Hégélianisme et dualisme : Réflexions sur le phénomène 2711610071, 9782711610075

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Hégélianisme et dualisme : Réflexions sur le phénomène
 2711610071, 9782711610075

Table of contents :
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE
Chapitre 1 - La conscience et ses mondes
1. Phénomène et monde supra-sensible
Il. La lecture heideggerienne de: «Force et entendement
III. La culture et la foi
Chapitre II - Schein, Erscheinung, Manifestation
1. La réflexion
II. L'existence
III. L'absolu
DEUXIÈME PARTIE
Chapitre 1 - L'art
Chapitre II - La religion
Chapitre III - L'histoire
CONCLUSION
INDEX
BIBLIOGRAPHIE

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Denise SOUCHE-DAGUES

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HEGELIANISME ET DUALISME "

Ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique

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BIBLIOTHÈQUE D'HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE' Fondateur: Henri

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Directeur: Jean-François

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HEGELIANISME ET DUALISME

A LA MÊME LIBRAIRIE Logique et politique hégéliennes. 1983, in-8° de 136 pages.

RÉFLEXIONS SUR LE PHÉNOMÈNE

CHEZ D'AUTRES ÉDITEURS

par

re développement de l'intentionnalité dans la phénoménologie husserlienne, M. Nijhoff, La Haye, 1972, 306 pages.

Denise SOUCHE-DAGUES

Le cercle hégélien, PUF, 1986, 187 pages. Traductions:

l:xpérience et Jugement (E. Husserl: Erfahrung und Urteil), PUF, 1970, 497 pages. Logique et Métaphysique (Iéna 1804/1805) (G.W.F. Hegel), Gallimard, 1980, 297 pages.

Ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique

PARIS LIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE J. VRIN 6, Place de la Sorbonne, Ve 1990

INTRODUCTION

« ... contre la philosophie cartésienne, qui a exprimé sous forme philosophique le dualisme qui imprègne de façon générale la culture de l'histoire contemporaine dans notre monde du Nord-Ouest. .. aussi bien que contre la culture générale qu'elle exprime, tous les aspects de la nature vivante, et parmi eux la philosophie, devaient trouver des moyens de salut. .. »

(L'essence de la critique philosophique, Vrin, pp. 97-98).

La loi du Il mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que « les copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective» et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un bul d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproductîon intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite» (alinéa 1" de l'article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code Pénal.

© Librairie Philosophique J. VRIN, 1990 ISBN 2-7116-1007-1

Toute réflexion sur la phénoménalité s'ouvre évidemment, en vertu du caractère relationnel du « phénomène », à une réflexion sur le dualisme, que Hegel considère comme l'un des traits fondamentaux de la culture des Modernes, et dont Descartes selon lui a dessiné la forme philosophique, abstraite. Par là même, une telle réflexion ouvre à une problématique relative à la métaphysique, s'il est vrai, comme le prétend Heidegger, que celle-ci culmine d'une certaine façon dans le cartésianisme. - En s'interrogeant sur la signification et sur la place du phénomène dans le système, on peut espérer déceler les instruments de la riposte hégélienne au dualisme, et peut-être le sens de celle-ci. L'un des principaux obstacles rencontrés au cours de ce travail fut, en première approche, de nature technique, puisqu'il s'agit d'une difficulté de traduction. Le mot Erscheinung appartient en effet à l'histoire; il a approximativement les mêmes connotations, platoniciennes et kantiennes, que notre phénomène. Or, il est difficile de mesurer le poids de ce double héritage dans l'utilisation

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INTRODUCTION

INTRODUCTION

hégélienne du vocable, car ce poids est lui-même variable. Il y a en effet chez Hegel, et principalement dans les différentes présentations de la Logique à partir de 1808, une acception spéculative originale de la phénoménalité, qui donne au mot Erscheinung le sens strict qui s'attache à sa situation dans la totalité dialectique où il est engendré. Il importe par conséquent de ressaisir avec la plus grande rigueur cette situation, en tant qu'elle prétend à être comptable du sens. r- C'est évidemment pour préserver ce sens spéculatif de tout apport étranger que B. Bourgeois traduit Erscheinung par apparition. - Mais aussi, dans la mesure où Hegel ne considère pas l'histoire de la philosophie comme une succesion de gloses extérieures à la philosophie elle-même et indifférentes à elle, il ne saurait exiger que Erscheinung fût pensé à part de sa provenance historique. Le propre du hégélianisme consistant à redonner un sens aux concepts de la tradition, la reprise en son sein du vocable de phénomène fait que celui-ci accède par là à sa vérité, mais sans que pour autant son rattachement au passé de la pensée soit effacé. Bien plutôt, dans la mise en évidence des médiations· abstraites desquelles il résulte, ce passé se trouve conservé et compris. Dès lors, Erscheinung désigne bien, et notamment par opposition à Schein d'une part, et à Manifestation d'autre part, ce qu'on peut souhaiter rendre en français par le mot d'apparition (si paraître a été choisi pour scheinen et manifester pour manifestieren), mais il s'agit en même temps de ce que la tradition appelle:

Erscheinung, mais non pas exclusivement; de même Schein pourra être rendu par apparence ou par paraître. Une pareille entorse aux

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phénomène! . L'obstacle auquel on vient de faire allusion n'est donc pas de nature strictement technique; comme toujours lorsqu'il s'agit de traduction, il appartient à la Chose même, qui s'annonce ici, entre autres, sur la différence entre Schein, Erscheinung, Offenbarung,

Manifestation. Le travail présent n'étant pas de traduction, on s'est donné le droit d'y laisser à eux-mêmes les termes litigieux: Schein, Erscheinung ... sont soit utilisés tels quels dans la glose qui les concerne, soit traduits de façon naïve: ainsi phénomène sera souvent employé pour rendre Erscheinung, et ne sera employé que pour 1. Le traducteur de Hegel se heurte ici à une difficulté dirimante et omniprésente. Nous l'avions signalée à propos de la traduction de : an sich (cf. G.W.F. Hegel, Logique et Métaphysique (Iéna 1804-1805), tr. fr., pp. 18-19).

principes reconnus de la traduction nous paraît devoir être acceptée moyennant les précautions explicites dont elle s'entoure, en fonction du niveau spéculatif de la démonstration hégélienne qui est à chaque fois considéré. C'est ainsi qu'en première approche, on conviendra aisément que le vocabulaire des Leçons (sur l'Esthétique - sur la Religion - sur l'Histoire du monde ou de la philosophie) n'a pas la même rigueur que celui de la Phénoménologie de l'Esprit, de la Science de la Logique, ou de l'Encyclopédie, et que, pour ce qui est de la problématique présente, le vocable le plus familier aux auditeurs d'un Cours de Philosophie, celui de Erscheinung, est aussi le plus fréquemment utilisé, quitte à s'assortir suivant l'occurrence du sens qui dans la Science de la Logique s'attache par exemple à Schein ou à Manifestation. L'une des tâches, au vrai la tâche principale à laquelle veulent satisfaire ces « réflexions sur le phénomène» est justement d'élucider ces différentes déterminations, non pas de manière formelle et par des décisions purement verbales, mais dans le respect du mouvement qui les produit au jour les unes à partir des autres. C'est de l'élucidation de leur contenu qu'on attend leur interprétation, et donc leur transposition éventuelle dans une autre langue. Un autre obstacle que rencontrera sans doute le lecteur de ce travail tient à la problématique elle-même. Qu'est-ce que le dualisme ? demandera-t-on. S'agit-il de dualisme métaphysique, ou de dualisme ontologique? Si l'on considère que ce dernier s'oppose et au monisme et au pluralisme, il recouvre alors l'ensemble des doctrines pour lesquelles l'être en général admet deux sources, deux figures, deux guises irréductibles l'une à l'autre: essentiellement la matière et l'esprit. L'autre, le dualisme métaphysique, a un caractère apparemment plus formel, mais il est plus riche de connotations historiques: il peut s'agir de l'opposition du monde sensible et du monde suprasensible, du phénoménal et du nouménal, du contingent et du nécessaire, du relatif et de l'absolu, du temporel et de l'éternel, de l'être et du phénomène, voire de l'être et de l'apparence ... 2 Ces opposi2. L'opposition de la forme et du contenu peut, en vertu même de son caractère abstrait, subsumer bon nombre de celles-ci. Mais aussi elle déborde le domaine de la pure spéculation.

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INTRODUCTION

INTRODUCTION

tions se recoupent parfois, mais ne se recouvrent pas. Le hégélianisme s'affirmant lui-même comme« idéalisme absolu », on peut être enclin à le ranger parmi les ontologies monistes, et à penser que c'est en vertu d'une décision dogmatique préliminaire qu'il est amené à pourfendre les diverses expressions du dualisme métaphysique. L'enquête présente procèdera à l'inverse: à partir du déni multiforme que Hegel oppose au dualisme métaphysique, on s'interrogera sur la possibilité de remonter à son propos à un monisme ontologique, c'est-à-dire à une interprétation une de l'être. En s'essayant à ranger le hégélianisme dans une catégorie d'ontologies, on sera alors conduit à se demander plus fondamentalement s'il relève de 1'« ontologie» en général. L'exposé qui suit articule deux aspects du débat hégélien avec le dualisme métaphysique. Le premier est son aspect spéculatif, et par là principiel. On examine d'abord son expression phénoménologique: Hegel se demande dans la Phénoménologie de l'Esprit comment la conscience s'engage dans l'opposition de deux mondes, et il se demande dans lequel des deux elle vit, dans lequel elle pense vivre. Il décrit alors un déchirement, qui n'est pas seulement le fait de la conscience connaissante (