musique par Karol Beffa, piano, Renaud Capuçon, violon, Yan Levionnois, violoncelle, et Paul Meyer, clarinette, à Gstaad (Suisse), le 29 janvier, puis avec Geneviève Laurenceau, violon, Bruno Philippe, violoncelle, et Paul Meyer, clarinette, à Bordeaux, le 1er février; Five O’Clock par l’ensemble Ouranos à Villefontaine (38), le 29 janvier; Deux études par Tristan Pfaff, piano, à Paris (salle Cortot), le 7 février. > RÉGIS CAMPO:

Ouverture en forme d’étoiles par l’Orchestre régional de Cannes, le 3 février.

> ÉDITH CANAT DE CHIZY:

Pluie, vapeur, vitesse par l’ensemble Norrbotten Neo à Pitea (Suède), le 4 février.

> GUILLAUME CONNESSON:

Timoul par l’ensemble instrumental du conservatoire de Houilles (78), le 19 janvier; Concerto pour violoncelle par Jason Love et l’orchestre de Columbia (Caroline du Sud), le 9 février; Eiréné par l’Orchestre royal du Concertgebouw en tournée aux Etats-Unis du 10 au 15 février. > GRACIANE FINZI: création de Winternacht par Agnès Pyka, violon, et Laurent Wagschal, piano à Noisiel (77), le 29 janvier; Par-delà les étoiles par François Pineau, violon, et l’Orchestre philharmonique d’Irkoutsk (Russie), le 16. > SUZANNE GIRAUD:

La Rivière, 2e Concerto pour basson et ensemble par Mehdi El Hammami et l’ensemble 2e2m, à Paris (CRR), le 15 janvier; Envoûtements pour violon et L’Albatros pour violon baryton par Stéphane Tran Ngoc, à Paris (CRR), le 29. > MICHAEL JARRELL:

Aquateinte par l’Orchestre symphonique de Berne (Suisse) et François Leleux, hautbois, les 19 et 20 janvier; Etudes de Debussy par l’Orchestre de chambre Nouvelle-Aquitaine à Bordeaux, le 20. > PHILIPPE LEROUX: création de L’Epais par l’ensemble Court-circuit, à Paris (CRR), le 22 janvier; Continuo(ns) par l’ensemble Cairn, à Orléans, le 30; De la vitesse par l’ensemble de percussions de la Haute Ecole de musique

pour effectifs plus réduits comme Circonstances de la nuit d’Yves Chauris par Nicolas Hodges, piano, ou encore Modicum de Diana Soh par l’ensemble Court-Circuit… Au programme également, L’Eclair d’après Rimbaud de Hugues Dufourt par Vanessa Benelli Mosell et Sébastien Vichard, piano, Florent Jodelet et Adélaïde Ferrière, percussions ; Uncut, solo pour orchestre n° 7 de Pascal Dusapin, Babylon Suite de Jörg Widman par l’Orchestre national de France et le quatuor Unbreathed de Rebecca Saunders par les Diotima… On notera la présence de plusieurs compositrices dans cette édition. Du 12 au 17 février.

de Genève, le 6 février; Airs par Louis-Philippe Bonin, saxophone, et David Therrien-Brongo, percussions, à Montréal, le 10; Ama par Claudia Chan, piano, à Paris (maison Heinrich-Heine), le même jour. > BRUNO MANTOVANI:

Cadenza n°1 par Gilles Durot, percussions, et l’Ensemble intercontemporain,à Helsinki (Finlande), le 9 février. > BENOÎT MENUT:

Symphonie pour une plume par l’Orchestre national d’Ile-de-France, à Brunoy, le 8 février, Villeparisis, le 14, Paris (Philharmonie), le 16, Créteil, le 19.

> ZAD MOULTAKA:

The Towers of Beirut par Aline Goffine, soprano, et le Hermesensemble, à Anvers (Belgique), le 26 janvier.

> TRISTAN MURAIL:

La Conquête de l’Antarctique par Marie-Ange Nguci, ondes Martenot, à Nantes, le 2 février; Cailloux dans l’eau par François-Frédéric Guy, piano, à Londres, le 11. > OLIVIER PENARD: Les Eaux filigranes par l’orchestre d’harmonie du Conservatoire de Bruxelles, le 15 février. > GÉRARD PESSON:

Panorama, particolari e licenza par l’ensemble TM+, Sylvia Vadimova, soprano, et Marc Desmons, alto, à Nanterre, le 18 janvier. > PASCAL ZAVARO: Le Pays éloigné par le quatuor Daphnis, à Tremblay-en-France (93), le 16 février.

RÉSIDENCES À LA VILLA KUJOYAMA : APPEL À CANDIDATURES POUR 2020 Equivalent de la villa Médicis, mais au Japon, la villa Kujoyama, pilotée par l’Institut français, accueille chaque année une quinzaine de compositeurs en résidence dans la campagne de Kyoto. Trois dispositifs sont proposés: en solo, en binôme français, ou en duo avec un musicien japonais. La durée des résidences est de deux à six mois selon les projets. Envoi des projets de création jusqu’au 7 février. > bit.ly/1sAtb8Y

Pour annoncer votre actualité, dans cette rubrique : 01 56 77 04 00 | [email protected] 22 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 518 — JANVIER 2019

INSTRUMENTS & ÉDITIONS

PARTITIONS Agir éditions

Anthony Girard:

– L’Etoile Aldébaran pour deux violons – Les Ailes de l’émotion pour violon et piano – A Butterfly on the Bow pour violoncelle seul – Qui suis-je? pour flûte (et un crotale ad libitum) – Féerie pour flûte et piano – Allègement pour deux guitares – La Vérité rêvée pour cor et guitare (ou violoncelle et guitare) Debussy: Trois préludes (“Ondine”, “Canope”, “Général Lavine – eccentric”), arr. pour flûte, harpe et trio à cordes par Anthony Girard

Artchipel PIANO

Philippe Schœller:

Trois préludes

MUSIQUE VOCALE

Benoît Menut : Quanta

pour soprano, violon, violoncelle et piano Guy Reibel: “Musaïchœurs” vol.2 pour chœur avec meneur MUSIQUE DE CHAMBRE

Philippe Schœller: Vénus Philia pour piano et harpe

Bärenreiter

MUSIQUE DE CHAMBRE

Saint-Saëns :

– “Les quatuors à cordes”, éd. Fabien Guilloux; partition d’étude – Quatuor n°1 op.112 (parties séparées) – Quatuor n°2 op.153 (parties séparées)

Billaudot PIANO

Igor Shamo: Tableaux de

peintres russes (moyen) SAXOPHONE

Julien Dassie : 8 Clos

pour duo de saxophones (facile) Victor Herbiet: Haze and Blaze pour saxophone alto ou clarinette (facile) MUSIQUE VOCALE

Thierry Escaich:

Question de vie (sur des textes de Victor Hugo, Charles Baudelaire, Boris Vian) pour chœur mixte et accordéon Ohana: Cinq chansons populaires espagnoles, arr. pour voix et guitare par Jean Horreaux (moyen) MUSIQUE DE CHAMBRE

Sébastien Paindestre:

– “Clariana Jazz Pop”, 24 pièces pour clarinette et piano ou accompagnement en ligne

– “Saxiana Jazz Pop”, 24 pièces pour saxophone alto ou accompagnement en ligne Thierry Escaich: – L’Aube exaltée pour sextuor à cordes – Ground I pour saxhorn en ut (ou saxophone baryton) et accordéon FORMATION MUSICALE

Mickaël Le Padan:

Les Essentiels de la musique “Le rythme” Catherine Mechain: Les Essentiels de la musique “La théorie” Dominique Millet: Les Essentiels de la musique “La lecture de notes”

Editions buissonnières SAXOPHONE

“Suites irlandaises” (Princess Royal, Slieve Gallen, Blind Mary) arr. pour quatuor de saxophones par Georges Boulestreau MUSIQUE DE CHAMBRE

Hervé Lesvenan: Arcobaleno pour instrument à vent et piano; avec CD Yves Pignot et Emile Günter: Tu viens jouer?…. et plus!, 8 séries de pièces en solo ou en duo pour saxophone alto et piano Yves Pignot: Asymétries pour saxophone baryton et piano HARMONIE

Georges Boulestreau: Le Train

de 7h40 pour petit orchestre d’harmonie

Pierre Lafitan PIANO

Servane Mordacq: Midnight

(élémentaire)

ORGUE

Max Méreaux: Prophétie

(élémentaire)

MUSIQUE DE CHAMBRE

Yves Bouillot: Badinage

pour saxhorn basse (ou euphonium) et piano (2e cycle) Alexandre Carlin: Comme une valse pour clarinette et piano (préparatoire) Jean-Noël Garde et Pascal Saint-Léger: La Promenade du chat Minette pour trompette (ou cornet ou bugle) et piano (débutant) Claude-Henry Joubert: Concerto “Drôle d’oiseau!” pour hautbois et piano (2e cycle) Philippe Oprandi: La Concertante pour cor d’harmonie et piano (2e cycle) Bernard Zielinski et Arletta Elsayary: Un café et l’addition! pour percussions et piano (préparatoire)

LIVRES & REVUES Abécédaire Stravinsky dir. Marie Stravinsky, La Baconnière, 2018, 160 p. – 26 € Claude Debussy. La trace et l’écart dir. Pierre Albert Castanet et Jean-Pierre Armengaud, L’Harmattan, 2018, 348 p. – 38 € Compositrices, l’égalité en acte dir. Laure Marcel-Berlioz, Omer Corlaix, Bastien Gallet, CDMC/Editions MF, 2019, 472 p. – 21€ Contribution de la musique congolaise à l’éducation à la citoyenneté. Pour une éthique du musicien par Martin Fortuné Mukendji Mbandakulu, L’Harmattan, 2018, 146 p. – 16 € Debussy et le mystère de l’instant par Vladimir Jankélévitch, Plon, 2019, 324 p. – 21 € (première édition 1976) Musique et littérature en Guyane. Explorer la transdiction par Nicolas Darbon, Classiques Garnier, 2018, 368 p. – 46 €

Sauvage-Ferré. 50 ans de chansons par Michel Trihoreau, L’Harmattan, 2018, 150 p. – 16,50 € Un art de la cohérence. “Different Trains”, Steve Reich par Guillaume Pastre, L’Harmattan, 2018, 224 p. – 24 € Une philosophie de l’écoute musicale par Bruno Deschênes, L’Harmattan, 2018, 222 p. – 23,50 € Lélio n°40: “Prosper, le frère cadet de Berlioz”; “Centenaire Debussy”; “Les Huguenots”… (Association nationale Hector Berlioz, novembre 2018, 88 p.) Orgues nouvelles n°43 : Orgelpark Amsterdam; La basse continue et l’orgue; Rencontre avec David Cassan… (hiver 2019, 52 p . – 20 €) Médecine des arts n°86 : Enseigner le piano aux enfants précoces ; L’influence du chronotype sur le jeu musical; Les troubles du comportement alimentaire… (décembre 2018, 60 p. – sur abonnement)

LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 518 — JANVIER 2019 — 23

Les Prix de l’Ense

5 e E d i t i o n - P a r i s - To u r

Lundi 26 novembre 2018 a eu lieu la cinquième édition de la cérémonie de remise des Prix de l’Enseignement Musical au premier étage de la Tour Eiffel. Ces prix, organisés par la Chambre syndicale des Editeurs de Musique de France, récompensent les actions des enseignants et des structures qui favorisent la pratique musicale en France. Ils ont été décernés par un jury composé de Dominique Boutel, Hélène Bouchez, et Xavier Delette.

L E S L A U R É AT S

MÉTHODE

Estelle Huet - Lyon

Des Oreilles Magiques Méthode pour la formation de l'oreille en cours de violoncelle. Cette méthode originale, à destination des professeurs de violoncelle, est composée de nombreux jeux inédits conçus spécialement pour travailler l'oreille en cinq minutes au début de chaque cours. Elle aborde toutes les dimensions de la formation de l'oreille par des jeux musicaux sans partition, utilisables du tout premier cours jusqu'aux plus hauts niveaux.

CRÉATION

Philippe Boivin / Ensemble C Barré - Marseille

Météoriques Oratorio en trois actes sur un livret de Catherine Peillon, pour chœurs d’enfants, orchestre au collège, musiciens solistes, orchestre symphonique et marionnettes. Cette création en milieu scolaire a mobilisé près de 300 participants durant 18 mois, en étroit partenariat avec plusieurs structures d’enseignement et de diffusion implantées dans le département des Bouches-du-Rhône.

Noémie Van Aerschodt / Fédération des Sociétés Musicales du Gers - Auch

Ciné-Concert L'Orchestre des Jeunes du Gers avide de projets innovants, a produit une création en avril 2017 au Dôme de Gascogne à Auch sur un film muet noir et blanc "Never Weaken" avec l'acteur comique américain Harold Lloyd.

INNOVATION

NoMadMusic - Paris

NomadPlay NomadPlay est une application de réalité augmentée, qui permet à tout amateur de substituer virtuellement à n'importe quel musicien d'un groupe ou orchestre, afin de jouer en immersion, avec défilement de partition automatisé.

w w w. c e m f . f r / l p e m

ignement Musical Eiffel

26 Novembre 2018 L E S L A U R É AT S

MAGASIN

La Machine à Musique - Bordeaux La Machine à Musique Lignerolles est un véritable lieu de vie qui accueille divers types d’événements et d’artistes, que ce soit dans l’univers de la musique mais aussi en passerelle avec la littérature, les arts plastiques et la création. Le secteur musical est au cœur des animations avec l’accueil chaque mois de rencontres de divers types autour de la musique : présentation de livres ou de disques, mini-concerts, présentation d’animations musicales à venir par des acteurs culturels du territoire.

RÉPERTOIRE

Gaëlle Belot / Szymon Kaça - Ivry-sur-Seine

Le Double «Le Double» est né de l’envie de 2 enseignants du conservatoire d’Ivry-sur-Seine, Gaëlle Belot, flûtiste et Szymon Kaça, clarinettiste, de créer un projet artistique autour du répertoire contemporain pour ces 2 instruments. Engagés dans leur pratique artistique et convaincus de l’importance de la transmission de la musique de notre temps, ils ont commandé pour leurs élèves avec le soutien de la ville d'Ivry-sur-Seine 4 pièces pour flûte et clarinette auprès de N.Baba, J.Combier, J.Malaussena et M.Matalon. Ils ont ensuite sollicité les éditions Lemoine pour l'édition d'un recueil «Le Double» regroupant ces 4 pièces.

SPECTACLE

Matthias Champon / Le Tréteau - Saint Denis

L'Autre en Scène L’association le Tréteau, a proposé un projet de médiation et de création d'un spectacle musical. Le projet s'est déroulé sur 2 ans, sur le temps scolaire, sous forme d'ateliers, avec des élèves de CM1/CM2 de Saint-Denis et Paris, autour de la thématique de « l’Autre ». La composition musicale a été confiée à Vincent Wavelet.

Centre de Musique Baroque de Versailles

Générations Lully Générations Lully invite près de 1 000 Trappistes à la découverte et à la création artistique autour de la musique baroque française. Le CMBV propose aux habitants, aux acteurs sociaux et culturels de Trappes et leurs publics, un parcours artistique autour de l’œuvre du compositeur Jean-Baptiste Lully, inventeur de l’opéra français.

PRIX SPÉCIAL DE LA CEMF Le CRÉA d’Aulnay-sous-Bois Le CRÉA, est une structure unique en France d’éducation artistiques et de créations vocales et scéniques de haut niveau accessible à tous. Dirigé par Didier Grojsman et Christian Eymery, parrainé par Natalie Dessay, le CRÉA centre de création vocale et scénique, offre la possibilité à des enfants et adultes de pratiquer le chant et les arts de la scène sans sélection ni audition. Chaque année, 130 interprètes sont accueillis au sein de 4 formations vocales selon leur âge.

Les membres de la CEMF EDIT I O N S H E N RY L E M OI N E - G E R A R D B I L L AUDOT EDIT EUR - DUR A ND - SA LA BERT - ESCH IG AL PH O N S E L E D U C E D I T I ON S - L E C H A N T DU MO NDE - EDIT IO NS ENO CH - EDIT IO NS CO MBRE EDIT I O N S HIT

M U S I C A L E S T R A N SAT L A N T I QU ES

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INSTRUMENTS & ÉDITIONS

DISQUES Ad Vitam

Dux

Karol Beffa: Douze études

par Tristan Pfaff, piano

Alpha

“De vez en cuando la vida: Joan Manuel Serrat y el siglo de oro”: chansons de Joan Manuel Serra, Valls, Ribayaz, Cabanilles, Mompou… par Mariana Flores et Maria Hinojosa, soprano, Giusepinna Bridelli, mezzo, Leandro Marziotte, alto, Valerio Contaldo, ténor, Hugo Oliveira, basse, et la Cappella Mediterranea (dir. Leonardo Garcia Alarcon)

Aparté

“L’Alessandro Amante”: airs de Bononcini, Haendel, Pescetti, Steffani, Draghi, Mancini, Vinci, Leo, Porpora par Xavier Sabata, contre-ténor, et l’ensemble Vespres D’Arnadi (dir. Dani Espasa, clavecin) Berg : Suite lyrique; Schubert : Quatuor “La Jeune Fille et la Mort”; par le Novus Quartet Couperin : “Les Nations” par Les Talens Lyriques (dir. Christophe Rousset, clavecin); 2 CD Mozart: Sonates KV282, 310, 332, Rondo KV511, par Fabrizio Chiovetta, piano Schubert: Lieder orchestrés par Brahms et Webern (extraits de La Belle Meunière, Le Voyage d’hiver, Le Chant du cygne, Gruppe aus dem Tartarus, Du bist die Ruh…), Symphonie n°7 “inachevée”, complétée par Benjamin-Gunnar Cohrs

Claves

Othmar Schoeck :

Vom Fischer un syner Fru, cantate dramatique, par Rachel Harnisch, soprano, Jörg Dürmüller, ténor, Jordan Shanahan, basse, le Collegium Musicale de Winterthur (dir. Mario Venzago)

L’ORGUE AUTREMENT

Bach: “Trois sonates pour violon et clavecin BWV10141016” par Aleksandra Bryla, violon, et Maria Banaszkiewicz-Bryla Corneliu Dan Georgescu: Model Mioritic par le Chœur et l’Orchestre philharmonique de Cluj (dir. Petru Zbarcea et Emil Maxim) Pawel Lukaszewski: “Beatus Vir” (Beatus Vir, Hommage à Edith Stein…) par le Collegium Cantorum de Czestochowa (dir. Aleksandra Zeman) Wojciech Lukaszewski: “Mélodies et œuvres chorales” (Trois épisodes funèbres, Piesni Ksiezyca, Triptyque, Mélodie sur les soldats de Westerplatte, Nike, Ode à Gdansk) par les solistes Anna Malewicz-Madey, Anna Mikolajczyk, Janusz Borowicz, la Camerata Vistula (dir. Jan Lukaszewski), l’Orchestre philharmonique de Czestochowa, le Chœur de chambre polonais et l’Orchestre symphonique de la radio polonaise Octavian Nemescu: “Apokatastasis” (NonSimfonia V et PreSimfonia VI) par l’Orchestre national de la radio roumaine (dir. Horia Andreescu) Paderewski: “Œuvres pour piano” (Menuet op.14 n°1, Nocturne op.16 n°4, Toccata “Dans le désert” op.15, Mélodie op.16 n°2, Sonate op.21) par Radoslaw Sobczak, piano Szymanowski: “Œuvres pour piano” (9 Préludes op.1, Sonate n°2 op.21, Mazurkas, Etude en si mineur op.4 n°3) par Radoslaw Sobczak, piano Zeidler: Messe en ré majeur par Anna Radziejewska, Jaroslaw Brek, Karol Kozlowski, Aleksandra Kubas-Kruk, la Camerata Silesia de Katowice et le Sinfonia Varsovia (dir. Jerzy Maksymiuk)

Encelade

Merci pour le son

“Le Clavecin mythologique”: pièces de d’Anglebert (Les Songes Agréables d’Atys, Passacaille d’Armide, Les Sourdines d’Armide), Couperin (Les Satires, Les Sylvains, Les Ombres errantes), Rameau (L’Entretien des Muses, Les Cyclopes), Forqueray (Jupiter), Royer (L’Imagination, Allemande, La Sensible, La Marche des Scythes), Duphly (Médée, Les Grâces) par Anne Marie Dragosits

Jean-Marc Singier: “Farandoles de bribes” (Accents dessus, dessous… du flux, du flou…, des axes; Farandoles de bribes, en ribambelles; Triés, pétris, pêle-mêle…; Appendices; Fragments distincts, fouillis d’instants; Elans, saccades, et biais du flux; Rouages d’œillades, voire…) par Florent Jodelet, percussions, Marie-Josèphe Jude, piano, et l’ensemble Fa (dir. Dominique My, piano)

ICSM Records

“Abendmusiken”: pièces de Theile (Sonata duplex a 3), Buxtehude (Sonate en ut majeur BuxWV266, Sonate en sol majeur BuxWV271), Erlebach (Sonata quinta en si bémol majeur), Reinken (Hortus Musicus IV en ré mineur) par l’ensemble Stravaganza (dir. Domitille Gilon, violon, et Thomas Soltani, clavecin) Vivaldi: Les Quatre Saisons par les Solisti Aquilani (dir. Daniele Orlando, violon)

Pergolèse : Stabat Mater

(restitution d’un manuscrit inédit conservé à la Bibliothèque de Lyon) par les solistes Heather Newhouse, Anthea Pichanick, Hugo Peraldo, Romain Bockler, Paul-Henry Vila et Le Concert de l’Hostel Dieu (dir. FranckEmmanuel Comte, orgue)

Institut européen des musiques juives

“Musique française avant et après la Grande Guerre”: œuvres d’Halphen (Symphonie en ut mineur) et de Ravel (Concert pour la main gauche) par Olivier Herbay, piano, et l’Orchestre symphonique du campus d’Orsay (dir. Martin Barral)

Klarthe

“Reflets”: pièces de Saint-Saëns (Sonate op.168), Koechlin (Sonate op.71, Trois pièces op.34), Fauré (Pièce), Dutilleux (Sarabande et Cortège), Jeanjean (Prélude et Scherzo), d’Ollone (Romance et Tarentelle) par Julien Hardy, basson, et Simon Zaoui, piano Weber: Symphonie n°1 et concertos (Concertino en mi mineur op.45, Adagio et rondo en fa, Concerto n°2 en mi bémol majeur op.74) par Nicolas Baldeyrou, clarinette, David Guerrier, cor, Thomas Bloch, glass harmonica, et l’Orchestre Victor Hugo (dir. Jean-François Verdier)

Muso

Paraty

Chostakovitch: “Intégrale

de la musique de chambre pour piano et cordes” par le DSCH Shostakovitch Ensemble; 2 CD

Stradivarius

Gérard Grisey: Vortex temporum; Fabien Lévy:

Querwuchsig et Querwuchsig et Risala fl-hob- wa fi’lm al-handasa (“petit traité d’amour et de géométrie”); par l’ensemble Prague Modern (dir. Pascal Gallois, flûte)

Autoproduction

“Live in Rome” : pièces de Bach (Suite n°1 BWV 1007), Dimiter Christoff (Il violoncello abbandona la mano destra del pianoforte), Philippe Hersant (Les Ombres de Giverny), Sergio Calligaris (Suite op. 28) par Emilia Baranowska, violoncelle

La place des femmes dans le monde de l’orgue• Orgue et orchestre: une liaison balbutiante• L’orgue numérique: au cœur des controverses• La facture de l’orgue positif• Partitions pour orgue à découvrir• Enseigner l’orgue, entre tradition et innovation• L’orgue en conservatoire, un éclectisme salutaire• Le statut juridique des organistes d’église• Portrait: Baptiste-Florian Marle-Ouvrard, organiste et pilote de ligne• Orgue et neurosciences… Un numéro spécial de La Lettre du Musicien (décembre 2018) à retrouver sur boutique.lalettredumusicien.fr

26 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 518 — JANVIER 2019

PÉDAGOGIE

Est-il possible d’éduquer l’oreille?

Analyse

La violoncelliste et pédagogue Estelle Huet vient de remporter le prix de l’enseignement musical de la Chambre syndicale des éditeurs de musique de France pour sa méthode Des oreilles magiques (à paraître en avril aux éditions Henry-Lemoine). En avant-première, elle nous révèle comment travailler l’écoute, notamment par le biais de jeux.

E

ntrons un instant dans la tête de Yo-Yo Ma, l’un des plus grands violoncellistes actuels, alors qu’il vient d’entamer le premier mouvement d’un concerto devant une salle comble. Dès la première note, il entend que sa corde de la s’est légèrement désaccordée et ajuste son intonation en conséquence. Dans le même temps, il ralentit juste assez pour laisser la flûte solo chanter l’intervalle de sixte ascendante qui mène à la modulation suivante, synchronise son vibrato sur celui du pupitre d’alto et veille à maintenir le poids de son bras sur l’archet pour porter le son jusqu’au dernier balcon. INNÉ OU ACQUIS Toutes ces préoccupations ont une chose en commun : elles ne sont possibles que grâce à l’excellente oreille du musicien, c’est-à-dire à sa capacité à comprendre et organiser mentalement les sons qu’il entend et à y réagir. Peut-on acquérir une telle oreille ? Relève-t-elle d’un talent inné ou peut-on l’acquérir par un apprentissage sans prédispositions particulières ? Dans tous les cas, l’oreille est une construction, entamée dès le plus jeune âge et prolongée tout au long de la formation. Comme une langue, la musique fait appel à un code, spécifique à une culture, et avec lequel on se familiarise par la pratique. Ainsi, l’apprentissage de la musique vise non seulement à apprendre un instrument, mais surtout à forger son oreille. C’est pourquoi il est très utile de consacrer du temps à ce travail durant le cours instrumental, même si c’est déjà l’un des objets du cours de formation musicale. En effet, une bonne oreille est la clé qui permettra à l’élève d’être un jour un musicien autonome, capable d’entendre par lui-même ce qu’il doit améliorer pour progresser. ENTENDRE PAR SOI-MÊME Imaginons une situation absurde. Un maître de tir à l’arc enseigne à son disciple, qui a les yeux bandés, la position parfaite pour envoyer une flèche. Il corrige à chaque essai l’inclinaison du bras, la position de la tête ; après chaque tir de l’élève, il indique : « Un peu plus à droite», « un peu plus à haut »… Cette méthode d’enseignement va certainement aider l’élève à progresser. Mais elle ne lui permet aucun recul : l’élève ne comprend pas ce qu’il fait et n’a pas la possibilité de progresser par

lui-même. Il serait beaucoup plus utile de lui débander les yeux et de réorienter son travail à partir de ce qu’il voit. La situation en cours instrumental est plus ou moins la même. Face à un élève qui n’a pas encore une très bonne oreille, le professeur peut être tenté de corriger chaque défaut un à un : « Monte ton ré… », « Joue moins sur la touche… » Mais à long terme, le plus important est de former l’élève à entendre par lui-même et à réagir en conséquence, pour lui permettre de devenir son propre professeur. Il est toutefois beaucoup plus aisé de débander les yeux d’un tireur à l’arc que d’apprendre à un élève à bien utiliser ses oreilles. L’une des difficultés pour le professeur de violoncelle vient du fait qu’il ne peut savoir ce que l’élève entend : certains élèves “chantent” intérieurement toutes les notes dans leur tête lorsqu’ils jouent, d’autres réfléchissent seulement de façon motrice (2e doigt, 3e corde…) et n’ont pratiquement aucun chant intérieur.

Travailler son oreille, c’est la sculpter de la manière la plus complète possible. OREILLE MÉLODIQUE, HARMONIQUE… D’ailleurs, à quoi correspondrait pour un musicien le fait de débander les yeux du tireur à l’arc ? L’oreille est en fait multiple et possède de nombreuses facettes qui peuvent être inégalement développées chez une même personne. Pour la plupart des personnes, elle évoque uniquement l’oreille mélodique, c’est-à-dire la faculté à reconnaître les hauteurs de manière relative ou absolue. Mais l’oreille ne se limite absolument pas à cette capacité. C’est aussi elle qui permet de saisir l’harmonie, par exemple au musicien de jazz d’improviser sur une grille d’accords qu’il ne connaît pas, ou à l’organiste d’harmoniser à vue. Cette oreille harmonique se complète d’une oreille tonale, propre à une culture musicale : ainsi un quartettiste est-il capable d’ajuster l’intonation au comma près selon la fonction de chaque note dans la gamme. L’oreille permet aussi d’organiser les rythmes entendus comme une suite intelligible, à l’image du percussionniste qui, entendant une balle tomber LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 518 — JANVIER 2019 — 27

PÉDAGOGIE

dans l’escalier, visualise mentalement la transcription exacte du rythme résultant. C’est encore elle qui est à l’œuvre lorsqu’un musicien joue par cœur, improvise, se synchronise avec les autres interprètes lorsqu’il joue en groupe… Contrairement à l’apprentissage de la lecture, par exemple, la formation de l’oreille n’est pourtant pas une série établie de compétences à acquérir et ce pour deux raisons : tout d’abord, parce qu’elle est fortement spécifique à une culture et à un instrument – là où un pianiste comprendra à la première écoute une polyphonie complexe, un flûtiste pourra être beaucoup plus attentif à la couleur du timbre et à la qualité du vibrato. Ensuite parce que l’oreille peut être affinée sans limite : ainsi l’entomologiste finlandais Olavi Sotavalta était-il capable de déterminer la fréquence des battements d’ailes d’un insecte en utilisant uniquement son oreille absolue. CHANT ET JEUX D’IMAGINATION Travailler son oreille, c’est donc la sculpter de la manière la plus complète possible. C’est forger une manière d’entendre. C’est pourquoi, à peine sortie des mes études de violoncelle et de pédagogie en Autriche, et venant d’être nommée à mon premier poste en tant que professeur de violoncelle, j’ai cherché des méthodes pour aider mes élèves à développer leur oreille. Elles s’organisent en quatre axes principaux, qui s’appuient sur différentes facettes de l’oreille. Tout d’abord, l’élève doit être capable d’imaginer les sons dans sa tête et d’affiner ses perceptions auditives. Pour cela, le recours au chant et aux jeux d’imagination sont des moyens privilégiés. Ensuite, l’élève doit progressivement apprendre à faire le lien entre ce qu’il entend et la théorie, c’est-à-dire être capable de comprendre

DEUX EXEMPLES DE JEUX Dans ma valise, il y a… Le professeur et l’élève inventent ensemble une série de notes la plus longue possible en les ajoutant une à une, chacun son tour. ⇒ Mémoire, concentration, imitation. Attrape-moi si tu peux! Tandis que le professeur tient une note, l’élève glisse sur la même corde en partant du grave, jusqu’à trouver l’unisson. ⇒ Intonation, finesse de l’écoute, se repérer sur le manche.

28 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 518 — JANVIER 2019

et de nommer ses perceptions. Enfin, l’élève doit développer sa mémoire : retenir des rythmes, des mélodies, se rappeler la “sensation auditive” des intervalles. Ces trois premiers axes mènent naturellement à l’improvisation, qui fait appel à tous les aspects qui font qu’un musicien a une bonne oreille et les synthétise. Ainsi, j’ai inventé de nombreux jeux que je pratique avec mes élèves pendant cinq minutes au début de chaque cours, en les adaptant au niveau de chacun. Ils sont devenus un rituel que les élèves attendent avec impatience et qui leur permet à la fois d’“accorder leurs oreilles” en début de cours et de faire des progrès de long terme dans des domaines divers : motivation, concentration, mémoire, sonorité, intonation, aisance sur le manche, conscience harmonique… Pratiqués sans partition, ils sont l’occasion pour l’élève de prendre du recul. Pour donner une comparaison, introduire dans le cours un moment de jeu sans partition a le même effet que de passer, au théâtre, d’une étude de texte derrière un bureau à une séance d’improvisation. Cela permet tout simplement à l’élève de prendre conscience du fait que le violoncelle est un instrument pour s’exprimer musicalement. UNE BOÎTE À OUTILS POUR LES PROFESSEURS A la demande de nombreux collègues, j’ai regroupé ces jeux dans une méthode, Des oreilles magiques, dont l’originalité est de s’adresser non pas aux élèves, mais aux professeurs. En effet, certains enseignants souhaitant sortir du cadre traditionnel “gammes – études – morceaux” peuvent rechercher de nouvelles idées dans ce but. Ce recueil propose une véritable “boîte à outils”, source d’inspiration pour les professeurs en quête de créativité pédagogique. En plus d’aider les professeurs de violoncelle à enseigner la formation de l’oreille, la méthode implique toute une vision du cours instrumental. Sur la base des jeux proposés, elle invite le professeur à inventer et à expérimenter, tout en mettant l’accent sur le jeu et l’imitation. L’élève ne voyant pas la méthode, une relation de transmission orale entre le professeur et l’élève s’installe, qui est particulièrement propice pour se focaliser sur l’écoute. Les jeux s’adressent à des élèves de tous niveaux, mais s’adaptent aussi aux cours collectifs, aux cours de musique de chambre ou d’orchestre. Au-delà du débat entre oreille innée ou acquise, un postulat fonde toute pédagogie : tout peut s’acquérir par l’apprentissage, et c’est par la recherche constante d’outils adaptés que le professeur parvient à faire progresser même les élèves qui semblent avoir un plus petit potentiel au départ. J’espère qu’avec cette méthode les professeurs trouveront beaucoup d’inspiration et de nouvelles idées pour leurs élèves. Je suis convaincue que l’expérimentation et la créativité pédagogique sont des clés non seulement pour le développement des élèves, mais aussi pour l’épanouissement professionnel des enseignants ! • Estelle Huet

Pour annoncer vos manifestations, stages, concours : 01 56 77 04 00 [email protected]

PÉDAGOGIE

RENCONTRES & FORMATIONS Paris Facture pianistique à Cortot 2 février L’association La Nouvelle Athènes réunit pianistes, journalistes et facteurs afin de présenter les spécificités et les évolutions des pianos français, italiens et autrichiens entre 1750 et 1830. Avec Edwin Beunk, facteur de pianos, Aurélien Delage, claveciniste et fortepianiste, et les pianistes Alain Planès et Edoardo Torbianelli. > sallecortot.com

Se former à l’Ircam 16 février L’Institut de recherche et coordination acoustique/ musique ouvre ses portes afin de présenter l’intégralité de ses formations. Entre autres: les différents cursus de composition et d’informatique musicale, le master Atiam avec Sorbonne Université et Télécom ParisTech, le design sonore avec l’Ecole supérieure d’art et de design Tours-Angers-Le Mans ainsi que le doctorat en

composition en partenariat avec Sorbonne Université. > www.ircam.fr

L’art de l’écoute à Paris 23-25 février Michel Chion, compositeur et réalisateur, propose une formation intitulée “Vivre avec les sons par la pratique des écoutes”. L’objectif de ce stage est de prendre conscience de la façon dont nous écoutons la musique et les sons à travers plusieurs exercices pratiques, dont des ateliers de captation sonore. > michelchion.com

Orgue et piano dans le Val-d’Oise 22-26 avril (inscriptions >20 janvier) L’organiste Thomas Lacôte, le pianiste Bertrand Chamayou et Yves Balmer, professeur d’analyse musicale, animeront une classe de maître consacrée à Franck. Les étudiants organistes joueront sur le Cavaillé-Coll de l’abbaye de Royaumont. > www.france-orgue.fr

Régions Direction de chœur à Bordeaux 12-13 janvier Chefs et enseignants de chant choral, mais aussi étudiants et passionnés sont invités à se rencontrer durant deux jours afin de partager leurs expériences à l’occasion d’ateliers de chant et de théâtre, tables rondes et conférences. > artchoral.org

Tango, harpe et chant à Caen 19-20 janvier L’association Nevel organise une formation de harpe avec Mahel Lhopiteau

(deux ans de pratique minimum), de percussions avec le batteur Sébastien Auguste, et de tango instrumental avec le guitariste Nicolas Delabroise (tous niveaux). Ces trois formations sont accessibles aux personnes atteintes de handicap visuel et moteur léger. > www.le-far.fr Musique et arts plastiques à Strasbourg 8 février La 7e Journée des jeunes chercheurs du Groupe de recherches expérimentales sur l’acte musical portera sur “La musique dans les autres

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PÉDAGOGIE

CONCOURS

MUSIQUES DU MONDE À MARSEILLE Du 18 au 22 février, la Cité de la musique organise cinq formations à destination des organisateurs de concerts, responsables de programmation, musiciens professionnels et enseignants: “Musiques d’Europe centrale”; “La formidable histoire des musiques d’aller-retour à travers l’Espagne, l’Europe, le monde latino-américain et le continent africain”; “Musiques traditionnelles d’Afrique de l’Ouest”; “Musiques traditionnelles d’Amérique du Sud et des Caraïbes”; “Chants et percussions des airs hispaniques autour des coplas”. > citemusique-marseille.com

arts: poïétique, fonction, signification”. L’objectif sera d’évaluer les enjeux esthétiques du design, de la poésie et des installations sonores, du happening et des jeux vidéo. > gream.unistra.fr

Chant corse à Thionville 9-10 février Jean-Pierre Giorgetti, fondateur du groupe de chant polyphonique A Vuciata, propose d’étudier le chant corse sous toutes ses coutures: de l’impulsion à la hauteur des notes en passant par le rythme ou la dynamique. > nest-theatre.fr Jeunes compositeurs au Mans 11-16 février, et 6-12 juillet (inscriptions >4 février) L’ensemble manceau Offrandes organise sa troisième académie de composition. Elle est ouverte à dix compositeurs âgés de 18 à 35 ans. Au programme: une création sur l’œuvre de la poétesse Emily Dickinson. > bit.ly/2Qmf7Sp

Berlioz à Lyon 5 mars A l’occasion de la représentation de Roméo et Juliette, l’Auditorium accueille Bruno Messina, directeur du Festival Berlioz, pour une conférence consacrée au compositeur mort il y a 150 ans. En partenariat avec la Société philharmonique de Lyon.

Harpe dans le Nord 8-10 mars La traditionnelle classe de maître du festival Harpe en Avesnois est assurée par Nancy Hallen, harpe principale de l’Orchestre philharmonique de New York. Cette classe de maître s’adresse aux harpistes étudiant en école de musique ou en conservatoire. Les cours auront lieu à Feignies. > harpeenavesnois.com

Musique de film en Provence 13-23 mars (inscriptions >30 janvier) Le Festival international du film d’Aubagne organise sa traditionnelle classe de maître, en partenariat avec la Sacem et intitulée “Composition musicale pour l’image”. Elle sera animée par le compositeur Christophe Héral. L’objectif est de fournir une composition aboutie pour le ciné-concert de clôture. > bit.ly/2GVgp7x

Informatique musicale à Bayonne 13-15 mai Les Journées d’informatique musicale réunissent, chaque année, interprètes, enseignants, musicologues et développeurs, afin d’échanger autour de la création, de l’analyse et de la pédagogie musicale liée à l’informatique et aux nouvelles technologies. > bit.ly/2QDIyon

> auditorium-lyon.com 30 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 518 — JANVIER 2019

Annonces Harpe à Limoges 22-24 février (inscriptions >29 janvier) Le 10e Concours français de la harpe est ouvert aux candidats du premier au troisième cycle. Le jury est constitué d’Agnès Kammerer, Isabelle Moretti, Véronique Cenuet, Viktor Hartobanu et Yumiko Miura. Pour le niveau excellence, le lauréat se verra offrir une harpe Bardic à 22 cordes ainsi qu’un récital en soliste. > bit.ly/2QTrF8d

Basson dans le Haut-Rhin 22-24 février (inscriptions >22 janvier) Le concours Jeunes Vents bassons a lieu cette année à Mulhouse. Il s’adresse aux élèves de tous les niveaux, âgés de 10 à 20 ans. Les candidats doivent s’inscrire dans quatre catégories suivant leur âge. Une pièce du 20e ou du 19e siècle est à chaque fois imposée. > www.jeunesventsbassons.fr

Claude-Kahn à Paris (piano) 24-31 mars (inscriptions >15 février) Les épreuves auront lieu à la mairie du 9e arrondissement. Agés de 28 ans maximum, les candidats doivent interpréter un programme imposé sans l’aide de la partition. Premier prix: 1000 euros. > claudekahn. info

L’assemblée générale de la

Concours de Lempdes 30-31 mars (inscriptions >11 mars) La ville du Puy-de-Dôme organise la 36e édition de ce concours pluridisciplinaire ouvert aux pianistes, guitaristes, violonistes, altistes et violoncellistes en cours de scolarité. Ils sont répartis en neuf catégories, de la 2e année de premier cycle au troisième cycle. Les prix comprennent une banquette de piano, une guitare, un étui d’alto, un archet de violon ainsi que des bons d’achat de partitions. > ville-lempdes.fr

Cordes à Vienne (Autriche) 11-18 mai (inscriptions >10 mars) Ce concours est ouvert aux violonistes, altistes et violoncellistes de moins de 35 ans. Six grands concertos du répertoire sont au programme de la finale violon et violoncelle, les finalistes altistes devront créer une pièce d’Alexey Shor. Dotation totale de 45000 euros pour chacun des trois instruments. > classicstrings.eu

Orchestre d’harmonie en Seine-Maritime 12 mai Ce concours est organisé par l’Union départementale des société musicales de Seine-Maritime. Suivant le niveau des fanfares, il se déroule dans les communes de Le Houlme, Montville et Notre-Dame-de-Bondeville.

FÉDÉRATION MONDIALE DES

CONCOURS INTERNATIONAUX DE MUSIQUE (FMCIM) aura lieu

à Norrköping, en Suède, le 8 mai. Basée à Genève, la FMCIM représente 122 concours dans 40 pays. Pour la France: le Long-Thibaud-Crespin, les concours de piano d’Orléans et d’Epinal et le concours de musique de chambre de Lyon. Lire notre article sur l’histoire et les missions de cette fédération. > bit.ly/2SXBQWS

PÉDAGOGIE

toussurscene.wixsite.com/concoursmusicfamille

Les formations sont également conviées à animer des concerts dans les communes où se déroulent les épreuves. > cmf-musique.org

Clarinette à Versailles 29-30 juin Fondé par Philippe Cuper, le Concours international Louis-Cahuzac est ouvert à tous les clarinettistes de moins de 32 ans. Les candidats sont répartis en trois catégories (moins de 12 ans, 12-15 ans, plus de 15 ans). > bit.ly/2CnkhtR

Flame à Paris (pluridisciplinaire) 1er-7 juillet (inscriptions >15 février) La 30e édition est ouverte aux pianistes, violonistes, violoncellistes et chanteurs âgés de 6 à 27 ans (32 ans pour les chanteurs). Les épreuves se dérouleront au CRR de Paris. Dotations: de 100 à 1000 euros. Le programme est intégralement libre. > concoursflame2013.com

Pablo-Casals à Prades (composition) 1er-13 août (inscriptions >15 juin) Le concours est ouvert aux compositeurs de moins de 35 ans, qui doivent envoyer une partition inédite pour une formation allant du duo au sextuor avec un instrument obligé: le violoncelle. Le lauréat recevra la commande d’une œuvre chambriste pour l’édition 2020 du festival, rémunérée 5000 euros. > bit.ly/2LU0vcI

Quatuor à cordes à Banff (Canada) 26 août-1er septembre (inscriptions >1er mars) Ce concours est ouvert aux quatuors dont les membres ont moins de 35 ans. Dotation totale de 45000 dollars canadiens (environ 29300 euros). Le premier prix comprend également un programme d’accompagnement au développement artistique d’une durée de trois ans. > www.banffcentre.ca/bisqc

Direction d’orchestre à Besançon 16 au 21 septembre (inscriptions >18 janvier) Le Concours international de jeunes chefs d’orchestre est ouvert aux candidats âgés de moins de 35 ans. Lors de la finale, ils devront créer une pièce commandée par le concours. Grand prix: 12000 euros, accompagnements artistiques et engagements.

Les Européennes de Musique de Chambre

21ème

ILLZACH (France)

Concours International de musique de chambre

4 - 7 avril 2019 17.000 € de prix

Concours ouvert aux ensembles allant du trio au dixtuor, sans distinction de nationalité. Les candidats doivent être nés après le 1er janvier 1984. Date limite des inscriptions : 15 février 2019 à minuit.

Association pour le Développement de la Musique de Chambre

Renseignements règlement et inscriptions -> www.admc68.fr

Conception graphique : Patrick Froesch @ ADMC 2018

CONCOURS MUSICAL DES FAMILLES : LES INSCRIPTIONS SONT OUVERTES La 8e édition se déroulera le samedi 4 mai de 10h à 13h à La Seine musicale de Boulogne-Billancourt, dans le cadre du salon Musicora. Chaque formation disposera de 10 minutes pour se produire; il n’y a pas d’œuvres ni de style musical imposés. La prestation se déroulera en public. Dotation totale de 3000 euros. Inscriptions en ligne sur le site:

ˆ

pole enseignement supérieur

poitiers nouvelle-aquitaine & tours

musique - danse

> festival-besancon.com

Composition pour orchestre d’harmonie 7-9 décembre (inscriptions >9 mai) La ville de Belfort organise la première édition de ce concours de composition d’œuvres pour ensemble de musique actuelle ou orchestre d’harmonie. La forme musicale et l’esthétique sont libres, tant qu’elles correspondent aux effectifs imposés et qu’il ne s’agit pas de transcriptions. Premier prix: 4000 euros. > bit.ly/2PGH9fi

2 0 1 9 - 2 0 DATE LIMITE D’INSCRIPTION 22 février 2019 ÉPREUVES 10 au 26 avril 2019

poitiers tours

CONCOURS D’ENTRÉE DNSPM DE de professeur de musique MASTER

www.polealienor.eu

LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 518 — JANVIER 2019 — 31

PÉDAGOGIE

30e Anniversaire du Concours International « FLAME » 1er au 7 juillet 2019 CRR de Paris PIANO. VIOLON. VIOLONCELLE. CHANT Catégorie A : 6 à 16 ans Catégorie B : 17 à 27 ans et 32 ans pour le chant 25 000 € de prix Date limite d’inscription catégorie B : 18 février Date limite d’inscription catégorie A : 15 mars Informations : www.concoursflame.com Courriel : [email protected]

Orchestres d’harmonie à Paris 6 et 7 juin 2020 (inscriptions >27 avril) La Philharmonie de Paris, l’Association française pour l’essor des ensembles à vent et la CMF organisent le premier championnat national d’orchestres d’harmonie. Six orchestres seront retenus pour concourir. Cette épreuve permettra de sélectionner le représentant de la France au championnat européen d’orchestre d’harmonie, en 2022. > bit.ly/2QKspO0

Nouvelles Jeunes espoirs à Gstaad : l’alto à l’honneur Cette année, neuf altistes en début de carrière se produiront en récital avec piano, tous les jours pendant le festival suisse Sommets musicaux dirigé par Renaud Capuçon (du 25 janvier au 2 février). Parmi eux, les Français Manuel Vioque-Judde, Jean Sautereau et Léa Hennino. Ces jeunes interprètes seront en lice pour deux prix: le prix Thierry-Scherz avec, à la clé, un enregistrement avec le label Claves Records, et le prix André-Hoffmann, d’une valeur de 4500 euros.

Résultats Chopin à Rome (piano) 5 novembre 1er prix: Yuanfan Yang, 21 ans (Royaume-Uni); 2e prix: Soo Jin Cha, 33 ans (Corée); Gen Li, 27 ans (Chine) Gazzeloni à Pescara en Italie (flûte) 5 novembre 1er prix: Natalia Karaszewska, 19 ans (Pologne); 2e prix: Roberta Presta (Italie); 3e prix: Anja Podpecan, 24 ans (Slovénie) CATÉGORIE FLÛTE PICCOLO (31 ANS MAXIMUM) 1er prix: Anastasia Kaneeva (Russie); 3e prix ex aequo: Valeria Di Pietro (Italie) et Agata Glodek (Pologne) RNCM James-Mottram à Manchester (piano) 1er décembre 1er prix: Elizaveta Ukrainskaia, 22 ans (Russie); 2e prix: Knut Hanssen, 26 ans (Allemagne); 3e prix: Hyesu Lee, 27 ans (Corée)

Magda-Olivero à Milan (chant lyrique) 1er décembre 1er prix ex aequo: Dongho Kim, basse, 31 ans (Corée) et Leah Gordon, soprano, 37 ans (Canada); 2e prix ex aequo: Arianna Giuffrida, soprano, 20 ans (Italie) et Youngjun Park, baryton (Corée); 3e prix ex aequo: Chiara Mogini, soprano, 28 ans (Italie) et Airi Sunada, soprano (Japon) Claude-Bonneton à Sète (piano) 2 décembre 1er prix: John Gade, 21 ans, (France); 2e prix: Sayoko Kobayashi, 23 ans, (Japon); 3e prix: Bella Schütz, 16 ans (France); prix d’accompagnement: Ekaterina Renner, 24 ans (Russie), prix du public: Victoria Sol, 24 ans (France)

revuepiano.com Le site de référence des amateurs de piano. Près de trente ans d’articles de fonds accessibles en un clic. Pendant 27 ans, la revue PIANO a publié d’innombrables articles : enquêtes, portraits de pianistes, visites chez les fabricants, dossiers historiques… Plus de 1 000 de ces articles sont accessibles sur le site, constituant ainsi une base de données incomparable.

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CONSERVATOIRES

Directeur de conservatoire: administratif ou musicien? Enquête

Le recrutement des directeurs de conservatoire est devenu un parcours du combattant. Les profils recherchés n’ont jamais été aussi multiples, mêlant compétences musicales, pédagogiques et managériales. Une gageure.

E

n avril dernier, le CRC de Pontarlier faisait paraître une annonce pour le recrutement de son directeur. L’énoncé du poste tenait en trois pôles: «pilotage du projet d’établissement», «direction pédagogique» et «fonctionnement de la structure». Les compétences requises étaient donc nombreuses et diversifiées. Elles s’établissaient en des termes précis: «cadre juridique et fonctionnement des établissements spécialisés», «aptitude au management», en passant par un «environnement territorial et connaissance des procédures administratives et budgétaires». Grand absent de la liste, l’obligation d’une pratique soutenue de la musique, voire d’une carrière de musicien. D’un fonctionnement essentiellement interne tourné vers la pédagogie musicale, les conservatoires possèdent maintenant des missions territoriales, liées à des exigences d’éducation générale, de diffusion artistique et d’animation sociale. La profession de directeur a profondément évolué depuis une vingtaine d’années. Il lui faut être à la fois un musicien, un pédagogue et un habile administrateur. LA QUADRATURE DU CERCLE Directrice de l’action culturelle à Argenteuil, Cassandre Deweine a fait un recrutement de direction pour le CRD. La question du profil entre manager, pédagogue et artiste s’est rapidement posée: «Ce fut un recrutement difficile, raconte-t-elle. Un directeur de conservatoire doit être reconnu sur le plan artistique, mais également être un bon manager. On recherche aujourd’hui la quadrature du cercle. La mission du directeur est complexe: il doit veiller à la gestion d’une école, dans notre cas de 1300 élèves, tout en étant au point sur les questions pédagogiques, budgétaires et sociales.» Après consultation de tous les partenaires, le choix fut porté sur un jeune directeur, musicien, et formé au métier de direction. «Même si on nomme un artiste à la tête d’un conservatoire, il doit maîtriser les compétences de gestion nécessaires. Car la plus belle idée artistique nécessite aussi une expertise dans la gestion humaine et financière. On constate souvent qu’un binôme, dont l’un s’occuperait de la partie artistique et l’autre de la partie organisationnelle, est mis en place pour répondre à ces exigences. Sans doute que ces deux compétences peuvent être réunies au sein d’un seul profil.» Autre impératif, la disponibilité. Etre directeur de conservatoire nécessite d’avoir du temps pour aller aux concerts, gérer enseignants et parents d’élèves, tout en ayant envie d’être innovant dans l’apprentissage de la musique. «Il faut avoir une disponibilité

énorme, conclut Cassandre Deweine. C’est un incontournable. Penser pouvoir télétravailler régulièrement ou disposer de toutes les vacances scolaires me semble illusoire.» PASSION VS RÉALITÉ Cette énergie serait décuplée, selon le compositeur Bernard Cavanna, directeur du CRD de Gennevilliers de 1987 à 2018, si l’on possède, chevillé au corps, l’amour de la musique. C’est l’envie de transmettre son art qui permet aux directeurs de transmettre leur passion aux équipes: «C’est un métier où il faut être musicien. On n’est pas forcément un bon directeur si on a un CA ou un DE; on est un bon directeur ou professeur, si on est exigeant, généreux, patient. Quand on est passionné par la musique, on apporte aux autres l’envie d’approfondir les chefs-d’œuvre d’hier et d’aujourd’hui.» Cette passion peut néanmoins s’échouer au contact des réalités pratiques. Les directeurs doivent jongler

« Trop souvent, les directeurs sont des courroies de transmission pour annoncer les pénuries, les restrictions ou les licenciements. » Suzanne Giraud, ancienne directrice d’un conservatoire parisien

entre des injonctions paradoxales. Aller vers l’excellence des classes d’enseignement, tout en menant des actions de terrain. Faire toujours mieux avec moins de moyens. Un obstacle: les élus qui tendent parfois à instrumentaliser les conservatoires en fonction de leurs objectifs politiques. «C’est un métier qui a beaucoup changé, soutient la compositrice Suzanne Giraud, ancienne directrice du conservatoire du 20e arrondissement à Paris. Lorsque j’ai commencé ma carrière, le directeur devait faire exister le conservatoire dans la ville. Reconnu pour sa compétence, il présentait des projets aux politiques. Maintenant, c’est le contraire. Au lieu de développer l’activité pédagogique et artistique de son établissement, le directeur doit exécuter des ordres qui viennent d’en haut. Trop souvent, les directeurs sont des courroies de transmission pour annoncer les pénuries, les restrictions ou les licenciements.» En cause, le manque d’argent qui débouche sur des économies pour le secteur culturel, et des élus qui LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 518 — JANVIER 2019 — 33

CONSERVATOIRES

parfois, le politique tient à imposer ses visées. « J’ai eu des conflits avec des élus par le passé. Dans une ville de l’ouest de la France, un maire “libéral” ne souhaitait pas développer le service public, de peur que ce dernier ne gêne les écoles privées de danse et de musique. J’ai fini par partir, car l’élu, lorsqu’il est au pouvoir, a toujours raison. » Parfois, les relations peuvent évoluer favorablement. Il faut ainsi s’armer d’obstination : «J’ai actuellement des relations apaisées avec un élu avec lequel j’ai eu, il y a peu, d’énormes conflits, raconte Alain Perpetué, directeur du CRD de Tarbes. Ce qui m’a sauvé, c’est de n’avoir jamais baissé les bras et d’avoir créé des solidarités en interne et en externe. Il n’y a pas de fatalité: l’important est de faire reconnaître le travail fourni. »

souhaitent toujours plus imprimer leurs marques pour légitimer leur pouvoir. Suzanne Giraud a choisi de retourner à l’enseignement (au CRR de Paris) et y a retrouvé une forme de sérénité : « C’est un métier qui met sous pression. Ces pressions viennent d’ailleurs autant des élus que des parents d’élèves. Bien sûr, de cette riche matière humaine naît un enthousiasme souvent fertile, mais le métier de directeur peut être épuisant en raison du stress qu’il génère. » LES RELATIONS AVEC LES ÉLUS Les rapports entre directeurs de conservatoire et élus varient selon les situations. Certains élus n’ont pas toujours conscience du niveau de compétence des directeurs et de la complexité des enjeux. D’autres sont des soutiens fidèles de l’action des établissements culturels. Robert Llorca, directeur du CRR du Grand Chalon, travaille en bonne intelligence avec un élu, luimême ancien élève de conservatoire et musicien confirmé. Mais

LES DANGERS DU FORMATAGE Dans les pôles supérieurs, la problème reste sensiblement le même que dans les conservatoires. Si les pôles supérieurs ont surtout pour mission d’offrir une formation professionnalisante à des musiciens de haut niveau, la demande est également forte d’offrir des services à la population. Pianiste d’origine italienne, Viviana Amodeo est directrice de l’ESM Bourgogne-FrancheComté. Son parcours atypique lui permet d’avoir un recul salutaire : « La France possède des formations d’excellente qualité. Celle pour devenir directeur de conservatoire requiert de grandes compétences. Les profils sont également très diversifiés, puisqu’il existe maintenant différentes familles de la fonction publique, entre filières culturelle et administrative. Mais, comparativement à l’Italie, où tout est beaucoup plus décentralisé et “sauvage”, il existe moins de diversité et de créativité. On s’agrippe souvent à des nouveaux dogmes, si bien qu’on se retrouve dans l’urgence, la pensée unique et le formatage. » Un constat également dressé par Alain Perpétué : « On cherche souvent à uniformiser un enseignement sur l’ensemble du territoire. On impose des objectifs à Suite page 36•••

Directeurs de conservatoire: le diagnostic du CSFPT Un certain nombre des propos tenus par les directeurs et leurs recruteurs est partagé par le Conseil supérieur de la fonction publique territoriale (CSFPT) dans son rapport sur la filière de l’enseignement artistique adopté le 26 septembre dernier*. Tout en soulignant la diversité des compétences et des connaissances requises dans des domaines élargis (encadrement, conduite de projets, management, gestion budgétaire, gestion des ressources humaines…), ses auteurs mettent en cause notamment le développement d’« une pratique de direction des établissements d’enseignement artistique par des fonctionnaires issus de la filière administrative (attaché, administrateur) ». Or, « la nécessité de connaître le champ de

l’enseignement artistique et culturel pour exercer des fonctions de direction » est clairement démontrée : « Les compétences premières d’un directeur relèvent d’artistes-enseignants confirmés, dotés d’une forte légitimité artistique, maîtrisant les processus de transmission des savoirs, savoir-faire et savoir-être fondamentaux nécessaires à une pratique autonome des élèves ou des étudiants. Ils définissent les orientations pédagogiques […], organisent l’offre d’enseignement de manière cohérente et pilotent des équipes pédagogiques comprenant une proportion importante d’enseignants titulaires du DE ou du CA de professeur. Ils sont garants du projet pédagogique et de la qualité des enseignements. » Le rapport évoque aussi la crise des vocations en s’interrogeant sur « l’intérêt à exercer un métier non reconnu,

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non valorisé, avec un temps de travail très important (avec soirées et week-ends), une pression croissante ascendante et descendante, des équipes en souffrance à accompagner dans le changement, la relative méconnaissance des collectivités qui ne voient parfois qu’une masse salariale élevée et non les potentiels à mobiliser pour une mise en œuvre d’une politique culturelle innovante et dynamique de leur territoire en construction». Est aussi signalé à ce propos « l’accroissement significatif de la défense individuelle des directeurs face aux suppressions de postes ». • Matthieu Charbey * Sur le sujet, voir “Statut des enseignants artistiques: les propositions du CSFPT” (LM515 > bit.ly/2RBug7h).

Photographies © isdaT et Franck Alix.

inscriptions jusqu’au 1er mars 2019

Diplôme National Supérieur Professionnel de Musicien, options : — artiste-interprète — pédagogie (DNSPM + DE) en partenariat avec l’Orchestre National du Capitole de Toulouse — préparation au métier d’orchestre — direction d’orchestre

Calendrier d’admission — retrait et envoi des dossiers du 14 janvier au 1er mars 2019

Classes ouvertes d’instrument les 7, 8, 14 et 15 février 2019 programme et inscription sur isdat.fr

— concours / épreuves orales du 18 au 26 avril 2019

isdaT spectacle vivant 37 rue de Metz 31000 Toulouse France

t +33 (0)5 34 30 43 64 f +33 (0)5 61 21 94 52 [email protected] www.isdat.fr

25 ans d’enseignement supérieur musique et danse à Toulouse

décembre 2018 — décembre 2019 programme de la saison anniversaire sur isdat.fr

CONSERVATOIRES

••• Suite de la page 34

des établissements de tailles totalement opposées. L’égalitarisme peut être délétère. » A cela s’ajoute le problème de la rémunération : un directeur commence sa carrière à 2 000 euros et finit sans prime spécifique à 3 200 euros, ce qui est la même somme qu’un professeur de lycée. Une rémunération en fonction du nombre d’élèves de l’établissement peut être un critère à débattre lors d’une réforme. Robert Llorca évoque, lui, la nécessité d’une permanence au niveau de l’Etat et des directions pédagogiques : « Il y a eu tellement de changements d’orientation et d’appellation. Or, les choses évoluent lentement, les textes entrés en application il y a une dizaine d’années commencent à porter leurs fruits. Il ne faudrait pas que les politiques éprouvent le besoin d’imprimer de nouveau leurs marques en apportant de nouvelles réformes formelles et structurelles. Nous avons besoin désormais de stabilité. Laissons les enseignants enseigner et les directeurs de conservatoire diriger!» Un appel vers la direction générale de la Création artistique du ministère de la Culture, qui réfléchit à lancer une réforme des conservatoires. • Laurent Vilarem @laurent_vilarem Commentez cet article sur le site www.lalettredumusicien.fr

ÉCOLES PRIVÉES : L’EXEMPLE DE L’ÉCOLE NORMALE DE MUSIQUE DE PARIS Sans subventions publiques, l’Ecole normale de musique Alfred-Cortot est une institution entièrement privée. Le fonctionnement de l’école ne dépend aucunement des politiques publiques, si bien que la clé de voûte consiste à chercher des financements extérieurs. En poste depuis 2013, Françoise Noël-Marquis vient du monde des affaires. « Je n’ai pas fait le choix de devenir directrice, c’est davantage le désir de mettre toute ma formation et mon expérience dans le secteur privé au service de l’institution aussi rare que magnifique qu’est l’Ecole normale. Mon parcours dans le conseil m’a confrontée à beaucoup de situations et de secteurs différents et me permet d’avoir un regard très comparatif. Selon moi, il existe des profils qui correspondent à certaines étapes d’un établissement ou d’une institution. A l’heure où l’école Cortot se repositionne au niveau européen, mon expérience dans la gestion de projets stratégiques s’avère nécessaire et utile. » Les professeurs ayant souvent davantage de respect pour l’un de leurs pairs à la direction, Françoise Noël-Marquis a craint qu’on lui fasse un procès en légitimité : « Ma plus grande fierté est d’avoir été acceptée dans un milieu qui, à l’origine, n’était pas le mien. Je suis profondément reconnaissante de la façon dont j’ai été accueillie par des enseignants qui sont d’immenses artistes que je respecte profondément. Il faut gagner la confiance, rien n’est jamais acquis, mais ils m’ont laissé faire mes preuves. Aujourd’hui, je me sens sereine, comme si mon passé professionnel s’était uni à ma profonde passion de la musique. Parfois, je ressens simplement une responsabilité écrasante. L’Ecole normale a connu des gens aussi extraordinaires que Cortot, Munch ou Dutilleux… il y a un devoir et une implication à pérenniser cette institution. » • LV

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LA VIE DES ÉTABLISSEMENTS LA NUIT DES CONSERVATOIRES, SIXIÈME ÉDITION Lancée par le Syndicat des personnels des conservatoires et des écoles de musique, de danse et de théâtre (Spedic), la Nuit des conservatoires, qui aura lieu le 25 janvier, concerne les établissements de toute la France. Les conservatoires et les écoles de musique peuvent inscrire leurs événements sur l’agenda mis en ligne par le Spedic. > bit.ly/2RcME64

ÉTABLISSEMENTS SUPÉRIEURS Dijon (ESM) Le 24 janvier, Frac de Besançon, “Flower Power 2”: création d’œuvres d’Alexandros Markeas sur le thème de la liberté par les étudiants de 3e année et la classe de chant (dir. Hans Kretz). Du 31 janvier au 3 février, dans différents lieux de la ville, le festival Révisez vos classiques! propose sept concerts qui présentent une large palette d’œuvres de musique de chambre, du 18e au 21e siècle. La Courneuve (Pôle Sup’93) Le 9 février au CRD d’Aulnay-sous-Bois et le 12 à La Courneuve, concert de l’orchestre symphonique, renforcé d’élèves du CRR’93 (dir. Brian Schembri): Gluck, Mozart, Weber, Beethoven. Lille (ESMD) Le 8 février à Roubaix

et le 9 à Tourcoing, concert “Side by Side”: l’Orchestre de Picardie invite les étudiants de l’ESMD à se produire à ses côtés, sous la direction de Léo Margue, dans un programme Camille Pépin (en résidence auprès de l’orchestre) et Chostakovitch. Lyon (CNSMD) Le 22 janvier, concert électroacoustique et danse: créations des étudiants de François Roux et Michele Tadini (Enrico Fiocco, Johann Philippe, Diane Daher, Sami Naslin, Qingqing Teng). Le 24, “De Vivaldi à Bach, Musikalisch denken”, conférence par Vincent Bernhardt. Le 26, lycée Louis-le-Grand à Paris, concert de l’ensemble en master Libera me (Alice Duport-Percier, Maguelonne Carnus, Isaure Lavergne, Matthieu Jolivet):

MUSIQUE MIXTE À AUBERVILLIERS

Le Pôle Sup’93 et l’Ircam sont associés depuis plusieurs années pour le dispositif pédagogique Parcours musique mixte, qui permet à de futurs professionnels d’aborder le jeu instrumental avec électronique. Le 25 janvier, les œuvres des compositeurs Marta Gentilucci, Kevin Juillerat, Nicolas Tzortzis, Ariadna Alsina Tarrès et Georgia Spiropoulos, seront présentées en concert par les étudiants Taisiya Koleva, Quentin Broyart, Hugo Mirabel, Ambroise Daulhac, Caroline De Nadaï et Paola Aviles. L’encadrement pédagogique a été assuré par Simone Conforti, Grégoire Lorieux, Matteo Cesari et Michaël Andrieu. BACH TRANSKRIPTION À LYON

Les compositeurs du 19e et du 20e siècle n’ont cessé de se nourrir de la musique de Bach et ont produit un catalogue impressionnant de transcriptions et arrangements. Le 1er février, le CNSMD propose une “nuit festive” en trois temps: “JS Bach et le 20e siècle” par les départements claviers, bois, cordes et musique de chambre (Busoni, Nunes, Escaich, Denisov, Webern, Ligeti, Zimmermann); “Bach en jazz” par Dimitri Naïditch, piano, Damian Nueva, contrebasse, et Arthur Alard, batterie; “Marimbach” par la classe de percussions.

CONSERVATOIRES

Telemann, Boismortier, Rameau… Le 29, “De l’usage de Bach…” par les étudiants Charlotte Dumas, orgue, Charlotte Gerbitz, violon, Zuzanna Dubiszewska, traverso, et Pauline Chiama, viole de gambe: Boëly, Bach, Mendelssohn. Le 31, “JS Bach: du violon à l’orgue, les sonates et partitas à l’orgue” par le département de musique ancienne avec Yves Rechsteiner, orgue, et Odile Edouard, violon. Le 8 février, “Notte dell’Introduzione all’oscuro”, nuit festive regroupant l’Atelier XX-21 (dir. Fabrice Pierre) et le département de danse (Anne Martin, chorégraphie): Aperghis, Sciarrino, Scelsi, Schoenberg et création de Manon Lepauvre (étudiante de la classe de composition).

Le 13, Grand Temple, Messe pour double chœur de Frank Martin (+ Victoria, Vaughan Williams, Harvey) par le chœur atelier et l’ensemble vocal et la classe de direction de chœur de Lionel Sow.

concours d’entrée

Paris (CNSMD) Le 23 janvier, L’Odéon à Tremblay-en-France (93), “Les dernières années de Fauré à travers ses nocturnes” par Irène MejiaButtin, présentation, et Théo Fouchenneret, piano. Le 25, concert de la classe de direction d’orchestre d’Alain Altinoglu avec Misako Akama, violon: Bartok. Les 30 et 31, colloque “Apprendre à composer: le compositeur et l’histoire” avec Yves Balmer, Liouba Bouscant, Thomas Lacôte et François Meïmoun. Le 30, création d’œuvres des

18 mars > 24 mai 2019

rentrée 2019 période d’inscription

14 janvier > 11 février 2019

LE PÔLE SUPÉRIEUR DE BOULOGNE-BILLANCOURT EN PÉRIL

Nous vous l’avions annoncé sur notre site, l’année s’est achevée sur fond de crispations pour le PSPBB, qui accuse un déficit de 350 000 euros dans son budget, dû au passage en établissement public de coopération culturelle (EPCC), en 2016. Ce changement de statut juridique a engendré des coûts supplémentaires, soit une augmentation de 20 % du budget de fonctionnement, qui s’élevait auparavant à 4,7 millions d’euros. Or, le passage en EPCC n’a pas donné lieu à une augmentation de la subvention des tutelles, contrairement à ce qui était prévu. Le fonds de roulement, constitué sous le statut d’association, a permis de passer le cap de l’année 2018, mais il n’en va pas de même pour la suivante : lors du conseil d’administration du 19 novembre, le PSPBB n’a pas été en mesure de voter un budget équilibré pour 2019. Les tutelles (ministère de la Culture, communauté d’agglomération Grand Paris Seine Ouest, villes de Boulogne-Billancourt et de Paris) ont demandé à la direction de l’établissement de réaliser des « économies drastiques ». Parmi les pistes proposées : une diminution du temps de cours individuel dans le parcours DNSMP, de 1 h 30 à 1 h 15, ainsi qu’un gel des recrutements de étudiants en DNSPM pour la rentrée 2019. Des propositions qui ont suscité une grande mobilisation de la part des étudiants. Pour le moment, aucune des solutions proposées n’a été adoptée et le vote du budget a été repoussé à la mi-janvier. Nous vous tiendrons, bien entendu, informés. • SG

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CONSERVATOIRES

OPÉRA D’AUJOURD’HUI À PARIS Le 3 février, à la Cité de la musique, seront rassemblés les chanteurs professionnels de l’ensemble Sequenza 9.3, un chœur de jeunes filles issues du CRR d’Aubervilliers et du conservatoire du 19e arrondissement et un grand chœur amateur de femmes de Seine-Saint-Denis pour la création française d’Inedia Prodigiosa, opéra vocal participatif de Lucia Ronchetti (dir. Catherine Simonpietri, assistée de Marie Joubinaux, Edwin Baudo et Hiroshi Hamada). étudiants Samir Amarouche, Daniel Apodaka, Théo Mérigeau et Luis Quintana, par l’Ensemble intercontemporain et des élèves en 3e cycle supérieur du diplôme d’artiste interprète (dir. Simon Proust). Les 8 et 9 février, “D’une ombre heureuse à l’autre: Rameau et Gluck aux Champs-Elysées” par les départements des disciplines instrumentales et des disciplines vocales et le département de musique ancienne (dir. StéphanieMarie Degand). Les 9 et 10, concert d’œuvres de Joe Hisaishi pour les films

de Hayao Miyazaki par le 3D Orchestra sous la direction du compositeur au piano. Le 14, récital d’orgue par l’étudiant Arthur NicolasNauche: Franck, Debussy, Fauré, Jean-Baptiste Robin, Grégoire Rolland. Strasbourg (Hear) Le 4 février, concert Kaija Saariaho par l’ensemble Accroche Note avec la participation du quatuor Adastra et des étudiants de l’Académie. Le 9, concert de l’orchestre d’harmonie (dir. Miguel Etchegoncelay): Tamarit Fayos, Tamas Jordan, Franco Cesarini.

AUTRES ÉTABLISSEMENTS Amiens (CRR) Le 31 janvier, concert de restitution de la classe de maître du tromboniste Denis Leloup auprès des 3es cycles cuivres, percussions et jazz, en prélude aux 3e Rencontres jazz et musiques actuelles. Annecy (CRR) Le 23 janvier à Annecy et le 24 à Chambéry, Hörspiel de Samuel Sighicelli, sur un texte de Pierre Kuentz, par le trio Laurencin (Nadège Gruffat-Poulain, violon, Marie-Laure Brieugne, alto, Virginie Millour, violoncelle) et les classe de théâtre d’Annecy et de Chambéry (direction d’acteurs Muriel Vernet). Le 1er février, concert Rossini, Hummel, Offenbach, Brahms par Natalia Korsak, mandoline, et l’orchestre Stringendo (dir. Jean-Paul Odiau).

AubervilliersLa Courneuve (CRR) Le 18 janvier, concert du quatuor de l’Arsenal (composé de musiciens de la Garde républicaine, dont Fabien Roussel, professeur de violon au CRR): Lutoslawski, Szymanowski, Tchaïkovski. Le 19, “Marathon de musique de chambre” coordonné par Isabelle Grandet et le quatuor Van Kuijk. Aveyron (CRD) Le 19 janvier, les classes de chant et de formation musicale participent à la représentation de Tchikidan d’Etienne Perruchon, aux côtés de 400 choristes préparés par les enseignants Clémence Aguila, Franck Andrieu, Romina Cadiz, Amandine Castang, Carole Duval, Anne Forey, Nathalie Foulquier, Anny-Gaëlle Ivars,

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Joseph Malherbe, Colette Marre, Isabelle Petit, SophieCaroline Schatz et Florence Vandeputte – avec la Musique des parachutistes (dir. Philippe Ballada, Vladimir Khourda et Robert Frantz). Le 25, Rodez, concert des professeurs Nicolas Billi, Frédéric Bonnet, Pierre Caudrelier, Christian Clavère, Lætitia Crouzet, Nicolas Dru, David Ermoin, Dominique Gonzales, Anny-Gaëlle Ivars et Katharina Stalder, dans le cadre de la Nuit des conservatoires.

Belfort (CRD) Le 2 février, l’orchestre Giocoso, les ensembles A la croche et A la double, les classes d’accordéon, de percussions et de danse participent au spectacle “Tanguissimo” aux côtés de Cyril Garac, violon, et d’Alberto Vingiano, guitare, qui donnera une classe de maître le lendemain. Le 8, création de Stellar Wave de Stéphane de Gérando (commande du CRD) par les départements de cuivres et de percussions, les classes de danse contemporaine et de théâtre. Boulogne-Billancourt (CRR) Les 18 et 19 janvier à La Seine musicale, l’orchestre symphonique est aux côtés de la Maîtrise de Paris (dir. Brigitte Coppola et Edwige Parat), François Delporte, guitare, Stéphane Galland, batterie, Frank Woeste, Fender Rhodes, et Zachary Ostroff, basse,

pour la création de Levantine Symphony n°1 d’Ibrahim Maalouf (dir. Michaël Rossi). Le 23, hôtel de ville, concert du Nouvel An par le jeune orchestre symphonique (dir. Pierre Calmelet): Strauss, Brahms, Chostakovitch, Chabrier. Le 27, bibliothèque Paul-Marmottan, concert des professeurs Céline Nessi, flûte, Xavier Gagnepain, violoncelle, et Nicolas Mallarte, piano: Weber, Haydn, Kapustin. Le 10 février, bibliothèque Paul-Marmottan, concert Fauré, Denis Levaillant, Marc Eychenne, Paul Méfano par les professeurs Jean-Michel Goury, saxophone, Yves Monciero, violon, Agnès Vesterman, violoncelle, et Bertrand Denis, piano.

Bourges (CRD) Les 17, 18 et 19 janvier, 3e opus du “Château d’ondes”: portraits sonores orchestrés dans un espace circulaire octophonique par le département de musique électronique et les compositeurs de la Manufacture des arts numériques. Du 25 au 27, “Rencontres de musique traditionnelle de Bourges”: concerts et ateliers avec des artistes invités (Anaïs Beauvais-Hardion, accordéon diatonique, Grégory Jolivet, vielle à roue, Rabah Khettat, flûte, violon, chant, percussions, François Lazarevitch, flûte et cornemuse…). Brest (CRR) Le 25 janvier, concert Dutrieu, Reich, Fitkin, Ellington, Zorn,

PIANO CONTEMPORAIN À PARIS

Le traditionnel week-end consacré au piano contemporain du conservatoire Frédéric-Chopin (15e) aura lieu du 30 janvier au 2 février. Etudiants et professeurs seront rejoints, pour l’occasion, par des élèves du conservatoire franco-américain de Paris (l’école Koenig), du CRR de Rueil-Malmaison et de l’école Vasa-Pavic, au Monténégro. Ils se succéderont dans des pages de Thierry Escaich, Nicolas Bacri, Florent Nagel, Olivier Penard, Bernard Col, Michel Merlet… A noter, la création des Evocations de Jean-Philippe Dartois par la professeure Anne-Lise Hemery, et du concerto de Romain Dumas par Iva Drekalovic.

CONSERVATOIRES

RENCONTRES DES ANCHES SIMPLES EN OCCITANIE Du 24 au 27 janvier, le CRR de Toulouse met en avant la clarinette et le saxophone, avec une classe de maître, des ateliers d’improvisation et un concours (réparti en quatre catégories et doté par les facteurs Buffet Crampon et Selmer). Quatre concerts présenteront toutes les esthétiques: concert Moussorgski, Dachez, Berlioz, Goubert, Debussy par le SaxBack Ensemble; soirée classique par Ronald Van Spaendonck, clarinette, Inessa Lecourt, piano, et le quatuor de saxophones Morphing (Saint-Saëns, Horovitz, Mendelssohn, Ravel); soirée jazz par Stéphane Chausse en quartet; musique d’aujourd’hui, en l’honneur du compositeur Thierry Escaich, avec Claude Delangle, saxophone, Romain Guyot, clarinette, Odile Delangle, piano, l’ensemble de saxophones du CRR (dir. Philippe Lecocq) et l’orchestre à cordes supérieur (dir. Gilles Colliard).

Mellits… par les saxophonistes Stéphane Sordet et Nicolas Prost (qui donnera une conférence et une classe de maître les 15 et 16 mars). Cannes (CRD) Le 8 février, ciné-concert sur Le Fantôme de l’opéra de Rupert Julian (1925) par les classes de MAO de Florian Gourio et de composition de Marybel Dessagnes. Cergy-Pontoise (CRR) Le 1er février à l’auditorium et le 2 à Maurecourt, concert des professeurs Haïk Davtian, violon, Daria Fadeeva, piano, et Christophe Roy, violoncelle: Schumann, Brahms. Clermont-Ferrand (CRR) Le 20 janvier, “Rencontres Percutonic” avec l’ensemble Akroma, l’association des professeurs de percussions de la région (ClermontFerrand, Le Puy-en-Velay, Issoire, Aurillac) et des musiciens du CRD du Puy-en-Velay. Le 3 février, La Petite Gaillarde, “Petit théâtre de Mozart: La Flûte enchantée” par les professeurs Manon Adolphe et Jean-Cyprien Chenberg, comédiens, Raphaël Chenot et Hélène Friberg, violon.

Lorient (CRD) Le 19 janvier, “Vous avez dit clavecin ou pianoforte?”, conférence illustrée par Jean-François Nestour clavecin, Marie-Astrid Arnal, pianoforte, et Jacques Coïc, facteur de pianoforte. Le 20, concert clavecin et pianoforte par les enseignants. Montpellier (CRR) Le 31 janvier, concert des créations de la classe de composition et informatique musicale de Christophe de Coudenhove, avec la participation des élèves instrumentistes et de Julien Guillamat, qui donnera une classe de maître le lendemain sur l’acousmonium Klang. Le 8 février, salle Molière, et le 16 à Lavérune, “Hommage à Clara Wieck Schumann” par les professeurs Léa Pasquel, chant, Priscille Reynaud, violon, Anne-Lise Dodelier, piano, et la classe de théâtre. Le 13, théâtre Jérôme-Savary, “De Bach à l’impro” par les professeurs Cyrille Tricoire, violoncelle, Philippe Limoge, percussions, et Patrice Héral, batterie: les Suites pour violoncelle. Nancy (CRR) Le 29 janvier à Senones, concert de l’orchestre à vents et percussions (dir. Didier Parison): Schwarz, Bosveld, de Haan, Ceunen, Wittrock, Naulais.

Nantes (CRR) Le 17 janvier, La Truite de Schubert (lied et quintette) par la soprano Anaïs Vintour et les professeurs Blandine Chemin, Cécile Grenier, François Girard, Marie-Noëlle Gleize et Chara Iacovidou. Le 24, “Deux harpes, Mozart et Vienne” par les professeurs Lucie Berthomier et Nathalie Henriet: Mozart, Haydn, Webern, Schubert.

par Benjamin Perrot, Agnès Abiton et le luthier Joël Dugot avec les classes de guitare. Le 1er février, “Mignonne, allons voir si la rose… musique de chambre avec la poésie de Ronsard” par les professeurs Adélaïde Rouyer, mezzo, Lucie Chouvel, piano, Yska Bloch, violoncelle, et Pierre Baranger, flûte: Chaminade, Caplet, Roussel, Gouvy.

Nice (CRR) Le 24 janvier, concert Bach, Mozart, Haydn, Abel, par les professeurs Aline Zylberajch, pianoforte, et Etienne Mangot, violoncelle. Le 7 février, concert Debussy, Chausson par les professeurs Valérie Bautz, piano, Yannick Callier, violoncelle, et Nicolas Miribel violon.

Paris (CRR) Le 18 janvier, “Le piano préparé de John Cage”, présenté par Gaspard Dehaene, qui sera ensuite l’interprète, aux côtés de la pianiste Anne de Fornel, d’un concert Satie, Cage (Three Dances; Experiences; Socrate), avec une chorégraphie de Merce Cunningham par le département danse. Le 24, “Pianomania” par les classes de piano de Judy Chin, Jean-Marie Cottet,

Orléans (CRD) Le 19 janvier, “Petites conférences musicales autour des luths et des guitares”

LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 518 — JANVIER 2019 — 39

CONSERVATOIRES

Romain Descharmes, Billy Eidi, Anne-Lise Gastaldi, Jérôme Granjon, Yves Henry, François Kerdoncuff, Hugues Leclère, Elena Rozanova et David Saudubray. Le 28, le violoniste Stéphane Tran Ngoc est l’invité de l’atelier contemporain de Suzanne Giraud; il donnera, le lendemain, un concert Kodaly, Giraud, Popper, Bach, Martinon avec Hélène Dautry, violoncelle. Le 4 février, table ronde sur les pièces composées pour le prix de composition Chevillion-Bonnaud 2018 dans le cadre du 13e Concours international d’Orléans, modérée par Suzanne Giraud et Isabelle Vasilotta. Le lendemain, concert des lauréats du Concours d’Orléans Maroussia Gentet, Hyeonjun Jo et Kirill Zveginstov: Philippe Schoeller, Brian Ferneyhough, Rebecca Saunders, Scriabine, Chostakovitch. Le 11, “Composer aujourd’hui:

cinq compositeurs prennent la parole”, table ronde animée par Suzanne Giraud, avec Marie-Hélène Bernard, Hadrien Bonardo, Juan Camilo Hernandez Sanchez, Martin Loridan et Januibe Tejera, dont les œuvres seront au programme du concert donné le lendemain par l’ensemble Fractalis (dir. Ivan Solano). Paris (Frédéric-Chopin, 15°) Le 25 janvier, classe de maître du violoniste Ivry Gitlis, qui débouchera sur un “Supercanon” de Pachelbel avec la participation de toutes les classes de l’établissement, en clôture de la nuit des conservatoires. Rambouillet (CRI) Le 20 janvier, L’étincelle à Ablis, “Concert du Nouvel An” par l’orchestre symphonique, la maîtrise et le chœur Sospiri (dir. Stéphane Ung): Beethoven, Mendelssohn,

Elgar, Mascagni… Le 8 février, église de Bullion, “Une soirée à la cour de Vienne” (Mozart, Thuille, Strauss) par les professeurs Rija Rakotonirairy, piano, Barbara Sliwa, flûte traversière, Hélène Ducros, hautbois, Magali Parmentier Grillard, clarinette, Jérémie Dumbrill, cor, et Adeline Dazy, basson. Reims (CRR) Le 18 janvier, “Le Marchand de sable qui passe”, concert des professeurs Odile Renault, Philippe Cochet, Elodie Reibaud, Elsa Grether, Marion Larigaudrie, Roberto Aronica, Marc-Didier Thirault, Aude Millière et Pascal Adam (dir. Rut Schereiner): Roussel. Le 29, “La Nuit transfigurée” par les professeurs Philippe Jégoux, Marion Larigaudrie, Nathalie Perlot, Roberto Aronica, Marc-Didier Thirault et Leslie Green: Glazounov, Schoenberg. Le 7 février, “Debussy, l’espace d’un reflet” par les professeurs

Simona Caressa, chant, Jean-Louis Delahaut et Emmanuelle Moriat, piano: Debussy et œuvres de la classe d’écriture d’Edouard Delale. Rouen (CRR) Le 25 janvier, temple Saint-Eloi, et le 26 à Bernay, Requiem de Mozart par l’ensemble vocal et le jeune chœur (dir. Pascal Hellot) et l’orchestre symphonique (dir. Claude Brendel). Saint-Maur-des-Fossés (CRR) Le 18 janvier, musique espagnole par les professeurs Fabienne Taccola, violon, Christophe Oudin, violoncelle, Hélène Gueuret, hautbois, Véronique Fèvre, clarinette, Aurélien Delage, clavecin: Soler, de Falla, Albeniz… Le 22, hommage à Pierre Pincemaille – professeur d’orgue disparu en janvier 2018 – par les anciens

Rencontre de directeurs d’écoles de musique dans l’Est La Fédération musicale de Franche-Comté et le CNFPT organisent leur rencontre annuelle des directeurs d’écoles de musique. Elle aura lieu à Besançon le 28 janvier.

Pour Cédric Imbert, directeur du CRC de Pontarlier, cette réunion est cruciale : « Nous avons beau être entourés par toute une équipe, le métier de directeur reste solitaire. D’où l’importance de se retrouver entre directeurs de différents établissements d’une même région au moins une fois dans l’année. » Une rencontre en début d’année qui permet de faire la connaissance des nouveaux directeurs et qui facilite les prises de contact pour les mois suivants. LA PÉDAGOGIE EN QUESTION Marc Guinchard est directeur de l’école de musique intercommunale d’Ornans, une structure associative. « Il est essentiel, surtout pour les petites écoles de musique rurale, d’appartenir à un réseau, estime-t-il. Mon école se trouve dans une petite commune de 4000 habitants. D’autant que, publiques ou privées, les écoles de musique se retrouvent sur la question des financements et de la pédagogie. » La pédagogie, justement. Chaque année, le rendez-vous orchestré par la Fédération musicale et le CNFPT permet d’aborder un thème. En 2019, les pratiques collectives : « Comment trouver un équilibre entre l’enseignement individuel et les cours collectifs? C’est la question qui agite

40 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 518 — JANVIER 2019

tous les directeurs! poursuit Marc Guinchard. Les élus sont souvent tentés de faire des économies en rognant sur les cours individuels, à nous d’être suffisamment armés pour défendre une pédagogie basée sur ces deux aspects. » Autre question abordée lors de ces rencontres, la valorisation de l’enseignement musical auprès des décideurs politiques, comme du public. RESSOURCES ET HOMOGÉNÉISATION Cédric Imbert et Marc Guinchard estiment tous deux que le directeur d’une école de musique est plus polyvalent que celui d’un grand conservatoire. D’où la nécessité de pouvoir se tourner vers des centres de ressources, rôle que jouent précisément le CNFPT et la Fédération musicale de FrancheComté : « Nous nous adressons à eux pour des questions juridiques, de gestion du personnel, mais aussi lorsqu’il s’agit de monter des projets avec d’autres écoles de musique », explique Cédric Imbert. Les deux organismes proposent aussi des formations communes aux professeurs des écoles de la région, la plupart d’entre eux travaillant à la fois dans des écoles publiques et associatives. • Suzanne Gervais

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NOMINATIONS LAMBALLE TERRE & MER (CRI)

Ont été nommés: Yves Trovel, coordinateur pédagogique, en remplacement de Thomas Laroche, parti au CRI des Coëvrons; Céline Le Bon, coordinatrice de l’éducation artistique et culturelle, en remplacement de Véronique Baudet, partie à la retraite. élèves de sa classe d’improvisation. Le 1er février, récital du professeur de piano Christophe Bukudjian: Beethoven, Bartok, Chopin. Le 8, “Anches et marteaux, le klassik crossover” par les professeurs Nicolas Prost et Christian Wirth, saxophone, Delphine Armand, piano, et Romain Maisonnasse, percussions: Aperghis, Lerouge, Fitkin, Pécou… Strasbourg (CRR) Le 21 janvier, “Ecoutes croisées: Clara et Robert Schumann” par les professeurs Daniela Tsekova, piano, Samika Honda, violon, et Frank van Lamsweerde, violoncelle. Le 7 février, création d’une œuvre commandée à Annette Schlünz, Le Cahier des cordes, par les départements cordes et danse.

Toulouse (CRR). Le 22 janvier, “Les Tristesses d’Ovide. Musique et exil” par la classe de musique de chambre d’Agnès Demeulenaere, avec la participation des classes de Denis Badault, Clara Cernat, Bertrand Dubedout et Philippe Lecocq: Enesco, Ligeti, Porumbescu, Bartok, Martinu, Schubert et pièces des étudiants Anaïs-Nour Benlachab et Stéphane Bonneel. Valence-Romans (CRD) Le 29 janvier à Romanssur-Isère et les 9 et 10 février 2019 à Valence, “Un siècle de romantisme” (Schubert, Franck) par l’orchestre symphonique (dir. Marie-Hortense Lacroix et Didier Vadrot).

CHANTS D’ICI ET D’AILLEURS DANS LES YVELINES

A la manière d’un Canteloube des cités de Rambouillet, Manon Landry, du conservatoire Gabriel-Fauré, et Marie-Laure Bastide, de la médiathèque Les Yeux d’Elsa, ont entrepris un travail de collecte de chants auprès des habitants du territoire. Ces chants seront interprétés le 12 juin au Cratère par les chœurs et les ensembles instrumentaux du CRI – certains dans des arrangements réalisés par les professeurs Benjamin Magnan, Simon Bolzinger et Stéphane Ung. Un livre-disque contenant les textes des chansons et la captation du concert sera publié aux éditions Mazette. Il comportera des illustrations réalisées au cours des “ateliers participatifs” animés à la médiathèque depuis le mois de janvier par la plasticienne Floriane Fagot. HARPES AU PRÉSENT EN PICARDIE

A l’initiative d’Eloïse Labaume, professeur de harpe au CRD de Beauvais, des classes de harpe de la région ont travaillé en décembre avec la harpiste et compositrice Hélène Breschand. Ils ont pu découvrir ou approfondir le répertoire contemporain, le théâtre musical, la musique électroacoustique et rencontrer d’autres disciplines. Ils ont également travaillé les Cartes à jouer de la compositrice, commande du conservatoire de Beauvais. Le fruit de leur travail sera présenté le 2 février à Beauvais et le 2 mars à Amiens. LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 518 — JANVIER 2019 — 41

POINT JURIDIQUE

Emplois réservés:

un mode d’accès dérogatoire à la fonction publique Devenir fonctionnaire sans concours par la procédure des emplois réservés, telle est la démarche engagée par l’un de nos abonnés, qui s’interroge sur ses modalités de recrutement par deux collectivités territoriales. QUESTION Tout en étant musicien au sein d’un orchestre militaire pendant plus de quinze ans, j’enseignais ma discipline en qualité de contractuel dans deux conservatoires. Aujourd’hui, j’ai quitté l’armée et bénéficié de la procédure des emplois réservés : l’une des collectivités m’a nommé assistant d’enseignement artistique principal de 2e classe stagiaire à raison de 8 heures hebdomadaires. Pour des raisons budgétaires, l’autre collectivité souhaite me recruter dans le grade d’assistant pour 15 heures hebdomadaires. Titulaire du diplôme d’Etat de professeur (DE), je ne peux, me semble-t-il, être employé dans ce premier grade, mais nécessairement dans le grade d’assistant principal de 2e classe. Qu’en est-il ? RÉPONSE Votre question concerne à la fois le dispositif des emplois réservés commun aux trois versants de la fonction publique et le statut des fonctionnaires territoriaux nommés dans des emplois permanents à temps non complet. De la reconnaissance à la reconversion

Lors de sa création au début du 20e siècle, le dispositif des emplois réservés poursuivait une logique de reconnaissance des services rendus à la nation. Les blessés de guerre et leurs ayants droit ainsi qu’un certain nombre de personnes ayant subi un préjudice au nom de l’intérêt général demeurent les bénéficiaires prioritaires du dispositif. Mais, depuis 2008, la procédure des emplois réservés s’inscrit davantage dans l’objectif de reconversion des militaires consécutive à la professionnalisation des armées 1 engagée en 1996. Ainsi, les militaires en activité ou libérés depuis moins de trois ans peuvent être recrutés de manière dérogatoire, sur liste d’aptitude sans concours, dans les corps et les cadres d’emplois des catégories B et C des trois fonctions publiques 2. Passeport professionnel et liste d’aptitude

L’aptitude à occuper les emplois réservés est fondée sur la reconnaissance et la valorisation des acquis de l’expérience professionnelle. Le militaire en activité ou libéré doit constituer son dossier de candidature auprès de “Défense mobilité”, l’agence de reconversion du ministère de la Défense. Il est reçu en entretien pour l’établissement d’un “passeport professionnel” récapitulant les diplômes, formations, compétences et les orientations préconisées par le conseiller. 42 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 518 — JANVIER 2019

Compte tenu des compétences reconnues et des souhaits qu’il aura exprimés, le candidat sera inscrit dans une ou plusieurs listes alphabétiques d’aptitude établies par domaine de compétences ou métiers pendant trois ans au maximum. La liberté de recrutement

Comme celles établies à l’issue des concours, les listes d’aptitude aux emplois réservés ne donnent pas droit à intégration dans la fonction publique territoriale. La collectivité qui recrute peut demander au ministère de la Défense de lui fournir les listes d’aptitude de candidats correspondant aux profils recherchés. Dans ce cas, le ministère informe ces candidats de l’ouverture d’une procédure de recrutement par la collectivité et les invite à fournir leur CV, leur passeport professionnel ainsi qu’une lettre de motivation. La collectivité procède alors librement à la sélection des candidats. Le candidat inscrit dans les listes d’aptitude peut aussi engager une démarche “active” en saisissant directement la collectivité qui recrute. Contrairement à ce qui est prévu dans les fonctions publiques de l’Etat et hospitalière, les collectivités territoriales ne sont pas tenues de respecter un quota de postes à pourvoir par la voie des emplois réservés. Les fonctionnaires territoriaux à temps non complet

Comme un lauréat de concours, le candidat recruté au titre des emplois réservés est nommé en qualité de fonctionnaire stagiaire pendant un an, puis titularisé à l’issue de cette période. Dès lors, ce sont les règles propres à l’administration dont relève le recruteur qui s’appliquent. Ainsi, une fois que le fonctionnaire a été recruté dans un cadre d’emplois, il ne peut être recruté dans le même cadre d’emplois par une autre collectivité à temps non complet que dans le même grade. Votre nomination dans le grade d’assistant par la seconde collectivité n’est donc pas envisageable, si la première vous a nommé dans le grade d’avancement d’assistant principal de 2e classe. En revanche, cette collectivité n’est pas tenue de vous recruter en qualité de fonctionnaire. Vous pourriez ainsi posséder la qualité de fonctionnaire dans le grade d’assistant principal de 2e classe à temps non complet et conserver le statut d’agent contractuel à temps non complet dans un emploi d’assistant. • Matthieu Charbey 1. Loi n°2008-492 du 26 mai 2008. 2. A compter de 2020, les dispositifs de reconversion des militaires sont appelés

à être simplifiés (ordonnance n°2019-2 et décret n°2019-5 du 4 janvier 2019).

OFFRES D’EMPLOI HAUTE ÉCOLE DE MUSIQUE DE GENÈVE

CONCOURS DE RECRUTEMENT UN(E) ALTO DU RANG Prise de fonction immédiate 105 heures mensuelles DATES DU CONCOURS

Mardi 26 mars 2019 - 9h CLÔTURE DES INSCRIPTIONS

Vendredi 15 mars 2019 LIEU DU CONCOURS

Auditorium des Arlucs – 24/26 avenue des Arlucs 06150 Cannes La Bocca RENSEIGNEMENTS ET INSCRIPTIONS

ODC – Photo © Geoffroy Schied

Orchestre de Cannes Provence Alpes Côte d’Azur 24/26 avenue des Arlucs– 06150 Cannes La Bocca orchestre-cannes.com / Tél. 04 93 48 61 10

VACANCE DE POSTE DIRECTEUR DU CONSERVATOIRE À RAYONNEMENT INTERCOMMUNAL DE PALAISEAU (H/F) Cadre d’emploi : Professeurs d’enseignement artistique territoriaux/Attachés territoriaux Cat A Située à 20 km au sud de Paris, dans le département de l’Essonne, la Communauté d’agglomération Paris. Saclay se compose de 27 communes accueillant 300 000 habitants. Le CRI de Palaiseau accueille environ 910 élèves musiciens et 60 d’enseignants artistiques. Missions Sous l’autorité de la Directrice des Affaires Culturelles. Vous aurez pour missions : • Elaboration et Animation du projet d’établissement • Organisation des classes à horaires aménagés sur les arts de la scène • Organisation des études et animation de la réflexion pédagogique (suivi par la conseillère aux études) • Gestion des partenariats du conservatoire • Pilotage administratif et financier du conservatoire (suivi par la responsable administrative) • Management et encadrement des personnels du Conservatoire • Suivi de la gestion des locaux • Elaboration de la communication sur supports internes, suivi de l’agenda culturel (papier, numérique, site internet) • Suivi du projet de construction du nouveau CRI avec la Direction des Services Techniques (travaux prévus en 2020/2021) Profil recherché : • Expérience significative sur ce profil de poste souhaitée- Sens du travail en équipe et être force de proposition • Ouverture à l’innovation pédagogique et artistique • Connaitre les programmes et outils pédagogiques des référentiels en musique, danse et théâtre • Aptitude à proposer et construire des projets pour le rayonnement de l’établissement • Organisation, disponibilité, qualités relationnelles et pédagogiques sont nécessaires à ce poste • Emploi permanent à temps complet CV et candidature à adresser à M. Michel BOURNAT, Président de la Communauté Paris-Saclay Courriel : [email protected]

ADMISSIONS 2019-2020 OUVERTES! Délai d’inscription: 1er mars 2019

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La VILLE de FOURMIES RECRUTE un PROFESSEUR ENSEIGNEMENT ARTISTIQUE CLASSE NORMALE CHARGE de DIRECTION au POLE d’ENSEIGNEMENT MUSICAL Environnement du poste : Le Pôle d’Enseignement Musical est une école regroupant 450 élèves (enfants, adolescents et adultes), 22 disciplines instrumentales ou vocales dont une section Musiques Actuelles, 22 enseignants, 2 temps pleins (administratif et accueil), 2 temps partiels (personnel technique et d’entretien). Missions Principales du poste : • Piloter et mettre en œuvre le projet d’établissement. • Coordonner l’équipe pédagogique : organisation et suivi des études, conseil auprès des élèves et parents d’élèves en lien avec l’équipe pédagogique, management de l’équipe enseignante. Conditions de Recrutement Cadre d’emploi : PROFESSEUR D’ENSEIGNEMENT ARTISTIQUE DE CLASSE NORMALE CHARGE de DIRECTION FONCTIONNAIRE ou CONTRACTUEL de droit public. Rémunération et échelon en fonction de l’expérience professionnelle, en fonction du candidat retenu relevant de la catégorie hiérarchique A sur le cadre d’emplois des Professeurs d’Enseignement Artistique de classe normale. • Temps Complet : 35h00 hebdomadaires (réunions et déplacements possibles). • Permis B obligatoire. • Poste à pourvoir le plus tôt possible Curriculum-Vitae et lettre de motivation à adresser • A Monsieur le Maire de Fourmies, Monsieur Mickaël HIRAUX • A Madame Claire CAYOUX, DRH Par courrier : Mairie de Fourmies, place de Verdun, 59610 Fourmies Par voie électronique : [email protected] - [email protected]

LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 518 — JANVIER 2019 — 43

LES PUBLICATIONS DE LA LETTRE DU MUSICIEN TOUS LES OUVRAGES SONT DISPONIBLES EN FORMAT PDF ET EN FORMAT PAPIER

Françoise Tillard

Pascal Le Corre

MUSICIENNE & CITOYENNE

LE MUSICIEN & LA CONNAISSANCE DE SOI

Réflexions sur le métier de musicien et sur l’enseignement de la musique

Apprendre, exprimer, partager

Antoine Pecqueur

Ariane Dollfus

Patrick Prunel

LE MÉTIER DE MUSICIEN D’ORCHESTRE

GUIDE DU MÉCÉNAT MUSICAL

ENSEIGNER LA MUSIQUE

Du concours d’entrée au départ en retraite

Elèves et professeurs épanouis: un défi?

Comment financer son projet

LES GUIDES DE LA PROFESSION MUSICALE

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(mise à jour 2017)

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Ces deux ouvrages sont disponibles uniquement en format pdf

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ASSISTANT D’ENSEIGNEMENT ARTISTIQUE PRINCIPAL 1ère classe

Poste à temps non complet • 10h00 hebdomadaire (avec possibilité d’évolution)

RECRUTE Un Professeur de Formation Musicale Professeur intervenant en milieu scolaire (h/f) Cadre d'emplois des Assistants d’enseignement artistique (Principal de 2ème ou de 1ère classe) Statutaire ou contractuel

Placé(e) sous la responsabilité de la Directrice du conservatoire municipal, vous aurez pour principales missions : Mission en tant que professeur de formation musicale • Inscrit son enseignement dans les orientations pédagogiques du conservatoire et en concertation avec les projets d’écoles, actions donnant lieu à des productions publiques. • Missions d’interventions scolaires • Contribue à l’animation du dispositif « vacances intelligentes » Missions dans le cadre du Pass Musical • Atelier découverte des percussions classiques à destination des enfants de 8-10 ans Temps de travail : 21h par semaine Rémunération : statutaire, régime indemnitaire, 13ème mois

MISSIONS : • Animer et développer des ateliers vocaux destinés à tous les âges • Susciter une demande afin de mettre en place des cours individuels • Diriger un ensemble vocal (adultes) Musiques du Monde • Monter et accompagner des projets chant dans les écoles élémentaires de la Ville. COMPETENCES : • Connaissance éprouvée de la voix • Connaissances en physiologie, anatomie et acoustique • Savoir utiliser l’empathie comme outil au service de la maîtrise technique • Prononciation et compréhension de base des langues chantées • Ouverture à différentes cultures • Bonnes notions d’utilisation d’un instrument polyphonique • Compétences en direction de chœur Poste à pourvoir le plus rapidement possible Pour tout renseignement : Aldo SCELLI, Directeur de l’Ecole de Musique • 03 26 72 19 33 Les candidatures sont à adresser à : Monsieur le Maire • Hôtel de Ville • 51300 Vitry-le-François

Merci d'adresser votre candidature accompagnée d'un CV à Monsieur le Maire, Direction des Ressources Humaines, 54 rue Jean Jaurès -77875 MONTEREAU CEDEX [email protected]

AMIENS MÉTROPOLE, communauté d’Agglomération créée le 1er janvier 2000, située à 1 h 15 de Paris, compte environ 180 000 habitants et représente la 31e communauté d’agglomération la plus peuplée de France. Composée de 39 communes, elle tient à ce titre une place importante en tant que capitale picarde et de par sa situation géographique au centre du département de la Somme et au cœur du Nord de la France. Le Conservatoire à Rayonnement Régional d'Amiens Métropole, Etablissement d'enseignement artistique agréé et contrôlé par l'Etat, a pour mission de dispenser un enseignement de qualité en musique, en danse et en théâtre, répondant aux orientations des schémas d’orientation pédagogique du Ministère. Il dispense à l’ensemble de ses 1200 élèves un enseignement allant de l'initiation et la découverte jusqu'à une pratique plus aboutie, que ce soit dans la perspective d'un amateurisme éclairé, d'une éventuelle professionnalisation ou dans le cadre d'un accompagnement des pratiques amateurs. Pour cela, il met en œuvre une triple dynamique associant étroitement formation, diffusion et création. Il s'appuie sur un dispositif de pratiques collectives important (orchestres, groupes et ensembles, chorales et chœurs, ballet, collectif de créateurs ou de comédiens...) et place l'élève dès que possible en situation scénique afin de le motiver et de donner un sens et un aboutissement tant à sa pratique qu'à son projet. Multipliant les expériences, les productions, les contacts et les échanges avec d'autres établissements d’enseignements artistiques et équipements culturels, le Conservatoire à Rayonnement Régional d'Amiens Métropole se positionne également comme acteur et médiateur de la vie culturelle. Ouvert à l'art dans toute sa diversité de styles ou d'esthétique, il est particulièrement attentif à offrir un accès à la culture et à la pratique artistique adapté au plus grand nombre.

PROFESSEUR DE CHANT

LE CONSERVATOIRE À RAYONNEMENT RÉGIONAL D’AMIENS METROPOLE RECHERCHE 1 Assistant d’Enseignement Artistique - Formation Musicale (H/F) – 20 h hebdomadaires (Réf. 3078)

1 Professeur d’Enseignement Artistique - Violon Alto (H/F) – 8 h hebdomadaires (Réf. 3079)

1 Professeur d’Enseignement Artistique - Orgue (H/F) – 4 h hebdomadaires (Réf. 3080) MISSIONS Sous la responsabilité du directeur du C.R.R., vous assurez l’enseignement artistique, le suivi, l’orientation et l’évaluation des élèves. Vous participez à la mise en œuvre du projet d’établissement, à la réflexion pédagogique et à la vie culturelle du conservatoire. En concertation avec votre hiérarchie et en transversalité avec vos collègues, vous proposez et développez les projets pédagogiques et artistiques en direction des élèves et ainsi contribuez au développement de la discipline concernée. Dans ce cadre, vos missions sont les suivantes : • l’enseignement de la discipline et le développement du projet en lien avec celui de l’établissement ; • la promotion de l’enseignement

PROFILS ATTENDUS SUR LES POSTES DE PROFESSEURS : Titulaire du Certificat d’Aptitude à la discipline concernée ou du concours de PEA du CNFPT (ou en cours d’obtention), vous maîtrisez le répertoire et la pédagogie dans ce même domaine et justifiez d’un parcours personnel artistique.

PROFILS ATTENDUS SUR LE POSTE D’ASSISTANT : Titulaire du Diplôme d’État de la discipline concernée ou du concours d’ASEA du CNFPT (ou en cours d’obtention), vous maîtrisez le répertoire et la pédagogie dans ce même domaine et justifiez d’un parcours personnel artistique. Recrutement par voie statutaire (candidats titulaires ou lauréats de concours) ou à défaut par voie contractuelle La communauté d'agglomération Amiens Métropole souhaite participer à l'effort national d'insertion en milieu professionnel des personnes handicapées ; cette offre est handi-accessible. Pour tous renseignements complémentaires, vous pouvez appeler le Service Recrutement au 03.22.97.43.42. Merci d’adresser lettre de motivation + CV + copie des diplômes (en rappelant la référence concernée) à la Direction des Ressources Humaines - Service Conseil Organisation Recrutement Emploi - BP 2720 - 80027 Amiens Cedex 1, avant le 8 février 2019. Un accusé de réception vous sera envoyé dans les 15 jours qui suivent la clôture de l’offre.

LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 518 — JANVIER 2019 — 45

PORTRAIT “DOUBLE VIE”

Piston et hors-piste Trompettiste baroque et professeur de ski, Florian Léard partage son temps entre ses concerts à Paris et, l’hiver venu, la poudreuse de sa Savoie natale. Portrait d’un athlète musicien qui glisse à chaque saison de Charpentier aux pistes damées.

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lisser, déraper, enchaîner les flexions-extensions. Puis rentrer, faire sécher la combinaison. Travailler son “buzz” à l’embouchure, poser les sons, répéter le détaché. Voilà, résumé en trois lignes, le programme qu’a suivi Florian Léard, (presque) chaque soir après l’école, de huit à dix-huit ans : ski, puis trompette. Pour ce Savoyard, la question de l’inscription à l’incontournable Ski Club de Saint-Jean-de-Maurienne, ne s’est même pas posée : « J’ai vite pu intégrer une équipe et faire de la compétition », raconte-t-il. Larges épaules et visage hâlé – on serait tenté d’y chercher la marque des lunettes de ski –, Florian Léard sirote un diabolo menthe. De temps à autre, le trompettiste jette un coup d’œil à sa montre. Il sort tout juste d’une répétition avec la batterie fanfare de la Garde républicaine. Et ce soir, il y a concert. « Sport et musique sont plus liés qu’on ne le pense, déclaret-il avec un sourire. Avant d’entrer sur scène, je respire profondément. Comme lorsque je m’élance sur une piste. »

«Grâce à mon activité de prof de ski, je ne suis pas forcé d’accepter des cachetons alimentaires. Je garde le meilleur du métier de musicien.» DE VAL THORENS À LA SCHOLA CANTORUM Dans le village où il grandit, la fanfare est, comme le ski, une institution : sa mère l’inscrit en classe de trompette. « L’aprèsmidi, j’avais entraînement de ski. En rentrant, j’enlevais rapidement ma combinaison et mes grosses chaussures et je me mettais à la trompette. » Puis, direction le conservatoire de Chambéry en même temps qu’un cursus à horaires aménagés, mais pour le sport. Après le bac, l’heure du choix ? Pas pour Florian Léard : monitorat de ski en poche, il ouvre sa propre école, près de Val Thorens. Sa trompette et ses skis calés dans le coffre de sa Fiat 500, il multiplie les allers-retours en Suisse : il vient d’être admis à la Haute Ecole de musique de Lausanne. Le sportif se spécialise ensuite en trompette baroque avec Jean-François Madeuf à la Schola Cantorum de Bâle. « J’avais parfois du mal à tout caser dans une journée, mais je n’ai jamais pu choisir entre mes deux activités. La compétition en ski m’a énormément aidé pour mes concours de trompette. Il suffit de gérer des aigus délicats comme une pente un peu trop raide…»

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CULTIVER SON CORPS Les mois passés à Paris ne sont pas exempts de sport. Jogging tous les matins, équitation chaque jour. Son physique d’athlète n’a pas été pour rien dans l’admission du trompettiste à la batterie fanfare de la Garde républicaine : chaque musicien doit savoir monter à cheval. «Après tout, nos ancêtres trompettistes des 17e et 18e siècles étaient tous des cavaliers!» glisse Florian Léard, qui regrette par ailleurs que les musiciens se soucient si peu de leur corps. « Nos rythmes de vie sont pourtant comparables à ceux des grands sportifs. Et nos maux aussi: crampes, tendinites, douleurs dans le dos…» Après tout, ne parle-t-on pas d’échauffement dans les deux disciplines ? « La trompette est un instrument physique. On devrait toujours s’étirer après avoir joué… comme après une séance de sport. » S’il continue le sport à Paris, pas question de mettre la musique de côté pendant la saison hivernale. « Je m’arrange pour avoir des concerts en Suisse ou à Lyon, explique le musicien, qui joue régulièrement avec Le Concert spirituel, Le Concert de l’Hostel Dieu et l’Ensemble vocal de Lausanne. Dans une même journée, je peux passer de la combinaison fluo au frac de concert! Il faut juste faire attention à protéger ses lèvres du soleil, pour ne pas avoir de difficultés à jouer. » LIBERTÉ DE CHOIX Jean-François Madeuf a été son professeur à Bâle. Il admet avoir d’abord été surpris par la double casquette de son élève : «Florian travaillait moins sa trompette les mois d’hiver! A l’époque, je me disais que la vie de musicien professionnel était une activité à plein temps. La preuve que non. Le métier évolue, surtout avec nos instruments à vent. Nous ne sommes pas, comme les pianistes, rivés au clavier huit heures par jour!» Florian Léard est aujourd’hui moniteur de ski indépendant. «Je suis totalement libre de gérer mon emploi du temps. C’est comme cela que j’y arrive… Les musiciens qui ont une double activité sont rarement les musiciens titulaires.» Pour le trompettiste, les “double vies” sont de plus en plus acceptées dans le milieu musical. Un changement des mentalités dû, en grande partie, à un pragmatisme économique : « Cela risque de devenir la norme d’ici quelques années, surtout en musique baroque, où il n’y a pas beaucoup d’orchestres professionnels qui embauchent autrement qu’au cachet. » Un réalisme qu’il considère comme une aubaine, malgré les casse-tête d’agenda : «Grâce à mon activité de prof de ski, je ne suis pas forcé d’accepter des cachetons alimentaires, qui m’intéresseraient moins. Je garde le meilleur du métier de musicien.» Quand on lui demande s’il n’éprouve pas la culpabilité que ressentent parfois les musiciens de ne pas travailler assez leur instrument, il sourit : «On ne le dit pas assez, mais c’est important, aussi, de savoir quitter son instrument.» Avant d’ajouter : «Pour mieux y revenir. » • Suzanne Gervais

TRIBUNE

La richesse de la diversité A la suite de l’article de Jean-Baptiste Lapierre “Le quintette, ça ne sonne pas” et de la réponse d’Yves Charpentier, flûtiste du Concert impromptu, Claire Sirjacobs, hautboïste du quintette Aquilon, souhaite apporter quelques arguments à la “défense” du quintette à vent.

M.

Lapierre parle d’un « panthéon de formations de musique de chambre». De quoi s’agit-il ? Comment peut-on comparer un quatuor à cordes à un quintette à vent dans l’histoire de la musique et par rapport à l’évolution de la facture des instruments ? Puisqu’il parle lui-même « d’éducation musicale un peu solide», je lui rappellerai donc juste certains faits (car malheureusement je suis membre d’un quintette à vent et donc influencée par un intérêt particulier !). A la période classique, Mozart compose une de ses plus belles œuvres (dans une lettre adressée à son père, il écrit : « Le meilleur que j’ai écrit dans ma vie»), son quintette pour hautbois, clarinette, basson, cor et piano (KV 452, 1784). Douze ans plus tard, en 1796, Beethoven tient à montrer qu’il peut également écrire pour cette formation nouvelle et rivaliser avec le génie de Mozart et écrit son opus 16. Nous avons là quatre instruments à vent (de “nature différente”) associés au piano. Au début du 19e siècle, c’est Anton Rösler (mieux connu sous le nom de Rosetti) qui s’essaiera le premier à écrire pour cinq instruments à vent : une flûte, un hautbois, un cor anglais, une clarinette et un basson. Pendant la première moitié de ce siècle, cette formation (où le cor remplace le cor anglais) va prendre tout son essor.

Monsieur Lapierre parle d’un « répertoire très confidentiel (quelques pièces de Danzi, Cambini et Reicha)». Qu’en est-il véritablement ? Anton Reicha, compositeur d’origine tchèque, mais vivant et enseignant à Paris, est le premier à instaurer la formation dite “quintette à vent”. Profitant d’une évolution très forte, à cette époque, dans la facture des instruments de la famille des bois (flûte, hautbois, clarinette et basson), il écrit des pièces très virtuoses et dans des tonalités plus variées que ses prédécesseurs. Il pensait que « les compositeurs célèbres n’avaient rien écrit pour ces instruments parce qu’ils ne les connaissaient qu’imparfaitement» et qu’ils (les instruments à vent) « n’avaient pas de bonne musique pour se faire valoir; tandis que les instruments à cordes étaient si riches en excellentes productions. J’ai trouvé les choses en cet état lorsqu’il me vint à l’idée de réunir les cinq principaux instruments à vent…» Reicha rencontre un immense succès en France, à Paris, avec ses œuvres pour quintette à vent (« tout le monde voulut les entendre et tout Paris en parla»). Il en écrira pas moins de 24 (plus trois pièces pour cor anglais avec accompagnement de flûte, clarinette, cor et basson) ! Ils seront à l’époque interprétés par les solistes de grands orchestres et professeurs au Conservatoire (Guillou à la flûte, Vogt au hautbois, Bouffil à la clarinette, Henry au basson et Dauprat au cor, qui deviendront le quintette Reicha). Balzac cite le nom de Reicha dans une de ses nouvelles (Les

Employés, 1838). Le personnage Colleville (première clarinette à l’Opéra-Comique) est en train de descendre la rue quand il croise un ami et lui dit : « Tu devrais venir chez nous samedi prochain pour écouter un concert. Nous allons jouer un quintette de Reicha. » Berlioz, étudiant en composition de Reicha, s’exprimera à la mort de son professeur dans un journal, en termes très élogieux sur ses talents de compositeur et de professeur. A l’étranger également, on parle de Reicha et de ses quintettes. Jon Sainsbury écrit à propos des quintettes, dans son Dictionary of Musicians (1824) : « No description, no imagination, can do justice to these compositions. The effect produced by the extraordinary combinations of apparently opposite-toned instruments, added to Reicha’s vigorous style of writing and judicious scoring, have rendered these quintets the admiration of the musical world.* » • Claire Sirjacobs, hautboïste du quintette Aquilon @ Lire la suite sur notre site

LE DESSIN DU MOIS

illustration Vincent Flückiger LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 518 — JANVIER 2018 — 47

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34e ANNÉE DÉCEMBRE 2018

SPÉCIAL ORGUE Un enseignement de plus en plus diversifié Orgue et orchestre symphonique La place des femmes Facture : des copies d’anciens au numérique Double vie : organiste et pilote de ligne

L’orgue, instrument-monde Le numéro que vous tenez entre vos mains est thématique : c’est l’orgue qui en est le fil conducteur. Nous avons choisi cet instrument, parce qu’il traverse aujourd’hui une période de mutations passionnantes à explorer. Son lien historique avec la religion est particulièrement complexe en France. Alors que les contraintes de cohabitation avec le clergé peuvent devenir un fardeau, la plupart des titulaires de tribunes ne sont pas rémunérés pour leur travail… En parallèle, l’orgue s’émancipe plus que jamais de son cadre liturgique. Les nouvelles salles de concert parisiennes possèdent maintenant leur propre instrument – ce qui était loin d’être acquis. Le secteur a pu compter sur le lobbying actif de l’ancien ministre Xavier Darcos, organiste amateur. Les ensembles baroques, toujours en plein essor, comptent généralement dans le continuo un musicien jouant de l’orgue positif – et il faut saluer les facteurs qui trouvent aujourd’hui des sonorités plus colorées pour ce type d’instrument. Le développement du numérique offre de nouvelles possibilités, quitte à créer la controverse avec les partisans de l’orgue à tuyaux. Cet instrument est ainsi devenu un terrain de jeu exaltant pour les compositeurs contemporains, et même le monde du jazz : des perspectives pour les enseignants de plus en plus inventifs. Bien sûr, tout n’est pas rose dans le monde de l’orgue. Des progrès doivent venir de la puissance publique. Car aujourd’hui existe une aberration que dénoncent tous les organistes : les experts du ministère de la Culture. Leur mission est d’examiner les orgues du patrimoine français et de préconiser d’éventuels travaux. Mais concrètement, leurs démarches restent floues et les attributions des chantiers contestables. Le ministère réfléchirait à des filières spécifiques de formation pour sortir de la dimension clanique qui prévaut aujourd’hui. Autre enjeu : l’Etat fait reposer de plus en plus sur les collectivités le coût des chantiers. Des lors, les marchés se réduisent pour les facteurs de l’Hexagone. A l’exportation, le “made in France” n’arrive pas encore à concurrencer les grands noms du secteur (comme l’Autrichien Rieger ou le Canadien Casavant). Même s’il y a quelques exceptions, comme la Manufacture Muhleisen, qui vient de construire le nouvel orgue de la salle Zaryadye de Moscou, à découvrir dans notre portfolio central. Enfin, on peut encore rêver : remettre en état des orgues de salles de concert ou d’opéra (comme au théâtre des Champs-Elysées) et même de cinéma comme à La Ciotat, fief des frères Lumière. Sans oublier pour autant la richesse du patripatri moine sacré. Des Philippines au Mexique, l’orgue est mondial. Loin des clichés, c’est un instrument-monde que nous vous invitons à (re)découvrir au fil des pages de ce numéro. Antoine Pecqueur

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