La crise de la psychologie contemporaine

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COLLECTION J.

DUCLOS

l'HOMME

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FRtVILLE:

COMMUNISTE Henri

Barbusse,

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ARAGON: Comme je vous en donne l'Exemple (textes choisis de Jacques Decour), 48 pages.. 16 fro P

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chantent,

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M. C ACHI N : Science

et Religion,

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LA CRISE

Peri, 128 ,. 90 fro

64 pages..

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PSYCHOlOGIE CONTEMPORAINE

R. GARAUDY: Le Communisme et la Morale, 128 pages. . • • . • . . . . . . • . . . . . .•. . . . • • • . • .. 50 fro R. GARAUDY: Le Communisme de la Culture fran~aise,

et la Renaissance 64 pages.... 18 fro

G. POUTlER: Revolution et CO'ntre~revolution au XXe Siecle, 100 pages ••.......•..... 45 fro G. POUTlER: Le philosophlque,

Bergsontsme, 112 pages

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EDITIONS

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Le Bergsonisme,

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LA CRISE

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au XXe Siecle:

de M. Rosell berg (Editions

Reponsocia-

PSYCHOLOGIE CONTEMPORAINE

En preparation:

194

7

EDITION s SaCIALES 64,

Boulevard

Auguste

PARIS - Xille

- Blanqui

PREFACE Jama,is, sans doute, Ie titre de cette collection ne fut aussi justifie qu'aujourd' hui,. ou il indiqwe' exactement le sens et la portee de la Crise de la Psychologie contemporaine de G·eorges Politzer. Jamais, en ertet, nous n'avons presenle ouvrage moins dogmatique, plus « ouvert :1> a la discussion comme .aux promesses et allX realisations. Et s'il en est ainsi, ce n'esl pas que Politzer ni les Editions sociales alent lJoulu ralre reuvre lapageuse et polemique gratuite. C'est tout simplement que l'avenir de la psychologie est bel et bien un « probleme »... Or, ce probleme, Politzer non seulement a su en saisir toute ,l'acuite, mais encore l'a pose en des termes qui valaient la peine d'etre rappeles el offerts a la rerle:I)ion. C'est dalls cette mesure, et Gompte tenu des modifications qu'apporteront a ses inalcations les discus,sions que nous souhaitons voir s'engager sur ce theme et les realisations (surtout les realisations I), que nous aDons cru bon de reedlter la contribution de Politzer au denouement de la crise de la psychologie. Tous

droits

de traduction, Copyright

de reproduction

by ( Editions

lociales»,

et d'lldaptation Paris 19~7.

reserves

Les deux chapitN's sont hs deux orticles

qui constituent fondamcntclLlx

ceti'e pIaquette parus, dans Ia Hevue de psychologie concrete, respeclivement en {evrier 1929 el jllillet 1929 (Ie premier fut ecrU en 192'8), que nOlls ovons « coifj'es » des editorioux de. chacu~ des deux nllmeros de 10 Revue, ecrits par Polztzer luzmbne et signes dll nom de 10 Revue. De ces articles et des edi:ol'iaux qlli en constituent dans notre edition ['introduction, nous l'C/Jrodllisons ici la quasi-totalite: fout all pIlls rwons-nous coupe les l"edites et quelques bl'efs developpemenls' qui faisoient double emploi, dans Ie SOllc7 de pl'esenter Ulle plaque, te qui ne fut pas trop voluminellsc 1. A.insi la reunion, sous le titre la Crise de Ia psychologic contemporaine (celie crise constiluant en efj'el Ie theme central 011 s'en apercC'vra des deux eludes) el dans line forme accessible au pluS' grand public, de ce qui constiluait l'essentiel de celie Revue, absolument i ntro IWO b Ie aujo urd' hui, represente-t-elle un evenement verilablement important dans le do maine CLllturel.

L'essenLiel de la Revued'e psychologic concrete ... , disions-nous. C' est qu'en effet le somtnaire ne contenail pOI' ailleurs qlle ',des articles d'un interet mediocre el d'une lendance plus que douteuse: les psychana1. Lcs quelques notes que nouS nous sommes. permit d'ajouter sonl uniqucme~t destine~~ a met.lre au JOu-: de l' « actualite » philosophlquc certaInes allUSIOns de POl.llz~r que l'etal present de la philo sophie risquait de rendre eqUlvoques.

lystes,. dissidents, mais non mains fumeux, lels Rank; Adler 011 Prinzhorn, s'y tuillaient la part du lionet conlredisaient sans ver{jugne les inteniions et la volul1te de rerLOvation exprimces pal' Polilzer duns ses de~!x Qrti cl es cIe base. Allssi, ne doft-on pas .'I' etonner de ce que la Revue n'ait eu qlle deux numeros. Ce.te publication qui s'annom;aiL ombiticllsement comme «. PlIblication interna-tionale pOlll' recherches de psychologie positive », qui devait poraitre qlwtre fois /)(lr an ... se tzit 0llssi[6t nee. . C'est qll'en e{fet Po!itzer, qlli l'apai! /ondee « en cavalier seul », comme le dit [ffnri Lefebvre, Sf renriit vile com/)te que l'ec!ec:lsme britOI'd et Ie cunfllsionisme interesse qu'i! [uleroi! all sein et sous Ie cuuva! de la Revue etaipnt, ell faiL, intulembles -- que ['omour que partait a la naissante /)sych;llogie cuncreLe lu psychana/yse risqllail de la dhunsitlfrer et de 10 s efiUse!" en peu de temps que l'aUiraJlce ql/e 10 psychologie concreLe /'essenlail, Jnalgre la critiqlle ap/JI'u{()ntlie e't souvent acerbe que Polilzer avait faile de cflle-ci, puur la psychanalyse e ait une « erreur d'ai(JlIillage » qui. bref delui, aflait jete/' 10 nOllvelle psychologie dans les bras de ... l'abslraction. Une telle equivuque, qui contrcdisait exactement les in.entions de Polilz~r, [ui parut a juste titre si dang~?reuse qu'i! ,la trancha de la fac;on la plus radieale : if abandonna 10 Revue ... et ia psycllOlogie concrete. \

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Or, aujollrd'hlli ou 10 psychanolyse qu'elle dcvait le ]'( joindre, Ie bric-a-brac du spiritisme, de l'occuliisme et autres I

a I;ejoint, parce charlotunesque « scienres » au

Gutres « litteratares ~, (1Iujourd hui ou. f hi:st.oire a pre-. , , d'elle-meme les positions, les zntentlOns et ,fa ~IS:erite > des attitudes, aujourd' hui ou il ne nous ~este plus que des textes, nous estimons que le~ deux artlcles de Politzer constituent, sclor; to~te vralsemblance: un n'wteriel de choix pour la reflexlOn sur les pro,blemes de ia psychologie contemporaine, sur Ie prob.leme de la psychologie. , , La Car,depuis 1929, la situation, n'a pas, change,' 'erpsychologie est toujours une « sczence » n;meure, me taine de ses fondements comme de sa, meth~de, de son ob jet comme de son bill. Elle est tou]ours a. la rem,~rlie de quelque alltre discipline, que ce SOlt la ~e a~hysiqlle ou la biologie; toujours, in(econde" tou~o~~; decevante. Pour tout dire, aujourd hm com~e en / . 'est tou]'ours pas une « sczence ». 0 , l 1 la psyc 10 ogze n . II race polilzer proposait alors une perspe~tlVe nouve .~ g a laquelle if estimait pouv?ir enfm « fonder ,» ~~ veritable science psychologlque. Pouvoz:,s-nous 19n.od' t' ? pouvons-nous ne pas dllscuter ses zn 1ses .sllgges Ions. . s' certaines semblent ma:i'ntenant catIOns - me me z .',' . inexacles _ et en lirer de quoi, cette fOIls, poser: seII.ellscment les premieres pierres d'une psychologle sc!enJ

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i! i~ed:alltres termes : de l'aventure ,bizQ1;re ?-e la Revue, de s cholOdi'e concrete, if reste all]ourd hUl, dans leur dill dcuxtJtextes. Toute petite histoire, to~te an,ecdote ~~~scs ~ pnrt, nous posons ia question: la dzsc~sslOn su~ 'hologie concrete ne peut-eUe et ne? dOlt-elle pas une psy( . s'engagcr sur ces deux eludes de Poiztzer .

Le seul fait de la publication de ces i,exties in'diqlle' que. Quant a nous, notre siege ,est fait. Qu'il y ait, dans la position de G. Politzer enuers let psychologie concrete des theses a depasser, nous en convenons 'volQntiers. Qu'if soil indispensable, urgent et imperieux de les depasser, cela est certain. Polilzer lui-meme s'en rendalt compte : et Ie lecteur verra c' est un des aspects les plus emouvants de cette entreprise - comment if « depassait '> consciemment et lucidement, et dans Ie sens Ie pluS' dialectique du mot, Ie premier article dans Ie secon'd. Que cetie tache de depassement, d'approfondissement dialeclique et de decantation soil a poursuivre, c'est non seulemenl notre conviction, mais aussi et surtout notre desir - notre volonte. Or,. tous les psychologues qui voient dans Ie rnaterialisrne dialectique 1a source' de toute connaissallce authentique et la condilion de toute realisation feconde ne seront pas de trop pour mener a bien cette C2ZlVre de creation scientifique qu'est la fondation d'une psy-chologie digne des espoirs que l'on place en elle. Nous les convions tous a apporter leur contribution a la discussion et 9 Ia r·ealisation d'une psychologie concrete a partir des etudes de Politzer que contient cette pIaquette. 11 est impossible en effet qu'echappe a ['attention des specialistes comme des « amateurs» l'interet des theses essentielles de Politzer sur la question. Aussi bien, Polilzer lui-meme sClulignait-il de la farcp0Ils. S Ii s plus autorisees et les plus digne~ d'll1lhetJ• • .•

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A.ins;, pOIl1'l'onl dl'c je ees, con[ormement au vreu de Pollaer et pour Ie s:llll de la psycho logie, Ies premieres bases d'un « plan mUonnel de travail colleclif ».

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1. :\05 Collection

lrcteurs « Pro!Jl

Blanqui,

Paris.

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bien envoyer leurs reponses a Editions sociales, 64, boulevard

PSYCHOLOGIE MYTHOLOGIQUE ET PSYCHOLOGIE SCIENTIFIQUE

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La- psychologie nouvelle, c'est-a-dire differeute de celle qui est issue des tentatives de Ia fin du dernier siecle et des affirmations et negations qui se sont groupees autour d'elles, €st, aujourd'hui, sinon une realite incontestable, du moins une aspiration presque generale. En depit des efforts que font chaque jour Ies « conciliateurs » pour demontrer la suffisance de' l'ediflce c€ntral de Ia psychologie ·d'hier devant Ies exigences apportees par Ie nouveau mouvement, la presente etude part de l'affirmation de cette insuffisance et de Ia legitimite de I'aspiration a une psychologie nouvelle. Au milieu des regrets et des hesitations de la plupart des psychologues, elle pr,end resolumentcomme point de depart les tentatives psychologiques recentes qui cherchent a se detacher de I'inspiration fondamentale de cette psychologie qui, pendant si longtemps, a eu les honneurs de l'enseignement officiel. L'unHe est certainement Ie besoin Ie plus urgent die la psychologie. Mais la constitution d'une science n'implique pas seulement la conception claire de iSlesfon-

dements; elle ~mplique en meme t"mps l'elimination de la forme mythologique et de In forme prescientifiqlle sous lesquelles toute science exisle rl'abord. Et puisqu'une meme science ne peut etre positive sous deux, voire plusil'urs formes, I'·eliminntion des formes fauss'.'s ou insufHsantes doit proceder it partir d'une attitude unifiee. Si l'unification doit donc etre l'nrticle Ie plus fondamental de son programme, la presente etude doit avail', en llleme temps, In charge de ne pas laisser l'unite degenerer en compromis et de simpji~er In situation presente au point que d'lIn cote sc trol1\'C 13 psychologie qui n'est abso]ument pas positive, de l'autre celle qui veut l'etre absolument. Telle est, -en ell ct, In dualite fondamentale qui tst a In base de tOllks Ies sciences, au sens propre cI1I 010 t, et c'esl a part ir d 'elle seu [emen t qu'il leur a ete possible de parveni r a crill' unite qu'on d·esire tanl aujourd'hui pour la psychologie. II est manifeste que la confusion au sujet de la critique de la pS!Jrhologie classique et de l'elaboration des tondements de In psychologie n()uvelle cst aujJ,ur-

d'hui

enCOre plus

grande

qu'elle

ne retait

hier.

Car

bien que celte double enlreprise ne pl/isse elre realisee ni par des indiuid/ls isoles, ni par des tcndances pardculieres, ce ne sont justl'ment que des individus isoles

et des tendances particulieres qui en ont, jllsqu'ici, Ia chClrge. ,. La vision des erreurs et la conception des rerorn~es a accomplir duivent venir certainemcnt d~s recherches positives c:lles-mcmes, qui sont ncccssairel11cnt particuJierr,1, mais al1Cl1ne recherche !Jor!ifllliere, quelle que soi t sa vnlcur positive, ne pellt ([bou/ir, a eUe sellle, ni a la vision integrale des erreurs, ni a la conception

I

des reformes dans toute leur etendue. Isolees ks unes des autres, Ies r·echerches particulie'res amenent leurs representan~s a suppleeI' a l'approfondissf::ment definitif de la critique qu'eHes apportent et des reformes qu'elJ,es impliquent par d,es compromis ou des constructions theoriqnes qui ne font a certains egards qU'2 retarder les progres veri tables. .) On voil aujourd'hui certaines tendances se contenter d'affirmations dogmatiques, au sens kantien du mot, sur les points memes sur lesquels une autre tendance a soutenu une negation basee sur une critique systematique; d'autres rem placer par un compromis avec la psychologie classique, ou une construction simplement notion nelle, une reforme qui constitll!e l'objet essentiel, en meme temps que Ia raison d'etre, d'une autre tendance nouveHe; d'autres, encore, faire fond sur la conception imparfaite d'une critique, reforme theorique au methodoIogique, alors qQ..edans une 'Ou pIusieurs autres ten dances on trouve la conception rigoureuse et definitive de la meme critique, idee ou methode. On les voit €nfin presque toutes chercher la psychologie nouvelle un peu n'imporle 011, comme si elle etait une sorte de pierre philosophaJo, en oubliant qu'il existe des recherches qui ant apporte, non pas une simple amelioration de la psychologie classique, mais une inspiralion fondamentaI'e entierement nouV'elle, du moins pour les -psychologues, et qui parait~tre enfin celIe de Ia psychologie positive. ~•., S'il est illegitime et meme inutile d'arracher Ies spcciaJistes a leurs roecherches speciales, cet etat d'esprit- qui perm~t aujourd'hui a tout psychologue de designer Ie fa:t pr2cisem"nt dont il s'occupe comme particuliercment significatif, simplement parce que la

confus~on qui regne au sujet du domain~ de Ia psych?logle n~ permet pas de savoir avec precision ce cr,l1lest vr~lI~lent fondamental et ce qui ne I'est pas, n'a l/e~ de· desIrable. II faudra s'habituer au contraire a t Idee que tout ce qui conce'rne les fondemen[s de la psychologie .ne peut. etre elabore definitivement que p~r Ie tr?vazl collectlf, parce qu'un systeme individuel n 'est .touJours 9u'une construction arbitraire, et que Ie travaIl collechf seul peut aboutir it ce « systeme » (lu'on appelle une sdence. La realisation de ce dernier but ne pourra etre, bien entendu, que progressive: lalenteur ou la rapidit.e de Lette progression dependra de J'altitude des differentes ten dances dont il s'agit d'organiser la collaboration, et on ne po~rra meme s'attaquer it l'essentiel que dans la mesure ou cela sera rendu possible par l'etat des necherches psych~logiques elles-memes. Cependant, la lutte contre certallles habitudes, ,essentiellement responsables. de l'anarchie d'e la situation actuelle en psychologie, peut commencer des mainlenant. II s'agira tout d'abord d'arracher a l'arbitraire individuel ou regional, les decisions conoernant Ia man:ere veritable dont se pose actuellement Ie probleme de la psychologie. La plupart des psychologues ont une tendance it se (:omporter comme s'i! ne dependait que d"eux de decider ce qui est admis et c~ qui est remis en question (~ans ]a psychologie d'hier, sans s'occuper de la situatlOn telle qu'elle est .effectivement. C'est pourquoi il convient d'oraaniser Ul1-€ mise au point syst~matique de ]a position ~ctuel!e du problemc psychologIque, et d'examiner dans oe but to us Ies problemes que posent Ies rapports des ten9ances psycho-

logiques nouvelles les unes avec les autreI'). Et comme iI y a encore des psychologues qui croient que Ie nouveau mouvement a remis ,en question tout, sauf I'hypothese de' Ia vie interieure, il faudra commencer par insister, tres particulierement, sur Ia critique de [OJ doctrine de la vie interieure, sous toutes s'es formes.. II s'agira, en meme temps, de rompre des maintenant avec cette attitude qui consiste it concentrer ]a r,eflexion sur les fondements de la psychologie, autOl1r cl'un certain nombre de themes et de recherches toujours les memes, comme s'il etait impossible que Ie \ centrie de gravite de la psychologie puisse lui-meme se deplacer. D'une fa90n generale, et dans tous les problemes, In question est de substituer aux decisions individu·ellfs, ou regionales, des decisions collectives; it la tradition, Ia methode; aux idees re hanleet poser convenablement les problemes, aussi bien ~!ue PO~ll' conns.ltre dans ].e detail meme la direction, 1a porte,e et ]es lirnites des recherches et considerations psychologiqnes. En d'autre", termes, la psyclwlogie tout c c:'llier n'est possible qu'enchassee danS' l'economic. Et c est pour ct'la qn'elle suppos,e tonIes les connaissances,' 1Hi

acquises par Ie materialisme dialectoique et doit cons, tamment s'appuyer sur elles. C'est done bien le materia... lisme qui represente Ia veritable b~.s.eideoIogique de fa psychologie positive. Il ne faudra,it d'ailleurs pas croire que Ies consequences d;une pareille orientatioIJ de la psychologie concernent seu:Iement Ies habitudes bourgeoisies des psych-ologue,s et de la psychologie, c'est-'il'-diJ:1e,cette limitation et cette unila,teralile qui prov,iennent du fait que la psychologie classique est un-e discipline nee des int.erets de la classe dominante et cultivee par ses serl'liteurs. Ce n',est la, en effet, qn'un cote de 'la question. II est certain que Ia hierarchie des probleme.s psycho]ogiques, toute la perspective actuelle des recherches, leur sens, la maniere dont eUes sont conduites, sont plus ou moins directement limites par des interets de c1asse. C'est ainsi que les theses de la psychologie n'ont He jusqu'a nos jours que des projections de la morale bour. geoise; que l'introspection n'e,st qu'une transposition < la'icise-e ~ des meditations chretiennes; que la psychologie de l'enfant, par exemple,a ete constituee comme s'U n'y avait au monde que, des 'enfants bourgeois 1. Et 6'il est vrai que la psychologie a cherche a « s'enri-

1. II faut rappeler a cet egard -que la .psychologie de l'enfant commence avec l'observation par les psychologues de leurs propres enfants, c'est-a-dire avec des observations, faites par des adultes bourgeois sur des enfants bourgeois, et que lorsque, plus tard, on fait des observations de masse sur les enfants, on pose des problemes abstraits qui ne sont me.me pas assez precis pour pouvoir compteI' avec la diff.erence des classes et des situations economiques.

chiI' » par la, « methode c ' ~e cette methode concernentO;r;ar,e-e »,' Ies applications tIonnels qui i eux-memes n'y sont que des significations ¢ aveugles 1>, c'est-a-dil'e artificidJcm211t posces sans leurs significations. En effet, lorsque In psychologie classique dit qu'un homme agit de telle mal1'jere parce qu'il pense telle chose, et si nous faisons abstraction de tout realisme, reste nne « signification » pureet simple, ce que >l'individu a ,« pense». Son action est cependant .reelle, il a fait non seulcment des' «mouvemenls», mais encore .j] a provoquc un e\·encmcnt humain qui a des repercussions n~el1es : il a accompli un crime, par exemple. Et ainsi, dans la psychologie ordinaire, l'action reelle, l'evenem('nt Ilumain, dont ]a realite depasse meme l'individu ne s'explique que par une «signification» : expliquer le;:; chases f(~ell('s par des significations, telle est alaI'S, en dcrniere analyse, Ia caracteristique la plus fondamcntale de la psychologie idealiste. Seulement, il resulte de ce qui precede que la psychologie, tclle qu'ellc est d'ordinaire, est une entreprise esscnliellemenl ioealiste. Si nom,. faisons abstraction du realisme, c'csl-a-dire de I'etude de Ia vie interieure qu'elle ne pellt pas faire (puisque la vie interieure n'est pas une renli!e) pour considerer ce qu'elle fait efTeetivcment, nous voyons que la psychologie est la disci-

p'line qui s'occupe des faits' qui «doivent '> etre expliques par d,e simples significations et qui affirme just~ ment qu'il existe effcclivement des faits qui s'expliquent par ces dernieres. Est fait psychologique alors un fait qni s'e:llble avail' pour cause une sign ification, et, Q;urtout, l'explication psychologiqlle est celle qui explique des chases par des siyni{ications. Or, c'est cela precisement qui est impossible. Bien entendu, tant que la psychologie choisit pour «faits:) des' irrealites, ccHe impossibilite n'ccl'ate pas. Et c'est pour qu'elle n'eclatc pas que la psychologic choisit, precisemcnt des irreaJiles pour points de depart. Mais des qu'elle consenl a partir de choses reel/es, alors elle doit s',incliner devant I'impossihilile en question. Des choses reelles ne s'expliquent, en effet, que par des chases reelles. Et ainsi tout doit etre modifie : Ia conception du fait psycholngique, afin que Ja psychologic ne s'occupe que de realiles; l'idee qu'on se fait de l'explication psychologique, afin que celle-ci donne aux choses pour explication d'aulrcs chases : toute l'ancienne conception d'une science psychologique, conc~ption essentiellement idealiste, disparait ainsi. C'est lout juste s,j.1'on peut, pour des raisons de commodile, conserver pour des' recherches entierement. nOllvelles, ce nom ancien.

II y a done, l'une en face de l'autre, deux c'onceptions de Ia psychol0gie : Ia premiere est celie qui croit qu'il 'existe des realiles qui, en derniere analyse, s'expliquent

par des significations. C'est 1::1. psychologie idealiste. La 'ieconde nc veut expliquer les realites que par d'autres' realites. C'est la psychologie materialiste. La premiere part du « prejuge psychologique », Ia seconde ne connalt plus ce prejuge. Elle decoupe les faits psychologiques dans I'ensemble ordinaire des faits' huma,ins, sans les escamoter pour y substituer une image transposee qui imitc la nature physique et explique ensuite les faits par d'autres faits! du meme genre. La premiere evoque comme principe derni'er d'explication Ie neant - ou tout au plus de simples «significations»; l'explication «derniere» de la psycholog,i,e materialiste est donnee par ccla meme qui determine les faits humains dont la psychologie n'etudie qu'un aspect. Tout ce qui precede peut paraitre manquer enormement de precision. II en est ainsi effectivement. Mais ces choses ne se font pas d'un seul coup et il nous impOI'taH ici d'indiquer ]a direction verita'ble qui sera dorenavant celIe de notre activite. On pouvait croire que nous voulions simplement enroichir l'arsenal des nuances. Nous avons voulu montrer que nous1 considerons toutes les nuances dont vit Ie mouvement psychologique actnel comme mensongeres et improductives. Que Ia senle direction qui permettra enfin a la psychologie de devenir 'quelqne chose se tronve dans Ia dire'ction du mateTtialisme moderue. Que, en depit de I'inextricable enchevHrement des' tentatives et des ten- , dances, la psychologie materialiste ne- se trouveen presence que d'un s~ul adversaire unique : Ia psychologie idealiste. II n'y a qUe sur ce point que l'opposition existeet tous Ies psychologues qui semblent' s'outenir des opinions si diversesen apparence, sont, encore une fois, profond,ement d'accord.

Nous savons fort bien qu'on nous 0ppos1era de nou-, veau, -et avec plus de force, l'argument qu~on nous, a deja oppose : faites donc ,ceUe psychoiogle cO,~~re~e au materialiste dont vous parlez. Nous avons deja dit plusieurs fbis que Ie mal n'est pas' du .cOte d.es rech~r~ ches dont une parti'e est en bonne VOle, il1alS du cote de la theorie, ou l'on ne trouve, presque nulle part ce qui devrait etre. La situation est donc telle que no~s con&iderons que pour l'instant il faut surtout de la CrItique, dont l'idee risquerait, non de se perdre, mais' de s'obscurcir, si avant meme qu'elle eut pu etre clairement exprime'e, elle eta it abandonnee pour des rec~erches de details qui viendront cependant eUes aUSSI, et conduites dans l'espr,it de cette psychologie dont nous" parlons ici. '

APPENDICE

LAPSYCHOLOGIE GENERALE ET LA PSYCHOTECHNIQUE TEXTE DE L'ENQUETE

II ne vom,' a certainement pas echappe qu'apres ciniquante ans de tentatives, la psychologie n'est pas encore arrivee aujourd'hui a se faire nne idee claire de ses fondements : a definir Ie fait et la methode psychologiques d'une maniere qui puisse etre acceptee par tous les psychologues. La caus'e de cette situation reside certainement dans Ie fait que, d'llne part, Ie corps de doctrine de la psychologie traditionnelle, en particulier Ia doctrine realiste de Ia vie interieure, est incapable d'etre traite conformement a l'esprit des sciences positives, ctant d'une origine tout autre que I'cxperience, et que, d'autre part, dans la plupart des tentatives, cette doctrine survit avec une tenacite .extraordinaire, contrariant les meilleurs efforts. Voila pourquoi la preoccupation la' plus importante des tentatives les plus recentes est de }iquidcr Ia psy·chologie classique, soit en rompant resolument avec les notions traditionnelJes', soit en mettant en evidence la faussete ou la sterilite de ses demarches fondamentales. Or, l'experience d'es programmes divers qui furent

lances ces temps derniers, et dont aucun n'a reUSS'I a', donner entierement satisfacHon, montre bien que la solution du probleme des fondem-ents de la psychologie ne saurait etre atteinte par des speculations pure,ment theoriques, et que la seule maniere de liquider les' conceptions genantes consiste a degager l'inspiration fondamentale des recherches psychologiquesqui, pal'" leur orientation meme, s:e trouvent non seulement en contact intime avec des faits veritables', m!is encore na-turel1emcnt en dehors desproblemes et occupations traditio,pnelles de la psychologie classique. Tel est, en particulier, Ie cas de la psychologie in-, dustrielle et, d'une fa90n generale, de la psychotechnique. Ges disciplines sont, eneffet, tres loin de constituer une application pure et simple de la psycholoO'ie ordinaire : par les faits dont elles s'occupent, par les attitudes que ces derniers impliquent concretement,. la psychologie industriclle et la psychotechnique depassent'la definition clas'sique du fait psycholoO'ique ei . ~ se sltuent ,en dehors des problemes de la psychologie trarlitionnelle. II peut donc etre d'un interet capita,) pour la solution du probleme des fondements de la ps.)'chologie, de chercher, contrairement au point de vue classique qui ne voil en elles qu'une application de la psychologie generale, comment, au contrairoC~ on pourrait tire I' de la psychologi£ .industrielle et deb ps"'chotechnique une psychologie generale concrete differente par consequent de l'actuelle psychologie g.e.., nerale abstraile qui, manifest.ement a tire la division de son tr.avail et s'es notions fondamentales d'ailleurs, que de l'experience. II est possible de concevodr un£ psychologie qui, tout en elant originale, c'est-a-dire tout en n'empruntant se.t';

donnees ni a la biologie, ni a la physiologie, ptmt cependant d~meurer tout a fait etrangere, non seulement aux problemes traditionnels de la psychologie clas&ique, mais encor,e, et d'une fa90n tout a fait radicale, Ii la doctrine de la vie interieure s'ous toutes s-es formes. Seulement, pour obtenir ce resultat, la psychologie en question doit definir Ie fait psychologique comme un «s-egment de la vie de l'individu particulier». Elle est donc essentiellement une «psychologie concrete:) quise desinteresse iIDeme des problemes fonctionneIs, s,i chers a la psychologie classique. II est cependant incontestable que leISproblemes fonctionnels ont, eux aussi, un sens concreto II s'agit seuIement de s'avoir comment ils pourraient etre abordes sans que leur etude serve de pretexte soit pour conserver, soit pour reintroduire Ie vieux stock metaphysique de la psychologie classJque, par consequent : 1 Sans Ie realisme de Ia vie interieure; 2 SallS les notions traditionndles, qui derivenl de Ia thl~ol'ie scoIastique' des !acultes de l'ame. 01-. il nous a semble que Ie point de vue a'insi delimite est deja a l'reuvre dans la psychologie industri-elle et dans la psychotecQ.nique. Ces dis'Ciplines sont, 'en eifet, et si 1'on ,~eut bien les examiner sans idees pre'conc;ues, etrangeres au realisme spiritualiste, a tout c'e 'qui est ¢ vie interieure», et eUes sont tres s'ouvent obligees de faire table rase des' notions traditionnelles. II serait donc d'un interet vraiment 'exc'eptionnel de remonter des fa,its aux p:rincipes, pour voir queUe est la psychologie generale a laquel~e pourrait donner naissance une application integrale et rigoureus\e de ce point de vue; de degageI', en partant uniquement de. donnees effectives de la psychologie industrielle et de

la psychotechnique, la psycholog,ie generale qu'elles impliquent. Tel est Ie probleme que nous nous permeUons de soumettre a votre refl(~xion; en vous posant les deux questions suivantes: ' 1 En quel sens est-il possible de degager des donnees actuelles de la ,psychologie industrielle et de la psycho technique, une psychologie generale positive, c'est-a-dire rigoureusement etrangere a la doctrine de la vie interiepreet aux occupations abstraites\ de Ia psychologie generale actuelle? 2° Quels peuvent etre Ies principes et les notions de Ia psychologie generale a-insi con9ue .1 013 sont Ia deux questions qui se ramenent it une seule : comment peut-on concevoi'r aujourd'hui W1C psychologie generate qui serait vraiment et rigourellsement tiree de ['experience ? 0

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Des. lecteurs que ~e~ ,questions interessent .d~ p.r~s o~ de lom, et, plus preczsement, les lecteurs speczalzses en la matiere qUivoudront bien apporter leur contribution a l'enquete de Politzer que nous ouvrons aujow'd'hui a nouveau, pouI'I'ont adresser leurs reponses" SOUS la forme qzz'ils jugerontbon de leur donner, a : COLLECTION «PROBLEMES~ Editions sociales 64, boulevard Blanqui" PARIS (XIII") Nous nous proposons, en effet, d'editer, dans la. meme collection et comme suite a la Cris'e d~ la psychologie contemporaine, un Recuoeil des reponses les plus valable$ sur celte question.

CHAPITRE

Psychologie scientifique

PREMIER.

psychologie

ApPENDICE.

-

technique.

mythologique

-

1~

La psychologie generale Texte de I'Enque1e

ACHEVE

A

14G

leg:!1 N'

:

-

XI'

DESAHGUES

2'·'

d'crlition

N'