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French Pages [848] Year 1721
H I S T O I R E DE
LA
MILICE
FRANÇOISE, Et des changemens qui s’y sont faits depuis l’établissement de laMonarchie Françoise dans les Gaules, jusqu’à la fin du Regne de L o u i s l e G r a n d . Par le R . P. G . D a Ni EL , de la Compagnie de J esu L’ H I S T O I R E T O M E
A
P A R I S ,
DE
s,
Auteur de
FRANCE. II.
ruë S. Jacques.
D E N I S M A R I E T T E Libraire., à S. Auguftin , & à l’Ecu de Venife. Chez
J E A N - B A P T I S T E D E L E SP I N E , Imprimeur-Libraire ordinaire du Roy & du Clergé de France , à' limage S. Paul. JEAN-BAPTISTE COIGNARD Fils , Imprimeur-Libraire ordinaire du Roy,, & de FAcademie Françoife, à la Bible d’or. M.
D C C .X X I.
A VEC A P P R O B A T IO N E T PR IVILEG E VE S A
M A J E S T E ’.
T A B L E DES LIVRES E T D ES CHAPITRES DU SECOND,
LIVRE
VOLUME.
IX
E la dignité de Maréchal de France, Page 3 La Charge de Maréchal de France devint une Charge M ilitaire avant que celle de Connétable lef a t , 3. 6 Survivance de la Dignité de Maréchal de France donnée à tin en fa n t , 6 La Charge de Maréchal de France n'ètoit pas d v ie , 7 Difficulté fa r cet article touchant le Maréchal d'Annebaut fous François I , 9 Départemens des Maréchaux de France pour maintenir l'ordre dans la Gendarmerie , 11 La Dignité de M aréchal , Charge delà Couronne » 12. Honneurs Militaires des Maréchaux de France, 14 Fait remarquable fa r l'article du tambour à l'égard du Maréchal de la Force , IJ Le feu Maréchal déEtrées ejl le premier qui f i t parvenu au Bâton par le fervice de la mer , 16 Serment des Maréchaux de France , 18 C h a p . I I . Du titre de Lieutenant General , 19 Quelque titre qua it celuy qui commande une armée, il n e f que le Lieutenant General du Roy , 20 Comment ce titre convient d nos Lieutenans Generaux des armées d'aujo'urd'huy , différence de leurs Latentes déavec celles des Lieutenans Generaux d'autrefois , 21 Cette Charge est fart moderne , 22 Titre particulier de leurs Patentes, 21 Multiplication des Lieutenans Generaux, 24
C hapitre
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Leur rang reglé entre eux par ïancienneté dans la Charge 2 5 ChAP. III. Du titre de Maréchal de Camp , 27 J us qu’au tems de Henry IV , il n y avoir proprement qu un M aréchai de Camp dans une armée , 18 Multiplication des Maréchaux de Camp , 31 A va n t l'infiitution des Lieutenans Generaux , le Maréchal de Camp étoit le premier officier de l'armée fous le General, 31 De la Charge de Maréchal General des Camps & armées, 32 Il n'y a jamais eu que trois Maréchaux Generaux des Camps & armées, 32 Prérogatives duMaréchal de CampGeneraldes Camps & armées, 33 C h a p . IV. Du titre & de la Charge de Brigadier X armée , 39 Brigadiers déarmée en titre d’Office infiituex, par Lo'ûis XIV , 4 2 C h a p . V. Du titre de Mefire de Camp , 45 Le titre de Mefire de Camp n a pas eu en tout tems la mêmefignification, 4 6 Autrefois c étoit le titre de celuy qui étoit à la tête d'un Régiment d’Infanterie, & depuis de celuy qui étoit d la tête d’un Régi ment de Cavalerie , 48 C h a p . VI. Du titre de Colonel & de Lieutenant Colonel, 51 Les Commandans des Regimens d'Infanterie n ont ce titre de Colo nel que depuis l'an 1661 , 52 Lieutenant Colonel, Charge ordinairement exercée par des perfonnes de merite, 54 Prérogatives des Lieutenans Colonels , 54 CHAr. VII. Du titre de Capitaine. Ce titre trés-honorable depuis Loüis X II jufques à Henry IV. On le mettoit devant le furnom de ceux qui le portoient, 5 6. On difoit le Capitaine t e l . . . . 56 Cet ufage a changé vers le tems de Henry IV , 57 Il y a dans les troupes des Capitaines d'une infinité d'efpeces , 5 9 C h a p . VIII. Du Lieutenant & du Sous-Lieutenant , 60 Sous Charles IX , il fe fit une reforme generale de tous les Lieute nans, 60 Sons-Lieutenant, Titre très-peu ancien dans les armées, 60 On les casse pour la plupart a la p a ix , 61 On en rétablit plus de neuf cents en 1687, 61 C h a p . IX. Du Cornette, de l'Enfeigne, & du Guidon, 62 Corps où il y a des Cornettes , 62
Place du Cornette dans tin combat , 63 Le Cornette doit défendre fon drapeau j'ufquà la mort, 64 Ens eigne , nom autrefois commun à la Cavalerie & a l'infan terie , 64 Corps où il y a des Enseignes, 65 E ns eigne ne doit jam ais abandonnerfon Drapeau, 65 Le Guidon propre de la Gendarmerie, 66 C h a p . X . Des Maréchaux des’Logis & des autres Subalternes , foit de Cavalerie , soit d’infanterie 67 Maréchaux des Logis fort anciens dans les troupes de France, 6 7 Fonliions des Maréchaux des Logis , 68 Sergens, titre fort ancien dans les troupes, 69 Fondions des Sergens, 70 Caporal, sies finitions 70 Anspessade , origine de ce nom , 71 Beaucoup plus confiderable autrefois qu'il ne l’est aujoutd’buy , 7 1 Brigadiers d'une Gompagnie de Cavalerie, leurs fin itio n s, 71 Du Maréchal de bataille & de plufieurs autres officiers confide rables , 73 Maréchal de- bataille , si s fonctions 73 Ce titre mis en ufage fous Louis X III, 73 Il y en avait plufieurs dans une même armée, 73 I l n’y en a plus , 73 Sergent de bataille , fondions'du Sergent de bataille,75 Cette Charge étoit au-dessus du Mestre de Camp y mais inferieure a celle de Maréchal de bataille, 75 Il n’y en a p lu s , 77 Le Gommissia ir e General des armées, 77 Cette charge fu t fupprimée,parce qu elle donnait trop d'autorité, 7 8 Major General de l’armée, titre qui n e f pas plus ancien que le Reg n e de Louis X IV , 78 Ses fondions sont infinies, 79 M ajor General de L'Infanterie fous François I , 80 M ajor de Brigade, ses fin ctions , 81 M ajor d’un Regim ent , 81 Major de la Gendarmerie , 81 Major a va n t l’institu tio n des Regimens, 81 Maréchal General des Logis de L'armée , ses f i n ctions , 82
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Vaguemest r e , fes fo n d io n s, 83 Aydes de Camp, Leurs jonctions, 85 Des Infpeéleurs & des Directeurs Generaux , leursfondions » 8 5 Des Ingénieurs , 8 9 . Ils et oient autrefois du corps de l'Artillerie. Ils font aujourdéhuy un Corps à part, 90 h a p . X I I . Des troupes qui ont compos é en divers tems la garde de nos Rois , 92 Carde des Rois de la première Race, 92 Des Sergens d’Armes s ous Rhilippe-Auguste. Monument de l'Eglis e de sainte Catherine, 93 Autre garde fous le Regne de Charles VI, 96 Garde des Ecuyers du Corps ,fous le même Roy , 97 Garde Flamande de Loüis X II, 98 h a p . X I V . Histoire des deux Compagnies des cent Gentils-hommes ordinaires de la mais on du Roy , appeliez, les Gentils-hommes du Bec de Corbin, 98 Cette Garde était appellée la grande Garde du Corps. 99 Institution de la premiere Compagnie par Louis X I, & de la seconde par Charles V I I I , 100 Changemens arrivez dans cesdeuxCompagnies, 101 Ce corps étoit pendant long.tems trés-illustr e , 101 On les appelloit les Gentils-hommes au vingt écus , 103 Leurs prérogatives , & leur s ervice , 104 La Charge de Capitaine des cent Gentils-hommes préferée à celle de Capitaine des Gardes, 107 Ces deux Compagnies supprimées par Loüis XIII, & rétablies par Louis XIV, 107 List e des Capitaines de ces deux Compagnies , 108 La s econde Compagnie supprimée en1 6 8 8 , 11l
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De la Maison Militaire du Roy Louis le Grand. Cavalerie. M
Agnificence de la Maison du Roy, 112 Elle ne fit un corps s eparé dans les armées que fous Loüis le Grand, 113
Les Gendarmes, les Chevaux-Legers, &c. combattaient encore en 1 6 6 7 , à la tête des Brigades de la Cavalerie Legere , 114 Ce qu'on entend aujourd’huy fa r la M ù jo n milit aire du Roy. C h a p . I . Des quatre Compagnies des Gardes du Corps , 116 I njtitution de la première Compagnie qui ejl l'Ecossoise , par Char les V I I , 117 I njtitution de la seconde Compagnie , dite la premiere Compagnie Françoise , & de la troisiéme par Louis X I , 122 Institution de la quatrième Compagnie par FrançoisI , Rang que les Compagnies des Gardes du Corps tiennent avec les autres troupes de la Maison du Roy & entre elles , 126 Changemens qui Je font faits dans la Compagnie Ecojfoije , 1 2 7 Du premier Homme d'armes , 128 La Compagnie Ecossoise n’est plus Ecossoise que de nom , 129 N egociations pour la faire rétablir fu r l'ancien pied , 129 Changemens commune aux quatre Compagnies , 135 Cadets dans les Gardes du Corps , 137 Venalité des places de Gardes abolies, 138 Creation du Major & des Aydes-Majors 142 Des noms d'Archer de la Garde , d'Archer du Corps , de Gardes du C o r p s , De l'armure des Gardes du Corps, de leur bandoulière , de leurs étendarts , 147 De la difcïpline militaire des Gardes du Corps,, 152 Service des offciers des Gardes du Roy,16 Service du Major & des Aydes Majors des Gardes du Corps, 1 7 1 Des privilèges & des prérogatives des Compagnies des Gardes au Corps, 174 Des Grenadiers à cheval , 180 C h a p . I I . Histoire de la Compagnie des Gendarmes de la Garde, 1 8 2 Le Roy en est le Capitaine , 182 Du titre de Capitaine-Lieutenant , 183 Cette Compagnie créée par Henry IV comme Compagnie d'ordon nance du Dauphin , 184 Créée p a r L o ü is X I I I en q u a l it é de G endarm es de la G a r d e , 1 8 7 M . de S o u v r é p r e m ie r C a p ita in e - L ie u te n a n t de cette G a r d e , 189 R a n g de l a C o m p a g n ie des G e n d a rm e s d a n s la M a is o n d u Roy, 1 8 9 L a C o m p a g n ie des
Gendarmes eut d'abord l a
prés e a n c e .-C h a n g e -
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ment à cet égard, 190 Autres changement arrivez dans cette Compagnie, 191 Venalité des Places de Gendarmes abolie par Loüis X IV , 192 P rivileges de cette Compagnie , 193 Liste des Capitaines-Lieutenant de cette Compagnie , 194 h a p . I I I . Histoire de la Compagnie des chevaux-Legers de la Garde du Roy, 196 Cette Compagnie insti t u ée par Henry IV , 196 Le Roy en est le Capitaine , 196 Compos ée d'abord de Capitaines appointez, & de Gentils-hommes, 19 8
Elle a rang après la Compagnie des Gendarmes de la Garde , 199 Prérogatives des Chevaux-Legers de la Garde, 1 99. 2 0 4 changement arrivez dans la Compagnie depuis s on institution , 200
Le Commandant des Mous queta ires prenoit autrefois l'Ordre du Capitaine-Lieutenant des Chevaux-Legers de la Garde , 201 Liste des Capitaines-Lieutenans des Chevaux-Legers de la Gar de, 210 C h a p . I V . Histoire des deux Compagnies des Moufquetaires de la Garde du Roy , 211 Le Roy en est le Capitaine , 212 Service des Mousquetaires, 212 Epoque de l'institution de la première Compagnie, 215 Le Roy Louis XIII se fa it le Capitaine de cette Compagnie, 216 Elle fu t cassée en 1646 , 217 Rétablie en 1 6 5 7 , 117 Epoque de l'institution de la seconde C o m p a g n i e 2 1 8 Louis XIV s e fa it Capitaine de cette Compagnie , 219 Changement arrivez dans les deux Compagnies , 21 9 Des armes , des drapeaux , & des Moufquetaires, 221 Habit d'ordonnance des Moufquetaires , 222 Liste des Capitaines & des Capitaines-Lieutenans des deux Com pagnies, 225 C h a p . V . Histoire de la Gendarmerie, 226 Comparaifon de notre ancienne Gendarmerie avec celle de notre t ems, 2 26 E tat de la Gendarmerie tel qu'il étoit en 1 7 1 5 , 23 1 Quoique
Q u o iq u e ce s o it u n corps s e p a r é de l a C a v a le r ie L e g e r e , e lle a q u e lq u e ra p p o rt a u C olonel G e n e ra l , 232 S e r v ic e de l a G e n d a rm e rie a v e c la M a is o n d u Roy , 23 3 S e r v i c e de la G e n d a r m e r ie a v e c la C a v a le r ie L e g e r e , 233 R a n g des C o m p a g n ie s des G e n d a r m e r ie s e n tr e lle s , 233 L c s q u a tr e p r e m iè r e s o n t le Roy p o u r C a p ita in e , 234 L e u r s d iffé r e n te s m a n ié r é s d ’ejc a d ro n n e r en d i v e r s tem s , 235 L e u r n o m b re a u g m e n t é , 235 i n s t i tu t io n de la C o m p a g n ie Ecossoise , 237 L e s G e n d a r m e s Ecossois f u r e n t d ’a b o rd u n e G a rd e d u R o y , 237 C e tte C o m p a g n ie en q u e lq u e s occas i ons a la préseance a v a n t celle des M o u s q u e t a i r e s , 238 L e s F ils des R o is d ’Ecosse en o n t é té les C a p i t a i n e s , 237 D iv e r s es re m a r q u e s Histo r i q u e s f u r cet a r tic le , 239 L iste des C o m m a n d a n s de la C o m p a g n ie des G e n d a r m e s Ecossois ,
245 Faux préjugé que cette Charge fu t attachée au second Fils du Roy d ’Ecosse , 247 Institution des Gendarmes Anglois, 247 Liste des Capitaines-Lieutenans des Gendarmes Anglois » 2 4 8 Liste des Capitaines - Lieutenans des Gendarmes Bourguignon, 248
Liste des Capitaines.Lieutenans des Gendarmes de Flandre, 2 4 9 Liftes des Capitaines-Lieutenans des autres Compagnies des Gen darmes & des Chevaux-Legers de la Gendarmerie , 249 Création d'un E tat Major pour la Gendarmerie , 255 Liste des Majors de la Gendarmerie , 257 Etendarts des Compagnies de Gendarmerie , 258 C h a p . VI. Histoire du Regiment des Gardes Franpois es , état de ce Regiment en 1 7 1 5 , 260 institution du Regiment des Gardes Françoifes, 260 Differend entre le Meftre de Camp de ce Regiment & le Colonel General de l’Infanterie, 261 Ce Regiment cassepar Charles I X , 263 Rétabli par Henry I I I , 2 63 Henry IV ôte au Colonel General la nomination du Mestre de Camp. 264 L i s tedes Mestr e s de Camp du Regiment des Gardes . 265
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Le Maréchal de Grammont premier Colonel du Regiment des Gar des F’rançoifes après la fupprejfton de la Charge de Colonel Ge n era l, 2 66 Liste des Colonels dit Regiment des Gardes , 268 Liste des Lieutenans-Colonels in Regiment des Gardes , 271 L fte des M ajors dit Regiment , 271 Des autres Officiers du Regiment, 273 Capitaines aux Gardes font fur le pied de Colonels, autres préro gatives des Capitaines aux Gardes » 273 Prérogatives du Regiment des Gardes Françoifes, 279 L fte des Capitaines du Regiment des Gardes Françoife tuez, dans le sèrvice, 284. h a p V I I . Histoire des troupes Suifes qui fervent dans les armées de France , 28 7' La première connoif ance entre les deux nations se fit l'épée à la main , 287 Premier traité des Suijfes avecla France fu iv i de plufieurs autres 287
La France brouillée avec les Suiffes fous Louis X I I » 289 Reconciliée fous François I , 290. Epoque de l’institution de la Charge de Colonel General des Suisses en titre d’ office , 29 O L ist e des Colonels Generaux des Suijfes, 305 Prérogatives des Colonels Generaux des Suifes , 303 De la Compagnie des cent S u if es de la Garde , 307 Cette Compagnie estu n e Garde Militaire , 308 Epoque de fon institution , 308 Fonctions & prérogatives du Capitaine 310 L fte des Capitaines des cent S u ife s , 3 11 Des autres officiers de la Compagnie des cent Suijfes . 313 Regiment des Gardes Suisses, époque de fon institution, 315 Institution du Lieutenant Colonel en titre d’office, 316 L ist e des Colonels du Regiment des Gardes Suifes , 317 Des autres troupes SuiJJes qui fervent en France, deux especes de troupes Suifes au jervice de France, 317 Plufieurs chofes particulières aux troupes Suisses ,318 Officiers pour exercer la justic e dans tes troupes , 322 Cons eil de Guerre , 322
Occasio n s ou les Suisses se fontprincipalement f i g n a l e 314 C h a p . V III. D u Regiment des Gardes Ecossoises,quand institué, 327 Q uand il fu t cassé, 328
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Histoire de l’institution des Regimens François d ’infanterie. L
Egions instituées par Henry II, 331 Premier état de ces L egions, des changement qui s'y firent (fi de leur durée, 336 Comment elles Je levoient, 336 Le Colonel y avoit deux Compagnies Colonelles . 339 Liste des Colonels des L egions , 343 L'mfiitution des Légions doit être regardée comme ïinfiitution dis Regimens mêmes , 346 Sçavoir & les quatre vieux Ccrps tirent leur origine des Legiont de Picardie & de Champagne, &c. 351 De l'origine des quatre premiers vieux Corps de l'infanterie , 355 D es Compagnies Colonelles , 365 Du rang des quatre vieux Corps entre e u x , & de leurs differens s u r ce su je t, 367 Liste des Mestres de Camp & des Colonels du Regiment de Picar die, 374, Liste des Mestres de Camp & des Colonels du Regiment de Cham pagne , 375 Liste des Mestres de Camp & des Colonels du Regiment de N a varre , 377 Liste des Mestres de Camp & des Colonels du Regiment de Pie mont , 380 LeRegiment de Piemont appelle Bandes noires.Origine de ce nom,383 Du Regiment de Normandie , epoquede sa création , 384 Liste aes Mestres de Camp & des Colonels de ce Regiment, 387 Du Regiment de la M anne , époquedesa création, 388 Liste aes Mestres de Camp & des Colonels du Regiment de la M anne, 389 D es Regimens appeliez, petits Vieux , quand ce nom leur a été
donné , 391 Leurs Prérogatives , 392 Leur création , leurs Mestres de Camp & leurs Colonels, 392 , & s uivantes. Histoire du Regiment du Roy , 397 Il prend rang après les petits Vieux , 402 Non fu je t aux Inspect eurs , 402 Liste des Colonels de ce Reg i m e n t ,403 Methode quon se propos e d'obs erver en traitant des autres Reg im ens, 403 Ordonnance du Roy portant Reglement general pour le rang des Regimens d'Infanterie, en 1670 , 404 Liste des Regimens d Infanterie qui étaient fu r pied fu r la fin du dernier Regne, suivant le controle de 1714 , 406 Mestres de Camp & Colonels de divers Regimens d'infanterie,morts au service ou parvenus à la dignité de Maréchal de France, 411 & suivantes. Histoire particuliere du Regiment du Maine , 414 Des Regimens de Milice , 430 De l'institu tio n des Compagnies de jeunes Gentilshommes ou Ca dets en divers es places frontieres, 431 Des G r e n a d i e r s ,434.
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Histoire de la Cavalerie Legere, de l’Arriere-ban, des D ragons, des H u ssàrts. L
A Cavalerie Legere ne fa isoit point autrefois un corps dans les Armées, 437 L 'Histoire de la Cavalerie Legere doit commencer a Loüis X II, 438 En quel sens Brantome a dit que la Cavalerie Albanois e fu t le modele s ur lequel fu t reglée notre Cavalerie Legere , 440 Henry I I a proprement donné la forme à la Cavalerie Legere, 441 L a Cavalerie Legere fu t d'abord en Compagnies,& puis en Regi mens , on donna aux Commandant des Regimens, le titre de Mest re de Camp, 443
D u Colonel General de la Cavalerie Legere. Son autorité & ses P r é r o g a t i v e s , 45 Cette charge tantôt unique, tantôt partagés , 448 Colonel General de la Cavalerie Allemande , 448 Restrictions mis espar Loüis XIV à la Charge de Colonel de la Ca valerie Legere Françoise, 450 Reglemens pour les Dragons par rapport à la Cavalerie , 5 4 1 . 4 5 3 Liste des Colonels Generaux de la Cavalerie L eg ere , 453 De la Charge de Mejlre de Camp General de la Cavalerie , 4 57 Lijle des Mestres de Camp Generaux de la Cavalerie , 457 De la Charge de Commifaire General de la Cavalerie, 4 59 Liste des Commissaires Generaux de la Cavalerie , 461 De la Charge de Lieutenant Colonel General de la Cavalerie,461 Liste des Lieutenans Colonels de la Cavalerie , 463 De la Charge de M aréchal General des Logis de la Cavalerte, 4 6 4 Liste des Maréchaux Generaux de la Cavalerie 464 Des Regimens de Cavalerie , 465 Regimens Royaux , Liste de ces Regimens , 466 Regiment Colonel General , 467 Ses Prérogatives 468 Liste des Mestres de Camp tuez, au service ou'parvenus a la digni té de Maréchal de France, 4 6 9 , & suivantes. Histoire du Regiment Royal des Carabiniers , 479 Liste desMestres de Camp du Regiment Royal des Carabiniers, 4 8 8 Du Ban & Arriere-ban, diverjès signif ications de ces termes , 4 8 9 Differences de l’Arriere-ban d’autrejois & de l’Arriere-ban des derniers tems , 491 L ’ Arriere-ban a fervi à pied une fois s ous François I , & une fois sous Loüis X I I I , 492, Capitaine General de l’Arriere-ban , Charge du tems de chartes V I I , depuis supprimée , & puis rétablie , 4 9 3 , & enfin entiere ment abolie 494 Autres officiers de l’Arriere-ban , 494 Décadence de l’Arriere-ban, 4 9 4 raisons de cette décadence, 4 9 5 Histoire des Dragons, faux préjugé sur les Dragons du Maréchal de la Fertè que l’on croit faussement avoir éte les premiers Dra gons dans les troupes de France , 496 Le Maréchal de Brissac Auteur de cette Milice durant les guer-
res de Piemont, 4 98 Le Duc d’Albe en leva fur l’exemple des François , 498 Il y en avoit fous Henry I V , 4 99 Supprimez après le siege de la Rochelle , 500 Rétablis par le Cardinal de Richelieu en grand nombre> 500 Dragons de la Ferté, 503 Regimens de Dragons du Roy , 503 La Charge de Colonel General des Dragons créée en fa veu r de M . le Duc de Lausun , 504 Augmentation de cette M ilice , 504 Liste des Colonels Generaux des Dragons , 505 Liste desMestres de Camp Generaux des D r a g o n s . 506. Liste des Colonels ou Mestres de Camp des Dragons tuez au s ervice ou parvenus d la dignité de Maréchal de France , 507 Des autres officiers des Dragons, 511 Service des Dragons , 512 Liste des Regimens de Dragons qui étoient fu r pied à la fin du der nier Regne, fuivant le controlle de 1714 , 514 Des Hussarts 115; leur commencement dans les armées de France, 516 ; il y avoit eu de la Cavalerie Hongroife en France dés le tems de Loüis X III, py Armes des Hussarts, leur maniere de combattre , 518 ; leurs trom pettes , leurs étendarts , leur dis cipline, 519
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D e l’Artillerie & de quelques autres matieres qui concernent la Milice Françoise.
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L n ’est permis à aucuns particuliers d’avoir du canon dans leurs Châteaux, 522 Deux exemples de concession des Rois à Henry Vicomte de Turenne, par Henry I V , & au Maréchal de Villars , par Loüis le Grand, 522 De la Charge de Grand-Maître de f Artillerie,la charge de GrandM aître des Arbalétriers s emblable en beaucoup de chos es à cellecy. 52 3
Autorité & Prérogatives du Grand-Maître d'Artillerie ,526 Cette Charge érigée en office de la Couronne, 527 D e la Charge de Lieutenant General de l'Artillerie , & des au tres Officiers qui y ont des fonctions M ilitaires , 528 Du Regiment Royal d'Artillerie , 5 32 Les Suisses eurent d’abord la garde de l'Artillerie dans nos armées, & ensuite les Lanfquenets , 532 Rendue aux Suisses , 533. Création du Regiment des Fufiliers pour l’Artillerie , 533 Le Regiment nommé depuis Regiment Royal d'Artillerie , 5 35 E tat present du Regiment Royal d'Artillerie en 1 7 2 1 , 535 Liste des Lieutenans Colonels du Regiment Royal d ’Artillerie , & des Majors de chaque Bataillon 540 Du Regiment Royal des Bombardiers attaché pareillement au corps de l'Artillerie , origine de ce Regiment , 541 Liste des Lieutenans Colonels de ce Regiment, 542 Le Regiment incorporé dans le Regiment Royal d’Artillerie, 5 4 2 De la Compagnie franche des Canonniers des côtes de l'Ocean, 54 3 Des Compagnies de Mineurs , 543 Les Compagnies aussi-bien que la Compagniefranche desCanonniers ont été incorporées dans le Regiment Royal d’Artillerie , 54 4 . De la police de l’Artillerie 54 4 Ecoles d'Artillerie r 545 Liste des Maîtres & des Grands-Maîtres de YArtillerie, 54 7 Des recompenfes & des châtimens militaires , 3 3 4 , & fuivantes. De l’Ordre Militaire de Saint Loüis , 559 Liste des Grands-Croix , & Commandeurs de la première promo tion , 5 63 De l’ètablis s ment des Invalides, 564 Projet de Philippe-Auguste d’une Maison de foldats invalides, 5 6 5 E x ecuté avec magnificence par Loüis le Grand 3 6 5. 5 6 7 E tat Major dans l’Hôtel, 568 Dis cipline obfervée dans L’Hôtel, 5 68 Exercices m ilitaires , 573 I l n’y a rien dans cet Hôtel qui fente la craffe des Hôpitaux, 5 7 4 Châtimens militaires, 57 5 S ev erité des Romains , 5 75 Exemples de châtimens tiretz de notre ancienne Histoire , 577
Lapidation en us age parmi les François , aussi-b ien que parmi les Romains , 577 Châtiment e n us age s ous les derniers Regnes , 581 Ceremonies de la dégradation d'un Joldat, 5 85 Certains corps où l’on ne punit jam ais de peines infamantes jans casser en même-tems le coupable, 586 Châtiment appelle le morion , 588 Du changement des armes dans l’Infanterie, s ous le Regne de Loüis le Grand , 589 Abolition des piques pour y substituer la bayonnette au bout du fu sil , 59 0 Cette idée de la bayonnette au bout du fusil perfectionnée , 59 3 Fusils jubslitu ez, aux mousquets , 593 Comparais on de l'Art M ilitaire d'autrefois, & de l'ancunne Milice, avec l'Art M ilitaire , la Milice de notre tems, 5 9 4 Arrangement des batailles chez les Çrecs , Phalange des Grecs , 597 Arrangement des armées Romaines , 599 Les Grecs & les Romains ont la gloire de l'invention de l'Art M ilitaire, 600 Les soldats Romains devaient être meilleurs que les nôtres,& pourquoy , 601 Nos avantages s u r les Romains, 602 Regle pour bien juger de la dis cipline des Romains comparée avec la nôtre , 603 Comparuifon des armes offensiv e s d’autrefois avec les nôtres , 6 0 5 Comparuifon des fleches & de la fronde avec les fufils , 606 Q uestion & cent frondeurs en ras e campagne pourroient tenir con tre cent fufiliers, 606 Répons e à la question , 608 Compuraison au javelot avec le pistolet, 609 D ivers es autres questions propos ées, 610
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Histoire de la Milice Françoise sur la mer. C
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a p . I . De la Marine fous la premiere & la seconde Race,618 Précautions de Charlemagne pour la ccnfervation des côtes de la mer de fon Empire , & le nombre prodigieux de fes vaiffe a u x , 620 Projet de ce Prince de joindre l'Ocean avec la mer Noire , entrepris & abandonné, 621 h a p . I I . de la Marine fous la troisiéme Race , pourquoy nos Rois depuis Hugues Capet ,jus qu à Philippe-Augusten avaient point de flotte s ur la m er, 6 22 Philippe-Auguste rejlaurateur de la Marine en France. Ce qui L'o bligea a je rendre puiffant fur la m er, 6 24 Son coup d’essay ne fu t pas heureux , 624 Ses Succeffeurs y furent plus ou moins puiffans, 6 2 5 , & s uivantes. François I obligé deje rendre puiffant fur cet élément, 629 La Marine de France aneantie durant les guerres civiles de Re ligion , 630 Henry IV s ans nulleforce sur lam er, 631 h a p . I I I . Des divers es especes de Vaisseaux dont on s’est servi dans les armées navales, 632 Les Galées, 633 Le nom de Galées, quand changé en celuy de Galeres, 634 Les Galions, 634 Les Galeasses , 635 Les Balingers, les Barges , 6 35 Les Galées ou Galeres étoient proprement les Navires de guerre , 636 Les C anaques, les Ramberges, 636 Vaisseaux fam eux dans nos Histoires , la Charente & la Cordelierefous Loüis X II, le Carracon de François 1 , 637 Le Carracon de Henry V III Roy d'Angleterre , 6 38 Vaisseaux Huissiers pour le transport des chevaux, 639 h a p . I V . De la maniere dont se formaient les Flottes autrefois ,
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Les vaisseaux de guerre n’étaient que des vaijfeaux de Marchands ou de quelques particuliers que l'on armoit en guerre , 6 4 3, On avoit recours en France aux Genois , aux Espagnols , & aux autres Etrangers pour acheter ou louer des vaijfeaux , 645 Henri VIII Roy d’ Angleterre en ufoit de même , 646 Elis abeth Reine d'Angleterre se tira de cette dépendance, 646 François I commença à avoir une Flotte reglée, 646 Jacques Cœur homme fameux dutemsde Charles VIII par son me rite & par le nombre des vaisseaux qui luy appartenaient, 647 C h a p . IV. De la maniere de combattre fu r la mer fous la troifiéme Race, 648 Vaisseaux armez, du R ostr u m ou vaisseaux à bec , ce que c’étoit que ce Rostrum, 649 Châteaux de bois élevez sur le vaisseau , 649 Vaisseaux crenelez, 650 Vaisseaux paves ehez , 651 Relation de la bataille navale devant l’Eclus e en Flandre l'an 1340 6 52 Reflexions fu r cette bataille , 655 Relation d’une autre bataille de l'an 154 5 s ous François premier, 658 Reflexions fur cette bataille , 666 Quand a commencé l'usage des s abords, 667 C h a p . V. Du rétablijfement de la M arine en France fous le Regne de Loüis X III, 668 Mesures pris es par Loüis X III pour le rétablissement de la Marine 667 Vaisseau la Couronne , 678 Décadence de la Marine feus la minorité de Loüis X IV , 679 C h a p . VI. Du rétablissement de la Marine sous le Regne de Loüis le Grand, à quoi étoit réduit le nombre des vaisseaux & l'Artillerie de la Marine avant ce rétablissement, 679 Progrés de la Marine , 680 Succés de ce rétablijfement , 683 C h a p . VII. De la dignité à'Amiral de France & des autres Charges de la M arine, 690 La dignité d'Amiral ne fu t pas toûjours aussi confi derable qu’elle est aujourd'huy . 691
Prérogatives de L'Amiral, 693 Liste des Amiraux de France, 697 Liste des Grands-Maîtres,Chefs & Sur-Intendants Generaux de La Navigation & commerce de France , 700 Liste des derniers Amiraux , 701 Des Vice-Amiraux, 701 Liste des Vice Amiraux . 702 Du Lieutenant General dans les armées n a va les, 703 Du Chef d'Es cadre , 705 Du Capitaine de Vaisseau , 706 Du Major & des Ayde-Majors, 708 Du Lieutenant & de l'Enseigne de vaisseau, 709 Reglement pour le rang des officiers des armées de terre & des officiers des armées de mer , lors qu ils se rencontrent ensemble pour le service , 710 C h a p . V III. Des troupes de la M arine, 712 Gardes-Marines, 713 C h a p . IX. De la Police sur les vaisseaux, du Cons eil de guerre, de la garde fu r les vaisseaux , 715 C h a p . X. Des disserentes especes de vaisseaux dont on se s ert dans la guerre de mer, 719 De l'Artillerie de la Marine , 721 C h a p . XI. Dess aluts, des signaux & des pavillons, reglement de Loüis le Grandfu r cet article s 725 Usages dessig naux, 731 Reglement pour les pavillons, 733. C h a p . X II. Des arrangement des armées navales dans une ba taille , dans les marches , &c. 734 Arrangement de deux armées fu r deux lignes au plus prés du vent, 735 Arrangement dam la marche, 738 Arrangement dans une retraite, 738 Arrangement dans une poursuite, 739 Place du Capitaine & des autres officiers & des soldats durant le combat, & . 741 U sage des brulots,recompens e des Capitaines de brulots, obligations des Capitaines de brulots , 743 M aniere d’aborder & dese défendre de l'abordage , 743
Des descentes, 743 C h a p . X III. De la M arine des galeres, des Officiers desgaleres, 7 4 6 Le Lieutenant General doublé, 747 Décadence de la Marine des galeres fu t encore plus grande que celle des vaisseaux ; 747 De la Charge de General des galeres, 748 Reglement par rapport aux Vaisseaux & aux galeres en cas de jonction, 748 Liste des Generaux des galeres, 749 De la forme des galeres, & c. 752 Invention du double Timon par M . le Bailli de la Pailleterie , lettre de M. le M aréchal de Vaubans ur ce su je t, 754 Galeresfensiles & grosses galeres , 758 La Reale, l’Etendart Real,gardes de l'Etendart Real, 758 La Patrone, 759 I l n’y a point en France de galere Capitane, 759 Compagnies de joldats des galeres, galeres à'exercice »précautions pour la conftrvation des chiourmes, 760 Artillerie à’une galere , 761 Il est furprenant de voir ce que contient une galere dans un& petit espace, 7 61 Coupe d’une galere , 762 U tilité des galeres, 7 62 De la maniere dont les galeres combattent, 762 Place du Capitaine, du Lieutenant, &c. dans un combat, 763 Difference des combats de vaisseaux du hautbord & degaleres,764 Comment onplace les galeres dans un combat quand elless ont join tes aune armée de va isseaux, 765 Combat d’un vaisseau commandé par M,de Relingue contre trentecinq galeres Espagnoles, 766 M . le Bailli de la Pailleterie avec six galeres enleve un vais seau de guerre , à la v üè d’une armée navale de Hollande , re lation de ce combat, 7 66 Autre entrepris e du même Commandant fu r une autre Escadre Hollandois e , 770
H IS T O IR E
Pl. 1.
HISTOIRE D E
LA MI LI CE F R A N Ç O I S E . LIVRE DE L A
NEUVIEME
MILICE D EN O T R E
FRANÇOISE T E MS.
E C second Volume de la Milice Françoife a u ra, ce me femble , deqnoi faûsfaire la fcuriofité des Lecteurs par plufieurs chofes importantes qu il contient , fur lefquelles en confultant des perTonnes de la Cour & quelques Officiers à ’Ar» me'e , j ’ai connu par expérience que peu de gens font bien inflruics en ce qui regarde i’hirtorique des Matières que je pre'tens y traiter.
L ’époque de l’institution des Régimens à ’infanterie , celle des Régimens de Cavalerie, le tems où la Milice des Dragons a été introduite dans nos Troupes , l’inflitution de quelques Charges confidérables dans les Armées, fur tout celles de la Maifon Militaire du Roi , & plufieurs autres chofes dont le détail & i’éclairciffement doit faire quelque plaifir ,en feront le prin cipal objet. O n peut divifer les Troupes qui compofent aujourd’hui nos Armées en cinq efpeces, fans y comprendre ce qui regarde l’Ar tillerie dont je traiterai à part. Ces cinq efpeces font la Gen darmerie, la Cavalerie - Legere, les Dragons , les H uflàrts & l’Infanterie. Je comprens sous la Gendarmerie non feulement le Corps qui porte fpecialement ce nom , mais encore tous les Corps de Cavalerie de la Maison Militaire du Roi, aufquels le titre de Gendarmerie a été auffi attribué par ordonnance. Avant que à ’entrer dans les Hifloires particulières de cha cune deces diverfes efpeces de T roupes, je ferai celle de tou tes les Charges Militaires qui y donnent aujourd’hui du com mandement , en commençant par les plus relevées, & en defcendant jufqu’aux moins confidérables. Je remonterai jufqu’à leur origine. Je tâcherai à ’en donner les notions les plus débrouil lées' qu’il me fera poffible , à’en démêler les fondions ôc les Prérogatives , à 'ôter l’équivoque des noms que l’on donnoit autrefois à de certaines C harges, & qu’on a depuis donnez à à’autres qui font fort différentes : ce qui confond fouvent les idées de ceux qui lifent nos H i floriens des Siècles paffez , &: les font tomber dans des méprifes. O n voit bien que l’Hifloire de ces Charges Militaires fait une des principales parties de la matière que je traite. La Dignité de Maréchal de France cil la plus illuflre des Charges qui fubfifient encore dans les T rou pes. C ’est par elle que je vais commencer.
C H A P I T R E
PREMIER.
De la Dignité de Maréchal de France. E ne m’étendrai point ici fur les qualitez à ’un Général à ’Ar mée , à ’un Lieutenant G énéral, à’un Maréchal de Camp, &c, comme l’ont fait la plupart de ceux qui ont traité de l’A rt Mi litaire. Cela ne regarde point mon fu je t, & il ne m’appartient nullement de moralifer fur les devoirs des perfonnes de cet état & de ce rang. Je me renferme toujours en traitant des matiè res dans le caraclere à ’Hiftorien qui rapporte hiftoriquemen t les divers ufages 3 & qui tâche de les éclaircir quand il est à. propos de le faire. Entre diverfes Etymologies que l’on apporte du nom de M a réchal , la plus naturelle est celle qui le fait venir de deux mots Germaniques March ou Marach qui lignifie un cheval, Etymologie & Scalch a qui fignifie Maître ou qui a autorité. C’est-à-dire du mot deM aque l’Office du Maréchal étoit autrefois une Intendance fur réchal. les chevaux du Prince auffi-bien que celui de Connétable 5 mais fubordonné 6e inférieur à celui-ci. Ce mot se trouve dans la Loi Salique- b II se trouve auffi dans l’ancienne Loi des Allemans , comme une Charge qui regardoit l ’Ecurie. Il me paraît par l'Histoire , quoique plufieurs penfent au trement, que la Dignité de Maréchal devint une Dignité M i litaire avant que celle de Connétable le fût. C ’est du tems de Philippe Augufte que l’on voit pour la première fois sous la troifiéme Race de nos Rois le commandement joint à cette D i gnité dans les Armées. Selon l’Histoire il y avoit un Maréchal nommé Alberic C lé ment dans l’Armée que Philippe Augufte conduifit au delà
J
a Beatus Rhenanus Libro fecundo Rerum Germanicarum. b & Marefcallus qui fuper duodecim caballos est , occiditur , undecim folidis com ponatur. Lex Aleman. tit. 79. §. 4.
Rigord pag. 191. Alberic Clé ment n’étoit point M aréthal de Fran ce niCommandant des A r mées.
Rigord pag. 216 .
Guillel.Brit.
p. 325. H enri Cle ment premier Maréchal de France avec Commande ment dans les Armées.
de la Mer pour le fecours de la Terre-fainte ; U est dit que ce Maréchal fut tué au Siège à ’Acre : mais je doute fort qu’il fût Maréchal de France, & qu’il exerçât dans l’Armée les fon dions attachées depuis à cette Dignité. Premièrement parce qu’il n’est point marqué dans l’Histoire qu’il eût le comman dement de l’Armée sous le Roi. Secondement, parce que l’H i ftoire de Philippe Augufte ne l’appelle point Maréchal de Fran ce , mais feulement Maréchal du Roi de France, M a re flc a llu s R eg is Francis.. Or nos Rois avoient des Maréchaux , c’est-àdire des Officiers avec Intendance fur leurs Ecuries sous le Connétable , avant que la Dignité de Maréchal & de Con nétable devinrent Militaires -, & ces Maréchaux auffi bien que les Connétables fui voient à ’ordinaire les Rois à l’Armée com me les autres Officiers de leur Maison. Enfin, comme je l’ai remarqué en traitant de la Charge de Grand Sénéchal de Fran ce , c’étoit Thibaut Comte de Blois qui au Siège à’Acre où il mourut auffi-bien qu’Alberic Clément , commandoit l’Armée sous Philippe Augufte , & à ce fujet Rigord Hiftoriographe de ce Prince , l’appelle le Chef de cette Armée , P rin cip em M i l i t i s . Ce n’étoit donc pas Alberic Clement qui la commandoit en qualité de Maréchal de France , & l’on ne voit pas même qu’il la commandât lous le Comte de Blois. Le premier donc que je trouve dans l’Histoire avec quel que marque de commandement , est Henri Clement frere de cet Alberic. Premièrement parce que l’Hiftorien que je viens de citer, lui donne la qualité de Maréchal de France. Æ g r o t a v i t B cn ricu s M a r e {cal lus F r a n c is . Secondement parce que Guil laume le Breton dit qu’il étoit à la tête de l’avant-garde dans la conquête que Philippe Augufte fit de l’Anjou & du Poitou. Plenricus vero modicus v i r corpore , m a g n u s Viribus , armata, n u lli v irtu te fe c u n d u s , Cujus erat p rim u m gcflare in p r s lia p ilu m Jfu ip p e M arefcalli claro fu lg e b a t honore.
Cela montre que le Maréchal avoir dès lors en cette qualité un grand rang dans l’Armée. On voit à ’ailleurs clairement par la fuite de cette Campagne que ce Maréchal commandoit l’Àr-
inee : & il est die exprefiément par le même Auteur trente pages ap rès, qu’il avoit ce commandement sous Loüis fils du Roi qui en étoit le Généraliffime , & q u ’il l’ayoit par sa D i gnité de Maréchal.
J ure M a rescalli cunctis p rælatus agebat. Le Ptfre Anfelme au fujet de ce Maréchal avance un fait faux qui n’a pas été corrigé dans la nouvelle Edition faite par Monfieur Dufourni & qui prouveroit même contre fon inten tion , que les Maréchaux de France ne commandoient pas alors dans les Armées. Il dit que ce Maréchal étoit à la Bataille de Bouvines. O r dans cette Bataille c’étoit le Chevalier Guarin nommé à l’Evêché de Senlis, qui commandoit l’Armée sous Philippe Augufte. Ce fut lui qui non feulement la mit en Ba taille , mais encore qui faifoit marcher les Troupes pour la charge , ainfi que l’écrivent les deux Hiftoriens de ce Prin ce que je viens de citer- Deforte que le Maréchal Henri Clé ment n’auroit pas eu alors le commandement général j & ef fectivement il n ’est fait nulle mention de lui dans cette Ba taille. Mais la faufleté du fait avancé se prouve par Rigord qui marque expreffément que ce Marécha n’étoit point à la Ba taille j Sc qu’un Courier a lui étant venu apprendre la nou velle de la Victoire que le Roi avoit remportée lorfque ce Sei gneur étoit malade à l’extrémité , il lui donna pour sa peine ion cheval de Bataille , n’ayant plus rien autre chofe à lui don ner , parce qu’il avoit déjà difpofé de tous fes biens en sa veur des Pauvres. Quoiqu'il en fu it, on ne peut douter que ce ne fut sous ce Regne que le Maréchal de France commença à’avoir le com mandement dans les Armées , quand il y étoit. Ce qui paroîe clairement prouvé par les Vers de Guillaume le Breton que je viens de citer. Or le Maréchal H enri Clement commandoit a Paucis ante obitum fuum diebus habuit- Nuutium qui ei Regis Vi&oriam nun tiavit , cui ipfe præ gaudio equum fuum quo in Bellis utebatur , dedit , cum non haberet quid ei aliud daret, omni facultate fuâ ab ipfo tanquam de morte certo iv ulus Pauperum diftributâ.
pag 3 5 5 .
M éprise dans l‘Histoire des Grands Officiers de la Couronne.
l’Armée 5 c étoit à la tête de l’avant-garde dans la conquête de l’Anjou dès l’année 1 2 0 4 , & le Connétable Mathieu de M ontmorenci II du nom , qui le premier de tous les Connétables Charge de commanda les Armées par commiffion , la Dignité de Sénéchal Maréchal de étant vacante , ne fut Connêcable qu’en 1 2 1 8 . à ’où il s’enfuit, venue M ili taire avant quoiqu’en dife l’Auteur de l’Histoire des Grands Officiers de celle de Con la Couronne , que ce que j’ai dit est vrai , fçavoir que la C harnétable. ge de Maréchal commença à devenir un Office Militaire avant que celle de Connétable le fut. Deux chofes me paroiffent remarquables au fujet de ces an L es premiers M aréch a u x ciens Maréchaux de France. C ’effc premièrement que les qua de France étoient tous de tre premiers furent tous de la même Famille : fçavoir Alberic la même s a Clemenc, s’il est vrai que ce Seigneur ait eu cette qualité de mille. Maréchal de France , &. non pas fimplement celle de M aré chal du Roi 5 Henri fon frere , Jean fils de H e n ri, 5c H en. ri Clement II du nom. L ’autre chofe est que Henri Clement I du nom étant m ort, Survivance 5c n’ayant laide qu’un fils en bas â g e , Philippe Augufte don de la Charge de M aréchal na au fils la Dignité de Maréchal de France , 5c en fit faire de France don les fonctions par commilîion à Gautier de Nemours. L ’Hiftonée à un en rien cependant remarque exprefTément que cette Dignité n’éfa n t. toit pas héréditaire: & hoc to tu m f u i t de b e n ig n ita te R e g is , q u i a Rigord pag. h a r e d ita r ia jitccejjio i n ta lib u s o ffic iis locum n o n h a b e t. Mais il y 216. a encore une troifiéme obfervation à faire à cet égard au fujet de ce Jean Clement , fçavoir que quand il fut en âge à ’exer cer la Charge de M aréchal, il donna un écrit a au Roi Loüis V I I I , par lequel il déclarait que ni lui b ni fes héritiers ne Précaution réclameraient point la Charge de Maréchal , comme prétendant de Loüis V III quelle fût héréditaire dans leur Maison i 5c cela se fit fans dou pour que ente Charge ne de te parce qu’on appréhenda que lui étant le fécond ou le troifié vint point hé me Maréchal de France de fuite dans sa Famille , 5c l’ayant reditaire. été lui-même en bas âge , fes heritiers ne regardaient cette Char ge comme un héritage , ainfi qu’il étoit arrivé aux Comtes à ’An jou à l’égard de la Dignité de Grand Sénéchal de France. a C et A fte est rapporté dans la nouvelle Histoire des Grands Officiers de la Couronne t. i, p. 491. b Nec ego nec hæredes mei reclamabimus Marefcalliam jure bæreditario tenendam & habendam : in cujus rei teftimonium pratfentes litteras , &c.
Bien loin que la Dignité de Maréchal fût héréditaire , il pa- La Dignité de M aréchal roît par plufieurs endroits de nos Histoires qu’autrefois elle n’é- de France ne toit pas à v ie, ôc que dès là que celui qui en avoit été honoré, f u t pas tou recevoit un autre emploi incompatible avec les fonctions de M a jours a v i e. réchal de France , il cefloitde letre. C’efk ce que j ’ai remarqué dans l’Histoire du Regne de Philippe de Valois au fujet du Sei gneur de Moreul Maréchal de France que ce Prince choifit pour être Gouverneur de fon fils Jean qui fut fon Succefleur fur le T hrône. Ce Seigneur repréfenta au Roi que le choix qu’il faifoit de sa perfonne pour le mettre auprès du jeune Prince , lui faifoit honneur j mais que ne pouvant recevoir cet emploi fans quit ter la Dignité de Maréchal de France , cela feroit tort à sa ré putation , parce qu’on croirait qu’elle lui avoit été ôtée pour ne l’avoir pas affez dignement remplie ; & voici ce qui lui fut écrit par le Roi là-deffus. » De par le Roi. Sire de Moreul vous fçavez comment nous * E x tra it d 'un Titre de » vous deymes l’autre jour que nous vous aviens ordené pour la Chambre » eftre avecques Jean noftre fils 6: à fon frain : * & vrayment des Comptes » nous n e v o u s ojlons de l'office de M a r e fc h a l pour nul mal qui de Paris. » foit en v o u s, ne pour nul défaut qui par vous ait efté en vo- * C ’est-àen quali » lire Office : més nous vous amons miex près de Jean noftre dire té de Gouver » fils que nous ne ferions nul autre. & voulons que vous vous neur, » ordenés tantoft pour y venir , ôc pour y eftre dorez-en avant » continuellement : car il est temps que ceux qui font orde» nez pour y eftre y foient ; & fi est miex voftre honneur de » le faire maintenant , qu’il ne ferait quand nous ferons plus » avant en la Guerre. E t pour ce que vous nous priaftes,quand » nous vous en parlafmes que nous y voufiffions garder voftre » honneur, vrayment fi vous y penfez bien , vous trouverez que » nous vous faifons trop plus grant honneur de vous y mettre, » que nous ne ferions de v o u s lefjier M a r c jc h œ l : mefmeraent con» fideré que nous voulons que vous foyés tous li premiers & » li principaux de fon frain , car il n’est oncques Marefchal » de France qui n’en laiflaft volontiers l’Office pour eftre li » premiers au frain de l’aifné fils du Roi. & nous femble que » voftre honneur y est non pas gardé feulement, mès accruëj » & quand au proufit il nous l'emble que il y est plus grant
» qu’il ne feroit à eftre Marefchal : car pour plufieurs frau» des qui se faifoient pour caufe des Droits des Marefchaux, » nous avons ordenéque dorez-en avant nul Marefchal ne pren« droit nul droit , mais feront tournez à noftre proufit tous »» les droits qu’ils foloient prendre , & ils auront cinq cens li» vres tournois chacun à ’eux par an pour toutes chofes j & fi » ne les auront fors feulement durant les Guerres, & nous vou» Ions que vous ayez pour eftre avec noftre fils cinq cens livres » chacun an , lesquelles nous vous donnons à voftre vie , » fi nous y femble le proufit plus grantque en l’Office de M a* L ætus , » refchal : pourquoy vous n’en devez eftre en nulle mélancolie, rejoui. « mais en devez eftre tout liés , * & pour honneur & pour » proufit. Donné à Becoifel le cinquiefme jour de Juillet. Ce fut vers l’an 1310 fort vrai-femblablement , le Prince Jean ayant alors douze a n s, que le Roi lui donna un Gouver neur. Le Seigneur de Moreul fut rétabli dans sa Charge de Maréchal après avoir élevé le Prince 5 & on le trouve avec cet * C ité par le te qualité l’an 1346 dans un compte * de Barthelemi de Drach. Perc Anselme dans foa H i- Il y eut dans cet intervalle plufieurs autres Maréchaux de Fran ftoire des M a ce, fçavoir Jean de Beaumont, Jean des Barres , Mathieu de réchaux. Trie , Robert Bertrand , Charles de Montmorenci & Robert de Vaurin Seigneur de S. Venant. On voit par cet Acte non feulement qu’un Maréchal de Fran ce pouvoit ceffer de l’être fans même avoir commis le crime de félonie qui lui auroit fait perdre tous fes titres j mais encore que Philippe de Valois retrancha aux Maréchaux certains droits ou profits qu’ils prétendoient. Charles V II en fupprima plufieurs femblables dont jouiftoient les Connétables , lorfqu’il inftitua les Compagnies à ’Ordonnance , ainfi que je l’ai remarqué en parlant de la Dignité de Connétable. Voici encore deux autres preuves que la Dignité de Maré chal de France n’étoit pas à vie autrefois. Arnoul à ’Andrehem Maréchal de France quitta sous Charles V la Charge de M a réchal , pour avoir celle de Porte-Oriflamme. Pierre de Rochefort Ecuyer fut retenu Maréchal de France au lieu de Meffire Jean fire de Rieux & de Rochefort , qui à sa fupplication & requête a été déchargé dudit Office par Lettres du Roi données Appointewens des M aréchaux de Trance en ces Tems-là.
données à Paris le 12 Août 1417- * On trouvera encore dans le Recueil des Rois de France de du Tillet quelques autres exemples de Maréchaux de France dépofez ou déchargez , ainfi q u ’il parle , c’est-à-dire , qui perdoient le rang fk, le titre de Maréchal de France , après avoir été revêtus de cette Dignité. L ’ufage contraire n’étoit pas encore entièrement établi même sous le Regne de François I , puifque le Maréchal à ’Annebaut ayant été fait Amiral de France , fut fu rie point de quitter la Dignité de Maréchal : c’est ce que nous apprenons des Mémoi res de Brantôme. Il dit que quand le Maréchal à ’Annebaut fut fait Amiral , le Roi ne voulut point q u 'il q u ittâ t l'é ta t de M a r é c h a l , à 'a u ta n t que l ’A m ir a l ne tie n t p o in t ra n g a u x A rm ées de terre comme les M a réch a u x , & le Roi v o u lo it Je J e r v ir de lu i en Terre p lu s q u 'en M er. Il efb donc vrai que les Maréchaux perdoient leur rang & leu r é ta t , c’est-à-dire leur titre & le re venu qui y étoit attaché , quand ils étoient occupez à des fon ctions incompatibles avec l’Office de Maréchal qui étoit de commander dans les Armées. La raifon éto’:t que ces grandes Charges étoient autrefois cenfées incompatibles en France , & qu’on y regardoit comme un abus qu’un homme poffiedât une Chargedonc il ne pouvoir rem plir les fonctions. Outre que cette incompatibilité donnoic moyen au Prince de recompenfer un plus grand nombre de fes Sujets. C’est pourquoi sous le Regne de Henri III dans les Etats de Blois où l’on prétendoit faire la réforme de l’Etat , il se fit quelques Statuts fur cette matière. » Et afin , ditceP rin» ce , que nous ayons moyen de recompenfer notre Noblef« se....... nous déclarons que nous n’entendons qu’aucun par » ci-après puifïe être pourvu de deux Etats, Charges & Offices » mêmement des Etats de Grand-Maître , Maréchal ou Ami» ral de France , Grand Chambellan , Grand-Maître de l’A r» tillerie , Général des Galeres , Grand Ecuyer, Colonel des » gens de pied , Gouverneur de Province , lefquelles nous dé» datons incompatibles , & ne pouvoir à l’avenir être tenues con» jointement par une même perfonne , quelque difpenfe qui en » puiffie être obtenue devant. * Extraits des Mémoriaux & Regiiîres de la Chambre des Comptes de Paris par k fleur Godefroy Annot. Sur le Regne de Charles V I. p.
D ans l'Elege du M aré chal de Montejan.
Art. 267.
Art. 268.
Le nombre des Maré chaux de France a fort varie.
* Voyez Godefi oi dans ses Notes fur le Livre de leFeron où il rap porte les Proviftons de Gafpardde Coligny , & la confirmation de sa Charge de Mare'chal après la mort du Maréchal Trivulce.
» Pareillement ne pourront les Colonels ou Maîtres de Camp » de gens de pied , General ou Capitaines des G aleres, avoir » Compagnie de Gendarmes. « Mais tout cela nonobftant ces Statuts , ne fut gue'res mieux obfervé depuis , qu’il l’avoic été auparavant. à ’abord il n’y eut qu’un Maréchal de France , quand le commandement dans les Armées fut attaché à cette Dignité > comme on l’a vû par ce que j ’ai dit au fujet des premiers Ma réchaux sous le Regne de Philippe Augufte : mais sous celui de Saint Loüis on en vit deux : car quand ce Prince alla à fon Expédition à ’Afrique l’an 1270 , il avoit dans fon Armée avec cette qualité Raoul de Sores Seigneur à ’E ftrées, & Lancelot de Saint Maard- Il paroît qu’il y en eut toujours deux depuis ce tems-là , dès que l’un mouroit ou étoit d éch a rg é foit par démiffion volontaire , foit autrement , le Roi en nommoit auffitôt un autre , comme il est fouvent marqué dans nos Hiftoires. On en voit davantage sous Charles V II : mais c’est que Henri Roi à ’Angleterre qui se difoit Roi de F rance, en faifoiï de fon côté , & Charles V II du lien. François I * en ajouta un troilîéme. Sur quoi il faut obferver qu’on pourroit dire que ce Prince fit un quatrième M a réchal qui fuc Gafpard de Coligni pere du fameux Amiral du même nom. Mais ce Prince déclare dans les Provisions de ce Seigneur , qu’il ne le fait Maréchal que par avance pour les raifons qu’il apporte , & pour occuper la place à ’un des trois Maréchaux v i v a n s qui mourra le premier. En effet dès que le Maréchal Jean-Jacques Trivulce fut m o rt, Gafpard de Coli gni reçut une nouvelle confirmation de fon Etat de Maréchal, prit la place T riv u lc e , & le Roi n’augmenta point le nombre de trois. Henri I I en mit un quatrième. François II en créa un cinquième par extraordinaire. Ce fut François de Montmorènci fils du Connétable. On fit ce palfedroit en sa faveur pour le dédommager de la Charge de GrandMaître , dont il avoit la furvivance , & qui fut donnée au Duc de Guife. Charles IX en ajouta deux nouveaux j & Henri I I I deux autres à fon retour de Pologne. Il fut ordonné aux Etats de Blois sous le Regne de Henri
I I I , que le nombre des Maréchaux ferait fixé à quatre : ma:s H enri IV fut contraint de se difpenfer de cette loi, partie pour recompenfer les fervices de quelques Grands Seigneurs, partie parce qu’il avoir befoin deux , partie pour s’accommoder avec les Chefs des Ligueurs: & ce fut par cette derniere raifon qu’il confirma dans cette Dignité Meilleurs de la Chaftre & de BoisDauphin faits Maréchaux de France du tems de la Ligue par le D uc de Mayenne : ce qui vérifia la prédiction de Monfieur de Chanvalon qui dit à ce Duc après qu’il eût fait ces Maré chaux , que c’étoit des Bâtards qui feroient un jour légitimés par le Roi aux dépens du parti de la Ligue. Le nombre des M a réchaux a été depuis fort multiplié sous le Regne de Loüis X III, & encore plus sous le Regne de Loüis le Grand , & il yen avoic jufqua feize l’an 1651 , & jufqu’à vingt après la promotion de I 7 ° 3' Il paraît par une Ordonnance de Henri II de l’an 1547 , qu’autrefois les Maréchaux de France avoient leurs Départemens pour maintenir l’ordre dans la Gendarmerie & dans les autres Troupes. Ce Prince rétablit ces Départemens par fon Ordon nance , entre les trois Maréchaux de France qui étoient alors, fçavoir le Prince de Melphe, Monfieur de la M arck Seigneur de Sedan & Monfieur de S. André. Le Prince de Melphe eut pour fon Département le Dauphi né , la Brelïe , la Savoie , le Piémont & autres Villes conquifes au-delà des Monts, Monfieur de la Marck eut la Bourgogne, la Champagne , la Brie & autres Pays enclavés Le Maréchal de S. André eut le Lionnois, le Forés, le Beaujolois, Dombes , la Haute & Baffe Marche , Combrailles, Haute & Baffe Auvergne , le Bourbonnois , le Berri , le Bailliage de Saint Pierre- le-Mouftier. Ils dévoient vifiter ces Pays ou les faire vifiter , s’ils étoient empêchés à ’ailleurs, faire les montres générales de la Gendar merie , entendre les plaintes desperfonnes lefées par les Trou pes , &c. Il eff même marqué dans leur Serment * qu’ils se ront ces fortes de Vifites. Henri II fait entendre que cet ufage avoir été négligé sous le Régne de fon Prédéceffeur , & il le rétablit par fon Ordon nance. Cela faifoit que les Maréchaux même en tems de paix
Art. 270
Etat de la France de l’an 1651.
Départemens des M a réchaux de France pour m aintenir l'ordre dans la Gendarme rie.
* Voyez le
Serment cidessous.
H isto ir e des Grands Offi ciers de la Couronne pa g e 490.
avoient toujours quelque fonélion de leur Charge , au lieu que quand il n’y a point de Guerre , ils n’ont point fouvent à ’au tre occupation que de faire leur Cour. La Dignité de Maréchal de France est du nombre de cel les qu’on appelle Charges de la Couronne f & il y a déjà fort long-tems qu’elle est de ce nombre : c’est ce que nous apprend l’Histoire des Grands Officiers de la Couronne qui cite un Aéle fur ce fujet du tems du Roi Jean où il est dit : E n l ' A r r e jld u
D ig n ité de M aréchal de D u c d 'Orleans du 25 de J a n v ie r 1361 es t n a rré que les Offices de France, c h a r ge de l a Cou- M a ré c h a u x de France a p p a rtien n en t à la C o u ro n n e, & l'exercice ronne. a u fd its M a ré c h a u x q u i en fo n t a u Roi fo y & hom m age. ïl me pa-
I ls ont une J urisdicti on.
roît que cet hommage auffi-bien que celui qui se faifoit pour quelques autres Charges , ne confiftoit que dans la cérémonie de l’inveftiture & dans le ferment de fidelité que ces Officiers prêtoient entre les mains du Souverain. Les Maréchaux ont un Tribunal où ils jugent des querelles fur le point à ’honneur , & de diverfes autres chofes qui ont rapport à la Guerre & à la Noblefle. Ils ont des Subdeleguez & Lieutenans dans les Provinces pour en connoître en première inftance avec leur Jurifdiction au Palais à Paris sous le titre de ConnêtablieVSi Maréchauflee de France , où des Officiers exer cent la Juftice en leur nom. Quoiqu’il n’y ait plus de Conné table, leurs Sentences font toujours ainfi intitulées: Les Con nétable & M a ré c h a u x de France. A tous ceux q u i ces p r e fn te s L e t tres v e r r o n t , S a lu t : parce que le plus ancien Maréchal de Fran
ce réprefente le Connétable. Au Tableau de la Connêtablie on donne aux Maréchaux de France le titre de Monfdgneur-Melïire. Les Subdeîeguez- ou Lieutenans des Maréchaux de France étoient autrefois des Gentilshommes de marque : c’étoient des Commi filon s qui font maintenant des Charges. L’origine de ce Tribunal d elà Connêtablie me paroît aussi ancienne que les Prérogatives cti les attributions du Connêtarable : car lelon à ’anciens Monumens que j ’ai citez ailleurs , les Sergens à ’Armes qui furent inftituez par Philippe Augufte , avoient un privilège , qui étoit de n’être jugez que par le Roi & par le Connétable. Il falloit donc que le Connétable eut un Tribunal. De plus les gens de fon Hôtel ne pouvoient être jugez
par à’autres fo r s i l , c’est-à-dire que par lui & le s M a iJ lr e s de fo u H ojlel. O r ces A fa ijlr e s étoient des Juges. Les Maréchaux de France avoienc autrefois certains droits pé cuniaires , ainfi qu’il est énoncé dans la Lettre duR.oi Philip pe de Valois au Maréchal de Moreul que j ’ai tranfcrite. Ce Prince , comme il le dit lui-même dans cette Lettre , les leur retrancha à caufe des fraudes qui s’y commettoient : il ne mar que point quels étoient ces droits : c’étoit apparemment fur la folde des Soldats & quelque chofe de femblable à ceux que prenoit le Connétable, defquels j’ai parlé en traitant de cette D i gnité i ou bien ils étoient fur les denrées qui se diftribuoient dans le Camp. Ces droits prefentement appartiennent au Grand Pré vôt de l’Armée. Le Roi Charles V leur avoit déjà rétranché les droits qu’ils prenoient fur la folde des Soldats , comme on le voit par les Provifions qu’il donna au Maréchal de Blainvilleen 136 8 rapportées dans l’Histoire des Grands Officiers de la Couron ne. T out le revenu de leur C harge, comme l’a dit ci-dessus Phi lippe de Valois n’étoit que de cinq cens livres ; encore n’en jouifloient-i.'s que durant qu’ils en faifoient actuellement les fon dions. Quand ils partoient pour quelque Expédition le Roi leur donnoit un Cheval de fon Ecurie : c’est ce qui paroît dans une ancienne montre de Gendarmerie, que j ’ai trouvée parmi divers papiers de la Chambre dés Comptes de Paris, qui étoient entre les mains de feu Monfieurdu Fourni Auditeur des Comptes. ” Ci enfuivent les noms des Gendarmes de la retenue de Ro» bert Bertran fire de Briquebec Maréchal de France , faite au » voyage de Flandre où il fut envoyé de par le Roy Monfei« gneur aux gages dudit Seigneur & sous le Gouverneme nt de » Monfieur le Comte à’Eu Connétable de France , en l’aide & « confort du Comte de Flandre fus aucunes défobéilîances & » rébellions que les gens de la Ville de G andli faifoient, à quoi » il appella & requit l’aide du Roi après N oel l’an 1 3 37 avec la » venue & montre defdits Gendarmes,bailliées & rendues adonc» ques des fufdits Jehan . . . . Thréforier de la Guerre pour le » tems , pour faire fur ce le compte des gages dudit voyage par » ledit Maréchal &. la garde de toute sa diteretenuc. » Premièrement ledit Maréchal Banneret monté fur fon Che-
T . I . page 5 40. Leurs An ciens app eintemens.
Ils avaient tin cheval de l ’Ecurie du Roi truand ils allaient com mander.
Appointemens d 'a u jou rd 'h u i.
Ordonnan ce du 12 Mai
1696. Honneurs qu'on rend aux Maré chaux de France.
» val gris liart de la liv r é e d u Roy : ( ce qui marque qu’il étoit » de l’Ecurie du Roi. ) » Item un autre Cheval fie n propre pour fon corps tout liart » prix de 300 livres tournois , &c. « Ce fie n propre montre enco re que l’autre lui avoit été fourni par le Roi. C ’étoit des diftinélions dont on se faifoit alors grand honneur. J ’ai déjà remarqué en parlant du Connétable qu’il avoit un pareil privilège exprimé en ces termes : » E t se on amene plufieurs » Chevaux pour faits à ’Armes de la journée, quand le Roi a » pris lequel il veut , le Connétable prend le fécond après: « ap paremment le Maréchal prenoit le troifiéme. Ces ufages ont changé : les appointemens des Maréchaux font devenus beaucoup plus confiderabies ; ils font maintenant de douze mille livres, même en tems de paix. Je trouve dans un Etat de la France de 159 8 , qu’ils avaient ces gages dès le tems de Henri IV . Et quand ils commandent l’Armée ils ont encore des appointemens beaucoup plus forts Ils font de huit mille li vres par mois de quarante-cinq jours. O n leur entretient un Se crétaire, un Aumônier , un Chirurgien, un Capitaine des Gar des , & leurs Gardes, Sec. Il me paroît hors de doute que les Maréchaux de France ont eu de tout tems des droits honorifiques, & que les gens de Guer re leur ont toujours rendus de certains honneurs, iur tout dans les Armées & dans les Places de Guerre, & principalement quand ils commandoient : mais le cérémonial n’a jamais été exactement réglé en cette matière jufqu’au Regne de Loüis le Grand. Il y a plufieurs Ordonnances de ce Prince fur ce fujec dont voici quel ques extraits. Lorfqu’un Maréchal de France paffe devant un Corps de Gar de , quand même il n’auroit pas de Lettre de service , l’Officier fait mettre les Soldats sous les Armes , & le Tam bour bat aux Champs. Les Maréchaux de France en quelques Villes qu’ils & trou vent , quand même ils n’y feraient poinc pour le service , auront toujours une Garde de cinquante hommes , compris deux Sergens & un Tambour commandés par un Capitaine , un Lieute nant , un Sous - Lieutenant ou Enfeigne avec Drapeau. On obferve de mettre les Gardes des Maréchaux de France
& des Princes devant leur logis , avant qu’ils arrivent , au lieu q u ’on ne met celles des autres Officiers Généraux qu’après qu’ils font arrivez. Les Gardes des Maréchaux de France & des Généraux & ti rent des plus anciens Régimens de la Garnifon : mais les Princes du Sang & Légitimez de France, les ont avant eux; c’est- à-dire q u ’on tire les Gardes de ces Princes des plus anciens Régimens avant que de former celles des Maréchaux de France. Quand les Maréchaux de France à l’Armée vont chez les Prin ces du Sang ou chez les Officiers G énéraux, la Garde prend les Armes & les Tambours battent aux champs, à la referve de cel le qui est tirée des Régimens des Gardes Françoifes & Suiffies qui ne prennent les Armes que pour celui quelles gardent. Dans un Camp les Gardes delà tête du Camp prennent les A rmes pour les Maréchaux de France, & les Tambours battent aux Champs. Lorfqu’ils entrent dans une V ille, on fait border les rues à ’une double haye à ’infanterie depuis la Porte par où ils entrent jufqu’à celle de leur logis. Les Troupes préfentent les Armes, les Offi ciers faluent , & les Tambours battent aux Champs. Avant les Ordonnances du Roi la cérémonie de battre aux Champs n’a pas toujours été un droit incontefUble pour les Ma réchaux de France. Voici fur cela un fait alTez remarquable que j ’ai trouvé dans les Mémoires de Puifégur. » Sous le Regne de Loüis X I I 1 en 1635, après la prife de » N anci, dit le fieur de Puifégur, le Roi envoya Monfieur le Ma» réchal de la Force affiéger Epinal ; & comme il fortoit de fon « logis , étant à la tête de ma Compagnie qui étoit de garde, il » me dit . Monfieur de Puifégur , certes il me femble que vous » devriez bien battre aux Champs quand je fo rs, puifque nous » fommes hors du Royaume : car pour dans le Royaume, je fçai » bien que cela n’est dû qu’au Roi : je lui dis, Monfieur j’enpar» lerai à Monfieur de la Uiere qui commande le Regiment & à » Monfieur Lam bert j furquoi les Capitaines s’alTemblerent, & » m’envoyerent à Nanci trouver le Roi à qui je dis la préten» tionde Monfieur le Maréchal de la Force 3 il me dit à ’abord » que cela ne lui étoit point dû , & qu’il ne le vouloir pas : je > lui dis, Sire 5 il dit qu’il fçait bien que cela ne lui est pointdû
Ibid.
Ibid.
Ibid.
Page 142.
F a it remar qunble pour la maniéré de battre le tam bour four un M aréchal de France.
Lefeu M a réchal d’Estrees efi le pre mier qui Joit parvenu au Bâton de M a réchal par le service de la Mtr.
» en France , mais que hors du Royaume il lui est du : que » quandmême l’Armée de Henri IV alla dans le Pays de Ju» liers , aufli-tôt quelle fut hors de France , elle battit aux » Champs devant Monfieur le Maréchal de la Chaftre qui la » commandoit. Lorfque le Roi eût entendu cela , il me dit : » s’il vous le commande encore une fois, faites-le : mais fou» venez-vous de ne le faire jamais dans le R oyaum e, car ce» la n’appartient qu’à moi. « Il est hors de doute que la chofe fut exécutée comme le Ma réchal le fouhaitoit, & que la réponfe du Roi paffa pour un Re glement : car le même Monfieur de Puifegur parlant de la re vue de l’Armée qui & fît en 1649 au Camp de Cafteau-Cambrefis en prefence du Cardinal Mazarin, dit que ce Cardinal for' tant de ion logis, le Tambour battit pour lui : à ca u fè, dic-il , q u i l éto it hors de F rance. Au relie les Ordonnances de Loüis le Grand ne me parodient point faire cette diftinction des Armées hors de France & des Armées étant fur les terres de France. Quand un Maréchal de France entre dans une Ville de Guerre , on le faluë de plufieurs volées de Canon , quand même il ne commanderoit pas dans la Province. Le Roi en 1705 ufa à ’une tres-grande diltinction envers tous les Maréchaux de France qui vivoient alors , il les fit tous Chevaliers de fes Ordres, & leur donna le Cordon bleu 3 il n’y eut que le Maréchal de Catinat qui n’accepta pas cet honneur par une modellie finguliere , laquelle avec tant à ’autres qualitez qu’il avoir pour la Guerre & pour le Cabinet , fit toujours une partie de fon caraétere. Sur l’endroit que j ’ai cité de Brantôme au fujet de l’Ami ral à’Annebaut , on peut encore remarquer que ce n’étoit pas la mode de fon tem s, de parvenir au Bâton de Maréchal de France par le service de la Mer : mais sous le Regne de Loüis le Grand où ce service elt devenu beaucoup plus confiderable, on a ouvert ce nouveau chemin pour parvenir à cette haute Dignité : nous en avons des exemples dans les Maréchaux de Tourville , de Challeau-Renaud , & dans les deux derniers Maréchaux du nom & de la Maison à ’Eftrées. Jean à ’Eitrées pere du Maréchal à’aujourd’h u i, est le premier qui fraya cet te route : il est vrai qu’il s’étoitdéja diftingué dans les T rouPes
pes de Terre à pouvoir parvemr à ce terme en fuivant les voyes ordinaires- Il lereprefenta même au R o i , quand on lui offrit de commander fur la Mer 3 & ce Prince lui répondit quece Com ' mandement ne lui feroit à ’aucun préjudice à cet égard- C’est un nouveau relief pour ce Seigneur d’avoir le premier introduit la dignité de Maréchal de France dans la Marine 3 & c’est une re marque importante que je ne devois pas omettre dans une Hiftoire de la Milice Françoife. Sous les regnes précédens, & mêmeencorependant long tems sous le Regne de Loüis le Grand , quand deux Maréchaux de France étoient dans une armée , ils rouloient enfemble pour le Commandement, excepté que le plus ancien avoit le premier jour de Commandement. Le Maréchal de Chaftillon dans une Mémoire Lettre au Cardinal de Richelieu dit qu il croyoit qu’en qualité pour l'H iftoide plus ancien , il auroit auffi droit de commander un jour de re duCardinal Bataille , quoique ce ne fut pas fon jour ; que cependant il ne de Richelieu. s’en étoic pas prévalu à la Bataille d’Avein où il laiffa prendre T . 1. p. 497. la droite au Maréchal de Brezé fon Cadet. Mais il y a plu (leurs années que c’est le plus ancien qui commande toujours en Chef. Nous n’avons vu qu’un exemple con-raire depuis longtems 3 ce fut à la Bataille de Malplaquet où les Ennemis achererent le fterile honneur de demeurer maures du Champ de Bataille par le plus horrible carnage qui fut fait de leurs Troupes. Cet exem ple fut celui deM . le Maiéchalde Boufikrs. Il étoic l’ancien de M. le Maréchal de Villars, & voulut bien à cette journée commander sous lui. Il en fut bien recompenfé par l’honneur qu’il eut d’avoir confervé l’avantage du Combat à fon Aîle droite , meme aprèsla bleffuredu Maréchal de Villars, & encore plus par la belle & glorieufe retraite qu’il fit en bon ordre à la vue des Ennemis qui n’oferent jamais le pourfuivre. Ces deux Sei gneurs en cette rencontre fignalerent chacun leur zele pour leur Roi S? pour la Patrie , l’un au dépens de fon fang & l’autre par sa grandeur dam e qui le fit paffer pardeffusun point à honneur qu’il méprifa pour le bien de l’Etat. Les Maréchaux portent pour marques de leur dignité deux Marques de la dignité des Bâtons à’Azur femés de Fleurs de Lys d’orpaffés en Sautoir M a ré c h a u x derrière l’Ecu de leurs Armes. D u tems de l’Hiftorien du Hail- derrière leurE cu d ‘Armes. lan , c’est-à-dire du tems de Henri III. l a M a r é c h a u x co â tu m ié- Fol. 29 50
vo. de l’état des affaires de rem ent m e tta ie n t a u coté de leurs Arm oiries une H ache d'a rm es , to m France. m e le C onnétable une E fé e nue. Un Aineur qui a écrit fur les Varennes , dans fon Roi d ’Armes. p. 604.
Cette coutu me n ’est pas ancienne.
Serment des M aréchaux de France.
Armoiries dit que » fur quelques anciens Tombeaux & fur la » porte de quelques Châteaux on voit les Armes de divers » Maréchaux deFrance, cotoeyees de Haches d ’A rm e s. O n voit parlà que lesBâtons ajoutés enSautoir par les Maréchaux & les deux Epées mifes par le Connétable à leurs Armoiries ne font pas fort anciens. Te crois même que ces Symboles ne furent pas d’abord enufagedans leurs Armoiries , & que ce font desoruemens poftiches ajoutés par les Hérauts d’Armes félon l ’idée de ceux qui & mêloient de l’Art Héraldique , & qu’ils fi rent ce s additions avec d’autant - plus de raifon que l’Epée à l’égard des Connétables & le Bâton à l’égard des M aré chaux étoient les infini mens par lefquels ils recevoient l’In veftiturede leurs Charges , comme autrefois les Evêques recevoient l’Inveftiture de leurs Fiefs de la main du Souverain par la Croffe & par l’Anneau. J’ai lu quelque parc que Vulfon de la Colombiere étoit l’Auteur de plusieurs de ces Ornemens. Ce qui me perfuade de la nouveauté de ces Symboles, c’est que parmi divers Papiers de la Chambre des Comptes de Paris, j ’en ai vû où étoient les Sceaux du Connétable de Cliflbn & du Maréchal de Gié , où ni l’Epée, ni la Hache d’A rm es, ni les Bâtons ne font point. Voici le ferment que les Maréchaux de France font entre les mains du Roi quand ils font revêtus de cette dignité. » Vous jurés à Dieu votre Créateur fur la Foi & Loi que » tenez de lui, & fur votre honneur que bien & loyalement vous » fervirez le Roi ci préfent en l’Olfice de M a r é c h a l de France » duquel ledit Seigneur vous a aujourd’hui pourvu, envers »» tous & contre tous qui pourront vivre & mourir fans perfon» ne quelconque en excepter, &: fans aufïi avoir aucune intelligence ni particularité avec quelque perfonne que ce foie au » préjudice de lui & de fon Royaume , êcquefi vous encendés » chofe qui lui foie préjudiciable , vous le lui révelerés , que » vous ferés vivre en bon ordre, jufiiee & police les Gens de » Guerre tant de fes Ordonnances qu’autres qui font & pour» ront être ci après .à sa fblde & fer vice , que yous les gar-
» derés de fouler le Peuple & Sujets dudit Seigneur , & leur » ferés entièrement garder & obferver les Ordonnances faites » fur lefdits Gens de Guerre. Que des Delinquans vous ferés » faire la punition , jufticeëc correction telle quelle puiffe être » exemple à toûs autres. Que vous pourvoyerés ou ferés pour» voir & donner ordre à la forme de vivre des Gens de Guer« re. Que vous irez & vous tranfporterez par toutes les Pro“ vinces de ce Royaumes pourvoir comme iceux Gens de « Guerre vivront, & garderez & défendrez de tout votre pou» voir qu’il ne foit fait aucune oppreffion ni molefte au Peu» pie. Et jurez au demeurant que de votre part vous garderez » & entretiendrez lefdites Ordonnances en tout ce qui vous se» ra poiïible. Et ferez & accomplirez entièrement tout ce qu’il » vous fera ordonné félon icelles, & de faire en tout & partout » ce qui concerne ledit Office de Maréchal de France, tout ce » qu’un bon & notablePerfonnage qui est pourvu comme vous w enétat préfentement, doit ôceft tenu de faireen tout & par« tout ce qui concerne ledic état. En figue de ce & pour mieux > executer ce que deflus, ledit Seigneur Roi vous fait mettre » en la main le Bâton de M a réch a l , ainfi qu’il a accoutumé » faire à vos Prédeceiïeurs.
C H A P I T R E
II.
Du Titre de Lieutenant General. E terme de Lieutenant est:par lui-même relatif à une Puiffance fuperieure, c’est-à dire à la perfonnedont celui qui porte ce Titre , tient la place pour le Gouvernement , pour le Commandement, ou pour quelque autre fonction que ce foit. Le T itre de Lieutenant Général est donné à des Officiers de Jufticej on le donne aux Gouverneurs de Province dans l’étenduëde leur Gouvernement ; on le donne même en divers endroits à ceux qui commandent dans une Province , ou dans de certains diftricts sous les ordres du Gouverneur. Il y a eu L
Titre de Lieutenant Général donné a divin Emplois.
quelquefois des Lieutenaos Généraux du Royaume. Enfin on le donnedepuis pluficurs années à des Officiers de Guerre qui ont le Commandement immédiat (ous celui qui commande l’Armée en chef. C ’est de ces derniers dont je vais traiter ici. Mais il faut encore obferver que celui à qui l’on donne au C eux qui com m unient jourd’hui le nom de Général d’Armée n’est lui-même, à parler les Armées proprement & exactement que Lieutenant Général en tant q u ’il quelques titres qu'ils ayent ne reprefentela Perfonne du Prince à la têre des Armées 3 & pen fo n t en e fe t dant un très-long tems il n’avoiten effet que ce T itre de Lieute que Lieute nant Général. nan t G éné raux. Ce Titre pris en ce feus étoit en ufage sous le Régne de Charles V II. Le fameux Jean Comtede Dunois le prenoit dans les Aétes publics parmi les qualitez. J e a n B âtard d 'Orléans Comte de D unois , cham bellan de France & L ie u te n a n t Général du Roi , C h e f des A n ie re -B a n s de, France. C ’est ainfi qu’il & qualifie dans
H ist . chron. du Roi Char les V I I . P. 379.
un Acte de l’an 1450 que j’ai cité en parlant de la Charge de Porte-O ri flamme ; & on lui donne plufieurs fois ce T itre dans les Hiftoires du Regne de Charles V II. Il est auffi donné dans les Hiftoires du même Regneau Comte de Clermont fils du Duc de Bourbon , & au Comtede Vendô me Coufin du Comte de Clermont. On le voit fouvent dans les Hiftoires des Regnes fui vans: & dans tous ces endroits il fignifie celui qui commandoit en Chef un Corps d’Armée , par la raifon qu’en cette qualité iltenoit la place du Roi 3 qui est le Commandant né de toutes fes armées 3 Sec’elt par une efpece à ’abus & à’abbreviation dans le difeours que le Chef à ’une Armée a été depuis appellé Général , au lieu de Lieutenant Géné ral. Cela est fi vrai que dans les Patentes que le Roi donne à un Général d’Armée pour le Commandement, il ne l’y qua Liste que de fon Lieutenant Général. C 'est ainfi par exemple qu’il s’exprime dans celles qu’il don na à M. le Vicomte de Turenne , lorfqu’il lui confia le Com mandement de l’Armée à’Allemagne après la mort du Maré chal de Guébriant qui mourut de la blcffure reçuë au Siège de Rotuëil : » Loüis par la grâce de Dieu Roi de France & de « Navarre : A tous ceux , S:c. Après la perte fenlible que » nous avons faite de notre très-cher & bien amé Coufin le
» Comte de Guébriant Maréchal de France notre L ie u te n a n t » General en notre Armée à ’Allemagne............... Nous avons » eftimé ne pouvoir faire un plus digne choix que de notre » très-cher & bien amé Coufin le Vicomte de Turenne Maré» chai de France........... Sçavoir faifons que pour ces caufes & » autres confiderations à ce nous mouvans . . . Nous avons » notredit Coufin le Maréchal de Turenne fait , conftitué & « établi , faifons, conftituons & établirons par ces Prefentes « fignées de Notre m ain, notre L ie u te n a n t G énéral reprefen» tant Notre Perfonne en notredite Armée à ’Allemagne, &c. Encoredu tems de Henri IV . dit le Maréchal de Biron pre Maximes de mier du nom , on appelloit fimplement du nom de Lieutenant guerre fol. 26 vo. du Roi celui qui commandoit l’Armée. Nonobftant cela l’ufage est aujourd’hui qu’un Maréchal de France commandant une Armée , lors même que le Roi y est en perfonne, est appelle G énéral, 6: cela par deux raifons : la première, qu’effectiv ement il a le Commandement général fur toutes les Troupes & fur tous les Officiersqui compofent l’Ar mée. La seconde , pour le diftinguerdes autres Lieutenans Gé néraux qui portent maintenant ce T itre dans les Armées, & aufquels il est attribué en un autre fens que celui dans lequel il est donné au Général dans fes Patentes : car le T itre de Lieu tenant Général lui est donné comme repréfentant la Perfon ne du Roi à la tête del’Armée; & les autres ne le portent pas feulement par rapport au Roi , mais auffi par rapport au Gé néral même dont ils tiennent la place dans la partie de l’Armée qu’ils commandent sous fes ordres, & parce qu’à fon d éfaut, c’est-à-dire par exemple , au cas qu’il fut tué , foit dans une Bataille , loitdans un Siège , c’est à eux félon leur rang à ’an cienneté à commander l’Armée. à ’où vient que dans leurs Pa tentes il est exprimé qu’ils commanderont les Troupes dont l’Armée est compofée sous l'autorité de nos L ieu ten a n s G énéraux q u i com m anderont en c h e f nos Arm ées. Il y a encore une différen ce dans leurs Patentes, car dans celles de Lieutenant Général à qui l’ufage donne le T itre de Général , il est d it: N ous a v e n s f a i t , c o n fitu é notre L ie u te n a n t G énéral N. & dans les Patentes de ceux dont je parle , il est dit : Lous avons f a i t , conjlitué N. l ’u n de nos L ieu ten a n s G énéraux pour marquer que dans une Armée
il n’y en a qu’un de la première efpece qui feu! reprefente l e Souverain, & qu’il y en a ou qu’il peut y en avoir plusieurs de l’autre efpece. L ’infcription des Patentes des Lieutenans Generaux dont il Patentes des Lieutenant s’agit ic i, est encore remarquable j ce ne font point des ProviG énéraux d'aujourd'hui fions comme pour plufieurs autres Charges Militaires : ce n’est ne font ni Pro- point non plus un Brevet comme pour les Maréchaux de Camp* liftons ni Bre l’infcription est telle : P o u vo ir de L ie u te n a n t Général à' A rm é e fo u r vets mais un le S ieu r N. Pouvoir. Il est arrivé quelquefois qu’un Maréchal de France même portat cette qualité , lorfc^u’il avoit un Prince audeffus de lui qui commandoit l’Armee en C hef, comme par exemple à la Bataille de Rocroi le Maréchal de l’Hôpital étoic Lieute* nant Général sous le Duc à ’Anguien. La charge de Lieutenant Général est la plus haute dignité de l’Armée après celle de Maréchal de France. Le Lieutenant Général est le premier entre ceux qu’on appelle Officiers G é néraux. C’eftun grade où l’on parvient aujourd’hui après être monté à celui de Brigadier, & ensuite à celui de Maréchal de Camp : on ne le regarde point comme une fimple Commilîion: celui qui en est pourvu en conferve le T itre , même en n’en faifant plus les fondions- Ce font eux qui aident le Général de leurs confeils , qui commandent les Aîles à ’une Armée ou l’Infanterie dans une Bataille, à moins qu’il n’y ait plufieurs Maréchaux de France i ils commandent les Quartiers, les A t taques & les Tranchées à un Siège chacun à leur tour j on les charge auffi pour l’ordinaire des gros Détachemens que le G é néral fait de fon Armée foit pour inveftir une Place qu’il veut A ffiéger, foit pour à’autres defleins. Charge de Cette Charge telle qu elle est aujourd’hui n’est pas fort an Lieutenant cienne en France : il n’en est fait aucune mention parmi les Of Général d‘auficiers d’Armée, ni par du Tillet qui écrivoit sous le Regne jourd hui n’est pas fort an de Charles IX . ni par du Haillan dont le Livre fut imprimé cienne. du tems de Henri 1 1 1 . Je n’ai pas à’idée à’en avoir vû. non plus sous le Regne de Henri IV. Le iWaréchal de Biron dans ion Livre des M a x im e s de Guerre n’en dit rien , & parle du M a réchal de Camp comme du premier Officier après le Comman* dant Général.
O n commence à trouver de cette nouvelle efnece de Lieu tenans Généraux sous le Regne de Loüis X III. Il n’y en a voit pas dans tous les Corps d’Armée : & une marque évidente ae cela , c’est que dans les Lettres où les Généraux rendoietft compte au Cardinal de Richelieu ou aux Secrétaires à’Etat , des Confeils de Guerre tenus pour quelque expédition , ils difent qu’ils ont affemb’é leurs Maréchaux de Camp , & ne font nullemention de Lieutenans Généraux , dont fis n’auroient pas manqué de parler, s’il y en avoir eu dans les Armées On voit encore dans la Patente par laquelle le Roi Loüis X I I I . faifoit le Duc de Savoye Capicaine Général des Armées de Fran ce & de celles des Alliés en 1635, que le Maréchal de Creq u i, tous les Maréchaux de Cam p, Colonels, &c. avoient or dre de lui obéir, fans qu’il foit fait là aucune mention des Lieu tenans Généraux. Cependant il yen eut dès lors quelques-uns ; car dans les préparatifs que l’on fit pour attaquer les Efpagnoîs l’an 1638, le Prince de Condé devant entrer avec une Armée en Efpa g n e , il est dit qu’il devoir avoir pour Lieutenant Général le M ar quis de la Force. Pareillement le Duc de Longueville qui devoit agir en Franche-Comté, avoit pour fon Lieutenant Gé néral Moniteur de Feuquieres. Ces témoignages fufîifent pour montrer qu’en ce tems-là il y eut des Lieutenans Généraux sous les Commandans en Chef dans les Armées de France , & que quand il plaifoit au Roi à’en nommer , il n’en mettoit or dinairement qu’un dans une Armée & rarement deux. Il me paraît par quelques exemples que fur la fin du Règne de ce Prince, quand deux Maréchaux de France routaient enfemble dans la même Armée , ils avoient sous eux chacun un Lieu tenant Général Je croi que ce n’étoit alors qu’une fimple Commiffion , & qu’on ne donnoit cette qualité que par une Lettre de service pour une Campagne. C’est donc sous le Regne de Loüis le Grand que l’ufage a été introduit de mettre dans une Armée plufieurs Lieutenans Généraux sous les Ordres du Com mandant en C h e f, qui eussentce titre en Charge, & en vertu à ’un Pouvoir expédié faas être limité à une Campagne : car comme je l’ai déjà remarqué , ce terme de P o u vo ir est le Titre que l’on met à leurs Lettres Patentes.
Auberi H ist. du C ardinal de Richelieu p. 400. Mémoires pour l’H ist . du C ardinal de Richelieu T . I . p. 571.
Auberi Hist. du Cardinal de Richelieu. P.329 P. 503.
M ultiplica tion des Lieutenons Géné ra u x .
Commence ment de cette multiplication
Trois raifons meparoissent avoir déterminé ce Prince à cette multiplication de Lieutenans Généraux. La première eff que c’est un grade à’honneur qu’il crut utile à inférer, s’il m’est permis de m’exprimer ainh, entre le Maréchal de Camp & le Maréchal de France, comme entre le Colonel & le Maréchal de Camp , il mit encore depuis le Brigadier : & cette utilité confifteence que chacun de ces divers degrez par lefquels on monte, fatisfait au moins pendant quelque temsl’ambition de l’Officier, au lieu que quand il n’y avoit poin t, ou qu’il n’y avoit guéres de Lieutenans Généraux, & auffi très peu de Ma réchaux de Camp , comme je le dirai dans la fuite, un Colo nel ou un Mettre de Camp étoit longtems à attendre quelque dittinétion quelque T itre permanent qui l’élevât au dellus du rang où il étoit depuis plufieurs années. La leconde raifon est , que les Officiers paflant par ces di vers degrez & forment mieux dans le Commandement & & rendent plus capables en palTant à ’un moindre à un plus éten du & de-là jufqu’à celui de Lieutenant Général. La troifiéme raifon est que sous ce Regne, fur tout depuis 167z , les Armées ont été infiniment plus nombreufes que sous les Regnes précédens, en forte que des Corps aufquels on donnoit auparavant le nom d’Armée , & font appeliez de puis des Camps - volans. Il a fallu donc multiplier les Officiers à proportion de la multiplication des Troupes : ilconvenoit que des détachemens auffi nombreux que des Corps d’Armées que les Maréchaux de France & faifoient auparavant honneur décommander, euffient à leur tête un Officier avec le titre de Lieutenant Général. Cette multiplication de Lieutenans Généraux commença pen dant la Minorité du Roi & le Minifte're du Cardinal Mazarin : mais on en a fait encore en bien plus grand nombre, fur tout depuis la première Guerre de Fiollande de 1672, cardans la Guerre de 1667 je ne trouve guéres que les Marquis de Bellefons, d’Humieres , de Crequi qui furent depuis M aré chaux de France, le Duc de Rohanois & le Sieur du Paffage aufquels on donne le titre de Lieutenant Général. La plus nombreufe Promotion s’en fit en 1704 où il y en eut plus de foixante.
En
En parlant du titre de Capitaine General dans l’Histoire de notre ancienne Milice , j ’ai dit que le Cardinal Mazarin reiïùf' cita ce T itre en 1656 enfaveur de M. de Cafte’nau, nonpas avec la même autorité qui y étoit autrefois attachée , & qui étoit en effet celle de Général d’Arméej mais feulement pour lui donner droit de commander à’autres Lieutenans Generaux , fans rouler avec eux étant lui-même sous les ordres du Gene ral. Le Cardinal en ufa ainfi pour ne pas tout-à-fait méconten ter Caftelnau qui le prefloit de lui faire donner le Bâton de Maréchal. Moniteur à ’Uxelles eut auffi alors le même Titre. M , de Montpefat & quelques autres anciens Lieutenans G é néraux s’étant retirés à cette occafion p o u r n’ê tre pas commandez par ces deux Officiers, on en fit de nouveaux du nombre defquels furent Meilleurs de C requi, à ’Hum ieres, de Bellefons & de Gadagne. Cette nouvelle qualité de Capitaine General ne dura pas long-tems s & l’on en revint à l’ancien ufage qui étoit qu’un Lieutenant Général ne commandoit point ceux qui avoient le même Titre. Cela & pratiqua jufqu’enl’an 1690 que leRoi don na au Marquis de Boufflers des Patentes pour commander l’Ar mée delà Mofelle en vertu defqueiles, bien qu’il ne fut pas encore Maréchal de France, il commanda à’autres Lieutenans Généraux. De femblables Patentes lui furent données en 1691 & en 1692. Ces Patentes que j ’ai vûë font les mêmes que l’on donne aux Generaux d’Armée pour l’étendue du Commande ment. M -le Comte de Teflé au commencement de la derniè re Guerre eut auffi le titre de Capitaine General dans les T ro u pes à’Italie en 1702 , où il commanda à ’autres Lieutenans Gé néraux. Jetrouve auffi que le Duc de Navaille & le feu Duc de Noailles ont eu ce Titre. Régulièrement parlant leRang des LieutenansGeneraux est ré glé entreeux par l’ancienneté de leur Promotion. Un jour de Ba taille le plus ancien commande l’Aile droite,à moins que quelque raifon particulière ne détermine leGeneral à faire une autre difpofition de concert avec eux , comme il arriva à la Bataille des Dunes en 16 5 8, où M. de Turenne donna le Commandement de l ’Aîle droiteau Marquis d e Crequi qui n’étoit pas fi ancien Lieu tenant General que le Marquis de Gadagne , lequel il mit à
L e Titre de
Capitaine G é néral rejfufiité pur le Car dinal M azrin.
Usité encore depuis.
la tête dit corps de Bataille, parce qu’il entendoit parfaite ment l’Infanterie. A ce titre de Lieutenant Général, outre le commandement & les fonctions dont j ’ai parlé qu’il donne dans les A rm ées, le Roi a ajouté plufieurs droits honorifiques qui les diftinguenc des autres Officiers Généraux, & qui font réglez par des O r Honneurs donnances. militaires ren U n Gouverneur de Place étant Lieutenant G én éral, l’O f dus aux Lieutenons Géné ficier à ’une Garde devant laquelle ce Gouverneur paffie, fait raux. mettre sa Garde en haye sous les Armes, & le Tambour ap Ordonnance & Réglemnr pelle. Cette derniere cérémonie du Tambour ne & fait pas , fi du 12 Mai le Gouverneur n’efi: que Maréchal de Camp. Le Lieutenant 1696 art. 2. Général qui commande en Chef dans une Province par ordre de Sa Majeflé , aura pour sa Garde cinquante hommes fans Drapeau commandez par un Capitaine & des Officiers à pro portion. Le Tambour appellera lorfqu’il paffera devant la Garde. Il est falué deux fois par les Troupes j fçavoir lorfqu’elles entrent en quartier à ’hyver , & lorfqu’elles en fortene à la première Revue qu’il en fait. Ce ne fut pas à ’abord la coutume de mettre un Capitaine à la tête de la Garde du Lieutenant Général commandant en chef 5 le Sieur de Puifegur nous apprend l’origine de cet ufage U n Lieute dans fes Mémoires : Les Gardes , dit - il , qui gardoient nant Général Commandant » M- à ’Uxelles, comme Lieutenant Général de l’A rm ée, ne le en chef a un » gardoient qu’avec un Sergent & vingt hommes , & il vouloir Capitaine a la tête de sa Gar- » que je lui donnafTe un Capitaine avec quarante hommes. de. Origine de » Je lui dis que pour les quarante hommes, je les lui donnerais s it usage. » avec un Officier, mais que je ne lui donnerais pas un Ca» pitaine, n’y ayant point à ’apparence de raifon qu’un Capitai« ne de Piedmont relevât un Sergent des Gardes. Il écoic » dans ce tems-là Poftulant avec M. de 'Caftelnau pour être « Maréchal de France. Il & plaignit à la Cour de ce que je » ne lui voulois pas donner un Capitaine. O n m’écrivit de le » faire. J ’envoyai à M. le Cardinal pour tâcher à ’empêcher » que cela ne Fût ; mais M. le Cardinal qui aimoit mieux lui » donner un Capitaine pour le garder que de le sa re Maréchal de France, m’envoya un fécond Ordre pour lui en donner un,» ce que je fis, & dis,à M. à’Uxelles, on vous accorde un C i-
« pitaine , mais on ne vous accordera pas le Bâton de Maré» chai de France, quoiqu’aflurément je puis dire qu’il Iemé« ritoic ; & on croira avoir affez fait pour vous, de vous don» ner la même Garde. Cela a été pratiqué depuis à l’égard des Lieutenans Généraux commandant en chef. O n le fit par or dre du Roi pour le Marquis de Bellefons en 1667 aux PaysBas pendant l’hyver , à l’égard de M. du Partage cn R o u ssillon en 16 6 8 & à l’égard de M. de Luxembourg en Hollande en 1672. &c. Les Lieutenans Généraux qui commanderont à l’Armée ou dans la Province sous à ’autres C h efs, ou qui n’auront le Com mandement que par accident , auront pour leur Garde trente hommes avec un Capitaine & un Sergent & un Tam bour qui appellera lorsqu’ils pafTeront devant la Garde. Tous ces honneurs ne font rendus au Lieutenant Général que quand il a actuellement des Lettres de Service ; fie il en effc à proportion de même des autres qu’on appelle aujourd’hui O f ficiers Généraux. Les Lieutenans Généraux dont je parle ont deux mille francs par mois de quarante-cinq jo u rs, fur quoi ils entretiennent leurs Gardes & îeurs Aydes de Camp.
C H A P I T R E
III.
Du Titre de Maréchal de Camp. E Maréchal de Camp est un des premiers & des plus con sidérables Officiers des Troupes : c’est celui qui de con cert avec le Général ordonne du Campement & du logement de l’Armée, & qui, lorfqu’elledécampe, prend les devants pour reconnoître le Pays & faire marcher les Troupes en lureté. Après que les M aréchaux de Camp ont déterminé la forme & l’étenduë du Camp i ils laifient le département du terrain au Ma réchal Général des Logis & au Major Général : c’est une des fondions du Maréchal de Camp de porter lui-même la grande Garde dans un porte avantageux , environ à une demie lieue du Camp. L
Ibid. Ibid.
C ’est: à eux à voir loger les Troupes & à les voir partir, &c. O n les appelle Maréchaux de Camp , parce qu’ils y ont le Com mandement pour en ordonner la difpofition , à proportion com me le Maréchal de France l’a fur toute l’Armée. Il effc certain que de tout tems il y a eu dans les Armées un ou plufieurs Officiers chargez de ces fondions : car c’étoic une néceffité de marquer un Camp pour les Troupes, quand elles arrivoient en quelque lieu, de les y ranger , à ’affigner à chaque Corps sa place dans les Campemens, &c. Je crois que c’étoient autrefois lesMaréchaux de France qui faifoient eux-mêmes cette fonction sous le Connétable s & ce la me femble allez marqué dans un A d e que j ’aieitéen trai tant des prérogatives du Connétable , loti il est dit , que les
Registra P ater, Fol. 183 Ad are ch a u x ds l’o jl fo n t de sous lu i & ont le u r office d flin c le
, de re c evo ir les Gendarmes , D ucs , B a ro n s , c h e v a lie r s , Ecuyers & leurs Compagnons : ce qui me paraît affez clairement lignifier que~
Langey Liv. a de la Discipline Militai re. Fol. 71.
c’étoit aux Maréchaux de France à diftribuer les Quartiers aux Troupes, quand elles arrivoient au Camp,comme font main tenant les Maréchaux de Camp. Dès le tems de François I. il y avoir dans les Armées desOfficiers qui portoient le titre de Maréchal de Camp : mais il n’est pas également certain, fi avant deux cens ans & m e me depuis, c’étoit une Charge & un T itre permanent, ou une fimple Commiffion que le Roi ou le Général donnoit pen dant une Campagne. Pour moi il me paraît que ce n’étoit qu’une fimple Commiffion jufqu’au Regne deH enri I V , où l’on voit les perfonnes qui avoient été honorées de ce Commandement , mettre parmi leurs Titres ou Qualitez , celui de Maréchal de Cam p, même hors du tems de Guerre. Encore sous le Regne de Henri IV , il n’y avoit proprement qu’un Maréchal de Camp dans une Armée 5 & ces Offi ciers avoit comme des Lieutenans ou des Aydes qui à ’abord ne portèrent que le titre à’Ayde de Camp , mais qui par abus prirent dans la fuite la qualité de Maréchaux de Camp. M.deMontgommeri-Corbofon dans fonTraité de la Milice Françoife fait cette remarque ; c’est en parlant du C olonel, c’efb àdire du Mestre de Camp à ’un Regiment à ’infanterie, auquel il auroit fouhaité, contre l ’ufage de ce tems-là , qu’on eût don-
n é le titre de Colonel , T itre qui un peu après l’institution desRégimens à ’infanterie , avoir é t é affecté à la perfonne du Colonel General & aux Commandans des Légions. » Le Colonel, d it-il, ne doit obéiffance abfoluë qu’au fenl » Général & au Colonel Général après le R o i, & pour le dû » de sa Charge , recevoir les Départemens , Places d’Armes » ou Champs de Bataille , ordre pour aller ou envoyer à la » Guerre , pour loger ou déloger, m archer}faire Convois , dé« bander T roupes & entrer en Garde , à ’un fe u l M a r é c h a l G é-
» néral de Cam p.
Q u a n t a u x A ydes de C am p lesquels s'appellent » m a in ten a n t tous M a ré c h a u x de Camp , ils ne lui doivent ni
» peuvent commander, linon lui portant ordre exprès ligné' » du General ou du Maréchal Général du Camp. O n voit par cet extraitque du tems deHenri IV , Scmême au commencement du Regne de Loüis X III ( car ce Livre de M. de Montgommeri fut imprimé en 1617 ) il n’y avoit pro prement qu’unMaréchaldeCamp dans une Armée, auquel l’Au teur donne le titre de Maréchal General pour le diftinguer des autres qu’on nommoit Maréchaux de Camp , mais qui n’avoient pas la même autorité, puifqu’ils n’avoient droit de com mander aux Mestres de Camp qu’en vertu desOrdres dont ils étoient porteurs de la part du Maréchal de Camp Général. C’elt de ceux-ci dont parle le Maréchal de Biron dans fon Livre que j ’ai cité : lorfqu’il dit que le Maréchal de Camp doit être accompagné de trois ou quatre Aydes qui ayent hanté les Maréchaux de Camp, pour bien fairel’affiette à ’une Armée, &c. Je trouve en effet dans les Comptes de l’Extraordinaire des Fol. 49 70 Guerres de l’an 1615 M. de Feuquieres & M. à ’Efcures avec le titre d’Aydes des Maréchaux de Camp dans l’Armée du Ma réchal de Bois-Dauphin. On parloir encore de cette maniéré en 1630 quand on vou loir s’exprimer avec exactitude : car dans l’Histoire du Maré Vol. 2 p.227 chal de Toiras , l’Auteur en racontant la maniéré dont on fit marcher l’Armée pour le fecours de Cafal dans laquelle trois Maréchaux de France commandaient chacun un Corps,, par le de la forte. » Les Maréchaux de Camp qui fervoient sous le Maréchal » de Schomberg étoient les Sieurs de Feuquieres & Frangipa-
« ni. . . . les Aydes étoient Ja Haye & Beauregard. Sous l e » Maréchal de Marillac fervoient le Marquis de Brefé & Cha» telier-Barlot ; sous eux Rogles & de Bofque étoient Aydes « de Camp. Sous le Maréchal de la Force étoit feul Maréchal » de Camp le Vicomte à ’Arpajou homme hardi & valeureux, » fes Aydes, la Fite, du Fraifche , le Vijan , du Pleflis-Befan» fon , & de Vignoles aulïi Aydes en ce voyage. Fol. 49 v°. Le Maréchal de Biron dit encore dans le petit Ouvrage que j ’ai c ité , que quand l’Armée est partagée en deux Corps, il convient qu’il y ait deux Maréchaux de Camp , & que quand elle est partagée en trois C orps, il en faut trois : mais il ajoute qu’il est à propos qu’un des trois ait l’autorité fur les deux autres, pour éviter les jaloulles & les difputes pour le Com mandement. C ’est ce qui fepratiquoit en effet quelquefois. Ainfi en 1 6 u Journal de Bassompierie Monfieur de Baffompierre fut fait par Brevet premier Maré p . 149. chal de Camp ; & en vertu de ce Brevet il commandoit à tous les autres & ne rouloit point avec eux. A en juger par un Etat de la France de l’an 159 8 sous Henri IV il n’yavoit qu’un Maréchal de Camp en titre à ’Offce. Car dans cet état après le dénombrement des Maréchaux de France, des Amiraux , des Colonels Généraux, on met ce Titre. Maréchal de Camp. Charles Gontaut Duc de Biron , & puis fuit la Lille des Mellres de Camp des vieux Corps à ’infanterie : & ilfaut ob server que quoique M. de Biron fut dès lors Maréchal de Fran ce, & que dans cet état il foit dans la Liste des M aréchaux , cependant on le met encore tous le titre particulier de M a réchal de Camp , parceque c’étoit une Charge qui étoit uni que ; c’étoit celle de Maréchal de Camp General des Camps & Armées. Aujourd’hui il n’y a point de Maréchal Général de Camp , dont les autres Maréchaux de Camp foient comme les Aydes ou les Lieutenans. Le rang & l’autorité & régie en* tre eux par la feule date de leur Brevet. Quand il n’y avoit point de Lieutenant Général sous le Général dans une Armée, comme il n’y en avoit point jufqu’au tems de Loüis X I I I , & que même sous ce Regne f o u y e n t il
n 'y en e u t p o i n t , le M a r é c h a l d e C am p étoic le p re m ie r O f ficier des T r o u p e s ap rès le G é n é r a l. O n multiplia les Maréchaux de Camp fur la fin du Regne de Loüis X I I I & au commencement du Regne de Loüis X I V : car dans le rôle des Armées de la n 1643 j ’en trou ve cinq pour l’Armée du Duc à ’Anguien , fçavoir Meilleurs de Gaflion , de la Ferté - Seneterre , à ’A um ont, à ’Efpenan & de G rancé, & au Siège de Thionvilie sous les ordres du mê me Prince j ’en trouve fept, fçavoir Meilleurs de G êvres, à ’Ef penan , de Galîîon , à ’Aumonc, de Paluau , de Sirot , à 'And e lo t, de Nangis. Après la Paix des Pyrénées les anciens M a réchaux de Camp étant apparemment morts depuis cette Paix, il en refta p e u , & je fcai de feu Monfieur le Maréchal de Choifeul, ue quand il fut envoyé au fecours de Candie, il n’y avoit alors que quatre Maréchaux de Camp en France , & q u ’il fut fait le cinquième, pour commander avec ce titre les Troupes qu’il conduifoit à cette expédition. Depuis ce tems-là le Roi multiplia les Maréchaux de Camp pour les mêmes raifons que j ’ai dites, pour lefquelies il multiplia les Lieutenans Généraux. C e tte m u ltip lic a tio n c o m m e n ç a a v e c celle des L ie u te n a n s G é n é r a u x 5 & o n a fa it à ’o rd in a ire en m ê m e te m s les P ro m o tio n s des u n s & des a u tre s au lfib ien q u e celles des Brigadiers»
Quand un Officier est: parvenu au grade de Maréchal de Camp, il peut vendre fon Regiment, s’il en a : ce qu’il ne peut pas faire n’étant que Brigadier, il doit même le faire fuivant un Réglement que le Roi fit durant la Guerre qui commen ça en 16 88 : mais il y a eu des exceptions là-deffus. Par tout ce que je viens de dire , on voit que les fondions de la Charge de Maréchal de Camp à ’autrefois ont été com me partagées entre le Lieutenant General & le Maréchal de Camp depuis J ’institution des Lieutenans Généraux. Car le Maréchal de Camp en vertu de cet emploi commandoit im médiatement sous le General . il conduifoit dans les Batailles le Corps de Referve ou une des Aîles de l’Armée 5 & tout cela regarde aujourdhui pour l’ordinaire les Lieutenans Generaux. A un Siege où il y a deux attaques, celle de la gauche est com mandée par un Maréchal de Camp, & la droite par un Lieutenant General.
Les Marécha ux de Camp à proportion de leur rang ont auffi des honneurs militaires réglez par les Ordonnances. Un Maréchal de Camp qui commandera en chef dans une Province par ordre de Sa Majefté, aura quinze hommes pour sa Garde commandez par un Sergent fans T am bour: il en fera de même quand il commandera sous un Chef audeflus de lui. & un Gouverneur de Place est Maréchal de Camp , l’ufage est que l’Officier de garde fafte metre sa Garde en haye & le Fufil fur l’épaule, lorfque le Gouverneur palî'e : mais le Tambour nebat pas. Que fi le Maréchal de Camp a ordre pour commander en chef un Corps de Troupes, alors il aura pour sa Garde tren te hommes avec un Tambour commandez par un Officier , & le Tambour appellera , quand il paflera devant le Corpsde Garde. Les Maréchaux de Camp ont en campagne pour Appointement neuf cens livres par mois de quarante-cinq jours. Le grade de Maréchal de Camp est aujourd'hui une C har ge dont l’Officier est pourvu par B revet, & dans le Brevet elle est qualifiée de Charge. Je me fuis relerve a parler en cet endroit de la Charge de Maréchal General des Camps & Armées ; & je dirai à ’abord que quoique cette Charge ne foit pas fort ancienne , je n’ai pu pleinement me fatisfaire par les recherches que j ’ai faites fur les prérogatives qui y étoient attribuées.
Honneurs Militaires des Maréchaux de Camp. Ordonnan ce du 12 Mai 1696.
D e la Charge de Maréchal General des Camps & Armées. Ceux qui ont possede cette Charge.
J E trouve dans l’Histoire des Grands Officiers de la Cou ronne trois Maréchaux de France qui ont porté le titre de Maréchal General des Camps & Armées ; fçavoir le M a réchal de Biron fécond du nom, le Maréchal de Lefdiguieres depuis Connétable de France, & M .le Vicomte de Turcnne; &
& Ton n en trouve pointen effet à ’autre dans notre Hifloire. Mais quant aux attributs de cette Charge , les Auteursqui en ont parlé , ne s’accordent point entre eux. Nous apprenons par l’Auteur de la vie de M. de Lefdiguieres Le Conné que ce Seigneur étant Maréchal de France eut la Charge de table de Les Maréchal General des Camps & Armées ; & il raconte que le diguieres. Videl t. 2 Roi Loüis X I I I penfant à le faire Connétable de France , p. 159. M . de Lefdiguieres qui fçavoit que le Duc de Luynes alors le grand favori du Roi prétendoic à cette dignité , s’excufa par politique de l’accepter , & confeilla au Roi de la donner « au Duc de Luynes ; ce qui fut exécuté. Il ajoute que le Roi » voulant & fatisfaire en l’aflfection qu’il avoit pour le Duc » de Lefdiguieres , il lui envoya en même tems le pouvoirde M a» réchal General de fes Camps & Armées avec des attribu» tions qui lui donnaient prefque toute l’autorité de Connêta» b le , dont on pouvoit bien dire qu’il poffedoit la Charge » en effet , & que l’autre n’en avoit que le nom, Dès que la Charge de Maréchal des Camps & Armées étoic Prérogati jointe à la dignité de Maréchal de France , celui qui en écoit ves de cetto pourvu avoir dans un Siège tout le Commandement, &. tou Charge., te la D irection du Siège , quand même il y aurait eu un au tre Maréchal de France plus ancien que lui i c’est ce que nous apprend la même Histoire du Connétable de Lefdiguieres au fujet du Siège de Saint Jean à’Angeli en l’an 1 6 1 1 . » La Ville de Saint Jean à ’A ngeli, dit l’Auteur , où Sou- T. 2 p.165. » bize freredu Duc de Rohan s’étoit enfermé pour la deffen» d re, ayant arrêté la C o u r, Auriac l’un des Maréchaux de » Camp de l’Armée du Roi qui fervoit en celle-ci, & s’étoit au» paravantlogé avec quelques Troupes au Bourg de S. Julien à « un quart delieuë delà Place, remit au Duc de Lefdiguieres, » comme à fon Supérieur ( en qualité de Maréchal General » des Camps & Armées du Roi ) le Commandement des A r« mes & la Direction entière du Siège à quoi l’on & préparait . le « Duc de Briffac à qui sa qualité de Maréchal de Franceat» tribuoit le Commandement de l’Armée , le lui défera auffi» tôt. Sur quoi il faut obferver ce que l’Hiftorien n’ajoute pas, que le Maréchal de Lefdiguieres étoit moins ancien Maréchal de France que le Maréchal de Briffac.
P. 172.
O bservations de M. de Bassompieire P. 325.
* M. l ’Ab bé Ragucnet.
Que fi le Connétable étoit dans la même Armée , alors le Maréchal General des Camps & Armées n’agifioit que par fes ordres & même ne faifoit point fes fonctions : c’est ce que le même H iftorien témoigne en parlant du Siège de Montauban qui & fit la même année. » Le Duc ( de Lefdiguieres ) dit— » il, étant venu de Villemur au Camp où le Connétable de » Luynes donnoit tous les ordres j & voyant qu’il ne vouloit » point de Compagnon en cette Souveraine partie du Comman» dem ent, & contenta de prendre le foin à ’un quartier avec » le Prince de Joinville depuis Duc de Chevreufe , & le M a»» réchal de Saint Géran qui s’afiocierent à l’attaque de l ’endroit » nommé le Mouftier. Une chofe cependant est à remarquer, que quand le M aré chal General des Camps & Armées étoit le Cadet à ’un au tre Maréchal de France qui & trouvoit au même Siège , ce lui-ci gardoit en certains points le rang & les prérogatives que fon ancienneté lui donnoit. C ’est ce que nous apprenons du Maréchal de Baflompierre dans les obfervations qu’il fit fur l’Histoire de France de Dupleix dans le tems qu’il étoit en prifon à la Baftille. Dupleix en parlant du Siège de Saint Jean à ’Angeli s'étoit exprimé ainfi. » BrifTac céda le principal Commandement « à Lefdiguieres en qualité de Maréchal General des Camps » & Armées Royales. Monfieur de Bassompierrecorrige l’Hiftorien de cette maniéré. » Il ne lui céda que la Charge de Maréchal de Camp Gene» ral : car au refie il le preceda aux Confeils , & au Commandement de la première attaque qui étoit celle des G ardes. & j’avois pu recouvrer les Provifions de Monfieur le Vi comte de Turenne pour la Charge de Maréchal General des Camps & Armées, j’en aurois peut être tiré quelques nouvelles lumières fur ce fujet : mais on les a cherchées longtems inutile ment , parmi les Papiers de la Maison de Bouillon, tout ce que j ’en ai pû apprendre à ’un celebre Ecrivain * qui a fait imprimer l’Hifloire de la vie de Monfieur de Turenne il y a plufieurs années furies Mémoires les plus fûrs , laquelle n’a point en core paru pour des raifons particulières, c’est qu’ayant eu ces
Provifions entre les mains , il en a tiré la date qui est le cin quième à ’Avril de l’an 1660 ,& q u ’il & fouvient diftinctement à ’y avoir lu ces termes. Pour en jo u ir ( de cette Charge ) a u x
mêmes D roits « Privilèges » & Prérogatives dont ont joui ceux qui en ont été pourvu a v a n t lui. Ce fut au fujet de cette Charge que Loüis X IV ordonna en 1671 que Monfieur de Turennene rouleroit point avec les autres Maréchaux pour le Commandement & q u ’il les com manderait tous. Cette affaire fit de l’éclat. Il fallut que les Maréchaux de France & foumitîent aux ordres du Roi. Les Maréchaux de Crequi & à ’Humieres furent obligez à ’aller fervir sous Monfieur de Turenne au Camp près de Naffau fur la Lone. Voici la Lettre que le Roi écrivit à ce General en cette occafion , & dont les deux Maréchaux furent eux-mê mes les Porteurs.
L E T T R E D V RO I A M . D E T U R E N N E ; qui lui fu t apportée par Mejfeurs les Maréchaux de Crequi & d'Humieres au Camp près de Nafau fur la Lone. » M O N Coufin , ayant réfolu de me fervir de mes Cou» fins les Maréchaux de Crequi & à ’Humieres enqua« lité de mes Lieutenans Generaux sous vous dans mon A r» mée de laquelle je vous ai donné le Commandement en chef, « j’ai bien voulu vous le faire sçavoir par cette L ettre, & vous » dire que mon intention elt que vous ayez à faire reconnoî» tre Mefdits Coufins les Maréchaux de Crequi & d’Hum ie» res en ladite qualité de mes Lieutenans Generaux sous vous » en madite Armée ; que vous leur faffiez prendre jour alter» nativement , & les employiez dans les fonctions de ladite » Charge félon & ainfi que vous verrez être à propos pour » mon service. Sur ce je prie Dieu qu’il vous ait, mon Cou» fin, en sa fainte & digne garde. Ecrit à Saint Germain en » Laye , le 30 O ctobre 1672. Signé L o ü i s , & plus bas
Le
T
e l l ie r
.
Diffèrent entre les Ma réchaux de France.
T out ce qu’on peut recueillir de ce que j ’ai' rapporté de l ’Histoire de Monfieur de Lefdiguieres, & de ce que j ’ai cité du Maréchal de Baffompierre, c’est que la Charge de M aré chal General des Camps & Armées donnoit, ce femble , à ce lui qui en étoit pourvu , le Commandement dans un Siège à l ’exclufion même à ’un plus ancien dans la dignité de M aré chal de France, & qu’en fécond lieu ce plus ancien Maré chal ne lailToit pas à’avoir la preféance dans le Confeil &. dans la principale attaque. Mais il paroît extraordinaire que ce Maréchal General des Camps & Armées qui avoit le Commandement general du Siè ge ne prefidât pas au Confeil de Guerre. Cette difficulté n ’est point refolue par le fait du Siège de S. Jean à ’Angeli dont j ’ai parlé , non plus que par celui de Montauban qui & fit la m ê me année ; car le Connétable de Luynes y étoit prefent, & c’étoit lui qui prefidoit au Confeil de G uerre: de plus, com me le témoigne l’Auteur delà vie du D uc de Lefdiguieres , 1s Videl t. 2 Connétable au Siège de Montauban donnoit tous les Ordres. p. 172. J ’ai déjà tranfcrit ce qu’il dit là-deffus. Mais écoutons encore raifonner leComte de Buffi-Rabutin fur ce fujetdans deux de fesLettres, à l’occafion du refus que firent les Maréchaux de France de commander sous les ordres du Vicomte de Turenne en 1672 au commencement de la Guer re de Hollande. » C ’éto it, dit-il, une queftion de fçavoir , fi étant auffi reL ettre 300. » devables au Roi qu’ils fo n t, ils euffent été excufables de refufer delui obéir en chofesqui euffent effectivement intereffé l’honneur de leurs Charges ; mais de le refufer en chofes » où ils ont to r t, je ne puis les excufer. Il efi: certain que « les Maréchaux de Camp Generaux ont été faits pour la » fonction de Connétable. I l y e n a e u peu jufqu’ici en France. » Cette Charge a été créée pour faire efperer l’Epée de Con» nêtable à celui qu’on en pourvoirait ; & cependant pour en » faire les fondions sous un autre titre. Je ne fçache guéres que « le Maréchal de Biron, le Connétable de Lefdiguieres , &; » Monfieur de Turenne qui enayent été pourvûs. Une raifon » convainquante que la Charge de Maréchal de Camp Gene» ral efi: au-deffus de celle de Maréchal de France , c’est que
» quand le Maréchal de Biron fut fait Maréchal de Camp » General ; il étoit Doyen des Maréchaux. & on n’eût pas vou» lu lui donner quelque chofe au deffus de ce qu’il étoit, on » l’eût laillé comme il étoit. Mais pour ajoucer l’exemple à »> la railon, vous fçavez qu’au Siège de Clerac , Monfieur de » Lefdiguieres qui n’étoit encore que Maréchal de Camp Ge« neral * commanda le Maréchal de Saint Geran , qu’il n’y » avoit pas longtems qui étoit fon Camarade. Monfieur d e T u « renne ed aujourd’hui en bien plus forts termes avec les » Maréchaux exilez. Il commandoit les Armées du Roi , que » ceux-ci étoient encore au College...........Il y a dix ans que » j’ai appris ce que je viens de dire du feu Maréchal d e Clerembaut. Voici ce que dit le Comte de Bufiî dans fon autre Lettre. » Je voudrais bien , dit-il , demander à ceux qui vous difent » que l’on ne fit le Maréchal de Biron Maréchal de Camp » General que pour précéder les Maréchaux de France , où » ils ont trouvé cela ? car je leur dirai que quand on lui don. » na cette Charge nouvelle, il étoit le Doyen des Maréchaux» & cela é ta n t, il les précedoit par sa feule ancienneté. Tour « le Connétable de Lefdiguieres n’étant encore que Maréchal » de Camp General au Siège de Clerac , il envoya dire au Ma» réchal de Saint Geran de & retirer, parce qu’il étoit allé à » l’efcarmouche comme un fimple Officier. Je vous cite des » endroits de l’Histoire que tout le monde peut voir: & l’on « vous allégué des Provifions à ’une Charge qui ne font point » publiques. Il faut dire auffi la verité, jufques ici ; ’avois cru » que les Provifions de Monfieur de Turenne étoient comme » les autres : mais l’Ordonnance que le Roi vient de faire , » par laquelle il veut que Monfieur de Turenne commande » les Maréchaux de France feulement pour cette Campagne , » & fans tirer à confequence, me fait croire que les Lettres » de Maréchal de Camp General ne lui en donnoient pas le « Privilège. Cela pourtant m’embaraffe , car quelles grâces lui » font-elles donc , à un vieux Maréchal de France quiaren» du de grands fervices pendant la G uerre, & q u e l’onavou» lu recompenfer en faifant la paix ? Il me dit auffi-tôt qu’il » fut fait Maréchal de Camp General , que le Roi en lui don-
* C ’est-àdire qui n’é toit pas encore Connétable.
Lettre
306.
» nant cette Charge lui avoit dit : Je voudrais que vous m’euffiez obligé à faire quelque chofe de plus pour v o u s , vou,, lant dire , de le faire Connétable, à quoi sa Religion pour „ lors étoit un obftacle. Je vais faire quelques coürtes obfervations fur ces Lettres de MonfieUr de Buffi. Premièrement, il & méprend dans ce q u ’il met pour principe de fes raifonnemens que Moniteur de Biron étoit le Doyen des Maréchaux de France, quand il fut fait par Henri IV Maréchal General des Camps & Armées. Il y en avoit deux vivans encore plus anciens que l u i , fça. voir Albert de Gondi D uc de Retz qui avoit eu le Bâton dès Pan 1 5 7 4 , & qui mourut la même année que Monfieur de Biron , c’ell-à-dire, en 1602. L’autre étoit Henri de la T our Duc de Bouillon fait Maréchal de France en 1592 & mort en 1623 , & Charles de Biron ne fut honoré du Bâton qu’en 1 594. Secondement, que le droit du Maréchal General des Camps & Armées de commander aux autres Maréchaux de France est fondé fur quelques faits 5 car au Siège de Clerac le M a réchal de Saint Geran , & au Siège de Saint Jean à ’Angeli le Maréchal de Briflfac furent ious les ordres du D uc de Lefdignieres Maréchal General des Camps & A rm ées, quoique le Maréchal de Briflfac eût la preféance dans le Confeil comme plus ancien Maréchal de France. Troifiémement, à ’ailleurs l’Ordonnance du Roi citée par Monfieur de Buffi, par laquelle il fut dit que les Maréchaux obéiraient à Monfieur de Turenne pendant la Campagne de 1671 , & fans confequence , paraît prouver qu’il n’avoic pas ce droit en vertu de fes Provifions de Maréchal General des Camps & Armées. En quatrième lieu , fi Monfieur de Turenne navoit point cette prérogative en vertu de sa Charge, quel avantage lui procuroit-elle ? ces deux articles embarauent le Comte de Buffi & moi auffi: il faudrait donc conclure, comme il femble avoir fait , que la Charge de Maréchal General des Camps & A r mées du Roi n’étoit qu’un Grade qui le difpofoit à la dignité de Connétable , que le Roi aurait eu envie de rétablir iorfqu’il lit Monfieur de Turenne Maréchal General des Camps
& Armées , ce que ;’ai cependant beaucoup de peine à croi re : car Loüis X I II avoit fupprimé cette Charge pour de trèsbonnes raifons, & en particulier à caufe de l’exceffive puiffance qu elle donnoit à celui qui en étoit pourvu. : raifon ca pable de faire encore plus d’impreflion fur l’efprit de Loüis X I V que fur celui de Loüis X III , à moins q u ’il n’eût eu deffe’m de reftraindre l’autorité de cette Charge, comme il fit dep uis pour celle à ’Amiral de France , de Colonel General de a Cavalerie, & de quelques autres. C ’est là après bien des re cherches tout ce que je puis dire là-deffus fans rien décider.
C H A P I T R E Du Titre &
I V.
de la Charge de Brigadier d'Armée.
on en croit nos Etymologistes, des mots de B rigade & de Etymelogie B r ig a d ie r viennent du mot Latin Precor : mais on ne defcend du Titre de de ce mot primitif jufqu a fes dérivés que par bien des Caf- Brigadier. cades> la chofe cependant a beaucoup de vraifemblance. Ils difent donc que le mot de Brigade vient de l’Italien B rig a ta , que B r ig a ta vient à un autre mot Italien B rig a qui fignifie B rigue. B r ig a est auffi un mot de la baffe Latinité qui ligni fie contention & débat. Ils ajoutent que ce mot B rig a vient de Precor qui en Latin fignifie P r i e r , parce que ceux qui vou laient être élevez auxdignitez à Rome prioient & foliicitoient pour avoir les voix , c’est-à dire, ce que nous dirions encore aujourd h u i, qu’ils briguoient ; que le nom de B rig a ta fut don né à la Troupe ou à la Faction de ceux qui briguoient pour le Chef de la Troupe ou de la Faction, & qu'e fuite ce mot a été transféré & déterminé à une Troupe de Soldats sous un Chef qu’on a appellée B r ig a d e , & de Brigade est venu Bri gadier. Quoiqu’il en foit de cette belle érudition , le T itre de Brig ’à er est fort nouveau dans les Troupes pour fignifier la Charge donc je parle ici. Il est plus ancien en un autre &
fens. Les Compagnies de Gendarmerie du tems de Henri IV & avant lui & partageoient ordinairement en quatre Brigades, quand ces Compagnies étoient de cent Maîtres, & ceux qui les commandoient , s'appelaient Chefs de Brigades ou Briga diers. lie n est àpeuprès de même aujourd’hui dans la Gen darmerie , & à proportion dans la Maison du Roi. Quand deux Generaux, deux M aréchaux de France par exemple , commandoient dans une Armée , & qu’ils la partagcoient en deux Corps pour en commander chacun un féparément, on donnoit à ces deux Corps le nom de Brigade. C’est le terme dont le Roi Loüis X I I I & fervit dans une Lettre qu’il écrivit au mois de Juin de l’an 1635 aux M aré chaux de Chaftillon & de Brezé qui commandoient enfemble l’Armée des Pays-Bas, & qu’ils avoient ainfi partagée, ce qui ne plut pas au Roi. ,, ; ’ai crû encore , dit le R o i, vous „ devoir avertir pour prévenir les conteftations qui pourraient ,, arriver, que tontes les fois qu’il y a eu deux de mes Cou,, fins les Maréchaux de France dans mes Armées , ils ont ,, toujours commandé alternativement & avec une égale auto„ rité, fans qu’il y ait eu aucune différence ni prérogative „ entre eux pour le fait du Commandement , fi ce n ’est que „ le plus ancien a droit de choifir le jour ou la femaine qu’il „ doit avoir le Commandement, & après le laiffer à fon Compa„ gnon pour le prendre fuccelfivement l’un après l’autre. Je ,, defire donc que vous obferviez le même ordre , puifque c ’e s t „ la coutume, la raifon & ma volonté. Q uant à la fépara„ don que vous avez faite jufques ici de mon Armée e n „ d e u x B r ig a d e s , je veux croire que c’est à bonne fin & pour „ de bonnes confiderations que vous en avez ufé de la îorte „ pendant votre voyage 5 mais craignant que fi vous conti„ nuiés à cet ordre qui n’a jamais été pratiqué, cela ne fît „ naître desjaloufies & des divifions entre mes Troupes , ;’ai „ bien voulu vous dire de le changer, enforte que toutes les „ Troupes changent auffi, & foient à leur tour sous la charge de . „ chacun de vous , fans demeurer affeftées ni à l’un ni à l’au,, tre ; à quoi je vous exhorte de tenir la m ain, & me rendre ,, compte à la première commodité de ce que vous aurez fait „ en execution du prefent ordre que je vous envoyé. Ce
Divers es & gnifications du m ot de B ri gadier da m les Troupes. L 'o rd re de la Cavalerie de M . de M ontgomm eri P . 135.
Ce que l’on appelle aujourd’hui une Brigade dans les A r m ées, est un corps compofé de plusieurs Regimens foie à’in fanterie , foit de Cavalerie, foie de Dragons commandé par un Brigadier en titre & par Brevet. Les Brigades à’infanterie font compofés de quatre , de cinq , & même de fix Batail lons ; celles de Cavalerie & de Dragons font de c in q , de fix & ont été quelquefois jufqu’à huit & dix Efcadrons. Autretrefois de pareilles Brigades étoient commandées par un Meftre de Camp, mais qui u’avoit la qualité de Brigadier que par Commiiîîon & dans le tems qu’il commandoit la Brigade. Il y avoit un inconvénient fort confiderable pour le comman dement de ces Brigades, fçavoir que comme les Mestres de Camp avoient leur rang entre eux par l’ancienneté de leurs Régimens , il arrivoit quelquefois que le Mestre de Camp du plus ancien Regiment étoit un jeune homme de peu à ’experience, qui cependant à caufe du rang & de l’ancienneté du Regiment , & trouvoit commander de vieux Mestres de Camp dont les Regimens avoient rang après le fien. Monfieur de Turenne commandant en Flandre les derniè res années de la Guerre qui finit par la paix des Pyrénées } reprefenta au feu Roi que cela étoit contre le bien du fervb ce : & fuivant fon Confeil , Sa Majefté ordonna que les Bri gades de Cavalerie auraient des Commandans fixes pendant la Campagne, & l’on choifit pour cela des Mestres de Camp expérimentés aufquels on donna le nom de Brigadiers : mais ils n’avoient pas pour cela de Brevet 3 ce n’étoit encore alors qu’une Commiflion & non une Charge , ni proprement un grade dans la Milice. De ce nombre furent alors les Sieurs de Bauvefé. Le Comte de Choifeul depuis Maréchal de France. La Feüillée. Le Chevalier de Fourille. Le Marquis de Gassio n . Des Fourneaux. Genlis. Le Marquis de Joyeuse depuis Maréchal de France. Le Baron de Monclar. Le Marquis de Resnel.
B rigadiers par Com m ission.
I nstitu tion des Briga diers en titre d’Offict dans la Cavalerie ;
E t puis dans l'Infanterie.
E t Rochepaire. Dans les Troupes qui furent au Siége de Marfal en 1663, dans celles qu’on envoya à l’Electeur de Mayence en 1664 pour fou mettre la Ville à’E rford, dans l’expedition de Giger i , dans celle de Hongrie où & donna la Bataille de Saint G o dard la même année , il n’est fait mention ni du nom ni du service de Brigadier que de cette maniéré. E n 1665. 1e Roi envoya au fecours des Hollandois contre l’Evêque de Munfter un Corps de Troupes commandées par Moniteur de Pradel Lieutenant General ; & dans les dépenfes de la Guerre de cette année Bauvefé , le Chevalier de Fourille, & des Fourneaux eurent chacun une gratification de deux mille livres en qualité de Brigadiers de Cavalerie, quoi qu’ils n’euflent point de Brevet du Roi pour cette qualité. Mais en 1667 quand la Guerre commença , le Roi fit expé dier au mois de Juin par Monfieur le Tellier plufieurs Bre vets de Brigadiers de Cavalerie dont il honora divers Officiers : & c’efb alors que furent inftitués les Brigadiers par Brevet , que cet emploi devint une Charge & un grade de Milice , & en venu duquel ceux qui le poffedent, font mis en quel que façon au nombre de ce qu’on appelle Officiers Generaux : car en effet ils ne le lont pas, n ’ayant jamais eu en vertu de ce grade, intendance fur toutes fortes de T ro u p es, mais feule ment le commandement fur une partie de la Cavalerie, ou de l’Infanterie, ou des Dragons. Le Roi ayant été fort facisfaic de ces Brigadiers de Cava lerie , en mit auffi dans l’Infanterie, l’année fuivante, c’està-dire en 166 S ; & la première nomination s’en fit au mois de Mars. Les quatre qui furent nommez, félonies Mémoires que ;’ai vus , furent Meilleurs de Caffelan , M artinet , des Bon nets St Rambure . Avant cet étabiiffement des Brigadiers à Brevet , & avant le changement dont ; ai parlé que fit. Monfieur de Turenne , chaque Brigade écoit, comme je l’ai dit , commandée par le Me lire de Camp du plus ancien Regiment qui s’y trou voir. C’eff pourquoi la Brigade portoit le nom de ce plus ancien Re. giment. Cet ufage elt demeuré jufqu’à préfent principalement dans l’Infanterie, quoique le Brigadier ne & trouve pas être
Colonel du plus ancien Regiment de la Brigade. Ainfi on dira la Brigade de Normandie bien q u elle ne foit pas commandée par le Colonel de Normandie. Pour ce qui est de la Cavalerie , on donne à ’ordinaire à une Brigade le nom du Brigadier qui la commande, & non ce lui du premier des Regimens dont elle est compofée. Cec ufage n’est: pas néanmoins univerfel, fî ce n’eflpour les Regimens des Gentilshommes: car ; ’ai vu quelquefois qu’on parloir autrement, quand les Regimens Royaux ou ceux des Officiers Generaux de la Cavalerie étoient d elà Brigade, parcequ’alors elle prenoit leur nom : par exemple , on difoic la Brigade du R o y al, la Brigade du Commiflaire G en eral, &e. Le Brigadier d’infanterie dans une Bataille est à cheval, pour pouvoir & porter plus vite aux divers Bataillons de sa Briga de dont il doit ordonner tous les mouvemens. Il y a des Brigadiers non feulement dans la Cavalerie lege B rigadiers re & dans l’Infanterie, mais encore dans les Dragons & dans dans les D ragons & dans la Gendarmerie : ceux delà Gendarmerie, au moins ceux qui la G endarm eétoient Capitaines-Lieutenans des quatre premières Compagnies rie. précedoient dans les promotions ceux de la Cavalerie legere : mais cet ufage n’est plus. Il n’est point néceflaire à ’avoir pafTé par la Charge de Co lonel ou de Meflre de Camp pour parvenir au titre de Bri gadier. Le Roi a fouvent promu à ce grade Militaire des C a pitaines aux Gardes, des Officiers de Gendarmerie, des Officiers des Gardes du Corps, des Officiers des Gendarmes de la Gar d e, des Officiers des Chevaux-Légers & des Moufquetaires , des Officiers à ’Artillerie , des Ingénieurs & des LieutenansColonels. Je connois un Officier qui de premier Capitaine des Grenadiers du Regiment de Navarre fut fait Brigadier pour aller commander les Troupes du Roi à Pampelune en 1704, c’est Monfleur du Pont aujourd’hui Commandant de Toulon, mais cela n ’est pas ordinaire. Ces Brigadiers font leur chemin comme les autres, c’est-à-dire, que de Brigadiers ils deviennent Maréchaux de Camp & Lieutenans Generaux pas leurs fervices. Loüis le Grand attacha aufïï à la qualité de Brigadier des Honneurs honneurs Militaires. Le Brigadier qui est logé dans le Camp M ilita ir e s des Brigadiers. & y a sa Brigade , doit avoir une Garde compofée à ’un Ca-
Ordonnance d u 12 de M ai 1696
Tome 2. p. 38. Ibid. p. 480.
Tome
P.
10
96.
Ibid. p. 258.
Tome 14 p. 21.
poral & de dix hommes de sa Brigade : mais s’il est dans uns Place sous un autre Commandant , il n’a pas même de Sen tinelle. Quand un Brigadier vifite un Pofte , l’Officier tient sa G ar de en haye fans autres armes que l’Epée , & & met à la tête ayant fon Efponton près de lui. U n Officier tandis qu’il n’effc que Brigadier ,efb pour l’or dinaire obligé de garder fon R egim ent, s’il en avoit avant que de l’être : mais il peut le vendre à fon profit dès qu’il est parvênu à être Maréchal de Camp , ainfi que je l’ai dé jà dit à un autre occafion. Par Ordonnance du 30 Mars 1 668 le Roi donne aux Bri gadiers à ’infanterie la même autorité fur les Troupes à ’in fanterie que ceux de Cavalerie ont fur celles de Cavalerie. Par celle du 10 de Mars 1673 il a été réglé que tout Bri gadier foie à ’infanterie ou de Cavalerie qui aura Lettre de service , commandera à tous Colonels & Mestres de Camp tant à ’infanterie que de Cavalerie 3 que dans une Place fermée ce lui à’infanterie commandera à celui de Cavalerie 3 mais dansun lieu ouvert & à la Campagne celui de Cavalerie com mandera à celui à ’infanterie. L’Ordonnance du 30 de Juillet 1695. y ajoute le Brigadier de Dragons auquel elle donne le même rang qu’a celui de Cavalerie, & ordonne qu’ils rouleront enfemble fuivant leur ancienneté.. Par Ordonnance du premier d’Avril 1696 il a été réglé que les Brigadiers qui auront leurs Commiffions du même jour , garderont toujours comme Colonels le rang que leurs Regimens leurs donnent, & marcheront comme Brigadiers fuivant l’ancienneté de leurs Commiffions de Colonels. E t par celle du 20 de Mars 1704, Sa Majefté expliquant mieux fon in tention à l’égard des Colonels à ’infanterie qui ont paffié à des Charges de Gendarmerie ou à des Regimens de Cavalerie ou de Dragons, elle a ordonné que les Brigadiers de Cavalerie à ’infanterie ou de Dragons , marcheront entre eux du jour de leur Commiffion de Colonel ou de Mestre de Camp à ’infan terie , de Dragons ou de Cavalerie , fans avoir égard aux changemens des Corps, ni au tems qu’ils feront entrés dans celui ou ils & trou veront. Nonobûant le Brevet que le Roi
donne aux Brigadiers , ils ne fervent en cette qualité que par une Lettre de service. Ils ont en Campagne cinq cens livres par mois de quarante-cinq jours. Outre les Maréchaux de France, les Lieutenans Generaux, les M tréchaux de Camp , les Brigadiers , il y a encore à’au tres Officiers confiderables, comme le Maréchal des Logis de l’A rm ée, le Major General de l’Infanterie, &c. Mais com me iis font en quelque façon hors de rang , & que je pré tends traiter ici à ’abord des Officiers tant de Cavalerie que à ’infanterie qui fo n t, pour ainfi dire, dans la ligne de fubordination des uns aux autres, je la continuerai jufqu’aux moin dres Officiers, & je parlerai ensuite de ces divertes Charges. Ainfi je vais traiter ici du Mestre de Camp & puis du Co lonel qui ont leur rang après les Brigadiers & fervent sous leurs ordres.
c h a p i t r e
v.
Du Titre de Mestre de Camp. I l ne s’agit point encore ici des Mestres de Camp Generaux tels que font le Mestre de Camp General de la Cavalerie legere , & le Mestre de Camp General des Dragons ; mais feu lement de ceux à qui l’on donne aujourd’hui Amplement le titre de Mestre de Camp : & ce font ceux qui commandent en chef un Regiment de Cavalerie legere. Ce Titre femble être affetté à ces fortes à ’Officiers , comme celui de Colonel à ceux qui commandent un Regiment à’infanterie ou de D ra gons. ; ’ai vu fouventcependant des gens de Guerre donner le nom de Colonel au Chef à’un Regiment de Cavalerie. Au trefois , c’est-à d ire du tems de Loüis X III , on eût parlé fort improprement en donnant le nom de Colonel à un Mestre de Camp: témoin le Maréchal de BafTompierre qui dans fes Re marques fur l’Histoire de Dupleix où le Sieur Arnaut est appellé Colonel des C arabins, releve ainft cet Hiftorien. » Sot
» que tu es , il ne fut jamais que Mettre de Gamp , & les Carabins font non feulement sous le Colonel de la Cavalerie » legere , mais encore sous le Mettre de Camp des ChevauxL egers. L e s M es Ce titre de Mettre de Camp ne répond nullement aux fonc tres de Camp tions de l’Officier qui le porte aujourd’hui : car félon sa no a u trefo is a v o ie n t d ’au tion primitive, & comme le nom même le marque , il avoit tres fo n d io n s toujours lignifié un Officier , dont la fonction étoit d’affigner, q u e c e u x d ’a u dans un Camp les quartiers aux Bandes ou Compagnies qui J tt t r d ’h u i. compofent un Corps ide Troupes, après avoir pris l ’ordre du Maréchal de Camp. C’est en cefens que le prend l’Auteur de la Difcipline Mi litaire attribué à Monfieurde Langey, îorfqueparlant à’uneLegionqui étoitde fixmille hommesd’Infanterie du tems deFrançois 1 , il dit » Leur Fourier s’avancera pour demander lequartier que « la bande doit tenir dedans le Camp où la Légion lo g e r a i fauP. 21 vo. » dra qu’il s’adreffe auM e f t r e de C a m p d’icelle Légion ; l’Office » duquel entre autres choies , c’est à ’avifer l’endroit le plus « fain pour afieoir ladite Légion en Camp : & ayant trouvé » quelque lieu commode , il départ les quartiers, & fi ordonne » quellement il doit eftre fortifié , & à ces fins ce Maiftre de » Camp & fera déjà avancé pour avoir divifé & comparti le » tout de bonne heure , & devant que les bandes arrivent- C e t te diftribution particulière de terrain à chaque Regiment est aujourd’hui la fonction du M ajor de chaque Regiment. Il paroîtque sous François I , ce Maiftre du Camp ou Meftre de Camp étoit en même tems un des Capitaines des Bandes, ou de laLegion: mais par une Ordonnance de Fdenri II , il fut réglé que le Mettre deCamp auffi bien que le Sergent Major n’auroient point de Compagnie dans les Bandes où ils avoient ces fondions, afin qu’ils pùlTent s’en acquitter plus exacte ment, n étant point chargez de la conduite à ’une Bande par ticulière. Dans un Etat Major de l’Infanterie de l’an 1568 , je trouve à la tête le Colonel General , 1e Mettre de Camp, & le Sergent Major de l’Infanterie. Ce Mettre d e Camp étoit comme le Lieutenant du Colonel General, & étoit lui-même comme le Mettre de Camp General de l’Infanterie. Il en est parlé dans les Ordonnances de François I , & de H enri II , &
il paroîc avoir eu le commandement de toute l’Infanterie sous le Colonel General. L ’Officier qui commandoit les Bandes Françoifes dans quel Registr e d’un ques Provinces avoitauffi le titre de Mestre de Camp. ; ’ai vu Secretaire dans la la Commiffion du Sieur de la Mole du tems de Henri I I par d’Etat Bibliotequc laquelle il fut fait Mestre de Camp des Bandes Françoifes dans de M. Baluse . Plfle de Corfe sous les ordres & en l’abfence de Monfieur de Term es Lieutenant General, & devoit joüir des prérogatives dont joiiiflent les autres M estres de C am p de nos a u tres B a n d e s F r a n çoifes : ce qui montre que dans tous les Pays où il y avoit des Bandes, c’est-à-dire , de l’Infanterie Françoife il y avoit auffi Fonction des un Mestre de Camp des Bandes. Il avoir l’infpection de ces Mestres de T roupes, il les commandoit au nom du Colonel G eneral, & Camp autre lui en rendoit compte. Ces Mestres de Camp avoient du tems fois. de Henri I I fix Arquebufiers pour leur G arde, ou du moins Vol. 3 Pià leur fuite entretenus par le R o i, comme on le voit par les cardie. 1559. Regiftres de l’Extraordinaire des Guerres de ce tems-là. Je trouve dans les Mémoires du D uc de Nevers que du T. P. 28. tems de Henri III & par eonfequent depuis l’institution des Regimens d ’infanterie, il y a v o itq u a /r e E f t a t s , c’est à-dire, qua tre Charges de M estre de C am p ordinaire , qu’il y en avoit auffi à’extraordinaires de même efpece , félon le même Auteur. Ce qui arrivoit, je c ro i, quand il & faifoit quelque D éta chement confiderable, ou bien lorfqu’on faifoit un nouveau Corps d’Armé e , où les ordinaires ne pouvoicnt & trouver. Sous François I , plufieurs. Bandes dans une Armée étoient mifes en un Corps, & celui qui les commandoit portoit le titre de leur Mestre de Camp. Montluc sous l’an 1545, par lant de l’expedition d’Angleterre qui & fit sous le Comman dement de l’Amiral d’Annebaut , dit que » l’Amiral obtint du ” Roy Commiffion, laquelle , dit-il , il m’envoya pour eftre " Mestre de Camp de cinquante ou foi Xante Enfeignes que Sa » Majefté fit lever pour faire le voyage d’Angleterre, lef» quelles j ’amenay au Havre de Grâce entre les mains de « Monfieur de Tais. ( C e Seigneur étoit Colonel General de l’Infanterie. ) Il y avoit donc alors premièrement un Mestre de Camp dans tous les quartiers oùfe trouvoient plufieurs Bandes à ’In -
fanterie, qui étoit comme Je Lieutenant du Colonel General. Secondement il y avoit des Mestres de Camp dans les Armées pour commander les Bandes, qu’on réunilfoit pour former un Corps à ’infanterie Troifiémement, il y en avoit qui portoientle titre de Mettre de Camp , dont la fonction étoit de dittribuer le quartier deftiné dans un Camp à un certain nombre de Bandes. Quand François I eut inttitué les Légions, ceux qui les commandoient eurent le titre de Colonel. Cette infticution ne fubfifta pas longtems. Henri I I , comme je le dirai , mit fur pied quelques Regimens à ’infanterie dans le rems même qu’il inftitua auffi des Légions. Les Chefs de quelques-uns deces Reffimens eurent ou s’attribuèrent le titre de Colonel : mais le Colonel General de l’Infanterie Françoife & le Colonel G e neral de l’Infanterie à ’au-delà des Monts demandèrent à C har les IX en 1568, & obtinrent que le titre de Colonel fût ôté aux Commandatis des Regimens à ’infanterie en leur laiftant le titre de Mettre de Camp ; peut-être eurent - ils encore alors les fondions qui y étoient attachées félon la notion primitive de ce nom & qui regardoient la diftribution du campement à leur Troupe sous les ordres du Maréchal de Camp : mais cette dittribution fut depuis attribuée à à ’autres Officiers. Aintt le Mestre de Camp autre- titre de Mettre de Camp fut alors le titre des Chefs des Re fois Titre du Chef d’un R e gimens à ’infanterie Françoife pour la plupart , quoiqu’il foit giment d’in maintenant affedé aux Chefs des Regimens de Cavalerie. Et fanterie. voci comme cela est arrivé. Les Commandans des Regimens à’infanterie furent à ’abord nommez Mettres de Camp , parce qu’ils commandoient plufieurs Bandes ou Compagnies réunies en un C orps, & qu’avant l’inftitution des Regimens on donnoit ce Titre dans une Armée à ceux qui commandoient plufieurs Compagnies ainfi réunies , comme je l’ai prouvé par le témoignage de Montlucv Ils continuèrent depuis à porter cette qualité. Il n’y eut des R e gimens de Cavalerie en France que plus de foixante & dix ans après l’institution des Regimens à ’infanterie : car ceux-ci furent inftituez par Henri I I , & la Cavalerie ne fut mife en Regiment dans ce Royaume que l’an 1635 sous le Regne de Loüis X I I I . Lorfqu’on inftitua les Regimens de Cavalerie, on donna par la
la même raifon le même titre d e M estre d e Camp aux Com mandaris de ces Corps, le Colonel General de Cavalerie por tant feul le titre de Colonel : de forte qu ’il y eut alors des Mestres de Camp de Cavalerie & des Mestres deCamp à’in fanterie. Ce fait est tres-certain , on le voit dans nos Hiftoires & dans les Regiftres de l’Extraordinaire des Guerres : mais quand la Charge de Colonel General de l’Infanterie Françoi& fut supprimée par Loüis le Grand après la mort du dernier D u c d’Epernon l’an 1 6 6 1 , ce Prince par fon Ordonnance de la même année attribua aux Commandans des Regimens à ’in fanterie le titre de Colonel, & leur fît quitter celui de Meftre de Camp. Il ne & fit aucun changement à cet égard dans les Regimens de Cavalerie , parce que la Charge de Colo nel General de la Cavalerie fubfifloit, c’est pourquoi les Com mandans de ces Regimens de Cavalerie conferverent leur titre de Mettre de Camp. C ’est donc aintt qu’il est arrivé que ce T itre qui à’abord avoit été donné aux Commandans des Re gimens à ’infanterie , demeura aux Commandans des Regimens de Cavalerie qui le portent encore aujourd’hui : m ais, com me je l’ai déjà obfervé , à regarder l’idée qu’on avoit à ’abord attachée au titre de Mettre d e Camp , il ne convient pas mieux aux Commandans des Regimens de Cavalerie, qu’il ne convenoit aux Commandans des Regimens à ’infanterie ; puifque la fonction de départir les Camps & les logemens des Compagnies dans le campement, n’est plus la fonction de ceux qu’on ap pelle aujourd’hui Mestres de Camp ; & ce n’est que par un ufage abufif qu’on le leur donne. Il y a des Mestres de Camp en pied , c’est-à-dire , dont le Regiment est fur pied ; il y a des Mestres de Camp réformés, c’est-à-dire , dont le Regiment a été réformé , & qui font at tachez à un autre dans l’efperance à ’être à la tête de quelque Regiment qui vaquera , ou que l’on créera. Il y a auffi des Mestres de Camp de Commiflion, c’est-à-dire, qui en ont la commiffion fans avoir & fans avoir eu de Regiment : ils en ont le rang &: les prérogatives dans les occafions. C ’est un honneur dont le Roi recompenfe certains Officiers qui & font diftinguez dans le service hors des Regimens , & même dans les Regimens fans en avoir été Colonels ni Mestres de Camp.
E t depuis à venu propre ae l a Cavalerie.
Mestres de Camp en pied. Mestres de Camp réform ez . Mestre de
Camp de Cemmission.
Quoique les Mestres de Camp réformez n’ayent parce titre aucun Commandement , le Roi par fes Ordonnances leur en attribue pour certaines occafions : par exemple, dans les D é tachemens où il le rencontre des Mestres de Camp en pied & des Mestres de Camp réform ez, ils & commandent entr’eux Ordonnance fans diftinclion fuivant les dattes de leurs Commiffions ; & ce ce du 4 Sep tembre 1701. la s’est pratiqué de touttems dans les Regimens de Cavalerie. Pareillement en l’abfence des Mestres de Camp en pied, les Mestres de Camp réformez commanderont les Regimens foie dans les actions de G u erre, foit dans les marches , foit dans les quartiers ; ils v ont tous les honneurs & toutes les préroga tives du commandement, fans néanmoins & mêler du détail des Regimens dont la connoiflance appartient aux LieutenansColonels ou au premier Capitaine en l’abfence du Mestre de Camp. Le Mestre de Camp a droit à ’interdire les Capitaines & les A u to r ité d es Subalternes de fon Regiment lorfqu’ils manquent au service, M e s t res de Camp. & de les mettre en arrêt. La juftice du Regiment s’exerce au nom du Roi & du lien ; il prefente les Officiers pour les Charges de fon Regiment au Secrétaire d’Etat d elà G uerre; mais on ne les agrée pas toujours, & on lui en nomme quel quefois à ’autres. Le Roi nomme toujours le Capitaine & le Cornette. Le Mestre de Camp dans une marche & dans une revue est à la tête des Capitaines trois pas devant eux : mais dans un C om bat, dans une Bataille , la croupe de fon Cheval est dans le premier rang de l’Efcadron ; il a pour Place du arme l’Epée & les Piftc’ecs. S’il se trouve dans un Détache Mes tre de Camp dans un ment avec de l’Infanterie , il commande le Colonel dans une Combat & plaine : mais fi c’est dans un lieu où il y ait retranchement, ailleurs. baricade ou ceinture , c'est le Colonel qui le commande. La Commande chofe a été ainfi réglée par les Ordonnances du Roi. Avant ce ment reglé entre le Mestre tems-là il y avoit fouvent des difputes qui étoienc décidées fe de Camp & le lon que les Generaux étoient favorables à la Cavalerie ou à Colonel d’un l’Infanterie. R egiment d’ Infanterie. Le Sieur de Puifegur dans fes Mémoires rapporte une cho P. 585. & fur ce fujet qui montre ce que je dis. » Monfieur de T u « renne, dit-il , étant devenu Colonel ( General ) de la Ca-
valerie, il la vouloit mettre en un fort haut point, ce qu’il » ne pouvoit pas faire fans abaifter l ’Infanterie qu’il préten» doit faire obéir à toute la Cavalerie jufques à un fimpleCa» pitaine de Dragons qu’il vouloit faire commander dans une » Place où le Regiment de la Marine étoit. Ce fut à Fûmes » que la chofe arriva , & ce fut un nommé Clodoré qui refufa »» à ’obéir. Il le fit arrêter & il le fut fix femaines durant 3 & » quand il parloir aux Officiers à’infanterie pour obéir à ceux » de la Cavalerie , ils lui difoient qu’ils ne dévoient pas le fai» re , & que Monfieur de Puifegur leur avoit dit qu’fis ne le » fîftent pas ; & cela le fâchoit. M. de Puifegur ajoute ce que » je viens de dire, que tout ce qui a été difputé à Monfieur » de Turenne par l’Infanterie, a été réglé en faveur de l’in « fanterie par le Roi. Ce fut par l’Ordonnance du 6 de Mai « 1667.
C H A P I T R E
VI .
D u Titre de Colonel, & de celui de Lieutenant-Colonel. ’Ai traité ailleurs allez au long du T itre & de la Charge de Colonel General de l’Infanterie Françoife qui n’est plus: Je parierai dans un autre endroit de celle des autres Colonels Ge neraux , c’est à-dire, du Colonel General de la Cavalerie le gere , du Colonel General des SuilTes , du Colonel General des Dragons. Il n’est queltion ici que des Colonels particu liersCe T itre est donné àcelui qui commande un Regiment à’in fanterie ou de Dragons : car les Dragons font réputez du Corps de l’Infanterie. O n le donne auffi à celui qui commande un Regivnent de Cavalerie étrangère. Il est pareillement donné à celui qui est le Chef à ’un Regiment de la Milice Bourgeoife dans une Ville. Il y a à Paris feize deces fortes de Colonels & un Colonel des Archers de la Ville. J ’ai déjà fait remarquer que les Colonels à ’infanterie n’ont
J
Colonels en pied.
Colonels ré formez. Colonels de Commission, A u to rité des Colonels dans
leur Regiment.
Place du Co lonei dans un Combat.
P- 38.
ce T itre que depuis l’an 1 6 6 1 , après la fuppreffion de la Charge de Colonel General, & qu’auparavant on les appelloit Mestres de Camp. Il y a des Colonels en pied, des Colonels réformez, & des Colonels de commiffion , comme je l’ai dit des Mestres de Camp. Les Colonels réformez ont à proportion dans les Regimens à ’infanterie, les mêmes prérogatives que les Mestres de Camp réformez dans les Regimens de Cavalerie. Les Colonels en pied ont auffi à proportion la même auto rité fur leurs fubalternes que les Mestres de Camp fur les O f ficiers inferieurs dans les Regimens de Cavalerie : il a droit à’interdire les Capitaines & les fubalternes de fon Regiment , quand iis manquent au service , &c. Les Colonels étant logez au Camp avecleurs Regimens peuvent avoir feulement pendant la nuit une Sentinelle qui est prife de la Garde de la tête du Camp , & qui & retire le jour. Quand dans une Place fermée ou dans une Garnifon il & rencontre un Colonel, c’est lui qui y commande s’il n’y a pas de Gouverneur ou de Lieutenant de Roi , ou quelque au tre qui ait commission de Commandant de la Place. Dans un arrangement de Bataille, &c. le pofte du Colonel est à la tête du Regiment , trois pas avant les Capitaines : mais dans le moment de combattre le Colonel tout Com mandant de Bataillon doivent au plus déborder d’un pas, pour voir plus aifément la droite & la gauche. Dans une marche quand le Regiment défile , comme par exemple en entrant dans une Ville, il marche cinq ou fix pas devant le Capitaine. Quand la mode étoit de porter des Armes défenfives , par exemple du tems de Charles I X , le Colonel qu’on appelloit alors Mestre de Camp devoir être armé de la maniere qui f u it, comme nous l’apprend Monfieur de Montgommeri dans fon Traité de la Milice Françoife. » Quand il aura à combattre l’Infanterie, dit i l , il portera » une Rondelle ( c’étoit une efpece de Bouclier à l’épreuve » du Moufquet ) & un accouftrement de tefte à preuve de « mefme, le vifage découvert, un grand Panache deffus, l’Epée » à la main: ii fera le femblable à un Aftaut general ; mais
» » » » »
ayant à foutenir la C avalerie, il s’armera d’Armes completes ayant la Cuiraffe , l’habillement de toile , trois lames de Eraflais, & trois de Taflettes à preuve de Piftolets desquels la Cavalerie ufe maintenant avec une Pique de Bifcaye à la main. Ce n’est plus l’ufage aujourd’hui que les Colonels à ’infan terie fuient fl pefamment armés ; ils n’ont pour l’ordinaire que leurs Armes offenfives , c’est-à-dîre, l’E pée, l’Efponton & les Piftolets , & tout au plus, s’il veut obferver les Ordonnan ces , la Calotte de fer dans le chapeau & la cuiraffe. Les Colonels de Dragons font à proportion pour le com mandement, pour l’autorité & les prérogatives, fur le même pied que les Colonels à ’infanterie & les Mestres de Camp de Ca valerie. & néanmoins les commiflions à ’un Mestre de Camp de Cavalerie & d’un Colonel de Dragons & trouvoient de mê me jour , le Mestre de Camp de Cavalerie auroit la préféren ce pour le commandement; & il en eftdem êm e des autres O f ficiers de ces deux corps qui feraient de meme rang , comme par exemple de deux Capitaines.
D u Titre de Lieutenant-Colonel. Uelques années après que les Regimens d’infanterie eurent été inftituez en France , & au plus tard lorfque le Duc à’Epernon poffeda la Charge de Colonel General, ce grand Of ficier avoit une Compagnie dans chaque Regiment à ’infante rie , qu’on appelloit la, Colonelle , qui étoit toujours la première du Regiment. Celle du Mestre-de-Camp n’étoit que la seconde, même dans le Regiment des Gardes. Le Capitaine qui commandoit la Colonelle portoit le titre de Lieutenant Colonel , c’est-à-dire , qu’il tenoit la place du Colonel-Général à la tête de la Compagnie qui appartenoit au Colonel General. Ce titre en ce fens fut aboli dans les Regimens à’infanterie , quand le Roi fupprima la Charge de Colonel-Général. La Compagnie du Mcftre-de-Camp qui prit alors le titre de Colonelle, devint la première s & celle qu’on avoit jufqu’alors appellée la Colonelle , devint la seconde. Q
Ordonnannance de 1695 .
Code Mili taire p. 276. Prérogatives
desLieutenans Colonels.
Il y a neanmoins encore des Lieutenans Colonels dans les Regimens à ’infanterie Françoife, de Cavalerie, & de Dragons. Celui qui a ce titre ed le Capitaine de la seconde Compagnie : il ne faut pas le confondre avec le Lieutenant de la Compagnie Colonelle, ou de la Medre-de-Camp , qui ed le fécond Officier de cette Compagnie, & à qui l’on donne ordinairement Commiffion de Capitaine après quelque tems de service : mais il n’a que le rang de dernier Capitaine, excepté dans le Regiment des Gardes, où il prend rang du tems de sa Commiffion. Avant l’an 1689 , il n’y avoit point de Lieutenant Colonel dans les Régimens Suides en titre à’Office. M. de Reynold qui ed aujourd’hui Colonel du Regiment des Gardes Suides, fut le premier Lieutenant Colonel de ce même Regiment. Dans les Corps de Cavalerie Etrangère , le Lieutenant Colo nel ed le premier Capitaine du Regiment, & il le commande en l’abfence du Colonel : dans les Regimens François de Cavale rie, c’est le Major qui fait les fondions de Lieutenant Colonel, & qui en a les prérogatives. Dans le Regiment des Gardes Françoifes, celui qui comman de la Colonelle sous le Colonel , porte le titre de CapitaineLieutenant commandant la Colonelle. Comme la Charge de Lieutenant Colonel ed confiderab’e & importante, & qu’elle ed exercée par des Officiers de mérite & d ’experience, le Roi y a ajouté des didindions qui font mar quées dans fes Ordonnances. » Il y difpenfe les Lieutenans Colonels des Regimens à ’In» fanterie de monter la Garde dans les Places : il ordonne que » bien que les Colonels foient prefens au Corps , les Lieu» tenans Colonels auront le choix de leurs logemens préférable» ment aux Capitaines, fans qu’ils foient obligez deles tirer avec » eux 5 qu’en outre il leur foit loifible de choifir après les Co» lonels celui des Quartiers dans lequel ils viendront comman»der , encore bien que leurs Compagnies ne s’y trouvent point » logées ; que quand les Regimens feront en Bataille , & que » les Colonels feront préfens à la tête , les Lieutenans Colonels » conferveront le pas devant tous les Capitaines 5 qu’en l’abfen» ce des Colonels, ils auront commandement fur tous les Quar» tiers des Regimens , & qu’ils commanderont le fécond Ba-
» taillon , quand le Colonel fera prefent pour comma nder le »» premier. » Il est encore ordonné que les Lieutena ns Colonels des R é» gimens de Cavalerie , en l’abfence des Mestres-deCam p , & » ious leur autorité en leur prefence , commanderont lefdits » Régimens de Cavalerie, & ordonneront aux Capitaines des » Compagnies, & à tous les autres Officiers defdits Regimens, » ce qu’ils auront à faire pour le service de Sa M ajefté, & pour » le maintien & rétablillement defdites Compagnies ; & que par » tout où ils & trouveront, ils commanderont à tous Capitaines » & Majors de Cavalerie.
C H A P I T R E
VI I .
Du Titre de Capitaine. E titre de Capitaine en matière de Guerre a toujours s gnifîé un Commandant, ou un Chef de Troupes & de Soldats. Nos vieux Romans en Vers & fervent quelquefois de celui de chevetaine, qui vient du mot François c h e f, comme celui de Capitaine vient de Caput, qui fignifie auffi c h e f. C ’effc parla même raifon que ce que nous appelions aujourd’hui Gouverneurs de Places, s’appeiloient autrefois communément du nom de Capitaine 5 qu’on difoit non pas le Gouverneur de Melun , mais le Capitaine de Melun , non pas le Gouverneur de Terouanne , mais le Capitaine de Terouanne , 8cc. E t ce qu’on appelle aujourd’hui Gouvernement en cette m atière, étoit appelle Capitainerie. Ainfi dans la Compilation des O r donnances des Etats de Blois sous Henri III , l’Article 27 6 a pour titre : Des Capitaineries des Places fortes & guets dûs à icelles. E t il est dit dans cet Article : Nul ne fera par nous pourvu de Capitainerie aux Places fortes , qu'il ne fait naturel François , connu par longs fervices faits a Nous & a nos Prcdeceffeurs Rois. Mais l’ufage a prévalu depuis pour les termes de Gouverneur & de Gouvernement. Ceux de Capitaine & de Capitainerie à cet égard ne & difent plus que quand il s’agit
L
Le titre de Capitaine donné autre fois au lieu de celui de Gou verneur.
des Maifons Royales. O n dit le C a p ita in e de Saint-Germain ; Capitaine de Ferjailles : mais il me femble que Ton a com mencé depuis plufieurs années à & fervir du terme de Gouver neur & de Gouvernement pour ces fortes de Charges. La qualité de Capitaine , je dis de fimple Capitaine ,étoit Ce titre anautrefois beaucoup plus honorable qu’elle n’est aujourd’hui ; trefois très-hocomme nous voyons dans nos Hiftoires depuis Loüis X II jufntralle. qu’à Henri IV , où les perfonnes les plus diftinguées par leur valeur dans les Armées Françoifes font nommées avec ce titre On dis oit que l’on mettoit avant leur nom. On difoit, le Capitaine M ontle Capitaine luc , le Capitaine Charri , le Capitaine Lancques, &c. C’est tel, au lieu de ainlî qu’on parloit alors à l’Armée & à la Cour , même de Monsie u r tel. ceux qui avoient eu , ou qui avoient actuellement un plus haut commandement que celui de Capitaine *. par exemple , dans le premier Volume de l’Extraordinaire des Guerres de l’an 1564 sous Charles IX , on s’exprime de cette forte : A u Capitaine Roumule Colonei defdites dix Compagnies , la fotnme de 100 l. pour (on eflat de Maifire de Camp. Et ce qui est encore remarqua ble , c’est que dans ces Regiftres ce titre de Capitaine ainfi placé avant le nom , & donnoit même aux Officiers Subalternes à ’une Compagnie) & l’on difoit , au Capitaine t e l , Lieutenant de l a Compagnie du Capitaine tel la Jomme de, &c. Je trouve dans le Regiftre de Picardie de 1561,1e Capitaine la Trimoille : c« qui montre que ce T itre étoit donné même à des gens de la haute Noblefte , en fuppofant que ce Capitaine fut de cette iiluftre Maison. Cette maniéré de parler n’étoit point en ufage avant Loüis Cet us age commençafins X I I . Philippe de Comines dans l’Histoire de Loüis X I , & Louis X I I & dans celle de Charles V I I I , Prédecefleur de Loüis X II ne s’en finit vers le fert point,non plus que ceux qui ont écrit avant lui. Elle fut tems d'H en introduite sous le Regne de Loüis X I I , lorfque ce Prince com ri IV . Brantôme mença, ainfi que le dit Brantôme , à mettre l’Infanterie Franau Tome des çoife fur le bon pied 3 & que pour cet effet il engagea la NoColonels. bleffeà fervir dans l’Infanterie, il fit un choix des plus vaillans Gentilshommes de fes Troupes , & des plus capables de bien difeipliner les Soldats : il donna à l’un cinq cens Famaffins à commander, à un autre mille, à un autre deux mille ; & quel que forte que fut la Troupe, celui q u ila commandoit n’avoitque le titre de Capitaine. Il le
Il me paroîc ; mais je n ’ofe pas cependant Paffurer abfolument : il me paroîc, dis-je , par ce Livre de Brantôme que je viens de c ite r, & par les autres du même A uteur, auffibien que par les Hiftoires de ce tems-là, que ce titre de Capi taine n’écoic ordinairement porté de la maniéré que je l’ai dit, que par ceux qui commandoient , ou qui avoient commandé des Bandes à’infanterie. Cet ufage ceffa fur la fin du Regne de H enri I V . » Nous » n’appellions nos Capitaines que de ce nom-là , (d itu n A u » teur * qui écrivoit alors, ) & même , ajoute-t’i l , devant la » Rochelle ( sous Charles IX ) lorfque nous parlions des Mef» tres-de-Camp. O n difoic le Regiment du Capitaine Guas , « le Regiment du Capitaine Goas , de Coffins, de Poillac, & » ainfi des autres. Aujourd’hui ce feroit offenfer fon fimple » Capitaine, fl on ne difoit : M o n fie u r. Je crois , ajoute-t’il en c o r e , que c’est une erreur pour leur Charge. Dans les Légions de fix mille hommes qui furent inftltuées par François I , chaque Capitaine commandoit mille hommes. Ces mille hommes écoient partagez en dix Bandes , chacune de cent : elles écoient commandées chacune par un Officier qui n’avoit point le titre de Capitaine , mais celui de Cencenier, comme on le voit par les Ordonnances de ce Prince fur ce fujet. Sous le Regne du même Prince, les Bandes ou Compagnies écoient de quatre cens hommes, & de trois cens hommes. Sous Henri II , elles écoient ordinairement de deux cens, Infenflblement elles devinrent sous les Regnes fuivans beaucoup moins fortes, & on les réduifît à quarante hommes par les Réformes. Ainfi la multiplication des Capitaines, & la diminution de leur Commandement ont fait que ce titre n’est plus aujourd’hui auffi illuftre qu’il l’étoit autrefois. Il n’y a que les Compagnies Suiffes, qui ordinairement font ou doivent être fur lepied de deux cens. Celles du Regiment des Gardes Françoifes font ordinaire ment aux environs de cent. Je les ai trouvées quelquefois sous Charles I X , réduites à cinquante. Le Capitaine à ’infanterie nomme le Sergent, & les autres bas Officiers de sa Compagnie : mais il ne peut les caffer de fon autorité. Il en eftde même à proportion du Capitaine de Cava lerie.
* Moatgeofi dans fon Al phabet Mili taire p. 23.
Capitaines en premier.
Capitaines en second. Capitaine Réforme.
Capitaine en pied.
Le titre de Capitaine à l’e'gard des Officiers i ’Armée , ex cepté le géne'ral, ne fut gnéres en ufage dans les tems les plus reculez de notre ancienne Milice Françoile. Ceux qui commandoient sous les Comtes & sous les Ducs au tems de la première & de la seconde Race , étoient les Viguiers, les Centeniers, &c. Depuis l’institution de la Chevalerie, un peu avant PhilippeA u g u fte, cetoienc les Chevaliers Bannerets avec ce titre de B anneret, qui commandoient les diverfes Brigades de Gendar merie. Le titre de Capitaine commença à erre en nfage dans la lignification qu’on y donne aujourd’h u i, quand nos Rois,outre les Troupes de leurs Vaffaux , donnèrent des Commiffions à quelques Seigneurs pour lever des Compagnies de Gendarmes. Ces Seigneurs prirent le titre de Capitaine de ces Compagnies, comme on le voit par une Ordonnance du Roi Charles V , de laquelle ; ’ai parlé ailleurs. Charles VU dans la grande réforme qu’il fit de la Milice Françoife par l’institution des quinze Compagnies à ’Ordonnan. c e , fit prendre le titre de Capitaine à tous ceux qui les com mandoient. Il a été dans la fuite communiqué à tous les Commandans particuliers des diverfes efpeces de Milices, tanc dans la Gendarmerie » que dans la Cavalerie legere, dans la Garde de nos Rois, dans l’Infanterie , dans les Dragons, &c. de forte qu’aujourd’hui il y a des Capitaines dans tous les Corps de Milice. De notre tems nous voyons des Capitaines de diverfes efpe ces. O utre les Capitaines en premier ou en C h e f, il y a des Ca pitaines en fécond , foit fur la mer, foit fur la terre. Le Capi taine en fécond dans les Troupes de terre , est un Officier qui commande une partie à ’une Compagnie, quand elle est trop forte à’hommes : c’cfl une place qu’on a donnée quelquefois à des Capitaines réformez de Cavalerie, pour leur laifier quelque efpece de commandementOn dillingue encore le Capitaine en pied & le Capitaine ré formé. Le premier est celui dont la Compagnie a été confer vée après la réforme des Troupes. Le Capitaine réformé est celui dont la Place ou la Charge a été supprimée , &. qui quelque fois refie dans le même Corps, ou est incorporé dans un autre: on lui conferve fon titre à’ancienneté , fuivant la date de fà
Commiffion ; ce qui peut lui être avantageux dans la fuite. II y a encore des Capitaines réformez en pied : ce font des Meftres de-Camp dont le Regiment a été cafte dans la Réforme , & réduit à une feule Compagnie qu’il commande ; c’est ce qui & fit en 1668 après la Paix à ’Aix-la-Chapelle. Il y a de plus des Capitaines des G uides, dont les fondions font de fcavoir parfaitement les chemins, & le Païs par où l ’Armée doit pafter , fur-tout quand elle marche la nuit, à’ac compagner les Partis, les Convois, les Détachemens, l’Artil lerie , les Bagages qui pourroient s’égarer faute de Conducteur, ou s’engager dans des chemins impraticables. Ces Officiers doivent être tres-habiles dans la Carte & dans la Topographie des lieux où la Guerre & fa it, & dans la Langue du Païs Cet emploi étoit en titre de Charge dès le teins de Henri IV , comme on le voit par le Livre des M a x im e s de G uerre du M a réchal de Biron. Ils font sous les ordres des Maréchaux des Logis de l’Armée. Il y a des Capitaines de Mineurs qui ont foin à ’inflruire & de fournir les Mineurs. Un Capitaine des Charois qui fournit les Attelages , les Chariots, les C harettes, & les autres Voi tures pour la conduite de l’Artillerie & des Vivres. Un Capi taine à’Ouvriers qui commande aux Charpentiers, aux Char rons , &c. Enfin ce titre a été communiqué à une infinité à’Officiers qui ont quelque commandement dans les Troupes. Il y a encore des Capitaines-Lieutenans, titre allez nouveau. ; ’en parlerai en traitant des Troupes de la Maison du R o i, où il effc principalement en ufage, auiïi-bien que dans la Gendarmerie. Dans l’Infanterie quand le Regiment est partagé en plu fieu rs Bataillons, les plus anciens Capitaines commandent ces Batail lons ; & fi le Bataillon est de dix Compagnies au moins, le Com mandant a les prérogatives de Lieutenant-Colonel. Comme les Compagnies Suifîes font beaucoup plus nombreufes que les Françoifes, les Capitaines Suisses qui commandent des Bataillons de quatre Compagnies, ont pareillement les pré rogatives des Lieutenans-Colonels.
Capitaines de diverfes efpeees dans prejt cpue tous les Corps.
Fol. 48.
Code Mili taire p. 279.
Ibid. p. 281.
C H A P I T R E
VIII.
Du Lieutenant, & du Sous-Lieutenant. E Lieutenant est le fécond Officier de la Compagnie, foit de Cavalerie , foit à ’infanterie , foit de Dragons. En i’abfence du Capitaine , il a le même pouvoir que lui dans la Compagnie. Quand une Compagnie à ’infanterie est en Ordon nance , le Lieutenant & porte à la gauche du Capitaine, & à la droite, fi PEnfeigne s’y rencontre. En l’abfence du Capitaine le Lieutenant conduit la Compagnie , quand elle est forme'e en Bataillon : mais le Capitaine y é ta n t, le Lieutenant fera à la queue. Il est armé dans un combat comme le Capitaine ; il en est à peu près de même du Lieutenant de Cavalerie ou de Dragons. Il y a des Lieutenans en pied & des Lieucenans réformez, dont les Rangs entr’eux ont été reglez par les Ordonnances, à peu près & à proportion comme ceux des Capitaines & des Co lonels en pied , & des Capitaines , & des Colonels réformez. L ’Auteur à ’un Livre intitulé : L ’A lp h a b e th Militaire , re marque une chofe fort extraordinaire en ce genre , fçavoir que du tems de Charles IX tous les Lieutenans des Compagnies Montgeon à’infanterie furent réformez : » ; ’ai fouvenance , dit-il, de les Alphabet M i » avoir vus licencier du tems de Charles IX . Il est vrai qu’ils litaire p. 22. » eurent le choix de reprendre les Enfeignes , fi bon leur femRéforme ge- » bloit ; &. en ce faifant les Enfeignes étoient fans parti- r je ne neralcdes Lieu tenant d’in » fçai à ’où cela pouvoir naître : mais je fçai qu’incontinent apres fanterie sous » nous fûmes à la Guerre. Ce fut précifément auparavant la Charles I X . » Saint-Barthelemi ; ; ’étois alors en Garnifon à Abbeville de la » Compagnie de M. à Egueries l’aîné , qui avoir le Regiment » de Piémont. La Charge de Sous-Lieutenant quand il y en a , est la troiTitre de SousL ie u te n a n t fiéme Charge de la Compagnie : cecce Charge n’est pas fort an p eu ancien cienne , & je ne crois pas qu’il en foit fait mention avant le en France, Regne de Henri IV . Depuis que le titre de Capitaine a été en ulage dans la Gendarmerie, dans la Mailon du R o i S i dans les L
autres Tronpes,on voit des Lieutenans , des Enseignes, des Gui dons , des Cornettes, des Maréchaux des Logis , Sec. Mais jufqu’au tems que je viens de marquer , je ne me fouviens point d’avoir vu de Sous-Lieutenans. Le premier que ; ’aye trouvé avec cette qualité est M. de la Guiche de Saint-Geran qui fut ensuite Capitaine-Lieutenant des Gendarmes de la Garde. Il est dit dans fes Provifions pour cette Charge en laquelle il fucceda à M. le Maréchal de Souv ré , qu’il avoit été fait Sous-Lieutenant de cette Compagnie par Henri IV . Dans les Rôles des Chevaux-Légers de la Garde qui font à la Cour des A ydes, on ne voit point de Sous Lieutenant avant l’an 166 5. Dans le plus ancien Rôle que ; ’aye vû de la pre mière Compagnie des Moufquetaires, il y a un Sous Lieute nant : mais ce Rôle n’est que de l’an 1643 5 il n’y en a jamais eu dans les quatre Compagnies des Gardes du Corps, ni dans les deux Compagnies des cent Gentilshommes, Dans les Livres de Milice faits du tems de Henri I V , on ne voit point de Sous-Lieutenant : mais dans le Dilcours Militaire du fleur Le Normand imprimé en 1631 du tems de Loüis X I I I , il est fait mention de Sous-Lieutenant dans la Cavalerie. Il falioit qu’il y en eût quelques-uns de Ion tems mais cela ne dura pas. Il faut en excepter la Compagnie Colonelle de la Cavalerie legere, où il y a un Sous Lieutenant, & qui obéit dans le Corps au Cornette qui porte la Cornette blanche. Pour ce qui est de l’institution des Sous-Lieutenans dans les Regimens à ’infanterie , je n ’en trouve point avant l’an 1657, que le Poi en créa un dans les Compagnies du Regiment des Gardes Françoifes : il en mit auffi dans les Gardes Suiftes, & enfin dans les autres Regimens à’infanterie : maispour ceux-ci on m’a affûté qu’il n’y en avoit point eu avant 1668. On les cafta dans la fuite, & on les rétablit en 1687 , pour placer dans les Troupes plus de neuf cens jeunes Gentilshommes , que le Roi faifoit élever & former pour la Guerre dans plu fleurs Pla ces frontières du Royaume, comme .à Strasbourg,à Longvvy,&c. Ordinairement on cafte la plupart des Sous-Lieutenans à la fin à ’une Guerre, & on les rétablit quand on en commence une nou velle.
Au M emorial de la Chambre des Comptes de P aris cotte IIIII.
p . 87.
Louis X I V a introduit Us Sous-Lieute nans dans l’Infanterie.
Dans toutes les Compagnies de la Maison du R o i, excepté les Gardes du C orps, il y a des Sous-Lieutenans ; il y en a auffi dans toutes les Compagnies de Gendarmerie : ce font les fé conds Officiers de toutes ces Compagnies.
C H A P I T R E
I X.
Du Cornette, de l’Ens eigne, & du Guidon. L A Cornette a été longtems un Etendart propre de la feule
Cavalerie legere ; de lorte que pour dire qu’il y avoir dans une Armée , par exemple , cinquante Compagnies de Cavalerie, on difoit qu’il y avoit cinquante Cornettes. Il y a aujourd hui des Cornettes dans les Chevaux-Légers de la Garde, dans les Moufquetaires du Roi & dans les D ra gons : il n’y a rien en cela à ’extraordinaire , parce que les Chevaux-Legers de la Garde , comme leur nom même le porte, Corps eù il y a ont été du Corps de la Cavalerie legere ; ils n’en ont été fépades Cornettes. rez , & n’ont été fouftraics à la Juridiction du Colonel General de la Cavalerie legere, que lorfque Henri IV s’en fit une Com pagnie de Gardes, comme je le dirai en parlant de cette Com pagnie. Il y en a auffi dans les Compagnies de Chevaux-Legers de la Gendarmerie. La Cornette convient encore pareillement aux D ragons, parce que cette efpece de Milice étant en même tems Infante rie & Cavalerie dans fon origine, c’est-à-dire combattant à pied & à cheval, il est manifelte qu’en qualité de Cavalerie , elle appartient naturellement à la Cavalerie legere , & cela à ’au tant plus, que quand les Dragons furent inllituez , ils étoienc armez beaucoup plus legerement que la Cavalerie legere même de ce tems-là, à laquelle on donnoit ce nom de legere par oppofition avec laGendarmerie, qui étoit alors tres-pefamment armée. La Cornette ne convient pas moins aux Moufquetaires du R oi, par la même raifon qu’ils font pareillement Infanterie & Cavalerie $ qu’on en fait les Revues, tantôt en Bataillon & tan tôt en Efcadron s que c’est en effet une Cavalerie legere par fon équipage & dans fon origine ; & que quoiqu’elle ne foie
point fons l’autorité du Colonel General de la Cavalerie lege re , elle n’est Gendarmerie que par un Privilège par lequel le feu Roi en 1665 , ordonna que toute la Cavalerie de sa Maifon feroic réputée telle, pour avoir la droite fur les Regimens de Cavalerie legere. Il ne devrait pas non-plus paraître étrange q u ’il y eût des Cornettes dans les Gardes du C orps, parce que , comme je le d ira i, les Gardes du Corps dans leur institution étoient une Ca valerie legere : mais ces Compagnies, du moins les trois pre mières ont éré inftituées avant que la Cavalerie legere fût un Corps réglé & bien difcipliné , c’est-à-dire avant Loüis X II. D e plus, le terme de Cornette pour fignifier un E ten d art, ainfi que je l’ai dit ailleurs , n’étoit point encore fort en ufage eu France. C’est pourquoi il n’y eût jamais dans les Gardes du Corps à ’Etendart sous le nom de Cornette. La Cornette donc n’est que dans la Cavalerie legere, & dans les Troupes de Cavalerie , qui n’étant point sous la Jurifdidlion du Colonel General de la Cavalerie legere , y feraient naturelle ment, fi par un Privilège fpécial on ne les en avoit pas fouftraites. Cette efpece à’Etendart a donné fon nom à celui qui le porte : car on dit la Cornette pour fignifier l’E tendart, & le Cor nette pour fignifier l’Officier qui la porte. Le Cornette dans les Compagnies de Cavalerie legere est le troifiéme Officier ; & dans les autres Corps où il y a SousLieutenant ou Enfeigne avec le Cornette, celui-ci n’est que le quatrième : il en est de même quand il y a deux Sous- Lieutenans , comme dans la Compagnie des Chevaux-Légers de la Garde. Il n’est que le cinquième , quand il y a deux SousLieutenans & deuxEnfeignes, comme dans les deux Compagnies des Moulquetaires du Roi. On a doublé & multiplié les Cornettes dans certains Corps -. il y en a quatre dans les Chevaux Légers de la Garde. Il y en a deux dans chaque Compagnie des Moufquetaires du R o i, & dans les Compagnies de Chevaux-Légers de la Gendarmerie. Le Cornette dans un combat a sa place au milieu du premier rang de l’Efcadron , où il doit plutôt périr que de & laifter arra cher fon Etendart. Il y va de fon honneur & de celui du Corps
P la ce du Cornette d a m un combat,& son devoir par rapport a son E tendart.
Figure & ornement de la Cernette.
Réforme ordinaire & rétablissement des Cernet t es.
où il est. Il ne porte jamais d’Etendart , que toute la Compa gnie ne marche ; ainfi on n’en porte point dans un Détachement. Le Cornette doit avoir une botte faite exprès pour re cevoir le talon de la Lance de l’E tendart, & une Echarpe pour & l’attacher au Corps, de peur qu’on ne le lui enleve. Le Cor nette est toujours de la nomination du Roi. L’Etendart auquel on donne le nom de Cornette est: une Piece d'Etoffe de taffetas d'environ un pied & demi en quarré , fur laquelle font brodées les Armes, les Devifes & les Chiffres du Prince ou du Mestre-de-Camp. On attache l’Etendart au bout d 'une Lance longue de huit à neuf pieds ; & dans un tems de pluye on l’enferme dans une bourfe qui est attachée au fer de la Lance. En Campagne on attache à la Cornette une efpece d'Echarpe de taffetas blanc qui est la couleur de France ; c’est afin qu’on diftingue de plus loin l’fitendart, & que les Cavaliers puiffent s’y rallier. On cafle ordinairement à la Paix la plupart des Cornettes dans la Cavalerie iegere , & on les rétablit, lorfqu’on forme de nouvelles Armées pour faire la Guerre : après la Paix d 'Aix iaChapelle en 1 6 6 8 , le Roi les caffa tous,excepté leCornettedu Colonel General , & celui du Mestre de-Camp General : ils furent rétablis pour la Guerre de Hollande en 1672.
De l'Ens eigne. E nom d'Enfeigne, auffi-bien que celui de Cornette a trois fignifications ; il fignifie le Drapeau d'une Compagnie ; il fignifie la Compagnie même. Comme en ces phrafes : O n a levé dix Enfeignes d 'infanterie , dix Cornettes de Cavalerie , pour dire dix Compagnies d'infanterie , & dix Compagnies de Cavalerie. Enfin, on donne le nom d'Enfeigne ou de Cornette à l’Officier qui porte le Drapeau ou l’Etendart d'une Compagnie d 'Infanterie, ou de Cavalerie. Autrefois, comme je l’ai dit, fur la maniéré dont Henri I I s’exprime dans quelques-unes de fes Ordonnances , le nom d 'E n feigne étoit commun aux Drapeaux de l’Infanterie , & aux Etendarts de la Cavalerie. Il y a aujourd’hui des Drapeaux sous le nom d'Enfeigne dans tous L
E nseigne au trefois nom commun à l’ Infanterie & à la Cavaleri .
tous les Regimens d 'infanterie. Ils font dans la Compagnie du Colonel , & dans celle du Lieutenant Colone!. Il y en a dans chacune des Compagnies du Regiment des Gardes Françoifes, & du Regiment des Gardes SuilTes, & même de tous les Régimens Suides. L’Officier qui y a le titre d 'Enfeigne parmi ceux de cette N ation, a sous lui un Soldat qui a le titre de PortoEnfeigne ; parce que celle celui qui porte le Drapeau. Com me dans les Regimens François il n’y a pas de Drapeau à cha que Compagnie, & qu’il doit y en avoir trois en chaque Ba taillon , ce font les Sous-Lieutenans qui portent les autres D ra peaux. Dans les Gardes du Corps il y a trois Officiers par Com pagnie qui ont le titre d 'Enfeigne : mais il n’y a point de D ra peau sous le nom d'Enfeigne. Les Enfeignes même ne portent point l’E tendart, c’est un Garde du Corps qui le porte qu’on appelle Port-Etendart,à qui on donne cette Commiffion avec une Penfion decentécus. I l e n e f t d e même des Gendarmes de la Garde, où il y a auffi trois Officiers en titre d'Enfeignes, & des deux Compagnies des Moufquetaires dans chacune defquelles il y a deux pareils Officiers. Il y a auffi un Officier en titre d'Enfeigne dans les Compagnies de Gendarmes ; je dis de Gen darmes ; car les Compagnies de Chevaux-Légers qui font dans la Gendarmerie , n’ont ni Officiers , ni Drapeau aufquels on donne le nom d'Enfeigne. L ’Enfeigne d 'infanterie, quand il y a un Sous-Lieutenant n’est que le quatrième Officier de la Compagnie. Quand elle marchoit en Ordonnance dans le tems q u ü y avoir des Piquiers, la place de l’Enfeigne étoit au milieu d'eux. Dans une Ba taille rangée les Enfeignes avec leurs Drapeaux font dans le premier rang à la tête de leur Bataillon ; &. dans un AlFaut, comme les Bataillons marchent par divifions, les Drapeaux marchent avec les manches où ils & trouvent. Ce que ; ’ai dit du Cornette & dit auffi de l’Enfeigne, qu’en quelque polie qu’il & trouve , U doit plutôt mourir que d'a bandonner fon Drapeau. Un Auteur qui a écrit de l’Art Mi litaire sous Henri IV & qui fervoit dèsletems de Charles IX s’exprime ainfi fur ce fujet. » Le malheur avenant d 'un delà» vantage , le Tafetas lui doit fervir deiinceuil pourl’enfeve
Nombres differens des E n s eignts en di-
vers Corps.
Obligation de l’Enfeigne de ne pas aban donner fors D rapeau. M ontgeon , A lphabet M i litaire,pag. 21.
* c ’est- à d ire, où le Drapeau est tour déchi ré & ufé . & où il ne refte p ’us que l ’E charpe blan che , qui est attachée à la lance du D ra peau.
» lir î & fi c’est une vieille Compagnie où il n’y a qu’une » E charpe* le bâton de l’Enfeigne lui doit fervir de cierge. Il apporte à cette occafion l’exemple d 'un jeune Gentilhomme nomme Chaftelier dis de Monfieur d 'Ars âgé de feize à d ixfept ans, qui à la prife de Taillebourg durant les Guerres des Huguenots étant prêt de mourir de fes bleflùres, s’envelopa dans fon Drapeau, Quand l’Enfeigne de la Colonelle est tué, c’est un Capitaine qui prend le Drapeau. Dans une marche il y a un Soldat qui porte le Drapeau : mais l’Enfeigne le porte lui-même dans une Revûë ou en mon tant la Garde , ou dans une Action. Il en est de même du Cornette. Ce qu’on appelle aujourd’hui Enfeigne est un grand D ra peau beaucoup plus grand en longée en large que les Etendars & les Guidons.
Du Guidon. E Guidon & prend auffi pour l’Etendart & pour l’Officier qui le porte. Cet Officier & l’Etendart ne font que dans la Gendarmerie ; & il faut remarquer qu’il y a été de tout tems ; au moins depuis l’inftitudon des Compagnies d 'O rdonnancc. Aujourd’hui donc il n’y a que les Gendarmes de la G arde, & les Compagnies de Gendarmes dans le corps de la Gendarmerie qui ayent cette efpece d'Etendart & d'Officier ; les Chevaux-Légers d'Ordonnance même & qui font par tie du Corps de la Gendarmerie , ne l’ont point. Cet Etendart est plus long que large &, fendu par le bout dont les deux pointes font arrondies. Il y a trois Officiers dans les Gendarmes de la Garde avec le titre de Guidon ; ils font après les Enfeignes. Dans la Gendarmerie il n’y a qu’un Offi cier avec ce titre dans chaque Compagnie de Gendarmes. Le Guidon marche auffi après l’Enfeîgne , & est le dernier des Grands Officiers comme dans les Gendarmes de la Garde.
L
Fleure in
Gu i don.
c h a p i t r e
X.
Des Maréchaux des Logis & des autres Subalternes s ois de Cavalerie , s oit d'infanterie. E ne parlerai point encore ici du Maréchal General des Logis de l’Armée , ni du Maréchal General des Logis d e la Cavalerie, mais feulement de quelques autres Officiers moins confiderables qui portent ce Titre dans les Régimens & dans quelques autres Corps. LePrefident Fauchet fur la fin de fon Livre des Dignitez & F ol. 505. v. des Magiftrats de France , dit que les Maréchaux des Logis desAncienneté M a réfont fort anciens dans les Troupes de France, tantôt sous ce chau x des L og is. nom de M aréchal, & tantôt sous celui de Fouriers. Pour le prouver il fuppofe que ce nom de Fourrier vient de Fourrage & de fo d r u m qui en effet dans la bafie latinité ligni fie du fourage, & même en general des vivres pour les Soldats. Il cite fur cefujet nos anciens Romanciers.
J
Plus d'une lieuë font li Fourriers couru E t prennent la vitaillequi par la terre fu. E t au Roman d'Alexandre, Les Soudoyers Monfire dont quarante en y a & partirent d'ici fi-tôt qu’il ajourna* * En Fourre font allés très que il éclaira. * E t pour montrer qu’on les appelloit auffi du nom de Mare'chaux. Les Maréchaux oftex * livrer Soliers * & cambres * délivrer. En effet une des fondions du Maréchal des Logis d'une Com-
Roman de Gautier de Nanteuil. * c’est-à-dire, dès qu’il fie jour. * aux fourrages. * dès qu’il fie clair. Roman de Brus. * Hôtels. * greniers. * chambres
p a g n ie d e C a v a l e r i e e st d e d iftrib u e r les F o a r a g e s a u x C a v a lie rs , & u n e d e s f o n d i o n s d u M a re 'c h a l d e s L o g is d 'u n R é g im e n t d ' i n f a n t e r ie e st d e lo g e r le R e g i m e n t . O n l e u r d o n n e e n c o r e le n o m d e F o u rie rs d e s b a n d e s d ' i n f a n t e r i e d a n s le s O r d o n n a n c e s d e F ra n ç o is I , & d e H e n r i I L I l y a u n M a ré c h a l des L o g is d a n s c h a q u e R e g i m e n t d 'i n f a n t e r i e q u i o u tre la f o n f tio n d o n t j e v ie n s d e p a r le r , & q u i lu i d o n n e ac cè s to u s les fo irs a u p rè s d e fo n C o lo n e l o u d u M a j o r p o u r re c e v o ir le u rs o r d r e s , d o it d a n s u n e m a r c h e a lle r p r e n d r e l ’o rd re c h a q u e fo ir d u M a r é c h a l G e n e r a l d e s L o g is d e l ’A r m é e p o u r f ç a v o ir o ù fe ra le r e n d e z - v o u s , & e n a v e r t i r fo n C o lo n e l. C e t te C h a r g e d a n s les p e tits C o rp s est o r d i n a i re m e n t e x e rc é e p a r l ’A i d e - M a j o r . I l y a au ffi u n M a r é c h a l d e s L o g is d a n s c h a q u e C o m p a g n ie d e C a v a le r ie & d e D r a g o n s : il y e st c h a r g é d e d iv e r s d é ta ils . O u t r e la d if tr ib u tio n d es f o u r a g e s , il d o it v if ite r f o u v e n t les E c u r ie s ; & v o ir fi l’o n a lo in d e s C h e v a u x , fi r ie n n e m a n q u e à le u rs h a r n o i s , a fin q u e la C o m p a g n ie fo it t o u jo u r s e n é t a t d e p a r t i r a u p re m ie r b o u te f e lle : c ’e st à lu i à a l le r p r e n d r e l ’O r d r e c h e z l ’A id e M a j o r p o u r le p o r te r à fo n C a p i ta i n e & a u x a u tr e s O ffic ie rs d e la C o m p a g n ie , c ’efi; à lu i à p o fe r les C o rp s d e G a r d e d a n s u n e m a r c h e o u d a n s u n e G a r n if o n . Q u a n d la C o m p a g n ie m a r c h e il est à la q u e u e p o u r e m p ê c h e r les C a v a lie rs d e q u i t t e r le u rs r a n g s : & s’il y a q u e l q u e d é ta c h e m e n t à f a ir e d e là C o m p a g n ie , il est o r d in a ir e m e n t c h a r g é d e c e fo in . I l y a des M a r é c h a u x d es L o g is d a n s to u te s les C o m p a g n ie s d e G e n d a r m e r ie ; il y e n a d a n s les G e n d a rm e s d e la G a r d e ,d a n s les C h e v a u x - L é g e r s d e la G a r d e , d a n s les d e u x C o m p a g n ie s des M o u f q u e ta ir e s : m ais ces M a r é c h a u x d e s L o g is fo n t f u r u n t o u t a u tr e p ied q u e c e u x des C o m p a g n ie s d e C a v a le rie l e g e re . I l y en a p a rm i e u x q u i o n t d es B r e v e ts d e M e stre d e C a m p & q u i p e u v e n t p a ffe r d e - là a u r a n g des O ffic ie rs G e n e ra u x . L e T i t r e & la C h a r g e d e M a r é c h a l des L o g is à é té a u t r e fo is d a n s les C o m p a g n ie s d es G a rd e s d u C o r p s . D a n s le R ô l l e d e s G a r d e s d u C o rp s d e 1598 il y a u n M a r é c h a l d es L o gis ; d a n s c e lu i d e 1 5 9 9 & d a n s celui d e i é o z il y a trois
M a r é c h a u x d e s L o g is. I l n ’y e n a p lu s d e p u is lo n g tern s d a n s Il y a eu des c e C o rp s . J e c ro i q u e c e tte C h a r g e y a ceffé a u p lu s ta r d M aréchaux des L o ges dam q u a n d o n y a m u ltip lié les A i d e - M a j o r s q u i f o n t c h a rg e z d u les Gardes du d é ta il , les u n s d e t o u t le c o r p s , les a u t r e s d e c h a q u e C o m Corps. p a g n ie .
Des Sergens dans les Compagnies d'infanterie. L
E n o m d e S e r g e n t est u n d es p lu s a n c ie n s d e c e u x q u i fo ie n t r e lie z d a n s les T r o u p e s . N o u s v o y o n s d a n s R i g o r d & d a n s G u i l la u m e le B r e to n H if lo r io g r a p h e s d e P h ilip p e - A uguffce q u e ce n o m & d o n n o it à to u s c e u x q u i é to ie n t d a n s le s e r v ic e , foic d e C a v a l e r i e , fo it d ' in f a n te r ie q u i n ’é to ie n t n i G e n d a r m e s , n i E c u y e r s , n i A r c h e r s , n i d a n s le c o rp s d es R i b a u d s , n i d a n s q u e lq u e s a u tr e s q u i a v o ie n t d es nom s p a r t i c u l i e r s , & q u i d 'a il le u rs n ’é to ie n t n i G o u j a t s , n i V i v a n d i e r s , ni d u n o m b re d 'a u tre s g e n s q u i o n t c o u tu m e d e f u i v r e les A rm é e s . C e s S e r g e n s é to i e n t lig n ifie z d a n s n o s a n c ie n n e s H if lo ir e s é c r ite s e n L a t in p a r le m o t d e S e r v ie n te s d 'o ù est v e n u le n o m F r a n ç o i s d e S e r g e n s , c ’e l l - à d ire , g e n s q u i é to ie n t d a n s le s e rv ic e . D e p u i s q u e le n o m d e S o u d o y e rs o u d e S o ld a ts f u t v e n u e n u fa g e , c ’e s t- à - d ir e , d e p u is q u e nos R o is o u t r e les T r o u p e s q u e le u r a m e n o ie n t le u rs V aflT aux, p r ir e n t des h o m m e s à l e u r fo îd e p a r t i c u l iè r e , le n o m d e S o ld a t & c o m m u n iq u a i n f e n f ib le m e n t à to u s c e u x q u i p o r to ie n t les A r m e s ; & je c ro is q u e P h i li p p e - A u g u ste f u t le p r e m ie r q u i o u t r e fes V a d a u x , fit d es T ro u p es d e c e tt e e fp e c e : a v e c le te m s le n o m d e S e r g e n t o u d e S e r v ï e m ceffa d 'ê t r e c o m m u n p o u r fig n ifie r u n h o m m e q u i efi: d a n s le serv ice. E n f in q u a n d L o ü is X I I s’a p p liq u a à m e t t r e la d ifc ip U n e d a n s l’I n f a n te r ie , c e n o m d e S e r g e n t f u t r e f t r a i n t à c e r ta in s O ffic iers f u b a lte rn e s q u i a v o ie n t q u e lq u e c o m m a n d e m e n t d a n s les C o m p a g n ie s so u s le C a p i t a i n e , le L i e u te n a n t & l ’E n f e ig n e . Q u a n d o n c o m m e n ç a à d o n n e r le n o m d e b a n d e s à u n e tr o u p e d e S o ld a ts c o m m a n d e z p a r u n C a p ita in e ; c e q u i a rr iv a a u ffi so u s L o ü is X I I , o n a p p e lla ces O fficiers S e r g e n s d e b a n d e ; & on les appelle communément aujour
d 'hui fimplement Sergens,
Ancienneté du nom de Ser gent dans les Troupes.
I l y a d e c e s O f f ic ie r s fu b a lte rn e s d a n s t o u t e s les C o m p a g n ie s
I l y u eu des
Sergens dans d 'i n f a n t e r i e : il y e n a v o it a u fîîd a n s les D r a g o n s , q u i f o n t e n le s Dragons.
m ê m e te m s I n f a n t e r i e & C a v a le r ie , & il n ’y e n a p o in t a i l le u rs . C e u x q u ’o n n o m m a it a u tr e fo is S e r g e n s d a n s les D r a g o n s o n t p r is d e p u is le titr e d e M a r é c h a l d es L o g is . L e S e rg e n t est d 'o r d in a ir e u n S o ld a t q u i a p a rte p a r les d e g r e z d ' A nsp eftad e o u d e C a p o r a l. Q u e l q u e f o i s c e p e n d a n t o n d o n n e la H a lle b a r d e à u n fim p le S o l d a t , q u a n d o n le c o n n o îc b r a v e , v i g i l a n t , & q u ’il f ç a it b ie n lir e & é c r i r e , q u i f o n t d es c o n d itio n s re q u ife s f u r t o u t a u p o r te d e p r e m i e r S e r g e n t d e l a C o m p a g n ie , à c a u fe q u ’il t ie n t le R e g if tr e d u lo g e m e n t d e s O ffic iers & d es S o ld a ts . I l a p p e lle les S o ld a ts le j o u r d u p r ê t , & p iq u e c e u x q u i m i n q u e n t d a n s les G a r d e s . 11 est c h a r g é d 'u n t r è s - g r a n d d é ta il e n c e q u i r e g a r d e la D if c ip lin e , la P o l i c e , le b o n o r d r e , le b o n é t a t d e la C o m p a g n ie . L e S e r g e n t d e G a r d e e n l ’a b fe n c e d e s O ffic ie rs d e la C o m F onctions des Sergens. p a g n ie m o n te & d e fc e n d les G a r d e s , m a r c h a n t à la t ê t e , l a H a l l e b a r d e à la m a in , q u i e st fo n a rm e o r d in a i r e ; & les a u tr e s S e rg e n s & m e t te n t f u r les a île s d e la C o m p a g n ie p o u r fa ir e d r e lîè r & o b f e r v e r les d ifta n c e s d e s r a n g s & d e s files. Ils o n t le m ê m e p o r te , t a n t d a n s la m a r c h e , q u e d a n s le c o m b a t. T o u s les fo irs le S e r g e n t q u i est d e g a r d e v ie n t p r e n d r e l ’o r d r e d u M a j o r , o u d e l ’A id e M a j o r , & le p o r te à fo n C o rp s-d e - G a r d e . Q u a n d u n S e rg e n t e st d e g a r d e , & q u ’il f o r t d u C o r p s - d e G a r d e p o u r q u e lq u e a f f a ir e i m p o r t a n t e , il l a i d e l ’O r d r e & le M o t à u n d es C a p o r a u x q u i f o n t d e la G a r d e .
Du Caporal. E C a p o r a l est u n O f f ic ie r f u b a lte r n e im m é d ia te m e n t a u d e fto u s d u S e r g e n t : c e m o t v ie n t d e l ’ I t a l i e n Cap o ra le , & m a r q u e d u C o m m a n d e m e n t , p a rc e q u ’e n e f f e t il c o m m a n d e u n e E f c o u a d e . D a n s les O r d o n n a n c e s d e F r a n ç o is I o n les a p p e lle Caps-d 'Ejcadre , c ’e st- à - d ir e C h e f s d 'u n e E f c a d r e o u E f c o u a d e . O n c o m m e n c e à le u r d o n n e r le n o m d e C a p o r a l d a n s les O r d o n n a n c e s d e H e n r i I I . C e g r a d e d o it & d o n n e r à u n S o ld a t q u i a it d é jà d u S e rv ic e : il est e x e m p t d e fa é lio n ; il c o m m a n d e
L
a u C o r p s - d e - G a r d e e n l ’a b fe n c e d u S e r g e n t , & c o n d u it l a H a l -
lebarde à la main les sactionnaires les plus importans pour les Fonctions Ca poral. mettre à leur pofte. . Il reçoit le mot des Rondes qui palTent auprès du Corps-deGarde : il va l’épée nuë pour recevoir le M ot de ceux que les Sentinelles de fon Corps-de- Garde arrêtent, & de quelque qua lité qu’ils puifient être , il les conduit au Corps-de-Garde, fi le M ot qu’ils lui ont dit n’est pas le véritable. Quand la Com pagnie m arche, il porte le Moufquet ou le Fufil, & il est au premier Rang. Quand on releve la Compagnie de garde , c’est à luideconfigner au Caporal qui entre en garde, les Ordres qu’il faut obferver, en cas qu’il y en ait de particuliers ; de le charger des meubles du Corps-de-G arde,ou de ce quiyeftm is en dépôts de l’inftruire du nombre des Sentinelles qu’il doit pofer , tant la nuit que le jour , & de ce qu’il y a à faire d'extraordinaire. Il doit tenir un Contrôle de tous les Soldats de la Compagnie, afin de les commander pour le Service à tour de R ô le fu iv a n t le rang d'ancienneté.
du
De l'A nspessade. E s Anspesspades font ceux que les Commiflaires des Re vues nomment d'ordinaire dans leurs Regiftres A p o w t e z , à caufe qu’ils ont plus de paye que les (Impies Soldats. On dit aujourd’hui A n jp e ffa d e : mais autrefois on difoit, L a n fp cflzd e , comme on le voit par les Ordonnances de François I , & de Henri II. On parloit encore ainfi du tems de Henri IV . C’est. ce que nous apprenons du Traité de la Milice Franço'ife de AI. de Montgommeri qui nous donne en même tems l’origine de cem otjSc nous apprend qui étoient autrefois ceux à qui l’on confioit ce grade de la Milice. Voici ce qu’il dit là-deffus. ,, L ’ancefpefate ( c’est ainfi qu’il écrit ce nom) e ftu n C h e „ vau Léger , lequel après avoir perdu cheval & armes en „ quelque honorable occafion , & jette dans l’Infanterie , & ;, prend une Pique en attendant mieux. Cette coutume & ce ; , nom viennent des Guerres de Piémont. En ce tems-là le Che,, vau-Leger qui en un combat avoit rompu sa lance honora„ blement , cas avenant que fon cheval lui fuft tué : l’on le
L
P. 17.
Anspessade autrefois gra de plus roufderable q u aujourd’but.
„ mettoit dans l’Infanterie avec la paye de Chevau-Leger a tE n Italien, Lansa -S p ezz ada.
;, tendant mieux , & le nommoit-on L a n c e -s p e fa ta , comme
„ qui d iro it, Lance rompue. Depuis par corruption de tems l ’on „ l’a fait Lieutenant ou Aide du Caporal. O r ces gens ici ho,, norent fort l’Infanterie , & font ceux auxquels l’on commet ,, les Rondes ou les Sentinelles d'importance en tems d'éminent „ péril ; car en autre Saifon ils font épargnez & gratifiez : ce ,, font ordinairement les Camerates des Capitaines & autres ,, Chefs. Us ne font fujets d'obéïr après le Capitaine qu’au „ Lieutenant, lequel en est comme Caporal, & les doit même ; , beaucoup honorer & prifer , & doivent être les Chefs de file ; , d'un Bataillon. Tels étoient quelques Gentilshommes dont parle Montiuc , au fujet d 'un petit combat qui & donna vers Perpignan, après que le Dauphin en eût levé le Siege en i 542.
M o n tb a fin , S m n t-L a u re n s q u i éta it Breton & Fabrice , é ta n t tous L . I. p. 93. Lances pajTades d u d it S e ig n e u r Comte de B rijfa c .
Ce n’est plus aujourd’hui l’ufage de prendre les AnfpefTades dans la Cavalerie ; on fait feulement d'ordinaire le choix d'un Soldat braveScentendu ; car ce font les Anfpeflades qui enfeignent l’exercice des Armes aux nouveaux Soldats ; & en i’ablènce des autres Officiers du Corps de Garde, ils vont pofer les sactionnaires la Hallebarde à la main , ce qui les exempte de saction : l’Anfpeffade reçoit l’ordre de fon Caporal. Quand la Compagnie m archoit, il portoit leM oufquec, & porte aujour d'hui le Fufîl dans le fécond Rang.
Des Brigadiers d'une Compagnie de Cavalerie. Omme le Maréchal des Logis est à peu près dans une Com pagnie de Cavalerie, cequ’elt le Sergent dans une Compa gnie d 'Ii fanterie ; de même les Brigadiers dans une Compagnie de Cavalerie font à peu près ce que font les deux derniers O f ficiers dans la Compagnie d 'infanterie. Les Brigadiers vont pofer les Vedettes : ils tiennent un Re giftre des Ordres qu’ils reçoivent des Maréchaux des Logis , pour les diftribuer ensuite aux Cavaliers. Il y en a deux dans chaque Compagnie, & ils marchent à la droite du premier Rang dans i’Efcadron. Ce C
Fonction du brigadier d 'uns Compa gnie de C a v a lerie.
Ce font-là tous les Officiers tant de Cavalerie que d 'infan terie & de Dragons qui font dans la ligne que ;’ai appellée d e fubordimtion , parce qu’ils font fubalternes les uns à l’égard des autres corame par degrez , & comme en ligne direde. Il y en a plufieurs autres qui font pour ainfidire hors de ce rang, & dont je vais maintenant traiter, Ces Officiers font les Maréchaux Generaux des Logis , le M ajor General de l’Armée, les Majors de Brigade, les Aydes de Camp , les Infpedeurs & les Directeurs G eneraux, les In génieurs. On a vu auffi dans les Armées sous le Regne du Roi Loüis X IV des Maréchaux de Bataille & des Sergens de Bataille , un Commiffaire General des Armées : ces trois em plois ne fubfiftent plus : c’est par eux que je vais commen cer.
Du Maréchal de Bataille & de divers autres Officiers considérables, E s Maréchaux de Bataille étoient des Officiers dont 1a principale fondion étoit de mettre l’Armée en bataille fur le plan que le General leur en donnoit, & comme on appelle Maréchal de Camp celui quiprefideà la difpofition des T rou pes dans les Campemens, de même on appeiloit Maréchal de Ba taille celui qui fuivant l’ordre de Bataille qui avoit été dreiïe, affignoit à chaque Officier & à chaque Corps le pofte qu’il de voir occuper dans l’arrengement de l’Armée. Je crois que ce T itre fut mis en ufage par Louis X I I I ; car je n'ai point d'idée de l’avoir vu dans nos Hiftoires avant ce Regne. Je trouve dans l’Etat de l’Armée du Duc d 'Anguien affiegeant Thionville en 1643 un Maréchal de Bataille : c’étoit le Chevalier de la Valiere qui fu t tué quatre ans après au Siège de Lerida en 1 6 4 7 d'un coup de Moufquet dans la tête. En ce même Siégé deLeridaqui fut levé par le grand Prin ce de Condé , il y avoit trois Maréchaux de Bataille dans l ’A rm ée, fçavoir Sainte Colombe, Saint Martin & Jumeaux, ce qui montre qu’il y avoit plufieurs Officiers portant ce mê me Titre dans un même Corps d’Armée. Je trouve encore le
L
Cette Ch a rge n’est pas ancienne.
Memoires de Bussi Rabutin T . I.
Plus i eu rs M aréchaux de B a ta ille dans une m i me Armée,
H ist. des Grands Offi ciers de la Couronne.
Marquis de Caftelnau depuis fait Maréchal de France avec l e titre de Maréchal de Bataille à la journée de Nortlingue en 1645 aulïï bien que Monfieur de Fabert dans l’Armée de Piémont. O n en voit auffi dans divers Etats des Troupes plus recens: un ancien Officier d’Armée & habile dans l’H iftoire de la M i lice , m a dit que le dernier qui a eu cet emploi a été le fieur des Fou gérais : il en exerçoit les fonctions sous ce T itre dans les frequentes revues que Loüis X IV faifoit de fes Troupes en 1666. Je trouve en effet dans un Regiftre du Regiment des Gardes qu’en 1656 il vendit sa Lieutenance aux Gardes pour acheter la Charge de Maréchal de Bataille. Je crois qu’il n’y en a point eu au moins en exercice depuis la courte Guerre de 1667. Il n’en paroît plus dès le commencement de la Guerre de Hollande en 1672 ,à en juger par l’Etat de l’Armée du Roi & de celle de Monfieur le Prince durant cette Campa gne. Dans le Compte de l’extraodinaire des Guerres de l’an 1614 je trouve un Maréchal de Bataille pour 1 Infanterie c’étoitle fieur de Peronne ; & un Maréchal de Bataille pour la Cava lerie c’étoit le fieur Dupleffis s mais je n’ai trouvé nulle part le détail des fonctions de ces Charges- Peut - être étoient - ils les Aides du Maréchal de Bataille, & l’aidoient l’un pour ranger la Cavalerie , & l’autre pour ranger l’Infanterie. D u
S ergent
de
B a ta ille .
I L y a dans les Troupes d'Allemagne & d 'Efpagne des Sergens Generaux de Bataille qui ont chacun dans leur diltricl le même Commandement que nos Maréchaux de Camp ont dans nos Armées. Je dis chacun dans leur diftrift ; car ils ont des Sergens Generaux de Bataille pour l’Infanterie ; ils en ont pour la Cavaleries ils en ont pour l’Artillerie : mais en forte qu’un Sergent General de Bataille de l’Infanterie, n’a nul rapport à la Cavalerie ni à l’Artillerie : & demême celui de la Cavalerie ou celui de l’Artillerie ne & mêlent point de l’Infan terie. Les Sergens de Bataille , quand il y en a eu dans les Armées de France, ne parodient point avoir jamais été partagez pour
leurs fondions comme dans les Armées d'Allemagne & d'Efpagne. Cette Charge étoit confiderable à en juger par un difcours manufcrit fur la Guerre que J’ai vû. fait par un hom me entendu sous le Regne de H enri IV ou de Loüis X III autant qu’il me paroîtIl y est d it» qu’en l’abfence des Maréchaux de Camp, le » Sergent de Bataille doit commander, que sa Charge est au» deflus des autres ; qu’il aféance dans le Confeil ; qu’il peut, » quand les Troupes font en Garnifon , aller par les Garnifons, » & faire mettre les Troupes en Bataille, fçavoir le nombre » des gens de Guerre , & s’ils font bien armez ; qu’il en doit » rendre compte au Roi & au General & même au Secrétaire « de la G u erre, quand c’est dans le tems ( de la Guerre ) & « voires même en tout autre tems ; car cela est delà fonction « du Sergent de bataille, & qu’anciennement ils avoient vingt» quatre Gardes ordinaires, & alloient faire la vifite par les » Frontières au lieu du Commiffaire qu’on y envoyé. A udi, « ajoute-t’il , doivent-ils être des hommes choifis fort capables » & courageux. On voit par cet extrait que les Sergens de bataille avoient non feulement du commandement dans les Arm ées, mais qu’ils faifoient auffi les fonctions des Infpecteurs d'aujourd’hui. Quand à ce qui regarde le commandement ; ce qui en est rapporté ici femble être confirmé par un endroit des Mémoi res du feu - Maréchal D uc de Navailles où il dit en parlant de lui-même: » Je vins palier le refte de l’hiver à Paris ( c’é», toit en 1646 ) & ;’y fongeai bien moins aux diverciflemens « qu’à faire ma Cour. Je commençois à m’ennuyer de n’être » que fimple Colonel. Je demandai que l’on me fît Sergent de bataille, ce q u i étoit alors a u d cffu s d es M e flr e s d e C a m p, & l’on m’en » donna le Brevet. Je trouve aufli Monfieur de laM ote-H oudencourt avec ce Titre en 1635 ou 1636 , avant que d'être Maréchal de France. Au refte quelque confiderable que fût la Charge de Ser gent de bataille, il est certain que c’écoit un grade inferieur à celui de Maréchal de bataille. Cela & prouve évidemment par l’exemple de Monfieur de la Valiere , lequel comme je l’ai obfervé, étoit Sergent de bataille en 1643, & la même an-
F onction du Sergent de Ba taille.
Histoire des Grands O f ficiers de la Couronne. T. 764.
T . 1 p. 879.
née au Siège de Thionville,Maréchal debataille. J 'ai vû en core deux Brevets du Sieur de la Boeffiere Chevalier Seigneur de Chambors Gentilhomme d u Vexin François. Dans le pre mier daté de 1646 , il est fait Sergent de bataille, & dans le fécond qui est daté de 1647 il monte à la Charge de Maré chal debataille. Il fut tué à la bataile de Lens en l’an 1648 étant Mefrre de Camp du Regiment Mazarin de Cavalerie, qui éioit de vingt Compagnies: il étoit Maréchal de Camp , quoi qu’en cette occafton il combattît à la tête de fon Régi ment. On voit ce titre de Sergent debataille dès le tems de Fran çois I , dans une de les Ordonnances pour les Légions : mais il ne faut pas s’y méprendre : car par le nombre de ces Offi ciers qu’on appelle en cet endroit Sergens de bataille , & qui dévoient être fix dans une efcouade de cent hommes ; & par leur paye qui est moindre que celle des Centeniers c’est-à- dire, des Officiers qui commandoient cent hommes dans la Légion, il est manifefte que ces Sergens de bataille n’étoient que des Sergens de bande. Mais on trouve des Sergens Generaux de bataille comme des Officiers de diftinction dès le tems de ce Prince. Brantô me dans fon difcours des Colonels en parlant de la bataille de Cerifoles en 1544 « Le Sergent Major , d it-il, ou pour par» 1er à l’ancienne mode , le Sergent de Bataille est à cheval pour » aller par les rangs, par le devant, par le derrière , & par « les cotez ou aîles, afin de mettre promptement ordre à ce» qui est neceffaire. Pareillement sous Henri II fon fucceffeur , voici ce que le Baron du Villars qui étoit en Piémont à la fuite du Maré chal de Briftac, dit dans fes Mémoires - Le 14 du mois d 'Aouft » 1558 l’Ifle des Mars Sergent General de bataille de l’In» fanterie Françoife commandant prelentement à Mont-Calve, » certifie à Monfeigneur de BriiTac Maréchal de France, Gouverneur & Lieutenant General pour le Roi deçà les Monts , » qu’en chacune des Compagnies qui f o n t à Mont-Calve , J'ai « vù le nombre des hommes qui font cy-après écrits comme » s’enfuit. est ajouté le rôlle des Officiers, des Corceiets , c’està-dire ,des Piquiers ,des Arquçbufters, & des malades de cette
Garnifon, & le tout figné des Capitaines de c haque Compa gnie. On doit encore obferver fur ce témoignage du Baron du Viliars que le Sergent de bataille ne & melon que de l’In fanterie. Le fieur de Vic-Saret fit la fonction de Sergent de bataille à la journée d 'I v r i , où Henri IV défit l’Armée de la Ligue. Je trouve le fieur de Miraumont avec ce Titre dans l ’extraordinaire des Guerres en 1604. O n voit dans l’Etat de 1643 de l’Armée du D uc d'Ano-uien deux Sergens de bataille, fçavoir, le fieur de Lefchelle & le Chevalier de la Valiere dont J'ai déjà parlé. On trouve ce der nier peu de tems après dans l’Etat de l’Armée qui affiegeoit Thionville devenu Maréchal de bataille ; & il fut Maréchal de Camp. J 'ai vu auffi dans un autre Etat de la même année M. de Langeron Sergent de bataille. On m’a encore montré le Brevet de Sergent de bataille pour le fieur de Bourgogne qui m ourut en 1656 étantnomméau Gouvernement de Dampvilliers. Ce Brevet est datte du mois d 'Aouft 1651. Je pourrais en nom mer encore d'au très imais cela fuffit pour montrer que cetteCharge à été longtems dans nos Armées. Je croi que la Charge de Sergent de bataille a ceffé depuis la Paix des Pyrennées ; car on n’en voit plus depuis ce rems, là dans les Etats des Troupes, il paraît que les fondions de ces fortes d'Officiers foit Maréchal , foit Sergent de bataille varioient félon la volonté des Princes & des Miniftres de la Guerre: c’est pourquoi on ne peut donner une notion deces Charges qui convienne à tous ceux qui en ont porté le Titre. Je ferais encore allez porté à croire que la Charge de Ser gent de bataille fût très-confiderable ; mais que dans la fuite on mit au-dellus de lui un Officiera qui ondonna le titre de M a réchal de bataille ,en lui attribuant avec la preféance les prin cipales fonctions du Sergent de bataille. C’est tout ce que J'ai pu démêler ou deviner fur ce fujet.
D 'Aubigné sous l’an 1590 chap. 16.
Du Commissaire General des Armées. I L est fait mention de cette Charge dans les Mémoires de M. le Comte de Buffi Rabutin : elle ne fut pas de longue durées & celui qui en fut pourvu d'abord, n eut point de fucceffeur.
T . 1 p. 18. Cette Char ge n'a pas duré.
Voici ce qu’en dit le Comte de Buffifous l’an 1637. «Je vins « au rendez-vous d’Armée à Rethel , ou Befançon Commif» faire General des Armées de France , c h a r g e créée p o u r l u i & » q u i f u t f u p r i m e en s a p e r fo n n e , parce quelle avoic trop d 'au» torité , fit faire revue au Regiment de m on Pere. Il n’en dit rien davantage, & ne defcent point dans le détail des fonctions & des prérogatives de cet Officier. O n voit feulement qu’il faifoit faire les Revues aux Troupes : mais delà maniéré dont l’Au teur s’exprime , il paraît que cette Charge avoic une très-gran de étendue & donnoitun grand pouvoir à celui qui l’exerçoit. Il ell fait encore mention decet Officier dans la Relation du Siège deLandrecien 1637. Je vais maintenant traiter des autres Offi ciers à peu près de cette efpece qui font actuellement dans les Troupes, &. qui bien que non compris sous le nom d’Officiers Generaux comme les Lieutenans Generaux , les Maréchaux de Camp y ont cependant une autorité confiderable.
Du Major General & des autres especes de Majors dans les Armées. I L y a aujourd’hui un Major General de l’Arm ée, im Ma
Titre de M a jo r G en era l fo r t
m oderne.
jor General des Dragons ; il y a des Majors de Brigade -, il y a un Major dans la Maison du Roi qui eR celui des Gardes du Corps; il y en a un dans la Gendarmerie: il y a des M a jors dans tous les Régimens foit de Cavalerie, foie de D ra gons , foit d'infanterie dans certains Corps militaires : l ’Offi cier qui fait les fonctions de Major n’en a pas toujours le ti tre ; mais feulement celui d 'Aide - Major. Il y a auffi un Major de la Garnifon dans les Villes de Guerre & dans les Citadelles. Le titre de Major General de l’Armée n’effc pas plus ancien que le Regne de Loüis le Grand. Il me paraît par ce que J'ai dit plus haut du Sergent Major à la bataille de Cerifoles, que le Major General lui a fuccedé dans quelques-unes de fes fonc tions à l’Armée : mais il en a bien d'autres. Son emploi re garde principalement le détail de l’Infanterie en campagne. Il doit en fçavoir l’état pour rendre compte au General de la for ce de chaque Brigade & des Regimens, & des divers incidens qui peuvent arriver dans ces Troupes: il va au campement
avec le Maréchal de Camp de jour : il diftribue aux Majors de brigade le terrain que leurs brigades doivent occuper : il ordonne toutes les Gardes du Camp & des Portes que l’Infante rie doit garder : il tient un Etat des Brigadiers d 'infanterie, des Colonels, des Lieutenans Colonels, afin de les faire mar cher à leur tour dans les Détachemens, & de les avertir quand ils font de jour. Il prend l’ordre du Maréchal de Camp de jour, & le donne aux Majors de brigades qui le diftribuent aux Majors des Regimens , il leur marque tous les foirs les D é tachemens qui doivent marcher le lendemain auflî-bien que les Officiers. Il le trouve tous les matins à la tête du Camp pour voir monter & defcendre les G ardes, & a foin d'examiner fi les Soldats ont leurs Armes en bon état , & fi rien ne leur man que , il a chez lui un Sergenc d'Ordonnance par chaque bri gade pour porter les ordres quand il furvient quelque chofe de nouveau , foit pour les Détachemens particuliers, foit pour faire marcher l’Armée félon les ordres que lui donne le G e neral. Le jour d'un Combat il reçoit du General leplandefon Armée , la difpofition de la Cavalerie , de l’Infanterie, de l’Ar tillerie , & l’ordre que toutes les Troupes doivent tenir. Ses fonctions ne font pas moins étendues dans un Siège. Il avertit les Corps qui doivent monter la Tranchée , fait tous les Détachemens pour les Attaques ou pour d'autres occafions. Il fournit tous les Travailleurs dont on a befoin , les faifeurs de Gabions, &c- Il est appliqué à mille autres chofes parle G eneral, c’est pourquoi à l’Armée il a fon logement auprès de lui. Cet emploi demande un Officier ad if , diligent, expérimen té , & bien entendu en toutes chofes. Il a pour le foulager deux Aides-Majors Generaux qui font d'anciens Officiers q u ’on prend dans l’Infanterie. Lorfque Je Regiment des Gardes Erançoifes est dansune Ar mée, le Major du Regiment est de droit Major General. Dans les moindres Armées & dans les Camps-Volans où iln ’eftpas, le Major du plus ancien Regiment d 'infanterie fait les fonc tions de Major General. Cette Charge de M ajor General par elle même ne donne point de rang parmi les Officiers Generaux , & il en est de-
Fonctions i n M ajor G eneral.
Vol. 4.
même de toutes ces efpeces de Charges publiques : mais cet O f ficier a toujours quelque Grade foit de Brigadier, foit de M a réchal de Camp, loit de Lieutenant General. J 'ai dit que le titre de M ajor General de l’Armée n’est pas plus ancien que le Regne de Loüis le G rand: mais l’Office de Major de l’Infanterie Françoife est beaucoup plus ancien, & je le croi de même date que celui de Colonel General , ceft-à-dire, du tems de François I Je trouve au moins cette Charge marquée dutem sde Charles I X , dans un Regiftre de l’Extraordinaire des Guerres de 1 568 dont J'ai déjà parlé, où l’on voit un E tat Major de l’Infanterie , dans lequel après le Colonel General qui étoit Philippe Strozzi & le Mestre de Camp qui étoit le fieur de CofiTeins , est nommé le Sergent Major qui étoit le fieur Margarit ; on ne lui donne point le titre de Major G eneral, mais il l’étoit en effet, puilqu’il 1 etoit de l’Infanterie Françoise en deçà des Monts, &. il exerçoit cette Charge nonfeulement pendant la Campagne ; mais encore toute l’année : on y a attribué sous le Regne de Loüis le Grand bien d'autres fondions foit pour les batailles, foie pour les Sièges , comme on en a ôté auflî d'autres qu’on a atrribuées lur tout aux Infpedeurs. Quand le Major General vifite les Gardes ordinaires & au tres Détachemens portez autour de l’Armée ou ailleurs , elles doivent le recevoir étant sous les Armes : mais le Tambour ne bat pas. Une Armée est un grand Corps de Troupes compolé de plufieurs autres moindres Corps qui ont chacun leur Comman dant fubordonné à un Commandant General. Ces moindres Corps font ce qn’on appelle aujourd’hui des brigades : il y a déjà longtems qu’ils ont ce nom. Ceux qui les commandent s’appellent Brigadiers. Ces Brigadiers maintenant font des Offi ciers conftitués en Charge par B revet, & font de l’institution de Loüis le Grand ; ainfi que je l’ai expliqué ci - deffus en parlant de la Charge de Brigadier d’Armée. Avant l’institution des Regimens,il y avoit auffi des Bri gades ; mais elles n’étoient compofées que de quantité de Compagnies franches : aujourd’hui elles ne font ordinairement «ompofées que de Regimens. D ans
Dans ces Corps on mec un M ajor qui fait à proportion dans Major de la Brigade les mêmes fondions que le M ajor General fait dans Brigade. toute l’Armée : & ce font ces fortes d 'Officiers qu’on appel le Majors de brigade. Dans l’Infanterie ils reçoivent l’ordre du M ajor General, Leurs fonc& ensuite le donnent aux Majors particuliers des Regimens. tiens. Toutes les fois qu’il & fait un Détachement confiderable de la brigade , celui qui commande ce Détachement nomme auffi un Officier pour y faire la fondion de Major. Cette efpece d'Officier étant abfolument neceffaire dans chaque Corps pour y maintenir l’ordre , & pourvoir à tout ce qui le regarde. Les Majors des Regimens particuliers ont à proportion des Majors des fondions pareilles dans ces Corps: outre cela c’eftau Major Regimens. à faire faire l’exercice au Regiment, à le mettre en Bataille dans une Revûë ou Parade, & dans toutes les occafions où Leurs foncil faut qu’il paroilTe ou qu’il mirche ou qu’il combatte. Il est lions. à cheval dans un jour de Combat pour être prêt à executer les ordres de fon Colonel, foie pour faire avancer , foit pour faire reculer le R egim ent, foit pour rallier les Fuyards au cas q u ’il foit rompu. Major Le Major de la Gendarmerie , ou celui qui en fait les fonc la Gendarmetions a dans ce Corps le loin du détail comme les Majors des rie. autres Corps : & l’on peut dire de quiconque porte ce T itre dans quelque Corps que ce foit, ce que J'ai dit du Major Ge neral que c’est celui de tous les Officiers qui a le plus de fondions particulières , dont la Charge demande un homme exad , habile, infatigable , & qui fçachefe donner de l’autorité fur les Troupes aufquelles il a affaire. La Charge de Major étoit dans les Bandes comme elle a été depuis dans les Regimens. Les Bandes étoient quelque fois auffi nombreufes que nos petits Regimens d'aujourd’hui : car il y en avoit plufieurs de quatre cens hommes. Cette C har ge est nommée dans les Ordonnances de François I , & de Henri II. Selon l’Ordonnance de Henri II de l’an 1553 les Majors avoient intendance fur plufieurs Compagnies ; & c’est pour cela que ce Prince ordonna qu’ils n’auraient point de Compagnie particulière, pour & donner tout entiers au détail de celles
Major General des Dra gons.
M a jo r d 'une P lace deGuerre.
dont ils écoient chargez sous les ordres de celui qu’on appelloit alors Mettre de Camp , qui commandoit l’Infanterie (oule Colonel General. Il y avoir fans doute des Majors avant ce tems-là dans les Troupes, mais sous d'autres noms ; parce qu’on ne peut s’en palier pour le Reglement & la fubfiftance des Corps. Les Dragons ont auffi un Major General qui donne l’ordre aux Majors de brigades de ce Corps, comme ceux-ci les don nent aux Majors particuliers des Regimens » & qui ordonne les Détachemens. Il est fubordonné au Maréchal General des Lo gis de la Cavalerie dont il reçoit les ordres auffi-bien que le Major de la Maison du Roi & le Major de la Gendarmerie. Je ferai un plus grand détail de l’Office de Major de la M ai fon du Roi en faifanc l’Hiiloire des Troupes de cette Maison. Pour ce qui est du Major de l’Artillerie, je traiterai auffi de fes fondions dans la partie de mon Histoire où je parlerai de l’Artillerie. Enfin ce que J'ai dit du service des Troupes dans les Garnifons comprend les principales fondions du M ajor d'une Ville de Guerre, où cet Officier par rapport aux gens de Guerre qui gardent la Place, ou qui y arrivent de nouveau, ou qui en forcent, entre à proportion dans les mêmes décails, que les autres Majors dans les Armées.
Du Maréchal General des Logis de l'Armée , des autres Maréchaux des Logis & du Vague-Mestre. F onctions du Maréchal Ge neral des Legis.
E Maréchal General des Logis de l’Armée a pour prin cipale fondion de diftribuer aux Maréchaux des Logis de chaque Regiment le terrain que leur Regiment doic occuper dans le Camp à proportion du lieu où l’Armée doit loger. C’est à lui à marquer ce qu’on appelle le quartier du Roi , le Parc de l’Artillerie de concert avec ceux qui la commandent, le quar tier des Vivres & celui de l’Hôpital. Il va tous les jours rece voir l’ordre du General pour fçavoir ce qu’il aura à faire le jour fuivant. Car c’est lui qui forme l’ordre de la marche & le communique au General. Il y marque tous les lieux par où les Colonnes doivent palier. & l’on en croit quelques-uns, cette Charge feroit comme un Démembrement de celle de Grand Maréchal des Loeis de la L
Maison du Roi ; car félon eux , ( & c’est ainfi que parle l’A u Cette Char n’eji point teur de l’Etat de la France de 1708. ) «Les Maréchaux des Lo- ge un dtmsm» gis de la Maison du Roi qui font les Subalternes du Grand hrtmtnt do col du Grand Maréchal des Logis, non-feulement étoient autrefois char- lo Maréchal dos « gés du logement du Roi & de sa Maison ; mais encore de Logis do la Maison du » loger les Armées. Je ne croi pas que cela foit vrai: ce qu’il y a au moins de Roi. c ertain , c’est que ni dans les Provifions de M oniteur le M ar quis de Cavois qui a poffiedé la Charge de Grand Maréchal des Logis depuis l’an 1677 jufqu’en 1716, ni dans celles de Mon fieur le Comte de Froulai fon Predecefteur , il n’y a rien d 'énoncé qui ait le moindre rapport à cette fonétion ; & cette Charge ne paraît en aucune façon être line Charge Militaire. La Charge de Maréchal General des Logis de l’Armée ne meparoîc pas plus ancienne sous ce titre que le Regne de Loüis le Grand. Avant lui c’étoit les Maréchaux de Camp qui faifoienc les Départemens du Camp pour l’Armée aidés des Majors & des Maréchaux des Logis des Regimens. Sous le Maréchal des Logis de l’Armée font les Maré chaux des Logis des Regimens. J'en ai déjà parlé. Avant l’institution des Regimens d 'infanterie il y avoit des Maréchaux des Logis dans les Bandes tant vieilles que nou velles , & un Fourrier qui étoit comme leur Ayde pour loger & faire camper la Bande. Ces fortes d'Officiers ont été détour tems neceflaires dans les Troupes, & avant qu’on y voye les les noms qu’ils portent aujourd’h u i, on y trouve leurs fonc tions. La Charge de Maréchal General des Logis de l’Armée a depuis longtems été partagée en deux , fçavoir entre Mon fieur de Champlai & Monfieur de l’Anglée , & depuis la mort de Monfieur de l’Anglée , sa portion , pour ainfi dire, a été en core partagée en deux , & le partage en a été fait entre Mon fieur de Monroy & Monfieur de Verfeilles lefquels ont cha cun la moitié des appointemens. Il y a encore deux autres Charges de Maréchaux des Lo Autres M a gis de l’Armée qui font fubordonnées aux Officiers dont je réchaux des viens de parler : ceux qui les poffedent ont mille livres d'ap- Logis. pointement. Ce font Monfieur de Chevilli & Monfieur * * *.
fondions de ces Charges demandent des Officiers expéri mentez ; & c’est ce qui fait qu’on n’employe pas toujours dans les Armées les Titulaires , & que l’on commet fouvent des Mestres de Camp ou des Officiers entendus dans ces fondions. Ils doivent avoir une connoiffance parfaite du Pays où l’on fait la G uerre, parce que ce font eux qui dirigent les Marches , qui marquent le Camp sous les ordres des Maréchaux de Camp; qui diftribuent le terrain que doit occuper l’Armée , & qui marquent les logemens des Officiers Generaux , & des autres qui doivent être logez, c’est-à-dire , les Lieutenans Generaux , les Maréchaux de Camp & l’Etat Major. Les Maréchaux des Logis de l’Arméeontà leurs ordres les Capitaines des Guides dont J'ai déjà parlé & les Vaguemeftres. Les fondions de ceux ci font de vifiter les chemins par où l’Armée doit paffer , d'afTembler tous les Equipages les jours de marche, & de les faire marcher félon l’ordre ordinaire, en commençant par ceux du G eneral, des Officiers Generaux, & des Corps par leur ancienneté ou félon l’ordre du campe ment. Il y a un Vaguemeftre General, un pour chaque ligne d'infanterie , un pour chaque ligne de Cavalerie, pour chaque Brigade & pour chaque Regiment-Le feul Vaguemeftre Gene ral est en titre d'Office ; les autres font choifis dans chaque Brigade d 'infanterie & de Cavalerie & dans chaque Regiment, auquel on donne deux Aides. Ils marchent à la tête des Co lonnes & des Brigades. Le Vaguemeftre General va tous les foirs prendre l’ordre du Maréchal General des Logis , pour fçavoir la route que les Bagages doivent tenir , & ensuite & pourvoir de bons G uides, & faire avertir les bagages de chaque Br gade de & trouver autour de fes Fanions pour défiler félon le rang & le pofte des Brigades. Le Fanion est un Etendart de Serge de la livrée du Brigadier , & qui est porté par un Valet delà Brigade de Cavalerie ou d'infanterie pour leur faire obferver l’ordre dans la marche. Je ne parlerai point ici du Maréchal General des Logis de la Cavalerie-Legere ni desMarechaux des Logis de di vers autres Corps, je me referve à en parler en traitant de ces divers Corps. Les
V aguemestres.
Des A ydes de Camp. Ette Commiffion est exercée d'ordinaire par de jeunes Gcntilhommes Volontaires qui font bien ailes de & faire connoître des Troupes. L eurfonction est d'accompagner les Offi ciers Generaux aufquels ils & font attachez , pour porter leurs ordres par tout où il en est befoin principalement dans une Ba taille. Ils doivent les bien comprendre , & les déclarer trèsexaétement & très-jufte. Je croi qu’il y en a eu de tout tems dans nos Armées» quoiqu’ils n’ayentpas toujours porté ce nom: car comme je l’ai déjà remarqué fur le témoignage de Monfieur de Montgommeri dans fon Livre delà Milice Françoife, le nom d'Ayde de Camp & donnoit autrefois à ceux qui aidoient au Maréchal de Camp à faire la répartition des divers quartiers dans un campement. Dans l’Etat de l’Armée du Roi commandée par le Duc d 'Anguien au Siège de Thionville en 1643, il y avoit jufqu’à vingt-deux Aydes de Camp. Quand Loüis le Grand étoit à l’Armée, il choififfoit quelques jeunes gens de qualité pour por ter fes ordres ; & on leur donnoit le titre d 'Ayde de Camp du Roi. Ce Prince en entretenoit quatre à un General d’Armée en Campagne , deux à chaque Lieutenant G eneral, & un à cha que Maréchal de Camp. Il y en avoit encore d'autres, mais qui n ’étoienc point entretenus. Je ne fçai fi ces Commiffions & donnoient par Brevet : mais cela & faifoit quelquefois ainft au commencement du Regne de Loüis X IV . J 'en ai vû un daté du 1 d'Avril 1647 en faveur du fieur Guillaume de la Bouexiere Chevalier Baron de Chambors. Il avoit trois cens livres de gages par mois. C
Des Inspecteurs
des Directeurs Generaux.
N doit encore mettre ces Officiers au nombre des Officiers publics des Troupes par l’étendue de leur Charge. Leur emploi est de faire la revue des Troupes, d'ordonner les répa rations qu’il Convient d'y faire, & d'en rendre compte à la Cour, auffi bien que de la qualité & du mérite des Officiers O
F onctions des Aydes de Camp.
de chaque C orps, & de la maniéré donc le service & fait dans les Places de Guerre. Autrefois les Maréchaux de France étoient chargez de ce foin pour la Gendarmerie comme il iparoît par l’Ordonnance de H enri I I de 1547 dont J'ai rapporté quelques articles en par lant de la dignité de Maréchal de France. Leurs départemens pour cet effet font marquez dans l’Ordonnance , & il est dit que c’étoic l’ancien ufage qu’on avoit laiffé abolir , & que ce Prince jugea à propos de rétablir. Avant & depuis ce tems-là ce furent des Officiers à qui l’on donnoic le nom de CommifTaires qui rendoienc compte ae l’E tat des Troupes aux Miniftres comme on le voit par diverfts Ordonnances. Il me paroîc par ce que J'ai dit des Sergens de Bataille, que quand il y en avoit, & que cette fonction leur étoic attribuée, il me paroîc, dis-je , que ces CommifTaires leur étoient fubordonnés, & que les Sergens de Bataille étoient en chef pour la vifite des Troupes & des Places fronderes de leur département: car pour l’ordinaire il y en avoit plufieurs. Ain fi les Sergens de Bataille étoient alors les Infpecteurs : Creation des mais ils ne prenoient point ce titre ; & je croi qu’il n’a été mis I nspecteurs. en ufage que depuis la Guerre de Hollande de 1672, quoique dès-lors le Chevalier de Fourille Mettre de Camp General de la Cavalerie fît les revues de la Cavalerie pour en rendre compte au Roi & à Ton Minittrej & le fieur Martinet qui fut tué cette année au Siège de D oëfbourgoù il étoit Colonel du Regiment du Roi & Maréchal de C am p, faifoit la meme fondion pour l’Infanterie. Au tems delà Paix de Nimégue , c’est-à dire en 1678 , le fieur des Bonnets étoit feul Infpedeur de toutes les T rou pes. Depuis ce tems-là on a multiplié les Infpedeurs, & on en mit dans toutes les Intendances des Frontières. Les chofes furent fur ce pied jufqu’à l’an 1693 , que le Roi voulut re mettre aux Colonels le foin du récabliuemeuc de leurs Regimens. Après la Campagne de 1694 le Roi ne s’étant pas bien trou vé de la confiance qu’il avoit eu aux Colonels, rendit aux Infpedeurs Generaux la connoiffiance de toutes les Troupes, & créa quatre Directeurs Generaux pour l’Infanterie & au-
tant pour la Cavalerie, aufquels les Infpecleurs Generaux fu rent fubordonnés, & rendoient compte. Je parlerai de ces D i recteurs dans la fuite. Il y avoit en 1714 huit Infpecteurs Generaux pour l’In fanterie , & autant pour la Cavalerie, qui avoient chacun 8000 livres d'appointemens. Ceux de l’Infanterie étoient les fieurs de Trezmane Ma réchal de Cam p, de Maupeou Capitaine aux Gardes Maréchal de Cam p, d'Aubigni Colonel du Regiment Royal & Briga dier , d 'Altermat Suiffe Maréchal de Camp , le Marquis de Broglio Maréchal de Cam p, Yervins Maréchal de Camp. Les Infpefteurs Generaux delà Cavalerie étoient les fieurs de Mauroy Lieutenant G eneral, Bouteville Brigadier, Pouriere Brigadier, le Comte de Beauveau Maréchal de Camp , le Marquis de Bouzole Lieutenant G eneral, de Ternaut Bri gadier , le Marquis de Chaftillon Brigadier. Les Infpeéteurs Generaux de la Cavalerie avoient auffi infpeétion fur les Dragons. Le Comte de Coignies Colonel Ge neral des Dragons obtint en 1706 qu’il y auroitdes Infpeéteurs pour ce Corps. On partagea en deux pour cet effet une Char ge d 'Infpeéteur de Cavalerie qui étoit vacante ; & elle fut par tagée entre les fieurs de Bouteville & le Chevalier de Pouriere Brigadiers de Dragons. Comme cela caufa un different avec le Colonel General de la Cavalerie , le Roi régla que ces nou veaux Infpefteurs auroient comme les autres infpecfion fur la Cavalerie & fur les Dragons ; & ils eurent les appointemens ordinaires de 8oco livres. Les Infpeâeurs ont auffi vûë fur la Gendarmerie ; mais ils n’en ont point fur la Maison du R oi, fur les Regimens des Gardes Francjoifcs, fur celui des Gardes Suisses , ni furie Ré giment du Roi Infanterie. Le Roi est pour ainfi dire lui .mê me l’Infpeéleur des Troupes de sa Maison & du Regiment d 'infanterie qui porte fon'nom. L’autorité des Infpecleurs ne s’étend point non plus fur le Corps de l’Artillerie ; & dans chaque Armée le Commandant d'Artillerie est Infpecteur & Commiffaire de l’Equipage qu’il commande sous l’autorité du Grand Maître. A l’Armée quand les Infpecleürs Meneraux de l’Infanterie vifitent les Gardes ordinaires & autres Déta-
Inspecteurs del' Infanterie.
Inspecteurs de la Cava~ lerie.
Inspecteurs
des Dragons.
Troupes exemptetd’Inspecteurs.
chemens autour de l’Armée, lesSoldats & mettent sous les A r mes ; mais le Tambour ne bat point. Quand l’Infpedeur Gene ral & trouve dans une Ville de G uerre, il p e u t,s’il le veut, faire la ronde ,& l'Officier de la Garde doit lui donner le mot fans que l’Infpedeur foit obligé à mettre pied à terre, s’il effc à Cheval. Je trouve encore dans une Ordonnance du Roi du ao Janvier 1650 une chofe fort honorable pour ceux qui ont la Charge d'Infpedeur s c’effc que fi les lieux où ils & rencon trent pour leurs fondions, viennent alors à être attaquez, les Troupes du Roi les reconnoîcronc félon leur caradere d'Officier General , de Brigadier ou de Colonel, quand bien mê me ils n’auroient point de Lettres de servicePour ce qui efi: des Diredeurs Generaux, le Roi les infiitua Crea tion des D irectears G e en 165)4, quatre pour l’Infanterie & quatre pour la Cavale neraux de la rie : fçavoir le Marquis d 'Uxelles pour l’Infanterie & leComte C avalerie & del’ Infanterie. du Bourg pour la Cavalerie en Allemagne. Monfieur d 'Artagnan pour l’Infanterie &. Monfieur de Befons pour la Cavale rie en Flandres. Le Chevalier de Genlis pour l’Infanterie & Monfieur de Saint Sylveftre pour la Cavalerie en Catalogne. Le Marquis de Larray pour l’Infanterie & le Comte de Coignies pour la Cavalerie en Piémont. Ils étoient tous Lieutenans Generaux & avoient douze mille livres d'appointement. Ils voyoientles Troupes quand ils vouloient dans leurs D épartemens, & fefaifoient rendre compte de celles que les Infpedeurs Generaux avoient vues, & en informoienc la Cour. Le Roi ne remplit point toutes ces Charges quand elles vin rent à vacquer. On m’a dit que le Comte du Bourg & le Comte de Montgon font encore Diredeurs de la Cavalerie ; il n’y en a plus dans l’Infanterie, les uns étant m orts, & les autres étant Maréchaux de France.
CH A P. X I.
C H A P I T R E
XI .
Des Ingenieurs. J
'
Avois d'abord projette de traiter des Ingénieurs dans Particlede l’Artillerie, parce qu’ils étoient autrefois de ceCorps; mais comme ils n’en font plus aujourd’h u i, & que leur em ploi est une Charge Militaire, J'ai jugé plus à propos de pla cer ici ce que mon deflein m’oblige à en d ire, d'autant plus queplufieurs d'entre eux font Officiers & même Officiers G e neraux. Les principales fonctions de l’Ingenieur font la Fortification des Places & la conduite des travaux d'un Siège. C’est un em ploi qui demande de la prudence & beaucoup d'intrépidité : car c’est à eux à planter le Piquet devant les Villes affiégées pour tracer les T ranchées, pour marquer le lieu des Places d’Arme s, & l’endroit où l’on doit conltruire les Redoutes & les Batteries, ce dernier de concert avec les Commandans de l’Artillerie. Ils accompagnent les Dragons & les Grenadiers , quand ils faut rompre ou franchir une Palifiade , faire un lo gement fur la tête d'un Glacis ou d'une Contrefcarpe, pour palier un folié fec ou plein d'eau , pour conduire une mine , pour & retrancher au pied ou fur la tête d'une brèche. Ils ont auffi leurs fonctions dans la défenfe d'une Place afiiégée: & generalement toutes celles qu’ils exercent font tres-dangereufes : de forte qu’il n’y a ni Officiersni Soldats plus expofez qu’eux , foit dans les attaques, foit dans la défenfe des Villes. Leur nom marque leur adrelïe, leur habileté, & le talent qu’ils doivent avoir d'inventer ; on les appelloit autrefois Engeigneurs , comme je l’ai déjà dit en un autre endroit ,du mot E n g in qui fignifioit une machine; parce que les machines de Guerre avoient été pour la plupart inventées par ceux qui faifoient cet emploi, & que c ’étoient eux qui les mettoient en oeu vre dans la Guerre. O r Engin vient & In g e n iu m : on appelloit même en mauvais Latin ces machines In g é n ia .
Fonc t ions des
Ingenieurs.
D'eù leur vient ce nom.
H t se c lm fe r u n t prope ripas in g en io ru m ,
D it Guillaume le Breton dans l’Histoire en vers de PhilippeA ugufte, en parlant du quartier où étoient les machines. Guillaume Guyart ad an. 1206.
Li Engigneurs Engins dreffent. E t Philippe Mouskes dans l’Histoire du Roi Loüis V III. Quand li bons Mestres amauris Le Sire des Engignours Commandere des Minou rs.
Necessité d'avoir des Ingenieurs.
C’est-Ià l’étymologie du nom d 'Ingenieur. Ce font - là en core de ces efpeces d'Officiers abfolument neceflaires pour la Guerre, fans lefquels on ne peut faire de progrès fur l’Ennemi, ni & défendre contre lu i: auffi cet emploi tffc-il très-hono rable. Les Ingénieurs font fouvent appeliez au Confeildu Gene r a l , furtout quand il s’agit d'un Siège. Ils montent aux gra des les plus confiderables de l’Armée , ils deviennent Briga diers, Maréchaux de Camp , Lieutenans Generaux , Gouver neurs de Places. Et nous avons vu de notre tems Moniteur de Vauban monter jufqu’à la dignité de Maréchal de France avec l’approbation de tout le Royaume & des Armées. O n n’a jamais porté l’Art d 'Ingenieur à un li haut point que sous le Regne de Loüis le G rand: & c’est aux Ingénieurs de France que ceux des Ennemis , parmi lefquels il s’en e£t trou vé auffi de fort diflinguez dans cet A r t , font redevables de leur habileté. Il y a encore aujourd’hui dans les Sièges comme du temsdePhilippe Mouskes A S ire d esE n g ig n eu rs , c’est-à-dire un Ingénieur en Chef qui prefide à tous les travaux d'un Siège & duquel les autres Ingénieurs prennent leurs ordres. Je trouve cet Ingé nieur en Chef dans un Compte d’A rtillerie de 1627. q u a li fie d 'In g én ieu r f a if a n t la Charge de C a p ita in e & D irecteu r Gene ral des T ra n c h é es , Redoutes $ T r a v a u x en l'Animée de L a n g u e doc , a ya n t sous lu i d eu x Conducteurs defdits T r a v a u x .
Ils étoient autrefois du Corps de l ' Artillerie.
Je vois par ce Compte d 'Artillerie & par plufieurs autres beaucoup plus anciens que les Ingénieurs étoient alors cen fez du Corps de l’Artillerie : aujourd’hui ils n’en font plus & font comme un Corps à part.
Dans les Sièges on les partage en Brigades à la tête defquelles est un ancien qui porte le titre de Brigadier. Les Bri gades & relevent toutes les vingt-quatre heures. Les princi paux Ingénieurs font Directeurs particuliers de chaque Département dont ils rendent compte au Directeur General des Fortifications qui en fait fon rapport au Roi. La déference qu’on avoit pour feu Mon fleur de V auban,faifoit que les Commandans d'Artillerie fouffroient q u ’il marquât les Batteries. Depuis sa mort les Ingénieurs voulant s’attri buer ce droit, le Marquis de la Frezeliere s’yoppofa au Siège de Landau l’an 1703 , & le Maréchal de Talard qui commandoit ce Siège décida en sa faveur. La prétention des Ingénieurs ayant été renouvellée en quelque autre occafion, il & fit un Reglement là-deffus à l’avantage du Commandant de l’Artil lerie. Il leroitdu bien du service que le Commandant de l’Artil lerie & l’Ingenieur en Chef agifîent bien de concert en pareilles occafions. Après ce T raité des Charges Militaires qui font maintenant dans les Armées de France & dont J'ai donné la notion , & mar qué l’origine , je vais fuivre la diftribution que je me fuis propofée de l’ample matière qui me refte à traiter dans l’Hiftoire de la Milice Françoife de notre tems, Je divife d'abord cette Milice en deux Corps : le premier est celui qui compofe la Maison Militaire du Roi -, le fécond renferme toutes les autres efpeces de Troupes. L’un & l’autre auront leurs foudivifions chacun en leur place.Je vais commen cer par les Troupes qu’on appelle la Maison du Roi , en y comprenant la Gendarmerie pour la raifon que J'ai dite cideffus. Les Corps Militaires qui compofent proprement aujourd’hui la Maison du R o i, ont tous le titre de Garde du Prince: c’est ce qui m’oblige de dire ici quelque chofe de ceux qui les ont précédez en cette qualité.
P artage des Ingenieurs du ra n t un Siege.
C H A P I T R E
XI I .
Des Troupes qui ont composé en divers tems la Garde des Rois de France. I L est hors de doute que de tout tems nos Rois ont eu une
L. 7 cap.8. Garde des Rois sous la premiere Race Alamannus in parietinis lateranenfibuf. BaluzeT. I C apitul. Mabillon iter I tal.
Garde. C ’est un ufage immémorial & univerfel chez toutes les Nations ; & il a toujours été de la dignité & de la fureté des Souverains, d'avoir des gens qui les accompagnaient par honneur, & veillaient à leur confervation. Nous ne trouvons point dans les Mémoires qui nous font reliez pour l’Histoire de la première Race de nos R o is, des Officiers en titre pour commander la Garde de ces Princes r mais i nous avions les Etats de leurs Maifons comme nous avons ceux des Empereurs, nous y verrions de ces fortes d'O ffîciers, de même qu’on y voit des Chambellans, des R eferendaires , des Chanceliers & d'autres dignitez dont les noms font venus jufqu’à nous par d'autres mon umens & fur tout par des Chartes. Grégoire de Tours fait mention d'une groie Garde fans laquelle le Roi Gontran petit-fils de Clovis n ’alloit jamais, de puis que fes deux freres Chilperic Roi de Soiions, & Sigeberc Roi d 'Auftrafie eurent été aiaffinez. Il Y a encore d'anciens monumens o ù l’on voit Charles le Chauve quatrième Roi de la seconde Race reprefenté fur fon Trône accompagné de quelques-uns de fes Gardes : mais il ne me paroît pas necefiaire d'apporter plus de preuves d'une cho'& dont perfonne ne difconviendra. Ce qui feroit à fouhaiter c’elt que nous euffions de plus grands détails que nous n’ea avons fur cette matière dans la première & dans la seconde Race. Nous n’en avons guère plus dans l’Hifloire de la troifiéme Race jufqu’à Charles V II. On trouve cependant quelque chofe avant le Regne de ce Prince d 'une ancienne Garde com-
Tom.II.pag. 9 3 . B .
S
e c onde P i e r r e .
A . P r e mir e
P ie r r e .
pofée de ceux qu’on appelloit Sergens d’Armes dont je vais parler, au ffi bien que de quelques autres fur lefquelles on a moins de détail.
Des Sergens d'Armes & autres Gardes des Rois de France. Sergens d’Armes dits en Latin S e r v ie n te s a rm o ru m , furent une Garde inftituée par Philippe-Augufte pour Sugent d' Armes instila confervation de sa perfonne. Ce Prince fut averti de le te tuez, par Phi nir fur fes gardes contre les embûches du Vieux de la Mon- lippe-Auguste. tagne petit Prince dans PA fie fi fameux dans les Hrftoires de ces tems-là , par les entreprifes que fes Sujets fuivant fes ordres faifoient fur la vie des Princes & des Seigneurs, donc il croyoit qu’il étoit de fon interet de & défaire. Quand » ledit R oi, dit une ancienne Chronique , oiiit les nouvelles, » fi & douta fortem ent, & prit confeil defe garder. Il élut » Sergens à M aces, qui nuit & jour étoient autour de lui » » pour fon corps garder. ( Ces Sergens à Maces étoient ces SerJean Boh» gens d’Armes dont il s’agit. ) Les Sergens d’Armes, dit un Somme « autre A u teu r, qui vivoit du tems de Charles VI", font les teiller Rurale L.2. » Maciers que le Roi a en fon Office , qui portent Maces de» vant le R o i: font appelles Sergens d’Arme s , pareeque ce » font les Sergens pour le Corps du Roi. Cette Garde étoit une Compagnie alfez nombreufe comme Cette Garde nous l’apprenons par un monument qui est à Paris à l’entrée était nombreude l’Eglifè de Sainte Catherine des Chanoines Réguliers de se. Sainte Genevieve. Ce font deux pierres où l’on lit l’infcripûon fuivante. » A la priere des Sergens d’Armes, Monfieur Saint Loüis » fonda cette Eglife , & y mit la première pierre : & fut pour » la joyedela victoire qui fut au Pont de Bouvines l’an 1214 * * Sous P h i»» les S e r g e n s d ' J r m e s fo u r le tem s g a r d a ie n t le d it P ont : & voue- lippe-Auguste. » rent que 11 Dieu leur donnoit Victoire , ils fonderaient l’E glife de Sainte Catherine, & ainfi fut-il. Dans la première pierre est reprefenté Saint Loüis avec deux de ces Sergens d’Armes , & dans la seconde un Dominiquain Confefteur de ce Prince avec deux autres de ces Sergens d’Armes.
L
E
s
a
b V ide du Cange in G loffario v. fetvientes a r morum,
* V . Livre des M emo riaux de Ia C ham bre des C om ptes fol, 103. 13 4. & 2 1 5. V ide du C an g e loc. cit. Sergens d’A rm es étaient gens de diflincïion. Ibid.
Ibid.
Leurs A r mes.
Première Pierre. Seconde Pierre. ~
La Compagnie des Sergens d’Armes de voit être an moins de cent cinquante ou de deux cens hommes ipuifqu’il est marqué que Philippe V I dit de V alois, voulant en faire une réfor me , les reduifit au nombre de cent. C ’étoient tous Gentils hommes , & même gens de qualité. J 'en ai vû des Liftes dans quelques Mémoriaux * de la Chambre des Comptes de Paris, ê i il & trouve de grands noms dans ces Liftes. De plus ils avoient des Privilèges qui marquoient la confideration que lePrince avoit pour eux. Ils nepouvoient être jugez par d'autres que par leRoi ou par leConnêtablejSc leur emploi ne ceftoit point par la mort du Souverain, comme d'autres C har ges delà Maison du Roi en ce tems-là. Voici encore une grande diftinétion pour ceux qui compofoient cette Garde ; c’est que nos Rois leurs confioient la Gar de des Châteaux delà Frontière ; qu’ils les en faifoient Châ telains ; & qu’ils leur affignoient leurs gages fur les Bailliages & Sénechauftees où ces Châteaux étoient li tuez , quand ils avoient été pourvus de ces Gouvernemens s mais quand ils n’en avoient point, c’étoit le Roi qui les payoit, comme les autres Officiers de Sa Maison. Je croi que quand Philippe-Augufte les eut inftituez , d'a bord ils étoient tous employez à sa Garde autour de sa T en te , ou du Logis où il demeurait, & dans les Marches: mais il est vrai-femblable que depuis ils ne fervoient que par Brigades & par quartiers : au moins cela & faifoit-il ainft du tems de Philippe le Bel , comme il paraît par un Statut de ce Prince de l’an 1185, où il est dit Ite m Sergens d' A rm es , trente , lefquels feront a Cour [ans f in s . Les autres étoient dans leurs Gouver nemens , ou occupez à d'autres emplois. Leurs Armes étoient non-feulement la Mace d’Arme s , mais encore l’Arc & les Flèches. C ’est ce qui est marqué au même Statut, ils porteront toujours leurs Carquois p leins de C a rre a u x . C’é toit une élpece de Flèche ainft appellée parce que le fer en étoit q u a rré , comme je l’ai dit en parlant des Armes de ce tems là.
Une autre Ordonnance de l’an 1388, raportée par Godefroy dans les Annotations fur l’Histoire de Charles V I leur donne auffi des Lances. Quand ils étoient de Garde devant l’Appartement du Roi, ils étoient armés de pied en cap, au moins pendant le jour. Dans le Monument de l’Églifede Ste- Catherine dont J'ai parlé, font repréfentez quatre de ces Sergens d’Armes, dont deux font armez de la maniéré que je viens de le dire , dans la feconde Pierre, excepté la tê te , où ils n’ont qu’un Cabaffet ou Cafque leger fur lequel undes deux a un efpece de voilerejetté en derrière, q u ’on appelloit du tems de Charles V II du nom de Cornette. C’étoît de la même forte qu’ils étoient armez à la G u erre, excepté le Cabaffet, au lieu duquel ils avoient un Heaume com plet ; & je croi que c’est de cette Armure que leur vient leur nom de Sergent d’Armes : comme on appelloit gens d’Armes & hommes d’Armes , les Cavaliers qui avoient l’Armure complete, au lieu que la Cavalerie Legere n’avoit que le Cafque & la C uiralTe, de même ceux dont je parle étoient appeliez Sergensd’Armes, S e r v ie n te s A r m o r u m , pour les diftinguer des au tres Sergens ou Gardes, qui étoient armez à la legere. Les denx autres Sergens d’Armes reprefentez dans la pre mière Pierre n’ont point le harnois comme les deux dont je viens de parler ; mais l’un à une Cafaque à grandes manches avec un Colier ou Chaîne qui lui del'cend fur la poitrine. L’autre eh; enveloppé d 'un grand Manteau fourré à long poil. Il a la tête couverte d'un bonnet. Lepremier reprefente apparemment les Sergens d’Armes , lorfqu’ils marchoient en quelques cere monies ; l’autre , ainfi que le penfedu Tillet * reprefente ceux de ces Sergens d’Armes qui gardoient la porte de la Chambre pendant la n u it, quand les portes du Palais étoient fermées. Le même du Tillet prétend que c’est: de ces Sergens d’Arm es que viennent ceux qu’on appelle aujourd’hui les Huiffiers delà Chambre. En effet les Huiffiers de la Chambre portent des Maces en certaines Fêtes : mais je ne fuis pas en cela de fon avis. Ma raifon eff que dans quelques anciens Aétes les Huiffiers d’Armes font tout-à-fait diftinguez des Sergens d’Arm es. Dans le Statut de Philippe le Bel de 1285. » Item Sergeans
Leurs fonc tions.
* A u titre des M aré chaux.
Ils étoient differens des Huiffiers d’A rm es.
» d’Arme s , trente , lefquels feront à C o u r, fans plus. Deux » Huiffiers d’Armes, & huitautres Sergeans d’Arme s , & man» geront à Cour. Et dans deux Etats de l’H ôtel du Roi C har * V . Livre des Memoriaux les V I * de l’an 1386, & 1388 , il y a des Liftes féparéesde de la C h am Huiffiers d’Armes, & de Sergens d’Armes. bre des Com Je croirois donc que les Huiffiers de la Chambre d'aujour ptes de P aris fol. 1 04. & d'hui viennent des Huiffiers d’Arme s , & non pas des Sergens fol. 215. d’Armes. Les Huiffiers d’Armes étoient an dedans de l’Ap partement; & leur fonction étoit d'en ouvrir la porte à ceux qui dévoient y entrer : car le nom d'Huiffiers vient d'un ancien mot François , h u is , qui lignifie la même chofe que celui de porte; & ileft encore en ufage dans la même lignification en quelque Province parmi le peuple. Comme les Sergens d’Armes étoient Armez de pied en cap, il n’y a nul lieu de douter qu’ils ne ferviflent achevai dans les Combats ; mais ils faifoient la Garde à pied au Palais du Roi : ainfi ils fervoient à peu-près comme font aujourd’hui les Gardes du Corps. Cette Garde en qualité d'un Corps de Milice ne dura pas au de-là du Regne du Roi Jean. J 'ai déjà remarqué que Phi lippe de V alois la réforma, & la réduifit au nombre de cent Vide duCan- Sergens d’Armes. Charles V étant Régent du Royaume pen ge loc. cit. dant la prifon du Roi Jean fon pere les caffia prefque tous , R e fo r m a tio n & n’en conferva que fix , apparemment parce qu’ils s’émanci p ar Charles V. pèrent , ou qu’ils ne firent pas leur devoir durant les Guerres Civiles que ce Prince eut à foutenir, ou peut-être qu’il n’a voit pas dequoi fournir à leurs appointemens. Je n’en trouve non plus que fix marquez dans l’E tat de la Maison de Charles V I au Mémorial de la Chambre des Au même Comptes que J'ai déjà cité ; mais dans une Ordonnance de l’an M em orial fol. 134 v. 1391 il s’en trouve huit, dont la moitié fervoit par mois alterna Leur suppres- tivement. Ainfi l’on peut regarder cette Garde comme abo f ion. lie en qualité de Milice dès le tems de Charles V , étant ré duite à un fi petit nombre. Dans un Je trouve encore une autre Garde sous le Régne de Charles Livrequi trai re de quelques V I compofée de quatre cens hommes d’Armes. C’est dans une Seigneurs de de fes Ordonnances dattéedu mois de Février l’an 1382 c’efi:la Maifoa de à-dire , 1383, ayant Pâque félon notre maniéré de compter Mornay. d'aujour-
d'aujourd’huy.Mais ce ne fut qu’une garde extraordinaire qu’il A u tr e Garde Charles & donna feulement pour l’expedition deFlandre,qu’il meditoit sous VI. en faveur de Loüis Comte de Flandre fon vafial, contre le quel les Flamands s’eftoient revoltésjôc il la caffa à fon retour après la vi&oire de Rofebeque. C ’est ainfi que Charles V III pour fon expédition du Royau Comines 1. S. me de N ap les, augmenta sa Garde de deux cents Crenne- chap. 6. quiniers ou Arbalétriers à cheval, il la conferva cependant T ra ité de l'oaprès fon retour en France ; & elle ne fut supprimée qu’au rigine de deux Compagnies commencement du Regne de Loüis X II fon fucceffeur. des 20 0 Gen François I pour la conquête du Milanés créa une troupe tils -h om m e s. de même efpece qui fit des merveilles à la bataille de M arignan : mais elle ne paroît plus depuis dans nos hiftcires. Quelquefois ces Princes augmentoient leur Garde pour paroître avec plus de pompe aux entrées qu’ils faifoient dans des villes conquifes, comme fit Charles V II dans fon entrée à Roüen ; après avoir conquis cette Capitale de Normandie fur les A nglois, dont Mathieu de Coucy fait une magnifique P. 5 9 3. de/cription. Quoique depuis Philippe Augufte jufqu’à Charles V II nous ne trouvions que la Garde des Sergens d’Armes bien diflinctement marquée dans l’Histoire & dans les états de la Maifonde nos Rois, il ne s’enfuit pas qu’ils n’euffent que cellelà, & en examinant avec attention les monumens qui nous refi ten t de ces tem s-là, on trouve qu’en effet ils avoient une au tre G arde à cheval compofée d'Ecuiers, c’effà-dire de G en tils-hommes , qu’on appelloit Ecuiers du corps. C’est: pourquoy dans les hiftoires de Charles VI & dans celles deCharles V II par Jean Chartier & Mathieu de Coucy, & dans les au tres , quand il est fait mention des Ecuiers qui étoient des Officiers de l’Ecurie, on ne manque gueres de les appeller Ecuiers d 'Ecuries pour les diftinguer des Ecuiers de la G arde ; & quand on parle de ceux-ci , on les appelle Ecuiers du corps. Dans les e x t r a i t s desMémoriaux de la Chambre desComptes de Paris faits par l e f i e ur Godefroy parmi fes annotations A u tre Garde fur l’Histoire de Charles V I , il nomme Pierre de Guiry dit le des Ecuiers du corps. G a lo is, E c u i e r d u corps d u R o y . Il parle encore des Comman- p . 7 8 9 soUS l’a r 1 4 1 9 .
dans de cette G arde, qui dans ces Mémoriaux de la Cham bre des C o m p te s, font appeliez Maîtres de là grande G arde des Ecuiers du Roy. R obertus de M o n d o u c e t d i t le B o rg n e S c u t i f e r p a g .7 8 6 sous l’an
1397. pag. 7 9 1 sous l’an 1 412. Pag. 793
G arde Fla m ande de Loüis X I I .
P.
1 31.
Garde des
45 sousH en ri I I I .
T . 2 . p. 2 8
corporis D o m in i R e g is j n f t i t u t u s p r im u s S c u t i f e r corporis , & M a g ijie r m a g n a S c u tife ria D o m in i n ojlri R e g is. Il parle encore de
Philippe de Girelme dit le Cordelier,de Jean de Karnien, & de Bureau deDyci,qui furent honorez de la même charge. Je trouve queLoüis X II eut aufli une G arde Flamande trèsnombreufe. Il en est fait mention au fujetde la bataille de Ravenne. Les François fur le bord duRonco elTuyerent un terri ble feu de la part des Efpagnols : ils perdirent là près de deux mille hom m es; & on ajoute, De q u a r a n te C a p ita in e s d e s G ardes F ra n ç o ife s & F la m a n d e s , il n’en réchappa que deux. C’eftoient des Compagnies franches, car il n’y avoit point encore alors de Regiment des Gardes ; & il n ’y avoit que trois Compagnies des Gardes du Corps. Je ne dois pas om ettre une G arde de Fdenri III appellée des Quarante-cinq. C’étoit quarante-cinq Gentils-hommes ap„ pointés, dit le Journal de ce P rin ce, à douze cents écus de „ gages & bouche à Cour, que le Roy avoit mis fus depuis ces „ derniers troubles,pour être toujours auprès de luy , comme „ feures gardes de fon corps,& défiant de chacun ,& se voyant „ comme défié de ceux de la Ligue par leur défobéïiïànce. Cette G arde ne dura que quelques années en qualité de Garde , ce font ceux qu’on appelle aujourd’huy les Gentils hommes ordinaires de la Maison du R oy, & qu’on appelloic ainfi dès ce tems-là , comme il est dit dans les Mémoires du D uc de Nevers. Enfin il y eut une autre G arde dont le corps fubfifte au jourd’huy en partie , mais non point en qualité de G arde. Ce font les Cent Gentils-hommes du Roy appeliez commu nément les Gentils hommes au Bec de Corbin. Ce fut pen dant long-temps un corps très-confiderable. Je vais en faire par cette raifon l’Histoire particulière : & ensuite je paflerai à celle des Corps qui compofent m aintenantla G arde duRoy.
C H A P I T R E
XIV.
H i s t o ir e des d e u x C o m p a g n ie s des C e n t G e n tils -h o m m e s ordi naires de la M a is o n d u R o y
,
appellez les G e n tils -h o m m e s
d u B e c de C o r bin.
Es Gentils-hommes ont été autrefois regardez sous plufieurs Regnes , comme la plus conftderable & la plus noble Garde de nos R o is , &. on l’appelloit la g r a n d e G arde d u Corps : mais les chofes avec le tems ont bien changé à cet égard. C ’est ce qu’on verra dans Thiftoire que J'en vais faire.
C
E t a t pres ent des C e n t G e n tils -h o m m e s .
Livre intitu lé l’Origine des deux Compagnies desCent Gen tils-hom mes, &c. pag. 7. Garde des Cent Gentils hommes.
A Compagnie desCent Gentils-hommes a un Capitaine E ta t de la France de qui est aujourd’huy M. le Duc de Lauzun , un Lieute 1 7 1 2. nant & un Enfeigne en titre d 'Office. D eux Com Il y avoit deux Compagnies de Cent Gentils-hommes de pagnies des puis long-tems en France. La seconde a fubfifté jufqu’en Cent Gentils16S8 , qu’elle fut supprimée par une Déclaration du Roy. La hommes. plus ancienne est demeurée fur pied jufqu a maintenant & celui qui la commande prend encore le titre de Capitaine de l’ancienne bande desCent Gentils hommes. Ceux qui lacom pofent font aujourd’huy fans fonction pour le service d e là guerre ; même ils n ’en font plus à la Cour qui foit ordi naire. L
De
l'ins t itu tio n des C e n t G e n tils -h o m m e s .
Ous avons fur l’institution des deux Compagnies des C ent Gentils-hommes un livre imprimé * il y a plus de cent ans,fait par un homme judicieux &: habile dans la matie re fur laquelle il avoit fait de fort exactes recherches. J 'en tirerai ce que je vais dire de l’institution de cette Garde de nos Rois. 11 feroit à fouhaiter que nous euffions de pareils mémoires fur tout ce qui compofe la Maison Militaire du R oy.
N
* Livre inti tule Origine des deuxCompagnies des Cent Gentils hommes or dinaires de la Maison du R oy,
P ag. 4.
Premiere Compagnie inflttuée par Loüis X I.
fo l. 6 57 v°.
» Ces deux Compagnies, dit l’Auteur , furentinftituees en » divers tems. Le Roy Loüis X I étant àPuyfeaux le 4 e jour » de Septembre 1474, mit fus pour la garde de fon corps une » Compagnie de cent lances fournies félon sa grande ordon» nance chacune d'un Homme d’Armes & deux A rchers, & » en donna la conduite à Heétor de G olart Ecuier,fon Con» feiller & Chambellan , pour l’amener au païs de Rouffillon » & de Catalogne où lors étoit fon armée ; & parce qu’elle » fut faite la plufpart des Gentils-hommes de Ion H ôtel ou » Penflonnaires, elle fut appellée la Compagnie de cent lan» ces des Gentils-hommes de la Maison du R oy ordonnés » pour la garde de fon corps. J 'ai dit ailleurs ce que c’eftoit que ces Penflonnaires dont il efffait ici mention. L'expédition de Rouffillon & de C ata logne, de laquelle l’Auteur parle, & fit au fujet de la révolté des habitans de Perpignan qui fut affiegé &: obligé à & rendre par Jean de Geoffroy Cardinal & Evêque d 'Albi , & par Jean de Haillon Seigneur du Lude qui commandoit l’armée Françoife. Le Prefident Faucher dit que Loüis X I ayant mis des im pôts fur les gens de la campagne , ce qui caufa la diminution des revenus des Gentils hommes , i l f u t c o n fe illé de ren d re Jes P e n flo n n a ir e s , les -plus m u t i n s & c ria rd s de ces N o b le s d o n t i l f o r m a c e tte p re m iè re C om pagnie.
Seconde Com pagnie in flttuéepar Char les VI I I .
p. I I .
La seconde Compagnie , félon le même Auteur du livre de l’origine des deux Cents Gentils-hommes, fut inftituée par le Roy Charles V III au mois de Janvier de l’an 1497, fuivant la maniéré de compter de ce tems-làjOÙ l’année ne commen çait qu’à Pâque , & félon la maniéré de com pter d 'aujourd'huy ce fut l’an 1498 , c’efloit peu de tems avant sa m ort : & au mois de Juillet fuivant Loüis X II fucceffeur de Charles VI I I , confirma cette inflitution, &. en fit Capitaine Jacques de Vendofme Vidame de C hartres. Cette seconde Compagnie fut d 'abord appellée la Com pagnie des Gentils-hommes extraordinaires par oppofition avec la prem ière, qu’on appelloit la Compagnie des Cent Gentils-hommes ordinaires. Cette maniéré de parler dura jufqu’en 157o,qu’on les appella l’une & l’autre la Compagnie
des Cent Gentils-hommes ordinaires : & quoiqu’il y eût deux Compagnies chacune de cent hom m es, neanmoins depuis le Regne de Charles V III on les a toujours appeliez jufqu’à notre tems les Cent Gentils-hommes.
Changemens arrivez dans ces deux Compagnies depuis leur ins t i t u t i o n .
O ur connoître ces changemens , il faut fçavoir fur quel pied elles furent d'abord.Premierement,elles etoient toutes deux compofées de Gentils-hom m es, & m êm e des plus qualifiez. Voici comme l’Auteur du livre in titulé, L’o r i g in e d e s d e u x C o m p a g n ie s , d re . parle fur cet article. « Je puis dire qu’il n’y a gueres d'ancienne Maison de p. ï . » Gentils hommes qui ne trouve quelqu’un des flens enrôlé » en l’une de ces deux Compagnies : d'ou certes & de fembla» blés écrits il feroit bien plus certain & honorable de prouver Ces Compa » la noblefïe, que par C ontrat & autres titres de moindre gnies éto ont Pt'es«foy. T an t il étoit confiant que dans ces commencemens iiu nluCorps jïn . & long-tems depuis il n’y avoit que des Gentils-hommes dont la nobleffe fut bien prouvée, qui fufïënt reçus dans ces Compagnies. Ce que je citerai bientôt du Maréchal de Fleurange confirmera ce qui est dit ici. Mais en attendant J'a jouterai une nouvelle preuve, c’est qu’en la première an Registre de née de Charles IX on trouve encore le nom d 'un Seigneur l’E xtraordides plus illuflres Maifons du Royaume parmi les Cent ra iie des Gentils-hommes : c’est G abriel de Beauveau , Chevalier, Gutrrcs de l’an 1 5 6 0. Sieur de Rivau. cotté 2 vo. Secondement, chacun de ces Gentils-hommes avoit deux Picardie. Archers qu’il entretenoit, montoit & armoit à fes dépens f u r sa fol de. Troifiém em ent, le Capitaine étoit abfolumentle maître de Autorité des sa Compagnie ; & H edor de G olart, qui le fut dans le tems Capitaines. de l’inflitution, non feulement eut la permiflion du Roy de choifir lui-même tous les Gentils hommes ; mais encore il pag. 5 . les caffoit comme il le jugeoit à propos, & en mettoic d'au tres à la place de ceux qu’il avoit caflèz. On voit même que Jacques de M yolans, qui en étoit Capitaine sous le Regne
P
pag. 2 .
pag. 1 0 .
pag. 14.
p. 4.
Ces Compa gnies remplies
de Volontaires
de Charles V I I I , donnoic des Lettres de Provifion aux G entils-hom m es pour leurs places dans ce Corps : mais cela fu t changé , & les Gentils-hommes jugerent qu’il étoit de leur honneur d'avoir leurs Provisions du R oy même. Quatrièm em ent, il n’y avoit d 'Officier en titre d 'Offîce, que le feul Capitaine , & il dépendoit de lui de prendre dans la Compagnie , quelqu’un des Gentils-hommes pour faire les fonctions de fon Lieutenant : c’est: ce que l’A uteur, dont je tire l’Histoire de ces deux Compagnies , rem arque & ce qu’il établit fur les rôles qu’il avoit vus de cette Compa gnie. L’Auteur ajoute, qu’il paroît par les rôles, que ce ne fut qu’en l’an 1539 qu’il y eut un Lieutenant d 'Office aux gages de cinq cents livres, les Gentils-hommes n’en aïant chacun que cïjùatre cents. Le premier changement qu’on peut remarquer effc, que dans la fuite on ne fut pas fi exact fur le choix des Sujets touchant la N oblefle, qu’on l’étoit autrefois. L ’O rdonnance du Roy H enri III du premier de Janvier de l’an 1585 , fuppofe ce que je dis par la défenfe qu’on y fait aux Capitaines « de » n’enrôler en leur Compagnie que Gentils-hommes de la » qualité requife, lefquels à cette fin ils lui prefenteront au» paravant que de les recevoir. Il y avoit peu d'ordre dans l a Maifon du Roy sous ce R egne, aufii-bien que sous celui de fes deux prédecellèurs, & même de fon fuccefleur pendant très-long-tems à caule des Guerres Civiles. Un autre changement & fit dans la première Compagnie peu après fon institution. Car aïant étéinflituée en 1474 & com pofée, outre les cent Gentils-hom m es, de deux cents A rchers, deux par chaque Gentil-homme ; le Roy Loüis X I en 1475, en fépara les deux cents A rchers, dont il fît la petite Garde de fon Corps. Le troifiéme changement remarquable & fit sous Fran çois I. Au moins ne voit.on rien de ce que je vais dire dans les hiftoires de Loüis X I, de Charles V III & de Loüis X II. C ’eil que quand les deux Compagnies des Gentils, hommes aîloient à l’Armée , il & rangeoit sous leurs Drapeaux une infinité de NoblefiTe volontaire, qui en faifoit un Corps très-
nombreux & jufqu’à quatorze ou quinze cents hommes. C ’est en tems de ce que nous apprenons par Jes Mémoires du Maréchal de guerre. fol. 4 0 . Fleurange. Voici ce que ce Seigneur dit là-deflus. « Premièrement., le Roy François I a pour sa Garde deux » cents Gentils-hommes de Sa Maison , gens expérimentez & « hommes qui ont bien fervi en bandes, Porteurs d'Enfei» gnes, Guidons & vaillans hommes, cent pour cent ung » C hef & ung C apitaine, dont est pour l’heure prefente le * Loüis de » grand Sénéchal de Normandie * & le V idam e de Char- Brezé C om te » très * , qui font deux gros Gentils-hommes & bien fondez de M aule vrier. » en rentes, & baille à toujours lefdites Charges à gens qui * Loüis de » font de grofle Maison , & ont d 'état les Capitaines, cha- Vendosms. » cun deux mille fran c s, & les Gentils-hommes sous e u x , » vingt écus le m ois, & portent haches autour de laperfonne » du R oy, & font garde & guet la nuit, quand le Roy est » en un Camp -, mais en tout tems ils le font de jour: & vous » affeure quand ces dites bandes font en arm es, que c’est » une merveilleufement forte bande : car il y a aux deux » bandes quatorze ou quinze cents chevaux co m b a tta is , & la » plupart tous gens expérimentez. La folde de ces Gentils-hommes étoit de vingt écus par mois du tems de Loüis X I, de Charles V III & de François 1 ; d 'où vient qu’on les appelloit les Gentils-hom m es des vingt écus. C’est ce que nous apprenons par Philippes de Appellez G entils-hom Comines. mes u n » vin g s » Et comme ledit D uc vouloit partir, dit cet Hiftorien , écus. p. 144 » fut pris des A nglois, un Valet d 'un des Gentils-hommes de » la Maison du Roy qui étoit des v in g t écus; & en un autre en» d ro it, parlant de la Bataille de Fornouë , » je me tro u va i » du coté gauche , ou étoient les Gentils-hommes des v in g t écus. p . 3 4 1 . Elle fut fixée depuis à quatre cents livres. M s. de l a N os Rois recevoient eux-mêmes le ferment du Capitaine : Bibliotheque M. R o u f& l’on voit par les Proviftons données à Gabriel Noropar de feau Auditeur de C au m o n t, Marquis de Peguilin en 16 , 6 , que ce Seigneur des Comptes. prêta le ferment entre les mains du Roy. L’Enfeigne étoit T . I. in quarto 37 . comme la Lieutenance, une Commiffion que le Capitaine fo l.Serment des donnoit à celui des Gentils-hommes de la Compagnie qu’il C apitaines entre les m ains jugeoit à propos. C ’étoit félon le Prefident de Chaffaing, d u Roy.
C h assaing Catalog . gloriæ m u n di p a rt. 9 confiderat. 20. Décadence de ces Com pagnies.
Livre des Dignitez, M agiftr a ts & Offi ces de F ran ce , im prim é en 1 5 6 4 . Appellez G en tils-hommes au B ec de Corbin. D u H aillan é ta t des affai res de France fol. 3 0 6 v°. Zupanus ed M agistr a t bus & P ræfect uris 29.F rancorum, p.
Zes C ent Gentils-hom m es autour du Roy dans une ba taille. D u H aillan loco cita t o.
l’Enfeigne qui païoit les cent Gentils-hommes, & qui femble avoir fait les fondions de Major. Le dernier changement fut la décadence de cette troupe de la Maison du R o y : il me paroît que cela arriva sous le Regne d 'H enri IV ; car elle étoit encore en honneur sous H enri I I I , comme on le verra dans la fuite. Il y a beaucoup d 'apparence que cette décadence vint de ce que plusieurs de ces Gentils-hommes & rangèrent au parti de la Ligue , & qu’après la paix de Vervins H enri IV aïant déjà fur pied une nouvelle Garde de fes Chevaux-Legers, il négligea de ré tablir celle des deux cents Gentils-hom m es, jfâns neanmoins la fupprimer en conlideration des deux Capitaines, dont l ’un étoit Loüis de la Trim oiiille, Marquis de R o y a n , Capitaine de la première C om pagnie, & Charles d 'Angennes Vidame du M ans, qui l’étoit de la seconde. Je ne fçai II leur nom de Gentils-hommes au Bec de C or bin ell fort ancien : l’Auteur du Livre de leur origine qui écrivoit en 1614, ne le leur donne point : mais dès l’an 1564 sous Charles IX on donnoit à leur H ache d’Armes le nom de Bec de Faucon : du H a illan , qui étoit du même tem s, dit ; qu’ils fortoient en leurs m ains le Bec de Corbin , & un Auteur nommé Lupanus, dont le Livre fut imprimé en 1551, donne à leur Arme le nom de Beccum Falconis.
Quel étoit le fervi ce des Cent Gentils-hommes. J ' Ay déjà d it, fondé fur les Mémoires manuferirs du M a réchal de Fleurange, & fur l’Histoire de l ’Origine des deux Compagnies des cent G entils-hom m es, que ce fut à fon institution & long-tems depuis, la plus noble Garde de nos Rois 3 & c’étoit par oppofition à cette G arde , que celle des Archers du Corps sous Loüis X I, étoit appellée la pe tite Garde. C ’eil par la raifon de cette préém inence, & de la valeur de ce C orps, qu’une de fes fondions étoit d 'être autour du Roy dans un jour de bataille. Ils avoient une seconde fondion marquée par le M aré chal de Fleurange, qui étoit de fa ire la garde & guet la m it
nuit quand le Roy était en un c a m p , & en tout tems d e f a ir e la g a r d e de jour a u to u r d e sa P e r f o n n e . N o u s n ’a v o n s p o in t p lu s d e d é t a i l d e le u r service d a n s le s O r d o n n a n c e s d e n o s R o is q u i c o n c e r n e n t ces d e u x C o m p a g n ie s ju fq u ’a u R e g n e d e H e n r i I I I q u i le m a r q u e d a n s fon O r d o n n a n c e d u m o is d e J a n v ie r d e l’a n 1 5 8 5 , e n c e tte m a n ié r é : » S a M a je f té o r d o n n e q u e les d e u x C e n t s G e n tils - h o m . « m e s d e sa M a is o n f e r v ir o n t c h a c u n p a r q u a r t i e r p r è s d e » s a P e r f o n n e ; à fç a v o ir p o u r le p re fe n t q u a r t i e r d e J a n v i e r , » Je p lu s a n c ie n p o u r v u d es d e u x C a p ita in e s a v e c f o n E n » fe ig n e & c i n q u a n te d e sa C o m p a g n ie . P o u r le q u a r t i e r d 'A v r i l , & c. « L e p r e m ie r jo u r d e c h a c u n q u a r ti e r , le C a p ita in e o u l e » L i e u te n a n t e n t r a n t e n c h a r g e (c’est-à -d ire e n q u a r tie r ) p r e « f e n te r a à Sa M a je f té les c in q u a n te G e n tils - h o m m e s d e fe rv i» c e , & les lu i n o m m e r a : les d é fa illa n s p e r d r o n t le u rs g a g e s . » V e u t S a M a j e f t é , q u ’a u c u n d e fd its G e n tils - h o m m e s n e » fo it p e n lio n n a ir e n i d o m e ftiq u e d e q u i q u e ce f o i t , o r » d o n n e d è s à p r e f e n t q u e c e u x d e c e t te c o n d itio n f o ie n t » c a fte z . C e c i n e f u t p a s o r d o n n é fans c a u fe p a r le R o y H e n r i I I I : c ’est q u ’a lo rs le R o y a u m e é t o i t p a r ta g é en s a c tio n s ; l a L ig u e y é t o i t f o r t p u ifla n te : le D u c d e G u ife & les a u tre s P r in c e s d e c e t te M a is o n a v o ie n t p a r t o u t d es p e n fio n n a ire s & d e s p a rtifa n s : &: c ’é t o i t p o u r e m p ê c h e r q u ’ils n ’e n e u ftè n t p a r m i ces d e u x c e n ts G e n tils -h o m m e s q u e le R o y H e n r i I I I m i t c e t t e c la u fe d a n s fo n O r d o n n a n c e . » D é f e n d ( Sa M a je fté ) a u x C a p ita in e s d 'e n r ô le r e n le u rs » C o m p a g n ie s q u e G e n tils - h o m m e s d e la q u a lité r e q u i f e , » le fq u e ls à c e t te fin ils lu i p r e f e n te r o n t a u p a r a v a n t q u e d e » le s r e c e v o i r , ain fi q u ’il est d it. O n v o it p a r là q u ’il f a ll o it e n c o r e a lo rs fa ire p re u v e d e N o b le f tè p o u r e n t r e r d a n s ces C o m p a g n ie s . » V e u t aufiî S a M a je f t é , q u e les G e n tils - h o m m e s é t a n t e n « q u a r t i e r , & tr o u v e n t e n fo n A n tic h a m b r e d è s les fix h e u re s « d u m a t i n , p o u r l ’a c c o m p a g n e r a v e c le u rs h a c h e s , c o m m e « ils o n t a c c o u tu m é , ju f q u ’à farç d î n e r , & l ’a p r è s - d în é e ju f» q u ’à fo n fo u p er. O n v o it p a r c e t a r tic le q u e sous ce R e g n e ils é t o i e n t e n c o re fu r le p ie d d e G a r d e s o r d in a ir e s d u R o y ,
« T outes les fois quelefdits Gentils-hommes accompagne» ront Sa Majefté avec leurs haches, ils & m ettront en haye Leurs places » de chacun de fes cotez : le Capitaine ou celui qui commanautour de la » dera fera le premier ëc le plus près d'elle à main d ro ite , Personne du », & à la main gauche un autre C h ef, ou le plus ancien des &R oy. » Gentils hommes. « & Sa Majefté est à pied, ceux defdits rangs qui feront » à côté d'elle, ne paftèronc point en arriéré le pommeau de » fon épée ; &1I elle est à cheval, ne & tiendront point plus » en arriéré que la pointe de fon pied. Ce font maintenant les Capitaines,. les Lieutenans ëc les Enfeignes des Gardes du Corps qui en accompagnant le R o y , occupent les places d'honneur auprès de sa Perfonne. » Nuis des fufdits ne fera payé qu’il n’ait rendu l’aftîdui» té & fujettion durant fon q u artier, dont il fera tenu de» rapporter certification du Capitaine ou L ieutenant, qui » aura fervi, pour être païé par le T re fo rie r, auquel est dé» fendu de leur païer aucune chofe qu’en vertu du rôle & » de la certification qu’il rapportera fur les comptes avec » leurs quittances. » Enjoint Sa Majefté très-exprdTément aufdits Gentiîs» hommes chacun en droit foy , d 'oblèrver de point en point » tout le contenu cy. deft'us, sous peine de caffation, ëc aux » Capitaines d 'en répondre fur leur honneur. Traité de On peut ajouter ici que dans la première institution on l ’Origine des exigeoit tant de régularité dans ces Gentils-hom m es, que deux Compa Loüis X I. en 14,81 en cafta deux p o u r ê tr e f t tf p e t f i o n n e z , d e gnies p. 9. Sévérité de m a u v a i f e m a l a d i e , & e n r e m it d e u x a u tr e s e n l e u r g la c e . Loü is X I pour Tel étoit le service des Cent Gentils hommes en l’an 1585-, y empêcher la débauche. & il falloir que cette G arde fut encore alors en grande La Charge confideration : car en l’an 1575 A lbert de G ondi Comte de de Capitaine R a is, aïant donné la démiflion de la Charge de Capitaine de desCent Genla première Com pagnie, il eut pour iuccefteur François le tils-hom mes préférée à celle R oy, Comte de Clinchamps, Seigneur de G havigni, qui de Capitaine quitta la Charge de Capitaine des Gardes du Corps pour des Gardes. Pag. 11. de prendre celle-cy; & Henri III en la lui d o n n a n t, crut lui l ’Origine des deui C om pi- faire honneur. Nicolas d 'Angennes Sieur de Ram boüillet, quitta pareillement la Charge de Capitaine des Gardes en. guies, &c.
1587 ; pour être Capitaine de la seconde Compagnie des Cent Gentils-hommes. Le fervicedes Cent Gentils-hommes est aujourd’huy réduit à peu de chofe. Ils marchent aux jours de ceremonies deux à deux devant le Roy l’épée au côté avec le Bec de Corbin. Ils fervirent à la ceremonie de la M ajorité du Roy Loüis X IV en 1651, à la ceremonie defon M ariage en 1660, Etat de la France de & depuis à la ceremonie des Chevaliers du S. Efprit en 17 0 Î . 1 6 6 1 , où il y en avoit fix qui marchoient deux à deux de vant Sa M ajefté, &: qui entrèrent dans le C hœ ur des Auguftins à P aris, les autres marchoient des deux cotez des Chevaliers de l’O rdre. Dans une nouvelle Edition quis’est faite en 1683 du Livre f. 16 de l'O r ig in e d e s d e u x C o m p a g n i e s , & c , je trouve une par ticularité qu’on y a ajoutée : fçavoir que le Roy Loüis X III Ces Compa fupprimaces deux Compagnies en 1629, en refervant feu gnies fupprifar Loti s lem ent aux Capitaines leurs gages pendant leur vie -, que mées XIII. cette fuppreffion dura jufqu’en 1649 , & que le Roy Loüis 'Rétablies par L oüis X I V . XIV rétablit alors ces deux Compagnies. Les deux Compagnies des Cent Gentils-hommes de la T ra ité de Maison du Roy dans leur institution étoient une Gendarm e l’Origine des rie. O n les appelloit hommes d’Armes. Ils avoient d'abord deux Com pa gnies, &c.p./ . à leur fuite & à leurs gages deux Archers. Ils avoient pour 7Arm e la Lance , & on les appelloit même les cent Lances Ces Compa étoient des Gentils, hommes de l’H ôtel du Roy. Ils étoient le prin gnies un Corps de cipal corps de l’Armée. T o u t cela ne convient qu’à la G en Gendarmerie. darmerie. Ils avoient outre la Lance, la H ache d’Arme s , dont ils & fer voient dans les com bats, & lorfqu’ils étoient de guet ou de garde auprès de la Perfonne du Roy. I l s avoient les Privilèges des Commenfaux , & H enri Memorial de IV en 1593 ordonne que les Chevaux-Legers de sa G arde la Chambre Comptes foient honorez des mêmes Privilèges accordez par fes pré- des K kkk fol. decedeurs aux Cent Gentils-hommes» 521 . v°.
L i s t e des C a p ita in e s des d e u x C o m p a g n ie s des cent G e n tils hom m es depuis le u r in s titu tio n .
L
A Liste de ces Capitaines nous a été conlèrvée dansle traité de l ’origine de ces deux Compagnies jufqu’en 1614 que ce livre fut imprimé. O n a ajouté les autres dans une nouvelle édition de ce livre , jufqu’à M. le D uc de Lauzun qui est aujourd’huy Capitaine de la première Com pagnie, laquelle est encore fur pied. O n y a ajouté auffi quel ques Capitaines de la seconde Compagnie jufques à sa fuppreifiom L i s t e des C a p ita in e s de la p r e m iere C o m p a g n ie des C e n t G e n tils-h o m m e s .
Ector de G olart E cuïer, Confeiller & Chambellan du? Roy Loüis X I , pourvu par luy de l’état de Capitaine de la première C om pagnie, iorfqu’elle fut créée le 4 jo u r de Septembre 1474. Loüis de Graville Ecuïer, Seigneur de M onfâgu, ConfeiL 1er & Chambellan du R o y , ( il l’appelle fon couïîn ) fut pour vu le dixiéme Juin 1475 par le décès dudit Sieur de Golart. Thiebault de Beaumont Seigneur de la Foreft, Ecuïer, le dix-huitiéme Septembre 1481 par la dépoflèïïîon dudit Sieur de G ravi lie. Claude de M onrfauconEcuïer, pourvû le quinziéme May 1481 par la décharge dudit de Beaumont. Jacques de Myolans & d 'Anjou Confeiller & Chambellan du Roy Charles V I I I , ( il est appelle fon couim ) fut par lui pourvû le treiziéme jour de Mars 1485 par la mort dudit de Montfaucon. Yves Sieur d 'A legre, fut pourvû-le ; jour de Mars 1495 par la mort dudit de M yolans. H ues d'Amboife , Seigneur d 'Aubijoux,Chevalier de l’O r d re , fut pourvû par le Roy Loüis X II en l’an 1500 au lieu dudit Sieur d'Alegre. H
Guy d'Amboilè Sieur de R a v e l, fut pourvu au lieu dudit Hues au commencement de l ’an ryoi, Loüis d 'Orléans Duc de L ongueville, Marquis de R othèl i n , grand Sénéchal & Gouverneur du Com té de Provence, fut pourvu dudit état de Capitaine le onzième Janvier 1508 p a rla m ort dudit de Ravel, Monfieur de Saint Vallier fut pourvu dudit é tat de Ca pitaine par le Roy François I au mois de Janvier 1515,auiieu dudit Sieur D uc de Longueville. Loüis de Vendofme Vidame de Chartres , Prince d e C h ab a n es, Chevalier de l’O rd re , Confeiller &, Chambellan or dinaire du dit Roy François, fut pourvu en Janvier 1513, au lieu dudit Sieur de S. Vallier. François de la T our Vicomte de T u ren n e, Chevalier d e l ’O rdre,fut pourvu le quinziéme Juin 1527,au lieu du Vidame deC hartres. Loüis Monfieur de Nevers fut pourvu en O&obre 1532, era la place du Vicomte de Turenne. Claude Gouffier Sieur de BoifiTy, Chevalier de l ’O rdre ÿ grand Ecuïer de France , fut pourvu en Janvier 1546 au lieu dudit Sieur de Nevers., A lbert de Gondi Comte de Raiz , fut pourvu par le R oy Charles IX le douzième de Decembre 15 71 au lieu dudit Gouffier, François le Roy Comte de Clinchamps,Sieurde Chavignr,, par la, refignarion dudit Sieur de Raiz fut pourvu en Janvier 1575 p a rle Roy H enri III : il quitta la Charge de Capitaine' des Gardes pour m onter à celle-ci. Jacques de la Trim oüille Marquis de R o y a n , par refignation dudit Sieur de Chavigni , pourvu le dixiéme jour de M ay 1594 par le Roy H enri IV. G eorge de Babou Sieur de la Bourdaiziere C hevalier des O rdres du Roy , pourvu par le décès dudit Marquis de Royan le douzième d 'Aoiic 1603, George de Babou Sieur de la Bourdaiziere, pourvu par m ort de fon pere le 1607, François Nom par de C aum ont, Comte de Lauzun , Chevalier des Ordres du R oy & Confeiller d'E ta t, 1615,
G abriel N om par de Caumont Comte de Lauzun fon fils, par démiflion dudit Seigneur ion perç , le i j . N ovem bre a 616 Atitonin N om par de Caumont de Lauzun pourvu p a rla m ort du Seigneur fon pere en 1660 : il poflede encore aujour d 'hui la Charge.
Liste des C a p ita in e s de las e c o n d e
C o m p a g n ie .
Au mois de Janvier 1497 le Roy Charles V III inftitua une seconde Compagnie de cent Gentils-hommes de sa Maison , sous la charge de fon Coufin Jacques de V endôm e Vidante de Chartres. Loüis de Brezé Comte de Maulevrier , grand Sénéchal de N orm andie, au lieu du V idam e, fut pourvu le dix-ieptiéme Septembre 1510 par Loüis X II. Jean de C req u i, Sieur de Canaples, Chevalier de l’O rd re , pourvu au lieu du Sieur de Brezé en la fin de l’année 1527 par le Roy François I. Jean de la T our Vicomte de T urenne, pourvû par le décès du Sieur de Crequi au commencement dè l’année 1554 par le Roy Henri II. Loüis de Buëil Comte de Sancerre,pourvu en la fin de l’an née 1556 par la m ort du Sieur de Turenne. Loüis de S- Gelais Sieur de L anfac, en i’an 1568 par le Roy Charles IX au lieu du Sieur Comte. Jean de L aval, Marquis de Nefle , fut pourvû le dix-feptiéme Avrii 1578 par refignation du Sieur de Lanlàc par le Roy H enri III. Antoine de Ponts Com te de M arennes, Chevalier des Ordres du Roy,pourvû le 11 Septembre 1578 par le décès du Sieur Marquis de Nefle. Nicolas d 'Angennes, Sieur de R am boüillet, Chevalier des Ordres du R o y , aïant quitté l’état de Capitaine des Gardes duCorps,fut pourvû au mois de Janvier 1587 par leRoy H e n ri III de l’état de Capitaine des Cent Gentils-hommes par le décès du Sieur de Ponts. Il obtint la fnrvivançe au nom de Charles d'Angennes Vidame du Mans fon fils, de H enri IV s mais depuis enfemble ils refignerent l’Office au Sieur Champier?
Scipion de Champier M arquis de Vaux fut pourvu de Ja Charge le ; Février 1611 par le R oy Loüis X III. Loüis de Crevant II du nom Vicomte de Brigueil, Marquis d 'Humieres, par la m ort dudit Cham pier le 28 d'Août 1612. Loüis de Crevant III du nom, fils du precedent, eut cette charge l’a n . . . Loüis de Crevant IV du nom, son fils, & depuis Maréchal c e France sous le nom d'Hum ieres, lui fucceda : il s’accom m oda de cette Charge avec Loüis de Ligni Com te du Charmel au mois de Decem bre de l’an 1684. Loüis de Ligni Comte du C h arm el, en 1685. Cette seconde Compagnie , comme il a déjà été dit , fut supprimée par D éclaration du Roy du 28 de J u im 1688, enregiftrée à la Cour des Aydes le feptiéme de Juillet de la m ê me année. C ’efi: là toute l’Histoire des Cent G entils-hom m es, où l’on voit la Iplendeur d 'un des plus illuftres Corps qui ait été dans la M aiionde nos R ois, & sa décadence entière. T el est le fort des choies humaines,& fur tout de celles qui dépen dent du goût des Princes.
L I V R E
X.
D e la M ilice de la M aison M ilita ire du Roy Loüis le G rand . Cavalerie. O U IS LE G R A N D est celui de tous les Rois de L France de la troifiéme Race qui a eu dans sa M aifon & pour la garde de sa perfonne une Milice plus nombreufe , plus lefte & plus choifîe. En rem ontant jufqu’à depuisLoüis X II jufqu’à H u Magnificen François I & à Loüis X II ce de la M ai- gues C a p e t, on ne trouvera rien de comparable en ce genre. son de Loüis le Je fais ici mention de Loüis X II & de François I, parce que Grand. ce font ces deux Princes dont la magnificence pour leur G ar de, paroît avoir le plus approché de celle du feu Roy. O n le voit parles Mémoires manuferits de R obert de la M ark dit le M aréchal d e Fleurange, dont J'ai déjà cité l’extrait, & dont je vais m ettre ici la fuite pour le dénombrement de toute f o Garde de François I, C y se devis e de l'é ta t d es G a r d e s d u R o y d e F r a n c e . *Ce foret ceux qu'on- appelle aujourd'hui les Gentils hommes au Bec de Corbin. Voyez desu.l ’extrait cy-
* C 'e st la Compagnie
Premièrement,il a pour sa Garde deux cents Gentils-hom mes de sa M aison, * &c. » Après cette Garde, continué le Maréchal d eF leurange, » nous avons les plus prochains du Roy vingt-cinq Archers E» coflois ; ce font ceux qu’on appelle aujourd’hui Gardes de » la Manche,qui s’appellent les Archers du C o rp s, &c ont un » fayon blanc à une couronne au milieu de la piece desj vant l’eftomac , & font les dits fayons tout chargez d 'or» fevrerie depuis le haut jufqu’en b a s, font les dits Archers » sous la charge du Sieur d 'A ubigni, & couchent les plus près » de la chambre du Roy. L e d i t Sieur d'Aubigni est Capitaine ,, de tous les Ecoflois, qui font cent fans ces vingt-cinq, & en» cors cent hommes d’Armes * qui ne font point comprins ès
» è s G ardes. . . Après ces Ecossois, vous avez quatre cents Ar- des Gendarmes » chers François qui portent les ayons d 'Orfevrerie, & de Ecossois. » mêmes gages que les Ecoiïois , & les Hoquetons des cou» leurs du Roy tout couverts d 'O rfevrerie , tout aux devifes « du Roy , & font les Chefs des dits quatre cents Archers. « Le Capitaine Gabriel * pour c e n t, M. de Savigni * cent * De la Chastre. « autres , M. de Cruffol pour c e n t, & M. N . l’autre cent. * I l fa u t lire Les deux Compagnies des Cent Gentils-hommes faifant un Chavigni. C orps de quatorze à quinze cents chevaux , la Compagnie desGardesEcoffoifes,& les Compagnies desGardesFrançoifes, faifant plus de quatre cents hom m es, comme le dit Je M aré chal de Fleurange,il s’enfuit que toute la Garde à cheval de François I étoit de deux mille hom mes, & qu’elle approchoit pour le nom bre de celle du Roy d'aujourd’hui. En effet le même Seigneur parlant dans un autre endroit de l’expe- fol . 4 7 . ditionde G ennes, dit que Loüis X II y avoit avec lui dix- huit cents chevaux de fes Gardes : mais la différence qu’il y avoit, c’est que les deux Compagnies des Cent Gentils - hommes n ’étoient de quatorze à quinze cents chevaux q u e q u a n d ces d i t e s b a n d e s é to ie n t e n a r m e s c’eff à-dire en tems de guerre, & lorfqu’il étoit queftion defuivrele Roy à l’armée i au lieu que les troupes qui compofent la Maison duRoy font toujours fur p ie d , & entretenues même en tems de paix. C e n’est que sous leRegne deLoüis X IV qu’on a proprement Maison i n parlé de la Maison du Roy comme d'un Corps separé dans Roy faifoit un les troupes. Il y en a deux raifons ; la première , que laMaifon Corps separé du Roy avant ce tems-là n ’eftoit pas fl nojnbreufe: chaque dans les trou Loüis Compagnie des Gardes du Corps sous Loüis X III & sous les XpesI Vsous . Rois précedens,n’étoit que fur le pied de cent hommes,aulieu que sous le Regne deLoüis leG rand par les augmentations qu’il fît depuis la paix des Pyrénées,les quatre Compagnies faifoient eniemble unCorps de plus de quatorze cents hommes,& même ils o n té té pendant un tems de plus de feizecents.il y a aujour d'hui deux Compagnies de M oufquetaires, &. il n’y en avoit qu’une sous leR o y Loüis X III. Enfin avantHenri IV,il n’y avoit ni Gendarmes d e là G arde, ni Chevaux-Légers de la G arde, comme je le dirai en traitant de ces deux Compagnies. La seconde railon pourquoy on ne parloit point de la M ai.
La Maison du Roy en 1 667 combattoit encore à la tête des brigades de la Cavalerie Legere.
fon du Roy comme d 'un Corps separé dan? les tro u p es, est que les G ardes du Corps n’éroient prefque point regardez comme un Corps de M ilice, mais feulement comme une fimple G arde dont lefervice étoit borné aux fondions qu’ils exercent encore aujourd’hui à la Cour. Ils n’alloient gueres à l’armée que quand le Roy y alloit , & pour y faire leurs fondions ordinaires,quoiqu’ils com battirent auffi dans l’occaflon.Sous le Roy Loüis X III & au commencement du Regne de Loüis X IV , ce n ’étoient point des hommes d 'élite:c’étoient des gens qui pour la plupart s’enrolloient dans ces Com pa gnies pour être exempts de taille , & joüir des autres privilè ges attachés à cet emploi. Ils achetoient ces places des Capi taines ; & cette vénalité ne fut abfolument abolie qu’en 1664» comme je le dirai dans la fuite. Le même abus étoit dans les autres Corps de la Maison du Roy ; les Capitaines mêmes des Gardes du Corps & les autres Officiers n ’étoient pas toujours des perfonnes qui euffent beaucoup fervi. Enfin la Maison du Roy faifoit fi peu un Corps separé à l’armée comme aujourd’h u i, que même à la guerre de 1667 les Chevaux-Légers de la G arde , les G endarm es, les G a r des du Corps & les Moufquetaires fervoient mêlés parmi la Cavalerie legere. O n les m ettoit encore alors à la tête des brigades de Cavalerie, & ce ne fut qu'en 1671 qu’il fut refolu que toutes ces Compagnies feroient un Corps separé, qui fut appelle la Maison du Roy. Depuis que cette Milice eut été mife en l’état où elle-fut depuis ,ôcque Loüis X IV y eut fait diverfes réform es, q u ’il eut rembourfé ou dédommagé plufîeurs des O fficiers, & qu’il les eut remplacez par des gens d'experience , & d 'une valeur éprouvée , ce furent les meilleures troupes & les p lu s redoutables qu’il y eût dans le m onde: elles & font fîgnalées dans toutes les batailles, & dans toutes les rencontres où elles ont été employées. Le Com bat de Leuze entre autres fut un prodige qui furprit toute l’Europe. Vingt huit Elcadrons commandés par Monfieur le Maréchal de Luxem bourg , 1a plupart de la Maison du Roy,en battirent foixante & quinze des Alliez malgré leur vigoureufe refîftance , & leur prirent quarante Etendarts. Ce haut fait d’Armes fut jugé
T o m . I I . p a g . 115 .
Pl.3.
d'être tranfmis'à la pofterité par une médaille d 'un trèsbon g o û t, où cette défaite est exprimée , & expliquée par cette L egende,V IR T U S E Q U IT U M P R Æ T O R IA N O R U M , c’est-à- d ire , E x p l o it de la v a l e u r d es troupes de la M a u f o n d u Roy. La bravoure des Moufquetaires dans les fameux fieges qui & font faits sous ce Regne , leur vivacité & leur intrépidité dans les attaques & dans les ailauts, où rien ne leur refiftoit, ont auffi beaucoup contribué à la gloire & à la réputation que la Maison du Roy s’acquit alors , & qu’elle conferve encore aujourd’hui. Il en est de même des G endar mes & des Chevaux-Légers de la Garde. Dans l’ufage de l’armée,on n’entend par la Maison du R oy que les Compagnies qui fervent à cheval , c’est à-dire , les G ardes du C o rp s, les G endarm es, les Chevaux- Légers & les M oufquetaires, & la Gendarmerie qui en campagne est cenfée être en quelque façon de la Maison du Roy , pour la raifon que J'ai dit ailleurs ; mais dans les Etats de la France, on y comprend auffi les deux Régiments d 'infanterie de la G arde du R o y , c'est-à-dire le Regiment des Gardes Françoife s, le Regiment des Gardes Sûmes , & la Compagnie des centüuiifes. Je ferai l’Histoire des unes & des autres. Comme je ne traite ici de laMaifon du Roy que par rapport à la Milice Françoife, je ne parlerai point des Gardes de la porte , ni des Archers de la Prévôté de l’H ô te l, parce que ces Compagnies ne font point deftinées aux fervices Mili taires. Les Corps de Milice d e là Maison du R o y , fans y compren dre la G endarm erie, font donc de deux fortes. Les uns font le service à cheval dans les arm ées, les autres le font à pied. Ceux qui le font à cheval font les quatre Compagnies des Gardes du C orps, aufquels depuis quelques années on a joint les Grenadiers à cheval, la Compagnie des Gendarmes, celle des C hevaux-Legers, & les deux Compagnies des Moufquetaires, qui fervent auffi à pied dans les heges, mais qui fervent ordinairem ent achevai en campagne. Ceux qui font le service à pied, f o n t l e Regim ent des Gardes Françoif e s , le Regiment des Gardes SuilTes, & les cent Suifles. J e traiterai dans ce dixiéme Livre de la Cavalerie, & je d ig n e
Combat de Leu z e.
Ce qu'on en tend Aujour d'hui par la Maison du Roy.
Divers Corps dans la M ai son du Roy.
commencerai par les quatreCompagnies desGardes du Corps, Je ferai prem ièrement en peu de m o ts, un expofé de l’état ou elles & trouvoient en iyrj. Secondement je traiterai de leur institution. Troifiémement du rang qu’elles ont entre elles. Q uatrièm em ent du rang qu’elles tiennent avec les autres troupes d e la Maifondu Roy. Cinquièm em ent deschangemens qui s’y font faits depuis leur institution , dont quel ques-uns font particuliers à la Compagnie Ecofloife , & d'au tres communs à toutes les Compagnies. Sixièmement des di vers noms que ceux qui compofent ces Compagnies ont por té en divers tems. Septièmement de leur a rm u re , de leur Bandoulière, de leurs Etendarts.H uitièm em ent de leur difcipline Militaire , & enfin de leurs privilèges. J e fuivraià peu près ce même plan en traitant des autres troupes de Cavalerie de la Maison du Roy. Mais comme leur institution est plus recente , & qu’il s’y est fait moins de changem ens, l’iiiftoire que J'en ferai aura beaucoup moins d'étendue que celle des quatre Compagnies des Gardes du Corps. C H A P IT R E
I.
D e s q u a tre C o m p a g n ie s des G a r d e s d u C o r p s , s o u s le R e g n e d e L o ü i s le G r a n d en
1715.
Omme je borne mon Histoire à la fin duRegne de Loüis le G ra n d , tout ce que je dirai de l ’é tat de la Maison du Roy doit s’entendre principalement du Regne de ce Prince. Les Gardes du Corps font la plus nombreufe troupe de C a valerie de celles qui compofent la Maison du Roy. Chaque Compagnie est de trois cents foixante hom m es. Elles ont chacune leur Capitaine , ce font des. plus grands Seigneurs du Royaume. Ils fervent par quartier. Il y a trois Lieutenans pour chaque Com pagnie, autant d 'Enfeignes, douze Exem pts, autant de Brigadiers, autant de sous-Brigadiers, & fix porte-Etendarts, Il y a un Major & deux Aydes Majors, pour tout le Corps ; quatre autres Aydes-M ajors, un à chaque Compagnie. Chaque Compagnie est divifée en lîx B rigades, les trois Lieutenans de la Compagnie font Chefs des trois premières
C
Brigades félon leur ancienneté : & les trois Enfeignes font Chefs des trois autres. Chaque Brigade a deux E xem pts, deux Brigadiers, deux sous-Brigadiers & un Porte-Etendart. T o u t cela fait un corps de quatorze cents quarante hommes , fans y comprendre les Capitaines, les M ajors, les Aydes-Majors, les Lieutenans, les Enfeignes, les Exempts, qui tousenfemble font le nombre de quatre vingts trois. T e l étoit en 1715 l’état Militaire des Gardes du Corps. Il n ’a pas toujours été le même. Je marquerai les changemena que J'ai pu obferver, qui y font arrivez depuis leur institution.
De l'institution des quatre Compagnies des Cardes du Corps. I L paroît par l’Histoire que la Garde de nos Rois commença
à te groffir sous Loüis X l ; & doit pafTerpour certain, que c’est sous Charles V II que la plus ancienne Compagnie des Gardes du Corps fut inflituée. Les grands fervices que le Comte de Boucan EcofTois fils aîné du D uc d 'Albanie rendit à Charles V II , & fur tout la In stitu tio n vidoire qu’il rem porta auprès de Baugé en Anjou fur l’armée de la Compa d 'Angleterre en 1421,engagèrent ce Prince à lui donner des gnie Ecossoise. marques de sa reconnoifiance. Il le fit Connétable de Fran ce , il inftitua plus de vingt ans après la Compagnie des Gendarmes Ecoflbis.Dansla fuite pour marquer l’eftime qu’il faifoit delà Nation Ecofioife, & combien il avoir de confian ce en elle, il fit choix d 'un nombre d'EcofTois d 'une valeur & d 'une fidelité reconnue , & s’en compofa une Garde. C ’est celle qu’on appelle la Compagnie des Gardes Ecofloifes, & qui tient le premier rang entre les Compagnies des G ardes du Corps. Je vais rapporter ce que les Monumens hiftoriques nous fournifTent touchant cette institution ; & ensuite je par lerai de l’inflitution des trois autres Compagnies. D e l’ins titution de la premiere Compagnie desGardes du Corps, qui est la Compagnie des Gardes Ecossois es. N tre divers Monumens où il est fait mention de rinftmition des Gardes Ecofloifes, J'en choifirai tro is, fur le s quels je ferai mes reflexions.
E
Le premier est: l’Histoire d'Ecofle de Jean L e ilé , Ecossois Evefque de RoiTe, que fe s travaux & fe s perfecutions pour la défenfe de la Religion Catholique en A ngleterre, rendirent celebre dans le feiziéme fiecle, pag. 270. Après avoir parlé de la bataille de Vernetiil dans le Perche, où l’armée de Charles V II fut défaite par les Anglois , & o ù perirent prefque tous les Ecolîois qui étoient à ion service , l ’Auteur ajoute ce qui fuit. » d ' autres Ecossois refolus d 'avoir leur revanche de la » défaite de leurs C om patriotes, passerent la m er, & vin» rent joindre le Roy C harles, étant conduits par R obert * Robertus » Patilloc natif de D ondée *, Ce Capitaine par sa. fâgefîe & Patillocus Dci» par fon courage, rendit Charles m aître de la Gafcognc donenfis. » que les Anglois pofledoient... Ce Prince fut iî fatisfait des Ce que dit » iervices que les EcoiTois lui rendirent dans cette expedL l'Histoire d'E- » tio n , qu’il voulut laiiTer dans sa propre Cour un m onucojfe fu r cette » ment éternel de sa bienveillance envers les EcoiTois : institution. » C’est pourquoi, il choifit u n nombre de S o ld a ts Ecojfois , » p o u r en fo rm e r une Garde qui fe r o it la plus proche de l a » Perfonne du Roy. Ils furent nommez Archers du R o y , » parce qu’ils étoient arm ez d 'arcs & de flèches, tant en » paix qu’en guerre. Cette G arde avoit déjà été inilituée » par Charles V Roy de France : mais elle fut confirmée » & augmentée par Charles V II. Patilloc fut le Capitaine » de cette Garde ; & les EcoiTois s’acquittèrent toujours iî » bien de leur devoir, & avec tant de fidelité & d'exac» titude, que la chofe a fubfifté jufqu’à notre tems. Ce P ré lat a imprimé fon Histoire en 1578. Le fécond M onument est une Rem ontrance intitulée, Remontran P laintes des Gardes Ecojfoifes au Roy Loüis X III en 1612 , ce des Ecofîois où & plaignant de ce qu’on violoit leurs Privilèges, ils font au Roy Loüis une efpece d'Histoire des fervices que les EcoiTois avoient de X III. tout tems rendu à la C ouronne, & racontent à cette octafion Tinftitution de la G arde EcoiToife, tirée de leurs hiftoires. vol. 54. Cette plainte est: à la Bibliothèque du R o y , parmi les Manufcrits de Brienne. Voici ce qui regarde le fujet dont je traite, » Et ( les Rois de France) ne & contentant pas de rem u» nerer les fervices des Grands s mais aïant égard à la valeur
» & fidelité de la N ation Ecolîbife, & pour davantage con» firmer l’alliance , ils ont érigé quelques Compagnies de la « N a tio n , leur donnant de grands Privilèges. Saint Loüis en » Ton voyage du L ev an t, ordonna que vingt-quatre EcolTois » euiTent la G arde de Ton Corps jour & nuit ; lequel hon» neur a demeuré à eux Pefpace de cent quarante années » durant le Regne de huit Rois de France pour le moins. » Charles V accrut le nombre de foixante-feize Archers , » laiilànt aux vingt-quatre premiers les prérogatives par def» fus les autres qui leur font demeurées jufqu’à aujourd’hui » àfçavoir, que ceux de leur nombre affilieront à la MelTe, » Sermon , Vêpres & repas ordinaires du Roy de France , » un à chaque côté de sa chaife , êcque les jours de grandes » Fêtes, & c ........La Compagnie Ecoiîoife a demeu-é la feule » G arde du R oy plus de loixante & dix ans : car ce fut » Charles V II qui érigea la première Compagnie Françoife » des Gardes du C o rp s, comme Loüis X I la seconde, &c » François I la troifiéme : & comme les prérogatives » des vingt-quatre aufquels le premier Gendarme de Fran» ce étan t ajouté par Charles V I I , fait le nombre de vingt» cinq, comme on les appelle encore, les témoignants plus » anciens que le relie de la Compagnie EcolToife, auffi les » Privilèges de toute ladite Compagnie & ies plus lignalées » &. honorables fadions demeurant à elle feule, la témoi» gnent la plus ancienne que les autres trois : à fçavoir la » G arde des clefs du Logis du Roy au foir, la Garde du » chœur de l’E glife, la G arde des bateaux quand le Roy » paffe des rivières, l’honneur de porter la crépine de foye » blanche à leurs A rm es, qui est la couleur Couronnalle » en France , les clefs de toutes les Villes où le Roy fait » fon entrée données à leur Capitaine en quartier ou hors » de quartier ; le Privilège qu’il a étant hors de quartier » aux cerem onies, comme aux Sacres, Mariages & Fune» railles des R o is, Baptêmes & Mariages de leurs Enfans, » de & mettre en c h a rg e , la Robe du Sacre qui lui appar» tient, & que cette Compagnie par la m ort ou changement » de Capitaine ne change jamais de rang, comme font les » autres Compagnies.
Au meme yol. 5 4. des M anuscrits de Brienne.
Lettres de Naturalité données aux Ecossois par Loüis X I I .
* C’est la Compagnie des Gendar mes Ecossois d 'aujourd'bui.
La troifiéme piece font les Lettres de N aturalité pour toute la N ation EcolToife données par le Roy Lotiis X I I au mois de Septembre de l'an 1513. Ce P rince, après y avoir expofé les fërvices que les E c o s s o is rendirent à Charles V II dans la redudion du Royaume à fon obéïftànce, parle ainfi. » Depuis laquelle redudion & pour le service que lui » firent en cette m atière, la grande loyauté & vertu qu’il » trouva en eux, en prit deux cents à la G arde de sa » Perfonne, dont il en fit cent hommes d’Armes & cent Ar» ch ers, où il y en a vingt-quatre qui & nom m ent Archers » du Corps : & font lefdits cent hommes d’Arme s , les cent » Lances de nos anciennes O rdonnances*, & les A rchers » font ceux de notre G ard e, qui encore font près & à l ’en» tour de notre Perfonne : & combien ainfi que notre am é » & féal Confeiller l ’Archevêque de Bourges, Evêque de » M urra, à-prefent Ambaffadeur devers Nous, de notre crès» cher & très amé frere , coufin & allié le Roy d'Ecoiîe » Jacques à-prefent re g n a n t, & notre amé & féal Confeil» er & Chambellan R obert S tuart, Chevalier, Sieur d'Au» bigni, Capitaine de notre G arde Ecofloile, & des cent Lan» ces de nofdites anciennes Ordonnances de ladite N a tio n , » nous aïant rem o n tré , & c .
R eflexions fur ces trois Monumens. A r ces trois extraits il est confiant, I ° que la Compa gnie des Gardes Eeoffoifès a été au plus tard inftituée par Charles V II. 20 Ce qui est énoncé dans la rem ontrance de 1611, que Saint Loüis dans fon expédition d 'E gypte, & fit une Garde de vingt-quatre Ecossois, me paroît avancé fans fondement ; je n’en trouve nul vertige dans notre H iftoire , & il est contredit par l’Evêque de R ollè, qui fixe l’époque du commencement de la G arde Ecoffoife sous C har les V. 3° Il est affez vrai-femblable que ce Prince, à qui effedivement les Ecossois rendirent de grands fervices, m it quelques Ecoftois parmi fès Gardes.-mais je ne croi pas qu’il .en eut fait une Compagnie feparée à laquelle il eût donné un Capitaine Ecossois ; d'autant plus que l’Evêque dans fon Histoire P
Choses avan cées fans fon dement dans l ’Histoire d'Ecosse.
Histoire dic exprelTément que le premier Capitaine de la Garde Ecolfoife fut le General P a tillo c , qui félon lui ne vint en France que sous Charles V II. l i s p r i m u s d u x P a tillo c u s Charles VI I i l l e p r œ fîc ie b a tu r . Enfin Loüis X II dans fes Lettres pour la na- instituteur de la Garde Ecosturalifation des Ecolfois, dit nettem ent que ce fut Charles V II soise. qui créa la Compagnie des Gardes Ecollbiles & la Compagnie des Gendarmes Ecoflois. Il faut donc fixer l’institution de la Compagnie des Gardes Ecolfoifes sous le Regne de ce Prince. D e plus Loüis X II dans fes Lettres, & l’Evêque de Rofie dans fon Histoire nous font connoître alfez diftinctement & à peu près le tems que Charles V II créa la Compagnie Ecofioifè. Car Loüis X II dit que ce fut après que le R oyau me de France eut été réduit à robéïlfance de Charles V II & l ’Evêque de Rolfe que ce fut après la réduction de la G afcogne,que & fit cette création. O r tout le Royaum e, & en particulier la G afcogne, ne furent tout à-fait fournis à Charles V II que l’an 1453. Ce fut donc entre cette année Epoque de & 1461, qui fut la derniere de la vie de ce P rince, qu’il cette inftituinftitua la Compagnie Ecolfoife. Je ne voudrois pas cepen tien. d an t tout-à fait affurer qu’elle n’eût pas été inftituée quel ques années auparavant. Car Loüis X II dans l’extrait des L ettres que je viens de rapporter, femble marquer que la Compagnie des Archers Ecolfois de la Garde fut inftituée en même-tems que la Compagnie des Gendarmes Ecolfois, qui fo n t, d it-il, les Cent Lances de nos anciennes O rdon nances : or les Compagnies d 'Ordonnance furent inftituées dès l’an 1445, auquel rems Charles V II avoit à la vérité reconquis une grande partie de fon Royaume : mais il n ’avoit pas encore chalfé les Anglois ni de la Norm andie ni de la Guyenne. Quoi qu’il en fo it, il paroît toujours certain que ce fut sous fon Regne que la Compagnie d 'O rdonnance des Gendarmes EcolTois, & celle des Archers ou G ardes du Corps Ecollois furent inftituées. Il faut m aintenant chercher l’origine & marquer le tems de l’infticution des trois Compagnies Françoifes.
De l ’institution des trois Compagnies Françoises des Gardes du Corps. E s trois Compagnies Françoifes n ’ont pas été créées en même-tems : mais ce qui est expofé dans la plainte des G ardes Ecossoises de 1611, fçavoir, que Charles V II inftitua la première Compagnie Françoife, n’eftpas véritable, comme on le verra par ce que je vais dire. Loüis XI fils de Charles V II, étant à Puifeaux en 1474 le quatrième de Septembre , & fit une nouvelle G arde de cent Gentils hommes, aujourd hui appeliez lesGentils-hommes au Bec de Corbin: chacun de ces Cent Gentils-hommes de voit T raité de entretenir & avoir à sa fuite deux Archers -, cela faifoit une l ’Origine des deux Compa Garde de trois cents hommes outre la Compagnie Ecoffoife : gnies des Gen mais depuis aïant difpenfé les Cent Gentils-hommes de l’en tils- hommes tretien des Archers par Lettres patentes données à Roüen Ordinaires de la Maison du l’an 1475, il forma de ces deux cents Archers une G arde Roy, p. 4. p. particulière sous les ordres de Loüis de G raville, Seigneur 6. de Montagu. p. 17. p. 7 . En 1477 , il en fit Capitaine H ervé de Chauvé , auquel fucCréation dela ceda M. de Silly, &. puis M. de Cruffol. C ette Compagnie première Com pagnie Fran- de deux cents Archers s’appelloit la petite G arde du Corps fotfe des Gar du R o y , pour la diftinguer de l’autre que l’on appelloit la des du Corps, sous Loüi s X I . Compagnie des cent Lances des Gentils-hommes de l ’H ô tel * C'étoient du R o y , o r d o n n é s p o u r l a g r a n d e G a r d e d e fo n C orps. C ’est les Cent Gen tils-hommes. cette Compagnie de deux cents Archers qui fut la première Compagnie Françoife des Gardes du C o rp s, que François I réduifit à cent comme les autres, par les démembremens qu’il en fit pour form er la troifiéme Com pagnie Françoifè , comme je le dirai dans la fuite. Création de Loüis X I en 1479 1inftitua encore une autre Compagnie la seconde Françoifè d'Archers de la G arde, dont il donna le comman Compagnie Franpoife par dement à Claude de la Chaftre, C ’étoit un G entil-hom m e le même Roy. dont il avoir été m écontent, parce qu’il le voïoit fort a tta ché au parti du D uc de Guyenne fon frere. Il le tint allez long-tems en prifon : mais aïant connu fon merite & sa va leur , & jugeant qu’il pourroit compter fur sa fidelité, il le
L
mit en l i b e r t é & lui confia la G arde de sa Perfonne. Gabriel de la Chaftre fils de ce Seigneur, lui fucceda dans cet employ de Capitaine de cette Com pagnie d 'Archers de la G a rd e , qui étoit encore poffedée par Joachim de la Chaftre fils de Gabriel, à la mort de François I. C ette Compagnie étoit de cent A rc h ers, q u i avec les cent Ecossois, les vingt-quatre Gardes de la manche de la m êm e nation, les deux cents Archers dont le Sieur de Chauvé é to it C apitaine, faifoient alors plus de 4 0 0 Archers. C ’est en effet le nombre que marque Philippes de C om ines, en parlant du féjour que ce Prince faifoit au Pleffis lez Tours fur la fin de fon Regne, fort inquiet & toujours apprehendant qu’on n ’attentât à la vie. » En premier lieu, d ir-il, il n ’entroit » gueres de gens dans le Plelîis du Parc, excepté gens dome» fiiques & les Archers , d o n t i l a v o i t q u a t r e c e n t s , q u i e n b o n L. 6. ch. 7 . » n o m b r e faifoient tous les jours le g u e t, & & promenoient » par la place & gardoient la porte. Cette Compagnie de la Chaftre fut la seconde Françoife. L ’Auteur du livre intitulé l’Etat de la France de 1661, s’est mépris auiîi-bien que fes luccefleurs qui l’ont copié, quand il a écrit que Charles V III fils de Loüis X I , en 1497 créa une nouvelle Compagnie de Gardes Françoifes Archers du C o rp s, dont il fit Capitaine Jacques de Ven Méprise des dôm e Vidame de Chartres. Cette G arde n’étoit point une Auteurs de l“Etut de lu G arde d'Archers du Corps ; mais une seconde Compagnie Trunce. de cent Gentils-hommes, telle que Loüis X I en avoit in- T ra ité de des ftitué une à Puyfeaux l’an 1474. On a vu cy-deffus la Liste l'Origine deux Compa des Capitaines de cette seconde Compagnie de cent G en gnies des Gentils-hommes , dont effectivement Jacques de Vendôme fut tils hommes, & c . p. 22 . le premier Capitaine. Les chofes donc demeurèrent au même état à l’égard des Archers du Corps sous le Regne de Charles V III, qui en 1491 fit Capitaine de la première Compagnie des deux cents A r p. 30. chers François Jacques de Cruffol à la place du Sieur de Silly, qui avoit fuccedé à Chauvé. Loüis X II ne changea rien non plus à cet égard ; il eut quatre cents Archers pour Claude Seysfit Garde en trois Compagnies, une EcoiToife& deux Fran- sel H ist. de Loüis XII. ç o ii e s ) comme fon prédecefleur, mais il y eut du changement
sous le Regne de François I , parce que non feulement ce Prince créa la troilïéme Compagnie des Gardes Françoifes, mais encore fi nous nous en rapportions aux Mémoires du M aréchal de Fleurange, il y eut alors pendant quelque tem s cinq Compagnies de Gardes en y comprenant l’Ecoffoife : Car voici comme il parle : » Après cette G arde des » deux Cents Gentils-hommes, dit-il, vous avez les plus pro« chains de la perfonne du R o y , vingt-cinq Archers EcoiTois « qui s’appellent les Archers du C orps. . . . sous la charge » du fieur d'A ubigni__ Ledit fieur d 'Aubigni est: Capitaine » de tous les Ecossois qui font c en t, fans ces vin g t-cin q .... » Après cesEcoifois vous avez quatre cents Archers François... » & font Chefs defdits quatre cents Archers. Le Capitaine * D e l a Cha- » Gabriel * pour c e n t, M. de Savigni * cent autres, M. de ftre. » Cruilol c en t, & M. N ....... l’autre cent. Il y avoir donc * I l fa u t lire Chavigni. alors, félon ce com pte, cinq Compagnies des G ardes & cinq Capitaines des Gardes. Mais ce Seigneur s’est mépris en m ettant enfembie deux Capitaines des Gardes qui ne le furent Méprife du que l’un après l ’autre ; fçavoir, M. de Chavigni & celui Maréchal de dont il alaiilé le nom en blanc, qui fut Raoul de Vernon Fleurange dans ses Me fieur de Monftreüil-Bouyn. L ’Auteur du T raité de l’Origine mbres. des deux Compagnies des cent Gentils-hommes nous in , ftruit parfaitement là-defius : voici ce qu’il raconte. » Le *1615 selon » vingt-feptiémeM ars 1514, * trois mois après que le R oy la maniéré de compter d'au » François I fut parvenu à la C ouronne, il fit une nouvelle jour d'bui. » Compagnie de foixante Archers pour la Garde de fon » C orps, laquelle il voulut être compofée des trente qu’il P. 32. » av o it avant qu’il fût R o y , de vingt de la bande du fieur Création de la troijiéme » de C rufiol, &: de dix de celle du Sieur de N ançay : defCompagnie » quels foixante Archers il donna la charge à Raoul de Franfofe par » Vernon fieur de Monftreüil-Bouyn ; & après sa mort aveFrançois I. » nue le dernier Septembre 1516 , à Loüis le Roy fieur de » C havigni, lui ajoutant quarante-cinq Archers encore de » la bande dudit fieur de Cruiïbl , pour fairele nombre en» tier de cette Compagnie de cent cinq A rchers, compris T . l p. 1 6 8 . » les membres &. le Trom pette. Le Cérémonial François dans la Relation de l’Entrée de François I à Paris, parle à peu près de la m êm e maniéré fur
ce Jfujet: mais on y a défiguré le nom du Capitaine MonftreüilBouyn, en le changeant en celui de Monftre-Bonny. Voilà donc l’institution de la troifiéme Compagnie Françoife des Gardes du Corps, marquée fort diftinétement sous François Ii comme celles de la première & de la seconde sous Loüis XI. Cette troifiéme fut formée des Archers que François I avoit avant que d 'être R oy, & des démembremens que l’on fit de dix Archers de la Compagnie de Nançay ou de la Chaftre , & principalement de ceux qui furent tirez de la Compagnie de C ruflbl, qui d 'abord étoit de deux c e n ts, & fut mife fur le pied de cent comme les autres, ainfi que le rem arque l’Au teur de l’Origine des deux Cents Gentils-hommes. Depuis il y a toujours eu quatre Capitaines comme aujour d'hui , ainfi qu’on le voit dans la Relation des obfeques du même P rin c e , imprimée à la fin de la vie de Pierre du Chaftel grand Aumônier de France, où les quatre Capitaines des Gardes font nommés ; fçavoir, M. de Lorges Capitaine de la G arde Ecofloife, Meilleurs de N an çay , le Sénéchal d 'Agenois, & Chavigni Capitaines des trois Compagnies Françoiies. Il n’y eut depuis aucun changement pour le nombre des Compagnies & des Capitaines. Le nombre des Capitaines & des Compagnies fut donc fixé à quatre du tems de François I, lelquelles eftoient sous le Regne de ce Prince. i° l’Ecofloife. 2° La première Françoife inïtituée par Loüis X I , & compofée de 200 Archers, dont le Capitaine sous François I étoit M. de Cruflbl. 30 La seconde Françoife inftituée pareillement par Loüis X I, & qui fut commandée depuis par plufieurs Seigneurs de la Chaftre les uns après les autres. 4 0 La troifiéme Françoife inftituée par François I , & compofée des Gardes que ce Prince avoit avant que d 'être Roy , & des détachemens qu’il fit de celle de C ruflol, qui jufques-là avoit été de zoo Archers & d 'un autre déta chement de celle de Nançay Seigneur de la Chaftre. Il donna cette troifiéme Compagnie Françoife & qui étoit la derniers des quatre, à M. de Chavigni-le-Roy.
p.34.
D u Rang que les quatre Compagnies des Gardes tiennent avec les autres troupes de la M aijon du R o y , & entre elles. L ’armée la Maison du Roy a toujours la droite fur toutes les autres troupes & le pofte d'honneur : le ran g que les divers corps qui compofent cette M aison, doivent avoir entre eux, est aulîi réglé. Les Gardes Les Gardes du Corps ont le rang au- delTus de tous les autres, du Corps ont je dirai en un autre endroit quand cette prérogative leur a le premier rang dans la été attribuée. M a son du Pour ce qui est du rang que les Compagnies des G ardes Roy. du Corps gardent entre elles, l’ancienneté de la Com pa La Compa gnie Ecob oife gnie Ecofloife, & l’eftime que nos Rois depuis Charles V a le premier ont eu pour la n a tio n , ont acquis à cette Compagnie la rang dans les prééminence fur toutes les autres, non feulement dans le a Compa gnies. service de la C our,-m ais encore dans les armées. Comme chaque Compagnie des Gardes du Corps forme deux Efcadrons, les deux de la Compagnie Ecolloile ont toujours la droite fur les autres ; & au cas qu’il & falîè des détachemens des diverfes Compagnies , les Officiers de l’Ecoiïoife comm andent ceux des autres Com pagnies, qui leur font égaux pour le rang. Les trois Compagnies Françoifes n’ont point entre elles D 'où les d'autre rang, que celui que leur donne l ’ancienneté de la trois Compa gnies Fran- réception de leur C apitaine; il faut feulement rem arquer, foifes pren- qu’il y en a une des trois qui porte le titre de première & nentleur rang ancienne Compagnie Françoife ; c’est celle dont Monfieur entre elles. le D uc de Villeroy est aujourd’hui Capitaine, & c’est: aulîi celle dont J'ai parlé, qui fut créée par Loüis X I , compolëe de deux cents A rchers, sous les ordres du Seigneur Loüis de Graville, & qui depuis fut réduite à cent Archers comme les autres. J 'ai obfervé qu’en ce te m s là , & encore longtems depuis, c’étoit une coutume établie en France, de m ettre ces fortes de Compagnies aulîi-bien que les Com pa gnies de la Gendarmerie au nombre de cent hommes. Ainli Charles V II compofa sa Garde EcolToife de cent A rchers, fans y comprendre les vingt.quatre Gardes de la M anche, A
qui faifoient alors comme une G arde particulière. AinfiLoüis X I le fît une G arde de cent Gentils-hom m es sous un Ca pitaine. Ainfi Charles V III en ajouta depuis encore cent sous un autre Capitaine. Ainfi Charles V I I , dans le grand chan gement qu’il fît dans la Milice Françoife, réduifîtla Gendar merie à quinze Compagnies de cent hommes d’Armes cha cune sous un C apitaine, &c. Q uoi qu’il en fo it, ce titre de première & ancienne Com pagnie Françoife, ne donne point de préém inence à celle qui le p o rte , au deiTus des deux autres ; & je crois qu’il ne lui en a jamais donné. Il est au moins certain qu’il y a plus de cent ans qu’elle n’en avoit aucune. Cela & prouve par la rem ontrance des Gardes Ecoffoifes en 1612, dont J'ai rap porté l’extrait ci defTus : car il y est dit en termes e x p rès, que la Compagnie Ecoffoife, par la m ort ou changement du C apitaine, ne change jamais de rang , com m e f o n t les a u tre s C o m p a g n ie s. Il est évident par ces dernieres paroles, que dès ce tem s-là, & avant ce tem s-là, les trois Compagnies Françoifes n’avoient point d'autre rang entre elles, que celui qui leur étoit acquis par l'ancienneté de la réception de leurs Capitaines, ainfi qu’il & pratique maintenant.
Des ch angemens qui s e sont faits dans les Compagnies des Gardes du Corps depuis leur institution. Armi ces changem ens , il y en a de communs à toutes les Compagnies, & il y en a de particuliers à la Com pagnie Ecoffoife. Je commencerai par ceux qui regardent en particulier cette Compagnie. & ce qui est expofé dans la rem ontrance des Gardes Ecoffoifes en 1612 étoit vrai ; que f a i n t L o ü is en fo n v o y a g e d u
P
L e v a n t o rd o n n a que v in g t- q u a tr e Eco f o i s e u fle n t la G a rd e de f o n Corps ; fi ce que dit encore Jean Leflé Evêque de Roffe
dans fon Histoire d'Ecoffe,étoit pareillement certain, fçavoir que ce fut Charles V qui inftitua la G arde Ecoffoife, & qu’elle fut feulement augmentée par Charles V I I , cette augmen tation feroit le premier changement remarquable qui fût ar rivé dans cette Compagnie ; mais J'ai dit que le premier fais
est fans fondem ent, quoiqu’il fo ie rapporté par quelques A u teurs Ecoflois ,* que le fécond a de la vrai-femblance fans certitu d e , & qu’il parole plus raifonnable de s’en tenir au tém oignage de Loüis X II que J'ai ra p p o rté , où il attribue à Charles V II, tant l’institution des vingt-quatre G entils-hom mes d elà Manche,que celle de toute la Compagnie Ecoflôife. Selon la remontrance des Ecollois, ce fut le même Charles V II, qui aux vingt-quatre Gardes de la Manche en ajouta un vingt-cinquième avec le titrede Prem ier Gendarm e ou De l’Homme Homme d’Armes de France. d 'Armes dans Ce titre de Prem ier Hom m e d’Armes de France est fort la Compagnie lingulier. La plainte ou remontrance des Gardes Ecoffoifes Eccfoife. afTurant que ce fut Charles V II qui créa cette C harge, & qu’il ajouta ce Prem ier Hom m e d’Armes de France aux vingt-quatre, qu’on appelle aujourd’hui Gardes de la M an che , ne nous dit point fur quoi ce titre étoit fo n d é , ni quel les étoient les fondions de cet Officier , ni quel fut le m otif du Roy Charles V II en l’incorporant dans cette troupe des Gardes Ecofloifes. N otre Histoire ne nous en inftruit point non plus. Voici ce que je puis conjecturer là-deftus. Charles V II, dans la réforme qu’il fit de la Milice Françoifè, fut l’inftitureur des quinze Compagnies d'H om m es d’Armes appellées les Compagnies d 'O rdonnance ; & parmi ces Compagnies celle des Gendarmes Ecoftbis eut le premier rang ; & elle l’a encore dans la G endarm erie. Il y avoit dans chaque Compagnie d 'Ordonnance un Gendarm e qui portoit le titre de Premier Hom m e d’Armes. C ’est ce que nous ap~ prendMonfieur deM ontgommeri deCorbofon dans fonT raité de l’O rdre de la Cavalerie Françoife. L e p r e m ie r G e n d a r m e , dit-il , cjui est com m e L’u n des m em bres de l a C o m p a g n ie : & plus p. 1 3 5 . bas: L e p r e m ie r G en d a rm e d o it ê tre to u jo u r s a u p re m ier r a n g . p. 1 3 6. Le Roy Charles V II voulut en avoir aulfi un dans sa Compagnie d'A rchers, pour com m ander sous le Capitaine les vingt-quatre autres appeliez aujourd’hui Gardes de la Manche : car il est certain que ces vingt-quatre é to ie n t, pour ainfi d ire, de la G arde immediate de la Perfonne du R oy , & qu’ils portoient f e a l s , comme je le dirai bien t ô t , le titre d'Archers du Corps. Il tira cette efpece d 'Officier de 1a
* David Chambre dans fon Histoire abré gée des Rois de France , d 'A ngleterre, & d 'Ècosse. * Honfton dans l’Ecoffe Françoife.
la Compagnie des Gendarmes EcoiTois, lui conferva Ton titre d 'Homme d’Armes; & comme la Compagnie des Gendarmes EcoiTois étoit la première de la G endarm erie, & qu’il ap procha ce Gendarme de sa Perfonne pour lui donner le commandement fur les vingt-quatre qui faiioient sa princi pale G a rd e , il l’honora du titre de Prem ier Gendarme de France. C’est là ce qui me paroît de plus vrai-femblable fur ce fujet. D epuis long-tems cette Charge de Premier H om m e d'Armes de France effc un titre fans fonction ; & J'apprends de celui même qui le porte actuellem ent, * qu’il n ’eil plus * M . du M esnil. dans le Corps & qu’il n’a que les appointemens de cette T itre de Pre mier Homme Charge fans exercice. d ’A rm es a u Mais le plus grand changement qui & foit fait dans la jo u rd 'h u i fans Compagnie EcolToifej c’elt qu’elle n’elt plus Ecoffoife que exercice. Compa de n o m , & que depuis très-long-tems les Charges & les g nieL a Ecoffoife places de Gardes ne le donnent qu’à des François. Ce chan n’est plus Ecofn gement ne s’elt fait que peu à peu ; il commença dès le foife que de nom. tems de François I , sous lequel Jacques de L orge, Comte de M ontgom m ery, fut Capitaine de la Compagnie EcolTois e Gabriel de L orge, Comte de M ontgom m ery, fils de Jac ques,fut auffi Capitaine de la même Compagnie sous H enri II. Cependant les Gardes EcolToifes ne trouvèrent pas fort mau* vais que cette Charge eût été donnée à ces deux Seigneurs, parce qu’ils les regardoient comme EcoiTois d 'origine, d'au tan t que les Montgommery & prétendoient delcendus des Comtes d'E gland, Maison d'EcolîeM ais, difent les Gardes Ecollbifes dans la remontrance de 1612, que J'ai déjà plufieurs fois citée : « depuis que le Com» te ( Gabriel) de M ontgom m ery, qui a été le dernier Ca» pitaine d'extradion EcolToife de cette Com pagnie, a été » dépollèdé par la mort de H enri II *, on a pourvu des * Ce fu t et Comte qui blef» François à cette Charge qui ont ouvert la porte aux sa par malheur » autres qu’EcolTois, d'avoir des places dans cette Henri II, dans » Compagnie, encore que par plufieurs années après leur le tournois de la place des ; » admiflion ils n’aïenr exercé leurs C harges, lefquels ont fi Tournellfs. » bien multiplié qu’à cette heure ils tiennent les deux tiers » des places de ladite C o m p ag n ie ; & parm i icelles plufieurs
Cérémonial T ran f i is.
» places d 'h o n n e u r, comme de Premier G endarm e de Fran» c e , des Exempts extraordinaires, du M aréchal des Logis. « Le Privilège des clefs, la Garde du chœ ur de l ’E glife, »; le rang de la Compagnie aux ceremonies ont été rognez » & pervertis contre la coutume de cette Compagnie. Enfin » to u t moyen efi ôté dorénavant aux EcolTois d 'y entrer , » o u à ceux qui y fo n t, d 'être avancez, fi ce n’est à force » d 'argent. La Lieutenance, Enfeigne, places d'Exempts & » Archers & vendent contre les O rdonnances, depuis quatre ,s ou cinq ans en ç à , &c. Il paroît par cet extrait que ce fut principalement sous les Regnes de François I I , de Charles I X , de H enri I I I , & de Henri IV , qu’il y eut beaucoup de changement dans la Com pagnie Ecoffoife. O n voit en effet par TH iftoire, qu’en 1567, c’efi-à-dire , dans les premières années du Regne de C har les IX , le Capitaine n’étoit ni Ecofiois ni originaire d'Ecoffe s car alors c’étoit M oniteur de Loffe , Gentil-hom m e F ran çois. Dans quelques Manufcrits qu’on m’a communiquez là-defilis, on cite un rôle des Gardes Ecoffoifes de cette année 1567, où ce Gentil-homme efi nommé avec la qualité de Capitaine :mais la plupart des Gardes étoient encore EcolTois. Selon le rôle de 1599 & félon la relation du Sacre de H enri IV , c’étoit Moniteur de Chateauvieux qui étoit alors Capitaine de cette Compagnie : mais le Lieutenant &c la plupart des Gardes étoient Ecofiois. Ainfi depuis le Comte deM ontgom m ery sous H enri II, il n’y a plus eu de Capitaine n atif ni originaire d'Ecofie. Il efi: pareillement confiant qu’en 1612 il y avoir encore plufieurs Officiers & Gardes Ecofiois, puifquec’est en leur nom que & fit alors la rem ontrance. Cette remontrance avoit été précédée de quelques négo ciations au fujet tant de la Compagnie de la G arde Ecofioife., que de celle des Gendarmes Ecofiois. Parm i les additions au Mémoire du Sieur de Caftelnau-Mauvifliere, Ambaffadeur en Ecoffe du tems de H enri I I I , on trouve une L ettre de ce Seigneur écrite à Marie Stuart Reine d'Ecofie, datée dii 20 de Mai 1584, où il lui parle en ces termes : » Le Roy » votre fils demande conléil au Roy Ton bon oncle de ce ,» qu’il a à faire : que la Compagnie des Gendarm es Ecofiois
« foie remife & envoyée en Ecoffe pour quatre ans, qu’il n ’y « ait point de F r a n ç o is a u x G a rd es H c o jfo ife s , & q u 'u n C a » f i t a in e de l a N a tio n y c o m m a n d e c o m m e a n c ie n n e m e n t.
La plainte des Ecolïois dit encore : « que les remontrances » des Ambafïadeurs d'Ecofïe, tant ordinaires qu’extraordi« naires,font intervenues envers les Rois de France pour la « confervation de la Compagnie EcolToife , & les Ecolïois ne prefenterent leur Requête au commencement du Regne de Loüis X I I I , qu’après que le Roy de la grande Bre tagne eut commandé à fon AmbalTadeur relidant en France, d 'interceder envers leurs Majeftez à ce que leurs plaintes fuffènt oüies & jullice leur fût rendue. Mais toutes ces inflances n’eurent pas grand efFet jufqu’au tems de H enri I V , & elles n’en eurent aucun même alors en ce qui regardoit la Charge de Capitaine des Gardes de la Compagnie EcofToife. Les chofes apparemment auroient été remifes fur l’ancien pied à cet égard, fi François II, qui avoit époufé Marie Stuart Reine d'Ecolïè, eût vecmmais la m ort précipitée de ce Prince, le retour de la Reine d'EcolTe dans fes E ta ts , & les malheurs qui lui arriv èren t, furent caufe qu’on ne donna pas beaucoup d 'attention à cette affaire. D e plus dans la fuite l’Herefie qui s’empara de l’Ecolfe, & qui mit les efprits des gens du pais dans une difpolition toute contraire à celle où ils étoient de puis tan t de liecles à l’égard des François, indifpofaréci proquem ent la Cour de France envers l’Ecoffej & l’on ne crut pas la Perfonne de nos Rois, qui étoient hautem ent dé clarés contre les nouvelles erreurs, alïèz en fureté entre les mains de gens qui en étoient infectez, ou qui pouvoient avoir liaifon avec ceux qui l’étoient. C ’est pourquoy à la place des Ecolïois qui mouroient ou qui & retiroient, on fubftituoit des François Catholiques aufquels il étoit plus naturel de & fier. Il faut encore ajoûter que les trois Royaumes aïant été réiinis dans la perfonne de Jaques I , à qui l’on donna le titre de Roy de la grande Bretagne, les intérêts des Ecossois étoient devenus communs avec ceux des Anglois. O r comme l ’Angleterre étoit de tems en tems en guerre avec la France, l’EcolTe devenoit auffi ennemie de ce Royaume ; au lieu qu’au-
Negociatio» pour fa ire re mettre IfiCom* pagnie ’Ecofjfoife fu r l ’an cien pied.
R aisons qui rendirent ces n egociations inutiles.
P. 4 4 .
* Charles I X & Henri III.
* Ce dernier
article n’est plus en usage.
* l e Roy re gla en 1665 que les clefs des villes se-
trefois, avant la réiinion des trois Couronnes, c’étoit un interet efïentiel pour la France & pour l’EcofTe d 'être alliées entre e lles, & de se témoigner une confiance réciproque. Cependant H enri IV après là paix de Vervins, & après avoir réglé fon Etat & sa Maison, eut beaucoup de confîderation pour la Compagnie EcofToife. C ’est ce que nous appre nons par Honfton Gentil-homm e EcofTois, qui avoir été dixneuf ans Officier dans cette C om pagnie} car voici comme il parle dans un Livre intitulé , l'E co jje F r a n ç o ife , imprimé en 1607 , & dédié à H enri Prince de Galles R is aîné du R oy Jacques. Ce H enri m ourut jeune, & laifîàleT h rô n eà Charles I fon cadet, qui portoit alors le titre de D uc d'Y ork, & ne prit celui de Prince de Galles qu’en 1615 : V o ic i, dis-je , comme parle cet Officier dans fon Livre intitulé J ' E cojfe F r a n ç o is e ’ » Cet invincible R oy H enri IV à-prefent regnant, leur » donne ( aux Gardes ÉcofToifes) des avantages, lefquels ils n’avoient jamais reçus du tems de fes devanciers, * & sa » juflice ne permet pas que l’ordre en foit altéré ni enfreint. js Ainfi l’on v o it! 0 que le Capitaine des Gardes EcofToifes » porte toujours le nom & titre de Prem ier Capitaine des » Gardes du Corps des Rois de France . . . . c e qui a toujours » été obfervé depuis l’institution des autres Compagnies » Françoifes. » I I 0 Le Capitaine des Gardes EcofToifes commence toû» jours l’année, & Cert le premier quartier ; & fî d'aventure » ledit Capitaine & trouve en C o u r, lorfque quelque cere» monie furvient, il peut prendre le bâton & & m ettre en » fon ra n g , encore qu’il ne foit point en quartier.* » I I I 0 Et au Sacre des Rois le dit Capitaine & tient le plus » près de la Perfonne, en fon rang & place ; & la ceremonie » parachevée , la robe lui appartient : & cela mefme, encore » que ce ne foit durant fon q u artier, ce qui s’est toujours ob» f e r v é jufques à-prefent. » IV 0 Le Roy faifant fon entrée en quelque ville de fon » R oyaum e. . . . les clefs de ladite ville étant prefentées à Sa »; Majeflé , font baillées puis après de la main du Roy au Ca» pitaine defdites Gardes EcofToifes, & en fon abfence à fon » L ieutenant, Enfeigneou Exempt ; * nonobflant que ladite
«entrée des villes ad vienne au tems que les autres Capitaines raient d'abord mifes entre les m foient en quartier. m ains du C a » V° Ladite Compagnie étant compofée de Cent Gentils. pitaine enbien « hommes ou Soldats lîgnalez de la N atio n , il y en a vingt- quartier, entendu qu’il cinq d'iceux appointez , portans des hoquetons blancs cou- les remettrait aujfi-tôt entre » verts de papillotes d'argent, defquels en fervent lix tous les les mains des » quartiers de l’année, * les plus près de la Perlonne du Roy, Ecossois. * I l n’y en a » tan t aux Sacres,Eglifes, Ceremonies, Réception des Ambafplus mainte » fadeurs, qu’aux Entrées de ville, avec le Prem ier H om m e nant que dense » d’Armes de France , qui fait le nombre complet defdits par quartier i si l’un des » vingt-cinq. Ce qui n’est point és autres Compagnies ; & & deux & trouve » aux enterremens des R o is, lefdits Archers du nom bre de indifpofé, c’est le plus ancien » vingt-cinq s’y trouvans to u s, portent le cercueil là où est le Garde de » corps depuis la ville de Paris jufqu a Saint Denis & même ceux de la » jufqu’au tombeau,fans qu’il foit permis à d 'autre d 'y toucher. Compagniesqui « V I° Et pour une marque de fidelité approuvée de longue focojfoife n t fu r ie guet » m ain, les EcolTois qui font en quartier reçoivent les clefs de qui prend le hoqueton & » la Maison du Roy , ou du logis où il fera ; des mains des fa it lejervice. » Archers de la porte à fept heures du foir,* fiiifans fentinelle * C ’ect ac » toute la nuit julques à fix heures du m atin ; & alors retirais tuellement fix heures du » lefdites clefs des mains duCapitaine en c h e f ... les rendent foir. » aux Archers de la porte , fans qu’aucun des Gardes Fran» çoifes doive toucher lefdites clefs durant ledit tems. * On les mêle V I I 0 Le Roy étant à PEglife, les EcolTois gardent le choeur,* à-prefent avee ta n t aux Entrées , que près de la Perfonne du Roy. ceux des a u Compa » * V IIIüEt là oùileftqueftion que SaMajefté pafiepar eau, tres gnies. ils fo n t » ou traverfè quelque riviere par batteau ou barque ; lefdites les premiers , » GardesEcofibifcs & m ettent devant & gardent le vailîeau & les autres de fuite , mais » appointé expreffément pour la Perfonne du Roy. Et Sa c’est la Briga » Majefté y étant dedans, il y en a deux d'iceux Gardes Ecof- dier de la Compagn e E » f o i f e s auprès de sa Perfonne,fans qu’il y ait aucun des autres ccffoife à qui » G ardes du C o rps, que les Ecolïois pour le fait de service. on confie la » I X 0 Les quartiers venans à changer durant toute l’an- clef. *Referai ail » née , lefdites Gardes EcolToifes commencent toujours à en- leurs une re » treren garde l e prem ier jour du quartier , encore qu’ils au- marque fier cet artiste. » roient été de garde pour tel fait de service. » X ° Et lorfqu’il e f i quellion de loger le s quatre Com» pagnies des Gardes du Corps du R o y , les EcolTois ont le
« premier choix des lo g is, fuivant le départem ent du Four» rier que leur Capitaine auroit appointé pour cet e ffe t, foit» il aux ch am p s, ou à la ville ; & étan t contraints par prefîe » ou autrem ent de loger enfem ble, ils ont aufîi le prem ier » choix du lieu & des commoditez particulières. * Aujourd'hui » X I°E tafin que le Capitaine fqache par effaien quoy les un nouveau » Ecossois qui & prefentent à l u i , font capables de fervir le Garde même reçu n e fi j a » R o y , il en met quelques-uns en lieu de service appelle le mais mis au » G u e t, * lefquels reconnus parle tems & l’experience , font g u e t, mais dans le quar » pourvus par ledit Capitaine aux places vacantes, fuivant là tier four l'é » volonté & le jugement qu’il en fait , le tout à la charge qu’ils prouver. » a ie n t, fuivant la première institution , certificat de leur Je fera i ail leurs une re » R o y , en leur faveur , faifant foy & démonftration de leur marque fu r cet » qualité, mœurs & prud’hommie. article. » X l l 0 Les G ardes Ecoffoifes du Corps des Rois de F rance » portent fur leurs armes en ligne d'honneur & mémoire per» petuelle de l’alliance des deux R oyaum es, la frange & crê» pine d 'argent & foye blanche , qui reprefentent le blafon » Royal & marque de l’Etat. Et les autres Compagnies Fran» çoifes portent fur leurs armes diverfes couleurs de livrée , » fuivant la volonté particulière du Roy. » Le Seigneur d 'Aubigni M aréchal de France, parmi beaup.52 » coup d 'autres Charges aufquelles les Rois de France le vou» lurent appeller, eut commandement fur les cent Ecossois de » la G arde du Corps environ l’an 1537. P. 57. » ......... Ce G rand R o y , * qui ne & lafle jamais de bien * H enri I V . » faire . . . ne peut arrêter la volonté qu’il a de nous donner » fon affedion qui & témoigne véritablement favorable en » tout ce qui nous regarde, 8cc. Après to u t, quelque affedion qu’H enri IV eût pour les Ecossois, il ne remit point de Capitaine Ecossois à la tête de la Com pagnie, & il n’a jamais été remis depuis. Le Lieute nant ( car alors il n’y en avoit qu’un dans chaque Compagnie) fut un Ecossois encore pendant affez long-tem s, comme la plainte des Ecossois du tems de Loüis X III le fuppofe. Mais en 1656 je trouve qu’il & fit un changement à cet égard. Le R oy Loüis X IV par uneDeclaration du prem ier de Juin don née à Com piegne, déclaré, veut & entend , que déformais il
y ait deux Lieutenans dans ladite Compagnie , que l’un foie Ecoflois originaire ou de race , & l ’autre François : qu’il foie L ’eutenant en permis au Sieur de Lavenage Lieutenant Ecoflois de garder doublé 165 6 dans la moitié de faC harge, & de donner sa démiffion pour l’autre, la Compagnie enfemble des gages , penfions & droits y appartenans , que Ecofloife. 7 . Vol. des ces Charges foient déformais exercées alternativem ent & par Regiftres du fix femaines, que l’Ecoflois ferve les fix premières femaines,& Secrétariat de la Maison du le François les fix autres. Roy. Ce changement fu t fuivi d 'un a u tre , & c e fut apparem m ent après la m ort ou la démiffion entière du Sieur de Lavenage , c’est que les deux Lieutenans furent tous deux F ran çois ; de maniéré cependant que l’un des deux portoit encore le titre de Lieutenant François, & l’autre le titre de L ieute Lieutenant Franpois por nant Ecoflois. Le François étoit le Sieur de Pierre - Pont , & ta n t le nom de l’autre portant le titre de Lieutenant Ecoflois, étoit le Sieur Lieutenant de Rom ecourt : mais depuis plufieurs années ce titre même a Ecoflois. E tat de la cefle. Tous les Officiers font François, & parmi les Gardes il France de n ’y en a plus auffi d 'Ecoflois de nation. Un Officier de la 1 6 6 3. Compagnie Ecofloife qui y a été long-tems & qui la connoîc parfaitem ent,m ’a dit que le dernier Ecoflois qu’on y ait v u , étoit un G entil-hom m e nommé Céton qui y est m ort depuis bien des an n ées, & dont l’oncle avoit été autrefois Lieute * I 1 est nommé nant , & je trouve qu’il l’étoit encore en 1660. * Ainfi cette dans les paye Compagnie n’est plus aujourd’hui Ecofloife que de nom. O n ments de cette y obferve cependant encore unufage comme pour conferver année 1 6 6 0 , à la Chambre lefouvenir de ce qu’elle a été autrefois : c’est qu’à l’appel du des Comptes. guet, les Gardes de la Compagnie Ecofloife répondent en A l’appel Ecoflois h a m i r , c’est un m ot corrompu & abrégé de h h a y h a - du guet on ré pond encore en m i e r , qu’ils répondoient autrefois, & qui veut dire, m e 'v o ilà . Ecoflois.
Des changemens qui se sont faits dans les quatre Compa gnies des Gardes du Corps & qui leurfont communs. E premier changem ent remarquable qui regarde tout le Corps en g en eral, & que J'ai déjà marqué, est le nombre des Compagnies. Il n ’y en avoit que trois jufqu’au Regne de François I , une Ecofloife & deux Françoifes ; ce Prince L
Toutes les Compagnies réduites à
cent hommes.
E ta t de la France de 1 6 63.
D iverses aug mentations des Gardes du Corps.
en créa une quatrièm e de Ja maniéré que je l’ai expofé en parlant de l’institution des Compagnies des Gardes. Le fécond changement confïderable concerne le nom bre des Gardes dans chaque Compagnie. Sous François I la Com pagnie Ecoiïoife étoit de cent hommes, fans y com prendre les vingt-quatre qu’on nomme aujourd’hui Gardes de la M an che & l’Homme d’Armes. Depuis cette Compagnie fut ré duite comme les autres à c e n t, y compris les Gardes de la Manche. Les autres prédecedèurs du R oy Loüis le G rand n ’augmenterent point ce n o m b re, & même sous le Regne de ce Prince les Compagnies des Gardes furent long-tems fur le même pied, & quelquefois au-defTous. L ’E tat de la France de 16 6 1 en fait le détail. C ’étoit encore la même chofe en 1663. C h a cu n e des C o m p a g n ie s , dit encore le même Auteur sous cette année, est com pofée de cent hommes sous unCapitaine, un Lieutenant & un Enfeigne. Il devoit rem arquer qu’il y avoit deilors deux Lieutenans dans la Compagnie Ecoffoife. Il parcîtque dés ce tems-là ou un peu après , le Roy Loüis X IV projetta de faire du changement dans ce Corps : car l’an 1664 au mois d 'O étobre, dans une revue de Gardes du C o rp s, il fit palier devant lui tous les vieux Gardes à pied l’un après l’autre pour les examiner & les mieux co nnoître; & il faut que l’annéefuivante, c’est-à-dire en 1665 , ce Corps fut fur un tout autre pied qu’auparavant pour le n o m b re, puifque le Roy fur la fin du mois d 'Oétobre fît un d étache ment de trois cents de fes Gardes avec quatre cents de fes M oufquetaires, pour aller au fecours des Hollandois contre l’Evêque de Munfler. Avant la campagne de 1667 il avoit fait des changemens d 'Officiers dans ce Corps & dans les autres troupes de Sa M aF fon. Cette même année, félon les nouvelles imprimées de ce tems-là ,il fit faire dans le parc de S. Germain l’exercice de deux Compagnies des Gardes du Corps qui compofoient huit efeadrons ; lefquels fans doute n’étoient pas auffi gros qu’ils ont coutume d 'être : mais cela montre au moins que les quatre Compagnies étoient déjà beaucoup augmentées. Selon les mêmes Mémoires en 1674, dans une revue que te
le Roy fît d e là Compagnie Ecoffoife de M. le Duc de N oaille s, & de celle de M. le D uc de D u ra s, l’une & l’autre étoient chacune de plus de trois cents M aîtres , & le mois fuivant dans une autre revûë les quatre Compagnies & trouvant chacune de plus de trois cents foixante M aîtres , le Roy les réduifît à trois cents tous Gentils-hommes ou Officiers, & ceux qui furent réformez paiïerent dans d'autres Corps. En 1676, les quatre Compagnies furent plus nom breufes qu’elles n ’a voient jamais été : car elles faifoient enfemble feize cents chevaux, c’est-à.dire, qu’elles étoient chacune de quatre cents hommes ; & enfin en 1690, dans la revûë qui & fît le quatrième de Mars auprès de Compiegne , elles & trouvèrent de feize cents quatre-vingt huit hommes ; elles furent réduites depuis à quatorze cents quarante, c’est-à-dire, chacune à trois cents foixante hommes, & c’est l’état où elles & trou voient à la m ort d e Loüis le Grand. J 'ai fait diverfes perquifîtions pour pouvoir marquer exacte ment lesEpoques de ces diverfes augmentations dans lesGardes d u Corps,& le tems précifément où elles ont été faites J 'ai confulté fur cela les Rôles de la Cour desAydes & lesRegiflres de la C ham bre des Com ptes, où font contenus les payemens des G ardes: mais je n ’en ai pu rien conclure pour ce que je cherchois, c’est à-d ire, pour les Epoques précifes de ces augmen tations. T out ce qui m’a paru de certain , c’est qu’il ne s’est point fait d'augmentation confiderable dans les Gardes avant 1 6 6 4 ,& que ce n’est que depuis cette année qu’il s’en est fait en divers tems. Je trouve un troifîéme changement dans les Gardes du Cadets dans C orps, qui fê fît encore vers ce tem s-là, c’est: à -d ire, en 1 6 6 6 , les Gardes du ou un peu auparavant, c’est l’institution des C ad ets, jeunes Corps. gens de qualité,qui furent diftribuez dans les quatre Com pa gnies ; cela & prouve par un Mémoire manufcrit que le Roy fît pour la difcipline de fes Gardes du Corps. Il est daté de S. Germain en Laye 30 de Decembre de l’an 1666 : voici l’arti cle où il est fait m ention des Cadets. » Que les Cadets qui fervent fanspaye faflèntle service aufîî » regulierement que ceux qui la reço iv en t, & lorfqu’ils man» q u e ro n t, qu’ils foient punis , to u t ainiî que ceux qui font
D evise des Etendarts thangée. V énalité des places de Gar des abolie-
Art. 260.
« couchez fur le R ô le defdits comptes. Il y avoit auffi dehors des Cadets qui recevoient la foîde , J'en ai vu. dix de marquez à trente livres par mois dans la Com pagnie Ecolfoife, fur les comptes de cette année 1 6 6 6 , à la Cham bre des Comptes de Paris. D ans l’E tat de la France de 1 6 7 4 , je trouve de ces Cadets nommez au nombre de plus de cinquante , J'en trouve encore dans l’Etat de 1 6 7 6 , mais en plus petit nom bre, & quelques-uns avec la qualité de G ar des ordinaires, exemts neanmoins de faire le guet & la garde. O n ne voit plus dans l’Etat de 1 6 7 8 , de Cadets ni deces G ar des ordinaires exemts de guet & de g a rd e , ainfi cet ulàge de Cadets n’a d u ré que quelques années. Il a été rétabli depuis la Regence. Quatrièm em ent jufqu’en 1671, les Gardes de la M anche avoient porté fur leur hoqueton devant & derrière, la devife de Loüis X III : c’étoit une malfuë d 'Hercule avec ces paroles à l’e n to u r, E r ith œ c q u o q u ê c o g n ita m o n firis. Mais alors le Roy y fit fubilituer sa devife, fçavoir un Soleil éclairant le monde avec cette ame , N e c p lu r ib u s im p a r . Cinquièmement l’abolition de la vénalité des places de G ardes, & même des Charges des Officiers fubalternes des quatre Com pagnies, efi: un point de réform e qui ne doit poinc être ici omis. Rien n ’est plus contre l’ordre que de donner à prix d'argent & au plus offrant, des Emplois qui regardent de fi près la conférvation de la Perfonne facrée de nos Rois, & qui par cette raifon ne doivent être confiez qu’à des gens d 'une valeur & d ' une fidelité à toute épreuve. C ’est un abus qui de tout tems a été blâmé en France , & l’on voit là-defius dans les Etats de Blois de l’an 1576 , un Rè glement exprès conçu en ces termes. » Semblablement avons défendu aux Capitaines de nos » Gardes de recevoir aux états d 'Archers de leursCompagnies » aucuns quine foient Gentils-hommes, Capitaines oufoldats » fignalez, & fa n s que le fd its é ta ts p u i f f e n t être v e n d u s d ir e ïïe m e n t ou in d ir e c te m e n t. Les Etats de ifjiy firent encore une rem ontrance fur ce fujet , & par le douzième article de l ’Edit de 1 6 1 6 , défenfe fut faite de vendre déformais les Charges de la Maison du Roy.
Nonobflant ces Reglem ensqui furent faits sous les Regnes de H enri III & de Loüis X III , le m êm e abus avoit prévalu non feulement pour les places des fîmples G a rd e s, mais en core pour lesCharges des Officiers m êmes que les Capitaines vendoient , le Roy Loüis X IV l’abolit entièrem ent par le Reglem ent qu’il fit dés l’an 1664 : en voici la teneur. Reglement » Le Roy aïant confideré l’importance de la fonction de sur ce sujet. « L ieutenans, Enfeignes , Exemts & places d 'ArcKers des » quatre Compagnies des Gardes de fon C o rp s, & voulant » pour les remplir,faire choix de ceux qui pendant les dernie» res guerres ont donné des preuves de leur courage ôcde leur » expérience au fait des arm es, dont la fidelité lui foit con« n u ë , & auffi par ce moïen les recompenfer de leurs fervices, » & pour cet effet aïant refolu de retirer à foyladifpofition » defdites Charges & places qui avoient été laiffées par le » paffé aux Capitaines , Sa Majeflé a ordonné & ordonne » que les L ieutenans, Enfeignes , Exemts , Archers & petits » Officiers des quatre Compagnies des Gardes de fon Corps » rapporteront prefentement à Sa Majefté lesProvifions qu’ils » ont de leurs Capitaines, au lieu desquelles il leur en fera » délivré d'autres lignées de Sa M ajefté, & contre lignées par » le Secrétaire de fes Commandemens aïant le départem ent » de sa M aison, & qu’à l’avenir vacation avenant defdites » Charges & places d'A rchers, il y fera pourvu par Sa M a» jeflé,ainfi qu’il lui plaira5Ôc pour dédommager lefdits quatre Dédommage » Capitaines de l’avantage qu’ils auroient de difpofer defdites ment des C a» Charges & places,& d 'y pourvoir,Sa Majefté leur a accordé p itaines. » & accorde à chacun d 'eux la fomme de quatre mille livres par » an d'augmentation de gages & appointem ens, fuivant les » Lettres Patentes qui leur en feront expédiées ; m oïennant » quoy Sa Majefté veut qu’ils & foumettent au prefent R egle» ment. Fait à Vincennes le dernier jour deSeptembre mil fix 33cents foixante ôcquatreSignéLoüis,ôcplus bas deGuenegaud. J 'ai mis ici tout du long ce Reglement,parce qu’il n’a point été imprimé non plus que quelques-autres dont J'ai déjà fait ou dont je ferai mention dansla fuite. O n a tenu la main juf. q u ’à-prefent à l’obfervation d 'un fl fage Reglement, & l’on en a vu les bons effets pour le service.
Q uant aux autres changemens qui concernent les Officiers des Gardes du C o rp s, outre celui dont J'ai déjà parlé , par lequel leRoy en divers tems rembourfa, ou dédommagea plufieurs Officiers de ce Corps,pour leur fubftituer des perfonnesexperimentées dans le m étier de la g u erre; je trouve i° , que de tout tems il y a eu dans chaque Compagnie des G a rd es,. un Capitaine, un Lieutenant & un Enfeigne. Cela & voit par nos Hiftoires & par les Rôles qui font à la Cour des Aydes. 20 , Je trouve que dans le R ôle de 1598 , qui est le plus an cien qu’on ait pû me m ontrer à la Cour des Aydes , il n’y avoit encore qu’un C apitaine, un L ieutenant, un Enfeigne , un Maréchal des L ogis, sous le Regne de H enri IV ; dans ce lui de 1599 il y a trois M aréchaux des L ogis, dans les fuivans jufqu’en 1664 , il n’y a non plus qu’un Capitaine, un L ieute nant & un Enfeigne, excepté toujours la Compagnie Ecoffoife,oùil y avoit deux Lieutenansdès cette année-là. 30 , L ’augmentation des Lieutenans & fît auffi depuis dans les autres Com pagnies, 6cce fut au mois d 'Avril de l’an 1667, que & fit le doublement des Lieutenans -, depuis ce tems-là , Doublement il y eut neuf Lieutenans des Gardes , deux dans chaque des Lieute Com pagnie, le neuvième étoit le Major qui eut auffi le rang nant. de Lieutenant avec le droit de précéder ceux qui feroient re çus depuis lui. C ’é to itle Chevalier de Fourbin ,q u i fut de puis Capitaine-Lieutenant de la première Compagnie des Moufquetaires ; mais cette institution du M ajor s’étoit faite quelques années auparavant, comme on le verra dans la fuite. Enfin par l’Etat de 1 6 7 8 , & par les Rôles de la Cour des Triplem ent A ydes, on voit qu’en 1677 le Roy ajouta un troifiéme Lieu des Lieute tenant à chaque Compagnie $& il paroît encore par les Etats nans. de la France & par les memes Rôles, que la C harge de M aré chal des Logis avoit été lupprimée depuis long-tems dans les Gardes du Corps ; ce nombre de trois Lieutenans dans cha que Compagnie,fans y comprendre le Major qui a auffi le rang de L ieutenant, a toujours lubfifté jufqu’à prefent. 4 0, En ce qui regarde les Enfeignes, ils ont été multipliezDoublement & triplement à mefure qu’on muliiplioit les Lieutenans, c’eil-à-dire , que des Ens eignes. dès qu’ilyeutdeuxLieutenansdanschaqueCom pagnie,il y eut deux Enfeignes, & pirfs trois quand il y eut trois Lieutenans,.
5°, La Charge d 'Exemt me paroît être beaucoup plus recente que celles de Capitaine , de Lieutenant & d'Enfei. gne. Il n ’y en avoit point sous Charles V II, sous Loüis X I , sous Charles V III ; & je ne vois point cette Charge nommée avant le Regne de H enri I I I , je ne voudrois pas pourtant alfûrer qu’elle ne fut pas plus ancienne. Je n ’ai trouvé nulle p a rt, & je n’ai pu m’imaginer l’origine de ce nom. N e &roit-ce point que dans leur institution le Prince les exemta des fondions ordinaires des Gardes du C o rp s, comme par exem ple, d 'être en faction, ou qu’on leur eût accordé d'au tres Privilèges dont les Gardes ne joüifloient point ? Le nombre des Exemts a beaucoup varié jufqu’au R e glement que fit le Roy en 1664 , par lequel il le fixe à dix par Com pagnie, & quelque tems après à douze. Depuis il y a toujours eu quarante-huit E xem ts, douze par Compa gnie. J 'ajoûterai encore une remarque fur l’article des Exemts : c’est que dans leurs Lettres de retenue ils ont le titre de C a p ita in e a u moins en ai-je vu de cette forte au Regiftre de 1676 dans le Secrétariat de la Maison du R o y : e’est celle du Sieur de Gannaris Sieur Delëifarts, où il est nommé C a p ita in e B x e m t des G ardes d u Corps ; & je trouve T . 1 desM ede C aque le même titre leur étoit donné dès le tems de H en- moires ftèlnau p. 4 4 . ri IV. du Sieur leLa6°, L’institution des Brigadiers dans les Gardes du Corps bourcur. est encore beaucoup plus recente que celle des E xem ts, il n ’en est fait aucune mention dans les Rôles de la C our des Aydes jufqu’en l’an 1664, La première fois que cette Charge est nommée dans les Etats de la France, c’est dans celui de 1663, mais d 'une maniéré qui ne fuppofe point les Compagnies partagées en Brigades comme elles le font au jourd’hui. Il y est leulement d i t , que le B r ig a d ie r est to u jo u rs le p lu s v i e u x G arde de la C om pagnie , c’est-à-dire, qu’on donnoit depuis quelque tems ce titre au plus ancien Garde. La raifott pourquoi il n ’y avoit alors qu’un Brigadier, est que les Compagnies n ’étant que de cent hommes, il n ’y avoir alors que vingt-cinq G ardes de quartier. Ces vingt-cinq ne faifoient qu’une feule B rigade, & les cent Gardes de quartier ne faifoient en tout que quatre Brigades commandées sous
I nstitution des Brigadiers.
Augmentation du nombre des Brigadiers.
Nombre des Brigadiers fix é .
D ivers Etats de la France. institution des Sous-Brigadiers.
Création du Major.
les Officiers fuperieurs par le plus ancien G a rd e , au lieu que depuis, à caufe du grand nombre des G a rd es, on a m ultiplié les Brigades. L ’institution des Brigadiers doit avoir été faite au p lu tô t en 1663, car il n’y en a point dans les Rôles avant 16 6 4. Il en est fait mention dans un Reglement du 15 d'Aout 1665, que le Roy fît au fujet de quelques différends furvenus entre les Officiers des trois Compagnies Françoifes St ceux de la Compagnie Ecoffoife-De plus on voit dans l’Etat de la France de cette année-là, huit Brigadiers marquez qui y font ap peliez Brigadiers ordinaires, parce que dellors ce fut un Employ fixe, St qui n’étoit plus attaché précifément à l ’ancien neté. Ainfi il y en avoit deux dans chaque Com pagnie, qui à caufe de l’augmentation des G a rd es, étoient partagées chacune en deux Brigades. Ce nombre de Brigadiers fut augmenté à mefure que le nombre des Gardes croiffoit, St après divers changem ens, enfin en 1678, quand le Roy eut ajouté un troiftéme Lieu tenant & un troifiéme Enfeigne à chaque Compagnie, on multiplia les Brigadiers jufqu’à quarante-huit, c’étoit douze par chaque Compagnie. Les chofes étoient fur ce pied à la fin du Regne de Loüis le G rand : de forte que chaque Com pagnie étoit partagée en fix Brigades, St dans chaque Bri gade il y avoit deux Brigadiers, St au-deffus d'eux deux Exemts. 70, Les Sous-Brigadiers furent inftituez en mçme tems que les Brigadiers l ’année 1 6 6 3 ou 1664, St en pareil nom bre de h u it, deux par chaque Compagnie. Le nom bre en fut augmenté à peu près à proportion de celui des Brigadiers, & en 1678 on les trouve les uns St les autres aug mentez jufqu’à quarante-huit : ce nom bre fut toujours le même jufqu’à la fin du Regne du feu Roy. 8°, Comme dès l’an 1666 , les Compagnies des Gardes du Corps étoient devenues très nom breufes, le Roy inftitua un Major pour tout le Corps. Il est fait mention de cet Officier dans un Mémoire que le Roy fit touchant les chofes que Sa Majefté vouloir être obfervees dorénavant par les Officiers St Gardes du Corps. Ce Mémoire est daté
de S. Germain en Laye du 50 de Decembre 16 6 6 . 9 0, Le Roy en même-tems ou auflî-tôt après, créa auflî Création de deux Aydes-Majors pour tout le Corps ; car il en est pareil d e u x A y d esM ajors pour lement fait mention dans le Mémoire de 1 6 6 6 . tout le Corps. 10°, Je trouve dans l’Etat de 1677 quatre autres AydesCréation des Majors , un pour chaque Compagnie ; mais ils avoient été Aydes-Majo rs inftituez dès l’an 1674, comme il paroît par le Regiftre un par C ompa de cette année-là au Secrétariat de la Maison du R o y , où gnie. les quatre Aydes-Majors font nommez , fçavoir, le Sieur de la T afte dans la Compagnie Ecofloife, le Sieur de Rom ery dans celle de R o ch efo rt, le Chevalier de Leflay dans celle de D uras, & le Chevalier de Bois-petit dans celle de Luxem bourg. On m ’a afluré que d'abord ces Aydes-Majors ne furent que de Amples G ardes, & puis des Brigadiers, & enfin des Exemts. O n verra dans l’article de la Difcipline des Gardes les fondions du M ajor, des deux Aydes-Majors du Corps, & des quatre Aydes-Majors des Compagnies. Il y a encore dans chaque Compagnie un Porte-Eten- C réation d es dart.C ette Charge, ou plutôt cette Commiffion, est marquée Porte-Etenfort tard dans les Etats de la France. Il y en a un dans darts. chaque Brigade. Avant que d'aller plus a v a n t, pour aider la mémoire de ceux qui liront cet O uvrage, je vais m ettre en abrégé les principales chofes que J'ai expofées & prouvées jufqu’à-preîent fur ce fujet. 1°, La Compagnie Ecofloife fut inftituée par Charles VIL 2°, La seconde Compagnie, qui est la plus ancienne des trois Françoilès, fut inftituée par Loüis X I en 1475. 30, La troifiéme Compagnie fut inftituée par le m êm e Prince en 1479. 4 0, La quatrième fut inftituée par François I en 1515 3, & elle fut mife en 1516 pour le nombre fur le même pied que les trois autres ; & toutes ces quatre furent de cene hommes. 50 , La Compagnie Ecofloife a toujours conlêrvé le pre mier rang. Les trois autres n ’ont de rang entre elles que fuiyant l’ancienneté de la réception du Capitaine. Mais celui qui commande la plus ancienne prend le titre de Capitaine
de l a .première & ancienne Compagnie Françoilè. 6 °, Sous François I , le Capitaine de laCompagnie Ecoffoife n ’étoit plus Ecoilojs de nation ; mais Jacques de L o rg e, qui en é to itle Capitaine, palToit pour être originaire d'Ecofïè. 7 0, Après les deux Seigneurs de Lorge pere & fils , le Capitaine de la Compagnie Ecoffoife ne fut plus ni Ecolïois de n ation, ni originaire d'E colïe, mais François. Et cela commença sous le Regne de Charles IX . 8°, En i 6 j 6 il y avoit encore un Lieutenant Ecolïois ; mais sa Charge fut partagée en d e u x , & on y ajouta un Lieutenant François. En 1663 les deux Lieutenans étoient François : mais im d 'eux portoit le titre de L ieutenant Ecoffo is .
9 0, Depuis toute la Compagnie n’eut plus ni Officiers ni Gardes Ecolïois ; & elle n ’est plus EcolToife que de nom. 10°, Jufqu’en 1663 ou 1664, les quatre Compagnies étoient fur le pied de cent hommes. 11°, En 1665 elles étoient beaucoup augm entées, & elles augm entèrent encore depuis. 12°, En 1676 elles faifoient enfemble feize cents chevaux, & plus encore en 1690. 130, Elles furent réduites depuis à 1 4 4 0 , & elles étoient fur ce pied en 1715, à la m ort du feu Roy. 14° En 1666 il y eut des Cadets dans les Gardes du Corps. Il y en avoit encore en 1676. On n’y en voit plus dans l’E ta t de la France en 1678. 150, En 1 6 6 4 . le R oy ôta aux Capitaines la difpofmon des Charges & des places de Gardes. 160, O n doubla les Lieutenans & lesEnfeignes dans cha que Compagnie au plus tard en 16675 on y m it un troilîémç Lieutenant & un troifiéme Enfeigne en l’an 1677. 170, Le Major fut inftitué au plus tard en 1666. 180, Les deux Aydes,-Majors de tout le Corps furent inftituez en même-tems ou vers le même tems. 19°, Les quatre autres Aydes-Majors, un pour chaque Compagnie, furent inftituez l’an 1674. 20°, Je ne me fouviens point d'avoir vu la Charge d'Exemt dans les Gardes nommée avant Henri III.
21°, Le nombre des E xem tsa beaucoup varié, même sous le Regne de Loüis le G rand. 22°, Le Roy en fixa le nom bre à dix dans chaque Compa gnie en 1664, & en ajouta deux dans chaque Compagnie quelque tems après. Le nombre a toujours été depuis de quarante-huit en to u t, douze par chaque Compagnie. 23°, L ’institution des Brigadiers est plus recente que celle des Exemts. Il paroît par les Etats de la France qu’ils n’ont point été inftituez avant 1663 ou 1664. 240, Le nombre a varié & beaucoup augmenté. Il paroît que ce fut vers l’an 1677 qu’il fut fixé au nombre de quaran te-h u it, douze par chaque Compagnie, & ce nom bre est toujours le même. 25°, Les Sous Brigadiers ont été inftituez en même-tems que les Brigadiers Leur nombre a crû & varié pour l’or dinaire à proportion de celui des Brigadiers. Et ils furent fixez dans le même tems au nombre de quarante-huit.
Des noms d' Archer de la Garde, d'Archer du Corps , de Garde du Corps. E nom d 'A rcher, qui est aujourd’hui un peu avili, & qui n ’est plus en ufage dans les troupes, excepté quand il s’agit du Prévôt des M aréchaux, étoit autrefois un titre honorable. Ceux qui le portoient dans les Com N o m d 'A r pagnies d 'Ordonnance furent pendant long-tems G entils cher autrefois nem ordin a ire hommes pour la plupart, & à plus forte raifon ceux à qui des G ardes d u on le donnoit dans les Compagnies de la Maison du R o y , Corps. s’en tenoient honorez. G uidon ou E n se ig n e d'u n e C o m p a (D u H aillan g n i e (d e Cavalerie Legere) dit du H aillan, & f e n t o i t de l’Ec at de affaires de b ie n h o n o ré d 'être f u i s apres A r c h e r de la G a rd e. Ce fut d 'a France Lib 4 . bord la qualité qu’on donna à ceux que nous appelions au fo l. 3 0 3 . ) jourd’hui Gardes du Roy ou Gardes du Corps. O n la leur donne par tout dans nos Hiftoires & dans tous les Actes publics où il est fait mention d'eux ; & le Roy Loüis X IV la leur donna encore dans le Reglem ent de 1 6 6 4 . , dont J'ai p a rlé ci-deflus.
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J ' ai rem arqué en lifan t les R ô le s qui fo n t à la C our d es
A ydes, que dans celui de 1598, on lesappelle à la te te du' R ôle A r c h e rs ou G a rd es d u Corps du R o y , & que dans celui de 1644, on ne les appelle plus que du nom de G ardes. Ce titre est le même dans les Rôles fuivans jufqu’à notre tems; & on a celle entièrement de leur donner le nom d'A rchers, Mais J'ai fait encore une autre rem arque , R a v o ir, que Titre d 'A r dans les premiers tems on ne leur donnoit pas à tous le titre chers du Corps d 'Archers du Corps ; mais feulement celui d 'Archers de la. affecté aux Gardes de la Garde. Le titre d 'Archers du Corps étoit affefté aux G ar Manche. des de la Manche. C ’est ainli que parle Loüis X II dans les L ettres de N a turalité pour toute la N ation EcolToife. » Le R oy Charles » V I I , d it-il, en prit deux cents à la G arde de sa Perfonne ,, » dont il fît cent H om m es d’Armes, &. cent Archers, ou i l y e n » a v in g t - q u a t r e q u i & n o m m e n t A rc h e rs d u Corps. Et font lefdits cent Hommes d’Armes les cent Lances de nos anciennes O rdonnances , & les A rc h e rs j o n t c e u x de n o tre G arde. Le M aréchal de Fleurange dans fes Mémoires manufcrits s’exprime de la même maniéré en faifant la Liste des G ardes de François I. » Après cette G a rd e , dit-il, vous avez les plus » prochains de la Perfonne duRoy vingt-cinq Archers Ecoflois» qui s’appellent les A rch ers d u Corps. Ces Mémoires en m et tent vingt-cinq , & Loüis X II n’en compte que vingt-quatre, parce que le M aréchal de Fleurange comprenoit le premier H om m e d’Armes de France dans le nom bre de ces Archers du Corps. O n parloir encore de même du tems de Charles IX . Car dans un Livre intitulé, des D ignite z , Magiftrats , &. Offices du Royaume de France, imprimé en 1564, il est dit. D e ces quatre cents A rchers, y en a cent Ecoflois, & à p . 4 1. chacune Compagnie de cent A rchers, fon Capitaine & Lieu tenant. Il y a davantage v in g t - q u a t r e A rc h e rs d u C orps , qui font toujours les plus près de la Perfonne du Roy. Enfin dans un Etat de la France de 1598 m anufcrit, on les dis tingue encore par ce titre des autres Gardes du Roy. Au jo u rd ’hui le nom de G arde du Corps est commun à tous. Pour ce qui est du titre de G ardes de la M a n c h e , que l’on donne aujourd’hui à ces vingt-quatre ou vingt-cinq G ardes de la Compagnie EcofToift, je ne me fouviens point de l’a-
vu en ufage sous ces Regnes plus reculez. Ce nom de Garde de la M anche vient, fans doute , de ce que le Roy étan t à la M elle, au Serm on, &c. il y a toujours deux de ces Gardes qui font debout avec leur pertuifane à côté de lui, l’un à droit, & l’autre à gauche, & tout proche de sa Perlbnne. v o ir
De l'Armure des Gardes du Corps, de leur Bandoulière & de leurs Etendaris. E s Gardes du Corps dans leur première institution n ’avoient pour armes défenfîves que le cafque & la cuiraflè, & étoient une efpece de Cavalerie Legere ; le nom d 'Archers qu’on leur donnoit m’en fait juger ainfi. S’ils avoient été arm ez de pied en cap, on les auroit appeliez Gens d’Arme s, ou Hommes d’Armes, ou Sergens d’Armes. C ’étoit par les armures differentes que ces deux fortes de M ilices, je veux dire la Gendarmerie ôt la Cavalerie Lege e, étoient alors diftinguées ; & les Archers mêmes des O rdon nances , c’est-à-dire, qui étoient à la fuite de chaque Hom m e d’Armes dans les Compagnies d 'Ordonnance depuis la re forme des Troupes faite par Charles V II, n’étoient pas arm ez comme les Hommes d’Armes. Dans une Ordonnance ou Reglement de H enri I V , il est ordonné que les Archers Ecolfois qui veillent la nuit à la porte du logis du R o y , feront toujours armez de la chemife de m ailles, qui n’étoit pas alors l’armure de la Gendarmerie. Pour ce qui est des armes offenflves, il est évident par leur nom même d 'A rcher, qu’ils & fervoient ordinairem ent de 1’arc &. de la fléché. Le Prefident Fauchet dit que les fuccefleurs de Charles V II changèrent les armes des Archers du Corps $ que de fon tems ceux qui fervoient à la Cour avoient des hallebardes, & que quand ils fervoient à l’ar mée , ils avoient des lances & étoient arm ez comme les Archers des Ordonnances -, il ajoute que dans le tems qu il écrivoit, c’est-à-dire en 1579, il y avoit plus de quarante ans que quelques-uns d 'entre eux portoient des arquebufes. Ce la fignilîe que dès le tems de François I ils & fervoient de cette arme.
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Gardes du Corps, Cava lerie Legere.
Art..5
Fol. 4 8 9. Leurs armes
en diverstems.
Depuis par une Ordonnance de H enri IV de l ’an 4 .p a g .1 4 8 5. il fut réglé que les Gardes du C o rp s, lorfqu’ils foroient à cheval, outre les piftolets à l’arçon de la Telle, porteraient des javelines : A m f i , ajoute l’O rdonnance, q u i l s p o r to ie n t a n c ie n n e m e n t. La javeline étoic une efpece de demie pique d 'environ cinq pieds & demi de longueur, dont le fer avoit trois faces quiaboutilToient à la pointe. Elles n’avoient point Fauchet fol. de poignée ; & elles étoient tout unies depuis le fer jufqu’au 5 24. b o u t, de même que les anciennes lances avant l ’an 1300. Âinlî fuppofé la vérité de l’énoncé de cette O rdonnance, les Gardes du Corps avoient anciennement porté la javeline avec l ’arc & les fléchés; depuis félon le Prefident Fauchet ils s’étoient fervis de lances ; & enfin H enri IV remit la ja veline. Un ancien Lieutenant General m ’a alluré que sous Loüis le G rand il avoit vu les Gardes du Corps porter la Malfe d’Armes à une revûë proche de Compiegne en 16 6 5 ou 16 6 6 . D ans la fuite ils ont quitté ces armes ; & m aintenant étan t à cheval à l’a rm é e , ils ont outre les piftolets, l ’épée & le moufqueton. Le Roy étant à S. Germain en 1 6 7 6 au mois de D ecem bre, fit prendre des carabines à quatre Gardes du Corps par Brigade : & comme M onfieur le M aréchal de Crequi s’èn fervk utilement dans la cam pagne du Port de Seille & de K okelberg, on augmenta le nom bre de ces Carabiniers par Brigade julqu a quinze pen dant le quartier d 'hyver fuivant. Cela faifoit le nombre d e 360. O n nomma des Exemts & des Brigadiers pour les com m ander, quand ils feroient détachez. Il y eut depuis dixfept Carabiniers par chaque Brigade comm andée par un L ieutenant, & feize dans celles qui étoient com m andéespar les Enfeignes. Quoique dans un com bat les Gardes du Corps portent le m oufqueton, ils ne & fervent que de l ’é pée & dupiftolet; ils n’ufent gueres du moufqueton que dans une déroute des ennemis pour les tirer de lo in , ou s’il s’agifloit de garder un défilé, & dans quelques autres occalions pareilles. Quand ils font de garde au L ouvre, i l s ont le moufqueton! avec l ’épée, & la Sentinelle a toujours le moufqueton fur Tor t anon T .
l ’épaulé. Ils l’ont fulpenduau côté gauche la croffe en haut, quand ils accompagnent le Roy à cheval ; au contraire des Moufquetaires qui portent la crofte en bas. Lorfque le Roy entre dans quelque ville de guerre, ils ont l’épée nuë à la main & en quelques autres rencontres. D ans l’Etat de la France de 1661, il est marqué que la m oitié des Gardes portoit la pertuifane , & l’autre moitié la carabine ; mais cela ne regardoit que le service de la Cour. L a Bandoulière qu’ils portent a rapport à leurs a rm e s, & je la crois auÆi ancienne que leur institution. La raifon qui B a n d o u lie r s me le perfaa.de, est que la Bandoulière est commune à tous d e s G a r d e s d a Corps. ceux qui ont porté autrefois comme eux le nom d 'A rcher , & qui le portent encore aujourd’hui,comme les Archers du guet, les Archers des Maifons de Ville, jufqu’aux Gardes Bois. C ’étoit à cette eipece de Baudrier qu’étoit attaché leur arc , & les Gardes du Corps y attachent encore aujourd’hui leur moufqueton ou leur carabine. Les Gardes des Princes qui en o n t, portent auffi la Bandoulière, par la même raifon que dans leur institution ils étoient auftî Archers. Ils ont ce titre dans les Relations des Sacres, des E ntrées, des Obfeques des R o is, & dans le tems qu’il étoit en ufage pour eux auffibien que pour les Gardes du Corps.Les Gardes de la Manche ne porcent plus de Bandoulière. Les Archers qui portent encore aujourd’hui ce nom ont leur Bandoulière chargée ou des Armes du Roy, ou de celles de la Ville, ou de quelque autre marque ou devife : mais la Bandoulière des Gardes du Corps est toute unie & fans de A n c ie n n e té vife. Le fond est d 'a rg e n t, parce que la couleur blanche a d e l a B a n d o u l i e re , toujours été la couleur Françoife, foit dans les drapeaux , foit dans les écharpes. C ’est pourquoi la Bandoulière de la Compagnie Ecoffoife , qui est la plus ancienne, est de blanc ou d 'argent plein. Quand les autres furent inftituées, on R a i s on d e la ajouta une autre couleur à chacune pour les diftinguer. La d iffé r e n c e d e l a es première & plus ancienne Compagnie Françoife, dont M- Bc oaunleduoru ldieres .. le Duc de Villeroy est aujourd’hui Capitaine, & dont le Marquis fon fils aîné a 1a furvivance, a le verd ajouté à l’ar gent ; celle dont M. le D uc d 'H arcour est Capitaine, a le jaune avec l’argent, & celle de M. le Duc de C haroft, a le
bleu avec P arlen t. Je croi que ces couleurs n’ont point chan gé depuis Pinftitution de chaque Compagnie. Les houflès iuivent la couleur des Bandoulières, excepté la Com pagnie Ecofïoife qui les porte rouges. D u Haillan dans fon Livre i n ti t u lé , de l'E tat des affai res de France, dit que de fon tem s, c’est-à -d ire , du tems de Charles IX & de H enri III, il y avoit encore une différence entre les Gardes EcolToifes & les Gardes Françoifes. » Le » R o y , dit-il, a d'autres Gardes compofées de François & » d'Ecossois : Les EcofTois, à la différence des François, por» tent la cafaque blanche femée de papillotes d'a rg e n t, & les » François la portent de la couleur du R oy avec les devifes ; » & les uns & les autres portent la hallebarde fur l ’épaule. Les Gardes de la M anche ont encore leur cafaque ou hoqueton blanc quand ils font en fonction. Ce hoqueton reprefente affez bien l’ancienne cotte d’Armes. Les autres G a r des ont retenu la couleur des livrées du Roy dans le jufteau-corps bleu. Pour finir cet article , il me refte à parler des Etendarts des Compagnies des Gardes du Corps.Ces Etendarts ne font point aujourd’hui portez parles Officiers qui ont le titre d'Enfèigne. D ans le tems que la lance étoit l ’arme ordinaire dans les c o m b ats, rien ne pouvoit empêcher l’Enfeigne ou le Guidon d 'une Compagnie de Gendarm erie ou de Gardes du C orps, de porter fon Etendart, d'autant que cet E tendart même n ’étoit qu’une lance qui ne l’embarraffoit pas beaucoup plus que les autres lances n’embarraffoient ceux qui les portoient : car il y avoit fouvent auffi des banderoles au bout de ces lances. Mais depuis que i’ufage des lances a é té a b o li, & qu’on ne combat plus à cheval, qu’avec l’épée &. le piftolet, l’Enfeigne dans les Troupes de la Maison du R oy, p ortant fon Etendart, ne pourroit gueres & fervir de l’épée, & encore moins du piftolet. Et je crois que c’est la raifon pour laquelle ïl ne le porte poin t, êt qu’on le met aujourd’hui entre les mains d'un fimple G arde du Corps,lequel a cette commiffion & une penfion qui y est attachée avec la qualité de Porte Etendart. Il le porte au milieu du premier ra n g , tandis que i ’Enfeigne combat à la tête.
L ’Etendart des trois Compagnies Françoifes des G ardes du Corps est une piece de tafetas q u a rré e , qui est: attachée au bout & à côté d 'une lance. Ceux de la Compagnie Ecoffoifé font de m êm e, excepté celui de la Brigade commandée par le premier Enfeigne. Cec Etendart est un peu plus long que large & fendu par le bout. Je ne fçaurois deviner la raifon de cette différence, fi ce n’est que telle étoit la ligure de leur Etendart dans leur institution, & qu’ils ont voulu garder cette marque d 'ancienneté dans leur prem ier Enlèigne. L a couleur de l ’Etendart fuit celle de la Bandoulière ; ainli celui de la Compagnie Ecoffoife est tout blanc, celui de la Compagnie de Villeroy est v erd, celui de la Com pagnie d 'H arcour est jaune, & celui de la Compagnie de Charoft est bleu. La devife en broderie d'or est; un Soleil éclairant le m o n d e, & pour ame ces mots : Nec pluribus impar. O n ajoute à chaque Etendart une écharpe d 'une aune de tafetas blanc qu’on attache au-deffous du fer de la lance. C’est afin de m arquer que c’est un Etendart François, & qu’il foit vu de plus loin pour le ralliement après une charge. Tous les Etendarts des troupes du Roy en ont de même. Je traiterai encore ici en peu de mots unequeftion qui me fut propofée il y a quelque tems,fçavoir fi lesGardes duCorps font dans leur origine une G arde achevai. La railon qu’on m’aliegua pour en d o u te r, étoit que leur garde au Louvre & faifoit à pied. Il ne me fut pas difficile de répondre à c ette queftion , en difant que dans leur institution ils étoient com me aujourd’hui une G arde à pied & à cheval : à pied pour garder le Prince dansfon Palais, & a cheval pour le garder quand il lortoit. La raifon est i° , qu’ils furent inftituez pour être la garde du Prince par tout où il & tro u v o it, en cam pagne comme au Louvre; a0 , que quand le Roy alloit à l’ar m ée, ils l’y fuivoient à cheval. Cela & peut prouver par di vers endroits de n o tre H istoire, mais il fuffit de citer Philipp e de Comines,qui parlant de la bataille de Fornouë, dit que le Roy Charles V III y fit m ettre à pied fes A rchers,au lieu que nous voïons que les Gardes à pied lèrvent auffi à pied
Figure des Etendarts.
Leur couleur.
L a devifi.
Gardes d u Corps s ont Gardes à pied & à cheval,
dans les arm ées, foit que le Roy y foie prefent, foit qu’il n ’y foie pas. Ainli fonc les Gardes Françoifes & les Gardes Suis lè s , & ainfi onc faic de couc tems les C ent Suides dans les ceremonies & à la guerre. Enfin un A uteur qui écrivoit du tems de H enri I I , traitant des Gardes du Corps de ce tem s-là & de ceux des Regnes précedens, les appelle une G arde à che val : Les Rois de F ra n ce , d it-il, & font faits une garde à » cheval de quatre cents hommes qu’on appelle Archers de la * Itaque Re ges Franci fti- » G arde, parce que dans leur inftitutionils avoient l’arc pour patores equi » armes.* Nos Rois leur entretenoient des chevaux comme tes quadrin gentos elege aujourd’hui , ou ils leur donnoient dequoy les entretenir. runt quosAr- Ajoutez qu’ils n’ont point de drapeau , mais des Etendarts chierosGuarqui font la marque de la Cavalerie. D e plus la prem iereCom rlix appellant, quod arcu u- pagnieFrançoife, ainfi que je l’ai dit ci deffus/utinlHtuée par terentur, cam Loüis X I, & form ée des deux cents Archers à cheval, qui au fuerunt inftiparavant étoient à la fuite des Cent Gentils-hommes duRoy. tuti. Vincendus Enfin quand les Officiers des Gardes du Corps font faits Bri Lupianus de Magiftratibus gadiers d’Armée, c’est toujours dans la Cavalerie.Les Officiers & Præfedturis des Gardes du Corps étant en lervice, ont toujours eu leur Francorum 1. place au plus près de la Perfonne du R oy, auffi-bien que les I p. 30. vingt-cinq G ardes de la Manche d elà Compagnie EcolToife, aufquels on donnoit fpecialement le titre d 'Archers duCorps. Ce titre feul m ontre ce que je dis. Ils partageoient cet hon neur avec les deux Cents Gentils-hommes,ceux-ci m archoient imm édiatem ent devant le R o y , comme on l’a vu par l’O r donnance de H enri III rapportée ci-delfus ; & les Gardes du Corps m archoient immédiatement derrière ce Prince , de forte qu’il étoit entouré de ces deux efpeces de G ardes.La cho& parle d 'elle-melme. Après to u t, c’est Loüis le G rand qui a mis les Gardes du Corps en plus grand honneur que jamais , & il n’a pas eu fujet de s’en repentir eu égard à la valeur avee laquelle il en a été fervi. D e la Dis cipline M ilitaire des Gardes du Corps.
I L y a de certaines loix de la Difcipline M ilitaire com munes à toutes les troupes, comme la fubordination des Officiers entr’eux, l’obéïlTance des fubakernes à ceux d'un rang
rang fuperieur, & des soldats à l’égard de ceux qui font prépofez par le Prince pour les commander. Ce n’est point de ces loix generales dont je prétends parler ici fumais feulement de certains Reglemens qui regardent en particulier les quatre Compagnies des Gardes du Corps. Je les tirerai des Mémoires que le Roy Loüis X IV a fait en divers tems fur ce fu jet, ou qu’il a fait faire par le Secrétaire d'E ta t, ou par les Capitaines des Gardes. M em o ire des chofes q u e j e v e u x p a r les O fficiers &
être o b je rv ê e s d o r é n a v a n t
G a rd e s de m o n C o rp s.
O n intention est q u e , iorfque mes Gardes m arche ront, ils foient toujours en bon ordre , que les Officiers à leur tête, les Gardes dans leur rang, fans qu’aucun en puirtè fortir qu’avec permiffion de celui qui les commandera. Que chacun de ceux aufquels J'ai donné le foin d'une Bri gade defdits Q a rd e s, rende tous les quinze jours au Capitai ne defdits G ard es, qui fera en quartier, un compte exart de l ’état des arm es, des chevaux & de l’équipage de ladite Bri gade. Que par le Sergent Major,ou en fon abfence par les AydesM ajo rs, ledit Capitaine en quartier fade vérifier fl le compte qui lui aura été rendu & trouvera véritable. Q u’aucun de mes G ardes, lorfqu’ils feront en des portes ne m altraiteront perfonne fans fujet, mais lorfqu’ils feront forcez par des gens qui perdront le refpert qu’ils doivent à leur bandoulière, je veux qu’ils foient foûtenus par leurs Cam ara des, & qu’il ne foit rien omis pour & faiflr de ceux qui auront commis quelque infolence. Q ue le service dans lefdits Gardes & farte par tout & to u jours par gens détachez des quatre Compagnies, à la referve toutefois de la G arde que la Compagnie Ecofloife doit faire le foir à la porte du lieu où. je ferai lo g é , laquelle garde elle continuera de faire comme il est portépar leReglem ent du 15 Août 1665. Que les Cadets qui fervent fans paye fartent le service auffl régulièrement que ceux qui la reço iv en t, & lorfqu’ds mapM
En 1 6 6 6.
queront, ils foienc punis, toutainfî que ceux qui font coudiez fur le R ôle defdites Compagnies. Q ue chaque m o f , lorfqu’un Capitaine aura choifî les gens qui doivent compofer le guet pendant ledit mois , il en faut donner un état ligné de lui audit M ajor , afin que fçachant ceux qui doivent faire le fer vice , il puifle obferver ceux qui m an q u ero n t, & les faire punir. Q ue lorfqu on appellera le g u e t, qui que ce foit qui m an quera à s’y trouver, perde sa folde pour la première fois ; ô£ pour la seconde,outre ledit retranchem ent de fo ld e, qu’il de meure un jour entier defarmé dans la Salle. Que les Clercs du guet ne puiffent toucher leurs appointemens,qu’en rapportant auTréforier un certificat dudit M ajor, portant qu’ils auront bien entretenu la Salle & les Corps de Gardes & paillafïès, & qu’ils auront actuellement fourni le pain , le vin , le bois & les bougies que je leur fais donner pour le fèrvice de la Salle. Que les portes du Louvre ou autres lieux où je ferai logé , foient toujours fermées à une heure & demie après m inuit, ü les gens deftinez pour fervir auprès de ma perfonne & trou vent en être fortis avant cette heure-là ; finon & quand ils feront obligez de demeurer plus tard ,u n quart d'heure après qu’ils feront fortis. Q ue fi dans le service il arrive quelque dém êlé entre un Officier & un G arde, f’on commence toujours à punir le G ar de avant qu’on l’entende en fàjufti fication. Q ue lorfque le Capitaine en quartier jugera à propos d'excufer quelqu’un defdits G ardes qui fera tom bé en faute & de la lui rem ettre , & pour cette fin de lui faire rem ettre la folde qui lui aura été retran ch ée, qu’il m’en rende compte , & qu’ensuite , fi je le trouve bon , il donne un billet p ortant ordre au Tréforier de païer audit G arde ce qui lui aura é té retenu. Et ledit Tréforier fera obligé à la fin de chaque mois de reprefenter audit Major lefdits b ille ts, & décom pter pardevant lui de ce à quoi pourront m onter les payes qui auront é té ainfi reten u es, defquelles ledit Major donnera un é ta t au Capitaine en quartier pour me prefènter ; & lefdits T réforiers ne pourront & défaifir defdites payes que par mes or dres.
Que le Tréforier payeur de mes Gardes & rendra un jour devant la fin de chaque mois à m a fuite,pour payer les Gardes qui auront fervi pendant ledit mois. Que les logemens qui feront donnez pour les Gardes qui font en ferviceprès de ma perfonne, foient partagez en qua tre portions égales ^ & que les Gardes qui fervent près de la Reine 8t près de mon fils le D auphin, prennent leurs loge mens dans les cantons où feront logées les Compagnies d o n t ils fo n t, fans pouvoir prétendre en avoir à p a rt sous quelque prétexte que ce puillé être. Q ue de tous Jefdits logemens il en foit fait un Controlle par le M ajor, duquel il donnera une copie au Capitaine en quartier, afin qu’il le fafle exactement obferver , & qu’il em pêche qu’il n ’y foit rien changé. Q u’il foit donné audit Major un Controlle de chaque Com pagnie contenant bien particulièrement les noms &. furnoms de ceux qui la com pofent, & le lieu de leur naiflance, & que lorfqu’on recevra un G arde nouveau , il ne puiffe faire aucu ne fonction ni joüir de la paye qu’il ne & foit fait écrire fur le livre dudit Major. Que ledit Capitaine en quartier & fallè informer par ledit M ajor , ou fes Aydes en fon abfence , de la maniéré dont les Gardes vivront dans leurs quartiers avec leurs hôtes. Q ue ceux qui commanderont les Cornettes de mes G ar des ne fouffrent point qu’il s’établifle aucune femme publi que dans les quartiers, ni qu’aucun de mes Gardes y en entre tienne. Que lorfque mes Gardes & trouveront dans des armées , les Gardes de fatigues ne foient point diftinguées d'avec les G ardes d'honneur. Q ue lorfque ledit Major trouvera quelque G arde en fa u te , il le fafle défarmer fur le c h am p ,& qu’ensuite il en rende compte au Capitaine qui & trouvera commander lefdits G ar des , pour être p ar lui ordonnée la peine qu’il jugera que la faute aura mérité. Que ledit Sergent M ajor donne toutes les femaines audit Capitaine en quartier un mémoire contenant les noms des g a rd e s qu’il aura trouvez en faute , pour ledit mémoire m’ê
tre donné par ledit Capitaine, afin que par la connoiïTance que J'aurai par ce moyen de l’affiduité & de l’exaéiitude que mes G ardes auront eu pour le service , je puiflè faire des grâces à ceux que je croirai les avoir mieux méritées. Q ue pour donner un rang convenable audit Sergent M ajor, J'entends qu’il prenne dans mefdits Gardes celui de Lieute nant , & ce du jour du brevet que je lui ai fait expedier de la dite Charge de M ajo r, & qu’en cette qualité il commande non feulement aux É nieignes, mais auffi aux Lieutenans de mefdits Gardes qui auront été reçus depuis l u i , de quelque Compagnie qu’ils foient, fans que ce que J'ordonne prefentem ent en faveur dudit M a jo r, puiflèen rien alterer ce qui s’est pratiqué jufques à prefent entre les Lieutenans des Com pa gnies de mefdits Gardes pour le commandement entr'eux. Que quand le Capitaine des Gardes en quartier fera pre fent dans le Louvre , & ne & trouvera pas lorfque l’on devra appeller le g u e t, mon intention effc que ce foit le M ajor qui l ’appelle & reçoive tous les honneurs dûs à celui qui appelle le guet. Fait à S.Germain enLaye le 3© Decembre 1666,SignéLoüis; n1668. E ....... N ul G arde ne pourra faire aucune fonction qu’il n ’ait p rêté ferment entre les mains du Capitaine de sa Com pa gnie ; s’il est actuellement près de moy , ou du Capitaine ers quartier en fon abfence, & qu’il n’ait été ensuite enrôlé dans le R ôle du M ajor, lequel n ’en enrôlera aucun qu’auffi toc il ne m’en donne un m ém oire, & en cas qu’aucun Officier commandant une Brigade prefente en revue au Commiffaire un Garde fans avoir été auparavant enrôlé , ainfi. qu’il est expliqué ci-deftus, je les feraiinterdire pour un mois, Mon intention est que les Lieutenans & Enfeignesde mes Gardes qui font en quartier près de moy , joüiftènt par jour fucceffivement l’un après l’autre des avantages que leur don nent leurs Charges en l’abfence des Capitaines dans le tems que lefdits Capitaines n’y peuvent pas être, & que le faifanc un jour qu’un Ênfeigne fera de jour , ne Ce mette derrière ma chaife à dîner & à fouper en Fabfence du Capitaine préféra blement au Lieutenant qui n ’en fera pas i bien entendu qu?en to u t autre lieu chacun prendra le rang que sa Charge lui donne,
Les Officiers en quartier commanderont à leur r a n g , quand ils & trouveront à la tête des Compagnies; mon in tention étant qu’au furplus mon Reglem ent du trente D e cembre 1666 foit pon&uellement exécuté. Fait à S. Germain en Laye , ce 10 de Juillet 1668, Signé Loüis . C o p ie de la L e t t r e de M o n f e u r de B r ijja c écrite d e F o n t a ineb lea u le
18 de
S e p te m b re
683 ,
En 1
683.
a A d . d e la T a f i e to u
c h a n t le R e g le m e n t q u e S a M a j e f t é 'v e u t q u e les C o m p a g n ie s des G a rd e s
de f o n C o rp s
o b fer'u en t q u a n d elles
J e r o n td a n s J e s a rm é e s.
E Roy a réglé que fes Gardes falueroient toujours les M aréchaux de France commandant l’armée , lorfqu’ils paflèroient devant leurs efcadrons. Q u’ils falueroient le Colonel General de la Cavalerie une fois en entrant en campagne , St une fois en fo rtan t, de non davantage. Que fi l’armée & trouve commandée par un Lieutenant General ou M aréchal de Camp , ils le falueront une fois feulement, Q u’ils m onteront à cheval pour tous les Officiers Gene raux,lorfqu’ils iront les vifiter dans leurs Gardes fans faluer , ni faire fonner les trom pettes, ni battre les timbales que pour le General. Voilà l’intention de Sa Majefté que vous ferez fçavoir à ceux qui commandent , pour que cela foit obiervé. Et plus bas est écrit. Je certifie que cette copie a été tirée fur l’Original. Signé,la Tafte, Mes Gardes doivent être sous les ordres du Com m an dant de la Cavalerie, tel qu’il foit pour le service ordinaire, &. pour la G arde achevai de ma Maison ou de celle de mon fils ,il n’y a que pour le guet qu’on les doit détacher, fans en rendre compte à perfonneL’Officier qui comm ande l’efcadron de garde devant la M aison, tel qu’il foit, m êm e de Cavalerie, doit prendre ia parole de moy ou de mon fils.
L
E n 1690.
Les feuls avantages que doivent avoir mes G ardes & mes autres Compagnies font que ceux qui font commandez pour l’O rd o n n an ce, foient chez le Colonel General ou autre Com m andant de la Cavalerie tel qu’il foit , & que celui qui fait la Charge de M aréchal des logis de la Gendarm erie, prenne la parole du M aréchal de Camp de jo u r, car pour le refte du service, & doit executer ce que mande le M aréchal des logis de la Cavalerie fans faire nulle difficulté. Quand je ne fuis pas à l’arm ée ni mon fils, & qu’il ne faut point de Gardes devant le logis, ni de guet auprès de nous , ils doivent aller à la grande G arde & avoir des Gardes ordi naires comme le refte de la Cavalerie, à moins que le Gene ral ne & ferve d 'eux ailleurs. Quand il y a de mes Gardes & des Gendarmes ou C he vaux-Légers de mes autres Compagnies de commandez pour un parti ou pour quelque détachem ent que ce f o it, fi celui qui commande le tout est M aréchal de C am p , le Bri gadier qui & trouve le premier est réputé Com m andant la Cavalerie , il doit donner l’ordre , & & m ettre à la tête de ma Maison. Si le Com m andant n’est que Brigadier , il & peut m ettre à la tête des troupes de madite Maison , & donner tous les ordres ; mais celui qui le fuit ne le p e u t, le détach e m ent n’étant que de Cavalerie , & celui qui commande , n ’étant confideré que comme Com m andant de ladice Cava lerie. Pour ce qui est des Saluts , J'ai déjà dit mes intentions ; & pour les expliquer plus clairement , mes Compagnies ne doivent faluer que mon fils, les fils & petits-fils de France , Princes du Sang ,1e D uc du Maine & le Com te de Touloufe, le General de l’arm ée, s’il est M aréchal de F rance, toutes les fois qu’ils les voient hors de ma prefence ou de celle de mon fils ; & pour le Colonel General de la Cavale rie , ils ne le doivent faluer que la première fois & la der nière qu’il les voit. N ul autre Commandant de Cavalerie ne doit être falué. Si le General de l’armée ou du corps où ils fe ro n t, n’est pas M aréchal de France , & qu’il ne foit que Lieutenant Ge-
lierai ou Maréchal de C am p, ils ne le doivent faluer que la première fois qu’il les voit & la d ern iere, comme le Colonël General de la C avalerie, le falut ne doit aller que jufqu’au Maréchal de Camp , & l’on ne doit point faluer les Officiers inferieurs, quand même ils commanderoient en Chef. Voilà mes intentions fur le service de mes G ardes de mes autres Compagnies ; &. fi par hazard il arrivoit quelque diffi culté que je ne fçaurois prévoir,, mon intention est qu’ils ce dent , rem ettant à la fin de la campagne de fçavoir mes in tentions fur l’incident bifàrre que quelques Officiers de mefdires Compagnies auroient cherché mal à propos. E t je veux bien qu’ils fçachent qu’en ce cas ils feront quelque cho ie qui me fera fort defagreable. A Verfailles ce 15 Juillet 1690. Signé, Loüis. Et plus bas est é c rit, Reglement écrit de la main de Sa Majefté. Signé,de la Talle. Dans les détachem ens, qui & feront à l’armée , on com mencera par un Lieutenant,& ensuite par un Enfeigne alter nativement r & quand il y aura deux cents Gardes déta chez , il y aura deux Officiers. Q uand on fera campé en front de bandiere , il n’y aura que Jes Officiers qui font Brigadiers d’Armée qui feront logez quand il & trouvera du logement. Dans les quartiers de fourage , quand il y aura plufieurs villages pour une Com pagnie, il n ’y aura que le Comman dant de la Compagnie qui aura un logis de préférence fur le to u t, & les Ex Brigades tireront également enfemble. Les Officiers ne feront jamais détachez qu’ils ne faflènt porter leurs cuiraffes pour s’en fervir dans l’occafîon. Dans la Campagne de 1691 en Flandres,Meffieurs de Neuchelle & de Marcin font convenus enfemble au fujet du service des troupes de la Maison du Roy avec la G endar merie. Que dans les détachemens des deux corps , chacun fourniroit alternativem ent le Commandant à proportion de ce qu’il y a d'efcadrons dans les deux Brigades. Que l’on & tiendroit compte chacun de ce qu’il aura été fourni de gens commandez pour en fournir également. Q uand on demandera cent M a ître s, les troupes de h
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Maison du R oy en fourniront cinquante, & la Gendarm e rie cinquante. Q uand il n?en faudra que cinquante, l’une des deux Bri gades les fournira. Q ue chaque Brigade fera sa troupe à part dans les d étacbem ens fans & m êler, pas même les coureurs, que l’on fournira à Ion tour fuivant la volonté de celui qui comman dera le détachement. Que la Gendarmerie com m andera un Gendarm e à l’Or^ donnance chez le Com m andant de la Maison du Roy. A l'égard du p iq u e t, chaque Brigade fournira fon Offi cier pour le commander. Au fiege de M ons, en Février 1691, le Roy a réglé que Meilleurs les Lieutenans des Gardes de fon Corps qui font Brigadiers de C avalerie, commanderoient dans les détachemens aux Capitaines-Lieutenans de Gendarmerie qui ne le font pas, quoiqu’il n’y ait pas de Cavalerie Legere dans ledit détachem ent. Ce Reglem ent a été fait au iujet de M. de Vignau Lieutenant dans la Compagnie d e N oailles, & M, d 'Eftain Capitaine-Lieutenant des Gendarm es Dauphins. Au même iîege de Mons M. D u rfë , Lieutenant dans la Compagnie de D uras des Gardes du C o rp s, a obéi à M. de Yirieu Capitaine Lieutenant de G endarm erie, M. D u rfs n ’étant pas Brigadier Au Camp d'Efne S. Pierre le 30 Ju in , Meilleurs d e N e u chelle , de Vignau & de la Tafte , & Meilleurs de M arcin & de D ruy M ajor de la G endarm erie, ont réglé ce qui s’enfuit pour le lèrvice entre les Gardes du Corps & la Gendarm erie pour éviter toute contefte. Que dans les détachemens qui feront faits des deux C o r p s , on conviendra en les faifant, de celui qui comm andera, pour que chacun ait fon tour pour com m ander , que de cinq commandemens, les Gardes donneront le Commandant pour le prem ier, la Gendarmerie le fécond, les Gardes du Roy le troifiéme & le quatrièm e, la Gendarmerie le cinquième. E t ensuite les Gardes du Corps commenceront en fuivant le m êm e ordre, pour que de cinq f o i s le s G ardes du Roy fourcilfent trois fois le Commandant,
Dans
Dans les détachem ens, les Gardes du Corps, les G en darmes du R o y , les Chevaux-Legers de la Garde du Roy fourniront la troupe des C oureurs, & il n’y en aura pas de la Gendarmerie. Au fujet de l’O rdonnance, la G endarm erie l ’envoyerachez le Commandant de la Mailon du R o y , & la Brigade de la M aifoa du Roy envoyera au Com mandant de la Cavalerie de l’armée. Quoique les Mémoires qu’on vient de ra p p o rte r, con tiennent la plupart des articles qui concernent la Difcipline des Gardes du C o rp s, J'en ajouterai un autre qu’on m ’a communiqué , qui contient toute cette matière d 'une m a niéré plus ran g ée, & divers détails touchant les fondions des Officiers tan t pour ce qui regarde le service de la Cour, que pour le service dans les armées & dans les quartiers. J 'en retrancherai ce qui a été dit pour éviter les redites. Il est bon de remarquer ici avant que d'aller plus av an t, que tous ces Reglemens furent non feulement faits & intimez aux Compagnies des Gardes du R o y , mais encore qu’ils furent exadem ent obfervez : car ce n’est pas par les Ordonnances qu’il faut juger de l’exaditude de la Difcipline ; il s’en est fait de tout tems fans effet, mais c’est par l’execution : & jamais Prince n’y a plus tenu la main que Loüis le G ra n d , fur tout en ce qui regardoit sa Maison. S e r v i c e des O fficiers des G a rd e s d u C o rp s d u R o y .
L y a peut-être dans ces Mémoires & dans les fuivans, quelques articles ou conteftez, ou fujets à conteftation, en tre les Officiers de la Cour fur lefquels il ne me conviendroit pas de prononcer. Il faut de plus & fouvenir qu’il ne s’agit i c i pour la pratique que de ce qui & faifoit du tems du feu R oy : je ne fais gueres que copier & abréger ces Mémoires. Le Capitaine doit répondre de la Perfonne du R o y , quand i l est en service ; c’est à l u i d'ordonner de sa feureté & de bien faire prendre garde au s e r v i c e des Officiers des Gardes. ,AuiIi-tôt que le Roy fort de sa cham bre, le Capitaine doit I
être derrière Sa M ajefté, le plus près que faire le p e u t, 32 il ne ce de cette place à perfonne. Q uand il arrive que le Capitaine en quartier est incom~ m o d e , ou qu’il ne peut & trouver auprès du R o y , il envoyé avertir un autre Capitaine, & le prier de piendre le bâton,, & d 'aller fervir jufques à ce qu’il Toit guéri. Le Capitaine doit être logé dans le Palais du R o y , en quelque endroit qu’il fo it, préférablem ent à tous les Officiers& il ne découche point du logis où est le Roy. Il n’est permis à aucun Officier ni particulier, de parler au R oy quand il est hors de sa cham bre, fans la permifîion du Capitaine5 pour dans les appartemens du R o y , c’est l ’affaire du premier Gentil-hom m e de la Chambre. S’il arrive la nuit quelque Courrier ou quelqu’un qui veuille parler au Roy , on doit le mener au C apitaine, qui & leve auffi-tôt, & fait avertir Sa Majefté par le premier G entil hom m e de la C ham bre, qu’on lui veut parler. S’il arrivoit qu’il ne & trouvât point de C apitaine, le plus ancien Lieutenant & m et derrière le R o y , &. fait le service du C apitaine, prend l’ordre Sole donne au M ajor, qui le diftribuë dans la falle aux Aydes-Ivlajors & aux Brigadiers.Le Capitaine concerte avec le M ajor les détachem ens qu’il faut faire , foit à pied ou à cheval, félon les differentes ceremonies où le R oy doit fé trouver. Il ne s’en fait jamais aucune en public où il n’y ait des G ardes, même au P arlem ent, quand le R o y y va, où il a fix Gardes de la M anche qui l’accompagnent â la M éfié,, & ensuite jufqu’au P arquet $ ils font auffi de même à la ceremonie des Chevaliers du Saint Efprit. Le Major ne doit jamais quitter le R o y , & m arche or dinairement devant Sa Majefté , pour voir & vifîter fi lesGardes qu’on a poftez où le R oy v a , font leur devoir., & iî toutes les portes font bien gardées. Il examine s’il n’approche perfonne d'inconnu auprès dus R o y , & fi les Officiers &: les Gardes font leur devoir. Les A ydes-M ajors, Brigadiers, & Sous-Brigadiers doivent lui rendre compte de tout c e qui & paffe dans les falles, m ê m e dans les quartiers des Com pagnies, afin qu’il en
avertir le Capitaine en quartier & le Roy même. Le Major est toujours chargé de faire appeller le guet foir & matin dans les falles,& mêm e plus fouvent, s’il lui plaît, afin de voir fi tous les Gardes font afîîdus au service; le Ca pitaine même est prefent tous les loirs à l ’appel du guet. Les deux Aydes-Majors * deftinez pour le service d'auprès * II rfy en a d e là Perfonne du Roy ,font toujours le plus près qu’ils peu plus quunatt~ vent , afin d 'être à portée de recevoir les ordres du Capitaine jourd’hui, & du Major. Ils font chargez du détail des falles, & de faire faire les détachem ens à pied & à cheval, & de faire bien porter les armes aux Gardes , & de leur apprendre l’exercice & le m a niement des armes à pied. Ils font toujours prefens à l’appel du guet, & le font ap peller en l’abfence du M ajor, & diftribuent l’ordre aux Brigadiers dans les falles. Ils doivent toujours être à pied &. à cheval auprès du R oy quand il f o r t, & aller devant dans tous les endroits, pour bien vifiter tout ce qui convient pour la fureté de la G ar de de Sa Majefté. Pendant la g u e rre , iis vont tour à tour l’un après l’autre en cam pagne, & font le détail de la Brigade de la Maison du R o y , & reçoivent l’ordre & le m ot du M aréchal de Camp de jour. Après avoir reçu l’ordre du Maréchal de C a m p , & pris les détails de ce qu’il convient faire avec le M aréchal des logis de la C avalerie, il l’apporte au Commandant de la Maison du Roy dans le Camp ou le quartier qu’il occupe, ,c tensuite le diftribuë aux Aydes-Majors des Com pagnies, qui le vont porter aux Commandans de leurs Compagnies, & ensuite le diftribuent au Camp. Q u an t aux Lieutenans & Enfeignes qui fervent auprès du Roy de quartier, ils doivent toujours m archer à côté du Roy le plus près qu’ils peuvent félon le degré & le rang de leurs C h a rg es, obfervant toujours de ne point difÎ mter les places aux Seigneurs de diftindion qui veulent par er au Roy ou en approcher. Mais au contraire ils doivent bien prendre garde qu’aup u iflê
cun inconnu n ’approche auprès de la Perfonne du R oy ; & fi quelqu’un veut donner un placet à Sa M ajefté, ils doi vent le prendre & le preiènter eux-mêmes au Roy. L e Lieutenant a toujours la droite /ur l’Enfeigne. E t quand le Capitaine est abfent, le Lieutenant de quartier le m et aufii tô t derrière le Roy. Q uand il y a quelque Spectacle, C aroufel, O pera ou Com edie; un Officier & un Exemt font commandez pour la diftribution des places avec un nom bre de Gardes. O n fait auifi la même choie aux funérailles des Rois, Prin ces & Princefiès; & cela s’est pratiqué aux enterrem ens de la Reine & de M adam e la Dauphine, Quand il arrive qu’il vient dans le Royaume quelque R oy ou Prince Souverain, le Roy lui envoyé un Officier de bes Gardes avec un détachem ent pour le fervir. Cela s’est pratiqué pour le Roy & la Reine d'Angleterre. P endant la paix & pendant le quartier d'hyver, il y a toujours un Lieu tenant ou un Enfeigne qui fait tous les mois la vifite des quartiers ; cela & fait tour à tour & un par C om pagnie, & ensuite ils viennent rendre compte au R oy de l ’état où ils ont trouvé toutes chofes; Les Lieutenans & Enfeignes ont chacun leur quartier de l ’année fixé qu’ils doivent fervir auprès du Roy ; & quand celui qui doit relever le premier jour du nouveau quartier, & trouve m alade, celui qui devoir être relevé continue de ièrvir & efi: payé par extraordinaire. Les Officiers font obligez , quand il arrive quelque inci dent dans les Ceremonies , d'en avertir aufii-tôt le Capitai ne en quartier, qui en rend compte au R oy, & en l’abfence du Capitaine, c’est le Major. Le Roy s’est fervi quelquefois des Officiers de fes G ardes, pour faire arrêter des gens de grande confideration. Les Brigadiers & Sous-Brigadiers font deftinezpour faire faire le service des Gardes dans les Salles, & ils doivent être très-afîidus à leur devoir , très-reguliers à relever & vifiter les fentinelles i la Salle ne doit jamais être fans qu’il y en ait quelqu’un. L a nuit un d 'eux doit veiller tour à tour fans & déshabiller,
& faire la vifire du Palais le foir avant de fermer les portes ; & il est chargé du foin de relever toutes les fentinelles jufqu’à fix heures du matin , c’est celui qui est de garde à la porte. Jamais les fentinelles ne doivent fè relever qu’il n’y ait un Brigadier ou Sous Brigadier. Tous les Brigadiers Ô£ Sous. Brigadiers du guet doivent coucher dans les Salles. Quand, on envoie des détachemens en quelque p a rt, & q u ’il n ’y a que 10 M aîtres, il n’y a qu’un Brigadier ou SousBrigadier : quand il y en a 3 0 , il doit y avoir un Brigadier & un Sous Brigadier. Quand la lentinelle arrête quelqu’un à la porte du R o y , ou autre porte , elle doit appeller le Brigadier. Il ne doit entrer perfonne chez le Roy qui ait le nez enve loppé dans fon manteau. Quand la porte où est la fentinelle est fermée , perfon ne ne la doit ouvrir -, l’ordre est de prier la fentinelle de l ’ouvrir. Quand le Roy , la Reine , ou quelque Prince ou Princefte du Sang, ou quelqu’un des Capitaines parte dans la Salle, les Brigadiers doivent faire prendre les armes à tout le monde , & faire mettre les Gardes en haye félon le rang de leurs Compagnies. Les Brigadiers doivent tenir un ordre dans le service des Salles , & faire en forte que les fentinelles & relevent d 'une Compagnie à l’autre. Quand un Brigadier ou Sous- Brigadier trouve quelque G ar de en faute , il le peut punir foit en lui faifant faire une fen tinelle extraordinaire, foit en ledéfarm ant & le m ettant aux arrêts ; mais il faut qu’il en avertifle auffi-tôt le Major & le Capitaine en quartier. Le service roule entre les Brigadiers & Sous-Brigadiers,, mais le Brigadier a toûjours le commandement au-dertus de l’autre. Le Major & l ’A yde-M ajor doivent être avertis du moin dre incident qui arrive dans les Salles, foit entre les Briga diers ou les Gardes , ou avec ceux qui vont & qui vien nen t,
Les Brigadiers ne doivent fouffrir aucune défobéïftance,, ni rien qui en approche. Q uand ils font commandez pour fuivre le R oy , ils doi vent aflembler leur détachement hors de la cour du C hâ teau , & quand il est alfemblé , ils doivent & m ettre à la tê te , m ettre l’épée à la main & la faire m ettre aux Gardes , entrer dans la cour du C h â te au , après que les caroflès font arrivez, faire former la troupe fur deux rangs & aller prendre le pofte près le caroftè du Roy. O n en détache quatre pour m archer devant le caroftè du R oy ; & quand le Roy est à la chaffè, un Exem t prend qua tre Gardes avec lui & & promene autour du terrein où le R oy tire, aflèz loin pour ne pas incommoder. Le dernier jour du mois le T réforier apporte l’argent du guet aux Brigadiers,qui le diftribuent par ordre du M ajor aux Officiers &, aux G ardes fans rien retenir. Il ne doit être reçu aucun Garde qu’il n’ait été prefenté au R oy ; & quand Sa Majefté l’a agréé , un Brigadier le mene chez le Major qui l’examine & le s 1er vices , le met fur fou livre , & marque fon âge , le lieu d 'où il est & fes fervices ; ensuite de quoy il lui donne un billet pour être reçu dans la Brigade où il est deftiné , ensuite de quoy le Capitaine lui fait prêter ferment dans la Salle , les Brigadiers & les G ardes étan t sous les armes. N u l ne doit être reçu dans les G ardes qui ait une af faire crim inelle, au moins fi ellen’est pas tout-à fait accom modée. Un G arde ne doit être mis fur le guet pour fervir auprès du R o y , qu’après qu’il aura été lix mois dans la Com pagnie s & qu’il ait été éprouvé s’il est lage & de bonnes m œ urs; en rems de guerre il faut qu’il ait fait une cam pagne.
Service dans le quartier. I L y a toujours un des Chefs de Brigade qui va faire pen-
dant le mois la vifîte des quartiers d e chaque Compagnie pour voir ce qui s’y pafle, l’état des hommes & des chevaux, & à la fin de chaque mois cet Officier en vient rendre comptg au Roy.
I 1 y a aufiî deux Exemts par Compagnie qui y réfident qui ont attention que rien ne s’y palle contre le service du Roy. Celui qui & trouve Com m andant du quartier,doit don ner avis de tout ce qui s’y paflè au Capitaine de quartier & au Major à même-tems. Les Brigadiers font chargez d'apprendre aux G ardes, & fur tout aux nouveaux,de bien porter & manier les armes. Le Commandant fait de tems en tems m onter la Bri gade à ch ev al, Toit pour exercer les hommes ou en faire la revue. L ’Ayde-Major de la Compagnie est chargé de faire tous les m ois, & même plus fouvent, s’il convient, la revue avec le CommilTaire , la vilite des arm es, examiner fi les hommes & les chevaux font en bon é t a t , fi les Gardes vivent fagement dans les quartiers ; & il doit rendre compte de tout à fon C a pitaine & au Major. Il est chargé du payement de la Compagnie , & il doit arrê ter les revues conjointement avec le CommilTaire. Il doit faire m onter les Brigades à cheval de tems en te m s , pour voir fi rien ne leur manque de l’équipage du Roy, Les Brigadiers & Sous-Brigadiers font obligez de lui rendre compte generalement de tout. S’il y a quelque Garde de mauvaifes m œ urs, Jes Brigadiers font obligez de le lui dire , afin que le Capitaine en parle au Roy pour le faire ôter. O n ne doit donner le congé à aucun , qu’on ne prenne Tordre du R o y , & ce congé doit être donné par le Ca pitaine. Q uand il y a quelque querelle ou defordre dans quelque q u a rtie r, TAyde-Major est obligé de s’y rendre prom pte m ent pour faire l’information , & Tenvo'ïer à la Cour au Ca pitaine & au M ajor à qui on doit toujours écrire à même tems. L’Ayde-Major doit envoïer tous les mois un extrait delà revûë au Capitaine, & au M ajo r, afin qu’ils foient informez d e l’é ta t , & de la force des Compagnies. &
Il est auffi chargé de faire faire les tentes quand on est p rê t d 'entrer en campagne , & d'examiner II les Tim balliers & lesTrom pettes font bien montez. Il est aujourd’hui chargé de l ’habillem ent de la Compagnie sous le bon plaifir du Capi taine & du Major. Il doit toujours avoir un Controlle e x a d de la Compagnie & connoître les Gardes par lui-même. Quand le Roy doit faire la revue de fes G ardes , il doit bien examiner toutes chofes , tenir un é tat parfait de to u t, & voir s’il ne manque rien , & fi to u t est uniforme. Il a foin de faire m ettre les efcadrons en b ataille } de l e s f a i r e d r e l f e r , & quand ils défilent devant le R o y , il paflè le d e r n i e r à la queue de la Compagnie. S e r v ic e de C am pagne.
E R oy nomme un Lieutenant qui a un caractere pour commander le Corps de fes Gardes en cam pagne, c ’est un Lieutenant G eneral ou un M aréchal de Camp , qui a fou? lui un Lieutenant ou un Enfeigne de la Maison du Roy , Brigadier d’Armée.Dans les dernieres années de Loüis X IV , c’étoit toujours le plus ancien Lieutenant General qui & trouvoit dans les quatreCompagnies.Ce Lieutenant G eneral reçoit du Roy une lettre pour commander sa Maison , & le plus ancien Brigadier d’armée de la Maison du Roy en reçoit aufii une pour faire le s e r v i c e de Brigadier de la M a i s o n . I l y a un des deux Aydes-Majors du corps qui vient en cam pagne , & fait la charge de Maréchal des l o g i s de toute la Maison , il va recevoir l ’o rd re, le donne au C o m m an d an t, & le diftribuë aux autres Aydes-Majors des Com pagnies, qui vont le porter au quartier ou au camp , le donnent à leurs Commandans des Compagnies , & ensuite lediftribuent aux B rigadiers, qui ont foin de le donner aux O f f i c i e r s & aux Gardes. Le Commandant est chargé de bien faire fervir les Offi ciers & l e s G a rd es, & d e reprefenter le s befoins du corps pour l a fubfiftance des hommes & des chevaux. I l n e & f a i t aucun mouvement ni détachem ent qu’il n ’en foir
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fo ie averti. L ’Ayde-M ajor G eneral ordonne sous lui de tout ce qui & doit faire pour le détail du service , & les autres Aydes-Majors doivent lui rendre com pte de tout ce qui & pane chacun dans leur Compagnie. O n envoie ordinairement des détachem ens de ce Corps à la guerre. Quand il y a 2 ou 300 M aîtres détachez , il y a un Lieutenant & un Enfeigne pour les com m ander & des Exemts à proportion ; quand il n’y en a que 100 ou 150, il n ’y a qu’un Lieutenant ou un Enfeigne ; c’est-à-dire celui qui est à marcher. A chaque détachem ent de 50 M aîtres, il doit toujours y avoir un Exemt , un Brigadier , un Sous-Brigadier & un Trom pette , c’est-à-dire, que quand il y a 200 Maîtres comJ mandez , il faut qu’il y ait quatre Exemts , quatre Briga diers , quatre Sous-Brigadiers & quatre Trompettes. C ’est l ’affaire de l’Ayde-M ajor ou du Major de Brigade de les partager chacun à leur troupe , & de partager auffi les Gardes de chaque Compagnie félon le rang de leur m ar che. Q uand le détachem ent est affemblé à la tête du Camp & en état de m arc h er, l’Ayde-Major le remet entre les mains de l ’Officier qui doit le commander , & qui fait la vilîte des armes , & voit ft tout est en état. Les Aydes-Majors des quatre Compagnies & trouvent vers le foir chez le Commandant du C orps, & attendent là que l ’Ayde- Major General foit revenu du quartier du Roy , & qu’il leur ait donné l’ordre. Quand il arrive quelque chofe dans le Camp ou dans un quartier , les Brigadiers qui doivent toujours camper à la tête des Brigades, font obligez d'avertir d'abord l’Ayde.M ajor de la Compagnie,qui en avertit auffi- tô t le Com m andant de la Com pagnie, & l’Ayde-Major General. Q uand il arrive quelque querelle , les Brigadiers doivent y donner ordre fur le champ en attendant qu’ils aient aver ti les Supérieurs. Il doit toujours y avoir une G arde aux Etendarts pendant la nuit,qui est ordinairement de douze ou feize M aîtres comamandez par les P or te-Etendarts,
Cette G arde pofe des fentinelles à la tête & à la queuë dïf Camp , qui font relevées de deux heures en deux heures. P endant le jour il y a toujours une fentinelle à l’E tendart , qui a l’epée à la nain & qui ne doit jamais êtrè affis. Le foir quand la retraite ionne , le Porte-Etendart qui com m ande , aftemble sa g a rd e , &. fait porter tous les Etendarts au centre de la Compagnie avec les T im bales, & pofe une fentinelle. Cette Garde est pour la fûreté du Camp , pour em pêcher qu’on ne vole les chevaux, &, doit aulïi faire prendre garde au feu des cuifines. Celui qui la commande ne doit point fouffrir que perfonne aille boire chez le Vivandiers pendant la nuit, ni qu’on tienne des jeux publics. Il y a toujours un Piquet commandé dès le foira l’ordre de 50 M aîtres par Compagnie avec les Officiers ; les G ardes doivent être toujours boitez,& les chevaux fellez prêts à bri der ; afin d 'être toujours en étac d 'aller prom ptem ent où il conviendra pour le service. L ’Exemt & les Brigadiers du Piquet doivent les vifiter quand l’ordre est donné le foir, & s’il y a quelque allarm e, le Piquet monte d'abord à cheval , mais il ne doit point fortir de la tête du Camp que par un ordre d 'un Officier Supérieur qui commande tout le Piquet. Dans les marches on commande un Brigadier ou SousBrigadier avec ; 2 ou 16 Gardes pour l ’efcorte des bagages ,, félon ce qu’il convient & le pais où l’on est. Q uant à l’efcorte des fourageurs, il doit toujours y avoir des Officiers pour les conduire, & des gens comm andez fé lon l'éloignement & le danger qu’il peut y avoir. Il n’est permis à aucun Garde de s’attacher particuliè rement au service d'aucun Capitaine ni Officier , ni de lui fervir d'Ecuïer ou autrement. Q uand on fonnera à cheval dans le camp , les Brigadiers feront former les efcadrons, & les Exemts & Sous Briga diers iront dans le camp faire monter à chevalles Gardes le plus prom ptement qu’il fera poffible. Les Lieutenans , Enfeignes & Exemts cam peront à la
du camp ; les Brigadiers & Sous Brigadiers à la tête. Les Officiers, fur tout l’Ayde-M ajor & les Brigadiers, font obligez de bien faire camper les G ardes & dreffer les tentes. Quand on entre dans des quartiers de fourage , le Com m andant prend un logement de p référence, l’Ayde-Major en prend un convenable, & on fait des cantons qu’on tire par B igade. Les malades doivent être préférablement logez avant m ê m e les Officiers, O n rte donnera jamais de congé à aucun G arde pendant la campagne.,!! ce n’est pour m aladie, ou pour quelque affai re de grande confequence, Quand le boutefelle est fonné, il doit y avoir toujours un T rom pette à la tête du camp pour fonner à c h ev a l, quand le Com m andant l’ordonne. Ils doivent auffi tous & trouver à la tête du camp vers le foir pour fonner le g u e t, & le Trom pette du Piquet doit être toujours b o tté & fon cheval fellé. L ’Aumônier doit faire la priere du loir à la tête du camp , & avertir le C om m andant, s’il connoît quelqu’un dans le Corps qui mene une mauvaife vie. queue
Service du Major & des Aydes-Majors des Gardes du Corps. M ajor d o i t être toujours près de la Perfonne du Royq quand Sa Majefté est lorde de la chambre , c’est lui qux prend l’ordre du Roy en l’abfence des C apitaines, de qu rend compte à Sa Majefté de tout ce qui arrive dans le Corps. Q uand le Roy doit aller quelque part , foit à la cha melle , aux jeux de paulme , ou aux fpe&acles, il y envoie a l’avance des Brigadiers des G a rd e s, prendre les polies un peu avant l ’heure que Sa Majefté doit aller dans ces lieux ; il va viliter f i l e s polies font bien garnis, & li tout est en .ordre. Il reçoit tous les m atins & tous les foirs l’ordre du Capi taine en quartier auffi-tôt que ledit Capitaine l’a pris d u R o y , êçeniuite il va dans la Salle des G ard es, où il fait ap-
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peller le guet pour voir fi tout le monde y est ; & là il diftribuë l’ordre à toutes les Salles , & fi le R oy ou les Princes fortent à cheval ou en carofle, il diftribuë les relais pour un chacun. D ans les voïages,il va devant de bon matin vifiter les maifons où le Roy doit loger , vifite les caves & les gre niers , & fait ordinairement étaïer les appartemens où le R oy doit loger. Le Major va tous les foirs après le guet appelle, dans les Salles vifiter la garde de la porte , & voir fi le Brigadier de porre qui est deftiné avec un certain nom bre de Gardes pour veiller , & relever les fentinelles de deux heures en deux heures est en état sous les armes -, & après avoir fait fermer les portes qui doivent être fermées par un des deux Gardes de la M anche de quartier,, enfüite ce G arde de la M anche accompagné du Brigadier & de quatre G a r des précédez par le Clerc du guet portant fon flambeau , doit reporter les clefs au Capitaine en q u a rtier, & le m atin peu avant fix heures, le Brigadier les vient reprendre. Le M ajor tient un é tat bien exaét de tout le guet ; Scies Treforiers qui apportent la paye de ce guet à la fin de chaque m ois, ne le diftribuent que par l ’ordre du M ajor , après qu’il l’a pris lui-même du Roy. C ’est ie M ajor qui ordonne , & qui fait relever tous les Samedis matin les Salles qui fervent pendant toute la &maine , l’autre Salle qui est la moitié du guet , allant tour à tour feùepofer au Pecq. Le Major & m êle de la diftribution des habillemens de tout le C orps, des Etendarts & des armes quand le Roy en donne. Le Tim ballier & les quatre Trom pettes des plaifirs du Roy font à fes o rd re s , & c’est lui qui a foin de les remonter , quand ils ont befoin de renou v e le r leurs chevaux. Le Major a toujours un logement le plus près du R oy qu’il est poffible, & Sa Majefté & fert fouvent de lui pour les affaires les plus importantes. Les deux Aydes-Majors qui font à la fuite de la Cour font aux ordres des Capitaines & du M ajor , ils font tou jours à la fuite de Sa Majefté , & fervent ordinairem ent par
lemaine , & chacun dans sa iemaine fait la fonction du M a jor en fon abfence : ils fuivent le R oy à toutes les chailès, & ont foin d'envoïer des Gardes voltiger à droit & à gauche fur les allés des chaffes du Roy. Ils prennent ordinairement les devans pour avertir les Officiers & les G ardes de l’arrivée du Roy , afin que les portes foient garnies , & que tout foie sous les armes. Les deux Aydes-Majors accompagnent toujours foir & m atin le Capitaine le Major à l’appel du g u e t, & quand on va fermer la porte le foir. Un des deux va toujours cha cun à fon tour en campagne avec le Corps des G ardes , & fait la charge de M aréchal des logis de la Brigade de la M a i s o n du Roy , va recevoir l’ordre au quartier G eneral, le porte au Com m andant du Corps des Gardes , & le diftribuë aux Aydes-Majors des quatre Compagnies, à ceux des G endarm es, Chevaux-Legers, Moufquetaires, & même au Major d elà G endarm erie, quand elle est jointe à la Maison du Roy ; & c’est à lui à qui les quatre Aydes-Majors des Compagnies rendent compte de tous les détails pendant la campagne. Les quatre Aydes-Majors & m êlent chacun dans leur Compagnie generalement de tous les détails, comme d'ar rêter les revues avec le Commiffiaire , de recevoir l’argent des T réforiers, de le diftribuer aux Brigadiers pour en faire la répartition dans les Brigades. C ’est auffi eux qui doivent prendre foin de ce qu’on ap pelle Petit Etat M ajor, qui font les T rom pettes, Tim balliery Chirurgien M ajor, M aréchaux & Selliers, Vague-M aître, & même de l’Aumônier. Les quatre Aydes-Majors des Compagnies, après avoir reçu l ’ordre de l’Ayde-Major du Corps, doivent le porter au Com m andant de leur Compagnie , & ensuite le diftribuer à la tête du Camp à tous les Brigadiers. L ’Ayde-Major de la Compagnie de Noailles étoit autre fois toujours le M ajor de Brigade de la Maison du R o y , & prefentement tous les Aydes-Majors font le détail par &maine l’un après l’a u tre , des quatre Compagnies. Quand on donne des quartiers de fourage fur l’arriéré-
II n’y a plus q iiu n
A y ie -
Major en i 7 2. i .
faifon, c’est rA yde-M ajor des Moufquetaires qui fait les c a n to n s, & la Compagnie de Noailles choifit; & ensuite tous les autres Aydes m ajors, foit des trois autres Com pa gnies , foit des Gendarmes & Cnevaux Légers & Moufque» taires tirent au fort. Q uand il le fait à l’armée un détachem ent de 4 à 500 M aîtres de la Maison du R oy , il doit m archer un des quatre Aydes-Majors, pour faire le détail sous le Com man dant. O n ne peut tirer d'une meilleure fource que de ces divers M e moires ce que J'ai appellé la Difcipline ou la Police des Gardes du Corps. Ils m’ont été très-obligeamment fournis par M. du M e n il, cy-devant Ayde-M ajor de la Compagnie EcolToife & premier Hom m e d’Armes de F rance, & qui fut envoyé en Efpagne par le feu Roy pour former une pareille garde à Sa Majefté Catholique Philippe V. Je vais dire en core quelque chofe des privilèges & des prérogatives de ces quatre Compagnies ,qui depuis qu’elles ont été mifes fur le pied que nous les avons vues par Loüis le G ra n d , ont rendu dans les armées de fi grands fervices à l’Etat.
Des Privileges & des Prérogatives des Compagnies des Gardes du Corps. Om m e les quatre Compagnies des Gardes du Corpsapprochent de fi près la Perfonne de nos R ois, & qu’il est de la dignité de ces Princes, que ceux de leurs Sujets qui ont cet honneur , aient quelque marque de diftinction, ils leur ont accordé divers privilèges. Il y en a pour les Officiers & pour les simpies Gardes. Je commence par les Officiers. Capitaines Les Cipitaines des G ardes, non feulement prêtent le fer des Caries ment entre les mains du R o y , mais encore ils le font aïant fo n t ferment jtépeé au côté. l’épée au côté. Ce Privilège de prêter ferment entre les main? Ils n 'ont pas du R o y , n ’est pas auffi ancien que l ’infiitution des Com pa toujours fa i t ferm e n t entre gnies des Gardes : Les Capitaines faifoient autrefois le fer les m ains du ment entre les mains d 'un M aréchal de France. C ar voici Roy. Origine des ce qui est marqué au fiijet du Seigneur de Chauvai qui f a u x Comp a - fucceda au Seigneur de Gravilie dans la C harge de Capi-
C
f a în e
de la première Compagnie Françoife sous Loüis X I.
Les L e ttre s d u d it C h a u v a i fo n t adreffées a u x M aréchaux de France p ou r prendre fe rm e n t de lu i. Comme p a r fo n attache , A n d ré de L a v a l Sire de L o h e a c , M a r é c h a l de F ra n ce , certifie a v o ir f a i t .
gnies des Cent Gentils-hom mes. p.29
Je rapporterai à cette occafion la formule du ferment que Regfftre de fait le Capitaine des Gardes entre les mains du Roy. Je l’ai l’année de 1 6 7 2. tirée du Secrétariat de la Maison du Roy. C ’est celui que Serment des fit M . de Duras en 1 6 7 2 . C apitaines des » Vous jurez & prom ettez à Dieu de bien & fïdellement Gardes du » fervir le Roy en la Charge de Capitaine des G ardes de Corps. » fon Corps dont Sa Majefté vous a pourvu fur la démiffion » d e Meilleurs de Charoft pere &. fils, de tenir la main que » les Officiers qui font sous votre charge, s’acquittent fî» dellement de leur d e v o ir, de reveler à Sa Majefté tout » c e que vous fçaurez im porter au bien de fon service, de » veiller foigneufement à la fureté de sa Perfonne, de ne re» cevoir penfion d'aucun autre Prince que de Sa Majefté,&: » de faire en cette Charge tout ce que bon &: fidelle fujet » & iêrviteur est tenu & obligé de faire : & pour marque de » la confiance que Sa Majefté prend en vous, elle vous m et » entre les mains le bâton de Commandement. Les Capitaines des Gardes font toujours des perfonnes de qualité. Pluficurs M aréchaux de France & font tenus ho norez de poifeder & d'exercer cette Charge : & depuis que Loüis Je G rand gouverna par lui-m êm e, il l’a toujours conférée ou à des M aréchaux de France, ou à des perfonnes qui étoient en paflè de le devenir. Tous les Lieutenans des Gardes du Corps ont le rang de Mestre de Camp dans la Cavalerie, du jour qu’ils font pour vus de leurs Charges, & font leur chemin dans le com m andem ent, félon qu’il plaît au Roy de recompenfer leurs fervices. Il n ’y en a gueres qui avec le tems ne deviennent Officiers Generaux. Quand ils font faits Brigadiers,, c’est L ie u te n a n s toujours dans la Cavalerie. & E n fe ig n e s L ’Enfeigne des G ardes du Corps qui est de quartier a sa o n t r a n g d e de place au côté gauche du Roy. Les Enfeignes ont rang de MC aemstre p dans & M estre de Camp dans la Cavalerie dès le jour qu’ils font C a va ler i a
Les Exemts t n t rang de C apita in e de C avalerie.
Leur com m andem ent dans les déta-
chemens.
Leur com mandement dans les détacbemens. C om m aniem sns des Sousfirigadiers dans les déta chement.
Les A ydesM ajors du C orp so n tra n g de Mestre de C amp.
Porte-E’-en-
reçus dans leurs JCharges. Ils m ontent au rang d 'Officiers Generaux -, & il y en a aduellem ent qui font Brigadiers de Cavalerie & M aréchaux de Camp. L a Charge d'Exemt est auffi un emploi confiderable dans les Gardes du Corps ; ce font ordinairem ent des perfonnes de condition qui en font pourvus. Tous les Exemts ont commiffion de Capitaine de Cavale rie du jour qu’ils font faits Exemts. Ceux qui étoient Ca pitaines de Cavalerie avant que d 'être Exemts, conferveroient leur rang d'ancienneté de Capitaine, fuppofé qu’ils re n tra ie n t dans la Cavalerie : mais dans les Gardes du C orps, ils marchent félon le rang de la Compagnie où ils font ; & dans leur Compagnie ils n’ont leur rang que du jour qufils font nommez E xem ts, fans qu’on ait égard à leur ancien neté de Capitaine de Cavalerie. A l’armée dans quelques occalîons ils comm andent jufqu’à cinquante Gardes détachez sous eux. L’Exemt par le R e glem ent de 16 6 5 ne cede point sa place à l’Officier hors de service , fi ce n’est au Capitaine. Les Brigadiers ont rang de Lieutenans dans les autres T roupes en vertu de leur Charge ; il y en a même plufieurs aufquels le Roy a donné des Commiffions de Capitaine de Cavalerie. A l’armée on les détache quelquefois avec trente Gardes. Les Sous-Brigadiers ont ce t it r e , parce qu’ils com m andent sous les Brigadiers, & en l’abfence des Briga diers : ils ont le rang de Lieutenant de Cavalerie comme les Brigadiers. O n les détache auffi quelquefois à l’arm ée comme les Brigadiers à la tête d 'un pareil nom bre de Gardes, J 'ay déjà fuffifamment parlé des prérogatives du Major & des deux Aydes-Majors du Corps en traitan t de leurs fon d io n s, je dirai feulement de ceux-ci qu’ils ont par leur Charge le rang de Mestre de Camp du jour qu’ils font pour vus , & précèdent les Exemts reçus depuis eux. Les AydesMajors particuliers des Compagnies n’avoient que le rang d 'Exemts, depuis ils ont eu rang d'Enfeigne dans le Corps, & de Mestre de Camp de Cavalerie. Le Porte Etendart n ’est point une C h a rg e , mais une fimplê
fimple Commiffion que l ’on donne à un Garde du Corps. J 'ai déjà die que l’avantage attaché à cette Commiffion est une penlîon de cent écus, & qu’il commande les Gardes du Corps deftinez pour la garde des Etendarts pendant la n u it, elle est ordinairement de douze ou iéize Gardes. Ils ont aufti maintenant rang de Lieutenant de Cavalerie com me les Brigadiers Scies Sous^Brigadiers. Tous ces rangs ont été reglez & confirmez par une Ordonnance du Roy Loüis X V de 1717. Ce font les plus confiderables Privilèges des Officiers des G ardes du C orps, qui foient venus à ma connoiftance. Pour ce qui est des Privilèges des fimples Gardes du Corps, il faut fçavoir premièrement qu’ils n’en joüiiïent pas to u s, & que de trois cents foixante qui font dans chaque C om pagnie, il n ’y en a que cent de chacune qui foient Pri vilégiez ; le R ôle en doit être porté tous les ans à la Cour des Aydes ; & ce n’est qu’en vertu de ce Rôle que ceux qui y font nommez peuvent joüir de leurs Privilèges. 20, Les Gardes de la Compagnie Ecoftoife ont de certai nes diftinclions, que n ’ont point les Gardes des trois autres Compagnies. 3°, Dans la Compagnie Ecoftoife m êm e, les Gardes de la M anche en ont que les autres Gardes Ecoftoifes n’ont point. Mais il feroit inutile de repeter ici ce que J'ai déjà rapporté fur ce fujet dans les extraits que J'ai faits de la plainte desEcoflois de l’an id i2 , & du Livre de Honfton intitulé L'Ecoffe Franco!& , où. les plus confiderables de ces prérogatives font contenues, & fur lefquelles J'ai déjà fait quelques notes. J 'ajouterai feulement i°,que les Gardes de la Manche ne portent point la Bandoulière ni le moufqueton ; qu’ils font exemts de fentinelle & de faire vedette à l’arm ée, qu’on en met quatre dans chacune des fix Brigades de la Compagnie ; que les deux qui font actuellement de service auprès de la Perfonne du Roy ont bouche à Cour : outre quelques autres petites diftinétions. 2°, Que fur l ’article des clefs du Louvre ou du logis où le Roy demeure, dans lequel article Honfton dit qu'aucun des Gardes Françoise s ne d o i t toucher lefdites clefs , le Roy régla ce point en 1665 de la maniéré qui fuit.
d a rt sim p h Commiffion.
C ent Gardes d u Corps par chaque Compagnie P rivi l egiez.
Privilèges particuliers des Gardes de la, M anche.
Reglement fu r les clefs d u Louvre.
Que le guet étant appelle, les Ecoflois prefenreront l e s clefs à celui qui com m andera, de quelque Compagnie qu’il foit , & ensuite i’Ecolîois les prefentera a n C a p ita in e e n q u a r tie r .
Q ue l’Exemt commandant la Brigade m archera à la tê te , & recevra les clefs du Lieutenant de la p o rte , ou de celui qui Reglement y commandera , & qu’il les m ettra aufli entre les mains du de 1 6 6 5 . Brigadier Ecoflois. Que la Brigade qui ira relever ladite p o rte , partira de la Salle marchant avec o rd re , l’Exemt à la tête , & les G ardes Ecoflois & François m ê le z , e n fe m b le , & les Brigadiers à la tête félon leur rang , c’est à-dire les Brigadiers Ecoflois à la t ê t e , & les Sous Brigadiers après les Brigadiers de la Compagnie qui fera de garde , & m ettant en haye à ladite porte , ils & m ettent dans le mêm e ordre , c’est-à-dire , tous de m êm e côté , & f a n s d f i i n t f i o n d e f d i t e s C o m p a g n ie s . 3 q , Sur l’article où le même Honfton d i t , qu'oit i l est q u e Reglement fo u r quttnd le f li o n q u e S a M a j e l l é p a fie p a r e a u , ou tr a v e r s e q u e lq u e r iv ie r e Roy est en betc p a r b a te a u ou b a rq u e , le jd ite s G ardes E c o fo tfe s & m e t te n t de~ eu en bateau.
v a n t , & g a r d e n t le v a i f e a u .............Jans qu'il y a it aucun des a u tre s G a rd es d u Corps q u e les Eco f o i s f o u r le f a i t d u s e r v i c e .
Il a été dit par le même Reglement que lorfqu’il y aura un bac ou autre lieu à g a rd e r, tous les Gardes y entreront indifFeremment:mais leslentinelles feront de la G arde Ecofloi& , bien entendu qu’ils feront relevez par d'a u tre s, quand il fera neceflaire : hormis les gardes ordinaires qui & feront comme elles ont accoutumé. 4 ° , Que fi par hazard on étoit obligé d 'ouvrir la porte après qu’elle aura été ferm ée, l’Ecoflois viendra prendre les clefs du Capitaine en quartier ; mais ne pourront ouvrir la porte qu’en prefence de l’Exemt qui fera de garde. ; °,Sur l’article où le même H onfton dit q u e les G ardes E c o f fo is f o n t p o u r v u s p a r l e d i t C a p ita in e Eco f o i s a u x p la ces v a c a n te s f u i v a n t s a v o lo n té ' é r le j u g e m e n t q u ’i l en f a i t , le to u t a l a ch a rg e q u 'ils a i e n t f u i v a n t la p re m iè re i n f i i t u û o n c e r tific a t de le u r R o y en le u r f a v e u r f a i f a n t f o y & d e m o n flr a tio n de le u r q u a Reglement l i t é , m œ u r s , p ru d 'h o m m ie . Le Roy en 1664 , s’est refervé la
de 1664.
difpofition des places de Gardes aufli- bien que des C harges des O f f i c i e r s .
Et pour ce qui est du certificat du Roy d'Ecoffe , la chofe Certificat du d 'Ecobie n ’est plus en ufage depuis que la Compagnie Ecofloife n’est Roy n est plus en plus compofée que de François. ufage dans la 6 ° , Les Gardes du Corps en general ( je parle toujours des Compagnie Ecossoise. cent Privilégiez de chaque Compagnie ) on t divers privilè ges qui leur font communs à tous. Il y a eu de tout tems en France des privilèges pour les Of ficiers domeftiques du Roy &. pour les Commenfaux ; & nous avons fur cela plufieurs Ordonnances depuis le Regne de Charles V II ; mais je n’en ai vu qu’une avant le Regne de Loliis X I I I , qui regarde fpecialement les Gardes du Corps, & les exemte de tous fubfides,impofitions,&c. Elle est du 7 de pag. 3 2 8 . Février de l’an 1543, du tems de François I. D u T illet en fait edit, in foi. mention dans fon recueil des Rois de France. Il y a un A rrêt du Confeil du Roy Loüis X III de 1619, qui leur attribue tous les privilèges des Commenfaux , & en Les Gardes particulier l’exemtion de tailles , tandis qu’ils feront dans le d u Corps ont privilèges fer vice ; & quand ils ont eu des Lettres de veterancequi ne leur les des Commen font données qu’après vingt-cinq ans de service , leurs veu fa u x . ves participent aux mêmes privilèges, pourvu qu’elles ne & Privilèges de remarient pas , ou que leurs maris n’aïent pas dérogé par leurs veuves. certains emplois indignes de la NobleiTe. Dans les Rôles de la Cour des Aydes de l’an 1671 , les T itre d'E cent anciens Gardes portent la qualité d'Ecuïer : mais ce cuier accordé Gardes privilège est plus ancien félon un A rrêt du Confeil Privé de ad uu xCorps. l’an 1651, rendu contre la Cour des Aydes de R o u en ,cité E tat de la France de dans les Etats de la France ; il y eut encore un A rrêt du Con- l’an 170 8. p. feil d'Etat du 25 d'Août 1634,qui les maintint dans la qualité 6 9 9 . d 'Ecuïers & qui fuppofe qu’ils en étoient dehors en poftèlfion. O u tre l’exemtion des tailles, ils font exemts de plufieurs autres charges & impofitions, ils ont le droit de Com mit timus, &c. Par L ettres patentes de Loüis X III données à Roüen l’an 1617 , ils ont le pas dans les lieux de leur demeure immédia tem ent après les Con/ëillers des Bailliages , Senéchauftées Ils ont le pas apres les & Préfidiaux, lorfqu’il & fait des aftèmblées & des ceremo- Confeillers îfies , où ils & trouvent , le Roy les faifant participans des des Préfid ia u x , & c .
privilèges accordez par Henri IV en 1605 aux Officiers de la Cham bre & d e là G arderobe, aux M aréchaux des logisj aux Fouriers du corps & auxFouriers ordinaires. Ce privilège fu t confirmé par le Roy en 1681, lequel cafla unA rrêt du G rand Confeil qui y étoit contraire. C ’est là à peu près tout ce que je crois qui peut être rem arqué de plus im portant touchant les quatre Compagnies des G ardes du Corps -, je dois mainte nant traiter de la Compagnie des Gendarmes de la G arder mais auparavant je dirai un m ot des Grenadiers à cheval, qui ont été en quelque façon unis par Loüis le G rand aux G ar des du Corps, & qui campent & com battent conjointem ent avec eux dans les armées , fans neanmoins avoir rang dans la. Maison du Roy. D e s G r e n a d ie r s à c h e v a l. Création des Grenadiers du Roy.
Lm rsarm es, leur devife.
Leurs fonc tions.
Leur p'quet.
E Roy créa cette Compagnie au mois cte D ecem bre de l’an 1676. Le Com m andant porte le titre de Capitai ne-Lieutenant : elleefl compofée de cent trente hommes en trois Brigades qui ne font qu’un efcadron. Il y a trois Lieuten a n s, trois Sous- Lieutenans, trois M aréchaux des logis, fix Sergens & fix Appointez. O utre l ’épier & le piftolet, ils ont pour arme îefufil ; leur E tendart elt blanc , & ils y ont pour devilè une carcaffe en broderie d 'or qui creve en l’air , avec ces mots, u n d iq u e te r r o r , u n d iq u e l e t h u m ,pour lignifier qu’à l’exemple d e là carcafiè quand elle fait fon effet, ils portent par tout la terreur & la mort. Les soldats de la Compagnie font quelquefois employez dans les marches à raccommoder les chemins pour le paffage des troupes de la Maison du Roy , & font auffi la même fondion aux attaques des chemins couverts & des contrefcarpes. Cette troupe dans les batailles a l’honneur de com battre à la droite des efcadrons de la Compagnie Ecoffoi& , elle a combattu fouvent à pied. Par un Reglement que J'ai trouvé parmi ceux que le Roy a faits pour sa Mai on «les Grenadiers du Roy font leur pi» quet & leur service en particulier. Ils ont du piquet ce que le » Commandant de la Maison du Roy ordonne. Q uand la Bri-
L
» gade & trouve feule , ils font la garde chez le Maréchal « de Camp qui commande la Maison. Ils détachent pous » cela un Sergent avec huit ou dix M aîtres, leur Ayde-Ma» jor prend l’ordre tous les foirs du Com m andant. On leur » marque leur camp à 50 ou 6o pas à la droite de la Com» pagnie EcofToife. Le Commandant de la Maison en déta» che là où il croit qu’ils font neceflaires , ils font toujours, » quand il y en a de détachez , sous l’ordre du C'omman» dant du détachement des Gardes du C orps, il y a unTam» bours dans cette Compagnie. O n voie par tout ce que je viens de dire que c’est un Corps conlîderable , & qu’il est regardé en quelque façon comme un membre de la Maison du Roy. Voici les changemens qui font arrivez dans cette Compa Changement gnie depuis fon institution. Elle fut d'abord compofée d 'un arrivez, d ant Compa C apitaine-Lieutenant, de deux Lieutenans , de deux Sous- gcette n ie. L ieutenans, de deux M aréchaux des logis, de quatre Ser. gens, de deux B rigadiers, de quatre Sous-Brigadiers & de 74 G renadiers, faifant en tout 88 Maîtres,non compris les Offi ciers à hauflè-col. L ’année d'après la prife de Valenciennes elle fut augmen tée jufqu’à 120 M aîtres, & puis réduite à la paix de Nimégue à 100 Maîtres. Après le combat de Leuze elle fut augmentée d 'un Lieu te n a n t, d 'un Sous-Lieutenant & d'un Maréchal des logis, & de yo M aîtres, y compris deux Sergens, un Brigadier, deux Sous Brigadiers & un Porte- E tendart, que le Roy accorda çn confideration de cinq Etendarts que cette Compagnie avoit pris tur les Ennemis dans ce fameux c o m b a t, & il y eut: alors en tout,les Officiers à haufle-col non compris,iyo M aî tres. A la paix de Rifwick elle fut réduite à 150 M aîtres, comme Leurs Ca elle étoit encore à la mort du feu Roy. Le premier Capitaine de ces Grenadiers fut M. de Riotor, pitaines. qui fut tué com battant à leur tête au combat de Leuze 3il eut pour fucceffeur le Sieur de R iotor de Villemurfon frere, qui commande encore cette troupe en 1721,.
C H A P IT R E
II.
H istoire de la Compagnie des Gendarmes de la Garde. E tout tems les Hom m es d’Armes ou Gendarmes ont été regardez comme la plus noble partie de la Milice Françoife. Depuis l’institution des Compagnies d 'Ordonnance par Charles V II , les grands Seigneurs, les M aréchaux de F rance, les C onnétables, les Princes du Sang & font fait honneur de comm ander ces fortes de Compagnies $& dans la fuite les Rois mêmes ont voulu en avoir une dont ils & faifoient les Capitaines. Ces Com pagnies, quoiqu’elles eulïènt les Rois pour Capi taines , n’étoient pas pour cela comprifes dans l’é ta t de leur Maison , ni deftinées pour la garde de leur Perfonne ; c’ell une marque particulière de confiance, que L ouis X III àfon avenement à la Couronne voulut bien donner à la C om pagnie , qui porte aujourd’hui le nom de Gendarm es de la G arde. M. de Souvré, qui fut honoré depuis du bâton de M aréchal de France , en étoit alors Com mandant. M- d e là G uiche, Seigneur de faint G e ra n , M. de l’H ô p ital, Seigneur d u H a llie r, & M. d'A lbret ,tous trois auffi M aréchaux de F ra n c e , ont été fucceflivement à la tête de cette Compa gnie. C ’est: aujourd’hui M. le Prince de R ohan qui est: Capi taine^ Lieutenant des Gendarmes de la G arde , & qui a fuccédé dans cet illuflre Employ à M. le Prince de Soubife fon pere. Ce Corps a toujours été compofé de gens d 'élite , &. mérité de grands éloges pour avoir foûtenu une réputation de valeur toujours égale dans le grand nom bre de batailles & de combats qui & font donnez durant le Regne de Loüis X I I I , & le long Regne de Loüis le Grand. C ’efi: le Roy lui-même qui en est le Capitaine , celui qui tapresent commande la Compagnie a le titre de Capitaine-Lieute E de la Compa- nant , les deux Officiers Supérieurs qui le fu iv en t, prennent gnie. la qualité de Capitaines-Sous-Lieutenans. Il y a auffi trois Enfeignes, & trois G uidons, il y a de plus dix M aréchaux
D
des logis , parmi lefquels on en choifit deux pour remplir les fonctions de Major sous le titre d'Ayde-Major. Les Gendar mes font au nombre de deux cents M aîtres , y compris huit B rigadiers, huit Sous-Brigadiers , quatre Porte-Etendarts, & quatre Sous-Aydes-Majors, ou Aydes-Majors de Brigade. T el est l’état preiènt de la Compagnie des Gendarmes de la G arde du Roy. Avant que de parler de l’institution de cette C om pagnie, & d'entrer dans le détail des changemens qui s'y font faits sous le Regne du feu Roy , je dirai quelque chofe du titre de Capitaine-Lieutenant que porte le Com m andant des Gendarmes ; car je crois que c’est dans ce C o rp s, & dans la Compagnie des Chevaux-Légers de Garde , où ce titre a été mis premièrement en ufage. D u titre de Capitaine-Lieutenant. E titre de Capitaine-Lieutenant n’est pas particulier an Com m andant des Gendarmes du Roy. Il est commun au Com m andant des Chevaux-Légers d e là Garde,aux Commandans des deux Compagnies des Moufqueraires , à tous les Commandans des Compagnies qui compofent la Gen darmerie , & même au Commandant des Grenadiers du Roy. Il me paroît que ce titre n’est pas plus ancien que le Regne de H enri IV , je ne l’ai point vu dans nos Hiftoires avant ce rems-là. Il y a deux raifons de ce titre de Capitaine-Lieutenant: la première est l’autorité que le Roy donne aux Commandans des Compagnies qui le portent, & qui est la même que celle du Capitaine dans les autres Compagnies qui en ont. La seconde est que le Capitaine-Lieutenant a les gages de Ca pitaine , & ceux de Lieutenant. Depuis que ce titre deCapitaine-Lieutenant a été mis en ufa ge , les Commandans des Compagnies aufquels il a été don né,ne l’ont pas toujours porté par rapport au Royfeul. C’està-dire que le Capitaine-Lieutenant n’a pas toujours été , & n ’est pas encore toujours aujourd’hui Lieutenant du Roy mêm e. Le Capitaine même des Gendarmes de la Garde ne L
Sur quoy est fondé ce titre.
Ce titre est ailleurs que dans la M a ifon du Roy-
fut pas d'abord Lieutenant du R o y , mais de M onlèigneur le D a u p h in , comme je le dirai en parlant de l ’institution de cette Charge, & encore aujourd’hui les Capitaines-Lieutenans Ce titre de des Gendarmes , & des Chevaux.Legers du D auphin , de la Capitaine Reine,de Berri, d'Orléans font Capitaines-Lieutenans non pas donné a u x Sous - Lieute du Roy,mais des Princes,dont ces Compagnies portent le nom nans des Gen quoique même plufieurs de ces Princes ne foient plus en vie. darmes de la Je trouve une chofe particulière pour la Compagnie des Garde. Gendarmes de la Garde. C ’est que le titre de Capitaine est non feulement donné au L ie u te n a n t, mais encore aux deux Sous-Lieutenans,parce qu’ils ont des lettrespatentes attachées à leurs Em plois, & fceilées au grand fceau pour joiiir des appointemens de Capitaine en C hef de la Compagnie. Il y a à la Cham bre des Comptes de Paris un ad e , qui Memorial iiiii fol. 1 9 3. marque exprelfément que l’institution de la Compagnie des La Compa G en d arm es, qui furent sous Loüis X III Gendarmes de la gnie des Gen darmes créée G a rd e , fut faite par H enri IV ; cet acte est la provifion d e là par Henri IV. C harge de Capitaine-Lieutenant des deux cents Hom m es d’Armes pour Jean François de la Guiche , Com te de faint G eran : le voici. P r o v i f on de la Charge de Capitaine-Lieutenant des deux cents Gendarmes pour Jean-François de la Guiche Sieur de f a i n t Geran. « L Oüis par la grâce de D ie u .........( c’est Loliis X III qui ” parle. ) Comme notre très cher Coufin le Sieur de « Souvré M aréchal de France ait volontairement remis en « nos mains la Compagnie des deux cents Hommes d 'Ar« mes de nos Ordonnances , dont le feu R oy notre très« honoré Sieur, & Pere de glorieufe m émoire, le pourvut en » la créant , & nous conjlituant chef & Capitaine d'icelle ; » étant à cette occafion befoin de pourvoir en fon lieu , de » quelque autre bon & expérimenté C apitaine, en qui nous » aïons entière confiance pour nous iervir en ladite con» duite de notredite Compagnie près de n o u s, & ailleurs, » où nous la voudrons em ployer; &c fçachant pour cet effet » ne pouvoir faire une meilleure élection que de la perfonne » de notre amé & féal Confèiller en notre Confeil d'Etat , » Gouverneus ,
» Gouverneur , & notre Lieutenant General en Bourbon» n u is, &c. & Sous Lieutenant de notre fuldite Compagnie, « Jean-François de la Guiche,Sieur de SaintGeran,auffichoili » & appelle à ladite Sous - Lieutenance par feu notre Sieur » & pere, dejlon de l'injhtution de ladite Compagnie . . . A ces » C aufes. . . . donnons & octroïons par ces preientes ledit » état & Charge de Capitaine-Lieutenant de ladite Com» pagnie de deux cents Hommes d’Armes de nos O rdon« nances, étant sous notre nom , & titre de Capitaine en » ch ef : en témoin de quoy nous avons fait m ettre & appo» fer notre Scel aufdites prefentes. Donné à Paris le treizié» me jour de M ars, l’an de grâce mil fix cents quinze , & de «notre Regne le cinquième. O n voit diftinctement par cetacte , que ce fut H enri IV qui inftitua la Compagnie des Gendarmes de la G arde, puifqu’il y ell dit que ce Prince pourvut M. de Souvré de cette Charge en la créant , & qu’il y est dit encore que M .de la Guiche en avoit été tait Sous- Lieutenant, deflors de l’infiitution de ladite Compagnie. M . de S o u O n voit en fécond lieu que M. de Souvré en fut le pre uré prem er C apitainemier Capitaine L ieu ten an t, qu’il en donna sa démiffion en Lieutenant 1615, & que dès cette même année la Charge fut mife entre des Gendar mes de la Gar les mains de M. de la Guiche. de. O n voit en troitîéme lieu ce que J'ai dit auparavant, que le Capitaine-Lieutenant ne fut point d'abord Lieutenant du Lotiis X I I I D au R o y , mais de Monfeigneur le Dauphin,qui fut confticué par étant phin, étoit C a le Roy Ion pere chef & Capitaine d'icelle, & qu’elle fut alors pitaine des cents sous Ion nom , & titre de Capitaine en Chef, & que ce n’est deux Gendarmes. que depuis (on Regne après la mort de H enri IV , que nos Rois font Capitaines de cette Compagnie de leur garde. Ec le même Prince dit exprelîément qu’il le voulut êtrejC’est dans un aéte contenu dans le même Memorial au fujetdeM -du Hallier,qui d 'EnfeignefutfaitSous-Lieutenantàlaplacede M. F o l. 7 8 . 83 de la Guiche. A y a n t, dit ce Prince , à notre avenement à cette Couronne voulu conferver f ous notre nom,& titre de Capitaine de la Compagnie des deux cents Gendarmes de nos Ordonnances,& c. Les Provifions de M de Saint Geran marquent Ci diftinct em ent l’institution de la Compagnie des Gendarmes par
H enri I V , qu’on ne peut douter de cetteE poque, non plus que de ce qui est dit dans ce même acle authentique , que Loüis X III étant encore Dauphin, fut le premier Capitaine Epoque de la de cette Compagnie , puifqu’il l’aflure lui-même. création de La création de cette Compagnie des Gendarmes fut faite cette Compa en 1609 cela & prouve par l’extrait des Provifîonsde M. de gnie. Souvré que J'ai riré d 'un volume m anufcrit, qui est dans les archives de la Maison du Roy. Voici cet e x tra its A Paris du » quatre Février 1609 , icelui Sieur de Souvré f a i t , conftitué » & é ta b li, faifons, conftituons, & établilTons par ces pre» lentes lignées de notre main Gouverneur de notre fils le » Dauphin de Viennois,Lieutenant de sa Compagnie d'Hommes » d'Armes , & premier G entil homme de sa Cham bre . . . a » fait & prêté le ferm ent entre les mains du Roy , de ladite » Charge de Gouverneur de Monfeigneur le Dauphin,Lieu» tenant de sa Compagnie , & premier Gentil-homme de sa » Chambre. C ette Compagnie donc dans fon institution ne fut point encore de la G arde du Roy. Ce fut une Compagnie d 'Ordonnance pour M onfeigneur le Dauphin, dont le jeune Prin ce fut Capitaine , comme le Roy H enri IV lui-même en avoir une sous fon nom , dont il étoit Capitaine , mais qui n’étoit Henri IV avait uneCom- point de sa Garde. Cette Compagnie du Roy H enri IV étoit pagnie de Gen- en 1598 sous les ordres de H enri d'Albret Baron de Miofdarmes, mais fens. J 'ai vu Je Rôle de cette Compagnie fait pour une mon qui n étoit poin t desa tre de cette même année 15 88. Carde. Le Roy H enri IV avoir donc cette Compagnie de G en darmes d 'Ordonnance , mais qui n’étoit pas de sa G arde , comme il avoit une Compagnie de C hevaux-Légers, dont il étoit aufîi Capitaine ; mais qu’il eut long-temsfans qu’elle fut non plus de sa G a rd e , ainfi que je le dirai dans l’Histoire des Chevaux Légers de la Garde. Il faut donc bien diPdnguer les Compagnies des G endar mes , & des Chevaux. Légers de nos Rois , dont ils étoient C apitaines, & leurs Compagnies de Gendarm es, & de Che vaux-Légers de leur Garde quand ils en eurent. Cette Compagnie de Monfeigneur le D a u p h in , comman dée par M. de Souvré, laquelle fut depuis la Compagnie
des Gendarmes de Ja G arde d 'aujourd’h u i, ne tarda gueres à l’être quand le D auphin fut m onté fur le Trône. Elle ne l ’étoit point cependant encore en 1610 , & je rap porterai à cette occafion un autre acte tiré de la Chambre des C om ptes, qui donnera lieu à quelques réflexions impor tantes fur ce fujet. C ’est une Ordonnance par laquelle Loüis D auphin devenu Roy sous le nom de Loüis X III, attribua à Moniteur de Saint Geran les appointemens de Capitaine en ch ef de la Compagnie des Gendarmes. « L o ü is, Sec. Salut. Encore que les Rois nos prédecefièurs » aient accoutumé à leur avenement à la Couronne,de quitter » le titre de Capitaine des Compagnies d 'Ordonnance donc » ils étoient pourvus avant leurdit avenem ent, & de rem et» tre la principale partie d'icelle au Lieutenant, & l’autre » au Sous-Lieutenant, pour en avoir chacun d'eux une par» ticuliere en titre de Capitaine en chef & jouir des hon» neurs, dignitez, états & appointemens y appartenans ; » Nous avons neanmoins de particulière inclination, com» me de plulieurs bonnes conliderations importantes au bien » de notre service, déliré conferver entière sous notre nom « & titre de C apitaine, celle de deux cents Hommes d'Ar» mes de nos O rdonnances, dont il a plu au feu Roy de » glorieufe m ém oire, notre très-honoré Sieur & pere, que » Dieu abfoive, nous faire confirmer c h ef, étant encore » D auphin de Viennois, au moyen de q uoi, attendant qu’il » & prefënte autre occafion de reconnoître les fervices » de notre cher & bien-amé le Sieur de Saint G eran , Sous» Lieutenant de ladite Com pagnie, félon l’eftime que nous » faifons de sa perfonne & de fon m erite, Nous avons » par l’avis de la Reine Regente notre très-honorée D am e » & m e re , jugé le devoir gratifier de l’appointement de » Capitaine en chef de la Compagnie de nos Ordonnances, » comme fi la nôtre étoit feparée, & lui pourvoir de partie » d'icelle, principalement pour lui donner moyen de foûte» nir la dépenfe extraordinaire à laquelle l ’oblige la refi» dence qu’il fait de presènt près de Nous avec partie de » notre Compagnie. A ces C aufes, Nous voulons & vous » mandons que parles T réforiers Generaux de nos guerres,
Memorial EEEEE. fol. 271.
Les Rois en montant fur le Thrône quittaient leur Compagnie d 'Ordonnance
Ils la partagoient entre le Lieutenant & le Sous-Lieu-
tenant.
» prefens & à v e n ir, & chacun d'eux en f année de fon exer» cice , vous ayez à faire dorénavant payer &. délivrer corn« p tan t audit Sieur de Saint G e ran , à commencer du prem ier » Janvier dernier jufqu’à la fomme de 820 livres tournois » pour chacun quartier, revenant à la fomme de 3280 livres » par a n , que nous lui avons pour les confiderations fufdites » ordonné & ordonnons par ces prefentes fignées de notre » m ain , pour ledit é tat & appointem ent de Capitaine en » chef de la Compagnie de nofdites O rdonnances, & place » d'Hommes d’Armes y jo in te, en ce compris aulll celui de » Sous-Lieutenant,dontiljoüitde prelènt,m ontant 345 livres » par quartier, que nous voulons, ce faifant, être éteint & » fupprimé, comme nous l’éteignons & fupprimons par Ief» dites prefentes, & rapportant avec la copie collationnée, » & c. D onné à Fontainebleau le vingt-neuf Avril 1611, & de » notre Regne le premier. Signé, Lotiis ; & plus b a s , P ar le » R o y , la Reine Regente sa mere prefente, ligné de N euf. » ville, Regiftrées en la Cham bre des C om ptes, oui le Pro» cureur General du R o y , pour joüir par l’im pétrant de » l ’efïèt & contenu en icelles tant qu’il fera Sous-Lieutenant » de ladite C om pagnie, & fans tirer à confequence pour » autre. Le 19 Juillet 1611, ligné Bivelons, Sur cet acte on peut faire les reflexions fuivantes. i° , Q ue les Rois prédecefleurs de Loüis X III avoient cou tume de quitter le titre de Capitaine des Compagnies d 'Ordonnance à la tête defquelles ils étoient à leur avenement à la C ouronne, & que ce Prince dérogea à cette coutume en faveur de sa Compagnie de Gendarmes ; d 'où il s’enfuit que les Compagnies des Gendarmes & des C hevaux-Legers, dont H enri IV étoit Capitaine durant fon Regne, n ’étoient pas celles qu’il avoit en qualité de Prince du Sang & de Roy de N a v a rre , avant que de m onter fur le T hrône de France. i ° , Nous apprenons encore par c eta cte que la Compagnie d 'O rdonnance, dont le Prince étoit Capitaine avant que d 'être R o y , & partageoit en deux quand il la q u itto it, que le Lieutenant en avoit une partie & Je Sous-Lieutenant une autre qu’il s’en faifoit deux Compagnies d 'Ordonnance?
dont la première avoir pour Capitaine le L ieutenant, & la féconde le Sous-Lieutenant: ce qui étoit d'autant plus aifé à faire que les Princes du Sang avoient pour l’ordinaire des Compagnies de deux cents hom m es, & qu’il en reftoit cent à chacun des deux Officiers, O r alors les Compagnies de cent Hommes d’Armes ou des Chevaux-Legers étoient les plus nombreufes des Compagnies d 'O rdonnance des Sei gneurs particuliers, car les autres étoient com m uném ent de cinquante hom mes, & au-deilôus. 3 ° , Que dès cette année 1611 au mois de Juillet, la Com pagnie des Gendarmes commença à faire les fondions & le service de garder la Perfonne du Roy ,puifque le Prince ne & la confervoit que pour ce defïèin. En effet Monfieur de Souvré Commandant de cette Com M . de Sonpremier pagnie , qui n’avoit jufques alors porté que le titre de Lieu vCraêpitainetenant , prit vers ce tems-là le titre de Capitaine-Lieutenant, Lieutenant comme on le voit par les Provifîons de cette Charge pour des G endar mes de la Gar Monfieur de Saint G e ra n , que J'ai rapportées cy-deffus, & de. de laquelle il fut pourvu, par la démiffion de Monfieur de Souvré en i 6 i 5 , lorfque ce Seigneur fut fait M aréchal de France. Ce fut donc peu de tems après l’avenement du R oy Loüis X III à la Couronne de France que la Compa gnie des G endarm es, qui avoit été créée par H enri IV en qualité de Compagnie d 'Ordonnance pour le D auphin, fut érigée en Compagnie de la Garde du R o y , & que ce Prince s’en fît Capitaine. Il me paroît que tout ce que je viens de dire fur ce fujet est folidement établi & prouvé par des pièces, dont l’auto rité ne peut être conteftée. Il lemble qu’en qualité de Compagnie de G endarm es, R ang de l a celle-cy devoit avoir la première place dans les Troupes de Compagnie des Gendar la Maison du R oy, puiique de tout tems en France & chez mes de la Gartoutes les nations de l’Europe, la Gendarmerie a paffé de de dans la Maison des vant la Cavalerie L egere, qui est l’efpece de Milice à laquelle Ro y. les Gardes du Corps appartenoient dans le tems de leur institution ,en vertu de leur armure & de leur qualité d 'Ar chers. En effet, quoique la Compagnie des Chevaux-Legers foie plus ancienne , & & trouve comprife dans les Etats de
la Maison & de la G arde du Roy quelques années avant la Compagnie des G endarm es,celle-cy a pallé devant en qua lité deCompagnie d'Hommes d’Armes. Suivant cet ufage les Les Gendar mes de la Gar- G endarm es delà Garde tenoient le prem ier ran g , & avoient de ont eu la le pas fur les Gardes du Corps sous le Regne de Loüis préseance fu r les Gardes du X III, & pendant les premières années du Regne de Loüis Corps. XIV. Mais ce Prince aïant pris la refoludon d'augmenter les Compagnies des fes G ard es, qui n ’étoient alors que de cent Maîtres chacune, & d'en faire un corps de Troupes réglées, leur donna en m ême-tems le rang qu’elles tiennent aujourd’h u i:& voici com m ent cela & fît. Sa Majefté étant à Vincennes, fit une revue des Troupes Changement à cet égard de sa M aison, où les G endarm es, qui avoient toujours eu vers l'an la droite fur les G ardes du Corps, * eurent ordre de pafiTer à l 665 . * Ce fa it m a la gauche ; la volonté du Roy & la grande ancienneté des été atteflé par quatre Compagnies des Gardes du Corps en comparaifon des perfonnes du plus haut des autres Compagnies de la Maison du R o y ,fu re n t alors rang à la Cour & ont été depuis leur titre de préseance. & dans les M onfîeur de la Salle, alors Sous Lieutenant des G endar troupes ,dont ils avoient éta mes de la G ard e, étant hom m e de courage & d 'un m erite témoins ocu diftingué , eût fouffert avec peine de palier après les Lieu laires. tenans des Gardes du Corps, qu’il avoir jufqueslà précédez. Il avoir des Lettres Patentes pour ioüir des aoDointemens de Capitaine en chef de la Compagnie , de même que tous fes prédecefleurs dans l’Emploi de Sous-Lieutenant. Le R oy voulut bien avoir égard à cette circonftance, & Les Sous- aux reprefentations de Monfieur de la Salle. Il fut donc Lieutenans des Gendar réglé en sa faveur & en faveur de tous ceux qui lui fuccemes de la Gar deroient dans l’Emploi de Sous-Lieutenant, qu’en vertu des de ont rang Lettres Patentes fufdites ou lêm blables, ils porteroient le a v a n t les Lieutenans titre de Capitaine_Sous-Lieutenant, &: qu’en cette qualité des Gardes du ils auraient la préseance & le com m andem ent dans le ferCorps. vice de la Maison du Roy fur les Lieutenans des Gardes du Corps ; chofe qui leur est particulière, & c’eR un privilège que n’ont pas les Sous-Lieutenans des Chevaux-Légers de la G ard e, ni ceux des Moufquetaires ; car dans les détachemens qui & font à l’arm ée, c’ed le premier Sous-Lieutenant des Gendarmes qui marche le premier jo u r? le fécond Sous-
Lieutenant le fécond jour, ensuite les Lieutenans des Gardes du Corps félon le rang des Compagnies. Le commandement vient après aux Sous-Lieutenans des Chevaux-Legers, puis à ceux des Moufquetaires, & le tour recommence par les Sous-Lieutenans des Gendarmes. Autrefois les quatre Officiers Supérieurs de la Compa Le service des de gnie desGendarmes partageoient le service, & avoient chacun Gendarmes la Garde à leur quartier. Mais depuis la multiplication des C harges, le la Cour. Capitaine est toute l’année en fonction auprès du Roy. Les autres Officiers & Gendarmes ne fervent que trois mois,la Bri gade de quartier doit toujours accompagner le Roy dans les ceremonies, dans les voyages, & lorfqu’il va coucher d 'un lieu en un autre ; alors les Gendarmes fuivent derrière le caroiïe , &, l ’Officier Supérieur commandant la Brigade doit & tenir à côté de la portière. Le quartier est compofé de deux Officiers Supérieurs, d'un Ayde-Major, de deux M aré chaux des logis & de cinquante Gendarm es, y compris deux B rigadiers, deux Sous-Brigadiers, un Porte Etendart & un Sous Ayde-Major. Les Officiers Supérieurs pendant leur quartier de service doivent avoir un logement dans le lieu même où est la Perfonne de Sa Majefté $ leur fonction est de prefenter tous les matins au Roy un Gendarme en ha bit d 'ordonnance, qui vient recevoir les commandemens, s’il en a quelqu’un à faire à la Compagnie, & tous les foirs de lui demander l’ordre ou le mot du guet. Pendant la guerre il ne refte auprès du Roy qu’un Officier Supérieur, les autres étant à l’armée avec la Cornette ; & les cinquante G endar mes qui demeurent de quartier ne font relevez qu’au retour de la campagne. Changement Le premier changement arrivé dans la Compagnie est la arrivez dans m ultiplication des Officiers : il y a eu d 'abord dans la Com la Compagnie depuisfin in s pagnie des Gendarmes delà G a rd e , titution. Un Capitaine-Lieutenant. Un Sous-Lieutenant. Un EnlèigneUn Guidon. C elalê voit par les Rôles de la Cour des Aydes. En Juin 1675 le R oy d o u b l a ces trois derniers Officiers; en forte qu’il y eut,
Un Capitaine Lieutenant. D eux Sous-Lieutenans. D eux Enfeignes. D eux Guidons. En Mars 1683 le R oy tripla ces deux derniers Officiers; en forte qu'il y e u t, Un Capitaine-Lieutenant. D eux Sous-Lieutenans, Trois En feignes. Trois Guidons. Ce font là les changemens qui & font f a i t s pour les prin cipaux Officiers sous le precedent Regne. Nombre des Depuis la création de la Com pagnie, elle a toujours é té Gendarmes de au moins de deux cencs M aîtres ; ce nombre a été quelque la Carde. fois augmenté , il y a eu pendant plufîeurs années &. julques à la paix de R ifw ik, deux cents quarante Gendarm es em ployez, fur les R ôles, & pendant la derniere guerre tous les furnumeraires qui lervoient en cam pagne, étoient payez. V énalité des Un fécond changement e st, qu’autrefois les premiers Of places desGenficiers difpofoient des Charges ou places vacantes des G en d a rmes. darmes & les vendoient, le Capitaine-Lieutenant en avoit cent à sa difpofirion, le Sous-Lieutenant q u arante, l’Enfeigne tre n te , & le Guidon trente. Cette vénalité étoit contre les Ordonnances de Blois, elle étoit contre le bien du lèrvice & ne pouvait m anquer d'introduire beaucoup de mau vais fujets dans la Compagnie -, elle étoit contraire à la di gnité , & pouvoir être même contre la fureté du Souverain. Ce defordre avoit déjà été aboli dans les Gardes du Corps Elle a été dès l’an 1664, par une Ordonnance de Loüis X IV . Le Prin êtée par Loüis ce de Soubiie ayant été fait Capicaine-Lieutenant des Gen le Grand. darmes, reprelenta toutes ces raifonsau R oy, qui les trouva très folides ; il abolit la vénalité des places des Gendarm es, Dédomma & pour dédomager les Officiers qui en tiroient un revenu gem ent des confi lerab le, il leur afïïgna vingt-fix mille livres d 'appointeOfficiers, mens extraordinaires, qui font payez par q u a rtie r, à par tager entre e u x , fçavoir treize mille livres au CapitaineLieutenant, cinq mille deux cents liv r e s au Sous-Lieutenant, trois mille neuf cents livres à l’Enfeigne, autant au Guidon. Pâï
Par l’Ordonnance du R oy du premier Mars 1718 , les Capitaines-Lieutenans des Gendarm es de la Garde tiennent rang de premier Mestre de Camp de Cavalerie. Les SousLieutenans, les Enfeignes, les Guidons , celui de Mestre de Camp du jour & date de leurs Brevets ou Commillions. Pareillement la Commiffion de Mestre de Camp de Cava lerie est jointe & attachée de droit aux deux places d 'AydeM a jo r, lefquelles font remplies par deux M aréchaux des logis au choix & à la nomination du Capitaine-Lieutenant. Les autres Maréchaux des logis ont rang de Capitaine de Cavalerie. Les Brigadiers, les Sous Brigadiers, les P orteEtendarts ont rang de Lieutenant de Cavalerie. O n diftribuë de tems à autre un certain nombre de Croix Croix de S. Loüis diftride Saint Loüis aux Officiers de la Compagnie, même à de buées à quel fimples Gendarmes , lorfqu’ils ont mérité cette marque ques Gendar d 'honneur par quelque action de courage,par leurs blefliires, mes. ou par leurs anciens fervices. Il y a auiïi des Pendons attachées à la Compagnie en faveur des Officiers fubalternes & anciens Gendarmes. Par un A rrêt du Confeil de l’an 1657, les deux Cents Hommes d’Armes qui font fur le R ô le, portent le titre d 'E cuïer, & joüiffent des Privilèges des Commenfaux de la Maison du Roy ,ces privilèges font les mêmes que ceux des des Privilèges Gendar Chevaux-Légers de la Garde ; J'en parlerai plus au long en mes. traitan t de cette Compagnie. Les armes de la Compagnie , font l’épée & le piftoler. En tems de g u erre, on diftribuë Leurs armes. aux anciens Gendarmes ou à ceux qui tirent le mieux quel ques carabines rayées, dont ils & fervent utilement dans les occafions. L ’uniforme ou l’habit d 'ordonnance est d'écarlate chargé Leur unifor d 'agrémens & galons d'or fur toutes les coutures, fans m é me. lange d 'argent. Au dernier habillement fait en 1715 , l’on a ajouté les paremens de velours n o ir, qui étoient de l’ancien uniforme de la Compagnie. Les Officiers fuperieurs , & autres doivent être montez fur des chevaux gris. Il y a quatre Trom pettes & un Tim ballier à la fuite de la Compagnie.
Leurs Eten darts.
Etendarts placez. à la ruelle du lit du Roy,
Les Etendarts font de fatin blanc relevé en broderie d'or, leurs devifes font des foudres qui tom bent du Ciel avec ces mots pour a m e , Q uo j u b e t i r a t u s J u p i t e r . Lorfque la Cor nette revient de l’arm ée, certain nombre de Gendarm es font détachez pour accompagner les Etendarts jufques à la cham bre du R o y , & à la ruelle de fon lit. L ’on fait un femblable détachement pour les aller prendre au même endroit, lorfque la Compagnie est aflemblée pour palier en revûë ou m archer en campagne. Les quarre Etendarts des G endar mes & ceux des Chevaux Légers de la G arde font les feuls qui foient portez chez le R o y , comme Capitaine de ces deux Compagnies.
Liste des Capitaines - Lieutenans des Gendarmes de la Garde. illes de Souvré, Marquis de Courtanvaux , Chevalier des Ordres du Roy , Gouverneur & Premier G entil hom me de la Cham bre de Loüis X III encore Dauphin , M aréchal de France, a été le premier Capitaine-Lieutenant de la Compagnie des deux Cents Hommes d’Armes des O r donnances du R oy fervant à la garde ordinaire de sa Perfonne -, fes Provilîons font du mois de Juillet 1611. Jean François de la G uiche, Seigneur de faint G eran , Com te de la Palice , Gouverneur de Bourbonnois, & M aré chal de France, avoit été nommé Chevalier des O rdres du Roy dés l’année 1604, il fut fait Sous-Lieutenant de la Compagnie des Gendarmes au mois de Juillet 1611 , & Capitaine-Lieutenant le 13 Mars 1615 fur la démiffion du M aréchal de Souvré. François de l’H ô p ita l, Seigneur du H a llier, M aréchal de France & Miniftre d 'E ta t, avoit été d 'abord Enfeigne des Gendarmes de la G arde, il fut fait Chevalier des O rdres du Roy en la promotion de 1619 , n’étant encore que SousLieutenant de cette Com pagnie, il étoit en même-tems Capitaine des Gardes du Corps; mais il donna sa démiffion de cet Emploi, & fut ensuite Capitaine-Lieutenant des Gen darmes en 1632.
G
Gafpard de C oligni, Com te de Saligni, d'abord Enfèigne, puis Sous-Lieutenant des G endarm es de la Garde & Ma réchal de C a m p , fut reçu à la tête de cette Compagnie le ;o de Février 16471 fur dérniffion du M aréchal de l’Hôpital. Cefar Phoebus d'A lb ret, Comte de Mioflèns, Gouverneur de G uyenne, avoit été d'abord Mettre de Camp d'un Ré giment d'infanterie , puis fucceffivement G uidon & Enfeigne des Gendarmes de la Garde. Son Brevet de Sous-Lieutenant est du 18 de Février 1647, fes Provifions pour la Charge de Capitaine-Lieutenant de cette Compagnie vacante par le décès du Comte de Saligni, font du 10 de Mars 1651} il fut fait M aréchal de France l’année fuivante, ensuite Chevalier des O rdres du Roy. Loüis Caillebot, Sieur de la Salle, Lieutenant General des armées du R oy , étant Capitaine au Regiment des Gardes Françoifes, en lortit pour être Guidon des Gendarmes. Son Brevet d'Enfeigne est du 9 de Juillet 1647, celui de SousLieutenant du 10 de Mars 1651. Ses Provifions pour la C har ge de Capitaine-Lieutenant font du i j Janvier 16 6 6 , fur la dérniffion du M aréchal d'Albret. François de R o h a n , Prince de Soubife, Lieutenant G e neral des armées du R oy, Gouverneur de Champagne & de Brie , étant Sous-Lieutenant de la Compagnie des G en darmes, fut pourvu de la Charge de Capitaine-Lieutenant au mois de Septembre 1672, fur la dérniffion de Monfieur de la Salle. Hercule M eriadec, Prince de R o h a n , Lieutenant G eneral des armées du R o y , Gouverneur de Champagne & de Brie, fut reçu à la tête de la Compagnie des Gendarmes de la G arde le premier de Janvier 1704, fur la dérniffion de M on fieur le Prince de Soubife fon pere. Loüis de R ohan, Prince de Soubife,a été reçu en furvivance. Ses Provifions font du 10 de Février 1717. Je ne puis finir cette Histoire de la Compagnie des Gen darmes de la G arde par un trait qui lui foit plus glorieux qu’un témoignage que je vais ajouter de feu Monfeigneur le D auphin, qui difoit qu’un jour de bataille il choifiroit c e r t e tr o u p e p o u r c o m b a t t r e à l a tê te .
C H A P I T R E
III.
H i s t o i r e d e l a C o m p a g n i e d e s C h e v a u x - L eg e r s d e la G a r d e du
R oy.
A Compagnie des Chevaux Légers de la G arde ell de deux cents hommes,fans y comprendre leCom m andant, les Sous-Lieutenans, les Cornettes & le s M aréchaux des lo Etat present gis. Il y a des lurnumeraires dont le nom bre n ’efi: point fixe, des Chevaux& le Roy ne les paye qu’en campagne. Legers de lu Le Capitaine de cette Compagnie est le R o y , comme il l’ed Garde. de la Compagnie des Gendarmes de la Garde , celui qui la commande , porte le titre de Capitaine-Lieutenant pour la raifon que J'ai dite en parlant du Capitaine-Lieutenant des Gendarmes. Il y a deux Sous-Lieutenans, quatre C o rn ettes, dix M aré chaux des logis,deux Aydes-Majors, qui & prennent ordinai rem ent dans les M aréchaux des logis, huit Brigadiers, huit Sous-Brigadiers, quatre Porte-Etandarts , quatre Sous-Aydes-Majors ou Aydes-Majors de Brigade , quatre T rom pet tes , un T im ballier, divers autres Officiers pour le fier vice du Corps. La Compagnie des Chevaux-Legers de la garde ne fut inCette Com pagnie infti- ftituée en qualité de garde & pour être de la Maison duRoy, tuéepar Hen que sous le Regne de H enri IV , c’efi ce que je vais m ontrer ri IV pour sa en déterm inant précifément l’Epoque de cette inditution. Garde, Il y a des Lettres patentes de ce Prince , où ii fait mention des Privilèges de cette Compagnie , données à Blois au mois de Septembre de l’an 1599, & enregidrées à la Chambre des Comptes le huitième d 'O ctohre de la même année, où ce Memorial Prince parle ainfi : » Bien memoratifs de la promefle que Q Q Q Q fol.385.- » nous leur fifmes , lo r jq u e l a d ite C o m p a g n ie f u t m ife f u s : de les » faire joiiir de l’exemtion de nos tailles, &c. Ces feules parolesfuffifent pour m ontrer ce que J'ai avancé que H enri IV fu t l’indituteur de cette Compagnie. Il n’est plus qnedion que de fixer précifém ent le tems de
L
cette institution. C ’est à quoy me fer vira un endroit des M é Occafi en d r moires de M. de Buffy-Rabutin, où il marque l’occafion de cette infitia l’institution de cette Compagnie en qualité de Garde duRoy: tio». car il faut fçavoir que , lorfque cette éredion en Garde du Roy & f i t , la Compagnie des Chevaux-Légers étoit déjà fo rm ée, qu’elle portoit le titre de Compagnie des Chevaux- Cette Com Legers du Roy , que le Roy en étoit Capitaine , & M. de la pagnie étoit fur pied a va n t Curée L ieutenant, & il ne s’agit plus que de fon éredion en que d 'être de qualité de G arde du Roy. Voici donc ce que dit là deffus M. la Garde du deBuffy-Rabutin dans fon traité delaCavalerie-Legere qu’il a Roy. M emoires inleré dans fes M em oiresm G ivri,dit-il, aïant été tué à Laon, de Euü’y -R a » Vitri eut la Charge de Mestre de Camp general ( de la butin tome I . » Cavalerie-Legere ).... Il arriva en ce tems-là une contefta- p. 4 6 8 . » tion entre la Curée Lieutenant de la Compagnie du Roy , » q u i a é té d ep u is celle des C h e v a u x - L e g e r s de la G arde , ôt le » T errait Lieutenant-Colonel de la Cavalerie, pour la mar» che & pour le commandement. La Curée diloic qu’il étoit » Lieutenant du R oy, & que le T errail n ’étoit que le Lieute» nant du D uc d 'Angoulême(Colonel General de laCavale» rie Legere.) LeTerrail diloit que la véritable Compagnie du » Roy étoit celle du C olonel, qu’une marque de cela étoit la » Cornette blanche qu’elle a v o it, laquelle donnoit le rang à » toutes les autres Cornettes. » Le Roy H enri I V , continue M. de Buffy, retira sa Com- Cette Com » pagnie du Corps general de la Cavalerie, pour terminer pagnie feparée du Corps de la» cette di/pute , & en f i t u n e C om p a g n ie de s a G arde , lailïant Cavalerie-Le» l’autorité du commandement fur le refte de la Cavalerie gere. » au Lieutenant Colonel : au q u el, pour que cette autorité » fût plus ample , il fit donner une commiffion de Capitai» ne-Lieutenant. O n voit ici clairement deux chofes : la première , que la Compagnie des Chevaux-Legers du Roy étoit deflors fur pied ; & la seconde , qu’elle fut érigée en qualité de Garde du R oy dans le tems dont M. de Buffy-Rabutin parle. Il eff aifé après cela de fixer l’Epoque de cette éredion: ce fut,dit M.de Bufly,vers le tems que M. de Givri fut tué au fiege de Laon. O r ce fîege & fit en 1594 , & Laon & rendit le
20 de Juillet. d ' ailleurs par un memorial de la Cham bre des Com ptes, contenant l’enregiftrement des Privilèges de cecte Memorial C om pagnie, on voit qu’elle étoit déjà creee en qualicé de KKKK fol. G arde au mois de Decembre de 1593. C est donc en certe 521. v°. année qu’arriva le différend de M. de la Curée & de M. du T errail , & que & fit l'érection de la Compagnie des C he vaux Légers en titre de Gardes : & c’est ce qui déterm ine le term e vague , en ce t e m s - l à , dont & fert M. de Bufl y , qui ne s’est pas mis en peine de fixer fi exactement cette Epoque. Il y a une tradition dans ce Corps , & que je fçay être très, bien fondée , fçavoir qu’au tems de cette érection de la Henri IV Compagnie des Chevaux Légers en titre de G arde du R o y , voulut d'a bord en faire on offrit à M. de la Curée qui en étoit L ieu ten an t, de la un Compa mettre fur le pied &. sous le nom de G endarm es, mais que gnie de Gen ce Gentil-hom m e pria lé Roy d e lu i conferver le titre de darmes. Chevaux-Legers du R o y , parce qu’étant depuis long tems connue sous ce titre , sous lequel elle a voit fait de très-belles aérions, il lui feroit avantageux de le conferver. Un très-ancien Officier, autrefois Lieutenant aux G ard es, & m ort depuis quelques années à l’âge de plus de quatre vingts a n s, m’a tém oigné que feu M. le M aréchal de N availDe quoy cette les , qui fut Capitaine Lieutenant de la Compagnie des CheCompagnie vaux Légers de la G arde , lui avoit dit que cecte Compagnie fu t d ‘abord fut amenée de N avarre à H enri IV à fon avenement à la fermée. Couronne de France , qu’elle étoit route compofée de Capi taines appointez & de Gentils- hom m es, & que ce Prince d e f lors lui donna le titre de Compagnie des Chevaux-Legers du Roy , &c s’en fit le Capitaine. Ce qui confirme ce tém oigna ge , c’est que les loix vnte &c douze Penfionnaires de cette Com pagnie, defquels je parlerai dans la fuite , y confervent encore le titre de Capitaines appointez ; titre qui étoit fort ordinaire en ce tems là sous les Regnes précedens, comme on le voit par divers comptes de l’extraordinaire des guer res. La Compagnie des Chevaux-Legers de la G arde a le titre R ang de de Compagnie d 'O rdonnance, c’est ainfi que je l’ai déjà obcette Compa gnie dans la fervé ailleurs , contre l’ufage primitif de ce term e : car dans Maison du l ’inlHtution des Compagnies d 'O rdonnance par le Roy Roy.
Charles V I I , & même avant lui &: long-tems depuis l u i , ce titre étoit affedéaux feules Com pagnies de Gendarm e rie , c’est - à - dire , aux Compagnies de gens armez de tou tes pièces, & on ne le donnoit point aux Compagnies de Cavalerie legere : mais cet ufage a c h a n g é , & on donne ce nom aujourd’h u i , même aux Compagnies des ChevauxLegers qui font dans le Corps de la Gendarm erie.Loüis X IV , pour donner la préseance à toute la Cavalerie de sa Maison fur toute la Cavalerie legere , declara par une O rdonnance qu’il la metcoit fur le pied de Gendarmerie & de Compagnie d 'Ordonnance. La Compagnie des Chevaux-Legers de la Garde a dans la Maison du Roy fon rang après la Compagnie des G endar mes de la G arde , & devant les deux Compagnies des Moufquetaires. Q uand la Maison du Roy campe en front de band iere, les Gardes du Corps ont la droite , les Gendarmes & les Chevaux-Legers la gauche, & les Moufquetaires font au centre. O n garde le même ordre dans un com bat, & à pro portion dans les marches & pour les détachemens. C ette Compagnie & celle des Gendarmes forment chacu ne un efcadron à l ’a rm é e , fans y comprendre les cinquante commandez de quartier auprès du Roy. Ce font les deux plus forts efcadrons, parce que le complet est de 150 fans les furnumeraires , au lieu que les autres efcadrons de la Maison du Roy font fixez à 140 Maîtres fans furnumeraires. La première prérogative qui leur est commune avec les Gendarmes & les Moufquetaires, est d'avoir à leur tête le Roy pour Capitaine. Le Roy en cette qualité a fes appointemens marquez fur l’Etat ; mais il les cede au Capitaine L ieu ten an t, de même qu’aux Capitaines-Lieutenans des Gendarmes & des Moufquetaires. O n porte au Roy en qualité de Capitaine les Etendarts après la campagne,pour être gardez dans sa cham bre, & M, le Duc de Chaulnes aujourd’hui Capitaine-Lieutenant des Chevaux-Legers de la Garde , & qui est d 'une extrême exac titude pour ce qui regarde l’honneur & le bon ordre de ce C orps, a ordonné exprefiement aux Officiers qui portent les Etendarts chez le Roy à la fin de fon d în e r, de les pofer
Prérogati ves des Che va u x - Légers de la Garde,
eux-mêmes à côté du lit de Sa Majefté , fans les rem ettre â fans perm ettre qu’on les prenne de leurs mains à a porte de la chambre du Roy. P ar l’Ordonnance du Roy du i M ars 1768 , les Officiers ta n t iuperieurs que les autres de la Compagnie des ChevauxLegers de la Garde , ont dans les troupes les mêmes rangs qui ont été accordez aux Officiers des Gendarmes de la Gard e , & que J'ai marquez en parlant de ce Corps, Les deux Aydes-Majors des Chevaux-Légers de la G ar d e , qui font toutes les fondions de la M ajorité , & prennent ordinairement dans le Corps. De forte que le R oy voulant il y a quelques années donner l’Emploi d 'Ayde M ajor à M. de Fortiiîon Gentil- homme de Bearn , Capitaine de D ragons dans un ancien R e g im e n t, & en même tems un Brevet de Mestre de Camp , & nulle livres de penfion , exigea de lui qu’il fît une campagne en qualité de Chevau-Leger dans la Compagnie , ce qu ii & fit honneur d'executer. Le Capitaine Lieutenant rend compte uniquement & im m édiatem ent auRoy de tout ce qui regarde la Compagnie, de même que le Miniftre de la guerre le rend à Sa Majefté pour les autres rroupes , qui ne font point de la Maison du Roy. Le Capitaine- Lieutenant fert toute l’année auprès de la Perfonne du Roy , excepté lorfqu’en tems de guerre il m ar che en campagne à la tête de sa Compagnie ou pour quel que autre Com mandem ent. Les deux Sous-Lieutenans & & les quatre Cornettes fervent par quartier. Les deux Aydes-Majors qui font auffi M aréchaux des logis, font toute l’année le service de la M ajorité, & fervent cha cun la moitié de l’année auprès du Roy. Il y a tous les jours un Chevau-Leger à l’O rdre en habit d'ordonnance , pour recevoir les Commandemens du R oy touchant la Compagnie. Le premier changement que J'obferve est fur le nombre des Chevaux Légers de la G arde.Il paroît que cette Compagnie ne fut d 'abord que de cent hommes. H enri IV en 1599,dans les Lettres confirmatives des privilèges des Chevaux. Légers de sa Garde,ne marque que ce nombre : L e s c e n t c h e v a u x f ,erfonne, &
S e r v ic e d e l u C o m p a g n ie p e u r la C o u r.
Changement arrivez dans la Compagnie depuis fon in— flitution.
L eg e rs de notre G a r d e r o n t le S ie u r d e la C urée est L ie u te n a n t.
Je
Je la trouve augmentée de vingt dans le Rôle de 1 6 1 1 , un an après la m ort de Henri IV. En 1 6 1 3 elle n’étoit non plus que de n o hommes, les Officiers compris 3 ce nombre est diftinctement marqué dans le compte de l’extraordinaire des guerres de cette année. Mais dans l’Edit joint au Rôle de l’an 1 6 2 7 , on fuppofe que cette Compagnie étoit deilors de deux cents hommes : il faut donc que cette augmentation & fbit faite entre 1613 & 1 6 2 7 . Elle & fit apparem m ent, quand le Roy Loüis X I I 1 augmenta fes troupes au fujet des révol tés des H uguenots, & dans le tems qu’il augmenta sa Maifon de la première Compagnie des Moulqueraires. D ans un R ôle de la Maison du Roy imprimé en 1 6 4 0 , il n’y avoit dans cette Compagnie que n e u f v i n g t s d e u x hom m es de g u e r r e à c h e v a l , c’est à d ire, qu’elle n’eroit que de cent quatre vingts deux hom n.es, y compris les Officiers ; mais il y a long tems qu’elle est fur le pied de 2 0 0 hommes effedifs, & même de plus fans variation. Le lecond changement est que la Compagnie des Chevaux L egersde la G arde eut des Carabins pendant quelque te m s, lorlque cette efpece de Milice étoit dans nos armées, & qu’el le n ’étoir pas encore enregi nentée comme elle le fut depuis. C est ce qui,est expreftément marqué dans les mémoires qui s’imprimoient en cetems là avant l’institution de la G azette sous le nom de Mercure François. 11 y est dit au fujet du fiege de Clerac en i 6 m , que la C o m p a g n ie des C h e v a u x -L e g e r s d u Roy c o m m a n d ée p a r M o n sie u r de L u x e m b o u r g , f u t ordonnée a v e c tes C a r a b in s de la d ite C o m p a g n ie p o u r f o m e m r les Regi-
mens de P ié m o n t, de N avarre , de Norm andie & de C ha pes qui dévoient marcher contre les Huguenots Scies délo ger des hauteurs des environs de C lerac, où. ils s’étoient cam pez. Ce s Carabins n’étoient pas du Corps de la Com pagnie; mais il y en avoit une troupe qui y étoit attachée & aux ordres du Capitaine-Lieutenant. Cela n’étoit point particulier à la Compagnie des Chevaux-Legers de la Garde. Les autres Compagnies de Cavalerie legere avoient auffi fouvent leurs Carabins ; c’est ce que J'ai rem arqué dans l’article où J'ai parié des Carabins qui n ’avoient point d'autre Capitaine , ni d 'autre drapeau que le Capitaine & le drapeau de la Compa-
Compagnie des C h eva u xLegers de la Garde est de 2 0 0 hommes.
E lle a vo it a u tr e fis d ef C ara b .n s qui lu i étaient a t tachez. M ercure F ra n co s sous l ’an. 1 6 1 1 pag. 638 .
g n i e d e s C h e v a u x - L é g e r s à l a q u e l l e ils é t o i e n t a t t a c h e z . I ls a v o i e n t f e u l e m e n t u n L i e u t e n a n t & u n M a r é c h a l d e s lo g is q u i a t t e n d o i e n t le l ig n a i d u C a p i t a i n e d e C h e v a u x - L e g e r s p o u r c h a r g e r l ’e n n e m i. C e l a & v o i t p a r l e t r a i t é d e l ’o r d r e d e la C a v a l e r i e d e M . d e M o n t g o m m e r i - C o r b o so n i m p r i m é e n p. 155. 1617. » C h a c u n e C o m p a g n ie d e C h e v a u x -L e g e rs , d it- il , d o it m a v o i r u n e t r o u p e d e c i n q u a n t e C a r a b i n s a v e c f o y so u s l a » c h a r g e d 'u n L i e u t e n a n t , l e q u e l o b é i r a a u C a p i t a i n e d e s « C h e v a u x L é g e r s , & n ’a u r a d 'a u t r e C o r n e t t e q u e c e lle d e » la m ê m e C o m p a g n i e q u ’e ll e f u iv r a a v e c u n M a r é c h a l d e s » lo g is & d e u x C a p o r a u x . . . E t p u is p a r l a n t d e l e u r m a n i é r é d e c o m b a t t r e , i l a j o u t e : » I ls n e p a r t i r o n t p o i n t q u e le C a p i t a i n e d e C h e v a u x - L e g e r s » n e le u r e n d o n n e lig n a i p a r fo n T r o m p e t t e , à fç a v o ir lo rf » q u ’il v e r r a l ’e n n e m i à d e u x c e n ts p a s , fi c e f o n t l a n c e s , & à » c e n t , lî c e f o n t cu iralT es à n o t r e m o d e : il f e r a a lo r s f o n n e r » sa t r o m p e t t e u n m o t f e u l e m e n t T a r a r e : à c e t t e h e u r e - l à » c e lu i d e s C a r a b i n s f o n n e r a l a c h a r g e t o u t a u l o n g , & f o u » d a in l ’e f q u a d r e d u M a r é c h a l d e s lo g is p a r t i r a a u g a l o p : & » a l l a n t a f f r o n t e r l ’e n n e m i , l e u r f e r a f o n f a lv e d e p l u s p r è s » q u ’e lle p o u r r a , & c. C e t u fa g e c h a n g e a t a n t p o u r la C o m p a g n ie d es C h e v a u x L e g e r s d e la G a r d e , q u e p o u r le s a u tr e s C o m p a g n ie s d e C a v a l e r i e le g e r e , l o r f q u e le s C a r a b i n s f u r e n t m is e n R e g i m e n t c o m m e ils le f u r e n t d e p u is . L e t r o i f î é m e c h a n g e m e n t r e g a r d e le s O f S c i e r s d e c e C o r p s . D a n s le R ô l e d e 1 6 1 1 , q u i e fi le p lu s a n c ie n q u e J'a i p u t r o u v e r , il n ’y a q u e l e R o y m a r q u é c o m m e C a p i t a i n e , le C a p i ta in e -L ie u te n a n t , u n C o r n e tte & u n M a r é c h a l d es lo g is . C ’e st à -d ir e q u ’ils é t o i e n t e n c o r e f u r l e m ê m e p ie d p o u r l e n o m b r e d e s O f f ic ie r s q u e d a n s l e u r p r e m i è r e in f f it u ti o n ; c a r ils n e p o u v o i e n t p o i n t e n a v o ir m o in s . C é t o i t e n c o r e d e m ê m e e n 1 6 6 5 , à e n j u g e r p a r le R ô l e d e c e t t e a n n é e , & e n c o r e en 1 6 6 9 . V e r s l ’a n 1670 le R o y c r é a u n S o u s - L ie u t e n a n t . A l a fin d e Création d u Sons-Lieute 1 6 7 1 , il c r é a u n e s e c o n d e C h a r g e d e S o u s - L i e u t e n a n t & u n na n t & d'un f é c o n d C o r n e t t e , & a u m o is d e M a r s 1 6 8 4 , i l c r é a d e u x n o u -
s e cond Cor nette.
Souf-Lieu~ v e lle s C h a r g e s d e C o r n e t t e s , & e n la iffa la d if p o f îtio n à M . le D u c d e C h e v r e u f e C a p i t a i n e L i e u t e n a n t d e c e tt e C o m p a tenant doublé. Quatre Corg n ie . C ’est l ’é t a t o ù e lle e s t m a i n t e n a n t p o u r le s h a u ts O ffi nettes. c ie rs .
L ’a u g m e n t a t i o n d e s M a r é c h a u x d e s lo g is & d e s a u tr e s O f fic ie rs l u b a l t e r n e s & f it à m e f u r e q u ’o n m u l t i p l i a le s h a u ts O f f ic ie r s . J e t r o u v e d a n s le R ô l e d e 1 6 7 8 , le M a r é c h a l d e s l o g is d o u b l é . D a n s c e lu i d e 1 6 8 9 , o n v o i t h u i t B r i g a d i e r s , h u i t S o u s - B r ig a d i e r s &: le s q u a t r e P o r t e - E t e n d a r t s , & d e u x c e n t s C h e v a u x - L e g e r s , les O ffic ie rs n o n c o m p r is . D a n s c e lu i d e 1 6 9 5 , o n t r o u v e le s d ix M a r é c h a u x d e s lo g is q u i f o n t e n c o r e a u j o u r d ’h u i , le s q u a t r e S o u s - A y d e s - M a jo r s o u ï e s A y d e s - M a jo r s d e B r i g a d e s n e f o n t p o i n t fp e c ifie z d a n s le s R ô le s. L e s d i x M a r é c h a u x d e s lo g is f o n t O ffic ie rs à b r e v e t . M . d e M o n t a l a n t G e n t i l - h o m m e d e p lu s d e q u a t r e v i n g t s a n , d o n t le p e r e f u t e n 1628 C a p i t a i n e d e l a p r e m i è r e C o m p a g n ie d e s M o u f q u e t a i r e s , m ’a f a i t a f l ù r e r d 'u n f a i t d i g n e d e r e m a r q u e p a r r a p p o r t a u x M o u f q u e t a ir e s & a u x C h e v a u x L e g e r s d e l a G a r d e , f ç a v o ir q u e j u f q u ’e n 1629 le C o m m a n d a n t d e s M o u fq u e ta ire s n e p r e n o it p o in t im m é d ia te m e n t d u R o y l ’o r d r e p o u r fà C o m p a g n i e , & q u ’il le r e c e v o i t p a r le C a p i ta i n e - L i e u t e n a n t d e s C h e v a u x L é g e rs d e l a G a r d e -, m a is q u e c e t t e a n n é e d à le R o y fit e x p e d i e r à M . d e M o n t a l a n t u n e n o u v e ll e c o m m iffio n , a v e c d é f e n l e d e p r e n d r e d é f o r m a is l ’o r d r e d 'a u t r e q u e d e lu i m ê m e . J e fis p r i e r M . d e M o n t a l a n t d e m e c o m m u n i q u e r c e t t e s e c o n d e c o m m if f io n d e M . f o n p e r e , il r é p o n d i t q u ’il l ’a v o i t v u e , m a is q u ’i l n e l ’a v o i t p o i n t & q u ’e lle d e v o i t ê t r e e n t r e le s m a in s d e M . d 'E r m e n o n v i l l e , c h e z q u i é t o i e n t t o u s le s p a p i e r s d e l a M a iso n d e M o n t a l a n t . J e l ’a i f a i t d e m a n d e r à c e G e n t i l - h o m m e , q u i a r é p o n d u q u ’il c r o ï o i t a v o i r c e t t e c o m m if f io n , m a is q u e les p a p ie r s n ’é t o i e n t p o i n t e n c o r e a r r a n g e z , &. q u e fè t r o u v a n t d a n s u n e g r a n d e c o n f u f io n , il ne p o u v o i t p a s l a d é m ê l e r . C ’est l à t o u t c e q u e J'a i pu. f ç a v o ir làd e flu s. I l m e fu ffic d 'i n d i q u e r l ’e n d r o i t o ù l ’o n p o u r r o i t t r o u v e r c e tt e s e c o n d e c o m m if f io n q u e je n ’a i p u v o ir m ê m e . A u r e f te le f a i t d o n t il s’a g i t m e p a r o î t trè s -v r a i- f e m b la b le p a r u n e r a if o n ; c ’est q u e , c o m m e j e l e d ir a i d a n s l a fu ite , la
Maréchaux dis logis.
Le Comma nd a n t d esM iufquetaires fr e noit autrefois l'ordre A u C a p ita in e -L te u te n a n t des C hevauxLegers de la G arde. I l commença à le prendre du Roy en 1629.
p r e m i è r e C o m p a g n i e d e s M o u f q u e t a ir e s f u t f o r m é e e n 1 6 n d e l a C o m p a g n i e d e s C a r a b in s d u R o y , q u i , a in lî q u e j e v i e n s d e le r e m a r q u e r , é r o i e n t a t t a c h e z à l a C o m p a g n i e d e s C h e v a u x -L é g e r s d e la G a r d e , & é to ie n t d é p e n d a n s d u C a p ita i n e - L i e u t e n a n t d e c e t t e C o m p a g n i e ; il est a ll e z n a t u r e l q u e l a C o m p a g n i e d e s C a r a b in s d u R o y a ï a n t é t é c h a n g é e e n C o m p a g n i e d e M o u f q u e t a ir e s , e ll e f u t d e m e u r é e e n c o r e f u b o r d o n n é e a u C a p ita in e - L ie u te n a n t d e s C h e v a u x - L é g e rs d e la G a r d e , j u f q u a c e q u e c e t t e C o m p a g n i e a ï a n t é t é r e m p l i e d e G e n t i l s - h o m m e s & d e g e n s d 'é l i t e , le R o y a u b o u t d e fep t an s ju g e a à p ro p o s d e la r e n d r e in d é p e n d a n te d u C o m m a n d a n t d e la C o m p a g n ie d e s C h e v a u x - L é g e r s d e la G a r d e . Privileges & difiinctions L e R o y H e n r i I V , i n f t i t u t e u r d e l a C o m p a g n ie d e s C h e v a u x de cette Com- L e g e r s d e l a G a r d e , l u i a c c o r d a d e s p r iv ilè g e s f o r t c o n f i d e pagnie. r a b l e s , c o n t e n u s d a n s fes L e t t r e s p a t e n t e s d o n n é e s e n f o r m e d 'E d i t à T o u r s a u m o is d e M a y d e l ’a n 1593. « S u r le s L e t t r e s p a t e n t e s d u R o y e n f o r m e d 'E d i t d o n n é e s Memorial KKKK fol. » à T o u r s a u m o is d e M a y d e r n i e r , l i g n é e s , H e n r i , & f u r l e 2 2 1 . V°. » r e p l i p a r le R o y , R u f é , & f c e llé e s p a r C o q u i l l e , p o u r le s » c a u fe s & c o n l î d e r a t i o n s y m e n t i o n n é e s , l e d i t S ie u r d e l ’a v is » d e s P r i n c e s , S e ig n e u r s & G e n t i l s - h o m m e s d e f o n C o n l e i l , » a u q u e l c e t t e a f f a ir e a é t é m ife e n d é l i b é r a t i o n , v e u t , o r » d o n n e & lu i p l a î t q u e d o r é n a v a n t c e u x d e la C o m p a g n i e » d e s C h e v a u x L é g e r s d e l a G a r d e q u i & t r o u v e r o n t ilfu s » d 'e x c r a c tio n n o b l e , f o i e n t h o n o r e z d e s m ê m e s p r i v i l è g e s » a c c o r d e z p a r fes p r é d e c e ü e u r s a u x C e n t G e n t i l s - h o m m e s » d e sa M a is o n ; à l a c h a r g e q u ’ils le f e r v i r o n t c i n q a n s e n » tie r s e n l a d i t e C o m p a g n i e ; & d o n t ils j o ü i r o n t n e a n m o i n s » d u r a n t q u ’ils f e r o n t e n r ô l e z e n i c e lle , & q u ’ils y f e r v i r o n t , » & n o n a u t r e m e n t : & a p r è s a v o ir f e r v i l e d i t te m s d e c i n q » a n s , q u ’ils jo ü ilT e n t d e f d i t s p r i v i l è g e s , & le u r s v e u v e s t a n t » q u ’e lle s v i v r o n t d u r a n t l e u r v i d u i t é ; & q u a n t a u x a u t r e s q u i n e le t r o u v e r o n t iflu s d 'e x t r a d i o n n o b l e , f o i e n t t e n u s a u p a ra v a n t q u e d e p o u v o ir a c q u é r ir ce titr e , fe rv ir c in q » a n s e n t i e r s , p e n d a n t le q u e l t e m s & q u ’ils f e r o n t e n r ô l e z & » f e r v i r o n t a c tu e l l e m e n t e n l a d i t e C o m p a g n i e , S a M a j e l t é » v e u t q u ’ils f o i e n t a f f r a n c h is & d é c h a r g e z , c o m m e e lle l e s
» a ff r a n c h ie & d é c h a r g e e u x & l e u r s f e m m e s & e n fa n s d e p a ï e r
» a u c u n e t a i ll e & e m p r u n t , n e f u b f i d e s q u e lc o n q u e s m is o u m e t t r e f u r fes f u j e t s , t o u t a in f i q u e f o n t le s a u tr e s O f f i» c ie rs d e l a G e n d a r m e r i e . E t q u a n t ils p o u r r o n t m o n t r e r » p a r b o n s c e r t if ic a t s a v o ir f e rv i l e f d i te s c i n q a n n é e s fa n s d if» c o n t i n u e r , S a M a j e f t é e n t e n d q u ’ils f o i e n t t e n u s & d e » c l a r é s n o b l e s , & q u e p o u r a p p r o b a t i o n d e c e ils jo ü if f e n t » d e s p r iv ilè g e s a t t r i b u e z a u fd its C e n t G e n t i l s - h o m m e s d e sa » M a i i o n , & t o u t a in fi q u e les a u tr e s iffus d 'e x t r a d i o n n o b k j » l e t o u t f é lo n & e n l a m ê m e f o r m e & m a n i é r é & a u x c h a r » g e s & c o n d i t i o n s p lu s a m p l e m e n t fp e c ifié e s a u R e g l e m e n t » d e c e e x p é d i é & a t t a c h é a u f d ite s L e t t r e s sous le c o n t r e f e e L » V u le f q u e lle s , le d it R e g l e m e n t , la R e q u ê te p r e f è n té e à la » C h a m b r e p a r le s g e n s d e g u e r r e d e l a d i t e C o m p a g n i e d e s » C h e v a u x - L é g e r s d e l a G a r d e d u R o y à fin d e v é r i f ic a ti o n » & e n t é r i n e m e n t d e f d i t e s L e t t r e s ; c o n c lu f io n s d u P r o c u r e u r » G e n e r a l d u R o y , a u q u e l le t o u t a é t é c o m m u n i q u é ; t o u t » c o n f i d e r é : L a C h a m b r e a v a n t q u e d e f a i r e d r o i t f u r J e fd i» te s L e t t r e s , a o r d o n n é & o r d o n n e q u e les f u p p lia n s f e r o n t » a p p a r o i r d e q u e ls p r iv ilè g e s o n t a c c o u t u m é d e j o ü i r l e s C e n t » G e n t i l s - h o m m e s d e l a M a is o n d u R o y . F a i t à T o u r s le q u in » z ié m e D e c e m b r e 1593. C e q u i e st d i t i c i , q u e c e u x q u i n ’é t a n t p o i n t G e n t i l s h o m m e s J e r o n t t e n u s & d é c la r e z , n o b le s a p r è s c in q a n s d e f e r v i c e d a n s la C o m p a g n i e d e s C h e v a u x - L é g e r s d e l a G a r d e , n e d o i t p a s s ’e n t e n d r e fa n s d o u t e d 'u n e n n o b li f f e m e n t q u i p a f f â t a u x d e f e e n d a n s d e s C h e v a u x . L é g e r s d e la G a r d e } m a is f e u le m e n t d e s a v a n t a g e s d e l a N o b l e f l e p o u r e u x t a n d i s q u ’ils v i v r o i e n t , & p o u r le u r s v e u v e s. C e t e m s d e c in q a n s a y a n t p a r u b i e n c o u r t p o u r m e r i t e r d e te l s p r i v i l è g e s , &. p lu fie u rs C h e v a u x . L é g e r s q u i t t a n t le f e r v i c e a p r è s le s c i n q a n n é e s -, il f u t j u g é à p r o p o s d è s le c o m m e n c e m e n t d u R egne & d e la m i n o r i t é d e L o ü i s X I I I , d e n e l e u r a c c o r d e r c e s p r iv ilè g e s q u ’a p r è s v i n g t a n s d e s e r v i c e * c o m m e o n le v o i t p a r l ’O r d o n n a n c e d e c e P r i n c e d o n n é e à P a r i s a u m o is d e D e c e m b r e d e l ’a n 1 6 1 0 . C e s p r iv ilè g e s f u r e n t c o n f i r m e z e n 16 2 7 , p a r L e t t r e s d e J u f f i o n d u v i n g t . q u a t r i è m e d 'A v r i l ,c o m m e il est m a r q u é d a n s
Ȉ
Q ualité d'Eeute don née aux Chevaux-Legers de la Garde.
Penfions don nées à 72 C hevaux-Legers.
le R ô le d e c e tt e a n n é e à la C o u r d e s A y d e s s o u s d e c e r t a i n e s c o n d i t i o n s , c o m m e d 'ê t r e a c t u e l l e m e n t d a n s l e f e r v i c e , d ' ê t r e c o u c h é l u r les R ô l e s , d e n e f a i r e a u c u n a c te d é r o g e a n t , 8cc. O n t r o u v e d a n s les R ô l e s p o l t e r î e u r s , la q u a l i t é d 'E c u ï e r d o n n é e à to u s le s C h e v a u x L é g e r s d e l a G a r d e q u i y f o n t n o m m e z . I ls jo if if lè n t a u j o u r d ’h u i d e l e u r s p r iv ilè g e s à peu p r è s f u r le p ie d d e l ’O r d o n n a n c e d e 1 6 1 0 . L e s f u r n u m e r a ir e s a u d e flu s d e s z o o n e jo ü ilT e n t p o i n t d e s p riv ilè g e s ; m a is l e R o y le s p a y e q u a n d ils f e r v e n t e n cam pagne. P a r m i les p r iv i lè g e s d e la C o m p a g n i e d e s C h e v a u x - L e g e r s , o n p e u t c o m p t e r le s p e n f io n s d e s C h e v a u x - L e g e r s , q u ’o n a p p e lle P e n f i o n n a i r e s o u C a p i t a i n e s a p p o i n t e z , q u i f o n t a u n o m b r e d e f o i x a n t e & d o u z e , y c o m p r i s le s B r i g a d i e r s & le s S ous B rig a d ie rs . L a C o m p a g n ie a m é rité c e tte a tte n tio n & ces é g a r d s ; p r e m i è r e m e n t , p a r la q u a l i t é d e c e u x q u i la c o m p o f e n t , & c o n d e m e n t , p a r l e z c le q u e l l e a t o u j o u r s e u p o u r l e f e r v ic e d u R o y , & p a r f o n d e f i n t e r e f t e m e n t , ju fq u e s là q u e d u r a n t le s t r o u b l e s d e la M i n o r i t é d e L o ü i s X IV , e lle l e f e r v it f o u v e n t & l o n g - t e m s à fes p r o p r e s d é p e n s . E l o g e q u i lu i e s t c o m m u n a v e c la C o m p a g n i e d e s G e n d a r m e s d e l a G a r d e , a u lf i - b i e n q u e c e lu i d e la v a le u r : c a r c e s d e u x C o m p a g n i e s n ’o n t j a m a is m a n q u é à l e u r d e v o ir e n a u c u n e o c c a f io n ^ e lle s n ’o n t j a m a is p e r d u n i E t e n d a r t s n i T i m b a l l e s , & d a n s le s d é r o u t e s m ê m e s , d o n t n u l l e n ’est ja m a is a r r i v é e d e l e u r p a r t , e lle s o n t t o u j o u r s f a i t l e u r r e t r a i t e a v e c u n e c o n t e n a n c e , u n e b r a v o u r e & u n e h a b i l e t é , q u i o n t m é r i t é les l o u a n g e s & l ’a d m ira tio n des e n n e m is m ê m e s. E lle s o n t p a r t a g é la g l o ir e q u ’e lle s o n t a c q u if e e n p lu f ie u r s o c c a f io n s a v e c les a u tr e s c o r p s d e C a v a l e r i e d e la M a is o n d u R o y , & e n p a r t i c u l i e r à la m é m o r a b l e j o u r n é e d e L e u z e . I l n ’y a q u e d e s C o r p s o ù l e C o m m a n d a n t p e u t & r é p o n d r e g e n e r a l e m e n t d e l a v a le u r d e t o u s c e u x q u i le s c o m p o f e n t , c a p a b le s d e f a ir e d e t e lle s a c tio n s. E t t e l e s t l e C o r p s d o n t il s’a g i t & c e lu i d e s G e n d a r m e s . L e c h o ix q u e l ’o n f a it d e s fu je ts q u ’o n a d m e t d a n s ces
Compagnies, & des Officiers que l’on mec à leur tê te , est ce qui les rend fi formidables aux ennemis dans les combats ; & pour ne parler que de celle des Chevaux- Légers dont je trai te , on y voit actuellement des Gentils-hommes de la plus ancienne noblefle- O n y a vû des Officiers d’Armée s’y en rôler ; & il y a peu d 'années qu’un ancien Lieutenant Colonel d ' in fan terie, nommé M. Duchefne, qui s’étoit retiré du s e r v ic e avec agrément & penfion du R o y , dem andant à y re n tre r, accepta une place dans les Chevaux-Legers que le feu R oy lui offrit, & où il est m ort depuis les armes à la main dans les dernieres guerres. Rien ne releve plus ces for tes de Corps que de tels fujets, qui & font honneur d 'y avoir place. Les hauts Officiers ont des appointemens & des penfions Penfions des très-confiderables attachées à leur Charge. Les autres O f O ffic ie r s . ficiers en ont auffi à proportion, & quelques-uns ont des pen fions qui leur font personnelles indépendam m ent de leur Charge, & fondées fur leurs fervices. L ’Etendart des Chevaux-Legers est: quarré & a environ un Etendarts, pied & demi en long & en large * il est brodé d 'or & d'argent, armes, & c.des C hevaux-Le~ & au milieu est un grand cartouche octogone, où est la de- gers de la Garvife de la Compagnie , qui est un Foudre ; l’ame de la devife de. est compofée de ces paroles latines, S e n fe r e g i g a n t e s . C e qui fait aliufion à la Fable de Jupiter qui foudroya les Geans lorfqu’ils voulurent efcalader le C iel, & ce qui fignifie que les Chevaux-Legers font à la main du R o y , comme le fou dre entre les mains de Ju p ite r, pour exterminer fes plus fiers ennemis. Leurs armes font des épées ou des fabres uniformes & les piftolets. L ’uniformité n’étoit point pour les piftolets, cha cun les avoit tels qu’il jugeoit à propos jufqu’i l’an 1714, que M. le D uc de Chauines en fit faire deux cents tren te paires uniformes marquez de trois fleurs de ly s , qu’il dift tribua g r a t i s aux Chevaux L égers, pour le tems du service feulem ent, & qui doivent être rapportez au magafîn avec le refte de l’uniforme. O n a ajouté dans les dernieres guerres aux armes ordinai res de la Compagnie, vingt carabines hrifées, qui fepor~
t e n t c h a c u n e d a n s u n f o u r r e a u , c o m m e le s p i f t o le t s . E lle s f u r e n t d o n n é e s p o u r e r r e p o r t é e s p a r le s v i n g t d e r n i e r s P e n f i o n n a i r e s . C ’est p o u r s’e n f e r v i r f e u l e m e n t d a n s c e r t a i n e s o c c a f îo n s d 'e f c a r m o u c h e a v a n t q u ’o n e n v i e n n e a u x m a in s . E i c e q u i c o n c e r n e le s h a b i t s , l ’U n i f o r m e o u h a b i t d ' O r L 'U niforme euhibit d'O r d o n n a n c e est t o u jo u r s d 'é c a r l a t e g a l o n n é d 'o r a v e c q u e l q u e donnance. a r g e n t m ê l é , p o u r d i f t i n g u e r le s C h e v a u x - L é g e r s d e s G e n d a r m e s , q u i o n t t o u s les g a l o n s d 'o r . L e R o y d e c i d e lu i- m ê m e d u g o û t d e l ’h a b i l l e m e n t f u r le s m o d è l e s q u ’o n lu i p o r t e . L e s p a r e m e n s o n t é t é l o n g - t e m s d e v e lo u r s ; o n le s a la if fe z p e n d a n : q u e l q u e s a n n é e s ; m a is o n le s a r e p r i s a u d e r n i e r h a b i l l e m e n t d e 1714. T o u s le s O f f ic ie r s f o n t p lu s o u m o in s g a lo n n e z f é lo n l e u r d i g n i t é L e m a n t e a u d e s C h e v a u x L é g e r s est au ffi d e l ’U n i f o r m e . I i est d e m ê m e é to f f e & d e m ê m e g a l o n q u e l ’h a b i c , & g d o n n é p lu s o u m o i n s , f é lo n le s C h a r g e s & le s m o d è le s a g r é e z p a r l e R o y . L a C o m p a g n i e p r e n d t o u s le s U n i f o r m e s , f u i t p o u r le s h a b i t s , f o i t p o u r l ’é q u i p a g e d e s c h e v a u x e n t o u t e s f o r te s d e f e r v i c e s , à l ’e x c e p t i o n d e s g r a n d s O f f i c i e r s , d e s d e u x A y d e s M a j o r s & d e s M a r é c h a u x d e s l o g i s , q u i n e f o n t o b l i g e z d 'ê t r e e n U n i f o r m e q u e p o u r les f e rv ic e s c h e z le R o y , o u c h e z les E n f a n s d e F r a n c e , o u d a n s le s r e v u e s f a ite s p a r le s P r i n c e s o u p a r le C a p i t a i n e - L i e u t e n a n t , o u p a r le G e n e r a l d’Arm é e . H o r s le f é r v ic e le s C h e v a u x - L e g e r s f o n t v ê tu s c o m m e le s O f f ic ie r s d e s t r o u p e s , & a in fi q u e b o n l e u r f è m b le . I l n ’y a p o i n t d 'u n i f o r m e p o u r l a c o u l e u r d e s c h e v a u x , c o m m e il y e n a d a n s les d e u x C o m p a g n i e s d e s M o u f q u e t a ir e s ; m a is il y e n a p o u r le s f o u r r e a u x d e p i f t o le t s & p o u r le s h o u f f e s , f u iv a n t l ’u n i f o r m e d e s h a b i t s . I l y a d a n s c e tte C o m p a g n ie u n T im b a llie r & q u a tr e T ro m p e tte s . C h a q u e C h e v a u - L e g e r p e u t a v o i r a u t a n t d e c h e v a u x q u ’il v e u t & f u iv a n t l a d é p e n l e q u 'i l ju g e à p r o p o s d e f a ir e . A u ffi d a n s les d i f t r i b u t i o n s d e f o u r a g e & d e g r a i n , d o n n e - t - o n à l ’E f c a d r o n c i n q c e n ts r a t i o n s , o u d u m o in s q u a t r e c e n ts c i n q u a n t e , q u a n d l e s f o u r a g e s f o n t m o in s a b o n d a n s . I l d o i t a v o ir a u m o in s d e u x c h e y a u x à m o n te r , a f in q u e l ’un é t a n t b l e f f s ,
il puiftè fè fcrvir de l’autre. Il n ’est pas permis au Chevau-Le~ ger étant en m arche , de porter fur la croupe de Ion cheval autre chofe que fon manteau d 'ordonnance pour ne le pas bleflèr. Quand quelqu’un & prefente au Capitaine-Lieutenant pour Quelques être reçu dans la Compagnie en qualité de Chevau-Le- autres p a rti cularitéz con g e r , le Capitaine-Lieutenant après les informations faites, cernant la le prefente au Roy. & Sa Majefté agrée le Chevau-L eger, Compagnie, le Capitaine-Lieutenant lui expedie un Brevet en parche min en fon n o m , fur lequel il est reçu. Quand il s’agit de donner quelque ordre qui regarde le fêrvice à un Chevau-Leger abient, le Capitaine-Lieutenant lui écrivant ufe de ces termes au haut de la lettre & à la T itre de fin: Monfleur mon Compagnon, &. ligne, votre affectionné ferviteur. C et ufage peut venir de ce que le Capitaine-Lieu Compagnon donné a u x tenant a eu autrefois une place de Chevau Leger & la paie C h e v a u x -L é de Chevau-Leger par-deifus les appointemens, ainli que je gers f a r le C a p ita in efa i dit en parlant des anciens Gendarmes : mais je croi que L ieutenant. cela vient encore de plus loin, & de ce qu’anciennement Origine de ce tous les Gendarm es étant Gentils, hom m es, le Com mandant stile. de chaque Compagnie leur donnoit ce titre de Compagnon, leur faifant l’honneur de les traiter comme fes Compagnons d'armes ; titre que nos anciens Chevaliers prenoient quel quefois à l’égard les uns des autres. En vertu duquel ils s’engageoient à & lècourir réciproquement & à ne & point quitter dans les occalîons. Cette qualité de Compagnon pafla de l’ancienne Gendarmerie dans les Compagnies d'ordon nance , & y est demeurée. O n ne donne point de Lettres d'Etat à un Chevau-Le ger que fur le certificat du Capitaines-Lieutenant, par lequel il confie qu’il a au moins une année de service ; & on ne lui en accorde point qu’il ne loit actuellement dans le fervice. Le R oy ne m onte que le Timballier. Celui-cy est d'ail leurs habillé, & les quatre Trom pettes auth tous les deux ans, fuivant les ordres du grand Ecuyer de France.
Liste des Capitaines-Lieutenans des C hevaux-Leger s de la Garde. Onfieur de la Curée en 1593. II étoit Lieutenant de la Compagnie des Chevaux-Legers du Roy H enri I V , lorfque ce Prince prit cette Compagnie pour sa garde. C ’étoit un des plus renommez Officiers des Troupes. Moniîeur de Brantes, D uc de Luxembourg par sa fem m e, heritiere de cette grande M aison, étoit Capitaine- Lieutenant des Chevaux Légers en 1611 , à l’attaque de CIerac..Il l’étoit encore en 1619 , à la journée du pas de Suze. Il m ourut en 1630. Il étoit frere du Connécable de Luynes,&: le R oy Loüis X III acheta lui même la Charge de M. de la C urée, pour l’en revêtir. Monfieur le M aréchal de Schomberg, en 1630 ou peu après. Il l’étoit encore en i6 ji. Il étoit en même-tems Colo nel General des Suides. M onfieur de faint Mefgrin étoit Capitaine-Lieutenant des Chevaux-Legers en 1651. Il fut tué à la bataille de faint Antoine en 1652. Monfieur de M ancini, l’aîné des neveux du Cardinal M azarin,en 1652. Il n’exerça point cette Charge, parce qu’il m ourut des bleflures qu’il avoit reçues à la même bataille de faint Antoine. Monfieur de Navailles; depuis D uc & M aréchal de Fran ce, fut Capitaine-Lieutenant en 1653.Il l’étoit encore en 1663. Monfieur le Duc de Chaulnes l’éroit en 1666, & il l’é to it encore en 1669. Il fut Lieutenant General & chargé de diverfes ambalfades. Monfieur le D uc de Chevreufe étoit Capitaine-Lieutenant en 1671, il l’étoit encore en 1701. Monfieur le D uc de M on tfo rt, fils du précèdent, l’é to it en 1704. Il fut tué après avoir fait entrer un convoi d 'ar gent dans L andau, affiegé par les ennem is, q u il’attaquerenc au retour en 1704. Monfieur le D uc de Chaulnes, frere du p ré c è d e n t, en 1704- Il l’est encore en 1721. C ’efi: le cinquième de sa M aiion qui a pofiedé cette Charge. M
Memoires d 'Artagnan T . 2, p . 1 1 3 .
Monfieur Je Vidame d 'Amiens, fils du Duc de Chaulnes, reçu en furvivance en 1717. C ’est le JIxiéme de sa Maison qui aie été honoré de cette Charge. O n peut voir par tout ce que je viens de dire de la Com pagnie des Gendarmes & de la Com pagnie des ChevauxLegers de la G a rd e , que la police de ces deux Corps est à peu près la même. J 'ai fait de certains détails en traitant de l’un, que je n ai point faits en traitant de l’a u tre , & réciproquem ent, parce que j'ai fuivi les divers M émoires qui m ’ont été fournis par les Officiers des deux Compagnies : mais prefque generalement p a rla n t, tout ce que J'ai dit en ne marquant point qu’il fut particulier à une des deux Compagn e s , convient également à l’autre. C H A P IT R E
IV .
Histoire des deux Compagnies des M ous quetaires de la Garde du Roy. C
Es deux Compagnies font compofées pour la plupart de jeunes Seigneurs & Gentils-hommes. C’e st comme la première école où ils apprennent communément le métier de la guerre, &: font leurs premières armes. Q uantité d 'Officiers, fur tout ceux de Cavalerie &: ceux des principaux Regimens d 'infanterie ,y ont fait leur apprentiflàge. Plufieurs dem eu rent dans le C o rp s, & parviennent avec le tems auxCharges, aux penfions,&: aux prérogatives que le feuRoy y a attachées. Us & font infiniment diftinguez dans les fieges , fur tout depuis la campagne de 1672. Ils étoient devenus la terreur des ennemis dans ces occafions, &. rien ne fut plus adm irable que la maniéré dont ils emportèrent Valenciennes l’an 1677. La valeur des Moufquetaires & la prudence de leurs Officiers les rendirent également recommandables en cette rencontre. Elles font depuis long-tems fur le même pied. Elles ont pa reil nombre d 'Officiers & de même elpece. Il y a autant de Moufquetaires dans l’une que dans l ’autre , ils font le même service à la C o u r, à l’armée , dans leurs Hotels. Ils ont même folde, mêmes penfions , mêmes prérogatives. Les m êmes
Valeur des M oufqiut ai res.
Etat des deux Compagnies des Moufque taires en
1 71 5. Elles font fu r
m ê m epied.
Le Roy en tfi le Capitaine.
Officiers des Moajquetaires.
Service des Meufqnetaires.
changemens & font faits sous le Regne de Loüis le G rand dans les deux Compagnies Le R oy est lui même Capitaine des deux Compagnies , comm e il l’est des Gendarmes & des Chevaux-Légers de la G arde : & ceux qui les commandent portent le titre de Ca pitaine- Lieutenant. Il y a deux Sous-Lieurenans , deux Enfeignes, deux C or nettes , huit Maréchaux des logis , quatre Brigadiers , feize Sous-Brigadiers, un Porte-E tendart, un Porte-Drapeau, deux, cents cinquante Moufquetaires dans chaque Com pagnie, y compris les Brigadiers, les Sous-Brigadiers,&c. Mais durant la guerre on en reçoit autant qu’il s’en prefente , pourvu qu’ils aient les conditions requifes-Ces furnumeraires ont leurfolde tandisqu’ils font le service: mais la guerre étant finie,ils ne l’onc plus,& attendent leur rang pour entrer en paie & dans le nom bre des 250. Il y a dans chaque Compagnie f i x tam bours & quatre hautbois : ils n’ont point de timballes ni de trom pettes. O utre les Officiers que je viens de nom m er, il y en a un dans chaque Compagnie qui fait les fondions de Major; mais les Commandans ont toujours fait & font encore exercer cette commiffion par qui bon leur femble. Tel étoit l’état des deux Compagnies des Moufquetaires en 1715. Ils fervent à pied & à cheval, l’exercice & les revues & f o n t de l’une & de l’autre maniéré , ta n tô t en bataillon,tantôt en efcadron. Lorfque la revue ou l’exercice & fait à pied & en bataillon,le drapeau est déploie,& il a la droite fur l’érendarr. Au contraire quand la revue ou l’exercice fefaità cheval & en efcadron,l’étendart est déploie, & il a la droite fur le drapeau.. L ’an 1689 , lorfque Monfeigneur le Duc de Bourgogne en tra Moufquetaire , les deux Compagnies cam pèrent à Verfailles ; & ce Prince tout jeune qu’il étoit,fit l’exercice en prefence du Roy. Le Marquis de Q u in c i, alors Sous-Brigadier de la seconde Com pagnie, le tenoit par la main. Ce Prince avoit de l’inclination pour cette Compagnie ; mais pour ne point caufer de jaloufie, il avoit deux habits d 'O rdonnance qu’il mettoit alternativem ent, 8c la foubrevefte avoit quelque chofe des deux Compagnies. Tous les ans le feu Roy paftbit les deux Compagnies en
revûc,
quelquefois à pied , quelquefois à cheval , comme il lui plailoit de l’ordonner. Il les a toujours paffées à cheval du rant les dernieres guerres. Les Moufquetaires vont à l’armée en d étachem ent, quand le Roy l’ordonne, avec les autres troupes de la Maison du Roy, qui font toujours commandées par un Officier des troupes de la Maison. Il y a par tour un Moufquetaîre à l ’O rdonnance chez le General, Il le fuit par tout & mange à sa table. D ans le tems que le Roy alloit à l’a rm ée, les deux Com pagnies de Moufquetaires campoient en fon q u a rtier, le plus près de fon logis qu’il & pouvoit; la première à la droite , & la seconde à la gauche avec leurs Etendarts. Quand le Roy vouloit & p ro m ener, ils l’accom pagnoient,foitpar détache ment , foit tous en efeadron : & cela s’est fait encore pour feu M onfeigneur, quand il commandoit l’armée où il n’y avoit qu’un dérachem ent de cent cinquante Moufquetairesde chaque Compagnie fans Etendarts. Depuis les Etendarts ont m arché avec le détachement. Le Roy étant à l’arm ée, un efeadron de sa Maison m ontok la garde auprès de fon logis ou de la tente, en commençant par les Gardes du C o rp s, qui étoient relevez par les G endar mes ; ceux-ci par les Chevaux Légers, & le tour finilToit par l’efcadron de la seconde Compagnie des Moufquetaires: mais il faut rem arquer ici en paflànt, que la Compagnie des G en darmes EcoITois m ontoit cette garde après les Chevaux-Legers & avant les M oufquetaires, quoiqu’elle ne foit pas de la Garde du Roy : c’est un droit des Gendarmes EcolTois qu’ils & font coniervé. Q uand le Regiment des Gardes ne fuivoit p a s , ou qu’il & trouvoit trop éloigné du lieu où le Roy é to it, les Moufque taires m ontoient la garde à pied par B rigades, ou en plus grand nom bre félon que Sa Majefté l’ordonnoit , avec les Officiers à proportion. Ceux de la Garde avoient bouche à Cour , & les deux Compagnies & relevoient tour à tour , comme les Regimens des Gardes Françoifes & Suifîès. Les Etendarts des Moufquetaires font gardez à la tête de la Compagnie par un Sous- Brigadier & douze Moufquetai-
S e r v ia des-
Motifaue’aires à l'arm ée quand le Roy y étoit.
Rang des Gendarmes Ecojîeis a v a n t les Moufque taires.
Ils combatti rent d 'abord à fie d ,& Puis à cheval à la bataille de Cajfel.
Détachement des Mou quetaires four le fecours des Hollandais contre l ’E vê que de M unfier. Unautre four le fecours de Candie.
Leur service à la Cour,
leur service dans leurs
Hôtels.
res avec leurs fufils. Ils couchent à l’Etendart qu’ils gardent l’épée à la main & bottez, & font relevez le foir à la retraite. D ans les diveries campagnes les Moufquetaires on t fervi aux fieges , ta n tô t à cheval pour la garde de la tranchée , ta n tô t à pied aux attaques des dehors : & c’est dans ces ac tions de vigueur où ils & font le plus ilgnalez. Dans les batailles ils ont com battu à cheval & en efcadron. Cependant à la journée de Calïel , comme on rangeoit l’ar mée en bataille, & que les M oufquetaires alloient prendre leur polle, M. le M aréchal d 'Humieres aïant apperçu der rière des hayes trois bataillons des ennem is, il fit m ettre pied à terre aux Moufquetaires,qui tout bottez qu’ils étoient, don nèrent fur ces bataillo n s, fécondez d 'une partie du R egim ent de N avarre, les d éfiren t, & rem ontant à cheval, allèrent enfuite & ranger à l’endroit qui leur étoit delliné dans l’ordon nance de la bataille. En 1665, on fit un détachem ent de quatre cents Moufque taires qui furent joints aux autres troupes que M. de Pradel conduifit au fecours des Hollandois contre l’Evêque de M un iter. Les deux Compagnies étoient alors chacune fur le pied de trois cents Moulquetaires. En 1669 , il s’en fit un autre détachem ent pour le fecours de Candie. Il étoit de cent quatre Moufquetaires de la pre mière Compagnie sous les ordres de M. de Maupertuis alors Cornette de cette Compagnie : il y avoit auffi un détache m ent de la seconde. Pour ce qui est du service de la Cour en quelque endroit que foit le Roy , il y a tous les jours un M oulquetaire de cha cune des deux Compagnies qui va à l’ordre. Ils & placent or dinairement à l’entrée de la C hapelle, & s’il y a quelque or dre à donner , le Roy le leur donne. Les deux Moufquetai res y font en habit d'ordonnance , & rapportent à l’H ôtel ou au quartier des Moufquetaires l’ordre qu’ils ont reçu. Ils font bottez en attendant l’ordre. Autrefois avant qu’ils euffent la foubrevelle , ils avoient la calaque fur l’épaule & fur le bras gauche dans cette fonction. Q uant au service dans les deux H ôtels des Moufquetaires,il & réduit à peu de chofe. Il y a toujours un Officier de jour à
commencer par le premier M aréchal des logis , & à finir par le dernier B rigadier, à qui on rend compte de ce qui arri ve. Il y a aufli un Sous-Brigadier de garde avec quatre Mouf. quetaires aux écuries,pour qu’on ait foin des Chevaux , de les faire panfer, de leur fournir le foin & l ’avoine & tout ce qu’il faut aux heures marquées. Le Sous-Brigadier & les quatre Mousquetaires couchent aûx écuries, & font relevez le matin. T e l eftle Service des Moufquetaires à l’arm ée, à la Cour & aux H ôtels. Je vais maintenant traiter feparément de l ’institution des deux Compagnies. J 'ai eu beaucoup de peine à parvenir jufqu’à découvrir la De l'in cita première origine de cette Com pagnie, d'autant qu’aïant été tion de la pre mière Compa inftituée dès la treiziéme année du Regne de Loüis X I I I , il gnie. n’y a plus d 'Officiers du Corps de ce tems-là , & que leurs fucceffeurs ne parodient pas s’être mis fort en peine de conferver le fouvenir de cette Epoque. Cependant après bien des recherches inutiles , enfin lifant les Mémoires de PuiSegur, J'y trouvai ce que je cherchois depuis long-tems : fçavoir, que la première Compagnie des Moufquetaires fut inftituée par Loüis X III l ’an 1 6 2 2 . Voici l’extrait de ces Mémoires qui de Institution la premiers regarde cette institution. Compagnie » Après cela , dit l’A uteur, ( c’est-à-dire après la réduction des Moufque— taires en de Montpellier ) le Roy marcha droit à Avignon , & pen- l62 2 . » dant sa marche il ôta les carabines à sa Compagnie de Ca- Memoires de p. » rab in s, & leur fit bailler des moufquets, & donna la Com- Puifegur 4 4 , sous l’a.n » pagnie vacante par la m ort du Capitaine au Sieur de Mon- 1 6 2 2 . » ta le t, la Lieutenance au Sieur de la Vergne , & la Cornet» te au Sieur de M o n talet, qui portoit le même nom que le » Sieur de Montalet fon oncle qui mourut empoifonné à » Negrefpelice , étant Capitaine des C arabins, & qui fut lui» même après ledit Sieur de M ontalet Capitaine defdits » Moufquetaires. Sa Majefté demanda à M. d 'Efpernon fix » de fes G ardes, pour mettre dans ladite Compagnie ; elle » voulut, &bje puis même dire qu’elle me força de pren» dre une cafaque de Moufquetaire. La difficulté que J'en » faifois, n’étoit pas que jenefçufiè fort bien que ce m ’étort » un grand honneur d 'être dans la Compagnie ; mais J'ap» prehendois fort que cela ne m ’éloignât de la Charge d'En-
Mercure François T .
4. P. 169. Le Roy Loü is X I I I se fit Capitaine de la première Compagnie des M onfquttaires en
1634 Pupleix sous l 'an 163 3 . * C'est Mon talant.
» feigne qui m ’avoit été promifeà Montpellier. Sa Majefté » m ’aflura que cela ne me reculeroit p a s, & qu’il me meccoit « dans les Moufquetaires, parce qu’il fçavoit bien que J'étois » un vaillant homme & qui avoit fait dè belles actions. Q u ’il » étoit refolu de ne m ettre que des Gentils hommes dans » cette Compagnie qu’il prendroit dans fes G a rd e s, com» me auffi quelques soldats de fortune ; mais qu’il ne vouloir » pas en prendre qu’ils n ’euflent fervi & qui ne & fuflent » trouvez aux occafions, defirant après cela , quand ils au» roientété pendant quelque tems dans la Compagnie , les » en nrer.ôt les difperfer dans les vieux & petits Regimens,&; » leur donner même des Enfeignes & des Lieutenances dans » les G ardesj & lorfqu’ils feroient dans un de ces degrez, il ne » leur feroit point de to rt quandlesCharges au- deflusd’eux va» queroient,pour m onter auxCompagnies,& qu’il m eprom et» toit de me donner la première Enfeigne; ce qu’il h t dix-huit » mois après que je fus entré dans ladite Compagnie desMouf» quetaires.C’est là tout ce que M.dePuilegur dit fur cetarticle. Le premier Com mandant sous le titre de Capitaine fut M o n ta le t, il eut pour fucceflèur un autre Officier de même nom , qui avoit d 'abord eu la Cornette de la Compagnie : ce lui-ci étoit Capitaine des Moufquetaires en 1617 au fecours du fort de l’Ifle de Ré. M ontalant fuccedaaufecond M on talet, &. étoit encore Capitaine en 1634. C ette même année il donna la démiffion de sa Charge : & ce fut alors que le Roy & fit Capitaine de la Compagnie des M oufquetaires, & que le Commandant prit le titre de C api taine-Lieutenant. C ’est ce que témoigne l’Hiftorien Dupleix sous cette année, » Le Roy Loüis X I I I , d it-il, par fes Let» très du 3 d 'O ctobre, la Charge de Capitaine des cent M o u f » quetaires étant vacante par la démiffion volontaire du » Sieur de Montelan * , s’en fît lui même le Capitaine ; il fit » Capitaine Lieutenant M. de Troifvilles , du Bois Sous» Lieutenant, & Goulard Çornette. M. de Baftompierre dans fes obfervations fur l’Histoire de Dupleix,le contredit fur l’article du Cornette : il dit qu’il n’y en avoir poincj mais qu’il y avoit feulement un M aréchal des logis, qui étoit le Sieur Goulard. Je ne fcay fi la critique du M aréchal
M aréchal est jufte en cet endroit car M. de Puifegur qui étoit de Ja Compagnie , dit expreflement qu’il y avoit un C ornette, & le R ôle de 1640 m et aufli le fleur Goulard Cor nette. J 'y trouve deux Sergens dans le R ô le de la Cour des Aydes de l’an 1643. Ce M. de Troifvilles,qui depuis & fit appeller Treville, étoit un Gentil-hom m e de Bearn , homme , félon les mémoires Eloge de M . d 'Artagnan , aufli eftimable par l’efprit que par la valeur & la de Treville fagefle, qui fit sa fortune par fon merite en s’attach an t tou premier Capi taine-Lieute jours au Roy Lotiis X I I I , fans s’embarraifer de faire sa cour nant desMousau Cardinal de Richelieu. C e Miniftre par cette ra ifo n n e l’ai- quetttires. m oit pas, & cette averfion du Cardinal étoit un m o tif pour le R oy, d 'avoir plus d 'attachem ent & de confideration pour Treville. La Compagnie des Moufquetaires étoit très-belle, & le Cardinal avoit une Compagnie de Gardes compofée aufli de très-braves gens. Il y avoit une émulation entre ces deux Compagnies qui alloit julqu’à la jaloufie , de forte que très-fouvent il y avoit des querelles & des combats entre les Moufquetaires du Roy & les Gardes du Cardinal. C ’étoitun plaifir pour le R oy d 'apprendre que les Moufquetaires avoient mal-mené les G a rd es, & le Cardinal pareillement s’applaudiifoit quand les Moufquetaires avoient eu du deflous. Com me les duels étoient défendus , on faifoit aifément pafler ceux des Moufquetaires & des Gardes du Cardinal pour des ren contres. Le Cardinal en prit occafion de faire quelques ten tatives , pour faire cafler la Compagnie des M oufquetaires, mais il ne réüflît pas. Quand il fut m o r t, Treville n ’eut gueres plus de complaifance pour le Cardinal Mazarin. Ce nouveau Miniftre par d 'autres vûës lui propofa de donner la démiffion de sa C har ge : il le refufa, & voïant qu’il perfeveroit toujours dans fon L a premiere refu s, il fit cafler la Compagnie en 1646. Les Lettres decaf- Compagniedef Mousquetai flation portent que c’étoit pour épargner u n e d é p e n fe d e s m o in s res est cajfét. n e cessa ir e s : mais la véritable raifon étoit le refus de la démif fion de la C harge que le Cardinal M azarin vouloit donnera un de fes neveux. Le Roy rétablit cette Campagnie en 1657 au mois de Jan Elle est rétavier. Le D uc de Nevers neveu du Cardinal en fut fait Capi- bitte.
taine-L ieutenant, & l’on donna comme en dédom m agem ent à Treville le Gouvernement du pays de Foix pour lui , la C ornette des Moufquetaires pour l'on fils c a d e t, & l’A bbaye de M ontirandé pour fon fils aîné qui avoit pris le parti de l’Eglife. Officiers des Dans ce récablilTementla Compagnie eut pour Officiersun Moufquetai Capitaine-Lieutenant, un Sous-Lieutenant , un Enfeigne & res au rétablif ement de la deux Maréchaux des logis. O n ajouta un Cornette en 1658, Compagnie. Le nombre des Moufquetaires fut de 150. A M. le Duc de Nevers fucceda M. d 'A rtagnan, au mois de Janvier de l’an 1667. A M. d 'Artagnan , qui fut tué au M frcure fiege de M aeftrik , fucceda M. le Bailli de F o u rb in , au mois l'rançois T. de Juin 1673 ; 14 , p. 169. des Moufquetaires fut d'abord de cent. Ils E tat de la Fiance impri n’étoient pas au moins en plus grand nombre en 1627. mé en 165 0 . Dupleix loc. Quelque tems avant que la Compagnie fût caflée , ils furent cit. cent trente. Et dans le tems de cette caflation ils n’étoient que cent. Le Roy les rétablit fur le pied de cent cinquante. Dans le premier tems le service des Moufquetaires à la Cour étoit borné à la garde du R oy quand il fortoit. Ils m archoient à cheval deux à deux devant tous les autres Mercure François loc. Gardes. A l’arm ée ils combattoient comme aujourd h u i, à cit. cheval & à pied. Ils étoient à pied au fecours du Fort de l ’Ille de R é. La seconde Compagnie fut inftituée en qualité de Mouf quetaires de la G arde du R oy, l’an 1660 relie étoit aupa Epoque de ravant au Cardinal M azarin, sous le titre de Compagnie l' nstitution de fes Moufquetaires : ce Cardinal les donna au Roy cette de la seconde même année ; car il est dit dans la relation de l’entrée de Compagnie. la Reine à P aris, qui & fit au mois d 'A o û t, qu’en cette entrée la C o m p a g n ie des M o tif que ta ir e s qu e Jon E m in e n c e a donnée a u R o y , c o m m a n d ée p a r les S ie u r s de M a r fa c & d e M o n t g a i l l a r d , é to it f u i v i e de la C o m p a g n ie des a n cien s M o u s q u e ta ir e s.
La seconde Compagnie des Moufquetaires ne fut m ontée qu’en 1663 , pour aller en Lorraine à l’expedition de Marfal, qui fut pris par le Maréchal de la Ferté. Elle n’eut pas d'a bord le Roy pour Capitaine. Mais le Sieur de Marfac aïaus
rendu sa Compagnie à M .ColBert-M aulevrier, frere du M i nière , Capitaine au Regim ent des Gardes à la fin de 166.4., un CommiiTaire vint par ordre du R oy à Charenton où étoit le quartier des Moufquetaires de cette Compagnie, cafia tous les Officiers & M oufquetaires, & en même-tems la ré tablit fur le pied de la première. Le Roy au mois de Janvier de l’an 1665 s’en fît le Capi taine , comme il l’étoit de la première Compagnie. M. de M aulevrier prit la qualité de Capitaine-Lieutenant , la SousLieutenance fut donnée à M. de M ontbron ; la C ornette à M .le Comte de M arfan, & l’Enfeigne à M. de Florenfac. L ’infiallation de M. Colbert en qualité de Capitaine-Lieu tenant & fit avec ceremonie. Les deux Compagnies étoient en bataille dans la cour du vieux Louvre ; le Roy lui ordonna de m archer à la tête de la première en défilant, chaque Offi cier félon fon rang étant dans les divifions, comme fi les deux Compagnies n’en avoient fait qu’une. Elle eut d 'abord fon quartier à Nemours, & puis à Charen ton, & divers autres fuccefïïvement : elle est maintenant logée à l’H ô tel que le Roy a fait bâtir il y a quelques années au fauxbourg fâint Antoine. D ès que cette Compagnie fut sous les ordres de M.deMaulevrier, comme il étoit frere du M iniftre, tout ce qu’il y avoit de gens de qualité s’em préfèrent pour y faire entrer leurs enfans. Il n’y eut rien de plus beau que cette Com pa gnie , & elle l ’emporta de beaucoup fur la première. Ce grand feu pafïa après quelques années. Les deux Compagnies re vinrent à peu près fur le même pied toujours bien entrete nues : mais ce fut la jeune Nobleflè ordinaire qui en fit, pour ainfi d ir e , le fonds, comme aujourd’hui. Les M oufquetaires, étoient dès l’an 1663, au nom bre de trois cents dans chaque Compagnie , & l’an 1668 après la conquête de la Franche Com té , iis furent fixez, à deux cents cinquane fur les Etats. Ils ont été jufqu’à la fin du Regne du feu R oy fur ce p ie d , excepté, comme je l’ai déjà d i t , qu’on recevoit des furnumeraires en tems de guerre au ta n t qu’il s’en prefentoit. Il n ’y eut d'abord pour premiers Officiers qu’un Capi-
La seconde Compagnie est mife fa r le m ê me pied que la première. Le Roy fe fa it Capitaine de la seconde Compagnie.
I nflallation de M.ColbertM aulevrier en qualité de CapitaineLieutenant.
Changemen arrivez dans les deux Com pagnies.
Doublement des Officiers.
Zapremiere Compagnie a la piéfiance fu r la seconde.
Rang des Of ficiers des M o u f quetai res.
Muniere dont les Officiers font repûs.
taine-Lieutenant, un Sous-Lieutenants un Enfeigne & un C ornette : mais l’an 1693 le Roy doubla le Sous-Lieutenant, l ’Enfeigne & le Cornette : & il y a eu depuis ce tems-là deux Sous-Lieutenans, deux Enfeignes & deux Cornettes. Jufqu’en 1692, il n ’y avoit que fix M aréchaux des logis ; le Roy en ajoiita deux cette année - là au mois de Mai ; & il y en a eu huit depuis ce tems-là. Le nombre de Briga diers a été augmenté jufqu’à feize. En 1675 le R o y in fti-, tua des Commiffions de Porte-Etendart & de Porte-Drapeau avecpenlîon. Ces Commiffions font exercées par deux Mouf. quetaires. Les deux Compagnies des Moufquetaires ont rang dans laMaifon du R oy après les Gardes du Corps, les Gendarm es & les Chevaux- Légers. La première Compagnie des M ouf quetaires a la préseance fur la seconde : &. les Officiers de la première comm andent les Officiers de la seconde de m ê me efpece. P ar rapport aux autres C orps, les Capitaines-Lieutenans des M oufquetaires, & les autres Officiers des deux Com pa gnies ont eu , par l’O rdonnance du Roy du premier Mars 1718, les mêmes prérogatives des Capitaines-Lieutenans & des autres Officiers des Gendarmes de la Garde & des Chevaux-Legers de la G arde, dont J'ai fait mention en traitant de la Compagnie des Gendarmes de la Garde. La première Compagnie avoit droit de C om m ittim us, comme les autres Commenfaux du R o y , ainlî qu’on le voit par la Déclaration de Sa Majefté donnée à Paris le 16 de Novembre 1643, q u ie ftà la Chambre des Comptes. Mais il ne fut point fait mention de ce Privilège dans le rétabliffement de cette Compagnie en 1657. Le Capitaine-Lieutenant est reçu Semis en polîèffion de sa Charge à la tête de la Com pagnie, par le Roy même qui ordonne aux Officiers & aux Moufquetaires, de lui obéïr en tout ce qui regarde fon service. Les autres Officiers font reçus en preiênce de S a M ajefté, lorfqu’il fait la revue. Les Charges & vendoient autrefois ; celle de Capitaine L ieutenant plus de 200000 livres , & les autres à proportion
Depuis Je Roy Lotiis X IV les donnoit & faifoit monter les M aréchaux des logis. Il y a plufieurs années qu’il régla que lorfqu’il y auroit des Cornettes vacantes, elles feroient remplies alternativement par un M aréchal des logis & par un Colonel de Cavalerie, comme il & pratique dans les Gar des du Corps à l’égard des Enleignes : mais jufqu’à la fin de fon Regne les Cornettes ont toujours été données aux M aré chaux des logis des Moufquetaires. Le Capitaine-Lieutenant a de paie 300 livres par mois comme L ie u te n a n t, & 600 livres comme C ap itain e, qui appartiennent au R oy en cette qualité, mais que Sa M ajefté lui cede. Il a outre cela 6coo livres de penfion. Les Sous-Lieutenans, les Enfeignes, les Cornettes & jufl qu’au P orte-E tendart, outre leur paie, ont pareillement des penfions, à proportion de leur grade. L ’an 1688, le R oy accorda des penfions aux cinquantedeux des plus anciens M oufquetaires, inégales, lèlon leur ancienneté. Toutes ces penfions font attachées au Corps. Les Moufquetaires ne & fervoient autrefois que de moufquetsj & c’est de là que leur est venu le nom qu’ils portent.Les Brigadiers & les Sous-Brigadiers dans la fuite prirent des fufils. Depuis plufieurs années les Moufquetaires ont eu auffi des fufils à l’a rm ée, & ne & fervoient de moufquets que dans les revues. Aujourd’hui ils ne s’en fervent plus du tout. Leurs armes donc font le fufil, l’épée, & les piftolets. Le Roy fournifloit autrefois le moufquet: mais les Moufquetaires lefourniffent aujourd’hui de fufils. Les Drapeaux des Moufquetaires font beaucoup plus petits que ceux de l’Infanterie. L ’Etendart est de la grandeur or dinaire des autres E tendarts, sa figure est quarrée. Le D rapeau & l’Etendart font à fond blanc : ceux de la première Compagnie ont pour devife une bombe en l’a ir , fortie de fon m ortier & tom bant fur une ville, avec ces mots : qub m it & lethum ; pour exprimer qu’en chargeant les en nemis , ils y portent la m ort & le ravage, comme fait la bombe par tout où elle tombe. L a devife de l’Etendart & du D rapeau de la seconde Com-
D es armes , des Drapeaux, desTambeurs, &c. desMoufquetaires. A rm es des M o u fq u e ta i re s,
Leurs Dra peaux & Etendarts.
Hautbois & tambours.
Habit d'or donnance des Moufquetaifes. P. 4 4.
L ’U niforme établi dans les deux Confpap ifs .
pagnie est un faifceau de douze dards empennez la pointe en bas, avec ces mots : Alterius Jovis altera tela. Çela veut dire, que le R oy aïant ajouté cette seconde Compagnie à la prem ière, elle lui tiendra lieu d 'un nouveau foudre de guerre, quand il faudra combattre les ennemis de l’Etat. Q uand le Roy rétablit la première Compagnie en 1657, on y mit un Trompette. Il y a beaucoup d'apparence qu’il y en avoir eu un dès sa première institution. O n ôta le T ro m pette vers l ’an 1663 , & l’on mit cinq tambours & un fifre. En 1665 on m it trois hautbois dans les deux Com pagnies, dans la fuite on ôta le fifre, & on ajouta un fixiéme tam bour & un quatrième hautbois. Les tambours des Moufquetaires font beaucoup plus petits que ceux de l’Infanterie, & batten t d'une maniéré toute differente & beaucoup plus gaie. Les Moufquetaires font la feule troupe de Cavalerie de la Maifon du R o y , où. il n’y ait ni trompettes ni timballes. Les Moufquetaires dès l’institution de la première C om pagnie eurent la c afaq u eco m m e le dit M. de Puifegur dans fes Mémoires en parlant de cette institution. C’étoit l’unique Uniforme qui les diftinguât : car alors on ne & m ettoitpas en core fort en peine de l’uniformité des habits dans les troupes, Depuis le rétabliflement de la première Com pagnie, elle fut encore quelque tems fans avoir d'autre habit d 'ordon nance que la cafaque, qui étoit toujours portée par les Mouf quetaires dans les exercices & dans les revues. Q uand le R oy vouloit faire quelque revûë d'éclat, il ordonnoit de quelle façon il vouloit qu’on fut habillé. Une fois il ordonna que la Compagnie fut en buffle ; & les plus riches des M ouf. quetaires m irent quantité de diamans fur les manches. Une autre fois il leur ordonna de s’habiller de velours noir. Quand le Roy eut inftitué la seconde Compagnie, qu’il s’en fut fait Capitaine en 1665, & qu’il l’eut mife fur le même pied que la première -, l’Uniforme fut dans chaque Compagnie, & elles avoient chacune le leur particulier. Mais après le fiege de Maeftrik l’an 1673 , le Roy ordonna que les deux Com pagnies auroient le même Uniforme, excepté que la première portoit le galon d 'o r , & la seconde mêloic de l’argent avec de l ’or,
PL . 4 .
Tom. II.pag .
223.
En 1677 les habits furent d 'écarlate , & ils en ont toujours été depuis avec differentes maniérés de galon & de brode rie, Les poches du jufte au-corps furent en long, & ils les portent encore aujourd’hui de même. Les cafaques étoient fort courtes, & tom boient feulement Casaque des fur la croupe du cheval. Le Roy pour fon entrée à Paris Moufyuetaire s. après fon mariage en 1660 , en fit faire de magnifiques, qui font encore confervées à Vincennes. Depuis, comme il a fallu aller à la g u erre, on a fait les cafaques de la longueur du m an teau , defcendant au-deffous du genouil ; elles ont quatre croix ; une au derrière de la cafaque, une à chaque c ô té , & une au devant feparée en deux, la moitié d 'un c ô té , & la moitié de l’autre. L ’an 1688 , comme on quittoit les cafaques depuis quelques années, lorfqu’on faifoit l’exercice devant le Roy, parce qu’el les incommodoienr les Moufquetaires, il ordonna les foubre In flitu th n veftes qui font comme des jufte au-corps fans manches. Elles des soubreves font bleues & galonnées comme les cafaques. Elles ont une tes. croix devant & une derrière, qui font de velours blanc, bor dées d 'un galon d 'a rg e n t, les fleurs de lys aux angles de la croix font de m êm e, le devant & le derrière des foubreveftes s’accrochent au côté par des agraphes. Une autre raifon encore détermina le Roy aux foubreveftes , c’est qu’en com battant à pied, ils n’avoientpasla cafaque, & en com battant à cheval, ils l’avoient rejettée derrière les épau les. Cela faifoit qu ils n’étoient pas fi aifément reconnus pour ce qu’ils étoient. Et comme on avoit remarqué en diverfès occafions que cette troupe, par sa feule prefence, jettoit la ter reur dans les ennemis,ainfi qu’il est arrivé à la bataille deCaflel, on jugea à propos de leur donner un habillement diftingué & p articu lier, qui les fît reconnoître au premier coup d 'œil. N o n feulement les Moufquetaires, mais encore les SousBrigadiers, les Brigadiers & les M aréchaux des logis portent la foubrevefte ; il n’y a que les Officiers Supérieurs qui ne la portent point. Les cafaques & les foubreveftes des Moufquetaires de la première Com pagnie, ne font differentes de celles de la fé condé , qu’en ce que les flammes qui font dans les angles des
L'uniforme pour les Che-
vaux.
cro ix , font rouges pour la première avec trois rayons, & celles de la seconde font de feuille m orte & à cinq rayons. Les chapeaux des Moufqueraires de la première font galonnez d 'o r , & ceux de la seconde d 'argent. Le Roy fournit la cafaque & la foubrevefte; & on rend l ’une & l ’autre quand on quitte la Compagnie. Les hauts Officiers ont des jufte-au. corps d 'écarlate avec des veftes, des houiTes & des bourfes de piftolets brodées. Les Moufquetaires portoient autrefois de groftes bottes, comme la Cavalerie : mais en 1683, le R oy voulut qu’ils euffent des bottes aifées de vache reto u rn ée, avec un éperon attaché derrière, & ordonna que dans les voyages de Sa M ajefté, où ils faifoient la fonction du Regim ent des G a r des , ils m onteroient la garde bottez : mais ces fortes de bo t tes aïant mauvaife grâce, ils ont porté depuis des bottes demi, fortes pour m archer aifémenr. La seconde Compagnie demeura à pied depuis 1660 jufqu a 1663,qu’on la m onta pour aller en Lorraine.LesMoufquetaires avoient des chevaux de divers poil ; il en avoit été de même de la première Compagnie depuis fon institution & depuis fon rétabliiTement ; & à l’entrée du R oy & de la Reine à Paris, il n’y avoit point d 'uniformité pour les chevaux. Mais quand le Roy mit les deux Compagnies fur le même pied en 1665, les Moufquetaires de la première Com pagnie, par ordre du Roy, prirent tous des chevaux blancs ou gris, & la fécon dé des chevaux noirs. C ’est de là qu’est venu le nom de M ouf. quetaires gris à ceux de la première Compagnie, & celui de Moufquetaires noirs à ceux de la seconde Compagnie. Je vais ajouter ici la Liste des Commandans des deux Com pagnies des Moufquetaires depuis leur institution. L is te des Capitaines & des Capitaines- Lieutenans de la pre miere Compagnie. E diftingue les Capitaines des Capitaines-Lieutenans , parce que d'abord il y eut un Capitaine à la tête de cette C om pagnie, & qu’elle n’eut de Capitaines. Lieutenans qu’en ié 3 4 ,lo rfq u e le R oy Loüis X III s’en fie lui-même leCapir taine» Capitaines J
Capitaines de lapremiere Compagnie des Mousquetaire s. O nfieur d e M ontalet en 1611 à l ’inflitutionde la Com Memoire de Puisegur , p. pagnie. 44. Un autre M ontalet. M. de M ontalant en 1618. M. de T roifvilles, dit depuis le Comte de T rev ille, fut Capitaine-Lieutenant en 1634,lorfque le Roy & fît Capitaine de cette Compagnie. Philippe Mazarini M ancini, D uc de N evers, fut fait Capi taine-Lieutenant , lorfque la Compagnie fut rétablie en 1657. Charles de C aftelm or-A rtagnanen 1667 . Il fut tué au iîege de M aeftrik en 1673. Loüis de F o u rb h rç n ié y j. Loüis de Melun de Àfaupertuis en 1684. Le Comte d 'Artagnan l’est aujourd’hui en 1721.
M
Lis te des Capitaines & des C a p taines-Lieutenans de la seconde Compagnie. V ant que le Roy & fut fait Capitaine de cette Compagnie en 1665,c’est-à-dire plus de quatre ans après qu’elle eut pafte à la garde du Roy , elle avoit un Capitaine ; c’étoit M. deM arfac : enfuiteles Capitaines-Lieutenans fu ren t, M. Colbert de Maulevrier en 1665. M. le Comte de M ontbron. M. de Jauvelle en 1674. Le Marquis de Vins e n .. . M . de Canillac l’est aujourd’hui en 1721. J 'ai traité jufqu’à-prefent de la Milice à cheval de la Maifon du R oy , la Gendarmerie qui à l’armée & joint à ces trou pes,& ne fait avec elle qu’une même Brigade, va faire la ma nere du traité fuivant. A
C H A P I T R E
V.
Histoire delaGendarmerie Françoise. A G e n d a r m e r i e d 'a u j o u r d ’h u i e s t f o r t d i f f e r e n t e d e neu t r e a n c ie n n e G e n d a r m e r i e - O n p e u t c o n f ï d e r e r l a G e n d a r m e r i e F r a n ç o if e d e p u is le c o m m e n c e m e n t d e Ja t r o i f î é m e R a c e e n q u a tr e d if f e r e n s te m s . i ° , T e l l e q u ’e lle é t o i t d ep u isH u g u e s C a p e t j u f q u â P h ilip p e A u g u f t e . i ° , T e l l e q u ’e l l e é t o i t d e p u is le R e g n e d e c e R o y j u f q u ’à C h a r l e s V I I . 3 0 , D e p u is C h a r l e s V I I j u f q u ’a u R e g n e d e L o ü is le G r a n d . 4 0 , T e l l e q u ’e lle a é t é so u s le R e g n e d e L o ü is le G r a n d d e p u i s l a p a ix d e s P y r é n é e s j u f q u ’à l a fin d e fo n R e g n e . S o u s H u g u e s C a p e t la G e n d a r m e r i e é t o i t à p e u p r è s c o m m e so u s l a s e c o n d e R a c e . L e s g r a n d s V a f fa u x & le s p l u s E tat de la Gendarmerie g r a n d s S e ig n e u r s a m e n o i e n t à l ’a r m é e l e u r s f u je ts , p l u au commence ment de la troi- u e u r s e n q u a l i t é d e C h e v a l i e r s , d 'E c u ïe r s & d e G e n d a r m e s , fiéme Race. c ’e f f à d i r e g e n s à c h e v a l a r m e z d e t o u t e s p iè c e s & d ’A rm es c o m p l é té s ; & c ’é t o i t p a r l ’o b l i g a t i o n d e le u r s fiefs. I ls a m e n o i e n t auffi d 'a u t r e s g e n s à c h e v a l a r m e z à l a l e g e r e , q u ’o n a p p e l a i t d e h o r s C h e v a u x - L é g e r s , & e n f in d e s F a n ta ffin s - M a is „ c o m m e j e l ’a i d i t e n t r a i t a n t d e l a m a n i é r é d o n t & f o r m o i e n t le s a r m é e s d a n s le s t e m s p lu s r e c u l e z d e l a t r o i f î é m e R a c e , c e s d e u x d e r n i e r e s e fp e c e s d e tr o u p e s , & f u r t o u t l e s p i é t o n s , n e m a r c h o i e n t p o i n t e n v e r t u d e l ’o b l i g a t i o n d u fief. C 'é t o i t o u p a r u n o r d r e e x p r è s d u S o u v e r a in d a n s le s g r a n d s b e f o i n s d e l ’E t a t , o u b ie n c ’é t o i e n t le s S e ig n e u r s q u i les a m e n o i e n t v o l o n t a i r e m e n t p o u r p a r o î t r e d a n s l ’a r m é e a v e c p lu s d e d if tin c t i o n &: d e m a g n if ic e n c e , o u p o u r l e u r s e r v i c e p a r t i c u l i e r : o u b i e n ils é t o i e n t c o m m a n d e z p o u r le s e r v ic e p u b lic e n v e r t u d e le u r s m é t ie r s d e M a r é c h a l , d e C h a r p e n t i e r , & c . d o n t o n n e p e u t f e p a f f e r d a n s le s a r m é e s , & ils n e la if îo ie n t p a s d e c o m b a t t r e d a n s le s o c c a f io n s ; o u b ie n c ’é r o i e n t d e s t r o u p e s d e l a M ilic e d e s C o m m u n e s q u a n d c e t t e M ilic e e u t é t é é t a b lie . I I e st h o r s d e d o u t e q u e q u a n d l ’a r m é e é t o i t a f f e m b l é e ,
L
o n f è p a r o it t o u t e s c e s d i f f e r e n t e s e î'p e c e s d e M i l i c e s , q u ’o n m e t t o i t le s G e n d a r m e s a v e c le s G e n d a r m e s , les C h e v a u x L e g e r s a v e c le s C h e v a u x - L é g e r s , & le s F a n ta f lin s a v e c le s F a n t a f l i n s , & q u e les d i v il à n t p a r b a n d e s o u C o m p a g n i e s , o n l e u r a f l ig n o it à c h a c u n d e s C h e f s o u d e s C a p i ta i n e s . A in fi il e s t é v i d e n t q u ’i l n ’y a v o it p o i n t a lo r s d e C o m p a g n i e s n i d e C a p i t a i n e s fix e s d e G e n d a r m e r i e , & q u e l e c o m m a n d e m e n t d e ces C a p ita in e s n e d u r o it q u e p e n d a n t la c a m p a g n e . ex c e p t é , c o m m e il a r r i v o i t q u e l q u e f o i s , q u a n d u n g r a n d F e u d a t a i r e a m e n o i t u n e t r o u p e d e G e n d a r m e s a ffe z g r o f l è p o u r f a i r e u n C o r p s : c a r il e n é t o i t a l o r s le C a p i t a i n e o u C o m m a n d a n t né. L a M ilic e d e s C h e v a l i e r s B a n n e r e t s n e p a r o l e d a n s n o t r e F d ifto ire q u e so u s P h i li p p e - A u g u f t e , q u o i q u ’e lle fo it u n p e u p lu s a n c ie n n e . J e c ro is q u e le c o m m a n d e m e n t d e la G e n d a r m e r i e & p a r t a g e o i t a l o r s e n t r e le s C h e v a lie r s B a n n e r e t s . L e s C h e v a l i e r s B a c h e l i e r s , c ’est à - d ir e , c e u x q u i n ’a v o i e n t p o i n t m o ï e n d e l e v e r B a n n i è r e , & r a n g e o i e n t so u s la B a n n i è r e d 'u n B a n n e r e t a v e c l e u r p e n o n , o u E t e n d a r t , q u a n d ils e n a v o i e n t ; le s a u tr e s G e n d a r m e s s ’y r a n g e o i e n t a u fli ; & le s C h e v a l ie r s B a n n e r e t s é t o i e n t le s fe u ls C a p i ta i n e s d e G e n d a r m e r i e . C e l a & v o it p a r F r o i f t a r t & p a r le s a u t r e s H i f t o r i e n s q u i c o m p t e n t l a G e n d a r m e r i e p a r les B a n n iè r e s : & c e la p a r o l e t o u t n a t u r e l . A in f i c e s B a n n e r e t s n ’é t o i e n t p o i n t n o n p lu s C a p i ta i n e s fix e s d e C o m p a g n ie s d e G e n d a r m e r i e , e x c e p t é à l ’é g a r d d e l e u r s v a fta u x q u i é t o i e n t o b l ig e z d e fu iv r e l e u r B a n n i è r e . D e p lu s n o u s v o ïo n s q u e so u s l e R e g n e d e P h i l i p p e d e V a lo is , & e n r e m o n t a n t b ie n p lu s h a u t , le R o y r e t e n o i t ( c ’e s t le te r m e d o n t o n & fe rv o it ) u n S e ig n e u r o u u n G e n til h o m m e p o u r t a n t d e G e n d a r m e s , t a n t d 'A r c h e r s , t a n t d 'A r b a l ê t r i e r s , f o i t à p i e d , fo it à c h e v a l , t a n t ô t d i x d 'u n e o u d e d if f e r e n t e s e f p e c e s , t a n t ô t v i n g t , t a n t ô t t r e n t e , o u p lu s . I l e st e n c o r e c e r t a i n q u e q u a n d c e s t r o u p e s v e n o i e n t à l ’a r m é e , o n le s f e p a r o i t , q u e le s G e n d a r m e s & m e t t o i e n t a v e c le s G e n d a r m e s , le s A r c h e r s a v e c le s A r c h e r s , les p i é t o n s a v e c les p i é t o n s , & q u ’a u m o i n s le s G e n d a r m e s & le s A r c h e r s & r a n g e o i e n t au lfi so u s d i v e r f ë s B a n n i è r e s : a in fi il n ’y a v o i t p o in t e n c o r e d e C a p ita in e s fix e s d e C o m p a g n i e s d e G e n d a r m e s .
I l n 'y avoit point alors communément de Capitaines fixes pour les Compagnies de Gendarmerie.
Les ChevaliersBannerets étoient Capi taines des Compagnies de Gendarmes , mais non pas toujours des mêmes.
L a p r e m i è r e O r d o n n a n c e q u e J 'a i v û ë f u r le s C a p i t a i n e s d e Capitaines ordonnez dis G e n d a r m e r i e r é g l é e , est d e l ’a n 1 3 7 3 , so u s C h a r l e s V , o ù i l le tems dit Roy est d i t q u e le s C o m p a g n ie s d e G e n d a r m e s f e r o n t d e c e n t Charles V.
Institution des Compa gnies d 'ordon nance sous Charles V II.
Alors ces a la Milice des Chevaliers Bannerets.
Compagnies d‘ordonnance multipliées.
Erreur des livres in titu lez Etat de la Iiancc.
h o m m e s so u s le s C a p ita in e s o r d o n n e z . C e s C o m p a g n i e s fa ifo ie n t d e s C o rp s à p a r t , & é to ie n t in d é p e n d a n te s d e s B a n n iè r e s . E lle s a v o ie n t le u r s C a p i t a i n e s & le u r s E t e n d a r t s p a r t i c u l i e r s à p e u p r è s c o m m e a u j o u r d ’h u i ; m a is i l y e n a v o ir p e u , & le g r o s d e l a G e n d a r m e r i e é t o i t c o m p o f é d e G e n d a r m e s a m e n e z p a r le s S e ig n e u r s h e ffe z . T o u t c e c i & p r a t i q u a j u i q u ’a u t e m s d e C h a r l e s V I I , q u i l ’a n 1 4 4 5 p e n d a n t u n e lo n g u e t r ê v e a v e c l ’A n g l e t e r r e , fit u n e r e f o r m e g e n e r a l e d e la M il i c e , & r é d u i f i t l a G e n d a r m e r i e a u x q u in z e C o m p a g n i e s a p p e ll é e s d e p u is le s C o m p a g n i e s d ' o r d o n n a n c e d e c e n t H o m m e s d ’ A r m e s , q u i a v e c l a f u it e d e c h a q u e G e n d a r m e , l a q u e l le é t o i t d e q u a t r e o u c in q h o m m e s , lu i f ir e n t u n C o r p s d e C a v a l e r ie d 'e n v ir o n n e u f m i l l e h o m m e s ,f a n s y c o m p r e n d r e q u a n t i t é d e je u n e n o b l e f î e v o l o n t a i r e , q u i d a n s l ’e f p e r a n c e d 'ê t r e a d m if e d a n s c e s C o m p a g n ie s , s ’y a t t a c h o i t a v e c l ’a g r é m e n t d u R o y , a in f i q u e je l ’a i d i t e n t r a i t a n t d e s a n c i e n n e s C o m p a g n ie s d 'o r d o n n a n c e . A lo r s il n ’y e u t p lu s d e B a n n iè r e s n i d e M ilic e d e C h e v a l i e r s B a n n e r e t s , & t o u t e l a G e n d a r m e r i e f u t m ifê e n C o m p a g n i e s r é g l é e s . D a n s l a f u ite o n a j o u t a d e n o u v e lle s C o m p a g n i e s à c e l l e s - c i , l e f q u e ll e s m ê m e s f u r e n t d e p u is d iv if é e s e n d e u x , & so u s - d iv if é e s ,f a n s q u ’o n g a r d â t b e a u c o u p d 'u n i f o r m i t é p o u r l e n o m b re . A v e c le t e m s t o u s les P r i n c e s , Je C o n n é t a b l e , l e s M a r é c h a u x d e F r a n c e & p lu fie u rs a u tr e s S e ig n e u rs e u r e n t c h a c u n l e u r C o m p a g n i e d 'H o m m e s d ’ A r m e s , & le u r C o m p a g n i e d e C h e v a u x - L é g e r s : & c e la a a in fi d u r é j u f q u ’a u t e m s d e l a p a ix d e s P y r é n é e s , q u ’o n r é d u if it les C o m p a g n i e s d 'o r d o n n a n c e à u n c e r ta in n o m b r e q u i a é t é a u g m e n t é d e p u is . O n n e c o n f e r v a q u e c e lle d e s P r in c e s : & il est b o n d e r e m a r q u e r i c i , p o u r e m p ê c h e r l a p o f le r it é d e t o m b e r d a n s l ’e r r e u r , q u ’il n e f a u t p a s f u r c e t a r t i c l e s’e n r a p p o r t e r a u x liv re s i n t i t u l e z E t a t d e l a F r a n c e , q u i d o n n e n t e n c o r e d e s C o m p a g n ie s d 'o r d o n n a n c e a u x M a r é c h a u x d e F r a n c e d e p u is la p a ix d e s P y r e n é e s . C e u x q u i o n t f a i t ce liv r e o n t c o p ié l e u r s p r é d e c e f f e u r s ,
fa n s p e n f e r à m a r q u e r c e c h a n g e m e n t q u i s’est f a it d a n s l a G e n d a rm e rie , & m e t te n t e n c o r e d a n s le d é n o m b re m e n t d e s tr o u p e s le s C o m p a g n ie s d 'o r d o n n a n c e d e s M a r é c h a u x d e F r a n c e ,q u o i q u ’e lle s n e f u b f i ll a f l e n t p lu s . C e t t e f a u t e est ju lq u e s d a n s l’E t a t d e l a F r a n c e d e l ’a n 1 6 7 6 . L e s C o m p a g n ie s d e G e n d a r m e r i e d e c e s t e m s p a l î è z é t o i e n t e n c o r e d i f f e r e n te s d e c e lle s d 'a u j o u r d ’h u i e n p lu s ie u r s c h o fe s . i ° , l l n ’y a v o i t p o i n t d e C h e v a u x - L e g e r s d a n s l a G e n d a r m e Difference des r i e , & i l y e n a a u j o u r d ’h u i. E n c es te m s - là l a C a v a l e r i e é t o i t Compagnies de Gendarme c o m m e u n g e n r e q u i & d i v i f o i t , p o u r a in l i d i r e , e n d e u x e f- rie & de celles p e c e s t o u t à -f a it o p p o f é e s ; la G e n d a r m e r i e , & l a C a v a l e r i e - desRegnes plus reculez. l e g e r e : & l ’u n e n e f it ja m a is u n e p a r t i e d e l ’a u t r e . S u i v a n t l ’a n c ie n n e i d é e d e G e n d a r m e r i e , il n ’y e n a u r o i t p lu s a u j o u r d 'h u i . & a lo r s n o t r e G e n d a r m e r i e a u r o i t é t é a p p e l l é e C a v a - Notre Gen darmerie au l e r i e - l e g e r e ; c a r f é lo n l a p r i m i t i v e lig n if ic a tio n d e c e s t e r - roit été appellée m e s , le G e n d a r m e o u l ’H o m m e d ’ A r m es é t o i t a in f i a p p e l l e autrefois C a valerie-legere. à c a u fe d e f o n a r m u r e c o m p l e t e d e p ie d e n c a p , & le C h e v a u L e g e r & n o m m o i t a in f i p o u r la r a i f o n c o n t r a i r e . , D a n s le s C o m p a g n ie s d e G e n d a r m e s a u te m s p a fie il y a v o it d e s A r c h e r s , & il n ’y a d a n s c e lle s d e c e t e m s - c i q u e d e s G e n d a r m e s o u d e s C h e v a u x - L e g e r s , to u s d e m ê m e p a ru re & a rm e z d e m ê m e s a rm e s. 30 , I l n ’y a v o i t a u tr e f o i s d a n s la G e n d a r m e r i e q u ’u n C a p i t a i n e , u n L i e u t e n a n t & u n G u i d o n o u u n E n f e ig n e , & a u j o u r d ’h u i il y a d e s S o u s - L ie u te n a n s & d e s C o r n e t t e s . 4 0 , S a n s p a r l e r d e l e u r s d iff é re n c e s p o u r le n o m b r e ,f o i t d e s C o m p a g n ie s , f a i t d e s h o m m e s d e c h a q u e C o m p a g n i e , c e lle s d 'a u jo u r d ’h u i n ’o n t p o i n t d e C a p i t a i n e s , m a is f e u l e m e n t d e s C a p i t a i n e s - L i e u t e n a n s , q u a l i t é d o n t J'a i d o n n é la n o t i o n c id e fiu s . S o u s le s R e g n e s p r é c e d e n s , & m ê m e b ie n a v a n t sous le R e g n e d e L o ü i s l e G r a n d , c e s ‘C o m p a g n i e s d e G e n d a r m e r i e é t o i e n t d i f l i n g u é e s e n d e u x e fp e c e s , à p e u p r è s c o m m e le s R e Compagnies g im e n s d 'a u j o u r d ’h u i. Il y a v o it d e s C o m p a g n ie s d e s P r in c e s déordonnance d u S a n g , & d e s C o m p a g n i e s d e G e n t i l s - h o m m e s , c ’e ff-à -d ire des Princes d e s M a r é c h a u x d e F r a n c e , & d e s a u t r e s S e ig n e u rs o u G e n Compagnies d'ordonnance til s - h o m m e s , d o n t e l l e s p o r t o i e n t l e n o m . E lle s a v o i e n t f o u v e n t de Gentilse n t r 'e l l e s d e s d ifp u te s p o u r l e s e r v i c e & le c o m m a n d e m e n t, hommes.
C ’est: ce que nous apprend M. de Bufly-Rabutin dans fes Mem oires, où il parle ainfi. » Le 19 d 'Oétobre le Maréchal de G ratnm ont alla loger à » Landau , les croupes dans des quartiers aux environs , & la » Gendarmerie dans C hecelin, où je ne voulus pas demeu»» r e r , parce que le M aréchal voulue que fon Lieutenant de » Gendarmes commandât le q u artier, le Comte d e Tavannes » Lieutenant des Gendarmes du Prince de Condé venant de » partir de l’armée, » Et en cette rencontre, continue-t-il, je ferai bien-aile Compagnies d’ordonnance » de faire quelques reflexions fur l’embarras que faifoit d 'ordiembarrajfantes pour le service » naire dans les armées un Corps de Gendarmes avec leurs j u s qu e' n 166 0 . » prétendus privilèges. » Prem ièrem ent, ils ne faifoient jamais la garde du Cam p , » ils n’alloient jamais en p a rti, ils étoient incompatibles avec » la Cavalerie-legere & avec l’Infanterie. Un Guidon de Gen» darmes prétendoit commander l’armée en l’ablence des » Officiers generaux enfin leurs chimères étoient infupporta» blés, » Dans le Corps de Gendarmes étoient comprifes les Corn» pagnies de Chevaux-Légers d 'ordonnance des Princes du » S ang, & c’étoic encore une autre difpute entre les Compa» gnies d'ordonnance, & les Gendarmes des Gentils-hom» mes. Le Prince de Condé & le D uc d'Enguien vouloient » que leurs Lieutenans de Chevaux-Légers com m andaient » aux Lieutenans de Gendarmes des Gentils hommes, & cela » & pratiquoit quand l’un ou l’autre commandoit l ’arm ée ; » mais en leur ablènce ii un M aréchal de France comman» doit & qu’il eût une Compagnie de G endarm es, il préten» doit que fon Lieutenant commandât les Lieutenans de » Chevaux.Légers d'ordonnance , & c’eftce qu im ’em pê» cha de coucher au quartier de Checelin. » II y avoir même une difpute entre les Officiers du Prince » de Condé Scceux du Duc d 'Enguien fon fils. Celui-ci qui » commandoit d'ordonnance l’armée où fervoient les Gen» darmes de leur M aison, vouloir que fon Lieutenant com» mandât le Sous-Lieutenant du Prince de Condé : cependant »cela étoitinjufte; car le SousgLieutenant d 'une Compagnie T . I. p.1 2 8 .
» d e G e n d a r m e s e st a u m ê m e d e g r é q u e le L i e u t e n a n t d 'u n e » C o m p a g n ie q u i n ’a p o i n t d e S o u s - L i e u t e n a n t : c e la fa ifo ic » q u e I e S o u s - L i e u te n a n t d u P r i n c e d e C o n d é n e f e r v o it ja m a is . » L e R o y a m is d e p u is u n b o n o r d r e à t o u t c e la , il a ca ffé » to u te s le s C o m p a g n ie s d e G e n d a r m e s & d e C h e v a u x - L é g e r s » d 'o r d o n n a n c e , à l a r e f e r v e d e c e lle s d e l a F a m i l l e R o ï a l e , » le f q u e lle s il a m is sous l ’a u t o r i t é d u C o l o n e l d e la C a v a le » r ie - le g e r e , d u M e llre d e C a m p g e n e ra l & d u C o m m ifla ire » g e n e r a l ; a in fi i l n ’y a v o it p lu s d 'e m b a r r a s e n 1660. C e q u e d i t M . d e B u ffy d e s C o m p a g n ie s d 'o r d o n n a n c e m ile s so u s l ’a u t o r i t é d u C o l o n e l d e l a C a v a l e r i e - l e g e r e , & c . n e p a r o î t p a s é n o n c é -av e c e x a c t i t u d e , c a r h o r s l e v i j a & l ’a t t a c h e e n q u e lq u e s c a s d o n t je p a r l e r a i d a n s l a f u ite , les G e n d a r m e s n ’o n t p o i n t d e d é p e n d a n c e d u C o l o n e l g e n e r a l d e l a C a v a le rie . N o u s a p p r e n o n s p a r c e t e x t r a i t , n o n f e u le m e n t le s d i f f é r e n d s d e ce s t r o u p e s , m a is e n c o r e le t e m s d e l a fu p p re ffio n d e s C o m p a g n ie s d e G e n d a r m e s & d e C h e v a u x - L é g e r s d e s G e n t i l s - h o m m e s , q u i ie fit i m m é d i a t e m e n t a p r è s l a p a ix d e s P y r é n é e s e n f u ite d e c e s o b f e r v a t i o n s , j e v a is t r a i t e r d e l a G e n d a r m e r i e t e l l e q u ’e ll e e l l a u j o u r d ’h u i e n F r a n c e .
D e la G e n d a r m e r ie telle q u e lle é ta it en F rance
en
Embarras des Compagnies d'ordonnance ôté fa r Loüis le Grand.
Supprejfion de la plupart des Compa gnies d'ordon nance par le même Erincè,
1715.
E C o r p s q u ’o n a p p e ll e m a i n t e n a n t d u n o m d e G e n d a r m e r ie , e f l c o m p o i ë d e f e i z e C o m p a g n i e s / ç a v o i r d e d i x d e G e n d a rm e s & d e fix d e C h e v a u x L é g e rs . T o u te s o n t le m ê m e En 1715 n o m b r e d 'h o m m e s , &. e lle s é t o i e n t à la m o r t d u fe u R o y f u r le p i e d d e f o ix a n te & t r o i s M a î t r e s , fa n s y c o m p r e n d r e le s O f f ic ie r s . V o ic i le s n o m s d e ce s C o m p a g n ie s . Compagnies E c o flo is , A n g lo is , B o u r g u ig n o n s , G e n d a r m e s d e F la n d r e , de Gendarmes, d e la R e i n e , D a u p h i n s , d e B r e t a g n e , d i t e c i - d e v a n t d e B o u r g o g n e , d 'A n j o u , d e B e r r i , d 'O r l é a n s . D e l a R e i n e , D a u p h i n s , d e B r e t a g n e , d i t e c i- d e v a n t d e Compagnie de ChevauxB o u r g o g n e , d 'A n j o u , d e B e r r i , d ' O r l é a n s . Légers, C e s C o m p a g n ie s d e G e n d a r m e s & d e C h e v a u x -L é g e rs o n t p lu f ie u r s c h o fe s c o m m u n e s , & d 'a u t r e s q u i l e u r f o n t p a r t i c u l iè r e s .
L
Ce qu’elles ont de commun , est i° , que les Com m andam de ces Compagnies ne portent pas le titre de Capitaines, mais celui de Capitaines-Lieutenans. 2 °, Les unes & les autres font cenfées Compagnies d 'or donnance, titre que la Compagnie des Chevaux-Légers de la Garde & celle des Moufquetaires ont auffi dans la Maison du R o y , quoiqu’il ne & donnât autrefois qu’aux Compagnies de Gendarmes. 3° , Toutes ces Com pagnies, tant de Gendarmes que de Chevaux- Légers, font cenfées de laMaifon du Roy à l’arm ée, parce qu’ils y font de la Brigade de la Maison du Roy. 4° , Elles ont toutes pareil nombre d 'Officiers fuperieurs , c’est-à-dire q u a tre , dont les deux premiers font le Capitaines Lieutenant & le Sous-Lieutenant) & outre cela il y a quatre M aréchaux des logis qui ont des Brevets du Roy , deux Bri, gadiers, deux Sous-Brigadiers, un Porte-Etendart & deux Fouriers. Ce qui leur est particulier,c’est i° , que les Capitaines Lieutenans des Chevaux-Legers, quoique du Corps de la Gen darmerie , doivent prendre leur v i f a & l’attache du Colo nel General de la Cavalerie-legere de France. Et il est expreffément marqué dans leur commilîîon qu’ils doivent fervir sous
Les Capitai ens - Lieutenans des Chev a u x -Legers de la Gendar merie reconnoijfent le Co lonel General l'a u to r ité du Colonel General & du M ejlre de Camp General de 1a de la Cavale rie pour leur C a v a le rie -le g e re ; ce qui n’est point ainft pour les Capitainespeperieur. Lieutenans des Compagnies de Gendarmes que le Roy ren
voyé aux M aréchaux de France pour les faire recevoir , & quand le feu Roy & trouvoit à l’armée , il faifoit lui m êm e recevoir à la tête des efcadrons les Capitaines-Lieutenans des quatre premières Compagnies. Tous les Officiers, même des G endarm es, quand ils reçoi vent des commiffions de Mestre de Camp , font obligez de les faire vifer auffi par le Colonel G eneral de la Cavalerie, & de prendre fon attache. 2° , Dans les Compagnies de G endarm es, il y a pourtroiftéme & quatrième Officier un Enfeigne & un G uidon, & dans les Compagnies des Chevaux-Legers il n’y a ni Guidon ni Enfeigne,mais un premier Cornette & un fécond Cornette» L a Gendarmerie (.ft le Corps le plus diftingué dans la Cayalerie
paierie après la Maison du Roy. Les quatre Officiers fupe- D u fe rv ice rieurs des Compagnies font toujours des perfonnes de naiilan- de la Gendar ce. Ce Corps s’est fouvent fignalé & a beaucoup contribué merie avec la du au gain des batailles, c o m m e à Senef, à CalTel,à la Mar- Maison Roy. faille, à S pire, & fur tout il s’acquit beaucoup de gloire à la journée de Fleurus. A l’armée la Gendarmerie &. la Maison du R oy campent enfem ble, la Gendarmerie a la gauche : & elle effi alors aux ordres de celui qui commande la Maison du Roy. Ce Commandant a sous lui un Brigadier d’Armée, qui commande les douze Efoadrons de la Maison du R o y , & un Brigadier d’Armée du corps de la G endarm erie, qui commande les huit Efoadrons de Gendarmerie. Un des deux Aydes Majors des Gardes du Roy fait alors Le Major de le détail des douze Efoadrons de la Maison du Roy & des la Gendarme huit Efoadrons de la Gendarmerie, & quoiqu’il ne foit qu’Ay- rie prend l’or dre d e l’Aydede-M ajor , il donne l’ordre au Major de la Gendarmerie. Major de la Comme la Maison du Roy est compofée de douze Efca- Maison du, drons, & la Gendarm erie de huit, fur cinq détachemens qu’on Roy. Diflribution fera, la Maison du Roy fournira trois fois le Com m andant, du commande & la Gendarm erie deux fois par proportion au nombre des ment entre les deux Com douze & des huit Efoadrons. Mais il faut remarquer que les mendans M aîtres de la Maison du R o y , foit Gardes du C orps, foit dans les déta chemens. G endarm es, &c. ne & mêlent point avec la G endarm erie, Dans les dé & qu’ils font toujours des troupes feparées les unes des autres tachemens la Gendamerie dans les détachemens. & la Maison Enfin la Gendarm erie à l’armée envoyé un Gendarm e du Roy fp n t d 'Ordonnance chez le Colonel General de la Cavalerie, ou deux troupes feparées. chez celui qui est Commandant de la Cavalerie, de même Rang pour que la Maison du Roy. O n coule à fond pour cela : c’est le l’ordonnance term e dont on & fe rt, & qui lignifie que le premier efoadron chez le Com de la Maison du Roy commence par envoïer un G arde du mandant de Corps d 'o rdonnance, les onze efoadrons fuivans font le m ê la Cavalerie. me : enfuiçe le prem ier efoadron des huit de la Gendarmerie, & puis les autres jusqu a ce qu’on recommence par le prermier efoadron de la Maison du Roy. Quand la Gendarmerie n ’efi: pas avec la Maison du Roy, D u service de jgüe a toujours la droite, & fait elle feule une Brigade com- la G e n d a r m e
mandée par le plus ancien Brigadier d’Armée de la G endar merie. Autrefois la Gendarmerie & m êioit'& rouloit avec la C a valerie dans les dérachemens, mais depuis 1667, il a é té réglé qu’elles ne rouleroient plus & ne & mêleroient plus enfemble. Elle ne & D e maniéré que lorl'qu’ün Mestre de Camp de Cavalerie & mêle plus & dans fon détachement un ou plufteurs troupes de G endar ne roule plus avec la C a v a - m erie, elles ont toujours le pofte d'honneur. Ce font leslerie. Officiers du Corps qui com m andent leurs troupes détachées,, fie ils n’obéïllènt qu’au Com m andant General du détache ment. Par exemple dans un détachem ent un Enfeigne de G en darmerie execucera les ordres du Mestre de Camp com m an dant : mais ce fera de cette manière -, cet Enfeigne chargera avec sa troupe de Gendarmes. Il envoyera relever un pofte par un ou plufieurs G endarm es, tandis que le Capitaine de Cavalerie exécutera de fon côté les ordres avec sa cavale rie , fans que l’Enfeigne de Gendarm erie & mêle de com m ander au Capitaine de Cavalerie, ni celui ci à FEnfeigne de Gendarmerie. Les Compagnies de la Gendarm erie tirent leur rang du Rang des Compagnies Prince qu’elles ont pour Capitaine; fie elles ont entre ellesde Gendarme rie entre elles. le rang félon lequel je les ai marquées dans la Liste que J'en ai faite ctddfus. Celles des Ecossois, d e s Anglois, des Bourguignons & Diflinctionde Flandre font les quatre premières, parce qu’elles on t des quatre premières le Roy pour Capitaine. d ' où vient qu’on les nomme G en Compagnies. darmes du Roy .-mais pour les diftinguer entr elles, elles ont chacune leur nom particulier, fçavoir , de GendarmesEcoflois, Anglais , Bourguignons fie de Gendarmes de Flan dre- Il ne faut pas confondre les G endaunei Bourguignons, qui compofent la troifîéme C om pagnie, avec les Gendarmes de Bourgogne, dont la Compagnie fut créée plulîeurs an nées après pour feu M. le D uc de Bourgogne, & laquelle depuis a pris le nom de Bretagne. Il y a eu un tems où chaque Compagnie compofoit feule un efeadron , parce que c e ll e s qui écoient alors fur p ied , i t oient beaucoup plus nom-breufes qu’elles n ’ont été depuis : rie avec la CavalerisLegere.
& même celles de feu M onfeigneur faifoient chacune deux le s Compa Efcadrons, parce que l’un & l’a u tre , tan t les Gendarmes que gnies de fett Monfeigneur les Clievaux-Legers,étoient de deux cents quatre-vingts Maî- d'abord beau t r e s , & fur tout celle de fes G endarm es, qui relia toujours coup plus nombreufes que les au double des autres, jufqu’à la paix de N im egue ; enforte autres. quelle étoit à deux cents quatrevingts, quand les autres n ’étoient qu’à cent quarante. Chaque Compagnie de Gendarmes avoit pour Officiers un C apitaine-L ieutenant, un Sous-Lieutenant , un Enfeigne , un Guidon , quatre M aréchaux des lo g is, quatre Brigadiers, quatres Sous-Brigadiers, un P o rte-E ten d art, un Porte G ui don, & avec cela un Tim ballier & plufieurs Trompettes. Les Compagnies de Chevaux. Légers avoient les mêmes Officiers, excepté qu’au lieu d e l’Enfeigne & du Guidon , il y avoit un C o rn e tte , & dans la fuite deux Cornettes , & au lieu du Porte-Etendart & du Porte-G uidon , deux PorteCornettes, Après la paix de Nimegue on réduilît toutes les Compa Réduct ion gnies à cinquante M aîtres, & elles avoient un Timballier & des Compa gnies apres la un Trom pette. paix de N i O n fît alors efcadronner les Gendarmes Ecoflois avec les megue, Compagnies Gendarmes Anglois. jointes pour Les Gendarmes de Flandre avec les Gendarmes Bourgui efcadronner enfemble. gnons. Les Chevaux-Légers de la Reine avec les Gendarmes de la Reine. Les Chevaux Légers Dauphins & les Gendarmes d'Anjou avec les Gendarmes Dauphins. Les Chevaux-Légers d 'Orléans avec les Gendarmes d 'O rleans ; & cela compofoit en tout feulement cinq Efca drons. A la guerre de 1689 , on compofa les efcadrons d'une au A utre ma niéré d'efca tre m aniéré, & on voulut que les quatre Compagnies du dronner en Roy , c’est-à-dire l’Ecoffoife , l’Angloife , la Bourguignonne 16 8 9. Les quatre & celle de Flandre fulîènt chacune C hef d'efcadrons ; l ’on première Com changea pour cela la maniéré d'efcadronner. pagnies Chefs Après la bataille de Fleurus l’an 1650, 1efeu Roy augmenta d 'tfcadron. A ugm enta le Corps de la G e n d a rm e rie d e q u a tre Compagnies,qui fu- tion de q u a
tre Compa gnies dans la
rent celles des Gendarmes & Chevaux- Légers de Bourgo Gendarmerie gne , qui font aujourd’hui Bretagne , & celles des G endarm es & Chevaux- Légers de Berri. Ces quatre Compagnies ajoutées aux autres firent le nom bre de feize, qui est le même que maintenant. Elles furent toutes mifes alors fur le pied de quatre vingts M aîtres,y com pris le Brigadier & le Sous-Brigadier, & dans chaque Compagnie de Chevaux-Legers on doubla le Cornette ; tout le Corp , fut compolé de huit efcadrons, & l’on fit efcadronner les Compagnies d 'une maniéré differente. Les Compa Il n’y eut plus alors que les huit premières Compagnies, gnies Chefs c’est-à-dire celles qui furent Chefs d 'efcadron qui conferverent d 'efcadron confervermt des timballes : & ce fut auffi dans ce tems que le nom bre des feules leurs Maréchaux des logis fut augmenté jufqu’à quatre par Com timballes. pagnie , car jufques là il n’y en avoir eu qu’un ; il en fut de même du nombre des Brigadiers & des Sous-Brigadiers: J'ai appris tous ces divers arrangemens d'efcadrons de M. le M ar quis d 'Auger ci-devant Major de la Gendarmerie. Etendarts Comme chaque efcadron est de deux Compagnies, il y a & Cornettes dans chacun deux Etendarts , ou une Cornette & un Etendans les efcad a r t , chaque Compagnie aïant le fien. drons, Chaque Compagnie est de deux Brigades,lefquelles ont chacune leur T rom pette qui est furnumeraire comme dans la Maison du Roy. Je vais m aintenant parler de l’institution de chaque Com pagnie en particulier , à laquelle J'ajouterai la Liste des Capi taines , des Commandans-Lieurenans, & des Capitaines-Lieutenans. Je fais cette diftinction de titres au fujet de la Compa gnie Ecoffoife qui a eu long tems des C apitaines, & puis des Lieutenans -Com m andans, & n’a eu qu’en 1667 des Capitaines-Lieutenans comme les autres. Les Compagnies de la Gendarm erie d'aujourd’hui font de L a plupart de ces Compa nouvelle création , c’est-à-dire depuis la paix des Pyrénées , gnies font de & depuis la fuppreffion des Compagnies d'ordonnance qui nouvelle créa étoient sous le nom de divers Seigneurs. U faut en excepter tion. i ° , la Compagnie des Gendarmes d 'Orléans , Scia Compa gnie des Chevaux Légers d 'O rléans, qui furent créées vers l ’an 1647 Pour fcu Moniteur pere de Moniteur le D uc d 'Or.
leans d'aujourd’hui. z°, La Compagnie Ecoffoife qui est beau coup plus ancienne , & de laquelle je vais traiter d'abord & feparément des autres, parce qu’elle a diverfes chofesquiiui font particulières. En traitant de la Milice de la Maison du R o y , J'ai fait l’hi- Institu tion ftoire de la Compagnie Ecoffoife des Gardes du Corps fur di de la Compa gnie Ecoffoifevers monumens de l’Histoire d'Ecofîe & de la nôtre. J 'ai mart de Gendar que l’Epoque de fon inftitutionfousle Regne de Charles VII» merie. C ’est pareillement à ce Regne qu’il faut rapporter celle de la Compagnie des Gendarmes Ecossois, de laquelle ces mêmes monumens font aulïï mention sous ce même Regne. Entre toutes ces pièces d'où J'ai tiré l’institution de la Com pagnie des Gardes du Corps Ecossois, la plus authentique & lur laquelle on doit faire le plus de fond font les lettres de naturalité * pour toute la nation Ecoffoife données par le Roy * Rapportéesau vol. 5 4 des Loüis X II au mois de Septembre de l’an 1513. Il y marque manufcrits de l’institution des Gendarmes Ecossois sous Charles V I I , en ces Brienne à la Bibliothèque: termes: » Depuis laquelle reduction ( duRoyaume de France du Roy. Compagnie » sous l’obéïlîance de Charles V II ) & pour les fervices que desGendarmes lui firent en cette matière la grande loyauté & vertu qu’il Ecossois créée » trouva en eux, en prit deux cents à la garde de sa Perfonne, par Charles » dont il en fit cent Hommes d’Armes & cent A rchers......... VI I . » &, font lefdits cent Hommes d’Armes les cent Lances de » nos anciennes ordonnances , & les Archers * font ceux de * C’est la Compagnie » notre garde qui encore font près & à l’entour de notre Per- Ecoffoiie des » fonne. Le Roy ajoute qu’acfuellement R obert Stuart Che Gardes duCorps. valier Sieur d 'À ubigni, étoit en même-tems Capitaine de la Garde Ecoffoife, & des cent Lances de fejdites anciennes ordon nances de ladite nation. Il faut obferver fur cet extrait des Lettres de Loüis X II que Les Gendar mes Ecossois la Compagnie des Gendarmes Ecossois fut au moins pendant furent d‘abord quelque tems de la Garde du Roy Charles V II , comme le une garde dtp font aujourd’hui ceux qu’on appelle Gendarmes de la Garde. Roy, Cela paroît m arqué expreffément par ces paroles: ( Le Roy Charles VII ) en p rit deux cents à la Garde de sa Perjonne , dont il enfit cent Hommes d' Armes & cent Archers. Mais ces Gen darmes cefferent d 'être de la G arde du R o y , je ne fçai pas quand. Ils ne Pétoient plus certainem ent fur la fin du Regne-
I ls n étoient plus de la Gar de à la fin du Regne deLoüis
XII.
Prérogatives de cette Com pagnie.
Honfton dans fonEcofse Fraiiçoife.
Elle a rang devant les Moufquetaires du Roy.
de Loüis X I I , ou du moins au commencement de celui de François I , car le Maréchal de Fleuranges dans Ces Mémoires dit expreflement que les cent H om m es d’Armes Ecoflois n'ètoient point compris ez Gardes. Ce que Loüis X II ajoute immédiatement après, & fontlejdits cent Hommes d'Armes les cent Lances denos anciennes ordon nances : nous apprend le tems de l’institution de la Compa gnie des Gendarmes Ecoflois, c’est-à-dire l’an 1445 , car ce fut cette année que Charles V II inftitua les quinze ancien nes Compagnies d 'ordonnance , ainfi que je l’ai marqué dans mon Histoire de France en citant les auteurs contemporains. Il le pourroit faire neanmoins que la Compagnie des G endar mes Ecoflois auroit efté inftituée plutôt en qualité de G arde du R oy, & qu’en 1645, il l’ôta de sa Garde pour la m ettre à la tête des quinze Compagnies d 'ordonnance cette année-là même. Cette ancienneté de la Compagnie lui a orocuré diverfes prérogatives, & elle en jouit encore de pluiieurs. Première ment elle e ftla première de toute la G endarm erie, comme elle le fut d 'abord dés le tems de l’mftitution des quinze an ciennes Compagnies d 'ordonnance, avec d'autant plus de raifon que félon qu’on vient de le voir dans les lettres de Loüis X II , elle fut pendant quelque tems de la G arde de ce Prince. Elle avoit leprem ier rang comme aujourd’hui sous le Regne de Henri IV , qui prit un foin particulier de la rem ettre fur le bon pied. « Ce grand Roy , . . . . dit H o n flo n , a remis cette » Compagnie d 'Hommes d’Armes Ecoflois qui par un tems » immémorial & trouve Ci ancienne en fon g ra d e , q u e lle pre » cede celles desFrançois par fon antiquité,laquelle avoit été » négligée à caufe du miferable é ta t de la France & de fes » troubles civils depuis quelques Regnes en ç à , & m aintenant » elle reçoit cette gloire d 'être reveillée de fon afloupiflè» ment par la courtoifle de ce Roy. N on feulement cette Compagnie a lepremier rang avant toutes les autres Compagnies de Gendarmerie ; mais encore elle paflèen quelques occafîons devantles deux Compagnies des Moufquetaires du Roy. Cela arrivoit lorfque le Roy ou
feu Monlèigneur étaient à l’a rm é e , & qu’on leur m ontoit une grande garde avec les Etendarts & les efcadrons entiers. La Compagnie Ecoflbiiè des Gardes du Corps montoit d'abord, ensuite les trois autres Compagnies des G ardes du Corps l’une après l’autre. ensuite les Gendarmes de la G arde , & puis les Chevaux Légers de la G arde, après eux les Gendarmes Ecolïois montoient la Garde , ensuite la première Compagnie des Moufquetaires, & puis la seconde , ensuite les G endarm es A nglois, & puis le relie des efcadrons de la G endarm erie cou« loient à fond. Le Capitaine Lieutenant des Gendarmes Ecoflois elï Je premier Meflre de Camp de Cavalerie de France : & du jour qu’il eE en Charge & qu’il arrive à l’armée , il fait le premier détachem ent de Colonel. Dans une revue devant le R o y , ou quand on eR en marche , s’il n’y avoit point de Brigadiers du C o rp s, ce lèroit le Capitaine Lieutenant de la Compagnie EcoÉoife qui comm anderoit tout le Corps de la Gendarme-rie en qualité de Capitaine de la plus ancienne Compag llieDepuis l’ërection de cette Compagnie par Charles VIT, plulîeurs Seigneurs de la mailon de Stuart en furent Capi taines. R obert S tu a rt, Seigneur d'A ubigni, qui & Egnala beaucoup dans les guerres d 'Italie, polîèda cette Charge sous Lotiis X II ; & étoit en même-tems Capitaine des G ar des ou Archers EcoRbis. Mais ce qui en releve beaucoup des le luRre, c’cR que les fis des Rois à Ecoflè en ont été Ca RoisLes fils d 'Ecojfe pitaines ; & on a même prétendu en Ecoflè que ces Princes en ont été le-ÿ avoient droit à cette Charge. Cet article merite une atten Capitaines tion particulière ; & je vais rapporter ce que J'ai pu décou vrir dans l’Hiftoi e fur ce fujet. Prem ièrem ent., il y a au College des Ècoflois à P a ris , en langue Ecoflofle & en original, une L e ttre , laquelle eE datée du quinziéme d 'Août 1596 & écrite par le Sieur Lindefai de Êelcaras, Secrétaire d 'Etat du Roy Jacques VI, qui dit expref fément que la C harge de Capitaine de la Compagnie des Gendarmes Ecoflois appartient au Prince d'EccjJd, fils de ce Roy. Je rapporterai plus bas l ’extrait de cette L e ttre , & l ’occaflon où elle fut écrite. Mais je ne trouve point en quel
Honfton, Ecoffe Franjoife.
La Charge Capitaine n ’a point ap partenu au fils du Roy d 'Ecosseavant M arie Stuart.
cems ce droit fur cette Charge a été affecté au fils du Roy d 'Ecoffe. J 'ai parcouru les traitez faits entre les Rois des deux N atio n s, & je n’y trouve point le fondement de ce droit, qui fans doute feroit honneur à la France., Je dirai là-deffus mes conje&ures qui ne me paroiffent pas frivoles. Secondement, je trouve que cette Charge depuis Charles V I I , jufqu’e n l’an 1513 & au-de la, a été à la vérité pofledée par des Seigneurs de la Maison de Stuart ; .mais non par des fils du Roy d'Ecoffe. Dans les Hiftoriens d'Ecoffe qui font la Lille des Capitaines des Gendarmes EcolTois, depuis C har les VII jufqu’en 1513, il n’est fait nulle mention d 'aucun fils du Roy d'Ecoffe. O utre cela on voit dans les L ettres de naturalité données par Lotiis X II l?an 1313 , à la N atio n Ecoffoife , que R obert S tuart, Seigneur d'Aubigni, qui n ’étoit point fils du R oy d'EcolIè, étoit alors Capitaine des Gendarmes Ecossois. J 'ai déjà cité l’extrait de ces Lettres de naturalité où cela est marqué. Il faudroit donc que ce droit eût été établi depuis cette année 1513 , que m ourut Jacques IV , Roy d'Ecoffe $mais il nç l’étoitpas encore sous Jacques V , car je trouve que d'Au bigni m ourut pofledant cette Charge l’an 1J43 avec la qualité de Capitaine un an après la m ort de Jacques V , & qu’elle fut poffedée depuis par Jacques H a m ilto n , Comte d 'Aran. Marie S tuart, fille de Jacques V , fucceda à la Couronne d 'Ecofie : mais je ne trouve point non plus depuis la m ort de Jacques V aucun traité où il foit fait mention de ce droit des Princes d'Ecoffe, & entr’autres il n ’en eff rien dit dans le traité de mariage de Marie Stuart avec François II D au phin , & depuis Roy de France. Je conjecture donc fort vrai-fem blablem ent, ce me femble, que quand cette Princeffe après la m o rtd e fo n mari François II Roy de France, fut obligée de retourner en Ecoffe pour gouverner fon R oyaum e, ou bien après qu’elle y fut établie, elle obtint de Charles IX , que pour entre tenir l’union entre les deux N ations, la Charge de Capi taine des Gendarmes Ecoflbis avec des appointernens, fut affeétée à un des fils du Roy d'Ecoffe ; d'autant plus qu’elle avoir prefque toujours été poffedée depuis fou inftitutipn m.
par des perfonnes de cette Maison R oyale, c’est-à-dire, par des Seigneurs du nom de Stuart. En effet dès que cette Princeffè eut eu un fils de fon maria ge avec H enri Stuart fon coufin, elle écrivit à fon Ambafiàdeur en F ran ce, une lettre datée du 26 de Janvier 1366 , dont l’original est aufii au College des Ecossois, où elle parle ainfi: « Vous vous fouvenez que nous vous écrivîmes au re» tour de M. le Comte de Brienne, Ambaffadeur du Roy » au Baptême de notre cher fils, qu’entre autres choies vous » eulfiez à demander en notre nom que la Compagnie Ecof» foife des Gendarmes fût remplie & remife fur l ’ancien » pied, en faveur de notre fils, & qu’il en fût nommé Ca» pitaine, &c. Elle ajoute qu’eile nommera une perfonne de qualité pour être Lieutenant de cette Compagnie. L ’Ambaffadeur qui étoit Jacques Bétun Archevêque de G lafco , répondit à la R eine, sa M aîtreffe, que la Reine Mere ( Catherine de Medicis ) lui avoir promis dans une audience d 'accorder ce qu’il demandoit. Il y a lieu de douter fi la chofe fut executée : car parmi les additions aux Mémoires de Caftelnau-Mauvifliere, Ambaffadeur en Ecolîe, du tems de H enri IIP, on trouve une lettre de ce Seigneur, écrite à Marie S tu art, datée du 20 de Mai 158 4, où il lui parle en ces termes : » Le Roy votre fils » (Jacques VI ) demande confeil au Roy fon bon oncle de ce » qu’il a à faire : que la Compagnie des Gendarmes Ecossois » foit remife & envoyée en Ecoffe pour quatre a n s, ôcc. Cela fuppofe clairement que la Compagnie des Gendarmes Ecossois n ’étoit pas encore remife fur un pied que le Prince d'Ecoffa p û t en prendre avec honneur le titre de Capitaine. Quoi qu’il en foit, Jacques VI lui-m êm e, l’an 1596 fit de m ander au Roy H enri IV la Charge de Capitaine de la Compagnie des Gendarmes Ecossois, pour fon fils H en ri: comme on le voit par une lettre de Lindefai de Belcaras & crétaire d 'E tat du Royaume d'Ecofle, datée du 15 d'Août 1596 & écrite à PAmbaffadeur Ecossois en France. » En troifiéme lie u , dit-il, Sa M ajefté, feroit bien-aifè de » fçavoir, s’il est pofiîble de rem ettre la Compagnie Ecof» foife des G endarm es, & fi le R oy de France a la volonté
Négociations fur ce fu je t.
Jacquis V I la, demanda four fon fils
H enri,
& le moyen de le faire, Ci on le lui demandoit : car grâce » à Dieu ; Sa Majefté a un fis qui est Prince d'E cofte, & » à qui cette Compagnie appartient. Sa Majefté confentant « d 'envoyer le Duc de Lenox en qualité de Lieutenant à » la place du Prince. Ce fut fans doute en réponfe à cette lettre que fut écrire celle de Henri IV dont on a une copie, mais dont la date a été mal copiée : on y a mis 1594 au lieu de 1597 ou 1598. Car M. de Wèymes, dont il y est tait mention, ne fut envoyé Ambaftadeur extraordinaire q u a latin de 1597 ou de 155)8En voici l’e x tra it........» Nous vous renvoyons ledit Sieur de » Weymes,avec charge de vous aftûrer du defir que nous avons » de conferver & entretenir inviolablement la bonne & par» faite amitié qui a toujours été entre nos Perfonnes, & la » très-ancienne alliance & confédération qui est entre les » Couronnes de France & d 'Ecofte, & les fuites d 'icelle, » dont le perfonnage que nous prétendons vous dépêcher , » vous portera plus ample aftiirance, par lequel aujji 'vous » recevrez, la Commijjlon de la Compagnie des Cent Hommes » d’Armes de nos Ordonnances, que nous defirons être au nom » de notre coufin le Prince efEcojJe votre fils pour commencer à » lui rendre quelque témoignage de notre bonne affeffion, (fie. Le Prince d 'Ecofle n’étoit donc point encore en ce tems-là , c ’est à-dire bien avant dans le Regne de H enri I V , Capi taine des Gendarmes Ecoflois. Il paroît encore que cette Commifîîon ne fut pas li t ô t envoyée : car dans une lettre de l’Ambaiîàdeur d 'Ecoftè au Roy Jacques VI , du 16 de Février 1599 , voici ce qui est marqué d'une audience qu’il eut de M- de Villeroy , Secré taire d'E ta t....... » Au regard du troiiiéme point qui re» garde le rétabliflement de la Compagnie d'Hommes d 'A r» mes, M. de Villeroy dit que le Roy faifoit état de rom pre » la forme de la Gendarmerie prefente, pour la rem ettre fu r » l’ancien pied ; que le Roy qui est grand Capitaine fçavoit » en quoi il y avoir faute, & qu’il n’y ayoit pas moyen » de drelfer sa Gendarmerie, qu’en détruifant celle qui est » à prefent ; que lorfqu’il travailleroit à la rem ettre, il n’ou» blieroit point de mettre ladite Compagnie Ecoftoife dans » tous lès droits. »
Voici encore l’extrait d 'une autre lettre de Jacques V I à s on Ambaftadeur ordinaire, du 20 Novembre : la date de l’année n ’y est point marquée : mais ce doit être l’année 1601, en laquelle le D uc de Lenox fut envoyé Ambaftadeur ex traordinaire en France. » Comme au mois de Janvier prochain, le R oy de France » notre très-cher frere doit prendre des mefures pour rétablir « les troupes qui doivent fervir l’année prochaine ; &: corn» me notredit très-cher frere a promis au D uc de Lenox « notre Am balladeur, que la Compagnie d'Hom m es d 'Ar« mes lêroitaccordée à notre cher fils le Prince, vous ne » manquerez pas en confideration de ladite prom efte, de de« mander en notre nom , que ladite Compagnie foit mife en » état & qu’elle foit payée à l’ordinaire. Le Prince d 'Ecofie, dont il est parlé dans ces extraits, étoit Le Prince H e n ri, frere aîné de C harles, qui par la m ort de ce jeune H e n r i e n eut le titre, & ce Prince fucceda à Jacques VI au Royaume de la grande Bre f u t le premier tagne , & fut Charles I du nom. Un homme de merite &: di qui l’eut. gne de f o i, allure qu’il a vu dans les Archives de la Com pagnie des Avocats d'Ecofte, la Commiffion de Capitaine des Gendarmes EcolTois, que H enri IV envoya au Prince d 'Ecofte H enri : & cela est confirmé par la Liste des Capi taines de cette Compagnie rapportée par H onfton, & qui est en cela conforme à une Genealogie des Stuarts-Aubigni qui est manuferite au College des EcolTois. Il s’enfuit de tout ce que je viens d'expofer, que ce jeune Prince H e n ri, fils aîné de Jacques V I , a été le premier des Princes d'Ecofle qui ait eu le titre de Capitaine des Gen darmes EcolTois au service de F ran ce, & que le droit d 'êrre Capitaine de cette Compagnie, que Lindelai Secrétaire d 'E. ta t d 'Eco lie dit dans sa lettre que J'ai c ité e , appartenir au Prince d'Ecolïe, ne fut mis en execution pour la première fois qu’à l’égard de ce Prince. Il est certain que Charles I , après la mort de H enri Ton Charles foit frere, eut la C harge de Capitaine des Gendarmes EcolTois. frere , qui fie Charles I Rot H onfton qui étoit Officier de la Compagnie des Gardes du d'Angleterre , Corps EcolTois en ce tem s-là, le m et dans la Liste des Ca l’eut aujfî. pitaines des Gendarmes EcolTois. Il ajoute même qu’il avoit
eu cette C harge avant la mort de fon frere H e n ri, & qu’il eut pour Lieutenant Commandant Loüis Stuart D uc de Lenox, qui prit le titre de Lieutenant- C om m andant, qui n’avoit point été en ufage, jufqu’à ce que les Princes d 'Ecofte euftent celui de Capitaine. George G ourdon, Marquis de H u n tley , fucceda au Duc de Lenox l’an 1624. J 'ai vil une copie de (es Provifions qui m ’a été communiquée par feu M ilord D uc d e P e rth ,o ù il est d it, qu’on lui donne la charge & conduite de cette C om pagnie, comme le Duc de Lenox fon prédecelfeur l’avoit euë : c’est a diré, qu’il en étoit Lieutenant-Com m andant sous le Prince Charles qui en étoit Capitaine. O n donne cependant la qualité de Capitaine des Gendarmes Ecoftois au Marquis de H u n tle y , dans la Genealogie des G ourdons, félon laquelle il pofteda cette Charge jufqu’en l’an 1638. Je crois en effet qu’il prit ce titre non pas d'abord en 1624, mais l’année fuivante, c’est-à-dire l’an 1 6 2 5 lorfque le P rin ce Charles m onta fur le T rône d'Angleterre : car fans doute alors ce Prince quitta le titre de Capitaine des Gendarmes Ecoftois. Et comme il n ’avoit point encore de fils, il le laifta prendre au Marquis de H untley, Je n’ai pu fçavoir fi Charles I I , avant que d 'être Roy,fut Capitaine des Gendarmes Ecoftois après la m ort de Geor ge Gourdon. Mais Jacques Duc d 'Y ork frere de ce Prince Jacques Duc le fut depuis. C ’est celui que nous avons vu. vivre &: mourir d 'York, depuis en Saint avec le titre de Roy de ia grande Bretagne Jacques Roy d 'A ngle II du nom à S. Germain en Laye. terre , mort à Il fut Capitaine des Gendarmes Ecoftois jufqu’à l’an 1667, S. Germain en Z rty e , l ’a eue & eut pour Lieutenant-Com m andant le Com te de Schomuuffi. Il s’en démit berg, depuis M aréchal France, tué à la bataille de Boyne tn 1667. en Irlande, les armes à la main contre ce même Prince. Je ne fçai pas la raifon pourquoi le D uc d'Y orck quitta cette Compagnie. Peut-être crut-il faire plaifir au Roy de France,, qui étoit bien-aife de mettre des Officiers de sa main dans tou tes fes troupes & ne pas en laiftèr la nomination à d 'autres. Ce que je fçai de bonne p a rt, c’est que le C hevalier de H autefeüille, qui fut le premier Capitaine-Lieutenant de la Compagnie des Gendarmes Ecoftois, ne voulut point en trai-
ter avec M. le Comte de Schom berg, qu’en fuppofant la démilïîon du D uc d'Y ork ; & que ce fut ce Comte qui en gagea le D uc d'Y ork à rem ettre cette Charge entre les mains du R o y , lequel & fit alors Capitaine de la Compagnie des Gendarmes Ecolfois, comme des autres qui ont le rang après elle. Je vais m ettre ici la Liste des Commandans de cette Com pagnie depuis fon institution. La plus exade jufqu’à George G ourdon me paroît être celle de Honfton ; quoiqu’il la com mence dès Charles V I , ne la devant commencer qu’au tems de Charles VIL
Liste des Commandans de la Compagnie des Gendarmes Ecossois depuis fon institution. i° , Jean Stuart Seigneur d 'Arnelay & d'Aubigni, auquel le Roy Charles V I donna la terre d 'Aubigni, par Lettres Patentes du 14 de Mars de l’an 1411, enregiftrées au Par lement feant à Poitiers. Il fut tué l’an 1419 , sous le Regne deCharles V II, dans un combat contre les Anglois qui fut appelle la Journée desharangs, durant le fiege d 'O rléans, défendu par ia fameufe Pucelle. 2 ° , Jean S tu a rt, Seigneur d'A ubigni, fils du precedent Chevalier de l'O rdre. 30, R obert Stuart, coufin du précèdent Seigneur d'Au bigni, fait M aréchal de France en 1515. 4 0, Jacques H am ilton , Comte d 'Aran. 30, Jean Stuart, Seigneur d 'Aubigni, frere de M atthieu Comte de L enox,& pere d'Efme premier Duc deLenox. (Alors furvinrent les guerres civiles des H ugenots, tant en France q u ’en EcolTe. Ce fut pendant ces guerres, c’est à dire en 1367 que Marie Stuart Reine d'Ecoffe, demanda la C har ge de Capitaine des Gendarmes Ecoftois pour fon fils Jac ques le Prince d 'Ecoftè, qui fut depuis Roy fixiéme de ce nom. Cette affaire fut fufpenduë au moins jufqu’en l’an 1 6 o i, comme on l’a vu par l’H dtoire que je viens de faire des né gociations qu’il y eut fur ce fujet : & il paroît que durant to u t ce tem s-là, il n ’y eut point de Capitaine en titre de
l e Roy T r a n c e s ’e n jfe a lo r s C a p i t a l -
ne.
cette C om pagnie, qui peut-être ne fubfifta plus, ou fut ré. duite à un fi petit nombre de Gendarmes que perfonne ne voulut la p ren d re, jufqu’à-ce qu’elle fut remife en é ta t : E t ce fut alors que H e n ri, fils aîné du Roy Jacques V I , en fut fait Capitaine.) 6°, H enri Prince d'Ecofiè. 7°, Charles Prince d 'Ecofie, qui fut depuis Roy de la Grande Bretagne , premier de ce n o m , fon frere aîné H enri étant mort. 8°, George G o u rd o n , Marquis de H u n tle y ,l’an 1625, après que Charles I fut m onté fur le T rô n e de la G rande Bretagne. (J 'ai déjà dit que je ne fçai fi Charles fils aîné de C h ar les I & depuis auffi Roy de la G rande Bretagne, fécond de ce nom fut Capitaine de cette Compagnie. ) 90, Jacques Duc d'Y o r k , frere de Charles I I , & fon fuccefteur à la Couronne d 'Angleterre : ce Prince rem it cette Charge entre les mains du Roy Loüis X IV en 1667, & le Roy s’en fit Capitaine. Depuis ce tems-là il y eut des Capitaines-Lieutenans jufqu’à aujourd’huy. Après M. de Schomberg, qui étoit Lieutenant- Com m andant sous le D uc d'Y o rk , les Capitaines Lieutenans ont é t é , i° , Le Chevalier de H autefeüille , en 1667. 2°, Le Marquis de Pianezze, appellé ordinairem ent le Marquis de Livourne , e n .. . 30, Le Marquis de Mouy , l’an i68z. 4 0, Le Com te de R oucy, en . . . 50, Le Marquis d e N e fle , l’an 1707. 6° , Le Comte de Mailli l’an 1714. Par cette Liste des Capitaines des Gendarm es Ecoflois de puis Charles V II jufqu’au tems de Charles IX , & au-de la & qui n’étoient point fils du Roy d 'Ecofle, je montre la vérité de la conjeéture que J'ai faite d'abord , que le droit d 'être Ca pitaine des Gendarmes Ecoflois n’a point été attribué au fils du Roy d 'Ecofie avant le Regne de Marie Stuart, puifqu’on ne voir aucun Prince d'Ecofie avant ce tems là qui ait polFedé cette C harge, ou qui l’ait demandée, & par là cette conjecture devient une vérité confiante.
jajoûre que par les faits que J'ai rap p o rtez, on voit encore la fauilçté d 'une opinion où. J'ai trouvé plufieurs perfonnes ; (ba voir que cette Charge étoit attachée au fécond fils du Roy Faux préjuque cette d'Ecofle: car Jacques VI,pour qui cette Charge fut demandée gé C harge f u t u tpar la Reine Marie Stuart sa mere , n’avoit point d 'aîné & ta c h é e a u f é fut fon fils unique. Secondement,Henri fils de ce Prince, qui cRooyn ddf i' El sc odfiu poflèda la Charge , étoit fon aîné , & Charles fôn c a d e t, ne l’eut qu’après lui, quoique de fon vivant. Il n’y a eu que ce Prince & le Duc d'Y o rk , depuis Roy d'Angleterre de no tre tems, qui étant fécond fils du Roy de la grande Bretagne, ait poiîedé la Charge : & c’est: fur ces deux exemples que ce faux préjugé est fondé. Je crois ce point d'Histoire fuffifàmment éclairci. Quand le Roy vers le tems de la paix des Pyrénées fupprima les Compagnies d'ordonnance, dont divers Seigneurs du Royaume étoient Capitaines, celle des Gendarmes EcofifoE fut confervée tant à caufe de fon ancienneté , qu’en confideration du D uc d'Y ork, dont je viens de p a rle r, qui en étoit Capitaine.
Institution des autres Compagnies de la Gendarmerie. A Compagnie des Gendarmes Anglois qui est la fécon dé , fut amenée en France en 16 6 7 par le Comte G eor ge H am ilton Seigneur de la Branche d 'H am ilton-A lbercorn e , établie depuis long-tems en Irlande. Cette Compagnie vint en France à l’occafion que je vais dire. Charles II étant rem onté iur le T hrône en 1 6 6 0 , fit venir en Angleterre quelques Officiers & (oldats Catholiques qui avoient fervi en Flandre sous lui & sous fes deux frere s, & il les incorpora dans fes Gardes. Quelques années après le Parlem ent broüillé avec la Cour , obligea ce Prince de caflèr tous les soldats & OfficiersCatholiques de fes Gardes. A cette occafion George H am ilton eut permiffion du Roy fon maître d 'enrôler ces Officiers & ces soldats, & de les faire pafifer en France : il y avoit dans cette troupe des A nglois, des EcofTois & des Irlandois.
L
Quand Hamilton fut arrivé,le Roy de Erance trouvant
Gendarmes Anglois.
Epoque de la eréation des Gendarmes A nglois.
que c’étoient tous bons hommes & bien faits , il en fît une Compagnie de Gendarmes sous le titre de Gendarmes Ang lo is, excepté qu’il en retira ceux qui étoient d'Ecofle, & les incorpora dans les Gendarmes EcoiTois. Il & fit le Capitaine de cette nouvelle Compagnie,& fit G eorgeH am iltonCapitaine-Lieutenant. Je fçai ce détail d 'un ancien Officier EcoiTois.
Liste des Capitaines-Lieutenans des Gendarmes Anglois. Le Comte George H am ilton en 1667 . II fut tué dans un combat proche de Saverne en 1675 , à la tête du Regim ent qui portoit Ton nom. M onfîeurdelaG uetteen 1689. Journal de la Monfieur D u Croly e n guerre de HolLe Marquis de Bethomas en 1(593. Il fut tué peu detem s lande. après à la journée de la Marfaille. Le Marquis de Mezieresen 1693, Le Chevalier de Janfon en 1706. Le Marquis de Verderone en 1715. Dans la Liste des troupes de l’armée du R oy pour la campa gne de H ollande en 167a, après la Compagnie des G endar mes Anglois, & avant celle des Gendarmes Bourguignons, je trouve une Compagnie de Chevaux-Legers Anglois de 100 hommes commandée par le Marquis de H auttem an : mais je ne la vois plus depuis dans la Gendarmerie. La Compagnie des Gendarmes Bourguignons fut créée Gendarmes pour Monfieur le Chevalier deFourille furie pied de ChevauxBourguignons. Legers en 1668. Ce Chevalier en fut Capitaine-Lieutenant: & au mois d 'Août de Tan 1674 , le Roy à la priere du Comte de Broglio qui en étoit alors Capitaine- L ie ù te n a n t, m it cette Compagnie sous le titre de G endarm es, & au lieu des deux C ornettes, il créa un Enfeigne & un Guidon. Cette Com pa gnie ne commença à feryir qu’au F ort defaint Sebaftien l’an 1669.
Liste des Capitaines-Lieutenans desGendarmes Bourguignons. Le Chevalier de Fourille. Il fut tué à la bataille de Senef en 16 74. Le
Le Comte de Broglio en 1669. L e Comte deFlam anville e n 1683. Le Comte de Linieresen 1702. Le Marquis de Rend en 1707. Le Marquis de Caftelmoron en 1713. La Compagnie des Gendarmes de Flandre fut créée en 1673 en faveur du jeune Comte de M arcin, qui après la mort du Comte de Marcin fon pere,lequel s’étoit attaché au lervice des Efpagnols,entra au fervicede France. Il n’avoit alors que dix-feptans. Cette Compagnie est la quatrième de la G endar merie de laquelle le Roy est le Capitaine.
Gendarmes de Flandre.
Lifle des Capitaines-Lieutenans des Gendarmes de Flandre. Le Comte de Marcin en 167 Il fut fait M aréchal de Fran ce en 1703 m ourut en 1706 des bleflures qu’il reçut au com bat donné auprès de Turin commandant l’armée lous les or dres de M. le D uc d 'Orléans. Le Chevalier de Roye en 1698. Au Chevalier de Roye dit depuis le Marquis de la Rochefoucaut, fuccedale Comte de Tavannesen 1 7 1 6 . Après les quatre premières Compagnies de G endarm erie, qui font Compagnies du Roy , parce qu’il en est: le Capitaine, fuivent les douze autres qui prennent leur nom des Princes aufquels elles appartiennent. Celle de la Reine est la premiè re de celles-ci. La feue Reine mere Anne d 'Autriche avoit une Compagnie de Gendarmes & une Compagnie de Chevaux-Legers qui fu rent caffées après sa mort. On créa après le mariage du Roy une Compagnie de Gendarmes & une de Chevaux-Legers pour la Reine régnante Marie Therefe. Ce font celles qui fubfîftent encore aujourd’hui. Lis te des Capitaines-Lieutenans de la Compagnie des Gendar mes de la Reine. Le Marquis du G aro fut fait Capitaine-Lieutenant dans
Je tems de la création. Le Marquis de Lanion en 1677.
Compagnie de la Reine.
Monfieur de Lammarie en 1693. Le Chevalier de Vertilli en 1702. Le Marquis de Tournem ineen 1705, tué à la bataille de M alplaquet 6111709. Le Marquis de Merinvilleen 1709. Le Conue de Merin ville fils du precedent en 1719.
Liste des Capitaines-Lieutenms des Chevaux-Légers de la R e in e CapitaineLiattenant des C h e va u x -L e gers de la Rei ne.
Gendarmes Dauphins.
Monfieur de Villiers Capitaine aux G a rd es, fut fait Capi taine-Lieutenant à la création de la Compagnie. Le Marquis deFervaqaes en 1671. Le Marquis de Seppeville en 1676. Le Marquis d'Ancezunede Caderoufle. Le Comte de Seppeville. Le Marquis d'Eftrehan en 1706. Le M arquis de Buzenvalen 1709. Monfieur du Fargien 1716. La Compagnie des Gendarmes Dauphins fut créée sous le nom de feu Monfeigneur l’an 16 6 6 .Le Marquis deR ochefort, qui fut depuis M aréchal de France,eut laCharge de C apitai ne-Lieutenant à la création de cette Compagnie. En 1669 ce Seigneur aïant été fait Capitaine des G ard es, la quitta. Ileft à rem arquer que ce fut à cette occafion qu’on donna des pendons aux Officiers de G endarm erie, attachées à leurs Charges. Liste des Capitaines-Lieutenans des Gendarmes Dauphins. Le Marquis deRochefort dans le tems de la création,depuis M aréchal de France. Le Marquis de la Troufiè en 1669. Le Chevalier de Soyecourt en 1690, Il fut tué à la batail le de Fleuras en 1690. Le Comte d 'Eftain en 1690. Le Comte de Jonfac en 1713 L a Compagnie des Chevaux-Legers D auphins fut crée'e
quelque tems après lanaifiance de feu Monfeigneur en 1 6 6 2 Chevaux, & ce fut d'abord la plus belle Compagnie de la Légers D au phins. Gendarmerie. Elle fut compofée de près de trois cents Offi ciers reformez , dont la plupart eurent des penfions. Le Roy ne mit d 'abord à la tête de cette Compagnie qu’un C ornette qui fut le Marquis de la V aliere, & il la comman da pendant un an avec ce feul titre : mais ensuite il en fut fait Capitaine-Lieutenant.
ou 1663
L iste des C a p ita in e s-L ie u te n a n s des C h e v a u x L eg e r s
Dauphins. Le Marquis de la Valiere. M onfieurde Merinville. Le Marquis de Vfilarceauen 1677. Il fut tué à la bataille de Fleurus en 165»o. Le Marquis de Toiras en 1690. Il fut tué au com batde Leuze en 1691. Le Marquis d'U rféen 169t. Le Marquis de Dromefnil en 1693. Le Marquis d'Auvet en 1703. L a Compagnie des Gendarmes de Bourgogne fut créée après la bataille de Fleurus l’an 1690 , sous le titre de M on feigneur le D uc de Bourgogne. Ce Prince étant devenu D au phin & Capitaine des Gendarmes Dauphins , on donna à la Compagnie des Gendarmes de Bourgogne le nom de Bre tagne, qui étoit le titre de fon fils aîné. Le jeune Prince étant mort auffi, la Compagnie n’a pas laide de conferver le nom de Bretagne.
L iste des Capitaines-Lieutenans des Gendarmes de Bourgogne, aujourd’hui Bretagne. Le Marquis de Virieuxau tems de la création l’an 1690. Le Comte de M ortagne en 1695. Le Marquis de Gaffion en 17 01. Il mourut des blefiures re çues à la bataille d 'Hocftet en 1704.
Le Marquis de Caflelmoron en 1704,
Gendarmes de Bourgogne.
C hevauxLegers de Bourgogne dits de Breta gne.
Monfieur T rudenne en 1712. La Compagnie des Chevaux-Légers de Bourgogne fur créée l’an 1690 après la bataille de Fleur us pour Monfeigneur le Duc de Bourgogne. L i s t e des C a p ita in e s - L ie u te n a n s des C h e v a u x - L é g e r s de B ourgogne d its a u jo u r d ’h u i de B r e ta g n e .
Gendarmes d'Anjou.
Le Chevalier de Saint Saën à la création Pian 1690, Le Marquis de Mezieres en 1692. Le Chevalier de Planci en 1693. Le Comte de Beauvau en 1706. Le Marquis deFlam arinen 171C, Le Marquis de Breteuilen 1716. La Compagnie des Gendarmes d 'Anjou fut créée en 1669 pour Monfieur Philippe fils de France Duc d 'A njou, né le cinquième d 'Août de l’an 166S , & qui mourut le dixiéme de Juillet i67i.CetteCom pagnie a eu depuis pourCapitaine Phi lippe Duc d 'Anjou fécond fils de feu M onfeigneur, aujour d 'hui Roy d'Elpagne. L i s t e des C a p ita in e s -L ie u te n a n s des G e n d a rm e s d 'A n j o u .
Chetlaux-L eg ers d'Anjou.
Le Marquis de Genlis. Le Com tedeB eaujeuen 1697. Monfieur de la Tour-montiers en 1703. Le Marquis de Saint Pierre en 1715. La Compagnie des Chevaux. Légers d 'Anjou fut créée sous le titre de Monfeigneur le D uc d'Anjou aujourd’hui Roy d 'Efpagneen 1689. L is te des C a p ita in e s- L ie u te n a n s d e s C h e v a u x L eg e r s d 'A n j o u .
Le Le Le Le
Comte de Rofamel à la création de là Compagnie.Marquis de Seguren 1693. Marquis de Linieres en 1701. Marquis de Soudé en 170 a.
Le Coince de Tavannes en 1711. Le Comte de Gaines en 1716. Monfîeur de Matarel en 1716, La Compagnie des Gendarmes de Berri fut créée l’an 1690 après la bacaüle de Fleurus sous le nom de Monfeigneur le Duc de Berri.
Gendarmes
de Berri.
L i s t e des C a p i t a in e s - L ie u te n a n t des G e n d a rm e s d e B e r r i .
Le Marquis de Virville en 1(390. Le Marquis de Cham pronen 1701. Le Marquis de Brularc en . . . . Il fut tué à la bataille de Spire l’an 1703 . Le Marquis de la Mezeliere en 1703. Le Marquis de Roquelaure en 1706. Il fut tué à la journée d 'Oudenarde en 1708. Monfîeur de R iantz en 1708. Monfîeur de Crecy en 1711. Le Marquis de Pellevéen 1718. La Compagnie des Chevaux-Légers de Berri fut aufiî créée en 1690 après la bataille de Fleurus.
C hevaux Légers de Ber-
ri.
L is te des C a p ita in e s - L ie u te n a n s des C h e v a u x - L eg e r s de
Berri. Le Marquis de Keroüart en 1690. Monfîeur d 'Iliers en 1705. Le Comte de Chaftellus en 1715. La Compagnie des Gendarmes d 'Orléans fut créée pour feu Monfîeur qui n’avoit alors que ept a n s , c’eil-à-dire fa n 164.7 , & a paffe à Monfeigneur le Duc d 'Orléans fon fils. L ’époque de cette création montre que ce n’ëtoit point la même Compagnie de Gendarmes qu’avoit Gafion de France frere de Loüis X III. L i s te des C a p ita in e s - L ie u te n a n s des G e n d a rm e s d 'O r l eans.
L e C om te de M ontignac l ’a n .
Gendarmes d 'Orleans.
Chevaux Légers d' Orl e ans.
M oniteur de la Roque l’an , . . Monfieur de Beauvau l’an . . . . Il fut tué à la bataille de Galicien 1677. Monfieur de Beauvau frere du precedent l’an 1677. Le Baron de S alhartl’an 1684. Il fut tué à la bataille de Fleurus en 1690. Le Comte de SalTenage en 1691. Le Comte de Saint Chriftophle en 1694, Le Marquis de Moni-d'Eftampes en 1705. Le Marquis d 'Oife en 1715. Pour la Compagnie des Chevaux-Legers d 'Orléans,je n’ai pu fçavoir l’année qu’elle futcréée5mais il y a beaucoup d'ap parence qu’elle le fut dans le même tems que la Compagnie des Gendarmes. L is te des C a p ita in e s- L ie u te n a n s des C h e v a u x - L eg e r s d 'O r leans.
Le Marquis de Valfemé l’a n ... Le Marquis de Valfemé fils du précèdent l’an .. . Le Chevalier de Monmain en 1706Avant la bataille de CalTel,qui & donna en 1677 , les Com pagnies des Gendarmes & des Chevaux-Legers d 'Orléans étoient cenfées être de la Maison de Monfieur , & avoient rang avec fes Gardes du Corps. Elles n’alloient à l’armée que lorfque Monfieur y a llo it, & ne quitcoient jamais là Perfonne. Elles furent à la bataille de C aflel, parce que ce Prince commandoit l’armée. Après cette bataille les G endarm es, & Chevaux-Legers d 'Orléans furent unis au Corps de la G en darmerie , ils y font toujours demeurez unis depuis , & avec les mêmes prérogatives de la G endarm erie, &c. Il y avoit feulement une différence sous le Regne de Loüis l e Grand entre les Officiers des Compagnies d 'Orléans, & ceux des autres Compagnies de la Gendarm erie, c’est que les Officiers des Compagnies d 'Orleansne m ontoient pas aux Charges des autres Compagnies, lorfqu’elles venoient à va quer , comme ceux des autres Compagnies ne m ontoient pas non plus aux Charges des Compagnies d 'Orléans : mais ae-
puis îa R égence, Son Alceffe Royale a réglé que les Officiers de les deux Compagnies rouleroient avec ceux des autres pour monter aux Charges indifféremment : & lorfque la Compa gnie des Chevaux Légers d'Anjou vaqua au mois de Novem bre 1716 par la mort du Comte de Guine , Son Alteffe Roya le y nomma Moniteur de M atarel Sous - Lieutenant des Chevaux Légers à O rléans, parce qu’il ie trouva le plus an cien de tous les Sous. Lieutenans de la Gendarmerie} & Mon iteur le Comte de Cerney Enfeigne des Gendarmes de Breta gne , qui droit le plus ancien Enieigne du C orps, m onta à la Sous Lieutenance des Chevaux Légers d 'Orléans. Quoique la Gendarmerie Toit un Corps formé de f e i z e Compagnies , cependant ces Compagnies font elles-mêmes autant de Corps feparez indépendans les uns des autres. Elles marchent fur feize Lettres du R o y , & iur feize routes, quoi qu’elles aillent fouvent dans le même endroit. Quand pendant l’hyver les Compagnies font dans des quartiers differens, les Officiers n’ont rien à voir que dans le quartier où est leur Compagnie , hors l’Etat Major qui a vue & infpeéiion fur toutes,& trois Officiers qui vont tous les mois par ordre du R o y , prendre connoiilance de tout ce qui re garde le Corps. Ce font un Sous L ieutenant, un Enfeigne ou un premier C o rn ette, ou un Guidon ou un fécond Cornette. Ils font relevez tous les mois. En l’anné 1690 le feu Roy établit un Etat Major pour la G endarm erie, & ce fut à l’occafion que je vais dire. Monfieur le M aréchal de Luxembourg aïant rendu compte au Roy de la maniéré diflringuée dont la Gendarmerie s’étoit conduite la veille & le jour de la bataille de Fleurus, au gain de laquelle ce Corps avoir beaucoup contribué , Sa Majefté l’augmenta de quatre Compagnies,refolut de la mettre fur un très bon pied , & d'en prendre un foin plus particulier. Il y créa pour cet effet un Etat Major , où il mit un Major , un Ayde-Major & un Sous-Ayde Major , 8cc. Le Major devoir lui rendre compte directement de tout ce qui & pafferoic dans le C o rp s, y porter fes ordres , en faire i’inlpeétion, l ’informer des mœurs des Officiers , de leurs talens , de leur capacité ,&c de la maniéré dont ils & comporteroient dans
Créationd'un E ta t M aj or pour la G e n d a r m rie.
les batailles & dans les autres tems de la cam pagne, lui propofer les fujets les plus dignes de remplir les Charges vacantes, & les perfonnes qui & prefenteroient pour acheter celles qui feroient à vendre, après avoir examiné s’ils étoient d 'aflèz grande naiflance pour en obtenir l’agrém ent : donner à Sa Majefté l’état des fervices des Officiers lorfque l’on feroit des promotions d 'Offiders generaux, & propofer ceux qui feroient le plus à portée d'efperer par leurs fervices ou leur ancienneté d'ayoir des grades d'honneur & des recompenfes ; & enfin pour être chargé du foin du service , de la difcipline & dn payement de ce Corps ; ce qui a été exécuté jufqu’à-prefent. Sa Majefté donna au Major rang de premier Sous-Lieute nant du jour de la date de fon Brevet, à l’A yde-M ajor de premier Enfeigne , & au Sous-Ayde-Major de premier M aré chal des logis.Depuis ce tems-là le Roy adonné quelquefois à l’Ayde Major le rang de Sous-Lieutenant , M oniteur le Comte de Coëtanfao Ayde-Major de la G endarm erie, a eu rang de Sous-Lieutenant au mois de Decembre 1713. Monfieur le Comte de Druy a été le premier Major,il étoit Exempt des Gardes du Corps. Monfieur d 'Anglas auffi Exempt des Gardes du Corps fut fait Ayde-Major , & M. de Saint Luc M aréchal des logis des Chevaux-Legers de la Reine,fut fait Sous-Ayde Major. Tous trois furent tuez à la journée de la Marfaille le quatrième d 'Octobre de l’an 1693, Monfieur d'Auger Major de la Gendarmerie,ayant deman dé à & retirer au mois de Septembre 1716, Monfèigneur le Duc d 'Orléans Regent lui donna la Sous-Lieutenance des Gendarmes de Flandre à vendre, qui étoit vacante par la mort de Monfieur le Comte de Saint A bre, & luy conferva 4000 livres de penfion. Son Altefle Royale ayant jugé que deux Officiers Majors fuffifoient à-prefent,que les huit Efcadrons de la Gendarm e rie étoient réduits à quatre , ne nomma pas à la place de M a jo r, & chargea Monfieur le Com te de Coëtanfao Ayde-Ma jor d 'en faire toutes Jes fondions. La Charge de M ajor a été depuis rétablie en faveur de Monfieur le Comte de C oëtan fao. Lorfque le Major a rendu compte au R oy ou au Regent pendant
pendant la Minorité , de la revue de la Gendarmerie ; il o b ferve de donner un double des extraits au Secrétaire d'Etat de la guerre : il en ufe de même pour les autres mémoires qui re gardent fon employ. Voici la Liste de ceux qui ont poftèdé jufqu’à-prefent la Charge de Major. Meilleurs D e D ruï tué à la bataille de la Marfaille en 16 9 3. D e Vertilli. Dorm oi, D u Pleiîîs-la-Corée tué à la journée d 'Oudenarde en 1708V d ' Auger. Le Comte de Coëtanfao. L ’Ordonnance du Roy du premier Janvier & du premier de Mars 1719 en faveur des Officiers de la G endarm erie, a relevé beaucoup la Charge de plusieurs de ces Officiers par les avantages que Sa Majefté y a attachez. Par cette Ordonnance les Capitaines-Lieutenans des qua tre premières Compagnies tandis qu’il feront pourvus defdites C harges, tiendront rang de premiers Mestres de Camp de Cavalerie, & en cette qualité ils commandent dans tous les détachemens à tous Mestres de Camp. Les Capitaines Lieutenans des autres Compagnies, tant des Gendarmes que des Chevaux-Legers des O rdonnances, tiendront rang de Mestre de Cam p, & commanderont à tous les Mestres de C am p, dont la Commiffion fera moins ancienne. Les Sous-Lieutenans des Compagnies de Gendarmes & Chevaux-Legers, ainfi que l’Enfeigne & le Guidon de celle des Gendarmes Ecossois, auront rang de Mestre de C am p, du jour & date de laprefente Ordonnance. Le rang de SousdLieutenant tel qu’il est expliqué dans l ’article p récèd en t, fera dorénavant attaché à l’Ayde-Major defdites C om pagnies, & en confequence ceux qui en feront pourvus auront rang de Mestre de Camp. Les Enfeignes & Guidons des autres Compagnies de Gen darmes & de Chevaux-Legers jo ü iro n t, ainlî que le Sous-Ayde-Major de la Gendarmerie, du rang de Lieutenant Colonel.
Les M aréchaux des logis de la Compagnie des G endar mes Ecossois tiendront rang de Capitaines de Cavalerie. A l’égard des Maréchaux des logis des autres Com pa gnies , ils tiendront rang de derniers Capitaines. Ceux qui font actuellement Brigadiers ou Sous-Brigadiers de la Compagnie des Gendarmes Ecoftois, tiendront rang de Lieutenans de Cavalerie. D es Etendarts Les Etendarts de la Gendarm erie font de figure quarrée, des Compa comme ceux de prefque toutes les troupes qui en ont. gnies de Gen Les Gendarmes Ecossois ont dans leur E tendart pour dedarmerie. Devife des vife un grand chien courant, en pofture de courir dans une Gendarmes plaine où il y a des arbres, avec ces mots : In omni modo fi E cofois. delis. C’est pour marquer l’attachem ent & la £ délité avec lefquels les Ecossois ont toujours fervi nos Rois. Devife des Les Gendarmes Anglois ont dans leur Etendart un Soleil Gendarmes & huit Aiglons qui s’élèvent de terre pour voler vers lui , Anglois.
Devife des Gendarmes Botirguinons, Devife des Gendarmes de Flandre. Devife des Gendarmes & des C hevauxLegers de la Reine.
D evife des Gendarmes & des C hevauxLegers D a u phins.
leur courage à executer les ordres du R oy, dont le So leil étoit deflors le fymbole. Les Gendarm es Bourguignons ont dans leur Etendart cinq croix de Bourgogne c’est-à-dire cinq fautoirs, quatre peti tes aux quatre coins & une plus grande au milieu , fans infcription. Les Gendarm es de Flandre ont la devife du feu Roy î c’est-à-dire, un Soleil rayonnant, avec ces paroles : Nec plu ribus impar. Les Gendarmes & les Chevaux-Legers de la Reine on t deux cartouches ovales qui & joignent. L’une est aux armes de F rance, & l’autre aux armes d 'Efpagne, couronnées de la Couronne de France, & foutenuës de deux palmes croifées & attachées par un ruban avec ces mots : s eu p a c e m J e u bella g e ro . Pour marquer l’union des deux E tats, pour la paix & pour la guerre. Les Gendarmes & les Chevaux Légers Dauphins ont une m er agitée,fur laquelle est un Navire au milieu de la tem pête. Trois Dauphins paroifïent le joüer. Les paroles de la devife , Pericula ludus. Pour marquer que cette Compagnie & fait un jeu des dangers de la guerre.
Les Gendarmes de B retagne, qui étoient autrefois sous Devise des Gendarmes de le nom du D uc de Bourgogne, on t dans leur Etendart un Bretagne. beau & grand arbre & un petit à côté avec ces mots : T r iu m p h a l i e f i i p i t e f u r g i t . Cela faifoit allulîon aux conquêtes faites par feu Monfeigneur pere de M. le D uc de Bourgogne. Les Chevaux-Légers de Bretagne , qui étoient auffi aupa Devise des ravant sous le nom du D uc de Bourgogne, ont dans leur Chevaux-Legers de Breta E tendart un oifeau en l’air les aîles étendues, & un autre à gne. terre les aîles auffi étendues, qui fait effort pour s’élev er, avec cette am e: V otis f e ê i a t u r e u n tem . Pour lignifier l’ardeur du jeune D uc de Bourgogne pour fuivre fon pere à la viétoire. Les Gendarmes & les Chevaux-Légers d'Anjou ont dans Devise des Gendarmes & leur Etendart deux arbres dans une plaine. Sur le plus grand des C hevauxdes deux ell: une étoile rayonnante qui lance un gros trait de Legers d'A n rayons avec ces mots : V ir tu te a u to re m re fe rt. Cela fait une jou. lëmblable allulîon à la valeur de feu Monfeigneur. Les Gendarmes de Berri ont pour devife dans leur Eten Devise des Gendarmes de dart un puiffant Lion en pofture a rrê té e , m ontrant sa face à Berri. plein avec ces mots : Vefligia m agna feopuetur. C’est la même allulîon aux exemples de Monfeigneur & du Roy. Les Chevaux- Légers de Berri ont un Aigle feul, qui vole Devis e des en l’air, avec cette am e, cpub non fe re t in fit a virtus. C ’est un Chevaux Lé gers de Berri. préfage fondé fur la vivacité que l’on voïoit dans M. le Duc de Berri en fon enfance. Devise des Les Gendarmes & les Chevaux-Légers d 'Orléans ont une Gendarmes & bombe en l’air qui creve & jette le feu par quatre endroits, des C hevauxavec ces mots pour ame : A l t e r poH f u l m i n a terro r. C ’étoit la Legers d 'Ordevife de feu M onlieur, & qui fîgnifîoit qu’après le R o y , il leans. éto it la terreur des ennemis. Après avoir traité de la Maison Militaire du R o y ,c o m pofée de C avalerie, à laquelle J'ai joint la Gendarm erie , je vais faire l’Histoire de l’Infanterie, dont effc formée sa G arde à pied, &, com m encer par le Regiment des Gardes Françoifes.
C H A P I T R E
V I.
Histoire du Regiment des Gardes François es. Etat de ce Regiment en 1715. Regiment des Gardes a le premier rang dans I'In fa n ter
E Regiment des G ardes Françoifes tient le prem ier rang parmi tous les Regimens à Infanterie. Il est compofé de trente deux Compagnies ; elles portent chacune le nom de leur Capitaine, excepté la C olonelle, qu’on déligne ordinairem ent par ce nom. Les Officiers principaux font le Colonel, qui est aujourd’hui Antoine de G ra m m o n t, à uc de G uiche, Lieutenant General des armées du R o y , le Lieutenant-C olonel, les Capitaines, les Lieutenans, les Sous-Lieutenans & les Enfeignes. Il y a comme dans les autres Regimens d'in fan terie , des, Sergens, des Caporaux & des AnfpelTades. Il y a outre cela un Major de tout le R egim ent, fîx AydesMajors &. lîx Sous Ayde^-Majors. Il y a deux Commi flaires à la conduite , deux Commiffaires A ydes, deux M aréchaux des logis, fans parler desautres Charges qui ont rapport au R egim ent, mais q u in e font point Militaires,
L
De l'institution du Regiment des Gardes François es. p. 90 .
Epoque de T institution du Reg ment des Gardes.
R antôm e, dans fon Difcours des Colonels,nous marque l’institution du Régi ment des G ardes,& nous en fait auffi connoître le tems. « O r Je Havre pris, d i u il , les Anglois chaf. « fez encore un coup hors de la F ra n c e , le Roy & la Reine « sa mere , qui pouvoit tout a lo rs, à caufe de la minorité du » fils, conftituerenc un Regiment de gens de pied François » pour la garde de Sa Majefte ; & ce fut lors la première » inftiturion, compofée de dix Enfeignes de la G arde du Roy.Le tems de cette institution nous est auffi defigné ici par l ’époque du fiege du Havre qui fut repris for les Anglois, O r ce fiege & fit au mois de Juillet de l’an 1563. C est donc.
B
cette an n ée, ou au plus tard au commencement de 1564 que le Regiment des Gardes fut mis fur pied. Suppole même que Brantôme parle ici avec exactitu o e , on peut afïurer que ce fut l’an 1563, car il dit que ce fut durant la mino rité du Roy Charles IX. O r la m inorité du Roy finit cette année, & la Reine sa m ere, au retour du fiege du H avre, avant que de retourner à Paris, le fit reconnoître majeur au Parlem ent de Roüen. Le premier qui fut honoré du titre de Mestre de Camp Le Capitaine de ce R egim ent, fut le Capitaine C h a rri, Languedocien , Charri pre mier Mestre deun des plus braves Gentils-hommes qu’il y eût alors dam Camp du Ré les troupes ; mais il ne garda pas long-tems cette Charge. giment des Il refufa de & foumettre à M. d 'Andelot Colonel General. Gardes. La Reine mere le foûtenoit dans ce refus, comme le témoigne B rantôm e, fur ce que ce Regiment étoit une garde du Roy à laquelle perfonne ne devoir commander que le Roy leul : mais durant la chaleur de ce différend, Charri fut attaqué fur le P o n t S. Michel par un autre Officier d’Armée nommé C haftellier, qui le tua d 'un coup d 'épée au travers du corps ; & l’on crut communément que ce fut à l’inftigation de M. d'A ndelot, qui ne pouvoir foufïrir les bravades de C h a rri, ni qu’il refufât de le reconnoître pour fon fuperieur. Ce différend entre le Mestre de Camp du Regiment des Differend en le M e s tr e Gardes & le Colonel General de l’Infanterie fut entièrement tre de Camp du décidé par H enri I I I , en faveur du Duc d'Efpernon fon sa Regim ent, vori, qu’il avoir fait Colonel General de l’Infanterie Fran- le Colone. G e neral de l'In çoife, & M. de C rillon, alors Mestre de Camp du Regim ent, fanterie, déci fut obligé de & foumettre & de prendre fon attache de ce dé par Henri III. Duc. L a création du Regiment des Gardes Françoifes n’avoit pas été du goût de tout le m onde, &. moins encore de celui des H uguenots ; ils difoient qu’il ne convenoir point que le Roy eût tan t de G ardes, fur tout quand il faifoit sa refidence au milieu de fon Royaume ; que de tout tem-s la plus Brantôme feure garde des Rois François avoit été le coeur de leurs au Disco urs des Colonele. fujets, &. que c’étoit une nouvelle dépenfe fuperfluë dont on chargeoit 1’Epargne. Brantôm e prétend que deftors leurs chefs medicoient ledeftein qu’ils tâchèrent d'executer quel-
ques mois après ces plaintes, q u ’ils firent principalement en 1567. CedefTein étoit defê rendre maîtres de la Perfonne du R oy ; car ils prévoïoient que la choie leur feroit im pofïible, tandis que ce Prince auroit une h grofîe garde auprès de sa Perfonne. Ils en murmurèrent fi fort & fi fouvent que la Reine Regen r La Garde du te qui vouloit paroître ne pas trop & défier d'e u x , jugea à Roy ôtée pour quelque tems propos de les contenter fur ce point. Il y avoit quelque tems au Regiment. que la paix étoit rétablie dans le R oyaum e, & durant le grand voïage que cette Princefïe avoir fait avec le R oy dans prefque toute la France , il s’étoit fait une réconciliation à Mou. lins entre les Princes de la Maison de Guife d 'une p a r t , & les Montmorenci & les Coligni de l’autre- De forte qu’elle confentit à la fuppreffion de cette garde après fon retour. Le Regim ent ne fut pas cependant cafle pour cela : mais en le confervant, au lieu qu’il avoit jufqu’alors accom pagné le Roy par tout , on l’envoya en Picardie , & on en m it les Compagnies en garnifon dans diverfes villes. On ne fut pas long tems à & repentir de ce qu’on avoit f a it, car ce fut cette même année 1567 au mois de Septem-, bre, que le Prince de Condé & 1' Amiral de Coligni entrepri rent d'enlever le Roy fur le chemin de Meaux à Paris ; & il ne leur eût pas échappé fans un corps de Suisses qu’on fit venir en diligence de Château - T hierry qui efcorterent le Roy jufqu’à Paris. Ils le firent avec tant de refolution , que jamais le Prince de Condé & l ’Amiral ne purent les entamer avec leur Cavalerie , dont les Suiflès foûtinrent les caracoles & les aifauts pendant plufieurs lieues dans des plaines,où l’Infante rie a un défavantage infini contre la Cavalerie. I b id. Brantôme continuant de parler fur ce fujet, dit que durant Lu Garde du cette dangereufe m arche, il fut fouvent mention du R égi Roy rendttëau ment des G ardes, & dès que le Roy fut en fureté à Paris , on Regiment. fit partir M. de Strozzi qui avoit été fait leur Meflre de Camp après C h a r r i , pour raflembler les Compagnies, & les ram e ner auprès du Roy : ce qu’il exécuta. Monfieur de Strozzi aïant é t é f a i t ColonelGeneral d e f in i fanterie Franqoife , Cofléins lui fucceda dans la Charge de Meflre de Camp du Regiment des G a rd e s } mais Strozzi y
avoir à lui deux Compagnies Colonelles. Coffeins fut tué au fiege de la R o ch elle.il ne paroît pas qu’on lui eût donné de fucceflèur : car après l’éleétion du D uc d'Anjou au Royaume de Pologne qui & fit durant ce fiege, la paix s’étant faite avec les Huguenots,le Roy Charles IX cafia le Regim ent l’an 1573. Mais l’année d'après,les Huguenots com m ençant à remuer de nouveau,& le parti de ceux qu’on appellaM alcontens ou Po litiques , s’étant formé en m êm e-tem s, Charles IX & donna une nouvelle garde d 'infanterie, mais de deux Compagnies feulement : il conferva cette garde jufqu’à sa m ort qui arriva cette même année. H enri III é ta n t m onté fur le thrône de France , ré ta b litle Regim ent des Gardes & le rem it fur un auffi bon pied qu’il eût jamais été. Il en fit Mestre de Camp le Sieur du Gua qu’il aimoit f o r t , & m it à la tète des Compagnies de très-vaillans Officiers. La Charge de Capitaine aux Gardes devint alors très-confiderable ; de forte que plufieurs d'entr’eux aïant été pourvus de Regimens nombreux & de commandemens dans les arm ées, ne les acceptèrent qu’après que le Roy leur eut permis de retenir leur Compagnie des Gardes & leur titre de Capitaine. D u Gua aïant été aftaffiné quelque tems après par le Baron de Vitaux,Beauvais-Nangis lui fueceda. Il étoit encore Mestre deCam p duRegim ent des Gardes au fiege de la Fere en 1580: mais le Roy quelques années après aïant terminé l’ancien dif férend en faveur du Duc d'Efpernon, & ordonné à BeauvaisNangis de prendre l’attache de ce Seigneur comme du Colo nel General de l'Infanterie, cet Officier aima mieux donner la démiffion de fon em ploi, que de plier en cette rencontre ; & la Charge fut donnée à Monfieur de Crilion , qui la confer va du ran t tout le Regne de H enri III , & plufieurs années encore sous celui de Henri IV jufqu’en 1604 ou 1605. Ce fut à l’occafion de cette démiffion qu’il arriva une gref & affaire e n tre le R oy & le D uc d 'Efpernon. Ce Seigneur fuivant les privilèges attachez par H enri III à la Charge de Colonel General de l ’Infanterie Françoife , avoir droit de nommer tous les Mestres de Camp, fans en excepter le Mestre de Camp du Regiment des G ardes.H enri l ÿ ne jugea pas à
Le Regiment est café fa r Charles I X , Ibid.
Ibid. p 105 . I l est rétable par Henri I I I
Charge de Capitaine a u x Gardes deuenue trèsconsidérable.
proDos de laifter la nomination du Mestre de Camp de ses Gardes à la difpofition du Colonel General, c te n pourvue M. de Crequi gendre de M. de Lefdiguieres, Le Duc d'Efpernon fie fur cela de vives, remontrances au Roy ; mais elles furent inutiles. Le mécontentement qu’il en eut joint à quelques autres, lui fit quitter la Cour, & il & reti ra à Ion Gouvernement d'Angoulême. Cependant Je Roy voulant ménager cet efprit hautain & Dans la vie fougueux à caufe de l’attachement que les troupes avoient du D u c d 'E spour lui., parce que tous les Officiers d'infanterie étoient fes pernon. créatures, il voulut bien faire une e/pece de convention avec C o n v ention ce Seigneur : il y fut ftipulé en ce qui regarde le Regiment de Henri IV des Gardes, que le Roy choifiroit lui-même leMeftre deCamp avec le Duc de ce Regiment, & que pour les Capitaines des Compagnies,il d 'Efpernon fu r confentiroit de les nommer alternativement avec le Colonel ce point. General : en forte que le Roy aïant nommé un Capitaine pour une Compagnie vacante , il agréeroit le Capitaine de la première qui vaqueroit fur la nomination du Colonel Ge neral; que tant le Mestre de Camp que les Capitaines prendroient leur attache du Colonel General ; qu’ils ne feroient point inftallez & ne prendroient point leur rang fans cela ; que leColonelGeneral nommeroit de fon autorité tous les Officiers de la Colonelle comme les Lieutenans Colonels, les Enfeignes Colonels, & generalement toutes lesCharges de l’Etat Major ; que le Mestre de Camp du Regiment des Gardes feroit le Dans la vie ferment entre fes mains. du Duc d 'EsQuand Monfieur de Crequi eut été nommé Mestre de pernon. Camp du Regiment des Gardes, & avant que la convention dont je viens de parler eût été faite, il fut obligé d'aller à Angoulême trouver le Duc d'Efpernon pour prendre fon attache -, il y eftuïa bien des défagrémens. Le Duc le fit attendre un jour entier à la porte de sa chambre , & il le retint à sa fuite plufieurs jours, faifant toujours difficulté de lui donner fon attache & de recevoir fon ferment. Mais enfin ce fier Duc fut obligé d'obéir à l’ordre du R o y , & ce fut après qu’il y eut obéi que la convention & fit. Il & maintint dans lapofleffion de nommer les Capitaines des Gardes alternativement avec le R o y , & même au com mencement Henri IV ôte an Colonel Central lanom nation du Mestre de C amp du Re g iment des Gardes.
mencement du Regne de Loüis X I I I , le Regiment aïant été augmenté de deux Compagnies , & le Roy aïant nommé un des Capitaines, & le Duc d'Efpernon l’autre , celui-cy prit rang avant celui qui avoit été nommé par le Roy ; & cela apparemment parce qu’il étoit plus ancien Officier. En 1655 Moniteur de Vennes Lieutenant de la Colonelle , s’étant démis de cette Compagnie pour ion grand âge,le Roy Loüis XIV donna à la vérité l’agrément pour la démiilion ; mais Monfîeur d'Efpernon fils du precedent & qui lui avoit fuccedé dans la Charge de Colonel General , fut dédommagé par la promeife qu’on lui fit d'avoir la diipofition de la première Compagnie vacante : & efifedivement le Chevalier Defmarais Capitaine aux Gardes aïant été tué fix mois après, le Duc d'Efpernon nomma à cette Compagnie Saint Quentin fon Capitaine des Gardes. Il n’y eut des Mestres de Camp dans ce Regiment que jufqu’en l’an 1661 , & dans la fuite ceux qui le commanderent prirent le titre de Colonel. Ce changement arriva à la mort du fécond Duc d'Efper non : dès qu’il fut mort,le Roy Loüis XIV fupprima la Char ge de Colonel General de l’Infanterie Françoife qui rendoit trop puiiTant celui qui en étoit revêtu. C’étoit le Maréchal de Grammont qui étoit alors Mestre de Camp du Regiment des Gardes, & qui poflèdoit cette Charge depuis l’an 1636. Je vais mettre ici la Liste des Mestres de Camp du Regiment des Gardes jufqu’au tems qu’ils pri rent le titre de Colonel en 1661, & puis J'ajouterai celle des Colonels. Liste des Mestres de Camp du Regiment des Gardes.
Le Capitaine Charri fut le premier au commencement du Regne de Charles IX. Philippe Strozzi. Il fut tué à l’expedition des Açores. Coflèins fucceda à Strozzi. Il fut tué au fiege de la Ro chelle l’an 1573. fé
Après la m ort de Coftèins le Regim ent des Gardes fut cafpar Charles IXH enri III l’ayant rétabli ^ le Mestre de Camp f u t ,
Du G u a , qui ne garda cette Charge gueres plus d'un an , aïant été adaffiné. Beauvais-Nangis, C rillo n ,
Charles Sire de Crequi. Il fut depuis Maréchal de France, & fut tué d'un coup de canon allant fecourir Brême en Italie alhegée par les Elpagnols. C h a r l e s S ire d e C r e q u i a p p e l l é o r d i n a i r e m e n t M o n f i e u r d e C a n a p l e s , fils d u p r é c è d e n t . I l m o u r u t d 'u n e b lelT u re r e ç u e ' a u fie g e d e C h a m b e r r i e n 1 6 3 0 .
Le C 'mte de Sault frere aîné de Canaples,exerçala Char ge pendant quelque rems. Ram bures. 11 fut tué au lîege de la Capelle en 1637. Antoine de Graminont iucceda à Rambures l’an 1637. Il fut depuis Maréchal de France. Ce fut le dernier qui porta le titre de Melire de Camp du Regiment des Gardes , & Le Maréchal qui prit enluite celui de Colonel de la maniéré que je vais de Grammont fremier Colo dire. nel des Gardes Moniteur de Grammont, quoiqu’il eût été fait Maréchal Franfoifes. de France en 1641 , garda toujours sa Charge de Medre de Camp du Regiment des Gardes. Il l’étoit encore en 1 6 6 1 , lorfque le dernier Duc d'Efpernon Colonel General d e l’Infanterie Françoife, mourut. Cette grande dignité aïant été supprimée immédiatement après la mort du Duc, le Maré chal fuivant l’Ordonnance du Roy que J'ai rapportée en trai tant des Colonels Generaux, prit le titre de Colonel ; il ar bora le drapeau à fes armes comme avoir fait le Colonel General. La Compagnie Medre de Camp,qui auparavant n’étoitque la leconde du Regiment, devint la première & eut le drapeau blanc. La feule diftinction oui relia à la Compa gnie qui avoit été Colonelle au Regiment des Gardes, fu t qu’elle ne rouleroit point avec les autres, & que comme la Melire de Camp qui étoit devenue Colonelle, feroit toujours la première du Regiment ; de même la Colonelle qui étoit devenue la leconde, feroit toujours la seconde sous le nom de Lieutenante Colonelle , au lieu que les autres Compagnies prendroient rang entre elles félon l ’ancienneté de la récep tion de leur Capitaine.
Le Roy conferva aulîî aux Lieutenans-Colonels tantduRegiment des Gardes que des autres, les appointemens qu’ils avoient eu jufqu’alors, fans que ceux qui leur fuccederoient, puffent prétendre à ces appointemens, ni à d'autres avanta ges qu’à ceux qui leur feroient attribuez en qualité de Ca pitaines. Je vais continuer la Liste des Colonels du Regiment des Gardes jufqu’à notre tems, en marquant quelques particularitez de leur réception , quand il s’y fera fait quelque cho& de flngulier. Le Comte de Guiclie fils du Maréchal de Grammont avant la fuppreffion de la Charge de Colonel General, avoit été reçu en furvivance l’an 1658, & fervit durant la campa gne de cette année à la tête du Regiment des Gardes. On m’a fourni la relation de la maniéré dont il fut reçu $ la voici. Le Duc d'Efpernon n’étant point alors à P aris, les ce remonies qui regardoient le Colonel General n’y furent point obfervées. Le Regiment étant aflemblé dans la plai ne de Grenelle, tous les Officiers eurent ordre de & mettre à la tête du premier bataillon. Monfieurde FourilIe,quiétoit alors Lieutenant Colonel , leur declara la volonté du Roy en faveur du Comte de Guiche , & cela s’appella l’avoir mis en Charge. Le Comte de Guiche avoit la pique à la main & le hauflècol ; enfuire il prêta le ferment entre les mains du Sieur de la Râpée Commiflaire à la conduite .Le Comte étoit chapeau bas, la pique à la main , & le Commiflaire couvert, comme tenant la place du Colonel General. Cela fait,le Comte de Guiche monta à cheval, viftta les bataillons, fut falué de la pique,& vit défiler le Regiment par Compagnies: la Colonelle marcha la première, ensuite la Meftre de Camp , puis celle de P radel, celle de Villiers, & les autres félon leur rang. Il prit ces quatre premières pour mon ter la garde au Louvre. Il marchoit fix pas devant les Capi taines qui étoient fur la même ligne du Lieutenant-Colo nel. Du Tronc Lieutenant de la Mestre de Camp marchoit à l.a ferrefile, aï'anc mieux aimé ce pofte que de marcher un
peu dem ere les Capitaines, & à côté de la ligne comme ceux. cy Pauroient voulu.
La Garde étant arrivée au Louvre, le Comte de Guiche prit la pique auprès des fentineiles , le lendemain la garde fut relevée dans le même ordre. Pendant la garde le Comte de Guiche eut toujours le hauflecol, & prit la pique quand le Roy & la Reine mere entrèrent & fortirent. Trois ans après, quand la Charge de Colonel General eut été supprimée, le Comte de Guiche prit le titre de Colonel. Sa Mcrtre de Camp devint la Colonelle & la première du Regiment ,& tout le relie & fit dansce Corps fuivant l’Or donnance du Roy. En 1671 le Maréchal de Grammont aïant fait agréer au Roy sa démifîîon & celle du Comte de Guiche fon fils, le Duc Inflallation de la Feüillade leur fucceda. Il fut infiallé d'une maniéré nou du Duc de la velle & bien honorable pour lui. Le Roy voulut en faire Feüillade. lui-même la ceremonie. Il n’y avoir alors que dix Compagnies des Gardes à Paris;, elles eurent ordre de & rendre à S. Germain où la Cour étoit. On en fit deux bataillons, qui furent portez entre les deux Châteaux, faifant tête l’un à l’autre. Le Roy à cheval s’étant mis entre deux, commanda aux Officiers de s’appro cher. Il prit une pique & un hauflecol des mains de M. de Pradel, Lieutenant-Colonel du Regiment, & les aïant donnez au Duc de la Feüillade, il dit que la Charge de Co lonel de &s Gardes étant vacante par les démiifions du Ma réchal de Grammont & du Comte Guiche, il l’avoit don née au Duc de la Feüillade, & leur ordonnoit de le reconnoître & de lui obéir en tout ce qu’il leur commanderoit pour fon service ^ & puis il & retira. Serment f a i t ensuite le Duc de la Feüillade prêta le ferment,non pas fa r le Duc de entre les mains du Commiflaire à la conduite, comme il la Feüillade entre les mains s’étoit pratiqué jufqu’à ce tems-là, en l’abfence du Colonel d'un M aré General ; mais entre les mains du Maréchal du Plefiis, le plus chal de Fran ancien des Maréchaux, & comme reprefentant le Connétable. ce. Le ferment aïant été prêté de la forte, M. de la Feüil lade alla fur le forté du vieux Château, ordonna que toutes les Compagnies défîiafTent devant lui ; & fut falué de la pique
par tous les Officiers des dix Compagnies. Il retint fix Compagnies dont il forma un bataillon, à la tête duquel il alia monter la Garde , & & mit en parade dans la cour des cuifines, après avoir défilé sous les fenêtres du Roy , lequel il falua de la pique. D ans la marche il avoir fix pas devant M- de Pradel Lieute nant-Colonel,& M. de Pradel deux pasavant les Capitaines. Le lendemain la Garde fut defcenduë dans le même ordre. Pendant cette Garde le Duc de la Feüillade eut toujours le haoffecol, & prit la pique quand le Roy ou la Reine en trèrent & forcirent. Dans ce même tems le Roy lui donna pouvoir de porter D iftinctïon toujours un bâton femblable à celui des Capitaines des Gar accordés par le au Duc de des du Corps du R oy, au lieu que jufques-là les Mestres de Roy la Feüillade. Camp ou Colonels du Regiment, ne Pavoient porté qu’en certains jours de ceremonies, comme Pavoit porté le Comte d e Guiche à rentrée de la Reine en 1660, ou quand le Roy alloit au Parlement. Le Duc de la Feüillade étant mort en 1691, le Roy don In stallation na la Charge de Colonel du Regiment des Gardes au Mar du Macquis de Boufflers. quis de Boufilers, qui fut depuis Maréchal de France & Duc & Pair. Il fut reçu le quatrième de Février de 1692. Tout le Regiment & rendit à Verfailles, derrière la bute de Montboron, où le Roy Pinftalla à peu près de la même maniéré qu’il avoit inftallé fon prédecefieur. Au lieu de la pique qui avoir été jüfques alors comme la marque de l’inveftiture de cette Charge, il lui donna l’efponton ; il prêta le ferment entre les mains du Maréchal d'Humieres, & ensuite monta la Garde chez le Roy. Le lendemain qu’il eut monté la Garde, le Roy jugeant sa prefence pour fon service plus necellaire en Flandre qu’auprès de sa Perfonne, le fit partir le même jour , après lui avoir permis comme à fon prédeceffeur de porter toujours le bâton. Le jour de sa réception il obtint une grâce du Roy en Privilege ob tenu par A£. faveur des Officiers du Regiment. Ce fut une Ordonnance de Boufflées par laquelle tous les Lieutenans du Regiment des Gardes pour les Offi tiers du commandement à tous les Capitaines d'infanterie , & les ment.
Enlêignes du même Regiment commanderoient à tous Lieu tenans. L ’an 1704 il obtint encore du R oy une nouvelle grâce pour quelques Officiers du Regim ent. Il reprefenta à Sa M ajefté qu’elle avoit donné la Commiiîion de Colonel à plufieurs Officiers de fes troupes, tant dans les Gardes du Corps que dans la Cavalerie & l’Infanterie, qui n’avoient pas tant de Autre grace service que les anciens Lieutenans des Gardes. Sur cette re obtenue en sa montrance, le Roy accorda aux fleurs de S. P a u l, de CliiTon veur de quel & Seraucourt, trois des plus anciens Lieutenans du Régi ques Officiers fu r le Colonel m ent, la Commiffion de Colonel. Ainfi le Regim ent lui est redevable de plulieurs grâces confiderables qu’il lui a procurées dans le tems qu’il le commandoit- Je dois placer ici une diftinciion très-finguliere que le Roy accorda quel ques années après à ce Seigneur, & qui a rapport à la Charge de Colonel du Regiment des Gardes. Ce fut le droit pour lui & pour fes defcendans mâles, d 'orner à perpétuité l’éculfon de leurs armes des Drapeaux, dont le Colonel du Regim ent des Gardes orne fon écuITon, & pareillement des Etendarts du Colonel G eneral des D ra g o n s, aïant auffi poffedé cette Charge. Le M aréchal de Bouffiers fut honoré l ’an 1704 de la Charge de Capitaine d'une Compagnie des Gardes du Corps vacante par la m ort du M aréchal de Duras ; & il quitta alors celle de Colonel du Regim ent des Gardes. Le Duc de G uiche, petit-fils du M aréchal de G ram m ont, lui fucceda en cette Charge le 13 Octobre de l ’an 1704. Après avoir été inftallé par le Roy à Verfailles, il fit le fer ment entre les mains du M aréchal de Noailles. Il est: le cinquième de ceux qui ont porté le titre de Colonel du Regiment des Gardes, & le troifiéme de la Maison qui en ait été honoré : auffi le Roy en l’inftallant à la tête du Regiment &: lui mettant l’efponton à la main, dit aux Officiers qu’ils obéïroient avec plaifir fans doute au Duc de G ui che pour l’execution de les ordres, puifque ce Corps étoit accoutumé depuis long-tems à obéir aux perfonnes de ce nom. Le D uc de Louvigni, fils du précèdent, fut reçu Çolonel du Regiment au mois de Janvier 1717. Le Roy
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fit la ceremonie de Ton appartem ent du Louvre. Après avoir fait l’Histoire de l ’institution du Regiment des Gardes Françoifes & celle des Mcftres de Camp &. des Co lonels, je dois parler des autres Officiers Militaires de ce Corps. Il y a eu de tout tems dans le Regiment des G ardes Fran çoifes des Capitaines, des Lieutenans, des Enieignes} des Sergens, des Caporaux , des Anfpeflàdes, comme dans les autres Regimens. Il y a eu auffi des Sergens-Majors, & puis des Aydes-Majors & des Sous-Aydes-Majors, des CommiF faires à la conduite, des M aréchaux des logis5 on y a mis des Sous-Lieutenans dans la luite des tems. Comme la Charge de Lieutenant-Colonel des G ardes fut toujours très-confiderable, & qu’elle l est encore aujourd’hui, je vais faire la Liste de ceux qui l’ont poffedée, dont J'ai eu connoiftanee ; après quoi je pafterai à l’Etat Major de ce Regim ent. Liste des Lieutenans-Colonels du Regiment des Gardes. Meilleurs, D u M aftez, en l’a n . . . . D e L av a l, en l’an . . . d ' A rquier, en l’an . . . . . sous H enri IV. Sainte Colombe eut cette Charge en 1610, & la pollèdâ long- tems. D e Vennes. D e Fourille, en 1655. D e P ra d e l, en 1667. Bardi M agalotd , en 1675. R u b en tel, en 1681. d ' A v e jan ,e n 1697. D e C aram an , en 1705. D e Saillant d'Efteing , en 1710. Liste des M ajors du Regiment des Gardes. L e p re m ie r que J'aye r e n c o n tr é e n p a rc o u ra n t d 'anciens
A ydes-M a jors.
Sous-Aydesr Majors.
G a rç ons-
Majors.
mémoires, s’appelloit Blajan. Il l’étoic en 1581, c’étoit un des premiers fans douce ; car le Regim ent n’avoit été créé que dix-huit ans auparavant. D ans le compte de l’Extraordinaire des Guerres de l’an 1606 , il paroît que l’on mit un fécond Major : ce fut le Sieur d e la H iliere, qui exerça cette Charge conjointement avec Blajan. A h Hiliere facceda l’O ftelnaut, en 1623. A l ’Ofielnaut fon neveu de même n o m , l’an . . . La Jalaife eut cette Charge en id jr. Le Chevalier de M aupeou, en 1659. Caftelan , en 1661. Il fut commandé avec le titre de Bri gadier en 1669 pour aller en Candie avec 400 hommes des G ardes, & il y fut tué à une grande fortie que fit M. de Navailles. Saint Sandoux lui fucceda en 1670. Il fut tué auxpaïs-bas. Cefan en 1675. A rtag n an , en 1678 , aujourd’hui Maréchal France sous le nom de Montefquiou. T raverfonne, en 1698. Bernieres, en 1703, tué à la bataille de Ramilli. C ontade, en 1706. Il l’efi: encore aujourd’hui. La Charge deMajor General de l’Infanterie,qui est une des plus confiderables des arm ées, de laquelle J'ai parlé cy-deflus, est attachée à celle de Major du Regim ent des Gardes. La Charge de Major de ce Regiment étant d 'un grand d é ta il, il eut d'abord un Ayde-M ajor, dont il efi: parlé au fiege de la Fere en 1696, sous le Regne de H enri IV , lorfque ce Prince la reprit fur les Efpagnols qui s’en étoient faifis durant la Ligue, On en ajouta un fécond en 1615 ; & cette création & fit durant le voyage de Loüis X I I I , pour fon Mariage avec l’Infante d 'Efpagne Anne d'Autriche: on les a doublez depuis. On fit mêm e des Sous-Aydes-Majors, dont quelques-uns avant que de porter ce titre, eurent celui de Garçons-Majors. On les a auffi multipliez en divers tems. Je vais maintenant dire quelque chofe des Capitaines, des Lieutenans & des autres Officiers fubalternes félon 1« rang qu’ils ont entre eux. JLe
Les Capitaines font les premiers Officiers après le Colo nel , & quicommandent sous lui chacun leur Compagnie. Celui qui commande la Colonelle sous le Colonel a le titre de Capitaine-Lieutenant, qui lui fut donné en 1672 dans une nouvelle Commiffion,laquelle lui fut expediée avec de la cire. Le Capitaine de la seconde Compagnie porte le titre de Lieutenant- C olonel, & en cette qualité il a la païe de Lieu tenant & de Capitaine : mais le Lieutenant-Colonel a un privilège confiderable , c’eff qu’en vertu de sa Commiffion il commande le Regiment en l’abfence du Colonel , quand même là propre Compagnie n’y feroit pas , au lieu qu'au trefois & dans le tems du Colonel General,le Lieutenant-Co lonel ne commandoit le Regiment qu’aux endroits où la Colonelle étoit. Les autres Capitaines n’ont rang entre eux non plus que E tat de la de leurs Compagnies, que par l’ancienneté de leur réception. France 1 6 9 2 , t. 1. Par une Ordonnance donnée à Mons en 1691 le Roy attri Capitaines bua le titre de Colonel aux Capitaines aux Gardes. Par tout aux Gardes font fu r le pied o ù il fè trouve quelques Compagnies du Regiment : le plus de Colonels. ancien C apitaine,m êm e fans être Brigadier , fert comme A utre priCa Colonel du Regiment des Gardes 3 & lorfque le Regiment vilegedes pitaines au x monte la garde de la tranchée dans les fieges, les Capitaines Gardes. aux Gardes ne peuvent être commandez que par un Briga dier qui fo i e du Corps du R egim ent, & par nul autre. £n 1694 il y eut un différend à l’armée pour le commandement de la Brigade en l’abfence du Brigadier, ce fut entre le Lieu tenant-Colonel des Gardes Suilîes Brigadier & le premier Capitaine du Regiment des Gardes Françoifes non Briga dier. Le Lieutenant Colonel des Gardes Suifïès prétendit com m ander la Brigade comme Brigadier , au préjudice du CapitainedesGardesFrançoifes. L ’affaire fut portée au R o y , qui décida que ni le Lieutenant-Colonel des Gardes Suifles, ni aucun Brigadier ou autre de la nation ne commanderoic -jamais la Brigade , & qu’elle devoit toujours être commatudée par le plus ancien Capitaine des Gardes Françoifes. P ar l’Ordonnance de 1664,les Capitaines aux Gardes obé'ifi foient aux Colonels des autres Regimens : mais en 1693 le
Roy leur donna le rang de Colonel avant tous les Colonels créez depuis le fîege d e Mons: & l’ancienneté des Capitaines aux G ardes pour être Brigadier d’Armée, courut pour ceux qui étoient Capitaines aux Gardes avant le fïege de Mons. Je ne dois pas oublier une autre diftinction des Capitaines aux Gardes dans les Garnifons où ils peuvent & trouver : c’est qu’ils ne font point obligez d 'y monter la garde comme les autres Capitanes d'infanterie. Ce Reglement fut fait l’an 1681. Le Roy au mois d'Avril avoit envoie vingt Compa gnies des Gardes au Pais Bas en diverlês villes. Monfîeur le Duc de la Feüillade alors Colonel du R egim ent, reprefenta au Roy que la fonction eiïêntielle des Capitaines aux G ar des étoit de garder fa Perfonne Royale,& qu’il ne convenoic pas de les confondre dans le relie du service avec les autresCaZes Capitai pitaines d 'infanterie. Sur quoy Sa Majeflé fît une O rdonnance nes aux Gar des exemts de qu’elle envoïaaux Gouverneurs & aux Commandans des pla monter la ces , par laquelle il exemtoit à l’avenir les Capiraines du Régi garde dans les Garnifons. ment de m onter la garde dans les Garnifons,& vouloir feule ment qu’il y en eut un tous les jours fur la place pour voir mon ter la G arde fans pique & fans haufTecol, & que ce Capitaine à fon jour allât la nuit vifiter les polies du R egim ent. Préseunce Les Capiraines aux Gardes Françoifes en m ontant la G ar des Capitaines de au L ouvre, ont toujours la droite furies Capitaines des des Ga rd e s Tranpoifes fu r Gardes Suides, iis portent le haudecol doré auffi-bien que les Capitaines les autres Officiers du Regim ent qui ont le droit de hauflèdes Gardes Suisses , & la col ; & les Officiers du Regiment Suidé le portent argenté. diflinclion du Le Lieutenant est le fécond Officier de la Compagnie ; il y haujfeed. en a deux dans chacune des deux Compagnies de G rena diers,& un dans toutes les autres. Ce fut l’an 1701 que le Roy doubla les Lieutenans dans ces deux Compagnies. En 166z lorfque les Aydes-Majors des Gardes eurent par Reglement pour le com Ordonnance du Roy le rang de Lieutenant avec pouvoir de mandement commander félon leur ancienneté , il fut auffi réglé qu’en l’abdes Lieute nans, fence des Capitaines dans les quartiers ou a ille u r s , les Lieu tenans , Sous-Lieutenans & Enfeignes & commanderoient les uns les autres à proportion de leurs Charges félon leur an cienneté de réception, au lieu qu’autrefois ils n’avoient Je commandement que félon l’ancienneté des Compagnies d o n c ils étoient,
E ta t de la F ra n c e de 1 6 9 8 , t. I . leg. A u tre privi-
Après les Lieutenans fuivent les Sous-Lieutenans. Cecte Sous-Lieux aux. Charge n ’est pas ancienne dans le Regim ent des Gardes non tenans Gardes. plus que dans les autres. Je n’en trouve point avant 1657 ; & ce fut en effet cette année-là que cette C harge fut créée. En 1701 le Roy doubla les Sous-Lieutenans dans les deux Compagnies de G renadiers, jugeant à propos que ces deux Compagnies eufTent plus d 'Officiers que les autres. L ’Enfeigne avant l’institution des Sous-Lieutenans étoit la L 'E n fe ig n ti troillém e Charge du R egim ent, & elle n’est m aintenant que la quatrième. Il y a auffi deux Enfeignes dans chacune des deux Com Deux dans pagnies de Grenadiers. L ’Enfeigne y fut doublé en même- chaque Com rems que le Lieutenant & le Sous-Lieutenant. pagnie de Je trouve dans l’état Major du Regiment des Gardes de Grenadiers. Maréchaux, 1600 , un M aréchal des logis ; & je crois cette Charge auffi des logis. ancienne que le Regim ent. Q uant aux Sergens , le nombre a varié : il y en a aujour d 'hui fix dans chaque Com pagnie, c’est: depuis 1705. Il n’y en avoit que quatre auparavant, excepté dans la Colonelle qui en avoit fîx il y avoit quelques années. En 1690 le R oy créa une Charge de premier S ergent, ou Premier Ser Sergent d 'o rd re, avec la paie de 360 livres par an outre une g ent. gratification de 400 livres que le Roy lui faifoit , & chaque Capitaine de bonne volonté lui donnoit une piflole par an à caufe des peines qu’il & donnoit pour le Regim ent. Il n’avoit point d 'autres fondions que celles que lui donnoient le Ma jor & les Aydes-Majors. Il efb Sergent par Brevet. En 1687 Moniteur de la Feüillade aïant reprefentéau Roy Sergens Invaltdes. que les vieux Sergens du Regim ent n’entrant dans les Inva lides que comme soldats, ils aimoient mieux mourir de faim que d 'y entrer de la forte ; Sa Majeflé ne voulant pas chan ger l’ordre de l’établifTement des Invalides, & voulant auffi avoir égard aux bons & longs fervices des Sergens qui n’étoient plus par leur grand âge en état de fervir , accorda fur sa cadette à fix vieux Sergens chacun deux cents livres par a n , & leur logement dans le quartier ; & à mefure qu’il en m e u rt, Monfieur le Colonel en nomme un autre. Ceux des Sergens aux Gardes qui ont voulu depuis entrer aux Inva-
lides, ont eu une diftinction que les Sergens des autres Corps n ’ont p a s , c’est qu’ils ne mangent point avec les soldats, mais à une table feparée. Et le Roy en 1718 leur a accordé d 'entrer aux Invalides fur le même pied que les JLieutenans d'in fan terie. O n peut encore compter parmi les Officiers du Régi L e s Gentils ment des G ardes, ce qu’on appella les quatre Gentils-hom hom m es d u mes du drapeau, parce qu’ils m archoient autour du drapeau drapeau. de la Colonelle, dans laquelle ils furent mis armez de pertuiiannes : mais ces Charges ou Commifïïons ne durèrent pas long-tems, Moniteur le D uc de la Feüillade en aïant reprefenté l ’inutilité au Roy. Le Regim ent des Gardes à sa première création sous C har les IX , fut de dix Com pagnies, comme le dit Brantôme dans Montluc fon difcours des Colonels, & Montluc dans fes Com m entai fol. 41 9 . v ° . res. Ces dix Compagnies ne faifoient que 500 hommes, com me il est expreffément m arqué dans le 3 vol. desiept de l’ex traordinaire des guerres de 1563, où neuf de ces Capitaines font m arquez; fçavoir Charri, S trozzi, G ohas, Serriou,Yrom.: b e ri, N o a illa n , la M ote, Coffeins, Cabanes. Ce même nom bre de cinq cents hommes est marqué dans le premier vol. de l ’extraordinaire des guerres de 1 5 6 4 ^ quatre v in g t s trois hom mes de guerre h pied François,faijant partie de cinq cents hommes de guerre ordonnez, pour la fu ite & garde duRoyfous la charge & conduite du Sieur S tro zzi leur Capitaine. Ainfi le Regiment
* M emoires d u Duc d 'A ngoulêm e, p. 135.
des Gardes ne fut qu’un détachement du Regim ent de C har ri , qui félon Montluc & Brantôme étoit de trois mille hom mes. Le Regim ent des Gardes aïant été cafté par Charles IX , H enri III le ré ta b lit, comme J'ai déjà dit.Il fut dans fon rétabliftement de douze Compagnies & il étoit encore fur ce pied à la m ort de ce Prince. * Au plus tard après la paix de Yervins il fut fixé à vingt Com pagnies, comme on le voit par le Rôle de 1600 ; mais il ne demeura pas long-tems fur ce pied-là. Deflors H enri IV avoit envie de & délivrer de la dépenfe d'une partie de ce Regim ent. Ainft Buffet &Sabrin deux Capitaines aux G ar des étant morts,le premier à la fin de l’an 1600 , & le fécond en 1601,leurs Compagnies furent licentiées, c t i e Regim ent
réduit à dix EuitCompagnies. O n le voit même par le compte de l’extraordinaire des guerres de 1604 , réduit à dix-fept. Il paroît que cela fut m énagé de la forte dans la vite qu’on avoir de ram ener peu à peu le Regim ent au nombre de douze Com pagnies, comme il sivoit été dans fon rétablilfement par H enri I I I , & cela à mefure que les Compagnies vaqueroient pour ne m écontenter perfonne. Depuis l’an 1604, le Regiment demeura à dix-fept Com pagnies jufqu’à l’an 1606 , que Henri IV créa la Compagnie de Maufan ordonnée pour la garde de Monfeigneur le D au phin. Ain fi il y eut 18 Compagnies jufqu a i6 i2 .,q u e le R oy Loüis X III remit le Regiment à vingt par la création de tionAugmenta du nom bre des Com deux Compagnies. Le nombre des Compagnies ne diminua ni n’augmenta pagnies. jufqu’à l’an 1635 , que Ie même Prince y ajouta dix Com pa gnies. C ’est ce qui & voit par les é ta ts , & c e que Dupleix Dupleix de L oüis Hiftorien contemporain témoigné en ces termes : » Le R o y , Hist. X III , t. 2 . » d it-il, confiderant que le Regiment de fes Gardes compo- p. 4 6 , sous » fé pour la plupart de jeune nobleftè & de vieux soldats, est l’an 163 5 . H ist. de » le Corps le mieux difcipliné & le plus fort de fon Infan- Loüis X I I I , » terie , en f o r c e qu’il peut être comparé aux Bandes Preto- t. 2 , p. 4 6 . « riennes des anciens Empereurs R om ains, & aux Janiftaires » du T urc , l’augmenta de dix Compagnies cette année : fi » bien qu’avec les vingt anciennes il est à-prefent de trente. Il demeura depuis ce tems-là fixé à ce nombre de Compa gnies, jufques à ce que l’an 1689 ; Loüis le G rand y ajouta deux Compagnies de Grenadiers; &. c’est l’état où il est au jourd’hui. Il y a eu des changemens non feulement pour le nombre Nombre dos dans des Com pagnies, mais encore pour le nombre des soldats soldats les Compesqui les compofoient. Je ne remarquerai que les principaux de gnits. ces changemens. En i 6qo sous H enri IV , félon les é ta ts, chaque Compagnie étoit de quatre vingts hommes ; & il pa roît que ce nom bre étoit regardé comme l’état nacurel des Compagnies, parce que certaines raifons aïant obligé diverfes fois à y faire des augm entations, on les réduifoit ensuite par les réformes au nom bre de quatre vingts. Au moins cela& fit-il deux fois de fuite sous H enri IV .
Memoires de Puyfegur p. 114
P ertuifanniers du Re giment des Gardes.
Cadets aux Gardes.
Ce Prince à la fin de l’année 1600 & préparant à faire la guerre au D uc de Savoye, au fujet du M arquifàt de Saluces, les Compagnies du Regiment des Gardes furent mifes cha cune à trois cents hommes : mais l’accommodement aïant été fait avec le D u c , elles furent induites à quatre vingts. En 16 o 6 le même Roy aïant arm é pour les affaires de & dan , & pour réduire le D uc de Boüillon , les Compagnies furent mifes à n o hommes -, & après la foûmiffion du Duc de jBoiiillon , elles furent encore remifes à quatre vingts: elles continuèrent fur ce pied jufqu’en 1610. Il s’y fit cette année-là une augmention de quarante hom mes par Compagnie , & elles furent de 120 ; ce fut au fujet de l’armement que faifoit H enri IV ,lorfquela France perdit ce grand Prince. Je crois que ce nom bre fut confervé jufqu’à l’année 1615, qui fut celle du mariage du Roy Loixis X III. Les Compa gnies furent mifes alors à 200 hommes. O n les augm enta l’an 1629 jufqu’à 300 pour la guerre de Piém ont,où elles fuivirent le R oy qui força en perlonne le pas de Suze. Après cette expédition & le retour du Roy on les réduifit à 200 , on les retrouve à 300 en 1632. Il y eut encore du change ment & une réform e : & puis on les remit à 300 l’an 1635 , comme le rem arque l’Hiftorien Dupleix à l’endroit que J'ai déjà cité. Ce fut à l’occafion de la guerre que l’on envoïa de clarer au Cardinal Infant à Bruxelles, fur le refus qu’il fît de m ettre en liberté l’Electeur de T reves, qui avoit été furpris par les Ëfpagnols dans sa Capitale. Par cette augm enta tion le Regim ent & trouvoit de neuf mille hommes. En 1659 au voïage du Roy Loüis X IV pour fon m ariage, on mit fur pied huit Pertuifanniers., aufquels on donna des jufte-au- corps de la livrée du R o y , & qui faifoient deux rangs à la tête de chaque Compagnie. Depuis ils furent réduits à quatre, & enfin entièrement abolis. Aujourd’hui chaque Com pagnie est de 126 soldats, excepté les Compagnies de G rena diers qui fonr à iro. O utre les soldats qui font le gros du Regiment des G ar des , il y a eu long-tems des Cadets : on appelloit Cadets de jeunes gens qui le mettoient volontaires dans les troupes fans
recevoir de p a ie , ni êcre rnis fur les R ô les, & à qui on ne pou voir refuler le congé. Ils lervoient feulement pour apprendre le métier de la guerre , & & rendre capables d'y avoir de l ’emploi. Il y eut des Cadets aux Gardes dés le rems de l ’institution du R giment sous Charles IX : c’est ce que nous apprend Brantôme en faifant l’éloge du Regiment des Gardes. » Il « n ’y avoit g reres , d it-il, de foldat qui ne m éritât d 'être » Capitaine , j t e j q u a u x j e u n e s C a d e t s , qui eufient combattu jufqu'au dernier foûpir, comme les dix mille Grecs que » fouhaita un jour Marc-Antoine. Il y en eut aufii un grand nombre sous H enri I I I , sous H enri IV . sous Loliis X III & au commencement duRegne du feu Roy: mais ce même Prince par fon Ordonnance de 1670, ordonna que déformais on ne recevroit que deux Cadets au plus dans chaque Compagnie d 'infanterie, & encore à con dition qu’ils n ’auroient pas plus de dix-huit ans.Dans la fuite leRoy declara qu’ils ne feroient plus comptez dans les revues. Il y a iong-tems qu’il n’y en a plus dans les Regimens Fran çois. Depuis on m it des Cadets aux Gardes du C o rp s, & il y en a eu pendant quelques années. d ' autres établilTemens que le Roy fit durant fon Regne , tels que la seconde Com pagnie des Moufquetaires , celles des jeunes Gentils-hom mes qu’011 élevoit dans plufieurs places des frontières, celles des Gardes marines , furent de nouvelles écoles Militaires p our la jeune noblefiè , comme le Regiment des Gardes l’étoit autrefois : depuis la Regence on a remis des Cadets dans ce R egim ent.
A u discours des Colonels,
P r i v i l eg e s d u R e g i m e n t d e s G a r d e s F r a n ç o is e s .
O m m e le Regiment des Gardes Françoifes en qualité de G ardes de laPerfonne du P rin c e ,est le plus confiderable Regim ent du Royaume , il a le'rang devant tous les autres : je regarde comme fauiTe une tradition dont on m’a parlé , fçavoir que le Regim ent de Picardie lui difputa d'a bord la préseance, & qu’en cetems-Ià le Roy , c’elt à-dire, ou Charles IX ou H enri I I I , pour terminer la querelle , avoit câdé pour un jour le Regim ent de Picardie , afin delui
C
Préseance du Regiment dpi Gardes,
ôter l’ancienneté , & la donner au Regim ent d e s Gardes. C et expedient auroitécé fore inutile: carilauroit auffi fallu carter pour la même raifon Champagne , N avarre & P ié m ont , qui certainement font plus anciens que le R egim ent des G a rd e s, comme je le prouverai dans la fuite. D e plus fi par cette prétendue cartàtion Picardie avoit perdu fon a n cienneté , les trois Regimens que je viens de no m m er, auroient fuivant ce principe pris le rang avant Picardie, ce qui ne s’est pas fait. Cette tradition me paroît donc auffi chimé rique qu’une autre toute femblable dont J'ai veu quelques gens de guerre prévenus , au fujet de la préseance des Gardes du Corps, à l’égard des Gendarmes de la G arde dont J'ai parlé ci-deiîus. Le Regim ent des Gardes eut donc la pré, feance par-deflùs tous les Regimens en qualité de Regim ent deftiné à la garde du Souverain. Il a non feulement la garde du Prince, mais encore il est de la Maison du Roy ; & je vois qu’on lui attribue cet honneur dans tous les Etats de la France qui ont été publiez , où l’on diftingue les troupes de la Maison du Roy en Cava lerie & en Infanterie; & ce font le Regiment des Gardes Françoifes, la Compagnie des Cent Suilies, & le Regim ent des Gardes SuiiTes qui compofent cette Infanterie. Lorlque ce Re, giment est à l’armée,il choifit fon porte,& c’est ordinairem ent au centre de l’Infanterie à la première ligne. Le centre étoit autrefois le porte d'honneur dans les armées Romajnes ; & les Légions y étoient toujours dans la première , la seconde & la rroirtéme lignes, dont les troupes auxiliaires faifoient les flancs. Les Gardes Françoifes choifirtent auffi les logemens dans les G arnifons, & dans les fieges ils le prennent à la tête des fapes. Le Regim ent a fes quartiers dans la Capitale du Royau me , & les Compagnies en font partagées dans les divers Fauxbourgs. Quand on monte la Garde aux avenues du L o u v re , les Gardes Françoifes ont toujours la droite fur les G ardes Suiffes , & la fentinelle Françoife fur la fentinelle Suirte : & quand le Roy fort ou rentre , les soldats des deux Regimens se rangeant en haye , les François font toujours à la droite du
du Château en fortant, & les Suisses à la gauche, A l’armée quand il est queftion de quelque détachement du Regiment des G ardes, ce détachem ent & fait des feu les troupes des Gardes Françoiles & des Gardes Suilfes ; on ne mêle point avec eux de Soldats détachez des autres Regimens ; & ils ont la tête de to u t, ce qui ne s’obferve qu’à l’égard de ces deux Regimens dans l’Infanterie. Le R oy en 1669 conferva par fon C ode, le droit de C o m m i t t i m u s aux C apitaines, Lieutenans, Sous-Lieutenans, Enfeignes & autres Officier s de l’Etat-M ajor du Regim ent des Gardes. Cette affaire fut follicitée avec foin, & n ’étoit pas làns difficulté par la rigueur avec laquelle on travailloit alors à la réform ation de la Juftice. O n produifit des Lettres Patentes du R oy H enri IV fur ce fujet, en date du mois d'Aout 1605, enregiftrées au Parlement en Juillet 1606. Le Parlement ne vérifia alors les Lettres, qu’en faveur des Capitaines, Lieutenans, Enfeignes &. Sergent M ajor, & non d 'autres : mais fur une juffionexpreffe, donnée en Juin 1607, d 'étendre la vérification jufques aux Sergens & Maréchaux des logis inclufivement, & après divers délais, le tout fut pleinement exécuté en Mars 16 0 9. Aujourd’hui le Commiffaire & le M aréchal des logis ont droit de Com m ittim us, mais les Sergens ne l’ont pas. Un Sergent aux Gardes n’est relevé de fon polie que par un Officier, lorfque c’est un détachement d 'un autre Régi ment qui releve. O utre ce que J'ai déjà dit de quelques au tres diftinétions des Sergens aux Gardes Françoifes, il y en a encore deux qui font venues depuis peu à maconnoiftance, & qui ne doivent pas être omifes. La prem ière, que fi un Sergent commet quelque faute, les autres Sergens du Corps tiennent entr’eux Confeil de guer re où préfide le plus ancien, fans que les Hauts Officiers y foient admis. Ce fut Loüis X IV , qui pour donner du relief à cet Em ploi, leur accorda cette prérogative. Neanmoins ce Confeil ne le tient point fans ordre du Roy & du Colonel. Le seconde e st, que depuis le Regne du Roy Loüis X V , il s’est établi une efpece de Chambre de Juftice, compofée de douze Sergens reconnus pour gens de m erite, de valeur
Droit de Committimus four les Ojficiers.
Les Gardes Tranpoifes en trent les pre miers dans une place pri-
se. D ifferend fur ce fujet entre M. de Gaffion & M . de la Meilleraye
de p ro b ité , dont l’emploi est d'examiner la vie & mœurs des üijers que l’on propofe pour les hallebardes ; & cela & fait ainfi. L orfqu’il y a une place de Sergent vacante dans une C om pagnie, le Capitaine propofe un ou deux C aporaux, Anfpeftàdes,ou Soldats au Colonel, qui commence par agréer celui qu’il veut .-mais avant qu’il foit reçu, il l’envoye au Confeil des D ouze, pour être exam iné, & pour fçavoir s’il 11’a point de mauvais com m erce, s’il a la valeur, l’experience & l’intelligence neceiïaire, & fur leur rapport il est reçu ourefufé. Cet établillèm ent, à la vérité, n ’est pas de l’ordre du Roy : ce font Meilleurs le Colonel & le M ajor qui l ’ont fait, pour que ce Corps fut compofé de gens de merite & de diftindion. J 'ajoute encore que pour ne point avilir l’emploi de Ser gent, il est défendu à tous de travailler de quelque vaca tion qu’ils puillent ê tre , quoique cela foit permis aux Sol dats des Gardes. Il faut que le Sergent vive de sa paye. Lorfqu’on prend une place, & que les Gardes Françoifes font au fiege, ce font elles qui entrent toujours les premières dans la place : cet ufage est très-ancien. Le Sieur de Puyfegur raconte dans fes mémoires un différend qu’il y eut fur ce fujet au fîege de Gravelines en 1644, entre Meilleurs de Galîîon & de la Meilleraye. « Q u a n d les ennemis, d it-il, « eurent rendu la place, & qu’il fut queftion d 'y faire entrer « des troupes ( c’est toujours au premier Regim ent de la r» mée à y entrer ) on y fit entrer les Gardes. M. de la » Meilleraye y e n tra , & M. de Lam bert avec lui. Com m e « les Gardes vinrent à & mettre fur la breche du côté » de l’attaque de M- de Gaffion, lui qui étoit dans la tran» chée avec le Regiment de N av arre, voulut faire entrer » ledit Regim ent. M. de la Meilleraye & mit en devoir de » l’en em pêcher, & M. de Gaffion s’obftina dans la refo» lution qu’il avoit prife d 'y vouloir entrer. Ils m irent tous » deux la main à l’épée, M. de Gaffion appellant N avarre » à m o i, & M. de la Meilleraye de fon côté appelloit les » Gardes à lui : les uns m ontoient par la breche pour vou» loir en trer, les autres venoient au haut de la breche pour » en défendre l ’entrée, tous les deux partis aïant la meclie
« compallèe furie lèrpentin. M . de Lam bert arriva, qui pria » ces Meilleurs de ne & pas e m p o rte r, & qu’on envoyeroit ,; à M. le D uc d 'O rléans, fçavoir comme il defiroit que la » chofe fut. Ils n’y voulurent entendre ni l ’un ni l’autre. M» de Lam bert dit au Regim ent des G ardes & à celui de » N avarre : Meilleurs,vous êtes des troupes qui êtes au Roy,il » ne faut pas que la mauvaife intelligence de deux Generaux » vous faffe couper la gorge ; c’est pourquoi je vous com» m ande de la part du R o y , &. de celle de M. le D uc d 'O r» leans, que vous aïez à retirer vos armes & que vous n ’o» bêiiîîez plus ni à M. de la M eilleraye, ni à M. de Gaffion. » Je m ’en vais en donner avis à M. le Duc d 'O rléans, afin » qu’il ordonne ce qui lui plaira. En attendant il dit à M. » de la M eilleraye, M. je vous prie de vous retirer, & en » dit autant à M. de Gaffion, lefquels furent contraints de » le faire. O n loüa fort M. Lam bert de cette aétion, 6t on » blâma M. de Gaffion, d'avoir voulu entrer, puifqu’il n’y » a que le premier Regiment qui doit entrer dans une place » conquife, quand il eff allez fort pour la garder. Le même Auteur remarque que du tems de Loüis X III les Gardes ne prenoient l’ordre que du feul General d’Arm ée ou du R o y , quand il commandoit en perfonne, & jamais des Lieutenans G eneraux, quoiqu’ils fulTent M aré chaux de France. L ’Uniforme pour les habits dans le Regiment des Gardes n ’étoit point encore établi en 16 61, car dans l’Etat de la France de cette année-là il est dit : » Après la Colonelle, il y a entre » autres Compagnies Françoifes la Compagnie de Maupeou, » dont les Soldats font habillez de gris & un panache m êlé » fur le chapeau. La Compagnie de R u b en tel, dont les » Soldats font habillez de gris & les chauffes bleues. La Com» pagnie de C altelan, donc les Soldats font revêtus d 'un » jufte-au corps ou cafaquin ro u g e. . . . La Compagnie de » Hautefeüille , dont les Soldats ont des chauffes rouges & » des bonnets de ratine fourrez. Peu de tems après Loüis le G rand mit l’Uniforme dans les Regimens. Celui des Gardes de Sa Maison fut de gris b lanc avec du galon d'argent faux fur toutes les tailles des
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gnes. Leurs Ensei-
jufte-au- corps , & les Officiers étoient habillez d 'écarlate bro dée d'argent. Aujourd’hui les Officiers & les Soldats font habillez de bleu, qui est la couleur Royale. Les Drapeaux du Regiment des Gardes font bleus femez de fleurs de lys d'or fans nom bre avec une croix blanche au m ilieu, chargée de quatre couronnes d'or, Le Drapeau Colonel est blanc, orné de quatre couronnes d 'o r , une à chaque bout des deux travers de la croix. Il y a dans chaque Compagnie quatre T am bours, & des Fifffes dans quelques-unes. Comme je prétens dans la fuite de cette H ifloire m arquer tous les Colonels & Mestres de C am p, qui ont été tuez au service, dont J'aurai connoiflance , auffi-bien que ceux qui font parvenus au bâton de M aréchal de F rance, & que les Capitaines aux Gardes ont depuis long-teins le titre de Colonel, en vertu de leurs C harges, je vais m ettre ici ceux de cet illuftre Corps que J'ai trouvé en lifant divers mémoires ou hiftoires, avoir eu la gloire de facrifier leur vie à leur patrie, ou que leur valeur a élevez à la dignité de M aréchal. La Liste n’en fera pas com plette, parce que je n’ai pû les fçavoir tous.
Capitaines du Regiment des Gardes tuez au service. Brantôme dans son'eloge de M. du Gua.
Cofleins, Mestre de C am p, tué à la Rochelle en 1573. Poncenat, tué au fiege de Broüage en 1377. Buflec , en . . . . Salbeuf, tué au fiege d 'Amiens en 1397. Colleville, au même lîege. Caftelnau, tué au fiege de Montpellier en i6 z i. Roftincleyres, frere du M aréchal de T o ira s, tué à la: défenfe de l’Ifle de Ré en 1629. M arfillac, tué au fiege de Privas en 1629. Comminges, tué au fiege de Pignerol en 1630. Canaples, Mestre de C am p , tué à Chamberri en i ^ r . M enneville, Lieutenant de la Mestre de C am p, tué à Caftelnaudari en 1631. M ata Bourdeille , tué au paflage de Bray en 1635. R am bure, Mestre de C am p, tué à la Capelle en r63 6. M a ta , tué en Italie à la défenfe de Quiers en 16-39-.
Vieuxbourg, tué en Italie au fecoursde Cafai en 1639. M a ta , tué au fiege de T urin en 1640. Pauliacs tué au fiege d 'Arras en 1640. D e R eau x , tué au fiege de T o rto n e en 1641. G ifcareau, tué au fiege d'Y vrée en 1 6 4 .1 . A nfreville, tué au fiege de Colioure en 1641. Des Eflars, tué au fiege de la M othe en L orraine en 1642.; d ' Efpanelles, tué au fiege de T rin en 1642. G u eb rian t, Capitaine, depuis M aréchal de F ra n ce , tué âu fiege de Rotueil en 1643. Porcheux, tué à la M othe au Bois en 1645. Pruneloy C hauvelin, tué à la M othe au Bois en 1 6 4 .6 , G rignan, tué au fécond fiege de M ardik en 1646. M o n tig n y , tué au fiege de Lens en 1647. L an g lad e, tué à la bataille de Lens en 1648. Saint V al, Bellebrune, M a ta re l, dans la même bataille. Porcheux, Bois David. Com ines, tué à bataille de Retel en 1650. C harm on, tué au fiege de Sainte Menhoult en 1653, R o u v rai, tué au fiege de Stenay en 1654. Lervilliers, au même fiege. Loignac, tué au fiege d 'Arras en 1654. Le Chevalier du M arais, tué par un parti des ennemis en Flandre 1655, V autourneux, tué au fiege de Condé en 1655. Le Chevalier de R aré , au même fiege. A cquigni, tué au fiege de Valenciennes en 165.6, R übentel, D u Bourdet, au même fiege. V iterm o n t, N oilL H e b e rt, tué au fiege de Gravelines en 1658. R oquem ont, tué au fiege de D unkerque en 1658, Lamezan, tué n’étan t plus C apitaine, mais volontaire d â m l a C om pagnie,,. 1667.
D ercy, firere de M. de Catinat, tué au fiege de Pille en 16 6 j . Fourille, tué au fiege de D ole en 1668. M ontreüil de Ranes, tué en Candie en 1669. C aftelan, Major des G ardes, au même fiege. Le Chevalier de Ranes, tué au fiege de M aftrik en 1673. Servon, tué à Senef en 1674. JEUfilli, D e Saint Sene, dans la m êm e bataille. Lufànci, Balincour, M arigni, tué à un Fort devant Salins en 1674. Le Chevalier de CalvilTon, tue à la bataille de C o n f a r b r i c en 1673. Chaboiffiere, à la même bataille. M. de Saint Sandoux, tué en . . . , L a Boifirere, tué à la bataille de M ont-Calïel en 1677. La V illedieu, tué M aréchal de Camp au fiege de Puicerda en 1678. M ontigni, tué au com bat de Paint Denis en H aynaut en 1678.
R ochebrune, m ort à Paris en 1679 des blelTures qu’il avoic reçues au fiege d 'Aire en 1677. M om on, tué en Irlande au fiege de Londondery en 1689, où le Roy Pavoit envoyé pour fervir le Roy d 'Angleterre Jacques I I j il çtoit M aréchal de Camp en Flandres, & le Roy d'Angleterre Pavoit fait Lieutenant General. Roinville, tué le 2 çd’Aoùt à l’attaque deV alcouren 1680. Chamillard, D e Lage, à la même bataille. Attignac, Beauregard, tue au combat de Stinkerque le 3 Août 1692, C hatenai, tué à lab ataille de N erv in d een 1693. G aujac, à la même bataille. La G arde , tué à la bataille de Ramilli en 1706. B ouzo 1s, M aigremont, tuez à la même bataille. d ' O reem ont. D e Bernieres, Major des G ardes, tué à la bataille de Ramilli en 1706..
C hardon, à la bataille de M alplaquet en 1709. M o re t, à la même bataille. Bonvifi , tué à . . . . . . en . . . . Le Chevalier de Saint H ilaire , tué au Quefnoyen 1712,.' Voicy ceux qui après avoir fervi dans le Regiment des G a rd as, font parvenus au bâton de M aréchal de France , outre les Mestres de Camp & les Colonels de ce Corps , defquels J'ai déjà fait mention. Le M aréchal de Guebriant. L e M aréchal de Fabert. L e M aréchal de Toiras. Le M aréchal de Catinat. Le M aréchal de Vauban. Le M aréchal de Montefquiou. Après avoir fait l’Histoire du Regiment des Gardes Frariçoifes, je vais faire celle de la Compagnie des Cent Suilfes & du Régi .rient des Gardes Suilfes : mais auparavant je ferai un précis de l’Histoire de la Milice des Suilîès en France, depuis qu’ils ont commencé à y fervir.
C H A P I T R E
V II.
Histoire des troupes Suisses qui fervent dans les armées de France. Omme les Suilfes depuis Iong-tems font une partie confiderable des armées Françoifes, jufques-là que dans la guerre qui finit par le traité de R ifw ik, il y en avoit trentedeux mille au service du Roy , je vais faire dans cet article fhiftoire de cette Milice , &. J'y renfermerai les principales chofes qui la concernent. Avant Je Regne de Charles V I I , il n’y eut nul commerce entre les François de les Suilfes, & à peine les deux nations & connoilfoient-elles l’une l’autre. La première connoilfance & fit l’épée à la main l’an 1444, pendant une trêve qui fut alors conclue entre la France & l’Angleterre pour un an. Charles V II qui avoit alors beaucoup de troupes fur pied, C
& peu d 'argent pour les foudoyer, étoit f o l l i c k é depuis quelque tems par Sigifmond D uc d 'Autriche de le fecourir contre les Suiflès, &; en même tems par René d'Anjou Roy de Sicile, & le Duc de L orraine, de l’aider à foûmettre la ville de M etz qui s’étoit foûlevée contre lui. Le R oy prit cette oc ca lion d 'entretenir fes troupes fans qu’il lui en coûtât beau coup ; il conduiflt lui-même la plus grande partie de fon armée au flege de M etz, & donna le refte au D auphin qui fut depuis Loüis X I pour m archer contre les Suifles. Expédition Le Dauphin prit entre Scrafbourg & Bâle plufieurs Fortedit Dauphin , qui depuis f u t relTes donc les Suifles s’étoient emparez , & ensuite il les le Roy Loüis délit en trois où quatre rencontres, où neanmoins il demeu X I , contre les ra d'accord de la valeur de cette n atio n , dont il n ’avoit d 'a Suisses. bord regardé les troupes que comme des païlans ramaflèz, Il fut cinq mois dans ces quartiers-là : on propolà un accom modement entre le Duc d'Autriche & les Suifles, & à cette occafion le D auphin eut une conférence avec les députez de plufieurs des Cantons. On ligna un traité ,par lequel les deux nations le prom irent une amitié réciproque , & d'entretenir Premier trai un libre commerce l’une avec l’autre. C’est: le premier traité té entre la F rance & les qui ait été fait entre les François & les Suifles. Il fut paflé à Suib es. Enflsheim le 28 d 'Octobre de l’an 1444. Ce traité fut renou velle par le même Roy en 1453, & par Loüis X I en i463, deux ans après fon avenement à la Couronne. Les Suifles n’obferverent pas exadem ent ce traité , car en 1 4 durant la guerre du Bien public, il lé trouva cinq cents Suifles dans le camp des Princes & Seigneurs confederez & révoltez contre Loüis XI. Ce fut la première fois que les Suifles virent la France: c’est: Le premier service des pourquoy le Roy qui connoifloit la valeur de cette nation , S u if es en voulut & l’attacher plus é tro item en t, & en 1470 il & fie un France f u t Contre le Roy autre traité entre lui & les C a n to n s, par lequel ils s’oblL Loü is X I . geoient réciproquement à ne point donner de lecours à C har les Duc de Bourgogne, les Suifles contre la France, & le Roy contre les Cantons. Traité de li Quatre ou cinq ans apres en 1475 , il feflt un traité de IL gue défenfive entre la Fran gue défenflve entre les deux nations contre le D uc de Bour cs & les Suis - gogne , & dans lequel outre cela i l fut dit que le R oy e n té
ses.
m o ig n a it
, leur donneroit tous les anslafom m e de vingt mille fra n c s, que les Suisses jotiiroient en France de toutes les f r a n c h i fe s , i m m u m te v & p ri v ilè g e s d e fq u e ls les f u je ts d u R o y jo 'u i ff e n t: & que quand il le voudrait, il lèverait des soldats en Suide à certaines condi tions ; il ne & fervit du droit que lui donnoit cet article que fur la fin de fon Regne , lorfqu’aïant caffé la Milice des Francs Archers , il prit fix mille Suiflès à sa folde pour remplacer cette Infanterie Françoife qu’il venoit de fupprimer. Ces traitez furent renouveliez entre les Suisses & Charles V III dés qu’il fut monté fur le T hrône : ils fèrvirent ce Prin ce très-utilement dans fon expédition de Naples , & firent paraître leur zele pour sa gloire & pour sa Perfonne , princi palement en deux rencontres : la première fut à fon retour en F ran ce, lorfque ce Prince ne pouvant imaginer aucun moïen de tranfporter fon canon par l’Appennin , ils s’offri rent à le traîner dans les endroits où les chevaux ne pour raient pas le faire , & en vinrent à bout. L ’autre fut à Atelle dans la Bafilicate au Roïaume de N a ples , où le Comte de Montpenfier que le Roy avoit laifié pour gouverner ce R oïaum e, & laiffa envelopper par Ferdi nand d 'Arragon & par Gonfalve de Cordouë General des Efpagnols. Les Lanfquenets abandonnèrent le Comte de M ont penfier , & prirent parti dans l’armée ennemie : les Suisses demeurèrent fideles ; & même après la capitulation ils refuferent les offres que Ferdinand leur fit s’ils vouloient pren dre parti dans fon armée ; ils ne & feparerent jamais du Prin ce ; & les maladies s’étant mifes dans fes troupes, la plupart des Suisses en moururent , & de treize cents qu’ils étoient , il n ’en revint pas trois cents. Loüis X II étant parvenu à la C ouronne, ne manqua pas de renouveller l’alliance avec les Suisses. Ce renouvellement & fit à Lucerne le feiziéme de Mars de l’an 1499, étoit l’an j j o o félon le ftyle d 'aujourd’hui. Il y eut depuis desbroüilleries entre les deux nations, & enfin une rupture entière du rant les dernieres années de Lotiis X II. L ’animofité des Suisses contre la France ne finit point avec le Regne de Loüis X II. François I fon fucceffeur ne m o ig n a g e d e s a c h a rité e n v e rs les C a n to n s
Premiere le vée des Suisses pour lu Trunce sous Loüis X I .
Grand fervice des Suifles rendu à Gharles V II I .
Generofité & fidelité des Suisses.
l a France brouillée avec les Suisses fout Loüis X I I .
pue les reg ag n er: ils s’oppoferent à fon paftage en Italie , il fut contraint de les combattre à M arignan où il les défit avec un très grand carnage. La conquête du Duché de M ilan , dont cette vi&oire fut fuivie, & la grande perte que les Suisses fouffrirent en cette journée , les firent rentrer en eux.mêmes ; & les anciennes R econcilia aiLances furent rétablies entre les deux nations l’année fuition de Sniffes avec la Fran v an te, c’est-à-dire en l’an 1516. Il & fit encore d'autres traitez ce sous F ran- sous le Regne de François I , & depuis ce tems-ià julqu’au sois I. Regne prefent les alliances ont été renouvellées avec les Suif, les par les fucceffeurs de François I , &, les penfions aug mentées. Conditions Dans les traitez que Fîenri II fit avec eux , il fut fpecifïé des traitez, que quand le Roy feroit des levées en Suifle , elles ne &pour les levées roient pas moindres que de fix mille hom m es, ni plus gran des Suisses. des que de feize mille , excepté fi le Roy alloit lui-même à la tête des troupes ; car en ce cas il lui feroit permis d 'en lever autant qu’il voudroit. La reftriction de la prefence perfonnelle du Roy à l’armée pour avoir droit de lever des îoldats dans les Cantons jufqu’au nombre qu’il jugeroit à pro p o s, a depuis été ôtée par l’article fixiéme du traité de 1658. Dans tous ces traitez & dans quelques autres qui les ont fuivis, il n ’est parlé ni du Colonel General des Suiflès, ni de l ’inftituiion du Regiment des Gardes Suisses , ni du détail de la police qui s’obferve aujourd’hui & depuis long-tems dans les troupes de cette nation en France. Ce font les trois points les plus confiderables de l’hifloire de cette Milice : je vais rapporter ce qui a pu venir là deflusà ma connoiffance après diverfes recherches que J'ai faites pour m’en inftruire. Je vais commencer par la Charge du Colonel General des Suisses. Bataille de Marignan.
D u C o lo n e l G e n e ra l des S u is s es & G risons.
A première ebofe qui & prefente à examiner , est le tems de l’institution de cette C harge: je crois l’avoir trouvé dans un aéte qui est à la Chambre des Comptes de Paris ; & je n’aurois nul doute là-deffus , fi un endroit du Journal du M aréchal de Baffompierre qui a polîèdé cette C harge,
L
De l'Epoque de Vinstitu tion du Colo nel General.
ne m’en faifoit naître quelques-uns : mais je crois pouvoir y fatisfaire aifément,& d'une maniéré capable de contenter ceux qui aiment à creufer ces fortes des matières. Je dis donc que cette Charge fut inftituée en titre d 'Offi- Cette Charge en ti ce l’an 1571 par le Roy Charles IX. M a preuve est l’acte infiituée tre d'Officesous de la Chambre des Comptes dont je viens de parler. Ce font Charles I X . les Provifions de Charles de Montmorenci qu’on nommoic alors Monfieur de Meru. Par ces Provifions le R oy le fait Colonel General des Suilles. & ces Provifions font les pre mières qui aient été données , il est évident que M onfieur de Meru est le premier qui ait eu cet Emploi en titre d 'Office ; car c’est de quoy il s’agit ic i, &. non pas d'un fimple com mandement des troupes de cette n ation, qui étoit donné tan tô t à un Seigneur, & tantôt à un autre félon les occafions. O r il paroît par la teneur des Provifions de Monfieur de Meru que ce font les premières qui aient été données pour cet Emploi. Dans toutes les Provifions de ces fortes de C harges, on ne Charles de Montmorenci manque jamais de faire mention du prédecefleur de celui qui Seigneur de est pourvu de la C harge, en difant que c’est par la m o rt, par Meru premier Colonel Gene la démifiion volontaire, p aria forfaiture de celui qui la p o f ral en titre fedoit auparavant, qu’il est fubrogé à tous les d ro its, préro d 'office. gatives , appointemens attachez à la Charge dont fon prédeceflèur avoir jo ü i, &; autres choies femblables. C ’est ce qui s’obferve encore aujourd’hui dans les Provifions des moindres Charges. O r rien de tout cela ne & trouve dans lesProvifions de Monfieur de Meru * d 'où je conclus que ce font les pre mières qui aient été données pour cette C harge, & par confequent ce Seigneur est le premier qui ait été honoré de cet Emploi en titre d 'Office. O n voit par ces Provifions qu’il n’en avoit point auparavant , quoiqu’il eût commandé plufieurs fois les Suiftes ; qu’on luy affigne des appointemens qu’on augmentoit en rems de guerre, &c. & afin que perfonne n’ait nul doute là-deifus , voici les Provifions dont il s’agit. Charles par la grâce de Dieu Roy de France , à tous ceux Provisio n s de M. de Meru qui ces prefentes Lettres v erro n t, Salut. Aïant mis en confi- four la Char deration que la principale force des gens de guerre étrangers ge de Colonel que nous aïons ci-devant eue à notre folde & service, & dont G eneral.
nous avons tiré plus de fecours ez camps & armées par nous dreffées, ce a été des Suides nos bons Comperes , confederez & amis de notre Couronne , s'y étant toujours monftrez li dévots & affectionnez à la confervation de la grandeur & réputation de nos affaires & service , manutention de notre Eftat & augmentation de notre Couronne, que le témoignage des chofes paffées nous fait de plus en plus accroiftreêc aug m enter la volonté de nous enfervir à l’advenir aux occafions qui & pourront prefenter ; & pource que nous fçavons certai nement que étant lefdits Suides obéïffants comme ils font aux loix , ordre & difcipline Militaire autant ou plus qu’autre nation de la C hrétienté , par confequent ils auront plaifir, & fera d'autant leur augmenter l’envie & le courage de bien faire quand ils & verront commandez en l’abfènce de nous & de notre Lieutenant G eneral, d 'un C hef magna nime & de Race genereufe, q u i fo it leur Colonel G en era l , le
quel ils reconnoijlront toujours pour tel ta n t en tem s de guerre que de p a ix ; à quoy nous délirons & voulons pourvoir de Perfonnage doüé & accompagné des vertus & qualitez à ce requifes; Sçavoir faifons que nous conüderans les très-grands & recommandables fervices que nos prédeceffeurs Rois & nous avons reçues de ceux de la Mailon de M ontm orenci, tant en nos guerres que à la conduite, diredion & maniement des plus grandes & importantes affaires de notre Royaume r & confequemment de feu notre Coulîn le Duc de M ontm o renci Pair & Connétable de France, aïantfur fe s vieux ans été bleffé à la m ort en la bataille rangée pour notre service efperant que les enfants qu’il a laiffez ne voudront jamais aucunement dégénérer aux actes héroïques du pere pour en obfcurcir la mémoire , mais au contraire la faire de plus en plus reluire.par leurs magnanimes faits & geffes , ainfi que a très-bien commencé & continué jufques ici notre très-cher & amé Coufin Charles de M ontm orenci, Sieur de M eru , fon fils, lequel m êm e a com battu sous nous a vec lefdits SuifJ'es , leur com m an da nt en trois b ata illes rangées & a u tr e m e n t,.comme en affaults & efcarm ouches, donnant toujours en tout & par to u t fi bon , fuffifant & digne témoignage de fes vertus „ vaillance & bonne conduite , que avec l’amour & bonne af
fection que déjà lui portoienc iceux Suisses, nous pouvons har diment affurer & repofer fur lui de l’adminiftration & manie ment des plus belles & importantes Charges de notre Royau me : Pour ces caufes & autres grandes confîderations à ce nous mouvans , icelui avons f a i t , conftitué , ordonné & e jla b li , fa ï-
fons , cons t i tions , ordonnons & ejlablijfons p a r ces Prefentes, Colo nel G eneral de tous nos gens de guerre SuijJ'es , qui font à-prefent pourront cy-après être levez, & mis fus & employez à notre folde & service, tant en cettuy notre dit Royaume que hors d'iceluy , pour quelque caufe, entreprifeou occafïon que ce fo it,lu y donnant pouvoir, puiffance , autorité & faculté de leur commander & ordonner , & même aux Capitaines & Chefs des Compagnies en l’abfence de nous & de notre dit Lieutenant G en eral, tout ce qu’ils auront à faire & exploiter pour le bien de notre dit service , les mener & conduire où il fera befoin & neceffaire , iceux départir & divifer félon que le cas le requerera, les m ettre aux cham ps} ou les tenir enfermez en villes ou fieges, ainfl que les occurrences & évenemens de la guerre & y offriront , leur faire bailler logis , vivres & autres leurs necelHtez par étappes ou autrement r oüir & entendre leurs remonftrances qu’ils auront à nous faire , & icelles nous rapporter , ou à notre dit Lieutenant G en eral, pour après en ordonner comme de raiion , leur bailler le m ot du g u et, les affeoir & pofer en fentinelles, ou autrement félon que le befoin le requerera, élire & nommer en faifant les levées defdits Suisses, tels Capitaines de leur nation qu’il fçaura bien & mieux que nul autre choiflr plus propre pour notre service , ayant à combattre & expofer sa vie avec eux , & ce pour être pourvues des Compagnies qui fe ro n t, comme dit est, levées ^ & ad venant vacation d 'icel les,foit en ce dit Royaume, ou dehors , y remettre tels autres Capitaines Suisses qu’il verra & connoiftra mieux le m eriter ; ce que dés à-prefent comme pour lors nous promettons d'a voir agréable , & généralement de faire , dire & executer en ce qui dépend dudit état de Colonel General des Suisses tour ce qui appartient à une telle Charge ; encore que les facultez d'icelle ne foient fi particulièrement fpecifîées, dédui ses & déclarées ; voulant que lefdits gens de guerre Suisses» &
étant i notre folde & s e r v ic e , l a i obéïffent & entendent comme à nous-mêmes ou à notre dit Lieutenant General. Et afin que notre dit Coufin le Sieur de M eru ait meilleur moyen de s’entretenir & fubvenir à la dépenfe que en ce faifant il fera contraint de fupporter , félon que la grandeur & im portan ce de l’Etat le requiert ; nous lu i a vo n s ordonné & ordonnons
p a r ces prejentes la fo m m e de J îx m ille liv re s tournois d 'E ta t & entretenem ent p a r chacun a n , d ont il fe r a p a yé a v e c & p a r m ême moyen des a lié n a tio n s que nous fa ifo n s & fe ro n s b a iller a u x Threforters des ligues de sSuisses p o u r e m p lo ïe r a u fa it de fonO jfice , lefquelles ajfignations fe ro n t à cette fin d 'a u ta n t a ug m entées doré n a v a n t p a r les Threforiers de notre épargne prefens & a v e n ir à commencer du p rem ier jo u r du m ois de J u ille t p ro ch ain v e n a n t , & ce que en tem s de guerre notre Coufin le S ie u r de M e ru fe r a co n tra in t fa ir e p lus g ra n d e & extra ord ina ire dépenfe,nous lu i avons fe m b la b le m en t dés k-prefent commepour lors, & p o u r lors comme dés m a in ten a n t,o rd o n n é & ordonnons p areille ; omm e d e fix m il , le liv r e s d 'a u g m en tio n ,d o n t il Jera p a yé par leT h refo rier extra o r d ina ire de nos guerres a v e c les autres payem ents d efd its Suisses ; Garde Suisse du Roy & de la Reine mere indépendantes du Colonel General.
Serment du Colonel Gene ral entre les mains du Duc d 'Anjou Lieu tenant Gene ra l du Roy.
refervé toutes fois d'iceux Suisses ceux de notre garde , enfemble de la Reine notre très-honorée Dam e & mere pre fens & à venir , lefquels feront & demeureront toujours sous le commandement de leur Capitaine , comme ils ont accou tumé, & donnons en m andement à notre très-cher & trèsamé frere & Lieutenant General le Duc d'A njou, que icelui notre dit Coufin le Sieur de Meru , après qu’il aura fait & prefté en fes mains le ferment pour ce deub , il fade, fouffre , & laiffe joüir & ufer pleinement & paifîblement de la dite Charge & état de Colonel General des Suisses...Mandons aufîî à nos amez & féaux les gens de notre Cour de Parlem ent à Paris & de nos Comptes...En témoin de ce nous avons fîgné ces prefentes de notre main , & à icelles fait mettre notre fcel. Donné à Gaillon le dix-feptiéme jour de Juin l’an de grâce mil cinq cents foixante onze, & de notre Regne le on zième. Signé , Charles...Monfieur de Meru , Meffire C har les de M ontmorenci C h e v a l i e r de l ’O r d r e du R oy , a fait & p rêté ez mains de mon dit Seigneur Duc d 'Anjou le fer m ent de Colonel General des Suisses étans, ou qui feront ci
après au fervicede Sa Majefté , &c. Je crois pouvoir m ’apurer que quiconque & connoîten ces forces d'aétes, jugera comme m o y , par Ja feule le&ure de ces Provifions, que ce font les premières qui aient été données pour cette C h a rg e , outre qu’il ne s’en trouve point de plus anciennes, au moins dans les memoriaux de la Cham bre des Comptes d 'où J'ai tiré celles-ci : mais comme je fais ici une efpece de differtation fur cette madere , je dois répondre à une objection que l’on me peut faire, & qui est tirée du Jour nal du M aréchal de Baflompierre nommé par Loüis X III Colonel General des Suiifes l’an 1614. Je vais rapporter ici l’extrait du Journal de ce Seigneur. E x t r a i t du J o u r n a l de Bas s om pierre.
N l’année 1614 le- brotiilleries commencèrent à fë for mer. Moniteur de Rohan avoir brouillé les cartes en Poitou & à la Rochelle ; & Moniteur le Prince avec Meilleurs de Nevers & du Maine joints au Maréchal de Boüillon , faifoient leurs pratiques ; en forte que la Reine en découvrit quelque c h o ie, & pour cet effet voulut mettre une armée fur pied. Mais comme le principal Corps de l’armée devoit être compofé de fix mille Suiifes, & que Moniteur de Rohan étoit leur Colonel General , la Reine & refolut de recompenfer cette Charge , &. de la tirer de fes mains. Moniteur de Villeroy , qui a toujours affectionné la Mailcn de Longueville, propolà à la Reine de la donner à Moniteur de Longuevil le , qu’elle le pourroit retirer par ce mo'ien d'avec Moniteur le Prince -, mais elle ne s’y voulut pas fier. Elle propofa ma perfonne aux Miniltres , dilant que je n’y ferois pas mal-pro pre , tant à caufe de la langue Allemande que J'avois com mune avec les Suiilès , que pour être leur voifin : mais Monfteur de Villeroy qui avott fon delîcin formé , dit à la Reine que par les anciennes capitulations des Rois de France avec les Cantons des Suilles , il étoit exprelfément porté que ce feroit un Prince qui ieroit leur Colonel General , & même qu’il étoit porté Prince du Sang,mais qu’ils s’en étoientrelâchezjneanmoins que des Princes l’avoient toujours été, àfçavoir un de Beaujeu Prince du S ang, & un autre ensuite : puis
E
Engilbert Monfieur de Cleves : de là trois Princes de la Maison de Longueville, dont le dernier qui étoit le petit-fils de Claude de G uife, étant m ort jeune, fon grand-pere em po rta ces deux Charges de G rand Chambellan , & de C o lonel General des Suifies, dont il fit pourvoir fes deux enfans ; & qu’enfin Monfieur le Connétable Anne de M ontmorenci en fit pourvoir fon fils dont les Suiffès g ro n d èren t, qui neanmoins le fouffrirent à caufe de la grande autorité & réputation de Monfieur le Connétable ; que Monfieur de Meru fut aidé par Monfieur de Sanci pour obtenir du feu Roy la Charge de M aréchal de France en intention d 'être pourvu en sa place de celle de Colonel General : mais que feu Monfieur le Comte de Soifibns qui le h aïflb it, portales Suifies au renouvellement de l’alliance avec le feu R o y ,d e dem ander que ce fût un Prince qui fût leur Colonel Ge neral , & que Monfieur de Sully avoir porté le R oy à nom mer Monfieur de Rohan pour cet effet, & qu’il avoit écrit aufdits Suifies qu’ils le dévoient recevoir en cette qualité, puifqu’il étoit du Sang de deux R oyaum es, defquels il pou voir h eriter, fçavoir de N avarre & d 'Ecofie. Sur ces raifons la Reine défifla de me propofer pour cette C harge, & leur nomma le Chevalier de Guife } & le même de Villeroy continuant fon premier defifein, lui d it: Cette éledion donnera bien à c rie r, & un fpecieux prétexte à ceux qui vouloient brouiller & qui & plaignoient déjà de la faveur que vous faites à ceux de cette Maison à leur p ré judice. Sur cela le Confeil & le v a , & la Reine leur dit : Il faudra donc penfer à quelqu’un qui foit propre pour cela. Comme elle fut revenue à fon c ab in et, elle me dit : Baflompierre, fi vous eufiîez été P rince, je vous euflfe donné aujourd’hui une belle Charge : Madame,lui dis-je, fi je ne fuis pas Prince, c e n ’est pas que je n’aïe bien envie de l’être ; mais neanmoins je vous puis aflurer qu’il y en a de plus fots que moi : J'eufie été bien aife que vous l’eufiiez é t é , me dit-elle ; car cela m’eût em pêché d 'en chercher un qui fût propre pour ce que J'en ai maintenant affaire : M adam e, & peut-il fqavoir à quoi? à en faire un Colonel General des Suifies, me dit-elle -, & com m ent
comment cela, Madame? ne le pourrois-je pas être fi vous le vouliez ? elle me d it, comme ils avoient capitulé avec le R o y , qu’autre qu’un Prince ne pourroit être leur Colonel General. Comme nous nous en allions d în er, je rencontrai par for tune le Colonel Galaty à la cour du L ouvre, qui félon sa coutume me vint faluer , à qui je dis ce que la Reine m’avoit d it, qui me rép o n d it, qu’il & faifoit fort de me faire agréer aux Suifles, & que fi je lui voulois comm ander , qu’il parciroit dès le lendemain pour en avoir leur confenïement. Cela me fit rem onter à la chambre de la Reine pour lui d ire , qui fi elle vouloit, les Suifies y confentiroienti elle me d i t , je vous donne quinze jours, voire trois femaines de tems pour cela -, & fi vous les y pouvez difpofer, je vous donnerai la Charge. Alors je parlai à G a la ty , qui me pria de lui faire avoir fon congé pour aller au pais, & qu’il partirait l’après-de main ; ce que je fis : & au tems qu’il m’avoit promis, il m’en voya une lettre des Cantons affemblez à Soleure, pour l’oc troi de la levée que le Roy dem andoit, par laquelle ils m andoient au R oy, que s’il lui plaifoit m’honorer de cette C h arg e, ils me recevraient d 'auifi bon cœur qu’aucun Prin ce que l’on y fqût mettre. Sur cela la Reine me commanda d'envoyer vers M. de R o h a n , lequel envoya sa procuration à M. Arnauld & de M u ra t, qui conclurent avec moi ; & parce que je voyois que le paiement de la fomme feroit lo n g , J'offris à la Reine d'avancer l’argent, pourvu qu’il lui plût m’écrire qu’elle me le com m andoit, ce qu’elle fit, & moi J'eus mes expéditions & prêtai le ferment le douzième de Mars de ladite année 1614. C ’est là tout ce que dit M. de Baffompierre fur ce fujet & voici mes reflexions. R ef l e x i o n s f u r
cet E x tr a it.
Rem ierem ent , on ne peut douter qu’il n’y ait eu de l’oppofition à la nomination de M. de Baffompierre pour la Charge de Colonel General des Suifles, à caufe qu’il
P
M éprises at tribuées à M . de Villeroy dans le Jour nal de Baß ompierre.
n ’étoit point P rin c e , puifqu’il fçut la chofe de la p ro p re bouche de la Reine. Mais en fécond lieu, ce qui me furprend, font les méprifes qu’il attribue à M. de Villeroy dans le difcours qu’il lui fait tenir à la Reine, pour l’engager à donner à M. de Longue ville la Charge de Colonel General des SuiiTes : car il lui fait dire que M . Le C onnétable A n n e de M ontm orency f i t pour v o ir J o n fils de cette c h a r g e , dont les Suijjes gro nd èrent, q ui nean
m oins le fo u jf r ir e n t a c.iufe de la grande a u to rité & réputation du Connétable- O r le C onnétable écoit m ort dès l’an 1567, des bleifures qu’il avoit reçues à la bataille de Saint Denis comment donc aurait-il fait p o u rv o ir de cette C harge p a r s on autorité M. de M eru fon fils, dont les Provilîons font datées de 1571, c’est à dire quatre ans après la mort du Connétable ? D e plus on fait dire à M. de Villeroy que M . de M e ru
f u t a id é p a r A f . de Sancy p our obtenir du fe u Roy (H en ri I V ) la ch a rg e de M a ré c h a l de France en in te n tio n dé être p o u rv u en s a place de celle de Colonel General des S u ijfes. O r M. de Meru ne fut jamais M aréchal de France, mais feulement Amiral. Com m ent donc fut-il aidé par M. de Sancy pour obtenir une Charge qu’il n’eut jamais ? O n fait entendre que M.de Sancy fut empêché par le Com te de Soûlons & par le D uc de Sully, d 'être Colonel G ene Memorial 4 . ral des SuiiTes, & il l’a certainem ent été ; il en fut pourvu O fol. 75 . v°. par les Lettres du Roy H enri IV , données en 159 6 , au Camp devant JaFere, lefquelles furent enregiilrées au Parlem ent le 4 de Mars de Tan 1597. O n voit ces a ctes à la Cham bre des Comptes de Paris. Mais comment le Comte de Soiffons empêcha t-il M. de Sancy d 'être Colonel G eneral des SuiiTes au tems du renouvellement de l’alliance qui & fit en i6oz,, puifque M. de Sancy i’étoit dès Tan 1596 ? & comment M„ de Sully perfuada-t-il alors au Roy de nommer M.de R ohan, puifqu’on fçait certainement que le Duc de Rohan ne fut Colonel G eneral des SuiiTes qu’en 1605? On le fçait par la Memorial démiffion de M. de Sancy , qui est à la Chambre des Com .-Y . ptes. T an t il eil vrai que les mémoires particuliers fur lefquels on fait fouvent un grand fonds, ne font pas toujours des garants fort fûrs pour les faits Hiiloriques.
Pour moi je crois que cec endroit du Journal de M. de Bafiompierre a été altéré & mal tranfcrit par ceux qui l’ont fait im prim er, ou qu’on lui fit un faux rapport du détail du difcours que M. de Villeroy fit à la Reine à cette occafion, lequel il a mis dans fon Journal fans allez l ’examiner. Il y auroit encore bien des chofes à difcuter dans ce dif cours qu’on attribue ici à M- de Villeroy. i° , g u e p a r les a n ciennes c a p itu la tio n s des Rois de France a v e c les C antons des S u isse s, i l é to it exprejfém ent p orté que ce fe r o it u n P rince q u i f e r o it le u r Colonel G e n e ra l , & m êm e qu il étoit p o rté P rince d u f a n g i m a is qu ils s en éta ien t relâche z .N o x t s avons imprimez la
plupart des traitez faits avec les Suifiès par nos R o is, depuis Charles V II, qui figna le premier de tous ces traitez, jufqu’au Regne d'aujourd’hui. On voit dans ces traitez diverfes condi tions sous lefquelles les Suifiès doivent fervir en France ; mais il n’y en a aucun où il foit fait mention de celle dont il s’agit. O n fait ensuite dans le journal de Baifompierre l’énumeration de ces Princes, qu’on prétend avoir été Colonels G eneraux des Suiifes ; à f p a v o i r u n de B eaujeu Prince d u f a n g , & u n a u tre ensuite. Ce premier Beaujeu ne peut être que Pierre de Beaujeu, gendre du Roy Loüis X I , qui fut depuis D uc de Bourbon. C et autre Beaujeu qui le fut enfuite , est une chimere. Car après Pierre de Beaujeu, il n’y eut point de Prince du fang qui portât ce n o m , ni aucun autre Prince du fang qui ait porté le titre de Colonel G e neral des Suifiès en ce tems-là. P u is , continuë-t-on, E n g ilb e r t M . de c le v e s . Ce fait est: encore faux: car à la v é rité, félon l’Histoire de Philippe de Comines, Engilbert M. de Cleves com battit à la bataille de Fornouc avec les Allem ans, c’est à-dire les Suifiès, à qui cet A uteur donne quelquefois le nom d 'Allemans ; mais il n’y éto it pas fèu l, & il n’en étoit pas le Chef. Celui qui les comm andoit éto it le Seigneur de Bafley Bailli de D ijon : Voici les paroles de Comines : E t y éto it a p ie d a v e c les A lle m a n s E n g ilb e rt M . de C l e v e s , fr e r e a u D uc de c l e v e s , Lornay & le B a illi de D i j o n , C h e f des A lle m a n s. C ’étoit donc le Bailli
de D ijo n , & non pas Engilbert M. de Cleves, qui command oit les Suifiès.
Comines p. 34 0.
Moyen de concilier ure partie des fa its rapportez dans le Jour nal d e Bajfempierrty
Enfin, les trois Longueville & un des fils de Claude de G uife, qu’on dit dans le Journal avoir été Colonels Ge neraux de^ Suifles, ne le trouvent point Colonels Generaux dans l’Histoire , ni, qui plus est, dans leurs Généalogies où l ’on marque leurs autres Charges. Ainfi nonobftant cet endroit du Journal du M aréchal de Baflompierre, je m’en tiens à ce que J'ai avancé d'abord, que M. de Meru fils du Connétable de M ontm orency, a été le premier Colonel General des SuilTesen titre d 'Office : mais il y a un moyen de concilier au moins une partie des faits rapportez dans ce Jo u rn a l, a vec le fentiment que J'ai embrafle, en me fondant fur les Provifions de M. de Meru ; & c’est une troifiéme reflexion que je crois très-véritable. Cette reflexion est que depuis que nos Rois eurent com mencé à & fervir des Suifles, ils envoïoient toujours chez les Cantons une perfonne de grande diftindion, pour ame ner à l’armée les Soldats de cette N atio n , qui, ainfi qu’il est fpecifié dans plufieurs tra ite z , ne pouvoient être levez en moindre nombre que de fix mille. Ce même Prince ou Seigneur m archoit à leur tête, & leur commandoit pour l’or dinaire pendant la campagne avec le titre ou de Capitaine des Suifles, ou de Capitaine General des Suiflès, ou de Colonel General des Suifles: mais c’étoit une Ample Commiflion pour une cam pagne, & non une Charge perm anente, jufqu’en 1571, qu’elle fut érigée en titre d 'Oifice en faveur de M. de M eru, qui fut établi par fes Provifions leur Colonel Gene ral , non feulement pour le tems de la guerre, mais encore p o u r le te m s d e l a f a i x , avec cette différence, que fes appointemens étoient doublez pendant la guerre. Il pourroit bien être arriv é, que lorfque Loüis X I fit venir pour la première fois fix mille Suifles en France fur la fin de fon R eg n e, M. de Beaujeu, Prince du fang, fon gendre, les alla prendre, & mit à leur tê te , & les commanda auprès du Pont de l’Arche fur la riviere de Seine, dans le camp qui y fut f a it, & où le Roy les alla voir / il leur faifoit faire & aux autres troupes qu’il y avoir afTemblées, tout ce qid a coutume de & pratiquer dans un camp qui feroic en. pais ennem i, & obferver la plus exaété difcipline.
Âinfi le M aréchal de Fleurange dans fes mémoires manufcrits d i t , que dans l’expedition de G ennes, sous Loüis X I I , M. de la M a rk , Seigneur de M ontbafon, fon parent, étoit Capitaine de dix mille Suiftès; c’est-à dire, qu’il les commandoit dans cette occafion.Par cette m êm e raifon l’Auteur* * Duchesne de la Genealogie des M ontm orency, donne le titre de Ca P . 73 9 . pitaine General des SuilTes à Anne de M ontm orency, qui n ’étoit pas encore Maréchal de France, parce qu’il fut en voyé pour lever feize mille Suilïès, & qu’il les commanda. Pareillem ent le Bailli de Dijon à la bataille de Fornouë est appellé par Comines, C h e f d e s S u i j f e s , parce qu’il les avoic levez & qu’il les commandoit aïant avec lui Engilbert M. de Cleves. C ’est encore par la meme raifon que M. de Meru luimême dans l Extraordinaire des Guerres de 1568 & 156?, & dans les mémoires de C aftelnau, est qualifié de Colonel des SuilTes à la bataille de M oncontour, parce qu’il les com m andoit , &. cela deux ans avant qu’il eut eu les Provifions de cette C h arg e, laquelle ne fut érigée en titre d 'Office qu’en 1571, qui est la date de fes Provifions» D e forte que tous ces Princes, dont il est fait mention dans le Journal du M aréchal de Baffompierre , & qui félon qu’on le lui avoit rap p o rté, avoient été citez par M. de Villeroy à la Reine Marie de Medicis, ne commanderent les Suiiîès que par commilîîon & dans quelques campagnes. Je crois donc avoir raiion de fixer l’époque de Tinftitution de la Charge de Colonel General des Suifles, en Tan 1571 sous Charles I X , & de dire que M. de Meru en fut le pre mier Colonel General en titre d 'Office. Brantôme dit qu’il garda long tems cette Charge. Il en fut en effet en poffeffion depuis 1571, jufqu’en 1596, M . de Sancy Colonel Gene que M. de H arlay de Sancy en fut pourvu au camp devant ral der Snifes. la F e r e iil rem it sa Charge quelques années apres entre les mains de H enri D uc de Rohan. Le Duc de R ohan poffeda cette Charge depuis l’an 1 6 0 5, Le D uc dejufqu’en 1614, que c e Prince devint luiped à la Cour. Ce Rohan Colcmei fut alors que M. de Villeroy fit tous fes efforts pour la faire General desSuijfes. tom ber à M. de Longueville, & qu’enfin le Maréchal de
M . de Bass empierre Co lonel General des Suites.
Le Marquis de Coaflin Co lonel General des Suisses.
Baflompierre en fut pourvu de la maniéré qu’il lé raconte dans Ton Journal. Ce Maréchal exerça sa Charge jufqu’en l ’an 1631 qu’il fut difgracié & mis à la Baftille. Sur la fin de l’an 1634, on lui proposà d'en donner là dém iflion, en lui faifanc elperer sa liberté ; il la prom it & la donna le douzième de M ars de l’année fuivante, à même j o u r , dit-il, mois & heure que v i n g t & u n a n aupa r a v a n t J 'a v o is p r ê té fe r m e n t entre les m a in s d u R o y , de la m êm e c h a r g e de Colonel General des Suisses. Ce fut en faveur du Marquis de
Coaflin. Nonobftant cette dém iilîon, le M aréchal de Baffompierre demeura prifonnier à la Baftille jufqu a la mort du Cardinal de Richelieu. Le Marquis de Coaflin aïant été tué au fiege d 'Aire l ’an M emoires 1461, la Charge fut donnée au Marquis de la C haftre, en du Marquis de la Chaftre. la païant aux heritiers de M. de Coaflin. Ce Seigneur en obtint l’agrém ent du Roy en 1642; mais après la m ort de ce P rince, s’étant trouvé en liailon avec le D uc de Beaufort qui fut arrêté & mis en prifon à Vincennes, pour s’être fait chef d 'une cabale de gens qu’on appelloit I m p o r ta n s , il fut enveloppé dans sa difgrace. La Reine Regente lui en voya demander la démiflion de là Charge ; & fur l e r e f u s qu’il fit de la d onner, on fit une Déclaration par laquelle le Roy declaroit que la démiflion du M aréchal de Baflompierre étoit n u lle, comme aïant été donnée en prifon, & sous une promefle de le m ettre en lib e rté , qu’on ne lui avoit pas te n u e , & cafloit toutes les Provifions données en confequence au Marquis de Coaflin & au Marquis de la L e Maréchal C haftre, rem ettant le Maréchal de Baflompierre en C harge de Bassompier fans qu’il eût befoin de nouveau ferm ent, à condition de re rétabli dans païer les quatre cents mille livres que la Charge avoit coûté, la Charge. Le Marquis de la Chaftre quitta la C o u r, & deux ans après il fuivit le Prince de Condé en qualité de Volontaire à la campagne de Nortlingue. 11 reçut à la bataille qui & don na un coup de piftolet dans la tê te , dont il m ourut peu de tems après à Philifbourg. C’est ainll que le Maréchal de Baflompierre fut rétabli & fait de nouveau Colonel General des Suifles : il ne confer va la Charge que trois ans, étant m ort l’an 1646.
Le M aréchal de Schomberg lui fucceda le premier de May de l ’an 1647,6caprès sa m ort qui arriva en 1656, elle pada à M. le Com te de Soidons l’an 1657. Ce Prince la pofleda aulîî jufqu’à sa m o rt, c’est-à-dire, jufqu’en 1673. Ce fut cette même année qu’elle fut confé rée à M- le D uc du M aine, qui la polTede encore aujour d'hui. Voici donc la Liste de tous les Colonels Generaux des SuiiTes. Liste des Colonels Generaux des Suisses. Monfieur de Meru en 1571. M onfieur de Sancy en 1596. H enri D uc de R ohan en 1605. Le M aréchal de BalTompierre en 1614 Le Marquis de Coaflin en 163a,tué au fiege d'Aire. Le Marquis de la Chaftre en 1641, m ort d 'une bledure reçue à la bataille de Nortlingue. Le M aréchal de BalTompierre, rétabli dans la Charge en 1643. Le M aréchal de Schomberg en 1647. M. le Com te de Soiftons en 1657. M. le D uc du Maine en 1674. M. le Prince de Dombes, fils aîné de M. le D uc du Maine, pourvu en furvivance en 1710. Prérogatives du Colonel General des Suisses. Q
Uoique la Charge de Colonel General des Suilîès ne foit point une Charge de la C ouronne, elle est: pourtant une des plus belles & des plus confîderables des Charges Militaires. Tous les Suides généralem ent, qui font au service de France, font lubordonnez au Colonel G en eral, à la referve de la Compagnie des C ent Suides de la Garde. Le Colonel General des Suides avoit autrefois à fort peu près la même autorité fur les Suides qui étoient au feryiee,
L e M aréchal de Schomberg Colonel Gene ral des Suisses, Le Comte de Solfions Colonel General de Suisses. M. le Duc du Maine Colo nel General dis Suisses.
que le Colonel General d'infanterie Françoife avant la fuppreffion de cette Charge , avoir fur 1 Infanterie Françoife & qui confiiloit principalement en ce qu’en vertu de sa C harge il nom m oit & pourvoïoit les Colonels & les Capitaines SuiiTes. C et ufage a duré jufqu’à la m ort de M. le Com te de SoilTons, c’e ltà-d ire, jufqu’à l’an 1673. Mais auffi-tôt après les mêmes raifons par lefquelles le Roy fupprima très-fagemenr la Charge de Colonel G e n era l, qui étoit la trop grande étendue du pouvoir de cet O fficier, & une efpece d'indépendance du Souverain dans l ’exercice de là Restrainte Charge: ces mêmes raifons, dis-je, determ inerent le Roy par le Roy L oü is X I V . après la m ort du Comte de SoiiTons, à & reierver la sa culté de pourvoir aux Charges qui viendroient à vaquer dans les troupes Suilïès, tant des Compagnies que de l’E tat M ajor des Regim ens, de choilîr pour remplir ces C har ges ceux qu’il en jugeroit les plus capables, de leur en faire expedierles Commilîxons ou Brevets; pour lefquels neanmoins M.Je D uç du Maine donnerait fes attaches, comme faifoit le Colonel de l’Infanterie Françoife immédiatement avant la fuppreffion de cette Charge.Çes referves font exprimées dans les Provilîons de M. le D uc du Maine. Le Colonel Le Colonel General des Suilïès en vertu de sa C h a rg e , General des commande toutes les troupes de la N ation sous l’autorité guijfes com mande toutes du R oy: il reçoit les remontrances qu’ils pourroient faire, les troupes de & les rapporte au Roy ou aux Lieutenans Generaux , leur la N ation. donne le m ot du g u e t, ordonne les Gardes & les Senti*» nelles & tout le service. Les Provilîons que le Roy donne aux Officiers SuiiTes, I l met son at font adrelfées au Colonel General qui y met fon a tta c h e } tache aux m ftens don- que Ton nomme ainlî, parce que cette expédition elt atta n ées par le Roy chée aux Provilioas, ou aux Amples Lettres de sa Majefté. a u x Officiers. L’attache du Colonel G eneral n’est proprement qu’une marque qu’il reconnoxt l’Officier, & un ordre aux Suilïès de le reconnoître. Autrefois le Colonel General mettoit fon attache à tou tes les routes qui s’expedioient pour les SuiiTes , mais l ’ufage n ’en est: plus. Il la doit mettre auib aux Ordonnances qui ne regardent que les SuiiTes ; & o n en voit u n e d e Monlîeur le
Etendue de l ’autorité du Colonel Gene ral des S u i ßes.
Pug
Compagnie Duc du Maine à celle du 29 de Mai 1691, qui regarde le rang Generale. que doivent tenir les Majors. Le Colonel General a une Compagnie dont il est fpeciaJement le C h e f ; celui qui la commande sous lui a le titre de Capitaine-Lieutenant ; on appelle cette Compagnie la Gene rale. C ette Generale fait comme un Corps à p a r t , & elle a Cette Compa sa Juftice particulière. C ’est pourquoi bien qu’elle ferve gnie fa it com me un Corps à d 'ordinaire à la tête du Regiment des Gardes Suiiîês, cepen part. dant les Officiers ne & trouvent point aux Confeils de guerre du Regim ent , non plus que les Officiers du Regim ent aux Confeils de guerre ae cette Compagnie ; elle est la pre mière de toutes , elle feule a le drapeau blanc , les autres drapeaux font de la livrée du Colonel G eneral, tous les Offi ciers font SuiiTes ; & celui qui la commande sous le Colonel G eneral, a le rang de Capitaine aux Gardes. Le Colonel General a le droit de paroître à cheval & en Equipage du bottes à la tête des SuiiTes , foit quand ils font en bataille, Colonel Gene ral à la tête foit lorfqu’ils défilent ; & dans ces occafions il n’est point des S u fe s . obligé d'avoir l’épée à la main ; il ne porte point non plus de haullècol. Le Regim ent des Gardes SuiiTes battoit aux champs au Autrefois le tambour bat trefois pour le Colonel G en eral, quoique Tans un ordre par toit au x ticulier il ne batte ainfi que pour le Roy. Cela s’est fait en champs pour core plufieurs fois pour Monfieur le Duc du Maine ; mais ce lui. Prince a jugé à propos de faire celïer cet ufage. Quand Je Colonel General des SuiiTes est à l’arm ée, il a toujours une Compagnie Suilîè avec un drapeau qui monte Sa garde a la garde à fon logem ent, lorfqu’il y a des SuiiTes dans l’ar l'armée. mée ; & cette garde est indépendante de celle qu’il peut avoir ou par le rang de sa naiftance , ou par le grade perfonnel qu’il a dans l’armée. Il est m arqué dans les Provifions qu’il aura douze Hallebardiers fervans près de sa Perfonne, qui font entretenus aux dépens du Roy. A la garde du R oy , les SuilTës prennent les armes pour le La garde Colonel General , quand il pafte, & ils appellent pour lui. Suiffe du Roy prend les ar Les Officiers du R egim ent des Gardes SuiiTes le faluent de mes quand le la pique, foit qu’il pafte à la tête des bataillons, foit qu’il les Colonel Gene ral passe. fa ite défiler devant lui,
l i a feul le droit de prendre l’ordre pour la garde Suiilè de Sa Majefté , préférablement à ceux qui com m andent cette garde ; & lorfqu’il n ’a point pris l’ordre , le Com m andant de garde. la garde , & même le Colonel du R eg im en t, quand sa Com pagnie est de garde , est obligé de le lui apporter chez lui. Le Colonel du Regiment des Gardes n’est pas en droit de prendre l’ordre pour un autre Capitaine qui feroit de garde : mais ne fut-ce qu’un fubalterne qui comm andât la Compa gnie de garde , c’est lui qu ia l’honneur de prendre l’ordre di rectement du Roy , lorfque le Colonel General n’y est pas. I l a pouvoir Le Colonel General a pouvoir feul de donner grâce dans sa fe u l de donner Com ,agnie, il peut donner des exemtions de logemens des grâce dans sa Suifîes ; il donne des certificats à tous les Officiers fubalterCompagnie. n e s, & iL n ont point d'autre titre que ce certificat pour être Ses certificats pour les Offi- Officiers. Ceci regarde même les Majors des Regimens Suiftiers. fes, excepté les Majors du Regim ent des Gardes que le Roy nomme lui-même. Pour les Majors des autres Regim ens, les Colonels les nomment au Colonel General : mais comme cet Emploi donne le rang de Capitaine , Monfieur le Duc du Maine a établi depuis quelques an n ées, que les Majors qui n’auroient pas d 'ailleurs l a Commiffion de Capitaine , priffent de lui un certificat, & qu’ils ne tinflent leur rang de Capitaine que du jour de la date du certificat. I l prefen te Il est d 'ufage que tous les premiers jour de l’an le Colonel a u Roy les O f General prefente au Roy les Officiers Suifîes qui & rencon fic ie r s a u x trent pour lors à la Cour. Autrefois le R oy dans cette cere p re m ie rs jo u r s d e l ’a n . monie leur faifoit l’honneur de leur toucher dans la main,mais la coutume s’en est perdue. Lorfqu’il vaque quelque place dans les troupes SuifTes, c’est I l propos e au R oy les plates le Colonel General qui en rend compte au R oy , c’est lui à remplir. qui propofe les remplacemens , & qui ensuite en avertit le Miniftre de la guerre , pour qu’il en fafle les expéditions. Dans les d if Quand il y a quelques difputes d'intérêt entre les Officiers férends il nom me des Com Suifîes, le Colonel General est en droit de leur nommer des miffaires dont Commiffaires pour les décider ; & ils doivent & conformer le fig em en t est à leur jugement. fu iv i. Le Colonel General des Suifîes, ainfi qu’il est m arqué dans Ses appoin les Provifîons de Monfieur le D u c du Maine , a c lo u te m ille temens. I l a droit de prendre duRoy l'ordre p 0ur la
l i v r e s d 'E t a t & e n tr e te n e m e n s p a r c h a c u n a n .......... & en o u tre f i x m ille c e n t f o i x a n t e & q u a t o r z e l i v r e s p a r m ois d 'e n tre ten e z m e n t a u jji a t t r i b u e z à la d i te C h a r g e . . . . J f a v o i r f i x m ille p our fies a p p o m te m e n s t a n t o rd in a ire s q u e x t r a o r d i n a i r e s , & cent f o i x a n te q u a to r z e l iv r e s p o u r l 'e n tr e te n e m e n t d e d o u z e H a lle b a rdiers fie r v a n s p ré s de fia P e rso n n e .
Par les Provifions de Monfieur de Meru on voit qu’il ne fie pas le ferment entre les mains du R o y , mais entre les mains du D uc d 'Anjou qui commandoit les armées. M onfieur de Sancy , fuccefieur de Monfieur de M eru, le prêta entre les mains du Duc de Montmorency Connétable de France. Le D uc de R o h an , fuccefieur de Monfieur de Sancy , 1e fit de même comme on le voit par leurs Provifions. Cet ufage a été ch an g é, & c’est entre les mains de Sa Majefté que le Colo nel General fait fon ferment. Ce fut à la réception du M aréchal de Baflompierre,fucce£ feur du D uc de R o h a n , que ce changement & fit , comme il paroît par l'endroit de fon Journal que J'ai déjà cité , où il parledefadém iflîon. Ce f u t , dit-il, a m ê m e jo u r ,m o is & h e u re q u e v i n g t & u n a n a u p a r a v a n t J'avois prêté ferment e n tre les m a in s d u R o y , de la même Charge de Colonel General des Suiflès. Le Colonel General des Suifiès porte derrière l’écu de fes armes fix drapeaux paflèz en fautoir , le fer de la pique de chaque drapeau terminé en fleurs de lys. C ’est là ce que J'ai pù trouver de plus confiderable, & de plus digne d 'être re marqué dans les mémoires qui m ’ont été fournis touchant la Charge de Colonel General des Suiflès & Grifons qui font au service du Roy. Je vais m aintenant traiter de la Compa gnie des Cent Suiflès avant que de parler du Regiment des G a rd e s, l ’institution de cette Compagnie étant plus ancien ne que celle du Regiment.
De la Compagnie des Cent Suisses de la Garde du Roy. J ' Avois d'abord douté fi je ferois mention de cette Compa
gnie dans l’Histoire de la Milice Françoisè , fur le préju gé où ; écois qu’elle n’écoit point une garde M ilitaire, mais
I l prête main tenant ferment entre les mains du Roy.
Journal du M a ré c h a l de B assom pierre, p. 6 8 4 . Q u a n d cela a commencé.
Compagnie des Cent Suisses est une gar de Militaire.
purement domedique , & donc le service éco i e b o r n é à celui qu’elle faifoit à la Cour pour la garde du Prince. J 'ai été fur cela détrom pé par des faits anciens & recens qui m ’ont perfuadé du contraire. Le premier fait est contenu dans les Provisions du premier Capitaine de la Compagnie des Cent Suidés, qui fut Loüis de M enton Ecuïer Sieur de Lornay en date du 2.7 de Février E lle f u t telle 1496 à Lyon, où Charles V III parle en ces termes : » Charles dans son insti » &c. Salut. Comme pour conduire , gouverner & faire fertution. Barton dans » vir les C en t h o m m e de g u e r r e S u ijfe s , lefquels puis n’a gueres le difeours » avons ordonné avoir & entretenir à l’entour de nous pour la fom m aire fur la création de » garde de notre Perfonne. . , foit befoin , ordonner & établir la Com pagnie » quelque bon & notable perfonnage & expérimenté 3 fçades Cent G ar des Suides o r » voir faifons, que Loüis de Menton Ecuïer Sieur de Lordinaires du » nay pour Capitaine Surintendant, 8cc. Corps d u Roy. O n voit clairement par l’énoncé de ces Providons que les P. 4. Cent Suides furent inftituez comme gens de guerre , & comme une garde Militaire. De plus les Provifions du Sieur de Lor nay font adreflées aux M aréchaux de France pour recevoir fon ferment. Celles de H enri R obert de la M arck Capitaine des Cent Suides par Commiffion à la place du Duc de Boüillon fon pere prifonnier de guerre chez les ennemis , furent adredees au Connétable pour recevoir fon ferment : mais, depuis la fuppreffion de la dignité de Connétable , tous les grands Officiers prêtent le ferment entre les mains du Roy même. Ce ferment fait entre les mains du Connétable & des I l le fa it M aréchaux de France , est une nouvelle preuve que cette maintenant entre les mains Charge est M ilitaire, à quoy il faut encore ajouter que le du Roy l’épée Capitaine des Cent Suides prête ferment encre les mains du au côté. Roy l’épée au c ô té , de même que les Capitaines des Gardes du Corps. Le fécond fait que nous avons vu de notre tems est, que Iorfque Loüis le Grand alloit à la tran ch ée, comme il a fait en divers deges, il faifoit l’honneur à cette Compagnie de lui faire garnir la tête de la tranchée ; & c’est pour cela que toutes les fois qu’il marchoit en campagne, il faifoit prendre Ils fervent à des fudls à laCompagnie, quine font point fes armes ordinai la guerre. res dans le service de la Cour, mais feulement à la guerre : &
depuis l’institution des habits uniformes dans les troupes, il leur en donnoitauffi un particulier dans ces occafions. Ce n ’est pas là l’unique fonction que les Cent SuifTes ont eue dans les armées. » En vûë ou païs ennemi , dit TAu» teur du difcours fommaire fur la création de cette Com» pagnie , les Cent SuifTes & m ettent & m archent devant le « Regiment des Gardes & Compagnie Generale dudit Re« giment de leur nation , ainlî qu’ils firent en ordre de « bataille à la tête defdites troupes toute une jo u rn é e , de» puis la hauteur de Guisè jufqu’i l’Abbaye de H au m o n t, au » commencement de la réception de Monfîeur de Vardes à » la Charge de Capitaine Colonel des Cent SuifTes, & de la » campagne de l’année 1655. Monfîeur D aty Lieutenant » François, & moy Beflbn l ’aîné étions à pied à la tê te , & le s » Sieurs Mettre & Beauregard exemts fur les ailes , & les » deux Fouriers à la ferrefîle. » Et durant la même campagne de 1655 , la Cour étant à Ibid. p . 9 7. » la F e re , on eut avis qu’un camp volant de Cavalerie de » Monfîeur le Prince étoic à Ribemont ; que de fes partis & » coureurs avoient paru à la portée du canon dudit lieu de » la Fere ; ce qui fît refoudre la Cour d'aller à SoifTons ; le » Roy fît l’honneur audit Enfeigne Beflbn de lui commander » de laifler trente de fes Gardes SuifTes avec un exemt dans » la Fere , la garnifon étant foibie. Quand un Officier ou un SuifTe de cette Compagnie m e u rt, Les Officiers il est enterré en ceremonie de guerre ; c’efi à-dire que les & Us soldats enterrez Suifles portent alors leur hallebarde la pointe en bas , les font avec les cere— tambours font couverts de crêpe ou d'étoffe noire,, les fifres montes M ili joüent d'un ton lugubre ; & fi c’est un Officier, l’épée & le taires. bâton de commandement font pofez fur le cercueil ; enfin ils ont un drapeau , & des Officiers Enfeignes. T out cela montre que la Compagnie des Cent Suifles s’ett toujours maintenue dans les fondions Militaires quelle eut dans sa création en qualité de g e n s de g u e rre . De ce qu’ils portent la livrée du Roy , cela prouve qu’ils font domeftiques & commenfaux ; mais ce n’est point une preuve qu’ils ne foient point une garde Militaire : car, comme le remarque du H aillan dans fon livre de l’Etat des affaires-
de F ra n c e , les Gardes du Corps François portoient de Ton te m s, c’est à-dire du tem sd e'H en ri I I I , le jufte-au corps bleu comme aujourd’h u i, qui est la livrée , ou comme il par le , l a c o u le u r d u R o y . Les Trabans de l’Empereur & ceux de H ollande & d 'Angleterre portent auiïï la livrée de leurs M aîtres, & ce n’en font pas moins des Corps Militaires.
De la Charge de Capitaine des Cent Suisses. Ette Charge a été de to u t te m s , & est encore aujour d'hui une des plus confiderables de la Cour ; les plus grands Seigneurs l’ont pofledée , & le Capitaine est cenfé comme un cinquième Capitaine des Gardes. Dans les Provifions du Sieur de Lornay on lui donne le titre de C a p ita in e S u r in t e n d a n t. Aujourd’hui dans les Provi fions on donne au C hef de cette Compagnie le titre de C a p i t a i n e C olonel : & cela n’est pas nouveau ; on le lui donnoit dès Je tems de H enri IV , on l’appelloit même alors Amplement C olonel, & on le mettoit dans la Liste des Colonels Generaux, & il est ainfi qualifié dans un Etat de la France manufcrit de l’an 1598 , que le R everend Pere Daclin , Religieux de Saint B enoît, a eu la bonté de me communiquer. Tous les loirs avant que le Roy fo couche, le Capitaine Fonftions & prérogatives prend l’ordre de Sa Majefté , & le donne en fortant à l’Edu Capitaine xemt qui est de jour pour commander les Suifles deftinez à des Cent Suis coucher dans la Salle des Gardes. si s . Quand le Roy marche à p ied , le Capitaine des Cent Suiffes va immédiatement devant la perfonne de Sa Majefté , comme le Capitaine des Gardes du Corps de quartier va immédiatement après elle. Quand le Capitaine des Gardes montoit dans le carofle du Roy, le Capitaine des Cent Su fies y montoit aufli, fi la Reine n’y étoit pas ; pareillement quand dans les ceremonies il y a un banc pour les Capitaines des Gardes du C o rp s, le Capitaine des Cent Suiiîes a auflï sa place fur ce banc. En certaines occafions les Gardes du Corps allant à pied yis-à-vis des portières du carofle du Roy , la Compagnie des C ent Suiflès marche en deux files tambours b a tta n s , à com mencer depuis les petites rouës du carofle, les Officiers à la C
tê te , & le Capitaine marche à cheval entre les deux files pro che du carolïè. Il a toujours un des Cent Suiiîes à la porte de fon logis, qui est cenfé une fendneile tirée de la garde. Quand il s’agit de faire des détachem ens de la Compagnie en certaines occafions, le Roy adrelTe une lettre de cachet au Capitaine , pour qu’il faftè executer les ordres du Maître ou du G rand M aître des ceremonies, fans quoy les Officiers ni les Suifles ne voudroient pas obéir. Il prête ferment de fidelité de sa Charge entre les mains du R o y , & il le reçoit des autres Officiers de sa Compagnie , aufquels il donne des Provifions fcellées du fceau de fes ar mes , à l’exception des deux Lieutenans qui font pourvus du Roy , & prennent leurs Provifions au grand Sceau ; après quoy ils prêtent le ferment entre les mains du Capitaine. Enfuite il les vient installer à la tête de la Compagnie , ordon nant aux Cent SuilTes de les reconnoître & de leur obéir en tout ce qu’ils leur com m anderont pour le service du Roy. Cette claufe a toujours été mife dans les Provifions du Co lonel General.
Liste des Capitaines de la Compagnie des Cent Suisses depuis Charles V III s on instituteur. Loüis de Menton Sieur de Lornay fut fait Capitaine en Loüis deMenton Sieur de 1496 à l ’institution de la Compagnie. Lornay. Après le Sieur de Lornay plufieurs Seigneurs de la Maison Plufieurs Sei de la M arck poflederent cette Charge. l’Auteur du difeours gneurs de la Marck l’un fommaire fur la création de la Compagnie des Cent Suiflès, apris I'antris donne pour fucceffeur à Lornay Guillaume de la M a rc k , & prouve fort bien qu’il eut cette Charge par fon épitaphe qui est à Sainte-M aure proche de Fontenai en Poitou ; elle est: conçue en ces termes : C y g ift M e fjire G u illa u m e de la M a r c k en f o n v i v a n t c h e v a l i e r de l’O rd re , C o n fe ille r c h a m b e l la n ordi n a ir e d u Roy n o tre S ir e , C A P I T A I N E D E S C E N T
S U I S S E S D E L A G A R D E , &c. Ce Seigneur poftèda cette Charge sous LoüisX II, & au commencement du Regne de François L
Le m êm e A ùteur fait fucceder dans cette C hargea G uil laume de la M arck Robert de la M arck , qui m ourut félon lui en 1551 fousHenri IL Il donne pour fucceifeur à celui-ci H enri de la M arck die comm uném ent le Maréchal de Fleurange. Ce Seigneur dit lui-même dans les mémoires manuferits qui font à la Biblio thèque duR oy, qu’il eut cette Charge. L ’Auteur du difeours de la création des Cent Suiflès , met après le Maréchal de Fleurange H enri R obert de la M arck , qui exerça la Charge par Commilfion durant la prifon de fon pere. Suit Charles R obert de la M arck Seigneur de Braine »&c. fousHenri III. Il est aufli dit dans la Genealogie imprimée de la M arck que ce Seigneur fut Capitaine des Cent Suides en ce tems.là. Henri Robert Et puis H enri R obert D uc de Bouillon qui exerçoit la C har Duc de Bouil ge en 1598 conformément à l’Etat de la France m anufcritde lon. cette année dont J'ai déjà parlé ; mais il n’en fut en poflèfhon qu’en 1615 que fon pere mourut. Il la pofléda en Chef 27 ans félon l’A uteur, c’est-à-dire jufqu’en 1652. Son fuçcefTeur en 1653 fut Jean de Souillac., Seigneur de Tean de SeuilM onm ege, Lieutenant General des Armées du R o y , & l ac. nommé à l’O rdre du S. Efprit. François René du Bec-Crefpin , Marquis de W a rd e s , Le Marquis de Wardes. en 1655, Jean Baptifte de CalTagnet, Marquis de T iliadet,en 1678, L e M a r q u is d e T ilia d e t. Il fut tué à Steinkerque en 1692. Michel-François le Teliier de Louvoy, Marquis de CourLe Marquis d t Courtentenvaux, Colonel du Regiment de la R e in e , fut reçu en ynux-Louvoy. furvivance en 1688 , & entra en exercice de la Charge Fan 1692. François Macé le Teliier, Marquis de Louvoy, Mettre Franfois de Louvoy. de Camp du Regiment de Cavalerie d'Anjou, fait Capitaine Colonel des Cent Suiflès en 1716, par la démifllon du M ar quis de Courtenvaux fon pere, à qui la furvivance en a été d onnée, l’exercice aétuel & le commandement confervé, auffi-bien que les revenus, privilèges, &c. de la Charge sa vie durant? Va
D e s a u tr e s O fficiers de la C o m p a g n ie des C e n t S u i ß es.
I L y a dans cette Compagnie des Lieutenans,des Enfeignes, des Exemts & des Fouriers, outre d'autres Charges non M ilitaires, dont les Officiers, comme dans les autres C orps, font mis fur l’Etat Major. Il n ’y eut d 'abord qu’un Lieutenant Suiflè de nation ; I l n'y eut &C cette Charge fut ordinairement exercée par des Colonels d'abord qu'un Lieutenant Suides, dont l ’Auteur du Difcours Sommaire de la création qui étoit Suifie de la Compagnie , fait une Liste. Charles R obert de la M arck, de nation. du tems de H enri I I I , y fit m ettre un Lieutenant François I l y a eu de nommé d 'Eftiveau, & l’on voit que cette Charge a été pofi puis un Lieu tenant F a n fedée par des perfonnes qualifiées, comme les Sieurs de Par- fois avec le daillan & de Maugiron. Suiffe. Les Suifles ne furent pas trop contens de cette innovation. Difpute four Il furvint une difpute pour la préseance entre les deux Lieu- la préseance les dcuie tenans. Chacun allégua fes raifons. Le Lieutenant François entre Lieutenans. s’appuïa lans doute fur la réglé generale que les François ont par tout la droite fur les Suiftès ; & le Lieutenant Suifie fur ce que sa Charge étoit auffi ancienne que la Compagnie mêm e; que IaFrançoife étoit nouvelle, & qu’il avoit toujours commandé la Compagnie en l’ablènce du Capitaine. Le Colonel Balthaiar de Greflach , Lieutenant Suifie,. céda la préseance au Lieutenant François 3 mais il y eut des remontrances faites là-deftus à H enri IV, qui jugea en faveur Jugement de Henri IV à du Lieutenant Suifie : & la R equête des Cantons prefentée l'avantage du en 1614, articule que le jugement de H enri IV fut mis à Lieutenant execution à l’entrée de ce Prince dans Lion: mais Loüis Suiffe. Jugement de X IV en 1653 régla qu’en l’abfence du Capitaine, le Lieu lo ü is X IV en tenant François commanderoit la Com pagnie, &. dpnne- faveur du Lieutenant roit les ordres qui regarderoient le service. C’étoit alors le François. Sieur de la Boifiïere de C ham bors, qui étoit le Lieutenant François, & qui venoit de prendre pofleflion au mois d'Avril de cette an n ée, comme fes Provifions le marquent. Le Lieutenant Suiflè est en poflèflion de tems immémo rial d 'être Juge fuperieur de la Com pagnie, tant au civil qu’au criminel, & de celle de M. le D uc d 'Orléans, qui est
originairem ent un détachement de la Compagnie des Cent Conseil de Suides du Roy. Le Confeil de guerre de la Compagnie ne guerre de la peut cependant être aliénable fans la permiffion du Capi Compagnie. taine : &, s’il n’y avoit pas allez d 'Officiers SuilTes, on en prendroit de la Compagnie Generale pour y fuppléer. Au-delTous des Lieutenans font deux Enfeignes, l’un Fran V eu x Ensei gnes , l’un çois, & l’autre Suidé. Ils fervent par femeftre.L’Enfeigne Fran Suijfe,& l'au tre François. çois fut créé en 1658 , la Charge d 'Enfeigne Suilïe aïant été feparée en deux, dont la moitié demeura à l’Enfeigne Suidé, & l’autre moitié fut attribuée à l’Enfeigne François. Après les Enfeignes, fuivent les Exemts. Il y en a h u it, quatre SuilTes & quatre François dont toutes les Charges ne font pas de même création , fervant par quartier. Ce titre d'Exemt ne fut point en ulage dans la Compagnie avant 1615, Il y a encore des Fouriers au nombre de q u a tre , deux Fouriers. Suilles & deux François, qui fervent par quartier. Il y avoit autrefois un Porte-Enfeigne ou Porte-D rapeau Suide, Office qu’on a négligé de rétablir : mais le Drapeau fubüfte toujours. Le fond ed de quatre quarrés bleus. Le premier &. le quatrième portent une L couronnée d'o r , le Sceptre & la Main de Judice padèz en fautoir, noüez d 'un ruban rouge. Le fécond & le troidéme ont une mer d'ar gent om brée de v ert,d o tta n t contre un rocher d'or qui ed battu de quatre vents. La croix blanche fepare les quatre quartiers avec cette infcrjption ; ea cjl fiducia gentis. On a voulu apparemment m arquer par ces paroles la fermeté de la N atio n , que les plus grands dangers ne font pas capables d'ébranler,com m e le rocher & tient toujours ferme m algré la fureur du vent & des dots. Ce Drapeau ed le même qui étoit sous le Regne de Henri II, comme il ed m arqué dans la falle des Suidés à Fontainebleau.Le feu Roy le fit renouvelier. Ce Drapeau ed dépofé chez le Capitaine Colonel. Je ne defcendrai point dans le détail du service de la Compagnie des Cent Suides à la C our, cela n’axant nul rapport à mon Hidoire de la Milice Françoife.
P l. 6.
D u R e g im e n t des G a r d e s S u iß es.
J E n’ai trouvé nulle part dans nos H iftoriens, ni dans les
mémoires qui m’ont été fournis fur les troupes Suifles, l’époque de l’institution du Regim ent des G ardes SuilTes exprelTément marquée. Je croi pourtant qu’on la peut fixer par les reflexions que je vais faire fur ce fujet. Prem ièrem ent, dans la Liste qu’on a des Colonels de ce R é giment , en commençant par M. de R ey nold, qui poflede aujourd’hui cette C h arg e, on remonte jufqu’au Colonel G alati qui étoit à la tête du Regiment des Gardes SuilTes en 1615, & cette Liste ne va point plus loin que ce Colonel. Secondement,dans le compte de TExtraordinaire des Guer res de Tan 1590, qui fut la première année du Regne de H enri I V , le Regim ent de Galati est marqué comme un Regim ent Suissè , mais non sous le titre de Regiment des Gardes. Il & trouva fur la fin de 1589 au combat d'Arques, où H enri IV battit le Duc de M ayenne, & on ne lui donne point non plus dans les Relations de ce com bat, où il fît des m erveilles, le nom de Regiment des Gardes. En 1615, félon le compte de cette année , le Regiment de G alati fut de dix Compagnies. Et enfin dans le compte de 1616 , G alati est nommé pour la première fois Colonel des Gardes Suifles. Jo u rn a l de Ceci convient parfaitement avec ce que M. de BaflomB assom pier ie pierre dit dans Ton Jo u rn al, que Je Roy ( Loüis X III) au p. 3 6 1 de retour du voïage qu’il fit en Guyenne pour fon mariage , l ’E dition de & refolut Tan 1616 de faire à Tours un Regiment complet de C1 ologne 665 . fes Gardes S u if es , & qu’ils vinrent faire la gremiere Garde de v a n t fon logis le mardi douzième de Mars. C ’est donc cette année qu’il faut placer l’époque de l’inf. titution du Regim ent des Gardes Suifles.Jufqu’en 1615 le Roy n ’avoit eu pour sa Garde Suifle, non plus que H enri I V , que deux ou trois Compagnies, O n en leva d'autres en 1615. Le Regiment ne fut complet qu’en 1616, & ne monta sa première Garde au logis du R oy qu’au mois de Mars de la même an n ée, comme vient de le dire le M aréchal de Baflompierre, gui étoit alors Colonel General des SuilTes. Il me paroît que
par cet expofé la choie est parfaitement éclaircie rfçavoir que
Epoque de ce R egim ent en qualité deRegimentdes Gardes commença à l ’infiitution du Regiment & form er en 1615,& qu’il fut complet & en fonction en 1616. des Gardes Suisses. E t a t d u R e g im e n t des G a r d e s S u isses en 1714, & des
ch angem ens q u i y f o n t a r r i v e z d epuis s o n in fiitu tio n .
Uivant le contrôle de 1714,06 Regim ent étoit alors compofé de douze Compagnies, en y comprenant la Generale. A quelques-unes de ces Compagnies il y avoit deux Capitai nes qui en commandoient chacun la moitié. Il n ’y avoit autrefois dans chaque Compagnie SuifTe que trois Officiers, fçavoir un Capitaine, un Lieutenant & un Augmentation Enfeigne: mais le Roy Loüis X IV trouvant que ce n’étoit d 'officiers dans chaque point allez pour le nombre des Soldats, qui elt beaucoup Compagnie. plus grand que dans les Compagnies Françoifes, il doubla le Lieutenant & ajouta un Sous-Lieutenant, de forte qu’il y a maintenant cinq Officiers principaux dans chaque Com pagnie, non feulement dans le Regiment des G ardes, mais encore dans les autres Regimens SuilTes. Il y a deux SousLieutenans dans la Generale. O utre ces Officiers, il y a dans chaque Compagnie huit Sergens, quatre Trabans, cinq T am bours, un Fifre, lîx Caporaux & lix Anlpelîàdes. Il n’y avoit point eu de Lieutenant Colonel dans le R é Infiitution du Lieutenant giment des Gardes en titre d 'Office jufqu’en 1689. M. de Colonel en ti Reynold a été le premier nommé à cette Charge. Il y a deux tre d 'Office, Majors dans ce R egim ent, qui ont une Commiffion de Capi taine aux Gardes par l’Ordonnance du Roy du 19 de May 1691. Il a quatre bataillons. C’elt le feul Regim ent SuifTe qui foit fur ce pied-là ; les autres n’ont que trois bataillons. Le nombre des Compagnies de ce Regiment a beaucoup varié. Le Regiment des Gardes Suiües en cette qualité de Gardes de la Perfonne de Sa M ajefté, tient le premier rang parmi les Regimens de cette N ation qui font au service de France. En traitant du Regiment des Gardes Françoifes, J'ai parlé de la préseance que ce Regiment a fur le Régi m ent des Gardes SuilTes, dont neanmoins les Capitaines ont à peu près les mêmes prérogatives que ceux du Régi ment des Gardes Françoifes pour le commandement. S
Toutes les Compagnies du R egim ent des Gardes Suiflès montent la garde auprès de Sa Majeffé fuivant le rang des Cantons d 'où font les Capitaines : mais les Capitaines & com mandent les uns les autres fuivant leur ancienneté. Dans le Regiment des Gardes le R oy n’adm et que des Suides ; mais pour les autres Regimens de cette nation fui vant l’Ordonnance du premier de Decembre 1696, non feu lem ent les G rifo n s, mais encore les Allemans , les Polon o is, les Suédois & les Danois n’en font point exclus. La Compagnie Generale a pour Capitaine un Prince ou Seigneur François ; mais tous les autres Officiers font Suid fes. Elle n ’est réputée d'aucun Canton en particulier ; & ce pendant elle est reconnue en Suiffe indifféremment de tous les Cantons. Les Capitaines du Regim ent des Gardes Suiffès ont fouvent d'autres Compagnies, à la tête defquellesils ne fervent point. Le Capitaine titulaire met à sa place un Capitaine C om m andant, auquel il donne deux cents francs par mois.
Rang des Compagnies Su ites entre elles. N u l autre que les Suiffes admis au Ré giment des Gardes.
L i s t e des C o lo n e ls d u R e g im e n t des G a rd e s Suis s es depuis s on in s titu tio n .
Les Sieurs, Galati du Canton de G larisen 1615 & 1616. D e Hefîy du même Canton. G reder du Canton de Soleure. Freuller du Canton de Glaris. D e Heffy du même Canton. Molondin du Canton de Soleure. Stoppa Grifcn en 1685. Vaguer du Canton de Soleure en 1701. R eynold du Canton de Fribourg en 1701. Il poflede encore cette Charge en 1721. D e s a u tres tro u p e s S u is s es q u i f e r v e n t en F ra n c e .
I L y a comme deux efpeces de troupes Suisses au fervice de France. Les unes , & qui font le grand nombre , font avouées des Cantons. Les autres ont été levées par des Ca-
Deux espesos de troupesSuifses au ferviee de France.
Compagnies Suisses fu r le pied de deux tfn ts hommes.
pitaines Suilïès fans l’aveu de leurs Supérieurs. D ès le tems de François I , & même avant fon R e g n e , il y avoit une efpece de Loy ou de Reglement parmi les Suifïès qui défendoit de donner par autorité publique des troupes à un p a rti, quand ils en avoient accordé à l’autre. Cela s’interpretoit en ce fèns, qu’ils ne pouvoientpas fournir en mêmetems aux deux partis des soldats qui combattiflent de part & d 'autre sous les Etendarts des Cantons ; mais les particuliers, à moins d'une défenfo très-exprelTe , pouvoient s’enrôler sous les drapeaux de quelque Etat que ce fût. Il arriva de là quelquefois que dans deux armées ennem ies, la plupart de l ’Infanterie étoit compofée de SuilTes : ce qui obligeoit les Cantons à leur envoïer ordre de quitter les deux camps & de revenir à leur p a is, pour empêcher qu’ils ne s’égorgeaffent les uns les autres. Il s’est donc fouvent trouvé durant les guerres de notre tem s, quelques Compagnies de SuilJes dans nos armées levées de cette forte fans l’aveu de leurs Superieurs.Les Capitaines de cesCompagnies ne peuvent faire leurs recrues publiquement dans le pais: mais elles fefont ce pendant , & ces Compagnies & trouvent complétés comme les autres. Les troupes SuilTes qui font aujourd’hui en France conlîftent en plulîeurs R egim ens, & en quelques Compagnies non enrégimentées ; qu’on appelle par cette raifon Compa gnies franches. Il n’y eut jamais tant de SuilTes au service de France qu’il y en eut pendant la guerre qui précéda le traité de R ifw ikr il y en avoit alors trente - deux mille. La plupart de ces trou pes compofoient onze Regim ens, chacun de douze Compa gnies , qui pouvoient être de deux cents dix hommes ; & le lurplus étoient des Compagnies détachées au nombre de dix-neuf & demie. A la paix de R ifvik on réform a prefque toutes les Compa gnies franches. En 1714 il y avoit encore au fer vice du Roy dix-neuf mille SuilTes en dix Regimens. Les Compagnies SuilTes font ordinairement fur le pied de deux cents hommes : & fuivant les conventions faites avec les C an to n s, on leur fournit une certaine fomme pour la levée
des soldats. Chaque Capitaine pour la fomme qu’on lui don ne , est obligé de fournir le nom bre des soldats & des Offi ciers , & d'enrretenir les soldats de tout. Chaque Regim ent est compofé de n eu f Com pagnies,& forme trois bataillons chacun de trois C om pagnies, excepté le Regiment des Gardes qui étant de douze Com pagnies, a quatre bataillons. O utre les premiers Officiers & les autres fubalternes ordi naires , c’est à-dire les Sergens, les Caporaux , 8cc. il y a ce qu’on appelle des Trabans ; ce mot lignifie G arde en langue Allemande. Leur fonction est d'accompagner les Capitaines dans une aftion de guerre. Ils font en cette occafîon & dans les revues armez d'une grande hallebarde ou pertuifanne dif ferente de celle des Sergens : le fer en est taillé par fon ex trém ité en lame de pertuifanne, & les deux cotez en hache d’Armes & de Bec de Corbin. Ils font exemts de fadions, & ont une paye un peu plus grofle que celles des autres soldats de la Compagnie. Il y a auffi dans chaque Compagnie un Officier qu’on appelle Capitaine d’Armes, dont la fondion est d'avoir l’œil fur les armes de la Compagnie , de donner ordre qu’elles foient toujours en bon é ta t, & d'en diftribuer de nouvelles dans le befoin. Dans le Regiment des Gardes ils ont la livrée du R o y , dans les autres ils ont la livrée du Colonel auffi-bien que les Tam bours & les Fifres. Les drapeaux du Regim ent des Gardes font de la livrée du Colonel G en eral, dans les autres Regim ens, ils font de la livrée des C olonels, & dans les Compagnies franches de la livrée du Capitaine. Le drapeau Colonel du Regiment est la croix blanche qui le fepare en quatre quartiers , lefquels font de bleu turquin , aurore, noir & rouge en pointes ondées aboutiftantes aux quatre angles de la croix. Il y avoit autrefois des Piquiers dans les Regimens Suiffes comme dans les a u tre s, & ils avoient dans les combats , dans les revues & en m ontant la garde des çorcelets. Iis les ont quittez depuis le retranchem ent des piques. Il y a quelques cadets dans les Regimens SuilTes : mais il y en a plus dans le Regiment des Gardes que dans les autres ;
Truba ns, leur fo u ilim ,
Drapeaux,
C a det s .
Le Capitaine est du Canton oit la Compa gnie est levée.
Une Compa gnie peut paffer d'un Reg i-
ce font de jeunes gens des meilleures familles des Cantons qui & deftinenc au s e r v i c e , & y fervent julqu a ce que le R oy les avance à quelque Cliarge. Ils font diftinguez des autres soldats par le plumet blanc & l’épée d 'argent. Comme quelques Compagnies SuilTes ont deux C apitai nes , il est auffi arrivé quelquefois qu’un même Colonel avoic deux Regimens. Ainfi Monlleur Stoppa, en qui le Roy avoic beaucoup de confiance, & qui durant le bas âge de Monlleur le Duc du Maine , faifoit toutes les fonctions de Colonel G eneral, à la referve des honorifiques, étoit en même-tems Colonel du Regim ent des Gardes & d 'un autre Regim ent qui portoit fon nom. Il mourut en 1701 étant Lieutenant G e neral: & ce fut alors que Monlleur le Duc du Maine entra en exercice de toutes les fondions de Colonel General. Les Compagnies enrégimentées lont fubordonnées aux Colonels & aux Lieutenans Colonels pour toutes les chofes de difcipline , c’est-à-dire que ces Commandans des Corps font proprem ent les Infpedeurs de leurs Regim ens, pour avoir attention que les Capitaines falTent bien le service, que leurs Officiers fubalternes foient tels qu’ils doivent être , que leurs Compagnies foient complétés , bien tenues, bien vê tues , bien arm ées, & compofées de soldats bien en é tat de lèrvir. C’est de quoy les Colonels doivent rendre compte au Colonel G e n e ra l, & dont ils font refponfables : car pour ce qui est du détail pécuniaire des Compagnies, cela concerne les Capitaines. Ce font les Colonels qui nomment & prefentent les M a jors au Colonel General , excepté dans le Regim ent des G ardes, dont le Roy nomme lui-même les Majors. Quand une Compagnie est levée dans un C a n to n , le Roy y nomme un Capitaine du même Canton ; & fi le Capitaine meurt ou quitte le service , le R oy obferve de prendre le Capitaine dans la famille de celui qui l’a levée, quand il s’y rencontre de bons fujets. Cela s’entend feulement des Com pagnies avoüées des Cantons ; car pour le s autres il ne s’y aftreint pas. Dans les Regimens François, les Compagnies ne paftent point d 'un Regim ent à un autre ; mais parmi les Suides, à la referve
referve du Regiment des G ardes , cela & fait fans difficulté. ment dans un On oblèrve leulement que de quelque ancienneté que foit autre. la date de la Commiffion de Capitaine de celui qui change de Regiment 3 il & met à la queue , n e p e rd a n t point cepen dant fon rang d'ancienneté dans les détachem ens compofez de plulieurs Regimens. Les Officiers SuilTes font en droit de tirer des autres trou pes les soldats de la nation qui s’y rencontreroient. Il y a fur cet article une Ordonnance du Roy du cinquième d 'Avril 1 6 7 4 , félon laquelle , s’il le trouve dans les Regimens Suiffes quelque foldat François , le Capitaine est tenu de le re mettre au premier Capitaine François qui le lui demandera , fans que ce Capitaine foit obligé de rien païer au Capitaine SuilTe. Mais ft un Capitaine SuilTe trouve un foldat Suiftè dans un Regim ent F rançois, il est en droit de le rep ren d re, en donnant vingt-deux livres au Capitaine François. I l y a des Of Il y a plulieurs Cantons dont nous n’avons point de ficiers de tous Compagnies ; mais il n’y en a point dont nous n’aïons des les Cantons. Officiers. Il y avoir autrefois un Regim ent qui n’étoit compofé que Regiment du Canton de de Bernois, &, qui même devoit avoir un Colonel de ce Can B erns. ton , c’ell celui qui est à-prefent le Regiment de VillarsChandieu: on obferve encore d 'y m ettre un Colonel Bernois : mais comme le C anton de Berne n’a pas le même attache m ent pour la France qu’autrefois, depuis fur tout que le Roy a révoqué l’Edit de N antes ; on met dans ce Regiment quel ques Compagnies tirées des autres Cantons. Nous avons un Regiment du païs de Vallais,qui doit avoir Regiment du is de V a lun Colonel Yallelien. Il n’y a que ces deux Regimens qui fa lais. puillènt donner quelque contrainte fur le choix du Colonel. Comme pendant plulieurs années depuis l’institution des Compagnies de G renadiers, il n’y en avoir point eu parmi les Suilîès, & que par cette raifon les troupes de cette nation n ’avoient point de p a rt aux actions les plus brillantes de la guerre , le Sieur Stoppa en 1691 propofa au Roy d'en former une Compagnie par chaque Regim ent,pour fervir fur ce piedlà dans les mouvemens de guerre feulem ent, & Sa Majefté l’approuva.
Grenadiers Suiß es.
Officiers four exercer la j u f tice dans les Regimens Suijjes.
O n prit vingt des meilleurs hommes dans chaque Compa gnie & un Sergent ; on en fit des Compagnies de Grenadiers où l’on m it des Officiers d'élite : on fit camper ces nouvelles Compagnies enfemble durant la campagne ; on s’en est fo rt bien trouvé ; & dans les occafions elles n’ont fait paroître ni moins de valeur ni moins de vivacité que nos G re nadiers François. Il y a mêm e pour les Officiers de ces Com pagnies quelque chofe de fort honorable pour eux , c’est qu’ils n’ont point d'appointemens extraordinaires. Quand les places des Officiers ou des soldats vaquent, on les rem place par d 'autres : & lorfque la campagne est finie , ils re tournent dans les Compagnies dont ils ont été tirez : au lieu que les Grenadiers des Regim ens François form ent des Compagnies particulières, & toujours feparées des autres. O utre plufieurs privilèges dont les SuilTes joüiftent en France , comme d 'être cenfez R egnicoles, êcc. un des plus considérables par rapport aux troupes de la nation,est d 'avoir une juftice particulière & feparée , à laquelle neanmoins les feuls Suilfes qui font dans le service , font fournis. Les Regimens ont chacun leurs Officiers pour l’exercer. Quoique la Compagnie Generale ferve d'ordinaire à la tête du Regim ent des G a rd e s, elle a cependant sa juftice à p a r t, & dans fon E tat Major est un Officier qu’on appelle le G rand Juge. Le Regim ent des Gardes a auffi fon G rand Juge , un G rand P révôt , un Greffier, les Juges de chaque Com pa gnie , les petits Prévôts , vingt Archers du G rand Juge & un exécuteur de juftice. Les autres Regimens ont auffi leurs O f ficiers de juftice, un Grand Juge par Regim ent & un petit Juge par Compagnie, Les Compagnies franches en ont auffi ; & elles invitent dans les occafions des Officiers de quelque Regiment pour rendre complet le nombre des Juges. La maniéré dont les Suifles tiennent leur Confeil de guerre a quelque chofe d 'affez fingulier. Il ne & tient jamais ni le Dim anche , ni les Fêtes, ni le Vendredi. Ce Confeil est partagé en deux Tribunaux. L ’un n’est compofé que des fubalternes du R egim ent, c’est-à-dire des Lieute n a n s , Sous-Lieutenans , En feignes. Le dernier Capitaine
du Regiment y préfîde fans y avoir de voix. Il y est feule ment pour avoir foin que les c h o f e s & pallent dans les for mes. Le G rand Juge est affis devant une table avec le livre du Confeil de guerre. Il n’a point de voix : & il ne parle que pour interroger le criminel. Celui-cy a un Avocat pour le défendre , cet Avocat est ordinairem ent un Sergent. Un autre fait la fonction d'Avocat du Roy pour requérir fur le crime. C e Confeil & tient en plein air & à découvert , quelque tem s qu’il fafte, au milieu au bataillon qui & forme en quarré. Il doit toujours juger fuivant la rigueur des Loix &, des Ordonnances. Lorfqu’il a prononcé , & fait écrire la fen~ tence , le Capitaine qui y prélide la porte au Confeil de guer re des Capitaines qui font aflemblez dans une tente ou dans une Maison voifine. Le C o lo n el, ou le Lieutenant C olonel, ou le plus ancien Capitaine y préfide. Il fait lire lafentence , & il demande les avis en commençant par le Capitaine le moins ancien. & les voix étoient m i-parties, la voix du P ré sident l’em porteroit. Ce Confeil peut commuer la peine , & est en droit de faire grâce. Il n ’y a même que lui qui le puiffe. C ’est un privilège de la nation ; & je fçai de très-bonne part qu’en une occafion le feu Roy ayant été fortem ent follicité pour donner la grâce à un foldat Suifle , Moniteur de Surbek alors M ajor au Regiment des Gardes SuifTes prenant congé de lui pour aller au Confeil de guerre , ce Prince lui ordon na de dire en propres termes au Confeil , qu'il le prioit d 'a cc o rd e r l a g r â c e ; ce que les Capitaines ne manquèrent pas de faire, Après qu’on a écrit la fentence des Capitaines au bas de celle du prem ier Confeil de guerre, le dernier Capitaine qui l’avoit a p p o rté e , la reporte au Confeil des fubalternes , & on la lui lit. & le criminel est condamné à la m o rt, on rom pt une baguette qui est fur la table du G rand Juge : li le crimi nel est a'ofous, ou qu’on lui donne sa grâce , la baguette n’est point rompue. Le Confeil de guerre ne peut & lever que l’execution ne o it faite. Que ft les chofes ne & paftbient pas dans l’ordre
au Confeil de guerre desfubalternes, le Capitaine qui y prékde peut furfeoir le C o n f e i l , pour en aller rendre compte aux Capitaines ademblez qui font en pouvoir de le rom pre. Les Suides qui font dans le service ont la liberté de leur Liberté de tonfciencepour Religion. Comme ils font prefque mi-partis fur cet a rtic le , les troupes le R oy veut qu’il y ait un Aumônier dans chaque R egim ent, Suisses. & les Proteftans ont droit d'avoir un Miniftre ; c’est le C o lonel fuivant la Religion dont il e d , qui paie l’Aumônier ou le Miniftre -, & l’autre , fans qu’il s’en mêle , ed paie par les Officiers du Regim ent qui font de l’autre Religion. Dans les Garnifons on affigne aux Miniftres un lieu où ils peuvent prêcher ; mais il ne leur ed point permis de p rê cher ailleurs , ni d'adm ettre à leurs ademblées d'autres perfonnes que les Officiers & soldats de leurs Regimens. Soldats SuifLes soldats Suides font admis à l’H ôtel des Invalides com fes Catholiques admis aux In me les soldats F rançois, quand ils & trouvent dans le cas : valides. mais de tout tems il n’y a eu que les soldats Suides Catholi ques qui aient joui de cet avantage. Neanmoins comme on retient fur tous, foie P rotedans, Toit Catholiques , ce qu’on appelle le denier des Invalides, les Cantons Protedans ont fait fur cela de vives & de frequentes remontrances. Le R oy pour les fatisfaire, fans & départir du Reglement qu’il avoic Moyen defup- fait à cet égard pour la Religion , imagina en 1710 un mo'ien .pléer à cet ce fut de prendre une fomme de dx mille livres fur le fonds avantage pour les foldatsPro- des Invalides, pour être didribuée dans le pais en petites teflans. pendons par les mains de l ’Ambadàdeur de France , aux O f fic ie r s & aux soldats qui lânsleur Religion pourroient être reçus à l’H ôtel des Invalides : & cela a fait ceder les plain tes. Lorfqu’un Capitaine ed par fon âge , ou par lés bleffures, ou par fes infirmitez hors d'é tat de fervir , le Roy qui en ces cas ne donne pas à fouvent aux Etrangers qu’aux François, des pendons ou des em plois, lui laide là Com pa gnie , en l’obligeant de nommer & de païer un Capitaine pour la commander. Valeur de la D e tout tems les Suides ont été en grande réputation Nation Suifde valeur ; ils la drent paroître du tems de Loüis X I , contre Je contre Charles Duc Charles le H ardi Duc de Bourgogne ; & après l’avoir battu de Bourgogne.
en diverfès occasions , tout vaillant & tout habile qu’il étoit dans la guerre , ils le défirent de nouveau auprès de Nanci dans une bataille où il perit. La journée de Novare sous le Regne de Lotiis X I I , après leur rupture avec ce Prince , est une des plus belles chofes qui & lifent dans l’Histoire en matière de guerre : le deffein qu’ils coururent de furprendre Monfieur de la Trim oüille , fut également bien conduit & bien exécuté. La bataille de Marignan au commencement du Regne de François I , leur fut très-funefte ; mais ils y firent paroître leur intrépidité , & ce ne fut qu’après deux fanglants combats donnez deux jours de fu ite , qu’ils firent leur re traite. S’étant reconciliez avec la F ran ce, ils foûtinrent en la fer vant leur ancienne réputation , ils pouffèrent à l’excès leur bravoure à la journée de la Bicoque, malgré tout ce que pu rent leur reprefenter les Generaux François, leur impruden ce & leur opiniâtreté furent également dommageables & à eux & à la France. Dans la fuite ils & fignalerent principalement en deux occafions. La première fut à la bataille de D reux, où ils foûtinrent très-long-tem s le choc de la Cavalerie du Prince de Condé : & après que leurs bataillons eurent été enfoncez & percez d 'outre en outre, ils & rallièrent, repoufferent la Cavalerie du Comte de la Rochefoucault, qui entreprit de nouveau de les rompre ; défirent un gros de Lanfquenets qui vint les attaquer ; & enfin aflaillis de nouveau par plufieurs efcadrons de Reiftres & de Cavalerie Françoife, ils penferent à faire retraite. Ils la firent par petits pelotons toujours en ordre & en com battant, tournant tê te de tems en tems ; & au défaut de leurs piques, dont la plupart étoient brifées, prefentant les uns l’ép ée, &. les autres jettant des pierres contre ceux qui les approchoient, ils & retirèrent de cette forte avec l’adm iration des deux armées, jufqu’à l’aîle droite, commandée par le M aréchal de Saint André. La seconde occafion fut lorfqu’ds ramenèrent à Paris le R oy Charles I X , que le Prince de Condé & l’Amiral de Coligni avoient projette d'enlever. Le Colonel PhifFer à la
A la journée de Novare.
A la bataille de Marignan.
A la journée de la Bicoque,
A la bataille de D reux.
D ans la retraite du Moy Charles I X à P ar is.
tête de Gx mille Suides, & fie fort de conduire ce Prince au milieu de fes bataillons depuis Meaux jufqu’à Paris. Ils fu ren t attaquez diverfes fois en pleine campagne par la C a valerie du Prince : mais ils firent fi bonne contenance , m ar chèrent avec tant d'o rd re, & reçurent avec tant de refolution cette Cavalerie, qu’elle fut obligée de les laifïer a lle r, fans avoir jamais pu faire breche à leurs bataillons. L 'Infanterie Ces glorieux exploits étoient non feulement l’effet de leur Suijfe, modele des autres n a bravoure, mais encore de la difeipline Militaire établie par tions. mi eux. Cette difeipline fut le modèle fur lequel les autres Nations form èrent leur Infanterie, c’est-à-dire les François , les Efpagnols, les Italiens ; &. jufques-là nulle Infanterie n ’é ' toit efîim ée, horm is celle des Suisses, & les L anfquenets' qui cependant le cedoient encore aux Suisses. Leur fidelité. Ils ont é té aufli toujours louables par leur fidelité pour les Princes aufquels ils & donnoient, pourvu cependant qu’on les payât bien : la defertion étoit rare parmi eux* & il me fouvient qu’encore vers l’an 1673, comme J'étois dans une ville de la fro n tiè re , un Suiffe aiant d e fe rté , non feule m ent les Officiers, mais encore les fîmples Soldats en furent très-feandalifez, & le deferteur ayant été p ris , ils deman dèrent avec empreffement qu’on en fît une fevere juftice, T o u t cela fans douce est fort honorable pour la N a tio n , & a dû avoir place dans l’Histoire que je viens de faire de cette Milice. Je vais rappeller icy la mémoire d 'un autre Regim ent des Gardes é tra n g e r, dont je n ’avois moi-même jamais en tendu faire m ention, & qu’on ne connoît gueres, quoiqu’il n ’y ait pas extrêm em ent long-tems qu’il étoit fur pied ; c’est le Regiment des Gardes Ecoffoifes.
C H A P IT R E D u
VIII.
R e g i m e n t d e s G a r d e s E c o ß ois e s .
L est naturel de traiter du Regiment des G ardes Ecoffoifes, après avoir fait l’Histoire du R egim ent des G ar des Françoifes & du Regiment des Gardes Suiflès. J 'avoue qu’en lifant les Hiftoi re s, je n’a vois fait aucune attention à ce troilîéme Regiment des G ardes, quoiqu’il air été fur ce pied en France pendant plulîeurs années, & même sous le Regne de Loüis le G rand. T o u t ce qui s’étoit prefenté à moy sous ce titre de Gardes Ecolfoifes, je l’a vois attribué à la Compagnie Ecofloife des Gardes du Corps $ mais J'ai été détrom pé par l’extrait d 'un Rôle de Denis Gedoin, Treforier de l’E pargne, de l’an 1643 , qui m’a été communiqué par M .l’Abbé deD angeau.O n y voit ces articles. I
R e g i m e n t d e s G a r d e s E c o jîo ije s d e t r e i z e C o m p a g n i e s , f a i f a n t e n fe m b le
1500 h o m m es.
R e g im e n t des G a rdes
E c o jfo ife s d e
1700
hom m es en d ix -J c p t
C o m p a g n i e s a r r i v é e s d ' E cojJ'e.
Cela m’obligea à faire quelques recherches ; & je trouvai encore dans l’état des troupes qui affiegerent & prirent Thionville cette année là même 1643 sous les ordres de M. le P rin c e , ce même R egim ent, avec le titre de Regiment des Gardes ; & dans un autre R ôle de 1648 , il est d it, R é g i m e n t d e m e s G a r d e s E c o j f o i f e s , de vingt Compagnies de 40 hommes chacune. Il étoit à la bataille de L en s en 1648, & il com battit à la première ligne, à côté du Regim ent des G ardes Françoifes, comme on le voit dans la relation & dans le plan de cette fameufe bataille, J 'ai lu encore quel que part im p rim é, que le Regiment des Gardes Ecolfoifes fut demandé par L o ü i s X I I Ï , & q u ’il y a une lettre du Comte Iroüin, Confeiller d 'Etat d'Ecofle, écrite à ce Prince, où il le remercie de l’honneur qu’il fait à la Nation de lui deman der ce Regim ent. C ette le ttre , d it-o n , est datée de 1643, Cela veut dire que le Roy Loüis X III avoit demandé ce
Regiment des Gardes EcofJoifes sous Loüis X IV .
Regim ent dès l’an 1642, & qu’il ne paiTa en France qu’en 1643, fort peu de tems avant la m ort de ce Prince. Enfin je trouve dans l ’Histoire des Grands Officiers de laCouronne, que M. de la Ferté Im baut, qui fut M aréchal de F ra n c e , avoit en 1643 porté le titre de Colonel General des EcofTois : ce qui femble marquer qu’on penfoit à faire venir en France encore d 'autres Regimens EcofTois. Ainfi on ne peut douter que ce Regim ent n’ait eu ce titre sous le Regne de Loüis le G rand ; & je crois même qu’il ne Ta eu que sous ce Regne, qui commença en 1643.Car ce fut cette année, comme le marque l’état des troupes que J'ai c ité , que ce Regiment pafla d'EcofTe en France. I l paroît qu'il Le titre de Regim ent des Gardes qu’on donna à ce R é f u t fans fonc tions par la gim ent, fu t, je c r o i, purement un titre d'honneur ; car je Garde du Roy. ne trouve nulle part qu’il en ait exercé les fondions ordinai res , ni qu’il & fût jamais fait aucun Reglement à cet égard. Il eut cependant une diftindion, puifque, comme je l’ai d i t , il com battit à la bataille de L e n s, à côté du Regim ent des Gardes Françoifes. Voici ce que J'ai pu fçavoir de ce R é giment de quelques anciens Officiers EcofTois. Rutterfoord Le Colonel qui le com m andoit, s’appelloit R utterfoord , Colonel de ce homme de m erite, & qui fervit fort bien dans les troupes Regiment. de France jufqu’à la paix des Pyrénées. Q uand le Roy Char les II fut rétabli en 1 6 6 0 fur le T hrône d'A ngleterre, il nomma R utterfoord Gouverneur de D unkerque, le Colo nel accepta cet emploi 3 mais fans ufer de certains ménagemens que la bienfeance l’obligeoit de garder à l’égard du Roy de France, dont il avoit été aimé & confideré. Je trouve neanmoins dans la négociation du Com te d'E ftradé, pour la vente de D unkerque au Roy de France en 1662, que ce Prince avoit encore de la confideration & de la confiance pour Rutterfoord , & que ce G ouverneur y répondoit dans l'execution du tra ité , d'une maniéré qui convenoit à un homme d 'honneur. Le Roy , après que R utterfoord & fut re tiré , cafTa le R é Ce Regiment est cassé. gim ent, & incorpora les fubalternes & les Soldats qui vou lurent fervir en France, dans le Regiment deD ouglas. Q uand D unkerque eut été cedée à la F ra n c e , R utterfoord fut en voie
voie Gouverneur à T a n g e r, fur les côtes d'Afrique, où il fut tué par les Maures. Je parlerai dans un autre endroit du Regiment de Douglas où le R egim ent des Gardes Ecoflbifes fut incorporé. Dans le neuvième Livre & dans le dixiém e, où je me fuis propofé de traiter de la Milice m oderne, la Maison du R o y , par sa d ig n ité, a du. précéder tout le refte. Je vais maintenant faire l’Histoire des autres Corps qui compofent les troupes, fçavoir de l’Infanterie, de la Cavalerie Legere & des Dragons. Je commencerai par celui qui est le plus conlîderable par fon nom bre, c’est-à-dire par l’Infanterie, qui est compofée pour la p lu p art, des Corps qu’on appelle Regimens. Je vais parler premièrement de l ’institution de cette efpece de M ilice, qui n’a été introduite dans les armées Françoifes que depuis environ cent foixante ans.
L
H istoire
Regimens instituez, sous Henri I I .
Notion d'un Regiment
d'infanterie.
I
V
R
E
X I .
de l'Institution des Régimens François à Infanterie.
LS Regimens font aujourd’hui & depuis E iong-tems le gros de l’Infanterie des armées : car quoique, même depuis l’inffcitution de ces Regimens , il y ait toujours eu plufieurs Compagnies franches, c’est à-dire non enregim entees, ce n’est rien en comparaifon du nombre des troupes, dont les Regimens font compofez. Bien des gens croient, & moi-même J'ai cru long-tems que l’institution d es Regimens d 'infanterie s’étoit faite sous le Regne de Charles IX : mais après diverfes reflexions fur notre Histoire , & par la le cture des Regiftres de l ’Extraordinaire des guerres, je me fuis convaincu qu’elle & fit sous le Regne de H enri II. Le Regne de Charles IX fut dès le commencement & dans la fuite trop rempli de troubles, pour que ce Prince eût formé le projet d 'un fi grand changement dans la M ilice, & l’on ne voit nulle Ordonnance de lu i, par laquelle on puifle montrer qu’il l’ait fait. A la vérité il & forma plufieurs Regimens d 'infanterie de fon tems: mais c’étoit fur le mo dèle que lui en avoient laifle fès prédeceflèurs. Je conviens encore que le nom de Regiment devint plus commun sous fon Regne pour fignifier les efpeces de Corps de troupes qui le portent aujourd’hui : mais il ne s’agit pas du n o m , il s’a git de la chofe. O n appelle Regiment d'infanterie un Corps de troupes compofé de plufieurs Compagnies de Soldats à pied, comman dez par un Colonel ou Mettre de Camp en titre d 'Ofîice, chacune de ces Compagnies aïant un Capitaine, & les autres
Officiers fubalternes. O r cela fie trouve dès le tems de H enri I I , qui inftitua des Corps tels que je viens de d ire, & il les i n f titua d'abord sous le nom de Légions pour la plupart. Il ne faut pas confondre ces Légions de H enri II avec celles qui furent inffcituées par François I,fon pere,quoiqu’elles effilent beaucoup de rellemblance. Celles-cy furent inftituêes en 1534,& ne durèrent point. Celles de H enri II furent créées en 1558 , & il s’en forma de femblables auili-tôt après fur ce m odèle, aufquelles "on donna peu de tems après le nom de Regimens. Ceux-cy ne furent pas fi nombreux que les L é gions l’a voient été d'abord. Mais pourl’efiTentielil n ’y a point de différence. Ce que je dis & verra clairement par l ’O rdon nance de H enri I I , donc je vais tranfcrire une partie. Elle est rapportée par Rebuffe p. 95 de sa collection des O rdon nances & Edits des Rois de France. R e g le m e n t
&
O rdonnance
su r
le
dres s ez p a r le R o y H e n r i I I
f a i t des e n l ’a n
L eg i o n n a i r e s
1557.
E Roy aïant connu combien il lui est neceffaire pour la fu reté , confervation & défenfe de fon R oyaum e, dreftèr & rem ettre fus une force de gens de pied, & par les Provinces d 'icelui, en forme de L égions, pour d'icelles for ces & fervir & aider ainfî que l’affaire le requerra, & que bon lui fem blera, a fait les Ordonnances qui & enfuivenc, lefquelles il veut dorénavant être gardées & obfervées inviolablement par tous ceux & ainfi qu’il appartiendra. Et prem ièrem ent, ledit Seigneur veut & entend dreffer fept Légions de gens de pied, en chacune defquelles Lé gions y aura fix mille hom m es, qui & lèveront & m ettront fus dès cette heure ès pais & Provinces de fondit Royaume cy-deftbus déclarez : c’est à fçavoir au pais & D uché de N o r mandie , fè fera & dreftera une Légion : au pais & D uché de B retagne, une autre Légion : au pais de Picardie & Ifle de France une autre : au pais & D uché de Bourgogne, Comté de Champagne & N ivernois, une autre : ès païs de Dauphiné, Provence, Lionnois & A uvergne, une autre Légion : au païs de Languedoc, u n e au tre Légion : au pais & Duché de
L
Guyenne, une autre, qui feront en tout quarante-deux mille hommes de pied. E t veut & entend ledit Seigneur, que tous les Capitaines defdites Légions, Lieurenans, Enfeignes, C aporaux, Chefs de B ande, Sergens de bataille, & autres Officiers d'icelles Légions foient tous du pais où. & lèvera ladite Légion. Lefquelles gens de pied & C h ef feront entièrement francs & exemts de toutes tailles & trib u ts, pourvu toutefois qu’il ne fera enrôlé homme ès bandes d efdife Légions, qui ait accoutumé de païer tailles plus haut de vingt fols par an. Et là où aucun à iceux auroient accoutume de païer plus groflè fomme que lefdits vingt fols, en ce cas ils ne feront quittes & exemrs que de ladite fomme tant feulem ent, & paieront l’outre plus en quoi ils pourroient avoir été impofez à la taille, tout ainfi qu’ils feroient s’ils n’étoient defdites Légions. Et quant aux Capitaines, Lieutenans & Enfeignes, ledit Seigneur veut & ordonne que durant le tems qu’ils auront lefdites C harges, ils foient quittes & exemts du devoir & service qu’ils feront tenus & obligez de lui faire , à caufè de leurs Fiefs, fi aucuns en o n t, fans que pour raifon de ce on leur puifie aucune chofe demander. Et ordonne ledit Seigneur, qu’en chacune Légion y aura quinze Enfeignes, sous treize Capitaines particuliers, & deux sous le Colonel de ladite L égion, à raifon de quatre cents hommesfpour chacune Enfeigne, & en chacune Légion un Sergent Majour. Et auront lefdits Colonels, Sergent M ajeur, Capitaines & Officiers cy-après nommez, en tems de paix, & quand ils ne feront point employez, les Etats qui s’enfuivent par chacun m ois, à fçavoir, &c. Fait à Fontainebleau le vingt-deuxième jour de M ars, l’an mil cinq cents cinquan te- fept. Signé, Henri. Et au-defTous, Bourdin. Le reflre de l’Ordonnance qu’on a ici omis contient la paie des Officiers & des soldats, la police & la difeipline que Henri II vouloit être obfervées dans ces Légions. Elle ejft datée du z i de Mars 1557, c’est à-dire, félon notre maniéré de compter d'aujourd’hui, l ’an 1558, avant Pâque. Car tout le monde fçait qu’encore alors l ’année ne commençoit en France qu’à Pâque.
On voie ici un Corps de troupes compofé de plufieurs Les L egions Henri II Compagnies,aïant chacune leur Capitaine , leur Lieutenant, de étoient de ve~ leur Ênfeigne, leurs Sergens, leurs Caporaux , leurs Anfpef- ritnbles Regifades, des P iquiers, des A rquebuiîers, un E tat Major ; & à la mens. tête de tout cela un Colonel. C ’eff là certainem ent ce qu’on appelle un R egim ent, & qu’il plut à H enri II de nommer du nom de Légion.Or que chaque Légion & levât dans chaque Province dont elle portoit le nom; que les Officiers d 'une Lé gion fulfent tous Picards , celle d 'un autre tous N o rm an s, celle d 'un autre tous B retons, ôte. cela ne leur ôte point la forme de ce que nous appelions aujourd’hui un Regim ent : & puis cet article de l ’Ordonnance ne fut pas long-tems obfèrvé , comme je le dirai dans la fuite. H enri II dit dans l ’exorde de cette O rdonnance qu’il veut d r e jfe r & r e m e ttr e f u s en forme de Légions une force de gens de pied , ce qui fait allufion aux Légions que François I fon pere fit le projet de lever en 1534, dont quelques-unes en effet furent levées. Ces premières Légions de François I étoient de fix mille hom Differente Légions de mes comme celles de H enri I I , & avoient un Colonel ; mais des François I , & il n ’y avoit que fix Capitaines qui commandoient chacun de celles de mille hommes , deux Lieutenans qui en commandoient cha Henri I I . cun cinq c e n ts, dix Centeniers qui en commandoient c e n t, 8c c . Celles de H enri II étoient divifées en quinze Compa gnies , & il y avoit quinze Capitaines, en y comprenant ceux qui commandoient les deux Compagnies Colonelles de cha que Légion. Il y avoit sous chaque Capitaine un Lieute nant , un Enfeigne , deux Sergens, huit Caporaux , &c. Ce grand nombre de soldats dont les Légions étoient compofée s, ne met point non plus de différence entre ces Corps & ce que nous appelions un Regiment : car on a veu par exemple le Regiment des Gardes jufqu’à fix mille & jufqu’à neuf mille hommes. Outre que les Légions furent bien tô t réduites à la moitié ôcau-deffous de la moitié pour le nombre des soldats. Voici ce qui donna lieu à cette nouvelle institution. L ’an 1557 Philbert D uc d e Savoye, qui avoit été dépoüillé Occafion de de fes Etats par François I , commandoit l’armée de Philip L ’inflitutiorï pe II Roy d'Efpagne au fiege de Saint Quentin. Le Conné- des Legimts. ;
table de M ontm orenci s’étant avancé avec l’arm ée de Fran ce , jetta quelque fecours dans la place , fans avoir delfein de hazarder une bataille ; mais aïant trop retardé sa retrai te, le D uc de Savoye le fui v it, l’obligea à en venir aux m ains, & fit un grand carnage des François -, prefque toute l’Infan terie y p é rit, & une infinité de Noblefle y fut tuée ou prife. Ce fut le jour de Saint Laurent. Cette funefle bataille, qu’on appella la bataille de Saint Q uentin, fut caufe qu’on rappella d 'Italie François D uc de Guife, qui étoit avec une arm ée fur les fronderes des Terres de l’Eglife & du Royaume de Naples pour foutenir le Pape Paul IV , contre les Colonnes & les Efpagnois. Ce Duc de retour avec fes troupes fit le fiege de Calais au mois de Ja n v ie r, prit cette place en huit jours , & ensuite Guines, & les autres Forts & villes dont les Anglois s’étoient emparez , & les chafià de ce quartier de la France où ils s’étoient établis & maintenus depuis l ’an 1347 pendant plus de deux cents ans, Ces conquêtesfurprirent toute l’Europe , aïant été faites dans un tems où l’on croïoit la France entièrement abbattuë par la perte de la fanglante bataille de Saint Quentin. Mais H enri avoit en tête deux redoutables ennem is, fçavoir les Anglois & les Efpagnois ; on ne pouvoit prendre trop de précaution pour la défenfe du Roïaume. Ce fut ce qui don na lieu à ce nouveau projet de Légions pour rétablir l’Infan terie , duquel apparemment le D uc de Guife fut l ’au te u r, & un peu plus de deux mois après la prife de C a l a i s , parut l’Ordonnance de H enri II touchant cette nouvelle Mi lice. Pour donner plus de jour à ce qui regarde cette inflitution & à toute l’Histoire des R egim ens, il faut faire ici quelques reflexions fur l’article de l’O rdonnance qui regarde le dé nombrement des Légions que H enri II projetta de lever , ajouter certains points particuliers fur lefquels J'ai eu foin de m’inflruire. J 'ai trouvé fur cela quelques pièces authen tiques ; J'ai feuilleté plus de cent regiftres de l’Extraordinaire des guerres de ces tems-Ià , aïant regardé ce point comme un des plus importans 4e la matière dont J'ai entrepris de traiter
dans cette Hiltoire de la Milice Françoife. Sur l'extrait que J'ai fait de l’O rdonnance de Henri I I , L a L egion de ne il faut rem arquer prem ièrem ent, que la Légion de Bretagne fBretagne u t point levée. ne fut point levée , en voici la preuve, c’est qu’on ne voit ni le C o lo n el, ni les Capitaines nommez , ni les Compagnies païées dans les monftres rapportées aux regilires de l’Extraordinaire des guerres de ce tems-là. On ne les voit point non plus dans nos hiftoires. Secondem ent, la Légion de Languedoc ne fut point non La Legion de plus levée du tems de H enri IL Les mêmes raifons tirées de Languedoc ne t point levée l ’Extraordinaire des guerres lçprouvent : mais sous le Regne fu du tems de de François II Ion fuccefleur, les Légionnaires qui furent le Henri II. vez en Languedoc , furent joints à ceux qui compofoient la Légion de D auphiné , de Provence , de Lionnois & d'Au vergne , pour n ’en faire qu’une. Je penfe ainlî fur le tém oi gnage de Popeliniere homme de guerre , & qui avoit du commandement dans les troupes Calviniftes-Car il dit expref- L . 9 , fo l . fément que F r a n ç o is de B e a u m o n t B a ro n des a d r e ts f u t C olonel 3 5 7. de s L é g io n n a ir e s de L io n n o is , D a u p h in é , P rovence & L a n g u e d o c .
T roilîém em ent, la Légion de Guyenne fut levée du tems L a Legion de de H enri II. M ontluc en fait mention dans fes commen Guyenne fu t taires, en parlant d 'une entreprife qu’Antoine Roy de N a levée. varre Gouverneur de Guyenne avoit formée contre les Elpagnols avant la paix de Cafteau-Cambrefis. L’intelligence manqua ; f a r quoy M ontluc parle ainlî : » Nous allâmes à L .I,p.692. » Bayonne , de trouvâmes que celui qui avoit mené cette » marchandife qui s’appelloit G am u re, la traitoit double , & » qu’il vouloit faire prendre le Roy de N avarre même. Il » renvoïa Monfieur de Duras a v e c les L é g i o n n a i r e s , lequel il » avoit fait venir, & auffi les Biarnois. D e plus cette Légion s’étant diiiipée durant les guerres civiles, Charles IX voulant la rétablir en 1565, tém oigne que cette Légion avoit déjà été fur pied. A y a n t , d it-il, ad~ v t f é de r e m e ttr e f u s les b a n d e s L é g io n n a ir e s d u d i t p a i s (d e Guyenne ) q u i p o u r q u e lq u e s a n n ées ; o n t é t é in te r m ife s , &c, C ’est ainfi que ce Prince s’exprime dans la Commiilîon de Colonel de cette Légion qu’il donna à Moniteur de Tiliadet de Saint O ren s, qui eil datée de 1 an 1y65, & que je pro duirai ci dellous.
Légions de Picardie , de Champagne & de Norm andie fu re n t le vées.
C inquièm em ent, les Légions de P icardie, de Champagne & de N orm andie furent levées. Il en est mention dans l’Extraordinaire des guerres du vivant de H enri I I , & sous fes fucceftèurs. O n les voit complétés de quinze Compagnies félon l’Ordonnance de leur institution. O n voit le nom des Colonels & des Capitaines. Je donnerai plus bas la Liste de ces Colonels. Premier état Suivant l’Ordonnance de H enri I I , ces Légions dévoient de ces Légions, être compofées de quinze Com pagnies, chacune de quatre des changemens qui s’y cents hom mes, qui faifoient en tout fix mille hommes. Il y firent & de avoit treize Capitaines. Les deux premières Compagnies leur durée. étoient sous le Colonel qui les faifoit commander immediatement par fes deux Lieutenans. Tous les Officiers devoient être du pays dont la Legion portoit le nom ; par exemple la Legion de Picardie & de l’ifle de France devoit être compofée d 'Officiers tous Picards ou d e l’Ille de F ran ce ; celle de Champagne d 'Officiers Cham penois, Bourgui gnons & du Nivernois , & ainli du refte. La raifon de ceci étoit que tous les Officiers & la plupart des soldats étant levez dans les Provinces frontières dont elles portoient les n o m s, il étoit de leur interet commun de bien garder leur païs contre les ennemis. L ’intention du Roy étoit qu’elles îèrvilTent ordinairement chacune fur les frontières de leur Province, & qu’elles y euflènt d 'ordinaire leur quartier d 'hyver pour la commodité des soldats & des Officiers, & pour épargner à ceux-ci la dépenfe. On affignoit aux Capitaines le canton où ils dévoient faire la levée de leurs Compagnies -, & les lieux étoient marquez dans une expédition particulière que l’on donnoit au Colonel pour la délivrer à chaque Capitaine. Les Provifions ou la Commiffion du Colonel étoient Ibus Commiffion du Colonel de le titre de Lettre d ' Etat. Il recevoir une Commiffion particu la Legion. lière pour la levée de fes deux Compagnies Colonelles. C ha que Capitaine recevoit auffi du Secrétaire d'Etat sa Com miffion à peu près dans le même ftyle qu’aujourd’hui. Je m ettrai ici quelques - unes de ces differentes formules qui nous apprennent Pufage de ce tems-là. Je les ai tirées d 'un R fgiftre où il y a pluftçurs expéditions laites par des Secré ta ire
taires d'Etat sous le Regne de H enri II & de Tes premiers fucceflèurs. Les Commiffions que je vais tranfcrire furent expédiées aux fujet de la Legion de Guyenne que Charles IX projetta de rétablir l’an 1565 , les troubles étant alors celiez pour quelque tems dans le Roïaume.
Ce Regiftre, est à la Bibüo th-que ds M . l'A bbé B iltlzc.
Expedition pour les L egions de Guyenne. DE
PA R LE
ROY.
’est l ’E tat que Sa Majefté veut & ordonne & com mande être tenu fur le nombre des Capitaines & Offi ciers des Légionnaires de fon D uché de G uyenne, qui feront en nombre de quinze Enfeignes, & chacune Enfeigne de qua tre cents hom m es, faifant & revenant à fix mille hommes fuivant les Ordonnances fur ce faites p a r f e u de bonne m ém o i re le Roy H e n r i q u e D ie u a b f o l v e i e 2 7 de Mars 1557 , dont Sa Majefté a donné la Charge & conduite au Capitaine Thilladet Sieur de Saint O re n s, pour en joüir avec même autori té , dignité , gaiges & privilèges que avoit le feu Sieur de Duras. C
S'enfuit les noms des Capitaines & Senechaussèes ou ils & ront leurs Compagnies de quatre cents hommes. Premierement, L e Sieur T h illa d e t, Colonel de deux Compaignyes qu’il fera es Senechauiïees de Agenois, Condomois & Armaignac de 400 hommes chacune. L e Capitaine Monbadon en Bordelois une Compagnie de 4 0 0 hommes.
Le Capitaine Mabrun en Xaintonge une Compagnie de 400 hommes.
Lettres d'Etat & Charge de Colonel des dites Bandes. H a rle s , & c. A tous ceux , &c. Comme pour la feureté , tuition & confervation en nos païs & D uché de Guyenne^qui est de fi grande eftenduë que chacun fq a it, & pour y tenir nos fujets du dit païs en l’obéïfifance qu’ils nous d o iv en t , reprim er les feditions & émotions qui y pourroient ad v en ir, & pour autres bonnes , juftes & raifonnables confiderations à ce nous m ouvans, ayons advifé de rem ettre fus les Bandes Légionnaires qui pour quelques années y ont été interm ifes} au moyen de quoy foit bien requis & necedàire de pourvoir d 'un Colonel aufaites Bandes de perfonnage qui foit pour y faire tel & fi loyal devoir que l’importance d 'une telle C h ar ge le requiert. Sçavoir faifons que ne pouvant à prefent faire meilleure élection que de la Perfonne de notre am é & féal Gentil-homme ordinaire de notre Chambre , le Capitaine T hilladet le jeune Sieur de Saint O ren s, ayant ja en plufieurs & notables lieux fait preuve & expérience de sa Perfonne, & confiant à plein de fe s fens, fuffilance, v e rtu , vaillance , ex périence au fait des guerres, bonne conduire & diligence. A icelui pour ces caufes & autres confiderations à ce nous mouvans avons donné & odroyé , donnons & odroyons par ces prefëntes l’E tat & Charge de Colonel des Légionnaires & Bandes de gens de pied par nous ordonnées être levées & miles fus en nofdits païs & D uché de Guyenne. Pour lefdicsEtat & Charge a v o ir, tenir & dorénavant exercer avec h o n neurs , autoritez , privilèges, , . . & folde qui y ont été o r donnez par les Ordonnances faites fur le fait & éredion d e f dits Légionnaires tant qu’il nous plaira. & donnons en M an dement par ces prefentes à notre très-cher & très amé frere le Prince de N avarre Gouverneur & notre Lieutenant Gene ral en iceux nofdits païs & D uché que prins & receu du dit Capitaine T hilladet le ferment en tel cas requis & accoutu m é , icelui m ette c tinftituë , ou falFe mettre & infiituer de par nous en pofiefiion & faifine d u d it Etat & Charge de Colo nel d'icelle,enfemble des honneurs ci-defius. M andons en ou tre à ceux de nos Threforiers qu’il appartient. . . Voulons
C
iefdits g ag es, état de police être pafiez de alloüez en la dépenfe de leurs comptes de rabbatuë de leur recepte par nos amez de féaux les Gens de nos C om ptes, auquels nous man dons ainli le faire fans difficulté : car tel est notre plaifir. En témoin de ce nous avons fait m ettre notre fcel à ces dites prefentes. D onné à Bayonne le quatorzièm e jour de Juin Pan de grâce 1565 , de de notre Regne lefixiéme.
Etat & Charge de deux Bandes des dites L egions au Colo nel d'icelles. H arles, &c. A n o tre a m é & féal Gentil-homm e ordi naire de notre Chambre le Capitaine T hilladet le jeu ne Sieur de Saint O rens,falut, d ec, Commece jourd’hui nous vous ayons donné de député à l’état de Charge de Colonel de la Legion de nos pais & D uché de Guyenne , de que par nos Ordonnances faites fur le fait de érection des Légionnai res de notre Roïaume , a été ordonné que le Colonel de cha cune Legion aura deux Bandes de gens de pied. Pour ces caufes de confiant à plein en vos fen s, vertu , vaillance, ex périence au fait des guerres & grande diligence; vous avons baillé de baillons la Charge , Capitainerie & conduite de deux Bandes de ladite Legion de Guyenne de quatre cents hommes de pied chacune, que vous ferez enrôler & lever en nos Senechaufiées de Agenois, de Condomois de A rm agnac, pour icelles Bandes conduire, mener & exploiter ou de ainfi qu’il vous fera commandé de ordonné pour notre service , de de la dite Charge en joüir , de ufer aux d ro its, états de folde par nos Ordonnances des Légionnaires. Car tel est notre plaifir : de ce faire vous avons donné de donnons plein pouvoir, a u to rité , Commiffion de M andem ent fpecial. Donné àBayonn e , &c. Les Commiffions données aux Capitaines pour la levée de chaque Bande de 4 0 0 hom m es, font à peu près de mê me ftile que celles du Colonel pour la levée des deux Ban des Colonelles. Il paroît que les Colonels des Légions n’étoient point dans la dépendance du Colonel G eneral : c’est-à-dire que ni eux C
Commission four les deuie C ompagnses Colonelles.
ni les Capitaines des Légions ne prenoient point leur attache de lu i, comme faifoient les Capitaines des Bandes, & dans la fuite les Capitaines & les Mestres de Camp des Regimens. Mais dans une armée & dans une bataille ils obéïftoient au Colonel General ; & il leur affignoit leurs polies. Cette in dépendance le remarque par le fbyle des Regiftres de l’Extraordinaire des guerres, où quand on parle d 'une Bande ou Compagnie franche ou m êm e enregimentée : il est d i t , T elle Compagnie sous la C harge d 'un tel Capitaine ; dont elt Colonel, par exemple,, Monfieur d 'Andelot qui étoit Co lonel General ; & quand on parle des Légions , on dit : Telle Compagnie de quatre cents hommes lous la Charge d'un relieur Capitaine particulier dont est C olonel, par exemple , Moniteur de Crezegues qui fut le premier Colonel de la Lé gion de P icardie, lans faire nulle mention du Colonel G e neral , qui en cette qualité étoit Colonel de tous les Regim en s, & il y eut dans la fuite la Compagnie Colonelle ; au lieu que dans les L égions, le Colonel General n’avoit point de Compagnie Colonelle ; & qu’au contraire le Colonel de la Legion y avoit deux Compagnies Colonelles. Changement O n n’obferva pas long - tems plusieurs Reglemens de arrivez dans l’O rdonnance de Henri II pour les Légions , foit en ce qui les Légions. regarde l’article par lequel étoit ordonné que tous les Offi ciers & les soldats fuftènt des Provinces dont la Legion portoit le nom , par exem ple, de Picardie : foit pour le nom bre des Compagnies dont elles dévoient être c o m p o s e s, foit pour le nombre des soldats dans chaque Compagnie. Ces changemens parodient dans les Regiftres de l’Extraordinaire des guerres. Pour le premier article qui regarde On recevoit le païs, on y voit dès l’an 1561 des Gafcons dans la Legion dans une Lé gion des se l- de Picardie. Je trouve encore que cette même année M. dats de divers de la Boiffiere, Colonel des Légionnaires de Picardie, reçut fa is. mille livres pour quatre Capitaines qui auroient Charge sous lu i, & que ces quatre Capitaines dévoient lever leurs Com pagnies ou Enfeignes à Lion : ce qui fait voir que deftors , c’est à dire quatre ou cinq ans après finftitution de ces Lé gions , on n’oblervoit plus le Reglement qui ordonnoit de lever les soldats des Légions dans les Provinces dont elles portoient le nom.
Il en lue de même pour Je nom bre des Compagnies qui dévoient être au nombre de quinze dans chaque Legion. O n les voie réduites à lîx , ou même aux deux Colonelles ; & on en licencioit plufieurs pendant Thy ver pour les remettre fur pied au printems. Pareillement le nombre des soldats devoit être de qua tre cents dans chaque Compagnie , & on les voit peu de tems après l ’institution réduites à trois cents & à deux cents. En fin à en juger par les monftres rapportées dans l’Extraordinaire des guerres, qui est la plus fure réglé qu’on puiiîè av o ir, jamais ces Légions ne furent toutes complétés en m ême-tems. Celle de Dauphiné , de Provence, & c . paroît l ’a voir été avant que le Baron des A drets, qui en étoit C olo nel , quittât le parti du Roy pour & jètter dans celui des Calviniftes. Il en fut de même de celles de G uyenne, jufqu’à ce que le Baron de D u ras, qui en fut le premier Colo nel , eut auffi embraffé le parti Calvinifte. Celles de Picardie, de N o rm an d ie, de Champagne furent de tems en tems com plétés , & puis réduites aux deux Colonelles, &c. Q uant à la durée, la Legion de Guyenne ne fubfiila que Durée des Legionsseus ce depuis 1558 jufqu’à l ’an 1562 , que le Baron de D uras, qui nom. en fut le premier C olonel, & declara pour le Prince de Condé & les Huguenots. Alors la Legion fut diffipée. Une partie, tan t des Capitaines, que des Soldats, quitta la Lé gion , lorfque le Colonel le révolta contre le-Roy : l’autre partie le fuivit â O rléans, où il fut tué en défendant les dehors, dans une attaque que François Duc de Guife y don na , lorfqu’il l’affiegea en 1563. Charles IX projetta de re m ettre fur pied cette Legion en 1565, & délivra les Commiffions aux Capitaines & au Colonel, qui fut M. de Tilladec de Saint O ren s, comme on l’a vu par les pièces que J'ai pro duites cy-defïus .-mais elle ne fut rétablie qu’en 1567, non point sous le nom de Legion, mais sous celui de Regiment -, non point à quinze Bandes ou Compagnies fur le pied de l’Ordonnance pour les Légions : mais elle fut de vingt-cinq Quelquesunes rétablies Enfeignes, qui faifoient en tout le nombre de quatre mille huit sous le nom de cents quatre vingts hommes,où il y avoir deux Colonelles,auf- Regimens. queiles il paroît qu’elle fut bien- tô t après réd u ite, M. de Vol. 1 2 . de 1 567 .
2 . Vol. Pié mont 1 5 68. L a Legion de Normandie s ap rimée.
Vol. I . Pié mont. vol. de 1 5 62 . Albi geois. Ib id .
Vol. 3. Pié mont. I . Vol. de Piemont.
T illadet po rtan t toujours Je titre de Colonel. Celle de Provence, de D auphiné, 8c c . & diffipa auiîî en 1561. lorfque le Baron des A drets, qui en étoit C olonel, & mit à la tête des H uguenots, en ces quartiers.là, où il le rendit redoutable par fon habileté dans la g u erre, & encore plus par fon exceffive cruauté envers les Catholiques. Il eut du mécontentement des autres Chefs des H uguenots, & negocia pour rentrer dans le lervice du Roy : mais la chofe aïant été fçûë, il fut arrêté , & il auroit pu lui en coûter la vie, fî la paix n’eût été conclue en 1563. Q uand les H u guenots reprirent les armes en 1567, la Legion du Baron des Adrets fut remife fur pied par le R o y , non pas sous le nom de L egion, mais sous celui de Regiment de D a u p h in é , où il y eut deux Colonelles, comme dans une Legion. O n la voit fur ce pied en 1568, on y ajoûta en 1569 huit nou velles Bandes La Legion de Normandie neparoît plus dans les monftres, & le Colonel n’en est point nommé depuis l’an 15935 de forte que cette Legion fut supprimée ou & diffipa cette année. Quoique les Légions de Picardie & de Champagne difparoilfent de tems en tems dans les monftres, & cela la ns doute parce qu’elles étoient réduites aux deux Colonelles, ou peutêtre aux Officiers des deux Colonelles ; cependant on les voit reparaître, ta n tô t en une année, tantôt en une autre, & leurs Colonels font nommez & païez de leurs appoinremens. O n voit paroître dans les monftres, une Legion de L an guedoc, dont Loüis de Foix d'Amboife, Comte d'A ubijoux, étoit Colonel. O n avoir separé deflors les Légionnaires de Languedoc de ceux de la Legion du Baron des A drets, de laquelle il est fait mention en même-tems. Ces deux Légions n’étoient alors que de huit Compagnies, en y comprenant les deux Colonelles.Celle de Languedoc fut bien tô t après rédui te à ces deux Colonelles. Il est encore fait mention de la Legion de Languedoc en 1568. O n voit celle du Lionnois & du Beaujolois en 1569, dont on nomme le C olonel, qui étoit Je Sieur de Saint Marcel, d ' Aubigné, sous l’an 1562, parle d 'une Legion de Vendomois à laquelle commanda le fameux Ronfard G e n til- h o m m e d e c o u r a g e , dit i’hiftorien, & a q u i les
V e n n ''a u o ie n t p a s ô té l ’u j a g e d e l'e p è e . Mais ces deux nou velles Légions ne durèrent pas long-tem s : & de toutes celles même qui avoient été créées par l ’O rdonnance de Henri I I , dès l’an 1558 , il n ’y eut que P icardie, Champagne & Langue doc, qui lubfifterent dix ou douze ans. Je vais m ettre ici les noms des Colonels des Légions inftituées par H enri IL
D 'Aubîgné 1. 3 . chap. 6 .
Legion de Picardie, Colonels. M. de Crezegues, Gentil-homme de la Maison du Roy. Je le trouve nommé Colonel de la Legion de Picardie dès le vingt-quatrième du mois de Mai 1558 , c’est-à-dire deux mois après l’érection des Légions. Monfieur de la Boiffiere en 1561. M . Claude d 'Eftavaye en 1563. Il l’étoit encore en 1567.
Legion de Champagne, Colonels. Claude d 'A nglure, Seigneur de Jo u rs, fut le premier Co lonel de cette Legion. Je le trouve marqué avec cette qualité dans l’Extraordinaire des guerres, la même année que les Légions furent inftituées ; voici ce que Brantôme dit de ce Gentil-homme : » Le bon homme M. de Jo u rs, Colonel des « Légionnaires de Cham pagne, qui a commandé aux guer« res d 'Italie & ailleurs en grande réputation, est m ort en » l’âge de quatre vingts an s......... Il devint de la Religion. » Pourtant il voulut fervir le Roy aux premières guerres, « ( c’est-à-dire en 1561) mais je fçai bien qui empêcha le Roy » qu’il ne s’en fervît. C ette raifon fut fans doute, qu’il s’étoit fait Huguenot. En 1567 on voie un nouveau Colonel de la Legion de Champagne. Il s’appelloit Claude de D io u , Sieur de Montperoux, G entil homme ordinaire de la Chambre du Roy. Il faut obfërver que quoiqu’il s’agiile fouvent des troupes de Cham pagne, de N orm andie, &c. je ne cite à la marge que les Regiftres intitulez Picardie : parce qu’on mettoit & qu’on met encore aujourd’hui sous ce titre dans l’Extraordinaire des guerres toutes les Provinces d'en- deçà de la L o i r e ,
Vol. 1. de l’Extraordinaire des guerres, Pi cardie 1558.
Vol de 15 6 2. Picar die. 5. Vol. de 15 63. Picar die. 7 . Vol. de 1 5 67. Picar die.
Vol. 4. de 1 5 6 8. Picar die. Difcours des C olonels, p. 68.
Vol. 7 . de 1 5 67.
c o m m e o n m e tto i c & c o m m e o n m ec e n c o r e sous P i é m o n t , to u t e s c e lle s d 'a u - de la. Vol. I .vol. 4. Picardie. 1 5 68. Vol. 5. P i cardie 1 5 6 9 . V ol. 8 .15 6 9 . Picardie. d ' A ubigné sous l’a n 1 5 6 9 . ch a p . 17.
D 'Aubigné sous l’an 15 7 5 . chap. 12.
le titre d e
M. de M ontperoux étoit encore Colonel de la Legion de Cham pagne en ij68 & en 1569. Sur la fin de la même année, Anroine de Boves, Chevalier Seigneur de R ance, est dit General des Légionnaires de Bour gogne, Champagne , & Brie au mois d 'Août ; & il les cornmandoit à la bataille de Moncontour. Il ne fut pas long tems Colonel ; car la même année au mois de Decembre , dans le même R egiftre, je trouve M. de M ailli, Colonel des Légionnaires de Champagne & de Bourgogne. Il étoit d'une branche de la Maison de Mailli, qui s’étoit établie en Champagne avant François I , & qui y poffedoit la Vicom té d 'Auchi. Enfin en 1575 je retrouve le Sieur de Rance, Colonel de Légionnaires : & c’étoit apparemment de la même Legion à la tête de laquelle il fut mis une seconde fois. Legion de Provence, D auphiné, & c . Colonels,
Vol.de 1558 . Piémont.
Memoires de Duvillars sous l’an
15 68.
François de B eaum ont, Baron des Adrets en 1558, sa Commillion est du vingt- quatrième de Mars de cette année, c’està-dire deux jours après l’Ordonnance de Henri I I , pour la levée des Légions & dans les mémoires de du Villars, je trouve que cette même année le Maréchal de B-iilac, qui commandoit en Piém ont, voulant mettre fon armée en é tat de refifter à celle des ennemis, demanda au R oy trois mille Suites,le s quatre mille Légionnaires de Dauphiné dont le Baron des Adrets est Colonel, &c. Cette Legion & diffipa , comme je l’ai dit, quand ce Gentil homme & jetta dans le parti des Huguenots» Legion de Guyenne, Colonels. Le premier Colonel fut le Baron de Duras en 1558, l’année de l’Ordonnance. Outre le témoignage de M ontluc, que i’ai cité cy- délias, le Roy Charles IX voulant rétablir cette Lé gion en 1565,& en aïanc nommé les Capitaines & le Colonel qui
qui fut M. de T illadet, m arque que ce Gentil-homme avoit fuccedé à cet Emploi au Baron de D uras : » dont Sa Majefté » a donné la Charge & conduite au Capitaine Tilladet, Sieur » de Saint O ren s, pour en joüir avec même autorité, dignité, » gages & privilèges qu’avoit le feu Sieur de Duras. Le fécond Colonel fut donc M. de T illadet le jeune, Sieur de Saint Orens. Il en reçut le titre en 1565, & elle ne fut le vée qu’en 1567, non point sous le titre de L egion, mais sous celui de Regim ent.
E xpeditions pour les L egions de Guyenne,
Legion de N orm andie, Colonels. M. de Paloifeau en fut Colonel en 1558 , qui fut l’année de l’Ordonnance de l’institution des Légions. Le paiement des C om pagnies, les lieux où elles étoient en garnifon & le nom du C olonel, font m arquez dans 1 Extraordinaire des guerres de cette année. Une de ces Compagnies fut envoyée enEcofle, comme il est marqué dans le Regiftre de 1559. C ’étoit le Sieur de Ricarville, qui en étoit Capitaine. En 1561 le Sieur de Briqueville d 'Aufboc est nommé Colo nel de la Legion de Norm andie. 11 n’eut point de fucceflèur. La Legion fut fans doute supprimée en 1563, car il n’en est plus nulle mention depuis dans les monftres.
V ol. 9 . P i cardie. V ol. 4 . P i cardie 1 5 5 9 .
VoI.de l 5 6 2 . P icardie.
Legion de Languedoc, Colonels. Je mets cette Legion au nombre des premières de Pinfti tution de H enri I I 5 car quoique d'abord les Légionnaires levez en Languedoc euflènt été incorporez dans la Legion de Provence, de Dauphiné , 8cc. sous le Baron des Adrets ; neanmoins la Legion de Languedoc paroît sous François I I , faifant un Corps à p art, conformément à l’O rdonnance de H enri II. C ette Legion fut levée par les ordres du Roy & les foins du C om te de Villars, alors Lieutenant General en cette Province durant l’abfence du Connétable de Montmor e n d , qui en étoit Gouverneur. Je trouve fur la fin de 1561 Loüis de Foix d'Amboife, Com te d 'Aubijoux, Colonel des Légionnaires de Languedoc
Vol. de 1560 Piémont,
aïant fix Capitaines sous lui. La Legion fut réduite à deux Compagnies pendant Phyver de 1561 à 1562. C ette Legion paroît encore en 1568 sous le m êm e Colonel. Enfin je vois des Légionnaires au-de la des Monts : mais je ne les trouve point fur l’Etat avant 1569 ou 1^70. Leur Co Vol. I . P ie lonel est nommé dans le Regiftre de 1571 M ichel-Antoine m o n t. 1 5 7 1. de Salufle, Seigneur de la M a n te , Chevalier de l’O rdre du Roy , Colonel des Légionnaires de la les M o n ts, Gouverneur & Capitaine de la Citadelle de Lion. Comme ces Corps aufquels on donna le nom de Légions, étoient tout femblables à ceux que l’on nom ma depuis Regimens, c’est-à-dire que les uns & les autres étoient des Corps compofez deCompagnies qui avoient chacune leur Capitaine & leurs Officiers fubalternes de même efpece, sous un Com m andant qui portoit le titre de Colonel ; que de p lu s, com me je le dirai, les autres Regimens furent auffi-tôt formez fur le modèle des Légions. J 'ai raifon de regarder l’institution des Légions comme l’inflitution des Regimens, & par conlèq u e n t, de rapporter l’inflitution des Regimens au Regne de H enri II ,1a diverfité du nom ne changeant point la nature de lachofe. Je pourrois ajouter que le nom même de Regim ent fut donné aux Légions par l’ufage de farinée dès le tems de leur institution. J 'aurois pour cela un bon g a ra n d , c’est le M aréchal de Remarque f u r un endroit M ontluc, qui donne deflors le nom de Regim ent à divers des Commen Corps de troupes d 'infanterie, qui feroic même penfer taires de qu’il y eut dès ce tems-là d'autres Corps de Regimens for Montluc. mez avec les Légions. Pour bien entendre ce que je vais d ire, il faut & reflouvenir que l’Ordonnance par laquelle H enri II inftitua les Légions, est du 22 de Mars 1558, que le fiege de Thionville fut fait par François Duc de G u ife , la même année ,& que cette ville fut prife au mois de Juin : que le Roy peu de tems après apprehendant pour C orbie, menacée par les Efpagnols; M ontluc, qui étoit Colonel General de l’Infanterie, y fit m archer du fecours avec une diligence extraordinaire,& em pêcha l’armée d 'Efpagne de 1’affieger. Tout ceci éta n t fuppofé , voici la narration de M ontluc, où l ’on doit rem arquer ce qu’il dit des Regimens. Vol. I . vol. 5 . 1 5 6 8. P iem ont.
« Quelques jours après, dit-il, Sa Majefté fut avertie que le C om m ent, de « Roy d'Elpagne marchoit avec fort arm ée , & faifoit gran- M o n tlu c ,1 .4 . « de diligence. Le Roy & douta qu’il alloit furprendre Cor» b ie, ou D o u rla n s, ou bien Am iens, où il n ’y avoit en gar» nifon que deux Enfeignes en chacune ; le foir que ces nou» velles lui v indrent, ils ne firent que difputer fur les moyens » de les fecourir -. mais ils trouvoient qu’il étoit impoflible, » veu que le Roy d'Efpagne étoit fort avant. M oniieur de » Guifè demeura cette nuit-là à Marche , & enrenvoïa M e f » heurs de Tavannes & de Bourdillon à Pierre-pont. Ma » coutume étoit d 'aller donner le matin le bon jour à M on» heur de Guife , puis m’en retourner à mes pavillons : & de » tout le jour je ne m ’efloignois de ma Charge & ne m’arau» fois à faire la cour. Ce n’a jamais été mon m étier , de » quoy le R o y , M onheur de Guife & tous les Princes du » Sang m’en eflimoient davantage, difant que de notre cô» té il ne pouvoir venir aucun defordre. O r donc le lende» main matin , je m’en allois donner le bon jour à Monheur » de G u ife, penfant qu’il fût retourné le foir à Pierre-pont : » mais à l ’entrée de la ville je trouvai Meilleurs de Bourdil» Ion , de Tavannes & d'Etrée à cheval , & leur demandai » où ils alloient : ils me dirent qu’ils retournoient au Confeil » à M arche ; & que le foir devant ils n’avoient pu réfoudre » fur les moyens de fecourir Corbie : car le Roy d 'Efpagne » marchoit en grande halle en cet endroit-là : & queMonheur » de Guife étoit demeuré cette nuit-là à Marche. Alors je «s leur demandai combien il y a d'icy jufques à Corbie. Il me » femble qu’ils me dirent trente lieuës ou plus : alors je leur » dis ; je vous prie 3piquez au galop , & dites au Roy , qu’il » n ’est point tems de s’amufer à confeils ni confultation, & » que peut-être cependant qu’il s’amufe à difcourir fur le ta» p is, l’ennemi marche : mais que promptement il & faut » réfoudre , & que s’il lui p la it, je prendrai fept Enfeignes, » & m’en irai jour & nuit me m ettre dedans, Dites lui que je » l’aflure de faire h grande diligence que J'y arriverai plutôt » que le Roy d'Efpagne ni fôn Camp. Et dites à Monfieur de » Guife que je ne lui demande que vingt-cinq mulets char« gez de pain. Je ferai mener quatre charettes de vin de
« marchans volontaires quiferont à notre Regiment, pour faire » manger & boire les soldats en cheminant fans entrer en » ville ni village : & qu’il mande à Monfieur de Serres que « prom ptem ent il m’envoye les mulets chargez de pain. Je » m ’en vais courir au Regiment, pour élire les fepc Enfeignes, » & à votre retour vous me trouverez tout p rêt à partir. » Mais il faut que vous couriez en diligence, & que le Roy « & réfolveen porte: & que fi prom ptem ent on ne prenoit » entière réfolution , je ne le voudrois entreprendre , sans » ufer de remifè. Alors Monfieur deBourdillonm e commença » à dire que le R oy trouveroit difficile que Je fecours y pût » être fi-tôt que le Camp du R oy d'Efpagne. Et lors je fautai » en colere, & dis en jurant , je vois bien que quand vous » autres ferez l à , vous m ettrez tout le jour en difpute : en dé» pit des difputes & confultations , que le R oy me laiflè » faire : je crèverai, ou je le fecourerai. Monfieur d'Eftrée dit » alors: allons, allons, laiffons le faire : car le Roy ne le trou» vera que bon : & & m irent à piquer droit à M arche : & » moy droit à mon Regiment. Et foudain je fis élection de » fept Enfeignes, lefquelles prom ptem ent repeurent : & leur » dy que fans bagage il failloit partir pour faire un bon fèr» vice. Je ne leur donnai pas demie heure de tems à m anger, » puis les fis m ettre tous fept à la campagne , une partie de » î’arquebuzerie d ev an t, & une autre à la queue des piquiers. » Jeprins quatre charettées de vin de ceux qui avbient les » meilleurs chevaux : & les mis à la tête des Capitaines : & » puis commandai aux charettiers d'apporter deux ou trois » facs d'avoine fur les poinçons de vin , & un peu de foin: » puis m’en courus à mes tentes lefquelles étoient derrière » le Regiment : & commençai à manger , & amenai les Capi» taines des fept Enfeignes manger avec moy. MeÆeurs de » T avannes, de Bourdillon & d 'Eftrée allèrent à fi grande » hafte qu’ils trouvèrent le Roy qui ne faifoit que fortir du » lift : & promptement lui propoferent le parti que je leur » avois dit. Le Roy voulut appeller rout le Confeil : Mon» fieur d'Eftrée commença à renier, à ce qu’il me dit après, » ( car il s’en fçait auffi bien ayder que moy ) & dit : Montluc » nous a bien dit , Sire, la v é rité , que vous m ettriez tout
aujourd’hui à difputer, s’il & peut faire ou non. Et fi vous » vous fuffiez au foir réfolu & p rom ptem ent, comme il s’est « réfolu , le fecours feroit à dix lieues d 'ici. Il ma dit que fi » prom ptem ent on ne lui envoyé ce qu’il demande , il & » dédira : car il ne veut pas que les Efpagnols triomphent » de lui. Monfieur de Guife embraflà chaudem ent cette » affaire , Meilleurs de Tavannes & Bourdillon pareillement : » & tout à coup fans autre Confeil, Monfieur de Guife man» da à Monfieur de Serres de m’envoyer les vingt-cinq mu» lets chargez de pain à toute diligence. Le R oy me m anda » par Monfieur de Broilly qui fuivoit Monfieur de G u ife , » qu’il avoir trouvé bonne mon opinion , fauf qu’il ne vou» loit point que J'y allaffe : car il n’avoit perfonne pour com» mander le s R e g i m e n s , s’il lui falloit donner bataille. C aron » ne fçavoit fi le Roy d 'Efpagne la viendroit prefenter , fai» fant mine de vouloir attaquer quelque chofe , mais qu’ils » alloient faire éleétion d 'un qui ameneroit le fecours, & que » cependant je fiffe tout aprêter. Le dit Broilly s’en retour» na en pofle dire au R o y , qu’il avoit vû toutes les fept En» feignes aux champs pour m arch er, de que je n’attendois fi» non le pain. E t à même que Broilly retournoit vers le Roy, » les vingt - cinq mulets arrivèrent : & fur fon chemin trouva » le Capitaine Brueil Gouverneur de Ruë & beau-frere de » Salceae , qui lui d i t , que le Roy l’avoit éleu pour amener » le fecours. Par cette relation de M ontluc, on voit que dès l’an 1558 , qui fut l’année de l’O rdonnance de H enri I I , il y avoit des Regimens dans l’armée. O r il femble que ces Regimens ne pouvoient être que les Légions, ou d'autres Regimens qui furent formez en même-tems que les Légions : & par confequent dès ce tems-là on donnoit dans l’armée aux Légions le nom de R egim ent ; ou bien il y eut deflors d 'autres R egimens outre les Légions. d ' ailleurs je trouve dans le fixiéme volume de l’Extraordinaire des guerres de 1558 , d i x E n s e ig n e s F r a n ç a is e s a r r iv é e s d 'I t a l i e d o n t le S i e u r d e l a M o l e est C o lo n e l : & de là je pourrois conclure encore que l’on comprenoit deflors les Légions à l ’armée sous le nom de Regim ent ; & qu’outre cela il y avoit
des Regimens François non compris dans le nom bre des Légions, tel que celui de Monduc & celui de la Mole. Après t o u t , quelque convainquant que paroiflè cet extrait des Commentaires de Monduc pour prouvez qu’il y avoir des troupes sous le nom de Regimens dès le tems de H enri I I , J'avouerai cependant de bonne foi qu’il ne l’est pas autant qu’il femble l’ê tre , fuivant une remarque que J'ai faite moimême dans un autre endroit en traitant des Charges Mili * Sous le titre de Mettre de taires * qui font encore dans nos armées. Cette remarque est Camp. que Monduc au fujet de la bataille de Cerifoles sous Fran çois I , sous lequel il est certain qu’il n’y avoit point de R e gimens , parle comme il parle ici sous le Regne de H enri I I , donnant sous François I le nom de Regiment à plufieurs Bandes réünies en un Corps dans une armée sous les ordres d 'un Mestre de Camp ; quoique ces Bandes hors de là ne fiffent pas un Corps tel que ceux que nous appelions du nom de Regim ent, qui même hors de l’armée est toujours compofé des mêmes Compagnies. Mais au moins il me fera permis de conclure que les Légions de H enri II é ta n t, au nom p rè s, de véritables R egim ens, fans que rien y manque , fur le modèle defquels & form èrent d 'autres Corps aufquels on donna le nom de Regim ent ; J'ai, dis-je , droit de conclure par cette raifon que ce Prince fut l’inftituteùr des Regimens : outre que dans les Regiftres de l’Extraordinaire des guerres de 1558, je trouve un Regim ent qui n’étoit point une Legion. C ’est le Regim ent de la Mole dont J'ai parlé un peu aupara vant. Car enfin , comme je l ’ai dit en commençant à traiter de cette m atière, il ne s’agit pas ici du n o m , mais de la chofe. Pour débroüiller peu à peu cette matière qui m’a plus coû té qu’aucune autre à éclaircir, & où je n’ai point épargné ma peine , parce qu’elle regarde le plus nombreux Corps de nos arm ées, je me propofe d'examiner ici une queftion , fçavoir fi nos quatre premiers vieux Corps d 'aujourd’h u i, Picardie , P ié m o n t, Champagne & N avarre furent du nombre de ces premières Légions inftituées par H enri I I , ou du moins s’ils en tirent leur origine,
ExamendelaQuestion. U prem ier coup d'œil qu’on donne à cette matière , le préjugé est grand pour l’affirmative en ce qui regarde Picardie & Champagne : car comme les Légions de Henri l î & les Regimens n’étoient gueres differens que de n o m , il est affez naturel de penfer que le Regiment de Picardie vient de la Legion de Picardie , & le Regiment de Cham pagne de la Legion de Champagne. A l’égard même du Regim ent de N avarre , on pourroit croire avec affez de vrai-femblance qu’il vient de la Legion de Guyenne i car quand cette Legion fut levée, c’étoit An toine R oy de N avarre pere de H enri IV , qui étoit Gouver neur de Guyenne & qui leva cette Legion par ordre de la Cour : par cette raifon il n ’est pas difficile de le perfuader que la Legion de Guyenne put aifément dans la fuite prendre le nom de N avarre à l’honneur de ce Prince qui l’a voit levée : & fuivant cette id é e , il ne feroit plus queftion que de trouver une pareille origine du Regim ent de P iém o n t, pour avoir celle de ces quatre premiers vieux Corps de l’Infanterie Françoi& , qui long-tems ont porté fëuls ce titre de vieux Corps ; mais bornons cependant la queftion que je me fuis propofée au Regim ent de Picardie & au Regiment de Champa gne , & il fera aifé d'en appliquer la déciiîon aux deux autresO n demande donc fi le Regim ent de Picardie d'aujour d 'hui est le même Corps que la Legion de Picardie inftituée par H e n r ill, & dont il est fait mention sous François II & Charles IX ; & fi le Regiment de Champagne a pareille m ent pour origine la Legion de Champagne de ces tems-là ? Je réponds que non , & que c’est ici un de ces points de cri tique en m atière d'Histoire , où la vrai-femblance éloigne de la vérité p lu tô t que d 'y conduire. La vrai-femblance confifte en ce que les Légions de Picardie & de C ham pagne, aïanr été dans leur institution deux Corps chacun de quinze Compagnies de quatre cents hommes sous un C olonel, il paroît qu’elles n’on t eu qu’à quitter le nom de Legion
A
pour devenir Regim ent de Picardie & Regim ent de Cham pagne : & la vérité est que la Legion de Picardie & le R égi m ent de Picardie étoient deux Corps differens. Il en est de m êm e de la Legion de Champagne & du Regim ent de Champagne. Pour bien entendre ceci, il faut Ravoir que du tems de H enri I I , l’Infanterie étoit compofëe de vieilles Ban des & de nouvelles Bandes. Les vieilles Bandes étoient cel les qui avoient été mifes fur pied dans les premières années de François I , & même du tems de Loüis X I I , qui conv mença à m ettre l’Infanterie Françoife en honneur & fur le bon pied. Les nouvelles Bandes étoient celles qui avoient été levées depuis, & que l’on caffoit à la fin d 'une guerre ; au lieu que l’on confervoit ordinairement les vieilles Ban des , de même qu’aujourd’hui on conferve fur pied pendant la paix les plus anciens Regimens & que l’on caffe les nou veaux. T andis que les vieilles Bandes furent feparées les unes des autres , on leur donna le nom de vieilles Bandesj & quand elles furent mifes en C o rp s, ou en Regim ens, on les appella avec le tems vieux C o rp s, parce que ces Corps L. 4 .p.2 67. étoient compofez de vieilles Bandes. V ie ille s B a n d e s d u R oy , Les v ie u x dit d 'Avila , c est a in fi q u i l s a p p e lle n t les v i e u x R e g im e n s. Corps cotnpoO n voit cette diftinétion de vieilles Bandes & de nouvelles fess, des vieilles Bandes dans les Ordonnances de H enri I I , & dans l’ExBandes. traordinaire des guerres de ces tems-là, où l’on ne manque gueres de m arquer cette diftinétion à l ’honneur des Capitain e s ^ a r c e que la qualité de Capitaine de vieilles Bandes étoit beaucoup plus honorable que celle de Capitaine de nouvelles Bandes. Il faut donc fuppofer comme certainque les quatre vieux Çorps ou vieux Regimens furent compofez de vieilles Bandes : ce qui n’em pêchoit point qu’au commencement d 'une guerre on ne les augmentât de nou velles Bandes que Fon m ettoit à la queue, & que l’on caft Toit à la paix comme l’on fait encore aujourd’hui. Il faut encore remarquer que foit en tems de paix , foit en tems de guerre,les vieilles Bandes étoient départies dans tou tes les Provinces fronderes, où elles avoient leurs quartiers, & pù elles faifoient o rd in airem en t leur refidence pour les d é fendre
fendre ; de forte qu’il y avoit les vieilles Bandes de P iém o n t, les v ie i l l e s Bandes de Picardie , l e s v i e i l l e s Bandes de Cham pagne , les vieilles Bandes de L anguedoc, les vieilles Bandes de Guyenne. C e n ’elt pas que les Officiers & les soldats fuf. fent toujours de ces quartiers-là ; mais c’est qu’ils y étoient d'ordinaire en garnifon : car en ce tems-là on ne faifoit pas li fouvent changer les troupes de place & de Province qu’on l’a fait depuis. Toutes ces vieilles Bandes regulierement parlant & toutes ces nouvelles , étoient sous les ordres & dans la dépendance du Colonel General de l’Infanterie Françoife ,& elles eurent la même dépendance de cet Officier quand elles furent enré gimentées. T o u t cela fuppofé , il est aifé de conclure que les quatre vieux Corps étoient tous differens des Légions : parce que ces Légions furent toutes compofées de nouvelles B andes, & nullement des vieilles ; & les vieux Corps au contraire. Celafe voit clairem ent, premièrement par l’Ordonnance même par laquelle H enri II inftitua les Légions, où il décla ré que c’est une force ou Milice qu’il veut m e t t r e f u s . C ’étoit donc une levée de nouvelles Bandes. Secondement, il veut que tous les Officiers & soldats des Compagnies qui compoferont les Légions foient du païs ou de la Province dont la Legion portera le nom : ce qui ne convient nullement aux vieilles Bandes , où les Officiers & les soldats étoient fans diftinétion de tout païs. T roilîérnem ent, les Gouverneurs des Provinces eurent ordre de faire la levée de toutes ces Com pagnies qui form èrent les Légions , & par confequent elles n ’étoient pas fur pied auparavant. Q uatrièm em ent, on voit par l ’Extraordinaire des guerres que les Compagnies des L é gions étoient tan tô t caffées, ta n tô t rétablies, & que la Lé gion étoit quelquefois réduite aux deux Compagnies Colo nelles , & les vieilles Bandes qui formoient les vieux Régi-1 mens étoient confervées, ou tout au plus réformées pour le nombre des soldats. Cinquièm em ent, on voit dans les mêmes Regiftres de l’Ex traordinaire des guerres les Compagnies des Légionnaires toujours diftinguées des vieilles B an d es, & jamais on ne leur
y donne ce titre. Il est donc clair qu’elles étoient toutes comi pofées de nouvelles Bandes, & par confequent qu’elles n’étoient pas les vieux Corps ; que la Legion de Picardie n ’étoit pas le Regim ent de Picardie, ni la Legion de Champagne le R egim ent de Champagne. D é p lu s , & ceci est fans répliqué , on voit dans le même tems un Colonel de la Legion de Picardie , & un Colonel E xtraord. des ou Mestre de Camp du R egim ent de Picardie. En 1567 le guerres 1 5 67 Sieur d'Eftavaye félon l’Extraordinaire des guerres étoit Co Vol. 10. lonel de la Legion de Picardie ; & Philippe Strozzi félon d ' A ubigné I. d 'Aubignél’étoit du Regim ent de Picardie. C ar voici com 4 .c h a p .V I I I . me parle d 'Aubigné en racontant ce qui précéda la bataille de Saint D enys : » d ' autre part , d it-il, Philippe Stroife » Com m andant au Regiment de P icardie, aïant rallié les » Légionnaires de Champagne , quelque noblefle de Bour» gogne & un amas de Garnifons,avoit palTé d e x tre m e n t, & » gagné les Fauxbourgs de Paris. Et dans la page fuivante il appelle le Regim ent de Picardie le Regiment de Stroife. Il faut encore oblerver la maniéré dont cet Hiftorien parle ici. » P h ilip p e S tro jfe , dit-il, C o m m a n d a n t a u R e g im e n t de P i» c a rd ie a i a n t r a l l i é les L é g io n n a ir e s de C h a m p a g n e . & la Le.gion & le Regim ent de Champagne avoir été la même cho ie , il auroit dit ici le R e g im e n t de c h a m p a g n e comme il avoir dit le R e a im e n t de P ic a rd ie . Enfin dans le combat de Dorm ans le même auteur diftingueexprelfémentle Regim ent de Cham D 'A ubîgné pagne de la Legion de Champagne. » II y avoir, d it-il, trois sous l’an » R egim ens, des Gardes , de P iém o n t, de C ham pagne, par. 1 5 7 5 .chap. » tie de celui de Lorraine & des L é g io n n a ir e s de R a n ces. Or 1 9. dans la Liste des Colonels de la Legion de Cham pagne , J'ai montré que c’étoit Monfieur de Rances qui en étoit Colonel. V ol. 3. de Pareillement je trouve le R egim ent de Languedoc com1 5 68. pofé de vieilles Bandes, aïant pour Colonel François de la Jugie Baron de Rieux , & l’année fuivante le Capitaine SarVol. 1. de fabous le jeune ; & en même-tems la Legion de Languedoc 1 5 6 2. P ié- aïant pour Colonel le Comte d'Aubijoux. T o u t cela montre mont. évidemment que les Légions levées dans les Provinces, & les Piémont. v o l. I. 1 5 63. Regimens portans le nom des mêmes Provinces, étoient des Corps differens,
Mais quoique les Légions ne fuflent pas les vieux Regimens , elles donnèrent cependant lieu à leur création & à celles de pluiîeurs autres. C ’est ce que je vais tâcher de débrouiller avec le plus de clarté qu’il me fera polïîble -, car cette matière est fort obfcure & fortem barraflee : & ce n ’eA qu’avec bien des reflexions qu’on peut la démêler. D e l ' o r ig in e d es q u a tre p r e m ie r s v i e u x R e g im e n s d ' I n fa n te r ie .
V ant qu’il y eût des Légions & des Regimens , c h a q u e T o m e des Colonels pag, C a p i t a in e , dit Brantôme , é to it M e jir e de C a m p de leu rs 66. g e n s , f u r e n t q u 'ils en e u f e n t p e u ou beaucoup. C’est-à-dire que les Capitaines obéïfloient immédiatement au Com m andant General de l’Infanterie ou au Colonel G eneral, depuis qu’il fut inftitué par François I , qu’ils n ’avoient point de Colonel particulier ou de Meflre de Camp au-defliis d'eux , excepté que dans l’arm ée étant en campagne,plufieurs Bandes étoient réunies en un Corps sous un C hef à qui l’on donnoit le titre de Mestre de Camp. H ors de là chaque Compagnie faiiôit un Corps particulier, dont le Capitaine étoit le premier & l ’unique Chef. Ce fut fur le modèle des troupes étrangères en gardant le nom de la Milice R o m ain e,à l’exemple de François I , que H enri II forma les Légions des Provinces fronderes, & qu’immediatement après fur l’idée des Légions on mit enfemble plufleurs vieilles B andes, & qu’on forma des Corps aufquels on donna le nom de R egim ens, comme les appelaient les Allemans & les Sciflès. En même-tems quelques Gentils hommes avec l’agrément du Souverain levèrent de femblablés Corps sous leur nom , dont ils furent les Commandans. Les guerres de Religion étant bien-tôt furvenuës, la m êm e chofe le fît dans les armées Huguenotes rebelles $ & de là vint ce grand nom b e de Mestres de Camp dont Brantôm e dit : » qu’il y en a tant eu & s’en fait tant tous les jours, que & par maniéré de d ire, il n’y a gueres contrée en France , que », fi on en bat les buiflbns , on en verra fortir un Meflre de » Camp , ainfi qu’on difoit du tems des Capitaines de la » Gafcogne. A
I. 9 . fol. 3 4 4. F o l. 3 46.
Je ne prétends point defcendre dans un grand d é t a i l tous chant ces Regimens particuliers, qui furent compofez de’ nouvelles Bandes , dont un des premiers & qui me parole avoir é té le plus coniîderable, fut celui du Capitaine C h a rri, lequel fut de trois mille hommes , ainfi que le difent Bran tôm e & Montluc ; & dont en 1563 & fit un détachem ent de cinq cents hommes sous dix Capitaines pour faire le Régi m ent des Gardes comm andé par ce même Capitaine. Je me borne à rechercher d'abord le commencement des premiers» vieux Corps compofez de vieilles Bandes des Provinces fron deres. La difficulté de les démêler vient de ce qu’au commence m ent, & fur tout dans l’Extraordinaire des guerres, on ne les défignc point par le nom de la Province qu’on leur a con flamment donné depuis, mais feulement par le nom du C o lonel ou du Mestre de Camp qui les commandoit : & l’on ne trouve m arqué nulle part quand précifément les vieilles Ban des dont ces Regimens furent compofez , commencèrent à être unies pour former un Corps de Regim ent. Il est certain feulement que ce ne fut point plus tard que l’an 1562. C ar Popeliniere , Officier coniîderable dans les troupes H ugue notes , racontant dans fon Histoire la bataille de D reux , la quelle & donna fur la fin de cette année-là , & décrivant l’arrangem ent de l’armée C atholique, parle ainfi , & u n p e u p l u s a v a n t , dit-il, k c o té d 'u n n o m b re d 'e n ja n s p e r d u s q u 'i l s a v o ie n t tir e z , de to u s les R e g i m e n s , & c . Il parle auffi un peu plus bas du Regim ent de l’Amiral de Coligni dans l’arm ée Huguenote. Pareillement d 'Avila homme auffi du m étier non feule ment parle de Regimens dans la defcription de cette batail le: mais encore il nomme exprelfément les Regimens de Pi cardie & de Bretagne. N e l C om o dejlro d e i co n teH a b ile e ra n o -
D 'A vila I g l i S u i z z e r i f i a n c h e g i a t t d a i R e g im e n ti d 'A r c h ib u g ie r i d i B r e 3. sous l’an t a g n a & d i P i c a r d i a . Enfin d 'Aubigné parlant du fieae,ou 1562.
D 'Aubigné 1. 3. chap . 1 2.
p lutôt du blocus de Paris que fit le Prince de Condé avec les troupes Huguenotes en 1562, avant la bataille de D re u x , dit ce qui luit : » L’autre moitié des Suifies, le R e g i m e n t de P i » c a r d ie , huit Compagnies de Gendarmes & la plupart de la
« Nobleflè volontaire furent donnez au Maréchal de Sainf » André pour défendre le paffage de Corbeil-Voilà donc le Regiment de Picardie dont d 'Avila parle dans la bataille de Dreux nom m é par d'Aubigné avant cette bataille même. O n voit encore deilors le Regim ent de Piém ont , car il est dit dans l’Extraordinaire des guerres que Je Comte de Vol. de Briiîac amena à l’armée du D uc de Nemours dans le Lion- 15 6 2. nois huit vieilles Bandes de Piémont dont il éto it Colonel. Et pour m ontrer qu’il n’est pas feulement dit Colonel de ces Bandes , parce qu’il étoit Colonel General de l’Infanterie en Piém ont, e’est que dans le premier volume de l’an 1563 on 1.de donne à ces vieilles Bandes le nom de Regiment ; on y parle 15Vol. 63. Pié ainfi : » Au Capitaine Muz Mestre de Camp & Capitaine de mont. « l ’une des Bandes de Monlîeur le Comte de Briiîac la fom» me d e .......... pour diftribuer particulièrement à plufieurs » soldats d u R e g im e n t d u d i t S ie u r C o m te de B r ijfa c , qui avoient » été bleilèz en une entreprife executée contre la ville de » Lion. Et dans les années fuivantes, on donne en une infini té d 'endroits le titre de Regim ent à ces mêmes vieilles Ban des. C ’est de ce Regim ent dont d'Aubigné parle sous le nom de Bandes de Piém ont qui & jetta dans P aris, axant le Com D 'A u b ig n e c. 13. & te de Briftàc fon Colonel à sa tête , lorfque les troupes H u 1.1 43. . sous I'a n guenotes vinrent inveftir cette C apitale, & dont il parle 15 6 2. auffi dans sa relation de la bataille de Dreux. Enfin d 'Avila au fujet de la reprife des armes en l’an 1567 dit que la Reine J ï t v e n i r en d ilig e n c e les C olonels de B r ifla c & S t r o z z i avec les vieux Regimens, c’est-à dire avec les Regimens formez des D ' A vila vieilles Bandes ; car ils étoient fort nouveaux en qualité & 4 . p . 2 0 5 sous le nom de Regim ent. N ous avons donc déjà deux vieux Corps formez en R e gimens dès l’an 1561, c’est-à dire Picardie 8t Piémont. Mais il n’est pas Ci aifé de démêler les deux au tres, je veux dire Champagne & N a v arre , quoique je fois perfuadé que l’un & l’autre étoient deflors fur pied. Il y a deux ou trois lignes dans l’Histoire de d 'Aubigné qui nous le font entendre à l’égard du Regiment de Navarre,. C ’est au lujet du fiege d 'Am iens, lorfque H enri IV repriscette place que les Efpagnols avoient furprife. Le Regimen
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de N avarre s’y fignala beaucoup. d ' Aubignédîc que les affiegez redouroienc beaucoup ces Gafcons , qu’ils les appel a ie n t L utheranés , p a rte q u e , ajoute-t-il , c'é to it l a v i e i l l e fe m e n c e d u Roy de N a v a r r e .
Ce Roy de Navarre étoit Antoine pere de H enri I V , que la Reine Jeanne à Albret Ton Epoufe avoit d'abord fait aller au prêche. Ces Gafcons étoient les vieilles Bandes de Guyen ne , Province dont il étoit Gouverneur , defquelles & de quelques Bandes de fon D om aine de Bearn il avoit formé le Regiment de N avarre. Ce que d'Aubigné dir que ce Ré giment é to it l a v i e i l l e fe m e n c e d u Roy de N a v a r r e , ne peut avoir d'autre fens. O r ce Prince m ourut de la blefture qu’il reçut au fiege de R oüen au mois d 'O ctobre de l’an 1561. Ce Regiment donc étoit fur pied dès cette année auifî-bien que Picardie & Piém ont. Comme dans l’Extraordinaire des guerres, & com m uné ment dans l’Histoire , ainfi que je l’ai remarqué , on ne déligne les Regimens que par le nom du Mestre de C a m p , ou par le nom du Colonel General dans la Brigade duquel il é to it, & non par celui de la Province de Picardie, de Cham pagne, &c. on ne peut diftinguer le Regiment de N avarre dans le dénom brem ent des Regimens ; & je ne le vois reparoître sous le nom de N avarre qu’en 1589 à la journée d 'Arques après la m ort de H enri III. C ’étoit le Sieur de Valliraut Gentil-homm e de Bearn qui en étoit alors Mestre de Camp. S a M a j e f t é , dit le Comte d'Avergne dans lès Mémoi res , c o m m a n d a a u R e g im e n t de F a l li r a u t q u i é to it c e lu i de N a v a r r e , de le f o û t e n i r , dre.
2 . par t.l. 2 .
Il est fort vral-femblable que quelque tems après la m ort d 'Antoine Roy de N a v arre , fon Regiment fut réduit à ce qu’on appella depuis les Gardes du jeune Henri Roy de N a varre , defquels parle à Aubigné. Ce jeune Prince en 1575 étant obfervé de près à la Cour , les envoïa malgré lui lous les ordres du D uc de Guife contre Monfieur de T noré fils du feu Connétable de M ontm orenci, qui étoit à la tçte des Mécontens & de quelques troupes Allemandes à la journée de D o rm a n so ù c e Seigneur fut défait. L e Roy de N a v a r r e , dit d 'Aubigné , y e n v o y a j a M a ij o n & f e s G a rd e s , & f u r to u t ceuiï
q u i f e n t o i e n t le f a g o t , & t r a v a i l l a i e n t h s a liberté.
Je fuis confirmé dans cette penfée par un manufcrit trou vé , m ’a-t- on d i t , par M. de R eygnac , dans les archives de M etz, dont on m’a communiqué quelques articles: on y dit que le jeune Roy de N avarre avoit quatre cents Bearnois pour sa G a rd e , qui le fervoient par q u artier, qu’on appelloit les Charbonniers du Roy de N a v a rre , parce qu’ils alloient toujours vêtus à la mode de leur p a ïs , d 'un drap b r u n , fait en forme de cape & que l’on appelloit C apat ; que quand il dilputa la Couronne contre la L igue, ces quatre Compagnies ne le quittèrent jamais ; &. que quand il eut é té déclaré Roy de F ra n ce , il en form a un Regim ent qui est celui de N avarre , qu’il m it fur le même pied que P icardie, Piém ont & Champagne. Ainfi l’ancien R egim ent de N avarre fubfifta toujours dans ces quatre C om pagnies, & H enri IV ne fit que le rendre plus nom breux, quand il fut parvenu à la Couronne. Cela s’accorde’ parfaitem ent avec ce que J'ai cité cy - defius de d 'Aubigné ; que le Regim ent de N avarre étoit la v i e i l l e fe m e n c e d u R o y ( Antoine ) d e N a v a r r e . Cela convient encore avec un autre mémoire m anufcrit, dont je parlerai dans la fuite, où il est dit que H enri IV étant parvenu à la Couron ne , eut defîein de & faire un fécond Regiment des Gardes de fon Regim ent de Navarre. Je fuis plus embarrafie à trouver le Regiment de Champa gne pendant quelques années, je le vois exprelfément marqué sous ce nom en ij8 o au fiege de la Fere sous H enri III. E t c’étoit M- de la V alette, depuis D uc d'Efpernon, qui en étoit Mestre de Camp. Je le trouve encore cinq ans au paravant en 1575, à la journée de D orm ans, dont je viens de parler. Il n ’y a plus que treize ans à remonter de là jufqu’en 1 où les autres vieux Corps paroifTent. Il faut encore tâcher de le dém êler en quelque îorte dans cet intervalle. Il faut toujours & fouvenir que ce qui empêche de trou ver ces vieux C o rp s, compofez des vieilles Bandes des Pro vinces ; c’est qu’on ne les défigna point d 'abord communé m ent par le nom des Provinces, & qu’on ne trouveroit pas même Picardie sous ce nom dans ces premiers tem s, fi d'Au-
d ' Aubigné sous l’an 1580.
d ' Aubigné sous l’an 1 5 75 .
* Sous l’an 1 5 6 2.
b i g n é & d’Avila ne l’avoient, comme p a rh a z a rd ,n o m m é au fujet de la bataille de Dreux : mais il faut encore obferver une autre chofe, c’est: que cette année 1561, qui me paroît avoir été l’année de l’institution de ces vieux Corps, l’Infan terie Françoiië fut partagée en tro is, sous les ordres de trois Mestres de Camp, dont les Corps qu’ils commandoient fu rent appeliez du nom de Regimens. Je parle ici fur le tém oi gnage de Brantôme. » La guerre civile vint, d i t- i l , (il parle de l’année 1562) » à laquelle il fallut pourvoir , & pour c e , fallut drelfer « une armée sous la Charge du Roy ( Antoine) de N avarre, « Lieutenant General du R o y , M“. de G uife, le Connétable » & le M aréchal de Saint A n d ré , qu’on appelloitles trois der» niers, par ce nom de Trium virat. Pour l’Infanterie furent » élus & conflituez de l’invention de M. de G uife, qui s’en», tendoit à l’Infanterie auffi-bien qu’homme de France,encore » qu’il n’y ait été nourri, & l’aimoit fo rt, ces trois Mestres de « Camp,à la mode des Espagnols,& étoient iceux le Capitaine « Sarlabous l’aîné , que J'avois vu Gouverneur de D um barre « en EcolTe n ’avoit pas long-rems : le Capitaine Richelieu « l’a în é , qui a voit été autrefois Lieutenant d 'une des Co lo n e lle s de M. de Bonnivet en Piém ont, & Gouverneur » d'Albe la-m êm e, & le Capitaine R em olle, tous trois di» gnes de cette Charge : & tous trois eurent leurs Regimens « à p a r t , & sous eux trois & leurs Regimens toute l’Infan» terie Françoife fut rangée à la mode de Terces Eipagnols. d ' avila* ajoute qu’outre les Suidés il n’y avoit dans cette armée du R oy de N avarre, que lîx mille hommes d 'infan terie Françoife, g e n s £ é l i t e & to u s v i e u x S o ld a ts ; ce qui ne convient qu’aux vieilles Bandes, dont certainem ent les vieux Corps furent compofez ; ainfi il paroît hors de doute que ces trois Regim ens, à la tête defquels furent mis en qualité de Mettre de Camp , les Capitaines Sarlabous, Richelieu & Re molle , étoient les Regimens de Picardie, de N avarre & de Champagne. Le Regiment de Piém ont, qu’on appelloit le Regiment de Bridac , n’étoit point dans l ’armée du R oy de N avarre, parce qu’il est marqué dans l’extraordinaire des guerres que ce
ce Regimenc etoit venu de P ié m o n t, joindre l’armee que le Duc de Nemours commandoit dans le Lionnois. Ces trois au tres Regimens dont J'ai p arlé, comm andez par les trois Meftres de Camp, avoient pour C hef le Colonel General ; c’étoic alors le Com te deRendan, qui m ourut d 'une bleflure au fiege de Roiien cette même année 1562, & eut pour fuccefleur M. de Martigues. O n voit dans l’Extraordinaire des guerres de 1563 au vo lume Picardie, ces trois Mestres de Camp nommez. Il y est dit au Capitaine Sarlabos, Mestre de Camp d 'un Regim ent de Bandes Françoise s. Au Sieur de Richelieu, Mestre de Camp d'un Regiment des Bandes Françoifes. Et au premier vo lu m e, qui est de Piémont ; parce que Remolle fut cette année en voie en Provence, il est dit : dix Enfeignes de gens de guerre h pied, François & Gafcons, du Regiment du Sieur de Remolle. Cette guerre ne fut pas de longue durée, & elle finit .par une paix en 1563. Les Huguenots reprirent les armes en iy éjj la paix le fit encore en 1568, mais elle fut rompue dès la m ê me année, la guerre finit en 1570. Quand elle recommença en 1567, on ne fuivit pas toutà-fait la même m ethode qu’on avoit prife en 1562, pour la diftribution de l’Infanterie : car au lieu des trois Regim ens, commandez par trois Mestres de Camp, on fit deux Brigades, sous les deux Colonels Generaux qui étoient Philippe Strozzi, L ’In fa n terie Colonel General de l’Infanterie, en-deçà des M onts, & le Franpoife paren deux Comte de Brilfac, Colonel General de l’Infanterie, au-de la tagée B rigades,anfdes Monts ou de Piémont, Il est à remarquer que ces deux quelles on le Brigades s’appellerent le Regim ent de Strozzi & le Regiment donnoit nom deR egide Brilfac -, & dans chacune il y avoit trois Regimens qu’on mens. ne défigne point encore par les noms des Provinces, mais par le nom des Mestres de Camp qui les commandoient sous les Colonels Generaux. Ainfi il est dit au 6 volume Picardie, au Capitaine Coffeins, l’un des Mestres de Camp du Regiment de M. Strojfe : au Capitaine Gohas , Mestre de Camp du Regiment dudit Sieur Strofte : au Capitaine Gohas l’aîné, Mestre de Camp du Ré giment du Sieur Strojfe.E t plus bas: au Capitaine M uz,M eftrç die Camp des Bandes Françoifes, érant sous le Regiment de
M. lé Comte de Briftac : au Capitaine la Brofiè, Mestre de Camp de partie des gens de guerre à pied François, étant sous le Regiment de Monfteur le Comte de Brijf ne. Au Capitaine H o n o u x , Mettre de Camp de partie des Bandes Françoifès, étan t sous le Regiment de M. le Comte de Briftac. Et par tout cela l’on voit qu’on donnoit le nom de Regim ent aux deux T émoignage Brigades, qui comprenoient chacune trois Regimens. de Brantôme Brantôme fait auffi m ention de ces trois R egim ens, com fur ce sujet . pris dans chaque Brigade des deux Colonels Generaux. » Phi» lippe Strozzi, d it-il, eut la Charge de Charri ( c’étoit celle « de Mettre de Camp du Regim ent des G ardes : ) de là fut Colonel (G en eral) aux féconds troubles (en 1568,) comTome des « m andant à trois R egim ens, menez par trois Mestres de Colonels, p. 284. » C am p, Cofleins, Sariou & Goas. Ces trois Regimens étoient le R egim ent des G ard es, dont Strozzi étoit Mettre de C am p , & les deux autres étoient fans doute celui de Pi cardie, qu’il avoit déjà commandé Champagne. Vo l. 1 5 6 7. O n donne auffi dans l’Extraordinaire des guerres de 1567« trois Mestres de Camp au Comte de Briftac, Colonel Gene ral des Bandes de Piémont:Claude Stuart, Sieur de M u z, un des Mestres de Camp des Bandes Françoifès, dont est Colonel M.de Brijfac : Gabriel de la Barthe, Mestre de Camp des Bandes Françoifès, dont est Colonel M. de Briftac : Honoux, Mestre de Camp des Bandes Françoifès, dont est Colonel M. de Briftac. O n ajoute en fuite les trois Mestres de Camp de M. de Strozzi, qui font les mêmes que J'ai nommez après Brantôme. Des trois Regimens de la Brigade du Comte de B riftac, l ’un étoit certainement le Regiment de Piém ont, qu’il avoit amené de ce p ais, comme il est marqué dans les R egiftres, & qui s’appelloit fpecialement le Regiment de Briftac. Je ne puis deviner quels étoient les deux autres. Le Comte de Briftac, quoiqu’il ne fût que Colonel G e neral des Bandes de Piém ont, commandoit neanmoins sa Brigade en France, comme on le voit par l’Hittoire des guer res de 1567, 1568 & 1569 , & par les Regiftres de ces trois années ; & elle étoit feparée de celle de Philippe de Strozzi, Colonel General de l’Infanterie Françoife en-deçà des Monts. Le Comte de Briftàc fut tué à l ’attaque de Mucidan es
1569;& alors les Regimens de sa Brigade & réunirent avec celle de S trozzi, au moins en grande partie. Cela & prouve par les Regiftres où il est dit : à n e u f v i n g t s d i x h o m m e s . . . . d o n t é to it C o lo n el le f e u C om te d e B r ijfa c & d ep u is réduite so u s le S ie u r d e S tr o ffe , à f e p t v i n g t s h u i t h o m m e s . . . . do n t fo u la it Vol.de 1569 être Colonel le f e u S ie u r de B r i j f a c , & d e p u is le S i e u r S troffe. Picardie.
E t dans le feptiéme volume , le Sieur de la B arth e, qui étoit un des Mestres de Camp du Comte de B rilîac, est dit M estre d e C a m p des B a n d e s F rançoifes d u R e g i m e n t , d o n t e f C olonel le S i e u r d e S tro ffe .
Cela & prouve encore par ce qui & pafla au com bat de la Roche-l’Abeille en Limoufîn en cette année 1569, où l’Amiral de Coligni étant venu attaquer l’armée C atholique, quelques Capitaines & Soldats qui avoient fervi dans la Bri gade de Brilîac, dirent allez haut : N o u s a u rio n s i c i g r a n d be f o i n de B r ijfa c . C e s paroles furent entendues par Strozzi qui en fut vivement piqué, & répondit en jurant, Brilîac est mort; mais fuivez-moi feulem ent, & je vous conduirai en lieu auffi chaud qu’il vous ait jamais mené. Il tint parole ; car étant forti fur le champ avec plulîeurs Compagnies, dont il ap B rantôm e, pella les Capitaines, il chargea un gros Bataillon des enne tome des Co lonels dans l’émis qu’il enfonça ; & aïant été coupé dans sa retraite par loge de Stroz un gros de Cavalerie que Mouy com m andoit, il fut fait pri- zi. fonnier, aïant eu autour de lui vingt-deux Officiers de sa trou pe tuez , tan t Capitaines que Lieutenans & Enfeignes. d ' Au- d ' Aubigné chap.X I. sous bigné dit qu’il y eut trente-deux Chefs des vieilles Bandes qui l’an 15 6 9 . perirent en cette rencontre avec huit cents Soldats, prefque tous tuez de coups de main. Pour revenir au Regiment de Cham pagne, qui m’a don né lieu de traiter de la diftribution de l’Infanterie, sous les Colonels Generaux & les Mestres de Camp depuis 1561, je le trouve encore dans un mémoire manufcrit de bonne m ain , dont je parlerai dans la fuite, mis en Brigade avec celui de Picardie, dès le tems de l’origine des autres vieux Regimens. Je n’en fçai pas davantage fur ce point : mais enfin la préseance qu’il difputa toujours aux autres vieux C orps, montre évi demment qu’il étoit auffi ancien qu’eux. En feüillettant les Regiftres de l’Extraordinaire des guer-
res de ces tem s-là, J'ai fait quelques autres obfèrvations fur cette matière des Regimens que je vais m ettre ici. Prem ièrem ent, que l’an 1569 après la m ort du Com te de Briflac, toute l’Infanterie Françoife, excepté le Regim ent de P ié m o n t, n’aïant plus qu’un Colonel G en eral, les Regimens parodient plus diftinguez les uns des autres qu’auparavant : par exemple, on voit la Liste fo rt diftincte des Regimens qui étoient au lîege de Saint Jean d 'Angeli en 1569 , fçavoir, 6. vol. P i Le Regiment du Seigneur de CofTeins, ( c’étoit le Regiment cardie 1 5 6 9 . des G ardes, dont ce Capitaine étoit Mestre de Camp. ) Le Regiment du Seigneur de Sarieu ou Sarriou, Le Regiment du Seigneur de Goas. Le Regim ent du Seigneur de la Barthe. Le Regiment du Seigneur de Sarlabous, ( c’étoit le jeune. ) Le Regim ent du Seigneur de l’Ifle l ’aîné. Le Regim ent du Seigneur de l’Ifle le jeune. Le Regim ent du Chevalier de Montluc. O n y voit le nombre des Compagnies ^ & tous ces R egi mens faifoient en tout le nombre de quatorze mille neuf cents quatre vingts trois hommes. Secondement,quoique Brantôme dife qu’en 1561 toute l’In fanterie Françoife fut mife sous les ordres des trois Mestres de C am p, Sarlabous l’a în é , Richelieu l’aîné & Remolle -, cela ne veut pas dire que tout ce qu’il y avoit d 'infanterie Françoife dans le Royaume fut mife sous ces trois Meflres de Camp : car Brantôm e dit au même endroit, que le Regim ent de C h a rri, qui étoit de trois mille hom m es, vint auflï-tôc après joindre l’armée 1 & par eonfequent il n’étoit pas com pris dans cette répartition. Il y avoir alors un Regim ent en Languedoc , qui étoit sous le Baron de R ieux, & peu de tems après sous le Capitaine Sarlabous le jeune, un autre en Proven ce, &c. T out cela n’étoit point compris dansles trois Corps: & Brantôme ne parle en cet endroit que des troupes qui étoient en- deçà de la Loire, & qui étoient à portée de former un Corps d’Armée que devoit commander Antoine Roy de N avarre contre les Calviniftes. Plufleurs Commandans des Regimens avoient peine à & foûm ettre au Colonel General de l'Infanterie Françoife, &
iis prenoient le titre de C olonel, ne le contentant pas du titre de Mettre de C a m p , & faifoient porter le Drapeau blanc D ifferend en tre lesColonels dans leurs Regimens. Cette affaire fît grand bruit en 1568, Generaux & ainfî que je l’ai raconté en traitant de la Charge de Colonel les Comman des Regi General : mais Strozzi & le Comte de BrilTac tinrent ferme ; dans mens. & lorfque le Capitaine Sarlabous le jeune amena fon Ré giment de Languedoc à l’arm ée, & le Comte de Sommerive, Brantôme, Ion Regim ent de Provence, ils furent obligez par ordre du dans l’éloge du. Comte de R o y , de quitter le Drapeau blanc & le titre de Colonel. Le Biiffac. Com te de Brifîac aïant été tué l’année fuivante, il ne parole pas que Strozzi prît les chofes fî fort à cœur ; car depuis ce tems-là plufîeurs Commandans de Regimens te donnèrent le titre de Colonel : quelques uns même avoient une Colonelle dans leur Regim ent, & quelquefois deux, dont ils étoient Ca pitaines particuliers. Le Chevalier de M ontluc, dans le R é giment qu’il leva en G afcogne, avoit ces deux Colonelles. Vol. g . M. de T illadet de Saint Orens dans fon R egim ent, aufîî levé 1 5 6 7 . en Gafcogne , avoit pareillement deux Colonelles. Ils avoient 4 . Vol. de même l’un & l’autre chacun leur Mettre de Camp sous eux. 165 8. Le Sieur de Bonnenini’étoit du Regiment de M ontluc, & le Sieur de Barraut l’étoit du Regim ent de Tilladet. Il y a pluR eflexions fieurs autres exemples femblables. fur les Com M a derniere reflexion fera fur les Compagnies Colonelles. pagnies Colo Ce fut un privilège des Colonels Generaux dès le tems de nelles. l ’institution de cette Charge , d'avoir deux Compagnies Colonelles, & cela avant même l’institution des Légions & des Regimens. Selon B rantôm e, M. de T aix , qui fut le pre mier Colonel General ,en eut deux, une en-deçà des M onts, & l’autre en Piémont. L ’Amiral de Coligni étant Colonel G e n e ra l, tant en-deejà qu’en-deîà les Monts comme M. de T a ix , en eut deux en Piémont & deux en Francej ce privi lège fut a ttrib u é , comme je l’ai d it, aux Colonels des Lé gions , qui avoient aufîî deux Colonels dans leur Legion. M. d 'A n d e lo t, frere de l’A m iral, étant rétabli dans sa Charge de Colonel General après la paix de îjô j.p o u r f e diftinguer des Colonels des Légionnaires, & fît fept Colo nelles qui font marquées dans l 'Extraordinaire des guerres de cette même a n n é e , de la maniéré qui fuit. 3. Vol. 15 6 3.
Recapitulation de ce qui a été dit tou chant les qua tre vieux Gorps.
Capitaine Monneins aïant Charge d 'une Compagnie Co lonelle de M oniteur d'Andelot 18 d 'Août 1563. Capitaine P o y e t, aïant Charge d 'une Bande Colonelle du Sieur d 'Andelot, 1563. Capitaine Roumolle , aïant Charge d 'une autre Bande Colonelle de M. d'A n d e lo t, Août 1563. Capitaine Jacques W o lf, aïant Charge d 'une autre Bande Colonelle de M. d 'A n d e lo t, Août 1563. Capitaine Serrien ( c’est Sariou ) aïant Charge d 'une des Bandes Colonelles dudit Sieur d 'A ndelot, 4 Septembre 1563. Capitaine R ance, aïant Charge d 'une autre Bande Colo nelle dudit Sieur d 'À n d elo t, 17 Août 1563. Capitaine C ivray, aïant Charge d 'une autre Bande Colo-; nelle dudit Sieur d 'A ndelot, 17 Août 1565. J 'ai m arqué les dates pour faire voir que M. d 'Andelot avoit toutes ces Colonelles en même-terns. Il me paroît que toutes ces Colonelles étoient des Ban des, ou Compagnies franches & non enrégimentées : car ce n ’est, ce me fem ble, que depuis que le Duc d'Efpernon fut Colonel G en eral, qu’il y eut une Colonelle à tous les Regim ens, qui étoit la première & padoit devant la Mestre de Camp ; & je n’ai point trouvé ces Capitaines cy-deflus nom mez, marquez dans les Regimens, comme y tenant la premiè re place en qualité de Lieutenant deM .d'Andelot.Mais toutes ces Compagnies enfemble faifoient un Corps confîderable à ce Seigneur, immédiatement sous fes ordres ; car en ne leur donnant qu’à chacune deux cents hommes,qui étoit le moin dre pied lur lequel étoient alors la plûpart des Com pagnies, excepté quelque cas de reforme qui ne tomboit gueres lur les Colonelles, elles lui auroient fait enfemble quatorze cents hom mes, & des plus déterminez qu’il y eût dans les troupes. Depuis lui Moniteur -Strozzi & le Com te de Brillàc n ’eurent que deux Colonelles, autant que je l’ai pû connoître par les Regiftres des monftres. Pour réduire en peu de mots tout ce que je viens de dire des quatre vieux Corps qui fubliftent encore aujourd’hui ; ces vieux Corps étoient compofez de vieilles Bandes ; & c’eil de là que leur vient le nom de vieux Corps. O n trouve
celui de Picardie dans iH ifto ire dès l’an 1561. On trouve celui de Piém ont commandé par le Comte de Briffac dans l’Extraordinaire des guerres de la m êm e année. On trouve auffi celui de N avarre dans le m êm e tems. Celui de Cham pagne n’est nommé par ce nom que treize ans après dans l’Histoire ; parce qu’on ne l’y a défigné que par le nom de fon Meflre de Camp : mais sa prétention fur la préseance avec les autres vieux Corps, montre clairement qu’il étoit auffi an cien qu’eux ; les vieilles Bandes, dont il étoit com pofé, étant auffi anciennes que les autres. Il y eut done dans la fuite entre les quatre vieux C o rp s, des difpures touchant le rang & la préseance dans les ar mées , dans les campemens, dans les m arches, dans les aftauts & dans les batailles ; & c’est dont je vais traiter m aintenant-
Du rang des quatre vieux Corps entre eux. N e des difficultez de l’ouvrage que J'ai entrepris, confiile en ce que me trouvant obligé d'examiner certai nes particularitez qui me parodient im portantes, je n’en trou ve prefque rien dans nos H iftoires; & tel est l’article dont il s’agit ici. O n fçait en gros que les quatre vieux Corps ont eu entre eux de grands differens pour le rang en de certains tems : mais on n’en trouve point le détail dans ces premiers tem s, qui feroit neanmoins affez curieux. Au défaut de nos Hiftoires , une perfonne * qui a pris plai- *M.Guyars. fir à faire des recherches fur la Milice des derniers tem s, m’a fourni un mémoire m anufcrit, qu’il a eu d'un vieux Officier du Regiment de Cham pagne, m ort depuis plufieurs années dans la ParoifTe de Saint A ndré des Arcs. Cet Officier me paroît d 'autant plus croïable, qu’il ne parle point en hom m e paffionné pour le Regiment dont il éto it, & que ce qu’il dit s’accorde allez avec ce que J'ai trouvé dans les Regiftres de î ’Extraordinaire des guerres touchant les vieilles Bandes de Erance mifes en Regimens sous des Mestres de Camp fubordonnez auColonel G eneral : & fur l’arrivée des vieilles Bandes de Piémont dans le R oyaum e, vers ce même-tems là. O utre qu’il marque des faits & des circonftances qu’on ne s’avÜe U
point de feindre & d'imaginer : il n ’a pu les apprendre que ae fes prédecefleurs, qu’il eut la curiofité d'interroger pour s’inftruire de l’Histoire de fon Regim ent. Je vais m etrre ici ce m ém oire, fur lequel je ferai quelques remarques. Ces rem ar ques feront renfermées dans des parenthefes que J'infererai dans le texte du mémoire. Il dit donc qu’on donna le nom de Picardie au premier Regim ent qui fut fait des Bandes de France ( c’est-à dire des Bandes qui étoient en-deçà de la Loire) & qu’on donna le nom de Champagne à l’autre Regiment ( c’est-à dire que l ’on fît un fécond Regim ent des autres vieilles Bandes d'endeçà de la L o ire , auquel on donna le nom de Regim ent de Champagne , la Picardie & la Champagne étant les deux fronderes de ce côté-là où les vieilles Bandes avoient pour l ’ordinaire leurs quartiers pour la fureté du Royaume. ) Que les Bandes de Piém ont arrivèrent en France. ( J 'ai rem arqué ci-deftus que ce fut fur la fin de 1561, qui fut l ’an-r née qu’on m it les vieilles Bandes en Regiment. ) Q u’il y eut une grande difpute à leur arrivée entre le Colo nel de Picardie & celui des Bandes de P ié m o n t, le premier ne voulant point que l’autre arborât l’Enfeigne blanche ; mais qu’il fut réglé que ce dernier la porteroit, parce que la Bande dePiém ont étoit plus ancienne que celle de France.(Je dirai fur cet article qu’il ne me paroîtpas exactement énon cé. Car je ne vois pas pourquoy l’Auteur du mémoire prétend que lesBandes dePiém ont fuffent plus anciennes que celles de France. C ’étoientaux deux endroits les vieilles Bandes qui avoient été mifes & confèrvées fur pied depuis le com m en cement du Regne de François I, ou même depuis le Regne de Loüis XII- ) L’Auteur du mémoire continue ,& dit que le Regiment de Picardie eut la droite fur Piém ont ; que celui-ci eut la gau che, qui étoit la place qu’occupoit Champagne lorfqu’il & trouvoit avec Picardie , avant que Piémont fût arrivé ; & que Picardie deflors s’aflura du premier rang. ( Il faut obferver que cela fuppofe le Regim ent de Champagne déjà fur pied en 1561) Que les guerres civiles aïant o b l i g é Charles IX à lever de
nouvelles
nouvelles troupes , & d'en avoir auprès de sa Perfonne pour sa fureté. Il choifît pour sa garde le Regiment de C h arri, quoique nouvellement levé , mais qui avoit déjà fervi à la bataille de D reux. ( Ce ne fut qu’après la paix faite que Charles IX prit un dé tachem ent du Regiment de Charri pour sa garde. Ce fut en 1563 ensuite de la reprife du H avre fur les Anglois : & ce Régi m ent avoit été levé prefque en même-tems que les vieilles Bandes furent enrégimentées. Ce qui put déplaire aux vieux Corps en cette occafion , fut que le Regiment de C harri n’étoit compofe que de nouvelles B andes, & que le R oy le p ré féra aux vieilles Bandes pour en faire sa garde. ) Que le Roy donna le caractere de Mestre de Camp du R é giment des G ardes audit C h a rri, & qu’il n’eut pour Colo nel que le Roy même. ( C ’est ce qui caufa la broüillerie entre Moniteur d 'Andelot qui avoit été rétabli dans sa Charge , & C harri à qui il en coûta la vie. ) Que Picardie jaloux du choix que le Roy avoit fait du Ré giment de C harri pour sa g ard e, lui difputa le premier rang ; que le R oy le trouva fort mauvais ; qu’il ordonna que ce Ré giment étan t pour sa garde , m archeroit le premier & devant tous les autres : mais que pour adoucir la peine que cet or dre faifoit aux Capitaines de Picardie, il leur dit qu’il ne donneroit les Compagnies vacantes dans fon Regiment des G ar des qu’aux Capitaines de leur Regiment diftinguez par leur merite. Q ue pour le Regim ent de N a v a rre , il fervoit dans l’armée du Roy , & qu’il étoit païé par le R o y , quoiqu’il fut au Roy de N avarre ( c’est-à-dire à Antoine Roy de N avarre ) que le R o y de N avarre ( H enri IV ) étant parvenu à la Couronne de France , laifla au Regiment des Gardes toutes fes préro gatives , & prom it à fon Regiment de Navarre de s’en fervir comme d 'un fécond Regiment des Gardes , fon intention étant d 'en avoir deux , & de leur aflurer par là un rang fur tous les autres. ( Cela quadre afîèz avec ce que J'ai dit ci-deffus, quels Regim ent de N avarre avoit fubfifté dans les quatre Compa gnies des Gardes du jeune R oy de N a v a rre , qu’on appelloig
félon le M anufcrit de M e tz , les Charbonniers du R oy de N avarre : car ce Regiment lui aïant fervi de garde avant qu’il fû t R oy de F ra n ce , il étroit aflez naturel qu’il le confervâtfux le m êm e pied. ) L ’Auteur du Mémoire continue difant que ce fut là un nouveau chagrin pour P icardie, qui & trouva par là reculé d 'un rang ; ( mais ce projet de faire un fécond Regim ent des Gardes du Regiment de N avarre , ne fut point exécuté- ) N a v a rre pré Que cependant Picardie s’é ta n t trouvé au fiege de Paris fé ré à P ica r avec Navarre , le Roy de N avarre dans f o n ordre de batail die. le mit Picardie à la gauche de fon Regim ent des Gardes dans la ligne , & que N avarre la fermoit : ce qui donnoit à celui ci le polie d'honneur. ( U s’agit ici du liege de Paris que H enri Roy de N avarre vint faire avec H enri I I I , après que ce Prince accablé parla ligue fut venu & jetter entre fes bras en 1589 , & où il fut a f falîiné. ) D iffé r e n d Que Picardie n’ofa & plaindre de cette préférence : mais e n tr e P ic a r d ie & Navarre. qu’il n ’eut pas la même conlideration au liege de C hartres ( en 1591 : ) car aïant été commandé avec N avarre pour l ’a t taque d 'un baftion , il voulut m archer devant lu i, & N avar re ne voulant pas c e d e r, les chofes en vinrent à un points que iî le Roy ne fut furvenu ,il feroit arrivé un grand defordre. Q u’en fuite. Picardie lui reprefenta fon droit avec refpeét, que le R oy ordonna aux deux Regimen s de tirer au t o r t r D é c id é f a r que le fort fut favorable à P icardie, & qu’il eut le rang après le fo r t e n s a v e u r d e P ic a r les Gardes ; que Monfieur de Boëce étoit en ce tem s-là Med ie . ftre de Camp de N avarre ; que le Roy lui prom it que fon Regiment auroit le rang après Picardie ; que Piém ont iroic après N avarre , & Champagne après Piémont. Que neanmoins ce Reglement ne mit point fin à tous lesD ifferend en differens, qu’il y en eut bien-tôt après un autre entre N a tre N avarre varre & Champagne pareil à celui qui étoit arrivé à C har & Champa tres. Que le M aréchal de Biron aflïegeant le Château de gne. Beaune*, Champagne demanda d'attaquer la brèche pré* D a n s le M é m o ire m a n u fa it il y a B eau f o r t, m ais c’est B eaune.
ferablement à N avarre ; que Je M aréchal le lui aïant accor dé , Je Mestre de Camp de N avarre s’en plaignit » & que n’aïant pas é té é c o u té , il m archa avec fon Regiment fans en avoir l’ordre ; & que M onlîeur de Biron fut obligé de contrem ander Champagne & de laiflèr l ’attaque à Navarre. Q u’au lîege de Dijon ( qui Ibivit im m édiatem ent après celui de Beaune en 1595 ) N avarre monta la tranchée le pre mier , & que Champagne le releva , qu’au lîege d 'Amiens ( en 1597) les G a rd e s, Picardie , &, N avarre & relevèrent â la tranchée par leur rang. Q ue Monlîeur de M iremont menant douze Compagnies à M etz , quatre de N avarre , quatre de P iém ont, & quatre de C ham pagne, logea celles de N avarre à fon quartier ; que les autres s’en plaignirent ^ qu’il leur répondit que c’étoit l’in tention du Roy , & qu’il leur en montra l’ordre. ( Tous ces faits autorifoient beaucoup N avarre dans ces prétentions contre Piém ont & Champagne -, mais la paix qui dura plulîeurs années lui lailîa peu d'occafions d'aflîirer sa pofTeffion. La guerre civile en 1615 sous Loüis X III lui fut encore favorable. ) L ’Auteur du Mémoire continue , & ajoute que le M aréchal de Bois-Dauphin qui commandoit les troupes Roïales con tre les M écontens,& fervoit du Regim ent deNavarre préféra blem ent même à celui de Picardie dans toutes les actions de fon arm ée ; & que ces anciens Regimens pendant quelque tems ne gardoient gueres leur rang & ne & rangeoient que félon la faveur du General qui les commandoit. Que Monlîeur le D uc de Guife ( en 1616 ) commandant une des trois armées que le Roy avoit fur pied , convint alors avec les autres G eneraux, que les vieux C o rp s, excepté Picardie qui garderoit fon ran g , tireroient au fort pour la préférence ; que Navarre l’em porta fur les deux a u tre s, & C ham pagne fur Piém ont, & qu’afin que ce Reglement fut durable , on rendit refponfables les Mestres de Camp de tous les nouveaux incidens, & qu’il n’y en eut point depuis. Ici finit le Mémoire.
Neanmoins il y eut de tems en tems des remontrances de la part de Champagne & de Piémont,pourIè relever de ce que le
N ouveau R e g le m e n t.
f o r t avoir decidéjmais ce qui finit entièrem ent tous ces diffé rends fut le Semeftre queleR oy Lotiis X IV établit l’an 16 66, entre ces trois Regimens, c’est-à-dire qu’ils le précédèrent tour-à-tour les uns les autres , par Semeftre ; mais comme les campagnes duroienrt quelquefois plus de fix m ois, & que pour fuivre ce Reglement à la le ttre , on & trouvoit obligé de changer l’ordonnance des tro u p es, il fut réglé qu’ils rouleroient d'année en année : ce qui n’empêche pas qu’on n ’ait retenu le m ot de Semeftre pour exprimer la variation de prélèance entre ces Regimens. Outre la prérogative de préseance,que ces quatre Corps ont f u r t o u t e l’Infanterie, excepté furie Regiment des G ardes, auquel même Picardie la difputa d'abord par le droit d'an cienneté , ils ont le grand état M ajor qui renferme plufieurs Officiers que les autres Regimens n’eurent pas f i- tô t, & que tous n’ont pas encore5par exemple le Prévôt de juftice qu’on appelloit autrefois le Prévôt des Bandes ; nom qui est de m euré dans le Regim ent des Gardes. Ils font confervez fur pied en tems de paix : on en réduit feulement les Compagnies à un moindre nom bre de soldats,& l’on ne caffe que les nou velles qui y avoient été ajoutées pour la guerre ; l’on y m et à la paix plufieurs Officiers reform ez, & ces Regimens fervent d 'ordinaire dans les armées. « Autrefois les Compagnies des vieux C orps, dit le Sieur » de Puyfegur dans fes Mémoires , étoient la recompenfe des « Capitaines des petits vieux Regimens & des autres. Q uand » il s’en trouvoit quelqu’un qui avoit bien ferv i, on le recom» penfoit en le m ettant dans un vieux, parce que les Petits » vieux pouvoient être caftez ou réduits à deux Compagnies » comme je les ai vus, & les vieux Regimens n’étoient ja» maisau-deffousde vingt Compagnies : * même les Commif* Cet article des vingtCom- » fions des Capitaines n’étoient pas faites comme c e l l e s d'aupagn'es n ’est » jourd’hui. Le Roy n’y faifoit pas appofer la claufë qu’on y pas exacte ment vrai : on » ajoute à prefent , fçavoir, pour être entretenu tant & fi en et des preu » longuement que ladite Compagnie fera fur pied pour notre ves dutems de » service. H enri IV . P ar la raifon de ces avantages & de quelques autres , ces Regimens font ordinairement plus nombreux que les au-
tres Regimens. Leurs Mestres de Camp &. leurs Colonels ont toujours été des perfonnes d'experience & diftinguées par leur valeur, &: fouvent par leur naiflànce. Il eneft à propor tion de même des Lieutenans- Colonels & des Capitaines, dont on a fo u v en t, fur tout autrefois, tiré des Gouverneurs ou des C om mandans de places fronderes. Les Regimens de Picardie, de Champagne & de Piémont ne s’écartèrent jamais de l’obéïflance due au Souverain du ran t les guerres civiles des Huguenots. Il n ’en fut pas de m êm e de N avarre, parce qu’il avoit à sa tête H enri R oy de N avarre qui étoit Calvinifte. Mais ce Regiment n e d o itp as être exclus ablolument de cetéloge’communaux trois autres; car dans les guerres civiles sous le Regne de Lotiis X III & de la M inorité de Loüis X IV , ils demeurèrent toujours for tement attachez au Roy. C ’est le témoignage que leur rend le Sieur de Puyfegur dans fes M ém oires, ajoutant que les Pe tits vieux avoient auffi toujours été dans la même difpofL tion. Il ne veut pas feulement dire par là qu’ils ne & donnè ren t point aux Princes mécontens, mais encore qu’ils n’étoient point devoiiez comme la plupart des autresRegimens au Car dinal de Richelieu du tems de Loüis X III ,& au Cardinal M azarin du tems de Loüis X IV , mais uniquement au Roy , fans être efclaves de la faveur des Miniftres au préjudice du Souverain. Je vais m ettre ici la Liste des Colonels , ou Mestres de Camp des quatre premiers Regimens depuis leur institution. Je dis des Colonels ou Mestres de Camp ; car il faut & reffouvenir de ce que J'ai rem arqué,que ces Officiers prenoient tan tô t le titre de C olonel, ta n tô t celui de Mestre de Camp jufqu’en 1568 , qu’on leur défendit de prendre celui de Colo nel pour ne porter que celui de Mestre de Camp , & que cet ufage dura jufqu’en 1661 , lorfque Loüis le G rand leur fit reprendre la qualité de Colonel après la fuppreffion de la Charge de Colonel General. Ces liftes ne feront pas com plétés, parce qu’on n’a pas eu foin dans ces vieux Corps de conferverles noms des premiers Officiers non plus que dans la plupart des autres. J 'ai feule m ent raftemblé ici ceux que J'ai trouvé dans divers Memoi-
p. 5 8 2.
res ou H ifto ire s, dans quelques Regiftres de la Cham bre des Comptes de Paris avec allez de peine. Je cite les endroits où je les ai p ris , & l’on ne peut pas exiger autre chofe de moy.
Liste des Mestres de Camp & des Colonels du Regiment de Picardie. Philippe Strozzi avant que d 'être Colonel General de l’In D 'A ubigné I. 4. c .8 . sous fanterie, commandoit le R egim ent de Picardie en 1567. l'a n 1 5 6 7 . Monlîeur de Serillac le com m andoit au f i e ge de la Fere Ib id . c. 1 5 , sous l’an en 1580. 1780. Monlîeur le H oulier en 1589. Il fut tué à l’attaque de Ja rM ém oires du geau. D u c d 'Angou lcm e p. Le Baron de Saint Blancart frere du M aréchal Duc de 40. B iron, étoit Mestre de Camp du Regiment de Picardie en E ta t de la France m i 1598 du tems de H enri IV. Il l ’étoit encore en 1604 , félon nufcric de l’E xtraordinaire des guerres. 15 98. M onlîeur Z a m e tl’étoit en 162.1. Il fut tué l’année fuivante D ivers C om ptes de au lîege de M ontpellier étant M aréchal de Camp. Il étoit l'E x tra o rd . des guerres. Mestre de Camp dès l’an 1616 , ou 1617. M emoires de Monlîeur de Liancourt fucceda à Zam et en 1621. Ponds t. 1. p. François de Bethune C o m te, & depuis Duc d 'O rv a l, eut 2 0 3. H-ift. des cet Employ en 1625. G rands O ffi Loüis de Bethune C o m te , & puis Duc de Charoft , étoit ciers de la Couronne t 1. Mestre de Camp de Picardie lorfqu’il fut nom mé Gouver p. 1 9 6 . t . 2 .p. neur de Stenay en 1633. 1998,
Monlîeur de Breauté en 1640 au lîege d 'Arras , où il fut tué étant Sergent de Bataille. Il étoit Mestre de Camp dès 1638 , comme on Je voit par fon Brevet de Sergent de Ba taille. Monfieur de la Vicarile l’étoit au lîege de D unkerque en Memoires de Coudé pag. 1646 lorfque le Duc d'Anguien prit cette place. 15 8. Monlîeur de Pradel l’étoit vers l’an 1648. Memoire de travailles p. Monfieur de Nangis l’a n . . . . 9 4. Monlîeur de Nangis l’an . __ Le Comte de la Mark étoit Colonel de Picardie en 1672, Colonels du Regiment de Il foûtint le lîege de Voerden & donna le tems au D uc de Picardie. Luxembourg de le venir délivrer. Il fut tué à la bataille
Je Conlàrbric en 1675. Le Marquis de Bourlemont l’é to it en 1075, & fut tué au fiege de Valenciennes en 1677. Le Marquis d 'Harcourt,depuis D uc & M aréchal de Fran ce , fut fait Colonel de Picardie en 1677. Le Prince d 'Epinoy fut fait Colonel du R egim ent en 1691, Le Prince M ontbazon l’étoit en 1714. Le Prince de M ontauban i’est en 1721. Ce R egim ent depuis fon institution a toujours dignem ent foutenu l’honneur qu’il a d 'être le premier de tous les Regimens de France qui ne font point de la Maison du Roy. Le drapeau du Regim ent a le fond ro u g e, & la croix blanche au milieu.
M estres de Camp du Regiment de Champagne. Je trouve en 1580 Monfieur de la Vallette,depuis D uc d'Ef- D'Aubigné pernon , M ettre de Camp de Champagne au fiege de la Fere 1. 4. c. 13. sous l’an sous H enri III. 1580. Monfieur de Rieux l’étoit en 1598. Je le trouve marqué avec cette qualité dans un E tat de la France manufcrit de cette année. Le Marquis de Mirabeau l’étoit en 1604. Divers M onfieur de la Guette en 1607. Comptes dé l’ExtraordiM onfieur de M ont-Revel en 1617. luire des Le Com te de Grignan l’an . . . . guerres Le Com te de Montreti.il l’étoit en 1621, au fiege de Saint Memoires d é Jean d 'A n g e li, & il y fut tué. Puifegur p.8. Monfieur Arnaud,homm e fameux par fon habileté dans le m étier de la guerre & par sa feverité pour l’obfervation de Mémoires dé Pontis t. I . p. la difcipline M ilitaire, l’étoit l’an 1622. 31 5 . M onfieur de Toiras fut fon fuccefleur. Ce fut ce brave Me ttre de Camp qui défendit la Citadelle de Saint M artin dans Hist. du M a réchal dcToil’Ifle de R é avec fon Regiment contre les Anglois , & leur fit ras. lever le fiege. Il ibûtint avec la même fermeté le fiege de Memoires de Cafal en 1629 & 1630. Il parvint par fes fervicesau bafton de Puifegur p. 53. M aréchal de F ra n ce , & fut tué d 'un coup de moufquet en reconnoiffant la brèche de Fontanet qu’il attaquoit dans le Mi~ Janés l ’an 1637.
Histo ire des Grands Offi ciers de la Couronne. Colonels du Regiment de Champagne depuis 16 6 1 .
Je trouve dans la GeneaJogie des Seigneurs de M o n tau t, Blaife de M ontaut Mettre de Camp du Regim ent de Cham pagne m ort au fîege de la R ochelle. Le Marquis de BeIlefonds,depuis M aréchal de France,étoit M ettre de Camp du Regim ent de Champagne en 1650 & 1651. Le Comte Grignan. Le Marquis d 'Ambres en 1 6 5 6 .
Le Marquis de Monimesen étoit Colonel en 1671. Monfieurde M ont-G aillard en 1663.
Montteur de Bois-David en 1675. Le Bailly C olbert en 1678 , tué à Valcour en 1679. Le Comte de Sceaux frere du précèdent, en 1689, tué à la bataille de Fleurus en 1690. Le Marquis de Blainville frere des p réc éd e n ts, tué à la bataille d 'H ocftet en 1704. Le Marquis de Seignelai en 1701. Le Chevalier de Téfle l’étoit en 1714, & l’est encore en
1711.
Eloge du R é gim ent de
Champagne.
O utre plufieurs occafions , où ce Regim ent s’est flgnalé, J'en trouve une marquée dans l’Histoire qui lui m erita un grand éloge. Ce fut au fujet de l’entreprife des Anglois fur rifle de Ré. » Il faut avouer , dit une lettre rapportée par » l’Auteur du Mercure François, que ce Regim ent de Cham» pagne a excellemment bien fervi le R oy depuis trois ans » qu’il est entre les mains de Monfîeur de Toiras. Il a toujours » gardé le Fort Loüis : il a chatte Soubize du M edoc , où il » étoit defcendu après l’entreprife de Blavet : il a conquis » l’Ifle de R é avec fort peu d'affiftance : il a b attu les troupes » dudit Soubize, & mis en déroute tous les rebelles qui y » étoient. Il a donné bataille aux Anglois à leur defcente, a » foutenu le fiege ( du Fort de S. M artin ) durant fix femai» nés, & a encore battu les Anglois à leur retraite. Ce Regiment étoit en telle eftime dès le tems de H enri IV, que ce Prince aïant délivré des Commiffions pour lever quel ques Compagnies de gens de pied , le D uc de N evers lui é c riv it, que nuis Gentils-hommes ne vouloient de ces Com misions , à moins qu’on ne les fît entrer dans le Regiment de
de Champagne. C ’est pourquoi le R oy écrivit à ce D u c , qu’il falloit les fatisfaire & qu’il pouvoir, s’il jugeoit à pro pos , augm enter le Regiment de Cham pagne jufqu’à vingt Compagnies. Le D rapeau du Regiment de Cham pagne a le fond vert & la croix blanche au milieu.
M emoires du D uc de N evers t. 2 . p. 2 1 6.
M e s tr e s de C a m p d u R e g im e n t de N a v a r r e .
M. de Valliraut étoit Mettre de Camp de N avarre en 1589, à la journée d 'A rq u es, où H enri IV battit le D uc de Mayenne. M. de la Limaille commandoit le Regiment de N avarre en 1597, au liege d 'Amiens, & y fut tué. M. de Boette en 1598 , étoit Mettre de Camp du Regim ent de Navarre. Il le fut encore plufieurs années après. Il Tétoit encore en 1604. En 1606 M. de Pardaillan: mais c’étoit peut-être le mê me que M. de Boette, qui étoit Baron de Pardaillan. M. deT hem ines eu 1617. H est marqué en cette qualité dans le compte de TExtraordinaire des guerres de cette an née. Il fut M aréchal de France. Jacques de Sault deTavannes , tué au fiege de M ontauban en 1621. M. de Palluau, tué au fiege de S. Antonin Tan 1622. En 1629 le Marquis de Tavannes étoit Mettre de Camp de ce Regim ent à l’attaque du pas de Sufe en 1629. Le Marquis de Saint Simon en 1630. Le Marquis de Themines fils du M aréchal, Tétoit en 1646. Il fut tué au fiege de M ardik. Jean d 'Eftrées, depuis M aréchal de France, Tétoit en 1649, Il le fignala également fur la terre & fur la mer ; & c’est le premier qui foit parvenu au bâton de M aréchal de Fran ce par fes fervices fur la m er, qui avoient été précédez de beaucoup d'au tre s, par lefquels il s’étoit diftingué dans les troupes de terre. Le Marquis de Lavardin en 1663. M. de Kerman en 1672. Il fut tué d'un coup de moufquet dans le front au fiege de Nim egue en 1671.
Mémoires da Duc d 'Angoulefme p.
108. D 'Aubigné t. 4 . pag.
5 3 8. E ta t de la France m anufcric de l’aa 15 9 8. Com ptes de l’E ï traordinaire des guerres.
Genealogïe de Tavannes Mémoires de Puyfegur p. 17. H ist. du Ma réchal de Toiras t. 2. p. 10 . Généalogie de S. Simon. Histoire des Grands Oiftriers de la Couronne t. I .p . 692 . Colonels du Regiment de N avarre depuis 16 6 1 .
Le M arquis d 'A lbret, neveu & gendre du M aréchal d'Al b re t, en 1671. Le M arquis de la Vieville en 1677. Le Chevalier deSouvré en 1680 ou 1681» Le D uc de Ja Rcche-Guyon en 1683. Le Marquis de Maulevrier en 1696. M. de Pionfac. Le Marquis de Galïïon l’étoit en 1717. Le Marquis de Ram bure l’ert en 1711. d ' Aubigné dans Ion H istoire, sous l’an iy 9 7 aulîege d 'AV miens que fie H enri IV pour reprendre cette place que les Efpâgnols avoient furprife, remarque une chofe finguliere du Regiment de N av arre, de laquelle J'ai déjà parlé en une autre occafion. C 'est que P orto-C arrero, Gouverneur Efpagnol de cette place, ne faifoit jamais de fortie lorfque ce R é giment étoit de jour à la tranchée. « Le Regim ent de N a« varre, d it-il, étoit redouté par ceux de dedans qui & re»; tenoient de fortir le jour qu’ils le fçavoient en garde » pour avoir été reçus par ces Gafcons deux ou trois fois « fort rudement. Mais pour dire quelque choie de plus recent, en 1690 à la journée de Fleurus, la Brigade de Navaïre compofée du Regim ent & de ceux de ja Chaftre & de V erm andois, aïant à sa tête le D uc de la R oche-G uyon, depuis D uc de la R oche-Foucault, Colonel de N av arre, & à qui M- de Lu xembourg par confédération pour lui, ne donna point de Bri gadier ; cette Brigade, dis-je, fut portée à la gauche dçs hayes de Saint A m and, flanquée des Regimens de Cavalerie de Cibour & d 'im é co u r, aïant en tête une ligne d 'infanterie des ennemis derrière les hayes avec de la Cavalerie & du canon, & entre autres un Regim ent Suédois au service de H o llan d e , q u i, difoit-on , n’a voit jamais été battu. Quand M.de la Roche- Guyon fçut que M. de Luxembourg étoit entré par les derrières dans la plaine de Fleurus avec sa C avalerie, il fit marcher là Brigade, aïant la bayonnette au bout du fufil & avec défenlè de tirer. Il & donna là une efpece de bataille particulière. N otre Cavalerie défit celle des ennemis. La Brigade ertuya le feu de leur canon & de
leur moufqueterie, enfonça leurs bataillons, les pour fui vie plus de mille pas & les aïant mis entièrement en déroute , & rallia. M .de Luxembourg les voïant fi avant dans la plaine, douta fi ce n ’étoit point une troupe des ennem is, & l’envoya reconnoître par M-le Duc de M ontm orency Ion fils, aujour d'hui Gouverneur de Norm andie. C ette aélion fut une de celles qui eurent le plus de fuite pour la victoire. Le Regim ent de N avarre rendit en 1678, un service plus im portant encore à l’E tat, à la journée de Saint Denis. T out le monde fçait que quand la paix de Nimegue fut fignée, les deux armées étoient fort proche l’une de l’autre aux païs b as, la nôtre commandée par le M aréchal de Luxem bourg, & celle des ennemis, par le Prince d 'Orange.M . de Luxem bourg avoir reçu, de nos Plénipotentiaires l’avis de la fignature de la p a ix , & crut que les hoftilitez dévoient finir. Le Prince d 'Orange en avoit été aulîï averti ; mais comme il étoit au defelpoir de cette paix , il n’ouvrit point le paquet des E ta ts , & m archa en bataille pour furprendre M. de Lu xembourg. Ce General avec une prom ptitude & une prefence d 'efprit incroyable,rangea aulfi tô t fes troupes,aïant la droite appuyée à Saint D e n is, & portant sa gauche à Caftiau. Nos troupes au commencement de l’attaque , pouflerent celles des enne mis en quelques endroits, & furent repoulfez en d'autres, & furtout vers le Pont de C aftiau, où nos gens preflez lé retiroient avec quelque defordre devant la Cavalerie ennemie. Le Regim ent de N a v arre , qui étoit là proche, voïant l’importance d 'em pêcher le paftage du Pont aux ennemis , s’y porta. Le Chevalier de Souvré, qui en étoit Lieutenant C o lo n e l, & commandoit le Regim ent en l’abfence du Co lo n e l, qui étoit malade, rem plit le Pont de fes P iquiers, & rangea les autres Soldats le long des bords du ruilïeau. Ils firent fi bien leur devoir que la Cavalerie ennemie fut repouifée, & ne pouvant foûxenir le feu de la moufqueterie qui fut fort v if, elle fut obligée de & retirer. Ce qui contri bua beaucoup à l’heureux fuccès de cette bataille, qui fut d 'ailleurs très-fanglante de part & d 'autre. M. de Luxembourg qui connut la confequenee de cette vigoureufe refo-
Bataille d e S . Denis.
Bataille de Spierbac.
Privilège des Piquiers de ce Regiment.
îution du R egim ent de N a v a rre , l’en remercia le lendemain publiquement. Il & diftingua encore beaucoup à la bataille de Spierbac, que le Maréchal de T alard gagna fur les Im périaux. J 'ai de plus appris d 'un ancien Officier de ce Corps une chofe fort lînguliere de ce R egim ent. Il y avoit, comme dans les autres Regimens, un tiers de Piquiers, qui m archoit fé lon l’arrangement ordinaire de l’Infanterie dans le centre du Regiment. Cet ordre de m arche y fut changé ; & f a i t que tout le Regiment m archât, foit qu’une feule Compagnie dé filât, les Piquiers contre l’ordre naturel, marchoient à la tête des Moufquetaires. On n’a pu me dire précifément à quelle occafion cet ufage fut introduit. O n m’a dit feulement que ce fut durant les guerres de la V alteline, que dans un combat où les Moufquetaires du Regiment étant commandez pour avancer vers l’ennemi qui faifoit un très-grand feu , ils balancèrent. Ce que voïant les Piquiers, ils m archèrent dans le m om ent, piques baiffées, enfoncèrent l’ennemi & le mi rent en d éro u te, & que depuis ce tem s-là, cette diftinction leur fut accordée de m archer à la tête du Regim ent -, que cela dura jufqu’en 1665 -, qu’alors M. M artinet qui fut choifi f iar le Roy pour m ettre la réglé dans l’Infanterie, rétablit ordre ordinaire dans le Regim ent 3 mais que cela ne & fit qu’après que le Roy eut fait une honnêteté à ce R egim ent, qui ne fit nulle refiftance à fes ordres. Le D rapeau du Regiment de N avarre a le f o n d feüillem o rte , la croix blanche au m ilieu, chargée des armes de Navarre au centre de la croix & aux quatre bouts, avec vingt fleurs de lys d 'or partagées par cinq fur les travers de la croix. Les armes de Navarre y font couronnées d 'une couron ne d'or fermée & entourée des deux Colliers de l'O rdreM e s t res de C a m p d u R e g im e n t de P ié m o n t.
Nous apprenons de B rantôm e, le nom des trois pre miers Mestres de Camp du Regiment de Piém ont sous le jeune Comte de Briflàc, qui fucceda à fon frere dans le comm andem ent de ce Regiment ; & ce font ceux que je
mettrai à ia tête des Mestres de Camp du Regiment. Le premier fut la Riviere-Puitaillé l’aîné. Le fécond fut d 'Honoux. Le troifiém e, d'Antefort. Car voici ce que dit Brantôme dans l’éloge de M.de Strozzi. « E to it m ort M. de Briffac, duquel toutes les Compagnies » vinrent à & joindre & & m ettre dans celle de M. de Strozzi, » fors celles des vieilles Bandes de P iém o n t, qui pouvoient » m onter à dix ou douze feulement, lefquelles furent retenues » & données au jeune Comte de B riffac, lequel pour fàjeu» nefTe ne put avoir toute la dépoüille de fon frere : il fallut » qu’il fè contentât de celle du Piém ont, portant le titre » de Colonel General des vieilles Bandes du Piém ont, com» me il le porte en co re, & fut Mestre de Camp la Riviere» Puitaillé l’a în é , & puis M. de H o n o u x ............... & puis » A ntefort, & autres. Honoux ne le fut pas long tem s, car il fut tué à la défen& de Poitiers dès la même année 1569. Antefort eut un fucceffeur au plus tard en 1571. C 'est celui qui fuit. M. Defgueries étoit Mestre de Camp du Regiment de Piém ont imm édiatem ent avant le maftacre de la Saint Barthelem i, c’est-à-dire l’an 1371, comme nous l’apprend un Auteur qui fervoit dans ce Regim ent. Le Duc d'Epernon l’étoit en 1598. M. de Lioux l’étoit en 1604. En 1606 M. de Vaucellas. H enri de Scliomberg, Com te d e N a n te ü il, en 1610. Il fut depuis M aréchal de France.
M. de Richelieu en 16 n . M. de Fontenai Mareüil l’étoit en 1617, au fecours de rifle de R é . Il l’étoit dès l’an 1617 félon le compte de l’Extraordinaire de cette année.
Le Comte de Clermont-Tonnerre Fétoit en 1637. M. de Seneçay l’étoit en 1641. Il fut tué à la bataille de Sedan, dite autrem ent de la M arfée, en 1641.
M. d'Andelot fils du Maréchal de Chaftillon, fucceda cette année à M. de Seneçay. Le Regiment le demanda pour Mestre de Camp au Roy, qui le lui accorda. Le Car-
M ongeon, A lphabet Mi litaire pag. 22. E tat de la France m a nufcrit de l’an 1598.
Com pte de l’E x trao rd inaire des guerres. Compte de l’E xtiaordinaire des guerres. Hist. de T o iras t. I .p 184 Mémoires de Puyiègur, pag. 1 8 4 , & dans la rela tion du lîegc de Landrecy
P. 23.
P u y seg u r ,
pag. 2 6 4
dinalde Richelieu s’y oppo s a , en rem ontrant que le M aré chal venant de perdre la bataille de la M arfée contre le Com te de SoifTons, il ne convenoit gueres de le recompenMémoire de fer en faifant fon fils M ettre de Camp d'un vieux Corps: Puylegur. mais le R oy ne voulut pas Te retrader. ibtd. Mémoi Je trouve dans les Mémoires de Navailles p. 9 4 , M. de res de BuffyRabutin t. i . Paulliac Mettre de Camp de ce Regim ent. P. 1 0 2 . M. de Vaffé. Mon/îeur de Saveufe étoit M ettre de Camp de Piém ont en 1654, quand on fit lever le fiege d'Arras affiegé par les EfpaMémoires de gnols & par Monfieur le Prince. Il fut tué peu de tems après Puyfegur p. par un parti ennemi auprès de Maubeuge. 500.. Monfieur de Puyfegur fucceda à M. de Saveufe en 1655. I bid.p. 2 0 2 . M. de Chavigny-Bouthillier après la paix des Pyrénées. Colonels du M onfieur de Chavigny-Bouthillier. Regiment de M onfieur de la Meilleraye en 1667. Piémont deM onfieur de la Macline en 1675. puis.16 6 1 . Le M arquis de Rebé en 1680. Il fut tué à la journée de N ervinde en 1693. Le Com te de Lus,, aujourd’hui Duc de Chattillon,, en 1693. Le Chevalier de L uxem bourg, aujourd’hui le Prince de 'T in g rie, frere du precedent. Le Marquis de Fervaques en 1705. Le D uc de Louvignies-Gramm ont en 1707. Le M arquis de Fervaques remis à la tête du R egim ent. Le M arquis de Maulevrier l’est en 1711. Comme les vieilles Bandes de Piém ont firent la principale partie du Regim ent de P ié m o n t, les loüanges qu’on leur don. noit convinrent au moins d'abord à ce Regim ent dans sa pre mière inttitution. Voici comme en parle M onfieur de la N oué bon connoitteur en cette matière dans le 13 de fes difcours mi litaires. »11 me fou vient, d it-il, qu’au commencement du » Regne de H enri II, quand il revenoit quelques Capitaines, » ou Soldats en France, qui avoient été deux ans en garnifon » és villes de P ié m o n t, on les prifoit beaucoup les voïant fi » civils, courtois, nullement injurieux, & fî bien parlants de » l’exercice des arm es; & cela faifoit que tous les jeunes gens » y couroient pour recevoir pareille inftruction.
Il y a une tradition dans Je R egim ent de Piém ont, que l’on donnoit autrefois à ce Corps le nom de Bandes noires. Elle lî’est pas fans fondem ent , & je crois en avoir trouvé l’origine.Ce n ’est pas le premier Corps qui porta ce nom. Il fut don né pour la première fois à une troupe nom breulè de Lanfquenets ou Allemands à pied,qui s’étoient rendus fameux par leur valeur sous le Regne de Loüis X II & de François I. Ils furent ainfî nommez à caufe des Enfeignes noires qu’ils pri rent après la m ort de leur C hef qu’ils aimoient fort. Il y eut encore en Italie d 'autres Bandes, qu’on appella les Commeu taires de Bandes noires Italiennes,pour les diftinguer des Allemandes. M o n tlu c 1.XI. Elles prirent ce nom pour une raifon fem blable, après la p. 5 0 . mort de Jean de Medicis leur Capitaine. Le Regim ent de Piém ont dont les vieilles Bandes avoient fervi depuis très-Iong-tems en Ita lie , prirent auffi le nom de Bandes noires fur ce modèle , & ce fur après la m ort du Com te de Brifiac leur Colonel. D 'A ubigne Je tire cette époque de l’Histoire de d 'A ubigné, qui parlant sous l’an de la journée de laR oche-l’AbeilleenLimofin,où l’Amiral de 15 69 . C. X II. Goligni vint attaquer le Camp du Duc d'A njou, un ou deux mois après que le Comte de Brifiac eut été tué à l’attaque de M ucidan, dit que les Bandes du feu Comte de Brifiac étoient dans le Camp du D uc d 'Anjou , & qu’elles y étoient en deüil. Ce deüil confiftoit en ce qu’elles firent le fond de leurs Enfei-gnes tout noir avec la croix blanche, que le Regiment de Pié m ont porte encore aujourd’hui- Je crois que c’èfi: fur cela qu’est fondée la tradition du Regim ent de Piém ont & l’origû ne de leur nom de Bandes noires. E ntre plufieurs occafions ou le Regiment de Piém ont a fi-, gnalé sa valeur & fon zele pour la P atrie, ce qu’il fit en 1636' augmenta beaucoup sa réputation. Le General Picolomini à la tête de l’arm ée Efpagnole s’étoit mis en chemin pour aifieger Corbie , une partie du Regim ent de Piém ont ians au M é m o ire s âé~ tres croupes lui em pêcha le paflàge de la riviere de- Somme Puyfegut y ff pendant douze heures, foutenant un feu continuel ; de forte 2 S $ . qu’il7 eut treize C apitaines, quatorze Lieutenans, feize En feignes , trente deux Sergens & lept à huit cents soldats tant1 tuez que bleflèz ; & ils y auroient tous péri, fi Moniteur Ige
C o m t e d e S o iffo n s n e l e u r e û t e n v o ï é o r d r e d e f a i r e r e tra ite . C ’e s t l à t o u t c e q u i s'e s t p r e f e n t é à m o y d e p lu s i m p o r t a n t t o u c h a n t le s q u a tr e p lu s a n c ie n s R e g i m e n s d 'i n f a n t e r i e . J e v a is t r a i t e r m a i n t e n a n t d e d e u x a u t r e s à q u i o n a d o n n é a u ffi l e t i t r e d e v ie u x C o r p s , & q u i m a r c h e n t i m m é d i a t e m e n t a p r è s le s q u a tr e p r e m i e r s , q u o i q u ’ils n e f o i e n t p a s à b e a u c o u p Î irè s d e II a n c ie n n e d a t e . C e s R e g i m e n s f o n t N o r m a n d i e & a M a rin e ,
De 1’lnstitution des Regimens de Normandie & de la Marine. L n e m ’a é t é g u e r e s p lu s a if é d e t r o u v e r le c o m m e n c e m e n t d u R e g i m e n t d e N o r m a n d i e q u e c e lu i d e s q u a t r e p r e m ie r s v i e u x C o r p s . O n l e v o i t p o u r l a p r e m i è r e f o is e n 1617 , d a n s l e c o m p t e d e l ’E x t r a o r d i n a i r e d e s g u e r r e s . L e M e s t r e d e C a m p d e c e R e g i m e n t d u r a n t le s q u a t r e p r e m ie r s m o is d e 1 6 1 7 , f u t le C o m t e d e P e f n e , & p u is M o n f ie u r d e C a d e n e t,c e lu i- c y é to i tf r e r e d e M o n fie u r d e L u y n e s q u i fu t Epoque de la p e u d e t e m s a p r è s C o n n é t a b l e . I l p a r o î t d o n c q u e c e R é g i création du m e n t n e f u t p a s m is f u r p i e d a v a n t 1616. Regiment de N ormmdie. M a is c o m m e n t d o n c c e R e g i m e n t é t a n t l î n o u v e a u , a t- il e u f o n r a n g i m m é d i a t e m e n t a p r è s le s q u a t r e p r e m i e r s v ie u x C o r p s , & c o m m e n t a - t - i l a c q u is le t i t r e m ê m e d e v ie u x C o r p s ? V o i c i c o m m e i l m e f e m b l e q u e c e la & fit. M . d e C a d e n e t f u t f a i t M e s t r e d e C a m p d e c e R e g i m e n t e n 1617 , & c e t t e m ê m e a n n é e le M a r é c h a l d 'A n ç r e a ï a n t é t é i m m o l é à l a h a i n e p u b lia q u e , le D u c d e L u y n e s , q u i é t o i t d é j à f a v o r i d u R o y , f u t m is à l a t ê t e d e s a ff a ir e s . I l n ’est p a s f u r p r e n a n t q u e M . d e C a d e n e t M e s tre d e C a m p d u R e g im e n t d e N o r m a n d ie , é ta n t fre re d u D u c d e L u y n e s , ce R e g im e n t f û t tr a ité a v e c to u te f o r t e d e d iftin é fcio n . D e p lu s M o n f i e u r d e C a d e n e t f u t f a it M a r é c h a l d e F r a n c e e n 1619. C e la d o n n o it u n n o u v e a u re lie f a u R e g im e n t de N o r m a n d i e ; & d a n s l ’é t a t d e s a r m é e s d e c e t t e a n n é e q u i est à h C h a m b r e d e s C o m p t e s , o n v o i t le R e g i m e n t d e N o r m a n d ie
I
m a n d i e a v o i r f o n r a n g a p r è s c e lu i d e C h a m p a g n e a u m o is d 'A v ril. C e t t e p r é é m i n e n c e q u e l ’o n d o n n a à c e R e g i m e n t a u - d e f fu s d e t o u s le s a u t r e s a p r è s le s q u a t r e v i e u x , n e la ifla p as d e f a ir e m u r m u r e r , & d a n s le r e c u e il d e s l i b e l l e s f e d itie u x q u i f u r e n t f a its c o n t r e la M a is o n d e L u y n e s & c o n t r e Ia p u iffim c e d u C o n n é t a b l e , o n r e p r o c h e a u x S e ig n e u r s d e c e t t e M a i f o n l ’é r e c tio n d e c e R e g i m e n t . » Q u e l le h a r d i e ü e , d i t l ’A u « t e u r , ils o n t e u e d e f a ir e u n R e g i m e n t n o u v e a u p o u r a v o ir « l a f o r c e &c l a p u ilf a n c e d e s a rm e s e n t r e le u r s m a i n s ? C e r e p r o c h e n e c o n f i t e p a s e n c e q u ’ils a v o ie n t l e v é u n n o u v e a u R e g i m e n t . d ' a u t r e s a u ffi-b ie n q u ’e u x , S e ig n e u rs & G e n t i l s h o m m e s , f a i f o ie n t d e s R e g i m e n s a v e c l ’a g r é m e n t d u R o y , fa n s q u ’o n e û t l ie u d e les a c c u f e r d e v o u lo ir d o m i n e r l ’E r a c p a r l a f o r c e d e s a r m e s : m a is l ’e n v ie s’e x p r i m o it a in fi , f u r c e q u ’e n f a v e u r d e M o n i t e u r d e C a d e n e t ils a v o i e n t r e n d u c e R e g i m e n t f o r t n o m b r e u x , q u ’ils l 'a v o i e n t r e m p l i d ' O ffic ie rs d 'é l i t e , & q u ’e n fin e n lu i d o n n a n t r a n g a p r è s les q u a t r e v ie u x C o r p s , ils e n a v o i e n t f a i t u n d e s p lu s c o n lî d e r a b l e s R e g i m e n s d e l ’a r m é e . V o i l à d o n c l ’o r ig i n e d u R e g i m e n t d e N o r m a n d i e e n 1 6 1 6 , & e n 1618 o u 1 6 1 9 , l ’é p o q u e d u r a n g q u ’il t i e n t e n c o r e a u j o u r d ’h u i i m m é d i a t e m e n t a p r è s les q u a t r e p r e m ie r s v ie u x C o r p s . U n M é m o i r e q u i m ’a é t é f o u r n i p a r u n O f f ic ie r d’A rm é e c o n v i e n t d e l ’é p o q u e d e 1616 , p o u r la c r é a t i o n d e c e R é g i m e n t , c t i l a j o u t e d e u x c i r c o n f t a n c e s .L a p r e m i è r e ,q u e c e R é g i m e n t f u t l e v é p o u r g a r d e r M o n i t e u r le P r i n c e H e n r i d e C o n d é à V in c e n n e s . L a s e c o n d e , q u e M o n i t e u r d e T h e m i n e s fils d u M a r é c h a l d e c e n o m e n f u t le p r e m i e r M e s t r e d e C a m p . C e s d e u x p a r t i c u l a r i t e z a v a n c é e s fa n s p r e u v e d a n s le M é m o i r e r e ç o i v e n t d e la v r a i - f e m b l a n c e p a r l ’H i s t o i r e . C a r i ° , c e f u t l e M a r é c h a l d 'A n c r e q u i p e r f u a d a a u R d y d e f a i r e a r r ê t e r M o n ite u r le P rin c e e n 1616. z ° , N o u s a v o n s u n e le t t r e d u M a r é c h a l 'd 'A n c r e a u R o y , é c r i t e d u P o n t d e l ’A r c h e a u m o is d e M a r s q u e l q u e s f e m a in e s a v a n t q u e c e M a r é c h a l f u t a lf a f f in é , o ù il lu i m a n d e q u ’il a v o it le v é à fes p r o p r e s d é» p e n s p o u r f o n l e r v i c e l îx m ille h o m m e s d 'i n f a n t e r i e , d o n t i l y a v o i t d e u x m ille h u i t c e n ts F r a n ç o i s .
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3 ° , I l e s t c e r t a i n e n c o r e q u e l e M a r é c h a l c T A n c re é t a i t a l o r s e n N o r m a n d i e d o n t il é t a i t L i e u t e n a n t G e n e r a l : c ir c o n f t a n c e q u i r e n d v r a i - f e m b l a b le , q u e c e s d e u x m i l l e h u i t c e n t s F r a n ç o i s a v o ie n t é t é l e v e z e n N o r m a n d i e , & q u e c e t t e r a i f o n fit d o n n e r à ce C o r p s l e n o m d e R e g i m e n t d e N o r m a n d ie . 4 ° , 11 est: c e r t a i n q u e M o n i t e u r le P r i n c e f u t g a r d é à V in c e n n e s p a r u n R e g i m e n t . C ’e s t c e q u e n o u s a p p r e n o n s e n c o r e p a r les lib e lle s f a its c o n t r e M e f f ie u r s d e L u y n e s , o u il est: d it d 'e u x e n p a r l a n t a u R o y , q u ’ils v o n t r e m p l i f l a n t les v ie u x R e g im e n s d e l e u r s c r é a t u r e s , & c e lu i d e v o s G a r d e s , d e c e u x q u i l 'o n t é t é f i l o n g - t e m s d e M o n f e u r l e P r i n c e a u b o is d e V i n cen n es.
5 ° , C e f u t M o n i t e u r d e T h e m i n e s q u i a r r ê t a M o n i t e u r le P r i n c e , & q u i f u t f a i t e n s u ite M a r é c h a l d e F r a n c e : il é t o i t f o r t n a t u r e l q u e fo n fils le M a r q u i s d e T h e m i n e s f u t f a i t M e f t r e d e C a m p d e c e R e g i m e n t q u i g a r d o i t le P r i n c e . 6 ° , I l e s t d i t d e p lu s d a n s le s m ê m e s lib e lle s c o n t r e M e f fie u r s d e L u y n e s r q u ’ils & r e n d i r e n t les M a î t r e s d e l a P e r f o n n e d e M o n i t e u r le P r i n c e , & c e la le fit q u a n d e n 16-17 * M o n ite u r d e C a d e n e t f re r e d u D u c d e L u y n e s , f u t fa it M e s tre d e C a m p d u R e g i m e n t d e N o r m a n d i e q u i g a r d o i t le P r i n c e . I l est v r a i q u e d a n s l ’E x t r a o r d i n a i r e d e s g u e r r e s d e 1 6 1 7 , l e p r e m ie r M e stre d e C a m p d u R e g im e n t d e N o r m a n d ie est n o m m é C o m t e d e P e n n e , & n o n p o i n t T h e m i n e s : m a is je t r o u v e q u e l a t e r r e d e P e n n e a é t é d a n s la M a is o n d e T h e m in e s , c o m m e o n le v o i t d a n s la G e n e a lo g i e d u M a r é c h a l d e T h e m i n e s r a p p o r t é e d a n s 1 H i s to i r e d e s G r a n d s O f f ic i e r s d e la C o u ro n n e , & ce C o m te d e P e n n e p o u r ro it b ie n a v o ir é té le M a r q u i s d e T h e m i n e s fils d u M a r é c h a l . & les p e r f o n n e s d e q u a li té a v o i e n t p lu s d e f o in d e c o n f e r v e r ê t d e r a n g e r Jes A r c h iv e s d e l e u r M a is o n , o n f e r o i t d é l i v r é d e l a p e in e d e f a i r e c e s f o r te s d e d i f l e r t a t i o n s d e C r i t i q u e : m ais J'a i f a i t e n v a in e o n f u l t e r là deflfus d e s p e r f o n n e s d e la M a is o n d e T h e m i n e s , & d e s O f f ic ie r s d u R e g i m e n t d e N o r m a n d i e . Q u o y q u ’il e n f o it ,d e u x c h o ie s f o n t c o n f i a n te s p a r le s R e ~ g i f t r e s d e l ’E x t r a o r d i n a i r e d e s g u e r r e s . L a p r e m i è r e e st l’é p o q u e d e l a c r é a t i o n d e c e R e g i m e n t e n 1 6 1 6 .L a f é c o n d s ,
q u ï l p r i t r a n g a p r è s le s q u a t r e v ie u x C o r p s a u p lu s t a r d e n z é i y ; & p o u r c o n f i r m e r c e f é c o n d a r t i c l e , J'a jo u te r a i q u e d a n s les M é m o i r e s d e P u y i e g u r , o n v o i t t r o i s a n s a p r è s , c ’est à - d i r e e n i 6 i z , a u fie g e d e M o n t p e l l i e r ; o n v o i t , d is - je , le R é g i m e n t d e N o r m a n d i e a v o ir u n e a t t a q u e p a r t i c u l i è r e , d e m ê m e q u e P ic a rd ie , N a v a rre & P ié m o n t. » L e R e g im e n t de » P i c a r d i e , d i t - i l , a t t a q u o i t p a r l ’a ille d r o i t e a v e c t r o i s a u » t r è s R e g i m e n s , c e lu i d e N a v a r r e p a r l ’a il le g a u c h e aulfi » ' a v e c t r o i s R e g i m e n s , & e n t r e N a v a r r e & le s G a r d e s é t o i t » l e R e g i m e n t d e N o r m a n d i e , q u i a v o i t u n e a t t a q u e k l a d ro i» te d e N a v a r r e . P i é m o n t é t o i t à la g a u c h e d e P i c a r d i e , q u i » a v o i t a u fiï u n e a t t a q u e à f a ir e . T o u t c e c i m a r q u e é v i d e m m e n t l a d i f t i n c tio n q u ’a v o i t d e l l o r s le R e g i m e n t d e N o r m a n d i e , & q u ’il é t o i t f u r le p i e d d e v ie u x C o r p s . L e d r a p e a u d u R e g i m e n t d e N o r m a n d i e a le f o n d j a u n e & l a c r o i x b l a n c h e a u m ilie u .
Pag. 3 7 .
L i s t e des M est r e s de C a m p d u R e g im e n t de N o r m a n d ie . L e C o m te d e P e n n e en 1617. M o n f i e u r d e C a d e n e t e n 1 6 17 , d e p u is M a r é c h a l d e F r a n c e . M o n f i e u r d e M e illy e n 1 6 6 0 . M o n f i e u r d e M e il ly c y - d e v a n t M e s tr e d e C a m p ,p r i t le t i t r e d e C o l o n e l f u iv a n t l ’O r d o n n a n c e d u R o y e n 1 6 6 1 . I l f u t t u é à V o e r d e n e n H o l l a n d e e n 1 6 7 1 , é t a n t B r i g a d i e r d’A rm é e l o r f q u e M o n f i e u r d e L u x e m b o u r g f o r ç a le s r e t r a n c h e m e n s d u P r i n c e d ' O r a n g e q u i a lî îe g e o i t c e c te p la c e . U c o m m a n d o i î l ’I n f a n t e r i e so u s c e G e n e r a l . L e C o m te d e G u ifc a rd e n 1 6 7 4 . L e C o m t e d e l a B o u r lie e n 1 691. L e C o m t e d 'E fta ire s e n 1 7 0 0 . L e M a r q u i s d 'A n g e n n e s . L e M a rq u is d e la P a re .
Compte de l 'Extraordi naire des guerres. Item. Colonels du Regiment de N or m andie.
Regiment de la Marine. Q
U o i q u e le R e g i m e n t d e l a M a r i n e f o it le p lu s r e c e n t d e s fix v ie u x C o r p s , c ’e s t c e lu i d e to u s c e s R e g i m e n s l u r l e q u e l J'ai e u le p lu s d e p e in e à t r o u v e r q u e l q u e i n f tr u c tio n . Ce Regiment I l e st d u te m s d e L o ü i s X I I I . L e C a r d i n a l d e R i c h e li e u créé sous s’e n fit le C h e f. I l le c o m p o f a d e p lu f ie u r s C o m p a g n ie s , q u i Loüis X I I I . a v o ie n t d 'a b o r d é t é d e f t i n é e s à la M a r i n e , &: q u i f u iv a n t u n M é m o ire q u e le R e g i m e n t m ’a f o u r n i p a r le s fo in s d e M o n fîe u r le C o m t e d e M i d d e l b o u r g q u i e n est C o l o n e l , é t o i e n t r e lié e s d 'u n R e g i m e n t f e r v a n t à l a M a r i n e le q u e l p e r i t p a r u n n a u f r a g e . C ’e s t p o u r c e t t e r a i f o n q u ’il f u t n o m m é le R e g i m e n t d e la M a r i n e q u a n d il f u t t r a n s f é r é a u s e rv ic e d e t e r r e . C o m m e le C a r d i n a l d e R i c h e l i e u n e f u t p a r t i c u l i è r e m e n t c h a r g é d e l a M a r i n e q u ’e n 1 6 1 6 , & q u ’il n ’e u t e n t i t r e d ' O f fic e l a C h a r g e d e C h e f & S u r i n t e n d a n t G e n e r a l d e la N a v i g a t i o n & d u C o m m e r c e d e F r a n c e , q u ’e n 1 6 x 7 e n s u ite d e la fu p p re f fio n d e l a d i g n i t é d 'A m i r a l , il m e p a r o î t q u e c e R e g i m e n t n e f u t m is l u r p i e d a u p l u t ô t q u e v e rs 1618 ; q u ’a y a n t p é r i p a r l e n a u f r a g e e n g r a n d e p a r t i e , l e C a r d i n a l l e r é t a b l i t & s’e n fit le M e s tr e d e C a m p a u p lu s t a r d e n 163 6 ; p u i f q u e le M a r é c h a l d e N a v a i l l e s a u c o m m e n c e m e n t d e le s M é m o i r e s d i t q u e v e rs c e te m s - là c e M in i f tr e lu i e n d o n n a l ’E n f e ig n e C o l o n e l l e . J e c ro is q u e le C a r d i n a l d e R i c h e l i e u l e g a r d a j u f q u ’à sa m o r t . L e M a r q u i s d e l a T r o u f t e l ’e u t a p r è s lu i. e n s u i t e J e C a r d i n a l M a z a r i n s’a t t r i b u a auffi c e R e g i m e n t , q u î E t fu is au Cardinal Ma- a ï a n t e u d 'a b o r d & a ï a n t u n e s e c o n d e fo is le p r e m i e r M i n i f t r e à zarin. sa t ê t e , n e p o u v o i t m a n q u e r d 'ê t r e c o m p o l é d ' O ffic ie rs & d e s o ld a ts d 'é l i t e . O n lu i d o n n a r a n g a p r è s les c in q v ie u x C o r p s ,, & il e n p r i t m ê m e le t i t r e . C e t t e p r é s e a n c e fit m u r m u r e r le s R e g i m e n s d e v a n t le fq u e ls o n le f a if o it p a fie r. I l p a r o î t q u e le C a r d i n a l v o u l u t lu i d o n n e r c e r a n g , lo r f q u ’i l e n fit M e s tr e d e C a m p M o n f i e u r d e M a n c i n i f o n n e v e u ; je c o n c lu s c e la d ' u n e l e t t r e q u e le S ie u r C o r b i n e l l i é c r i v it a u C o m t e d e B u ff y - R a b u t i n e n 1651 , q u i est r a p p o r t é e d a n s l e s M é m o i r e s d e
c e S e ig n e u r . V o ic i c e q u ’il lu i e n é c r i t . » I l y a , d i t - i l , u n » g r a n d p r o c è s d a n s l ’a r m é e q u e l e R o y n e v e u t p a s a c c o m » m o d e r : c ’e s t q u e le R e g i m e n t d e l a M a r i n e a é t é d o n n é à » M . d e M a n c i n i , & q u e l e R e g i m e n t d e P le lf is - P r a f lin lu i » d ifp u te la p ré s e a n c e . L e s G e n e r a u x f o n t a p r è s à le s a c c o m » m o d e r : m a is le s O f f ic ie r s f o n t m u tin s c o m m e t o u s les D i a » b lé s , & e n t r ’a u t r e s le b o n h o m m e M a i f o n i , q u i m e l ’a r a » c o n t é . M a is le c r e d i t d u M in if tr e l ’e m p o r t a , & c e f u t a p p a r e m m e n t d è s c e te m s -là q u e l a c h o f e f u t c o n c l u e . C e q u i est c e r t a i n , c ’e st q u ’à f u t m is e n fin e n pofTeffion d e c e r a n g d e v a n t to u s le s P e t i t s v ie u x & to u s les a u t r e s , & q u ’il y a l o n g te m s q u ’o n a c e fiè d e le lu i c o n t e f t e r . C e R e g i m e n t p a r l a c o u le u r d e f o n d r a p e a u f a i t c o n n o î t r e q u ’il é t o i t d e f t i n é à l a M a r i n e : c a r le p r e m i e r & le q u a t r i è m e q u a r t i e r f o n t v e r t s y le f é c o n d & le t r o i f i é m e b le u s , l a c ro ix b l a n c h e le s fe p a re » L e s M e s tr e s d e C a m p & le s C o l o n e ls d e c e R e g i m e n t deC q u e ls J'a i e u c o n n o i f f a n c e , f o n t c e u x q u i f u iv e n t.
L i s t e des M e s tr e s de C a m p d u R e g im e n t de la M a rin e
L e C a r d i n a l d e R i c h e l i e u a u p lu s t a r d e n 1636 , f u t le p r e m ie r M e s t r e d e C a m p d e c e R e g i m e n t . L e M a r q u i s d e l a T r o u f f e l u i f u c c e d a . I l f u t t u é a u fie g e d e T o rto fe en 1 648. L e C a r d i n a l M a z a r i n / e m i t à la t ê t e d e c e C o r p s à la m o r t d e M o n ite u r d e la T ro u llè . M o n ite u r d e M a n c in i n e v e u d u C a r d in a l ,e n f u t M e stre d e C a m p e n 1652., a u m o is d e M a r s o u a u c o m m e n c e m e n t d 'A v r il. I l n e le p o fl'e d a q u e t r o i s o u q u a t r e m o i s , p a r c e q u ’il m o u r u t a u m o is d e j u i l l e t d e s b le fl'u re s r e c e u ë s à l a j o u r n é e d e S a in t A n t o i n e . L e D u c de N e v e rs, j e t r o u v e d a n s le s n o u v e a u x M é m o ir e s d u C o m t e d e B r ie n n e q u e M o n i t e u r d e G u a d a g n e é t o i t la m ê m e a n n é e 1651 à l a t ê t e d e c e R e g i m e n t . O n f it m e t t r e , d i t - i l , so u s le s a rm e s l e s G a r d e s & le R e g i m e n t d e la M a r i n e à l a t ê t e d u q u e l é t o i t G u a d a g n e G e n t i l - h o m m e d e b o n n e M a is o n , & q u i s’é to îe
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acquis de la réputation par sa bravoure & par fon expé rience. Colonels du Le Com te de Tonnay-Charente. Regiment de Le C om te de Tonnay-Charente av ecietitre de C olonel, lu Murine de puis 1 66 1. com m andoit encore ce Regim ent à la campagne de H ollan de en 1672. Le Comte de la M othe. Monfieur Mathieu. Le Marquis de Liancourt. Monfieur de T allerand. Monfieur le Guerchois. Monfieur de C ham illart Marquis de Cani. Monfieur de M idelbourg l’est encore en 1721.
Des Regimens appellez Petits vieux. E nom de Petits vieux n’a été en ufage que sous le Re» gne de Loüis X I I I , au moins n’ai je nulle idée d 'avoir vu aucuns Regimens ainfi appeliez dans les hiftoires duRegne de H enri IV. A la paix de V ervins, qui & fit en 1598, tous les Regimens d 'infanterie furent caliez ou reformez., & réduits à la Colonelle & à la Mestre de C am p, à la referve des quatre vieux, & les Mestres de Camp licentiez, ou appointez comme je l’ai dit cy-deiïus. Il y a beaucoup d'apparence qu’en ié o o , lorfqueHenri IV declara la guerre auDuc de Savoye,on remit fur pied quelques Regimens.-mais la paix aïant été conclue qua tre mois après,on fît une nouvelle reforme.La choie paroîc cer taine par le compte de l’Extraordinaire des guerres de 1601, où il n’eftfait mention quedes quatre vieuxCorps,& où il y a un dénombrement des Mestres de Camp appointez . , cy-devant en pied, & qui fontengrand nombre.On voit une pareille Liste dans l’Extraordinaire des guerres de l’an 1604 ,& des fuivantes. Il est hors de doute que dans le grand armement que faifoit Henri IV en V io lorfque sa funefte mort arriva , arm e m ent qui étoit de plus de cinquante mille hom m es, plufîeurs de ces Regimens furent rétablis, & d'autres créez. Il fut tout naturel alors de donner à ceux qu’on ré ta b lit, le rang qu’ils avoient eu après les quatre v ie u x , & d e v an t ceux qui n ’aC
voient point encore été mis fur pied ; & il est affez vrai femblable que ce furent quelques uns de ceux qui furent rétablis,, à qui l’on donna depuis le nom de Petits vieux pour les d if tinguer des autres & marquer leur ancienneté. Je ne prétens pas dire par là que les Regimens que nous appelions Petits vieux , aient été les plus anciens de ceux qui furent levez après les quatre premiers vieux Corps. Il est cer tain que peu de tems après la création de ceux-cy, les guer res civiles aïant recom m encé, plufieurs autres furent mis fur pied , foit par les Huguenots rebelles, foit par les C atholi ques Royaliftes, & depuis encore du tems de la Ligue. O n en voit quantité de nommez dans les hiftoires de ces tem s-ià, qui ne font point les Petits vieux d'aujourd’hui, La plupart étoient levez par des Gentils-hom m es, ou par des Seigneurs dans leurs terres , qui les amenoient au service du parti qu’ils em braffoient, & dès que la paix & faifoit, on les congedioit de part & d 'autre. Il n’y avoit point de rang & de préseance parmi e u x , que félon la volonté des G eneraux, ou fuivant la q u a lité , ou la confideration que les Mestres de Camp avoient dans les troupes. Je fuis perfuadé que ce ne fut tout au p lu tô t que depuis que H enri IV fut affermi fur le T h ro ne , & fur tout depuis la paix de V ervins, & même sous le R é gné de Loüis X III qu’on commença à regler les rangs des R egim ens, & à en faire des Rolles fixes. Il faut en excepter les quatre vieux , qui depuis leur institution furent toujours regardez comme les premiers Corps de l’Infanterie , & qui fè difpuroient fouventle rang les uns aux autres. Ma penfée donc là-deffus, est que quand au commencement du Regne de Loüis X III on congédia la plupart des troupes qui étoient fur pied à la m ort de Henri IV , on conferva outre les quatre vieux, quelques autres des meilleurs Regimens d 'infanterie y qui étoient des plus anciens d 'alors & qui avoient à leur tête des perfonnes de confideration ; que quand dans la fuite, on augmenta les tro u p e s, on donna le rang à ceux cy apiès les quatre vieux s & que pour les diftinguer des nouveaux, qu on m ettoit après eux , on leur donna le nom de Petits vieux. Il n’y avoit sous Loüis X 1IT que cinq Regimens aufquels ©n donnât ce nom. Sçavoir Ram bure , qui est aujourd’hui
chelieu, S illy, qui elt aujourd’hui Bourbonnois, Auvergne qui a confervé fon ancien nom , S ault, aujourd’hui T a lia rd , & E lp a g n i, aujourd’hui Boufflers-Remiancourt. Les diftindions de ces cinq Petits vieux font d'avoir rang avant tous les autres Regim ens, & immédiatement après les vieux C o rp s, d'avoir eu des premiers le drapeau blanc , de n ’être point caliez après une guerre ; mais feulement d 'être reformez pour le nombre des soldats & des Compagnies, d'a voir un Prévôt de juftice , comme les vieux Corps. Ces deux Privilèges ont été communiquez depuis à plufieurs autres Re gimens. Le Privilège de n ’être point caliez n ’a été accordé aux Petits vieux que sous le Regne de L oüisX III. Moniteur de Puyfegur, qui fer voit dans les troupes dès l’an 1617,dit exprefi Mémoires de fément cpi'ûs pouvaient être cajfe^ou réduits k dieux Compagnies. Puyfegur pag. Après avoir traité en general des Regimens appeliez Pe 587. tits vieux, je vais dire quelque choie de chacun en particu lier, & m arquer les Commandans dont les noms font venus à ma çonnoiflànce.
Regiment de Richelieu. S Elon un mémoire qui contient quelques particularitez de ce R egim ent, il fut formé des débris de la Garnifon de Cambrai en 1595, lorfque le M aréchal de Balagny fut con-r traint d 'abandonner cette place aux Efpagnols} & il porta d'abord le nom du Maréchal. Cela me paroît d 'autant plus croïable que Charles de Ram bure, dont je vais p a rle r, avoir époufé une fille du M aréchal de Balagni, qui donna appa remment ce Regiment à fon gendre. O n voit en effet un Comptes de Regiment de Balagni sous H enri IV , & qui prit le nom de l'E xtraordipâire des guer Rambure en 1612. Ce n’eftpas à dire que ce Regim ent eût res. toujours été fur pied depuis que Balagni eut perdu Cambrai ; puifque pendant plufieurs années, on voit qu’on ne confervoit que les quatre vieux Corps : mais il fut rétabli dans la fu ite, & on y remit apparemment quelques Officiers qui y avoient é té sous le Maréchal de Balagni : ce qui le fit regar der comme l’ancien Regiment de Balagni. Le M aréchal de Balagni en 1595. Charles
Charles de Ram bure. Ce fut lui qui donna le nom de Rambure à ce Regiment. Ce Seigneur étoit à la bataille d'Yvri en 1590 , & au fiege d'Amiens en 1597. Il fut bielle en ces deux occafions & mourut en 1633 de ces deux bleffures qui & rouvrirent. Il avoit été M aréchal de Camp & Chevalier des Ordres du Roy. Jean de Rambure. Il mourut en 1637, des blefiures re çues au fiege de la Capelle l’année précédente. Il fut Mestre de Camp du Regiment des G ardes, M aréchal de C a m p , & Gouverneur de Dourlens. François de Rambure. Il fut tué à la bataille d 'H onnecourt en 1 6 4 .2 . Charles de Ram bure en 1671. Loüis-Alexandre de Rambure en i(,7i,frere du precedent; & en lui finit cette iftuftre Maison, & le Regiment ceffa d 'en porter le nom. Le Marquis de Feuquieres en 1676. L e Comte de Feuquieres frere du precedent , en 1.68.9. Le Marquis de Leuville en 1700. Le D uc de Richelieu l’est en 1721. D u
R e g i m e n t d e B o u r b o n n o is .
Elon un Mémoire qui m’a é té communiqué, le Regiment de Bourbonnois tire fon origine de quelques Compagnies qui pallerent d 'Italie en France après la paix que fit H e n ri I I , par laquelle il rendit prelque tout ce qu’il avoit con quis au-de la des Monts. O n les appelleit les Bandes de Montferrat. Charles IX en fit un Regiment & le donna à commander à M. de Nerellang. Il paroît que ce Regiment fut caffé quel que tems a p rè s, puifque dans un autre M ém oire, il est dit qu’il fut mis fur pied par H enri I V , que ce Prince le cafta ( apparemment à la paix de V ervins) & puis qu’il le ré tablit & qu’il en fit Mestre de Camp M. de N ereftang, de la même famille que celui que J'ai nommé. En effet M. de N ereftang est m arqué parmi les Mestres de Camp dans les comptes de l’Extraordinaire à .es guerres en 1606,1601 & S
Meflres de Camp de ce Regiment.
H ist. deé Grands Offi c ia s de la Couronne, t. 1.p. 1 0 4 2 .
Colonels de ce Regiment-
Colonels de te Regim ent.
1609. Ce R egim ent prit Je nom de Chapes en 1611. Cefar d 'A u m o n t, Sieur de Chapes en ié ir. Depuis ce Regiment a eu pour Mestres de Camp , des Meilleurs de Silli, & il en avoit un de ce nom en 1660. M. de Silli en 1660. M. de Sainte Même. Le Marquis de Caftelnau en 1664, tu é dans la campagne de Hollande en iéyz à l’attaque d 'un quartier des ennemis. Le Marquis de Refuge en 1672. Ce fut de fon tems que ce Regiment prit le nom de Bourbonnois. Le Marquis de R ochefort en 1687. Le Marquis de Nangis en 1690. Le Comte de G ram m ont l’est en 1711, Regiment d 'Auvergne.
Elon le meme Mémoire que J'ai c ité , ce Regim ent fut auffi créé par H enri IV sous le nom de D u Bourg-l’Efpinalle ; il étoic fur pied en 1606, fuivant ^Extraordinaire des guerres. Il fut réfo rm é, &: puis remis fur pied en 1610 , sous le même nom. Je le trouve en effet sous ce nom dans les comp tes de l’Extraordinaire en 1611. On lui donna le nom d'Au vergne en 163 ; avec le Drapeau blanc. Meures de M- D u Bourg-l’Efpinaffe en 1610. C’est le même qui est Camp de ce dans les comptes de l’Extraordinaire des guerres dès l’an Regiment. 1606 sous le nom de D u Bourg. Le M arquis de Mouffy en 1660. Il fut tué en H ongrie en 1664, quand Meilleurs de Coligny & de la Feüillade y conduiilrent le fecours que le Roy envoya à l’Empereur contre les Turcs. Colonels de Le Marquis de Mouffy. te Regiment. Le Com te Sery en 166f. Le D uc de Chevreuie en 1667. Le Marquis de Cceuvres en 1670. Le Marquis de T hoy en 1678. Le Marquis de Prefle-Nicolaï en 1680, L e Marquis de Chavigny en 1692. M. d 'Im ecourt en 1703, tué au Siégé de V eru ë, étant Ma réchal de Camp. Origine du Regiment d 'A uvergne.
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M. d'Alba en 1705. M. de Clerm ont d 'Amboilè l’est en 1721. Au fujer de Monfieur d 'Im ecourt un des derniers Colonels de ce R egim ent, je remarquerai une choie qui merite d'avoir place dans cette Histoire par sa fingularité. Us étoient neuf freres de ce nom au service avec leur pere. M onfieur de Louvois en 1686, prefenta au Roy Monfieur d 'Im ecourt le pere avec huit de fes fils ^ le cadet qui fervoit auffi d é jà , quoique fort jeune , ne s’étant pas alorstrouvé à Paris. Le pere étoit M ettre de Camp d 'un Regiment de Cavalerie ; il avoit pour M ajor de fon Regiment ion fils aîné, &. quatre de fes fils C a pitaines au même Regim ent. Le Roy charm é de voir tant de braves gens dans une m ê me fam ille, leur fit un trés-bon accueil. Cinq de ces jeunes Gentils-hommes furent depuis tuez au service : & ce qu’il y a encore de particulier, c’est que le pere avoit eu un pareil nombre de freres qui avoient tous cinq été pareille ment tuez en fervant dans les Troupes. Ainfi il n’y a peutêtre point de famille de noblefle en France qui puiflè s’a ttri buer la gloire d 'avoir en fi peu de tems donné tant de fang pour la Patrie. L ’aîné de to u s, qui est Monfieur de Vaffi. gnac-Im ecourt, e ftactuellement Lieutenant G en eral, Gou verneur de M ontm edy ; il étoit cy-devant Sous-Lieutenant des Chevaux-legers de la Garde. Regiment de T alard. E Regim ent, fuivant le même Mémoire dont J'ai parlé, fut mis fur pied sous le nom de Rofant par Monfieur de l ’Efdiguieres fur les feules commiflions de ce Seigneur, longtems avant que les Officiers en euttent eu du Roy. Il ne prit l’é tat M ajor du Colonel General de l’Infanterie qu’en 1615. Il paroît par là que la création de ce Regiment fut faite du tems de H enri IV. M. de Rofant. Il est quelquefois parlé de cet Officier dans l’Histoire du C onnétable de l’Efdiguieres. Le Duc de l’Efdiguieres. Le Comte de Sault fils du précèdent, depuis Duc de l’Ef-
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M estres d e Cam p de ce ; Regiment, t . 1. Colon els d e
ce Regiment.
diguieres, m ort M aréchal de Camp. Le D uc de l’Efdiguieres fils du precedent, en 168r. Le C om te de Telle fils aîné du M aréchal de TelTé, en 1703. Le Marquis de Talard en 1714 , aujourd’hui Duc. Regiment de Bouffl ers-Remiancourt.
E Regiment fut du nom bre de ceux que M onfieurde Coiigny mena en H ongrie , & il y fervit avec diftinction. Il fut créé en 1610 félon le M émoire dont J'ai parlé r M em oires de B u fly -R a b u - & a eu pour Mestre de Camp deux Marquis d'Epagny. Ce tin , t. 2. pag. Riegimentfous le nom d'Epagny étoit à la Bataille des Dunes» 1 40 . en 1658. M estres de Le Marquis d 'Epagny,. C am p de ce Le Marquis d'Epagny. Regim ent. Colonels de Le M arquis de Bandeviile, tué à la journée d 'Ensheim en & Regiment. 1674. Le Chevalier de Bandeviile frere du preced en t, en 1674. Le Com te de Vaubecourt en 1677. Le Marquis de N ettancourt en 1695, m ort des blelfures reçues à la défaite de Schelemberg auprès de D onavert en 1704. Le Comte de Mailly la HoufTaye en 1704. M . de Bueuil. L e Marquis de B'rofib. L e M arquis de Boufflers-Remiancourt en 1714. Le Prince de Pont en est Colonel en 1721. Après les cinq Regim ens, dont je viens de p a rle r, qui de puis un grand nombre d'années ont le titre de Petits vieux , fuit le Regim ent du R o y , qui y a été comme aggregé, & qui» en cette qualité précédé comme eux tous les autres qui n’ont point ce titre , quoique leur inftitutiondoit de beaucoup plus* ancienne date que celle de ce Regim ent. C
H ist o i r e
d u R e g im e n t d u R o y .
Omme le Regiment du R oy a été un des Corps les plus diftinguez dans les troupes sous le Regne de Loüis le G ra n d , & qu’on m’a fourni de bons Mémoires fur ce qui le regarde , J'en traiterai ici avec quelque détail ; & je ferai le mêm e fur quelques autres dans la luite. de Le Regim ent qui porte le nom de Regiment du R oy fut ceCréation Regiment. créé en 1662. Il n ’eut d'abord qu’un Lieutenant Colonel, qui fut M , M artinet Officier très-entendu dans l’Infanterie. Un an & demi après le Roy nomma le Colonel qui fut le M arquis deD an g eau. Ce Regim ent n’étoit alors que de vingt Compagnies, dont les Officiers, hormis le Lieutenant Colonel , avoient été ti Augmentarez des Moufquetaires. Le lendemain de la nomination du tien du nom premier C olonel, le R oy augmenta le Regim ent de vingt bre des ComCompagnies, dont tous les Officiers furent encore tirez des pagniss. M oufquetaires, &. huit jours après il fut encore augmenté de dix autres Compagnies. O n prit dix Lieutenans du Corps pour les faire Capitaines de ces dix Compagnies, & le Roy permit au Colonel de choifir d 'autres Officiers dans les Mouf quetaires de concert avec les Commandans de cette Troupe de sa Maison. Peu de tems après le Roy trouva bon que les gens de qua lité e n tra ie n t dans sa Compagnie Colonelle pour y porter le Cadets au Regiment du moufquet. Il y en eut jufqu’à foixante, dont plufieurs ont R oy . été depuis Officiers Generaux , comme Meilleurs d'A lb re t, de Feuquieres, de Crenan , là R ochefoucault, Meilleurs de P o n s, de Nefle , de Bourlem ont, &c. Le Regim ent fit sa première campagne en 1667, & se dis tingua fort aux fieges de T ournay, de Douay , de Lille, ou ïe Roy lui fit attaquer la demi-lune qui fut emportée. ensuite les premiers ee Prince le fit iouvent camper auprès deParhfic de Verfaiî- Grenadiers injiituez dans les, & dans la revue qu’il en fie entre Vincennes & P a ris, il le Regiment y créa des Grenadiers , quatre par chaque Compagnie. Ce du Roy. font les premiers G renadiers que je ffache créez en France. Le R oy voulut qu’à ce tte re v u e les Officiers euiîènt des-
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cuirafTes & des tentes peintes avec des tro p h ées, dont M. le M arquis de Dangeau fit la dépenfe. Tous les Officiers avoient. pour uniforme des jufte-au-corps brodez en or & en argent. En 1667 pendant la cam pagne, le Colonel faifoit porter fur huit chariots qui étoient à lu i, les tentes des Officiers, Les Soldats avoient une tente par cham brée, peinte aufli avec des trophées. Au camp de la plaine d 'O üille près de Verfailles, où les quatre Capitaines des G ardes du Corps avoient leurs Compa gnies, auffi-bien que les Capitaines-Lieutenans des Gendarmes & des Chevaux-Légers de la G a rd e } chaque Commandant de tous ces Corps commandoit le camp par fèm aine, & le Colonel du Regim ent du Roy le commanda aufli à fon tour, Le M arquis ae D angeau eut deffein de faire de ce Régi-; ment une troupe de la Maison du R o y , comme le font les Regimens des G ardes Françoifes & Suiflès : mais M. de Louvois s’y oppofa, & ce projet ne réüffit point. Le M ar quis de D angeau en 1670, quitta le Regiment pour acheter de M- de Vardes la Charge de Capitaine des Cent Suifles^ & en eut l’agrém ent du R oy : mais cela fut rom pu, parce que le M arquis de Dangeau fut nommé Ambafîàdeur extra ordinaire en Suede. Monfieur M artinet en 1670 fut fait Colonel du Regim ent, Il fut tué au fiege de Doefbourg en 1671. C ’est lui dont le Roy & fèrvit principalement pour regler & di/cipliner l ’In Uniforme in fanterie Françoifè. Alors l’uniforme pour les habits fut in troduit dans troduit dans tous les Regimens : les camps devinrent plus les Regiment. réguliers : on les partagea en rues tirées au c o rd e au , les Difpofition faifceaux d’Armes à la tête des bataillons. Monfieur M artinet nouvelle & avoit fait ainfi camper le Regiment du Roy à la campagne reguliere des de 1667 , & le Roy voulut que cela fût pratiqué par toute fstmps. l’Infanterie. En 1671, le Regiment fit la campagne de H ollande avec le R o y , & fur la fin il marcha sous Monfieur de T urenne pour entrer fur les terres de l’Electeur de Brandebourg dans le Com té de la M ark. Le Marquis de Bourlem ont, & Monfieur de V algrand Capitaines du Regiment furent détachez avec cent hommes, & portez dans l’ifle que forme la riviere de Lip-
pe à deux lieues de la ville de H am . Le Gouverneur Alle mand de cette ville alla à la tê te de dix-huit cents hommes pour les déloger. Les deux Capitaines & défendirent fi bien qu'ils les repoufferent, & le G ouverneur y fut tué avec plus de cinq cents hommes. En 1673, le Roy donna le Regiment au C om te de Montbron. Il fut au liege de M aeftrik où le R oy étoit en perfonne. Ce Prince fit attaquer par fon Regiment l’ouvrage à cor ne, & il fut emporté. Il eut part aufiege de L im bourgen 1674, aulli-bien qu’à la conquête du Duché de Juliers &. à celle de la Franche-Com té. En 1675, il fut de l’armée du Prince de C o n d é, & & diflingua beaucoup à la bataille de Senef. Il y perdit foixante & douze Officiers, dont il y eut vingt deux Capitaines tuez. En 1676, ilfervic au fiege de Bouchain , & en 1677 à celui de V alenciennes, où les Grenadiers du Regiment foûtinrent les Grenadiers à cheval & les Moufquetaires , qui emportè rent la place d 'emblée par un de ces coups de valeur extra ordinaires , dont on voit peu d'exemples. Il fuivit le Roy au fiege de C a m b ra i, où il fut commandé pour attaquer la de mi lune verte , dont il & rendit maître. Cam brai aïant é té p ris, & le Comte de M ontbron en aïant été fait G ouverneur, ie Roy donna le Regiment au Comte de Saint G eo rg es, & la Lieutenance Colonelle à Monfieurde M ont-chevreüil. En 1678 , le Regim ent fèrvit dans l’armée du Roy au fiege de G a n d & d'Ypres.Il fut commandé pour attaquer le chemin couvert de cette place, & l’emporta. La même année & donna la bataille de Saint Denis , où le R egim ent du Roy aïant culbuté les ennemis qu’il avoit en tête , voulut paflêr le ravin au Caftiau. Un bataillon du Régi ment y fut écrafé,& prefquetous les Officiers tuez. Le Com te de Saint G eorges, Colonel du R egim ent, fut de ce nombre ; & le Regim ent fut donné à M. de Mont-chevreuil. Les années fuivantes le Regiment fut employé en divers endroits, foie dans les fieges, foit à divers travaux. En 1688, il & fignala au fiege de P hiliibourg, que faifoit Monfeigneur. En 16y o , il & trouva à la bataille deFleurus, que M. de
Luxem bourg gagna fur Je Comte de Valdek. En 1.691, le Roy faifant le fiege de M ons, fit attaquer par fon Regim ent l’ouvrage à corne. Il l’emporta. M. de Villem ur relia féal de tous les Capitaines des Grenadiers , qu’il com m andoit, tous les autres aïant été tuez. Le Roy aïant refolu cette année-là d 'augmenter d 'un bataillon les plus confiderables Regimens de les troupes, le Regim ent fut de quatre bataillons. En 169Z, le Roy com m ença la campagne par le fiege de Namur. Le Regim ent fut commandé pour occuper le d ef sous des hauteurs & s’y camper. Les ennemis occupoient les hauteurs avec huit bataillons. Le Regiment & trouva fi près .d 'eux, que les fentinelles de part & d'autre & parloient. O n commença par faire feu les uns fur les au tres, ce qui attira l ’attaque des hauteurs, d'où le Regiment du R oy chaflà les ennemis. Il y perdit beaucoup d 'Officiers, Suivit la journée de Steinkerque, où l’armée Françoilè fur» prife, ne rem porta la viétoire que par la grande prefence d 'efprit du D uc de Luxembourg & des autres Commandans. d ' abord quelques Brigades de l’armée Françoife furent pouffées. M de M ontai, qui commandoit l’Infanterie, mena la Bri gade du Roy dans l’endroit le plus expofe , foùtenuë par la Maison du R o y , à la tète de laquelle étoit M. le Prince de Conty. Le Regiment du Roy poulîà les ennemis de haye en haye, les obligea d'abandonner leur terrein & à faire retraite. Toute la tête des Officiers du Regiment y perit. Trois Com mandans de bataillons, quatre Capitaines de Grenadiers & huit autres Capitaines y furent tuez. D urant l’hyver de 1691 à 1693,1e Roy aïant donné le Gou vernement d 'Arras à M. de M ont-chevreuil, Lieutenant Ge neral , il eut pour fucceffeur au com m andem ent du Regiment du Roy le Marquis de Surville , qui y avoit toujours fervi avec diftinélion. En 1693 , à la fanglante bataille de N ervinde, le Régi ment du R oy attaqua le village de Nervinde , y força le s ennemis, les pouffa jufqu’au bout des haye-s, & les renverfa fur l’armée du Prince d 'Orange. Ce Prince voïant que le Regim ent n’étoit pas foutenu, le fit attaquer par huit ba taillons
taillons Anglois. Il fallut ceder au nombre : mais M. le Prince de Conty & M.de M ont-chevreiiil s’étant mis à la tête, après que M. de Surville, Colonel du R egim ent, eut été bleiïedls regagnèrent le pofte ; & cet avantage contribua beaucoup au gain de la bataille. Le Regim ent fervit les années fuivantes jufqu a la paix de R ifrdk. La guerre aïant recom m encé, le Regim ent fut de toutes les expéditions ., & se diftingua à fon ordinaire aux fieges de Brifac & de Landau en 1704. Durant le fiege de cette der nière Place, les ennemis vinrent pour la fecourir. Le M aré chal deT alard qui commandoit l’armée, alla au-devant d'eux. L e Marquis de Surville Colonel du R egim ent, com m andoit la gauche de l’Infanterie, où il n’avoit que ce R egim ent, dont les Bataillons étoient réduits à trois cents hommes. N onobf. tan t cette inégalité , il fit attaquer la droite des ennemis, où il avoit en tête fept gros Bataillons de leurs meilleures tro u pes. Il les enfonça & les renverfa. Cette hardie adion aïant réüifi , l’armee ennemie fut entièrement défaite, & Landau & rendit. En 1705,1e Regim ent fervit en Flandres sous le M aréchal de Villeroy. L ’arm ée Françoife étant campée le long de la P ile ; & les ennemis à Beguines, aïant huit cents hommes à l’Abbaïe de Florival, Monfieur le Maréchal voulut s’emparer des bords de la riviere vis-à-vis de l’Abbaïe ; il choifit pour cet effet le Sieur de la Roque Capitaine au Regiment du Roy pour s’en emparer avec deux cents Grenadiers, qui malgré le feu du canon & des huit cents hom m es, qui étoient à la por tée du piftolet, exécuta fon o rd re, gagna l’éclufe, s’y forti fia ; & on garda ce pofte jufqu’au décampement des deux armées. En 1706 , M. du Barail fucceda au Marquis de Surville, qui l’année d 'auparavant avoit obtenu du Roy en recompenfe de la valeur des Officiers de ce R egim ent, un Brevet de Colo nel pour les Commandans des deux premiers Bataillons, & un de Lieutenant Colonel pour les Commandans des deux autres. En 1707, le Regim ent du R oy commença feul avec la Bri Brevet de gade de Poitou le Combat d 'O udenarde, & après cinq heu- Colonel donné
res de relîftance, & voïant enveloppé de tous c o te z , il & re tira pendant la nuit derrière la gauche de notre a rm é e , qui étoit en bataille. En 1611 , M- du Barail aïant été fait M aréchal de Camp & Gouverneur de Landrecy, & n ’étant plus gueres en état de fervir en campagne à caufe de fes bleffures, le R oy donna le Regim ent à M. de N angis, & accorda que tous les CommanLe même Bre dans du R egim ent, en prenant le Commandement d 'un Ba vet donné à tous les Com taillon , auroient Je Brevet de Colonel. m undans de En 1712, le Regim ent fit très- bien fon devoir à l’attaque du Bataillon. Camp de D énain sous les ordres du M aréchal de Villars. Cet te Victoire fut fuivie de la prife de M archienne, de D o u a y , du Quefnoy & de Bouchaim , où le Regiment perdit beau coup de soldats. Il fut ensuite au fiege de Landau & de Fri bourg. La Paix étant faite en 1715 , le Roy fit venir fon R é giment cam pera M arly, où le Colonel n’épargna rien pour la magnificence. Le Roy lui avoit donné quatre de fes tentes indépendam m ent d'un grand bâtiment qu’il occupoit. Par tout ce que je viens de rap p o rter, on voit que Loüis le G rand affedionna toujours beaucoup ce R eg im en t, qui répondit parfaitem ent à cet honneur par sa valeur & par fes I l prend rang fervices, Le Roy le mit fur le pied de Petit vieux, & lui apres les Petits en donna toutes les prérogatives. Il prit rang après les cinq vieux. Petits vieux ; & le Regiment de Beaumont qui depuis a é té Saint Vallier, lui céda sa place par accommodement. En 1692, Ce Regiment M. le M arquis de Surville étant Colonel , Je R oy ordonna non fujet aux que ce Regim ent ne feroit plus fujet aux Infpedeurs, ni au Inspecteurs. Miniftre de la guerre pour Ja diipofition des Emplois. Il est à cet égard comme le Regiment des Gardes & comme les au tres troupes de la Maison du Roy , qui n’ont p o in t, pour ainfi dire , d'autre Infpedeur que le Roy m êm e, lequel pourvoit Tenfion a t immédiatement tous les Officiers. Ce Prince attacha à Ja tachée à la Charge de Colonel de fon Regim ent une penfîon de fix mille Charge de Co livres. lonel. Le Regim ent a pour enfeigne une Croix blanche femée de fleurs de lys d 'or. Le premier & quatrième Canton ou Q uar tier ro u g e, le fécond & le troifiéme vert. Il ne me relie plus qu’à m ettre ici de fuite la Liste des Colonels de ce Regiment. a ux Commandans des deux premiers Ba taillons, &c.
Colonels du Regiment du Roy. E M arquis de Dangeau en 1 6 6 4 .. M. M artinet en 1670, ou 1671, tué auilege deDoefbourg en 1671. Le Com te de M ontbron en 1672. M. de S. Georges en 1675, tué à la bataille de S. Denis au près de Mons en 1678. Le Com te de M ont-chevreuil en 1678, tué à N ervinde en 1693. L e Comte de Surville en 1653. M. du Barail en 1706. Le Marquis de Nangis en 1711. Le Chevalier de Pezé l ’est en J7 2 1 . L ’institution des Regimens d 'infanterie ; celle du Régi m ent des Gardes Franqoifes ; celle du Regiment des Gardes Suifles, defquelles J'ai déjà traité dans l’Histoire de la Maifon M ilitaire du Roy ; la création des ftx vieux C orps, celle des cinq appeliez Petits vieux ; celle du Regiment du R o y , lequel a été aggregé à ceux-ci par le rang qui lui a été donné : C ’est tout ce qui me paroît de plus confiderable dans l ’Hiftoire de notre Infanterie des derniers R egnes, les autres R e gimens n’ayant rien de fingulier pour la plupart dans leur inf. titution & dans leur police ; je crois devoir me difpenfer de traiter en d é t a i l de tous en particulier , quoique je me fuftè d 'abord propofé de le faire ; mais J'ai vu que cela & réduifoit prefque uniquement à une longue & ennuyeufe Liste de noms, tan t des Regimens, que des Colonels. O utre que quantité de ces Colonels ont pafte d'un Regim ent à un a u tre , & fouvent à plufieurs autres : ce qui allongeroit encore & embarraflèroic fort ces liftes fans une grande utilité. C ’est pourquoi je me fuis borné là-delîùs à deux chofes. Premièrement, de ces liftes que J'avois déjà toutes prêtes, J'ai jugé à propos de faire un extrait des noms des Colonels qui ont é té tuez au service, fur tout depuis la paix des Pyrénées. C’est un honneur qu’ils m eritent pour avoir facrifîé leur vie à leur P a tr ie , & c’est un point qui me paroît eftèntiel à l’efpece &
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au caractere de l’Histoire que je donne au Public, J 'y ajou terai ceux qui font parvenus à la dignité de M aréchal de Fran ce. Il est difficile que je n’aïe omis quelques- uns de ceux qui font m orts au service : mais je ne puis m ettre que ceux qui font venus à ma connoiflance , après bien des perquifitions. Je fuivrai en les marquant pour la p lu p a rt, le rang des Regimens dont ils ont été Colonels ; & je dirai à cette occalîon ce que je fçaurai de ftnguher fur ces Regimens. Secondement pour luppléer en quelque façon à ce que J'avois projetté d'a bord , je vais m ettre ici deux liftes des Regimens d'infante rie ; l ’une de 1670, qui fut faite lorfque le Roy par une O r donnance régla le rang de ces Regimens; la seconde, de 1714, qui fut faite un peu avant la dermere Paix. Ordonnance du R o y , portant Reglement general pour le rang des Regimens d'infanterie étant à la folde de Sa Majes té, du 16 M ars 1 6 7 0 . DE PA R S
LE R O Y .
A Majefté aïant reconnu le préjudice que fon service recevoit par les difputes & conteftations qui furvenoient journellement entre les Officiers de fes troupes d 'infanterie f au fujet du rang des Regimens dont iis font, les uns pré tendant que le leur étoit de plus ancienne création que celui ou ceux avec lefquels ils & trouvoient en même pofte ou garnifon ; Sa Majefté pour y remedier auroit par fon O rdon nance du dernier Decembre de l’année derniere, ordonné aux Colonels des Regimens de fon Infanterie , de faire rem ettre dans le dernier jour du mois de Février d ern ier, au Secrétaire d 'Etat & de fes Commandemens, aïant le départem ent de la guerre , les Commiffions & mémoires qui pouvoient fervir de preuves pour le rang qu’ils prétendoient : à quoi tous lefdits Officiers aïant fatisfait, & Sa Majefté aïant fait exami ner foigneufement en sa prefence les Commiffions, titres & pièces qu’ils ont produites pour appuyer leurs prétentions, & jüftifier de leur rang, Sa Majefté a ordonné & ordonne que le Regim ent de fes Gardes Françoifes continuera à marcher
premier de tous les autres Regimens de ladite Infanterie, que celui de lès Gardes Suides ira immédiatement après lors qu'il & trouvera en même corps d’Armée ou garnifon^que lorfque ledit Regiment des Gardes Françoi/ès n’y fera pas, ledit Regim ent des Gardes Suides fera précédé par le plus ancien des Regimens François qui s’y tro u v ero n t, & mar chera après lu i, que le Regiment de Picardie tiendra ensuite le premier ran g , & après ledit Regiment de P ic a rd ie , ceux de P iém o n t, Champagne & N avarre,lefqueis m archeront entre eux Suivant ce qui a été réglé par l’O rdonnance de Sa Majefté , du 19 Février 16 6 6 . Q u’après lefdits Regimens m archera celui de N orm andie, puis celui de la M arine, & ensuite ceux de Rambures, Caftelnau & Auvergne, lefqueis tiendront rang entre e u x , Suivant ce qui a été réglé par l ’Ordonnance de Sa Majefté du 28 Février de ladite année 16 6 6 . Q u’après lefdits Regimens marchera celui de Sauit, puis celui de Bandeville, de Saint Vallier, de D ouglas, du R o y , cy- devant L orraine, du Pleffis-Praflin, de Lionnois, celui de Monfeigneur le D auphin, cy-devant Lignieres, de C ruflol, de M ontaigu, & celui de Monfeigneur le D uc d'An jo u , cy-devant R oyan, de T urenne, de la M otte, de D am pierre, de L ouvigni, de G rancé, de la Reyne, de M ontp e z a t, d 'H arcourt, Royal des vaiftàux, celui de Monfeigneur le D uc d 'O rleân s, celui d'A rtois, de Bretagne, de Carignan, le R o y al, de Sourches, de V endôm e, de la F e rté , de Conty, d e l a F ére, d 'A iiâce, le Royal de Rouffillon, de C o n d é, D an g h ien ,d e Jonfac, de Montpeyroux, deChafteau-Thiery, de Bourgogne, le Royal de la M arine, & celui de l’Amiral de France. Veut Sa Majefté que tous lefdits Regimens m ar chent conformément à ce qui est porté par la prefente, fans q u ’il y puiffe être rien innové, ni qu’aucun d'eux puifte pré tendre d 'autre ra n g , quand bien même il recouvreroit d'autres titres que ceux qui ont été produits. Mande & or donne Sa M ajefté, aux Gouverneurs & fes Lieutenans Ge neraux en fes Provinces &. arm ées, Maréchaux de Camp & autres Officiers aïant commandement fur fes troupes, de tenir la main chacun à Son égard , à l’exade obfervadon de la prefente y en forte qu’il n ’y Soit point contrevenu , & aux le
Colonels, Capitaines & autres Officiers de f e f d k s Regimens d 'in fa n te rie , de s’y conformer fans difficulté, fur peine de defobéïflancej & afin qu’aucun d'eux n’ignore ce qui est en cela des intentions de Sa Majefté : Elle veut & entend que la prefente foit lue & publiée à la tête de chacun défaits Régi-' mens & dans les lieux & villes où ils tiennent garnifon. Fait à Saint Germain en L aye, le 1 6 jour de Mars 1670. Signé Loüis. Et plus bas, le T ellier.
Liste des Regimens d'infanterie qui étoient f u r pied en s uriant le Contrôle de cette année. Gardes F rançoifes, Colo nel le D uc de Guiche. Gardes SuifTeSj Colonel M. de Reynold. Picardie,le Prince deMontbazon. C ham pagne, le Chevalier de Telle. N avarre , le Marquis de Gaffion. P iém o n t, le D uc de Louvigni G ram m on t. N o rm an d ie, M. d 'Angennes. La M arin e, le Marquis de Cani Chamillart. Leuville. Bourbonnois, le Comte de Lefparre. A uvergne, M onüeur d'Al baT aîard. Boufflers-Remiancourt, D u Roy , le Marquis de Nangis.
1714
Royal,le Comte d 'Aubigné. P o ito u , Moniteur de M on tai. Lionnois ; le D uc de Villeroy. D auphin , le Marquis de Chattes. L a Gervefaye. Touraine , M. de Maillebois, A n jo u , le Comte de T o n nerre. D u Maine , M on/ïeur de BelrieuSaillant. Meufe. L a Chefnelaye. L a Reine , le Chevalier d 'Ambre. L im olin, Moniteur Philippes. Royal-Vaiüeaux , M- de Colandre. Orléans , M . de la Ville? meneu.
La C ouronne, M. de Polaftron. Bretagne , M. Berthelot. La Perche , M- de Cebret. A rto is, M. de Balincourt. Louvigni. Barois ,M . de la Vieuville. La Sarre , le Comte de M oncaut-d 'Autrey. La Fere , Je Marquis de l’I fie. A lC a.ce , l e Prince de Birkenfelds. Royal-Roulïillon , M. de Ximenes. Condé , M. de Surville. y B ourbon, le C om te de La val. Beauvoifis , M. Pajot de Ville-pros. Rouergue , le Com te de Guitault. B ourgogne, le Marquis de Soyecourt. Royal M arin e, M. Defmarets- Château neuf. V erm andois, M. Thom aL lîn S. Paul. Royal Artillerie, M. le D uc du Maine. R oyal Italien , M. Albergotti. Villars-Chandieu. Brandelé^ Caftela. Heffy. Languedoc , M- D arrote. Sourehes.
M edoc, Moniteur de Villaines. Genlâc. Bac que vil le. Royal. C o m to is, le Comte de Froullay. Lionne. Provence, le M arquis de Nonant. G réder SuilTe. Com te de Laval. ïfenghien. Surbek. N ice , Moniteur de Saine Laurent. La M arck. G réder. Touloufe, Moniteur BauziiS d 'H autefort. G uyenne, Moniteur d'H a rling. L orraine, Moniteur de Varennes. Bom bardiers, Moniteur le D uc du Maine. Flandre, Moniteur M izon, B erri, Moniteur de la Giglais. B earn, Moniteur de Siougeac. H a y n a u t, Moniteur d 'H erouville. Boulonnois, le Marquis de Creci. A ngoum ois, Moniteur de Coetenlcourt. P érig o rd , M. de Boilïétde Gaix,.
X aintonge , le Comte de Lannion. Bigorre , Monfieur de & nelon. Forez,, Monfieur de Villefort d 'Auiïï. Cam brefis, Monlîeur d 'Arville. Tournaifis, Monfieur C a£ teia. F o ix , Monfieur T hom é, Brefiè, Monfieur de M ontmorenci. La M arche , le Chevalier de Guiri. Q uerci, le Chevalier deM iromefnil. Nivernois , le Chevalier Sanguin. B rie, le Marquis de Raffetot-Canonville. Soifionnois , Monfieur de Barville. Ifle de France ; Monfieur de Buraulure. Vexin , Monfieur du M etz. Aulnix , le Chevalier de Brancas. Beauce, Monfieur de Jean de Manville. D auphiné, M. de Monvieil. V iv arez, le Chevalier de Rey. Luxem bourg, Monfieur de Mauni. Baffigni, Monfieur deCreil. Beaujolois , Monfieur de Luctault»
Ponthieu , Monfieur de Maubourg. Miromefiiil. D u Chaftellet, Beaufort. S. Valier. d ' Aunai. Sanzai. May. C ourten Suifiè. Lee. Obriend ' Ilon. Sparre. Monroux. Perry. Peruin. Chartres, le M arquis d'ECtampes d'Eigrigni. Blefois, M onfieur de Sau-’ yebeuf. G aftinois, Monfieur de la Fare-Langere. T ierache, Monfieur de N izas. Prince de C o n ti. Monfieur Marton. Albigeois,Monfieur duD effand-la-Lande. Laonnois,Monfieur deBrun.' Auxerroisjle Comte de Beuvron. Agenois , le Chevalier de Broglio. Charolois, M onfieur d'Er pinai. Labour , M . Raimond. Bugei, le Marquis du Guai
San terre , l e Marquis de Conflant de Menards. Orleannois,leMarquis d 'Oy&. Oleron , M. de Siougeac. Les Lan d e s, le Comte de M idelbourg. C otentin, le Comte de Chajbannes. Y o g es, Monfleur d'Hero.u, ville. Saint Second. D orrington. Bourk. Odonell. B arw ik , le C om te de B a r w ik-T him ont. Galmoy. La Fond. Laye. D urefort- Boifllere, Villemors. d ' Hugues. Beaujeu. Longu e R ue. Bougj. S. Germain-Beaupré. Lannion. T ira queau. Labadie. Monvieil. d ' Ufly. M arlou. La F are. N uaillé. Barbanfon. d ' Entragues. D es Vafleres.
Blacon. L ’Epinay. Turbilli. Caylus. Maillé. R iberac. M atha. Siffredi. Boiffieux. Tavannes* R o uffille. Bonneval. L a Roque. D u Soupa, Laubanie. MontelTon. V a rennes. Letorieres. Senneterre. Caftelot. d ' Hernoton. d ' Eppe ville. M urat. Lannion. Menou. P eizat. D u Bochet. Belle- ïfle. D arci. Laigle. Maflélin. Valoufe. Rafilly. Treceiïbn. d ' Artaignan. ClioifeuL Pertus. PifFonel.
Flamarin. Varennes. D efm ortiers la planche. H ouderot. S. Evrem ont (fu p p r im é . ) Lachau- Montauban. D am pierre. Clerm ont. Chalmafel. Redingall. S. Leger (fu p p r im é . ) Comte Danois. Arcaignan-Montefquiou. N oé. D u Roure. Cham baut. Poyanne. Enghien. Berard. D uc de Noailles. Beauficel. Bouhier. Fontange. Mornac. Mai fonciers. Bellafere. Leaucot. Rombeller. D u T h il La Mote. Valence. Tallerant. Maumonc. Cormis. La Rim baudiere. D e Ruis. H occart. Guignonville. Verfeilles. Des Hayes. Copos. Houdetor. Vaflan. Sebbeville. Choifèul. Lalonde. Bonnieres. Goello. Des Angles. Caftelnau. Piianfon. Comte d ' H o a d e c o t M orton. d ' Uftèl. Phiffer Suifle. M ontreau. N ogaret. Seve. La Riviere. M ontforreau. D u Bourg. La Vieuville. Rohan , Colonel le Che Leon. valier de R ohan. Royal-Baviere , C olonelle Loftange. Chevalier de Bavière. d ' Ormov. D e ces liftes des Regimens d 'infanterie , je vais feparer ceux dont quelques Colonels ont été tuez au service, ou font parve nus à laD ignité de M aréchal de France. Je l ’ai déjà fait
pour les premiers Regimens jufqu’au Regiment du Roy inclufivement. Voici les autres.
Colonels morts au fer vice.
Regiment Royal. E Regim ent s’appelloit autrefois l’AIteflè. Il avoit deux C o lo n els, fçavoir le D uc d 'Arpajou , & le Marquis de Pierre-fite. Après leur m ort il fut donné au M arquis de Creq u i, qui fut tué à la bataille de Luzara en Italie en 1701. Le Marquis de Calvo, rué en 1703 à la bataille de Spire que gagna le M aréchal de T alard.
C
Regiment de Douglas Ecossois. Ce R egim ent a fervi plufieurs années en France , & s’y est fort dillingué. Je trouve dans l’O rdonnance de Lotiis X IV , de l’an 1670 pour le rang des R egim ens, qu’il étoit un des premiers. Il vint d'Ecoffe en France du tems du Roy Jacques VI. Le Chevalier H epburneen é to it Colonel. C ’étoit un hom me d 'un merite dillingué, qui fut fort aimé du Roy H enri IV , & de Loüis X III : on l’appelloit en France le Colonel H ébron , Ion nom d'H epburne étant difficile à prononcer. Quoiqu’il eut été tué sous leRegne de Loliis X I I I , sa mémoi re étoit fi chere en France,qu e le Roy Lotiis X I V lui fit ériger un monument magnifique d a n sl’Eglife Cathédrale de Toul. Après la m ort de H e p b u rn e , M ilord Jacques Douglas fut nommé Colonel du Regim ent qui commença deflors à être appellé le Regiment de Douglas. Ce Colonel fut tué entre D ouay & Arras commandant un Camp volant. Il étoit Lieu tenant G eneral & fort eftimé en France pour la bravoure &. pour sa conduite. Son frere M ilord George D ouglas, qui eut ensuite le titre de Milord D um barton,fut nommé Colonel de ce Regim ent, & ne cedoit point en m erite à fes prédecefleurs. Ce Regiment de Douglas étan t en Garnifon à Avenues en 1 6 6 1 , eut ordre de palier en A ngleterre, où il rendit des
Colonels morts auservice.
fervices très-confîderabiesau Roy Charles II. Il n’é to it que de huit Compagnies en partant de France, & & trouva en y revenant, un an après , de trente-trois Com pagnies , qui étoient compofëes pour le moins de cent hom mes chacune. Milord George Douglas l’a toujours comman dé en France. Il faut remarquer qu’il y avoit en même-tems en France un autre Regiment de D o u g la s, dont le Colonel étoit frere des deux précedens. Il s’appelloit auffi Milord Jacques Douglas. Ce Regiment qui n’étoit que d 'un B ataillon, fut incorporé dans celui de fon frere. Le Regim ent de M ilord George Douglas fut rappelle en Angleterre vers l’année 1678. Après la derniere révolution, le Colonel qui avoit alors le' titre de M ilord Dum barton , Lieutenant General en France & en A ngleterre, & un grand nombre d 'Officiers fuivirent le feu Roy Jacques en France. Plufieurs soldats im itèrent l’e xemple de leurs Officiers. Ce R egim ent fubfifte encore , & est fans contredit le plus beau d'Angîetere. Il est commandé par Milord OrJkney Lieu tenant G eneral freredu feu D uc d 'H am ilton & neveu de Mi lord D um barton. On le nomme Je Regiment R o y a l, ou le Regim ent d 'Orkney.Ce Regiment a fourni un grand nombre d 'excellens Officiers, dont plufieurs fervent encore en Fran ce. T o u t ce que je viens de dire a été tiré d 'un Mémoire d'un Officier Ecolfois , qui étoit fort inftruit de ce qui regarde ce R egim ent. Le Colonel Hepburne ou H é b ro n , fut tué au fiege de Saverne en 1636. Milord Jacques Douglas ,tu é entre D ouay & Arras en comm andant un Camp volant l’an . . . . .
Regiment de Poitou. Ce Regim ent portoit d'abord le nom du C o lo n e l, le der nier dont il le porta fut le Comte du Pleffis-Praflin. Le M arquis de Beville en étant Colonel en 1682, 1e nom de Poitou fu t donné au Regiment.
Le Comte de M orday fut tué au fiege de Manheim en 1688, étan t Colonel de ce R egim ent.
Colonels morts an serv ice.
Regiment Lionnois. Ce Regim ent a une chofe finguliere : c’est que de tous les Regimens qui portent le nom d 'une Province , c’ell l’unique qui ait les livrées du Colonel , tous les autres ont les livrées du Roy. Colonel devenu M aréchal de France , 1e D uc de Villeroy.-
Regiment Dauphin. Le Regim ent D auphin fut créé en 1667 : voici ce que J'ai Inflitution tiré d 'un Mémoire qui m’a été donné fur ce Regim ent. Le d u Regiment, Roy lui donna le rang du Regim ent de L inieres, qui avoit été autrefois l’Ailier, & avant cela Eftrades. C ’est le rang qu’il a aujourd’hui après Lionnois. Comme ce Regim ent portoit le nom de feu Monfèigneur âgé alors de fîx a n s , le Roy lui donna de grandes marques de diftindion.il fut form é des Compagnies que l’on prit dans; les vieux G o rp j d 'infanterie. Le Roy; voulut que celles de ce nouveau Regim ent fuftent d'abord de cent hommes en cinq; efcoüades habillez de g ris, mais dont les bas ôcles paremens étoient de diverfes couleurs félon les efcoüades. Cette diverflté de couleurs des efcoüades faifoit que le Bataillon étoic rangé plus prom ptem ent , & qu’au premier coup d 'œil ôn voïoit quels soldats y manquoient. Le Roy entretenoit par chaque chambrée de soldats un cheval & un valet, & permit à ce Regim ent d'avoir deux pièces de canon qui m archoient à sa tête,&. que l’on droit le loir pour la retraite , comme cela & pratique encore dans les troupes des Etats Generaux. Ce Regim ent ne devoit jamais logera mais toujours cam per,, même en hy ver. M. Fifica , Officier du D auphiné , ancien Capitaine dans T urenne, fut mis à la tête de ce Corps à sa création, mais lèulement avec le titre de Lieutenant Colonel. Le Marquis d e Beringhen iui-fucceda avec le titre de Colonel, & à ce-
Colonels morts au fe rvice.
Seigneur le Marquis d 'Uxelles. Dés le tems de M. de Beritighen toutes ces diftinctions ceilèrent, &. le Regim ent fut mis iur le pied des autres. Le M arquis de Beringhen Colonel de ce Regim ent, tué en 1674 au fiege de D o l e , d 'une volée de canon, qui lui em porta le crâne, duquel M. de S. G eran Colonel d 'Anjou fut fi grièvement bielle, qu’il fallut le trépaner. jLe Marquis d'Uxelles devenu M aréchal de France»
Regiment de la Gerv aisaie. S Elon un ancien M ém oire , ce Regim ent fut levé au com
Histoire du de Toiras, t. 2. pag. 1 0 4 . M aréchal
mencement du dernier lîecîe par M. de Cafterbayart. Je trouve en effet le nom de ce M ettre de Camp à la tête d 'un Regim ent à Infanterie dans le compte de l’Exraordinaire des guerres de 1615. Après la m ort de Cafterbayard, ce Regim ent fut donné au fils aîné de Moniteur de M ontaufier, & fut af~ fez long-tems dans cette Maison 3 ensuite il palla dans celle d V z ez , & puis dans celle d 'Antin. Le M arquis de M ontaufier en étoit Mestre de Camp, lors qu’il fut tué dans la Valteline l’an 1635, ou 1636. Le D uc d 'ü z ez en étant C olonel, fut tué à la bataille de Nervinde en 1693.
Regiment de Touraine. Le Chevalier de la Frezeliere tué au fiege de S. O rner en 1.677 , étan t Colonel de ce Regim ent.
Regiment du Maine. Il a paru depuis peu une Histoire du Regiment du Maine écrite avec elprit &. en ftile de Cavalier par un jeune Capitaine du Corps,qui depuis la Paix s’est fait un amufement d 'arran ger divers Mémoires qu’il avoit eu la curiofité de raflèmbler lur ce fujet. Curiofité digne d 'un homme de Ion é t a t , & dont il feroit à fouhaiter que dans chacun des plus confiderabies Regimens , quelque Officier & laifsât picquer pour la gloire
de ceux qui Py ont précédé, fans quoi leurs plus belles actions demeureront enfevelies dans l’oubli. Il s’agit là non feulement de la gloire de quelques particu liers, m iis encore de celle de tout le Corps y car faute d'a voir fait ou recueilli de tels M ém oires, on fçaura un jour tout au plus qu’il y a eu un tel Regiment dans les troupes de France ^ mais on en ignorera julqua l’origine, &. jufqu’aux noms des Commandans. Perfonne ne s’est plus apperçu que moi de ce défaut dans cette Parcie de mon ouvrage. J'ai trouvé dans la plupart de ces Corps un parfait oubli de ceux qui les avoienc com mandez autrefois, autîf bien que du tems où ils avoient été créez , & des actions mémorables où ils s’étoient particuliè rem ent diftinguez. C ’ell donc un service confiderable que l’Officier dont je parle a rendu au Regim ent du Maine en compofant fo n H iftoire, & un exemple qu’il a donné qui meriteroit d 'être fuivi dans les autres Regimens. Je ne m ettrai ici qu’un extrait fort court de cette Hifloire, & tel que le defTein que je me fuis propofé le comporte. Le Regim ent qui porce aujourd’hui le nom de Monfieur le D uc du Maine, fut levé en 1604 par un Gentilhomme Lor rain nom mé de Lémon. Son frere appelle de N etm on leva en m êm e-tem sun autre Regiment à qui l’on donna le nom d 'Anjou. Ces deux Regimens roulerenc quelque tems enfemble. O n les fît dans la fuite tirer au fort pour regler leur rang. Le Sieur du Pertus qui fut Lieutenant Colonel du Regiment dont il s’ag it, fut nommé pour tirer. Le fort ne lui fut pas favorable , & Anjou 1 emporta. Q uoique l’rliftoire du Regim ent femble fuppofer qu’il fut toujours fur pied depuis l’an 1604, J'ai peine à le croire par la raifon que J'ai apportée ci defî'us ; fçavoir, qu’en ce temslà pendant la Paix , on ne confervoit guere à Infanterie fur p ied que les quatre vieux Corps $ mais feulement plufîeurs Meilres de Camp dont les Regimens avoient été caliez, de meuraient appointez. Quoy qu’il en fuit,ce Regiment étoit fur pied en 1632. JLe Vicomte de Turenne étant revenu cette année de H ol-
Colonels morts au ser lia .
Origine du Regim ent du
Maine.
Colonels morts au serv ice.
lande, e u il avoit fervi fousle Comte M aurice de Nafïàu fon parent , &. s’étant rendu auprès du Roy Louïs X I I I , qui étoij: alors en L orraine, Sa Majefté le fit M ettre de Camp de ce R egim ent au mois de Juin , & il le conferva jufqu’à la m ort. Il eut toujours un grand foin de le fournir d 'excellens O f ficiers & de bons loldats, qui le dillinguoient autant par leur fage conduite, & par lexaéle obfervation de la difeipline Militaire que par leur valeur : c’est ce qui faifoit que quan tité de jeune noblefle s’emprefloit pour y avoir place. 11 fortit de cette Ecole des éleves de Monfieur de T urenne, qui avec le rems parvinrent au Bâton de M aréchal de France, comme Meilleurs de Duras & de Lorge ; quantité d'autres que l’on vit depuis Lieutenaos Generaux des A rm ées, com me Meilleurs d 'U flon, Puifieux, M o n ten d re, l a V arenne, D u Bordage ; & le D uc d'Y o rk depuis Roy d 'A ngleterre, choifit ce Regim ent pour y fignaler sa valeur en qualité de volontaire. Ce R egim ent s?est trouvé dans une infinité d 'occafions dangereufes. 11 étoit à la bataille de S. G odart en H ongrie 1664, & il s’y fignala de maniéré qu’il en rem porta deux diftinctions très-remarquables. La prem ière, que depuis il m archa pen dant plufieurs années, aïant à là tête quatre pièces de ca non q u ïl avoit pris fur les Turcs en cette bataille. Cet équi page é to it payé comme dans les troupes de l ’artillerie fur le pied d 'une Compagnie. Ces quatre piec.es furent mifes depuis à Sedan. L’autre ett que les Piquiers du Regim ent conduifoient les Drapeaux. Ce Privilège leur fut accordé , parce que dans cette même bataille deux Drapeaux du Regim ent aïant été pris, dans l ’un defquels le Chevalier de Siliery s’enveloppa plqiôt que de l’abandonner, .& y fut tué ; les Piquiers allè rent tête baittee aux Janiflaires, les enfoncèrent & reprirent les Drapeaux. Ces Drapeaux étoient alors noirs. Pour dire quelque chofe de plus recent de ce R egim ent, l ’efprit de valeur que fon illufb e Colonel le G ran d Turenne lui avoit inlpiré, ne s’y ralentit pas après la m ort de ce H é ros. Il en donna des marques en diverfes batailles & en divers fieges, où il & trouva. Il .étoit dans M ayence sous les ordres
ordres du Marquis d 'Uxelles depuis Maréchal de France, que Colonels les Alliez affiegerent en 1689. T rois Capitaines de trois Lieu- morts au sertenans du Regim ent y furent tuez. T rois Capitaines, fept vice, Lieutenans de deux Sous-Lieutenans y furent bleffez. Le com bat d 'E keren, à quelques lieues d 'Anvers en 1703 » fut une des occailons où le Regiment qui avoit alors pour Colonel M. le D uc du M aine, le fignala le plus, & où la gloire qu’il y acquit lui coûta plus de fang. Le Marquis de Seguiran, qui en étoit Colonel - L ieutenant, aïant forcé un défilé, & trouva expofé à un terrible feu des ennemis, qui tiroient à couvert de derrière une digue. Il & jetta avec fon R eg im en t, dans le canal qui le feparoit d 'e u x , aïant de l’eau jufqu’au col. Il n’eut pas plutôt franchi ce pas dan gereux qu’il fut chargé par un gros de Cavalerie. Il fopara sa troupe en pelottons, qui iàns branler faifoient feu lur cette C avalerie, laquelle ne put gagner fur eux un pied de terrain. Le Colonel y perit avec trente Officiers ; mais fans que le Regim ent lâchât le pied. Les baies m anquant à quel ques Soldats, ils arrachoient les boutons de leurs julle-aucorps pour y fuppléer , de au lieu de dépouiller les ennemis qui étoient tu e z , ils & contencoient de prendre leur poudre pour s’en fervir n’en aïant plus. O n vit des tambours quitter leurs cailles pour venir charger les ennemis avec leurs ca marades , & enfin le Regim ent fut prefque tout défait fans pouvoir être forcé. L ’Elpagne fut ensuite tém oin de la vigueur du Regiment du Maine aux fieges de G ibraltar de de Barcelone , qui fu ren t lev ez, & en d'autres occafions: mais il ne parut jamais avec plus d 'éclat qu’à la bataille d'Almanza en 1707. L ’arm ée des Alliez eut d 'abord un fort grand avantage fur la prem ière ligne de l’armée Royale : de Mylord Gallouay Bataille voïant qu’il n ’y avoit plus que les Gardes Vallones de Efpa- d 'A lmanza,, gnoles à vaincre pour défaire entièrement la ligne, fit avan cer de ce côté la Brigade de S tu a rt, une des meilleures de fon armée. Le M aréchal de Barwik penetrant fon delfein, eut recours à la Brigade du M aine, qu’il fit marcher de la seconde ligne à la prem ière, sous les ordres du Sieur de Belrie u x , qui commanda aux Soldats démettre la bayonnette au
Colonels morts an serv ise,
Journée de Denain,
bout du fu fil, avec défende de tirer. Gette m arche Te fit avec une fi belle contenance, & la charge avec tan t de vigueur que les Anglois furent entièrement défaits. Cette aétion ré tablit les affaires, & fut fuivie du gain de la bataille. O n fut fi perfuadé quelle avoit été la principale caufe de la vi&oire, que les habitans de Valence firent graver fur leur H ô tel de Ville, ces paroles en lettres d 'or : Jffuando emfiefco apelear el Regimento d'Humena , enfoncez, empiejarom allamar , 'uittoria , vittoria . C’est-à-dire, quand le R egim ent du Maine commença à com battre, alors on c ria , viéloire, viéloire. Le M aréchal de B arm k rendit compte au R oy de la gran de part que le Regim ent du Maine avoit eu à cette viétoire, &c le Sieur de Courville, qui en étoit Colonel) étant m ort des bleffures qu’il avoit reçues à l’attaque d 'un pofte un jour" ou deux avant la bataille, M. de Belrieux eut la place de' C o lo n e l,& fut fait en mêm e-teinsBrigadier d’Armée. C ’est ainfi que le Regim ent a toujours foûtenu la belle ré putation de bravoure qu’il avoit acquife dans le tem a que M. de T urenne étoit à là tête ; on l’en failbit reffouvenir dans les occafîons ; & au fiege de Bouchain en 16 7 6 , le R oy rangeant fon arm ée pour recevoir le Prince d 'Orange qui fembloit & préparer à donner b ataille, s’arrêta devant le Regim ent ,& lui d it:» Q u ’il s’attendoit bien qu’il ferait » paraître autant de valeur en cette occafion, qu’il en avoit » donné de marques sous M. de Turenne. Feu M o n i t e u r l u i parla de la même maniéré à la bataille de Calîèl. Enfin une des dernieres occafions où il & fignala, fut l’heüreule & la glorieufe journée de Denain en 1712, qui nous redonna notre ancienne fuperiorité fur les ennemis. Le M aréchal de Villars après sa vicloire paffant devant le R egim ent, lui dit : » Mef» fieurs du M aine, J'étois bien informé de ce que vous fça» viez fairej mais aujourd’hui J'en fuis convaincu par ce que « je viens de v o ir,& J'en rendrai bon compte au Roy. Il y a fans doute d'autres Regimens qui m eriteroient de pareils éloges : mais c’est principalement aux Officiers de ces Corps à s’intereffer à leur gloire. J 'ai fait inutilem ent destentatives auprès de quelques-uns y & je ne puis en dire plus-
-que ce qu’on m ’en a appris : car les Hiftoires ne defcendenc gueresdans le détail de ce qui concerne les Corps particu liers. M . le Vicom te de Turenne qui garda toujours ce Régi ment ,fut tué d 'un coup de canon en 1675, commandant l’ar mée de France en Allemagne. M . de Seguiran , tué au combat d'Ekeren aux païs bas en 1703 , où le M aréchal de Boufflers défit les Alliez. M, de Courville, m ort des blefTures reçues à l’attaque -d 'un château un jour ou deux avant la bataille d 'Almanza en Efpagne en 1707. Regiment de Saillant-d' Estain. Selon un Mémoire que J'ai vti touchant ce Regim ent l M. de N ettancourt en fut le premier Mestre de Camp ou le premier C olonel, car le tems où ce Gentil-homme le comm anda n ’y est point m arqué ; il eut pour fucceffeur M. de D am p ierre, qui en qualité de Maréchal de C am p, commanda les volontaires au fiege de Candie. Le Roy dom na depuis le Regim ent à fon fils,. Le Com te de Dam pierre fut tué en Candie l’an 1669. Le Marquis de C h aro ft, tué à la bataille de M alplaquet -en 1709. Regiment de M eus e. Ce Regim ent est originairement Liegois,& étoit comman d é par un homme du païs de Liege nommé la Bloquerie, Les Officiers mécontens de leur C om m andant, & donnè rent à la France sous le miniftere du Cardinal Mazarin. Le M aréchal de Grammont & le M aréchal de Noaillës ont com m andé ce Regiment. Regiment de la Ches ne laye. Le Maréchal de G rancey en fut Mestre de Camp.
Colonels morts, a u s ervice.
Colonels morts a u serv i ce.
Regiment de la Reine. Ce R egim ent étoit au Cardinal M azarin , & à sa m ort il eut le nom de la Reine s les Colonels de ce Regim ent morts dans lefervice font, le M arquis de Moufly tué en 1675 k îour des Rois au combat de Turqueim en Allemagne , étant Co lonel de ce Regiment. L e Marquis de Crenan Lieutenant General. Il commandoit à Cremone pour le R oy en 1702 , quand cette place fut furprife par le Prince Eugene. M. de Crenan y fut bleffé & mourut de fes bleflures, après que le Prince Eugene en eut été châffë le même jour qu’il l’avoit furprife. Le M arquis de Bufanqai tué en 1706 au fiege de Turin. M. le Chevalier d 'Ambre en est aujourd’hui Colonel en 1721. Regiment de Limojïn. Le M arquis de M ontpefat tué au fîege de Luxembourg en 1684, en étan t Colonel. Regiment Royal des V aisseaux. Le nom de ce Regiment montre qu’il fut d 'abord deftiné & emploie à la Marine avant que de fervir dans les armées de terre. A la m ort du D uc de C andale, qui étoit M ettre de Camp de ce R egim ent, le Cardinal M azârin le prit pour l u i , & le fit appeller VaiiTeaux- Mazarin. Le Roy le nom m a R oïal des Vaiflèauxen 1674. Le Marquis de Gandelu,tué à l’attaque d 'O b erk irk en Al lemagne en 1689 , étant à la tête de ce Regim ent. Le Marquis d 'Entragues m ourut des blefTures reçues à la furpriiè de Cremone en 1702. Le Marquis de M ontendre tué à la bataille de Luzara en 3702.
Regiment de la Couronne. Après la m ort de Lotiis X I I I , ce Regim ent fut levé sous le nom de la Reine mere Anne d'Autriche. II eut de fuite trois Meffieurs de-Genlis pour Colonels,qui furent tuez l’un après l ’autre ; fçavoir, Le Marquis de Genlis Lieutenant General tué à . . . . . . . . Le Marquis de Genlis-Betencourt frere du p re c e d e n t, tué à la journée de Confarbrik en 1675. Le Marquis de Genlis frere des deux précedents,tué au fiege de S. Orner en 1677. Regiment de Bretagne. Le Regim ent de Bretagne fut levé en 1644, sous le nom du C ardinal M azarin , 6t fut de deux mille cinq cents hom mes d 'é lite , dont les Capitaines étoient gens de diftindion. Le Marquis de Caftelnau en fut fait Mestre de Camp. Ce R é giment & diftingua dès cette même année à la bataille de Fribourg,& l’année fuivante à celle de Nortlingue. Il étoit à l’attaque du Village d'AIlerem , où le General M erci, qui com m andoit l’armée ennemie, fut tué. Il a donné des preuves de sa valeur dans les dernieres guerres , & principalement lorfque le Prince Eugene voulut paffer le Mincio. Ce fut ce Regim ent qui lui difputa &. lui empefcha le paftàge. Je ne fçai pas l’année qu’il quitta le nom de Mazarin pour prendre celui de Bretagne ; mais félon les Relations de la ba taille des Dunes gagnée par M oniteur de T u ren n e, on lui donnoit déjà le nom de B retagne, c’est-à-dire en 1658. Le M arquis de Caftelnau,qui avoir été Mestre de Camp de ce R egim ent,m ourut à Calais en 1658 d'un coup de moufquet qu’il reçut dans le côté au fiege de Dunkerque. Le Roy le fît M aréchal de France après sa bleflure : mais il ne joüit de cec honneur que peu de jours. Regiment du Perche. D ans le tems que le Prince de Gondé étoit dans les
Colonels morts a u s e r v ic e
Colonels morts au service.
troupes à !E fpagne,un Officier Allemand nom m é Balthafar qui y fervoits fut attiré au feryice de France par Moniteur de Salières qui étoit fon ami. O n lui donna un Regiment qui prit fon n o m , c til fervit en 1656 au fiege de Valence fur le Po. L a paix aïant été conclue entre la France & l’Efpagne, il & fit une reforme de troupes. Le Regim ent du Prince de Carignan & celui de B althalàr furent unis en un même Corps. Les deux Com m andans conferverent chacun leur Colonelle & leur D rapeau b lan c, le Regim ent s’appella Carignan-Balthafar , & les Commifiions des Officiers écoient expédiées sous le nom des deux Colonels. Le Colonel Balthafar s’étant retiré , Monfieur de Salières prit sa place, & le Regim ent s’appella alors Carignan-Salieres. Les deux Colonelles & les deux Drapeaux blancs fubfifterent. La Colonelle de Carignan étoit la prem ière, & celle de Saliè res la seconde. Ce R egim ent quelque tems après fut embarqué pour palier en C anada comm andé par Monfieur de Salières. La permiQ fion que le Roy donna aux Officiers & aux soldats de & m a rier en ce p a ïs-là , ruina le R e g im en t, & il fut réduit aux deux Colonelles qui conferverent leurs Drapeaux blancs , & étoient de cent hommes chacune , tous Officiers réform ez , Sergens & vieux soldats. Ce Regim ent étant repalfé en F rance, le Roy le rétablit & le fit de feize Compagnies,une defquelles étoit la Colonelle de Salières. Au Prince de Carignan fuccedale Comte de Soifibns, au Com te de SoilFons Je Marquis de L ignerac, & puis M onfieur de C otteron & Monfieur de Cebret. La Colonelle de Salières y étoit toujours avec fon Drapeau b la n c , & avoit pour Ca-’ pitaine Monfieur de Salières fils de celui qui avoit été C0I0-: n eld u R egim ent. Cela continua ainfi jufqu’au mois d 'O cto b re d e l’an 1718 que Monfeigneur le Regent fît confentir Monfieur de Salières à ne plus porter le Drapeau blanc dans sa Com pagnie,laquelle il lui conferva, & le dédommagea p a r un Brevet de Colonel. Ce Regiment prit le nom du Per? che , le Marquis de Lignerac en étant Colonel. M onfieur de Cotteron Colonel fut tué au com bat de Tujrinen 1706.
Regiment d'A rtois. Le Marquis d 'Efcots tué auprès de N am ur dans un déta chement , étan t Colonel de ce Regim ent. Colonel M aréchal de France, le Comte de N oailies, & depuis Duc. Regiment de Louvigni. Le Marquis d'Humieres Colonel de ce R egim ent ,fu t tué; au fiege de Luxembourg en 1684. Le Marquis de S. Sulpice tué en défendant Keiferfvaert en 1702. Mettre de Camp devenu M aréchal de France,le Marquis de Clerembaut. Regiment de la Sarre. Ce R egim ent fut d'abord au M aréchal de la Ferté & ats D uc fon fils. Il porta le nom de fes Mestres de Camp ou Colonels jufqu’au Marquis de Braques, & alors il prit le nom de la Sarre. Le Marquis de Braques Colonel fut tué au fiege de Montmelian en 165)1. Le Comte de M ontcaut d 'Autrey à la bataille de M alplaquet en 1709. M ettre de Camp devenu M aréchal de F rance, le M arquis de la Ferté-Seneterre. Regiment de la Fere. Monfieur de la H aye Colonel de ce R egim ent, fut tué d 'un coup de moufquet à en 1677. Le Marquis de Crequi. J 'ai déjà parlé de ce Seigneur sous le Regiment Royal. Le Comte des M arets tué au fiege de Vereeil l ’an 1704.
Colonels morts auservice.
Colonels morts au ser-vice.
Regiment d'Als ace. M onfieur de Scembek tué à la bataille de Malplaquet en 170?Regiment de Roussillon. Moniteur de Ximenes tu é à la journée d 'Oudenarde en 1708. Regiment de Bourbon. Le Marquis de Y illandry tué à la défenfe de Grave en 167 4 . Le Marquis de Vieuxpont l’aîné tué en Piém ont l ’an 1690; Le Marquis de Vieuxpont le cadet tué en 1690 à . . . Regiment de Beauvoisis. Le Marquis de Vieuxbourg tué à la défenfe de N am ur en 1695. Regiment de Rouergue. Le Com te de M ontperrous m ort des bleffares reçues à Lietem berg en 1678. Regiment de Bourgogne. Le Marquis de Chamilly fut Colonel de ce R egim ent, parvint à la dignité de M aréchal de France. Regiment Royal la M arine. Le Comte de Clére tué à la bataille d'Ensheim que gagna le Vicomte de Turenne en 1674. L e M arquis de Nangis tué en Allemagne l’an 1690. m im e n t
Regiment de Vermandois. C e R e g i m e n t c r é é e n 1 6 6 9 f u t d ' a b o r d n o m m é le R é g i m e n t A m i r a l , & p u is t r a n s f é r é a u s e r v ic e d e t e r r e . M o n fie u r le C o m te d e V e rm a n d o is e n d e m e u ra C o lo n e l. L e C o m t e d e G a f f é m o r t d e fes b le f f u re s r e c e u ë s à l a b a ta ille d e S en ef en 1674. L e M a r q u i s d e S o y e c o u r t t u é à la b a t a i l l e d e F I e u r u s e n 1690 . L e M a r é c h a l d e M a t i g n o n a v o it é t é C o l o n e l d e c e R é g i m e n t.
Regiment de Castela Suisse. M o n fie u r P o lie r t u é à l a b a ta ille d e S te in k e rq u e e n 1 6 9 2 .
Regiment de Languedoc. C e R e g i m e n t f u t t i r é d u R e g i m e n t C a t a l a n d i t d e p u is R o ï a i R o u f i i l l o n ; o n e n p r i t t o u s le s s o ld a t s F r a n ç o i s , & o n le m i t à t r e n t e & u n e C o m p a g n ie s e n 1 6 7 1 . L e M a r q u i s d e M a r i l l a c t u é à l a b a t a i l l e d 'H o c f t e t e n 1 7 04 .
Regiment de Sourches. L e M a r q u i s d 'U x e lle s M a r é c h a l d e F r a n c e a v o i t é t é C o l o n e l de ce R e g im e n t.
Regiment de Gensac. L e M a r q u is d e G a n d e lu . J 'ai d é jà p a r lé d e c e je u n e S e ig n e u r so u s le R e g i m e n c d e s V a ifle a u x . L e M a r é c h a l d 'A l b r e t a v o i t é t é à l a t ê t e d e c e R e g i m e n r ,
Regiment Royal Comtois. C e Regiment porta le nom de fes C olonels, qui furent
Colonels morts an f t t vice.
Colonels d e u x L i f t e n a i . L e M a r q u is d e B e lle f o n s e n é t a n t d e v e n u C o morts au Jtrl o n e l , il f u t n o m m é R o y a l C o m t o is . nice.
L e M a rq u is e n 1692.
d e B e lle fo n s t u é à l a b a t a i l l e d e S t i n k e r q u e
Regiment de Lionne. L e M a r q u is d e B l a i n v i l l e L i e u t e n a n t G e n e r a l t u é à la b a t a i l l e d 'H o c f t e t e n 1 7 0 4 . L e M a rq u is d e M a u le v r ie r - C o lb e r t tu é à la d é fe n fe d e N a m u r e n 1695. L e M a r é c h a l d e S c h o m b e rg a v o it é té C o lo n e l d e ce R é g im e n t.
Regiment de Laval, L e M a r é c h a l D u c d e V iv o n n e a v o it é t é à la t ê t e d e ce R e g im e n t.
Regiment d'Isangbiem, M - d e P i p e m o n t . I l a v o i t é t é a u s e rv ic e d e s E f p a g n o ls . I l f u t t u é à l a b a t a i l l e d e C alT el e n 1 6 7 7 , é t a n t C o l o n e l d e c e R e g im e n t.
Regiment de Zurlaube. M . d e Z u r l a u b e t u é à l a b a t a i l l e d 'H o c f t e t e n 1 7 0 4 .
Regiment de Lorraine. L e M a r q u i s d 'H o c q u i n c o u r t t u é e n H o l l a n d e e n 1 6 9 0 . L e M a r q u i s d 'H o c q u i n c o u r t f r e r e d u p r é c è d e n t , t u é a u p r è s d e H u y e n 1 6 9 2 , d a n s u n d é t a c h e m e n t . O n m ’a a Cï ù r é q u ’u n a u t r e d e le u r s f r e r e s a v o i t é t é t u é à l a t ê t e d u m ê m e R e g i m e n t : m a is je n e f ç a i n i o ù , n i q u a n d .
Regiment de Bearn. L e M a rq u is d e M o rn a y t u é à M a n h e im e n 1688. L e C h e v a l i e r d e C h a m i l l y m o r t d e s b l e l î u r e s rem ues e n 1 7 0 1 , à la b a ta ille d e F r id l i n g u e , g a g n é e p a r le M a rq u is d e V illa rs..
Regiment de Haynaut. L e C o m te d e M o rfte in tu é à la d é fe n fe d e N a m u r , e n
Regiment d'Angoumois. L e M a r q u i s d e B e lle f o n s t u é à S t i n k e r q u e e n 1 6 9 1 , c o m m e je l ’a i d é j à d i t so u s le R e g i m e n t R o y a l C o m to is .
Regiment de Forez. M o n f i e u r d e M o n tm o r e n c y - F o i T e u f e t u é à la b a t a i l l e d e l a M a rfa ille e n 1693.
Regiment de Cambresi s . M . d e T ie n n e d e P r e d e tu é à la d é fe n fe d e C re m o n e e n
3701.
Regiment de Foix. L e M a r q u i s d e B la in v ille t u é à H o c f t e t , a in fi q u e j e l ’a i d é j à d i t , e n p a r l a n t d u R e g i m e n t d e L i o n n e .& d u R e g i m e n t de C h am p ag n e.
Regiment de Quercy. L e M a r q u is d 'A m a n z a y t u é a u lie g e d 'A m b r u n l’a n 1 6 9 2 .
Colonels morts an fe r vice,
Colonels tn m t au fe rpee,
Regiment de Beaujolois. M . d e M e n e f t r e J , t u é a u f ie g e d e V e r c e i l , e n
1704.
Regiment du Chastelet. L e C h e v a l ie r d e S i l l e r y , t u é
à la b a ta ille d 'A lm a n z a e n
1707.
Regiment d'Obrien Irlandois. M . T a l b o t tu é à b a ta ille d e L u z a r a é t a n t v o lo n ta ire a u R e g im e n t d e d 'I l l o n , e n 1702. M y lo r d C l a r e , tu é à la b a ta ille d e R a m illy e n 1 7 0 6 .
Regiment d'Anguien. M . d e S. A u l a i r e t u é à la b a t a i l l e d e R u m e r s h e i m , o u ï e C o m te d e d u B o u rg d é fit le G e n e r a l M e rc y e n 1 7 0 9 .
Regiment d'Albaret. C e R e g i m e n t f u t d é t r u i t à l a b a t a i l l e d 'H o c f t e t , &: n 3a p o in t é t é r é ta b li. L e C o lo n e l y f u t tu é e n 1 7 0 4 .
Regiment de Perrin. M . d e B o i s - f e r m é , F r a n c o n t o i s , C o l o n e l , f u t t u é à la d ë fe n fe d e L a n d a u e n 1 7 0 4 .
Regiment de Chartres. I l a p o u r C o l o n e l M . l e D u c d e C h a r t r e s , q u i v i e n t d 'ê t r e f a i t C o l o n e l G e n e r a l d e l ’I n f a n t e r i e , e n 1721. L e C h e v a l i e r d 'E f tr a d e C o l o n e l L i e u t e n a n t , f u t t u é à l a b a t a i l l e d e S t e i n k e r q u e , e n 16 9 i .
Regiment de Beaujeu.
Colonels mort au service
Le Chevalier de Gaffion , tue à la bataille d 'Hochet en 2704.
Regiment de Baudeville. M . d e B a u d e v i ll e , p r e f q u e to u s les s o ld a ts & O f f ic ie r s d e c e R e g i m e n t f u r e n t t u e z à H o c h e t . I l n ’e n r e l i a q u e l e M a j o r & u n C a p ita in e -
Regiment de Chabrillant M . d e C h a b r i l l a n t f u t t u é à H o c h e t a v e c d e u x d e lès fre r e s , C h e v a l i e r s d e M a i r e c o m m e lu i. L e R e g i m e n t f u t e n t i e r e m e n t d é t r u i t , . & n ’a p o i n t é t é r é t a b l i . O u t r e c e s R e g i m e n s d 'i n f a n t e r i e , q u e je v ie n s d e n o m -m e r , & p l-u fieu rs a u tre s ? , d o n t je n ’a i f a i t m e n tio n q u e dans? le s d e u x i i h e s g e n e r a l e s , p a r c e q u e je m’a i p a s t r o u v é q u ’a u c u n d e le u r s C o l o n e l s e u h e n t p e r d u la v ie d a n s le se rv ic e , i f y a e n c o r e p l u h e u r s C o m p a g n i e s f r a n c h e s d 'i n f a n t e r i e , lap l u p a r t F r a n ç o i f e s , & q u e lq u e s é t r a n g è r e s . I l y e n a d a n s l ’A r t i l l e r i e ; il y e n a d e c o m p o l é e s d e l o l d a t s d e s I n v a l i d e s q u e l ’o n f o r m e p o u r les e n v o y e r d a n s les G a r n i f o n s , f u r t o u t p e n d a n t l a g u e r r e . d ' a u t r e s f o n t sous d e s C a p i ta i n e s p a r t i fa n s d e p r o le f f io n , c ’e h - à - d i r e , d o n t la f o n c tio n p a r t i c u l i è r e e h d 'a l l e r e n p a r t i d a n s le p a ïs e n n e m i e n t e i n s d e g u e r r e . I l y e n a u n e d e d e u x c e n ts Gentils-hommes de B a f l è - N o r m a n d i e , c o m m a n d é e p a r le C o m t e d e Matignon , & c. U n e a u t r e e fp e c e d e R e g i m e n s g r o ff it c o n f i d e r a b î e m e n t n o s a r m é e s e n 1 6 8 8 . C e f u r e n t c e u x q u ’o n a p p e l l a R e g i m e n s d e M i l i c e s , d o n t je v a is r a p p o r t e r l ’i n h i t u t i o n & l a P o l ic e .
Compagnie de 200 Gen tils - hommes de Normandie.
Des Regimens de Milice. N 1688, dans le tems que la ligue d 'Aufbourg coram ençoit à faire éclore fes projets, le Roy jugea à propos de prévenir lès ennemis. Ses troupes entrèrent en Alle magne. H ailbronfutpris au mois d 'O&obre, & ensuite aban donné. Aulbourg fut mis à contribution ; H eydelberg & Mayence furent contraints de recevoir garnifon Françoife. O n fortifia Ebernebourg. Feu Monfeigneur prit Philifbourg en dix-neuf jours de tranchée. ensuite M anheim , Spire, Vorm es, Oppenheim , T reves, Frankendal & ren d iren t, & la guerre fut déclarée à la H ollande. Le Roy prit d'ailleurs fes précautions pour la défenfe dé fon R oyaum e, qui alloit être attaqué de toutes parts &. par mer & par terre. Une des plus importantes de laquelle il ufa, fut la levée des Regimens d 'infanterie de M ilices, dont je p a rle , laquelle & fit dans toutes les Generalitez du Royau me. Je ne fçai fi dans ce deffein on prit pour modèle l’inftitution des Francs Archers par Charles V i l , de laquelle J'ai parlé ailleurs : mais ces deux inftitutions & refTembloient en plufieurs choies. Chaque village fournilfoit un ou plufieurs hom m es, ex cepté quelques-uns où il y avoit peu d'habitans. O n y éta blit une très-belle police. O n choific pour les commander des Officiers dans la Noblefiè & parmi les gens vivant noblement, on régla les rangs des Regimens des Officiers entre eux. La Paroifie devoit fournir le Soldat tout équipé & tout ar mé. Il n’étoit enrôlé que pour deux ans. Il étoit m arqué qu’il pouvoir & retirer après ce terme ; & qu’en ce c a s , pour recompenfer le service qu’il auroit re n d u , s’il venoit à & ma rier, il ne pourroit être impofé à la taille que deux ans après fon mariage. Plufieurs de ces Regimens après avoir été disciplinez., de vinrent de fort bonnes troupes & fervirent très bien. C ette levée fut de 25050 hommes,partagez en trente Regi mens, ainfi qu’il ell contenu dans l’Etat deces Milices. On en faifoit après la campagne les revues, dans les villages d'où, elles avoient été tirées.
E
Reglement du 2 9 No vembre 1688.
Ces Regimens de Milice furent congédiez à la Paix de R if, wdk. O n leva encore des Milices par village à la derniere guerre , sous le Regne de Loüis le G rand : mais on ne les en régimenta point. O n en failoit des recrues pour les Regimens ordinaires, & l’on garda cette m ethode jufqu’à la Paix con clue à U trecht. Voici une autre institution que je joins à l’établiffement des Regimens de M ilice, pour les raifons que je vais dire.
De l'institution des Compagnies de jeunes Gentils-hommes ou Cadets en diverfes places des frontieres. J E mets ces Compagnies dans le traité de l’Infanterie , pre
m ièrem ent, parce que les exercices dans lefquels on les élevoit étoient ceux de l’Infanterie, fçavoir les exercices de la pique, du moufquet & du fufil, fecondem ent, que les sactions où on les em ploïoit, étoient toutes fadions d 'infan terie ; troifiém em ent, parce que les emplois, dont on en gratifia un grand n o m b re, furent des Charges dans l’Infan terie, & qu’enfin le defièin du feu Roy paroit avoir été uni quem ent de form er dans ces Compagnies de bons Officiers d 'infanterie. Le R oy donc l’an i68z prévoïant que la guerre pourroit & rallum er au fujet de quelques differens entre la France & l’Efi pagne touchant certaines places des païs b as,& par diverfes intrigues du Marquis de G ra n a , penfa à établir comme des écoles Militaires pour la jeune N oblefiè, à defièin d 'y for m er des Officiers au m étier de la guerre. C ’est pourquoi on publia au mois de Juin par ordre de Sa Majefté , que pour donner moyen à pïufieurs Gentils-hommes de & rendre ca pables de fervir dans les arm ées, Elle fera mettre fur pied, deux Compagnies dans lefquelles on recevra les Gentils-hom mes qui voudront y entrer depuis l’âge de quatorze ansjufi qu’à vingt-cinq,.& qu’elles feront miles en garnifon dans la Citadelle de Tournay & dans celle de M etz, où sa Majefté fera enfeigner les fortifications à ces Gentils-hommes avec tous les exercices Militaires. Q uoique le rendez-vous general fut d 'abord à Tournay
& à M e tz , on en marqua un troifiéme à Befançon, & la troupe qui y fut ailemblée fut de quatre cents v in g t, où il ne s’en trouva pas plus de quatre ou cinq qui ne fulfent nez Gentils-hommes. Ces levées furent û confiderables, qu’on en forma neuf Com pagnies, que l’on diftribua en autant de places des fron tières, qui furent Tournay , C am bray, Valenciennes, Charlem ont, Longouy, M e tz , Strafbourg, B rifac, Befançon. Les Commandans de chacune de ces Compagnies furent ceux qui commandoient dans les places où l ’on les envoïa, fçavoir, Meilleurs de Mefgrigni, dans la Citadelle de Tournay, leTillieul dans la Citadelle de Cambray, de M ontefranc dans la Citadelle de V alenciennes, Réveillon à C harlem ont, MN. à Longouy, le Camus de M o rto n , à M etz, M o n tb ru n , à Straibourg, la Citardie, à Brifac, M oncaut, à Befançon. La Compagnie qui fut d'abord établie à M etz palîa depuis à Sarloiiis, &. celle de Valenciennes à Betfort O n donna au Com m andant .de chaque Compagnie de G entils hom m es, une Commiffion particulière de Capitaine pour cet effet avec dix-huit cents livres d'appointement. Les Çadets étoient foudoyez de dix f o l s par jour, entretenus d 'habits propres. L e Roy païoit pour chaque Compagnie deux M aîtres d’Armes & un M aître à.e M athématiques ; on y ajouta un M aître à delîîner, un M aître de langue Allemande,& un M aître à danfer. Les .Cadets faifoient t o u s ces exercices, & m ontoient la .Garde à leur rang. Le Lieutenant de la Com pagnie étoit chargé de la Police, à peu près comme le Lieutenant Colonel dans les Regimens. Le premier Sous Lieu tenant faifoit faire l’exercice aux Cadets comme un Major. Le Roy en 1683 fit un voyage fur la frondere. On fit faire à Befançon en sa prefence , l’exercice aux C ad ets, .& e n s u i t e la revûë. C ette Compagnie, comme J'ai déjà d it, étoit de 410. Il y e n ajouta quelque tems après 116. I l vit auffi à Col m ar ceux qu’il entretenoit à Brilâc, au nombre de fix cents. Comme le delîèin du Roy étoit de tirer de ces Compa gnies la plupart des Officiers pour fes arm ées, auffi bien que de fes deux Compagnies de Moufquetaires, il rétablit en 1687 les places de Sous-Lieutenant dans les troupes qui avoient été
été prefque tous caliez à la p a ix , & donna des Sous-Lieu tenances à plus de neuf cents de ces jeunes Gentils-hommes. On en fit auili plufîeurs Lieutenans dans les Regimens de Milices. M. de M oncaut Com mandant de la Citadelle de Befançon , fit des Reglemens pour le gouvernement de cette jeunelTe, lefquels furent imprimez. Le Roy de Pologne, Jean Sobieski, fouhaita de les avoir ; & l’Electeur de Brandebourg & le Prince d 'Orange s’en fervirent pour de femblables Com pagnies qu’ils mirent fur p ied , à l’imitation du Roy. Tous ces Reglemens tendoient à accoutumer ces Cadets à la fatigue, à vivre de peu, & à l’obéïflance Militaire. Les exercices Mili taires y étoient reglez & rangez pour le tems, on n’y avoir pas oublié les exercices de C hrétien, & tout ce qui pouvoiccon tribuer à la politeffe & au Içavoir vivre i de forte qu’il ne tenoit qu’à ces jeunes gens d 'apprendre dans cette Ecole tout ce qui peut former un brave Cavalier, un bon Offi cier , un honnête hom m e, & même un Chrétien dans la profeffion des armes. C et établifiement dura pendant dix ans dans sa vigueur ; Durée de cet mais les grandes guerres que le Roy eut fur les bras ensuite établissement. de la Ligue d 'A ulbourg, l’obligea à retrancher les dépenfes qui n’étoient pas abfolument necelïàires, on penfa à & dé charger de celles qui & faifoient pour l’entretien des Com pagnies de Cadets. On avoit déjà commencé à ne pas ad m ettre gratuitem ent ceux qui & prefentoient, & les Intendans pour les recevoir dans les Provinces, exigeoient que l’on cautionnât pour ces C adets, cinquante écus de p en fio n ,& on les obligeoit à aller prendre leurs Lettres à la Cour. Ces frais en rebutèrent beaucoup, & altererent même l’établillernent, en ce que plufîeurs qui n’étoient pas Gentils-hommes étoient reçus à ces conditions, pourvu, qu’ils fuffent de bonne famille & vivant noblement. Enfin après 1692,on céda de fai re des recrues, & peu à peu dans l’efpace de deux ans ces Compagnies furent anéanties. A ce détail que je viens de faire de l’Infanterie Françoife, J'a jouterai encore quelque chofe touchant les Soldats qu’on y ap pelle du nom de Grenadiers : car quoiqu’ils n’y compofentpas
un Corps separé , mais qu’ils foient d i f p e r f e z dans l e s divers Redim ens : c’est cependant une efpece de Milice particulière.
Des Grenadiers. E nom de Grenadiers fait connoître la fonction des Soldats qui le p o rten t, ou plutôt celle à quoi ils furent d 'abord deftinez dans leur première institution. C ’étoit des Soldats qu’on exerçoit particulièrem ent à jecter des grena des , pour s’en fervir principalement dans des aflauts, dans l’attaque d 'un chemin couvert, d 'un dehors, &c. Je trouve dans un mémoire que l’on m ’a fourni pour l ’H i f toire du Regim ent du Roy , que les premiers Grenadiers qu’on vit dans nos troupes, furent mis dans ce Regiment en 1667 : on y en mit quatre dans chaque Compagnie. En 1670 , le Roy prit tous les Grenadiers des Compagnies de fon Regim ent pour les mettre tous enfem ble, & en for mer une Com pagnie, dont il donna le commandement à Mde R iotor qui fut le premier Capitaine de Grenadiers. Un peu avant la guerre de H ollande, qui commença en 1672, le Roy ordonna que les trente premiers Regimens d 'in fanterie eulfent chacun une Compagnie de Grenadiers à leur tête. Dans la fuite tous les Regim ens, & puis tous les batail lons en eurent. C ’est pourquoi on doubla dans les Regimens la Compagnie des Grenadiers. Il n ’y eut que le Regiment des Gardes où il n’y en eut point jufqu’à l ’an 1689. Alors le R oy augmenta ce Regiment de deux Com pagnies, qui furent deux Compagnies de Grenadiers. Le premier des deux Capitaines a été depuis regardé comme le chef des G rena diers de l’arm ée, &. dans les détachemens où il & trouve, il marche à la tête. Depuis la R egence, le Roy a mis dans le Regiment des Gardes une troifiéme Compagnie de Grena diers. C’est M. de Clilfon qui en est Capitaine. Il y en a auffi eu depuis dans les Regimens Suiftes : c’est à-dire en 1691 : mais leurs Compagnies de Grenadiers ne font fèparées des autres que durant la campagne, ainft que je l ’ai dit en traitant de la M i l i c e des Suiftès. Les Grenadiers ne forment point de bataillon particulier,
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mais ils marchent à la tête de chaque bataillon. Par cette multiplication de Grenadiers,leur première fonc tion, d'où ils a voient pris leur nom, cefîà de leur être commu ne à tous : car il y a telle Compagnie de Grenadiers, qui en dix campagnes n’aura pas fervi à jetter une grenade-.mais on s’en 'fere pour toutes les actions vigoureufes, & fur tout dans l’attaque d'un chemin couvert, pour donner l’affaut à une de mi-lune , & c. Ils vont ordinairement à la tê te de ces fortes d 'ahàuts : auffi l’on peut dire que c’est l’élite des Soldats de l ’In fan terie, & qu’on ne les voit gueres reculer. Leurs Capi taines font toujours des perfonnes d 'une valeur éprouvée. L o ü i s l e G rand inftitua encore deux Compagnies de G re nadiers à cheval, qui furent appeliez Grenadiers du Roy. J 'en ai parlé dans l’Histoire de la Maison du Roy.
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X I I .
H istoire de la Cavalerie-legere , de l 'Arriereban, des D ragons , des Hussarts. B A N T O M E dans fon premier volume, faiR fant l’éloge de M. de Fonterailles, d it, que du tems de Lotiis X H , i l n e & p a r l o i t p o i n t d e C a v a le r ie - le g e r e fr a n ç o i j e ,J in o n d e la G e n d a r
Rigord, p. 2 16. D e tout tems i l y a eu d e la C a v a le r ie - le .
gere en Hvan
te.
m e r i e . Cette expreffion a befoin de modifica tion & d'explication. Elle feroit faufie, fi elle fignifioit qu’avant ce tem s-là, & même en ce tems-là il n’y avoit de troupes Françoifesde Cavalerie, que celles de la Gendarmerie. 11 y a eu de tous les tems de la Cavalerie lege re dans nos arm ées, & l’Hiftoriographe de Philippe-Augufte, au Fujet de la bataille de Bovines, non feulement en parle, mais encore lui donne le nom de Cavalerie-legerej l e v i s a r m a t u r a e q u i t e s . Il est évident que sous la première , la seconde & la troifiéme R ace, les Seigneurs qui amenoienc leurs, vafiaux ou fujets au service, ne les armoient pas tous de pied en cap , & a v e c les armes complétés de Gendarmes. Il y avoit des Piétons & des Cavaliers armez à la legere. Les Communes en envoïoient de même e f p e c e . Enfin il y avoit des Archers & des Arbalêrriers à cheval en grand nombre , qui n’étoient point de la Gendarm erie, & qu’on doit rédui re à l’efpece de la Cavalerie le g e r e . Ce que Brantôme a donc voulu dire , c’est que du tems de Loüis X I I , il n’y avoit de Corps réglé de Cavalerie Franqoife, que la feule Gendarmerie. Celle-cy depuis Charles V II, étoit compofée des Compagnies d 'Ordonnance, qui fu rent beaucoup multipliées dans la fuite ; & avant le Regne de ce P rince t elle étoit formée des Gendarmes qu’amenoient les Chevaliers Bannerets , des Chevaliers & Gendarm es que les Seigneurs de divers Fiefs étoient obligez de fo u rn ir, & de quelques Compagnies que nos R ois, même avant Charles
V I I , faifoient lever par divers Seigneurs ou Gentils-hom mes , non pas en vertu de l’obligation de leurs Fiefs ; mais en les foudoyant, comme Charles V II foudoya depuis les Com pagnies d 'ordonnance. Ce que Brantôme a voulu dire encore , c’est que du tems de Loüis X II,il n’y avoit ni Officiers G eneraux de Cavalerie comme il y en avoit de fon tem s, ni d'Etat M ajor , ni même communément de Capitaines avec des Commutions fixes; que La Cavale la Cavalerie-legere n’étoit autrefois compofée que de gens rie elegere ne ramafTeZ, Ou de valets,ou d 'aurres gens de la fuite des Gentils faifoit point un corps dans les hom m es & des Seigneurs, aufquels on donnoit des Chefs ou troupes de des Capitaines pour une cam pagne, pour une bataille , pour France. les m arches, &. enfin d 'Archers & d ' Arbalêtriers Génois ; & je croi que pour ceux-cy , ils avoient leurs Capitaines & leurs Commandans de leur N ation. O n y joignoic quelques Cava liers envoyez par les Communes des villes. D e là venoit que la Cavalerie legere Franqoife n’étoir point cenfée faire de C orps, & n’étoit gueres eftimée. Cétoie la Gendarm erie qui faifoit toute la force de l ’armée tant par la bonté de fes arm es, que par la force de fes chevaux qui étoient des deftriers , d e x t r a r i i : c’est-à-dire des chevaux de bataille. Audi la Cavalerie-legere telle que je l’ai d é crite , ne pouvoir tenir devant la Gendarmerie. Et une ancienne chro nique dit que cent hommes de Gendarmerie fuffifoient pour battre mille autres Cavaliers non armez ; c’est-à-dire arm ez à la legere*,parce que les armes des Gendarmes étoient prefè que impénétrables, & que leurs grands & forts chevaux culbutoient dés le premier choc ceux de cette Cavaleriedegere. Celle cy ne fervoit gueres qu’à deux ufages ; le premier à achever la déroute de la Gendarm erie ennemie , après que la G endarm erie Françoife l’avoit rompue : car en ce cas la Ca- Usage d e la C a v a le rie - levalerie-legere enveloppoit les Gendarmes difperfés, en & gere. feparant en quantité de petits pelottons, plufieurs Cavaliers attaquoient un G endarm e, & à coupsde maftuës & de haches d’Armes le renverfoient de fon cheval , le prenoient ou le * Ex his armatis centum, inermes equos communes quali Bucephalusmille laedi potuerunt... habebantdex- Alexandri inrer alios eminebant. trarioSjid est equos magnos qui infer Chronico» C olm m vrfe ad an.izçfô.
tuoient. Le fécond ufageà quoy on emp l o ï o i t c e s chevauxlegers, étoic à pourfuivre l’Infanterie après la défaite de l ’ar mée ennemie & à achever de la tailler en pièces,ou à faire des prifonniers: car la Gendarmerie vidorieule ne pou voit pourfuivre les ennemis à caufe de la pefanteur de fes armes défenfives,&de celles mêmes des chevaux qui étoient bardez de fer ou dé gros cuir. On & fervoit encore de cette Cavalerie pour battre l’eftrade, pour aller en p a rti, & pour efcorter les petits con vois: car quand l’arm ée m archoit, c’é to itla Gendarmerie qui couvroitles vivres, les bagages & l’artillerie. L ’Histoirede C'est donc depuisLoüisXII au plutôt que doit commencer l’hila Cavalerieftoire de la Cavalerie-legere de France. Le Comre de B u IT y legere doit commence au Rabutin dans le premier volume de fes mémoires,où il a inféré Regne deLoü is un petit traité de la Cavalerie legere,met l’origine de cette C a XII. valerie sous Charles V III prédecelïèur de Loüis X II,lorfqu’iI P. 4 6 3. Et non sous pafta en Ita lie , & prétend la trouver dans certains Cavaliers Charles VII I . nommez E ftradiots, dont J'ai déjà parlé ; mais je croi devoir m ’en rapporter fur ce point à Brantôme plutôt qu’à lui, parce que Brantôm e étoitplus proche de ces tems-là , & on ne voit point par l’Histoire que Charles V III ait eu l’idée de former un Corps de Cavalerie Françoife fur le modèle des Eftradiots. Cela même me paroît évident par le témoignage de Philippe de C om ines, lequel parlant des Eftradiots Vénitiens au lujet de la bataille de Fornouë,qui fut gagnée par Charles V III à Charles VIII ne se fervit fon retour de la conquête du Royaume ae N aples, dit que point d'Estra- les Eftradiots qui incommodoient fort les F r a n ç o i s avant la diots à f n ex bataille , é t o i e n t a lo rs ch o fe encore f o r t n o u v e l l e p o u r n o s tr o u p e s . pédition deNaIl est clair par ces termes de Comines, que Charles V III en ples. Comines, p. paftant en Italie , n’avoit point d'Eftradiots dans fon armée. 338. Monfieur de Buiïy convient avec Brantôm e que l’on prit pour modèle en ce Royaume la Cavalerie Albanoife,à laquelle en France & en Italie on donnoit ce nom d 'Eftradiots ouStraC a v alerie- diotsjmais ils ne nous difent point en quoi conlîftoit la form e legere de Franqu’on lui d o n n a , & ce que l’on prit de cette Cavalerie étran çe formée fu rie modèle de la gère pour l’introduire dans la nôtre : ils & font contentez hanoise.Cavalerie A l- de dire la chofe en general fans entrer dans aucun détail ; faute de cela je dirai bien ce qu’on n’en prit p o in t, & je diraî Seulement parponjecture ce qu’on en prit.
Pour me faire mieux entendre , je remettrai ici une parue Comines, p. de ce que J'ai tranfcrit ailleurs de Philippe de Commes to u 3 3 4 . chant les Eftradiots. » Eftradiots,dit Philippe de C om ines, en parlant de ce qui » & paiïa avant la bataille de Fornouë , font gens comme » G enetaires, vêtus à pied & à cheval comme T urcs, fauf la « tête où ils ne portent cette toile qu’ils appellent Turban ; ,, & font dures gens,& couchent dehors tout l ’an t k leurs che»» vaux. Ils étoient tous Grecs venus des places que les Ve» nitiens y ont : les uns de Naples de Romanie en la M orée, ” autres d 'Albanie deversDuras,& lont leurs chevaux bons & » tous de Turquie. Les Vénitiens s’en fervent fort & s’y fient. » Je les avois tous vus defeendre à Venife & faire leur monftre » en une Ifle où est l’Abbaye de faint Nicolas ; & étoient bien » quinze cents,& font vaillans hommes,& qui fort travaillent » un oft quand ils s’y m ettent. Les Eftradiots chafterent,com» me J'ai d it, jufqu’au logis dudit Maréchal ( de G ié) où 'est-à -dire *C » étoient logez les Allemands,* & en tuerent trois ou quatre, les Suisses. » & em portèrent les têtes ; & telle étoit leur coûrume.-car les » Vénitiens ayant guerre contre le T urc peredecettuy cy ap» pelle M ahom et O tto m a n , il ne vouloir point que les gens » priflent nuis prifonniers, & leur donnoic un ducat par tê te , » & les Vénitiens faifoient le femblable ; & croi bien qu’ils » vouloient épouvanter la Compagnie,comme ils firent ; mais » les Eftradiots & trouvèrent bien épouvantez auffi de i’artil» leriejcar un faucon tira un coup qui tua un de leurs chevaux, » qui incontinent les fit retirer : car ils ne l’avoient point ac» coutume. Le livre de l’A rt Militaire attribué à M. de L angey, dit p . 2 5 qu’on pouvoir leur faire m ettre pied à terre , &. qu’avec leur arzegayeou bâton ferré par les deux bouts,ils étoient en é tat de faire la fonftion de Piquiers contre la Cavalerie. Il dit encore qu’un de leurs principaux exercices étoit de bien le fervir de cette arme & à toutes m ains, en donnant tantôt d 'une pointe,& ta n tô t de l’autre ; & qu’avec cet inftrumenr, quand ils fçavoient bien le m anier, ils faifoient un grand car nage des ennemis arm ez à la legere. En tout ce que je viens detranferire ici de ces deux Auteurs,
iln ’y a prefque rien qui eût été pris des Eftradiots pour notre Cavalerie - legere. On ne la fait point coucher dehors toute l’année5elle ne combat point à pied,fi ce n’ell: en quelques occafions extraordinaires & qui arrivent rare m en t, elle n ’eut jamais l’arzegaye pour arme offenfive. En quoy donc les Eftradiots furent-ils le modèle fur lequel En quoy les Eflrœdiots f u on forma notre Cavalerie-legere ? Pour moy je crois que cela rent le modèle de la C avale confifta uniquement en ce que l’on fit un Corps particulier rie Pran-pife. de la CavalerTe-legere dans les troupes, comme lesEllradiots en étoient un dans les armées desTurcs &danscelles desVenitiens;qu’on leur donna desCapitaines & d'autres Officiers fixes, un Commandant G en eral, & un Etat Major,que c e n ’étoient plus des gens ramalTez & pris de la fuite des Seigneurs,desGentils-hommes, des Gendarmes ^mais des soldats levez exprès, & mis en Compagnies , pour être à l ’appuy des Gendarmes dans un c o m b a t, comme faifoient les Efiradiots. Le M aréchal de Fleuranges dans fes mémoires manufcrits qui font à la Bibliothèque du R o y , nous dit que Loüis X II dans l’arm ée qu’il conduifit en Italie pour châtier la révolté de G enes, avoit deux mille de ces Eftradiots commandez par le Capitaine M ercure.il y en eut encore depuis dans les trou pes de France , & jufqu’au Regne de H enry IV, ainfi que je l’ai rem arqué ailleurs. Je croi donc que Loüis X II forma dehors quelques Com pagnies Françoifes réglées de Cavalerie-legere } mais peu: Sol.4 4 1 . V °. & c’est ce que donne allez à entendre Monrluc dans fe s Com m entaires, où il d i t , en parlant de M- de Fonterailles, qu’il é t a i t G e n e r a l d e s d o u z e cents Chevaux-legers ,d o n t la plupart étoient Albanois. François I fuivit le deffein de Loüis X I I , & eut un Corps Memoires d u Bellay, p. de Cavalerie - legere : J'en trouve dans fon armée dés l’an 47. Ibid. p.3 0 8 1513 ; mais il en augmenta le nombre dans la fuite. Car en Cavalerie le 154.3 je vois M. de Brifiac à la tête de quinze cents Chevaux-, gere commen légers dans l’armée des P aïs-bas,parmi lefquelsil y avoit aulîî ta à êtrenombreufe sous des Eftradiots ou Albanois sous le Capitaine Bedaigne de cet Henri II. te nation : mais il me paroît que ce fut principalement sous Ordonnances H enri II que cette. Cavalerie commença à être allez nomde Henri I I . de l’an 1549, breufe dans les armées, Ce Prince dans fon expédition d'Al 1553. lemagne
lemagne en i jy i, avoit trois mille hommes de Cavalerie-le- Etat de l’ar mée d 'Alle gere dont toutes les Compagnies étoient commandées par les magne en plus grands Seigneurs : ( ce qu'on ne voit point sous Tes pré- 1552 deceflèurs) fans parler de celles qu’il Jaifta dans les Places Mémoires de du Villat s, t. frontières de France ; & elles comm encèrent à être mieux policées que jamais. En effet c’est sous ce Regne que l’on commence à voir des Ordonnances qui la concernent ; on y réglé leur fo ld e, le nom bre des soldats dont les Compagnies feront compofées ; on y diftingue les vieilles & les nouvelles Compagnies. Ce qui fait entendre qu’il y en avoit déjà eu quelques unes inftituées sous François I . Pour la folde, ils y font mis fur le pied des Archers des Compagnies d'ordonnance: mais cela varia dans la fuiteIl y eut d'abord sous ce Regne des Compagnies de deux cents hommes, de cent,de cinquante. En 1553, celles de deux cents furent réduites à cent foixante ; celles de cent à quatre vin g ts, &. celles de cinquante à quarante. O n voit dans cette O rdonnance de 1553, que dehors il y avoit un Colonel de un Mestre de Camp de la Cavalerie lege re ; & c’est effectivement de avec railon , que le Comte de Buffy.Rabutinplace en ce teins là ces Officiers dans la Cava lerie , & qu’il en commence la Liste. C ’est auffi une nouvelle confirmation de ce que J'ai dit ci-deffus, que ce fut propre m ent H enri II qui donna une forme à cette M ilice, qui avec Henri I I don le tems est devenue fort nombreufe dans les armées de Fran ne lu forme à la Cavaleriece ; au lieu que la Gendarm erie y a au contraire beaucoup legere. Loc, cit. diminué pour le nombre. Q uant aux Allemands & aux Efpagnols, Georges Bafta fameux Capitaine dans les troupes de la Maison d 'Autriche George Baf dans sa en Hongrie & aux Pais b a s, qui a le premier écrit fur la Ca taPréface. valerie-legere, dit que dans ces tems-là de Henri I I , leur C a Le Duc d'A i valerie-legere ne valoit rien , & que ce fut le Duc d'Aibe, qui le met la Ca valerie fur le étan t venu comm ander aux Païs-bas en 1567 , mit cette Mi bon pied auti lais bas. lice fur le bon pied. La Cavalerie-legere & multiplia beaucoup plus encore en Cavalerielegere multi France sous H enri IV , par la raifon que J'ai marquée en trai pliée sous ta n t de notre ancienne Gendarmerie. C ’est que les guerres Henri I V , & civiles avoient te lle m e n t épuifé le Royaume de grands che- pourquoi,
v a u x , qu’on commença à abandonner les lances d ont on ne pouvoir gueres & f e r v i r qu’avec des chevaux de bataille , & qu’avec un grand exercice d 'Académie & de jouîtes & de to u rn o is, à quoy la jeune NoblelTe n’avoit plus le tems ni le m oyen de s'exercer ; car la lance étoit l’arme ordinaire du Gendarme. La même choie arriva en H ollande dans le m ê me tems ; & le Comte M aurice de Naffau y abolit auffi les lances pour les mêmes raifons, & encore pour une autre que J'ai rapportée ci-deflus. C ’elt que pour le combat des lances, il falloir des campagnes ouvertes & un rerrein uni & non ma récageux, afin que les Gendarmes pulîènt prendre carrière de loin , our aller afïaillir l’ennemi. O r le païs où il f a i fo ie la guerre étoit pour la plupart un pais coupé &. fourré , où cela ne & pouvoir pas faire commodément. Loüis X III eut auffi beaucoup de Cavalerie legere ; & en fin elle devint extrêm em ent nombreufe sous Loüis le G rand, non feulement par les grofles armées qu’il mit fur pied ; mais encore parce qu’à la Paix des Pyrénées, il fupprima toutes les Compagnies d 'ordonnance qu’avoient les M aréchaux de France & plufîeurs autres Seigneurs, & la réduifit aux Com pagnies des Princes , lefquelles fublîftent encore aujourd’hui. Encore ces Compagnies ne font plus Gendarm erie que de nom, n’ayant plus les armes tant défenfives qu’offenfives, qui f a i f o i e n t avant ce tems la diftinction de la Gendarmerie d'a vec la Cavalerie-Iegere, & fur tout l’armure complete de pied en cap. La Cavale La Cavalerie legere ne fut d'abord compofée que de Com rie-legere fut d'ah orà en pagnies , comme J'étoit la Gendarmerie. Les Compagnies Compagnies. étoient communément plus fortes que celles d 'aujourd’hui : elles formoient d'ordinaire chacune un Efcadron , & étoient prefque toutes commandées par des Gentils-hommes & des Seigneurs. O n ne voïoit même gueres de Lieutenant & de Cornette de Cavalerie qui ne fût Gentil-homme. Elle demeu Et puis mife ra ainli partagée en fimples Compagnies jufqu’en l’an 1635; en Regiment qu’on la m it en Regimens : année fameufe par la déclaration en 1635. de la guerre que la France fît à l’Efpagne au fujet de la prilon de l ’Eleéteur de T rêves, par la bataille d'Avein où les M aré chaux de Challillon & de Brezé défirent les Efpagnols que
com m andoit l e Prince T hom as , & enfin par l’inutilité de cette viétoire. Quand je dis que les Regimens de Cavalerie furent inftituez en France l'an 1635, je ne parle que des Regimens Fran çois, & non pas des troupes étrangères qui étoient alors au service du Roy Loüis X III. Car dès ce tem s-là les Regimens de Cavalerie de B atilly, d'Egenfeld, de H eucourr, de Hums, de R a n tz a u , & c . étoient dans nos armées. Il y en avoir chez les Efpagnols & chez les Allem ands, & ce ne fut qu’à leur exemple qu’on refolut d'enregimenter la Cavalerie Françoife. L’époque de cette institution en 1635 & prouve par notre H istoire, où j a f q a ’à cette année , toutes les fois qu’on parle de Regimens François, c’est toujours de l’Infanterie, & o ù la Cavalerie n ’est jamais marquée que par Compagnies ou par Efcadrons. O n le voit encore par les deux volumes in folio des Mémoires imprimez pour l’Histoire du Cardinal de R i chelieu , qui ne font pour la plupart que des Lettres du Roy L o u is X I I I , du M iniftre, des Secrétaires d'E tat, écrites aux G eneraux d’Armée & aux Ambafladeurs, & c. dans lefquelles commencent à paroître les Regimens de Cavalerie, dont il n ’est point mention auparavant. O n donna aux Chefs des Regimens de Cavalerie-legere le titre de Mestre de C am p, fur lequel J'ai fait mes reflexions dans l’endroit de cette H istoire, où J'ai traité des diverfes Charges de l’arm ée, & ils l’ont gardé jufques àprefent. J 'ai parlé auffi au même endroit des Officiers fubalternes. Il ne me relie pour ce point qu’à traiter des Charges des Officiers Generaux de la Cavalerie, & c’est ce que je ferai après avoir fait quelques remarques hiftoriques fur tout le corps. F o rt peu de tems après l’institution des Regimens de Ca valerie , on s’en dégoûta, & dès l’année fuivante on penfa à les fupprimer. C ’est ce qui paroît par une Lettre de M- Des N oyers à M. de la Meilleraye, datée de Chaillot le 26 de Juillet 1636, & par une autre du même Secrétaire d'Etat à M- le Comte de Soiflons du 30 du même mois. Dans la première il parle ainfi : Le Roy m et la C a va lerie en
E fcadrons au lie u de R egim ens : Son E m inence n a p o in t def a t i s fa c iio n de fo n R eg im en t n i du vôtre,
Mémoires p o u rl’Hiftoire du Cardi nal de Riche lieu, p . 471 , 4 7 4 , t. 1.
On penfa des l'a n 163 6 à fupprimer les Regimens de Cavalerie ; mais ce projet n ’eut point de lieu. M ém oires pour l ’H ftoire d u C ar dînai de R ic h e lie u , t . 1 , p. 66 4 .
p. 669.
D ans la seconde :
L e Roy v o u s e n v o ie u n o rd re p o u r d iffrib u e r
l a C a v a l e r i e p a r E jca d ro n s de tro is C o m p a g n ie s , c h a c u n fé lo n le
r a n g d e le u r a n c ie n n e té , n a i a n t p a s t r o u v é celu i des R e g im e n s b ie n c o n v e n a b le à l'h u m e u r F r a n ç o ife , & a h cet e ffe t r é v o q u é to u s le jd its R eg im en s en to u te s f e s a rm é e s.
II est neanmoins confiant par la fuite & par une infinité de Lettres des Secrétaires d 'E tat , que cette révocation n ’eut point de lieu, & que loin de fupprimer les Regimens de Ca valerie , on les multiplia beaucoup. M ém oires Depuis qu’on eut mis la Cavalerie-legere en Regiment, on p o u r fcrvir à en fit de diverfes efpeces. Il y avoit dès l ’an 1635 un Regiment l ’H istoire du d e Moufquetaires à cheval du fieur de Jo ü y , un deEufiJiers à C ard in al de R ichelieu, r. 1. cheval en 1640 du Cardinal de Richelieu, un en 1643 de Fu Ai P. 5 5 6 . liers du Roy. O n mit dansla fuite une Compagnie de MoufqueP. 5 3 8 E ta t d ei’Ar- taires à cheval dans chaque Regiment. Les autres Cavaliers m ée de 1 6 4 3 . avoient les piftolets, l’épée & le moufqueton. Sous le Regne de Mémoires p o u r l'Hiflroi- Lcüis le G rand on y mit des Carabiniers, comme je le dirai en xe du Cardinal traitant de cette efpece de Cavalerie. Il y eut ainfi dans la fuite de R ich elieu , p. 3 82 , 38 9 , divers petits changem ens, dans le détail defquels il feroit t. 2 . alfez inutile de descendre. L ’institution des Regimens de Cavalerie produifit des Différend entre les M ef- difputes pour le commandement entre les Mestres de Camp tres de Camp & les Capital, deces Regim ens, & les Capitaines de Chevaux-Légers des nés des Che Compagnies d'ordonnance : ceux-cy ne voulant pas ceder v a u x - légers aux Mestres de Camp. Dès l’année 1636 un peu avant la red 'ordonnance. prife de Corbie au Camp de Drouy en P i c a r d i e , M o n l i e ur d e Canillac Com mandant un Regiment de Cavalerie , & un de ces Capitaines d'ordonnance n’aïantpas voulu lui obéïr , ils M ém oires de mirent l’épée à la main à la tête des troupes, & cauferent de P uyfegur , p. l’embarras à Monfieur le Comte de Soifions qui comm andoit 190. l’armée. p. 1 8 3 . Selon un Etat de la France de 1651,il fut réglé que le Lieu tenant d'une Compagnie d'ordonnance d'un Prince, ou d 'un M aréchal de France , iroit de pair avec un Mefire de Camp de Cavalerie legere ; & que dans l’occafion, s’il étoit plus an cien Officier , il le commanderoit. La fuppreffion des Com pagnies d 'ordonnance que fit Loüis le Grand après la Paix des Pyrénées, excepté de celles des Princes de la Maison Royale
& de la Compagnie EcofToife, coupa pied à la plupart de ces difputes très-préjudiciables au service. N onobflant l ’institution des Regimens de Cavalerie-lege r e , il y eut alors quantité de Compagnies franches, & il y en a toujours eu plufieurs depuis. Je vais m aintenant traiter des Officiers Generaux de ce Corps, D e s C h a rg e s generales de la C a v a le rie -le g e re .
J ' Appelle Charges generales de la Cavalerie , celles quï donnent aux Officiers qui les pofTedent un commandement general dans tout le Corps : ces Charges font le Colonel G e neral, le Meflre de Camp G eneral, le Commiflaire G en eral; à quoy on ajoûtoit autrefois le Lieutenant Colonel G eneral, & de plus celles qui ont quelque rapport à tout le C orps, com me celle de M aréchal General des logis de la Cavalerie, &c. D u C o lo n e l G e n e r a l de la C a v a l e r i e- legere.-
A Charge de Colonel General de la Cavalerie-legere est une des plus confîderables dans la Milice de France, el le donne par elle-même le Commandement General de la Cavalerie au Colonel dans une arm ée, quand il y est. Il en fait la revue quand il lui plaît : il cafTe les Cavaliers qu’il ne juge pas propres pour le service : il fait changer les chevaux quand il ne les trouve pas bons : il vife toutes les O rdon nances qui regardent la Cavalerie , & on les lui adreffe d'a^bord pour tenir la main à l’execution : il travaille avec le Roy pour tout ce qui concerne le d étail, & c’est lui qui propofe les fujets pour remplir les emplois vacants,êcpour les pro motions ,foit d 'Officiers Generaux v foir de Brigadiers , de Mestres de Camp , de Lieutenant Colonel, de Capitaines & de L ieutenans, & pour l’ordre de Saint Loüis. Nul Officier de Cavalerie ne peut quitter le Corps qu’il n’en foit averti,. Toutes leurs Commiffions doivent être vifées de lui , fans en excepter les Capitaines-Lieutenans des Compagnies de Chevaux-Legers de la Gendarm erie ; & même tous ceux de: ce Corps & de la Maison du Roy , à qui le Prince donne des, Commiffions de Mettre de Camp.
L
Autorité prérogatives du Colonel General,
O utre la garde que le Colonel General p eu t avoir dans le Camp, par exemple, en qualité de Lieutenant G e n era l, il y a une garde particulière de Cavalerie, & deux vedettes à la por Garde du te de Ton logis le fabre à la main ; ce que n’ont pas même les Colonel Gene ral à l'armée. G eneraux d’Armée. Cependant les Princes qui ont commandé la Cavalerie dans les arm ées pendant les dernieres guerres , ont eu les mêmes honneurs que le ColonelGeneral.il pourroit, s’il le vouloir, avoir un Efcadron entier avec l’Etendart 3mais pour la commodité des tro u p es, cette garde & fait par déta chement. De toutes les gardes qui & m ontent chaque jour,c’est: celle du Colonel G eneral qui est la première de la Cavalerie, & l e p l u s ancien des Capitaines m ontant la g a r d e , p e u t la choilîr. Le Colonel G eneralfortant de chez lu i,to u te cette garde m onte à cheval. Il doit être averti de tous les détachemens de Cavalerie qui & font ou qui fortent du Camp , il a la liberté d'aller à la tête des détachem ens, quand il le juge à propos : & les Officiers détachez viennent lui rendre com pte de ce qu’ils ont fait ou appris dans leur expédition. Les Direéteurs & le s Infpeéleurs de Cavalerie font obligez d'en voyer au Colonel General un extrait de chacune de leurs re vues, afin que lui-même en rende compte au R oy: en un m ot ce grand Officier a une autorité infiniment étendue fur tout le Corps de la Cavalerie-legere , où tout & fait par fes ordres. O n peut faire rem onter l’origine de cette Charge jufqu’au Regne de Loüis X II, qui félon Brantôme donna l’é tat de Co lonel General des Albanois à Monfieur de Fomerailles. C ’é toit l’unique,ou prelque l’unique Cavalerie- legere réglée qu’il y eût alors en France : & cette Cavalerie félon les Mémoires Dans l’Eloge de M .d e Fon- du Maréchaf de Fleurange que J'ai déjà c ite z , étoit de deux teraiiles. mille hommes. Je trouve dans l’Histoire de François I fuccefleur de Loüis M ém oires de du Bellay sous X I I , Monfieur de Brifiac avec ce même titre de Colonel de l'a n 1 5 4 3 dix-huit centsChevaux-Légers,qui étoit apparemment tout ce qu’il y avoit alors fur pied en France en deçà des Monts; mais on commença à voir ce titre de Colonel de la Cavalerie, ce lui de Lieutenant Colonel & de Mettre de Cam p dans l'O r donnance de H enri II de l’an 1543, qui fut faite touchant les
Chevaux-Légers ,& par laquelle on yo it que ce Prince avoic beaucoup multiplié cette Milice. Le Comte de Bufty-Rabutin dans Ion petit traité de la Ca valerie-legere qu’il a inféré dansfes Mémoires, prétend que là Charge de Colonel de la Cavalerie & celle de Mestre de Camp General n ’étoient que des Commilîions sous le Regne de H enri I I , que ce ne fut que sous Charles IX qu’elles fu ren t érigées en C harges, & qu’on ne donnoit avant ce temslà au Com m andant de la Cavalerie que cette qualité de Com m an d an t, ou celle de General de la Cavalerie-legere. Q ue ces titres de General de la Cavalerie & de Mestre de Camp General ne fuflent que des Commiffions , & non des C h arg es, cela peut être ^ c’est un fait qui ne pourroit être éclairci que par le titre primordial de l’érecfion de cette Charge. Mais quoy qu’en dife le Comte de Bulfy, il est con fiant par l’O rdonnance de 1553 que les titres de Colonel G e neral , & de Mestre de Camp de la Cavalerie étoient deflors en ufage,& qu’ils étoient donnez à ces Commandans de la Ca valerie. Ce que dit Monfieur de Bufty touchant l ’éreclion de la Charge de Colonel de la Cavalerie en titre d 'Office, faite feulement sous le Regne de Charles I X , m eparoît fort vraifemblable,6cjemele perfuadepar une réflexion que J'ai faitefur les Regiftres de l’Extraordinaire des guerres de ces tems-là. Pour entendre ma penfée , il faut fçavoir que depuis que la Charge de Colonel General de l’Infanterie fut érigée par François I , on obfervoit dans ces Regiftres une formule en parlant des monftres & des païemens des Bandes Françoifes d 'infanterie , & cette formule étoit : p ai é ta n t a une Compagnie de 3 0 0 hommes jous La charge & conduite à\m tel leur C a p ita l ne p a rtic u lie r , dont est Colonel M . d'Andelot ou M . de S tro zzi? & c . C ’éto it
là le ftyle ordinaire. O r jufqu’à l’an ; 567,cette for mule ne & trouve point dans ces Regiftres,quand il s’agit de hé monftre ou païemens des Compagnies de Cavaleriesmaisonla voit cette année 1567 pour le Duc de Nemours Colonel Gene ral de 1a Cavalerie , & il y est dit : à une Compagnie de quatre
v in g t s hommes de Cavalerie-legereJous la charge & conduite X un t e l l e u r C a p i ta i n e p a r t i c u l i e r j i a n t est C o lo n e l M o n fie u r le D u s d e
Mémoires deB usy,t.1,p. 46 4 .
N e m o u r s . E t cela & dit encore ainfi dans la fuite pendant quelque tems. Je n’en vois point de raifon , finon qu’alors l ’Office de Colonel General de la Cavalerie commença à être fur le même pied que celle du Colonel General de l'Infan terie ; c’est-à-dire érigée en Charge , au lieu qu’auparavant ce n ’étoit qu’une Commiffion. Ce que dit Monfteur de Bufly est encore véritable, fçavoir que la Charge de Colonel G eneral de la Cavalerie a été tantô t unique, & tantôt feparée en deux ; que l’un des deux Co lonels çtoit Colonel de la Cavalerie en France , &. l’autre en Piémont. La même chofe avoit été faite diverles fois pour le Colonel G eneral de l’Infanterie, ainfi que je J'ai dit ailleurs. Sous Charles IX , M. de Damville fut Colonel General de la Cavalerie-legere en Piémont: & cela est marqué dans les Regiftres d e l’Extraordinaire des guerres de l ’an 1562, tandis que le D uc de Nemours étoit Colonel General de la Cavalerie en deçà des Monts. C ette feparation des deux Charges ne pafla pas le Regne de H enry III: car ce Prince aïant imprudemment ced é Pignerol & quelques autres places au Duc de Savoie dès le commence m ent de fon R e g n e , & ce Duc durant les guerres de la ligue s’étant emparé du M arquifat de Saluces, le Roy n’avoit plus de troupes au de la des Monts : mais sous le Regne de LoüisXIII il y eut en France un double Colonel General de la Cavalerie d 'une autre maniéré. Ce Prince aïant pris beaucoup de Cavalerie étrangère à fon service, & fur tout bien des Allemans, créa une Charge de Colonel General de la Cavalerie Allemande,dont il pourvut le Colonel Streiff Elle fut donnée en 1638 à M. d 'Egenfeld. M ém oires f o u r l'H ifto i- C etteC harge le rendoit entièrement indépendant duColonel re du Cardinal de R ichelieu. General de la Cavalerie Françoife. Je trouve ce fécond fait L ettres des marqué dans une lettre du M aréchal de Chaftillon à M. Des M a ré c h a u x Noyers Secrétaire d'Etat de la guerre , datée du 1 de Juin de la Force & de C haftillon 1638 , en ces termes : » M onheur , J'oubliois à vous dire que à M . Des » J'ai reçu, la lettre du Roy fur le fujet de la C harge de ColoN oyers, t. 2 . p. » nel General de la Cavalerie Allemande qu’il a pul à Sa Ma2 2 7. M . d 'E gen- » jefté donner à M. d'Egenfeld. Pour l’in térêt de M. de f e l d Colonel « Gaffion, J'aj fait entendre audit Sieur d'Egenfeld qu’il falloir G eneral de la qu’il
a v a le rie qu’il attendit que ledit lieur de Gaffion fut à l’arm ée, pour AC llem ande. « declarer s’il defire être au rang de la Cavalerie Allemande, » pour en ce cas le reconnoître,ou de la Cavalerie Françoife, » & être ainlî sous la charge de M onfieur le Marquis de Praf» lin. Il m ’a témoigné recevoir de bonne p a rt ce que je lui ai » dit. Je fuis très-fatisfait de sa conduite, car il & porte fort » judicieufement en tout ce qu’il fait. O n entendra ce qui est dit ici de l’intérêt de Moniteur de Gaffion au fujet dont il s’a g it, par ce que je vais ajouter. O n fcait par nos Hiftoires que ce Gentil-homme s’étoit fort Regiment de lignalé dans les troupes du G rand Guftave Roy de Suede : G ajftm . q u ’après que ce Prince eut été tué a la bataille de L u tz e n , que les Suédois, nonobftant la m ort de leur R o y , gagnèrent furies Impériaux , il revint en France avec le Duc de Veim ar ; qu’il y amena fon Regim ent de Cavalerie compofé partie de François, partie d 'étrangers. C’étoit un des plus beaux & des plus nombreux de l’arm ée, étant de dix-huit cents chevaux en vingt Compagnies ; que ce Regiment fut mis fur le pied d'étranger -, qu’il avoit la paie des étrangers y que Gaffion portoit le titre de C olonel, comme les Commandans des Regimens étrangers ; qu’il avoit une juftice particulière , qu’il nom moit tous les Officiers du R egim ent, & qu’enfîn il ne reconnoilfoit point pour fon Supérieur le Co lonel G eneral de la Cavalerie Françoife. Quand Monfîeur d'Egenfeld fut nommé Colonel Gene Différend de avec ral de la Cavalerie A llem ande, Gaffion refufa de le recon- dGaffion 'Egenfeld. noître , sous prétexte qu’il y avoit beaucoup de François dans fon Regiment ; de forte que difant fon Regiment tan tô t François, tan tô t étranger , il refufoit de & foûmettre & au Ibid. Lettre Colonel General de la Cavalerie Françoife,& au Colonel G e du Roy aux Maréchaux neral de la Cavalerie Allemande» de Chaftilloq Le Colonel d 'Egenfeld après quelque tems,fît des inftances & de la Fore# auprès des M aréchaux de la Force & de Çhaftillon, pour être p . z i ÿ . reconnu par M. de Gaffion ; & celui-cy refufant toujours de le faire, il y avoit danger que la querelle n’aboutît à un duel, I b i d . p . 2 2 7 ou à faire quitter le service à un des deux. M. de Gaffion foutenoit qu’il avoit une diJpenfe particulière du Roy par écrit pour ne & pas foûm ettre au Colonel General de la Cavalerie
A llem ande, & M. d 'Egenfeld prétendoit donner à fâ Charge toute l’étendue qu’elle devoir avoir. Ce différend embarrafïoit beaucoup les deux Maréchaux qui commandoient l’arm ée aux Pais Bas. Enfin Je Roy term ina l’affaire en declarant le Ibid. p. 2 2 9. Décidé par R egim ent de Gafîîon Regim ent François, & en lui ordon L o ü is X I I I . n a n t desteconnoître déformais le Colonel General &. le Mestre de Camp General de la Cavaleriedegere Françoife. Le Baron d'Êgenfeld s’étan t quelques années après retiré du service de France , il n’y eut plus dans la fuite de Colonel General de la Cavalerie Allemandeul paroîtque cetteCharge étoit un démembrement de la Charge de Colonel General de la Cavalerie Françoife. Car avant le Baron d'Egenfeld le Co lonel General de la Cavalerie Françoife le diloit auffi Colo nel de la Cavalerie étrangère. Cela est confiant par les Provù fions du Com te d 'AIais datées de 1620 , où le Roy le qua Liste de Colonel General de la Cavalerie tan t Françoise quetrangere: le D uc d 'Angoulême, & fonpere & fon prédeceffeur avoit auffi les m e mes titres dans fes Provifions, & tous fes fuccefleurs dans cette Charge les ont toujours portez. Le Colonel General du tems du Duc d'Angoulême choififfoit dans quelle armée il vouloit fervir ; le Meflre de C am p Memoires de Bufly-R abu- après lu y , & le Lieutenant Colonel après eux : mais depuis rin ,l. I, p .474 la m ort de ce D uc on n ’a pas toujours eu ces égards pour tous fesfucceflèurs. Le Colonel General par faCharge avoir le droit de nommer tous les Officiers de sa Compagnie , & pourvoient à toutes Mémoires de celles de l’E tat M ajor : mais en 1675 lorfque le Com te d 'Au BufTy-Rabu- vergne fucceda dans cette Charge à Moniteur de T urenne, le tin, t . I, p . 4 6 8 . R eftrictions Roy fît m ettre dans fes Provifions les reftridions fuivantes : mifes par » à l’exception toutefois qu’il ne pourra nommer ni prefenterà Lotiis X I V à « laCharge de M aréchalGenerai des logis de ladite Cavaleriel'autorité du Colonel de la » legere,ni à celle de M aréchaux des logis de laditeCavalerieC a v a le rie. » legere &. leurs A ydes, ni com m ettre à l ’exercice defdites » Charges dans nos arm ées, lorfqu’il n’y aura point de T itu» lairespourenfaire les fondions,aufquellesCharges nous nous » refervons de pourvoir, & comm ettre ainfî que bon nous » fëmblera. A cela près les autres prérogatives de la Charge de Colonel General lui furent confervée s.
Comme les Dragons form ent un corps tout-à-fait separé de Celui de la Cavalerie-legere ; qu’ils ont un Colonel G eneral, & un Mestre de Camp General differens de ceux de la Cava lerie , que cependant leur service eftnecefîàirem ent mêlé avec celui de la C avalerie, il fallut le regler à cet égard pour ob peurReglement les D ra vier ou remedier à divers inconveniens. C ’est ce qui fut fait gons par rap par l’Ordonnance de 1689 , dont les extraits font dans le port a la Ca valerie-legert. C ode Militaire en ces termes. » Sa Majefté ordonne, veut & entend, que lorfque les Re» gimens de Cavalerie & ceux de Dragons & trouveront en» fem ble, lefdits Regimens de Cavalerie prennent toujours » la droite fur ceux deDragons,& que ceux-cy aient la gauche, « foit que les Mestres de Camp defdits Regimens de Cava» lerie foient plus ou moins anciens que les Mestres de Camp » defdits Regimens de Dragons ; entendant neanmoins Sa » Majefté , que l’Officier qui & trouvera commander tout le » C o rp s, puifle faire m archer les Dragons à la tête ou à la » qu eu e, ou les mêler parmi les troupes de Cavalerie , ainfï » qu’il le jugera plus à propos, fuivant l’occafion , & que le » bien du service de Sa Majefté le pourra requérir. D u 1. De » O rdonne en outre Sa Majefté que l’Officier qui fera char- cembre » gé du détail des D ragons dans une armée , ou dans un 1 6 7 8 , t.V I I. » Camp volant ou autre Corps separé, foit qu’il n’y ait qu’un P. 1 7 7 . » Regim ent de Dragons , ou qu’il s’y en trouve plufîeurs , » prendra dans l’armée la parole du M aréchal de Camp qui » fera de jour, & dans le Camp volant ou Corps separé, de » l’Officier General qui le commandera , foit que ledit Of» ficier General foit Lieutenant G eneral, fans avoir aucun D u 2 0 Fe » Maréchal de Camp sous lui , ou qu’il foit Maréchal de v rier 1 6 9 0 , t. » Camp , commandant ledit Camp volant ou Corps separé. V I I . p . 189& » Q ue pour le détail du service que le Corps des D ragons 1 9 0. » devra faire avec la Cavalerie , le M ajor General des D ra» gons en recevra le mémoire du M aréchal des logis de la » C avalerie, qui lui fera fçavoir verbalement ou par é c rit, » combien il fera dem andé d'Efcadrons, ou feulement d 'Of» ficiers & de D ragons commandez , & l’heure & le lieu où » ils & devront trouver. » E t comme il est necefiaire que ledit M aréchal des logis
» de la Cavalerie & trouve toujours en é ta t de faire paiïêr » prom ptem ent les ordres qu’il aura du G en eral, pour les » commandemens que ledit General voudra faire dans les » D ragons dans le cours de la journée ; le Major General » des Dragons campera dans le quartier G eneral, le plus près » que faire & pourra du lieu où fera campé le M aréchal des » logis de la Cavalerie, & il aura près de lui les Dragons » de l’O rdonnance, afin qu’il puifïè faire prom ptem ent porte? » les ordres du G eneral, qui lui feront remis par ledit MaréD u 2 9 Fé » chai des logis de la Cavalerie. vrier, t. V I, P.19. » Que s’il arrive que le M ajor General des Dragons fois » campé dans un quartier éloigné du quartier General ; en » ce cas il fera obligé d 'envoïer chez le M aréchal des logis » de la Cavalerie, cinq ou fix D ragons, pour lui apporter » diligemment tous les ordres qu’il aura à recevoir pour les » détachemens qui feront à faire ; & à mefure qu’il lui fera » arrivé un D ragon de la part dudit M aréchal des logis de » la Cavalerie, il lui en renvoïera un autre: de maniéré qu’il » ne puifle arriver que ledit M aréchal des logis de la Cava» lerie & trouve fans avoir près de lui les Dragons dont il auD u 10 Fé » ra befoin, pour faire porter audit Major General des D ravrier 16 9 0 , t. » gons, les ordres du General. V I I , p. 1 9 2 . » Que le détail du fèrvice des Dragons fera fait unique» m ent par le Major General des D rag o n s, sous l’autorité » de l ’Officier de Dragons qui les com m andera, fo ie dans » une arm é e , foit dans un camp volant ou autre Corps separé » com m andé, fait par un Lieutenant G eneral, fans aucun » M aréchal de Camp sous lui, ou par un M aréchal de Camp, »3 fans que le Maréchal des logis de la Cavalerie puillè y entrer » en aucune maniéré, fi ce n’est: feulement pour marquer » le nombre d'Efcadrons ou le nombre d 'Officiers & de » Dragons que l’on commandera , & l’heure & lieu où ils » auront à & rendre ; & lorfque les Dragons feront arrivez » où ils & devront trouver, le M aréchal des logis de la Ca » valerie expliquera à celui qui & trouvera C om m andant, » foit qu’il foit Officier de Cavalerie, ou qu’il foit Officier de » D ra g o n s, les ordres du G eneral, & c e qu’il devra execu» ter avec la troupe afîemblée sous fan comm andem ent,
» » » » »
fans qu’en tout ce que deifus le Commandant de la Cavalerie puiiïe prétendre aucune forte de droit ni de jurifdiélion particulière fur les D rag o n s, pour lefquels Sa Majefté a créé & établi des Officiers Generaux & Com- D u 2 0 Fe m andans, entièrement diftincts de ceux de la Cavalerie. vrier 1 9 9 2 , . 3 9 1 Il y eut encore un point fur lequel les Officiers de D ra t. VII, p. gons détachez faifoient de la difficulté, qui étoit de rendre com pte de ce qui s’étoit pafTé dans le détachem ent au Co lonel G eneral ou Commandant de la Cavalerie, prétendant n ô tr e obligez de le rendre qu’au Commandant des D ra gons. Cela étoit caufe que le Commandant de la Cavalerie ne & férvoit point de Dragons dans les détachemens, & le service en fouffroir. C ’est pourquoi le Roy en 1708 fit un Reglem eni Reglement par lequel les Officiers de Dragons d éta ch e z , de L oüis X lV fa veu r du feroient obligez à aller rendre compte au General de la C a en Colonel Gene valerie, & enluite au Com m andant des Dragons. De forte que ral de la Ca fa r pour le service dans toutes les oecalîons marquées cy- délias, valerie rapport a u x les Dragons font fubordonnez au Colonel G eneral, ou au Dragonis. C om m andant de la Cavalerie. Le Colonel General de la Cavalerie-legere fait ferment M arqttesdt entre les mains du Roy. Il porte pour marque de sa dignité sa dignité. fixCornettes derrière fes armes. L i s t e des C o lo n e ls G e n e r a u x de la C a v a le r ie - legere.
C ette Liste, fuivant ce que J'ai d it, ne peut commencer qu’au Regne de Loüis X I I , qui le premier de nos Rois eut un Corps réglé de Cavalerie-legere dans fes troupes. Le premier Commandant François de ce C orps, fut M. de F onterailles, auquel Brantôme donne le nom de C olonel, quoi que Lotiis X II ne lui donne pas ce titre dans la L ettre qu’il écrivit aux Capitaines de la Cavalerie-legere pour les avertir du choix qu’il avoit fait de ce G entil-hom m e, mais celui de Capitaine General. Après cela je fuivrai la Liste que nous a donné le Com te de Bufly-Rabutin, depuis H enri II , quand je n’y trouverai rien de contraire à ce que J'aurai vu dans nos Hiftoires. Moniteur de Fonterailles so us le Regne de Lotiis X II,.qui le h t Capitaine General de la Cavalerie Legere Albanoife ,
Brantôme dans l’éloge
de M. d e Fon- l a q u e l l e f u t j u f q u ’a u n o m b r e d e d e u x m i l l e h o m m e s sous terailles. ce R e g n e . Mémoires C h a r l e s d e C o lT é , d e p u is a p p e l l e l e M a r é c h a l d e B r ilT a c , mamifcrits du M aréchal de so u s H e n r i I L ïk u ran g e .
M . d 'A u m a l e , f r e r e d e F r a n ç o i s D u c d e G u i f e , e n 1551. L e D u c d 'A u m a le a ï a n t é t é d é f a i t & p r is p a r A l b e r t , M a r q u i s d e B r a n d e b o u r g , e n i j y z , d a n s le t e m s q u e l ’a r m é e d e C h a r l e s Y i n v e f t i f l b i t i a v i l l e d e M e ts ; J a c q u e s d e S a v o y e D u c d e N e m o u r s f u t f a i t C o l o n e l G e n e r a l d e l a C a v a l e r ie . L e C o m t e d e BuiTy d i t , q u ’il n e le f u t q u e j u f q u ’e n 1553 ; c ’e stà - d ir e q u ’il n e g a r d a p a s c e t t e C h a r g e p l u s d ' u n a n . M a is l e D u c d e N e v e r s , p lu s c r o ï a b l e q u e M . d e B u f l y , p a r c e q u ’i l é to it c o n te m p o ra in & e n p la c e p o u r ê tr e in ftru it d e ces ch o ~ Mémoire de fe s , d i t , q u e l e D u c d e N e m o u r s garda cette Charge fort
M evers, t. 2, p . 18 2 .
Vol. car die.
Vol. cardie.
Loc.
long-tems,
jufques à ce qu il la refignât à Henri Duc de Guife»
E n e f f e t d a n s les R e g i f t r e s d e L E x t r a o r d i n a i r e d e s g u e r r e s d e l ’a n 1558 , M . d e N e m o u r s y est e n p lu f ie u r s e n d r o i t s q u a 4. Pi- lifié d e C o l o n e l d e l a C a v a l e r i e . E t je n e t r o u v e H e n r i D u c d e G u if e , n o m m é C o lo n e l G e n e ra l en d e ç à des M o n ts , q u e 3. Pi d a n s l ’E x t r a o r d i n a i r e d e s g u e r r e s d e 1 3 6 9 . M . d e D a m v i l l e , d e p u is C o n n é t a b l e , f u t C o l o n e l G e n e r a l a u de la d e s M o n t s , & a p r è s lu i M . d e T h o r é f o n f r e r e ,q u e M ,. d e B u fly a o m i s , c o m m e o n le v o i t p a r le s l i e g i f t r e s d e l ’E x e r a o r d i n a i r e d e s g u e r r e s d e c e te m s - là . H e n r i D u c d e G u i f e , g a r d a la C h a r g e d e C o l o n e l G e n e r a l a flè ? l o n g - t e m s ; & il est: m a r q u é d a n s le s M é m o i r e s d e N e v e r s , q u e c e n e f u t qu’en fes dernieres années q u ’i l la r e - ' cit. fig n a à M .d e N e m o u r s f o n f r e r e ( u t é r i n ) & fils d u D u c d e N e m o u r s d o n t J'a i p a r l é . » A p rè s la m o rt d e M . d e N e m o u rs ( le p e r e , q u i m o u ru t » e n 1585 ) M . d 'A u m a le , dic M . d e B u f ly , e x e r ç a la C h a r g e d e » C o l o n e l d e ç à les M o n t s , &. a p r è s lu i M . d e la G u i c h e , t o u s « d e u x j u f q u ’à c e q u e le j e u n e D u c d e N e m o u r s f u t e n â g e . ’, A p r è s l a b a t a i l l e d e C o u t r a s , fé lo n le m ê m e A u t e u r , » c ’e st à - d ir e e n 1 5 8 7 , le s d e u x C h a r g e s d e C o l o n e l d e l a C a v a le r ie f u r e n t r é ü n i e s e n l a p e r f o n n e d u D u c d e N e m o u r s . » A l a m o r t d u D u c d e G u if e à B lo is , l a q u e l l e a r r i v a i la f in d e l ’a n
, le D u c d e N e m o u rs s’é t a n t fau v é d e
» prifon, & joint au parti de la L ig u e, Henri III donna sa » Charge par forfaiture à Charles de Valois, Duc d'Angou» lême , & rétablit un Colonel de la les M onts, en la per« fonne du D uc des Urfins. Cette Charge de Colonel de la les M onts fut un titre fans exercice : car H enri III en ce tems-là n ’avoit plus rien en Italie. » Le D uc de N em ours, continue M. de BulTy, étan t m ort » (c ’est-à-dire en 1595) le Roy Henri IV donna a u D u c d ’An» goulême * la Charge de Colonel en titr e , qu’il n ’avoit » eue jufques-là que par Commiffion. Le D uc qui portoit alors le titre de Comte d 'A uvergne, la poiïeda cinquante-ffix ans : mais il ne l’exerça pas pendant tout ce tems : car aïant été mis à la Baflille en 1604 , pour des in trigues contre l’E ta t , il fut condamné à avoir la tête tran chée ; peine que le Roy commua en prifon perpétuelle. Le Comte demeura à la Baftiile juiqu’en 1616. Et pendant sa pri fon, le D uc de Nevers exerça la Charge de Colonel General par Commiffion. En lifant les Regiftres de la Chambre des Comptes de P a ris, de l ’Extraordinaire des guerres de ce tems-la, je tom bai fur une chofe à cette occafion qui m’a paru digne d 'ê tre rem arquée pour deux raifons. La prem ière, parce qu’elle m ’a paru nouvelle , Sa la seconde, parce qu’elle pourroit un jour donner lieu à la méprife dans l’Histoire. Q uand H enri IV fît m ettre le Comte d'Auvergne à la Baftiile, il conferva à sa femme Charlotte de Montmorenci, les appointemens de la C harge de Colonel General de la Cavalerie. Il y a dans le Regiftre de 1606 & dans ceux des La Comtepé 'Auvergne années fuivantes des articles touchant le paiement fait à la dappellée veu Comteflè d 'Auvergne, & il y est dit : tant ou telle femme pour ve du viva n t la 'veuve du Comte d'Auvergne , comme fi fon mari eût été de fon mari. m ort deflors. C 'est fans doute qu’aïant été condamné à la m o rt, & la peine aïant été réduite à la prifon perpétuelle, il étoit m ort civilem ent, & les gens des Comptes ou les Treforiers de la gu erre, par cette raifon, donnoient le nom de veuve à sa femme. Q uandle Comte d'Auvergne forcit de prifon en 1616, sa *
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M emoires de B u ssy -R a b u t i n , t. I ,p. 550.
c h a rg e de Colonel General lui fut rendue. II n’y eut plus de C olonel au-de la des M onts, parce que le D uc des Uriins, qui avoir ce titre , étoit mort. Le Com te d'Auvergne,qui peu d 'années après prit le titre de D uc d'Angoulême, donna avec l’agrém ent du Roy sa C harge de Colonel G eneral à François de Valois, Comte d 'A lais, fon fils puîné ; mais ce jeune Seigneur n’étant pas encore en âge de fervir dans une telle C harge, le Duc de R ohan la fit par Commiflîon avec le confentement du Duc d 'Angoulême. Le Comte d 'Alais étant m ort au fiege de Montpellier l’an 1 6 1 1 , le D uc d 'Angoulême reprit la C h a rg e , dont il avoit la furvivance. Quelques années après, le Roy trouva bon qu’il la donnât à fon fils Loüis de Valois Com te d 'A lais,aîné du précèdent. Le Com te d 'Alais la garda long-tems ; il l’a voit encore en 1650 , félon l’Etat de la France de cette année-là. Il s’en défit pour la m ettre entre les mains du D uc de Joyeufe fon gendre, qui l ’exerça jufqu’en l’an 1654. Le D uc de Joyeufe aïant été blelTé à m ort à l’attaque des lignes des Ëfpagnols qui afliegeoient Arras cette même année , & qui levèrent le lîege , M le Prince de Conti qui comm andoit alors en C atalogne, écrivit au Cardinal Ma. zarin pour dem ander la Charge de Colonel General de la C avalerie, fuppofé qffelle vaquât par la m ort du D uc de Joyeufe; le Cardinal lui rép o n d it5» que le Roy étoit engagé » au M aréchal de Turennepour cette C harge, auquel en « effet il la donna ensuite, à condition, dit le Com te de Bufiy, » de ne la pas faire, ni même de n’en point prendre le titre » tant que la guerre dureroit. Je ne fçai pas sous quel pré» texte, continue M. de Buffy5mais je crois que la verita» ble raifon fu t, que le Cardinal étoit bien-aife de le tenir » en haleine par une derniere g râ c e , & de lui laiffer quelque » chofe à efperer. Le Roy n’attendit pas cependant jufqu’à la fin de la guerre à declarer M. de Turenne Colonel General de la Cavalerie; car il lui en donna les Provifions dès l’an 1657, le 24 d'Av r i l , & reçut Ion ferment deux jours après. M . de
M. de Turenne aïant été tué d 'un coup de canon en Al lemagne au mois de Juillet de l’an 1675, la Charge de Co lonel General de la Cavalerie fut donnée à fon neveu M. le Comte d 'Auvergne. Ses Provilîons furent expédiées le 14 de Septembre de la même année : mais il ne fît le ferment que le 4 de Decem bre , parce qu’il étoit alors à l’armée. M. le Comte d'Evreux, neveu de M. le C om te d 'Auvergne. & fils de M. le D uc de Boüillon, fucceda dans la Charge à fou oncle l’an 1 7 0 5 , & il la poflede encore aujourd’huy en 1721, D e la Charge de Mes t re de Camp General de la Cavalerie,
J ' Ai déjà obfervé que des l’an 1553 , le titre de Mettre de
Camp General étoit dans la Cavalerie - legere, que cette C harge étoit doublée quand celle de Colonel General l’étoit. Ce qui arrivoit lorfqu’il y avoit un Colonel General de la Cavalerie en deçà des M o n ts, & un Colonel General au de la des Monts. ]e ne fçaurois dire précifément quand cet emploi fut érigé en titre de Charge. Le M ettre de Camp General a toujours commandé de droit la Cavalerie dans une armée , quand le Colonel n’y étoit point ; & il a en fon abfence la même autorité que lui. Il a à l’armée une garde de Cavalerie , commandée par un L ie u te n a n t, & une vedette à l’entrée de fon logis ; outre la garde d 'infanterie qui lui est dûë , s’il est Officier G en eral, comme il l’est prefque toujours. Il difpofoit autrefois des Charges de sa Compagnie. Le M ettre de Camp G eneral de la Cavalerie , pour m ar que de sa d ig n ité, met quatre Cornettes derrière fes armes. L iste des Aieflres de Camp Generaux de la Cavalerie. Le Com te de Bufly-Rabutin aflure dans fon traité de la Cavalerie-legere, que M. d'Efguilly fut Mettre de Camp Ge neral , sous le D uc d 'Aumale l’an 1552 du tems de Henri II, qu’en 1555 M. de Sanfac fut Mettre de Camp General dans l ’arm ée de Champagne que commandoit M. le Duc de Neyers : que M. de la G uiche, depuis G rand-M aître d e i’Ar-
Autorité & prérogatives du Mestre de Camp Gene ral.
Marques de sa dignité à l’écu de fes armes.
tiîlerie, fut Mestre de Camp General au de la des M onts, sous Charles IX , après que ce Prince eut partagé la Charge de C olonel General en deux, que M. de la Valette pere du fam eux D uc d'Epernon , fut Mestre de Camp General en D 'Avila 1. 4. deçà des Monts. d ' Avila sous l’an 1568 lui donne faufleMéprise de m ént le titre de Colonel de la Cavalerie-legere. d'A v ila . M. de Bulfy ajoute que M. de Sagonne fut fait Mestre de Camp General sous le jeune Duc de Nemours en deçà des Monts : qu’après la bataille de Coutras les deux C har, ges de Colonel General aïant été réünies en la perfonne du D uc de Nemours , le même M. de Sagonne fut feu! Mestre * Sagonne de Camp General : que Sagonne * aïant fuivi le parti de la fu t tue à la Ligue, le Roy donna la Charge de Mestre de Camp Gene journée d 'Ar ral à Anne d 'Anglure , appellé le Brave Givry : que Givry ques d 'un coup de pifto- aïant été tué au fiege de Laon sous le Regne de H enri IV , let , par le jeune Comte M. de V itry eut sa C harge: que M. de Vitry aïant été fait d 'Auvergne , Capitaine des Gardes du C o rp s, M. de M ontigni lui fucceda qui fut depuis dans sa Charge de Mestre de Camp G eneral : que M. de Colonel Ge neral de la M ontigni aflîegeant Nevers durant les guerres civiles sous Cavalerie. Loüis X I I I , M. de la Rochefoucaut exerça par Commiffton la C harge de Mestre de Camp General. Q u ’après la m ort du M aréchal d 'Ancre , Montigni aïant été fait M aréchal de France, il donna sa Charge de Mestre de Camp General à François de Beauvilliers, Comte de Saint Aignan fon gendre. Que ce Comte s’étant jette dans le parti de la Reine Mere Marie de Medicis , à eaufe que le Duc de Luines Favori de Loüis X III, ne Pavoit pas fait nom mer Chevalier de l’O rdre ; il fut pris les armes à la main contre le R oy, & qu’il perdit sa Charge 3 qu’elle fut donnée à M. de la Curée 3 que celui-cy la vendit au D uc de la Tre~ moüille en pendant le fiege de la Rochelle 3 que le D uc de la Trem oüille ayant été blefifé en Piém ont, la vendit au Marquis de Sourdis 3 que le Marquis de Praflin l’acheta du Marquis de Sourdis 3 que M. de Praflin aïant été tué à la bataille de Sedan , la Charge fut donnée au Colonel Gafiîon, qui fut depuis M aréchal de France. Q ue ce M aréchal la vendit à Philippe de C lerem baut, C o m te de Palluau , lequel aïant été fait M aréchal de Fran»
ce en 1653 , Ja vendit quatre vingts dix mille écus au Comte de Bufty-Rabutin. Le Comte de Bufty-Rabutin aïant été mis à la Baftille Pan 1665 , il donna quelque tems après la démillion de sa Charge , & le Duc de Coaflin en fut pourvu. Ce D uc la vendit depuis au Chevalier de Fourille, qui poffedoit cette Charge lorfqu’il fut tué au com bat de Senef en 1674. Le Marquis de Reynel Peut après la m ort du Chevalier de Fourille. Ce Marquis fut tué d'un coup de canon au ftege de Cambrai en 1677. Au Marquis de Reynel fuccedale Baron de-M onclars. M. de R o fen .. . . . . . depuis M aréchal de France. Le Marquis de M ontperoux. Le Marquis de la Valiere. L e Comte de Chaftillon fur Marne. D e la Charge de Commissaire General de la Cavalerie. E tte Charge est la troifiéme de la Cavalerie-Legere ; elle est recente, & M. de BulTy-Rabutinnousen apprend Pongine dans fes Mémoires. « A u commencement de 1654, d it-il, le M aréchal de » T urenne voulant reconnoître le dévouement d'Efclainvilliers, & peut-être diminuer la considération de ma Char» ge, avoit propofé en sa faveur à la C o u r, comme un grand » avantage au iervice, de faire un Commiftaire General dans « la Cavalerie , ainfi que cela & pratiquoit dans les armées » d 'Allemagne. Ce M aréchal qui commandoit une des ar» mées du Roy en F landres, & qui prévoïoit que fon em« ploi ne fïniroit pas fi. t ô t , étoit bien-aife d'avoir une créa » ture auffi confiderable que le Commiftaire General dans le « Corps de Ja C avalerie, & auquel il prétendoit faire com» mander d 'ordinaire celle de fon armée. « d ' abord le D uc de Joyeufe Colonel de la Cavalerie » par la m ort du D uc d 'Angoulême fon beau-pere , à la fin » de 1653 donna les mains au deftèin d'Efclainvilliers. Pour » moy quelachofe intereftoic davantage, je m ’y oppofâi ; C
T . I . p . 4 8 9. an. 165 4.
p.65 4
T . 2, p. 71 .
Prérogatives du Commifsaiic General
je craignois que cette Charge ( dont les fondions parmi les » étrangers étoit de commander non feulement la Cavale« r i e , mais encore d'en faire les rev u e s, & de donner les » quartiers d'hy ver ) n’eût plus de confédération que la mien» ne , quoiqu’elle lui fût fubalterne. M on oppofitionempê» chant l’établifîèment d 'Efclainvilliers , il me vint faire tant » de prières, de ne pas ruiner sa fortune , m ’afîura tant de » sa reconnoiflànce &. mêm e de fon a tta c h e m e n t, en me » difant qu’à m’apporteroit le projet de sa Commifîion pour » y changer ce qui me c h o q u ero it, que je confentis à ce » qu’il voulut. Le defir que J'eus de faire à ce galant homme » un grand plaifir qui ne me coutoit rien , & la crainte qu’en » le lui refu fa n t, cela ne me broüillât avec toute la Cava» lerie dans laquelle il étoit fort aimé , m’obligerent à me » laiflèr aller. Il m ’apporta deux jours après un projet de » sa Commifîion , dans laquelle J'ajoûtai quelques m ots, qui » é to ie n t, qu’il n ’auroit point en mon abfence d'autre fon» d ion que la mienne. Ce ne fut d 'abord qu’une Commifîion , mais l’année fuivante 1655 elle fut érigée en Charge : c’est ce que nous ap prend encore le même Auteur : » Dans ce tems-là , ajoûte» t-il, Efclainvilliers qui avoir pour moi une très-grande re» connoifTance du confentement que J'avois donné à sa Com» million de Commiffaire G eneral, & même un grand refped, » me pria d'achever de contribuer à fon établiflement en don» nant les mains que cette Commifîion fût érigée en Charge» » Je ne m ’en fis pas prefler, & aïant été dire à M. le Tellier » qu’il fembloit que le Roy ne pouvoir mieux faire que de » créer en faveur d'Efclainvilliers, la Charge de Commiffaire » General de la Cavalerie, & de lui donner par là quelque « chofe de folide ; cela & fit huit jours après. Le Commiffaire General commande la Cavalerie dans l ’armée en l’abfence du Colonel General & du Mestre de Camp General. Il a une garde de Cavalerie & une vedette le fabre à la main devant fon logis,, comme le Mestre de Camp General. L ’ufage, m’a t-on d i t , est tel. Il est rare que ces trois Officiers & trouvent enfemble dans la m êm e armée. O n a l’attention de les diftribuer dans les
differentes arm ées, quand il y en a plufieurs, & hors de ce cas de ne les pas faire tous fervir. Lorfqu’aucun de ces trois Officiers n’est dans une arm ée, c’est le plus ancien Brigadier de Cavalerie qui commande la Cavalerie. Il a les mêmes fondions & la m êm e autorité ; mais il n’a point de garde de Cavalerie à fon logis. Le Commiffaire General pour marque de sa dignité met deux C ornettes derrière les armes. Liste des CommijJairesGeneraux de la C avalerie. M. d'Efclainvilliers par Commiffion en 1654. : en C harge en 1655. M- de la Cardonniere en 1656. Le Marquis de M ontrevel en 1677 , depuis Maréchal de France. Le Marquis de Villars en 1688 , depuis Maréchal de France. Le Comte de Veruë tué à la bataille d 'H o c fte t, en 1704. Le Marquis de la Valliere en 1704. Le Comte de Chaftillon fur Marne,. Le Com te de Clerm ont.
Histoire des Grands O f ficiers de Ja. Couronne.
d e la Charge de Lieutenant Colonel de la Cavalerie-Legere. Ette Charge étoit autrefois la troihéme de la CavalerieLeger; & celui qui en étoit pourvu,commandoit la C a valerie en l’abfen ce du Colonel General & du Mestre de Camp G eneral: m ais, comme le dit M. de Buffy- Rabutin , cette Charge est devenue particulière de publique qu'elle étoit, & le M emoires d e Lieutenant ne commande que du jour de sa Commiffion de Mestre Buffy-R abutin , T. I , p . de Camp. 474. C et Officier étoit celui qui commandoit la Colonelle sous le Colonel G e n era l, comme on le voit par un différend qui arriva entreM. du Terrail,LieutenantColonel de la Cavalerie, &. M. de la Curée , Lieutenant de la Compagnie des Chevaux-Legers du Roy H enry I V , avant que cette Compagnie fû t érigée en Compagnie de Gardes du R oy , ainh que je l’ai
C
raconté en traitan t de la Compagnie des Chevaux-Légers Ibid.p.4 9 4 de la G arde. La railon qu’apportoit M . du T errail pour ap puyer sa prétention, étoit que la véritable Compagnie du Roy é to it celle du C o l o n e l General ; & qu’une marque de cela é to it la Cornette blanche qu’elle a v o it, laquelle donnoit le rang à toutes les autres Cornettes. La Curée répondoit qu’il étoit Lieutenant du R o y , & que le T errail n’étoit que le Lieutenant du Duc d 'Angoulême. M. du T errail commandoit donc la Colonelle sous le Colonel General ; de même qu’en ce tems-là on donnoit le nom de Lieutenant Colonel d 'un Régi ment d'infanterie , à celui qui commandoit la Colonelle sous le Colonel General à qui elle appartenoit ; m aisoutre cela fon Commandement s’étendoit fur toute la Cavalerie après les deux premiers Officiers Generaux. N on feulement le Lieutenant Colonel commandoit la Ca Prérogatives d u Lieutenant valerie en l’abfence du Colonel & d u M ettre de Camp Colonel de la G eneral ; mais encore il choifittbit après eux le corps d’Armée Cavalerieoù il vouloir fervir. legere, Ibid. p. 474. N onobftant ces prérogatives dont le Lieutenant Colonel étoit en polfeffion, il y eut sous le Regne de Loüis X III , une difpute à Grenoble pour le C om m andem ent, entre M. de Bouchavannes Lieutenant C olonel, & les Capitaines de Ca valerie plus anciens que luy. Car il n'y avoit point encore alors de Regiment de Cavalerie, ni par confequent de M eflre de C am p , excepté le Mettre de Camp General. Loüis Ib id .p .471 . X III régla la chofe en faveur de Bouchavannes s & afin que lï Sa Majetté prenoit le dettein de faire des Regimens, comme elle fît dans la fuite, les Mettres de Camp ne fiflent plus de nouvelles difficultez au Lieutenant Colonel de la Cavalerie ; il fit expedier à Bouchavannes la Commiffion de Mettre de C am p, comme le Roy fon pere avoit fait donner à du Terrail Lieutenant Colonel une Commiffion de Capitaine. On voit par tout cela que cette Charge étoit alors très-confiderahle. Je ne fçay pas le tems où elle perdit fes prérogati ves : mais il est fort vray-femblable que ce fut peu de tems après finttitution de la Charge de Commifîaire G eneral, qui prit dans le corps la troifiéme place qu’avoit le Lieutenant C o lo n el, & qui ne lui laiiïoit plus gueres de lieu au Comman dement»
L ’Officier qui commande aujourd’huy la C olonelle,ne s’appelle plus Lieutenant C o lo n el, ni Colonel Lieutenant, mais Mestre de Camp du Regim ent Colonel General ; il com mande toujours le Regiment Colonel, & il a au-defîbus de lui un Officier qui porte le titre de Lieutenant Colonel. Il ne paroît point d 'Officier avec le titre de Lieutenant Colonel de la Cavalerie avant Charles IX . Il yen eut un alors au de la des M o n ts, félon le témoignage de M. de BudyR abutin,m ais dont il a laide le nom en blanc. Et c’ed par ce lui- cy que je commencerai la Liste de ces Officiers, & de ceux qui ont commandé la Colonelle sous le Colonel General. L iste des Lieutenans Colonels de la Cavalerie-Legere. M ondeur *** Lieutenant Colonel de la Cavalerie de la les Monts sous Charles IX. M ondeur du May Lieutenant Colonel en deçà des Monts. M ondeur de Neuvy Barrois feul Lieutenant Colonel de la Cavalerie sous H enry III. M ondeur de L ’H ofpital, Seigneur de Vitri, sous Henry IV,, depuis M aréchal de France. M ondeur de *** premier Capitaine de Cavalerie. M ondeur d 'A ligre-M eliant, tué à l’attaque dY doire en 1560. Le Comte de Chateau-neuf, qui fut appelle depuis le M ar quis d 'Urfé. Mondeur du Terrail. Mondeur de Blerancourt frere du D uc de Trefmes. Ce fu t sous Loüis X III. M ondeur d 'Eftampes de Valence , sous Loüis X III. M ondeur de Valencé dis du précèdent. Il fut tué au degg de Privas l’an 1629. M ondeur de Valencé pere du precedent. Mondeur de Sainte Frique. M ondeur de Bouchavannes. Mondeur de Choileul frere du M aréchal du Pleffis-PraÜLG. Il fut tué en Italie à la journée de Cremoneen 1648.
I b i d .p . 46 6 .
Monfieur de Ruvigni. M onfieur de Vignaux. M onfieur *** M onfieur de Renty. M onfieur de Crussol . . . . . . . . . . . tué dans la Campagne de 1674, proche de Saverne. Monfieur de Bougi. Monfieur de Coëtmadeuc. Le Marquis de Dintiville. Monfieur à ?Elvémont. Monfieur le Com te de Bioule. D e la Charge de Maréchal General des Logis de la Cavalerie.
Fondions de cette Charge.
Entre les Charges que J'ai appelle Generales, celle-cy est la plus confiderable de la Cavalerie après celle de Colonel G e n era l, de M ettre de Camp General & de Commiflaire General. Il a dans ce corps à peu près les mêmes fondions & les mêmes details que le Major General dans l’Infanterie. Il va au cam pem ent, il diftribuële terrein pour camper la Cava lerie, sous les ordres du M aréchal de Camp de jour. Il voit m onter & defcendre les gardes. Il prend l’ordre du M aréchal de Camp de jo u r, pour le donner aux Majors de Brigades. Il ordonne toutes les gardes de la Cavalerie, tous les détachemens & les partis. Il a chez lui un Cavalier d 'ordonnance pour chaqe Brigade, afin d 'y porter les ordres, quand il f u r vient quelque chofe d'imprévu. Cette Charge, félon le petit traité de la Cavalerie du Comte de Bufiy , ne paroît point avant le Regne de Charles IX , non plus que celle de Lieu tenant Colonel de la Cavalerie -, je ne trouve en effet l’une & l’autre dans les Regiftres de l’Extraordinaire des guerres qu’en ce tems-là. Et c’est de là que je commencerai la Liste de ceux qui l’ont pofledée.
Liste des Maréchaux Generaux des L o g is de la Cavalerie. M emoires d e Buffy R a batin, t. I , p. 466.
Le Capitaine Malatefta Italien fut Maréchal G eneral des logis de la Cavalerie, sous Charles IX de la les Monts. le
Le Sieur Pierre Paul Toufain aufli Italien,le fut en deçà des M o n ts .
Le Sieur Jean M arc fut feul M aréchal des Logis de la Ca valerie. Il étoit Albanois,& fut tué à la journée d 'Arques étant dans l’arm ée de la Ligue contre H enry IV. M , du Pleffis-Piquet sous H enry IV . M. de la Lionne, M. de faint Eftienne. M- *** M. de Rifante. M . de la Becherelle, M. de Clermont, M. de la Brofle, M. d e *** M. d 'Anglure. M. de Saint M a rtin , qui exerçoit cette Charge en 1 6 53. M. de Lavié-Ruë fucceda à M. de faint M artin , & M. de Lavié Ruë le fils a fuccedé à fon pere. Il y a deux autres Officiers qui portent Je titre de M aré chal des logis de la Cavalerie ; ils furent créez par le feu R oy pour faire leurs fondions dans les divers corps d’Armée , où le M aréchal G e n e r a l d e s logis ne pouvoir & trouver. Ils ont les mêmes honneurs & privilèges, & des Aydes de même que luy. Ce font aujourd’huy les Sieurs de Bonval & des tournais. Q uand ces Officiers ne & trouvent pas à l ’arm ée, on commet à leur place des perfonnes du corps de laCavalerie gens entendus ; & ordinairem ent ce font des Mestres de Camp,
D es Regimens de Cavalerie. 'JAi déjà fait l’H istoire , & m arqué l’époque de Pinftitution des Regim ens de la Cavalerie , qui fut en 1635. Un Regim ent de Cavalerie est çompofé de deux, de trois ou de quatre Efcadrons, Chaque Efcadron est de quatre Com pagnies, & une Com pagnie est depuis vingt-cinq Maîcres ou Cavaliers, jufqu’à cinquante , fuivant le befoin & l’au gm entation ou réduction de ces Compagnies. O n diftingue
RegîmenS Royaux & Regimens de Germls-h o m mes.
les Regimens de Cavalerie comme en deux clalTes, en Regimens R oïaux & e n Regimens de Gentils-hommes. Sous le nom de Roïaux font com pris, non feulement ceux qui portent le nom d u R o i ou de Royal ; mais encore ceux des Princes du Sang , félon le rang de leur d ignité, celui de la R eine, ceux du Colonel G e n e ra l, du Mestre de Camp General, & du Commiftaire General : les voici félon leur rang , fuivant le contrôle de 1714 , un peu avant la fin du R egne du feu Roy. Colonel General. Mestre de Camp General. Commiftaire General. Royal. D u Roy. Royal Etranger. R oyal Cuiraffiers. Royal Cravattes R oyal Rouflillon, Royal Piém ont. Royal Allemand. R oyal Carabiniers. L a Reine. D auphin. D auphin Etranger. Bourgogne. Anjou. Berry. Orléans. Chartres. Condé. Bourbon. D u Maine. Touloufè. Les Regimens de Gentils-hommes font tous les autres R e gimens. Les Regimens Royaux ont toujours eu rang entre eux , fans avoir égard à l'ancienneté de réception des Mestres de Çamp, La même chofe fut aufîî réglée pourle s Régime ns d e
Gentils-hommes par l’O rdonnance du I. de May 1699. Avant cette O rdonnance, ces Regimens m archoient entre eux félon l’ancienneté des Commiffions de leurs Mestres deCamp. Quoique les Regimens aient leur rang fixé, les Mestres de Camp m archent & commandent entre eux félon l’ancienneté de leur Commiffion, & les Capitaines auffi Mais les Lieutenans fuivent le rang des Corps & des Compagnies où ils fervent. Je parlerai d 'abord des Regimens Royaux, & ensuite des Regimens de Gentils-hommes. Comme il n’y avoir point de Regimens de Cavalerie avant 1635, il n ’yavoit point non plus de Mestres de Camp de Ca valerie avant cette a n n ée , excepté le Mestre de Camp G ene ral. Ainft la plus ancienne Liste qu’on en pourroit a v o ir, ne commenceroit point au-defliis de ce tems là. Elle ne lailTèroit pas d 'être infiniment longue à caufe de la multitude des Regimens,& fur tout des changemens des Mestres de Camp qui le font faits dans chaque Regim ent ; les Mestres de Camp paftant d 'un Regim ent à un a u tre , & de celui-là quelquefois encore à d'autres. Je me bornerai d o n c , comme J'ay fait dans les Reg:mens d 'infanterie ; premièrement,au dénom brem ent des Mestres de Camp qui ont été tuez au service, dont J'aurai eu connoiftance , & de ceux qui feront parvenus au Bâton de M aréchal de France. Secondem ent, à la Liste des Regimens qui étoient fur pied en 1714 à la fin de la derniere guerre ; je ne m’étendrai un peu au long que fur deux des Regim ens, fçavoir fur le Regim ent Colonel General, qui est le premier de tous, & par lequel je com m encerai:& furie Regiment des C arabiniers, qui a quelque choie de fingulier, & fur lequel J'ai de bons & d 'amples m ém oires, & c’est par lui que je fini rai cet article de mon Histoire de la Cavalerie -1 egere. R e g im e n t C o lo n e l G e n e r a l.
Omme le C om te d'Alais fils du Duc d 'Angoulême étoit Colonel G eneral de la Cavalerie, lorfqu elle fut mife en Regim ens, on ne peut douter qu’un changement fi im portant dans un corps auffi confiderable que celui-là, ne & foit fait de concert avec lu i, & que le Regiment Colonel n’ait C
été formé le premier de tous ; & ainft ce Regim ent effc non fëùlement le premier de la Cavalerie de France par la di gnité de fon chef, mais encore par la date de fon institution, ou du moins on peut aflurer qu’aucun n’a été mis fur pied avant lui. Ses prérogatives font de camper toujours à la droite de l’armée , & d'occuper les premiers polies, lorfque la Maison du Roy ne s’y trouve pas. Q uand elle s’y trouve , il n’oc cupe que le fécond pofte. Il elt à l’avant-garde de l’armée dans la marche ou à l’arriere g a rd e , fuivant la polîtion des ennemis, & il fuit dans tous les détachemens Je même ordre. Il a le droit aux livraifons de pain & de fourage fec , de cc.uper en arrivant les brigades de Cavalerie, quoiqu’arrivées devant, obfervant cependant de laifler achever le Regim ent que l’on aura commencé de fournir. Dans les cantonnemens & tous autres logemens , où il & trouve pluHeurs Regimens avec lui , après que les Majors ont fait les lots des logemens ou cazernes, le Regiment Co lonel G eneral a le droit de choifir, & les autres le tirent entre eux au fort. Son E tendart b lan c, qu'on appelle la Cornette blanche, ne faluë que le Roy, les Princes du Sang,le Colonel General, & les Generaux d’Armée M aréchaux de France. Lorfque l’armée est rangée pour m arch er, & que le R é giment C olonel, le m ettant en m a rc h e , pafte devant la li gne de Cavalerie , les Regimens m ontent à ch ev al, & là luent de leurs étendars la Cornette blanche. T oute la Compagnie Colonelle doit être m ontée fur des chevaux gris b lan cs, & elle a feule ce droit dans la Cava lerie. Le Mestre de Camp du Regim ent en est le C a p i t a i n e & le Lieutenant, il en tire les appointemens. Le C ornette que l’on nomme Cornette blanche,m arche dans les détachemens comme C apitaine, lans en avoir la Comrniffion. Cette Charge & vend dix mille écu s, & rombe au cafuel du Colonel General de la Cavalerie. Dans cette Compagnie f e u l e de la Cavalerie Françoife , il y a un Sous-Lieutenant qui obéît dans le corps au Cor-
nette ; & s’ils & trouvent tous deux en détachement , c’eliau Sous-Lieutenant à commander , parce qu’il a toujours la Commiffion de Capitaine, & que l ’autre ne la prend pas d'or dinaire : il cependant il arrivoit que l’un & l ’autre l’eulîentj ce feroit au plus ancien par sa Commiffion , à commander le d é tach em en t, comme il est ufité dans toute la Cavalerie. Le M aréchal des logis de cette Compagnie m arche auffi de droit comme C ornette, quoiqu’il n’en ait pas le Brevet, & le premier Brigadier marche comme M aréchal des logisdans tous les détachemens. Lis t e des M estres de Camp de divers Regimens tuez aus ervice , ou parvenus à la dignité de Maréchal de France.
Regiment Royal. Après la m ort du Cardinal de Richelieu , dit Monfieur de Bufly.Rabutin. ( C’est-à-dire entre le 4 de Decembre de 1641,jour de la m ort du Cardinal , & l e 14 de May de 1643 , que le R oy Loüis X III m ourut) » ce Prince fit du Regiment » de Cavalerie de ce premier Miniftre , le Regiment Royal ; ce Regim ent en vertu de fon titre d e R o y a l crut avoir droit de difputer le rang au Regim ent Colonel ; & lachofe parut aflèz ferieufe pour que leRoy fît une Ordonnance,par laquelle il fut déclaré que le Regiment Colonel & celui du Mestre de Camp General pailèroient avant le Regim ent Royal. M. de Chefnoile Mestre de Camp de ce R egim ent, tué au combat d 'Alihenheim en 1675. Le Maréchal de M ontrevel parvenu au Bâton de M aré chal de France.
Regiment du Roy. Le Com te de Vivone , depuis D u c , devenu M aréchal de France.
Regiment Royal des Cravattes. Je trouve dans une l e t t r e d e s M aréchaux de Chaiilne & de Chaftiilon , rapportée dans les mémoires pour fervir à l’hif-
toire du C ardinal de Richelieu, qu’il y avoir en cetem s-là un Corps de Cravartes commandé par le General Forças dans les troupes Efpagnoles. Moniteur de R antzau fuivant les m ê mes mémoires ,avoitdans notre arm ée quatre Compagnies de Cravattes en iéjé.M onfieur de Gafïïon en avoit deux en Riancour h ist. 1640. Il en eff parlé au lujet de la bataille de Rocroy en 1643. de la M onarDans l’état de nos armées de 1645, il est mention des Cra chie Françoife, vattes de M. le M aréchal d'H oquincourt pareillement p. 131. 132 . dans les mémoires de Navailles aufujet de la bataille de S. Antoine. Il y eut encore un Regim ent de Cravattes sous le Colonel Baltazar. Je ne crois pas que ce foitle Regim ent des Cravattes d'aujourd’hui. Un homme de qualité qui a été MeAre de Camp de ce R egim ent, m ’a dit que le Comte de Vivoneamena d 'au-de la du Rhin un Regiment de C ravattes: mais comme apparem m ent on ne & m it pas en peine d 'en faire les recrues de soldats étrangers , & que dans la fuite la plu part & trouvèrent François, le Comte de Vivone obtint qu’on lui donneroit rang parmi les Regimens Royaux sous le titre de Royal C ravates, & il eut fon rang après les Cuiraffiers. O n m’a dit que M onlieur le M aréchal de Talard,qui en avoit été Mettre de Camp , lui fit l’honneur de & m ettre à fà tête pour charger l ’ennemi à la bataille de Spire qu’il gagna en 1703. Le Comte de V ivone, depuis D u c , & le Comte de T alard devenus M aréchaux de France.
Royal Roussillon. Le Marquis de M ontfort tué à N ervindeen 16 93.
Royal Allemand. Ce Regiment fut levé en 1671. Il avoit deux Lieutenans Colonels. 11 y avoit des Cadets dans ce Regiment au Camp de Compiegne en 1698. M. Bohlen tué à Nervinde en 1693, Ce fut alors & après la m o rt de ce C olonel, que le Regiment fut nommé R oyal A l.
lemand.
C a r a b in ie r s .
Je ferai ailleurs l’Hittoire particulière d e c e Regiment, dont Moniteur le D uc du Maine est Mettre de Camp Lieutenant.
Regiment de la Reine. Le Marquis du Caila tué au combat de Caftiglioné d 'ellé' Stiveré dans le M antouan en 1706.
Regiment Dauphin. Le Marquis de Saint Gelais tué à l’attaque de V alcour 1689.
em
Regiment de Bourgogne. Le M arquis d 'Auger tué au combat de Leuze en 1691.
Regiment d'Anjou. Ce Regim ent qui avoit porté le nom de divers Mestres de. C a m p , prit le nom d 'Anjou en 1688 , le Marquis de Blanchesfort en étant Mettre de Camp. M. de Baleroy tué en Allemagne en 1672. M. de Courcelles tué à Senef en 1674. Le Marquis de Villars, depuis D u c , devenu M aréchal de France.
Regiment de Berry. Ce Regim ent é to it encore nommé Rouffillon en 16 8 8 , & étoit nommé Berry en 1691. O n lui donna ce nom en 1690 , la Province de Roulîillon l’avoit levé. Le Marquis de V illacerf fut tué d 'un coup de Canon auu fîege de Burnes en Janvier 1693.
R e g im e n t
d'Orleans.
Le Marquis de Montrevel devenu M aréchal de France.
Regiment de Chartres. Le Marquis de Fontanges-C aylus, tué à Fleurus en 1690.
Regiment de Condé. L e Marquis de Toiras fut tué au combat de Leuze étant Capitaine-Lieutenant des Chevaux - Légers Dauphins en i 6p i .
Regiment de Bourbon. Ce R egim ent & nomma Anguien jufqu’à la m ort du G rand Prince de Condé. Le Comte de la Chapelle tué dans pne efcarmouche pen~ dan t le liege de N am ur en 1 6 9 2 .
Regiment du Maine. M. de Coulange tué au combat d e S e i m z e i m e n 1 6 74, M. de Culan tué au combat d'Ensheim en 1674. Le Marquis du B ordagejtué en 1688 au fiege de Philif. bourg. Alors le Roy donna ce Regim ent à M. le D uc dui Maine. M. de Chauvance tué à la bataille de Fleurus en 16 9 0 ,
Regiment de Beringhen. Il est à-prefent Conti , & a pris rang apres Bourbon par une O rdonnance du ao de Mars 1718. Le Marquis de Tilladet Lieutenant G en eral, tué â Stelae jkerque en i 6 y x . gegmenî
Regiment de du Tronc. Il est: à prefent Villars. Monfîeur de Bartillat tué à la ba« taille de Fleurus en 1690 Lieutenant General.
Regiment de Villeroy. Le M aréchal D uc de Villeroy aujourd’hui Gouverneur du R oy , & fils du M aréchal de même nom , qui avoit eu le m ê me employ auprès de Loüis X IV . Le Chevalier de Villeroy fils du M aréch al, perdit la vie dans un combat des Galeres de M althe contre les Turcs.
Regiment de S. Aignan. Il est: m aintenant S. Simon fils du Duc. Le Prince de R ohan fut tué aux Pais-Bas dans un combat de Partis.
Regiment de Ges u res. M. Foucault Lieutenant General tué en Allemagne.
Regiment d'Aubusson. Il est aujourd’hui Cayeux. Le Comte du Pleffis Beliere Lieutenant G eneral, tué au combat de Caftellamare au Royaume de Naples en 1654.
Regiment de Rennepont. M. de R ennepont tué en Italie en 1706 à la bataille que gagna M. de M edavid. M. du R obin tué à la bataille de la Marfaille en 1693-
Regiment de V audrey. Le Marquis de Roquepine tué dans un parti en Italie I C aftrevato en 1701.
Regiment Prince de Marsillac. C ’est à prefent la Rocheguion. M. de Bercour Brigadier blefle dans un combat après que M. le Duc de Vendôme eut pris Barcelone. Il mourut de Tes bleiTures dans cette place en 1697.
Regiment de Saint Germain Beaupré. M. de G ournay tué à Nervinde en 1693. M. de L arard tué dans un parti proche de Caftiglioné dans le M antouan l’an —
Regiment de Marsillac. Il est à-prefent Montrevel. M. de Sainte Liviere tué à la journée de la Marfaille en 1693.
Regiment de Monteil. M. de Saint R ut Lieutenant G eneral, tué en Irlande en comm andant l’armée du Roy d'Angleterre en 1691. Le M arquis de Gournay tué à la bataille de F l e u r a s é ta n t Lieutenant G eneral en 1690.
Regiment de Saint Pouanges. II est à-prefent Bougard. Le Com te de Befons devenu M a réchal de France.
Regiment de Germinon. M. de Monbas tué à la journée de la Marfaille en 1693,
Regiment de Lenoncour. Le Comte de Clerm ont d 'Amboilè m ourut de fes bkflures à Mantouë l’an 1702.
Regiment deChepy. M . d'Im ecourt d 'Alipont tué à la bataille de Ramilli en 1706, é ta n t Lieutenant des Gardes du Corps de la Compagnie EcolToife.
RegimentdeBousolz. Il eftaujourd’hui Briflac Duc. Le Marquis de Saint Simon Brigadier tué à la bataille de ^ le rv in d e en 1693.
Regiment de Dupalais. M . de Beauvezé tué au combat de Seintzem en 1674.
RegimentdeCappy. Le Marquis de Yandeuil Lieutenant General. Il fut tué à la journée de Luzara en 1702.
Regimentde Caubous. M. d'Efpinchal tué en Italie en 1703. L e Prince d 'Elbœuf fils du Duc d 'E lbœ uf, tué en Italie en
Regiment de Valgrand. M- de M uret tué à la bataille de Senef en 1674. M . le Boux tué à la bataille d'H ocfteten 1704.
Regiment de Rottembourg. M . de Rofen devenu M aréchal de France.
Regiment de Roye. M . de Moiria tuëàla bataille de Caflàno l’an 1705.
Regiment de Melun. M. de Beauforttué au liege de Nimegue en 1671.
Regimentde Cayeux. Le Marquis de Bouffiters, depuis D uc & M aréchal de Fran ce,
Regiment de Noailles. Le D uc de Noailles devenu M aréchal de France.
RegimentdeChoijeul. Il fut créé fur le pied d 'Etranger. Le Chevalier de Seve tué à la bataille de Fridlingue en 1702.
Regiment de Biron. Le M arquis de Damas d'Anleiy tué en 1707 proche d e D o u rlac, quand on força le paflage du W irtem berg.
Regiment de Daleau. Le Marquis de la Baume fils du M aréchal de T alard, more des blellures reçues à la bataille d 'H ocftet en 1704.
Regiment de Pardaillan. M . de Fourquevaux mourut à Straibourg des blellures çuës à la bataille d'H ocftet en 1704.
RegimentdeMallan. M. d e Eourilles Lieutenant G eneral tué à Senef en 1674.
Regiment deS. Phal-Coulanges. M . d 'A lbret devenu Maréchal de France. M. d 'Auriac en 1691. tué à la bataille de Spire en 1703,
Regiment d'Estagniol Le Chevalier de BilTy tué à H ocftet en 1704.
Regiment de Vaudremont, Le Marquis de Meufe tué à la bataille de S p ie em yof.
Regiment de Clermont. Le Marquis de Jèyeufe devenu M aréchal de France.
Regiment de Putange. Le Com te France.
C h a r le s
de Schomberg devenu M aréchal de-
Regiment de Tourotte M. de Luxbourg tué dans un combat donné par le Baroiï de Quinci près de Valenciennes l’a n ___ N om s de plufeurs APeftres de Camp morts au fer'vice dont les Regimens etoient f u r pied en 1 6 7 2 . au commencement de la guerre contre la Hollande. L e Marquis de Vins tué à un fourage auprès d'Utrecht en I6 7 2.
Marquis de Refnel rué au fîege de Cambrai en 1677, M oniieur de Saine Aouft rué dans un parti en JFiandre en 1675. Monfîeur de Paumi tué à la bataille de Senef en 1674. Le Marquis deSanzay tué à la journée de C onfarbriken Le
1678
M. de Chevrier rué à la bataille de Senef en 1674. M. de Monrgeorge tué en Allemagne dans un combat un peu avant la m ort de M. de Turenne en 1675. Le Chevalier d 'Im ecourt Mestre de Camp du Regimenc de Muntgommery, tué en 1705 à Afti en Italie Com m andant une B igade de Carabiniers. Autre Liste des M estres de Camp de Cavalerie tuez au service tirée de divers M emoires. M. de M ontferrier tué à la bataille de Seintzeim en 1(374. M- de Cornas tué à la bataille d'Einsheim en 1674. Monfîeur Hennequin tué auprès de Mons l’année de la ba taille de Saint Denis en 1678. M. Vains tué au fîege de Saint Orner en 1(377. Monfîeur de Saldagne tué à la bataille d'Ensheim en 1674. Le Marquis de Culant tué en Allemagne en 1674. Le Chevalier Jous Anglois, tué au lîege de Maeftric en 1673. Monfîeur de Litleton tué à la bataille d'Ensheim en 1674. Monfîeur de Cateux tué au combat d 'Altenheim en 1675. Le Prince Paul de Lorraine tué à N ervinde en 1693. Monfîeur Q uoad tué à Nervinde en 1693. Monfîeur de Pracontal tué étan t Lieutenant G eneral à la bataille de Spire en 1703. Monfîeur de Rochebonne tué à la bataille de M alplaquet en 1709. Je trouve encore dans un mémoire Monfîeur M arin Mestre de Camp d 'un Regim ent de Cavalerie,tué à la journée de la M ar/aille en 7693.
En fai/ànt Ja Liste des Regimens de Cavalerie , J'ai dit que je parlerois feparément & plus en détail du Regiment des Carabiniers -, c’est par l’Histoire de ce Corps un des plus con sidérables des troupes,que je finirai ce qui concerne les Régimens de Cavalerie. Histoire du P rim e n t Royal des Carabiniers. E Regim ent Royal des Carabiniers étoit le plus beau Redim ent de Cavalerie qu’il y eût dans les troupes de France à la fin du dernier Regne. L ’Histoire que J'en vais donner est faite fur des mémoires de très- bonne main , & qui ne peuvent être plus fûrs ni plus exafts. Le nom de Carabiniers vient de celui de l’arme principale dont ils le fervent, qui est une carabine raïée. Plufieurs années avant l’institution de ce Regiment,on avoir mis deux Carabiniers dans chaque Compagnie de Cavalerie, qu’on choififloit parmi les plus habiles tireurs, & qu’on metto it dans les combats à la tête des Efcadrons, pour faire une décharge de loin fur ceux des ennemis. Sur la fin de la campagne de 169 0 le Roy ordonna que l’on' formât par Regim ent de Cavalerie une Compagnie de Cara biniers. Cette Compagnie étoit de trente M aîtres, elle avoit un Capitaine, deux L ieutenans, un Cornette & un M aréchal des logis ; chaque Mestre de Camp dans fon Regiment choififfoitles Officiers ; le Capitaine pour faire sa Compagnie , avoit le choix de donner 260 livres pour le Cavalier tout m o n té , ou 60 francs pour l’homme feul ; il choififloit auffi par Compagnie un nombre égal dans chacune ; & il n’y avoit d 'exclus pour lui que les deux Brigadiers & les deux Carabi niers, pour lailïèr toujours des têtes aux Compagnies de C a valerie. Le Roy accorda des penfions à tous les Officier s,qu’il at tribua à leurs Emplois. La Compagnie devoir toujours fuivre fon R egim ent, & cependant être toujours prête à camper feparément ; elle étoit auffi recrutée dans le Regiment à tour de rôle de C om pagnies, moyennant yo f r a n c s par homme.L
Origin e des C a r a b in ie r s .
Tous les Mestres de Camp & firent une idée differente de cette création , & ne s’accordèrent que fur la valeur qu’ils cherchèrent tous également dans les Officiers qu’il choifirent. Quoiqu’une des conditions impofées par Sa Majefté fut qu’ils n’euflent pas plus de 35 ans , on ne s’y arrêta pas beau c o u p ^ les Mestres de Camp y placerent ou ceux qui s’accordoient le moins bien avec eux, ou les plus'anciens, ou leurs pa rens ; ou leurs am is, ou enfin ceux qui témoignoient avoir le plus d'envie d 'y aller ce qui compofa un affemblage de trèsbraves gens, mais décomplexions toutes differentes. Toutes ces Compagnies étoient furnumeraires dans leurs Regim ens, & furent en très-bon état pour la campagne de 1691. Le Roy ordonna que toutes les Compagnies de Carabi niers des armées campaffent enfemble & compofaffent une Brigade , à laquelle on nommoit un Brigadier & deux Mestres de Camp sous lui, quand la Brigade écoit forte ; la deftination de ce Corps étoit d'aller en parti. L ’année 1692 les Carabiniers firent le même service que la précédente ; on étoit très-fatisfaitd’eux, mais on commença à trouver qu’étant la pLupart habillez de differentes couleurs, cela n’avoic point trop bon air , & que de plus, les Officiers ne & connoiffoient point les uns les autres} ce qui fit prendre la refolution à Sa Majefté de compoferun feul Regim ent sous le nom de Royal C arabiniers, de toutes ces Compagnies,ex ceptées celles des Regimens Allemans. Le Roy qui affeétionnoit fort ce Corps dont il éroit trèscontent, choifit pour le commander Monfeigneur le D uc du Maine qu’il jugea très-propre pour le m ettre en réglé , & y donner l’efprit qu’il vouloit qu’il p r î t , le deftinantà un genre de service tout particulier. Sa Majefté prit la peine elle-même de donner par écrit des inftruétions fur ce fujet. Les Compagnies Allemandes étan t retranchées, il en refta cent Françoifes, qui furent divifées en cinq Brigades de quatre Efcadrons chacune, les Efcadrons de cinq Com pa gnies. Le Roy affecta à chaque Brigade un Mestre de Camp , un Lieutenant C o lo n el, un Major & un Aydes-Major , avec des pendons attachées à leur Empioy„ Les
Les cinq Mestres de Camp eurent le titre de Chefs de Briprem ier étoit le Chevalier du Mefnil , le fécond le C h e v a l i e r du R o fe l, le troifiéme le Sieur d'A c h i, le quatriè me le Sieur de Refigni , le cinquième le Commandeur de Courcelles. T o u t le Regim ent fut habillé de bleu. Au lieu de deux Lieutenans qu'il y avoit par Compagnie , il n ’y en eut plus q u ’un ; le Roy donna deux Etendarts par Efcadron , & or donna un Tim balier par Brigade. T o u t le Regim ent ayant été mis en état dans le com m ent cernent de l’année 1 6 9 4 , Sa Majetté voulut le voir à Compiegne au mois de Mars de la meme année , elle en fut con tente. Le Roy ayant deflein que ce Regim ent ne fit pas an Corps à part dans la Cavalerie , Monfieur le D uc du Maine voulut bien prendre l’attache de M onfieur le Comte d'Auvergne Colonel G eneral de la Cavalerie-legere, quoique l’intention du Roy fût de l’en exem ter, & & contenta du titre de Mefire d e Camp Lieutenant. II prit pour sa Compagnie de Mettre de Camp celle qui M. le Duc du aine Mestre avoit été tirée de fon Regim ent du Maine , & elle fut atta M de Camp Lieu chée à la première Brigade ; de forte que toutes les fois que tenant. les Brigades changent de rang , ce qui arrive par l’ancien neté ou la dignité de ceux qui les com m andent, elle change aufiî de B rigade, & c’est toujours à la première. LeCorps des Carabiniers fut trouvé fi bon & fi nombreux,que Sa Majetté le partagea en differentes armées , ce qui s’est prefque toujours pratiqué depuis. N ul Corps ne l ’a furpafie pour la difcipline, pour la ferm eté , & pour la vigueur dans toutes les occafions où il a été employé. En 16 t i 8 ; la Paix étant faite, & le Roy aïant réform é une grande partie de fes troupes, il réform a foixante Compagnies de C arabiniers, lans pourtant diminuer le nombre des Bri gades , ni leur E tat M ajor ; elles furent feulement réduites chacune à huit Compagnies qui formèrent deux Efcadrons ; & à la fin de l’année 1698 les Compagnies furent encore ré duites à vingt Carabiniers,- elles ne furent plus recrutées com m e elles lavoient é té , chacune par les Regimens dons a d e , le
Augmentation deCarabiniers.
elles fo rto ie n t, mais tous les Regimens qui reftoient fur p ied , y fourniiToient chacun à tour de R ôle le rem placem ent neceffaire, auquel les Infpedeurs tenoient la main. T ous le; Officiers des foixante Compagnies réformées demeurèrent chacun à la fuite de leur Brigade , feparez par Compagnies, exceptez les Cornettes qui ne & trouvèrent pas dix ans de fer. vice dans le tems de leur réform e , & qui furent congédiez abfolument. Moniteur le D uc du Maine reçut ordre de rem placer tousles autres par rang d 'ancienneté,à mefure qu’il vaquerôic des emplois qui leur feroient propres. En 1694 , le Chevalier du Mefnil étant m o r t, le R oy don. na là Brigade au Comte d 'A ubeterre, & par là elle devint la derniere ; ainli la Compagnie de Monlîeur le Duc du Maine palîà à celle de du R o zel, qui devint la première ; & cela s’est toujours ainlî pratiqué à tous les changemens des Chefs de Brigade. Sous quelque prétexte que ce puiffie être , le Roy ne veut jamais qu’il fait permis de vendre les Compagnies de C ara biniers. Pour conferver toujours les Carabiniers fur un pied de diftinction , le Roy permettoit de prendre quelquefois des Ca pitaines dans la Cavalerie , mais il ne confentoit pas qu’ils vendiflent leurs Compagnies. Sa Majefté trouvoit bon auffi qu’on y prît des Chefs de Brigade , & l’on obfervoit allez de les prendre alternativement avec les Lieutenans Colonels du Corps. O n accordoit allez aifément aux Lieutenans Colonels de ce Corps des Commiffions de Mestres de Camp. On ne refufoit gueres aux Aydes-Majors & aux Lieutenans des Compagnies Mestres de C a m p , des Commiffions de Ca pitaines. Les Compagnies des Carabiniers furent remifes à trente Maîtres dans l’hyver de 1701 à i7 o i,q u i est le tems que cornmença la guerre.
Intentions du R oy fu r ce qui regarde fo n Regiment des Ca rabiniers , contenues dans un écrit f a i t à la création du R é giment de 1 6 9 3. E Regim ent des Carabiniers du R oy est compofé de cent Compagnies de Carabiniers de 30 Maîcres chacu ne , faifant en tout 3000 Carabiniers & 411 Officiers, y com pris le M ettre de Camp en C hef, les cinq Mestres de Camp sous lui , les cinq Lieutenans Colonels, les cinq M ajors & l e s c i n q Aydes-Majors. Ils feront vingt Efcadrons de cinq Compagnies chacune , dont il y en aura deux de vieux Regimens & trois de nou veaux. Le Mettre de Camp en C hef aura l’infpeclion fur tout le R egim ent, & les autres l’auront feulement chacun fur vingt C om pagnies, faifant quatre E fcadrons } & cela par police & pour la comm odité du service ; car ils auront auiîî autorité fur tout égalem ent félon leurs emplois & leur ancienneté auffi bien que les Lieutenans Colonels , les Majors & les AydesMajors. Q uand on feparera le Regim ent dans differentes arm ées, on m ettra toujours un Mettre de Camp pour commander les differens C orps, & les autres Officiers de l’état Major à proportion. Le service & fera comme les Carabiniers l’ont fait jufqu’àprefent, tant pour les gardes que pour les détachemens. Les Compagnies feront entretenues par tous les Regimens de Cavalerie François, qui fourniront les recrues necettàires à tour de R ôle , tant pour les Officiers que pour les C avaliers, à moins que Je R oy n’en ordonnât autrement. Le Regim ent fera habillé de bleu doublé de rouge , les Ca valiers d'un bon drap tout uni, & les Officiers de même à la referve des boutons d 'argent fur les m anches, & aux colets des manteaux qui feront bleus comme ceux des Cavaliers, Le chapeau fera bordé d'argent d 'un galon plus large que celui des Cavaliers. L
Les bouffes des Cavaliers feront bleues toutes unies,bordées d 'un galon de foye blanche, le s bourfes des pittolers de mê me , leur ceinturon de buffle avec un bord de cuir b la n c , & la bandoulière de même , des gands blancs & des cravates noires. Les Officiers en auront auffi , excepté que ce qui ett blanc au Cavalier, ils l’auront d 'argent. Les teftieres des chevaux propres & toutes unies , des bof. fettes dorées toutes unies auffi , des épées de même longueur & largeur ; des carabines raïées pareilles , & tout ce qu’il faut pour les charger : obfervant d 'avoir des balles de deux calibres, les unes pour entrer à force avec le marteau & la baguette de f e r , & les autres plus petites pour recharger plus prompteinent ff l’on en abefoin. Les pittolets les meilleurs que l’on pourra, & de quinze pou ces de longueur. Les chevaux tous de même taille à longue queuë,& l’aïant' retrouffée de même fans ruban ni trouffequeuë. T imbalier a A chaque quatre Efcadrons , il y aura un Tim balier à la la Compagnie Com pagnie M ettre de Camp , qui fera habillé des livrées de M estre d e Camp, du Roy fans or ni a rg e n t, auffi-bien que les trompettes de toutes les Compagnies. Les tentes feront pareilles avec du bleu fur leur faîte. Il y aura à chaque quatre Efcadrons un A um ônier,à qui on donnera une chapelle , & un Chirugien. O n aura grand foin de n’avoir que de bons chevaux, pour que la troupe foie toujours bien en état d 'entreprendre c e .qu’on lui ordonnera. Le M ettre de Camp en C h e f , & les autres Mestres de Campsous lui tiendront la main qu’il n’y ait aucun Officier mal monté , & qui ne foit fur un cheval de bonne taille. Les Officiers auront le moins de bagage qu’il leur fera poffible , rien que des chevaux de bâts ou des m ulets, & point du tout de chariots, de charetees ni de furtouts. O n fera les détachemens par cham brée, de maniéré que le Cavalier qui fera com m andé, ne porte que ce qui lui fera necettaire, & laiffe les autres hardes à ceux de sa cham brée qui demeureront au Corps du Regim ent. Les Compagnies fans avoir égard aux Regimens dont elles
fortent , prendront lei.v rang de l’ancienneté de leur Capi taine , à la referve de celle des Mestres de Camp & des Lieutenans Colonels. S’il y a des commiffions du même jour & des rangs incer tains ; on entendra les raifons de chacun , qui & débiteront fans aigreur ni difpute pour en rendre compte au Roy , afin qu’il décide promptement. L ’intention du Roy est, que ce Regim ent ne fafïè jamais Le Regiment ne monte point d e difficultez en tout ce qui regardera le service, & que la de gardes. difcipline y foit obfervée fo rt régulièrement : il ne doit point m onter de gardes. Il faut deux étendarts par Efcadron avec une devifo bien Devife des choifie, qui ait un Soleil pour corps d 'un côté , & de l’autre Etendarts. des fleurs dé lys parfemées comme la plupart des autres Regimens du Roy. Four & fervir des Carabiniers à pied , quand le befoin s’en Carabiniers prefênte, il faut qu’ils aient des bottes de bafTe tig e , mais de fervent quel quefois à pied. cuir f o r t, avec une petite genoüilliere échancrée à la moufq u e ta ire ,& de petits deffusd’éperons. Q uand les Mestres de Camp de Cavalerie à qui ce fera a fournir les recrues, n’auront pas envoïé de bons lujets, on les leur renvoïera à leurs frais & d épens, & ils feront obligez d 'en redonner d 'a u tre s, quand même il mefarriveroit déf aits Cavaliers. Les Mestres de Camp auront mille livres de penfîon. Les Lieutenans Colonels auront huit cents livres de pen-; fîon. Les Majors auront fix cents livres de penfîon. Les Aydes-Maîors auront trois cents livres de penfîon. Les autres Officiers demeureront comme iis font déjà. Les Carabines raïées auront trente pouces de canon. Les épées auront trente-trois pouces de lame. Il fera permis aux Officiers fubalternes d'avoir de petites carabines, pourvu, qu’elles fcient bonnes. Les cravates noires tant des Officiers que des Carabiniers,, feront de floure de longueur de deux aulnes de Paris. Les veftes des habits uniformes des Officiers feront de drap fouge bordées d'argent avec des boutons & des boutonnières
d 'arg en t, & un galon d'argent pareil à celui du jufle-au corps fur l’amadis. Les Officiers auront tous des plumets blancs. Le R oy perm et que le Maréchal qu’il faut par Compagnie foit pris hors de la Cavalerie.
Autres Reglemens faits en l'année 1696.
Les cinq Bri ga lies ne for ment qu'un Regiment.
Les r é g lé s des Carabiniers font differentes en beaucoup de chofes de celles du refie de la Cavalerie : leur unique principe est en tout uniquement le bien du service fans avoir égard à rien de particulier. C ’est là le premier m o b i l e , & il est tout fîngulier pour ce Corps qui a été créé dans cet efprit. Il faut que dans les armées ils n’aïent qu’un C om m andant, & qu’un même M ajor fade le gros du détail. N aturellem ent les Carabiniers ne doivent point rouler avec la Cavalerie pour les fatigues ; cependant après avoir reprefenté bien doucement & honnêtem ent leurs droits & leurs inflitutS, ils doivent faire fans répliqué tout ce qu’on demande d 'eux. Soit qu’on les emploie à pied ou à cheval, il faut toujours une même proportion d 'Officiers, étant ce qui doit foûtenir la réputation du Corps -, obfervant tant qu’il le peut de fournir un Capitaine avec quarante Carabiniers. Les cinq Brigades ne forment qu’un Regim ent pour le rang dans la Cavalerie,& pour les premiers Capitaines qui peuvent indifféremment parvenir par leur ancienneté aux Lieutenan ces Colonelles. Car dans tout Je refie les cinq Brigades ont leur de'tail à p a r t, & les Officiers des unes, excepté dans le cas marqué cy deffus, ne peuvent prétendre de m onter ni de paffer dans les autres. Les Efcadrons aïant été formez par le Roy pour les rendre égaux & point affortis par l’ancienneté des Capitaines, il ne permet qu’ils foient changez qu’en cas que les Commandans des Efcadrons viennent à m anquer, auquel cas l’ancien après lui remplira sa place & de sa perfonne & de sa Compagnie : cela apportera donc quelque changem ent dans les Elcadrons : mais pour le reparer on objfervera le même efprit que le R oy a eu dans leur premiers
fondation , c’elhà-dire , de les compofer tant qu’on pourra de deux Compagnies de vieux R egim ens, & de trois de nou veaux, &. l’on évitera les mouvemens dans la Brigade le plus qu’il fera poffible. Le Roy veut que les Cornettes des Carabiniers aïenc paffé par la Lieutenance avant que de m onter aux Compa gnies. Q uand il y aura plufieurs troupes de Carabiniers détachées enfemble,elles prendront entr’elîes le rang des Brigades, fans avoir égard à l’ancienneté des Capitaines qui les com m ande ro n t ; qui ne pourront cependant quitter leurs troupes qu’en cas que par des a c c i d e n s impré vus,ils ne vinlfent à comm ander le tout en chef par leur ancienneté. Quoique tous les Officiers des Carabiniers foient b o n s, ils ne doivent pourtant être ni fâchez ni furpris quand les G e neraux ne les feronc point m archer à tour de rô le, quand ce fera pour aller en parti. Tous les Officiers generalement de ce corps m archeront avec autant & auffi peu de gens, auffi fouvent & auffi rarem ent qu’il plaira aux Generaux : cependant à moins d 'autres ordres plus particuliers, il fera obfervé dans ce corps de faire m archer un Lieutenant Colonel du m om ent que le détachement fera de cent cinquante Carabiniers & au de la jufqu’à trois & qua tre c e n ts, au-deffus duquel nombre on donnera un C hef de Brigade, à moins que quelque raifon par rapport au détail de la Cavalerie,ou de celui auquel le General voudroitlailler le commandement du p a r ti, n ’en empêchât. Quand il y aura fix cents Carabiniers dans un détachement, & qu’on ne voudra point un chef de Brigade pour les com m ander , on envoïera deux Lieutenans Colonels, & toujours un M ajor, comme fi le C hef de Brigade marchoit. Dans les Carabiniers les Majors m archeront à tour de rôle, & non point comme dans la Cavalerie avec leurs M eftresde C am p ,to u s les Carabiniers ne faifant qu’un R egim ent, & n ’étant pas à propos qu’à moins d 'unhazard , le M ajor & le C hef de Brigade s’abfententen même-tems. Comme le M aréchal des logis de la Cavalerie demande d 'ordinaire pour aller dehors cinquante Carabiniers, quoi-
Dêtachemens.
Le M ajor ne roule point a vec les autres Majors.
On ne fa it point de châtimens igno m inieux aux Carabmien.
qu’on ait m arqué ailleurs qu’il fer oit à fouhaiter qu’il y eût un Capitaine par quarante Maîtres, on n ’envoïera pourtant alors qu’un C apitaine, mais on obfervera d 'y mettre le double de i'ubalternes, à la referve du M aréchal des logis qu’il ne fera pas neceifaire de doubler iî l’on ne veut. Q uand les détachemens ne feront commandez que par un Lieutenant Colonel,on envoïeraavec lui un Ayde-Major aufli à tour de rôle. Quand il marchera un M a jo r, il aura un Ayde- Major avec lui pour lui faciliter le détail. Le Major faifant tout le détail des Carabiniers .comme Major de Brigade , ne roulera point avec les autres. Quand il n ’y aura dans une armée que deux Brigades de Carabiniers, un des Majors étant Major de B rigade, l’au tre ne m archera que quand on le lui dira plus particulière ment. O n ne fera point aux Carabiniers de châtimens ignom i nieux que quand on voudra les chaffer a£,rès : il faut pourtant les tenir dans une difcipline bien grande & bien exade. Ce font là les points principaux marquez dans le Reglem ent de 16 9 6 . Une lettre du 27 Janvier i dp 7 , marque que le Roy ordonne que les M aréchaux des logis de Carabiniers qui deferteront, foient conduits dans la ville la plus prochaine du lieu où fera logée la Compagnie d 'où ils auront deferté,pour y être mis en prifon,& y demeurer au pain & à l’eau pendant une année* que pour cela ils feront mis auconfeil de guerre, qui les con damnera à la peine mentionnée ci deiTus. La lettre de M. de Barbefieux est en original chez M. le Duc du Maine dans le porte-feiiille des Carabiniers.
Liste des M estres de Camp du Regiment Royal des Carabiniers. Mestre de Camp Lieutenant Monfeigneur le Duc du Maine, depuis la création de ce Regiment.
Meftrej
Mestres de Camp Chefs de Brigade sous les ordres de M . le Duc du M aine. Le C hevalier du Mefnil, en 1694. Le Chevalier du R ofel,en 1694. d ' A c h y , en 1694. D e R efigni, en 1694. Le Commandeur de C ourcelles,em 694. Le Com te d'A ubeterre, en 1694. Le Chevalier d 'Imecourt en 1701, m ort des blefïiires reÇuësen Italie en 1705, au combat d 'AftiD e C lo y s, en 1701. D e l’E ftang, en 1701. D e R o u v ray ....... en 1705. Le Chevalier de P ujols, en 1711. Ce Chevalier efi: en 1721 à la tête de la première Brigade. M. de Grieu à latête de la fé conde. M. Sanguin est à la troifiéme- M. De Pardaillan à la quatrièm e, &: M. de Parabere à la cinquième. Le détail que je viens de faire donne, ce me fem ble, une parfaite connoiflance de ce Corps. A ce T raité de la Cavalerie-legere, je dois ajouter la Milice du Ban & A rriéré-ban, parce que depuis très-long te m s, le service ordinaire du Ban & Arriere-ban & fait en équipage de Chevaux-legerspar ceux qui lecom pofent, & cela fuivant les Ordonnances de quelques-uns denos Rois.
Du Ban & Arriere-ban. N traitant de notre ancienne Milice, & des troupes dont nos armées étoient alors compofées, c’est.à-dire, de celles que les Vaflaux de la Couronne amenoient au service , J'ai donné une idée alfez diftinéte de ce que c’étoit que l’ancien Ban &; A rriere-ban. Il ne me refte plus qu’à faire ici quelques obfervations f a r la différence qu’il y a entre notre Ban