Histoires vraies de vaisseaux et fantômes

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French Pages 309 [316] Year 1965

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Histoires vraies de vaisseaux et fantômes

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HANSON W. BALDWIN

VAISSEAUX ET FANTOMES

PRESSES

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POCHET

�d . POCKET

116, RUE DU BAC, PARIS

Lé titre original de cet ouvrage est: SEA FIGHTS AND SHIPvVRECKS

Traduction de R. JouAN

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. © Presses: de, la '(;Ùj, i956 , Tou� droits .de rep�oduction, de tracluc�io:n, �t cj'adaptatiQn' • • résèrvés pour tous pays, y· compris· l'U. R. S. S.

PREFACE Les histoires de marins et de na-vires que con­ tient ce li-vre s'étalent sur près d'.iin siècle et :demi, c'est-à-dire de l'ère de la -voile à l'ère atomique. Leiir dénomina.teur conimiin est « cette mer qui nous entoure ». La lutte des hommes et des na-vires contre la mer, des hommes contre les hommes, sur la mer, sert depuis longtemps de sujet ailX poètes, aux· romanciers, comme aux historiens. C'est de cette lutte - ime des plus fondamentales de l'Histoir� - que traitè le présent ou-vrage. On y entendra parler de naufrages et de défaites, d'explorations et de batailles, de mystères et de mutineries, d'héroïsme et de lâcheté. T-..Qus ces récits sont -vrais, pas un é-vénement n'est imaginaire, rien n'a été enjoli-vé. ]'ai essayé de présenter ces grands drames de la mer sans m'écarter des faits. Dans toute la mesure où cela m'a été possible, j'ai tout -vérifié aux sources les plus sûres et j'ai indiqué celles-ci au lecteur. Le sujet, naturellement, est immense et ce. li-vre n'a pas la prétention de l'épuiser. Chaqiie chapitre retrace un 'épisode· caractéristiqûè-, complet. en soi.

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VAISSEAUX E'f FANTOMES

Certains de ces épisodes sont Parmi les plus fa­ meux de l'Histoire maritime moderne; d'autres, plus fantastiques que des récits d'iniaginatù'm, sont moins connus. Les acteurs changent, la scène se dé­ place, mais le décor reste toujours le mênie : la mer éternelle.

Hanson W. BALDWIN, Déèembre 1954.

HERNDON, DU« CENTRAL AMERICA»

TOUT espoir était perdu. Le CENTRAL AMERICA agonisait dans l'obscurité d'une nuit sauvage de septembre, ses coutures béantes, ses superstruc­ ttues balayées ou ibrisées, ses voiles lacérées, arra­ chées aux ralingues. Herndon, son capitaine, s'accrochait à un mon­ tant de la passerelle tandis que le navire roulait lourde·ment sur les lames géantes. Il avait vu le soleil se coucher pâle et morne, derrière Hatteras; il ne -devait plus le revoir. Le crépuscule s'-était vite évanoui pendant que la dernière embarca­ tion s'éloignait à travers le fracas de la tempête. Dans la IJ.Uit, il ne distinguait plus que la sinistre blancheur des crêtes écumantes. Le navire s'en­ fonça un peu plus tandis que l'obscurité se faisait plus opaque. Herndon comprit que la fin approchait. Lentement, il se dirigea vers sa cabine... Il le co1,11mandait depuis près de ·deux ans, ce bateau qui, en ce moment, s'enfonçait sous ses pieds. Corn.me tous les paquebots-'I)ostes du Pa­ cifique, le CENTRAL AMERICA avait obligatoirement pour commandant un officier rès des ,pétroliers et des cuirassés dans la matinée, mais- l ' opération n 'est pas facile. Les na:vires tanguent et rou­ lent sauvagement . .Les amarres et lès manches cas­ sent à peine établies. Le destroyer HULL, dont le nom sera bientôt sur toutes les lèvres et qui appar­ tient à l'escorte anti-sous-marine d'un .groupe de pétroliers, parvient, avec cc beaucoup de diffi­ culté », à faire passer quarante sacs de courrier sur • le cuirassé SouTH DAKOTA, mais il est impossi,ble de le faire pour trente autres bâtiments de la flotte. La mer est devenue furieu·se. II h 7 . - · Le SPENCE se présente -à tribor,d du · NEW JERSEY pour mazouter. II h 28. - Les manches de l' avant et de l'arrière cassent. Le BUCHANAN tente de transbor-der des pilotes, par un va-et-vient, au porte-avions >

,de ,biscuirt:s trempés, les ,barriques ,de vin et 1es barils •• d'eau. Rien d'autre. L'·épave de la MÉDUSE -était toujours en -vue, mais il était impossible de la rejoindre, le vent portait au-large. L�aspirant de r r0 classe Coud.in, itr.ès gravement blessé à la jambe, assuma tout d'abord le comman­ dement. Avec l'aide de :s·es · dix matelots et ,des -offi­ ciers • de la troupe, il fit dresser un· mât de for­ tune. pour établir un peu . de toile. Le biscuit fut consommé dès le premier .repas qui devait être le dernier, il y en eut -à peine une bouchée pour cha­ cun. Puis la nuit tomba. La mer se creusa, faisant craquer et geindre le radeau, jetant ses occupants d'un bord à l'autre, les enlaçant jusqu'à la taille, · 1eur martelant là. figure d'embruns. Les malheureux s'accrochèrent les uns aux autres et où ils purent._ Certains fu­ rent emportés, ce furent leï, plus chanceux. Sous eux, le radeau se désagrégea ·e n partie, ouvrant des trap_pes mortelles, où d'autres tombèrent et furent également noyés. 7 juillet. Seconde journée. - Au .!Ilatin, il res­ tait 126 personnes sur le radeau, vingt avaient péri et les corps de quelques-uns demeuraient coincés dans les interstices du flotteur. Les •autres ne va­ laient guère mieux, étourdis, contusionnés, à moi- tié noyés, _ affamés. Leur dernier espoir s'évanouit au coucher du soleil. « Si la nuit précédente avait -été terrible, la suivanrt:e le fut plus encore . » La brise se leva de nouveau, la mer monta _à l'assaut du radeau, tourbillonnant à l'avant et à l'arrière. Il fallait se tenir au centre pour ne pas être em­ porté. La presse. y était si forte que certains hom­ mes furent étouffés par le poids de leurs compa­ gnons. Les officiers, dressés au pied du mât, es- ' sayèrent de faire déplacer les soldats pour évlter un chavirement. La nuit ne fut qu'une longue horreur, emplie par le bruit des lames, les siffle­ ments du vent, les cris des: mourants. Les hom­ mes s'accrochèrent au radeau avec des ongles .qui s,aignaient.

VAÎSSEAUX' Jt°l' . FANTOMES

·:_ - A- un certain moment� des sold ats ouvrirent un�-­ barrique de vin. Peu après, ce fut l'orgie. Affolés. · p;ar leurs souffrances, rendus furieux · par l'alcool, les hommes se révoltèrent. L'un d'eux, armé d'une: hache, se précipita àu bord · · du · radeau et sé mit. à c�uper les cordages qui liaient les espars. un · mulâtre, à l'aspect hidèux et d'"une tailàe gigan­ tesque, se rua. vers le · groupe des officiers. Alexandre Corréard, un in,génie_µr, · donnà l'alarme · ; : - Aux armes:! A nous, èamarades ! Nous som• • • mes perdus ! . Un officier, d'un coup de · sabre, abattit _le mu­ lâtre qui, · vomissant le sang, 'tomba à la mer. Celui qui brandissait la hache fut également · tué et la mêlée devint générale. Les mutins �rtirent des couteaux et se lancèrent de nouveau contre les officiers. Ils - furent repoussés, se replièrent à l'àvant et recommencèrent à couper les cordages. L� bataille se poursuivit sur la plate-forme couverte d' écume, les trous entre les planches, .. cachés par . Peau, firent de nombreuses victimes,_ des hom­ mes furent tués à coups de sabre . Tandis qtie_ la Croix du Sud - symbole d'espérance pour · les ma­ rins - planait calmement au-dessus de 1'horizon, • des frénétique s · hachaient les étais du mât impro­ visé; il tomba avec la voile sur un groupe de com­ battants, assommant' un· capitaine qui s'écroula. • · . évanoui. . • lui ·et le je­ cc Les soldats se . précipitèrent sur tèrent à la mer, mais nous l'aperçftmes, le sauvâmes _ et le plaçâmes sur· une barrique · où les forcenés , s'en emparèrent de nouveau, · essayant de lui . cre- • ver les yeux avec un . canif. Exaspérés par tant d'atrocités, nous ne nous imposâmes plus aucune · çontrainte et chargeâmes furieus�ment ces assas­ sins. » . La pauvre cantinière et son · m'ari furent égale� ment poussés à la mer, mais rehissés à bcird par' l'ingénieur Corréàrd et son contreinaître Lavil­ lètte. Assis • sur des cadavres; • adossés à -un fO.t, ils .vomirent l'eau . de · mer absorbée, essayant de• •• retrouver -leur soùfflè. '

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Là lune parut . dans . le · ciel, éclairant . le �as­ sacre. Finalemënt, les mutins se jetèrent . aux . pieds îles :officiers,: implorant leur pardon. Cepe�dant, _vers minuit; ils les attaquèrent · encore, à :coups · de poings, d'ongles ) de_ dents ef d� coµteàu: Ils avaie�t cessé dè se conduire comme des ·créatures, humaines. L'aspirant Coudin, couvert · de sang, ·tenait daris . .' .. ses bras un garçon de douze ans. • • • 8. jui.llet. Troisième jour:. - · cc .. .. _Ils éta�ent à la torture entre les pièces de .bois compqsant l'�cha­ faud sur lequel ils :filottaient. Chaque fis . que · fa .furie des vagues agitait le iâdeau, les os_ de leurs pieds et d� leurs jambes étaient meurtri_s ou brj:. .sés; leur chair, couverte de contusions et de bles­ sures hideuses, semblait. se diss'' _ ,

�Â>1pf1iJ-u,-+Alf11t1IHtf� (!) GALATlA sig11ald'e.1t1le que Je .tonnerre' de • la canc:>J;ùiade, sur les e�';ix· lointa ines de la . mer du Nord, étouffe • les btints du trafic dans la • Wîihelmstrasse... L'Allemagne vient enfin d'engager la 'lutte· . pour · la domination des mers, la voix du canon traduit les principes énoncés par Mahan.' . �1ais ces officiers sont bien: moins reriseig:q.�s sur le déroulement de la bataiUe que leurs èonfrères britanniques� �- service de �é­ cryptement de ' Neumünster opère avec · moins d'efficacité. Quant ali public, il ignore encore que les flottes s'affrontent; ce qui • l'intéresse avant tout, c'est Verdun où, depuis des mois, le · Kron­ prinz essaÏ