La fécondité des populations congolaises 9783111560465, 9783111189833

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La fécondité des populations congolaises
 9783111560465, 9783111189833

Table of contents :
Préface
TABLE DES MATIÈRES
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES CARTES ET FIGURES
CHAPITRE I. Renseignements et leurs sources
CHAPITRE II. Analyse et estimation des indices de fécondité
CHAPITRE III. Variations régionales et ethniques du niveau de fécondité : Essai d'interprétation
CHAPITRE IV. Les Tendances de h fécondité dans le temps
CHAPITRE V. La Fécondité en milieu urbain
CHAPITRE VI. Le Cadre matrimonial des comportements procréateurs
CHAPITRE VII. Analyse de la fécondité en fonction des structures et facteurs matrimoniaux
CHAPITRE VIII. Attitudes à l'égard de la procréation, motivations et facteurs conditionnants
CHAPITRE IX. Interdits sexuels et pratiques abortives et anticonceptionnelles
CHAPITRE X. Les Maladies vénériennes en tant que cause d'infécondité
CHAPITRE XI. Rapport entre l'infécondité, les maladies vénériennes et les moeurs sexuelles
Sommaire
En guise de conclusion
Bibliographie
INDEX DES AUTEURS
Achevé

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LA FÉCONDITÉ DES POPULATIONS CONGOLAISES

INSTITUT DE RECHERCHES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES UNIVERSITÉ LOVANIUM DE KINSHASA

RECHERCHES AFRICAINES IV

Dans la même collection : I. — Industrialisation au Congo : la transformation des structures économiques. Jean-Louis Lacroix. I I . — L'intervention des Nations Unies au Congo, Paul-Henry Gendebien.

1960-1964.

III. — Nation et développement communautaire en Guinée et au Sénégal. Henry De Decker.

I. R. E. S.

ANATOLE ROMANIUK

La Fécondité des populations congolaises

PARIS

MOUTON

LA HAYE

©

1967 MOUTON

& Cle et

I.R.E.S.

A MA

MÈRE

Préface

Parmi les problèmes démographiques dont l'opinion publique fut saisie au Congo, la dénatalité est incontestablement celui qui eut de plus profonds retentissements. Depuis une cinquantaine d'années déjà, on le retrouve dans de nombreux écrits consacrés à la démographie congolaise et on le voit figurer à l'ordre du jour des assises appelées à se pencher sur les problèmes sociaux du pays. De vives controverses s'engagent autour de la question de savoir quelle est l'ampleur et qu'elles sont les causes du phénomène de la dénatalité. En général, l'opinion a été que les populations congolaises, a quelques exceptions près, étaient entraînées dans un mouvement de dénatalité si profond que la dépopulation était à craindre. Cette manière de voir a prévalu jusqu'en ces derniers temps, et cela au mépris même des faits établis par les études récentes qui permettent de circonscrire plus exactement l'ampleur réelle du processus 1 . Que ces vues pessimistes aient été si tenaces, cela s'explique largement par le fait qu'on étudiait presque exclusivement les groupements souffrant d'une infécondité aiguë et qu'on délaissait l'étude des groupements prolifiques qui, en fait, sont majoritaires dans ce pays. Quant à ses causes, la dénatalité est généralement considérée comme étant avant tout une conséquence de la colonisation. Les préceptes ancestraux et les structures sociales qui autrefois assuraient la cohésion et la perpétuation de la race, tombent désormais en décadence et se désintègrent rapidement sous le puissant choc des influences du dehors. Bien plus, les autochtones subissent un véritable traumatisme psychique, qui leur cause 1. A. ROMANIUK, « Evolution et perspectives démographiques de la population au Congo », dans Zaïre, XIII, 6, 1959, p. 563-626. Parmi les auteurs anciens qui n'ont pas partagé les vues aussi pessimistes de la majorité, il convient de signaler surtout le D r J . SCHWETZ, « Contribution à l'étude de la démographie congolaise », dans Congo, Revue générale de la colonie belge, I, mars 1923.

10

La fécondité des populations

congolaises

une perte de « joie de vivre », et produit une apathie collective qui par un processus singulier de réaction en chaîne finit par provoquer l'inhibition des facultés reproductrices, selon les uns, la peur de la maternité (avec comme conséquence une généralisation des pratiques abortives), selon les autres. Telle est l'essence de la théorie connue sous le nom de « choc des civilisations » et qui, pour longtemps, va dominer l'interprétation de la dénatalité en Afrique centrale. Une fois acceptées, ces vues n'ont pas manqué d'influencer la doctrine et la politique démographique. Les problèmes sont désormais étudiés essentiellement à partir de la « situation coloniale ». On attache une importance démesurée à certains déséquilibres nés des conjonctures particulières, certes spectaculaires, mais dont le rôle dans les comportements procréateurs est moins fondamental que celui des mentalités, des structures et des institutions traditionnelles. Pour redresser une fécondité périclitante, on préconise le « retour à la nature » par lequel la population va retrouver son équilibre d'autrefois 2, et on accorde relativement peu d'attention aux solutions médicales. En dépit des exagérations et d'une certaine naïveté de vues, ces controverses autour de la dénatalité ont eu le grand mérite d'attirer l'attention du public et du gouvernement sur un problème capital. Au point où est tombée la fécondité de certains groupements, c'est leur survie même qui se trouve en jeu. Les populations affectées par l'infécondité grave, tout en étant minoritaires, représentent néanmoins un nombre considérable d'habitants. Dans la mesure où l'infécondité est due, comme nous le croyons, aux maladies vénériennes, elles constituent un risque potentiel sérieux de contagion pour leur voisinage qui jusqu'ici a échappé au fléau. Par ailleurs, ainsi que les conclusions de cette étude le montreront, les anciens auteurs avaient raison d'insister sur les conséquences fâcheuses du relâ2. Significative à cet égard est l'expérience tentée dans les années qui suivirent la deuxième guerre mondiale, dans la chefferie Songo. « L'expérience a pour but — lit-on dans un rapport —- de vérifier, si, comme le croyait Monsieur le Gouverneur Henri, une population bien soignée, bien nourrie, à l'abri des prélèvements de main-d'œuvre, et surtout laissée tranquille, verrait se rétablir une natalité normale. L'expérience porte donc sur la mise au repos des Songo avec soins médicaux et alimentation rationnelle. Il ne faut imposer aucune corvée, et la contrainte, soupçonnée d'être cause du découragement des indigènes, doit être absolument bannie ». Citation reproduite d'après un document polycopié des A. I. M. 0., intitulé Niveau et tendance de fécondité dans le district de la Tshuapa, Léopoldville, mars 1958.

Préface

11

chement des mœurs pour la fécondité, même s'ils n'ont pas toujours formulé clairement le rapport entre les deux phénomènes. C'est aussi à leurs incitations que nous devons de nombreuses recherches et enquêtes qui ont permis d'enrichir les connaissances démographiques du pays. La grande enquête que le Gouverneur Général, Léon Pétillon, ordonna en 1955 répond en partie aux préoccupations que suscitait dans le public le problème de la dénatalité. Par son objet, le présent travail constitue un élargissement du sujet traditionnel de la dénatalité, ou plus proprement parlant, de l'infécondité. Celle-ci est traitée dans le contexte d'une étude générale des comportements procréateurs. Tant l'ampleur que les causes de l'infécondité pourront être plus justement appréciées à partir d'une étude comparative de la fécondité différentielle qui est envisagée ici. Les premiers chapitres de cet ouvrage visent surtout le niveau général de la natalité, ses variations régionales et ethniques, ses différences par habitat - rural et urbain, - ainsi que ses tendances d'évolution dans le temps. Les chapitres subséquents s'emploient à décrire le contexte social et à dégager les facteurs culturels et médicaux de procréation. C'est donc sous son aspect à la fois quantitatif et sociologique que le problème est abordé. Pour constituer la base empirique de cet ouvrage, nous avons pu utiliser non seulement une abondante documentation accumulée par les services administratifs du pays, mais encore les résultats de nos propres recherches auxquelles nous nous sommes livrés durant notre séjour au Congo de 1953 à 1961. Mais c'est surtout à une vaste enquête effectuée sous notre direction de 1955 à 1957 que nous devons l'essentiel du matériel statistique. Si nous n'avons pas hésité à entreprendre la partie quantitative de l'étude de la fécondité, ce n'est pas, par ailleurs, sans appréhension que nous avons envisagé son prolongement sociologique. Les connaissances actuelles des variables intermédiaires, sans parler des facteurs fondamentaux de fécondité, sont en effet encore assez incomplètes. Néanmoins, la tentative valait peut-être la peine d'être osée. Les vues et hypothèses avancées à partir d'une étude incomplète pourront désormais être testées par des recherches plus approfondies. Rejoignant les préoccupations de nos devanciers, nous avons voulu apporter notre contribution à la connaissance du phénomène de l'infécondité. Nous avons, en effet, le sentiment que parmi les divers problèmes démographiques auxquels la République doit faire face, il n'en est pas un qui soit plus urgent que celui posé par la grave infécondité dont souffre une masse importante d'habitants de ce pays.

12

La fécondité

des populations

congolaises

A diverses étapes de cette étude, l'auteur a bénéficié des conseils, de l'aide et de la collaboration de nombreuses personnes. Il profite de cette occasion pour leur exprimer sa gratitude et ses remerciements les plus sincères. Il est particulièrement reconnaissant à Monsieur le professeur L.H. Dupriez qui l'a guidé tout au long de l'élaboration de ce travail, ainsi qu'à Messieurs les professeurs F. Bézy et G. Wunsch pour le précieux concours de leur critique bienveillante. Il est redevable au professeur A. Lux de l'université Laval de Québec et à l'abbé T.L. Beauchamp, professeur à l'université d'Ottawa, dont la contribution, tant pour la forme que pour le fond, a été des plus substantielle, aux professeurs A. Doutreloux de l'université Laval de Québec, J.P. Terrenoire de l'université d'Ottawa et à Monsieur R. Choulguine, pour leurs suggestions précieuses. Il est bien entendu que l'auteur est seul responsable des imperfections qui peuvent encore se trouver dans cette étude. L'essentiel des méthodes d'analyse quantitative, a été élaboré lors du séjour de l'auteur à l'Office of Population Research de Princeton. Il doit beaucoup pour la méthodologie aux professeurs A. J. Coale et F. Lorimer ainsi qu'aux collaborateurs de l'Office. Lors de l'enquête, qui a servi de base à cette étude, l'auteur a bénéficié des précieux conseils de M.V. Brébant, à l'époque directeur du Service des A.I.M.O., et de M.H. Ledoux, à l'époque sous-directeur du Service des statistiques au Congo. Cette enquête n'aurait pas abouti sans l'enthousiasme et le dévouement de nombreux collaborateurs, en particulier, MM. R. Deman, E. Kashemwa, Ch. Bouquet, H. Deneve, H. Delattre, F. Naté, M. Mwanio, Ph. Wanzoami, F. Baie, G. Malli, pour ne citer que ceux dont la participation a été la plus directe. L'auteur tient à exprimer sa reconnaissance à sa femme, Margot Romaniuk, à , Mmes A. Belleau, G. Martin, D. Raymond pour la confection des cartes et graphiques et pour la vérification des tableaux statistiques, à Mlles G. Perrier, R. Baril et D. Goulet pour la dactylographie et à Mme J. Laviolette pour le collationnement du texte. Pour mener à bien cette étude, l'auteur a bénéficié de l'assistance financière du Population Council des Etats-Unis, qui lui a permis de faire un séjour à l'université de Princeton, du Conseil des arts du Canada et de la Faculté des sciences sociales et du Département de sociologie de l'Université d'Ottawa ; l'auteur saisit cette occasion pour remercier ces institutions de leur aide généreuse. Ottawa, décembre 1966.

A. ROMANIUK

TABLE DES MATIÈRES

PRÉFACE

9

LISTE DES TABLEAUX

19

LISTE DES CARTES ET FIGURES

25

CHAPITRE I :

27

RENSEIGNEMENTS ET LEURS SOURCES

I. L'enregistrement continu des habitants II. L'enregistrement des naissances

27 29

III. Les enquêtes démographiques entreprises dans les groupements-types

32

IV. L'enquête par sondage probaliliste effectuée de 1955 à 1957

34

A. Le choix de l'échantillon B. Les renseignements recherchés

34 35

C. L'organisation du travail sur le terrain 1. Le relevé des naissances survenues durant les 12 derniers mois 2. Les enfants mis au monde au cours de l'existence de la mère

36

CHAPITRE II : ANALYSE

ET ESTIMATION DES INDICES DE FÉCONDITÉ

I. Examen des données relatives à la fécondité, fournies par l'enquête démographique de 1955-1957 A. Mesures de fécondité basées sur les données relatives aux naissances survenues au cours des 12 mois précédant l'enquête . . . 1. Taux brut de natalité 2. Taux global de fécondité générale 3. Taux spécifiques de fécondité par âge 4. Fécondité totale 5. Age moyen de maternité 6. Taux de fécondité des seules femmes ayant eu au moins une naissance vivante

37 39 41 41 41 42 44 46 46 47 47

14

La fécondité

des populations

congolaises

B. Indices de fécondité basés sur les données relatives à l'ensemble des enfants mis au monde par les femmes 1. Nombre moyen d'enfants nés vivants par femme . . . . 2. Répartition des femmes selon le nombre total d'enfants qu'elles ont eus 3. Proportion des femmes ayant au moins n enfants et probabilité pour qu'une femme ayant n enfants mette au monde son n + I e enfant 4. Proportions par groupe d'âges des femmes n'ayant pas procréé un enfant vivant II. Méthodes d'ajustement et d'estimation A. Correction du taux de natalité en tenant compte des omissions des enfants nés et décédés durant les 12 mois ayant précédé l'enquête B. Correction du taux de natalité par référence à la descendance moyenne par femme C. Taux de natalité dérivé à partir de la proportion des personnes âgées de moins de 5 ans à l'aide du modèle de population stable .

48 49 50 51 53 64 64 66 68

D. Ajustement du taux global de fécondité générale

78

E. Ajustement de la fécondité totale

79

III. Présentation des résultats

91

A. Taux de natalité pour l'ensemble du pays

91

B. Taux de natalité par subdivisions administratives

92

C. Indices de stérilité

96

CHAPITRE III :

VARIATIONS RÉGIONALES ET ETHNIQUES DU FÉCONDITÉ : ESSAI D'INTERPRÉTATION

NIVEAU

DE

I. Différences régionales A. Environnement bio-physique

107

107 108

B. Les voies de communication

110

C. Les campagnes esclavagistes

113

D. Répartition de la population extra-coutumière

113

E. Densité de peuplement

115

II. Différences ethniques

118

A. Comparaison entre deux villages voisins : Yayenga (BongandaMongo) et Topoke (non Mongo) du territoire d'Ikela

122

B. Batetela et Baluba du territoire de Katako-Kombe

124

C. Comparaison entre les Mongo et les Batwa

125

Table des matières

CHAPITRE IV :

LES TENDANCES DE LA FÉCONDITÉ DANS LE TEMPS

15

. . . .

I. La situation à l'époque de la conquête

129 130

A. Les observations et les opinions

130

B. Reformulation de l'hypothèse

133

C. Quelques indications statistiques indirectes

134

II. La période coloniale

136

A. Etude statistique des tendances de la fécondité 1. Les taux de natalité 2. Les proportions d'enfants, basées sur les données de l'enregistrement continu 3. La proportion des femmes n'ayant pas procréé, par groupe d'âges B. Etudes des faits sociaux susceptibles d'avoir influencé les comportements procréateurs durant la période coloniale 1. Facteurs défavorables a) La dégradation des mœurs b) Le déséquilibre des sexes c) La répercussion de la monétarisation de la dot sur la nuptialité 2. Facteurs favorables a) L'action médicale b) Les soins de maternité c) Les allocations familiales et la construction des logements Conclusions sur l'évolution de la fécondité durant la période coloniale CHAPITRE V :

136 137 140 145 156 157 158 159 160 162 163 164 165 167 171

LA FÉCONDITÉ EN MILIEU URBAIN

I. Comparaison entre la fécondité urbaine et la fécondité rurale, à la lumière des résultats de l'enquête 1955-1957

171

A. Taux de natalité

172

B. Taux de fécondité par groupe d'âges

173

C. Taux de fécondité des femmes mariées, par groupe d'âges

. . .

D. Taux de fécondité des femmes épouses des monogames, mariées régulièrement II. Facteurs ayant stimulé la fécondité dans les villes III. Ville congolaise, société en transition

174 174 176 185

A. Contenu rural de la ville africaine

186

B. Ville, ébauche d'une nouvelle société

186

La fécondité des populations

16

CHAPITRE VI :

congolaises

LE CADRE MATRIMONIAL DES COMPORTEMENTS PROCRÉATEURS

I. Types d'union conjugale A. Unions monogamiques et unions polygamiques B. Unions régulières et unions consensuelles II. La polygamie A. Les mesures

195 195 196 197 199 200

B. La prédominance de la petite polygamie et la structure par âge des unions polygamiques C. Les variations régionales D. Caractère essentiellement rural de la polygamie E. Tendances évolutives III. La nuptialité A. Mesures et résultats 1. Proportions des célibataires et des marié(e)s 2. Age moyen au premier mariage B. Interprétation des résultats

202 204 208 209 212 213 213 214 218

IV. Mobilité conjugale

221

A. Le veuvage B. Le divorce

221 222

C. Le remariage

224

CHAPITRE VII :

ANALYSE DE LA FÉCONDITÉ EN FONCTION DES STRUCTURES ET FACTEURS MATRIMONIAUX

227

I. Fécondité légitime et fécondité illégitime A. Problème de définition B. Proportion des naissances légitimes et des naissances illégitimes . C. Taux de fécondité légitime et taux de fécondité illégitime . . . .

227 227 229 232

II. Fécondité des unions régulières et fécondité des unions de fait . . .

236

III. Fécondité polygamique et fécondité monogamique A. Etude comparative des niveaux de fécondité polygamique et monogamique 1. Taux spécifiques de fécondité 2. Nombre moyen d'enfants nés vivants par femme 3. Proportion des femmes n'ayant pas procréé 4. Taux de fécondité des seules femmes ayant eu au moins un enfant B. Causes de la moindre fécondité des unions polygamiques . . . . Sommaire sur la différence entre la fécondité monogamique et la fécondité polygamique

237 237 238 241 242 244 251 256

Table des matières

17

IV. Polygamie en tant que facteur de fécondité de l'ensemble de la population V. Age au mariage en tant que facteur de fécondité

259

VI. Effets de la mobilité conjugale sur la fécondité CHAPITRE VIII :

256 261

ATTITUDES A L'ÉGARD DE LA PROCRÉATION, MOTIVATIONS

ET FACTEURS CONDITIONNANTS

267

I. Idéal d'une nombreuse progéniture

267

II. Motivations

270

III. Moyens mis en œuvre

271

IV. Facteurs conditionnants A. La mortalité excessive B. La densité C. L'organisation familiale

273 273 274 276

CHAPITRE IX :

INTERDITS CONCEPTIONNELLES

SEXUELS ET PRATIQUES

ABORTIVES ET

ANTI279

I. Les interdits sexuels

280

A. Les restrictions post-natales 1. Intensité et motivations 2. Incidences des interdits sexuels post-natals sur la fécondité .

280 280 282

B. Les interdits sexuels pour d'autres motifs que l'allaitement 1. Interdits à l'occasion de deuil 2. Interdits pendant la grossesse 3. Interdits pendant la menstruation

285 285 286 286

. .

II. Les pratiques abortives et anticonceptionnelles A. Motivations B. Les procédés 1. Techniques d'avortement 2. Moyens anticonceptionnels C. Lavage vaginal hygiénique CHAPITRE X : LES

287 288 291 291 292 295

MALADIES VÉNÉRIENNES EN TANT QUE CAUSE D'INFÉCONDITÉ

I. Statistiques des maladies vénériennes

297 297

II. Rapprochement entre les séries régionales relatives aux infections vénériennes et à la natalité : recherche d'une corrélation m . Preuves cliniques A. Enquête du Docteur Allard B. Enquête du Docteur Velghe

305 310 311 312

2

La fécondité

18

des populations

congolaises

CHAPITRE XI

: RAPPORT ENTRE L'INFÉCONDITÉ, LES MALADIES VÉNÉRIENNES ET LES MŒURS SEXUELLES

315

SOMMAIRE

323

EN GUISE DE CONCLUSION

329

BIBLIOGRAPHIE

333

INDEX DES AUTEURS

347

LISTE DES TABLEAUX

I. 1

Naissances enregistrées à l'état civil (1956) comparées aux naissances relevées par l'enquête (1955-1957) et à celles estimées par la méthode de la population stable à partir de la proportion d'enfants âgés de moins de 5 ans fournie par la même enquête

31

1. Taux brut de natalité (N); 2. taux global de fécondité générale (FG); 3. taux de fécondité par groupe d'âges (fx) (données non ajustées)

55

II. 2

Taux culumés de fécondité (Fx) (données non ajustées)

56

II. 3

Taux de fécondité (f'x) et fécondité totale (F') des seules femmes ayant eu au moins une naissance (données non ajustées)

57

II. 4

Nombre moyen d'enfants mis au monde par 100 femmes (Px), dans chaque groupe d'âges

58

II. 5 (a) Distribution des femmes âgées de 15 ans et plus selon le nombre de naissances

59

II. 5 (b) Distribution des femmes âgées de 15 à 34 ans selon le nombre de naissances

60

II. 5 (c) Distribution des femmes âgées de 35 à 44 ans selon le nombre de naissances

61

II. 5 (d) Distribution des femmes âgées de 45 ans et plus selon le nombre de naissances

62

II. 1

II. 6

Pourcentage des femmes n'ayant procréé aucun enfant vivant dans chaque groupe d'âges

63

II. 7

1. Nombre d'enfants décédés à l'âge de moins d'un an, pour 1 000" naissances, observé (iq 0 ) et estimé (iq-o); 2. Proportion des femmes âgées de 15 à 44 ans, pour 1 000 femmes de tous âges, telle que rapportée par l'enquête (R) et telle qu'estimée par la méthode de population stable (S)

82

II. 8

Distribution basée sur les données brutes (R) de l'enquête (1955-1957) et la distribution stable (S) par groupe d'âges

83

II. 9

Rapport de la descendance moyenne (P) à la fécondité cumulée (F), correspondant à l'âge médian dans chaque groupe d'âges

84

20

II. 10

La fécondité

des populations

congolaises

1. Valeurs estimées du taux brut de mortalité (M); 2. Quotient de mortalité des enfants âgés de moins d'un an (îqo); 3. Quotient de mortalité des enfants âgés de moins de 5 ans (sqo); 4. Espérance de vie à la naissance (°e0)

90

II. 11

Coefficients de corrélation entre les diverses mesures de fécondité .

93

II. 12

1. Taux observés et ajustés de natalité; 2. Proportion d'enfants par rapport à la population totale (E/P) basées sur les données de l'enregistrement continu (moyenne 1955-1957); 3. Pourcentage des femmes n'ayant pas procréé dans le groupe d'âges de 25 à 34 ans (enquête 1955-1957) . .

98

1. Estimations du taux global de fécondité générale dans les groupes d'âges de 15 à 44 ans (FG); 2. Estimations du taux brut de reproduction (R); 3. Estimations de la fécondité totale (FT); 4. Estimations de l'âge moyen de maternité (m)

100

1. Taux observé (N) et estimé de natalité (N'); 2. Proportion d'enfants par rapport à la population totale (E/P); 3. Proportion des femmes âgées de 25 à 44 ans n'ayant pas procréé d'enfant vivant par rapport aux femmes du même groupe d'âges (S). A. Province de Léopoldville B. Province de l'Equateur C. Province Orientale D. Province du Kivu

101 102 103 104

E. Province du Katanga F . Province du Kasaï

105 106

III. 1

Nombre moyen d'enfants par femme pour quelques tribus de la province de l'Equateur et de la province Orientale

121

III. 2

Pourcentage des femmes n'ayant pas procréé pour quelques groupes ethniques de la province de l'Equateur et de la province Orientale .

122

III. 3

Pourcentage des femmes n'ayant pas procréé pour les Yayenga (Mongo) et Topoke

123

III. 4

Stérilité et fécondité des Batetela et des Baluba en 1948 (territoire

II. 13

II. 14

Katako-Kombe)

124

III. 5

Batwa-Ekonda du territoire de Kiri

128

IV. 1

Pourcentage des enfants âgés de moins de 15 ans dans une population dont la fécondité reste constante à un taux brut de reproduction égal à 2,8 et dont la mortalité diminue progressivement au rythme indiqué par l'espérance de vie à la naissance (°e0) Evolution de la proportion d'enfants dans les districts traditionnellement peu féconds

IV. 2

141 143

Liste des

IV. 3

tableaux

21

Pourcentage des femmes mariées ou ayant été mariées, qui n'ont pas procréé d'enfant vivant, par groupe d'âges, pour les districts traditionnellement très féconds

146

Pourcentage des femmes, mariées ou ayant été mariées, qui n'ont procréé aucun enfant vivant, par groupe d'âges, pour les districts traditionnellement peu féconds

148

Pourcentage des femmes, mariées ou ayant été mariées, qui n'ont procréé aucun enfant vivant, par groupe d'âges, pour quelques districts et territoires manifestant une baisse de la stérilité

149

IV. 6

Taux de natalité selon les données des enquêtes démographiques, par périodes

151

IV. 7

Pourcentage des femmes, mariées ou ayant été mariées, qui n'ont procréé aucun enfant vivant, par groupe d'âges

152

IV. 8

Proportion d'enfants pour 100 personnes de tous âges, selon les données de l'enregistrement continu (recensements sur fiches) . . .

153

IV. 9

Proportion d'enfants pour 100 femmes adultes, selon les données de l'enregistrement continu (recensements sur fiches)

154

IV. 10

Rapport enfants/population selon les données de l'enregistrement continu (recensements sur fiches) (moyenne par période)

155

IV. 11

Répartition de la population du Congo en hommes, femmes et

IV. 4

IV. 5

enfants, d'après les données du recensement de 1917

156

IV. 12

Quelques indicateurs de l'évolution sociale

169

V. 1

Taux de natalité, brut et ajusté, pour l'ensemble du pays, par type du milieu

172

V. 2

Nombre de femmes, par groupe d'âges, pour 1 000 personnes des deux sexes réunis, par milieu (données non ajustées)

173

V. 3

Taux de fécondité, par groupe d'âges, par milieu

173

V. 4

Proportion des femmes mariées par groupe d'âges, par milieu . . .

174

V. 5

Taux de fécondité des femmes mariées (y compris les femmes vivant en union de fait stable), par milieu

174

V. 6

Taux de fécondité des épouses de monogames (mariées régulièrement), par milieu

175

V. 7

Evolution du nombre des femmes mariées et des femmes libres à Stanleyville

182

V. 8

Pourcentage des femmes n'ayant pas procréé, par groupe d'âges et par milieu

183

V. 9

Intervalles moyens entre les naissances des enfants ayant survécu au moins 6 mois

184

V. 10

Répartition de la population suivant le type d'habitat : rural, urbain et mixte (basée sur les données de l'enquête démographique 1955-1957)

190

22

La fécondité

des populations

congolaises

V. 11

Taux de natalité pour 1 000 personnes, selon le milieu

191

V. 12

Fécondité totale pour 1 000 femmes de tous les états matrimoniaux, selon le milieu

192

V. 13

Fécondité totale pour 1 000 femmes mariées (y compris les unions de fait), selon le milieu

193

V. 14

Fécondité totale pour 1 000 femmes mariées sous régime monogamique régulier (donc à l'exclusion des unions de fait), selon le milieu

194

VI. 1

Répartition selon l'union monogamique et l'union polygamique, pour 100 marié(e)s (union de fait y comprise) dans chaque groupe d'âges, séparément par sexe

197

VI. 2

Répartition par type d'union pour 100 personnes mariées dans chaque groupe d'âges (pour les seules unions monogamiques) . . .

199

VI. 3

Mesures d'intensité et d'étendue de la polygamie

201

VI. 4

202

VI. 5

Répartition des hommes1953) polygames selon le nombre d'épouses (enquête démographique Pourcentage des marié(e)s sous régime polygamique, dans chaque groupe d'âges

203

VI. 6

Pourcentage des femmes mariées aux polygames par rapport à toutes les femmes mariées dans les territoires à résidence matrilocale . . .

208

VI. 7

Evolution du nombre des femmes sujettes aux impôts sur la polygamie

212

VI. 8

Répartition selon l'état matrimonial en pourcent du nombre des personnes dans chaque groupe d'âges, séparément pour les femmes et les hommes (ensemble du pays)

214

VI. 9

Age moyen au premier mariage et pourcentage des célibataires dans le groupe d'âges de 15 à 19 ans pour les femmes et 20 à 24 pour les hommes

217

VI. 10

Taux de masculinité dans les âges de mariage en fonction de l'espérance de vie (°e0), pour un taux brut de reproduction égal à 3 et un taux de masculinité à la naissance égal à 1,03, le décalage d'âge au mariage étant de 5 ans

219

VI. 11

Nombre moyen des mariages contractés par une femme dans chaque groupe d'âges (célibataires non comprises)

225

VII. 1 (a) Répartition des naissances dans chaque groupe d'âges, selon le type d'union et l'état matrimonial des mères

228

VII. (1 b) Répartition des femmes selon l'état matrimonial

229

VII. 2

VII. 3

Fécondité totale (cumulée) par femme, séparément pour les femmes mariées (y compris celles vivant en union de fait) et pour les femmes non mariées (célibataires, veuves et divorcées) et pourcentage des naissances issues de femmes non mariées (illégitimes)

231

Taux de fécondité légitime et illégitime. Taux global de fécondité et fécondité totale par femme

232

Liste des tableaux

VII. 4

23

Femmes n'ayant pas procréé un enfant vivant, par état matrimonial (pour 100 femmes dans chaque groupe d'âges, séparément pour chaque catégorie matrimoniale)

233

VII. 5

Taux spécifique de fécondité légitime (naissances issues des unions régulières et des unions de fait)

234

VII. 6

Taux spécifique de fécondité illégitime (naissances issues de femmes célibataires, veuves et divorcées)

235

VII. 7

Taux de fécondité pour les unions régulièrement établies et pour les unions de fait (monogames seulement)

236

VII. 8

Taux spécifique de fécondité

238

VII. 9 Taux spécifique de fécondité (milieu rural seulement) VII. 10 Nombre moyen d'enfants nés vivants par épouse de monogame et par épouse de polygame (ensemble du Congo à l'exception de la province de Léopoldville pour laquelle les données ne sont pas disponibles)

239

241

VII. 11 Pourcentage, par groupe d'âges, des femmes n'ayant pas procréé un enfant vivant parmis les épouses des monogames et des polygames .

243

VII. 12 Taux de fécondité des seules femmes fécondes, comparés à ceux de l'ensemble des femmes, épouses de monogames et de polygames, par groupe d'âges

244

VII. 13 Taux de fécondité monogamique, bigamique et polygamique, pour trois pays africains VII. 14 Taux de fécondité monogamique, par province et par district

247 . . .

248

VII. 15 Taux de fécondité polygamique, par province et par district . . . .

249

VII. 16 Fécondité totale (cumulée) par femme

250

VII. 17 Age moyen des conjoints selon le type d'unions. Congo et Niger. .

254

IX. 1

Intervalle moyen entre les naissances successives, dans chaque groupe d'âges, des mères pour quelques populations non malthusiennes. .

285

X. 1

Cas d'infection vénérienne publiés dans le rapport de la Direction générale des services médicaux pour 1957 (ensemble du pays) . . .

298

X. 2

Nombre des cas de syphilis et de blennorragie traités dans toutes les formations (gouvernementales et autres) dans la province de l'Equateur (1957)

303

X. 3

Evolution dans le temps du nombre de cas de syphilis et de blennoragie au Congo, séparément pour les résidents congolais et les résidents européens

304

Rapprochement entre les taux de natalité et de stérilité et les indices d'infection de blennorragie et de syphilis, pour la province de l'Equateur (1957)

309

Tableau annexe - Répartition de la population et de la superficie en fonction du niveau de natalité

331

X. 4

LISTE DES CARTES ET FIGURES

II. 1 Distribution par âge, observée et stable, de la population du Congo. II. 2

Relation entre la natalité et la proportion des personnes âgées de moins de 5 ans, dans une population stable (modèle Nord).

II. 3 Relation entre le taux de natalité et le taux brut de reproduction, respectivement pour une espérance de vie (°e0) et pour un âge moyen de maternité (m). II. 4 Taux de natalité basé sur la proportion d'enfants âgés de moins de 5 ans (méthode de population stable). Taux de natalité ajusté pour les enfants décédés, omis. II. 5 Taux de natalité/Pourcentage des femmes n'ayant pas procréé aux âges de 25 à 34 ans. III. 1 Différences des fécondités entre régions. III. 2

Campagnes esclavagistes dans la seconde moitié du XIX e siècle.

III. 3 Répartition de la population extra-coutumière, urbaine et mixte, 1958. III. 4 Densité de la population rurale par km 2 en 1948. III. 5 Carte de stérilité. IV. 1 Relation entre les taux de natalité pour 1 000 habitants enregistrés à trois époques : 1935-1937; 1948-1953; 1955-1957. IV. 2 Evolution de la proportion d'enfants pour 100 personnes de tous les âges (données de l'enregistrement continu). IV. 3 Relation entre les proportions d'enfants pour 100 habitants, par district sur la base des données de l'enregistrement continu de la population pour les périodes 1936-1938 et 1955-1957. V. 1 Diagramme de corrélation entre les milieux ruraux et les milieux urbains en termes de la fécondité totale pour 1 000 épouses de monogames (mariages réguliers). V. 2 Evolution de la proportion d'enfants pour 100 femmes adultes, selon le milieu (données de l'enregistrement continu). V. 3 Evolution de la proportion d'enfants pour 100 femmes adultes dans les trois grandes villes congolaises (données de l'enregistrement continu).

26

La fécondité

des populations

congolaises

V. 4 Nombre des femmes adultes pour 100 hommes adultes, dans l'ensemble du milieu extra-coutumier (centres urbains et mixtes) et dans quelques villes (données de l'enregistrement continu). VI. 1 Nombre des femmes mariées aux polygames pour 1 000 femmes mariées, par district. VI. 2 Types de systèmes familiaux dominants. VII. 1 Relation entre la fécondité totale monogamique (M) et la fécondité totale polygamique (P). X. 1 Diagramme de corrélation entre le taux de natalité et la fréquence de syphilis (nouveaux cas) pour 1 000 individus soumis au recensement médical itinérant.

CHAPITRE I

Renseignements et leurs sources

Les renseignements dont on dispose pour l'étude démographique du Congo sont plus abondants et plus variés que ceux que l'on trouve habituellement dans d'autres pays d'Afrique. Ceci résulte : 1° d'un système d'enregistrement continu des habitants, en vigueur dans le pays depuis environ 1920 ; 2° de la généralisation, dans les années 50, de l'enregistrement des naissances et des décès dans le cadre d'un système d'état civil obligatoire ; 3° des enquêtes démographiques, entreprises périodiquement par le cadre administratif du pays ; et 4° surtout d'une vaste enquête démographique par sondage probabiliste, entreprise durant les années 19551957. Le but de ce chapitre est de décrire ces différentes sources de renseignements démographiques et de faire le bilan des renseignements qui pourront servir à l'étude quantitative de la fécondité, telle que nous l'envisageons dans cet ouvrage.

I. L'ENREGISTREMENT

CONTINU

DES

HABITANTS 1 .

Suivant les dispositions légales en vigueur au Congo, tout individu est tenu de se faire « recenser » par voie d'inscription à la circonscription administrative de sa résidence. Cette inscription donne lieu à l'établissement d'une fiche personnelle comportant toutes les indications relatives à l'identité du titulaire, et qui est conservée à l'Office de la population de la 1. Ce système est communément connu sous le nom de « recensement sur fiches ».

28

La fécondité

des populations

congolaises

circonscription. Une fiche est établie lors de la déclaration de naissance et de l'établissement de résidence ; elle est retirée en cas de décès ou d'abandon de résidence légale. Les fichiers ainsi établis devaient servir un double objectif : 1° le contrôle de la population, principalement en vue d'organiser la perception de l'impôt de capitation, auquel étaient soumis les hommes adultes valides, et éventuellement le recrutement de la main-d'œuvre ; 2° l'établissement, aux divers échelons administratifs, de statistiques sommaires sur la population. Ils permirent au gouvernement de fournir, à la fin de chaque année, des statistiques de la population totale, de sa répartition par sexe et en deux grandes classes d'âges, « enfants » et « adultes », séparément pour la population coutumière et la population extra-coutumière. La première comprend en fait les habitants des villages, la seconde, les habitants des centres industriels et urbains. L'établissement de ces statistiques était souvent précédé d'une mise à jour des fichiers, car, comme l'on pouvait s'y attendre, la non-observance des dispositions relatives à l'enregistrement des naissances, des décès, des arrivées et des départs aboutissait à une accumulation d'omissions et de fiches sans titulaires. Au point de vue de la fécondité, l'intérêt de ces statistiques réside dans ce qu'elles fournissent les proportions des enfants par rapport à la population totale et par rapport aux seules femmes adultes. Sans être une mesure directe de la fécondité, ces proportions ne constituent pas moins une indication précieuse, notamment parce que la fécondité, à l'encontre de la mortalité, exerce une influence déterminante sur la distribution par âge. Pour pouvoir interpréter correctement les séries relatives aux proportions d'enfants, tirées des données de l'enregistrement continu, il faut résoudre au préalable un certain nombre de problèmes, que voici. La distinction entre « enfants » et « adultes » repose sur un critère sociophysiologique plutôt que sur un âge précis. C'est ainsi que la ligne de séparation repose sur l'âge auquel les filles se marient normalement (environ 16 ans), et sur l'âge auquel les garçons sont censés payer l'impôt de capitation (environ 18 ans). L'appréciation du terme « e n f a n t » risque donc de varier d'une région à l'autre, selon les habitudes locales de mariage et les pratiques fiscales des administrations. Ceci peut donc entraîner des variations régionales de caractère purement statistique. Bien plus, le fait que la proportion d'enfants n'est pas établie en fonction d'un âge précis, la rend impropre à une dérivation du taux de natalité à l'aide d'une méthode telle que celle de la population stable.

Renseignements

et leurs sources

29

Les séries statistiques fournies par l'enregistrement continu couvrent une période d'une quarantaine d'années (1920 à 1960). Leur utilisation pour l'étude des tendances temporelles de la fécondité ne soulève pas moins un certain nombre de problèmes. Pendant les premières années de la mise en place du système, il y avait une tendance nette à négliger l'enregistrement des enfants, parce que la Colonie s'intéressait principalement aux hommes assujettis à l'impôt de capitation. Durant la dernière guerre mondiale, l'enregistrement fut quelque peu délaissé par une Administration appelée à des tâches plus urgentes. D'autre part, les changements fréquents dans les limites administratives n'ont pas permis de reconstituer pour des divisions administratives particulières, des séries statistiques couvrant la période entière. Cette discontinuité rend malaisée l'étude des variations temporelles qui affectent les subdivisions administratives. Un dernier point reste à souligner. S'il est vrai que dans une population fermée, la proportion d'individus d'un âge donné dépend essentiellement du niveau de la fécondité, la mortalité joue également son rôle, quoique d'une manière moins tangible. L'analyse des tendances de la fécondité doit tenir compte des changements dans la structure par âge résultant de la baisse progressive de la mortalité dans le pays. En dépit de ces réserves, les statistiques fournies par l'enregistrement continu constituent incontestablement un précieux appoint à l'étude de la fécondité sur le plan des variations régionales et des tendances dans le temps.

II. L'ENREGISTREMENT DES NAISSANCES L'inscription des naissances à l'état civil a connu un réel progrès vers les années 50 quand l'obligation de déclarer les décès et les naissances fut étendue à l'ensemble du pays. Deux circonstances ont grandement contribué à promouvoir, d'une part, l'intérêt des Congolais pour l'enregistrement des naissances et à améliorer, d'autre part, la qualité de cet enregistrement. L'une est l'instauration des allocations familiales au profit des travailleurs salariés. La preuve légale de la légitimité de l'enfant était la condition requise pour bénéficier de cet avantage. L'autre circonstance est l'impressionnant développement des maternités : 210 000 accouchements sur un total estimé à 570 000 (1956) eurent lieu dans les hôpitaux et les maternités. Ces accouchements étaient attestés par un certificat émis par le

30

La fécondité

des populations

congolaises

médecin et dont la présentation était exigée lors de la déclaration de l'enfant à l'état civil. Ceci a sans doute permis d'éviter de nombreuses erreurs sur la date de naissance. Il reste cependant vrai que, à l'exception des quelques villes où surtout les deux circonstances spécifiées plus haut ont été présentes, l'enregistrement des naissances est loin d'être complet. La faible densité du réseau des bureaux d'état civil, le manque de compréhension, voire même la superstition de la part de la population constituent autant d'obstacles à un développement complet de l'état civil en milieu africain. Les enfants décédés peu après leur naissance étaient les premiers à échapper à l'enregistrement, car on ne voyait pas très bien à quoi leur enregistrement pouvait encore servir. Les naissances déclarées à l'état civil représentaient 83 % du nombre des naissances, estimé sur la base du relevé direct des naissances dans l'échantillon de l'enquête 1955-1957, et 79 % du nombre des naissances estimé à partir de la proportion d'enfants âgés de moins de 5 ans (voir le deuxième chapitre, méthode de la population stable) fournie par cette même enquête. Dans certains districts, les omissions atteignaient la moitié des effectifs estimés, ainsi que l'indique le tableau 1.1. Aussi incomplets que soient les registres des naissances, ils ont été d'un grand secours dans l'élaboration des statistiques de fécondité au Congo. Les renseignements qu'ils contiennent ont été largement utilisés lors de l'enquête entreprise en 1955-1957, à titre d'informations complémentaires, et ceci nous a grandement aidé à améliorer la qualité des données obtenues par l'interview directe. C'est là en Afrique un cas unique où les renseignements de deux sources indépendantes ont pu être combinés pour produire des séries statistiques plus adéquates. On reviendra plus loin sur ce point lorsqu'on reparlera de l'enquête démographique entreprise en 1955-1957.

Renseignements

et leurs

sources

31

TABLEAU I .

1.

NAISSANCES ENREGISTRÉES A L'ÉTAT CIVIL (1956) COMPARÉES AUX NAISSANCES RELEVÉES PAR L'ENQUÊTE (1955-1957) ET CELLES ESTIMÉES PAR LA MÉTHODE DE LA POPULATION STABLE A PARTIR DE LA PROPORTION D'ENFANTS ÂGÉS DE MOINS DE 5 ANS FOURNIE PAR LA MÊME ENQUÊTE 1955-1957 Estimées à partir des (1) G) enfants de — x 100 — x 100 moins de 5 ans (2) (3) (3)

DONNÉES DE L'ENQUÊTE

Districts et Provinces division administrative 1958 Léopoldville Lac Léopold II .. Kwilu Kwango Bas-Congo Cataractes Province de Léopoldville Équateur Mongala Ubangi Tshuapa Province de l'Équateur Stanleyville Ituri Bas-Uélé Haut-Uélé Province Orientale. Sud-Kivu Nord-Kivu Maniéma Province du Kivu. Elisabethville . . . . Tanganika Lualaba Haut-Lomami Luapula Moero .. Province du Katanga Lulua Sankuru Kabinda Kasal Province du Kasal. Congo

Données de l'état civil 1956

Relevé direct

(1)

(2)

15 155 11 435 48 212 21 386 19 594 17 062

17 351 12 023 51 842 22 420 19 768 19 779

17 795 12 440 54 677 25 092 19 639 22 039

87 95 93 95 99 86

85 92 88 85 100 77

132 844 8 464 18130 20 054 9 730

143 183 10190 21 294 23 936 12 067

150 403 9 820 22 120 24 759 11 323

93 83 85 84 81

88 86 82 81 86

56 378 10 241 21 721 7 397 9 760 49119 37 195 34 820 11 806 83 821 8 189 11 014 11 754 15 463 5 946

67 487 21 573 27 806 8 951 13 506 71 836 43 443 36 290 15 293 95 026 8 193 21 332 12 077 19 898 10 734

68 070 22 414 28 717 10 026 14 345 75 159 50 239 42 521 16 615 107 508 8 224 20 005 13 087 21 226 11 106

84 48 78 83 72 68 86 96 77 88 100 52 97 78 55

83 46 76 74 68 65 74 82 71 78 100 55 90 73 54

52 366 23 733 17 098 19 707 17 489 78 022 452 550

72 234 28 183 20 532 23 153 22 341 94 209 543 975

74 605 31 743 20 586 23 183 24195 95 967 575 813

73 84 83 85 78 83 83

70 75 83 85 72 81 79

32

La fécondité

des populations

congolaises

III. LES ENQUETES DEMOGRAPHIQUES ENTREPRISES DANS LES GROUPEMENTS-TYPES.

Confrontée avec le grave phénomène de dénatalité, voire de dépopulation dans de nombreux endroits du pays, l'Administration coloniale, afin de suivre l'évolution, tenait à disposer de statistiques plus précises et plus détaillées que celles, trop sommaires, fournies par l'enregistrement continu des habitants. C'est pour répondre à cette préoccupation que les enquêtes démographiques, appelées encore « coups de sonde », furent inaugurées vers 1925. Depuis lors, elles ont été effectuées annuellement, jusqu'en 1938. Abandonnées pendant la guerre, elles furent reprises, sur une base quelque peu modifiée, vers 1948. La dernière enquête de cette série eut lieu en 1953. L'enquête relevait de l'Administration territoriale. Dans chaque territoire, un ou deux agents étaient assignés à cette besogne pendant une période particulière de l'année. Pour assurer une certaine continuité dans les séries statistiques, on s'efforçait, dans la mesure du possible, de garder les mêmes groupements d'une année à l'autre. Les agents chargés de la collecte des renseignements étaient généralement familiarisés avec les coutumes des groupements enquêtés, ils connaissaient la langue locale, mais ils ne recevaient guère de formation préalable en matière de techniques d'interview. En outre, ils n'étaient pas pourvus de directives détaillées quant à la collecte des renseignements et à la définition des caractéristiques à relever. Il y avait là place pour des improvisations personnelles de nature à nuire à l'uniforme des procédés de relevé. Il convient également de souligner que l'enquête se bornait presque exclusivement aux villages et n'incluait qu'exceptionnellement des centres extra-coutumiers. La façon dont l'échantillon sur lequel portait l'enquête a été constitué est également critiquable. C'est ainsi que, dans chaque territoire, les agents chargés de l'enquête devaient choisir un ou deux groupements, totalisant environ 2 000 habitants, qu'ils estimaient être représentatifs de l'ensemble de la population du territoire. Il va sans dire qu'un pareil choix, quelle que soit par ailleurs la compétence professionnelle des personnes chargées de la sélection, soulève le problème de la représentabilité, au sens statistique du terme, des groupements choisis. Peut-on extrapoler à l'ensemble de l'univers les renseignements tirés d'une unité particulière, choisie par une méthode non probabiliste ? Quelle en est la marge d'erreurs ? Par ailleurs, à une époque où tout le monde voyait se profiler sur le pays le spectre de la

Renseignements

et leurs sources

33

dépopulation, n'a-t-on pas eu tendance à donner spontanément la préférence aux groupements démographiques décadents ? Ces questions suffisent à inciter à la prudence dans l'interprétation des renseignements ainsi obtenus, et ceci, abstraction faite des erreurs d'observation que ces renseignements sont susceptibles de comporter. Le nombre des personnes enquêtées représentait, au total, selon l'année, de 3 à 6 % de l'ensemble de la population du pays. Du point de vue du type des renseignements fournis, il faut distinguer les enquêtes effectuées dans les années d'avant-guerre (1940) des enquêtes d'après-guerre. Les renseignements sur la fécondité d'avant-guerre se limitent sommairement aux seules naissances survenues au cours de l'année ayant précédé l'enquête. C'est donc juste suffisant pour calculer le taux brut de natalité. Pour le reste, ces enquêtes, suivant une expression de P. Ryckmans, n'étaient que des « recensements mieux faits et soigneusement revus chaque année 2 . A ce titre, tout comme l'enregistrement continu dont il est question dans la première section, elles procurent des indications sur la proportion des enfants par rapport à l'effectif total de la population et à celui des femmes. Les enquêtes d'après-guerre offrent par contre une gamme beaucoup plus large de renseignements portant directement ou indirectement sur la fécondité. Ainsi fournissent-elles des données sur la distribution de la population par groupes quinquennaux d'âges et sur les naissances survenues au cours de l'année ayant précédé l'enquête. Ces dernières données étaient fournies selon l'âge de la mère, l'état matrimonial (mariée ou non mariée) et le type d'union (monogamique et polygamique). Outre les taux bruts de natalité, il a été ainsi possible de calculer les taux de fécondité illégitime et légitime, monogamique et polygamique. Les documents originaux de l'enquête ayant été égarés ou étant inaccessibles à cause de leur éparpillement dans les bureaux provinciaux, il a fallu se contenter des renseignements, fort sommaires, publiés dans les rapports annuels de la Chambre belge des Députés et dans les rapports annuels des Affaires Indigènes et de la Main-d'œuvre (A.I.M.O.).

2.

P.

« Note sur la démographie congolaise », dans Bulletin de l'Institut Royal Colonial Belge, II, 1931-1937, p. 259. 3

RYCKMANS,

des séances

34

La fécondité

des populations

congolaises

IV. L'ENQUETE PAR SONDAGE PROBABILISTE EFFECTUEE DE 1955 A 1957

Par rapport aux enquêtes décrites dans la section précédente, cette enquête de 1955-1957 constitue un progrès considérable tant au point de vue des méthodes de l'échantillonnage et de l'organisation du travail sur le terrain qu'au point de vue de la variété et de la qualité des renseignements fournis 3 . A . Le choix de

l'échantillon

L'innovation essentielle propre à cette enquête réside dans la conception de l'échantillonnage. L'échantillon étudié a été constitué selon une méthode strictement probabiliste, excluant donc les biais systématiques propres à un choix délibéré. Afin d'accroître son efficacité, l'ensemble de la population a fait l'objet d'une stratification préalable selon les critères suivants : 1° le type de la localité, en distinguant entre les agglomérations rurale, urbaine et mixte ; 2° l'appartenance tribale des villages ; 3° la dimension du village ; 4° les caractéristiques économiques prépondérantes propres aux agglomérations mixtes (camps des travailleurs, centres de négoce, etc.). La stratification, selon ce schème, a été opérée au niveau de chacun des 135 territoires dans lesquels le pays a été divisé administrativement à l'époque. C'est donc dire que le domaine d'enquête a été constitué par une division administrative relativement petite. Du point de vue de l'efficacité de l'échantillonnage, la détermination de l'unité de sondage revêt une grande importance. En effet, plus l'unité de sondage est réduite, plus faible est, toutes choses égales d'ailleurs, l'erreur de sondage. L'unité de sondage choisie varie suivant la strate : le village - dans la strate rurale ; l'agglomération - dans la strate mixte ; et la parcelle ou la maison - dans les centres urbains. La base de sondage a été constituée par les listes des villages dans la strate rurale, des agglomérations dans la strate mixte, et des maisons ou parcelles dans les centres urbains. Les renseignements nécessaires ont été fournis par l'enregistrement continu décrit dans la section précédente. Le 3. Pour plus de détails sur cette enquête, voir le rapport rédigé par le présent auteur dans le Tableau général de la démographie congolaise. Enquête démographique par sondage, 1955-1957, publié par le Ministère du Plan et de la Coordination économique, Léopoldville, juillet 1961.

Renseignements

et leurs

sources

35

responsable de l'enquête dans une région donnée a eu soin de s'assurer que les listes étaient complètes, qu'aucune unité n'était omise ou ne figurait deux fois. Après que toutes les unités à sonder furent groupées par strate et sous-strate, selon le schème décrit plus haut, l'échantillon a été tiré par le procédé de « prélèvement systématique » : chaque n c m e unité a été retenue pour former l'échantillon à partir des listes établies par strate et sous-strate. Afin de conserver au choix son caractère probabiliste, l'unité dans la première tranche des n eme" unités a été choisie au hasard. Il convient de noter que la strate rurale comprenait à la fois beaucoup plus de population et des caractéristiques sociales et culturelles nettement plus homogènes que les strates mixtes et urbaines. Or, la théorie de sondage probabiliste démontre que pour une fraction sondée donnée, l'erreur de sondage est d'autant plus forte que la variabilité des caractéristiques étudiées est plus prononcée et la population en chiffre absolu plus faible. Afin d'équilibrer dans une certaine mesure les erreurs de sondage attendues pour les différentes strates, nous avons décidé de renforcer la fraction sondée dans les strates mixtes et urbaines. Ainsi, chaque dixième unité (village) a été retenue dans la strate rurale et chaque septième unité (respectivement maison et agglomération) dans la strate urbaine et la strate mixte. Autrement dit, l'échantillon représente 10 % de l'ensemble de la population dans la première strate et 14 % de l'ensemble de la population dans chacune des deux dernières strates. La population effectivement enquêtée compte 962 000 individus dans la strate rurale, 177 000 dans la strate urbaine et 220 000 dans la strate mixte, soit au total environ 1 360 000 individus sur une population totale de quelque 13 millions d'habitants (1956). L'échantillon ainsi choisi possède tous les attributs d'un échantillon représentatif de l'univers dont il est tiré. Toutes les régions, toutes les tribus et les principaux types d'habitats (rural, urbain et mixte) y sont englobés dans des proportions jugées adéquates. L'échantillon est d'une taille suffisante pour conférer aux résultats obtenus une confiance statistique acceptable. B. Les renseignements

recherchés

L'enquête visait à réunir un grand nombre de renseignements divers. Ceux qui relevaient du domaine proprement démographique concernaient l'âge, l'état matrimonial, la fécondité, la mortalité, etc., tandis que figuraient comme caractéristiques culturelles les langues parlées, l'instruction, la reli-

36

La fécondité

des populations

congolaises

gion, l'appartenance ethnique, etc. Du domaine économique relevaient enfin la branche d'activité, le statut économique (salariés et travailleurs indépendants) et le chômage. Les renseignements recueillis sur la fécondité sont de deux ordres : — les naissances vivantes survenues au cours des 12 mois ayant précédé l'enquête ; — les enfants mis au monde durant la vie procréative des femmes. Ces renseignements ont été publiés selon les caractéristiques suivantes de la mère : — la classe d'âges ; — l'état matrimonial (pour les naissances vivantes survenues au cours des 12 mois ayant précédé l'enquête seulement), en distinguant : 1° les femmes mariées et les femmes non mariées ou non remariées ; 2° les épouses de monogames et les épouses de polygames ; 3° les femmes vivant en unions régulières et celles vivant en union stable ; — l'appartenance ethnique ; — la religion ; — le type de résidence : rural, urbain et mixte. En outre, un tableau spécial donne la distribution des femmes selon le nombre d'enfants qu'elles ont eus au total, par grands groupes d'âges. Enfin, un autre tableau donne les proportions de femmes n'ayant procréé aucun enfant vivant, par classe d'âges, et cela, selon les critères énumérés plus haut. Les statistiques détaillées tirées de cette enquête ont été publiées en une douzaine de volumes par le Service des statistiques du gouvernement de Kinshasa (Léopoldville). En outre, un rapport sommaire de cette enquête, accompagné des principaux tableaux statistiques, a été rédigé par l'auteur de la présente étude et publié par le ministère du Plan et de la Coordination économique sous le titre : Tableau général de la démographie congolaise (Léopoldville, juillet 1961). C. L'organisation du travail sur le terrain Afin de juger avec un certain réalisme de la valeur des informations fournies par cette enquête, il faut voir comment la collecte des renseignements a été assurée. Une centaine d'enquêteurs préalablement bien entraînés aux techniques d'interview et connaissant la langue véhiculaire courante de leur région d'opération ont participé aux travaux sur le terrain. Engagés à titre d'agents

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et leurs

sources

37

permanents de l'Administration, ces enquêteurs bénéficiaient de la sécurité d'emploi et des possibilités habituelles de promotion. Ils recevaient une indemnité spéciale de déplacement et des avantages matériels destinés à stimuler leur ardeur au travail. Ces conditions ont probablement éveillé chez eux un intérêt professionnel qu'on n'aurait guère pu espérer de la part d'enquêteurs occasionnels. L'enquête a été conduite case par case, alors que toute la famille assistait à l'interview. Ce procédé a permis de réduire le nombre d'omissions et de susciter une atmosphère de confiance indispensable à la bonne conduite de l'interview. En aucune façon, l'enquêteur n'était autorisé à convoquer les gens à sa résidence ou sur une place publique. De tels procédés furent souvent utilisés autrefois lors des recensements administratifs et provoquèrent de nombreuses omissions, surtout parmi les invalides et les petits enfants. Le travail des enquêteurs était soumis à un contrôle périodique du chef d'équipe dont la tâche de surveillance et de contact étroit avec eux était facilitée par la superficie aussi réduite que possible de l'aire géographique assignée. Après avoir fini le recensement d'une région, les hommes se déplaçaient en équipe pour entamer le travail de la région voisine. Cette manière de procéder était certes fort coûteuse ; elle réquérait des moyens de transport considérables, sans parler de l'inconfort enduré par les enquêteurs en constant déplacement. Mais le jeu en valait le prix. Non seulement les enquêteurs furent mieux surveillés, mais encore le chef d'équipe fut à même d'intervenir personnellement pour régler les différents litiges qui ne manquaient pas de surgir en cours d'opération. Des réunions périodiques rassemblaient les équipiers pour échanger les expériences individuelles et apporter des améliorations aux méthodes de collecte. La façon dont furent recueillis les renseignements relatifs aux naissances mérite un commentaire spécial. 1. Le relevé des naissances survenues durant les 12 derniers mois Malgré les bonnes dispositions qu'elles affichaient généralement à l'égard des enquêteurs, les populations formaient un milieu en grande partie illettré et superstitieux. Ce n'est pas sans une certaine réticence qu'elles déclaraient les enfants décédés. L'usage du calendrier pour mesurer le temps ne leur était guère connu, ce qui compliquait la tâche de déterminer la période des naissances.

38

La fécondité

des populations

congolaises

Aussi fallait-il recourir à des procédés plus ou moins ingénieux pour réduire les erreurs de relevé. D'un grand appoint furent les registres des naissances tenus à l'état civil. On se souviendra qu'au Congo, en moyenne, environ 80 % des naissances ont fait l'objet d'une inscription à l'état civil. Une liste de toutes les naissances enregistrées pour les 18 derniers mois fut remise à l'enquêteur chaque fois qu'il se rendait dans un village pour enquêter. Au fur et à mesure qu'il interrogeait les femmes sur leurs enfants nés durant les 12 derniers mois, il confrontait leurs réponses avec les renseignements repris dans la liste. Les naissances déclarées comme étant survenues durant les 12 derniers mois, alors qu'elles figuraient sur la liste à une date antérieure à cette période, étaient écartées de l'enquête. L'effort principal a été alors déployé en vue de découvrir les naissances non déclarées à l'état civil. A cette fin, on utilisait toutes les ressources de la technique d'interview et l'aide des notables et des voisins ; on consultait tous les documents (les livrets d'identité des parents dans lesquels figurent généralement les noms des enfants, les certificats de baptême, etc.) susceptibles de contenir les renseignements recherchés. Les enfants décédés peu après leur naissance ont fait l'objet de recherches assidues. Et pour cause. Souvent, on l'a déjà vu, les habitants ne se donnaient pas la peine de déclarer ces enfants à l'état civil, soit pour la naissance soit pour le décès. L'enquêteur n'en avait donc aucune trace et risquait de les omettre s'il ne prenait garde. Les parents, en raison de la superstition attachée aux morts, ou pour ne pas s'attirer d'ennuis inutiles pour défaut d'enregistrement, préféraient de leur côté en parler le moins possible. Lorsqu'on ignorait la date de naissance des enfants non déclarés à l'état civil, on pouvait néanmoins la déterminer dans de nombreux cas par comparaison avec les enfants dont la date était connue. Ainsi, un enfant âgé de 12 mois environ servait de point de repère aux autres ; on écartait ceux qui étaient nés avant lui et on retenait ceux qui étaient nés après lui. La conjugaison des ressources de l'état civil et de l'enquête directe est une expérience unique en Afrique. La constante confrontation des renseignements recueillis par l'enquête avec ceux des registres des naissances a permis : 1° un relevé plus complet des naissances, et 2° une réduction considérable de l'erreur due à l'indétermination de la période (12 mois) de naissance. Ce dernier type d'erreur est en effet responsable des sousestimations ou surestimations considérables des taux de natalité, souvent observées en Afrique. Mais en dépit des précautions prises, certaines erreurs ne purent pas

Renseignements

et leurs sources

39

être évitées. Ce sont surtout les enfants décédés peu après leur naissance qui durent échapper fréquemment à l'enquête. 2. Les enfants mis au monde au cours de l'existence de la mère Il y avait de grands risques de voir les femmes omettre de déclarer certains de leurs enfants, surtout s'ils étaient décédés entre-temps, et dans la mesure où leur nombre était élevé et l'âge plus avancé des mères. En plus des méthodes utilisées pour repérer les naissances des 12 derniers mois, des méthodes spéciales furent prescrites aux enquêteurs afin de minimiser les erreurs de relevé relatives à la descendance totale de la mère. Ainsi, chaque fois que la femme disait avoir plus de 3 enfants, les enquêteurs étaient tenus de dresser une liste nominative des enfants, dans l'ordre de leur naissance, en indiquant s'il s'agissait d'enfants morts ou en vie. Les espacements jugés anormalement longs entre les naissances successives ou d'autres irrégularités apparentes, qui se révélaient à l'inspection des listes ainsi établies, donnaient alors lieu à des investigations plus poussées. De toutes les sources passées en revue ici, c'est l'enquête démographique 1955-1957 qui fournit incontestablement les renseignements les plus abondants pour l'étude quantitative de la fécondité. Nous verrons dans le chapitre suivant comment ces divers renseignements peuvent être combinés dans le dessein de produire une série d'estimations alternatives des taux de natalité. Quoique plus sommaires, les données provenant des anciennes enquêtes et de l'enregistrement continu sont d'un grand appoint, surtout dans l'étude des variations régionales et des tendances de la fécondité dans le temps.

CHAPITRE II

Analyse et estimation des indices de fécondité

Ce chapitre se divise en trois sections. La première procède à une analyse critique des diverses mesures de fécondité, telles qu'elles sont basées sur les données brutes de l'enquête démographique 1955-1957, en vue notamment d'établir leur consistance interne. Forte des résultats de cette critique interne, la deuxième section tente de reconstruire sur une base plus solide les diverses mesures de fécondité. A cet effet, elle élabore et applique des méthodes d'ajustement et d'estimation, appropriées à la nature des données statistiques brutes. La troisième section présente les résultats finals.

I. EXAMENS DES DONNEES RELATIVES A LA FECONDITE FOURNIES PAR L'ENQUETE DEMOGRAPHIQUE DE 1955-1957 Les deux types de renseignements sur la fécondité au Congo sont : 1° les données relatives aux naissances survenues au cours des 12 mois ayant précédé l'enquête ; 2° le nombre d'enfants mis au monde par les femmes durant toute leur vie procréative. A. Mesures de fécondité basées sur les données relatives aux naissances survenues au cours des 12 mois précédant l'enquête Cette partie est réservée à un examen critique des diverses mesures conventionnelles de fécondité construites à partir des données relatives

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La fécondité

des populations

congolaises

aux naissances survenues pendant la période de 12 mois antérieure à l'enquête démographique 1955-1957. 1. Taux brut de

natalité

Ce taux est obtenu en divisant le nombre des naissances vivantes, rapportées pour les 12 mois précédant l'enquête, à l'effectif de la population totale, fourni par cette même enquête. Le tableau II. 1 reproduit les valeurs des taux bruts de natalité pour l'ensemble du pays et par grandes divisions administratives. La validité de ce taux dépend de celle des deux éléments qui le composent : le nombre des naissances pour la période de 12 mois, au numérateur ; l'effectif de la population dans laquelle ces naissances se sont produites, au dénominateur. En ce qui concerne la validité du numérateur, il convient de distinguer les naissances des enfants ayant survécu jusqu'à l'enquête, de celles des enfants décédés entre-temps. Grâce aux méthodes de contrôle du relevé des naissances par les enquêteurs - en particulier le recours aux registres des naissances tenus à l'état civil et dont il a été question au premier chapitre - on a pu réduire considérablement les omissions et les erreurs de détermination de la période (12 mois) dans le cas des naissances des enfants ayant survécu. C'est donc avec une certaine confiance que les données relatives à ces naissances peuvent être acceptées. Il en va autrement des enfants décédés peu après leur naissance et dont ni la naissance ni le décès n'ont souvent été enregistrés ; ils étaient inévitablement sujets à des omissions plus fréquentes que les enfants ayant survécu. La preuve indirecte en est fournie par le taux de mortalité infantile (îqo) anormalement bas qui se dégage des données de l'enquête. En effet, en rapportant le nombre d'enfants décédés à l'âge de moins d'un an durant les 12 mois précédant l'enquête, au nombre des naissances survenues pendant la même période, on obtient un taux de mortalité infantile de 104 %0 seulement. Le taux de mortalité des personnes âgées de plus d'un an suggère l'existence d'un taux de mortalité infantile nettement plus élevé. Bien plus, le taux de mortalité infantile (îqo), estimé à partir de la proportion d'enfants décédés parmi la descendance totale des femmes, s'élève à 173 décès infantiles pour 1 000 naissances1. 1. Une note en annexe à la deuxième section de ce chapitre explique la méthode suivie pour calculer les taux de mortalité.

Analyse

et estimation

des indices

de

fécondité

43

Si ce dernier taux mesure correctement la mortalité infantile au Congo, il faut en conclure à une omission de 69 décès à l'âge de moins d'un an par 1 000 naissances. Pour corriger le taux de natalité pour omission des enfants décédés, il conviendra évidemment de ne tenir compte que des enfants nés durant l'année précédant l'enquête et d'exclure ceux nés durant l'année antérieure. On reviendra sur ce point dans la deuxième section de ce chapitre. Le tableau 11.7 reproduit les quotients de mortalité observés estimés (îq'o) par district et par province.

Gqo) et

Considérons maintenant l'effectif de la population, dénominateur du taux. La précision du dénombrement varie, dans une certaine mesure, avec l'âge, le sexe et l'état matrimonial. Les personnes mariées régulièrement établies, ainsi que les mères et leurs enfants en bas âge ont sans doute bénéficié d'un recensement plus complet que les adolescents, trop mobiles et plus difficiles à atteindre. Les jeunes garçons n'ayant pas payé l'impôt ainsi que les jeunes filles et les garçons sans résidence légale dans les villes peuvent parfois avoir cherché délibérément à éviter le recensement. En général, il est admis que les hommes avaient plus de motifs (non-payement de l'impôt, séjour ou emploi irrégulier en ville) à se soustraire au recensement ; il n'est toutefois pas possible d'évaluer les omissions différentielles par sexe. Dans l'ensemble cependant, le dénombrement des habitants a été effectué avec grand soin : l'interview case par case de tous les locataires présents, des familles avec tous leurs membres réunis, le recours éventuel au contrôle par les fiches de recensement tenues par l'Administration, sont autant de procédés utilisés pour réduire les erreurs de dénombrement. L'estimation de la population, basée sur les données de l'enquête, corrobore le chiffre de la population basé sur les données de l'enregistrement continu des habitants, à 2 % près pour l'ensemble du pays 2. Quoi qu'il en soit, il ne semble pas que le taux de natalité eut à subir une inflation consécutive à un recensement déficitaire, ou plus exactement que le recensement des habitants ait été plus déficitaire que le relevé des naissances. En conclusion à cet examen des composants du taux de natalité, on peut dire que la source majeure d'erreur affectant le taux de natalité réside dans les omissions différentielles des enfants nés et décédés durant les 12 2. La population totale du Congo pour 1956 est de 12 793 000 habitants selon les données du recensement administratif et de 13 040 000 selon l'estimation basée sur les données de l'enquête démographique.

44

La fécondité

des populations

congolaises

mois précédant l'enquête. Une correction de ce biais sera opérée dans la deuxième section. 2. Taux global de fécondité générale Ce taux se définit comme étant le rapport du nombre des naissances vivantes à l'effectif des femmes en âge de procréer, ici de 15 à 44 ans. Le numérateur est identique à celui du taux de natalité discuté dans le paragraphe précédent. Quant au dénominateur, il a subi une inflation du fait de l'estimation erronée des âges. Certaines femmes, aussi bien celles âgées de moins de 15 ans que celles âgées de plus de 45 ans, ont été indûment incluses dans l'effectif de 15 à 44 ans. Une manière d'estimer l'importance de l'erreur ainsi commise est de calculer la distribution stable par âge, appropriée à la population congolaise 3, et la comparer avec la distribution observée. La figure II. 1 rend compte de ces deux distributions. L'effectif observé des femmes âgées de 15 à 44 ans excède l'effectif estimé (stable) de 13 %. Si ce dernier est correct, il faut en conclure que le taux global de fécondité générale est sous-estimé de 13 %. Un ajustement de ce biais sera opéré dans la deuxième section.

3. Voir le tableau II. 8 pour la façon dont la distribution par âge stable a été établie.

Analyse et estimation des indices de fécondité

45

FIGURE I I . 1

DISTRIBUTION PAR AGE, OBSERVEE ET STABLE, DE LA POPULATION DU CONGO

Distribution par âge observée stable Hommes

\ \ \ \ * \ v \

Femmes

/ V - N

\

Femmes \ Hommes V

\

\N\

0

5

\

10 15 20 2 5 3 0 3 5 40 45 5 0 55 60 6 5

Age

46

La fécondité des populations

congolaises

3. Taux spécifiques de fécondité par âge Ces taux se calculent en rapportant le nombre des naissances vivantes, survenues au cours de la période de 12 mois dans un groupe d'âges de femmes, à l'effectif des femmes dans ce groupe. Ainsi, on obtient une distribution de taux qui décrit le niveau et la variation par groupe d'âges de la fécondité. Les biais susceptibles d'affecter ces taux sont de deux ordres, selon qu'ils affectent : I o le niveau général ou 2° les variations par âge de la fécondité. Le premier type de biais a déjà été discuté à propos des taux globaux de fécondité. Certes, on peut se demander si les omissions de naissances ne sont pas liées à l'âge des femmes, ce qui, le cas échéant, modifierait à la fois le niveau et la variation de la fécondité par âge. Mais rien ne permet de supposer que de tels biais aient eu lieu effectivement dans une mesure appréciable. Si l'on voulait faire un ajustement pour les omissions de naissances, il suffirait d'appliquer un facteur correcteur uniforme, identique à celui qu'on utilisera pour la correction du taux global de fécondité. Bien plus embarrassant est le problème soulevé par les biais affectant la variation par âge par suite du classement erroné des femmes par âge, que mettent en évidence le graphique II.l et le tableau II.8. Le fait que les femmes d'un certain âge, et partant douées d'une certaine capacité de procréation, soient erronément classées dans un groupe d'âge qui n'est pas le leur, ne peut pas avoir manqué de perturber la distribution des taux de fécondité par âge. Mais comment ? Quelle est l'ampleur, ou tout au moins la direction du biais dans chaque groupe d'âges particulier ? Il faut bien avouer que le mécanisme interne par lequel les erreurs de classement par âge ont affecté les variations des taux de fécondité par âge échappe à toute analyse quantitative. Aussi, devant cette complexité du problème, a-t-il fallu renoncer à toute tentative d'ajustement des taux de fécondité par âge. On devra se contenter d'utiliser les taux non ajustés, tels qu'ils sont reproduits dans le tableau II.l, quitte à garder à l'esprit les limitations qu'ils impliquent. 4. Fécondité totale En additionnant les taux de fécondité par âge (après avoir multiplié chaque taux par le nombre d'années compris dans l'intervalle d'âges dont il relève), on obtient les taux cumulés de fécondité. En poussant cette cumulation jusqu'au dernier terme de la série, on obtient ce qu'on appelle la fécondité

Analyse et estimation

des indices de

fécondité

47

totale, c'est-à-dire le nombre d'enfants par femme au terme de leur vie procréative. Le tableau II.2 reproduit les taux ainsi cumulés. La fécondité totale, à l'instar du taux global de fécondité, subit une moins-value égale à peu près à l'inverse du rapport de la proportion observée à la proportion stable (estimée) des femmes âgées de 15 à 44 ans. Une correction de ce biais sera faite dans la deuxième section. 5. Age moyen de maternité Pour caractériser la distribution de la fécondité par âge par un indice sommaire, on calcule l'âge moyen de maternité (m) 44

1.

if* m =

15 44

15

où : x est l'âge central dans un groupe d'âges et f* est le taux de fécondité dans un groupe d'âges x. L'interprétation de l'âge moyen de maternité calculé ici doit tenir compte des erreurs qui affectent les taux de fécondité par groupe d'âges, utilisés pour son calcul. Toutefois, comme il s'agit d'une moyenne, on peut compter sur une certaine compensation des erreurs aléatoires. L'inspection des valeurs relatives à l'âge moyen de maternité, reproduites dans le tableau 11.12, ne semble pas en effet révéler d'anomalie saillante; on a l'impression qu'elles dénotent assez véridiquement les comportements procréateurs de nos populations, caractérisées par une précocité de mariage et de procréation. L'âge moyen de maternité varie, par exemple, de 24 ans là où les mariages sont précoces, à 29 ans là où les mariages sont plus tardifs. 6. Taux de fécondité vivante

des seules femmes ayant eu au moins une

naissance

Appelons « fertiles » les femmes qui ont procréé au moins un enfant né vivant et « stériles » les femmes qui n'ont jamais procréé un enfant vivant.

48

La fécondité

des populations

congolaises

Si l'on désigne par s* la proportion des femmes « stériles » dans un groupe d'âge x, par (1-s) les femmes « fertiles » dans le même groupe d'âge, par f * le taux de fécondité des seules femmes « fertiles » dans ce groupe, on obtient la relation suivante :

La formule ci-dessus équivaut à diviser le nombre des naissances vivantes dans un groupe d'âge x, par l'effectif des femmes ayant donné la vie à un enfant au moins dans ce groupe d'âges. Le tableau II.3 reproduit les taux de fécondité des femmes fertiles ainsi définies. En cumulant les valeurs de f \ , on obtient la fécondité totale (F'), c'està-dire le nombre moyen d'enfants par femme fertile au terme de sa vie procréative.

B. Indices de fécondité basés sur les données relatives à l'ensemble des enfants mis au monde par les femmes Les indices basés sur les données qu'on vient d'examiner se rapportent à une période spécifiée de 12 mois ayant précédé l'enquête. Ici, il s'agit des indices qui se réfèrent aux naissances survenues durant toute la vie procréative des femmes. C'est là une différence fondamentale dont on aura plus loin l'occasion de mesurer les implications sur le plan analytique. On parle parfois de fécondité actuelle dans le premier cas, et de fécondité rétrospective dans le deuxième cas. A partir des données dont il est question ici, on pourra calculer les indices suivants : 1° nombre moyen d'enfants nés vivants par femme, dans chaque groupe d'âges ; 2° distribution des femmes selon le nombre d'enfants nés au total ; 3° proportion des femmes ayant eu au moins n enfants ; et 4° proportion des femmes n'ayant procréé aucun enfant vivant, dans chaque groupe d'âges.

Analyse et estimation des indices de fécondité

49

I. Nombre moyen d'enfants nés vivants par femme Par convenance on utilisera, avec la notation Pr, les termes « descendance moyenne » ou « parité moyenne » au lieu de « nombre moyen d'enfants nés par femme ». Par rapport aux indices basés sur les données relatives aux naissances survenues durant une période déterminée, tels que taux de fécondité par âge et taux cumulés de fécondité, les indices basés sur les données relatives à la descendance totale présentent l'avantage incontestable d'être par définition indépendants de la période de référence. Autrement dit, ces indices sont exempts des erreurs dues à l'indétermination de la période pendant laquelle l'événement a eu lieu. L'implication analytique en est assez importante. Comme l'on verra plus loin, ils peuvent, sous certaines conditions, servir de base pour corriger les taux de natalité et de fécondité affectés d'erreurs liées à la définition de la période. Toutefois, tout comme les données relatives aux naissances survenues durant la période de 12 mois, ces indices souffrent des omissions et des erreurs de classement des femmes par âge. Le risque d'omission d'enfants tend en effet à augmenter avec l'âge de la mère. L'oubli est évidemment d'autant plus grand que l'événement est plus ancien ; l'erreur de comptage est d'autant plus considérable que le nombre d'enfants est plus grand ; les enfants décédés échappent plus facilement au dénombrement que les enfants survivants. C'est dans une large mesure à cette tendance qu'il convient d'attribuer le fléchissement de la descendance chez les femmes âgées de plus de 45 ans, repérable dans les séries reproduites au tableau II.4. Quant aux problèmes des erreurs de classification des femmes par âge, ils ont déjà été discutés ailleurs dans ce chapitre. Ajoutons seulement dans ce contexte qu'il y a souvent une relation entre le nombre d'enfants et l'erreur d'estimation de l'âge d'une femme. Ainsi, on aura tendance à « rajeunir » ou à « vieillir » une femme, suivant qu'elle a peu ou beaucoup d'enfants. Mais, tout comme dans le cas des taux de fécondité par âge, examinés plus haut, la manière dont ces erreurs de classification affectent la distribution des parités par âge échappe à toute détermination. Malgré les différences qui séparent ces deux indices de fécondité (actuelle et rétrospective), ils peuvent être considérés à un certain égard comme l'expression du même phénomène. En effet, pourvu que la fécondité soit restée invariable durant une longue période de temps, il est loisible de la mesurer, soit par le truchement des taux conventionnels, soit par le tru4

50

La fécondité

des populations

congolaises

chement des parités par âge. Dans l'hypothèse énoncée ici de l'invariabilité de la fécondité, la parité à l'âge x (P*) doit égaler la fécondité cumulée (Fi) à l'âge x. Ceci n'est toutefois vrai qu'en l'absence de différence dans la prolificité de femmes survivantes et de femmes décédées. Il est facile de deviner quel parti on peut tirer de la comparaison à faire entre les deux séries de fécondité (actuelle et rétrospective) en vue de tester leur valeur mutuelle ou en vue d'ajuster une série par rapport à l'autre. On reviendra plus loin sur ce point. Le tableau II.4 reproduit les valeurs de la descendance moyenne par groupe d'âges des femmes ; le tableau II.9 fait, d'autre part, apparaître le rapport de la descendance moyenne (P») à la fécondité cumulée (Fi), à l'âge x.

2. Répartition des femmes selon le nombre total d'enfants qu'elles ont eus Les distributions des femmes selon le nombre total de leurs enfants ont été calculées pour quatre groupes d'âges : plus de 15 ans ; de 15 à 34 ; de 35 à 44 ; et de plus de 45 ans. Les tableaux II.5 (a, b, c et d) reproduisent ces distributions. Seules les distributions pour les femmes âgées de plus de 45 ans rendent compte des dimensions de la descendance complète ou finale. Le groupe d'âges de 35 à 44 ans en donne une idée proche ; celui de 15 à 34 ans reflète, par contre, la distribution en fonction des dimensions de la descendance inachevée ; enfin, pour le groupe d'âges de plus de 15 ans, les deux types de descendance se confondent. Une fois de plus, on retrouvera ici le même problème de biais dû à la déficience de classification par âge des femmes, et une fois de plus on est incapable d'expliciter ses effets et de faire les corrections appropriées. D'autre part, on doit tenir compte ici des effets dus aux omissions des enfants. Celles-ci - nous l'avons déjà dit - augmentent dans la mesure du vieillissement des mères. Il s'ensuit logiquement que les fréquences sont sous-estimées pour les parités d'ordre supérieur, comparativement à celles des parités d'ordre inférieur. En dépit de ces déficiences, ces statistiques n'en sont pas moins instructives. Il suffit, par exemple, de comparer la distribution des femmes selon la dimension de leur descendance pour les districts de l'Ubangi et de l'Equateur, pour saisir la différence des comportements procréateurs que manifestent leurs populations.

Analyse

et estimation

Nombre de naissances

des indices

de

fécondité

51

Femmes âgées de 15 ans et + Femmes âgées de 45 ans et + Ubangi Équateur Ubangi Équateur

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 10 et +

266 153 122 95 84 71 58 50 40 26 20 15

414 160 114 82 64 47 41 31 22 11 7 7

135 99 91 88 96 97 97 83 71 54 49 40

350 126 94 83 77 67 62 52 38 22 14 15

Total

1000

1 000

1 000

1 000

3. Proportion des femmes ayant au moins n enfants et probabilité pour qu'une femme ayant n enfants mette au monde son n + 1' enfant En additionnant de bas en haut les proportions des femmes ayant 0, 1, ... n-1 et n enfants (valeurs reprises dans les tableaux II.5 (a, b, c et d), on obtient les séries cumulées qui indiquent les proportions des femmes ayant eu au moins 0, 1, ... n-1, n enfants. Désignons par m., nu ... m.., et m., les proportions des femmes ayant eu au moins 0, 1, ... n-1 et n enfants. Désignons, d'autre part, par ao, ai, ... a».! et a», respectivement, la proportion parmi les femmes ayant eu 0 enfant de celles qui ont eu au moins 1 enfant, la proportion parmi les femmes ayant eu 1 enfant de celles qui ont eu au moins 2 enfants, et ainsi de suite. On a alors la relation suivante : , 3.

a0 -

m, m»

ai =

m2 mi m„ m„

On remarquera ici l'analogie que cette démarche présente avec la notion de « probabilités d'agrandissement des familles », développée par L. Henry ' 4. L.

HENRY,

Fécondité des mariages, Paris, P.U.F., 1953.

52

La fécondité

des populations

congolaises

auquel est d'ailleurs emprunté l'appareil mathématique utilisé ici. L'analogie est cependant plus formelle que réelle. Dans l'acceptation de L. Henry, le rapport de chacune des fréquences cumulées à celle qui lui est immédiatement supérieure fournit la probabilité pour une femme ayant n enfants d'avoir un enfant additionnel. Les séries statistiques utilisées ici ne sont pas suffisamment homogènes au point de vue des promotions de femmes pour qu'on puisse proprement parler de probabilité d'agrandissement de famille ou de descendance. R. Pressât parle de « proportion parmi les femmes ayant eu n enfant de celles qui ont eu au moins n-1 enfants »G. Les valeurs de a» ont été calculées à titre d'illustration pour le district de l'Ubangi, représentatif d'une population de forte fécondité, et le district de l'Equateur, représentatif d'une population de faible fécondité, et cela seulement pour les femmes âgées de 45 ans et plus. Voici comment s'établissent les valeurs de an pour les deux districts en question : Proportion parmi les femmes ayant eu 0 enfant de celles qui ont eu au moins 1 2 1 enfant 3 2 enfants 4 3 enfants 5 4 enfants 5 enfants 6 6 enfants 7 8 7 enfants 9 8 enfants 9 enfants 10 10 enfants et plus

enfant est enfants enfants enfants enfants enfants enfants enfants enfants enfants

a» a! a» a3 a4 a« a. a. a8 a.

= = = = = = = —•

= =

Ubangui 0,865 0,886 0,882 0,870 0,836 0,799 0,758 0,720 0,670 0,627

Equateur 0,650 0,806 0,821 0,807 0,778 0,751 0,695 0,633 0,577 0,567

Le trait le plus marquant qui ressort de ces statistiques est le rôle prépondérant joué par la stérilité primaire. Prenons l'exemple de l'Ubangi. Les femmes des générations nées avant 1910 (l'enquête ayant eu lieu en 1955-1957) avaient en moyenne 86,5 chances sur 100 d'avoir une naissance ou, par complément, 13,5 chances sur 100 de n'en avoir aucune, c'est-àdire d'être stériles. Pour une femme qui a donné naissance à un enfant, les chances d'en avoir un deuxième s'accroissent légèrement. Contrairement à ce qu'on pouvait penser à première vue, les chances de produire une naissance additionnelle restent presque stationnaires jusqu'à la cinquième 5. R. PRESSÂT, L'analyse

démographique,

Paris, P. U. F., p. 190.

Analyse

et estimation

des indices de

fécondité

53

naissance environ ; elles diminuent ensuite légèrement en fonction du nombre d'enfants conçus. Ceci rappelle dans un certain sens la règle énoncée par L. Henry que « dans un ensemble de ménages non-malthusiens ayant la même aptitude à procréer, la probabilité d'agrandissement d'une famille considérée à la naissance d'un enfant vivant est, à âge égal de la femme au moment de cette naissance, indépendante du nombre d'enfants déjà nés » L'importance de la stérilité primaire par rapport à la stérilité subséquente apparaît encore plus nettement dans le cas du district de l'Equateur. Pour ce district, la probabilité d'avoir au départ un enfant est seulement de 65 % dans les générations considérées ici. Par contre, elle augmente à 80,6 % pour les femmes des mêmes générations ayant déjà eu un enfant. 4. Proportions par groupe d'âges des femmes fant vivant

n'ayant pas procréé un en-

Le tableau II.6 reproduit le pourcentage des femmes n'ayant pas procréé un enfant vivant. On constate que ce pourcentage varie selon la région de 5 à 50 dans les âges auxquels les femmes ont normalement des enfants. L'intérêt de ces pourcentages réside d'abord en ce qu'ils indiquent le degré de non-participation des femmes à la procréation et de stérilité primaire lorsqu'il s'agit des femmes ayant dépassé l'âge de la ménopause, 45 ans environ. C'est encore vrai, dans une large mesure, pour les femmes bien plus jeunes. En effet, comme elles se marient pratiquement toutes au Congo avant l'âge de 25 ans, ou ont du moins des relations sexuelles et sont donc exposées au risque de conception avant cet âge, toute femme fertile devra, dans la plupart des cas, avoir déjà au moins un enfant. Les chances de maternité ultérieure restent donc assez faibles pour celles qui n'ont pas conçu avant cet âge-là. Quelles sont les erreurs susceptibles d'affecter ces renseignements ? Le premier type d'erreur qui se présente à l'esprit a trait à la confusion entre les enfants nés vivants et les enfants mort-nés. Ainsi, une femme ayant accouché en fait d'un enfant mort-né, voire même victime d'une simple fausse-couche, peut se faire erronément classer dans la catégorie « des femmes ayant procréé un enfant vivant ». Par contre, une femme, qui a procréé un enfant décédé immédiatement après la naissance, peut se voir classer par erreur dans la catégorie des femmes « n'ayant pas procréé un enfant vivant ». On peut cependant tabler sur une certaine compensation 6. L . HENRY,

op.

cit.,

p.

71.

54

La fécondité

des populations

congolaises

entre erreurs de ce genre, qui en réduit l'effet net. Le deuxième type d'erreur peut provenir de ce que les femmes dont tous les enfants sont décédés se font délibérément passer pour stérile plutôt que d'avouer la perte de leurs enfants. Comme, toutefois, la stérilité est mal vue dans la société africaine, il est douteux que ces déclarations soient fréquentes. Enfin, la troisième source d'erreur dont on doit tenir compte, est l'éventuelle attribution du code zéro aux femmes dont tous les enfants sont décédés et pour lesquels aucune mention n'était portée dans la rubrique appropriée du document de l'enquête. Cette erreur de codification aurait donc eu pour conséquence un certain gonflement des proportions des femmes n'ayant pas procréé. Quoi qu'il en soit, l'ampleur des erreurs qu'on vient d'énumérer ne pouvait être telle qu'elle puisse affecter considérablement les séries statistiques sous revue. Il est hors de doute que les différences régionales énormes qu'on constate dans la stérilité (voir tableau II.6) sont dues largement à des causes réelles tandis que la part des erreurs statistiques doit être relativement faible.

Analyse

et estimation

des indices

de

fécondité

TABLEAU I I .

55

1.

1. TAUX BRUT D E NATALITÉ (N) 2. TAUX GLOBAL D E FÉCONDITÉ GÉNÉRALE (FG) 3. TAUX D E FÉCONDITÉ PAR GROUPE D'AGES (fx) (Données non ajustées) DISTRICTS ET

N

FG 15-44

fl 15-19

f2 20-24

f3 25-29

f4 30-34

f5 35-44

f6 45-54

52,2 44,3 45,2 48,1 48,0 45,0

244 189 179 203 194 189

195 150 79 65 118 57

300 269 282 274 281 265

287 240 259 285 264 297

236 196 199 230 187 255

131 103 94 134 95 123

28 27 12 34 19 17

47,0 33,7 41,0 44,4 30,5

192 133 164 176 113

94 131 79 86 80

280 219 258 299 191

270 190 244 254 166

213 132 181 188 118

107 63 84 88 49

19 10 16 11 8

38,4 34,0 42,7 19,1 23,2

150 123 184 64 83

89 192 92 102 123

249 196 318 115 168

219 144 243 98 108

160 86 203 59 65

72 35 108 23 26

11 11 37 3 6

30,8 52,3 49,4 34,3 47,2 58,5 54,2 44,1 45,2 56,0

114 211 226 129 198 256 219 173 184 238

134 167 190 194 182 244 230 202 194 189

201 316 314 201 290 338 324 275 282 331

147 298 303 152 261 276 254 209 248 296

103 199 234 102 182 229 212 152 161 225

48 100 105 43 86 138 126 68 95 131

12 34 18 2 18 17 21 16 20 42

50,2 43,1 41,6 48,2 45,3

205 166 156 189 173

210 134 117 191 137

306 268 268 290 249

251 222 226 252 238

186 175 149 179 177

105 74 67 94 87

22 16 15 15 16

44,4 42,7

170 171

144 137

268 265

234 232

170 168

80 80

15 16

PROVINCES*

Léopoldville . . . Lac Leopold II. Kwilu Kwango Bas-Congo Cataractes Province de Léopoldville . . . Équateur Mongala Ubangi Tshupa Province de l'Équateur Stanleyville Ituri Bas-Uélé Haut-Uélé Province Orientale Sud-Kivu Nord-Kivu Maniéma Province du Kivu Élisabethville . . . Tanganika . . . . Lualaba Haut-Lomami . . Luapula-Moero Province du Katanga Lulua Sankuru Kabinda Kasaï Province du Kasai Congo

(en %„)

* A moins qu'il ne soit autrement spécifié, la division administrative utilisée dans tous les tableaux est celle de 1958.

56

La fécondité

TABLEAU I I .

des populations

congolaises

2.

TAUX CUMULÉS DE FÉCONDITÉ (Fx) * (Données non ajustées)

(en

%0)

FI 19,5

F2 24,5

F3 29,5

F4 34,5

F5 44,5

F6 54,5

Léopoldville Lac Léopold II Kwilu Kwango Bas-Congo Cataractes Province de Léopoldville

98 75 40 33 59 29

248 210 181 170 200 161

391 330 310 312 332 310

509 428 410 427 425 437

640 531 504 561 520 560

668 558 516 595 539 577

47

187

322

429

536

555

Équateur Mongala Ubangi Tshuapa Province de l'Équateur

66 40 43 40 45

175 169 193 136 169

270 291 320 219 279

336 381 414 278 359

399 465 502 327 431

409 481 513 335 442

Stanleyville Ituri Bas-Uélé Haut-Uélé Province Orientale ..

96 46 51 62 67

194 205 109 146 168

266 327 158 200 241

309 428 187 232 293

344 536 210 258 341

355 573 213 264 353

Sud-Kivu Nord-Kivu Maniéma Province du Kivu . . .

84 95 97 91

242 252 198 236

391 404 274 367

490 521 325 458

590 626 368 544

624 644 370 562

Elisabethville Tanganika Lualaba Haut-Lomami Luapula-Moero Province du Katanga.

122 115 101 97 95 105

291 277 239 238 260 258

429 404 343 362 408 384

544 510 419 443 521 477

682 636 487 538 652 582

699 657 503 558 694 604

Lulua Sankuru Kabinda Kasaï Province du Kasaï ..

67 59 96 69 72

201 193 241 193 206

312 306 367 312 323

400 380 456 401 408

474 447 550 488 488

490 462 565 504 503

Congo

69

201

317

401

481

497

DISTRICTS ET PROVINCES

* Comme les femmes enquêtées étaient 6 mois plus jeunes (en moyenne) lors de la naissance de leurs enfants, les valeurs de fécondité cumulée se rapportent non pas aux âges 20, 25, 30, etc., mais aux âges 19,5; 24,5; 29,5, etc.

Analyse

et estimation

des indices

de

57

fécondité

TABLEAU I I .

3.

TAUX DE FÉCONDITÉ (f'x) ET FÉCONDITÉ TOTALE (f') DES SEULES FEMMES AYANT EU AU MOINS U N E NAISSANCE (Données non ajustées) (pour 1 000 femmes) f' î 15-19

f'

f'

f'

f'

20-24

25-29

30-34

35-44

Léopoldville Lac Leopold II Kwilu Kwango Bas-Congo Cataractes Province de Léopoldville

540 547 560 537 504 588

386 357 386 368 364 409

334 298 303 316 298 325

290 239 226 239 210 268

168 124 105 138 107 127

44 33 13 35 21 18

9,859 8,760 8,549 9,027 8,163 9,399

540

379

308

238

118

21

8,723

Équateur Mongala Ubangi Tshuapa Province de l'Équateur

604 545 632 548 586

382 380 414 405 397

312 316 313 297 312

215 243 232 198 226

106 115 106 80 103

17 22 13 12 15

8,795* 8,786 9,169 8,154* 8,778

Stanleyville Ituri Bas-Uélé Haut-Uélé Province Orientale . . .

472 561 415 496 480

295 488 222 300 329

220 324 199 201 241

131 254 116 126 166

49 139 42 47 74

14 46 5 10 17

6,217 9,991 5,218 6,174 6,996

Sud-Kivu Nord-Kivu Maniéma Province du Kivu

...

511 615 446 534

371 347 276 344

321 320 211 297

212 247 139 205

106 111 59 197

36 20 3 20

8,483 8,952 5,972 9,073

Elisabethville Tanganika Lualaba Haut-Lomami Luapula-Moero Province du Katanga.

462 675 495 508 518 537

403 433 368 378 408 400

326 327 275 310 345 314

2 783 2 753 196 216 263 239

175 162 85 126 149 134

21 29 20 27 47 29

9,317 10,461 7,716 8,588 9,625 9,070

Lulua Sankuru Kabinda Kasaï Province du Kasaï . . .

498 448 532 469 504

365 400 397 355 376

282 317 321 296 303

214 212 232 218 219

87 95 123 105 101

18 20 20 19 19

7,846 8,038 8,846 7,932 8,207

Congo

527

369

298

217

103

20

8,280

DISTRICTS ET PROVINCES

2

3

4

5

f'

fécondité cumulée 45-54 F' 6

* Un taux aussi élevé de fécondité des femmes fertiles dans une région, où la stérilité est excessive, paraît être suspect. Notons toutefois que c'est la fécondité des jeunes générations qui contribue à gonfler la fécondité totale, dans les districts de la Tshuapa et de l'Equateur.

58

La fécondité

TABLEAU I I .

des populations

congolaises

4.

NOMBRE MOYEN D'ENFANTS MIS AU MONDE PAR 100 FEMMES (Px), DANS CHAQUE GROUPE D'AGES

DISTRICTS ET PROVINCES

Pi 15-19

P2 20-24

P3 25-29

P4 30-34

Ps 35-44

Léopoldville Lac Léopold II Kwilu Kwango Bas-Congo Cataractes Province de Léopoldville

48 30 16 13 27 12 21

147 132 126 127 145 131 133

255 237 254 276 283 314 267

342 303 387 416 414 514 404

374 404 488 519 528 663 507

293 426 500 539 567 666 519

286 415 468 483 543 594 490

Équateur Mongala Ubangi Tshuapa Province de l'Équateur..

25 16 15 16 17

97 120 118 75 106

146 220 227 133 189

197 299 331 194 267

237 364 430 238 326

250 419 456 279 351

314 453 468 294 375

Stanleyville Ituri Bas-Uélé Haut-Uélé Province Orientale

54 19 31 30 35

147 115 100 110 123

193 188 123 141 163

235 288 145 163 207

296 350 177 201 254

313 368 209 227 272

336 280 275 264 282

Sud-Kivu Nord-Kivu Maniéma Province du Kivu

39 56 57 52

207 221 166 202

361 360 230 332

509 475 292 433

603 534 311 488

615 486 346 442

623 341 282 322

Elisabethville Tanganika Lualaba Haut-Lomami Luapula-Moero Province du Katanga

72 55 54 50 47 54

193 167 159 145 188 166

280 250 226 226 285 246

371 337 306 296 410 329

409 400 357 334 519 383

392 361 368 333 522 370

368 326 373 301 450 339

Lulua Sankuru Kabinda Kasaï Province du Kasaï

39 28 44 31 36

159 124 150 135 144

249 197 238 240 232

354 272 333 332 324

449 331 382 421 398

488 359 365 447 416

490 360 342 469 419

Congo

35

145

239

325

385

397

375

PG P; 45-54 55 et +

Analyse

+

et estimation

des indices

de

^

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fécondité

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5 H

a o, Lulua Sankuru Kabinda Kasai Province du Kasai" Congo


-1 m M

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Stanleyville Ituri Bas-Uele Haut-Uele Province Orientale

W Q w

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fiquateur Mongala Ubangi Tshuapa Province de l'fiquateur ...

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congolaises

Lac Ldopold II*

VI s Z < VI VII

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des populations

a a o •a

Analyse

+

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des indices

u o

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et estimation

VO

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de

fécondité

61

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de stérilité de nouveaux des nouvelles et femmes âgées de infections anciens de cas de 25 à 34 ans syphilis syphilis (%)

de blennorragie

Équateur Tshuapa Mongala Ubangi Gemena

32,5 28,6 42,6 45,9 56,4

38,9 42,3 24,0 19,1 7,0

5,75 6,43 1,69 0,92 1,02

29,40 24,67 7,51 4,27 3,11

38,26 27,19 24,85 15,73 4,33

Ensemble de la province

36,4

29,5

3,01

13,63

24,70

TOUTES LES FORMATIONS MÉDICALES, GOUVERNEMENTALES AUTRES, Y COMPRIS LE SERVICE ITINÉRANT TAUX DE

DISTRICTS

natalité °/oo

stérilité des femmes âgées de 25 à 34 ans °/o

ET

Cas traités en °/ 00 de la population des secteurs médicaux selon S.A.M.I. Syphilis

Blennorragie

Équateur Tshuapa Mongala Ubangi Gemena

32,5 28,6 42,6 45,9 56,4

38,9 42,3 24,0 19,1 7,0

25,64 16,20 10,67 4,26 2,18

57,26 22,77 39,34 19,15 4,35

Ensemble de la province

36,4

29,5

12,50

32,26

* Pour 1 000 personnes ayant fait l'objet d'un recensement médical, que ces personnes aient été ou non examinées spécifiquement pour les infections vénériennes (voir le texte).

310

La fécondité

des populations

congolaises

En adoptant une approche statistique similaire à la nôtre, H. Griffith a trouvé pour l'Uganda (un autre pays africain où la stérilité est assez élevée dans certaines régions), une corrélation négative significative entre le taux de natalité et les incidences gonococciques. Le cœfïicient de corrélation négative est respectivement de 0,64 et 0,59 en rapportant le taux de natalité au taux d'infection gonococcique et à la fréquence des rétrécissements qu'on considère être une manifestation tardive de blennorragie chez les hommes. Sur la base de ces évidences statistiques et des observations directes, l'auteur cité conclut que la blennorragie est le facteur largement responsable de l'infécondité en Uganda 8. Au terme de cette analyse, il est permis de conclure à l'existence d'une corrélation significative entre les variations régionales de fréquence vénérienne, telles que les mesurent les statistiques médicales officielles, et les variations régionales dans le niveau de natalité et de stérilité. En d'autres termes, la fécondité diminue dans la mesure où les infections vénériennes augmentent. Si cette corrélation suggère l'existence d'une relation de cause à effet entre la morbidité vénérienne et l'infécondité, elle ne donne aucune certitude qu'il en soit réellement ainsi. Les données sur lesquelles les coefficients de corrélation sont basés étant déficientes à maints égards, force nous est d'accepter ces corrélations avec circonspection. Bien plus, il n'est pas permis de conclure, à partir d'une simple corrélation, aussi étroite soit-elle, que les maladies vénériennes soient la cause unique, voire même la plus importante, de l'infécondité. D'autres facteurs ont pu agir de manière à renforcer la corrélation. C'est pourquoi il est apparu légitime de chercher des preuves supplémentaires de la responsabilité du phénomène vénérien en cette matière. La section qui suit constitue une tentative dans ce sens.

III. P R E U V E S C L I N I Q U E S Les recherches cliniques en vue de déterminer les causes de stérilité, portant sur des échantillons de population suffisamment étendus pour être statistiquement significatives, sont rares en Afrique. Parmi les enquêtes médicales effectuées au Congo à une date relativement récente, deux nous sont apparues d'un intérêt particulier pour le sujet qui nous préoccupe ici. L'une est due 8. H . Eugenics

B.

« Gonorrhea and Fertility in Uganda », juillet 1963, p. 107.

GRIFFITH,

Review,

dans

The

Maladies vénériennes

en tant que cause

d'infécondité

311

au D r R. Allard l'autre au D r A. Velghe 10 . Nous nous proposons de les présenter brièvement. A. Enquête du D' Allard L'enquête a été effectuée en 1953 dans le territoire de Befale, qui se situe au centre même d'une vaste zone d'infécondité (Tshuapa). Le but de l'enquête était de déterminer les causes de stérilité excessive dont souffrent les habitants de ce territoire. L'examen, à la fois clinique et physiologique, porta sur 578 femmes stériles, en âge de procréation, soit environ un tiers du nombre estimé des femmes stériles de ce territoire. On procéda notamment au frottis vaginal, à l'insufflation tubaire lorsque l'état des patientes le permettait, à la radioscopie, à la biopsie endométriale en cas de troubles endocriniens. Ces opérations furent, dans certains cas, répétées à plusieurs reprises. L'examen révéla une multitude de troubles dont souffraient les femmes dans la région des organes reproducteurs et qui sont symptomatiques d'un mal plus profond, mais dont la cause exacte ne put être déterminée dans tous les cas. Déjà l'examen général permit de constater des lésions de divers degrés des organes génitaux chez 348 des 578 femmes examinées. L'examen en profondeur révéla différentes conditions pathologiques au niveau de l'utérus et du tractus vaginal. De nombreuses femmes souffraient d'inflammation vaginale. Chez 182, on obtient des images d'obstruction complète dont 16 sténoses. Des annexites se révélèrent assez fréquentes, puisque 38 % des femmes en souffraient. En outre, on enregistra 73 cas de cervicites. L'interview sur le cycle permit de relever 206 cas de cycles irréguliers, 396 cas de dysménorrhée, 185 cas d'hyperménorrhée et 50 cas d'aménorrhée. Nombre de ces troubles sont symptomatiques d'une infection d'origine gonococcique. La mise en cause du gonocoque s'impose d'autant plus que cette infection, ainsi que le D ' Allard le signale, est fréquente dans la région. Malheureusement, l'identification du neisseria gonorrhae s'est avérée difficile, même au moyen de la culture. Le D r Allard rapporte que la présence du gonocoque n'a été relevée que dans le quart des 70 séries de cultures pratiquées à sa demande au laboratoire. « Il reste une opposition, écrit-il, entre l'importance théorique de ce facteur blennorragique stérilisant et 9 . R . ALLABD, op. 1 0 . A . V E L G H E , op.

cit. cit.

La fécondité

312

des populations

congolaises

l'insuffisance de preuves cliniques et bactériologiques que nous pouvons apporter » Aussi le D p Allard est-il amené à avancer l'hypothèse que le « gonocoque ouvre la voie à d'autres microbes et agit, avant de disparaître, à la manière d'un catalyseur » 12. B. L'enquête du D' Velghe Cette enquête a eu lieu vers 1951, dans les territoires de Kibombo et Kasongo, au Maniéma. Les habitants de ces territoires souffrent d'une stérilité excessive, tout comme ceux de Befale examinés dans le cas précédent. Dans le territoire de Kasongo, 430 sur 712 femmes stériles inscrites furent retenues pour l'examen médical approfondi. Ce chiffre était de 300 pour le territoire de Kibombo. Les complications révélées par l'examen conduit par le D r Velghe sont en substance similaires à celles mises en évidence par l'étude du D r Allard. Aussi nous attachons-nous plutôt à reproduire les conclusions auxquelles arrive le D r Velghe dans son étude, en laissant de côté les détails techniques. Sur le chapitre de l'infection blennorragique en tant que cause primaire des troubles des organes reproducteurs, le D r Velghe est plus formel que le D* Allard. « La dénatalité observée, écrit-il, dans le territoire de Kibombo semble donc bien due aux infections gonococciques puisque nous trouvons une participation de l'infection génitale chronique ou aiguë dans la pathologie féminine ou masculine aux divers étages, sans négliger une déficience endocrinienne qui se manifeste dans les chefferies plus régressives ». Et il continue : « si l'infection gonococcique semble jouer le rôle primordial, à la longue elle peut entraîner à sa suite des troubles hormonaux en cascade qui modifient la physiologie endocrinienne, en premier lieu dans la sphère génitale, ultérieurement dans sa totalité » ,3. La thèse vénérienne de la stérilité au Congo a été soutenue par d'autres médecins également". Le gonocoque est mentionné plus souvent que la 11. R. ALLARD, art. cité, p. 642. 12. Ibid. 13. A . VELGHE, op.

cit.,

p.

163.

14. J. VAN RIEL et R. ALLARD, Contribution à l'étude de la dénatalité dans l'ethnie Mongo, op. cit.; J. LAMBILLON et G. DRUMEL, « Contributions à l'étude de la stérilité en milieu indigène à Léopoldville », dans Annales de la Société belge de médecine tropicale, XXX, 3, 1950; FR. HEMERYCKS, « Enquête sur les causes médicales et sociales de la dénatalité », dans Zaïre, II, 5 , 1 9 4 8 , p . 4 7 2 - 5 2 3 .

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313

syphilis en tant que cause principale de l'infécondité dans ce pays. « La blennorragie constitue le grand facteur déterminant la stérilité masculine » concluaient les D r Lambillon et D r Timmermans, se basant sur les résultats d'une investigation qu'ils ont conduite dans un milieu masculin de Kinshasa (Léopoldville) Mais les avis opposés n'ont pas manqué de se faire entendre. Le D r Ledent, par exemple, se basant sur une enquête qu'il effectua vers 1938 parmi les Nkundo des environs de Coquilhatville, faisait de la syphilis la cause principale d'infécondité chez ces populations, tandis que la blennorragie, tout en y étant très répandue, jouerait, selon lui, un rôle secondaire à cet égard 16. Mais l'unanimité est loin d'être faite parmi les médecins quant à la responsabilité qui incombe aux maladies vénériennes dans la stérilité excessive dont souffrent certaines populations congolaises. « Pour autant que nous soyons habilités à émettre un avis dès à présent, les maladies vénériennes n'auraient pas, dans le processus de la dénatalité, l'incidence qu'on leur prête généralement » - écrivaient les auteurs d'un rapport du FOREAMI (page 78), présenté en 1958, sur la situation sanitaire et démographique dans les districts des Uélé. La faiblesse de morbidité vénérienne révélée par les statistiques médicales officielles et l'identification microscopique relativement rare du microbe chez les sujets stériles sont les raisons souvent avancées par ceux qui se refusent à souscrire à la thèse vénérienne. Ces arguments nous paraissent fallacieux. Il a été démontré préalablement que les statistiques officielles sont loin de refléter l'étendue réelle du mal vénérien dans ce pays. Quant au deuxième argument, nombreux sont les bactériologues qui doutent de l'efficacité des tests classiques employés à mettre en évidence le gonocoque. « Les méthodes courantes employées en clinique et au laboratoire laissent échapper au moins la moitié des cas », lit-on dans un rapport de l'O.M.S. sur les difficultés d'identifier le gonocoque surtout chez les femmes Toute la lumière est cependant loin d'être faite sur le problème, et sa complexité ne doit pas nous échapper. Puisque la stérilité au Congo est physiologique et, de toute apparence, médicale, et devant l'insuffisance des preuves formelles de responsabilité de la syphilis et du gonocoque, ne faut-il pas y voir la complicité d'autres virus vénériens que la médecine n'a pas 15. H . - L . TIMMERMANS e t J. LAMBILLON, « L e r ô l e d e l a

culine dans la stérilité involontaire du couple Bantou. dans Annales de la Société belge de médecine tropicale, 16. H. LEDENT, a r t .

cité, p.

composante

mas-

Etude critique », 1960, p. 793.

131.

17. Organisation Mondiale de la n° 190, 1960, p. 25.

Santé,

Série

de

rapports

techniques,

314

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encore réussi à identifier ? On a également remarqué que les infections contractées semblent varier en virulence avec la population ; certaines populations, a-t-on fait observer, tout en connaissant une haute incidence vénérienne, ne semblent pas trop souffrir de l'infécondité. Est-ce un problème d'accoutumance ou de dégénérescence du germe, voire de mutation d'une souche originelle ? « Il faut alors - écrivait à ce propos le D r Velghe - se poser la question de la causalité de cette sensibilité propre aux muqueuses féminines. Est-ce un problème bactériologique, mutation d'une souche de gonocoque ? Est-ce un phénomène histologique, sensibilisation des muqueuses ? Sous l'influence de quel facteur » 13 ? Conclusion Se basant sur les constatations factuelles de ce chapitre, on peut conclure à ce qui suit. Les statistiques officielles sous-estiment largement l'étendue du mal vénérien, surtout dans les régions de forte infécondité où les cas chroniques sont plus fréquents et échappent plus facilement au dénombrement par les services médicaux. Aussi imparfaites qu'elles le soient, ces statistiques n'en révèlent pas moins des différences considérables dans la fréquence vénérienne d'une région à l'autre. Il y a une corrélation significative entre cette dernière et les taux de natalité. L'examen clinique des sujets stériles fait apparaître des complications génitales, symptomatiques des maladies vénériennes, en particulier de la blennorragie. Mais l'identification formelle du gonocoque au moyen du microscope n'est acquise que dans une proportion relativement faible des cas examinés.

18. A.

VELGHE,

art. cité, p.

175.

CHAPITRE XI

Rapport entre l'infécondité, les maladies vénériennes et les mœurs sexuelles

S'il est possible qu'aient existé au cours de la longue histoire de l'humanité des populations n'ayant connu aucune régulation sexuelle, elles n'ont pas survécu jusqu'à nos jours. Le contrôle sexuel est désormais une règle universelle \ Nous ne connaissons pas, en effet, une seule société qui n'y soit assujettie, et les différences que les sociétés manifestent sous ce rapport sont plus de degré que de principe. C'est par nécessité sociale, pour préserver la famille, assurer l'ordre social et la coopération harmonieuse entre les membres de la communauté, que les hommes en sont arrivés à régler leurs impulsions sexuelles. Les raisons biologiques et démographiques de contrôle sexuel sont moins apparentes, mais pas moins fondamentales. On peut en effet craindre que la licence générale des mœurs n'aboutisse à une contamination généralisée par les maladies vénériennes et ne compromette dangereusement, par voie de conséquence, la natalité et la reproduction. Pour contrebalancer la mortalité élevée qui prévalait autrefois, les populations devaient s'arranger pour avoir une forte fécondité. Certes, il ne faut pas en conclure que les hommes se soient délibérément subordonnés à une discipline sexuelle dans le but de préserver leur santé génitale et leur forte fécondité, tout comme, on peut douter que la prohibition de l'inceste se soit imposée pour des raisons eugéniques. Il est néanmoins légitime de postuler la possibilité 1. G. P. MURDOCK, Social 1960, p. 260.

Structure,

New-York, The Macmillan Company,

316

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d'une relation entre l'état de mœurs et le risque de contamination et la fécondité 2. On peut concevoir des modèles simplifiés de cette relation que voici. Dans les conditions de promiscuité complète, la maladie finira par gagner vite l'ensemble de la communauté à partir d'un noyau contaminé. Par contre, la propagation en sera lente si les chances de contacts intimes sont minimisées par une institutionnalisation rigoureuse des activités sexuelles ; il se peut même que la maladie finira par disparaître avec la mort des individus contaminés. C'est ce qui semble s'être passé, dans une certaine mesure, chez les Baluba : ceux-ci ont souffert d'une sérieuse infécondité à l'époque où ils ont subi les incursions des négriers, mais une fois la situation redevenue normale, on a vu leur fécondité se redresser en l'absence même d'une action médicale appropriée. Par contre, les Batetela, dont la situation initiale était similaire à celle des Baluba, mais avec des mœurs plus lâches, ont vu leur fécondité continuer à se détériorer. Pendant longtemps, les milieux de la prostitution ont constitué le réservoir du virus vénérien en Europe ; mais les masses de la population n'en ont pas trop souffert, leurs mœurs relativement saines constituaient un cordon sanitaire les protégeant contre le fléau. Une maladie contagieuse qui, au début et dans un milieu non immunisé, accuse des formes d'épidémie, peut avec le temps devenir endémique, moins dangereuse et probablement moins contagieuse. Il convient également de noter que l'endogamie tribale semble avoir considérablement gêné la propagation des affections vénériennes à travers l'Afrique 3 . On entend souvent dire que les maladies vénériennes en Afrique sont d'introduction récente. Rien n'est plus douteux. L'origine des maladies vénériennes ainsi que leur diffusion dans le monde est une question extrêmement complexe. Qu'on se souvienne des controverses sur la théorie colombienne et la théorie d'origine ancienne de la syphilis. Plus récemment, on en vint à tracer l'origine de la syphilis vénérienne aux tréponèmes non vénériens dont l'habitat originel serait en Afrique équatoriale \ Quant à la blennorragie, elle a été signalée de temps immémoriaux surtout en Asie Mineure sur laquelle on possède plus de témoignages écrits. Or, dans le passé 2. Si les Mongo avaient connu dans le passé pré-moderne (avec sa forte mortalité) l'infécondité qu'ils subissent actuellement, les Européens ne les auraient probablement plus trouvés à leur arrivée. Qui peut dire combien de peuples sont disparus, faute d'une fécondité suffisante pour contrebalancer la mortalité. La dépopulation par l'infécondité et la dénatalité a peut-être été un phénomène plus fréquent qu'on le pense généralement. 3. Voir chap. III. 4. E. H . H U D S O N , « Treponematos and Man's Social Evolution », dans American Anthropologist, n° 67, 1965, p. 885-901.

Infécondité,

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et mœurs

sexuelles

317

pré-colonial, l'Afrique n'était pas aussi isolée qu'on le pense souvent, et les contacts avec l'Asie et l'Europe remontent loin dans l'histoire \ Tout en admettant des variations d'espèce du virus vénérien, de sa virulence et de son intensité, selon le milieu écologique et les conditions culturelles, les épidémiologistes sont désormais de plus en plus portés à reconnaître l'extrême ubiquité du phénomène vénérien. Mais si la thèse de l'origine récente des maladies vénériennes en Afrique appelle des réserves sérieuses, nous sommes prêts à reconnaître que l'intensification sans précédent des contacts récents a sérieusement aggravé la potentialité de contamination vénérienne. Par corrolaire, nous devons reconnaître l'importance accrue que les mœurs sexuelles sont appelées à jouer dans la diffusion du virus vénérien parmi les collectivités africaines. L'affirmation stéréotypée veut souvent que les peuples naturels soient, selon les uns, d'une pureté parfaite de mœurs, selon les autres, d'une promiscuité quasi complète. C'est là une généralisation hâtive des cas particuliers. En fait, les comportements sexuels varient considérablement selon les groupes ethniques. Qu'on considère, par exemple, la fornication juvénile, les rapports prénuptiaux, l'adultère, les pratiques de prêt des femmes, certaines pratiques polyandriques, les orgies collectives rituelles, les formes de prostitution plus ou moins institutionnalisées, la tolérance sexuelle dont bénéficient les hommes, etc., sur tous ces points les différences sont considérables. Nous ne sommes pas en mesure d'entreprendre ici une enquête suffisamment complète pour nous faire une idée précise des mœurs de nos populations. Pour le propos limité de cette étude il suffira de révéler, à l'aide de quelques exemples, les différences qu'on peut observer au Congo dans les attitudes concernant la chasteté prémaritale et l'adultère de la femme. Commençons par la chasteté. Parmi les Balunda, du Nord-Kivu, une fille vierge a une valeur dotale supérieure à une fille qui a déjà connu un homme. Chez certaines tribus, la vertu de chasteté prénuptiale trouve son expression dans la croyance selon laquelle la femme venue vierge chez son mari demeure son épouse après la mort de celui-ci. Suivant la coutume des Basuku, tout rapport sexuel est interdit même entre les fiancés. Rendre une fille enceinte est un délit grave 6. Les Ngwaka sont réputés pour la sévérité de leurs mœurs ; les rapports sexuels, surtout avant la circoncision, 5. Voir chap. IV. 6. F . L A M A L , Basuku trale, 1953, p. 239.

et Bayaka,

Tervuren, Musée Royal de l'Afrique cen-

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qui a lieu vers l'âge de puberté, sont rudement réprimés. Dans certains groupes, la conception prénuptiale est réprouvée sévèrement, ce qui tend à décourager les relations prénuptiales, même si celles-ci ne sont pas condamnables en soi. D'autres milieux ethniques se font de la chasteté de la fille une idée toute différente. Loin d'être un honneur, la virginité est interprétée comme une preuve que la fille a manqué de charme pour s'attirer la convoitise des hommes. La virginité n'est jamais exigée, elle n'est même pas estimée, écrivait Molin à propos des Boyela 7 . Un enfant naturel n'est point un handicap pour le mariage ; bien au contraire, cela peut le faciliter, puisque la fille vient de prouver ainsi sa capacité reproductrice. On peut certes soupçonner que cette attitude se soit formée dans les conditions de stérilité excessive dont souffrent certaines populations ; mais la facilité avec laquelle on accepte les enfants naturels chez de nombreux peuples en Afrique fait croire qu'il s'agit là d'un phénomène des moeurs. L'adultère est considéré comme un délit. Nous ne connaissons pas une seule société où les femmes sont libres d'avoir des relations extramaritales (sauf des circonstances spéciales, prévues par la coutume). Mais la gravité avec laquelle l'adultère est jugé et sanctionné varie considérablement selon le milieu ethnique. Autrefois, on allait jusqu'à punir de mort la coupable d'infidélité. De nos jours, les punitions extrêmes sont abolies, mais l'adultère est toujours considéré comme un délit d'extrême gravité. Même passée inaperçue, la femme peut craindre les conséquences de sa méconduite. « Dans nombre de sociétés, écrivait Lévy-Bruhl, lorsqu'un accouchement est laborieux, que l'enfant tarde à paraître et que l'affaire prend une mauvaise tournure, on en attribue la cause à un adultère commis par la femme, soit pendant la grossesse, soit auparavant et tenu secret... Une confession sincère et complète est la seule chance de salut qui lui reste » 8. Ailleurs, l'infidélité suscite beaucoup moins de réprobation. Bien sûr une poursuite en justice sera intentée par principe, pour « sauver l'honneur » et... surtout pour empocher une indemnité que le coupable séducteur se verra condamné à verser à la victime, le mari. Il ne faut point penser qu'il s'agit là nécessairement d'une décadence récente des mœurs. Déjà les explorateurs étaient frappés de voir combien l'infidélité était monnaie cou7. S. MOLIN, « Notes s u r les B o y e l a », d a n s Congo, Revue générale colonie belge, I, 1, 1933, p. 400. 8. L. LF.VY-BRUHL, Le surnaturel et la nature dans la mentalité tive, P a r i s , P. U. F., 1963, p. 454.

de

la

primi-

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et mœurs

sexuelles

319

rante chez certaines peuplades. Nous avons déjà rapporté les cas de Nzakara, et celui des femmes de certaines tribus du Katanga « qui faisaient litière de leur vertu » et dont « le châtiment consiste en une râclée administrée par le mari... » Lorsqu'on cherche à établir quelles sont les populations qui souffrent le plus de la stérilité et des contaminations vénériennes, on ne manque pas de s'apercevoir que ce sont des populations connues pour leurs mœurs légères. Tel est le cas des Mongo, Azande, Bakusu, Batetela, Ngombe, pour ne citer que les groupes les mieux connus. Par contre, les populations telles que les Ngwaka, dans le Nord, les Bandibu, les Bayaka et les Basuku, dans le Sud-Ouest, et les Bashi dans l'Est, réputées pour la pureté de leurs mœurs, manifestent une excellente fécondité. Dans ce qui suit, nous nous proposons de tester l'hypothèse de relation entre les mœurs sexuelles, les maladies vénériennes et la fécondité. Nous avons déjà trouvé une corrélation significative entre les deux dernières variables 10 . Il reste à les mettre en corrélation avec la première variable. C'est par référence à Y illégitimité qu'on pourrait mesurer indirectement le degré de liberté sexuelle dont jouissent les femmes non mariées dans une société qui ignore la régulation des naissances. Différents indices d'illégitimité pourraient être utilisés à cet effet. On pourrait tout d'abord penser à la fréquence des naissances illégitimes, calculée par rapport à l'ensemble des naissances. Cependant, la valeur comparative d'un tel indice est douteuse. Deux populations de mœurs identiques auront des pourcentages de naissances illégitimes bien différents, si le mariage est précoce chez l'une et tardif chez l'autre. Le taux de fécondité illégitime par âge évite cet inconvénient. Cependant, ce taux peut varier considérablement pour des raisons étrangères à la moralité. Le fait que la fécondité illégitime est plus faible chez les Mongo que chez les Bakongo n'est pas une preuve de leurs bonnes mœurs. Le rapport du taux de fécondité illégitime au taux de fécondité légitime se prête mieux à l'étude comparative de la moralité sexuelle prémaritale. Si on limite ce rapport aux seules femmes âgées de moins de 25 ans, on obtient un indice pour caractériser la conduite prénuptiale des filles, les veuves et les divorcées étant peu nombreuses dans ce groupe d'âges. D'ailleurs même en calculant ce rapport pour toutes les femmes, le biais n'en serait pas considérable du point de vue comparatif. En effet, ce sont les comporte9. Voir chap. IV, p. 159. 10. Voir chap. X, p. 306.

320

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ments sexuels des filles qui constituent l'élément variable ; les veuves (à l'exception du deuil) et les divorcées jouissent d'une liberté sexuelle relativement large partout au Congo. Le tableau ci-dessous reproduit les coefficients de corrélation entre la natalité et les indices d'illégitimité, par région. Comme il fallait s'y attendre, la corrélation est négative ; dans deux cas, elle est très significative. Congo (24 districts)* Congo (à l'exception du district de Lualula-Moero)* Province de Léopoldville (22 territoires)** Province de l'Equateur (26 territoires)** Province Orientale (26 territoires)**

-0,36 -0,49 -0,80 -0,22 -0,62

* L'indice d'illégitimité est basé sur le rapport du taux de fécondité illégitime cumulé jusqu'à l'âge de 25 ans au taux de fécondité légitime cumulé jusqu'au même âge. ** L'indice d'illégitimité est basé sur le rapport du taux général de fécondité illégitime (15-44) au taux général de fécondité légitime (15-44).

Certes, on peut objecter que dans les territoires où la stérilité est forte, il ne serait que naturel de voir le taux de fécondité illégitime se comparer confortablement au taux de fécondité légitime, ce dernier taux étant sujet à l'effet cumulatif de la stérilité subséquente dans la mesure où les femmes avancent en âge. Il ne faut toutefois pas perdre de vue que le niveau de fécondité dépend, en l'occurrence, de la stérilité primaire plus que de la stérilité secondaire u . En outre, en limitant le calcul du taux de fécondité illégitime aux seules filles âgées de moins de 25 ans, on réduit du même coup le biais éventuel dû à la stérilité secondaire. Il n'est point facile de trouver un indice qui rende compte de la fréquence relative d'adultère et permette une corrélation avec la natalité par région. Les statistiques de divorce donnent une idée des tensions conjugales ; mais les causes de ces tensions peuvent varier fortement selon le cas et l'adultère n'y contribue probablement que pour une faible fraction. La stérilité est par exemple une cause importante de divorce en Afrique. D'ailleurs, la proportion de divorce dont on dispose pour le Congo dépend non seulement du taux de divortialité mais également du taux de remariage. Les statistiques relatives aux condamnations prononcées par les tribunaux coutumiers pour les délits conjugaux se révèlent d'un certain intérêt, en tant qu'indice 11. Voir chap. II.

Infécondité,

maladies vénériennes et mœurs sexuelles

321

de tensions et méconduites conjugales. Au Congo, les affaires d'adultère dont les tribunaux sont saisis, constituent une fraction importante dans les statistiques judiciaires classées sous la rubrique de « délits conjugaux et matrimoniaux ». Cependant l'efficacité de l'organisation judiciaire varie probablement assez bien d'une région à l'autre et comme il y a lieu de suspecter que les statistiques judiciaires soient moins complètes dans certaines régions que dans d'autres, nous avons préféré calculer un indice en rapportant les délits conjugaux à la totalité des condamnations prononcées par les tribunaux coutumiers et enregistrées dans une région donnée. La proportion des délits conjugaux ainsi calculée a été ensuite confrontée, district par district, avec le taux de natalité. Un coefficient de corrélation négative significative, soit exactement de 0,78, a été obtenu. Autrement dit, la natalité varie en sens inverse de l'intensité des conflits et délits conjugaux dont les tribunaux furent saisis. Cette corrélation n'est certes pas exempte de biais. On pourrait, par exemple, s'attendre à ce que là où la stérilité est plus fréquente, les conflits conjugaux le soient également. Le tableau suivant résume les principales évidences empiriques en termes des coefficients de corrélation pour l'ensemble du pays : Corrélation entre le taux de natalité et le taux de stérilité (24 districts) Corrélation entre le taux de natalité et l'indice d'infection syphilitique (13 unités territoriales élargies) Corrélation entre le taux de natalité et l'indice d'illégitimité (24 districts) Corrélation entre le taux de natalité et l'indice relatif aux délits conjugaux

-0,89 -0,83 -0,36 -0,78

Les données empiriques reproduites ci-dessus corroborent la conception à priori de la façon dont les événements s'enchaînent pour produire le phénomène de la dénatalité. Si la natalité est faible dans certaines régions, c'est à cause de la stérilité excessive. Or cette stérilité - on l'a vu - est non volontaire, mais physiologique. Toutes les évidences reproduites dans cette étude convergent vers une explication médicale et plus spécifiquement vénérienne de cette stérilité. D'autre part, comme il fallait s'y attendre, et les données reproduites ici semblent confirmer l'hypothèse, les maladies vénériennes ne pouvaient atteindre des proportions dangereuses qu'à la 21

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faveur de l'indiscipline des mœurs. Bref, tout en confirmant l'hypothèse selon laquelle il existe une relation causale entre les mœurs sexuelles, les maladies vénériennes et l'infécondité, les données examinées ici renforcent la thèse formulée dans le chapitre précédent quant à l'origine vénérienne de l'infécondité au Congo.

Sommaire

Alors que le taux de natalité de la plupart des pays d'Afrique subsaharienne et de certaines régions du Congo varie de 50 à 60 %0, celui de l'ensemble du Congo s'élève à quelque 45 %o seulement. Cette relative faiblesse de la natalité dans ce pays s'explique cependant facilement lorsqu'on songe que 20 % des femmes, ayant dépassé l'âge de procréation, n'ont jamais conçu un enfant vivant. Ce taux anormal de stérilité est un des aspects des plus déconcertants de la démographie congolaise. Ce qui frappe ensuite, c'est l'inégalité énorme de fécondité entre les régions et les groupes ethniques. Le taux de natalité varie du simple au triple. Il est par exemple de 60 %0 au Kivu et de 20 %0 seulement dans certaines régions des Uélé et de la Cuvette centrale. Le rapprochement par région entre les taux de natalité et de stérilité donne lieu à une corrélation négative étroite, ce qui suggère l'existence d'une relation de cause à effet entre les deux variables - la stérilité et la natalité. Dans les régions de forte natalité comme le Kivu, la proportion des femmes n'ayant pas procréé s'élève à 5 % à peine ; dans les régions de faible natalité, comme les Uélé, cette proportion atteint par endroit 50 % des femmes, ce qui dénote un état pathologique d'une gravité exceptionnelle. Les séries chronologiques disponibles sont trop fragmentaires pour qu'onpuisse dégager, avec une netteté suffisante, les tendances de fécondité dans le temps. On peut cependant faire quelques observations intéressantes. C'est ainsi que, contrairement à ce qu'on a souvent affirmé, l'origine du processus de la dénatalité au Congo semble être antérieure à la conquête du pays par les Belges. Cette conclusion est suggérée par la forte stérilité primaire dont souffrent les générations des femmes ayant commencé à

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des populations

congolaises

procréer à l'époque de la conquête. L'origine de la dénatalité remonte au moins à l'époque des campagnes esclavagistes. A cet égard, il est significatif de constater qu'une bonne partie de la zone d'infécondité coïncide avec ce que fut durant la deuxième moitié du 19" siècle la zone d'opérations des négriers arabes. Mais il faut plus de recherches historiques pour faire la lumière sur le rôle joué par ces événements dans le déclenchement du processus de la dénatalité. En ce qui concerne l'évolution durant la période coloniale, les séries statistiques révèlent une aggravation de la dénatalité jusqu'à la première guerre mondiale. Les tendances ne sont pas assez nettes pour ce qui concerne la période d'entre-deux-guerres. Tout au plus peuton parler d'une certaine stabilisation de la natalité. Par contre, un net redressement de fécondité se dessine durant la dernière décennie de la période coloniale. L'intensification de la lutte antivénérienne, le développement extraordinaire des maternités, la normalisation de la vie familiale dans les villes, sont les principaux facteurs de ce redressement. Cependant, lorsqu'on ignore ces fluctuations temporelles, relativement faibles, pour ne considérer que les tendances fondamentales, on ne manque pas de voir qu'avec le temps la fécondité conserve sa configuration géographique relativement inchangée. On serait tenté d'en conclure que les déterminants fondamentaux de la fécondité n'ont pas tellement varié durant cette période d'une soixantaine d'années. Les milieux urbains semblent doués d'une forte prolificité marquant même une certaine avance sur les milieux ruraux. C'est du moins ce qui apparaît à la lumière des résultats de l'enquête démographique de 1955-1957. L'avance en question peut être attribuée à une meilleure assistance médicale, surtout dans le domaine de la maternité, ainsi qu'aux stimulants matériels à la procréation, tels que les allocations familiales et l'octroi prioritaire des logements aux familles nombreuses, dont ont bénéficié les citadins durant les années 50. La régression des coutumes des interdits sexuels liés à l'allaitement a probablement aussi joué un certain rôle à cet égard. Les transformations sociales assez profondes, qu'a subies la ville africaine, ne semblent toutefois pas affecter notablement les attitudes des citadins à l'égard de la procréation. Ces attitudes sont aussi natalistes que dans le milieu traditionnel de la campagne. Ce qui retient davantage l'attention lorsqu'on étudie la fécondité différentielle par état matrimonial, c'est l'avance de la fécondité monogamique sur la fécondité polygamique qui, pour l'ensemble du Congo, se chiffre à 27 %. Cet écart est le fait du concours de facteurs qui sont de nature à défavoriser la polygamie à savoir : la moindre fréquence de coït par épouse,

Sommaire

325

la différence plus marquée d'âge entre les conjoints, le risque accru de contamination vénérienne et partant de stérilité, ainsi que les pertes de conception consécutives aux dissolutions plus fréquentes des unions polygamiques. Cependant pour une part importante la différence n'est pas due au partage d'un même mari par deux ou plusieurs femmes, mais à un processus de sélection qui s'opère au détriment de la polygamie parmi les femmes stériles et sous-fécondes. D'une part, une union monogamique restée stérile finit presque immanquablement par se dissoudre ou se transformer en union polygamique ; d'autre part, une femme stérile à plus de chances de contracter un mariage polygamique qu'un mariage monogamique. Si l'on élimine les femmes stériles, pour ne considérer que les femmes ayant eu au moins un enfant, l'écart entre les deux types de fécondité passe de 27 à 15 %. C'est l'écart qu'on observe dans d'autres pays à faible stérilité pour lesquels on dispose de statistiques adéquates (Haute-Volta, Niger). Pour les Congolais, une forte fécondité est la note dominante de l'idée qu'ils se font de la vie. C'est consciemment et activement qu'une nombreuse progéniture est recherchée. Notre hypothèse est que ces mentalités hautement natalistes chez les populations africaines se sont formées et affirmées sous l'influence du milieu écologique et des facteurs sociologiques qui leur sont propres. En particulier, il convient de faire ressortir la mortalité excessive et le sous-peuplement chronique qu'elles ont subis tout au long de leur évolution. On a également fait valoir à cet égard le rôle des systèmes familiaux unilinéaires, remarquables par le haut degré d'intégration et de solidarité à l'intérieur du clan et par la continuité de la lignée. En même temps, ces populations se sont créé des structures sociales et matrimoniales appropriées à une forte fécondité : le mariage précoce et universel des filles, le mariage à l'essai, les facilités de divorce pour les unions restées infructueuses et de remariage des veuves et des divorcées, la tolérance à l'égard des naissances illégitimes, etc., favorisent en général la procréation. La polygamie en particulier semble exercer une action vivifiante sur la nuptialité féminine et, partant sur la natalité de la population prise dans son ensemble. Parmi les facteurs qui sont susceptibles d'entraver la fécondité, nous avons pu examiner les tabous sexuels, les pratiques abortives et contraceptives, et les maladies vénériennes. Les femmes africaines sont frappées de nombreux interdits sexuels dont les plus importants au point de vue de la fécondité sont ceux liés à l'allaitement. Si la coutume de ce dernier type d'interdits est très répandue

326

La fécondité

des populations

congolaisei

en Afrique tropicale, elle n'est pas universelle pour autant. Les habitants du Kivu, éleveurs du gros bétail et consommateurs du lait de vache l'ignorent à peu près totalement. Ailleurs la durée de l'interdit varie selon la région. Au Kwango, par exemple, où les populations souffrent d'une sévère carence de protéines, l'abstinence dure pratiquement autant que l'allaitement, soit deux à trois années. Dans de nombreuses autres régions, on reprend la cohabitation normale aussitôt que l'enfant manifeste une certaine vigueur physique (commence à « marcher »), soit après un an environ. Quoique ces interdits semblent viser à la survie de l'enfant, ils ne manquent pas de ralentir la procréation de par leur durée et leur fréquence. Les tabous sexuels constituent probablement le mode le plus direct de contrôle des naissances qui soit connu traditionnellement en Afrique. Avec la régression de la polygamie, avec le changement dans les habitudes alimentaires et en général avec le déclin des traditions, ce mode de contrôle ira en s'affaiblissant. Aussi, à moins de se faire contrecarrer par d'autres facteurs, cette tendance risque-t-elle d'accentuer davantage une fécondité qui est d'ores et déjà fort élevée dans certaines régions d'Afrique. Les procédés abortifs et contraceptifs sont connus de nombreuses populations, mais ils sont utilisés, semble-t-il, seulement dans des cas exceptionnels : conflits graves de ménage, besoin de supprimer le fruit d'une relation adultérine, conception en violation des tabous sexuels, etc. Rien ne permet toutefois de conclure à ce qu'ils soient employés dans le but d'une limitation systématique des naissances ; les motivations pour une telle limitation font simplement défaut dans la société africaine. Aucune étude sérieuse n'a été menée pour déterminer l'efficacité de ces procédés, mais on peut douter à priori que dans la plupart des cas, et hormis quelques procédés dangereux, elle soit réelle. Aussi, sans négliger l'effet négatif que les pratiques abortives et contraceptives puissent exercer sur la natalité en Afrique, la portée qu'on leur a souvent attribuée nous paraît exagérée. Il n'est pas rare que les hommes accusent leurs femmes d'avortements induits alors qu'il ne s'agit que d'avortements spontanés, probablement fréquents chez les populations souffrant de maladies vénériennes. Les maladies vénériennes, la syphilis et la blennorragie, se révèlent à la lumière des résultats de cette étude, comme étant la principale cause de l'infécondité excessive dont souffrent certaines populations congolaises. On trouve une corrélation significative entre la fréquence des maladies vénériennes et la natalité par région. Les examens cliniques qu'on a fait subir à de nombreux sujets stériles ont révélé des complications et lésions

Sommaire

327

génitales d'origine vénérienne, surtout blennorragique. Mais ce n'est que dans une proportion relativement faible que les laboratoires ont pu identifier positivement le virus. C'est parmi les populations réputées pour la légèreté de leurs mœurs que l'infécondité et les maladies vénériennes se manifestent avec le plus d'intensité.

En guise de conclusion

La conclusion générale qui se dégage au terme de cette étude est que les populations du Congo dans leur majorité bénéficient d'une fécondité confortable ; certaines atteignent même des niveaux rarement observés dans le monde. Ceci confère à ces populations, et compte tenu de la régression substantielle accusée par la mortalité ces dernières décennies, un accroissement démographique extrêmement rapide, en même temps que se perpétue, voire s'accentue (à cause de la baisse de mortalité), la structure extrêmement jeune des âges. On reconnaît ici la situation de nombreux pays sous-développés, où la pression démographique se heurte à une offre peu élastique des capitaux d'investissement et où par conséquent l'accroissement de population trop rapide risque de devenir un obstacle au progrès économique. Ce problème désormais classique de l'économie politique du sous-développement est trop connu pour qu'il soit nécessaire d'y insister davantage. Cependant, ce serait trop limiter le problème que de ne considérer que cet aspect-là. Il reste un fait indéniable que le Congo est, dans son ensemble, un pays nettement sous-peuplé. Sa population est faible eu égard à l'étendue de son territoire et aussi à la richesse de ses ressources naturelles présentement connues. Pour saisir la portée de cette considération, il suffirait de rappeler ici l'enseignement du passé colonial alors que l'industrialisation et l'expansion économique se sont heurtées à l'insuffisance de la main-d'œuvre locale, si bien qu'il fallait la faire venir des contrées fort éloignées des centres d'industries souvent au prix de lourds sacrifices sociaux. Vue dans cette perspective, l'expansion démographique que connaissent certaines régions du Congo acquiert une signification différente de celle que lui prêteraient les économistes préoccupés seulement des implications économiques du

330

La fécondité

des populations

congolaises

rythme d'accroissement démographique et des structures des âges. A l'heure actuelle, les villes nous paraissent être les seuls endroits au Congo où les incidences économiques et sociales de la poussée démographique se font ressentir sérieusement. Cette poussée est d'ailleurs absolument exceptionnelle, car en plus d'un accroissement naturel sans précédent, la ville continue à attirer un grand nombre d'immigrants d'origine rurale, et cela en dépit de ses possibilités limitées d'emploi. Le second aspect qui émerge de cette étude, et celui-ci avec plus de force encore, est l'infécondité symptomatique d'un état pathologique grave dont souffre une minorité importante des populations de ce pays. Les implications de ce phénomène sont autant psychologiques que sociales, économiques et même politiques. On a vu que dans certaines régions la moitié des femmes sont privées des joies de la maternité. Quiconque connaissant l'importance qu'on attache à la fécondité dans les sociétés africaines ne manquera pas de saisir tout le tragique de cette situation. La stérilité signifie la diminution sociale de l'individu et elle est la cause fréquente du désordre familial et, par delà, de l'affaiblissement des structures sociales. L'apathie que l'infécondité crée chez les individus, voire chez des collectivités entières, ne manque pas de retentir sur le plan social et économique. Ce n'est pas de la part d'une population déprimée et vieillissante qu'on peut s'attendre à recevoir le concours actif qu'exige le développement économique. D'immenses territoires sont faiblement peuplés par une population démographiquement stagnante, fait qui est propre à décourager toute initiative économique dont la rentabilité requiert une certaine densité de peuplement ou, du moins, une perspective optimiste d'expansion démographique à longue échéance. Enfin, l'infécondité et les inégalités qu'elle introduit dans le potentiel démographique des diverses ethnies ne sont pas sans avoir une connotation politique. Dans un pays où les structures ethniques jouent un rôle important dans la vie politique, l'équilibre et un bon dosage ethnique au niveau du gouvernement constituent un facteur d'harmonie nationale. Mais par-dessus tout, nous sommes confrontés ici avec un problème profondément humain. La stérilité est un problème médical avant tout. C'est une maladie. Les hommes qui en sont affectés méritent de la sollicitude. Le problème d'infécondité doit en effet être résolu dans une optique d'exigences humaines, quelle que soit par ailleurs notre option philosophique en matière de politique démographique : malthusienne ou populationniste.

En guise de

conclusion

331

TABLEAU ANNEXE

RÉPARTITION DE LA POPULATION ET DE LA SUPERFICIE EN FONCTION DU NIVEAU DE NATALITÉ (LE TERRITOIRE ÉTANT PRIS COMME UNITÉ DE BASE DU CALCUL) Taux de natalité

Population (1958) Nombre

moins de 25 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50 et plus Total

%

Superficie en km ! Nombre

%

924 000 622 000 1 384 000 760 000 1 446 000 2 100 000 6 288 000

6,83 4,59 10,23 5,61 10,69 15,56 46,49

293 310 129 379 413 481 207 595 312 992 327 428 651 629

12,55 5,53 17,70 8,88 13,39 14,06 27,89

13 524 000

100,00

2 335 814

100,00

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Achevé d'imprimer sur les Presses de l'Imprimerie Centrale de l'Ouest, La Roche-sur-Yon, le 20 Décembre 1967.

N» d'édition 33

Dépôt légal 4° trimestre 1967