Historiographie et littérature au XVIe siècle en Provence: L'oeuvre de Jean de Nostredame 9782503545103, 2503545106

Jean de Nostredame est connu pour la publication en 1575 des Vies des plus celebres et anciens poetes provençaux que la

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Historiographie et littérature au XVIe siècle en Provence: L'oeuvre de Jean de Nostredame
 9782503545103, 2503545106

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HISTORIOGRAPHIE ET LITTÉRATURE AU XVIe SIÈCLE EN PROVENCE : L’ŒUVRE DE JEAN DE NOSTREDAME

PUBLICATIONS DE L’ASSOCIATION INTERNATIONALE D’ÉTUDES OCCITANES IX

Directeur de Collection Walter Meliga

HISTORIOGRAPHIE ET LITTÉRATURE AU XVIe SIÈCLE EN PROVENCE : L’ŒUVRE DE JEAN DE NOSTREDAME

PAR JEAN-YVES CASANOVA

H F

Illustration de couverture: Jean de Nostredame, Mémoires Historiques (ms MO 122, Musée Paul Arbaud, Aix-en-provence, extrait).

ISBN 978-2-503-54510-3 D/2012/0095/110 © 2012,

F H GN.V., TURNHOUT, BELGIUM

All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted, in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise, without the prior permission of the publisher. Printed on acid-free paper

SOMMAIRE AVANT-PROPOS

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INTRODUCTION

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Première partie LA SCÈNE DÉROBÉE : PROLÉGOMÈNES À UNE ANALYSE TEXTUELLE Chapitre I. ÉMERGENCES ET RENOUVELLEMENTS DE L’ÉCRIT LITTÉRAIRE XVe siècle : présence de la langue, absence de littérature? Le miroir italien La renaissance de l’écrit littéraire Littérature d’oc et pouvoir provincial Allégeance littéraire et allégeance diglossique Chapitre II. LES IDÉOLOGIES LINGUISTIQUES L’héritage graphique Évolutions linguistiques et solutions graphiques Images et dénominations de la langue Langue, identité et manifeste linguistique Chapitre III. L’HISTORIOGRAPHIE Naissance de l’historiographie provençale Jules Raymond de Soliers Impossibilités et infléchissements formels Deuxième partie L’HYSTOYRE, LE PROESME ET LE POEME Chapitre I. ÉLÉMENTS BIOGRAPHIQUES Origines familiales et sociales Situation biographique Histoire personnelle et histoire collective Chapitre II. LE CONTEXTE CULTUREL AIXOIS La société provençale et l’humanisme Allégeances et historiographie Projets historiographiques et société Chapitre III. LE DESSEIN D’UNE ŒUVRE Les travaux historiques Les Vies Élaborations conjointes et effacements linguistiques Une « librairie » Chapitre IV. SOCIOLOGIE D’UNE ŒUVRE Les versions d’écriture Les répartitions d’usages des Mémoires Histoire et « méta-histoire » Les sonnets de Jean de Nostredame : palimpseste et formes inavouées Chapitre V. LES PREMIERS SONNETS OCCITANS

7 11 11 15 21 29 38 53 53 57 61 72 85 85 88 91 103 107 107 112 114 119 119 122 126 131 131 135 141 144 157 157 162 164 168 181

V

Chapitre VI. FORTUNA NOSTRADAMI Bougerel, P. de Galaup de Chasteuil et P. J. de Haitze C. F. Achard : lexicologie et biographies Substitution intemporelle : Fabre d’Olivet Persistance d’un mythe littéraire et recherches critiques

201 201 204 205 207

Troisième partie

MÉMOIRES HISTORIQUES

AVERTISSEMENTS ET CONVENTIONS Les manuscrits de Jean de Nostredame Les formes d’écritures Établissement et conventions MÉMOIRES HISTORIQUES

215 217 217 222 223 225

Quatrième partie NOTES ET COMMENTAIRES ÉTABLISSEMENT DU TEXTE COMMENTAIRE HISTORIQUE LES SOURCES HISTORIQUES NOTE LINGUISTIQUE GLOSSAIRE

357 359 393 441 455 463

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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INDEX INDEX NOMINUM DES MÉMOIRES HISTORIQUES INDEX LOCORUM DES MÉMOIRES HISTORIQUES

487 489 501

VI

AVANT-PROPOS Cet ouvrage est essentiellement constitué d’une thèse de doctorat soutenue à l’Université Paul Valéry Montpellier III en octobre 1990. L’ensemble de cette étude, légèrement remaniée, date donc de la fin des années 1980, il y a plus de vingt ans, quand nous avons découvert dans les collections du Musée Paul Arbaud à Aix-enProvence ce texte inédit et quasi inconnu de Jean de Nostredame. Quelques amis chercheurs, parmi eux Philippe Gardy, François Pic et le regretté Christian Anatole, nous avaient communiqué leur intérêt pour le contenu et la forme des Mémoires Historiques (abrégés dorénavant en M) de Nostredame. Notre thèse leur a donc été, pour l’essentiel, consacrés1. Vingt ans séparent ce travail et sa publication et ce « retard » est aujourd’hui rattrapé. Nous avons toutefois conscience que cette thèse reflète une méthodologie scientifique et une connaissance qui étaient celles des années 1980. Actualiser cette édition reviendrait à recommencer un travail qui ne serait pas de notre volonté et qui ne correspond plus à nos préoccupations actuelles. Depuis 1990, un ensemble de travaux ont été publiés sur la littérature d’oc des XVIe et XVIIe siècles ; nous en donnons un aperçu dans un appendice bibliographique. Ces travaux ne nous semblent pas remettre fondamentalement en cause nos hypothèses et notre démonstration de 19902. Notre recherche trouve donc, tout naturellement, une finalité à sa publication : celle de mettre à la disposition du public un texte encore méconnu. Depuis 1990, nos recherches ont considérablement évolué dans leur objet, leur forme et leur contenu. Nous ne pourrions pas réécrire de nos jours cette étude de la même manière, bien évidemment, et nous ne reconnaissons pas souvent le chercheur que nous essayons d’être. Il en va ainsi de toute recherche : la tentation était alors grande de « reprendre » tel ou tel chapitre, ce qui aurait inévitablement mené à une réécriture totale. Il était par exemple tentant, à la lumière de nos derniers travaux3, de reformuler les quelques lignes consacrées à la lecture de Nostredame par Frédéric Mistral, mais le risque d’une déstructuration de cet ensemble était trop grand. Que le lecteur soit donc indulgent et qu’il prenne cette publication comme le témoignage d’une recherche qui est allée trouver son miel sous d’autres cieux littéraires, revenant aux premières passions mistraliennes qui ont été et sont toujours les nôtres. L’édition des Mémoires de Jean de Nostredame a bénéficié du soutien et de l’accord de l’Académie d’Aix-en-Provence et de Monsieur Jean-François Maurel, 1 Nous ne publions pas dans cette étude tout un ensemble de réflexions méthodologiques et un dernier volume consacré à la poésie des contemporains de Nostredame qui n’y auraient pas leur place. 2 Nous sommes l’auteur du seul article qui porte la contradiction à ce que nous disions dans cette thèse, infirmant donc nos propos de 1990. Nous publions cet article concernant les sonnets de Jean de Nostredame en modifiant le sens et le contenu formel de nos recherches de 1990. 3 Cf. Frédéric Mistral. L’Enfant, la mort et les rêves, Perpignan, Trabucaire, 2004.

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conservateur du Musée-Bibliothèque Paul Arbaud. Nous les remercions vivement pour avoir permis l’accès à ce texte méconnu. Nous remercions également Philippe Gardy, François Pic et Brahim Oubrik pour leur aide pour cette présente publication. Enfin, toute notre reconnaissance va à Fausta Garavini et Robert Lafont qui nous ont apporté lors de cette recherche, il y a déjà plus de quinze ans, aides et soutiens. La récente disparition de Robert Lafont, outre le vide qu’elle laisse parmi les chercheurs d’oc, nous rappelle qu’il fut un des premiers à nous indiquer l’importance de l’œuvre de Jean de Nostredame, et à nous permettre d’approcher les productions poétiques et historiographiques provençales modernes. Que sa memòria, son accion e son òbra sián saludadas, en reconeissença de çò qu’aqueu trabalh i es debitòri.

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INTRODUCTION « Après cela, il faut que la littérature provençale soit débarrassée de ce faussaire imbécile. » Paul Meyer /184/ p. 134

Comment définir, à l’intérieur d’un espace et d’une période relativement limités, une production d’écrits littéraires ou historiographiques généralement qualifiés de « littérature occitane » et de « littérature française » ? La coupure linguistique est commode. Elle est totalement justifiée si la pertinence analytique ne relève que de la langue d’écriture. La différence philologique est utile à la description linguistique, mais quand il s’agit de replacer un corpus dans un cadre sociolittéraire, le fait de cette séparation demande à être mis en question. De 1540 à 1615, la Provence connaît une production d’œuvres littéraires et historiographiques dont le caractère bilingue (occitan / français) est un fait nouveau. La littérature d’oc et la littérature française se trouvent mêlées, totalement imbriquées par le jeu de situations communes, insérant leurs potentialités réciproques dans la même aire culturelle et économique. Il nous faut, dès à présent, parler de « littérature provençale » regroupant en son sein deux expressions linguistiques distinctes. La littérature d’oc obéit cependant à toute une série de fonctions bien précises que la situation de « diglossie » lui impose. Ces fonctions déterminent des « répartitions d’usages » entre ces deux littératures : d’une certaine manière l’oc « dira » ce que le français « ne dira pas » et réciproquement. L’existence d’une littérature occitane au XVIe siècle pose plusieurs problèmes. Le cadre d’une analyse des situations linguistiques permet de cerner le caractère conflictuel de la présence d’une littérature linguistiquement différenciée à l’intérieur du royaume. Fait plus important, l’apparition de cette littérature, liée ou non au souvenir emblématique du corpus troubadouresque, révèle une interrogation primordiale : la littérature occitane est-elle l’expression « naturelle » d’une société provençale ou se fabrique-t-elle sur des marges plus étroites ? Le caractère fondateur d’une telle production d’écrits induit une série de questionnements inhérents à la recherche sur la matière occitane, questionnements dont Philippe Gardy se fait l’écho : On peut en effet s’interroger sur la solidité de l’édifice qui soutient les œuvres marquantes de cette période : le discours provençaliste qui inspire ou porte à bout de bras ces œuvres représente-t-il, de leur point de vue, un épiphénomène, ou s’agit-il véritablement d’une structure mentale et sociale fondamentale ? Dans la longue durée de l’écriture occitane de Provence (...), le « moment » privilégié de la fin du XVIe siècle doit-il être considéré comme un accident sans antécédents ni postérité, ou, au contraire, comme l’actualisation foisonnante d’une structure beaucou plus générale, beaucoup plus solidement installée dans la permanence et la répétition ? (Gardy /7/ p. 8-9).

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INTRODUCTION

Cette vaste question (celle de la légitimisation de l’écriture d’oc) ne peut trouver une réponse générale. Cependant, nous pouvons établir le caractère fondateur du XVIe siècle provençal en ce qui concerne les thématiques d’écriture et les fonctionnements diglossiques de la littérature occitane. C’est à partir de ces premières productions que les schémas se mettent en place et se pérennisent jusqu’à la Renaissance félibréenne. Le cadre de et ouvrage est limité à la seule Provence. Il conviendrait de nuancer et d’affiner la définition de cet espace. Deux principaux foyers concentrent les potentialités d’écriture : Aix et Marseille. Salon, lieu de résidence de Michel Tronc et de César de Nostredame, sert de trait d’union entre ces deux pôles. Il s’agit d’une Provence essentiellement occidentale ; la montagne en est exclue. Les productions niçoises et alpines du début du XVIe siècle ne semblent pas participer, de manière fondamentale, à ce mouvement d’écriture. Aucune œuvre d’envergure ne semble se dessiner en dehors d’un triangle Avignon - Aix - Marseille. Louis Bellaud de la Bellaudière est grassois d’origine, mais l’essentiel de son œuvre est aixoise (socialement et même linguistiquement). Le cadre chronologique de notre étude est plus difficile à cerner. Il faut définir le visage de l’humanisme provençal dans les premières années du siècle (années de formation de Jean de Nostredame) et lier la Renaissance au XVe siècle. La période d’écriture examinée se situe entre 1550 et 1615. Cette dernière date clôt en Provence un monde lié aux guerres civiles. Elle est celle où les écrivains majeurs de la deuxième génération, ceux nés vers 1550, ont dessiné leurs œuvres et les publient. Loin de Paris, le corpus baroque provençal apparaît à son apogée. Notre choix exclut un certain nombre d’écrivains dont l’œuvre se situe dans la première moitié du XVIIe siècle. Ces poètes sont principalement issus du foyer aixois : Claude Brueys ainsi que les publications de Jean Roize. Les œuvres publiées dans les ateliers de Jean Roize ne posent pas problème : ces écrits se situent nettement au milieu du XVIIe siècle (1649 pour Roize). L’œuvre de Brueys est plus difficile à cerner. Publiée en 1628 à Aix-en-Provence, elle présente un certain nombre de pièces théâtrales et de poèmes écrits quelques années auparavant. Cependant, même si Brueys commence une activité littéraire au tout début du XVIIe siècle, il ne fait pas partie de la génération d’écrivains qui nous occupent. La postérité de ses œuvres et les différentes pièces ajoutées aux éditions postérieures confirment que la place de Brueys est celle d’un poète du XVIIe siècle4. Pour tous les historiens de la littérature d’oc, Jean de Nostredame est surtout connu pour son édition des Vies5. Les travaux historiographiques publiés par Camille Chabaneau et Joseph Anglade en 1913 pouvaient être considérés comme annexes (Nostredame /8/, /11/). La description des manuscrits de Jean de Nostredame donnée dans cette édition est des plus confuse et ne pouvait permettre une « reconnaissance » sérieuse de l’œuvre de l’historien aixois. En février 1987, poursuivant des recherches au Musée-Bibliothèque Paul Arbaud d’Aix-en-Provence, nous étions amener à « inventer » un manuscrit catalogué

4 L’exclusion de Brueys est corroborée par un choix thématique qui nous a fait délaisser la production théâtrale (celle-ci a déjà été étudiée en détail par Philippe Gardy /7/). Elle ne correspond pas à notre propos tel que nous l’avons défini. 5 L’édition des Vies de 1575 porte le prénom Jehan. Pour plus de commodités, nous en modernisons l’orthographe

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INTRODUCTION

comme étant de Jean de Nostredame avec des annotations de son neveu César6. Les M ont été écrits en occitan, mais comportent également une part française. Vérification faite, nous nous trouvions devant un manuscrit que personne n’avait encore répertorié. Nous en donnions alors une description succincte (Casanova /93/). Nous nous sommes très vite aperçu de l’importance des M. Sur le plan historiographique, ils constituent un pont, « missing link », entre le SQS et la CF 534-535. Sur le plan sociolinguistique, le changement de langue opéré à l’intérieur du manuscrit vérifie l’existence des fonctionnements diglossiques. Continuant nos recherches, nous avons examiné une chronique historique répertoriée comme anonyme à la Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras. Cataloguée sous le numéro 536, entre le SQS (537) et la CF 534-535 (534-535), elle présente tous les signes scriptiques d’appartenance à Jean de Nostredame. Confrontée au texte des M, la CF 536 constitue une traduction française de ces mêmes M. Nous nous trouvons donc en face d’une œuvre historiographique considérable dont nous allons tenter de restituer l’élaboration chronologique. Aux manuscrits déjà connus (le SQS et la CF 534-535 édités partiellement en 1913), s’ajoutent les M, la CF 536 et divers brouillons de travail que Chabaneau avait en partie identifiés (nous pouvons également joindre à cette liste les manuscrits ayant appartenu à Jean de Nostredame). Éditer l’ensemble de ces œuvres est impossible dans le cadre de cet ouvrage. En montrer la cohérence est nécessaire. Enfin, la liaison entre les travaux historiques et les Vies s’avère être un sujet primordial. Notre décision d’éditer le texte des M a été prise en fonction de divers paramètres. D’un point de vue sociolinguistique, ce texte présente un changement de langue dans l’écriture, fait révélateur quant aux conditions de cette même écriture. L’écriture du manuscrit démontre l’accomplissement d’un travail de recherche. Enfin, l’indication par Jean de Nostredame de ses sources historiques permet de reconstituer partiellement sa bibliothèque, fait unique dans l’histoire littéraire du XVIe siècle occitan. Travaillant sur ce texte et plus largement sur la personnalité et les œuvres de Jean de Nostredame, nous proposons une classification en deux voies. La première, qualifiée de « voie haute », est celle empruntée par Nostredame. Elle privilégie une réflexion linguistique et une écriture poétique teintée de modernité pétrarquisante. Ce chemin littéraire ne sera guère productif. Cette initiative apparaît bientôt déviée par la situation diglossique. Le pari de Nostredame est alors de maintenir cette voie ; il ne le peut et cède définitivement en écrivant en français. La deuxième voie, que nous appelons « médiane », est illustrée par Louis Bellaud de la Bellaudière et ses successeurs. Elle consiste essentiellement à se conformer aux répartitions d’usages et à œuvrer dans le champ d’une littérature « popularisante » et qui, pour le XVIe siècle, n’est pas exempte de modèles occitans et français. Cette veine d’écriture se maintient et est majoritairement représentée dans l’écriture d’oc. Les termes de « haute » et de « médiane » ne relèvent pas d’un quelconque jugement de valeur. « Haute » signifie que Nostredame tente d’établir un projet historiographique et littéraire à égalité avec la littérature française. « Médiane » est un Nos recherches nous ont permis de démentir toute intervention de César de Nostredame dans le texte des M.

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INTRODUCTION

terme qui se définit parmi les possibilités de la littérature d’oc dont la branche volontairement populaire et oralisante est la plus représentative. Mais comme toute classification, celle-ci connaît ses imperfections et ses limites. Robert Ruffi écrit une œuvre qui se situe simultanément dans ces deux voies, selon le propos, le projet dessiné ou les années d’écriture. Nous avons le souhait de privilégier le texte de Nostredame, mais également de l’inclure dans une analyse plus vaste, un regard neuf et différent sur le XVIe siècle provençal. En ce domaine, depuis la thèse de Robert Lafont en 1964 et son édition partielle en 1970, aucun travail de synthèse n’a été effectué (Lafont /6/). Dans les histoires de la littérature d’oc, une place variable est faite au XVIe siècle. L’ouvrage de Charles Camproux y consacre quatre pages, celui de Jean Rouquette trois (Camproux /1/ p. 100-103, Rouquette /4/ p. 52-54). Une place un peu plus importante est faite par Robert Lafont et Christian Anatole dans leur ouvrage publié en 1970 (Lafont / Anatole /3/ p. 302-317). L’œuvre de Jean de Nostredame y est analysée sommairement, mais avec assez de clairvoyance pour une place si limitée. Robert Lafont a également publié en 1974 un choix de textes baroques occitans où les Provençaux ont largement leur place (Lafont /37/). Quant à Christian Anatole, sa connaissance et ses diverses publications sur les XVIe et XVIIe siècles lui accordaient une autorité en la matière qui ne pouvait être contestée. Christian Anatole fut d’ailleurs un des premiers à nous signaler l’importance que les M pouvaient revêtir dans l’histoire des lettres occitanes. Nous tenions en quelques lignes à noter ce fait et à saluer sa mémoire. Deux autres ouvrages concernent notre corpus. Fausta Garavini consacre dans une courte histoire de la littérature quelques pages à ces textes et surtout un essai bibliographique assez fourni (Garavini /2/ p. 23-26, 221-222). Enfin, dans la thèse de Philippe Gardy, nous trouvons quelques éléments susceptibles de nous intéresser, tant au point de vue méthodologique qu’analytique : un court chapitre est consacré à Jean de Nostredame (Gardy /7/ p. 1005-1014)7. Il nous faudrait, pour être plus exact, dire également que les études fondatrices de Jean-Baptiste Noulet et d’Auguste Brun n’ont pas été sans intérêt pour notre travail. Elles ont permis, au moment de leur publication, de faire découvrir une littérature. Elles ne révèlent pas un grand développement analytique, mais, sur bien des sujets, demeurent intéressantes (Noulet /5/, Brun /15/, /75/). Constatons néanmoins que le XVIe siècle occitan (et plus généralement toute la période moderne) est quelque peu délaissé par la critique occitane. Songeons seulement que depuis 1913, aucun travail en profondeur n’a été effectué sur Jean de Nostredame. À y regarder de près, la publication des Vies par Chabaneau ne possède pas les qualités nécessaires d’une édition critique moderne. Pour ce siècle, nous devons nous référer à des textes dont les éditions n’existent pas. Bellaud de la Bellaudière et Robert Ruffi, les poètes les plus importants de cette période, ne sont accessibles que dans leurs éditions originales, celles fragmentaires et imparfaites du XIXe siècle ou encore en manuscrit. La famille Nostredame tient une place essentielle dans le XVIe et le début du XVIIe siècle. Michel et Jean, à des degrés divers, constituent une part importante de l’humanisme provençal. César de Nostredame synthétise dans son œuvre Quelques poètes provençaux figurent dans les anthologies de la poésie occitane. L’importance de Ruffi et de Bellaud de la Bellaudière n’a pas échappé à René Nelli (Nelli /35/ p. 94-103) tandis qu’André Berry fait une simple place à Bellaud (Berry /36/ p. 114-123).

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INTRODUCTION

historiographique et littéraire l’acquis familial. Dénonçant les « mensonges » de Jean, les historiens médiévistes du XIXe siècle se sont simplement attachés à développer une image négative de l’œuvre de l’écrivain aixois. Nous tenions à aller au-delà d’une simple dénonciation des « falsifications » de Jean de Nostredame. Pour nous, le pourquoi de la falsification est tout aussi important que le mensonge. Paul Meyer, Camille Chabaneau et Joseph Anglade ne posent pas cette question. Nous tenons à une restitution critique. Il est grand temps de questionner les textes, de les confronter, d’ouvrir la bibliothèque d’oc aux diverses analyses. Il nous faut, paraphrasant Bellaud de la Bellaudière, « mâchonner le dire de l’auteur », car le sens de ces écrits est diffus, éclaté, multiple, nec plus ultra d’une ère poétique feignant l’inconstance et la légèreté : N’y a qué my legiran, sensso vbrir la ceruello, Ny sensso mastegar lou dire de l’Auctour : Mais tamben s’en a pron dins aquest Terradour, Mais tamben s’en a pron dins aquest Terradour, Que de sens y prendran may d’vno pinatello. (Bellaud /14/ DD p. 154)

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ABRÉVIATIONS ACA : Archives Communales d’Arles. ACM : Archives Communales de Marseille. ADBDR : Archives Départementales des Bouches-du-Rhône. ADV : Archives Départementales du Vaucluse. BIC : Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras. BMJ : Bibliothèque Méjanes d’Aix-en-Provence. BMMa : Bibliothèque Municipale de Marseille. BMMo : Bibliothèque Municipale de Montpellier. BN : Bibliothèque Nationale. MBPA : Musée-Bibliothèque Paul Arbaud à Aix-en-Provence.

CF 534-535 : Chronique en français de Jean de Nostredame (BIC n° 534-535). CF 536 : Chronique en français de Jean de Nostredame (BIC n° 536). M : Mémoires historiques de Jean de Nostredame (MBPA n° MO 122). SQS : So que s’es pogut... de Jean de Nostredame (BIC n° 537). Vies : Nostredame /8/, /11/. PT : Lous Passatens (Bellaud /14/). OR : Obros et Rimos (Bellaud /14/). DD : Le Don-Don infernal (Bellaud /14/).

INDICATIONS DE LECTURE Les ouvrages cités dans ce travail sont numérotés et recensés dans la bibliographie. Il faut donc se rapporter à cette bibliographie et à sa note introductive pour comprendre le fonctionnement des références des ouvrages cités dans le corps du texte. Nous avons cité de nombreux poèmes ou textes en prose du XVIe siècle. Nous avons résolu les abréviations contenues dans ces textes selon la méthode employée par les chartistes : en soulignant les lettres qui figurent en abrégé dans les mots concernés. Nous n’avons pas pu faire de même pour le texte de Jean de Nostredame. Nous avons respecté la graphie de ces textes. Nous avons restitué l’apostrophe afin de faciliter la lecture. Quelques reconstitutions sont proposées entre barres verticales.

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Première partie _________________________________________

LA SCÈNE DÉROBÉE : PROLÉGOMÈNES À UNE ANALYSE TEXTUELLE

Les premières manifestations littéraires provençales datent du début du XVIe siècle. Pourtant, il faut attendre les années 1570-1600 pour que cette littérature prenne un essor remarquable tant du point de vue de la qualité des œuvres que de celui de la quantité des publications. Elle s’exprime alors en français. Cette littérature est tributaire de la situation de l’écrit. La diglossie pèse fortement sur les conditions sociolinguistiques de l’occitan. Les acteurs littéraires de ce siècle essaient de modeler leur écriture en effaçant la dominance, mais dans le même temps, ils reconstruisent cette diglossie à l’intérieur des thématiques qu’ils utilisent. La littérature d’oc tente alors de se conformer aux modèles italiens puis français. Élaborant un théâtre dans le théâtre, les écrivains occitans appellent de leurs voix la représentation souveraine d’un pouvoir inexistant. La scène linguistique se dérobe sous leurs pieds, songe d’une nuit d’été en hiver...

Chapitre I

ÉMERGENCES ET RENOUVELLEMENTS DE L’ÉCRIT LITTÉRAIRE XVe siècle : présence de la langue, absence de la littérature ?

Envisagée dans sa linéarité, l’expression littéraire occitane présente aux XIVe et siècles une certaine discontinuité liée à la faible production qui la caractérise. Le corpus médiéval des troubadours avait assuré une présence littéraire et linguistique hors du commun. Les textes troubadouresques représentent une élaboration qui, aux XIIe et XIIIe siècles, n’existe nulle part ailleurs en Europe. Les productions du XVe siècle ne peuvent pas rivaliser ni qualitativement ni quantitativement avec ce corpus antérieur. Nous n’envisageons ici que les écrits provençaux. Il est cependant illusoire de vouloir restreindre l’expression d’oc à ce seul espace. La contradiction entre l’articulation panoccitane et provençale des productions textuelles d’oc se pose justement pour les XIVe et XVe siècles. Des textes différents ne correspondent pas aux mêmes registres spatiaux : Le Roman d’Arles et la Vida de Sant Honorat se distinguent par l’espace qu’ils caractérisent. Le premier est une ébauche d’une épopée occitane aboutissant en Provence, le second une production hagiographique provenant d’un lieu précis : l’abbaye de Lérins. La réduction à la seule Provence n’est pas satisfaisante ni même commode. Le XVe siècle nous intéresse parce qu’il nourrit le XVIe. Il s’agit là d’un lieu commun que nous vérifions amplement en examinant les sources historiques de Jean de Nostredame. La production occitane est encore connue ; elle circule suivant des canaux qu’il nous reste à découvrir. Elle influence un préhumanisme et un humanisme dans leurs fondements8. Il est d’usage de parler de « Renaissance » à propos de la littérature d’oc du XVIe siècle. Nourrie d’analyse européenne, cette dénomination est véridique, mais incomplète. Le XVe siècle provençal n’est pas une période obscure. En élargissant notre domaine à d’autres champs créatifs, comme la peinture par exemple, nous pouvons voir dans ce siècle une époque riche et de tout premier plan. Il est donc important de replacer le fléchissement des productions écrites dans cet ensemble plus vaste, en considérant l’ensemble des formes de la création. Le XVe siècle provençal révèle l’apparition d’une société diglossique. Malgré une indépendance politique, le français pénètre en Provence selon des chemins divers, littéraires et administratifs. Nous sommes en présence d’une diglossie diffuse, qui n’influe pas encore directement sur les formes de la langue d’oc. Cependant, une hiérarchie des cultures se met en place : depuis 1245, les comtes de Provence sont de culture française, ils ne résident que peu de temps dans leur comté et administrent leur domaine par sénéchaux interposés (ceux-ci sont le plus souvent italiens ou français). Parmi ces souverains, le roi René attire des hommes d’oc vers l’expression française. Ce courant littéraire est parallèle à un écrit occitan qui s’inscrit dans un autre registre et n’accède pas au rang d’une littérature constituée. XVe

Parmi ces moyens de circulation, la reproduction et la conservation des manuscrits apparaissent primordiales.

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PREMIÈRE PARTIE

Ce problème nous renvoie à une définition de la littérature. L’idée de littérature induit celle de société littéraire, existant selon ses propres lois, ses thématiques et son organisation. Cette définition de ce que nous appelons « la littérature constituée » permet de dire que le corpus des troubadours représente une littérature. Il est d’ailleurs généralement perçu comme tel et mis en avant comme un moment illustre de l’expression occitane dans l’ensemble littéraire européen. On peut par contre affirmer que le XVe siècle n’est pas en Provence un siècle de littérature, car les textes que nous pouvons lire ne répondent pas à cette définition : ils sont trop épars et dissemblables9. La littérature occitane a-t-elle donc « disparu » au XVe siècle ? Le XIIIe siècle correspond à ce que Robert Lafont a nommé « le siècle du combat » (Lafont / Anatole /3/ p. 125-219). Les XIVe et XVe siècles, comparés aux corpus médiévaux ou renaissantistes, apparaissent comme faisant partie d’une période de transition. D’un point de vue médiéviste, cette période est relativement stérile ; les hommes d’oc du XVe siècle n’ont pas su se nourrir des textes antérieurs pour construire un corpus littéraire nouveau. Cette situation peut notamment s’expliquer par la destruction du tissu social qui était protecteur et mécène des troubadours. D’un point de vue seiziémiste, le XVe siècle prépare la Renaissance. Il s’agit d’un siècle où français et occitan voisinent dans une création quantitativement et qualitativement limitée. Le XIVe siècle apparaît comme une continuation « à bout de souffle » du corpus troubadouresque ; le XVe, le prolongeant, ne renouvelle pas l’expérience médiévale, mais, au contraire, paraît la clore tout à fait dans un éparpillement textuel et thématique dont les manques et les « trous » ne constituent pas la seule explication. Le XVe siècle provençal n’a pas suscité beaucoup d’intérêt. L’humanisme italien privilégie les études sur les troubadours parce qu’il dispose du matériau littéraire élaboré en Italie du nord. Ce désintérêt s’est poursuivi jusqu’à une date récente. Des recherches spécifiques n’ont pas été menées ; elles auraient été susceptibles de mettre à jour des textes et de proposer une nouvelle analyse10. Pour un médiéviste, le corpus troubadouresque éclipse le XVe siècle. Pour un seiziémiste, la littérature occitane peut apparaître comme un appendice de la Renaissance française. Dans le seul domaine provençal, les textes que nous connaissons permettent de penser qu’ils constituent la partie visible d’un ensemble plus riche, perdu ou ignoré. L’absence de littérature constituée n’induit pas une absence d’écrits. La scripta administrative trouve son épanouissement au XIVe et dans la première moitié du XVe siècle. La langue d’oc n’est pas absente des formes de l’écrit. Le XVIe siècle ne se trouve pas en face d’un vide linguistique. Les Vies de Jean de Nostredame privilégient le XIVe siècle au détriment du XVe. Pourtant Nostredame est le continuateur de toute une tradition hagiographique qui n’ignore pas les écrits antérieurs. La Provence connaît une période faste pendant le règne du roi René. L’occitan est étranger à cet éclat que Nostredame présente dans un chapitre des M. Dans cette notice, il est question de poètes provençaux que le comte de Provence aurait protégés. 9 Nous comprenons des thématiques propres, illustrées par différents auteurs, et qui constituent un corpus homogène. La classification que nous proposons par la suite n’est qu’une tentative d’harmonisation de ces productions. 10 Charles Camproux présente l’hypothèse d’une antériorité occitane de Pierre de Provence et la belle Maguelonne et de Paris et Vienne. Nous ne possédons pas de manuscrits occitans de ces œuvres.

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LA SCÈNE DÉROBÉE

Nostredame ne cite aucun nom. Par contre, les œuvres françaises de René d’Anjou sont signalées ainsi que plusieurs travaux historiographiques français11. La présence de la langue d’oc est cependant réelle. Il est indéniable que le provençal est la langue d’une grande partie de l’administration. La répartition entre latin et occitan est assez égale et cet état est stable jusqu’à ce que de nouvelles conditions sociolinguistiques ne viennent changer l’ordre des choses. Parallèlement aux fonctions administratives, l’occitan se réserve quelques domaines littéraires. Un certain nombre d’œuvres théâtrales, dites « mystères alpins », témoignent d’une vitalité linguistique (Chocheyras /78/ p. 65-116, 165-197). Ces pièces auraient été représentées dans le Dauphiné à la fin du XVe siècle et au début du XVIe. Ces écrits se situent sur des marges géographiques, mais ces « traces » alpines doivent être remarquées. Il nous faut également relever une tradition de chroniques historiques dont les exemples majeurs sont ceux de l’Arlésien Bertrand Boysset au XIVe siècle et du Marseillais Honorat de Valbelle aux XVe et XVIe siècles (Boysset /80/, Valbelle /81/). Les mémoires de Boysset révèlent un esprit curieux et érudit. L’Arlésien collige et recopie des manuscrits occitans, littéraires et historiographiques. Il semble d’ailleurs que Jean de Nostredame ait connu l’importance de ces compilations. Boysset est également le traducteur en occitan d’un traité d’arpentage attribué à Arnaut de Villeneuve (Boysset /80/ p. 22-23). Honorat de Valbelle rédige une chronique événementielle de 1498 à 1539. Elle se rattache essentiellement à l’histoire de Marseille. Valbelle se montre parfois un chroniqueur habile dont le style d’écriture témoigne d’une tradition plus ancienne. Valbelle n’est certainement pas une exception et nous pouvons penser que sa chronique est l’illustration d’une veine d’écriture dont d’autres traces ont été perdues. Boysset et Valbelle illustrent à leur manière cette veine. Celle-ci s’interrompt à l’apparition de l’historiographie française12. En recopiant tout un ensemble de pièces médiévales, notamment Le Roman d’Arles, Bertrand Boysset témoigne d’un autre aspect du XVe siècle provençal. L’idée que l’on se fait de l’épopée médiévale occitane peut être remise en cause. Robert Lafont a bien montré que Le Roman d’Arles appartient au cycle de Guillaume d’Orange (Lafont /82/). Cette œuvre n’est que l’illustration provençale d’un texte plus important qui parcourt toute l’Occitanie. La Provence le reprend à son compte et y fonde, en partie, ses propres mythes. La naissance et la conservation de ces écrits prouvent qu’une part importante de la textualité occitane des XIVe et XVe siècles est encore à découvrir et à analyser : Le Roman d’Arles influence profondément Jean de Nostredame, notamment à propos de l’épisode de Tersin. Remarquons enfin la présence d’un corpus hagiographique dont, en Provence, l’œuvre majeure est constituée par La Vida de Sant Honorat de Raymond Féraud. Écrits

11 /529/ : « Adonc aguessas vist desplegar las inventions e trobarias tant de sous pœtas que de sous pyntres en plusours e diversas manyeras e epigrammas, tant en lengua latyna, Prouvensala que en Ytalian e Francez (...) » Nostredame cite Le Livre du cueur d’amours espris et Le Mortiffiement de vaine plaisance. Il se réfère souvent à Antoine de La Sale et à Honoré Bonet. 12 Il conviendrait également de citer à Nice, au début du XVIe siècle, la chronique de Jean Badat (Badat /148/).

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PREMIÈRE PARTIE

en latin ou en occitan, ces ouvrages sont très lus au XVIe siècle (Nostredame possède un manuscrit de l’œuvre de Féraud13). L’ensemble de ces présences linguistiques ne forme pas un corpus quantitativement important. Les textes épiques et hagiographiques que nous connaissons ne doivent représenter qu’une partie des écrits de ce siècle. Si nous ajoutons aux œuvres déjà citées le Roland découvert au début du XXe siècle, nous nous trouvons en présence d’une épopée multiple dont il ne reste que de simples traces. La présence de l’écrit occitan est encore décelable dans d’autres productions. Nous pensons aux textes scientifiques, religieux ou administratifs (Lafont / Anatole /3/ p. 248-256, 259-260). Le XVIe siècle provençal n’est donc pas coupé d’une certaine antériorité d’écriture, mais la faiblesse de cette production ne permet pas aux écrivains d’oc d’affirmer sereinement leur filiation avec les troubadours. Pour la proclamer, il leur faut élaborer une opération de restitution nostalgique. Une production littéraire française caractérise également la Provence du XVe siècle. Le roi René favorise le développement d’une vie culturelle dont les traces artistiques sont les plus représentatives. Les papes font de même en Avignon. René d’Anjou s’entoure de nombreux écrivains. Le français est la langue qui s’impose à tous : deux occitans écrivent alors une œuvre conséquente dans la langue de leur souverain. Antoine de La Sale est le plus connu et le plus important. Originaire d’Arles dont il fut viguier en 1424, il possède quelques domaines en Provence rhodanienne, notamment la Tour de Canilhac (Jacques de Nostredame, père de Jean, fut notaire, attaché à Canilhac (Leroy /84/)). La Sale fut secrétaire de Louis III d’Anjou et parcourut la France de cour en cour (Coville /85/ p. 458-462). Il écrivit entre 1439 et 1444 La Salade (La Sale /366/), un traité pédagogique dédié à Jean de Calabre, mais il est surtout connu pour être l’auteur du Petit Jehan de Saintré. Dans l’élaboration du genre romanesque français, l’importance de ce roman n’est plus à démontrer. Honoré Bonet (Bonnet, Bouvet) est moins connu. Né vers 1345, originaire de la Haute Provence, il fit des études de droit en Avignon et voyagea en Italie, notamment à Bologne où il se lia avec Jean de Legnano. Il fut prieur de Selonnet, dans les Alpes, puis séjourna en Languedoc, Gascogne et Aragon avant de se fixer à Paris où il mourut en 1405 (Coville /85/ p. 314-318). Son œuvre majeure est le traité militaire L’Arbre des batailles . Achevé vers 1387 et dédié à Charles VI, cet ouvrage est inspiré de la chronique de Martin et du De Bello, de represalis et de duello de Jean de Legnano. Cette œuvre fut souvent éditée aux XVe et XVIe siècles : elle constitue une sorte de manuel sur les questions d’honneur militaire14. Nous connaissons une version occitane de l’œuvre de Bonet (Bec /86/ p. 167170, Bartsch /87/ p. 402-404) dont la traduction, qui semble être datée de 1420, est conservée à la Bibliothèque Nationale (manuscrits fonds français 1277). Cette traduction prouve que la lecture de ce traité s’est également effectuée en langue d’oc.

Cf. Féraud /349/ comme source historique. Le 8 mai 1407, Louis II d’Anjou fait donation à Antoine de La Sale du domaine de Canilhac, confirmation effectuée le 7 août 1409 (ADBDR, B9, fo 63 et 144). Jean de Nostredame possède un manuscrit de l’œuvre de Bonet. Il ne s’agit pas de la traduction occitane effectuée au XVe siècle (les passages cités sont en français). Nostredame a également recopié ces passages dans le manuscrit de la CF 534-535, fo 112 r°-114 v°. 13 14

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Les antériorités occitanes des romans Pierre de Provence et la belle Maguelonne et Paris et Vienne ne sont pas toujours prouvées (Camproux /1/ p. 68). Que ce soit par ces éventuelles antériorités ou des traductions, le XVe siècle provençal pose un problème linguistique. L’occitan est encore assez fort sociolinguistiquement pour susciter ces traductions qui, en dehors du travail linguistique qu’elles présentent, prouvent que la société préhumaniste n’est pas encore totalement francisée. À cet égard, La Sale et Bonet représentent une avancée de la francisation. Leurs œuvres anticipent sur celles du XVIe siècle et leur trajectoire personnelle, liée aux souverains français, favorise leur choix linguistique. Le lien avec le pouvoir est ici primordial. Les écrits occitans ne semblent pas attachés à un lieu de pouvoir. La rupture avec les troubadours est donc totale. L’abbaye de Lérins représente un foyer de réflexion et d’écriture où l’occitan garde une place importante, mais Lérins n’est pas Avignon. Ce n’est pas un poète occitan mais Pétrarque qui joue un rôle « officiel » en Avignon (un Pétrarque qui aura d’ailleurs quelques difficultés avec la cour pontificale15). Le XVe siècle provençal ne peut pas être considéré comme une époque stérile, un siècle où l’occitan « disparaît ». L’infléchissement du trobar et de toutes ses formes annexes (grammaires, romans...) ne peut pas, à lui seul, représenter l’inexistence éventuelle de la langue d’oc. L’occitan administratif, bien développé en Provence, établit de fait une présence linguistique que les rares textes littéraires relaient. Le soutien des pouvoirs politiques (comtal, communal) ne semble pas se dessiner, ni directement ni même indirectement par l’établissement d’une institution comme celle des Leys d’Amor à Toulouse. Absence d’une écriture d’oc : certainement pas. Tout au plus un effacement, un recul quantitatif qu’il nous faut évaluer en fonction de nos manques, de nos découvertes et des reconstitutions critiques.

Le Miroir italien

Les rapports entre la Provence et l’Italie ne datent pas du XVIe siècle. Pour comprendre la disposition de l’humanisme italien envers le corpus des troubadours, il faut considérer la présence des écrivains occitans aux XIIIe et XIVe siècles dans les cours d’Italie du nord. Relevons également que la langue d’oc a été la langue d’écriture de quelques poètes italiens. Très tôt, l’Italie est réceptive à la parole troubadouresque, que ce soit dans les terres voisines du nord ou en Sicile. Que cette « parole » soit parfois en occitan ou en italien (sicilien) n’est pas pour nous le fait le plus important. Il est plus intéressant de remarquer les multiples interférences des sociétés littéraires ainsi que l’aboutissement d’une présence italianisante dans la littérature occitane du XVIe siècle. À ce propos, nous définirons ce qui nous semble être de l’ordre d’une relation autonomisée et ce qui se détermine par le détour français. Il est indéniable que la Croisade contre les Albigeois a eu pour conséquence de supprimer le mécénat des grands seigneurs occitans. Les troubadours, soit par intérêt financier, soit par engagement politique, s’exilent le plus souvent en Catalogne ou en Italie. L’influence qui s’exerce depuis plusieurs années a un effet double : quelques 15 Pierre Blanc écrit à ce sujet : « Les dernières années du XIVe siècle, qui font suite au décès du poète en 1374, sont en effet marquées par le succès, considérable, que connaît son œuvre néo-latine, aussi bien dans le domaine politique qu’en matière d’enseignement moral. Le XVe siècle ne fera que prolonger cette orientation, qui fait alors de Pétrarque d’abord et avant tout le père de l’humanisme. » (Pétrarque /49/ p. 2).

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italiens écrivent en occitan (comme le Génois Lanfranc Cigala ou le Mantouan Sordello) et cette vie littéraire favorise une littérature autonome en Sicile puis en Toscane. Les relations entre le corpus des troubadours, l’école sicilienne et le Dolce Stil Nuovo doivent être examinées sous l’angle d’une filiation littéraire (Lafont / Anatole /3/ p. 135). Une autre remarque concerne l’élaboration des Vidas. Le lieu d’écriture de ce genre littéraire apparu au XIIIe siècle se situe en Italie du nord. Uc de Saint Circ y réside pendant plus de trente ans (Lafont / Anatole /3/ p. 199-204). L’interprétation la plus répandue veut que ce genre se soit développé en référence nostalgique et que certains mythes littéraires se soient alors greffés sur les Vidas. Maria-Luisa Meneghetti propose une explication séduisante : ces Vidas constituent un genre à part, dévié de son sens premier. Il acquiert une fonction sociale déterminée : manuel de cour, bon usage des valeurs troubadouresques... L’accès aux auteurs est ici un pré/texte dans lequel les Vidas se définissent (Meneghetti /88/ p. 236-276). Cette interprétation pose le lieu d’écriture comme présupposé élémentaire. Une troisième remarque concerne l’élaboration des chansonniers de troubadours. Il est indéniable que la quantité de sources italiennes ne peut que conforter nos deux premiers points. La présence des troubadours et la production d’un texte en « diacritique » induisent une bonne connaissance du corpus occitan. Au XVIe siècle, Mario Equicola et Bembo possèdent des chansonniers. Dans ses travaux sur la réception des troubadours par les poètes italiens du Cinquecento, Santorre Debenedetti nous renseigne sur ces chansonniers, notamment sur celui de Bembo : Buon conoscitore di spagnuolo e della lingua nostra antica, il Bembo con questi sussidi afrontò i trovatori, e insieme giovandosi di certe preziosissime chiose latine del secolo XIII che illustrano, con poche altre, le canzoni d’Arnaldo in un manoscritto da lui posseduto, H (...) e d’un altro manoscritto, pure di sua proprietà, K, che gli fornisce le poche notizie ch’ egli presenta degli italiani che scrisserò provenzalmente. (Debenedetti /92/ p. 149).

Certains lieux littéraires et certains poètes deviennent les conservateurs de la parole des troubadours. L’Italie est ainsi placée en miroir de l’œuvre d’oc. La conservation de cette parole poétique n’est pas sans effet sur la littérature italienne. Le français est aussi, pour un temps, langue littéraire de la péninsule avec ce que l’on nomme « la letteratura franco-veneta » et l’œuvre de Bruno Latini (Letteratura italiana /89/ p. 583-610), mais peu à peu nous assistons à l’émergence d’un écrit italien que l’école sicilienne avait préfiguré. La multiplicité dialectale des parlers italiens pose cependant des difficultés d’élaboration linguistique comme on peut le constater dans les écrits siciliens (Migliorini /90/ p. 130-137). Il faut attendre l’œuvre de Dante pour que l’italien trouve son illustration médiévale la plus illustre. Nous n’examinons pas ce que Dante doit aux troubadours. Les études dantesques et les éditions de ses œuvres font toutes une place plus ou moins grande à cette influence que S. Santangelo a particulièrement étudiée (Santangelo /91/). Nous savons que Dante rencontre dans la Divina Comedia quatre poètes : Bertrand de Born, Arnaud Daniel, Sordel et Folquet de Marseille. Les vers qu’Arnaud Daniel récite sont

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LA SCÈNE DÉROBÉE

apocryphes16. Ces « apparitions » prouvent l’intérêt du poète italien pour les troubadours ; Dante n’effectue pas de recherches particulières : s’intéresser aux troubadours pour un écrivain florentin du XIIIe siècle est normal et même indispensable. Les écrits de Dante ont influencé de nombreux écrivains du XVIe siècle : Robert Ruffi et Jean de Nostredame se servent de ses prises de position sur la division oc, oïl, sì et de son admiration pour les troubadours afin d’assurer au provençal une antériorité littéraire et linguistique. Pétrarque compte également dans la formation poétique des écrivains d’oc ; la gloire littéraire des poètes italiens confère une autorité aux argumentations de Ruffi et de Nostredame (Ruffi /17/ p. 30, Nostredame /8/ p. 12, /11/ p. 9). Certaines œuvres du XVIe siècle italien renferment quelques considérations sur les troubadours (Debenedetti /92/). Au cours du débat linguistique entre « lingua cortegiana » et « lingua toscana » qui détermine « la questione della lingua », les œuvres publiées font place à des réflexions sur l’occitan et sur la littérature des troubadours (Migliorini /90/ p. 339-360). Deux œuvres sont essentielles : celles de Pietro Bembo et de Mario Equicola. Bembo publie en 1525 les Prose della volgar lingua, texte écrit vers 1512 et qui met en scène quatre personnes dissertant sur la langue. Bembo s’était déjà préoccupé des troubadours et de la langue d’oc. Il y avait été initié à Rome par Angelo Colocci (Letteratura italiana /94/ p. 132). Nous savons que Bembo avait eu l’idée d’éditer une anthologie de textes médiévaux occitans. L’intérêt de Bembo pour les troubadours se rattache à ses conceptions linguistiques. Il définit une voie empreinte de références pétrarquisantes. Bruno Migliorini synthétise ces idées : L’impostazione del Bembo, è, come s’è visto, eminentemente retorica : egli si rivolge agli scrittori, e li spinge a cercare una lingua elegante attraverso l’imitazione dei migliori trecentisti toscani. Egli usa promiscuamente i termini « fiorentino, toscano, volgare » : la disputa su quei vocaboli non era ancora nata, e più tardi il Bembo evitò d’entravi. (Migliorini /90/ p. 341).

Sa position littéraire l’invite à rechercher en amont de Pétrarque des sources poétiques et linguistiques. Bembo définit une filiation littéraire qui prend en compte la littérature occitane. Dans le premier dialogue de son traité, après une brève discussion concernant le latin et le vulgaire, Bembo parle de l’influence des troubadours : Era per tutto il Ponente la favella provenzale ne’ tempi, ne’ quali ella fiorì, in prezzo e in istima molta, e tra tutti gli altri idiomi di quelle parti di gran lunga primiera, con ciò sia cosa che ciascuno, o Francese o Fiamingo o Guascone o Borgognone o altramente di quelle nazioni che egli si fosse, il quale bene scrivere e specialmente verseggiar volesse, quantunque egli Provenzale non fosse, lo faceva provenzalmente. Anzi ella tanto oltre passo in riputazione e fama, che non solamente Catalani, che vicinissimi sono alla Francia, o pure Spanuoli più adentro, tra quali fu uno il Re Alfonso d’Aragona, figliuolo di Ramondo Beringhieri, ma oltre a ciò eziando alquanti Italiani si truova che scrisserò e pœtarono provenzalmente ; e tra questi, tre ne furono della patria 16 Voici les vers qu’Arnaud Daniel récite à Dante : « Tan m’abellis vostre cortes deman, / qu’ieu no me puesc ni voill a vos cobrire. / Ieu sui Arnaut, que plor e vau cantan ; / consiros vei la passada folor, / e vei jausen lo joi qu’esper, denan. / Ara vos presc, per aquella valor / que vos guida al som de l’escalina, / sovenha vos a temps de ma dolor ! » (Purgatorio XXVI).

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mia, di ciascuno de’ quali ho io già letto canzoni : Lanfranco Cicala e M. Bonifazio Calvo e, quello che dolcissimo poeta fu e forse non meno cha alcuno degli altri di quella lingua piacevolissimo, Folchetto, quantunque egli di Marsiglia chiamato fosse, il che avenne non perché egli avesse origine da quella città, che fu di padre genovese figliuolo, ma perché vi dimorò gran tempo. (Bembo /93/ p. 17-18).

Bembo développe ensuite une idée reprise par Jean de Nostredame : la décadence de la langue : Ma si, come la toscana lingua, da quelle stagioni a pigliar riputazione incominciando, crebbe in onore e in prezzo quanto s’è veduto di giorno in giorno, così la provenzale è ita mancando e perdendo di secolo in secolo in tanto, che ora non che poeti si truovino che scrivano provenzalmente, ma la lingua medesima è poco meno che sparita e dileguata della contrada. Per ciò che in gran parte altramente parlano quelle genti e scrivono a questo di, che non facevano a quel tempo ; né senza molta cura e diligenza e fatica si possono ora bene intendere le loro antiche scritture. Senza che eglino anessuna qualità di studio meno intendono che al rimare e alla poesia, e altri popoli che scrivano in quella lingua essi non hanno ; i quali, se sono oltramontani o poco o nulla scrivono o lo fanno francesemente ; se sono italiani nella loro lingua più tosto a scrivere si mettono (...) (Bembo /93/ p. 26).

S’inscrivant dans le débat linguistique italien, les références aux troubadours constituent l’élément indispensable à un processus de filiation littéraire. Bembo choisit de situer la littérature italienne en héritière du texte médiéval occitan. La « décadence linguistique » observée au XVIe siècle lui permet d’affirmer la force de l’italien et de conforter ses arguments en faveur d’une langue « littérarisée ». La littérature est l’élément essentiel de la langue. Très proche des idées de Jean de Nostredame, la conception de Bembo est à la fois une opération intérieure italienne et une mise en situation du passé occitan. S’inspirant largement de Pétrarque dans ses œuvres poétiques, le poète italien est une source idéologique fondamentale pour Jean de Nostredame. Dès 1495, Mario Equicola avait écrit en latin son Libro de natura de Amore. Il le traduisit lui-même en italien et l’œuvre fut éditée en 1525. Son traité prend en compte les littératures antiques et romanes : occitane, italienne, française et espagnole (Equicola /381/). Sa culture est européenne, relayée par une analyse littéraire qui dépasse les cadres nationaux et qui ne se contente pas d’énoncer les topoï d’usage. Cet ouvrage tente de dégager les caractères principaux de la poétique amoureuse : (...) oltre una ricca cultura capace di ben dominare le letterature antiche e di riconoscere gli stretti legami esistenti fra le letterature romanze, l’Equicola dava saggio di una critica psicologica della poesia che basterebbe a fargli assegnare un posto di rilievo tra i letterati contemporanei. (Letteratura italiana /94/ p. 190).

Les références occitanes sont en accord avec sa première analyse des faits poétiques et amoureux. L’importance de Bembo et d’Equicola ne doit pas faire oublier les causes profondes de leur intérêt. Dans le cadre d’une analyse thématique comme celle d’Equicola, les troubadours constituent une référence indispensable que l’on ne peut occulter. Chez Bembo, à l’intérieur de « la questione della lingua », l’antériorité vulgaire occitane est un argument de poids qui permet d’écarter le latin.

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Les œuvres de Bembo et d’Equicola pèsent fortement sur la formation idéologique de Jean de Nostredame. Dans le proesme des Vies, l’historien aixois dresse la liste de ses prédécesseurs : (...) me suffit seulement remonstrer apres Dante en sa Vulgaire Eloquence, Pétrarque, Cynno da Pistoya, Guydo Cavalcanti, Bocace, Bembe, Mari Equicola, le Courtizan, Jean des Gouttes, traducteur de l’Arioste ; l’autheur de la Grammaire françoise italienne, l’Esperon Esperoin, Ludovico Dolce, en son Apologie (...) (Nostredame /8/ p. 5, /11/ p. 7).

Quelques lignes plus loin, Nostredame revient sur les œuvres de Ludovico Dolce, Sperone Speroni et Pietro Bembo : Le Cardinal Bembe, grand personnage de son temps, en ses proses a escrit que les premiers poëtes rithmeurs qui ont escript en langue vulgaire maternelle, ont esté les Provensaux, et, apres eux, les Tuscans, dit aussi qu’il n’est à douter que la langue tuscane n’aye plustost pris la façon de rithmer des Provensaux que de nulle autre nation. (Nostredame /8/ p. 11, /11/ p. 9)17.

Les successeurs de l’historien aixois ne citent pas ou peu les écrivains italiens. Ruffi est le seul à évoquer l’antériorité littéraire occitane en se référant aux témoignages de Dante et de Pétrarque (Ruffi /17/ p. 30). Une des idées les plus répandues consiste à énoncer une influence directe due à une certaine proximité. Il nous faut largement nuancer cette affirmation. Le voisinage géographique ne constitue pas une preuve flagrante des affinités littéraires. Quant aux proximités culturelles et philologiques, nous savons qu’elles peuvent apporter quelques avantages, mais elles proposent également un certain nombre de facilités apparentes qui dénaturent le sens linguistique. On ne peut, au XVIe siècle, tout en connaissant parfaitement le provençal, prétendre pouvoir lire l’Arioste ou Pétrarque dans le texte sans un réel effort linguistique. Si Jean de Nostredame lit l’italien et est influencé par cette littérature, c’est bien plus grâce à ses capacités qu’à sa connaissance de l’occitan. Si Louis Bellaud de la Bellaudière ne semble pas lire l’italien ou du moins ne nous en apporte pas de preuves, c’est parce que son profil d’écrivain ne s’accorde pas avec l’humanisme italianisant du XVIe siècle. Pourtant, en suivant un raisonnement de « voisinage », sa naissance grassoise aurait dû le prédisposer plus que tout autre. Les citations de Nostredame ne pourraient pas être des preuves irréfutables, car l’ensemble des auteurs cités sont traduits en français en 1575. Néanmoins, Nostredame possède l’édition de Pétrarque établie par Vellutello et cite les vers du poète florentin dans la langue originale. Il connaît également le commentaire que Christoforo Landino a publié sur Dante18. Il est probable que Nostredame lisait l’italien, mais comment savoir s’il pouvait accéder à tous les auteurs italiens dans leur langue d’origine ou grâce aux traductions ? Il est évident que la lecture de Pétrarque laisse augurer une bonne connaissance de l’italien, chose normale pour le XVIe siècle. On doit remarquer que le schéma des rimes des sonnets de Nostredame est inspiré du modèle pétrarquisant alors que les autres écrivains occitans suivent la métrique française. Les successeurs de Nostredame ne semblent pas avoir une bonne connaissance de l’italien. Aucun d’entre eux ne cite un poète dans sa langue d’origine. Bellaud de la

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Mario Equicola est cité dans les M en /111/. Cf. M, /293/.

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Bellaudière suit les modes parisiennes. On pourrait déceler chez ces poètes telle ou telle influence, mais ce ne sont que des images et des styles déjà observés dans la littérature française. C’est ce que nous appelons une influence indirecte. L’Italie n’est pas ici placée en interlocuteur privilégié, mais en référence de modernité européenne. Les formes stylistiques et métaphoriques de Bellaud de la Bellaudière sont calquées sur les écrivains français (ceux-ci les avaient empruntées aux Italiens). Ce fait prouve que l’accession au corpus transalpin ne peut se faire, après 1575, que par le détour français. Il nous faut conclure à l’existence de deux modes d’influences : direct et indirect. Le premier est utilisé par Jean de Nostredame. Le second, indirect, est le fait des successeurs de l’historien aixois. Nous sommes éloignés d’une proximité linguistique et géographique qui détermine la connaissance du corpus italien. Dans le second mode, l’attraction de la littérature française impose le modèle italien. Ce ne sont pas les pièces castillanes ou italiennes de Jean Perrache dans l’édition de Bellaud de la Bellaudière qui peuvent faire évoluer cette situation. Elles figurent dans cet ouvrage comme une référence indispensable, insérant le texte de Bellaud dans le dialogue diglossique qu’elles tentent timidement d’effacer (Bellaud /14/ DD p. 155-156)19. L’influence indirecte ne peut se comprendre que si nous nous référons au pétrarquisme français. Joseph Vianey en a assuré l’analyse et l’histoire littéraire (Vianey /95/). Nostredame excepté, les écrivains occitans sont assez éloignés de la première période pétrarquisante. Nous devons admettre que pour Bellaud de la Bellaudière et Pierre Paul le modèle majeur est celui de « la Pléiade » (Brun /15/ p. 142 et suivantes, Paul /23/ p. 165-174). Il est raisonnable de penser que le rayonnement de « la Pléiade » n’est pas éteint à la fin du siècle, réactivé par la poésie de Desportes. Entre la publication (la première) des Amours de Ronsard et celle des poèmes de Bellaud de la Bellaudière, quarante-trois années délimitent un espace que la postérité littéraire peut combler. Remarquons également que Ronsard atteint sa gloire la plus totale entre 1564 et 1585, date de sa mort, gloire confirmée par la publication de ses œuvres en janvier 1584. Bellaud est alors en pleine activité littéraire. Le cheminement de cette influence indirecte s’éclaire quand on envisage ce que Ronsard et les poètes de « la Pléiade » doivent aux Italiens. Nous savons par ailleurs que « l’humanisme philologique » n’est pas le fait de Bellaud ni celui de ses successeurs. Leur poésie se ressource au contact de la littérature française. Les paramètres sont tout à fait différents pour Nostredame. En laissant de côté son profil d’écrivain, l’historien aixois, né en 1522, est d’une génération antérieure. Son inspiration poétique est pétrarquisante. Le poète italien tient une grande place dans ses œuvres. Du strict point de vue de l’histoire littéraire, Jean de Nostredame est né la 19 Jean Perrache est l’auteur d’une œuvre poétique en français dont un recueil comporte en liminaire une pièce de Bellaud de la Bellaudière qui n’a pas été reprise dans l’édition de 1595 (Brun /15/ p. 48). Voici les pièces castillane et italienne publiées en 1595 : « AL SENOR DE LA BELAVDIERA / Gentil-ombre Prouençal. / COPLAS. / PROVENCALES los primeros / Poëtizaron vn vulgar, / Y tal fue el lindo empeçar, / Que Dio mana à los strangeros, / De su lengage cantar : / Agora, la BELAVDIERA, / Los antigos ymitando, / Y con mucho auentajando, / Se haze oyr, de manera, / Que el Francez stara callando. » « AL. S. L. DI LA BELADIERA, / G. PROVENZALE. / SONETO. / In queste dotte, è gratiose carte, / Oue è l’Inferno in martirij diuiso, / Moue il terrore, è va eccitando il riso, / D’Apolo vn socio, vn seguace di Marte : / Belaudo mostra qual potere à l’Arte, / Cosi, ma non cosi, accade à Narciso, / Il qual visto n’el fronte il suo bel viso, / Da sua vita à l’ombre eterna parte. / Chi sente quel Don-Don, che chama al pianto, / Soto la crudelta d’vn Radamanto, / Per gli supplicij, figlij d’il processo, / Quiui descriti, in facete parole, / Ride in vn punto, in vn punto si duole, / Si duole, e ride, in vn momento istesso. » (Bellaud /14/ p. 155-156).

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LA SCÈNE DÉROBÉE

même année que Joachim Du Bellay et deux ans avant Ronsard. Pour des raisons de dates, de formes et de lectures, son pétrarquisme est authentique et ne doit rien à la littérature française. Jean de Nostredame est un isolé et nous ne pouvons conclure à l’existence d’un pétrarquisme occitan. Nostredame ne peut pas, à lui seul, représenter un mouvement poétique. Ses travaux historiographiques restent ignorés et seule la publication des Vies peut lui assurer une certaine postérité. Or, paradoxe diglossique, il semble que les écrivains français et les historiens de la Provence l’aient lu plus attentivement que les poètes d’oc. Tout sépare Bellaud de la Bellaudière et Jean de Nostredame : les thèmes, les formes de la langue, le style... La référence italienne est indispensable pour comprendre la littérature d’oc du XVIe siècle. La présence italienne s’organise suivant deux axes distincts : le premier n’est pas spécifique aux terres d’oc, toute l’Europe subit les effets d’un pétrarquisme poétique, le second concerne l’étude des troubadours. Dans ce dialogue culturel, que recherche la littérature occitane ? L’attitude de Nostredame est claire : il cherche des appuis intellectuels et même financiers. Il ne rencontre que peu d’échos en Provence et c’est l’Italie qui lui offre les modalités d’un dialogue humaniste. Il récupère l’étude des troubadours qu’il restitue aussitôt par la publication des Vies. Dans ce dialogue / restitution, le miroir italien renvoie une image brouillée. Nous verrons que la dénomination de la langue est d’origine transalpine. L’analyse du corpus troubadouresque ne se noue pas à un sentiment identitaire. L’appropriation occitane permet aux Italiens de contourner une présence française très forte militairement au début du XVIe siècle. L’image que renvoie le miroir n’est pas celle d’une littérature de la Renaissance. Elle se lie aux origines du vulgaire. Jean de Nostredame n’a pas la possibilité de rétablir un équilibre périlleux. Face au miroir italien, l’occitan échappe à la diglossie, mais ce que cette langue gagne en restitution glorifique se perd dans le passé et la nostalgie littéraire. La littérature occitane ne se reflète pas dans le miroir ; elle s’y enfonce comme le corps pénètre dans l’eau. Elle demeure l’image inaccessible d’une parole perdue, se cherchant indéfiniment dans la présence de la poésie et de la langue : Né sa, con l’alma ne la fronte expressa, Altrui cercar e ritrovar se stessa. (P. Bembo in Letteratura italiana /94/ p. 138)

La Renaissance de l’écrit littéraire

Au XVIe siècle, l’écrit d’oc se trouve dans une nouvelle situation. Pour la première fois depuis le corpus médiéval, des trajectoires d’écritures apparaissent et ne révèlent plus une simple trace d’écrits, mais de véritables écrivains. Une société littéraire tend à s’organiser. Un corpus nouveau suffit pour assurer au terme « Renaissance » une destinée particulière. Pourtant, à bien des égards, le XVIe siècle provençal n’est pas une Renaissance. Il faudrait ici s’entendre sur les significations de ce mot, car la « Renaissance occitane » n’induit pas une nouvelle destinée de la langue et de la culture ; au contraire, le XVIe siècle fixe les règles du jeu diglossique. Parler également de Renaissance ne signifie pas que les siècles antérieurs sont dénués d’écrits. Il existe une permanence d’écriture qui 21

PREMIÈRE PARTIE

se situe en marge des littératures et de leurs stylistiques dominantes. Ces formes, présentes également au XVIe siècle, sont au nombre de trois : une veine popularisante, les tentatives d’écriture du théâtre et les chroniques événementielles. La veine popularisante est sans aucun doute la plus riche de sens20. Elle est notamment illustrée par les Chansons du Carrateyron (Carrateyron /26/, /27/). Ces quatre chansons ont été nommées ainsi à cause du « carrateyron », charrette portant les étudiants aixois pendant la Fête-Dieu. Il s’agit d’une littérature de la basoche qui fait référence à des thèmes populaires. C’est ainsi par exemple que la contestation politique de la première chanson emprunte visiblement des formes qui placent cette littérature estudiantine dans une communication dépassant largement la basoche aixoise. « Que tant roygon lo comun » et « Roygon plus fort que maunyers » proviennent l’un et l’autre d’une utilisation populaire, reprise dans des œuvres postérieures, comme le montrent Huguette Albernhe-Ruel et Philippe Gardy (Carrateyron /27/ p. 21-26). Le dernier couplet de cette première chanson est d’ailleurs significatif : il révèle une connivence étroite entre société étudiante et société aixoise, couches dirigeantes exclues : Quant lo gouert layssa faire Degun non en dis pas mout Va per compayre et commayre Et per aquo va mal tout Mal en pendra a calcun. Maudit sio tant de ratun. (Carrateyron /27/ p. 24).

Rabelais a certainement rencontré cette culture lors de ses séjours occitans. Nous connaissons le procédé littéraire de l’écrivain français concernant la mise en perspective de la culture basochienne. C’est d’ailleurs l’influence de Rabelais qui permet une nouvelle orientation de la littérature d’oc. Les écrivains occitans utilisent par ailleurs le prisme rabelaisien pour porter un regard sur leur propre société (Gardy /96/). Le texte macaronique occitan utilise la même veine. Entre 1530 et 1540, Antonius Arena publie ses œuvres (Arena /30/). Il semble que le macaronique d’Arena puisse être un produit autochtone (à l’inverse de celui de Jean Germain, plus tardif). Cette œuvre n’aurait subi aucune influence italienne : Se insomma per simili composizioni il Baldus si pone come parametro (inevitabilmente schiacciante) a posteriori, non è detto si ponga come esempio. E quanto almeno cercheremo di appurare, sciogliendo il nostro autore da un eventuale rapporto di discepolanza col Folengo, e individuando invece il caratere endogeno del suo debutto (Arena /30/ p. XII).

Lucia Lazzerini a synthétisé les recherches sur la genèse d’un tel genre (Lazzerini /97/), recherches que Fausta Garavini avait également menées (Garavini /98/). Le produit endogène détermine deux présupposés. Le premier consiste à penser que la veine estudiantine est assez riche pour qu’Arena y fasse référence, le second 20 Par « popularisante » nous n’entendons pas proche du « peuple », ni émanant de ce peuple. Nous entendons parler d’une série d’œuvres qui s’adressent indirectement à la communauté tout en empruntant des formes linguistiques que la littérature fixe par écrit.

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LA SCÈNE DÉROBÉE

suppose l’existence d’une situation linguistique semblable à celle d’Italie du nord. Latin classique, latin vulgaire et occitan voisinent dans un état antérieur à l’achèvement de la francisation. Arena écrit au début du XVIe siècle, il ne faut pas y voir une résistance à la diglossie, mais une écriture en marge du conflit linguistique, un contournement qui met en scène latin et occitan dans l’hybridation macaronique. Cette littérature utilise les référents culturels de la société estudiantine placée en représentation littéraire. La description qui en est donnée allie les plaisirs bachiques et érotiques. Nous sommes en présence d’un topos inscrit dans le texte macaronique. Le tableau ainsi brossé des étudiants d’Avignon précède les œuvres arcadiques de la fin du XVIe siècle, mais ici, sans Arcadie spécifique, c’est toute une société qui se définit par la parole du corps, de la chair et du verbe : Gentigallantes sunt omnes instudiantes et bellas garsas semper amare solent et semper semper sunt de bragantibus ipsi : inter mignonos gloria prima manent. Banquetant, bragant, faciunt miracula plura et de bontate sunt sine fine boni. Braguim bragayno de toto corpore fringant : rustariam grossam semper ubique menant et totem mundum defendunt atque governant (mundum praesentem sanctia iura regunt). (Arena /30/ p. 42-43).

Les Chansons du Carrateyron et Arena font partie de la même veine littéraire. On objectera que l’œuvre d’Antonius Arena ne peut pas être considérée comme une production authentique de la littérature occitane. Le texte macaronique se bâtit sur une hybridation linguistique, mais une définition textuelle ne se base pas uniquement sur la langue employée. Arena tient une place importante dans l’analyse de l’élaboration littéraire. Des destinées diverses se dessinent au début de ce siècle ; elles présentent en Provence des différenciations linguistiques hors du commun. Latin, occitan, macaronique et français : la Provence est un lieu de croisements langagiers où les nécessités de la prise de parole semblent dépasser la conflictualisation du tissu linguistique. La veine popularisante accompagne l’écriture en « voie médiane ». La littérature d’oc se saisit de ces topoï que le XVIe siècle développe pour illustrer une thématique dont elle ne se départira plus. Néanmoins, Arena et Bellaud de la Bellaudière demeurent éloignés par leur culture, leurs connaissances philologiques et les représentations qui parcourent leurs textes21. La production macaronique prouve la vitalité d’une culture. La poésie arcadique des successeurs de Nostredame illustre la permanence d’un thème. Cette veine littéraire s’inscrit dans deux registres complémentaires. Elle figure ce topos qui trouve son origine dans la culture médiévale22. À partir du XVIe siècle, elle devient une constante, thématique intemporalisée de la littérature occitane. À des degrés divers dont le texte macaronique est le plus élaboré, les deux illustrations que la Le texte macaronique suppose une bonne connaissance du latin. La déformation ne peut être due à l’ignorance. 22 À propos d’Arena et du macaronique cf. Curtius /101/ vol. 2 p. 206-210. 21

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PREMIÈRE PARTIE

Provence nous livre sont originales. Il est possible qu’un texte antérieur aux chansons aixoises ait existé, texte dont nous avons perdu la trace. Ces deux ensembles reflètent les aspirations d’une société. La portée politique du Carrateyron n’a échappé à personne, surtout pas aux autorités qui ont fait interdire les manifestations étudiantes de la FêteDieu au cours desquelles ces chansons étaient chantées. Quelques années plus tard, l’œuvre de Bellaud de la Bellaudière garde des traces de la basoche provençale (Brun /15/ p. 155-171). Ce que nous nommons « veine popularisante » peut représenter la littérature d’oc, car les répartitions d’usages favorisent cette orientation. Entre 1520 et 1540, cette opération littéraire se concrétise par deux textes dissemblables. Le macaronique est un phénomène éphémère. À travers le Carrateyron, puis continuant dans le sens d’une oralité problématique, la littérature d’oc découvre une veine inépuisable. Il n’est pas certain d’ailleurs que cette littérature soit le reflet exact des pratiques populaires ; nous pourrions également la concevoir comme un prisme, une reconstruction culturelle élaborée à partir de fantasmes d’écritures. Un deuxième aspect des permanences de l’écrit d’oc au XVIe siècle concerne l’expression théâtrale. Nous tenons simplement à souligner la continuité de cette activité et ce depuis les XIVe et XVe siècles. Au XVIe siècle, des témoignages tardifs laissent penser que le théâtre utilise peu l’imprimerie. Il est vraisemblable que les comédies de Claude Brueys ont été jouées à Aix à la fin du siècle, mais elles ne sont publiées qu’en 1628. La comédie De Seigne Peyre et Seigne Ioan a été jouée à Montélimar en 1576 : « Eysso es ista ioua per dous Payzans au Monthelimar en l’an 1576. » (Seigne /112/ p. 15). Nous ne possédons aucun indice qui nous permette de savoir si les pièces de théâtre de Michel Tronc ont été représentées (Tronc /24/ p. XXXV). Il serait étonnant que la comédie jouée à Montélimar soit une exception. Il est probable qu’une tradition de représentations populaires, aux structures anarchiques, se soit perpétuée au XVIe siècle. L’occitan devait y avoir une place privilégiée. Les œuvres de Tronc et de Brueys prouvent également que cette tradition tend à se littérariser. Ce sont les mêmes procédés, repris et amplifiés, qui donnent naissance à la production théâtrale des XVIIe et XVIIIe siècles. Une troisième forme d’écriture doit être envisagée : elle concerne les chroniques événementielles. Ce sont, avec l’œuvre de Nostredame, les seuls témoignages de prose en occitan que nous possédons. Nous verrons à propos de l’historiographie que cet écrit subit fortement les pressions diglossiques. Au début du siècle, les chroniques du Marseillais Valbelle et du Niçois Jean Badat illustrent ce phénomène (Valbelle /81/, Badat /148/). La relation événementielle s’infléchit vers le témoignage historiographique et utilise exclusivement le français à la fin du siècle. Valbelle et Badat sont les héritiers d’une tradition médiévale dont nous avons déjà parlé à propos de Bertrand Boysset. Ces chroniqueurs représentent les moments ultimes d’une prose occitane socialement active. Résumée en terme de générations, l’essentiel de la Renaissance de l’écrit occitan n’occupe que la seconde moitié du XVIe siècle. Les destins littéraires n’apparaissent vraiment qu’à partir de 1570. L’édition tardive de Bellaud de la Bellaudière (1595) joue un rôle rédempteur que les éditeurs de l’œuvre ont sûrement recherché. 24

LA SCÈNE DÉROBÉE

L’émergence de l’écrit occitan n’est pas séparée du corpus français. Il faut alors envisager une renaissance de l’écrit sous ses formes diverses, françaises et occitanes. Les écrivains provençaux qui s’expriment en français sont plus ou moins liés à la littérature d’oc. « L’écrit provençal » est exprimé par deux langues. Le latin occupe une place plus marginale. Dans la première moitié du siècle, il est la langue d’écriture de l’humaniste Marc Bertrand Maure (Maure /38/, /39/, /40/). Plus tard, les œuvres de Jules Raymond de Soliers et de Pierre Quiqueran de Beaujeu sont écrites en latin (Soliers /43/, Quiqueran /41/). Cependant, aucune grande œuvre latine ne se dessine dans le siècle. La Provence semble suivre le chemin tracé par la Renaissance française. L’apparition du littéraire a lieu dans deux langues : l’expression autochtone et l’idiome « étranger », investi de savoirs nouveaux. Cette irruption de l’écrit est le fait d’une génération née vers 1550. Elle se partage entre écrivains d’oc et français, tous originaires de Basse Provence. Nous pouvons mettre en parallèle un certain nombre d’écrivains ainsi que les principaux poètes du XVIe siècle : Marot, Du Bellay, Ronsard, Belleau, Desportes, D’Aubigné, Malherbe. À la lecture du graphique suivant, nous établissons deux constatations : l’antériorité de la génération de « la Pléiade » et la position intermédiaire de Jean de Nostredame. 1500 1510 1520 1530 1540 1550 1560 1570 1580 1590 1600 1610 1620 --------------------Marot--------------------------Du Bellay------------------------Ronsard------------------------------------------D’Aubigné--------------------- - - - - ----------R. Belleau--------------------------------Desportes------------------------------------------Malherbe--------------------- - - - -------------------Deimier-----------------1500 1510 1520 1530 1540 1550 1560 1570 1580 1590 1600 1610 1620 -----------------------La Ceppède---------------------Gallaup de Chasteuil-----------------------C. de Nostredame----------------- - - - - ----B. de la Bellaudière------------J. de Nostredame------------------------------------Ruffi---------------------------------------------P. Paul------------------------ - - - ----------Tronc---------------Marot et les écrivains de « la Pléiade » sont morts au moment où la génération de 1550 arrive à l’écriture. « La Pléiade » apparaît comme un référent littéraire. Il ne faut pas oublier que la génération de 1550 tente d’opérer une rupture de style dont Malherbe est l’exemple le plus célèbre. Vers 1570-1600, au moment où Bellaud de la Bellaudière et Pierre Paul écrivent, « la Pléiade » et plus particulièrement Ronsard, ont acquis une gloire littéraire que certains poètes français contestent et que les Occitans acceptent pleinement. Les écrivains d’oc sont ainsi nettement plus réceptifs au style de 25

PREMIÈRE PARTIE

« la Pléiade » qu’aux « épurements malherbiens ». Nous avons tenté d’expliquer ce fait en analysant les sources littéraires de Pierre Paul23. En 1600, un écrivain occitan est déjà marginalisé par rapport aux modes parisiennes qu’il tente de suivre. Pierre Paul, comme d’autres, se réfère aux succès littéraires et ne peut comprendre Malherbe. L’idéologie linguistique du poète normand ne peut être assimilée par les utilisateurs de l’occitan qui conforment leur langue à une pratique populaire et qui refusent toute épuration ou resserrement du style. L’achèvement de la Renaissance en Provence s’étale sur trente ans, de 1570 à 1600. La génération de 1550 entame un processus de conquête de l’écrit qui ne peut s’éteindre. Jean de Nostredame constitue l’exception occitane. Il est né trente ans avant les écrivains de cette génération. Il est mort très tôt, en 1577. Nostredame a accès à toute une culture humaniste traditionnelle, celle que lui lèguent ses maîtres aixois. C’est cet humanisme provençal qui conditionne sa culture. Nous serions alors tenté de définir la naissance de l’écrit littéraire selon deux directions. La première est fille de l’humanisme aixois. Elle forme Jean de Nostredame qui connaît bien les littératures française et italienne. Nous savons que la voie qu’il inaugure demeure sans successeurs. La seconde est liée au corpus français, essentiellement celui de « la Pléiade ». Il faut alors considérer les notions de modèles littéraires et de fonctions mimétiques : toute une part de la littérature d’oc se conforme au modèle français. Cette influence est importante, car souvent les écrivains occitans doivent plus à « la Pléiade » qu’aux textes médiévaux. Le corpus des troubadours ne paraît pas avoir une grande conséquence sur les œuvres des successeurs de Nostredame. Les écrits médiévaux se définissent comme un emblème : l’édition de Bellaud de la Bellaudière en 1595 en joue habilement. Seul Jean de Nostredame connaît bien les troubadours, mais son analyse est déviée par son propre projet idéologique. On pourra objecter aisément que les premières manifestations d’un écrit littéraire français en Provence ne datent pas de 1580-1600. Jehan Thierry de l’Estoile est l’auteur d’une relation du siège de Marseille par les troupes impériales en 1524. Cette chronique, fortement romancée, aurait été commandée par les consuls de la ville pour célébrer cet événement. Le manuscrit original de cette œuvre semble perdu, mais plusieurs copies indiquent son importance (Bertas /99/, Bory /100/ p. 310)24 : Le siege de la triumphante et victorieuse cité noble puissante et bonne ville de Marseille, la renommée principalle de la Prouvence et tout ce qui a esté faict en Prouvence par les armées de terre et mer de Charles de Montpensier dict de Borbon et le marquis de Pescaire des le temps qu’ils entrèrent en Prouvence (...) composé premierement en latin par messire Jehan Thierri de l’Estoille docteur es lois et puis par lui translaté en françois (...) Rondeau a l’honneur de la cité de Marseille Marseille cité renommée Par tous païs crainte et doublée Capitale de tous Prouvence 23 « Les Sources littéraires au XVIe siècle : l’exemple de l’œuvre de Pierre Paul », Atti del Secondo Congresso Internazionale della « Association Internationale d’Etudes Occitanes », Torino 31 agosto-5 settembre 1987, a cura di Giuliano Gasca Queirazza, 2 vol., 1993, vol. 1, p. 433-439. 24 Le manuscrit original appartenait au marquis de Clapiers-Collongues (Bertas /99/ p. 6-7). La copie dont nous parlons a été effectuée par Pierre Bertas. Elle est déposée dans le fonds Bertas des ACM (20 ii 10).

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LA SCÈNE DÉROBÉE

Dessoubs la couronne de France Par Dieu joye te soit donnée. Tu es sur toutes bien leurrée, Prouvence tu as delivrée Des ennemis par ta puissance, Marseille cité renommée. Car quan tu es tout assiégée Par Montpensier et son armée, Tu fis si rude resistance Le deschassant à toute oultrance Qu’a tout jamais seras nommée Marseille cité renommée. (...) Jehan Tierry dict de l’Estoille natif de La Chesle, vicomté en pays du Poictou, moindre entre les docteurs (...) de France prezant en la dicte ville de Marseille durant le temps susdict qu’elle fut assiégée et redigeant par escript tout ce qui se faisoit a la persuasion requeste et instigation des nobles consuls de la dicte ville (...).

Lors de la visite de Charles IX, les consuls marseillais font de nouveau appel à un écrivain français : « (...) pour faire dresser les appareils suivant l’invention et la disposition d’Antoine Giraud, Docteur és Droicts, homme bien entendu en pareilles manières. » (Ruffi /52/ p. 344)25. En 1545, un recueil de sentences morales est composé à Tarascon par un nommé Martin Blanc. Celui-ci dédie son ouvrage à l’un de ses amis, un cordonnier nommé Gabriel Calhat. Dans une courte préface en prose, Martin Blanc indique qu’il est d’origine française et de passage en Provence (Brun /111/). Cette œuvre n’est pas d’un grand intérêt littéraire. Toutefois, son existence mérite d’être soulignée. Nous sommes en présence d’une pièce de circonstance dédiée à un bourgeois de Tarascon (Brun /111/ p. 17. Nous suivrons l’édition de Brun dans nos citations.) Après avoir commencé son recueil par quelques sentences, Martin Blanc explique son propos : Gentillesse vraye n’est aultre chose Fors le vaisseau ou vertu se repose. Celuy qui n’a poinct maladie Et de besongne pour peresse, Larrons suyvra e paillarderie Finissant ses jours en tristesse. Celuy qui est trop endormy Doibt prendre garde la fourmy. Bon faict scavoir quelque mestier 25 Dans le manuscrit de son histoire de Marseille, Robert Ruffi cite quatre vers qui sont publiés par son petitfils (Ruffi /52/ p. 344). Ces vers ont été récités par la fille d’un consul à l’occasion de l’arrivée de Charles IX. Rien ne peut indiquer qu’ils soient d’Antoine Giraud. Nous n’avons pas trouvé trace d’un ouvrage publié par un Giraud et qui traiterait de la visite du roi. « Petite tu me vois mais tes grands ennemis / Ne me scauroyent forcer car en Dieu ie suys forte / Du cueur de ces rempars en armes par toy mis / Hault ma foy deuant Dieu a toy les clefs ie porte. » La transcription a été faite sur le manuscrit de Robert Ruffi (fo 150 r°).

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PREMIÈRE PARTIE

Pour secourir s’il est mestier Contre fortune variable. A mon meilleur amy maistre Gabriel Calhat cordoainnier de Tharascon Martin Blanc Salut Nul vice, en ce monde terrien, mon très honnoré amy, Maistre Gabriel, n’est détestable envers Dieu et les humains que est le peché d’ingratitude, comme celluy qui est le tronc et la racine de tous les autres. Car Dieu, en son grand jugement, reprendra et accusera les pécheurs plus de ingratitude que de nul autre péché. A ceste cause, maistre Gabriel affin que je ne soye noté du vice dessusdit, pour ce que estes en cause que je ay demeuré dedans la bonne ville de Tharascon maulgré les envieux, dix moys et demy, me suis enhardy et entremeslé de mettre la main à escripre en ceste mienne langue françoyse. Car, si bien il en souvient a vostre debonnayreté et aultre magnificence, quand fus logé en la maison de messire Jehan Mellin prestre, vous me donnâtes grand courage et exhortâtes de mettre la main à la plume. Disent apres, mon unique e vray amy maistre Gabriel, qu’il vous seroit cause très agréable et plaisante de posséder une main de papier escripte de ma propre main. (...) ESCRIPT à Tharascon dedans la secrestie, le quinziesme du moys de febvrier l’an de grace Mille cinq cens quarante et cinq. » (Brun /111/ p. 22-24, ms 1059 BMMa, fo 1-4 v°).

Au-delà de ces exemples, l’écrit littéraire subit les effets de la francisation. Jehan Thierry échappe quelque peu à la littérature, mais il est évident que de telles initiatives ne peuvent que préparer des conditions favorables à la naissance d’une littérature française en Provence. Le fait que les consuls de Marseille éprouvent la nécessité de commander une traduction française d’une relation en latin (relation elle-même commandée, ce qui dénote la complexité de la situation) montre que la langue du roi, plus de dix ans avant Villers-Cotterêts, est l’idiome chargé de pouvoirs par lequel les autorités de la ville entendent s’adresser au souverain et enregistrer la mémoire de leurs actions. L’inscription historique et politique détermine l’écrit : les Marseillais sont très favorables à l’intégration française et leur loyalisme pendant les campagnes impériales est exemplaire. La chronique de Jehan Thierry révèle deux conditions nécessaires à son existence. Pour que la commande des consuls ait quelques fondements, il faut supposer qu’aucune plume « intérieure » à la ville ne soit capable d’effectuer ce travail. D’autre part, leur volonté est clairement exprimée et laisse en marge toutes les tentatives occitanes. À cette même époque, Honorat de Valbelle qui écrit en occitan une chronique événementielle et exerce des fonctions importantes n’est pas pressenti pour ce travail. Cette commande est marseillaise, donc « étrangère » au reste de la Provence. Les faits historiques séparent Aix et Marseille en 1524. La chronique de Thierry de l’Estoile est plus marseillaise que provençale. À cette époque, la cité phocéenne avait d’ailleurs pris des mesures qui favorisaient nettement le français26. Les traditions historico-littéraires de l’expression d’oc ne sont pas assez connues pour que toutes les élites provençales écrivent en occitan. Les Vies de Jean de Nostredame s’adressent tout autant à un public français, francisé, qu’aux écrivains occitans. Sans la moindre difficulté, César de Nostredame peut célébrer les 26

Cf. Pierre Bertas, « L’Enseignement à Marseille au XVIe siècle », étude manuscrite, ACM (20 ii 89).

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LA SCÈNE DÉROBÉE

troubadours dans l’édition de Bellaud de la Bellaudière en 1595. Il semble que les conditions sociolittéraires et sociolinguistiques de la littérature d’oc se transforment entre 1520 et 1560. L’origine des faits diglossiques se situe à l’orée du XVIe siècle.

Littérature d’oc et pouvoir provincial

Il est indéniable que le pouvoir se sert de l’écrit pour assurer son existence. À tous les niveaux de décisions, l’écrit constitue la parole majeure exprimant ce pouvoir. L’originalité du XVIe siècle est d’avoir signifié l’importance glottopolitique dans la politique des États occidentaux, en France plus particulièrement. Ce fait explique la rapide promotion du français comme « langue-État ». Le pouvoir politique sollicite donc l’écrit. Quelles sont les formes de ce pouvoir, formes « provinciales », en Provence au XVIe siècle ? Et qu’entendre par le terme « provincial » ? À partir de 1501, date de la création du Parlement, la Provence devient une province du royaume de France et ne garde de ses anciennes institutions que des structures rendues obsolètes. Cette obsolence ne peut provenir des fondements de ces institutions, mais plutôt de leur fonctionnement par rapport au Parlement. Il est de toute façon évident que le Parlement, installé réellement dès juillet 1502, devient peu à peu un instrument de politique royale et que comme l’affirme Félix Reynaud : « (...) la nouvelle cour sut s’imposer au point de devenir, vers la fin du siècle, la principale et même parfois la seule autorité reconnue entre le Rhône et le Var. » (Baratier /102/ p. 224). Le Parlement, en tant que représentation du pouvoir royal en Provence, illustre ce que peut être le pouvoir provincial. Il partage cette représentation avec les gouverneurs de Provence qui prennent de plus en plus d’importance à la fin du siècle (gouvernements que Henri d’Angoulême et Charles de Guise marquent de leur présence). Le Parlement n’est pas une chambre d’enregistrement. Il est constitué par les membres de la noblesse locale qui y investissent leurs aspirations politiques, d’où, en partie, la cause de son déchirement pendant les conflits religieux. Ce n’est finalement qu’à partir de la nomination de Guillaume du Vair qu’un homme du roi en prend la direction. Le Parlement et les gouverneurs constituent donc les deux faces de ce pouvoir provincial. Les villes forment, avec leurs propres institutions municipales, un foyer important qui tend à diversifier ce pouvoir. Nous pensons surtout à la cité marseillaise dont on connaît l’histoire agitée en cette fin de siècle. La cité phocéenne maintient, pour des raisons historiques et économiques, des velléités « autonomistes » très fortement ancrées dans le camp catholique. Le cas échéant (et toujours au moment fort des troubles des guerres civiles), ces villes peuvent constituer un contre-pouvoir institutionnel que les écrivains tentent d’utiliser. C’est à travers les rôles d’une représentation communale et du Parlement que nous prenons deux exemples qui illustrent, à leur manière, l’échec de l’écrit occitan. Les Marseillais subissent en 1524 un siège de plus de quarante jours. L’armée impériale, avec à sa tête le connétable de Bourbon, était entrée en Provence et avait ravagé le pays. La résistance opiniâtre des Marseillais permit aux troupes royales de se reconstituer et de chasser l’envahisseur. Ce siège occupe donc une place importante dans l’histoire de Marseille et dans la mémoire historiographique qui met l’accent sur l’héroïque résistance d’un groupe de Marseillaises. Une rue de la ville, « le boulevard des Dames », porte aujourd’hui ce nom en souvenir de ce fait d’ailleurs apocryphe 29

PREMIÈRE PARTIE

(Bertas /99/). La résistance de Marseille a prouvé son attachement au royaume. Aix, au contraire, a en partie collaboré avec le connétable de Bourbon et quelques notables ont été pendus. Marseille fait donc figure de rempart de la royauté. Deux ans plus tard, le 15 juillet 1526, le trésorier de la ville payait « al noble et egregie homme Mess. Jehan Thierri de Stela, docteur en loix, so ès assaber la soma de dés escutz sol. oltra los quatre escutz que ja ly an sta donnats et pagats per nostre commandaments, et aquo a causa de la factura que a fach en honor et lausor d’aquesta cieutat tochant lo siege de Borbon. »27. Jehan Thierri, dont nous avons déjà parlé, avait terminé son travail28. La commune de Marseille a donc commandé à Jehan Thierri une relation du siège de 1524. Le souhait de l’emploi du français peut s’expliquer selon deux axes : la fidélité de Marseille au roi et le poids diglossique qui ne permet pas d’employer l’occitan. Il semble que dès que l’écrit est public, c’est-à-dire commandé par un pouvoir politique pour relater des faits importants, l’occitan ne puisse pas y figurer. C’est le français, quarante ans après le rattachement à la France, qui fait office de langue de pouvoir dans une officialité indicible. L’administratif, comme nous l’indique la note du trésorier, est toujours rédigé en occitan. Le caractère public de cette relation renvoie l’occitan au privé de la chronique événementielle. Nous avons déjà noté que dans le même temps Honorat de Valbelle tient une chronique au jour le jour des événements marseillais. Il donne une description précise du siège de 1524. Ce texte semble plus exact que celui de Jehan Thierri (Valbelle /81/ p. 131-149 vol. 2). La langue d’écriture de Valbelle est un occitan qui garde des traces de scripta classique. Honorat de Valbelle n’a pas été sollicité pour rédiger une relation. Il était pourtant un des notables de Marseille, consul en 1527-1528 (Valbelle /81/ p. XX vol. 1). Le point de vue marseillais n’est pas de solliciter une personnalité capable d’écrire une telle relation, mais, plus simplement, de confier ce travail à un humaniste susceptible de pouvoir le faire en français. La langue choisie révèle le projet politique et les liens particuliers de Marseille et de François 1er. Elle dénote également la situation de diglossie. Remarquons également que la sollicitation d’une personne qui, même avocat à Marseille, est originaire de « France » prouve amplement qu’aucun Marseillais n’était capable, en 1524-1526, de maîtriser totalement le français. Le pouvoir communal marseillais ne favorise pas la langue d’oc. Il n’arrête pas une politique linguistique précise ; il est le reflet de la situation sociolinguistique qui renvoie l’occitan à des registres particuliers. Soutient-il le français pour autant ? Sans que ce soutien soit explicité, il est probable que le français occupe avec le latin la place de langue du savoir dans l’enseignement. La présence d’Honorat Rambaud, qui publie en 1578 une réflexion sur l’orthographe française, prouve qu’au cours de ce siècle le pouvoir politique marseillais ne se préoccupe pas de l’occitan lorsqu’il est placé devant des choix linguistiques (Rambaud /72/). Les actes et délibérations de la municipalité sont rédigés en français vers 1535-1540.

27 Valbelle /81/ vol. 2 p. 468. Les éditeurs de Valbelle n’indiquent pas la côte du document qu’ils citent. Ils précisent seulement que celui-ci se trouve consigné dans le « bulletaire ». Pour la seule ville de Marseille, l’étendue des registres du bulletaire est considérable. Nous n’avons pas pu retrouver l’original de ce document. 28 Une deuxième copie a été effectuée par Amiel Prat et Durand à la fin du XVIe siècle, d’après l’exemplaire original (BMJ 925).

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LA SCÈNE DÉROBÉE

Le deuxième lieu de pouvoir qui serait susceptible d’exprimer un quelconque soutien à l’occitan est le Parlement aixois. Le trajet personnel de Jean de Nostredame nous éclaire sur cette possibilité. Jean de Nostredame est lié au Parlement : il exerce les fonctions de procureur. Il fait partie de cette société parlementaire sans appartenir aux familles les plus illustres de Provence. Nostredame est lié à François de Pérussis, baron de Lauris, président à mortier en 1558 et conseiller depuis 1543 et surtout à François Rascas de Bagarris, conseiller en 1536 (Clapiers-Collongues /103/). Pourtant, les travaux historiographiques de Jean apparaissent bien comme ceux d’un homme privé de tout soutien institutionnel. Sa place lui permet de pouvoir effectuer ses recherches, sans plus. Nostredame est un érudit humaniste « occupé » des affaires de Provence et les parlementaires facilitent parfois son travail sans aucune commande, sans aucune sollicitation. Pour l’édition des Vies, le problème sera encore plus aigu. Le témoignage de Giovanni Giudici, son traducteur italien, nous éclaire sur sa situation : Jean de Nostredame ne peut pas payer cette édition et il semble qu’aucun notable provençal ne s’y intéresse (Aruch /191/ p. 197-198)29. L’entreprise de Nostredame est donc une œuvre de recherche qui ne doit rien à l’institution parlementaire. En ce sens, nous pouvons affirmer que l’écrivain aixois est privé du soutien du pouvoir qui lui est le plus proche. Il existe un total décalage entre le Parlement et le projet historiographique de Jean de Nostredame. Plus qu’une situation de refus (nous ne possédons pas de demandes explicites de la part de Nostredame), nous parlerons d’une incompréhension du pouvoir politique : incompréhension par rapport au projet de Jean de Nostredame, mais aussi devant l’ensemble de l’écrit d’oc. Cette société parlementaire a vis à vis de l’occitan une position de patrimoine « passif », un intérêt relatif pour le passé de la Provence et ce qui pouvait glorifier leur famille. En réalité, les jeux sont faits ; la francisation de la société parlementaire est accomplie et ses membres sont totalement gagnés à l’intégration française. Les remises en cause « séparatistes » ou savoyardes de la fin du siècle ne sont en réalité que des soumissions à un ordre et à une politique catholiques. Deux faits essentiels sont à retenir à la fin du siècle à Marseille : la nomination de Robert Ruffi comme archivaire et l’édition de Louis Bellaud de la Bellaudière. De 1591 à 1596, la Ligue prend le pouvoir à Marseille et Charles de Casaulx exerce une dictature sans partage. Plus qu’une simple prise de pouvoir par la Ligue, le « règne » de Casaulx peut être assimilé à une tentative d’autonomisation de la cité, une poussée de fièvre nationaliste dont cette ville est coutumière. Les archives marseillaises sont conservées dans six livres, écrits pour la plupart en latin30. Leur histoire est mouvementée : les Aragonais qui saccagent la ville en 1423 sont à deux doigts de s’en emparer (Le Temps retrouvé /104/)31. Elles ont été entreposées à la Maison Commune, à l’hôpital Saint-Esprit, puis à nouveau dans les diverses Maisons Communes. Ces pièces d’archives demeurent à la fin du XVIe siècle Nous examinons ce problème dans la genèse de l’édition des Vies. Le livre I est en latin, sauf le paragraphe 54 en occitan. Le livre II également, sauf le paragraphe 16, les livres III et IV sont entièrement en latin. Le livre V est en latin, sauf un très court passage du paragraphe 19. Dans le livre VI, les textes en occitan sont nombreux (paragraphes 23, 78, 84, 86, 87, 94) (Pernoud /116/). 31 Les Aragonais emportèrent les reliques de saint Louis d’Anjou et la chaîne qui barrait l’entrée du port. Les Catalans ont rendu une vertèbre du saint, exposée aujourd’hui en l’église des Augustins. La chaîne aurait dû être rendue aux Marseillais, mais l’accord n’a pas été conclu. Elle est toujours en place dans la cathédrale de Valence. 29 30

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PREMIÈRE PARTIE

dans un grand désordre d’autant plus qu’aux statuts anciens s’ajoutent les délibérations modernes. La commune achète un local en 1585 et le Conseil délibère que les « (...) escriptures seront mizes par description et inventoire »32. L’idée de classer les archives est donc antérieure aux consulats de Casaulx et de Louis d’Aix. Il en est de même pour les nominations d’archivaires. Celles-ci ne sont pas toujours officielles et généralement un notable s’occupe des archives, comme en 1571 Jean Meinard (Le Temps retrouvé /104/ p. 13). Le 29 juin 1593, Robert Ruffi est nommé archivaire par acte du Conseil. Les raisons de cette nomination sont exposées. Les archives : (...) ne peuvent estre a leur vray et legitime estat maïnctenues (...) des tables et documents anciens qui contiennent la memoire de toutes choses passees (...) estant fort difficille treuver ce que de jour a autre est necessaire pour le bien de la ville et des habitans, en icelle estans les dictes escriptures comme un tresor caché aus dicts archifz y ayant plusieurs estatutz et privillieges qui demeurent ensepuelys a faulte d’avoir esté veuz, visitez, rangez et accomodez par rubriques intellegibles et inventoire ainsin qu’il est de besoing pour estre mis en lumiere.33

Tout cela ne peut être effectué que par une personne connaissant les archives : Il est requist de trouver personnage on moings cappable et suffisant que muniy de probité et bonne voulonté pour y proceder et d’aultant que mestre Robert Ruffy natif et citoyen et originaire de ceste ville, remply du zelle et affection qu’il doibt au bien de sa patrie puis quelque temps a ja commance soubz l’adveu des Consulz de proceder au faict susdict.34

Ruffi est désigné pour ses qualités et ses origines, mais aussi parce qu’il connaît bien ces archives et qu’il a commencé ce travail. Il a été secrétaire du Conseil en 1575, 1582 et 1583 et a eu libre accès à ces écrits. Le notaire marseillais précise dans son histoire de Marseille restée manuscrite : Il y a ung fort long temps que comme vray citoyen de ceste ancienne fidelle et illustre cite de Marseille m’estant pris enuyt de fere quelque euvre louable pour la decoration et honneur de la communaute et habitans dont aucun rien a tenu compte cy devant sur ce j’aprins que les archifz de la maison commune estoient fournies de tres beaux anciens tiltres et documens et qu’ilz demeuroient comme ensepuelis et dont pour se pouvoir servir d’iceulx en cas d’ordinere besoing il y fault user du temps et peyne en la recherche (...) en l’annee 1583 que feu noble Jehan Leon estoit premier consul je luy ouvris mon dessein qui estoit de traduire du latin en vulguere de leur substance les tiltres des dicts archifz.35

Le Conseil a donc : (...) esleu, constitué, ordonné, commis et depputté le dict Robert Ruffi pour archivaire de la dicte maison commune tant qu’il vivra a la charge que sera tenu fere inventoire et description des tables et documentz des archifz et especiallement en fere dresser ung repertoire arraysonné comme il a ja commance et l’achever (...)36

Acte du 28 octobre 1585, ACM (BB 46, fo 246 v°). ACM (BB 53, fo 263 v° et 264 r°). 34 ACM (BB 53, fo 264 r°). 35 Description du manuscrit après Ruffi /17/, pages non-foliotées. 36 ACM (BB 53, fo 264 r°). 32 33

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LA SCÈNE DÉROBÉE

Cette nomination est à mettre en parallèle avec l’installation de l’imprimerie à Marseille. Charles de Casaulx précise le travail que le notaire marseillais est chargé d’effectuer : (...) et aussi dressera et rangera en ung cahier a part (...) les statutz anciens qu’il prendra des livres des archifz transduisant par abregé la substance d’iceulx pour estre imprimes et exposes en lumiere et servir a l’utillité publique de la ville et des habitans d’icelle.37

Dans un récépissé daté du 5 juillet 1593, Robert Ruffi prend possession de toutes les archives marseillaises : (...) ung livre contenant les dicts estatutz et chappitres de paix de la dicte ville en parchemin escript, couvert de table de boys et cuyr par dessus forré aux quatre coings et du millieu contenant trois cens soixante six feuilles (...) pour reduire les dicts statutz en ung cahier et iceulx ranger pour estre translatez en françois la substance d’iceulx en langaige françois (...) 38

Ruffi est donc engagé pour dépouiller les archives, préparer leur édition et les traduire en français. Nous savons, d’après la citation extraite de son histoire de Marseille, qu’il avait déjà conçu ce projet dès 1583. Ruffi ne précise pas la langue de traduction. L’adjectif « vulguere » peut en effet désigner la français comme l’occitan, mais il est probable que la traduction que Ruffi envisage soit dans la langue du roi. L’opposition est ici entre vulgaire et latin et la date précisée par Ruffi nous paraît bien tardive pour que la traduction des pièces latines soit envisagée en occitan. L’acte de 1593 nomme la langue de traduction. Les Ligueurs marseillais n’ont pas la moindre volonté de remettre l’édit de Villers-Cotterêts en cause. La langue administrative de Marseille « séparatiste » reste le français. Certainement inquiété à la chute de Casaulx, Ruffi n’exerce plus ses fonctions. Dans une lettre du 13 septembre 1597 adressée au Conseil, il demande à être payé pour les mois de juillet, août, septembre et octobre 1596. Il ne reste en place que quelques mois après la réduction de Marseille39. En 1599, Antoine Parède exerce les fonctions d’archivaire, toujours dans le même but. En 1612, les consuls désirent faire imprimer les statuts de la ville. Ruffi est alors pressenti et exerce sa charge pendant deux ans (Le Temps retrouvé /104/ p. 14). Cette nouvelle tentative n’aboutit pas et les statuts ne sont traduits et publiés qu’en 1656 (Aix /53/). Les notables qui font la politique marseillaise sont des marchands ou des bourgeois au service de ce négoce. Ils n’ont pas à proprement parler de politique linguistique et culturelle. L’argent est investi dans le commerce ; Marseille ne se dote pas, comme les villes italiennes, d’une architecture nouvelle (l’art y est peu florissant si l’on compare la cité phocéenne à Aix ou Avignon). Le problème linguistique s’y pose d’une façon particulière : le provençal est langue véhiculaire, mais est-il « utilisable » dans le concert du négoce international ? Les Marseillais soutiennent au XVIe siècle tout pouvoir capable de développer les échanges commerciaux. D’abord favorables à Casaulx, les négociants l’abandonnent dès 1584. Charles de Casaulx fait dépouiller les archives dans le but évident de servir sa politique. Elles constituent un instrument de différenciation marseillaise pour définir certains privilèges. Dans la même optique, il rétablit l’hôtel des monnaies. Casaulx avait Idem. ACM (BB 53, fo 264 v°). 39 ACM (CC 2198). 37 38

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PREMIÈRE PARTIE

entrepris de redonner à sa ville les capacités nécessaires à un fonctionnement plus autonome. Malheureusement, le négoce baisse et Casaulx perd ses alliés. Son projet politique est ambigu. Le désir de retrouver les anciennes libertés joue un rôle important, mais jamais une remise en cause linguistique n’accompagne cette revendication. L’épisode marseillais doit être relié à plusieurs paramètres pour être compris : les sentiments identitaires des Marseillais et la profonde conviction (l’extrême résolution de certains) de ne pas accepter un roi issu de la Réforme. Cependant, une politique économique marseillaise ne peut se concevoir que dans le cadre du royaume de France. Ce ne sont pas quelques accords commerciaux avec l’Espagne qui font changer d’avis les négociants marseillais. Cette tentative est vouée à l’échec ; elle est trop tardive dans le siècle pour être économiquement crédible. Le sentiment identitaire ne pèse pas lourd face à la ruine du commerce. Quel rôle Robert Ruffi a-t-il pu jouer de 1591 à 1596 ? Il accepte la nomination d’archivaire et il est lié aux nouveaux maîtres de Marseille. Il est également concerné par l’édition de Louis Bellaud de la Bellaudière. Casaulx essaie de réunir autour de lui un certain nombre de personnes prêtes à glorifier son pouvoir. Les sentiments patriotiques de Ruffi n’ont pas manqué d’être remarqués. Ses écrits antérieurs sont assez clairs sur ce sujet (Casanova /21/). Nous ne savons rien de son rôle dans la prise du pouvoir par Casaulx. En 1596, il est lié à Estienne Bernard, envoyé par Mayenne pour présider « la Justice souveraine », tribunal institué par les Ligueurs (Busquet /143/). Il semble alors se rapprocher des « Bigarrats ». Charles de Casaulx repousse les avis d’Estienne Bernard qui lui conseillait de négocier. Ruffi est mêlé à ces pourparlers : D’Aix et Casaulx avoient rejeté, avec mépris, les avis du président Bernard, Conseiller au Parlement de Bourgogne, à qui le duc de Mayenne avoit donné commission de présider la Chambre Souveraine qu’il avoit establie a Marseille, pour lui fournir les moyens de les détourner de leurs projets. Ils avoient également été sourds aux exhortations de Robert Ruffi, notaire. (Mémoires historiques /110/ p. 110-111).

Ruffi se range donc dans le camp des négociateurs. En 1596, il salue le geste de Pierre de Libertat. Prudence ou volonté politique ? Le détour que nous avons opéré en analysant la nomination de Robert Ruffi illustre bien les relations que la littérature d’oc entretient avec le pouvoir politique. L’édition de Bellaud de la Bellaudière en 1595 apporte de nouveaux arguments. Les Marseillais ne s’étaient jamais préoccupés de l’imprimerie. Tout change en 1591. Casaulx comprend assez vite que l’imprimerie constitue un instrument de pouvoir, et, dans le même souci d’indépendance et de fonctionnement commercial, fait procéder à l’installation d’une presse : (...) pour la decoration et benefice de la dicte ville, ses manans et habitans, pourvoir les compagnons pour y travailher, toutes les lettres, outilz, engins servans a l’usaige de la dicte imprimerie et generallement toutes autres choses que sera necessere pour ce faict (...) imprimer et expedier, chascune année aultant de patentes, bulletins et passeportz en blanc que seront necesseres (...) pour

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LA SCÈNE DÉROBÉE

la dicte ville, estatutz, privileges et autres vieux documens et toutes expeditions d’icelle, lhorsqu’il en sera requis.40

Pour réaliser ce projet, Casaulx a recours à Pierre Mascaron, libraire avignonnais. Cette presse est installée le 1er mars 1595 (Bory /106/, Antomarchi /107/). Le consul de Marseille est guidé par l’idée de s’affranchir de la tutelle des autres presses et par le désir de voir éditer les statuts de la ville. Dans les actes du Conseil, il n’est jamais question de publier un recueil de poèmes en provençal. Les presses de Mascaron ont servi à imprimer l’œuvre de Louis Bellaud de la Bellaudière. L’impression est certainement payée par la ville. Il semble, d’après JacquesThomas Bory, que le recueil de Bellaud n’ait pas été le seul ouvrage publié à Marseille en 1595. Bory signale la parution en décembre 1595 d’une Responce des Catholiques françois de la ville de Marseille, à l’advis de leurs voisins hérétiques et politiques, anti-chrestiens, atheisez dont on possède une copie manuscrite ; le seul exemplaire connu étant déposé aux archives de Simancas (Bory /106/, BMMa ms 1409, fo 178 r°-186 v°). Pierre Paul et Robert Ruffi ont donc joué un rôle important à Marseille en 1595. Nous savons par la date de la préface de César de Nostredame (le 25 janvier 1595) que celle-ci est antérieure à l’installation de l’imprimerie. Paul avait donc pensé, très tôt, à réunir les textes de Bellaud de la Bellaudière pour en constituer un recueil. Parallèlement à cela, il semble que Robert Ruffi n’ait pas achevé son travail de traduction. Casaulx est donc obligé, pour faire fonctionner la presse, de rechercher un autre ouvrage. L’édition de Bellaud traînera en longueur si nous en jugeons par les quelques pièces de vers que Pierre Paul adresse à Casaulx, d’Aix et les employés de l’imprimerie : A MONSVR LOVYS D’AIX, VIGVIER, CAPITANI d’vno Galero, & Gouuernadour de MARSEILLO. SOVNET. Si vous non vezez Pierre Pau, Tant souuent vous faire compagno : Cridas au libre de Bellau, Que my ten prés dins son Aragno. Mais so que plus my douno lagno, Es que n’ay pas so que my fau : Et si non guarissez mon mau, You restaray dins la baragno. Aros és lou cop, ou jamais non, Que fés bruzir vostre renom, En reuioudant la Bellaudiero. Fés donc (Monseignour) lou Viguier, Que my sié dounat de papier, Per boutar lou tout en lumiero. A MONSVR DE CASAVLX, PREMIER CONSSOV, CAPITANI D’VNO 40

Acte du 5 novembre 1594, ACM (BB 55, fo 1 r°).

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PREMIÈRE PARTIE

Gallero, & Gouuernadour de MARSEILLO. DIOV ressuscitet lou Lazare, Et vous reuioudas LOVYS BELLAV. Es lou fach, non pas d’vn avare, Mais ben d’vn Cezar liberau. Vequi perqué, you PIERRE PAV, Souto vostre parlar m’amare : Et afin que ren non s’esgare, Trabaille iour &nuech vn pau. Mon libre és vno fourtaresso, Que dous Segnours an fach proumesso, De la secourir au bezon. Auitouillas donc sus la presso, Bellau qu’és pressat de la presso, Que n’a recours qu’a vouostre don. A Monsieur Cauuet, Baron de Montribou. M’AVEZ iurat Sant Iuan Baptisto Qu’auriou cent ramos de papier : Souuenez vous ley mettre en listo, Au conte dau Conssou premier. Puis si vous plas, l’y pourrez dire, Que Pierre Pau qu’amo l’hounour, N’aura jamais talen de rire, Que Bellau non siege en luzour. Au Seruitour dudit Cauuet. Ha ! compaire Agoustin, despacho De faire venir de papie : Autrament quitaray la tracho, D’anar plus a l’Imprimarie. Puis lou Baron qu’és vouostre mestre, Ben amic d’au Signour CAZAV, Siou segur, que desiro d’estre, Leou cancellat de Pierre Pau. Sus donc, Agoustin, d’allegresso Contentas Paul vouostre dousset : Afin que per vouostro mestresso, Grafigne vn beou riche Sounet. (Paul /22/ p. 15, 16, 48-49)41

Le volume comporte une dédicace aux dictateurs marseillais et une vignette aux armes de la ville. Pierre Paul et les instigateurs de cette édition ne pouvaient pas faire autrement et dans le même temps liaient la littérature d’oc à un pouvoir politique. Cette La famille Cauvet possédait des moulins à papier dans la vallée de l’Huveaune. Certains exemplaires portent la date du 20 octobre 1595. Antomarchi la relève (Antomarchi /107/ p. 23). Sur les exemplaires que nous avons consultés et sur la reproduction photographique cette date ne figure pas. Il faut donc en conclure que seuls certains exemplaires portent cette date. Mascaron corrige quelques erreurs, ajoute des données pendant l’impression de l’ouvrage. Une édition critique de l’œuvre de Bellaud de la Bellaudière devrait comparer les exemplaires connus.

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LA SCÈNE DÉROBÉE

dédicace est gênante en 1596. Mascaron en fuite, le livre est remis en circulation sans page de titre, puis avec une première page aux armes de France. Il s’agit certainement du même volume dont on avait arraché les premières pages. Certains indices nous l’indiquent42. Quelques exemplaires portent un « sonnet », vraisemblablement de Pierre Paul, justification de l’édition de 159543. L’édition de Bellaud apparaît également comme une volonté collective de promouvoir l’écrit occitan. Les hommages et poèmes publiés rassemblent presque tous ceux qui écrivent en provençal et ceux qui sont concernés par cet écrit. Paul a voulu réunir derrière l’œuvre de Bellaud un certain nombre de noms et une force littéraire. Dans le recueil, rien n’est laissé au hasard. Le dosage entre français et occitan dans les pièces liminaires est organisé44. Conscients qu’il faille pour un grand dessein littéraire rivaliser avec la littérature française, qu’il ne s’agit pas « d’éditer un livre », mais de promouvoir à travers ce talent toute une expression littéraire, conscients de tout cela, les promoteurs de l’édition de 1595 projettent dans cet ouvrage la sauvegarde de toute une littérature. L’occitan ne peut échapper de sa condition diglossique que par le chefd’œuvre littéraire. Rien ne sépare l’édition de 1595 de celles des Prouvençalo et de Mirèio : même idée, même destin littéraire, même situation désespérée que seule la littérature peut sauver. Il faut donc, la langue enfermée dans le livre, dans le lieu de permanence de l’écrit, destiner toute une culture à la représentation littéraire. Le lien avec le pouvoir politique s’effondre avec la chute de Casaulx. Les Ligueurs n’étaient d’ailleurs que des soutiens indirects et temporaires. L’opportunisme de Pierre Paul semble être responsable de cette édition. À la fin du siècle, les liens que Pierre Paul conserve avec un certain nombre de personnalités nous éclairent au sujet de la recherche d’une protection et de la réponse qui y est donnée. Deux personnalités importantes sont sollicitées par Pierre Paul : Guillaume Du Vair et Charles de Guise. Pierre Paul a été lié au groupe poétique que Guillaume Du Vair réunissait dans sa demeure de La Floride. Du Vair est d’ailleurs associé au charme arcadique de cette « bastide » (Paul /23/ p. 793-795). Dans sa relation avec Du Vair, Pierre Paul se montre laudateur, fait banal pour son époque. À la louange, s’ajoute une référence littéraire indispensable : You voudriou ben aver de Ronssart la musetto Per ben pouder cantar uno gay cansonetto Et que tout l’univers Auzesso lou renon, la vallour et la glory Dau lauzier immortau qu’a gaignat per memory Lou bon segnour De Vers. (Paul /23/ p. 286)

L’allégeance est ici classique et ne sort pas des cadres établis. 42 La page entre 26 et 28 est numérotée 17 dans tous les exemplaires que nous avons consultés et dans la reproduction photographique. Ce fait, parmi d’autres, constitue une approche intéressante, mais ne peut servir de preuve exhaustive en raison des arguments cités à la note précédente. 43 Cf. Casanova /136/ p. 88. 44 Cf. Paul /23/ p. 94-95.

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PREMIÈRE PARTIE

Les pièces adressées à Charles de Guise sont plus intéressantes. Pierre Paul loue les qualités du gouverneur pour lui demander un soutien financier : Per faire mious enflar la muso, D’aquelous escus danssareou Rejouyrien fouort lou serveou D’aqueou qu’a compauzar s’amuso. An eysso, n’avez ges d’escuso, Vous avez la mar et lou seou, Et de la terro lou plus beou, Clar coumo l’ayguo de Vaucluso. Or, sus donc, diguas mon Seignour, A Paumier, vostre servitour, Que voules senso ges de mouquo Que tout haros my siejo dat, Car ben bis dat qu’ysito dat, So que dires de vostro bouquo. (Paul /23/ p. 280)

Une autre pièce témoigne de l’offre d’un livre que le duc de Guise lui aurait demandé. Il s’agit certainement du propre livre de Pierre Paul, celui que l’écrivain est en train d’écrire : Puis d’un parlar franc et libre, Demanderias aquest libre Qu’es rimat en prouvenssau. Prenes-lou, Prince das Princes, Car si ben lous vers son minces, Son plen de succre et de sau. Vous, liberau, brave et sagy, Sabes que mon eyritagy Es tout loujat dins son couor, Que franc de touto malissy, Vous consigno son servissy Jusque au badail de la mouor. (Paul /23/ p. 285)

Nous verrions volontiers dans cette image celle de l’offre de la langue. Il n’est pas question du contenu, mais des formes de l’œuvre. Pierre Paul présente à Charles de Guise une littérature et une langue qui se doivent d’être à son service. Guise représente le pouvoir royal. C’est ce même pouvoir qui est glorifié par César de Nostredame (Nostredame /54/, /56/, /57/). Malgré les circonstances marseillaises, la littérature d’oc n’est pas liée à un pouvoir précis. Le pouvoir provincial l’accueille quelquefois, sans jamais vraiment favoriser pleinement son existence. La langue et la lettre sont offertes. L’occitan est une langue sans pouvoir (dans les deux sens de l’expression), ce qui accentue sa marginalisation.

Allégeance littéraire et allégeance diglossique

L’allégeance littéraire est un phénomène qui ne singularise pas la Provence du XVIe siècle. Nous pouvons ajouter qu’elle ne constitue pas une spécificité de la société 38

LA SCÈNE DÉROBÉE

littéraire de ce temps, même si le rapport avec le mécène-souverain s’y trouve particulièrement souligné, en grande partie par les nouvelles données de l’imprimerie. Le livre, ferment de circulation de savoirs, renferme de façon claire et reconnue la dédicace indispensable au souverain et à l’écrivain. L’allégeance littéraire est toujours liée au pouvoir politique qui la détermine. Pour tâcher de comprendre comment ces faits se manifestent, il convient d’effectuer un retour dans le passé. En Provence, l’allégeance n’apparaît pas au XVIe siècle, en lien avec les pouvoirs politiques nouveaux qui caractérisent cette époque. La situation du Moyen Age provençal, du XIIIe au XIVe siècle, est significative. Si Nostredame a pu facilement adopter l’idée des « Cours d’Amour », si souvent dénoncée au XIXe siècle, c’est que l’organisation de la société troubadouresque peut permettre une telle « falsification ». Le XIIIe siècle provençal, si présent chez Nostredame, a suscité une étude importante, celle de Martin Aurell, qui fixe bien les limites du rapport d’allégeance (Aurell /108/). Il est vrai que le Sirventès, genre bien spécifique, ne peut se comprendre que par l’espace d’écriture, individualisé et collectivisé, du troubadour. L’adresse est personnelle, aiguë et dramatique entre le troubadour et le seigneur. La destinée est collective, car la fonction du texte est de « dire », dénoncer et prendre position. En ce sens, la prise de parole troubadouresque met en avant l’acte d’écriture et de lecture et se rapporte toujours à une situation politique précise. Il faut aussi rattacher cette prise de parole aux lieux de réception, ces cours provençales dont Martin Aurell dresse la liste (Aurell /108/ p. 37). On y retrouve, grosso modo, les lieux de pouvoir du XVIe siècle : les villes marchandes Marseille et Arles, Aix, foyer comtal. Les autres cours sont liées à la personnalité de leurs seigneurs-troubadours : Cavaillon, Aups, Castellane et Les Baux. Cette digression dans le temps permet d’observer deux axes de littérature troubadouresque. Le premier est étroitement lié au lieu géographique et fonctionnel ; il se maintient jusqu’au XVIe siècle, Arles excepté. Il s’agit essentiellement du centre aixois, capitale comtale, ainsi que de la cité marseillaise. Un deuxième axe est constitué par l’attrait de pouvoirs personnels liés aux seigneurs et aux fiefs (les Maisons des Baux et de Castellane constituent les exemples majeurs de ces pouvoirs locaux). Ces centres disparaissent généralement au XVIe siècle, mais sont présents dans la mémoire historiographique. Cette même mémoire détermine une lecture historique du lien d’allégeance. Dans l’œuvre de Jean de Nostredame, les comtes de Provence apparaissent comme le soutien indispensable de la littérature à laquelle d’ailleurs ils participent. Les figures de Raymond Bérenger V et de René d’Anjou sont ainsi soulignées. Raymond Bérenger V est présent dans les Vies mais aussi dans les M (Nostredame /8/ p. 103-105, /11/ p. 65-66)45. C’est cette présence qui permet à Martin Aurell de retracer le destin d’une renommée de poète et de mécène (Aurell /108/ p. 97-98). Nous savons que le comte de Provence fut un troubadour, représenté dans de nombreuses chansons et auteur lui-même de certaines pièces (Aurell /108/ p. 98-99, Bec /155/ p. 154-156). Nostredame fait référence à Raymond Bérenger, non seulement pour sa production poétique mais aussi pour ses qualités :

Son testament figure à la notice /152/. Nostredame avait écrit une notice plus longue que celle que nous possédons car celle-ci est inachevée

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PREMIÈRE PARTIE

(...) amateur des gens de savoir et mesmes de ceux qui escrivoyent en nostre langue provensalle (...) tant que ce bon prince fut en vie, jamais n’en fut trouvé un qui portast plus de faveurs aux poëtes provensaux, ne duquel les Provensaux se soyent trouvez plus heureux (...) » (Nostredame /8/ p. 103-104, /11/ p. 65-66).

Nostredame présente Raymond Bérenger V comme une figure emblématique. Le comte est écrivain d’oc, mais l’historien aixois souligne plus précisément son poids historique et la protection qu’il a accordée aux troubadours. De la même façon, René d’Anjou est présenté dans les M comme protecteur « (...) de sous pœtas que de sous pyntres (...) tant en lengua latyna, Prouvensala que en Ytalian e Francez. »46 La mémoire provençale garde une trace des protections littéraires médiévales. Les comtes de Provence et leur cour aixoise trouvent une place de choix dans des écrits historiographiques qui célèbrent le passé et l’idéalisent. Au XVIe siècle, les principales formes d’allégeance s’adressent aux lieux de pouvoirs : le Parlement et les gouverneurs. L’institution traditionnelle des États ne joue pas un rôle très actif, en lien certainement avec leur marginalisation politique. Le Parlement, à cause du caractère non personnalisé de cette structure, est quelque peu délaissé. L’allégeance stipule en effet une relation privilégiée entre l’écrivain et son protecteur. Le Parlement ne peut se limiter à une seule personne et ce n’est qu’à partir de la nomination de Du Vair que l’identification entre la structure et l’homme de confiance du roi est totale. La fonction de gouverneur permet au contraire de réunir les conditions idéales pour une allégeance dédiée à l’institution et à la personne. D’autres formes de pouvoirs personnels sont l’objet de sollicitations (c’est le cas à Marseille, comme nous l’avons déjà évoqué, sous la dictature de Charles de Casaulx). L’allégeance s’offre à une personne et à la fonction qu’elle représente. Il faut alors établir une distinction entre protecteur et mécène. La littérature se dédie à un personnage dont la fonction est représentative. Cette personnalité ne se comporte pas toujours comme un mécène et les écrivains s’adressent souvent à elle pour obtenir divers subsides qu’ils tardent à recevoir. L’édition des Vies constitue une illustration de cette allégeance. Nous verrons dans un chapitre ultérieur que l’édition lyonnaise de 1575 est double : italienne et française. La première est antérieure de quelques jours à la seconde. Nous savons que Giovanni Giudici, traducteur de Nostredame, est le coordonnateur de cette entreprise et qu’il trouve les fonds nécessaires auprès d’un mécène italien. L’édition italienne des Vies lui est d’ailleurs dédiée. Il est vraisemblable, et ceci pour des raisons diverses que nous examinerons, que l’édition française fut également soutenue financièrement par l’Italie. Jean de Nostredame dédie son œuvre à la reine de France. Il est clair que cette soumission ne correspond pas à un mécénat. Nous y verrions plutôt, en 1575, un acte à la fois politique et culturel. Dans le concert des guerres civiles, le rôle de la reine est assez discuté et sujet à de nombreuses controverses. D’un autre point de vue, dédier cette œuvre à la reine c’est, d’une certaine façon, accentuer le caractère italien de l’édition. Cette dédicace place également l’entreprise de Nostredame dans un dialogue qui inféode le projet culturel dessiné (l’illustration des troubadours et de la Provence) au pouvoir royal de France. 46

Cf. /529/.

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LA SCÈNE DÉROBÉE

La dédicace à la reine est par ailleurs ambiguë. S’agit-il de Catherine de Médicis ou de Louise de Lorraine ? Dans le premier cas, l’inféodation italienne est totale. Dans le second cas, une certaine distance est accomplie ; elle permet à Jean de Nostredame de franciser totalement son objet. Les termes de cette allégeance ne nous permettent pas de conclure. Nostredame n’emploie pas un distinctif (comme reine-mère par exemple) qui pourrait permettre de clore toute discussion. Les formes de la dédicace ne se distinguent pas des emplois que le XVIe siècle présente : (...) j’ai espoir que Vostre Majesté ne trouvera mauvais si je lui dedie ce mien petit labeur ; comme je la supplie très-humblement le vouloir prendre en sa protection, et me tenir au rang de ceux lesquels aians en singuliere admiration les tres-rares et grandes vertus qui reluisent en elle, ne souhaitent rien plus que de lui faire tres-humble et tres-agreable service, et d’aussi bonne volonté que je supplie Nostre Seigneur la conserver et accroistre en toute prosperité et grandeur. (Nostredame /8/ p. 5, /11/ p. 4).

La restitution du passé provençal opérée par Jean de Nostredame est au service d’une société parlementaire aixoise qui privilégie l’intégration française. L’allégeance ainsi dessinée est diglossique, car elle place la culture d’oc et la recherche littéraire dans une situation d’infériorité. Il ne s’agit pas de quémander quelques intérêts financiers ou quelques privilèges, mais d’essayer de restituer une mémoire culturelle. Ce n’est plus une œuvre qui est concernée par l’allégeance, mais toute une littérature. Elle est vécue comme une rédemption culturelle. Le recueil publié synthétise les aspirations d’un individu, mais également, par une transposition gauchie d’anthropomorphisme, celles de toute une collectivité que Nostredame façonne à son image. Cette idée est également présente dans l’édition de Bellaud de la Bellaudière en 1595. Les pièces encomiastiques qui ouvrent le recueil sont abondantes : poèmes en français, latin, occitan. En 1595, Bellaud est mort et c’est Pierre Paul qui possède un manuscrit de son œuvre. 1595 est aussi une date où la littérature française en Provence commence à s’affirmer. L’édition est un ouvrage qui entend synthétiser une œuvre occitane qui puisse rivaliser avec la littérature française. Les écrivains qui se réunissent autour de Bellaud de la Bellaudière prouvent la vitalité d’une littérature : Robert Ruffi, qui a déjà écrit une bonne partie de son œuvre, Estienne d’Auzier, ami de Pierre Paul et parent des Nostredame dont l’œuvre éparpillée dans les recueils de ses contemporains n’est qu’un aperçu de son talent, César de Nostredame, Marseille d’Altovitis, beauté célébrée et courtisée, et puis toute une liste de noms qui dénote l’intérêt littéraire suscité par Bellaud : Roubert, A. Prat, Panth. Durand, A. Crouzil, Nicolas Bernardy, I. Fontaine, F. Paul, I. Pœtiers, G. Chomet, Lou Baile Da Lauch, Donec, Dubray, F. Lantelmus. Cette édition est d’ailleurs dédiée « AS VERTVOVZES, ET GENEROVZES Seignours, LOVYS D’AIX, & CHARLES DE CASAVLX, Viguier, & premier Conssou, Capitanis de duos Galeros, & Gouuernadours de l’antiquo Cioutat de Marseillo. » (Bellaud /14/ p. 1). Dès les premières pièces de vers, Pierre Paul centre son propos sur le mécénat des maîtres de Marseille : Que iamays d’aques ben, non nous aurie fach festo, Sy D’AIX & De CASAVLX non l’aguesson poussat. Donquos ung chascun deou dounar touto la glory Anaquestous Heros, de qui sara memory, A tout iamais, d’auer BELAV ressuscitat. (Bellaud /14/ p. 6)

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PREMIÈRE PARTIE

Pierre Paul publie également un sonnet dédié aux protecteurs de l’édition de Bellaud : EY SEIGNOVRS LOVYS D’AIX, ET CHARLES DE CASAVLX, Viguier, & Premier Conssou, Capitanis de douos galeros, & gouuernadours de la villo de Marseillo. SOVNET AROS que de Belau, lou libre es net & clar Messieurs ajudas mi, non mi laissez en croupo : Autrament, penssariou manja vno bouono soupo Et mi faudrie auallar vn poutagi tout clar. Lou commun va disent, & canton tout beou clar Que sias estat chauzis, sus la Marcialo troupo : Coumo dous parangons, que souorton d’vno souquo, Que non son jamais las, as amis de dounar. Puis que d’vn grand Cesar, vautrres siguez la trasso, You vous remety en man, BELAV & son Parnasso : Per que, non pouodi pas pourtar vn si gros fais. D’autro part, tau voudrie dire sa rastellado, Que restara camus, & la gorjo sarrado : Car, vostro houtouritat, luzira semper-mais. (Bellaud /14/ p. 9)

L’allégeance est ici totale. Pierre Paul offre le recueil de Bellaud à ses protecteurs ainsi que la destinée de l’œuvre. Confondue avec celle de Paul, elle loue ses défenseurs qui ne manquent pas de faire taire les médisants. Plus encore que Pierre Paul, César de Nostredame, dans deux sonnets, dresse un véritable panégyrique de Louis d’Aix et de Charles de Casaulx : A MONSIEVR MONSIEVR, LOVYS D’AIX, Viguier, Capitaine d’vne Galere, & Gouuerneur de Marseille. SONNET NAISTRE d’illustre sang, & de royale trace Peut certes donner iour, à la course d’honeur, Mais le vice tout seul, en est le destourneur : Car la seule vertu, faict le sang & la race. Naistre Cesar ou Roy, est vne grande grace, Vn sceptre vient du ciel, qui en est le donneur, Mais naistre vertueux, est passer ce bon-heur, Cesar, Sceptres, & Roys, le seul vice terrasse. Ambrassez donc, LOVYS des Loix la verité Soustenez le baston de vostre authorité, Conseruez aux Lys d’or, la fidelle MARSEILLE, Changez plustost de sang, que d’autel ny de loy, Au publique repos, tousiours vostre cœur veille, Car d’vn tel vient l’illustre, & le Prince, & le Roy.

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LA SCÈNE DÉROBÉE

A MONSIEVR MONSIEVR, CHARLES DE, CASAVLX, PREMIER CONSVL, Capitaine d’vne Galere, & Gouuerneur de MARSEILLE. SONNET. ENFANT de la Fortune, ains fis de la vertu Qui au temple d’honneur consacrez vne histoire Et repeins sur ton front les armes & la gloire, Dont ton antique estoc, se trouve reuestu Les tonnerres qui ont ton grand cœur abatu, En temps rempli d’orage, en saison trouble & noire Haussent vn grand Trophée à ta belle memoire, Qui ne sera iamais d’aucun vent abatu. Ainsi comme l’on veit que la Loy Sempronie Par vn vaillant Cesar de Rome fut bannie, Quand sa haute vertu l’Empire limita, Ainsi CHARLES montant à sa vaillance pareille Fit comme vn grand Cesar, qu’en tout il imita, Soudain qu’il fut choisi pour gouuerner Marseille. (Bellaud /14/ p. 29-30)

Dans sa préface en prose, l’essentiel de ses arguments est développé. Après avoir exalté l’amitié, les structures consulaires de gouvernement (le « duumvirat ») et célébré comme il se doit les gloires antiques dont Casaulx et Aix sont les héritiers, César de Nostredame en vient à la poésie : Car Minerue & les Muses sont filles de Iupiter : & bien qu’elles n’aspirent qu’aux Monarques, aux Roys, & grands Seigneurs: elles honorent neanmoins ceux qui par quelque traict de vertu Heroique, s’auoisinent de leur merite, splendeur & authorité. Comme le Sieur Capitaine Pau, personnage d’honneur et de qualité, et qui a toute sa vie faict profession de cherir & d’honorer les gens vertueux, come vertueux qu’il est luy mesme & comme tenant de ceste trace d’aucuns de ses deuanciers qui ont estez grands et doctes personnages & comme frere qu’il est du Sieur President Pau (lequel ne tient point lieu dernier entre les bons & beaux esprits de ce Royaume) en fraye tresbien le chemin & le commencement, leur sacrant ses ouurages, & ceux du feu Sieur Louïs de la Belaudiere, lequel a si heureusement deterré durant sa vie, l’ancien honneur de la Poësie & Rime Prouuensalle, que par auanture il lairra enuie à plusieurs de l’imiter, mais desespoir de l’atteindre. Aussi auons nous estez vn peu cruels contre nous mesmes, & contre nostre propre langue, n’ayans iamais daigné de resuiure cest antique lustre de noz vieux & diuins Poëtes, dont Dante, Petrarque, & tant d’autres autheurs Italiens, & Espagnols font si honorable mention (...) C’est donques à vous (MESSIEVRS) qu’ils s’adressent tous deux, afin que vous leur soyez vne bonne defence & dure targe contre les calomniateurs & medisans (...) car en le faisant, vous vous mettez en clere euidence, & ferez cognoistre que vous honorez la vertu, & les vertueux, ainsi que elle & eux vous honorent. » (Bellaud /14/ p. 25-27).

Cet extrait de la préface de César de Nostredame montre de quelle façon les exégètes de Bellaud conçoivent l’allégeance politique. Pour comprendre leur état d’esprit, il faut se référer au lien qui les unit au pouvoir marseillais. Certains ont quelques difficultés après 1596. Pierre Paul s’exile quelque temps et écrit une pièce de repentir (Paul /23/ p. 686 et 258-260). César de Nostredame, après avoir salué le duc de Savoie, renie son 43

PREMIÈRE PARTIE

passé en publiant des vers à la gloire des assassins de Casaulx. La palinodie est totale et prouve que l’allégeance est toujours à la recherche du pouvoir politique qui lui assure sécurité et confort financier47. Dans le cadre de l’allégeance diglossique, la soumission est aussi linguistique. Les pièces que Bellaud de la Bellaudière dédie au Grand Prieur sont souvent accompagnées d’une justification linguistique : A Monseignour lou grand Priour de Fransso. CXLVII Si ma Muso n’auié l’habit de pauretat, Mais ben que fousse d’or coumo d’autres vestido : Cresez qu’auriou des-ja d’vno façon poulido, De vous Prince grand Priour, lou grand renom cantat. (Bellaud /14/ p. 118)

L’allégeance, dans quelques pièces, reste traditionnelle. Elle concerne le plus souvent la condition matérielle du poète : Recebez d’vn bon couor ma rimo mau rimado, Mays (Prince) si vous plas, que per aquesto anado, Bellaud non siege plus luench de vouostre cerueou. » « Per encin nostre mestre, Diou vueille que tous tens, En salut pusques estre Puis qu’auez pron de bens. Et nautres per repliquo A vous nous demandan Per touto la musiquo, L’estreno d’aquest-an. DESPUIS aquel lonc temps que briffi vouostre pan, Et que tallo fauour vous me l’auez dounado, Despuis, & mays dauant, ero ma destinado, Vous seruir (mon Seignour) d’vn lyau couor certan. Sapias que mon chiuau bramo de mallo fan, Si vous non coumandas qu’a la bando crouzado, You siegi graffignat : car fa mays d’vno anado, Que l’argent dau vinten, non s’es vist dins ma man. Vous sias (mon bon Seignour) lou Prince de bontat, N’entendez que Bellaud ancin sie deboutat, Puis qu’és de vouostre houstau seruitour hourdinary. Si vous plas, vous direz à vouostre Lutenent Que my fasse subit lou degut de l’argent, Sinon à beous requiens veirez mon droumadary.48 La fuite de Pierre Paul est confirmée par ces vers d’Estienne d’Auzier : « Vous sias ja luench de vouostre houstau, / Cassat per la bigarraduro (...) » (Paul /23/ p. 686). Les textes de César de Nostredame publiés par Gabotto demanderaient une étude approfondie (Gabotto /65/). Ils figurent dans un manuscrit déposé à la bibliothèque royale de Turin ; Gabotto n’indiquant pas de cotations, nous n’avons pas pu retrouver l’original de ces pièces. Elles sont accompagnées d’un poème de Jacques de la Court. Nous publions en annexe des extraits de ces deux poèmes. 48 Le texte original omet le deuxième a dans « dromadary » . 47

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LA SCÈNE DÉROBÉE

(Bellaud /14/ p. 36, 79, 93-94)

Bellaud se trouve ici en totale conformité avec l’écriture poétique du XVIe siècle. La seule différence provient des allusions linguistiques décelables dans ses poèmes. C’est essentiellement pour cette raison que nous devons parler d’une allégeance diglossique. L’ensemble de la société provençale se trouve dans une situation de diglossie qui détermine des comportements. C’est en fonction de cette situation que l’allégeance littéraire peut s’analyser, c’est par l’absence de réponse des différents lieux de pouvoir que la palinodie s’explique. La Ligue a ses partisans, ceux là même qui deviennent « Bigarrats » après 1596. Il ne s’agit pas seulement de la recherche d’un mécène pour un recueil de poésie. Les écrivains d’oc recherchent une figure emblématique qui puisse situer à son « juste » rang la langue et la littérature occitanes.

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PREMIÈRE PARTIE

ANNEXES Pièce n° 1 Extraits d’un poème de Jacques de la Court publié par Ferdinando Gabotto (Gabotto /65/ p. 291-296). Je suis comme la Nef errant en haulte mer Lorsque la bise fait les vagues escumer Perrilleuse elle roule, et le vent qui la berse De çà, de là flottant, à demi la renverse : Son mast est tout brisé, ses voiles abatus, Ses costéz entrouverts, de rames devestus. Sans cordage elle vogue et toutes fois sans cables : Les vaisseaux ne sont pas contre l’eau defensables. Les capharez rochers levent sur moy le front : Presqu’ils me donnent heurt pour me pousser au fond, Despouille de Neptune et jouet miserable Des Glauques et Tritons au cœur jmpitoyable. Les Tritons ne vaux-rien je dis les Navarrois Vipereux avortons qui d’un noir alembique Distillent sur mon chef un poisson heretique. Ah meschans ! ils vouldroyent que les celestes Liz Liz descendus des Cieux, liz dans les Cieulx cueillis, Fussent de l’eau du lac de Geneve execrable Abrevés, arrosés de secte abominable Ilz hont fait mettre à mort Guise – Achille françoys, Le Phenix de son temps, Pellican des Gauloys, De qui l’ame ont les cieux et le monde sa gloire, Les soldats le regret et les arts la memoyre. (...) Echo, puisque tu scais les destins de la France Et les malheurs doubteux que talonnent la Prouvence, Dy moy quel est son vent, son asyle et son port, Son anchre, son fanal, son estoille et son nort ; Qui garde que sa Nef dans les ondes ne noye ; Quelle est sa cynosure et sa guide et sa voye.

– SAVOYE.

Savoye ! Je le croy, car elle est sa voysine, Son ange allyé et sa proche cousine. Je voy bien que ton dir est un certain decret, Un oracle immuable, un veritable arrest. Savoye est de la France et le tige fertille Et le rameau yssu, et la mère et la fille ! (...) Mais ce troys fois grand Duc plein de gloire jmmortelle Mettra jl pour sauver la France les mains ou elle. – EMANUEL. Emanuel ! O Dieux ! O quel heureux augure ! Ce nom tout sainct, tout bon, tout divin nous figure : C’est VN DIEV AVECQ NOVS. O nom venus des Cieux, Nom entre tous les autres et rare et précieux ! Certes, Charles est un Dieu qui gouverne la terre :

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LA SCÈNE DÉROBÉE

Jupiter ne regist que la celeste sphere. (...) Mais qui seront ceulx qui sentiront heureux Les fruictz de ses trophés et actes valereux ; Qui chargéz d’oliviers jouyront de la paix Par l’exploict et l’effort de ses verdoyans faictz ? – AIX.

Aix, tu seras la perle et la fleur des citéz : Maintenant tu abonde en grand’heur et beaultéz ; Plus claire tu reluis que l’éternelle lampe ; La grandeur de son pris sur l’Europe se campe ; Le ciel de ton amour maintenant te caresse, Puisque pour te sauver ce grand Duc il t’adresse. Mais dy-moi, chère Echo, et librement me parles : Qui sera resiouy de la venue de Charles.

– ARLES.

Je croy qu’aussi sera celle qui si bien seille La campagne marine et qui lui marche en aile : – MARSEILLE.

Et, quoy, punira jl Manoasque et Thoulon ? Leur fera jl sentir son bras fort tout au long ?

– THOULLON. Que fera jl aux aultres remply d’un cœur felon ? Que fera jl aussi à Orange et Sellon ? – SELON. Quoy, selon leur desserte jl leur donnera la loy ? – OY.

Veult jl tous ses mutins et rebelles punir ? Unir ! S’il est possible, est une belle chose : Union c’est le sieige en qui paix se repose ; Union seulle peut la guerre desarmer Et au temple bien clos de Janus l’enfermer... Mais si quelqu’un, poussé de manie et fureur, Persiste en sa folie et forvoyant erreur !

– UNIR.

– TERREUR.

Il sera la terreur, le fouldroyant tonnerre, Qui ecrazéra le chef de ses fils néz de terre. Que fera jl au chef du troupeau qui vallette Ce pipeur affronteur, ce ruzé la Valette ? – VALET. Aussi c’est un valet esclave de Satan Qui depuis un long temps, estant piqué du tan, D’ambition luy faict humble offrandre et hommage, Luy donnant et son cœur et son ame en partaige. Puis chargé de lauriers, jra jl rencontrer Le Bearnoys fuyard et hardy l’enfondrer ; Luy donnra jl la chasse en le mettant en fuite, Fera jl descarter l’armée desconfite Et les ayant vaincus, leur donnra jl les loix, Ravira jl l’espée ez mains du Bearnoys... (...)

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PREMIÈRE PARTIE

(Notre édition (ponctuation et orthographe) est conforme au texte établi par Ferdinando Gabotto.) Pièce n°2 Sonnet anonyme publié par Ferdinando Gabotto (Gabotto /65/ p. 297). A LA FRANCE SONNET Ne Changerons iamais les fières destinées, O France, de ton deuil les funestes couleurs ? Le feu, l’effroy, l’horreur et les cris et les pleurs Le doivent ils combler d’éternelles années ? Non, non ; le Ciel n’a pas ces rigueurs ordonnées Pour affliger ton mal d’incurables douleurs. C’est toy qui peux donner remède à tes malheurs Et rendre en moment tes peines terminées. Il faut prendre l’accord pour la sedicion, Obeir à ton chefs, quitter l’ambicion, Suivre une mesme loy comme Dieu le commande. Et si la piété, la justice et la foy, Le sanc et la valeur te doit choisir un Roy, Le Duc Savoisien ta couronne demande.

Pièce n°3 Poème de César de Nostredame (Gabotto /65/ p. 299-307). HYMNE DE LOVANGE A SON ALTESSE SERE NISSIME Ad Principem Invectissimum Carolum Emanuellem Sabaudiae Ducem Provinciae Proregem. Pyrrus, Alexander, Caesar et Carolum unum, Musa Charis, Phœbus, Pallas et Emanuel. C. D. N. A Son Altesse Sérénissime. Monseigneur, durant la longœur de ma maladie que i’estimoys incurable, i’avoys commencé ce petit ouvrage que le soleil de vostre vertu me presenta, et l’achevay au plus fiers abboys de la mort, mais avec une lettre sy confuse pour la débilité de ma main et de mon cerveau, que i’entrys en l’opinion de la porter plustost au Ciel que de le vous offrir en terre. Touteffois il semble que Dieu m’a reseusité pour me reserver à quelque chose de louable, ce que ie panse randre aucunement veritable en employant au portrait de voz vertus mon génie et la Muse, laquelle a telle sympatie aveq vos héroiques mérites qu’elle enfante sans difficulté toutes les conceptions que vostre invincible valleur luy presente, et c’est la seule inclination que i’ay à l’adorer qui me force à faire ce que i’en fay plus que autre esperance ou avare désire, bien que i’auroys à me louer beaucoup si ie recevois quelque bienfait, me pouvant vanter qu’un très grand et très héroique Prince auroit reconu un très petit et très pauvre de vertu, mais si grand de volonté, qui demeurera éternellement

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LA SCÈNE DÉROBÉE

le très humble et très fidelle serviteur de vostre A. S. César de Nostredame. PETIT HYMNE DE LOUANGE A très haut, très puissant, très illustre et Très virtueux Prince Charles Emanuel, Duc de Savoye, Prince de Piemont, etc. Gouverneur et lieutenant général en Provence sous l’estat Royal et Couronne de France Par C. D. N. GP. Ce, Charles, c’estoyt beaucoup d’avoir le premier lustre De la souche de Saxe, antiquement jllustre, D’avoir esté parent d’une sy longue main Du Lys sacré de France et de l’Aigle romain, D’avoir eu tant de Ducs ayeux de vostre race, D’estre vaillant et sage et de suyvre leur trace, D’estre né d’un grand Prince et presque en tous combas Maistriser la fortune et la tenir en bas, D’avoyr eu tant de dons et de graces ensemble Que toute vertu rare en vous seul se rassamble, D’avoir au plus bas âge enfoncé les hazars Méritant les lauriers des antiques Césars Qui crespant des cheveux en leur jeunesse blonde Emportent vostre gloire aux quatre pars du Monde. (...) Desia trois ans Prouvence avoyt porté la guerre Qui comme un fier esclat et superbe tonnerre, Qui brise ores un roc, ores charpentent Quelque chesne orgueilleux, puis a coup serpentent, Boulleverse un chasteau, abbat tours et murailles, Ore balloye l’air, ore ouvre les entrailles Et les creux de la Terre, or fait desassambler Presque les gens du Monde et les force à trembler : Ainsy ceste Prouvence estoit sy pleine d’armes, De guerriers enemys, d’homicides gendarmes, D’ambitieux tirans, d’hérétiques pandars, De feux, de sang, de mors, d’enseignes, d’estandars, Que les villes estoyent presqu’en l’air emportées, Leurs murs estoyent brisé, leur maison désertées, Leurs gouverneurs sans foy, leur justice sans loix, Les campagnes sans herbe et les forets sans bois. (...) PROVENCE qui se meurt, et que chescun deplore, Soudain court à ce Prince et sa main dextre jmplore, Luy demande secours et se jette en ses bras Ains que se voir destruitte et de tout mise a bas. Ce Prince, sa pitié temoignant par ses larmes, Luy promet ses moyens et son sang et ses armes. Poussé d’un zelle saint, qu’il ne vise qu’à Dieu,

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PREMIÈRE PARTIE

Jl s’appreste de fere à sa terre un adieu, Il regle sa maison, ses grans seigneurs appelle, Barons, vassaux, suiets, dresse une armée belle, Et grand comme il est, ains que ne secourir Ce pays desolé, se resout de mourir. Il baize en douces pleurs son Infante loyalle Du sang des empereurs et de ligne royalle, Princesse dont l’esprit est plein et revestu De conseil, de prudence et de rare vertu, Princesse belle et douce, en graces sy parfaite Qu’il semble que le ciel pour miracle l’a faite. (...) Trois foys Prouvence heureuse en saison sy troublée, De combien de malheurs te verroys tu comblée Sans l’ayde de ce Prince ? En combien de danger T’auroyt desia plongé l’hérétique estranger ? S’il n’eût preste sa main à tes cris secourable, Ton mal alloyt en pis, il estoyt incurable, Et sans que sa faveur et le ciel le voulût, Tu ne pouvais attendre aucun port de salut. En sy grande tempeste, en sy bouillant orage, Rien ne t’estoit plus seur que le proche naufrage : Ton cruel ennemy, plus tigre que lyon, T’auroyt reduit en cendre ainsy qu’une Jllion ; On auroyt dit de toi : « Pauvre terre sterille, Là fut Aix, là Marseille, et là fut telle ville. » Pour des bienfaits si grans dresse des echafaux A sa gloyre, o Prouvence, et des arcs triomphaux, Assamble un million d’Arions et d’Orfées Pour chanter ses honneurs et suyvre ses troffées, Fay qu’il soyt en triomphe heureusement conduit, Qu’au seul bruit de son nom tout le ciel soit réduit, Qu’un grand peuple l’entourne et tapisse couvertes Les places de fleurons et de ramures vertes, (...)

Pièce n° 4 Poème de Robert Ruffi dédié au duc de Savoie. Nous n’en publions que des extraits. Ils figurent dans le manuscrit se ses œuvres poétiques (fo 55 v°-fo 57 r°). Au Duc de Savoye venu a Marseille en febvrier 1591 tenant moy l’ombre je fus requis d’ung mien ami qui me garda d’enuy de luy ceste epigramme qui le luy presenta en son nom et luy seruit de beaucop. C’est a vous, o grand Prince et vicaire en l’Empire, Extrait des grands Othons, empereurs qu’on admire, Prince des Alobrœs, Savoysiens, Piemontois, Vnys et allie de nos Princes françois Catholiques, ie dis que ceste vnion saincte

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LA SCÈNE DÉROBÉE

A au chresme du cœur fidelement empraincte Que la Prouuence doibt demeurer a toujours Obligee du bon et signale secours. (...) Grand pilier protecteur de l’estat prouensal, (...) Le premier fondateur de uostre monarchie, Prince tres magnanime, un roy nome Bozon, Rendit du tout paisible au regne borguignon. Humbert second qui fut pour acquerir sans craincte Aueques Godefroy Bulhon la Terre Saincte, Thomas tiers poursuiuant Albigeois et Vaudois, Heretiques pour lors furent tous a la fois, Contrainctz se despartir de la secte damnable. (...) Et qu’enfin vostre Altesse en qui la ualeur ueille, Remete en toute pais la Prouence et Marseille.

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Chapitre II

LES IDÉOLOGIES LINGUISTIQUES L’Héritage graphique La scripta littéraire en Provence au XVIe siècle est inséparable des formes graphiques des textes administratifs. Ce sont ces derniers que la diglossie touche, officiellement en 1539. C'est la connaissance (ou l'ignorance) des archives qui détermine l'infléchissement graphique. Nous considérons que Jean de Nostredame, et dans une moindre mesure Robert Ruffi, constituent les exemples d'une recherche originale, influencée par leur fréquentation des domaines archivistiques ainsi que du corpus troubadouresque. Jean de Nostredame a lu plusieurs manuscrits de troubadours : chansonnier de Sault, manuscrit « offert » par le président de Lauris et certainement d'autres sources où il puise la matière de l'édition des Vies. Il témoigne, malgré ses « falsifications », d'une connaissance étendue de ce corpus. Il est en outre un fin connaisseur des archives provençales qu'il fréquente et cite souvent comme sources historiques. Robert Ruffi connaît les troubadours, a peut-être lu Jean de Nostredame, et est chargé d'assurer le dépouillement, la classification et la traduction des archives marseillaises. Il est également l'auteur d'une chronique historique, une histoire de Marseille restée manuscrite, mais dont son petit-fils, Antoine de Ruffi, s'inspire pour rédiger son ouvrage49. Ces deux exemples illustrent une certaine permanence scriptique qui est limitée à leur seul corpus. Les autres écrivains d'oc ne connaissent pas les archives, lisent mal les troubadours et conforment la plupart du temps leur graphie à une série de résolutions empiriques, influencées par leurs lectures françaises. Ces deux aspects bigraphiques ne doivent pas nous faire croire à l'existence d'une bipolarité symétrique. Nostredame et Ruffi présentent de nombreuses différences. Certaines résolutions des graphies employées par Pierre Paul et Bellaud de la Bellaudière s'accompagnent également de quelques résistances et ces écrivains font parfois référence à un système antérieur dont ils sont, inconsciemment, les continuateurs. Ainsi [u] se graphie généralement ou chez Bellaud et Paul, alternativement o et ou chez Nostredame et Ruffi. Néanmoins, Bellaud et Paul maintiennent o devant la nasale : on (selon d’ailleurs une prononciation probable du français). Cette double notation que nous pourrions aujourd'hui envisager comme une contradiction ne devait pas l'être. Ces écrivains poursuivaient une habitude qui avait dû déborder largement des cadres de la scripta administrative. La distance étroite opérée avec le système français doit influer sur une double notation vécue comme une simple ambivalence. Ce genre d'exemples est limité et les choix sont généralement définitifs. En ce sens, Bellaud et Paul sont tributaires de « réalisations phonétistes ». Privés de diachronie linguistique, ils ne peuvent se référer qu'à une synchronie langagière, une pratique locale ou même transdialectale qui leur ouvrent les portes d'un phonétisme contrebalancé par les habitudes dont ils gardent les traces. Mon, ton, son figurent au rang de ces habitudes, mais peuvent également être 49 Memoires de Robert de Ruffi mon bisayeul sur l'histoire et les antiquites de Marseille escrittes de sa main, titre de la main de Louis-Antoine de Ruffi (manuscrit MQ 112 MBPA).

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PREMIÈRE PARTIE

un simple calque du français. D'un autre point de vue, o voyelle finale atone est à relier à une conformité oralisante, facilitée il est vrai par des phénomènes évolutifs. Aux XIVe et XVe siècles, la Provence est continuatrice d'une scripta ordonnée dans ses grandes lignes au XIIIe siècle. Les souverains angevins n'ont pas eu une politique linguistique bien déterminée même si les grands officiers royaux sont italiens ou français. La langue du souverain et de son entourage immédiat est le français, mais la langue administrative qui remplace le latin est la langue d’oc. Nous sommes redevable à la thèse d'Auguste Brun publiée en 1923 et à l'inventaire qu'elle propose (Brun /75/). Il faudrait, pour affiner notre analyse, promouvoir une nouvelle recherche. Nous nous fions à ces travaux ou à nos propres recherches pour établir les éléments d'une continuité scriptique. Les fonctionnements diglossiques induisent des comportements graphiques. Nous nous référons à deux études de Robert Lafont (Lafont /113/, /115/). Elles montrent, textes à l'appui, une mutation graphophonologique que nous confirmons par un exemple personnel. Au niveau administratif, il faut envisager un palier différencié entre une scripta autonome et le passage au français. Auguste Brun n'a pas observé ce phénomène. Dans le cadre littéraire, nous pourrions également distinguer trois étapes intermédiaires : la première est celle d'une scripta autonomisée, la seconde celle d'une construction en lien avec cette scripta et la troisième un abandon des grands traits spécifiques. Nous expliquons cette analyse par un schéma : XIIIe

XIVe

XVe

XVIe 1500 1530 1550

1580 adm. ====================================+++++++++----------litt. ========================================++++++++----(====== graphie autonome, ++++++ graphie autonome présentant des perturbations de son système, --------- graphie phonétiste sur une base exogène) Ce tableau présente une datation approximative. Les résistances à la mutation et les pesanteurs des fonctions diglossiques sont diverses suivant les lieux, la formation des scripteurs et les administrations. Un texte de 1533 à Vence révèle des traces d'abandon des formes traditionnelles de la scripta (essentiellement le a voyelle atone finale pour o) tandis qu'un autre texte de 1541 est un peu plus conservateur (Lafont /113/ p. 17). Il n'existe pas de dates fixes qui puissent nous permettre d'établir une apparition des pesanteurs diglossiques. Nous proposons la période 1525-1550 comme révélatrice de ces faits. Au-delà de 1550, l'emploi du provençal dans l'administratif est considérablement marginalisé. Notre proposition infirme donc l'idée que l'édit de Villers-Cotterêts ait eu une portée événementielle primordiale. La prescription instituée en 1539 a été précédée d'une période où les phénomènes de francisation étaient déjà à l'œuvre. La continuité de la scripta médiévale passe donc par deux chemins différenciés : l'administratif et le littéraire. Ils sont complémentaires. Il est fort possible que l'origine de la scripta administrative se trouve dans l'élaboration d'une langue de la cité comme

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LA SCÈNE DÉROBÉE

l'explique Charles Camproux (Camproux /1/ p. 18-19). Cette langue aurait par la suite déterminé les diverses scripta de l'occitan. Nous allons examiner ces deux chemins. L'administratif a été étudié par Robert Lafont (Lafont /113/). Nous proposons des exemples qui ont eu valeur de documents pour les écrivains d'oc. Au niveau du littéraire, nous nous référons à des textes du XVe siècle et du début du XVIe. À l'examen de ces textes, nous tirerons des conclusions linguistiques et expliciterons certaines évolutions50. La pièce n°1 est un texte marseillais de 1480 (Pernoud /116/ p. 271). Il présente un état graphique en recul par rapport à la scripta traditionnelle : [o] atone final est noté a en concurrence avec e. Nous relevons quelques formes pouvant être des francismes ou des dialectalismes marseillais : graylha par exemple (chute du s intervocalique, fréquente dans ces parlers provençaux et toujours observée de nos jours). La synérèse produit de [ia] (ia médiéval) est accomplie et notée ie dans les substantifs curataries et adobaries. Sie pour la flexion verbale est en concurrence avec sya (devant être prononcée [je]. [u] est généralement noté o sauf dans adobadous, en finale. [j] est noté lh sauf dans Masseille. D'une façon générale, ce texte respecte les grands principes de la scripta antérieure, mais révèle déjà une certaine tendance à la déstructuration du système. Le deuxième texte est le fait de Jacques de Nostredame, père de Jean. Nous savons que le père de l'auteur des Vies a été notaire à Saint-Rémy. Un certain nombre d'actes relatifs au domaine de Canilhac ont été conservés et publiés (Leroy /84/ p. 2930). Jean de Nostredame devait connaître les actes de son père si l'on en juge par les citations contenues dans les M. Cet acte est daté de 1513. Nous remarquons trois faits : * La synérèse issue de [ia] paraît être résolue en [je], graphiée yé. Nous savons qu'en ce qui concerne ce phénomène, une grande instabilité est à noter. En Provence quelques auteurs graphient io ce qui prouve une résolution concurentielle en [jo].Il est toutefois important de remarquer que Jacques de Nostredame, dès 1513, note cette synérèse. Nous savons que son fils choisit de ne pas noter cette évolution en graphiant ya. * [o] voyelle atone finale est notée o dans certains mots : vigado, trocado (mais en fin de texte vigada). Nous voyons ici les prémices d'une marque graphique qui s'imposera. * De la même manière [u] est noté une fois ou dans troublar. Ceci est à mettre en parallèle avec trocado. Le texte présente pour o deux valeurs : [o] et [u]. Ces évolutions sont encore plus manifestes en comparant les textes 3 et 4, tous deux en provenance de Six-Fours. * o final n'est présent en 1541 que dans les mots costiero et acostumado (o en double valeur [o] et [u]). o a totalement supplanté a en 1555. * La synérèse issue de [ia] n'est pas graphiée en 1541: sian. Elle est, en 1555, graphiée par io: vollio, artilhario. * La notation ou pour [u] qui commençait à être introduite en 1541 (Olioulas, vous) n'a pas totalement supplanté o en 1555. Nous relevons les formes : onte, ayon

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Ces textes sont publiés en annexe.

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PREMIÈRE PARTIE

devant nasale et cogido, horo, entornado. Le texte de 1541 est nettement influencé par une tradition scriptique qui n'est pas inconnue en 1555 (lh dans artilhario, o pour [u]). Ces exemples nous amènent à poser quelques repères concernant l'évolution de la langue aux XVe et XVIe siècles. Nous retenons cinq faits qui paraissent être importants. 1°) L'évolution de la séquence [ia] par synérèse qui donne [je]. Nous savons que dans le domaine languedocien le traitement après synérèse fait apparaître [jo]. Robert Lafont signale ce fait en indiquant que la réalisation languedocienne a dû survenir après le passage de [a] final atone à [o] (Lafont /113/ p. 13). Nous trouvons en Provence de nombreuses graphies qui notent io en conformité avec une prononciation qui devait s'approcher de [jo]. C'est le cas notamment de Barthélemy Deborna, au début du XVIIe siècle : « Lou premier que venio, prenio tout per sa part » (Deborna /25/ p. 4). Auparavant, l'auteur anonyme du Carrateyron graphiait dans la même chanson sia et sio : « Maudit sio tant de ratun » (Carrateyron /27/ p. 21-24). Cette codification, très minoritaire en Provence, est d'ailleurs corroborée par deux faits linguistiques. Nous savons que la variété niçoise n'a pas connu la synérèse et conserve la séquence [ia] : [avia]. D'autre part, certains témoignages donnent les formes [avia] et [fulia] (accentuées sur la dernière voyelle) sur la côte varoise (Brémondy /117/ p. 95-96). Ces exemples prouvent que la réalisation en [je] n'a pas le caractère uniforme qu’on lui connaît de nos jours. Ce phénomène est étroitement lié à notre deuxième point : l'évolution de la voyelle finale atone [a]. 2°) L'instabilité de la voyelle finale atone est un fait qui touche toutes les langues romanes. L'occitan connaît de multiples réalisations. En Provence, les traces phonétiques que la graphie révèle laissent penser que [a] passe majoritairement à [o]. 3°) À partir des XIIe et XIIIe siècles, [u] issu de u long latin s'articule généralement comme en français [ü]. [o] issu de o bref latin s'est davantage fermé. De cette « fermeture », sont nées des diphtongaisons que l'on observe déjà au XVIe siècle : [wo], [we], [mwer], [pwodi]. [o] issu de u bref et de o long latins vient occuper la place de [u]. 4°) Nous observons également l'amorce de l'amuïssement de certaines consonnes finales dont -s du pluriel. Cette évolution permet la réduction de groupes consonantiques tels que pras ou jors (la prononciation devait être vraisemblablement [pras]. Le -r de l'infinitif subit le même traitement. 5°) Une mutation morphologique verbale tend à remplacer les formes fortes du passé par des formes suffixées. Fon conserve une assez bonne fréquence, mais est en concurrence avec fouguet, fassa avec fague (sur ce dernier exemple, en fonction de l’alignement de certaines formes du subjonctif sur celles du prétérit). Ces cinq traits témoignent de l'évolution de l'occitan entre le XIIIe et le XVIe siècles. C'est cette évolution qui pose problème aux scripteurs et aux écrivains. Dans la mesure où la scripta traditionnelle tend à se perdre, les praticiens de l'écrit d'oc se trouvent en face de phénomènes évolutifs qu'ils codifient suivant leurs connaissances et leurs représentations linguistiques. L'évolution de la langue ne bouleverse pas profondément les structures linguistiques, mais accrédite l'énonciation qui consiste à situer la langue des troubadours dans un passé qui ne possède plus aucune relation avec le XVIe siècle. L'évolution linguistique ne peut être toujours comprise et explicitée. Elle est sentie comme une rupture dans l'historicité linguistique de l'occitan 56

LA SCÈNE DÉROBÉE

alors qu'elle correspond seulement aux évolutions inhérentes à toutes les langues romanes ; évolutions différenciées mais tendant à une simplification morphologique et à une restructuration de certains traits phonétiques51.

Évolutions linguistiques et solutions graphiques

Dans le chapitre précédent, nous avons pris en compte cinq exemples qui témoignent de l'évolution linguistique du provençal aux XVe et XVIe siècles. Nous supposons donc ces évolutions accomplies quand les écrivains du XVIe siècle commencent à écrire. Nous avons vu que la graphie yé de la synérèse issue de [ia] est présente dès 1513 dans le texte notarial de Jacques de Nostredame. La notation ia ou ya qui subsiste au XVIe siècle est donc liée à la maintenance d'une scripta qui ne tend pas à noter ces évolutions. Il est probable que celles-ci se sont consolidées dès les premières années du XVIe siècle. Seule, la diphtongaison de [o] en [wo] paraît être une surévolution qui double la mutation des traits phonétiques de [o], [o], [u]. Cette diphtongaison, aujourd'hui sensible dans un domaine central et maritime du provençal, est codifiée dès 1572. Nous allons donc examiner ces cinq exemples en dégageant les différentes résolutions proposées au XVIe siècle. 1°) La synérèse issue de [ia] présente majoritairement la réalisation [je]. Nous savons que la réalisation [jo] n'est pas exclue. Le problème de la synérèse rencontre celui de l'articulation de la voyelle finale atone. La forme [jo] apparente le provençal et le languedocien, mais nous ne pouvons pas expliquer ce fait par une proximité géographique. Barthélemy Deborna est toulonnais et utilise la graphie io. La distribution de [je] et de [jo] est sporadique et ne peut être, au XVIe siècle, délimitée dialectologiquement avec précision. Le principe de cette évolution acquis, nous classons en deux groupes les solutions adoptées : 1/ Le premier groupe comporte des écrivains qui ne notent pas cette évolution. C'est le cas de Jean de Nostredame qui écrit ia ou ya : avia, avya... 2/ Le deuxième groupe se divise en deux sous-groupes : 2.1/ Les écrivains notant la synérèse suivant l'évolution [je]. C'est le cas de Robert Ruffi : « Que li profitarie mious », « May que non sie negat » (Ruffi /17/ p. 30, 34), Bellaud de la Bellaudière : « Vn borny iugearié », « Lou ceou lou nous deuié » (Bellaud /14/ OR p. 179, PT p. 47), Pierre Paul : « Veyren finir vuy tau compagnie », « Si ma pauro muzo poudie, / Voulonties ton laus cantarie » (Paul /23/ p. 647, 649), Michel Tronc : « Car lou iour nous falhie et revenie la nuech », « (...) non sy poudie boutar » (Tronc /24/ p. 307). 2.2/ Le deuxième sous-groupe concerne des écrivains qui emploient la notation io correspondant à [jo]. C'est le cas de Barthélemy Deborna dont nous avons déjà parlé et de l'anonyme de la Paraphrase sur quelques psaumes de la penitence : « (...) ny nom effect, ny may honour, / Sio lausat, benesit (...) », « Mon amo languissio (...) »52. La synérèse n'est toujours pas notée par les écrivains d'oc. Jean de Nostredame apparaît en ce sens respectueux de la scripta médiévale qui ignorait un tel phénomène. Il se contente de noter ia ou ya tout en connaissant la réalisation de la synérèse. La Le français connaît une évolution plus nette, à la différence de l'italien. L'occitan se trouve en situation intermédiaire (Guiraud /138/). 52 Paraphrase sur quelques psaumes de la Penitence, manuscrit 19, BIC. 51

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PREMIÈRE PARTIE

fréquentation de la scripta troubadouresque et administrative joue un rôle primordial dans ce conservatisme graphique. L'évolution de la langue semble pour lui « incompréhensible » dans la graphie. Il la juge comme faisant partie de ce mouvement de décadence dont l'occitan du XVIe siècle porte la trace. Noter la synérèse en yé, ié ou io serait conformer le choix de « voie haute » à une idéologie de réalisme phonétique qui tend à privilégier dans l'écrit la stricte notation d'une langue orale. Jean de Nostredame fait donc figure de conservateur. La « voie haute » nécessite une distance par rapport à une oralité qui ne peut s'identifier à la construction littéraire. 2°) La voyelle finale atone [a] subit une évolution qui porte son articulation vers [o]. Dans l'aire provençale actuelle, nous pouvons également observer les réalisations [] et [a]. [] se trouve dans une zone maritime, de Marseille à Toulon et [a] dans l'aire niçoise. Nous ne pouvons réellement connaître les détails de l'articulation de cette voyelle au XVIe siècle. Nous n'avons pas de traces d'écrits montrant des finales en [] et [u]. Nous laissons de côté [a] qui demande une étude plus approfondie ; sa notation se confondant avec celle de la scripta médiévale. Seul Jean de Nostredame garde la notation a. Elle correspond chez lui à une persistance de la notation médiévale qui tendait à privilégier une graphie unique pouvant être résolue différemment suivant l'articulation locale. Dans la scripta médiévale, et sans doute pour Nostredame, elle correspond à une référence latine et romane. Les autres écrivains notent o. Ruffi : « En sa lengo naturalo » (Ruffi /17/ p. 30), Bellaud de la Bellaudière: « Per resiouyr un pau ma troublado ceruello » (Bellaud /14/ OR p. 51), Tronc : Ly enduro de mau, de peno ou de tourmento » (Tronc /24/ p. 313), Paul : « Fau anar a nostro bastido » . Chez Paul, nous trouvons également des formes en e : « une grand tourmento » (Paul /23/ p. 224). La notation e correspond certainement ici à un gallicisme utilisant le code français de la notation de la voyelle atone e. 3°) La voyelle finale atone a pu être notée o lorsqu'elle a été dégagée de la notation de la réalisation de [u]. Dans la scripta médiévale, o graphiait notamment [o] qui est devenu [u] par la suite. À partir du moment où [a] final atone s'articule en [o], il est difficile pour les scripteurs de noter o pour [u] et [a] atone final. C'est ainsi que graphiquement o a pu signifier au XVIe siècle la notation de [o] final atone (anciennement [a]) à partir du moment où le graphème d'origine française ou note [u]. En effet, comment graphier [o] final, [o] intérieur et [u] par la même lettre o ? La solution française propose le graphème ou. La graphie mistralienne note ou et dans la graphie normalisée, ce problème a été résolu par l'adoption de o pour [u], ò pour [o] et a pour la voyelle atone finale. Jean de Nostredame utilise alternativement les graphies o et ou. Nous pouvons relever la fréquence des notations en o dans : segnor, Provensa. Chez Robert Ruffi nous relevons : « Lou provensau baudoment » ainsi que « Apres venguet lo tuscan » (Ruffi /17/ p. 30). Nous sommes ici en présence de doublons qui dénotent une certaine hésitation graphique. Elle provient essentiellement de la fréquentation des archives et du maintien de o pour [u] en référence diachronique. L'orthographe de segnor et de Provensau subit également la pression de l'historicité de la langue. Provenssau est même présent chez Pierre Paul que l'on ne peut pas soupçonner de recherches archivistiques. La présence de la scripta traditionnelle est encore, comme trace diffuse, reconnaissable dans l'emblématique de certains vocables.

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LA SCÈNE DÉROBÉE

Bellaud de la Bellaudière, Tronc, et Paul notent tous ou. Toutefois, il nous faut encore rappeler la notation on qui est en concurrence avec oun. Nous ne pensons pas que l'on puisse y voir des « négligences » comme l'affirme Auguste Brun (Brun /15/ p. 56). Jean de Nostredame note toujours on. La graphie ou, qu'il emploie alternativement avec o, est la seule notation qui le rapproche de Bellaud de la Bellaudière et de Pierre Paul. Nostredame est tributaire d'une évolution qu'il ne peut maîtriser. Il conserve a en voyelle atone finale, mais ne peut graphier o pour [o], [o], [u]. Dès le début du siècle, ou commence à supplanter o. [o] atone

[o] [o]

[wo]

[u]

[ŝ]

final

toniques

tonique

tonique et

tonique et

atone

atone

N.

a

o

-

ou / o

on

R.

o

o

ouo /oue

ou / o

on / oun

B. et P.

o

o

ouo / oue

ou

on / oun

Ce tableau fait nettement apparaître la seule hésitation de Nostredame : la notation de [u] par ou. Il ne graphie pas la diphtongaison [wo] en ouo contrairement à Paul : « You siou l'ancro et la couordo / Que quan lou mau tens si desbouordo » (Paul /23/ p. 598) et Bellaud de la Bellaudière : « Car nouossos sensso eou, non vallon pas un sou » (Bellaud /14/ PT p. 28, cf. Ronjat /114/ tome 1 p. 160, 186). La notation ou déborde de sa première fonction. Jean de Nostredame note les diphtongues [aw] et [ew] : au et eu. Robert Ruffi note eou ainsi que Bellaud de la Bellaudière et Pierre Paul : « Yeou my troubiou d'escoutoun », « Coumo un paire begnin, deou amar sa meinado », « Beou de cors, beou de non, beou de touto maniero » (Ruffi /17/ p. 25, Bellaud /14/ p. 47, Paul /23/ p. 503). La notation au est commune à tous les écrivains. eu note en français un son bien identifié, ce qui n’était pas le cas pour au ; la notation eou s’est peut-être installée afin de différencier clairement ces deux sons. Nous savons que Pierre Paul a possédé le manuscrit des œuvres de Michel Tronc (Tronc /24/ p. XXXI). Paul a corrigé ce manuscrit en plusieurs endroits. Certaines corrections sont uniquement graphiques. C'est le cas notamment de eu corrigé en eou (Tronc /24/ p. 571-572). Catharina C. Jasperse qui a edité l'œuvre de Tronc a d'ailleurs restitué une graphie conforme au texte original. Nous pensons que les points 2 et 3 constituent les exemples les plus marquants de la difficulté de résolution. La notation a en voyelle atone finale et ou/o séparent nettement Nostredame de ses successeurs. Relié à la graphie de la diphtongaison [wo] en ouo, l'écrit prend des formes différentes. La graphie de Nostredame n'est pas une norme mise en circulation ; elle correspond à une initiative individuelle et est en lien direct avec la recherche archivistique qui l'anime. Nostredame ne possède pas les moyens nécessaires pour assurer à son système une cohérence totale. Il ne peut ré59

PREMIÈRE PARTIE

soudre certains problèmes et ne dispose pas des signes diacritiques qui permettent d'opposer ò à o. Ce système d'accentuation permet également de résoudre le problème posé par la synérèse : aviá. Le médiéval folia s'oppose ainsi au contemporain foliá par la seule synérèse tonique. 4°) La chute de certaines consonnes finales est repérable directement ou indirectement dans les graphies du XVIe siècle. Cette évolution, présente dans la langue moderne, est déjà effective au XVIe. Quand François Paul adresse à Bellaud de la Bellaudière un poème, l’infinitif substantivisé rime avec les futurs : « Iuego don un dinar, un goustar, un soupa, / Ta trippo s'emplira, aquo s'appellara » (Bellaud /14/ PT p. 52). La marque des participes, si elle est régulière, laisse penser par quelques exceptions que cette articulation n'est plus totalement réalisée. La marque du pluriel est régulièrement notée. Chez Bellaud de la Bellaudière et Nostredame, nous trouvons des pluriels redoublés qui, aujourd'hui, ne sont plus employés qu'en Languedoc : « As vertuouzes, et generouzes seignours », « Retenez tous iours lous plus grasses » (Bellaud /14/ page de titre (texte de Pierre Paul), PT p. 44). Il nous semble que l'ensemble du système consonantique final tend à l'amuïssement. C'est en fonction de cette absence d'articulation que la graphie félibréenne supprime les -t des participes passés et les -s du pluriel dans la notation du provençal. 5°) Les formes du prétérit subissent un bouleversement. Le XVIe siècle atteste une évolution vers des formes suffixées (Ronjat /114/ tome 3 p. 179, 192, 283, 300301). Les formes fortes ne sont pas pour autant rejetées : fon cohabite avec fouguet (Paul /23/ p. 822-823, Brun /15/ p. 60, Tronc /24/ p. LXVI). Catharina C. Jasperse explique ce phénomène par une répartition dialectale sensible à Salon, cité d'où est originaire Michel Tronc et établit l'existence d'un polymorphisme fery / faguery, fon / fouguet (Tronc /24/ p. LXVII). Si nous souscrivons totalement à l'existence d'un tel type de polymorphisme, nous ne pouvons pas accepter la thèse dialectale. Une analyse générale de la langue du XVIe siècle réfute cette argumentation : tous les écrivains provençaux présentent ce polymorphisme, qu'ils soient ou non témoins d'un parler de transition. Il s’agit donc d’un polymorphisme qui allie formes anciennes et nouvelles et non des formes de divers parlers. Jean de Nostredame utilise de préférence les formes fortes. Il emploie généralement fon et même morit qui révèle une désinence médiévale. Il serait cependant vain de penser pouvoir décrire une langue à partir de quelques témoignages écrits. Les cinq exemples que nous avons pris nous permettent simplement de comparer des systèmes graphiques élaborés à une même époque. Un tableau synthétisant les périodes d'écriture montre que Nostredame n'est pas, dans la chronologie, très éloigné de ses successeurs. 1500 1525 1550 1575 1600 1625 N. (1522-1577) ----------------B. (v. 1523-1588) ------------R. (1542-1630) ---------------------------P. (1554-1615) ---------------T. ( ?-1596) --------(-------- période d'écriture, N. : Nostredame, B. : Bellaud de la Bellaudière, R. : Robert Ruffi, P. : Pierre Paul, T. : Michel Tronc) 60

LA SCÈNE DÉROBÉE

Ce schéma fait clairement apparaître la position d'antériorité de Nostredame. Cette chronologie montre que le système de l'écrivain aixois est contemporain des propositions opposées à ses choix. La comparaison avec Bellaud de la Bellaudière est significative : le poète grassois a commencé son œuvre poétique en 1572. Il ne s'agit donc pas d'un état linguistique, mais plutôt d'une conscience et d'une culture différentes. Le système de Nostredame privilégie la continuité de la scripta : a final, lh pour [j] (qu'il partage avec Ruffi), o pour [u]... Seules les introductions de ou et de gn laissent penser à une francisation. Cette graphie garde une grande cohérence dans son occitanité ; le provençal ainsi défini est peu distant des autres dialectes d'oc. Nostredame étire la langue vers le rapprochement interdialectal, sans le savoir et sans le vouloir. Il est simplement héritier des pratiques graphiques qui prenaient ce fait en cause. Bellaud et les autres, notant les évolutions et les surévolutions, tentent de conformer la langue à une oralité dialectale. Le provençal est donc étiré entre deux pôles qui représentent les limites linguistiques d'une même langue. L'idéologie pèse sur le système graphique ; les termes cor et couor signifient la même chose, mais leur image, à l'intérieur du système linguistique, est différenciée. Lorsque Nostredame emploie usufrucjueyris à propos d'une héritière, il forge ou reprend un adjectif, en accord morphologiquement avec la structure de l'occitan : mot formé d'un substantif et d'un adjectif, suffixe -is. Les possibilités de Bellaud se situent dans un autre registre, plus populaire et de toute façon tributaire des modes littéraires et stylistiques. L'abondance des suffixes en -ado se réfère à une tout autre conception, lieu linguistique où le mot, avec ses sonorités cocasses ou répétitives, est objet de plaisir : « Cauquos rimos entrelardados / A mon jargon bastifaussados ». « Bastifaussados » correspond d'ailleurs à un style hérité des pratiques linguistiques de la Basoche. Ce même mot se retrouve chez Antonius Arena (Bellaud /14/ PT p. 77, Arena /30/ p. 288). La suffixation en -eto répond à un emploi linguistique qui se définit à l'intérieur des structures occitanes (Brun /15/ p. 72). Cependant, cette pratique est également influencée par le style de « la Pléiade ». C'est d'ailleurs dans l'imitation de ses modèles français que Bellaud révèle son savoir-faire linguistique. Ce travail sur la langue résulte d'un cheminement idéologique en voie médiane. Nostredame œuvre dans un autre domaine. Il place la langue en restitution par le jeu du témoignage archivistique. Sur ce point précis, les travaux historiques font office de transition, remplissant correctement le rôle qu'on leur assigne. En ce qui concerne les pièces apocryphes des Vies, nous pourrions penser que la substitution favorise une continuité de ses projets. La restitution littéraire est aussi linguistique, mais Nostredame écrit pour un public qui est susceptible de le lire et non pas de déchiffrer les textes médiévaux. Ses travaux historiques et la langue qu'ils révèlent sont appelés à être mis en circulation. Son système linguistique décrit un état de langue qui se réfère à une tradition scriptique bien déterminée, mais aussi à une capacité de lecture qui est celle de l'humanisme provençal du XVIe siècle. Mais force est de constater que la voie haute, littérairement et linguistiquement, est impossible. Ruffi apparaît comme une transition entre les deux états graphiques d'une même langue. La fin du XVIe siècle puis les XVIIe et XVIIIe privilégient l'élaboration d'une graphie faite pour « être entendue » selon l'expression de Philippe Gardy (Gardy /118/). Dans le cours de ce siècle, le chemin de Nostredame est unique. Il devait correspondre à l'idéologie linguistique d'un certain humanisme aixois, à une conscience culturelle « à bout de souffle ». 61

PREMIÈRE PARTIE

Images et dénominations de la langue

La langue d'oc possède-t-elle le statut d'une langue à part entière pour que les images et les dénominations qui la caractérisent puissent permettre d'appréhender une réalité spécifique ? Dans un article, nous avons tenté de dégager la notion « d'Europe des vulgaires », nous attachant aux constitutions des réalités glottopolitiques dans les premières années du siècle (Casanova /76/). Nous nous sommes alors aperçu que l'occitan, détaché des structures politiques qui auraient pu soutenir son existence, est privé d'un certain nombre de registres d'expression menant à des répartitions d'usages bien déterminées. En fait, l'occitan ne fait pas partie de « l'Europe des vulgaires ». Il partage cette situation avec le catalan et, dans une moindre mesure, le portugais durant l'unification politique de la péninsule ibérique. Le cas de l'italien est beaucoup plus complexe, car, en Italie, la multiplicité des parlers ne donne toujours pas naissance à des œuvres littéraires importantes malgré quelques exemples célèbres comme Ruzzante. La prééminence du toscan, c'est-à-dire la lente émergence d'une codification organisée par l'écrit littéraire (des précurseurs de Dante jusqu'à « la questione della lingua »), joue en faveur d'une distanciation permanente entre « dialetto » et « lingua ». Les situations d'oc et d'oïl sont différentes. La présence des traces dialectales d'oïl dans la littérature donne naissance à un texte précis et délimité. L'oc est d'ailleurs, à cet égard, accompagnement majeur des dialectes d'oïl, dans la bouche de l'Escholier limosin ou des Gascons parodiés. La référence ici (différence essentielle avec l'Italie) se construit à partir d'un centre qui conçoit la politique linguistique et qui, dans le même temps, ordonne la conduite du royaume. Se déplaçant des universités vers les appareils de commande de l'État, la politique linguistique est avant tout une affaire de justice et d'ordonnances administratives. La langue « autre » n'est pas une langue. Le « françois », français des textes royaux et des littératures est nommé. L'État, le roi et par extension tous les fonctionnaires royaux savent que l'autorité ne peut s'exercer sans recourir à l'officialité du français. Les langues « autres » ne sont pas nommées par le pouvoir. Sont-elles des langues, telles que le XVIe siècle essaie de les caractériser ? Dans la quête d'origine qui détermine les idéologies linguistiques au XVIe siècle, quête que Claude-Gilbert Dubois a analysée (Dubois /119/, /120/), l'occitan n'existe pas ou plutôt existe à rebours, sous la plume des Occitans qui posent leur langue en référence à une « maternité » romane. À cet égard, la tentative de Jean de Nostredame est exemplaire : elle trouve son illustration dans le refuge nostalgique. Nostredame, qui cite fréquemment Pétrarque, fait de l'occitan une des sources linguistiques de l'italien. Il s'agit de démontrer l'antériorité de la langue d'oc par rapport à l'italien de Pétrarque, donc, littérairement, par rapport au français de Ronsard. Les troubadours sont des ancêtres littéraires, la langue est source de maternité, fontaine où l'italien puise son eau. L'italien constitue, en 1575, une référence exemplaire. Dans le Glossaire des troubadours, le fait est cité plusieurs fois, mais cette opération se heurte à la situation sociale de la langue. Nostredame contourne l'obstacle par la restitution nostalgique. De cette manière, la langue d'oc du XVIe siècle ne ressemble en rien à celle des troubadours, seuls certains mots peuvent faire illusion. Les siècles écoulés sont des époques de décadence. Le mot clé est ici « embastardie » : « Et comme ainsi soit que toutes choses sont sujettes à changement, nostre langue provensalle s'est tellement avallée et embastardie que à peine est-elle de nous, qui sommes du pays entendue (...) » (Nostredame /8/ p. 18, /11/ p. 12). 62

LA SCÈNE DÉROBÉE

César de Nostredame reprend l'argument de son oncle : « Dont vient que le Provençal est tres-propre à parler fort distinctement auec leurs acans & sons naturels toutes sortes de langages. La preuue euidente de ces choses sont assez amplement voir les rimes vulgaires, & les elegantes & doctes œuures de ces vieils poëtes, &Troubadours, qui ont autrefois mis en si haut honneur nostre langue : en tel credit & reputation, que les purs excellens &nobles Tuscans n'ont point dedaigné d'emprunter leurs inuentions & leurs propres mots. » (Nostredame /54/ livre I, p. 23). Jean de Nostredame fige le comportement diglossique. Le projet qu'il soutient ne peut se passer de références identitaires et « renaissantistes ». Le contournement de la diglossie tend à situer la langue dans l'ailleurs temporel et à favoriser un raisonnement régressif qui trouve son aboutissement dans ce que nous proposons d'appeler « l'arcadisme linguistique ». Ainsi définie, la langue occitane du XVIe siècle n'existe pas. Elle ne peut que prendre la forme d'un parler décadent. Il est vrai toutefois que la voie haute ne peut s'accommoder des cheminements diglossiques et des répartitions d'usages. L'élaboration de l'écrivain aixois renvoie l'expression de la littérature à celle d'une langue aux vertus ciselées, raffinement de la parole poétique qui fuit totalement les tentatives d'oralité. Nous sommes en présence de la définition d'une langue littéraire, d'un registre élaboré à partir d'un état linguistique et qui s'en détache par sa finalité et ses constructions formelles. C'est ce que les troubadours ont bâti et que l'on définit comme « koinè ». Nostredame élabore une koinè provençale du XVIe siècle, fondamentalement incompatible avec la diglossie. Le sentiment de décadence linguistique ne s'exprime pas chez les successeurs de Nostredame. La grandeur des troubadours n'est pour eux qu'une image qui ne peut totalement se refléter dans leurs textes, opposés, par leurs choix thématiques et stylistiques, à ceux de leurs devanciers. Seul Ruffi utilise sa connaissance du corpus médiéval pour rompre avec l'image de décadence. Le sentiment d'infériorité linguistique est présent dans l'œuvre de Bellaud de la Bellaudière. Il se cache dans un jeu thématique et ironique dont l'ensemble de l'œuvre témoigne : une double signification érotico-mondaine. De la même manière, en échos de sens, la galanterie littéraire cache un malaise plus profond : A Monseignour lou grand Priour de Fransso CXLVII Si ma Muso n'auié l'habit de pauretat, Mais ben que fousse d'or coumo d'autres vestido : Cresez qu'auriou des-ja d'vno façon poulido, De vous Prince grand Priour, lou grand renom cantat. Ello n'a d'au Francez la familieritat, Per dire richament d'vn tau Prince la vido : Soulament ey vallons Prouuenssaux s'és nouyrido, Et sus lou double mont la pauro n'a montat. Toutosfes lou mens mau que pouot en son lengagi, Dis, que sias (Monseignour) lou Souleou de nostr' eagi, Et qu'vn pareil à vous non s'y pourrié troubar. Prenez donc (s'il vous plas) lou son de ma Museto, Coumo si d'vn Ronsard ero la canssouneto, Bessay qu'embé lou tens, pourrié ben s'adoubar. (Bellaud /14/ PT p. 118)

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PREMIÈRE PARTIE

La place de ce sonnet dans l'ensemble du recueil lui confère une importance particulière. Situé à la fin de l'œuvre, il clôt l'ordre voulu par Pierre Paul. Adressé au protecteur de Bellaud, il joue sur le vêtement poétique de la langue. Il s'agit d'affirmer l'allégeance littéraire et la faiblesse du style par l'infériorité de la langue. Bellaud met en scène la diglossie, intronisée par « l'habit de pauretat » : la justification d'écriture en occitan ne peut passer que par l'affirmation de son infériorité. Le dernier vers du poème rejoint curieusement les propos de Nostredame sur la variation des temps. Pour Jean de Nostredame, il s'agit d'énoncer dans le passé une prééminence littéraire et linguistique. Bellaud évoque une langue à laquelle le Grand Prieur pourrait s'habituer, le temps aidant, mais il faut pour cela qu'elle ressemble à son modèle. Le français est porteur de stabilité et d'assurance : il renvoie la langue dominée à l'imitation de ses textes les plus représentatifs. Dans deux autres sonnets, Bellaud, toujours dans le double jeu, laisse entrevoir une langue dépenaillée. L'occitan, qui ne peut accéder à un statut de grande littérature, est lié à l'état de délabrement du logis du poète : Audit Sieur du Heron XXVIII S'en riman en Francez n'ay pougut proufitar, Que souto mon Sounet vostro plumo douceto Aye mez son decret, aro la miou Muzeto, Vous fa quatorze vers en son rude parlar. Lou trin de mon lougis non lou vuoly celar, Es un vray gallatas, n'y a cambro ny cambreto, Oullo, pouot, ny peirou, sello, banc, ny tauleto ; Cendres au fugueiron, n'escudellos à lauar. Dins l'oustau non s'y ten qu'vno pauro viellouno, Que coumo vn banc arnat ressemblo sa persouno, L'on dirié qu'és au vray l'Idoulo de Babut. Per encin (du Heron) s'amas la Bellaudiero, Leuas lou prestament d'aquesto reinardiero : Sinon, vous lou veirez leou dins vno Tahut. (Bellaud /14/ PT p. 23)

L'état de la maison occitane (mobilier, langue, littérature) est réduit à une totale nudité ; seuls les murs et le squelette restent en place. La langue est dépouillée de tout ornement. Comment ne pas établir un rapport entre le bégaiement et une langue en haillons ? Dans le sonnet suivant, toujours adressé à Henri d'Angoulême, l'infirmité naturelle de Bellaud rejoint le linguistique.Ce sonnet reprend une thématique teintée d'ironie, déjà entrevue dans les poèmes précédents. Le malaise linguistique altère la parole d'oc dans son rapport avec l'autre, surtout quand cet autre est un grand prince français. Bellaud ne peut que bégayer et sa langue ne se déploie pas dans la parole littéraire sans se réduire à un parler étrange aux accents déformant la pensée et le sens : A Monseignour lou grand Priour CXXII Si ma lengo poudié, encin que l'Escrituro,

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LA SCÈNE DÉROBÉE

Espellir me quaquan, ben veirias que Bellau, A tout son bretounar farié prendre lou saut, Et rire de sous mouts, la gent n'aurié plus curo. « Non dirié toumo dis, eisso és la fiduro, « D'vn tabrit, d'vn fauton, d'vn tan, d'vn perdidau : « Ou ben treire tau tuou de mon duos dras tourtau, « Y treisson de treison, tau touort fan rataduro. A ! si dire poudiou, ley noms à son degut, Coumo fan netament, La, Sol, Fa, My, Re, Vt, Bellaud parlarié miés millo fes qu'vn Agasso. Crezez donc Monseignour, que non Bretouny espres : Car lou mau de Breton, my ten despuis lou Bres, Et dire me quauqan, ma lengo trop s'y lasso. (Bellaud /14/ PT p. 96)

« fauton », « perdidau » rappellent « fauto » et « perdre » et laissent entrevoir dans le bégaiement de Bellaud l'ombre d'un handicap qu'il porte dans son corps et qu'il ne peut contrôler. Ce malaise transparaît dans l'acceptation diglossique. Dans le même temps, Bellaud joue avec les mots : la parole est plus forte que la langue. L'infériorité ainsi décrite n'empêche pas la poésie d'éclore, mais conduit le texte vers une voie qui constitue pour les siècles à venir un seul et unique chemin littéraire. La situation sociolinguistique pèse sur ces textes qui ne sont parfois que des reflets du malaise d'écriture. Ce malaise est rarement explicité, souvent indicible, mais certaines traces indiquent sa présence. Michel Tronc met en scène une « dispute » entre Dardaneu et Flascon, le premier partisan de oy, le second de oc. Flascon a été le maître de Dardaneu. Celui-ci contredit donc le savoir dispensé. Au-delà d'une simple théâtralité comique, Tronc figure l'évolution de toute une génération provençale qui, bien qu'originaire du pays, se francise de plus en plus. Cette génération, née vers 1550, atteint une maturité d'écriture au moment même où Tronc rédige son œuvre. Cependant, nous ne trouvons chez Michel Tronc ni les regrets ni les reproches présents par exemple chez Ruffi. Il s'agit plutôt d'un fatalisme sociolinguistique qui sous-entend que Dardaneu a le dernier mot. C'est bien oy qu'il faut employer : You vous faray leu esprouva Que oy es coumo fou dire. May gardas-vous pur ben de rire Et escoutas ce que diray : Sy vostre nas ero un y Et que mon cuou fousso un o, Et boutas-my lou nas ou cuou, Regardas sy li oura yo ; Yo en flamen, sensso menty, En provenssau vou dire oy ; Confessas don qu'anssin fou dire. Messus, adiou you vous vau dire. (Tronc /24/ p. 97)

« escoutas, regardas, confessas », la démonstration suit un cheminement de vérité intérieure, apportée par le savoir nouveau et qui révèle une acceptation inévitable. L'attitude des 65

PREMIÈRE PARTIE

partisans de oc n'est qu'une position bornée et passéiste. Dardaneu n'explique pas l'emploi de oy par le français, mais par le provençal placé en situation de conformité. Il nous faut nuancer ce propos : oy, prononcé [uj] peut exister dans certaines zones occitanes. Mais dans ce texte, il s'agit bien du oy français accentué sur le y. Plutôt qu'une totale francisation, nous pouvons constater une situation intermédiaire qui tente d'utiliser une solution occitane, très minoritaire, pour justifier un emploi français. La dénomination, symbolique, de la langue se transforme et évolue vers le français. Michel Tronc a beaucoup voyagé, notamment pendant les Guerres de Religion, pour être suffisamment au fait des pratiques linguistiques (Tronc /24/ p. XVIII-XXXI). L'introduction de oy répond à un souci d'uniformisation. La pièce de théâtre, initiation de Dardaneu à la vie et aux études, se termine sur cette « dispute ». Dardaneu part pour le monde et Flascon demeure sans réponse. Le maître est contredit par l'élève. Le savoir nouveau a remplacé l'ancien. Tronc est ici un fidèle reflet des conditions culturelles. Dardaneu est propriétaire du texte et la fin de la dispute, relayée par une incidence scatologique, clôt la discussion. La conformité de oy est européanisée avec yo flamand. À quoi peut se rattacher oc dans le concert linguistique européen ? Dante avait, en un temps où l'occitan était assuré d'une existence littéraire prestigieuse, décrit les systèmes linguistiques européens en langues d'oc, de si et d'oïl53. Cette description n'est plus possible au XVIe siècle. En dehors des particularités philologiques, la question est celle de la parole des Provençaux et de leurs possibilités d'existence à travers leur langue. Visiblement, Michel Tronc situe cette existence dans une problématique qui tend à évacuer la question linguistique en privilégiant un phénomène identitaire. La « dispute » est close. Le choix n'a pas été donné. Nous pouvons donc nous demander pourquoi l'œuvre de Tronc est écrite en provençal. De nos jours, sa situation serait contradictoire, ce qui n'est pas évident au XVIe siècle. Il est possible d'écrire en oc si le registre choisi le permet, tout en reconnaissant au français un rôle supérieur. L'écriture d'oc apparaît alors comme une déviance où le ludique rejoint le plaisir de chanter les joies du terroir. Il n'est donc pas étonnant que Tronc soit un des premiers écrivains à choisir une thématique arcadique (Tronc /24/ p. LI, 283-287). La justification d'écriture perce sous le masque littéraire. Dans son recueil resté manuscrit, L'Autounado, Pierre Paul, en introduction, précise ses motivations. Nous avions, en assurant l'édition critique de ce texte, révélé que cette précaution d'emploi, mettant en scène la rencontre du poète et de la femme aimée qui lui redonne l'envie d'écrire, n'est que pure invention formelle. Elle ne correspond pas à une réalité vécue ou simplement possible. Ce fait constitue un topos de l'amour baroque (Paul /23/ p. 247-251). L'invention de l'amour justifie l'écriture54. Cette pièce est en français. Elle induit tout le texte du recueil où l'occitan prédomine largement. Les seuls poèmes en français sont adressés par César de Nostredame, François d'Aix, Faucherant de Montgaillard et constituent dans l'ensemble de cette œuvre une quantité négligeable. Que ce soit en 1595 ou au début du XVIIe siècle, c'est le français qui est l'initiateur du texte d'oc par les introductions en « Quant au reste de l'Europe en dehors de ces domaines, une troisième langue le tint en entier, bien qu'à présent elle semble elle-même triparlière : car certains pour affirmer disent oc, d'autres oïl, d'autres sì (...) ». Cette phrase est extraite du De Vulgari Eloquentia, livre I, chapitre VIII (Dante /121/ p. 563-564). 54 Nous publions cette pièce en annexe. 53

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LA SCÈNE DÉROBÉE

prose. Relions également ces justifications aux titres des poèmes dont la majorité, surtout chez Bellaud, est en français. L'image de la langue dominante est souveraine et semble conditionner la création occitane. Ce n'est qu'avec les préfaces de Jean Roize, au milieu du XVIIe siècle, que la prose d'oc joue un rôle qui au XVIe siècle est dévolu au français (Roize /122/, Gardy /118/ p. 21). La dénomination prouvensau recouvre historiquement un domaine qui est facilement identifiable. Nous savons que le calque de l'historique sur le linguistique n'est pas exact. À l'intérieur du domaine, toute une zone alpine qui pourrait se définir historiquement comme provençale se rattache au nord occitan et tout un ensemble languedocien est de parler provençal. La dénomination est historique. Elle est linguistiquement exacte quand elle est utilisée par des Aixois ou des Marseillais (la Provence maritime et comtadine peut être à l'aise à l'intérieur de cette dénomination). Les humanistes et écrivains sont pour la plupart originaire de Marseille ou d'Aix et ne réfléchissent pas à un problème qui, de toute évidence, ne les concerne pas. Dante avait nommé la langue des troubadours par le vocable oc, en englobant d'ailleurs tout un ensemble de parlers ibériques étrangers à l'occitan. La dénomination de la langue est liée à l'espace. Robert Lafont a tenté de synthétiser les apports des solutions médiévales (Lafont /123/). Prouincia romana en se simplifiant en Prouincia puis Proensa s'oppose à l'espace nommé Aquitania. La dénomination latine déborde largement du cadre de la Provence ; elle correspond en gros à la Narbonnaise romaine (nous pouvons la confondre avec l'Occitanie méditerranéenne). La Méditerranée s'oppose à l'Atlantique dans le Haut Moyen Age, deux espaces aux provinces romaines différenciées et aux substrats linguistiques divergents. Le pouvoir français annexe le Languedoc en 1271. Il a besoin d'une dénomination particulière pour cet espace. C'est à cette époque qu'apparaissent les termes occitanicus et Occitania (Lafont /123/ p. 51-55). Pendant ce temps, la dénomination provensal l'emporte à l'est du domaine. L'importance de l'Italie n'est pas à négliger. Les derniers troubadours s'y réfugient et c'est de la péninsule que proviennent les premières études sur la littérature médiévale occitane. La visée d'est pèse en faveur de la dénomination provensal. Vue d'Italie, l'aire culturelle et politique est provençale et ne peut être comprise dans une dialectique spatiale intérieure au domaine. La tradition humaniste emploie donc provensal55. Au Moyen Age, le royaume de France nomme l'espace par rapport à une centralité qui échappe aux dénominations antérieures et aux dynasties en place. Toulousain est ainsi évité afin de supprimer toutes références aux comtes de Toulouse. L'image et la dénomination de la langue proviennent de l'extérieur. Pouvait-il en être autrement ? Les réductions des espaces Aquitania et Prouincia se répondent. Les Leys d'amor ignorent la Provence et Jean de Nostredame ne prend pas en compte le Languedoc et la Gascogne. Le destin des antagonismes spatiaux se déchire en ignorance réciproque. Liée au regard italien et à l'histoire politique, la dénomination provensal l'emporte sur toutes les autres. Repris par des humanistes et des écrivains provençaux, ce terme ne Dans un ouvrage de théologie ayant appartenu à Peiresc et daté de 1612, la mention « province dicte occitane » apparaît. Cette mention est à relier aux divisions provinciales des Dominicains, mais la dénomination de la langue est à retenir. Ce nom, calqué sur le latin occitanicus, est à notre connaissance employé pour la première fois en Provence (Michaelis /139/). 55

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PREMIÈRE PARTIE

pose pas problème. Dans le même temps, on observe la réduction de l'espace de Prouincia à Proensa et Provensa / Prouvenso jusqu'aux limites que le XVIe siècle définit. Nous savons que l'emploi de provensal est l'objet d'un débat terminologique dès les XVIIIe et XIXe siècles. Dans la mesure où l'écrit d'oc retrouve une certaine unité, du moins une circulation littéraire plus importante, les utilisateurs du mot relèvent son caractère restrictif. Les érudits médiévistes recourent à ce terme en opposition à roman qui ne peut signifier l'occitan que dans le cadre d'une maternité romane qui sera de plus en plus contestée. Cette recherche de maternité influant au XIXe siècle sur la dénomination n'est pas ignorée au XVIe. Nostredame procède de la même manière en situant l'occitan des troubadours dans une élaboration littéraire mythique qui aurait donné naissance aux autres langues romanes : Le cardinal Bembe, grand personnage de son temps, en ses proses a escrit que les premiers poëtes rithmeurs qui ont escript en langue vulgaire maternelle, ont esté les Provensaux, et, apres eux, les Tuscans, dit aussi qu'il n'est à douter que la langue tuscane n'aye plustost pris la façon de rithmer des Provensaux que de nulle autre nation. L'Esperon Esperoin, en son dialogue intitulé Des langues, auquel Monsieur Lascar, l'un des entreparleurs, se plaignant que sa langue italienne est manque en declinaison des noms, les verbes sans conjugaison, sans participes et sans aucune bonne propriété, dict qu'elle monstre en face avoir pris son origine et accroissement des Provensaux, desquels non seulement leur sont derivez les noms, verbes et adverbes, mais encor l'art oratoire et pœtique (...) parce qu'elle estoit meslée en partie de termes françois, espagnols, gascons, tuscans et lombards, [la langue] il est à veoir qu'elle devoit estre l'une des plus parfaictes et meilleures langues de toutes les vulgueres (...) (Nostredame /8/ p. 11-12, 18, /11/ p. 9, 12).

Le renvoi dans le passé de l'image de l'occitan ne peut que favoriser une solution de maternité. Dans la mesure où la régression est totale (elle suppose une mère parfaite), l'expression décadente ne peut rivaliser avec les vertus linguistiques originelles. Le mythe de Babel, repris et réduit au rang étroit d'une Romania plus littéraire que linguistique, se trouve réactivé par la diglossie qui favorise la mise en référence passéiste et nostalgique. Jean de Nostredame est ainsi partie prenante de tout un courant de pensée qui se développe au XVIe siècle. Claude-Gilbert Dubois a synthétisé ces questionnements en trois conceptualisations différentes : Trois voies essentielles sont tentées : l'une, dominée par une mythologie de l'originel, consiste à partir en recherche de la matrice commune des langues parlées en l'univers. Ces explorations imaginaires auront une conséquence positive : elles posent les bases d'une classification des langues, et déterminent des affinités qui ne sont pas toujours fantaisistes. Une autre voie consiste à extraire de cet ensemble disparate des règles générales -ratio communis : déterminée par une mythologie de l'universel, au milieu d'analogies de surface, cette recherche permet de dégager les lois générales du langage et de fonder, de manière encore confusionnelle, les bases de la linguistique générale. Une troisième voie, plus pratique et en rapport direct avec le développement des échanges et des moyens de communication, consiste à établir des règles de passage d'une langue à une autre : elle aide le développement des techniques de traduction. (...) Les trois voies d'exploration que nous venons de déterminer renvoient soit à une mythologie maternelle, reposant sur une nostalgie des origines, soit à une mythologie de la forme et de la loi paternelle, soit à une idéologie de fraternisation. (Dubois /119/ p. 74-75). 68

LA SCÈNE DÉROBÉE

L'étirement linguistique des dénominations pose le problème de la dialectalisation de l'occitan. Il est possible de repérer dès le Moyen Age certains traits dialectaux. Ces traces se conçoivent comme des signes et ne démontrent jamais une intrusion dialectale massive dans l'organisation de la koinè. Ces signes établissent d'ailleurs comme l'écrit Robert Lafont : « (...) un véritable dialogue entre traits nord et sud-occitans. » (Lafont /125/ p. 9). L'établissement du genre littéraire déborde largement des cadres d'une éventuelle dialectalisation de l'occitan, tels les « limousinismes » du catalan. En aucun cas, ce dialogue ne peut être perçu comme une marche vers la dialectalité de l'écrit. Au XVIe siècle, les écrits provençaux présentent des traits dialectaux importants comme la forme évoluée [lej] pour [lus], [las] (ce polymorphisme se maintient jusqu'au XVIIe siècle). [lej] apparaît aujourd'hui comme typiquement provençal ainsi que l’évolution rhodanienne [li]. La dialectalisation tend vers une différenciation de plus en plus marquée dans l'écrit. L'évolution de [lus] à [lej] y renvoie. Ce trait garde ses spécificités, mais les fonctionnements diglossiques s'emparent des phénomènes distinctifs pour les mettre en avant et nier les affinités afin de battre en brèche la réalité du concept « langue ». L'espace linguistique s'émiette, se restreint à un lieu particulier que les écrivains du XVIe siècle ont conceptualisé en « terradour » ou « terraire » à propos des thèmes arcadiques (Ruffi /17/ p. 33-42, Paul /23/ p. 163, 343-345)56. La majorité des écrivains provençaux présentent des traces profondes de cette dialectalisation. Nostredame fait encore exception. Sa graphie, inspirée par la scripta médiévale, ne fait que peu de place aux traits dialectaux : pas de diphtongaisons en [wo], présence de [lus], [las], seules quelques vocalisations de consonnes finales (essentiellement l) sont notées. La rupture est totale entre Nostredame et ses successeurs qui se conforment à la notation de toutes les évolutions. L'image de la langue est tributaire du regard extérieur. Nous savons que l'édit de Villers-Cotterêts ne correspond pas (du moins dans son intention première) à une politique dirigée contre les différents parlers du royaume. On doit comprendre cet édit en envisageant la lente, mais sûre, ascension du français comme langue de pouvoir. Villers-Cotterêts ne nomme aucune langue hormis le français et le latin. Il faut revenir au texte et à son interprétation historique pour définir les tenants et les aboutissants de cette politique : Et pour ce que telles choses sont souventes fois advenues sur l'intelligence des mots latins contenuz es dits arretz, nous voulons que doresnavant tous les arretz ensemble toutes autres procedures soient de noz courtz souveraines ou autres subalternes et inferieres soient de registres, enquestes, contractz, commissions, sentences, testamens et autres quelzconques actes et exploictz de justice ou qui en deppendent soient prononcez, enregistrez, delivrez aux parties en langaige maternel françois et non autrement.

Ces phénomènes linguistiques deviennent des marqueurs identitaires.Aujourd'hui, dans l'esprit de certains utilisateurs de la langue, [lej] ou [li] provençaux s'opposent à [lus] languedocien pour démontrer l'inexistence d'une compréhension entre ces deux dialectes : « Un Provençal, un Gascon et un Auvergnat ne sont plus aujourd'hui en mesure de se comprendre en parlant la langue d'oc. » (Blanchet /126/ p. 5).

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PREMIÈRE PARTIE

Édictée pour une meilleure compréhension de la justice par ses usagers, cette disposition ne nomme pas les langues à exclure. Il s'agit de promouvoir une politique linguistique au service de la centralisation royale. La langue d’oc n'existe pas, elle n'est pas nommée, ce qui aurait pu lui assurer une justification d'existence s'il y avait eu une résistance organisée à cette politique. L'étonnement de Racine à Nîmes, bien connu, n'est pas ignorance, seulement une pratique culturelle qui ne peut soupçonner une autre présence linguistique que celle pratiquée à Paris. Parmi les différentes langues qui servent à Pantagruel pour converser avec Panurge, l'occitan n'est pas représenté. Le basque, fragments d'originalités rivalisant avec les expressions inventées par Rabelais, y figure au côté des langues européennes. Dans un autre chapitre, l'Escholier limosin retrouve, sous la menace, un parler originel qui découvre sa « parole » quand la Nature reprend ses droits (Rabelais /69/ p. 207-213, 190-193). En réalité, la prise de conscience extérieure obéit à deux tendances. La première signifie la langue dans son dépouillement dialectal, souvent objet d'incompréhensions et d'incertitudes linguistiques. Elle aboutit par ailleurs à l'ethnotype gascon dont l'analyse a été tentée (Marty /127/). La deuxième tendance est celle qui privilégie l'absence de la langue. Dans le journal de Thomas et Félix Platter, étudiants qui traversent l'Occitanie pour herboriser, la langue est pratiquement absente. La description des bateaux ancrés dans le port de Marseille et des modes de navigation évite l'occitan. Thomas Platter parle, toujours à Marseille, de « la Porte de France » alors qu'il s'agit de « la Pòrta de la fracha » (brêche). En Arles, le botaniste décrit le « marché neuf » en citant cette formulation comme authentiquement populaire (Legré /128/ p. 29-30, 39, 77). La langue, même si elle est entendue et quelque peu comprise, n'est pas dicible pour un botaniste germanique du XVIe siècle. Platter n'a pas d'idées préconçues sur l'occitan, mais il est tributaire de l'absence de référents conceptuels concernant cette langue. C'est toutefois l'ouvrage de Jules Raymond de Soliers qui présente l'effacement le plus manifeste. Dans un passage consacré au Rhône, Soliers note en citant un proverbe : « Vulgo celebratur adagium : Entre Thyn et Tournon ne paist ne brebis ne mouton. » (Soliers /43/ p. 62). L'antagonisme entre « Vulgo celebratur adagium » et un français très neutre est riche de sens. L'occitan, dans sa partie rhodanienne la plus proche du franco-provençal, n'existe pas et est voué à une disparition prochaine comme le précise Soliers à un autre endroit : Toutesfois la Prouençale fut en tel prix, & reputation, que non seulement les peuples voisins : mais aussi les plus esloignez, (...) l'apprenoient auec beaucoup plus de desir, & d'affection, toutesfois depuis que la Prouence a esté vnie au Royaume de France, on a commencé d'y parler à demi-François, & sans doute qu'en peu de temps on n'y parlera que François, au lieu que sous le comte René, il n'estoit cogneu qu'entre quelques courtisans. Toutesfois le langage des Marseillois est aucunement different du Prouençal, car il est meslé du Geneuois, & du Numidique ou barbare, & il y a peu de gens qui parlent Prouençal, si ce ne sont ceux, qui ne se meslent point de la marine, & les femmes aagees. » (Soliers /44/ p. 109).

Dans un registre différent, Malherbe s'adresse à Peiresc et lui reproche sa fréquentation de « la Floride », demeure de Guillaume du Vair et lieu de rencontres poétiques :

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LA SCÈNE DÉROBÉE

Les delices de la Floride vous ont apoltronni ; je vous en excuse car à ce qu'on m'a dit, elles en sont bien capables ; je n'y treuve à dire que le nom, qui a un peu du gascon : toutefois ce sera plutôt fait de le souffrir que de la rebaptiser. » (lettre à Peiresc du 6 septembre 1613).

Malherbe place ici l'occitan entre deux étages diglossiques. Il note d'abord l'occitanité du nom « Floride » alors que Pierre Paul nomme parfois cette demeure « Flurye »57. Nous pouvons penser que Paul se conforme à un emploi mis en circulation par les écrivains français qui fréquentaient ce lieu. Ensuite, Malherbe appelle le provençal « gascon ». L'identification de l'occitan passe ici par le gascon, à une date, 1613, où se développe un ethnotype. « Gascon » l'emporte pour nommer la langue d'oc et ceci à cause d'événements politiques particuliers qui nourrissent quelques œuvres littéraires. Le phonétisme, non théorisé, de certains écrivains occitans trouve un partisan inattendu. En 1578, un ouvrage entend réformer l'orthographe française et propose un nouvel alphabet plus adapté à l'enseignement : « Moyennant lequel chacun pourra nayuement représenter les paroles » (Rambaud /72/ p. 10). L'auteur de La Déclaration des Abus que l'on commet en escrivant, Honorat Rambaud, est enseignant à Marseille. Il est originaire de Gap et soumet, dès 1567-1568, aux consuls de Marseille un ouvrage qui ne voit le jour qu'en 1578 (Merle /129/). Par son phonétisme exacerbé, Rambaud se rattache à la théorie défendue par le Lyonnais Meigret. Il est en totale opposition avec les « étymologistes » qui écrivent le français en conformité latine et grecque, avec certaines lettres « inutiles ». Rambaud fait partie d'un courant de pensée phonétiste qui tente de réduire la graphie à une prononciation qui n'existe d'ailleurs que dans la seule pratique de celui qui la possède. Rambaud saute le pas et fonde un nouvel alphabet dont la forme des lettres est inspirée du grec et de l'hébreu. Alphabet s'écrit : « V | VqéT ». Le T de alphabet prouve que cette consonne finale devait être articulée. Rambaud note aussi le -s du pluriel, qui ne devait pas être prononcé. Il ne note pas, donc n'articule pas les lettres dites « étymologiques » comme le c de faict. Rambaud a donc une position commune avec certains écrivains provençaux (qui n'ont pas théorisé cet aspect de la langue) dont la pratique d'écriture prouve amplement qu'ils se réfère à un phonétisme total. Nous trouvons chez César de Nostredame cette remarque : « (...) où i'aduertis en passant le lecteur que tous les mots Prouençaux qui se terminent en a se doiuent prononcer en o, ainsi que le François prononce l'e : mais vn peu plus cruement & tout à plein. » (Nostredame /54/ p. 313). L'occitan se rapproche d'un parler de nature qu'il convient de restituer sans artifice, dans sa pureté quasi métaphysique. Rambaud rejoint tout à fait ces conceptions « naturalophones » puisque pour lui la langue n'est pas autre chose qu'un objet à transcrire : « (...) l'escriture doit estre totalement semblable à la parolle, & qu'en l'escriture se doit trouuer tout ce que la bouche a prononce, & rien de plus. » (Rambaud /72/ p. 6). Cette opération tâche de remédier à l'étymologisme et aux carences de l'orthographe et de la nature même des structures graphiques car : « (...) à cause qu'auions signe de lettres, qu'estions contraints abuser d'icelles, & par consequent mal escrire, & mettre en peine ceux qui enseignent, & ceux qui veulent apprendre. » (Rambaud /72/ p. 10). La langue de l'éducation est donc le français, mais l'occitan perce sous ce masque. Comme l'affirme René Merle :

Au chateau de Monsieur Du Vair Premier Prezidant en Prouvansso dit la Flurye au terroir de Marceillo (Paul /23/ p. 230).

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PREMIÈRE PARTIE

Il est peut-être plus facile à un Occitan de proposer un alphabet phonétique : son parler de nature l'éloigne d'autant plus des étymologies qu'il n'est pas imprimé. » (Merle /129/ p. 20).

Même avec l'apparition de l'imprimerie, les solutions graphiques de l'occitan ne varient pas. Rambaud peut adapter sa théorie et la faire circuler de La langue d’oc au français sans problème, car pour lui, il est clair que le provençal, resté en l'état de Nature, ne peut se conformer qu'à une graphie phonétique : Aucunes fois pensons escrire de mots Prouensaux, & escriuons de mots latins, & ainsi des autres langages & nonobstant que soyent bien différents en la signification & prononciation, l'escriture est totalement semblable. » (Rambaud /72/ p. 338).

Rambaud, en acceptant la garantie phonétique qui détermine son idéologie, œuvre dans le champ des aliénations linguistiques, privant les langues de leur histoire. Son phonétisme français peut ainsi s'expliquer par la situation de diglossie dans laquelle se trouve sa langue maternelle. Achevant son livre, il déclare : « Le Present liure a esté acheué d'imprimer le 20 septembre 1578. Il s'en va par le monde tout seul. » (Rambaud /72/ p. 350). Témoin ultime de la précarité de la parole.

Langue, identité et manifeste linguistique

L'action diglossique que nous avons analysée n'est pas uniforme. Elle se développe suivant des axes géographiques et historiques et connaît parfois de brusques accélérations. De 1550 à 1575, il semble qu'elle soit plus forte et aboutisse à la francisation d'une génération d'écrivains. Jean de Nostredame emploie le français dans ses travaux historiques à partir de 1565-1570. Cette diglossie « à deux vitesses » caractérise le XVIe siècle. Sa pérennité est assurée dès les premières années du siècle par l'absence de l'écrit administratif et les formes de l'enseignement en français et en latin. Quelques années plus tard, cette situation engendre une modification des pratiques linguistiques qui donne naissance aux répartitions d'usages dans la littérature. L'action diglossique favorise l'éclosion de ces répartitions et détermine certaines thématiques. Elle produit également des comportements littéraires et un corpus, historiquement délimité, qui à première vue pourraient lui échapper. Nous pensons aux textes de revendication linguistique, aux manifestes contenus dans les œuvres de Robert Ruffi et de Pierre Paul. Nous verrons que loin de constituer des pratiques antidiglossiques, ces écrits sont tributaires de la diglossie et calquent leur argumentation et leur visée glottopolitique sur les modèles dominants. La fonction mimétique joue un rôle important dans une dialectique a/prodiglossique. La récupération finale est liée au modèle. Fonctionnant en quelque sorte comme une libération contrôlée, ces textes sont peu lus, pas édités, peu connus. Il faut attendre par exemple la fin du XIXe siècle pour que les œuvres de Ruffi soient éditées. Nous ne pouvons analyser ces textes sans les rattacher aux manifestes, connus et édités, des écrivains gascons Pey de Garros et Du Bartas. Nous ne prolongerons pas une analyse qui a déjà été effectuée (Lafont /6/ p. 195-201). Nous rappelons que pour le texte de Du Bartas, Robert Lafont a donné des clés de lecture qui montrent qu'il s'agissait d'une opération purement politique, liée au pouvoir gascon d'Henri de Navarre. Le gascon sert à l'intégration française : une fois ce fait accompli, la langue de France reprend ses droits. Il n'est pas question de promouvoir une politique linguistique différente. Du Bartas s'adresse à un homme qui est le garant d'une 72

LA SCÈNE DÉROBÉE

politique religieuse. La contradiction apparente entre l'œuvre française de Du Bartas et son manifeste s'efface devant cette analyse58. Pey de Garros écrit son œuvre quelques années plus tôt, vers 1565-1567. À cette époque, les souverains béarnais ne pensent pas devenir rois de France. Garros propose une politique linguistique et rétablit la dignité du gascon. Il tente de bâtir une communauté gasconne élargie, favorisée par l'émergence d'une production littéraire française et occitane. Nous savons que son entreprise échoue, mais sa proposition reprend parfois les termes de la diglossie en les investissant de patriotisme linguistique : Pux doncas qe plazut vos a Rhythmes en gascon compauza, De my vos n'eratz pas estat Envaganau sollicitat, A prene la causa damnada De nosta lenga mesprezada : Damnada la podétz entene, Si degun no la vo dehene : Cadun la leixa e desempara, Tot lo mond' l'apera barbara, E, q'es causa mes plañedera Nosautz medix nos trupham d'era O praube liatge abuzat, Digne d'estre despaïzat, Qui leixas per ingratitud, La lenga de ta noyritud, (...) Per l'hono deu pays sostengue, E per sa dignitat mantengue : No pas d'espazas aguzadas, Ny lansas de sang ahamadas, (...) Més au loc de lansas pontxudas, Armem nos de plumas agudas, Per orna lo gascon lengatge, Perqe om preziqe d'atge en atge La gent ta' bera parladora, Com en armas es vencedora. (Garros /32/ p. 75-76)

Les arguments de Garros se retrouvent chez Ruffi. Il ne peut y avoir qu'une correspondance indirecte entre ces deux textes. Le poème de Ruffi que nous allons analyser s'intitule L'Ode à Pierre Paul. Nous possédons deux versions de ce texte (dissemblables sur des questions de graphie), l'une contenue dans le manuscrit des poésies de Ruffi et éditée par Octave Teissier (Ruffi /17/ p. 25-31), l'autre se trouvant dans les pièces liminaires de L'Autounado (Paul /23/ p. 230-239). Nous nous référons à la première de ces versions (Casanova /21/ p. 186-

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Pièce publiée en annexe.

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PREMIÈRE PARTIE

187)59. Ce poème date de l'extrême fin du XVIe siècle ou du début du XVIIe. Il commence par une dissertation poétique sur les vertus réciproques du printemps et de l'automne. Les cinq dernières strophes (strophes 15-19) développent une argumentation linguistique : Grand estimo donc à Pau, De remetre en sa lumiero Lous dots vers en prouvensau Qu'avien perdut sa tubiero Despuis tres cens quasique an, Car las muzos provensalos Reprendran sas fortos alos, E tousten si prezaran. Lou prouvensau, baudoment, A lou drech de premier agi D'aver tant antiquoment Rimat en vulgar ramagi ; Apres venguet lo tuscan, Coumo dion Danto e Petrarquo, Puis pron d'autres, l'on remarquo, An seguit de man en man. Qui non escrieu son saber En sa lengo naturalo Va dementent lo dever De sa patri maternalo, Voulent, per trop curiuous, S'en autar d'autre lengagi, Placant son propri gavagi Que li profitarie mious. Lous Grecs en odi tenion D'auzir la lengo latino, E lous Romans defendion D'aprendre greco doctrino, Temistocles, un legat, Cambiant sa lengo persico Per s'avidar de l'Attico, Lou rendet mort ablagat. Vivo ton provensales Pau ! E may ton Autounado ! Car lou docte sens que l'es, D'un estil haut entonado, Eternisara ton nom, Car fins a tant qu'es perdudo, Vertut non es conegudo, 59 Le titre contenu dans le recueil de Pierre Paul est : Robert Ruffi de Marselho sur l'Autounado du Sieur Pierre Paul (Paul /23/ p. 230).

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LA SCÈNE DÉROBÉE

Viou et mort, auras renom. (Ruffi /17/ p. 30-31)

Ruffi développe dans ce manifeste linguistique trois thèmes : l'existence des troubadours, l'antériorité de la littérature occitane et l'attachement de la langue à la patrie et aux hommes. Ruffi est lecteur des troubadours. Il recopie quelques poèmes médiévaux dans ses travaux historiques. L'allusion de la première strophe nous permet de relever la référence au corpus du XIIe siècle. Les troubadours sont ainsi placés en exergue de l'argumentation générale. La littérature d'oc du XVIe siècle n'est pas un phénomène spontané : elle a été précédée par les troubadours. Ruffi restitue leur importance dans l'élaboration littéraire. Cette filiation permet à Ruffi de combler le vide textuel des XIVe et XVe siècles. Pour lui, la littérature du XVIe siècle assure une pérennité littéraire. Un lecteur, même peu averti, comprend aisément qu'une différence textuelle et linguistique sépare Pierre Paul des troubadours. Ceux-ci ne sont alors qu'un prétexte linguistique qui permet à Ruffi de développer son argumentation. L'antériorité de la littérature occitane est une idée fréquente au XVIe siècle. Elle est présente chez Jean de Nostredame et constitue une pièce majeure de son élaboration culturelle. Cette antériorité est définie par rapport aux émergences européennes, principalement italiennes. Ruffi met en scène une filiation littéraire où l'occitan possède la première place. Il induit indirectement un rang de préséance où l'occitan apparaît comme une langue plus « âgée ». « Baudoment » renforce cette hiérarchie. Est-ce une référence directe au « joi » des troubadours ? Nous pouvons en douter. Nous y verrions plutôt une idéalisation d'un état antérieur, celui que Nostredame magnifie dans Les Vies. Ces deux premières strophes mettent en place le cadre du manifeste linguistique. Ruffi procède comme Nostredame : il situe l'occitan en référence italienne, dans une conception de modernité. On sait qu'à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle l'influence italienne est considérable. Ruffi s'inscrit dans la plus récente modernité française en se référant au texte pétrarquisant. Dans les deux strophes suivantes, Ruffi développe sa troisième argumentation. Il montre ce que devrait être le comportement des érudits provençaux et fustige ceux qui emploient le français. Nous savons que les écrivains nés vers 1550 sont presque tous francisés ; César de Nostredame, Louis de Gallaup de Chasteuil et Jean de La Ceppède, pour ne citer que ces trois exemples, écrivent une œuvre conséquente en français. Deux expressions retiennent l'attention : « lengo naturalo » et « patri maternalo ». La naturalité de l'occitan induit le fait que le français est une langue étrangère à la Provence. La contradiction entre langue naturelle et langue a-naturelle est riche de sens : elle sous-tend une naturalité essentielle qui est seule dépositaire d'une authenticité littéraire. Nature et Culture s'opposent donc et le débat occitan tranche en faveur de la première : « més bère que l'art » comme l'écrit par ailleurs Salluste du Bartas. La langue extérieure (fondamentalement « culturelle ») est soutenue par une volonté d'élévation sociale caractérisée par la formule « s'en autar »60. 60 La naturalité de la langue est d'ailleurs un concept qui est utilisé au cours des siècles pour montrer la présence d'un corps linguistique étranger. De nos jours, le statut d'autonomie de la Catalogne affirme dans

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PREMIÈRE PARTIE

La naturalité de la langue révèle une autre utilisation de ce concept. Le provençal est un parler de nature opposé à une langue qui serait fabriquée et imposée. Cette élaboration condamne l'occitan à cultiver sa naturalité : il n'y a pas beaucoup de distance de la naturalité à l'oralité. Néanmoins, Ruffi ne confond pas ces deux idées. Nous avons déjà dit que son œuvre présente des niveaux de langue différenciés. Il n'existe pas dans son œuvre de conformité linguistique totale aux modèles de l'oralité, sa graphie et ses thématiques nous le prouvent. De la même manière, « Patri maternalo » renvoie à la notion de « Patrie » que le XVIe siècle développe. La liaison avec l'antériorité linguistique de l'occitan renforce le lien affectif face aux utilisateurs potentiels de la langue d'oc qui emploient le français. La langue est donc associée à la patrie. L'image de cette patrie, de la mère, se résume à la langue. La maternité et la naturalité se rejoignent par une opération d'affectivité et d'authenticité. Ruffi œuvre donc dans la diglossie et retourne contre elle ses arguments. Le schéma serait simple, purement renaissantiste et revendicatif, si ses modèles n'étaient pas français. Le XVIe siècle présente très tôt une argumentation en faveur de la langue française. La lente conquête des domaines réservés au latin s'effectue dans les premières années du siècle (Brunot /77/ tome II). Ce mouvement se clôt emblématiquement par la publication en 1549 de l'œuvre de Du Bellay : La Deffence et Illustration de la langue françoyse. Les exégètes et éditeurs de Du Bellay ont eux-mêmes remarqué le caractère compilatoire de cet ouvrage. Henri Chamard écrit : La Deffence est, pour un bon tiers, une mosaïque, ou, si l'on aime mieux, une marqueterie faite de morceaux de toute provenance, assemblés souvent au hasard. » (Du Bellay /71/ p. VI).

Le jugement de Ferdinand Brunot est beaucoup plus catégorique : (...) l'originalité des revendications de Du Bellay en faveur de la langue française n'en est pas moins à peu près nulle. En effet, si on considère son plaidoyer en général, il vient après vingt autres. (Brunot /77/ p. 83).

Le chemin de l'émancipation linguistique avait été considérablement déblayé par Jacques de Beaune, Geoffroy Tory ou Jacques Peletier du Mans (Beaune /133/, Tory /134/). L'œuvre de Du Bellay n'est pas novatrice. Elle l'est d'autant moins qu'elle s'inspire largement de divers écrits italiens, notamment de Sperone Speroni et de son Dialogo delle lingue écrit vers 1530 (Migliorini /90/ p. 327). L'idée d'un abandon de la patrie par les écrivains qui s'expriment dans une langue étrangère se trouve chez Du Bellay. Elle était déjà énoncée par Geoffroy Tory : Il me semble soubz correction qu'il seroit plus beau à ung François escripre en François qu'en autre langage, tant pour la seureté de son dict langage François, que pour decorer sa nation & enrichir sa langue domestique, qui est aussi belle & bonne que une autre, quand elle est bien couchee par escript. » (cité in Du Bellay /71/ p. 29).

son article trois : « La llengua pròpria de Catalunya és el català » (Statut /131/ p. 5). Cette distinction entre langue propre et langue impropre (le castillan indirectement nommé) rappelle l'argumentation de Ruffi.

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LA SCÈNE DÉROBÉE

Ruffi emprunte directement à Du Bellay l'exemple de Thémistocle qui se trouvait déjà chez Speroni : Ce prudent & verueux Themistocle Athenien montra bien que la mesme loy naturelle, qui commande à chacun défendre le lieu de sa naissance, nous oblige aussi de garder la dignité de notre langue (...) se moquant de l'ambicieuse curiosité de celuy qui aymoit mieulx ecrire en une langue etrangere qu'en la sienne. » (Du Bellay /71/ p. 183, 187).

Les arguments de Ruffi et de Du Bellay sont semblables jusque dans le lexique (la notion de « curiosité » transparaît dans les deux textes). L'œuvre de Du Bellay est éditée à un moment où la cause qu'elle défend semble triompher. La postérité de cet ouvrage occulte les traités antérieurs. La première édition est d'avril 1549, deux autres paraissent en 1553, 1557 et 1561 et une encore en 1568. En vingt ans, cette œuvre connaît six éditions. Ruffi est influencé par une œuvre représentative du « nationalisme » linguistique français. Tout fonctionne comme un calque : on prend des arguments au discours de la langue dominante pour les appliquer à la langue dominée. Par son côté revendicatif, Ruffi semble échapper à la diglossie alors que son texte en est, d'une certaine manière, le produit. La reproduction du modèle obéit à un sentiment authentique qui veut faire de l'occitan une langue à part entière, mais cette authenticité ne peut totalement se débarrasser de la diglossie. Celle-ci demeure visible à l'intérieur du manifeste qui la dénonce. Il ne s'agit pas d'une influence littéraire, mais d'une fonction mimétique. Le texte français procède par avancées et le texte d'oc se détermine par rapport à ces poussées revendicatrices. Le retard, cinquante ans, est considérable. Pierre Paul reprend dans un de ses poèmes une thématique similaire. Ce texte est dédié à son protecteur, le duc de Guise : Au Seigneur Duc de Guyse A la louange das Troubadours Prouvenssaus Sy lou Diou Mars treyno trompetos, Masso d'armos, lansso, escoupettos, Bandiero, fifres et tambours Et autres instrumens de guerro, Tout sarie fondut dins la terro, Sy non fousson lous troubadours. Mais de l'un l'autre fasent glory, Per non estouffar sa memory, Un cadun segon son humour, Tant das assaux que das bataillos Et das fourssament de muraillos, Dey Reys an escrich la vallour. Per saber lou premie escrivayre, Sensso blandir ny Juan, ny Peyre, Non n'es ystat lou prouvenssau ?

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PREMIÈRE PARTIE

S'entende a son jargon vulgary, Loucal a fach tonbar d'eyglary Lou restan de l'universsau. En fet de la rymo italiano, Tout aco es erbo de genssano, L'espagnou, ny mens lou toscan Non sy pou comparar ey noustres Car de tous, nautres, sian ley mouostres Et lusen coumo lou clinquan. Autrey fes ley Reys de Cicilly An troubat fouort beou nouostre estily, Aujols de vouostre houstau famous, Qu'entretenien en gran delicy Et per lous sinalas servicy Que non ressebien tous ley jours. Vequy perque, grand Duc, gran Prince, Non deves troubar per trop mynce So qu'you vous fau journalament Car jusc' aros per mon estreno Hou per pagament de ma peno, N'ay agut un remerciament. (Paul /23/ p. 696-698)

L'argumentation est semblable à celle de Ruffi. Elle reprend l'idée d'antériorité du corpus troubadouresque en la développant. Paul cite les comtes de Provence, glorifiant ainsi la parenté éloignée de son protecteur. La dernière strophe, ajoutée après 1611, prouve que ce poème revêt également l'aspect d'une demande financière. Pierre Paul se justifie, peut-être face aux critiques de l'entourage du duc de Guise. Ce texte révèle toutefois que Paul éprouve la nécessité d'évoquer un passé littéraire que le duc de Guise ne semble pas connaître. Nous sommes d'ailleurs sceptique quant à la véritable destinée de ce poème. Paul a peut-être obtenu les avantages souhaités, mais ni le duc de Guise ni Guillaume du Vair n'ont reconnu le bien-fondé des strophes du poète marseillais. Nous nous interrogeons également sur la fonction sociale de ces manifestes. Les poèmes de Paul et de Ruffi sont restés manuscrits pendant trois siècles. Ils n'ont pas été diffusés, très peu lus. Ruffi n'utilise pas une prise de parole publique pour avancer de tels arguments : pour l'arrivée de Marie de Médicis à Marseille en 1600, il récite un poème de circonstance qui ne fut pas remarqué (Casanova /136/ p. 90-92). La portée sociale de ces écrits est donc à peu près nulle. Il nous semble également que la revendication linguistique exprimée dans ces poèmes confond la langue et la littérature. La langue est réduite à la poésie, rien n'est dit sur les autres domaines de l'écrit. Le manifeste respecte pleinement les répartitions d'usages en place. Pouvait-il en être autrement ? Ruffi et Paul avaient-ils les moyens d'effectuer une autre analyse ? Certainement pas. Néanmoins, le texte de Ruffi est important dans l'histoire de la littérature d'oc ; il dévoile les fonctionnements diglossiques tout en essayant de les combattre.

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LA SCÈNE DÉROBÉE

La langue est liée très tôt à l'identité provençale. Le XVIe siècle occitan révèle un malaise identitaire : comment concilier une appartenance provençale et française ? L'exaltation et le souvenir d'une époque passée ne sont-ils pas incompatibles avec le nationalisme de l'historiographie française ? Pour Jean de Nostredame, la langue et la littérature servent à exalter un passé prestigieux. Mais à bien lire Les Vies ou les M, l'union avec la France n'est pas remise en cause ni contestée. Il s'agit d'un fait déterminé par l'histoire depuis l'accession des Anjou au comté de Provence. L'identité provençale se noue à la langue dans un sonnet de Michel Tronc : Un que demando a Lorges sy ero provenssau et eu ly responde : Oc, you syou provenssau, et toutos mas humours Non despendon sinon de l'umour provenssallo, En toutos mas acssions uno humour prodigallo, Bravo en toutey pars, amado das hounours. Lous Prouvenssaus valhens quan s'en van ey furours Sy fourron en mittan, coumo ou vin ley moyssallo ; Vous dirias qu'ellous an uno vido imortallo, Tant pau en queque sie redouton ley pavours. En que lous voulles-vous entre ley dameizello, Prodigou a son amic, ly dounar l'escarcello, Et per vous faire court, en tout es liberau. Voules-vous receber un signallat servicy, Et un que sie tanben a tout faire propicy ? Venes my resserquar, you que siou provenssau ! (Tronc /24/ p. 331)

« Humours », que l'on comprend généralement au sens de comportement, d'état d'âme, englobe la langue qui est une des garanties de l'esprit du poète. Pourrait-il être autant provençal si son œuvre était écrite en français ? Les œuvres bilingues de Meynier et de Ruffi épousent donc le cadre étroit de la diglossie dans lequel elles s'inscrivent. Le développement de l'identité ne se détermine pas obligatoirement par une adhésion totale à la langue. On peut être persan sans écrire en persan. Meynier bâtit une œuvre tout en rappelant une localisation géographique indispensable à la compréhension de son bilinguisme. Le provençal qui figure dans son recueil ne peut être compris que par cette référence à l'espace local, alors que le français s'inscrit dans un autre registre. Le titre de l'ouvrage de Meynier précise cette idée : « natif de la ville de Pertuis » (Meynier /28/). Annibal de Lortigue mentionne dans le titre d'un de ses recueils son appartenance provençale. Les mentions « gentilhomme provençal » figurent également dans le titre des œuvres de César de Nostredame (Nostredame /54/, /55/, /56/, /57/, /58/, /59/, /61/, /62/, /63/, /64/). Néanmoins, le cas de ce dernier est beaucoup plus complexe. De 1591 à 1596, il loue Charles Emmanuel de Savoie, puis Charles de Casaulx. Nous connaissons sa participation à la publication de 1595. En 1596, il glorifie l'action du duc de Guise et donne une pièce poétique accompagnant une rédaction de la réduction de Marseille (Deimier /66/). Son histoire de Provence est offerte à Henri IV. Son trajet politique se noue à l'identité provençale. Cependant, 79

PREMIÈRE PARTIE

César n'écrit pas en occitan (il intervient dans l'œuvre de Paul en français et non en langue d'oc (Paul /23/ p. 465-468)). L'identitarisme est réduit à un style de comportements et d'écrits, plus qu'à une spécificité linguistique. C'est justement ce que Ruffi reproche à toute cette génération, mais l'archivaire marseillais est lui-même auteur de poésies françaises disséminées dans son recueil manuscrit. Pierre de Deimier s'adresse à Pierre Paul en occitan61. S'agit-il d'un simple jeu littéraire ? Il faut le croire, étant donné l'œuvre et la personnalité du poète. Ce choix prouve cependant que Deimier peut utiliser l'occitan dans son écriture. Cependant le manifeste linguistique est déterminé par la crispation identitaire et la diglossie. Les textes de Ruffi et de Paul sont réactionnaires, au sens propre du terme. On ne peut pas comprendre ces poèmes si l'on efface la littérature provençale qui s'exprime en français. L'identité occitane peut utiliser une langue étrangère à sa naturalité. Pendant une très courte période, de 1590 à 1615, le manifeste linguistique correspond à une revendication littéraire, à une lueur d'espoir qui tente de confondre la langue et la littérature.

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Sonnet publié en annexe.

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LA SCÈNE DÉROBÉE

ANNEXES Pièce n°1 Texte publié par Régine Pernoud (Pernoud /116/ p. 271). Nous n’en donnons qu’un extrait. CAPITOLS FAICHS SUBRE LAS ADOBARIES ET PUBLICAS A VOX DE TRONBA PER MYQUEL ESTORNEL, LO IXme JORT DEL MES DE NOVEMBRE 1480 DE COMMANDEMENT DEL CONSEIL D’AQUESTA CIEUTAT 1. Primo, que tos adobadous de curataries de la cieutat de Masseille sian tengus et deyan aver sa suelha bona et suficiente, et que tota l’ayga de la adobarie deja tonbar dintre la dicha suelha, hazent un espacier de peyra de tailha al premier pertus tonbant l’ayga et l’ordura dintre la dicha suelha ; e al pertus per on salhira la dicha ayga deya aver une graylha de ferri que deya aver un pauze de hubertura affin que l’ordura reste en la dicha suelha, sota la pena de florins 25 per cascuna vegade, applicadoyra la mitat a la cort et l’altra al port. 2. Item, que tot adobador sya tengut et non deya escampar deguna trulhada d’ayga ny piela d’ayga, que ne aya lavat lane ny borra ny pelan gros ny lanut, sinon que la dicha ayga deya levar lo tap et layssar anar la dicha ayga sensa remenar lodich truel afin que l’ordura reste en lodich truel, et sie tengut de levar la dicha ordura del truel et portar en lur suelha afin que non porte domaige al port, sota la pena subredicha de florins 25, etc. 3. Item, que deyon tenir los dichs valas de 15 en 15 jors curats et nets et levar la dicha ordura de mes en mes, afin que lo camin no se gaste, et metre l’ordura en lur suelha, sota la pena subredicha de florins 25. 4. Item, que deyon curar et far curar lo valat del pont de Sant Loys de mes en mes una fes sota la subredicha pena de florins 25. 5. Item, que deion far pauzar de comun al mitat del valat una grazilla de ferry bona suficiente del vergier que fon de Paulet Masan sota la pena subredicha de florins 25.

Pièce n°2 Il s’agit de l’acte notarial de Jacques de Nostredame, père de Jean, publié in Leroy /84/ p. 29-30. Nous n’en donnons que des extraits. Premierament que denguna persona, de qualque estat ou condicion qué syé non ause ne presumissa transportar la juridicion dals signors de la Torre de Canilhac sus la peyne de ung chascun et chascune vigada de cent livres de coronat. Item que denguna persona de calque estat ou condicion que syé non ause ni présumissa occupar los dreychs dalds signors sus la peyna de cent livres de coronat. Item que dengun non syé sy ausat ou hardy de occupar ne a se usurpar las vias et camins publicz, sus la peyna de cinquante livres de coronat pour un chescun et pour una chescuna vigado. (...) Item que dengun persona estrange non ause ne presumissa cassar en lo terrador de la Tourre sans la licencia dals sinhours sus peyna de vincq et cinq livres de coronat per chascun et chascuna vigada.

Pièce n°3 Il s’agit d’une pièce d’archives déposée en Arles (ACA CC 550 L. 760.1541) qui constitue un élément d’un dossier manuscrit. Messieurs los consolz de Olioulas a vous autres nos recomandam la present sera per vous avertir coment nostre guardian nos es vengut avissar que en lo Ronbel a dous berguantins que volon anar a ponent et an sorgit environ de miech jourt en lodich Ronbel per tant que lo vent lur es contrari non saben que gent que sian et per tant seres avissas et avissares la costiero et paguares lo present portador a l’acostumado au jort d’uey lo XXX de avost. Per lous tous vres bons amics los sendegues de Sieys Fors.

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PREMIÈRE PARTIE

Pièce n°4 Deuxième pièce des ACA (CC 564 L. 902). Messieurs les conseulz d’Olioulos vous advertissen que la fragato que a pres la barquo aquest matin foro das Imbiers a acompagnat ladicto barquo foro de visto de mar. Et puys a laissat ladicto barquo et s’en es vengudo a la coto la onte vollio prendre de barquos que y a mays ly a agut a force gent la onte non y a agut redre que las ayon presses la onte a tirat d’artilhario et a prens gent a force d’arcabosados de que ladicto fragato es estado cogido de las platar en aqui es estat fach uno horo apres miejourt la onte ladicto fragato s’en es entornado et tiro vers levant. Et la letre vous sera per advis que sera la responso de Six Fours et XVIeIIe d’april de 1555. Vostres bons amycs les sendicz de Six Fours Et tout encontinent escripte la presento ladicto fragato a sorch a la callo das Ramicaux la onte y es encore.

Pièce n°5 Il s’agit d’un texte en prose française de Pierre Paul figurant dans un de ses recueils (Paul /23/ p. 247-249). Amy lecteur, ou impatient Provençal, pour te faire trouver plus de goust a la lecture de mes vers, je te veux dire le sujet de mon Auton. Tu sçauras qu’en l’an quarantehuitiesme de mon aage, je me treuva vef, ayant faict resolution en moi-mesme de ne jamais me remarier, n’eust este qu’un de mes plus proches, visant sur un peu de bien que j’ay, croyoit que je deusse passer le reste de mes jours dans sa maison comme un fe-neant, sans avoir escandaillé mon courage, ni recogneu que tout ce que j’ay entrepris depuis ma naissance en suis venu a bout, n’ayant jamais treuvé rien d’impossible a moy (touchant l’amour) et autres affaires, graces soient rendues a celui qui m’a tousjours conduict, car l’épée de Mars et la plume d’Apoulon hont este tousjours mon guide. Or est-il que rompant ma resolution, passant par une grande rue de ceste heureuse cité Marcelloise avec ung mien amy, me fit prendre garde dans une boutique ung beau suject qu’a imporveu m’eblouist les yeux et passant plus aultre, je treuve le Pere de la demoysele auquel apres plusieurs discours je luy dis s’il auroit agreable de me donner sa fille, que pour moi j’avois intention de l’espouser. La responce fust avec un grand souspy, toutesfois plain d’un bon vouloir, disant que ce seroit tout le bien qu’il sçauroit desirer, mais que faisoit quelque mois qu’un gentilhomme Espagnol ou Portugais, passant par ceste ville, s’estoit rendu amoureux de sa fille, luy disant que s’il avoit patiance de la luy garder jusques a son retourt des Indes, il la prendroit en mariage, et qu’il viendroit avec une telle richesse qu’elle surpasseroit la rançon de trois douzaines de petits Rois, et cependant a bon compte estant arrivé en Alep en Syrie, lieu fort marchant, luy manderoit huict ou dix mille escus de marchandise pour s’entretenir la grandeur de sa Maitresse et que luy et tous ses parants se resantiroient aux richesses et particulierement un homme a eglise fort sence, auquel croit bien que desja a sa part avoit un prix de billons d’or ou Pierres de Diamans de valeur de cinq ou six bons Escueches. Bref, il luy promirent de l’attendre jusques a son retourt et que pour sa mestresse yl luy pourteroit ung colier de perle grosse comme œuf d’autriche. A ceste responce, il me print envie de rire et de l’aultre de me fascher pour ne pouvoir effectuer mon desseing et abatre le feu invizible quy me bruloit nuit et jour, toutesfois comme font les prisonniers et surtout d’Amours, il se faut aimer la patiance et avoir recours a la muse, laquelle se treuvoit desja muette ou enrouillee, despuis le temps que j’avois faict tresve avec elle. Enfin je commençay a l’esveiller en fasson que je dressay mon Autonnade, laquelle treuveras icy en suitte et plusieurs autres pieces que j’ay fet. Si j’eusse sceu mieulx faire, je l’aurois faict pour le contentement du public, et encores pour le mien, prens-le a gré et contante toy s’il te plet synon, saches que j’estime plus le contantement que pourra donner mon livre a ung homme de vertu, que le mecontantement que pourroyt avoir ung million d’ignorans, ne fes poin le Dieu momon. Adieu.

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LA SCÈNE DÉROBÉE

Pièce n°6 Le poème du Du Bartas est publié in Noulet /5/ p. 6-8. Nous n’en donnons que des extraits. LA FRANCOISE En faconde, en richesse, en douceur je te passe, Si Tulle revivoit, il parleroit François ; En Patare Apollon, les Muses sur Parnasse Ont oublié pour moi le Latin et Gregeois. LA GASCONNE Toute boste beutat n’es are que pinture, Que maignes, qu’affiquets, que retourtils, que fard : E ma beutat n’a punt aute mai que nature, La nature toustem es més bere que l’art. LA LATINE Sunt cedenda ergo Reginae, O Celtica Nympha, Jura salutandae, quae nos retinere nequimus, Vasconicis Nymphis, pugnax gens illa, tenaxque Propositi nimium : ne nos certare paratae. LA FRANCOISE Escoutons donc sa voix barbarement diserte : Cédons-luy nostre droit : tous nos débats sont vains, Tu dis vray : le Gascon a la teste si verte, Qu’il vient le plus souvent des paroles aux mains. LA GASCONNE L’eichem esta la force : oun més on s’arrasoue, Mes on be qu’jou é dret de parla daüant bous. Jou soun Nymphe Gascoue, er’ es are gascoue, Soun marit es Gascoun, é sous sutgets Gascous. Baise, enfle toun cous : coumence-t’he més grane Que lou Rhin, que lou Po, que l’Ebre, que la Tane : Gloriouse, he brouny toun gay per tout lou Moun ! Baise, enfle toun cous : coumence-t’he mes grane, Puch que iamés lou Rhin, lou Po, l’Ebre, la Tane Nou bin sur lou graué tau beutat que lou Toun. Creich, ô petit Nerac ! Nerac, creich tas barralhes ; Leue tas tous au ceu ; cinte de tas muralhes Tout so que de plus bet cintet iamés lou Moun ! Clare haube deu jour, bet escoune de grassie, Huch leu, huch, bé mucha sur l’aute Moun ta fassie ! Assiu raye un lugran plus lusen que lou Toun. (...) Diu tengue toun marit abricat de sas ales ! Diu nou bate iamés toun marit à de males ! Diu basse toun marit le plus grand Rei deu Moun !

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PREMIÈRE PARTIE

E puch que bostre pats es la pats de la France, Diu bous tengue loungtemps en pasible amistance : Cent ans sies tu d’Henric : cent ans Henric sie Toun.

Pièce n°7 Le sonnet de Pierre de Deimier adressé à Pierre Paul est contenu dans l’un des recueils du poète (Les Premières Œuvres du sieur de Deimier, dediées à la gloire, C. Morillon, Lyon, 1600) : A Monsieur Pierre Paul Sonnet Esprit angelic, lustradour de Marseillo, Que fas lusir ton nom eis dous cantons dou ceau, Revioudy my tonalo, & d’un voular nouveau, Fay rebrusir dou Pau la grando Maraveillo. Tu non sies Jan lou Pau que souspilo la treillo, Tu non sies Jan lou Pau que s’acabo tan leau, Ny may lou pau dou fon d’un pichot cascaveau : May ben lou Pau tout grand que tou eymaraveillo. Tu sies Pau, l’heuroux Pau que si fay renommar, D’aver un bout où Ceou, & l’autre din la Mar, Et meynagar lous cors, & d’estrar leis estelos. Et encaro arrimay you vouoly dire, Pau, Que tu sies un lousier que non ten dou pau : Car tu sies tousiours verd per lei bellos sourrellos .

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Chapitre III

L’HISTORIOGRAPHIE Naissance de l’historiographie provençale Jean de Nostredame appartient à un vaste mouvement d’érudition et d’humanisme que nous nommons « historiographie provençale ». Cette dénomination est commode, mais ne peut en aucun cas refléter l’ensemble de l’humanisme provençal. Le terme « historiographie » est pris ici dans un sens large. Nous rattachons la chronique événementielle aux différentes écritures de l’histoire et nous prenons en compte une série de travaux qui ne sont pas à proprement parler de l’ordre de l’historiographique, mais qui participent à cet humanisme. Ces œuvres ne sont pas sans rapport avec l’écriture de l’histoire. Nous pensons essentiellement à celles de Jules Raymond de Soliers et de Pierre Quiqueran de Beaujeu, chorographies, éloges ou descriptions de la Provence qui possèdent une dimension historique. L’historiographie provençale emprunte des chemins diversifiés que l’humanisme favorise par sa soif de connaissance et de savoirs nouveaux. Notre recherche a été rendue difficile par le manque de travaux sur ce sujet. Quelques articles anciens ne sont pas d’un accès facile et ne présentent pas un grand intérêt analytique. Les publications récentes n’apportent pas d’informations supplémentaires et ne semblent qu’effleurer un sujet pourtant intéressant62. L’inexistence d’éditions critiques des œuvres historiographiques pose un problème majeur : le texte de Denis Faucher n’a pas été édité dans son intégralité ni étudié sérieusement. Le recensement des œuvres historiographiques du XVIe siècle est difficile. Nous avons ainsi vainement recherché le manuscrit original de Jehan Thierry de l’Estoille sur le siège de Marseille en 152463. Certains humanistes donnent pourtant une série d’indications qui pourraient permettre une reconstitution de l’historiographie provençale : Jean de Nostredame recopie un certain nombre de mémoires ou d’annales qui ont servi à l’élaboration de son travail64, Nicolas Fabri de Peiresc dresse une liste d’historiens et d’œuvres lui ayant été d’un secours appréciable (Peiresc /51/ p. 26-28). C’est à partir de ces indications que nous avons pu recomposer le chemin historiographique provençal et en préciser les contours. Avant d’envisager en détail les contenus et les formes de cette historiographie, il convient de situer les foyers productifs de ces œuvres.

C’est notamment le cas de l’article de Jacques Ferrier, au titre pourtant évocateur (Ferrier /140/). Signalons une relation de la venue de François 1er à Marseille en 1516. Elle est le fait du notaire Somati. Elle se trouvait entre deux actes notariés du 22 et 30 janvier 1516. Les actes de Somati ont été déposés aux ADBDR par l’étude de Maître Laget. L’année 1516 n’y figure pas. Voici deux extraits de cette relation : « Auquel la present cieutat li venc au davant ambe dos mille V. cens picques, sive homes portant ses picques ; mille allabardies, et V. cens albaresties, et circa dos cens archies et sincante collobrines, ben armas et equipas, dos mille enfans ambe penosel des armes del Rey, et plus tous abilhas en blanc (...) apres el montet sus la gallera bastarda de dit Pujan, et anet a las yllas, la ont era la naou del Rey de Porthogal, ont y a vis una bestia salvage, appellada Renossero, que la mandava al Papa. Et pueys tornet, et per tres jors ben suyvant se batet a grants cops de aranges ambe las femas de Masselha et sos princes (...) » (Somati /146/ p. 4, 6). Les îles où le roi se rend constituent l’archipel du Frioul (Ratonneau, Pomègues, If) dans la rade de Marseille. 64 Nous en donnons la liste dans la description des manuscrits de Nostredame. 62 63

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PREMIÈRE PARTIE

Le premier d’entre eux est constitué par les monastères et les abbayes (il s’agit là d’une survivance du Moyen Age). Rédigées dans les bibliothèques et les scriptoriums, ces œuvres ne concernent pas seulement l’histoire religieuse. L’apport des annales médiévales est primordial pour la constitution historiographique et pour les habitudes de recherche. Le plus important de ces centres religieux est sans aucun doute l’abbaye de Lérins. La tradition de recherche et d’écriture y est ancienne. La personnalité de son fondateur, Saint Honorat, a été d’ailleurs l’objet d’une production hagiographique abondante. La liste des sources historiques utilisées par Peiresc nous apprend qu’en 1541, Ange de Fréjus, moine de Lérins, aurait écrit un Poème sur les guerres de Provence ainsi que Sept Hymnes à la louange des sept héros. En 1553, un autre moine, Léonard Spinola, aurait rédigé un Éloge des Héros et des Sages et en 1537, Jean de Dompierre un Hymne aux héros sacrés. Peiresc cite un autre nom : Grégoire Cortes qui aurait composé des Hymnes aux Croisades65. Mais de tous ces historiens, c’est sans aucun doute Denis Faucher qui occupe la première place. Son manuscrit a été conservé (Faucher /46/). On y apprend qu’il était moine de Lérins et arlésien. Son ouvrage, une chronique de Provence de DXVII à MDXXXVIII, est dédié au comte de Tende, Claude Sabaudo. Peiresc cite longuement cette œuvre dont il réfute certaines affirmations (Peiresc /51/ p. 27-28). Le nom du moine de Lérins n’apparaît pas dans les M, Nostredame ne semble pas connaître ses recherches. Denis Faucher garde une certaine importance même si son œuvre, écrite en latin, n’a pas suscité un commentaire approfondi. Un deuxième centre religieux doit retenir notre attention : l’abbaye de SaintVictor à Marseille. Cette abbaye possède une riche bibliothèque. Peiresc cite deux moines de Saint-Victor : Hilarion Martin pour les Triomphes de la noblesse de Provence contre les infidèles et Rostaing de Brinon pour les Hauts Faits de Jean, duc de Calabre. Un deuxième foyer productif se concentre autour de la région aixoise et du Comtat Venaissin. Dans la CF 534-535, Jean de Nostredame recopie une partie de ses sources. Ce sont des chroniques ou des annales touchant à l’histoire de Provence : celles de Boniface de Séguiran de Vauvenargues, de Pierre de Sabran, de Jean Meynier d’Oppède, des statuts d’Avignon... Nous savons que l’historien aixois est en relation avec Vaisquin Philieul dont il connaît les ouvrages (Philieul /48/, /50/). L’œuvre historiographique de Philieul est publiée en 1558 : il s’agit de la traduction de l’édition latine d’une œuvre de Romain Philieul, père de Vaisquin. Cette famille est très versée dans les recherches archivistiques : le père est notaire à Carpentras, le fils, docteur en droit et prêtre. En 1557, l’assemblée des États le charge de traduire l’ouvrage publié par son père en 1511 (Philieul /50/ p. non numérotée). Nostredame et Philieul sont héritiers d’un même humanisme provençal. Chez Philieul, le savoir se transmet familialement ; chez Nostredame, il est certain que ses maîtres, François Rascas de Bagarris et Boniface de Séguiran, lui lèguent leur science et l’encouragent dans ses tentatives. Jean de Nostredame n’est pas le seul à profiter des travaux de ses prédécesseurs. François de Clapiers édite un ouvrage à partir des annales de son beau-père, Boniface de Séguiran (Clapiers /47/). Nous figurons ces filiations par un schéma :

65 Nous n’avons pas effectué de recherches particulières pour retrouver ces manuscrits. Nous n’en connaissons pas l’étendue ni la langue d’écriture. Nous les citons comme sources historiques de Peiresc.

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LA SCÈNE DÉROBÉE

Romain Philieul Ⱥ V. Philieul Meynier d’Oppède Ⱥ J. de Nostredame Ⱥ C. de Nostredame B. de Séguiran Ⱥ F. de Clapiers Nous observons ici trois générations d’historiens. Les œuvres de la première génération (Romain Philieul...) ne sont pas (ou peu) éditées. Ces historiens lèguent leurs recherches à leurs successeurs : Vaisquin Philieul, Jean de Nostredame et François de Clapiers. La troisième et dernière génération, celle de César de Nostredame, reçoit ainsi l’héritage d’un siècle de recherches. Nous avons recensé un certain nombre de noms et d’œuvres qui ont été signalés par les annotations des historiens, mais il est fort possible et même probable que d’autres annales aient existé et aient circulé au milieu du XVIe siècle en Provence centrale. La deuxième génération d’historiens, et à plus forte raison la troisième, se singularise par son esprit de synthèse. Les chroniques sur tel ou tel règne, tel événement, servent à Jean de Nostredame pour un dessein plus vaste. La construction, même imparfaite, succède à l’éparpillement. C’est pour cela (et également grâce à une position géographique et sociale privilégiée) que Jean de Nostredame peut être considéré comme un archétype de l’historien provençal. Entre 1550 et 1570, il synthétise toute une somme de travaux et écrit une première histoire de Provence, conçue comme une illustration du passé provençal. C’est en ce sens que nous pouvons affirmer que les œuvres de César de Nostredame et de Peiresc n’auraient pas pu avoir l’importance qu’on leur accorde sans le premier travail de Jean de Nostredame. Ces deux premiers foyers ne doivent nous faire croire que toute l’historiographie provençale est contenue dans ces productions. Pour être plus précis, il faut relever l’importance des chroniques événementielles dans la première moitié de ce siècle (Valbelle /81/, Badat /148/). Signalons également que se développe au cours du siècle un goût pour les relations historiques. L’anonyme Discours das troubles que fouron en Prouvenso témoigne de ce mouvement. Un exemplaire de cette œuvre est d’ailleurs relié avec les brouillons de Jean de Nostredame66. Las Causas antiquas de l’antiqua cieutat de Tollon , manuscrit signalé dont nous avons perdu la trace, daterait du début de ce siècle (Teissier /141/ p. 71). Il serait vain de vouloir dresser ici un catalogue de l’écrit historiographique provençal. Il est néanmoins primordial, avant d’accorder une place à certaines productions, de réfléchir au problème linguistique tel qu’il se pose au XVIe siècle. Tout humaniste est concerné par la confrontation entre le latin et la langue vulgaire. En Provence, la situation est complexe en raison de la présence d’une trilogie latin / français / occitan qui est originale mais pas exceptionnelle67. Comment cette trilogie s’organise-t-elle dans l’historiographie ? Notre information est parfois incomplète. Jean de Nostredame recopie en français un certain nombre de travaux, mais n’indique pas la langue d’écriture de ces chroniques. Dans le cas de Boniface Séguiran de Vauvenargues, nous savons que l’original est en latin. Nostredame traduit donc ces textes en français, ce qui prouve le Ms 1883, BIC, fo 8 r°-22 v°. Cette trilogie (ou triglossie) est à relier à un classement qui définit la langue A dominante, la langue B référent culturel (au XVIe le latin), la langue C l’expression minorisée. Cette situation se retrouve parfois en Catalogne ou en Italie. 66 67

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PREMIÈRE PARTIE

rôle prédominant de cette langue vers 1565-1575, non seulement dans la langue de l’écriture historiographique, mais aussi dans celle du travail de l’historien aixois. Entre 1520 et 1550, l’occitan connaît quelques potentialités fructueuses. Le latin garde une place prépondérante, surtout dans des domaines annexes : les ouvrages de Soliers et de Quiqueran sont écrits en latin ainsi que la chronique de Denis Faucher. Jean de Nostredame commence ses travaux en occitan puis remodèle son histoire en français. Nous datons ce changement de 1565. Après cette date, le français prédomine. Pour bien comprendre les mécanismes qui régissent ce fait, il faut envisager l’affaiblissement de l’occitan au moment même où le latin perd de son importance. La Provence est à cet égard conservatrice : le latin y garde une place non négligeable jusqu’au milieu du siècle, en résistance à l’imposition du français. Marquée par le poids de la diglossie, l’historiographie provençale se construit à l’intérieur d’un malaise linguistique.

Jules Raymond de Soliers

La postérité de Jules Raymond de Soliers est incontestablement liée à la publication partielle de son œuvre en 1615. La traduction, du latin au français, a été assurée par Charles Annibal Fabrot, avocat au Parlement de Provence. Une préface d’Hector de Soliers, datée du 7 juin 1613, ouvre cette publication ainsi que des dédicaces à Melchior et Antoine de Forbin, Joseph Reynier, Simon Mosties et Michel de Villages. Cette édition est partielle et le titre indique que seul le premier livre, relatif à Marseille, est pris en compte (Soliers /44/). Cet ouvrage fait connaître cette chorographie, mais prive le lecteur de l’ensemble du regard que l’humanisme provençal portait sur son pays. La réputation de Soliers se bâtit sur cette édition, mais très vite les historiens et les érudits provençaux connaissent l’ensemble de l’œuvre. Un certain nombre de copies des XVIIe et XVIIIe siècles prouvent que ce travail est lu et apprécié68. Nous avons ainsi utilisé une copie conservée à Marseille. Le manuscrit se présente en deux parties distinctes : la première renferme le texte de Soliers, copié sur l’original que possédait l’antiquaire Terrin d’Arles, la deuxième est une biographie de Jules Raymond de Soliers par P. J. de Haitze. Elle a été copiée et datée du 12 juillet 1856 par Rouard. Cette biographie, confrontée à d’autres renseignements, nous permet de mieux cerner les origines et la personnalité de Soliers (Soliers /43/). Joseph Anglade a d’ailleurs repris l’essentiel du texte de Haitze dans un article (Anglade /45/). La famille de Soliers est originaire de Pertuis. Son père, Gilles, y exerce la profession de notaire. Cette famille s’inscrit dans une tradition humaniste : l’oncle de Jules Raymond, Hugues de Soliers, a été un botaniste réputé, commentateur d’Aetius. Il publie un ouvrage à Lyon en 1549 (Legré /172/). Jules Raymond de Soliers fréquente à Aix Marc Bertrand Maure, latiniste et commentateur de Varron (Maure /38/, /39/, /40/). Il semble que la famille Soliers embrasse très tôt le parti de la Réforme, comme le précise P. J. de Haitze : J. R. de Soliers, comme les autres sçavans, eut le malheur de donner dans ces nouvelles opinions et s’y affermit d’autant plus que son père et tous ceux de sa maison les embrassèrent. » (Soliers /43/ p. 152). 68 Nous avons utilisé Soliers /43/. Pour une description de ce manuscrit et d’autres références se rapporter à la bibliographie.

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Haitze note justement l’appartenance de Soliers au calvinisme. Haitze pose également le problème de la collaboration de Nostredame et de Soliers : (...) l’amitié qui étoit entre ces deux hommes étoit aparament fondée sur l’inclination qu’ils avoient pour connaître et donner connaissance de leur commune patrie ; hors de là leur liaison seroit chose fort singulière ; Jean de Nostredame étoit aussi ardent catholique que Soliers étoit outré et opiniâtre calviniste. » (Nostredame /11/ p. (33)).

L’amitié des deux hommes est bien réelle. Soliers cite plusieurs fois Jean de Nostredame dans son ouvrage et c’est par une de ces citations que l’on connaît la date de son décès69. Soliers dresse une liste de troubadours qui correspond à celle des Vies. Il se réfère plusieurs fois à Nostredame : videre liuit, vitas laborosie cellegit Joannus Nostradamus itidem pœte egregius, typis propediem mandaturus (...) quae vero ad historiam pertinent quoniam a J. Nostradamus copiose et felicita collecta sunt propediem conscripseramus consulto prœtermittamus. » (Soliers /43/ p. 130, 132).

La culture humaniste italienne est commune aux deux hommes : Soliers cite Bembo, Equicola et Vellutello. Il célèbre Pétrarque et Laure à l’occasion de la description du mont Ventoux (Soliers /43/ p. 127, 128, 86). Nous savons que Camille Chabaneau a identifié « le Moine des Iles d’Or » comme étant l’anagramme de Jules Raymond de Soliers (Nostredame /11/ p. (31)-(35)). Nous sommes donc en présence d’une collaboration efficace. Soliers semble profiter des recherches littéraires de Nostredame et celui-ci a emprunté quelques références à son collègue humaniste. Cependant Haitze a raison de poser le problème religieux. Il faut songer au contexte : Nostredame est un catholique fervent qui connaît des difficultés en 1562 ; Jules Raymond de Soliers se retire, au plus fort des troubles de la Ligue, au château du seigneur de Montfuron et y meurt en 1594. Haitze entrevoit une explication séduisante qui pourrait justifier la collaboration des deux hommes. Le goût de l’humanisme et la soif de savoirs nouveaux ont pu réunir des écrivains aux choix opposés. Les contacts entre catholiques et réformés ne sont pas impossibles s’ils se fondent sur une « République des Lettres » ; dans ces périodes historiques où la réconciliation pouvait sembler possible, au lendemain de la paix d’Amboise par exemple, une relation de travail a pu s’installer entre les deux humanistes. Leur objet d’étude constitue une explication essentielle. Haitze parle de « (...) l’inclination qu’ils avoient de connaître et donner connaissance de leur commune patrie. » Le terme « patrie » suggère que l’identitarisme provençal est plus important que leur foi religieuse. Il n’est pas impossible, pour des esprits comme Nostredame et Soliers, d’envisager une collaboration : une bonne partie de leur travail ne consistait-elle pas à rechercher des sources diverses et à colliger des chroniques et des annales ? Il semble bien que les deux humanistes aient eu besoin l’un de l’autre, au niveau de l’échange, de l’information ou à celui, plus introspectif, de la réflexion. Les humanistes gardent en mémoire tout un passé qui n’est pas dénué d’un certain prestige. Or ce passé n’est pas lié au royaume de France. Son exaltation et la 69

Vraisemblablement en 1577.

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PREMIÈRE PARTIE

mise en valeur de traits différentiels peuvent-ils être compatibles avec l’intégration française ? L’harmonie des situations contradictoires est finalement trouvée grâce à une conceptualisation du « patrimoine ». C’est par la restitution de ce patrimoine et par l’affirmation d’un sentiment de nostalgie qui place la langue et la littérature dans une conjecture d’éternité que cette opération trouve un sens. L’abandon linguistique et le respect des répartitions d’usages constituent un détour obligatoire. Néanmoins, pour certains écrivains, la tentative est difficile, douloureuse : nous devinons un texte littéraire en « palimpseste » dans les Vies qui laisse transparaître la propre œuvre poétique de Jean de Nostredame. Entre les écrivains provençaux, le partage formel et linguistique est équitable. Soliers et Quiqueran de Beaujeu utilisent le latin, Nostredame emploie l’occitan jusqu’en 1565, puis le français. Vers la fin du siècle, le poids du vulgaire devient de plus en plus important. Le partage se situe également au niveau des contenus. Nostredame s’occupe de l’historiographie et de la restitution du passé littéraire. Soliers pense à une chorographie dans les schémas de la Renaissance. Quiqueran de Beaujeu est plus intime et charnel dans un éloge de la Provence, de ses ressources et de sa beauté. Ces trois regards se complètent. Nostredame œuvre dans la mémoire et le temps, Soliers dans le regard, Quiqueran dans le sentiment esthétique. Ces trois aspects définissent assez bien les fonctions de l’humanisme provençal. Au-delà d’une simple collaboration entre deux écrivains travaillant sur le même objet, la relation Nostredame / Soliers laisse entrevoir une « illustration » de Provence riche de sens et d’incidences. L’ouvrage de Soliers mérite quelques remarques. Il faut tout d’abord préciser le sens de « chorographie » ainsi que ses implications. À défaut d’une définition donnée par Soliers, il faut trouver dans les ouvrages du XVIe siècle les références nécessaires. Franck Lestringant développe une analyse du paysage décrit et observé par les auteurs du XVIe. Il précise la distinction primordiale entre géographie et chorographie : À la géographie ou description générale sur la carte de toutes les parties du monde s’oppose la chorographie en description régionale qui s’arrête à la peinture détaillée de telle ou telle partie du globe. La première considère la terre sous le rapport de la quantité (quantitatim) d’où les tables de coordonnées mathématiques (longitudes et latitudes) auxquelles se réduit à peu près la Geographia de Ptolémée, dans l’état du moins où elle nous est parvenue, alors que la seconde envisage plutôt la qualité des lieux pris individuellement (qualitatim). (Lestringant /142/ p. 8).

L’ouvrage de Jules Raymond de Soliers se présente comme une chorographie. Il est divisé en cinq livres. Il comportait d’après Haitze deux cartes ainsi que divers index (Nostredame /11/ p. (32)). Le premier livre a été traduit et imprimé en 1615. Il concerne la région marseillaise. Le livre II est relatif au pays d’Arles, au Rhône, à la Camargue, la plaine de Saint-Rémy, à l’étang de Berre, à Toulon et Solliès. Le livre III concerne Aix et sa région. Le livre IV décrit la plaine rhodanienne. Le livre V renferme une description de la faune et de la flore provençales. On trouve à la fin une liste de poètes : « De Pœtis qui prouinciali sermone scripserunt ». L’ensemble de cet ouvrage semble avoir été écrit de 1555 à 1570. Une première version est dédiée à Charles IX. En 1577, Soliers dédie une deuxième version à Henri III. Le regard que Soliers porte sur son pays exclut la Provence orientale et les Alpes. Il oriente sa recherche vers le nord. Marseille, le sud et la mer ouvrent l’horizon, 90

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puis Arles, Aix et le sillon rhodanien. Soliers n’observe pas la Provence à partir d’Aix ou d’Arles ; il est dilué dans son objet, au cœur d’un centre géographique hypothétique. La vision qui est donnée de la Provence n’est pas une vue à plat, comme celle d’une carte. Il est symptomatique que cet ouvrage puisse se clore sur un monde organiquement vivant : les animaux et les hommes. Au XVIe siècle, Pierre Arpian est le principal théoricien des études chorographiques. Il précise l’objet de sa recherche dans un ouvrage publié à Anvers en 1544 : Chorographie (comme dict Vernere) laquelle aussi est appellee Topographie, consydere ou regarde seulement aulcuns lieux ou places particuliers en soymesmes, sans auoir entre eulx quelque comparaison, ou samblance aueq l’enuironnement de la terre. Car elle demonstre toutes les choses & a peu pres les moindres en iceulx lieux contenus, comme sont villes, portz de mer, peuples, pays, cours des riuieres & plusieurs aultres choses samblables. Et la fin d’icelle sera acomplie en faisant la similitude d’aulcuns lieux particuliers, comme si ung painctre vouldroict contrefaire ung seul oyel, ou vne oreille. » (Lestringant /142/ p. 8).

Le chemin emprunté par la chorographie de Jules Raymond de Soliers correspond à la définition d’Arpian. La description de Soliers rejoint également l’histoire. Les paysages décrits figurent des entités historiques bien précises : Marseille, Arles et Saint-Rémy antiques, le royaume d’Arles, le comté de Provence et son centre aixois. Le découpage chorographique s’organise en fonction de l’histoire interne de la Provence ; il reproduit le partage historique. Soliers est donc une pièce maîtresse de l’humanisme provençal. Si nous avons placé son œuvre dans un ensemble concernant l’historiographie, c’est que sa chorographie échappe aux simples descriptions. Jules Raymond de Soliers et Jean de Nostredame sont les deux faces d’une même recherche qui entend reconstruire un espace-temps provençal70.

Impossibilités et infléchissements formels Le destin de l’occitan est lié aux conditions de la création historiographique. Les événements de la fin du siècle ont une influence profonde sur la production textuelle. Il est vrai que la conception historique d’un siècle qui privilégie « l’acte » favorise des relations historiques glorifiant des faits précis. Les événements donnent la parole aux historiens, mais également aux témoins des faits historiques. Cela se traduit par l’écriture de chroniques événementielles, relations dont les auteurs ne sont pas toujours des écrivains confirmés. Raoul Busquet a recensé six discours différents publié en 1596 pour célébrer la réduction de Marseille (Busquet /143/ p. 26-29). Ces six relations sont contemporaines des faits ; une au moins est l’œuvre d’Estienne Bernard71. Quelques vingt ans plus tard, Pierre de Deimier propose deux éditions d’un même texte, toujours relatif à la réduction de Marseille (Deimier /66/). L’exemple marseillais permet de se rendre compte de la profusion d’écrits relationnels en cette fin de siècle. Nous avons recensé près d’une dizaine de mémoires, Ces quelques lignes consacrées à Jules Raymond de Soliers ne sont qu’une première tentative d’une analyse plus importante qu’il conviendrait de mener sur les œuvres de Soliers et de Quiqueran de Beaujeu et plus généralement sur le « regard » et l’appréhension de l’espace provençal par les Provençaux eux-mêmes. 71 Estienne Bernard était Président de la Chambre de Justice Souveraine. Il essaya de pousser Casaulx vers la négociation sans y parvenir. Raoul Busquet identifie la relation dont Estienne Bernard est l’auteur (Busquet /143/ p. 28). 70

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textes concernant les troubles de la Ligue, manuscrits déposés à la BMJ d’Aix-enProvence. Le célèbre journal de Sobolis en fait partie72. Ces relations emploient toutes le français ; l’occitan n’y figure pas. Les M de Jean de Nostredame demeurent le dernier acte historiographique conséquent écrit en langue d’oc. Les travaux de Nostredame sont en occitan jusqu’au moment où son projet ne peut plus être accompagné par sa langue d’origine. En 1565, il ne s’agit plus de recherches gratuites et de compilations d’annales : Nostredame comprend que l’enjeu historiographique est un enjeu de pouvoir. Le Parlement est une structure politique francisée dont les membres les plus illustres se conforment à une situation sociolinguistique où le français et le latin sont les seules langues de « culture ». Un projet historiographique ne peut pas faire abstraction du pouvoir royal ; l’historiographie provençale se détermine par rapport à la royauté française. Dans un premier temps, Jean de Nostredame est le produit de la société parlementaire aixoise ; la totalité de ses travaux sera rassemblée dans l’œuvre historique de son neveu. César de Nostredame accomplit la synthèse nécessaire, celle que son oncle avait déjà entrepris d’élaborer. Cet ouvrage est dédié au roi : c’est en 1614 la première grande manifestation d’allégeance de la Provence. Dans ce contexte politique et culturel, le provençal ne peut avoir de place. On ne s’adresse pas au roi dans une autre langue que la sienne, surtout si cette langue n’est finalement qu’un mélange de diverses composantes73. Comment concevoir que le roi de France puisse reconnaître une Provence qui ne se fondrait pas dans le moule linguistique national ? La Provence n’est pas la Navarre, et l’acte d’union n’est plus qu’un lointain souvenir. Le contexte de la fonction historiographique, dans son adresse à la royauté et à ses représentants, nécessite une seule expression linguistique. L’occitan est depuis quelques années relégué à d’autres fonctions littéraires. Au moment où les guerres civiles se déchaînent et où les passions s’exacerbent, la langue d’oc n’est déjà plus une langue, seulement un usage linguistique réservé à des situations particulières. Le provençal fait-il partie d’un enjeu glottopolitique ? En cette fin de siècle, la prise de parole en occitan est intempestive dans les formes historiographiques classiques. Elle emprunte des chemins détournés pour constituer un texte à la limite du littéraire et de l’historiographie. Néanmoins, cette prise de parole existe, publique et relationnelle. Nous avons tenté de comparer le fonctionnement de ces textes occitans à 72 Pour la seule BMJ, nous signalons les manuscrits 786, 787, 788, 777, 780, 781-782, 783. Le manuscrit qui renferme le journal de Sobolis est le 788 (Sobolis /147/). Nous signalons également diverses publications : Mémoires /110/, /151/, Vray Discours /149/. 73 Nous avons déjà évoqué cet argument linguistique. À titre d’exemple, nous citons un extrait d’Antoine de Ruffi : « Au commencement du douziéme siécle les Marseillois commencerent d’abâtardir leur Idiome par le commerce qu’ils eurent auec les peuples maritimes, si bien qu’il se fit un grand mêlange des mots Catalans, Espagnols, Italiens & autres Idiomes, de sorte qu’on en forma dans Marseille une langue barbare. La Ville s’étant depuis donnée à Charles d’Anjou, on commença d’y mêler un peu de françois, & en effet, il se trouve encore quelques manuscrits anciens où l’on uoit les mêlanges des mots Catalans, Espagnols, François, Italiens, Latins, & plusieurs autres qui ne sont pas même intelligibles. Il est vrai que les Poètes Prouençaux qui se produisirent sur la fin du douziéme siécle prirent beaucoup de peine à polir le langage, mais cela ne dura pas longtemps, après quoi de cinquante années en cinquante années l’on trouuue un grand changement en la langue, qui ne prouenoit que de l’abord & de l’afluence des étrangers qui uenoient trafiquer à Marseille, & établir leur demeure ; mais peu à peu le langage qu’on y parle à présent s’y est formé, qui est assés gratieux au sentiment des étrangers, & qui néanmoins a plus de conformité auec la langue Françoise qu’auec aucune autre. Ie n’ai pas uoulu produire quelques piéces que i’ai uû dans des uieux manuscrits qui me sont tombés entre les mains en langue ancienne Marseilloise, & de celle dont on se seruoit il y a enuiron cinq ou six siécles, parce que les termes en sont si rudes que le Lecteur n’y trouueroit aucun goût (...) » (Ruffi /52/ p. 331-332).

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ceux de la période révolutionnaire qui ont suscité de nombreux commentaires (Casanova /136/, Texte /144/, Question /145/). Nous avons alors précisé que la prise de parole en occitan pouvait se définir en diachronie et en synchronie, mais les différences sont nombreuses avec le corpus révolutionnaire. Au XVIe siècle, la production des textes est limitée géographiquement ; elle correspond à une suite d’événements ayant une importance locale (excepté la réduction de Marseille). La prise de parole ne peut être reliée à une volonté politique clairement définie. Les écrivains hésitent entre plusieurs camps et la palinodie est la première de leurs qualités : la relation avec le pouvoir détermine leur conduite. Cette palinodie oriente un texte d’oc entre partisans des Bigarrats et des Ligueurs, laudateurs du duc de Savoie, de Charles de Casaulx, puis d’Henri IV. L’emploi de la langue ne correspond pas non plus à une volonté de « parler au peuple », à un désir de s’adresser à la communauté provençale. La relation historiographique décrit des événements et glorifie des actes personnels. Dans les textes en occitan, nous devinons un souci évident de s’adresser au roi et à ses représentants. Cette attitude n’est pas exceptionnelle. Ces textes ne sont pas des récits, ils accompagnent en distinctions diacritiques l’essentiel de la relation française74. La synthèse historique s’effectue donc en français. Les exemples que constituent les travaux de Robert Ruffi et de Jean de Nostredame sont significatifs. Nous savons que César de Nostredame s’inspire des recherches de son oncle. Il possède la CF 534-535, mais ne connaît pas les M. Il est lecteur des Vies. Il n’a donc pas à effectuer un travail de recherches archivistiques que son oncle a déjà réalisé. L’occitan n’existe pour lui qu’à l’état de références, en lien direct avec le patrimoine historique. Les écrivains qui influencent César, notamment Estienne d’Auzier, n’emploient que le français75. Le schéma suivant illustre la place de l’occitan : sources occitanes (oc) chroniques antérieures (fr. et lat.) sources imprimées (fr. et lat.) sources manuscrites latines sources italiennes (it. et lat.) Jean de Nostredame (oc et fr.) Jules Raymond de Soliers (lat.) 74 Deux éditions du Vray Discours (/149/) ont été publiées à Marseille. Une de ces éditions comporte quatre sonnets de Robert Ruffi (textes 1, 7, 8, 9 des pièces annexes). Nous n’avons pas retrouvé d’exemplaires de cette édition, mais une copie manuscrite est déposée à la BMMa (ms 1780). La deuxième édition ne comporte qu’un quatrain anonyme en occitan, trois distiques en latin, un sonnet de Ruffi (pièce annexe n°7) et un épigramme latin de B. de Cabanes. L’ouvrage de Pierre de Deimier comporte dans ses pièces liminaires des sonnets de César de Nostredame et de Louis de Gallaup de Chasteuil (pièce annexe n°10 pour Nostredame) (Deimier /66/). 75 Estienne d’Auzier (Hozier) est né à Salon (1547-1611). Apparenté à la famille Nostredame, il est capitaine de la ville en 1580 et en dépouille les archives. Poète, cité par Bellaud de la Bellaudière qui lui dédie un sonnet (Bellaud /14/ OR p. 52), il participe à l’édition de 1595 en donnant une épître dans les pièces encomiastiques (Bellaud /14/ p. 6). Il est également présent dans l’œuvre de Pierre Paul (Paul /22/ p. 8, 10, 11, 65, /23/ p. 684, 686). Historien, il rédige des chroniques et collabore avec César de Nostredame. Il fut fait prisonnier par les réformés en 1587 et fit de nombreux voyages en Italie (1589) et à Paris (9 voyages de 1579 à 1602). Il meurt à Aix. Quelques extraits de son journal ont été publiés par l’un de ses descendants : Pierre d’Hozier (Hozier /150/ p. 519-521).

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César de Nostredame (fr.) Il ne faudrait pas minimiser la place de l’occitan dans les lectures de César de Nostredame. Elle est difficilement quantifiable. Cependant, Jean de Nostredame se pose des problèmes linguistiques qui ne sont pas ceux de César. Pour celui-ci l’occitan n’existe que dans un passé littéraire dont quelques-uns essaient de suivre la trace. César de Nostredame est un écrivain français, ce que son oncle n’était pas. Seule, une question de génération peut expliquer ce décalage. Comme tout écrivain français d’origine provençale, il est probable que César ait été bilingue. Ceci étant, nous ne trouvons dans ses écrits aucune trace de poème en langue d’oc alors que Pierre de Deimier est l’auteur d’un sonnet en occitan adressé à Pierre Paul. César conserve donc une position de patrimoine qui lui est dictée en partie par les conditions de l’écriture provençale au XVIe siècle. Cette attitude révèle également une contradiction, déjà observée chez Jean de Nostredame. L’écrivain aixois choisit une option de patrimoine ; la référence passée est plus forte que l’inscription présente. Il en est de même pour l’édition des Vies, mais, fait révélateur, les vides littéraires du corpus médiéval sont comblés par des textes apocryphes, œuvres de Jean. César de Nostredame obéit à une évolution diglossique qui a déjà résolu le problème linguistique. La catégorie sociale à laquelle il appartient est totalement francisée. Le cas de Robert Ruffi est encore plus significatif. L’écrivain marseillais élabore une œuvre poétique où l’occitan prédomine, mais où le français trouve une certaine place. L’absence d’une publication de son œuvre au XVIe siècle nous prive d’une analyse sur la répartition textuelle de cet éventuel recueil76. À ces deux activités, s’ajoute celle d’historien. Ruffi a laissé en manuscrit une histoire de Marseille, manuscrit autographe en français. Quelques poèmes en occitan y figurent : ils concernent la réduction de Marseille (textes publiés en annexe). Cette histoire a été utilisée par Antoine de Ruffi, petit-fils de Robert, qui publie une histoire de Marseille en 1641 (Ruffi /52/). Le manuscrit de Robert Ruffi a donc servi à Antoine, puis à Louis-Antoine, ses descendants, pour élaborer leurs propres œuvres. Ce fait n’est pas resté inconnu. Ainsi, Jean-Baptiste Lautard écrit en 1844 : Jusqu’au bisailleul de Ruffi, quoique Marseille eût produit tant d’habiles écrivains, aucun n’avait tenté d’écrire l’histoire de cette ville célèbre. Quelques amis des lettres avaient à peine osé parler de ce qui s’est passé de plus remarquable de leur temps ; et ces mémoires, même isolés, rares et de peu d’étendue, ne formant entre eux aucune suite, ne pouvaient fournir que des matériaux trop imparfaits, pour en tirer un parti véritablement avantageux (...) Mais le bisailleul de Ruffi avait soigneusement recueilli tout ce qui s’était passé d’important depuis l’an 1585, époque des divisions de la Provence, jusqu’en 1594, qu’elle se donna au roi. Il avait consulté, d’ailleurs, les cartulaires et les registres de l’abbaye de Saint Victor, et ceux des couvents et autres maisons religieuses de la ville et de la province. Cette immense compilation devenait ainsi une source féconde de faits intéressants, qui n’attendaient qu’une main habile pour ne disposer d’une manière utile à la patrie. C’était dans les couvents, à cette époque, que se trouvaient les matériaux de l’histoire, et l’on peut dire que Ruffi l’ancien en avait épuisé les trésors. » (Ruffi /17/ p. 7). 76 Ruffi commence à écrire vers 1580 et son œuvre déborde largement sur le XVIIe siècle. Octave Teissier donne comme date de décès : 1636. Le dernier testament de Robert Ruffi est daté du 21 février 1630 (Actes des testaments de la famille Ruffi, ms MQ 105, MBPA).

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Nous remarquons en première page du manuscrit de Robert Ruffi la mention : « Memoires de Robert de Ruffi mon bisayeul sur l’histoire et les antiquites de Marseille escrittes de sa main ». Louis-Antoine de Ruffi, fils d’Antoine, qui réédite l’œuvre de son père en la complétant est vraisemblablement l’auteur de ces lignes et le propriétaire de ce manuscrit qui n’avait pas dû quitter le domaine familial. Ce manuscrit n’est pas une simple chronique, ni une compilation d’annales. L’épaisseur du volume et la période étudiée prouvent qu’il s’agit là de la première histoire de Marseille qui ait été écrite77. La prose de Ruffi est entièrement française. L’occitan y figure dans quelques poèmes ou des sources d’archives78. C’est vers la fin du volume que Ruffi a recopié quelques poèmes sur la réduction de Marseille. L’existence de cette prose française nous interroge. Comment Ruffi peut-il considérer l’occitan ? Nous savons qu’il est l’auteur d’un manifeste linguistique et de quelques poèmes de haute stylistique baroque. Cet écrivain se situe ici dans la voie haute inaugurée par Jean de Nostredame. Ses travaux historiographiques utilisent le français. Il s’agit ici du style et de la forme historiographiques tels qu’ils sont communément définis : relations en prose, chronologie établie... Chez Ruffi, nous pouvons envisager la constitution d’une littérature qui exerce la même fonction que l’historiographie : c’est un ensemble de poèmes qui sont relatifs à la chute de Charles de Casaulx. Ruffi reprend dans le manuscrit de ses œuvres poétiques ces textes dont quelques-uns avaient été imprimés en 1596. Il place également dans ce volume des poèmes dont il n’est pas l’auteur, des textes en français et en italien. Il faut conclure que cette double insertion suppose une volonté d’illustration historiographique. Quelques sonnets de Ruffi ont d’ailleurs été publiés en exergue d’une relation de la réduction de la ville. Ils accompagnent le discours historiographique français. Ce fait n’est pas exceptionnel, mais il faut constater que l’occitan ne peut exister qu’en fonction de ce statut d’accompagnateur. Nous ne connaissons pas une relation en occitan accompagnée de poèmes français. La diglossie marque de sa présence les conditions d’écriture. La fonction historiographique est dévolue au français, car c’est par le littéraire que l’occitan affirme son existence. La langue n’a plus de statut social légitimé ; elle existe en dehors de l’œuvre poétique de Ruffi comme une tache qui apparaît et disparaît au fil des événements. Comment Ruffi peut-il concilier une œuvre poétique en occitan et une œuvre historiographique en français ? Faut-il conclure à une schizophrénie de la lettre et de la

Pour ce manuscrit cf la description dans la bibliographie après Ruffi /17/. Nous citons une pièce d’archives que Ruffi recopie au fo 68, r° et v° : « Et parce que auoit lors este faict une aultre criee sur le fond du pain aussi selon le langage prouuensal partie catalan a este aussi icy transcripte comme cy apres. / Teneur de la criee du pain / Mandament es de nostre senhor lo rey de Secili e de son viguier que tug li pestre e totas li pestressas que fan e faran pan ho teniran pan a vendre en Marselha lo dejan far bon e leal de just pes a la razon que lur daran li pezadors del pan que establit son a pezar lo pan et que totas vegadas que li pesadors volran pezar e reconoisser non dejan celar ny escondre lo pan ants dejan mostrar a li pezadors tot lo pan que il auran per vendre e qui encontra fara per cascuna vegada perdra tot lo pan que non era de just pes e tot lo pan que rescondran e que non mostraran a li pezadors e otro tout aquo pagaran per ban des lieuras e subre aquo li pezadors seran crebut per lur sagrament e auran la mitat del pan rescondut e la mitat del ban e l’altra mitat sera donada als paures del Sant Esperit & que nenguna persona non fara pan a vendre mas de quatre denies e de dos denies e de un denie. » 77 78

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langue qui partagerait les individus en deux parties distinctes ? Il faut envisager la durée diglossique qui en quelques années a pu façonner les mentalités : l’homme du manifeste linguistique n’est pas celui de l’historiographie. À l’intérieur d’une même œuvre, les styles sont multiples. Constatons qu’il existe deux situations dissemblables pour deux fonctions différentes : le manifeste linguistique est un texte à fonctionnement interne, qui ne peut en aucune façon être adressé à quelqu’un d’autre que Pierre Paul. Les écrivains d’oc sont les seuls concernés par un tel texte. La parole historiographique suppose une extériorité évidente puisqu’elle relate l’histoire. Elle s’adresse à tous, communauté marseillaise, provençale et française. Elle s’offre au roi. La contradiction entre manifeste linguistique et historiographie n’est qu’apparente. Ces deux corpus ne fonctionnent pas avec les mêmes critères. La revendication linguistique n’est que littéraire, poétique. La confusion entre la langue et la poésie est alors totale. La communauté occitanophone n’existe pas, elle n’est pas concernée par ces écrits et ne se confond pas avec la société étroite des écrivains occitans. Cette situation explique en partie les jugements sur la décadence de la langue, qui ne peut être confondue avec celle de l’écriture. À la fin du XVIe siècle, l’occitan n’est plus la langue de l’historiographie. Le détour littéraire révèle la diglossie et c’est par la littérature que « s’échappe » la langue.

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LA SCÈNE DÉROBÉE

ANNEXES Pièce n°1 Les pièces 1 à 8 des annexes sont conservées dans le manuscrit de l’histoire de Marseille de Robert Ruffi. La foliotation des pages étant très aléatoire, nous ne pouvons en indiquer l’emplacement exact ; ces poèmes se trouvent regroupés vers la fin du manuscrit. Certains d’entre eux ont été publiés dans l’édition du Vray Discours /149/. Ensuyvent les sonnetz et quatrains en françois, latin, grec et ytalien que furent presentes au dict Libertat A Monsur Pierre de Libertat Viguier de Marselho Ton nom s’es paregut, plen de sens mysthicat, Piere de Libertat, o enfant de Marselho, Ta maire delieurant per grando merevelho, De la man das tyrans treydour duomvirat. Sant Pierre lou pielon de la gleyo es ystat, E Marselho chrestiano au monde nom parelho, Pierre son cioutadin e fort pielon revelho Per d’un cop tout celest garda la fe e l’estat. Venes donc, Pierre, donc qu’as libertat donado Embe ta drecho man dau ceou fortificado, Fazent o Libertat miracle de ton nom. Aussi Diou t’a gardat per ung acte tan beou Coumo a Judith un luec tout gloruous au ceou, E viou e mort auras ung immortau renom.

Pierre de Libertat a assassiné Casaulx le 17 février 1596. Les troupes du duc de Guise ont alors investi la ville. Dans ce sonnet, Ruffi joue sur le nom donné à Libertat. Son véritable patronyme était en réalité Pierre de Bayon (Baglioni). Libertat était d’origine corse. Ruffi accompagne ses pièces de son nom, placé en dessous de chaque dernier vers. C’est le cas pour ce sonnet adressé à Libertat. Ruffi annonce des pièces en français, latin, grec et italien. Nous ne publions que les pièces occitanes, françaises et italiennes. Pièce n°2 Quatrein Marselho ero d’honour e libertat privado Per dous tyrans treydours, mestres de libertat, De Libertat a puys en sa fatalitat, Remes la libertat perdudo e desirado.

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PREMIÈRE PARTIE

Pièce n°3 Quatrain Pierres de Libertat qui tout plein de courage As deliure l’esclaue marseillois enchayne, Le grand Dieu supernel sur le front t’a donne Vne grand liberte qu’auec son sang partage. A Eiguesier

Nous ne possédons pas de renseignements sur cet auteur. Faut-il d’ailleurs lire « Eiguesier » ou « Eignesier » ? Pièce n°4 De Libertat, c’est Dieu, c’est l’eternelle offence Qui a guyde ton oneur, ton estoc et ta main, Pour mander a Pluton le tyran inhumain Qui vouloit desmembrer Marselho de la France. De Libertat, c’est Dieu qui par sa prouidance T’a faict liberateur d’ung si mechant dessein, N’ayant failli le coup, comme fit le Romein, Car par tel coup as mis le peuple hors de souffrance. Ce mesme Dieu te doingt toute prosperite, Que Marselho jouysse en toute liberte, De alte liberte qu’as acquise a grand gloire. Le peuple qu’a senty ung dur joug sans repos, Ores qu’est deliure, doibt a Dieu donner loz, Faisant grauer ton nom au temple de memoire. Dubray

Nous ne savons rien de ce Dubray si ce n’est qu’il est également l’auteur d’un sonnet dans les pièces liminaires de l’édition de Bellaud de la Bellaudière (Bellaud /14/ p. 41). Pièce n°5 Sonnet en Ytalien incerto authore Coclite Horatio nel ponte vincitore Libera Roma di Thosci assediata, Libera Pietro Phocide assacinata D’empij geganti, Hercol liberatore. Castiga l’Espagnol, orgoglio, altiero, Il perfido Figon, bruto ingrato, De Theso, Arato, Bruti successore beato Del crudel duunuirat versa l’impero. A noi rende la roba, vita, honore,

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LA SCÈNE DÉROBÉE

Alza gli gigli d’oro, alza il diadema Chel cielo diede a Clouio per ensegna. Pero sia Liberta a voj tyranni horrore, E di liberi casa, de liberta colonna : Del pomposo Casal perisca l’orma. Coelo Libertei manet prennis gloria facti.

Ce sonnet en italien a été écrit sur un autre folio qui a été ensuite collé sur le folio relié. Nous pouvons lire au-dessus du texte en italien quelques phrases (le format du folio italien est plus petit que celui du manuscrit : « Ad massiliam de liberatione parta per ducem / LIBERTAM sub HENRICO IIII francorum / rege inuictissimo / Il y a deux epigrammes l’ung en / latin et l’autre en grec cy joinctz : de monsieur l’aduocat Cabane et de son frere le medecin. » Ce sonnet italien pose des problèmes d’interprétation. Horatius Coclès délivre Rome assiégée par les Étrusques. Ce fait est ensuite comparé au geste de Pierre de Libertat. Nous savons que les Espagnols étaient alliés aux Marseillais, par contre nous n’avons aucune référence qui puisse nous permettre d’identifier le « Figon » dont il est question. « Theso, Arato et Bruti » sont sans doute des références à Thésée, Aratus (général grec) et Brutus. « Casal », au dernier vers, désigne Charles de Casaulx. Nous avons respecté la graphie italienne de cette pièce (comme celle du poème suivant). La prosodie et la versification de ce sonnet sont hésitantes ; il faut donc penser que l’auteur n’est pas un écrivain confirmé. Il est également possible que Ruffi ait commis quelques erreurs en recopiant ce texte. La phrase latine est sans rapport avec le sonnet. Nous ne savons pas si elle doit être attribuée au même auteur. Pièce n° 6 Le sonnet cy aprez, mis en Ytalien ne fut pas faict a Libertat lors de la reduction mais quatre mois auparauant d’ung Ytalien appelle le magnifico, detenu prisonnier par les dicts tyrans. Le fit et le bailla lors a Libertat qui le fut voir aux prisons et parce que ce sonnet porte prophetie que Libertat feroit ung valereux acte, il a este icy transcri comme de la mesme facon que fut bailla au dict Libertat. Sonnetto allo Illustre Segnore della bontà e cortesia il Capitan Pietro della Liberta Si posso auer, segnor, da voj un poco Di quel caro cognome al monde caro, Cantero ben in stil preggiado e raro L’amata liberta che sempre inuoco. Ella hora di me se prendre a gioco E contra me mostra suo regno auaro, Onde dolente alla mie speze jmparo,

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PREMIÈRE PARTIE

Tuto tremente, lachrimoso e fioco. Questa cara amorosa uniuersale Portate voj per honorata jmpresa, Degna fama di uostra jmmortal gloria. Capitan Liberta nome e fatale Che ogni alma tien nel suo bel regno reza, Per che resti de luj famosa in historia. Di vostra Illustre Signoria suiteratissimo seruitor il consumato Magnifico che descia preghiate di far gli dar per gratia vna dragma de letuario del vostro bellissimo e honoratissimo cognome della cara amata liberta.

Le deuxième sonnet en italien copié par Ruffi pose également quelques problèmes de compréhension. Nous avons restitué « fioco » alors que le manuscrit porte « foco » que nous ne comprenons pas. De la même manière « in historia » au dernier vers pourrait bien être une erreur de copie pour « in storia ». De nombreux italiens sont présents à Marseille en 1596, notamment Niccolò Pesciolini, agent du grand-duc de Toscane, qui fut arrêté en octobre 1595. Ce « magnifico » écrivit ce poème lors de la réduction de la ville. Pièce n° 7 Au Rey

Siro, ley dous tyrans reyteletz de Marselho, Usurpans vostro honour cinq ans an dominat, Et tous louys habitans destruch et rouynat Per tenir lur grandour de princes nom parelho. May Diou que per punir taux monstres si reuelho, E lous fa trabucar quouro va destinat, Lous a per ung matin de glari enfourminat, E reduch tous en fun per grando merevelho. Adonc lous Marselhes de grand gauch an cridat : « Viuo lou rey Henric e viuo Libertat ! » Si vezent deliourat de touto esclavitudo. E vous, Siro, entendent lou succez tant hurous, Coumo s’en batalhant la jornado ero a vous, Alegre, lauzares Diou que per tout v’ajudo.

Ce sonnet a été publié dans Vray Discours (/149/) parmi les pièces liminaires. Il faut comprendre « enfourminat » comme « rendu sans forme » (Dieu est souvent nommé « fourmaire de tout » au XVIe siècle).

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LA SCÈNE DÉROBÉE

Pièce n° 8 A Monsegnor lo duc de Guiso gouernador per lo rey en Prouensso O Prince guisian, sagrat sang de Lorreno, Souquo das protectours de la gleyo e l’estat, Tu siez lou ben vengut en aquesto cieutat, De tous auis siguent la valour cor e veno. Marselho ti sara de fidelitat pleno, Coumo lo Vico Rey dau Rey authorizat, Car auen nostre cor per tout flordelizat, En despiech das tirans que nous tenion en peno. Or Prince, tu lous as exterminat toy dous, E may lous Espagnoux vengus a lur secours, Dontant per tout jamay l’espagnolo arrogansso. Puys, coumo vencedour Alcyon porto pas, En pas Marselho as mes, cridant de tous costas : « Viuo lou Rey HENRIC, viuo lo rey de Fransso ».

Pièce n° 9 Sounet a Monsieur le President Bernard qui ayant este congedie par Casaulx & D’Aix de s’en aller, il se trouva encores a Marseille pendant qu’il s’aprestoit pour deloger et sauta aux champs bien accompagne aussi tost qu’il entendit la mort de Casaulx. Quand libertat fouguet per Libertat dounado, Cassant lous dous tyrans de son gouuernament, Lou President Bernard s’es mostrat dignoment Per remettre Marselho au Rey de tout gantado. Eou seguit dau public, cadun la man armado, Per la villo pareys fort courajosament, La raco das pendars s’en fujon vitoment, L’Espagnou va rasclant en galero ysserpado. Quant e quant si fa crido au nom dau Rey Henric, E si mete un bon ordre a la villo e au public, Si ben qu’en touto pas Marselho fon remesso. Viues donc, o Bernard, excellent coronat, Rare en toutos vertus, car Diou t’a ordenat Glori immortalo au ceou, d’uno eternau promesso.

Ce sonnet a été publié avec la pièce 7 dans Vray Discours (/149/). Nous suivons pour notre édition la version du manuscrit (fo 47 v°). « ysserpado » signifie littéralement « fauchée comme de l’herbe ». 101

PREMIÈRE PARTIE

Pièce n° 10 Sur la tyrannie & ruïne de Charles de Casaux. Sonnet. Fortune qui tousiours le braue humble accompagne, Fuict le lasche couhard, pert le traistre Orgueilleux : Auoit faict eslever par vn art merueilleux Vn Casal bas en haute & superbe montagne. Son ombre ia glaçoit la Gauloise capaigne, Tournant au grand soleil son gros dos argilleux : Et si leuoit si haut son vil front sourcilleux, Qu’il estoit reueré des mots d’or de l’Espaigne. Ce vaste moceau plein de neige & de bruïne, Par vn Austre Iberin menaçoit de ruïne Les grands tours de l’antique & Phocide Cité. Lors que l’ire du Ciel d’un grand esclat de foudre, Croula ceste montaigne & la fondit en poudre Contre la PIERRE viue & roc de LIBERTE.

Ce poème de César de Nostredame a été publié dans Deimier /66/ p. 177.

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Deuxième partie __________________________________________

L’HYSTOYRE, LES PROESMES ET LE POEME

L’édition de 1575 des Vies constitue l’ouvrage le plus connu de Jean de Nostredame. En 1913, en rééditant cette œuvre qui avait eu un destin de lecture particulier, Camille Chabaneau et Joseph Anglade donnaient également à lire des extraits de deux textes historiographiques : le SQS en occitan et la CF 534-535 en français. Jean de Nostredame était enfin reconnu comme historien. Son neveu César avait auparavant souligné l’importance de ses travaux en 1614 (Nostredame /54/ p. 17). Nous avons, en 1987, retrouvé le manuscrit des M que personne n’avait étudié, et qui, bien que catalogué, n’avait jamais été répertorié. Ce manuscrit reprend et amplifie le SQS. Il est le lien entre l’opuscule édité par Chabaneau et la CF 534-535. Les M présentent un autre intérêt : ils sont rédigés en occitan, mais comprennent de nombreuses notices en français. Nous pouvons donc proposer l’hypothèse suivante : l’occitan a précédé le français ; divers faits sociolinguistiques et sociolittéraires auraient infléchi le choix d’écriture de Jean de Nostredame.

Chapitre I

ÉLÉMENTS BIOGRAPHIQUES Il se manifeste en cette époque (dont on croit qu’elle est la dernière) parmi les gens de peu comme une peste dans laquelle les patients qui en sont malades, ayant ramassé et, par trafic, tant recueilli qu’à côté des quelques liards en poche, ils peuvent s’affubler d’un habit de bouffon à la mode nouvelle avec mille sortes de rubans de soie, ou bien devenus par chance adultes, inutiles et notables, veulent s’égaler aux messieurs chevaleresques et personnes nobles de race antique ; alors que, souvent, il se trouve, et qu’après un examen approfondi rien d’autre n’apparaît sinon que leurs grands-parents étaient ramoneurs, journaliers, tire-brouettes ou faquins ; leurs cousins âniers, joueurs de bonneteau, acrobates et danseurs de corde ; leurs frères argousins ou estafiers, leurs sœurs couturières, blanchisseuses, marchandes de balais ou tout simplement putains, leurs mères maquerelles ou même sorcières et qu’in summa toute leur race en remontant 32 quartiers, a été aussi souillée et maculée qu’à jamais put l’être la clique jurée du Zuckerbastel de Prague ; oui eux, ces nouveaux gentillâtres, sont souvent eux-mêmes aussi noirs que s’ils étaient nés et élevés en Guinée. Hans Jacob Grimmelshausen /167/ p. 19

Origines familiales et sociales

Les origines de la famille de Jean de Nostredame ont été étudiées par les exégètes de Michel Nostradamus. Si l’on écarte les publications ésotériques (ouvrages souvent dénués de sérieux scientifique), nous sommes en présence de nombreux travaux, car la personnalité de Nostradamus, humaniste et astrologue, a suscité différents commentaires79. Au XVIe siècle, Michel de Nostredame est un savant, un médecin et un botaniste. Ses prophéties constituent pour cette époque une œuvre de recherche astrologique80. Jean de Nostredame ne mentionne jamais le nom de son frère, tout au plus, pouvons-nous deviner quelques allusions. Sans avouer un quelconque lien de parenté, il parle dans ses écrits historiques de son grand-père, Pierre de Nostredame auquel il consacre un paragraphe : D’aquest temps, era en presc ung famouz e sabent astralog e medecin nomat Peyre de Nostradona que servya la villa d’Arles a gagis e per so que lous appoticaires non fazian las compozitions a son plazer e au dever, el las fazia a sa mayzon. Lous appoticarys envejouzes d’aquo, ho fan assaber als consuls de la villa, fazent entendre qu’el las falsificava. Ly balheron congie, al grand regret de pluzours e lou duc de Calabra lou prenguet a son servycy e lou balhet a Rene son payre. (521).

Il est également question de Pierre de Nostredame au texte 528 où le grand-père de Nostredame, assistant au testament du roi René, est qualifié de « medicin e astralog » . Pierre de Nostredame, toujours en tant que médecin, est présent lors de la rédaction du testament de Charles du Maine (543). Dans la CF 534-535, il est cité aux dates de 1469 79 Nous ne donnons pas de bibliographie spécifique concernant l’œuvre de Michel de Nostredame. Nous renvoyons pour cela à la thèse de Marie-Eugénie Roth-Rose /153/. 80 Les prophéties de Nostradamus témoignent parfois d’une qualité d’écriture poétique. D’un autre point de vue, cette œuvre est fortement ancrée dans son temps. Elle correspond à une mode, un thème d’écriture raillé par Rabelais (Rabelais /69/ p. 896-905).

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DEUXIÈME PARTIE

et de 1481 pour les mêmes raisons (Nostredame /11/ p. 254-255, 258). Dans la CF 536, une notice concerne Pierre de Nostredame à la date de 1469 : Pierre de Nostre Dame de ce temps medicin et astrologue qu’estoit aux gaiges de la cite d’Arles parce que les appotiqueres ne faisoient les compositions ainsi qu’elles devoyent estre et qu’ilz voyent que des simples il fesoit des choses non seulement pour myraculeuses mays pour incredules luy voyant aussi que les appotiqueres ruynoyent et renversoyent l’estat de medecine mettant au lieu des drogues des brolheries et sophistications servans plustost de poyson que de medecine, il ne se voulut plus servir des appotiqueres et delibera fere les compositions a son plaisir. Quoy venu a la notice des appotiqueres ferent antandre aux Consulz de la ville que luy mesmes faisoit les compositions, qu’il les broulhoit et faulsifyoyt que fut la cause qu’ilz luy donnerent conge au grand regret de plusieurs. Et se mist au service du duc Jehan de Calabre qui le donna a son pere Rene ensin demeura jusques au jour que Rene more. » (fo 85 r°-v°).

Ces trois versions sont toutes identiques et procèdent de la même thématique qui fait de Pierre de Nostredame un médecin célèbre au service des comtes de Provence. Jean de Nostredame ne révèle pas que Pierre de Nostredame est un membre de sa famille. Son neveu, César, établit cette filiation. Il précise dans une note écrite en marge du texte de la CF 534-535 : « bysayeul de Michel de Nostredame et de l’autheur, et reyre bisayeul de Cesar ; portoit de gueules à une roue rompue ou roue de moulin d’argent, Soli deo. » (Nostredame /11/ p. 254 note 3). César de Nostredame ne relate pas les événements arlésiens dans son histoire de Provence (Nostredame /54/ p. 628)81. À la suite de Jean et de César, les exégètes de la famille Nostredame ont repris cette généalogie en précisant un fait important non révélé par les Nostredame : Pierre de Nostredame est d’origine juive. Haitze note cette origine dont il eut la preuve en consultant certainement des listes de convertis : Les principaux d’entre les Juifs exerçoient la médecine qui estoit jointe à la pharmacie. Les rois et les grands seigneurs s’en servoient et quand les premiers étoient religieux envers l’Eglise, ils portoient ces médecins à se faire chrétiens, pour ne pas donner mauvais exemple à leurs sujets, sur le fait de l’observance des lois canoniques (qui défendoient d’employer des médecins juifs). Témoins les aieux paternels et maternels de Nostradamus qui etoient médecins du roi et du duc de Calabre, qui, véritablement revenus de leurs obcoecations, ne furent pas moins recommandables par leur piété chrétienne que par leur science physicale. » (Haitze /152/ p. 158-159).

L’origine juive des Nostredame est établie dès le XVIIIe siècle. César de Nostredame n’en parle pas, mais cite son grand-père (le père de Jean et Michel), Jacques de Nostredame, notaire, et sa femme Renée de Saint-Rémy (Nostredame /54/ p. 726). Dans les tables généalogiques du marquis de Boisgelin, Pierre de Nostredame est qualifié de « Juif converti, nommé ainsi du nom du quartier de Saint-Rémy où il demeurait, Médecin du roi René et du duc de Calabre. » Le nom de Jacques de Nostredame est accompagné d’une note qui précise sa qualité de néophyte, sa taxation à vingt livres dans la liste des cotisations des nouveaux convertis en 1502, sa fonction de notaire et son mariage avec Renée de Saint-Rémy, fille de Jean, médecin du roi René82. Cette généalogie Quel sens donner à cette censure de César ? S’agit-il tout simplement d’un doute ? Ne croit-il pas les affirmations de son oncle ? 82 Tables généalogiques du marquis de Boisgelin, MBPA, 2925 A 1. Boisgelin s’inspire des nobiliaires de Moréri, du musée d’Arles, de Raoul Alphéran, des dossiers Véran en Arles et des registres des paroisses de Salon et de Saint-Rémy. 81

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L’HYSTOYRE, LES PROESMES ET LE POEME

n’est pas contestée jusqu’au milieu du XXe siècle. Le docteur Edgar Leroy et Raoul Busquet ont entrepris un certain nombre de recherches qui contredisent les affirmations de Jean de Nostredame. Nous avons vérifié ces recherches tout en les enrichissant d’un travail critique qui a été effectué sur les Juifs provençaux au XVe siècle (Iancu /154/). Les travaux du docteur Leroy et l’ouvrage de Raoul Busquet infirment totalement les propos de Jean de Nostredame sur son grand-père. Nous avons par ailleurs retrouvé les preuves archivistiques de la démonstration de Leroy (Leroy /155/, /156/, Busquet /157/). Vers 1450, un marchand juif, Arnauton de Velorgues, exerce sa profession en Avignon. Cet Arnauton avait épousé une nommée Venguessone. Un fils, Guy Gassonet, était né de cette union. Arnauton et sa femme se convertissent au christianisme : leur fils en fait certainement de même83. Il adopte le prénom de Pierre et le nom de la paroisse d’Avignon où il réside : Notre-Dame. Le 11 mai 1455, Pierre de Nostredame est témoin d’un acte notarié concernant une hypothèque qu’un nommé Hugues Véran place sur une maison à Aubignan. On peut lire dans la marge de cet acte : « Pro Petro de Sancta Maria olim cum judeus esset, vocato vidono Gassonem obligatio »84. Pierre de Nostredame avait en 1453 répudié une femme nommée Benastruga qui voulait rester juive85. Il épouse peu de temps après Blanche de Sainte Marie. Le 8 mai 1464, une reconnaissance de dettes à son nom précise sa qualité de néophyte. Le 6 septembre de la même année, Pierre de Nostredame est émancipé par son père Arnauton de Velorgues86. Une reconnaissance de dettes d’un nommé Gabriel de Tulle du 16 juin 1485 prouve que Pierre de Nostredame est bien marié avec Blanche de Sainte Marie. Il est d’ailleurs décédé à cette date (Leroy /156/ p. 21). Pierre de Nostredame aurait eu un demi-frère, Walter de Falerengue, qui aurait testé en sa faveur (Leroy /156/ p. 19). Nous possédons donc la preuve de la judéité de Pierre de Nostredame. Dans l’acte du 11 mai 1455, il prend le nom de sa femme, Blanche de Sainte Marie. Pierre de Nostredame exerce toujours la profession de négociant (Leroy /156/ p. 15-17). Pierre de Nostredame eut quatre fils : Jacques, né vers 1470 (dont nous reparlerons), François, mort jeune vers 1485, Pierre, marchand néophyte en 1513, trésorier d’Arles entre 1544 et 1550 et Jean, notaire à Aix, substitut de Claude Maliverni (Busquet /157/ p. 16). Une fille, Marguerite, est mariée en 1494 à un teinturier d’Avignon, Pierre Joannis (Leroy /155/ p. 23). Le dernier fils de Pierre de Nostredame, Jean, a été notaire à Aix. Paul Roman a retrouvé la trace de ce magistrat : l’auteur des Vies porte donc le même prénom que son oncle, ce qui n’est pas rare en Provence. Joseph Anglade, reprenant les arguments de Paul Roman, conclut donc à tort que l’historien aixois à été notaire en 1534-1535 à Aix (Nostredame /11/ p. (18)-(19)). Jacques de Nostredame reprend les activités professionnelles de son père. Il épouse en 1495 Renée de Saint-Rémy, fille de René et Béatrice Tourrel, petite-fille de Jean de Saint-Rémy, médecin et receveur de la ville de 1481 à 1504. Les Saint-Rémy 83 Nous ne possédons pas l’acte de conversion d’Arnauton de Velorgues. Il s’agit là d’une affirmation de Leroy que nous n’avons pas pu vérifier. 84 ADV, 3E5 735, fo CCLIX r°. 85 Les références données par le docteur Leroy sont erronées. Elles ne correspondent pas aux actes cités. Il nous a fallu, pour retrouver certaines pièces, consulter une grande partie des dossiers notariaux du XVe siècle avignonnais. Nous ne donnons pas les références citées dans l’ouvrage de Leroy. 86 ADV, 3E8 120, non folioté, 3E8 739, fo CCCXLVII v°.

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DEUXIÈME PARTIE

descendent eux aussi d’une famille de convertis. Jacques de Nostredame se fixe alors à Saint-Rémy. Le contrat de mariage précise que la mariée est dotée d’une maison avec cour et verger au quartier du Viguier, d’un mas au quartier de Garanton et d’une tuilerie au quartier de Joas (Leroy /156/ p. 25-26). Jacques de Nostredame figure sur une liste de convertis et doit payer 200 florins (la moyenne des taxes est de 100 florins) (Lhez /158/). En se fixant à Saint-Rémy, il abandonne sa première profession. Nous savons qu’au début du XVIe siècle il est notaire et administre le domaine de Canilhac (Leroy /84/). Nous connaissons cinq fils de Jacques de Nostredame : Michel, né en 1503, Bertrand né en 1518, Jean né en 1522, Antoine né en 1523 et Hector dont on n’a pas retrouvé l’acte de baptême. Jean de Nostredame aurait eu une sœur, Delphine, dont on ne sait presque rien (Leroy /156/ p. 32-51). Nous connaissons la destinée de Michel. Bertrand de Nostredame épouse à Salon, vers 1540, Thomine de Roux de Lamanon. Il devient un riche propriétaire terrien à Saint-Rémy (Leroy /156/ p. 33-35). Antoine est receveur à Saint-Rémy en 1550 et consul en 1558 (Leroy /156/ p. 45-49). Nous n’avons que peu de renseignements sur Hector et Delphine, les deux derniers enfants de Jacques de Nostredame (Leroy /156/ p. 50-51). Jacques de Nostredame est un nouveau chrétien, son insertion paraît réussie. Il exerce la charge de notaire comme son frère Jean. La somme qu’il paye comme néophyte témoigne d’une certaine aisance financière. Dans la lettre que Jean de Nostredame envoie à Scipion Cibo, nous apprenons que Jean, frère de Jacques et oncle de l’écrivain aixois, n’a pas eu d’enfants. L’auteur des Vies précise que son père a eu dix-huit enfants (Nostredame /11/ p. 261-263). La famille de Jean de Nostredame est typique d’une bourgeoisie rurale qui fait fructifier son bien. L’aisance financière de cette famille lui permet d’offrir des études aux plus jeunes membres : des cinq fils de Jacques, Michel et Jean accèdent aux fonctions les plus représentatives du XVIe siècle : la médecine et la magistrature, chirurgiens et hommes de robe qui forment une nouvelle classe, parfois s’ennoblissent et définissent ainsi une société moderne en pleine mutation.

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L’HYSTOYRE, LES PROESMES ET LE POEME

Arnauton de Velorgues + Venguessone

Jean de St Rémy

Ȼ

J. Tourrel

Ȼ

P. de Nostredame + B. de Ste Marie

René de St Rémy

Ȼ +

Béatrice Tourrel

Ȼ Jacques de Nostredame + Renée de Saint-Rémy Ȼ Jean de Nostredame

*

Pierre de Nostredame + Blanche de Sainte Marie Ȼ Jacques

François

Pierre

Jean

Marguerite

*

Jacques de Nostredame + Renée de Saint-Rémy Ȼ Michel (1503-1566) Bertrand (1518- ?) Jean (1522-1577) Antoine (1523- ?) Hector (?) Delphine (?)

111

DEUXIÈME PARTIE

Situation biographique

La biographie de Jean de Nostredame n’a guère préoccupé Joseph Anglade. Il ne développe pas dans l’édition de 1913 les recherches menées par Chabaneau. Il est déterminé par une attitude qui privilégie le texte et ne laisse que peu de place à la personnalité de l’écrivain : Nous avons cru aussi pouvoir être sobre dans notre notice biographique. Que quelque historien provençal raconte l’histoire de la famille Nostredame, depuis ses origines : c’est un sujet qui en vaut bien un autre. Mais nous ne croyons pas devoir l’entreprendre à propos de notre édition. La personne de Nostredame nous intéresse peu ; ce qui nous intéresse surtout, c’est de voir à quelles sources il a puisé et comment il en a fait sortir délibérément l’erreur et l’imposture, au lieu de la vérité. » (Nostredame /11/ p. (10)).

Nous ne prétendons pas que l’origine familiale et la biographie de Jean de Nostredame puissent expliquer le dessein de son œuvre historique et littéraire, mais cette œuvre s’inscrit dans le mouvement humaniste provençal et cette famille, à des degrés divers, y participe. Certains faits, « occultés » par Nostredame, laissent penser que ses origines familiales ont une importance particulière, contrairement à ce qu’écrit Anglade. Jean de Nostredame est né le 19 février 1522. Camille Chabaneau et Joseph Anglade donnent la date de 1507 (Nostredame /11/ p. (15)). On a longtemps supposé que la date de naissance de Jean de Nostredame se situait dans les toutes premières années du siècle, après Michel né en 1503 et avant Bertrand né en 1518. En réalité, la date de 1507 aurait dû être mise en cause sans connaître la véritable année de naissance de l’écrivain aixois. Nostredame fut « placé » dans la maison de la famille De Bagarris, c’est du moins ce qu’Anglade affirme en s’inspirant des écrits de Bougerel. Cette affirmation doit contenir une part de vérité, car Jean écrivit une Vie de Saint Hermentaire pour Madame De Bagarris vers 1540 (Nostredame /11/ p. (17))87. À trente-trois ans, Nostredame serait un étudiant « tardif » pour le XVIe siècle. Ses études de droit, qui ne lui offrent pas une place importante au Parlement, n’ont pas dû être longues. 1522 corrobore les affirmations de Bougerel. Il est possible que Jean ait été, très tôt, placé dans cette maison (vers 1537-1540) afin de profiter des connaissances et des possibilités que les Bagarris pouvaient lui offrir, dans une ville d’Aix en plein essor humaniste. Nous possédons l’acte de baptême de Jean de Nostredame. Il est né à SaintRémy le 19 février 1522 : « Item mensis februarii fuit batizatus Johannes filhius honorabilis viri magistri Jacobi de Nostra Domina, patrinus nobilis Johannes Berardi, scutifer, matrina Isabella Valecie. » (Busquet /157/ p. 22)88. Les affirmations de Bougerel concernant les années d’études de Nostredame sont difficilement vérifiables (Bougerel /159/ p. 9-10). Elles ne sont certainement pas dénuées de vérité : la dédicace de la Vie de Saint Hermentaire prouve que Jean de Nostredame est un familier des Bagarris. Il est fréquent que les étudiants choisissent quelques protecteurs qui leur permettent, en échange de services divers, de mener à bien leurs études. Il est vraisemblable que c’est au contact de François Rascas de Bagarris que Nostredame a pu commencer ses recherches historiques. Il aurait été également Le titre exact est : Discours de la vie et bonne meours et saincteté de Sainct Hermentere, de nation grec, qui vint habiter au cartier de Fréjus en Provence, escript premierement en rime provençalle, et depuis mis en françois à la requeste de madame de Bagarris en l’an 1540 (Nostredame /12/). 88 ADBDR, 203 E 300, fo 8 v°. 87

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L’HYSTOYRE, LES PROESMES ET LE POEME

secrétaire de Boniface de Séguiran de Vauvenargues (Nostredame /11/ p. (17)). Boniface de Séguiran, humaniste aixois, avait colligé toute une série d’annales et de chroniques historiques dont Nostredame possède une copie dans le manuscrit de la CF 534535. Les travaux de Séguiran sont utiles à son beau-fils, François de Clapiers qui publie un ouvrage en 1584 (Clapiers /48/). Boniface de Séguiran prit en 1524 le parti du connétable de Bourbon et fut condamné à mort mais gracié par François 1er. Jean de Nostredame possède des notions de droit qui lui permettent de devenir procureur au Parlement. Cette fonction est la plus basse dans la hiérarchie parlementaire. Ces procureurs étaient nommés par les présidents ou les conseillers et se tenaient à genoux pendant les plaidoiries (Nostredame /11/ p. (18)). Le travail de procureur consiste à préparer les dossiers, enquêtes et autres procédures parlementaires. Il est fort possible que Nostredame ait obtenu cette charge grâce à François Rascas de Bagarris qui était conseiller au Parlement en 1536. Nous savons que Nostredame conserve ses fonctions jusqu’à la fin de sa vie : la page de titre des Vies le précise. Cette activité, liée à la noblesse parlementaire aixoise, favorise les recherches qu’il entreprend. Il n’est pas possible de dater exactement sa nomination. Elle doit être effective autour de 1545. L’écrivain aixois est âgé d’un peu plus de trente ans et a acquis une expérience érudite au contact du milieu parlementaire. Il est procureur en 1555 ; à cette date, son frère Michel lui dédie un opuscule : « A Maistre Jean de No- / stredame procureur à la / Cour de Parlement d’Aix / en Prouence, Michel de / Nostredame medecin / envoye salut & / felicite » (Nostredame /73/). La fréquentation de la société aixoise entraîne Jean de Nostredame dans l’aventure des Guerres de Religion. Nous l’apprenons tout d’abord de sa plume ; il reconnaît que les guerres l’ont empêché de travailler : « (...) si la calamité des troubles survenus et si souvent reiterez en ce royaume de France, ne m’en eust empeché, retardant non seulement mon esprit, mais m’ostant presque tout moien et faculté d’y vaquer et travailler. » (Nostredame /8/, /11/ p. 4). Dans le proesme de l’édition de 1575, il dit que sa bibliothèque a été volée et dispersée : « (...) et mesmes les œuvres desdits trois Monges, qui me furent desrobez et pris au temps des troubles de 1562. » (Nostredame /8/ p. 19, /11/ p. 12). Nostredame cite l’année 1562, date importante dans les troubles des Guerres de Religion en Provence. Aix-enProvence est le cadre d’opérations militaires orchestrées en grande partie par les catholiques intransigeants, ceux qui formeront plus tard les forces de la Ligue. Haitze nous apprend que Nostredame a été emprisonné en 1562 : « Tout ce que les magistrats pouvaient faire estoit d’emprisonner quelqu’un des plus emportez. Jean de Nostredame, procureur en Parlement, se fit remarquer parmi ces furieux et pour ce sujet souffrit la prison. » (Haitze /161/ p. 352, vol. II). Il est possible que ce soit pendant ce séjour en prison que sa bibliothèque ait été pillée. Haitze ajoute même que sa conduite a déshonoré sa mémoire. Dans les tables de généalogie du marquis de Boisgelin, la courte note consacrée à Nostredame précise : « Se fit tristement remarquer par sa cruauté envers les Protestants pendant les troubles d’Aix en 1562. » Il est évident que l’action de Nostredame a été assez remarquée pour que des traces historiques la mentionnent. Jules Raymond de Soliers donne la date de décès de Jean de Nostredame : 1577. Malgré nos recherches dans les registres d’Aix et de Saint-Rémy, nous n’avons pas retrouvé d’acte de décès. Si Nostredame s’est réfugié à Salon, dans la famille de son frère Michel, au moment de la reprise des conflits, nous ne pourrons retrouver cet acte ; les archives salonnaises ont été détruites par un incendie.

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Dans son ouvrage, Jules Raymond de Soliers rajoute en 1577 une dédicace à Henri III et parle de Nostredame en ces termes : « familiaris noster nuper vita functus » 89. Il est donc possible que Nostredame soit mort dans le courant de l’année 1577. Cette affirmation est confirmée par César de Nostredame qui dans son histoire de Provence parle des travaux de son oncle et ajoute : « (...) car la mort arresta là & sa vie, & son dessein, il y a ja trente six ans (...) » (Nostredame /54/ p. 17). L’édition de César de Nostredame est datée de 1614. Une simple soustraction donne la date de 1578. En tenant compte d’un décalage de temps entre l’écriture de cette note et sa publication, nous pouvons affirmer que Jean de Nostredame est mort en 1577, à l’âge de cinquante-cinq ans. Il semble que Jean de Nostredame n’a pas eu de descendants. Aucune généalogie ne mentionne son mariage. César de Nostredame ne nous en apprend pas plus. Faudrait-il voir dans cette trajectoire biographique celle d’un homme qui entreprend de consacrer son existence aux recherches historiques ? Cette biographie reste incomplète. Nous ne savons presque rien de l’activité de Nostredame au Parlement. De 1540 à 1562, il est probable qu’il demeure à Aix, car les troubles de 1562 le définissent comme aixois. De 1563 à 1577, il écrit son œuvre historiographique et littéraire. Les M portent la date indicative de 1562 et les Vies sont publiées en 1575. Ces années constituent le mûrissement de projets élaborés avant 1562, mûrissement de l’âge de la réflexion (de quarante à cinquante-cinq ans) et représentent également les potentialités d’écriture d’une Renaissance provençale en plein essor.

Histoire personnelle et histoire collective

Une recherche plus approfondie aurait mené Chabaneau et Anglade au résultat que nous connaissons. Il est vraisemblable alors qu’ils auraient accentué le côté « falsificateur » de Nostredame, car il est évident que l’auteur des Vies invente sa propre généalogie. Certes le propos de Nostredame n’est pas d’établir une généalogie de sa famille ; il ne désigne jamais Pierre de Nostredame comme son grand-père. Ce « déplacement social » n’est évidemment pas gratuit, mais il ne s’agit pas d’une quelconque ignorance. Songeons à Montaigne, à l’obstination qui le pousse à biffer le patronyme familial, hérité, celui des Eyquem, pour asseoir définitivement l’appropriation du domaine, son identité nouvelle, à la fois noble et terrienne. Nostredame ne peut agir de même, il ne possède aucun domaine qui pourrait faciliter son accession à une nouvelle noblesse ; son désir emprunte les chemins de la substitution. Jean et César ne précisent pas l’origine juive de leur famille. Après les mesures de Louis XII, il n’était guère possible pour un descendant de convertis de revendiquer ou même d’avouer sa judéité. L’acte de conversion correspond à une coupure existentielle et à une nouvelle orientation. Pierre de Nostredame et son fils Jacques ne peuvent que souhaiter une totale insertion pour leurs descendants. À cet égard, le chemin accompli par Jacques est exemplaire : une alliance avec une famille importante de Saint-Rémy, un changement de situation sociale et l’accès à une fonction que le XVIe siècle privilégie : celle des magistrats et des notaires ( son frère Jean est également notaire). Son fils Jean accède à une charge parlementaire et Michel connaît un destin particulier : médecin, puis astrologue. Les activités de médecine et d’astrologie sont celles que Jean de Nostredame prête à son grand-père Pierre. La fonction médicale est importante, car c’est à ce titre 89

Joseph Anglade écrit « super » que nous corrigeons en « nuper » (Anglade /45/ p. 545).

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que Pierre de Nostredame est au service des comtes de Provence. Médecin et astrologue : nous pensons avant tout à Michel de Nostredame. La rédaction des M est postérieure à 1562, Nostradamus est mort en 1566 et sa renommée était telle que le roi Charles IX l’avait rencontré à Salon en 1564 (Nostredame /11/ p. (21)). Jean a donc voulu illustrer sa lignée familiale : les talents de médecin et astrologue auraient été alors transmis à Michel. Ce déplacement social se conçoit comme une glorification de son frère Michel, mais également comme une mise en situation sociale de la famille Nostredame. Le choix de la fonction médicale s’explique par l’origine juive de la famille. Les exégètes de Nostradamus y font référence. Cette profession est très répandue chez les Juifs qui exercent, ne l’oublions pas, des activités qui ne leur sont pas interdites. Dans l’ensemble du bassin méditerranéen, les Juifs sépharades, au contact de la civilisation arabe, se sont spécialisés dans des domaines qui leur assuraient liberté et jouissance de leur savoir. À titre comparatif, les Juifs catalans connaissent la même situation : « En aquest sentit, s’han de recordar quatre direccions : l’artesania, les finances (incloent-hi el petit préstec), tot allò que exigia un coneixement de la llengua àrab i, en darrer lloc, però no pas menys important, l’exercici de la medecina. » (Romano /163/ p. 66). Cette activité est semblable à celle observée en Provence, si l’on excepte, peut-être, l’utilisation de l’arabe. Les Juifs de Catalogne émigrèrent d’ailleurs en Provence, mais leur destin fut quelquefois tragique (Loeb /164/). Pierre Paul est le fils d’un marchand juif d’origine catalane (Paul /23/ p. 16). Il n’est donc pas étonnant que la profession de Michel soit répandue parmi la communauté juive. Ces mêmes médecins étaient d’ailleurs très au fait des connaissances médicales occidentales et orientales si l’on en juge par la constitution de leurs bibliothèques (Iancu /165/). Le choix de Nostredame n’est donc pas gratuit : il consiste à illustrer la mémoire de son frère Michel et à présenter celui-ci comme l’héritier d’une tradition familiale. Un deuxième aspect de cette substitution consiste à opérer un rapprochement avec la tâche que Nostredame s’est fixée. Pierre de Nostredame ne peut être qu’au service des comtes de Provence. Ce fait laisserait entendre que cette famille est dévouée et exemplaire, « illustratrice » de la Provence. L’historien aixois agit ici en client potentiel de la société provençale ; il tente une opération de séduction en faisant figurer son grand-père à une place importante : celui-ci assiste à la rédaction des testaments des deux derniers comtes de Provence. Il faut cependant rendre ce fait crédible. En ajoutant le nom de son grand-père au texte du testament recopié dans les M, il réalise cette substitution. Les deux versions, celle des M et celle qui lui a servi de source historique, sont claires sur ce point : « (...) Monsur Peyre Robin, medecin, e Phizicien, Monsur Peyre de Nostradona, medicin e astralog, Monsur Jan de Cuers, prevost de Masselha (...) » (528). « Petro Robini in aetatibus et medicina doctore phisico, de reuerendo pretore domino Johanne de Coreys (...) » Il est manifeste que Jean de Nostredame place le nom de son grand-père entre Peyre Robin et Jan de Cuers. Cette attitude dénote une stratégie et consiste à vouloir s’insérer dans une société pour en devenir l’historiographe. Elle révèle deux problématiques différentes. Du point de vue chrétien, la conversion s’accompagne d’une insertion réussie. Jean de Nostredame, même s’il falsifie ses origines, est l’illustrateur d’une certaine société aixoise (l’intégration passe d’ailleurs par l’illustration de cette société). C’est en quelque sorte en devenant historien de la Provence que Nostredame devient véritablement provençal et abandonne toute judéité. L’historiographie contemporaine nous 115

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apprend, à juste titre, que l’histoire des communautés juives provençales est un élément essentiel de l’histoire de cette province. Cette vérité n’est pas recevable au XVIe siècle ni pour la société parlementaire ni pour l’humanisme provençal. Du point de vue judaïque, cette conversion est douloureuse. Elle correspond à une fracture historique. Les traces culturelles ne s’effacent pas aussi vite. Comment concevoir la judéité d’un converti ? Comment peut-elle s’exprimer ? Peut-on définir une nouvelle judéité, telle qu’elle peut s’observer par exemple chez certains marranes ? Chez Jean de Nostredame, fils de néophyte, on peut penser que ces questions transparaissent à travers des mécanismes inconscients qui ne témoignent pas d’un crypto judaïsme, mais plus simplement d’un souvenir, un non-dit, une trace à effacer. Nostredame règle ce problème par la substitution sociale. Est-il possible, au XVIe siècle, qu’un historien de Provence soit le petit-fils d’un commerçant juif ? L’intégration et la reconnaissance passent inévitablement par la reconstruction familiale et la constitution de nouvelles racines identitaires. Nous pourrions renverser ce raisonnement et prétendre que Nostredame entreprend ses travaux pour résoudre ses difficultés identitaires. Il emploie d’ailleurs l’occitan puis le français. Nostredame restitue donc un passé qui n’est pas le sien. Dans cette errance identitaire, ne se convainc-t-il pas de son origine strictement provençale ? Le but étant d’oublier, d’effacer, n’est-il pas plus commode de se convaincre que cela n’a pas existé ? Jean de Nostredame entretient des rapports privilégiés avec son frère Michel. Nous savons que l’astrologue dédie un opuscule à son frère. Deux quatrains de ses prophéties sont écrits en provençal : Lou grand eyssame se levera d’abelhos Que non sauran don te siegen venguddos Deuech l’ebousq lougach dessous las treilhos Ciutad trahido per cinq lengos non mudos. » « Deux gros de Mende de Roudés et Milhau Cahours Limoges Castres malo sepmano De nuech l’intrado de Bourdeaux un cailhau Par Perigort au toc de la campano.

César de Nostredame rend hommage à son oncle en précisant qu’il s’est inspiré d’un certain nombre de ses travaux : En premier lieu que ce qui me fit entreprendre ceste fascheuse besoigne furent quelques hereditaires instructions & bref commentaires qu’vn mien oncle paternel, personnage fort rompu en la recerche des choses anciennes & vieilles, presques durant le cours de sa vie auoit curieusement recueilli & deterré, tant des Archiues du Palaix d’Aix, des vies, vers & fragmens des Poëtes Provençaux, que d’infinies pancartes, escritures, & vieils documens des plus nobles maisons de Prouence, & de plusieurs autres histoires de Naples & de Sicile, depuis le regne de Gilbert qui viuoit l’an mil octante, iusques au periode du quinzieme siecle : car la mort arresta là & sa vie, & son dessein, il y a ja trente six ans : de maniere qu’apres sa mort, ce si long & loüable travail se trouua tellement esgaré & perdu qu’il ne paruint en mes mains, que presques trente ans pares qu’il fut sorti de ce monde. Ce que i’ay voulu mettre en publique euidence pour rendre à Cesar ce qui est à Cesar, & pour ne deffrauder de loüange meritee celuy à la gloire duquel ie participe en quelque sorte. (Nostredame /54/ p. 17).

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César de Nostredame aurait-il pu mener à bien ses recherches sans les travaux de son oncle ? Il est certain que Jean a effectué tout un travail de recherches archivistiques que son neveu n’a pas à faire. L’essentiel des sources historiques occitanes a été colligé par Jean. Cette collaboration indirecte n’est pas une exception : Antoine de Ruffi profite des travaux de son grand-père Robert Ruffi, François de Clapiers utilise les annales et chroniques de son beau-père Boniface de Séguiran. César de Nostredame corrige d’ailleurs quelques erreurs commises par son oncle. Ces trois hommes, Michel de Nostredame, Jean et César, illustrent à merveille ce que peut être l’humanisme en Provence. Ils créent des œuvres, élaborent des projets qui sont repris par la postérité, enrichis de divers commentaires. La recherche de Jean est plus intériorisée, moins publique. Il est surtout connu pour son édition des Vies. Ses travaux historiques restent confidentiels. César est reconnu comme poète et historien. Il est l’aboutissement d’une lignée exemplaire. Les deux frères de César, Charles et André, font également partie de cette société érudite. Charles de Nostredame est l’auteur d’un sonnet en occitan dans les pièces liminaires d’un recueil de Pierre Paul (Paul /22/ p. 9). André de Nostredame eut une existence plus mouvementée : attaché à l’entourage d’Henri d’Angoulême, il se battit en duel, puis entra dans les ordres et fut capucin sous le nom de frère Séraphin. Il mourut en 1601 au couvent de Brignoles (Leroy /156/ p. 128-129). On ne sait que peu de choses sur les sœurs de César. Madeleine de Nostredame eut de Claude de Pérussis de Lauris un fils naturel qui entra dans les ordres. Le père de Claude, François de Pérussis de Lauris, s’opposa au mariage, ce qui lui valut l’inimitié de César de Nostredame (Leroy /156/ p. 111-112) (cet événement a dû se dérouler vers 1570, Claude de Pérussis étant né en 1551). Madeleine épousa à Salon, en 1571, Paul de Chanquin, écuyer de Barbentane. L’héritage humaniste s’achève par l’œuvre abondante de César de Nostredame. Michel, puis César, impriment à la vie salonnaise un aspect lettré, fondé sur les sciences, les recherches historiques, la poésie et l’art en général. Jean paraît tout entier tourné vers la recherche et l’écriture, patientes et organisées, de ses chroniques historiques, puis des Vies. Le destin de la famille Nostredame apparaît donc en balancement perpétuel entre l’histoire individuelle et l’histoire collective. Michel « protège » Jean qui lui rend un hommage indirect dans les M, César fait de son oncle sa principale source : aller et retour permanent entre les frères, l’oncle et le neveu. Michel est médecin et astrologue, découvrant dans un avenir hypothétique les figures des malheurs des hommes, Jean est historien, cherchant dans le passé les fondations d’une société qui se renouvelle, César est poète, décrivant dans le chant la puissance des mots et des images.

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Chapitre II

LE CONTEXTE CULTUREL AIXOIS Mais combien en y a il de cachez parmy les librairies des monasteres convents, eglises, et dans les archifs des maisons nobles de ce pays et d’autres maisons particiulieres, meslées parmy leurs papiers et documens qui les ignorent et n’en tiennent compte ? Nostredame /8/ p. 19, /11/ p. 12

La Société provençale et l’humanisme

L’humanisme, tel qu’il est souvent défini, correspond à un courant de pensées. Il est révélé par une attitude intellectuelle, une définition individuelle de recherche et de projets dans les domaines les plus divers. Cette attitude se noue aux aventures collectives, mais émane toujours d’une personnalité hors du commun90. La curiosité intellectuelle et la volonté de savoir, caractéristiques d’une partie du Moyen Age et d’un préhumanisme ne peuvent se définir que par une force individuelle, guidée il est vrai par un mouvement collectif dont témoignent, par exemple, les échanges épistolaires et les activités universitaires. L’homme providentiel et l’humaniste « total » n’existent pas. Ils ne peuvent être « chose en soi », mais se réalisent toujours comme le produit d’une société, au confluent d’initiatives individuelles et collectives. Peut-on parler d’un humanisme provençal ? Ne s’agit-il pas d’une branche provinciale de l’humanisme français ou d’une résurgence tardive de la Renaissance italienne ? Nous serions tenté d’effacer ces deux hypothèses en situant notre réflexion au niveau européen. L’homme du XVIe siècle est un Européen dont l’action et les idées dessinent un espace culturel concentré principalement en Italie, Allemagne, Hollande et France du nord. La Provence, et plus largement l’Occitanie, sont, de 1500 à 1550, l’extrême frange sudiste de cet espace. L’Espagne entame une initiative individuelle qui mène ce royaume à une puissance exemplaire. Cet espace européen se réduit souvent à quelques grands centres culturels, religieux ou universitaires comme Genève, Strasbourg ou Anvers. Cette Europe du XVIe siècle se concrétise grâce aux échanges humanistes. Après 1550, les Guerres de Religion rendent cette circulation culturelle plus difficile. C’est de 1500 à 1550 que ces relations fonctionnent pleinement, symbolisées par quelques figures exemplaires comme celle d’Érasme, illustrées par la présence de l’imprimé (Febvre /170/ p. 243-305). Le pays occitan méditerranéen se situe sur les marges de cet espace. Ces marges ne signifient nullement l’exclusion, mais il est clair que le mouvement humaniste provençal est tributaire de la géographie. L’isthme rhodanien, que Braudel a bien analysé (Braudel /169/ p. 198-202), doit être envisagé comme un axe nord-sud : il se définit alors comme une pénétration nordique en Méditerranée. Lyon constitue le dernier foyer humaniste important que l’on rencontre en descendant le Rhône91. Cette géogra90 L’humanisme présente souvent des formes individuelles et collectives. Les études philologiques, historiques et religieuses ne peuvent s’accomplir qu’à partir d’une volonté individuelle. Un autre aspect met en scène le collectif, la mise en commun, les débats et l’échange des savoirs. 91 C’est le problème majeur de l’Occitanie : elle est nordique, vue de la Méditerranée orientale et du Maghreb et trop sudiste pour s’intégrer totalement à l’espace atlantique et hanséatique. Son rôle constitue une zone

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phie est certainement en lien avec la francisation du domaine d’oc. Le couloir rhodanien existe comme « port méditerranéen », car l’activité économique européenne est encore, pour quelques années, tributaire du « mare nostrum ». L’économie privilégie l’humanisme. Le savoir ne se transporte pas comme les épices et le blé, ne se vend pas comme les tissus et le poivre, mais une route commerciale correspond souvent à une route culturelle. Les foires de Lyon et la proximité italienne déterminent en partie l’épanouissement de l’humanisme lyonnais. Cependant, nous ne tenterons pas d’expliquer un quelconque retard de la société provençale par des structures économiques obsolètes. Ce phénomène est beaucoup plus complexe pour être analysé si brièvement92. Il est toutefois certain que l’humanisme provençal n’est pas actif avant 1550. Après l’arrivée d’Henri d’Angoulême (1576) et l’entrée en scène d’une nouvelle génération d’écrivains, la Provence produit une série d’œuvres remarquables. Avant 1550, la Provence n’est pas un désert humaniste, mais les premières années du siècle ne sont pas productrices de grandes œuvres littéraires et historiographiques93. Le tissu social sur lequel l’humanisme se développe en présent en Provence : société de petite noblesse, de bourgeoisie marchande et d’hommes de robe. Néanmoins, quelques faits paraissent avoir entravé son développement. La Provence est un pays français depuis peu. La noblesse provençale subit l’annexion française et la francisation ; la société provençale devient peu à peu diglossique. Nous savons que l’occitan n’est pas toujours en mesure de prendre la place du latin et que l’idiome d’oc n’accède pas au rang des langues-État. Il s’ensuit, avant que le français ne puisse être définitivement une langue d’écriture, un état de vide linguistique qui correspond aux années 1520-1550. Ce tissu social, potentialité d’humanisme, est souvent rural. En Provence, seules les villes d’Aix et d’Avignon jouent un rôle attractif. Marseille est tournée vers la mer, le négoce et les investissements financiers. La ruralité n’est pas signe de retard, mais l’humanisme se développe plus rapidement en milieu urbain. Ces villes sont de moyenne importance, comme certaines cités hollandaises ou allemandes. Nous connaissons la fonction de ces villes dans la culture du XVIe siècle : lieu de concentration du savoir, des techniques et des « librairies ». Il s’agit de cités aux débouchés économiques importants, tissant entre elles un réseau dense, matériel et spirituel. Incontestablement, les villes méditerranéennes provençales ne correspondent pas à cette définition et paraissent entravées par un certain nombre de difficultés provenant de leur configuration géographique (Braudel /169/ p. 63-67). À ce niveau, la Provence apparaît en pleine contradiction, ne pouvant se situer dans la mouvance de l’Europe du nord dont elle subit pourtant l’influence. Une autre explication doit envisager les aspects de la représentation du pouvoir. L’installation du Parlement est récente. Nous savons que c’est autour de cette structure que l’ensemble de la société humaniste se construit. Pourtant, ces structures sont étrangères à la Provence. Elles se mettent en place parallèlement aux institutions anintermédiaire qui est, historiquement, le débouché maritime européen du royaume français. C’est grâce à cette analyse que la situation de Marseille prend de l’importance, mais est également fragilisée par l’absence d’un arrière-pays productif. 92 La pénétration historique française s’accompagne de la francisation. Pour la seule Provence, elle est diffuse sous les comtes angevins, de 1245 à 1481, puis constitue à partir du rattachement à la France une politique précise. 93 Les Provençaux impriment généralement leurs livres à Lyon. C’est notamment le cas de Nostredame et d’une grande partie de la production poétique de la fin du XVIe siècle et du début du XVIIe.

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ciennes qui perdent leur pouvoir. Le Parlement joue un rôle attractif, mais ce fait ne se concrétise que lentement. La génération de Jean de Nostredame comprend les avantages que l’on peut tirer de ce pouvoir régional et quel rôle la noblesse provençale peut y jouer. La présence du Parlement insuffle une vie intellectuelle qui favorise la ville d’Aix. Cette politique est informelle, mais le fonctionnement des structures parlementaires fait d’Aix, vers 1520-1530, une capitale provinciale. Avignon est certainement un cas particulier. C’est avec Aix la grande ville intellectuelle de Provence. L’université y est bien implantée, l’imprimerie y est installée depuis longtemps. Cette ville bénéficie également de l’apport italien. On sait qu’il a permis au XVe siècle la naissance d’une école artistique sans précédent. Le lien italien est à la fois culturel et administratif, car la cité et le Comtat appartiennent à la Papauté. Les légats des papes et leurs suites sont italiens. L’humanisme provençal présente des lacunes thématiques importantes. Nous ne sommes pas en présence de grands desseins philologiques ni de commentaires sur les œuvres de l’Antiquité. La rareté de ces recherches s’explique par l’absence des lieux d’impression, donc de libraires et d’éditeurs. Les auteurs anciens devaient être lus, les manuscrits et les livres devaient circuler, mais comment concevoir un travail d’édition sans l’aide des libraires et des imprimeurs si présents au XVIe siècle ? Nous avons affaire à un humanisme sélectif qui privilégie les travaux historiques et botaniques. Auguste Brun avait pressenti ce fait, mais explique cette situation par le manque de connaissance des œuvres de l’Antiquité (Brun /15/ p. 31-32). Les quelques travaux que nous connaissons prouvent le contraire. Parmi les prédécesseurs de Nostredame, nous pouvons retenir quelques noms. Marc Bertrand Maure a écrit un commentaire sur Varron ainsi que d’autres ouvrages de droit. Il constitue une référence primordiale pour Jules Raymond de Soliers (Haitze /161/ vol. II, p. 306-307, Maure /38/, /39/, /40/). Boniface de Séguiran de Vauvenargues, dont nous avons déjà parlé, est un des premiers historiens de la Provence. Il laisse des annales et des chroniques dont Nostredame possède une copie. François de Clapiers publie un ouvrage inspiré par les travaux de son beau-père (Clapiers /47/). Jean de Nostredame a été un temps secrétaire de Boniface de Séguiran. Hugues de Soliers, oncle de Jules Raymond, fut un botaniste renommé. Nous connaissons l’importance de la botanique associée à la médecine ; c’est grâce à cette science que les étudiants parcouraient l’Europe (Legré /128/). La botanique provençale trouve en la personne d’Hugues de Soliers un grand savant et un commentateur rigoureux. Il préfigure le travail de son neveu, car sa conception de la botanique lui permet d’effectuer une description du paysage provençal. Au niveau philologique, Soliers fait preuve d’une bonne connaissance de l’occitan ; il donne en effet le nom des plantes dans cette langue. Hugues de Soliers est le commentateur de Aetius (Legré /172/)94. Pierre Quiqueran de Beaujeu, évêque de Senez, eut une existence courte : il est mort à Paris à l’âge de vingt-huit ans. Ce brillant ecclésiastique arlésien avait fait des études à Paris et en Italie. Il publie en 1551 un éloge de la Provence (Quiqueran /41/). Une traduction française a été publiée plus de cinquante ans après sa mort (Quiqueran /42/). Elle comporte d’ailleurs parmi les pièces liminaires un sonnet de César de Nostredame. Cette « Provence louée » correspond aux grands desseins humanistes, aux 94

Nous citons également les noms de Pierre et d’André Pena (Legré /173/).

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glorifications des beautés provinciales. Cet ouvrage se rattache notamment à toute une tradition « agreste » qui ouvre une voie vers l’Arcadie littéraire95. La société provençale s’ouvre doucement à l’humanisme. Les premières années du siècle sont hésitantes : de 1530 à 1540, les potentialités se dessinent. Jean de Nostredame est le produit de cet humanisme naissant qu’il illustre à son tour. Ouvreur de recherches et « d’hystoyres », il œuvre de 1550 à 1577 à la fois dans les domaines littéraires, philologiques et historiques. Il possède une grande curiosité intellectuelle, nec plus ultra de l’humanisme.

Allégeances et historiographie

Peut-on envisager l’existence d’une historiographie sans un pouvoir politique qui la soutient et qui la guide ? À travers la longue durée, l’écriture de l’histoire semble se justifier par le rapport, parfois ambigu, qu’elle entretient avec le pouvoir politique. Tite Live est lié aux structures politiques romaines et son œuvre peut être analysée comme une entreprise historiographique visant à la glorification de Rome96. Le lien avec le pouvoir est encore plus concret quand les politiques deviennent des historiens : l’exemple majeur de l’Antiquité est celui de César. Au cours des siècles, l’écriture de l’histoire ne semble pas échapper à l’emprise politique. Pourquoi y échapperait-elle ? Écrire l’histoire des hommes, c’est examiner les rapports sociaux, donc participer à la mémoire de la « polis ». Le retour sur le passé et sa restitution ne peuvent se concevoir que dans un dessein de recherches qui intéresse au plus haut point le pouvoir politique et qui lui fournit parfois une justification de ses actes. Il faut donc ici établir une distance entre l’historiographie, discours sur l’histoire, héritière des positions politiques, culturelles et géographiques, et l’histoire proprement dite qui ne s’accommode pas des influences diverses. La mémoire historique n’a pas de fin : elle ne peut se comprendre que dans la longue durée et la permanence des documents historiques, du témoignage révélateur, produits historiques que l’historiographie utilise. La naissance des États modernes et leur émergence structurelle aux XIIIe, XIVe et XVe siècles permettent de préciser ce point de vue. La construction monarchique française, de Philippe le bel à Louis XI, se nourrit de l’historiographie. Nous savons que Les Grandes Chroniques ont été liées au pouvoir de Saint-Denis et que leur influence est primordiale : « Elles ont été pendant deux siècles, au XIVe et XVe siècles, l’épopée dont les Français avaient besoin. » (Guenée /174/ p. 279). La circulation des manuscrits de cette œuvre prouve leur caractère « officiel ». Dans une autre fonction, la position d’un Robert Gaguin est exemplaire ; cet écrivain exerce des charges politiques : il est ambassadeur de Louis XI. Il se dit guidé par l’amour de sa patrie : « id amor patrie coegit » (Schmidt-Chazan /175/). Son œuvre reflète l’idéologie dominante de l’historiographie française et les discussions qui l’opposent aux Italiens dévoilent un historien forgeant son nationalisme français contre d’autres nationalismes97.

95 Nous avons déjà consacré un chapitre à Jules Raymond de Soliers et à Vaisquin Philieul. Nous ne revenons pas sur leurs œuvres. 96 L’exemple de Tite Live n’est pas gratuit : cet historien romain a joué un grand rôle dans la culture humaniste : « C’est Tite Live qui a été aux yeux des hommes de la Renaissance, le plus grand de tous les historiens latins, et même de toute l’antiquité. » (Lefebvre /176/). 97 Ces deux exemples correspondent à des sources historiques des M.

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Dans toute l’Europe, ce mouvement est constant. L’État de Bourgogne, au plus fort de sa puissance, utilise le vecteur historiographique (Guenée /174/ p. 336). En Italie, ces faits sont encore plus visibles en raison de la multiplicité des États. Leonardo écrit une histoire de Florence, Lorenzo Valla est au service des Aragonais de Naples, Giovanni Simonetta des Sforza, Platina des papes et Sabellicus devient l’historiographe de Venise (Lefebvre /176/ p. 65-66). Ces historiographies multiples permettent aux historiens du XVIe siècle d’élaborer des synthèses historiques (Guicciardini peut écrire son œuvre grâce aux travaux antérieurs). En Espagne, l’ouvrage de Juan de la Mariana obéit au même genre d’élaboration. En France, ce mouvement trouve son aboutissement dans les interrogations justifiées d’Estienne Pasquier, car comme le précise Georges Huppert : « (...) il s’agit de définir la France. La France n’est pas un territoire, elle n’est pas une possession dynastique ; elle est un concept perpétuellement mouvant, qui ne peut se définir qu’à travers son histoire. » (Huppert /177/ p. 69)98. De 1560 à 1610, les théories historiographiques font varier la compréhension et l’approche des phénomènes historiques. Louis Le Roy en 1567 et Jean Bodin en 1566 sont les principaux acteurs de cette évolution. Claude-Gilbert Dubois précise à propos de Louis Le Roy que : « Le comment et le pourquoi l’intéressent plus que le fait lui-même. ». Dans son ouvrage publié en 1567, Louis Le Roy écrit : « Montrer comment les Estats sont acquis, pourquoi durent plus les uns que les autres, par quels moyens ils fleurissent ou dechuent, et aucune fois se relevent. » (Dubois /178/ p. 82-83). Jean de Nostredame échappe totalement à cette évolution théorique. Pour l’historien aixois, l’histoire s’enchaîne comme une série de faits, liés entre eux par la chronologie. Entre ces faits, il développe des thèmes « méta-historiques » et laisse libre court à des « déplacements historiques » guidés par son idéologie et son projet général. En ce sens, il se conforme à la définition de l’historiographie : le discours sur une partie de l’histoire préalablement expurgée des faits non conformes à son dessein. L’historiographie est liée à un pouvoir étatique. Le Moyen Age avait permis l’élaboration d’œuvres qui allaient dans le sens d’une allégeance féodale, annales et chroniques émanant d’abbayes plus ou moins liées à l’espace régional où elles se trouvaient : Normandie, Anjou...99 Dès le XVe siècle, la consolidation centralisatrice privilégie une écriture de l’histoire sous l’autorité monarchique. Néanmoins, une historiographie « déconcentrée » existe et apparaît le plus souvent comme régionale. Sa finalité est provinciale. Cette historiographie, dont l’exemple majeur est l’œuvre de César de Nostredame, trouve une première illustration chez Jean de Nostredame ou chez Jean Bouchet (Annales d’Aquitaine /372/). La Provence du XVe siècle, malgré son indépendance politique, n’a pas suscité de grands textes historiographiques. Pendant une grande partie de son règne, René d’Anjou poursuit le rêve italien lié au sort des possessions angevines. La Provence apparaît alors comme une partie d’un royaume à l’unité ambiguë. Vers la fin du XVe siècle, le prince angevin réunit une cour brillante et devient un mécène apprécié. Les timides tentatives historiographiques d’Honoré Bonet ou d’Antoine de La Sale peuvent figurer un premier mouvement qui n’est pas dépourvu d’historicité provençale. La recherche humaniste se développe dans des lieux tels que les couvents et les abbayes comme en témoigne l’œuvre de Denis Faucher (Faucher /46/). Cependant, à aucun moment, Faucher ou d’autres historiens ne consLa définition de l’espace par l’histoire est possible pour la Provence, mais rappelons que cet espace historique ne correspond pas aux limites linguistiques. 99 Nous pensons aux historiens normands de l’abbaye de Jumièges. 98

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tituent une historiographie provençale liée au pouvoir politique. Nous devons donc préciser que l’absence d’une historiographie officielle n’implique pas une absence « d’hystoyres ». Nous pensons même que la profusion des chroniques locales et des relations diverses est d’une certaine manière favorisée par cette absence. Il faut attendre le début du XVIIe siècle et la publication de l’œuvre de César de Nostredame pour que l’officialité soit totale et connaisse l’imprimerie. Sur ce plan, l’entreprise de Jean de Nostredame échoue car son œuvre demeure confidentielle, enfermée dans son statut manuscrit100. Jean de Nostredame est un historien sans État. Son œuvre témoigne d’un enfermement linguistique et politique. Comme beaucoup d’historiens du XVIe siècle, il est à la recherche d’un lieu politique qui puisse recevoir son « hystoyre ». La société parlementaire aixoise est empêtrée dans ses propres contradictions ; c’est cette difficulté que Nostredame ne peut réussir à surmonter. Le malaise idéologique de cette société ne peut se résoudre que par la provincialisation culturelle et par l’abandon de l’occitan au profit du français. Nostredame est un donc un historien sans État, mais à la recherche d’un État emblématique. L’élaboration de son travail le montre : les notices du SQS commencent en 530, celles de la CF 536 et des M en 204 (en réalité 255). Nostredame essaie d’étendre ses recherches à la Prouincia romana. Il se montre assez bon connaisseur des documents anciens qu’il peut examiner. Le SQS s’arrête à la fin du XVe siècle, la CF 536, la CF 534-535 et les M au début du XVIe. Jean de Nostredame étudie la période relative à l’acte d’union, mais ses travaux ne portent pas sur le début du XVIe siècle : aucune mention des invasions de la Provence par les armées impériales. Cette sélection est révélatrice : les faits qui se déroulent en Provence de 1482 à 1560 appartiennent-ils à l’histoire de la Provence ou à celle de la France ? Peut-on envisager, au XVIe siècle, une histoire de Provence après l’annexion française ? Les mentalités culturelles françaises ont résolu ce problème en faisant apparaître les notions de régionalité et de provincialité. Le XVIe siècle provençal ne dispose pas de ces concepts. En avouant inconsciemment l’appartenance de l’historicité provençale à la France dès le début du XVIe siècle, Jean de Nostredame clôt un problème qu’il ne pouvait résoudre. L’historiographie de Nostredame œuvre dans la mémoire provençale. L’importance que tiennent dans les M les testaments des comtes de Provence ne s’explique pas seulement par la constitution des sources historiques consultées par l’historien aixois. Il s’agit de présenter la Provence comme un comté ayant connu des heures de gloire. La puissance d’un souverain se définit souvent par le partage des ressources et des terres contenues dans son testament. De tous les comtes, René d’Anjou tient la place la plus importante. Nostredame brosse le portrait d’un souverain exemplaire qui représente une grandeur passée et qui flatte le sentiment identitaire provençal. Ce roi est français de langue et de culture, mais il est montré provençal de cœur. La nostalgie d’un passé glorieux joue ici en miroir historique. René d’Anjou tient d’ailleurs une place particulière dans les mythes provençaux comme le souligne Noël Coulet : Au Roi Pasteur correspond tout naturellement un jardin féerique. Cette vision idyllique de la Provence à la fin du Moyen-Age s’est imposée au début du XIXe siècle au point d’envahir la scène et les romans. » (Coulet /179/ p. 14). 100 C’est ici que se pose le problème de la circulation des écrits occitans qui n’empruntent pas les chemins de la modernité.

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L’œuvre de Nostredame préfigure ce sentiment. L’image du jardin du comte de Provence dans les M est significative : elle rencontre le thème d’Arcadie et définit un paysage provençal que l’histoire neutralise. L’Arcadie occitane trouve une origine mythique : (...) e aqui uzava la resta de sa vida a plantar e ensertar d’arbres, dreyssar gallarias e jardins, fayre pesquyers per veyre nadar lous peyssons, d’aver d’aussels de diversas manyeras per si delectar en leur cant. E en toutas las bellas mayzons e bastidas qu’el avya fach fayre en Prouvensa a Aix, Masselha e autras parts, eran garnidas de pesquiers, de fonts, de tous arbres fruchiers dels plus exquizits (...) 101.

Cette œuvre peut se définir comme une opération de restitution. Nostredame cherche dans tous les documents et les archives qu’il consulte les preuves de la noblesse des familles aixoises. Cette société ne peut exister au XVIe siècle qu’en assurant une généalogie exempte de reproches. Quand Nostredame n’a pas les documents nécessaires, il travestit l’histoire pour faciliter son propos. Nous sommes ici en présence d’un phénomène d’allégeance, mais l’offre est supérieure à la demande ; la noblesse aixoise ne constitue pas un pouvoir étatique ou monarchique. Jusqu’à quel point suit-elle Nostredame dans son entreprise ? Une partie de ses travaux est publiée, mais l’historiographie demeure manuscrite, miroir de l’absence d’un réel pouvoir provençal. L’allégeance pose le problème de la véracité historique. Nous savons que la thèse principale de Chabaneau et d’Anglade consiste à présenter Nostredame comme un falsificateur : Non que Nostredame ait beaucoup falsifié l’histoire proprement dite ; cela n’était pas très facile de son temps et dans son milieu ; on connaissait assez bien, du moins dans ses grandes lignes, l’histoire de Provence ; mais le désir d’exalter les origines de quelques grandes familles, de flatter leur vanité en les rattachant à des troubadours, ont conduit l’historien aux anachronismes les plus violents. César les reprit à son compte, et, comme son histoire eut, par les circonstances où elle fut publiée, un très vif succès, le mensonge et l’erreur s’implantèrent profondément dans l’histoire de Provence ; ils ne sont pas complètement extirpés, même de nos jours. » (Nostredame /11/ p. (60)).

Un certain nombre d’erreurs commises proviennent d’une ignorance historique, compréhensible pour un historien du XVIe siècle, mais la plupart du temps les changements et les substitutions sont dus à la relation étroite que l’écrivain aixois entretient avec les parlementaires. La véracité historique existe dans les faits, mais pas dans la mémoire ni dans le discours historiographique. Nous savons que le mythe des origines troyennes a alimenté la polémique entre Nicoles Gilles, Gaguin et Paul Émile. Ces historiens sont contestés par les Allemands Beatus Rhenanus et Hotman (Huppert /177/ p. 81-87). Dans une étude instructive, F. Simone analyse un texte historiographique, L’Arbre de France, publié par un imprimeur lyonnais en 1542. Cet ouvrage reprend plusieurs mythes historiques notamment l’origine troyenne de la maison de France (Simone /180/). Il n’est pas étonnant, au XVIe siècle, de constater des « erreurs » généalogiques, car il n’était pas concevable d’avouer certaines origines. La tradition rapporte de François 1er se mit en colère à la lecture de Dante parce que le poète 101

528, 529. L’ensemble de ces notices occupe les folios 86 v° à 89 v°.

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italien faisait d’Hugues Capet le fils d’un boucher (Dante /181/ p. 600, note 560). Nous sommes confrontés à ce que Guenée nomme : « (...) une littérature soumise aux intérêts des patrons (...) » où « la vérité n’était guère à l’aise. » (Guenée /174/ p. 64). Mais qu’estce que la véracité de l’histoire ? Dans une société en mutation, l’écriture de l’histoire joue souvent un rôle primordial. L’historiographe n’est pas chargé d’une mission de rétablissement de la vérité, il se doit d’être fidèle aux buts qu’il se fixe. Ce sont alors les relations entre histoire et imaginaire qui sont en cause. Nostredame est un « historien de la mémoire ». Jacques Le Goff donne comme point de départ initial un jeu faussé par la nature des sources historiques : Les conditions dans lesquelles travaille l’historien expliquent en outre pourquoi s’est posé et se pose toujours le problème de l’objectivité de l’historien. La prise de conscience de la construction du fait historique, de la non innocence du document a jeté une lumière crue sur les procédés de manipulation qui se manifestent à tous les niveaux de la construction du savoir historique. (Le Goff /182/ p. 22).

Nous sommes donc au cœur du problème entre l’historien recherchant les preuves des faits historiques, les collige, et l’historiographe qui « écrit » cette même histoire. Le lent mouvement de restitution historique observé au XVIe siècle tend à essayer de gommer les différences méthodologiques et idéologiques des deux recherches. Mais ce mouvement est tributaire des allégeances et ne peut en aucun cas influencer Nostredame qui reste fidèle à la fonction historiographique qu’il s’est fixée.

Projets historiographiques et société La mémoire historique que Nostredame réactive correspond-elle à un projet de société, sert-elle un dessein plus vaste ? Nous sommes là au centre du problème relationnel qui unit Nostredame et la société aixoise. De 1555 à 1577, l’écrivain aixois construit patiemment une entreprise de restitution de mémoire qui n’est pas une recherche gratuite, mais « une offre d’histoire ». Nostredame ne thésaurise pas ses recherches, cependant ses tentatives sont vouées à l’échec : échec historiographique, mais pas littéraire, car la publication des Vies lui assure une certaine célébrité après sa mort. Sans cette publication, nous ne possèderions pas les travaux critiques qui contredisent les affirmations des Vies et qui ont fait progresser notre connaissance du corpus troubadouresque. Les travaux historiques et les Vies témoignent de cette offre d’histoire. Cette recherche, commencée en occitan, fut remaniée, traduite et amplifiée en français. D’un point de vue formel, Nostredame hésite entre un style concis où l’événement est présenté dans ses grandes lignes et une forme ample et délibérément discursive. Ce deuxième style est souvent employé quand il s’agit de présenter une œuvre artistique ou la personnalité des souverains provençaux. Il semble alors que la littérature envahisse l’histoire. C’est que pour Nostredame il n’y a pas de différences fondamentale entre les deux genres : ils sont tous les deux présents, à égale importance, dans son projet d’écriture et ils ne constituent pas pour le XVIe siècle des domaines nettement différenciés. La distinction stylistique est donc d’ordre textuel. Les notes discursives se rapprochent de l’offre de mémoire : elles sont écrites dans une volonté didactique et se réfèrent à une littérature historique au service de la société provençale. Mais cette littérature est en avance sur son temps et ce n’est que plus tard, au XIXe siècle, que ces figures emblématiques seront reprises. Cette offre de mémoire a réussi, malgré son relatif oubli, parce que Jean de Nostredame bâtit son œuvre comme une 126

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reconstruction culturelle basée sur la nostalgie d’un passé sublimé. L’arcadisme occitan tente de pérenniser ce sentiment qu’une partie du Félibrige réactivera par un Romantisme tardif. Cette offre est-elle le seul fait de Nostredame ou correspond-elle à une demande plus ou moins clairement formulée ? Nous n’avons pas retrouvé la trace d’une commande dont Nostredame aurait été chargé. Quelle commande puisque le pouvoir en place à Aix, parlementaires et gouverneur, n’est que l’illustration de la royauté française ? Seule, une partie de la noblesse provençale aurait pu proposer à Nostredame un travail particulier. Une commande émanant d’une famille provençale aurait alors porté sur des travaux généalogiques (la seule commande attestée est celle de Madame de Bagarris (Nostredame /12/)). L’entreprise de l’écrivain aixois apparaît comme une volonté individuelle qui se met au service d’une société. Cette hypothèse révèle une conscience linguistique et culturelle hors du commun. Pourquoi Nostredame commence-t-il ses recherches ? Une première explication est donnée par ses qualités d’humaniste et sa position privilégiée qui lui permet d’avoir accès aux archives aixoises. Ce fait ne peut totalement expliquer ce chemin d’écriture. Le choix de la langue, l’occitan puis le français, est instructif. Nous serions tenté de relier cette œuvre à un malaise identitaire et culturel que Nostredame essaie de résoudre par la recherche. La comparaison avec l’itinéraire du Gascon Pey de Garros est éclairante : Robert Lafont a précisé quels furent les choix qui ont guidé sa traduction des psaumes et toute son action (Garros /31/, /32/, Lafont /33). Garros essaie de fonder en Gascogne les éléments d’une identité qui dépasse les cadres de la Navarre. L’écrivain gascon privilégie un espace et une durée symbolisés, entre Garonne et l’océan, par la Gascogne102. Nostredame tente de forger un outil identitaire. Ces deux écrivains devancent un pouvoir ; ils formulent des réponses qui doivent permettre de résoudre un malaise diglossique qui est propre à la société qui les détermine. Garros possède un interlocuteur de poids : le pouvoir de Navarre, mais celui-ci se dérobe très vite. Nostredame se conforme à des schémas d’allégeance. Garros théorise un espace, réfléchit aux terminologies employées ; Nostredame ne le peut pas : Prouvensa reste un substantif qui se définit par l’histoire. La Nation prouvensala du XVIe siècle n’existe pas. Le propre de l’édition de 1913 est de dénoncer les falsifications des Vies. Cette idée, qui était déjà celle de Haitze au XVIIIe siècle, est reprise par les romanistes du XIXe siècle, notamment Paul Meyer (Haitze /183/, Meyer /184/). Chabaneau et Anglade dénoncent également les falsifications des travaux historiques sans vraiment établir une démonstration similaire à celle des Vies. Une édition critique de tous ces écrits prouverait aisément ce qui est redevable à une falsification consciente et ce qui constitue de simples erreurs de recherche. Nous avons, dans notre commentaire historiques des M, relevé des erreurs de datation ou de chronologie. Il nous semble que nous pouvons classer ces falsifications (que nous préfèrerions appeler « déplacements historiques ») en deux groupes distincts. Le premier est relatif aux grandes familles que Nostredame fréquente et dont il glorifie les actes et transforme les généalogies. Le second s’apparente à ce que nous nommons la littéra102 Sur la position de Pey de Garros, nous renvoyons à la thèse de Robert Lafont (Lafont /6/ p. 154-155, 195-201).

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ture historique. Il ne s’agit pas de falsifications, mais de commentaires emblématiques qui illustrent la Provence et proposent l’émergence de figures exemplaires. En ce qui concerne ce premier groupe, nous allons prendre l’exemple de quatre familles citées dans les M : les comtes des Baux, les Rascas de Bagarris, les Lamanon et les Agoult, barons de Sault. La famille des Baux tient une grande place dans l’histoire provençale. Elle fit même valoir ses droits sur le comté et des troubles se déclarèrent, forçant le comte Raymond Bérenger à conclure un traité de paix. Tout cela figure dans le manuscrit des M103. Nostredame glorifie la maison des Baux en se servant d’un épisode de Tirant lo blanc. Il assimile les faits de Tirant à ceux de Bertrand des Baux104. Grâce à l’utilisation d’un roman de chevalerie qui a connu une certaine célébrité, Nostredame glorifie la famille des Baux, alliée dans cet épisode à la maison royale de France. L’historien aixois se sert donc de la littérature de chevalerie pour inscrire l’histoire de Provence dans une dynamique nobiliaire. Bertrand des Baux personnifie la Provence qui sauvegarde l’honneur de la chevalerie. Tirant se trouve en Sicile, mais Bertrand est transposé en Angleterre afin de protéger le Dauphin. Cette substitution géographique ne peut s’expliquer que par la volonté de Nostredame de rattacher ce fait à la véracité historique : la Sicile aurait posé un problème politique à cause des prétentions angevines. La transformation géographique vient à point pour rendre vraisemblable le récit historique. Nous sommes au point crucial de la frontière entre la fiction romanesque et l’écriture de l’histoire. Dans une notice consacrée à Peyre Salvan (Provenzan Salviani), personnage s’étant illustré à la bataille de Montaperti, Nostredame termine en précisant : « L’on crey qu’aquest Peyre es aquel Peyre de Prouvensa per louqual es estada facha l’hystoria d’el e de la bella Maguallona. »105. Cette irruption du littéraire dans le discours historique n’est là que pour mettre en valeur le personnage et la Provence. La mode des romans de chevalerie au XVIe siècle est une des clés de cette substitution. La relation de Jean de Nostredame et de la famille des barons de Sault est étroite. Il s’agit de relations directes : il a accès aux archives de cette maison et notamment au célèbre chansonnier de Sault dont la trace a été perdue. Nostredame définit une généalogie sans reproche : « Per moustrar que la mayson del Segnour de Sault es estada toujour provezida de personas illutras (...) »106. Le propos n’est pas de glorifier tel ou tel fait, mais plutôt de constituer dans la longue durée historique provençale une place privilégiée à la famille de Sault. L’acte impérial dont il est question dans cette notice est vraisemblablement apocryphe (Nostredame n’indique pas ses sources). Nous comprenons mieux ce propos en le reliant à la notice que Nostredame consacre à Guilhen de Agoult dans les Vies (Nostredame /8/ p. 35-37, /11/ p. 24-25). La substitution qui est opérée entre Guilhen de Agoult et Guilhem de Montanhagol illustre le déplacement géographique que l’on constate fréquemment dans les Vies. Le nom même de Montanhagol qui est dû à une erreur de scripta (étymologiquement de Montanhac) constitue une paronomase (Bec /186/ p.310). Nostredame fait de ce troubadour un théoricien de l’amour courtois. La famille de Sault a donc un troubadour dans sa famille. Il est de bon ton pour la noblesse provençale du XVIe siècle de pouvoir compter parmi Notice 99. Notice 106. 105 Notice 140. 106 Notice 84. 103 104

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leurs ancêtres des troubadours, poètes d’oc dont le prestige commençait à être grand. Le frère de Jean, Bertrand, a épousé Thomine de Roux de Lamanon. Nous ne savons pas si elle est issue de la famille du troubadour Bertrand de Lamanon. Celui-ci tient une place honorable dans les Vies (Nostredame /8/ p. 168-171, /11/ p. 104-106). Un de ses sirventès, sans doute très connu, est cité dans les M et repris par César de Nostredame dans son histoire107. Jean de Nostredame fait de Bertrand de Lamanon un sénéchal de Provence. L’historien aixois n’a pas voulu présenter son frère et le troubadour comme une seule et même personne, mais il est évident que le trouble généalogique est entretenu consciemment et ceci afin de flatter la nouvelle famille de son frère. Le père de Jean, Jacques de Nostredame, a été notaire, attaché au domaine de la tour de Canilhac (Leroy /84/). L’historien aixois ne manque pas de signaler la construction d’un « palays » dans ce domaine108. Il ne fait pas référence à son père, mais surestime sa fonction en évoquant la construction de cette tour par le futur pape Grégoire XI (en réalité celui-ci ne fit que consolider un bâtiment édifié par son oncle, le cardinal de Canilhac). Jean de Nostredame fait de Bernard Rascas un troubadour dont il parle dans les Vies (Nostredame /8/ p. 220-223, /11/ p. 132-134). Dans une notice des M, Bernard Rascas est le fondateur d’un hôpital avignonnais : Aquest Bernard Rascas era de son temps ung sobeyran poeta en lengua provensala ensin que sy liejon de sas cansons dins las vidas dels poetas prouvensals del Segnor comte de Sault. Lou segnor de Bagarris, conseiller del rey a Aix, es de mesme subre nom e armas que aquest Bernard. 109

Cette dernière phrase établit une relation directe avec Bernard Rascas de Bagarris qui fut un des protecteurs de Nostredame. Nous savons que le troubadour Rascas n’a pas existé et que le poème contenu dans les Vies est l’œuvre de Nostredame (Nostredame /11/ p. (50)). Comme pour la famille de Sault, Nostredame attribue à Bernard Rascas de Bagarris un aïeul troubadour qui place cet humaniste dans une filiation littéraire. L’illustration de la Provence ne se définit pas obligatoirement par une série de faits historiques, mais également par une œuvre littéraire inscrite dans le passé provençal. Nostredame inclut la littérature d’oc dans un projet global : elle n’est pas séparée de l’histoire. En ce sens, Jean de Nostredame témoigne d’une étonnante modernité. Liant ses recherches historiques et littéraires, il créé sans s’en rendre compte un champ d’études hors du commun : l’histoire du texte d’oc. Littérature et histoire y sont inséparables. Le cheminement historique de Nostredame interroge la langue et la littérature. Le second groupe des « falsifications » de Jean correspond à la littérature historique. Nous avons déjà évoqué la notice consacrée au roi René d’Anjou. Ses sources témoignent de ses influences multiples : du roman de chevalerie au traité didactique et pédagogique comme celui d’Antoine de La Sale (La Sale /366/). Les comtes de Provence sont tous, à partir de Raymond Bérenger V, loués et célébrés. Nostredame ne manque pas de vanter leurs qualités artistiques et littéraires. Le roi René demeure inégalé dans la louange ainsi que par la place qui lui est consacrée. D’autres personnages, faisant partie de l’administration comtale, sont mentionnés : c’est le cas de Romée de Villeneuve. Notices 78 et 265. Notice 332. 109 Notice 333. 107 108

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DEUXIÈME PARTIE

La notice qui le concerne se trouve à la fin du testament de Raymond Bérenger110. La relation de ses services et de sa disgrâce a donné lieu à toute une littérature qui de Dante à Mistral évoque un destin contrarié par la jalousie. Ces faits sont calqués sur la vie du général byzantin Bélisaire (Nostredame /11/ p. 365). Romée de Villeneuve n’est pas un prétexte pour Nostredame ; il joue sur l’ambiguïté du substantif « romieu » dont Dante avait déjà relevé les fonctionnements. L’ambivalence sémantique entre extérieur et intérieur, entre pèlerin revenant de Saint Jacques et homme vivant hors de sa patrie permet à Nostredame d’articuler sa démonstration historique. L’historien aixois ne dévoile qu’à la fin de la notice la véritable identité du pèlerin et précise que les Villeneuve, seigneurs de Vence, sont ses descendants. Par ce jeu sémantique, la littérature historique entre de plain-pied dans les possibilités créatrices de la langue. L’exemple de Romée de Villeneuve montre ce que Nostredame peut apporter à la constitution d’un mythe historique (cet épisode sera repris par César de Nostredame (Nostredame /11/ p. 365)). Nostredame œuvre dans le patrimoine historique et littéraire pour proposer une restitution culturelle. Il tente de définir un espace de recherche où la société aixoise, dont il est le client, puisse se reconnaître. Réussit-il à dépasser le conflit diglossique ? Linguistiquement, la réponse est donnée par l’abandon de l’occitan comme langue d’écriture de l’historiographie. Les poèmes apocryphes des Vies (Nostredame en est certainement l’auteur) indiquent que le malaise diglossique n’est pas totalement dissipé. Ses travaux historiques ne sont pas publiés : seuls quelques érudits des XVIIe et XVIIIe siècles connaissent ses recherches. La découverte, tardive, du manuscrit des M, plus de quatre cents ans après son écriture, confirme l’oubli de ses « hystoyres ». Son œuvre témoigne d’une insertion totale dans la culture humaniste du XVIe siècle Elle correspond à une boîte de Pandore que la société provençale se refuse à ouvrir. Cette restitution de mémoire n’est pas totalement vouée à l’échec, elle croise nos préoccupations actuelles. Les M couvrent plus de mille deux cents années. Les « hystoyres » s’inscrivent dans l’irréel du temps.

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Notice 152.

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Chapitre III

LE DESSEIN D’UNE ŒUVRE Les Travaux historiques

La classification de l’ensemble des œuvres de Jean de Nostredame est problématique. Nous serions tenté d’y voir un seul « livre » : historiographie et littérature se rejoignent dans un dessein commun. Les M et plus généralement tous les travaux historiques font une large place à la littérature : liste de troubadours, édition de poèmes, évocations poétiques…111 Camille Chabaneau et Joseph Anglade ne connaissaient pas le manuscrit des M ni la CF 536. Ils n’ont eu qu’une vue partielle des travaux historiques de Jean de Nostredame. Il est donc compréhensible que les Vies occupent une place centrale dans leur édition. Nous comprenons l’œuvre de Jean de Nostredame comme un ensemble formé d’éléments multiples et complémentaires. Le projet initial est d’ordre historiographique. Les Vies se dessinent au fil de l’écriture historique, mais se matérialisent à la fin de la vie de l’auteur, soulignant l’impossibilité littéraire de « la voie haute ». Nous tentons ici de mettre au jour le lien d’écriture et de recherche entre les différents ouvrages. Nous n’avons cependant qu’une vue fragmentée de l’œuvre de Nostredame. Certains manuscrits, brouillons de travail, indiquent que d’autres recherches ont pu être menées dans des documents aujourd’hui inconnus ou perdus. L’absence de publication des œuvres historiographiques nous interroge quant à l’achèvement de cette recherche et l’existence d’un manuscrit complet des Vies manque pour apprécier pleinement l’élaboration de l’ensemble de l’œuvre112. Notre édition des M nous entraîne cependant à ne pas respecter le dessein général de l’œuvre de Nostredame. Nous assumons cette contradiction, dictée par des impératifs formels. Nous distinguerons donc les travaux historiques et les Vies. L’édition de 1575 révèle d’ailleurs une destination différente. La Vie de Saint Hermentaire et le Glossaire de la langue des troubadours posent des problèmes spécifiques. La paternité de Nostredame ne doit pas être remise en cause ; la démonstration effectuée par Chabaneau est assez concluante pour que nous n’y revenions pas (Nostredame /12/ p. 157-159). Nous proposons une preuve supplémentaire : Nostredame possède l’ouvrage de Raymond Féraud dont il s’inspire. La Vie de Saint Hermentaire fait donc partie d’une continuité hagiographique dont Nostredame est un des illustrateurs. Il ne s’agit pas d’une réécriture de la vie de saint Honorat, mais les emprunts à l’œuvre de Féraud sont clairs : thème des serpents et des monstres par exemple (Féraud /349/ p. 88-89, Nostredame /12/ p. 162). Nostredame attribue La Vie de Saint Hermentaire à Raymond Féraud et la notice des Vies consacrée à ce troubadour est semblable au début du texte dédié à Madame de Bagarris (Nostredame /12/ p. 160, /8/ p. 172-174, /11/ p. 106-108). Jean de Nostredame prétend que ce texte a été : « escript premierement en rime provençalle, et depuis mis en françois à la requeste de 111 Pour les listes de troubadours dans les M cf. 165. Pour les sirventès, nous signalons notamment une pièce de Bertrand de Lamanon : 78. 112 Certaines notes préliminaires aux Vies figurent dans la CF 534-535 et ont été publiées par Chabaneau. Il ne s’agit pas du manuscrit sur lequel a travaillé l’éditeur.

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madame de Bagarris en l’an 1540 » (Nostredame /12/ p. 160). Nous ne connaissons pas l’original de cette traduction, mais cet original a-t-il existé ? Pour se conformer à la langue d’écriture de Raymond Féraud, Nostredame aurait dû écrire dans une langue proche de l’occitan médiéval. En avait-il les moyens en 1540 ? Cette date d’écriture prend ainsi un relief particulier. Le manuscrit qui renferme cette œuvre n’est pas autographe. Il s’agit d’une copie effectuée au XIXe siècle par Raynouard. Nous ne pouvons pas vérifier cette date (cela a son importance car le chiffre 4 ressemble au 5 dans l’écriture de Nostredame, nous supposerions donc une confusion entre 1540 et 1550). En 1540, l’écrivain aixois a dix-huit ans. Ce travail est envisageable pour un étudiant du XVIe siècle. Mais Nostredame connaissait-il assez bien à dix-huit ans l’occitan médiéval pour écrire une telle œuvre dans cette langue ? Avait-il suffisamment fréquenté les archives pour se forger une écriture qui puisse être confondue avec celle de Raymond Féraud ? Le lent cheminement de sa recherche témoigne d’une réflexion linguistique dont les premières traces, le SQS, apparaissent vers 1555-1560. Quinze ans plus tôt, cette tâche est difficile. Mais pourquoi écrire dans un occitan semblable à celui de Féraud ? Les textes apocryphes des Vies ne sont pas rédigés en occitan médiéval, mais plutôt dans une langue littéraire qui est propre à Nostredame. Nous pouvons donc examiner deux hypothèses. La première consiste à envisager l’existence d’une première version, occitane, de Raymond Féraud ou d’un autre écrivain que Nostredame traduit, travestit et réécrit totalement. Cette hypothèse confirmerait, d’une manière différente, que Nostredame est l’auteur de ce texte. La deuxième hypothèse consiste à considérer cette traduction comme un prétexte. La « fausse » traduction d’un ouvrage permet d’ailleurs à l’auteur de ne pas s’attribuer la totale paternité du texte. Elle correspond à un topos littéraire. Nous savons par exemple que Joanot Martorell prétend avoir traduit Tirant lo blanc du portugais, version ellemême inspirée d’un ouvrage anglais (Martorell /403/ p. 80-82). Cette deuxième hypothèse suppose que les conditions diglossiques de l’écriture pèsent sur cette œuvre. Etait-il possible que Nostredame offrît à sa protectrice, femme d’une grande famille provençale, une œuvre en occitan ? Il utilise un stratagème qui consiste à énoncer la langue première de l’écriture sans en montrer une seule ligne. L’occitan n’existe que dans l’irréalité des lieux du passé. Cette hypothèse prouverait que le dessein culturel qui anime Nostredame toute sa vie se met en place dès ses années de formation. Les textes historiques de Jean de Nostredame posent dans leur ensemble une problématique linguistique qui est au centre de nos préoccupations. Ils témoignent de deux langues d’écriture : l’occitan et le français (le latin n’y figure qu’à titre exceptionnel). Sur quatre manuscrits, l’un est entièrement en occitan : le SQS. Un second est bilingue avec une forte proportion d’occitan : les M et les autres, les CF 534-535 et CF 536, sont en français. Nous devons considérer que le SQS et les M ne sont que des versions préliminaires aux CF 534-535 et CF 536. La langue d’oc a donc été abandonnée au profit du français. L’élaboration chronologique des travaux historiques permet de préciser ce point de vue. Le SQS est un petit opuscule113. Les M reprennent son contenu en l’amplifiant. La CF 536 est une traduction des M. La CF 534-535 est plus élaborée, mais reprend les mêmes textes. La relation entre ces divers manuscrits est 113

Le SQS comporte 72 folios.

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étroite : nous sommes en présence d’une seule histoire de Provence dont nous pouvons examiner les étapes successives. La version la plus accomplie est la CF 534-535. Pourquoi Nostredame a-t-il changé de langue dans les M ? Essayons tout d’abord de dater ce changement. Le texte porte plusieurs dates indicatives, notamment celle de 1562. La notice qui comporte cette date est rédigée en occitan ; il s’agit d’un synode réunissant les évêques provençaux en décembre 1337. Nostredame cite sa source : un nommé Honorat Roux, notaire à Draguignan, qui lui envoie en 1562 des renseignements relatifs à ce synode114. Nous pouvons donc affirmer qu’en 1562 Nostredame écrit son histoire de Provence en occitan. Il est probable qu’il a continué à travailler quelque temps dans cette langue. Nous serions donc tenté de situer le changement linguistique vers 1565-1575 et ceci pour deux raisons. Les Vies, d’abord, sont rédigées en français, ensuite, parallèlement, l’écrivain aixois traduit et complète son histoire. Cinq années nous paraissent nécessaires pour effectuer de tels travaux. Il faut aussi préciser que Nostredame continue, pendant ces années, une œuvre poétique en occitan, œuvre dont les Vies portent la trace115. Quel événement a-t-il pu, entre 1562 et 1570, guider le nouveau choix linguistique de Jean de Nostredame ? La configuration politique de ces années est complexe. Elle est dominée par la paix d’Amboise (1563) et le voyage de Charles IX et de Catherine de Médicis à travers le royaume (1564-1566). Ce voyage a été conçu pour apaiser les esprits et reprendre en main les affaires de l’État. Les souverains restent en Provence du 24 septembre au 7 décembre 1564. Ils sont à Aix du 19 au 23 octobre et y sont reçus avec faste. Tout le Parlement et les personnalités importantes du pays accueillent la famille royale et Charles IX et sa suite reçurent Michel de Nostredame au cours de leur séjour à Salon. D’après le témoignage de César, le souverain voulut voir toute sa famille (Nostredame /11/ p. (21)). Jean de Nostredame a-t-il fait partie de l’assemblée aixoise qui a reçu le roi ? Cela est probable étant donné ses fonctions. Le Parlement est en effet réuni pour accueillir les souverains. Il nous faut cependant préciser que ses qualités juridiques n’étant pas très importantes, Nostredame a dû être relégué à un rang secondaire116. Parmi les personnalités parlementaires aixoises, Jean Augustin de Foresta occupe le siège de Président, à la suite de Jean Maynier d’Oppède. À cette date, François de Pérussis de Lauris et Louis de Coriolis occupent des charges élevées : celles de Président à Mortier. Nous savons quelle est la place du baron de Lauris, quant aux Coriolis, ils prendront de plus en plus d’importance à la fin du siècle (Malherbe épouse Madeleine, une fille de Louis de Coriolis). Nostredame est au service de cette société qui se francise de plus en plus. Cette francisation n’empêche pas un certain patriotisme provençal qui s’exprime dans la relation que cette société entretient avec le patrimoine : le baron de Lauris est propriétaire d’un chansonnier de troubadours qu’il offre à Nostredame117. L’appartenance à la France est cependant considérée comme un déterminisme historique.

Cf. notice 290. Nous envisageons ce changement de langue à l’intérieur du corpus historiographique. 116 Ce changement n’est pas directement lié à la personnalité de Charles IX. Nous comprenons cette visite comme révélatrice d’une situation provinciale. L’emblématique joue ici un rôle catalyseur. 117 Le président de Lauris donne un manuscrit des troubadours à Nostredame. Ce chansonnier contenait le sirventès de Bertrand de Lamanon : notice 78. 114 115

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Cette société se francise selon un procédé diglossique agissant sur une longue durée historique. La génération de Nostredame possède un héritage occitan substantiel qu’elle ne peut pas toujours utiliser. Si la génération antérieure, par son silence, révèle l’introduction diglossique, celle de l’historien aixois, par le malaise qu’elle exprime, intronise la diglossie. Une troisième génération, celle de César de Nostredame, est totalement francisée, à quelques exceptions près. La « voie haute » que choisit Jean de Nostredame trouve des impossibilités de fait. En vingt ans, de 1550 à 1570, l’occitan se cantonne dans des lieux concédés par la diglossie. Nostredame entreprend une réappropriation culturelle que l’on peut qualifier de « patrimoine actif ». Mais la langue d’oc devient de plus en plus inutile, car elle ne possède aucune officialité sociale. D’actif, le patrimoine devient passif. La visite royale est en ce sens un catalyseur, un accélérateur des comportements diglossiques. Nous pouvons alors envisager deux diglossies : une, souterraine, qui transforme les conditions sociolinguistiques et une autre aux fonctions plus événementielles. Les écrits historiques permettent d’observer le travail de l’historien. La méthode de recherche employée est liée au problème des sources, c’est-à-dire à la masse de documents que Nostredame analyse avant de rédiger son travail. Les références « brolhard », « papier à part » qui figurent dans les M indiquent que l’historien aixois devait procéder par étapes. Le « papier à part » concernant Avignon correspond aux Statuts que Nostredame recopie sur un manuscrit lui appartenant. Une partie de ces statuts est relié avec la CF 534-535118. En examinant le manuscrit des M, nous nous apercevons que Nostredame travaille à l’aide d’un certain nombre de signes distinctifs qui lui permettent d’effectuer des renvois dans la marge ou en bas des folios. Pour signaler des erreurs de date, il indique souvent, grâce à l’expression latine « vide suo loco », la datation exacte. De la même manière, il précise quelques rectifications en les faisant précéder de « nota » ou « notanda ». Un système de repérage est constitué à l’aide de petites mains dessinées dans la marge. Ces annotations permettent d’apprécier les formes du travail historique : il semble que Nostredame procède par touches successives, certainement en fonction de ses lectures ou de ses découvertes. La forme de l’écriture historiographique nous renvoie à l’image de l’historien au XVIe siècle. Il faut d’abord remarquer ce que Nostredame doit au Moyen Age et plus particulièrement au XVe siècle. Le profil social des historiens évolue : les clercs et les moines laissent la place à un humanisme de robe, mais ce déplacement ne doit pas faire illusion ; Nostredame emprunte au Moyen Age de nombreux savoir-faire. La quasi-totalité des notices historiques possèdent une datation qui s’inscrit dans la marge ou dans le corps du texte. Nostredame utilise parfois des annotations en marge essentiellement pour préciser des lieux géographiques. Ces caractéristiques, empruntées au Moyen Age, persistent dans les manuscrits du XVIe siècle. Le système de repérage par une main à l’index tendu est courant : Il les marquait d’un notandum, d’un notanda ou de la petite main à l’index tendu dont les lecteurs médiévaux attentifs couvraient si souvent les marges de leurs livres. » (Guenée /174/ p. 110).

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Il s’agit de la rédaction des statuts d’Avignon (cf. sources historiques).

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Cependant, les travaux historiques de Nostredame sont élaborés à partir d’un dessein de recherche plus vaste. Il s’agit d’une illustration de la Provence par son histoire. Nostredame restitue un passé, propose une mémoire historique. La société provençale n’est pas réceptive ; elle le prouve par l’absence de soutien à ces travaux. Le changement linguistique opéré à l’intérieur de cette œuvre n’y change rien. Il faut attendre l’entreprise de César de Nostredame, trente-sept ans après la mort de Jean, pour que la société provençale retrouve une mémoire historique : le pouvoir politique accorde au neveu ce qu’il a refusé à l’oncle : une reconnaissance officielle.

Les Vies

Les Vies sont analysées différemment selon que l’on s’oriente vers une lecture « médiéviste » ou vers une prise en compte du contexte littéraire du XVIe siècle. Une étude médiéviste serait prompte à relever avec raison les erreurs et les falsifications des Vies. Une analyse seiziémiste serait plus encline à insérer Nostredame dans son siècle et à évaluer son œuvre en fonction des études humanistes. Ces deux positions sont-elles contradictoires ? Une orientation médiéviste doit poser la question de la finalité des falsifications tout en sachant que la frontière entre le Moyen Age tardif et le préhumanisme est difficile à définir. Une lecture seiziémiste qui ne prendrait pas en compte le fonctionnement des Vidas et Razos ne pourrait aboutir à des résultats probants. Le rapprochement des deux analyses est primordial pour donner à l’œuvre de Jean de Nostredame la place qu’elle mérite dans l’histoire de la littérature occitane. Pour des raisons internes à la recherche en domaine occitan, l’analyse médiéviste est parfaitement connue. Les travaux de Bartsch, de Meyer et l’édition de 1913 de Chabaneau et d’Anglade en sont les principaux exemples. En ce qui concerne les études seiziémistes, l’œuvre de Nostredame n’a pas suscité de nombreux commentaires ; seul Robert Lafont esquisse quelques pistes de recherche (Lafont /6/). Jean de Nostredame n’est pas un inconnu, mais, au XIXe siècle, les Vies ne constituent pas pour la critique un ouvrage respectable. Elles sont écrites par le « (...) plus impudent faussaire qui n’ait jamais infecté l’histoire de ses mensonges (...) » comme l’énonce Camille Chabaneau (Nostredame /12/ p. 159). Le jugement sévère de Chabaneau est d’ailleurs contestable, car dès le XVIIIe siècle, Haitze se démarque de l’historien aixois (Haitze /183/). « L’infection nostradamique » a été finalement vite combattue et enrayée par « le sérum Chabaneau-Anglade ». La position des médiévistes occitans n’envisage pas d’autres explications que le mensonge. Au-delà du simple dessein d’écriture, que peuvent signifier pour Nostredame des Vidas ? Et pourquoi des vies de troubadours et non pas un chansonnier ? C’est dans la finalité médiévale des Vidas que nous trouvons une explication. Que furent ces Vidas, quel rôle ont-elles joué dans le corpus troubadouresque ? Les médiévistes semblent distinguer Vidas et Razos pour des raisons de longueur et de contenu (Bec /188/ p. 19, Boutière /189/). Leur finalité n’était pas la même : la Vida insiste sur l’aspect biographique et la Razon sur le commentaire textuel. Ces textes étaient probablement lus par le jongleur en introduction des poèmes. Les Vidas représentent donc un prologue, elles ne constituent pas une biographie véridique du troubadour :

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(...) le but des vidas et des razons ne semble pas avoir été jamais la véracité historique, dont le jongleur-auteur ne se souciait guère.

La réalité et la fiction se trouvaient étroitement mêlées et ce même jongleur : (...) comme les chroniqueurs du Moyen Age, (...) n’a pas cru déloyal de mêler réalité et fiction et d’inventer, ou de déformer, pour présenter une belle histoire, dans le cadre d’un genre qui a acquis ses traits typologiques propres. » (Bec /188/ p. 20).

La falsification n’est donc pas une invention de Nostredame. Ces Vidas constituent également ce que Jean-Charles Huchet conçoit comme un infléchissement du trobar : (...) Vidas et Razos naquirent d’une transformation du discours du trobar qui ne fut possible que dans la mesure où les éléments narratifs qui s’y trouvaient prélevés ont trouvé des « structures d’accueil » offertes par d’autres discours déjà à l’œuvre dans le champ littéraire. » (Huchet /406/ p. 78).

Les Vidas ne peuvent pas être considérées comme un genre authentiquement occitan : elles trouvent leurs origines dans les Vitae latines et plus largement les Accessus ad auctores. Les Vies s’inscrivent donc dans une tradition littéraire. L’écriture biographique appartient à un genre qui trouve son origine chez Plutarque (la traduction d’Amyot en 1559 connaît un vif succès). Cette tradition d’écriture ne s’était pas tarie au Moyen Age : les Accessus, et de façon plus générales les vies de souverains et personnages illustres de Pétrarque ou Boccace (pour ne citer que ces deux écrivains), perpétuent une illustration des vertus humaines. Les Vies sont au centre d’une conjonction thématique : elles dénotent le discours sur le trobar et dans le même temps, par une opération temporelle, placent les troubadours en conformité « exemplaire ». Maria Luisa Meneghetti a analysé le fonctionnement de ce genre littéraire et son apparition en Italie. Les Vidas sont l’illustration de la cortesia naissante (Meneghetti /88/ p. 237-276). Dans le même temps, elles se démarquent quelque peu de leur fonction littéraire : elles servent à une société lettrée de savoir-faire et constituent un modèle de comportement social. Les Vies ne sont pas très éloignées de cette fonction. Elles proposent un souvenir littéraire lié à une société parfaite où l’idéal chevaleresque et la fin’ amor constituent les éléments essentiels de cette mémoire. L’édition d’un chansonnier de troubadours aurait été plus difficile. Cette publication aurait demandé un effort linguistique que le lecteur des Vies n’aurait peutêtre pas supporté ; le français est plus présent dans l’édition de 1575 et la langue d’oc employée n’a pas grand chose à voir avec une forme linguistique médiévale. Les Vidas constituent une introduction au texte poétique. Les Vies gauchissent un peu ce sens. Elles intègrent une partie de ce texte, mais elles apparaissent souvent sans le poème qu’elles auraient dû introduire. Le commentaire de Nostredame devient un objet littéraire qui supplante le poème. Ce déplacement de fonction révèle un changement de société. En cela, les Vidas constituent des curiosités historico-littéraires que les lecteurs du XVIe siècle apprécient. Qu’attendent ces lecteurs ? Quels sont-ils ? Tout érudit s’intéressant à la Provence ou au Moyen Age se devait de posséder cet ouvrage qui n’est, finalement, qu’une vulgarisation du corpus troubadouresque. Au XIXe siècle, l’édition de 1575 est connue

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de tous les provençalistes. Elle figure par exemple dans le catalogue de la bibliothèque de J. T. Bory, érudit marseillais (Bory /190/)119. D’un point de vue esthétique, la publication de 1575 n’est pas très soignée. Pas de gravures ni de vignettes, des caractères communs : tout indique que cette édition a été effectuée sans grands moyens financiers. Le choix de Lyon s’explique par la proximité italienne. En 1574, la guerre se déchaîne à nouveau en Provence et il est possible que Nostredame n’ait pas pu participer directement à la réalisation de son livre. Aldo Aruch a étudié les conditions matérielles de l’édition italienne (Aruch /191/). Celle-ci est antérieure à la publication française. Giovanni Giudici, le traducteur de Nostredame, date son travail du 24 avril 1575 alors que l’écrivain provençal mentionne la date du 1er juin dans sa dédicace à la reine (Aruch /191/ p. 193, Nostredame /9/ p. 5). Une lettre de Giovanni Giudici, adressée à Alberico Cibo Malaspina, nous apprend que Nostredame ne dispose pas des ressources nécessaires pour faire imprimer son ouvrage : « (...) che il libro delle vite de’ Poeti Provenzali sta nel primo essere, ni peranco stampato per l’impotenza et povertà dell’ Authore. » (Aruch /191/ p. 197-198). Par cette même lettre, nous savons que Giudici est à Lyon en février 1575. Il envoie à Alberico Cybo Malaspina les vies encore manuscrites de Lanfranc Cigala et du Moine des Iles d’Or. Il espère sans doute intéresser ce riche personnage à ce travail et ainsi obtenir un éventuel financement. Dans les deux éditions, la française et l’italienne, les Vies font référence à la famille Cibo (Aruch /191/ p. 202-209). Ce fait suppose une collaboration étroite entre Nostredame et son traducteur qui semblent avoir remanié une partie de ce travail, essentiellement la vie consacrée au Moine des Iles d’Or, pour introduire les Cibo dans les Vies. C’est la condition évidente du mécénat italien. La famille Cibo avait trouvé en la personne d’Antonio Ceccarelli un généalogiste peu scrupuleux qui, sur la base de quelques travaux, avait glorifié leurs origines (Aruch /191/ p. 194). Cette famille italienne se constitue donc une généalogie inventée de toutes pièces à laquelle l’œuvre de Nostredame participe. Nous connaissons également les relations de Nostredame et de Scipion Cibo. L’humaniste italien est un correspondant de l’historien aixois (Nostredame /11/ p. 261-263). Aldo Aruch a publié une lettre de Scipion Cibo qui prouve que celui-ci s’intéresse aux Vies dans un but bien précis : « Per non far piego si alto, dirò sommariamente che molto mi piaceria si trovasse quella opera delle famiglie, et quando in essa sia memoria di nostra Casa. » (Aruch /191/ p. 200-201). C’est ainsi que les Vies comportent un « monaco Cybo » assimilé au Moine des Iles d’Or (Nostredame /8/ p. 248-253, /11/ p. 148-151). Scipion a peut-être joué auprès de son illustre parent, prince de Massa et de Carrara, le rôle d’un intermédiaire. L’édition italienne est bien une affaire italienne : Nostredame n’a pas les moyens financiers de soutenir une telle publication. La noblesse provençale n’est pas intéressée par les Vies. C’est donc l’Italie qui en assure la réalisation matérielle. Dans une lettre à Alberico Cibo Malaspina, Giovanni Giudici souligne le fait que les français se : « (...) dilettano di vedere libri italiani tradotti dal francese per imparar la lingua, et sopratutti il Re et tutta la corte. » (Aruch /191/ p. 198). La traduction italienne implique également une publication française. 119 Les Vies sont cataloguées sous le numéro 1735. Le 1736 est la traduction de Crescimbeni. Un manuscrit (n°6) est une copie de l’édition de 1575. Ce catalogue comporte également l’édition latine de Quiqueran de Beaujeu ainsi que diverses œuvres historiques (César de Nostredame, Ruffi, Clapiers...), la publication en français de l’œuvre de Soliers, les recueils de Bellaud, Deimier, Sicard... Un recensement des exemplaires des Vies dans les bibliothèques publiques et privées est en cours de réalisation par François Pic. Les premiers résultats laissent apparaître une grande quantité d’exemplaires conservés.

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Les renseignements que nous possédons sur Alexandre Marsilii, l’imprimeur des Vies, vont dans le sens de nos analyses. Marsilii est italien, installé à Lyon depuis 1571. Il a été accusé de meurtre pour sa participation à la Saint-Barthélemy lyonnaise. Marsilii est en relation avec Giudici qui se trouve à Lyon en février 1575. Giudici, cherchant un imprimeur susceptible de pouvoir réaliser les éditions italiennes et françaises des Vies, aurait choisi Marsilii qui n’était qu’un « petit libraire ». En 1575, celui-ci n’a imprimé que sept livres : les plus importants sont, en 1573, une édition de La Quarta Parte delle Novelle de Bandello ainsi qu’une traduction française par Jean de Tournes en 1574 (il réédite cette traduction en 1577). L’imprimeur lyonnais publie trente ouvrages entre 1571 et 1587 (certains ne sont que des opuscules théologiques). Marsilii connaît également quelques difficultés financières (Baudrier /192/ p. 158-170). Les Vies sont publiées par un petit imprimeur ; rien de comparable avec les grands libraires comme Guillaume Rouillé dont Nostredame connaît les travaux. Le collophon de l’édition française comporte la mention d’un autre imprimeur : Basile Bouquet. Cet imprimeur a travaillé pour Marsilii en 1575 (Baudrier /193/ p. 270-278). La publication française des Vies a été confiée par Marsilii à l’un de ses confrères ; le nom de Bouquet n’apparaît pas dans l’édition italienne. Nous sommes en présence d’une situation paradoxale : celle d’une œuvre déterminée par un projet provençal et qui doit son existence éditoriale à un financement italien. Nous n’établissons pas une liste des falsifications contenues dans les Vies. Nous renvoyons à l’édition de 1913. Nous voudrions simplement apporter un élément de réflexion concernant le déplacement géographique que l’on peut observer dans cet ouvrage. En effet, Nostredame réduit l’espace littéraire troubadouresque à la seule Provence. Il fait par exemple de Jaufre Rudel, premier troubadour cité, le seigneur de Blieux. La société provençale ne peut concevoir un domaine littéraire occitan qui dépasse les limites de la Provence. Au XVIe siècle, la réduction de l’espace littéraire d’oc est sociologique. Nostredame est le reflet de cette société et matérialise littérairement la réduction d’un espace culturel. Ce fait témoigne de la difficulté à résoudre les questionnements liés à l’émiettement de l’espace occitan. L’histoire littéraire d’oc nous apprend que le Moyen Age ne connaît pas ces problèmes : l’espace littéraire occitan y fonctionne, un espace dont la Catalogne, jusqu’au XIIIe siècle, fait partie. Les relations de la Provence avec le reste du domaine d’oc sont difficiles ; la fracture du XVIe siècle se mesure en termes de dialectalisation littéraire. Que faire d’un corpus médiéval dont on ne peut comprendre l’unité ? Cette fracture est également politique. La Provence des souverains catalans favorise le royaume de France, car les comtes de Toulouse sont les rivaux des Aragonais. Les Angevins ne se préoccupent pas des terres languedociennes qui appartiennent au roi de France. La Provence est liée à un autre destin et se détache du domaine d’oc ; de la même manière, le reste de l’Occitanie ignore la Provence. La littérature fournit l’exemple le plus caractéristique : Robert Lafont a bien résumé cette situation à propos de la position du Toulousain Molinier : En somme Jean de Nostredame, en provençalisant tous les Troubadours répondra polémiquement, sans s’en douter, à l’exclusion de la Provence du domaine d’Oc qu’acceptait Molinier. De part et d’autre se dessine une pareille incapacité à concevoir la grande Occitanie : dans les deux cas l’explication de cette carence est politico-historique : la langue d’Oc est française, la Provence est autonome. » (Lafont /6/ p. 59).

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La conscience culturelle et linguistique de Jean de Nostredame est exceptionnelle, mais il ne peut, politiquement et littérairement, restituer un véritable espace occitan. La réduction opérée est à la mesure de ses possibilités. A-t-il seulement entrevu que les Vies révélaient une réduction de l’espace littéraire ? On peut en douter. Nous sommes en présence de la première œuvre provençale qui témoigne de cette réduction. Nostredame l’entérine sans la théoriser. Le seul terme prouvensal lui permet de conformer la littérature à l’espace culturel et politique qu’elle représente. Cette réduction ne fait que refléter l’écroulement d’une Occitanie littéraire. Dans les Vies, Jean de Nostredame cite ses sources littéraires : sa référence principale est le Moine des Iles d’Or (Nostredame /8/ p. 2, /11/ p. 2). Camille Chabaneau a reconnu dans le nom de ce moine l’anagramme de Jules Raymond de Soliers (Nostredame /11/ p. (31)). Nostredame, n’ayant pas voulu se compromettre en avouant son amitié pour un calviniste convaincu, lui aurait rendu hommage de manière déguisée. L’explication est astucieuse mais incomplète. Dans les premières éditions du Tiers Livre, Rabelais s’intitule « Calloïer des isles Hieres ». En grec, calloieros signifie moine. Vers la fin du même ouvrage, dans un chapitre consacré au Pantagruelion, Rabelais énumère toute une série de plantes parmi lesquelles : « (...) Stoechas, de mes isles Hiéres, anticquement dictez Stoechades » (Rabelais /69/ p. 503). Les éditeurs de Rabelais n’ont pas généralement fait grand cas de cette dénomination. Jacques Boulanger se réfère à Jean de Nostredame, mais en faisant de l’historien aixois le Moine des Iles d’Or : « Jean de Nostredame s’intitulera facétieusement « moine des isles d’Hyères » comme Rabelais. » Rabelais /69/ p. 316)120. Rabelais a étudié la médecine à Montpellier de 1530 à 1532. Les étudiants de cette université avaient l’habitude d’herboriser tout au long du rivage méditerranéen. Pierre Pena et Mathias de Lobel, botanistes de la Renaissance provençale, relèvent la richesse de la flore insulaire : « nobiles rarissimarum stirpium, alumna Stoechades insulae. » (Legré /173/ p. 108, Jahandiez /194/ p. 20). Rabelais évoque une de ces plantes, une lavande nommée « stoechas ». Elle fait partie des végétaux entrant dans la composition du Pantagruelion. L’histoire des îles d’Hyères nous apporte des renseignements complémentaires. Ces îles, appelées Stoechades dès l’Antiquité et ceci à cause de leur configuration géographique, accueillent un premier ermitage chrétien au Ve siècle121. Bien avant Honorat de Lérins, Théodore, évêque de Fréjus, y aurait fondé un établissement (Jahandiez /194/ p. 154). Toute une tradition monastique se serait alors développée, tradition reprise par Lérins. Dans une étude consacrée aux Iles d’Or, Émile Jahandiez signale l’existence des références rabelaisiennes. Il en donne une explication étymologiquement fausse : il fait dériver « calloïer » de l’espagnol « calle » à cause des chemins parcourus par les botanistes122.

Deux premières éditions datant de 1546 portent la mention « Calloïer ». Les Iles d’Or désignent premièrement toutes les îles du littoral méditerranéen (Jahandiez /194/ p. 31-33). François Ier éleva le marquisat des Iles d’Or pour Bertrand d’Ornezan, baron de Saint Blancard (Jahandiez /164/ p. 113-115). 122 Rabelais se serait donc nommé « Calloïer » en référence aux chemins. Le mot castillan « calle » ne possède que le correspondant « carriera » en occitan qui ne désigne pas un sentier de colline. 120 121

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Rabelais a été certainement en contact avec cette tradition monastique. Il l’aurait reprise à son compte, en faisant référence à son protecteur, Jean Du Bellay ; celui-ci administre pour un temps l’abbaye de Lérins mise sous sa tutelle (Lérins /195/ p. 44). Nous savons que Rabelais accompagne le cardinal à Rome en 1534. Il se réfère ainsi à cet ésotérisme insulaire et emprunte à sa biographie et à celle de Jean du Bellay quelques éléments : le possessif « mes » de la citation que nous avons donnée en est une preuve. L’idée monastique chez Rabelais comporte des éléments biographiques et philosophiques. Ne parlons pas des moines qui habitent son œuvre : ils sont puissance et irréalité. Le Moine des Iles d’Or est-il une référence à Thélèmes, un écho textuel qui parcourt l’œuvre et résonne en sens multiples ? Quoi qu’il en soit, une tradition monastique se développe dans ces îles. Se déplaçant des îles d’Hyères à Lérins, elle s’organise, théorise même sur ses règles et fonde un foyer théologique et spirituel. Nous pensons à Hilaire et Honorat, mais également à Raymond Féraud et Denis Faucher (Féraud /237/, Faucher /46/). Nostredame fréquente ces écrits (il possède l’œuvre de Féraud). Nous proposons de voir dans le Moine des Iles d’Or un substantif désignant un collectif ; il ne s’agit pas d’un moine particulier, mais d’une référence à l’ensemble de cette tradition. Dans la notice des Vies qu’il consacre au « Monge », Nostredame donne quelques renseignements (Nostredame /8/ p. 248-253, /11/ p. 148-151). Il confirme l’appartenance du moine à l’île de Lérins et à la famille Cibo. Il nous apprend que le moine : fust prié des religieux prendre la charge de la librerie de leur monastere, qu’estoit renommee la plus belle de toute l’Europpe, pour avoir esté enrichie et douee par les comtes de Provence et roys de Naples et de Sicille et autres grands personnages amateurs des sciences, des plus belles et rares œuvres et des plus exquises en toutes langues et facultez qu’on eust peu desirez, qu’estoient mal reduictes et sans nul ordre pour raison des guerres esquelles le dict monastere avoit esté subject (...)

Nostredame fait du moine un libraire, poète et historien, qui dresse le catalogue des manuscrits de la bibliothèque de Lérins. Notre hypothèse se vérifie peu à peu. Jean de Nostredame fait explicitement référence à la tradition spirituelle de Lérins ainsi qu’à la bibliothèque de cette abbaye. C’est d’ailleurs des moines qui constituent l’essentiel des sources littéraires des Vies : le Monge et l’un de ses compagnons inconnu à Lérins, Lo Flagel dels Trobadours, sainct Cesary à Montmajour, Hilaire, Rostang de Brignolle à Saint-Victor et Peyre de Soliers au Thoronet. Nous voyons dans ce dernier une allusion à Jules Raymond de Soliers, allusion beaucoup plus évidente que l’anagramme décodé par Chabaneau. Nostredame se réfère tout simplement aux monastères qui, pendant le Moyen Age, furent le lieu de conservation des manuscrits et du savoir. A-t-il lu Rabelais ? Y fait-il directement référence ? De toute façon, cette rencontre est riche de sens : nous sommes en présence d’une élaboration littéraire qui emprunte deux chemins distincts, ceux de la spiritualité et de l’érudition provençale. Ce n’est pas par pure gratuité que Rabelais s’intitule « calloïer » et que Nostredame fait du Moine des Iles d’Or la principale source littéraire occitane. Nous ne saurons peut-être jamais ce que cette source représente réellement, la reconstitution des modèles de pensée est difficile. Elle est parfois tentée avec succès pour Rabelais (Tournon /196/), elle est presque inexistante pour le XVIe siècle provençal. Rabelais procède par énigmes. Le prologue de Gargantua est à cet égard significatif : 140

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Pourtant, interprétez tous mes faictz et mes dictz en la perfectissime partie ; ayez en révérence le cerveau caséiforme qui vous paist de ces belles billes vezées (...) » (Rabelais /69/ p. 6).

La précaution d’emploi est mentionnée, toujours dans ce même prologue : C’est pourquoy fault ouvrir le livre et soigneusement peser ce que y est déduict. Lors congnoistrez que la drogue dedans contenue est bien d’aultre valeur que ne promettoit la boite (...) » (Rabelais parle également de « sens agile » à propos de l’inscription de Thélèmes, Rabelais /69/ p. 4).

Liées à un corpus littéraire dont Rabelais n’est qu’un exemple, que sont les Vies ? Chabaneau et Anglade ont dénoncé « l’invention » du Moine des Iles d’Or. Ils ont reconnu, à tort nous semble-t-il, l’anagramme de Raymond de Soliers. Nostredame se réfère à un texte construit de pré/textes comme l’explicite Philippe Gardy (Gardy /7/ p. 1008). Les Vies apparaissent alors comme un livre où le « sens agile » possède une force insoupçonnée.

Élaborations conjointes et effacement linguistique J’ay donc mis les vies de nos poëtes provensaux en avant, lesquelles m’ont semblé dignes de n’estre ignorées, pour la diversité et grand nombre des maisons nobles dont elles traictent, et aussi parce qu’elles parlent sommairement des choses plus remarquables de l’estat de Provence selon les années, desquelles je m’en suis aydé en mon Histoire de Provence, par moy faicte et imprimée à part. (Nostredame /8/ p. 21, /11/ p. 13).

Cette affirmation de Nostredame souligne le caractère global de sa recherche. Les Vies reprennent une partie de la thématique des écrits historiques. La lettre adressée à Scipion Cibo est instructive : Je suis apres a fere ung recueil et cronique de noz comtes de Provence quy ont esté rois de Sicille et de Naples, en laquelle je y deduis les vies des susdictz poëtes provensaulx du meilleur ordre escript que je puis, (...) » (Nostredame /11/ p. 263).

L’édition de 1575 ne représente qu’une partie de trente années de recherches. Cette lettre nous apprend également que, dès 1570, Nostredame avait envisagé d’écrire les Vies. Jean de Nostredame publie dans les Vies des textes qui figurent déjà dans les M, comme, par exemple, le poème attribué à Frédéric II ou la devise de Guillaume Durant (Nostredame /8/ p. 28-30 et 125-127, /11/ p. 19-20 et 77-78). Les M comportent des textes troubadouresques qui ne figurent pas dans les Vies : il s’agit des sirventès de Bertrand de Lamanon et de Guilhem Figuèira. D’un point de vue chronologique, les Vies sont écrites après l’essentiel des études historiques. Il est donc normal que cette édition reproduise des textes déjà renfermés dans les œuvres historiographiques. Dans la phrase précitée, extraite des Vies, Nostredame parle de « (...) mon Histoire de Provence, par moi faicte et imprimée à part. ». Que signifie exactement « imprimée » ? Nostredame écrit cette phrase en 1575. Il a certainement le dessein de publier ses écrits historiques : la CF 534-535 , le manuscrit le plus élaboré que nous connaissons, est écrit en fonction d’une publication ; cette chronique ne comporte pas de rajouts, n’a 141

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pas l’apparence d’un brouillon. Cette publication a-t-elle existé ? Les bibliographies antérieures à nos travaux et nos propres recherches n’ont rien révélé. Faut-il conclure à la non publication ? Un indice confirme cette hypothèse : aucun historien ne parle de cette édition. Nous pensons que le mot « imprimée » doit être compris dans le sens de « reliée », donc prêt pour l’édition. Nous ne pouvons conclure définitivement, mais il serait très étonnant qu’un tel ouvrage existe et que personne n’en ait retrouvé la trace. L’occitan est présent dans les Vies, non seulement en illustration médiévale, mais aussi dans les poèmes apocryphes dont Nostredame est l’auteur. La langue est indicible, mais inévitable. Deux exemples semblent révélateurs : le Glossaire de la langue des troubadours et les réflexions renfermées dans le proesme des Vies. La tentative de constitution d’un glossaire de la langue médiévale répond à une nécessité pratique : on peut penser qu’un lecteur moyen qui lit cet ouvrage rencontre quelques difficultés linguistiques. Ce glossaire est assez étendu : 487 entrées. Il constitue la première tentative de lexicologie provençale et correspond à une volonté de codifier la langue des troubadours telle qu’elle figure dans les Vies. Dépassant cet objectif initial, le Glossaire fait référence à la langue du XVIe siècle : « Bernage, ne signifie pas ce que nous disons aujourd’huy en provensal : aquel a fach eytal bernage, pour désordre » et plus loin : « Drud ou druda ou drudaria Je n’y say autre interprétation fors que amoureux, que nous disons, en nostre langue provensale, calegnayre. » (Nostredame /11/ p. 182 et 187). Ce glossaire n’est pas destiné aux usagers de l’occitan, mais il fait référence à la langue employée par la communauté provençalophone ; celle-ci est prise à témoin pour authentifier les affirmations de Nostredame. Le patrimoine est réinvesti dans une proximité linguistique. Nostredame ne manque pas de souligner les correspondances entre la langue des troubadours et celle du XVIe siècle : « Mendic ou Mendigua. C’est un mot commun et usité par des prouvensaulx modernes. C’est ung jeune compagnon ou une jeune filhe qui ne sont encore mariés, qui vont mendiant leur parti. Et mendigassa. » (Nostredame /11/ p. 195). Cette référence à une parole populaire tente de combler la distance entre l’expression d’une communauté et une langue littéraire123. Cette restitution est fragmentaire et isolée. Elle n’est pas explicitée ni théorisée. L’écart entre la langue médiévale et celle du XVIe ne nécessite pas toujours les explications formulées dans le Glossaire : « Pantays, Pantayar, Peccayre, Pechayre, Presc, Pujar » pour la seule lettre P sont totalement compréhensibles au XVIe (Nostredame /11/ p. 196197)124. Ces mots permettent à Nostredame de citer des vers de Cercamon et de Bernard Marchis ou de réfléchir à leur étymologie125. Nostredame compare notamment l’occitan « pujar » et l’italien « pugiar ». D’une façon générale, l’italien est au cœur des rationalisations linguistiques. Pétrarque est fréquemment cité : les Toscans auraient emprunté à l’occitan les mots « audir », « atressi » ou « altressi », « aucyre ». « Augel » est comparé à « augeletto »126. Ce glossaire se place dans une optique humaniste et ne Le mot « mendic » est notamment employé par Pierre Paul (Paul /23/ p. 836). L’explication ne serait pas nécessaire de nos jours. 125 Nostredame cite « puig » en référence catalane. Il semble donc que pour lui l’ensemble du domaine d’oc comprenne la Catalogne. Une preuve en est donnée par la qualification provençale de la langue de Tirant lo blanc (106). 126 Il n’existe pas une étude générale de l’influence de l’occitan sur l’italien. Quelques indications concernent l’œuvre de Pétrarque : « I provenzalismi non vanno al dilà di quelli che la tradizione poetica già aveva consacrati (del tipo augello, despitto, dolzore, frale, savere, soglio, con il significato di “solevo”, ecc.) ; anzi il poeta evita quelle parole in -anza di cui era stato fatto tanto abuso. » (Migliorini /90/ p. 207, lire également p. 92-93 et 114-116). Dans la liste 123 124

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s’adresse plus aux occitanophones, mais à ceux qui sont capables de comprendre et de vérifier les remarques de l’auteur. Entreprise double qui tente de concilier la lexicologie provençale moderne et l’humanisme philologique. Les citations de l’italien entendent également prouver l’antériorité de l’occitan. Cette démonstration est cependant faussée par quelques erreurs. Il est vrai que toutes les affirmations proposées ne sont pas vérifiables au XVIe siècle. En voulant prouver une antériorité linguistique, Nostredame n’œuvre pas dans le présent mais dans le passé. Veut-il pour autant relier ce passé au présent ? Certaines explications touchant la langue moderne pourraient en être l’illustration ; nous y verrions pour notre part de simples éclaircissements de sens qui entendent utiliser des éléments modernes. Il n’est pas sûr que Nostredame souhaite confondre dans une même et seule langue l’occitan des troubadours et le provençal parlé au XVIe siècle. Dans la dédicace à la reine du proesme, Jean de Nostredame avoue son dessein : il veut restituer une littérature oubliée : Ce que considerant, et ayant par le passé veu et cogneu en quelle estime et reputation avoient esté et estoyent, mesmes à l’endroit de tous les plus doctes personnages d’Italie, le nom et œuvres de nos poëtes provensaux, lesquelles m’estoyent par bon rencontre tombées en main, et les ayant recueillies puis quelques années en ça : j’ay eu un singulier et (comme je croy) louable desir de les communiquer et mettre en lumière, de langue provençale (en laquelle elles se treuvent escrites) en langage françois (...) » (Nostredame /8/ p. 4, /11/ p. 3).

L’écrivain aixois fait explicitement référence aux chansonniers qu’il possède. Les M nous apprennent qu’il a en sa possession le chansonnier de Sault et celui que le président Pérussis de Lauris lui offre. La publication des Vies répond donc à deux volontés. Guidé par les études italiennes, Nostredame restitue un texte que tout le monde a admiré par le passé. Il entend également le traduire. L’ensemble de l’architecture des Vies est français. Cet ouvrage peut donc se lire comme une curiosité linguistique et littéraire livrée au public provençal et français. Jean de Nostredame entend retrouver une parole perdue au fil des ans : « (...) il s’agit bien de procéder à un véritable sauvetage, en exhumant les restes d’une littérature glorieuse, mais oubliée, mise en pièces. » (Gardy /7/ p. 1006). Depuis ses premières recherches, Nostredame tente d’organiser ce sauvetage. Qu’il s’agisse d’historiographie, d’hagiographie, de littérature ou de lexicologie, son seul dessein est de témoigner de cette existence passée. Les pièces apocryphes des Vies indiquent que cette offre de mémoire rencontre une création poétique. Le jeu qui consiste à pallier les manques textuels des troubadours n’est pas gratuit, il correspond à une dépersonnalisation du sujet littéraire. Jean de Nostredame établit une frontière linguistique entre la langue médiévale et celle du XVIe siècle. Il s’agit de définir une distance qui n’est pas que littéraire. Le corpus troubadouresque n’est pas incompréhensible pour un humaniste du XVIe siècle, mais il n’y a pas de liens directs, de filiation entre les troubadours et les humanistes provençaux, tout au moins en ce qui concerne la langue d’oc. La restitution du patrimoine culturel sert le passé et non le présent, un passé dont la langue est sublimée : « (...) parce qu’elle estoit meslée en partie de termes françois, espagnols, gascons, tuscans et lomd’exemples que Migliorini cite, figure « augello » que Nostredame a identifié. Pour « Pugiar », nous serions plus réservé.

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bards, il est aisé à veoir qu’elle devoit estre l’une des plus parfaictes et meilleures langues de toutes les vulgueres (...) » (Nostredame /8/ p. 18, /11/ p. 12). Le provençal représente une synthèse linguistique qui place cette langue au-dessus de toutes les autres expressions romanes. Le temps est venu troubler cette suprématie127. En plaçant la langue d’oc dans deux situations contradictoires, Jean de Nostredame rend compte des faits diglossiques. La langue médiévale, l’occitan authentique, et le corpus des troubadours sont investis d’une conjecture d’éternité. L’éternité suppose également que cette parole conserve un côté obscur, indéfinissable et indicible : Je veux advertir le lecteur qu’il cognoistra en confrontant les vieux livres, desquels j’ay pris et recueilly ces vies, que j’ay usé du meilleur langage qu’il m’a esté possible, eu esgard à la corruption et difficulté du langage provensal (...) » (Nostredame /8/ p. 21, /11/ p. 13).

Les poèmes des Vies sont écrits dans une langue littéraire qui intègre des composantes médiévales, mais qui demeure néanmoins assez proche de celle du XVIe siècle. Pour un lecteur averti, ces poèmes ne sont ni d’Arnaud Daniel ni de Louis Bellaud de la Bellaudière. Nostredame forge un idiolecte littéraire. Cette élaboration est rendue possible par les connaissances littéraires et linguistiques de l’écrivain aixois. Sur ce point, il ne doit rien aux oralités multiples, il n’œuvre pas dans « l’oraliture » (Gardy /197/). Les jugements linguistiques de Nostredame servent à organiser le sauvetage littéraire. Encore une fois, l’absence de pouvoir politique compromet l’établissement d’une « voie haute ». Au XVIIIe siècle, Jean Baptiste Castor Fabre peut déclarer : « lou patois m’escâpa », justification diglossique des conditions d’écriture128. Subrepticement, la langue finit toujours par avoir le dernier mot, même « avallée et embastardie » (Nostredame /8/ p. 18, /11/ p. 12).

Une « Librairie » « Il n’y a pas d’historiens sans bibliothèque » (Guenée /174/ p. 100). Énoncer qu’un historien ne peut exister sans une certaine forme de savoir et de culture est une évidence, mais la bibliothèque suppose une organisation des mécanismes de transmission de ce savoir. Elle induit également une méthodologie utilisée par l’historien. Le livre, qu’il soit manuscrit ou imprimé, demeure le ferment indispensable à la diffusion de la culture. Il apparaît, au XVIe siècle, comme le dépositaire de la parole historiographique. Comme toutes les bibliothèques d’humanistes, celle de Jean de Nostredame est constituée de manuscrits et d’imprimés. Les manuscrits qu’il possède sont de tous ordres : archives, actes notariés, œuvres littéraires... Les réseaux de connaissance des manuscrits sont établis en fonction de ses relations personnelles ; il reçoit des actes et des documents de ses correspondants et a accès aux archives comtales conservées dans la capitale aixoise. Nostredame complète son information par une bonne fréquentation de certaines archives communales. Néanmoins, sa recherche est difficile et reconstituer ses sources n’est pas toujours évident. Les registres de la Cour des Comptes qu’il consulte sont par exemple classés et nommés selon leurs enluminures : « Turturis » fi127 Cet argument de suprématie sera repris dans les siècles suivants notamment en ce qui concerne l’antériorité de l’occitan (Lafont/Anatole /3/ p. 498-500). Nostredame sépare ici le provençal du gascon, ne reconnaissant pas la langue d’oc telle qu’elle sera décrite et reconnue à partir du XIXe siècle, qu’elle que soit la dénomination employée. 128 Cité par Gardy /222/ p. 556.

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gurait une colombe, « Galli » un coq... Nous avons identifié une grande partie de ces registres, aujourd’hui déposés aux ADBDR, mais quelques sources restent énigmatiques129. 569 citations sont mentionnées dans le manuscrit des M. Nostredame ne possède pas 569 ouvrages (certains sont cités plusieurs fois). L’historien aixois dispose de 90 ouvrages différents, manuscrits et imprimés confondus. Il ne les possède pas tous ; nous devons en effet considérer que les registres d’archives qu’il consulte ne lui appartiennent pas. Il faut donc enlever à ce nombre 25 citations qui constituent les pièces d’archives consultées. Nostredame possède donc environ 65 ouvrages. Il s’agit ici évidemment des seuls ouvrages cités dans les M ; il est probable que sa bibliothèque ait comporté d’autres livres dont il ne se sert pas dans ses écrits historiques. Les Vies comportent quelques références qui ne figurent pas dans les M, comme par exemple une œuvre d’Alain Chartier (Nostredame /11/ p. 191). Cette bibliothèque devait comporter un certain nombre de titres indispensables aux travaux humanistes. Il nous faut évaluer ce « fonds Nostredame » à une centaine d’ouvrages. La bibliothèque d’emprunts (archives et documents divers) est constituée par une cinquantaine de volumes. Nous arrivons donc au nombre de 150 imprimés ou manuscrits. Ce nombre suscite plusieurs réflexions. Si l’on compare cette bibliothèque à celle des humanistes du XVIe siècle, elle pourrait faire pâle figure à côté des volumes réunis par Philippe Pot (309 ouvrages en 1525) ou le président Lizet (513 livres en 1554) (Febvre/Martin /170/ p. 370). Il s’agit là de grandes bibliothèques appartenant à des personnages importants, littérairement et socialement. En évaluant ces différences, nous pouvons affirmer que la bibliothèque de Nostredame se situe dans une moyenne humaniste. Ses ouvrages sont ses instruments de travail, point chez lui, jusqu’à preuve du contraire, d’une thésaurisation. La forte proportion de manuscrits consultés singularise les sources historiques de Nostredame. L’imprimerie se développe rapidement au cours du siècle, mais la densité de manuscrits consultés reste importante (20% des sources, 30% des citations). L’historien aixois peut être considéré comme un chercheur et un archiviste : Dans les bibliothèques, les livres imprimés relèguent de plus en plus les manuscrits au second rang ; vers 1550, ceux-ci ne sont plus guère consultés que par des érudits. ( Febvre/Martin /170/ p. 368).

Cette proportion manuscrite s’explique par le domaine historique choisi : Nostredame se réfère à des synthèses françaises et plus largement européennes qui lui fournissent d’importantes indications, mais il doit recourir aux archives en ce qui concerne les faits provençaux. En effet, les annales et autres chroniques traitant de l’histoire de Provence restent, pour l’essentiel, manuscrites. Certaines communes auront bien la volonté de promouvoir quelques publications (généralement l’édition de leurs archives), mais entre 1550 et 1565, Nostredame ne dispose que du seul document original ou de copies effectuées aux XIVe et XVe siècles130. L’apparition de l’imprimerie a favorisé la constitution des bibliothèques. Nostredame possède cinquante livres de plus que l’historien français Nicole Gilles : L’identification des sources se trouve dans le chapitre consacré aux commentaires du texte. Nous ne connaissons qu’une seule édition de ce type, celle des Statuts d’Avignon de Vaisquin Philieul (Philieul /50/). 129 130

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La bibliothèque de Nicole Gilles comptait en 1499 une centaine d’ouvrages, dont une quarantaine de livres manuscrits et une soixantaine de livres imprimés. Parmi ceux-ci, une quinzaine de livres d’histoire, soit historiens de l’antiquité païenne comme Tite-Live et Valère-Maxime, soit historiens de l’antiquité chrétienne comme Flavius Josèphe et Orose, soit grands classiques du XIIIe siècle comme le Miroir historial de Vincent de Beauvais et Les Grandes Chroniques de France, soit ouvrages plus récents encore comme les Chroniques de Froissart et la Mer des histoires. Tous ces livres avaient été imprimés à Paris entre 1476 et 1496. Nicole Gilles avait pu les rassembler sans effort. (Guenée /174/ p. 108).

Le mouvement humaniste, profitant des techniques renouvelées et de la circulation des imprimés, se nourrit de lectures de plus en plus nombreuses. Ce phénomène se vérifie en Provence : l’espace provençal reste quelque peu à l’écart du développement grandissant de l’imprimerie, mais l’absence de presses, donc de « librairies », ne semble pas entraver la diffusion du savoir. Jean de Nostredame connaît la production des imprimeurs lyonnais et les Vies sont imprimées dans cette ville. Il possède également une édition de Pétrarque effectuée par Guillaume Rouillé accompagnée des commentaires de Bembo (Rouillé /374/)131. Il recopie dans la CF 534-535 une version du Promptuaire des médailles éditée par le même imprimeur. L’ouvrage de Jean Poldo d’Albénas dont il s’inspire est également imprimé par Guillaume Rouillé (Poldo /353/). Jean de Nostredame est en relation avec ce libraire, soit directement, soit grâce à des amitiés lyonnaises. Ces amitiés, correspondants humanistes, comptent certainement pour beaucoup dans l’élaboration de ses recherches ; les M révèlent des noms connus ou inconnus (comme ceux de Louis Raymond de Berra ou d’Honorat Roux par exemple)132. Nostredame utilise certainement des sources indirectes. Les historiens avaient pour habitude, en indiquant leurs sources, de préciser toutes les références utilisées par leurs prédécesseurs. Ainsi quand Nostredame note : « Poldo apres Pompo Letus », il indique que Jean Poldo a cité Pomponius Laeto comme référence. Nous ne savons pas si Nostredame a effectivement lu Pomponius Laeto ni s’il s’en est servi pour rédiger son histoire. La question des sources indirectes se pose pour tous les historiens du Moyen Age et de la Renaissance (Guenée /174/ p. 117). Nous serions toutefois plus réservé que Joseph Anglade dont le jugement nous paraît sévère : Les ouvrages imprimés consultés par Nostredame ne sont pas très nombreux. Quelques-uns, comme L’Estat de l’Eglise, sont de simples manuels. D’autres, Naucler et Gervais par exemple, semblent cités de seconde main. (Nostredame /11/ p. (58)).

L’historien provençal a vraisemblablement travaillé comme ses contemporains, en utilisant des sources indirectes. Néanmoins, il nous faut réfléchir à l’influence que ces sources indirectes ont pu avoir sur les M. Ce texte n’est parfois qu’une simple traduction des sources historiques. Cette pratique n’est pas étonnante. Nostredame ne fait que reprendre et colliger des sources imprimées pour constituer une histoire de Provence. Cette attitude est souvent entravée par une série de faits qui tendent à démontrer que Nostredame ne peut Cf. notice 106. Pour Honorat Roux cf. note 4. Louis Raymond de Berra donne un manuscrit de l’ouvrage d’Honoré Bonet à Nostredame (cf. 184 et 471). Chabaneau a lu « Borne » au lieu de « Berra » (Nostredame /11/ p. (58)). 131 132

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conserver une certaine « neutralité ». Tous les commentaires sur les actions et la bonté des souverains provençaux font glisser ce texte vers un autre registre : celui de la glorification, de la louange et de l’allégeance. L’introduction dans le cours du récit historique de ce que nous nommons la méta-histoire, propose l’élaboration d’un certain nombre de mythes historiques provençaux. La citation des sources historiques dans les M permet de mesurer le travail de « traduction » auquel Nostredame se livre. Nous prenons comme exemple la notice datée 204 au fo 1 r°. Nous comparons trois versions de cet événement historiques : celle des M, celle de la source historique citée, Jean Poldo d’Albénas, et celle de la CF 536. En Arles, sy vey encaras una grand resta d’un amphiteatre e plusours autres monumens, alqual, coma es veray semblable, l’emperadour Gallus, apres aver reco[n]quistat touta l’Europa co[n]tra lous tyrans, celebret sous juecs e magnifics espetacles al VI dels ides d’octobre. Poldo apres Pompo Letus. D’aquest temps Arles era villa nobla e rica mays subjecta a plusours seditions civillas. Poldo apres Amnian. (M, notice 4). Arelata Sextanorum. Plin. Arles, ou Arles le blanc, ou encor l’on voit une grande reste d’un Amphitheatre, & plusieurs autres antiques monumens auquel Amphitheatre, comme il est vraysemblable, l’Empereur Gallus, apres avoir reconquis l’Europe contre les Tyrans, sur l’an CCLV ou environ, celebra ses Ieux, & magnifiques spectacles, au VI des ides d’octobre. Pompo Laet. De quoy fait aussi mention Ammian souz le nom de Constantius, au liv. XIIII. Ville en Provence à ce temps noble, & riche, mais subiecte à plusieurs seditions civiles. Le Rhosne y passe, & en dit Monter en sa Cosmograph. (Poldo /353/ p. 195). On voit encores en Arles le grand reste d’un Amphiteatre, et plusieurs autres monumens auquel comme il est vraysemblable l’Empereur Gallus, apres avoir reconquis toute l’Europpe contre les Tyrans, celebra ses beaulx et magnifiques spectacles au VIeme des ides d’octobre. Poldo apres Pompon. Letus. De ce temps, Arles estoit ville noble, riche et oppulante, mays subjecte a plusieurs sedictions civiles. Poldo apres Amian. (CF 536, fo 1 r°).

Le texte des M est une traduction fidèle de la version de Jean Poldo d’Albénas. Nostredame traduit Poldo en occitan et, vers 1565-1570, réécrit les M en français. La version de la CF 536 ne correspond pas exactement au texte de Poldo. Le travail d’adaptation en occitan des sources historiques apporte à Nostredame un nouveau champ d’études linguistiques. Dans cet exemple, la traduction de « vraysemblable » propose « veray » et évite le gallicisme « veray-semblable ». Cet occitan témoigne d’une autonomie relative et d’une certaine capacité de résistance aux gallicismes. français latin italien

Ⱥ Ⱥ Ⱥ

occitan occitan occitan

Ⱥ Ⱥ Ⱥ

français français français

Dans les trois cas de figure, l’occitan est la clé de voûte d’un ensemble que la diglossie infléchit vers le français. Nous pouvons également déceler, dans les sources historiques, une influence d’ordre idéologique. Le choix des volumes consultés n’est pas gratuit. Les références italiennes paraissent proangevines, les françaises acquises à l’unité nationale. Un des historiens les plus fréquemment cités, Robert Gaguin, est à cet égard représentatif d’un 147

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nationalisme français en construction : il est très proche du pouvoir royal et ses écrits glorifient la France, les Français et leurs souverains. Son choix linguistique, le latin, semble paradoxal, mais c’est : « (...) parce qu’il veut répondre au défi de Pétrarque, parce que le latin seul lui permet de briller par l’éloquence mais aussi parce qu’autrement écrit-il à Pierre Doriole : « les exploits des Français restent entre nous, enfermés dans les limites entre lesquelles s’étend la langue française » (Schmidt-Chazan /175/ p. 268). Comment définir l’influence de Gaguin sur Nostredame ? Pour l’historien aixois, la France est ressentie comme une évidence, une détermination. L’acte unissant la Provence et la France date de 1482. La France, au moins jusqu’en 1245, n’eut que peu d’emprise sur la politique provençale. Dans les M, Nostredame mentionne la plupart des rois de France. Cette chronologie est rédigée en français, elle ne se distingue pas de l’ensemble de l’œuvre. Elle a certainement été rajoutée après 1565-1570, au moment où s’effectue le changement linguistique. L’appartenance française ne peut se concevoir que comme une union prédestinée. Elle est irréversible, inscrite dans l’Histoire. Nostredame calque son identitarisme provençal sur celui de Gaguin. La puissance d’un État, c’est avant tout la puissance de ses souverains. Il faut magnifier la grandeur passée, historique et littéraire. Nostredame crée une détermination identitaire provençale, mais celle-ci n’est pas posée en contradiction avec l’identité française. Au contraire, toutes deux se complètent pour donner naissance à un ensemble que les Félibres du XIXe siècle reprendront à travers les concepts de « patrie » et de « petite patrie »133. La Provence peut garder son authenticité, son identité, mais au service de la France. Nostredame ne se réfère pas à « Gallia », qu’il écrit toujours au pluriel, « las Gaulas », mais à « França ». Les M reflètent déjà une histoire provinciale. Nous avons classé les sources historiques des M en sept groupes distingués par leur origine géographique et leurs langues. Ainsi, les sources italiennes sont soit en italien, soit en latin. Les sources germaniques sont toutes en latin. De tous ces groupes, manuscrits et imprimés confondus, le plus important est celui des sources occitanes. Viennent ensuite, par ordre d’importance, les sources françaises ou profrançaises, italiennes, germaniques, latines et aragonaises. Un dernier groupe est constitué par une série de sources que nous n’avons pu identifier. occitan français italien germanique inconnu latin aragonais

31 20 15 8 7 6 2

33% 21,5% 16,5% 9,5% 8,8% 8% 3%

133 Le discours de la Santo Estello du 25 mai 1884 de Frédéric Mistral est significatif : « I’a vuèi quatre cènts an que la Prouvènço, aguènt bandi soun noum dins tóuti lis auvari de la chivalarié e dóu Parage, e aguènt abena, dins l’ardour de sa vido, li quatre dinastìo de si rèi ; i’ a quatre cènts an vuèi que la Prouvènço independènto libramen s’es dounado à la nacioun franceso (...) Dounc, i’ a quatre cènts an, lis Estat-Generau de la vièio Prouvènço, emé sa mar d’azur, emé sis Aups e si planuro, voulountous e counsènt, à tu s’unis, o Franço ! noun coume un accessòri que vai au principau, mai coume un principau à-n-un autre principau, valènt-à-dire que gardaren nòsti franqueso, nòsti coustumo e nosto lengo. » (Mistral /223/ p. 51).

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L’HYSTOYRE, LES PROESMES ET LE POEME

Ce premier tableau représente le nombre de références sans faire apparaître leur fréquence. occitan français germanique inconnu italien latin aragonais

216 154 85 71 28 9 4

41% 24% 15% 14% 5% 1% 0,4%

Ce deuxième tableau fait apparaître les fréquences de ces références. Les sources occitanes et françaises fournissent la matière principale : 54,5% dans le premier tableau et 65% dans le second, mais les sources occitanes sont toujours en tête et citées plus souvent que les françaises. La différence entre les deux pourcentages est de 11,5 pour le premier tableau et de 17 pour le second. Les sources latines, aragonaises et germaniques représentent 20,5% des références, mais seulement 16,4% des fréquences. Quant aux sources italiennes, le nombre observé dans le premier tableau (16,5%) est nettement inférieur à celui du deuxième (5%). Nostredame utilise le matériau dont il dispose. Les archives consultées sont occitanes (provençales ou languedociennes). Il fréquente également la bibliothèque humaniste française, allemande et italienne. Cette librairie n’est pas une exception en France et en Provence. Cependant, le goût de Nostredame pour la lecture des archives est remarquable. Il n’hérite pourtant pas d’une situation brillante : seuls quelques érudits (Séguiran de Vauvenargues, Sabran) avaient constitué des annales et des chroniques qui l’ont sans doute aidé, mais l’essentiel de ses lectures est le fait de sa propre recherche134. Les Sources occitanes La majorité de ces sources est constituée de documents d’archives. Néanmoins, nous avons classé avec ces documents toute une série d’ouvrages manuscrits ou imprimés. Ils représentent une particularité : leur langue d’écriture n’est pas toujours l’occitan, mais parfois le français ou le latin. Pourquoi classer un ouvrage en français dans les sources occitanes ? Nous avons par exemple admis que les œuvres de Poldo d’Albénas ou de Vaisquin Philieul pouvaient figurer dans ce groupe, car elles ont été écrites par des Occitans et leur matière même, ce qui est plus important encore, touche aux recherches historiques sur le domaine d’oc (Poldo /353/, Philieul /50/). Par contre, nous avons exclu l’ouvrage d’Honoré Bonet de ce groupe (Bonet /364/). Écrit par un Provençal et traduit en occitan par la suite (Nostredame ne possède que la version française), il est le fait d’un historien ayant effectué une partie de sa carrière hors de Provence. Cette œuvre eut une répercussion nationale et fut connu jusqu’en Catalogne (Coville /85/ p. 214-218). Nous ajoutons à tous ces ouvrages des volumes datant du XVe siècle, comme par exemple les différentes vies de saint Honorat ou Le Roman d’Arles (Féraud /349/, Hilaire /348/, Vie latine Honorat /350/, Roman d’Arles 134

Pour Vauvenargues et Sabran, voir les sources historiques dans la partie commentaires.

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/347/)135. Nostredame a recours à d’autres chroniques dispersées ou perdues et que nous n’avons pu retrouver. Nostredame a eu accès aux archives aixoises, celles de la Cour des Comptes. En règle générale, il a dû travailler sur des copies des XIIIe, XIVe et XVe siècles. Son travail n’a pas dû être aisé ; souvent, à cette époque, les archives n’étaient pas d’un abord facile : C’est aussi que plus les documents étaient vieux, plus leur étude présentait des difficultés que la plupart des érudits ne pouvaient bientôt plus surmonter. Lorsqu’elles n’avaient pas été complètement détruites ou qu’elles n’étaient pas complètement illisibles, les vieilles chartes, léchées par les flammes, exposées aux intempéries, pourries par l’humidité, rongées par les vers, offraient trop souvent un texte lacunaire et difficile à comprendre. Trop souvent aussi leurs écritures étaient indéchiffrables : il fallait, dès le XIIe siècle, être un paléographe habile et exercé pour lire les cursives lombardes, les écritures mérovingiennes ou anglo-saxonnes. » (Guenée /174/ p. 95).

Dans la CF 534-535, Jean de Nostredame donne la liste des registres qu’il a consultés. Ils ont été classés au XIXe siècle en quatre groupes : les « Magna Requesta », « Parva Requesta », « Hommages » et les « Chartes de la Tour du Trésor » (Busquet /199/, Blancard /200/)136. Nostredame a également accès à diverses archives communales ou ecclésiastiques : il connaît les archives arlésiennes, celles de Saint-Rémy et cite à de nombreuses reprises les écrits du couvent de Saint-Maximin. À l’intérieur de ces documents, nous identifions quatre groupes. Un premier ensemble est constitué par Aix et Saint-Maximin. L’aire comtadine et rhodanienne (Avignon, Barbentane, Saint-Rémy, Arles) représente un deuxième groupe auquel nous rattachons Eyguières pour des raisons géographiques et historiques (village de plaine, cette cité est au XVIe siècle plus proche de Salon et d’Avignon que d’Aix). On peut encore rajouter à ce groupe Valmagne, en Languedoc, dont la seule citation est liée à la Camargue137. Un troisième ensemble concerne les pays de moyenne montagne : Pierreverd, Laincel, Romolles, Sault. Enfin, le quatrième groupe est constitué par Bormes et Hyères, cités maritimes. Cette distribution spatiale amène deux constatations. Elle ne concerne que la Provence occidentale ; Nostredame ignore la partie orientale et montagneuse de la Provence. Quand il mentionne un événement s’y déroulant, il en trouve généralement la trace dans les archives aixoises. L’éloignement géographique est un handicap certain pour sa recherche. L’espace provençal se rétrécit ainsi comme une peau de chagrin : la Provence correspond à un triangle délimité par le Rhône, Draguignan et Hyères. À plusieurs reprises, les événements qui se sont déroulés à Grasse, au Muy ou à Nice sont évoqués, mais Nostredame ne semble pas être allé enquêter sur place ni avoir lu les archives de ces villes. Cette Provence occidentale révèle un oubli de taille : Marseille. La cité phocéenne est étrangère à Nostredame ; elle forme d’ailleurs au XVIe siècle un monde à part dont la forte identité joue parfois contre le reste du pays. Nostredame se tourne 135 Nostredame a accès aux papiers de Bertrand Boysset (Boysset /80/). C’est dans ces papiers que se trouvent de nombreux manuscrits médiévaux. 136 Ces registres sont déposés aux ADBDR. Un répertoire en aurait été dressé au XVIe siècle, mais nous n’en avons pas retrouvé la trace. On trouvera en annexe la liste établie par Jean de Nostredame et les cotes actuelles des ADBDR. 137 Cf. notice 115.

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L’HYSTOYRE, LES PROESMES ET LE POEME

vers une autre Provence, celle de la plaine et du Rhône. Il suit en cela les chemins de la géographie. Cet espace provençal correspond également à la première Provence félibréenne. Dès le XVIe siècle, Nostredame dessine le terrain d’action d’une renaissance possible à travers ses lieux de recherche : celui d’une Provence éternelle, celle du Rhône et d’Aix, celle des collines et des garrigues. De la même manière et en parcourant les mêmes lieux, le Félibrige s’implantera majoritairement, avec des variantes, dans ce triangle géographique. C’est là que se jouent les potentialités provençales, c’est là que l’écrit d’oc, pour des raisons historiques, s’est établi et s’est développé grâce à un tissu social qui lui était favorable. Les Sources françaises Nostredame emprunte aux sources françaises le cadre général de son développement historique. Il cite les historiens du XVe siècle ainsi que deux grandes œuvres souvent rééditées au XVIe siècle : La Mer des Histoires et Les Grandes Chroniques de France. Tous les historiens qui trouvent grâce à ses yeux ont été, à un moment ou à un autre, proches du pouvoir royal. Nostredame utilise également des œuvres de moindre importance ; quelques-unes ont trait à la Provence, comme celles d’Honoré Bonet ou d’Antoine de La Sale (Bonet /364/, La Sale /366/), d’autres y sont étrangères, comme celles de Guillaume Durant et de Symphorien Champier (Durant /358/, Champier /362/). Jean de Nostredame a accès à ce corpus grâce à la diffusion des imprimés. Entre 1497 et 1528, l’œuvre de Gaguin connaît cinq rééditions, elle est traduite dès 1514. De 1539 à 1577, les écrits de Paul Émile connaissent huit éditions latines et une française en 1556. L’utilisation des Grandes Chroniques de France est plus novatrice. Cette source témoigne de l’arrivée d’une historiographie officielle en pays d’oc qui était restée imperméable à la diffusion manuscrite de ce texte. Les conditions politiques et techniques étant réunies, Les Grandes Chroniques de France deviennent pour Nostredame une référence : A la fin du Moyen Age, par exemple, les Grandes Chroniques de France ne descendirent pas au sud de Poitiers et de Moulins. C’est peut-être bien qu’un ouvrage écrit en langue d’Oïl rebutait des lecteurs auxquels seule la langue d’Oc était familière. Mais c’est peut-être aussi que les intérêts et les perspectives de cette histoire venue du nord n’étaient pas les leurs, et que les Grandes Chroniques se sont simplement heurtées à ce même mur que tant de chroniques septentrionales, fussentelles universelles, fussent-elles latines, n’avaient pas pu franchir au XIIe siècle. » (Guenée /174/ p. 312).

Cette analyse pose bien le problème linguistique et historique. Elle montre que le chemin de la francisation politique et culturelle était déjà tracé dès les premières années du XVIe siècle ; cette œuvre, liée à Saint-Denis, représente un grand effort de propagande royale, elle tente de forger l’unité d’une nation française : Dans le royaume manifestement sans unité linguistique qu’était la France à la fin du XIIe siècle, seul l’effort historique de Vincent de Beauvais et des moines de Saint Denis, Troie, Francion, Clovis et Charlemagne pouvaient convaincre les habitants du royaume qu’ils avaient une origine commune et formaient une nation. » (Guenée /201/ p. 160-161).

Nostredame ne connaît pas l’ouvrage d’Estienne Pasquier publié en 1560. Cet historien aux théories nouvelles dont G. Huppert a éclairé l’apport, ne pouvait l’intéresser, car il 151

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définit la France par son histoire (Huppert /177/). Or Jean de Nostredame ne définit pas l’espace français par son histoire : il incorpore la Provence à cet espace sans en préciser les limites géographiques et historiques. Son propos n’est pas de définir un espace, mais plutôt d’en accepter l’intégration, de dessiner les contours d’un déterminisme historique. Nostredame ne fonde pas l’écriture de l’histoire sur un travail critique. Sa méthode de recherche, si moderne par certains côtés (l’importance des sources d’archives), connaît ses propres limites qui sont celles, il est vrai, des historiographes. C’est en ce sens que Pasquier apporte une modernité exemplaire et c’est également dans ce sens qu’il ne peut être recevable pour Jean de Nostredame. Les Sources italiennes Il n’est pas étonnant de trouver des ouvrages italiens comme sources historiques des M. Non seulement Nostredame connaît l’italien, mais il est en relation avec les humanistes de la Péninsule, amitiés qui pouvaient lui procurer des œuvres dont certaines, d’ailleurs, avaient été traduites en français. La lutte qu’ont mené les Angevins pour la possession de la Sicile puis du royaume de Naples n’est pas étrangère au fait que Nostredame possède ces œuvres : l’ouvrage de Pandolfo Collenuccio s’y rapporte directement (Collenuccio /390/). Ces sources proviennent de Toscane et d’Italie du Nord138. Rome, avec la cour pontificale, représente un lieu de pouvoir qui oriente certains travaux139. L’absence de sources méridionales s’explique par des raisons historiques : il est probable qu’entre 1550 et 1565 Nostredame aurait eu quelques difficultés à consulter les archives napolitaines (nous connaissons partiellement ces archives, détruites au XVIIIe siècle lors d’une révolte populaire (Mazzoleni /202/)). Nostredame s’en remet donc aux chroniques françaises, aux archives provençales et à l’ouvrage de Collenuccio. L’essentiel des sources italiennes est constitué par des chroniques générales ou pontificales comme par exemple celle de Martin (Martin /378/). Elles sont l’œuvre d’historiens du XVe siècle ou de contemporains de Nostredame. Nostredame utilise également certains textes littéraires. Il tire un grand parti du commentaire de Landino sur Dante ainsi que de l’édition que Vellutello avait donnée de Pétrarque (Landino /377/, Vellutello /373/). Pétrarque tient une grande place dans les M, non seulement comme source, mais aussi comme personnage illustre : son histoire d’amour et sa passion pour Laure sont longuement contées. Boccace figure également en bonne place, pour ses travaux historiques plus que pour ses œuvres littéraires. Les sources italiennes constituent un élément que l’on ne doit pas négliger, même si leur fréquence est réduite. Les Sources germaniques Ces sources allemandes sont toutes rédigées en latin. Elles sont constituées par des œuvres célèbres, bien diffusées, comme celles de Munster ou de Naucler. Nous avons rangé la chronique de Sigebert de Gembloux dans cette catégorie ; par son époque d’écriture, le XIe siècle, à cause des fonctions que Sigebert exerça hors de France à Gembloux (pays d’oïl) et à Metz (pays germanique), nous avons préféré situer ces tra138 139

Ces lieux sont évidemment ceux de la Renaissance italienne. Cf. Martin /378/.

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L’HYSTOYRE, LES PROESMES ET LE POEME

vaux dans l’aire germanique à laquelle ils étaient rattachés. De la même manière, Jornandes, historien des Goths, aurait pu figurer avec les sources latines, mais son propos est résolument germanique bien qu’il écrive au VIe siècle140. La fréquence de ces sources est élevée parce que Nostredame fait allusion de nombreuses fois à l’œuvre de Sébastian Munster, ouvrage dont on connaît le succès considérable au XVIe siècle. Les Sources latines Dans ce groupe, nous rangeons des historiens romains ou des théologiens chrétiens du Ve siècle. Leur langue d’écriture est bien sûr le latin. Nostredame ne fait pas référence aux historiens de l’Antiquité : son histoire de Provence ne commence qu’en 204 (en réalité 255) et tout un corpus historique, de César à Tite-Live, ne lui est pas nécessaire. Par contre, il mentionne Pline pour identifier certains lieux. Trois autres historiens latins, tardifs, trouvent une place dans les M : Amnien Marcellin, Prosper et Eusèbe de Césarée, historiens dont les œuvres connurent un grand succès à la Renaissance (cinq éditions pour Amnien de 1474 à 1533, douze pour Eusèbe de 1476 à 1562). Les trois théologiens dont nous avons mentionné la présence sont des Provençaux : Jean Cassien, saint Cézaire et Salvianus, mais s’ils le sont par le lieu de leur sacerdoce, leur œuvre n’appartient pas à l’historiographie provençale. Les deux Marseillais, Cassien et Salvianus, tiennent une place importante alors que saint Cézaire est seulement mentionné, bien que son œuvre demeure primordiale pour l’histoire de la pensée chrétienne141. Les Sources aragonaises L’établissement de deux sources aragonaises (Tomich et Martorell) pose problème. Nostredame n’utilise pas les différentes sources que l’Aragon peut lui offrir. Son penchant proangevin joue certainement en défaveur de la Catalogne. Il ne connaît pas ou ne cite pas les chroniques de Gualberto Fabricio de Vagad et de P. A. Beuther. Nous pensons que la source aragonaise citée dans les M (en dehors de l’œuvre de Martorell) ne peut être que la chronique de Pere Tomich (Tomich /404/). Publiée à Valence en 1534, elle est le seul travail que Nostredame ait pu connaître. Il est en effet peu vraisemblable qu’il ait lu une version de la chronique de Bernat Desclot. Le titre de cet ouvrage, Llibre del Rei en Pere, est sans rapport avec la référence donnée : Histoyres d’Aragon, alors que celui de Pere Tomich pourrait s’y rapporter. Nous sommes certain de sa lecture de Tirant lo blanc (Martorell /403/). Nostredame fait référence à ce roman de chevalerie qu’il connaît d’après une traduction castillane de 1511. Il relève que cet ouvrage n’est pas écrit en castillan, car il s’agit d’un « vielh libre qu’a estat trasduch de Prouvensal en lengua castelhana intitulat Tyran lou blanc » (notice 106). La confusion entre occitan et catalan ne constitue pas une erreur linguistique majeure. La langue de l’œuvre de Joan Martorell garde encore de nombreuses traces d’une proche parenté.

140 Une remarque à propos de ces sources : Nostredame se réfère à Henri Burlingere et Matthias FlachFrancowitz dit Flacius, tous deux théologiens proches de la Réforme. Il cite des sources historiques qui sont en totale contradiction avec ses convictions religieuses. 141 Correspond-t-il à sainct Cesary qui est une source des Vies ? (Nostredame /8/ p. 2, /11/ p. 2).

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DEUXIÈME PARTIE

La citation de cette œuvre et la confusion linguistique posent le problème des relations de Nostredame et de la Catalogne. Relevons que dans ce même ouvrage Tirant récite des passages d’un traité intitulé Arbre de batalles, l’ouvrage d’Honoré Bonet cité également par Nostredame. Une traduction catalane a été effectuée et Martorell prend connaissance de cette œuvre lors d’un séjour en Angleterre (Martorell /403/ p. 31). Il s’agit, bien plus que de simples hasards, de la circulation des écrits aux XVe et XVIe siècles. Nous savons par ailleurs que Nostredame travestit sa source ; il attribue les exploits de Tirant à Bertrand des Baux. Les « Beaulx Incoigneuz » Parmi ces sources diverses, sept nous sont inconnues. Nous n’avons pas pu identifier ces œuvres, souvent à cause du caractère obscur de la référence. Elles correspondent à 14% de la fréquence des citations, taux élevé à cause de Normand qui n’a pas non plus été identifié par Camille Chabaneau (Nostredame /11/ p. (57)). Ces ouvrages sont peut-être des manuscrits en possession de Nostredame. S’ils n’ont pas été édités, il est fort possible que ces copies et donc leurs contenus soient à jamais perdus. La bibliothèque de Nostredame était donc constituée par un ensemble divers de manuscrits et d’imprimés. Sa recherche incluait également des documents d’archives. C’est ce deuxième aspect qui semble fondateur de l’historiographie provençale. Nous sommes, d’une manière ou d’une autre, redevables à Nostredame. Sa recherche archivistique, si étonnante pour sa précision et sa curiosité, ouvre les portes à l’érudition provençaliste des siècles suivants.

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L’HYSTOYRE, LES PROESMES ET LE POEME

ANNEXES Liste de registres consultés par Jean de Nostredame. Nostredame consulte dans les archives aixoises un certain nombre de registres. Il en dresse la liste dans la CF 534-535. Nous donnons cette liste avec les cotes des ADBDR quand ces registres ont été conservés. Pergamenorum : B 2 Lividi : B 8 Galli : B 17 Armorum : B 9 Pavonis : B 16 Capitis domicelle : B 144 Esclaponis : B 7 Pedis : B 5 Rubei : ? Leonis : B 14 Livre rouge de la ville d’Aix : ? De sancto Remigio : ? Templariorum : B 151-158 Serena : B 38 Registre Juribus regni sicillie : ? Salamandre : B 31 Aquille : B 18 Pellicani : B 21 Tauri : B 15 Litri : B 11 Escalla traversa : B 162, 163, 164, 149 Escalla directa : B 6 Columna : B 58 Phillomena : B 45 Draconis : B 24 Potentie : B 49 Roze : B 12 Triolleti : B 13 Corone : B 19 Delphin : B 20 Pacis : B 28 Grifonis : B 22 Veridi : B 4 Curcis : B 3 Homagiorum : B 30 Turturis : B 27 Sagitarii : B 29 Escorpio : B 32 Collomba : B 23 155

Chapitre IV

SOCIOLOGIE D’UNE ŒUVRE Les Versions d’écriture La Vie de Saint Hermentaire ne peut pas être considérée comme un ouvrage historiographique. Nous pouvons cependant percevoir dans cette œuvre les germes d’une recherche plus globale. Au tout début de ce texte, dans le récit de la vie de Raymond Féraud, Nostredame cite le nom de quelques souverains provençaux. Le style employé est celui des généalogies et des descriptions historiographiques : « La royne Marie issue des rois d’Hongrie, femme de Charles 2 du nom roi de Naples, compte de Provence (...) Robert, roi de Naples, comte de Provence, fils dudit Charles 2 (...) » (Nostredame /12/ p. 160). Ce style que nous retrouvons dans les M ne prouve pas que Nostredame ait concrètement commencé son travail dès 1540. Il nous paraît probable que, dès cette date, il se soit familiarisé avec certaines archives afin d’acquérir une culture historique. D’autre part, la lecture de ces archives et la science paléographique ne pouvaient être maîtrisées qu’après quelques années d’études. Une période dix ans lui a été nécessaire pour se donner les moyens techniques de la recherche. Les années 1540-1550 constituent un temps de formation, celles de 1550 à 1564 une période de recherches et de rédaction. De 1564 à 1577, Nostredame approfondit ses connaissances tout en traduisant son œuvre en français. Pour que cette proposition chronologique soit complète, il faut ajouter que les travaux historiques ne sont pas ses seules préoccupations ; nous devinons en filigrane des Vies une œuvre poétique. Les manuscrits de Nostredame que nous connaissons peuvent être replacés dans cette perspective. Le SQS et les M précèdent les CF 534-535 et CF 536. À l’examen de ces quatre corpus, plusieurs constatations s’imposent. Nous avons déjà affirmé que le contenu du SQS est beaucoup plus limité que celui des M. Les textes qui y figurent se retrouvent dans les M avec quelques variantes orthographiques. Après 1562, adoptant généralement une écriture différente, cursive et difficilement lisible, Nostredame intervient en français dans le texte des M. Ceux-ci constituent alors un instrument de travail : références abrégées, renvois à d’autres manuscrits...142 Les CF 534-535 et CF 536 n’ont jamais la forme d’un brouillon ou d’un manuscrit de travail. Il est possible qu’il s’agisse de la version définitive destinée à l’imprimerie ou de copies préparée pour la lecture. Nous publions en annexe de ce chapitre les quatre premiers textes de la CF 536. Le SQS, d’un format réduit, ne comporte que 72 folios, les M 102 et la CF 536 113. Cette comparaison est imparfaite si l’on considère que certains folios sont vierges. La CF 536 qui s’interrompt de 1246 à 1384 possède près de 80 notices en plus que les M. Le SQS correspond à un premier niveau d’élaboration. Il ne couvre pas tout le champ historiographique : l’histoire de Provence commence en 530 et s’achève en

142 Les écritures de Nostredame sont différenciées par la typographie que nous proposons dans l’édition des M. Par la suite, nous les désignons par leur numérotation.

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1481143. Il contient déjà un certain nombre de thèmes qui se retrouvent dans les autres manuscrits : c’est le cas notamment de la guerre d’Arles et de l’épisode de Tersin. Par contre, les testaments de comtes de Provence sont simplement mentionnés et ne sont pas reproduits dans leur intégralité. Le sujet historiographique est déjà en place dans le SQS. Il nous est toutefois impossible de dater avec précision ce travail. Les M étant déjà bien avancés en 1562, nous pensons que l’élaboration et l’écriture du SQS se situent entre 1550 et 1560. La CF 534-535 porte la date de 1575. Les vies des troubadours qui y figurent sont conformes à l’édition de Lyon (Nostredame /11/ p. 55). De 1565 à 1575, Nostredame travaille également à son histoire de Provence, de concert avec les Vies qu’il prépare pour la publication. La CF 536 est difficilement datable (les deux chroniques en français sont des versions légèrement différentes de la même histoire de Provence). Nous savons que la CF 534-535 est incomplète : elle commence en 1080 et s’achève en 1493. La CF 536 commence en 255 et s’achève en 1506. L’interruption de 1246 à 1384 semble être due à une perte d’une partie du manuscrit. La CF 536 est donc plus complète même si la CF 534-535 présente un esthétisme plus élaboré. Pour obtenir une version définitive de l’histoire de Provence de Jean de Nostredame, une édition future devrait établir deux versions manuscrites complémentaires. Les autres manuscrits qui contiennent des extraits de cette histoire (BIC 1883, BMJ 761) ne sont que des brouillons ou des copies144. Seule la CF 534-535 a été connue et identifiée comme étant l’œuvre de Jean de Nostredame. Les diverses histoires de la Provence qui se sont référées aux travaux de Nostredame mentionnent ce manuscrit. Il était en possession de César de Nostredame qui note dans la marge de son ouvrage : « Jean de Nostredame oncle de César auoit fait un recueil des choses de Prouence depuis l’an MXXC, iusques en l’an MCCCCXCIIII. » (Nostredame /54/ p. 17). Ces dates concordent avec celles de la CF 534-535. Cette chronique est d’ailleurs reliée avec les papiers de César : celui-ci inscrit des annotations dans les marges. Le tome 2 du catalogue (BIC 535) est une partie inédite des travaux de César. Il ne semble pas que César de Nostredame ait connu d’autres manuscrits de son oncle. À la mort de Jean de Nostredame, en 1577, plusieurs personnes ont dû se partager les manuscrits des travaux historiques. César avait alors vingt-quatre ans ; il n’avait pas encore dessiné son œuvre. La CF 534-535 lui a appartenu, mais a également été entre les mains de Peiresc. L’érudit provençal connaissait l’œuvre de Jean de Nostredame. Dans son histoire de Provence, il cite certains historiens et donne ce commentaire sur Nostredame : « Cest autheur est diligent exact et fidelle. Il a pris beaucoup de particularités de l’Histoire de Provence et a bien mérité du public meritant louange et recognoissance. » (Peiresc /51/ p. 29). On sait que Peiresc n’a pas édité son œuvre de son vivant ; Jacques Ferrier et Michel Feuillas ont donné en 1982 une édition de cette histoire. Dans la liste dressée des auteurs consultés par Peiresc, Nostredame ne tient pas une grande place. Pourtant Peiresc connaît certainement, au moment où il écrit cet ouvrage, les manuscrits de Nostredame. La CF 534-535 ne revêt pas un caractère anonyme : Jean de Nostredame mentionne son nom au bas des chroniques qu’il recopie et César confirme l’appartenance de ce manuscrit à son oncle (Nostredame /11/ p. 54).

143 144

Notons la référence aux comtes de Provence dans le titre du SQS. Le manuscrit 761 de la BMJ n’est qu’une copie de César de Nostredame.

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Le SQS et la CF 536 ne peuvent être identifiés qu’en comparant ces textes et l’écriture des manuscrits. Il semble que Peiresc n’ait pas effectué ce travail comparatif, si, comme on peut le supposer, il ait eu entre les mains ces trois ouvrages. Le caractère anonyme mentionné par le catalogue de la BIC prouve que cette identification n’a pas été faite. C’est Camille Chabaneau qui identifie le SQS ainsi que différents brouillons (BIC 1883). La CF 536 pose alors un problème étonnant. Comment Chabaneau qui a travaillé sur le SQS (catalogué 537) et la CF 534-535 ne s’est pas aperçu de la parenté de ces deux manuscrits avec la CF 536 ? Chabaneau décrit ses recherches à Carpentras et l’aide que le conservateur de la bibliothèque, lui a apportée : Il s’empressa de placer spontanément sous mes yeux des fragments d’une importance beaucoup plus grande que ceux que M. Paul Meyer avait connu, et il poussa l’obligeance jusqu’à mettre immédiatement à ma disposition la copie qu’il en avait faite. (Nostredame /11/ p. (6)).

Le conservateur de l’Inguimbertine a-t-il montré à Chabaneau la CF 536 ? S’il ne l’a pas fait, il semble que Chabaneau n’ait pas vérifié dans le fonds Peiresc la présence de manuscrits susceptibles de l’intéresser. La CF 536 n’est pas totalement inconnue. Bien que restée anonyme, F. Benoit la cite dans un ouvrage sur les actes des comtes de Provence et s’interroge sur son auteur en l’attribuant, avec des doutes certains, à Peiresc (Benoit /224/ p. CV). Jusqu’à nos jours, cette chronique semble oubliée145. Dans la mesure où son auteur n’est pas identifié, cette histoire ne semble pas intéresser les chercheurs. Les éditeurs de Peiresc n’en parlent pas (Peiresc /51/, Ferrier /140/). Nous identifions formellement la CF 536 comme étant un manuscrit autographe de Jean de Nostredame. Le manuscrit des M semble avoir une histoire différente. Les ex-libris du manuscrit nous apprennent que le premier propriétaire identifié est Antoine Rouhaut, ecclésiastique narbonnais. Nous connaissons ce Rouhaut : il fait partie de la famille du poète Pierre Paul et est l’auteur d’un poème en latin dans les pièces liminaires de L’Autounado. Nous savons que ce Rouhaut, d’après un poème de Pierre Paul, est chanoine de Saint-Sauveur à Aix en 1608. Le poème en latin dont il est l’auteur porte en signature : « Anto de Rouhaud St Pauli Narbonae canonicus ex sorore nepos »146. D’après l’exlibris des M, Rouhaut est chanoine de Saint-Just à Narbonne. Nous pouvons penser que c’est pendant son séjour aixois qu’Antoine Rouhaut a pris possession du manuscrit des M. Certains érudits du XIXe siècle ont confondu l’ex-libris d’Antoine Rouhaut avec une mention d’auteur. C’est ainsi que dans son Guide du voyageur dans Arles , Jacquemin cite des Memori per l’histori de Provenza per Antoni Rouchard. 1495. L’abbé Dubreuil parle de Memoris per l’histori de Provenza embe toutas las antiquitas en forma de chronica qu’il attribue à Rouhaut (BMJ 1204,p. 203). Ces « memoris » auraient été conservés à la bibliothèque des Minimes d’Aix-en-Provence. Frédéric Mistral, certainement d’après Dubreuil ou Jacquemin, en parle dans Lou Tresor dóu Felibrige (Jacquemin /405/ p. 214-215, Mistral /215/ p. 316, tome 1). Nous avons vainement recherché ce manuscrit. Nous pensons nous trouver devant une confusion : les M et les « memoris » de Rouchard, Rouhard,

145 Nous ne pensons pas que l’œuvre de Nostredame ait subi un oubli volontaire. Nous pensons plutôt que l’histoire de ce manuscrit témoigne d’une certaine précarité de la recherche en domaine occitan. 146 Paul /23/ p. 245 pour la pièce latine d’Antoine Rouhaut et 367-369 pour le poème de Pierre Paul.

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Rouhaud sont un seul et même ouvrage. L’ex-libris d’Antoine Rouhaut a induit les érudits du XIXe siècle en erreur. Nous ne savons pas ce que sont devenus les M à la mort de Nostredame ni comment ce manuscrit est arrivé entre les mains d’Antoine Rouhaut. Nous ne savons pas non plus comment il est par la suite devenu propriété des Gallaup de Chasteuil. L’ouvrage de Jean de Gallaup de Chasteuil renferme des allusions manifestes au manuscrit des M : Sur la foy d’vn vieux Manuscrit Prouençal, i’ose nommer les Roys ARCHIN, CARBVYER, ANDEGIER, AVTAN, les Roys de Tartarie, de Troye & de Gallice, les Princes HERMIN & MONTARIN, les Comtes BYGARD & AGASSIN. Roys, Princes, Comtes infortunés que ce ieune Prince fit sortir à coups d’espée de la ville d’Arles, où ils s’étoyent relancés fuyans deuant ses armes victorieuses, ou plustost deuant la victoire méme. Les Historiens varient étrangement sur son nom. Il en a été appellé TORSIN, VORSON, CORSON, TORSON, THESIN, TRESSIN, THVRSIN, TERSIN. Le penible trauail de la curieuse & scauante plume de M. CATEL semble deffendre à la mienne le rapport de leurs opinions contraires, touchant son origine, ses faicts, & son regne. Parmy ces diuersités l’vn des plus grands hommes que nostre Prouince ait veu, Autheur de mon Manuscrit, asseure qu’il estoit Sarrazin, & que sa valeur, dont rien n’auoit peu soustenir l’effort, fit joug à la fin dans les murs d’Arles, sous les armes inuincibles de Charlemaigne. Qu’estant prisonnier de ce Monarque pieux & magnanime, par traité de Paix il fut acordé entre eux. Que Tersin receurait le Sainct Baptème & le feroit receuoir à son armee Sarrasine. Que Charlemaigne en échange donneroit à TERSIN en titre de Comté cette vaste étendue de la domination qu’on dit auoir été du vieux Sceptre de Tolose. Sa puissance s’étandoit doncques sur toute la Prouince, à qui apres on donna le nom de Marquisat, delà le Rhosne, par de là Auignon, Narbone, Bordeaux, Poictiers, & tous les enuirons des Pyrenées. Les Comtes de Prouence & de Tolose sont descendus de luy. Rudel en auoit hautement chanté les armes, mais nulle rade, ô mal-heur ! pour cette belle piece, au naufrage vniversel de nos TROVBADOVRS. (Gallaup /207/ p. 21).

La thématique générale de cette anecdote historique est directement inspirée par l’épisode de la guerre d’Arles. Comme nous le verrons à propos de la place de l’œuvre de Nostredame aux XVIIe et XVIIIe siècles, Jean de Gallaup de Chasteuil n’a pu qu’emprunter à Nostredame le récit de ces faits. Certaines annotations qui parcourent le manuscrit des M ainsi que le titre sont d’une même écriture : il s’agit de celle du fils de Jean de Gallaup de Chasteuil, Pierre147. Nous savons qu’il possédait un chansonnier de troubadours largement inspiré des Vies (Brunel-Lobrichon /226/). À sa mort en 1727, sa bibliothèque passa entre les mains de Henri-Joseph Tomassin de Mazaugues, président aux enquêtes en 1723 et petit-neveu de Peiresc. P. J. de Haitze, dans la bibliographie qu’il consacre à Jules Raymond de Soliers, nous apprend que Mazaugues possédait des brouillons d’une histoire de Provence. Ces brouillons devaient être les M. Mazaugues possédait également le Glossaire de Nostredame comme nous l’apprend une lettre de Saint Pelaye. Le Glossaire appartient ensuite au marquis de Caumont (Bauquier /227/). Les M ont-ils suivi le même chemin que le Glossaire ? Dans ce cas, ils devraient faire partie des collections de la BMJ. Les M ont peut-être été en la possession de Fauris de Saint Vincent au début du XIXe siècle (celui-ci possède en effet le 147 Nous avons pu identifier l’écriture de Pierre de Gallaup de Chasteuil en la comparant avec celle du chansonnier de troubadours déposé au Centre International de Documentation Occitane de Béziers.

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chansonnier de Pierre de Gallaup de Chasteuil). L’abbé Dubreuil nous apprend que l’œuvre prétendue de Rouhaut (en fait celle de Nostredame) est la propriété des Minimes d’Aix-en-Provence. Rien n’indique que Mazaugues ou Fauris de Saint Vincent aient légué une partie de leur bibliothèque au couvent des Minimes. À ce stade de notre reconstitution, une interrogation demeure. L’ex-libris de Rouhaut est suivi d’une page de jugements sur les M, jugements sévères. L’écriture de cette page se retrouve dans l’ensemble du manuscrit, toujours pour rectifier des erreurs et préciser certains faits. Nous ne reconnaissons pas en cette écriture celle de Pierre de Gallaup de Chasteuil, présente par ailleurs. Les considérations implacables de ce lecteur nous font écarter la personnalité de Jean de Gallaup de Chasteuil, trop acquise aux écrits de Nostredame. S’agit-il alors d’Antoine Rouhaut lui-même ? Un fait linguistique, trop moderne pour le XVIe siècle, nous fait douter (disparition du s implosif dans le groupe st : « étoit » au lieu de « estoit »). S’agit-il alors dune intervention postérieure à la mort de Pierre de Gallaup de Chasteuil, Mazaugues ou un autre possesseur du manuscrit au XVIIIe siècle ? La forme d’écriture pourrait confirmer cette hypothèse. Une vignette apposée sur la couverture du manuscrit nous indique que les M sont ensuite en la possession de Villeneuve-Bargemont. Dans un ouvrage de ce même Villeneuve-Bargemont, nous trouvons trace des M. En parlant du roi René, l’auteur relate les mêmes faits que Jean de Nostredame : la peinture de René d’Anjou, les vers de Pétrarque... En note, il précise : Ceci est extrait d’un manuscrit provençal du XVIe siècle, que Bourdigné a traduit littéralement, et qui cite pour garant les chronique de J. P. de Bergome. » (Villeneuve-Bargemont /228/ tome 2 p. 97)148.

Jean de Nostredame cite également Jean de Bergame (et non Bergome). VilleneuveBargemont ne semble pas identifier l’auteur des M. C’est sans doute au moment de la disparition de cette bibliothèque que les M sont acquis par le bibliophile et négociant parisien Eugène Charavay. Nous savons par une lettre du 26 février 1895 qu’il propose à Paul Arbaud cet ouvrage : Je possède en ce moment les Mémoires de Jean de Nostradamus, procureur au Parlement de Provence, des orgines à 1494, manuscrit original et en partie autographe de l’auteur, avec de nombreuses corrections et additions autographes de son neveu César vers 1580. 206 pages in 4 cartonné. Ce manuscrit est très précieux pour la pureté de la langue provençale. Il contient des extraits rangés par ordre chronologique sur l’histoire de Provence, des origines à la réunion au royaume de France, traduits en provençal. Si ce manuscrit pouvait vous intéresser, j’aurai l’honneur, Monsieur, de vous le communiquer et de vous en dire le prix.

Paul Arbaud acheta ce manuscrit car il se trouve dans la collection qu’il a léguée à l’Académie d’Aix. La première identification notifiée est donc celle d’Eugène Charavay. Le manuscrit comportait-il une signature, une indication disparues ? Les M semblent appartenir à Paul Arbaud dès 1895. À cette date, Chabaneau travaillait déjà à l’édition des Vies. Chabaneau et Arbaud ne devaient pas être en relation ; il n’est donc pas étonnant de ne pas trouver trace des M dans l’édition de 1913. Paul Arbaud est mort en 1911, deux ans avant cette édition. La date de son décès explique l’oubli des M. 148

C’est Bourdigné qui a influencé Nostredame et non le contraire.

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Comment expliquer que nous n’ayons pas retrouvé une trace plus importante de la lecture des M ? Faut-il donc penser que cette histoire ne pouvait être « montrée »? Les historiens ne se réfèrent plus à Jean de Nostredame à partir du milieu du XVIIIe siècle, sauf pour le critiquer et le dénigrer. Les M tombent dans un trou de l’histoire. Même après 1911, personne à l’Académie d’Aix et au MBPA n’a apprécié la valeur de cette œuvre.

Les Répartitions d’usages des M

Les M révèlent diverses présences linguistiques. Elles se définissent par rapport à des répartitions d’usages différenciées. Nous avons déjà explicité le changement linguistique de l’œuvre historiographique : les M sont écrits en occitan, commencés dans cette langue puis continués en français sous la forme d’annotations et de notices indépendantes. Le français apparaît également dans les notes que les possesseurs successifs du manuscrit inscrivent au fil de leur lecture. Le latin possède aussi une place non négligeable. Son registre est généralement constitué par des citations d’inscriptions romaines. Nostredame décrit une mosaïque qui se trouvait à Riez (un portrait de l’empereur Constantin) et cite les deux vers qui ornent cet ouvrage149. Il décrit également les armoiries de la ville d’Arles et mentionne la devise qui les accompagne150. Dans ce registre particulier, le latin est lié à l’inscription que Nostredame déchiffre. La langue est restituée telle quelle, elle n’est pas traduite. Les archives fréquentées par Nostredame sont le plus souvent en latin ; elles sont traduites en occitan pour les restituer, soit intégralement comme pour les testaments des comtes de Provence, soit en les paraphrasant et en les interprétant. Il semble que le latin garde sa force et sa fonction dans le registre lapidaire et épigraphique. Nostredame ne fait dans ce cas que restituer une parole historique (il n’est pas une exception dans son siècle, les citations latines ne sont jamais traduites). Les M s’adressent à un public humaniste qui connaît et pratique le latin. Ces citations sont généralement assez courtes. Seule, l’épitaphe de Charles du Maine est d’une longueur de dix vers. Elle figurait sur le tombeau du souverain situé dans l’église Saint-Sauveur d’Aix. Cette sépulture a aujourd’hui disparu, l’épitaphe n’est plus visible151. Le latin occupe un autre registre qui n’est pas négligeable. Dans le diacritique du texte, Nostredame note souvent des rappels ou corrige ses erreurs. Ces notations sont en latin : « vide suo loco », « vide infra », « hic cadit » et bien sûr « nota » ou « notanda ». Elles ne dépassent pas ce registre et aucune notice n’est écrite en latin. À partir du moment où le français s’impose, le latin en subit les conséquences. Les renvois en latin sont concurrencés par la phrase : « papier a part ». Devenu langue de l’écriture historiographique, le français conquiert aussi l’espace diacritique. Nous nous sommes occupé de la présence latine manifeste. Il est évident que le latin influe sur le niveau linguistique de l’écriture en occitan. Nostredame procède par traductions qu’il effectue à partir de documents rédigés en latin. Quelle est la place de ces originaux dans la langue historiographique ? Nostredame ne s’inspire-t-il pas de

Cf. notice 9. Cf. notice 148. 151 Cf. notice 543. 149 150

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solutions linguistiques qui ont été mises au point au XVe siècle, au moment où l’occitan administratif était à son apogée ? Le latin obéit donc à des répartitions d’usages. À partir d’un choix linguistique originel, occitan puis français, le latin se trouve relégué à une série de fonctions bien précises. La répartition semble toutefois être plus solidement établie au contact de l’occitan. La confrontation latin/français commence à mettre cette répartition en cause. Le français apparaît dans les M selon deux registres liés à deux époques différentes : le premier concerne le texte de Nostredame et le second est relatif aux annotations des possesseurs du manuscrit. Pour bien comprendre la répartition entre français et occitan, il faut examiner les différentes écritures observées dans le manuscrit. Nous les étudierons plus en détail, mais nous devons donner un certain nombre d’indications. Chabaneau avait remarqué que le SQS et la CF 534-535 présentaient deux écritures. Il les qualifie par « aldine » et « cursive ». Nous gardons ces deux dénominations. Nous savons que ces écritures sont le fait de Jean de Nostredame. L’écriture aldine est lisible, la cursive difficile à déchiffrer. L’écriture aldine (écriture 1) comporte des textes rédigés en occitan. Par son caractère de lisibilité, nous pouvons penser que les M ainsi écrits ont été ordonnés esthétiquement pour être donnés à lire. Nostredame semble avoir rajouté certains paragraphes dans des espaces laissés libres. Ces textes sont alors rédigés dans une écriture 1 plus petite. L’écriture cursive (écriture 2) comporte des textes en occitan et en français (ceux en occitan semblent avoir été rajoutés comme compléments de travail). L’écriture 2 apparaît quand le manuscrit perd son caractère de lisibilité. Il devient à ce moment-là un instrument de travail. L’occitan est exprimé par deux types d’écriture : 1 et 2. Le français est généralement codifié selon le type 2 (très rarement le type 1). Cette classification n’est pas aussi simple, car Nostredame passe, dans un même texte, du type 1 au type 2 (cf. 99). La langue employée est toujours l’occitan. Les mots biffés à la fin du texte écrit en 1 indiquent que Nostredame a dû hésiter pour écrire la suite de son texte. Celui-ci n’étant que la traduction d’un serment de fidélité rédigé en latin, il est possible que l’historien aixois ait changé de type d’écriture en recopiant sa source. Le texte 140 au fo 24 r° prouve par la taille de l’écriture et sa place que le type 1 sert à effectuer quelques rajouts. Le texte 450 au fo 76 v° montre que Nostredame change d’écriture au cours d’une notice et revient au type 1 pour indiquer sa source historique. La note qui suit le texte 481 au fo 80 r° présente un emploi exceptionnel de types 1 et 2 en français. Ces écritures révèlent une antériorité de l’occitan sur le français. Certains textes écrits en 1 sont corrigés en 2. La correction est parfois en français alors que le texte est en occitan. Ces exemples éclairent notre propos. Le type 1, antérieur au 2, est écrit à 99% en occitan. Le type 1 est présent à 65% dans le manuscrit, le 2 à 35%. Nous sa-

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vons que 2 possède une part minime d’occitan que nous fixons à 10%. Nous pouvons donc affirmer que l’occitan représente 68,5% du manuscrit et le français 31,5%152. La répartition d’usages ainsi constituée ne représente pas, en apparence, un conflit diglossique qui n’est repérable qu’à travers l’histoire des M. Nous sommes en présence d’un unilinguisme qui s’inverse soudainement. Nostredame choisit le français sans que nous puissions déceler dans son manuscrit une quelconque trace d’hésitation. La note liminaire anonyme, si sévère pour Nostredame, explique l’emploi de la langue d’oc par l’ignorance du latin et du français153, erreur qu’il nous faut corriger car les M révèlent une compétence linguistique dans ces deux langues. L’explication est autre, intrinsèquement sociolinguistique.

Histoire et « méta-histoire » Nostredame utilise l’histoire de deux manières différentes : il adopte, en des occasions diverses, une volonté falsificatrice des faits historiques et développe certains aspects déterminés par une épopée occitane. La construction de cette épopée historiographique s’élabore à partir de calques évidents : le plus visible est constitué par les chansons de geste françaises. Néanmoins, Nostredame se réfère à des architectures épiques qui témoignent d’une geste provençale antérieure, restituée pour illustrer la grandeur d’un pays. En ce sens, il œuvre dans l’histoire et le littéraire et se situe au-delà du fait historique. Cette « méta-histoire » permet de comprendre les travaux historiographiques de Jean de Nostredame comme un processus d’élaboration de mythes historiques repris et enrichis par ses successeurs. Les M deviennent un creuset de sens multiples où la méta-histoire illustre le projet initial de gauchissement de l’histoire. L’épisode de la guerre d’Arles et de Tersin permet de préciser l’héritage du Moyen Age. Les différents textes écrits par Nostredame sur la guerre d’Arles ont permis à Paul Meyer et à Camille Chabaneau de développer leurs arguments sur l’invention du personnage de Tersin et sur cette falsification (Meyer /225/, Nostredame /11/ p. 359-363, Roman d’Arles / 347/ p. 479 et 521-528, Chabaneau /230/). Le récit de la prise d’Arles par les Sarrasins figure aujourd’hui dans plusieurs manuscrits. Ces textes ne sont pas identiques, mais proviennent tous d’une même source. Nous pouvons établir une filiation historico-littéraire qui donne Le Roman d’Arles comme point de départ. Nous connaissons six versions de la prise d’Arles. D’autres versions peuvent être identifiées, comme, par exemple, celle de la Kaiserchronik (Roman d’Arles /347/ p. 521-522) et un manuscrit latin de la bibliothèque vaticane relié avec les ouvrages du dominicain Bernardo Gui (Roman d’Arles /347/ p. 101-105 appendices). Ces versions doivent être prises en compte dans l’élaboration d’une geste relative à la prise d’Arles par les Sarrasins. Cependant, elles ne mettent jamais en scène Tersin (Le Roman d’Arles non plus, que nous incluons pourtant dans notre démonstration, car il s’agit là d’un texte de référence pour Nostredame). Nous possédons donc six versions de la prise d’Arles : A : Le Roman d’Arles,

152 Notre propos n’est pas d’étudier le français employé par Jean de Nostredame. Un travail ultérieur consisterait à étudier la langue française employée par les Provençaux du XVIe siècle. Nous relevons simplement chez Nostredame l’emploi du graphème lh pour [j] qui nous semble être un occitanisme. 153 Cf. notice 1.

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B : Le texte des M,154 C: le texte du SQS, D : le texte de la CF 536, E : un texte manuscrit en occitan (BIC 1883), F : un deuxième texte manuscrit en occitan (BIC 1883), (Meyer et Chabaneau intitulent les textes E : A et F : B.155 Nous avons déjà établi les relations entre les divers manuscrits de Jean de Nostredame ; cet épisode particulier confirme notre analyse. Les textes B, C et D font donc partie des manuscrits autographes de l’historien aixois. Les textes E et F sont d’une écriture différente et sont conservés avec les brouillons de Nostredame. Ce manuscrit a appartenu à Peiresc. Les écritures de E et F permettent de dater cet ensemble de la fin du XVIe siècle. La correspondance entre E, F et C a été examinée par Chabaneau. E met en scène Roland et Olivier, personnages que B, C et D ignorent, mais qui figurent dans A. L’état des correspondances est tel que Chabaneau pense que Nostredame est également l’auteur de E et F. Nous ne possédons pas de preuves formelles, tout au plus pouvons-nous affirmer que E et F ne sont pas des autographes de Nostredame. E et F peuvent également se référer à une source unique ou à Nostredame lui-même. Nostredame n’a pas clairement désigné A comme source. Il mentionne au début du texte des M : « Si liege en ung vielh libre de papier, escrich en l/et/ra de ma[n] que fon troubat en Arles (...) ». Il écrit également dans la CF 536 : « J’ay leu en ung vieulx livre de papier escript en l/ett/res de main, en Rithme p/ro/vensalle Alexandrine que j’ai transduict ainsi (...) ».156 Le Roman d’Arles comprend trois parties distinctes : une « légende du bois de la Croix », une « vengeance du Christ » et un troisième ensemble qui concerne la prise d’Arles (Roman d’Arles /347p. 495-504, vers 576-921). Camille Chabaneau a établi toute une série de correspondances entre A, C, E et F qui prouvent que A est la source principale de Nostredame. Deux autres faits confirment cette hypothèse. A a été transcrit par Bertrand Boysset qui mentionne la date du 3 août 1375 (Roman d’Arles /347/ p. 475). C’est à Arles que Nostredame prétend avoir lu la source de sa relation. Nous savons qu’il connaît bien les archives arlésiennes et qu’il a lu les manuscrits provenant de Bertrand Boysset. Nostredame prétend également que sa source est écrite en alexandrins. Chabaneau nous apprend que le copiste du manuscrit (Boysset ?) n’a pas respecté la forme originelle du poème : Les originaux étaient en vers ; mais un copiste (je ne sais si c’est le dernier ou un autre) a singulièrement maltraité ces pauvres vers. Au début, il transcrit à peu près exactement, ou du moins il semble s’être proposé de le faire ; mais bientôt, tout en conservant à sa copie sa première apparence, il allonge ou réduit les vers de la façon la plus arbitraire, et les prive souvent de leur rime. Plus loin enfin, il cesse de les transcrire comme des vers, je veux dire avec une majuscule en tête, et en consacrant à chacun d’eux une ligne entière. Mais il introduit de place en place une séparation formée de deux traits obliques (//), dans l’intention probable de distinguer chaque vers de ses voisins. Malheureusement, ce signe, si telle a bien été, en effet, l’intention du copiste, a été souvent omis, souvent aussi placé fort mal à propos. » (Roman d’Arles /347/ p. 478).

Cf. notice 64. Ces textes figurent in BIC 1883 aux fo 2-6 et 22-24. 156 « Alexandrine » est souligné dans le manuscrit. 154 155

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Nous pouvons donc partiellement reconstruire la forme poétique de A : Bels senhos, si vos plas, anas vos tug armar Que az Arle lo Blanc nos coven tug anar (vers 609-610) Los XII bies de Fransa si van fort quorosier, Quar viron que Tibaut non si vol bategier (vers 632-633) Digas-mi, bels senhos, con o poiren nos far Que aquestz Sararins non nos puescan enganar ? (vers 651-652) (Roman d’Arles /347/ p. 496-497)

Ces alexandrins composent une figure stylistique particulière. Le fait est assez original pour que Nostredame ait songé à le relever. Il s’agit d’une forme poétique qui témoigne d’une inscription dans la modernité du XVIe siècle157. Tenant compte de la démonstration de Chabaneau et de ces deux faits supplémentaires, nous pouvons affirmer que A est vraisemblablement la source citée par Nostredame. Chabaneau est fidèle à sa thèse consistant à présenter Nostredame comme un falsificateur : De plus, la partie comprise entre les lignes 598 et 864 a été mise en prose provençale, vers 1560, par Jean de Nostredame, qui, jaloux, comme toujours, d’ajouter quelque fausseté au texte qu’il prétend reproduire, fait figurer au commencement et à la fin de son récit un personnage, celui de Tersin, sur lequel notre poëme est absolument muet. » (Roman d’Arles /347/ p. 479).

Il critique les historiens du XIXe siècle qui enregistrent l’existence de Tersin et qui : « (...) ont été les dupes d’un fausaire, qui n’est autre, je l’ai déjà dit, que Jean de Nostredame (...) ». Il mentionne les travaux de Meyer en leur réservant une remarque ironique : (...) et circonstance particulièrement piquante, le sort a voulu que l’auteur des Vies des poëtes provençaux rencontrât justement pour introduire solennellement dans l’histoire littéraire ce nouveau mensonge de sa plume le critique qui s’était montré pour lui le plus rigoureux. » (Nostredame /11/ p. 359).

L’intrusion de Tersin dans l’histoire fait partie de l’historiographie des invasions sarrasines. Certains historiens, comme Annibert, ont attribué des faits et des constructions aux Sarrasins alors que manifestement ils ne pouvaient pas en être les auteurs (Annibert /231/). Comme nous l’expliquons dans le commentaire historique du texte 64, Nostredame attribue des exploits à Charlemagne alors que ceux-ci n’ont pu être accomplis que par Charles Martel. Il est également évident que la liste des rois d’Arles est méta-historique. Cette liste est d’ailleurs commune à toutes les versions. Qu’en faut-il conclure ? Ces personnages renvoient souvent à des explications historiques précises : « lo rey de Troya » correspond à un rapprochement entre la cité de Troie et « la Trolha », palais de 157 Jean-Charles Huchet a relevé ce fait et établit cette mutilation poétique à un scribe différent du premier copiste. Cet état de fait permet au Roman d’Arles de revêtir des formes prosodiques déguisées qui, pour Huchet, sont en rapport étroit avec les fonctions et les finalités du roman occitan médiéval (Huchet /406/ p. 164-166).

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Constantin en Arles. Les noms de ces souverains s’explique en fonction de la toponymie : « Auquey » ou « Augin » est une vallée entre Fontvieille et Les Baux (Roman d’Arles /347/ p. 520). L’auteur, le copiste du Roman d’Arles et Jean de Nostredame ne se posent pas en garants de la vérité historique. Ils écrivent sur une geste et à partir de cela, ils greffent leur littérarité au-delà du fait historique. Que signifie pour eux la véracité de l’histoire ? Tersin et la généalogie des rois d’Arles ne sont que des appendices de l’invention historique des XVe et XVIe siècles. Introduisant le mythe littéraire dans l’histoire, Nostredame fait de Jaufre Rudel l’auteur d’un Tersin : « Ce poëte a mis par escript la Guerra de Tressin, prince dels Sarrazins, contra lous reis d’Arles. » (Nostredame /8/ p. 27, /11/ p. 17). On ne peut donc en rester au simple stade de la dénonciation des falsifications. Commentant Chabaneau, Anglade cite un passage de Nicole Gilles faisant référence à un Tersinus qui aurait combattu les Chrétiens en Gascogne (Nostredame /11/ p. 362363). Anglade appuie sa démonstration des falsifications en faisant appel à un historien qui n’a pu connaître les écrits de Nostredame. En effet, Gilles a vécu à la fin du XVe siècle. Le personnage de Tersin n’est donc pas une invention de Jean de Nostredame. L’historien aixois ne fait que reprendre une tradition qui se développe selon deux axes : le personnage de Tersin et les invasions des Sarrasins en Provence. Le XVIe siècle voit se développer d’abondantes publications de romans de chevalerie ; le lecteur est alors friand de méta-histoire. Nostredame met en scène un héros sarrasin qui se convertit au christianisme : Tersin est un héros médiéval. Le Sarrasin illustre une geste. Meyer insiste, avec raison, sur les emprunts à l’épopée française (Meyer /225/ p. 56). Les personnages de Roland, Thibaud et Olivier appartiennent à cette geste, mais nous savons que Roland n’est pas exclusivement français et rien ne contredit l’idée d’une épopée occitane que Meyer n’exclut d’ailleurs pas (Meyer /225/ p. 54). Robert Lafont a montré que Le Roman d’Arles appartient au cycle de la geste de Guillaume (Lafont /82/, /83/). Nous relevons que le personnage de Vivien/Vezian joue un rôle important que Nostredame ne souligne pas. Seul Tersin semble l’intéresser. De même, les Aliscamps ne sont pas nommés, simplement suggérés à propos du champ de bataille et des sépultures franques. Lafont montre également que le déplacement d’Archamp en Aliscamps est le fait indiscutable qui transporte la thématique de cette geste vers la Crau et l’espace provençal (Lafont /82/ p. 177-180). Cet épisode est tout entier dominé par la bipolarité Tersin/Charlemagne. deux gestes se dessinent, d’abord antagonistes, puis rassemblées dans la conversion finale du Sarrasin. Il s’agit d’un couple guerrier, un couple que soutiennent leurs armées respectives. Leur force est encore plus puissante dans les versions B, C, D et F qui ne comportent pas les personnages de Roland et d’Olivier. L’absence de Charlemagne du champ de bataille révèle la force de Tersin, sa ruse et sa clairvoyance. Charlemagne ne peut vaincre Tersin qu’en le privant d’eau. Le Sarrasin doit alors son salut aux ténèbres des grottes arlésiennes. Les symboles ainsi mis à jour (l’eau nourricière, la fuite dans les ténèbres) définissent ce texte comme le palimpseste d’un roman médiéval. La puissance et la force restent à l’empereur. Tersin est l’autre face de la guerre : la ruse et la stratégie. Les Sarrasins existent pleinement quand ils s’ensevelissent dans les ténèbres. Ombre et lumière, la bipolarité réapparaît et confirme un fonctionnement symbolique médiéval, repris ensuite au XVIe siècle.

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La conversion de Tersin ne peut que clore ce texte. Il est tentant d’établir un parallèle avec La Chanson de Roland. Si Marsile est tué en combattant, Bramimonde sauve son âme. C’est Charlemagne, encore une fois lumière et puissance, qui guide la conversion. Comment ne pas songer, toutes proportions gardées, à la propre conversion des Nostredame, à la « lumière » qu’ils ignoraient ? La lignée royale de Tersin termine la geste. Toute l’Occitanie médiévale se trouve réunie dans une origine commune. Ce n’est qu’après avoir été fait prisonnier que Tersin trouve son véritable chemin. Les morts de cette guerre gardent pieusement leur identité gravée dans leur chair. Ces sépultures découvertes, Aliscamps christianisés, les protègent à jamais.

Les Sonnets de Jean de Nostredame : palimpseste et formes inavouées

Dans l’édition des Vies, Camille Chabaneau et Joseph Anglade établissent les preuves des mensonges de Jean de Nostredame. Ces falsifications concernent notamment la répartition spatiale du corpus des troubadours ainsi que de nombreuses erreurs de chronologie. Chabaneau distingue un troisième type : l’invention de plusieurs troubadours. Certaines poésies publiées dans l’édition de 1575 sont donc apocryphes ; Chabaneau en conclut que Nostredame est l’auteur de ces poèmes (Nostredame /11/ p. (50)). Chabaneau publie également trois sonnets qu’il attribue à l’écrivain aixois (Nostredame /11/ p. 265-266). Ceux-ci sont conservés dans un chansonnier de troubadours ayant appartenu à Nostredame158. Paul Meyer, qui avait identifié le caractère apocryphe de ces poèmes, signale qu’ils sont d’une écriture plus récente que celle de l’ensemble du manuscrit (Meyer /184/ p. 10). Un examen attentif de ce manuscrit infirme ces affirmations : ces sonnets sont bien d’une écriture différente, mais contemporaine de celle de l’ensemble du chansonnier ; celle-ci pouvant être datée du XIVe siècle. Ce chansonnier (f selon la classification de Bartsch) a été étudié par F. Pirot qui démontre qu’il s’agit en fait du « chansonnier de Lauris » (Pirot /352/). Cette appartenance est confirmée par la donation contenue dans les M. Le problème reste entier en ce qui concerne les trois sonnets attribués à Nostredame. L’écriture n’est pas celle de l’historien aixois, nous sommes sur ce point formel. Ces trois sonnets sont attribués dans f à Jacmes Mote, Blacacet et Bertran de Lamanon. Jacmes Mote n’est connu que par ce poème et un sirventès qui figure également dans f. Blacacet et Bertran de Lamanon sont par ailleurs des troubadours reconnus. Un examen attentif des deux poèmes de Mote montre une certaine disparité linguistique, une distance avec la langue du Trobar. La langue de ces trois sonnets possède des traits linguistiques qui tranchent avec l’occitan médiéval et, au contraire, certaines permanences qui reflètent un caractère transitoire. Dans le sonnet 1 le maintien des cas sujets « vergues » et « Dieus », parfois hors de leur emploi, n’est pas exceptionnel et garde un aspect emblématique que l’on retrouve encore dans la langue moderne pour « Dieus ». La notation, sporadique, par le digramme ou de [u], est un fait repéré dès le XIVe siècle. La forme « aguet » n’est pas inconnue. Dans ce même sonnet, seule les formes « leissat » et « truop » témoignent d’une évolution tardive de la langue qui, dans le premier cas ne saurait être datée avec précision (« leissat » nous apparaît poser le problème d’une re158

BN 12472 fonds français.

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connaissance phonétique de la graphie), et dans le second ne peut être évalué qu’en fonction des évolutions ultérieures de la diphtongaison de o. Notons encore un « leur » pour « lur », graphie de eu pour [ü] qui nous paraît d’origine française. En conclusion, et du strict point de vue linguistique, la langue de ce sonnet comme celle des deux autres ne peut être totalement reliée à celle des XIIe et XIIIe siècles. Il est donc fort possible que nous soyons en présence d’une réécriture de poèmes de Mote, Blacacet ou de Lamanon par un copiste du XIVe ou du XVe siècle ou d’une fausse attribution. Nostredame est hors de cause, l’écriture de ces poèmes peut être datée des XIVe ou XVe siècles. Il faut donc recourir à une autre explication qui mettrait en scène des strates successives d’un même texte. Cette explication nous permet également d’expliquer la forme de ces poèmes. Ce sont des sonnets, repérés comme tels de nos jours. Codifié en Sicile par Giacomo da Lentini, le sonnet, d’origine occitane, connut une expansion en Italie et surtout en Toscane. Au XIVe siècle, Pétrarque en fait une utilisation conséquente. C’est donc, avec une forme voisine le strambotto qui le concurrence quelque peu, une forme poétique teintée de modernité et qui va, peu à peu, s’imposer dans toute l’Europe. Il est fort possible qu’un esprit provençal des XIVe et XVe siècles, formé à l’école italienne, ait utilisé cette forme poétique tout en ne devinant pas le destin exceptionnel de ce genre. Le sonnet, codifié à l’italienne comme le montre les rimes des tercets de nos trois poèmes, est alors une forme fixe comme une autre qui, sous l’influence pétrarquisante qui se développe en Italie, aurait pu tenter l’écriture provençale des XIVe et XVe siècles, de façon marginale et sporadique, mais assez soutenue pour que nous puissions le remarquer. Cette constatation induit donc un nouveau chemin littéraire pour le sonnet européen : d’Italie, il serait passer en Provence avant de toucher l’Espagne et la France, géographie des formes poétiques qui n’est en rien étonnante au regard des échanges culturels. Soulignons donc ce fait : ces trois poèmes sont les premiers sonnets écrits en occitan (excepté ceux de Lanfranchi da Pistoia et de Dante da Maiano) bien avant Marot et Mellin de Saint-Gelais. La reprise thématique que l’on observe dans les Vies n’est pas de l’ordre de la supercherie, mais de celui des emprunts divers dont nous avons déjà parlé. Nostredame a pu reprendre certaines allusions, comme celle de l’herbe d’Anticyre (l’ellébore), déjà présente dans la littérature antique chez Horace par exemple, comme il le fait pour d’autres thèmes et nourrir son corpus au contact de ces sonnets. Un vers est attribué à Raymond Féraud (l’incipit du sonnet 3), mais dans les M Nostredame se trompe de date quant à l’écriture de La Vida de Sant Onorat et se corrige dans la marge. Ces trois sonnets ne sont pour lui qu’un outil de travail qu’il convient d’utiliser : remarquons toutefois qu’il ne sont pas reproduits dans les Vies alors qu’ils auraient pu figurer aux notices correspondantes. Il semble bien que Nostredame ait eu à faire des choix dans le corpus qu’il connaissait ou qu’il réécrivait au fur et à mesure de la rédaction de son ouvrage. L’attribution de ces sonnets et le caractère général des pièces données comme apocryphes posent le problème du statut de l’Auteur. Chabaneau, Meyer et Anglade s’accrochent à une conception littéraire qui est celle de leur siècle. Mais ne peut-on dans la tentative multiple de réécriture dont témoignent ces textes y voir une absence d’Auteur pour établir des permanences d’auteurs qui gravitent autour d’un corpus donné, sans cesse réécrit, en palimpseste organisé ? Ce devait être pratique courante en ces siècles que de réécrire suivant les options de la modernité des poèmes qui ne sem169

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blaient plus lisibles ; c’est du moins l’idée directrice des Vies qui infléchit le seul caractère apocryphe de l’ensemble de ces textes. François de Pérussis de Lauris, est le premier propriétaire identifié de ce chansonnier. Sa famille est originaire de Florence et fait souche dans le Comtat. Elle y occupe une place importante ; Louis de Pérussis est un chroniqueur des Guerres de Religion qui a publié plusieurs ouvrages.159 Nous reconnaissons l’écriture de Jean de Nostredame à la fin de ce manuscrit. L’historien aixois recopie un poème afin visiblement de reconstituer un corpus médiéval, poème peut-être lu sur un autre chansonnier (Sault ?) et qui aurait trouvé sa place ici. La forme stylistique de cette pièce est proche du sonnet. Faut-il voir ici une modernisation de ce poème entreprise par Nostredame ? Meyer et Chabaneau ne parlent pas de cette pièce qu’ils ne semblent pas avoir lue. Jean de Nostredame peut difficilement exclure la pratique de la poésie car la « voie haute » tente de rivaliser avec les autres écritures européennes et ne doit pas ignorer la forme poétique. La poésie illustre la langue. L’écriture poétique est, depuis les débuts de la Renaissance, elle-même nourrie de pétrarquisme, la principale expression des écrivains. Jules-Raymond de Soliers assure que Nostredame était un poète remarquable (Nostredame /11/ p. (48)). Nous ne connaissons pas de recueil poétique dans lequel l’écrivain aixois aurait réuni ses poèmes. Ses œuvres historiographiques portent la trace d’une grande culture poétique, mais aucun de ses textes n’a été retrouvé dans ses travaux historiques. La thèse de Chabaneau consiste à établir une série de textes apocryphes et cela à partir des inventions contenues dans les Vies et du rétablissement d’une vérité scientifique, texte médiéval à l’appui. Nous savons effectivement que pour satisfaire les grandes familles provençales, Nostredame introduit dans ce corpus des faux-troubadours, des spectres littéraires. Les textes cités sont donc apocryphes. Nostredame aurait placé en palimpseste ses propres textes poétiques ou des textes antérieurs pour en quelque sorte nourrir un corpus inventé et rendre crédible des noms cités. Une réécriture de ces textes ne peut être mise en doute. Au-delà des poèmes apocryphes, nous devons remarquer que c’est l’ensemble du corpus occitan des Vies qui apparaît « tiré » vers le XVIe siècle : il n’est pas utile d’être un médiéviste averti pour s’apercevoir que nous ne sommes pas en présence d’une restitution linguistique parfaite. Nostredame choisit, rappelons-le, une option vulgarisatrice, une lecture simplifiée des troubadours. Le caractère apocryphe des pièces concernées s’appuie donc sur une non-identification textuelle effectuée par Chabaneau et toujours d’actualité, et sur des remarques linguistiques qui sont, il est vrai, parfois valables pour l’ensemble du corpus des Vies, apocryphe ou non. Ce n’est que par la complémentarité de ces deux aspects que la démonstration est concluante. Nous ne reviendrons pas sur ce qui a déjà été fait par Chabaneau, préférant nous attacher au domaine linguistique. Nous prendrons nos exemples dans le seul poème 14, exemples qui sont révélateurs et peuvent être étendus aux autres textes. Ce sont : la graphie de phénomènes linguistiques témoignant d’une évolution postmédiévale : ou pour [u] : « Lou segnour », 159 Il s’agit de : Discours des Guerres de la Comté de Vanayscin et de la Provence, Avignon, 1563, et de Le Second Discours des Guerres de la Comté de Venayscin..., Avignon, 1564. Les additions manuscrites sont conservées à la bibliothèque d’Avignon (2773, 2774, 2775) sous le titre : Record ou Sommaire de ce qui est advenu depuis le Segond mien Discours des Guerres aux annees 1564, 1565, 1566, 1567, 1568, 1570, 1571, 1572 et autres annees.

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« toujour », l’abandon des cas grammaticaux (cas sujet et cas régime) et la réfection des pluriels sur le seul cas régime, une morphologie verbale semblable à celle de la langue moderne (subjonctifs en a, assa...). Nostredame ne cite pas l’intégralité des poèmes, simplement quelques fragments. Ces vers reconstitués, réorganisés, apparaissent comme des sonnets tronqués. Le texte 14 est un sonnet à part entière. Les rimes des tercets sont bâties sur le modèle de la métrique italienne (cdc/cdc). Les autres pièces peuvent constituer des fragments de sonnets : - le texte 1 le premier vers d’un quatrain et un tercet (rimes cdd), - le texte 2 un tercet (rimes cde), - le texte 3 un quatrain, - le texte 4 le premier vers d’un quatrain et le deuxième quatrain, - le texte 5 un quatrain, - le texte 6 deux quatrains, - le texte 7 un quatrain, - le texte 8 le vers d’un quatrain et les deux tercets (rimes cde/cde), - le texte 12 un tercet (rimes ccd), - le texte 13 un quatrain, - le texte 15 un quatrain, - le texte 16 un quatrain, - le texte 19 un quatrain, - le texte 20 deux quatrains. Il faut rajouter à cet ensemble des pièces d’un seul vers (9), de deux vers (10 et 11), deux poèmes qui ne sont pas des fragments de sonnet (17 et 18), l’épigramme qui clôt les Vies (21) et un apocryphe de Folquet de Romans publié par Chabaneau (22). Ces poèmes ne sont pas le fait d’un troubadour ; seul Nostredame a pu les placer dans les Vies. Les trois sonnets du chansonnier f ne sont pas repris à l’intérieur de ce corpus et fournissent seulement matière à la rédaction des notices. Reste à savoir si Nostredame est vraiment l’auteur de ces poèmes. N’aurait-il pas pu insérer quelques poésies de ses contemporains ? N’aurait-il pas pu moderniser des textes troubadouresques ou s’appuyer sur une tradition modernisatrice qui transparaît dans les trois sonnets de f. S’il l’avait fait, ce serait sans nom d’auteur, sans mention, en pure perte pour une œuvre poétique qui se serait fondue à l’intérieur des Vies. N’oublions pas que cette entreprise répond à une nécessité pratique : celle de trouver des poèmes pour des troubadours qui n’existent pas. Le fait que les trois sonnets de f n’aient pas été repris dans l’édition de 1575 prouve que Nostredame entend placer d’autres poèmes puisés à un ensemble textuel plus important qu’il n’y paraissait. Mais que penser de cette substitution ? Le palimpseste est mis en place, mais anonyme, pari littéraire qui entend reconstruire un texte troubadouresque qui n’a jamais existé comme tel, volonté pratique qui est révélatrice d’un malaise plus profond. Nostredame a-t-il été dépassé par sa tâche ? Reconstruire dans un jeu de rôle un texte fragmenté est à la fois grisant et nécessaire pour « naître en écriture poétique ». Nous ne pouvons savoir si ces poèmes apocryphes ont été écrits à cette occasion ou s’ils constituent des fragments d’œuvres antérieures. De toutes façons, les règles du jeu ainsi établies pouvaient permettre au texte d’éclore, mais un texte de l’ombre et de la dépersonnalisation de l’écriture.

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La reprise de certains topoï troubadouresques (vers isolé du texte 9) et l’influence pétrarquisante situent ce palimpseste poétique dans le projet qui anime l’écrivain provençal. Ces poésies tentent d’établir une synthèse entre un corpus troubadouresque occitan et la modernité poétique du XVIe siècle. À cet égard, le choix du sonnet comme forme stylistique est exemplaire : ces poèmes placent les troubadours comme fondateurs d’une forme littéraire qui est à son apogée en 1575. Cette opération nourrit le texte de Jean de Nostredame, mais il s’agit de poèmes indicibles, inaccessibles dans leur authenticité d’écriture. L’écrivain aixois construit son œuvre poétique sur un autre texte, se cachant derrière ses illustres devanciers. Cette attitude littéraire révèle l’échec de la voie haute. Comment concevoir alors que la forme poétique soit clairement avouée. Elle ne peut être que suggérée ; Nostredame tronque la linéarité de ses poèmes. Le sonnet ne figure pas une phrase, une parole qui se déroule, ruban de mots... Il est image en haillons, poésie dépenaillée.

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ANNEXES Pièce n° 1 Qui en ric’ amor met son cor, et son pes, Si tot li tarza ric guyzardon aten ; Qui ric senhor pot servir lonjamen, Si tot bestensa pueyssas l’en pren merces, Que mais li pot en sol un jor servir, Que nul paure non faria d’un an, Per qu’ieu n’attend l’onor eăl ioy tan gran Qu’en ric parage ay pauzat mon albir, Ben li pregara si a leis li plagues Queăm consentis un celat parlamen Car s’ieu la uauc uezer tot a prezen, Diran messongas mant enuejos playdes.

Nous publions ici le texte recopié de la main de Nostredame, figurant au fo 74 r° du chansonnier f. (« Celui qui place en un riche amour son cœur et sa pensée, / Même si elle lui tarde, il en attend une riche récompense ; / Celui qui est capable de servir longtemps un riche seigneur, / Même si celui-ci le fait attendre, ensuite il le prend en miséricorde, / Car il peut lui être davantage utile en un seul jour / Qu’aucun pauvre ne le pourrait en une année. / Voilà pourquoi j’attends l’honneur et la joie suprêmes, / Car j’ai placé ma pensée en riche lieu. / Je la prierais volontiers, si cela lui agréait, / De m’accorder une entrevue secrète, / Car si je vais lui rendre visite publiquement, / Bien des querelleurs fâcheux diront des mensonges. ») Nous proposons pour ce texte une traduction, mais le sens reste parfois obscur. Pièce n° 2 Nous publions ici les poèmes apocryphes des Vies selon la liste dressée par Chabaneau (Nostredame /11/ p. (50)-(51)). 1 Anas vous en pauras rymas dolentas, (...) Fazes auzir vostras kastas preguieras Tant doussament, qu’a pietat sia moguda De s’inclinar a ma justa demanda.

Ce fragment de sonnet est attribué à Arnaud de Meyruelh (Nostredame /8/ p. 65-67, /11/ p. 43). Il aurait été adressé à une comtesse qui, charmée par ces vers, aurait décidé de protéger le poète. 2 O cor ingrat, rude, e inexorable, Plus dur cent fes a plegar qu’un gros aubre, Coura aura fin vers my ta crudeltat ?

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Ce poème a été attribué à Savaric de Mauléon (Nostredame /8/ p. 106-108, /11/ p. 67). Ces trois vers auraient été composés pour une jeune femme de la famille de Glandèves. 3 Yeu voly faire esclatir ta memoria En tantas partz de ta perfection, Qu’estaran tous en admiration D’auzir comptar de tous bels fachs l’hystoria.

Hugues de Pena aurait été l’auteur de ces vers adressés à la reine Béatrice, femme de Charles d’Anjou (Nostredame /8/ p. 147-149, /11/ p. 89-91). Nous savons que la famille Pena a tenu une place importante au XVIe siècle (Legré /173/). 4 Desportas vous, Amy, d’aquest amour per aras, (...) Mais comma faray yeu (diz’ieu) mas Amours karas My poder desportar d’aquest’ affection ? Car certas yeu endury en esta passion Per vous ingratament mantas doulours amaras.

Albertet de Sisteron était amoureux de la marquise de Mallespine et aurait composé pour elle une chanson en forme de dialogue (Nostredame /8/ p. 165-167, /11/ p. 102). « Diz’ieu » ne peut être expliqué que dans le cadre du dialogue. Il faut sous-entendre que le premier vers donne la parole à la marquise de Mallespine, comme d’ailleurs le laisse penser le mot « amy ». 5 Aquesta estranja Amour non si pot eslugnar Tant fort pregon yeu l’ay dedins ma testa messa, Que d’enfra mon ostal ou quand yeu auzi Messa, Ont yeu soy sottament my laisse gazagnar. 6 Dura pietat, e trop long jauziment Mi fan mourir per trop la dezirar, Son ingrat cor que ly a fach virar L’amour qu’avya en my, tant fermament. Mays dont ly ven si courajouzament M’auzir en van tantas fes souspirar, E si vouler sen kauza retirar De my, que l’ay amada couralment ? 7

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L’HYSTOYRE, LES PROESMES ET LE POEME

Filhas, plouras, e vous mayres fecondas, Car lou Soulelh de vostre honnour perdut Davant son cours natural s’es rendut En l’Ombra, e fin de las domnas facondas.

Ces fragments auraient été écrits par Bertrand de Marseille pour une jeune fille de la famille Porcellet d’Arles (Nostredame /8/ p. 189-191, /11/ p. 114-115). Une famille Porcellet est attestée au XVIe siècle en Arles. 8 S’ella era un pauc plus liberalla, e larga, (...) V’autres vezez, ô Dieus justes venjayres, Qu’ell’ a son cor plus dur que lou Dyaspre, E qu’yeu non podi eschivar sa rudessa. Fazés (au mens) qu’en aquestous afayres, Ella non l’aya ingrat, ny dur, ny aspre, Mais my sia doussa autant qu’a de bellessa.

Nostredame attribue ce texte à Rostang Bérenguier de Marseille (Nostredame /8/ p. 192-194, /11/ p. 115-116). Celui-ci aurait été amoureux d’une demoiselle de la maison de Cibo de Gênes. Nous savons quels liens unissent Nostredame et les Cibo. Vers 3 : « Dyaspre » : jaspe. Vers 4 : « eschivar » pour esquivar. ch est peut-être un italianisme. « Dyaspre » pourrait également avoir une origine italienne (cf « diaspro »). La parole usitée au XVIe siècle était « jaspe ». 9 Pueis que dal cor my ven, faray kanson nouvella,

Texte de Peyre Milhon, maître d’hôtel du comte de Poitou (Nostredame /8/ p. 195, /11/ p. 117). « faray kanson nouvella » est un topos du corpus troubadouresque. 10 Elle a son cor tant hault qu’elle mespreza So que l’on ten en grand pres e honnour,

Ozil de Cadars aurait été écuyer de Guillaume IX d’Aquitaine (Nostredame /8/ p. 196, /11/ p. 117-118).

11 Kascun jour m’es benafort mays d’un an Quand yeu vezy aquella que tant amy,

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DEUXIÈME PARTIE

Ces vers sont attribués à Loys Ameryc, secrétaire du comte de Poitou (Nostredame /8/ p. 197, /11/ p. 118). 12 En vous yeu ay messa (Seguent ma promessa) Mon cor, e m’amour.

Ces trois vers, attribués à Guilhem Bouchard, ont été écrits pour une demoiselle de la maison de Laincel (Nostredame /8/ p. 198, /11/ p. 118). 13 Dieu de mon esperansa, e ma forsa e vertut, Fay qu’yeu non siey contrari a ta ley pura e santa, En temps d’adversitat, quand l’enemy m’enkanta, E my conselha d’estre eslugnat de vertut. 14 Lou segnour Dieu t’ezauce e toujour ty defenda Als malvays jours troublaz et ty mande secours, Rey poderouz, alqual lou poble ha son recours, Apres Dieu que t’a fach, grand vencedour ty renda. Lou segnour que t’a fach, tas preguieras entenda, Fassa flourir ton nom tos temps mays en tas cours, Puesques tu veyre en pax de tous jours lou long cours, E que d’un bout d’al mounde a l’autre, aias la renda. Lous uns en kavals fiers, autres en granda armada, En thezaurs infinis, en kauzas transitorias Si fizan totalement e y han esperansa. Mays tu, auras de Dieu d’excellentas victorias, E tout son poble aura sa vollontat armada A toujour t’obezir per ton asseguransa. »

Ces deux textes ont été attribués à Guilhem dels Almarics qui fut amoureux d’une femme de la maison d’Arcussia de Capro (Nostredame /8/ p. 199, /11/ p. 119). 15 Lo non m’en kal de tas rymas grossieras, Ny mays d’y estre (ont que sia) mentauguda, Sabes qu’y ha, fay qu’yeu en sia moguda, Car non las hay ren en grat volontieras. »

Ce poème, contenu dans la notice de Peyre Roger, n’est pas de ce troubadour (Nostredame /8/ p. 202-204, /11/ p. 122-123). Peyre Roger fut amoureux de Huguette des Baux qui délaissant l’amour du poète lui envoya cette chanson.

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L’HYSTOYRE, LES PROESMES ET LE POEME

16 D’aquesta ingratta yeu non ay ren agut Que dur afan en mon van ezercicy, E penssant yeu ly aver fach servicy, Ay conneyssut que non fa son degut. »

Cette pièce est attribuée à Geoffroy du Luc (Nostredame /8/ p. 205-207, /11/ p. 132134). 17 Touta kauza mortala una fes perira, Fors que l’amour de Dieu, que tousjours durara. Tous nostres cors vendran essuchs, coma fa l’eska, Lous aubres leyssaran lour verdour tendra et freska, Lous aussellets del bosc perdran lour kant subtyeu E non s’auzira plus lou rossignol gentyeu, Lous buols al pastourgage, e las blankas fedettas Sent’ran lous agulhons de las mortalas sagettas, Lous crestas d’Arles fiers, renards e loups espars, Kabrols, cervys, chamous, senglars de toutas pars, Lous ours hardys e forts, seran poudra, e arena, Lou Daulphin en la mar, lou ton e la balena, Monstres impetous, ryaumes e comtas, Lous princes e lous reys seran per mort domtas. E notà ben eysso kascun : la terra granda, (Ou l’Escritura ment) lou firmament que branda, Prendra autra figura. Ensins tout perira Fors que l’amour de Dieu que toujour durara.

Nous avons déjà parlé de Bernard Rascas de Bagarris et des liens qui l’unissent à Nostredame. Ce texte lui est attribué (Nostredame /8/ p. 220-223, /11/ p. 132-134). Vers 3 : « eska » : fibre végétale desséchée. Vers 9 : « crestas » : taureaux châtrés. 18 Drech, e razon es, qu’yeu kanti d’amour, Vezent qu’yeu ay ja consumat mon age A l’y complayre, e servir nuech, e jour, Sensa aver d’el profiech ny avantage, Encar’ el si fai cregner (Doulent) et non si fegner My pougner la courada De sa flecha daurada Embe son arc (qu’a grand pena el pot tendre) Per so qu’el es un enfant jouve e tendre.

Poème attribué à Guilhem Boyer (Nostredame /8/ p. 232-235, /11/ p. 140-141).

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19 Lou jour del nom qu’en mon cor tant s’imprima, Fon aquel jour de ma destruction, De ma ruyna e ma perdition, Qu’ay ma persona enequalida, e prima.

Ricard de Barbezieux aurait écrit ce poème (Nostredame /8/ p. 242-244, /11/ p. 145146). 20 Lo my souffis par augmentar mon drech, Que ma fe sia de tous recouneguda, S’yeu vac querend cauza a my non deguda, Yeu pregue a Dieu, qu’yeu siey e mort, e frech. Lo me sufis d’annar lou camyn drech, Non pas cercar la vya incouneguda, Mays que seria donc ma fe devenguda ? Non seryeu yeu mechant en tal endrech ? »

Texte attribué à Pierre de Bonifacis (Nostredame /8/ p. 245-247, /11/ p. 147-148). 21 Amy lecteur, le païs de Provence Autant qu’en fruits fertile en bons esprits, Quand maints seigneurs cherissoyent la science, A foisonné des excellens escrits, Où à bon droit les vices blasonnez, Et beaux discours de l’aigre-doux Amour Estoyent chantez par sons et par sonnets, Aussi de Mars mainte alarme et maint tour. Le temps, helas, nous a presques fauché Tout tant d’exquise et docte poësie, Qu’en provençal escrite avoit esté, Langue jadis de plusieurs gens suyvie. Ce nonobstant du peu qui est resté, Si juger veux sans nulle passion Apres Petrarque, et à la vérité, Tu cognoistras par l’ongle le Lïon. B. A. A. P.

Cet épigramme français clôt les Vies. La signature de ce poème n’a pas pu être décodée. Le dernier vers est énigmatique ; nous ne comprenons pas le sens de cette prophétie.

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22 Canson qui voldria dire Qu’yeu no soy de Romans Volly souffrir martire E la mort de mas mans.

Ce court poème est attribué à Folquet de Romans. Il ne figure pas dans les Vies, mais dans les tables de Carpentras que Chabaneau a éditées en annexe. La CF 534-535 renferme en effet quelques vies qui n’ont pas été reprises dans l’édition de 1575 (Nostredame /11/ p. 155). Pièce n° 3 Nous publions les quatre premières notices de la CF 536. fo 1 r° CCLV Arles

On voit en Arles le grand reste d’ung Amphiteatre, et plusieurs autres monumens auquel comme il est vraysemblable, l’Empereur Gallus apres avoir reconquis toute l’Europpe contre les tyrans, celebra ses beaulx et magnifiques spectacles au VIeme des Ides d’octobre. Poldo, apres Pompo Letus. De ce temps, Arles estoit ville noble, riche et oppulante, mays subjecte a plusieurs sedictions civiles. Poldo apres Amian. CCXIII Ries Il est trop certein que Sylvestre Pape premier du nom baptiza Constantin empereur qu’estoit surpris de lepre et apres avoir receu le sainct baptesme, fut guery. Ceulx de Ryes treuvent qu’il fut baptize au chateau car dans l’eglise du dict Ries, au deriere du grand autiel, au pave de l’eglise, on y voit ce Constantin pourtraict a cheval coroné et armé en ouvrage musaique, et ces deux versetz qui l’envyronent : Rex Constantinus leprosus virque benignus Sanus est factus sacro baptismate tactus. Arles De ce temps, furent tenus plusieurs conciles dessoubz Silvestre pape, et entre autres ung en la cite d’Arles par lequel il donne conseilh aux jeunes gens d’eglise de quelque dignite qu’ilz soient de ne se remarier s’il est possible s’ilz soient separez par adultere de leurs femmes. Concil chapitre 60. fo 1 v° CCXXVI Arles En Arles fut tenu ung autre et second concille dessoubz Sylvestre pape auquel fut ordonne que nul ne doibt estre admys a l’estat ecclesiastique quand il est constitue aux lyens de mariage s’il ne promect s’en abstenir. Concil. Estat.

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Chapitre V

LES PREMIERS SONNETS OCCITANS : MIROIRS ET ÉCRITURES MULTIPLES* La recherche littéraire en domaine occitan s’est constituée sur un ensemble textuel fragmentaire qui laisse parfois peu de place aux vues d’ensemble et aux synthèses analytiques. La lecture de certains textes, parfois méconnus, sous-estimés ou simplement « inventés » confirme ou infirme des analyses qui ne peuvent, malgré ce qui est dit dans une étude, être classées comme « définitives »160. C’est ainsi que travaillant sur l’œuvre de Jean de Nostredame, nous sommes amené à emprunter un chemin déjà parcouru (en partie seulement) par Paul Meyer et Camille Chabaneau161. Dans un article récent, nous émettions l’hypothèse, à la suite d’arguments développés par Camille Chabaneau et repris par Philippe Gardy, que les poèmes apocryphes publiés en 1575 dans les Vies des plus celebres et anciens poetes provensaux ne répondaient en fait à une substitution littéraire, un palimpseste organisé par l’écrivain provençal162. Nous y avons également publié trois sonnets attribués à Jean de Nostredame et insérés dans un chansonnier de troubadours ayant appartenu à l’auteur des Vies. Meyer et Chabaneau avaient édité en leur temps ces sonnets qui sont considérés, si l’on excepte ceux de Lanfranchi da Pistoia et de Dante da Maiano, comme les « premiers » sonnets occitans163. Nous émettions quelque doute au sujet de leur appartenance à l’œuvre de Nostredame sans pousser plus avant notre démonstration ne disposant pas des éléments essentiels à notre analyse. Nous sommes actuellement en mesure d’envisager avec plus de distance et de critique l’origine et la date d’écriture de ces sonnets. La paternité d’écriture de Nostredame pouvant être aisément démentie, il nous reste à analyser le « pourquoi et le comment » de l’écriture de ces poèmes qui constituent certainement un document de première importance pour l’histoire de cette forme poétique en Europe. Ce chapitre reprend un article publié dans la revue Lengas (n°40, Montpellier, 1996, p. 35-61). Nous le publions ici tel quel, avec ses propres références bibliographiques. 160 Cf. Pierre Pasquini, Les Pays des Parlers perdus, Les Presses du Languedoc, Montpellier, 1994, p. 164, note 23. 161 Paul Meyer, Les Derniers Troubadours de la Provence, Paris, 1871, réimp. phot. Marseille, 1973 et Jehan de Nostredame, Les Vies des plus célèbres et anciens poètes provençaux, édition de Camille Chabaneau et de Joseph Anglade, Champion, Paris, 1913, réimp. phot. Genève, 1970. 162 « Les Sonnets de Jean de Nostredame : palimpseste et formes inavouées », Revue des Langues Romanes, « Sonnets et Sonnettistes occitans (1550-1630) », tome xciv, Montpellier, 1990, p. 219-236. Nous infirmons donc ici ce que nous avons dit dans cet article. Philippe Gardy reprend et amplifie les arguments de Chabaneau : L’Écriture occitane aux XVIe, XVIIe, XVIIIe siècles. Origine et développement d’un théâtre occitan à Aixen-Provence (1580-1730). L’Œuvre de Jean de Cabanes, 2 vol., Centre International de Documentation Occitane, Béziers, 1986, p. 1012 et 1013 notamment. 163 Meyer, op. cit., p. 131-134, Jehan de Nostredame, op. cit., p. 265-266. Le sonnet [1] a été republié selon la leçon de Chabaneau dans Anthologie des Baroques occitans, édition de Robert Lafont, Aubanel, Avignon, 1974, rééd. Centre d’Études Occitanes, Montpellier, 2003, p. 54-56 (cette dernière réédition ne tient pas compte de nos rectifications et présente toujours Nostredame comme « auteur » de ce sonnet). Le texte est normalisé suivant les principes de la graphie classique. Pierre Bec publie dans un ouvrage ces trois sonnets (Pour un autre soleil... Le Sonnet occitan des origines à nos jours, édition de Pierre Bec, Paradigme, Orléans, 1994, p. 6-8). Le texte de ces poèmes est également normalisé suivant les principes de la graphie classique. *

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Paul Meyer a consacré une longue étude au chansonnier Giraud. Joseph Anglade et François Pirot ont émis l’hypothèse que ce manuscrit, classé f selon Bartsch, pouvait être le chansonnier Pérussis auquel Camille Chabaneau avait consacré quelques recherches164. Nous voudrions ajouter deux faits en faveur des arguments développés par Pirot. Nous reconnaissons en premier lieu, et ceci en de nombreux endroits, l’écriture de Jean de Nostredame sur ce manuscrit, preuve que l’historien aixois a bien possédé ce chansonnier. Meyer avait émis l’hypothèse que ces annotations pouvaient être de la main de l’écrivain provençal, mais n’avait pu la vérifier totalement165. Ce chansonnier aurait pu par la suite appartenir à César de Nostredame qui s’en serait servi lors de la rédaction de son Histoire de Provence166. Jean de Nostredame y recopie sur un folio vierge une pièce de douze vers que nous avons publiée dans le chapitre précédent. D’autre part les Mémoires historiques de l’auteur des Vies nous apportent un renseignement précieux : dans une notice consacrée à Frédéric II, Nostredame cite quelque vers attribués à l’empereur germanique et note que celui-ci « (...) si delectava a la lengua prouvensalla, car s’atroba dins las obras dels poetas provensals que Monsegnor lou Prezident de Laurys ha aquestous vers (...) »167. Jean de Nostredame est lié à la société parlementaire aixoise dont le Président François de Pérussis de Lauris est un des membres les plus influents. La famille Pérussis, originaire de Florence (Peruzzi), émigre dans le Comtat quelques siècles auparavant. Elle devient influente et donne à la Provence quelques érudits et humanistes dont le chroniqueur Louis de Pérussis168. François de Pérussis, baron de Lauris, fait partie de la branche aixoise de la famille169. Il n’est donc pas étonnant que ce dernier ait possédé un chansonnier et qu’il en ait confié l’étude ou la lecture à Nostredame. Ces deux faits vont dans le même sens que les arguments textuels développés par Chabaneau et repris par Anglade et François Pirot : nous pouvons donc penser avec quasi certitude que le chansonnier Pérussis et le manuscrit f ne constituent qu’une seule et même pièce. Nous ne reviendrons pas sur les poèmes de ce chansonnier ; ils ont été pour la plupart décrits ou publiés par Meyer. Les trois sonnets qui nous occupent figurent aux 164 Ce manuscrit est actuellement conservé à la Bibliothèque Nationale de France (12472 fonds français). Pour l’hypothèse d’Anglade cf. Jehan de Nostredame, op. cit., p. (120) note 1 et p. (122). Cf. également François Pirot, « Sur Quelques Chansonniers provençaux perdus ou égarés », Mélanges de Philologie Romane dédiés à la mémoire de Jean Boutière, Liège, s. d., p. 467-480. 165 En réalité Meyer confirme son hypothèse peu de temps après la rédaction de son étude et publie un addenda dans les appendices de sa publication. Il identifie les deux écritures employées par Nostredame (une aldine et une cursive) en les comparant aux manuscrits autographes de Carpentras. Il ne semble pas comparer les écritures de Nostredame et celle des trois sonnets de f ou n’en dit mot. Elles sont pourtant fort dissemblables. 166 Cf. Pinot, op. cit., p. 469. César de Nostredame publie un sirventès de Bertran de Lamanon qu’il connaît d’après le texte des Mémoires historiques. Il y figure au fo 12 v°. Ce n’est donc pas f qui lui sert dans ce cas, car ce sirventès n’y figure pas. 167 Fo 22 v°. 168 Loys de Pérussis est l’auteur de plusieurs relations des Guerres de Religion dans le Comtat Venaissin qui renferment également des considérations diverses sur la Provence (Discours des guerres de la Comté de Venayscin et de la Provence .... Avignon, 1563 et Le Second Discours des guerres de la Comté de Venayscin..., Avignon, 1564). Une suite de ces discours est toujours manuscrite (Médiathèque Ceccano, Avignon, ms 2773, 2774, 2775). Sur Louis de Pérussis cf. [Blégier de Pierregrosse], Notice biographique et bibliographique sur Louis de Pérussis, Jacquet et J. B. Joudou, Avignon, 1839. 169 Madeleine de Nostredame, fille de Michel, donc sœur de César de Nostredame et nièce de Jean, eut un fils naturel de Claude de Pérussis, fils du Président de Lauris. César indique que François de Pérussis s’opposa à toute union entre les deux familles.

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folios 19 r° (ancienne numérotation 21 r°) pour les deux premiers et au folio 20 v° (ancienne numérotation 22 v°) pour le troisième170. Paul Meyer a justement noté que ces sonnets ne sont pas de la même main que les autres pièces du manuscrit et ont été rajoutés dans des espaces laissés blancs ; c’était pratique courante que de « combler des vides » avec d’autres pièces rapportées par les différents possesseurs ou « utilisateurs » du manuscrit afin de constituer un corpus qui, par ce fait, ne possède pas d’homogénéité d’écriture (ce qui était relativement fréquent à cette époque). Meyer émet par la suite une hypothèse séduisante : ces trois sonnets sont l’œuvre de Jean de Nostredame qui aurait ainsi « falsifié » à dessein ce chansonnier. Chabaneau reprend cet argument et attribue définitivement ces trois poèmes à l’auteur des Vies. Nous examinerons les arguments de Meyer et de Chabaneau, mais il nous faut dès à présent établir un fait certain : l’écriture de ces trois sonnets n’est pas celle de Jean de Nostredame, par ailleurs largement identifiable en d’autres endroits du manuscrit. Un examen attentif de cette écriture prouve même une antériorité par rapport au XVIe siècle : sans qu’elle puisse être datée avec certitude, elle apparaît comme étant plutôt des XIVe ou XVe siècles. Quel est donc ce scripteur ? Meyer note que l’écriture de l’ensemble du chansonnier appartient au XIVe siècle. Le premier possesseur identifié de ce manuscrit est François de Pérussis de Lauris qui l’aurait par la suite « cédé » à Nostredame. Ce chansonnier a-t-il été élaboré pour cette famille ou pour une autre famille provençale ? À quelle source le compilateur a-t-il puisé ? Le scripteur qui « rajoute » ces trois sonnets était-il un membre de la famille Pérussis, un proche ? Autant de questions auxquelles il est actuellement difficile de répondre, car l’histoire de ce chansonnier, en amont du premier possesseur identifié, ne nous est pas connue. L’écriture de ces sonnets est antérieure à celle de Nostredame. L’hypothèse de Meyer et de Chabaneau se base sur le caractère falsificateur de l’écrivain aixois. Sans remettre en cause « les erreurs » des Vies, elles nous semblent d’une autre nature et répondent à une élaboration plus complexe sur laquelle nous reviendrons. Maintenir la paternité de Nostredame serait lui reconnaître, en plus de ses talents « mensongers », une qualité de faussaire graphique exceptionnelle. Mais pourquoi une telle entreprise alors que l’écriture de Nostredame est visible sur plusieurs folios du manuscrit ? Il est clair ici que le chansonnier Pérussis constitue pour Nostredame un instrument de travail et que nous y reconnaissons ses méthodes et ses procédés, des capacités de travail et de synthèse communes à tous les humanistes171. Paul Meyer et Chabaneau ne mentionnent pas un poème recopié par Nostredame au fo 72 r° et qui ne correspond à aucune entreprise de falsification même si le sens de cette pièce est parfois obscur. Il s’agit sans doute d’un poème puisé à une autre source et que Nostredame note à cette place dans un souci de conservation. Nous avons publié dans le chapitre précédent cette pièce, intéressante quant à sa forme poétique qui rappelle celle du sonnet. Pourquoi donc entreprendre une double falsification, linguistique et graphique, et laisser sur d’autres folios une signature si visible ? Il est désormais impossible pour nous d’attribuer à Nostredame tant de volontés falsifi170 Nous leur attribuons une numérotation entre [ ] qui ne figure pas dans le manuscrit afin de faciliter la lecture de notre édition. 171 Nostredame possède d’autres manuscrits qu’il consulte pour ses travaux. Le manuscrit des Statuts d’Avignon (Bibliothèque Nationale de France 4659 fonds latin) qui lui appartient présente les mêmes méthodes de travail : renvois, nota, mains stylisées dans la marge... qui caractérisent les recherches des humanistes.

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catrices que démentent un examen attentif du manuscrit et une analyse des situations d’écritures. La démonstration de Paul Meyer se base sur des arguments textuels et linguistiques. Nous connaissons son acharnement à démontrer les falsifications de Nostredame, acharnement qui conduit d’ailleurs à mettre en cause toutes les affirmations de l’auteur des Vies ; il est vraisemblable que Meyer répond en cela à une tradition érudite qui place Nostredame au panthéon des lettres occitanes et qui ne se soucie guère de vérités littéraires et historiques. Mais à la lumière des études sur l’humanisme du XVIe siècle, et sans remettre en cause une grande partie des « inventions » des Vies, nous avons vu que nous pouvions considérer l’œuvre de Nostredame d’une toute autre façon. L’argument principal de Meyer porte justement sur une série de similitudes entre ces trois sonnets et les pièces apocryphes des Vies. Meyer trouve des parentés entre la publication de 1575 et ces poèmes : forme poétique et traces textuelles comme celle relative à « l’herbe d’Anticire » que l’on retrouve dans la Vie de Peire Vida1172. Il est difficile de dater avec certitude l’apparition de cette forme poétique, mais en écho des premiers sonnets de Lanfranchi da Pistoia et de Dante da Maiano qui datent des XIVe et XVe siècles ou plus sûrement en imitation du Canzoniere de Pétrarque ou d’autres textes italiens, il n’est pas impossible que des sonnets ait été écrits en Provence avant le XVIe siècle. Il est vrai que se retrouvent dans les Vies des correspondances textuelles héritées de ces sonnets (ou même des vers entiers)173, mais ne peut-on pas y voir, à rebours de l’argumentation de Meyer, des preuves d’une intertextualité de lecture qui aurait permis à Nostredame de conforter et d’enrichir ses analyses, d’emprunter largement et souvent de façon détournée comme il était d’usage en son siècle, des formes et des contenus qu’il aurait ensuite utilisés ? Par cet éclairage, Nostredame apparaît comme un lecteur peu fidèle, qui dans les Vies cite des sources fantaisistes et « invente » des Troubadours sur une base textuelle qu’il gauchit et qu’il attribue selon des critères dénués de toute vérité historique. Il nous serait donc difficile à la lumière de ces trois sonnets de faire la part de ce qui est apocryphe et de ce qui ne l’est pas. Les pièces des Vies identifiées par Chabaneau comme étant de Nostredame (et que nous avons à notre tour publiées comme telles) sont-elles l’écho d’une falsification ou d’un arrangement textuel et linguistique qui les dénature174 ? Il est d’ailleurs difficile de savoir, dans le cas de sources probables, ce qui est redevable à Nostredame ou à l’auteur (?) l’ayant inspiré. Dans un cas comme dans un autre (la falsification pure et simple ou le travestissement) il s’agit bien d’un palimpseste qui tend à « moderniser » le corpus troubadouresque dans un souci de lecture et de conformité littéraire avec les esthétiques dominantes. Meyer et Chabaneau établissent également un parallèle linguistique entre ces trois sonnets et les pièces apocryphes. Il est indéniable que Nostredame n’invente pas un provençal de toutes pièces et s’inspire des écrits antérieurs, archives, proses et poésies. Il hérite d’une tradition qui se prolonge dans le XVIe siècle et qui est intermédiaire 172 Meyer, op. cit., p. 132, repris par Chabaneau à la p. 265. Toute la démonstration de Meyer figure aux pages 131-132. 173 Cf. notre article de la Revue des Langues Romanes (op. cit.) où nous publions toutes les pièces considérées comme apocryphes et qui constituent des fragments de sonnets ou même pour une d’entre elles un sonnet entier. 174 La démonstration que nous exposons pour ces trois sonnets est guidée en premier lieu par l’écriture de ces poèmes du manuscrit f. Il est néanmoins raisonnable de nous poser la même question pour l’ensemble des pièces données comme apocryphes sans pouvoir conclure et mener cette démonstration à son terme.

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entre la scripta troubadouresque classique (celle des textes des XIIe et XIIIe siècles) et l’absence de norme des écrivains qui lui sont contemporains ou postérieurs. Il existe donc certaines similitudes que nous ne nierons pas entre toutes ces pièces, comme entre les poèmes des Vies qui ne sont pas apocryphes, la prose des Mémoires Historiques et d’autres écrits antérieurs à Nostredame. Ce qui relève du particulier et du général des habitudes graphiques est ici indiscernable. Toutefois, un examen attentif de la graphie employée par Nostredame présente une alternance des notations o et ou pour [u] nettement plus fréquente que dans ces sonnets ; témoignage des hésitations graphiques qui se font jour au début du XVIe175. Nous verrons que la langue utilisée dans ces trois poèmes ne peut se résumer à une falsification humaniste ou à un « air de famille qui frappe à première vue » comme l’indique Meyer. Une histoire de la langue occitane en Provence établirait sans peine cette continuité de scripta dont nous avons parlé à propos de Nostredame et qui tend à résoudre les problèmes linguistiques posés par l’évolution de la langue selon des procédés quasi identiques. Nostredame n’est pas isolé dans l’histoire des lettres occitanes et s’il nous faut évoquer une rupture, il est clair qu’elle se situerait entre l’auteur des Vies et ses successeurs plutôt qu’entre les XIVe et XVe siècles et ses écrits. Paul Meyer a certainement voulu insister sur ce caractère « modernisateur » que possèdent les pièces apocryphes des Vies (absence de cas, morphologie verbale...), mais qui se retrouve, répétons-le, dans l’ensemble des poèmes de l’édition de 1575176. Quant à la langue des sonnets, elle ne nous paraît pas, sauf pour quelques faits, poser problème et se rapporte à l’occitan utilisé en Provence aux XIVe et XVe siècles. Nostredame est influencé par les habitudes graphiques qui perdurent encore au début du XVIe siècle et qu’il conforte dans sa fréquentation des chansonniers et des archives177. Il est donc normal de définir un air de parenté sans que celui-ci ne puisse constituer une preuve d’une falsification d’ailleurs démentie par l’écriture même de ces trois sonnets. C’est donc les XIVe et XVe siècles provençaux qu’il nous faut interroger, siècles qui, dans l’ombre du Trobar, ont été quelque peu délaissés et qu’il conviendrait de redécouvrir, tout au moins de mettre à leur juste place. Ils ne doivent pas figurer en absence d’écriture occitane même si les œuvres qui se dessinent et que l’on connaît parfois qu’à l’état de fragments ou de simples mentions ne peuvent rivaliser avec la lyrique troubadouresque. Leur existence assoie une permanence d’écriture. L’œuvre de Nostredame et des autres humanistes provençaux n’est pas le fruit d’une quelconque génération spontanée, mais elle s’inscrit dans une « longue durée » que l’on peut de nos jours difficilement appréhender. Ces trois sonnets appar175 Nous relevons dans une pièce apocryphe des Vies (le sonnet n°17, cf. notre article, op. cit., p. 230-231) pour [u] 9 notations par o et 26 par ou. La voyelle finale atone est toujours a dans l’ensemble des écrits de Nostredame. 176 Le provençal présent dans Les Vies possède une unité linguistique qui ne relève pas du caractère apocryphe des poèmes. Il faut y rechercher la raison dans l’entreprise même de cette publication et son caractère « vulgarisateur », répondant en cela à certains travaux du XVIe siècle. Rappelons que 1575 voit également la parution de La Cosmographie universelle de François de Belleforest nettement inspirée de celle de Munster et qui s’adresse à un public sensiblement identique à celui des Vies. À titre de comparaison, notons ici la transcription de Nostredame d’un célèbre poème de Jaufré Rudel et sa version établie selon une édition scientifique moderne : « Dieu que fes tout quant van, e vay, - E foret’ aquest’ Amour luench, - My don poder al cor, car hay - Esper, vezer l’Amour de luench » (op. cit., p. 16) « Dieus, que fetz tut quant ve ni vay - e formèt sest’ amor de lonh, - mi don poder, que cór be n’ai, - qu’ieu veya sest’ amor de long » (Jaufré Rudel, Liriche, a cura di Robert Lafont, Le Lettere, Firenze, 1992, p. 66). 177 Nostredame consulte pour ses travaux historiques de nombreuses archives, notamment celles des États de Provence et de la Cour des Comptes déposées à Aix.

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tiennent à cette durée ; ils existent en miroir troubadouresque, inscrits certainement dans cette filiation dont ils empruntent les noms, la figure de l’Auteur et du Troubadour, textes perpétuellement en situation de réécriture selon les acquis d’une modernité littéraire. Nous éditons ces trois sonnets en respectant scrupuleusement la graphie originelle. Nous établissons pour une commodité de lecture quelques majuscules, nous distinguons u et v et i et j et proposons une ponctuation. La forme strophique de ces poèmes figure dans le manuscrit : ces vers sont écrits à la suite, séparés par un discret tiret selon une pratique répandue dans l’ensemble du manuscrit f. Le copiste va à la ligne à la fin des quatrains et du premier tercet. Une première série de notes établit de légères variantes. Nous donnons ensuite une traduction suivie de quelques notes explicatives. Rappelons que la numérotation des sonnets entre [ ] est de notre fait. Les consonnes en italique figurent en abrégé dans le manuscrit. [fo 19 r° (anc. num. 21 r°)]

[1] En Jacmes Mote d’Arles Dous que la vergues Astrea aguet leissat Proenza, Lous tirans inhumans i volgeron renhar, E al luoc de pregar Dieus e nos ensenhar Sos sans comandamens, i fasian rezistensa. E Io poble mogut d’emrabe, d’insolensa, Los plus nobles del luoc los fazia emponhar, Emprezonar, tuar, sobr’ ellos gazanhar Leur ben e leur aver per truop grand violensa. Tant que lo cel sera en sa bella figura, On s’i ressentira de tala injusta vida, Ben qu’on sembla que sia tot de pauc de vejaire. Mais si nostres nebots laissan aquesta injura Qu’on nos fa davant tos noncalmen impunida, Nostre Pair’ eternal en sera lou vengaire.

v. 2 : avant renhar quelques lettres biffées illisibles. v. 4 : sas et comandames dans le manuscrit, sans le titulus sur la voyelle. v. 6 : « tous » biffé avant los fazia. v. 14 : manuscrit vegaire, sans titulus sur la voyelle.

(Jacmes Mote d’Arles - Lorsque la vierge Astrée eut laissé la Provence, - Les tyrans inhumains voulurent y régner, - Et au lieu de prier Dieu et de nous enseigner - Ses saints commandements, ils y faisaient résistance. - Et le peuple animé de rage, d’insolence, Faisait saisir les plus nobles du lieu, Emprisonner, tuer, confisquer - Leur bien et leur fortune par une extrême violence. - Tant que le ciel sera en sa belle figure, - On se ressentira de telle injuste vie, - Bien que tout cela soit pour nous peu de chose. - Mais si nos descendants laissent cette injure - Qu’on nous fait devant tous négligemment impunie, - Notre Père éternel en sera le vengeur.) 186

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v. 1 : La vierge Astrée, fille de Jupiter et de Thémis, qui régna pendant l’Age d’or symbolisait la justice. Son départ est ici conséquence de grands troubles. v. 2 : Ces tyrans ne sont pas nommés. Sans anticiper sur notre interprétation textuelle, nous soulignons la figure allégorique des mauvais comportements des hommes, peut-être allusion aux troubles provençaux après la mort de Charles d’Anjou et pendant la captivité de Charles II. v. 5 : emrabe et insolensa, ainsi que mogut soulignent l’étrangeté et l’irrationalité de la situation. Ces actes ainsi que leurs motivations profondes s’opposent à l’équilibre de l’Age d’or. v. 9 : bella figura fait référence à une harmonie divine établie pour l’éternité, celle de l’Age d’or. Le ciel est le refuge d’Astrée qui prend la forme de la constellation de la Vierge. v. 11 : Le sens de ce vers est difficile à comprendre. Il nous semble qu’en écho de la perturbation de l’ordre originel et des faits relatés aux v. 5-8, les hommes ne soient plus en mesure d’apprécier la portée de leurs gestes. v. 12 : nebots doit être pris dans le sens de « descendants ». [2] [fo 19 r° (21 r° anc. num.)]

En Blacacet

Ieu crezi per verai e pensi fermamen Que de faire la gerrha encontra de son paire E lo vouler cassar foras de son repaire, Qu’aquo mais non s’es vist sobta lo firmament. Ni que non es pas fach ben ni degudament De si voler fidar, ni de voler complaire A un sieu enemi ansian per desplaire A son prochan paren que l’ays mortalment. Paure jove, indigent de l’erba d’Antenseira, Engendrat de parens de tant illustra rassa, Non t’agra mai valgut segre l’opinio D’aquel que ti podia ezentar de son yra ? Tu n’agras pas agut l’onta que ti descassa De perdre en batalhar ta reputatio. v. 8 : « que l’alma coralme » biffé. Deuxième version au-dessus en interligne. v. 14 : batalhar ou « batalhan » . De même reputatio ou « reputacio ».

(Blacacet - Je crois en vérité et pense fermement - Que de faire la guerre contre son père - Et vouloir le chasser hors de sa demeure, - Jamais cela ne s’est vu sous le firmament. - Ce n’est pas faire bien ni comme il convient - De vouloir se fier, ni de vouloir complaire - À son ancien ennemi pour déplaire - À son proche parent qui le hait mortellement. - Pauvre jeune homme, indigent de l’herbe d’Anticyre, - Engendré de parents de tant illustre race, - N’aurait-il pas mieux valu que tu suives l’opinion - De celui qui pouvait d’exempter de son ire ? - Tu n’aurais pas eu la honte qui te poursuit - De perdre ta réputation à la bataille.) v. 1 : Relevons dans ce premier vers l’insistance de la première personne. L’incipit a ici valeur d’inscription du sujet dans le texte.

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v. 4 : Comme dans le sonnet [1], l’ordre naturel est ici perturbé. v. 9 : l’erba d’Antenseira, c’est-à-dire l’ellébore produit dans la ville d’Anticyre en Phocide. L’ellébore était réputé pour guérir la folie. Ce « jeune homme » ne possède pas les éléments nécessaires à sa guérison et il lui faut recourir aux vertus de l’ellébore. [3] [fo 20 v° (anc. num. 22 v°)]

En Bertran de Lamanon, peticio Segnor, lo rey s’alegra en ton divin secors, Tu as mes sur sa testa excelenta corona, Tu fas que ta vertu divina l’environa, Tu fas que lo desir de son cor a son cors. Tu lo nos a donat rey per nostre recors, Tu lo faras florir, si ti plas, s’el s’adona A son pople regir sens volontat felona, Tu faras que sos jors jamais non seran cors. Tu faras que sa man sera tant poderoza, Dessus sos enemixcs que per tot l’univers Temeran sa furor e non ho poyran creire. Tu faras qu’el fara cantar tos divins vers, Tu faras qu’el fara la nostra vida uroza, Car l’esperansa es bona, o Dieus, fas nos ho veire !

v. 8 : « jous » biffé avant jors.

(Bertrand de Lamanon, requête - Seigneur, le roi se réjouit de ton divin secours, -Tu as mis sur sa tête excellente couronne, - Tu fais que ta vertu divine l’environne, - Tu fais que le désir de son cœur suit son cours. - - Tu nous l’as donné comme roi pour notre recours, - Tu le feras fleurir, à ta guise, s’il s’adonne - À régir son peuple sans volonté félonne, - Tu feras que ses jours ne seront jamais courts. - - Tu feras que sa main sera si puissante - Sur ses ennemis que par tout l’univers - Ils craindront sa fureur et ne pourront y croire. -Tu feras qu’il fera chanter tes vers divins, - Tu feras qu’il fera notre vie heureuse, - Car l’espérance est bonne, ô Dieu, fais-nous voir cela !) v. 4 : Nous pouvons également comprendre que le désir profond de Dieu s’incarne dans les faits et gestes du roi. Il s’agirait donc d’une personnification de ce désir.

L’édition de ces trois sonnets demande un certain nombre d’explications et pose quelques problèmes qui ne peuvent pas toujours être résolus. Si le débat concernant la paternité de Nostredame nous semble écarté, nous ne pouvons pas, dans l’état actuel de nos connaissances, dater l’écriture de ces sonnets de manière formelle. Nous pensons en outre qu’ils ont subi, comme de nombreux textes, une opération de réécriture dont il est impossible de connaître le ou les auteurs. Considérant ces faits, il est important de lire ces textes en privilégiant des approches différentes (linguistiques, formelles et textuelles) qui redonnent « la parole au texte » et peuvent nous apporter des éléments indispensables à notre argumentation. 188

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La langue employée dans ces sonnets est au cœur du débat. Ne disposant pas comme nous le verrons de preuves textuelles qui puissent nous permettre de dater ces poèmes, il nous faut recourir à une analyse de certaines formes linguistiques (douze au total) qui, déjà remarquées par le passé, retiennent notre attention. Nous n’apportons pas de jugements définitifs ; nous préférons ici donner quelques pistes qui permettent d’évaluer, sous un éclairage différent, l’occitan employé dans ces sonnets. 1. Le substantif en renvoie à une forme fréquente dans la langue médiévale178. Issu de domine, employé devant les noms propres, en figure ici comme une signature plutôt que comme une destination du poème. Notons qu’elle est présente de nombreuses fois dans le manuscrit et toujours dans les mêmes cadres indicatifs : « En Folquet de Masselha » par exemple pour introduire un poème de Folquet de Marseille au fo 21 v° ainsi qu’en titre d’un autre poème de Jacmes Mote : « En Jacmes Mote d’Arles » au fo 14 v°. 2. Les sonnets [1] et [3] présentent des substantifs qui obéissent à la flexion nominale médiévale. Il s’agit de trois cas sujets : vergues ([1], 1), Dieus ([1], 3) et encore Dieus ([3], 14). Les deux dernières formes sont employées hors de leur fonction. Nous savons que la flexion nominale des substantifs est très tôt perturbée. Anglade précise qu’elle rencontre de sérieuses difficultés dès le XIIIe siècle179. Les cas sujets présents dans ces sonnets nous semblent être de l’ordre du résiduel : alors que cette flexion est abandonnée dans les autres substantifs employés, il semble qu’elle persiste de manière emblématique dans un registre lié au lexique religieux, comme une marque identitaire particulière faisant de ces mots un symbole que l’on se doit de remarquer. Dans des emplois particuliers (adresses, invocations, prières...), les formes semblent s’être fixées une fois pour toutes, même hors de leur emploi. Ce fait n’est pas isolé : nous trouvons verges et Dieus hors de son emploi dans Le Roman d’Arles comme le remarque justement Camille Chabaneau180. Soulignons d’ailleurs que la forme « dieus » , articulée [djews], est toujours en usage dans l’occitan moderne181. Dieus est d’ailleurs présent dans l’autre poème de Jacmes Motes (v. 22)182. Pair’ ([1], 14) aurait pu subir le même traitement, mais ce substantif n’était pas soumis à cette règle (l’étymon latin ne portait pas de s au nominatif singulier)183. Remarquons au contraire la synérèse marquée dans l’orthographe. 3. La notation du digraphe ou pour la notation de [u] est un fait connu et étudié184. Nous savons qu’à partir du jeu des évolutions successives la graphie o note deux réaliCf. notamment Joseph Anglade, Grammaire de l’Ancien Provençal, Klincksieck, Paris, 1921, p. 116. Cf. Anglade, op. cit., p. 216. 180 Cf. Le Roman d’Arles, édition de Camille Chabaneau, Revue des Langues Romanes, tome II, 4è série, Montpellier, octobre-novembre-décembre 1888. Au v. 26 : « Per so nasquet de verges mayre » (p. 480). À la note 116, p. 510, Chabaneau remarque des formes « Dieus » hors de leur emploi. 181 Mistral remarque ce fait en donnant cette forme comme languedocienne ou gasconne (Lou Tresor dóu Félibrige, tome I, CPM, Raphèle-lès-Arles, 1979, p. 799). 182 Cf. Meyer, op. cit., p. 55. 183 Cf. Anglade, op. cit., p. 221. 184 Citons notamment deux articles de Robert Lafont qui mettent en évidence une période d’hésitation entre les notations o et ou : « La Scripta occitane entre le XIIe et le XVIe siècle en Provence », Colloque International d’Etudes Occitanes, Lunel, 25-28 août 1983, Centre d’Estudis Occitans, Montpellier, 1984, p. 134-144 et « Quand l’Identité devient énigme. Entre le XVe et le XVIe siècle en Provence: la fracture de conscience linguistique dans le texte », Cahiers Critiques du Patrimoine, n°3, Marseille, 1987, p. 5-18. 178 179

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sations différentes : [o] et [u]. Le digraphe ou d’origine française apparaît pour éviter une confusion même quand o est en position tonique. La notation ou apparaît assez tôt comme dans La Vida de Sant Onorat de Raymond Féraud au XIVe siècle où l’on trouve « voutz » et « croutz »185. La notation o ne sera abandonnée que fort tard : nombreux sont les exemples qui témoignent d’une instabilité entre les deux graphies tout au long des XVe et XVIe siècles (devant les nasales par exemple). Le digraphe ou apparaît dans les deux premiers sonnets dans l’article lous ([1], 2), lou ([1], 14) et vouler ([2], 3). o est notamment présent dans le sonnet [1] dans sos (4), lo (5) et los (6), dans le sonnet [2] avec jove (9), et au sonnet [3] dans segnor (1) et lo (1). On ne peut donc pas parler pour cette notation d’une réelle contamination du digraphe ou, plutôt d’une apparition : pour une soixantaine de [u] nous ne trouvons que trois notations par ou. Il nous faut également relever que [u] est orthographié ou dans vouler en [2], 3 et o toujours dans le même mot, voler, répété deux fois trois vers plus loin. Les sonnets [1] et [3] présentent des hésitations graphiques qui maintiennent l’usage de o. Il semble bien que ce soit la graphie majoritaire pour la notation de [u]. 4. Nous remarquons au v. 1 du sonnet [1] la forme verbale aguet. La langue médiévale emploie majoritairement « ac », mais la forme aguet n’est pas inconnue186. C’est cette dernière forme, par traitement de l’infixe se généralisant au prétérit, qui s’impose dans la langue moderne. On ne peut pas dater avec précision l’apparition d’une telle forme, mais il est fort probable que nous soyons en présence d’un polymorphisme « ac – aguet », tout au moins aux XIVe et XVe siècles. 5. leissat, à la suite de aguet, pose également problème quant à l’articulation de la diphtongue. La graphie employée laisse penser à une prononciation s’approchant de [ej]. leissat s’oppose donc à laissan, toujours dans le même sonnet au v. 12. Suivant une distribution que l’on peut observer dans la langue moderne, la prononciation de la diphtongue évolue selon sa position : tonique elle se maintient en [aj] ([lajsŝ]), prétonique elle passe à [ej] ([lejsat]). Ce fait est difficilement datable : Ronjat signale que ei se retrouve en limousin dès la fin du XIVe siècle187, mais il est parfois présent au XVIe siècle dans une distribution graphique ai / ei qui reprend les schémas de l’alternance tonique et vocalique. Nous trouvons dans l’Histoire journalière d’Honorat de Valbelle « aguet layssat »188, la permanence ici de la graphie ay n’infirme pas totalement nos propos : la notation graphique n’est pas totalement phonétique chez Valbelle et une graphie ai-ay peut très bien noter le son [HM]. Le scripteur du sonnet [1] nous apparaît ici plus réceptif à ce phénomène que ne l’est certainement Valbelle. Il est également possible que

185 Cf. également l’apparition de ce digramme dans un texte limousin de 1377 (cf. Gérard Gonfroy, « La Pénétration du français en limousin dans quelques textes documentaires (XIIIe-XVIe siècles) », Colloque International..., op. cit., p. 145-154). 186 Cf. Anglade, op. cit., p. 319 et Aurelio Roncaglia, La Lingua dei Trovatori, Edizioni dell’ Ateneo, Roma, 1965, p. 109. 187 Cf. Jules Ronjat, Grammaire Istorique des parlers provençaux modernes, 4 vol., Montpellier, 1930-1941, tome I p. 302. 188 « (...) lodich pobol de Marssilha aguet layssat Julian Bayssan (...) », Honorat de Valbelle, Histoire journalière (14981539), édition de V. L. Bourrily, R. Duchêne, L. Gaillard et Ch. Rostaing, 2 tomes, Université de Provence, 1985, tome II, p. 5.

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l’alternance [HM]-[DM] soit, d’une façon ou d’une autre, moins perceptible et moins achevée que la graphie du sonnet [1] le laisse croire. 6. Proenza toujours au v. 1 du sonnet [1] est une forme médiévale très fréquente. Nous ferons à son propos les mêmes réflexions qu’en ce qui concerne la flexion nominale : le maintien de Proenza nous paraît de l’ordre de l’emblématique, rattachant le texte de ce sonnet à un corpus antérieur. Au v. 10 de l’autre poème de Jacmes Mote, nous trouvons également Proensa. 7. Au vers 7 du sonnet [1] ellos témoigne d’une évolution moderne par rapport à « els ». 8. Toujours dans le sonnet [1], luoc et truop (v. 6 et 8) sont à remarquer. Le o bref latin suivi de i, j, c et g se diphtongue en [Zo] - [ZH], phénomène qui n’est pas très récent comme le souligne Anglade et qui s’applique totalement pour luoc189. Nous trouvons ainsi un luoxs au v. 4 de l’autre poème de Jacmes Mote. Paul Meyer souligne dans son étude sur la langue du manuscrit f que o tonique se diphtongue en uo devant c190. L’apparition de la diphtongue dans truop est d’une autre nature. La langue médiévale note « trop », non diphtongué par rapport au bas-latin troppus, lui-même issu du francique *throp. Il nous semble que la diphtongaison observée ici dans truop est un phénomène tardif, correspondant aux diphtongaisons modernes telles qu’elles apparaissent dans les textes de la fin du XVe siècle et plus sûrement du XVIe ; nous savons que le [o] tonique, libre ou entravé, se diphtongue en [Zo] ou [ZH]. Cette diphtongaison est accentuée dans la langue moderne par un autre phénomène : la vocalisation de la consonne finale, mais ici le maintien de la consonne indique certainement une articulation de cette dernière. Nous pouvons d’ailleurs nous interroger sur la pertinence du choix graphique uo dans ce dernier mot quant à la prononciation exacte de cette diphtongue ainsi que sur les raisons de cette évolution (analogie avec luoc par exemple). 9. leur, répété deux fois au v. 8 du sonnet [1] dénote une hésitation dans la graphie du phonème [ü]. Nous savons qu’en ancien français et jusqu’au XVIIe siècle la graphie eu révèle deux prononciations différentes. Elle apparaît très tôt dans La Chanson de Roland191. Elle est en concurrence avec u. L’occitan connaît la graphie u dans « lur » , mais certains textes du XVIe siècle présentent également « leur » . Nous pouvons penser que cette dernière graphie est influencée par le eu français qui se prolongera bien après la période médiévale et dont la langue française contemporaine conserve quelques traces. 10. tos au v. 13 du sonnet [1] et au v. 12 du sonnet [3] présente une réduction du groupe -tz qui n’est pas exceptionnelle. Nous trouvons dans l’autre poème de Jacmes Mote un tos et un totz dans le même vers (12).

Cf. Anglade, op. cit., p. 72-73 et Roncaglia, op. cit., p. 51. Cf. Meyer, op. cit., p. 21. 191 Cf. à ce propos: Marie-Madeleine Fragonard, Eliane Kotler, Introduction à la langue du XVIe siècle, Nathan, Paris, 1994, p. 34 et J. Dubois, H. Mitterand et A. Dauzat, Dictionnaire étymologique et historique du français, Larousse, Paris, 1964, rééd. 1993 (à l’article « sûr », p. 741). 189 190

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11. Il nous est difficile de savoir si l’emploi du pronom personnel ieu au v. 1 du sonnet [3] correspond à une forme d’insistance ou plus simplement à une apparition du pronom personnel sujet construite sur le modèle français. Nous pensons néanmoins que la première explication souligne un fait textuel qui n’est pas à négliger. 12. De la même manière la désinence verbale i dans crezi n’est pas inconnue dans la langue médiévale192. Les formes linguistiques observées ici ne sont pas toutes de même nature. Les points 1, 2, 3, 4, 6, 10, 11 et 12 ne tranchent pas véritablement avec la langue médiévale ou s’expliquent aisément et ne peuvent constituer des preuves formelles de falsifications ou d’ignorance. Ils appartiennent à l’évolution de la langue qui, lente et hésitante, est conservatrice en plusieurs endroits : la permanence de la flexion nominale dans certains substantifs correspond tout à fait à une maintenance particulière qui obéit bien plus à des habitudes emblématiques qu’à des règles linguistiques précises. L’apparition du digraphe ou pour [u] est bien plus précoce qu’on ne le croit généralement et même si les résistances (souvent faites d’apprentissages et d’usages plus que de conscience linguistique) perdurent jusqu’au tout début du XVIIe siècle, on peut approximativement dater les hésitations graphiques à partir du XIVe siècle, au début très sporadiques, comme dans ces sonnets, et au fur et à mesure d’une façon systématique jusqu’à poser comme récurrente pour l’ensemble de l’écrit la perte d’une norme, tout au moins l’impossibilité pour les scripteurs de s’adapter aux évolutions modernes en fonction des propres capacités linguistiques de l’occitan. Les points 5, 7, 8 et 9 sont plus délicats. Ils témoignent soit d’une évolution linguistique qui n’est pas attestée avant les XIVe ou même XVe siècles, soit d’une introduction de graphèmes français qui sont généralement le fait des écrits du XVIe siècle. Mais ici rien n’est définitif et c’est dans la masse des informations textuelles occitanes, dans une réelle histoire de la langue, que ces points obscurs pourraient s’éclaircir. Sur un plan strictement linguistique, il est indéniable que la langue de ces sonnets est en retrait par rapport à celle du corpus troubadouresque. C’est pour cela que sans remettre en question notre propos sur le rôle de Jean de Nostredame, il nous faudrait sur ce point plaider pour une réécriture tardive de ces textes par un scripteur de la fin du XIVe ou du XVe siècle. La part de réécriture apparaîtrait alors dans des effacements linguistiques et des propositions nouvelles qui ne se posaient pas toujours en leur époque d’écriture. Le scripteur aurait ainsi investi la langue de ces sonnets, comme il l’a peut-être fait pour la forme en les soumettant à une modernisation littéraire et linguistique qui les bouleverse et d’une même façon témoigne des évolutions en chemin. Ainsi, sans analyser ce qui ne peut pas l’être faute de documents clairs à ce sujet, nous pouvons émettre l’hypothèse que la perte d’une référence troubadouresque définitivement acquise à la fin du XVIe siècle aurait été annoncée dans les deux siècles précédents par une lente remise en cause des principes trans-occitans qui laisse place parfois à un phonétisme graphique (c’est le cas dans le sonnet [1] pour leissat). Néanmoins, les « habitudes » graphiques vont encore perdurer, avec plus ou moins de bonheur suivant les phénomènes linguistiques et selon une distribution spatiale qui prend en compte les

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Cf. Anglade, op. cit., p. 296.

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potentialités politiques et sociales des aires culturelles, et cela surtout chez les érudits et humanistes lecteurs des archives et des chansonniers. Trois troubadours sont nommés comme les auteurs de ces sonnets (deux d’entre eux Blacacet et Bertrand de Lamanon sont connus). Paul Meyer, Camille Chabaneau et après eux tous les commentateurs de ces poèmes ont argumenté en faveur d’une interprétation textuelle se basant sur le caractère apocryphe de ces poèmes. Il s’agit ici d’interprétation, car aucune allusion précise ne peut permettre une datation particulière et seuls quelques faits peuvent être mis en corrélation pour tenter d’éclairer quelque peu le sens de ces poèmes. Nous ne savons presque rien de Jacmes Mote dont le nom figure en en-tête du premier sonnet. Le manuscrit f renferme un autre texte de ce troubadour arlésien : il s’agit d’un sirventès adressé à Charles II vers 1290 et qui est édité par Paul Meyer. Le style et la langue de ce poème politique ne concordent pas totalement avec ce premier sonnet. Ce sirventès est d’une facture commune (rimes ababccdd) et glorifie les actions de Charles d’Anjou mort en Italie. On peut donc en déduire que Jacmes Mote a composé ce poème sans doute entre 1288 et 1290. La langue employée est assez classique ; rien ne nous permet sur cette pièce de distinguer Jacmes Mote de ses contemporains. Nous ne connaissons de ce troubadour que les deux poèmes figurant dans f’193. Jacmes Mote est cité dans les Vies de 1575. Il y est fait allusion à ses écrits politiques ainsi qu’à une étude descriptive des monuments antiques de Provence: Jaume Motte, gentilhomme d’Arles, qu’estoit de ce temps un souverain poëte provensal, escrivant contre les princes tyrans sans aucune crainte, se moqua d’eux en une chanson qu’il feist de la folle promesse qu’ils avoyent faicte au legat : toutes foys le Monge des Isles d’Or et Sainct Cezari dyent que nonobstant ceste promesse ils ne faisoient qu’escrire contre la tyrannie des princes. Ce Jaume Motte d’Arles, ainsi que l’a escript le Monge en la vie de ces quatre poëtes, a faict une description des mauzollees, pyramides, obelisques, et autres anciens monuments qui se trouvent en Provence. 194

Nostredame nous donne peu de renseignements exploitables. Il est possible que Jacmes Mote ait écrit d’autres sirventès ; celui qui a été conservé témoigne, bien que tardif, d’une inscription politique dans les luttes de pouvoir au XIIIe siècle en Provence. Il est en ce sens banal et figure comme une allégeance au pouvoir comtal des Angevins. Nostredame ne cite pas le sirventès conservé en f ni notre sonnet. Il est cependant évident qu’il connaît ces deux textes pour avoir possédé le manuscrit qui les renferme. Il ne semble pas avoir ici recoupé toutes ses informations ou plutôt ne pas s’être servi de toutes ses sources, préférant recourir à d’autres « méthodes » qui lui ont valu les foudres de Meyer et de Chabaneau. La thématique de ce sonnet est simple : la Provence est troublée et ruinée par le mauvais gouvernement des tyrans qui l’occupent, le peuple est égaré et s’il ne se reprend pas, le jugement divin s’appliquera sans retenue. La Provence a connu toute une suite de troubles au XIIIe siècle et il nous est bien difficile d’effectuer un rapport quelconque : troubles locaux, mort de Charles d’Anjou, captivité de Charles II... Rien ne Cf. A. Pillet et H. Carstens, Bibliographie des Troubadours, Max Niemeyer Verlag, Halle, 1933, p. 238. Nostredame, op. cit., p. 64. Il est question de Jacmes Mote à la fin de la vie de « Guy d’Uzez, d’Ebles et Peyre, frere d’Helias, leur cousin ». Nostredame ne consacre pas une notice à ce troubadour, mais mentionne simplement son existence. 193 194

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nous permet de conclure. Relevons toutefois que le sirventès du même auteur édité par Meyer est d’une thématique semblable ; il loue le retour de Charles II en Provence et rappelle les difficultés apparues lors du règne de Charles d’Anjou et la captivité de son fils : Mortz era joys, solas e alegreza - En Proensa enans que say fosses ; -Aras nos a la vostra gentileza - Restauratz tos e cregutz totz bes. (...) Per vils cusons, malvatz, plens de falseza - Siam aunitz, vils tengutz e mespres ; Sufert avem pron d’anct’e de vileza, - Ben era d’ops, seinher, que say vencses, - C’om nos raubav’ e nos batia. - E Dieus com sofrir o podia ? »195

La Provence troublée, le peuple égaré, l’intervention divine, autant de thèmes qui se retrouvent dans le sonnet, mais ce ne sont qu’illustrations d’un topos littéraire qui tend, à la suite d’événements divers, à présenter le souverain comme une figure salvatrice. Le sonnet [1] ne fait aucune allusion à un souverain, mais c’est le premier vers induisant un âge d’or disparu qui attire notre attention. Ces troubles ne peuvent se déclarer qu’à la suite du départ d’Astrée et du règne de ces tyrans. Astrée, fille de Jupiter et de Thémis, symbolise la justice pendant l’Age d’or ; elle s’enfuie dans les cieux où elle prend place dans la constellation de la Vierge. Son départ annonce des temps troublés. Ce thème paraît inspiré de la littérature latine ; nous y voyons pour notre part la marque d’Ovide dans le premier chapitre des Métamorphoses où se trouvent réunies l’exposition des quatre âges et, en dernier lieu, la fuite d’Astrée : « Et Virgo ecede madentes -Ultima Celestum terras Astrea reliquit » (Et, dernière des puissances célestes, la vierge Astrée quitta les terres mouillées de carnage)196. Nous pouvons également y noter une présence virgilienne que ce soit dans Les Bucoliques ou dans Les Géorgiques, les références à Astrée et à l’Age d’or sont nombreuses : « lam redit et Virgo, redeunt Saturnia regna » (Voici que revient aussi la Vierge, que revient le règne de Saturne) ; c’est d’ailleurs au sein de la terre et auprès des paysans qu’Astrée laissa sa dernière empreinte197. Ces deux poètes latins figurent parmi les auteurs les plus lus pendant le Moyen Age et les nombreuses éditions de la Renaissance attestent la profusion de commentaires et de gloses sur leurs œuvres. Retrouver des références virgiliennes ou ovidiennes dans ce poème n’est pas étonnant. Relevons néanmoins le parallèle entre l’Age d’or et la Provence (une Provence qui était privilégiée, hors du temps et des troubles) qui se développera de manière particulière dans tout un corpus teinté d’arcadisme aux XVIe et XVIIe siècles. Le premier vers du sonnet [1], en position d’incipit, insiste donc sur cet Age d’or révolu qui a entraîné la fuite d’Astrée et la venue de ces tirans inhumans. La puissance divine clôt dans le dernier tercet les malheurs de la Provence par un jugement sans appel sur l’incapacité des hommes à assurer leur dessein selon les sans comandamens de Dieu. Ce sonnet apparaît donc suffisamment structuré pour que nous ne puissions pas le concevoir comme un appendice d’écriture ; les références latines permettent d’appréhender un certain nombre de repères afin d’établir une filiation littéraire conséquente. Blacacet est cité comme auteur du deuxième sonnet. Ce troubadour est relativement connu et ses œuvres ont fait l’objet de quelques éditions. Il s’agit d’un poète provençal vivant dans le XIIIe siècle et qui fut certainement apparenté à Blacas. Il prit Cf. Meyer, op. cit., p. 55, v.9-12 et 17-22. Cf. Métamorphoses, I, 150. 197 Cf. Bucoliques, IV, 6. Cf. également Géorgiques,11, 474 pour l’empreinte d’Astrée. 195 196

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le parti de Raymond VII lors de sa guerre contre Raymond-Bérenger V ; plusieurs de ses sirventès assurent son talent et célèbrent les vertus chevaleresques198. Nostredame lui consacre une notice qui précise son attachement à la personne de Charles II et cite le titre d’un poème, La Maniera de bon guerreiar adressé à Robert de Calabre199. Le sonnet [2] ne nous apprend rien sur Blacacet : il est question d’un fils qui aurait embrassé le parti opposé à son père et aurait ainsi provoqué la colère de Blacacet. Cette thématique n’est pas isolée dans la littérature médiévale ; Meyer signale justement ce fait en soulignant la banalité de cette pièce200. L’allusion à l’erba d’Antenseira permet à Meyer d’attribuer ce sonnet à Nostredame. Meyer note justement que nous trouvons dans la notice consacrée à Peire Vidal un jugement qui rappelle la folie de ce poète : « (...) il avoit eu toujours grande indigence de l’herbe d’Anticire, pour luy purger le cerveau travaillé d’humeur melancolique. » L’ellébore, produite en quantité importante en Phocide et particulièrement à Anticyre (ce qui explique cette appellation), a toujours eu la réputation de guérir la folie. Horace s’en fait fréquemment l’echo201. Comme pour Astrée, ne faudrait-il pas relever une intertextualité commune qui procure à Nostredame une argumentation qu’il peut ensuite reprendre dans les Vies ? Il ne s’agit pas d’un fait particulier, mais d’une métaphore que l’on utilise depuis l’Antiquité pour indiquer une folie inguérissable. Bertrand de Lamanon, l’auteur cité du sonnet [3], est un troubadour très connu dont les poésies ont été publiées. Nous savons qu’il vivait dans le XIIIe siècle et a pris part aux engagements politiques de son temps202. Nostredame lui consacre naturellement une notice qui ne révèle rien de particulier203, mais c’est dans une autre vie, celle consacrée à Raymond Féraud, que l’auteur des Vies cite l’incipit de ce troisième sonnet. Attribué à Féraud, ce vers est, selon Nostredame, destiné au roi René d’Anjou204. Remarquons toutefois que cette citation ne figure pas dans la publication de 1575, mais dans les tables de Carpentras que Chabaneau publie à la suite des notices correspondantes. Nostredame commet une erreur de chronologie qu’il a peut-être rectifiée : Féraud vivait au XIIIe siècle et a composé son œuvre pour Marie de Hongrie, l’épouse de Charles II. Nostredame connaît cette dédicace qu’il cite dans ses Mémoires Historiques205. Lecteur du sonnet [3], il l’a peut-être attribué à tort à Raymond Féraud avant de se rendre compte de son erreur. L’ensemble de ce poème, une action de grâce écrite pour un souverain, n’est pas très original et semble avoir été guidé par les circonstances. Ces trois sonnets connus de Nostredame ne sont pas publiés dans les Vies. Nous pouvons cependant noter une utilisation de certains thèmes et une fausse attribution qui n’est pas reprise dans la publication de 1575. L’absence de publication dans 198 Sur Blacacet et plus généralement sur le XIIIe siècle provençal cf. Martin Aurell, La Vielle et l’épée. Troubadours et Politique en Provence au XIIIe siècle, Aubier, Paris, 1989. Citons également Otto Klein, Der Troubadour Blacassetz, Wiesbaden, 1887. À voir également: Pillet, Carstens, op. cit., p. 89. 199 Nostredame, op. cit., p. 108-109. La Vie de Blacacet est comprise dans celle de Blacas. Chabaneau publie également une Vie « autonome » d’après les Tables de Carpentras. Le contenu des deux textes est sensiblement identique. 200 Cf. Meyer, op. cit., p. 132. 201 Cf. notamment Satires, II, 2, 82. 202 Cf. Martin Aurell, op. cit., p. 101-112, J. J. Salverda de Grave, Le Troubadour Bertran d’Alamanon, Privat, Toulouse, 1902 et Pillet, Carstens, op. cit., p. 66. 203 Nostredame, op, cit., p. 104-106. 204 Ibid., p. 107-108. 205 Fo 71 v°. Nostredame place cette dernière citation en 1387. Il confond Marie de Hongrie, femme de Charles II et Marie de Blois, femme de Louis d’Anjou et se corrige par la suite.

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l’édition des Vies n’est pas une exception ; Nostredame connaît un sirventès de Bertrand de Lamanon, le célèbre De L’Arcivesque mi sa bon qu’il recopie dans ses Mémoires Historiques, dont il mentionne l’existence dans la notice consacrée à ce troubadour. Il n’insère cependant pas ce texte dans les Vies206. Il est probable que l’édition de 1575, par sa forme, son esthétique et son histoire particulière a dû pousser Nostredame à effectuer des choix dans ses notices et les extraits de poèmes qu’il entendait livrer au public. Rien de bien étonnant donc si ces sonnets ne se retrouvent pas dans l’édition de 1575. Remarquons enfin que seul Bertrand de Lamanon est gratifié d’une notice, Jacmes Mote et Blacacet sont simplement cités. La langue employée dans ces trois poèmes se démarque quelque peu de celle utilisée au XIIIe siècle. Il nous faut donc insister sur une réécriture effectuée au cours des copies successives. Elles dénaturent ces textes au point que nous ne pouvons pas considérer les trois troubadours cités comme les seuls Auteurs de ces sonnets. Cet état de fait induit une autre vision du rôle de l’Auteur que nous développerons plus avant, mais elle nous préoccupe à un autre niveau, car elle ne nous permet pas d’évaluer ce qui tient de l’ordre originel du poème et ce qui paraît y avoir été apporté. Constatons donc ce qui nous semble évident : une première écriture au XIIIe siècle d’un texte dont nous ne connaissons pas réellement la forme et les contenus précis et les réécritures multiples auxquelles ces poèmes ont été soumis. Au-delà d’une « transformation » qu’il serait vain de déplorer, c’est sur la fonction élémentaire et primordiale de la lecture qu’il nous faut insister, sur la mise en perspective de « modernité » que la réécriture, palimpseste organisé, révèle. Nous avons qualifié ces trois poèmes de sonnets. Nous les reconnaissons en effet comme tels, à la suite du développement exceptionnel d’une forme poétique dont il nous faut souligner les origines et l’expansion. Le caractère occitan du mot « sonnet » ne fait plus aucun doute207, mais c’est en Sicile à la cour de Frédéric II que cette forme apparaît comme codifiée par Giacomo da Lentini, se répandant ensuite en Toscane parmi les poètes du Dolce stil nuovo, chez Dante puis chez Pétrarque qui en feront l’usage que l’on connaît. L’Italie connaît alors au XVe siècle une production exceptionnelle de sonnets ; ils s’imposent d’abord en Catalogne et en Espagne puis au début du XVIe siècle en France : une progression qui assoie en quatre siècles la présence de cette forme poétique dans les littératures européennes. Le schéma de combinaison des rimes apparente nos trois poèmes à des sonnets : abba, abba, cde, cde pour le [1] et le [2], abba, abba, cde, dce pour le [3]. La distribution des rimes des tercets est semblable aux combinaisons italiennes. Les sonnets de Pétrarque et de ses successeurs emploient généralement toutes sortes de schémas qui laissent place à une grande liberté. Nous savons que le type dit marotique qui s’impose peu à peu en France (en gros abba, abba, ccd, ccd) est plus contraignant. Le sonnet originel ne devait pas avoir la forme codifiée qu’on lui connaît à la fin du XVIe siècle en France. Il est vraisemblable que ce genre trouve une forme quasi définitive vers le XIVe siècle en Italie. Il est d’ailleurs concurrencé à cette époque par une forme

206 Fo12 v°. Sur ce sirventès cf. Martin Aurell, op. cit., p. 267-270. Nostredame publie par ailleurs dans Les Vies quelques vers attribués à l’empereur Frédéric II (op. cit., p. 20) qu’il avait déjà cités dans les Mémoires historiques (op. cit., fo 22 v°). 207 Sur ce point cf. ce qu’en dit Pierre Bec dans sa préface à son anthologie (op. cit. p. viii).

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voisine, le strambotto, poème constitué de deux quatrains monorimes208. Nostredame recopie dans f un poème qui est ni un sonnet ni un strambotto, mais qui se présente comme une pièce intermédiaire : 12 vers (des décasyllabes) aux rimes abba, cddc, abba. La structure poétique qui s’organise en quatrains aux rimes embrassées nous paraît annoncer le sonnet tel qu’il se définit ailleurs, en Sicile et en Toscane. Arrêtons une date d’écriture de ces trois poèmes entre le XIVe ou plus sûrement le XVe siècle. Les combinaisons des rimes présentent donc une influence italienne qui n’est pas étonnante ; Nostredame, dans un sonnet que Chabaneau publie comme apocryphe, présente le schéma abba, abba, cde, dce ce qui dénote un pétrarquisme par ailleurs confirmé par une inspiration et les fréquentes mentions du poète florentin dans les Vies ou les Mémoires historiques209. Les vers utilisés dans nos trois sonnets sont des alexandrins. Ce vers s’impose peu à peu en France ; il est cependant présent dans la littérature occitane comme dans Le Roman d’Arles par exemple ; on sait à ce sujet que le copiste n’a pas toujours respecté la versification originale que l’on doit reconstruire, mais on y reconnaît sans peine l’alexandrin. L’emploi de ce vers n’est donc pas chose impossible au XIVe ou au XVe siècle. Notre argumentation induit donc que nos trois sonnets sont, si l’on excepte ceux de Lanfranchi da Pistoia et de Dante da Maiano, les premiers sonnets écrits en occitan, bien avant que cette forme ait fait son apparition dans la littérature française. Il n’est pas chose impossible que des sonnets aient été introduits en Provence aux XIVe et XVe siècles grâce aux nombreux contacts avec l’Italie du nord et la Toscane. Le souvenir de Pétrarque se développe en Provence au XVIe siècle lors de l’éclosion pétrarquisante, mais il est fort possible qu’un esprit érudit formé au contact des élites humanistes italiennes ait pu écrire des sonnets en occitan dès la fin du XIVe ou le début du XVe siècle. Nous savons que l’Italie joue ici un rôle considérable dans la littérature française qui puise aux sources poétiques du pétrarquisme au cours des premières années de la Renaissance. C’est lors de son séjour italien pendant la guerre menée par Charles VIII qu’André de La Vigne écrivit un sonnet en italien publié dans son Vergier d’Honneur, vraisemblablement avant 1527, date de sa mort210. C’est en Provence que s’élaborent les premières grandes traductions de Pétrarque, notamment la Laure d’Avignon de Vaisquin Philieul en 1548 qui introduit de façon systématique le sonnet comme forme poétique du Livre de poème. La Provence joue dans la pénétration du pétrarquisme en France un rôle d’intermédiaire qu’on ne peut négliger. Il n’est donc pas étonnant que la forme du sonnet y soit apparue avant le XVIe siècle, de façon marginale et certainement pas ressentie en tant que forme poétique. Le scripteur du ma-

208 Cf. Robert Lafont, « En Passant par la Touraine, de l’Italie à l’Occitanie: notes sur le sonnet amoureux », Revue des Langues Romanes, op. cit., p. 237-262 et plus généralement pour l’histoire du sonnet occitan l’ensemble des articles de cette publication. 209 Cf. les vies de Laurette et de Phanette (op. cit. p. 129-132) et plus sûrement tout le passage relatif à l’amour de Laure et de Pétrarque dans les Mémoires historiques où Nostredame cite en italien plusieurs vers du poète florentin (fo 47 r°-48 v°). Pour les chemins du pétrarquisme en France cf. Joseph Vianey, Le Pétrarquisme en France au XVIe siècle, Coulet, Montpellier-Paris, 1909. 210 Cf. Jean Bauquier, « Le Premier Sonnet fait par un français », Revue des Langues Romanes, tome XIX, Montpellier, 1881, p. 65-70. Ce sonnet en italien est qualifié de « Lombart » par son auteur. Les éditions du Vergier d’honneur ne sont pas datées, mais auraient vu le jour au début du XVIe siècle. Notons qu’André de La Vigne était en relation avec Octavien de Saint-Gelais, père de Mellin de Saint-Gelais.

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nuscrit f a peut-être « écrit » ces textes selon une forme poétique dominante en Italie et qui convenait aux possibilités stylistiques de l’occitan. La naissance du sonnet en France a été l’objet de longues discussions211. Mellin de Saint Gelais et Marot sont généralement considérés comme les premiers utilisateurs du sonnet français. Puisant à la source italienne, ils ont certainement méconnu ces textes occitans dont rien ne nous dit par ailleurs qu’ils aient été isolés. L’espace culturel provençal est peu fécond dans ces premières années de la Renaissance et les manuscrits circulent peu, l’imprimerie n’existe quasiment pas. On ne peut pas envisager une influence occitane sur le corpus français, mais simplement rectifier le schéma de propagation du sonnet. Les leçons de la géographie littéraire présentent un espace provençal laissé pour compte. Il faudrait y constater une absence totale d’écrits, mais la fin du Trobar n’induit pas un tel effacement et c’est en jouant sur le corpus antérieur et les formes de la modernité que ces trois sonnets apparaissent comme des réécritures qui entendent conformer l’occitan à un miroir italien. L’écriture (« la réécriture organisée ») de ces trois pièces place au cœur du débat littéraire la figure de l’Auteur. Comme le démontre le manuscrit f et l’ensemble des chansonniers, l’Auteur possède la place énonciatrice du poème. Mais ces manuscrits ont été élaborés quelques siècles après l’éclosion du Trobar, en sources de mémoires. Les Vies trouvent leur origine et leur destination dans une société lettrée d’Italie du nord, manuel de civilité chevaleresque que poursuit l’édition de 1575212. Dans ce contexte, la figure de l’Auteur prend toute sa signification : il ne peut y avoir de texte sans auteur et le contenu poétique n’y figure accessoirement que pour rehausser les qualités du Troubadour. L’existence littéraire se noue donc à la biographie, aux faits et gestes de l’Auteur sanctifié hors du texte qu’il a produit. Nous sommes en présence ici d’une élaboration de la figure de l’Auteur-Roi, celle qui va s’imposer jusqu’au XIXe siècle et qui, par jeux successifs d’effacements et de rencontres, perdure encore de nos jours. La mise en perspective de l’Auteur est cependant mise en échec par les réécritures successives des textes. Le propre du palimpseste organisé est de mentir dans sa propre vérité, un « Mentir-vrai » qui est tout autant miroirs multiples213. Les falsifications opérées par Nostredame ne sont que les facettes de ces miroirs et ne peuvent se comprendre et s’expliquer que dans le cadre d’un projet littéraire qui entend promouvoir les Auteurs d’une littérature émiettée dont le temps a effacé les visages214. Qui sont donc les Auteurs de ces sonnets ? Jacmes Mote, Blacacet, Bertrand de Lamanon, le ou les scripteurs anonymes ? L’intertextualité imbriquée dans le temps nous restitue des textes qui expriment le prisme des mémoires successives des lectures toujours inachevées. 211 Cf. deux mises au point : la préface de Luigia Zilli dans son édition des sonnets de Saint-Gelais (Mellin de Saint-Gelais, Sonnets, édition de Luigia Zilli, Droz, Genève, 1990) et l’ensemble des communications d’un colloque: Le Sonnet à la Renaissance, Actes des troisièmes journées rémoises, 17-19 janvier 1986, sous la direction d’Y. Bellanger, Aux Amateurs de Livres, Paris, 1988. 212 Cf. à ce sujet Maria-Luisa Meneghetti, Il Pubblico dei Trovatori. Ricezione e riuso dei testi lirici cortesi fino al XIV secolo, Mucchi, Modena, 1984. 213 Qu’il nous soit permis ici d’emprunter cette expression au titre d’une prose de Louis Aragon. Les thèmes des miroirs multiples et des images brouillées sont récurrents dans l’oeuvre romanesque d’Aragon. 214 Relevons la mentions « Autheurs » dans le titre de l’édition de 1575. Notre majuscule est aussi une référence à celle de 1575.

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Ces trois sonnets, sans doute les trois premiers sonnets écrits en Provence, témoignent de l’éparpillement de l’Auteur et de son effacement. Les analyses, parfois méprisantes, de Paul Meyer, Camille Chabaneau et Joseph Anglade s’expliquent en partie par cette incompréhension qu’ils nourrissent de l’ignorance et des falsifications de Nostredame, des mensonges d’un faussaire impudent qui aurait voulu tromper ses lecteurs. Ces érudits du XIXe siècle ne pouvaient accepter cette absence relative de l’Auteur qu’ils mettaient en lumière au fur et à mesure de leur démonstration en rétablissant les vérités littéraires gauchies par Nostredame. Comment comprendre ce qui est caché derrière le miroir ? L’importance de ces sonnets dans l’histoire littéraire occitane ne réside pas seulement dans leur date d’écriture. Même s’il n’est pas négligeable de penser qu’ils ont été « écrits » au XIVe ou au XVe siècle et qu’ils constituent le premier témoignage d’une forme poétique aussi foisonnante et riche que celle du sonnet, sorte de chaînon manquant européen, nous conclurons en soulignant l’effacement de l’Auteur révélé par une histoire d’écriture et de réécriture que l’imprimerie ne parvient pas totalement à maîtriser. Les miroirs ne renvoient que l’image du vertige d’écriture.

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Chapitre VI

FORTUNA NOSTRADAMI Provence, pays chaud, où la poésie éclôt comme fleur au soleil, berceau du roman et des cours d’amour, que de passions amoureuses et galantes histoires en tes annales ! (Maurice Bouquet /219/).

Dans leur édition, Camille Chabaneau et Joseph Anglade ont étudié la postérité de l’œuvre de Nostredame. Depuis, plusieurs travaux, généralement des anthologies de la poésie baroque ou des histoires de la littérature, ont fait référence à Jean de Nostredame. De 1913 à nos jours, la recherche littéraire occitane a fait des découvertes et a proposé de nouvelles analyses qui mettent en lumière des œuvres que Chabaneau et Anglade avaient sous-estimées. Nous nous attachons ici à retracer la « fortuna nostradami » selon quatre axes. Nous étudierons tout d’abord l’écho que l’œuvre de Nostredame a suscité chez Bougerel, Haitze et Pierre de Gallaup de Chasteuil, par la suite dans les travaux de C. F. Achard. Nous tenterons ensuite un rapprochement entre deux œuvres qui jouent sur la substitution : celles de Nostredame et de Fabre d’Olivet. Notre dernier point concerne la renaissance félibréenne du XIXe siècle, l’édition de 1913 et la place que l’œuvre de Nostredame occupe de nos jours dans la recherche occitane.

Bougerel, Pierre de Gallaup de Chasteuil et P. J. de Haitze

Nous avons déjà évoqué le succès vraisemblable de l’édition des Vies. Les travaux historiques que César de Nostredame cite dans son ouvrage sont également connus de quelques érudits provençaux. Néanmoins, Bougerel ne semble pas avoir eu une grande connaissance de l’œuvre de Nostredame. Il donne quelques détails biographiques, mais confond manifestement César et Jean : « On trouve seulement quelques vers françois à la tête de quelques ouvrages. » (Bougerel /159/ p. 9-10). Bougerel affirme également que Jean aurait été un musicien remarquable. Cette affirmation, qui laisse Chabaneau dubitatif, se base sur les dons que tous les biographes accordent à César. Nous ne discuterons pas les mérites et les limites de l’ouvrage de Bougerel. Philippe Gardy a bien montré quelle importance peut avoir son œuvre et plus largement son dessein (Gardy /7/ p. 1014-1020). Dans ce qui constitue le premier « panorama » des lettres provençales, Nostredame occupe une place qui mérite d’être signalée. Au début du XVIIIe siècle, une polémique donne à l’œuvre de Nostredame une nouvelle dimension. Cinq publications voient le jour entre 1701 et 1704 (Gallaup /203/, Haitze /204/, Gallaup /205/, Haitze /183/, Gallaup /206/). Tout commence par un petit opuscule publié par Pierre de Gallaup de Chasteuil où sont décrites les manifestations organisées pour la venue en 1701 à Aix-en-Provence du duc de Bourgogne et du duc de Berry, petit-fils de Louis XIV. Ces réjouissances comportaient une série d’arcs triomphaux dressés dans la ville. Ces arcs étaient fort prisés en Provence ; en 1623, Jean de Gallaup de Chasteuil, père de Pierre, avait publié un ouvrage décrivant les arcs dressés pour la venue de Louis XIII (Gallaup /207/). Noël Coulet, dans une analyse des grandes typologies de l’histoire de Provence

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ainsi figurée, a plus particulièrement relevé l’influence de Jean de Nostredame, celle des Vies et des travaux historiques (Coulet /137/ p. 20-22). Nous savons qu’un troubadour emplumé et déguisé fut exhibé sur un théâtre récitant un poème à la gloire du roi et que ce personnage était vraisemblablement joué par Claude Brueys !215 Dans son ouvrage, Pierre de Gallaup de Chasteuil décrit un troisième arc consacré aux troubadours et aux cours d’amour. Il reprend les arguments de son père et y ajoute un éloge des Nostredame : (…) la je trouvay que Jean Nostradamus Procureur au Parlement de nostre ville, & Caesar Nostradamus fils de Michel, qui a fait les Centuries, étoient ceux qui avoient le mieux discuté cette matière ; que Bouche & Gaufridi, Historiens de la Province, Ruffi Historien de la ville de Marseille, & Pitton de la ville d’Aix, n’avoient rien adjoûté à ce que les deux Nostradamus avoient écrit (…) » (Gallaup /203/ p. 17).

Gallaup de Chasteuil cite donc Jean et César de Nostredame comme source principale et les oppose à Bouche, Gaufridi, Ruffi et Pitton. Pourquoi cet attachement aux Nostredame, cette fidélité qui ne variera pas ? Pierre de Gallaup de Chasteuil se réfère aux Vies, mais aussi aux M. Il possède ce manuscrit comme le démontrent les annotations de sa main qui y figurent. Gallaup recourt à une Provence mythique, celle qui justement doit être représentée sur les arcs, ces mises en scène historiques pour les entrées des souverains. En cela, il ne fait que reprendre une tradition déjà illustrée par son père. Cette Provence n’est pas a-historique, mais elle échappe à tout examen critique, d’où la référence aux Nostredame. César de Nostredame, plus prudent que son oncle (moins « méta-historien »), avait occulté l’épisode de Tersin, épisode qui est repris par Jean de Gallaup de Chasteuil dans son ouvrage. Ce fait apocryphe avait déjà été critiqué par Guillaume Catel en 1623 (Coulet /137/ p. 21). Toute une partie de l’historiographie méridionale était déjà prévenue contre les affirmations de Jean de Nostredame. Nous sommes donc en présence de deux types d’historiographies qui se déchirent par publications interposées. La première, de Nostredame aux Gallaup de Chasteuil, accommode l’histoire provençale à des fins glorificatrices. Elle se ressource dans le mythe, l’ethnotype littéraire (le troubadour emplumé) et préfigure, d’une certaine manière, une représentation folklorique. Cependant, un décalage existe entre Jean de Nostredame et cette historiographie : celui-ci poursuit en effet un dessein en voie haute, dessein qui, cent ans plus tard, paraît dérisoire et absurde. Le deuxième type d’historiographie témoigne d’une conception rationnelle des faits historiques. Elle s’appuie sur des compilations anciennes et diffère de la première 215 Gallaup /207/ p. 24. Voici ce poème de Claude Brueys : « LOV TROVBADOVR. / AV REY. / GRAND Prince digne Enfan de Mars / Que frescament de tant d’azars / Venez de cullir millo Palmos, / Lou Ceou vous à predestinat. / Per rendre las tempestos calmos, / E tout l’Vnivers estonnat. // Vous auez domptat de nouueou / Braue Herculo mignon dou Ceou / Leys Monstres mutins de la Franço, / E talamen endoumajas, Que n’an de tout ges d’esperanço / De se veire plus flatejas. // La bontat, commo la valour / Fan son ordinari seiour / Dintre vouestre coüer senso doute, / Vequi perque segurament / Fau que lou mounde vous redoute, / E vous ame pareillament. // Meys semblables an commensat / Millo Princes dou tens passat / Rengear au Temple de memori, / Conjurant lou poble à venir / Qu’a sa vertut plenno de glori / Iougnesson lou resouuenir. // Nouuelament resussitat, / Per surpassar l’antiquitat, / Veni cantar à mon ramagi / E representar per mey vers / La iusto humour, è lou couragi / Dou plus grand Rey de l’Vnivers. // Fasse lou puissant Redemptour, / Deys Reys de Franço Curatour, / Que son bras dins la Palestino / Se trobe en sorto redoutat, / Que la fé Crestiano è diuino / L’y poussede l’autoritat. // BRVEYS. »

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par le contenu des commentaires historiques. Cette historiographie, en condamnant Pierre de Gallaup de Chasteuil, condamne également Jean de Nostredame ; Haitze contredit ces deux historiens à propos de la vérité historique (Haitze /204/). Cette conception de l’histoire préfigure des comportements analytiques qui aboutiront aux jugements de valeur de Chabaneau et d’Anglade. Pierre de Gallaup de Chasteuil répond à Haitze un an plus tard, en 1702, et argumente en citant Jean de Nostredame (Gallaup /205/ p. 12, 26, 33). Il versifie en glorifiant l’œuvre de Jean, curieuse pièce où le panégyrique rejoint la crispation identitaire : Epitre a Nostradamus Fecond Nostradamus dont la vive Eloquence, Fit retentir jadis les bords de la Durance, Et qui fis refleurir par tes savans discours Et la gloire & les Noms de nos vieux Troubadours, Si jusques aux Enfers pour ranimer ta cendre Ma voix, ma foible voit pouvoit se faire entendre, Que ne dirois-tu pas tout prêt à les vanger Contre l’indigne auteur que les ose outrager. (Gallaup /205/ p. 90-95)

Gallaup de Chasteuil se situe sur un autre terrain. Alors que Haitze lui répond scientifiquement, le contredisant fait après fait, Gallaup refuse toute discussion historique et se réfugie sur le terrain identitaire. Défendre Nostredame, illustrer les troubadours, c’est glorifier la Provence. Le possessif « nos » caractérisant les troubadours, place le débat sur le terrain d’une affectivité passionnée. Critiquer Nostredame, c’est critiquer les troubadours et la Provence entière. Au fond, Haitze est indigne d’être provençal, car il critique ce que la Provence a produit de plus beau et de plus glorieux. À ce point de la discussion, le dialogue devient impossible. Entre Haitze qui tente de répondre scientifiquement en accordant à Nostredame une importance minime et Gallaup de Chasteuil qui frémit et croit la Provence outragée, aucune communication n’est possible. Haitze balaie d’un trait de plume les allégations de Gallaup : Il a puisé celà dans Nostradamus qui le tenoit d’un vieux manuscrit en langue Provençale qui contenoit les vies Romanesques, & pour la plûpart fabuleuses des anciens Troubadours, qu’il n’a fait que mettre en langue Françoise. (Haitze /183/ p. 36-37).

Il renvoie ainsi définitivement le texte de Nostredame au romanesque et aux fables évoquées dans les Vies. Dans un dernier libelle, Pierre de Gallaup de Chasteuil continue cette polémique. L’ouvrage se compose de plusieurs dialogues. Le troisième, qui traite des troubadours, réunit Darmon, Dorilas et P. Joseph (sic !). Gallaup y reprend ses thèses antérieures sans enrichir le débat (Gallaup /206/). Au-delà des conceptions historiographiques qui demeurent opposées, ce qui se joue dans ces diverses publications concerne le sentiment provençal. Gallaup, à la suite de Nostredame, privilégie une histoire louangeuse qui ne se soucie pas de la vérité. L’œuvre de Nostredame, au XVIe siècle, peut paraître en conformité avec les écrits des historiens du XVe et même du XVIe, pour certains. Au début du XVIIIe siècle, cette œuvre n’est plus scientifiquement recevable. L’humanisme provençal qui portait Nos203

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tredame n’est plus qu’un souvenir. Il s’agit désormais d’un mouvement d’érudits : Bouche, Gaufridi et Haitze font œuvre d’historiens, en réfutant les formes de la glorification dont nous parlions. Pour eux, la Provence est un champ de recherches historiques ; elle n’est pas l’objet d’un projet d’un projet identitaire clairement défini. La position d’officialité ou de semi officialité de Gallaup de Chasteuil semble le dépouiller de tout esprit critique216. Il ne peut pas aller au-delà des sources historiques qui le sécurisent et glorifient la Provence et il reste tributaire d’une idéologie qui tend à minimiser la recherche et l’analyse au profit d’un discours d’officialité. En ce sens, il témoigne d’une constante dans l’écrit d’oc : celle qui refuse, au nom d’une Provence « identarisée », de considérer une réalité historique et linguistique. La connaissance de l’œuvre de Nostredame a sûrement souffert de cette polémique. Le manuscrit des M, en possession des Gallaup de Chasteuil, ne devait pas représenter pour Haitze et d’autres historiens une référence indispensable. Quoi de plus normal alors que l’oubli dans lequel il est tombé ? Cette histoire de Provence comportait trop d’erreurs et de « fables », comme l’affirme d’ailleurs la note liminaire d’un des possesseurs des M217.

C. F. Achard : lexicologie et biographies

Les travaux historiques ne restent pas totalement inconnus. Pour la postérité, Jean de Nostredame n’est pas seulement l’auteur des Vies, même si l’ensemble de son œuvre historiographique n’est pas lu, le plus souvent citée en référence humaniste. Le dictionnaire du Marseillais Claude-François Achard est instructif quant à la réception, à la fin du XVIIIe siècle, des œuvres de Nostredame. Dans la partie biographique de son dictionnaire, Achard consacre à Nostredame un article : NOSTRADAMUS, (Jean) frère puiné du précédent, exerça longtemps avec honneur la charge de Procureur au Parlement. Il cultivoit les Muses Provençales, & faisoit des Chansons assez peu délicates, mais qui plaisoient dans un tems grossier. On a de lui les Vies des anciens Poetes Provençaux, Lyon, in 8°. Cet ouvrage est curieux & amusant, mais on y trouve bien des fables. Il avoit ramassé des matériaux pour une Histoire de Provence : la mort l’empêcha d’exécuter son projet. Il mourut vers l’an 1577, suivant J. R. de Soliers. (Achard /208/ tome IV p. 10).

Cette notice, qui est insérée entre celle de Michel et de César de Nostredame, montre que Nostredame conserve une certaine importance comme poète, historien et auteur des Vies218. La polémique du début du siècle est bien éteinte. Achard trouve le texte des Vies « curieux & amusant », tout en concédant qu’il présente un caractère affabulateur. Il semble bien que les affirmations de Nostredame ne soient plus prises en compte ; les Vies peuvent devenir à leur tour un objet de curiosité. Cette œuvre ne lui semble pas fondatrice d’une science historique ou littéraire. Mais a-t-il vraiment lu les écrits histo216 Nous ignorons si Pierre de Gallaup de Chasteuil avait été pressenti officiellement pour organiser ces réjouissances. 217 Cf. notice 1. 218 Pour les « Chansons assez peu délicates », nous ne pouvons savoir si Achard fait référence à un manuscrit de poèmes égaré depuis. Dans ce cas, improbable, il aurait été le seul à l’avoir lu car il n’a été mentionné dans aucune bibliographie. La référence concerne peut-être d’autres textes attribués faussement à Nostredame, le Carrateyron par exemple, mais cela est impossible pour des raisons chronologiques.

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riques de Jean de Nostredame ? Il précise dans la notice consacrée à César : « Il avoit tiré ce qu’il y a de meilleur dans les premiers livres de son histoire, des Mémoires de Jean Nostradamus son oncle. » (Achard /208/ tome IV p. 11). Le mot « mémoires » pourrait nous interroger, mais ce terme désigne certainement chez Achard toute sorte de travail historique. Comme le prouve un extrait de la notice consacrée à Jules Raymond de Soliers, Achard (ou son informateur) ne connaît que l’existence de la CF 534-535 : (…) Jean de Nostradamus, en particulier, étoit son admirateur & ami. Ils s’étoient liés d’une étroite amitié, une ressemblance de goût pour l’Histoire de leur païs les unissoit, malgré la différence de Religion. Ils avoient, pour ainsi dire, partagé le sujet. Nous avons vû que la plus grande partie étoit le lot de Soliers ; Nostradamus eut pour le sien d’écrire l’Histoire de la Province en forme d’annales depuis la cession que Raoul Roi de Bourgogne fit à Conrad de la Provence, jusques à son tems ; & c’est cette histoire augmentée, que César Nostradamus son neveu, donna au public en 1614. » (Achard /208/ tome IV p. 230).

Achard a compris que l’entreprise de Nostredame n’était pas isolée, qu’il s’agit bien là d’un humaniste qui tentait d’organiser ses travaux et ses objectifs de recherche. Il souligne également ce que César de Nostredame doit à son oncle, se basant certainement sur les affirmations du même César. L’œuvre d’Achard est impossible sans une érudition rigoureuse, mais elle se rattache également à un dessein plus vaste : la glorification de la Provence et de « l’idiome natal ». Comme le souligne Fausta Garavini, le dictionnaire d’Achard est un ouvrage : « (…) dove è affermata la priorità dell’ antico idioma e sono esaltati i trovatori. » (Garavini /2/ p. 90). Dans son projet, Achard peut donc recourir à Nostredame, mais en soulignant les erreurs commises dans les Vies. Il témoigne envers Nostredame d’un esprit critique assez déterminé et, dans le même temps, tente de créer un outil didactique au service de la Provence. Cela est tout à fait clair dans les premiers tomes du dictionnaire qui sont consacrés à la lexicologie : Achard procède à une « fermeture » provençale comme l’explique René Merle : Le provençal est posé, naturellement, comme langue de la Provence historique, co-état, une dans ses variantes dialectales. Achard ne le rattache pas à un ensemble d’Oc. Fermeture provençale ? (…) L’historiographie et la lexicologie se situent presque spontanément dans le cadre « national » de la Provence co-état, et s’y enclosent. (Merle /209/ p. 288).

Substitution intemporelle : A. Fabre d’Olivet

Antoine Fabre d’Olivet publie en 1804 Le Troubadour poésies occitaniques du XIIIe siècle, ouvrage dans lequel il affirme que le manuscrit de ces poésies a été conservé à Montpellier par un certain « Rescondut ». Nous savons que la supercherie littéraire fut très vite dévoilée, d’abord par Millin et Aubanel, puis par Raynouard (Merle /210/ p. 346, 372). Fabre d’Olivet avait signé la préface de son ouvrage dont il attribuait la conservation à ce Rescondut, patronyme qui révélait pour tout lecteur moyen d’occitan une supercherie. Il nous semble que l’entreprise de Fabre d’Olivet peut s’expliquer de trois façons. D’abord, on peut y voir une biographie qui conduit le sujet à un questionnement identitaire sans fin. Cette piste de recherche a été explorée par Philippe Gardy, nous n’y reviendrons pas (Gardy /211/). Ensuite, elle renvoie à des influences multiples qui lient le texte de Fabre aux épopées nationales que le Romantisme encourage (Trai-

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mond /212/). Enfin, elle est révélatrice d’une continuité diglossique et ethnotypique qui prédispose, avec des variantes, l’écrit d’oc à la « falsification ». Fabre emprunte à Nostredame toute la thématique des cours d’amour. Il élargit quelque peu le propos de l’humaniste en le théâtralisant selon les goûts de l’époque (Lafont /213/ p. 48-49). La référence à Nostredame est directe, textuelle, et indirecte, intemporelle, car la falsification de 1804 répond à celle de 1575. La situation socioculturelle est bien sûr toute différente. Fabre n’écrit pas pour une microsociété qu’il veut flatter. Nous savons que chez Nostredame l’explication d’allégeance ne constitue qu’une partie d’un projet plus vaste et que la substitution des Vies répond à une impossibilité, un indicible de la langue et de l’écriture d’oc. Pour Fabre, l’illustration de la grandeur passée de l’Occitanie littéraire joue un rôle essentiel. Mais cette explication n’est pas suffisante, car comme le souligne Philippe Gardy : De toute évidence, la langue du Troubadour, en ses pièces occitanes, ne pouvait pas être confondue avec celle des troubadours du XIIIe siècle. La « mystification », quoi qu’on fasse, se situait donc ailleurs… (Gardy /211/ p. 5 note 9).

C’est ici qu’entre en scène ce que nous avons appelé une continuité diglossique et ethnotypique. La littérature occitane, dans la longue durée, ne peut résister à la diglossie qu’en se travestissant. L’acceptation des répartitions d’usages est une réponse possible, mais, manifestement, Nostredame et Fabre sont à l’étroit dans ce moule, en rupture avec ces répartitions. Nostredame choisit une voie haute que nous avons déjà définie. L’œuvre de Macpherson et le développement des épopées nationales rejoint chez Fabre d’Olivet des interrogations personnelles qui vont aboutir au Troubadour. La distance est courte entre l’épopée et le corpus littéraire. Fabre d’Olivet, comme Nostredame, construit une épopée littéraire qui révèle la grandeur de l’Occitanie. Il se tourne donc vers un corpus médiéval en opérant une falsification que Nostredame avait, en son temps, déjà effectuée. Œuvrait-il également dans l’indicible de la langue pour que son propos ne soit pas clairement avouable ? Il faut donc penser à une continuité des situations diglossiques qui créent, cycliquement, des conditions optimales pour la rencontre entre le texte littéraire et la dépersonnalisation du sujet. La diglossie influe sur un comportement littéraire que nous qualifions d’ethnotypique dans la mesure où il représente un malaise plus profond. De la même manière que les traductions de Virgile ne sont que des paraphrases de textes occitans éventuels, l’œuvre de Fabre d’Olivet renvoie à un texte « antérieur » qui n’est pas une simple supercherie littéraire. Dans la construction de la falsification, la dépersonnalisation de Fabre apparaît comme une réponse personnelle aux difficultés d’existence et comme une réponse collective à l’indicible de la langue. La falsification est perverse : « (…) Fabre est obligé de s’entourer d’une gangue de langue acquise pour affirmer la possibilité d’une création moderne en Oc. » (Merle /210/ p. 346). Nostredame et Fabre d’Olivet jouent sur l’identité littéraire pour arriver à leurs fins. Nostredame place dans les Vies ses propres textes, Fabre, tout en donnant plus de clés de lecture, propose une partie de cache-cache avec l’identité. L’influence de Nostredame est, à vrai dire, double : historique et littéraire. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que Fabre d’Olivet cite Nostredame dans La Langue d’Oc rétablie. Le chapitre III dans lequel sont reproduits plusieurs textes médiévaux occitans, mentionne Nostredame :

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Jean de Nostradamus, qui a donné une espèce de notice sur les plus célèbres, assure dans sa préface, « qu’il n’y avoit maison noble de Provence qui n’eut un régistre en forme de roman, auquel étoient écrits les hauts faits et gestes de leurs ancêtres en langage provençal » (Fabre /214/ p. 39).

En fait, l’essentiel de l’argumentation est inspiré par Nostredame. Fabre d’Olivet tente de poser la littérature occitane en situation européenne et cela s’exprime chez lui, comme chez Nostredame, par un esprit de patriotisme identitaire : Il existe des vers oscitaniques de la plupart des rois et des princes de l’Europe, régnant à cette époque ; et, parmi la liste des Troubadours on rencontre les noms des plus illustres maisons d’Espagne et d’Italie. C’est à cette émulation que tous les écrivains instruits rapportent les premiers essays de la poësie moderne chez toutes les nations européennes. (Fabre /214/ p. 29).

Dans le même ordre d’idée, Fabre d’Olivet cite une pièce poétique publiée par Nostredame et attribuée faussement à Frédéric Ier (Fabre /214/ p. 32-33). L’écrivain cévenol suit pas à pas les affirmations de l’historien provençal. Cette influence n’est pas une exception, car comme l’affirme Georg Kremnitz : (…) le livre de Nostredame, le premier qui en France prend en considération les travaux italiens et qui réintègre, pour ainsi dire, les traditions italiennes des trobadors, servira pendant longtemps encore d’ouvrage de référence et de base. (Fabre /214/ p. xxxvii).

Fait plus troublant encore, Fabre d’Olivet cite, toujours dans le même chapitre, quatre poèmes apocryphes des Vies : ceux de Guillaume Boyer, de Peyre de Vernègues, de Pierre de Bonifacis et la longue pièce de Bernard Rascas de Bagarris. Sur douze poèmes de troubadours publiés, quatre sont en réalité de Nostredame (Fabre /214/ p. 33, 39-41). Mais on ne peut pas expliquer ces citations et cette influence par une simple fidélité érudite. Les Vies trouvent chez Fabre d’Olivet un écho qui dépasse le cadre formel de la recherche littéraire et grammaticale. De falsifications en falsifications, de restitutions en restitutions, ces deux figures ne cessent de se répondre dans le creuset du temps.

Persistance du mythe littéraire et recherches critiques

Le XIXe siècle continue, après Fabre, à lire Nostredame : les médiévistes dénoncent toutes ses affirmations. À la fin du siècle, Paul Meyer synthétise ce point de vue dans un ouvrage (Meyer /184/). On peut dire sans se tromper que l’édition de 1913 est l’aboutissement de ce courant. Pourtant, le texte de Nostredame, malgré ses imperfections, continue à avoir des adeptes. La Renaissance félibréenne rencontre les Vies et en fait bon usage. L’exemple majeur nous est donné par Mistral lui-même. Mistral connaît les écrits de Jean de Nostredame. Les notices contenues dans Lou Tresor dóu Felibrige font une place honorable aux Nostredame. Dans l’article « NostoDamo » sont cités Michel, Jean, César, Charles et il est question des Vies (Mistral /215/ tome 2 p. 413). À l’article « Troubadou », les Vies sont encore mentionnées. Mais la connaissance qu’avait Mistral de l’œuvre de Nostredame dépasse le cadre de simples citations : un long article publié dans L’Armana de 1872 est tout entier consacré à la famille Nostredame. Jean Boutière signale avec raison que : « (…) toute sa vie il resta – lui qui avait un goût marqué pour le mystérieux et le surnaturel – un lecteur assidu des prophéties de Michel de Nostredame. » (Mistral /216/ tome 1 p. 279). Dans ses Memòri e raconte, Mistral

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rapporte un détail biographique qui révèle plus qu’un simple intérêt porté aux Nostredame et particulièrement à l’auteur des Centuries : Mai m’a toujour di, ma maire, qu’en estènt qu’ère na pèr Nosto-Damo de Setèmbre, avié vougu m’apoundre lou prenoum de Nostradàmus : uno, pèr gramaci la Maire de Diéu ; l’autro, en remembramen de l’autour di Centurìo, lou famous astroulò, natiéu de Sant Roumié. Soulamen, aquéu noum misti e mirifi, que l’istint meirenau avié tant bèn trouva, vouguèron pas, ni à la coumuno ni en clastro, lou recounèisse. » (Mistral /217/ p. 7).

La proximité du lieu de naissance de Mistral et des membres de la famille Nostredame a dû certainement jouer un rôle dans l’attraction exercée sur le Maillanais. Nous devons également prendre en compte l’attrait que les Centuries ont pu exercer sur la personnalité mistralienne faite de superstitions, de références ésotériques surtout dans le domaine de la numérologie. Nous savons également qu’un des ancêtres de Mistral fut en 1568 fermier de Bertrand de Nostredame, frère de Jean et de Michel (Rolland /218/ p. 9-10)219. Mistral fut un lecteur des Vies. Dans Lis Isclo d’Or, quelques poèmes s’y rattachent directement. Dans une pièce, le Moine des Iles d’Or se voit attribuer un rôle prophétique : Liegènt lou Mounge, Aquéu dis Isclo d’Or, Vaqui lou sounge Que fai souvènt moun cor. Dès fes sus vounge, Me sèmblo qu’an li mort Mens de vieiounge Que li vivènt d’encuèi ; Car dins tout soun ourguei Lou siecle mor d’enuei ; E sènso li chatouno Qu’à bel èime nous douno Lou Benfatour divin, La joio prendrié fin. (Mistral /216/ tome 1 p. 274-276)

La récurrence entre « Isclo d’Or » et « Moine des Iles d’Or » est évidemment porteuse de sens220. Pour bien comprendre ce propos, il faut relier ce passage à un autre poème : Roumanin. Ce texte met en scène Mistral se promenant dans les ruines du château de 219 Son amitié avec le Sâr Péladan a joué un rôle plus important qu’il n’y paraît. Mistral cite Péladan à propos des armoiries de sa famille (Mistral /217/ p. 5). 220 « Isclo d’Or » désigne certainement pour Mistral un rivage inaccessible. Il s’en explique dans sa préface : « Ce titre, j’en conviens, peut sembler ambitieux, mais on me pardonera lorsqu’on saura que c’est le nom de ce petit groupe d’îlots arides et rocheux que le soleil dore sous la plage d’Hières. Et puis, à dire vrai, les monuments célestes dans lesquels l’amour, l’enthousiasme ou la douleur nous font poètes, ne sont-ils pas les oasis, les îles d’or de l’existence ? » (Mistral /216/ p. 43-44). Mistral est un lecteur attentif des Troubadours et plus généralement de tout ce qui concerne le Moyen Age (sur ce point cf. Jacques de Caluwé, Le Moyen Age littéraire occitan dans l’œuvre de Frédéric Mistral. Utilisations éthiques et esthétiques, Nizet, Paris, 1974 qui fait une place à Nostredame, mais ignore certains textes importants comme Roumanin (citons également un article de Robert Lafont, « Mistral et le mythe des Cours d’Amour », Actes du VIIe congrès national (Poitiers 1965) de la société française de littérature comparée, Paris, 1967, p. 185-196).

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Roumanin, près de Saint-Rémy. Le poète y rencontre Phanette, maîtresse des cours d’amour, cette même Phanette que l’on retrouve dans les Vies : Est vray (dict le Monge) que Phanette ou Estephanette comme tres excellente en la poësie avoir une fureur et inspiration divine, laquelle fureur estoit estimée un vray don de Dieu. Elles estoient accompagnees de Jehanne, dame des Baulx ; (…) et plusieurs autres dames illustres et genereuses de Provence qui fleurissoyent de ce temps en Avignon, lorsque la cour romaine y residoit, qui s’adonnoyent à l’estude des lettres, tenans Cour d’Amour ouverte (…) (Nostredame /8/ p. 217-218, /11/ p. 130).

Mistral reprend Nostredame à la lettre et met en scène Phanette qui, en entendant le poète s’exprimer en langue d’oc, s’éveille d’un long sommeil : Mai elo : « Bèl ami, me venguè, bèn m’agrado Quand ause à Roumanin la lengo enamourado Que, despièi cinq cènts an, ère en grèu pensamen Pèr joio e pèr soulas que van à mourimen. Car ai bèu, tout lou jour, doulènto castelano, Espincha se res mounto eilalin de la plano, Vese plus vers ma tourre ambleja blanc destrié… Ni cant de troubadour, ni son de menestrié, Plus rèn ! E pèr aubado au pèd de ma terrasso N’ai qu’ourlamen de loup e crid de tartarasso. Ah ! mai que d’uno fes, quand me sounje l’óublit Ounte soun jo d’amour, e damo, e vers poulit, Me demande entre iéu se la Prouvènço es morto, O s’a li Sarrasin campa davans si porto (Mistral /216/ tome 1 p. 478)

Le poète, un instant interdit, répond par ces mots : Coume i jour que vivias, lou soulèu, d’Arle à Vènço, Courouno de clarta lou front de la Prouvènço ; Mai uno auro d’ivèr qu’a boufa d’eilamount, De longs an à-de-rèng refrejè nòsti mount, Di flour dóu Gai-Sabé rabinè l’espandido E sus l’aubre sequè l’óulivo trop ardido… Pasmens de l’óulivié matrassa pèr l’ivèr Gisclo vuèi tourna-mai de bèu sagatun verd, E souto un vènt de Diéu, que lis ome aplaudisson, Li flour dóu Gai-Sabé tourna-mai s’espandisson. (Mistral /216/ tome 1 p. 478, 480).

La thématique générale de ce poème est attendue : la Provence a connu une période de décadence et les troubadours se sont éteints ; à l’appel des félibres, leur flamme se réveille et, à leur tour, ces nouveaux poètes font entendre la langue d’oc. Mistral énumère ensuite quelques troubadours bien réels : Bertrand de Lamanon, Pierre de Châteauneuf, Guy de Cavaillon, Guillaume des Baux, Raimbaud de Vaqueyras, Bertrand de Born, Blacas, Pierre Vidal. Par contre, les femmes citées n’ont pas existé et trouvent leur origine dans les Vies (Mistral /216/ tome 1 p. 471-472, notes 4, 1 et 2). Ce poème se clôt sur une évocation du Moine des Iles d’Or et de Peire Vidal : 209

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(…) Dis Isclo d’Or lou Mounge Diguè : « Remembras-vous que la vido èro un sounge ! » Pèire Vidau diguè : « Que i ague quaucarèn De plus dous que Prouvènço e qu’amour fugue rèn, O fraire dóu Miéjour, leissas lou dire en d’autre ! » E tóuti pièi venien : « Souvèngue-vous de nautre ! » Pièi tout s’esvaniguè pau à pau dins l’oumbrun ; E plan, iéu davalère, emé lou calabrun. » (Mistral /216/ tome 1 p. 482)

Si nous avons cité de longs extraits de ce poème, c’est que nous pensons qu’il synthétise toutes les influences de Nostredame sur Mistral. Seul le château de Roumanin a réellement existé (ses ruines sont toujours visibles près de Saint-Rémy). Mistral n’est pas le premier à avoir chanté ces cours imaginaires. Avant lui, deux versificateurs français, Louis de Marchangy et A. Thévenot, avaient écrit sur ce thème. Il ne semble pas que Mistral ait connu ces deux poètes dont la source est également Nostredame. Jean Boutière qualifie le poème de Marchangy de « fatras ». Il est vrai que ce dernier place Roumanin sur les rives de l’Isère et fait intervenir Thibaud de Champagne, Raymond Bérenger comte de Toulouse (sic), Tristan et Yseult… Quant au poème de Thévenot, il ne semble pas révéler un grand talent poétique (Mistral /216/ tome 1 p. 469-470). En 1866, paraît à Marseille un petit roman intitulé Phanette. Histoire du temps du roi René. L’auteur, Maurice Bouquet, y raconte l’histoire d’amour d’une châtelaine délaissée par un troubadour. Phanette trouve la mort et son amant, poursuivi par la vengeance divine, ira expirer sur la tombe de sa bien-aimée (Bouquet /219/). Ce roman est un condensé des stéréotypes provençaux. Le roi René est un bon souverain que la Provence chérit : Au lieu d’aller guerroyer au loin, à grands frais et à grandes peines, le bon roi, que n’était-il resté en son comté de Provence ! terre bénie, toute de poésie et de soleil, où la vigne s’enlace à l’olivier, où les pins ont de doux murmures. Il aimait tant sa Provence, et sa Provence l’aimait tant ! » (Bouquet /219/ p. 5-6).

Le titre et le propos du roman sont une référence aux cours d’amour : (…) lorsqu’elle entendit la voix charmante du troubadour, dire, et cela avec un talent assurément admirable, les novas du château d’amour. Ainsi avait été dénommé le château de Romani, célèbre par les galantes réunions qui y eurent lieu, et qui se composaient de tout ce que la ville de SaintRémi et ses environs comptait de noble, de beau, de spirituel. Là se tinrent les premières cours d’amours, et là brilla, par son esprit et sa beauté, Phanette de Gantelme, tante de la Laure de Pétrarque, qu’elle instruisit, dit-on, sur les bonnes lettres et sentences d’amour. » (Bouquet /219/ p. 29).

Bouquet a peut-être connu les poèmes de Marchangy et de Thévenot. Il ne nous semble pas qu’il ait pu lire le poème de Mistral, écrit en 1860, mais publié en 1875. En revanche, certaines indications prouvent que Bouquet était un lecteur de Nostredame : le lien de parenté entre Phanette et Laure, l’éducation des châtelaines… Il reprend d’ailleurs, presque mot pour mot, la notice de Laure et de Phanette dans les Vies :

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L’HYSTOYRE, LES PROESMES ET LE POEME

« (…) fut aprinse aux bonnes lettres par la curiosité et industrie de Phanette de Gantelmes, sa tante, dame de Romanin (…) » (Nostredame /8/ p. 216, /11/ p. 130). La destination du roman de Bouquet est instructive. Il est manifeste que cet ouvrage, publié chez un éditeur marseillais en renom, s’adressait à un public bourgeois. Il fait partie de cette littérature amoureuse si féconde au XIXe siècle. L’histoire est écrite pour faire pleurer les jeunes et vieilles filles de la bonne société marseillaise. La morale y est sauve puisque l’amoureux parjure est châtié ; Bouquet ne dépasse jamais les convenances d’une bonne littérature221. En même temps, il illustre une Provence mythique pour une bourgeoisie marseillaise qui se déprovençalise de plus en plus. À cet égard, ce roman pourrait être lu comme l’expression des mythes provençaux d’une classe sociale privilégiée. L’évocation des cours d’amour prend alors un tout autre sens : Enfin, doué d’une exquise galanterie, le roi tint des cours d’amour en sa bonne ville d’Aix, qui fut dès lors le rendez-vous de la fine fleur de la noblesse provençale. On y accourut de tous côtés ; de près comme de loin, des bourgs et des châteaux et des villes aussi. Tout seigneur, toute noble dame voulurent y avoir qui un hôtel, qui un simple pied à terre. D’autre part, mille industries diverses, attirées là par les besoins multiples de ce monde luxueux, vinrent augmenter la masse de la bourgeoisie et du menu peuple ; en sorte que la ville, de triste et muette qu’elle avait été, devint bientôt animée, joyeuse et bourdonnante comme une ruche en travail. La noblesse dépensait, le peuple recueillait ; il y avait donc des heureux en haut comme en bas. On dansait dans les palais, on dansait dans la rue. À la cour on rimait, en grande assemblée, des théories amoureuses dont on essayait isolément ensuite la pratique ; à la ville on pratiquait sans théorie. La population n’en faisait que croître et embellir. Et, au milieu de la cité prospère, dans la foule en joie, se promenait René d’Anjou, bon et populaire, la main à tous tendue, tournant le dos à l’ombre et souriant au soleil. » (Bouquet /219/ p. 7-8).

Cet extrait montre que tout écrivain provençal qui traite d’une manière ou d’une autre du Moyen Age se trouve confronté aux troubadours, et par là, au texte de Jean de Nostredame. Si les Vies n’encombrent plus les bibliothèques des historiens, il semble qu’elles soient bien en place dans celles des romanciers et des poètes… Le cas de Mistral est évidemment plus complexe. En 1860, quand il écrit Roumanin, Mistral mentionne dans le calendrier de L’Armana Prouvençau aux années 12701275, 1332, 1340-1348, les cours d’amour de Signes, Roumanin et Avignon. Ces mentions sont conservées jusqu’en 1886. En 1864, Anselme Mathieu dans L’Armana traitait déjà les Nostredame de « cacho-messorgo ». En 1871, Paul Meyer dans une lettre datée du 12 août, apprend à Mistral ce qu’il devait savoir depuis longtemps : l’inexistence des cours d’amour. La réponse de Mistral est révélatrice de ses sentiments à l’égard des Vies : C’est une exécution méritée. Mais cette diable de question des cours d’amour est, paraît-il, difficile à trancher. En connaissant le procédé de Nostredame, on est porté à croire qu’il a inventé les cours de Romanin, de Pierrefeu et de Signe. Mais je vous assure cependant que les paysans des environs de Romanin ne désignent les ruines du château que sous le nom de la Court d’amour, et à Signe, une place qui est près du château s’appelle vulgairement la Place d’Amour. Serait-ce l’ancienne po221 Bouquet ose à peine une pincée d’érotisme : « Mais, en dessous, sa gorge naissante et mignonne, restait toute dévoilée et palpitante, mirant dans la glace, ses deux boutonnets roses, poussés en pleine neige. » (Bouquet /219/ p. 23).

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DEUXIÈME PARTIE

pularité du livre (…) qui aurait donné naissance à la tradition ? » (Mistral /216/ p. 473474).

En 1872, dans un article sur Michel de Nostredame, Mistral reconnaît que : Cet amour de patrie, nourri de père en fils, et poussé jusqu’au fanatisme, explique le système de César de Nostredame et de son oncle Jean, qui était de relever et grandir la Provence de toute manière, même par le mensonge. » (Mistral /216/ p. 473).

Quelle valeur prend l’œuvre de Jean de Nostredame et, plus largement, la figure de l’humaniste ? Nous avons la preuve que Mistral a été un lecteur attentif des Vies auxquelles il emprunte matière et thématique. Cependant, Mistral ne pouvait ignorer la condamnation des médiévistes. En 1871, la lettre de Paul Meyer vient lui rappeler directement ce qu’il ne souhaite pas relever. Sa réponse ne contredit pas Meyer, mais se rapporte à une parole populaire qui aurait gardé le souvenir de la lecture des Vies. Il cite même une « Place d’Amour » à Signes qui serait une allusion à ces cours. Mistral est assez lettré pour établir un rapport entre cette dénomination et celles de « Plaço d’armo » et « Plaço dis óumes » que renferme son dictionnaire en 1886 (Mistral /215/ tome 2 p. 586 et 437). Dans ce même ouvrage, nous lisons, à l’article « Court » : « Court d’amour, cour d’amour, assises poétiques où les dames jugeaient, dit-on, les questions de galanterie, et décernaient des prix à la poésie provençale. » (Mistral /215/ tome 1 p. 651). Et nous trouvons à « Signo » : « On croit qu’une court d’amour se tint, au moyen âge dans le château de Signes, et cette créance semble confirmée par les vers suivants : « E ieu volrai per mi al jujamen / L’onrat castel de Sinha el valen » Guiraut et Peironet. » (Mistral /215/ tome 2 p. 895). Mistral a donc continué à croire à l’existence de ces cours bien après la lettre de Meyer. Dans ces conditions, la dédicace à Meyer du poème mettant en scène Phanette est étonnante, car l’argument donné par Mistral dans sa réponse apparaît sans fondement scientifique. Comment des paysans des Alpilles auraient-ils pu lire dès le XVIe siècle les Vies et transmettre de génération en génération un tel mythe ? Nostredame intéresse Mistral parce qu’ils tentent tous deux d’effectuer une opération de promotion de la Provence, un sauvetage linguistique bien organisé pour le Maillanais. Il s’agit pour Mistral d’illustrer la langue et la littérature d’oc et de puiser dans le passé ce qui peut être utile à son dessein. La renaissance provençale du XIXe siècle se place en filiation littéraire et le texte du Trobar joue un rôle des plus importants. Mistral, lecteur des Troubadours dès ses années aixoises (1848-1851) a eu connaissance des travaux de Rochegude et de Raynouard et a suivi les cours dispensés par l’historien de la Provence Louis Méry. La filiation en sera que plus manifeste en 1860 lors de la publication de La Mióugrano entredubèrto de Théodore Aubanel ; on sait que la plupart des citations des troubadours sont le fait de Mistral qui a, entre 1858 et 1860, considérablement aidé son ami à mettre au point ce recueil. Les références à Nostredame, même dénuées de sérieux scientifique, sont à considérer dans ce contexte particulier. Mistral n’est convaincu qu’à moitié de l’existence des cours d’amour, mais qu’importe, même après l’intervention de Meyer, il continue à propager ce mythe. Nous sommes là au cœur du problème : Nostredame et Mistral sont sur ce point des propagateurs de mythes, non pas à des fins personnelles ou gratuites, mais pour illustrer la Provence. C’est d’ailleurs « l’amour de la patrie » qui guide les mensonges de Jean et cette noble cause autorise les falsifications des Vies. Mistral se réfère à Nostredame parce que son œuvre peut lui servir afin de réactiver certains mythes pro212

L’HYSTOYRE, LES PROESMES ET LE POEME

vençaux. Les troubadours qu’il met en scène découvrent les félibres et les considèrent comme leurs fils spirituels. La construction d’une longue durée littéraire se définit et se réactive par le mythe. L’influence de Nostredame est plus complexe car elle rencontre aussi, nous l’avons montré, des faits biographiques. Quand Jean Boutière signale que : « (…) il s’agit ici d’une vision, alors que Jean de Nostredame a sciemment introduit des anachronismes et des falsifications autrement graves », nous ne pouvons être de son avis (Mistral /216/ tome 1 p. 472). La vision poétique s’accompagne chez Mistral d’une projection sociale et culturelle où les cours d’amour jouent un rôle important dans sa propre œuvre littéraire. Les Vies et les travaux historiques proposent une série de mythes qui sont mis en circulation. Cette œuvre trouve donc un écho au XIXe siècle, dans une grande partie du Félibrige qui pourtant côtoyait Meyer et Chabaneau, mais la recherche scientifique et érudite s’efface devant une autre nécessité : la Provence, pour sa survie littéraire, a besoin de ces mythes. L’édition de 1913 est le fait de Camille Chabaneau qui avait réuni une masse de documents qui servirent à Joseph Anglade222. Nous savons que cette publication fut mise en chantier vers 1878 et qu’une partie du livre était déjà imprimée en 1888 (Nostredame /11/ p. 5-6). Chabaneau dut concevoir ce projet au moment où il commençait, tardivement, une carrière universitaire (Petit /220/ p. 112-113). L’édition fut suspendue, on ne sait pour quelle raison. Chabaneau mourut en 1908, laissant une partie de son travail inachevée. Anglade continua la recherche. Dans ces conditions, comment comprendre une telle distance d’appréciation entre Mistral et Chabaneau ? Ils ne font pas partie de la même famille intellectuelle : Chabaneau situe son travail aux niveaux philologiques et textuels. Ce qui l’intéresse, et il le prouve par l’ensemble de son œuvre scientifique, c’est la publication rigoureuse des textes. La restitution félibréenne lui est sur ce plan étrangère. En ce sens, nous pourrions dessiner deux filiations distinctes qui se réfèrent à l’œuvre de Nostredame : la première, de Pierre de Gallaup de Chasteuil à Frédéric Mistral, reprend des mythes littéraires et historiques. La seconde, de Pierre-Joseph de Haitze à Camille Chabaneau, travaille sur le texte et rectifie les erreurs de Nostredame en condamnant l’œuvre et ses mensonges. L’édition de 1913 n’est pas exemplaire. L’appareil critique y est succinct et le parti pris contre Nostredame considérable. Chabaneau et Anglade ne pensent qu’à dénoncer des mensonges, sans doute guidés par la ténacité de quelques affirmations erronées. L’ensemble de l’œuvre n’est pas mise en situation comparative avec le XVIe siècle, mais là, il est vrai qu’en 1913 le XVIe siècle occitan, du moins provençal, était très peu connu.

222 Nous avons essayé de retrouver le manuscrit préparatoire à l’édition de 1913. Il ne se trouve plus dans les papiers de Chabaneau conservés à l’Institut d’Études Méridionales de Toulouse.

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DEUXIÈME PARTIE

La thèse de Robert Lafont en 1964 (ainsi que sa publication partielle en 1970) propose une lecture nouvelle de ce XVIe siècle (Lafont /6/). Auparavant, l’ouvrage pionnier de Charles Camproux avait tenté une première insertion de l’œuvre de Nostredame (Camproux /1/ p. 100). Lafont propose une lecture linguistique et une mise en situation sociolittéraire. Ces études prouvent que les Vies et les études historiques supportent une analyse critique détaillée. Fausta Garavini situe quant à elle Nostredame en dégageant un certain nombre d’idées directrices comme celle de « Provenza mitica » (Garavini /2/ p. 24-26). D’autres histoires de la littérature sont plus classiques et se réfèrent uniquement à l’édition de 1913 (Rostaing/Jouveau /221/). L’œuvre de Nostredame sort ainsi peu à peu de l’ombre. L’apparition d’une critique littéraire qui prend en compte un souci comparatif et une analyse basée sur les situations de diglossie commence à se développer vers 1970. On peut dire, sans sous-estimer sa valeur, qu’elle n’a fait qu’effleurer l’œuvre de Nostredame qui n’était pas au centre de son propos. Cette œuvre n’a jamais été totalement oubliée. La publication des Vies a donné naissance à une polémique qui ne prend fin qu’en 1913. César de Nostredame continue les travaux historiques de son oncle, mais ne connaît pas les M et la CF 536. Plus que l’œuvre finale, ce sont les formes de son travail qui restent inconnues, formes pourtant primordiales pour en apprécier la valeur ; le premier manuscrit reste « oublié » jusqu’en 1987, le second anonyme. Comme l’écrit Nostredame, il y a décidément « beaucoup de choses a desirer es histoyres »223.

223

Cf. notice 5.

214

Troisième partie ______________________________________

MÉMOIRES HISTORIQUES

AVERTISSEMENTS ET CONVENTIONS Les Manuscrits de Jean de Nostredame Nous possédons six manuscrits de Jean de Nostredame. L’un d’entre eux (BIC 1883) ne comporte que des brouillons, feuilles reliées sans ordre figurant avec divers papiers qui n’ont pas appartenu à Nostredame. Nous présentons ces manuscrits selon la chronologie d’écriture proposée. Nous indiquons la forme d’écriture des titres des manuscrits (Éc. 1 ou 2). Pour les M, nous préciserons dans un chapitre particulier les conventions adoptées. SQS : BIC 537 Le SQS est un petit volume (L 11 / l 7,3 cm) constitué de feuilles que Chabaneau identifie comme étant enlevées à des registres notariaux (Nostredame /11/ p. (52)). Nous ne pouvons vérifier cette affirmation (aucune mention notariale figure sur ce manuscrit). Le SQS comporte 78 folios, inégalement remplis. La couverture, de couleur beige, semble avoir été empruntée à une charte antérieure. Le premier folio, non numéroté, porte comme titre : So que s’es pogut reculhir / dels Comtes de Prouuensa / de Forcalquier e de leurs successours despueys l’an / de la nativitat de nostre segnour / DXXX. Jusqu’as al rey Reynyer MCCCCLXXXI. « e de leurs successours » a été rajouté au-dessus en interligne. (Éc. 1) Au fo 1 r°, le texte commence : « Del temps de Childebert VI rey / de Fransa... ». Les dates des notices sont écrites dans la marge ainsi que des annotations et des renvois. Chabaneau et Anglade ont publié des extraits du SQS (Nostredame /11/ p. 205-220). M : MBPA MO 122 Les M se présentent sous la forme d’un volume de L 22 / l 16 cm. La reliure est en cuir marron, datant vraisemblablement du XVIIIe siècle ou du début du XIXe. Le manuscrit comporte 102 folios inégalement remplis. La foliotation est très ancienne : elle a dû être réalisée par Nostredame lui-même ou Antoine Rouhaut. La note manuscrite anonyme placée en-tête du manuscrit fait référence à la foliotation que nous connaissons. Nous avons jugé inutile d’en établir une autre. Le manuscrit présente un certain nombre de folios vierges (ils sont indiqués dans les notes de l’établissement du texte). Les M présentent des lacunes; certains textes sont inachevés, d’autres sont interrompus et se continuent quelques folios plus loin. Deux folios, au début du manuscrit, ne sont pas numérotés. Page de couverture r° : vignette de la bibliothèque de Villeneuve-Bargemont. En dessous, on lit : « 7482 », certainement le numéro d’enregistrement de la librairie de Charavay. En dessous, figure inscrite à la main la mention : « M Arbaud ». Fo suivant r° : « MO 122 », cote du MBPA écrite à la main en haut à gauche. Fo suivant r° : commentaire anonyme (Éc. 4) suivi de la mention : « Il faut se méfier... » (Éc. 3). Un timbre du Musée Arbaud est apposé au-dessous de cette phrase. Au v° : ex-libris d’Antoine Rouhaut, très effacé, disposé en haut du folio. Il est vraisemblablement recopié par Pierre de Gallaup de Chasteuil un peu plus bas.

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TROISIÈME PARTIE

Fo 1 r° : début des M. Un timbre du MBPA, analogue au précédent, est apposé entre le deuxième et le troisième texte. Au v° : « Écriture de Gallaup-Chasteuil ----+ ». Ce signe renvoie au titre disposé en haut du fo 2 r°. Cette mention se trouve en haut à droite du fo 1 v°. Les dates sont disposées dans la marge à gauche, écrites en chiffres romains ou plus rarement arabes. Le manuscrit, dans son ensemble, n’est pas détérioré. La reliure est cependant très friable. Paul Arbaud avait fait effectuer pour sa bibliothèque de très belles reliures ; les M n’ont pas bénéficié de cette restauration. CF 534-535 : BIC 534-535 Cette chronique a été éditée partiellement par Chabaneau (Nostredame /11/ p. 221-259). Le tome I représente le n° 534, le tome II le 535. Ces deux manuscrits avaient été identifiés comme étant de César de Nostredame. Le tome II est effectivement la suite inédite de l’histoire de Provence que César envoya à Peiresc le 27 février 1629. Nous connaissons ces détails grâce à une note de Peiresc : « Suitte et Continuation de l’hystoire du Sieur Cesar de Nostradame depuis le commencement de l’an 1601 jusques en 1618 escripte de sa propre main, et à moy envoyee par luy le 27 febvrier 1629 ». Cette précision figure sur la page de titre. Le tome I (534) possède une couverture de format L 31 / l 22,5 cm. Une feuille volante écrite par un bibliothécaire du XIXe siècle identifie Jean de Nostredame comme étant l’auteur de cette chronique. Ce manuscrit comporte au début deux folios non numérotés de format L 27,2 / l 9 cm. Nous reconnaissons l’écriture aldine de Jean de Nostredame (Éc. 1). Ces deux folios sont occupés par une liste de registres consultés par Nostredame. Un folio suivant indique l’origine du papier employé dans ce manuscrit. Jean de Nostredame a en effet écrit : « le nom des registres des archifz » sur un papier où figurait la phrase suivante : « Responces agriefs pour Monsieur Thomas de Villages seigneur de la Chassagnes intime contre Francoys Constantin appellant du lieutenant d’Arles V Nostredame » (Éc. 2). Cette phrase est sans doute relative aux occupations professionnelles de Jean de Nostredame. Au fo 1 r° (L 22,5 / l 15 cm), nous trouvons une liste de nobles provençaux aux dates 1180 à 1235. Au v°, la liste se poursuit aux dates 1252-1257. (Éc. 1). Cette liste se poursuit du fo 2 r° au fo 4 v° de 1257 à 1385. Un folio non numéroté présente ensuite un extrait de l’histoire de Provence relatif à l’annexion de l’Anjou par Louis XI et au mariage de René et d’Isabelle. Après un folio vierge, nous trouvons un brouillon portant la date de MXVII, concernant Ramyre roi d’Aragon et sa descendance. Les quatre autres folios qui suivent, non numérotés, comportent également des brouillons de l’histoire de Provence. Il est probable que tous ces brouillons aient été reliés avec la CF 534-535 proprement dite. Sur un folio détaché et un folio relié, nous observons ensuite un brouillon du Glossaire. Le titre est incomplet. Les lettres ABCDEFGJLMNOPRSTV en constituent le contenu. Au fo 12 r° (format L 30 / l 20 cm), la CF 534-535 commence sous le titre : Suyte de la Chronique de Prouence des Roys d’Aragon, et Comtes de Barcelone qui l’ont possédée jusques en l’an MCCXLV (Éc. 1). Au-dessous de ce titre, César de Nostredame a rajouté la phrase suivante : « Par le Sieur Jean de Nostredame gentilhome provensal ». Il a par la suite 218

MÉMOIRES HISTORIQUES

biffé « Jean » pour rajouter « Cesar » au-dessus. La CF 534-535 occupe la fin du manuscrit, des fo 12 r° aux fo 265 v°. Elle commence en1080 et s’interrompt en 1494. César de Nostredame a corrigé à de nombreuses reprises le manuscrit. Il a collé dans les marges d’admirables portraits des comtes de Provence exécutés à la plume ainsi que quelques blasons. Le tome II (535) est écrit par César de Nostredame. Il s’agit, comme nous l’avons déjà dit, de la suite de son histoire de Provence encore inédite. Vers la fin du manuscrit, des papiers de Jean, d’un autre format (César : L 26,5 / l 20 cm, Jean : L 24 / l 16 cm) ont été reliés. Une pagination, différente de la précédente, a été effectuée. Les folios 1 à 75 sont occupés par un brouillon de l’histoire de Provence, de 1125 à 1358. Nous trouvons à la suite diverses sources historiques que Jean a recopiées : fo 76 r° à 81 r° : Progressus Chronica Comitum Prouinciae et regni Sicillie per P. de Vallvenargues (Éc. 1), allant de 1080 à 1482, fo 82 r° à 83 v° : Extraict des Annales de Bourgogne par Paradin (Éc. 2), allant de 414 à 926, fo 84 r° à 86 r° : Discours des Comtes de Prouuence extraict d’ung extraict faict par le seigneur de Valvenargues, et par luy corrige, enuoye au Parlement de Paris du temps que le Proces des tailhes du pays contre les Nobles y estoit pendant (Éc. 1), allant de 1080 à 1202, fo 87 r° à 90 r° : Les Droicts de la Comte d’Avignon extraicts (Éc. 1) d’ung extraict adresse au feu roy Francois premier du nom provenent de Monseigneur Boche (Éc. 2), allant de 1224 à 1334, fo 91 r° à 95 r° : Extraict du liure des Priuilieges d’Avignon (Éc. 1) escript en lettres de main (Éc. 2), allant de 1251 à 1316, fo 96 r° à 98 v° : Extraict des Chroniques de Sauoye faictes par Paradin (Éc. 1), allant de 1253 à 1397, fo 99 r° à 109 r° : Extraict de ce qu’a este reculhi par le seigneur president d’Oppede enuoye par luy au roy Charles VIII roy de France premier du nom recouuert de Mestre Fulconis aduocat (Éc. 1), fo 109 v° : Du Promptuere des medailhes (Éc. 1), fo 110 r° : Extraict des Annales d’Aquitaine de l’impression vielhe (Éc. 2), fo 111 r° : De l’histoyre Toulouzene par Antoine Noguier tolouzain (Éc. 2), (un folio est ici mutilé et arraché et n’a pas été pris en compte dans la numérotation) fo 112 r° à 114 v° : Extraict d’ung vieulx liure escript en lettres de main en vieulx langage françoys que j’ay recouuert du sieur de Sainct Jullian Loys Remond de Berre intitule les demandes et questions de l’art militere sans nommer l’autheur. Par |...| duquel a part qu’il est prouuensal (Éc. 1) (il s’agit d’un extrait de Bonet /364/), fo 115 à 116 r° : Les expedictions que le roy Rene faysoit lors qu’il auoit conquis le royaume d’Arragon (Éc. 2), fo 117 r° à 132 v° : Briefve chronique des Rois de Sicille et de leurs lignees faicte a Rome l’an de grace MDXX et du mois de feburier par (Éc. 1) Pierre de Sabran seigneur de Baudisnar gentilhome de Prouance redigee par articles pour plus cleres intelligences d’ycelle par Jehan de Nostre Dame procureur en Parlement (Éc.2) (Ce titre prouve que les écritures 1 et 2 sont de la main de Jean de Nostredame. Nous aurions pu avoir une autre preuve de l’autographe de Nostredame : la lettre que Chabaneau publie et que Nostredame adresse à Scipion Cibo était certainement autographe (Nostredame /11/ p. 261-263). Chabaneau a eu entre les mains cet original que le Museo Civico di Padova devait posséder. Nos recherches n’ont donné aucun résultat. Nous ne sommes pas en mesure de savoir si cet original est « retourné » à Padoue. Chabaneau a peut-être décidé de le conserver. Où se trouve-t-il? Les papiers de Chabaneau étant dispersés et perdus, nous pouvons craindre que cette lettre soit définitivement égarée.), 219

TROISIÈME PARTIE

fo 133 à 154 v° : Des Roys d’Arragon et Comtes de Barcellone en la Comté de Prouence (Éc. 1). Les folios 155 r° à 185 v° sont occupés par les vies manuscrites des troubadours éditées par Chabaneau (Nostredame /11/ p. 155-159). Du fo 186 r° au fo 193 r° se trouve le Glossaire des troubadours CF 536 : BIC 536 Il s’agit d’un volume (L 25 / l 18 cm) dont la couverture a été sans doute empruntée à une pièce antérieure, instrument de travail de Jean de Nostredame. On lit en effet au dos de cette couverture : « PROVINCE ». Après ce mot, une phrase est illisible car l’encre est effacée. Au-dessous on déchiffre : « De l’ancien Estat de Prouence ». Nous ne connaissons pas l’origine de cette écriture; il nous est impossible d’en identifier l’auteur. Cette couverture a probablement été constituée avec des documents juridiques. Entre la couverture et les folios, se trouve une reliure qui provient des papiers de Françoy Borilli. Nous connaissons un Loys Borrilli que Nostredame cite comme source historique dans les M (notice 258). En fin de manuscrit, toujours sur cette reliure, Jean de Nostredame a recopié un texte et quelques vers : Nota que les poetes provensaulx ont usé entre autres [...] rithmes qu’ilz ont faict des Sirventez et quand ils vouloyent [...] parler des roys [...] et les papes faysoient des Sirventes qu’estoit comme une satire. Lequel mot Sirventes Jehan Le Maire des Belges en son Temple de Venus en a use quand il parle des sortes de rithmes qu’on chantoit et recitoit dans le temple disoit ainsi : « La mament gosier baritonnant bondit, Qui l’ay prononcé, ou Ballade accentue, Virelay véré, ou Rondel curondit. Maint Serventoys là endroit se punctue, Chant royal maint si chante et psalmodie; Bref, ung chacun si peine et esvertue.

Jean de Nostredame a dû utiliser ce papier comme un brouillon. Le verso de la reliure présente un extrait d’un document administratif. Nous pouvons deviner qu’il s’agit d’une requête de François Rascas de Bagarris datée du 28 juin 1540. La CF 536 présente également un folio non relié, fragment d’une lettre dont il ne reste que quelques mots : « Monsieur de Peyrosse Conseillier du roy de Parlement de Provence A Paris ». Nous ne savons pas si cette lettre signifie que le nommé Peyrosse, dont nous ne connaissons rien, est le possesseur du manuscrit. L’écriture de cette phrase nous est inconnue. Le manuscrit comporte 113 folios inégalement remplis. Un premier folio, non numéroté, porte le titre suivant : Cronique de Prouence depuis CCLV jusques en MDVI. Le texte de cette chronique commence au fo 1 r°. La disposition des notices et des dates est identique à celle des M et du SQS. BIC 1883 Ce manuscrit comporte une suite de brouillons des CF 534-535 et CF 536. Le titre de ce manuscrit précise le caractère de son contenu : Recueil de Mémoires pour l’histoire de Provence. Nous savons que le BIC 1883 renferme deux versions de la légende de Tersin aux folios 2-6 et 22-24 (Meyer /225/). Nous notons également la présence, au

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milieu de papiers divers, un Discours das troubles que fouron en Prouvenso aux folios 8 à 22 ainsi qu’une généalogie des comtes d’Anjou (fo 42) et un récit, en occitan, de la donation de la Provence à Théodobert en l’an 430 (fo 63). Les extraits de la chronique de Jean de Nostredame se trouve du fo 81 r° au fo 101 v°, 103 r°- 105 r°, 106 r°-107 v°, 110 r°-119 v°, 121 r°, 122 r°-124 v°, 133 r°-134 r°, 135 r°-v°, 136 r°, 137 r°-138 r°, 141 r°, 142 r°. Ces folios (L 24 / l 17 cm) sont parfois reliés à l’envers. La reliure ne tient pas comte de la chronologie. Ces brouillons couvrent en gros une période allant de 1257 à 1370. Il serait nécessaire d’opérer une mise à plat de ce manuscrit et d’effectuer une nouvelle reliure. BMJ 761 Le manuscrit conservé à Aix-en-Provence est relié par une couverture en cuir rouge (L 31 / l 22 cm) qui comporte une vignette prouvant l’appartenance de ce volume à la famille d’Agout. Ce manuscrit est de la main de César de Nostredame qui recopie des travaux de son oncle et y ajoute des documents divers. Nous ne donnons pas une description détaillée de ce manuscrit, nous nous contentons de citer ce qui concerne Jean de Nostredame : page 603 : une liste de registres identique à celle que renferme la CF 534-535, pages 618 bis à 619 : une généalogie des comtes de Provence selon la chronique du seigneur de Vauvenargues, pages 693 à 705 : une liste de nobles provençaux identique à celle qui figure dans la CF 534-535, pages 741 à 743 : deux lettres de Pierro Antonio Boero à Jean de Nostredame (Ces lettres, en italien, sont adressées au procureur aixois. Nous y apprenons que P. A. Boero est niçois. Sa première lettre est datée du 22 mars 1513 (nous devons corriger une erreur de copie de César : certainement 1573). Il envoie à Nostredame un ouvrage : Uno discorso del Signore Philiberto di Pingone Marchese di Cusy in Savoya. Boero demande pour Philiberto di Pingone des renseignements sur la famille des Baux. Une deuxième lettre de Boero est datée du 16 avril 1573. On y apprend que Nostredame a répondu à sa première lettre le 13 avril. Boero le remercie des renseignements que l’historien aixois lui apporte sur la famille des Baux.), pages 749 à 753 : le Glossaire des troubadours, Pages 757 à 768 : une table des Vies dont Chabaneau publie des extraits (Nostredame /11/ p. 160-161). Nous sommes donc en présence d’une copie effectuée par César de Nostredame d’après les travaux de son oncle. Jean de Nostredame n’est pas cité comme auteur de ces travaux. Les deux lettres d’Antonio Boero sont adressées au Procureur Nostradamus. Tous ces manuscrits, excepté BMJ 761, sont autographes de Jean de Nostredame. La preuve nous est donnée par la mention apposée aux folios 117 r° et 132 v° de la CF 534-535. César avait attribué la paternité de ce dernier manuscrit à son oncle, puis a biffé le prénom Jean et placé au-dessus son propre prénom. On peut penser que son action a été guidée par ses nombreuses interventions historiques et artistiques sur la CF 534-535. Certains de ces manuscrits ne sont que des instruments de travail (CF 534-535 tome 2 et BIC 1883) et nous prouvent l’étendue de la recherche de Jean de Nostredame. La CF 534-535 (proprement dite au tome 1) et la CF 536 constituent 221

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l’achèvement de ce travail. Il faudrait donc assurer l’édition critique de ces deux manuscrits. Avec celle des M, nous aurions alors l’éventail complet des travaux historiques de Jean de Nostredame.

Les Formes d’écriture des M

Le manuscrit des M présente quatre types d’écriture. Deux écritures sont autographes de Jean de Nostredame, deux autres lui sont postérieures. D’autres écritures, très marginales, consistent en une série de cotes inscrites sur les premiers folios. Nous ne les étudierons pas, nous renvoyons à la description du manuscrit effectuée dans le chapitre précédent. L’écriture 1 est appelée « aldine » en référence aux caractères d’Aldo Manuzio. Elle se singularise par le calque évident des caractères d’imprimerie : s, m, c, r, t se différencient nettement des habitudes scriptiques du XVIe siècle. Certaines lettres sont liées entre elles, comme le c et le t. Cette écriture confond le u et le v, mais pas le i et le j. L’écriture 1 est bien lisible et accompagne un texte qui est donné à lire. Elle possède quelques abréviations : les consonnes m et n sont souvent marquées par un titulus sur la voyelle correspondante; il s’agit d’une pratique d’imprimerie très courante. Les groupes « lodich » et « ladicha » ainsi que leurs pluriels sont signalés à la suite de l’article par une petite boucle. Ils sont plus rarement simplifiés par un d surmonté d’une barre horizontale. Le groupe « ti » dans le suffixe « tion » est également abrégé par une barre horizontale au-dessus du mot. Il en est de même pour le groupe « ier ». L’écriture 2 est une cursive, classique pour le XVIe siècle. Elle pose des problèmes de lecture qui ne peuvent être résolus qu’avec patience et ténacité. L’écriture 2 possède les abréviations observées en 1. Nous avons en outre relevé : - une boucle dirigée en bas à gauche pour le préfixe « con », ou « cum », - une double boucle dirigée en bas à gauche pour « par », « pour », « per », isolée, au début ou à l’intérieur d’un mot, - une boucle qui simplifie les groupes « ieu », « ou » dans « plusieurs », « plusours »..., - un s suivi d’une boucle pour « ser » dans « servici », « observer »..., - une petite boucle à l’envers pour « e » ou « et ». D’autres abréviations peuvent être rencontrées, mais elles ne sont pas systématiquement observées. Certains mots comme « segnor » peuvent être totalement abrégés. Toutes ces abréviations ne constituent pas une singularité d’écriture ; elles dérivent toutes de la codification médiévale et se rencontrent assez souvent dans les manuscrits du XVIe siècle. Par ailleurs, le titulus connaît un certain nombre d’emplois en imprimerie. L’écriture 3 désigne celle de Pierre de Gallaup de Chasteuil. Elle est présente tout au long du manuscrit et sert à des annotations diverses. Elle est caractéristique des écritures du XVIIIe siècle, abandonnant la quasi totalité des abréviations inspirées du code médiéval.

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L’écriture 4 est celle du possesseur anonyme des M. Elle est fine, nerveuse et date vraisemblablement de la fin du XVIIIe ou du début du XIXe. Elle est présente sur l’ensemble du manuscrit ainsi qu’au début des M dans une note critique.

Établissement et conventions

La présence de ces quatre écritures pose un problème de différenciation visuelle. Dans les notes qui accompagnent le texte, nous les distinguons par leur numéro. Nous avons pensé qu’une telle pratique couperait la lecture des M. Nous avons donc adopté une résolution différente qui consiste à les différencier selon la présentation typographique : - écriture 1 : italiques, - écriture 2 : romain, - écriture 3 : romain souligné, - écriture 4 : italiques soulignées. Cette résolution présente un inconvénient : nous sommes obligé de nous séparer du code archivistique qui souligne d’un trait les lettres abrégées. Nous ne pouvions, au risque de surcharger la lecture de soulignés intensifs, proposer deux traits. Nous avons donc décidé de placer entre crochets toute lettre, tout mot figurant en abrégé : par exemple « lou[dich] co[m]te » signifie que « dich » et le m de « comte » sont abrégés dans le texte. Deux barres inclinées peuvent encadrer des lettres ou des mots : par exemple « fest/a/ ». Il s’agit d’une restitution proposée. Nous avons affaire à un oubli ou à une impossibilité de lecture quand le manuscrit a été détérioré. Quand trois points se trouvent entre deux barres (/.../), c’est que l’état du manuscrit a rendu impossible la lecture du mot ou de la phrase. Quand nous proposons une barre suivie de trois points (/...) , la suite du texte n’est plus en notre possession et toute reconstitution est impossible. La reliure du manuscrit gêne quelquefois la lecture du texte et nous oblige à quelques coupures. La conjonction de coordination « et » ou « e » a été transcrite le plus souvent « e » en occitan et « et » en français. « Segnor » pose un problème particulier lié à la graphie de [X] en o ou ou. Nous avons transcrit « o », nous conformant à certaines formes non abrégées. Nous avons scrupuleusement respecté la graphie de Jean de Nostredame. Quelques adaptations permettent une lecture plus rapide : - la distinction entre u et v, i et j, - le rétablissement des majuscules aux noms propres qui n’en possédaient pas, - l’utilisation de l’apostrophe, - l’établissement d’une ponctuation cohérente. Sur ce dernier point, nous avons parfois respecté la ponctuation de Nostredame. Elle n’est pas toujours logique, mais permet au texte de développer une « respiration » qui lui est propre. Pour Jean de Nostredame, la ponctuation correspondrait à : « mettre en évidence les éléments rythmiques de la période. » (Higounet /233/ p. 109). Nous avons voulu, tout en assurant une lecture moderne, redonner un sens rythmique à ce texte. C’est ainsi que les qualifications : « Loys rey de Naples, Comte de Provensa... » sont mises entre virgules afin de poser le texte et la respiration des phrases comme au cours d’une cérémonie où la diction tiendrait toute son importance.

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Quelques rares voyelles sont accentuées dans le manuscrit. Au XVIe siècle, elles sont souvent le fait d’une pratique d’imprimerie. Nous avons laissé tel quel le texte français de Nostredame. L’imbrication avec l’occitan est trop évidente pour que nous normalisions quelque peu ce texte. Il nous paraît plus important de donner à lire une version identique à celle de l’écriture. Nous avons respecté l’ordre du manuscrit. Nostredame a rajouté des notices dans des espaces, ce qui perturbe quelquefois la chronologie. Nous avons préféré garder l’ordre originel, cette perturbation n’entravant pas la lecture. Nous avons fait de très rares exceptions à cette règle pour une notice figurant sur des folios différents. Nous avons alors établi un ordre de lecture qui diffère de la disposition manuscrite. Cette dispersion n’est pas le fait de Nostredame, mais d’erreurs commises au moment de la reliure. Les chiffres des dates sont en caractères arabes ou romains. Nous conservons ces écritures. Au-dessous de la date, Nostredame place généralement une indication géographique. Nous respectons cette disposition. Nous avons également placé en notes les commentaires de Nostredame ou d’autres placés dans les marges.

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MÉMOIRES HISTORIQUES 1 Le m[anu]s[crit] est une três mauvaise compilation faite d’erreurs, de bêvures, d’anachronismes, de fables & de reste, on n’y trouve peu ou point de fait intéressant et qui soit vire dans son entier. Le compilateur étoit un bonhomme très très très ignorant ; ce qui pouvoit être curieux et piquant se gâte, se falsifie, devient insipide, avorte sous sa main. En voila beaucoup trop pour une petite mauvaise rapsodie! L’on voit clairement que l’auteur qui écrivoit au XVI siecle étoit provencal et vraisemblablement d’Aix cite1 quelque fois Valvenargues et Velutel (p[age] 21 r[ect]o 1314). Il est vraisemblable qu’il étoit le contemporain de Franc[ois] de Vauvenargues et que sachant peu ou point de latin, il a écri en provençal. Le caractere et le style du m[anu]s[crit] n’indiquent pas une grande ancienneté. Il finit sa compilation à l’année 1481 ; il vivoit donc à la fin du XV siecle et probablement encore dans le XVIè et vers la fin2, il cite plusieurs fois François de Vauvenargues (fo[lio] 24). Il cite aussi Velutelli (fo[lio] 47) qui vivoient tous les deux dans le XVI siecle et fol[io] verso 63, il parle de la découverte d’une colonne qu’il dit avoir été faite à Arles en MDL. Il vivoit donc apres 1550. Au fol[io] recto 86, il fait mention de Pierre3 Nostradamus ; il en est encore parlé au fol[io] recto 88. 2 Il faut se méfier de la note ci dessus et prendre dans l’ouvrage ce qu’il contient de bon en abondance.1 3 Antoine Rouhaud chanoine de l’église S[ain]t Just à Narbonne.1 [fo 1 r°] 204 CCIV Arles

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En Arles, sy vey encaras una grand resta d’un amphiteatre e plusours autres monumens, alqual, coma es veray semblable, l’emperadour Gallus, apres aver reco[n]quistat touta l’Europa co[n]tra lous tyrans, celebret sous juecs e magnifics espetacles al VI dels ides d’octobre. Poldo apres Pompo Letus. D’aquest temps, Arles era villa nobla e rica mays subjecta a plusours seditions civillas. Poldo apres Amnia[n].1

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5 Notanda pour metre a l’espitre des genealogies1 2 Je diray apres Munster que j’ay leu tout cecy de plus[ieur]s auteurs par quoy je m’excuseray s’il y ha quelque chose mal obs[er]vee en ceste genealogie. Je scay qu’il y ha beauc[ou]p de choses a desirer es histoyres et qu’il n’y ha [per]sone qui y pusse veoir assez clair. 6 Nota qu’il y ha eu quatres Charles roys de Sicille. C’est a ssavoir : Charles p[re]mier, fr[ere] de S[ainct] Loys, Charles II, filz de Charles p[re]mier, Charles III ou Caroubert, filz de Robert, et Charles IIII, filz de Loys II. 7 Nota qu’il y ha eu quatres Jehannes royne de Naples et de Sicille : Jehanne p[re]miere, filhe de Caroubert, qui fut royne, femme du roy d’Hongrie, Jehanelle seconde, filhe de Charles Duras qui fut royne de Naples, Jehanne III du t[e]r[ritoire]1 de Lorrene, femme de Charles III d’Anjou, et Jehanne IIII2 du t[e]r[ritoire] de Laval, femme de Rene. [fo 2 r°] Memoires en forme de chronique pour l’histoire de Provence 8 CCCVI Masselha Maxentius, no[m]mat August de sas gens d’armas,1Maximia[n] so[n] payre lou voulia descassar de l’empery per regnar e per aquo fayre, ven a Roma, lou fils ho sap, lou descassa de Roma. Va vers Consta[n]tin so[n] gendre per lou tuar e regnar en so[n] luoc. La trahyzo[n] fon descuberta perque el s’enfuge, fon perseguyt e pres a Masselha, aqui s’estra[n]glet d’ung lyacol,2 aajat3 de LX ans. Estat. 9 CCCXIIII Lo es trop certan que Sylvestre papa premier del nom baptejet Constantin emperadour qu’era ladre e apres aver ressauput lou s[anct] baptisme, fon garit de ladraria. Lo n’y ha que teno[n] qu’el fon baptejat al castel de Ryes car dins la gleyza, detras l’aultar,1al sol de la gleyza, Constantin y es pertrach a caval, coronat e armat, en obraje de muzaica e aquestous dous verses a l’entour : Rex Constantinus leprosus vir benignus Sanus est factus sacro baptismate tactus.

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Arles

D’aquest temps, furo[n] tengus plusours consilis dessoubta Silvestre papa e entre autres ung en Arles per louqual el donna conselh als joynes2 gens de gleyza, de qualqua dignitat que sia[n], de no[n] si remaridar si es possible, si ellous sont separaz per l’adultery de leurs moulhez. Consil[i] cap v[ers]o Estat.3 [fo 2 v°] 10 CCCXXVI Arles En Arles fon tengut ung autre e segond consili soubta lou[dich] Sylvestre papa,1 en louqual fon ordonnat que dengu[n] no[n] deu estre admes a l’estat eccleziastiq quand el es co[n]stituit als lygames de mariagi, s’el no prometia de s’en abstenir. Consil[i]. 11 CCCCXII Arles D’aquest temps que lous Vuandals deppopulava[n] las Gaulas dessoubta la conducha de Croscus, aquest Croscus fon pres en Arles per Maria[n] prezident1 e apres aver estat menat en publics espetacles per las cyeutas, fon mes a mort. Poldo apres Sigibert. 12 CCCCXIII Arles Per la fidelitat de las gens de la illustra cyeutat d’Arles, Constantin qu’avya ocupat l’empery a las Gaulas e fach d’un syeu fils moyne so[n] successour a l’empery, fon tuat dins Arles e so[n] fils a Viena. Poldo apres Euzebi e Prosper. 13 CCCCXX Jan Cassia[n] Masselha Jan Cassia[n], dyacre de S[anct] Jan Chryzostome1 (qu’el l’avya descassat de Consta[n]tinople sensa cauza), s’en ven a Masselha e aqui compauza la Collation dels Payres. E despueys, dessoubta Leon premier del nom, evesque de Roma, escryvet co[n]tra Nestorien VII libres de l’incarnatio[n] de nostre segnour. Suplement Chroni[cas]. A fondat dous monestiers au[dich] Masselha,2 l’ung d’homes e l’autre de fremas.3 Era home illustre, prudent e facond entre4 lous escrivans eccleziastics qu’ero[n] d’aquest temps, de l’elegansa e faconditat del qual Gennadius que fon pueys evesque del[dich] Masselha apres el en son libre dels homes illustres en escrieu de grandas cauzas. Lou[dich] Cassia[n] a escrich beaucop de bellas obras de la vida monastica qu’el adreyssa als Sancts Payres de so[n] temps. Joan Cassian, Euzebi.

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14 CCCCXX La monarchie de France prit son commencement par Pharamont son premier roy, lequel fit la loy salique ou les femmes ne peuvent pas succeder. /Il/ regna XI ans. [fo 3 r°] 15 CCCCXXXVI Hylary Arles Honorat Andronicus Per moustrar qu’en Arles y ha agut de gens docts oultra lous pagans, si troba en memoria alcuns chrestians illustres e entre autres Hylary, home de granda eruditio[n]1qu’a estat evesque d’Arles apres y aver estat qualque temps.2 Layssa tous sous bens e s’en va en ung hermitage e aqui compauza la Vida de S[anct] Honorat (Suplement) que fon fils del rey d’Ho[n]gria, que si nomava Andronicus davant que fussa baptejat e pueys s’en venguet myraculouzament en l’isla de Lirins ensins que sy liege en sa vida3 qu’es traducha de latin en ryma prouvensala. Yeu l’ay. 16 CCCCXXXIX Heros Arles Heros, evesque d’Arles, disciple de S[anct] Martin, fon descassat d’Arles per lou poble e Patroclus, famillier de l’emperayre Constans, mes en so[n] luoc que fon cauza de plusours dissentions entre bons evesques del pays. Toutasfes, aquest Patroclus fon tuat de plusours plagas per un cappitany barbare. Poldo apres Prosper. 17 CCCCXLIX Du temps de Merovee trois, roy de Fran[ce], payen, le pays de Bourgoigne qu’estoit ainsi appelle a cause des bourgeoys de Romme1 qui y estoie[n]t venuz habiter, amprenoit depuys le fleuve de Arane qu’est a pr[esen]t nomme la Caone, jusques le long le fleuve du Rhosne et jusques a Masselhe, Thoulouse et Arles (chronique de Nycole Gilles). 18 CCCCLI Aurenja D’aquest temps si teno[n] plusours concilis dessoubta Leon papa. L’ung dasquals es tengut a Aurenja e al capitol XXV es ordonnat ensins que1 alcungs predestinaz a mal no[n] soulament no[n] ho crezen pas, mays si alcung era que vuelha creyre ung tal mal, n’autres l’escumenjen embe touta ezecration e a Carpentras s’en ten un autre, en Arles ung autre soubta aquel meme papa. Eucheri, evesque de Lyon, manda ung libre a S[anct] Hylary, evesque d’Arles qu’era anat en hermitagi co[n]tent las lauzours de la vida dels hermitas. Abbas Tritemius. 228

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19 CCCCLXX Arles Masselha Hanryc, rey dels Vysgots, ocupa la segnoria d’Arles e Masselha, aliat per Gezeric, rey dels Vua[n]dals, afin qu’el rompessa per aquet moyen so1 que Leon ou Zeno[n] emperayre avya fach a co[n]tra d’el, de que aquest Hanryc, occupa[n]t toutas las Gaulas e las Espagnas e la Bourgougna, fon tuat en Arles lou XIX an2 de so[n] regne. Poldo apres Jorna[n]des e Sigibert. Clovys V1 rey de Fransa.

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21 CCCCLXXX Salvyan, preyre ou evesque de Masselha, home de granda literatura en la Sancta Escri[tu]ra, florissia dessouta Zeno[n] emperayre. Doria m’o a mandat. 22 Clovys, rey de Fran[sa], si levet a co[n]tra lous Bourgougnons que d’aquest temps era[n] gent poderouza. Cramet leurs camps. Pres Godebault le[u]r rey, mays el qu’era home ric e puyssa[n]t d’aur e d’arge[n]t, e grans dons qu’el bailhet a Clovis fon deliourat [per] lou moyen de Arada, tres poyssa[n]t bourges d’Arles que promectet pagar al rey Clovys lou tribut a[n]nual e metr/e/ garnison al pays de 5OOO homes d’armas a sa guy/za/.1 [fo 3 v°] 23 CCCCXCV Gennadius Gennadius evesque de Masselha d’aquest temps. Estat. 24 Romyech S[anct] Romyech, d’aquest temps evesque de Reims, baptejet Clovys, premier chrestia[n] dels reys de Fransa. Era en grand credit e honnour per sa santetat, anava toujour en la compagna de Clovys e estent el en guerra co[n]tra Alaryc, rey dels Wizigots que ocupava[n] touta la Prouvensa e autres pays, en passant per la terra de Sextina qu’es la villa1 de S[anct] Romyech per razo[n] del mauzeol de Sex[tius] qu’es bastyt aqui.2 Per qualques miracles qu’el faguet a la villa de Sextina del mauzeol, fon despueys appellada S[anct] Romyech, ensins qu’o a escrich Himmarus que fon evesque de Reims apres S[anct] Romyech,3 en la vida de S[anct] Romyech. Estat. 25 D

Gontra[n], rey de Metz, segnour de Bourgougna e de P[rou]vensa more.1

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26 DII Nyssa dict Bellanda ou Yrleda D’aquest temps, fon tengut ung concili a Yrleda (Estat)1 ou Bellanda qu’es la cyeutat de Nyssa, segond Hylary en sa vida de S[anc]t Honorat e majourme[n]t aquella qu’es transferida en ryma prouve[n]sala, escricha en bella l[et]ra de ma[n]2 qu’yeu ay.3 27

DXV Childebert VI rey de Fran[sa]. [fo 4 r°]

28 DXXX Prouvensa Amalaziunta qu’era mayre e tueyris de Atalaria, fils de Theodoric qu’era rey d’Ytalia, balha lou pays de Prouvensa a Theodebert qu’era rey de Mets, frayre de Childebert rey de Fransa, louqual pays de Prouvensa el tenguet longtemps en so[n] poder qu’era grand. Normand.1 29 DXXXVIII Les Visigotz tenoye[n]t depuys le Rhosne jusque en Espagne. Le demeura[n]t de Proven[ce] estoit aux Ostrogotz qui le donnere[n]t de franche voulo[n]te aux Fran[cs]. Des Estatz et Maysons plus illustre/s/. DLXIIII Clotary VII rey de Fran[sa].1

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31 Les Lombards descende[n]t en Prouven[ce], sont repoulses [par] Mumol, capp[itai]ne de Go[n]tra[n]. Des Estatz et Maysons illustres. 32 DLXV Cherebert VIII rey de Fransa. 33 Chylperic IX rey de Fransa. 34 DLXXIIII Prouvensa Chilperic VIIII, rey de Fransa, a so[n] advenament no[n] era pas lou plus fort. L’emperadour d’orient que si nomava Justin lou jouve, fils de Justinia[n], restituis la Prouvensa als

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Francezes per laqualla ensins que Gontran e Sigibert querelava[n]. Lous Lombards venguero[n] e la pilhero[n] 1 de rechef. Guaguyn. 35 Theodoze, evesque de Masselha, expulsat de son siege e de tous sous bens [per] Dyna[n], gouvernadour dal pays soubta lou rey Gontra[n], louqual pre/.../ Theodoze que s’enfugia a Childebert. Aquesta ca[uza] cougneguda, Childebert alqual a[per]tenya la mytat de la villa de Masselha [per] lou don de Gontran, manda sous embassadours vers Go[n]tra[n] ly pregar de ly restituyr sa justa part. Go[n]tra[n] deva[n]t lou [com]mandame[n]t del rey faguet metre garnyson a lous portals de Masselha afin que Childebert no[n] y aguessa intrat. Vide totil a Gaguin fo[lio] XVII, 5O. 36 DLXXXVI Clotary X rey de Fransa. [fo 4 v°] 37 DLXXVII Prouvensa Theodobert, fils de Chilperic, prenguet touta l’Aquytanya e Prouvensa, gasta lou pays per fuec e per glavy, monestiers dels religiouzes e religiouzas, devastans lous moynes e lous clercs per tourmens e las religiouzas per deshonestetas. Louqual fon vist e counegut tal qu’era Dyocletian als chrestians e si monstrava coma tyra[n] e no[n] coma fils de rey. (Normand). 38 DLXXVIII Hector masselhes Hector, patrici masselhez, per las injustissas e greuges qu’el fazia a las gleyzas e majourment a la gleyza de Clermo[n]t, lous plus grands dels[dichs] luoc/s/, lou martirizero[n]. Grandas Annalas. [fo 5 r°] 39 DLXXXXVI Prouvensa Gontra[n], rey de Metz1, d’Orleans, seg[n]or2 de Bourgougna e de Prouvensa, more e apre sa mort,3 so[n] ryalme e segnorias tombero[n] a Childebert, rey de Mets, so[n] nebout. Normand. 40 Serenus evesq[ue] de Masselha D’aquest temps, Serenus, evesque de Masselha, faguet rompre lous ymages dels sancts e de Jesu Christ per so que lou poble lous adorava. S[anct] Gregori lou repren de las aver rompudas, mays lou lauza d’aver1defendut de las honnorar. Poldo apres Polid[ore] Vergil[e].2

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41 DC Prouven[sa] Theodoric, fils de Childebert, aguet so que tenya Gontra[n], louqual comprenya Orleans e touta la Bourgougna, Dalphinat e Prouvensa. (Chronicas e Annales de Fransa). D’aquest temps, S[anct] Gilles, abbat vengut en Prouvensa e de Prouvensa en Fransa era grec de natio[n]. Fon noyrit1d’una bycha. May devotio[n]2 faguet fayre la gleyza de S[anct] Gilles e lou nom del luoc s’appellava Heraclea segond Pline. 42 Eleuthery Evesq[ue] d’Arles D’aquest temps, florissia en Arles Eleuthery ou Euquery qu’era evesque d’Arles, home de granda erudictio[n], natyeu d’aqui. Poldo apres Sigibert. 43 DCXIIII Bonifaci p[a]p[a] IIII, martir,1escrivent al rey d’Anglaterra qu’el si pre[n]guessa garda qu’en so[n] pays lou vici de sodomita no[n] y regnessa pas ensins qu’avya fach autras fes en Prouven[sa], Bourgougna e Espagna ; per punytio[n] delqual peccat, Dieu y avya mandat lous Sarrazins que destruguet aquellas tres provinsas. DECRETOR pars. distiq. s. b. Mons[egno]r Fran[çois] de Barras. 44 DCXXXII Dagobert XI rey de Fransa. 45 646

Clovys XII rey de Fran[sa]. 46

DCLXIIII Clotary XIII rey de Fran[sa]. [fo 5 v°] 47

/.../ Childeric XIII rey de Fransa.

48

/.../ Theodoric XV rey de Fran[sa]. DCCXIIII Clovys XVI rey de Fran[sa]. 232

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MÉMOIRES HISTORIQUES

50 DCCXVIII Childebert XVII rey de Fran[sa]. 51 DCC

D’aquest temps, Avigno[n] qu’era ocupat per lous Sarrazins,1 fon recoubrat2 per Karle Martel, rey de Fransa, embe l’ajuda de Maurycy qu’era duc de Prouvensa. Sigibert. 52 DCCIX Eutere, evesque d’Arles, a publie avoir veu en vision, luy reposa[n]t, que Charles Martel estoit tourme[n]te en enfer. 53 DCCXVI Dagobert XVIII rey de Fran[sa].1 54 DCCXVI Athin, roy des Sarrazins, fut assiege en Avignon [par] Chilperic roy de Fran[ce]. Des Estatz et Maysons illustres. 55 DCCXXII Chilperyc XIX rey de Fran[sa].1 56 Carle Martel, filz de Pepin, XX rey de Fran[sa].1 DCCXXVII Theodoric Cala XX rey de Fran[sa].

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58 DCCXXXI Girard de Roussilho[n] qu’era comte de Bourgougna, era deshobeyssent a la coronna de Fransa, mays Carle Martel manda grand armada contra d’el. El s’enfuge a Lyon e d’aqui a Masselha e Arles e lou[dich] Martel y manda sas gens que gagnero[n] toutas las terras de Masselha e Arles, touta la Prouvensa e tout lou Lenguadoc qu’era de la comtat del[dich] Girard e s’en retournero[n] carguas de grandas riquesas. (Annalas de Fran[sa]). Lou[dich] Karle en persona reco[n]quistet lou tout en perseguent Antymes, rey dels Sarrazins, jusquas a Narbona qu’el anet vencer e remetet a so[n] obeyssensa Arles, Avigno[n], Nimes, Montpellier e autres luocs en crema[n]t e razant tout jusquas als fondamens sensa que Bogis ou Bossa que si dizia duc ou segnour dels luocs ly volguessa rezistir. Louqual embe sa moulher Oda qu’era1 sancta persona, furo[n] leyssats per gouvernadours2 de las villas afligidas e dezoladas. Poldo. 233

TROISIÈME PARTIE

59 En odi de so que Carles Martel avya bailhat lou deynie de la gleyza del co[n]se[n]time[n]t dels evesques1 als gentilhomes de Fransa per aver fach si ben leur dever a la guerra e gardat lou ben de la cauza publica co[n]tra lous enemys de la religio[n] chrestiana, Euteri, evesque d’Arles, que si fazia tant sanct home, anet publiat aver vist en vizion, el2 dorment, que Carle Martel era torme[n]tat en infer per pugnitio[n] del sacrilege. Guaguyn. [fo 6 r°] 60 DCCXXXIIII Prouven[sa] Avigno[n] A la persuta de Mauric, duc de Prouvensa, lous Gots qu’era[n] sarrazins, venguero[n] de las partidas d’Espagnas vers lou Lengadoc e gastero[n] lou pays d’entour Avigno[n] e tous lous bels edificis e antiquitas dels Romans qu’ellous trobava[n] e quand no[n] lous podia demolir de tout, y metyan leur segnal. Avigno[n] leur fon lieurat per trahyzo[n] e per lou[dich] Mauric. Karle Martel ho sap, faguet cap de so[n] armada Childebrand son oncle que assalhit Avigno[n]. Karle y fon, prenguet la villa d’assault e lous Sarrazins qu’ero[n] dedins furo[n] messes a mort e Arles lou blanc e autras villas prezas e razadas jusquas als fondamens pueys s’en retourna en Fransa. L’an enseguent, sap que Mauric era retournat e qu’avya pres a so[n] ajuda Luthprand, rey dels Lombards e qu’ellous gastava[n] lou pays d’entour Avigno[n] e qu’avya repres Arles. El y retournet e lous descasset jusquas al ribage de la grand mar. Cerquet toutas las villas, castels, planas, mo[n]tagnas e valladas per troubar lous Sarrazins qu’el destruguet e en fes mourir tant qu’en trobet e s’en retourna en Fransa. (Grandas Annalas). Lou Normand,1en so[n] abbrege, dis que lous Sarrazins sorta[n] d’Espagna, s’en reveno[n] en Fransa per si venjar. Fan alliansa embe lous Goths en balhant hostages d’una part e d’autra. Preno[n] Avigno[n] per trahyzo[n] e lous luocs d’aqui entour e s’y te[n]guero[n] jusquas al temps de Carlemayna emperadour. 61

735 Regarde Gaguin fol[io] XXXI. [fo 6 v°]

62 DCC41 Aix S[ancta] Magdalena Del temps de Theodoric, lous Sarrazins gastero[n] e destruzero[n] la cieutat d’Aix perque Girard de Roussilho[n], comte de Bourgougna e de Prouvensa, faguet portar lou corps de la Magdalena que de long temps avya estat mes a Aix per S[anct] Maximin, arcevesque del[dich] Aix. E lou[dich] Girard de Roussilho[n] lou faguet portar en la gleyza de Vezelay qu’el avya fondat e fach edificar. E toutafes aquellous de la villa de S[anct] Maximin volia[n] dire qu’ellous han encaras lou corps, mays yeu m’en raporty a so qu’es es Grandas Chronicas. 63 On supposa un autre corps dans le to[m]beau de la S[ain]te Magdelene.

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MÉMOIRES HISTORIQUES

Les miracles qu’on rapporte sont ouvrages de la foy des ames fidelles : outre que c’est chose asseurée qu’on luy donna le corps d’un saint quoy que le no[m] en soit ignoré. Je l’ay veu ainsy dans un vieux manuscrit et la tradition preuve encore cette verité.1 [fo 7 r°] DCC44

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La Guerra d’Arles Si liege en ung vielh libre de papier, escrich en l[et]ra de ma[n] que fon troubat en Arles, que del regne de Karlemagne, lous autres dizo[n] de Karle Martel, y avya ung Sarrazin que sy nomava Tressyn, qu’on estimava estre lou plus grand e lou plus poderous de touta la natyon, qu’era d’aquest temps en Arles, qu’el avya pres e uzurpat e en avya descassats lous IX reys e princes qu’eran habitas aqui : so es lou rey Archin e lou fils Mo[n]tarin que faguet acabar las arenas, qu’era vengut de Gentilia embe grant gent qu’el menet emb’ el per habitar aqui e1lou rey Carbuyer embe sa moulher madama Bourryana, filha del rey Anguy, lou rey de Tartaria e lou comte d’Aguassin, lou rey Andegier, lou fils del rey Hermyn, lou rey de Troja la grand e lou comte Bygard e lou rey de Gallicia e lou rey d’Autan e granda quantitat d’autres barons qu’avya[n] bastit e edificat Arles lou blanc e las arenas que y sont car autant en y ha dedins que dessus terra. E estent lous Sarrazins mestres e segnours d’Arles, si so[n]t tant enhorgulhiz e majourment de so qu’ellous en avya[n] descassats touta aquella bella noblessa, qu’ellous passa[n] plus oultra e va[n] prendre Masselha, la comtat de Venayssi, Aurenja, Narbona e jusquas a Lyon e toutas las autras plassas e villas qu’era[n] a l’envyro[n] e y regnero[n] circa V ans. Lous reys e princes d’Arles si vezens ensins descassats de leur cieutats ho fan assaber a Carlemayna a Parys e a Leon papa e als princes de la chrestiantat per descassar lous Sarrazins que ocupava[n] Arles ; lousquals estre venguts embe grossa armada2 que semblava un escamp d’abelhas quand si movo[n] e sy metto[n] pres de la cyeutat de Freta e del mauzeol de Sext[ius] e aqui si sont acyetas. Karlemayna fa metre sas gens en ordre e prets a combatre car el avya agut de nouvellas que Tersin venya embe granda armada e per s’en assegurar, fa mo[n]tar ung de sas gens subre la roca d’aqui plus haulta per saber si lous Sarrazins venya[n] e a sa venguda assegurada que lou long de Costra Granda venya[n] una grossa qua[n]titat de penons e estandards. L’armada de Karle leur va al davant e si fretero[n] tant ben que la victoria restet a Karle car y aguet XXX milla Sarrazins de morts. La resta furo[n] couchas jusquas pres d’Arles e pauc s’en manquet que Tersin no[n] fussa pres. [fo 7 v°] 749

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L’an enseguent DCCXXXXVIIII, Tersin fa grand a[r]m[ad]as de sas gens e delybera si d’assalhir las gens de Carle e ensins que marchava[n], Carle ho sap e si leva de Freta e va trobar so[n] enemy e quand fon pres del bosc de Baudyeras, veguet venyr lou camp del Sarrazin emb una crydesta e una fretaria qu’on agra dich que tout era gagnat, e estre aprochar l’ung e l’autre camps, se feriro[n] de cops d’espazas, de lansas, de massas e de plomb feryeus d’ung coustat e d’autre tant asprament que la victoria restet a Karlemayne car non escapet pas un Sarrazin e y aguet dous millia chrestians de morts e autant de cavaliers. La batalha finida, lous chrestians furo[n] en asseguransa. Karlemayne embe so[n] ost s’en van al castel de Byguard que lous Sarrazins avya[n] tengut longtemps, mays no[n] y trobero[n] dedins dengu[n] e lou demolyro[n] que no[n] y leyssero[n] peyra 235

TROISIÈME PARTIE

subre peyra e s’en retourno[n] a Freta e d’aqui al castel d’Agassin que lous Sarrazins tenya[n] per forsa e y metero[n] lou camp. Per dessus lous barrys d’Agassin, lous Sarrazins si moustrava[n] e semblava advis a Karle qu’ellous fussa[n] ben provezis de touta munitio[n], mays lou prince Jaume, segnor de Freta, qu’avya mandat d’espyons a Aguassin e avya assegurat que no[n] y avya autra gent qu’aquellous que si moustravo[n] e en advertis Karle que y faguet metre so[n] camp e sas machinas de guerra. Al premyer assault que donnero[n], ung grant flot dels barrys venguet per terra. Lous Sarrazins, vezent la malla descuberta, sy fourrero[n] dins las crotas qu’avya[n] fach soubta terra qu’anava[n] respondre dins Arles. Quand las gens de Karle furo[n] intras dedins, no[n] y trobero[n] dengu[n] e en furo[n] ben esmeravilha[t]s e demolyro[n] lou castel e anero[n] sarrar las crotas per onte s’era[n] saulvaz afin que no[n] s’en retournessa[n]. Entandaumens,1 Tersin qu’era dins Arles, qu’avya toujour esquyvat lous cops, fazia fortificar la villa. Karle, seguent la victoria, fa marchar son camp davant Arles e vista la situatio[n] tant forta per adonc no[n] y volguet ren fayre e s’advyzet de faire demolyr lous arcs e aqueducts de l’aygua que venya dels laurons d’entre Monleges e Sexta qu’es la villa de S[anct] Romyech2 e s’en anava en Arles al castel de Tersin e a las arenas ; so que fon fach inco[n]tinent per millia homes que ho anero[n] rompre del coustat del poble de Berbegault e lous Sarrazins restero[n] sensa aygua car ellous no[n] en podian ges aver del Roze que embe grand dangier per so que Karle la fazia gardar. [fo 8 r°] Tressin e Tybaud qu’era[n] dins Arles sy vezent en talla necessitat, delyberon si d’aver de gens en leur secours. Tressyn manda Tybaud a Masselin,3 seg[no]r de Masselha per aver de gens. Interin bailha bon corage a sas gens, leur prometent qu’en breu aura[n] secours e no[n] tardara. Estre arribat a Masselha, compta a Marcelyn lou poder de Karlemayna, escryeu en dilligensa per aver de gens. Karle no[n] cessava interin de pycar Arles tant qu’el podia sensa qu’el y poguessa ren fayre. Lous Sarrazins qu’ero[n] dedins, era[n] en si granda necessitas qu’ellous ero[n] constrenchs manjar leur cavals, car per la garda que fazia Karle de la ribiera del Rhoze no[n] podian aver ny gens ny vieure e sy fachava[n] de so que lou secours de Tybaud era trop long. A la fin, volent fayre de necessitat vertut, Tressyn fa salhir sas gens foras d’Arles contra aquellous de Karle, mays mal leur en prenguet car ellous furo[n]4 tous messes al fil de l’espaza e Tressyn embe qualques autres s’eran saulvas dins las crotas de las arenas. Las gens de Karle estent dins Arles, pensand estre segurs (car ygnorava[n] aquellous qu’eron escondus dins las crotas), vet’ y venyr al cap de qualques jours Tybaud acompagnat de grand armada, qu’eran5 descendus a Masselha es estre arribas a Houdour, veno[n] lou long de Crau ; lous moussalhons no[n] sont pas tant especes qu’eran lous Sarrazins per la Crau. Estre arribats, tres nuechs e tres jours van batalhar e assalhir Arles. Tybaud, que sabia de qual coustat lou falya assalhir, si mete lou bel premyer e sas gens apres. A l’intrada d’una crota qu’era subta terra qu’anava dins Arles,6 recontra Tressin embe sas gens e s’estre recouneguts segon leur fortunas jusquas dins la villa e meto[n] a mort tant de chrestians que poguero[n] trobar. Mays7 Karle e sas gens si portero[n] tant valhament que tanta qu’en venya[n] de las crotas d’ont ellous s’eran emparas de l’intrada, lous faguero[n] mourir e Tersin e Tybaud furo[n] pres prizonyers per las gens de Karle que fon la cauza que venguero[n] en bona pax e Tersin si faguet baptejar e touta sa gent sarrazina. E convenguero[n] ensemble que Tersin aurya las segnourias de Thoulouza, Bordeaulx, Narbona e Prouve[n]sa que sous successours avya[n] possedit longtemps. E fon aquest Tersin lou premier [fo 8 v°] comte chrestia[n] segnour de Thoulouza qu’era ung veray home de ben. Lo n’y a qu’a[n] volgut dire que lous comtes de Thoulouza e de Prouvensa era[n] sortis d’el. Landyn, commentayre del Dante, dys

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que Carlemayna combatet en Arles co[n]tra grand no[m]bre de Sarrazins d’ont el en reportet una crue[n]tissima victoria perque plusours chrestians y moriro[n]. Carle dezirant recouneysser lous8 corps de sas gens entre aquellous dels enemys per lous fayre souterrar, la matynada seguent trobet grand no[m]bre de sepulturas e tous lous chrestians avya[n] leur nom escrich al front e per ensins furo[n] ensepvelys mays sy deu creyre que la coustuma antica a fach tals sepulchres. 66 DCCLXXIX Hurault, comte de P[rou]vensa, filz de Gaysor, duc d’Aquitanya qu’avia estat gaignat en batailha [per] lou rey Pepin, moguet guerra1 d’aquest temps [con]tra Carlemagne e prenguet qualquas plassas en Aquitanya, mays Carlemagna assambla grossa armada e Hurault sabe[n]t sa venguda s’enfuge en Gascougna mais a la fin el l’aguet e fon aquella guerra finida. (Annalas de Fransa). 67 DCCCXIII Arles co[n]sili Durant l’empery de Charlemayne el faguet fayre V consilis dont lou darrier fon tengut en Arles. (Annalas d’Aquitanya).1 68 DCCCXIIII Prouvensa Loys dich lou debonayre, fils de Carlemayna, fon emperayre de Roma e rey de Fransa. Aguet Karle lou calve1 e Lothary. Fa so[n] testament per louqual layssa Karle en la tutella de Lothary, alqual donna una partida de la Fransa jusquas al Dalphinat e Prouvensa. E al[dich] Lothary, ly layssa l’empery e la corona ryalla e per ensins apareys que la Prouvensa era a la poyssansa dels reys de Fransa. Promptuary dels medalhas apres Guagin et Des Estats des Maysons illustres de la Chrestie[n]te. 69 DCCCXXXIII Loys, surnome le debonere, aya[n]t este re[n]ferme dans ung cloistre [par] Lotayre et Charles, filz de sa seconde femme et en estre delivre,1 chassa Lothere en Ytalie et vena[n]t la fin de ses jo[u]rs le rappella et le fit roy d’Austrasie et empereur, luy bailhant la tutelle de Charles son filz auquel il layssa le demeura[n]t de la France jusques en Daulphine et Prouven[se]. Des Estatz et Maysons illustres. [fo 9 r°] 70 DCCCXXXXIII Prouvensa Del temps de Karle lou calve, fon dich entre Loys e Lotari sous frayres e acordat entre aultras cauzas que lou[dich] Louthary auria l’Ytalia embe l’empery de Roma e tous lous ryalmes de Lombardya e la Prouvensa e lou pays de Lorrena e declaron qualque temps apres aver agreable lo[dich] partage. Norma[n]d. 237

TROISIÈME PARTIE

71 DCCCLVI Prouven[sa] ryaulme Lothary per devotio[n] (segond que si troba) sy rendet moyne e layssa sous enfans Loys, que fon despueys emperadour d’Ytalia e lou[dich] Karle lou calve que fon rey de Prouvensa e Loutary que fon rey de Lorrena. Normand. 72 DCCCLVI Bossa rey de Prouvensa Karle lou calve fon declarat Emperayre August . Estre devengut poderous e gra[n]d, per moustrar so[n] poder, volguet crear de reys e faguet rey de Prouvensa Bossa qu’era frayre de madama Judith emperayris, sa moulher. Aquest Bossa fon maryt de madama Hemenjarda, filha de Loys, emperadour d’Ytalia. Normand. 73 DCCCLXIIII Apres la mort del[dich] Charles lou calve, Lotary e Loys sous frayres partyron lou ryaulme. Loys aguet lou pays de Bourgogna de long de la ribiera de Rhose, Delphinat e P[rou]ven[sa] e Lothari lou surplus. Annalas d’Aquitanya.1 [fo 9 v°]

74 DCCCLXXVI Jan papa VIII del nom coronnet de so[n] temps tres emperayres. El volia que l’ung lou fussa e lous Romans ung autre. Lou papa volguet estar en so[n] opinio[n] que donnet despueys ocazio[n]s de grandas co[n]te[n]tions e per eysso fon mes en prezon obscura de laqualla en escapet per l’ajuda de sous amys e s’enfuge en Arles e d’aqui a Lyon. Palm[ieri] Florent[in]. 75 Bereng[uie]r emperayre II del nom regnava en Ytalia. Fon descassat per Rudolf, rey de Bourgougna. Aquest Rudolf fon mezurat de parelha mezura, car fon descassat per Hugues duc d’Arles. Annalas de Fransa. 76 Charles II du nom,1 surnomme le chaulve, filz de Loys le debonere, aya[n]t ouy dire que l’empereur son fre[re] estoit mort, s’en alla a Rome po[u]r recevoir la coronne de l’empire, aya[n]t ordonne Boso, fre[re] de sa femme Judict, roy de Prouven[se]. Estat. 77 DCCCLXXVIII Apres la mort de Charles le chaulve, Lotere et Loys ses freres [par]tagere/n/t le ryaulme. Loys eut la Bourgogne du long de la rive du Rhosne, Daulphine et Prou[vense] et Lothe[re] le surplu. Annales d’Aquitaine.1 [fo 12 r°] 238

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78 DCCCCL

Del Ryaulme d’Arles Arles ryaulme En la divisio[n] de la Gaula, lou ryalme d’Arles prenguet so[n] co[m]mensament ; louqual havya soubta el lou pays de Savoya e lou pays dels Suysses, la segnouria dels ducs de Zeringen e dels comtes de Habpourg e lou Dalphinat e tout lou terrayre qu’es a l’entour del[dich] Arles, so es aqui onte lou Rhoze intra dins la mar Mediterranea, mays lou[dich] ryalme no[n] duret gayre, ben que Arles fussa cap del ryalme de Bourgougna. Lou darrier rey aguet nom Bosso ou Boze, louqual faguet entendre a l’evesque la vigilla de Noel que matinas no[n] fusso[n] cantadas qu’el no[n] y fussa preze[n]t. Or l’evesque plus que de coustuma embe sous cano[n]ges l’avya[n] esperat qualque temps e vezent qu’el no[n] venya, co[m]mensa l’oficy divin. Lou rey Boze estre vengut si plagne co[n]tra l’evesque perque el no[n] l’avya esperat e estent mougut d’yra, donna un souflet a l’evesque davant tout lou poble e lous cappelans. Lou poble, marryt de l’oultrage ensins fach a l’evesque, comensa a sy mutinar. L’evesque si sentent ofensat grandament si retyra a Otho emperayre premier del nom ly remostra[n]t l’injura que lou rey d’Arles ly avya facha dava[n]t tout lou poble. Otho emperayre, ben courroussat, jura qu’el lou pugnira de mort. S’en ven embe granda armada, intra en la Gaula, pren per forsa la villa d’Arles e lou rey e aquellous de sa cour e co[m]manda que lou rey fussa descapitat, mays l’arcevesque embe lous autres evesques, abbats e princes qu’era[n] emb’ el, appayzero[n] la furour de l’emperayre. El remostra no[n] estre razonable ny convenable que una paraula d’un prince sorta en van de sa bouca. Finalament, el ordonnet qu’aquest paure rey seria tondut e privat de so[n] tiltre ryal e sarrat en un monestier. Aquo fach, Otho jougnet per tous temps lou ryalme d’Arles a l’empery roma[n]. (Munster).1 D’aquest temps, en Arles, y avya un moyne del monestier de Montmajo[u]r qu’era nadyeu de Frejuls que si nomava Gillibert,2 sabent home en letras humanas e als arts liberals e tant que lou mo[n]de estava en admiration (so dys Munster).3 Otho Ier que amava las gens doctas, lou retira e lou fa preceptour de Otho son fils que fon pueys emperayre e de Otho so[n] nebout que fon emperayre ters per l’ajuda dalqual Otho premier. [fo 12 v°] Aquest Gillibert fon arcevesque d’Arles e embe la scyensa de las letras humanas e profanas, s’adonnet de tout a la necromancia mejansant laqualla creyssya en el una ambition e cupiditat de regnar. (Estat). On preza vuys qu’el4 faguet tant de mecha[n]cetas en Arles que lou poble s’advizant de so[n] gouvert, l’havya en ody mortal. Ung poeta prouvensal d’aquest temps, nomat Bertran de Lamano[n], gentilhome d’Arles,5 en faguet una canso[n] que s’es trobada en un vielh libre escrich en letra de man en pargamyn ont son descritas las obras de qualquas poetas prouvensals qu’a estat donnat6 a Mo[n]seg[no]r de Lauris, prezident, e si co[m]mensa :7 « De l’arcevesque m’es a bon8 Qu’yeu un sirventez fassa, En qual dyray de m’el perdon Perqu’ es de mala cassa. De nul mal no[n] si lassa Qu’el puesca far, Ny vol doubtar, En ren qu’ades desplassa, En tout fa oultrapassa Que plus fol par 239

TROISIÈME PARTIE

Que si el9 avya massa. Anc no[n] vy tant fols coro[n]nat, Nuls hom’ que tengue[n]z terra, El, non tem’ far tort, ny pecat, E mescla tout l’an guerra, Lous syeus bayssa e attera, Espren souven Per so[n] fals sen, El aucy, el enserra, Vejaz del fal co[m]ma erra Que per argen Vend e solv en sa terra. [fo 13 r°]

On querrias aucyr per aver En la mayzo[n] obscura E anc nuls homs no[n] pot saber Nenguna forfachura, El no[n] ha de Dieu cura Perqu’ el mescre La sancta fe Qu’es en Sancta Escritura, Ben es mal’ adventura S’el legat ve Se no’ .l crema ou no’ .l mura. Cels d’Arles estava[n] embe allegrour, Sen trabalh e sen nauza Tro qu’an agut lou fal pastour, Ben es fal car el auza Prendre a sy la lour cauza, Ny far perdon D’el dam qu’el fon, Las, ben es fera cauza Jamays no[n] aura[n] pauza Sy no’ .l meton10 Tout vieu dessoubs la lauza. El ha lous sept pecats mortals Per qu’om ten malla via, Aucyr no[n] tem’, ny penjars fals,11 E vyeu de raubarya, Herguelh e avarya A el renegat Qu’el es proat De falsa garentia, Nul peccat no’ .l diria

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Car tant largat Mens larg per cortezia. Arcevesque que sia De tant proat Escumenjar parya E so[n] vet no[n] tenya Car hom vedat,12 Vedar non sy porrya. » [fo 13 v°] Aquest arcevesque, per l’ajuda de so[n] art de necroma[n]sa, pervenguet a la papalita. (Mu[n]ster). Otho III emperayre ly ajudet ben de montar ta[n]t hault. Estat.13 E lous historiographes en dizo[n] tant de cauzas estranyas d’el e indignas de tala dignitat que m’a bastat d’aver mes en lumyera la[dicha] canso[n] plus per la lauzour del poeta prouve[n]sal que per blasmar. Lou[dich] Gillibert fon appellat Sylvestre II del nom. [fo 14 r°]

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S’atroba als archieus d’Aix que Conrad premier del nom, emperadour d’Alamagna, estent el d’aquest temps en Arles, bailha qualques privilieges al luoc de Lurs en favour de l’evesque de Sistero[n]. [fo 16 r°] 80 DCCCCXVII Raoul de Bourgougna XXXI rey de Fransa, alqual Carle lou symple fon constrench bailhar son ryaulme. Lous Ytalians l’avyan fach leur rey e pueys ellous l’en descassero[n] e elegiro[n] per leur rey Hugo qu’era comte d’Arles. Annalas de Fran[sa]. Aquest Raoul aguet una filha nommada Adelheyda ou Adalazia que fon marida a Otho emperayre premier del nom. Munster. [fo 16 v°]

81 DCCCCXCVIII Robert XXXVI rey de Fransa, fils de Hue Capet, fon coronat ung an apres que lou payre fon mort. Lou faguet instruyre als arts liberaulx. (Normand). 82 D’aquest temps, Guilhaumes qu’era comte d’Arles fon maridat a madama Blanxa, sorre de Jaufred comte d’Anjou, de laqualla en aguet una filha que fon no[m]mada Constansa autrament Candida que fon maridada al[dich] Robert, laqualla Consta[n]sa avent auzit dire que so[n] maryt compauzava de tant belas prozas, orations, versets e responds que la gleyza canta aujourd’huey, ly preguet de fayre qualque bel verset per l’amour d’ella. El per gratificar sa moulher, faguet ung respons a l’honnour de S[anct] Denys e sous compagno[n]s que comensa : « O Constantia martirum ». Grandas Chronicas.

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Fault metre ycy les femmes illustres que estoie[n]t filhes du[dict] Robert et

autres. [fo 17 r°]

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MIIII

Per moustrar que la mayzo[n] del segnour de Sault es estada toujour provezida de personas illustras, si troba en leur escripturas que Hanry 2 del nom, emperadour dels Romans, duc de Bavyeras e comte de Bamberge, balha a Monsen Agoult de Lupo, marescal de l’empery, ung bel priviliege. [fo 17 v°] 85 MXXXIII Raymyre premier roy d’Aragon vide infra fol[io] /.../ P[rou]ven[se] et fault metre y/cy/.1 86 MXXX Raoulz, roy de Bourgogne, filz du s[us]nome Raoulz qu’avoit este deschasse du ryaulme d’Arles1 qui tenoit aussi le ryaulme d’Arles, se voya[n]t vieulz donna son ryaulme a Henry, filz de Conrad. Estatz et Mayzo[n]s illustres de la Chrestie[n]te. 87

M

Raymire p[re]mier roy d’Aragon vide infra.1 88 1040

Raymyre p[re]mier du nom, roy d’Arragon, filz de Sanctius, espouza Hermyssande ou Gibelge, filhe du comte d’Armagnac et de Bygorre dont il eut deux filz : Sanctius et Gonsalin et deux filhes : Tyburgia,1 mariee au comte de Prouvence et Sance ou Sancti, femme du comte de Thoulouze et regna 46 ans et morut /en/ 1063. (Hystoyres d’Arragon). [fo 18 r°] 89 MXXXIIII Conrad 2 del nom, emperadour dels Romans, frances de nation, de so[n] temps fo[n] fach partage de la Bourgougna en dous, so es en comtat e en dukat. La comtat fon de l’empery qu’el tenguet lo[n]gtemps en son poder, en laquala y era compres lou Lyonnéz e lou ryaulme d’Arles.1 N’y a que dizo[n] que la Prouvensa y era compreza car si troba qu’el en avya fach donna[ti]on a ung Gibert. (Estat) e Egnaci.

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90 MXCVII Del temps de Urban papa II del nom, fon tengut un consili a Clermont e co[n]clud d’anar al S[anct] Sepulchre. E y anero[n] de touta qualitat de gens per lou gagnar e y avya un ezercici de dous cens milla personas e pro[n] de gentilshomes de Prouvensa y anero[n] en compagna de Remo[n]d comte de Prouvensa, d’enfra lousquals y avya un Gaufred de Tourreves, segnour del luoc, vallent home qua fazia mays de dommage als enemys que tous dizon una cauza d’el admyrabla : qu’un jour estent embe sous compagnons de d’ella, anero[n] veyre un debbat d’un lyon e d’una serpent e que la serpent avya entortilhat lou lyo[n] que no[n] s’en podia desfayre. Gaufred fa tant que per so[n] ajuda lou lyon es deliourat e tua la serpent. Lou lyon recouneyssent lou ben que Gaufred ly a fach, lou seguya pertout aqui ont el anava e no[n] lou layssava jamays. Si lou gentilhome si combatya, lou lyon salhya subre so[n] enemyc de modo qu’el lou defeyssonava. Al retour qu’el faguet en Prouvensa mo[n]tet subre mar. Lous nautonyers no[n] y volia[n] leyssar intrar lou lyon. Si mecte a nadar jusquas que so[n] mestre fon descendut en terra e arribat en Prouvensa onte lou lyon ly portava de grandas comoditas tant a la cassa que en tout quant el avya a fayre. Fortaliciu[m] fidei de bello sarra[cino]. [fo 18 v°] MC

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S’atroba als archieux d’Arles que Gibert1 era comte d’Arles e de Prouvensa e Tyburgia era sa moulher. 92 MCVI

Clement papa III. Mu[n]ster papier a part.

93 MCXII Als archieus d’Aix, sy liege que madama Doussa, co[m]tessa de Barcilona,1 filha de la[dicha] Tyburgia, donna Prouvensa, Rouergue2 a Raymond, comte de Barcilona. Divisio[n] de Prouvensa.3 94 MCXXV Ydephons, comte de Thoulouza, es frayre de Remond, comte de Barcilona, ensins qu’apareys a la tourre del Thezaur a Aix, per ung instrument de divisio[n] de Prouvensa e de Gyvauda[n] e autres luocs. 95 MCXXV XVI KL nove[m]bre Remond, comte de Barcilona e Doulsa sa moulher e sos enfans1 fa[n] divisio[n] de Prouvensa, de Belcayre, d’Argensa, d’Avigno[n] e de la comtat de Venayssa, embe Ydelphons comte de Thoulouza e de S[anc]t Gilles,2 avy maternal del[dich] Remond ensins que s’atroba als[dichs] archieux d’Aix. E fan tractat de pax per louqual Remo[n]d e Doussa sa moulher quicton Belcayre e

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la terra d’Argensa, la terra de Prouvensa e autres luocs, exceptat la mytat d’Avigno[n], del pont de Sorgua, de Co[m]mons, del Tor que lou ly balho[n] sens enga[n]. 1112

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Tyburgia donna Prouvensa e Gyvauda[n] e autres luocs a Doussa sa filha al quatreme an del regne de Loys lou gros, rey de Fransa. Archieuz en la divizio[n] de Prouven[sa] e /...1 [fo 19 r°] 97 MCXXXXIIII Conrad emperadour III del nom, duc de Sueva, rey dels Romans, bailha a l’arcivesque d’Arles lous luocs de S[anct] Chamas, Sallon e autres luocs ensins qu’apareys per la donna[ti]on qu’es als archyeus d’Aix. A l’entour del sagel, y a en escrich aquest vers en l[et]ra gothiqua : « Roma caput mundi tenet orbis iura rotundi ». 98 1146

S’atroba als archieuz ung priviliege outrejat a la gleyza de Grassa per louqual apareys que aquest Yldephons si nomma rey de duc de Prouvensa e qu’el devya estre pere de Remo[n]d Bere[n]g[uie]r, co[m]te de Prouven[sa]. Valvenar[gas].1 99 MCL .../ septe[m]bre Ensins qu’apareys per la[dicha] division de Prouven[sa], Gybergius e Gybergia ou Tyburgia, maryt e moulher, era[n] comte e comtessa de Prouvensa per la donna[ti]on qu’en faguet Conrad emperadour al[dich] Gybert, payre grand de Hugo dels Baux. E que lous[dichs] maryt e moulher an agut Bereng[uie]r Remond e Remo[n]d Bereng[uie]r e una filha nomada Esteveneta. E que Bereng[uie]r Remo[n]d succedis a la comtat de Prouvensa e Remo[n]d Bere[n]g[uie]r a la comtat de Barcilona. E que lou[dich] Bere[n]guier Remond es trespassat e a leyssat ung fils nommat Remo[n]d Bereng[uie]r lou jouve, louqual (co[m]ma on prezumys) fon mes en tutella de so[n] oncle Remo[n]d Bereng[uie]r comte de Barcilona. E que Esteveneta si maridet a Remond dels Baux, lousquals aguero[n] Huguet, Guilhaumes, Bertrand e Gybert dels Baux. Mays que guerra fon moguda entre la[dicha] Steveneta e sous fils d’una part e Bere[n]g[uie]r Remond so[n] frayre de la comtat de Prouvensa. E qu’ellous venguero[n] en concordia, en vertut de laqualla lous[dichs] mayre e fils fan sagrament de fidelitat a Remond Bereng[uie]r comte de Barcilona e marquys de Prouvensa, fils de Doussa e a so[n] nebout Remond Bereng[uie]r, fils de so[n] frayre Bereng[uie]r Remond del castel de Trincatalha e dels castels que so[n] aqui pres. La[dicha] forma de sagrament es tala : « Jury yeu Steveneta,1 filha de Giberja e juri yeu Hugo dels Baux, filz de la[dicha] Steveneta, a tu Remond Bereng[uie]r, comte de Barcilona e marquis de Prouven[sa], filz de Doussa comtessa e a ton nebout Remo[n]d Bereng[uie]r, filz de ton frayre Bereng[uie]r Remo[n]d que d’aquest houra en la, serem fidels d’aquel castel de Trinquatalha e dels 244

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castels que so[n] aqui pres e vo[u]s donarem puyssan[sa] sensa dengu[n] engan, toutas las fes que nos ho mandares e ensins ho farem sensa engan, per Diou e per aquestas 4 Sanctas Evangelis de Diou, fach en Arles ».2 100 MCCL Frederic premier del nom, rey dels Romans, autrament Barba d’aur, duc de [fo 19 v°] Sueva, nebout de Conrad III, espouzet madama Beatrix, filha d’ung Renaud de Beza[n]so[n] e a cauza d’ella, recoubret1 la comtat de Bourgougna e la Prouvensa qu’avya[n] estas longtemps alienats de l’empery. Munster. 101 MCLX D’aquest temps, Henry duc d’Aquitanya e Remond comte de Barcelona si trobero[n] a Blayas sur Gironda e tracteron que Richard surnommat cuer de lyon 2, filz del[dich] Henry, devya espouzar la filha del[dich] Remond quand sera d’aage e lou[dich] Henry devya donnar a son[dich] filz la ducat d’Aquitanya. Aquest Remond era [pr]ince poderoux e riche car era comte de Barcelona e per cauza de sa moulher, era rey d’Arragon. Et [per] entendre aquesta /.../ et apres expozar que Sancton, rey d’Aragon, aguet tres filz : Sancton, Aufort e Ramelin. Ramelin /fon/ moyne apres la mort de sous frayres que no[n] aguero[n] ges d’enfans. E per despausi[ti]on del papa, Ramelin layssa lou monestier e si saysit del ryaulme d’Arragon e espouzet Maheult, mayre de Guilh[em]s, viscomte de Thouars de laqualla en aguet una filha que fon maridada embe lou[dich] Remond comte de Barcilona. ([An]nalas d’Aquitanya). 102 MCLXII XV KL septem[bre] Aquest Frideric, apres aver mes la cieutat de Millan per dos fes a sa subjectio[n] e assubjectit a el quazi touta la Lombardia (Estat),1 estent el a Turin, Remond Bereng[uie]r, comte de Barcilona,2 nebout de autre Remond, maryt d’una sieu nepsa, preg/a/ ly3 infeodar la comtat4 de Prouvensa despueys la Durensa jusquas a la mar e despueys las mo[n]tagnas jusquas al Roze antic, embe la cyeutat d’Arles e la comtat de Forcalq[uie]r. Vol que lou comte de Forcalq[uie]r fassa l’homage al[dich] Remond qu’el fazia al[dich] Frederic e si no[n] ho vol faire, qu’el perda la[dicha] comtat. E qu’el bailhara tous lous ans, lou jour de la festa de la purifica[ti]on Nostra Dama, XV marcs d’aur del pes de Cologna. Revoca certa donna[ti]on facha per Corraud emperadour5 so[n] nebout a Hugo dels Baux de tout so que ly avya donnat en la[dicha] comtat que tenya Gybert, payre gra[n]d del[dich] Hugo. Aquesta infeoda[ti]on es als archyeus d’Aix embe lou sagel d’aur a l’entour delqual sy liege d’ung coustat aquest vers : « Roma caput mundi regit frena orbis rotundi » e de l’autre coustat y ha : « Fredericus primus imperatore romano6 semper augustus ».

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103 MCLXII Steveneta e sous enfans fan la pax embe Remond Bereng[uie]r comte de Barcilona, felezena de Gibergius e Gibergia, de manyera que Remond lou jouve restet seignour pacific de la Prouven[sa]1 ensins qu’apareys als archyeus. 104 MCLXVIII Loys lou jouve, rey de Fransa, /.../ aguet un fils no[m]mat Philip qu’el /...1 105 MCLXVI Idelphons,1 roy d’Aragon et duc de Prou[vense], bailha la liberte aux religieux de Saulvecane sur le tirage de la sel. Hugues et Bertrand des Baulx, freres, sont tesmoingz. Archifz. Cesthuys Ydelphons estoit pere de Remond Berengu[ier]. Archifz. [fo 20 r°] 106 MCLXVIII D’aquest temps, Bertrand dels Baulx, fils d’Esteveneta, sorre1 de Remond Berenguier, per la question que fon moguda entre la[dicha] Esteveneta, sa mayre, e Berenguyer Remond,2 frayre d’ella, per razo[n]3 de la comtat de Prouvensa, aquest4 Bertrand s’era retyrat5 al servycy de Loys lou jouve, rey de Fransa. E6 per so qu’el era un bel e honeste gentilhome e ben amat del rey, lou manda en Anglaterra7 per acompagnar Philip so[n] fils qu’el devya maridar embe una filha del rey.8 Estre arribas,9 apres aver parlat ensemble, sy meto[n] a taula ont era lou rey, la reyna, leur filha e Philip e Bertrand dels Baulx. Philip10 qu’era encaras jouve e no[n] gayre ben apres a la civilitat, al commensament de taula, pren un pan e en fa XII grossas lescas. Bertrand qu’era sage e prudent, per cubrir aquella faulta (car no[n] s’era pas volgut assetar),11 pren douzer pessas d’argent e en pla[n]ta una12 en cascunas de las lescas. Lou rey d’Anglaterra,13 esbayt d’aquo, demanda la razo[n]. Bertrand ly dis graciouzame[n]t : « Vostra excellensa es esbayda de so que Philip a fach. La cauza d’eysso es que lous chrestianissimes reys de Fransa, per las grandas gracias qu’ellous han obtengudas de la immensa bontat de Dieu, an instituit que tous leurs enfans, davant que receba[n] l’ordre de cavalaria, en leur dynar e davant que manja[n] lou premier pan que leur es mes a taula, en fan XII lescas e en cascunas de lasquallas meton una pessa d’argent e las donna per l’amour de Dieu en revere[n]tia dels XII apostols e quand an ressauput l’ordre de cavallaria, meton en cascuna lesca una pessa d’aur. E fins al jour d’huey, tous aquellous que sortan de la caza de Fransa pratican eysso. E per ensins, monsegnor Philip a talhat lou pan e en a fach XII lescas afin que cadun dels paures aja la syeuna. » « Si Dieu my saulva la vida » (dis lou rey d’A[n]glaterra),13 « aquesta caritat es la plus bella qu’yeu aja jamays auzit dire e yeu que syeu rey coronat, no[n] fac pas tant de caritat d’un mes. » Eysso es en un vielh libre qu’a estat trasduch de prouvensal en lengua castelhana intitulat « Tyran lou Blanc ».

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107 MCLXXVII D’aquest temps fo[n] commensat d’edificar lou pont d’Avigno[n] qu’es subre lou Roze1 e y so[n] gravadas aquestas l[et]ras : « Pontes puer incipit benedictus » dal temps dels Vauldezes. (Chron[ica] martinyana). 108 MCLXXVIII Per ung instrument qu’es als archieux, s’apareys que Remo[n]d Bere[n]g[uie]r si nomma comte e marquy de Prouvensa. 109 Frederic Barberoux esta[n]t en Arles, bailhe priviliege a l’eglise d’Arles d’estre apreste a la [con]struc[ti]on des murailhes de la ville, des fossez et des custodes de la[dicte] ville p[o]ur tous les arcevesques et evesques de la P[rou]vence. Hytfandas estoit son chambellan de l’em[pire] et de Prouven[se] et de Bourgoigne et cecy estre du XXVII de son regne des Romains et le XXIIII de l’empire.1 [fo 20 v°]

110 MCLXXXV IIII KL mars Idelphons rey d’Aragon, comte de Barcilona, duc de Prouvensa, fils de Peyre d’Aragon, lauza la donnatio[n] facha per Remond Bereng[uie]r e Doussa sa moulher del luec de Novas a Monsen Gaufrid, evesque d’Avigno[n]. Item bailha e confirma lou bourg de S[anct] Saulvayre d’Aix als prevost/s/ e canonges en prezensa del comte de Foix, B[ertrand] dels Baulx, G/.../ de Sabra[n], Blacas, Barral, Gaufrid e Rostand. Archieus. Tu[n]c temporis marchio provinciae et nunc baiulus provinciae.1 111 MCXC Ricard rey d’Anglaterra qu’avya expouzat Heliona ou Eleonor, l’una de las filhas del comte Remond Bereng[uie]r, fon fach prezonyer del duc d’Austricha en passa[n]t per l’Alamagna e lieurat a Hanry VI emperayre (so dis l’Estat). E estre delieurat, si mete del partyt de Fransa e embe Philip rey, mo[n]ta[n] a Masselha e arriba/n/ per /mar/ en la Sicilla (so dis Norma[n]d). Or el avya conversat ung long temps a la /court/ de so[n] suegre lou comte Bere[n]g[uie]r que d’aquest temps plusours poetas prouvensals y florrissia[n] qu’escrivya[n] en leur lengua maternala ensins que ho dis Mario Equicola1 e tant agradava la ryma prouvensala a Rycard rey d’Anglaterra qu’el y passava souvent lou temps a legir2 de leurs facturas e plezentas inventions e s’adonnava a fayre verses coma ellous. E estent el prizonnyer, adreysset una canso[n] a madama Margarida sa cougnada, filha del[dich] Remo[n]d Bereng[uie]r e moulher de S[anct] Loys, si plagnent de so que no[n] pagava[n] sa renso[n] e ben que lou lengage sia3 inuzitat a nous autres, toutasfes per l’antiquitat de la lengua qu’on estima qu’ella sia estada la premiera de laqualla lous plus sabents qu’an escrich en ytalia[n] donna[n] aquesta lauzour a nostra lengua, dizent4 que lous nostres son estas lous premiers d’aver /... [fo 21 r°] 247

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112 MCXC Si liege a las escrituras del1 seignour Antoyne de Layncel, s[egno]r de Layncel e de Romollas, que ung W[ilhem]s es comte de Prouvensa e sy tenya a Manuesca. 113 Ricard rey d’Anglaterra regarde lib[ri] p/... f[olio] 43. 114 MCCIII Peyre rey d’Aragon a agut Yldephons1 que fon comte de Prouven[sa]2 qu’el maridet a madama Garcenda, filha de Guilhaumes, comte de Forcalq[uie]r. Louqual Yldefons era marquis de Prouvensa e lou[dich] Guilh[aume]s era fils de Bertrand e de Jausseranda maridats. E si troba als archyeus que una Garcenda ou Jausseranda era filha de Raynez de Claustral e que la[dicha] Garcenda, filha del[dich] Guilheumes, comte de Forcalq[uie]r, era moulher del[dich] Raynes de Claustral e que aquest Yldefons fon aquel que patejet3 embe Hugo[n] dels Baux de4 la Prouvensa per aquistar Masselha ensins que si liege en ung instrument dedicat de las cauzas d’Aix e de sa vicaria cotat per G e numero XLV qu’es als archieuz. [fo 21 v°] 115 MCXCIIII Lou[dich] Yldefons rey d’Arago[n], comte de Barcilona e marquis de Prouven[sa], fa donna[ti]on de certa partida de l’ysla de Camarguas a l’abbat de Valmagna en prezensa de l’arcevesque d’Arles. Si liege en ung instrume[n]t del[dich] abbat. 116 MCCLI Lous procurayres de la villa de Cony en Piedmo[n]t sy donna[n] al rey Carles premier, duc d’Anjou e de Prouvensa, fils del rey de Fransa e a dama Beatrix sa moulher e a leurs h[eriti]ers e successours perpetualme[n]t ensemble leur comuna e juridictio[n] e apertenensas. Archieuz.1 117 MCCIIII Yldefons fa so[n] testament per louqual layssa lou[dich] Bereng[uie]r Remond so[n] fils heritier e la[dicha] Garcenda legataria de Prouvensa (eysso es als archyeuz). Es estat grand almosnyer a las gleyzas e a fach de gra[n]das fondations e entre autras l’abbadia del Thoronet e la granda gleyza de Nymes e autras parts. 118 MCCVI Als statuts de Prouvensa, si liege que Remond Bereng[uie]r bailha priviliege als cytadins d’Aix d’estre francs de lata e de peage.

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119 MCCVI Guilhaumes comte de Forcalq[uie]r donna Manuasca e autres luocs a Alpho[n]s, comte de Prouvensa, payre grand de dama Beatrix1 e Moriez e Maussana a Hugo dels Baux. Archieus. 120 MCCIX Apareys per ung instrument que del[dich] Yldefons, fils de Peyre, rey d’Arago[n] e de Garce[n]da felezena de Guilh[aum]es, comte de Forcalq[uie]r, naysset Bereng[uie]r Remond alqual lous[dichs] payre e mayre donera[n] la comtat de Prouvensa e de Forcalq[uie]r.1 [fo 22 r°] 121 MCCVI .../ juin W[ilhem]s, comte de Forcalq[uie]r, fils de Mons[egno]r lou comte Bertrand e de madama la comtessa Gauceranda, balha als habitans de Manuasca certana libertat e drech a sous homes e si co[m]mensa : « In apiscibus l[et]ra[m] memoria come[n]datur ne res gesta penitus oblivioni tradatur », embe lou sagel de cyra1 qu’es ung instrum[en]t qu’es estat au grefe de la cour de parlament d’Aix. 122 1209 Men[sis] septembre Les [con]suls d’Avignon regarde papier a part d’Avigno[n]. 123 MCCXV D’aquest temps se bandero[n] plus de XX mil enfans disaupirat/s/ [per] songes e [per] donar sas bandas veno[n] a Masselha e intrero[n] dins las naux. Chron[ica] martin[iana].1 124 MCCXVII Berenguyer, comte de Prouvensa, ven de Catalogna per louqual Nyssa fon preza. Juxtas chronicas S[ancti] Joh[ann]is de l’extraich de Valvenarguas.1 125 1215 XVI /.../ mais Pour rayso[n] du peage (regarde papier a part d’Avignon). 1216 Men[sis] nove[m]bre Estans [con]sulz regarde /...

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127 MCCXIX Hylmylolyn, sarrazin, prenguet las Espagnas. S’en ven jusquas en Arles e Avigno[n], metent tout a fuec e a sang. Fon pueys descassat per lous quatre reys d’Espagna quand ellous entendero[n] las crudelitats e tyranyas qu’el uzava e no[n] ly leyssero[n] que lou pays de Granada. Platina. Munster. 128 MCCXXI D’aquest temps,1 aprés que Saladin aguet pres la cyeutat de Jeruzalem que lous chrestia[n]s avya[n] possedit per qualque temps,2 Jan,3 rey de Hieruzalem, donna sa filha Yoland en mariage a Frederic 2 del nom, emperadour, e ly donna en verquyera lou drech qu’el avya al ryaulme de Hierusalem e eysso es4 la cauza per laqualla tous lous reys de Naples e de Sicila si noma[n] reys de Hyeruzalem, mays no[n] ho so[n] que de paraulas. Platina e Munster. 129 1223 Al vuech d’octobre Percival Doria poete prove[n]sal estoit potestat d’Avigno[n]. (Privilieges d’Avignon). 130 MCCXXIII Loys VIII, fils de Philip rey de Fransa, payre de S[anct] Loys, parlamentet embe Frederic. Desracinet l’herezia de/l/s Albigés, pre[n]guet Avigno[n] e faguet demolir lous barrys. Guaguin. Emilius.1 En l’an XVI de so[n] regne,2 Loys, rey de Fran[sa], anet en Avigno[n] ; laqualla el pre[n]guet e faguet abatre las muralhas razibus de terra. La cauza perque el y anet, fon per so que lous habitans de la villa avya[n] estat l’espacy de VII ans, interdicts e excumenjats per leurs errours e herezias. E a so[n] retour, morit inco[n]tine[n]t a Mo[n]tpensier. Mar dels Hystorias. 131 1225 XV et a le[dict] julii W[ilhem]s de Landuno de ce temps estoit potestat d’Avignon. (Privilieges d’Avignon). 132 1226 Men[sis] feb[rie]r Et P[rou]v[en]ce despuis regarde papier a part d’Avignon. [fo 22 v°] 133 MCCXXVI Frederic 2 emperadour confirma lous privilieges e l’infeodation de Prouven[sa]1 a Remo[n]d Bere[n]guier comte e marquys de Prouvensa (als archieuz). Aquest Frideric era rey de Hyeruzalem e

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de Sicilla. Parlava grec, latin, alema[n] e arabic. El ava[n]cet las bonas l[et]ras. Prompt[uari] des Medalhas. Era bon poeta en rythmas vulgars e si delectava a la lengua prouvensalla car s’atroba dins las obras dels poetas prouvensal/s/ que Mons[egno]r lou Prezide[n]t de Laurys ha,2 aquestous vers que fan : « Plas my cavaliers frances E la dona catalana E l’onrar del Gynoes E la cour de Castellana, Lou cantar prouvensales E la dansa trevyzana E lou corps aragones, Las perlas de Jolyana, Las mans e cara d’Angléz E lous donzels de Tuscana ».3 134 MCCXXVI Avigno[n] estent enfecida de la secta dels Arrians e Albigez e interdicha per V ans, fon assiejada per Loys VIII, rey de Fran[sa], payre de S[anct] Loys que y era en persona e y fon tuat Mossen Guy de S[anct] Paul embe plusours aultres del party del[dich] rey. Fon la1 cyeutat preza per compozitio[n], lous barrys demolys e raza[t]z, lous fossats umplyz de terra e IIIc de las plus rikas mayzons abbatudas. Ritius, Dels Reys de Naples. 135 MCCXXVI Vide suo loco lou comte Almaryc. 136 1228 KL april Estans [con]sulz d’Avigno[n] regarde papier a part d’Avigno[n]. 137 MCCXXVIII Bereng[uie]r Remond1 IV ou V si maridet embe madama Beatrix, filha de Thomas comte de Savoya, de laqualla en aguet IIII filhas, lasquallas per una grand felicitat furo[n]toutas maridadas a de reys. So es : Margarida, maridada a S[anct] Loys, rey de Fransa ensins que s’era[n] dich, Helyona, maridada a Henry III, rey d’Anglaterra, Sancia, maridada a Richard, comte de Cornuben2 e mort lou[dich] Ricard, si maridet al comte de Viena e la quarta nomada Beatrix fon maridada al comte de Toulouza e repudyant lou[dich] comte, fon maridada apres la mort de so[n] payre a Carle premier,3 frayre del[dich] rey S[anct] Loys, comte d’Anjou e del Mans4 e la[dicha] Beatrix fon instituida heritiera universal de son payre e las autras tres foro[n] legatarias particulars. (Norma[n]d).5 Mays en so[n] testament, no[n] fa ges de me[n]tion que Beatrix6 fussa encaras maridada.

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138 MCCXXVIII Remond lou vielh,1 comte de Thoulouza, estent acuzat de rebellio[n] co[n]tra so[n] superiour, fon aussi acuzat d’herezia. E entre lou rey de Fran[sa], payre de S[anct] Loys e lou papa, ly faguero[n] una forta e aspra guerra e fon privat de tout son ben louqual sy desparto[n] entre ellous car lou rey de Fransa aguet la co[m]tat de Thoulouza e tout so[n] perteneme[n]t jusquas Belcayre2 e lou papa aguet la comtat de Venayssa. E ung dive[n]dres sanct, a Parys, lou[dich] Remond fon reconsiliat, estent lous peds nuds, en camyza e en brayas fon menat au dava[n]t de l’autal de la gra[n]da gleyza, en prezensa de dous cardenals e furo[n] acordadas entr’ ellous pro[n] de cauzas per aver pax e entre autras3 que lou[dich] comte de Thoulouza ny alcu[n] de sous heritiers no[n] acquistarya[n] jamays drech de ly succedir, sino[n] soulament lous desce[n]dens de madama Jana sa filha e de mossen Alphons, frayre del rey marida[t]s. (Martin). Lou[dich] Remo[n]d estre mort, el s’era fach aquest epitaphe qu’es gravat en marbre a Thoulouza, en rythma vulgara prouvensala : « Non y ha home sur terra Per grand senhor que fos Qu’ em gectes de ma terra Si la gleyza no[n] fos. » (Jan Bertra[n]di, advocat de Th[ou]l[ouz]a : « De Gestes th[o]l[os]es »). [fo 24 r°] 139 MCCXXVIII La comtat de Venayssa fon acquistada per lou papa Gregori IX del nom, en vertut de certa transaction facha a Paris del temps de Carle 2 e per passar lou[dich] acte de transaction, y mandet lou cardinal Cangre. D’aquest temps, y avia dous frayres en la mayzo[n] d’Anjou e per partage e divisio[n] fach entre ellous, l’ung fon comte de Thoulouza, Carcassona, Lenguadoc e de la comtat Venayssyn e si nomava lou comte Remond. (Statuts d’Avigno[n]).1 L’autre fon comte de Prouvensa, segnour d’Avigno[n] e rey de Naples. Lou comte Remond fon2 acuzat d’herezia a cauza de que fon acordat entre lou papa e lou rey de Fransa, a Paris, de lou destrure e prendre sas terras. E ensins fon fach embe convention que tout so qu’el avya de d’ela lou Roze seria al rey, so es : la comtat de Thoulouza, la comtat de Carcassona e lou Lenguadoc, e tot so qu’el tenia d’essa lou Rhoze, qu’era de l’empery, seria al papa e a la gleyza romana e per ensins la[dicha] gleyza romana ten per semblable titre la[dicha] comtat de Venayssin embe las terras adjacens, que lou rey ten la[dicha] comtat de Thoulouza e Lenguadoc. E las dichas terras adjacens de la comtat de Venayssin sont aquestas, so es : la baronya de S[anct] Alban, Montelymar, Romans e autras plassas jusquas al nombre de quatre vingts e plus.3 140 MCCXXIX Peyre Sylva[n] ou Salva[n] Prouvensal, qu’avya estat servitour del comte Remond, per lous troubles qu’eran d’aquest temps en Prouvensa layssa lou pays e s’en va en Ytalia. Quan fon a Sienna,1 lous Siennéz avya[n] adonc grand guerra co[n]tra lous Florentins. Peyre Sylva[n] (que lous Siennéz nomava[n] lou Prouvensal) era en grand estima[ti]on en fach de guerra car l’avya[n] vist en de gra[n]das factions qu’el no[n] s’espargnava ren. Lou faguero[n] cap mestre del camp siennez que y avya quatorze cens cavaliers e huech millia pieto[n]s e tamben sy co[n]duguet qu’el sy trobet vensedour

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e victorious a la routa de Montapert. Mays l’ecerciti florentin, indignat de la routa, ven al secours e romp lou camp siennez e plusours en furo[n] tuas. Lou Prouvensal prés,2 ly talhero[n] la testa e messa al bout d’una lansa e portada per tout lou camp, al gra[n]d regret dels Syennez.3 (Landyn). L’on crey qu’aquest Peyre es aquel Peyre de Prouvensa per louqual es estada facha l’hystoria d’el e de la bella Maguallona. 141 MCCXXIX Nyssa fon preza per Bereng[uie]r, comte de Prouven[sa]. Discours de Valvenarguas.1 [fo 24 v°]

142 1230 D’aoust Frederic II du nom, roy des Romains, empere[u]r,1 esta[n]t en Arles, [con]firme les privilieges a la[dicte] eglise d’Arles, bailhez [par] Frederic p[re]mier de son empire Xem, de Jerusale[m] roy Vem, de Sicille XXXII. 143 MCCXXX Bertrand de Grassa, seignour del Barn, fa excamby embe Remond Bereng[uie]r, comte de Prouvensa, ensins qu’apareys als archyeuz. E lous predecessours del[dich] Bertrand si nomava[n] Guydo e Rambaud d’Empus, dasquals sont desce[n]dus aquellous de Grassa. 144 MCCXXXI Lou comte de Forcalq[uie]r qu’era d’aquest temps more. Lou comte Bere[n]g[uie]r vence Hugo[n] dels Baulx e Guilhe[m]s de Caumont. Discours de Valvenarguas. Jux[tas] chron[icas] S[ancti] Ioh[ann]is. 145 MCCXXXI Si liege al libre Pergameno[rum] que lou comte Remond Berenguyer bailha licensa a Esteve Gran e Rostang de Faulco[n] e Guilh[aum]es Eyssautier e autres per edificar una villa entre lous luocs de Droulha e Faulco[n] al ped de la ribiera d’Ubaya, laqualla vol que si nomme Barcillona. Als archieuz. 146 MCCXXXI Foulquet de Masselha, famoux poeta prouvensal citat per Petrarcha que fon evesque de Thoulousa, morit d’aquest temps qu’avya fach la guerra co[n]tra lous Albiges de Toulouza, alqual sucedet frayre Remo[n]d, provincial de Prouvensa de l’ordre dels Prezicadours. Chron[icas] martinianas.1

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147 MCCXXXII I [deldich] janvyer Remond Bereng[uie]r infeoda las cavalcadas e alberguas qu’el ha al luoc de Coutignac a W[ilhems] de Coutignac per lou servycy a el fach e vol que lous consegnours del[dich] luoc syan tenguts ly far homage ensins qu’ellous fazian al comte Bereng[uie]r. E confirma so que Yldefons, rey d’Arago[n], avya bailhat a Mariso de Reza ou de Rhegio, payre del[dich] W[ilhems]. Archyeuz. 148 MCCXXXIIII S’atroba1 als archieuz de la mayso[n] comuna d’Arles qualques instrumens sagelas de plomb pendent e d’ung coustat y ha insculpit ung castel de tres tourres e a l’entour y es insculpit en l[et]ra gothica aquest vers : « Urbs arelatensis est hostibus hostis et ensis » e de l’autre coustat y ha insculpit ung lyon rampent embe aquestas l[et]ras gothicas en vers : « Nobilis in primis dici solet ira leonis ». 149 MCCXXXIIII S[anct] Loys, rey de Fransa, pre[n]guet per moulher Margarida, filha de Remo[n]d, co[m]te de Prouvensa. (Chron[icas] martin[ianas]).1 Fon conselhar si maridar. Mandet l’arcevesque2 de Sens en monsen Jan de Neela, sous messagiers, a Remond Bereng[uie]r comte3 [fo 27 r°] de Prouvensa per aver en mariage madama Margarida, una de sas filhas. Lou comte fon fort alegre e la ly mandet. Quan fon venguda, lou rey l’espouset e la faguet coronar reyna dins la gleyza de Nostra Dama de Paris per lou[dich] arcevesque de Sens, de laqualla en aguet de bels enfans. Grandas Chronicas. 150 D’aquest temps,1 Bereng[uie]r Remond, comte de Prouvensa, estent el embe Thomas, comte de Savoya, so[n] bel frayre, no[n] s’en volguet jamays retournar a Masselha onte sy tenya la plupart del temps per razo[n] de l’inimicitia qu’el avya co[n]cebuda co[n]tra lous syous (per so que lous Masselhezes l’avya[n] volgut expulsar e aver emb’ ellous lou jouve Remo[n]d, comte de Thoulouza). Passet la resta de sa vida embe so[ndich] bel frayre, lou comte de Savoya. Norma[n]d.2 151 MCCXXXV Remond Bere[n]g[uie]r, marquis de Prouvensa, donna a Bertrand d’Esparro[n] tout so qu’el ha a Ries. Archieuz. [fo 25 r°]

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152 Testament de Remond Berenguier en favour de Beatrix sa fille MCCXXXVIII XII KL julhet Remond Berenguyer, en so[n] testament qu’el fa, si dis fils de Ilfephons,1 comte e marquis de Prouvensa e comte de Forcalq[uie]r e en premier luoc instituis heritiera Margarida sa filha, reyna de Fransa, en X milla marchs d’argent, lasquallas ly avya ja co[n]stituidas en dot e l’instituis heritiera en C marchs dava[n]tage, de laqualla dota ly en avya paguat II milla marchs d’argent. A Eleonor sa filha,2 reyna d’Anglaterra, l’instituis heritiera en X milla marchs d’arge[n]t, lasquallas ly avya ja constituit en dota e l’instituis heritiera en C marchs d’argent dava[n]tage. A Sance sa filhe, l’instituis heritiera en V milla marchs d’argent dava[n]tage, so es en dos milla marchs d’argent,3 lasquallas ly avya ja assignadas e tres milla marchs d’argent dava[n]tage. A Beatrix,4 so[n] autra e darriera filha, l’instituis so[n] heritiera g[e]n[er]alla en toutas las comtats de Prouven[sa] e de Forcalq[uie]r e en tous sous bens e si la[dicha] Beatrix havya ung ou plus[ou]rs fils mascles, substituis lou premier nat, si lou premier nat more, l’autre succedira e ensins dals fils mascles de la[dicha] Beatrix segond l’ordre dessus dich tant d’ella que dels enfans de las autras filhas. Si Beatrix more sensa mascle, substituis lou premier fils mascle de Sansa, louqual fils de Sansa sera tengut donnar a la[dicha] Beatrix cinq milla marcs d’argent e qu’amb aquo si co[n]tenta. E si sas dichas filhas Beatrix e Sansa moria[n] sensa enfans mascles e que Beatrix aguessa una filha, aquella substituis emb’ aquesta condition que si Sansa no[n] ha enfant mascle, preferis la[dicha] Beatrix. E si Beatrix no[n] ha fils ou filha ou que Sansa morissa sensa enfans mascles, en tal cas, substituis l’illustre Jaques, rey d’Aragon. E si lou[dich] rey d’Arrago[n], del temps de la[dicha] substitu[ti]on no[n] ha q’ung enfant mascle, aquel substituis, mays sy en ha plusours, substituis lou seguent que sia rey. E si lo venya que lou[dich] comte Remond Bere[n]g[uie]r aguessa un fils mascle, l’instituis heretier g[e]n[er]al en las[dichas] comtats e segnorias, en cassant la [fo 25 v°] Institu[ti]on g[e]n[er]ala de Beatrix. E 5 tal cas avenent, instituis la[dicha] Beatrix heritiera en V milla marcs d’argent e s’el ha ung posthume, vol que la[dicha] institu[ti]on g[e]n[re]ala de Beatrix aja luoc e si es posthuma ly layssa e instituis6 II milla marcs d’argent. E si l’avenia tal syeu fils mascle morissa sensa enfans, vol que las[dichas] substitu[ti]ons eycy dessus fachas ajan luoc. Confessa7 d’aver agut de madama Beatrix sa moulher, sorre de Thomas comte de Savoya, per cauza de dot, II millia marcs d’argent e ly layssa tres milla marcs per losquals V milla marcs tant per la dota que per legat. Obliga tot quant el ha en tout lou comtat de Forcalq[uie]r e als castels soubta escrichs que so[n]t de la Durensa en la comtat de Prouven[sa], so es als castels de L’Escala, Castelnou, Subribas, Salignac, Baudiment, S[anct] Simphoria[n], Entrepeyras, Vilhosc, Dromon, Dromont, Bryansonet, Barles, Raynyer, Esparro[n], Bayons, Valerna, Astoyns, touta la terra de Guilh[aum]es de la Tourre, Breziers, Belfort, Rocabruna, Puyagut, Vallensana, lou Cayre, la Motta, Clemensana, Rochas, Castelfort, Nybla e Valerna, Vaumelh, Sygoyer, Teza, Claret, Melva, Curban e Venteyrol. Vol que sy el ten qualqua cauza injustament, sia renduda. Vol e layssa toutas las albergas ou lou recapt d’aquellas per pagar sous debtes e per lous mals qu’el a fachs e per las cauzas per el mal acquizidas e per8 emendar lous torts qu’el a fach, exceptat dels castels qu’el layssa a madama la comtessa, lou tout a la discretio[n] dals arcevesque d’Aix, evesques de Frejuls e de Ries e de Romyeu e de Guilh[aum]es de Cotignac.

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Constituis lous[dichs] Romyeu e G. de Cotignac, tutours bayles de toutas sas terras e de sas filhas e no[n] fassa[n] ren sensa lou conselh e advis de madama la comtessa. [fo 26 r°] Vol que madama la comtessa sia usufrucjueyris de toutas sas terras tant que ly playra e qu’estara sensa sy maridar e qu’ella s’abstengua de touta alienatio[n]. Elegis sa sepultura a l’espital de S[anct] Joha[n] d’Aix ont jay son payre, de bona memoria Ildefons comte de Prouvensa e layssa al[dich] espital la plassa de Vinon e Tribulhana. Layssa II mil marcs d’argent de las[dichas] albergas per distribuyr per las plassas religiousas9 e als paures. Assigna la comtat de Nissa e lou castel d’Albaro[n], Carmarguas, Castelreynard, S[anct] Alban, Sereno[n] e10 la Baulma e las apertenensas d’aquellas per del reve[n]gut d’aquellas plassas embe las[dichas] albergas, satisfayre als torts e debtes qu’el a fachs sensa y comprendre las dotas. Vol que lous privilieges otrejas a las gleyzas sia[n] gardas perpetualme[n]t. Vol que lous[dichs] prelats obtengo[n] l[et]ras del papa per poder escume[n]jar aquel ou aquella que sera so[n] heritier si co[n]travenya a so qu’es dessus e si no[n] adimplis, que sia privat totalment de las[dichas] comtas e terras. Aquel testament fon fach a Systero[n]. [fo 28 r°]

153 Raymond Berenger era tant liberal que toujour avya engajat l’intrada de so[n] revengut. Ung romyeu venent de S[anct] Jacques arribet a Thoulouza ont’ estava lou[dich] comte e per so qu’el avya apparensa d’estre home de ben e que a so[n] parlar monstrava una nobilitat de courage e granda prudentia, ben qu’el no[n] volguessa jamays dire d’ont’ el era, ny so[n] nom, mays si fazia nomar lou Romyeu. Fon convidat a la cour. E aver el entendut lou malvays gouvern del comte e qu’el manjava toujour son blat en herba, prometet que si on ly donava lou gouvern dels afayres de la mayso[n] del comte, qu’en breu de temps lou trayria foras de las uzuras e embe una honesta liberalitat ly faria acreysse so[n] ben e sa renda. Lou comte l’aver pres en gracia, ly bailha lou gouvernament de so[n] ben. El faguet mays qu’el no[n] avya promes car el donnet moyen qu’en pauc de temps el colloquet en mariage sas quatre filhas qu’era[n] toutas sajas, vertuouzas e maridadoyras embe sa sancta industria (car estimava[n] qu’el fussa sanct home) faguet tant qu’el las maridet a quatre reys co[m]ma a drech dessus.1 E per so que fon dich al[dich] comte per qualques malvays retrassys qu’el no[n] gouvernava pas ben e qu’el devya rendre sous comptes de so[n] administration, trobero[n] ocazio[n] per cauza per l’en far anar. Fon solicitat de dire so[n] nom e so[n] pays, mays despichous d’eysso, prenguet conge del comte e s’en va que plus no[n] fon vist. Landyn.2 N’y ha qu’an volgut dire qu’aquest Romyeu es aquel Romyeu de Villanova delqual so[n]t sortis lous segnours de Vensa e que lou[dich] comte ly infeodet la part qu’el avya au[dich] Vensa en recompensa del servycy per el fach. [fo 26 v°] 154 Aquest Remond Bereng[uie]r era homa plen d’humanitat e eloquent en rymas vul/garas/. [fo 27 v°]

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155 MCCXXXVII V KL juing Remond Bere[n]g[uie]r, comte de Prouvensa, e Amphous de Balma e autres ge[n]tilho[m]es de Prouvensa, fan conve[n]tio[n] per laqualla es dich que lous gentilsho[m]es e barons de Prouvensa sera[n] tenguts fayre calvacadas per XI jours al pays. (Archieux). 156 Bertrand e Remond Porcellets fan recouneyssen[sa] a Remond Bere[n]g[uie]r, comte de Prouven[sa], del bourg dels Porcellets d’Arles. (Archieux). Nota donc que d’aquest temps Arles no[n] devya pas estre envyronat de barrys. [fo 28 r°] 157 1243 Feste S[ainct] Andre Aux estatutz et ord[onnances] regarde papier a part d’Avignon. [fo 28 v°] 158 MCCXLV Bereng[uie]r, comte de Prouvensa, more. Discours de Valvenarguas, Jux[tas] Chronicas S[ancti] Joh[ann]is. 159 MCCXXXXV Beatrix, heritiera g[e]n[er]ala en la comtat de Prouvensa, aguet un fils nomat Carle qu’es Carle 2 e qu’era boytoux, que succedis al ryaulme de Sicilla e a la comtat de Prouvensa. Archifs.1 160 D’aquest temps, y avia doas Beatrix : l’una era moulher de Remond Bere[n]g[uie]r que fon filha de Thomas, comte de Savoya coma es estat dich dessus e l’autra Beatrix fon filha heritiera universal del[dich] comte Remond, que fon maridada a Carle, frayre de S[anct] Loys.1 161 MCCXXXXVI Madama Beatrix, coma es estat dich dessus, era filha e heritiera g[e]n[er]ala en la comtat de Prouvensa per lou comte1 Remond Bere[n]g[uie]r e per so qu’en ella y avya ung bel e ric partyt, lou rey d’Arago[n] aver deliberat de la donnar a ung sieu fils en mariage, s’en ven embe granda armada e s’en intra en Prouven[sa]. Madama Beatrix despacha posta e ho fa entendre a S[anct] Loys, rey de Fransa, so[n] beau frayre, louqual despacha la[dicha] posta al[dich] rey d’Arago[n] per cessar talla guerra contra sa cougnada. Lou rey d’Arago[n] ly fa resposta qu’el no[n] ly voldria fayre cauza que ly desplaguez e s’en retournet e[n] Arago[n] embe so[n] armada. E madama Beatrix s’en anet en Fransa e lou rey mectet ella e sa terra de Prouven[sa] en sa salvagarda. Las festas de Penthecostas enseguent, lou rey S[anct] Loys fa assemblar granda compagnya de barons al castel de Melun e faguet mons[egno]r Carles so[n] frayre nouvel cavalier e ly donnet la comtat d’Angier. E pueys, ly faguet espouzar la[dicha] madama Beatrix, comtessa heritiera2 de Prouvensa, sorre de sa moulher e ensins 257

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lou[dich] Carle fon comte d’Anjou e de Prouvensa. (Grandas Chronicas de Fransa). Aquest mariage e aquel de S[anct] Loys furo[n] comensament de l’alyensa embe lous comtes de Prouvensa. 162 MCCXXXXVIII S[anct] Loys estent el a Aix en Prouven[sa] (lous autres dizo[n] a Masselha), instituis madama Blanxa, sa mayre, regenta en Fransa. S’en part d’Aix ou de Masselha embe sous [fo 29 r°] frayres Robert e Carle e Eude, legat del papa, e arribet a Chipres lou XXI septembre. Normand. S[anct] Loys, acompagnat de nobles e barons de Fransa, si despart de Paris per anar oultramar co[n]tra lous mescrezens. Alqual vyage y moriro[n] plusours, so es : lous comtes de Mo[n]fort e de Vendosma e Guilh[aum]es de Barras e pluso[u]rs autres e pueys lou[dich] S[anct] Loys fon pres prizonyer.1 Mar des Hystor[ias]. 163 Frederic 2 del nom, emperadour, donna a Manfred so[n] fils bastard, lou ryaulme de Sicilla, mays lou papa Urban lou ly levet per razo[n] qu’el ly era co[n]trary e lou donnet a Carle, comte d’Anjou e de Prouvensa. Estat de l’Egliza. 164 E en las Chronicas de Fransa, si liege que vers las festas de Pandecostas, S[anct] Loys embe madama Margarida sa moulher e granda compagnya, s’en parto[n] de Paris per anar outramar conquistar la Terra Sancta. E arribero[n] a Ayguas Mortas, aqui s’embarquero[n] e tant voguero[n] qu’arribero[n] a Chypres onte moriro[n] pron de cavaliers, jusquas a CCXXXX. E mons[egno]r Carle, comte d’Anjou e de Prouvensa, fon tant malade qu’el y penset restar.1 E d’aqui s’en anero[n] pueys en Hyeruzalem e lou gagnero[n]. E S[anct] Loys fon prizonyer per lous Turcs en una villa dicha Massera e touta so[n] armada desfacha e sous dous frayres, Alpho[n]s, comte de Poyctiers e lou[dich] comte d’Angier e de Prouvensa e quazi tous lous autres princes e gens de guerra morts ou pres qu’en escapet ben pauc e pueys foro[n] mes a ranso[n]. Mays lous[dichs] Alphons e Carles arribero[n] d’outramar a Paris III ans apres e lou rey S[anct] Loys y era encaras restat. Chronicas de Fran[sa]. 165 D’aquest temps, era en pres Bonifacy Calvo, poeta1, gynoez de natio[n]. Si moguet de so[n] luec, ven troubar lou rey Ferrand de Castella e per so[n] bel styl e plezenta romansaria2 en lengua prouvensala que d’aquest temps era fort co[m]muna a tous, fon fach cavalier dins VI mezes. Fon amourous d’una filha del[dich] rey a l’honnour de laqualla faguet mantas bonas cansons. S[anct] Cezary qu’a escrich lou cathalog dels poetas prouvensals dis de Bonyfacy Calvo ensins, introduzent philozofia parlant en sa persona. Mantasfes, aquellous que no[n] sabo[n] entendre las cansons ny tryar una obra subtilla facha per lous sabens homes, sy fan souvent correcto[u]rs d’aquellas, de modo que per faulta d’entendement gaston tout. Peró, yeu pregue a tous aquellous que veyra[n] las obras d’aquest Calvo que no[n] si trabalho[n] de las corregir. Pres3 del cantyenary dels poetas provensals qu’es als archieuz de Sault.4 Nota hic cadit lous poetas prouvensals que florissia[n] d’aquest temps : Bonyfacy Calvo, Ancelme Faydit, Bernard de Ve[n]tadour, Blacas, Sycard de Fos, Arnaud Danyel, Arnaud de Meyruelh, Boniface de Castellana, Bertrand Astourgat, Bertrand Carbonel, Bertrand de Lamano[n],

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Peyre d’Alvergna, Peyre Vidal, Jaufre Rudel, Rambaud de Vaqeras, Rambaud d’Ore[n]ja, Emeric de Belemuy, Foulquet de Masselha, Guilhaume de S[anct] Deydier, Hugo del Rial, Giraud. 166 MCCL IIII id Febr[ier] Bertrand1 e Guilhaumes des Baux fan transactio[n] e acord ensemble del defere[n]t qu’ellous 2 avya[n] , per laqualla es dich que tous lous homes dels luocs que sont3 del[dich] Guilh[aum]es dels Baux (car el pretendia drech a la comtat de Prouvensa) seria[n] francs de tout peage4 e jusquas aljourd’huey,5 lous[dichs] luocs lous appello[n] Bausse[n]cs qu’es ung grand priviliege als habitans dels luocs, lousquals so[n] aquestous que s’enseguo[n] e premierament :6 1 lou castel dels Baulx 2 la villa de Berra [fo 29 v°] 3 la villa de l’isla de Martegue 4 Ferrieras 5 Jonquieras 6 S[anct] Mytre 7 Ystre 8 Castelnou del Martegue 9 Las Penas 10 Myramars 11 S[anct] Amant ou S[anct] Chamas 12 Allanson 13 Agulhas 14 S[anct] Paul de Durensa 15 Vallensola 16 Meyrarguas 17 Vinon 18 Vytrolla 19 La Phara 20 Rozignac 21 Puyrycard 22 Lou Bausset 23 Morieras 24 Malaussena 25 Castilhon 26 Ceyresta 27 bourg de La Cieutat 28 Albagna 29 S[anct] Marcel 30 La Cadyera 31 Lou Castellet 32 Rokafort 33 Gardana 34 Gemmenas 35 Rokavayra 259

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36 Auriol 37 Daulphin 38 Mizon 39 L’Escalla 40 Montfort 41 Vollona 42 S[anct] Donnat 43 Vergons 44 Tartona 45 La Bastida dels Jordans 46 Castelnou Theonez 47 Montpaon 48 Marignana 49 Gygnac 50 Castelnou dessus Volonna 51 Clument 52 Lambrusca 53 S[anct] Honorat de Clume[n]t 54 Angles 55 Las Baulmetas 56 Agoult 57 Cabrieras 58 Gaudichard 59 Pertus 60 Villalaura 61 Sederon 62 S[anct] Romyech 63 Pellissana 64 Mallaussena 65 S[anct] Jan de Sallas 66 Tres Eymynas 67 Genso[n] al terradour de Pertus 68 Trans 69 Cerdola 70 Redana [fo 30 r°] 12571

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Lous Masselhezes que de toujour avya[n] estats de la segnouria de Prouvensa, si levero[n] contra lou[dich] Carle, comte d’Anjou e de Prouvensa, louqual s’en venguet en Prouvensa embe granda armada e lous subjuguet e castiguet leur horguelh per dos fes ben rigourouzament. (Grandas Chronicas de Fransa).

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168 S[anct] Loys estre retournat d’oultramar (Estat), manda so[n] frayre Carle a madama Margarida, comtessa de Flandres, per la secourir co[n]tra sous enfans, segnours d’Avigno[n] e Guilh[aum]es, comte de Holanda, emperadour ellegit. (Normand).1 169 Fault metre ycy request en second volume des Mers des Hystoyres, fuelhet 65 XII, de Masselhen[sis] CLII. 170 1255 .../ de febr[ier] Mess[i]res les comtes de Th[ou]l[ouz]e regarde papier a part d’Avignon. 171 MCCLVII septembre Entre la cieutat de Masselha e l’evesque fon facha una compozition1 en laqualla si liege lous drechs e lou nom dels castels del[dich] evesque e que la[dicha] cieutat de Masselha d’aquel temps era vyscomtat. Archyeuz. 172 III /.../ septembre Le comte de P[rou]ven[sa] /et/ de Forcalq[uie]r de ce temps a octroye qu’en la[dicte] comte de Forcalq[uie]r les filles qui seront dotees ne peuve[n]t succeder a l’heritage de leur pere et mere, mays qu’elles sero[n]t [con]ta[n]tes de le[u]rs dotz. Archifz. 173 W[ilhem]s, emperadour dels Romans (ensins qu’el si fazia no[m]mar), bailha qualque priviliege en favour de l’evesque de Sistero[n] e de Lurs. Archyeuz. 174 MCCLIX aoust Carle, fils del rey de Fransa, comte de Prouvensa, fa certa compozition embe lou castel d’Yeras (qu’adonc la villa no[n] era pas tant granda coma es) concernent la sal del[dich] luoc. Archieuz. 12631

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Lou papa Urban IV vezent que lous Romans fazia[n] tant d’insolensas en la villa de Roma, manda de legats a Loys, rey de Fransa, per ly2 mandar Carle, comte de Prouven[sa] e d’Angiers, son frayre,3 per descassar Manfred del ryaulme de Sicilla e de lou faire coronar rey de Sicilla (Platina) d’eca e d’ela lou Far embe tala [con]dition que si el l’aquistava a /.../ despuis qu’el recouneyssera lou[dich] ryalme a la gleyza en pagant la censa e ly faguet expedir letras de investitura. S[anct] Loys permetet aquesta cauza en delibera[ti]on embe lou[dich]

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TROISIÈME PARTIE

Carle e sous frayres.4 Beatrix, sa moulher, veze[n]t que sas tres sorres era[n] reynas e ela simpla comtessa, solicita Carle son mary de no[n] refuzar aquel party. Carle accepta[n]t l’empreza, si co[m]mensa a metre en ordre embe l’ajuda de S[anct] Loys e sous autres frayres, barons e amys e majourme[n]t de Beatrix sa moulher laqualla engaget tous sous joyaulx [per] ly ajudar. (Pandolfo Collenuccio).5 Lou[dich] Carle s’en mo[n]tet a Masselha embe XXX gallions e d’autras naux en grand nombre. Arribet al port d’Hostia, fon ressauput honorablament, intra dins Roma e obtenguet la dignitat senatorialla e aqui estet jusquas que fon6 coronat rey de Hyeruzalem e de Sicilla per lou papa Cleme[n]t IIII e per lous cardenals, embe talla condiction qu’el balharia a la [fo 30 v°] gleyza romana tous lous ans XXXX millia pessas d’aur e ensins juret e afirmet d’aquo fayre e qu’el no[n] aceptaria l’empery dels Romans ben qu’on lou ly volguessa bailhar volo[n]tariament. Platina. 176 MCCLXI Jour de S[anct] Peyre e S[anct] Paul Beatrix, co[m]tessa de Prouven[sa], moulher de Carle d’Anjou, fa so[n] testament per louqual instituis heritier universal lou[dich] Carle so[n] marit delqual en aguet altre Carle que ly succedis. Archieuz. 177 MCCLXII Lous Masselhezes d’aquest temps si rebellon1 contra lou[dich] Carle leur segnour, coma avya[n] fach eycy davant, louqual Carle faguet grand assemblada de Francezes e s’en venguet en Prouven[sa] e lous subjuguet per armas e tous lous auctours de la trahyzo[n] faguet publicament descapitar a cauza de que el augme[n]tet grandament so[n] renom. Grandas Chronicas de Fran[sa].2 178 MCCLXII Entre Carle, fils del rey de Fransa, comte de Prouvensa e de Forcalq[uie]r, tant en so[n] nom que de madama Beatrix sa moulher d’una part e frayre Feraud de Barras, grand comma[n]dour de partibus cismarinis, fan compozitio[n] de l’hospital de Sanct Jan. Archieuz. M

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Clement papa IIII infeoda lou ryalme de Sicilla a Carle, comte d’Anjou e de Prouvensa. Archieuz.1 180 MCCLXIII Urban papa (lous autres dizo[n] Clemens IV)1 manda a S[anct] Loys, rey de Fransa, qu’el ly mandessa so[n] frayre Carle,2 comte d’Anjou e de Prouvensa embe bona armada qu’el lou couronnaria rey de Sicilla e ly donnaria la Poulha e la Calabra jusquas a la quatresma genera[ti]on que vendria d’el.3 El dizia que lou[dich] ryaulme si tenya de la gleyza romana e que lou rey de Sicilla

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era home del papa e que l’emperadour Frederic l’avya ensins donat a la gleyza romana. Urba[n] fa publicar la crozada en Fransa contra lou[dich] Menfroy4 que ocupava la [fo 31 r°] Sicilla. Carle ven e marcha en batalha contra Manfred e despueys co[n]tra Conradin e lous vencet e ensins obtenguet las[dichas] terras, mays la fin fon mizerabla coma s’era dich. (Estat). Carle voulia toujours lous Prouvensals aupres d’el en la batalha. (Chronicas de Sabra[n]).5 En aquesta gloriouza victoria, Ermengauld de Sabran, fils del baro[n] d’Ansoys, co[m]te d’Artans,6 aguet l’ordre de cavalaria e l’ofici de mestre justicier del ryalme de Sicilla tant qu’el visquet. El avya espouzat madama Alys dels Baulx, filha de Bertrand dels Baulx, co[m]te del Mo[n]tescavyez, e nepsa de Carle II. Chronicas de Sabra[n].7 181 MCCLXIIII Lou papa Urban, vezent qu’el no[n] podia venir al bout de la malvastia de Manfred, fils de Hanry emperadour (Chronicas de Fransa), fils bastard de Frideric II emperadour, alqual el avya donnat lou ryaulme de Sicila (Estat), louqual Manfred era enemy de la gleyza que ocupava lou ryaulme de Sicilla qu’era de la gleyza romana, mandet ung cardenal a S[anct] Loys, rey de Fransa, per aver ajuda e ly pregua de ly ma[n]dar Carle, comte de Prouvensa, son frayre e qu’el ly donnaria lou ryaulme de Sicilla, las ducats de la Poulha e de Calabra si el fazia la guerra contra Manfred. Lou rey, content d’eysso, y manda son frayre embe pouderouza armada. Arribon a Roma e fon ressauput fort honorablament e fon retengut senatour. Lou papa ly donna lou ryaulme de Sicilla e de Calabra per lous tenir e possedir jusquas a la IIII generation e lou coronnet rey. Lou papa manda ung legat en Fransa prezikar la crouzada contra Manfred coma enemy de la gleyza e de la fed. Estre ve[n]gut a la notissa de Manfred, tyret a sy per dons e promessas una granda partida de las cieutas d’Ytalia. Quand lous Francezes aguero[n] passat las Alpas, lou segnour d’Apelvezin, luoctenent e connestable de Manfred que conduzia so[n] armada, venguet contra ellous a Cremona e aqui aguero[n] batalha e fon lou[dich] d’Apelvezin e sas gens defachs. Lous Francezes prenguero[n] las cieutats del pays e va[n] jusquas a Roma vers lou[dich] Carle, comte de Prouven[sa], ly portar las nouvellas. E s’estre un pauc refrescas, Carle nouvel rey e lous Francezes intrero[n] en la Poulha e aguero[n] batalha co[n]tra las gens de Manfred qu’era en la comtat de Benevent e tout fon defach e el tuat. Lous Francezes pre[n]guero[n] toutas las plassas e plusours dels princes del pays que tenya[n] lou party de Manfred furo[n] prisonyers. E lous aver te[n]guts ung an ou circa, lou[dich] Carle lous layssa anar e leur rendet leur terras.1 [fo 31 v°] E grand folia qu’el faguet car ly faguero[n] pron de mauls. La moulher e lous enfans de Manfred venguero[n] trobar lou[dich] Carle. Quand Hanry, frayre del rey d’Espagna, que de longtemps s’era enfugit embe so[n] frayre e s’era tengut embe lou rey de Thunys, saupet que Carle era fach rey de Sicilla, s’en va devers el, acompagnat de plusours cavaliers d’Espagna que Carle ressaupet honnorablament. E per so qu’el era so[n] couzin e valent home e avya bezong de gens per gardar so[n] nouvel ryaulme de Sicilla, lou faguet so[n] luoctenent al gouvernament senatorial de Roma delqual el en reportet una granda perda e dommage. Chronicas de Fransa. 182 MCCLXIIII Clemens papa IIII faguet venir promptament Carle, comte de Prouvensa, en Ytalia e lou constituit senatour de Roma. Manda de cardenals en la gleyza de Latran e aqui lou coronero[n] rey de Hyeruzalem e de Sicilla per talla condictio[n] qu’el juraria de paguar a la gleyza romana quaranta 263

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millia pessas d’aur tous lous ans e qu’el no[n] recebria l’empery de la ma[n] dels Alamans, encaras qu’el lou ly presentesso[n]. Naucler, Hanry Bulingere, Paul Jovyo e Aventin.1 183 MCCLXV III novembre Clemens papa IIII infeoda la Sicilla au[dich] Carles comte d’Anjou et de Prouven[sa]. Es enregistrada al long als archyeuz. E fon1 declarat rey de Sicilla d’essa e d’ela lou Far e coronat a S[anct] Jan de Latran a Roma, en pagand tous lous ans a la gleyza romana XI millas onsas d’aur, so es : VIII milla per lou ryalme de Sicilla d’esa lou Far e tres milla de l’isla de Sicilla d’ela lou Far, appellada Triniacrya.2 E fon estat coronat rey de Jerusalem per so que madama Marya, filha del rey d’Antyocha a laqualla a[per]te/nsa/ n’y a lou[dich] ryaulme de Jh[erusa]lem, avya remes so[n] drech al[dich] Carles d’Anjou. (Chron[icas] de Sabran).3 184 MCCLXVII Conradin, vray e legitime rey de Sicilla, fils de Conrad que fon fils de Frederic II, vensut en guerra per Carle (ensins que dessus es dich), fon finalament pres e descalat per ung nautonyer alqual el avya donnat so[n] annel d’aur en gage per lou port afin de lou passar a Pyza. Fon menat vers Carle, mes en prezo[n] e per lou conselh del papa, descapitat /en/ MCCLXVIII a Naples embe Frederic, duc d’Autricha e plus[ou]rs autres (Mar dels Hystorias) a tres que grand tort, co[n]tra tout drech e touta equitat. Naucler. Dizo[n] qu’en aquesta batalha y aguet XII mil homes tuaz e que Clement papa fon cauza d’un si grand mal,1 louqual estent interrogat per lou rey Carle qu’es2 aquo qu’el volia qu’on faguessa dels prizonniers, lou papa responde de talla fasso[n] qu’el donnava ben /.../ au[dich] rey Carle qu’el voulia qu’ellous fusso[n] descapitaz. Ensins, tous dous aguero[n] la testa co/pada/. Bulinger apres Paul Emil e Aventin. En ung vielh libre escrich en l[et]ra de ma[n] en lengage frances que m’a donat Loys Remond de Berra, seg[n]or de S[anct] Julha[n] d’Assa que s’intitula « L’Aubre », en lou cappitol Si le duc de la batailhe est pris si on luy doit [per]doner et avoir mercy de luy, vers la fin, dis ensins : « En ung darrier, es dich que despueys qu’ung home a vensut un autre, estre agut de ly perdonar, do/nc/ [per] qualla razo[n] lou dre de tuar ? En aquesta question, lo m’es advis que aquel qu’en la batalha a emprezonat son enemyc e especialame[n]t lou duc e cap/itani/ ou lou marescal de la batalha, verame[n]t segond Dieu e lou drech del decret, el ho deu fayre sino[n] que [per] sa deliouransa lou do/.../ d’aver plus grand guerra que jamais lou[dich] drech prona aquesta razon /.../ Lou bon rey Carle de Naples faguet [fo 32 r°] mourir Conradin e ly faguet coppar la testa car tous aquellous del conselh de Carles dizia[n] que si el escapava que la guerra seria plus forta que jamais e que la pax no[n] seria jamais al rialme tant que Conradin viouria. Toutafes,3 segond lou drech de las leys, despueys q’ung home es pres, aquel que lou pren en pot faire a sa volontat. »

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185 MCCLXVIII II de janvyer Appareys als archyeuz ung rescript fach sur la compozitio[n] de Manuasca e de Gap qu’es de l’hospital de S[anct] Jan e Carle, fils del rey de Fransa, per louqual lou[dich] Carle e madama Beatrix, sa moulher, demandava[n] a Frayre Feraud de Barraz, grand commandour, lous luocs de Manuasca e Toutas Auras en vertut de certa dona[ti]on facha per Guilhen, comte de Forcalq[uie]r, a Alphons, comte de Prouvensa, payre grand de la[dicha] Beatrix. E confirma[n] lous castels de Dromo[n], Puymeysso[n], Vino[n] e Ginasservys e de la Croux al[dich] hospital. On prezumys qu’aquest frayre Feraud de Barras es aquel qu’a l’epitaphe delqual es plantat contra la paret de la mayzo[n] de S[anct] Jan d’Aix que y so[n]t1 gravadas aquestas letras gothicas : « Anno d[ominu]m M° CC° IX° frater Feraudus de Barrassio magnus preceptor in partibus cismarinis edificavit domu[m]. » 186 MCCLXVIII Hanry d’Espagna (dalqual a estat parlat dessus a MCCLXIIII), ingrat del ben e de l’honnour que Carle, nouvel rey de Sicilla, ly avya fach, conspyret secretament embe lous plus grosses de Sicilla e manda querre Conradin, nebout de Manfred, fils de Conrad, alqual lou ryaulme de Sicilla apertenya per drech heritagier. Louqual Conradin, per la paour qu’el avya agut de Manfred qu’el l’avya descassat del[dich] ryaulme restent encaras enfant, s’en era fugit e retirat vers lou duc de Bavyeras so[n] oncle. Assemblet a forsa gent e sabent el que Carle era en bezougna en aultra part contra qualques rebelles, intrero[n] dins la Poulha e faguero[n] dos bandas, l’una menava Co[n]radin e l’autra lou[dich] Hanry d’Espagna. Aver entendut Carle aquestas nouvellas, habandonet lou siege qu’el tenya dava[n]t la villa de Maucheres, ven embe so[n] armada contra l’armada de Conradin qu’el anet defayre e gittar tout a [fo 32 v°] la malla part e lou[dich] Hanry s’enfuge. Pueys ven troubar so[n] armada qu’ata[n]ben l’anet defayre e el s’enfuge dins l’abbadia de S[anct] Donech de Montcassin, fazent entendre a l’abbat qu’el avya defach Carle, mays saupet lou co[n]trary e l’aver fach prizonyer, ho fa assaber a Carle qu’el era dins so[n] abbadia. Carle lou manda querre embe d’autres cavaliers qu’ero[n] emb’ el. E parellament, Conradin que si voulia sauvar subre mar e fon delieurat au[dich] Carle e lous faguet menar a Naples per en fayre jujament e furo[n] juja[t]s a mort e aver la testa couppada exceptat Hanry d’Espagna per so que Carle avya promes a l’abbat de no[n] ly far recebre la mort. Mays fon mes dins una gabya de ferre e una cadena al col e menat per toutas las villas de la Poulha e de Benevent e davant el recitava[n] las mechancetas qu’el avya uzat co[n]tra Carle so[n] cousin que tant de ben e d’honnour ly avya fach. E ensins demouret Carle rey pazible de la Poulha e de Benevent. E per so que y avya un cert Conrad Capucha qu’era en Sicilla que ocupava la plupart de las plassas, lou rey Carle y ma[n]da Guilhaumes de Montfort, Guilh[aum]es de Beaumo[n]t e autres cavaliers embe bona armada qu’en descassero[n] lou[dich] Capucha. Finalame[n]t,1 fon pres, crebat lous huelhs e pendut. E ensins Carle tenguet tout lou ryaulme de Sicilla entierament2 qu’el tenguet paziblament jusquas a tant que madama Constansa d’Arago[n] ly reco[m]menset la guerra. Grandas Chronicas.3 187 MCCLXVIII D’aquest temps, s’atroba a la cronica del Normand que Carle, frayre de S[anct] Loys, apres qu’el e sa moulher Beatrix, filha heritiera de Remo[n]d Bere[n]g[uie]r, comte de Prouvensa,1 furo[n] 265

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partys de Masselha e arriba[t]z a Roma, furo[n] saluda[t]s rey de Sicilla e de Hieruzalem enseguent l’infeoda[ti]on de papa Clement IIII qu’el faguet tributaris a el e que2 lou[dich] Carle tuet Manfred a Benevent, declarat per lou papa enemy de la gleyza romana e intret en possessio[n] dels[dichs] ryaulmes. 188 MCCLXVIIII Lou rey S[anct] Loys volguet mays anar oultramar e mo[n]tet a Ayguas Mort/as/. [fo 33 r°] Arribet a Thunys ont el aguet pron a fayre per l’intemperansa de l’ayre e tombet en maladia car el no[n] volguet donar batalha que so[n] frayre Carle, nouvel rey de Sicilla, no[n] fussa arribat qu’el esperava de jour en jour embe granda armada de galeras e fustas. A la fin, el arribet al port de Thunys ont’ era l’armada dals Francezes e per so que S[anct] Loys son frayre s’era mes au liech de maladia de laqualla el en morit, no[n] sabent ren de sa maladia, toutafes el venguet ben a ponch car l’armada no[n] sabia plus que fayre per las maladias e mortalitas qu’avya[n] agut. El descend en terra e va veyre so[n] frayre lou rey S[anct] Loys qu’el trobet mort e ly tasta las mans qu’avya encaras caudas. Faguet embasmar so[n] corps dins una cayssa de plomb e portar en Fransa. Interin, so[n] armada venguet en batalha co[n]tra lou rey de Thunys qu’el anet gagnar e toutas las gens del [dich] rey de Thunys mes a mort e el fa tributary al rey de Sicilla. El s’en retourna embe so[n] armada sur mar e aguet grand tempesta e si neguero[n] de sas gens IIII mil homes al pres d’ung port appellat Trappes. Lou rey Carles prenguet port aqui per fayre sujournar son armada e d’aqui en Sicilla. Grandas Chronicas de Fransa. 189 MCCLXX Philip, fils de Carle I, seco[n]d nat, qu’era estat instituit heritier particular de la comtat d’Anjou e du Mayne, fon instituit al domany de Sardegna per lous prelats e nobles que y era[n]. Archieuz. 190 MCCLXX S[anct] Loys era a Masselha embe sous tres enfans. S’en partit per anar en Aphrica, aqui morit d’ung flux de ventre. Norma[n]d. La pesta sy pre[n]guet en so[n] camp estent en la terra dels enemys de laqualla lou rey e ung de sous fils moriro[n] e la testa de so[n] armada aguet pro[n] de mals. (Bulingere).1 Carle y arriba embe Hanry, comte de Cornuben. Normand. 191 Philip, fils de S[anct] Loys rey de Fransa, bailha ley als Sarrazins e barbares apres leur aver impozat de paguar1 tous lous ans a Carle, rey de Sicilla, quatre cens milla escus d’aur de tribut.2 S’en revenguet en Fransa embe lou[dich] rey de Sicilla. Normand, Brefves narra[ti]ons. 192 Folquet Hardoyn d’aquest temps per so[n] grand saber, prodhomya e experiensa, lou rey Carle lou constituis so[n] grand juge mage en Prouvensa. Archieuz.

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193 Guilhaumes Degonessa, caval[ie]r senescal de Prouven[sa] per lou rey Carle,1 d’aquest temps era estimat un sabent home en leyx e en aultra facultat. [fo 33 v°] Donna a nouvel balh a Imbert de Rocamaura, Jacques Odol, caval[ie]rs e Remond Porcel, procuradours per l’universitat dels cavaliers e dels proudhomes de la villa de S[anct] Romyech, la grand palud per las redurre a cultura a XXX lieuras coron[as] de censa per an e assistava[n] en so[n] conselh a Aix : A. Alan, evesque de Sistero[n], Folquet Hardoyn, grand juge mage de Prouven[sa] e de Forcalq[uie]r e de mestre Guilhaumes d’Aix, procuradour g[e]n[er]al del rey, en prezensia de monsen Bonifaci de Galbert, seignour de Rocafort e Guilh[aum]es de Villanova, sage als drechs. Archieuz. 194 MCCLXXI D’aquest temps, florissia Guilheumes Durant de Puymesso[n], grand juriconsult et lou plus famoux que dengu[n] autre qu’avya escrich davant ny apres el. E per la subtilitat de so[n] saber, lous ungs l’an nommat « L’Especulayre », lous autres « Pater praticz ». El a uzat en so[n] obra al titol de advocat, fol[io] 102, d’aquesta sente[n]tia qu’es en lengua vulgara prouvensala1 : « Mays val calar que fol parlar ». Il a faict le livre intitule : « Rationale divinor[um] oficiorum ». Estat. 195 MCCLXXII Lou rey Carle de Sicilla, comte de Prouvensa, en sas expedictions de justissia,1 son sagel y avya insculpit d’ung coustat ung rey assetat en siege rial e a l’envyro[n] aquestas letras gothicas, so es : « Carolus rex Siciliae dux Apuliae princeps Capua ». E de l’autre costat, ung caval[ie]r armat dessus ung caval armat coma si el combatia e a l’entour eran insculpit aquestas l[et]ras gothicas, so es : « Filius regis Franciae, Andegaviae, comes Provinciae et Forcalquerii ». Lou[dich] Guilhen Degonessa era so[n] senescal de Prouvensa que faguet ung transumpt embe l’evesque de Gap e era[n] prezens : Guilh[aum]es de Forcalq[uie]r, juge de Sistero[n], Hugo de Mazalguas, juge de Gap.2 En sas letras e expedictions non avya gis de secretarys segnats, mays soulament y3 fazia metre al dos : « reagrata in cancellaria ». Archieuz. 196 MCCLXXIIII Lou rey Carle confirma la transactio[n] e privilieges a l’arcevesque d’Avignon dels castels de Barbentana, Novas, Verquyeras e autres e per la part qu’el ha al castel d’Eyrarguas. Archyeuz. 197 1275 VII ides dece[m]bre Phillip [par] la grace de Dieu regarde papier a part d’Avignon.

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198 MCCLXXVI III id[es] januarii Elzias de Sabra[n], segnour d’Uzés, recouneys a mossen G. de Alveto, senescal de Prouven[sa] per lou rey Carle, Astoyn, Cucuro[n], Valjoyna, Daussana e tout so que Bertrand avya a Olieras. Archyeuz. 199 MCCLXXVI De ce temps, quelques advoca[tz] d’Avignon et1 les arcevesques /.../ de Narbonne et d’Aix escripve[n]t quelques [con]sulta[ti]ons po[u]r extirper les Vauldoys qui estoye[n]t apparus [par] toute la chrestiente. Mathias Illiricus au cathalogue /.../ de l’esglise de Duras.2 [fo 34 r°]

200 MCCLXXVII Mossen Peyre de Vicinis es1 senescal de Prouven[sa] e Hugo Pena era secretary del rey Carle de Sicilla qu’a pres ung instrument del luoc de Mizo[n], en prezensa del[dich] senescal e de1 mossen Barral, seg[n]or dels Baulx. Archieuz. 201 MCCLXXVIII XIIII septem[bre] Excamby fach entre mossen Jan de Burlaz, senescal de Prouvensa per lou rey Carle de Sicilla,1 de la part e juridictio[n] qu’el avya au luoc del Muey d’una part e Guilhaumes de S[anct] Alban, segnour del Puget Theonez, embe la ratifica[ti]on facha per lou[dich] Carle. Archieuz al[dich] reg[ist]re Turturis. 202 MCCLXXVIII Nycolau papa ters del nom fon enemy de Carle rey de Sicilla. Ly levet l’ofici de senatour e lou vicariat imperial en Hetruria que Clement papa ly avya donnat e persuadet a Peyre, rey d’Arago[n], de demandar e recoubrar lou ryaulme de Sicilla que apertenya a Constansa sa moulher per drech d’heritage qu’era filha de Manfred e nepsa de Conradin, louqual ryaulme avya estat uzurpat per forsas d’armas per lou[dich] Carle a la solicita[ti]on de Urban V e Clemens IIII. Estat. 203 MCCLXXVIII E Martin papa 4 fon [con]trari a son predecessour [per]que el [con]demnet e excome[n]jet Peyre d’Aragon [com]ma enemyc de la gleyza e [per] so qu’el batalhava1 valha[n]tame[n]t [per] recoubrar lou[dich] ryalme de Sicila e donnet son ryalme d’Aragon a Carle, comte de Valoys, p[remie]r filz de Philip rey de Fran[sa] e en despachet l[et]ras sagradas dels cardenalz. (Mar dels Hystorias). El restablet Carle en sa dignitat de senatour qu’en avia estat privat [per] Nycolau. (Estat).

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204 MCCLXXIX Baudoyn, emperadour de Constantinoble e rey de Hyeruzalem qu’avya estat descassat de Constantinoble, avya per moulher una filha de Carle, rey de Sicilla, de laqualla en avya agut una filha souleta que si nommava Katharina. Laqualla Katharina balhet e cezit au[dich] rey de Sicilla lou drech qu’ella avya al[dich] ryaulme de Hyeruzalem a talla co[n]dictio[n] qu’el ly assignava IIII millia lieuras de renda sur sa comtat d’Anjou per so[n] vyeure, per so qu’ella s’en era venguda al pays de Fransa. Grandas Chronicas. 205 Carle, en cerca[n]t devotame[n]t lou corps de la S[ancta] Magdalena en l’ora[to]ri onte S[anct] Maximin, evesque d’Aix, l’avia mes1 en la villa de S[anct] Maximin, fon trobat dins un tombel de marbre lou s[anct] corps a la bouca delqual y ha una racyna de fenoil que si garda encaras [per] reliquas. E al pres del[dich] corps, fon trobat ung p[ich]ot libre dins una cayssa de boys de teilh que garda de poyrit que [con]tenya aquesta escriptura : « L’an de la nativitat /de/ n[ost]re S[egno]r Vcc X et lou VI de decembre en una nuech tres secretame[n]t, regnant Odon tres qu’estoit rey de Fransa, al temps de l’enfesta[ti]on des malvays Sarrazins, aquest corps de la S[ancta] Maria Magdalena fon translatat de sa sepultura d’alabastre en aquest de marbre [per] paour de las[dichas] mescha[n]tas gens ». « Et [per] so qu’el es eycy plus secretame[n]t, en fon estat lo corps de S[anct] Sydon. Es yeu qu’escripvy eysso » (dys Martin en sa chronyca). Ay vis e legit lou[dich] libret e dins ung autre cofret de /.../ y avya ung petit /libre/ qu’a grand pena sy podia legir : « Eycy repauza lou corps de la Maria Magdalena » .3 [fo 34 v°]

206 MCCLXXIX Philip, rey de Fransa, fils de S[anct] Loys, era home vertuoux, amava e prezava las gens doctas. D’aquest temps ou circa, fon en Prouvensa vizitar lou rey Carle de Sicilla e madama Beatrix, son oncle e tanta. (Grandas Chronicas).1 A l’honnour dalqual Philip, Folquet de Masselha, famoux poeta prouvensal, compauzet qualquas obras en rythma prouvensala2 intitulat : « Lou contrary del corps e de l’arma », dedicat a Philip. E aver vista l’invention, lou faguet abbat de l’abbadya3 del Thoronet nouvellament fondada per Ildephons. (Landyn). 207 MCCLXXX Constansa, filha de Manfred, moulher de Peyre rey d’Arago[n] e lous Sicilians avya[n] admonestat lou[dich] Peyre d’Arago[n] de venir1 embe grand armada de mar contra Carle, rey de Sicilla, per recoubrar lou[dich] ryaulme. Aquest Peyre, rey d’Aragon, afin que sa conspira[ti]on no[n] fussa descuberta, manda messagiers al papa ly fayre entendre qu’el volia anar2 embe so[n] armada al pays d’Africa a l’exaltatio[n] de la fed chrestiana contra lous Barbares. Son armada presta, s’en va tout drech navegar en Sicilla ont’ el fon ressauput amyablament de plusours segnours e habitans qu’avya[n] fach conspira[ti]on e lou faguero[n] coronar rey contra la defensa del papa. Grandas Chron[icas].

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208 Carle p[re]mier1 embe lous arcevesq[ue]z de Narbona, d’Arles e autres, enbe lustre2 fa encassar lou corps de la Magdalena [per] el trobat [com]ma dessus es dich, e mectet dins una chassa d’arge[n]t daurat, enrichy de peyras preciouzas en una boyta de fin e pur aur et [per] ensins no[n] estre pas veray so que dizo[n] que son corps fon portat a Vezelay, monestier fondat [per] Giraud, comte de Bourgogna, mais es a S[anct] Maximin.3 E y fondet de religiouses de Sanct Domengue dels prezicadours qu’ero[n] moynes de Masselha [per] l’ajuda de Bonifacy papa VIII4 e y faguet bastir una bella e sumptuouza gleyza. (Martin). 209 MCCLXXXI Tous lous Siciliens qu’era[n] al ryalme de Sicilla, per enveja e maltalent qu’avya[n] co[n]tra lou[dich] Carle, rey de Sicilla, tuero[n] tous lous Francezes qu’ellous trobero[n] al[dich] ryalme que no[n] y restet ny ryfa ny rafa, jusquas a fayre ubrir las fremas qu’ellous couneyssia[n] qu’eran grossas d’ellous. Eysso venguet assaber lou rey Carle que fon ben courroussat. Manda en Fransa monseg[no]r Carle so[n] fils, prince de Salernas, per aver secours e y venguero[n] Robert, comte d’Artoys e plusours autres princes de Fransa embe granda armada. E en passa[n]t a Calabra, lou[dich] prince de Salernas y layssa so[n] luoctene[n]t mons[egno]r Robert d’Artoys [fo 35 r°] e se mecte subre mar per fayre la guerra als adversarys de son payre, mays el fon pres prizonyer. Interin qu’aquesta trahyzo[n] si fazia, lou papa Martin excumenjet Peyre, rey d’Arago[n], sa moulher e so[n] frayre e sa terra d’Aragon interdicha e el privat d’aquella. Laqualla terra d’Arago[n] per despiech fo[n] donada per la gleyza romana a Philip, rey de Fran[sa], en vertu de laqualla dona[ti]on y anet embe granda armada. Grandas Chronicas. 210 MCCLXXXI Au temps ensuyva[n]t Mu[n]ster.1 211 MCCLXXXII Lous Sicilians d’aquest temps sy revyrero[n] contra Carle, comte d’Anjou e de Prouvensa, per so qu’ellous tenya[n] la querella del rey d’Arago[n], louqual ellous voulia[n] prendre a rey. E segnero[n] las portas dels Francezes que demorava[n] al[dich] pays, lousquals ellous tuero[n] en ung matin tous indiferament. E hubria[n] las fremas qu’ellous sabia[n] estre grossas dels Francezes e gastava[n] leur fruch afin que no[n] restessa genera[ti]on al pays. Estat e Chron[icas] marti[nianas]. 212 MCCLXXXII lou VI de janvier,1 Carle, rey de Sicilla, morit e lou papa Martin bailha la cargua e defensa del[dich] ryaulme de Sicilla e la garda de sous enfans al[dich] Robert, comte d’Artoys, per so que Carle, prince de Salernas, era prizonyer. Mays quand lou[dich] Robert aguet estat longtemps en Calabra, s’en retournet en Fransa. Quand lou rey d’Arago[n] qu’era en Sicilla entendet las nouvellas que Philip, rey de Fransa, guerrejava so[n] pays, s’en ven en Aragon per defendre sa terra e y faguet menar embe bona garda Carle II, prince de Salernas, fils del[dich] Carle premier, rey de Sicilla,

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qu’era so[n] prizonyer. E lou[dich] Peyre rey d’Aragon fon tuat e ly succedis Alphons so[n] fils al ryalme d’Aragon e Jaques so[n] autre fils e madama Constansa sa mayre ocupero[n] lou ryalme [fo 35 v°] de Sicilla e s’en faguet coronar rey co[n]tra lou comma[n]dament del papa que l’avya excumergat. Grandas Chronicas. 213 MCCLXXXIII Remond Bereng[uie]r es comte de Prouvensa e Hugo dels Baulx es segnour de Meyrarguas e de Gardana. Archyeuz.1 214 MCCLXXXIII Fon fach ung tractat de pax entre Remo[n]d Bereng[uie]r, comte de Prouven[sa] e ung Peyre Balb, comte de Vintimilha, louqual Balb, per confedera[ti]on facha embe lou[dich] comte, ly donet lou Puget de Tenyers, lou Muey e autras plassas. Faguet fayre la tourre del[dich] luoc del Muey, laqualla embe lous moulins e fours de la villa, lous noma[n] la tourre, lous moulins e lous fours dels Balbs. Archieuz. Aljourd’huey, aquella rassa dels Balbs es perduda.1 215 MCCLXXXIIII VII janvyer S’atroba als archieuz que lou[dich] Carle premier, rey de Sicilla, aguet dous fils. Lou premier fon nommat Carle II que fon rey de Jeruzalem e de Sicilla e lou second fils fon nommat1 Phillip qu’el instituis heritier universal en la comtat d’Anjou. Louqual fon instituit al domany de Sardegna per lous prelats aqui ezistens [com]ma es estat dich dessus.2 Item aguet Blanxa, moulher de Roubert, comte de Flandres, e Beatrix laqualla (segond lou testament qu’ella faguet) devya estre preng. E per ensins,3 lou[dich] Carle premier regnet XX ans. Morit4 lou[dich] an a Foge en Poulha e lou[dich] Carle II ly succedis e comencet a regnar. 216 MCCLXXXIIII VII janvyer Carle premier, apres aver regnat XX ans1 ou 19 sellon Pandolphe, aage de 56 ans trespassa2 en la cyeutat de Fogia e so[n] corps portat a Naples, ensepelit en la grand gleyza (Salada).3 E so[n] fils Carle ly succedis. (Estat). Ven en Prouvensa e fa grand armada de galeras per anar en Sicilla. Fon pres a Naples e pro[n] de sas gens lousquals furon messes en pessas e el prizonyer, menat a Messyna e a Peyre, rey d’Arrago[n], que lou tenguet longtemps, mays pueys fon delieurat e metet en ostage ung de sous enfans. (Martin).4 [fo 36 r°]

217 MCCLXXXV Peyr/e/, rey d’Aragon, pretend que lou ryaulme de Sicilla ly apertengua per drec/h/ e successio[n] per cauza de Constansa sa moulher,1 filha de Manfred, nepsa de Conradin. S’esforsava d’ocupar lou ryalme de Sicilla. Lou papa Martin mandet ung legat a Naples per admonestar lou 271

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poble d’estre toujo[u]r fizable envers Carle leur veray segnour e qu’el s’ajudessa a gouvernar Carle II qu’era adonc jouve, fils de Carle premier, rey de Sicilla. Louqual no[n] volguet jamays creyre aquel legat perque el fon pres e sas gens messas a mort e el menat prizonyer en Arago[n]. E apres aver guerrejat longtemps ensemble, fan la pax e confedera[ti]on per talla condictio[n] que apres que lou[dich] Carle 2 seria mes foras de prizo[n], el faria joyr a sous despens tres mes apres paziblament Jacques d’Arago[n] del ryalme de Sicilla e que si no[n] ho fazia, qu’el deguessa retournar e si rendre prezonyer dins Arago[n]. E per eysso acomplir, avya leyssat dous de sous enfans per ostage, so es : Carle que despueys fon creat rey d’Ho[n]gria e Loys, louqual apres qu’el aguet vescut sanctame[n]t en l’ordre de S[anct] Frances, fon pueys canonizat. Platina. 218 MCCLXXXV Honorat papa que succedis a Martin confirma la sentensa1 proferida contra Peyre rey d’Arago[n], sa moulher e so[n] frayre. Mar des Historias. 219 MCCLXXXV Lou rey Philip lou hardyt, fils de S[anct] Loys, devenguet malade al pays d’Arago[n] e s’en volguet venir en Fransa. Morit a Perpigna[n] e ly succedis autre Philip lou bel, rey de Fransa. Chronicas.1 220 MCCLXXXVI Edoard, rey d’Anglaterra, ven en Fransa per fayre homage al rey de Fransa de la ducat d’Aquitanya. A so[n] retour, passet a Bordeaulx e ly venguero[n] plusours [fo 36 v°] embassadours e entre autres aquellous d’Alphons, rey d’Arago[n] e de Jaques, rey de Sicilla, e pensant qu’ellous parlesso[n] de qualquas malas paraulas de trahyzo[n] contra lou rey de Fransa. Toutasfes, l’en fon advertit que lou[dich] rey d’Anglaterra procurava la delieuransa del[dich] Carle, prince de Salerna. Interin, Jacques, frayre del[dich] Alphons, regnava en Sicilla en despiech de la gleyza romana. Grandas Chron[icas].1 221 MCCLXXXVII Peyre, rey d’Arago[n], more e layssa doux fils : Alphons que succedis al ryaulme d’Arago[n] e l’autre, Jacques, louqual embe madama Constansa sa mayre ocupero[n] lou ryalme de Sicilla e s’en faguet coronar rey co[n]tra la defensa del papa. Grands Chronicas.1 222 MCCLXXXVII Apres que Carle rey de Sicilla fon mort, lou rey de Chipres pre[n]guet la cieutat d’Acra e si faguet coronar rey de Hyeruzalem au prejudici de Carle II. E per que lous Templiers qu’era[n] en l’isla de Roddas y era[n] consentens, lou[dich] Carle, rey de Sicilla, faguet prendre tous sous bens qu’ellous avya[n] en so[n] ryalme per so qu’ellous avya[n] adherit a la preza de so[ndich] ryalme. E lou[dich] Philip lou bel, rey de Fransa, so[n] couzin, concebet granda inimicitia co[n]tra ellous ensins qu’el leur monstret ben tost apres. Grandas Chron[icas].

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223 MCCLXXXVII Robert, comte d’Artoys, gouvernadour del ryalme de Sicilla e tutour dels enfans de Carle de Sicilla premyer, faguet fayre grand aprest de galeras per fayre la guerra co[n]tra Alphons, rey d’Arago[n], e y mandet ung de sous cavaliers que venguet descendre embe so[n] armada navalla pres de Naples e prenguet la cieutat de Cathina e la garnyt de gens e remandet sas galeras. Grandas Chron[icas].1 224 1288 XII janvier Parce que les s[eigneu]rs d’Avignon regarde papier a part d’Avignon.1 [fo 37 r°] 225 MCCLXXXVIII Carle II, prince de Salernas, fils del[dich] premier Carle, fon delieurat de la prezo[n] del rey d’Arago[n] mejansa[n]t grand somma d’argent qu’el paguet. E prometet e juret de procurar1 la pax del[dich] d’Aragon d’entre lou papa e lou rey de Fransa aultrament qu’el si rendria prisonyer dins tres ans. E balhet en ostage tres de sous enfans e X dals plus nobles de sa compagnya e en passa[n]t a Roma, lou papa lou coronet rey de Sicilla e lou dispenset del sagrame[n]t qu’el avya fach. Gra[n]das Chronicas. 226 MCCLXXXIX Carle 2 vide infra in tale signo.1 227 MCCXC Fon fach cert acord entre lous[dichs] reys de Sicilla e d’Arago[n] per louqual mons[egno]r Carle, comte de Valoys, frayre del[dich] rey Philip lou bel, a la requesta del[dich] rey Carle de Sicila, quictet lou drech qu’el avya als ryaulmes d’Arago[n] e Vallensa que ly avya estat donnat per lou papa. E expouzet lou[dich] comte de Valoys una de las filhas del rey Carle de Sicilla louqual ly donnet e cezit las comtats d’Anjou e du Mayne. Gra[n]das Chron[icas]. 228 MCCLXXXIX Carle 2 [com]mensa a gouvernar lou ryalme de Naples, fa granda festa e solenitat. Faguet cavalier Carle Martel son p[re]mier filz e estre mort aquest /…/ rey d’Ongrya, sensa enfans de madama Maria sa molher e heritiera d’Hongria, lou faguet coronar del[dich] ryalme d’Hongria [per] lou papa, vole[n]t qu’el en la [per]sona de la mayre succedessa al[dich] ry[al]me, no[n]obsta[n]t que ung Andres si mectessa a la traversa. Pandol[fo] Coll[enuccio].1

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229 1289 IX d’avril Charles II esta[n]t a Nyce, voya[n]t que de ce temps plus[ieu]rs meschantes [per]sones no[n] nobles de Prouven[se] /.../ des ch[ate]aulx, villes et juridictions qu’ilz avoie[n]t acheptees car lors les ge[n]tilhomes1 et cheval[ie]rs du pays s’estoie[n]t apauvriz a la guerre de Naples avec Charles p[re]mier et avoye[n]t alies plus[ieu]rs seign[eu]rs a [per]sonnes no[n] nobles, il bailhe l[etr]es advysa[n]t au sen[ech]al de Pr[ou]ven[se] d’en fer[e] vuyder les mains es[dicts] marchans et [per]sonnes non nobles [par] quelques tiltres qu’il le[u]r acquiste dans un an, autreme[n]t qu’ilz soie[n]t myses en la main du[dict] s[eigneu]r roy. (Archifz).1 230 MCCXC Lou comte de Flandres, Guy de Mo[n]tfort e autres vallents cavalliers de Fransa, quand anava[n] ajudar a Carles rey de Sicilla, furo[n] reco[n]tras per de Sicilians subre mar e fachs prezonyers e furo[n] tous rekataz, exceptat lou[dich] de Mo[n]tfort. Mar dels Historias.1 231 L’an darrier de l’empery de Rodolph,1 Carle, prince de Salernas, fils del[dich] Carle premyer,2 rey de Sicilla, fon deslieurat de las prezons del rey d’Aragon e venguet a Roma e lou jour de Pantecosta fon coronat rey de Sicilla per papa Nycolas et fut absoult du sacreme[n]t qu’il avoit faict au roy des Arragonoys. (Mer des [Histoires]).3 232 MCCXC .../ de septembre Phillip le bel, roy de France, esta[n]t a Paris, bailhe l[et]res [par] lesquelles il dict que [par] les [con]ve[n]tions fectes entre luy d’une part [et] Charles, roy de Jerusalem [et] de Sicile, son cher para[n]t, d’aultre [part], au contraict de mariage entre Charles son germain [et] Margueritte, filhe du[dict] roy, [pre]cede[n]t le[dict] mariage avoit donne au[dict] roy de Sicille [et] aux siens la comte de Pr[ou]ven[se] et de Forcalq[uie]r et tout le droict qu’il ha en la cite d’Avignon et ses a[par]ten[ances].1 Archifz. [fo 37 v°] 233 1291 XXIX janv[ie]r Charles 2 [et] de son regne le VII, esta[n]t a Tharascon, [con]firme les privilieges d’Avignon. (Privilieges d’Avignon). 234 MCCXCI Monsen Ysnard d’Entravenas, segnour de Sault, per lou passat era tant grand seignour que si troba per sas escripturas qu’el fa homage a Carle II, rey de Jeruzalem e de Sicilla, de so[n] luoc de Sault e de sa val e pateja[n] ensemble que mons[egno]r lou rey no[n] pourra exhigir ny fayre denguna

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talha,1 quista ou collecta, prest ou vinten ou fougaje, ny dengu[n] autre adempre, don ordinari ou extraordinari dels homes de la terra del[dich] seg[n]or de Sault, sia per razo[n] de batalha dels fils ou heritiers del[dich] seg[n]or rey ou sia per razo[n] de sous fils ou de sas filhas a maridar ou maridadoyras ou per la redemptio[n] de sa persona ou de sous heritiers ou per far lou passage d’oultramar ou per crompar de terras ou per anar en compagna de l’emperayre ou per autra razo[n] ou cauza que si porria dire ny excogitar. 235 MCCXCII Carle II bailha priviliege a Bertrand Robaud, segnour de Coutignac, de exhigir lous fougages del[dich] luoc. Archieuz. 236 MCCLXXXXIIII Adolphe, comte de Nassau, estoit empereur de ce temps. Il entreprent guerre contre Phillipe le bel,1 roy de Fran[ce] a cause du ryaulme d’Arles. 237 1294 23 febr[ier] Le[dict] Charles II regarde papier a part d’Avignon. [fo 38 r°]

238 MCCXCVIII Carle bailha ung cartier de Leuba (qu’es au terradour de Berga[n]so[n]) a ung De Brachis, notary d’Yeras, estent lou[dich] comte a Masselha. Escript[uras] de Borma. 239 D’aquest temps, Bonifaci papa VIII del nom reduguet en testame[n]t la comtat de Venayssin a l’obeyssan[sa] de la gleyza romana mejansa[n]t certa [con]ventio[n] [et] transaction facha embe lous habitans de la[dicha] comtat qu’ellous no[n] sia[n] tyraz a Roma ny foras de la[dicha] comtat [per] qualquas l[et]ras que si fussa[n]. (Statutz d’Avignon). 240 1299

Rosselin, viscomte et seig[nou]r de Masseilhe, bailhe aux religieux et monastere de Saulvecane XX /.../ de poyvre de cense a[n]nuel a prendre sur le port de Masseilhe. (Archifz). 241 MCCC

Carle, comte de Valoys, frayre de Philip lou bel rey de Fransa, morta sa moulher, prenguet en mariage madama Katharina, filha de Philip, fils de Baudoyn. A laqualla Katharina apertenya per drech heritagier l’empery de Grecia e de Consta[n]tinoble e apres lou[dich] mariage, lou[dich] Karle1 de Valoys e plusours dels nobles de Fransa anero[n] a Roma per co[n]quistar lou[dich] empery si lou 275

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papa ho conselhava. Quand el y fon arribat e ressauput en grand honnour e fon constituit vicary e defensour de toutas las terras de la gleyza. 242 MCCCII E estent el en Sicilla, quand el entendet la defacha qu’avya estada subre lous Francezes e la mort de sous amys, fon fort courroussat e s’acorda embe Frideric d’Arago[n] so[n] adversary e ly permecte que sa vida durant el poguessa joyr de l’isla de Sicilla sensa qu’el en portessa nom de rey e s’en anet en Fransa per lou secourir. (Grandas Annalas). 243 MCCCII Karle de Valoys, rey de Fransa, si retiret a Karle II, rey de Sicilla, a cauza de que lou[dich] Frederic d’Arago[n], per l’amystansa qu’el portava au[dich] Karle de Valoys, fa la pax embe lou[dich] Karle II, rey de Sicilla, per tallas condictions qu’el ly quictessa toutas las villas qu’el ocupava en Ytalya que ly apertenya[n] e per aquest moyen ly quictava lou ryalme de Sicilla per en joyr durant sa vida. Estat. [fo 38 v°] 244 MCCCV Clement papa V succedis a Bonifacy qu’era arcevesque de Bordeaulx.1 El faguet celebrar lou consilli de Vienna e per myels redurre la[dicha] comtat de Venayssin a la gleyza romana, si venguet tenir en Avignon e edifiquet ung bel palaix al pres de Mallaussena nomat Grauzel. Aqui si tenguet e morit. Statuts d’Avigno[n]. 245 MCCCVI Platina dis que lou[dich] Clement papa fon lou premier dels papas que menet la cour romana en Avigno[n] e y demouret la[dicha] cour LXXIII ans. (Jan le Mayre). Estat. 246 1307

Beatrix, femme de Charles premier, deceda. Mer des Histoyres. De ville /...1

247 MCCCVII Lous cavaliers del Temple (aultrament dichs Templiers) d’aquest temps reno[n]cyero[n] /a/ la fe chrestiana e avya[n] confederatio[n] embe lous Sarrazins. E furo[n] mes a mort e leur bens confiscas e donna[t]s a nouvellas religions, del temps de Philip lou bel, rey de Fransa. Platina. Daspoul, famouz poeta prouvensal, en sas dyalogues e aultras bellas obras qu’el adreyssa al comte de Prouvensa, dis de grandas cauzas de la falsa vida que menava[n] lous Templiers.1

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248 MCCCVIII Karle 2,1 rey de Sicilla e de Hyeruzalem, comte de Prouvensa, fa so[n] testament (qu’es als archieuz) per louqual apareys qu’el aguet Karle que fon rey d’Hongria e si maridet embe Maria,2 filha del rey d’Hongria, qu’era unica. Lou II fils que fon S[anct] Loys de la religio[n] de S[anct] Frances que fon pueys evesque de Thoulouza, que morit vivent so[n] payre del temps que lou[dich] testament fon fach. Lou III fon Roubert que fon instituit als ryalmes e segnorias de so[n] payre, que regnet XXXIII ans. Lou IIII fon Philip de Tharenta e d’Achaya, prince instituit co[n]legatary. Lou V fon Jan.3 [fo 39 r°]

249 MCCCVII XII dece[m]bre Charles II esta[n]t a Masselhe a la r[e]q[ues]te des gens du [con]selh et citoyens d’Avignon, aya[n]t promut1 de viguier en la[dicte] ville d’Avignon de Bertrand de Masseilhe, esta[n]t son familier et fidele, il l’oste et prennoit en sa place Andebert de Bucatier aussi son ch[eva]l[ie]r en estoit le XIII an de son regne. [fo 40 r°]

250 MCCCV Clement VII del nom papa infeoda lou ryalme de Sicilla d’essa lou Far a Loys, rey de Sicilla, fils de Loys,1 aperten[ent] a la gleyza romana e a ella devoluda, ocupada per Carle de Duras al[dich] de la Pax qu’el appella fils d’iniquitat. E per co[n]se[nta]m[en]t del[dich] S[anct] Siege e dels cardenals, bailha lou[dich] ryalme de Sicilla al[dich] Loys, exceptat la villa de Benevent, rezervada a la gleyza, embe tal/a/s co[n]dictions que si el more sensa enfans legitimes de so[n] corps, que lou[dich] ryalme retourne al[dich] siege. Ly fan prometre de far e prestar homage ensins que s’ensec, so es : « Yeu, Loys, per la gra[cia] de Dieu, rey de Sicilla e tout so qu’es d’ela lou Far exceptat la cieutat de Beneve[n]t, prometi que d’oura en la, seray fidel e obeyssent a S[ancts] Peyre e Paul e a mo[n]segnour lou papa e sous success[ou]rs e que2 yeu no[n] seray jamays3 au co[n]selh qu’el perda la vida ou membre syeu e s’yeu ho saby, yeu l’empacharay de tout mo[n] poder e adimplyray tout so qu’es co[n]tengut en las p[rese]ntas l[et]ras e ensins m’ajud’ Dieu e ho prome/ti/ e jury subre las santas evangellis ». En las[dichas] bullas, el promete de no[n] jamays elegir ung rey ou emperadour dels Romans que sya Alemant ou Lombard ou Thuscan e que pertout lou[dich] ryalme de Sicilla, paguara a[n]nualament VIII milla onsas d’aur al pes del ryalme al jour de S[ancts] Peyre e Paul als[dichs] pontifes romans e a sous success[ou]rs a la gleyza ont que sia qu’ellous seran. E si dous mezes apres lou terme, no[n] pagua la[dicha] censa, sera escumenjat. E si no[n] pagua apres autres dous mezes, tout ly ryalme ly es interdich e qu’el sera tengut de donar priviliege e bullas, bullat de sagel d’aur,4 per louqual el confessa de tenir lou[dich] ryalme e terras subredichas del[dich] siege e dels p[re]decess[ou]rs. En aquel embe lous pactils e conventions y dezignats, la[dicha] infeoda[ti]on es donada en Avignon e al ped d’aquella y ha figurada ung cercle mespartyt5 d’una croux e dedins y ha : « S[anctus] Petrus, S[anctus] Paulus, Cleme[n]s p[a]p[a] VI » e a l’entour y ha : « Oculi mei semper ad do[min]um ». La[dicha] infeoda[ti]on es als archyeuz. [fo 40 v°] 277

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251 MCCCVIII III febr[ier] du regne XXIIII Charles II du nom donne au manaste[re] S[ainct] Victor de Masseilhe le droit d’albergue qu’il prend a Grimauld p[ou]r l’employer aux usages de feu [et] subtil1 drap p[ou]r f[ere] des /.../2 aux religieux du[dict] monast[ere]. Archifz. 252 Des Templiers MCCCIV Dans « la Cosmographie universelle de tout le monde » par François de Belleforest, comingeois, chap[itre] 24. Les principaux d’entre les gentilho[m]mes [et] chevaliers du Temple qui1 furent les premiers, furent Hugues des Pajens [et] Geoffroy de S[ainc]t Omes dans la maison prez du Temple vers la porte de midi que leur donna dans un temps le roy Baudoin 2 avec une place prez du palais royal que les chanoines du Temple leur accorderent aussi soubs certaines conditions. Cependant, les roys, le patriarche, princes [et] seig[neu]rs [et] prelats ecclesiastiques leur donnerent quelques censes de leur propre bien a la charge qu’ils garderoient, pour la remission de leur peches, les chemins pour la deffence des pelerins visitant les saints lieux. Ils porterent pendant 9 ans l’habit de seculier ou autres habits qu’on leur donnoit2 charitablement, mais appres ce temps, en une assemblée de prelats faitte en France suivant le commandement du pape Honore 2 [et] d’Estienne, patriarche de Hierusalem, on ordonna qu’ils porteroient un habit blanc. Apres ce, le pape Eugene seant a Rome, ils firent coudre des croix de drap rouge sur leurs manteaux, tant les chevaliers que les freres servants. Au commencement estoient au nombre de 9, mais depuis vindrent a un nombre infiny avec des biens en Syrie [et] en Europe outre les donnations que leur faisoient tous les jours les princes [chre]tiens, tellement qu’ils egaloient les roys [et] avoient peine de se soumettre au pape, mesprisants le patriarche. Mais [fo 41 r°] ces richesses les pervertirent [et] furent chasses de Syrie par Capcope souldan, d’ou ils emporterent un thresor inestimable. Se retirerent en Sicile soubs la conduite de Roger, grand maistre [et] sanguinaire, prirent la cittè de Thessalonique en Thrace, ravagerent tout l’Hellespont [et] la Morèe, prirent Athenes, passant en Attique ou co[m]mandoit Robert de Brenne, parent du feu roy Jan de Hierusalem qu’ils tuerent [et] donnerent la principaute d’Athenes a Regnier, florentin de leur ordre, ensuitte chacun se retira en sa comanderie eparses par l’occident. 253 MCCCX Soubs Clement 5 [et] Philipe le bel, roy de France, seduit par ses officiers (au rapport d’Antonin, archev[eque] de Florence), fit entendre au pape seant a Poitiers que le grand m[ais]tre des Te[m]pliers [et] chevaliers estoient heretiques. Le comencement de tout ce desordre fut d’un prieur de Montfaucon demeurant a Thoulose qui par ces heresies fut condamne a Paris par le grand maistre a prison perpetuelle avec noste Florentin, le plus mechant de toute la terre. Ceux cy firent croire aux gens du roy que les Templiers estoient addonez a toute abomination. Le roy en fut adverty qui gaigna le 278

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pape a les exterminer co[m]me heretiques. On fait prisonier le grand maistre avec le/s/ chevaliers [et] quelques [fo 41 v°] grands prieurs qui furent mis a l’inquisition [et] avouez qu’ils ne croyoient point fermement en Dieu, qu’ils conduisoient les novices c/hevaliers/ dans une chambre obscure ou ils renjoient Dieu, fouloient l’image de la croix [et] crachoient sur icelle, qu’ils adoroient une idole de peau [et] toile bien polie avec 2 pierres reluisantes pour yeux, laquelle ils oignoient de la graisse d’un enfant rosty [et] nè de l’accouplement d’un Templier avec une fille par luy depucelée [et] finalement acuses de plusieurs trahisons contre les [chre]tiens, du peche de sodomie [et] que si un de leur ordre mouroit ferme dans leur idolatrie, on le bruloit [et] on faisoit boire en vin les cendres aux novices avec deffences parmy eux d’estre parrins aux baptesmes ny d’entrer dans une maison ou il y avoit une femme en couche. Aprez tout, cet ordre prit fin presque en rien dans toute la chrestientè, estant condamné en plein concile a Vienne MCCCXI1 presents 400 prelats. Mais plusieurs disent que le grand maistre estant sur le point d’estre brulé, protestant de son innocence, ajourna le pape (devant Dieu) Clement 5 [et] que l’on n’expira pas que le pape ne mourut. Il est pourtant probable qu’ils estoient coupables puisque tous les roys [et] potentats de la chrestientè conspirerent sa perte [et] leurs biens furent au profit des chevaliers de l’Hospital que nous appellons de Malthe [et] non pas a celluy du roy. 254 MCCCXX Des richesses des Templiers en Espagne, le roy Alphonce II instit/ua/ l’ordre des chevaliers de Calatrava [et] leur donna la place de Calatrava qui avoit estè des Templiers. Ils portent un habit noir avec la + rouge, ayant 40000 ducats de rente. /.../ ensuitte des courses des barbares [et] mahometans d’Affrique.1 En Portugal, les chevaliers ordonnez pour la deffence du pays sur /.../ sont habillez de noir avec la + rouge. Sont appellez chevali[ers] de J[esus] C[hrist]. Le grand maistre a 100000 ducats de rente, viven/t/ soubs la regle des Cysteaux. Ont pour reformateur un abbe de cet ordre d’un lieu nomme Alchousie au diocese de [fo 42 r°] Lisbonne [et] leur siege principal est a Tomar qu’aucune appellent Marmo, au diocese de Selurs. [fo 41 r°] 255 .../ que fon moulher del rey de Majorca, Beatrix que fon moulher de Azo, marquis d’Este e segnour de Ferrara e pueys moulher de Bertrand dels Baulx e pueys moulher de Robert, delphin de Vienna, sous dous premiers maritz furo[n] mortz en pauc de temps. (Pandolfo Collenutio). Chronicas de Sabra[n] et La Salada. 256 Beatrix e Margarida sensa fayre me[n]tio[n] de Loys que fon evesque de Thoulouza.1 Beatrix no[n] era encara maridada e Margarida era veoza e avya leyssat qualques enfans que no[n] son nomatz en lou[dich] testament. E que lou[dich] Carle Martel, so[n] premier fils, rey d’Hongrya, leysset Carle III del nom, Beatrix e Clemensa.2 279

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257 E per las annalas d’Anjou, s’apareys qu’el aguet Carle1, surnomat Martel, que fon rey de Hongrya, Robert que fon duc de Calabra, Philip que fon prince de Thare[n]ta, Remond Bereng[uie]r, S[anct] Loys que fon de l’ordre de S[anct] Fra[n]ces e pueys evesque de Thoulouza, Jan, Trista[n], Jan, duc de la Morea e Pierra. Et Clemensa maridada a Carle, comte de Valoys, d’A[n]jou e du Mayne, Blanca que fon maridada a Jacques, rey d’Arago[n], Alienior que fon maridada a Frederic, rey de l’isla de Sicila, Maria que fon moulher del rey de Malhorqua e Beatrix que fon maridada al marquis de Ferrara pueys a monsen Bertrand dels Baulx, comte de Mo[n]tescayoulx et que lou[dich] Carle morit V de may 1309.2 [fo 41 v°] 258 MCCCVIII En la chronica de Prouvensa escricha per M[onsen] Loys Borrili, audito[u]r de la cambra dels comtes d’Aix qu’es als archieuz, sy liege qu’aquest Carle II fa so[n] testame[n]t en louqual 1 filha unica del rey apareys qu’el aguet Carle que fon rey d’Ho[n]grya e si maridet embe d’Ho[n]grya. Lou II fils fon S[anct] Loys que fon de S[anct] Frances e pueys evesque de Thoulousa,2 que morit vyvent so[n] payre. Lou III fon Roubert, instituit al ryalme e segnorias de so[n] payre que regnet XXXIII. Lou IIII, Philip de Tharenta e d’Achaya, prince instituit collegatari. Lou V, Jan, [fo 43 r°] duc de Duras, instituit legatari, lou VI fils fon Peyre, comte de Ebolii.3 Mays si liege a la pichona chronica dels reys de Sicila facha per Peyre de Sabran, duc d’Arian, segnor de Beaudisnar, que lou[dich] Carle II aguet XIIII enfans, so es IX filz et V filhas. Lou premier fon Carles Martel, intitulat rey d’Hongria. Lou second fon lou[dich] Loys que fon pueys evesque de Thoulouza, no[m]mat S[anct] Loys de Masselha. Lou III fon lou[dich] Robert que fon rey de Sicilla, de Naples e comte de Prouven[sa], de Forcalq[uie]r, de Nyssa e de Piedmo[n]t. Lou IIII fon Phillip, prince de Thare[n]ta. Lou V fon Remond Bere[n]g[uie]r, regent de la vicaria de Naples que devya estre comte de Prouven[sa]. Lou VI fon Jeha[n] que morit ajat de X ans. Lou VII fon Tristan, ensins nommat [per] so qu’el naysset estent son payre prezonyer en Arago[n], que morit en l’age de VII ans. Lou VIII fon Jan que fon prince de Capra, que succedis a la ducat de Duras et lou IX fon Peyre, comte de Gravyna que morit joynet. Et las filhas, la premiera fon nommada Cleme[n]sa, maridada a Carles, filz aysnat de Phillip, rey de Fransa.4 La seconda Blancha, que fon moulher del rey d’Arragon. La III fon Eleonor, moulher de Frederic d’Aragon, rey de l’isla5 de Sicilla. La IIII fon Maria, moulher del rey de Majorqua et de la caza d’Arago[n]. La V fon Beatrix, moulher del marquis de Ferrara e el mort se remaridet a Bertrand dels Baulx, comte de Mo[n]tescayo[n]. Lo[dich] Carle II regnet XXIII ans e morit a Naples 1309 a V de may e ensepvely als Prezicadors. Mays lou[dich] testame[n]t es de creyre subre tous. 259 MCCCVIII Carle II, rey de Jheruzalem e de Sicilla, duc de l’Apoulha, principautat de Capua, comte de 1 fa so[n] testament2 en louqual si Prouven[sa] et de Forcalq[uie]r e de Pyemo[n]t, estent el a liege qu’el instituis so[n] heritier universal e successour en toutas sas terras Robert, so[n] premier nat,

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duc de Calabra. S’el more sensa enfans mascles ou femellas el vivent ou apres la mort del[dich] Carle, substituis so[n] heritier universal en las[dichas] terras, ryalmes e segnorias aquel de sous enfans mascles segond la collatio[n] facha del r[yal]me de Sicilla a Carle I so[n] payre per la sancta gleyza romana que deura succedir. Sino[n] aquel, qual que sia, que nayssera de l’ung de sous enfans als[dichs] ryalmes de Sicilla e de Jh[erusa]l[e]m soulame[n]t e autras terras, exceptat de Prouvensa, de Forcalq[uie]r e de Pyedmo[n]t e autras terras tant acquizidas que acquizidoyras en lasquallas comtats. En aquel cas, so es onte la frema succediria als[dichs] ryaulmes, substituis Phillip,3 so[n] autre fils, prince de Tare[n]ta e d’Achaya. E si no[n] venya, substituis a l/a/s[dichas] comtats e terras acquistadas e acquizidoyras, ung de sous autres fils mascles, nat4 ou a nayscer e5 que sera premyer nat apres lou[dich] Philip. E si dengu[n] d’aquestous nostres6 fils que seria[n] nats apres lou[dich] Philip era[n] en vida, en aquel cas substituis ung de sous nebouts mascles, nats ou a naysser, descendents dals vivents. E si lou plus grans nat mascle7 no[n] era en vida, substituis lou premier nat de8 so[n] autre fils seguent en las[dichas] co[m]tats e terras. E ensins seguent de sous autres fils. E sy yeu vivent, lou[dich] duc ven a mourir et leyssessa enfans ma/s/cles nats ou a naysser e fussa cas qu’ellous no[n] fussa[n] appellas a la successio[n] del[dich] ryalme de Sicilla, seguent so qu’es dich dessus, substituyssem lous enfans del[dich] duc de Calabra. Layssa per drech d’institu[ti]on al[dich] Philip9 dous cens onsas d’aur, pagadoyras tous lous ans tant qu’el vieura, que ly sera[n] assignadas oultra las[dichas] principautas d’Achaya e de Tare[n]ta en lasquallas l’instituis heritier. E s’el more embe d’enfans vivent my, substituysse[m] sous enfans en las[dichas] principautas. Layssa per drech d’institu[ti]on a Jan e Peyre sous fils,10 las comtat e terras que teno[n] de present que si no[n] valo[n] IIII milla onsas d’aur, so es milla per home, leur sia suplit la resta. [fo 42 v°] Layssa per drech d’institu[ti]on a sous autres fils d’aquest p[rese]nt ou d’autre mariage a naysser a quascu[n], so es, per ellous e lous syeus s’era/n/ legitimame[n]t descende[nt]s de leurs corps, II milla onsas d’aur de reve[n]gut a[n]nual a quascu[n] d’ellous, assignadas a las comtats ou baronyas, provezit, que aja[n] tiltre de comtat, exceptat que sy ellous era[n] en pubertat, l’heritier del ryalme no[n] sera tengut leur fayre pagame[n]t jusquas al temps de leur pubertat. Constituys a Beatrix sa filha11 en dot e per dot12 cent onsas d’aur, pagadoyras per una fes. Instituys a cascunas de sas filhas que seran en vida la dota que leur es estada donada e en cent onsas d’aur. Instituis a tout a sous nebouts e nepsas de conda[n]13 madama Margarida sa filha,14 comtessa de Colesa, la dota a ella14 donada e en cent onsas d’aur. Layssa per drech d’institu[ti]on a Carle so[n] nebout,15 premier nat de Carles so[n] p[re]mier fils conda[n], rey d’Ho[n]grya, dos millia onsas d’aur. Instituis Beatrix,16 filha del[dich] rey d’Ho[n]gria, en dota per ella donada e en III cents lieuras tourn[ezas]. Layssa a Clemensa,17 filha del[dich] rey d’Ho[n]gria, per sa dota VIII milla onsas d’aur e si vol intrar en religion ly layssa milla onsas.18 Layssa a Marya, filha del rey d’Ho[n]grya,19 sa moulher, IIII milla onsas d’aur a pre[n]dre sur la doana de Naples. (Archyeus). Aquest Carle II fon home ben fach e gracioux e just e liberal de modo que n’y a qu’escrivo[n] d’el aver estat ung autre Alessandre en liberalitat. Fon noble prince en las cauzas civillas e pacific, mays en las cauzas de guerra no[n] fon ny expert, ny fortificat. Anava ung pezuc boytoux e eyssancat. Faguet de bels edificis en Prouvensa e 281

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majourme[n]t la gleyza de N[ost]ra Dama de Nazareth d’Aix ont el es ensepulturat. A regnat 24 ans.20 Balhet a plus[ou]rs ge[n]tilzhomes de segnorias e baronyas. Fon tengut e reputat [per] un bon prince, amato[u]r de pax. Fon no[n] ren mens imputat de qualques escrivans d’aver estat un pauc trop lascif en sa vielhessa.21 Vive[n]t son payre, expouzet Maria, filha d’Estienne, rey d’Hongrya, de laqualla en aguet IX filz mascles et V filhas. Lous mascles furon Carle Martel, proumier nat, rey d’Hongria [per] succession de la mayre, Loys 2 nat22 que fon nommat S[anct] Loys, evesque de Toulouza, Robert III nat que fon pueys rey de Naples apres son payre, Philip,23 prince de Thare[n]ta, que fon prizonyer en Palerma, Jan, prince de la Morea, Tristan que nayscet este[n]t el en Cathalogna, Remond Bere[n]g[uie]r que fon regent de la vicaria, Loys 2, duc de Duras, Peyre, comte de Gravyna. Las V filhas furo[n] aquestas : Cleme[n]sa, moulher24 de Carle p[re]mier nat de Phillip lou bel, rey de Fransa, Blanca que fon moulher de Jaume, rey d’Aragon et Eleonor que fon moulher de Frederic, rey de Sicila.25 [fo 43 r°] 260 MCCCIX Karle II, rey de Naples, more e ly succedis al ryalme Robert so[n] fils, coronat rey de Naples a Avigno[n] per Cleme[n]t. (Martin).1 Louqual fon mandat per lou papa Clement V a Boulougna ont era lou cardenal Pelagura. E per so que Ferrara si voulia rebellar, lou rey Roubert fon fach prefect de la gleyza romana, mays per so qu’el volia anar a Naples, y leysset ung luoctenent. (Mar dels Hyst[oria]s).2 261 D’aquest temps, Hanry VII emperadour regnava. S’en va a Roma prendre la corona de ferri e impauzet grand tribut als Romans, lousquals si rebeca[n] e si retiro[n] embe lous Ursins.1 L’emperadour fa alsalhir lous Romans, mays Jan, frayre de Robert rey de Naples, ajudet als Romans tallament que l’emperadour fon constrench s’enfugir de Roma. E per lou commandament dels cardenaulx, Jan, frayre de Robert, s’en parte de Roma apres que tout fon pacificat.2 L’emperadour ven en Aretina, fa adjournar Robert rey de Naples davant el dizent qu’el era criminoux de leza majestat. [fo 43 v°] Mays per so qu’el no[n] volguet compareysse, lou privet de so[n] ryalme. Lou papa Clement no[n] volguet aprouvar so qu’avya fach l’emperadour per so que l’adjourname[n]t avya estat donnat en luoc no[n] soufizent e no[n] apertenya pas a l’emperadour de descassar lou rey Robert de so[n] ryalme e mantenya que lou ryalme de Naples e de Sicilla era[n] de la gleyza romana e qu’el soulet avya poder donar lous[dichs] ryalmes e d’en privar tal que bon ly semblaria. Platina e Le Mayre. 262 MCCCIX V octobre Robert co[m]menca a regner ceste a[n]nee ainsi qu’il a[parai]t [par] la [con]firma[ti]on des privilieges de la cite d’Avignon donnes a Bedoin qui fut le premier de son regne.

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263 MCCCXI Clement papa d’aquest temps fa assemblar ung consilli a Vienna de touta la gleyza universalla onte y avya plus de CCC prelats. Alqual consili, entre autras cauzas, Loys de Naples, per recompensa del tribut qu’era degut a la gleyza a cauza del[dich] ryalme, bailhet al[dich] Clement la cieutat d’Avigno[n] e la comtat de Nyssa. Estat.1 264 MCCCXI Madama Jana sa moulher, apres la mort de so[n] maryt, s’en va a Roma e rezigna lou ryaulme de Naples e lou remecte de tout a la man del papa Clement, louqual despueys en faguet ung don a Loys, duc d’Anjou, frayre de Karle V rey de Fransa, rezervat l’uzuffruict de la[dicha] Jana. Mays el no[n] en joyt pas, car el morit embe cinq mil homes en lou conquistent contra Karle, nebout del[dich] Loys, rey d’Ho[n]grya, que ocupet lou ryalme. E lou tenguet IIII ans e leysset ung fils nommat Ladislaus, louqual regnet XXIX ans a Naples per l’ajuda del papa Urban VI. Estat.1 265 MCCCIX Bertrand de Lamano[n] 2 del nom fon1 segnour de Rougnas. Famouz poeta prouvensal, era en presc d’aquest temps. A escrich en sa romansaria en rythma prouvensala las guerras qu’ero[n] d’entre lous princes [com]ma avia fach son successour B[ertrand] de Lamano[n]2 e ung pichot tractat de las rikas vertus de la fada Dama de Romanyn, tanta de madama Laura de Sado ensins que a escrich S[anct] Cezari en so[n] catalogue dels poetas prouven[sals]. Fon pueys senescal de Prouvensa per lou rey Roubert. Si liege en ung instr[u]m[en]t de la dama de Pierraverd.3 [fo 44 r°] 266 MCCCVIIII Robert, comte de Prouven[sa], fils de Carle II, fon coronat per lou papa rey d’Apulia e avya al[dich] ryalme tal drech qu’avya so[n] payre. Normand.1 267 MCCCXII Arnaud de Villeneufve, medecin, sava[n]t en1 mathematiques de Tharascon, fut juge heretique [par] les chanoynes de la[dicte] ville p[ou]r avoir dict que Sathan avoit faict devoyes tout le peuple chrestien de la verite, que la foy des chrestiens de son temps n’estoit autre que celle que le dyable eut, que ceulx qui sont chrestiens sont hors de charite. Veoir2 Estat de l’Esglise, 15 l[i]br[i], fol[io] 426 v[er]so. 268 MCCCXII Robert, rey de Hyeruzalem e de Sicilla, comte de Prouvensa, fils de Karle II, rey de la Poulha, fon condemnat a estre descapitat per l’emperadour Hanry VII. Mar dels Historias.1

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269 MCCCXIII Clement papa VI, estent al castel de Monteols pres de Carpentras onte rezidya adons la cour romana, faguet publicar sas constitu[ti]ons e volia qu’en fussa fach un libre appellat : « Lou VII de las decretalas », mays el fon malade e no[n] s’en faguet ren car morit tost apres al castel de Roquamaura. (Martin). 270 MCCCXIII Bertrand de Masselha, segnour d’Evenas e vicesenescal de Prouven[sa]. Archieuz. 271 Georgy de Blieux, seig[n]or del[dich] luoc e de Romollas. 272 Rostang de Romollas, seg[n]or del[dich] luoc e d’Entragels. 273 1316 XVI aoust Jan papa XXII regarde papier a part d’Avignon. 274 MCCCXVI Mossen Jan Cabassola, chival[ie]r,1 juge mage e vicesenescal de Prouven[sa]2 d’aquest temps, era estimat entre las personas de letras lou plus sabent en letras humanas qu’on avya jamays vist. (Archyeuz). Aquest a mes al nom de Carle II la p[re]myera peyra dels fo[n]dame[n]ts del pont qu’el fazia co[n]strure sur la Dure[n]sa, entre la gleyza de Bompas que soulia estre dels Templiers qu’es ara ung monestier dels Chartroux e lou castel de Novas. (Escripturas del seg[n]or de Barbe[n]tana). 275 MCCCVII Jan papa1 XXII del nom prezidet en Avigno[n] XIX ans IIII mes. Apres la mort de Clement, lou siege vaquet longtemps car lous cardinals no[n] si podia[n] jamays acordar e majourment per so que al conclavy de Carpentras, lous cardenals sy batero[n] de talla sorta2 qu’en y aguet doux dels principals tuats. Era home fort subtil e prudent, amourous dels gens sabens, de petita statura. Faguet sa residensa en Avigno[n]. (Estat). Si tenya als Prezicadours, foras villa. (Estatuts d’Avigno[n]). Avya estat evesque /de/ Frejuls sego[n]d Martin.3 Apres qu’el fo[n] coronat, faguet sa rezidensa en Avigno[n] e p[er] so[n] premier acte, ezercet4 una terribla5 justicia co[n]tra Hugues, evesque de Cahors, louqual s’era trobat aver conspirat contra lou[dich] papa perque el fon degradat e balhat als bourrels que lou faguero[n] mourir fort crudellame[n]t. (Jan Le Mayre). El canonizet S[anct] Loys, fils de Carles II. Chron[icas] martin[ianas]. [fo 44 v°]

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276 MCCCXVII Madama Clemensa, veoza de Loys hutin, rey de Fransa, parte de Fransa e s’en ven en Avigno[n] pensant y troubar so[n] oncle lou rey de Sicilla, mays el no[n] y era pas e anet fayre la reverensa al papa Jan e si loget al monestier de S[anct] Dominiq d’Avigno[n] e aqui demouret. Grandas Chronicas. 277 MCCCXVIII Genna estent oprimida dals Gibelyns, lous Guelfes donnero[n] la cyeutat au rey Robert emb’ aquella condiction qu’el la secourrirya quand bezong seria. (Pandolfo Collenu[ccio]). 278 MCCCXX Jan papa XXII del nom fa fayre una capella e la doctet de IIII capellans perpetuals qu’el intitulet Nostra Dama de Myracles en Avigno[n] per so que ung sodomyta que lou papa fazia chremar invoquet N[ost]ra Dama. (Martin). 279 MCCCXXVII VI d’abril Petrarcha estent en Avigno[n] dins la gleyza dels frayres menors ung divendres sant, fon surpres de l’amo[u]r de Laureta de Sado, nobla1 dameysella et docta e2 ben apreza. Petrarcha. 280 19 novembre Arnaud de Villanova regarde papier a part d’Avignon. 281 MCCCXXVIII Bertrand de Pena consegnour de Romollas e de Moustiers. Escripturas. 282 D’aquest temps,1 e de papa Jan XXII del nom, furo[n] crema[t]s a Masselha IIII frayres menours per l’herezia de pauretat. (Martin). De may

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Jana, filha de Charles, duc de Calabra, premier fils de Robert, rey de Naples, nasquyt. (Martin). 284 1330 V may Bertrand des Baulx s[eigneu]r du[dict] lieu et comte d’Avellin. (Archifz).

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285 MCCCXXXI Jan papa XXII1 a fondat la mayzo[n] de Bompas de l’ordre dels Chartroux pres d’Avigno[n] e plusours autras gleyzas collegiallas, tant en Avigno[n] que en so[n] dioceze. Es mort heretic car el a sermounat publicament en Avigno[n] que las armas d’aquellous que moro[n] en gracia no[n] vezo[n] pas la divina essensa jusquas apres la rezurrectio[n] del corps [fo 45 r°] e jour del jujament, mays revoquet tal errour e s’anet desdire e morit aajat de LXX ans. (Mar dels Hist[orias]). Leysset una somma d’aur e d’argent infinida, milla fes vingt cinq milla escus. Naucler. Lou premier fondato[u]r fon un gentilhome hermyta, louqual mogut de devotio[n] fe fayre una petita cappella que toucava lou pont de Durensa qu’encaras y son las ensegnas. Si fes donnar per Dieu e per doux ans lou drech del peage que lous segnours de Coumons, Cabanas e Novas prenya[n], louqual fo[n] ta[n]t gra[n]d qu’el en faguet creysse lou[dich] hermitage e y entretenya de gens per l’asseguransa dels passagiers qu’era[n] mes a mort aqui que si nomava au come[n]same[n]t Maupas2 e y mettet nom Bompas. Y ha 4 sepulturas de cardinals3 : una del principal fondato[u]r, un autre que fon de la mayso[n] des Cabassolas que fon pueys evesque de Cavallon.4 286 MCCCXXXII Per so que las guerras avia[n] destruechs toutas las escripturas dels archieux d’Aix e tous lous archifz que lou rey pren en Prouven[sa], Robert manda mossen1 Leopard de Fulgineo,2 arcipreyre de Benevent, co[m]missary deputat3 per tous lous luocs de Prouvensa e fa recouneysse tous aquellous que teno[n] bens soubta sa directa e s’informa dels drechs del rey.4 Archieuz. En aquel registre que sy noma Leopardus, sy troban una partida dels drechs que lous reys preno[n] en leurs villas de Prouvensa. 287 MCCCXXXIIII XI dece[m]bre Robert es a Naples. Bailha priviliege en favour de so[n] domany e manda a so[n] senescal de Prouvensa e autres de so[n] sang de no[n] alienar jamays so[n] domany de Prouven[sa] actendut qu’el es Provincia provincie e que si ha ren de vendut e alienat que inco[n]tinent ho aya a recoubrar. Archieuz. Mossen Philip de Sanguineto es so[n] senescal en Prouvensa. 288 MCCCXXXV1 Benech papa XII del nom prezidet en Avigno[n] VII ans e III mes (sego[n]d Naucler) ou VIII ans (segond la Mar dels Hystor[ias]). Si nomava Jacques de Furnerio de Toulouza, de paures parens. Comencet a edificar lou palais d’Avigno[n] e y faguet plusours autres edificis e plusours jardyns.2 (Estat). El succedis a Innocent. Era fils d’ung mounyer, en sas armarias fazia un camp farinous e l’escusso[n] centurat de gueulas. Co[n]tinuet a edificar lou palaix d’Avigno[n], faguet edificar la II porta e tout lou membre de la salla de Jesus en laqualla sont sas armarias penchas. Del temps de so[n] pontificat, so[n] payre lou venguet [fo 45 v°]

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vizitar embe plusours gentilhomes que ly avya[n] fach vestir de raubas de drap de seda e quand saludet so[n] payre, lou papa ly dis que no[n] lou couneyssia e qu’el no[n] era pas so[n] payre e que so[n] payre no[n] portava pas habits de seda. Lou payre tout doulent despuelha aquellous acoutramens e si prezenta a so[n] fils3 embe lous syeus acoustuma[t]s e lou va recouneysser e ly donna d’argent per crompar ung moulyn e vieure de so[n] mestier de moulinyer, dizent que no[n] falia pas alienar lous bens de la gleyza per enrichir sous parens. Morit en Avigno[n] e es ensepvelit a la grand gleyza. Statuts d’Avigno[n].4 Martin en sa chronica5 dis qu’el fo[n] coronat als Prezicadours d’Avigno[n] e qu’el come[n]sa premier a edificar lou palays episcopal d’Avigno[n]. De so[n] temps, lous cardenals faguero[n] edificar de bellas mayzons d’ela lou pont ont ellous estava[n] l’estyeu. 289 MCCCXXXV Lou rey de Fransa Philip V si mecte en camyn per anar veyre lou papa Benech en Avigno[n], mays en camyn ly prenguet una maladia perque el no[n] y poguet anar e ly mandet sous embassadours per obtenir certas requestas sur lou fach del vyage d’oultramar, lasquallas lou papa ly outrejet liberalament. Guarit que fon, va vizitar so[n] ryalme, passa en Avigno[n] vizitar Benech que lou recebet honorablament e aver parlat entre ellous de pron de cauzas necessarias per lou passage d’oultramar, s’en retourna. Ven a Masselha vizitar sas nauz, galeras e vayssels qu’el avya aprestar per lou[dich] passage e y mandet son admyralh, mossen Jan de Sepay. Grandas Annalas. [fo 46 r°]

290 MCCCXXXVII III dece[m]bre1 Fon fach un synode provincial, assemblat dins la gleyza de S[anct] Rhus, foras lous barris d’Avigno[n], en louqual furo[n] prezens Gasbert, arcevesque d’Arles embe sous sufragans, so es : Peyre, evesque2 d’Orenja, Hugo, evesque de Tricastel, Jacques,3 evesque de Toulon, Hugo, evesque de Carpentras, Jacques, evesque de Cavalho[n], Jan, evesque de Masselha, Jan, evesque d’Avigno[n], Ratier, evesque de Veyzo[n]4 e Arnaud,5 arcevesque d’Aix embe sous sufragans, so es : Bertomyeu, evesque de Frejuls, Jaufred, evesque de Ryes, Rostang, evesque de Sistero[n], Guilhaumes, evesque d’Apt, Dragonnet, evesque de Gap.6 Item Bertrand, arcevesque d’Embru[n] embe sous sufragans, so es : Bertrand, evesque de Senés, Elzias, evesque de Digna, Jaume, evesque de Glandeves, Arnaud, evesque de Vensa, Guilhaumes, evesque de Nyssa e Jaufred, evesque de Grassa, acompagnats de tous lous procurayres dels cappitols de las7 gleyzas dels luocs per celebrar lou[dich] synode provincial, per refourmar lous dezourdres e abbus que si co[m]metya[n] entre las gens eccleziaticas, alqual furo[n] fachs plusours bels estatuts e ordonnansas d’enfra lasquals fon ordonnat : que8 tous avia[n] tenguts d’acompagnar corpus domini, de tenir las fons9 baptismals sarraz a la clau, de no[n] recebre corpus do[mi]ni que al jour de Pascas e en sa perrochia, de no[n] gitar de peyras davant la porta de l’hostal d’un escumenjat, ny de y far portar la lybytina dava[n]t la porta del[dich] escumenjat per so que no[n] si trobava qu’eysso fussa ordonnat de drech, mays era una invention dyabolica e escandalouza que fazia fayre aquellous que ezerçava[n] las juridictions eccl[ez]iasticas. Aquesta lybytina era que fazia[n] venyr un cappella[n] vestit de rauba sacerdotala embe dous homes que portava[n] la lybytina sive lou lataut cubert d’un paly negre e lou cappella[n] embe l’yzop que dizia lous exaudys e sufragis dels morts coma si l’escumenjat10 fussa mort, 287

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que tous officiers reals que fara[n] ezibir leurs tiltres a las personas ecl[ez]iasticas que han meru[m] et mixtu[m] imperiu[m], halta, mejana e bassa juridiction en leurs beneficis sian escumenjats, [fo 46 v°] que lous clercs e lous cappellans no[n] auzara[n] d’our’ en la ezercir l’estat de bouchier ou carnassier ny seran hostes ny cabaretiers, que tous cappellans e canonges sera[n] tenguts portar leur raubas sarradas davant e autres habilhamens honests, sub pena d’escumenje, que tous escumenjats sera[n] tenguts si far absoldre altrament, que las personas laycas pagara[n] cinq sols lou mes, lous clercs X s[ols] e lous cappellans XV s[ols] als clavarys ou procurayres dels evesques, que dengus dels artizans no[n] auzara[n] far conventiculas ny confrayrias per so que entr’ ellous fan certas conjura[ti]ons e conspirations co[n]tra las personas eccl[ez]iasticas en sy vesten de raubas inuzitadas, en eligissent entre ellous un superiour alqual juro[n] de observar, obezir e s’enseguo[n] plusours murtres e raubatorys si comecto[n] e p[resen]ta[men]t11 no[n] s’auzara[n] nommar confrayres priours ny abbats sur la pena d’escumenje, e plusours autres articles e statuts concernents tous lou profiech de las gens de gleyza e qu’ellous seran publica[t]s per toutas las gleyzas, perrochias de la provinsa e tout eysso e autras cauzas son co[n]tengudas en l’instrument que conten X pels de pergamyn embe lous sagels pendents dels tres arcevesques que m’es estat mandat de Draguigna[n] per m[estre] Honorat Roux, not[ary], 1562. 291 D’aquest temps, ensins que si liege en ung vielh registre d’actes que concerna[n] la villa de S[anct] Romyech e l’isla de S[anct] Genyeys que si no[m]ma aujourd’huey Martegue, courrya una sorta de moneda d’argent1 qu’appellava[n] ung gillat que valia2 XII deniers obol e ung gillat d’argent era comptat per XXV denyers.3 M[estre] Jan Garda era not[ar]y. 292 Item que a S[anct] Romyech y avya ung castelfort qu’era1 lou logys del rey, qu’aras no[n] sy troba[n] en touta la villa alcunas ensegnas de castel. [fo 47 r°]

293 MCCCXLI Laureta de la illustra rassa de Sado, gentilfrema tant celebrada per Frances Petrarcha poeta florentin d’aquest temps en Avigno[n], a l’honnour de laqualla el a rendut de tous dous la memoria immortala e reco[m]mandabla car el a talament illustrat e clarificat son nom e aquel de sa dama Laura que sembla que tous dous sian encaras en vida. Aquesta Laureta avya estada endoctrinada en bonas letras car de so[n] temps y avya una infinitat d’homes e de fremas en Prouvensa qua fazia[n] parango[n] de leur doctrina e no[n] reluzia[n] mens en saber que tous lous plus grands esperits qu’en fazia[n] adonc publica professio[n], d’enfra lasquallas era aquesta Laureta e una syeu tanta qu’era dama de Romanyl que l’appellava[n] co[m]munam[en]t la Thada de Romanyn, laqualla moustrava ben de quant l’excellensa de sa poezia era d’estimar car en prezensa dels plus soubeyrans poetas e majourm[en]t del Petrarcha, si troubava[n] souvent en grandas disputas de la poezia e emb’ ella l’acompagnava[n] Hugueta de Forcalq[uie]r, dama Detrecti, Brianda d’Agoult, Comtessa de la Luna, Beatrix d’Agoult, dama de Sault, Dousa de Moustiers, dama de Clumanc, Yzoarda de Rocafuelh, dama d’Ansoys, Anna, viscomtessa de Thalard e una infinitat d’autras que si tenya[n] la pluspart del temps en Avigno[n].

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Quant a l’origini d’aquesta Laureta (que qu’en ajan volgut dire aquellous que an co[m]mentat lou Petrarcha), yeu seray toujour de l’oppinion de Mons[egno]r Vasquyn Filhol de Carpentras segon lous subtils argumens qu’el a fach als sonnets de sa Laura d’Avigno[n]. Mays el es trop certan qu’ella era d’Avigno[n] e habitava al bourg dels Sauzes ou de Sado, pres de la gleyza del convent dels frayres mynours, car d’aquest temps Avigno[n] no[n] era encaras sench de barrys ensins que ho dis Jan Poldo en sas « Singularitas de Nymes ». Mays despueys que lous soubeyrans pontifes chrestians y an sujournat, es estada sencha de barris. Ella era tant singulara en beutat e en vertus que estent Roubert, rey de Sicilla e de Jeruzalem, comte de Prouvensa, en Avigno[n] d’aquest temps (lou Villutel1 dis qu’era Carle mays el sy mescompta car era mort longtemps havya) quand las damas l’anero[n] vizitar, d’entre lasquallas Laura era en leur compagnya, el dagnet ben la prendre per la man e la metre costa d’el. Lou Vilutel vol que Petrarcha en fon jalous e en faguet un sonet que si comensa : « Real natura, angellico intelletto, ». Guilhaume Rouilhe, en l’expozitio[n] d’aquest sonet dis que d’aquest temps si celebrava una festa en Avigno[n] per honorar Roubert, rey de Naples e comte de Prouven[sa], [fo 47 v°] en laqualla toutas las damas del pays y furo[n] convidadas enfra lasquallas y era Laureta e la vezent tant bella subre toutas las autras, la tyret a sy e la bayzet a la modo del pays.2 Vasquyn Filhol dis que d’aquest temps Avigno[n] no[n] avya de circuyt fors que del grand palays, tyrant vers lou Roze jusquas la gleyza de la Magdalena car d’aqui jusquas al Roze, eran tout jardrins e pradarias exceptat un petit bourg dict dels Sauzes qu’era entre dous. E Avigno[n] fon pueys augmentat jusquas a las vielhas muralhas que y son encaras embe la meyzo[n] de Ancezuna e per lou papa Julii fon creyssut jusquas al Roze einsins que s’apareys per las entresegnas de las vyelhas muralhas e lous portals que so[n] encaras en esse. E qu’ensins sia que lou[dich] bourg s’appellava dels Sauzes qu’eron predecessours de Lauretta. Si vezo[n] encaras soubta lou premier arc3 del pont del Roze, las armarias de Saze sive de Sado qu’era una illustra rassa. D’aqui do[n]cas, anant al Roze, Petrarcha veguet Lauretta embe d’autras damas que descendia[n] d’una barca e mo[n]tava[n] sur un cochy. Petrarcha deziraria d’estre lou carretier ensins qu’el o mostra per aquest sonet : Que Lauretta fussa del bourg dels Sauzes d’Avigno[n] qu’era entre lou Roze e la Durensa, contra l’opinion del Philadelph, ancya[n]4 come[n]tatour del Petrarcha que dis que Lauretta era de Gravezons, apareys per aquest sonet que fa mention de dous grands ruyssels qu’es lou Roze e la Dure[n]sa : « Una candida cerva sopra l’herba Verde, m’apparve con duo corna d’oro Tra due riviere ». Estent Petrarcha fugit d’Avigno[n] per saulvar sa vida per so qu’el s’era pres garda que un d’aquellous qu’avya[n] grand poder a la cour romana fazia[n] de grandas abhomina[ti]ons ou que fazia[n] l’amour a Lauretta,5 surpres de furour que sol venir als poetas, no[n] sy poguet tenir d’escryeure aquestous sonets : « Flamma dal ciel su le tue trecie piova » e l’autre dis : « L’avara Babylona ha colmo ‘l sacco, » e l’autre dis : « Fontana di dolore, albergo d’ira, ». Philadelph6 dis qu’el faguet aquestous sonets contra una cortizana qu’era adonc en Avigno[n]. [fo 48 r°]

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Aquestous sonets son estas fachs a l’imitation d’una canso[n] de Guilhaumes Figuyera, poeta prouvensal contempora[n] de Petrarcha qu’el allegua en son Triomphe d’Amour, laqualla canso[n] sy comensa : « D’un sirventes far En est son que m’agensa, No[n] vuelh plus tarzar Ny far longua bestensa, Car sey sens doutar Qu’yeu n’auray malvulhensa De far sirve[n]tes Dels faulx mal apres De Roma que es Lou cap de la chaensa Que deschay tous be[n]s. »7 [fo 49 r°] 1226

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Lou comte Almaryc, heritier e successour del comte Symon1 en sa comtat de Thoulouza e las terras d’aqui l’e[n]tour que a[per]tenya[n] a Remond comte lou vielh, comte de Thoulouza, payre de Remond lou jouve,2 veze[n]t l’inconstansa dels gens del pays que de fes en fes ellous sy revoltavan a son /…/3 en faguet donna[ti]on a Loys, rey de Fransa, payre de S[anct] Loys, louqual venguet embe una armada de gens innomables et a sa venguda quazi toutas las villas si rendya[n] a el e balhava[n] hostages a sa volontat.4 Et vers la vigilla de Pandecousta, S[anct] Loys, roy de Fran[ce], /…/ aya[n]t este /…/ le roy [con]vyda[n]t passer [le Rhône] et tout son ost5 vene[n]t en Avignon embe touta son armada [per] passar lou pont et ensins que la pluppart de sas gens fussa[n] passaz, lous bourgez de la villa ave[n]t paour d’estre fourrajas, sarron toutas las portas de la villa ben qu’ellous aguesson promes lou passage al rey embe pauc de gens ou ben qu’el passessa subre la roca,6 mais [per] so que lou passage era estrech e dangeyroux, lou rey no[n] ho volguet aceptar et en ody d’eysso y dreyssa son camp contra la villa [per] la prendre [per] forsa. Lous habitans si defendo[n] e ave[n]t la villa estada assiegada [per] tres mezes, rendero[n] la cyeutat7 al[dich] Loys lou XII de septembre e furo[n] causa de la destruction de la cyeutat e [con]dannaz en grandas penas. (Martin). Mons[egno]r de Cabassola, s[e]ne[s]cal, s[egno]r de Berbe[n]tana, en las additions marquarias qu’el a fach subre las chronicas del[dich] Martin, dis ensins : « Regarda la sentencia donada [per] lou[dich] legat nomat Mossen Roma[n] Dyague, card[in]al del titol S[anct] Angel, segue[n]t la teno[u]r de laqualla entre autras cauzas ordounadas furo[n] IIIc ostalz dels s[egno]rs bourgez d’Avigno[n] a la discretion del[dich] legat demolidas e razadas, e XXX cavaliers mandaz en Jerusalem [per] ung an a la /…/8 la terra sancta e y es facha me[n]tion viva. Lou comte Remond Bere[n]g[uie]r, comte de P[rou]vensa, s’impliquava en aquesta guerra. » (Addition de Cabassola). Quinze jo[u]rs apres que lou camp fon despartyt tira[n]t vers Beziers e Carcassona, la ribiera de Durensa rompet tallame[n]t sas ribbas e son cours qu’ella /…/ ocupava touta la plana ont lou[dich] camp avia sejournat dava[n]t Avignon et si la cyeutat no[n] si fussa 290

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renduda dins aquel temps, de pluso[u]rs jo[u]rs9 lou camp fussa estat constrench de delojar d’aqui a sa grand vergonha e [con]fuzion. (Martin). 1243

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Lou[dich] comte Remond de Thoulouza s’en va vers l’emperayre e vers lou papa a Roma ont el demouret pres d’ung an. El faguet tant envers lou papa qu’el ly rendet la terra de Venayssin. (Martin). Mons[egno]r Cabassola del Real, s[egno]r de Berbe[n]tana, en sas additions marquarias subre aquel passage dis ensins : « La[dicha] [fo 49 v°] terra e comtat de Venayssin avia estada [con]fiscada1 al papa e a la gleyza de Roma, mais tost apres la[dicha] terra fon retournada al papa. » 296 1469 XIX juing « Henry,1 [par] la gra[ce] de Dieu roy de Castille, nous Henry et no[tre] filz p[re]mier ne et no[tre] pays et tout no[tre] ryaulme, certifions a tous que no[u]s sommes et serons avec Rene, roy de Jerusalem et de Sicille, no[tre] cher fre[re] et a son filz unique, Jeha[n], duc de Calabre et de Lothreyne et noz terres et domeynes et a ses subjectz bons et vrays fideles [con]/fierons/ aulta[n]t que s’il estoit no[tre] fre[re] germain. Et que no[u]s et no[tre] filz p[re]mier ne ne bailherons aulcung vilip[endement] au detreme[n]t /d’/ aucun de ses enfans ni a son pays ni a ses subjectz ni a [per]sone vena[n]t de quelque estat ou [con]diction que ce soit. Et si aulcung luy vouloit f[ere] guerre, no[u]s luy ayderons de tout no[tre] pouvoir ta[n]t [par] mer que [par] terre et ceste pr[esen]te [con]federa[ti]on voulons qu’elle dure deux ans prochaines. » 297 1470 25 janvier Rene de ce temps faisoit la guerre en Cathalogne, car aux archifz se trouve qu’il assigne M[onseigneu]r Gaspar Cessa, son chambellan, po[u]r la guerre qu’il a supporte et supporte en Cathalogne. 298 1471 XXIII nove[m]bre De ce temps a la venue de Jehanne, femme en dernieres nopces de Rene, luy feure faictz de beaux presens a son entree de Prouvence. C’est a ssavoir : Avignon, XII tasses et troys eyguieres d’arge[n]t dorees, Tharascon, un grand eyguier plain de VI gobellets prysa[n]tz XII marcz, la comte des Juyfz, VII tasses et deux grandz potz d’arge[n]t, Arles, IIII m[ille] ducatz qui furent employez en deux flascons d’arge[n]t et six tasses, la ville de S[ainct] Remy, six tasses d’arge[n]t, Aix, deux bassins, six tasses et troys potz, potz d’arge[n]t a metre eau, Masselhe, VI m[ille] ducatz [com]metre [par]tie en son peysa[n]t de cyre et le 291

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demeurant fut [com]mit a son plaisir. (Archifz). [fo 50 r°] 1469

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Loys, roy de France, [per]mest a Rene, roy de Jerusalem et de Sicille et a ses success[eu]rs descendans en lignee masculine user de cire jaulne1 des scaux de sa chancellerie ainsi qu’il faict mandat aux2 officiers de son ryaulme le laysser joyr de telle [per]mission pacifiqueme[n]t. La cour de [Par]is n’y voulut antandre et falut avoir seconde ju[ridic]ssion. Archifz.3 300 1355 III men[sis] febr[ier] Loys et Jehanne, roy et reyne de Jerusalem et de Sicille, protesta[n]t [con]tre Charles empere[u]r des Romains de ce qu’il ocuppe la place du seign[eu]r de /…/ que le roy Robert tenoit et possedoit [com]me sienne. (Archifz). 301 Le[dict] Charles, empere[u]r, bailhe un ferme homage que les prelatz et ge[n]tilhomes de Prouven[se] luy prestent. Archifz. 302 1406 XXI julhet Charles Albe,1 s[eigneu]r de Porrieres, chambellan, m[estre] Jeha[n] Dagol, maistre no[ta]rial et Luec de Castilhoin, secret[ere] embassade[u]r2 /de/ Prouven[se] et de Loys II du nom, roy de Jerusalem et de Sicille, promecte[n]t mariage entre Marie sa filhe3 d’une part, et dame Marie de Enguynelo, princesse de Tare[n]te, comtesse de Leche et Solete [com]me mere et tutrice de Jeha[n] Antoyne des Baulx des Ursins, filz de feu Remond des Baulx des Ursins, en son vivant prince du[dict] Tare[n]te et comte des[dicts] Leche et Solete, estant encore le[dict] Jeha[n] jeune premier ne du [dict] Remond, aux paches et [con]ve[n]tions descriptz aux articles du[dict] mariage, lesquelz articles les[dicts] Loys II4 et Yoland, roy et reyne de Sicile et de Jerusalem et la[dicte] Marie, mere et tutrice de Jehan Antoyne, promecte[n]t garder et ob[ser]ver. (Archifz). La[dicte] Marie de Enguynelo mere, faict homage aux[dicts] procure[u]rs et embassade[u]rs du roy Loys II de la[dicte] principaulte de Tare[n]te et comte de Leche et Solete et de toutes ses aultres citez, terres et poss[ess]ions avec ces paroles : « Entre voz mains, de vo[u]s mess[ieu]rs les embassade[u]rs de Monseig[neu]r Loys, roy de Jerusalem, Sicile, comte de P[rou]ven[se], je, Marie de Enguynelo, princesse de Tare[n]te, [com]tesse de Leche et de Solete /… » Pone ad lo[n]gu[m]. Innoce[n]t pape aya[n]t entendu nouvelle de cest homage menassoit la[dicte] Marie de l’y renoncer, mais elle respond qu’on n’auroit autre chose d’elle, quelques ex[pediti]ons /qu’elle/ dusse veoir [con]tre elle et qu’elle veut ensuyvre et tenir le[dict] homage. Archifz.

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[fo 50 v°] 303 1448 XII may Le cardinal de Foix, legat de Nycolas pape V du nom, aya[n]t escript a Alphons, roy d’Arragon, son para[n]t et amy de la part de Rene po[u]r avoir porrog[ation] /des/ treves, Alphons luy rescript avoir veu les [con]dictions des trefves qu’il demande estre porrogees et qu’en la qualite qu’elles sont, il ne les peut acepter ni acorder, mais que quand le terme s[er]a passe qu’il sera necessere de [con]tinuer la guerre. (Archifz). 304 1454 XVII may Rene aya[n]t1 en son s[er]vice quelques medecins juyfz et les aya[n]tz coigneuz loyaulx et experime[n]tez et affectionez a sa suite, aya[n]t aussi entendu2 les oppressions et vyolences que les chrestiens faisoie[n]t aux Juifz, il ordonne [par] son advis [per]petuel que doresnava[n]t les Juifz de P[rou]vence quand ilz yro[n]t et viendront en ce pays ou qu’ilz s’y arrestero[n]t, seront tenus porter un cercle de filet difere[n]t de la coule[u]r de l’habilheme[n]t qu’ilz portero[n]t, de la long[ueu]r d’ung grand blanc sur la ceinture, a main gauche, en lieu appare[n]t, dans les villes closes afin qu’il y eust diferen[ces] d’eulx aux chrestiens, qu’ilz pourront exercer l’art de medecine, traficquer, vendre et achepter avec les chrestiens et d’estre peagiers, claveres des ch[at]aulx des seigneurs et ge[n]tilzhomes du pays et f[er]e tout aultre art et user de le[u]r libertez, ceremonyes, acousthumes, tenir le[u]rs synagogues, fere le[u]rs sepultures sans qu’il le[u]r soit donne aulcung empescheme[n]t, a punir de pugnition corporelle, qu’ilz ne seront [con]trainctz d’aller ouyr le presche, ne entrer aux eglises des chrestiens, ne les prescheurs ne scandalizero[n]t le peuple, ne le induyro[n]t a sediction [con]tre eulx, anc prescheront pureme[n]t ce qu’ilz doibve[n]t prescher sans irriter le peuple [con]tre d’eulx sur la[dicte] peine et veult que ces p[rem]iers statutz soye[n]t obs[er]vez et gardez. 305 1455 XVI may Rene bailhe fol[io] 36. 306 1439 XXX avril Eugene pape mande bulles a Pierre, evesque d’Albanye, legat d’Avignon, a la requeste de Charles, roy de France, se transporter au ryaulme de Sicile et autres lieux et la traicte [con]clurre et adviser les treves d’e[n]tre Rene et l’Arragonoys ainsi qu’il advisera /…/ donnes a Floren[ce].1 [fo 53 r°]

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TROISIÈME PARTIE

307 MCCCXXXXI Benech papa trespasset en Avigno[n]. De sa mort pluso[u]rs no[n] en furo[n] dolents per sa granda rigour. Tal fon so[n] epitaphe : « Hic litus est Nero laicis mors vipera clero Denius a vero cuppa repleta mero. » Laysset granda somma d’aur et d’argent laqualla el no[n] donnet ny leysset a sous paures parens e amys, mays a la gleyza. Estat.1 308 MCCCXXXXII Clement papa VI del nom, lymozin, prezidet en Avigno[n] XI ans. Fon clemens de fach e de nom,1 era home vertuoux, grand sermonayre e doctour en theologia, huma[n], liberal e de granda doctrina e eloquensa. Supleme[n]t de chronicas. Fon coronat als Prezicadours d’Avigno[n]. Martin. D’aquest temps fon tant granda abonda[n]sa de plueyas qu’on anava dessus de barcas dins Avigno[n]. Martin. [fo 53 v°] 309 MCCCXXXXII Jana,1 nessa de Robert, moulher d’Andrieu rey de la Poulha, fils de Carle, rey d’Ho[n]grya, faguet estra[n]glar lou[dich] Andryeu so[n] maryt d’u[n] lycol en so[n] liech, estent coucat emb ella al castel d’Enversa e per so[n] consentement (Naucler) e de sous prochans parens que aspirava[n] e dezirava[n] pervenir al[dich] ryalme. Chronicas d’Euzebi.2 [fo 72 r°] Mays si atroba als archieuz del segnour de Sault que Andrieu no[n] agradava ren a Jana e mandet querre de fil de seda de coulours qu’en faguet ung gros courdon. Andryeu intrant en la cambra ont era Jana ly diguet (en si voulent jugar3 emb ella) qu’ella voulia fayre d’ung tant bel e si gros courdon. Ella, que no[n] prenya plazer4 a dengunas de sas plazentarias, ly responde touta courroussada : « per vous pendre. » Andryeu no[n] pensa[n]t en ren,4 sentet ben la prova e la forsa del cordon, car la nuech enseguent ella lou faguet secretament estranglar. Delqual estranglame[n]t, Loys, rey d’Hongria, frayre d’Andrieu, /per so/ tanben qu’el faguet descapitar Loys de Duras, payre de Carle de Duras, payre de Ladyslaus e de Janella, laqualla reyna fon constrencha s’enfugir en Prouven[sa] embe Loys de Tarenta embe louqual faguet mariage. Archieux.5 [fo 55 r°] 1343 MCCCXLIII …/ janvier

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Testament de Robert en favour de Madama Jana sa nepsa Robert, rey de Jeruzalem e de Sicilla, duc de la Poulha, Capua, comte de P[rou]ven[sa] e de Forcalq[uie]r e de Pyedmo[n]t e de so[n] regne lou XXXIIII,1 este[n]t el al Castelnou de Naples, fa so[n] testament per louqual instituis so[n] heritiera universala l’illustra madama Jana a p[rese]nt 294

MÉMOIRES HISTORIQUES

duquessa de Calabra,2 sa nepsa premiera nada de clara memoria,3 Mo[n]s[egno]r Carles, duc de Calabra, so[n] premier fils al ryalme de Sicilla, d’eca e d’ela lou phar e en la comtat de Prouvensa, Forcalq[uie]r e de Pyedmo[n]t e de toutas sas autras terras e segnorias ont que sia[n]. Item e madama Maria sa nepsa,4 seconda filha del[dich] Carle, duc de Calabra, l’instituis heritiera en la comtat d’Alba e a la justissa de Valgrat e terra Jordan[a] embe las terras, castels, homes, vassals e autres drechs quals que sian e oultra aquo, XXX milla onsas en argent al temps de so[n] mariage a ezigir per termes competents e qu’amb’ aquo sia co[n]tenta e que no[n] puesca plus ren demandar de so[n] heritage. Lousquals comtat e justissa ella tendra5 en fief de la[dicha] madama Jana, duquessa, e de sous heritiers ou de sa cour embe lou servycy acoustumat, embe talla condictio[n] que qua[n]d la[dicha] dama duquessa donnara ou assignara a la[dicha] madama Maria sa sorre per termes competens X milla onsas en compensa[ti]on de la[dicha] justissa de Valgrat e terra Jordana, oultra lous[dichs] XXX milla onsas, lous[dichs] comtat e Justissa de Valgrat e terra Jordana restara[n] a la[dicha] duquessa e als syeus e lou[dich] comtat demourara a la[dicha] Maria embe las[dichas] XXX milla onsas. Vol que si madama Jana moria sensa enfans legitimes de so[n] corps ou descendents d’ella que madama Maria6 sa sorre ou sous her[iti]e[r]s de sous her[iti]e[r]s succedisso[n] als[dichs] ryalme de Sicilla, d’essa e d’ela lou phar, e als comtats e terras subredichas. E si l’advenya que madama Maria morissa sensa enfans ou her[iti]e[r]s legitimes de so[n] corps, madama Jana ly succedira ou sous her[iti]e[r]s ou lous her[iti]e[r]s de sous her[iti]e[r]s e volo[n] las[dichas] damas so qu’es dessus aver luoc e mo[n]s[egno]r lou rey ho vol e7 las pregira qu’ensins sia. Vol que si madama Jana more sensa enfans legitimes de so[n] corps que mo[n]sur Andryeu, l’illustre duc de Calabra, so[n] maryt, aja la principautat8 [fo 55 v°] de Salernas embe lou tiltre de principautat e lou reve[n]gut d’aquela e ly suplir la[dicha] principautat en compta[n]t jusquas a la qua[n]titat9 de reve[n]gut tous lous ans de II mila onsas d’aur a lou tenir soubta la segnouria del rey ou reyna de Sicilla embe servici acoustu/mat/ e sego[n]d l’uzage e coustuma del[dich] ryalme. Vol estre ensepvelit en so[n] monestier de la gleyza del sant corps de Jesu Christ de Naples e y sera provezit d’almorna especialla per madama Sansia la reyna sa moulhe.10 Vol que la[dicha] madama la reyna Sancia e l’evesque de Cavalho[n], vice ca[n]celier del ryalme de Sicilla e lou comte d’Autflume, sen[esc]al de Prouven[sa], lou comte d’Esquillas, admyral del[dich] ryaulme, dejan estre gouvernadours e administradours del[dich] mons[egno]r Andryeu, duc de Calabra e de las[dichas] damas Jana e Maria, sorres e dels[dichs] ryaulme e terras jusquas a tant que tous tres sia[n] pervenguts a l’eage de XXV ans e no[n] porra[n] ren fayre sensa lou consentame[n]t e licensa d’ellous, aultrament vol que tout sia nul. Vol que la[dicha] madama Maria principalme[n]t deja co[n]tractar mariage embe mons[egno]r11 lou prince Loys, a p[rese]nt rey d’Hongria per razo[n] de certas co[n]ditions secretas que movo[n] l’entedement del[dich] mons[egno]r lou rey e si lou[dich] mariage era empachat per certan mariage que dizo[n] qu’es estat jurat e afirmat entre lou[dich] rey d’Ho[n]gria e lou rey de Bohema ou so[n] fils qu’ella12 si deja maridar embe lou premier nat de mo[n]s[egno]r Phillip, rey de Fransa e en so[n] defect embe so[n] sego[n]d fils. Vol que tous sous oficiers sia[n] retenguts al servici del[dich] mo[n]s[egno]r lou duc e de madama la duquessa e de madama Maria, en l’estat e /…/ qu’ellous son. Vol qu’en tous lous arcevescats e evescats13 del[dich] [fo 56 r°] ryalme e comtats de Prouven[sa] e de Forcalq[uie]r sia deputat un cappella[n] que co[n]tinualment 295

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celebrara per l’arma del[dich] mons[egno]r lou rey e de sous predecessours e successours. Qu’apres sa mort sia facha una aulmorna en toutas las bonas villas del[dich] ry[al]me, comtats, als paures que y vendra[n]. Qu’en chasque convent del[dich] ryalme e comtats si fassa co[m]memora[ti]on tous lous jours per so[n] arma. Vol que l’argent del thezaur qu’es a Castelnou sia gardat per l’acquizitio[n] e defensa del[dich] ryalme. Recommanda au S[anct] Payre lou papa e a mess[ieu]rs lous cardenals la[dicha] madama la reyna e mo[n]s[egno]r lou duc e madama la duquessa e sa sorre e lou ryaulme e comtats e autras terras per l’ajuda e favour dasquals espera qu’ellas sera[n] ma[n]te[n]gudas als[dichs] ryaulmes e comtats, actendu la bona devotio[n] qu’ellas y ha[n]. Vol e ordonna que tous temps mays la[dicha] comtat de Prouvensa e de Forcalq[uie]r sian unyts al[dich] ryaulme dessoubta ung segnour e que no[n] s’en puesca jamays fayre separa[ti]on ben que y aguessa plus[ou]rs fils ou filhas, actendut q’eysso14 regarda la defensa e estat dels[dichs] ryaulme e comtats. Vol que l’isla de Sicilla no[n] sia jamays separada e mutilada del[dich] ryalme, mays que sia toujour unida a fin que dessoubta ung mesme pastre sia15 lou trouppel. Confirma a madama la reyna tout quant ella ha de p[rese]nt. Quicta la[dicha] dama reyna de l’administra[ti]on per ella facha tant al[dich] ryaulme que de las[dichas] doas damas sorres e si si trobava qualqua cauza lou ly legua e remecte. Qu’en l’espital que si fara sera[n] dotat e que y puesca[n] lojar e recebre ce[n]t de sous familiars16 e y sia[n] substantats. [fo 56 v°] Que lous malvays e inics estatuts si alcuns el en a fachs sia[n] revocats, attendut que jamays talla no[n] es estada so[n] inte[n]tio[n]. Las[dichas] damas sorres aqui prezentas e mo[n]s[egno]r lou duc a tout que an afirmats estre encaras joynes, an promes e jurat de gardar so qu’es dessus. 311 MCCCXLIII XX janvier Lou[dich] Robert more a Naples quatre jours apres so[n] testament.1 Archieus. Aquest Robert fon reputat ung altre Salomon,2 doct, religiouz e liberal, amourouz dels homes doctz e valurouzes. Si troba[n] d’escripts qu’a[n] parlat d’el fort honorablame[n]t. A fondat lou monestier de S[ancta] Clara d’Aix. El a leyssat de se una dolsa e desirabla memoria, a amat lous poetas, jolgars, ta[n]t prouvensals que ytalians, francezes e majourme[n]t de Guilhen /F/iguyera, poeta prouvensal e de Fran[ces] Petrarca e de Jan Bocacy, poetas floren[tins]. En somma fon tal qu’e[n]tre lous bons princes a estat meritame[n]t nombrat. (Pandolfo Collenuzio).3 E madama Sansa sa moulher, ung an apres, si rendet al monestier de S[ancta] Crous a Naples4 e y visquet en devotio[n] e morit 1345. (Salada). Pandolf Colenu[t]io dist que5 en l’an 1342, Robert esta[n]t a Naples6 more sensa enfans mascles7 e layssa soulame[n]t tres de sas filhas de Carle son filz, so es : Johanna, proumier nada8 e Maria e Marguarida e qu’el layssa [per] son testame[n]t Johanna reyna de Naples ambe tala [con]diction qu’ella expouza Andreas, son cousin second que fon filz de Carle Numbert e nebout de Carle Martel, frayre del[dich] rey Robert e que6 296

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regnessa[n] ellous dous.9 312 Jana comensa a regnar, archieux. E succedis al ryalme. Fon maridada a Andryeu, frayre del rey d’Ho[n]grya, louqual fon mes dins lou castel d’Enversa, lyat e estacat d’una corda per sous1 genitorys e pendut en una fenestra e crudelament estra[n]glat dels servitors e familiars de la reyna Jehanna. E d’aquest temps mo[n]sen Imbert, frayre d’Andryeu, faguet passage oultramar. Martin. 313

1343

Circa1 aquest temps, Clemens papa manda a la reyna Jana qu’era a Naples2 mossen Philip Cabassola, evesque de Cavalhon, home de bonas l[et]ras e bon justicier. Aquellous del ryalme de Naples si co[n]tentavan tant ben d’el que lou nomava[n] leur payre per la bona administra[ti]ion de justissa qu’el y fazia. (Petrarcha en sas Epistolas). D’aquest bon evesque en so[n]t salhys lous Cabassolas d’Avigno[n]. 1345 X april

314 Jehanne [par] la g[uer]re du lieu regarde papier a part d’Avignon.

[fo 57 r°] 315 MCCCXLVII1 Granda mortalitat d’aquest temps en Avigno[n] e pestilensa que2 co[n]tinuet jusquas en l’an MCCCL ensins que ho avya predich frayre Robert, prouvensal, grand mathematicia[n]. Aquestous flagels de Dieu veno[n] apres que lous princes e prelats an comes d’uzuras e de rapinas e d’autras inhumanitas, car d’aquest temps,3 symonya era en tant grand cours que qui donava plus grand so[m]ma d’argent el avya tant de beneficis, dignitas, prebendas e curas qu’el volia. Mar dels Historias. 316 Loys, rey d’Hongria, [per] venjar la myserabla mort d’Andryeu so[n] frayre, intra dins Naples, gasta[n]t tout lou ryalme. Jana sabent eysso s’enfuge per so que l’acuzava[n] qu’era coulpabla del mal del[dich] Andryeu1 e faguet de terriblas venjansas de la[dicha] mort. Jana s’en ven en Avigno[n] e fon dispensada per papa Clement sur la co[n]sa[n]guynitat embe mo[n]s[egno]r Loys de Tarenta qu’ella pre[n]guet pueys en mariage. (Martin). 1349 XXV avril Jehanne de ce temps est a Naples.

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318 MCCCXLVIII VI abril Laura, tant celebrada per Petrarcha, more en Avigno[n] ensins qu’el ho dis en un syeu sonet 297

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que si comensa : « Tornami a mente ». 319

V may

Jehanne est en Avignon de ce temps. (Archifz). 320 MCCCXLVIII IX juing D’aquest an edy regarde a l’autre livre. 321 XII julhet Jehanne bailhe a Jacques Dyalbert de Masselhe po[u]r les s[er]vices [par] luy faictz avec ses deux galleres le droict qu’elle ha a /Bréganson/. 322 MCCCXLIX VII avost Jehanne esta[n]t a Naples1 mande l[et]res en P[rou]ven[se] faisa[n]t antendre qu’elle s’est mariee avec Loys et que doresnava[n]t il soit appelle roy de Jerusalem,2 de Naples, comte de P[rou]ven[se] et de Forcalq[uie]r, voula[n]t3 que toutes les expe[diti]ons se faisa[n]t au nom de tous deux. [fo 58 r°] 323 MCCCL Clemens VI del nom papa, lymozin de la caza de Canilhac,1 que succedis a Jan XXII, crompet Avigno[n] de la reyna Jehana, la somma de quatre vingt milla ducats. Prezidet en Avigno[n]. Comencet a edificar lou palaix d’Avigno[n]. El era abbat de Cazadieu. (Statuts d’Avigno[n]). Faguet bastir2 ung palaix al terrayre de S[anct] Romyech que jusquas aljourd’huey l’appello[n] la tourre de Canilhac. La cauza e ocazio[n] per laqualla lou papa a estat fach segnour d’Avigno[n] es que Jana,3 reyna de Naples,4 laqualla devya al papa Jan XXII del nom una grand somma d’argent a cauza de so[n] ryalme e per lou paguar alienet aquesta cieutat d’Avigno[n] e la balha al papa per en joyr a perpetuitat e eysso fon fach soubta Clement VI. (Munster apres Miquel Ritius que ho mette de 1360). 324 Remond de Cipieras, s[egno]r d’Agoult, era d’aquest temps senescal de Prouven[sa]. (Escript[uras] S[anct] Maximin). [fo 58 v°]

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325 MCCCLI X febr[ier] Jana estent a Gayeta, despacha unas l[et]ras adreyssadas a Remo[n]d d’Agoult, so[n] senescal de Prouvensa, per recebre lous homages dels nobles del pays, per lasquallas es facha mentio[n] qu’ella a tractat mariage embe Loys e qu’ella ly donna en dota la mytat del ryalme de Sicilla, de la comtat de Prouven[sa] e de Forcalq[uie]r. Archieux. Et aussi depuis ce[dict] mariage, les[dicts] Loys et Jehanne se metoie[n]t tous deux ensemble en tiltre et expe[diti]ons qu’ils faisoie[n]t. 326 D’aquest temps lous segnours dels luocs de Prouvensa prenya[n] certans drechs subre leur subjects que lous comtes e comtessas leur avya[n] donnats e infeodats qu’ellous nomava[n] « adempres » ou « acinpres » ou « empres » ou « jura adempres » qu’es aujourd’huey inuzitat. Louqual mot « adempres » no[n] es autra cauza que emprunt. Lo n’y ha [fo 59 r°] que dizo[n] qu’aquel drech adempres era cert emprunt d’argent que lous segnours dals luocs avya[n] subre leur subjects qu’appellava[n] lous empres ou emprunts. Lous autres dizo[n] qu’aquest mot « adempres » ou « empres » es so que fan a Masselha quand fan lou mandat d’un mariage e qu’o fan assaber als parens. Aquo appello[n] « empres ». 327 MCCCLII Clement papa VI more en Avigno[n]. Estat. 328 MCCCLII III nove[m]bre Loys et Jehanne, roy de Jerusalem et de Sicile, comte de Prouven[se],1 esta[n]tz a Naples, bailhe[n]t ung priviliege a Aix. (Statutz de P[rou]ven[se]). 329 MCCCLII Jana per recompensa del tribut degut a la gleyza romana per lou ryalme de Naples transportet la cieutat d’Avigno[n] a la dictio[n] del papa Clement V ou VI. (Pandolphe). Lous autres dizo[n] qu’era Loys so[n] mary, mays Pandolph s’atroba plus fidel hystorya[n]. Jan Poldo en sas Antiquitas de Nysmes.1 330 MCCCLIII Maria,1 reyna de Hyeruzalem e de Sicilla, mayre e tueyris de Loys, rey de Hyeruzalem e de 2 Sicilla, comte de Prouvensa, bailha en recompensa à Jan Le Meingre dict Bossicau, marescal de Fransa, e a dama Antonetta de Turena, sa frema, la villa de S[anct] Romyech e sous drechs au peage de Tharascon sur lou Roze. Mays aquellous de S[anct] Romyech no[n] volguero[n] estar souta l’obeyssan[sa] del[dich] Bossycaud. (Ay vist l’original de las l[et]ras).

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331 MCCCLIII Innocent papa VI del nom prezidet en Avigno[n] X ans. Era de Lymoges. Fon de granda constansa e severitat, sobre en son vyeure, largua[n]t en grand apparat de guerra. Volguet culhir lou dezen subre toutas las rendas e revenguts del clerge, mays lous prelats de Fran[sa] no[n] y volguero[n] co[n]ce[n]tir. Naucler. A edificat la grand chartrousa de Villa[no]va d’ela Avignon. Statuts d’Avigno[n]. [fo 59 v°] 332 MCCCLIII Si troba a S[anct] Romyech ung instrument en pargamyn, louqual conten las cridas que si fazia[n] a la[dicha] villa de S[anct] Romech a l’instansa e mandament de mons[egno]r Guilhaumes I de Beaufort e viscomte de La Motta e segnour de S[anct] Romyech de no[n] cassar als connyls, perdris e pyjons e aussels sauvages de lasquallas fon appellat al juge de Tharasco[n]. Lou fils d’aquest Guilh[aum]es1 fon papa, nomat Gregoyre XI,2 que faguet bastir un3 palays qu’el nomet Canylhac au terradour de S[anct] Romyech.4 333 Mossen Bertrand, evesque de Sabyna, cardenal, a fondat e dotat la gleyza collegialla de S[anct] Deydyer, martyr. D’aquest temps lou castel dels Baulx qu’era al comte d’Avelyn de la mayzo[n] d’Ansoys fon pres per trahizo[n] per lou comte Roubert de Duras, louqual ben que lous cardenals ly ajudesso[n] toutasfes fo[n] co[n]stre[n]ch lou rendre a so[n] segnour. Martin. D’aquest temps s’atroba que1 mossen Bernard Rascas, home noble, cavalier1 d’Avigno[n], es fondatour de l’espital de Sancta Trinitat d’Avigno[n] que si noma aujourd’huey l’espital de S[anct] Bernard Rascas. (Martin). Aquest Bernard Rascas era de so[n] temps ung sobeyra[n] poeta en lengua prouvensala ensins que sy liejo[n] de sas cansons2 dins las vidas dels poetas prouvensals del s[egno]r comte de Sault. Lou segnor de Baguarris, consell[ie]r del rey a Aix, es de mesme subre nom e armas que aquest Bernard.3 334 MCCCLV P[re]mier febr[ier] Karle IIII del nom, emperadour, fils del rey de Bohema, en s’en anant a Millan e a Roma ont el fon coronat en passant1 en Prouvensa embe granda armada e estent a Aix ont el y sujournet qualques jours. Lous evesques d’Apt e autres evesques e gentilzhomes de Prouvensa, embassadours per lou rey Loys e Jana, rey e reyna de Hyeruzalem e de Sicilla, fan jurament de fidelitat au[dich] Karle emperadour si dizent comte de Prouvensa. Archieuz.2 335 X al may Il bailhe aussi de /ce/ temps a l’arcevesque d’Arles les fanons des sales qui sont en son dra/p/ et la bulle est doree. Archifz.

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336 MCCCLXII Regarde in fine libri ung cheval[ie]r. 337 MCCCLIX1 Innocent papa morit en Avigno[n] e fon ensepvelyt al monestier dels Chartrous, louqual el avya edificat e rendat a sous propris despens e fon fort regrettat en sa mort. Estat. De Villa[no]va d’ela d’Avignon. (Statuts d’Avignon). 338 1359

Loys et Jehanne, roy et reyne de Sicile estoye[n]t de ce temps a Naples. (Archifz). 339 MCCCLXI L’ocazio[n] e cauza per laqualla lou papa a estat fach seg[n]or d’Avigno[n] es que y avya una reyna de N/aples/ nommada Jana, laquala devya a Jan XXII del nom papa grand somma d’argent a cauza de so[n] rya/lme/ e per la pagar, alienet de so[n] domany aquesta cyeutat d’Avigno[n] e la bailha al papa per en joyr a perpetuytat e qu’eysso fon fach soubta Clement VI. (Munster apres Miquel Ritius). Mays eysso fon de 1360.1 340 MCCCLXII Jan premier del nom, rey de Fransa, si met en camyn per venir en Avigno[n] veyre lou papa Innocent que vivia adonc, mays el saupet per camyn sa mort e que mons[egno]r Guilhaumes Grymoard, abbat de S[anct] Victor de Masselha, natyeu de Belcayre, fon sagrat en Avigno[n] e appellat Urvan VI,1 louqual el anet veyre en Avigno[n] qu’el ressaupet honorablament. (Gerso[n] e Mar dels Hystorias).2 E lou papa faguet ung sermo[n] per lou viage g[e]n[er]al d’oultramar per lou recoubrament de la Terra Sancta. E lou dich papa en faguet cappitany [fo 61 r°] general lou[dich] rey Jan e ly balha la croux e au rey de Chypres qu’era aqui prezent e plusours autres princes e seignours e ordonnet lou cardinal de Perigort legat per lou[dich] viage. Chronicas de Fran[sa]. [fo 60 r°]

341 MCCCLVII De juing,1 ung cavalier de Gascougna dict l’Archipreyre, acompagnat de mantas manyeras de gents, intret d’aquest temps en P[rou]vensa e y faguet de grandz murtres e de grandz dangers per ocasio[n] de laqualla entrepreza touta la Prouvensa fon espouve[n]tada. El leur demandet una grand somma de deniers [per] laqualla paguar lous Prouvensalz s’obligero[n] e s’en anet e ly fon donat passage [per] Avignon. Lou papa Innoce[n]t entandammens avia bella paour e fon [con]strench de tenir de soldatz e fortifiquet Avignon ta[n]t de barris, portas que de fossas e [per] aquo fayre, tous lous clercz que se tenya[n] a la cour romana d’Avignon furo[n] constrenchz [con]tribuyr. Mais l’an ensegue[n]t el retournet en P[rou]vensa e no[n]obsta[n]t la[dicha] somma 301

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d’arge[n]t qu’on ly avia paguada, faguet la guerra en Avigno[n]. …/ papa ta[n]t [per] sa defensa /…/ [per] gardar la cyeutat /im/posa las gabellas subre lou vin afin que lous tavernyers no[n] [per]desson trop e faguet diminuyr /…/ mezuras. …/ mes d’abril au[dich] an /…/ [per]mectet obedien[sa] /…/ car avia retardat /…/ /f/ayre depuys lors /…/ la vendition e lou[dich] /…/ /per/mecte gardar lous /privi/lieges de la villa /…/ la cieutat plus[ou]rs /…/ fortificada de /…/ de fossez e una talha /…/ sur tous bens /…2 342 Mons[egno]r Phillip de Cabassola, evesque de Cavailhon, fon mandat a las Alemagnas d’aquest temps [per] lou papa Urba[n] V [per] recebre del clerge d’Allamagna qualqua granda somma d’arge[n]t que lou[dich] pays avya otrejat al papa. 343 Monsen Peyre, evesque de Panestrine, cardinal, faguet d’aquest temps eslevar la gleyza de S[anct] Peyre d’Avignon en college de cano[n]ges e y faguet fayre lou cor e la clastra e y crompet de rendas [per] lous canonges. 344 /135/7 Phillip de Tarenta d’aquest temps era vicary e luoctene[n]t g[e]n[er]al en P[rou]vensa. (Escripturas /de/ S[anct] Maximin). 345 /135/8 Al VIem an del papat de Innoce[n]t furo[n] levadas tailhas [per] la cieutat d’Avignon a myech florin [per] cap d’hostal [per] fayre lous proces contra qualques predicans qu’era[n] en Prouvensa. 346 Al mes de novembre la Durensa si desbondet tallame[n]t qu’ella intra impetuouzame[n]t dins Avignon qu’ella desmolyt la porta d’Avigno[n] qu’es per l’hespital de la S[ancta] Trinitat appellat S[anct] Bernard Rascas1 e faguet pron de mal l’e[n]to[u]r d’Avignon. 1360

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Lous Angles veno[n] jusquas al Po[n]t S[anct] Esperit e lou preno[n] e fan pron de maulz e ressaupero[n] del papa 23 milla florins e s’en retournero[n] apres l’aver saccagada e despoulhada. [fo 60 v°]

348 1382 De may Loys, duc d’A[n]jou e Amat, comte de Savoye, si rendero[n] en Avignon ambe 302

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poderosa armada1 [per] anar en Sicila [per] far deslieurar Jana reyna de Sicila qu’era [pr]esonyera entre las mans de Carles de Duras e [per] recoubrar son ry[aul]me que lou[dich] Carle ocupava et y anero[n] per lou bras del papa. E estre arribatz, trobero[n] la pluppart de las plassas ocupadas [per] lou[dich] Carles e ben munydas de vieures e de tout, mais lou[dich] Loys no[n] aguet gayre de secours en aquel pays. Interin venguet l’yver e las nejas e sous vieures venguero[n] a defalhir, el avia tous lous jours grandas incursions de sous enemys e endurava pron de mals e de myseras. Interin la reyna Jana fon2 tyrada de prizon e fon inhumanament tuada [per] lous monstres del[dich] Carles de Duras qu’el l’avya ordonnat d’ensins ho fayre. Lous ungs dizo[n] qu’ela fon estra[n]glada, lous autres dizo[n] que ly liguero[n] lous pedz e las mans e la mectero[n]3 entre dos cosseras e aqui fon estoufada. Et [per] so qu’en aquela armada4 y avia belcop de gens e dels plus nobles de Prouvensa que5 tenya[n] lou party de Loys d’Anjou que l’avia[n] [con]duch jusquas aqui, veze[n]t la mala parada,6 furo[n] constrenchz de ly virar lou dos, s’en retournar7 en P[rou]ven[sa]. Et ave[n]t ellous en hourrour8 sa segnoria, no[n] aguero[n] pas vergougna de si rebellar contra d’el e de revoltar son pays e adhorar a son enemy,9 exceptat lou seig[no]r de Sault e certans autres nobles10 qu’ero[n] anas embe el e las cyeutatz de Masselha, Arles e qualquas aultras. Lasquallas cauzas engendrero[n] pron de malheurs e de domages al pays de Prouven[sa] e la Fransa era grandame[n]t troublada d’eysso, mais lous /m/alvays furo[n] gravame[n]t punys. Martin. 1215

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Remond, filz de Remond1 qu’avia estat comte de Thoulousa, faguet d’aquest temps [con]firma[ti]on embe lous Avignonez, Carcassonez e Masselhez e occupet touta la terra2 d’eca lou Roze embe lou castel de Beaucayre qu’avia estat del[dich] comte de Thoulousa,3 en ody de so que son payre Remond avia estat descassat de la[dicha] comtat,4 louqual payre d’aquest temps dyvagava [per] l’Espagna. (Martin). 1226

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Lou rey de Fran[sa] vene[n]t en Avignon avya en sa compagna lou legat de Roma. Prenguet son camyn vers Lyon embe ung camp de gens innomables per aver la comtat de Thoulouza.1 Lous bourgezes de la villa ly fermero[n] las portas de la villa creigne[n]tz d’estre furrajaz de sas gens s’el aguessa passat dins villa. [fo 61 r°]

351 1363 XX mars Bertrand dels Baulx, s[eigneu]r du[dict] lieu, comte d’Avelin, avec ses gens1 aya[n]tz faict plus[ieu]rs meurtres, sauvageries et bruslemens aux subjectz de la[dicte] reyne Jehanne, au rectour de Naples la[dicte] reyne luy [per]donne et ses gens aussi.2 Cecy estoit du regne de la[dicte] Jehanne le XXI.

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TROISIÈME PARTIE

352 MCCCLXIII Urban V papa del nom succedis a Benech. Natyeu de Monpellier, tenguet lou siege qualque temps en Avigno[n] e si retiret a Roma ont el y restet un autre temps e s’en retourna en Avigno[n]. Aqui es mort e ensepvelyt pres del papa Jan e al bout de l’an, sas entralhas1 foro[n] portadas a Montpellier. Statuts d’Avigno[n]. Prezidet en Avigno[n] VIII ans e V mes. Estat. 353 MCCCLXIIII Foulquet d’Agoult,1 seg[n]or de Sault, d’aquest temps era senescal de Prouvensa. Era ung bon justicier. (Escript[uras] del conve[n]t S[anct] Max[i]m[in]). 354 1364 VI de may De ce temps plus[ieu]rs /…/ p[rou]vensal. 355 MCCCLXV XXV may Jane esta[n]t a Naples [con]firme les[dicts] privilieges octroyez a la ville de S[ainct] Remy. Archifz. 356 1365 VI septe[m]bre La reyne Jehanne faict payema[n]t au pape de la somme de dix mil cinq cens florins d’or po[u]r la cause du ryaulme de Sicille et po[u]r les arrerages. Archifs. 357 MCCCLXV Clement IIII papa del nom manda querre1 Karle, duc d’Anjou, comte de Prouvensa e lou faguet rey de Sicilla e de Naples2 embe talla co[n]ditio[n] que en recouyneyssen[sa] pagaria tous lous ans a la gleyza romana quara[n]ta milla escus e que jamays el no[n] aspiraria a la dignitat de l’empery roma[n] ny no[n] la recebria ben que ly fussa prezentada. Esleyda[n]. 358 Martin en sa chronica dis que Carle IIII, emperayre dels Romans embe Ama[t], duc de Savoya e Carle, rey de Fransa, vouguero[n] vizitar Urba[n] papa en Avignon e d’aquy va en Arles visitar la cyeutat, a[n]cian siege de son empery e y esta[n]t dous may jusquas a juing e s’en retourna. Urba[n] papa va vizitar Masselha dont el avia estat abbat de S[anct] Victor e s’en retourna en Avigno[n] al mes d’octobre. Martin. 359 MCCCLXVI Bertrand Del Guesclin, memorable e famoux cavalier, estent el d’aquest temps prisonyer a 304

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Bordeaulx, lou rey Hanry d’Espagna lou venguet vizitar secretament en prizo[n] e lou[dich] Hanry s’en retourna en Lenguadoc e anet a [fo 61 v°] Villanova d’Avigno[n] ont el troubet mons[egno]r Loys, duc d’Anjou, frayre de Karle V, rey de Fransa, que lou festejet fort ben e apres dynar ly donna touta la vayssella d’argent en laqualla el avya estat servy.1 E s’en anero[n] ensemble en Avigno[n] veyre lou papa que lou recebet e festejet de bon cor. Lou[dich] Loys, duc d’Anjou,2 acampet pron de gens e donnet dous mil homes al[dich] rey d’Espagna per anar co[n]tra lou prince de Galles al pays de Guyena qu’el ocupava. E qualque temps apres, la princessa de Galles qu’era adonc en Angolesma, avent auzit parlar de la valentiza de Bertrand Del Guesclin, anet a Bordeaulx expressament per lou veyre e ly donnet X milla doublas d’aur per sa ranso[n]. Bertrand estre deliourat, ven trobar mons[egno]r Loys, duc d’Anjou, que tenya lou siege davant la villa de Tharasco[n] co[n]tra la reyna Jana de Sicilla e tamben faguet per sa conducha e subtilitat que la[dicha] villa de Tharasco[n] fon preza dins tres jours3 apres qu’el fon arribat. Aquellous d’Arles que s’ero[n] moustras rebelles si rendero[n] a compozitio[n] menjansa[n]t granda fina[n]sa. Chronicas de Fran[sa]. 360 MCCCLXVI XII juing Au lieu de Tourreves, hors la ville,1 ung en garda[n]t des brebis, voit que la terre s’esmeut et en sortir une grande qua[n]tite de petites medailhes d’arge[n]t2 et en emplit sa bource. Un fermier voya[n]t cella dict : « ma part! ma part! » et ce disa[n]t cestes medailhes disparure[n]t et ne s’en trouva plus. Une de ces medailhes fure[n]t portees en la Chambre des Comptes lors po[u]r une chose miraculeuse et en feire[n]t acte et en fut mys es registres des archifz auquel est figuree la[dicte] medailhe ceste forme.3 361 MCCCLXVIII L’Ytalya era en garbugi d’aquest temps. Urban papa anet a Roma per la pacificar, s’en retourna de Roma en Avigno[n]. Fon empoyzonat e si sentent malade, anet a Masselha. Aqui morit. Estat.1 362 Jana,1 reyna de Sicilla d’aquest temps, venguet a Roma vizitar lou papa Urban ont el y era arribat sy partent d’Avigno[n], de la man delqual ella aguet una roza coma la plus nobla. (Martin). 363 1370 XIII nove[m]bre de son regne XXVIII Guilh[aum]es Rogier, comte de Beaufort, vicomte de La Mote du Cayre, auquel la reyne Jehanne avoit vendu ou donne la ville de S[ainct] Remy et ses droictz dez 1350, la[dicte] reyne Jehanne luy [con]firme la[dicte] donna[ti]on a luy et aux siens success[eu]rs et veult que les s[eigneu]rs de la[dicte] ville ne soie[n]t point subjectz ni obeysse[nts] aux mandeme[n]ts des s[eigneu]rs de Tharascon avec ceulx d’Aix. Archifz. Cesthuy Roger estoit cousin germain du pape, car il en faict mention au[dict] priviliege. 305

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Archifz. 364 MCCCLXX XXII octobre Foulque de Villaret1 est grand maistre de l’hospital S[ainct] Jeha[n]. (Archifz). De cesthuy les poetes provensaulx en font me[n]tion et y ha une chanson en son honn[eu]r. [fo 62 r°]

365 1370 28 octobre Jehanne est en P[rou]vense de son regne XXVIII. Archifz. 366 1370 XIX d’octobre Accord e[n]tre /…/ fol[io] du livre X, traicte d’archifz XXV. 367 MCCCLXX Urban papa en Avigno[n] trespasset. Fon portat a S[anct] Victor de Marselha. (Martin).1 Apres el, fon elegit Peyre Rogier, fils de Guilh[aum]es, co[m]te2 de Belfort en Vallea e fon sagrat als Jacopins e nommat Gregori XI en la p[res]ensa del duc d’Anjou, frayre del rey Karle V de Fran[sa], luoctenent en Lenguadoc. Louqual duc menet3 lou papa despueys la4 gleyza dels Jacobins jusquas al palaix d’Avigno[n] e anava a ped, tenent la brida de son caval. (Estat). Aquest tyret la cour de Roma foras d’Avigno[n] e la retournet a Roma e prezidet en Avigno[n] VII ans e V mes. Era nebout del papa Clement. Naucler. Aquest papa, estent el cardinal, faguet bastir al terradour de S[anct] Romyech lou palaix que si noma la tourre de Canilhac. (Martin). 368 MCCCLXXI Per l’impressio[n] dels Romans e Ytalians, lous cardenals furo[n] constrenchs elegir ung papa qu’aguet nom Bonifaci IX e quand furo[n] sortis de Roma e retyras a Fundy, elegiro[n] un autre papa que si no[m]met Clement VII.1 Avya una sorre maridada al prince d’Orenja. Aquest papa venguet en Avigno[n], y tenguet lou siege XIX ans.2 El era obezit soulament d’essa lous monts e aquel qu’era a Roma era obezit de d’ela lous monts e y aguet adonc un grand schisme. Lou[dich] Clemens morit en Avigno[n] e fon ensepvelyt als Celestins. (Statuts d’Avigno[n]). Mays no[n] es nombrat al catalogue dels papas. (Estat). 369 D’aquest temps lou papa manda mons[egno]r Philip Cabassola, cardinal, evesque de Sabyna, en Ytalia per gouvernar las terras de la gleyza. (Martin). Avya estat evesque de Cavalho[n] ensins que ho dis lou segnour de Berbentana en las annotations de las chronicas de Martin.

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370 D’aquest temps fon tactat pax entre Jana, reyna de Sicila e Frederic d’Arago[n], louqual Frederic fon [con]firmat rey per lou papa embe tal party que doresnava[n]t el e sos successours tendria[n] lou[dich] ryalme de Sicila en fyef soubta la[dicha] reyna Jana e ly pagaria[n] de tribut XV milla ducatz. (Martin). 371 MCCCLXXIIII Loys, duc d’Anjou, frayre del rey de Fransa, d’aquest temps fazia la guerra contra lous Angles al pays de Guyena. Annalas de Fransa.1 372 Jana, reyna de Sicilla, pre[n]guet en mariage Otho[n] de Bru[n]zwich avent soulame[n]t no[n] aultre. Era bel home, joyne e valhent al fach de las armas. (Martin). 373 MCCCLXXVII V octobre Loys II, fils de Loys d’Anjou, naysse aquest jour. Liber testame[n]tor[is]. 374 1374 III avust Janne regnoit et de son regne n’estoit le XXXIIeme. 375 MCCCLXXVII Karle 3, emperadour dels Romans, en vizitant lou rey de Fransa, bailhet al Delphin de Fran[sa] qualques castels del pays del Delphinat e l’instituet luoctenent e vicary [fo 62 v°] de l’empery al ryalme d’Arles. (Guaguyn).1 Arles a estat la principala cieutat e la clau del ryalme de Bourgougna, car es cauza certana que Arles a obezit a l’empery. Lous ancians l’appellava[n] Arealata, so es « autal large », car en ung luoc pres de la cyeutat que si dizia La Roquetta (qu’es ara lou portal de La Roquetta), y avya doas colonnas plantadas e dessus y avya ung altar ont lou poble, de toutas parts assemblat, avya de coustuma tous lous ans, al premier jour de may, far sacrificy de cauzas humanas per sa sanytat e prosperitat e qu’ellous comprava[n] de la pecuna publica tres petits enfans jouves e apres lous aver ben engreyssats, al jour establyt, ellous lous sacrificava[n] dessus l’altar e del sang dels[dichs] enfans jouves l’espargissia[n] sur lou poble. Aquesta cerimonya fon abolida per S[anct] Trophime qu’era dels LXXVII disciples de Jesu Christ, leur fazent entendre per ensegnament veritable que del sang dals homes mortals lou poble no[n] devya pas estre arrozat, mays del pur sang de Jesu Christ. Gervays, De las Causas admyrablas del monde. Encaras si vey en Arles, foras del portal de La Roquetta, un grand obelisca de peyre serpentina que lou Roze a descubert envyro[n] MDL, mays on prezumys que tals obelyscas era[n] fachas per lou sepulchre de qualque prince roma[n].2

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TROISIÈME PARTIE

376 MCCCLXXVIII Gregori morit a Roma e1 a l’houra de sa mort lou palaix d’Avigno[n] fon cremat. Estat. Lo advenguet per so que apres la mort de Gregori, lous cardenals se despartiro[n] en doas bandas. Lous cardinals ytaliens, per constrencha dels Roma[n]s, elegiro[n] Berthomyeu, arcevesque de Bar, natyeu de Naples e l’apelero[n] Urban VI. Mays per so qu’el reprenya lous cardenals de leur legeretat, si despartyro[n] d’el e s’en anero[n] a Fendes ou Fundy e aqui per enveja, embe lous cardenals de Fransa, elegiro[n] Robert, natyeu de Geneva, cardenal del tiltre dels XII apostols e l’appellero[n] Clement VII louqual si venguet tenir en Avigno[n] a cauza del schisme. Estat. 377 MCCCLXXVIII Urban papa VI del nom fon elegit e prezidet a Roma XI ans e VIII mes. Estat. [fo 63 r°] 378 MCCCLXXVIII Clement papa VII del nom fon elegit e prezidet en Avigno[n] XV ans. Lou schisme duret XXXX ans jusquas al consilli de Constansa. Touta la chrestia[n]tat d’aquest temps era fort opprimida d’impozitions e inventions dels papas, de modo que lous paures escoliers de las universitas no[n] podia[n] recoubrar gis de beneficis, car tout era ocupat per lous cardenauls e courtizans d’Avigno[n], lousquals mandava[n] leur servitours per s’enquerir de la valour dals beneficis. (Estat). 379 MCCCLXXVIII Urban qu’era a Roma, home cautelous e seditious, prenent plazer semenar dissensions entre lous princes chrestians, no[n] poguet aver pax embe lou rey d’Hongria e de Naples. Volguet privar Karle, s[e]gn[or] de Duras,1 rey de Sicilla, de so[n] ryalme, talame[n]t que Karle venguet contra el e lou faguet fugir a Genas per mar en passa[n]t lou[dich] papa faguet negar V ou VI cardenals que favorejava[n] Clement qu’era en Avigno[n]. Dous autres cardenaulx s’enfujon en Avigno[n] e furo[n] lous benve[n]guts per Clement. Urban, per despiech, lous excumenja e Clement lous absolve. E lous doux papas s’excumenjo[n] l’un l’autre embe leurs adherens. (Naucler). Urban va a2 Naples per en descassar Ladislaus, fils de Karle rey de Naples e Jana, sa sorre, de leur heritage, mays fon en van e s’en retournet a Roma e fon empoyzonat e morit. Lou[dich] Karle de Duras3 era vengut d’Hongria a Naples a la solicita[ti]on de Urban VI e estent aqui, tuet en trahyzo[n] la reyna Jana a l’appetit del[dich] papa Urban. (Mar dels Hystorias). E tous lous arcivesques e evesques, abbas e cappellans qu’avya[n] adherit a la mort de la[dicha] reyna Jana, furo[n] privas de leur beneficis per aquest papa e en leur luocs, d’autres furo[n] instituis. (Naucler). E ensins fon rey de Naples V ans. Despueys s’en retournet en Hongria e fon elegit, mays per finessas de la reyna fon empoyzonat e morit. MCCCLXXXV. E ensins qu’el avya fach mechantame[n]t mourir Jana, reyna de Sicilla, ensins la reyna d’Hongria lou faguet mecha[n]tame[n]t mourir. Or la cauza perque Urban ma[n]da a Karle de venir a Naples fon per despiech de la reyna Jana qu’avya ressauput sous cardenals en so[n] ryalme perque l’en privet e lou conferit al[dich] Karle. E fon coronnat rey de Sicilla per lou papa embe talla conditio[n] qu’el layssaria a so[n] nebout certanas ducats e comtats en Sicilla per so que lou[dich] Karle [fo 63 v°] 308

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era paure. Lou papa vendet de bens de la gleyza jusquas octanta milla florins e qualques calyces d’aur e d’argent, croux e ymages de sancts, mejansant laqualla ajuda Karle obtenguet lou[dich] ryalme de Naples. Estat. 380 MCCCLXXVIIII Fon convengut entre lou rey, comte de Prouvensa e qualques gentilzhomes del pays al cinq cas acoustumaz. So es : per las filhas a maridar, per far ung nouvel cavalier, quand mons[egno]r lou comte ou so[n] fils van en batalha per la redemption de la persona de monsur lou comte ou de sous fils prizonyers, per comprar una terra, per anar a l’emperadour ou a la Terra Sancta oultramar. Archyeuz. 381 MCCCLXXVIIII D’aquest temps Berthomyeu que tenya lou siege a Roma, invazour del[dich] siege, per molestar Jana, reyna de Sicilla, per so que adherissia a Cleme[n]t papa, la privet de so[n] ryalme de Sicilla e ly donnet ung nouvel adversary, so es Carle de Duras, duc de la Pax, qu’el coronet rey de Sicilla e de Jerusalem e ly donnet sa favour que fon la cauza qu’ella adoptet Loys d’Anjou. Martin. 382 MCCCLXXX Lou rey de Fransa Karle V estent malade, ava[n]t que mourir, manda querre Loys, duc d’Anjou, so[n] frayre e autres princes e fa so[n] testament per louqual entre autras cauzas ordonna que apres sa mort, en actendent que Karle so[n] fils aguessa XXIIII ans1 e qu’el fussa coronnat rey de Fransa, que lou[dich] Loys, duc d’Anjou, son frayre, auria lou gouvername[n]t de las fina[n]sas de so[n] ryalme. Es veritat que davant que lou[dich] Loys y anessa, per evitar las entreprezas dels Anglezes que couria[n] per touta la Fransa, volguet metre ordre a so[n] gouvernament e dava[n]t que y arribar, lou troubet mort. Chronicas de Fran[sa]. [fo 64 r°]

383 MCCCLXXX Jana,1 reyna de Jerusalem e de Sicilla, duquessa de La Poulha e de Capua, comtessa de Prouven[sa] e de Forcalq[uie]r e de Pyedmo[n]t, estent ella al castel de l’Uou pres de Naples ont ella habitava, passa ung acte d’adoption au profiech de Loys II,2 comte de Prouvensa, en louqual fa me[n]tion d’intrada que co[n]siderant ella no[n] aver ges d’enfans e que l’emperi es vacant e aquel que se ingeris per emperayre e aquel celerat Berthomyeu, arcevesque de Barn,3 invazour del Sant Siege ap[osto]lic, illicit detentour, antechrist,4 /per/tubatour de la pax publica, noyrissier del schisme, considerant l’estat huroux de m[on]s[egno]r papa Clement VII del nom, protectour del[dich] S[anct] Siege e qu’a el aparten lou ryalme de Sicilla coma majour seignour e que lou[dich] antechrist avia5 bailhat so[n] ryalme6 a ung Carle de la Pax, al[dich] de Duras, so[n] subjet e rebelle del[dich] S[anct] Siege e attendu la qualitat e co[n]sanguinitat de mo[n]s[egno]r Loys d’Anjou, fils del rey de Fransa, duc d’Anjou e de Turena, comte del Mans, ben que sia absent, mess[egno]rs sous procurayres prezents embe la delibera[ti]on de certans nobles personages e per la evidenta utilitat del[dich] ryaulme, de sous vassals e subjects, de sa certa sciensa, adopta per so[n] fils legitime lou[dich] mons[egno]r Loys d’Anjou e per tal l’adopta, ten a reputa e vol que lou[dich] mo[n]s[egno]r Loys, so[n] fils adoptyeu e 309

TROISIÈME PARTIE

legitime, joyssa de tous privilieges e drechs e apres la mort d’ella7 qu’el sia a l’advenir rey de Sicilla, so[n] heritier e successour e apres el mo[n]s[egno]r Loys so[n] fils e obstat el, ung autre dels fils legitimes e naturals del[dich] mo[n]s[egno]r Loys, so[n] legitime fils, gardat entre lour l’ordre de genitura,8 en lou ryaulme, terras, luocs e segnorias d’ela lou far e en la comtat de Prouven[sa], de Forcalq[uie]r e de Piedmo[n]t9 e en las autras segnorias aperten[ent] a la[dicha] reyna Jana. E qu’aquesta adoptio[n] aja luec, no[n] soulament coma per drech de co[n]trach e de darriera volontat, mays per10 touta autra via que fayre si pot. Promecte e jura en paraula e fe de reyna aver agreabla aquesta adoptio[n] tostemps mays e n’y co[n]travenir.11 Facha laqualla adoptio[n], ella manda en Avignon12 al papa per la far notificar e auctorizar. Archieus. [fo 64 v°]

384 MCCCLXXX XI aoust Clement papa VII del nom bailha bullas de ratifica[ti]on de la[dicha] adoptio[n]. En la narrativa, fa me[n]tio[n] que lous predecessours de Loys d’Anjou de Fransa an toujour soustengut lou siege ap[osto]lic, que la requesta per el p[rese]ntada al[dich] siege, madama Jana, reyna de Sicilla, so[n] humbla e devota filha l’avya adoptat per so[n] fils legitime en lou ryalme de Sicilla e comtat de Prouvensa, de Forcalq[uie]r e de Piedmo[n]t e per so que lous[dichs] ryaulme e terras d’eca e d’ela lou Far, la directa /…/ aparten[on] a la gleyza romana e que lous comtats de Prouven[sa], Forcalq/uier/ e Piedmo[n]t1 son de l’infeoda[ti]on de l’empery,2 louqual empery vaca de p[rese]nt e que l’institu[ti]on d’aquellous ryaulme e comtats, actendut l’empery vacca[n]t aparten[on] al[dich] siege ap[osto]lic coma succedent al[dich] empery e que per autras3 bullas e l[etr]as expedidas subre eysso, la[dicha] adoptio[n] avya estada confirmada, de p[rese]nt l’avent per agreabla, la co[n]firma d’abonda[n]t e es donada la[dicha] bulla en Avigno[n] al[dich] an e jour. Archyeuz. 385 D’aquest temps l’empery no[n] era ja vaccant ensins qu’en es facha me[n]tio[n] en las[dichas] bullas de confirma[ti]on, car Venceslaus, fils de Carle IIII emperadour, comencet de regnar a l’empery dous MCCCLXXVIII jusquas a MCCCCX. Estat. 386 Jan Bocacy1 en so[n] tractat qu’el a fach de las damas de renom2 dis ensins d’aquesta reyna Jana : « Jana, reyna de Jeruzalem e de Sicilla es per dessus toutas las autras damas d’enre[ire] temps nobla /…/ poyssanta e ben moriginada. Aquesta dama es premiera filha del sereniss[ime] prince Carles, noble duc de Calabra, premier fils nat de bona memoria Robert, rey de Jeruzalem e de Sicilla e de Maria, sorre de Phillip, rey de Fransa. Apres la mort de Carles, so[n] payre que morit ella estant encaras joyna filha, no[n] avent Robert so[n] payre gra[n]d de dengu[n] autre heritier, fon per drech e razo[n] e per ordonnan[sa] de so[ndich] payre [fo 65 r°] grand, declarada heritiera de tous sous ryalmes, ensins que de fach ella y succedit quand fon trespassat en ung dels milhours pays del monde, d’entre lousquals ly obeysso[n] en segnoria lous Campanés, Lucanéz, Brutiéz, Salentés, Calabréz, Daunyéz, Vestéz, Sammytes, Peleguiéz, Marsiéz. E en oultra (qu’es plus) lou ryalme de3 Jeruzalem e l’ysla de Sicilla, lou Pyedmo[n]t, la Gaula de Narbona, la comtat de Forcalq[uie]r la recouneysso[n] per dama e reyna, obeyssent a tous sous co[m]mandamens. Ella es fort advizada, saja e prudenta qu’ella pourria plutost estre trompada per trahyzo[n] que per 310

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subtilitat d’esperit. Ella es tant4 cousta[n]ta e arrestada que maleyzadame[n]t on l’aguessa5 pogut esbrandar de sa sancta deliberation. De toutas lasquallas cauzas longtemps ha an fach apareysse clarament lous assaults que fortuna ly a delieurats e dasquals ella a estat plusours fes envyronada, molestada e diversament afligida, car ella a estat torme[n]tada de querellas domesticas dels frayres del rey e qualquas fes a sentyt la guerra dels estra[n]giers au myta[n] de so[n] ryalme. A assajat per la faulta d’autruy la fugida,6 l’ezil, las crudellas coustumas de qualques maryts, l’ody de sous nobles, lou malvays renom non7 meritat, las menassas dels papas e autras infinidas adversitas que no[n]obsta[n]t ella las a finalme[n]t toutas surmo[n]tadas embe ung ferme e invincible courage, las suportant d’una admyrabla constansa, cauzas que seria[n] plustost dificillas a suportar a ung fort e poyssa[n]t rey qu’a una frema. » E plusours autras grandas lauzours qu’el dis d’ella qu’yeu layssy per cauza de brevytat. 387 Mo[nsieur] Simphorien Champier, en son livre intitule « La Nef des dames vertueuses » dict de ceste reyne ainsi : « Jehanne, reyne de Jerusalem et de Sicile, oultre toutes autres femmes d’ou[tre] temps, de nayssance fine et puyssan[te] de mœurs, fut noble dame. Ceste Jehanne fut fille du tres noble et paysible prince Charles, duc de Calabre, p[re]mier nay de feu de noble memoyre Robert, roy de Jerusalem et de Sicille et de Marie, sœur de Phillipe, roy de Fran[se], laquelle esta[n]t encores [fo 65 v°] petit enfa[n]t,1 apres la mort de son pere fut fecte heritiere et suceda au ryaulme et par si grand sens et courage2 qu’elle avoit, gouverna si bien qu’elle purgea les villes et cites, lieux domestiques et privez, les haultes mo[n]taignes, vallees desvoyables des larrons meschans et gens camineux ta[n]t que non seuleme[n]t la paour nous leysse, le riche en cha[n]ta[n]t de nuyct et de jour eust peu quelque part qu’il voulut seurement prendre son chemin, ce que aulcungz des p[re]cedens roys ne voulust ou ne peut [par]faire. Et oultre elle refrena les plus grandz seig[n]eurs en si grande modera[ti]on et le[u]rs dissolues mœurs retira et amena a melheure vie qui oste orgueilh ancien et du tout mys4 /…/ ceulx que jadis mespresoye[n]t les roys avoye[n]t horreur /…/ fist quand elle estoit corronee. Elle estoit magnifique et de grand gravite et avec ce merveilheuseme[n]t constante et de bonneur sans fleschir legereme[n]t. Elle estoit belle et avoit honn[eu]r en singuliere recom[andati]on, doulce eloquence, faconde et bien [par]la[n]te et a tous agreable. Bref, elle fut play[sante] et douce, de si grandz vertus que c’estoit chose plus divine que humeyne. » [fo 66 v°]

388 MCCCLXXX Fon advisat de provezir d’un conestable en Fransa per so que despueys la mort de Bertrand Del Guesclin n’en y avya ges agut. Loys, duc d’Anjou, dizia qu’a el coma regent ap[er]tenya de y cometre. Lous ducs de Berry e de Bourgougna e de Bourbo[n] dizia[n] al co[n]trary e qu’avya estat dich que tous lous fachs del ryalme si devya[n] condurre al nom del rey. E ensins fon conclud e fon elegit Ollivier, segnour de Clysso[n], per connestable. E Carle VI fon sagrat a Reims. Or Loys, duc d’Anjou, so[n] oncle, s’era arrestat1 a Parys [fo 67 r°] per qualques jours e si faguet donnar per forsa tout lou thezaur del rey qu’era entre las mans d’ung syeu thezour[ier] nomat Savoysy qu’avya estat grand gouvernadour de finansas de Fransa, que 311

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consistissia[n] en lyngots d’aur e granda qua[n]titat de bels joyaulx e ricas baguas. Quand lou[dich] duc aguet lou[dich] thezaur, s’en va en dilligensa apres lou rey a Reims e fon coronat en prezensa de sos[dichs] oncles e lous ducs d’Anjou, de Berry, Bourgougna e de Bar e autres princes en grand nombre. E y aguet granda alterca[ti]on subre la precedensa dels princes per so que lou[dich] duc d’Anjou voulia estre lou p[re]mier e lou plus procha[n] del rey, coma regent en Fransa, lous autres dizia[n] qu’era[n] premiers. E per lou rey e so[n] conselh fon dich que au cas p[rese]nt, lou duc de Bourgougna seria assetat lou premier. Aquo no[n]obsta[n]t, lou[dich] duc d’Anjou s’assetet tout aupres d’el e quand tous furo[n] arrengats, Philip, duc de Bourgougna, venguet per dessus lous bancs e sy mectet entre lou rey e lou[dich] Loys, duc d’Anjou, que ho dissimulet per l’houra. E eysso fon la cauza que l’appellero[n] pueys Philip lou hardit. Eysso fach, lou duc de Bourgougna si plagne de so que lou[dich] duc d’Anjou avya pres tout lou thezaur sensa en aver fach part al rey. Grandas Annalas. 389 MCCCLXXX Jornalt /…/ junii Jana, reyna de Jerusalem e de Sicilla, estent ella dins lou castel del Huou pres de Naples, del temps de papa Clement, adopta per so[n] fils Loys, duc d’Anjou. Ay vist l’extrach de l’adoption co[n]firmada per lou[dich] papa e ay vist la[dicha] confirma[ti]on.1 390 MCCCLXXXI Jana, reyna de Jerusalem, estent ella a Naples,1 avent bezo[n] e necessitat d’argent per far so[n] entrepreza de guerra, fa venditio[n] del mere e mixt imperi e de las regalias qu’ella ha al luoc de Cotignac, au Muy e a Calas a Fulco de Ponteves, so[n] colateral e consell[ie]r e a sous heritiers utriusque sexus descendens legitimament de so[n] corps nats e a naysser e a sous successours quals que sia[n]. Archyeuz. 391 MCCCLXXXI Jana premiere du nom,1 reyna de Sicilla e de Jeruzalem, comtessa de Poyctou, filha de Karle, [fo 67 v°] duc de Calabra, fils de Robert, rey de Sicilla e de Navarra, sorre de Philip, rey de Fransa, laqualla avya regnat XXX2 ans e no[n] avya pogut aver d’enfans adoptet so[n] fils e faguet so[n] heritier monsegnour Loys de Fransa, premier del nom,3 duc d’Anjou, oncle del rey4 e regent en Fransa. Louqual dous adonc prenguet lou tiltre de duc de Calabra /…/ donc Karle, prince de Tharenta, qu’avya expouzat5 la sorre de la[dicha] reyna Jana, fon mal content. E per aquesta cauza s’alyet dels plus grands segnours de Sicilla e de Calabra. E principalament lou papa Urban qu’era a Roma ly ajudet, car el sabia ben que si lou[dich] duc d’Anjou fussa vengut al dessus, qu’el l’en aguessa deboutat e aguessa fach obezir al papa Clement que fon la cauza que lou duc d’Anjou levet granda armada e en faguet cap Philip d’Artoys alqual semblablament lou papa Clement qu’era en Avigno[n] faguet ajuda de gens e d’argent. E lou[dich] Philip d’Artoys e sas gens anero[n] en Lombardia e aguero[n] batalha en laqualla aquellous del[dich] duc d’Anjou furo[n] desfachs e la reyna Jana, so[n] maryt nomat messire Karle Brezevich e lou[dich] Phillip d’Artoys e plusours grands segnours, barons e cavaliers furo[n] prizonyers e paguero[n] grands ransons. E apres la[dicha] victoyra, Urba[n] papa

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qu’era a Roma faguet coronar lou[dich] Karle, prince de Tharenta, rey de Sicilla e ben tost apres6 la[dicha] reyna Jana7 trespasset. Aquestas cauzas vengudas a la couneyssensa de Clement papa qu’era en Avigno[n], qu’avya paour que lous autres si fortifiquessa[n], mandet al [dich] duc d’Anjou que si donessa garda de sas bezougnas e qu’el pensessa de si mectre sus e de venjar la mort de la reyna Jana sa mayre per adoptio[n]. Louqual delyberet d’y anar el mesmes en persona l’annada enseguent. Annallas de Fransa. 392 MCCCLXXXI Loys premier,1 duc d’Anjou, es regent en Fransa, fils per adoptio[n] de la[dicha] Jana, reyna de Sicilla. Prenguet ung grand argent sur lous laycs e personas eccl[es]iasticas. Normand. [fo 68 r°]

393 MCCCLXXXII Loys premier,1 duc d’Anjou, considerant qu’el avya agut del rey de Fransa de grands thezaurs e fina[n]sas (coma es estat dich dessus), deliberet si d’annar co[n]quistar la comtat de Prouvensa e lous[dichs] ryalmes de Sicilla e de Hyeruzalem. E per la[dicha] cauza, assembla granda armada e pre[n]guet so[n] camyn en Avigno[n] onte lou papa lou ressaupet en grand honnour e triomphe. Ly manda plusours cardenals dava[n]t e fon coronat rey de Sicilla e de Hyeruzalem e Naples e de la dukat de Calabra e comtat de Prouven[sa]. E lou[dich] duc mectet sas gens d’armas en la[dicha] comtat de Prouvensa, mays lous Prouvensals si defendero[n] e rezistero[n] de touta leur forsa enseguent leur oppiniastretat acoustumada e y duret la guerra VIII mezes. E a la fin lous Prouvensals que no[n] avya[n] ges de secours sy metero[n] en las mans del[dich] duc d’Anjou nouvel rey de Sicilla louqual y mectet de gens e d’officiers a son nom. E tost apres, si mectet en camyn embe so[n] armada per anar vers Naples. Passero[n] en Lombardia no[n] sensa grands empachamens e perda de sas gens e cavals e bens. E quand Karle que si dizia rey de Sicilla, saupet qu’el aprochava, el leva grand armada en laqualla lou papa Urban ly ajudet per so qu’el l’avya coronat rey dels[dichs] ryalmes. Lou[dich] rey Karle s’adreysset a ung compagno[n] que si fazia fort d’empoyzonar lou[dich] rey Loys, duc d’Anjou, si el voulia. Adonc lou[dich] Karle lou faguet vestir en estat de messagier per venyr empoyzonar lou[dich] rey Loys. Mays lou[dich] Loys en fon advertit per ung Ytalian perque lou[dich] messagier davant que venir en la prezensa del[dich] Loys fon pres e facillament confesset lou cas e ly fon couppat la testa. Grandas Chronicas. 394 MCCCLXXXII Karle, rey d’Hongria, expouzet Jana, reyna de Sicilla e la fes mourir davant que lou duc d’Anjou fussa passat en Ytalia. Louqual estent coronat per lou papa Clement en Avigno[n] rey de Sicilla e de Jeruzalem, prestament passet las Alpas embe XXX milla homes de caval e de gens a ped, mays el morit en la Poulha lou IX de septembre au[dich] an. Normand.1 [fo 68 v°] 395 MCCCLXXXII Lou [dich] Clement papa VII coronnet Loys p[re]mier,1 duc d’Anjou, rey de Naples que per armas occupa lou pays anant en Ytalya contra lou[dich] Karle de Duras2 e Urban, ave[n]t en so[n] 313

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camp plus de XXX mil ho[m]mes d’armas, mays el morit II ans apres qu’el fon en Ytalia. Las fonts, las ayguas del pays furo[n] empoyzonadas3 e el e touta sa noblessa morit. (Naucler). 396 MCCCLXXXII La [dicha] Jana, reyna de Sicilla e comtessa de Prouvensa, es moulher de Karle, duc de Calabra, fils de Robert, rey de Sicilla. Archieuz.1 397 MCCCLXXXII D’aquest temps1 regnava un Remond de Tourena, fils de Carle Martel, frayre del rey Roubert.2 Archieuz. 398 MCCCLXXXII Aquest Loys premier del nom,1 duc d’Anjou, era rey de Jeruzalem, comte de Prouvensa e de Forcalq[uie]r e segnour de Tharenta e de Jana reyna e Foulquet d’Agoult era so[n] senescal en Prouvensa. Archieus. 399 MCCCLXXXII La[dicha] Jana, reyna de Sicilla e comtessa de Prouvensa, moulher de Karle, duc de Calabra, fils de Robert, rey de Sicilla e de Navarra, sorre de Philip, rey de Fransa, avya fach lou[dich] Loys , duc d’Anjou, so[n] heritier, car ella avya ja regnat XXX ans sensa aver d’enfans. (Mar dels Hyst[oria]s).1 [fo 69 r°]

400 MCCCLXXXIII Loys, premyer del nom,1 rey de Sicilla, fils2 del rey de Fransa3 e fils adoptif de madama Jehanna, reyna de Jeruzalem e de Sicilla e so[n] futur herit[ie]r e universal successor, duc de Calabra, d’Anjou, de Turena e co[m]te del Mayne, estent al castel de Talezma, fa so[n] testament en louqual layssa so que s’ensegue : una cappella a S[ancta] Martha de Tharasco[n] e y layssa C lieuras de re[n]da per una messa, a S[anct] Mayximyn una autra cappella de C lieuras per una messa, un’ autra a La Baulma de L lieuras. Vol que sia distribuyt al pays de Prouven[sa] per la guerra qu’el y a fach jusquas la somma de C milla francs, tant a las gleyzas, hospitals, malautieras, pauras gens e poble del pays e principalme[n]t aquellous qu’an agut perda4 per la[dicha] guerra, ensins que semblara bo[n] a sous ezecutours e per especial als terradours d’Arles, Tharasco[n], de Camarguas, de N[ost]ra Dama de la Mar per leur perdas, domages e interes, ta[n]t per execu[ti]ons rigorouzas que per las gens d’armas. Vol que del prest per el fach5 a Gregory papa XI e a la gleyza sia[n] demandas al papa p[rese]nt e a la[dicha] gleyza LXV milla francs que leur podo[n] estre tenguts. E per so que lou papa Clement VII ly avya promes que tout so qu’el metria al fach de son empreza, el lou y rendria al cas qu’el no[n] la poguessa aco[m]plir, vol6 que ly sya[n] demandas quatre7 cent milla francs qu’el y ha mes del syeu per la[dicha] empreza. 314

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Quant a la dota de madama la duquessa8 per cauza delqual ly aparten partida de sas terras, el ly assigna qu’ella aura lou castel de Saumeur e de La Rocha subr’ Yon e autres castels. Vol qu’ella aja las co[n]questas per el fachas, las comtats d’Estampas, de Gyen, de Roug, Lunel, Sabla, Myrabel, Champigny, La Raiace e Couldroy, la terra de Bauvay, La Roca del Duc, lou peage de Tours. Vol que madama la duquessa aja l’administra[ti]on de Loys, so[n] fils aysne, jusquas qu’el aja XXI ans. [fo 69 v°] Vol que lou[dich] Loys, son fils aysne, aja per so[n] partage la ducat d’Anjou, Tourena, del Mayne et autras. E Carles,9 so[n] segond fils, aura la comtat de Roussilho[n], la terra de Guyza e de Chailly e si Dieu vol qu’el puesca aquistar lou ryalme de Sicilla e las terras que y aperteno[n], vol que Loys sya rey e comte de Prouvensa, duc d’Anjou e de Tourena e comte del Mayne afin que si era bezon en so[n] ryalme, mo[n]s[egno]r lou rey de qui el tendra las ducats e comta[t]s subredichas, deja plus estre inclinat a ly obezir, ajudar, estent el so[n] home d’aquellas terras e sous subgets que dengu[n]s autres. E quand lou[dich] fils aysné vendra a la coro[n]na del ryalme de Sicilla, vol que Carles, so[n] segond fils, aja en augment de so[n] partage las comtats d’Estampas e de Gyen embe la terra de Rochafort s’el la pot aquistar e qu’el aja la ducat de Duras e la comtat d’Alba, mays qu’el puesca tant fayre que sa couzina la duquessa s’en vuelha desmetre, sino[n] l’en fara heritier apres sa mort. (Archyeuz).9 [fo 70 r°] 401 MCCCLXXXIII Loys II, duc d’Anjou, prenguet en mariage Yoland d’Aragon. (Normand).1 402 MCCCLXXXIIII XII julhet Loys incorpore l’isle de S[ainc]t Genyers (qu’est le Martigue) qu’ /…/ este et a[par]tenu au magnifique Jacques Arcusse, comte de Menerbin, voula[n]t qu’elle ne soit jamais aliennee du domeyne, esta[n]t luy au ch[ate]au de Tara[n]te, Nycolas de Symelle estoit son chambellan de Sicille, le premier an de son regne. Archifz, livre de fol[io] 330. Par les[dictes] l[et]res est faict me[n]tion que Jehanne est trespassee [par] l’envoye de Charles de Duras. 403 MCCCLXXXV …/ dece[m]bre Entre le roy Loys deux[ie]me et Marie sa mere, roy et reyne de Jerusale[m],1 d’une part, et les manans et habitans d’Arles d’aultre part, fut [con]ve[n]tion telle qu’il s’ensuyt. C’est que les[dicts] roy et reyne promecte[n]t et jure[n]t2 entre les mains des [con]sulz du[dict] Arles qu’ilz ne fero[n]t jamais la paix avec ce mescha[n]t, malheureux, traistre et inique Charles de Duras, lequel ta[n]t injusteme[n]t, iniquema[n]t et vyole[n]teme[n]t avoit captive, desherite et despoulhe ceste bonne 315

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dame la reyne Jehanne p[re]miere3 du ry[al]me de Naples et de son patrimoyne, la faisa[n]t mourir crueleme[n]t, an ce de la poursuyvre et venger la mort d’elle. Et que les[dicts] roy et reyne4 prometront ob[ser]ver et garder les privilieges et libertez5 et qu’ilz ne feront f[ai]re ne bastir aulcune citadelle en la ville, confirme[n]t6 les privilieges et libertez octroyez aux Juyfz du[dict] Arles, que les off[icie]rs s[er]ont /…/ et ne s[er]ont de la ville ou du pays, que quand quelcung de la ville s[er]a [con]damne a la torture, ung des [con]sulz y assistera. De Urbano estoit l’ung des [con]sulz. 404 MCCCLXXXV Loys II, fils de Karle e m[a]da[ma] Maria, comte e comtessa de Prouvensa, fa conventio[n] embe la cieutat d’Arles. Archyeuz. E al Duras d’Arles co[n]tra lou pays.1 405 Clement VII1 papa, estent el en Avigno[n], infeoda a Loys II lou ryalme de Sicilla d’esa lou Far devolut al S[anct] Siege per so que Carle de Duras, [duc] de la Pax, l’ocupava en la qualitat. E subre las conve[n]tions que lou[dich] S[anct] Siege l’avya donnat a Loys premyer, payre del[dich] Loys II e que si no[n] y avya enfans legitimes e heritiers descendents apres la mort del[dich] Loys II ou descendents d’el, que lous[dichs] ryalme e terras retournaria[n] a la gleyza romana. Archieuz e al libre « Jura sup[er] juribus regni Sicilie ». [fo 70 v°] 406 MCCCLXXXV Loys II,1 rey de Sicilla e de Naples, duc d’Anjou e oncle del rey de Fransa Karle VI, apres qu’el aguet passat las montagnas del ryalme de Naples ont el aguet una granda perda de sas gens, cavals e bens, de modo que aquellous qu’ero[n] en sa compagna moria[n] de fam, car Karle, rey de Sicilla, so[n] adversari avya fach retirar lous vyeures dins la villa qu’ellous no[n] trobero[n] ren que manjar sur lous champs e per necessitat avya[n] vendut toutas leur baguas e era[n] en si grand pauretat que lou[dich] rey Loys no[n] avya qu’una cotta d’arma de tella pencha. Grandas Chronicas.1 E morit d’aquest temps en la cieutat del Bar,2 leyssa[n]t Loys, so[n] fils de l’eage de VII ans, soubta lou gouvername[n]t de la reyna Maria,3 sa mayre, e embe l’ajuda de Cleme[n]t papa e la bona conducha d’ella, lou pays de Prouven[sa] fon reduch a so[n] hobeyssen[sa] no[n]obsta[n]t las rebellions. Martin. 407 MCCCLXXXV Maria,1 mayre e tueyris de Loys, rey de Hyeruzalem e de Sicilla, comte de Prouvensa, recebe l’homage dals gentilshomes de Prouvensa (ensins qu’apareys als archieuz). E la premiera era : Beatrix d’Agoult, dama de Sault, Brianda d’Agoult, comtessa de la Luna, Hugueta de Forcalq[uie]r, dama de Trects, Loys d’Anduza, seg[n]or de La Vouta e de Pierraverd, Frances dels Baulx, seg[n]or del[dich] luoc, Florens de Castellana, seg[n]or d’Alamagna, Loys de Glandeves e Jana Balba sa moulher per Faulco[n], 316

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Blacas de Ponteves per Castelrenard, Rayn de Sabra[n] e Jana Tyboldis per Lurmarin, Gaufrid de Layncel per Halbenas, Reforsat de Castellana per Fos, Georgi de Castellana per Salernas, Bertrand de Masselha per Olliolas, Pons d’Allos per S[anct] Martin de Salsas, Remo[n]d de Belfort per Las Meas e Valernas, Loys de Layncel per Layncel, Karle Alba per Pierrarua, Manuel Balb per Lou Muey e Fassens, [fo 71 r°] Remond dels Baulx, prince d’Orenja, l’archidyaque d’Aix per Rians, Artigua e Admyrat, Pierre balb, seg[n]or de S[anct] Salvayre de Raymplas, de Roura, de S[anct] Steve Theones, de Lyonsola e de S[anct] Dalmas, Remo[n]d Rogier, cavalier, vyscomte de Tourena, per Meyrarguas, Penas, Sedero[n] e per la baronya de Pertuys, Frances dels Baulx, seig[n]or2 de Marignana per Marignana, Jaumet de Arcussia,3 cavalier de Capro, seignour de Menerbyna, d’Altamura al pays de Naples per l’isla del Martegue, Ysnard de Ponteves per Lambesc e La Roka, Jan de Varadyera per Galbert, Castelreddo[n] e Chafaulx, Medulion de Barras per S[anct] Steve, Jaume Gantelme, payre de damas Sileta, Catharineta e Delphineta Ga[n]telmas per Lagoy e Albana, Remond Bereng[uie]r per Puymyquel e Peyrueys, Doussa de Moustiers per Clumanc, Anna, visco[m]tessa per Thalard, Yzoarda de Rokafuelh per Ansoys, e g[e]n[er]alament tous lous gentilshomes del pays ensemble, las comunas e lous evesques ly fan homage. 408 MCCCLXXXVII Peyre, cardenal de la caza de Luxembourg, home de santa vida, d’aquest temps fon enterrat en Avigno[n] als Celestins, e segond da legenda, y aguet de bornys e de boytouz e plus[ou]rs malades de diversas maladias que furo[n] guaris. Annalas. 409 XII mars de son regne le III De ce temps Charles de Duras, mexhandissime traistre, invasour et ocupato[u]r du ry[al]me de Sicille et murtrier temerour de Jehanne, reyne de Jerusalem et de Sicille, s’efforsa[n]t avec ses gens renverser les maysons et ch[ate]aulx subjects aux comtes de P[rou]vence, [con]siderant que Guychard de Ville[neu]ve, bastard de Vence, qu’avoyt tenu l’enseigne desployee au ch[ate]au de Tourretes et tenu ycelle [con]tre les forces et 317

TROISIÈME PARTIE

assaulz du[dict] de Duras et ses gens avec a ses propres centz et despens a l’honn[eu]r du roy, luy bailhe le ch[ate]au de Tourretes. Archifz. [fo 71 v°]

410 MCCCLXXXVII Maria, mayre del[dich] Loys, rey de Hyeruzalem, bailha a la cieutat d’Aix ung priviliege de poder legneyrar e pasturgar per ellous e per leur pastres undecu[m]q[ue] in locis campestribus no[n] cultivatis in silvis1 ac nemoribus per qumq[ue] lieuras circu[n]circa civitatem aquenensis prout facere consvererunt datum aquis, en prezensa de Remond d’Agoult e Reforsat d’Agoult, comand[ou]r d’Aix. Archieuz2 aux Chap[it]res de Paix. 411 MCCCLXXXVII A la requesta de Maria,1 Feraud, famous poeta prouvensal d’aquest temps, qu’era de La Roka d’Antero[n] e moyne de S[anct] Honorat de Lyrins, compauzet en diversas sortas de ryma prouvensala la vida de S[anct] Honorat ensins qu’apareys a la fin del libre. 412 MCCCLXXXVII Charles VI, rey de Fran[sa] va vizitar lou papa Clement VII en Avigno[n]. Mar dels Hy/storias/. 413 MCCCLXXXVII Lous sendics de las plassas e mo[n]tagnas de la cieutat de Naples presto[n] homage a Loys II, rey de Sicilla. Archieux in « Libro sup[er] jura regni Sicillie ». 414 MCCCLXXXVII XXIX octobre Entre Marie, mere et tutrice de1 Loys II du nom, roy de Jerusalem et de Sicille, comte de Prouven[se], esta[n]t lors de l’aage de 24 ans2 et les comu[nau]tes d’Aix, Tharascon, Masselhe, Draguigna[n], Brignolles et autres lieux de Prouven[se], apres grand esfusion du sang humain, bruleme[n]t des villes, ch[ate]aulx et forteresses, vyole[n]ces des eglises, ramasseme[n]t des filles, depopulatio[n] des pays et autres execrables et imemorables maulx et invenemens que a l’ocasion des[dictes] guerres et divisions sont advenues3 plus[ieu]rs cruelles guerres, massacres de gens, assaultz et brulemens des villes et ch[ate]aulx et forteresses4 qui s’estoie[n]t faictz ta[n]t5 es ryaulmes de Sicille, la Poulhe et Calabre que aux comtes de P[rou]ven[se] et de Forcalq[uie]r qu’avoye[n]t este entre feu Loys d’Anjou, p[re]mier du nom, roy de Jerusallem et de Sicille, filz adoptif,6 universel et legitime successeur de Jehanne, reyne de Jerusalem et de Sicile, le[dict] Loys p[re]mier, entre la[dicte] Marie, mere et tutrice du[dict] Loys II et feu Charles de Duras et apres sa mort avec sa [con]sorte et femme dame Margueritte de Duras et ses enf[ans] et autres de son hobeissance, finaleme[n]t7 intervena[n]t plus[ieu]rs grandz [per]sonages, amys d’ung couste et d’aultre, fut 318

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[con]ve[n]tion entre eulz en laquel[le] ilz tractent et [con]vienne[n]t de plus[ieu]rs choses [con]cernantz la paix et tranquilite du bien et reppos de ses subjectz de Prouven[se], de Nysse et autres lieux, subjectz a la[dicte] comte de Prouven[se], Forcalq[uie]r et terres adjace[n]tes8 et mesmes qu’il ne sera faict aulcung oultrage aux [per]sones ne aux biens de ceulz qui tenirent le [par]ty tant du[dict] Charles de Duras que du[dict] roy Loys et de ce qu’a este pris et d’autre ne sero[n]t tenuz rendre. La [dicte] reyne Marie promet fere abolir tous les pro[ces]9 qu’estoie[n]t lors faictz et poursuyvyz en cour romayne ou autres cours seque[n]elle [con]tre les p[re]latz10 et barons et nobles qui se reduyro[n]t de p[re]sent soulz l’obeyssance de Cleme[n]t pape resida[n]t en Avignon. Po[u]r ocasion11 de la ruyne des eglises et maysons12 que les offic[ier]s qu’estoye[n]t amys et [ser]viciers du[dict] Charles de Duras [ser]ont remys en le[u]r estat, que toutes les terres aujourd’huy13 gouvernees soubz le nom de Charles de Duras a[par]ten[ant] a l’eglise de Frejulz, seront reduyctes a la[dicte] eglise ou bien14 que la[dicte] reyne en exhangera d’autres au lieu d’icelles. Quand le[dict] Loys sera d’age, [ser]a tenu ratifier tout ce qu’est [con]tenu en ces chapitres de paix.15 415 MCCCLXXXVIII Aquellous de Montpellier si rebello[n] contra lou rey de Fransa Karle VI e sous officiers e contra aquellous de Loys, duc d’Anjou, son frayre e gouvernadour e so[n] luoctenent al pays de Lenguadoc e y aguet talla emotio[n] de poble qu’ellous y tuero[n] mossen Jaques Pontelh, cancelier del[dich] duc e so[n] s/enescal/ de Rouergue, so[n] gouvernadour de Montpellier e plusours autres officiers jusquas /al nombre/ de III XX personas e gittero[n] leurs corps dins de pouzes. Lou[dich] duc, ben courroussat, y intret embe poderouza armada, fa mectre devers el toutas las armas qu’ellous avya[n]. L’endeman, mo[n]ta subre un cadafault en una de las plassas de la villa e el mesmes donnet sa sentensa per laqualla declarava aquellous de la villa aver perdut touta leur juridictio[n] e en VXX milla lieuras francs d’aur au rey e a sous despens e que y aura XIC homes executats a mort, leurs bens confis/cats/ [fo 74 r°] e leurs armas cremadas, lous consouls e plus nobles de la villa a tyrar lous morts dels pouzes e a fondar una cappella de messas, leur barrys abbatus e demolys. Mays a intercessio[n] de qualques cardenals e del papa qu’ero[n] en Avigno[n], la sentensa fon moderada e reducha a la[dicha] somma pecunyaria e restituys a tout. Grandas Annalas1 [fo 71 v°] 416 Per l’intelligensa de la genealogia dels comtes de Prouvensa e segon que s’atroba als archieux, Karle 2, fils de Karle premier, aguet per moulher1 Margarida, maridada a Karle, frayre de Philip,2 en gracia delqual lou[dich] Philip donnet per mariage3 al[dich] Karle so[n] frayre tout quant qu’el avya en la cyeutat d’Avigno[n] e aguero[n] VI enfans e una filha. So es : Karle, S[anct] Loys, Roubert, Philip, Jan, Peyre e Margarida, mays no[n] s’en troba que cinq. I E dal[dich] Karle premier fils que fon rey d’Hongria, nayssero[n] Karle, lous autres dizo[n] Loys e lou[dich] Andryeu que premierament si maridet embe la[dicha] Jana, nepsa del Robert, heritier4 de Karle II rey. II De S[anct] Loys II fils, fon evesque de Thoulouza qu’era de la religion de S[anct] Frances que morit vivent so[n] payre del temps qu’el faguet so[n] testament coma es estat dich dessus. 319

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III De Roubert III fils nat, naysset Karle que fon duc de Calabra, que morit vivent so[n] payre e davant lou testament de so[n] payre. Dalqual Karle nayssero[n] doas filhas. So es : la[dicha] Jana e Maria, nepsa del[dich] Roubert e lou[dich] Roubert instituit son heritiera universalla la[dicha] Jana, sa nepsa, al ryalme e a las autras segnourias. E la[dicha] Maria fon heritiera particular a la comtat d’Alba e morit lou[dich] Roubert5 lou XX janvyer6 MCCCXXXXIII. Laqualla Jana premierament si maridet embe lou[dich] Andryeu, fils del[dich] Karle, rey d’Hongria, que fon pendut, per venjansa delqual lou[dich] Loys, rey d’Hongria, en faguet talla perzecutio[n] qu’el faguet descapitar Loys de Duras, payre de Karle de Duras, payre de Ladislaus e de Janella ou Jana e la[dicha] Janella7 reyna fon constrencha s’enfugir en Prouvensa embe Loys de Tharenta embe louqual la[dicha] Jana si remaridet en segond luoc. Louqual Loys de Tharenta fon fils del[dich] Philip III nat del[dich] Karle II. Item la[dicha] Jana tersament si maridet embe Jan, infant de Majorca e quartament embe Otto de Bruzo[n] dasquals no[n] aguet ges d’enfans. E comenset a regnar la[dicha] Jana MCCCXXXXIII jusquas MCCCLXXXII e ensins regnet XXXX ans. E la[dicha] Maria, nepsa de Roubert, si maridet embe Loys, duc de Duras, louqual on prezumys que fon payre del[dich] Karle de Duras. [fo 73 r°] IIII De Philip, prince de Tarenta8 e d’Achaya, IIII fils del[dich] Karle II, nayssero[n] tres enfans. So es : Robert qu’es mort sensa enfans e Loys que fon maryt de la[dicha] Jana reyna qu’atamben moryt sensa enfans qu’era lou comte asserva/… V De Jan de Duras, V fils del[dich] Karle II, nayssero[n] Karle qu’es mort sensa enfans. Item lou II fon Roubert qu’es mort a tout sensa enfans. E lou ters fon Loys de Duras, maryt de la[dicha] Maria, nepsa del[dich] rey Roubert. Dalqual Loys de Duras e Maria sa moulher so[n] nats lou[dich] Karle de Duras e del[dich] Karle nayssero[n] Ladislaus e Joanella. Lou[dich] Loys, rey d’Hongria, frayre d’Andryeu, premier maryt de Jana reyna, fon ferit de ladraria (apres aver venjat la mort de so[ndich] frayre) e fon constrench fugir touta compagna humana e anar vyeure per lous boscs e leyssar sa bella moulher que si dizia estre sorre del rey de Polonya so[n] vassal, de modo qu’el no[n] venguet jamays emb ella. 417 MCCCXLIII Jana, nepsa de Robert, comensa de regnar als[dichs] ryalmes e comtats. Archieuz.1 [fo 74 r°] 418 MCCCLXXXVIIII Per so que plusours fes lou1 papa Clement VII avya escrich al rey de Fran[sa] Karle VI qu’el avya grand dezir de lou veyre e parlar a el, lou rey anet en Avigno[n] ont el fon grandament e honorablament ressauput per lou papa e lous cardinals. Lou papa lou faguet assetar al conclavy pres2 d’el. Grandas Chronicas. D’aquest temps la reyna de Sicilla, veoza del[dich] rey de Sicilla Loys, duc d’Anjou, qu’era filha del comte de Bloys, venguet en Avigno[n] embe sous3 dous enfans, Loys e Karle qu’ero[n] cousins germans del[dich] rey de Fran[sa]. E lou papa a sa requesta coronet Loys, lou plus grand dels[dichs] fils, per rey de Sicilla e de Naples e apres lou[dich] coronam[en]t, lou rey pre[n]guet congie del papa que ly faguet de bels prezens e s’en anet a Montpellier. Grandas Chronicas.

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419 Lou[dich] Karle, rey de Fransa, anant au Lenguadoc, vizita lou papa Clement en Avigno[n] en la prezensa dalqual coronnet rey de Sicilla e de Hyeruzalem Loys lou jouve, duc d’Anjou, que joyssya de la Prouvensa e per razon de Yoland d’Aragon, sa moulher, filhe de Jan, filz de Pierre, roy d’Arragon,1 debatya que lou ryalme d’Aragon ly a[per]tenya, mays fon adjujat a Ferdinand de Castilha. Normand. 420 MCCCLXXXVIIII Clement1 trespassa en Avigno[n]. Estat. [fo 74 v°] 421 MCCCXC Maria,1 reyna de Hyeruzalem e de Sicilla, mayre e tueyris de Loys, que fon mayre gra[n]d del rey René, bailha a la villa de Berra priviliege de no[n] paguar2 ren del passage de la cadena de l’isla de S[anct] Genyeys en Martegue e que lous officiers sian a[n]nuals, estra[n]giers e no[n] del luoc e que dengu[n] no[n] y auza pasturgar fors que aquellous del luoc. Archyeuz. 422 De juing Loys lou jouve, rey de Sicilla nouvellame[n]t coronat per lou1 papa, prenguet so[n] camyn, so es Naples per mar, en bella e notabla compagna de gens d’armas e soufizament garnyt de vieures embe ung cardenal legat en aquellas partidas de Naples que papa Clement ly avya donnat per lou conselhar en sous afayres e per redurre lous rebelles del pays. (Martin). 423 MCCCXC D’aquest meme temps y avya talla e sy1 dangerouza pestilensa en Avigno[n] e als luocs circonvezins que Clement papa fon constrench s’en despartir e anar a Belcayre dins lou castel qu’es al rey de Fransa, acompagnat de qualques cardenals. (Martin). 424 16 octobre Loys II aya[n]t este expulse de Naples, il expose au [con]selh des Estats du [rya]lme sa desco[n]venue et la rebellion et trahison fectes en sa [per]sone, les prit de luy bailher [con]selh et ayde [com]me vrays subjectz auquel est respondu que ja soit qu’il a endurre des grandes extorsions et despo[siti]on et VI ou /…/ ans luy acorde[n]t po[u]r ceste foys ta[n]t seuleme[n]t L mil florins po[u]r retourner en son ryaulme soit [par] mer ou [par] terre puis qu’il a /…/ advenu les delivrer de la Sicile que la guerre avoit este cause en P[rou]ven[se]. Archifz. 425 MCCCXC Benech papa XIII del nom, altrament Peyre de la Luna, de Cataluegna, parent del rey d’Arago[n], prezidet en Avigno[n] XXI ans e del temps del consili de Constansa s’en anet en 321

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Arago[n]. Estat. 426 MCCCXCI VIII febr/ier/ du regne VIII Le lieu de Colmars aya[n]t este seduict [par] les1 gens de Remond de Turene,2 pris, [con]tenu [par]3 certains bregandz qui soustenoye[n]t son parti, entre le roy et sa mere Marie et depuis mys a /…/, finaleme[n]t aya[n]t este deschassez [par] la bonne dilligen[ce] d’Ysnard de Glandeves, s[eigneu]r de Cuer, capp[itai]ne de toutes ces montagnes [com]myst de [par] le roy sur le regouvernement des plans.4 Les privilieges de Colmars et tous le[tr]es, papiers avoye[n]t este brulez et avoi[ent] este reductz aux mains du roy, il le[u]r est [par]donne a tous et leur octroye de beaulx privilieges donnez en Avignon. Archifz. [fo 75 r°] 427 MCCCXC D’aquest temps y avya ung Remond Rogier de Tourena,1 cavalier, qu’era nebout del papa Gregory XI de par /son/ frayre e autres sous complicys que tenya[n] lou castel dels Baulx, fazent grand guerra uberta al papa Clement e a sas terras. E molestava fort2 touta la cour papala, lou comtat de Venayssyn, la Prouvensa, Avigno[n] e luocs de l’envyro[n], destruzia e ocupava las plassas, emprezonava las gens, tuava e pilhava lou bestyary, consumava lous vyeures. El no[n] sy volia retyrar per remonstransa qu’on ly faguessa, mays dizia que volia co[n]tinuar. A cauza de que lou papa Clement faguet so[n] proces e fon aggravat en pro[n] de manyeras, mays per aquo no[n] cessava. Lou papa co[n]sumava tout so[n] reve[n]gut per fayre cessar tal trouble, mays el no[n] adva[n]sava ren. Ly fon co[n]selhat de remetre sa papalitat a ung autre, mays el dema[n]det temps d’advys. Martin. 428 D’aquest temps1 Clement fondet e dotet lou monestier de moynes de S[anct] Marcel d’Avigno[n] e leur bailha de grandz reve[n]guts. Martin. 429 MCCCXCIIII Lou[dich] Clement more en Avigno[n] al XVI an de so[n] papat. Martin. Regarde l’Estat fol[io] 460. 430 MCCCXCV Lous mestres dels salyns d’Yeras fan ung prezent de cent e seyssanta milla ollas de sal a mossen Georgi de Marlio, sen[esc]al de Prouvensa, per lou recapte del kastel de Berganso[n] que d’aquest temps era tengut e ocupat per Baldo d’Espinolla, gynoez. Appareys en ung vielh instrument dels[dichs] mestres dels salyn en louqual sy liege1 certas conve[n]tions en bel lengage prove[n]sal.

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431 MCCCXCV Benoit pape XIII du nom, autreme[n]t dict Pierre de la Lune, du pays de Catalogne, beau frere de Martin [par] le roy d’Arragon, p[re]sida en Avignon XXI ans et du temps que le [con]sille se tint a Constance, s’en alla en Arragon. Estat. Fut assiege en son palaix d’Avignon1 per so qu’el era obstinat en so[n] oppinion e no[n] si voulia condescendre a vya amyabla e razonabla sur lou fach de l’unyon de la gleyza e duret lou[dich] siege V ans. Mar des [Historias]. [fo 75 v°]

432 MCCCCXCVIIII XIII juilhet Entre las escripturas de noble Pierre Bere[n]g[uie]r de Peyrueys, s’atroba unas letras en pergamyn en lengage francez de Karle, fils1 del rey de Sicilla, frayre de mons[egno]r lou rey,2 prince de Tarenta, duc de Guyza, estent el a Castelnou de Naples, laxadas per lou[dich] Karle e fon aquel jour qu’el volguet partir per anar veyre lou rey so[n] frayre que lou ma[n]dava querre. Ce Charles est celluy qui fut duc d’Anjou, ensepvely a S[ainct] Saulveur, surnomme Charles d’Anjou. 433 1399 XI octobre Loys 2 du nom, [com]me[n]ca[n]t a regner, esta[n]t a Aix, [con]firme les privilieges de la ville de S[ainc]t Remy. 434 Rissolin, viscomte et seig[neu]r de Masseilhe, bailhe aux religieux de Saulvecane XX /…/ a[n]nuel a prendre sur le port de Masseilhe. Archifz.1 435 1401 De juing Loys II1 aya[n]t donne la ville de S[ainc]t Remy a Jeha[n] Le Meingre dict Bossicaud et a A[n]toinete de Turene, sa femme, la[dicte] ville ne le voulut acepter /…/ en suyva[n]t ses privilieges et fut repoulse [par] les habitans et en pouva[n]t joyr, le roy luy bailhe recompe[n]ce sur Tha[ras]con. Archifz. 436 MCCCC Loys II du nom,1 rey de Hyeruzalem e de Sicilla, estent el a Paris, bailha a Jan Le Meingre dict Bossicaud, mareskal de Fransa, la villa de Pertus e autras villas de Prouvensa exceptat la villa de S[anct] Romyech qu’avya declarat no[n] vouler que al rey.2 L’original de las l[et]ras so[n] estadas entre las mans de m[ossen] Pierre de Ponteves, procuradour en Parlame[n]t au nom de madama Dyana de Poyctiers, duquessa de Valentinoys, que si dizia estre descenduda del[dich] Bossicaud e avya obtengut l[et]ras del rey Hanry II del nom, rey de Fransa, per recoubrar las[dichas] villas, mays mort lou[dich] Hanry, lou proces a cessat en l’an MDLX. 323

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Aquest Loys, rey /de/ Jeruzalem e de Sicilla, espouset d’aquest an madama Yola[n]ta ou Yolanda qu’estoit filhe de Jeha[n], filz de Pierre, XIIIIem roy d’1 Arrago[n], qu’era una de las bellas chrestianas que fussa al monde. (Martin). Hystoyre des roys d’Aragon et Archifz. 438 Le[dict] Loys bailhe priviliege a ceulx de Barjouls de n’estre jamais allienez du domeyne et s’il arrevoit cas, delivran[ce] leur [per]mect se defendre a main armee. Archifz.

439 Aulta[n]t en octroye a Brignolles et donne. Yola[n]ta, sa femme, y habitoit de ce temps parce que ses enfans y avoie[n]t este nourris et toujo[u]r1 les filz des roys se sont nourriz en la[dicte] ville po[u]r le bon aer. Archifz. [fo 76 r°]

440 1401 XII janvier le XVII de son regne Loys II du nom, roy de Jerusalem et de Sicille, esta[n]t a Tharascon, [par]ce qu’il fault qu’il fult a la cour, il dresse l[ett]res a Charles, prince de Tara[n]te,1 son fre[re] et germain, le faysa[n]t son luecten[ant] g[e]n[er]al. 441 MCCCC S’atroba als archieus que Jan de Sado, doctour en leys, gra[n]d mathematician,1 d’aquest temps es luoctenent de mossen Bernard Flamyngi, juge mage per lou rey Loys II. Fazia toutas las expedictions de justissa. Archyeuz. 442 MCCCCIII XVI avoust Rene, roy de Jerusalem et de Sicille, esta[n]t a Tharascon, [con]firme les privilieges de la ville de S[ainc]t Remy. Archifz.1 443 MCCCCVI Benoist pape dict de la Lune fut de rechef assiege dans son palaix d’Avignon.1 444 MCCCCVI XXI julhet Mariage regarde /…/.

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445 Loys II, roy de Naples et comte de P[rou]ven[se], faict homage au pape de1 S[ainct] Aulba[n], Mo[n]teymar, Romans et autres jusques LVIIIXX places. (Statutz d’Avignon). 446 XI dece[m]bre Jeha[n] Le Meingre dict Bossicaud, ta[n]t en son nom que de Antoinete de Turene, sa femme, faict homage au[dict] Loys deux[ie]me de la ville de [Per]tuys et de sa baronye de Meyrargues, de Pellisane, de Pennes, de Villelaure, de Trevynyane et de la tour de Gabardel. Archifz.1 447 MCCCCVIII XV janvyer Rene, fils de Loys II, naysse aquest jour. Liber testame[n]tor[is). [fo 76 v°] 448 MCCCCVIIII Alexandre papa V, al consilli de Pyza, avya privat del ryalme lou rey Ladislaus,1 fils de la reyna Jana e l’avya donat a Loys II, duc d’Anjou, a cauza de que lou[dich] Ladislaus ocupet Ostia e autras plassas del patrimony de S[anct] Peyre. Estat. Als archieus d’Aix, s’atroba que per lou/s/ crimes e malfachs e ingratitudas comesses per Ladislaus de Duras co[n]tra la gleyza romana, es2 declarat el e sous heritiers privats del ryalme de Sicilla e terra d’ela lou Far e louqual efectualame[n]t fon privat per Jan papa XXIII, enseguent semblabla priva[ti]on facha per Alexandre papa V.3 Lou[dich] Alexandre papa V infeoda lou ryalme de Sicilla a Loys d’Anjou e als syeus heritiers, nats e naysser legitimament de so[n] corps, louqual ryalme e terras ero[n] perve[n]gudas a la gleyza romana, mays mancant lous enfants de tout sexe jusquas a la quarta genera[ti]on, vol que lou[dich] ryalme e terras retourna[n] a la[dicha] gleyza. Archieuz in libro « Super Juribus regni Sicilie ».4 449 MCCCCXI V octobre Loys II, roy de Jerusalem et de Sicile avoit ja regne XXVII ans. Archifz. 450 MCCCCXII VII id[es] septembre Jan papa XXIII, estent a Roma, fa proces cr[imi]nal des crimes [com]mez [per] Ladislaz de Duras, si dizant rey de Sicilla, infeodat [per] Boniface IX papa, [per] so qu’el entretenya lou scisma en la gleyza romana e qu’el encitava lou poble d’aquo fayre, sensa vouler pagar lous drechs e la sensa deguda a la gleyza roma[na] e per ta[n]t es declarat [per] sentensa del papa dever estre privat de so[n] ry[al]me e terras. Archyeuz in 325

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libro « Sup[er] Juribus regni Sicilie ». 451 Maria, filha de Loys II, rey de Jeruzalem e de Sicilla, espouzet Carles, fils de Carles VI, rey de Fran[sa]. (Martin). 452 MCCCCXIIII En Prouvensa, uzava[n] de florins d’aur valent casque florin XXIIII sols, del temps de la reyna Yoland. En las escripturas de Prepositi de l’isla. 453 MCCCCXIIII Jan papa XXIII del nom, revoca certa infeodation facha del ryalme de Sicilla a Ladyslas de Duras, declarant per las[dichas] infeoda[ti]ons no[n] voler denegar a l’infeoda[ti]on e drech acquizit a mo[n]s[egno]r Loys rey, laqualla1 en quant qu’era de bezong, la co[n]firma e redus aquella en l’estat qu’era dava[n]t2 l’infeod[ti]on del[dich] Ladyslaz. (Archieux). [fo 77 r°]

454 MCCCCXIIII Benech papa XIII del nom que succedis a Clement,1 qu’era espagnol e s’appellava Peyre de la Luna, fon descassat d’Avigno[n] per so qu’el avya convidat una grand partida de las gens de ben d’Avigno[n] dins lou palays e pueys y faguet mectre lou fuec a la salla e aqui lous faguet tous cremar e consumyr ensins qu’apareys per la ruyna qu’es pres de la salla de Jesus. E a cauza d’eysso, s’enfugit al castel d’Oppeda e per una posterla qu’el faguet fayre al[dich] castel en laqualla y sont sas armarias, s’enfugit en Espagna e aqui morit en ung castel dict Panyzolla e despueys totalament la cour romana s’en anet d’Avigno[n] e lous legats y an toujour gouvernat per lous papas. (Statuts d’Avigno[n]). 455 Jehanne que aux archives du roy est appelee Jehanelle,1 duchesse de Sterlich, IIem du nom, sœur de Ladislaz, de la caze de Duras et du sang de France, heritiere et reyne apres luy au ry[al]me de Naples, demeura avec tout son estat pacifique du ry[al]me. (Pandolphe). Ceste Jehanelle adopta Loys IIIem du nom. 456 MCCCCXV Jacques de Bourbon, filz de Jeha[n],1 si marida embe Jana II du nom ou Janelle, sœur de Lancellot roy,2 reyna de Naples, laqualla avya promes mariage de davant a Jan, rey d’Arago[n], mays ella abuzet l’ung e l’autre. (Normand). Ce Jacques fut comte de la Marche et apres miserable roy de Naples [par] le maulvays traicteme[n]t que luy fist la[dicte] Jehanne sa femme. (Alian[ces] genealogiques de Fran[se]). 457 MCCCCXVI Loys II, en contempla[ti]on que le corps de la Magde[lei]ne est en la ville de

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S[ainc]t Maximin, bailhe a la[dicte] ville de beaulx privilieges. Archi[fz]. 458 MCCCCXVI1 Loys II, payre del rey Rene, estent en so[n] castel d’Anjou, bailha priviliege als cieutadins d’Aix que dengu[n] vin estrangier no[n] auzara intrar dins Aix si no[n] que la metreta ou melheyrola del vin no[n] monte a II francs. Statuts.2 459 XXV avril XXXV du regne de Loys II De ce temps, y eut premiere et seconde mortalite, tant de peste que de guerre en P[rou]vence que le peuple se meslantz les ungz avecques les autres, il diminua telleme[n]t et devinct en si petit nombre qu’a pene y demeura la tierce partie. Les champs et posse[ssi]ons estoie[n]t demeurees en friche et du tout inhermes, ocupees [par] le premier qui les cultivoit. Et po[u]r1 n’avoir este entretenues des fossez et autres repara[ti]ons necesseres, elles demeuroye[n]t innondees et gastees des pluyes et reduictes totalement en paludz ainsi que fut a S[ainc]t Remy. Archifz. [fo 77 v°] 460 MCCCCXVI Sigismund, rey dels Romans, d’Hongrya e de Bohema, marquis de Bra[n]debourg, emperadour, bailha ung priviliege a Elzias de Sadone, segnour des Essars e adjusta a sas armarias ung tymbre e una aygla imperialla. Lou[dich] priviliege es en las escrituras del segnour d’Eguyeras. E d’aqui s’en va al consili de Constansa. 461 1416 X octobre Po[u]r monstrer la bonne1 simplicite et saincte affection que portoye[n]t les2 bons roys et comtes de P[rou]vence envers ses subjectz,3 esta[n]t Loys II esta[n]t a Paris leur escript unes l[ett]res de ceste teneur : « Tres chers et feaulx, no[u]s vo[u]s faisons antandre des nouvelles de [par] d’eca que mons[eigneu]r le Daulphin est venu nouvelleme[n]t au pays d’Holande et le comte de Haynault est en sa compagnye. Les ambassade[u]rs du roy quy po[u]r le faict des treves d’e[n]tre France et Angleterre estoye[n]t allez a Cales ou sont les roys des Romains et d’Angleterre ne sont point encores retournez. D’entre roys on ha esperance qu’on aura treves po[u]r ung an. Nous avyons delibere vo[u]s envoyer n[ot]re filz de Guyse en P[rou]ven[se], ce qu’il n’a peu po[u]r les empeschemens survenuz, mays avons donne [com]mission a no[tre] sen[echal] de P[rou]ven[se] de traicter avec vo[u]s selon la forme et tene[u]r de noz l[ett]res. Escripvez no[u]s des nouvelles qui vo[u]s surviendro[n]t, tres chers et feaulx, mons[eigneu]r soit garde de vo[u]s. De Paris le X octobre. »4

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462 MCCCCXVII XVIII janvier Loys II, pere de Rene, regnava en aquest temps e y avya cour de Parlament a Brignolla1 ensins qu’apareys en ung proces vielh d’entre mossen Rossolyn de Fos de Borma contra aquellous que possedisso[n] bens a L’Euba, terradour de Berganso[n]. E toutasfes, s’atroba que la[dicha] cour de Parlament de Prouven[sa] fon instituida per lou rey Loys XII en l’an 1501. 463 MCCCCXVII Yoland reyna bailha semblable priviliege en aquellous d’Aix sur la defensa del vin. Statuts. Aquesta Yoland era de la mayzo[n] d’Aragon. 464 L’emperadour Sigismond qu’era d’aquel temps, estent el ben allegre de papa Martin qu’era tant bon e tant necessary a la republica chrestiana, intret al conclavy del consili de Constansa que si tenya aqui. Alqual consilli lou[dich] papa Martin fon ellegit de tous e aqui furo[n] expedidas letras e bullas a Loys, duc1 d’Anjou, per anar prendre possessio[n] del ryalme de la Poulha, per el e lous syeus. Nauclere. [fo 78 r°]

465 MCCCCXVII XXVII abril Loys II del nom, rey de Jeruzalem e de Sicilla, duc de l’Appoulha e d’Anjou, comte de Prouven[sa], de Forcalq[uie]r, del Mans e Pyedmo[n]t, estent el al castel d’Anjou fa so[n] testament per louqual d’intrada vol que so[n] corps sia ensepulturat dintre la gleyza de S[anct] Maurici d’Anjou e ly sia fach un sepulchre no[n] hault, ny elevat, mays medyocre. Ordonna XV milla messas a II sols e demy per messa e a XV milla paures, l’almosna e X denyers tourn[ez] per cascu[n].1 Layssa a la/s/ frabicas e constructions de las gleyzas de S[ancta] Martha de Tharasco[n] e Magdal[e]na de S[anct] Mayximyn milla lieuras a cascunas. A S[anct] Loys de Masselha e a S[anct] Victor e a S[anct] Honorat de Lyrins VI cens lieuras tourn[ezas] per comprar d’ornamens de gleyza. Fa e instituis so[n] heritier universal e principal mo[n]s[egno]r Loys,2 so[n] premier fils, als ryalmes de Sicilla, ducat d’Anjou e comtats de Prouven[sa] e de Forcalq[uie]r, del Mans e Piedmo[n]t e en sas autras terras e segnorias prezens e avenydorras (exceptat so qu’es eycy ordonnat e per lou dot de madama Yolland,3 la reyna sa moulher, ensins qu’el a ordennat en sas letras a part). Lasquallas dispositions, vol que sian inco[n]cussament observadas. Si cas era que lou[dich] Loys moryssa sensa enfans legitimes nats de so[n] corps, substituis Rene,4 so[n] segond fils ou descendents legitimament de so[n] corps als[dichs] ryalmes, ducats e comtats e segnorias. E si lou[dich] Rene s’en anava d’aquest monde sensa enfans legitimes, instituis Carle,5 so[n] fils ters nat, als[dichs] ryalmes, ducats e comtats. E instituis lou[dich] Rene a la segnoria de Guyza, terras de Chaylar e de Longfoncel, lou fazent so[n] heritier particular e qu’emb’ aysso sia content. En cas6 que lou[dich] Loys no[n] aguessa d’enfans, coma es dich dessus, e no[n] aultrament. E lou[dich] Carle, ters nat, l’instituis herit[ie]r particular e successour en las terras e segnorias de La Rocha e en sas autras terras e segnorias que so[n] en Fran[sa] ou altras parts jusquas a la vallour e estima de IIII milla lieuras tourn[ezas], quand lou

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partage sera fach7 e qu’amb’ aco si tengua content e que tout quant qu’es dessus legat, lou[dich] segnour testadour vol que sia sensa prejudici, ny que no[n] sia ren diminuit del dot de madama la reyna, sa moulher, e que lou[dich] partage sia fach apres la mort de la[dicha] reyna. E en aquest testament, el no[n] fa alcuna mention del partage ou portion de madama la princessa Maria, Delphina de Vienna,8 ny de madama Yollanda,9 sas filhas per so que al contract de leur mariage, el a ordonnat qu’ellas aura[n] leur appenage ensins qu’es co[n]tengut en aquellous e vol qu’amb’ aquo syan co[n]tentas e eysso al cas que sous[dichs] enfans, Loys, Rene e Carle morissia[n] sensa enfans, car en default de lignage, vol qu’ellas doas succedisso[n] a las[dichas] terras e segnorias e ryalmes ensins qu’es de drech e de coustuma. Vol que l’un de sous[dichs] dous fils fassa[n] continualment rezidensa en sa comtat de Prouvensa. [fo 78 v°] Vol e ordena que lou[dich] Loys, so[n] premier nat, en quant que lou fils pot fayre per so[n] payre, qu’el aja a obezir als comandaments de madama la reyna, sa mayre, e ly portar honn[ou]r e reverensa e qu’ella sia bayle e tueyris de sous[dichs] fils jusquas a tant que sia[n] grands e qu’ella aja lou regime e l’administra[ti]on d’ellous e dels[dichs] ryalmes, terras e segnorias. Lous ezecutours de son testament fa la[dicha] madama la reyna, sa moulher, e mo[n]s[egno]r Loys, so[n] premier nat e payres Hardoyn, evesque d’Anjo, mess[ieu]rs Guy de Laval, segnour de Montejean, Peyre de Bellaval, Jan, segnour de Chaperonyera, cavalliers, cambellans. Finalament, lou[dich] segnour testadour tant qu’el pot conselha e advertis de fayre acord embe lou duc de Bourgougna, alqual el perdona e tous lous mals qu’el ly a fach e que plassa al[dich] segnour duc de ly perdonar de toutas las injuras qu’el ly pot aver fachas. Item perdona al comte de Marchis de tout so qu’el ly a fach quand a Dieu, mays no[n] pas quand al drech qu’el e sous heritiers pretendo[n] al[dich] ryalme de Sicilla. (Archieuz). Le[dict] Loys apres avoir regne XXXIII ans trespassa. Archifz. 466 MCCCCXVII XI nove[m]bre La[dicha] madama Yoland, mayre e tueyris de sous enfans, apres la mort de so[n] maryt, fa fayre ung transumpt de l’adoption qu’avya facha la reyna Jana de Loys premier e en so[n] default del[dich] Loys second del ryalme de Sicilla e de la comtat de Prouven[sa] e de Piedmo[n]t embe la bulla de confirma[ti]on de la[dicha] adoptio[n] facha per Clement papa VII. (Ay vist lou transumpt). 467 MCCCCXIX 26 septembre Yoland, reyna de Hieruzalem e de Sicilla, duchesse1 de la Poulhe, d’Anjou, comtesse de Proven[se], Forcalq[uie]r, de Tarente, terres adjacen[tes] et de Piedmo[n]t,2 moulhe del[dich]3 Loys II, mayre e tueyris e administreyrys de Loys III, so[n] premier nat, esten a Aix d’aquest temps, balha un priviliege en favour dels cano[n]ges de S[anct] Romech. (Archieus). Item le VI octobre 1420, elle estoit a Tharascon, mo[nsieur] Jorda[n] Bacon estoit son juge mage. Archifz.

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468 MCCCCXIX II men[sis] dece[m]bre Martin papa V, estent a Florensa, infeoda lou ryalme de Sicilla e las terras decoustumadas a mons[egno]r Loys III e a sous heritiers deja nats e a naysser, tant mascles que femellas, legitimame[n]t descende[n]ts de so[n] corps jusquas a la quarta genera[ti]on e defalhents ellous, los[dichs] ryalmes e terras retournara[n] a la[dicha] gleyza romana, declara[n]d expressament que defalhent la rassa del[dich] mo[n]s[egno]r Loys III que mo[n]s[egno]r Rene, so[n] frayre e mo[n]s[egno]r Carle, so[n] frayre e lous syeus succedissa[n] al[dich] ryalme e terras. Archieuz al libre « Super Juribus regni Sicilie ». 469 MCCCCXXII Jana II du nom,1 moulher de Jacques de Bourbon, adoubet Alphons, rey d’Arrago[n] e lou tyret a sy. Martin papa establys lou duc d’Anjou rey de Sicilla. Jana, pauc de temps apres aver co[n]cebut inimistansa co[n]tra lou[dich] Alphons, rompet l’adoptio[n] e adoptet lou[dich] duc d’Anjou e lou faguet venir a Roma e ly balha la ducat de Calabra. Normand. 470 D’aquest temps, mossen Paul de Sado, home de vida entiera e de granda sa[n]tetat,1 erudictio[n] e de bon exemple, evesque de Masselha, era grand amy e familliar de la reyna Yolland e so[n] consell[ie]r. (Archieuz). [fo 79 r°]

471 MCCCCXXIII K[a]l[endas] d’octobre Martin papa V despacha bullas a Loys III del nom, duc d’Anjou, fazent mention que coma fussa cauza que Jana II del nom, reyna de Sicilla, aguessa arrogat1 e adoptat Alphons, rey d’Arragon, per so[n] fils e fach dona[ti]on de la ducat de Calabra e lou regime e gouvername[n]t del ryalme de Sicilla qu’ella a revocat e cassat afin que apres la mort d’ella, lou[dich] ryalme no[n] devengua a aultras mans que de Fransa, lou arroga2 e adopta per so[n] fils, de so[n] propre mouveme[n]t, per estre tengut per el embe man armada si bezon es e aquo per la traditio[n] e libera[ti]on de so[n] anel. E vol que lous nobles vassals e subjects del[dich] ryaulme ly fassa[n] homage. La[dicha] Jana reyna avya suplicat la sanctitat del papa de co[n]firmar la[dicha] arroga[ti]on3 e dona[ti]on facha al[dich] Loys e per eysso el avent aquella arroga[ti]on3 e dona[ti]on per bona del[dich] ryalme de Sicilla e ducat de Calabra facha al[dich] Loys III coma fils unic e legitime de la[dicha] reyna /e de sous/ successours ensins qu’apareys per las l[et]ras paten/tas/, per ella subre eysso expedidas e la co[n]firma e vol qu’aja luoc, en paguant per lous[dichs] reys e reynas que sera[n] al[dich] ryalme al temps advenir, lous drechs e divers censas e arreyrages acoustumats segond la natura del fief a la gleyza romana. Vol toutasfes lou papa qu’apres la mort de Jana, que lou[dich] Loys pre[n]gua nouvella investitura e que recouneysse de nouvel lous[dichs] ryalme de Sicilla e ducat de Calabra e de fayre homage a l’acoustumada. Mays si el coma fils no[n] obeyssent el si revoltava e sy moustrava rebel ou lous syeus, vol que aquesta talla confirma[ti]on sia cassa e nulla. E

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dedins aquestas bullas, las l[et]ras de arrogation3 de la[dicha] Jana y son insiridas. La[dicha] Jana reyna s’intitula ensins : « Jana II per la gracia de Dieu, reyna de Ho[n]grya e de Jeruzalem, Sicilla, Dalmacia, Croacia, Rama, Servia, Gallicia, Codonna, Cosnama e Bulgaria, comtessa de Prouvensa e de Forcalq[uie]r e de Piedmo[n]t ». E so[n] de mezme substansa que las[dichas] l[et]ras de arroga[ti]on,3 dona[ti]on e adoption au profiech del[dich] Loys III, a Aversa, en la prezensa d’el e de plus[ou]rs grands segnours, comtes e barons del pays e dels principaulx oficiers d’ella, al[dich] an 1423 e lou premier de septembre e las[dichas] bullas so[n] donadas a Roma en las k[a]l[endas] d’octobre e de so[n] po[n]tificat lou VIII an. (Archyeuz). Yeu troby en ung vielh libre escrich en l[et]ra de ma[n] en lengage frances4 [fo 79 v°] que m’a donat Loys Remo[n]d de Berra, seg[n]or de Thoard e de S[anct] Jullia[n] d’Assa, intitulat : « Les Questions et droicts des gens de guerre » e al capitol : « Si madame la royne Jehanne de Naples a peu afilher le roy Loys » e dis ensins : « Mays per las cauzas precede[n]tas, you syeu vengut sur lou debat que fan alcuns de nostres Prouvensals, dizent tout expressament que jamays la reyna Jana n’aguet poder afilhar lou rey Loys, mays cal veyre tout premierament si en n[ost]re ryalme de Naples, la dignitat ryal pot de drech venir a una dama. Car de Fransa no[n] ho cal dubitar per so que segond l’oppinio[n] de Ptholomyeu, apres la mort del rey Philip, fon determinat que en Fransa no[n] y avya successio[n] e per so mo[n]s[egno]r Philip de Valoys fon fach rey per lou temps en excluzent sa sorre morta qu’era reyna d’Anglaterra. Mays en nostre ryalme, y ha ben a veyre, car lou rey de Fransa no[n] es subject a home del monde, mays lou rialme de Naples es del propri matrimony de la gleyza e del fied de S[anct] Peyre de Roma. Si si gouverna per co[n]ven[ti]ons lasquallas troben escrichas en plusours libres hystorials, en n[ost]re ryalme cal que cascu[n] rey fassa jurame[n]t al papa de gardar sas convenensas. Donc si lou papa es soubeyra[n] en l’esperitual e drech seg[n]or al temporal, el donc poguet ben consentir que madama Jehanna aja poder d’aver affilhat lou rey Loys. Car l’argument que fan nostres Prouvensals es trop petit e trop feble. Una dama (dizo[n] ellous) no[n] pot aver fils per adoptio[n] segond las leys. E yeu dizy qu’es veritat. Mays quand lou seg[n]or no[n] ha afayre de drech civil, coma lou papa que no[n] cura de las leys de l’emperayre, que diren nautres? Certas, yeu pensy ben que tal argument val ben pauc. Encaras mays, pody yeu respondre en altra guyza, car suppauze que segond las leys, nous cal vieure, lous princes soubeyra[n] d’aquo fayre ly en pot donnar licensa e dispensar subre aquellas leys e perque lou papa l’a volgut qui y pot aras co[n]tradire ? Ellous fan ung autre argument qu’a leur advys e trop plus fort, dizent en aquesta sorta : « Encaras no[n] sabya[n] n’autres pas ben que mons[egno]r Cleme[n]t sia veray papa. Lou sap ben que de drech lou ryalme aparten apres la mort de madama Jana a madama Margarida, moulher de Carles de [fo 80 r°] la Pax als[dichs] de Duras ou a madama Maria, moulher de mo[n]s[egno]r Robert d’Arthoys, donc per qualla justissa pourria donnar lou papa lou drech de las dos damas al rey Loys? » Aquest argument (m’ajud Dieu) ha ben resposta a mo[n] advys, car la razo[n] auria coulour si madama Jana fussa estada morta de sa bona mort e lou papa sensa cauza e sensa razo[n] volguessa levar lou drech en aquellas damas. Mays vivent madama Jana, tout de so[n] bo[n] grat e bona volo[n]tat e vezent lous fals tractamens de Carle de Duras per gardar so[n] ryalme e de tout so[n] estat, ella faguet eytal afilhame[n]t e lou papa y consentit e otrejet per bon conselh sage e certan, declaret lou[dich] Carle per schysmatic e per traytre co[n]tra madama Jehanna e privet lou[dich] Carle e sa moulher de tous lous drechs del ryalme. E on sap ben que del temps qu’aquest afilhament fon fach, madama Jehanna s’era declarada tenir per lou papa Clement e tout lou ryalme lou tenya per veray papa, de Prouvensa no[n] cal doubtar car per tal, l’an toujour tengut, que val donc tal argument ? »

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472 MCCCCXXIII XXVI may Yoland, mere de Rene, voya[n]t que de ce temps plus[ieu]rs de ses subjectz de P[rou]ven[se] oppressoye[n]t les Juifz du pays par inquisitions et faulces acusa[ti]ons [con]trovees sans pre[n]dre d’a[u]tres informaci[ons] les emprysona[n]tz1 et leur fayzantz beaucop d’oppressions et d’injures, [con]sidera[n]t que la co[m]un[au]te des[dicts] Juifz avoit toujour secoru et este aux afferes du ryaulme de Sicille, elle bailhe loy a ses offi[cie]rs et subjectz de doresnava[n]t ne les opprimer, soit par inquisition ou acusa[ti]on s’il n’y ha charges et informa[ti]ons soufisantes sur pene de suspension de leurs offices, les meta[n]t en sa protection et sur le regard et les bailhant en garde a ses subjectz auxquelz il faict inhibi[ti]on et defen[se] de les inquieter doresnavant a pene de la vie. Archifz. Lesquelles l[ett]res fure[n]t [con]firmees [par] Rene en l’an 1443. 473 X septembre De son regne le Xme Jehanne II abrogue, fol[io] 39, extraict des archifz. [fo 81 r°]

474 MCCCCXXIII Si liege en l’historia de Naples facha per Pandolph que d’aquest temps Masselha fon pilhada per lou rey Alphons d’Aragon. En fon facha una canso[n] per lous Nyssards que si co[m]mensa : « Masselha la reno[m]mada Jamais honour n’auras nom, Car tu as estad pilhada A l’armada d’Arragon Dels Cathalans. » Aquesta canso[n] es un pauc odiouza als Masselhezes. Le chef de S[ainct] Loys fut par luy pris et porte en Valence. Il saccagea la ville po[u]r se venger de Loys d’Anjou IIIme du nom.1 475 1e septembre Jehanne II abrogue 39 v[erso].1 [fo 81 v°] 476 MCCCCXXIIII Karle VII del nom, rey de Fransa, aguet en mariage madama Marya, filha de Loys II, rey de Sicilla e duc d’Anjou. Normand.1 477 Martin pape a Rome et de son po[n]tificat le VIIIeme [con]firme l’abroga[ti]on faicte [par] Jehanne deux[ie]me du nom a Loys IIIeme no[n]obsta[n]t l’abroga[ti]on ou adoption [par] elle faicte au proffict d’Alfons, roy d’Arragon qu’elle revoque. (Archifz). 332

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Donne a Rome.1 478 MCCCCXXVII Loys III, comte de Prouven[sa]1 d’aquest /temps/ regnava en Prouven[sa]. (Escript[uras] /de/ S[ainct] Max/imin )/. 479 1426 16 octobre Regarde1 l’inve[n]tio[n] fol[io] XXXV v[erso]. [fo 82 r°]

480 MCCCCXXVIII II novembre Madama Yzabella, moulher del rey Rene, s’acouche aquest jour e faguet Yolanda que fon pueys maridada al comte de Vaudemo[n]t, duc de Lorrena.1 (Liber testamentor[is]). 481

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Les moyens et droictz que la comte de Beaufort, regarde broulhard.1 [fo 82 v°] 482 MCCCCXXXI Bertrand de Lamano[n], fils d’aultre Bertrand qu’era sen[esc]al del rey Robert, aguet una filha nomenada Constansa que fon maridada d’aquest temps a Bere[n]g[uie]r de Layncel, seg[n]or de Romollas. Escript[uras] de Romollas. 483 Mariage aya[n]t este traicte entre Loys III du nom et Marguerite, fille de Ame, duc de Savoye, le pays de P[rou]vence luy acorde ta[n]t po[u]r le[dict] mariage que po[u]r ses subventions, la somme de vi[n]t mil florins. Et l’aya[n]t receue, quelque temps1 se [con]te[n]ta[n]t de tel mariage [par]ce disoit qu’elle estoit trop jeune et trop prochaine de para[n]telle. Eugene, pape de Rome, les dispense tous deux, le[u]r [per]mecta[n]t se remarier [par] le moyen de mess[i]r[e] Pierre de Belleville son sen[ech]al et parce qu’avoit promys les [con]dictions du[dict] mariage.2 484 1431 X octobre Treves faictes entre Loys IIIeme (regarde brolhard fol[io] 28 v[ers]o).

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485 1432 16 calend[es] julhet Eugene 28 v[er]so. [fo 83 r°]

486 MCCCCXXXIII Rene, duc del Bar, fon pres en fazent la guerra co[n]tra Antony, comte de Vaudemo[n]t e menat prisonyer al duc de Bourgougna. Normand.1 [fo 83 bis r°]

487 MCCCCXXXIIII XIII nove[m]bre Loys III, rey de Jh[erusa]l[em] e de Sicilla, duc d’Anjou, comte de Prouvensa e de Forcalq[uie]r, Lou Mans e Piedmo[n]t, estent malade al castel de Cuzan en la ducat de Calabra, fa so[n] testament ensins que s’ensegue. Vol que so[n] corps sia ensevelit a Naples e so[n] cor a Angiers. Legua a so[n] frayre Carles la comtat del Mans embe las villas e fortalessas que y son.1 Ly legua a tout toutas las terras e villas que madama Yoland reyna, sa mayre, ten per cauza de so[n] dot en la comtat de Prouvensa e de Forcalq[uie]r apres sa mort.2 Vol que3 las cauzas co[n]tengudas en lou mariage d’el e de madama Margarida syan entierament observadas e ly sya portada touta honnour jusquas a tant que li playra s’en retournar a l’hostal del duc de Savoya so[n] payre. E tous sous bens, so es en la successio[n] del ryalme de Sicilla, en la ducat d’Anjou, en las comtas de Prouven[sa], de Forcalq[uie]r, Pyedmo[n]t e en sas autras seg[nor]ias, bens, mobles e immobles ont que sia[n], fa so[n] heritier universal mo[n]sur Rene, duc del Barry e de Lorrena, frayre del[dich] testadour.4 Fa ezecutours de so[n] testament las illustriss[imas] masdamas Jana II, reyna d’Ho[n]grya e de Jh[erusa]l[e]m e de Sicilla, sa mayre e Yoland reyna, sa genytrissa e lou[dich] mons[egno]r Carle, so[n] frayre e sa moulhe Eubella, russa, duquessa de Suessa.5 Vol que la dona[ti]on per el facha d’Eyrarguas aja luoc a Carle de Castilhon, so[n] secretari, segond la tenour de las l[et]ras expedidas e qu’el joyssa del don e ofici de mestre rational qu’el ly a donnat. (Archieuz). [fo 84 r°]

488 MCCCCXXXIIII II febr[ier] Jana II,1 reyna d’Ho[n]grya, Jh[erusa]l[e]m, Sicilla, Croacia, Rama, Servia, Gallicia, Lodyneria, /R/omania e Bulgaria, comtessa de Prouvensa, de Forcalq[uie]r e Piedmo[n]t e l’an XXI de so[n] regne, estent ella malada al castel de Capuan fa so[n] testame[n]t en louqual dis qu’estent ella advertida de las bullas de confirma[ti]on outrejadas per lou papa Martin au profiech de Loys III, defunct duc de Calabra, so[n] parent e son fils arrogat e sous frayres e heritiers del ryalme de Sicilla apres la mort d’ella, co[n]sydera[n]t que mo[n]s[egno]r Rene, duc de Barry, parent de la[dicha]

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reyna Jana e frayre germa[n] del[dich] Loys III, per satisfayre a la bona volo[n]tat de sous subjects del[dich] ryalme de Sicilla e lou desir qu’ellous ha[n] d’estre entre las mans de Fransa, en tant qu’ella pot, fa e instituis son heritier universal, lou[dich] mons[egno]r Rene, so[n] parent e del[dich] mo[n]s[egno]r Loys III son fils arrogat, frayre, al[dich] ryalme de Sicilla e embe sas provinsas e sous drechs. E afin que so[ndich] heritier puesca intrar e prendre possessio[n] al[dich] ryalme de Sicilla, co[n]stituis las gens de so[n] conselh, gouvernadours e rectours de la republica de sa cyeutat de Naples, alsquals donna ampla auctoritat d’aquo fayre e de lou regir e gouvernar jusquas a l’hurouza ve[n]guda de so[n] heritier. Vol estre ensepvelida dins la gleyza de Naples. Dis aver en sa cambra doux cens milla ducats que son syeus proprys. Vol qu’en sian distribuys cent XXV milla per sous executours en remissio[n] de sous peccats a leur discretio[n]. (Archieux). Apres la mort de ceste Jehane, Rene [com]menca a regner. Antony Jacques de La Salla que si dis servitour de Jan, duc de Calabra, en so[n] libre intitulat /La Salada/,2 dis que aquesta reyna Jana morit aquest mesme jour.3 Pandolf Collenu[ccio] dis qu’ella morit l’an 1434 apres aver regnat 20 ans.4 Lous Napolitans anera[n] cercat 16 homes, barons dels p[re]miers de la terra qu’ellous nommavan « donstilliere » embe qualitat qu’ellous gouvernava[n] lous affayres del ryalme. Mays Eugeny 4,5 adonc papa de Roma, entenduda la mort de la[dicha] reyna Joanna, manda als Napolitans le[u]r far entendre que esta[n]t lou[dich] ryalme de Naples del fyeud de la gleyza qu’el no[n] entendia fussa donat a dengu[n] sino[n] en aquel qu’el declararia e investiria que seria ren fayre de la gleyza second la coustuma a[u]t[ra] que del ryalme e per aquesta ocazion, le[u]r significava aver elegit Joan Viteluso, evesque de Recanat, patriarcha d’Alessandry, louqual mandaria en breu [per] compozitar las cauzas del[dich] ryalme. Lous[dichs] conselhers, en aquel mes qu’ella fon morta, embe6 un not/ari/ e testimonys qu’avya[n] estas subornats, avya[n] fach un testame[n]t al nom de la reyna en louqual per ly donnar coulour, y avya[n] mes pluzours legats e entre altres /…/ aver layssat a la co[m]munautat de Naples per despendre a /…/ sas bezougnas e cauzas necess[ari]as 70 milla ducats que li devya[n] prendre de so[n] thezaur que fon trobat y aver 150 millia ducats ou plus e pueys avya[n] instituit heritier lou[dich] Rene, duc d’Anjou, e que lous Napolitans respo[n]dero[n] al papa qu’ellous no[n] voulya[n] ges d’altre rey que lou[dich] Rene que leur reyna Joanna leur avya donnat per successour. [fo 84 v°] 489 MCCCCXXXV XIX janvi[er] Jehanne II du nom, reyne de Sicille, aya[n]t regne au ryaulme de Sicille,1 emp/…/ en plus[ieu]rs seig[neu]rs et comtes du[dict] pays, des maysons des Baulx, d’Andre et des Ursins e plus[ieu]rs autres,2 saichant bien qu’elle estoyt reyne, tenue proprietee po[u]r telle, recepva[n]t les homages des nobles et barons3 et qu’ilz l’avoye[n]t veue coroner reyne de Naples [par] le cardinal de Venise, legat du pape dans la cite de Naples4 et nonobsta[n]t Alphonce se /…/ roy d’Arragon5 avec l’ayde de barons et ge[n]tilzhomes rebelles cy dessus nommez l’aya[n]t tiraniqueme[n]t subverti [con]tre la volo[n]te d’Eugene pape IIII, se moustra[n]t vrays enemys publiques et 335

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notoyres, captura[n]tz les subjectz, se meta[n]t aux champs a l’ensegne desployee. La[dicte] reyne s’a[per]ceva[n]t des secretes entreprises et qu’ilz tenoye[n]t le [par]ty du[dict] roy d’Arragon [con]tre sa volonte,6 elle [com]manda les deschasser du ryaulme.7 Le[u]rs p[ers]ones fure[n]t [con]damnez par default et le[u]rs biens [con]fisquez, mays Rene8 leur pardonna III ans apres que s[er]a dict. Archifz.9 [fo 85 r°]

490 MCCCCXXXI Karle VII del nom, rey de Fran[sa], aguet en mariage madama Maria, filha del rey de Sicilla e duc d’Anjou. Normand.1 491 MCCCCXXXV D’aquest temps, Yzabella, reyna de Hyeruzalem e de Sicilla, duquessa d’Anjou era luoctene[n]ta e femme1 de Rene,2 receva[n]t les hommages des ge[n]tilhomes de Prouven[se] en l’absence3 du[dict] Rene (Archifz) qu’estoit prisonier en Bourgogne. 492 MCCCCXXXVI VI aoust Rene qui se dict en ses l[ett]res fils de roy esta[n]t de ce temps prisonier a Dijon, au pouvoir du duc de Bourgogne, Loys de Chalon, prince d’Orange, s[eigneu]r de Charlez, luy preste po[u]r sa ranson la somme de XV cen francz luy quicta[n]t le fief qu’il tie[n]t de luy a cause de la principaulte d’Orange jusques qu’il aura rendu la[dicte] somme. Archifz. [fo 85 v°] 493 1437 XVI mars Rene esta[n]t a Masselhe [par] priviliege veult qu’il ne soit point enquis [par] ses offi[cie]rs [con]tre ceulx de la ville de Tharascon qui prestoie[n]t le[u]r arge[n]t a l’interez, pourvoir qu’il ne pre[n]d a plus de dix pour ce[n]t et qu’ilz ne sero[n]t point molestes realement ou en [per]soneleme[n]t. (Archifz). 494 MCCCCXXXVII Rene, duc d’Anjou, frayre de Loys III, heritier testame[n]tari de Jana, reyna de Naples, aver paguat sa ra[n]so[n] al duc de Bourgougna, fon coronat rey de Naples ont el era anat per l’ajuda dels Gynoez que s’eran mes en libertat quand si veguero[n] abuzas per Philip, duc de Milla[n]. Madama Yzabel, sa moulher, frema de grand courage, y era arribada plus tost qu’el a Naples per defendre so[n] drech co[n]tra Alphons, rey d’Arago[n]. (Normand).

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495 VIII octobre Po[u]r le joyeulz adveneme[n]t1 de Rene en P[rou]vence et po[u]r la joye de son heureuse delivrance, le pays de P[rou]vence luy acorde ce[n]t mil florins po[u]r le recouvreme[n]t de son ryaulme de Sicille. (Archifz). 496 1439 XXI mars /…/ Yzabelle, reyne de Jerusalem et de Sicille, femme et lieuten[ante] g[e]n[er]alle de Rene, esta[n]t elle a Aix avec son [con]seilh auquel presidoit m[onsieu]r Jerosme de Myrabal, juriconsulte et preside[n]t de Naples et Sicille, grand juge mage de P[rou]ven[se], bailhe certain priviliege en fave[u]r du clerge du[dict] Pr/…/ sur le[u]rs franchises et imunitez et de n’estre travaillez [par] les officiers royaulx sur le[u]rs payeme[n]ts de le[u]rs droictz, ce que la[dicte] reyne le[u]r acorde sans extractions de ses subjectz. J’ay veu l’instrume[n]t sur ce faict, non signe, a part. 497 MCCCCXXXX Yzabella, reyna de Hyeruzalem e de Sicilla, duquessa d’Anjou, fon moulher de Rene, filha del duc Karles de Lorrena, aguet en mariage la ducat del Bar per laqualla Rene aguet guerra embe Antony, comte de Vaudemo[n]t, frayre del duc Karle, en laqualla fon tuat mons[egno]r Barbaza[n] e Rene prizonyer, menjansa[n]t laqualla prizo[n] perdet so[n] ryalme de Naples. Maurus.1 1441

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Le comerce des Juifz de P[rou]vence faisoit des pensions a[n]nuelles au roy Rene, 2160 florins, esta[n]t a Naples de ce temps. Archifz.1 499 MCCCCXXXXII VI juing Alfons, rey d’Arragon, apres aver longtemps appugnat la cyeutat de Naples co[n]tra lou poder de Rene e menjansa[n]t l’ajuda de Georgi Castrioto, seg[n]or d’Albanya, si rendet seg[n]or de Naples e reduguet lou ryalme a sy.1 (Pandolfo Collenutio). 500 1442

Pour le rachat de Jeha[n], duc de Calabre, Rene demande aux Estatz de P[rou]vence XXVIII florins. Archifz.1 1443

501

Rene retrete regarde cecy et signo a la page suiva[n]te de fol[io] 35, 1442, 2 d’octobre, Rene a perdu. Fol[io] 35.1

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502 MCCCCXXXXII Rene, apres aver perdut Naples contra Alphons, fon constrench retournar en Fran[sa]. Normand.1 503 MCCCCL Rene embe Jan duc de Calabra, so[n] fils, sy trobero[n] a la preza de Caen en Norma[n]dya embe lou rey de Fransa Carle VII. Martin. 504 1452 26 febr[ier] Rene bailhe les regalles de quelques villes de P[rou]vence a Frederic de Lorrene, comte de Vaudemo[n]t et a Yoland, sa femme, filhe du[dict] Rene et a ses success[eu]rs. Archifz. Et le peage du port de Go[n]tard. 505 MCCCCLIII Penul[tie]me de febr[ier] Yzabel, moulher de Rene, rey de Jeruzalem e de Sicilla, estent ella a Angie more. Era una caritabla e vertuouza princessa. (Annalas d’Anjou). Deceda a Masselhe. 506 1454

/Yzabel/ fist /…/ et de grands, magnanimes /…/ a la poursuicte du recouvrema[n]t des pays et royaulmes de Sicile et de Naples. De Cicille, /elle/ acompagna une armee de XXX m[ille] homes, esta[n]t Rene son mary prisonnier a qui adonc estoit esthone telle succession. Elle entra et se saisit de Naples ou elle alla apres trouver le[dict] roy. (Addi[ti]on genealogiques).1 507 MCCCCLVI Lous nobles barons, tant d’Anjou que de Prouvensa, vezent la mort de madama Yzabel, moulher de Rene, per ly fayre aver compagna ly remostro[n] que a la mayzo[n] de Laval qu’era de rassa a[n]cyana, decorada de tres comtas, so es de Laval, Montfort e Quentin, y avya una bella e saja filha, un pauc ajada, que si nomava Jana e que Dieu la leur avya adreyssada per so[n] ben e co[n]solation. El s’y acorda volontiers e la pren en mariage. Annalas d’Anjou.1 508 MCCCCLVI XIIII dece[m]bris D’aquest temps, mo[n]s[egno]r Jan,1 rey de Jeruzalem e de Sicila, premier nat de mons[egno]r Rene, duc d’Anjou e de Lorrena, marquis del Pont, estent el a Aix bailha de bellas constitu[ti]ons e statuts e declarations de plusours doubtes sur la reformatio[n] de la justissa.2 E als tiltres de sas expedictions, el es metya ensins : « Jan, roy, fils de roy, duc de Calabre ». Archieuz.

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[fo 86 r°] 509 MCCCCLVI Mons[egno]r Vasquyn Filhol de Carpentras, en sous estatuts d’Avigno[n], dis aquest an que Loys, rey de Fran[sa], faguet homage al papa (sensa nomar qual, mays devya estre Calixt papa III del nom),1 de la baronya de S[anct] Alban, Mo[n]telymar, Roma[n] e autras plassas en nombre de IIIIXX e plus.2 510 MCCCCLVII La reyna Jana fa so[n] intrada en Arles. Archyeux d’Arles. 511 1458

Au reste Mu[n]ster.

512 MCCCCLVIIII Gorgi Castrioto Scandelberg, seg[n]or d’Albanya, famouz capp[ita]ny dels Turcs e de l’armada albanesqua, d’aquest temps venguet a l’ajuda de Ferrand, rey d’Arago[n], que ocupava lou ryalme de Naples qu’a ben grand pena soustenya las armas dels Angevyns e ly donnet hurouzame[n]t secours que si recoma[n]dava a sa vertut. Las forsas dels Francezes furo[n] talament rompudas que Ferrand co[n]fessava liberalament aver estat salvat per la vertut de Georgy. (Paul Jouvo en « La Vida ou ymages dels homes illustres »). 7 avril

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De ce temps, le roy Rene esta[n]t en Proven[se] estoit si liberal qu’il assignoit presque tout son revenu a ses s[er]viteurs et familliers et anoblissoit toute qualite de gens en Proven[se] et se [com]mandoit aux noteres que aux actes et [con]traictz qu’ilz fezoie[n]t, ilz fusse[n]t nommez nobles, telleme[n]t que la noblesse estoit profanee a cose qu’il fiefe d’ung Jacques Faber d’Aulps et autres. (Archifz). 514 MCCCCLX Jan, duc de Calabra, demanda a la villa d’Arles la decima de tous fruchs per ung an. Pro facto regni Neapolis. Mays ly fon fach ung don de VI mila florins. (Archieuz d’Arles).1 1443

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Rene rebcoit a son s[er]vice po[u]r son medecin Abraha[m] Salomon de S[ainc]t Maximin qu’il appelle scavant en astrologie, loyal et bien experime[n]te et le faict franc de tailhes po[u]r 4 ans. (Archifz).1

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516 MCCCCLXIII 29 nove[m]bre Le roy Rene, [par] le moyen de m[aistr]e Loup, son procur[eu]r, du p[re]mier an de Paul pape, faict sonner Loys, duc de Savoye, esta[n]t de ce temps a Crabian, diocese d’Anticiodore, de luy rendre la cite de Nyce, le ch[ate]au du Puget Theonez et les autres villes de la vallee de Tinee, Montfort, qu’il tie[n]t et ocuppe injusteme[n]t et sans tiltres et ny /…/ domayne et unyes a la comte de P[rou]ven[se] et les luy desemparer. Lequel s[eigneu]r de Savoye r[e]pond qu’il ne tie[n]t rien injusteme[n]t de ses[dictes] terres et s’esbayt du roy Rene de les demander, attendu qu’il y ha plus de LXXX ans qu’il les tie[n]t de ses p[re]decesse[u]rs [par] bonnes et vallables transactions et [con]ve[n]tions [com]me se pouvoyt. (Archifz paire). 517 MCCCCLXVIII Lous Catalans e galeras de Jan, rey d’Arago[n], veno[n] en Arles per lou Roze. Fan pron de mal que fon cauza que tous lous bastidans fan fayre de tourres fortas en leurs possessions. (Archieus d’Arles). De cept an fut donnee une place [par] la ville d’Arles aux religieux de S[ainc]t Fran[çois] po[u]r y bastir une eglise et ung couve[n]t. (Archifz d’Arles). 518 MCCCCLXVIII Lou duc de Calabra fa so[n] intrada en Arles. (Als[dichs] archieuz). 519 MCCCCLXIX XIX juing Henry, roy de Castille, faict [con]federa[ti]on avec le roy Rene. (Archifz).1 520 7 de septembre Le roy de France bailhe priviliege /…/ est au roy Rene, comte de Prouvence, user de ses seaulx et expedi[ti]ons de cyre jaulne ainsi [par] luy donnees a Paris. (Archifz).1 521 D’aquest temps era en prex ung famouz e sabent astralog e medecin nomat Peyre de Nostradona1 que servya la villa d’Arles a gagis e per so que lous appoticaris no[n] fazia[n] las compozitions a so[n] plazer e au dever, el las fazia a sa mayzo[n]. Lous appoticarys envejouzes d’aquo ho fan assaber als consuls de la villa, fazent entendre qu’el las falsificava, ly balhero[n] congie al grand regret de pluzours,2 e lou duc de Calabra lou pre[n]guet a so[n] servycy e lou balhet a Rene so[n] payre. (Escripturas de la mayzo[n] comuna d’Arles).3 522 MCCCCLXX Lou comte de Troja, Jan Cossa ou Cuyssa qu’era senescal de Prouvensa e segnour de 340

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Marignana, d’aquest temps demanda a la villa d’Arles XII par de1 buols per co[n]durre2 l’artilharia dal duc de Calabra e per lou fach del ryalme de Sicilla.3 (Archieus d’Arles). 523 XXI octobre Jane, reyne de Jerusalem, esta[n]t1 a [Per]tuys, [con]firme les privilieges de [Per]tuyz. (Archifz). 524 MCCCCLXXII Martin en sa chronica dis que Jan, duc de Calabra, alqual1 Loys XI, rey de Fransa, avia bailhat2 sa filha que s’appellava Anna, duquessa de Lorrena, subornat de la part del duc de Bourgougna,3 va trobar lou duc de Bourgougna [per] espousar sa filha, cauza fort estranya de layssar la filha d’u[n] rey per prendre la filha d’ung duc. 525 MCCCCLXXIII Louqual Jan, duc de Calabra, del mes de julhet este[n]t el a Nancy en Lorrena, morit de pesta. E apres sa mort, ung Alemand qu’avia la [con]ducha de son armada prenguet prizonyer lou comte de Vaudemo[n]t qu’era heritier de la ducat de Lorrena a l’instiga[ti]on del duc de Bourgounha. Martin. [fo 86 v°]

526 1474 XXX may Rene a Ja[n] la pl/…/ fol[io] XXXVII. 527 1473 IX octobre Rene, esta[n]t a Masselhe,1 bailhe a Jeha[n] son filz le marquisat du Po[i]tou, la duche du Bar. (Archifz). 528 MCCCCLXXIIII XXII juilhet Rene, duc de Lorrena, comte de Prouvensa, fils de la filla del rey de la Poulha e de Loys, fon mandat per lous Venicians s’en anar vers ellous en esperan[sa] de recoubrar lou ryalme de la Poulha que ly era degut per successio[n] maternala. E aver fach lygua e allia[n]sa embe lous Venyciens, s’en venguet en armas si fourrar dins las terras del duc de Ferrara, mays Alphons, rey d’Arago[n], lou repousset. Vezent lou rey Rene diminuir son armada e la sanitat de so[n] corps debilitada per la intemperansa de l’ayre, s’en retournet en so[n] pays de Prouven[sa], sensa honnour ny aver fach entrepreza digna de memoria. Normand. Lou[dich] Rene, estre arribat en Prouvensa,1 si vezent estre descassat de so[n] ryalme de Naples e si trobant qu’era vielh, estent el a Masselha,2 fa so[n] testament qu’es als archyeuz, per 341

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louqual apareys qu’el vol estre ensepvelyt a Angier ont es lou corps de madama Yzabella,3 de tres nobla memoria so[n] espouzada, que sia facha co[m]memora[ti]on dels morts davant la sepultura de Loys II so[n] payre e de Yoland sa mayre e de madama la reyna Maria sa mayre grand.4 Layssa sa tapissaria ont es figurada l’apocalissa a la gleyza d’Angers. Si aven que Margarida sa filha, a prezent veoza per la mort del rey Hanry d’Anglaterra,5 s’en anessa a las partidas de Fransa, tant qu’ella demourara en viduytat, ly layssa qu’ella prendra tous lous ans doas millia lieuras tournezas subre la renda e reve[n]g/ut/ de la ducat del Bar. Layssa a Yoland, sa filha,6 duquessa de Lorrena per so[n] dre/ch/ d’institu[ti]on, la somma de mil escus d’aur embe laqualla somma e la dotta a ella instituida, co[m]manda qu’ella sia co[n]tenta e amb aquo l’instituis so[n] heritiera particular. Confirma e aprova tous lous dons qu’el a fach e fara a madama Jana reyna, so[n] espouzada,7 sa vida durant, fachs tant a las partidas d’Anjou, la comtat de Beaufort, la villa de Pertus, Lous Baulx, Castilho[n], Mouriés, Vaqueyras, Albagna, Lou Castellet, la grand tracha de la sal d’Yeras e de Toulo[n] e de touta Prouvensa, lou peage de Tharasco[n], la villa de Brignolla, lous quartons des salyns de la Verneta de Nostra Dama de la Mar, la villa e reve[n]gut de S[anct] Canat, las bastidas d’Aix e de Masselha e lous mobles que y son. E per lous bons termes qu’ela ly a tengut toujour e qu’el l’ama e l’amara e per lous services agreables qu’ella [fo 87 r°] ly a toujour tenguts, vol, ordonna e co[m]manda a sous heritiers eycy apres escrichs, qu’ellous honnoro[n] e revero[n] la[dicha] dama e la leyssa[n] anar, venir e estar per toutas e cascunas las plassas e segnorias que lou[dich] segnor ten a prezent e qu’el pourra tenir al jour de so[n] trespassament, e qu’ella aya tous lous mobles qu’ella ha de prezent emb ella e qu’ella aura en sos oficis e mayso[ns] al temps qu’ella trespassara d’aquest monde. Ly la/y/ssa lou grand ballay, lou dyama[n]t, la cesse, lou gra[n]d collier, un autre ballay moyen, lou petit collier fachs ambe de dyamans, las tassas e dragiers d’aur, la couppa e l’eyguadyera d’aur garnyda de peyras, una crous de dyama[n]s.8 Layssa a son filz bastard que fon seignour de S[anct] Canat,9 Jan, so[n] fils natural, las villas de S[anct] Romyech e de S[anct] Canat e sas dependensas per en joyr el e lous syeus10 descendens de so[n] corps en lyal mariage a toujours e s’el traspassava ou sous enfans sensa her[iti]e[r]s legitimes, descendens d’ellous, las[dichas] cauzas retournara[n] a la comtat de Prouvensa. Item ly layssa lou marquisat del Pont situat en sa ducat del Bar embe sas apertenensas per en joyr co[m]ma dessus e si moria sensa enfans coma dessus, vol que retourne al duc de Bar. Vol que lou corps de mons[egno]r lou marquis del Pont,11 so[n] fils ja trespassat, sia ensevelit dins la gleyza de S[anct] Antony del Pont a Mousso[n]. Layssa a la gleyza de la Magdalena de S[anct] Mayximyn, la somma de syeys milla e syeys cens florins de Prouven[sa], pagadoyra en X ans per estre convertida a la co[n]tinuatio[n] e constructio[n] de sa gleyza. E per so qu’el a fach vot d’anar vizitar lou S[anct] Sepulchre, vol apres sa mort que y sia ma[n]dat un home e ly sia donnat la somma de tres milla ducats per estre convertida tant al[dich] viage que per las oblations e d’en portar soufiza[n]ta certification. Vol que tous sous servitours sia[n] paga[n]ts de sous gages jusquas que sya[n] provezis d’oficis. Vol que lous testame[n]s e darrieras volo[n]tats de tres excellens princes Loys II, so[n] payre,12 [fo 87 v°] e del rey Loys III, so[n] frayre, e de tres nobla Jana reyna III13 sia[n] acomplis en tant que si pourra fayre dels bens del ryalme de Sicila quand el sera entre las mans del[dich] segnour ou de sous heritiers. Vol que al cas que tous e cascu[n]s lous obrages e edificis e pincturas e autras cauzas per el acome[n]sadas ou coma[n]dadas, no[n] fusso[n] acabadas al temps de sa mort, sous heritiers sia[n] tenguts aquellas acomplir en la manyera qu’ellas so[n] acomensadas e segond so[n] inte[n]tio[n]. Entre tous sous ryalmes, ducats, comtas, viscomtas, baronyas, dignitas e segnorias, actions e razons 342

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quaynas que sia[n], el instituis e noma de sa propria bouca sous heritiers que s’ensego[n]. So es tres noble e poyssant seg[n]or mons[egno]r Karle d’Anjou,14 duc de Calabra, comte del Mayne, so[n] nebout portant lou nom e las armas d’Anjou, co[m]ma son premier, principal e universal heritier en toutas las cauzas subredichas, tant de successions que15 d’acquists fachs per sous predecessours e el, exceptas aquellous dont el a dispauzat e qu’el dispozara jusquas a so[n] trespassament e aquellous que s’ensegon, so es, la ducat del Bar, alqual e en toutas sas apertenensas e dependensas, sensa y comprendre lou marquizat del Pont louqual el a donnat al[dich] Jan, so[n] fils natural, el no[m]ma e instituis so[n] heritier particular, mons[egno]r Rene,16 a prezent duc de Lorrena, so[n] nebout, fils de madama Yolanda, duquessa de Lorrena, sa filha, volent, ordonne[n]t e co[m]ma[n]da[n]t que lou[dich] mo[n]s[egno]r Rene sia tengut acomplir toutas las cauzas per el legadas e ordonnadas en las[dichas] ducas del Bar e de Lorenna e toutas autras cauzas per el ordonnadas.17 E toutas autras cauzas sera[n] te[n]gut acomplir lou[dich] mons[egno]r Karles, premier e principal heritier, e g[e]n[era]lament faire observar so qu’es dessus, tout so qu’un bon heritier e successour deu estre tengut e obligat. E entende lou[dich] s[egno]r aquestas prezentas institu[ti]on/s/ d’heritier aver luoc, al cas qu’el non aura d’enfant legitime procreat de so[n] corps en lyal mariage, car en tal cas el vol sous enfans legitimes estre preferitz a tous autres coma de razo[n] es. Fa gages de so[n] arma la[dicha] madama Jana sa moulher, mo[n]s[egno]r Carle, comte del Mayne so[n] principal heritier e mons[egno]r Rene, duc de Lorrena, so[n] second heritier e autres segnours d’Angier.18 Fach e publicat d’ela lou port de Masselha e en la mayso[n] de so[n] jardyn, en una de las cambras que so[n] del coustat del monestier S[anct] Victor, en prezensa de Jan Alaudari, evesque de Masselha, Jan Cossa, comte de Troja, grand sen[esc]al de Prouven[sa], Folquet d’Agoult, caval[ie]r, segnour de Sault, Saladyn d’Anglura, seg[n]or d’Estoges, Jan du Pleysseys, seig[no]r de Parnays, Ho[nor]at [fo 88 r°] de Berra, seignour d’Entravenas, escuyers, cambelans, mo[n]sur Jan Martin, seg[n]or de Peyloubier, cancelier, Vivaud Bonifacy, juge mage de Prouven[sa], mons[u]r Peyre de Nostradona, medicin e astralog, mons[u]r Jan de Cuers, prevost de Masselha e de mons[u]r Gaufrid Talamer, not[ari] e secretari del[dich] seg[n]or rey. 529 Plusours1 an escrich d’aquest prince e majourment lous chronicayres co[m]ma Sabelic e Jan de Bergama. Subre toutas las segnorias qu’el avya, el amava mays lou pays de Prouvensa per la doulsour e fertilitat que y es. E quand y arribava, el era lou benvengut e tous en era[n] ben alegres, car era un prince plen de bonas vertus. Toujour era alegre e plezent, no[n] avya en sa cour que poetas latins, francezes, ytalians e prouvensals, altras gens de vertut ne l’ornava[n]2 e cascu/n/ d’ellous escrivya[n] en leur lengua maternalla e el memes era bo[n] poeta e bon trobadour e de bonas e subtillas inventions. Quand madama Yoland sa premiera moulher morit e co[m]ma qualques ungs de sous gentilshomes e poetas dels plus familiars lou consolava[n], lous menet un jour en so[n] cabynet e leur moustret una penchura qu’el avya fach en carbon qu’era un arc turqesc delqual la corda era rompuda e al dessoubta y avya escrich aquest vers de Petrarcha : « Arco per alentar pyaga no[n] sana » e leur diguet : « Mous amys, aquesta penchura responde a tous vostres argumens, car ensins que per destendre un arc ou lou rompre, la plagua qu’a fach la sagetta no[n] es pas per aquo garida. Ensins la vida de ma cara moulher, ben que sia per mort estencha, la plagua de l’amour lyalla qu’yeu ly portava de laqualla ella m’avya ajonch lou cor, no[n] es pas per aquo estencha ny passada. » D’aquesta resposta, ellous en furo[n] tous en granda admyration. Adonc, aguessas vist desplegar las inventions e trobarias tant de sous poetas que de sous pyntres, en plusours e diversas manyeras e epigra[m]mas, 343

TROISIÈME PARTIE

[fo 88 v°] tant en lengua latina, prouvensala que en ytalia[n] e francez, subre aquella que Rene avya fach e trobar. E aquesta deviza el portava toujour apres la mort de Yoland sa moulher, car quand ella era en vida, el portava per sa deviza d’escaufetas plenas de fuec e al dessoubta en escrich « D’ARDANT DESIR » e y fazia metre al pres uns patres nostres e al myta[n] era escrich en letras majusculas « DEVOT LUY SUIS ». Alcuns an volgut dire e interpretar qu’en aquo y era compres lou nom co[n]tornat de qualqua syeu dama per amour, mays aquo no[n] avya gis d’aparensa de veritat, car tant que sa moulher era en vida, el no[n] portava deviza que per l’amour d’ella e jamays en autra no[n] avya mes so[n] amour. Margarida d’Anjou, sa filha, moulher d’Hanry l’Enclastre, rey d’Anglaterra, qu’era frema magnanyma e de grand courage, apres qu’ella aguet deliourat so[n] maryt qu’era prizonyer a Londres, per aquestous fachs heroiqs coma estens dignes de memoria, las gens de Rene e el mesmes3 en faguero[n] de bels cantiqs tant en latin, prouvensal, fra[n]ces que ytaliens. Rene, en un[a] gleyza qu’el avya fach edificar a Angiers, el mesmes y avia mes la premyera peyra en laqualla y avya fach gravar en letra gothica eysso : « LE ROY RENE M’ASSISTAY ». E en tout so que fazia, avya inve[n]tions exquizidas. Atamben, el no[n] fazia jamays cauza que no[n] fussa d’eternal memoria. Afin que so[n] nom anessa toujour en creyssent, el anet instituir d’aquest temps un ordre qu’el faguet appellar « Lous Cavaliers del Creyssent » e portava[n] en leur ordre un creyssent d’aur alqual era4 engravat : « LOZ EN CROYSSANT ». E lou premier cavalier5 de l’ordre era6 lou[dich] Rene d’Anjou, rey de Jeruzalem, de Sicilla, d’Aragon, de Vallensa, Sardegna, Malhorca e Corsegua, duc d’Anjou, del Bar, comte de Prouvensa, Forcalquier e de Pyedmont. Mons[egno]r Jan d’Anjou, duc de Lorrena e de Calabra e mants autres princes de sa cour ero[n]7 de l’ordre. Avent el abhorrit las fraudas e inconstansas dels Ytaliens, per las trahyzons que ly avya[n] fach, s’era retirat a Aix8 en Prouvensa, a l’imitation de plusours grands princes e emperayres romans, per segre la vida rustica e s’alegrar en sa vielhessa [fo 89 r°] e aqui uzava la resta de sa vida a9 plantar10 e ensertar d’arbres, dreyssar gallarias e jardins, fayre pesquyers per veyre nadar lous peyssons, d’aver d’aussels de diversas manyeras per si delectar en leur cant. E en toutas las bellas mayzons e bastidas qu’el avya fach fayre en Prouvensa, a Aix, Masselha e autras parts11 eran garnidas de pesquiers, de fonts, de tous arbres fruchiers dels plus exquizits, aver de bestias esquizidas, de jayans, de jayandas, de pychons homes e fremas. Sas gallarias e mayzons de plezensa eran penchas a la grotesca e12 moresca ; el mesmes si delectava a la13 pynctura e a l’architectura e y fazia metre de bellas e exquizidas devizas en pauc de paraudas comprenent granda sustansa14 coma « LOZ EN CROYSSANT » ou « VERD ET MEUR » ou « A GRIEFVE FORTUNE CONSTANCE » ou « D’ARDANT DESIR » ou « DEVOT LUY SUIS » ou… Lous principals de sous gentilshomes que ly portava[n] afectio[n] avya[n] leur mayzo[n] e gallarias pinctadas de tallas devizas e aquel qu’en podia trobar de plus exquizidas, en pauc de paraulas comprenent una haulta e rica sentensa, aquel era lou plus estimat e lou rey s’y delectava15 a y balhar l’interpreta[ti]on. E en d’autras cauzas en lasquallas lou sens huma[n] s’y podia delectar, el y passava so[n] temps, e ben souvent a la couneyssensa de las cauzas celestas embe mossen Peyre de Nostradona, so[n] principal medicin qu’el amava e prezava sur tous per sa vielhessa e longua experiensa. El dizia souvent als princes e embassadours que lou venya[n] vizitar aquestas paraulas : « Yeu amy la vida rurala sur toutas autras, per so qu’es la plus segura manyera de vieure e la plus luegna d’ambition terriena ». 344

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Quant al rey, el era fort bel personage, hault e drech, bel vizage, [fo 89 v°] d’una bona phizionomia, pauc hurous en sas entreprezas de guerra, era home juste e proudhome, bon religious, liberal, huma[n] e entre autras cauzas subre toutas es qu’el non fa jamays notat de malvays vici digne de repre[n]ssio[n]. (Annalas). Lou[dich] astralog ly avya predich qu’el no[n] morria jamays en guerra per sous enemys, mays a sa mayso[n] e en so[n] repaus.16 (Als archieuz). Era17 bon muzicien, a fach lou moutet que si co[m]mensa « Dulcis amica Dei » (s’atroba dins la gleyza de S[anct] Saulvayre d’Aix). Bon peintre, el mesmes s’es pertrach al vyeu al retaule dels Carmes d’Aix ont el es ensepvelyt, qu’es una bezougna grandament estimada entre lous pintres. Era bon poeta, a compozat plusours bels romans tant en rithma franceza que en proza, entre lousquals son « La Co[n]questa de la doulsa Merce » e « Lou Mortificament de vana plezensa » e qualques dyalogues en ryma. (« Propoz memorables » de Gilles Corrozet). A balhat de bellas leys e statuts al pays de Prouvensa. Apres sa mort, furo[n] mes plus[ou]rs epitaphes als Carmes, dessus sa tomba, tant en latin, prouvensal, frances que ytalian e tous plus bels que mo[n]ssen Foulquet d’Agoult,19 seg[n]or de Sault, faguet reculhir e transcryeure per co[m]mandament de madama Jana de Laval, sa moulher. (Archyeus del seig[n]or de Sault). S’atroba escrich a la cuberta d’un vielh libre de leys en l[et]ra de man lou blazo[n] de sas armaryas en rithma alexandrina qu’es dins las Annalas d’Anjou, mays incorrect e aquel qu’es escrich en l[et]ra de man m’a semblat plus bel qu’es aquest en frances : Le Blazo[n] des Armoyries du Roy Rene de Sicille, roy de 4 royaulmes, Ho[n]grye, Sicille, Jerusale[m] et Arragon Les quatres regnes grands soubs tymbre coronne Aux Armoyries sont de ce bon roy René, Hongrye et Sicille, Jerusalem aussi, Ainsi que veoir pouvez par cest escript ycy, D’Anjou et Bar en pieds, duchéz de grand renom, Et un royal escu sur le tout d’Aragon. Ce prince est excellent, valleureux et courtoys, Pour vray roy, fils de roy, frere et oncle de roys, Anjou peut bien crier Montjoye a son playsir, Pour chaufettes il porte en soy D’ARDANT DESIR, Et pour devotion amoureus et sans blasme, Patinotres autour pour l’amour de sa Dame. Tous sous enfans e filz e filhas [com]ma le[u]r payre era[n] amato[u]rs de gens d’ostal a la lauzour dasqualz pluso[u]rs an fachs de bellas obras e entre autras qu’yeu ay vist a Antoine20 de La Salla, s[er]vitour de mons[egno]r Ja[n], duc de Calabra, a fach ung libre intitulat « La Salada » [fo 95 r°] qu’el adreyssa al[dich] duc de Calabra [per] louqual ensins que si liege sembla que lou[dich] De La Salla fussa estat mestre e precepto[u]r del[dich] duc. En aquella Sallada y [son] dedins de plus[ou]rs e diversas cauzas e principalame[n]t las cronicas abreujadas del ryalme de Sicila. E Jan Bocacy, en una obra qu’el a fach intitulada « Lou Temple de la raca d’alcungz nobles malhouroux », entre autras [per]sonas illustras21 qu’el introdus que 345

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intrara[n] dins son temple per estre ensepulturaz, ditz que22 Margarida, filha del[dich] Rene, que fon maridada a Hanry, rey d’Anglaterra, intrant al temple,23 parla[n]t al[dich] Bocacy e lou nomma collectour veritable, home de lauzour, [per]petual e glorioux historian, contayre de tristas e malhourouzas matieras de las fortunas d’aquest monde, lou pregua l’escoutar e qu’ella es venguda aquy per ly comptar las doulours infortunadas e entre tous lous malheurs qu’ella a agut. Dis24 : « qu’aquest ly layssa una [per]petual doulo[u]r en son honno[u]r e bona reputa[ti]on, car no[n] autours, alcungz de n’aver louaz lous bens de fortuna que son variables d’aver tuat, mais amys e lyalz subjectz dava[n]t my e m’aver messa en mendicitat e d’aver mes la man subre my e conspirat una mort e n’y son vouguz estar lous bens que Dieu per sa gracia m’avia donnatz e qu’avyeu aquistas a ma[n]tenir en vertu e uzage de proufema (Dieu en sia juge), dizent que lou fruch de mon ventre es fruch de fornica[ti]on25 e emprinitat e vengut de bassa racyna e no[n] digne de [par]venir a succession ryalla, mays yeu pregui a la divina equitat qu’en temps e luoc n’en fassa drechura. Yeu en ai fach mas planchas a mous parens, a Loys, rey de Fran[sa], a mo[n] payre e autres, no[n] ay trobat degu[n] que m’aja arisolat que ung soulet qu’es lou duc de Bretagna26 en la prezensa dalqual yeu27 cragnyeu my trobar [per] lous malvays retracys28 que ly avya[n] fach de my. Mais el soulet m’a ressaupuda, metta[n]t de tras las esquynas toutas mallas paraulas, m’a [con]fortat de sas paraulas e m’a fach metre foras de Anger et29 [con]durre a la mayson de mon payre. » E apres que Bocacy la [con]sola per bels ezemples qu’el ly recita, entre autres ly dis ensins : « Vols-tu autre ezemple plus pres que ly deu ferir al cor? Regarda ton payre, lou rey Rene, e pausa ben en el que despuey 40 ans en va que el tombat en adversitaz e perda de batalha, menat en captivitat soubta fortas mans, en dangier de ranson, penibla engajame[n]t de sas terras e transportz de sas villas e mes en delivransa devenguet rey de Naples, guerreja[n]t toujours [per] lou rey Alphons, finallame[n]t fon [con]strench de nuech d’habandounar son ryalme de Naples qu’era son veray heritage e patrimony en delaissa[n]t coronna, ceptre e possessions en las mans de fortuna e s’en revenir en Fransa embe titre de rey sensa ryalme, diga-me ung pauc que mutation as-tu vist en son vizage ? Penses-tu que sa fortuna sia mens clara? No[n] a el portat sa p[re]miera perda passe[n]tame[n]t e austa[n]tame[n]t ? Sa seconda repulsion tournada en plazer divin e /…/ en que resistis sa gloria ? Tu has autre ezemple de ton frayre, lou duc de Calabra /… » [fo 90 r°]

530 MCCCCLXXV1 Loys XI del nom, rey de Fransa, estent a Lyon, venguet devers el lou rey de Sicilla, lou cardinal de S[anct] Peyre ad vincula, legat en Fran[sa], per certan difere[n]t qu’era entre lou rey e lou papa, per louqual diferent lou rey mandet so[n] armada jusquas en Avigno[n] e intrero[n] dedins, mays la cauza fon apeyzada e s’en retournet lou[dich] legat co[n]tent. Lou[dich] rey de Fransa2 faguet cert acord embe lou[dich] rey de Sicilla, so[n] oncle lou rey Rene, per louqual fon acordat que la comtat de Prouvensa revendria al rey de Fransa apres la mort del rey de Sicilla e per aquel lou rey promectet fayre deliurar la reyna Margarida, moulher3 del rey d’Anglaterra, tanta e sorre del rey de Sicilla, de la prezon ont ella era en Anglaterra entre las mans del rey Edoard. (Grandas Chronicas). E mejansa[n]t eysso, la[dicha] reyna cedet e transportet al[dich] rey de Fransa tout lou drech qu’ella podia aver en la[dicha] comtat de Prouvensa e lou rey ly donava certa pensio[n]4 tant qu’ella vyeuria. 346

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(Martin).5 531 1475 VIII k[a]l[endes] febr[ier] Le III an de son po[n]tificat Sixte pape, aya[n]t bailhe l’evesche de Frejulz a Urba[n] de Fusco, son note[re] et secrete[re], Rene et ses officiers l’empeschoie[n]t a la reception du revenu, en hayne de quoy, Sixte l’envoya amonester et ses offi[cie]rs et ge[n]tilzhomes d’entre lesquelz estoit Jeha[n] Cosse, son seneschal, Honorat de Berre et autres grandz [per]sonages du pays, d’en layser joyr le[dict] De Fusco a pene d’excomuneme[n]t et depuis passant oultre, prend a jusques1 a la declara[ti]on d’icelle aggraveme[n]t et reaggraveme[n]t. Rene se se[n]tant offance de telles procedures luy escript2 et remonstre de les fe[re] casser et a[n]nuller et qu’il3 se [con]sidere qu’il est roy et prince de ses terres. Sixte, en advis des cardinaulx, [com]myt les cardinaulx de S[ainc]t Pierre ad vincula et /…/, lesquelz trouvant les[dictes] procedures ainsi si mal basties, [con]siderantz qu’il ne faloit pas [con]damner ung home sans l’oyr et po[u]r autre scandale, [par] ses bulles decla[re] que son inte[n]tion n’a jamais este, ni fut d’excomunier le [dict] Rene et par ce revoque toutes les[dictes] procedures et veut qu’elles soye[n]t po[u]r no[n] faictes bien, suspend le prevost et chan[celie]rs de la[dicte] eglise po[u]r ung moys. Si dans ung moys ilz en obeysse[n]t a ses mandemantz, aplique[n]t parce qu’ilz avoye[n]t adhere a cell[es] auquel le roy Rene tenoit la main. Archifz. 532 1475 XIIII septembre Julie[n] cardinal, fol[io] 39, extraict des archifz.1 533 1477 …/ may Rene aya[n]t institue et fonde ung college au [con]vent de S[ainc]t Maximin po[u]r y lire en philosophie, theologie et droict cano[n], Sixte pape IIII du nom [con]firme la[dicte] fondation. Archifz. [fo 90 v°] 534 1479 19 janvier Entre Rene roy d’une part et Jeha[n], roy d’Arragon et Navarre, font treves ensemble po[u]r XV ans, lesquelles fure[n]t publiees en Cathalogne ainsi qu’en P[rou]vence. (Archifz). 535 MCCCCLXXIX XXVI octobre Rene es encaras en vida ensins que s’apareys a las escripturas de Loys Remo[n]d de Berra, 347

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seg[n]or de S[anct] Jullia[n] d’Assa. 536 Frederic de Lorrene, s[eigneu]r de Vaudemo[n]t, est seneschal de P[rou]ven[se] et [con]servate[u]r de l’estat des Juyfz et pacifica[teu]r de le[u]r estat. Archifz. 537 1480 Lundy X juilhet II heures apres mydy Rene trespassa a Aix. Fure[n]t ses e[n]trailhes1 ensepvelyt aux Carmes d’Aix le lundy X juilhet a deux heures apres mydy. (Archifz). Voycy les enfans de Rene2 Jeha[n], qui fut duc de Calabre et apres de Provence, deceda avant son pere. D’aquel Jean vient Nycolas qui fut duc de Lorregne et morut aussi viva[n]t son ayeul.3 Loys, marquis du Pont, deceda jeune. Charles, comte de Guyze, deceda jeune. Rene, deceda jeune. Elizabeth, deceda jeune. Marg[ueri]te qui fut mariee a Henry V, roy d’Angleterre. Yoland qui fut mariee a Frederic,4 filz unique d’Antoyne de Lorrayne, comte de Vaudemo[n]t, de fut issu Rene, duc de Lorrene, pere d’Antoyne. Eut aussi Jan, son filz naturel, auquel il bailha le marquisat du Po[n]t en pays du Bar.5 538 1480 XVII juilhet Charles d’Anjou, roy de Jerusalem et de Sicille, [con]firme les privilieges1 de la ville de S[ainc]t Remy, est adjust/… de ses [pre]decess[eu]rs, scavoir est : Ydelphons, Remond Berengu[ier], Guilhe[m], Guyg/…/ Charles p[re]mier, Charles deux[ie]me, Robert, Loys troys[ie]me et Yzabelle, Rene et Yoland, comtes et comtesses de Prouven[se], esta[n]t luy lors a Aix. Archifz. 539 1480 XXVII octobre Charles d’Anjou1 regne ainsi qu’il a[par]ey. Instrume[n]t de Romolles. 540 1480 VIII nove[m]bre Loys XI, roy de France, apres la mort de Rene, escript aux troys estatz de P[rou]vence d’avoir en honne[u]r et reveren[ce] Charles, son ancien comte de P[rou]vence et luy obeyr et antendre [com]me a le[u]r vray seig[neu]r naturel. Et les

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of[icie]rs, gens des troys estatz luy informe[n]t qu’ilz luy obeyro[n]t [com]me bons et loyaulx subjectz ainsi qu’ilz ont este [par] le passe et a sa mageste aussi. Archifz. VIII nove[m]bre Charles d’Anjou, fol[io] 40.

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542 MCCCCLXXX XXIII janvyer Jana II, duquessa de Lorrena,1 reyna de Jh[erusa]lem e de Sicilla, comtessa de Prouvensa e de Forcalq[uie]r e de Pyedmo[n]t, moulher de Carle d’Anjou, estent ella al palaix d’Aix malada, fa son testament per louqual apres quelquas layssas pyas, fa so[n] heritier universal en tous sous bens, mobles e immobles, drechs e ad[iti]ons, lou[dich] mons[egno]r Carle, rey de Jh[erusa]l[e]m e de Sicilla, co[m]te de Prouven[sa] e de Forcalq[uie]r e de Pyedmo[n]t, so[n] maryt. Fa sous gagis l’arcevesque d’Aix, mo[n]s[egno]r Vivaud Bonifaci, juge mage de prouvensa e mo[n]s[egno]r Jan Jare[n]te, so[n] ca[n]cellier. Vol estre ensevelida a la gleyza dels prezicadours d’Aix. (Archieuz). [fo 92 r°] MCCCCLXXXI X dece[m]bre

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Testament de Carle d’Anjou en favour de Loys rey de Fransa Carle d’Anjou, rey de Jerusalem e de Sicilla, comte de Prouvensa e de Forcalq[uie]r, estent el a Masselha,1 fa so[n] testament per louqual vol estre ensevelit dins la gleyza de S[anct] Saulvayre d’Aix e quant a sas ezequias e funeralhas,2 las remete a la dispozition de mons[egno]r Frances, segnour de Luxembourg, so[n] car couzin e dous milla escus paga[dors] per so[n] heritier. Legua dous milla e cinq cens escus per una cappella als Prezicadours d’Aix que madama Joanna, sa moulher defuncta,3 avya leyssat en so[n] testament. Item la somma de tres cens lieuras paga[das] a[n]nualament al[dich] convent perpetualament per lous peccats de la[dich] Joanna, en dizent una messa tous lous jours. Legua al convent dels Prezicadours de S[anct] Maximin tous sous libres, exceptats aquellous que so[n] en medecina, lousquals el legua a mons[egno]r Peyre Maurel, so[n] medicin. Legua a mons[egno]r Jan, son frayre natural, bastard d’Anjou, dous milla escus.4 Layssa a madama Margarida de Calabra,5 filha naturala d’eternal memoria mo[n]s[egno]r Nycolau, duc de Calabra e de Lorrena e a sous heritiers e successours huech cent lieuras tour[nezas], pagadoyras tous lous ans subre lou revengut de la viscomtat de Castelheyraud. Item lous joyaulx de /…/ madama Joanna reyna, so es lous dyamans e las autras peyras preciouzas. E las autras baguas, el layssa a Loys, Antony e Miquel de Grammo[n]t sous varlets de cambra. Legua a mons[egno]r Frances de Luxembourg, so[n] cousin, e a sous her[iti]e[r]s la comtat del Martegue embe tous sous drechs, proprietas e segnorias, las tourres, fortalessas e toutas aultras cauzas. Item sa tapissaria, item so[n] lynge.6 Legua a mo[n]s[egno]r Guilhaumes de Montmora[n]cy, seg[n]or d’Ecoven,7 so[n] conseilh[ie]r e ca[m]bella[n], VI milla escuts. 349

TROISIÈME PARTIE

Legua a mo[n]s[egno]r Loys de Myolans, seg[n]or de Serva, so[n] cambellier, tres milla escuts.

Legua a tous sous servitours certana somma d’argent. En tous sous ryalmes, comtats, viscomtats, baronyas, ducats e segnorias, lou[dich] seg[n]or fa so[n] heritier universal lou christianiss[ime] e excellent prince Loys, per la grassia de Dieu rey de Fransa, so[n] cousin e segnour carissime e reverendissime.8 E apres el, l’illustre e clar prince mons[egno]r Carle,9 delphin premier, fils del[dich] seig[n]or rey de Fransa e tous e cascu[n]s lous successours descendens de la corona de Fransa, per louqual christianiss[ime] rey, coma so[n] heritier universal, lou[dich] segn[o]r rey testadour vol que las cauzas co[n]tengudas al prezent testament sia[n] acomplidas e pagadas apres sa mort. [fo 92 v°] Apres eysso, lou[dich] segnour testadour recommanda so[n] pays de Prouvensa al[dich] christianiss[ime] rey de Fransa, so[n] heritier, louqual pregua e per l’amour qu’el porta al[dich] mo[n]s[egno]r Carle dalphin, de lou recebre e aceptar e de voler observar, ratificar e confirmar leur pactis, conventions, privilieges, libertas, franchezas, statuts, cappitols, ezemptions e prerrogativas als us, costumas, styl, lasqualas el vuelha aceptar, ratificar e confirmar ensins que lou rey Rene, son payre, al conselh dels tres estats darrierament tenguts en Prouvensa lous a volgut ratificar, aceptar, aprouvar e confirmar e a promes d’o fayre, gardar e observar e vuelhar outrejar al[dich] pays de plus grands privilieges, gracias e beneficis e pregua encara lou[dich] rey de Fransa aver per reco[m]mandat son[dich] cousin, Frances de Luxembourg e de lou retenir a so[n] servicy e d’aceptar lou legat qu’el ly a fach de la viscomtat del Martegue e de lou ly ratificar en quant que bezo[n] seria. Item lou pregua de vouler mantenir tous sous oficiers majours e mynours en leurs gages e estats, sensa denguna mutation e de lous confirmar en tant que bezon sera. Item ly reco[m]manda un de sous archiers, no[m]mat lou grand Ricard, de lou vouler provezir de qualque ofici. Fa sous guagiers lou[dich] christianissime rey de Fransa e lou[dich] Loys, bastard del Mans, so[n] frayre natural, Fra[n]ces de Luxembourg, so[n] couzin, mons[egno]r Jan, bastard de Caraturia, senescal del Mans, frayres Elzias Garnyers, priour de S[anct] Mayximin e Brancas Bernard, mestres en theologia, sous confessayres. Fach e publicat a Masselha, a la mayzo[n] del[dich] segnour rey ont el malaugava en p[rese]nsa dels[dichs] m[ossens] Garnyers e Bernard, mestre Peyre Robin, medicin de Gravezon, Jan Baptista de Mayran, seg[n]or de Calqueyrana, d’Arles, mestre Peyre de Nostradona, son medicin. (Archyeuz).9 El fon pueys ensepvelit dins la gleyza de S[anct] Salvayre d’Aix emb aquest epitaph : « Lilia francor[um] celestia munera regum Reliquias veteris Andegave[que] domus Oculit iste lapis, celata[que] marmora claudunt Obruta sit fatis regia septra iacent Jerusalem et Siculos, et siper fata liceret : Arragones poterat n[ost]ra tenere manus Sed fortuna diu nostros neferret honores Accelerat mortis tempora dura mihi Quis legis hoc tristo quo scriptu[m] marmore carmen Dic tibi sit requies carole pax[que] tibi. » [fo 93 r°]

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MÉMOIRES HISTORIQUES

544 MCCCCLXXXI XI decembre Carle d’Anjou subredich, estent encaras a Masselha,1 fa un codicil per louqual apres aver co[n]firmat so[n] precedent testame[n]t, fa plus[ou]rs layssas e entre autras a mo[n]s[egno]r Jan de Lobyeras, so[n] consell[ie]r e cambellan e a madama Heleonora de La Rata, felezena de mons[egno]r de Troja, senescal de Prouvensa certas sommas. Layssa a mons[egno]r Jan, bastard d’Anjou,2 so[n] frayre natural, XII milla escuts legats en so[n] test[ament] e plus[ou]rs autres legats qu’el fa a sous servitours, estent el a Masselha. (Archieuz). Lou[dich] Carle fa ung autre codicil en louqual confirma lou precedent e tout lou resta no[n] son que layssas a sous servitours. (Archyeuz).3 545 En cestuy Charles,1 roy de Jerusalem et de Sicille et der[nier] de la mayson d’Anjou,2 pren fin ceste noble et illustre3 rasse4 d’Anjou, car les5 guerres qui fure[n]t [par] le passe po[u]r rayson du ryaulme de Napples et de Sicille ont porte ung grand dommage a la famille des Angevins a l’ocasion6 des guerres qu’ilz soustiendront a la [per]suasion des papes7 et destruictz parce que les pays, selon la diversite des temps, se sont tous inclinez et tournez maintena[n]t aux Fran[çois], maintena[n]t aux Espagnolz, car les papes Calixte III et Pie II publiqueme[n]t fure[n]t [con]treres et adverseres au roy Rene et a Jeha[n], duc de Calabre, so[n] filz, soustenans Frederic le bastard de Ferdinand a qui son pere Alphons avoit donne le ryaulme d’Apule, retenu et res[er]ve a soy8 le ryaulme de Sicille. Aussi est vray que les Ytaliens9 avoie[n]t este ta[n]t desloyaulx a la nation fran[çoise] que po[u]r celle cause aulcune armee de Fran[se] n’a jamais transverse les montz, que les gens d’armes francoys n’en soye[n]t decimez, paouvres et mendians. Adrian, lequest craigna[n]t la puissan[ce] de Charles,10 p[re]mier duc d’Anjou, comte de P[rou]ven[se], l’a voulut [pour] se quiter, mays il fut surpris de mort. Dava[n]tage Urba[n] /…/ fut enemy de Loys d’A[n]jou, p[re]mier du nom11 /…/ du prince Charles, porta[n]t fam[ilie]r a Charles, roy d’Hongrie contre la reyne Jehanne laquelle avoit adopte le[dict] Loys. Car les papes ont12 acousthume avoir suspeson ou malveilhance [con]tre ceulx qu’ilz cougnoisse[n]t prosperer en ce ryaulme de Sicille, bref, les papes ont este cause de tous ces malheurs et plus[ieu]rs autres. (Gaguin en « La Vie /de/ S[ainct] Loys », vers la fin). [fo 93 v°]

546 MCCCCLXXXI XIX decembre Apres la mort de Carle d’Anjou, comte de Prouven[sa],1 Loys XI,2 rey de Fransa, si sazis de la comtat de Prouvensa co[m]ma a el apertene[n]t e manda l[et]ras patentas de co[m]missio[n] a Palamedes Forbin, seig[n]or de Soliers, visco[m]te de Martegue, de si saysir de Prouven[sa] e d’en prendre possessio[n], de bailhar lous oficis, destituir lous oficiers e autre grand poder qu’el ly3 donnoit le roy et tel que jamais en est lors gouverneur l’avoir si grand. Archifz. La cause du4 /…/ et adva[n]cement en si hault degre de Palamede fut qu’il avoit dict en secret a Loys, roy de Fran[se], que [par] le mariage d’e[n]tre Charles d’A[n]jou, premier du nom, 351

TROISIÈME PARTIE

et Beatrix, comtesse de P[rou]ven[se], que les enfans mascles descendans de la mayson d’Anjou, succedere[n]t a la comte de P[rou]ven[se] et ryaulme de Sicille et en default d’eulx a la couronne de Fran[se]. Et estoit po[u]r rayson du droict5 que la mayson de Lorrene p[re]tendoit avoir en la comte de P[rou]ven[se], lequel instrume[n]t6 de mariage dez lors pris et porte en Fran[se], car il ne se trouve point aux archifz.7 547 XIX dece[m]bre Loys, roy de Fran[se], [con]firme les privilieges du pays, fol[io] 43. [fo 94 r°]

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1393 25 juilhet Un traicte des privilieges de S[ainct] Remy Marie, reyne de Jerusalem, de Sicille, mere tutris de Loys IIIme, esta[n]t de l’aage de X ans,1 il se trouve aux archifz que la ville de S[ainct] Remy qu’est l’ancien domayne du roy par2 Jehanne p[re]miere du nom et reyne de Naples, de Sicille, avoit este [par] son moyen [par]venue indueme[n]t entre les mains du comte de Beaufort et apres la mort d’icelle entre mains du vicomte de Turene, filz et heritier du[dict] de Beaufort, lequel vico[m]te heritier,3 de son lueyte[nant] premier4 et sans5 la volo[n]te de la[dicte] reyne Marie avoit estably en la[dicte] ville de Sainct Remy ung capy[te]ne nome Ca[n]tenet, lequel Cantenet avoit constitue ung Guyton de Thession po[u]r lors capy[te]ne des Baulx, escuyer de Remond de Turene, lequel trahissa[n]t la ville de S[ainc]t Remy, l’avoit delivre es mains du[dict] Remond de Ture[ne], home de ce temps rebelle publique et temerere, invaseur des terres de la comte de Prouven[se] et de Forcalq[uie]r au veu et sueu du[dict] vicomte de Beaufort, son pere. Lequel Remond, avec ses /…/ auroie[n]t descouru longtemps6 hostilleme[n]t toute la P[rou]ven[se] et se saisissa[n]t des ch[ate]aux [par] terre, prenant7 et ravissant leurs biens des subjectz du pays, ta[n]t les captiva[n]tz et murtrissa[n]tz publiqueme[n]t8 en [com]mecta[n]t [par] ce moyen voye publique po[u]r rayson desquelles voleries et pilheries et murtres [par] la despen[se] du dras la[dicte] ville de S[ainct] Remy tumba en /ruine/ et fut9 myse a la main du[dict] roy Loys, de Marie, sa mere, par George du Marle, son sen[ech]al de P[rou]ven[se],10 esta[n]t donques la[dicte] ville de S[ainct] Remy [par]venue au domeyne du roy et a ses success[eu]rs. La[dicte] reyne Marie, mere et tutris du[dict] Loys,11 esta[n]t elle de ce temps en Avignon, dans la maison du cardinal de Sabyne, apres avoir [par]done aux habitans de la[dicte] ville,12 le[u]r octroye totz13 privilieges et libertez que jamais a quoy qu’il adveigne ne vendra ni alienera la[dicte] ville et s’il advenoit le [con]trere, [pro]mect aux habitans de la ville a main armee [con]tre tout acquereurs se defendre et resister. [fo 97 r°] 549 VIII janvier Charles d’Anjou deceda. Le roy de Fran[se], fol[io] XXXX d’extraict d’archifz.

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MÉMOIRES HISTORIQUES

550 XIX janvier Honorat de Berres, fol[io] XXV. 551 XX janvier Francois deux. 552 1482 May Loys XI du nom, roy de France, fonde ung college de [per]sones ecles[ias]tiques en la ville de Tharascon. Regarde au brouilhard.1 Juing

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Le roy escript a ses m[in]istres royaulx de P[rou]ven[se] le[u]r faisa[n]t. Regarde au brouilhard. Voir fol[io] 42. [fo 97 v°] 554 1483 V janvier Le roy escript aux maistres royaulx. (Regarde au brouilhard). [fo 98 r°] 555 1484 XIII febr[ier] Rene de ce temps faict la guerre a Cathalogne, car il donne recompense a ung Manuel Degone [pour] les s[er]vices [par] luy faictz a son emprinse de Cathalogne. Archifz. 556 7 juilhet Charles, roy de France, [pro]met, fol[io] 43, extraict d’archifz. [fo 98 v°] 557 1485 VII novembre Charles et les Juifz, extraict d’archifz, fol[io] 44. [fo 99 r°] 558 MCCCCXCIII Carle VIII, rey de Fran[sa], comte, apres aver assemblat lous prezidens de sas 353

TROISIÈME PARTIE

cours de [par]lame[n]t ambe son chancelier e lous princes de son ryaulme ont fon deducha la genealogia dels reys de Sicila [per] lousquals furo[n] traictat que lou rey avia just tiltre al[dich] ryalme de Naples e de Sicila e d’orra en la prepara grossa armada [per] y anar. [fo 99 v°]

559 1495 Dix janvier Charles aya[n]t entendu, 44 v[er]so. [fo 101 v°] 1495 Charles aya[n]t entendu, extraict des archifz, fol[io] 44. 560 LISTE DES ROYS DE FRANCE depuis Pharamont premier roy de cette monarchie commencée soubs luy en l’anne 420 et fit la loy salique qui exclud les femmes de la succession 420 432 449 459

Pharamont regna 11 ans Clodion le chevelu, 18 ans, son fils Merovée, 10 ans, l’on doute s’il estoit son parent ou son fils Childeric, 27 ans, son fils Clovis, premier roy chrestien prit pour armes de fleurs de lys sans nombre, regna 30 ans, son fils 515 Chidebert, 40 ans, son fils 560 Clotaire, 5 ans, son frere 565 Cherebert, 9 ans, son fils 574 Chilperic, 16 ans, son frere 590 Clotaire II, 42 ans, son fils 632 Dagobert, 14 ans, son fils 648 Clovis II, 17 ans, son fils, premier des roys faineants 663 Clotaire III, 4 ans, son fils 668 Childeric II, 14 ans, son frere 680 Theodoric, 14 ans, aussi son frere 694 Clovis III, 4 ans, son fils 698 Childebert II, 18 ans, son fils 711 Dagobert II, 4 ans, son fils 721 Childeric III, 5 ans [fo 102 r°] 727 Theodoric II, 15 ans, fils de Dagobert second 742 Childeric IIII, 9 ans, son fils 751 Pepin, 18 ans, seconde race ditte carlovingienne 769 Charlemagne, 46 ans, son fils 354

MÉMOIRES HISTORIQUES

815 Louys le debonaire, son fils, 26 ans 841 Charles de chauve II, 38 ans, son fils 879 Louys II dit le begue, 2 ans, son fils 881 Louys et Carloman freres bastards de Louys le begue, eleus par les Etats regnerent 5 ans, ses fils 888 Charles 3 dit le gros empereur, 5 ans, leur cousin 891 Hugues ou Odon ou Eudes, conse de Paris, 9 ans 900 Charles simple, 27 ans, fils de Louys le begue 927 Rodolphe, roy de Bourgogne, 2 ans 929 Louys d’outremer, 27 ans, IIII fils de Charles le simple 956 Lothaire, 31 ans, son fils 987 Louys V, 1 an, fut le dernier de la race de Charlemaigne 988 Hugues Capet, 9 ans, qui fit la race des capevingiens 997 Robert, 34 ans, son fils 1031 Henry, 30 ans, son fils 1061 Philipes, 49 ans, son fils 1110 Louys le gros, 28 ans, VI, son fils 1181 Philipes Auguste, 43 ans, II, son fils 1223 Louys VIII, 3 ans, dit le lyon, son fils 1226 St Louys, 44 ans, son fils 1270 Philipes le hardy, 15 ans, III, son fils 1285 Philipes le bel, 29 ans, IIII, son fils 1315 Louys hutin, 18 mois, X, son fils 1316 Philipes le long, 5 ans, V, son frere [fo 102 v°] 1321 Charles le bel, 7 ans, IIII, son frere 1328 Philipes de Valois, 22 ans, VI, son cousin 1350 Jean, 13 ans, son frere 1364 Charles le sage, 14 ans, V, son fils 1380 Charles VI mit les armoiries de France a 3 fleurs de lys, regna 42 ans, dit le bien aymé, son fils Charles VII, victorieux, son fils Louys XI, prudent, son fils Charles VIII, son fils Louys XII dit le pere de son peuple François I Henry II, son fils François II, son fils Charles IX, son frere Henry III, son frere Henry IV le grand Louys XIII le juste, son fils Louys XIIII dieu donne, son fils

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Quatrième partie _____________________________________

NOTES ET COMMENTAIRES

ÉTABLISSEMENT DU TEXTE Nous relevons dans ce chapitre les différentes variantes du texte des M. Nostredame a en plusieurs endroits retouché le contenu ou la forme des notices historiques, supprimé certains passages, rajouté des paragraphes. Il souligne généralement dans la marge les corrections qu’il propose. Jean de Nostredame utilise deux styles d’écriture également présents dans les corrections. Nous ne les distinguons pas formellement dans ces notes. La forme dominante de ces écritures est celle que nous avons nommée « aldine », en référence aux caractère mis au point par Alde Manuce (numérotée en 1). Nostredame utilise une « cursive » (n°2) et nous trouvons également une écriture 3 (celle de Pierre de Gallaup de Chasteuil) et 4 (non identifiée avec certitude). La fréquence de ces écritures est variable (la 4 est beaucoup plus présente que la 3). Nous précisons la numérotation de l’écriture employée si celle-ci correspond aux formes 2, 3 et 4. En absence de mention précise, la correction est effectuée par Nostredame dans la forme 1. Nous indiquons également la position de la correction ou du rajout : dans les marges, audessus, en interligne… Nous écrivons parfois « 1 : au-dessus ». Dans ce cas, seul le mot numéroté dans l’édition est alors concerné par cette note. Quand une phrase entière est modifiée, nous la citons entièrement ou l’abrégeons par des points de suspension placés entre le premier et le dernier mot de la phrase correspondante. Ces corrections ont été principalement effectuées par Jean de Nostredame (Éc. 1 ou 2). Nous ne sommes pas en mesure de savoir qui de Nostredame ou des propriétaires du manuscrit a biffé des notices entières, généralement d’un trait épais.

* * * 1 1 : Entre « Provençal » et « cite », toute une phrase d’une longueur de dix mots environ a été raturée. Il nous est impossible de la restituer. « vraisemblablement d’Aix » a été rajouté en interligne au-dessus de la phrase biffée. Éc. 4. « qui écrivoit au XVIe siècle » figure en bas de folio. Un renvoi concernant cette phrase se trouve avant « cite », au-dessus de la phrase biffée. Pour la bonne compréhension de ce texte, nous avons inséré cette phrase entre « auteur » et « étoit provençal ». Éc. 4. 2 : Entre « XVIe et » et « il cite », une phrase d’une longueur de trois mots est raturée et impossible à lire. « vers la fin » est rajouté en interligne au-dessus. Éc. 4. 3 : « Michel » biffé à la place de « Pierre », rajouté en interligne au-dessus. Éc. 4. 2 1 : Un timbre mentionant « Académie d’Aix en Provence. Musée Paul Arbaud » est apposé en dessous cette phrase, au milieu du folio. L’écriture de cette phrase nous est inconnue et ne correspond pas à celles identifiées. 3 1 : Cette phrase reprend celle d’une écriture du XVIe siècle placée en haut du folio, à demi effacée par le temps. 4 1 : « Daulphine » figure en titre, biffé. 5 1 : « des genealogies » est rajouté et figure en marge à gauche. Éc. 2. 2 : « icy je diray que » : Nostredame a par la suite biffé « icy » et « que ». Éc. 2.

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QUATRIÈME PARTIE

7 1 : « femme » est biffé entre « Jehanne » et « III ». Nostredame a également biffé « fem[me] » entre « III » et « du t[e]r[ritoire] ». Éc. 2. 2 : « fem[me] biffé entre « III » et « du t[e]r[ritoire] ». Éc. 2. Le Fo 1 v° est vierge. Seule mention en haut à droite : « Ecriture de Galaup-Chasteuil » avec un renvoi (une croix) se rapportant au titre Fo 2 r°. 8 1 : « es de » biffé entre « gens d’armas » et « Maximia[n] ». 2 : « lyco » biffé avant « lyacol ». 3 : « aaga » biffé avant « aajat ». 9 1 : Après « Aultar » : « en vers » biffé. 2 : Après « joynes » : « de nos » biffé. 3 : En marge à droite : « fait apocryphe canon supposé ». Éc. 4. « Ries Consta[n]tin » en marge à gauche. 10 1 : « soubta… Papa » rajout au-dessus avec renvoi. 11 1 : « prezent » biffé, « prezident » rajouté au-dessus. 13 1 : « III » rajouté après « Jan Chryzostome ». Éc. 3. 2 : En marge à gauche un mot illisible. Éc. 4. 3 : Une phrase biffée après « fremas » : « Gennadius que fon evesque apres el dis que era Cassian ». 4 : Après « entre » : « aque[les] » biffé. « Gennadius evesque de Masselha » dans la marge à gauche. En bas de folio : « fait contenu » se rapportant à aucun renvoi. Éc. 4. 15 1 : Après « eruditio[n] » : « Hylary Evesque d’Arles « biffé. 2 : « qu’ a estat… temps » rajout en marge à gauche. 3 : Après « vida » : « suppl[ement] » biffé. 17 1 : Avant « de Romme » : « de Roanne » biffé. 18 1 : « que » biffé, remplacé par « ensins que » au-dessus. « Carpentras, Arles, Euqueri, Sanct Hylari » en marge à gauche. 19 1 : « So » rajouté au-dessus. 2 : « de » biffé entre « XIX » et « an ». 20 1 : « VV » biffé entre « Clovys » et « V ». Éc. 2. 22 1 : Mention à droite : « Arada borges d’Arles ». Éc. 3. 24 1 : Après « qu’es » : « Tharasco[n] » biffé. « la villa » rajouté au-dessus. 2 : « bastyt aqui » en marge à gauche. « A S. Romyech » biffé après « qu’es ». 3 : « apres S. Romyech » rajouté en interligne. « Sanct Romyech villa alias Sextina » en marge à gauche.

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NOTES ET COMMENTAIRES

25 1 : Texte biffé. 26 1 : Rajout au-dessus. Nous restituons les parenthèses. 2 : « Estat » biffé après « ma[n] ». 3 : Texte biffé. 28 1 : Note au-dessus du texte : « Voir Gagain /…/observation /…/ ». Éc. 3. 30 1 : Phrase biffée. 34 1 : Après « pilhero[n] » : « Guaguyn » biffé. 39 1 : « Segnour » biffé, remplacé par « Rey ». « de Metz » rajouté par la suite. 2 : Rajout au-dessus. 3 : « More… mort » en rajout au-dessus. 40 1 : « de » biffé, remplacé par « d’« . 2 : En haut du folio : « Bello » Éc. 3. 41 1 : « nou » biffé, remplacé par « noyrit ». 2 : Rajout au-dessus. Sanct Gilles en marge à gauche. 43 1 : « Martir » biffé, caché par une tache d’encre et réécrit à côté. 48 1 : Le manuscrit est déchiré en haut du folio à gauche. Les deux dates correspondantes ne sont pas lisibles. 51 1 : « Avigno[n]… sarrazins » en marge à gauche. 2 : Entre « recoubrat » et « per » une phrase biffée : « dels Sarrazins que l’ocupava[n] ». 53 1 : Texte biffé. 55 1 : Texte biffé. 56 1 : Texte biffé. 58 1 : « que » biffé, remplacé par « qu’« . 2 : « lou » biffé après « per ». « Masselha, Arles, Prouvensa, Avigno[n], Bogis ou Bosso » en marge à gauche. 59 1 : « de la gleyza… Evesques » rajout au-dessus. 2 : Après « el » : « repauza », biffé.

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QUATRIÈME PARTIE

60 1 : « Nota » en marge à gauche sans autre mention. 2 : En haut du folio : « Voyez celuy qui a traitté De Bello sarracina ». Éc. 3. « Arles » dans la marge à gauche. 63 1 : Ce paragraphe est un renvoi de Gallaup de Chasteuil après le texte de Nostredame. Un signe à la suite de « Magdalena » le précise. À gauche du texte de Nostredame, Gallaup de Chasteuil a écrit quelques mots illisibles. Éc. 3. 64 1 : « emb… aqui e « rajouté en marge à gauche, remplaçant « per habitar aqui » biffé. 2 : Après « armada » : « davant Arles » biffé. « Agassin, Bygard, Freta era una cieutat pres del mauzeol de Sanct Romyech, Costa Granda » en marge à gauche. 65 1 : Après « Entandammens » : « lou S[arrasin] » biffé. 2 : Après « Sanct Romyech » : « so que fa » biffé. 3 : Après « a » : « Masselha » biffé 4 : Après « furo[n] » : « mes » biffé. 5 : Après « eran » : « vengus » biffé. 6 : Après « Arles » : « rescontra » biffé. 7 : Après « mays » : « s’estre recounegut » biffé. 8 : « leurs » biffé à la place de « lous ». « Baudyeras, Byguard castel, Agassin castel, Freta cyeutat, Jaume segnor de Freta, lous aqueducts de la font qu’anava en Arles, Berbegault, Tybaut, Masselyn segnor de Masselha, Houdour » en marge à gauche. 66 1 : « guerra » rajouté en interligne au-dessus. 67 1 : Texte réécrit par Nostredame. Voici la première version : « En Arles fon tengut ung consili. Estat. D’aquest temps, un autre a Mayensa, un autre a Wormes, un autre a Reims, un autre a Tours e determinat de bonas cauzas. Estat. » 68 1 : Après « calve » : « furo[n] » biffé. 69 1 : Après « delivre » : « deschassa » biffé. Texte entièrement biffé. 72 1 : « Hemenjarda sa moulher » en marge à gauche. 73 1 : Texte biffé. Fo 10 et 11 vierges. 74 1 : « Arles » en marge à gauche. 75 1 : « Hugues duc d’Arles » en marge à gauche. 76 1 : Au-dessus de Charles II » : « Loys » biffé. En marge à gauche : « est cy dessus » Éc. 2. À la suite, un paragraphe est entièrement biffé. Il est identique au précédent.

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NOTES ET COMMENTAIRES

77 1 : En marge à gauche : « comme dessus » biffé. Nostredame a rajouté en dessous de la date : « n’est pas mys ». 78 1 : Mention à la suite de « Munster » : « fait apocryphe » Éc. 4. 2 : « que… Gillibert » rajout en marge à gauche. 3 : « so dys Munster » rajout en marge à gauche. 4 : « (Estat)… el » rajout en marge à gauche. 5 : « nomat… Arles » rajout en marge à gauche. En dessous ce rajout, la précision suivante a été biffée : « Nota que fau metre aquesta canso[n] en una autra part car Bertrand de Lamano[n] no[n] podia pas estre d’aquest temps ». En dessous, toujours dans la marge, une note qui n’a pas été biffée : « 1367. Fault metre cecy en so[n] lieu de Bertran de Lamano[n] en 1367 ». Une petite lettre (« a ») renvoie à une note en bas de folio : « anachronisme d’environ 400 ans » Éc. 4. 6 : Un signe (« b ») renvoie à une note en bas de page : « Il paroit que l’auteur de la copicte de ce manuscrit vivoit du temps du Prezident de Lauris dont parle /… » Éc. 4. 7 : À droite, dans l’espace laissé libre par les vers du poème, deux notes. La première se rapporte à Gillibert. Un signe de reconnaissance est placé au-dessus de ce nom : « Monsieur de Nostredame dit qu’il fut arche[vêque] de Reims » Éc. 3. La deuxième se rapporte à « necromancia » par un signe de reconnaissance placé à la suite de ce mot : « Il ne parle pas de cette occupation » Éc. 3. 8 : En lieu de « m’es a bon » : « no vay bon » biffé. 9 : Rajout en interligne. 10 : « Tout vyeu » biffé et rajouté au début du vers suivant. 11 : En lieu de « penjars fals » : « de far mals » biffé. 12 : Après « hom » : « vedar » biffé, repris au début du vers suivant. 13 : « Munster… Estat » en marge à gauche. 14 : Une phrase biffée terminait ce texte : « Otho III emper[eur] ly adjudet ben de mo[n]tar tant hault ». À la suite une mention : « Un peu de vérité est ici noyé dans beaucoup de mensonges » Éc. 4. Fo 14 v° et 15 vierges. 85 1 : Texte biffé. En note à gauche : « fault metre ycy nota » Éc. 2. Avant ce texte, en haut du folio « Conrad » biffé. 86 1 : « fils… Arles » rajout au-dessus Éc. 2. « que et roy d’Arles » biffé entre « Bourgogne » et « qui avoit ». 87 1 : Texte biffé. 88 1 : Nostredame a d’abord écrit « Tyresia » et a ajouté « Tyburgia » au-dessus sans biffer le premier mot. Nous éditons la correction. 89 1 : À la place « d’Arles » : « de Bourgogna » biffé. À la suite de ce texte un paragraphe identique au précédent 88 entièrement biffé avec la mention : « cecy va cy dessus nota » Éc. 2. 91 1 : Après « Gibert » : « Comte e Tyburgia » biffé. 93 1 : « Co[m]tessa de Barcilona » rajout au-dessus. 2 : « Rouergue » rajout au-dessus. 3 : Nostredame a inscrit après ce texte la date de « MCXIII » biffée par la suite Éc. 2. 95 1 : « e Doulsa… enfans » rajout au-dessus. 2 : « de Sanct Gilles » rajout au-dessus.

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QUATRIÈME PARTIE

96 1 : En marge à gauche : « Fault que cecy soit de 1112 car Loys le gros come[n]ce a regner 1109 » Éc. 2. Nostredame a biffé la première date : « MCXXX ». 98 1 : Texte en marge à gauche. 99 1 : Après « Steveneta » deux mots biffés illisibles. 2 : Un long paragraphe biffé précède ce texte. Il commence par : « Als Archieus s’atroba lou sagrament de fidelytat que fes Steveneta, filha de Giberja comtessa al comte Remond Bere[n]guier en aquesta forma : Jury yeu Steveneta… ». La suite est identique à la fin du texte. En marge à gauche une annotation : « pot pourri /…/ sans ordre ni [é]quité » Éc. 4. 100 1 : Avant « recoubret » : « qu’el » biffé. 102 1 : rajout au-dessus en interligne. 2 : En marge à gauche avec la mention « oncle » Éc. 4. 3 : Rajout biffé au-dessus en interligne : « d’el ». 4 : « Comtat de » en marge à gauche. 5 : En marge à gauche la mention : « son pere » Éc. 4. 6 : Un « r » est biffé à la fin de « romano ». 103 1 : « De la Prouven[sa] » en marge à gauche. 104 1 : Phrase entièrement biffée. 105 1 : Première version : « Alphons ». 106 1 : Mention en marge à gauche : « Sœur de Douce, fille de Gerberge et Gilbert » Éc. 4. 2 : Idem « dit le /…/ son neveu » Éc. 4. 3 : Avant « per razo[n] » deux mots biffés illisibles. 4 : Rajout au-dessus en interligne. 5 : Après « retyrat » : « en so qu’es » biffé. 6 : Rajout au-dessus en interligne. 7 : Rajout au-dessus en interligne. À la place de « Anglaterra » : « Sicila » biffé. 8 : « Anglaterra » rajouté en interligne à la place de « Sicilla » biffé. 9 : Après « arribas » : « a Naples al palaix del rey » biffé. 10 : Avant « Philip » : « E per so qu’es » biffé. 11 : Après « s’era pas » : « assetat » biffé. 12 : Rajout au-dessus en interligne. 13 : Rajout au-dessus en interligne à la place de « Sicilla ». 107 1 : « per » biffé après « Roze ». 109 1 : En marge à gauche : « …] Arles » Éc. 3. 110 1 : La phrase latine se situe au milieu de ce texte. Nostredame n’écrit pas le prénom de Sabran en totalité (« G. »).

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NOTES ET COMMENTAIRES

111 1 : « Ensins… Equicola » rajout en marge à gauche. 2 : Après « temps » un mot illisible biffé. 3 : Après « sia » : « a naustre » biffé. 4 : En dessous « dizent » : « deficit » Éc. 4. À la suite de cette notice un texte identique au 110 (excepté la citation latine) a été biffé. 112 1 : Après « d’el » : « mons[egno]r » biffé. 114 1 : En marge à gauche une mention : « Yldephons II » Éc. 4. 2 : « que fon… Prouven[sa] » rajout au-dessus. 3 : Au lieu de « patejet » : « partaget » biffé. 4 : Rajout au-dessus en interligne. 116 1 : En marge à gauche, en dessous de la date, une mention : « est faulx » Éc. 2. 119 1 : Après « Beatrix » : « Archieuz » biffé. 120 1 : Texte entièrement biffé. Au fo 22 r° se trouve un texte identique à celui-ci portant la date de MCCVI. 121 1 : Un mot au-dessus illisible. 123 1 : En marge à gauche « …] vide suo loco » Éc. 2. 124 1 : En marge à gauche : « Nice fut soumiz par Idelfons (Alfons) » Éc. 4. 128 1 : « D’aquest temps » biffé un peu plus haut entre ce texte et le précédent, réécrit au début de cette phrase. 2 : « avya[n]… temps » en marge à gauche. 3 : En marge à gauche une mention : « 1225 de Brienne » Éc. 4. 4 : Rajout au-dessus en interligne. 130 1 : Phrase biffée, mais reprise au début du paragraphe suivant : « En l’an XVI de so[n] regne anet e ». 2 : À la suite de « regne » : « anet e » biffé. 133 1 : Rajout au-dessus. 2 : « que… ha » en marge à gauche. 3 : Ces vers sont disposés sur trois colonnes. À gauche une note s’y rapporte : « Ces vers sont attribuez a Frederic I » Éc. 4. 134 1 : « fon la » rajout au-dessus en interligne. 137 1 : Avant « Berenguier » : « Appareys als archieuz que » biffé. 2 : Mention en marge à gauche : « de Cornouaille » Éc. 4. 3 : Rajout au-dessus en interligne. 4 : Après « del » : « Mayne » biffé. 5 : « Norma[n]d » rajout au-dessus en interligne. Après ce rajout : « ensins que si liege per son testament. »

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QUATRIÈME PARTIE

biffé. « Regarde son testament ad longu[m] » Éc. 2 biffé à la suite. 6 : Après « Beatrix » : « aja agut ges de maryt » biffé. 138 1 : « lou vielh » rajout au-dessus. Nostredame a écrit ce texte entre le précédent et une phrase biffée qui devait constituer le début d’une autre notice : « Aquest Remond Bereng[uie]r era home plen d’humanitat e eloquent en rymas vulg/… ». 2 : « e tant… Belcayre » en marge à gauche. 3 : « cauza que dengu[n] » biffé. Le fo 23 est manquant. 139 1 : Après « Avigno[n] » : « mays en la mayzo[n] d’Anjou no[n] y avya ges de Remo[n]d » biffé. 2 : Après « fon » : « heretic » deux fois réécrit, deux fois biffé. 3 : Après « plus » : « de lasquallas lou rey Loys en fes homage al papa en l’an MCCCCLVI, status d’Avigno[n] mays no[n]/… » biffé. 140 1 : Mention en marge à gauche : « Anachronisme » Éc. 4. Après « Sienna » : « e s’advancest tamben (car era jouve, bel home e ben proporsionat, e mostrava qualqua generozitat de cor) » biffé. 2 : Après « pres » : « prezonyer » biffé. 3 : Mention en marge à gauche : « fol[io] recto et II del prec/… » Éc. 2. 141 1 : Souligné dans le manuscrit. 142 1 : « [con]firme » biffé à la suite. 146 1 : « de Prouvensa… martinianas » en marge à gauche face au texte précédent. 148 1 : En marge à gauche : « Arles » Éc. 3. 149 1 : « pre[n]guet… martin[ianas] rajout au-dessus. 2 : En bas de folio cette mention : « Desficit ou plutôt transposition la suite fol[io] 27 r° » Éc. 4. 3 : « de Sens » à la suite biffé puis rajouté. Une erreur de reliure a placé la suite de ces textes plus loin (numéroté fo 27). Nous éditons dans leur ordre chronologique les notices 149, 150 et 151 qui figurent au fo 27. 150 1 : « estent » biffé à la suite. 2 : En marge à gauche : « Cecy doibt [es]tre faulx car de ce [te]mps ne se [par]loit point [du] Comte de Th[ou]l[ou]se athendu /qu’/ avoit sa comte /…/ en Proven[se] /…/ leur division e partyr » Éc. 2. 152 1 : « fils de Idelphons » et « Margarida p[re]miera filha » rajout en marge à gauche. 2 : « Alienor II » en marge à gauche. Mention en marge : « femme de Henri VI » Éc. 4. 3 : « Sancia III » en marge à gauche. « so es… argent » rajout en marge à gauche. 4 : « Beatrix IIII » en marge à gauche. 5 : « alloura » biffé à la suite. 6 : « de » biffé à la suite. 7 : « Beatrix moulher del comte Remo[n]d » en marge à gauche. 8 : « lous torts » biffé à la suite. 9 : « e per » biffé à la suite. 10 : Rajout au-dessus en interligne. À la fin du fo 26, une mention : « La suite fo 28 r° » Éc. 4.

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NOTES ET COMMENTAIRES

153 1 : Note en marge à gauche : « Fol[io] 25 recto » Éc. 4. 2 : « Landyn » rajout au-dessus en interligne. Nous trouvons à la suite de ce paragraphe un texte biffé, identique à la notice 145. 159 1 : Texte biffé. 160 1 : Texte biffé. 161 1 : Rajout au-dessus en interligne. 2 : Rajout en marge à gauche. 162 1 : « S[anc]t Loys… lou[dich] S[anc]t Loys » en marge à gauche. Après « S[anc]t Loys » : « va outra mar » biffé. 164 1 : « Restar » biffé puis réécrit. 165 1 : Rajout au-dessus. 2 : Après « romansaria » : « tant » biffé. 3 : Avant « pres » : « entre » biffé. 4 : Tout ce qui suit est écrit en marge à gauche. 166 1 : Note en marge à gauche : « L’an est faulx, fault que soit de 1150 ». Un renvoi (« (a) ») Éc. 4 se rapporte à une note en bas de folio : « Il veut sans doute parler de la transaction faite en 1130 entre Raymond Berenger IV co[m]te de Barcelone, tuteur de Raymond Berenger II et Hugues des Baux, la nièce et ses frères » Éc. 4. 2 : Après « avya[n] » : « rassemblat » biffé. 3 : « dels… sont » rajout en marge à gauche. 4 : En marge à gauche : « Ceci devoit /…/ [1]191 » Éc. 4. 5 : « Aljourd’huey » biffé et réécrit. 6 : Après « premierament » : « lou castel dels Baulx » biffé. La liste de ces lieux est disposée sur deux colonnes et numérotée. 167 1 : Nostredame avait écrit « MCCLIIII », date qu’il n’a pas biffé. Nous établissons la deuxième proposition. 168 1 : Note à la suite : « Fault metre ycy ce qu’est au second volume de Mer des Hystoyres, fulhet 65 XII de Masselhen[sis] CLIII » Éc. 2. 171 1 : « compozition » biffé puis rajouté à la suite. 175 1 : Nostredame avait préalablement écrit la date de « MCCLIX » qu’il n’a pas biffé. Il rajoute également cette note : « Nota ajustar eysso embe l’autre de Urba[n] 1263 infra » Éc. 2. « 1263 » Éc. 3 a été rajouté à côté de la première date. 2 : Rajout au-dessus en interligne. 3 : À la place de « frayre » : « gendre parent e afin » biffé. 4 : Mots biffés et illisibles à la suite. 5 : « (Platina)… (Collenuccio) » en marge à gauche et en bas de folio. 6 : Après « fon » : « ressauput » biffé.

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177 1 : Rajout au-dessus. 2 : En marge à gauche : « Nota qu’il y a une revolte de Masseilhe de 1257. Je croy qu’est tout ung. Nota. » Éc. 2. 179 1 : Nostredame a biffé ce texte sans écrire la date en entier. 180 1 : Rajout au-dessus. 2 : Après « Carle » : « rey de Fransa » biffé. 3 : En marge à gauche : « Nota de jougner aquest article embe lou segue[n]t ». 4 : Après « Menfroy » : « e despueys contra Conradin » biffé. 5 : « Carle… (Sabra[n]) » rajout à la suite. 6 : Rajout au-dessus en interligne. 7 : Tout ce paragraphe a été rajouté, l’écriture est beaucoup plus petite et l’ensemble est biffé. 181 1 : La partie du texte située au fo 31 r° est biffée. 182 1 : Texte biffé. 183 1 : Après « fon » : « coronat » biffé. 2 : Après « Trinacrya » : « chron[icas] de Pierre de Sabra/n/ » biffé. 3 : « n’y a… (Sabran) » en marge à gauche. 184 1 : Avant « mal » : « MCCLXVIII. E coma Karle m/… », début d’un chapitre biffé et inachevé. 2 : Avant « qu’es » : « qu’el » biffé. 3 : Avant « Toutasfes » un mot biffé illisible. Toute la partie du texte contenue au fo 32 r° se trouve en bas du folio. 185 1 : Avant « so[n]t » deux mots biffés illisibles. 186 1 : Après « finalame[n]t » : « so[n] payre » biffé. 2 : Avant « entierame[n]t » : « entier » biffé. 3 : Texte biffé. 187 1 : « Beatrix… Prouvensa » rajout en marege à gauche. 2 : Après « que »: « Charles » biffé. Texte biffé. 190 1 : « (Norma[n]d… (Burlin[gere]) » rajout en marge à gauche. 191 1 : Après « paguar » : « cert tribut » biffé. Nostredame a rajouté au-dessus en interligne : « quatremens qu’il este /… » biffé Éc. 2. 2 : Rajout au-dessus en interligne. 193 1 : Un mot biffé à la suite illisible.

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NOTES ET COMMENTAIRES

194 1 : Rajout en marge à gauche : « qu’es… prouvensala ». 195 1 : Après « justissia » : « a l’entour de » biffé. En marge à gauche une mention accompagnée d’une main stylisée : « Cestuy Charles faut que soit le p[re]mier du nom ». 2 : Après « Gap » : « Archieuz » biffé. Avant « Sistero/n/ » : « Forcalq[uie]r » biffé. 3 : Après « y » : « avya al[dich] » biffé. 199 1 : Après « et » : « trois arcevesques » biffé. 2 : Une phrase biffée avant ce texte : « Mathias Illiricus au Cathalogue qui a siege de tesmoingz de la vertu ». 200 1 : Rajout au-dessus en interligne. 201 1 : Après « Sicilla » : « d’una part » biffé. 203 1 : Après « el » un mot biffé illisible. 205 1 : Après « mes » : « en s’en qu’es [con]tengut als fachs de l’ung e de l’autre » biffé. 2 : Après « marbre » : « fon troubat » biffé. 3 : « chronyca… Magdalena » en marge à gauche. Dans la marge à gauche une note manuscrite est illisible. 206 1 : En marge à gauche. 2 : Après « prouvensala » : « e lou » biffé. En marge à gauche : « anachronisme. Foulquet estoit mort en 1231 » Éc. 4. 3 : En marge à gauche. 207 1 : Après « Arago[n] » : « louqual » biffé. 2 : Rajout au-dessus en interligne. À gauche dans la marge une mention : « Fault metre cecy » accompagnée d’une main stylisée. Le texte est entièrement biffé. 208 1 : Rajout au-dessus en interligne. 2 : « embe… lustre » en marge à gauche. 3 : Après « S[anct] Maximin » : « Martin. Et y faguet » biffé Éc. 2. 4 : Après « VIII » : « mar » biffé. 210 1 : Phrase biffée. 212 1 : En marge à gauche : « le 7 » Éc. 3 ainsi qu’une note de Nostredame : « Fault metre plus bas 1284 ou se trouve la mort de Charles » Éc. 2. Une main stylisée accompagne cette note. 213 1 : Mention « Faulx » en marge à gauche. 214 1 : Mention « Faulx » en marge à gauche. À la fin du paragraphe : « Carle II ven en Pro[uvensa] » biffé.

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215 1 : « dous fils… nommat » rajout au-dessus en interligne. Après « aguet » : « ung fils second nat » biffé. 2 : « co[m]ma… dessus » rajout au-dessus en interligne. 3 : Mention dans la marge à gauche : « 1280 » Éc. 4. 4 : Avant « morit » : « e lou » biffé. 216 1 : « Carle… ans » rajout en interligne au-dessus. « lou[dich] Carle more » biffé. 2 : « ou 19… trespassa » rajout en interligne au-dessus. 3 : « en la cyeutat… (Salada) » en marge à gauche. 4 : Une note de Nostredame à la suite de ce texte : « Regarde ampleme[n]t Collenuce de la mort de ce roy (Éc. 1) Charles p[re]mier fol[io] 119, apres [con]dictions et vertus 120. Item advent de metre du[dict] Charles ce que icy advys cy dessus en 1272 » Éc. 2. 217 1 : En marge à gauche : « …] est sœur » Éc. 4. 218 1 : Après « confirma la » : « santansa » biffé. Texte biffé. 219 1 : Texte biffé. 220 1 : Texte biffé. 221 1 : Texte biffé. 223 1 : Texte biffé. 224 1 : Phrase biffée. 225 1 : Avant « procurar » : « pagar » biffé. 226 1 : Une main stylisée se trouve dans la marge à gauche. Le signe « A » se rapporte au texte 228 situé deux paragraphes plus loin. 228 1 : Un signe « A » est situé sous la date. Il se rapporte à la notice 226. 229 1 : Un mot biffé illisible à la suite. 2 : Ce texte est situé dans la marge du paragraphe suivant. Il occupe également un espace laissé vide après ce même paragraphe. Un signe le rattache au texte précédent. Nous établissons ces deux paragraphes. 230 1 : Après « historias » : « /…/ en la [per]sona de la mayre » Éc. 2 biffé. 231 1 : « 1288 » en marge à gauche Éc. 3. 2 : Rajout au-dessus en interligne. 3 : Nostredame a rajouté après « per » tout ce qui suit dans une étape ultérieure. La même phrase, biffée,

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NOTES ET COMMENTAIRES

mais en occitan, se trouve à la suite au fo 37 v° : « lou papa Nycolau fon absout del sagrament qu’el avya fach al rey dels Aragonnez. Mar dels Historias ». 232 1 : Cette phrase est soulignée dans le manuscrit. Avant « la cite » un mot biffé illisible. 234 1 : Après « talha » : « subre sous subjects » biffé. 236 1 : « Phillipe le bel » rajout au-dessus en interligne Éc. 2. 241 1 : « Carle » biffé à la place. 244 1 : Avant « arcevesque » : « arch » biffé. 246 1 : Phrase biffée. 247 1 : Texte biffé repris au fo 40 v°. À la fin du fo 40 v° une phrase biffée : « qu’el appella lous cavaliers del Temple eysso es en mo[n] libre dels poetas proven[sals] ». 248 1 : Rajout au-dessus. 2 : « Maria » a été rajouté par la suite dans un espace laissé volontairement en blanc. 3 : Après « Jan » : « Mossen Jan Cabassola » biffé. Tout le paragraphe est biffé. 249 1 : Rajout au-dessus en interligne à la place de « il prouvoit » biffé Éc. 2. Le fo 39 v° est vierge. 250 1 : « fils de Loys » en marge à gauche. Nostredame a d’abord écrit la date « MCCCV ». Il a ensuite écrit la note suivante : « Pone hic suo loco est 1385. Note de metre cecy en so[n] lieu hoc est 1385 ». Une main stylisée détermine la note. Nostredame a hésité sur la deuxième date : « 1382 » est écrit puis biffé. 2 : Rajout au-dessus en interligne. 3 : Rajout au-dessus en interligne. 4 : « bullas… aur » en marge à gauche. 5 : « dedins » biffé après « e ». 251 1 : Rajout au-dessus en interligne. 2 : Ce mot est illisible. Le texte de Pierre de Galaup de Chasteuil qui suit a été écrit dans des espaces laissés libres. Il s’intercale donc entre plusieurs notices. 252 1 : Rajout au-dessus en interligne. 2 : Entre « leur » et « donnoit » se trouve la notice 247. En marge à gauche : « Dans le mesme cha[pitre] 24 » Éc. 3. À la suite de chaque coupure Pierre de Galaup de Chasteuil inscrit la même mention.

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QUATRIÈME PARTIE

253 1 : « Vienne MCCCX » en marge à gauche. 254 1 : Après « Affrique » se trouve le texte 258. 256 1 : « senssa… Thoulouza » en marge à gauche. 2 : Texte entièrement biffé. 257 1 : Avant « Carle » : « Clemensa maridada a Carle comte de Valoys » biffé. 2 : En marge à gauche une note : « Hic cadit so qu’es a la carta seguenta dels enfans de Carle II segond la chronica de Sabran in talis signo ». Le signe en question est une étoile qui renvoie à une note fo 43 r°. 258 1 : Un espace a été volontairement laissé libre. Nostredame n’a pas par la suite rajouté de nom. Le début de cette notice a été séparé de sa fin lors de la reliure. Nous restituons l’ordre originel. 2 : « Masselha » biffé avant « Thoulousa ». 3 : En marge à gauche : « Nota que fault metre eysso qu’el s’ensegue eyssy dava[n]t en talla ma[n]da : Eysso son lous enfans del[dich] Carle II so es : Carle Martel, S. Loys, Robert, Philip, Remo[n]d Bere[n]g[uie]r, Jeha[n], Trista[n], Jeha[n], Peyre lou bel, Clemensa, Blanca, Maria, Beatrix ». 4 : Après Philip un signe qui ne renvoie à aucune note. 5 : Avant « l’isla » : « Sicilla » biffé. 259 1 : Espace laissé en blanc. 2 : Après « testament » : « per l » biffé. En marge à gauche : « Robert fils de Carle ». 3 : En marge à gauche : « Philip de Thare[n]ta ». 4 : Avant « nat » : « Apres lou[dich] Philip » biffé. 5 : Rajout en interligne au-dessus. 6 : Avant « nostres » : « fils » biffé. 7 : Rajout au-dessus en interligne. 8 : « de m » biffé après « nat ». 9 : Avant « al[dich) » : « al Rob[ert] » biffé. 10 : « Jan e Peyre » en marge à gauche. 11 : « Beatrix filha » en marge à gauche. 12 : « en » biffé à la suite. 13 : « Margarida morta » en marge à gauche. 14 : Rajout au-dessus en interligne. 15 : En marge à gauche : « Carle mort (Éc. 1) fils de Carles rey d’Ho[n]grya » Éc. 2. 16 : En marge à gauche : « Beatrix filha del rey d’Ho[n]grya ». 17 : En marge à gauche : « Clemensa filha del rey d’Ho[n]grya ». 18 : « Ly layssa » écrit deux fois à la suite. 19 : « filha del rey d’Ho[n]grya » rajout au-dessus en interligne. « Maria sa moulher » en marge à gauche. 20 : Quelques mots illisibles biffés à la suite. 21 : « Faguet de bels… vielhessa » en marge à gauche. 22 : « 2 nat » rajout au-dessus en interligne. 23 : « que far » biffé à la suite. 24 : « A Philip /…/ » biffé à la suite. 25 : Cette notice a été écrite en interligne d’un texte biffé : « E per ensins per aquest testament apareys que lou[dich] Carle II a agut V enfans. So es : Carle que fo[n] surnomat Martel, e lo rey d’Ho[n]grya mort del temps del[dich] testament, Phillip, Peyre e Jan e doas filhas. » 260 1 : « coronat… (Martin) » en marge à gauche. 2 : Mention biffée dans la marge : « Martin en sa chronica dis ».

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NOTES ET COMMENTAIRES

261 1 : En marge à gauche : « 1312 » Éc. 4. 2 : En marge à gauche : « 1313 » Éc. 4. 263 1 : Mention dans la marge à gauche : « Nota que cecy est faulx car (Éc. 1) Robert roy de Naples qu’estoit [a] regner et Jehanne estoit je[u]ne » Éc. 2. 264 1 : Note dans la marge à gauche : « Nota [com]me dessus [est] fault que soit en autre lieu » Éc. 2. 265 1 : « 2 del nom fon » rajout au-dessus. 2 : « [com]ma… Lamano[n] » en marge à gauche. 3 : Une note à la suite de ce paragraphe : « Nota qu’un sirve[n]tes que j’ay transduit de ce temps fol[io] X » Éc. 2. 266 1 : Texte entièrement biffé. 267 1 : « sava[n]t en » rajout au-dessus. 2 : Rajout au-dessus en interligne. 268 1 : Texte entièrement biffé. 274 1 : Rajout au-dessus. 2 : Après « Prouven[sa] » : « Archieuz » biffé. 275 1 : En marge à gauche : « 1316 » Éc. 4. 2 : En marge à gauche : « falcissime » Éc. 4. 3 : « avya… Martin » en marge à gauche. 4 : « ezercet » biffé puis réécrit au-dessus. 5 : « venjansa » biffé à la suite. 279 1 : Après « Sado » : « bella » biffé. 2 : Après « doctor » : « e per » biffé. 282 1 : « furo » biffé à la suite. 285 1 : En marge à gauche cette mention : « Naucler /…/ dis qu’es Jan XXIII ». 2 : Biffé puis réécrit. 3 : « fondatours » biffé à la suite. 4 : Depuis « lou premier fondatour » ce paragraphe a été rajouté. Il est d’une écriture plus fine et la dernière phrase est séparée du texte par un trait horizontal. 286 1 : « Per so… mossen » en marge à gauche. Avant « archieux » un mot biffé illisible. 2 : Rajout au-dessus. 3 : Après « deputat » : « per Robert rey de Naples se transporta per tous » biffé. 4 : « e s’informa… rey » rajout au-dessus en interligne.

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QUATRIÈME PARTIE

288 1 : « 1334 le 24 xbre » en marge à gauche Éc. 4. 2 : « Comencet… jardyns » en marge à gauche. 3 : À la place de « fils » : « payre » biffé. 4 : Biffé puis réécrit. 5 : « en sa chronica « rajout dans la marge à gauche. 290 1 : Au-dessus du folio et en bas (renvoyée par un signe) se trouve une note : « mons[ieu]r de Nostredame en sa chronique /…/ cet article a été admis par luy » précédée de la date « 1337 » Éc. 3. 2 : Après « evesque » : « dels Baulx » biffé. 3 : Rajout au-dessus en interligne. 4 : « Jan… veyzo[n] » en marge à gauche. Toujours dans la marge après « veyzo[n] » : « embe lous canonges dels capitols de las [gleyzas] dels[dichs] evescats. Lous procurayres dels /…/ de las gleyzas de las[dichas] » biffé. 5 : À la place de « Arnaud » : « Armand » biffé. 6 : Après « Gap » : « Item Gasbert arcevesque d’Embru[n] acompagnat de sous sufragans. So es : Peyre evesque d’Aurenja, Hugo[n] evesque de Tricastels, Jaques evesque de Toulo[n], Hugo evesque de Carpentras, Philip evesque de Cavalhon, Jan evesque de Masselha, Jan evesque d’Avigno[n] e Ratier evesque de Veyzo[n] » biffé. 7 : Rajout au-dessus en interligne. 8 : Ces phrases sont numérotées au début de chaque promulgation Éc. 3. 9 : Après « tenir » : « lou bapt » biffé. 10 : Après « escumenjat » : « era mort » biffé. 11 : « en elegissent… p[resen]ta[n]t » en marge à gauche. 291 1 : Après « argent » : « appellada gillat » biffé. 2 : Après « valia » : « dos sols e myech » biffé. 3 : « e ung gillat… denyers » en marge à gauche. 292 1 : Après « era » : « la mays[on] » biffé. 293 1 : En marge à gauche : « Vellutel » Éc. 4. 2 : En marge à gauche « hucusque » Éc. 4. 3 : Avant « arc » : « pont » biffé. À la fin de cette phrase se trouve un espace où aurait dû figurer un sonnet. 4 : Avant « ancya[n] » : « qu’es un » biffé. 5 : En marge, en bas du folio, cette note : « L’autre N[ostredame] dit qu’il prit garde que quel[ques] cardinaux faisoyent les doux yeux a sa [Laure] mais il faut s’arester au premier » Éc. 3. 6 : Après « Philladelph » : « qu’a comentat Petrarcha » biffé. 7 : Ce poème est entièrement biffé. 294 1 : « de Symo[n] » biffé. « /…/ qu’avia agut » biffé à la suite Éc. 2. 2 : « fazent » biffé à la suite Éc. 2. 3 : « e que … /…/ » en marge à gauche. 4 : Tout ce paragraphe a été biffé. Nostredame a réécrit la date de « 1226 » dans la marge et séparé les deux paragraphes par un trait. 5 : « S[anct] Loys … ost » en marge à gauche. Certaines parties de ce texte sont illisibles, dissimulées par la reliure. À la suite de ce rajout : « [re]garde le seco[n]d volume [de] la Mer des Hystoyres [folio] 41 v[er]so » Éc. 2. 6 : Après « roca » : « qu’era lou passage fort estrech » biffé Éc. 2. 7 : « al rey » Éc. 2 biffé à la suite. 8 : Une tache d’encre cache ce mot. 9 : « aguessa » Éc. 2 biffé à la suite.

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NOTES ET COMMENTAIRES

295 1 : « a la gleyza de » Éc. 2 biffé à la suite. 296 1 : « Charles » a été écrit au-dessus puis biffé Éc. 2. 2 : Nous ne sommes pas sûr de la lecture de « vilip[endement] ». 299 1 : Après « jaulne » : « en le[u]r sealz » Éc. 2 biffé. 2 : « a ses » Éc. 2 biffé. 3 : Une phrase est biffée à la suite : « Charles roy des Romains empere[u]r » Éc. 2. 302 1 : « Mariage se promete entre » biffé avant « Charles » Éc. 2. 2 : Rajout au-dessus en interligne. 3 : « promecte[n]t… filhe » en marge à gauche. « pren de Marie sa filhe » biffé après « Sicille » Éc. 2. 4 : Après « Loys » : « et Marie amor du[dict] Jehan » biffé Éc. 2. 303 1 : Après « aya[n]t » : « entendu que les Ju[yfz] » biffé Éc. 2. 2 : Un mot illisible biffé après « entendu ». 306 1 : Le texte est interrompu et ne se poursuit pas sur le folio suivant. Les folios 51 et 52 sont vierges. 307 1 : À la fin du paragraphe : « Martin en sa chronica » biffé. « MCCCXXXXII » rajout d’un « I » Éc. 4 pour former 1342. 308 1 : À la place de « nom » : « fach » biffé. 309 1 : « petite fille » rajout au-dessus Éc. 4. Dans la marge cette note accompagnée d’une main stylisée : « Cecy sera plus bas in tali signo 1343 ». 2 : « Mays s’atroba als archieuz del se[gn]or comte de Sault qualquas memorias que Andryeu no[n] agradava ren a Jana e » biffé en fin de texte. 3 : « jugar » écrit deux fois puis biffé. 4 : Un mot biffé illisible à la suite. 5 : « payre de Ladyslaus… mariage » en marge à gauche. 310 1 : « XXIIII » biffé. 2 : En marge à gauche : « Jana duquessa de Calabra nepsa de Robert » (Éc. 1) et « sa petite fille » Éc. 4. 3 : En marge à gauche : « Carles duc de Calabra premier filz defunct ». 4 : En marge à gauche : « Maria autra nepsa ». 5 : « en fied » biffé à la suite. 6 : Après « Maria » : « y succedisca » biffé. 7 : Après « Vol » : « ensins » biffé. 8 : En marge à gauche : « Andryeu duc de Calabra maryt de Jana ». 9 : « vallour » biffé à la suite. 10 : En marge à gauche : « Sancia moulher de Robert ». Une note à gauche dans la marge : « Nota que la courougne des roys d’Arragon dise[n]t que la femme de Robert se nommoit Constance et qu’elle estoit fille de Pierre, troy[sie]me du nom, neuf[vie]me roy d’Aragon » Éc. 2. 11 : Après « Mons[egno]r » : « Loys » biffé. En marge à gauche : « Loys rey d’Ho[n]grya ».

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QUATRIÈME PARTIE

12 : Rajout au-dessus en interligne. 13 : Après « evescat » : « de Prouvensa » biffé. 14 : Avant « qu’« : « que » biffé. 15 : Après « sia » : « fach un » biffé. 16 : Avant « familiars » : « gentilshom[es] » biffé. 311 1 : Après « Naples » : « lou XX » biffé. Après « testament » : « e Jana comensa a regnar archieus » biffé. 2 : Après « Salomon » : « fon reputat fort, prudent » biffé. 3 : « Aquest Robert… Collenuzio » en marge à gauche. 4 : Après « Naples » : « e y finit sa vida e y estet era a 1345 que » biffé. 5 : « abans morir » biffé. 6 : Un mot biffé illisible. 7 : « mays » biffé. 8 : « reyne de » biffé. 9 : « Pandolf… dous » rajout en fin de folio. 312 1 : « lous » biffé. 313 1 : Avant « circa » : « envyro[n] aq[uest] » biffé. Une note dans la marge à gauche : « Pone hic ce qu’est dessus in tali signo » Éc. 2. 2 : « qu’era a Naples » en marge à gauche. 315 1 : Mention en marge « 1348 » Éc. 4. 2 : « quey » dans le manuscrit que nous corrigeons par « que ». 3 : Rajout au-dessus en interligne. 316 1 : « Jan[a] » biffé à la suite. 322 1 : Rajout au-dessus : « estant a Naples » Éc. 2. 2 : « de Sicille » biffé à la suite. 3 : Rajout au-dessus. 323 1 : Sous la date cette mention : « 1348 » Éc. 4. Nostredame avait rectifié lui-même sans biffer la première date : « 1352 metre avec cecy » Éc. 2. Le texte est entièrement biffé. 2 : Après « bastir » : « A S[anct] R/omyech/ » biffé. 3 : Rajout au-dessus en interligne. Après « que » : « y avya una » biffé. 4 : Après « Naples » : « nomada Jana » biffé. 328 1 : Après « Prouven[se] » : « bailhe[n]t un » biffé Éc. 2. 329 1 : Texte entièrement biffé. En marge cette note : Nota hoc regarde 1350 fault metre ansemble » Éc. 2. 330 1 : Avant « Maria » : « la reyna » biffé. Après « Maria » : « comtessa » biffé. « 1384 » Éc. 4 dans la marge.

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NOTES ET COMMENTAIRES

Sous la date cette note : « Cecy est de 1400 ». Suivent quelques mots biffés : « /…/ fault que infra est de 1400 ». 2 : « rey… Sicilla » en marge à gauche. 332 1 : En marge à gauche. À la suite de ce rajout : « Pierre » Éc. 4. 2 : Un signe renvoie à « Pierre » Éc. 4 dans la marge. Au-dessus de cette mention : « D’aquest temps » biffé. 3 : Après « Gregoyre XI » : « e estent » biffé. 4 : Après « un » : « tourre » biffé. Nostredame a écrit « una » qui se rapportait à « tourre ». Nous rectifions et proposons « un ». 5 : À la fin du paragraphe une phrase biffée : « Lou rey Robert era mort e lou[dich] comte de Belfort era segnour de la[dicha] villa ». 333 1 : Rajout au-dessus en interligne. 2 : À la place de « cançons » : « obras ». 3 : « D’aquest temps… aquest Bernard » rajouté en bas de folio. Après « Martin » : « Vide infra » déterminé par un renvoi. 334 1 : Un signe renvoie à « 1363 » dans la marge Éc. 4. 2 : Après « Archieuz » : « Mays no[n] era que per forsa, vezent lou poder de l’emperayre alqual lou[dich] rey e reyna de Jeruzalem no[n] podya[n] rezistir » biffé. 337 1 : Sous la date : « 1362 » Éc. 4. 339 1 : Une grande partie de ce texte est semblable à la notice 323. Ce texte est entièrement biffé. Dans la marge à gauche : « Est alibi ». 340 1 : En marge à gauche : « Urbain V » Éc. 4. 2 : « (Gerso[n]… hystorias) » en marge à gauche. Un peu plus bas dans la marge cette note : « La suite fol[io] 61 recto » Éc. 3. Ce texte se poursuit effectivement au fo 61 r°. 341 1 : En haut du folio : « So qu’es eycy no[n] s’es pogut metre a sous ans ideo adverte extrach de Martin ». 2 : « …] Papa ta[n]t… tous bens » en marge à gauche. Ce paragraphe est incomplet car le texte est caché par la reliure. Le fo 60 est détérioré : le papier est déchiré près de la reliure sur une largeur de 6 mm et une longueur de 6,5 cm. 346 1 : « appellat… Rascas » rajout au-dessus en interligne. 348 1 : Un mot biffé à la suite. Dans la marge : « cadun no[n] lou » Éc. 2 biffé ainsi qu’une main stylisée. Un peu plus bas cette note : « De la mort de Jana nota » ainsi qu’une nouvelle main stylisée. Cette mention se rapporte à « lous ungs dizo[n] », « que ly liguero[n] » et « entre dos cosseras » qui sont soulignés dans le texte. 2 : « prezon » biffé à la suite. 3 : « dessoubta » biffé à la suite. 4 : Rajout au-dessus en interligne. « en aquel pays » biffé. 5 : « de Prouvensa que » rajout au-dessus en interligne. 6 : « que l’avia[n]… mala parada » en marge à gauche.

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QUATRIÈME PARTIE

7 : « anero[n] » biffé. 8 : Après « hourour » : « la[dicha] reyna » Éc. 2 biffé. 9 : « de revoultar… enemy » en marge à gauche. 10 : Après « nobles » : « qu’anero[n] » Éc. 2 biffé. 349 1 : Après « Remond » : « que solia estre » Éc. 2 biffé. 2 : Après « terra » : « oultra » Éc. 2 biffé. « Deca » Éc. 2 rajouté en interligne au-dessus. 3 : Après « Thoulousa » : « (Martin) » Éc. 2 biffé. 4 : Après « Comtat » : « (Martin) » Éc. 2 biffé. 350 1 : « avya… Thoulouza » en marge à gauche. Texte entièrement biffé. 351 1 : « avec ses gens » Éc. 2 rajout au-dessus. 2 : Après « aussi » : « Archifs » Éc. 2 biffé. 352 1 : En marge à gauche. 353 1 : Après « Foulquet » un mot illisible. Ce texte a été rajouté en interligne. Une phrase écrite précédemment a été biffée : « Lou rey Jan anet vizitar lou papa en Avigno[n] ont el fon ressauput honorablame[n]t. Gerso[n] e Mar des Hystorias ». 357 1 : Rajout au-dessus. 2 : Mention dans la marge à gauche : « En son lieu ». Texte entièrement biffé. 359 1 : Après « servy » : « dont el fon ben alegre » biffé. 2 : Après « Anjou » : « arribet » biffé. 3 : Une note dans la marge à gauche : « Le 4 mars 1358 » Éc. 4. 360 1 : Après « ville » : « fut trouve » Éc. 2 biffé. 2 : Après « argent » : « un fermier /…/ » Éc. 2 biffé. 3 : Un signe renvoie à un dessin de ces pièces effectué dans la marge à gauche. 361 1 : En marge à gauche : « 1370 » Éc. 4. 362 1 : En marge à gauche : « 1368 » Éc. 4. 367 1 : « fon portat… (Martin) » en marge à gauche. « de la mayzon » biffé. 2 : « fils de… co[m]te » en marge à gauche. 3 : Après « menet » : « per la brida » biffé. 4 : Après « la » : « grand » biffé. 368 1 : Une note en marge à gauche : « Regne de deux papes » Éc. 4. 2 : Rajout en interligne au-dessus.

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NOTES ET COMMENTAIRES

371 1 : Une accolade réunit ce texte à la notice 374 situé un peu plus bas sur le même folio. Il n’y a pas de rapport étroit entre ces deux notices. 375 1 : « Karle 2… (Gaguyn) » biffé. En marge à gauche : « Nota de metre cecy a so[n] lieu. (Éc. 1) Sacrifice de 3 enfans toutes les années » Éc. 3. 2 : À la fin du paragraphe cette note : « Je l’ay copié » Éc. 3. 376 1 : Rajout au-dessus. 379 1 : « S[e]gn[or] de Duras » en marge à gauche. Dans la même marge cette note : « Cecy parle de la mort de la reyne Janne (Éc. 1) qui n’est encores trespassee et il fauldra metre apres car est vray que Charles de Duras l’a tuee suyva[n]t les archifz a 1382 » Éc. 2. 2 : Rajout au-dessus en interligne. 3 : Idem. 4 : « en trahyzo[n]… Urban » est souligné dans le manuscrit. 382 1 : Rajout au-dessus en interligne. Texte entièrement biffé. À la suite de cette notice un texte est biffé. Ce développement constitue le début d’une version reprise aux folios 66 v° et 67 r° : « Al[dich] an fon mes en delibera[ti]on de provezir d’ung conestable per so que despueys la mort de Bertrand du Guesclin no[n] y avya ges agut. Lou duc d’Anjou dizia qu’el coma regent apertenya de y co[m]metre. Lous ducs de Berry e de Bourgougna e de Bourbo[n] dizia[n] al contrary qu’avya estat dich que tous lous fachs del ryalme sy devya[n] condurre al nom del rey e ensins fon conclud e fon ellegit Ollivier, segnour de Clysso[n] per connestable e Karle VI fon sagrat a Reims/… ». 383 1 : Une note en haut du folio : « Nota que ceste Jehanne est la p[re]miere du nom et Loys qui fut adopte fut aussi p[re]mier du nom selon les alian[ces] genealogiques de Fran[se] ». 2 : En marge à gauche : « Louïs duc d’Anjou » Éc. 4. 3 : Rajout en marge à gauche. 4 : Idem. 5 : À la place de « avia » : « volia » biffé. 6 : Après « ryalme » : « de Naples » biffé. 7 : « e apres… ella » en marge à gauche. 8 : « gardat… genitura » en marge à gauche. 9 : Biffé puis rajouté ensuite en marge à gauche. 10 : Après « per » : « via » biffé. 11 : Après « co[n]travenir » : « mays ho aver de n’y co[n]travenir » biffé. 12 : À la place de « en Avignon » : « a Roma » biffé. 384 1 : Après « Piedmo[n]t » : « sy teno[n] de b » biffé. 2 : Biffé puis réécrit à la suite. 3 : « l[e]tr[as] » biffé à la suite. 386 1 : En marge à gauche ces notes biffées : « Nota qu’eycy fault metre so qu’es apres l’arroga[ti]on de Martin papa car era del temps de Cleme[n]t. Ch[r]o[nica] de Martin » et « Fault metre cecy apres le testame[n]t de Jehanne qu’est de 1435 » Éc. 2 ainsi que « Cecy se mectra apres /…/ de Jehanne II du nom reyne de Sicille 1439 1435 » Éc. 2. Dans la dernière note Nostredame a hesité entre deux dates. deux mains stylisées sont raturées. Une seule, en bas à gauche du folio, a été laissée telle qu’elle. 2 : « dis de gran » biffé à la suite. 3 : « Sicilla » biffé à la suite. 4 : À la place de « tant » : « a tant » biffé.

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QUATRIÈME PARTIE

5 : « on » placé dans le manuscrit après « aguessa ». 6 : Après « fugida » : « lou bann[issament] » biffé. 7 : Biffé puis réécrit à la suite. 387 1 : Après « enfa[n]t » : « fut » biffé Éc. 2. 2 : Après « courage » : « gouverna » biffé Éc. 2. 3 : Après « ensi » : « quelque [par]t qu’elle voulut » biffé Éc. 2. 4 : Après « mys » trois mots illisibles biffés. Le fo 66 r° est vierge. 388 1 : « al pays » biffé à la suite. Après « Paris » toute une phrase biffée : « Loys duc d’Anjou so[n] oncle s’era arrestat a Parys ». 2 : Texte entièrement biffé. 389 1 : Texte entièrement biffé. 390 1 : « p[re]miere du nom » rajout au-dessus Éc. 2. Dans la marge à gauche cette note : « Nota que cecy sera bon parce qu’il faict me[n]tion du trespasseme[n]t de la reyne Jehanne que fault que soit p[re]miere du nom ». 2 : « 13 » Éc. 4 au-dessus en interligne. 3 : « premier del nom » dans la marge à gauche. 4 : Dans la marge à gauche cette note : « Charles VI » Éc. 4. 5 : Dans la marge à gauche : « Marguerite fille de Marie la sorre de » Éc. 4. 6 : En marge à gauche : « Jeanne étoit morte auparavant » Éc. 4. En dessous cette note de Nostredame : « Trespas de Jehanne nota qu’elle fut pendue, les autres dizent estofee ». Une main stylisée est biffée. 7 : Rajout au-dessus en interligne. 392 1 : Rajout au-dessus. Le texte est entièrement biffé ainsi qu’une main stylisée dans la marge. Dans cette même marge la mention « bon ». À la suite de ce paragraphe, en bas du folio : « Loys II » Éc. 2 biffé. 393 1 : Rajout au-dessus. Ce texte est entièrement biffé. Dans la marge deux notes : « Regarde ce qu’est en derriere de ce livre qu’est pris de Martin sur /…/ » Éc. 2 et « Fault metre toutes ces a[n]nees de 82 en ung » Éc. 2. 394 1 : Dans la marge ces trois notes : « Adverte bene n’est vera[m] » et « May est vray fault que soit tout d’ung » ainsi que « Le 20 ou le 21 s[eptem]bre 1384 » Éc. 4. 395 1 : Rajout au-dessus. 2 : Rajout au-dessus en interligne. 3 : Après « empoyzonadas » : « Naucler » biffé. 396 1 : Texte entièrement biffé. 397 1 : Rajout au-dessus. Dans la marge cette note : « Hic cadit ce qu’est mys en 1390 in tali signo infra » Éc. 2. Une main stylisée accompagne la note. 2 : « Carle Martel… Roubert » biffé dans le texte.

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NOTES ET COMMENTAIRES

398 1 : Rajout au-dessus. Avant ce paragraphe entièrement biffé, une phrase raturée : « Clement papa VII coronet Loys duc d’Anjou ». 2 : Rajout au-dessus en interligne. 399 1 : Texte entièrement biffé. À la suite de ce paragraphe deux notes : « Icy fault que Jane (Éc. 1) premiere ayt este tuee ou estoufee [« pendue » biffé après « este »] car suyva[n]t les archifz ne se trouve[n]t plus d’expedictions » Éc. 2 et « Nota est veris (Éc. 1) fault culhir d’actes que j’ay extraict des archifz de ce que Charles de Duras a faict mourir Jehanne et metre ce qu’est a 1378 » Éc. 2. 400 1 : Rajout au-dessus. 2 : Au-dessus de « fils » : « feue » Éc. 4. 3 : Au-dessus de « Fransa » : « Charles V » Éc. 4. En marge à gauche : « Maria… Sabra[n] ». 4 : « a agut perda » en marge à gauche. Après « aquellous » : « que perdero[n] » biffé. 5 : En marge à gauche : « a Clement VII » Éc. 4. 6 : Après « vol » : « au[dich] cas » biffé. 7 : Rajout au-dessus en interligne. 8 : « duquessa » biffé dans la marge. 9 : « Carles » en marge à gauche. 10 : À la fin du texte cette note : « Fault metre ycy tout ce qu’a este trouve aux vieux papiers de S[anct] Julha[n] » Éc. 2. 401 1 : Avant ce paragraphe, en haut du folio, quelques phrases biffées qui sont semblables à celles de la notice 399. 403 1 : « Roy… Jerusale[m] » rajout au-dessus. Dans la marge cette note : « Cecy a este mys apres la mort de Jehanne en 1381 » Éc. 2. 2 : Rajout au-dessus en interligne. 3 : Idem. 4 : Rajout au-dessus en interligne. « qu’ilz » biffé à la place Éc. 2. 5 : Après « libertez » : « parce » biffé Éc. 2. 6 : Après « confirme[n]t » : « les[dicts] privilieges » biffé Éc. 2. 404 1 : Texte entièrement biffé. 405 1 : Note en marge : « Adverte de metre (Éc. 1) infeoda[ti]on ad longu[m] qui est cy dessus nota en l’an 1305 [« 1395 biffé à la place de « 1305 »] qui tombe ycy » Éc. 2. 406 1 : Rajout au-dessus. 2 : Dans la marge à gauche : « 20 ou 21 s[eptem]bre 1384 » Éc. 4. 3 : Après « Bar » : « (Martin) » biffé. 4 : Dans la marge à gauche : « de Blois » Éc. 4. 407 1 : Dans la marge à gauche : « Marie de Blois » Éc. 4. 2 : « dels Baulx » biffé à la suite. 3 : « de Capro » biffé à la suite.

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QUATRIÈME PARTIE

410 1 : Rajout au-dessus en interligne. À la place : « silivis » biffé. 2 : « Archieuz » biffé puis réécrit. 411 1 : En marge à gauche cette note : « Bevue » Éc. 4. Sous la date : « MCC. Marie de Hongrie femme de Charles II dit le boiteux, mort en 1309 » Éc. 4. 414 1 : « Marie… de » rajout au-dessus. 2 : « esta[n]t… ans » rajout au-dessus en interligne. 3 : « grand esfusion…advenues » en marge à gauche. 4 : Après « forteresses » : « de Prouven[ce] […] l’advis de grandz seign[eu]rs et par » biffé Éc. 2. 5 : Après « ta[n]t » : « en Prouven[ce] » biffé Éc. 2. 6 : Après « adoptif » : « de la dicte Jehanne reyne de Jerusalem » biffé Éc. 2. 7 : Après « finalement » : « per la devo[tion] » biffé Éc. 2. 8 : Après « adjace[n]tes » : « ta[n]t sur » biffé Éc. 2. 9 : « fere… les » en marge à gauche. 10 : Après « les » : « archevesques, evesques » biffé Éc. 2. 11 : Après « ocasion » : « de la[dicte] guerre » biffé Éc. 2. 12 : Après « maysons » : « au lieu des /…/ » biffé Éc. 2. 13 : Après « aujourd’huy » : « occupees » biffé Éc. 2. 14 : Après « ou bien » : « qu’elle » biffé Éc. 2. 415 1 : Texte entièrement biffé qui a été écrit en interligne de la notice précédente. Il se poursuit au fo 74 r°. Les textes qui se trouvent au fo 72 r° sont des copies des notices 307, 308, 309 et 310 (copies toutes biffées). La dernière de ces copies est légèrement différente de la notice 310 : « Robert rey de Jerusale[m] e de Sicilla, duc de la Poulha, comte de Prouven[sa] e de Forcalq[uie]r, fa son testament estent el a Naples per louqual instituis heritiera madama Jana duquessa de Calabra et Maria sas nepsas (Éc. 1). Regarda son testame[n]t a part. » Éc. 2. 416 1 : En marge à gauche : « fille » Éc. 4. 2 : Idem : « le bel » Éc. 4. 3 : Idem : « a Carle II » Éc. 4. Entre ces deux dernières notes le mot « galimatias » Éc. 4. 4 : Biffé puis réécrit à la suite. 5 : Rajout au-dessus en interligne. 6 : En marge à gauche : « Le 14 janvier » Éc. 4. 7 : Idem : « Jeanne la petite fille de Robert » Éc. 4. 8 : Après « Tarenta » : « III fils » biffé. 417 1 : Texte entièrement biffé. Le fo 73 v° présente des textes semblables aux notices 315, 318, 323, 325. Des erreurs de reliure se sont produites. Les folios 71 v° et 74 r° devraient être reliés ensemble car la notice 415 se trouve sur ces deux folios. 418 1 : Après « lou » : « rey » biffé. 2 : Après « al » : « ped d’el » biffé. 3 : Après « sous » : « d’aque[st] » biffé. 419 1 : « filhe… Arragon » en marge à gauche Éc. 2. 420 1 : Avant « Clement » : « l’an de Christ » biffé. 421 1 : En marge à gauche : « de Blois » Éc. 4.

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NOTES ET COMMENTAIRES

2 : Après « paguar » : « de no[n] paguar » réécrit et biffé. 422 1 : « coronat per lou » rajout au-dessus en interligne à la place de « institut del ryalme » biffé. 423 1 : « L’an de Christ » biffé au début de la phrase. « talla e sy » au-dessus à la place de « una forta e » biffé. 426 1 : Après « les » : « envoyes » biffé Éc. 2. 2 : Après « Turene » : « f/…/me[n]t » biffé Éc. 2. 3 : Après « [par] » : « ceulx » biffé Éc. 2. 4 : Une phrase séparait ce paragraphe du suivant. Elle représentait le début d’un autre texte : « 1397 XXV julhet. Marie reyne de Jerusalem et de Sicile qu’est papier a part a la fin du livre extraict des privilieges de S[ainct] Remy. » Éc. 2. À la fin du folio la mention : « Marie reyne » Éc. 2 laisse penser qu’il s’agissait d’un renvoi au folio suivant dans une pagination antérieure. 427 1 : Une mention au-dessus : « Louïs » Éc. 4. Au-dessus de ce texte, en haut du folio : « Clement papa VII more en Avigno[n]. Estat. » biffé. Une note figure en marge à gauche : « Nota que cecy doibt estre cy dessus en 1382 » Éc. 2. Une main stylisée accompagne cette mention. 2 : « molestava fort » rajout au-dessus en interligne à la place de « a cauza de que » biffé. 428 1 : Après « temps » : « a tout » biffé. 430 1 : Après « liege » : « de bell/… » biffé. 431 1 : Avant « per so » : « Lou[dich] Benech papa fon assiejat en so[n] palais d’Avigno[n] » biffé. Cette phrase constitue le début d’un texte original dont Nostredame a conservé la fin. 432 1 : En marge à gauche : « Bevue » Éc. 4. 2 : Idem : « Louïs 1 » Éc. 4. 434 1 : Texte entièrement biffé. 435 1 : Après « Loys II » un mot biffé illisible. Nostredame a réécrit la date de ce texte un peu plus bas, face au paragraphe suivant. Une accolade réunit les deux dates. Sous la première figure le mot « Nota ». 436 1 : Rajout au-dessus. Après « nom » : « [com]mence[n]t a regner » biffé Éc. 2. 2 : Après « rey » : « le[dict] Loys II aya[n]t » Éc. 2 rajouté en interligne. Tout le texte qui suit est entièrement biffé. 437 1 : « qu’estoit… roy » en marge à gauche. 439 1 : Après « toujo[u]r » : « la[dicte] ville a este » biffé Éc. 2.

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QUATRIÈME PARTIE

440 1 : Après « Tara[n]te » : « fils de feu /…/ » biffé Éc. 2. 441 1 : Rajout au-dessus. 442 1 : Texte entièrement biffé. La mention « Faulx » Éc. 2 figure dans la marge à gauche. 443 1 : Ce texte remplace un précédent biffé : « Lou papa de la Luna nommat Peyre fon assiejat al palaix d’Avigno[n]. Mar dels Hist[orias]. » 445 1 : Après « pape » : « des vingt places que sont au Comte de Venayssin » biffé Éc. 2. « des » n’est pas biffé au début de la phrase. Il doit s’agir d’une erreur car ce mot se trouve à côté de « de » devant « S[ainct] Aulban ». 446 1 : « Benech XIII » en marge à gauche biffé. 448 1 : En marge à gauche : « Ladislas, fils de Charles III de Duras, frere de Geanne dite la vieille qui lui succede » Éc. 4. 2 : Après « es » : « en lou » biffé. 3 : Après « papa » : « E per m/… » biffé. Tout un paragraphe est biffé après ce texte : « En aquest temps, Alexandre al consili de Pyza avya privat Lancelot fils de la reyna Jana e l’avya donat a Loys duc III d’Anjou a cauza de que lou[dich] Lancelot ou Ladislau /… ». 4 : Après « Sicilie » une phrase biffée : « D’aquest temps (segond la chronica de Martin), Benech aultrament dich lou papa de la Luna fon assiejat en Avigno[n] » puis l’amorce d’une notice : « MCCCCXI. Aqu/… ». 453 1 : Rajout au-dessus à la place de « mays » biffé. 2 : Après « dava[n]t » : « la [dicha] » biffé. 454 1 : « VII » au-dessus Éc. 4. 455 1 : « que aux… Jehanelle » rajout au-dessus. 456 1 : « fils de Jeha[n] » rajout au-dessus. 2 : « II du nom… Lancellot » rajout au-dessus en interligne. 458 1 : Sous la date cette mention : « Fausse date » Éc. 4. 2 : Note dans la marge à gauche : « Il n’avoit que huit ans en 1384 à la mort de son pere. Je crois qu’il fault le corriger adv. : MCCCXCVI » Éc. 4. 459 1 : « n’estre » biffé à la suite. 2 : « choses » biffé à la suite. 461 1 : Après « bonne » : « afection » biffé Éc. 2. 2 : « e saincte… les » rajout au-dessus. 3 : Après « subjectz » : « Loys II esta[n]t a Paris escript a ses subjectz de P[rou]vence en af[ection] /… » biffé

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NOTES ET COMMENTAIRES

Éc. 2. 4 : Une phrase antérieure à la notice est biffée : « MCCCCXVI. Lou Normand dis que d’aquest temps Loys duc d’Anjou more e Naucler dis /… ». 462 1 : En marge à gauche : « C’étoit le nom sans la réalité » Éc. 4. Cette phrase se rapporte à la cour de Parlement installée à Brignoles. Avant ce texte une phrase biffée : « Yoland reyna bailha semblable priviliege en aquellous d’Aix sur la d[efensa] ». Cette phrase est reprise dans la notice suivante. 464 1 : Rajout au-dessus en interligne. 465 1 : Au fo 77 v°, au bas du folio, se trouve un texte biffé qui constitue le début d’une première version du testament de Louis II : « MCCCCXVII. XXVII abril. Loys II, rey de Hyeruzalem e de Sicilla, duc de l’Apoulha, d’Angiers, comte de Prouvensa, Forcalq[uie]r, Mans e Pyedmont fa so[n] testament per louqual apareys qu’el layssa XV milla messas a III e demy per cascuna e l’almosna de XV milla paures a VI denyers per cascu[n] (ensins que per so[n] testament apareys qu’es als Archyeuz e /… » 2 : « Loys premier fils » en marge à gauche. 3 : En marge à gauche. 4 : « Rene so[n] second fils » en marge à gauche. 5 : « Carle IIIe fils » en marge à gauche. 6 : Un mot biffé illisible à la place de « cas ». 7 : « quand… fach » en marge à gauche. 8 : « Maria delphina de Vyena » en marge à gauche. 9 : « Yolanda » en marge à gauche. 467 1 : Rajout au-dessus. Nostredame a hésité sur la date de cette notice : « XI novembre » a été biffé. Le mois « d’Aoust » figure sous la date, non raturé. « extr[aict] fol[io] 36 » Éc. 2 est rajouté après « septembre ». Nostredame note dans la marge : « 1419 octobre vide folio 9 extraict d’Archifz » Éc. 2. 2 : « de la Poulhe… Piedmont » en marge à gauche. 3 : Rajout au-dessus à la place de « de ». 469 1 : Rajout au-dessus. Texte entièrement biffé. Avant ce texte un paragraphe biffé semblable à la notice 470. 470 1 : « de vida… sa[n]tetat » en marge à gauche. 471 1 : À la place de « arrogat » : « abrogat » biffé. 2 : Idem « arroga » : « abroga » biffé. 3 : Idem « arroga[ti]on » : « abroga[ti]on » biffé. 4 : Tout ce passage jusqu’à la fin de la notice est biffé. Une note raturée figure dans la marge au bas du fo 79 r° : « Fault /…/ soit succeder entre cecy apres le testament de Loys [pre]mier que fut adopte [par] jehanne p[re]miere du nom. Il semble que demeurera bailhe a Jehanne premiere. » Éc. 2. 472 1 : « sans… empresona[n]tz » en rajout au-dessus en interligne. Le fo 80 v° est vierge. 474 1 : En haut du fo 81 r° se trouve un texte biffé identique à la notice 469.

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QUATRIÈME PARTIE

475 1 : En marge à gauche : « Est /…/ ». 476 1 : En marge à gauche cette note : « De Loys II (Éc. 1) nota fault veoir Gaguyn » Éc. 2. 477 1 : En marge à gauche : « Est cy dessus » Éc. 2. Texte entièrement biffé. 478 1 : « Loys III… Prouven[sa] » biffé ainsi que la date. 479 1 : « reg/… » biffé puis réécrit. 480 1 : En marge à gauche : « Ferri II » Éc. 4. 481 1 : Une note suit cette phrase : « Cecy se metra plus hault aux condictions (Éc. 1) de la paix de Remond de Turene. Idee nota » Éc. 2. 483 1 : « le pays… temps » rajout dans la marge à gauche. 2 : « [par]… mariage » rajout après le texte. 486 1 : En marge à gauche : Faut veoir les Annales d’Anjou » Éc. 2. Le fo 83 v° est vierge. 487 1 : « Carle so[n] frayre » en marge à gauche. 2 : « Yoland sa mayre » en marge à gauche. 3 : Après « que » : « madama Margarida sa moulhe » biffé. « Margarida moulher del[dich] Loys III filha del duc de Savoya » en marge à gauche. 4 : « Rene so[n] frayre » en marge à gauche. 5 : « Yoland, Eubella ou Gobella » en marge à gauche. 488 1 : Avant ce texte, une phrase biffée : « MCCCCXXV. Jane II regarde icy deva[n]t » Éc. 2. Dans la marge, une note accompagnée d’une main stylisée : « Nota que fault metre /… » Éc. 2. Un peu plus bas : « e lou parent heritier » également dans la marge. 2 : Après « intitulat » : « La Salada » biffé. Nous rétablissons ce mot pour la bonne compréhension du texte. 3 : Après « jour » : « Pluzours authours dignes de memoria an escrich d’aquesta reyna Jehanna de grandas lauzours e entre autres lou Bocacy en so[n] tractat qu’el a fach de las damas de renom dis ensins : Jana reyna de Jerusalem/… » biffé. Une note dans la marge précise : « Nota que Bocace estoit mort et ce qu’il escript est de Jane p[re]miere /…/ [per]sonage » Éc. 2. 4 : « Pandolph… ans » en marge à gauche. Après ce renvoi, une phrase d’environ dix mots est raturée et illisible. 5 : « Lous Napolitans… Eugeny 4 » en interligne et dans la marge. 6 : « adonc papa… morta embe » renvoi en fin de folio. Après ce renvoi une phrase biffée : « …] d’autres choses qui parle[n]t de la reyne Jehanne, faict [par]venus cy apres /…/ 1380 » Éc. 2. 489 1 : À la place de « Sicille » : « de Naples » Éc. 2 biffé. 2 : Après « autres » : « so[n]t demeura[n]t de ce temps et so[n]t /… » Éc. 2 biffé.

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NOTES ET COMMENTAIRES

3 : Après « barons » : « nonobsta[n]t la[dicte] reyne a[pre]na[n]tz qu’ilz tenoye[n]t secreteme[n]t le parti d’Alphons roy d’Arago[n] et qu’ilz conspiroye[n]t [con]tre son estat et de Loys II du nom son [filz] adoptif, elle [com]manda les deschasser de son ryaulme » Éc. 2 biffé. 4 : Après « Naples » : « et qu’elle avoyt » Éc. 2 biffé. 5 : Après « Aragon » : « l’aya[n]t te[… » Éc. 2 biffé. 6 : Après « volonte » : « et de R/…/ et de Loys [III] du nom, son filz adopte » Éc. 2 biffé. 7 : Après « ryaulme » : « ce que » Éc. 2 biffé. 8 : Après « Rene » deux mots biffés illisibles. 9 : Au bas du folio une phrase biffée: « Yeu troby en ung vielh libre escrich en le[tr]a de man que m’a donnat Loys Remo[n]d de B[erra] /… ». Cette phrase est semblable au début du deuxième paragraphe de la notice 471. 490 1 : Texte entièrement biffé. Un paragraphe biffé est ensuite identique à la notice 482 et un autre texte à 486. 491 1 : Rajout au-dessus en interligne. À la place : « mayre » biffé. 2 : Après « Rene » : « Archieuz » biffé. 3 : Après « absence » : « de Rene » biffé. 495 1 : Rajout au-dessus en interligne. La première version est illisible. Dans la marge une note : « 1435 25 mars po[u]r la restauration fol[io] 29 » Éc. 2 biffé. 497 1 : En marge à gauche deux notes. Au-dessus de la date : « 1439 vide in fine » Éc. 2 et sous la date : « 1440 Yzabelle luoctenen[te] fol[io] 74 44 XI » Éc. 2. 498 1 : Dans la marge une note : « 1442 /…/ Rene veoir fol[io] 35 » Éc. 2. 499 1 : Après « sy » : « que despueys » biffé. 500 1 : Une note sous la date : « Pour III febr[ier] Rene fol[io] 35 » Éc. 2. 501 1 : Entre ce texte et le précédent une phrase biffée : « Loys rey de Jeruzalem regna d’aquest temps en P[rouvensa] ». 502 1 : Une note en marge sous la date : « 1448. Vide sive loco in fine » Éc. 2. À la fin du texte : « el si trobet en /… » biffé. 506 1 : Avant ce texte un paragraphe biffé : « MCCCCLVI. Lou rey de Fransa fa homage al papa Calixte dels luocs de S[anct] Alba[n], Montelymar, Romans e autras plassas jusqu’as al nombre de IIIIXX e plus. Statuts d’Avigno[n] ». Dans la marge une note : « 1454 in vide fine octobre » Éc. 2. « acompagna… genealogiques) » en marge à gauche du texte suivant. 507 1 : Texte entièrement biffé. 508 1 : Après « Jan » : « de Calabra » biffé. 2 : Après « justissa » : « archieux » biffé.

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QUATRIÈME PARTIE

509 1 : « (sensa… nom » en marge à gauche. 2 : Après « plus » : « mays sembla que Loys desja lou[dich] Loys fussa lou second ou tres coma desja trespasset » Éc. 2 biffé. 514 1 : Une note sous la date : « 1460 14 juing comme Rene fol[io] 37 » Éc. 2. 515 1 : « Rene… appelle » Éc. 2 biffé. Une main stylisée se trouve dans la marge. 520 1 : Ce texte est écrit dans la marge de la notice 521. 521 1 : Rajout au-dessus. À la place : « De Nostra Dama ou de Santa Severia » biffé. 2 : Après « pluzours » : « e si va tenir en Avigno[n] » biffé. 3 : Après « Arles » : « E l’an enseguent » biffé. 522 1 : Rajout au-dessus en interligne. Dans la marge une note : « In fine 1475 » Éc. 2. 2 : À la place de « co[n]durre » : « portar » biffé. 3 : « per lou… Sicilla » rajout au-dessus en interligne. 523 1 : Après « esta[n]t » : « [con]firme les » Éc. 2 biffé. 524 1 : Après « alqual » : « lou rey » Éc. 2 biffé. 2 : Après « bailhat » : « a S/… s’en va querre duc de Bourgougna » Éc. 2 biffé. 3 : « sa filha… Bourgougna » en marge à gauche. 527 1 : Rajout au-dessus. 528 1 : « Rene » en marge à gauche. 2 : « estent… Masselha » en marge à gauche. 3 : « Yzabel es sa moulher » en marge à gauche. 4 : « Rene es filz de Loys. Yoland es la mayre. Maria la mayre grand » en marge à gauche. 5 : « Margarida veoza del rey d’Anglaterra » en marge à gauche. 6 : « Yoland la filha duq[u]essa de Lorrena » en marge à gauche. 7 : « Jana sa moulher » en marge à gauche. 8 : « a sa mort e de la[dicha] reyna » en marge à gauche. 9 : « a son filz… Canat » en marge à gauche. 10 : Après « syeus » : « enfans » biffé. 11 : « Lou marquys del Po[n]t so[n] filz defunct » en marge à gauche. 12 : « Loys II es son payre » en marge à gauche. 13 : « Loys III son frayre. Jana III reyna » en marge à gauche. 14 : « Karle d’Anjou duc de Calabra son nebout » en marge à gauche. 15 : Après « que » : « de las cauzas » biffé. 16 : « Rene duc de Lorrena, fils de Yolanda duquessa de Lorrena » en marge à gauche. 17 : « sa filha volent… ordonadas » en marge à gauche. 18 : « fa gages… Angier » en marge à gauche. 529 1 : Une note dans la marge accompagnée d’une main stylisée : « Fault [m]etre ycy apres /…/ de Rene qui

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NOTES ET COMMENTAIRES

/…/ de 1480 cy /…/ » Éc. 2. 2 : « altras… ornava[n] » en marge à gauche. 3 : Après « memes » : « despleguero[n] leur poezia e d’aquel fach tant heroic » biffé. 4 : Après « era » : « escrich » biffé. 5 : Rajout au-dessus en interligne. 6 : Après « era » : « Mons[egno]r Pierre de » biffé. 7 : Après « ero[n] » : « lous autres » biffé. 8 : Rajout au-dessus en interligne. 9 : À la place de « vida » : « vuliessa » biffé. 10 : Après « plantar » : « d’arbres » biffé. 11 : « a Aix… parts » en marge à gauche. 12 : Après « grotesca » : « e moro » biffé. 13 : Après « la » : « penture » biffé. 14 : Après « sustansa » : « Tous lous principauls de sos gentilshomes que ly portava[n] afectio[n] avya[n] leur mayzons penchas de touta exquizida pynctura e aq/… » biffé. 15 : Après « delectava » : « mays » biffé. 16 : Après « repaus » : « Tout eysso s’atroba » biffé. 17 : Après « era » : « bon pintre » biffé. 18 : En marge à gauche. 19 : Après « Agoult » : « Senescal de Prouvensa » biffé. 20 : À la place de « Antoine » : « Jacques » Éc. 2 biffé. 21 : Après « illustras » : « qu’el a mes ny fa me[n]tion de » Éc. 2 biffé. 22 : « qu’el introdus… que » en marge à gauche. 23 : Après « temple » : « perque lou[dich] Bocacy » Éc. 2 biffé. 24 : Après « dis » : « ensins » Éc. 2 biffé. 25 : Après : « fornica[ti]on » : « e donc » Éc. 2 biffé. 26 : Après « Bretagna » : « envers louqual dava[n]t » Éc. 2 biffé. 27 : Après « yeu » : « sembla » Éc. 2 biffé. 28 : Après « trobar » : « [per] so qu’« Éc. 2 biffé. 29 : « metre… et » en marge à gauche. 530 1 : « MCCCCLXXVI » biffé. 2 : Rajout au-dessus en interligne. 3 : Une note en marge à gauche : « de Henri VI roy d’Anglet[erre] fille de René roi de Sicile » Éc. 4. 4 : Après « pensio[n] » : « sa vida » biffé. 5 : Après « Martin » une phrase biffée : « Julie[n] cardinal de S[ainct] Pierre ad venicula legat du /… » Éc. 2. Cette note se rapporte à la notice 532. 531 1 : Après « jusques » : « a l’ex/…/ » Éc. 2 biffé. 2 : Après « escript » : « que s’il n’a » Éc. 2 biffé. 3 : Après « et qu’il » : « se /…/ que » Éc. 2 biffé. 532 1 : En fin de folio une phrase biffée : « Julie[n] cardinal de S[ainct] Pierre ad veniculu[m] legat d’Avignon aya[n]t fonde le peage fol[io] 39 (d’extraict d’Archifz) » Éc. 2. 537 1 : Rajout au-dessus. Dans la marge une note : « Regarde infra » Éc. 2 ainsi qu’une main stylisée se rapportant à la suite du texte, note écrite après la notice 539. Nous relions les deux paragraphes concernant la mort de René. 2 : Au-dessus une phrase biffée : « Rene deceda a Masselhe (Aliances de Fran[ce]) » Éc. 2. Un trait horizontal sépare cette notice des deux textes précédents. Dans la marge une main stylisée relie ces lignes à « 1480 ». 3 : « Nycolas… ayeul » en marge à gauche. 4 : Rajout au-dessus en interligne. 5 : À la suite une phrase biffée : « Nota de metre ce qu’est cy dessus cy apres son testame[n]t in tali signo » Éc. 2. Une main stylisée clôt la phrase.

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QUATRIÈME PARTIE

538 1 : Après « privilieges » : « papier a part /…/ » Éc. 2 biffé. 539 1 : Après « Anjou » : « filz du[dict] Rene » Éc. 2 biffé. 542 1 : Rajout au-dessus. 543 1 : Un renvoi biffé dans la marge : « …] de Mo[n]s[egno]r Rene d’Anjou ». 2 : Après « funeralhas » : « que sia[n] fachas » biffé. 3 : Rajout au-dessus en interligne. « Jana sa moulher » en marge à gauche. 4 : « Jan bastard d’Anjou » en marge à gauche. 5 : « Margarida de Calabra filha de mo[n]s[egno]r Nycolau » en marge à gauche. 6 : « La visco[m]tat del Martegue » en marge à gauche. 7 : Rajout au-dessus à la place de « d’Ecoven » biffé. 8 : « Loys XI du nom rey de Fransa so[n] heritier » en marge à gauche. 9 : En marge à gauche. 544 1 : « estent… Masselha » rajout au-dessus. 2 : « Jan bastard d’Anjou » en marge à gauche. 3 : « Lou[dich] an e jour » en marge à gauche. 545 1 : Après « Charles » : « d’Anjou » Éc. 2 biffé. 2 : Après « Anjou » : « finit » Éc. 2 biffé. 3 : Rajout au-dessus en interligne. 4 : Après « rasse » : « cestuy » Éc. 2 biffé. 5 : Rajout au-dessus en interligne. 6 : Trois mots biffés après « ocasion » qui sont illisibles. Avant « ocasion » : « Car ycy une fit la guerre. Regarde Gaguin fol[io] 81 et batailhe en ce pays /…/ les princes d’Anjou jusques /…/ roy de France empeschez [par] labeur inutile et grand dommage s’en sont /… » Éc. 2 biffé. 7 : Après « papes » : « …/ grand royaulme /…/ qu’il soit » Éc. 2 biffé. « a l’ocasion… papes » en marge à gauche. 8 : Après « soy » : « fol[io] 81 » Éc. 2 biffé. 9 : Après « ytaliens » : « /…/ des Fran[çois] » Éc. 2 biffé. 10 : Après « Charles » : « lequel » Éc. 2 biffé. 11 : « d’Anjou… nom » rajout au-dessus en interligne. 12 : Après « papes » : « une acousthume » Éc. 2 biffé. 546 1 : Après « Prouven[sa] » : « Carles » biffé. 2 : À la place de « XI » : « XII » biffé. 3 : Après « ly » : « donava (archieuz) » biffé. 4 : Rajout au-dessus en interligne. 5 : « po[u]r… droict » idem. 6 : Avant « instrume[n]t » : « mariage » Éc. 2 biffé. 7 : Cette notice a été écrite sur un autre texte : « XIX d’octobre. Loys roy de Fran[ce] [con]firme fol[io] 43 » Éc. 2 biffé. 548 1 : Après « ans » : « de ce temps » Éc. 2 biffé. 2 : « la[dicte] ville… par » en marge à gauche. 3 : Après « heritier » : « jasoit qu’il ne peut metre ne establir offic[ie]rs sur le t/… » Éc. 2 biffé. 4 : Rajout au-dessus en interligne. 5 : Après « sous » un mot illisible.

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NOTES ET COMMENTAIRES

6 : Après « temps » : « avoit » Éc. 2 biffé. 7 : Après « prenant » : « les subjectz du pays les faisa[n]t » Éc. 2 biffé. 8 : Après « publiqueme[n]t » : « et le[u]r faisa[n]t » Éc. 2 biffé. 9 : Après « fut » : « ordone » Éc. 2 biffé. 10 : Après « P[ro]ven[ce] » : « et pour » Éc. 2 biffé. 11 : Après « Loys » : « octroya privilieges a la [dicte] ville declara[n]t par haulte » Éc. 2 biffé. 12 : Après « ville » : « en » Éc. 2 biffé. 13 : Rajout au-dessus en interligne. 552 1 : Phrase entièrement biffée.

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COMMENTAIRE HISTORIQUE

Nous avons classé ces notes en fonction de l’ordre chronologique des notices. Certains textes, assez clairs à nos yeux, ne nécessitent pas une explication particulière et ne sont pas commentés. À l’inverse, certains faits n’ont pu trouver un commentaire convenable ; il s’agit surtout de faits marginaux ou locaux dont nous n’avons pas pu identifier la source historique. Nous avons rectifié, chaque fois que cela a été possible, les erreurs de chronologie commises par Nostredame. La lecture de ces notes ne peut être séparée de celle des sources historiques qui demeure un complément indispensable à la bonne compréhension des M.

* * * 4 Nostredame mentionne dans cette notice C. Vibius Trebonianus Gallus, général romain qui fit périr l’empereur Decius et se proclama César. Ce texte pose un problème de datation. Nous lisons « CCIV » (accompagné des chiffres arabes « 204 »), mais Nostredame a peut-être voulu écrire « CCLV » (la marge d’écriture est étroite entre les deux dates). La CF 536 porte la date de « CCLV », conforme à celle des sources citées, notamment Jean Poldo d’Albénas. Gallus fut empereur de 251 à 253 (Poldo cite la date de 255 comme approximative). E. Gibbon ne mentionne pas les fêtes d’Arles (Gibbon /234/). E. Baratier mentionne les fêtes données par Constance II en 353, mais pas celles de Gallus (Baratier /102/ p. 78). L’amphithéâtre dont il est question correspond certainement à un monument disparu ou aux arènes situées à l’entrée de la ville ; celles-ci jouèrent un rôle important dans l’histoire de la cité (cf. 64). Nostredame parle également à la notice 375 des différents monuments romains observés en Arles (pour le rôle d’Arles cf. Baratier /102/ p. 77-78). 5 Cette courte « précaution » de Nostredame nous renseigne sur les difficultés rencontrées par l’historien provençal dans ses recherches. La référence à l’œuvre de Munster n’est pas gratuite, elle place les M dans une filiation historiographique. Nous comprenons « histoyres » dans deux sens différents : l’historiographie telle qu’elle se développe au XVIe siècle et la restitution de mémoire que constitue cette histoire de Provence. Cette note devait être placée dans un tableau des généalogies comtales de Provence. Nostredame a peut-être effectué ce travail, mais nous n’en avons aucune trace. 6/7 Par une note relevant plus d’un instrument de travail que d’une notice destinée à la lecture, Nostredame précise quelques faits généalogiques qui peuvent prêter à confusion. Charles III de Duras n’était pas le fils de Robert mais son petit-neveu. Charles IV du Maine était le petit-fils de Louis II et le neveu du roi René. 8 Maximien offrit sa fille Fausta en mariage à Constantin. L’union fut célébrée en Arles en 307 (Gibbon /234/ p. 302-303, Baratier /102/ p. 78). Maxence, fils de Maximien, se proclame empereur et fait la guerre à son père qui trouve refuge auprès de Constantin, en Gaule. Maximien, profitant que son beau-fils Constantin guerroie sur le Rhin, se proclame empereur. Constantin descend la vallée du Rhône avec son armée et assiège Maximien dans Marseille. Le lieu de sa mort est incertain ; il aurait été tué dans Marseille assiégée, livré par ses soldats ou mis à mort en Arles. Sa mort est attestée en février 310. Gibbon écrit au sujet de Maximien : « Il obtint seulement la même grâce qu’il avait accordée à Sévère, et l’on publia qu’oppressé par les remords d’une conscience tant de fois coupable, il s’était étranglé de ses propres mains. » (Gibbon /234/ p. 304). Un mausolée fut découvert à Marseille en 1047, tombeau que l’on identifia à tort comme celui de Maximien (Duprat /235/). 9 La conversion de Constantin est un fait connu et étudié. Nous n’y revenons pas (Gibbon /234/ p. 422). Les études sur Riez sont nombreuses (Bailhache /236/, Féraud /237/). Seules les recherches d’Henri Lavagne nous paraissent importantes (Lavagne /238/, /239/). Les autres publications citées ne font pas référence à l’inscription contenue dans cette notice. Peiresc avait déjà relevé cette inscription dont le texte

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figure dans une de ses lettres adressées à Jérôme Aléandre (Lavagne /238/ p. 165). La citation de Nostredame est importante car elle constitue à ce jour la plus ancienne attestation de cette mosaïque. Celle-ci fut certainement détruite pendant les guerres du XVIe siècle. Nostredame précise un détail qui est primordial pour Riez : cet autel se trouvait dans une église de la « ville haute », « castel » étant la traduction occitane de « castrum ». Nous ne pouvons savoir si Nostredame a réellement examiné cette mosaïque. Possédait-il un informateur ? Il est néanmoins fort possible, étant donné la distance entre Aix et Riez (environ 100 Kms) que Nostredame ait pu vérifier les informations qu’il possédait. Un an après la proclamation de l’édit de Milan, Constantin réunit en Arles un concile. Cette assemblée eut pour tâche essentielle de lutter contre les Donatistes qui sévissaient dans les provinces d’Afrique (Grossi /240/, Constans /241/ p. 110, /242/ p. 103). 10 Constance II réunit un concile en Arles en 353. C’est au cours de ce concile que fut débattu le problème posé par l’arianisme. Nostredame commet une erreur de datation (Grossi /240/ p. 9). 11 Nous n’avons pas la preuve d’une invasion massive des Vandales en 412. Il semble que Nostredame confonde ici les Vandales et les Wisigoths. Les historiens ne mentionnent ni Croscus ni Marian. Nostredame fait peut-être allusion à la bataille d’Ugernum (Beaucaire) qui eut lieu en 411. 12 En 408, Constantin III est proclamé empereur par les légions de Bretagne. L’empereur Honorius avait laissé occuper la Gaule par les Barbares. Honorius envoie un de ses généraux, Constance, qui assiège Arles et s’empare de Constantin. Héros, évêque d’Arles, prit parti pour Constantin ce qui lui valut d’être chassé de son siège. La mort de Constantin et de son fils Julien est l’objet de certaines controverses. Ils auraient été tués dans Vienne sur l’ordre du gouverneur romain Géronte ou exécutés avant d’arriver à Ravenne (Duprat /243/ p. 106, Baratier /102/ p. 78, Gibbon /234/ p. 941-942). 13 La personnalité et l’action de Jean Cassien sont connues grâce à de nombreuses études. Nous retenons surtout qu’il est à l’origine du monachisme occidental avec Honorat de Lérins. C’est vraisemblablement vers 416-420 que Cassien fonde le monastère de Saint-Victor (Duprat /243/ p. 195, Guiral / Amargier /255/ p. 42-43, Baratier /105/ p. 48-49). L’œuvre de Jean Cassien est composée des Conférences des pères du désert, écrites vers 426 et qui ont connu un grand succès pendant tout le Moyen Age (Thibaut /245/ p. 115-117). Cette œuvre connut plusieurs titres. Nostredame la désigne sous l’appellation « Collation dels payres ». Nostredame ne cite pas les Institutions cénobitiques si importantes pour les règles monastiques, mais parle de L’Incarnation du Seigneur contre Nestorius écrit vers 430-431 à la demande de Léon, grand archidiacre de Rome (Thibaut /245/ p. 117, Christiani /246/ p. 242). Ce Léon devint pape (Guiral / Reynaud /248/ p. 77). Gennade fut évêque de Marseille en 470-480. Il écrivit un De Viris illustribus où Cassien figure en bonne place. Nostredame a utilisé cette source pour l’identification de L’Incarnation : « Et vers la fin, à la demande de Léon, alors archidiacre et plus tard évêque de la cité de Rome, il écrivit contre Nestorius le De Incarnation du Seigneur. » (Gennadius cité in Christiani /246/ p. 242. Sur Gennade cf. Guiral / Reynaud /248/ p. 133). 14 Pharamond est le fils de Marcomir, chef des Francs. Il est parfois considéré comme le fondateur de la monarchie franque. On ne sait pas exactement à quelle époque fut édictée la loi salique. Cette loi est différente des coutumes provençales, notamment en ce qui concerne les droits de succession. Pharamond n’est peut-être pas à l’origine de cette loi qui fut d’ailleurs remaniée au cours des siècles (Duby /253/ p. 184-186). 15 À la mort d’Honorat, Hilaire fut évêque d’Arles de 430 à 449. Honorat, originaire de Lorraine, après une vie constituée de voyages et de retraites spirituelles, obtint l’autorisation de fonder un monastère aux îles de Lérins. Il fut en 428 évêque d’Arles. Hilaire, son disciple, lui succéda. Hilaire a écrit un éloge funèbre d’Honorat qui constitue certainement l’origine de cette tradition hagiographique (Hilaire /348/). Jean de Nostredame fait directement référence à La Vida de Sant Honorat de Raymond Féraud dont il possède un exemplaire manuscrit dans sa bibliothèque (Féraud /349/). Nostredame

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NOTES ET COMMENTAIRES

dit que cette œuvre a été « traducha de latin en ryma provensala ». Il fait référence soit au texte d’Hilaire, soit à des versions antérieures à une vie latine d’Honorat imprimée au début du XVIe siècle (Honorat /350/). Raymond Féraud figure dans les Vies (Nostredame /8/ p. 172-174, /11/ p. 106-107). Il est originaire du Comté de Nice, apparenté à la famille des seigneurs de Thorame. Nostredame prétend qu’il est originaire de La Roque d’Anthéron près d’Aix (cf. 411). C’est à la requête de Marie de Hongrie, femme de Charles II, qu’il écrivit cette œuvre. Il semble donc que l’origine hongroise d’Honorat ne soit que pure invention destinée à flatter la comtesse de Provence (Baratier /102/ p. 85-86, Lérins /195/). 16 Héros, qui avait pris fait et cause pour Constantin, fut déposé par Constance (cf. 12). Patrocle, familier de l’empereur, le remplaça. Les dissensions entre les évêques provençaux concernent le rôle arlésien de Patrocle qui s’appropria certains privilèges et tenta de subordonner les évêques d’Aix et de Marseille. Influencé par Constance, le pape Zosime prit le parti de Patrocle. L’évêque de Marseille, Proculus, se rebella et continua d’exercer son ministère. En 419 à la mort de Zosime et en 421 à celle de Constance, Patrocle perdit toute influence. Il fut assassiné par un tribun d’origine germanique. La date choisie par Nostredame correspond au plus fort de la querelle ecclésiastique (Baratier /102/ p. 84-85, Duprat /243/ p. 187-188, Baratier /105/ p. 47). 17 Nostredame mentionne ici les tentatives burgondes pour occuper la Provence. Au milieu et à la fin du Ve siècle, les Burgondes, installés dans la Sapaudia (Savoie et Franche-Comté) ordonnent leur expansion selon deux axes : le nord, vers la Lorraine et la Champagne et le sud, vers la vallée du Rhône. Die est occupé en 463, Vaison en 474. Les Burgondes occupent la Provence maritime à la fin du Ve siècle à la mort d’Euric, roi des Wisigoths. Nostredame confond les Burgondes et les Wisigoths car il signale la présence des premiers à Toulouse (Baratier /102/ p. 88-89, Duprat /243/ p. 108-109, Gibbon /234/ p. 1118). 18 Les conciles provençaux se tiennent dans différentes villes épiscopales : Riez (439), Orange (441), Vaison (442), Arles (443 ou 452, 455, 475, 524). De nouveaux conciles ont lieu à Orange (529), Vaison (529) et Marseille (533) (Duprat /242/ p. 187, Baratier /102/ p. 82-83). Le concile d’Orange dont il est question a eu lieu en 529. Le canon 25 précise : « Aliquos potestate ad malum praedestinatos esse, non solum non credimus, sed etiam si sint qui tantum malum credere velint, cum omni detestatione illis anathema dicimus. » (Notitia /250/ p. 407. Sur l’histoire de l’église au Moyen Age cf. Église /249/ p. 265, 364, 437-439, 451-452, 458-459, 479, 497 tome 1 pour les conciles provençaux). Eucher, disciple d’Honorat, fut évêque de Lyon au milieu du Ve siècle. Le concile d’Orange s’est déroulé sous la conduite de saint Césaire : « En 529, sous l’inspiration de Césaire, le IIe concile d’Orange condamna solennellement la tendance (…) au semipelagianisme en des termes d’un augustinisme relativement réservé ; ses canons dont la rédaction avait été soigneusement pesée ont joui dans la suite d’une grande autorité et ont été repris en particulier, face au paulinisme outrancier des Luthériens, par le concile de Trente. » (Église /249/ p. 458-459). 19 Euric, roi des Wisigoths, a tenté de s’emparer d’Arles et de Marseille vers 474. Son royaume se consolide autour de 480 ; les deux villes s’en remettent à son autorité. Euric reçut l’aide d’Odoucre, roi des Ostrogoths, pour consolider et développer ses possessions. Nous ne trouvons pas trace d’une aide des Vandales. Euric est mort en Arles en 483 (Duprat /243/ p. 109, Gibbon /234/ p. 1111). 20 Clovis est roi de 481 à 511. 21 Salvianus, né à Trèves vers 390, fut prêtre à Lérins puis à Marseille (Bousquet /258/). Il est l’auteur de De Gubernatione Dei. Il est cité dans l’ouvrage de Gennade (cf. 13). Nous n’avons aucun renseignement sur le nommé Doria qui envoie un exemplaire de cet ouvrage à Nostredame (Guiral / Reynaud /248/ p. 229, Guiral / Amargier /255/ p. 44-45). 22 À la fin du Ve siècle, les Francs entreprennent leur politique d’expansion vers le sud de la Loire. Clovis livre bataille au nord du Rhône à Gondebaud qui, défait, se réfugie en Avignon. Clovis ne peut prendre la ville et

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se contente d’un tribut. L’épisode d’Arada (Aridius en latin) semble avoir été inventé par les annalistes francs afin de remédier à l’échec de Clovis (Duby /253/ p. 175-179, Duprat /243/ p. 109). 23 Pour Gennade cf. 13. 24 Clovis mena une guerre contre Alaric et c’est pendant cette guerre que Glanum fut dévasté. Le mausolée dont Nostredame parle est celui de Sextius Lucius Marcus. Nous ne possédons aucune preuve de l’authenticité de l’appellation de « Sextina ». La venue de Clovis et de saint Rémy à Glanum sont des faits apocryphes ainsi que les miracles dont Nostredame se fait l’écho. La cité de Saint-Rémy fut fondée vers le Xe siècle (Paulet /252/ p. 13-18, Servières /251/ p. 7). 25 En 561, à la mort de Clotaire, Gontran reçut en héritage une partie de la Provence et les régions que délimitent les vallées du Rhône et de la Saône. Gontran fut pendant un temps maître d’une partie de Marseille. Il mourut en 593. Nostredame se trompe de date ; il veut peut-être souligner la mort de Gondebaud qui eut lieu en 516 (Duprat /243/ p. 115-119). 26 Après une période faste où la ville de Nice (plus exactement Cemenelum, nom latin de Cimiez) connut une certaine prospérité, les invasions barbares ruinèrent la cité. Elle fut réduite au seul « château » qui prit le nom de Bellanda (Bordes /256/ p. 26-53). Raymond Féraud ne parle pas des conciles qui se seraient tenus à Bellanda. Par contre, Honorat y fit plusieurs miracles (Féraud /349/ p. 134-138). 27 Childebert Ier est roi de 511 à 558. 28 Nostredame évoque ici le partage de la Provence par les rois francs Clotaire, Childebert et Théodebert. Après la mort d’Athalaric et de sa mère Amalasonthe, un accord est conclu entre le roi ostrogoth Théodat et les Francs. Les limites de ce partage ne sont pas claires. Il semble cependant que Théodebert exerce un pouvoir plus important et plus durable que ses frères (Duprat /243/ p. 112-115, Baratier /102/ p. 92, /257/ carte 36). 29 Nostredame évoque ici le partage tel qu’on peut l’observer après « la donation des Ostrogoths ». Le roi Théodat devait faire face en Italie à l’invasion de Justinien. Il s’allia aux Francs en leur cédant la Provence. Le successeur de Théodat, Vitigès, confirma le traité et le chef ostrogoth Marsias fit passer ses troupes en Italie (Duprat /243/ p. 112). 30 Clotaire Ier est roi de 558 à 561. 31 Les Lombards, profitant des dissensions franques, envahirent la Provence vers 560. Gontran, aidé par son patrice Mummole, repoussa les envahisseurs. Mummole, célèbre pour ses richesses, se retira en Avignon. Il joua par la suite un rôle assez trouble, trahissant Gontran au profit de Gondervald. Mummole fut assiégé dans Avignon. Il obtint quelque temps l’appui de Childebert, mais périt assiégé dans Comminges alors qu’il essayait de soulever toute l’Occitanie aidé par Didier, duc de Toulouse (Duprat /243/ p. 123, 125-126, Baratier /102/ p. 95). 32 Cherebert Ier est roi de 561 à 567. 33 Chilpéric Ier est roi de 567 à 584.

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NOTES ET COMMENTAIRES

34 La guerre entre Sigibert et Gontran eut pour objet l’enclave bourguignonne d’Arles. En 570, profitant du fait que Gontran devait faire face à une nouvelle invasion des Lombards, Sigibert attaqua la cité qui se rendit. Le patrice Celse, allié de Gontran, attaqua alors Avignon puis Arles où l’armée de Sigibert s’était retranchée, armée commandée par Firmin et Audovère. Le sort de la bataille fut favorable à Celse. Peu de temps après, Gontran rendit Avignon à son frère Sigibert (Duprat /243/ p. 123, Baratier /102/ p. 94). Les Lombards envahirent de nombreuses fois la Provence au VIe siècle : en 569, 572 et 574. En 574, trois armées lombardes envahissent le pays : la première par les Alpes ayant comme chef Rodan, le seconde se dirige vers Valence avec à sa tête Zoban et la troisième commandée par Amo s’établit en Avignon. Arles est prise, Aix menacée. Le patrice Mummole réussit à chasser les envahisseurs, mais le pays fut totalement dévasté (Duprat /243/ p. 127-128, Baratier /102/ p. 95). 35 L’évêque Théodore embrassa le parti de Childebert. Dynamius, gouverneur de Marseille, fit expulser le prélat et confisquer tous ses biens. Childebert réclama alors la part de la ville qui lui revenait. Gontran refusa et fit barrer les routes. Childebert envoya une armée sous le commandement de Gondulfe et de Théodore. Elle mit le siège devant la ville qui se rendit (Duprat /243/ p. 124, Baratier /105/ p. 54). 36 Clotaire II est roi de 584 à 629. 37 Il s’agit ici d’un épisode des guerres que les rois francs se livrèrent pour la possession de la Provence. Le rappel des persécutions de Dioclétien montre bien toute la cruauté des temps (Duprat /243/ p. 112-118). 38 Le patrice Hector fut mis à mort par Childéric II à cause des injustices qu’il avait commises. Nostredame fait ici une erreur de date, car l’existence d’Hector est attestée vers 675. Antoine de Ruffi consacre quelques lignes à ce personnage : « (…) si ce n’est que Hector en fut Patrice soûs Childeric II & qu’il avoit enlevé et espousé la fille unique d’une Dame veuve apellée Claudia. Le Prince le fit mourir, selon quelques uns, pour les grandes injustices qu’il avoit comises, & même pour avoir pillé quelques Eglises d’Auvergne. Il y en a qui raportent la mort de ce Seigneur d’une manière différente ; ils disent que Hector s’achemina à Autun, pour suplier Leger Evêque de ladite Ville, de le vouloir recommander auprés de Childeric, qui s’y étoit rendu depuis quelques jours, pour célebrer la fête de Pâques, & comme en persuada à ce Prince que Leger & Hector n’avoient autre dessein que de tramer contre lui, aussi la veille de Pâques Childeric enflamé de colere & chargé de vin, entra dans le Baptistere pour le tuer : Le Prélat & Hector firent tout leur possible pour chercher leur salut dans la fuite ; mais ayans été surpris, Hector fut tué en chemin, & l’Evêque ramené au roi, qui le confina dans le Monastere de Luxeu. » (Ruffi /52/ p. 49). 39 Sur la mort de Gontran cf. 25. 40 Serenus, évêque de Marseille, reçut des lettres de Grégoire le Grand qui le félicitèrent de son zèle, mais modérèrent son ardeur (Guiral / Reynaud /248/ p. 232, Baratier /105/ p. 53-54). 41 En 596, à la mort de Childebert, son fils Théodoric hérita de l’Austrasie et des domaines qui y étaient rattachés, notamment la Provence. Il ne reçut en réalité qu’une partie du pays. Il est très difficile de connaître exactement l’étendue de ses possessions (Duprat /243/ p. 119). Saint-Gilles joua un rôle important dans l’histoire de l’Occitanie. C’est sur le parvis de cette église que Raymond VII fit amende honorable après l’assassinat de Pierre de Castelnau. 42 Nous n’avons pas de trace d’un Eleuthéry évêque d’Arles en 600. 43 Nous n’avons aucun renseignement sur cette lettre pontificale. La référence donnée par Nostredame est énigmatique ; nous ne savons rien sur François de Barras.

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44 Dagobert est roi de 629 à 639. 45 Clovis II est roi de 639 à 657. 46 Clotaire III est roi de 657 à 673. 47 Childéric II, fils de Clovis II, est roi d’Austrasie en 660 puis de Neustrie en 670. Il est assassiné en 675. 48 Thierry III est roi de 673 à 691. 49 Clovis III est roi de 691 à 695. 50 Childebert III est roi de 695 à 711. Il est admis que les souverains mérovingiens n’exerçaient pas un pouvoir absolu. Les règnes successifs et les troubles qui agitent le royaume sont à l’origine d’une situation confuse (Duby /253/ p. 199-201). 51 Nostredame propose une date erronée pour les invasions des Sarrasins en Provence. Ceux-ci avaient envahi l’Espagne et ravagé une partie de l’Aquitaine. L’erreur de Nostredame provient sans doute des chronologies établies par ses prédécesseurs. Une lecture controversée d’un manuscrit trouvé dans une sépulture identifiée comme étant celle de Marie-Madeleine a pu influencer Nostredame. Sur ce manuscrit certains historiens ont lu la date de 700. Il est cependant certain que Charles Martel ne vint en Provence que vers 735 (De Rey /259/ p. 17-22, 26-27). 52 Nous n’avons aucune trace de cet évêque d’Arles et de sa vision. 53 Dagobert II est roi de 711 à 715. 54 L’invasion des Sarrasins en Provence ne peut être datée avec précision. Il est possible qu’elle eut lieu en 732, parallèlement à celle d’Aquitaine et à la bataille de Poitiers. Une armée sarrasine aurait remonté le Rhône et assiégé Arles ou Avignon (De Rey /259/ p. 30). 55 Chilpéric II est roi de 715 à 717. 56 Charles Martel, fils de Pépin l’Héristal, ne fut jamais sacré roi de France. Néanmoins, son pouvoir était réellement plus important que celui du souverain légitime. Childéric III, dernier roi mérovingien, fut déposé par Pépin le bref qui fut élu roi en 751 (Duby /253/ p. 213-216). 57 Thierry IV de Chelles (nom de l’abbaye où il fut élevé) fut roi de 720 à 737. En 737, il n’eut pas de successeur ; ce n’est qu’en 743 que le dernier roi mérovingien fut installé sur le trône. 58 Charles Martel conquit la Bourgogne en 733 avant d’envahir la Provence. Il poursuivit son action et plaça des gouvernements et des hommes à sa solde aux postes les plus importants. Nous ne possédons pas de

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NOTES ET COMMENTAIRES

traces formelles de Bogis ou Bosso et de sa femme Oda. Nostredame fait peut-être référence à Boson, premier comte de Provence. Un nommé Autuman est effectivement gouverneur d’Espagne en 730, mais Nostredame veut certainement désigner Athim, chef des Sarrasins (cf. 60) (De Rey /259/ p. 15, Baratier /102/ p. 101-102, Duprat /243/ p. 130-131). 59 Nous n’avons pas trace de ce fait (cf. 52). 60 Les historiens catholiques présentent souvent l’alliance des Provençaux et de leur chef Mauronte avec les Musulmans comme une infidélité à la chrétienté. Nostredame se situe dans cette filiation. Mauronte traite avec les Arabes installés en Septimanie afin d’éviter la tutelle franque. Les Sarrasins sont en Provence en 737. Charles Martel confie alors le commandement d’une armée à son frère Childebrand qui met le siège devant Avignon. La cité est prise ainsi que d’autres villes provençales. Seule Marseille résiste. Les Sarrasins, commandés par Athim (ou Athima) se retirent alors en Septimanie. Ils reviennent en Provence quelques années plus tard, mais Charles Martel, allié avec Luitprand, roi des Lombards, les repousse de nouveau. Mauronte trouve refuge dans les Maures. La campagne de Charles Martel apparaît comme une véritable conquête du pays (Duprat /243/ p. 131-132, De Rey /259/ p. 33-49, Baratier /102/ p. 101-102, Duby /253/ p. 215). 62 / 63 Nostredame évoque ici la « découverte » des reliques de Marie-Madeleine (cf. 205). En 1279, Charles d’Anjou fit rechercher la sépulture de la sainte qu’une tradition situait à Saint-Maximin. Un tombeau fut découvert ainsi qu’un parchemin qui spécifiait la date de cette sépulture. Les historiens ne se sont pas accordés sur la date que l’on pouvait lire sur ce manuscrit : certains lisent 700, d’autres 710 ou 716. Haitze lit 890. Ce manuscrit n’est plus en notre possession. Il est cependant certain que les Chrétiens prirent soin de protéger les reliques de la sainte des pillages des Sarrasins (Haitze /161/ vol. 1, p. 130-131, Chappe /260/, Saxer /262/ p. 46-48). Une autre tradition atteste le transfert des reliques de la sainte à Vézelay. Nostredame s’en fait l’écho en citant une source historiographique française. L’historien Michel Clerc précise ce point de vue : « Et l’on sait enfin que la ville bourguignonne de Vézelay se glorifiait d’avoir en sa possession, dès l’onzième siècle, les restes de saint Maximin et ceux de sainte Madeleine, qu’un vaillant chevalier était allé enlever en Provence, à Saint-Maximin où ils étaient, dans l’église, et ce, avec une intention pieuse, pour les soustraire aux Sarrasins qui alors dévastaient le pays. » (Clerc /261/ vol. 2, p. 392-393). 64 Nous ne nous étendons pas sur l’épisode de Tersin dont nous avons examiné le rôle dans les M. Quelques explications supplémentaires nous semblent cependant nécessaires pour apprécier ce texte. La liste donnée des rois d’Arles nous semble « méta-historique ». La cité de Gentilia peut être comparée à la ville française de Gentilly, lieu de résidence des souverains mérovingiens. Nous n’avons cependant aucune trace d’une émigration franque en Arles. Dans la CF 536, Nostredame ajoute : « qu’estoit venu de Sirpe ». « Sirpe » désigne l’île de Chypre. Nous savons que Le Roman d’Arles précise que : « lo fil de Magin, que las arenas fes complir, que li sovenc de Gentileza ». Par contre cette œuvre stipule que : « lo rei Carbonier, que i venc de Galia per abitar aqui, an sa moler Boriana » alors que ni les M, ni la Cf 536 n’indiquent l’origine de ce roi (Roman d’Arles /347/ p. 520). L’appellation « le blanc » pour Arles n’est pas expliquée par Chabaneau. Robert Lafont a montré qu’il s’agissait d’une analogie avec la ville de Saragosse : « Saraqusta al-Bayda » en arabe (Lafont /82/ p. 174 note 26). « Freta » est effectivement l’ancienne appellation de Saint-Rémy (Leroy /275/). 65 Nostredame a donné aux lieux cités dans cette notice divers noms de localités provençales situées dans la région d’Arles et de Saint-Rémy : Byguard rappelle un lieu-dit de la Crau, Agassin un quartier de Fontvieille, Monleges correspond au village de Mollégès. Hourdour est plus difficilement identifiable : nous pensons à la Roche d’Odor, rocher sur le rivage méditerranéen près de la Crau (Roman d’Arles /347/ p. 527, Annibert /271/ p. 103). Ce rivage ayant été bouleversé par le complexe portuaire de Fos, ce rocher a été détruit. Un aqueduc avait été construit pour amener de l’eau jusqu’en Arles. Cet ouvrage contournait les Alpilles. Nostredame précise que Charlemagne fait interrompre la circulation de l’eau à Berbegault. Il s’agit du Grand Berbegal, lieu où se trouvaient un important réservoir (Estrangin /273/ p. 75-81).

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QUATRIÈME PARTIE

66 Pépin, fils de Charles Martel, reçut en héritage la Neustrie, la Bourgogne et la Provence. Il fut, après le retrait de Carloman qui devint moine, le seul maître du royaume franc. Il soumit la Septimanie et l’Aquitaine, mais cette dernière tâche allait s’avérer plus difficile : « Il s’en alla tout autrement de l’Aquitaine, ce vaste ensemble territorial compris entre la Loire, l’Atlantique, la Garonne et les Cévennes, pratiquement indépendante sous l’autorité d’un duc « national ». » (Duby /253/ p. 217). Charlemagne eut lui aussi beaucoup de mal à soumettre l’Aquitaine qu’il tenta d’organiser en royaume sous les ordres de son fils Louis le pieux (Duby /253/ p. 218-219). 67 Un concile eut lieu en Arles en 813. Il fut convoqué par Charlemagne et se tint dans la basilique SaintÉtienne. Les textes des vingt-six canons ont été conservés (Duprat /243/ p. 214, Baratier /102/ p. 116). 68 / 69 Ces notices sont consacrées au démembrement de l’empire de Charlemagne. À la mort de l’empereur (814) et jusqu’au traité de Verdun (843), les limites des parts de Charles le chauve et de Lothaire sont floues. La Provence est néanmoins terre d’empire, mais le Rhône ne sert pas toujours de frontière. En 817 la Provence revint à Charles à la suite d’un nouveau partage relatif à la naissance de Louis, troisième fils de l’empereur Louis le débonnaire. Les conventions de Worms (839) partagent l’empire en deux parties et Lothaire récupère la Provence. Charles, allié à Louis, contesta le partage et la Provence lui revint pour un temps. La bataille de Fontanet en juin 841 vit Charles et Louis vainqueurs. Le traité de Verdun (843) régla alors le sort de l’empire carolingien. La Provence resta à Lothaire (Duprat /243/ p. 133-134, Baratier /102/ p. 104, Duby /253/ p. 260). 70 Le partage évoqué par Nostredame correspond au traité de Verdun. 71 L’empereur Lothaire se retira dans l’abbaye de Prüm pour y recevoir la tonsure. Il y mourut le 28 ou le 29 septembre 855. Il avait auparavant réglé sa succession en partageant les terres que le traité de Verdun lui avait attribuées. Son fils Louis reçut le titre impérial et l’Italie, son autre héritier Charles eut la Provence et le duché de Lyon et son troisième fils, Lothaire, les territoires situés au nord de la Provence et de l’Italie, ceux que Nostredame nomme « Lorrena ». Nostredame confond ici Charles le chauve, frère de Lothaire, et Charles de Provence son fils (Duprat /243/ p. 135, Poupardin /263/ p. 1, Baratier /102/ p. 104, Duby /253/ p. 260). 72 Le 12 avril 875, l’empereur Louis II mourut. Charles le chauve décida de s’emparer de ses possessions et de se proclamer empereur. Dès la mort de Charles de Provence (863), Charles le chauve avait déclaré ses intentions sur le royaume d’Arles et avait installé sur ce trône son beau-frère Boson. Charles le chauve décida de consolider le pouvoir de Boson et celui-ci épousa en 876 la fille héritière de Louis II, Ermengarde (Duprat /243/ p. 138, Poupardin /263/ p. 39-78, Baratier /102/ p. 105). 73 Nostredame confond Charles le chauve et Charles de Provence. Celui-ci meurt le 25 janvier 863. Ses frères Louis II et Lothaire II se partagèrent ses terres. Louis II reçut une partie de la Bourgogne, le Dauphiné et la Provence. Lothaire II eut le Lyonnais, le Viennois et le Vivarais (Duprat /243/ p. 137, Poupardin /263/ p. 32-34, Baratier /102/ p. 104). 74 Le pape Jean VIII eut quelques difficultés avec Adalbert de Toscane et Lambert de Spolète au sujet de sa politique profrançaise. Il fut obligé de s’exiler quelque temps. Il arriva en Arles le 11 mai 878. Accompagné par Boson, il traversa le royaume franc en se dirigeant vers Lyon, Châlon, Langres et Troyes (Poupardin /263/ p. 86-88). 75 Bérenger fut couronné empereur en décembre 915. Les seigneurs italiens appelèrent en Italie Rodolphe II, roi de Bourgogne, qui battit les troupes de Bérenger à la bataille de Fiorenzuola le 17 juillet 923 (Poupardin /263/ p. 216-217).

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NOTES ET COMMENTAIRES

Hugues d’Arles fut également appelé en Italie, car un parti hostile à Rodolphe II s’était constitué parmi les seigneurs de la péninsule. Les troupes du roi de Bourgogne furent vaincues entre Novarre et Ivrée le 29 avril 926. Hugues d’Arles eut le champ libre et reçut le 9 juillet 926 la couronne d’Italie (Poupardin /263/ p. 220222, Duprat /243/ p. 146, Baratier /102/ p. 106, Audibert /276/). 76 / 77 Cf. 73. 78 La description que donne Nostredame du royaume d’Arles est conforme aux possessions de Boson, roi de Provence de 879 à 887. Celui-ci avait annexé toute une série de territoires au nord de Lyon. Les limites précises de ce royaume ne sont pas bien connues (Poupardin /265/ p. 110-112). Le royaume d’Arles a été l’objet de nombreuses études (Du Chesnes /267/, Royalle Couronne /266/, Poupardin /265/, Gingins de la Sarra /264/). En 1525, Charles Quint pensa reconstituer ce royaume (Baratier /102/ p. 104). Les comtes de Habsbourg font partie de la maison de Habsbourg, ville de Suisse entre Bâle et Zurich. Zeringen est plus difficile à situé : il s’agit de Zurich ou de Zofingen, ville proche de Habsbourg. Nous n’avons pas retrouvé une preuve historique de l’anecdote de la gifle de Boson. Gillibert fut pape en 999 grâce à l’appui de Othon III. Nostredame cite un sirventès de Bertrand de Lamanon. L’anachronisme est évident, l’historien provençal corrige d’ailleurs la date dans une note. Il ne peut s’agir de Gerbert, prêtre auvergnat qui devint pape. L’évêque en question est Jean Baussan qui fut un prélat très contesté par la commune d’Arles (Baratier /272/ p. 113, Salverda de Grave /274/ p. 18-20, Baratier /102/ p. 156, Aurell /108/ p. 216-218). La notice qui est consacrée à Bertrand de Lamanon dans les Vies mentionne ce sirventès : « A faict un syrventez contre l’Archevesque d’Arles, par le discours duquel dict que jamais ne fut un homme plus pervers ne plus corrompu, qu’il sera esbahy si le legat du Pape ne le faist brusler tout vif, ou emmurer ; que ceux d’Arles ne seront jamais en repos qu’ils n’ayent mis leur faux pasteur tout vif en sepulture, qu’il a esté trouvé homme de bien par de faux tesmoins, qu’il est perjure, qu’il ne croit en Dieu ny en la Saincte Escripture. » (Nostredame /8/ p. 168-171, /11/ p. 105). Nostredame précise que le manuscrit de cette pièce figure dans le chansonnier de François de Pérussis, baron de Lauris (cf. sources historiques Lauris). Le texte de ce sirventès donné par Nostredame est légèrement différent de celui publié par Salverda de Grave ou par Aurell. Nous n’établissons pas de variantes (Aurell /108/ p. 267-270). 79 Charlemagne donna en 812 la terre de Lurs à l’évêque de Sisteron. Cette donation fut confirmée par Conrad Ier le 9 avril 967. Elle est importante, car la fondation du monastère de Ganagobie a eu lieu entre 900 et 950. Cette charte avait été conservée dans un cartulaire intitulé Le Livre vert, volume perdu. Le texte de la charte a été publié (Columbi /270/ p. 116-117). On y apprend que l’évêque de Sisteron se nommait Ursus (Milon /268/ p. 13, Laplane /269/ vol. 2, p. 405-406, Baratier /102/ p. 118). 80 Charles le simple se heurta aux ambitions de Richard le justicier, duc de Bourgogne. Il dut également lutter contre les princes, notamment Robert dans le nord du royaume. Une bataille eut lieu devant Soissons. Robert y fut tué. Les princes du royaume élirent alors Raoul de Bourgogne roi de France (Duby /253/ p. 274-275). Nostredame confond Raoul avec son cousin Rodolphe II, roi de Bourgogne. C’est ce même Rodolphe II qui fut chassé d’Italie par Hugues d’Arles. Otho Ier épousa en 929 Edgithe, fille d’Edward, ancien roi de Wessex (Poupardin /263/ p. 315). Il se remaria ensuite vers 960 avec Adelaïde, fille de Rodolphe II (Poupardin /265/ p. 76). 81 Robert monta sur le trône de France en 926. Il avait été préalablement « associé » par son père Hugues Capet (Duby /253/ p. 290-292). 82 Guillaume fut surnommé « le libérateur ». Avec l’aide de son frère Roubaud, il chassa les Sarrasins de Provence. Il fut le premier marquis de Provence et eut une fille, Constance, qui devint reine de France, femme de Robert le pieux. Guillaume le libérateur eut pour épouse Adelaïde d’Anjou (Baratier /102/

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p. 132). 84 Le nom de la famille d’Agoult de Sault évoque le chansonnier des Troubadours que Nostredame a possédé : « Je puis asseurer vrayement avoir veu et leu deux grands tomes divers escripts en lettre de forme sur parchemin illuminez d’or et d’azur, qui sont dans les archifs du seigneur comte de Sault, ausquels sont descrites en lettre rouge les vies des poëtes provensaux (qu’ils nommoyent Troubadours) et leurs poësies en lettre noire (…) » (Nostredame /8/ p. 9-10, /11/ p. 12-13). La famille de Sault joue un rôle important aux XIIe et XIIIe siècles. Elle prit la tête d’une révolte contre la reine Jeanne (Baratier /102/ p. 193). Nous ne possédons pas la preuve de ce privilège accordé par l’empire. Henri II était effectivement empereur en 1004 (Baratier /102/ p. 142, Gavot /315/ p. 2-6). 86 La succession de Rodolphe III roi de Bourgogne ne fut pas simple. Avant de mourir, Rodolphe III avait désigné comme héritier Conrad le salique, empereur germanique. Une entrevue avait eu lieu entre Rodolphe et Conrad à Bâle et le roi de Bourgogne avait fait acte de soumission. À sa mort en 1032, la Provence passa définitivement sous l’autorité de l’empire. Conrad le salique se heurta quelque temps à Eudes de Blois qui fit valoir ses droits (Poupardin /265/ p. 142-153, 199-200, Duprat /243/ p. 166-167). 88 Ramire Ier, fils de Sanche III, épousa Ermessinde-Gisberge dont il eut Sanche IV, Garcias, évêque d’Aragon et de Jaca, Sancia, mariée au comte de Toulouse (Manteyer /277/ p. 868). Il eut également une autre fille, Thérèse, qui fut mariée à un comte de Provence dont on ne connaît pas le nom (Manteyer /277/ p. 283284). 89 À cette époque, les institutions provençales sont assez mal connues. C’est au début du XIIe siècle que se dessine le comté de Provence et que les princes catalans en deviennent les maîtres. Entre la fin du royaume de Bourgogne et l’accession définitive de la maison d’Aragon, les comtes provençaux sont les véritables maîtres du pays (Baratier /102/ p. 111-112). 90 En 1095 le pape Urbain II vint présider le concile de Clermont. C’est au cours de ce concile que le pape lança un appel pour récupérer les lieux saints. Pierre l’Ermite prêcha à son tour une croisade « populaire ». Le départ des Croisés eut lieu le 15 août 1096. Les Européens s’installèrent en Palestine, créant le royaume latin de Jérusalem et ses dépendances. Les seigneurs occitans participèrent à cette croisade. Ces Croisés sont sous les ordres de Raymond IV, comte de Toulouse (Duby /253/ p. 359-360, Camau /287/, /288/). Le thème du chevalier au lion est présent dans l’œuvre de Gaulcem Faidit qui suivit le marquis de Montferrat à la quatrième croisade : « Aissi-l serai fis, ses fals’ entresseigna, Cum fo-l leos a-N Golfier de Lastors Qan l’ac estort de sos guerriers pejors. » (Faidit /345/ poésie 53, v. 48-50, p. 448) Le chevalier Golfier de Lastors a réellement existé ; il possède un lien de parenté avec Bertrand de Born (Gouiran /346/ vol. 1, p. 26, note du vers 70). 91 Gerberge, sœur du comte Bertrand, épousa Gilbert de Gévaudan. Celui-ci mourut en 1110. Le 1er février 1112, Gerberge fit donation de tous ses domaines à sa fille Douce qui se maria avec Raymond-Bérenger III, comte de Barcelone. L’union avec l’Aragon était définitivement assurée (Duprat /243/ p. 175, Manteyer /277/ p. 312-313). 92 Nostredame veut certainement nommer Guibert, anti-pape, qui fut élu en 1080 sous le nom de Clément III. Il disputa le trône pontifical à Victor III et Urbain II et fut définitivement chassé par Pascal II. 93 Le 3 février 1112, Douce de Provence se marie avec Raymond-Bérenger. Elle lui fit don de ses domaines le 13 janvier 1113 (Manteyer /277/ p. 312-313).

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NOTES ET COMMENTAIRES

94 Alphonse-Jourdain, comte de Toulouse, avait été dépossédé de son comté par Guillaume IX d’Aquitaine. Raymond-Bérenger prit le parti du duc d’Aquitaine et la guerre fut inévitable. Elle aboutit au partage de la Provence (Bourrily / Busquet /244/ p. 306, Baratier /102/ p. 136). Alphonse-Jourdain n’était pas le frère de Raymond-Bérenger. 95 Un traité fut conclu à la suite de la guerre entre Alphonse-Jourdain et Raymond-Bérenger (12 septembre 1125). Ce traité laissait au comte de Toulouse les terres situées au nord de la Provence, le Comtat Venaissin ainsi que la terre d’Argence et Beaucaire (Bourrily / Busquet /244/ p. 305-309, Baratier /102/ p. 136, Manteyer /277/ p. 321-328). Nostredame commet des erreurs dans la généalogie aragonaise. Alphonse n’est pas « l’avy maternal » de Raymond-Bérenger. 96 Cf. 93. 97 Par une bulle datée de 1144, Conrad III donne à Raymond, archevêque d’Arles, les domaines de Salon, Saint-Chamas, Vernègues et Albaron. Ce sont les archevêques d’Arles qui sont à l’origine du développement de Salon (Gimon /162/ p. 41-43). 98 C’est à la fin du XIe siècle que l’église de Grasse décide la construction d’un nouveau lieu de culte. Par la suite, la ville prospère et son église devient de plus en plus puissante (Massa /278/ p. 65-69). Nostredame semble étonné de la signature d’Alphonse-Jourdain. Il est cependant probable que le souverain continue d’octroyer certains privilèges. 99 La révolte de la famille des Baux contre le pouvoir comtal est un fait marquant du XIIe siècle. Stéphanette, sœur de Douce, fille de Gilbert de Gévaudan, se maria avec Raymond des Baux. Celui-ci, sollicitant l’appui de Conrad III, entra en rébellion contre le comte de Provence. Il fallut l’intervention personnelle du comte pour arrêter le conflit et mettre au pas les « Baussencs ». Le traité conclu en septembre 1150 stipulait que le château de Trinquetaille devait être remis au comte de Provence (Bourrily / Busquet /244/ p. 313-314, Baratier /102/ p. 137-149, Noblemaire /279/ p. 13-14). 100 Frédéric Barberousse épousa à Wurzburg en 1156 Béatrix, fille de Renaud, comte de Bourgogne. Le 30 juillet 1178, Frédéric Barberousse se fit couronner roi de Bourgogne. Cet acte solennel est également politique, car il affirme la souveraineté de l’empire sur la Provence ainsi que les desseins de l’empereur en Méditerranée. Le comte de Provence, Alphonse Ier, n’assista pas au couronnement (Bourrily / Busquet /244/ p. 322-323, Baratier /102/ p. 142). Nous pensons que Nostredame a commis une erreur de date. Il faut lire « MCL ». 101 À la suite des guerres « baussenques », le comte de Provence s’allia avec Henri II, roi d’Angleterre et duc d’Aquitaine par son mariage avec Aliénor. Cette alliance était dirigée contre Raymond V, comte de Toulouse. Celui-ci s’allia alors avec Louis VII, roi de France (Bourrily / Busquet /244/ p. 316). 102 L’empereur Frédéric Barberousse avait confirmé les privilèges accordés à la famille des Baux par Conrad III. Après sa campagne italienne, il changea de politique et inféoda la Provence à Raymond-Bérenger. Il lui accorda également le comté de Forcalquier, domaine qui n’avait pas été compris dans le partage de 1125. Enfin, il donna tous pouvoirs au comte pour soumettre Hugues des Baux (Bourrily / Busquet /244/ p. 316, Noblemaire /279/ p. 16-17, Baratier /102/ p. 138-139). Nous nous interrogeons sur l’appellation « Roze antic ». S’agit-il des territoires délimités par le lit ancien du Rhône ou plus simplement une dénomination qui rappelle l’histoire antique du fleuve et son importance ?

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103 Stéphanette des Baux continua la lutte jusqu’à sa mort (1163). Hugues des Baux préféra se réfugier en Sardaigne. Il n’y eut pas de deuxième traité avec Raymond-Bérenger. Le comte de Provence étant mort en 1162, Nostredame confond certainement avec le premier traité (cf. 99). Après le changement de politique de Frédéric Barberousse, la famille des Baux n’eut plus aucun soutien (Noblemaire /279/ p. 18-19, Baratier /102/ p. 139). 105 Au commencement de son règne, Alphonse accorda de nombreux privilèges aux abbayes provençales concernant des franchises et quelques charges de sel déjà concédés par Raymond-Bérenger. Hugues et Bertrand des Baux sont effectivement témoins de l’acte (Hyères /280/ p. 31-32). 106 Nostredame travestit sa source (ici Tirant lo blanc de Joan Martorell) : il attribue les exploits de Tirant à Bertrand des Baux et mêle à ce récit des visées historiques propres à la Provence. 107 L’ordre des Hospitaliers avait reçu de l’évêque le droit de percevoir la moitié des taxes sur la traversée du Rhône. En 1177, sous la conduite de frère Bénézet, ils réunirent les fonds nécessaires à la construction d’un pont qui fut terminé en 1185 (Histoire d’Avignon /171/ p. 149-150). 109 Frédéric Barberousse a été couronné empereur en Arles en 1178. Par la suite, il dota la ville de plusieurs privilèges, confirmant ceux octroyés par Louis l’aveugle et Conrad III (Stouff /281/ p. 157). Les différentes enceintes qui entouraient la ville datent de ce siècle. Nostredame ne précise pas s’il s’agit de la cité ou du bourg. 110 Nous pensons d’après la date donnée par Nostredame qu’il s’agit d’Alphonse Ier. Le roi Boson avait donné le château de Noves à l’évêque d’Avignon. Les comtes de Provence ont toujours confirmé cette donation (Masson /282/ p. 478). La donation du bourg Saint-Sauveur eut lieu en 1188 (Monographies communales /283/ p. 421). 111 Aliénor d’Aquitaine n’était pas la fille de Raymond-Bérenger, mais celle de Guillaume X, dernier duc d’Aquitaine. Elle ne fut pas la femme de Richard cœur de lion mais celle de son père Henri II. Nostredame confond ici avec Éléonore de Provence qui fut la femme d’Henri III, roi d’Angleterre et fille de RaymondBérenger V, dernier comte de Provence de la maison de Barcelone. C’est au retour de la deuxième croisade, en 1192, que Richard cœur de lion fut fait prisonnier par le duc d’Autriche qu’il avait malmené au cours du siège de Saint-Jean d’Acre. 112 Romolles est une commune située à quatre kilomètres de Riez et quinze de Moustiers. Nostredame cite souvent ces « écritures » que nous n’avons pas retrouvées. Le comte dont il est question est Guillaume II, comte de Forcalquier. Lié à la maison de Toulouse, il dut pactiser avec Alphonse Ier en 1193 (Bourrily / Busquet /244/ p. 326). 114 Alphonse Ier n’était pas le fils mais le père de Pere II d’Aragon qui mourut à la bataille de Muret (1213). Alphonse Ier eut un autre fils, Alphonse II, qui fut comte de Provence à la mort de son père en 1196. Alphonse II fut quelque temps sous la tutelle de son oncle Sanche. Alphonse II se maria avec Garsinde de Sabran, comtesse de Forcalquier. Celle-ci était la petite-fille de Guillaume II qui avait eu une fille prénommée Garsinde et qui avait épousé Rainier de Claustral. Ils eurent une fille qui se prénomma Garsinde comme sa mère et qui épousa en juillet 1193 Alphonse II. À la mort du comte de Provence, elle se retira au couvent de La Celle et céda ses droits à son fils Raymond-Bérenger IV (Jodar-Galindo /284/ p. 19, 23, Baratier /102/ p. 142). Hugues des Baux traite le 8 octobre 1206 avec Alphonse II qui lui donne en fief les châteaux de Maussane et Mouriès et tout ce qu’il possède à Marseille (Noblemaire /279/ p. 24). Hugues des Baux avait auparavant traité avec Alphonse Ier en juin 1193 (Bourrily / Busquet /244/ p. 326).

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NOTES ET COMMENTAIRES

115 Les abbayes languedociennes de Saint-Gilles et de Valmagne possédaient des terres en Camargue, domaines mis en valeur (Stouff /281/ p. 358, 368-369). 116 Un faux acte de Raymond-Bérenger V stipule que le 28 mai 1238 le comte de Provence reçut les hommages des habitants de Coni (Benoît /224/ p. 383). Dans le cadre de sa politique italienne, Charles d’Anjou intervint souvent au Piémont. Il y possédait quelques places. Coni se donne au comte de Provence en juillet 1259 (Bourrily / Busquet /244/ p. 370-371). 117 Alphonse II lègue ses domaines à son fils Raymond-Bérenger V qui est effectivement comte en 1209. La femme d’Alphonse est nommée légataire universelle. En 1136, Raymond de Saint-Gilles décide de fonder un monastère de l’ordre de Cîteaux. Il dote ces religieux d’une terre située dans le diocèse de Fréjus, près de Tourtour, au lieu-dit Florièges. La donation fut confirmée en 1146 par Raymond-Bérenger. En 1176, les moines s’installent dans un autre lieu proche de Florièges : Le Thoronet. Alphonse Ier leur octroie des privilèges. Cette charte est datée de 1196, ce qui a dû induire en erreur Nostredame (Bérard /285/ p. 2-5, Bourrily / Busquet /244/ p. 475-476). 118 En récompense de la capture de Raymond des Baux, Raymond-Bérenger accorde aux Aixois le privilège de « lignerage » (doit de couper du bois) et de pâturage dans un rayon de cinq lieues autour d’Aix. Cet acte est peut-être faux ; en 1206 Alphonse II est encore comte de Provence (Benoit /224/ p. 58-59, lxxvi-lxxvii). 119 La lutte qui oppose le comte de Provence Alphonse II et celui de Forcalquier Guillaume II ne s’arrête qu’à la mort de ces derniers en 1209. En 1202, un accord est signé et un traité conclu en mai 1204. Pere II, roi d’Aragon, est témoin de ce traité (Benoit /224/ p. 29-38, 44-52). En octobre 1206, Alphonse II inféode les châteaux de Mouriès et de Maussane à Hugues des Baux. Il confirme également les droits du seigneur provençal à Marseille (Benoit /224/ p. 59-62). 120 Raymond-Bérenger V est né en 1198. Il est comte de Provence en 1209. Sa mère Garsinde lui fit donation du comté de Forcalquier le 30 novembre 1209 (Benoit /224/ p. 85, Jodar-Galindo /284/ p. 19, Baratier /102/ p. 154-158). 121 Guillaume, comte de Forcalquier, décerne quelques privilèges à Manosque. Ces actes sont contenus dans deux chartes : la première datée du 5 février 1206, la deuxième du 11 février de la même année. Ces privilèges concernent le droit de péage et les règles d’héritage (Féraud /286/ p. 140-180). En 1208, Guillaume fait donation de la ville aux Hospitaliers (Féraud /286/ p. 180-192). 123 La croisade des enfants est un fait apocryphe. Selon la chronique d’Aubri des Trois Fontaines, ces enfants se seraient spontanément réunis : « Cette année là [1212] eut lieu une croisade d’enfants, surgis presque comme par miracle de tous les points de l’horizon. En premier lieu, il en vint de la région de Vendôme près de Paris et ils étaient au nombre d’environ 30 000 lorsqu’ils arrivèrent à Marseille avec l’espoir de franchir la mer pour lutter contre les Sarrasins. » (Baratier /272/ p. 127). La tradition rapporte que ces « enfants » furent « enlevés » par Hugues Fer et Guillaume Porc, marchands marseillais, et vendus comme esclaves (Guiral / Reynaud /248/ p. 114). En réalité, comme l’a bien démontré Peter Raedts, ce mythe historique s’est construit sur une erreur de traduction : « puer » ne désigne pas une tranche d’âge précise, mais plutôt une classe sociale en état de dépendance (Raedts /289/ p. 59-60). Le nombre des enfants donnés par Nostredame (20 000) ou par Aubri (30 000) est nettement exagéré : « La ville de Marseille n’avait probablement pas 10 000 habitants au début du XIIIe siècle et ne pouvait donc accueillir ni embarquer 30 000 pèlerins. » (Baratier /272/ p. 129). Nostredame place donc cette notice dans le droit fil de la constitution d’un mythe historique. 124 Nous ne trouvons pas trace d’une prise de Nice par Raymond-Bérenger à cette date. Par contre, en 1229,

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QUATRIÈME PARTIE

les Niçois se sont rapprochés des Génois par crainte d’une mainmise comtale. Raymond-Bérenger met le siège devant la ville et soumet la cité (Baratier /102/ p. 156, Bordes /256/ p. 66). 125 Un règlement sur le droit de péage a été promulgué par la comune d’Avignon en février et en août 1215. Ce texte a été rédigé grâce aux évêques d’Aix et d’Avignon. Il concerne également les droits sur les « langues de bœufs » ainsi que les leudes sur le bétail et les marchandises (Labande /290/ p. 296-304). 126 Avignon est un exemple caractéristique de l’organisation des institutions citadines et des consulats. Au début du XIIIe siècle, quelques grandes villes provençales (Arles, Avignon, Marseille notamment) désirent un peu plus d’autonomie pour se démarquer du pouvoir comtal. Ces cités s’organisent en consulat avec à leur tête un « podestat » souvent étranger à la commune (Bourrily / Busquet /244/ p. 689-701, Baratier /102/ p. 146-151, Histoire d’Avignon /171/ p. 158-163, Achard /291/). En 1216, Arnaud d’Avignon, Guillaume Pierre Autorgat, Pons de Soz, Raymond de Saint-Paul, Pierre Rostang Andraud, Pierre Aymeric (remplacé le 10 novembre 1216 par Guillaume Figuière), Bertrand Raneurel, Pons Rainaud étaient consuls. Ils étaient élus pour deux ans (Labande /290/ p. 261-262). 127 Nous ne possédons pas la preuve d’une invasion sarrasine en 1219. Cette date nous paraît bien tardive. L’alliance des rois de Castille, de Navarre et d’Aragon permit de vaincre les Arabes le 16 juillet 1212 à Las Navas de Tolosa. Les Musulmans furent repoussés et fondèrent le royaume de Grenade (Le Goff /304/ p. 83, Vilar /292/ p. 12). 128 Saladin vainquit les Croisés à la bataille de Hattin en juillet 1187. Le 2 octobre, Jérusalem capitule. Ces événements sont à l’origine de la troisième croisade. Cette guerre marque la fin des États latins d’orient (la prise d’Acre en est l’ultime bataille) (Richard /298/). En 1223, l’empereur Frédéric II prend la croix. Époux de Yolande, il se fit céder le royaume de Jérusalem par son beau-père Jean de Brienne. 129 Les Doria de Provence sont issus d’une célèbre famille génoise dont le membre le plus illustre, André Doria, fut amiral au service de la Superbe au XVIe siècle (Labande /293/). Perceval Doria fut quelque temps au service de la ville d’Arles. Il fut appelé en Avignon en 1232 et y fut élu podestat. Il y resta jusqu’en 1234 (Labande /290/ p. 267, /293/ p. 13-16). Nostredame consacre dans les Vies une notice à Perceval Doria. Il semble toutefois que Doria ne soit pas l’auteur des ouvrages cités. Gibelin est un ardent défenseur de Manfred ; on ne voit pas pour quelle raison il aurait écrit une œuvre contre ce même Manfred (Labande /293/ p. 17, Nostredame /8/ p. 130-132, /11/ p. 80-82). 130 Avignon prit parti pour le comte de Toulouse dans la lutte que celui-ci menait contre Louis VIII. Raymond VII fut accueilli dans la cité. Marseille se déclara également en faveur du comte de Toulouse. Raymond VII reçut l’aide de certains provençaux pendant le siège de Beaucaire en 1216. L’armée de Louis VIII descendit la vallée du Rhône et mit le siège devant Avignon. La cité fut prise le 12 septembre 1226. La Chanson de la Croisade porte témoignage de ce soutien : « Parlec primeirament, car sab tot lor usatge : « Senher coms de Sent Gili, recebetz gentil gatge E vos e le car filh, qu’es de lial linatge : Totz Avinhos se met eăl vostre senhoratge, Que cadaüs vos lhiura son cors e son estatge, E las claus e la vila e los ortz e l’intratge. E so que vos dizem noăus tenguatz a folatge, Que no i a falhimen, ni orgolh, ni oltratge : Mil cavaliers valens complitz de vasalatge E cent melia omes d’autres valens de bon coratge E an fait sagrament e plevit per ostatge C’oimais demandaran tot lo vostre dampnatge ; E tindretz en Prœnsa tot lo vostre dreituratge E las rendas eăls ces eăl traüt eăl peatge,

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NOTES ET COMMENTAIRES

E non ira camis si no da guidonatge. E nos tindrem de Rozer totz los pas eăl pasatge, E metrem per la terra la mort eăl carnalatge, Tro que cobretz Tholosa ab lo dreit eretatge, Eăl cavaer faidit ichiran del boscatge, Que mais no temeran tempesta ni auratge. E no avetz eăl mon enemic tant salvatge Que siăos fa mal ni tort, que non prenda ontatge. » « Senher », so ditz lo coms, « cauziment e barnatge Faitz si m’en amparatz, e auretz l’avantatge De tot Crestianesme e del vostre lenguatge, Car restauratz les pros e Joia e Paratge. » L’endema cavalguero e no fan lonc badatge, E intran a Maselha e no i fan lonc estatge, E vengron a Selho la noit al avespratge, E albergan ab joia. » (Chanson de la Croisade /294/ p. 92-94). (Bourrily / Busquet /244/ p. 337, Histoire d’Avignon /171/ p. 168-172, Baratier /102/ p. 151-154). 131 Guillaume de Laudun a été podestat de 1227 à 1228 (Labande /290/ p. 265). 132 De 1232 à 1250, voici quels furent les podestats d’Avignon : Perceval Doria (1232-1234), Enrico de Spingo (1234-1235), Guillaume Raymond d’Avignon et Ortigue (1235-1236), Torello de Steada (1237-1238), Nicolino Spinola (1238-1239), Bernard de Lorette (1239), Raymond VII (1240), Isnard Andegier (12401243), Barral des Baux (1246-1250) (Labande /290/ p. 267-272). 133 En octobre 1226, Frédéric II promulgue trois édits : le premier confirme à Raymond-Bérenger la possession des comtés de Provence et de Forcalquier (Bourrily / Busquet /244/ p. 338). Le poème de Frédéric II figure également dans les Vies (Nostredame /8/ p. 29-30, /11/ p. 20, 301). 134 Cf. 130. 135 Nostredame veut certainement désigner ici Armaury de Montfort, fils de Simon de Montfort qui déposséda le comte de Toulouse de ses domaines. Armaury, à la mort de son père, hérita des possessions familiales. Il ne put faire face aux problèmes posés par la guerre et se retira en France après avoir conclu un traité avec Raymond VII (1222). En février 1224, Armaury de Montfort abandonne à Louis VIII ses droits sur le comté de Toulouse. 136 Nous connaissons huit consuls d’Avignon en 1228 : Raymond de Boulbon, Isnard Augier, Pierre Faraud, Audibert de Morières, Pierre Vasson, Aymeri de Saint-Michel, Imbert de Bèze, Guillaume-Rostan Andraud (Labande /290/ p. 265). 137 Raymond-Bérenger V se maria le 31 novembre 1209 avec Béatrice, fille de Thomas Ier, comte de Savoie, et de Marguerite de Fauciny. Il eut quatre filles : Marguerite, qui épousa le 27 mai 1234 Louis IX, Éléonore, qui épousa le 14 janvier 1236 Henri III d’Angleterre, Sancia, qui était promise à Raymond VII de Toulouse, mais qui épousa en 1244 Richard de Cornouaille, roi des Romains en 1257, frère de Henri III et enfin Béatrice, héritière du comté de Provence, qui épousa le 19 janvier 1246 Charles d’Anjou. Raymond-Bérenger lègue le comté de Provence à Béatrice le 20 juin 1238. À cette date, l’héritière de Provence n’était pas encore mariée.

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138 Le 18 juin 1209, après l’assassinat du légat du pape Pierre de Castelnau, Raymond VI fait amende honorable sur le parvis de l’église de Saint-Gilles. Cet acte ne devait pas empêcher la Croisade contre les Albigeois. Nostredame confond Raymond VI et Raymond VII. C’est en effet Raymond VII qui reprit la lutte et fut contraint de signer le traité de Meaux en janvier 1229 qui précise que le Comtat Venaissin doit revenir au pape. Raymond VII essaie de se maintenir en Provence, mais il se trouve face à la détermination de Raymond-Bérenger V, favorable à la disparition de son rival toulousain. Raymond VII tente de se marier avec Sancia, une des filles de Raymond-Bérenger V, mais il ne possédait pas les forces militaires nécessaires pour révoquer le traité en cas de naissance d’un héritier. Il meurt le 24 septembre 1249. Il lègue ses possessions à Alphonse de Poitiers et à Jeanne de Toulouse (Oldenbourg /299/ p. 246-259). Le problème posé par le Comtat Venaissin est plus complexe. Raymond-Bérenger V agit dans l’ombre et s’oppose aux prétentions de Raymond VII. Le comte de Provence choisit de s’appuyer sur la conquête française pour contrer les ambitions toulousaines et asseoir son autorité. Ce soutien se retourne contre son comté. À sa mort en 1245, sa fille Béatrice n’est pas mariée et la puissance française ne lui laisse pas le choix : Blanche de Castille impose avec l’aide de la papauté son fils Charles d’Anjou (Baratier /102/ p. 154-156, 170-171). La Croisade contre les Albigeois a des conséquences directes sur les affaires provençales. En ce sens, Nostredame ne se trompe pas quand il consacre plusieurs notices à ces faits historiques. Nous devons cependant objecter que son orientation est réduite, car l’axe catalano-occitan n’est pas évoqué ainsi que la bataille de Muret. L’historien aixois s’en tient donc aux faits strictement provençaux tout en comprenant que dès 1229, la Provence est assujettie à la puissance française. 139 Les deux princes de la maison d’Anjou sont deux fils de Blanche de Castille : Alphonse de Poitiers et Charles. Le second fut le premier comte de Provence de cette maison. Nostredame dit que Raymond de Toulouse fait partie de la maison d’Anjou ce qui est évidemment faux. 140 Ce chevalier au service des Génois est cité dans La Divine Comédie : « Celui qui devant moi se traine à petits pas, De son nom retentit naguère la Toscane : C’est à peine, à présent, si Sienne le chuchote, Où il était seigneur, l’an que fut abattue La rage de Florence, en ce temps -là superbe, Autant qu’elle est vénale et servile aujourd’hui. Mais, votre gloire, elle est couleur de foin! Elle va, elle vient, et la voilà déteinte Par celui qui du sol l’a fait sortir en vert. Je lui dis : « Ton parler véridique m’inspire La sainte humilité : tu vides ma tumeur. Mais qui donc est celui dont tu viens de parler ? » « C’est, me répondit-il, Provenzan Salvani. Il est ici pour avoir prétendu Posséder Sienne en ses mains tout entière. Il marche ainsi et va sans nul repos, Depuis sa mort. C’est en cette monnaie Que s’acquitte celui qui sur terre osa trop. » (Dante /181/ p. 233, « Purgatoire XI ») Provenzan Salvani participa à la victoire des Gibelins contre les Guelfes de Florence à Montaperti (1260). Dante ajoute qu’il intervint auprès des Siennois pour réunir la somme nécessaire au rachat de la rançon de son ami Mino dei Mini qui avait été fait prisonnier à la bataille de Bénévent. Les Florentins battirent à leur tour les Siennois à Colle di Valdesa (1269) et Provenzan Salvani eut effectivement la tête tranchée. Sa demeure fut détruite lorsque les Guelfes redevinrent les maîtres de Sienne. L’hypothèse que formule Nostredame sur l’origine du roman Pierre de Provence et la belle Maguelonne est fausse.

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NOTES ET COMMENTAIRES

Ce roman trouve ses origines dans des antériorités littéraires qui ne se rapportent pas directement à ces faits historiques. L’utilisation faite de la « provençalité » de ce récit n’est pas dénuée d’intérêt, car elle tend à provençaliser des écrits antérieurs (Pierre de Provence /295/). 141 Cf. 124. 142 C’est dans un contexte politique troublé que Frédéric II confirme les privilèges accordés par Frédéric Barberousse. Raymond VII avait repris la lutte et certaines cités provençales s’étaient déclarées en sa faveur. L’évêque d’Arles, Hugues Béroard, qui avait passé l’été avec Frédéric II, proposa son arbitrage qui ne servit à rien (Bourrily / Busquet /244/ p. 342-343). 143 Bertrand de Grasse figure dans un premier traité entre la ville de Grasse et le comte de Provence. Ce traité concerne l’organisation de la commune et sa défense. Cet acte est du 11 avril 1220 (Benoit /224/ p. 122123). Dans un deuxième traité du 11 septembre 1222, le comte de Provence reconnaît tous les privilèges accordés par la commune à Bertrand et Targe de Grasse (Benoit /224/ p. 158-159). En 1235, Guy d’Ampus et son neveu Rambaud de Grasse échangent avec Raymond-Bérenger plusieurs châteaux dont Ampus, Reynier, Estelle (Benoit /224/ p. 314-315). 144 Dès l’entrée de Raymond VII en Provence, Hugues des Baux prit le parti du souverain toulousain. La médiation de l’évêque d’Arles ne changea rien et Hugues des Baux fut vaincu par Raymond-Bérenger et retenu prisonnier à Aix (Bourrily / Busquet /244/ p. 342-343). 145 Le 21 février 1231, Raymond-Bérenger autorise les syndics de Drolle (Saint-Pons) et de Faucon (Étienne Grau, Rostang de Faucon, Guy Eschautier et Pierre Chauvet) à construire une ville appelée Barcelonnette. Cet acte n’est pas gratuit : il établit une ville frontière entre la Provence et le Piémont. Le marquis de Saluzzo avait pris quelques mois auparavant une mesure semblable pour les habitants de Demonte et de Vinadio, cités situées dans la vallée de la Stura (Benoit /224/ p. 255-256, Baratier /102/ p. 156). 146 Le troubadour Folquet de Marseille est également connu pour ses « talents » d’inquisiteur lors de la Croisade contre les Albigeois. Nostredame se fait l’écho de ses qualités dans cette notice ou même dans les Vies : « Folquet de Marseille, son père, nommé Amphoux, riche marchant de Gennes, habitant à Marseille, luy lessa un fort beau et ample heritage, et d’or et d’argent. Ce Folquet s’entendit en hault pris et valeur, se meist à servir les vaillans hommes, aspirer et parvenir aux honneurs avec eux, fut fort agréable à Richard, roy d’Angleterre, au comte Remond de Tholouse, et à Beral de Baulx, seigneur de Marseille, son seigneur et maistre, composoit fort bien et doctement en langue provensalle, chantoit encores mieux, estoit beau de sa personne, plaisant et liberal ; il avoit monstré (ainsi qu’on dict) la façon de rithmer aux poëtes de son temps, eust intelligence avec Adalasia, femme de Beral, son maistre, faisant à sa louange plusieurs belles chansons, mais ne par son beau parler, ne par ses chansons, il ne peut jamais trouver mercy envers elle, et par ainsi n’eust aulcun don d’amour, ainsi qu’il le demonstre en ses chansons, se plaignant grandement de sa rigueur. Advint que Beral et Adalasie trespasserent, comme aussi feist le roy Richard, et le comte Remond de Tholouse, et Amphoux, roy de Castelle, desquels il avoit receu tant de faveurs, du regret desquels abandonna le monde et se rendist de l’ordre de Cisteaux, et fut esleu abbé du Thorondet en Provence, pres du Luc, et depuis evesque de Marseille et finalement archevesque de Tholouse, faisant la guerre contre les heretiques, et y deceda environ l’an 1213 (…) » (Nostredame /8/ p. 53-54, /11/ p. 34-35, Lafont / Anatole /3/ tome 1 p. 105, Lafont /125/ p. 238-241, Bec /186/ p. 201-207). 147 Le 13 janvier 1232, Raymond-Bérenger donne à Guillaume de Cotignac les droits d’albergue et de cavalcade qu’il possède en ce lieu. Cet acte récompense les services rendus par Garcia de Reza, père de Guillaume, chevalier catalan venu en Provence avec Alphonse Ier (Benoit /224/ p. 267-268). La commune de Cotignac est située dans le Var à 25 kilomètres de Brignoles et 35 kilomètres de Draguignan. Guillaume reçut également les seigneuries de Carcès et de Flassans. Sa fille Mathilde épousa Folquet de Pontevès le 27 novembre 1270. La seigneurie de Cotignac appartint alors à la famille Pontevès (Teissier /296/ p. 19-24, 273-274).

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148 Nostredame décrit les armoiries de la cité d’Arles. Sous les rois d’Arles, la ville avait pris comme emblème un château de sable sur un fond d’or. Sous son organisation consulaire, elle aurait fait alliance avec Venise et aurait « emprunté » le lion de saint Marc (Bresc / 297/ p. 12-13). 149 Raymond-Bérenger eut quatre filles qui épousèrent des souverains (cf. 137). Le mariage de Marguerite et de Louis IX fut conclu une fois les dispenses accordées par Grégoire IX. Raymond-Bérenger dotait sa fille de 10 000 marcs et du château de Tarascon. Les sommes exigibles furent avancées par l’archevêque d’Aix qui reçut en gage le château de Tarascon, la ville et la baillie d’Aix. Le mariage fut célébré à Sens le 27 mai 1234 (Bourrily / Busquet /244/ p. 347). 150 Nostredame fait référence aux difficultés que connaît Raymond-Bérenger pendant la Croisade contre les Albigeois. Marseille avait pris à cette époque le parti du comte de Toulouse (Bourrily / Busquet /244/ p. 348-349, Baratier /102/ p. 169). 151 Cette donation eut lieu le 31 mars 1235 avec pour témoin Ricau de Marseille (Benoit /224/ p. 314). 152 Raymond-Bérenger rédige un premier testament le 20 juin 1238, testament qu’il dicte effectivement à Sisteron. Si l’on excepte des legs divers, l’essentiel de cet acte est constitué par l’institution de Béatrice comme héritière du comté de Provence. Celle-ci devait épouser en 1246 Charles d’Anjou qui devint, par cette union, le premier comte de la maison d’Anjou (Benoit /224/ p. 383-384). 153 Le rôle de Romée de Villeneuve est très controversé. Il est certain qu’il eut une grande influence sur Raymond-Bérenger. Il reçut la seigneurie de Vence pour les services rendus au comte. Romée de Villeneuve fut à l’origine du mariage de Béatrice et de Charles d’Anjou et exerça quelque temps la régence à la mort de Raymond-Bérenger en 1245. Il apparaît donc comme un des principaux artisans de l’accession de la maison d’Anjou au comté de Provence (Masson /160/ p. 498, Baratier /102/ p. 156-157). Fontenelle et Dom Vaissette, historien du Languedoc, ont écrits une vie de Romée de Villeneuve (Fontenelle /302/, Vaissette /303/, Baudier /301/). Ce personnage historique est également présent dans La Divine Comédie : « Dans la perle où tu es, on voit encor briller La splendeur de Romieu, dont l’œuvre belle et grande Par son seigneur fut si mal reconnue. Mais tous ces Provençaux qui furent contre lui N’ont pas lieu d’en rire : il prend mauvais chemin, Celui qui croit son dam le bien fait par un autre. Raymond-Bérenger fut père de quatre filles, Dont chacune fut reine : il dut cette fortune A ce Romieu, un humble pèlerin ; Mais des rapports menteurs l’ayant poussé, plus tard, A demander des comptes à ce juste, Celui-ci lui rendit plus de douze pour dix, Et, là-dessus, vieil et pauvre, partit. Si le monde savait le cœur qu’il a montré A mendier miette à miette sa vie, Ceux-là qui tant le louent, le loueraient encor plus. » (Dante /181/ p. 390-391 « Paradis VI ») La biographie de Romée de Villeneuve ne correspond pas à celle que Nostredame emprunte vraisemblablement à Dante. La légende de Romée semble construite sur l’ambivalence de la parole « romieu ». Ce personnage serait un pèlerin qui se serait arrêté en Provence et aurait offert ses services à Raymond-

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NOTES ET COMMENTAIRES

Bérenger. Dante donne plusieurs explications pour le sens de « romieu » (« romeo » en toscan) : « Et je dis « Pèlerins » selon la signifiance large du mot ; car on peut entendre « pèlerins » en deux manières, une large et une étroite : au sens large, on nomme pèlerin quiconque est hors de sa patrie ; au sens étroit on n’entend par pèlerin que celui qui va vers la maison de saint Jacques, ou en revient. » (Dante /121/ Vita Nova XL, p. 79). 154 Le comte Raymond-Bérenger figure également dans les Vies (Nostredame /8/ p. 103-105, /11/ p. 65-66). 155 C’est dans la rédaction des statuts de la baillie de Sisteron (28 décembre 1237) que les « capitulum cavalcatis » sont instaurés. La Baume est aujourd’hui un quartier de Sisteron, au pied d’un rocher sur la rive gauche de la Durance (Benoit /224/ p. 356-360). 156 La reconnaissance des biens de Bertrand et Raymond Porcellet a eu lieu le 6 mars 1237. Elle consistait à reconnaître leurs possessions en dehors d’Arles, notamment Méjannes (Benoit /224/ p. 371-372). 157 C’est en 1243 que furent publiés les premiers statuts d’Avignon (cf. source historique « statuts d’Avignon »). 158 Raymond-Bérenger mourut le 19 août 1245. Avant sa mort, il avait envisagé de donner sa fille Béatrice, héritière du comté, en mariage à Raymond VII de Toulouse (Bourrily / Busquet /244/ p. 356, Baratier /102/ p. 170). 159 Charles II, fils de Charles d’Anjou et de Béatrice, accède au trône à la mort de son père en 1285. Il épouse Marie de Hongrie. 160 Les deux Béatrice évoquées par Nostredame sont Béatrice de Savoie, femme de Raymond-Bérenger V et sa fille Béatrice, épouse de Charles d’Anjou. 161 Le mariage de Béatrice est source de difficultés. Elle avait été promise par son père à Raymond VII. À la mort de Raymond-Bérenger, Frédéric II proposa son fils Conrad, mais son escadre qui croisait au large des côtes provençales ne fit pas céder Béatrice de Savoie qui entendait agir à sa guise. Raymond VII, que Romée de Villeneuve berna en lui conseillant de se présenter sans armée, n’eut pas plus de chance. Jaume le conquérant menaça également Aix avec son armée, mais dut se retirer. En réalité, Blanche de Castille, le pape Innocent IV et quelques conseillers de Béatrice de Savoie s’étaient entendus sur la personne de Charles d’Anjou. L’entrevue de Cluny en novembre 1245 scella cet accord. Le mariage eut lieu le 31 janvier 1246. La donation du comté d’Anjou fut accordée à Melun en mai 1246. Les Capétiens étaient définitivement maîtres de la Provence (Bourrily / Busquet /244/ p. 359-360, Baratier /102/ p. 170). 162 Après la prise de Jérusalem en 1244 par les Arabes, le pape Innocent IV lance un appel pour une nouvelle croisade. En 1248, l’armée chrétienne commandée par saint Louis débarque à Chypre. En 1249, elle prend Damiette et entreprend la conquête de l’Égypte. La bataille de la Mansourah mit fin aux prétentions chrétiennes. Louis IX fut fait prisonnier ainsi que ses frères. La première croisade de saint Louis apparaît comme une tentative désespérée. Pour des raisons qui tiennent autant à sa personnalité qu’à la politique, il est le seul souverain qui répond à l’appel du pape. Le grand rêve des croisades semble définitivement se briser et la captivité de saint Louis et de ses frères est un événement symbolique qui anéantit l’idée de puissance des États latins d’orient (Duby /253/ p. 392-393, Le Goff /304/ p. 89, Baratier /102/ p. 170, Meyer /305/). 163 C’est au commencement de 1262 qu’Urbain IV, qui voulait faire obstacle à la politique des Hohenstaufen en Méditerranée, trouva en la personne de Charles d’Anjou un souverain assez puissant pour s’opposer à

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Manfred afin de conquérir le royaume de Sicile (Bourrily / Busquet /244/ p. 371). 165 Boniface Calvo est présent dans les Vies (Nostredame /8/ p. 109-111, /11/ p. 68-69). Voici les concordances observées entre cette liste des troubadours et l’éditions des Vies. Certains d’entre eux ne figurent pas dans cette édition, mais dans la CF 534-535 : Ancelme Faydit : /8/ p. 62-64, /11/ p. 40-43, Bernard de Ventadour : /8. p. 70-72, /11/ p. 47-48, Blacas / /8/ p. 70-72, /11/ p. 108-109, Arnaud Danyel : /8/ p. 41-44, /11/ p. 27-29, Arnaud de Meyruel : /8/ p. 65-67, /11/ p. 43-45, Baniface de Castellane : /8/ p. 136-138, /11/ p. 84-85, Bertrand Carbonel : /11/ p. 175, Bertrand Astourgat : /11/ p. 175, Peyre d’Alvergna : /8/ p. 162-164, /11/ p. 99-100, Bertrand de Lamanon : /8/ p. 168-171, /11/ p. 104-106, Jaufre Rudel : /8/ p. 23-27, /11/ p. 15-19, Peyre Vidal : /8/ p. 97-99, /11/ p. 61-63, Rambaud de Vaqueras : /8/ p. 79-81, /11/ p. 51-53, Rambaud d’Orenja : /8/ p. 94-96, /11/ p. 59-61, Émeric de Belemuy : /8/ p. 120-122, /11/ p. 74-76, Folquet de Masselha : /8/ p. 53-55, /11/ p. 34-36, Guilheume de S. Deydier : /8/ p. 38-40, /11/ p. 25-27, Hugo del Rial, Giraud et Sycard de Fos ne figurent pas dans les Vies. 166 Nostredame donne ici un aspect du traité conclu entre la famille des Baux et le comte de Provence. La longue énumération des possessions de cette famille nous permet d’apprécier l’étendue de leur domaine. 167 L’installation de Charles d’Anjou en Provence ne fut pas très facile. Les Marseillais, soucieux de leurs privilèges, se révoltèrent. Il s’agit dans cette notice de leur dernière révolte qui aboutit à la signature des « chapitres de paix ». Ce traité établissait la souveraineté du comte, mais respectait les libertés et les franchises marseillaises (Bourrily / Busquet /244/ p. 367, Baratier /105/ p. 93-95, /102/ p. 170, Pernoud /116/, Zarb /323/ p. 80-87). 168 Guillaume de Hollande a été nommé empereur par le pape, mais il ne put jamais prendre la couronne impériale à Frédéric II. 170 En février 1255, le comte de Toulouse fit procéder à un inventaire des ressources du Comtat et d’Avignon. 171 Trois mois après la signature des « chapitres de paix » (juin 1257), Charles d’Anjou et l’évêque de Marseille concluent un accord qui stipule l’abandon des droits de l’église sur la ville haute. Le comte cède en échange quelques domaines ruraux (Baratier /105/ p. 92-99). 172 Dans un acte daté de février 1217 (et non de 1257), Raymond-Bérenger confirme certains privilèges commerciaux ainsi que les règlements qui concernent les dots des filles (Bernard /306/ p. 74-75). 173 Nous ne possédons aucune trace d’un privilège octroyé par Guillaume de Hollande, empereur germanique installé « verbalement » par la papauté pour faire échec à la politique de Frédéric II. Charles d’Anjou confirme les privilèges de la ville et de l’archevêché lorsqu’il se trouve en 1257 à Saint-Rémy. La ville avait auparavant connu des troubles relatifs aux persécutions de la communauté juive. Charles et Béatrice se montrent cléments envers la ville, mais les souverains demandent par ailleurs une augmentation du contin-

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NOTES ET COMMENTAIRES

gent militaire (de 100 à 200 hommes) (Laplane /269/ tome 1 p. 97). 174 Dès 1252, Charles d’Anjou ordonne une enquête sur ses droits des salines provençales. En 1259, l’administration comtale réorganise totalement cette production et ce négoce en les réglementant (droits de vente et d’achat, sectorisation…). La saline d’Hyères, une des plus importantes de Provence, est donc l’objet de ces mesures. En 1276, le comte de Provence prend des mesures appropriées pour les salines hyéroises (Malartic /307/, /309/, Baratier /308/). 175 Les préparatifs de la campagne italienne de Charles d’Anjou ont été assez longs. Urbain IV meurt en 1263 et Clément IV le remplace. Le nouveau pape ne change pas de politique : il est favorable aux Capétiens afin de faire échec aux Hohenstaufen et à Manfred. La papauté cherchait un souverain capable de s’opposer à Manfred. Charles s’embarqua à Marseille le 10 mai 1265 et débarqua à Ostie. Il rejoint ensuite Rome (Bonnot /312/ p. 8, Léonard /310/). 176 L’accession définitive de la maison d’Anjou au comté de Provence se réalise totalement à partir de ce testament. Charles Ier, après avoir écarté les prétentions de sa belle-mère Béatrice de Savoie, est le seul maître du pays. 177 Les Marseillais se soulève à nouveau en 1262. Ils trouvent comme alliés Hugues des Baux et Boniface de Castellane. Charles d’Anjou intervient, gagne à lui une bonne partie de la noblesse provençale, s’empare de Castellane et met le siège devant Marseille. Grâce à la médiation de Jaume d’Aragon, la ville peut signer une paix honorable le 13 novembre 1262. En 1263, déjouant un complot, Charles d’Anjou fait preuve d’une rigueur exemplaire en mettant à mort les principaux chefs de la résistance marseillaise (Bourrily / Busquet /244/ p. 372-374, Baratier /102/ p. 171, /105/ p. 92-93). 178 Manosque avait été cédée aux Hospitaliers par Guillaume de Sabran. À son avènement, Charles d’Anjou conteste cette donation. Après de nombreuses tractations, le comte de Provence reconnaît les droits des Hospitaliers (Féraud /286/ p. 196-197). L’hôpital dont il est question, Saint-Jean de Jérusalem, est situé à Aix. 180 Nous ne retraçons pas l’histoire de la conquête angevine. Ce fait historique a suscité de nombreux commentaires (Baratier /102/ p. 173-174, Bonnot /312/ p. 10-11, Léonard /310/ p. 37-73). Nous n’avons pas trouvé la trace d’un membre de la famille de Sabran dans les premières années de la conquête angevine. Cette famille joue un certain rôle sous le règne du roi Robert (Léonard /310/ p. 274, 384). 181 Avant de guerroyer contre Manfred, Charles Ier se fait élire sénateur de Rome et couronner roi de Sicile (21 et 28 juin 1264). Le pape Clément IV et Charles d’Anjou font alors preuve d’une grande activité diplomatique afin de gagner à leur cause les principales cités italiennes. L’armée angevine entre en Italie par le col de Tende et rencontre une première résistance devant Crémone où le marquis Pelavicino s’est retranché avec les partisans de Manfred. Le choc décisif a lieu à Benevento. Charles d’Anjou y est vainqueur. Manfred est tué au cours de cette bataille (Léonard /310/ p. 54-59, Bonnot /312/ p. 11). Henri, frère d’Alphonse de Castille, est élu sénateur de Rome en juillet 1267 et prend le parti de Conradin (Léonard /310/ p. 64-65). 182 Clément IV était effectivement pape en 1264. Quatre cardinaux investirent Charles d’Anjou du royaume de Sicile le 28 juin 1264. La cérémonie se déroula à Saint-Jean de Latran (Léonard /310/ p. 54). 183 L’expression « d’esa e d’ela lou far » est relative au phare construit à la pointe orientale de la Sicile au nord de Messine. La dénomination inclut donc les terres continentales italiennes et la Sicile.

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La petite-fille du roi de Jérusalem Amaury Ier, Marie d’Antioche, cède ses droits à Charles d’Anjou. Cette donation provoque l’irritation d’Hugues III de Chypre. C’est avec l’aide du Temple et de son Grand Maître Guillaume de Beaujeu que Charles récupère son royaume qui se réduit à la seule ville d’Acre. Le 7 juin 1277, Marsico Ruggiero Sanseverino se présente devant la cité. Sous l’influence des Templiers, les seigneurs locaux et les Vénitiens acceptent la domination angevine (Léonard /310/ p. 129-130). Le titre de roi de Jérusalem est purement honorifique. Il a cependant son importance si on le replace dans le contexte des Croisades. Charles ne perd pas espoir de reconquérir son royaume. Trois siècles plus tard, Nostredame témoigne de la valeur de ce titre qui est souvent placé en tête de toutes les dénominations royales et comtales. 184 Les troupes du jeune Conradin furent défaites par l’armée de Charles d’Anjou le 23 août 1267 à Tagliacozzo. En fuite, le souverain souabe s’embarqua dans le petit port de pêche de l’Astura, proche d’Anzio. Le seigneur du lieu, Giovanni Frangipanne, le reconnut et le livra à Charles d’Anjou. Enfermé à Palestrina, il fut transféré au Château de l’Œuf et mis à mort (Léonard /310/ p. 64-73, Bonnot /312/ p. 11). 185 Cf. 178. Les Hospitaliers construisirent une chapelle sur le Chemin d’Italie à Aix. En 1278, une église fut achevée pour recueillir les sépultures de Alphonse II et de Raymond-Bérenger V. Les tombeaux des souverains furent détruits lors des journées révolutionnaires. L’église servit d’abri pour le fourrage. Dans la même rue, les Hospitaliers avaient édifié une maison commune et un hôpital qui ont été détruits. L’inscription dont parle Nostredame n’est donc plus visible (Bouyala d’Arnaud /229/ p. 226-229 et 238). 186 Après la bataille de Tagliacozzo et la trahison d’Henri de Castille (cf. 181), le souverain angevin poursuivit ses ennemis. Henri de Castille ne se réfugia pas à Monte Cassino, mais à San Salvatore, près de Rieti. La Sicile révoltée fut pacifiée par les envoyés de Charles : Thomas de Coucy, Philippe et Guy de Montfort, Guillaume Estendart (Léonard /310/ p. 70-72). 187 Cf. 181, 182, 183, 184, 186. 188 La huitième et dernière croisade fut le seul fait de saint Louis. Elle fut prêchée par Urbain IV dès 1263. Le souverain français aidé de ses frères prépara une armée. Il quitta Paris le 15 mars 1270 et appareilla à AiguesMortes le 1er juillet. Il atteignit La Goulette le 17 juillet. L’armée chrétienne débarqua et attendit avant d’engager les combats ; saint Louis ne voulait pas combattre sans Charles d’Anjou à ses côtés. À la fin juillet, une épidémie de dysenterie bacillaire se déclara. Saint Louis mourut le 25 juillet, quelques heures avant l’arrivée de son frère Charles. Les combats qui s’engagèrent alors furent désastreux pour les deux camps. La négociation aboutit à un traité qui stipulait qu’un tribut devait être versé à Charles d’Anjou. L’armée chrétienne se rembarqua, mais fut décimée par une tempête au large de Trapani. Cette dernière croisade donne lieu à des interprétations diverses. La destination est curieuse : pourquoi Tunis ? Quel est le véritable rôle joué par Charles d’Anjou ? C’est en effet le seul souverain qui sort grandi de cette aventure. Pour le souverain angevin, il ne s’agissait pas d’un tribut (qui ne fut d’ailleurs jamais payé), mais d’un rêve de conquête qui faisait de la Tunisie actuelle le prolongement de la Sicile. Rêve fou pour le XIIIe siècle, que la colonisation du XIXe allait en partie réaliser (Talbi /313/, Duby /253/ p. 394-395). 189 Afin de faire échec aux ambitions italiennes des rois d’Aragon, Charles Ier les déposséda de leurs possessions sardes. Il ne put cependant accroître son domaine en Méditerranée, se heurtant constamment à la présence catalane (Léonard /310/ p. 141). 190 Jean-Tristan, comte de Nevers, jeune fils du roi, mourut le 3 août 1270 (Talbi /313/ p. 74). 191 Le tribut qui devait être payé à Charles d’Anjou était une des clauses du traité signé entre le calife AlMostancer et Philippe III. Ce tribut ne fut jamais payé. Al-Mostancer fut contesté dans son propre pays,

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NOTES ET COMMENTAIRES

surtout pour la liberté accordée au culte chrétien (Talbi /313/ p. 75-77). 192 Le juge mage est dans la hiérarchie administrative placé sous l’autorité du sénéchal. Il dispose cependant de pouvoirs judiciaires plus étendus que ceux du sénéchal (Bourrily / Busquet /244/ p. 572-573, Cortez /329/ p. 125-142). F. Ardoin était un chevalier de Coni qui fut juge mage de 1269 à 1274 (Cortez /329/ p. 144-145). 193 Guillaume de Gonesse a été viguier de Marseille en 1268. Il fut sénéchal de 1269 à 1275 (Cortez /329/ p. 39-41). Le 12 juin 1270, un acte donne licence à certains notables de Saint-Rémy pour rendre cultivables les terres marécageuses. 194 Guillaume Durant figure dans les Vies. Cet écrivain est plus connu pour son œuvre de juriste que pour ses poèmes dont nous n’avons aucune trace. Le surnom de Durant (« l’Especulayre ») provient de ses écrits juridiques qui fourmillent de détails et d’observations rigoureuses (Nostredame /8/ p. 125-127, /11/ p. 7779, Durant /358/). 196 Avignon fit partie en 1290 du comté de Provence. Avant l’acte de possession, le comte influait sur la politique avignonnaise. En 1274, il octroya la possession de quelques places au clergé (Histoire d’Avignon /171/ p. 176). 197 Le 28 mai 1275, Philippe le hardi rappelle à Charles d’Anjou ses droits sur la cité d’Avignon : « (…) significat rex Siciliae quos instetuerit procuratores suos ad « visionem Alverniae tertie que medietatis civitatis Avenionensis partis ei faciendam ». » (Bouärd /311/ p. 250). 198 Le 11 janvier 1276, Élzéar de Sabran rend hommage au sénéchal de Provence, Gautier d’Aulnay. Gaultier d’Aulnay a été sénéchal de 1276 à 1277 (Cortez /329/ p. 41). 199 Les Vaudois, disciples de Pierre Valdo, avaient trouvé refuge dans les vallées alpines. L’inquisition menée par Bernard Gui était principalement dirigée contre les Cathares, mais les Vaudois furent également inquiétés. Les inquisiteurs étaient rattachés aux ordres particuliers dont ils dépendaient et n’avaient que peu de rapports avec le clergé séculier qui demandait d’ailleurs leur intervention (Bourrily / Busquet /244/ p. 484-485). Les Vaudois (ou d’autres hérétiques comme les disciples de Pierre Bruys d’Esperon) ne semblaient pas menacer l’ordre dans les diocèses, car les archevêques n’eurent recours aux inquisiteurs que vers 1228 (Frossard /314/ p. 12). 200 Pierre de Voisins, gentilhomme d’origine française, fut sénéchal de 1263 à 1264 (Cortez /329/ p. 37-39). Par un acte du 6 décembre 1268, il déclara posséder pour le comte le château de Mison au nord de Sisteron. 201 Jean de Burlas fut sénéchal de 1278 à 1282 (Cortez /329/ p. 41-42). 202 Le pape Jean XXI mourut en 1271. Le Sacré Collège, réuni à Viterbe, mit six mois pour élire un nouveau pape, car les Français et les Italiens s’opposaient fermement. Finalement, le 25 novembre 1277, Giovanni Gaetano Orsini fut élu et prit le nom de Nicolas III. Sa politique ne fut pas favorable au souverain angevin. Il voulut réconcilier Charles et Rodolphe de Hasbourg, mais réussit à contenir les ambitions des Capétiens (Léonard /310/ p. 124-128). 203 Martin IV fut élu le 2 février 1281. Ancien fonctionnaire de Louis IX, Simon de Brione était tout acquis à la politique angevine. Il restitua au roi de Naples le titre de sénateur de Rome que Nicolas III lui avait enlevé

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(29 avril 1281) (Léonard /310/ p. 130-131). 204 Le mariage de Philippe, fils de Charles d’Anjou, et de l’héritière de l’Achaïe permit aux Angevins de prendre pied en Grèce. Entre 1266 et 1270, Charles avait tenté de s’approprier l’Albanie, l’Achaïe et la Morée, mais s’était heurté à la résistance de l’empereur Baudoin. Ce n’est que grâce à une alliance que l’Angevin réussit à dominer ces territoires. La révolte de Conradin avait quelque peu contrarié ses projets ; « les Vêpres siciliennes » allaient nettement les entraver (Léonard /310/ p. 106-107, Baratier /102/ p. 174). 205 Le culte de sainte Marie-Madeleine se développa dans le courant du XIIIe siècle. Une tradition prétendait que les reliques de la sainte avaient été cachées dans une crypte au VIIIe siècle (cf. 62, 63). En 1279, Charles d’Anjou chargea son fils le prince de Salerne d’effectuer quelques recherches (Haitze /161/ p. 275). Des sépultures furent mises à jour. Le 5 mai 1280, en présence du comte et de nombreux évêques, une exhumation solennelle eut lieu. Un parchemin fut trouvé dans le cercueil. Il comprenait un texte relatif à la sépulture de la sainte : « Anno nativatis Dominicae Septingentisimo decimo, VIe mensis Decembris, in nocte secretissime, regnante Clodoveo prissimo francorum rege, tempore infestationis gentis Sarracenorum, translatum fuit corpus hoc carissimae et venerandae beatae Mariae Magdalenae de sepulcro suo alabastri in hoc marmoreo, timore dictae gentis perfidae, quia securius est hic, amoto corpore Cedonii. » (Saxer /262/ p. 232-234). Cette invention des reliques a été contée par Bernard Gui dans ses Flores chronicorum et le Speculum sanctorale. Philippe de Cabassole est également l’auteur en 1355 d’un Libellus historialis Mariae beatissimae Magdalenae (une copie est conservée à la BN sous le titre De vita miraculis beatae Mariae Magdalenae, lat. 17558) (Saxer /262/ p. 230). Philippe de Cabassole prétend qu’une feuille de palmier était dans la bouche de la sainte ; Bernard Gui parle lui de fenouil. Nostredame s’inspire donc de Bernard Gui ou d’autres relations relatant les mêmes détails. Le culte de Marie-Madeleine se développa donc à partir de l’invention de ces reliques. Il prit une ampleur considérable. Par la suite, Saint-Maximin et Vézelay se disputèrent l’honneur de posséder les reliques de la sainte. L’église de Saint-Maximin a été construite en fonction de ce culte. Vers le milieu du XVIe siècle, la dévotion pour Marie-Madeleine baissa d’intensité. La sainte n’est probablement jamais venue en Provence. Victor Saxer tente une comparaison entre le tombeau de la sainte et certaines sépultures romaines. Les dépouilles trouvées en 1279 seraient celles d’une riche famille gallo-romaine (Saxer /262/ p. 46-48). L’invention des reliques et le culte de la sainte peuvent s’expliquer par l’échec des croisades et la nécessité de retrouver des sépultures de saints. Ces tombeaux constituent des documents que les historiens ne manquent pas d’exploiter avec parfois un manque d’esprit critique : « (…) le culte des saints incitait à retrouver leurs sépultures. La translation des reliques obligeait à ouvrir des tombes dont le mobilier témoignait d’un passé différent. » (Guenée /174/ p. 85). 206 Philippe III le hardi succède à saint Louis en 1270. Folquet de Marseille n’a pas pu être nommé abbé du Thoronet par Philippe le hardi. Ce troubadour était évêque de Toulouse au début du XIIIe siècle et fit preuve d’une grande sévérité envers les Albigeois. Folquet a été quelque temps abbé du Thoronet avant d’occuper ce siège (Lafont / Anatole /3/ tome 1 p. 105 et 171). Dante mentionne Folquet de Marseille dans La Divine Comédie : « Or, de cette vallée, je vécus sur la rive, Entre l’Ebre et Magra, qui, dans sa course brève, Sépare le Génois du Toscan, son voisin. Presque au même levant et au même couchant Ont leur site Bougie et ma ville natale, Qui vit son sang fumer sur les quais de son port. On m’appelait Folquet parmi le peuple Où fut connu mon nom ; et ce ciel est aussi Empreint de moi qu’il m’imprégna lui-même ; » (Dante /181/ p. 404, « Paradis IX ») Dante cite également un vers de Folquet dans le De Vulgari eloquentia : « Ce degré de construction est celui que nous nommons très excellent, et c’est lui que nous cherchons, comme il a été dit, dans notre haut pourchas. Il est le seul dont soit tissue l’étoffe des illustres chansons, comme celle que chante Giraut : Si per mon Sobretots non fos…

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NOTES ET COMMENTAIRES

Folquet de Marseille : Tant m’abellis l’amoros pensamen ; » (Dante /121/ p. 608. Nous restituons le texte occitan des citations qu’André Pézard a traduites en français). Les premiers mots de ce vers sont identiques à ceux que Dante prête à Arnaud Daniel (Dante /181/ p. 308, « Purgatoire XXVI »). 207 Les « Vêpres siciliennes » constituent un fait historique important du XIIIe siècle. Le 30 mars 1282, les Siciliens se révoltent. Pierre III d’Aragon débarque à Trapani et peut conquérir la Sicile, toutes les villes s’étant soulevées contre les Angevins. Cet événement met un terme à la politique expansionniste de Charles d’Anjou. Le souverain angevin avait essayé d’étendre son domaine vers l’Épire et l’Achaïe et préparait une nouvelle croisade. Les « Vêpres » le détournent de ses projets. Il ne put reconquérir la Sicile et mourut sans avoir assuré la stabilité de son royaume. En réalité les « Vêpres » prennent l’apparence d’une révolte contre les Angevins et leur appareil administratif, mais correspondent également à un mouvement en profondeur d’une petite bourgeoisie sicilienne en lutte contre le pouvoir financier et économique des Amalfitains. La présence des Français n’est pas tolérée, mais l’appartenance à l’Aragon n’est pas une revendication primordiale. La coupure entre la Sicile et Naples et l’autonomie de fait entre 1282 et 1409 vont permettre à toute une classe sociale de préserver ses acquis et de les développer. L’insurrection palermitaine est donc un événement qui révèle des changements en profondeur plus conséquents. La perte de la Sicile a un effet dévastateur sur les Angevins. Charles II est fait prisonnier et doit traiter avec Alphonse d’Aragon. Ses descendants ressentent la présence catalane comme une blessure. Jusqu’au règne de Jeanne, ils n’admettent pas la séparation entre la Sicile et Naples. Il n’est pas étonnant que Nostredame, très attentif aux malheurs angevins, porte un regard particulier sur cet événement (Huré /318/ p. 95-98, Bresc /319/, /320/, /321/, Baratier /102/ p. 174). 208 Cf. 205. 209 / 211 Cf. 207. 212 À la mort de Charles Ier (le 7 janvier 1285), le pape Martin IV organise la régence du royaume. Il la confie à Robert d’Artois jusqu’à la libération de Charles II (Léonard /310/ p. 162). Sous le commandement de Philippe III, les troupes françaises envahissent la Catalogne et mettent le siège devant Girona. La guérilla catalane et la victoire navale de Les Formigues par Ruggero di Lauria obligent l’armée française à se replier vers le Roussillon (Léonard /310/ p. 163-164). 213 Nostredame commet une erreur de date qu’il corrige d’ailleurs dans la marge. Raymond-Bérenger est mort en 1245. 214 Nous avons retrouvé la trace de ce compromis. Raymond-Bérenger n’était pas comte de Provence en 1283. Le sénéchal Jean de Burlas signe pour le roi Charles cet acte daté du 17 mars 1279 (Cortez /329/ p. 42). 215 La généalogie établie par Nostredame est exacte dans ses grandes lignes. Quelques oublis peuvent être notés : Charles eut un troisième fils, Robert, mort en 1265 ainsi qu’une troisième fille, Isabelle, mariée à Ladislas IV de Hongrie. 216 Charles Ier est mort à Foggia le 7 janvier 1285. 217 Le légat Gérard tenta de dissuader Charles II de livrer bataille à Ruggero di Lauria au large de Naples. Le prince angevin n’écouta pas ces conseils. Sa flotte fut détruite et il fut fait prisonnier (Léonard /310/ p. 157).

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La traité de Canfranc prévoyait la cession de la Sicile à l’Aragon. Il précisait aussi que deux enfants de Charles II devaient rester en Aragon : Charles Martel, qui devint roi de Hongrie et Louis d’Anjou, évêque de Toulouse. Un troisième fils de Charles II, Raymond-Bérenger, les rejoignit en captivité (Léonard /310/ p. 171). 218 Honoré IV succède à Martin IV le 2 avril 1285. Ce pape réussit à pacifier le royaume de Naples (Léonard /310/ p. 163-168). 219 Philippe le hardi tomba malade à la suite de la campagne d’Aragon. Il mourut à Perpignan le 5 octobre 1285. Philippe IV le bel lui succéda et abandonna la guerre contre l’Aragon (Léonard /310/ p. 164, Duby /253/ p. 422). 220 Édouard III d’Angleterre fit office de médiateur entre les souverains français et Alphonse d’Aragon. Le 26 juillet 1286, une trêve fut conclue. Édouard III essaya ensuite de négocier la libération de Charles II. Honoré IV refusa un premier traité qui démembrait le royaume de Naples et de Sicile (Léonard /310/ p. 168). Ce traité signé à Oloron prévoyait également un mariage entre Éléonore d’Angleterre et Alphonse d’Aragon. Édouard négocia ensuite le traité de Canfranc qui entérinait l’appartenance de la Sicile à l’Aragon et ordonnait la libération de Charles II (Léonard /310/ p. 168-171). 221 Pierre III d’Aragon mourut le 10 novembre 1285. Alphonse III hérita de l’Aragon et Jaume de la Sicile (Léonard /310/ p. 200). 222 Le 24 juin 1286, Henri II de Chypre débarqua à Saint-Jean d’Acre. Le représentant de Charles II, Eude Poilechien, résista quelque temps, mais il fut obligé de livrer la forteresse. Le roi de Chypre ne posséda que quatre ans la cité, car elle fut prise par les Musulmans le 28 mai 1291 (Léonard /310/ p. 200). 223 La guerre continua entre les Angevins et les Aragonais pendant la captivité de Charles II. Les Angevins essayèrent de reprendre pied en Sicile et débarquèrent le 1er mai 1287 entre Catane et Syracuse. L’armée française put se maintenir quelque temps dans Augusta où elle capitula (Léonard /310/ p. 168, Bresc /321/ p. 47). 224 Charles II confirme les privilèges d’Avignon le 31 juillet 1288. 225 Sur les conditions de la libération de Charles II cf. 220. Le souverain angevin séjourna quelque temps à la cour de France (fin 1288 - début 1289). Il partit ensuite pour Rome. Charles II fut couronné à Rieti le 29 mai 1289 (Léonard /310/ p. 171-172). 227 Dès son couronnement, Charles II révoqua le traité de Canfranc. Le traité de Brignoles conclu le 19 février 1291 stipulait que Charles de Valois, fils de Philippe le bel, devait épouser Marguerite, fille de Charles II. Charles de Valois devait renoncer à ses droits sur l’Aragon. Charles II cédait en échange le Maine et l’Anjou (Léonard /310/ p. 176-179). 228 Charles Ier avait marié sa fille Isabelle à Ladislas de Hongrie. Charles II avait épousé Marie de Hongrie, fille de Béla IV. À la mort de Ladislas IV (10 juillet 1290), Charles II revendiqua le trône de Hongrie pour son fils Charles Martel. Celui-ci fut proclamé roi au début de l’année 1291. Les Hongrois ne reconnurent pas Charles Martel comme roi et s’opposèrent à sa venue (Léonard /310/ p. 196-197, Baratier /102/ p. 174).

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NOTES ET COMMENTAIRES

229 En 1301, Béranger Gantelmi, sénéchal de Provence, reçut l’ordre de recourir à de nouveaux subsides pour les guerres de Sicile (Léonard /310/ p. 46-47). 230 Le 23 juin 1287, l’amiral Ruggero di Lauria remporta une victoire navale dans le golfe de Naples. Il captura quarante-huit galères angevines et fit prisonnier les comtes de Flandres, de Montfort et de Joinville (Léonard /310/ p. 168, Bresc /321/ p. 47). 231 Cf. 227. 233 Le 29 janvier 1291, Charles II confirme à nouveau les privilèges d’Avignon. 234 Un accord a été conclu entre Isnard d’Agoult d’Entrevennes, seigneur de Sault et Charles II. Cet accord place le seigneur de Sault sous l’autorité du comte qui se réserve certains privilèges (nommer des notaires, tailles diverses…) (Gavot /315/ p. 59-79). 235 Nous ne possédons aucun renseignement sur Bertrand Roubaud, seigneur de Cotignac. À partir de 1270, la seigneurie est la propriété de la famille Pontevès (Teissier /296/). 236 Élu en 1292, Adolphe de Nassau dispute l’empire à Albert d’Autriche. Le souverain germanique était en principe maître d’une partie de la Provence, l’ancien royaume d’Arles. Philippe le bel, profitant du « grand interrègne » (1250-1273) s’était affranchi de l’empire (Duby /253/ p. 423-424). 237 Rien à cette date ne concerne Charles II et Avignon. En 1297, le comte de Provence publie certaines réglementations communales. 238 La seigneurie de Léoube ne semble pas être distincte de celle de Bréganson avant le XIVe siècle. Bréganson possède un château qui accueille la reine Jeanne en 1348 (Davin /317/, Coulet /316/). 240 Roncelin a été vicomte de 1200 à 1212. Il fut le dernier vicomte de Marseille. Au début du XIIIe siècle, les droits vicomtaux cédèrent le pas devant les institutions communales. En 1229, la prise de la tour du Tolonée sonne le glas de la vicomté (Baratier /105/ p. 70-71, Guiral / Reynaud /248/ p. 214). Nostredame commet ici une erreur de date. Nous n’avons pas retrouvé d’actes concernant l’abbaye de Silvacanne (Gerin-Ricard / Isnard /322/). 241 Charles de Valois, veuf de Marguerite de Sicile, épousa Catherine de Courthenay, héritière de l’empire latin de Constantinople. Le mariage eut lieu le 31 janvier 1301. Le 3 février, le pape Boniface investissait Charles de Valois des pleins pouvoirs pour pacifier l’Italie et le nommait vicaire général des terres du Saint-Siège (Léonard /310/ p. 192). 242 Charles de Valois essaya de reconquérir la Sicile. Son armée débarqua en mai 1302 à Termini. Elle mit le siège devant le port de Sciacca, mais la cité ne se rendit pas. Alarmé par la défaite de Philippe le bel à Courtrai, Charles de Valois préféra traiter avec Frédéric d’Aragon. Le traité de Caltabellota notifiait l’usufruit de la Sicile aux Aragonais. À la mort de Frédéric, l’île devait revenir aux Angevins (Léonard /310/ p. 194195).

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243 Cf. 242. 244 Clément V entra en Avignon le 9 mars 1309. L’archevêque de Bordeaux, Bertrand de Got, avait été élu en 1305 sous le nom de Clément V. Il avait convoqué un concile à Vienne le 1er octobre 1310. Désirant attendre l’ouverture du concile dans un lieu propice, il choisit Avignon et passa l’été au prieuré du Groseau au nord du mont Ventoux. Cette installation se voulait provisoire (Histoire d’Avignon /171/ p. 175-176, Baratier /102/ p. 186-187). 245 La cour romaine resta en Avignon de 1309 à 1378, soit 69 ans. Si l’on prend en compte les papes avignonnais, la cour demeura 94 ans dans la cité provençale, de 1309 à 1403. 246 Béatrice, femme de Charles d’Anjou, fille de Raymond-Bérenger V, mourut à Nocera en juillet 1267. Sa dépouille fut transportée en l’église Saint-Jean de Jérusalem d’Aix (Léonard /310/ p. 64). 247 Daspoul est présent dans les Vies manuscrites contenues dans la CF 534-535. Nostredame lui attribue un poème sur la mort de saint Louis et une Fiction poetique en forme de dyalogue d’entre Daspoul et Dieu. Il ne parle pas d’un poème contre les Templiers (Nostredame /11/ p. 157-159). 248 Charles II fit son testament le 6 mars 1308 à Marseille. Il mourut à Naples le 5 mai 1309. Charles II eut huit fils : Charles Martel, roi de Hongrie, mort en 1296, saint Louis d’Anjou, évêque de Toulouse, mort en 1299, Robert qui lui succède, Philippe, prince de Tarente, Raymond-Bérenger, comte d’Andria, mort en 1305, Jean Tristan, mort enfant, Jean, duc de Duras, Pierre, comte d’Eboli (Léonard /310/ tableau n°4). 249 Bertrand de Marseille a été lieutenant du sénéchal de 1313 à 1315. Il avait été auparavant viguier de Draguignan en 1285. Nous n’avons pas trouvé trace de son passage en Avignon (Cortez /329/ p. 112-115). 250 Nostredame corrige cette erreur de date dans la marge. Il faut lire en effet 1385. 252 / 253 / 254 Les Templiers avaient accumulé, grâce à la bonne gestion de leurs affaires, un pouvoir économique important. Les différentes croisades avaient permis aux relations économiques de se développer. Les Templiers y avaient participé en s’appuyant sur un ordre hiérarchisé qui pouvait rivaliser avec une puissance étatique. Servant la politique pontificale qui ne souhaitait pas abandonner aux laïcs tout le bénéfice matériel des croisades, les Templiers bâtirent un ordre qui dépassa les souhaits des papes (Duby /253/ p. 360). Les historiens ont longtemps disserté sur les véritables raisons de l’arrestation des Templiers. L’argument le plus connu est d’ordre financier. En saisissant les biens des Templiers, Philippe le bel réalisait une bonne opération financière. Il faut relier cette explication à deux autres faits. La monarchie évolue sous Philippe le bel vers une tentation absolutiste personnifiée par le pouvoir royal (Duby /253/ p. 411-415). Le roi de France pouvait-il aisément tolérer un ordre religieux qui constituait un « État dans l’État » ? Les Templiers échappaient à tout contrôle royal et leurs richesses pouvaient apparaître comme un défi à la mainmise de l’administration française. Les accusations portées contre les Templiers correspondent également à des schémas de pensées intrinsèques aux mentalités religieuses. Le blasphème, illustré par l’action symbolique de cracher sur la Croix, ne peut être considéré comme une simple erreur. Il s’agit de démontrer que les Templiers souillent le grand rêve de l’occident chrétien, celui de la Croix et du Saint Sépulchre que les Croisés sont allés chercher en Palestine. La sodomie pose un autre problème : la société médiévale tolère un certain nombre d’écrits et de pratiques quand ceux-ci sont marginaux et se limitent au seul genre poétique. Cette tolérance est combattue par Bernard de Clairvaux qui s’insurge contre ces textes (Curtius /101/ vol. 1 p. 198-213). Nostredame ne consacre pas un chapitre très long aux Templiers. Les longues notices que nous découvrons sont le fait de Pierre de Galaup de Chasteuil qui intervient dans le manuscrit en démarquant le plus souvent François de Belleforest (Favier /328/, Demurger /327/).

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NOTES ET COMMENTAIRES

255 Nostredame avait certainement écrit une notice relative à la descendance de Charles II. Cette généalogie est reprise dans le texte suivant. 257 / 258 Cette généalogie est exacte si l’on excepte quelques erreurs. Charles II n’eut pas de fille prénommée Clémence. Marguerite épousa Charles de Valois, Béatrice fut mariée à Azzo d’Este, seigneur de Ferrare puis à Bertrand des Baux, comte de Montescaglioso, duc d’Andria (Léonard /310/ tableaux 4 et 6). 259 Pour le testament de Charles II cf. 248. Charles Martel, fils de Charles II, ne se maria pas avec une princesse hongroise. Il devint roi de Hongrie en revendiquant l’héritage de sa mère Marie de Hongrie (Léonard /310/ p. 196-197). Charles II séjourna quelque temps dans son comté. Il fit édifier plusieurs églises : celle de Saint-Maximin pour célébrer le culte de Marie-Madeleine, le couvent de Notre-Dame de Nazareth à Aix-en-Provence. Le couvent des Dominicaines d’Aix a été fondé en 1290. La fille du comte, Béatrice, y reçut son éducation (Bouyala d’Arnaud /229/ p. 126-127). Nostredame confond Raymond-Bérenger, fils de Charles II et Raymond-Bérenger V. Le fils de Charles II ne fut jamais comte de Provence. 260 Robert devint roi de Naples et comte de Provence à la mort de Charles II en 1309. 261 Le nouvel empereur germanique, Henri VII de Luxembourg, vint en Italie. Aussitôt les cités gibelines se révoltèrent. Robert avait déjà eu des difficultés avec Bologne et Arezzo. Henri VII arriva à Rome le 7 mai 1312 pour se faire couronner. Robert utilisa un réel talent diplomatique et refusa tout affrontement. L’empereur mit le siège devant Florence qui résista. Pendant ce temps, les cités guelfes de l’Italie septentrionale et centrale s’étaient ralliées à Robert d’Anjou. Henri VII priva le roi de Naples de tous ses domaines (12 juin 1312). L’empereur mourut le 24 août 1313 alors que ses troupes envahissaient le royaume de Naples (Léonard /310/ p. 210-222, Baratier /102/ p. 175, Caggese /326/ vol. 1 p. 99-198). 262 Robert d’Anjou fut couronné en Avignon en août 1309. Il confirma les privilèges de la ville. Son sénéchal en fit de même l’année suivante. 263 Le concile de Vienne eut lieu d’octobre 1311 à mai 1312. Clément V était pape. Il mourut peu de temps après le concile, à Roquemaure, le 20 avril 1314. Louis de Naples est un comte de la deuxième maison d’Anjou. Robert est comte de Provence à cette date (Bourrily / Busquet /244/ p. 490, Baratier /102/ p. 187). 264 Nostredame corrige cette erreur de date dans la marge. L’historien aixois veut certainement parler de l’adoption de Louis d’Anjou par la reine Jeanne. 265 Bertrand de Lamanon dont il a été question à la notice 78 est présent dans les Vies (Nostredame /8/ p. 168171, /11/ p. 104-105). Bertrand de Lamanon n’a pas été sénéchal de Provence. En 1309, Richard de Gambatezza et Reynaud de Lecto étaient sénéchaux (Cortez /329/ p. 53-54). 266 Nous sommes ici en présence des différentes dénominations des régions composant le royaume de Naples. 267 Arnaud de Villeneuve est un célèbre savant du XIVe siècle. La tradition que reprend Nostredame veut qu’il ait été chassé de Tarascon par le clergé de cette ville. Arnaud de Villeneuve est l’auteur d’un certain nombre de recherches scientifiques (Haitze /325/).

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268 À la suite de sa campagne italienne, Henri VII avait déchu Robert d’Anjou de ses titres et l’avait condamné à mort. Cette sentence ne fut jamais exécutée (Caggese /326/ vol. 1 p. 99-198). 269 Clément V passa l’hiver de 1312-1313 dans le Comtat Venaissin. La présence d’Henri VII en Italie ne facilitait pas le retour de la cour pontificale à Rome. Le pape accepta l’hospitalité d’un de ses neveux au château de Monteux, près de Carpentras. Il mourut à Roquemaure le 20 avril 1314 (Histoire d’Avignon /171/ p. 176). 270 Bertrand de Marseille, seigneur d’Évenos, est vice sénéchal de 1313 à 1315 (Cortez /329/ p. 112-115). 273 Le 7 août 1316, Jacques Duèse fut élu pape sous le nom de Jean XXII. Il décida de fixer le siège de la papauté en Avignon. L’Italie étant en perpétuelle effervescence, le pape choisit Avignon pour sa position géographique et pour le soutien qu’il pensait obtenir du roi de France et du comte de Provence. Il avait été évêque de cette ville de 1310 à 1312 (Histoire d’Avignon /171/ p. 178). 274 Jean de Cabassole fut juge mage de 1302 à 1307 et de 1314 à 1316. Il fut également vice sénéchal en 1305 et 1315. Il fut chargé en 1307 d’une mission auprès du marquis de Saluzzo (Cortez /329/ p. 112, 115, 156-159, 160-161). Bompas est situé au sud-est d’Avignon. Une commanderie des Templiers y avait été installée. Le pont de Bompas est un des premiers ponts sur la Durance. Nostredame confond peut-être Jean de Cabassole avec un autre membre de cette famille, Philippe de Cabassole, évêque de Cavaillon et ami de Pétrarque. 275 La vacance du Saint-Siège dura plus de deux ans : de 1314 à 1316. Les cardinaux gascons ne voulaient pas d’un pape qu’ils n’avaient pas choisi. En 1316, à Lyon, le roi de France fit pression sur le conclave et Jean XXII fut élu. Le nouveau pape s’installa au couvent des frères prêcheurs et fit commencer les premiers travaux d’édification d’un palais (Histoire d’Avignon /171/ p. 177-182, Baratier /102/ p. 187, Mollat /330/ p. 38-42). Soutenu par le parti gascon contre les Italiens, Jacques Duèse mena une politique de réorganisation de l’église. Hugues Géraud, évêque de Cahors, fut accusé de complot contre la papauté. Il fut arrêté et mis au bûcher en 1317 (Mollat /330/ p. 42-44). 276 Jean XXII fut toujours lié à la famille royale française. Il protégea Philippe le long après la mort de Louis X et adressa plusieurs lettres à Clémence pour la consoler de la mort de son fils (Mollat /330/ p. 58 et 398). 277 Gênes s’était illustrée au cours de la lutte entre Guelfes et Gibelins. Le 27 juillet 1318, la cité demande par l’intermédiaire des Spinola (famille ennemie des Doria) à être protégée par Robert d’Anjou (Léonard /310/ p. 230-232). 278 Notre-Dame des Miracles fait partie des édifications et des restaurations entreprises par Jean XXII : NotreDame des Doms, Saint-Agricol, les Carmes… Cette chapelle fut bâtie à l’emplacement de l’Estel, jardins où se pratiquaient les exécutions (Girard /331/ p. 51 et 56). 279 La date et le lieu de la rencontre de Pétrarque et de Laure ont fait l’objet de nombreuses controverses (Dotti /333/ p. 49-53, Flamini /334/). 281 La mention de Bertrand de Pena est une illustration des tentatives de Nostredame de glorifier les familles

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NOTES ET COMMENTAIRES

des parlementaires aixois. André Pena a été conseiller au Parlement en 1562. Pierre Pena a été un botaniste réputé, élève de Guillaume Rondelet à Montpellier en 1565 (Legré /173/). 282 En 1318, quatre frères mineurs qui prêchaient conformément à l’ordre « mendiant » la pauvreté et la révolte contre les richesses ecclésiastiques sont mis au bûcher sur le parvis des Accoules à Marseille (Baratier /105/ p. 101). 283 Charles de Calabre était mort en 1318. Robert n’eut que deux descendants : Jeanne et Marie, ses petitesfilles. Jeanne lui succéda. Pour éviter les réclamations des Angevins de Hongrie, il la maria en 1333 à André de Hongrie. 284 Bertrand des Baux est le premier comte d’Avellino. Il est né en 1237 et mort en 1305. Il s’illustra à la bataille de Bénévent et Charles d’Anjou lui donna cette seigneurie en Italie. En 1330, Hugues des Baux était le troisième comte d’Avellino (Noblemaire /279/ p. 32-37). 285 À la Toussaint 1331, Jean XXII prêcha que les âmes ne pouvaient jouir de la vision de Dieu avant la résurrection des corps. Le pape fut alors proclamé hérétique par ses ennemis, notamment le philosophe Guillaume d’Ockam. Jean XXII se rétracta sur son lit de mort le 3 décembre 1334. Il mourut le lendemain (Mollat /330/ p. 55-56). Un rocher s’élève sur la rive droite de la Durance au lieu-dit de Maupas. Un pont y fut construit dès 1166 et donnait droit à la perception d’un péage. Ce lieu changea alors de nom, devenant Bompas. Les religieux qui détenaient le droit de péage s’unirent en 1278 aux Hospitaliers. En 1317, le pont devint la propriété de l’Église. Jean XXII céda le domaine et les droits aux Chartreux. Les bâtiments de la nouvelle église furent terminés vers 1334. La Chartreuse fut ravagée au XVIe siècle. Il ne reste presque rien aujourd’hui des constructions originelles (Girard /331/ p. 360-361). Philippe de Cabassole fut évêque de Cavaillon. 286 Philippe de Sanguinet a été sénéchal de 1330 à 1341 puis de 1346 à 1348. Il est mort vers 1355. Nous n’avons pas retrouvé d’acte daté du 11 décembre 1334. Il était toutefois d’usage que le sénéchal rappelle l’indivisibilité du comté (Cortez /329/ p. 62-67). 288 Benoît XII fut élu le 20 décembre 1334. Jacques Fournier avait été évêque de Pamiers et s’était illustré au cours de l’inquisition contre les Cathares (Le Roy Ladurie /339/). Benoît XII ordonna la construction du Palais des Papes. Dès 1335, sous la conduite de Pierre Poisson, plusieurs tours furent rajoutées. Clément VII termina l’œuvre commencée sous Benoît XII. La porte dont parle Nostredame est la Porte majeure. La salle de Jésus a disparue dans les formes que le XVIe siècle a connues. Elle était une antichambre du pape. Nous ne possédons aucune preuve de l’anecdote contée par Nostredame. La personnalité de Benoît XII a été contestée par les Italiens, notamment par Pétrarque (Mollat /330/ p. 68-81, Girard /331/). 289 La politique de Benoît XII fut emprise de conciliation. Il accorda de nombreuses faveurs financières aux souverains français ainsi que les annates, impôts prélevés sur les nominations. Ces sommes devaient servir, théoriquement, aux voyages vers la Terre Sainte. L’essentiel de la politique de Benoît XII fut occupé par l’empire. Le pape tenta de placer sous son autorité Louis de Bavière. Il essaya pour cela de regrouper tous les autres souverains chrétiens dans une alliance, mais se heurta aux réticences de Philippe VI qui s’apprêtait à faire la guerre aux Anglais (Mollat /330/ p. 39-44, 397). Le vendredi saint de 1336, Benoît XII prêcha la croisade devant les rois de France, de Navarre et de Majorque (Histoire d’Avignon /171/ p. 235). 290 Cette notice reflète l’organisation ecclésiastique de la Provence en archevêchés (Arles, Aix, Embrun) et

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évêchés. 293 Une note de Pétrarque en marge de son Virgile relate la rencontre avec Laure : « Laure, illustre pour ses vertus et longtemps célébrée dans mes poèmes, apparut pour la première fois à mes yeux au début de mon adolescence, en l’an de grâce 1327, le sixième jour d’avril dans l’église de Sainte-Claire à Avignon (…) » (Dotti /333/ p. 50). Nostredame ne connaît pas cette note manuscrite et se base sur les commentaires de Vaisquin Philieul et de Vellutello (Philieul /48/, Vellutello /373/). Dans cet espace laissé en blanc aurait dû figurer le sonnet commençant par : « Dodici donne honestamente lasse » (Pétrarque /49/ p. 370) Nostredame cite le sirventès de Guilhem Figueira comme source possible des sonnets de Pétrarque dirigés contre la cour pontificale. Figueira écrivit ce sirventès entre 1227 et 1229. Hormis l’inspiration et la violence de ton, on ne peut effectuer un rapprochement particulier ; les situations d’écriture apparaissent fort dissemblables. 294 Il s’agit ici d’un nouveau récit du siège d’Avignon pendant la Croisade contre les Albigeois. Le roi de France n’est pas saint Louis mais Louis VIII. 295 Nostredame reprend ici l’histoire du Comtat Venaissin qui fut possession de la maison de Toulouse, du royaume de France puis de la papauté. 296 Le 19 juin 1469, René d’Anjou et Henri de Castille conclurent un traité de défense. René recherchait un allié capable de le soutenir contre Jean II d’Aragon (Bourrily / Busquet /244/ p. 453-454). 297 Les Catalans s’étaient soulevés contre le roi d’Aragon Jean II. Ils offrirent le 20 août 1466 la couronne à René d’Anjou. Jean, duc de Calabre, fils de René, fut investi du titre de lieutenant général et entra dans Barcelone en 1467. Mais la guerre devint de plus en plus coûteuse et René fut obligé de réunir les États de Provence à Aix en janvier 1469 pour trouver de nouveaux subsides. En décembre 1470, Jean de Calabre mourut et la campagne de Catalogne tourna au désastre (Bourrily / Busquet /244/ p. 454). 298 René épousa Jeanne de Laval le 10 septembre 1454. En octobre 1471, le comte de Provence quitta l’Anjou pour venir établir sa résidence à Aix avec son épouse. C’est au cours de ce séjour que ces présents furent offerts à la comtesse (Bourrily / Busquet /244/ p. 454). 300 C’est au début de 1355 que Jeanne et Louis obtinrent confirmation par l’empereur Charles IV des comtés de Provence et de Forcalquier (Bourrily / Busquet /244/ p. 395). 302 Jean Drogoul, Charles Albe et Luc de Castillon furent envoyés en Sicile pour conclure le mariage de Marie, fille de Louis II d’Anjou et de Jean-Antoine des Baux des Ursins, prince de Tarente. Ce mariage n’eut pas lieu. Marie devint reine de France en épousant le futur Charles VII (Cortez /329/ p. 264-265). 303 En 1443, René et Alphonse d’Aragon signent un accord. De 1443 à 1448 les actes de piraterie des Aragonais continuent. En 1448, René recommande au cardinal de Foix de négocier de nouvelles trêves et de prolonger la paix. Alphonse d’Aragon n’accepte pas de trêves (Bourrily / Busquet /244/ p. 449). 304 Cette mesure prise contre les Juifs (18 mai 1454) s’inscrit dans une apparente politique de tolérance que le roi René aurait voulu mener. La tolérance n’est pas ici l’assimilation : le roi accorde des droits nouveaux, mais maintient les Juifs dans leur exclusion. Le signe distinctif, la rouelle rouge, est remplacé par un fil de couleur différente de celle de l’étoffe des vêtements (Arnaud d’Agnel /332/ p. 5-6).

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NOTES ET COMMENTAIRES

305 Nous n’avons pas retrouvé d’acte de René daté du 16 mai 1455. 306 René engagea les hostilités contre les Aragonais pour récupérer le royaume de Naples. La guerre commença en mai 1438. René fut victorieux et reprit Naples. Des négociations s’engagèrent, mais elles ne purent aboutir à cause des exigences des Génois, alliés de René (Bourrily / Busquet /244/ p. 446). 307 Benoît XII mourut le 25 avril 1342. L’épitaphe citée par Nostredame prouve que sa personnalité était très contestée. Voici le texte exact de cette épitaphe : « Iste fuit Nero, laicis mors, vipera clero, Devius a vero, cuppa repleta mero. » (Mollat /330/ p. 80) 308 Pierre Roger est né en 1291 à Maumont en Limousin. Il fut élu pape sous le nom de Clément VI le 3 mai 1342 (Mollat /330/ p. 84). Avignon subit de nombreuses inondations entre 1342 et 1353 (Histoire d’Avignon /171/ p. 260). 309 L’assassinat d’André de Hongrie eut lieu dans la nuit du 18 au 19 septembre 1345 à Aversa. Cet assassinat fut la cause des guerres entre Jeanne et Louis de Hongrie, frère d’André. Jeanne ne se montra pas habile en cédant aux instances de Catherine de Courtenay, veuve du prince de Tarente (Bourrily / Busquet /244/ p. 390-391). 310 Le 16 janvier 1343, Robert dicta son testament et fit de Jeanne son héritière (Bourrily / Busquet /244/ p. 389). 311 Robert d’Anjou meurt le 19 janvier 1342 (Bourrily / Busquet /244/ p. 389). 313 Jeanne accède au trône de Naples à l’âge de dix-sept ans. Clément VI exerce l’administration du royaume. En 1344, il mandate le cardinal Aymery de Chalus, mais celui-ci est mal accueilli. Philippe de Cabassole réussit une deuxième mission (Bourrily / Busquet /244/ p. 390). 315 C’est à la fin de 1347 que la peste fit son apparition en Provence et en Avignon. Les chiffres donnés par les historiens médiévaux (62 000 victimes) paraissent exagérés. L’épidémie dura jusqu’en juillet 1348. Le fléau reprit en 1361, 1374 et 1381 (Histoire d’Avignon /171/ p. 260-263). 316 Après l’assassinat d’André de Hongrie, Jeanne eut à subir la vengeance de Louis, frère d’André. Jeanne voulut prendre pour époux Louis de Tarente, son cousin, et obtint pour cela une dispense de Clément VI. Le mariage fut célébré le 22 août 1347. Les époux durent s’exiler en Provence sous la menace de Charles de Duras et de Louis de Hongrie (Bourrily / Busquet /244/ p. 391). 317 En 1349, Jeanne n’est pas à Naples, mais en Provence (Bourrily / Busquet /244/ p. 391-393). 318 Laure est victime de l’épidémie de peste qui infesta Avignon en 1348 (Histoire d’Avignon /171/ p. 262, Dotti /333/ p. 49-53). Nostredame cite l’incipit d’un sonnet de Pétrarque dont le dernier tercet précise la date et l’heure de la mort de Laure : « Sai che’ n mille trecento quarantotto, il dí sesto d’aprile, in l’ora prima,

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del corpo uscío quell’ anima beata. » (Pétrarque /49/ p. 516) 319 C’est le 15 mars 1348 que Jeanne et Louis de Tarente arrivèrent en Avignon pour faire confirmer leur mariage. C’est au cours de ce séjour que la vente de la cité fut conclue (Histoire d’Avignon /171/ p. 189190). 321 L’armateur marseillais Jacques de Goubert permit à Jeanne et à Louis de Tarente de s’enfuir de Naples. Jeanne lui octroya le château de Bréganson (Bourrily / Busquet /244/ p. 393). 322 Débarrassée de Louis de Hongrie, Jeanne put réintégrer son royaume de Naples. Elle est couronnée à Naples le 27 mai 1352 (Bourrily / Busquet /244/ p. 394). 323 La vente d’Avignon fut conclue le 9 juin 1348 pour la somme de 80 000 florins (56 000 versés au moment de l’acte, 6000 en octobre) (Histoire d’Avignon /171/ p. 189-190). Guillaume Roger reçut en 1353 la seigneurie de Saint-Rémy. Il était le frère du pape Clément. Le cardinal de Canilhac, beau-frère de Guillaume Roger, se retira à Saint-Rémy et fit bâtir une tour qui prit son nom. Nous savons que Jacques de Nostredame, père de Jean, fut notaire à Saint-Rémy et attaché au domaine de Canilhac (Leroy /84/, Léonard /335/ tome 3 p. 105). 324 Raymond d’Agoult fut nommé sénéchal en février 1348 (Cortez /329/ p. 67). 325 Raymond d’Agoult était effectivement sénéchal en 1351, mais nous n’avons pas retrouvé mention d’un acte du 10 février 1351 (Cortez /329/ p. 72-73). Jeanne est à Gaeta à cette date (Léonard /335/ tome 2 p. 294). 327 Clément VI est mort le 6 décembre 1352 (Mollat /330/ p. 91). 328 Nous n’avons pas retrouvé trace de ces privilèges. 329 Pour la vente d’Avignon cf. 323. 330 Jean le Meingre fit Boucicaut reçut en récompense de services rendus contre les routiers de Raymond de Turenne les seigneuries des Pennes, Pertuis, Pelissanne, Saint-Rémy. Nostredame commet une erreur de date. Cette donation a lieu en juillet 1399 (Bourrily / Busquet /244/ p. 435). 331 Le mardi 18 décembre 1352, Étienne Aubert fut élu pape sous le nom d’Innocent VI (Mollat /330/ p. 97101). 333 L’église de Saint-Didier fut reconstruite entre 1356 et 1359 grâce à un don de Bertrand de Déaux, évêque de Sabine (Girard /331/ p. 52). Le 5 février 1355, Robert de Duras investit le château des Baux. Le pape envoie l’archevêque d’Arles pour tenter une médiation. Le 20 août 1355, le sénéchal Foulque d’Agoult s’en empare et le restitue à son seigneur (Bourrily / Busquet /244/ p. 395). Bernard Rascas fonde en 1354 l’hôpital de Sainte-Marthe. Il y installe un couvent. L’édifice actuel date du XVIIIe siècle (Girard /331/ p. 306). Bernard Rascas est cité dans les Vies (Nostredame /8/ p. 220-223, /11/ p. 132-134). L’édification de cet hôpital y est mentionnée.

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NOTES ET COMMENTAIRES

334 Charles IV fut autorisé par Innocent VI à passer les Alpes. Il fut couronné à Rome le 5 avril 1355 par le cardinal Pierre Bertrand de Colombiers. En 1356, une bulle d’or réservait le trône de l’empire à un Allemand (Mollat /330/ p. 358). 337 Innocent VI mourut le 12 septembre 1362. Il avait demandé à être enseveli à la Chartreuse de Villeneuvelès-Avignon qu’il avait fondée en 1356 (Mollat /330/ p. 106). 340 Le 28 septembre 1362, Guillaume de Grimoard, abbé de Saint-Victor de Marseille, fut élu pape sous le nom d’Urbain V. Le roi de France Jean II séjourna en Avignon en 1362. Pierre de Lusignan, roi de Chypre, accompagnait Jean II lors de son voyage. En 1365, Charles IV séjourna également en Avignon (Mollat /330/ p. 109-110, 488). 341 Arnaud de Cervole, dit l’Archiprêtre, fut le chef d’une bande de routiers qui saccagea la Provence. Dès mai 1357, des bandes armées sous la conduite de ce chevalier gascon entrèrent en Provence. Officiellement, Arnaud de Cervole s’était allié avec les nobles provençaux révoltés contre la reine Jeanne. En réalité, les routiers se livrèrent à un véritable pillage. Cervole ne quitta la Provence qu’en 1359, après avoir reçu un lourd tribut des Provençaux et du pape. Son entreprise ne pouvait qu’encourager d’autres tentatives (Bourrily / Busquet /244/ p. 396-399). 342 Urbain V dut compter sur le financement impérial pour payer le tribut que demandaient les routiers (Mollat /330/ p. 359). 343 Pierre de Prato, évêque de Palestrina, fit reconstruire l’église Saint-Pierre. En 1358, il y fonda une collégiale (Girard /331/ p. 267). 344 Philippe de Tarente avait épousé en 1353 Marie, la sœur de la reine Jeanne. Il fut envoyé par les souverains de Naples en Provence dès 1355 avec le titre de vicaire général (Bourrily / Busquet /244/ p. 395). 345 La fiscalité pontificale s’appuyait sur une série d’impôts et de tailles propres au Comtat et à Avignon (Mollat /330/ p. 506-513). 346 Pour les inondations en Avignon cf. 308. 347 En décembre 1360, une compagnie d’Anglais s’empare de Pont-Saint-Esprit. Le pape négocie avec les routiers qui avaient capturé le sénéchal de Beaucaire. La compagnie accepte de partir pour l’Italie après le versement de 14 500 florins. Elle traverse la Provence en se livrant au pillage (Bourrily / Busquet /244/ p. 400). 348 Le 2 septembre 1381, Jeanne est faite prisonnière par Charles de Duras qui la fait étrangler le 27 juillet 1382. Louis d’Anjou part pour l’Italie le 13 juin 1382 et arrive à Aquila le 20 septembre. En Provence, les Aixois prennent la tête d’une rébellion contre Louis d’Anjou que Marseille soutient. Les Marseillais assiègent Aix en 1383 puis lèvent leur siège sans prendre la ville (Bourrily / Busquet /244/ p. 411-413). 349 Nostredame rappelle ici un fait de la Croisade contre les Albigeois.

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350 Cf. 349. 351 Hugues et Raymond des Baux s’étaient révoltés contre la reine Jeanne en 1357. Ils avaient investi le château de Saint-Cannat et s’étaient alliés à Arnaud de Cervole. En 1363, la reine Jeanne leur pardonna (Noblemaire /279/ p. 39). 352 Urbain V décida en juin 1366 de regagner Rome. Après de multiples contacts, il partit pour l’Italie le 30 avril 1367, laissant Philippe de Cabassole comme recteur du Comtat Venaissin. Ce séjour fut de courte durée. Urbain revint en septembre 1370 en Avignon. Le pape mourut le 19 décembre 1370 (Histoire d’Avignon /171/ p. 268-269, Mollat /330/ p. 115-117). 356 Jeanne dut s’entendre avec le pape pour payer les compagnies de routiers qui ravageaient la Provence. Le pays fut de 1359 à 1376 constamment pillé (Bourrily / Busquet /244/ p. 390-407). 359 Charles V, gouverneur du Languedoc, profita de l’éloignement de Jeanne et engagea Du Guesclin qui se dirigea vers Tarascon. Le 4 mars 1368 la ville fut assiégée. Elle fut prise trois mois après. Du Guesclin se mit en route vers l’est et seule une union des cités provençales put faire échec à son entreprise (Bourrily / Busquet /244/ p. 404-406). 360 Le trésor retrouvé à Tourves est constitué de pièces marseillaises datant de la période hellénistique. Ce sont des oboles d’argent dites « à la roue » et sur lesquelles figurent Apollon. 361 Cf. 352 362 Urbain V essaya de convaincre la reine Jeanne d’épouser Philippe, fils de Jean II, roi de France. La comtesse de Provence refusa (Mollat /330/ p. 117). 363 Cf. 323. 364 Foulque de Villaret est cité dans les Vies, dans la notice consacrée à Rostang Berenguier (Nostredame /8/ p. 192-194, /11/ p. 115-116). D’après cette notice, Rostang Berenguier écrivit un traité intitulé De la falsa vida dels Templiers et ceci après avoir été refusé par cet ordre. Rostang Berenguier n’a pas pu compter sur l’appui de son ami Foulque de Villaret. Le poème en question est apocryphe. 367 Le 30 décembre 1370, les cardinaux élirent Pierre Roger de Beaufort. Il fut pape sous le nom de Grégoire XI. Pierre Roger était le fils de Guillaume dont il a été question au sujet de la seigneurie de Saint-Rémy (Mollat /330/ p. 122). Grégoire XI sut résister aux pressions des souverains français et installa la cour pontificale à Rome le 13 janvier 1377 (Mollat /330/ p. 126-127). 368 Grégoire XI mourut le 27 mars 1378. Les cardinaux réunis à Rome élirent Barthélemy Prignano qui prit le nom d’Urbain VI. Ces cardinaux se ravisèrent sous la conduite de Pierre de Cros, archevêque d’Arles. Ils se réunirent à nouveau à Fundi pour élire un nouveau pape : Clément VII. Clément VII ne fut reconnu que par la reine Jeanne et le roi de France. Ce pape s’installa en Avignon et s’assura l’appui du duc d’Anjou (Bourrily / Busquet /244/ p. 500-502). 370 Jusqu’en 1372, les Angevins étaient toujours, en titre, maîtres de la Sicile. À cette date, la reine Jeanne abandonne ses droits à Frédéric III (Huré /318/ p. 97).

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NOTES ET COMMENTAIRES

372 Jeanne, veuve de Jacques d’Aragon, épouse le 25 mars 1376 Othon de Brunswick (Bourrily / Busquet / 244/ p. 408). 373 Louis II d’Anjou est né le 2 décembre 1400 (Bourrily / Busquet /244/ p. 409). 375 Nostredame revient ici sur le royaume d’Arles et sur l’histoire de la cité. L’étymologie d’Arles doit être rapprochée de « duplex arelas », dénomination relative au delta du Rhône. C’est Ausone qui cite ce nom en premier (Masson /283/ p. 561). L’anecdote de l’autel est relatée par d’autres historiens, mais semble avoir été inventée pour justifier une fausse étymologie. Le celto-ligure « ar-lath » signifiant « ville devant les marais » a certainement influencé l’appellation latine (Masson /283/ p. 562). 376 Cf. 368. 378 Ce n’est qu’en 1414 que Martin V, au concile de Constance, put faire l’unanimité sur son nom. Le schisme a donc duré trente-six ans. Durant toutes ces années, l’organisation de l’Église a été troublée (Bourrily / Busquet / 244/ p. 508-509). 379 Nostredame confond Clément VII et Urbain VI. Urbain prit le parti des Duras et Clément celui des Angevins. Clément VII favorisa l’adoption de Louis d’Anjou. Le 1er juin 1381, Charles de Duras est investi du royaume de Naples par Urbain VI. Le 2 septembre la reine Jeanne est emprisonnée avant que le duc d’Anjou puisse intervenir. Charles de Duras fut assassiné en Hongrie le 6 février 1386 (Bourrily / Busquet /244/ p. 408-410, 418). 382 La mort de Charles V concentre entre les mains de Louis d’Anjou un pouvoir considérable. Le comte de Provence se heurte cependant à la puissance des Duras qui occupent les terres italiennes des Angevins. Il ne jouit pas très longtemps de sa puissance, car il meurt le 21 septembre 1384 (Bourrily / Busquet / 244/ p. 414). 383 L’adoption de Louis d’Anjou fut facilitée par Clément VII qui était lié au prince français. Jeanne accepta de mettre entre les mains de ce puissant seigneur la destinée du royaume de Naples. Cette adoption, datée du 29 juin 1380, fut confirmée le 23 juillet de la même année (Bourrily / Busquet /244/ p. 408). 384 La confirmation de l’adoption par Clément VII est datée du 23 août 1380 (Bourrily / Busquet /244/ p. 408). 388 À la mort de Charles V, Louis d’Anjou se heurte aux ducs de Berry, de Bourgogne et de Bourbon. Louis réussit à être nommé régent pour quelques mois, un temps suffisant pour pouvoir financer sa campagne d’Italie. Le vol des bijoux royaux relaté par Froissart semble apocryphe (Duby /254/ p. 34-35). 390 La famille de Pontevès possède dès le XIIe siècle la seigneurie de Cotignac (Teissier /296/ p. 25-26). 391 Louis d’Anjou, préoccupé par les affaires françaises, ne peut intervenir plus tôt en Italie. Jeanne et ses alliés sont défaits par l’armée de Charles de Duras (Bourrily / Busquet /244/ p. 410). 393 Les Provençaux ne furent pas unanimes à se ranger sous la bannière de Louis d’Anjou. Avant de partir pour

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l’Italie, Louis dut venir en Provence et s’opposa à Aix. Les États réunis à Apt le 17 avril 1382 ne purent régler ce problème. Louis d’Anjou partit pour l’Italie le 13 juin en laissant le soin à Raymond d’Agoult, son sénéchal, de pacifier le pays (Bourrily / Busquet /244/ p. 410-411). 394 Louis d’Anjou s’arrêta en Avignon le 12 février 1382. La campagne italienne fut des plus difficiles. Louis mourut le 21 septembre 1384 à Bari (Bourrily / Busquet /244/ p. 412 et 414). 396 La reine Jeanne est la fille de Charles de Calabre, la petite-fille de Robert d’Anjou. Jeanne II ou Jeannelle est la fille de Charles de Duras. Elle fut reine de Naples en 1414 à la mort de son frère Ladislas. 397 Raymond de Turenne était le fils de Guillaume Roger de Beaufort, seigneur de Saint-Rémy. Il se heurta à Marie de Blois, régente du comté après la mort de Louis d’Anjou. De 1384 à 1391, ses bandes ravagèrent la Provence. Le 9 octobre 1391, la reine réussit à le désarmer en lui accordant de nombreux privilèges (Bourrily / Busquet /244/ p. 421-423). 398 Le sénéchal de Provence était Raymond d’Agoult, le fils de Foulquet d’Agoult. 400 C’est par le testament de Louis d’Anjou que Marie de Blois put exercer la régence du royaume jusqu’à la majorité de Louis II. 401 Louis II d’Anjou se maria avec Yolande d’Aragon le 2 décembre 1400. Par cette union, Marie de Blois entendait sceller une paix qui ne dura que quelques années (Bourrily / Busquet /244/ p. 436-437). 402 En octobre 1375, la reine Jeanne inféoda à Jacques Arcussia de Capro, comte de Menerbin, l’île de SaintGeniers, Jonquière et Ferrière, localités qui forment aujourd’hui la commune de Martigues (Saurel /336/ p. 49). 403 Arles se déclara contre « l’union d’Aix ». Alliée à Marseille, la ville fut une des cités à faire échec à la tentative aixoise. Les souverains provençaux y séjournèrent du 1er décembre 1385 au 3 janvier 1386 (Bourrily / Busquet /244/ p. 418). 405 Clément VII fut l’un des principaux soutiens de Marie de Blois et de Louis II. Ce soutien était réfléchi et accordé à des souverains qui avaient déclaré leur hostilité à Urbain VI (Bourrily / Busquet /244/ p. 414418). 406 Nostredame confond Louis Ier et Louis II. C’est Louis Ier qui est mort en 1384 à Bari et qui laisse Louis II âgé de sept ans héritier du royaume (Bourrily / Busquet /244/ p. 414-418). 407 Le 2 juin 1385, Louis II et Marie de Blois reçoivent les hommages de plusieurs cités. Dans les mois qui suivent, les ralliement se font de plus en plus nombreux (Bourrily / Busquet /244/ p. 416). 408 Pierre de Luxembourg attaché à la cour pontificale de Clément VII fut vénéré par le peuple. Pierre d’Ailly lui rendit hommage (Histoire d’Avignon /171/ p. 272, Luxembourg /338/). 409 La cité de Vence dont la seigneurie appartenait aux Villeneuve avait pris le parti de « l’union d’Aix » et de Charles de Duras. Le château en question doit être celui de Tourettes-sur-Loup. Toute la partie orientale de

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NOTES ET COMMENTAIRES

la Provence ne se soumit pas et se donna au comte de Savoie par un traité conclu le 6 août 1388 (Bourrily / Busquet /244/ p. 420). 410 Le 21 octobre 1387, la paix est scellée entre les Aixois et Louis d’Anjou. Le souverain confirme les privilèges de la ville. 411 Nostredame fait ici référence à l’œuvre de Raymond Féraud dédiée à Marie de Hongrie. L’historien aixois confond Marie de Hongrie et Marie de Blois (cf. 15). 412 C’est en 1389 que Charles VI vint en Avignon rendre visite à Clément VII. 413 Louis II essaya de reprendre son royaume de Naples. Il réussit à s’y maintenir quelque temps, mais il dut en repartir. Le règne de Jeanne avait fait basculer définitivement le royaume dans le camp des Duras. C’est au nom de la succession angevine que René épuisa la Provence par des guerres et que Charles VIII et ses successeurs entreprirent les guerres d’Italie (Bourrily / Busquet /244/ p. 435-437). 414 C’est le 21 et non le 29 octobre que Louis II fit son entrée à Aix. Le 7 décembre les souverains reçurent l’hommage de Saint-Maximin, Toulon, Hyères et Tarascon (Bourrily / Busquet /244/ p. 420). 417 Jeanne n’est pas la nièce mais la petite-fille de Robert d’Anjou. Elle commence à régner en 1343. 418 La politique profrançaise de Clément VII était guidée par le soutien que les rois de France et les Angevins lui accordaient. L’Italie lui était totalement interdite à cause de l’hostilité de Urbain VI. Charles VI fit son entrée à Avignon le 30 octobre 1389 (Histoire d’Avignon /171/ p. 272). 419 La succession d’Aragon donna lieu à un différent majeur entre les Aragonais et les Castillans. La réunion définitive de la Castille et de l’Aragon eut lieu en 1412 par la sentence de Gaspe (Vilar /292/ p. 22). 420 Clément VII meurt en 1394. 421 Le droit de passage dont les Berrois sont exemptés est certainement lié à la pêche à la « bourdigue ». Les Martégaux plantaient des roseaux dans les eaux du canal et entre ces roseaux tendaient des filets. La pêche était d’ailleurs l’activité la plus importante de Martigues. Les Martégaux avaient donc obtenu un droit de péage à la chaîne qui barrait l’entrée de l’étang de Berre (Saurel /336/ p. 96-101). 422 Pendant que Marie de Blois essayait de pacifier la Provence, son fils Louis II guerroyait en Italie. 423 La peste fit sa réapparition en Avignon. L’épidémie fut terrible en 1361 et en 1383, obligeant le pape à déplacer la cour pontificale à Châteauneuf (Histoire d’Avignon /171/ p. 262-263). 424 Le 20 juillet 1390, Louis II s’embarque pour Naples. Le 16 octobre, il expose aux États de Provence sa déconvenue. La Provence lui accorde, bon gré mal gré, des sommes consistantes pour qu’il puisse recouvrer son royaume (Bourrily / Busquet /244/ p. 422). 425 C’est en 1394 que le catalan Pere de Luna fut élu pape sous le nom de Benoît XIII. Il mourut en exil à Peniscola (Bourrily / Busquet /244/ p. 503-508).

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426 Raymond de Turenne et le comte de Provence conclurent un traité de paix. Les bandes de Turenne avaient saccagé toute la Provence, poussant leurs actions jusque dans les Alpes comme à Colmars (Baratier /102/ p. 195-196). 427 Il fallut l’intervention du roi de France pour ramener la paix entre Clément VII et Raymond de Turenne (ce dernier avait reçu de fortes sommes de la papauté) (Bourrily / Busquet /244/ p. 423). 430 Le 11 septembre 1387, Balthazar Spinola, envoyé de Charles de Duras, traita pour son propre compte avec Marie de Blois. Il reçut la somme de 13 000 florins d’or et le château de Bréganson. Retranché dans son château, il pilla avec ses gens les environs. Les fermiers des salines, régulièrement rançonnés, offrirent 16 000 « oles » de sel au sénéchal Georges de Marles pour aider au rachat de Bréganson. Ce n’est qu’en 1406 que Louis II réussit à acheter le château à Spinola (Coulet /316/ p. 20-24). 431 Pierre de la Lune, Benoît XIII, fut assiégé dans son palais en septembre 1393. Ce pape était le seul obstacle à la réunification de l’Église. La siège dura jusqu’en mars 1403, date de la fuite de Benoît XIII (Histoire d’Avignon /171/ p. 273-274). 432 Nostredame confond Charles Ier d’Anjou avec Charles de Tarente, duc de Calabre, frère de Louis II. Ce prince avait accompagné son souverain en Italie. Marie de Blois essaya sans succès de marier Charles de Tarente à Antoinette, fille de Raymond de Turenne (Bourrily / Busquet /244/ p. 425). 435 Antoinette de Turenne fut finalement mariée à Jean Le Meingre, dit Boucicaut, maréchal de France. Ce mariage fut célébré à Noël 1393. Boucicaut reçut la seigneurie de Saint-Rémy le 7 juin 1399 (Bourrily / Busquet /244/ p. 427, Monographies Communales /283/ p. 578). 436 Saint-Rémy n’acceptant pas la tutelle de Boucicaut, celui-ci reçut Pertuis. 439 Les enfants des comtes de Provence étaient élevés à Brignoles. Yolande d’Aragon y résida. 440 Charles de Tarente gouverna la Provence en qualité de lieutenant général ou de vice-roi de janvier 1401 à avril 1405 (Bourrily / Busquet /244/ p. 435-436). 441 Raymond Bernard Flaminges est juge mage de 1385 à 1402 (Cortez /329/ p. 174-181). Jean de Sade est maître rational de 1403 à 1419 et occupe le siège de lieutenant du juge mage sans en avoir le titre (Cortez /329/ p. 270-272). 442 Il ne peut s’agir ici de René qui est né en 1409. À cette date, le comte de Provence est Louis II. 443 La Palais des Papes subit un deuxième siège de mai 1410 à novembre 1411. Pierre de la Lune n’y était pas. Le palais était défendu par son neveu Rodrigo de la Lune (Histoire d’Avignon /171/ p. 274). 446 Jean Le Meingre avait reçu la place de Saint-Rémy puis en échange celle de Pertuis (cf. 435, 436). 447 René d’Anjou est né le 16 janvier 1409 (Bourrily / Busquet /244/ p. 409).

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NOTES ET COMMENTAIRES

448 Hostile à Pierre de la Lune, Louis d’Anjou reconnut comme pape Alexandre V qui lui inféoda le royaume de Naples. Ladislas de Duras, fils de Charles, se dressa alors contre le pape. Ce renversement d’alliance constitua une dernière chance pour les Angevins (Bourrily / Busquet /244/ p. 507-509). 451 Marie d’Anjou épousa le futur Charles VII. 452 Les comtes de Provence bâtirent monnaie. Le gillat ou carlin, créé sous le roi Robert, était encore en circulation sous Louis II (Bourrily / Busquet /244/ p. 950-951). 453 Jean XXIII, successeur d’Alexandre V qui avait déjà entamé un rapprochement avec les Angevins, priva Ladislas de Duras du royaume de Naples au profit de Louis d’Anjou. Jean XXIII dut cependant se réconcilier avec Ladislas de Duras en 1412 (Bourrily / Busquet /244/ p. 508). 454 Pierre de la Lune avait occupé quelques places fortes, notamment le château d’Oppède dans le Lubéron. En 1411, il cessa toute résistance et se retira à Peniscola en Catalogne. Benoît XIII fut le dernier pape à séjourner en Avignon (Bourrily / Busquet /244/ p. 508). 455 Jeanne II ou Jeannelle est la sœur de Ladislas de Duras. Elle règne de 1414 à 1435. 456 Après avoir épousé en 1389 Guillaume, duc d’Autriche, Jeanne II se remaria avec Jacques de Bourbon. 457 Sur Marie-Madeleine cf. 63 et 205. 458 Charles II avait déjà accordé ce privilège aux Aixois le 20 juin 1292. Louis II le confirme donc en 1416 (Masson /282/ p. 484). 459 L’état de la Provence tel que Nostredame le décrit est exact. Les incursions des routiers, les catastrophes naturelles et les épidémies avaient ruiné le pays (Baratier /102/ p. 196-197). 460 Sigismond a été élu empereur en 1410. Le concile de Constance se déroula en fait de 1414 à 1418. 461 Louis II résidait donc en Anjou quand il envoya ce message aux Provençaux. Cette lettre est de quelques mois antérieure à sa mort qui survint à Angers le 29 avril 1417. Le comte était occupé dans son duché d’Anjou menacé par les Anglais (Bourrily / Busquet /244/ p. 437). 462 Louis II régnait encore le 28 janvier 1417. Nostredame confond le Parlement effectivement créé par Louis XII en 1501 et un premier parlement institué par Louis II le 24 août 1415 et supprimé en 1417 par Yolande (Cortez /329/ p. 180-181). Louis II réunit fréquemment les États, essentiellement pour des raisons financières relatives à ses campagnes italiennes (Bourrily / Busquet /244/ p. 639-649). 463 Yolande d’Aragon est la femme de Louis II et la mère de Louis III. Pour le privilège du vin cf. 458.

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464 Au concile de Constance, Jean XXIII fut forcé à abdiquer. Benoît XIII qui résistait fut déposé. Les cardinaux élirent alors Martin V. L’Église était à nouveau réunifiée (Bourrily / Busquet /244/ p. 508). Martin V fut d’abord favorable à Jeanne de Duras qui fut couronnée en octobre 1419. Mais dès décembre de la même année, le pape donnait à Louis III l’investiture du royaume de Naples (Bourrily / Busquet /244/ p. 439). 465 Louis II est mort le 29 avril 1417 à Angers. Il lègue ses domaines à Louis III qui est à cette date âgé de treize ans. Yolande d’Aragon est nommée régente (Bourrily / Busquet /244/ p. 437-438). 466 Nostredame signale une des nombreuses copies du traité d’adoption de Louis d’Anjou par la reine Jeanne. 467 Yolande d’Aragon et Louis III arrivent en Provence pendant l’été 1419. Ils réunissent les États du 1er au 14 septembre 1419. C’est après la réunion des États que ce privilège a été accordé (Bourrily / Busquet /244/ p. 438). Jourdain Brice est juge mage de 1420 à 1439 (Cortez /329/ p. 184-186). 468 Sur l’inféodation du royaume de Naples cf. 464. 469 Jeanne II, déchue de son royaume par Martin V, appela Alphonse d’Aragon à son secours. Louis III avait envahi le royaume de Naples au cours de l’été 1420. Alphonse d’Aragon et Jeanne II se brouillèrent. Le 21 juin 1423, elle adopta Louis III d’Anjou et mit un terme à plus de quarante ans de guerre entre les Angevins et les Duras. Louis III se heurta cependant à la puissance catalane (Bourrily / Busquet /244/ p. 440). 470 Paul de Sade fut évêque de Marseille en 1405. Il participa activement au concile de Constance. Il mourut le 28 février 1433 (Guiral / Reynaud /248/ p. 228). 471 Sur l’adoption de Louis III cf. 469. 472 Le 27 mai 1423, Yolande prend une série de mesures concernant les Juifs. Ils sont protégés et ne peuvent être emprisonnés par des dénonciations anonymes. Le 5 février 1443, René d’Anjou confirme ces mesures (Arnaud d’Agnel /332/ p. 5). 474 Profitant du départ des galères marseillaises pour Naples, Alphonse d’Aragon s’empare en novembre 1423 du port et de la ville de Marseille. Plus qu’une prise, cette action est un véritable sac. Une nef marseillaise bloquait l’entrée du port, mais les Aragonais débarquent au sud de la ville dans l’anse des Catalans (qui ne doit pas son nom à cet événement) et prennent les défenses à revers, s’emparant du fort de Notre-Dame de la Garde et de l’abbaye Saint-Victor. Le pillage et l’incendie durent trois jours. Les Catalans emportent comme preuve symbolique de leur victoire une partie des reliques de saint Louis d’Anjou et la chaîne qui barrait l’entrée du port (elle est toujours suspendue dans la cathédrale de Valence). La ville est désertée pendant près d’un an et il faut une ordonnance de la reine Yolande pour redonner vitalité à la cité. Ce sac constitue la principale action des galères catalanes sur la côte provençale (Baratier /105/ p. 115 et 117). 476 Sur le mariage de Marie d’Anjou cf. 451. 479 Nous ne savons pas de quelle « invention » il s’agit.

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NOTES ET COMMENTAIRES

480 René d’Anjou se marie le 24 octobre 1420 avec Isabelle, fille de Charles II de Lorraine. Yolande, fille de René et d’Isabelle, se marie à son tour avec Ferry, fils d’Antoine de Vaudemont (Coulet /340/ p. 18-19). 482 Bertrand de Lamanon n’a pas été sénéchal de Provence. 483 Louis III se marie le 15 juin 1432 avec Marguerite de Savoie, fille d’Amédée VIII (Bourrily / Busquet /244/ p. 442). Les États de Provence leur accordent 100 000 florins repartis sur quatre ans. Pierre de Beauvau est sénéchal de 1429 à 1439 (Cortez /329/ p. 92-94). 484 En mai 1431, une trêve de quatre ans est conclue entre René et Alphonse d’Aragon (Bourrily / Busquet /244/ p. 442). 485 Nostredame n’indique pas ce qui est relatif à Eugène IV. 486 Le 30 juin 1431, à la bataille de Bulgnéville, René est fait prisonnier par Antoine de Vaudemont. Le comte de Provence est conduit auprès de Philippe le bon. René n’est libéré qu’en 1437 (Coulet /340/ p. 19). 487 Louis III meurt le 13 novembre 1434 à Cosenza alors qu’il tentait une dernière fois de récupérer son royaume. Son frère René lui succède (Bourrily / Busquet /244/ p. 442). 488 Le 2 février 1435, Jeanne II meurt. Elle avait définitivement choisi le parti angevin en confirmant René pour sa succession (Coulet /340/ p. 19, Bourrily / Busquet /244/ p. 442). 489 Les seigneurs italiens ne suivirent pas leur reine et beaucoup d’entre eux choisirent de prendre parti pour les Aragonais (Bourrily / Busquet /244/ p. 442-444). 491 À la mort de Jeanne II, Isabelle vint en Provence. Son but était de gagner Naples afin de récupérer l’héritage de son époux toujours retenu prisonnier par Philippe le bon. Les États sont réunis dès le début de l’été 1435. La reine reçoit alors l’hommage de ses sujets (Bourrily / Busquet /244/ p. 443). 492 Isabelle dépense une énergie importante pour délivrer son mari. Les négociations avec Philippe le bon sont très difficiles. Plusieurs seigneurs du Bar et de Lorraine participent au paiement de la rançon. VilleneuveBargemont précise même qu’un seigneur dont on n’a pas retenu l’identité engagea tous ses fiefs (Villeneuve /228/ tome 1 p. 222). 493 Libéré le 8 novembre 1436, René arrive en Provence un an plus tard. Il confirme les privilèges de Tarascon, Arles, Aix et Marseille (Bourrily / Busquet /244/ p. 445). 494 Filippo Maria Visconti, duc de Milan qui avait retenu prisonnier Alphonse d’Aragon, renversa ses alliances et se rangea du côté catalan. Les Génois se révoltèrent alors contre les Milanais. Isabelle signa en février 1437 un traité avec les Génois. Eugène IV accorda l’investiture du royaume de Naples à René le 17 février 1436. René rejoint Isabelle à Naples le 19 avril 1438 (Coulet /340/ p. 21-22).

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QUATRIÈME PARTIE

495 Jérôme de Miraval est juge mage de 1439 à 1445 (Cortez /329/ p. 186-187). 497 René est fait prisonnier en 1431. Barbazan, lieutenant de René, mourut effectivement au cours de cette bataille (Villeneuve /228/ p. 149151). 498 La politique de René d’Anjou envers les Juifs est intéressée. Il reçoit de l’argent des Juifs et taxe une partie de leurs activités (Arnaud d’Agnel /332/). 499 Alphonse d’Aragon leva le siège de Naples en 1439. René remporta quelques succès, mais dès l’hiver 14391440, il perdit Salerne et Aversa. La reddition de Naples eut lieu en février 1442. René se rembarqua et les Angevins perdirent à jamais leur royaume (Coulet /340/ p. 22-23). 500 Les États de Provence votèrent un don de 25 000 florins pour la rançon du duc de Calabre retenu prisonnier par les Aragonais (Bourrily / Busquet /244/ p. 447). 501 Nostredame devait envisager d’écrire un texte plus important sur la défaite de René et la perte du royaume de Naples. 503 La guerre avait repris contre Henri VI d’Angleterre. René participa avec son fils Jean à la reconquête de la Normandie (Coulet /340/ p. 28). 504 René revint en Provence au début de cette année (Bourrily / Busquet /244/ p. 449). 505 Isabelle mourut à Angers le 28 février 1453 (Bourrily / Busquet /244/ p. 449, Villeneuve /228/ p. 96). 506 Ce texte est relatif à la campagne menée par Isabelle en 1438 pour récupérer l’héritage de son époux. 507 Le 10 septembre 1454, René épousa en Anjou Jeanne de Laval (Bourrily / Busquet /244/ p. 451). 508 René est en Anjou d’août 1454 à avril 1457. Il envoie plusieurs fois pendant son absence son fils en Italie et en Provence (Bourrily / Busquet /244/ p. 451). 509 Plusieurs places ont été offertes au pape lors de l’acquisition du Dauphiné par Louis XI en 1461 (Duby /254/ p. 62-64). 510 C’est en novembre 1456 que Jeanne de Laval fit son entrée en Arles (Villeneuve /228/ p. 115). 512 René essaya de reconquérir son royaume à la mort d’Alphonse d’Aragon (27 juin 1458). L’expédition menée par Jean de Calabre tourna au désastre. Abandonné par la noblesse napolitaine, Jean s’enferma à Ischia puis regagna la Provence en 1464 (Coulet /340/ p. 34-35). 514 Cet effort financier demandé à la ville d’Arles fut certainement employé pour soutenir la guerre que René

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NOTES ET COMMENTAIRES

menait en Italie. 515 Le comté de Nice s’était séparé de la Provence en 1388. René essaya de récupérer cette partie de la Provence sans succès. 517 La piraterie catalane fit beaucoup de ravages en Provence. Les Arlésiens édifièrent en Camargue de nombreuses tours de surveillance. En août 1469, une galéote catalane s’échoua près d’Arles. Les Catalans faits prisonniers furent relâchés après paiement d’une rançon (Rigaud /343/). 519 René conclut un traité avec Henri de Castille (cf. 296). 521 Sur Pierre de Nostredame cf. ch. sur la biographie de Jean de Nostredame. 522 Jean Cossa est sénéchal de 1470 à 1476 (Cortez /329/ p. 99-102). 523 René vint en Provence en 1470 et repartit dans l’été pour recevoir sa fille Marguerite. Jeanne de Laval resta en Provence (Villeneuve /228/ p. 179). 525 Jean de Calabre est mort le 16 décembre 1470 (Bourrily / Busquet /244/ p. 454). 528 Le testament de René ne contrarie pas les desseins de Louis XI. Il lègue les duchés de Bar et de Lorraine à son petit-fils René et le comté de Provence à son neveu Charles du Maine (Baratier /102/ p. 205, Coulet /340/ p. 40-41). 529 La réputation des talents de peintre de René semble exagérée. Le mécénat dont il fit preuve influence cette vision du souverain-artiste (Coulet /340/ p. 67). La cour du roi René réunit de nombreux artistes (Robin /341/). René institua effectivement l’ordre de chevalerie du Croissant (Coulet /340/ p. 28-33). Le comte de Provence se préoccupa de l’agriculture et de l’élevage, notamment dans sa ferme de Valabre (Baratier /102/ p. 205-206). Le souverain se fit construire deux maisons à Marseille, une près du port et une deuxième au quartier des Aygalades. René d’Anjou est un poète : « La Conquesta de la doulsa Merce » désigne certainement Le Livre du cuer d’amours espris (René d’Anjou /344/). Marguerite, fille de René, fut mariée à Henri VI d’Angleterre. Elle essaya de délivrer son mari retenu prisonnier à Londres (Villeneuve /228/ tome 2 p. 190-191, Bourrily / Busquet /244/ p. 454). 530 C’est le 7 mars 1476 que Louis XI se fit céder par Marguerite d’Angleterre tout ce qu’elle pouvait revendiquer en Provence en échange de 50 000 écus pour la rançon de son mari. Il fit également manœuvrer ses troupes de Lyon en Avignon pour intimider René. Celui-ci rencontra Louis XI le 4 mai à Lyon. Le sort de la Provence et de l’Anjou était réglé (Bourrily / Busquet /244/ p. 456-458). 531 Sixte IV nomma Urbain de Fiesque évêque de Fréjus sans en informer le comte de Provence. René fit saisir les revenus de l’évêché. Le siège fut vacant jusqu’en 1476. Ce n’est qu’après le sac de la ville par les pirates barbaresques que René accepta l’évêque choisi par le pape (Bourrily / Busquet /244/ p. 515). 533 Le couvent de Saint-Maximin était réputé pour son enseignement (Baratier /102/ p. 209).

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534 La guerre contre l’Aragon s’est terminée en 1472. Le roi Jean récupéra toutes ses possessions catalanes. La paix ne fut conclue que quelques années plus tard (Coulet /340/ p. 35-36). 535 Le roi René est vivant en 1479. Il meurt le 10 juillet 1480. 536 Ferry de Lorraine, mari de Yolande, fille de René, est sénéchal de 1462 à 1470. Il meurt en 1470 (Cortez /329/ p. 98-99). 537 Jean de Calabre eut un fils, Nicolas, mort en 1472 (Coulet /340/ p. 16). 538 Charles III du Maine confirme de nombreux privilèges dès sa venue en Provence en juillet 1480. Le 8 novembre 1480, le comte jure devant les États de respecter toutes les libertés provençales (Bourrily / Busquet /244/ p. 459). 540 L’héritage de Charles du Maine fut contesté par René de Lorraine. C’est Louis XI qui assura la protection de Charles du Maine en lui fournissant des troupes (Baratier /102/ p. 207). 542 Jeanne III de Lorraine, femme de Charles du Maine, légua ses domaines à son époux. Vivaux de Boniface est juge mage de 1468 à 1482 (Cortez /329/ p. 190-192). 543 Le 10 décembre 1481, Charles du Maine rédigea son testament. Il faisait de Louis XI son héritier. Le comté de Provence appartenait donc au roi de France. Ce testament s’accompagnait de conditions et de recommandations. Les principales, qui furent négociées par les États, étaient relatives au respect des institutions. Celles-ci ne survécurent que vingt ans. En 1501, Louis XII instituait un parlement (Baratier /102/ p. 219-221). 545 Charles du Maine mourut le 11 décembre 1481. Nostredame attribue la fin de la dynastie des Anjou à l’hostilité des papes et des Italiens. Nous savons en fait que la politique menée par Louis XI fut très habile. Elle a consisté à intimider René et à l’obliger à tester en faveur de Charles du Maine. Par étapes successives, la Provence devenait française. 546 Palamède de Forbin fut le principal instigateur de l’union à la France. Il fut nommé lieutenant général. Il convoqua les États le 15 janvier 1482. Il fit emprisonner François de Luxembourg, cousin de Charles du Maine et principal opposant à Louis XI. Palamède de Forbin exerça un pouvoir sans partage jusqu’en avril 1483 (Baratier /102/ p. 219-221). 550 Honoré de Berre est maître rational de 1364 à 1386 (Cortez /329/ p. 241-243). 557 Charles VII confirme le 27 avril 1485 un édit du 4 juillet 1484 sur la protection des Juifs. Ceux-ci furent toujours persécutés. La politique des rois de France évolua et aboutit aux mesures d’expulsion de Louis XII (Iancu /154/). 558 Les rois de France héritaient également des droits que possédaient les Angevins sur le royaume de Naples. Les guerres d’Italie du XVIe siècle trouvent donc une de leurs causes (Duby /254/ p. 74-82).

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SOURCES HISTORIQUES Nous avons classé ces sources historiques selon l’ordre adopté dans notre étude. À l’intérieur de chaque groupe, les sources sont rangées par ordre alphabétique. Nous avons mentionné le numéro de la notice historique de Jean de Nostredame et la page ou la foliotation de l’ouvrage concerné. S’il y a lieu, nous donnons un extrait du passage ayant inspiré Nostredame et rectifions entre parenthèses une erreur de datation.

* * * Table des sources historiques identifiées Sources occitanes Manuscrits : Archives d’Aix Daspoul Statuts d’Avignon Chronique de Sabran Chronique de Vauvenargues Raymond Féraud François de Pérussis de Lauris Imprimés : Jean Poldo d’Albénas Hilaire Vaisquin Philieul Nicolas Bertrandi Sources françaises Annales d’Anjou Annales d’Aquitaine François de Belleforest Honoré Bonet Symphorien Champier Gilles Corrozet Guillaume Durant Paul Émile Estat de l’Église Robert Gaguin Nicoles Gilles Grandes Chroniques de France Himmarus La Mer des Histoires Antoine de La Sale Jean Le Maire des Belges Pierre de Provence Promptuaire des Médailles Michael Ritius Sources italiennes Jean de Bergame Boccace Pandolfo Collenuccio

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Egnaci Mario Equicola Paolo Giovio Cristoforo Landino Martin Matteo Palmieri Pétrarque Platina Pompo Laetus Virgile Polydore Guillaume Rouillé Sabelic Alessandro Vellutello Sources germaniques Abbas Tritemius Aventin Henri Burlingere Matthias Flacius Illiricus Jornandes Sebastian Munster Naucler Sigebert Sources latines Ammien Marcellin Jean Cassien Eusèbe Prosper Pline Sources aragonaises Joan Martorell Pere Tomich

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NOTES ET COMMENTAIRES

Sources occitanes Nous rangeons ces sources en deux catégories : manuscrits et imprimés. Certaines sources manuscrites n’ont pas pu être identifiées. Il s’agit essentiellement d’archives communales qui ont dû être dispersées ou perdues : « Écritures de Sault, Archives de Sault, Écriture d’Antoine de Laincel, Écritures de Valmagne, Écritures de Bormes, Écritures de Saint-Maximin, Écritures du seigneur d’Eyguières, Écritures de Romolles, Chronique de Provence de Loys Borrilli, Dame de Pierreverd, Écritures du seigneur de Barbentane, Écritures de Philippe de Cabassole ». Nostredame nomme souvent les archives aixoises d’une dénomination différente. La plus fréquente est « Archieuz » ou « Archifz ». Nous avons pu identifier comme faisant partie des archives aixoises « Statuts de Provence, Parlement d’Aix, Division de Provence ». Archives d’Aix-en-Provence Ces archives sont aujourd’hui conservées aux ADBDR. 79 : B 8 fo 187 v° (967) 93 : B 277 94 : B 277 95 : B 277 96 : B 277 97 : B 143 fo 71 v° et fo 121 (1143) 98 : B 1407 fo 1-10 (1166-1425, confirmation de privilèges) 99 : B 279, B 280 102 : B 2, B 285 103 : B 286 108 : B 289 110 : B 143 fo 30 116 : B 359, B 6 117 : B 302, B 305 (relatif au Thoronet) 118 : B 2 fo 91-92, B 1403 fo 7 119 : B 303 (relatif à Hugues des Baux) 121 : B 8 fo 159-160 145 : B 2 fo 181 v° 151 : B 326, B 2 fo 100 v° (pour la donation de Saint-Marc Jaumegarde) 152 : B 143 171 : B 2 fo 31 v°, 33, 34 v°, B 143 173 : B 8 fo 188 (privilèges de Sisteron) 174 : B 143 fo 32, B 2 fo 22, B 358 178 : B 143, B 361 189 : B 369 193 : B 4 fo 41 (12 juin 1270, donation de G. Degonesse) 195 : B 2 fo 1, B 372 196 : B 373 198 : B 2 fo 9, B 143 fo 13 v° 200 : B 364 (30 octobre 1264, vente de Mison par B. Raimbaud) 201 : B 27 fo 139 v° 214 : B 2 fo 50 (12 mars 1278), B 2 fo 67 (11 janvier 1285), B 143 fo 75 232 : B 143 fo 39, B 390 248 : B 168 250 : B 587 251 : B 443 (cite Lambesc et pas Grimauld) 259 : B 168 286 : B 1041 (« Leopardus aquensis ») 287 : B 499 296 : B 16 fo 9 298 : B 690 299 : B 688 301 : B 546 (pour l’inféodation) 302 : B 1383 fo 56 310 : B 168

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321 : B 537 (concerne Jeanne) 325 : B 541 330 : B 6 fo 91 (donation le 10 juillet 1353 à G. Roger) 334 : B 546 338 : B 551 (actes du sénéchal) 365-366 : B 570-571 (actes du sénéchal) 373 : B 168 380 : B 582 (pour les droits de guerre) 383 : B 584 390 : B 8 fo 21-22 (16 octobre 1338 donation de Cotignac), B 8 fo 20 (1er août 1381 donation de Calas), B 8 fo 21-22 (16 octobre 1385 donation du Muy) 400 : B 168 402 : B 8 fo 323 404 : B 8 fo 191 (10 octobre 1385) 405 : B 587 (inféodation par Clément VII) 407 : B 766-767 409 : B 8 fo 103 v° 410 : B 1403 fo 65 (29 octobre 1387) 421 : B 11 fo 315 v° 435 : B 602-603 438 : B 8 fo 119 v° (19 novembre 1400) 439 : B 8 fo 122 v° et 173 (13 juin 1400) 440 : B 8 441 : B 5 fo 242 v° 442 : B 18 fo 195 (15 janvier 1443) 446 : B 8 fo 228 (28 septembre 1406, hommage de Boussicaud) 457 : B 9 fo 310 458 : B 1403 fo 102 (1er avril 1416, privilège d’Aix) 465 : B 168 466 : B 640 480 : B 168 483 : B 49 fo 243-250 484 : B 650 487 : B 168 488 : B 168 493 : ACM AA 73 495 : B 49 fo 253-270 (relatif au prêt financier) 500 : B 49 fo 273 504 : B 14 fo 141 v° 513 : B 16 fo 162 (7 avril 1459) 516 : B 683 519 : B 16 fo 9 523 : B 16 fo 89 528 : B 168 531 : B 17 fo 178 (24 décembre 1476, fondation du collège), B 18 fo 41 v° (30 mars 1477, confirmation) 534 : B 702 (en catalan) 535 : B 15 537 : B 18 fo 195 (7 mars 1481) 538 : B 702 542 : B 168 543 : B 168 548 : B 18 fo 253 (10 mai 1385) Daspoul Daspoul est un troubadour cité dans les Vies (Nostredame /11/ p. 157-159). Il serait l’auteur d’un poème sur la mort de saint Louis et d’une Fiction poetique en forme de dyalogue d’entre Daspoul et Dieu. Dans la notice 247, Nostredame parle d’un texte de Daspoul contre les Templiers. Les vies manuscrites de Carpentras renferment un extrait (traduit en français) du dialogue en question : « Daspoul (disoit Dieu) les temples et hospitaulx ont esté fondés pour la saincteté des ordres et pour la nourriture des paoures, et au lieu de

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NOTES ET COMMENTAIRES

fere bien, ils font beaucoup de maulx, s’endormants en leurs mechancetez, car je les voy tous plains d’orgueilh et d’avarice, mays je les domteray tellement que les plus hardiz d’eulx seront bien estonnez.î Beau Seigneur, (dy-je) vous sçavez bien que tous sont desloyaulx et pervers, pourquoy donc les layssez vous reigner en leur ordures et villenyes? A l’exemple desquels le monde se perd par trop grande convoytise. Donnez-nous, je vous prie, tant de biens que nous puissions estre tous esgaulx (…) » Statuts d’Avignon Nostredame possède un manuscrit des Statuts d’Avignon. Ce manuscrit est aujourd’hui déposé à la BN (fonds latin 4659). Cette rédaction des statuts d’Avignon faisait partie de la collection que Sir Thomas Phillips a légué à la BN. Il s’agit d’un volume de 27/18 cm de 168 folios. Il porte en titre : Statuta et priviligia civit. Avinion. Nous pouvons lire au fo 4 r° : « Omnia bona Nostradamus. Liber est Nostradami don. dati MDLXV » et au fo 168 v° : « De Nostre Dame / 1577 ». L’écriture aldine de Nostredame figure dans les marges de ce manuscrit qui appartint par la suite à un certain Pierre André (ex-libris fo 1 r°). Jean de Nostredame a recopié dans la CF 534-535 une petite partie traduite en français de ce manuscrit qui a un rapport direct avec ses travaux. Nous citons d’après cette dernière version. 122 : fo 92 r°. 125 : « Pour rayson du peage de la sel et de la lesde et pour les langues de beufz y eust une grand desordre et sedition en Avignon entre les nobles chevaliers de la ville. De ce temps, Messire Pierre de Sainte Marie cardinal et legat d’Avignon convinst l’arcevesque d’Aix pour oyr les parties et ayant les dicts nobles d’Avignon deppute Guilhem Malvicin sourdre este lieu par les consulz de la dicte ville, promet au dict legat demourera son mandement et que luy tant en son nom que des dicts nobles sera fidelle (…) » fo 91 v°. 126 : fo 92 v°. 129 : fo 93 r°. 131 : fo 92 v°. 132 : « En presence de Spime de Surrepina potestat et les consulz d’Avignon pour les raysons que du temps des guerres les vinz estoient sortis de la cite et les autres estoient demeurez, promectent a estanssinoir ceulx qu’estoient demeurez et par ce moyen fere bone paix (…) » fo 92 v°. 157 : « Aux estatutz et ordonances faictes par les gentilhomes bourgeoys et prudhomes d’Avignon et au chapitre que les officiers qu’auroient este du conselh n’y retourneront que V ans apres a part que Monseigneur Barral des Baulx lors estoit potestat et viguier d’Avignon pour deux ans (…) » fo 91 v°. 170 : fo 93 r°. 197 : fo 91 v°. 224 : « Parce que les officiers d’Avignon exercens la justice soubz le nom de Charles premier roy premier du nom faysoient plusieurs extorsions, il adresse lettres au senechal de Provence et mande qu’avec le Senechal de Beauquere ils establissent d’inquisiteurs et de contraindre les officiers qu’apres ilz seront hors de l’exercice de leurs offices (…) » fo 91 v°. 233 : fo 92 v°. 237 : fo 92 r°. 273 : fo 93 v°-94 r°. 314 : fo 92 r°. Chronique de Sabran Nostredame recopie des extraits de cette chronique dans la CF 534-535. 180 : « En ceste conqueste Hermengault de Sabbran, filz du baron d’Ansoys en Prouvence, eust l’ordre de chavallerie ensemble l’office de maistre justicier du royaulme tant qu’il fut en vie. Il [le comte de Provence] vollut tousjours les Provensaux avec lui par ce qu’il les cognoissoit vailhans et fidelletets. » fo 121 v°. 183 : fo 122 r°. Chronique de Vauvenargues Nostredame recopie une partie de la chronique de Boniface Séguiran de Vauvenargues dans la CF 534-535. Cette copie est très incomplète ; le manuscrit est détérioré en plusieurs endroits. Le renvoi à un travail de Vauvenargues s’intitulant Juxta chronica S. Iohis ne correspond à rien dans cette copie. Cet ouvrage qui devait être en possession de Nostredame n’a pas pu être retrouvé. Raymond Féraud /349/ 15, 26, 411 : Nous connaissons neuf manuscrits de l’œuvre de Raymond Féraud. Aucun d’eux, selon la description donnée par Ingegärd Suwe, ne porte un ex-libris de Nostredame (Féraud /349/ p. xxiii-xlix). Il est probable que cette œuvre ait connu une diffusion importante et qu’une copie aujourd’hui égarée ait été en la possession de Nostredame. Nous connaissons deux manuscrits latins d’une vie de saint Honorat : le premier est conservé à

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Oxford et le second à Dublin. Selon la description donnée par Paul Meyer, ces versions semblent antérieures au texte occitan (Meyer /351/ p. 482-483). Ces manuscrits auraient influencé des versions catalanes dont une aurait été imprimée à Valence à la fin du XVe siècle (Meyer /351/ p. 484). Ces vies latines se prolongent dans l’édition de 1501 dont nous connaissons un exemplaire (Honorat vie latine /350/). Le texte latin est assez différent de la version occitane de Raymond Féraud. Il n’est pas question dans ces vies antérieures de l’origine hongroise d’Honorat ; il semble bien que Raymond Féraud ait rajouté cette légende pour glorifier Marie de Hongrie, la commanditaire de cette œuvre. Hilaire est le premier hagiographe d’Honorat (Hilaire /348/). Ces vies latines sont donc écrites dans la plus pure tradition hagiographique, puis les œuvres vulgaires se succèdent : l’ouvrage de Raymond Féraud n’est donc que la version occitane d’un corpus hagiographique. Le chansonnier de François de Pérussis de Lauris À la notice 133, nous apprenons que François de Pérussis de Lauris confie à Jean de Nostredame un chansonnier de troubadours. Nous savons que Nostredame a été en possession du chansonnier f (BN fonds français 12472). C’est dans ce manuscrit que se trouvent des sonnets que Camille Chabaneau et Joseph Anglade lui attribuent. Nous reconnaissons en plusieurs endroits l’écriture aldine de Jean de Nostredame. Ce chansonnier comporte 74 folios (28/22,4 cm). Le manuscrit du chansonnier Pérussis avait été signalé comme « perdu ou égaré » par Camille Chabaneau. François Pirot a publié un article dans lequel il émet l’hypothèse que le chansonnier Pérussis soit le f (Pirot /352/ p. 469-470). Les M nous fournissent une preuve supplémentaire. Jean de Nostredame a donc reçu de François de Pérussis un chansonnier. La démonstration de François Pirot qui se base sur des preuves textuelles pour attribuer la possession du manuscrit f à Pérussis est corroborée par les affirmations de Nostredame. Jean Poldo d’Albénas /353/ 4 : p. 195. 11 : « Et l’an CCCCXI que les Vuandales depopuloyent les Gaules, sous la conduicte de Croscus, il fut pris en Arles par Marian President, & apres avoir esté mené en public spectacle par les cités, fut mis à mort. Sigebert. » p. 195. 12 : p. 195-196. 16 : « Et environ de ce temps Heros leur Evesque, disciple de S. Martin en fut chassé par le peuple, & Patroclus, familier de Constans, mis en son lieu, dont sourdirent par ce plusieurs dissensions entre les Evesques du païs, & apres fut ce Patroclus occis de plusieurs playes, l’an CCCCXXIX par un Capitaine Barbare. Prosper apres Eusebe. » p. 196. 19 : p. 196. 58 : p. 213. 293 : p. 199. 329 : p. 199. Hilaire /348/ cf. Féraud Vaisquin Philieul /48/ 293 : « Icy est traicté d’ou estoit ma Dame Laure : & nasquit en Avignon au bourg des Sazes, qui lors estoit respectivement entre le grand Palais, & le Rosne. » fo 6 r° (Argument du sonnet IIII, Pétrarque /50/ p. 55, sonnet 4). « Icy fault noter, que du temps de Pétrarque, Avignon, en tirant du grand palais respectivement vers le Rosne, n’avoit de circuit que jusques à la paroisse de la Magdaleine, de la jusques au Rosne estoient tous jardins & praieries, excepté un petit bourg dict des Sazes, qui estoit entre deux. Avignon fut puys apres accreu jusques aux vieilles murailles, qui sont encores en empend avec la maison de Ancezune. Depuys par pape Julles fut accreu jusques au Rosne. Ce que appert par les deux vestiges des dictes vieilles murailles, & plusieurs portailz, qu’on voit encores par la ville. Et en signe que cedict bourg & champestre estoit des Sazes, aieulx de madame Laure, soubz le premier arc du pont du Rosne on ha mis leurs armoyries : la donc en un estang qui y estoit ma dame Laure, s’y estoit jouée sur un bateau avec douz aultres damoyselles, puis monterent sur un chariot, ce que voyant Petrarque eust voluntiers esté leur chartier & batelier. » fo 47 v° (Argument du sonnet LXX, Pétrarque /50/ p. 370, sonnet 225). Nicolas Bertrandi /355/ 138 : fo xxxii r° et v°. L’épitaphe du comte de Toulouse que cite Nostredame n’est pas publiée par Bertrandi. Ce passage est bien relatif à Raymond VII.

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NOTES ET COMMENTAIRES

Sources françaises Annales d’Anjou /360/ 505 : p. 205. 507 : « De la perte de sa loyale compaigne et espouse fut le noble roy de Sicille si actaint de dueil, qu’il en cuyda bien mourir ; ne jamais tant comme il fut en vie ne oublia l’amour qu’il avoit pour elle. Et ung jour comme ses privez et familliers luy remonstroient (le cuydans consoler) qu’il falloit qu’il entreoubliast son dueil, et puis qu’elle estoit décédée, qu’il ne la povoit recouvrer, et que fora luy estoit (s’il vouloit vivre) de laisser tout cela et prendre reconfort, le bon seigneur en plorant les mena en son cabinet, et leur monstra une paincture que luy mesmes avoit faicte, qui estoit ung arc turquoys duquel la corde estoit brisée, et au dessoubz d’icceluy estoit escript ce proverbe italien : Arco perlentare plaga non sana, puis leur dist : « Mes amys, ceste paincture fait responce à tous voz argumens, car ainsi que pour destendre ung arc ou en briser et rompre la corde, la playe qu’il a faicte de la saiette qu’il a tirrée n’en est de riens plus tost guarie, ainsi pourtant si la vie de ma chère espouse est par la mort brisée et estaincte, pour ce plus tost n’est pas guarie la playe de loyalle amour dont elle vivante n’aura mon cueur. » Ainsi respondit le gentil et débonnaire prince, et fut en cest estat long temps qu’il ne vouloit recevoir aucune consolation et peult on en plusieurs lieux à Angiers veoir en paincture iceulx arcs turquoys dont les cordes sont rompues, et sa devise Arco perlentare, etc, est escripte au dessoubz, et mesmes aux Cordeliers en la chapelle Sainct-Bernardin qu’il fist édiffier. Et print cette devise après le decès d’icelle duchesse de Lorraine, son espouse, car ce pendant qu’elle vivoit, il portoit des chaufferettes pleines de feu, au bas des quelles estoit escript : D’ardant désir. Et faisoit mettre auprès ung chappelet Devôt luy suis. Et interprétoit et vouloient dire plusieurs qu’il portoit telles devises pour quelques dames en amour qu’il avoit, mais saulve leur révérence, car tant que la bonne princesse son espouse fut en vie, il ne porta devise que pour l’amour d’elle, et jamais en autre ne mist son cueur. » p. 205-206. Annales d’Aquitaine (Bouchet /372/) 67 : fo xliii r°. 73 : fo xlvi v°. 77 : fo xlvi v°. 101 : « L’an mil cent soixante, ledict roy Henry duc d’Aquitaine, & Raymond comte de Barcellone, se trouverent a Blayes sur Gironde, ou traicterent & jurerent une alliance. Par laquelle Richard, surnommé cœur de lyon, second fils dudict Henry, devoit espouser la fille dudict Raymond, quand elle seroit en aage. & en faveur dudict mariage, ledict Henry promist donner audict Richard son fils le duché d’Aquitaine. Ce Raymond estoit homme puissant, & riche : car a cause de luy estoit comte de Barcellonne : car a cause de son espouse estoit roi d’Arragon. » fo lxiii v°. François de Belleforest /365/ 252 : p. 1101-1108. Honoré Bonet /364/ Jean de Nostredame possède un manuscrit de l’œuvre d’Honoré Bonet qui lui a été donné par Loys Raymond de Berra. Nous n’avons aucun renseignement sur cette personne. La version que Nostredame cite est en français. L’historien provençal ne semble pas connaître la traduction occitane de cet ouvrage (BN 1277 fonds français). 184 : fo 31 v°, ch. ILVI : « Se le duc de bataille est prins on luy doit perdonner » et ch. ILVII : « Se le duc de bataille est prins en guerre s’il doit estre de celluy qui le prent prisonnier ou du seigne de qui il prent les gaiges ». 471 : « Se la royne Jehanne de Naples a peu affilier le roy Loys. / Je veil apres les choses precedentes veoir sur ung aultre debat que sont souventesfoys aulcuns de noz prouvenceaulx disant expressement que la royne Jehanne de Naples ne eut oncques pouvoir ne auctorite de affilier le roy Loys comme son filz. Surquoy nous convient premierement veoir se en nostre royaulme de Naples la dignite royalle peut de droit venir a dame. Car quant est de celle de France il en convient doubter pour ce que sellon l’oppinion de Tholomien apres la mort du roy Philippe fut determine que en France n’eust successeur yssant de filles et en fut excusee la seur du roy Philippe lors royne d’Angleterre mais en nostre royaulme de Naples est bien aultrement. » fo 79 r°, ch. CXXXIIII. Simphorien Champier /362/ 387 : Au chapitre : De Jehanne royne de Jherusalem Et de Sicile. / Jehanne royne de Jherusalem et de Sicile oultre toutes aultres femmes de nostre temps de nayscence de puyssance et de meurs fut noble dame. Ceste Jehanne fut fille de tres noble et paysible prince Charles duc de Calabre premier nay de feu noble memoire Robert roy de Jherusalem et de Sicile et de Marye seur de Philipe roy de France. Laqueelle estant encores petit enfant apres la mort de son pere fut faicte heritiere et succeda au royaulme et pour si grant fes et couraige a gouverng que elle purgea villes citez lieux domestiques et privez les haultes montaignes vallees desvoya de larrons meschantz et crimineuses gentz tant que nonseulement le poure : mais aussi le riche en chantant de nuict et de jour peut que laquelle part qu’il voulut seurement prendre son chemin. Ce que aulcun des precedens roys ne voulut ou ne peut parfaire. Et oultre elle refrena les grans seigneurs en si grand moderation et leurs dissolues meurs retira et amena a meilleure vye que oste orgueil ancien et du tout mis jus ceulx que jadis mesprysoyent les roys avoient horreur de la face de celle femme

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courroucee. Elle estoit magnificque et de grand gratuite et avec ce merveilleusement contante et de bonnaire sans fleschir legierement. Elle avoit beaulte et honneur de grand recommandation doulce eloquence de bouche facunde a tous aggreable. Et brief fut playne et douce de si grandes vertus que c’estoit plus chose divine que humaine. » Gilles Corrozet /356/ 529 : chapitre : « Le dire de René Roy de Sicile. » « René Roy de Sicile, disoit souvent aux Princes & Ambassadeurs de divers lieux, qui le venoyent visiter : J’ayme la vie ruralle sur toutes autres, pour ce que c’est la plus seure maniere de vivre, & la plus esloignee d’ambition terrienne. Ce Roy aima l’agriculture, & fut le premier qui fit venir des païs estrangers en France, les paons blancs, perdris rouges, conils blancs, noirs, & rouges, œillets de Provence, Roses de Prouvins, & de muscade. Il estoit bon Peintre, parfoit Musicien, & composa livres en vers & prose : entre lesquels sont la conqueste de la doulce mercy, & le mortifiement de vaine plaisance, que j’ai leuz. » p. 108-109. Guillaume Durant /358/ 194 : chapitre : « De advocato » : « (…) meliusque est tacere, quam cum perdore loqui, iuseta provincialum vulgare proverbium, quo dicitur : Mais val callar, que fol parlar. » vol. 1, p. 261. Paul Émile /371/ 130 : fo 256-258. Estat de l’Église /361/ 9 : p. 83-87 23 : p. 154 89 : p. 318 163 : p. 403 (daté de 1243) 168 : p. 406 181 : p. 403 194 : p. 418 (daté de 1278) 211 : p. 418 245 : p. 435 263 : p. 437-438 275 : p. 443-444 288 : p. 452 307 : p. 454 337 : p. 462 352 : p. 462 378 : p. 463 420 : p. 472 425 : p. 473-474 448 : p. 481 Robert Gaguin /370/ 34 : fo xvii r°, xviii r°-v° 59 : fo xxxii 130 : fo lxxix r° (daté de 1227) 375 : fo cxviii v° Nicoles Gilles /367/ 17 : « En ce temps le pays de Bourgongne (qu’estoit appellé, à cause des Bourguignons qui y estoyent venuz habiter) comprenoit depuis le fleuve Arare, qui est à present nommé la Saosne, jusques le long du fleuve du Rosne, & jusques à Marseille, Thouloze, & Arles en Provence. » fo xii v°. 41 : fo xxvii v° et xxviii r° 58 : fo xlii v° 66 : fo xlv v° 80 : fo lxxv v° et lxxx r° (daté de 927) 391 : fo cxcvii r°-v° 408 : fo cciiii r°

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NOTES ET COMMENTAIRES

Grandes Chroniques de France /359/ 41 : tome 2 p. 36-37 58 : tome 2 p. 229-234 60 : tome 2 p. 229-234 66 : tome 2 p. 250-252 82 : tome 5 p. 37-39 149 : tome 7 p. 64-65 161 : tome 7 p. 114-115 167 : tome 7 p. 205-206 177 : tome 7 p. 205-206 181 : tome 7 p. 233-236 186 : tome 7 p. 246-255 188 : tome 7 p. 275-282 204 : tome 8 p. 190-191 207 : tome 8 p. 82-83 209 : tome 8 p. 83-84, 87-89 212 : tome 8 p. 98-101 219 : tome 8 p. 117-121 220 : tome 8 p. 92-94 221 : tome 8 p. 115 222 : tome 8 p. 130-131 223 : tome 8 p. 137-138 225 : tome 8 p. 136 227 : tome 8 p. 144 242 : tome 8 p. 164 276 : tome 8 p. 343 Himmarus /357/ Notice 24 sur la vie de saint Rémy. La Mer des Histoires /368/ 130 : fo ixccxviii r° 162 : fo iic r° 184 : fo iiciii r°-v° 203 : fo iicvi v° 218 : fo iicvii v° 230 : fo iicvii v° 268 : fo iicxi v° 285 : fo iicxv v° 288 : fo iicxv v° 315 : fo iicxvii r°-v° et fo iicxviii r° 340 : fo iicxxiii r° 399 : fo iicxxvii v° 412 : fo iicxxix Antoine de La Sale /366/ 255 : fo xlvii v° 311 : « (…) lequel an acheve et fait le tres notable obsecque le jour de madame Saincte Agnes madicte dame renonca a cest mortel monde et se enclouist au monstier de Saincte Croix a Naples (…) » fo xlviii v°. Jean Le Maire des Belges /369/ Notices 261 et 275 citations indirectes. Pierre de Provence /295/ Citation de cet ouvrage à la notice 140.

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Promptuaire des Médailles Notice 68. Jean de Nostredame a recopié dans la CF 534-535 une chronique portant ce nom. Le manuscrit est détérioré à cet endroit. Guillaume Rouillé a publié en 1553 un ouvrage en latin ainsi que sa traduction française : Prima pars Promptuarii iconum insignorum a seculo hominum…, Lugduni apud G. Rovillum et La Première partie du promptuaire des médalles (…) La seconde partie du Promptuaire des médalles (…), Lyon, G. Rouillé. Miquel Ritius /363/ Références à la Croisade contre les Albigeois aux notices 134, 323, 339. Sources italiennes Pour toutes explications concernant ces œuvres, nous renvoyons à Rossi /391/ et Letteratura italiana /94/. Jean de Bergame /389/ 528 : fo 386 r°-v° Boccace /379/ 386 : « Jehanne, Royne de Hierusalem & de Sicile, est par dessus toutes les autres Dames de nostre temps, noble, puissante, & bien morigenee : de laquelle n’eust esté meilleur de me taire du tout qu’en escrire peu, n’estoit qu’en la laissant on eust peu douter que je l’eusse fait par quelque haine. Ceste Dame est premiere fille du Serenissime Prince Charles, noble Duc de Calabre, & premier né de feu bonne memoire Robert Roy de Jerusalem & de Sicile, & de Marie seur de Philippe Roy de France (…) entre lesquelles marches luy obéissent en Seigneurie les anciens Campanois, Lucaniens, Brutiens, Salentins, Calabrois, Dauniens, Vestins, Samnites, Peligniens, Marsiens (…) car elle a esté tormenter de la querelle domestique des freres du Roy : & quelquefoys a senti les guerres des estrangers au millieu de son royaume : essayé, par la faute d’autruy, la fuite, l’exil, les cruelles moeurs de quelques maris, la haine de ses Nobles, le mauvais bruit non merite, les menaces des Papes, & autres infinies aversitez : que neantmoins, elle a finalement toutes surmontees, avec un ferme & invincible courage, les supportant ce pendant d’une merveilleuse constance. Choses qui seroyent vrayement tres estimees en quelque tant fort & puissant roy que voudrez, & nompas seulement en une femme. » p. 378-382. Pandolfo Collenuccio /390/ 175 : livre 4 p. 225 216 : livre 5 p. 267 228 : livre 5 p. 273 255 : livre 5 p. 281 277 : livre 5 p. 284-285 311 : livre 5 p. 288-289 329 : livre 5 p. 292 455 : livre 5 p. 352 474 : livre 5 p. 355-356 499 : livre 6 p. 452 Egnaci /384/ 89 : fo 110 v° Mario Equicola /381/ 111 : « Nelli anni del parto della Vergine circa mille, & ducento pocio piu in Provenza era signor il Conte R. Berlengieri della notabil famiglia, & gente d’Aragona per l’heredità, fu sua la Provenza di qua dal Rodano, & in sua corte conversarono molti gentilhuomini, & virtuose persone di Francia, di Provenza, di Catalogna, & Italia, del paese di Genua. Tra quali molti trovadori, & giocolari ivi si radunavano componendo, & recitando chanson, servantes, coupaletz, & lettres, & ballades d’amour, lo loro idioma si chiamava Provenzale, percio che in Provenza era piu che altrove essercitato, ben che della Francese, Cathelana, & Provenzali lingue fusse composto, con alcuni uccaboli Genovesi, ma rari donde al presente quel parlar in Francia, in Catalogna, & in Provenza è perduto, ne vi si entende, ma da pratichi in dette tre provincie non è di quella difficultà che altri istima. Praticarono alcuni di tali trovadori in la corte di Philippo Re di Francia, & di Lois suo figlio : similmente in la corte di Ricardo Re d’Inghilterra, & del suo figliuolo, & non meno in corte del Conte di Tolosa Ragonese chiamato Ramondo, tanto durarono quelli gentili spiriti, quanto la corte fu in Provenza. Ma poi che ‘l predetto Conte Berlenghieri maritò le figliuole Margarita a Lois Santo Re di Francia, la seconda al Re Inglese, & la terza a Carlo Conte di Angio fratel di Lois predetto,

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NOTES ET COMMENTAIRES

manco qualla nobile pianta, percio che Carlo di Angio essendo restato herede per la mogliere della Provenza, & nelli anni della nostra redentione mille docento sessantacinque, havendo havuta dell’ inimico intera vittoria, fatto Re di Napoli, quivi habitò : & questa io istimo fusse la causa che non si ampliò piu oltra il dire provenzale, il quale era stato in fiore anni cento (…) » p. 337. Guillaume Rouillé /374/ 293 : p. 311-312. Paolo Giovio /388/ 182 : p. 12 512 : p. 50 Pétrarque /387/ 313 : p. 520 et 591 notamment. Christoforo Landino /377/ 65 : fo 252 r° 140 : « Idest non sale qua fu in purgatorio : se buona oratione non l’aiuta, come fu largita la venuta que fu a Provenzale. Perche essendo men tempo che mori che non fu quello che strette in vita e contro a quel che disopra disu. Risponde Odorosi al dubbio mossogli da Danthe dicendo che la grande humilita che lui uso in mendicar denari per trar un suo amico di prigione glabbevio il tempo che havea a stra fuori del purgatorio. Dicono che il re Carlo havea preso uno amico di questo provenzale nella rotta che diede a curradino & postogli di taglia dieci milia fiorini sotto capital pena : se i brieve tempo non pagassi. Et provenzale tanto fa humilio per l’amico che puose un tapeto nel campo di Siena, & mendico con ogni specie di prieghi per la redemptione del prigionero. Provenzal fu preso, & tagliatogli il capo & fieto nella puncta d’una lancia portato per tutto il campo. » fo 178 v°. 206 : fo 258 v°-259 v°. Martin /378/ 107 : fo cxxiii v° 146 : fo cxxxiiii v° 149 : fo cxxxv r° 205 : fo cxli r° 211 : fo cxli v°-cxlii r° 216 : fo cxlii r° 260 : fo cxlvi r° 269 : fo cxlvii v° 275 : fo cxlviii r°-v° 278 : fo cxlix v° 282 : focxlix v° 283 : fo cxlix v° 288 : fo cl r°-v° 294 : fo cxxiii r° 308 : fo cli r°-v° 312 : fo cli r°-v° 316 : fo clii r° 348 : fo clxxii r° 349 : fo cxxxi v° 358 : fo clviii r° 362 : fo clix r° 367 : fo clx v° 369 : fo clxi r° 370 : fo clxii r°-v° 372 : fo clxii r° 381 : fo clxxi r° 406 : fo clxxii r°-v° 427 : fo clv v° Matteo Palmieri /386/ 74 : fo 113 r°

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Platina /385/ 127 : fo 159 v°-160 r° 128 : fo 160 r°-161 r°-v° 175 : fo 171 v° 217 : fo 176 v°-177 r°-v°, 178 v° 245 : fo 187 r° (daté de 1305) 261 : fo 187 r°-v°, 188 r°-v°, 187 bis, 188 bis r°-v° Pompo Laetus /383/ 4 : p. 522 Virgile Polydore /382/ 40 : p. 705 Sabelic /376/ Notice 529 relative au roi René. Alessandro Vellutello /373/ 293 : p. 16, 35, 136-137, 140 Sources germaniques Abbas Tritemius (Thriteim) /398/ 18 : fo 28 r° Aventinus (Jean Thürmayer) /393/ 182 : p. 703-704 Henri Burlingere /397/ Nous n’avons pas retrouvé dans l’œuvre théologique de Burlingere la références aux faits relatés par Nostredame. Matthias Flacius Illiricus (Matthias Flach-Francowitz) /399/ Notice 199 sur l’église de Duras. Jornandes /396/ 19 : p. 80-81 Sebastian Munster /395/ 5 : « Combien que plusieurs amateurs d’histoires, amy lecteurs, desirent cest’ œuvre, & m’ont pas cy devant exhorté par leurs lettres de me haster a la mettre en lumiere, disans que je les faisoy trop attendre, toutesfois j’ay esté retardé par plusieurs causes, (…) Car l’histoire seulle est un certain tesmoingnage des choses faictes, veu que tout le monde confesse qu’elle est quasi la seule reigle de la vie des hommes (…) Si l’histoire estoit esteincte, on n’auroit nulle souvenance des choses passees, & ne pourroit en pourvoyr aux choses advenir, ensuivant l’exemple des ancestres. » p. 2. 78 : p. 96 80 : p. 114 92 : p. 198 100 : p. 326 128 : p. 66 (daté de 1216) 323 : p. 97 339 : p. 252 Naucler /394/ 182 : p. 320 184 : p. 323 285 : p. 382 288 : p. 382 309 : p. 389

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NOTES ET COMMENTAIRES

379 : p. 409-410 395 : p. 412-413 464 : p. 444-445 Sigebert /400/ 11 : fo 406 v° 19 : fo 412 r° 42 : fo 420 r° 51 : fo 429 r° Sources latines Amianus Marcellinus /402/ 4 : p. 24 Jean Cassien /401/ Notice 13 pour le titre des ouvrages. Eusèbe (cf. Palmieri /386/) 12 : fo 90 v° Posper (cf. Palmieri /386/) Propser continue la chronique d’Eusèbe. Les références sont identiques pour ces deux historiens. Pline 41 : nous n’avons pas retrouvé dans l’œuvre abondante de Pline une référence à Heraclea, ancienne cité bâtie à l’emplacement de Saint-Gilles. Sources aragonaises Martorell /403/ 106 : « Aprés portaren lo pa e posaren-lo davant lo Rei e a cascú d’ells, e negú no hi tocà esperant que portassen la vianda. Felip, com véu lo pa davant, pres cuitadament un ganivet e pres un pa e llescà’l tot, e féu-ne dotze llesques grans e adobà-les. Com la Infanta véu tal entramès no es pogué detenir de riure. Lo Rei e tots los que allí eren e los cavallers jóvens que servien feien un joc mortal a Felip, e la Infanta que es concordava ab ells, fon forçat vingués a notícia de Tirant per ço com no partia jamés l’ull de Felip. Llevà’s corrents de taula, e dix : - Per mon Déu! Felip haurà fallit en sa honor, que deu haver feta alguna gran bajania. E posà-se al costat seu, davant la taula del Rei, e estigué mirant a cascuna part de la taula e véu les llesques del pa que Felip havia tallat e véu que lo Rei ni negú no havien tocat en lo pa e prestament presumí l’ocasió de les rialles. Tirant li llevà prestament les llesques, mès mà a la bossa e tragué dotze ducats en or e posà en cascuna llesca un ducat e féu-ho donar a dotze pobres. Com lo Rei e la Infanta veren lo que Tirant havia fet, tots cessaren de riure. Dix lo Rei a Tirant quina significança tenia lo que havia fet. -Senyor - dix Tirant - , com hauré complit lo que hi tinc a fer, ho diré a vostra altesa. Tirant donà totes les llesques, cascuna ab son ducat, e la darrera s’acostà a la boca e dix-li un avemaria, e donà-la. Dix la Reina : - Molt me plauria saber aquest entramès. Respòs Tirant en la següent forma. (…) - Senyor, l’excelălència vostra està admirabla, e tots los altres, del que Felip ha fet principi e jo he feta la fi, faent-ne tots burla. E la causa d’açò, senyor, és puix l’altesa vostra ho desija saber, que los crestianíssims senyors reis de França, per les moltes gràcies que obteses han de la immensa bontat de nostre senyor Déu, instituïren que tots llurs fills, ans que rebessen l’orde de cavalleria, al dinar, ans que mengem, lo primer pa que els posen davant ne fan dotze llesques, en cascuna posen un real d’argent e donen-ho per amor de Déu en reverència dels dotze Apòstols ; e com han rebut l’orde de cavalleria posen en cascuna llesca una peça d’or. E fins al dia de hui ho pratiquen tots los que ixen de la casa de França. E per açò, senyor, Felip ha tallat lo pa, e n’ha fetes dotze tallades, perquè cascun Apòstol haja la sua. - Sí Déu me salve la vida - dix lo Rei - , aquesta caritat és la més bella que jo jamés oís dir. E jo, qui só rei coronat no faç tanta caritat d’un mes. » p. 316-317

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Tomich /404/ 437 : « (…) e fet tot aço lo rey feu matrimoni de una filla qué havia de la reyna ab lo rey Loys de Napols e la infanta havia nom Viollante (…) » fo xlix r° Sources non identifiées Esleydan Nous n’avons pas pu identifier cet historien. Nous avons pensé en un temps qu’il pouvait s’agir de Thierry de Leyde, historien hollandais, mais aucune traduction n’était publiée du vivant de Nostredame. Il ne pourrait s’agir dans ce cas que d’une source manuscrite difficilement identifiable. Notice 357. Fortalicium fidei de bello sarracino Nous avons recherché sans succès dans les répertoires des chroniques des Croisades une œuvre qui pourrait se rapprocher de cette référence. Notice 247, 252 notamment. Maurus Nous avons pensé à Marc Bertrand Maure, humaniste provençal, mais aucune de ses œuvres ne se rapporte à cette référence. Notice 497. Normand Nous avons pensé à un historien normand : Dudon de Saint-Quentin, Guillaume de Jumièges… Toutes ces chroniques ne concordent pas avec nos références. Nous avons également pensé à un historien « sicilien », mais là aussi rien ne concorde. Nostredame dit que ce Normand aurait écrit un « abrégé ». Nous nous sommes tournés vers tous les Normand, Lenormand recensés. Une dernière piste nous a fait consulté les ouvrages du juriste Roberti Arnesii de Normanvilla, sans résultat. L’étendue des citations de cette chronique (530-1442) laisse penser qu’il s’agit d’un historien du XVe siècle dont l’œuvre est peut-être restée manuscrite. Notices 28, 37, 39, 60, 70, 71, 72, 81, 111, 137, 150, 162, 168, 187, 190, 191, 266, 392, 394, 401, 419, 456, 469, 476, 486, 490, 494, 502, 528. D’autres références comme « Liber super jura juribus regni sicillie », « Prepositi de l’isla », « P. Berenguier » restent inconnues.

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NOTE LINGUISTIQUE Cette note linguistique n’a qu’un but : aider à la compréhension du texte de Nostredame. Nous n’avons pas voulu établir une description de la langue d’oc employée par Nostredame ; cela serait un travail différent qui demanderait plus d’espace et qui dépasserait les cadres de notre édition. Cette note doit être consultée en liaison avec le glossaire qui reprend de façon succinte les explications données parfois avec plus de détails dans ces commentaires. De même, le glossaire ne renferme que des mots occitans ; certains vocables français qui demandent un éclaircissement sont commentés dans cette note. Nous donnons, quand cela est le cas, les propres définitions de Nostredame contenues dans son glossaire de la langue médiévale. Nous avons tiré profit d’un certain nombre d’études et en absence d’un dictionnaire de la langue occitane du XVIe siècle des ouvrages consacrés à la période médiévale (Anglade /408/, Levy /410/, Roncaglia /411/). Notre glossaire ne comporte pas de renvois systématiques à des dictionnaires. En absence de références dans la note linguistique, les définitions sémantiques proviennent de Lévy /410/ ou de Mistral /215/. Il va de soi que les définitions proposées s’inscrivent dans le contexte sémantique particulier des M et ne peuvent être séparées de leurs emplois. Lire les M demande donc une attention linguistique, mais la grande cohérence de cette langue aide à la compréhension. Les lecteurs habitués aux formes médiévales et ceux qui connaissent la langue du XVIe siècle n’auront que peu d’efforts à faire : la morphologie verbale utilisée par Nostredame est encore, à bien des égards, celle employée dans les textes médiévaux et, en situation polymorphique, se perpétue jusqu’au début du XVIIe siècle (« fon », « foron », « fassa » et autres formes se rencontrent chez Nostredame et encore chez Bellaud ou Ruffi). Notre travail n’est donc pas une description (nous avons écarté de nos notes tout ce qui est facilement identifiable pour un lecteur averti), mais seulement un guide de lecture.

* * * 1 « vire » : « traduit », « narré ». 4 L’adjectif antéposé « grand » conserve ici une même forme au féminin et au masculin ce qui est un fait courant au XVIe siècle (cf. Ronjat /114/ tome 3 p. 27). 9 « Lo » comme sujet neutre (cf. Mistral /215/ tome 2 p. 226, Lafont /409/ p. 106-107). Nostredame mentionne ce fait dans son glossaire : « Lo, il. Quelqu’un a escript : « lo my soufis », il me souffist. » (Nostredame /11/ p. 194). 17 « amprenoit » : « s’étendait » dans un sens territorial (cf. « emprendre »). 18 « predestinaz a mal » : nous comprenons « prédestinés au mal ». Ces chrétiens, se croyant possédés et destinés au mal, ne doivent pas être suivis et sont excommuniés s’ils persistent dans leurs croyances. 21 « Doria m’o a mandat » signifie qu’un nommé Doria, difficile à identifier, a porté à la connaissance de Nostredame les faits dont il est question.

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22 « pres » n’est pas ici un participe passé, mais le prétérit de « prendre » (3ème pers. du sing.) (cf. Anglade /408/ p. 305). 37 « devastans » est ici employé au figuré. On comprend que les guerriers de Théodobert ont torturé les religieux et violé les religieuses (cf. Levy /410/ p. 366 pour « tormen »). Le rappel des persécutions de Dioclétien accentue le martyre des Provençaux. 38 Nostredame a écrit : « lous plus grands dels dichs luoc » ce qui semble incompréhensible; la phrase se rapportant à l’église de Clermont. Nous supprimons le pluriel de « lous » et de « grands » et rajoutons un « s » à « luoc ». 52 « tourmente » : « torturé ». 59 Il faut comprendre « del » après « gleyza » dans le sens de « avec le » (ce qui est le sens également dans la CF 536 au fo 11 r°) (cf. Mistral /215/ tome 1 p. 703). C’est avec l’accord des évêques que Charles Martel donne le denier des églises aux gentilhommes français. 64 « autant en y ha dedins que dessus terra », à propos des arènes d’Arles, annonce au lecteur le rôle des grottes plus avant dans le texte. Nostredame ne note pas de « s » à « leur », comme dans la langue médiévale. Nous respectons cette notation. L’ajout d’un « s » semble être tardif. « estre venguts » comme d’autres formes (« estre arribats… ») correspond à un infinitif absolu que l’on pourrait traduire par « étant arrivés » (cf. Roncaglia /411/ p. 112). Nostredame note dans son glossaire : « assire : asseoir » (Nostredame /11/ p. 181). 65 « delybera sy » comme plus loin « delyberon sy » est à remarquer par la postposition du pronom atone qui n’est pas un phénomène exceptionnel dans la langue des XIVe et XVe siècles, mais plutôt rare au XVIe, effet donc d’archaïsme (Lafont /115/ p. 139, /409/ p. 415-420). Cette forme peut renvoyer ici à un sens proche de « décide ». « fretaria » désigne plutôt « la hâte de se battre » que l’action même de la bataille (du verbe « fretar » employé plus haut) (cf. l’occitan « freta » et l’italien « fretta »). « crydesta » : « clameur »; le glossaire de Nostredame note « clamors » pour « clameurs » (Nostredame /11/ p. 184). « agra » est un conditionnel 2 de la langue médiévale (Anglade /408/ p. 320). Nostredame connaît la forme « auria », mais dans le cas de ce conditionnel passé, emploie la forme « agra » qui tend à disparaître au XVIe siècle. « estre aprochat » cf. « estre venguts ». « vet’y » pour « voici » que Mistral signale comme limousin (Mistral /215/ tome 2 p. 1085), mais que nous pouvons rapprocher de « vet-aqui ». « lo n’y ha « cf. 9. « malla » : le glossaire de Nostredame note : « Malla domna e bonna fe, ma maulvaise dame et ma bonne foy » (Nostredame /11/ p. 194). 74 « contentions » est à rapprocher de « contenson » (Levy /410/ p. 93). 75 « mezurat de parelha mezura », en quelque sorte « fut traité de la même manière ». 80 « marida » pour « maridada ».

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NOTES ET COMMENTAIRES

90 « exercici » dans le sens de « armée » (cf. également ce mot en 140) (cf. Huguet /412/ tome 3 p. 773). 95 « engan » : le glossaire de Nostredame note : « Enjan ou engan, engana : tromperie. Guilh. Figuiere, en sa chanson contre Rome, a dict : « Roma enganeyris / Qu’es de tout mal guyds / E syma e rays ». » (Nostredame /11/ p. 188). Il s’agit d’une formule récurrente en occitan administratif. 99 « aqui pres » désignerait les châteaux proches de Trinquetaille. 102 Pour « prega ly » cf. ce qui est dit en 65 pour « delybera sy ». 106 « estre arribas » cf. ce qui est dit en 64 pour « estre venguts ». « fac » pour « fau ». Le texte catalan de Tirant lo blanc porte « faç » (Martorell /403/ p. 317). Plus haut dans le texte, Nostredame note « caza de França ». « caza » est peut-être un catalanisme (le texte original porte également « casa »). Tout ce passage est totalement démarqué, à la phrase près, de Tirant lo blanc (cf. sources aragonaises). Nous pouvons également penser que « fac » correspond pour Nostredame à un signe de première personne que l’on retrouve par exemple au XVIe siècle dans « suc » pour « je suis ». 109 « custodes » : « gardiens », par extension poste où se tiennent les gardiens. 111 « estre delieurat » cf. ce qui est dit en 64 pour « estre venguts ». 118 « perpetualment ensemble » se rapporte à « comuna », « juridiction » et « apertenensas » et rappelle le caractère indissociable de ces trois institutions. 123 « disaupirats » est à rapprocher de l’occitan moderne « disaubirar » signifiant « troubler », « désorienter ». 128 « non ho son que de paraulas », c’est-à-dire que les rois de Naples sont virtuellement rois de Jérusalem, mais n’ont jamais réellement possédé ce territoire. 130 La désinence en « it » du prétérit « morit » (comme d’autre verbes en « ir ») est conforme à la conjugaison médiévale « moric » réinterprétée en « morit ». 137 « ensins que s’eran dich », selon la promesse qui avait été faite, promesse relative au mariage entre Margarida et saint Louis. « foron » pour « furent » selon la forme médiévale, encore courante au XVIe. 138 « estre mort » cf. ce qui est dit en 65 pour « estre venguts ». 140 « factions », ici, « qualités », « pouvoir de faire » ou « fait accompli » selon le sens de l’étymon latin « factio ». « indignat de la routa » : « routa » est pris ici dans le sens de « bataille », « défaite » (cf. le français « déroute » et plus avant « la routa de Montapert »). « indignat de la routa » signifierait donc « privés de dignité par la défaite ou rendus furieux » par cette dernière. Il faut comprendre que les Florentins, humiliés par cette défaite, désirent une revanche qu’ils obtiendront par ailleurs.

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147 Nostredame note dans son glossaire : « albergar : loger » (Nostredame /11/ p. 180). 152 « E si lo venya » pour « et si cela arrivait » cf. 9. 153 « retrassys » : le glossaire de Nostredame note : « Retracy, retracyous, rapport ou faulx rapport et rapporteur » (Nostredame /11/ p. 198). « lou comte l’aver pres en gracia » infinitif absolu. 161 « aver deliberat » cf. ce qui est dit en 64 pour « estre venguts ». 175 L’expression « d’eça e d’ela lou Far » revient souvent sous la plume de Nostredame à propos de la Sicile. Elle désigne les terres qui sont d’une part et d’autre du phare de Messine, c’est-à-dire la Sicile proprement dite et la Calabre, les Pouilles, la Campanie. 178 « de partibus cismarinis », c’est-à-dire des lieux qui sont en-deçà la mer. 181 « tyret a sy », c’est-à-dire gagna à son parti. 183 « al long » veut vraisemblablement signifier que le texte de l’inféodation est consignée aux archives dans sa version intégrale. 186 « lous plus grosses » désigne certainement les seigneurs les plus importants de Sicile, du moins les plus riches. « gittar tout a la malla part », mot à mot « jeter du mauvais côté », c’est-à-dire vaincre. 187 « qu’el faguet tributaris a el », c’est-à-dire que le roi Charles est tributaire du pape Clément IV. 205 « que garda de poyrit » : « qui le protège de la pourriture ». « estoit » est une forme française mêlée au texte. « infestation », au sens premier d’état infecté et tourmenté par les pillages et les brigandages. 209 « non y restet ny ryfa ny rafa », c’est-à-dire jusqu’à ce qu’il ne reste plus personne d’une manière ou d’une autre (cf. Mistral /215/ tome 2 p. 791). « interdicha », vraisemblablement « condamnée », « frappée d’interdit ». 211 « tenyan la querella », c’est-à-dire adhéraient à la plainte du roi d’Aragon. « a rey » comme roi. « gastavan leur fruch » c’est-à-dire les faisaient avorter, tuaient leur fœtus, mot à mot « ruinaient le fruit de leur ventre ». 239 « tyraz a Roma », séparés de Rome. 259 « que tenon de present » : « qu’ils possèdent actuellement ». « nebot » a ici le sens latin de petit-fils.

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NOTES ET COMMENTAIRES

« de condan » nous paraît difficile à expliquer. Il s’agit peut-être d’une forme de « condar », « comptar », ce qui signifierait alors « au comptant ». 261 « en luoc non soufizent » : cet « adjournament » ne peut être, semble-t-il, proclamé en dehors de Rome. 274 « soulia estre dels Templiers » : « qui était selon la coutume propriété des Templiers ». 285 « fe » dans le manuscrit, prétérit médiéval. 290 La Libitina était chez les Romains la déesse des morts et par extension tout l’appareil des funérailles. Nous pouvons deviner les intentions de ceux qui déposaient devant les portes des excommuniés des symboles mortuaires, en occurence un cercueil recouvert d’un voile noir. « merum et mixtum imperium » : terme de droit romain relatif à la justice et fréquemment employé dans les actes et inféodations (cf. Giordanengo /412/). 293 Remarquons la postposition du verbe dans « car era mort longtemps havya ». Le manuscrit porte « jardrins ». « entre dous », c’est-à-dire que le bourg des Sauzes est situé entre Avignon et les prairies qui entourent la ville, entre la Durance et le Rhône. « que son encaras en esse », « qui sont encore en bon état » (cf. Mistral /215/ tome 1 p. 1048). 302 « Pone ad longum » est une note de Nostredame destinée à une version future de son travail. Elle indique que la notice historique est incomplète et qu’il faut recopier la source historique dans sa totalité. 303 « porrogation » : « prorogation ». 310 Sur l’emploi de « grand » au féminin cf. notice 4. 322 « de », « crompet de la reyna Jehanna » : « acheta à la reine Jeanne ». 326 Nostredame n’est guère prolixe en explications linguistiques, aussi nous faut-il souligner cette mise au point sur le sens de « adempres » (ainsi que les formes voisines « acinpres », « empres », « jura adempres »). Notons également le sens particulier de ce mot à Marseille. 329 « a la diction » : selon la sentence, le jugement, indique que Jeanne fut plus ou moins contrainte de vendre Avignon. 331 « larguant en grand apparat de guerra » désigne les préparatifs guerriers. Innocent VI ne lésinait pas sur les moyens accordés pour la guerre. 335 « sales » : « cours seigneuriales », « salles d’apparat ». « drap » : étoffe portée par les seigneurs, emblème. 337 « rendat a sous propis despens », c’est-à-dire qu’Innocent a fait édifier le monastère des Chartreux et l’a pourvu de revenus et de rentes ou, sens différent, qu’il l’a fait édifié avec ses propres deniers..

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341 « mantas » : le glossaire de Nostredame note : « mants, maints, mantas ves, maintes foys » (Nostredame /11/ p. 195). 348 « per lou bras del papa » : « sous la conduite morale du pape » ou « pour être le bras du pape ». 349 « dyvagava » possède ici un sens premier proche de « errait ». 351 « rectour » : « retour ». 360 « s’esmeut » au sens premier de se mettre en mouvement. 362 Remarquons le pronom « sy » devant le participe présent « partent », forme aujourd’hui courante dans la langue orale. 368 « impression » : « pression ». 376 Pour l’emploi de « lo » cf. notamment 9. 383 « noyrissier del schisme » : le pape Barthélemy n’est pas initiateur du schisme, mais par son attitude en devient le propagateur, le nourricier qui lui permet de perdurer. « ten a reputa » : « le considère d’un grand renom ». « obstat el » : « après lui » ou « obstat » pour « ôté », « manqué ». Il faut alors comprendre : « et lui manquant ». « per touta autra via que fayre si pot » : « par tout autre moyen que faire se peut ». 384 « la confirma d’abondant » : « la confirme avec satisfaction « (cf. Levy /410/ p. 2 à « abondansa »). 386 « ben moriginada » : au sens ancien du verbe morigéner, « dont les mœurs ont été bien formées ». 390 « mere et mixt emperi » cf. 290. « utriusque sexus » : ceux des deux sexes, suivant les lois de la succession provençale. 391 « vengut al dessus » : « y parvenait » ou « l’avait emporté » (cf. Levy /410/ p. 122). « mectre sus » : « accuser quelqu’un » selon Levy (/410/ p. 247). Il s’agit là en occurence pour Louis d’Anjou d’accuser et de poursuivre les assassins de Jeanne. 393 « deliberet si » cf. ce qui est dit en 65. 403 « exeherede » : « déshérité ». 415 « emotion » au sens classique de mouvement, soulèvement. « restituys a tout » nous pose un problème de compréhension. Nous ne sommes pas sûr de notre lecture; ce texte est très raturé. Nous ne savons pas de quelle restitution il peut s’agir.

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NOTES ET COMMENTAIRES

416 « tout quant qu’el avya » : « tout ce qu’il possédait ». 426 « seduict » : « détourné ». 431 « condescendre a vya amyabla » : « se résoudre à une solution aimable ». 436 « non vouler que al rey » : « ne vouloir appartenir qu’au roi ». 456 « de davant » : « avant ». Jeannelle avait promis à Jean d’Aragon mariage avant de le promettre à Jacques de Bourbon. 459 « inhermes » : « incultes ». 469 « lou tyret a sy » : « s’en fit son allié ». 471 Le fait que Nostredame ait dans une même phrase employé « arrogat » et « adoptat » confère à ces termes un sens différent. « arrogat », conformément à son étymon arrogare, pourrait être traduit par « fit venir à soi », « fit sien ». À la notice 488, « arrogat » prendrait plutôt un sens proche de « revendiqué ». « sia cassa », de « casar » : « casser ». « cassa » sans doute pour « cassada », « rompre, annuler, casser » comme emploi juridique. « per lou temps » : « à perpétuité ». « que non cura » : « qui ne se soucie pas ». « auria coulour » : « serait reconnue comme éclatante ». 475 « abrogue » : « arroge », dans le sens étymologique cf. 471. De même « abrogation » à la notice 477. 508 « doutes » est difficile à comprendre. Nous pouvons peut-être y voir une référence aux passages « douteux » d’une législation, c’est-à-dire peu conformes aux principes du droit. « declarations » signifierait alors « éclaircissements ». 528 « le ballay » (du français « balais ») est un rubis. « cesse » nous est inconnu. 529 « escaufetas plenas de fuec » : « chaufferettes pleines de feu », emblème du roi René. « paraudas » que l’on trouve souvent au XVIe siècle (cf. Mistral /215/ tome 2, p. 479). Nous lisons « imprinitat », mais le sens de ce mot nous est inconnu. Il faut peut-être rapprocher ce mot de « emprenhar » : « être enceinte ». « mettent de tras las esquynas » : « mettant de côté le dos », c’est-à-dire ne lui tournant pas le dos. 530 « ad vincula », c’est-à-dire attaché à Saint-Pierre, à la curie romaine. 531 « basties » : « rédigées ». .

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GLOSSAIRE a tout (416 et suiv.) : de même. a tout (310) : quoique. a, a rey (211) : comme. abhorrit (529) : détesté. abuzas (494) : trompés. acyetas (64) : installés. adempre (234 et suiv.) : impôt, taille supplémentaire, emprunt. adherens (379) : partisans. adimplis (152), adimplyray (250) : accomplisse, accomplirai de adimplir. alberguas (147), albergas (152) : droit de gite. allegre de (464) : bien disposé envers. apparat (331) : préparatif. appenage (465) : apanage, partage de bien. appetit (379) : désir. appugnat (499) : conservé. apres (106) : apprêté, formé en parlant d’une personne. aprest (223) : préparatif. apreza (279) : éduquée, savante. aquest houra en la (99) : dorénavant. arisolat (529) : fait bonne figure. arrerages (356), arreyrages (471) : ce qui est échu d’un revenu. arrestada (386) : avisée. arrogat (471 et suiv.) : revendiqué, fait venir à soi. assajat (386) : fait l’expérience de. augment, en augment (400) : en plus. banderon (123) : se constituèrent en bandes. bezougnas (391) : affaires. cadafault (415) : échafaud, estrade. cantyenary (165) : chansonnier de troubadours. cautelous (379) : rusé. cavalcadas (147 et suiv.) : impôt consistant à un service militaire effectué pour le seigneur. cezit (204 et suiv.) : céda. circa (64 et suiv.) : environ. circuyt (293) : lice, promenade circulaire autour d’une ville. collation (259) : offre. compagna (24) : compagnie. competents (310) : convenables. compozitions (134 et suiv.) : conventions. compozitions (521) : préparations médicales, remèdes. constituit (10) : tenu par. constituit (241) : constitué, nommé. consultations (199) : points de droit théologique. contentions (74) : disputes. contournat (529) : déguisé, caché. conventiculas (290) : assemblées. cosseras (348) : matelas. cridas (332) : proclamations. crydesta (65) : clameur.

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NOTES ET COMMENTAIRES

de d’ela, d’ela (175 et suiv.) : là-bas, par delà. de d’essa, d’essa (175 et suiv.) : de ce côté-ci de que (19) : à cause de quoi. de tout (60 et suiv.) : tout à fait. debbat (90) : combat. decima (514) : dîme. defect (310) : défection. defeyssonava (90) : déformait, mettait en pièces. dels (312 et suiv.) : par les. delybera si, delyberon si (65) : s’avisent ou se hâtent, s’avisèrent ou se hâtèrent. denegar (453) : renier. descalat (84) : débarqué. desparton (138) : partagent. diction (329) : sentence, jugement. directa (286) : directe, droit du seigneur sur le fief. disaupirats (123) : troublés. discretion (294) : discernement. dizen (331) : dixième, impôt prélevé sur le dixième des revenus. dous (358 et suiv.) : depuis. dyvagava (349) : errait. elegis (152) : choisit. enfecida (134) : infectée au sens figuré. engan (95) : tromperie. ensenhas (285 et suiv.) : indices. entandaumens (65 et suiv.) : cependant. entre (13) : parmi. enveja (376) : haine, jalousie. escamp (64) : essaim. escaufetas (529) : chaufferettes. escumenjats (130 et suiv.) : excomuniés. excogitar (234) : penser, tramer. eyssancat (259) : déhanché, boiteux. ezequias (543) : obsèques. ezercici (90), ecerciti (140) : armée. factions (140) : qualités. felezena (103 et suiv.) : petite-fille. feriron (65) : blessèrent. fizable (217) : digne de confiance. fortifiquessan (391) : prennent force. fougaje (234) : fouage. fourrajas, furrajaz (294 et suiv.) : ravagés, dévastés, pillés. fourrar, si fourrar (528) : s’introduire dans. fretaria (65) : hâte. freteron (64) : battirent en parlant d’une armée. fustas (188) : navires. garbugi (361) : effervescence. genitorys (312) : parties génitales. genitura (383) : procréation. greuges (38) : torts, dommages. grosses (186) : riches. guyza (471) : façon. inconcussament (465) : fermement. inimicitia (150 et suiv.) inimitié. insculpit (148 et suiv.) : gravé. instrument (200 et suiv.) : acte, titre de propriété.

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QUATRIÈME PARTIE

interin (65 et suiv.) : en attendant. inventions (378) : ruses, tromperies. jayans, jayandas (529) : géants, géantes. jugar (309) : plaisanter. ladraria (9) : lèpre. ladre (9) : lépreux. larguant (331) : libéral, généreux. lata (118) : amende pour le retard d’une dette. lataut (290) : cercueil. laurons (65) : sources à fleur de terre. laxadas (432) : déposées. layssas (542 et suiv.) : dons, legs. legneyrar (410) : couper du bois de chauffage. letra de man (26 et suiv.) : manuscrit. lyacol (8) : licol, corde pour se pendre. majourment (38) : principalement. malautieras (400) : maladreries, léproseries. malla (65) : mauvaise. maltalent (209) : mauvaise intention. malvastia (181) : méchanceté. malvays (349) : méchants. mandaria en breu (488) : enverrait bientôt. mantas (341) : plusieurs. manyeras (341 et suiv.) : sortes. marcarias (294 et suiv.) : remarques. mauzeol (24) : mausolée. medyocre (465) : moyen. mejansant, menjansant (78 et suiv.) : moyennant. melheyrola (458) : millerole, mesure de capacité valant eviron 66 litres. mespartyt (250) : partagé en deux. metreta : cf. melheyrola. modo, de modo (90 et suiv.) : de façon. morit (130 et suiv.) : mourut. mouguet guerra (66) : entreprit une guerre. mougut d’yra (78) : pris de colère. narrativa (384) : discours écrit, développement. nombrat (311 et suiv.) : dénombré, remarqué. or (111) : donc, pour cela. ost (65) : armée. otrejat (342) : octroyé. paly (290) : drap mortuaire. par (522) : paires. partidas (528) : régions. partyron (73) : partagèrent. patejet (144) : fit un pacte. patre nostres (529) : début de l’oraison dominicale et par extension prières. per (9) : à cause de. per laqualla (34) : à cause de laquelle. peró (165) : mais. perrochia (290) : paroisse. persuta (60) : poursuite. pertenement (138) : appartenance. plomb feryeus (65) : plomb ferré, arme de guerre.

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NOTES ET COMMENTAIRES

posterla (454) : poterne, porte de derrière. posthume (152) : fils posthume. preng (215) : enceinte. proufema (529) : honnête femme. que (315) : celui. querella (211) : plainte. recapt (152 et suiv.) : recel. recapte (430) : capture, prise. reduguet (239) : remit en son pouvoir en parlant d’un territoire. refrescas (181) : reposés, remis sur pieds. regalias (390) : droit de régale. rekataz (230) : emprisonnés, enfermés dans une cellule. rescript (185) : ordonnance. respondre (65) : correspondre. retrassys (153) : mauvais rapports, médisances, injures. rezigna (264) : soumet à son autorité. routa (140) : bataille, défaite. salhys (313) : descendus généalogiquement parlant. suegre (111) : beau-père. suplir (310) : supléer, soumettre. suplit (259) : suppléé. tenguts (181) : retenus prisonniers. tenya (41) : possédait. tenya (471) : considérait. tormentat (59) : torturé. tourmens (37) : torture. transferida (26) : traduite. transumpt (195 et suiv.) : transaction. transumpt (466) : copie d’un acte. tueyris (28 et suiv.) : tutrice. universitat (193) : communauté. usufrucjueyris (152 et suiv.) : héritière possédant l’usufruit des biens légués. valentiza (359) : vaillance. vet’y (65) : voilà. via (383) : moyen. viduytat (528) : deuil. vigilla (294) : veille. vinten (234) : vingtième, droit qui permet au seigneur de prélever la vingtième partie des revenus de son fief. vya (431) : attitude. vyeu, al vyeu (529) : au naturel.

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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES Les ouvrages recensés dans ces références bibliographiques sont numérotés et généralement accompagnés du nom de l’auteur ou d’une notation qui permet de retrouver aisément l’œuvre citée. Le lecteur doit donc inverser le schéma de lecture, retrouver le numéro concerné qui est suivi dans la bibliographie par la description de l’ouvrage (par exemple texte : Nostredame /8/, bibliographie : /8/ Nostredame). Nous indiquons les cotes des ouvrages des XVIe et XVIIe siècles et leur lieu de dépôt. Nous avons classé en début de bibliographie les ouvrages des XVIe et XVIIe siècles fréquemment cités dans ce travail ainsi que des études générales sur la littérature occitane. Des ouvrages généraux traitant de la littérature occitane ont été pour nous d’une constante utilité. /1/ Camproux : Charles Camproux, Histoire de la littérature occitane, Paris, 1953, réed. 1971. /2/ Garavini : Fausta Garavini, La Letteratura occitanica moderna, Firenze, 1970. /3/ Lafont / Anatole : Robert Lafont / Christian Anatole, Nouvelle Histoire de la littérature occitane, 2 vol., Paris, 1970. /4/ Rouquette : Jean Rouquette, La Littérature d’Oc, Paris, 1963, réed. 1968, réed. 1980. /5/ Noulet : Jean-Baptiste Noulet, Essai sur l’histoire littéraire des patois du Midi de la France aux XVIe et XVIIe siècles, Paris, 1859, réimp. phot. Genève, 1971. /6/ Lafont : Robert Lafont, La Conscience linguistique des écrivains occitans. La Renaissance du XVIe siècle, Thèse pour le doctorat es-lettres, Université Paul Valéry, Montpellier, 1964. Une partie de cette thèse a été publiée en 1970 (Renaissance du Sud, essai sur la littérature occitane au temps de Henri IV, Paris). Nous préférons citer ce travail dans sa première version qui comporte de nombreuses analyses linguistiques qui n’ont pas été publiées en 1970. /7/ Gardy : Philippe Gardy, L’Écriture occitane aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Origine et développement d’un théâtre occitan à Aix-en-Provence (1580-1730). L’œuvre de Jean de Cabanes, 2 vol., Béziers, 1986. L’œuvre de Jean de Nostredame est contenue dans de nombreux manuscrits. Nous n’envisageons dans cette bibliographie que les publications des Vies. /8/ Nostredame : LES VIES / DES PLVS / CELEBRES ET / ANCIENS POETES / PROVENSAVX, QVI / ont floury du temps des / Comtes de Pro- / uence. // Recueillies des Œuures de diuers Autheurs / nommez en la page suyvante, qui les ont escrites, / & redigees premierement en langue Prouensale. / & depuis mises en langue Françoyse par Iehan de / nostre Dame Procureur en la Cour de Parlement / de Prouence. // Par lesquelles est monstrée l’ancienneté de plusieurs / Nobles maisons tant de Prouence, Lan- / guedoc, France, que d’Italie, / & d’ailleurs. // A LYON. / Pour Alexandre Marsilij. / M. D. LXXV. (258 pages + 13 pages de table. BMMa 8120. Cet exemplaire porte un ex-libris au nom de Duvergier). /9/ Nostredame : LE VITE / DELLI PIV / CELEBRI ET / ANTICHI PRIMI / POETI PROVENZALI CHE / fiorirno nel tempo delli Ré di Napoli, & Conti di Prouenza, liquali hanno insegnato à tutti il Poetar / Vulgare. // Raccolte dall’ opere de diuersi excellenti scrittori, / ch’ in quella lingua le scrissero : in lingua Fran- / zese da Gio : di Nostra Dama poste : / & hora da Gio : Giudici in Ita- / liana tradotte, e da- / te in luce. // Per le quali, oltra le memorand’ istorie contenute in esse, si di- / monstra l’antiquità di molti illustri, & Nobil Case tanto di Pro- / uenza, Linguadocha, & altre Prouincie della Francia, che d’Ita- / lia, & altroue. / Con la Tauola delle cose piu notabili. // IN LIONE, / Apresso d’Alexandro Marsilij. / L’anno M. D. LXXV. (254 pages + 14 pages de table. BMMa 8122). /10/ Nostredame : LE VITE / DE’ PIV CELEBRI / POETI PROVENZALI / SCRITTE IN LINGUA FRANZESE / DA GIOVANNI DI NOSTRADAMA, / E trasportate della Toscana, e illustrate e accresciute / DA GIO. MARIO CRESCIMBENI. / Arciprete di S. Maria in Cosmedin, e Custode / Generale d’Arcadid / Edizione seconda, corretta, e ampliata dallo stesso Autore// IN ROMA, Per Antonio de’ Rossi vicino alla Rotonda 1722. (246 pages + 6 pages « indice ». BMMa 2634. Cet exemplaire porte un ex-libris : « exempl. du cher B (Binda) » ainsi qu’une étiquette collée sur la couverture, en face de la page de titre : « 3ème partie du catalogue n°1772 vendu 1350. Libreria di Nicola di Mariano de Romanis corso n°246 ». Une première édition a été publiée en 1710.) /11/ Nostredame : Jehan de Nostredame, Les Vies des plus célèbres et anciens poètes provençaux, édition de Camille Chabaneau et Joseph Anglade, Paris, 1913, réimp. phot. Genève, 1970. /12/ Nostredame : « Vie de Saint Hermentaire », édition de Camille Chabaneau, Revue des Langues Romanes, tome XV, Montpellier, avril 1886, p. 157-174. Le manuscrit de cet ouvrage est déposé au MBPA sous la cote MO 163. Il s’agit d’une copie effectuée au XIXe siècle par Raynouard (couverture toilée verte 25/20 cm). La copie de cette version a été faite sur celle d’un nommé Roux, notaire à Draguignan.

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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

/13/ Bellaud : LE DON-DON / INFERNAL, OV / SONT DESCRITES / EN LANGAGE PROVEN/ çal les miseres, & calamitez / d’vne prison. / A MONSIEVR DV PERIER / Gentil-homme prouençal. / PAR L. De la Bellaudiere, de la maison & compagnie / de MONSEIGNEVR le Grand Prieur de France. / reueu, corrigé, & augmenté. / A Aix en Prouuence, Par Michel Goyzot. / MDLXXXVIII. (MBPA réserve 134. La mention « reueu, corrigé, & augmenté » indique que nous ne sommes pas en présence de l’édition princeps (une première édition en 1584-1585). Cette édition comporte une adresse en prose à François Du Périer (p. 3-5) et quelques pièces liminaires que Pierre Paul n’a pas retenues dans l’édition de 1595). /14/ Bellaud : OBROS, ET / RIMOS PROV- / VENSSALOS, DE LOYS / DE LA BELLAVDIERO, / Gentilhomme Prou- / uenssau. // REVIOVDADOS PER PIERRE / PAVL, ESCVYER DE MARSEILLO. // DEDICADOS, // AS VERTVOVZES, ET GENEROVZES / Seignours, LOUYS D’AIX, & CHARLES / DE CASAVLX, Viguier, & premier Conssou, / Capitanis de duos Galeros, & Gouuernadours de l’anti- / quo Cioutat de Marseillo. // A MARSEILLE, / PAR PIERRE MASCARON. / Auec permission desdits Seigneurs. / 1595. réimp. phot. Marseille 1974. L’œuvre de Bellaud de la Bellaudière a suscité quelques commentaires. Auguste Brun a publié un choix de textes que nous n’avons pas utilisé, préférant recourir à l’édition originale. Les études du XIXe et du début du XXe siècle ne sont pas d’un grand intérêt. Nous avons largement utilisé l’étude d’Auguste Brun et quelques autres travaux : /15/ Brun : Auguste Brun, Bellaud de la Bellaudière, un poète provençal au XVIe siècle, Aix-en-Provence, 1952 (figure dans la réimpression photographique de l’édition de 1595). /16/ Gibelin : Georges Gibelin, « Lire Bellaud », Cahiers des Alpes maritimes, n°4, Grasse, 1988. Nous signalons enfin la publication récente des actes d’un colloque : Louis Bellaud de la Bellaudière (1543?1588), Actes du colloque de Grasse (8-9 octobre 1988) réunis par Georges Gibelin, Grasse-Montpellier, 1993. L’œuvre poétique de Robert Ruffi est conservée dans un manuscrit autographe déposé au MBPA (MQ 111). Nous avons assuré une édition critique de cette œuvre (à paraître). Une publication partielle a été effectuée au XIXe siècle. Nous nous y référons. /17/ Ruffi : Poésies provençales de Robert Ruffi (XVIe siècle), édition d’Octave Teissier, Marseille, 1894. L’exemplaire W 431 de la BMMa contient des annotations et des corrections de la main d’Octave Teissier. Cette publication ne prend en compte qu’une partie des poèmes provençaux et ne mentionne pas l’existence de pièces en français. Robert Ruffi est également l’auteur d’une histoire de Marseille restée manuscrite : Memoires de Robert de Ruffi mon bisayeul, sur l’histoire et les antiquites de Marseille escrittes de sa main. Ce manuscrit est déposé au MBPA (MQ 112). L’œuvre poétique de Ruffi a fait l’objet d’éditions partielles dans diverses revues : /18/ Ruffi : René Nelli, « Robert Ruffi, le dernier troubadour provençal », Carrefour de Provence, n°14, Apt, 1973, p. 21-26. /19/ Ruffi : « Robert Ruffi : Contradictions d’Amour », édition et traduction en français de trois sonnets par Jean-Yves Casanova, Banana Split, n°19, Marseille, 1987, p. 53-56. Citons deux études consacrées au poète : /20/ Gardy : Philippe Gardy, « Réalisme ou Arcadie : Pey de Garros et Robert Ruffi », Actes du colloque de Lectoure, Pey de Garros, (28-30 mai 1981), Béziers, 1988, p. 113-126. /21/ Casanova : Jean-Yves Casanova, « Le Rôle de l’identité dans le texte littéraire de Robert Ruffi », Revue des Langues Romanes, tome XC, vol. 2, Montpellier, 1986, p. 181-188. Signalons également une dernière étude : Jean-Yves Casanova, « Croisements d’écritures au XVIIe siècle : Guy du Faur de Pibrac, Guilhem Ader et Robert Ruffi », Guilhem Ader (1567?-1638), Actes du colloque de Lombez (21-22 septembre 1991) réunis par Philippe Gardy, Béziers, 1992. L’œuvre de Pierre Paul est constituée de deux recueils. /22/ Paul : BARBOVILLA- / DO, ET PHANTA- / ZIES IOVRNALIEROS, / DE PIERRE PAV, ESCVYER : de Marseillo. // A MARSEILLE, / Par Pierre Mascaron. / 1595 réimp. phot. Marseille 1974 (ce recueil a été imprimé à la suite de celui de Bellaud en 1595). Le deuxième recueil de Pierre Paul a été publié partiellement par Auguste Brun (Poètes provençaux du XVIe siècle : Pierre Paul, Michel Tronc, Aix-en-Provence, Gap, 1957). Nous avons assuré l’édition critique de ce recueil dont le manuscrit se trouve à la BIC (382). Nous faisons référence à notre édition : /23/ Paul : Jean-Yves Casanova, Édition critique d’un texte occitan, XVIe, XVIIe siècle (réalisée d’après le manuscrit original n°382 de la bibliothèque inguimbertine de Carpentras : L’Autounado de Pierre Paul, Mémoire de Maîtrise de lettres modernes, Université Paul Valéry, Montpellier, 1987, 877 pages.

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QUATRIÈME PARTIE

L’œuvre de Michel Tronc est restée manuscrite jusqu’en 1957. Elle est conservée dans un manuscrit autographe conservé à la BIC (383). Elle a été publiée partiellement avec celle de Pierre Paul dans l’étude d’Auguste Brun que nous venons de citer. Une édition critique a été effectuée par Catharina C. Jasperse. Elle n’est pas complète, car ne prend pas en compte les Estanssos de Guerro a la lorgino contenues dans L’Autounado de Pierre Paul. /24/ Tronc : Michel Tronc, Las Humours a la lorgino, édition critique de Catharina C. Jasperse, 2 vol., Toulon, 1978. Nous ne connaissons qu’un seul exemplaire du recueil de Barthélémy Deborna : /25/ Deborna : AV REY, / ELEGIO PROUUENSALO / SUR LA PAS / FACHE PER BARTOVMIOV / Deborna, son tres-humble sujet / & seruitour. // A PARIS, / Chez NICOLAS BARBOTE, demeu- / rant rue de Mariuault, à l’image nostre / Dame, près S. Iacques de la Bou- / cherie, / 1609. / AVEC PERMISSION. BN Y6221 Témoignant d’un genre particulier et certainement antérieur au corpus de la deuxième moitié du XVIe siècle, les chansons aixoises dites du « Carrateyron » sont connues que par un seul exemplaire conservé à la BN (fonds Rotschid IV 6179) : /26/ Carrateyron : CHANSONS / NOUELLES EN / LENGAIGE PRO= / UENSAL, s.l., s.d., réimp. phot. précédée d’une introduction bibliographique par François Pic, Béziers, 1979. /27/ Carrateyron : Les Chansons du Carrateyron, édition de Huguette Albernhe-Ruel et de Philippe Gardy, Paris, 1972. Nous prenons en compte un seul recueil d’Honorat Meynier : /28/ Meynier : LE / BOVQVET / BIGARR’ / D’HONORAT / MEYNIER, NATIF DE / la Ville de Pertuis. / Dedié à Monseigneur le Marquis d’Oraison, / Visconte de Cadenet. / A AIX, / Par IEAN THOLOSAN, Imprimeur du Roy, / & de ladite Ville. / 1608. BMMa 11319. Honoré Meynier est également l’auteur d’un certain nombre de traités et de recueils où figure une autre thématique. Nous citons seulement un petit ouvrage qui n’est pas répertorié dans la bibliographie de R. Arbour : LA / Naissance & les Triomphes / esmerueillables du Dieu / Bacchus, / composée par Mestre Honorat de Mey/ nier Prouensal. // Auec Priuilegi du Roy. s.l. s.d.. MPBA réserve 496. Sur Meynier cf. : /29/ Brun : Auguste Brun, Honoré Meynier poète provençal (1570-1638), Aix-en-Provence, 1956. Les textes macaroniques d’Antoine Arena ont été récemment édités. Nous renvoyons à cette édition qui comporte une description des publications du XVIe siècle : /30/ Arena : Macaronee Provenzali, edizione critica a cura di Fausta Garavini e Lucia Lazzerini, Milano-Napoli, 1984. Nous faisons également référence à quelques écrivains gascons : /31/ Garros : PSAVMES / DE DAVID VIRATZ / EN RHYTME GASCON PER / Pey de Garros layto- / res, dedicatz a la sua maie- /stat de la Regina de Nauarra // A TOLOSA / Per Iacques Colomes Impremedo Iu / rat de l’Vniuersitat, dam priuilegi deu Rey / 1565. BMJ réserve 5151. /32/ Garros : POESIAS / gasconas de PEY de / Garros Laytorès dedicadas a / Magniphic e poderos Prin- / cep lo Princep de Na- / uarra son Seno. // A TOLOSA. / Per Iammes Colomes Impremedo Iurat / de l’Vniuersitat. 1567. BN rés. Ye 863 /33/ Lafont : Robert Lafont, « Texte de la nation, du pays et du « peuple » : le statut de l’écriture occitane; l’exemple de Pey de Garros », Revue des Langues Romanes, tome LXXXVI, n°1, Montpellier, 1982, p. 35-52. /34/ Salette : Los Psalmes de David metuts en rima bernesa per Arnaud de Salette. M., edicion navèra preparada per Robèrt Darrigrand, Ortès, 1983 (première édition en 1583). /35/ Nelli : René Nelli, La Poésie occitane, Paris, 1972. /36/ Berry : André Berry, Anthologie de la poésie occitane, Paris, 1961, réed. 1979. /37/ Lafont : Robert Lafont, Anthologie des Baroques occitans, Avignon, 1974. Nous avons consulté et cité de nombreuses œuvres des prédecesseurs, contemporains et successeurs de Nostredame. /38/ Maure : MARCI / VERTRANII / MAVRI, / De Iure liberorum liber / singularis. // Lugduni / Apud Ioan. Tornaesivm, / et Gvl. Gazeivm. / MDLVIII. BN F 5448. Ex-libris de Claudii Puteani. /39/ Maure : Ad / P. CORNELII / Taciti Annalivm, / et Historiarivm / libros, / M. Vertranii Mavri / Iurisc.

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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Notae. // Lvgdvni, / APVD ANTONIVM GRYPHIVM. / 1569. BN 24835. /40/ Maure : M. Terentii / VARRONIS / PARS LIBRORVM / qvattvor et vi- / ginti de lingua / latina. / M. Vertranius Maurus recensuit. / additis indicibus fidissimis / & amplissimis. // Lvgdvni, / Apvd Haeredes Seb. / Gryphii. / 1563. / Cvm Priuilegio Regis. BN X 7447. Cet ouvrage présente à la page 175 une dédicace à André Pena datée d’octobre 1551 (sur la famille Pena cf. Legré /173/). /41/ Quiqueran : PETRI QVIQVERANI BELLO- / IOCANI EPISCOPI SENECENSIS PRI / MARIA ARELATENSIVM DE LAVDI- /bus Prouinciae libri tres, & centum eiusde de Armi- / bale Exametri, ad R. P. FRANCISCVM / TVRNONIVM Cardinalem clarissimum. // Parisiss apud Lambertum Dodu. / 1551. BMMa 200070. Ex-libris de P. J. de Haitze. /42/ Quiqueran : La Prouence / louee / par feu Messire P. de / Quiqueran de Bea / uieu gentilhome d’ / Arles eueque de / Senes diuisee en / trois liures / Traduitz du latin par M. / F. de Claret Docteur / es Droitz Archediacre / de la Ste eglise de Arles // A Lyon, / Pour Rob. Reynaud libraire d’Arles / 1614. BMJ 7892. Sur Quiqueran de Beaujeu cf. : Baron du Roure, Les Anciennes Familles de Provence. Généalogie de la maison de Quiqueran, Paris, 1906. /43/ Soliers : Chorographia / Prouinciae / Julii Raimondi Solerii / Manuscriptum / adjuncta est cosmographia / et historia naturalis / et index prouincialum / Poetarum. Ce manuscrit de Jules Raymond de Soliers est déposé à la BMMa sous la cote 1356. /44/ Soliers : LES / ANTIQVITEZ / DE LA VILLE DE / MARSEILLE / PAR N. IVLES RAYMOND / de Solier Iuriconsulte. / où il est traicté de l’ancienne Republique des / Marseillois : Et des choses plus remar- / quables de leur Estat : / Translatées de Latin en François par CHARLES / ANNIBAL FABROT aduocat au Parle- / ment de Prouence. // A COLOGNY, / PAR ALEXANDRE PERNET. / MDCXV. BMMa 4919. /45/ Anglade : Joseph Anglade, « Extraits de la vie de Jules Raymond de Soliers par P. J. de Haitze », Annales du Midi, 24èmè année, Toulouse, 1912, p. 535-551. Sur Soliers une thèse : Agnès Le Menn, Jules-Raymond de Solier, premier écrivain général de la Provence, thèse pour le diplôme d’archiviste-paléographe, École des Chartes, Paris, mars 1994, 7 vol., 1000 p. /46/ Faucher : Dionisii Faucherii / monachi lerinensis / et ciuis arelatensis / Annales / Prouinciae. Chronique historique manuscrite de 340 pages de 517 à 1538 conservée à la BIC (533). /47/ Clapiers : DE PROUIN- / CIAE PHOCENSIS COMI- / TIBUS, / Francisci de Cla- / piers, D. N. de Vauuenargues in indicum sum- / morum, vectigalium regis summo auditorio / Consiliarij breuis Historia. // Ad Philippum Huraldum / Chiuernium Galliae Cancellarium Ampliss. / Aquis Sextiis / Ex officina Guielelmi Maillou Typographi Regij. / 1584. BMMa 4573. Ex-libris de P. J. de Haitze. /48/ Philieul : LAVRE D’A- / VIGNON. / AV NOM ET AD- / ueu de la Royne CATHARINE / DE MEDICIS Royne de / France. / EXTRAICT DV POETE FLO- / rentin Françoys Petrarque : Et mis en / Françoys par Vaisquin Philieul / de Carpentras. // AVEC PRIVILEIGE / du Roy, pour cinq ans. // A PARIS. // De l’Imprimerie de Iaques Gazeau. / 1548. réimp. phot. Arles, 1987. /49/ Pétrarque : Pétrarque, Canzoniere. Le Chansonnier, édition bilingue de P. Blanc, Paris, 1988. /50/ Philieul : LES STATUTS / DV COMTAT / VENAISSIN. / Traduits du Latin en François par M. / VAISQVIN PHILIEUL / docteur en / Droict de la Ville de Carpentras (…) // A CARPENTRAS, / chez CLAVDE TOUSET, Imprimeur de / Monseig. l’Evêque, du clergé, & de la ville 1700. BMMa 3872 (première édition en 1558). /51/ Peiresc : Nicolas, Claude Fabri de Peiresc, Histoire abrégée de Provence & autres textes, édition de Jacques Ferrier et Michel Feuillas, Avignon, 1982. /52/ Ruffi : HISTOIRE / DE LA VILLE / DE MARSEILLE, / CONTENANT / TOVT CE QVI S’EST PASSE’ DE PLVS / mémorable depuis sa fondation, durans le tems qu’elle a / été République & sous la domination des Romains, / Bourguignons, Visigots, Ostrogots, Rois de Bourgogne, / Vicomtes de Marseille, Comtes de Provence & de nos / Rois très-Chrêtiens. // RECVEILLIE DE PLVSIEVRS AVTEURS / Grecs, Latins, François, Italiens & Espagnols, & des Titres tirés des / Archives de l’Hôtel de Ville, des chapitres, AbaIes & Maisons / Religieuses de Marseille, & de divers lieux de Provence. / Par feu M. ANTOINE DE RUFFI. / SECONDE EDITION, / Reveuë, corrigée, augmentée & enrichie de quantité d’Inscriptions, Sceaux, Monnoïes, / Tombeaux & autres Pieces d’antiquité, par ledit Sieur DE RUFFI / & par M. LOUIS-ANTOINE DE RUFFI son Fils. / TOME PREMIER. // A MARSEILLE : par HENRI MARTEL, Imprimeur-Libraire. 1696. / AVEC PRIVILEGE DU ROI. BMMa réserve 86726. (Cette exemplaire comprte des annotations manuscrites de Louis-Antoine de Ruffi). /53/ Aix : LES / STATUTS / MVNICIPAVX / COVSTVMES ANCIENNES / DE LA VILLE DE MARSEILLE. / DIVISEZ EN SIX LIVRES, / ET ENRICHIS DE CVRIEVSES RECHERCHES, / Auec Diuerses Decisions & autres Pieces : vtiles & necessaires en faict, tant de Police que de Iustice. / Par noble FRANCOIS D’AIX Aduocat en Parlement, / & iuriconsulte de Marseille. // A MARSEILLE, / chez CLAVDE GARCIN, Imprimeur du Roy & de la Ville. / MDCLVI. / Auec Permission & Priuilege de la Cour. BMMa 1089-1090, 2 vol.

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/54/ Nostredame : L’HISTOIRE / ET CHRONIQVE DE PROUENCE / DE CAESAR DE NOSTRAMUS / GENTILHOMME PROUENCAL / ou / Passent de temps en temps et en bel ordre / les Anciens Poetes Personnages & familles / Illustres qui ont fleuri despuis / VC Ans / Oultre plusieurs Races de France, / D’Italie, Hespagne, Languedoc, Daufhine / Et Piemont y rencontrees auec celles qui / despuis se sont diuersement annoblies / comme aussi les plus signalles / combats et remarquables faicts / d’Armes qui s’y sont passez / de temps en temps / iusques a la paix de / Veruins // Imprime a Lyon chez Simon Rigaud Pour / la societe Caldorienne 1614 / Auec privilege du Roy. Réimp. phot. Marseille, 1971. /55/ Nostredame : DISCOVRS / SVR LES / RVINES ET MI- / seres de la vil- / le de Sallon. / par CESAR de NOSTRE- / DAME Gentil’home & pre- / mier Consul de ladite ville. // Autres illustre & Souverain Sacré / Senat de Prouence. // A AIX, / PAR IEAN THOLOSAN, / Imprimeur du Roy & de la Ville. / MDXCVIII. MBPA réserve 514. /56/ Nostredame : HYMNE. / SVR LA NAIS / SANCE DE MON- / SEIGNEVR LE DAVPHIN. / Par Cesar de Nostradame gentilhomme / Prouençal. / AV ROY. // A AIX, / Par IEAN THOLOSAN, Imprimeur / du roy, & de ladicte Ville. / 1602. MBPA réserve 731. /57/ Nostredame : L’IMAGE DE / MONSEIGNEVR / LE DAVPHIN. / A LA ROYNE. / Par Cesar de Nostradame Gentilhomme / Prouençal. // A AIX, / PAR IEAN THOLOSAN, Imprimeur / du roy, & de ladicte Ville. / 1602. MBPA réserve 732. /58/ Nostredame : L’ENTREE / DE LA ROYNE / EN SA VILLE DE SALLON. / Faicte & dediée a M. M. Antoine / D’Espagnet, Conseiller du Roy en sa Cour / de Parlement de Prouence. // Par Cesar de Nostradame gentilhomme / Prouençal. // A AIX. / Par Iean Tholosan, Imprimeur du / Roy, & de la Ville. / 1602. BMMa 5712 (éed., Marseille, 1855, avec deux lettres inédites de César de Nostredame). /59/ Nostredame : PIECES / HEROIQVES / ET DIUERSES / POESIES. / Cesar de Nostredame / Gentilhomme Prouençal. // Dediées, / A tres-Illustre, tres-Magnanime / & tres-Heroique Prince, Mon- / seigneur le Duc de / Gvise. // A Tholose. / Par la Vefve de Iacques Colomiez, & Raym. / Colomiez, Imprimeurs du Roy, & de / l’Vniversité. 1608. MBPA réserve 511. Les ouvrages 60, 61, 62, 63, 64 sont reliés avec ce volume : /60/ Nostredame : LA / MARIE / DOLENTE. / AU SIEUR DELS- / HERMES ADVOCAT / TOLOSAIN. // s.l., s.d. /61/ Nostredame : LE SONGE / de Scipion. / poeme heroique / et tres-excellent, / de Cesar de Nostradame, Gen- / tilhomme Prouencal, / dedié / A la Serenissime / Altesse du tres haut & tres- / heroique Prince, / Charles dvc de Savoye. // A Tolose, / De l’imprimerie des Colomiez, 1606. /62/ Nostredame : Les Perles, / ov / LES LARMES / DE LA SAINCTE / Magdeleine. / Auec quelques Rymes sainctes dediées à / Madame la Contesse de Carces / Par Cesar de Nostradame Gentil- / homme Prouençal. // A TOLOSE. / De l’Imprimerie dés Colomiez. / 1606. /63/ Nostredame : DYMAS, / OV, / LE BON LARRON. / DEDIE / A SON ALTESSE SERE- / NISSIME DE LORRAINE. / PAR / CAESAR DE NOSTRADAME, / Gentilhomme Prouençal. // A TOLOSE. / De l’imprimerie des Colomiez / 1606. /64/ Nostredame : Vers / FVNEBRES / sur la mort de / Charles dv Verdier / escvyer de Monseign. / le Duc de Guise. / Et tres excellent jouëur de luth. // PAR / Caesar de Nostradame gentil- / Homme Prouençal. // A Tolose, / De l’imprimerie des Colomiez / 1607. /65/ Gabotto : F. Gabotto, « Un Poème inédit de César de Nostredame et quelques autres documents littéraires sur l’histoire de France au XVIe siècle », Revues des Langues Romanes, tome XXXVIII, Montpellier, 1895, p. 289-315. /66/ Deimier : LA / Roiale / liberté / de / Marseille / dediée / Au Roy / par le Sr D. D. // A / Anvers par / les heretiers / de Iehan / 16 Moret 15. [1615] BMMa 200 011. Histoire / veritable / De la Reduction / de la ville de / Marseille / A l’obeyssance / Du Roy. / Dediee au Roy. // Seconde edition// A / Anvers Par / les heretiers / de Iehan / 16 Moret 16. [1616] BMMa 4967. Il s’agit ici du même ouvrage publié sous un titre différent. /67/ Colotte : Pierre Colotte, « Le Poète Pierre de Deimier (Avignon, vers 1580-après 1615). Sa carrière provençale », Provence Historique, tome II, Marseille, décembre 1952, p. 133-152. /68/ Colotte : Pierre Colotte, Pierre de Deimier poète et théoricien de la poésie (Avignon, vers 1580?, après 1615). Sa carrière à Paris et ses relations avec Malherbe., Aix-en-Provence-Gap, 1953. /69/ Rabelais : Rabelais, Œuvres complètes, édition de Jacques Boulenger et Lucien Scheler, Paris, 1955. /70/ Montaigne : Montaigne, Œuvres complètes, édition de Robert Barral et Pierre Michel, Paris, 1967. /71/ Du Bellay : Joachim Du Bellay, La Deffence et Illustration de la langue françoyse, édition d’Henri Chamard, Paris, 1948. /72/ Rambaud : LA DECLARA- / TION DES ABVS / QVE LON COMMET / EN ESCRIVANT, // Et le moyen de les euiter, & representer / nayuement les paroles : ce que iamais / homme n’a faict. / Par Honorat Rambaud Mre / d’Escole à Marseille. // A Lyon / Par Jean de Tournes / Imprimeur du Roy / MDLXXVIII. BMMa 200

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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

007. /73/ Nostredame : EXCELLENT & / MOVLT VTILE OPVSCV / LE A TOVTS NECESSAIRE, / qui desirent auoir cognoissance / de plusieurs exquises Rece- / ptes, diuisé en deux / parties. // La premiere traicte de diuerses façons /de Fardemens & Senteurs pour illustrer / & embellir la face. // La seconde nous monstre la façon & / maniere de faire confitures de plusieurs / sortes, tant en miel, que succre, & uin cuict, / le tout mis par chapitres, comme est faict / ample mention en la Table. // Nouuellement composé par Maistre / Michel de Nostredame docteur en Me- / dicine de la ville de Salon de Craux en / Prouence, & de nouueau mis en lumiere // A Paris / chez Olivier de Harsy, demourant au / Cloz Bruneau à la Corne de Cerf. / 1556. MBPA réserve 510. /74/ Casanova : Jean-Yves Casanova, « À propos d’un manuscrit inédit de Jean de Nostredame », Cahiers Critiques du Patrimoine, n°3, Marseille, 1987, p. 97-98. /75/ Brun : Auguste Brun, Recherches historiques sur l’introduction du français dans les provinces du Midi : Languedoc, Guyenne, Limousin, Provence, Paris, 1923. /76/ Casanova : Jean-Yves Casanova, « Les Répartitions d’usages linguistiques au XVIe siècle : la trace écrite », Cahiers Critiques du Patrimoine, n°4, Marseille, 1989, p. 7-23. /77/ Brunot : Ferdinand Brunot, Histoire de la langue française des origines à 1900, tome I : « De l’époque latine à la Renaissance », tome II : « Le XVIe siècle », Paris, 1922. /78/ Chocheyras : Jacques Chocheyras, Le Théâtre religieux en Dauphiné du Moyen-Age au XVIIIe siècle (domaine français et provençal), Genève, 1975. /79/ Bakhtine : Mikhaïl Bakhtine, L’Œuvre de François Rabelais et la culture populaire au moyen âge et sous la renaissance, Paris, 1970. /80/ Boysset : Bertran Boysset, un Arlésien au Moyen-Age, Archives municipales d’Arles, 1985. /81/ Valbelle : Honorat de Valbelle, Histoire journalière (1498-1539), édition de V. L. Bourrily, Lucien Gaillard et Charles Rostaing, 2 vol., Aix-en-Provence, 1985. /82/ Lafont : Robert Lafont, « Le Mystère de l’Archamp », Medioevo Romanzo, vol. XIII, Bologna, 1988, p. 161-180. /83/ Lafont : Robert Lafont, La Geste de Roland, 2 vol., Paris, 1991. /84/ Leroy : Édgar Leroy, « Jaume de Nostredame et la Tour de Canilhac », Institut Historique de Provence, tome XVII, Marseille, 1940 (tiré à part non paginé daté de 1941). /85/ Coville : A. Coville, La Vie intellectuelle dans les domaines d’Anjou-Provence de 1380 à 1435, Paris, 1941. /86/ Bec : Pierre Bec, Anthologie de la prose occitane du Moyen-Age, Enèrgas, 1987. /87/ Bartsch : K. Bartsch, Chrestomatie provençale, Eberfeld, 1880. /88/ Meneghetti : Maria-Luisa Meneghetti, Il Pubblico dei Trovatori. Ricezione e riuso dei testi lirici cortesi fino al XIV secolo, Modena, 1984. /89/ Letteratura italiana : Storia della letteratura italiana, direttori Emilio Cecchi, Natalino Sapegno, vol. II : « Il Trecento », studi di Natalino Sapegno, Carlo Muscetta, Giorgio Petrocchi, Aurelio Roncaglia, Milano, 1965, ristampa 1984. /90/ Migliorini : Bruno Migliorini, Storia della lingua italiana, Firenze, 1960, sesta edizione 1983. /91/ Santangelo : S. Santangelo, Dante e i trovatori provenzali, Catania, 1921. /92/ Debenedetti : Santorre Debenedetti, « Tre Secoli di studi provenzali », Provenza e Italia, Firenze, 1930, p. 141-181. /93/ Bembo : Pietro Bembo, Prose della Volgar Lingua, a cura di Mario Marti, Padova, 1955. /94/ Letteratura italiana : Storia della letteratura italiana, direttori Emilio Cecchi, Natalino Sapegno, vol. IV : « Il Cinquecento », studi di Delio Cantimori, Luigi Blasucci, Ettore Bonora, Milano, 1965, ristampa 1984. /95/ Vianey : Joseph Vianey, Le Pétrarquisme en France au XVIe siècle, Montpellier, 1909. /96/ Gardy : Philippe Gardy, « L’Ombre de Rabelais : l’Escholier limosin, Gratianauld de Saint-Sever et Louis de la Bellaudière », Cahiers Critiques du Patrimoine, n°4, Marseille, 1989, p. 55-69. /97/ Lazzerini : Lucia Lazzerini, « Aux Origines du macaroniques », Revue des Langues Romanes, tome LXXXVI, n°1, Montpellier, 1982, p. 11-33. /98/ Garavini : Fausta Garavini, « Gentigallantes sunt omnes instudiantes », Testi e interpretazioni. Studi del Seminario di filologia romanza dell’ università di Firenze, Milano-Napoli, 1978, p. 357-408. /99/ Bertas : Pierre Bertas, Les Défenseurs de Marseille en 1524, Marseille, 1927. /100/ Bory : Jean-Thomas Bory, « De l’état de la langue française à Marseille avant la fondation de l’Académie de cette ville », Revue de Marseille, n°7, juillet 1859, p. 305-320. /101/ Curtius : E. R. Curtius, La Littérature européenne et le Moyen-Age latin, 2 vol., Paris, 1956. /102/ Baratier : Histoire de la Provence, sous la direction d’Édouard Baratier, Toulouse, 1969, rééd. 1987. /103/ Clapiers-Collongues : Balthazar de Clapiers-Collongues, Chronologie des officiers des Cours souveraines de Provence, Aix-en-Provence, 1904. /104/ Le Temps retrouvé : Le Temps retrouvé, catalogue de l’exposition des archives de Marseille, Marseille,

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septembre 1985. /105/ Baratier : Histoire de Marseille, sous la direction d’Édouard Baratier, Toulouse, 1973, rééd. 1987. /106/ Bory : Jean-Thomas Bory, Les Origines de l’imprimerie à Marseille, Marseille, 1863. /107/ Antomarchi : P. Antomarchi, Le Premier Livre imprimé à Marseille, Marseille, 1928. /108/ Aurell : Martin Aurell, La Vielle et l’épée. Troubadours et politique en Provence au XIIIe siècle, Paris, 1989. /109/ Bec : Pierre Bec, Burlesque et obscénité chez les Trouvadours. Le contre-texte au Moyen-Age, Paris, 1984. /110/ Mémoires : Mémoires historiques sur la défaite de Casaulx et l’origine du surnom de Libertat donné à la maison de Bayon, in Louis Méry, F. Guindon, Histoire analytique et chronologique des actes et délibérations du corps et du conseil de la municipalité de Marseille, depuis le Xe siècle jusqu’à nos jours, 8 vol., Marseille, 1847 (tome V, p. 105-120). Le tome V aux pages 90-105 comprend également : Lettres de pardon des événements passés sous le consulat de Casaulx et de Louis d’Aix. Les Mémoires ont été publiés une première fois dans Grosson, Almanach historique de Marseille, Marseille, 1789. /111/ Brun : Auguste Brun, Poésies gnomiques du XVIe siècle (d’après un manuscrit de la bibliothèque de Marseille), Aix-en-Provence, 1934. /112/ Seigne : COMEDIE / DE SEIGNE PEY- / RE ET SEIGNE / Ioan. / A LYON. / Par Benoist Rigaud. / 1580 (exemplaire consulté sur microfilm au Centre International de Documentation Occitane, Béziers). /113/ Lafont : Robert Lafont, « Quand l’identité devient énigme. Entre le XVe et le XVIe siècle en Provence : la fracture de conscience linguistique dans le texte », Cahiers Critiques du Patrimoine, n°3, Marseille, 1987. /114/ Ronjat : Jules Ronjat, Grammaire istorique des parlers provençaux modernes, Montpellier, 1937. /115/ Lafont : Robert Lafont, « La Scripta occitane entre le XIIIe et le XVIe siècle. 2 : en Provence », Actes du colloque international d’études occitanes, Lunel 25-28 août 1983, Montpellier, 1984, p. 134-144. /116/ Pernoud : Régine Pernoud, Les Statuts municipaux de Marseille, Monaco-Paris, 1949. /117/ Brémondy : H. P. Brémondy, « Cletto de Rovere », Cahiers Critiques du Patrimoine, n°3, Marseille, 1987, p. 95-96. /118/ Gardy : Philippe Gardy, « Écrire pour être entendu, écrire pour être lu? Les dérives « graphiques » des XVIIe et XVIIIe siècles », Cahiers Critiques du Patrimoine, n°3, Marseille, 1987, p. 21-32. /119/ Dubois : Claude-Gilbert Dubois, L’Imaginaire de la Renaissance, Paris, 1985. /120/ Dubois : Claude-Gilbert Dubois, Mythe et langage au XVIe siècle, Bordeaux-Paris, 1970. /121/ Dante : Dante, Œuvres complètes, traduction et commentaires d’André Pézard, Paris, 1965. /122/ Roize : La / Bugado /prouuensalo / Vonté cadun l’y a panou- / chon / Enliassado de prouuerbis, sentencis / similitudos & mouts per rire / en Prouuençau, per A. B. C. / Enfermado é coulado en un tineou / de des sous, per lavar, sabou- / nar, é eyssugar, coumo se deou. // A Ays, / Per Jean Roize, à la plaço / dey Préchus, 1649. BMMa 12103. /123/ Lafont : Robert Lafont, « Occitània : l’origina ò lo diable pòrta peira », Amiras, n°7, Aix-en-Provence, mars 1984, p. 48-54. /124/ Rollet : Pierre Rollet, « À propos du mot óucitan », in Frédéric Mistral, Lou Tresor dóu Felibrige, Raphèles-les-Arles, 1979, tome II, p. 1170-1171. /125/ Lafont : Robert Lafont, Trobar XIIe-XIIIe siècles, Montpellier, 1972. /126/ Blanchet : Philippe Blanchet, « Le Français régional de Provence », Lou Prouvençau à l’Escolo, Cahier n°1, Marseille, 1984. /127/ Marty : Jacqueline Marty, « Conflits linguistiques et ethnotypes occitans dans le théâtre français du XVIIe siècle », Lengas, n°1, Montpellier, 1977, p. 41-60. /128/ Legré : Ludovic Legré, La Botanique en Provence au XVIe siècle. Félix et Thomas Platter, avec des extraits relatifs à la Provence des mémoires de Félix et Thomas Platter traduits de l’allemand par M. Kieffer, Marseille, 1900. /129/ Merle : René Merle, « La Maigre Orthographe et Honorat Rambaud », Cahiers Critiques du Patrimoine, n°3, Marseille, 1987. /130/ Carementran : Lou Proucez de Carementran, édition de Claude Mauron, Saint-Rémy de Provence, 1985. /131/ Statut : Statut d’autonomie de la Catalogne, Generalitat de Catalunya, Barcelona, 1982. /132/ Soutet : Olivier Soutet, La Littérature française de la Renaissance, Paris, 1980. /133/ Beaune : Jacques de Beaune, Discours comme une langue vulgaire se peut perpétuer, Lyon, 1548. /134/ Tory : Geoffroy Tory : Champ fleury, Bourges, 1529. /135/ Peletier : Jacques Peletier du Mans, L’Art poétique d’Horace, Paris, 1545. /136/ Casanova : Jean-Yves Casanova, « Allégeance diglossique au XVIe siècle. Texte politique et langue occitane en Provence (1583-1610) », Cahiers Critiques du Patrimoine, n°4, Marseille, 1989, p. 71-97. /137/ Coulet : Noël Coulet, « L’Histoire médiévale de la Provence dans le discours sur les arcs triomphaux de Jean Gallaup-Chasteuil 1623 », Provence Historique, tome XXXIV, fascicule 139, Marseille, 1985, p. 11-26. /138/ Guiraud : Pierre Guiraud, Le Moyen Français, Paris, 1963, rééd. 1980. /139/ Michaelis : Demonstrations / Evangeliques / Sur la vraye Genealogie & Histoire de Saincte Anne, / & de ses

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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

trois filles les sainctes Maries, où est / prouvé que les sainctes Maries / sont vrayes soeur de / nostre Dame/ // Faictes et composees par R. P. Fr. Sebastien Michaelis / Docteur en Theologie, de l’ordre de S. Dominique, / au convent des freres Prescheurs de Mar- / seille, & Provincial en sa province / dicte Occitane. // A Lyon, / Par Iean Pillebotte, à l’enseigne du nom e Iesus. / MDCXII. / Avec Privilege. BMMa 2733. /140/ Ferrier : Jacques Ferrier, « Les Pionniers de l’historiographie provençale », Provence Historique, tome XXXIV, fascicule 139, Marseille, 1985, p. 39-45. /141/ Teissier : Octave Teissier, Notice sur les archives communales de Toulon, Toulon, 1863. /142/ Lestringant : Franck Lestringant, « Chorographie et Paysage », Le Paysage à la Renaissance, Actes du colloque de l’association Réforme Humanisme Renaissance, Cannes mai-juin 1985, Fribourg, 1988, p. 8-26. /143/ Busquet : Raoul Busquet, La Justice souveraine (1593-1596), Marseille, 1925. /144/ Texte : Le Texte occitan de la période révolutionnaire 1788-1800, contributions d’Henri Boyer, Georges Fournier, Philippe Gardy, Philippe Martel, René Merle, François Pic, Montpellier, 1989. /145/ Question : « La Question linguistique au Sud au moment de la Révolution française », Actes du colloque de Montpellier, novembre 1984, Lengas, n°17-18, Montpellier, 1985. /146/ Somati : L. Barthélemy : Éntrée du roi François Ier à Marseille en 1516 racontée par un notaire, Marseille, 1884. /147/ Sobolis : Foulquet Sobolis, Histoire en forme de journal de ce qui s’est passé en Provence depuis l’an 1562 jusqu’à l’an 1607, édition de F. Chavernac, Aix-en-Provence, 1894. /148/ Badat : E. Cais de Pierlas, « Chronique niçoise de Jean Badat (1516-1567) », Romania, Paris, 1896, p. 33-79. /149/ Vray discours : Vray discours de la réduction de la ville de Marseille en l’obéissance du Roy le Samedy 17 février 1596, Marseille, 1596, rééd. par Henri Chevreuil, Paris, 1884. /150/ D’Hozier : Pierre D’Hozier, Armorial général ou registre de la noblesse de France, A Paris, MDCCLII, rééd. Paris, 1970. /151/ Mémoires : Mémoires de Bésaudun, Mémoires pour servir à l’histoire de la Ligue en Provence, Mémoires de Bausset, Aix-en-Provence, 1866. /152/ Haitze : Pierre Joseph [de Haitze], Vie de Michel de Nostradamus, Aix-en-Provence, 1712. /153/ Roth-Rose : Marie-Eugénie Roth-Rose, Les Écrits prophétiques de Nostradamus. Contribution à l’étude du langage et de ses implications historiques, thèse pour le doctorat nouveau régime, Université de Lyon III, avril 1988. /154/ Iancu : Danielle Iancu, Les Juifs en Provence (1475-1501). De l’insertion à l’expulsion, Institut historique de Provence, Aix-en-Provence, 1981. /155/ Leroy : Édgar Leroy, « Les Origines de Nostradamus. 1503-1566 », Mémoires de l’Institut historique de Provence, tome XVIII, Marseille, 1941 (tiré à part). /156/ Leroy : Édgar Leroy, Nostradamus. Ses origines. Sa vie. Son œuvre, Bergerac, 1972. /157/ Busquet : Raoul Busquet, Nostradamus, sa famille, son secret, Paris, 1950. /158/ Lhez : E. P. Lhez, « La Perception du subside versé au roi Louis XII par les « nouveaux chrétiens » résidents en Provence (1512-1513) », Provence Historique, tome XVI, Marseille, 1966. /159/ Bougerel : Le Parnasse Provençal par le père Bougerel, prêtre de l’oratoire…, édition de Camille Chabaneau, Paris, 1888. /160/ Masson : Paul Masson, « Dictionnaire biographique des origines à 1800 », Les Bouches-du-Rhône, Encyclopédie départementale, sous la direction de Paul Masson, tome IV, 2ème vol., Paris-Marseille, 1924. /161/ Haitze : Pierre Joseph de Haitze, Histoire de la ville d’Aix, 6 vol., Aix-en-Provence, 1880. /162/ Gimon : Louis Gimon, Chroniques de la ville de Salon, Aix-en-Provence, 1882, réimp. phot. Marseille, 1974. /163/ Romano : David Romano, « Metges jueus a Catalunya », L’Avenç, n°81, Barcelona, avril 1985, p. 6667. /164/ Loeb : Isidore Loeb, « Un convoi d’exilés d’Espagne à Marseille en 1492 », Revue d’études juives, n°18, Paris, octobre-décembre 1884 (tiré à part). /165/ Iancu : Danielle Iancu-Agou, « Préoccupations intellectuelles des médecins juifs au Moyen-Age : inventaires de bibliothèques », Provence Historique, tome XXVI, Marseille, 1976 (tiré à part). /166/ Ruzo : Daniel Ruzo, Le Testament de Nostradamus, Monaco, 1975. /167/ Grimmelshausen : Hans Jakob Christoffel von Grimmelshausen, Les Aventures de Simplicissimus, Paris, 1990. /168/ Le Goff : Jacques Le Goff, Les Intellectuels au Moyen Age, Paris, 1957, rééd. 1985. /169/ Braudel : Fernand Braudel, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, Paris, 1946, rééd. 2 vol., 1966. /170/ Febvre / Martin : Lucien Febvre, Henri Martin, L’Apparition du livre, Paris, 1958, rééd. 1971. /171/ Histoire d’Avignon : Histoire d’Avignon, contributions de S. Gagnière, J. Granier, J. P. Poly, B.

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QUATRIÈME PARTIE

Guillemain, J. Chiffoleau, M. Venard, M. Feuillas, R. Moulinas, M. Lapied, A. Maureau, R. Grosso, F. Roux, Aix-en-Provence, 1979. /172/ Legré : Ludovic Legré, La Botanique en Provence au XVIe siècle. Hugues de Soliers, Marseille, 1899. /173/ Legré : Ludovic Legré, La Botanique en Provence au XVIe siècle. Pierre Pena et Matthias de Lobel, Marseille, 1899. /174/ Guenée : Bernard Guenée, Histoire et culture historique dans l’occident médiéval, Paris, 1980. /175/ Schmidt-Chazan : Mireille Scmidt-Chazan, « Histoire et sentiment national chez Robert Gaguin », Le Métier d’historien du Moyen-Age. Études sur l’historiographie médiévale, sous la direction de Bernard Guénée, Paris, 1977, p. 233-300. /176/ Lefebvre : Georges Lefebvre, La Naissance de l’historiographie moderne, Paris, 1971. /177/ Huppert : Georges Huppert, L’Idée de l’histoire parfaite, Paris, 1977. /178/ Dubois : Claude-Gilbert Dubois, La Conception de l’histoire en France au XVIe siècle (1560-1610), Paris, 1977. /179/ Coulet : Noël Coulet, « La Provence au temps du roi René, une « Arcadie de la France » », Aspect de la Provence, Marseille, 1983, p. 13-25. /180/ Simone : Franco Simone, « Historiographie et mythographie dans la culture française du XVIe siècle : analyse d’un texte oublié », L’Humanisme lyonnais au XVIe siècle, Grenoble, 1974, p. 125-148. /181/ Dante : Dante, La Divine Comédie, édition d’Henri Longnon, Paris, 1966. /182/ Le Goff : Jacques Le Goff, Histoire et mémoire, édition italienne, Turin, 1977, édition française, Paris, 1986, rééd. 1988. /183/ Haitze : Dissertations de Pierre Joseph [de Haitze] sur divers points de l’histoire de Provence, Anvers, MDCCIV. /184/ Meyer : Paul Meyer, Les Derniers Troubadours de la Provence, Paris, 1871, réimp. phot. Marseille, 1973. /185/ Starobinski : Jean Starobinski, « La Littérature. Le Texte et l’interprète », Faire de l’histoire, sous la direction de Jacques Le Goff et de Pierre Nora, tome II : « Nouvelles Approches », Paris, 1974, p. 225-244. /186/ Bec : Pierre Bec, Anthologie des Troubadours, Paris, 1979. /187/ Chevalier : Jean-Claude Chevalier, « La Langue. Linguistique et histoire », Faire de l’histoire, sous la direction de Jacques Le Goff et de Pierre Nora, tome III : « Nouveaux Objets », Paris, 1974, p. 130-155. /188/ Bec : Pierre Bec, Anthologie de la prose occitane du Moyen-Age, Avignon, 1977. /189/ Boutière : Jean Boutière, A. H. Schutz, Biographies des Troubadours. Textes provençaux des XIIIe et XIVe siècles, Paris, 1964. /190/ Bory : Catalogue des livres rares et précieux composant la bibliothèque de J. T. Bory, Marseille, 1875. /191/ Aruch : Aldo Aruch, « Le Biografie provenzali di Jehan de Nostredame e la loro prima traduzione italiana », Studi medievali, tome IV, Firenze, 1912, p. 191-212. /192/ Baudrier : J. Baudrier, Bibliographie lyonnaise. Recherche sur les imprimeurs, libraires, relieurs et fondeurs de lettres de Lyon au XVIe siècle, 2ème vol., Lyon-Paris, 1896. /193/ Baudrier : Idem, 10ème vol., 1913. /194/ Jahandiez : Émile Jahandiez, Les Iles d’Hyères. Monographie des Iles d’or, Carqueiranne, 1905, rééd. 1914. /195/ Lérins : Histoire de Lérins, contributions de F. Benoit, J. R. Palanque, J. Chélini, R. Aubenas, E. Hildesheimer, P. Guiral, Dom Bernard de Teruis, Toulon, 1965. /196/ Tournon : André Tournon, « Plus Haut sens » ou « Sens agile » ? », Cahiers Textuels, n°4/5, Université de Paris VII, 1989, p. 69-77. /197/ Gardy : Philippe Gardy, « Tradition occitane et passage à l’écriture : l’obsession de l’oralité », Kalevala et traditions orales du Monde, Paris, 1987, p. 511-522. /198/ Chartier : Alain Chartier, Poèmes, édition de James Laidlaw, Paris, 1988. /199/ Busquet : Raoul Busquet, Les Fonds des Archives départementales des Bouches-du-Rhône (Archives centrales de Provence), 1er vol., Marseille, 1937. /200/ Blancard : Louis Blancard, Inventaire sommaire des Archives départementales antérieures à 1790. Bouches-duRhône. Archives civiles. Série B. Chambre des comptes de Provence, tome I, Paris, 1865. /201/ Guenée : Bernard Guenée, « État et Nation en France au Moyen Age », Politique et histoire. Recueil d’articles sur l’histoire politique et l’historiographie médiévale (1956-1981), Paris, 1981, p. 151-164. /202/ Mazzoleni : Jole Mazzolini, « Les Archives des Angevins de Naples », Marseille et ses rois de Naples. La diagonale angevine 1265-1382, Marseille-Aix-en-Provence, 1988, p. 25-29. /203/ Gallaup : Discours / sur les Arcs / Triomphaux / dressés en la ville d’Aix, / à l’heureuse arrivée de Monseigneur le Duc de / Bourgogne, & de Monseigneur le Duc / de Berry // Aix, Jean Adibert, MDCCI. /204/ Haitze : Lettre critique de Sextius le Salien à Euxenus le Marseillois, [P. J. de Haitze], Aix-en-Provence, MDCCI. /205/ Gallaup : Reflexion sur le libelle intitulé lettre critique de Sextius le Salien à Euxenus le Marseillois, [P. de Galaup de Chasteuil], Cologne, Pierre Le Blanc, MDCCII. /206/ Gallaup : Apologie des anciens historiens et des Troubadours ou poètes provençaux, [P. de Galaup de Chasteuil],

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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Avignon, MDCCIV. /207/ Gallaup : DISCOVRS / SVR LES ARCS / TRIOMPHAVX / DRESSES EN LA VILLE D’AIX / à l’heureuse arriuée de tres-chrestien, / tres-Grand, & tres-Iuste Monarque / LOVYS XIII / Roy de France, & de Nauarre. // A AIX, / Par IEAN THOLOZAN / Imprimeur du ROY 1623. réimp. phot. avec une préface de Joseph Anglade, Lyon, 1928. /208/ Achard : Claude-François Achard, Dictionnaire de la Provence et du Comté Venaissin, 4 tomes, Jean Mossy, Marseille, MDCCLXXXVII. /209/ Merle : René Merle, « C. F. Achard et le bilinguisme provençal de la fin des Lumières », Provence historique, fasc. 153, Marseille, 1988, p. 287-302. /210/ Merle : René Merle, « Consulat-Empire : un laboratoire de l’aliénation occitane », Actes du colloque « La Question linguistique au Sud au moment de la Révolution française », Montpellier, 8-10 novembre 1984, Lengas, n°17-18, Montpellier, 1985, p. 333-407. /211/ Gardy : Philippe Gardy, « L’Enclos de l’or ». Fabre d’Olivet et l’écriture de la langue maternelle », Romantisme, n°34, Paris, 1981, p. 3-29. /212/ Traimond : Bernard Traimond, « L’Effet Macpherson », Amiras, n°13, Aix-en-Provence, 1986, p. 7284. /213/ Lafont : Robert Lafont, « Fabre d’Olivet : l’Ossian d’Occitanie », Amiras, n°2, Aix-en-Provence, 1982, p. 45-61. /214/ Fabre : Fabre d’Olivet, La Langue d’oc rétablie. Grammaire, édition critique de Georg Kremnitz, Wien, 1988. /215/ Mistral : Frédéric Mistral, Lou Tresor dóu Felibrige, 2 tomes, Arles, 1979. /216/ Mistral : Frédéric Mistral, Lis Isclo d’Or, édition de Jean Boutière, 2 tomes, Paris, 1970. /217/ Mistral : Frédéric Mistral, Memòri e raconte, Arles, 1980. /218/ Rolland : H. Rolland, Les Origines du poète Frédéric Mistral, Saint-Rémy de Provence, 1968. /219/ Bouquet : Maurice Bouquet, Phanette. Histoire du temps du roi René, Marseille, 1866. /220/ Petit : Jean-Marie Petit, « Trois figures de la période montpelliéraine de la renaissance occitane du XIXe siècle : Charles de Tourtoulon, Louis-Alphonse Roque-Ferrier, Camille Chabaneau », Revue des Langues Romanes, tome LXXXIX, n°1, Montpellier, 1985, p. 93-121. /221/ Rostaing / Jouveau : Charles Rostaing, René Jouveau, Précis de littérature provençale, Marseille, 1987. /222/ Gardy : Philippe Gardy, « Jean-Baptiste Fabre entre deux langues », in Emmanuel Le Roy Ladurie, L’Argent, l’amour et la mort en pays d’oc, Paris, 1980, p. 553-560. /223/ Mistral : Frédéric Mistral, Discours e dicho, Arles, 1980. /224/ Benoît : F. Benoît, Recueil des Actes des Comtes de Provence appartenant à la maison de Barcelone. Alphonse II et Raimond Bérenger V (1196-1245), 2 vol., Monaco-Paris, 1925. /225/ Meyer : Paul Meyer, « Tersin, tradition arlésienne », Romania, I, Paris, 1872, p. 51-68. /226/ Brunel-Lobrichon : Geneviève Brunel-Lobrichon, « Le Chansonnier provençal conservé à Béziers », Actes du premier congrès international de l’Association Internationale d’Études Occitanes, Londres, 1987, p. 139-147. /227/ Bauquier : Louis Bauquier, « Les Provençalistes du XVIIIe siècle », Revue des Langues Romanes, tome III, Montpellier, 1880, p. 65-83, 179-219, tome IV, 1880, p. 179-182. /228/ Villeneuve-Bargemont : F. L. de Villeneuve-Bargemont, Histoire de René d’Anjou, Roi de Naples, Duc de Lorraine et Comte de Provence, 3 tomes, Paris, 1825. /229/ Bouyala d’Arnaud : A. Bouyala d’Arnaud, Évocation du vieil Aix-en-Provence, Paris, 1964. /230/ Chabaneau : Camille Chabaneau, « Sur quelques manuscrits perdus et égarés », Revue des Langues Romanes, tome XXI, Montpellier, 1882, p. 209-217, tome XXIII, 1883, p. 5-22, 70-80, 115-129, tome XXVI, 1884, p. 209-218, tome XXVII, 1885, p. 43-88, tome XXVIII, 1885, p. 72-88, 259-282. /231/ Anibert : M. Anibert, Dissertation topographique et historique sur la montagne de Cordes et ses monumens, Arles, Jacques Mesnier, MDCCLXXIX. /232/ Dubois : Claude-Gilbert Dubois, Celtes et Gaulois au XVIe siècle. Le développement littéraire d’un mythe nationaliste avec l’édition critique d’un traité inédit de Guillaume Postel De ce qui est premier pour reformer le monde, Paris, 1972. /233/ Higounet : Charles Higounet, L’Écriture, Paris, 1955, 7ème éd. 1986. Ouvrages cités dans les notes et commentaires : /234/ Gibbon : Edward Gibbon, Histoire du déclin et de la chute de l’Empire Romain, 2 vol., Paris, 1983 (références pour le seul vol. 1). /235/ Duprat : E. Duprat, « Le Tombeau de l’Empereur Maximien Hercule à Marseille », Institut historique de Provence, tome XXI, Marseille, 1945-1946, p. 75-91. /236/ Bailhache : Georges Bailhache, Le Baptistère de Riez et la cathédrale Notre-Dame du bourg de Digne, Paris, 1933.

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QUATRIÈME PARTIE

/237/ Féraud : J. J. Féraud, Histoire de la ville de Riez, Aix-en-Provence, 1885, réimp. phot. Marseille, 1976. /238/ Lavagne : Henri Lavagne, « Triomphe et baptême de Constantin. Recherche iconographique à propos d’une mosaïque médiévale de Riez », Journal des Savants, Paris, 1977. /239/ Lavagne : Henri Lavagne, « Le Triomphe de Constantin. Documents inédits sur la mosaïque médiévale de Riez (Alpes de Haute-Provence) », Cahiers archéologiques, n°39, Picard, Paris, 1991, p. 51-62. /240/ Grossi : G. Grossi, « Les Premiers Conciles d’Arles », Bulletin des amis du vieil Arles, n°6, 1973, p. 8-9. /241/ Constans : L. A. Constans, Arles antique, Paris, 1921. /242/ Constans : L. A. Constans, « Antiquité », Les Bouches-du-Rhône. Encyclopédie départementale, vol. 2, « Des Origines à 1789 », sous la direction de Paul Masson, Paris-Marseille, 1924-1936, p. 1-103. /243/ Duprat : E. Duprat, « Le Haut Moyen-Age (406-1113) », Idem /242/, p. 105-302. /244/ Bourrily / Busquet : V. L. Bourrily, R. Busquet, « Le Moyen-Age (1113-1482) », Idem /242/, p. 303752. /245/ Thibaut : J. P. Thibaut, L’Ancienne Liturgie gallicane. Son origine et sa formation en Provence aux Ve et VIe siècles sous l’influence de Cassien et de Saint Césaire d’Arles, Paris, 1929. /246/ Christiani : Léon Christiani, Jean Cassien. La spiritualité du désert, Rouen, 1946. /247/ Marrou : H. I. Marrou, « Le Fondateur de Saint-Victor de Marseille : Jean Cassien », Provence historique, Actes du congrès sur l’histoire de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille 29-30 janvier 1960, tome XVI, Marseille, 1966. /248/ Guiral / Reynaud : Pierre Guiral, Félix Reynaud, Les Marseillais dans l’histoire, Toulouse, 1988. /249/ Église : Nouvelle Histoire de l’Église, par J. Danielou et H. Marrou, tome I : « Des Origines à saint Grégoire le Grand », Paris, 1962. /250/ : Noticia : NOTITIA / CONCILORVM / SANCTAE ECCLESIAE; // (…) Authore IONNE CABASSUTIO, // LVGDVNI, / CVMPTIBVS LAVRENTII ARNAVD, / &PETRI BORDE / MDCLXX. /251/ Servières : Jean de Servières, Saint-Rémy de Provence. Chronologie historique et communale, Aix-en-Provence, 1935. /252/ Paulet : Abbé L. Paulet, Saint-Rémy de Provence. Son histoire nationale, communale, religieuse, Avignon, 1907. /253/ Duby : Histoire de la France, sous la direction de G. Duby, vol. I : « Naissance d’une nation des origines à 1348 », contributions de Jacqueline Beaujeu-Garnier, Élisabeth Carpentier, Jean Dhondt, Georges Duby, René Joffroy, André Joris, Marcel Le Glay, Lucien Musset, Pierre Riché, Jacques Rossiaud, Julia RoussotLarroque, Denise de Sonnevilles-Bordes, Adriaan Verhulst, Paris, 1987. /254/ Duby : Idem /253/, vol. 2 : « Dynasties et révolutions de 1348 à 1852 », contributions de Maurice Agulhon, Louis Bergeron, André Bourde, Noël Coulet, Jean Delumeau, Pierre Deyon, Michel Mollat, René Pillorget, André-Jean Tudesq, Michel Vovelle, Paris, 1987. /255/ Guiral / Amargier : Pierre Guiral, Paul Amargier, Histoire de Marseille, Paris, 1983. /256/ Bordes : Histoire de Nice, sous la direction de Maurice Bordes, Toulouse, 1976. /257/ Baratier : É. Baratier, G. Duby, E. Hildesheimer, Atlas historique. Provence, Comtat, Orange, Nice, Monaco, Paris, 1969. /258/ Bousquet : Casimir Bousquet, Notice historique. Salvien, prêtre de Marseille, Marseille, 1848. /259/ De Rey : G. De Rey, Les Invasions des Sarrasins en Provence pendant le VIIIe, le IXe et le Xe siècle, Marseille, 1878, réimp. phot. Marseille, 1971. /260/ Chappe : Marcel Chappe, « Les Reliques de sainte Marie-Madeleine », Marseille, n°140, Marseille, 1985. /261/ Clerc : Michel Clerc, Massalia. Histoire de Marseille dans l’Antiquité. Des origines à la fin de l’Empire romain d’occident, Marseille, 1927-1929, réimp. phot. Marseille, 1971. /262/ Saxer : Victor Saxer, Le Culte de Marie-Madeleine en occident des origines à la fin du moyen-âge, 2 vol., Auxerre-Paris, 1959. /263/ Poupardin : René Poupardin, Le Royaume de Provence sous les Carolingiens 855-933, Paris, 1901, réimp. phot. Marseille, 1974. /264/ Gingins La Sarra : Frédéric de Gingins La Sarra, Mémoires pour servir à l’histoire des royaumes de Provence et de Bourgogne-Jurane, Lausanne, 1851. /265/ Poupardin : René Poupardin, Le Royaume de Bourgogne (888-1038), Paris, 1907. /266/ Royalle couronne : LA / ROYALLE / COVRONNE / DES ROYS / D’ARLES. // Enrichie de l’histoire des Empereurs Romains, des / Roys des Gots, & des roys de France qui ont residé / dans son enclos : de l’estat de sa République : de sa sub- / jection aux Comtes de Prouence : & du bonnheur que / ses Citoyens ont d’estre retournez soubs l’obeyssance des / Roys Tres-chrestiens. // PAR M. I. BOVIS, PRESTRE. / EN AUIGNON, / De l’Imprimerie de Iaques Bramerran, imprimerie de sa Saincteté, / de la Ville, & Uniuersité. MDCXLI. /267/ Du Chesne : HISTOIRE / DES ROYS, DVCS, / ET COMTES / DE BOVRGONGNE, / ET D’ARLES. (…) // Par André Du Chesne Tourangeau. // A PARIS / En la boutique de Niuelle. / chez Sebastien Cramoisy, rüe S. Iaques, / aux Cicognes. / MDCXIX.

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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

/268/ Milon : A. Milon, Précis historique sur le monastère de Ganagobie, Tours, 1878. /269/ Laplane : Édouard de Laplane, Histoire de Sisteron tirée de ses archives, Digne, 1843, réimp. phot. Marseille, 1974. /270/ Columbi : IOANNIS / COLVMBI / MANVALENSIS / E SOCIETATE IESV, / OPVSCVLA VARIA. // (…) // LVGDVNI / Sumptibus IOANNIS BAPTISTAE DE-VILLE, in vico / Mercatoris sub signo Scientae. / MDCLXVIII (cet ouvrage comprend « De Rebus gestis episcorum sistaricensium », p. 100-171). /271/ Annibert : M. Annibert, Mémoires historiques et critiques sur l’ancienne République d’Arles, Yverdon, 1779. /272/ Baratier : Documents de l’histoire de la Provence, sous la direction d’Édouard Baratier, Toulouse, 1971. /273/ Estrangin : Jean-Julien Estrangin, Études archéologiques, historiques et statistiques sur Arles, Aix-enProvence, 1838. /274/ Salverda de Grave : J. J. Salverda de Grave, Le Troubadour Bertran d’Alamanon, Toulouse, 1902. /275/ Leroy : Édgar Leroy, « Fretus et Freta », Mémoires de l’Institut historique de Provence, Marseille, 1936 (tiré à part). /276/ Audibert : Paul Audibert, Hugues de Provence, Comte d’Arles, duc de Provence, roi d’Italie, Avignon, 1974. /277/ Manteyer : Georges de Manteyer, La Provence du premier au douzième siècle, Paris, 1908, réimp. phot., Marseille, 1975. /278/ Massa : S. Massa, Histoire de Grasse, Cannes, 1878. /279/ Noblemaire : Gustave Noblemaire, Histoire de la maison des Baux, Paris, 1913, réimp. phot. Marseille, 1976. /280/ Hyères : R. P. Bernard d’Hyères, Histoire de l’abbaye cistercienne de Silvacanne en Provence, Aix-en-Provence, 1891. /281/ Stouff : Louis Stouff, Arles à la fin du Moyen-Age, 2 vol., Aix-en-Provence, 1986. /282/ Masson : Paul Masson, E. Bergounhoux, « Monographies communales », Les Bouches-du-Rhône. Encyclopédie départementale (cf. /160/), tome XV, Paris-Marseille, 1933. /283/ Monographies communales : « Monographies communales. Marseille. Aix. Arles », Les Bouches-duRhône. Encyclopédie départementale (cf. /160/), contributions de F. Benoît, V. L. Bourrily, E. Duprat, B. Durand, J. de Duranti La Calade, E. Isnard, P. Masson, G. Rambert, H. Vieil, tome XIV, Paris-Marseille, 1933. /284/ Jodar-Galindo : Raymond Jodar-Galindo, Chronologie généalogique des Maisons souveraines d’Espagne, s.l., 1982. /285/ Bérard : F. Bérard, Étude historique et archéologique sur l’abbaye du Thoronet, Avignon, 1884. /286/ Féraud : Abbé Féraud, Histoire civile, politique, religieuse et biographique de Manosque, Digne, 1848, réimp. phot. Marseille, 1973. /287/ Camau : Émile Camau, Les Provençaux aux Croisades, Aix-en-Provence, 1888. /288/ Camau : Émile Camau, La Provence à travers les siècles. Premières croisades. Croisade contre les Albigeois. Dernières croisades. Mouvement communal au XIIIe siècle, Paris, 1924. /289/ Raedts : Peter Raedts, « La Croisade des enfants a-t-elle eu lieu ? », Les Croisades, Paris, 1988, p. 55-71. /290/ Labande : L. H. Labande, Avignon au XIIIe siècle. L’Évêque Zoen Tencarari et les Avignonnais, Paris, 1908, réimp. phot. Marseille, 1975. /291/ Achard : Félix Achard, La Municipalité et la République d’Avignon au XIIe et XIIIe siècles, Avignon, 1872. /292/ Vilar : Pierre Vilar, Histoire de l’Espagne, Paris, 1947, rééd. 1986. /293/ Labande : L. H. Labande, Les Doria de France, Paris, 1899. /294/ Chanson croisade : La Chanson de la Croisade Albigeoise, édition d’Eugène Martin-Chabot, Paris, tome 1, 1932, tome 2, 1957, tome 3, 1961. /295/ Pierre de Provence : L’Ystoire du vaillant chevalier Pierre filz du conte de Provence et de la belle Maguelonne, édition de Régine Colliot, Aix-en-Provence, 1977. /296/ Teissier : Octave Teissier, Histoire de la commune de Cotignac, Marseille, 1860. /297/ Bresc : Louis de Bresc, Armorial des communes de Provence, Paris, 1866, réimp. phot. Marseille, 1972. /298/ Richard : Jean Richard, « La Bataille de Hattin. Saladin défait l’occident », Les Croisades, Paris, 1988, p. 187-201. /299/ Oldenbourg : Zoé Oldenbourg, Le bûcher de Montségur, Paris, 1959. /300/ Egan : Les Vies des Troubadours, édition de Margarita Egan, Paris, 1985. /301/ Baudier : Histoire / De / l’incomparable / administration de / Romieu Grand ministre / d’estat en Prouence lors / qu’elle estoit en souueraineté (…) // Par le Sr Michel Baudier (…) A Paris, chez Iean Camusat, rue / Saint Iacques, à la Toyson d’or. / 1635. réimp. phot. Périgueux, 1841. /302/ Fontenelle : « Histoire du Romieu de Provence, par M. de Fontenelle », Mercure de France, janvier 1751, Paris, MDCCLI, p. 50-73. /303/ Vaissette : « Lettre de Dom Vaissette à M. de Fontenelle », Mercure de France, mars 1751, Paris, MDCCLI, p. 50-73.

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QUATRIÈME PARTIE

/304/ Le Goff : Jacques Le Goff, La Civilisation de l’occident médiéval, Paris, 1977, rééd. 1984. /305/ Meyer : Paul Meyer, La Prise de Damiette en 1219. Relation inédite en Provençal, Paris, 1877. /306/ Bernard : Cyprien Bernard, Essai historique sur la ville de Forcalquier, Forcalquier, 1905, réimp. phot. Marseille, 1976. /307/ Malartic : Yves Malartic, « Le Commerce du sel d’Hyères, (XIIIe-XVe siècles) », Le Rôle du sel dans l’histoire, sous la direction de Michel Mollat, Paris, 1968, p. 183-198. /308/ Baratier : Édouard Baratier, « Production et débouchés du sel de Provence au Bas Moyen Age », Le Rôle du sel dans l’histoire (cf. /307/), p. 133-172. /309/ Malartic : Yves Malartic, « Le Commerce du sel d’Hyères en Ligurie du XIIIe au XVe siècle », Actes du premier congrès historique Provence-Ligurie, Vintimiglia-Bordighera, 2-5 octobre 1964, Aix-en-Provence, Marseille, Bordighera, 1966, p. 169-178. /310/ Léonard : Émile G. Léonard, Les Angevins de Naples, Paris, 1954. /311/ Boüard : A. de Boüard, Actes et lettres de Charles 1er roi de Sicile concernant la France (1257-1284), Paris, 1926. /312/ Bonnot : Isabelle Bonnot, « De Charles 1er… à Jeanne de Naples », Marseille et ses rois de Naples. La Diagonale angevine 1265-1382, Aix-en-Provence, Marseille, 1988, p. 7-17. /313/ Talbi : Mahamed Talbi, « Saint Louis à Tunis », Les Croisades, Paris, 1988, p. 72-79. /314/ Frossard : Louis Frossard, Les Vaudois de Provence, Avignon, 1848. /315/ Gavot : M. Gavot, Titres de l’ancien comté de Sault, 2 vol., Apt, 1865-1867. /316/ Coulet : É. Coulet, Essai de Monographie du fort et de la seigneurie de Bréganson du XIe au XXe siècle, Marseille, 1928. /317/ Davin : E. Davin, La Petite Seigneurie de Léoube, Toulon, 1940. /318/ Huré : Jean Huré, Histoire de la Sicile, Paris, 1957. /319/ Bresc : Henri Bresc, « 1282 : classes sociales et révolution nationale », XI congresso di Storia della corona d’Aragona : la società mediterranea all’ epoca del Vespro, Palermo-Trapani-Erice, 25-30 aprile 1982, Palermo, 1983, p. 241-258. /320/ Bresc : Henri Bresc, « La Revolució siciliana de 1282 », L’Avenç, n°76, Barcelona, novembre 1984, p. 14-25. /321/ Bresc : Henri Bresc, « Marseille dans la guerre des Vêpres siciliennes », Marseille et ses rois de Naples (cf. /312/), p. 43-49. /322/ Gérin-Ricard : H. de Gérin-Ricard, E. Isnard, Actes concernant les vicomtes de Marseille et leurs descendants, Monaco-Paris, 1926. /323/ Zarb : Mireille Zarb, Histoire d’une autonomie communale. Les Privilèges de la ville de Marseille du Xe siècle à la Révolution, Paris, 1961. /324/ Histoire d’Aix : Histoire d’Aix-en-Provence, contributions de M. Bernos, N. Coulet, C. Dolan, D. A. Février, M. Gontard, G. Granai, B. Grissolange, M. Vovelle, Aix-en-Provence, 1977, rééd. 1978. /325/ Haitze : LA VIE / D’ARNAVD / DE / VILLENEVVE. // PAR / PIERRE JOSEPH DE HAITZE // A AIX, / chez Joseph David, Imprimeur- / Libraire ordinaire du Roy, / & de la ville. / MDCCXIX. /326/ Caggese : Romolo Caggese, Roberto d’Angiò e i suoi tempi, Firenze, 1922. /327/ Demurger : Alain Demurger, Vie et mort de l’ordre du Temple, Paris, 1988. /328/ Favier : Jean Favier, « Les Templiers ou l’échec des banquiers de la croisade », Les Croisades (cf. 313) p. 80-92. /329/ Cortez : Fernand Cortez, Les Grands Officiers royaux de Provence au Moyen-Age, Aix-en-Provence, 1921. /330/ Mollat : G. Mollat, Les Papes d’Avignon (1305-1378), Paris, 1949. /331/ Girard : Joseph Girard, Évocation du vieil Avignon, Paris, 1958. /332/ Agnel : Arnaud d’Agnel, La Politique de René envers les Juifs de Provence, Paris, 1909 (tiré à part, extrait du Bulletin historique et philologique, 1908). /333/ Dotti : Ugo Dotti, Pétrarque, Paris, 1991. /334/ Flamini : Francesco Flamini, Il Luogo di nascità di Madonna Laura e topografio del Canzoniere Petrarchesco, Turin, 1893. /335/ Léonard : Émile G. Léonard, Histoire de Jeanne 1ère, reine de Naples, comtesse de Provence (1343-1382), 3 vol., Monaco-Paris, 1932-1937. /336/ Saurel : Alfred Saurel, Histoire de Martigues et de Port de Bouc, Marseille, 1862, réimp. phot. Marseille, 1972. /337/ Jarry : Eugène Jarry, « Instructions secrètes pour l’adoption de Louis 1er d’Anjou par Jeanne de Naples (janvier 1380) », Bibliothèque de l’École des Chartes, tome LXVII, 1906, p. 234-257. /338/ Luxembourg : La Vie du bienheureux PIERRE DE LUXEMBOURG évêque de Mets & cardinal, corrigée et augmentée de la vie de la bienheureuse JEANNE DE LUXEMBOURG, vierge & religieuse, Avignon, Domergue,

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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1777. /339/ Le Roy Ladurie : Emmanuel Le Roy Ladurie, Montaillou, village occitan de 1294 à 1324, Paris, 1975. /340/ Coulet : Noël Coulet, Alice Planche, Françoise Robin, Le Roi René, le prince, le mécène, l’écrivain, le mythe, Aix-en-Provence, 1982. /341/ Robin : Françoise Robin, La Cour d’Anjou-Provence. La vie artistique sous le règne de René, Paris, 1985. /342/ Duchêne : Roger Duchêne, La Provence devint française 536-1789, Paris, 1986. /343/ Rigaud : « La Galeota d’Arle ». La capture d’une galère catalane en Camargue en 1469, édition de Philippe Rigaud, Arles, 1984. /344/ René d’Anjou : René d’Anjou, Le Livre du Cuer d’amours espris, édition de Susan Warthon, Paris, 1980. /345/ Faidit : Jean Mouzat, Les Poèmes de Gaulcem Faidit, Paris, 1965. /346/ Gouiran : Gérard Gouiran, L’Amour et la Guerre : l’œuvre de Bertrand de Born, 2 vol., Aix-en-Provence, 1984. Ouvrages cités dans les Sources historiques : /347/ Roman d’Arles : Le Roman d’Arles, édition de Camille Chabaneau, Revue des Langues Romanes, tome II, Montpellier, 1888, p. 473-542. /348/ Hilaire : Sermo luculentus Sancti Hilarii Archiepiscopi Arelatensis de vita Sancti Honorati eius praecessoris… in CHRONOLOGIA / Sanctorum & aliorum / virorum Illustrium, ac / abbatum Sacrae Insulae / Lerinensis / a domno VINCENTIO / BARRALI SALERNO / Monacho lerinense / in unum compilata… // MDCXIII, Lugduni, Petri Rigaud (p. 1-16). /349/ Féraud : La Vida de Sant Honorat poème provençal de Raimond Feraud, édition d’Ingegärd Suwe, Upsala, 1943. (Autre édition par A. L. Sardou, Nice, 1874, réimp. phot. Marseille, 1974). /350/ Vie latine Honorat : sans titre, fo 1 r° : « Hic est magnus Honoratus lyrinensis monasterii… » fo 95 r° : Impressum Venetiis auctore deo magistri Joan / nis de Spira - Anno gratie / salutaris. Millesimo / quingentensunopri / mo : pridie Kal. / Augusti. BMMa 20010. /351/ Meyer : Paul Meyer, « La Vie latine de saint Honorat et Raimond Féraud », Romania, n°8, Paris, 1879, p. 481-508. /352/ Pirot : François Pirot, « Sur quelques chansonniers provençaux perdus ou égarés », Mélanges de philologie romane dédiés à la mémoire de Jean Boutière, vol. 1, Liège, s.d., p. 467-480. /353/ Poldo : DISCOVRS / HISTORIAL DE / L’ANTIQVE ET IL- / LVSTRE CITE DE / NISMES, / EN LA GAVLE NARBONOISE, Auec les portroits des plus antiques & in- / signes bastimens du dit lieu, resduictz / à leur vraye mesure & proportion, / ensemble de l’antique & / moderne ville, // PAR IEAN POLDO / D’ALBENAS. // A LYON, / PAR GVILLAVME / ROVILLE. / 1560. BMMa 20916. /354/ Bertrandi : DOMINI NICOLAI BERTRANDI VINIVSQVE / iuris professoris perstantissimi / parlamentalisque / Tholose aduocati (…) // Tholose 1515. BN rés. LK7 9721. /355/ Bertrandi : LES / GESTES DES TOLOSAINS, & DAV- / TRES NATIONS DE L’ENUIRON. // composées premierement en Latin par feu monsieur maistre Nicolas / Bertrand tres excellant personnaige & tres facond aduocat au / Parlement de Tolose. // Et depuis faictes françoises, reueüs & augmentées de plusieurs Histoires / qui ne feurent oncq imprimées. // 1555 / On les vent à Tolose en la maison de la […] maistre Imprimeur du dit Tolose / Auec Priuilege. BN LK7 9722 A. /356/ Corrozet : LES /PROPOS / MEMORABLES, / DES NOBLES / & illustres hom- / mes de la chre- / stienté. // Auec plusieurs nobles & ex- / cellentes Sentences, des anc- / ciens autheurs, Hebrieux, / Grecs, & Latins, pour in- / duire vn chacun à bien & / vertueusement viure. // A ROUEN, / chez Thomas / Mallard, pres / le Palais, à l’Homme / armé. BN Z17766. /357/ Himmarus : HINCMARI / ARCHIEPISCOPI / REMENSIS / OPERVM TOMVS POSTERIOR. // OPVSCVLA ET EPISTOLAE, // Lutetiae Parisorium, Sebastiani, Gabrielis Cramoisy, MDCXLV. /358/ Durant : D. G. DVRANTI EPISC. / MIMATENSIS / SPECVLVM / JVRIS, / CVM IOAN. ANDRAE, BALDI, / RELIQVORVMQVE CLARISSIMORVM I. V. (…) // FRANCOFVRTI, / TYPIS WECHELIANIS APVD HAEREDES IOANNIS AUBRIJ. / MDCXII. BMMa 52606-607. /359/ Les Grandes Chroniques de France : Les Grandes Chroniques de France, édition de Jean Viard, 10 vol., Paris, 1920-1953. /360/ Annales d’Anjou : Chroniques d’Anjou et du Maine par Jehan de Bourdigné avec un avant-propos de Mr le Comte de Quatrebarbes et des notes de M. Godard-Faultier, Angers, 1842. /361/ Estat : L’estat / DE L’EGLISE, / auec / LE DISCOVRS DES / temps, depuis les Apostres, sous Neron, / iusques à present sous Charles V. / Contenant en bref les histoires tant anciennes / que nouuelles : celles specialement qui con/ cernent l’Empire & le siege Romain, la vie & decrets des Papes, les Conciles, le commence / ment, accroissement & decadence de la Religion. // Troisieme edition / MDLXI. s. l. BN rés. H 1948. /362/ Champier : LA NEF DES / dames vertueuses contenant quatre liures. Le / premier est la fleur des da- / mes. Le

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second est du re- / gime de mariage le tiers / des Sibilles : Et le quart / de vraye amour. // On les vend a Paris pour / Philippe le noir libraire / iure en l’uniuersite de Pa / ris a la rue Saint Iaques. / [au collophon] : lequel a este fini et acomply le vingt / VI. iour. D’aoult. l’an MCCCCCXXXI. BN rés. Ye 3212. /363/ Ritius : MICHAELIS RITII / de Regib. Francor. libri III. / Hispaniae lib. III / Herosolymon lib. I. / Siciliae et Neapolis lib. IV / Hungariae libri II / [au collophon] : Impressum Hediolani per Magistrum / Ioannem de Castelliono Anno Domini / MCCCCCVI. die. XXII. Mensis Iulii. BN rés. p G 39. /364/ Bonet : L’ARBRE DES BATAILLES NOU= / ELLEMENT IMPRIME A PARIS // [au collophon] : ly fine le liure intitule l’arbre des batailles impri / me a Paris. le V. iour de iuillet Mil cinq cens IXV. / Par Michel le noir libraire iure en l’uniuersite de Pa= / ris Demourant en la rue Sainct Jacques a l’enseigne / de la rose blanche couronnee. BN R 1197. /365/ Belleforest : F. de Belleforest, La Cosmographie de Tout le Monde, 2 vol., Paris, M. Sonnius, 1575. BMMa 20114 (page de titre manquante. Seul le 2ème volume est déposé). /366/ La Sale : LA SALADE NOUUELLEMENT IMPRIMEE / laquelle fait mention de tous les pays du monde et du pays de la / Sybille auec la figure pour aller au mont de la belle Sibylle Et aussi la figure / de la Mer et de la terre et plusieurs belles remonstrances. BN 2355 (édition attribuée à Philippe Le Noir, 1525). /367/ Gilles : LES / ANNALES ET CHRO- / NIQVES DE FRANCE, / DEPVIS LA DESTRVCTION DE TROYE / iusques au temps du roy Loys unziesme, iadis com- / posées par feu maistre Nicolle Gilles, en son vi- / uant Secrettaire, Iudiciaire du roy, & / contrerolleur de son Tresor / imprimées nouuellement sur la correction de M. Denis Sauvage de / Fontenailles en Brie, & additionées, selon les moder- / nes Historiens, iusques a present. // A Paris, par Iehan Ruelle, libraire demourant en la Rue Sainct / Iacques, à l’enseigne Sainct-Nicolas, s.d. BMMa 20702. /368/ La Mer des Histoires : LE SECOND VOLVME DE / LA MER DES HISTOIRES. BMMa inc. 86 (édition attribuée à Pierre le Rouge, pour V. Commin, 1489). /369/ Le Maire des Belges : LES / ILLVSTRATIONS / DE GAVLE ET SINGV- / LARITEZ DE TROYE, par maistre Iean Le Maire / de Belges, // A LYON, / PAR IEAN DE TOVRNES. / MDXLIX. BMMa 20689. /370/ Gaguin : Compendium Roberti Guaguini super francorum gestis, Jehan Frellon, Millesimo quingentesimo decimoquarto die vero XII julii. BMMa 33971. Traduction française de P. Desrey en 1532. Page de titre manquante. BMMa 24460 (références à cet ouvrage). /371/ Émile : PAVLI AEMYLII VERONENSIS / HISTORICI CLARISSIMI, DE / REBVS GESTIS FRANCORVM / LIBRI X / ARNOLDI FERRONI BVRDI- / galensis Regii Consiliarii, de rebus gestis Gallorum / libri X. ad historiam Pauli Aemylii additi. // CHRONICON I TILII DE REGI- / bus Francorum. A Pharamundo usque ad Henricum II // PARISIIS / Apud Vascosanum, via Iacobea, ad insigne Fontis / MDLV. BMMa 33968. /372/ Annales d’Aquitaine (Bouchet) : LES / ANNALES D’AQVITAINE. // Faicts & gestes en sommaire des Roys de France, & d’Angleterre, & païs de Naples / & de Milan (…) // MDXLV. / On les vend à Poictiers, a l’enseigne du Pelican, par Iehan & Ingulbert de / Marnef freres. & en la boutique de Iaques Bouchet deuant les Cordeliers. BMMa 20902. /373/ Vellutello : Il Petracha / con l’Espositione / d’Alessandro Vellutello / di nouo ristampato con le figu / re a i triomphi, et con piu cose / utili in varii luoghi aggiunte, // in Venetia, MDXXXXIIIII. BMMa 21555. /374/ Rouillé : IL / PETRARCA / CON DICHIARA- / ZIONI NON PIV / STAMPATE, / Insieme alcune belle Annotazioni, tratte / dalle dottisime prose di Monsignor Bem- / bo cose sommamente utili, à chi di ri- / mare leggiadramente, & senza / volere i segui del Petrar- / ca passare, si / pren- / de cura. (…) // IN LIONE, APPRESSO / GVGLIELMO ROVILLIO- / 1558. / Col Priuilegio del Re per anni diecce. BN rés. 231-232. /375/ Filelfo : page de titre manquante, début de l’introduction : « Prohemio del prestante Oratore et poeta Messer Francesco Philelpho ad Illustrissimo et inuectissimo principe Philippo Mario Angelo Duca di Milano circa la interpretazione per lui sopra gli sonetti e cançone de Messer Francesco Petrarcha facta (…). » Au collophon : Finisse il comento deli Triumphi del Petrarcha composto per il prestantissi / mo pho chiamato messer Bernardo da Sena impresso nella inclita citta / da venexia per Theodoz de Reynsburch et Reynaldum de Nouima- / gio compagni. Nelle anni del signore MCCCCCLXXVIII .adi. VI. del mese / de febraio. BN Yd 64. /376/ Sabelic : Opera / M. Antonii COCCI / Sabellici in Dvos digestas tomos / (…) // BASILAE. / ex officina Meruagiana / Armo MDXXXVIII. / Cum gratia & priuilegio Caesaro ad quinque annos. BN Z577. /377/ Landino : COMMENTO di Christoforo Landino fiorentino sopra la comedia di Danthe Alighieri poeta fiorentino. Au collophon, fo 315 v° : Et fine del comento di Christophoro Landino Fiorentino sopra la Comedia di Danthe poeta excellentissimo. E impresso in Vinegia per Petro Cremonese dito Veronese : Adi. xviii di nouembrio MCCCCLXXXXI. emendato per me maestro Piero da Figherio dell ordine de frati minore. BMMo rés. C 51. /378/ Martin : LA CRONIQVE / MARTINIANE / de tous les papes qui furent iamais et / finist iusques au pape

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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Alexandre derrenier / decede mil cinq cens et trois / et auecques / ce les additions de plusieurs croniqueurs / C’est assavoir de messire Verneron cha= / noyne de Lyege / monseigneur le croniqueur / Castel / monseigneur Gaguin general des / mathurins et plusieurs autres croniqueurs. [au collophon] : Cy fine la derreniere partie de la / cronique Martinienne imprimee a Pa / ris pour Anthoyne Verard marchant / libraire demourant a Paris pres l’ostel / dieu deuant la rue neufue nostre dame / a l’enseigne Saint Jehan l’euangeliste / ou au palais au premier pillier deuant la / chappelle ou l’en chante la messe de mes / seigneurs les presidens. [1503] BN rés. G 254. /379/ Boccace : Boccace / Des Dames de renom, / Nouuellement traduict d’Ita- / lien en langage Fran- / çoys. // Auec Priuilege du Roy. / A Lyon chez Guil. Rouille / à l’escu de Venise. / 1551. BN G 20207. /380/ Boccace : page de titre manquante, au début du premier folio : « Cy commence Jehan Boccace de Certald tres excellent historien son liure intitule des cas et ruyne des nobles hommes et femmes reuersez pour fortune depuis la creacion du monde iusques a nostre temps (…) ». Au collophon : Cy fine le neufiesme et derrenier liure de Jehan Boccace de Certald tres excellent historien des cas des nobles hommes et femmes infortunez translate de latin en francois precisement et au juste par honorable homme et saige maistre Laurens de premier fait, secretaire de treshault puissant et redoubte prince Jehan filz du roy (…). Et fut compile ceste translacion le quinziesme iour d’apuril mil quatre cens et neuf cest assouoir le lundy apres pasques. Et imprimee a Paris de par Jehan du pre en l’an mil quatre cens quatre vingtz et trois le XXVI iour du mois de feurier. BN Rés. G 357. /381/ Equicola : LIBRO / DI NATVRA / D’AMORE DI MARIO EQVICOLA. // DI NVOVO CON SOMNA / DILIGENZA RISTAMPATO E / corretto da M. Lodovico Dolce. // CON NVOVA TAVOLA DELLE / COSE PIV NOTABILI, / che nell’ opera si contengono // IN VINEGIA APPRESSO GABRIEL / GIOLETO DE FERRARI ET / FRATELLI. MDLIIII. BMMo rés. 34348. /382/ V. Polydore : POLYDORI / VERGILII VRBINATIS / de rerum inuentoribus libri octo, / per authorem quarto iam, ac dili= / gentius recogniti, & locupletati, / quia longior in studijs labor / semper plus-cumulet / inuentis (…) // BASILAE / 1536. BMMa 41033. MEMOIRES / ET HISTOIRE DE / L’ORIGINE, INVENTION / & autheurs des choses. / Faicte en latin, & diuisee en huict liures, par POLY- / DORE VERGILE natif d’Vrbin : & tra- / duicte par FRANCOIS DE BELLE-FOREST Comingeois. // A PARIS, / Chez Robert Le Mangnier, ruë neufue nostre Dame, à / l’image S. Iean Baptiste : & en sa boutique au Palais, / en la gallerie par où on va à la chancellerie. / MDLXXXII. BMMa 41036 (références à cet ouvrage). /383/ P. Laetus : ROMANAE HISTORIAE COMPEN- / DIVM, AD INTERITV GORDIANI IVNIORIS / usque ad Iustinum tertium, per Pomponium Laetum in OMNIA QVAM ANTEHAC / Emendatoria (…) // Basilae in officina Frobeniana / anno MDXXXIII. BMMa 20511. /384/ Egnaci : IOHANNES BAPTISTA EGNATIVS / venetus praestantissimo iuriconsulto / & senatori regio Iacobo Minutio Salutem in /383/. /385/ Platina : BAP. PLATINAE / CREMONENSIS, DE VITIS AC GESTIS / SVMMORVM PONTIFICVM, AD SVA VSQVE / tempora liber unus (…) // Iasparum Gennepaum, MDL. BMMa 20310. HISTORIA / DELLE VITE / DE SOMMI PONTIFICI / DI BATTISTA PLATINA, / LAQVALE COMINCIA DA CHRISTO REDENTOR / nostro, sino a Sisto quarto Pontefice Massimo (…) // IN VENETIA / APPRESSO ALESSANDRO DE’ VECCHI, MDCVIII. BMMa 54779 (références à cet ouvrage). /386/ Palmieri : CHRONICON / OPVS FELICISSI- / ME RENATVM INFINITIS MEMBRIS EMEM/ datis (…) // BASILAE EXCVDEBAT / HENRI / CVS PETRVS MENSE MAR / TIO, ANNO / MDXXXVI. BMMa 20190. /387/ Pétrarque : FRANC. / PETRARCHAE / PHILOSOPHI, ORA / TORIS ET POETAE / CLARISSIMI (…) // LVGDVNI / APVD SAMVELEM CRISPINVM / MDCI. BMMa 81943. /388/ Giovio : PAVLI IOVII / NOVO COMENSIS / EPISCOPI NVCERINI / Illustrium Virorum vitae // FIORENTIAE / in officina Laurentii Torrentini DVCALIS Typographi, / MDLI. BMMa 21264. /389/ Bergame : Nouissime historiarum omnium repercussiones : noui / ter a Reuerendissimo patre Jacobo Philip / po Bergomense ordinis heremitarusque / edite : que Supplementum supple / menti Cronicarum nuncupan / tur. Incipiendo ab exor / dio mundi usque in Annum salutis nostre. // MCCCCCII. /390/ Collenuccio : HISTOIRE / DV ROYAVME / DE NAPLES, / Contenant les choses memorables adue- / nues depuis l’Empire d’AVGVSTE / iusques à nostre temps, Monstrant aussi, / les droictz de ceux qui de nostre temps / ont pretendu audit Royaume, & l’ont / querellé. // Composee premierement en italien par Pandul- / phe Collenutio : & nouuellement / traduite en langage vulgaire : reueuë & augmen- / tee de ce qui est aduenu depuis l’annee MCCCCLIX iusques à present. // MDLXXXVI. s.l. BMMa 33560. /391/ Rossi : Vittorio Rossi, Il Quatrocento, Milano, 4ème éd., 1949. /392/ Barocchi : Scriti d’Arte del cinquecento, a cura di Paola Barocchi, Milano-Napoli, 1971. /393/ Aventin : ANNALIVM BOIORVM / LIBRI SEPTEM IO= / anne Auentino Au= / tore. // Excusum ingolstadij per Alexandrum, & Samuelum Veissen- / hornios frates Germanos ANNOS DO- / MINI M. D. LIIII. / Mense Decembri. BN M 743. /394/ Naucler : TOMVS PRIMVS / CHRONICON / D. IOHANNIS NAVCLERI / PRAEPOSITI

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QUATRIÈME PARTIE

TUBINGENSIS, SUCCIN= / CTIM COMPRAEHENDENTIVM VS MEMO= / rabiles seculorum omnium ac gentium, ab / initio mundi usque; ad annum CHRISTI / NATI M.CCCCC. / Ob magnitudinem suî usum Lectoris per Tomos & para= / graphos lepidem nunc primum recens distinctorum. / Cum Appendice noua rerum interim gestarum, videlicet ab initio anni / 1500. vsque ad Septembrem praesentis 1564. ex optimis qui- / busque; Scritoribus per Laurentium Surium Cartha- / sianum summa fide & studio congesta. (…) // COLONIAE APVD HAEREDES IOHANNIS QVENTEL & GERUUINUM / CALENIUM, ANNO CHRISTI NATI MDLXIIII. / Cum gratia & priuilegio Caesareae Maiest. in decennium. BMMo rés. 14074. /395/ Munster : LA COS / MOGRA / PHIE VNIVER / SELLE, CONTENANT / LA SITVATION DE TOVTES LES PARTIES DV MONDE, / AVEC LEVRS PROPRIETEZ & APPARTENANCES. / La Description des pays & regions d’icelluy. / La grande varieté & diuerse nature de la terre. / Le vray pourtraict des animaulx estranges & incogneuz, auec le natu / rel d’iceulx. / Les figures & pourtraictz des villes & citez plus notables. / L’origine, accroissement & transport des Royaumes, ensemble les Cou- / stumes, loix, Religions, Faictz & changemens de toutes nations, auec / les genealogies des Roys, Ducz, & autres princes de toute la terre. // PAR SEBAST. MVNSTERE // Auec Priuilege du Roy / pour six ans. [au collophon 1556]. BN rés. G 664. /396/ Jornandes : MAGNI / AVRELII CASSIO- / DORI SENATO- / RIS VC. / Variarum libri XII. & Chronicon, ad Theodericum Regem. / IORDANI EPISCOPI TAVENNATIS DE / origine actibusque Getarum liber I quo XII. Cassiodori / libros de eadem historia complexus est, (…) // PARISIIS, / Apud Sebastianum NIVELLIVM, sub / liconiis, via Iacobea. / MDLXXXIII. BMMa 24190. /397/ Burlinger : Henri Burlingere, Compendium christianae religionis decem libri comprehensum Heinrycho Bullingero auctore…, Froeschorerum, 1556. Traduction française imprimée à Caen en 1563. Sur Burlinger cf. Lucien Febvre : « Henri Bullinger, Zurichois », Au Cœur religieux du XVIe siècle, Paris, 1957, rééd. 1983, p. 361-367. /398/ Tritheim : Joannes Trithenius abbas spanhemensis / liber de Scriptori / bus ecclesiasticis. // Basilae, 1494. BMMa inc 79 (le nom de l’auteur et la ville d’impression sont rajoutés par une notation manuscrite). /399/ Flacius : ECCLESIASTICA / HISTORIA, INTEGRAM ECCLESIAE / CHRISTI IDEAM (…) // BASILAE, PER IOANNEM / oporinum 1560. BMMa 51822-25. /400/ Sigebert : SIGIBERTI GEMBLACEN- / SIS COENOBITAE CHRO- / NOGRAPHIA in HISTORIA / CHRISTIANA / VETERVM PATRVM (…) // PARISIIS. / APVD MICHAELEM SONNIVM, VIA IACOBEA, / SVB SCVTO BASILIENSIS. / MDLXXXIII. BMMa 20260. /401/ Cassien : LES / CONFERENCES / DE CASSIEN, / Traduictes en François / par le sieur DE SALIGNY, Docteur / en Theologie. (…) // A Paris, / chez Charles Savreux, au pied de la Tour de Nostre- / Dame, à l’Enseigne des trois vertus. / MDCLXV. BMMa 54525-26. /402/ Ammien Marcellin : AMMIEN / MARCELLIN, / OV LES DIX-HUIT LIVRES / DE SON HISTOIRE, / QVI NOVS SONT RESTES (…) // A LYON, / chez JEAN MARIE BRUYSET, Pere & fils, / Imprimeur-Libraires, rue S. Dominique. / MDCCLXXVIII. BMMa 32799-801. /403/ Martorell : Joannot Martorell, Martí Joan de Galba, Tirant lo Blanc, a cura de Martí de Riquer, Barcelona, 1969, 3ème ed., 1982. /404/ Tomich : HISTORIAS E CONQVES= / TAS DELS EXCELLENTIS= / sims e Catholics Reys de Arago : e de lurs / antecessors los Comtes de Barcelona : com / pilades per lo honorable historic mossen Pe / re Tomich caualler : les quals trames al Reuerendissim / senyor Dalmau de Mur Archabil de Zaragoça : affegi= / da la historia del excellentissim e catholich Rey de Despa / nya don Ferrando. Any 1534 / AB PRIUILEGI. [au collophon] : Per Carles Amoros Prouençal a.rii. de / Marsany de Mil DXXXIIII. BN fol ob 16. /405/ Jacquemin : Louis Jacquemin, Guide du voyageur dans Arles, Arles, 1835. /406/ Huchet : Jean-Charles Huchet, Le Roman occitan médiéval, Paris, 1991. /407/ Casanova : Jean-Yves Casanova, « Les Sonnets de Jean de Nostredame : palimpseste et formes inavouées », Revue des Langues Romanes, tome XCIV, n°2, Montpellier, p. 219-236. /408/ Anglade : Joseph Anglade, Grammaire de l’Ancien Provençal, Paris, 1927, rééd. 1977. /409/ Lafont : Robert Lafont, La Phrase occitane. Essai d’analyse systématique, Paris, 1967. /410/ Levy : Émil Levy, Petit Dictionnaire provençal-français, rééd. Arles, 1991. /411/ Roncaglia : Aurelio Roncaglia, La Lingua dei Trovatori. Profilo di grammatica storica del provenzale antico, Roma, 1965. /412/ Huguet : Émile Huguet, Dictionnaire de la langue française du XVIe siècle, 6 tomes, Paris, 1925-1967. /413/ Giordanengo : Gérard Giordanengo, « Vocabulaire romanisant et réalité féodale en Provence », Provence Historique, tome xxv, Mélanges André Villard, Aix-en-Provence, 1975, p. 255-273.

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APPENDICE BIBLIOGRAPHIQUE Nous signalons quelques références indispensables à la connaissance des XVIe et XVIIe siècles occitans, recherches et publications parues depuis 1990. Nous nous limitons volontairement au domaine littéraire (en faisant une seule exception pour l’ouvrage indispensable de Wolfgang Kaiser), en privilégiant l’ensemble provençal qui est l’objet essentiel de notre étude. Le domaine provençal apparaît de ce point de vue « le parent pauvre » des études occitanes ; Toulouse et la Gascogne ont suscité de nombreuses recherches et le corpus littéraire toulousain et gascon a fait l’objet d’éditions critiques : publications de Larade et de Du Pré par Jean-François Courouau, de D’Astros par Joëlle Ginestet, travaux de Philippe Gardy, Jean Eygun, Christian Bonnet et Pierre Escudé notamment. On peut trouver un complément bibliographique établi par Philippe Gardy dans la réédition de l’ouvrage de Robert Lafont : Baroques occitans. Anthologie de la poésie en langue d’oc. 1560-1660, « Lo gat ros », Université de Montpellier III, Montpellier, 2003. La meilleure mise au point bibliographique sur le domaine toulousain (et dans une moindre mesure gascon) se trouve actuellement dans l’édition de La Requeste faicte et baillée par les dames de la ville de Tolose (1555), édition critique établie par Jean-François Courouau et Philippe Gardy, « Interlangues », Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2003. Sur la Gascogne, on consultera avec profit l’étude de Philippe Gardy sur la littérature d’oc avant l’œuvre de Du Bartas et son influence (La Leçon de Nérac. Du Bartas et les poètes occitans (1550-1650), Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, 1998) et l’édition de la thèse d’André Berry sur Pey de Garros, travail ancien, mais toujours précieux (L’Œuvre de Pey de Garros, poète gascon du XVIe siècle, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, 1997). Nous avons pour notre part consacré deux articles à Garros :« Entre Gascogne et France : l’idéologie linguistique de Pey de Garros dans les Poesias Gasconas de 1567 et l’ethnotypisme linguistique du Faeneste », Actes du Colloque « Babel en Poitou. Agrippa d’Aubigné et le plurilinguisme en Poitou et Saintonge », Albineana 6, Niort, 1995, p. 289-306 et « Images de l’occitan au XVIe siècle : La pensée linguistique de Pey de Garros dans l’adresse Au Lecteur des Poesias gasconas de 1567 », Jeanne d’Albret et sa cour, Actes du colloque international de Pau 17-19 mai 2001, réunis par Évelyne BerriotSalvadore, Philippe Chareyre et Claudie Martin-Ulrich, Champion, Paris, 2004, p. 297-315. La Provence n’a pas depuis 1990 suscité de travaux de grande ampleur. La plus grande partie des textes littéraires n’ont pas bénéficié d’une édition critique et il faut toujours lire Pierre Paul et Robert Ruffi soit dans des éditions partielles effectuées au XIXe siècle, soit dans les éditions princeps ou même en manuscrit. Une partie des œuvres de Louis Bellaud de la Bellaudière a bénéficié d’une édition récente : Obros et Rimos (Sonnets et autres rimes de la prison), édition de Sylvain Chabaud, Montpellier, Presses Universitaires de la Méditerranée, 2011. Nous avons consacré une grande partie de notre dossier d’Habilitation à Diriger les Recherches à l’édition des poésies du Marseillais Robert Ruffi. Une partie a été publiée in Robert Ruffi, Contradictions d’Amour, « Occitanas 8 », Biarritz-Pau, Atlantica - Institut Occitan, 2000 et une autre in « L’Odo a Pierre Paul de Robert Ruffi », Lengas, Revue de sociolinguistique, n°46, 1999, p. 113-128. À l’extrême limite de notre corpus, Gaspard Zerbin a été l’objet d’une thèse de doctorat par Florian Vernet (Édition critique d’un texte occitan du XVIIe siècle. « La Perlo dey Musos et Coumedies Prouvensalos », Université de Nice, 1992) dont une partie a été reprise dans Gaspard Zerbin, Comedias prouvençalas, « Occitanas 12 », Biarritz-Pau, AtlanticaInstitut Occitan, 2001. Nous avons depuis 1990 publié les articles suivants sur les XVIe et XVIIe siècles provençal : « Les Marges du silence : historiographie et langue occitane au XVIe siècle en Provence », Lengas, revue de sociolinguistique, n°28, Montpellier, 1990, p. 9-18. « Auguste Brun et l’œuvre de Pierre Paul », Bulletins de l’Association Internationale d’Études Occitanes, n°8, « Colloque de Wegimont. Les Outils de la recherche occitane 2. », Londres, 1990, p. 50-54. « Inscription politique de la littérature occitane en Provence (fin XVIe-début XVIIe) : la Canson provencalle de 1564, les sonnets recueillis par Peiresc et autres pièces inédites », Lengas, revue de sociolinguistique, n° 32, Montpellier, 1992, p. 49-85. « L’Homme de guerre dans la littérature occitane au XVIe siècle : satire et contretexte », L’Homme de guerre au XVIe siècle, Actes du colloque de l’association Réforme Humanisme Renaissance, Cannes, septembre 1989, Université de Saint-Étienne, 1992, p. 301-312. « Le Thème d’Arcadie dans la littérature occitane du XVIe siècle : exils géographiques et linguistiques », Actes du IIIème congrès international de l’Association Internationale d’Études Occitanes, Montpellier, 20-26 septembre 1990, « Contacts de langues, de civilisations et intertextualité », tome 2, Montpellier, 1992, p. 429-435. « Les Sources littéraires au XVIe siècle : l’exemple de l’oeuvre de Pierre Paul », Atti del Secondo Congresso Internazionale della Association Internationale d’Études Occitanes, Torino, 31 agosto-5 settembre 1987, a cura di Giuliano Gasca Queirazza, Università di Torino, 1993, p. 433-439. « La Langue introuvable : l’Arcadie linguistique des Lettres à l’oncle Paul », Louis Bellaud de la Bellaudière

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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

(1543?-1588), Actes du colloque de Grasse (8-9 octobre 1988) réunis par Georges Gibelin, Section Française de l’Association Internationale d’Études Occitanes / Association Historique du Pays de Grasse, Montpellier, 1993, p. 39-51. « Un Poète inconnu du XVIe siècle : Honorat Rey », Lengas, revue de sociolinguistique, n°34, Montpellier, 1993, p. 111-125. « La Réception du texte troubadouresque au XVIe siècle en Provence », Actes du IVème Congrès de l’Association Internationale d’Études Occitanes, Vitoria-Gasteiz, août 1993., Vitoria, 1995, p. 61-78. « Le Miroir français : Imitatio et influences littéraires dans la littérature occitane des XVIe et XVIIe siècles », Lengas, Revue de sociolinguistique, n°38, Montpellier, 1995, p. 53-64. « Doas Notícias istoricas de Joan de Nostradama dins sei Mémoires Historiques « La Guerra d’Arles » e un sirventès de Bertran de Lamanon », Tèxtes Occitans, n°1, Bordeaux, 1996, p. 7-28. « La Poésie baroque et maniériste en Provence : du Territoire aux Langues », Perversions de la Communication, Klincksieck, Paris, 1997, p. 31-64. « Le Triangle des langues en Provence aux XVIe et XVIIe siècles », Actes du colloque du CIR 17, Fribourg, 16-19 mai 1996. Publication du CIR 17, Université de Fribourg, 1998, p. 203-230. « Recensement et critique de la littérature occitane des XVIe et XVIIesiècles. Tradition érudite, « Baroque et Maniérisme » en Provence », Lengas, Revue de Sociolinguistique, n°43, Montpellier, 1998, p. 69-115. « Le Texte épique en Provence de la fin du XVIe siècle au début du XVIIe », Héroïsme et Démesure dans la Littérature de la Renaissance. Les Avatars de l’épopée. Actes du colloque « Sagesse, démesure et folie dans la littérature chevaleresque, le poème héroïque et l’épopée en Europe à la Renaissance », 22-23 octobre 1994, Université Jean Monnet - Saint-Étienne, Université de Saint-Étienne, 1998, p. 287-301. « L’Écriture poétique occitane aux XVIe et XVIIe siècles : « étrange » langue indicible ? », Actes du colloque « Pays de la langue, Pays de la Poésie », 27-29 novembre 1996, Université de Pau et des Pays de l’Adour, LRLLR, Covédi, Pau, 1998, p. 93-105. Nous renvoyons également à deux ouvrages qui font une place à notre corpus : Premiers combats pour la langue occitane. Manifestes linguistiques occitans XVIe-XVIIe siècles, présentation et traduction par Jean François Courouau, « Occitanas 13 », Atlantica-Institut Occitan, Biarritz-Pau, 2001 et Jean Eygun, Au Risque de Babel, Association d’étude du texte occitan - Redòc, Bordeaux, 2002. On consultera sur la langue du XVIe siècle l’étude suivante : Florian Vernet, Petit Lexique du provençal a l’époque baroque, Institut d’Études Niçoises, Centre d’Études Occitanes, Université de Nice, Nice, [s.d.]. L’histoire provençale du XVIe siècle a été l’objet, entre autres études, des recherches de Wolfgang Kaiser : Marseille au temps des troubles. 1559-1596. Morphologie sociale et luttes de factions, Paris, École des Hautes Études en Sciences Sociales, 1992.

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INDEX

Les index renvoient aux numéros de notices du texte.

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INDEX NOMINUM DES MEMOIRES HISTORIQUES Abbas Tritemius (source historique) : 18 Adalazia, Adelheyda (épouse de Othon 1er) : 80 Adolphe (comte de Nassau, empereur germanique) : 236 Agoult de Lupo : 84 Aguassin : 64 Alamans (les Allemands) : 182 Alan, A. (évêque de Sisteron) : 193 Alaryc (roi des Wisigoths) : 24 Alaudari, Jan (évêque de Marseille) : 528 Albe, Charles : 302 Albiges, Albigés, Albigez (les Albigeois) : 130, 134, 146 Alessandre (Alexandre le grand) : 259 Alexandre V (pape) : 448 Alfons, Alphonce, Alphons (Alphonse V, roi d’Aragon) : 303, 469, 471, 474, 477, 489, 494, 499, 502, 528, 529, 545 Alienor, Eleonor (fille de Charles II d’Anjou) : 257, 258, 259 Almaryc : 135, 294 Alphonce II, Alphons (Alphonse III, roi d’Aragon) : 212, 220, 221, 223, 254 Alphons (frère de Raymond VI de Toulouse) : 138 Alphons (comte de Poitiers) : 164 Alphons, Idelphons, Ilfephons, Ydelphons, Yldefons, Yldephons (Alphonse II, comte de Provence) : 105, 114, 115, 117, 119, 120, 152, 185, 538 Alys dels Baulx : 180 Amalaziunta (reine d’Italie) : 28 Amat (comte de Savoie) : 348, 358 Ame (Amédée VIII, comte de Savoie) : 483 Amnian (source historique) : 4 Amphous de Balma : 155 Ancelme Faydit : 165 Ancezuna (maison d’) : 293 Andebert de Bucatier : 249 Andegier (roi d’Arles) : 64 Andre (maison d’) : 489 Andreas, Andres, Andrieu, Andryeu (André de Hongrie) : 228, 309, 310, 311, 312, 316, 416 Angevins, Angevyns (les Angevins) : 512, 545 Angles, Angléz, Anglezes (les Anglais) : 133, 347, 371, 382 Anguy (roi de Tartarie) : 64 Anjou (maison d’) : 545, 546 Anna (vicomtesse de Tallard) : 293, 407 Anna (épouse de Jean de Calabre) : 524 Antoine de La Salla, Antony Jacques de La Salla : 488, 529 Antoinete, Antoinette de Turene, Antonetta de Turena (épouse de Jean le Meingre) : 330, 435

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Antonin (archevêque de Florence) : 253 Antony (valet de chambre de Charles du Maine) : 543 Antoyne, Antony de Vaudemont : 486, 497, 537 Antoyne (Antoine de Lorraine) : 537 Antoyne de Layncel : 112 Antymes, Athin (roi des Sarrasins) : 54, 58 Apelvezin (seigneur de Pelavicino) : 181 Arada (bourgeois d’Arles) : 22 Archin (roi d’Arles) : 64 Archipreyre, l’ : 341 Arcusse, Jacques : 402 Arnaud (archevêque d’Aix) : 290 Arnaud (évêque de Vence) : 290 Arnaud Danyel : 165 Arnaud de Meyruelh : 165 Arnaud de Villeneufve, de Villanova : 267, 280 Arragonoys (les Aragonais) : 231 Arrians : 134 Atalaria (fils d’Amalaziunta) : 28 Aufort (fils de Sanctius d’Aragon) : 101 Autan (roi d’Arles) : 64 Aventin (source historique) : 182, 184 Avignonez (les Avignonnais) : 349 Azo, marquis d’Este : 255 Balb, Manuel : 407 Balb, Peyre, Pierre (comte de Vintimille) : 214, 407 Balba, Jana : 407 Balbs (famille des Balbi) : 214 Baldo d’Espinolla (Balthazar Spinola) : 430 Barbazan (lieutenant de René d’Anjou) : 497 Barbentana (seigneur de, source historique) : 274 Barral : 110 Barral dels Baulx : 200 Barras, François de (source historique) : 43 Baudoin, Baudoyn (empereur d’Orient) : 204, 241, 252 Baulx (maison des) : 489 Bavyeras (duc de) : 186 Beatrix (comtesse de Provence) : 116, 119, 137, 152, 159, 160, 161, 175, 176, 178, 185, 187, 206, 246, 546 Beatrix (épouse de Frédéric Barberousse) : 100 Beatrix (fille de Charles II d’Anjou) : 255, 256, 257, 258, 259 Beatrix (fille de Carle Martel, roi de Hongrie) : 256, 259 Beatrix (fille de Charles 1er d’Anjou) : 215 Beatrix d’Agoult : 293, 407 Benech XII, Jacques de Furnerio (Benoît XII, pape) : 288, 289, 307, 352

INDEX

Benech XIII, Benoist, Benoit, Peyre de la Luna, Pierre de la Lune (Benoît XIII, pape) : 425, 431, 443, 454 Berenguier (empereur germanique) : 75 Berenguier de Layncel : 482 Berenguier Remond, Berenguyer Remond (Bérenger-Raymond 1er, comte de Provence) : 99, 106 Bernard de Ventadour : 165 Berra, Loys Remond de : 184 Berthomyeu (archevêque) : 383 Bertomyeu (évêque de Fréjus) : 290 Bertran, Bertrand de Lamanon : 78, 165, 265 Bertrand, Bertrand del Guesclin : 359, 388 Bertrand, Bertrand des Beaulx, Bertrand dels Baulx, Bertrand des Baux : 105, 106, 110, 166, 180 Bertrand : 198 Bertrand (sénéchal, père de Bertrand de Lamanon) : 482 Bertrand (archevêque d’Embrun) : 290 Bertrand (comte de Forcalquier) : 114, 121 Bertrand (de Déaux, évêque de Sabine) : 333 Bertrand (évêque de Senez) : 290 Bertrand (fils de Bertrand des Baux) : 99 Bertrand, Bertrand de Grassa : 143 Bertrand Astourgat : 165 Bertrand Carbonel : 165 Bertrand d’Esparron : 151 Bertrand de Lamanon : 482 Bertrand de Masseilhe, Bertrand de Masselha : 249, 270, 407 Bertrand de Pena : 281 Bertrand dels Baulx (mari de Beatrix, fille de Charles II) : 255, 257, 258 Bertrand des Baulx (comte d’Avellin) : 284, 351 Bertrand Porcellets : 156 Blacas : 110, 165 Blacas de Ponteves : 407 Blanca, Blancha (fille de Charles II d’Anjou) : 257, 258, 259 Blanxa (Blanche de Castille) : 162 Blanxa (épouse de Guilhaumes d’Arles) : 82 Blanxa (fille de Charles 1er d’Anjou) : 215 Bocacy, Jan : 311, 386, 529 Bogis, Boso, Bossa, Bosso, Boze (Boson, comte de Provence) : 58, 72, 76, 78 Boniface IX, Bonifaci IX (pape) : 368, 450 Boniface de Castellana : 165 Bonifaci, Bonifacy (pape) : 43, 208 Bonifaci, Bonifacy VIII (pape) : 239, 244 Bonifaci de Galbert : 193 Bonifacy Calvo, Bonyfacy Calvo (poète) : 165 Borrili, Loys (source historique) : 258 Bourgougnons (les Bourguignons) : 22 Bourryana (reine d’Arles) : 64 Brancas, Bernard : 543 Brezevich, Karle : 391 Brianda d’Agoult : 293, 407

Brutiéz, lous : 386 Bulinger, Bulingere, Hanry : 182, 184, 190 Bygard : 64 Cabassola, Jan : 274 Cabassola, Philip : 313, 369 Cabassola del Real : 294, 295 Cabassolas (famille) : 285 Calabréz, lous : 386 Calixt III, Calixte (pape) : 509, 545 Campanés, lous : 386 Candida, Constansa, Constantia (épouse de Robert 1er, roi de France) : 82 Cangre (cardinal) : 139 Cantenet : 548 Capcope : 252 Capevingiens : 560 Conrad Capucha : 186 Carbuyer (roi d’Arles) : 64 Carcassonez (les Carcassonnais) : 349 Carle, Karle (fils de Charles Martel, roi de Hongrie) : 256, 259, 416 Carle (fils de Philippe le bel) : 259 Carle, Carle d’Anjou, Charles, Karle del Mayne, Karles (Charles V d’Anjou) : 528, 538, 539, 540, 541, 542, 543, 544, 545, 546, 549 Carle, Carles (fils de Louis II d’Anjou) : 465, 468, 487 Carle, Carles, Charles, Karle Martel : 51, 52, 56, 58, 59, 60, 64 Carle, Carles Martel (roi de Hongrie, fils de Charles II d’Anjou) : 217, 228, 256, 257, 258, 259, 311, 397, 416 Carle, Carles, Charles, Karle (duc de Calabre, fils de Robert d’Anjou) : 283, 310, 311, 386, 387, 391, 396, 399, 416 Carle, Charles V le sage, Karle (roi de France) : 264, 358, 359, 367, 382, 560 Carle, Karle, Carles, Charles de Duras (Charles III de Duras, roi de Naples et de Hongrie) : 7, 250, 309, 348, 379, 381, 383, 391, 393, 394, 395, 402, 403, 405, 406, 409, 414, 416, 471, 545 Carle 1er d’Anjou, Carles, Carolus, Charles, Karle (comte de Provence) : 6, 116, 137, 160, 161, 162, 163, 164, 167, 168, 174, 175, 176, 177, 178, 179, 180, 181, 182, 183, 184, 185, 186, 187, 188, 189, 190, 191, 192, 193, 195, 196, 198, 200, 201, 202, 204, 205, 206, 208, 209, 211, 212, 215, 216, 217, 222, 223, 225, 229, 231, 246, 259, 357, 416, 538, 545, 546 Carle II d’Anjou, Carles, Charles, Karle (comte de Provence) : 6, 139, 159, 174, 175, 176, 180, 181, 209, 212, 215, 216, 217, 220, 222, 225, 226, 227, 228, 229, 230, 231, 232, 233, 234, 235, 237, 238, 243, 248, 249, 251, 257, 258, 259, 260, 266, 268, 274, 275, 293, 416, 538 Carle IV, Charles, Karle IV (Charles IV de Luxembourg) : 300, 301, 334, 358, 385

487

INDEX

Carle VI, Carles, Charles VI le bien aymé, Karle (roi de France) : 382, 388, 406, 412, 415, 418, 419, 451, 560 Carle VIII, Charles (roi de France) : 543, 556, 557, 558, 559, 560 Carle de Castilhon (secrétaire de Louis III d’Anjou) : 487 Carle de la Pax, Carles de la Pax : 383, 471 Carle de Valoys, Carles, Karle (Charles de Valois, fils de Philippe le hardi) : 203, 227, 241, 243, 257, 258 Carle lou symple, Charles le simple (roi des Francs) : 80, 560 Carlemagna, Carlemagne, Carlemayna, Charlemagne, Charlemaigne, Charlemayne, Karlemayna, Karlemayne, Karlemagne, Carle, Karle (roi des Francs) : 60, 64, 65, 66, 67, 68, 560 Carle Numbert (roi de Hongrie, fils de Charles Martel de Hongrie) : 309, 311 Carles, Karle (fils de Louis 1er d’Anjou) : 400, 418 Carles, Charles VII victorieux, Karle (roi de France) : 306, 451, 476, 490, 503, 560 Carloman (roi des Francs) : 560 Caroubert, Charles III d’Anjou : 6, 7 Cassian, Jan, Joan : 13 Castrioto, Georgi : 499 Cessa, Gaspar : 297 Catalans, Cathalans (les Catalans) : 474, 517 Cavaliers del Creyssent : 529 Cesthuy Roger : 363 Champier, Simphorien : 387 Charles (fils de René d’Anjou) : 537 Charles II le chaulve, Karle lou calve (roi de France) : 68, 69, 70, 71, 72, 73, 76, 77, 560 Charles III le gros (roi des Francs) : 560 Charles IV d’Anjou : 6 Charles IV le bel (roi de France) : 560 Charles IX (roi de France) : 560 Charles de Tarante, Karle : 432, 440 Chartrous, Chartroux (les Chartreux) : 274, 285, 337 Cherebert (roi de France) : 32, 560 Chidebert, Childebert (roi des Francs) : 27, 28, 35, 560 Childebert (Childebert III, roi des Francs) : 50 Childebert (roi de Metz) : 39, 41 Childebert II (roi des Francs) : 560 Childebrand (oncle de Charles Martel) : 60 Childeric (roi des Francs) : 560 Childeric II (roi des Francs) : 47, 560 Childeric III (roi des Francs) : 560 Childeric IV (roi des Francs) : 560 Chilperic, Chilperyc, Chylperic (roi des Francs) : 33, 34, 37, 54, 55, 560 Clemens, Clement VII, Robert (pape) : 250, 368, 376, 378, 379, 381, 383, 384, 389, 391, 394, 395,

488

400, 405, 406, 412, 414, 418, 419, 420, 422, 423, 427, 428, 429, 454, 471 Clemens IV, Clement (pape) : 175, 179, 180, 182, 183, 184, 187, 202, 357 Clemens VI, Clement (pape) : 250, 269, 308, 313, 316, 323, 327, 329, 339, 367, 466 Clemensa (fille de Carle Martel, roi de Hongrie) : 256, 257, 258, 259 Clemensa (reine de France) : 276 Clement V (pape) : 244, 245, 253, 260, 261, 263, 264, 275 Clement III (pape) : 92 Clodion le chevelu (roi des Francs) : 560 Clotaire, Clotary (roi des Francs) : 30, 560 Clotaire II, Clotary (roi des Francs) : 36, 560 Clotaire III, Clotary (roi des Francs) : 46, 560 Clovis, Clovys (roi des Francs) : 20, 22, 24, 560 Clovis II, Clovys (roi des Francs) : 45, 560 Clovis III, Clovys (roi des Francs) : 49, 560 Comtessa de la Luna : 293 Conrad (fils de Frédéric II) : 184, 186 Conrad 1er (empereur germanique) : 79 Conrad II (empereur germanique) : 89 Conrad III (empereur germanique) : 86, 97, 99, 100 Conradin (roi de Sicile) : 180, 184, 186, 202, 217 Constans (Constance, empereur romain) : 16 Constansa (fille de Bertrand de Lamanon) : 482 Constansa d’Aragon : 186, 202, 207, 212, 217, 221 Constantin, Constantinus : 8, 9, 12 Corraud : 102 Corrozet, Gilles : 529 Cossa, Cosse, Cuyssa, Jan, Jehan (sénéchal de Provence) : 522, 528, 531 Croscus : 11 Cysteaux (Cistersiens) : 254 Dagobert (roi des Francs) : 44, 560 Dagobert II (roi des Francs) : 53, 560 Dagol, Jehan : 302 Dante : 65 Daspoul : 247 Daunyéz, lous : 386 De Brachis : 238 Degone, Manuel : 555 Degonessa, Guilhaumes, Guilhen : 193, 195 Delphina de Vienna : 465 Detrecti : 293 De Urbano : 403 Doria (source historique) : 21 Doulsa, Doussa (comtesse de Barcelone) : 93, 95, 96, 99, 110 Dousa de Moustiers : 293, 407 Dragonnet (évêque de Gap) : 290 Duras : 199 Dyalbert, Jacques : 321 Dyana de Poyctiers : 436 Dynan (gouverneur de Marseille) : 35

INDEX

Dyocletian (Dioclétien) : 37 Edoard (Édouard III, roi d’Angleterre) : 220 Edoard (Édouard IV, roi d’Angleterre) : 530 Egnaci (source historique) : 89 Eleonor, Heliona (épouse de Richard cœur de lion) : 111 Eleonor, Helyona (reine d’Angleterre, épouse de Henry III) : 137, 152 Eleuthery, Euquery (évêque d’Arles) : 42 Elizabeth (fille de René d’Anjou) : 537 Elzias (évêque de Digne) : 290 Elzias de Sabran : 198 Elzias de Sadone : 460 Emeric de Belemuy : 165 Emilius (source historique) : 130 Equicola, Mario (source historique) : 111 Ermengauld de Sabran : 180 Esleydan : 357 Espagnolz (les Espagnols) : 545 Esteve Gran : 145 Esteveneta, Steveneta (Estevenette des Baux) : 99, 103, 106 Estienne (patriarche de Jérusalem) : 252 Estienne (roi de Hongrie) : 259 Eubella (épouse de Charles du Maine fils de Louis II) : 487 Eucheri (évêque de Lyon) : 18 Eude (légat du pape) : 162 Eudes, Hugues, Odon III (roi des Francs) : 205, 560 Eugene (pape) : 252 Eugene IV, Eugeny (pape) : 306, 483, 485, 488, 489 Eutere, Euteri (évêque d’Arles) : 52, 59 Euzebi (source historique) : 12, 13, 309 Feraud : 411 Feraud de Barras, Feraud de Barraz, Feraudus de Barrassio : 178, 185 Ferrand (roi d’Aragon) : 512 Ferrand de Castella (roi de Castille) : 165 Ferrara : 260 Ferdinand, Frederic (Ferdinand 1er de Naples) : 545 Ferdinand de Castilha : 419 Figuyera, Guilhaumes, Guilhen : 293, 311 Filhol, Vasquyn (source historique) : 293, 509 Flamyngi, Bernard : 441 Florens de Castellana : 407 Florentins (les Florentins) : 140 Folquet, Foulquet d’Agoult (seigneur de Sault) : 353, 398, 528, 529 Folquet, Foulquet de Masselha (poète) : 146, 165, 206 Folquet Hardoyn : 192, 193 Foulque de Villaret : 364 Frances de Luxembourg : 543 Frances dels Baulx (seigneur des Baux) : 407

Frances dels Baulx (seigneur de Marignane) : 407 Francezes, François (les Français) : 34, 177, 181, 188, 209, 211, 242, 512, 545 François 1er (roi de France) : 560 Francois II : 551 François II (roi de France) : 560 François de Belleforest (source historique) : 252 François de Valvenargas, Valvenarguas, Valvenargues (source historique) : 1, 98, 124, 141, 144, 158 Francs (les Francs) : 29 Frederic (duc d’Autriche) : 184 Frederic 1er, Frideric, Barberoux (Frédéric Barberousse) : 100, 102, 109, 142, 180 Frederic (Frédéric II, roi de Sicile) : 257, 258, 259 Frederic d’Aragon, Frideric d’Aragon (Frédéric III, roi de Sicile) : 242, 243, 370 Frederic II, Frideric (empereur germanique) : 128, 130, 133, 142, 163, 181, 184 Frederic de Lorrene (Ferry II de Lorraine, comte de Vaudémont) : 504, 536, 537 Fulco de Ponteves : 390 G. de Alveto : 198 G. de Sabran : 110 Gaguin, Guagin, Guaguin, Guaguyn (source historique) : 34, 35, 59, 61, 68, 130, 375, 545 Gallus (empereur romain) : 4 Gantelmas, Catharineta : 407 Gantelmas, Delphineta : 407 Gantelmas, Sileta : 407 Gantelme, Jaume : 407 Garcenda (comtesse de Provence) : 117, 120 Garcenda, Jausseranda (fille de Guillaumes de Forcalquier) : 114 Garda, Jan : 291 Garnyers, Elzias : 543 Gasbert (archevêque d’Arles) : 290 Gauceranda (comtesse de Forcalquier) : 121 Gaufred, Gaufred de Tourreves : 90 Gaufrid (évêque d’Avignon) : 110 Gaufrid de Layncel : 407 Gaysor (duc d’Aquitaine) : 66 Gennadius (évêque de Marseille) : 13, 23 Geoffroy de Sainct Omes : 252 Georgi Castrioto Scandelberg, Georgy : 512 Georgi de Castellana : 407 George du Marle, Georgi de Marlio (Georges de Marles) : 430, 548 Georgy de Blieux : 271 Gerson : 340 Gezeric (roi des Vandales) : 19 Gibelyns (les Gibelins) : 277 Gibergia, Giberja, Gybergia, Tyburgia (Gerberge, comtesse de Provence) : 88, 91, 93, 96, 99, 103

489

INDEX

Gibergius, Gibert, Gybergius, Gybert (Gilbert 1er de Gévaudan, comte de Provence) : 89, 91, 99, 102, 103 Gibelge, Hermyssande (épouse de Ramire 1er d’Aragon) : 88 Gilles, Nycole (source historique) : 17 Gillibert, Sylvestre II (moine de Fréjus, pape) : 78 Girard de Roussilhon : 58, 62 Giraud : 165 Giraud (comte de Bourgogne) : 208 Godebault (roi des Bourguignons) : 22 Gonsalin (fils de Ramire d’Aragon) : 88 Gontran (roi de Metz) : 25, 31, 34, 35, 39, 41 Goths, Gots (les Goths) : 60 Gregori, Gregoyre XI, Peyre Rogier (pape) : 332, 367, 376, 400, 427 Gregori IX (pape) : 139 Guelfes : 277 Guilhaume de Sanct Deydier : 165 Guilhaumes (comte d’Arles) : 82 Guilhaumes (évêque d’Apt) : 290 Guilhaumes (fils de Remond des Baux) : 99 Guilhaumes, Guilhaumes 1er de Beaufort : 332, 367 Guilhaumes, Guilhem, Guilheumes, Wilhems (comte de Forcalquier) : 112, 114, 119, 120, 121, 538 Guilhaumes, Wilhems (comte de Hollande, empereur germanique) : 168, 173 Guilhaumes, Wilhems de Cotignac : 147, 152 Guilhaumes d’Aix : 193 Guilhaumes de Barras : 162 Guilhaumes de Beaumont : 186 Guilhaumes de Forcalquier : 195 Guilhaumes de la Tourre : 152 Guilhaumes de Montfort : 186 Guilhaumes de Montmorancy : 543 Guilhaumes de Sanct Alban : 201 Guilhaumes de Villanova : 193 Guilhaumes dels Baux, Guilhaumes des Baux : 166 Guilhaumes Eyssautier : 145 Guilhaumes Rogier : 363 Guilhems de Caumont : 144 Guilhems de Thouars : 101 Guilhen (comte de Forcalquier) : 185 Guilheumes (évêque de Nice) : 290 Guilheumes Durant de Puymesson : 194 Guy de Laval : 465 Guy de Montfort (comte de Flandres) : 230 Guy de Sanct Paul : 134 Guychard de Villeneuve : 409 Guydo d’Empus : 143 Gybert (fils de Remond des Baux) : 99 Gynoes, Gynoez (les Génois) : 133, 494 Habpourg (les Habsbourg) : 78 Hanry (comte de Cornouailles) : 190

490

Hanry (empereur germanique) : 181 Hanry II (empereur germanique) : 84 Hanry II, Henry II (roi de France) : 436, 560 Hanry VI (empereur germanique) : 111 Hanry VII (empereur germanique) : 261, 268 Hanry d’Espagna : 359 Hanry d’Espagna (frère d’Alphonse de Castille) : 181, 186 Hanry l’Enclastre, Henry (Henri VI, roi d’Angleterre) : 528, 529, 537 Hanryc (roi des Wisigoths) : 19 Hardoyn (évêque) : 465 Hector (patricien marseillais) : 38 Heleonora de La Rata : 544 Hemenjarda (femme de Boson) : 72 Henry (duc d’Aquitaine) : 101 Henry (fils de Conrad) : 86 Henry (Henry II, roi d’Angleterre) : 101 Henry (roi de Castille) : 296, 519 Henry (roi des Francs) : 560 Henry III (roi d’Angleterre) : 137 Henry III (roi de France) : 560 Henry IV le grand (roi de France) : 560 Hermyn (roi de Troie) : 64 Heros (évêque d’Arles) : 16 Himmarus (source historique) : 24 Honorat (Honoré IV, pape) : 218 Honorat Andronicus, Sanct Honorat (saint Honorat) : 15, 26 Honorat de Berra, Berre, Berres (Honoré de Berre) : 528, 531, 550 Honore II (pape) : 252 Hospital (chevaliers de Malte) : 253 Hue Capet, Hugues Capet (roi des Francs) : 81, 560 Hugo (comte d’Arles) : 80 Hugo (évêque de Carpentras) : 290 Hugo (évêque de Tricastel) : 290 Hugo, Hugo dels Baux, Hugon dels Baulx : 99, 102, 114, 119, 144, 213 Hugo de Mazalguas : 195 Hugo del Rial : 165 Hugues des Baulx : 105 Hugues (duc d’Arles) : 75 Hugues (évêque de Cahors) : 275 Hugues des Pajens : 252 Huguet (fils de Remond des Baux) : 99 Hugueta de Forcalquier : 293, 407 Hurault (comte de Provence) : 66 Hylary (source historique) : 15, 26 Hylmylolyn (chef sarrasin) : 127 Hytfandas (chambellan de Frédéric Barberousse) : 109 Idelphons, Yldefons (Alphonse 1er, roi d’Aragon) : 110, 147 Ildephons (fondateur de l’abbaye du Thoronet) : 206

INDEX

Illiricus, Mathias (source historique) : 199 Imbert (frère d’André de Hongrie) : 312 Imbert de Rocamaura : 193 Innocent (pape) : 288 Innocent (Innocent VII, pape) : 302 Innocent, Innocent VI (pape) : 331, 337, 340, 341, 345 Jacques (évêque de Cavaillon) : 290 Jacques (évêque de Toulon) : 290 Jacques d’Aragon, Jaques, Jaume (roi d’Aragon) : 212, 217, 220, 221, 257, 259 Jacques de Bourbon (époux de Jeanne II) : 456, 469 Jacques Faber d’Aulps : 513 Jaques (roi d’Aragon) : 152 Jan (évêque d’Avignon) : 290 Jan (évêque de Marseille) : 290 Jan (bâtard d’Anjou, fils de Charles IV d’Anjou) : 543, 544 Jan (Jean de Duras, duc de Morée, fils de Charles II d’Anjou) : 248, 252, 257, 258, 259, 261, 416 Jan (Jacques II d’Achaïe, époux de Jeanne 1ère) : 416 Jan (marquis de Pont-à-Mousson, fils de René d’Anjou) : 537 Jan (roi de Jérusalem) : 128 Jan (sénéchal du Maine) : 543 Jan, Jan de Calabra, Jehan (fils de René d’Anjou) : 488, 500, 503, 508, 514, 524, 525, 526, 527, 528, 529, 537, 545 Jan, Jean (Jean II, roi de France) : 340, 560 Jan, Jehan (fils de Charles II d’Anjou) : 257, 258 Jan, Jehan (Jean 1er, roi d’Aragon) : 419, 437 Jan, Jehan (Jean II, roi d’Aragon) : 517, 534 Jan VIII (pape) : 74 Jan XXII (pape) : 273, 275, 276, 278, 282, 285, 323, 339, 352 Jan XXIII (pape) : 448, 450, 453 Jan Baptista de Mayran : 543 Jan Bertrandi (source historique) : 138 Jan de Bergama : 529 Jan de Burlaz : 201 Jan de Chaperonyera : 465 Jan de Cuers : 528 Jan de Lobyeras : 544 Jan de Neela : 149 Jan de Pleysseys : 528 Jan de Sado : 441 Jan de Sepay : 289 Jan de Varadyera : 407 Jan le Meingre, Jehan le Meingre, Bossicau, Bossicaud, Bossycaud (Jean le Meingre) : 330, 435, 436, 446 Jan le Mayre, Le Mayre (source historique) : 245, 260, 275

Jan Poldo, Jean P. d’Albenas (source historique) : 4, 11, 12, 16, 19, 40, 42, 58, 293, 329 Jana (fille de Charles de Duras) : 379 Jana (fille de Raymond VI de Toulouse) : 138 Jana, Jane, Janne, Jehana, Jehanna, Jehanne, Jehanne 1ère, Johanna (comtesse de Provence) : 7, 264, 283, 300, 309, 310, 311, 312, 313, 314, 316, 317, 319, 321, 322, 323, 325, 328, 329, 334, 338, 339, 348, 351, 355, 356, 359, 362, 363, 365, 370, 372, 374, 379, 381, 383, 384, 386, 387, 389, 390, 391, 392, 394, 396, 398, 399, 400, 402, 403, 409, 414, 416, 417, 448, 466, 471 545, 548 Jana, Jane, Jehanne de Laval (épouse de René d’Anjou) : 7, 298, 507, 510, 523, 528, 529 Jana, Jehanne de Lorrene, Joanna (épouse de Charles V d’Anjou) : 7, 542, 543 Jana II, Janella, Janelle, Jehanna, Jehane, Jehanne, Jehanelle, Jehanelle (fille de Charles de Duras) : 7, 309, 416, 455, 456, 469, 471, 473, 475, 477, 487, 488, 489, 494 Jana Tyboldis : 407 Jarente, Jan : 542 Jaufre Rudel : 165 Jaufred (comte d’Anjou) : 82 Jaufred (évêque de Grasse) : 290 Jaufred (évêque de Riez) : 290 Jaume (évêque de Glandeves) : 290 Jaume (seigneur de Freta) : 64 Jaumet de Arcussia : 407 Jehan (duc de Calabre, fils de René d’Anjou) : 296 Jehan (Jean 1er de Bourbon) : 456 Jehan Antoyne des Baulx des Ursins (prince de Tarente) : 302 Jerosme de Myrabal (Jérôme de Miraval) : 496 Jesu Christ, Jesus Christ : 40, 254, 288, 310, 375, 454 Jordan Bacon (Jourdain Brice) : 467 Jornandes (source historique) : 19 Jovyo, Jouvo, Paul (source historique) : 182, 512 Judict, Judith (impératrice germanique) : 72, 76 Juifz, Juyfz (les Juifs) : 298, 304, 403, 472, 498, 536, 557 Julien (cardinal) : 532 Julii (pape) : 293 Justin (empereur d’Orient) : 34 Justinian (empereur d’Orient) : 34 Karle : 404 Karle (Charles IV de Luxembourg) : 375 Karle (fils de Jean de Duras) : 416 Karle, Karles de Lorrena (Charles II de Lorraine) : 497 Karle Alba : 407 Katharina (fille de Baudoin, empereur d’Orient) : 204, 241 Ladislaus (fils de Louis 1er de Hongrie) : 264

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INDEX

Ladislaus, Ladislaz, Ladyslas, Ladyslaus, Ladyslaz de Duras, Lancellot (fils de Charles III de Duras) : 309, 379, 416, 448, 450, 453, 455, 456 Landyn : 65, 140, 153, 206 Laura de Sado, Laureta, Lauretta (Laure de Sade) : 265, 279, 293, 318 Lauris, Laurys, de (François de Pérussis de Lauris) : 78, 133 Laval (maison de) : 507 Leon (Léon III, pape) : 64 Leon 1er (pape) : 13, 18 Leon, Zenon (empereur romain) : 19, 21 Leopard de Fulgineo : 286 Lombards (les Lombards) : 31, 34, 60 Lorrene (maison de) : 546 Lotari, Lotayre, Lothaire, Lothary, Lothere, Louthary (Lothaire 1er, roi des Francs) : 68, 69, 70, 71, 560 Lotary, Lotere, Lothari, Lothere, Loutary (Lothaire II, fils de Lothaire, empereur germanique) : 71, 73, 77 Loup (procureur de René d’Anjou) : 516 Louys (Louis III, roi des Francs) : 560 Louys II le begue (roi des Francs) : 560 Louys IV d’outremer (roi des Francs) : 560 Louys V (roi des Francs) : 560 Louys VI le gros, Loys lou gros (Louis le gros, roi des Francs) : 96, 560 Louys VIII le lyon, Loys (roi de France) : 130, 134, 294, 560 Louys X hutin, Loys hutin (Louis le hutin, roi de France) : 276, 560 Louys XI prudent, Loys (roi de France) : 299, 509, 524, 529, 530, 540, 543, 546, 547, 552, 560 Louys XII le père de son peuple, Loys (roi de France) : 462, 560 Louys XIII le juste (roi de France) : 560 Louys XIV dieu donne (roi de France) : 560 Louys le debonaire, Loys (Louis 1er, roi des Francs): 68, 69, 76, 560 Loys (bâtard du Maine) : 543 Loys (duc de Duras, fils de Charles II d’Anjou) : 259 Loys (duc de Savoie) : 516 Loys (fils de Lothaire 1er, empereur d’Italie): 70, 71, 72 Loys (fils de René d’Anjou) : 537 Loys (frère de Charles le chauve) : 73, 77 Loys (Louis 1er, roi de Hongrie) : 264, 309, 310, 316, 416 Loys (valet de chambre de Charles du Maine) : 543 Loys, Sanct Loys (Louis IX, roi de France) : 111, 130, 134, 137, 138, 149, 160, 161, 162, 164, 168, 175, 180, 181, 187, 188, 190, 191, 206, 219, 294, 560

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Loys 1er d’Anjou : 250, 263, 264, 359, 371, 373, 381, 382, 383, 384, 388, 389, 391, 392, 393, 395, 398, 399, 400, 405, 406, 410, 414, 418, 466, 545 Loys II d’Anjou : 6, 250, 302, 330, 348, 373, 383, 400, 401, 402, 403, 404, 405, 406, 407, 413, 414, 415, 418, 419, 421, 422, 424, 433, 435, 436, 437, 438, 440, 441, 445, 446, 447, 448, 449, 451, 453, 457, 458, 459, 461, 462, 464, 465, 466, 467, 476, 528, 548 Loys III (fils de Louis II d’Anjou) : 455, 465, 467, 468, 471, 474, 477, 478, 483, 484, 487, 488, 494, 528, 538 Loys d’Anduza : 407 Loys de Chalon (prince d’Orange) : 492 Loys de Duras (fils de Jean de Duras) : 309, 416 Loys de Glandeves : 407 Loys de Layncel : 407 Loys de Myolans : 543 Loys de Tarenta, Loys de Tharenta (époux de Jeanne 1ère) : 300, 309, 316, 322, 325, 328, 329, 334, 338, 416 Loys lou jouve (Louis VII le jeune, roi de France) : 104, 106 Loys Remond de Berra : 471, 535 Lucanéz, lous : 386 Luec de Castilhoin : 302 Luthprand (roi des Lombards) : 60 Magdalena, Magdeleine, Maria Magdalena, Sainte Magdelene, Sancta Maria Magdalena : 62, 63, 205, 208, 457 Maguallona : 140 Maheult (reine d’Aragon) : 101 Manfred, Menfroy (fils de Frederic II) : 163, 175, 180, 181, 186, 187, 202, 207, 217 Marcelyn, Masselin (seigneur de Marseille) : 65 Margarida : 471 Margarida (comtesse des Flandres) : 168 Margarida (fille de Charles II d’Anjou) : 256, 259, 416 Margarida (fille de Nicolas de Calabre) : 543 Margarida (fille de Remond Berenguier, épouse de Louis IX) : 111, 137, 149, 152, 164 Margarida, Margueritte (comtesse de Provence) : 232, 416 Margarida, Marguerite (fille de René d’Anjou) : 528, 529, 530, 537 Margarida, Marguerite (épouse de Louis III d’Anjou) : 483, 487 Marguarida (fille de Charles de Calabre) : 311 Margueritte de Duras : 414 Maria, Marie (Marie de Blois-Châtillon, épouse de Louis 1er d’Anjou) : 330, 403, 404, 406, 407, 410, 414, 421, 426, 528, 548 Maria (épouse de Charles de Calabre) : 386, 387 Maria (épouse de Robert d’Artois) : 471 Maria (fille de Charles II d’Anjou, reine de Majorque) : 257, 258

INDEX

Maria (fille de Charles de Calabre) : 310, 311, 416 Maria (reine de Hongrie) : 228, 248, 259, 411 Maria, Marie, Marya (fille de Louis II d’Anjou, épouse de Charles VII) : 302, 451, 465, 476, 490 Marian : 11 Marie de Enguynelo : 302 Mariso de Reza, de Rhegio : 147 Marsiéz, lous : 386 Martin : 431 Martin (source historique) : 138, 205, 208, 216, 260, 269, 275, 278, 282, 283, 288, 294, 295, 308, 312, 316, 333, 348, 349, 358, 362, 367, 369, 370, 372, 381, 406, 422, 423, 427, 428, 429, 437, 451, 503, 524, 525, 530 Martin, Jan : 528 Martin V (pape) : 464, 468, 469, 471, 477, 488 Martin IV (pape) : 203, 209, 212, 217, 218 Marya (fille du roi d’Antioche) : 183 Masselhez, Masselhezes (les Marseillais) : 150, 167, 177, 349, 474 Maurel, Peyre (médecin de Charles du Maine) : 543 Mauric, Maurycy (duc de Provence) : 51, 60 Maurus : 497 Maxentius (empereur romain) : 8 Maximian (empereur romain) : 8 Medulion de Barras : 407 Merovee III, Mérovée (roi des Francs) : 17, 560 Miquel de Grammont (valet de chambre de Charles du Maine) : 543 Montarin (roi d’Arles) : 64 Montfaucon (prieur de) : 253 Montfort (comte de) : 162 Mumol (capitaine de Gontran, roi de Metz) : 31 Munster, Sebastian (source historique) : 5, 78, 80, 92, 100, 127, 128, 210, 323, 339, 511 Napolitans (les Napolitains) : 488 Naucler, Nauclere (source historique) : 182, 184, 285, 288, 309, 331, 367, 379, 395, 464 Nestorien : 13 Normand (source historique) : 28, 37, 39, 60, 70, 71, 72, 81, 111, 137, 150, 162, 168, 187, 190, 191, 266, 392, 394, 419, 456, 469, 476, 486, 490, 494, 502, 528 Nostradamus, Pierre : 1 Nycolas, Nycolau (fils de Jean de Calabre) : 537, 543 Nycolas V (pape) : 231, 303 Nycolas de Symelle : 402 Nycolau (Nicolas III, pape) : 202, 203 Nyssards : 474 Oda (épouse de Boson) : 58 Odol, Jacques : 193 Ollivier (seigneur de Clisson) : 388 Ostrogotz (les Ostrogoths) : 29

Otho 1er (Othon 1er, empereur germanique) : 78, 80 Otho II (Othon II, empereur germanique) : 78 Otho III (Othon III, empereur germanique) : 78 Othon de Brunzwich, Otto de Bruzon (époux de Jeanne 1ère) : 372, 416 Palamede, Palamedes Forbin (Palamède de Forbin) : 546 Palmieri Florentin (source historique) : 74 Pandolf Collenuccio, Pandolfo Collenuccio, Pandolfo Collenutio, Pandolfo Collenuzio, Pandolf Colenutio, Pandolph, Pandolphe (source historique) : 175, 216, 228, 255, 277, 311, 329, 455, 474, 488, 499 Patroclus (évêque d’Arles) : 16 Paul (pape) : 516 Paul de Sado (évêque de Marseille) : 470 Paul Emil (source historique) : 184 Pelagura (cardinal) : 260 Peleguiéz, lous : 386 Pena, Hugo : 200 Pepin (Pépin de Herstal) : 56 Pepin (roi des Francs) : 66, 560 Percival Doria : 129 Petrarcha, Petrarca, Frances (Pétrarque) : 146, 279, 293, 311, 313, 318, 529 Peyre (évêque de Palestrina) : 343 Peyre (évêque d’Orange) : 290 Peyre (Pierre II, roi d’Aragon) : 110, 114, 120 Peyre (Pierre III, roi d’Aragon) : 202, 203, 207, 209, 212, 216, 217, 218, 221 Peyre d’Alvergna : 165 Peyre de Bellaval : 465 Peyre de Gravyna (fils de Charles II d’Anjou) : 258, 259, 416 Peyre de Luxembourg : 408 Peyre de Nostradona (Pierre de Nostredame) : 521, 528, 529, 543 Peyre de Prouvensa : 140 Peyre de Vicinis : 200 Peyre Sylvan, Salvan: 140 Peyre Vidal : 165 Pharamont : 14, 560 Philadelph (source historique) : 293 Philip (Filippo Maria Visconti, duc de Milan) : 494 Philip (fils de Baudoin, empereur d’Orient) : 241 Philip (fils de Charles d’Anjou, roi de Sardaigne) : 189 Philip, Philipes Auguste (Philippe-Auguste, roi de France) : 104, 106, 111, 130, 560 Philip, Phillip (1er, prince de Tarente, fils de Charles II d’Anjou) : 248, 257, 258, 259, 416 Philip V (roi de France) : 289 Philip d’Artoys : 391 Philip de Sanguineto : 287

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INDEX

Philip de Valoys, Phillip, Phillipe, Philipes VI de Valois (roi de France) : 310, 386, 387, 391, 399, 471, 560 Philip lou bel, Philipes IV le bel, Phillip le bel, Phillipe le bel (roi de France) : 219, 222, 227, 232, 236, 241, 247, 253, 259, 416, 560 Philip lou hardit (Philippe II de Bourgogne) : 388 Philip lou hardyt, Philipes III le hardy, Phillip (Philippe III le Hardi, roi de France) : 191, 197, 203, 206, 209, 212, 219, 258, 560 Philipes (roi des Francs) : 560 Philipes V le long (roi de France) : 471, 560 Phillip (Philippe II, prince de Tarente) : 344 Phillip (comte d’Anjou) : 215 Phillip de Cabassola : 342 Pie II (pape) : 545 Pierra, Peyre (comte d’Eboli, fils de Charles II d’Anjou) : 257, 258, 259 Pierraverd (dame de, source historique) : 265 Pierre (évêque d’Aubagne) : 306 Pierre (Pierre IV, roi d’Aragon) : 419, 437 Pierre Berenguier : 432 Pierre de Belleville (Pierre de Beauvau, sénéchal) : 483 Pierre de Ponteves : 436 Platina (source historique) : 127, 128, 175, 217, 245, 247, 261 Pline : 41 Polidore Vergile : 40 Pompo Letus : 4 Pons d’Allos : 407 Pontelh, Jaques : 415 Porcel, Remond : 193 Prosper (source historique) : 12, 16 Prouvensals, Prouvensalz (les Provençaux) : 180, 341, 393, 471 Ptholomyeu : 471 Rambaud d’Empus : 143 Rambaud d’Orenja : 165 Rambaud de Vaqeras : 165 Ramelin (roi d’Aragon) : 101 Raoul de Bourgougna, Raoul, Raoulz (Raoul 1er, roi de Bourgogne) : 80, 86 Raoulz (Raoul II, roi de Bourgogne) : 86 Rascas, Bernard : 333 Ratier (évêque de Vaison) : 290 Raymire 1er, Raymyre (roi d’Aragon) : 85, 87, 88 Raymond, Remond Berenguier (RaymondBérenger III, comte de Barcelone) : 93, 94, 95, 110 Raymond Berenger, Remond Berenguier, Berenguier Remond (Raymond-Bérenger V, comte de Provence) : 111, 117, 118, 120, 124, 133, 137, 141, 143, 144, 145, 147, 149, 150, 151, 152, 153, 154, 155, 156, 158, 160, 161, 187, 213, 214, 294, 538 Rayn de Sabran : 407

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Raynes, Raynez de Claustral : 114 Reforsat d’Agoult : 410 Reforsat de Castellana : 407 Regnier (chevalier du Temple) : 252 Remond (prédicateur) : 146 Remond (Raymond IV, comte de Toulouse) : 90 Remond (Raymond V, comte de Toulouse) : 349 Remond Berenguier (fils de Charles II d’Anjou) : 257, 258, 259 Remond Berenguier (Raymond-Bérenger IV, comte de Barcelone) : 98, 99, 101, 102, 103, 105, 106 Remond Berenguier, Remond Berenguier lou jouve, Remond lou jouve (Raymond-Bérenger II, comte de Provence) : 99, 102, 103, 108 Remond d’Agoult, Remond de Cipieras : 324, 325, 410 Remond de Belfort : 407 Remond de Tourena, Remond de Turene, Remond Rogier de Tourena : 397, 426, 548 Remond dels Baux : 407 Remond dels Baux (Raymond Rimbaud des Baux) : 99 Remond des Baulx des Ursins : 302 Remond lou jouve (Raymond VII, comte de Toulouse) : 150, 294 Remond lou vielh (Raymond VI, comte de Toulouse) : 138, 139, 140, 294, 295, 349 Remond Porcellets : 156 Remond Rogier : 407 Renaud de Bezanson : 100 Rene : 442 Rene (fils de René d’Anjou) : 537 Rene, René (d’Anjou, fils de Louis II d’Anjou) : 7, 296, 297, 298, 299, 303, 304, 305, 306, 421, 447, 458, 462, 465, 468, 472, 480, 486, 487, 488, 489, 491, 492, 493, 494, 495, 496, 497, 498, 499, 500, 501, 502, 503, 504, 505, 506, 507, 508, 515, 516, 519, 520, 521, 526, 527, 528, 529, 530, 531, 533, 534, 535, 537, 538, 540, 543, 545, 555 Rene (duc de Lorraine, petit fils de René d’Anjou) : 528, 537 Ricard : 543 Ricard, Richard (comte de Cornouaille) : 137 Ricard, Richard cuer de lyon, Rycard (roi d’Angleterre) : 101, 111, 113 Rissolin : 434 Ritius, Miquel (source historique) : 134, 323, 339 Robaud, Bertrand : 235 Robert (époux de Beatrix, fille de Charles II d’Anjou) : 255 Robert (fils de Philippe 1er de Tarente) : 416 Robert (frère de Louis IX) : 162 Robert (mathématicien) : 315 Robert d’Anjou, Roubert (comte de Provence, fils de Charles II d’Anjou) : 6, 248, 257, 258, 259, 260, 261, 262, 265, 266, 268, 277, 283, 286,

INDEX

287, 293, 300, 309, 310, 311, 386, 387, 391, 396, 397, 399, 416, 417, 482, 538 Robert (1er, roi de France) : 81, 82, 83, 560 Robert d’Artoys (Robert II d’Artois) : 209, 212, 223 Robert d’Arthoys : 471 Robert de Brenne : 252 Robin, Peyre : 543 Rodolph (empereur germanique) : 231 Rodolphe (roi de Bourgogne) : 560 Roger (Grand maître du temple) : 252 Romains, Romans (les Romains) : 60, 74, 84, 89, 97, 100, 109, 142, 173, 175, 250, 261, 300, 358, 368, 375, 376, 460, 461 Roman Dyague, cardinal Sanct Angel : 294 Romanyn, Romanyl (dame de) : 265, 293 Romyeu de Cotignac : 152 Romyeu de Villanova : 153 Rosselin : 240 Rossolyn de Fos de Borma : 462 Rostand : 110 Rostang (évêque de Sisteron) : 290 Rostang de Faulcon : 145 Rostang de Romollas : 272 Roubert (comte de Flandres) : 215 Roubert de Duras (fils de Jean de Duras) : 333, 416 Rouhaud, Antoine : 3 Rouilhe, Guilhaume (source historique) : 293 Roux, Honorat : 290 Rudolf (empereur germanique) : 75 Sabelic : 529 Sabran, Peyre de (source historique) : 258 Sado (famille) : 293 Sainct Loys, Sanct Loys, Loys (saint Louis d’Anjou, évêque de Toulouse, fils de Charles II d’Anjou) : 6, 217, 248, 256, 257, 258, 259, 275, 416, 474 Saladin : 128 Saladyn d’Anglura : 528 Salentés, lous : 386 Salomon : 311 Salomon, Abraham (médecin de René d’Anjou) : 515 Salvyan : 21 Sammytes, lous : 386 Sance, Sancti (comtesse de Toulouse) : 88 Sance, Sancia, Sansa (épouse de Richard de Cornuben) : 137, 152 Sancia, Sansia (épouse de Robert d’Anjou) : 310 Sanct Cezary : 165 Sanct Denys : 82 Sanct Deydyer : 333 Urban II (pape) : 90 Urban IV (pape) : 163, 175, 180, 181 Urban V, Grymoard, Guilhaumes (pape) : 202, 340, 342, 352, 358, 361, 362, 367

Sanct Frances (saint François d’Assise) : 217, 248, 257, 258, 416 Sanct Gilles : 41 Sanct Gregori : 40 Sanct Honorat : 26, 411 Sanct Hylary : 18 Sanct Jan Chryzostome : 13 Sanct Martin : 16 Sanct Maximin (archevêque d’Aix) : 62, 205 Sanct Paul, Sanctus Paulus (Saint-Paul) : 176, 250 Sanct Peyre, Sanctus Petrus (Saint-Pierre) : 176, 250 Sanct Romyech (saint Rémy) : 24 Sanct Sydon : 205 Sanct Trophime : 375 Sanctius (fils de Ramire d’Aragon) : 88 Sanctius, Sancton (roi d’Aragon) : 88, 101 Sancton (fils de Sanctius d’Aragon) : 101 Sarrazins (les Sarrasins) : 43, 51, 54, 60, 62, 64, 65, 191, 205, 247 Sathan : 267 Savoysy : 388 Serenus (évêque de Marseille) : 40 Sextius : 24, 64 Sicilians, Siciliens (les Siciliens) : 207, 209, 211, 230 Siennéz, Syennez (les Siennois) : 140 Sigibert : 34 Sigibert (source historique) : 11, 19, 42, 51 Sigismond, Sigismund (empereur romain germanique) : 460, 464 Silvestre, Sylvestre 1er (pape) : 9, 10 Sixte IV (pape) : 531, 533 Suysses (les Suisses) : 78 Sycard de Fos : 165 Symon : 294 Talamer, Gaufrid : 528 Templiers (les Templiers) : 222, 247, 252, 253, 254, 274 Tersin, Tressin, Tressyn (chef sarrasin) : 64, 65 Theodobert (fils de Chilperic) : 37 Theodobert (roi de Metz) : 28 Theodoric (Thierry 1er, roi des Francs) : 48, 560 Theodoric (roi d’Italie) : 28 Theodoric Cala (roi des Francs) : 57, 62 Theodoric II (roi des Francs) : 41, 560 Theodoze (évêque de Marseille) : 35 Thomas (comte de Savoie) : 137, 150, 152, 160 Tristan (fils de Charles II d’Anjou) : 257, 258, 259 Turcs (les Turcs) : 164, 512 Tybaud (chef sarrasin) : 65 Urban VI, Berthomyeu (pape) : 264, 376, 377, 379, 381, 391, 393, 395, 545 Urban de Fusco (Urbain de Fiesque, évêque de Fréjus) : 531 Ursins (maison des) : 261, 48

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INDEX

Valmagna (abbé de) : 115 Vauldezes, Vauldoys (les Vaudois) : 107, 199 Velutel, Velutelli, Villutel (source historique) : 1, 293 Venceslaus (empereur romain germanique) : 385 Vendosma (comte de) : 162 Venicians, Venyciens (les Vénitiens) : 528 Vestéz, lous : 386 Visigotz, Vysgots, Wizigots (les Wisigoths) : 19, 24, 29 Viteluso, Joan : 488 Vivaud Bonifaci, Vivaud Bonifacy (juge mage de Provence) : 528, 542 Vuandals (les Vandales) : 11, 19 Wilhems de Landuno : 131 Ydelphons, Ydephons, Yldephons (Alphonse Jourdain, comte de Toulouse) : 94, 95, 98

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Yoland (épouse de Frédéric II, empereur germanique) : 128 Yoland, Yolanda (fille de René d’Anjou) : 504, 528, 537 Yoland, Yolanda, Yolanta, Yolland, Yollanda (épouse de Louis II d’Anjou) : 302, 401, 419, 437, 439, 452, 463, 465, 466, 467, 470, 472, 480, 487, 528, 529, 538 Ysnard d’Entravenas : 234 Ysnard de Glandeves : 426 Ysnard de Ponteves : 407 Ytalians, Ytaliens (les Italiens) : 80, 368, 529, 545 Yzabel, Yzabella, Yzabelle (épouse de René d’Anjou) : 480, 491, 494, 496, 497, 505, 506, 507, 528, 538 Yzoarda de Rocafuelh, Rokafuelh : 293, 407 Zeringen (ducs de) : 78

INDEX

INDEX LOCORUM DES MEMOIRES HISTORIQUES Achaya : 248, 258, 259, 416 Acra (Saint-Jean d’Acre) : 222 Admyrat : 407 Affrique, Africa, Aphrica : 190, 207, 254 Agassin, Aguassin (château près d’Arles) : 65 Agoult (Goult) : 166, 324 Agulhas (Éguilles) : 166 Aix, Aix en Prouvensa (Aix-en-Provence) : 1, 62, 79, 93, 94, 95, 97, 102, 110, 114, 118, 121, 152, 162, 185, 193, 199, 205, 258, 286, 290, 298, 328, 333, 334, 363, 407, 410, 414, 433, 448, 458, 463, 467, 496, 508, 528, 529, 537, 538, 542, 543 Alamagna, Alemagnas, Allamagna (Allemagne) : 79, 111, 342, 407 Alba : 310, 400, 416 Albana : 407 Albagna, Albanya, Albanye (Aubagne) : 166, 306, 499, 512, 528 Albaron : 152 Alchousie : 254 Alessandry : 488 Allanson (Lançon) : 166 Alpas (les Alpes) : 181, 394 Altamura : 407 Angers, Angie, Angier, Angiers (Angers) : 161, 164, 175487, 505, 528, 529 Anjo, Anjou : 7, 82, 116, 137, 139, 163, 164, 167, 176, 179, 180, 183, 189, 204, 211, 215, 227, 257, 264, 348, 357, 359, 367, 371, 382, 383 388, 389, 391, 392, 393, 394, 395, 394, 395, 398, 399, 400, 401, 406, 415, 418, 419, 432, 448, 458, 464, 465, 467, 469, 471, 476, 487, 488, 490, 491, 494, 497, 507, 508, 528, 529, 545 Anglaterra, Angleterre : 43, 106, 111, 113, 137, 152, 220, 461, 471, 528, 529, 530, 537 Angles : 166 Angolesma (Angoulême) : 359 Ansoys (Ansouis) : 180, 293, 407 Anticiodore : 516 Antyocha (Antioche) : 183 Apelvezin (Pelavicino) : 181 Apt : 290, 334 Apule : 545 Aquitanya, Aquytanya (l’Aquitaine) : 37, 66, 101, 220, Aragon, Arragon : 85, 87, 88, 101, 105, 110, 114, 115, 120, 147, 152, 161, 202, 203, 207, 209, 211, 212, 216, 217, 218, 219, 220, 221, 223, 225, 227, 231, 257, 258, 259, 303, 419, 425, 431, 437, 456, 463, 469, 471, 474, 477, 489, 494, 499, 512, 517, 528, 529, 534 Arane (nom ancien de la Saône) : 17 Arealata (ancien nom d’Arles) : 375 Aretina : 261 Argensa (la terre d’Argence) : 95

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Arles : 1, 4, 9, 10, 11, 12, 15, 16, 17, 18, 19, 22, 42, 52, 58, 59, 60, 64, 65, 67, 74, 75, 78, 79, 80, 82, 86, 89, 91, 97, 99, 102, 109, 115, 127, 142, 148, 156, 208, 236, 290, 298, 335, 348, 358, 359, 375, 400, 403, 404, 510, 514, 517, 518, 521, 522, 543 Armagnac : 88 Artans : 180 Artigua : 407 Artoys (Artois) : 209, 212, 223 Astoyn, Astoyns : 152, 198 Athenes : 252 Attique : 252 Aurenja, Orange, Orenja : 18, 64, 290, 368, 407, 492 Auriol : 166 Austrasie : 69 Autricha, Austricha : 111, 184 Avelin, Avellin, Avelyn : 284, 333, 351 Aversa : 471 Avignon : 51, 54, 58, 60, 95, 107, 110, 122, 125, 127, 129, 130, 131, 132, 134, 136, 139, 157, 168, 170, 196, 197, 199, 224, 232, 233, 237, 244, 245, 249, 250, 260, 262, 263, 273, 275, 276, 278, 279, 280, 285, 288, 289, 290, 293, 294, 298, 306, 307, 308, 313, 314, 315, 316, 318, 319, 323, 327, 329, 331, 333, 337, 339, 340, 341, 345, 346, 348, 350, 352, 358, 359, 361, 362, 367, 368, 376, 378, 379, 383, 384, 391, 393, 394, 405, 408, 412, 414, 415, 416, 418, 419, 420, 423, 425, 426, 427, 429, 431, 443, 454, 509, 530, 548 Ayguas Mortas (Aigues-Mortes) : 164, 188 Babylona : 293 Baguarris : 333 Bamberge (Bamberg) : 84 Barbentana : 196, 294, 295, 369 Barcelona, Barcilona (Barcelone) : 93, 94, 95, 99, 101, 102, 103, 110, 115 Barcillona (Barcelonette) : 145 Barjouls : 438 Barles : 152 Bar, Barn (le Bar) : 143, 376, 383, 388, 406, 486, 497, 527, 528, 529, 537 Barry : 487, 488 Baudiment : 152 Baudyeras (bois près d’Arles) : 65 Baulx, Baussencs (les Baux) : 166, 200, 333, 351, 407, 427, 528 Bauvay : 400 Bavyeras (la Bavière) : 84, 186, Bayons : 152 Beaucayre, Belcayre (Beaucaire) : 95, 138, 340, 349, 423 Beaudisnar : 258

INDEX

Beaufort, Belfort, Belfort en Vallea (Beauforten-Vallée) : 152, 363, 367, 481, 528, 548 Bedoin : 262 Bellanda (Nice) : 26 Benevent (Benevento) : 181, 186, 187, 250, 286 Berbegault : 65 Berganson : 238, 430, 462 Berra : 166, 421 Berry : 388 Bezanson : 100 Beziers : 294 Blayas : 101 Blieux : 271 Bloys : 418 Bohema : 310, 334, 460 Bompas, Maupas : 274, 285 Bordeaulx : 65, 220, 244, 359 Boulougna (Bologne) : 260 Bourbon : 388 Bourgogna, Bourgogne, Bourgoigne, Bourgougna : 17, 19, 25, 39, 41, 43, 58, 62, 73, 75, 77, 78, 80, 86, 89, 100, 109, 208, 375, 388, 465, 486, 491, 492, 494, 524, 525, 560 Brandebourg : 460 Bréganson : 321 Bretagna : 529 Breziers : 152 Brignolla, Brignolles : 414, 439, 462, 528 Bryansonet : 152 Bulgaria : 471, 488 Bygorre : 88 Byguard (château près d’Arles) : 65 Cabanas : 285 Cabrieras : 166 Caen : 503 Cahors : 275 Calabra, Calabre (la Calabre) : 180, 181, 209, 212, 257, 259, 283, 296, 310, 386, 387, 391, 393, 396, 399, 400, 414, 416, 469, 471, 487, 488, 500, 503, 508, 514, 518, 521, 522, 524, 525, 528, 529, 537, 543, 545 Calas : 390 Calatrava : 254 Cales : 461 Calqueyrana : 543 Camarguas, Carmarguas (la Camargue) : 115, 152, 400 Canilhac, Canylhac : 323, 332, 367 Caone (la Saône) : 17 Capra, Capua : 258, 259, 310, 383 Capro : 407 Capuan : 488 Carcassona : 139, 294 Carmes d’Aix : 529, 537 Carpentras : 18, 269, 275, 290, 293, 509 Castelfort : 152 Castelheyraud : 543 Castella, Castille (Castille) : 165, 519

Castellana : 133 Castelnou : 152, 310 Castelnou de Naples : 310, 432 Castelnou del Martegue (Châteauneuf-lesMartigues) : 166 Castelnou dessus Volonna : 166 Castelnou Theonez : 166 Castelreddon : 407 Castelrenard, Castelreynard (Châteaurenard) : 152, 407 Castilhon : 166, 528 Castille : 296 Catalogna, Catalogne, Cathalogna, Cathalogne, Cataluegna (Catalogne) : 124, 259, 297, 425, 431, 534, 555 Cathina (Catane) : 223 Caumont, Commons, Coumons : 95, 144, 285 Cavalhon, Cavallon (Cavaillon) : 285, 290, 310, 313, 342, 369 Cazadieu : 323 Celestins : 368, 408 Cerdola : 166 Ceyresta : 166 Chafaulx : 407 Chailly : 400 Champigny : 400 Chaperonyera : 465 Charlez : 492 Chaylar : 465 Chipres, Chypres : 162, 164, 222, 340, Claret : 152 Clemensana : 152 Clermont (Clermont-Ferrand) : 38, 90 Clumanc, Clument : 166, 293, 407 Clysson : 388 Codonna : 471 Colesa : 259 Colmars : 426 Cologna (Cologne) : 102 Constance, Constansa : 378, 425, 431, 460, 464 Constantinoble, Constantinople : 13, 204, 241, Cony (Cuneo) : 116 Cornuben (la Cornouaille) : 137, 190 Corsegua : 529 Cosnama : 471 Costra Granda : 64 Cotignac, Coutignac : 147, 235, 390 Couldroy : 400 Crabian : 516 Crau (la Crau) : 65 Cremona (Crémone) : 181 Croacia : 471, 488 Cucuron : 198 Cuer : 426 Curban : 152 Cuzan : 487 Dalmacia : 471

499

INDEX

Dalphinat, Daulphine, Delphinat (Dauphiné) : 41, 68, 69, 73, 77, 78, 375 Daulphin : 166 Daussana : 198 Digna : 290 Dijon : 492 Draguignan : 290, 414 Dromon : 152, 185 Dromont : 152 Droulha (Drolle, près de Barcelonnette) : 145 Duras (duché de) : 250, 258, 259, 379 400, 404, 416, 455 Durensa : 102, 152, 274, 285, 293, 294, 346 Ebolii : 258 Ecoven : 543 Eguyeras : 460 Embrun : 290 Empus (Ampus) : 143 Entragels : 272 Entravenas : 528 Entrepeyras : 152 Enversa : 309, 312 Espagna, Espagnas, Espagne : 19, 29, 43, 60, 127, 181, 186, 254, 349, 359, 454 Esparron : 151, 152 Esquillas : 310 Essars : 460 Estampas : 400 Estoges : 528 Euba : 462 Europa, Europe : 4, 252 Evenas : 270 Eyrarguas : 196, 487 Fassens : 407 Faulcon (près de Barcelonnette) : 145, 407 Fendes, Fundy : 376 Ferrara : 255, 257, 258, 528 Ferrieras : 166 Flandres : 168, 215, 230, Florence, Florensa : 253, 306, 468 Foge, Fogia (Foggia) : 215, 216 Foix : 110, 303 Forcalquerii, Forcalquier (comté) : 102, 114, 119, 120, 121, 144, 152, 172, 178, 185, 193, 195, 232, 258, 259, 310, 322, 325, 383, 384, 386, 398, 414, 465, 467, 471, 487, 488, 529, 542, 543, 548 Fos : 407 France, Franciae, Fransa : 14, 17, 20, 22, 24, 27, 28, 30, 32, 33, 34, 36, 41, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 53, 54, 55, 56, 57, 58, 59, 60, 68, 69, 80, 81, 96, 104, 106, 111, 116, 130, 134, 137, 138, 139, 149, 152, 161, 162, 164, 174, 175, 178, 180, 181, 185, 188, 191, 195, 204, 205, 206, 209, 212, 219, 220, 222, 225, 230, 232, 236, 241, 242, 243, 247, 252, 253, 258, 259, 264, 276, 289, 294, 299, 306, 310, 330, 331, 340, 348, 350, 358, 359, 367, 371, 375, 376, 382, 383, 384, 386, 387, 388, 391,

500

392, 393, 399, 400, 406, 412, 415, 418, 419, 423, 436, 451, 455, 461, 471, 476, 488, 490, 502, 503, 509, 520, 524, 528, 529, 530, 540, 545, 546, 547, 549, 552, 558, 560 Frejuls, Frejulz (Fréjus) : 78, 152, 275, 290, 414, 531 Freta (Saint-Rémy-de-Provence) : 64, 65 Fundy : 368 Gabardel : 446 Galbert : 407 Galles : 359 Gallicia (Galicie) : 64, 471, 488 Gap : 185, 195, 290 Gardana : 166, 213 Gascougna : 66, 341 Gaudichard : 166 Gaula, Gaulas : 11, 12, 19, 78, 386 Gayeta : 325 Gemmenas (Gémenos) : 166 Geneva : 376 Genas, Genna (Gênes) : 277, 379 Genson : 166 Gentilia (Gentilly) : 64 Ginasservys : 185 Gironda : 101 Glandeves : 290 Gontard : 504 Granada (Grenade) : 127 Grassa : 98, 143, 290 Grauzel : 244 Gravezon, Gravezons : 293, 543 Gravyna : 258, 259 Grecia : 241 Grimauld : 251 Guyena : 359, 371 Guyse, Guyza, Guyze : 400, 432, 461, 465, 537 Gyen : 400 Gygnac : 166 Gyvaudan (le Gévaudan) : 94, 96 Halbenas : 407 Haynault : 461 Hellespont : 252 Heraclea : 41 Herturia : 202 Hierusalem, Hieruzalem, Hyeruzalem, Jerusalem, Jeruzalem, Jherusalem : 128, 133, 142, 164, 175, 182, 183, 187, 204, 215, 222, 232, 234, 248, 252, 259, 268, 293, 294, 296, 299, 300, 302, 310, 322, 328, 330, 334, 381, 383, 386, 387, 389, 390, 391, 393, 394, 398, 400, 403, 407, 409, 410, 414, 419, 421, 436, 437, 440, 442, 449, 451, 465, 467, 471, 487, 488, 491, 496, 497, 505, 508, 523, 529, 538, 542, 543, 545, 548 Holanda, Holande : 168, 461 Hongria, Hongrie, Hongrya, Hongrye, Ongrya : 7, 15, 217, 228, 248, 256, 257, 258, 259, 264,

INDEX

309, 310, 312, 316, 379, 394, 416, 460, 471, 487, 488, 529, 545 Hostia (Ostie) : 175 Houdour : 65 Huou, Uou : 383, 389 Jacobins, Jacopins (église des) : 367 Jolyana (Julienne) : 133 Jonquieras : 166 Jordana : 310 Justissa de Valgrat : 310 L’Escala (L’Escale) : 152 L’Escalla : 166 La Bastida dels Jordans : 166 La Baulma : 152, 400 La Cadyera : 166 La Cieutat : 166 La Croux : 185 La Mote du Cayre : 363 La Motta : 152, 332 La Pax : 250, 381, 405 La Phara (La Fare-les-Oliviers) : 166 La Poulha, La Poulhe, L’Apoulha, Apulia, Appoulha (les Pouilles) : 180, 181, 186, 259, 266, 268, 383, 414, 464, 465, 467 La Raiace : 400 La Roka : 407 La Roka d’Anteron : 411 La Roca del Duc : 400 La Rocha : 465 La Rocha subr’Yon : 400 La Roquetta : 375 La Vouta : 407 Lagoy : 407 Lambesc : 407 Lambrusca : 166 Las Baulmetas : 166 Las Meas : 407 Las Penas (Les Pennes Mirabeau) : 166 Laval : 7, 507 Layncel (Laincel) : 112, 407 Leche : 302 Lenguadoc : 58, 60, 139, 359, 367, 415, 419 Leuba : 238 Lirins (Îles de Lérins) : 15 Lisbonne : 254 Lodyneria : 488 Lombardia, Lombardya : 70, 102, 391, 393 Londres : 529 Longfoncel : 465 Lorregne, Lorrena, Lorrene : 7, 70, 71, 480, 487, 508, 524, 525, 528, 529, 537, 542, 543 Lothreyne : 296 Lou Bausset : 166 Lou Castellet : 166, 528 Lou Cayre : 152 Lou Muey : 407 Lunel : 400

Lurmarin : 407 Lurs : 79, 173 Luxembourg : 408, 543 Lymoges : 330 Lyon : 18, 58, 64, 74, 350, 530 Lyonnéz (le Lyonnais) : 89 Lyonsola : 407 Majorca, Malhorca, Malhorqua : 255, 257, 258, 416, 529 Malaussena, Mallaussena : 166, 244, Malthe : 253 Mans, Mayne (le Maine) : 137, 189, 227, 257, 383, 465, 487, 543 Manuasca, Manuesca (Manosque) : 112, 119, 121, 185 Marche : 456 Marchis : 465 Marignana : 166, 407, 522 Marmo : 254 Martegue, Martigue (Martigues) : 166, 291, 402, 407, 421, 543, 546 Masselha, Masselhe (Marseille) : 8, 13, 17, 19, 21, 23, 35, 40, 58, 64, 65, 111, 114, 123, 150, 162, 171, 175, 187, 190, 208, 238, 240, 249, 282, 289, 290, 298, 326, 348, 358, 361, 414, 434, 470, 474, 493, 505, 527, 528, 529, 543, 544 Massera (Mansourah) : 164 Maucheres : 186 Maussana (Maussane) : 119 Mayne : 400, 528 Mediterranea : 78 Melun : 161 Melva : 152 Menerbin : 402 Menerbyna : 407 Messyna : 216 Mets, Metz : 25, 28, 39 Meyrarguas, Meyrargues : 166, 213, 407, 446 Millan : 102, 334, 494 Mizon : 166, 200 Monleges (Mollégès) : 65 Montapert (Montaperti) : 140 Montejean : 465 Montelymar, Monteymar : 139, 445, 509 Monteols (Monteux) : 269 Montescavyez, Montescayon, Montescayoulx (Montescaglioso) : 180, 257, 258 Montfort : 162, 166, 516 Montmajour : 78 Montpaon : 166 Montpellier : 58, 352, 415, 418 Montpensier : 130 Morea, Morèe : 252, 257, 259 Morieras : 166 Mouriés, Moriez (Mouriès) : 119, 528 Mousson : 528 Moustiers : 281 Muey, Muy (le Muy) : 201, 214, 390

501

INDEX

Myrabel : 400 Myramars (Miramas) : 166 Nancy : 525 Naples, Napples, Neapolis : 7, 128, 134, 139, 184, 186, 216, 217, 223, 228, 229, 258, 259, 260, 261, 263, 264, 283, 287, 293, 310, 311, 313, 316, 317, 322, 323, 328, 329, 338, 339, 351, 355, 357, 376, 379, 383, 389, 390, 393, 395, 403, 406, 407, 413, 418, 422, 424, 445, 455, 456, 471, 474, 487, 488, 489, 494, 496, 497, 498, 499, 502, 506, 512, 514, 528, 529, 545, 548, 558 Narbona, Narbonne : 3, 58, 64, 65, 199, 208, 386 Nassau : 236 Navarra, Navarre : 391, 399, 534 Nimes, Nymes : 58, 117 Nissa, Nyssa (comté de Nice) : 152, 258, 263 Normandya : 503 Nostra Dama de la Mar : 400, 528 Nostra Dama de Myracles (chapelle de) : 278 Nostra Dama de Paris : 149 Nostra Dama de Nazareth d’Aix : 259 Novas (Noves) : 110, 196, 274, 285 Nybla : 152 Nyce, Nyssa, Nysse (Nice) : 26, 124, 141, 229, 290, 414, 516 Olieras : 198 Olliolas : 407 Oppeda : 454 Orleans : 39, 41 Ostia : 448 Palerma : 259 Pandecousta : 294 Panestrine : 343 Panyzolla : 454 Paris, Parys : 64, 138, 139, 162, 164, 232, 253, 299, 388, 436, 461, 520, 560 Parnays : 528 Pellisane, Pellissana : 166, 446 Penas : 407 Pennes : 446 Perigort : 340 Perpignan : 219, Pertus, Pertuys, Pertuyz (Pertuis) : 166, 407, 436, 446, 523, 528 Peyloubier : 528 Peyrueys : 407, 432 Piedmont, Pyedmont, Pyemont (le Piémont) : 116, 258, 259, 310, 383, 384, 386, 465, 466, 467, 471, 487, 488, 529, 542 Pierrarua : 407 Pierraverd : 265, 407 Poitiers, Poyctiers : 164, 253 Poitou, Poyctou : 391, 527 Polonya : 416 Pont : 508, 528, 537

502

Pont Sanct Esperit (Pont-Saint-Esprit) : 347 Porcellets (bourg d’Arles) : 156 Porrieres : 302 Portugal : 254 Provence, Proucense, Prouvence, Prouvensa, Prouvense, Provinciae : 24, 25, 28, 29, 31, 34, 37, 39, 41, 43, 51, 58, 60, 62, 65, 66, 68, 69, 70, 71, 72, 73, 76, 77, 85, 88, 89, 90, 91, 93, 94, 95, 96, 98, 99, 100, 102, 103, 105, 106, 108, 109, 110, 112, 114, 115, 116, 117, 118, 119, 120, 124, 132, 133, 139, 140, 141, 143, 146, 149, 150, 151, 152, 155, 156, 158, 159, 161, 163, 164, 166, 167, 172, 174, 175, 176, 177, 178, 179, 180, 181, 182, 183, 185, 187, 192, 193, 195, 198, 200, 201, 206, 211, 213, 214, 216, 229, 232, 247, 248, 258, 259, 265, 266, 268, 270, 274, 286, 287, 293, 294, 298, 301, 302, 304, 309, 310, 322, 324, 325, 326, 328, 330, 334, 341, 344, 345, 348, 353, 357, 365, 380, 383, 384, 393, 396, 398, 399, 400, 404, 406, 407, 409, 414, 416, 419, 424, 427, 430, 436, 445, 452, 459, 461, 462, 465, 466, 467, 471, 472, 478, 483, 487, 488, 491, 495, 496, 498, 500, 504, 507, 513, 516, 520, 522, 528, 529, 530, 534, 536, 537, 538, 540, 542, 543, 544, 545, 546, 548, 553 Puget de Tenyers, Puget Theonez (PugetThéniers) : 201, 214, 516 Puyagut : 152 Puymesson, Puymeysson : 185, 194 Puymyquel : 407 Puyrycard (Puyricard) : 166 Pyza (Pise) : 184, 448 Rama : 471, 488 Raynyer : 152 Recanat : 488 Redana : 166 Reims : 24, 388 Rhose, Rhosne, Rhoze, Roze (le Rhône) : 17, 29, 65, 73, 77, 102, 107, 139, 293, 294, 330, 349, 375, 517 Rians : 407 Ries, Ryes (Riez) : 9, 151, 152, 290 Rocabruna : 152 Rocafort, Rochafort, Rokafort (Roquefort) : 166, 193, 400 Rocamaura, Roquamaura : 193, 269 Rochas : 152 Roddas (Rodhes) : 222 Rokavayra (Roquevaire) : 166 Roma, Rome, Romme : 8, 13, 17, 68, 70, 76, 102, 175, 181, 182, 183, 187, 225, 231, 239, 241, 252, 261, 264, 293, 295, 334, 350, 352, 361, 362, 367, 368, 376, 377, 379, 381, 391, 450, 469, 471, 477, 483, 488 Roman, empery : 78 Romania : 488 Roman, Romans : 139, 445, 509 Romollas, Romolles (Romolles) : 112, 271, 272, 281, 482, 539

INDEX

Romyeu : 152 Rouergue : 93, 415 Roug : 400 Rougnas : 265 Roura : 407 Roussilhon : 400 Rozignac (Rognac) : 166 Sabla : 400 Sabyna, Sabyne : 333, 369, 548 Sainct Aulban, Sanct Alban (Saint-Auban) : 152, 445 Sainct François : 517 Sainct Genyers (île de) : 402 Sainct Jehan (hôpital) : 364 Sainct Maximin, Sanct Maximin, Mayximyn, Mayximin (Saint-Maximin) : 62, 205, 208, 400, 457, 465, 515, 528, 533, 543 Sainct Pierre, Sanct Peyre : 530, 531 Sainct Remy, Sanct Romech, Sanct Romyech (Saint-Rémy-de-Provence) : 24, 65, 166, 193, 291, 292, 298, 323, 330, 332, 355, 363, 367, 433, 435, 436, 442, 459, 467, 528, 538, 548 Sainct Saulveur, Sanct Saulvayre (Saint-Sauveur, bourg d’Aix-en-Provence) : 110, 432, 529, 543 Sainct Victor de Masseilhe, Sanct Victor de Masselha (Saint-Victor de Marseille) : 251, 340, 358, 367, 465, 528 Saint Just (cathédrale de Narbonne) : 3 Salerna, Salernas : 209, 212, 220, 225, 231, 310, 407 Salignac : 152 Sallon : 97 Sanct Alban (baronie) : 139, 509 Sanct Amant, Sanct Chamas : 166 Sanct Antony del Pont (église de) : 528 Sanct Bernard Rascas (hôpital de) : 333, 346 Sanct Canat : 528 Sanct Chamas : 97 Sanct Dalmas : 407 Sanct Dominiq d’Avignon : 276 Sanct Donech de Montcassin (abbaye de Montecassino) : 186 Sanct Donnat : 166 Sanct Genyeys : 291, 421 Sanct Gilles : 95 Sanct Honorat de Clument : 166 Sanct Honorat de Lyrins : 411, 465 Sanct Jacques (Saint-Jacques-de-Compostelle) : 153 Sanct Jan (hôpital de) : 178, 185 Sanct Jan de Latran (église de) : 182, 183 Sanct Jan de Sallas : 166 Sanct Johan d’Aix : 152 Sanct Julhan, Sanct Jullian d’Assa (Saint-Julien d’Asse) : 184, 471, 535 Sanct Loys de Masselha : 465 Sanct Marcel : 166 Sanct Marcel d’Avignon (monastère de) : 428

Sanct Martin de Salsas : 407 Sanct Maurici d’Anjou (église de) : 465 Sanct Mytre (Saint-Mitre-les-Remparts) : 166 Sanct Paul de Durensa : 166 Sanct Peyre d’Avignon : 343 Sanct Peyre de Roma : 471 Sanct Rhus (église de) : 290 Sanct Salvayre de Raymplas : 407 Sanct Simphorian : 152 Sanct Steve : 407 Sanct Steve Theones : 407 Sancta Clara d’Aix (monastère de) : 311 Sancta Crous : 311 Sancta Martha de Tharascon : 400, 465 Sancta Trinitat d’Avignon (hôpital de) : 333, 346 Sardegna (Sardaigne) : 189, 215, 529 Sault : 84, 165, 234, 293, 309, 333, 348, 353, 407, 528, 529 Saulvecane (abbaye de Sylvacane) : 105, 240, 434 Saumeur : 400 Sauzes, Saze : 293 Savoya, Savoye (la Savoie) : 78, 137, 150, 152, 160, 348, 358, 483, 487, 516 Sederon : 166, 407 Selurs : 254 Senés : 290 Sens : 149 Serenon : 152 Serva : 543 Servia : 471, 488 Sexta, Sextina (Saint-Rémy-de-Provence) : 24, 65 Sicila, Sicile, Siciliae, Sicilie, Sicilla, Sicille, Cicille : 6, 7, 111, 128, 133, 142, 159, 163, 175, 179, 180, 181, 182, 183, 184, 186, 187, 188, 191, 195, 201, 202, 203, 204, 206, 207, 209, 212, 215, 216, 217, 220, 221, 222, 223, 225, 227, 230, 231, 232, 234, 242, 243, 248, 250, 252, 257, 258, 259, 261, 268, 276, 293, 296, 299, 300, 302, 306, 310, 325, 328, 330, 334, 338, 348, 356, 357, 362, 370, 372, 379, 381, 383, 384, 386, 387, 389, 391, 392, 393, 394, 396, 399, 400, 402, 405, 406, 407, 409, 413, 414, 418, 419, 421, 422, 424, 432, 436, 437, 440, 442, 448, 449, 450, 451, 453, 465, 466, 467, 468, 469, 471, 472, 476, 487, 488, 489, 490, 491, 495, 496, 497, 505, 506, 508, 522, 528, 529, 530, 538, 542, 543, 545, 546, 548, 558 Sienna : 140 Sisteron, Systeron : 79, 152, 173, 193, 195, 290 Solete : 302 Soliers : 546 Sorgua (la Sorgue) : 95 Sterlich : 455 Subribas : 152 Suessa : 487 Sueva (pays des Suèves) : 97, 100 Sygoyer : 152 Syrie : 252 Talezma : 400

503

INDEX

Tarante, Tarenta, Tarente, Tharenta : 248, 257, 258, 259, 302, 391, 398, 402, 416, 432, 440, 467 Tartaria (Tartarie) : 64 Tartona : 166 Terra Sancta : 164, 340, 380 Teza : 152 Thalard (Tallard) : 293, 407 Tharascon : 233, 267, 298, 330, 332, 359, 363, 400, 414, 435, 440, 442, 467, 493, 528, 552 Thessalonique : 252 Thoard : 471 Thoronet (abbaye du) : 117, 206 Thouars : 101 Thoulose, Thoulousa, Thoulouse, Thoulouza, Thoulouze, Toulouza : 17, 65, 88, 94, 95, 137, 138, 139, 146, 150, 153, 170, 248, 253, 256, 257, 258, 259, 288, 294, 349, 350, 416 Thrace : 252 Thunys (Tunis) : 181, 188 Tinee : 516 Tomar : 254 Tor (le Thor) : 95 Toulon : 290, 528 Tourena, Turena, Turene : 383, 400, 407, 548 Tourretes : 409 Tourreves (Tourves) : 90, 360 Tours : 400 Toutas Auras (Toutes Aures) : 185 Trans : 166 Trappes (Trapani) : 188 Trects : 407 Tres Eymynas : 166 Trevynyane : 446 Tribulhana : 152 Tricastel : 290 Trincatalha, Trinquatalha (Trinquetaille) : 99 Triniacrya : 183 Troja (Troie) : 64, 522, 528 Turin : 102 Tuscana (la Toscane) : 133 Ubaya (l’Ubaye) : 145 Uzés : 198 Valence, Vallensa (València) : 227, 474, 529 Valentinoys : 436 Valerna, Valernas : 152, 407 Valjoyna : 198 Vallensana : 152 Vallensola : 166 Valmagna (abbaye de) : 115 Valoys (comté de Valois) : 203, 227, 257 Vaqueyras : 528 Vaudemont : 480, 486, 497, 504, 525, 536, 537 Vaumelh : 152 Venayssa, Venayssi, Venayssin, Venayssyn (Le comtat Venaissin) : 64, 95, 138, 139, 239, 244, 295, 427 Vendosma (Vendôme) : 162

504

Vence, Vensa (Vence) : 153, 290, 409 Venise : 489 Venteyrol : 152 Vergons : 166 Verquyeras : 196 Veyzon : 290 Vezelay : 62, 208 Viena, Vienna (Vienne, en Dauphiné) : 12, 137, 244, 253, 255, 263 Vilhosc : 152 Villalaura, Villelaure : 166, 446 Villanova d’ela Avignon, Villanova d’ela d’Avignon, Villanova d’Avignon (Villeneuve-lèsAvignon) : 331, 337, 359 Vinon : 152, 166, 185 Vintimilha : 214 Vollona : 166 Vytrolla : 166 Yeras (Hyères) : 174, 238, 430, 528 Yrleda (Nice) : 26 Ystre (Istres) : 166 Ytalia, Ytalie : 28, 69, 70, 71, 72, 75, 140, 181, 182, 243, 361, 369, 394, 395