Guibert d'Andrenas 2745309226, 9782745309228

Guibert d'Andrenas est une chanson de geste anonyme du début du XIIIe siècle qui appartient au cycle de Guillaume d

148 5 16MB

French Pages [468] Year 2004

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Guibert d'Andrenas
 2745309226, 9782745309228

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GUIBERT D’ANDRENAS Édité par Muriel Ott

HONORÉ CHAMPION ÉDITEUR Classiques français du Moyen Age

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LES CLASSIQUES FRANÇAIS DU MOYEN ÂGE Directeur: Philippe MÉNARD Directeur-adjoint: Jacqueline CERQUIGLINI-TOULET 147

GUIBERT D’ANDRENAS

CLASSIQUES FRANÇAIS DU MOYEN ÂGE La Chastelaine de Vergi FRANÇOIS VILLON Œuvres Courtois d'Arras La Vie de saint Alexis

Le Garçon et l’aveugle ADAM DE LA HALLE Le Jeu de la feuillée Coin MUSET Chansons muIanuB SDHUON LE Rot Le Vair Palefroi, avec deux versions de La Male Honte,

par HUON DE CAMBRAI et par GUILLAUME GUILLAUME IX, DUC D’AQUITAINE Chansons PHiLippE DE NOVARE Mémoires (1218-1243) PEIRE VIDAL Poésies BÉROUL Le Roman de Tristan HUON LE ROI DE CAMBRAI Œuvres Gormont et Isembart JAUFRÉ RUDEL Chansons Alfred JEANROY Bibliographie sommaire des chansonniers proveneee es aCRE ONE

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BERTRAN DE MARSEILLE

La Vie de sainte Énimie

ALFRED JEANROY Bibliographie sommaire des chansonniers français du Moyen Age La Chanson d'Aspremont, t. I Gautier d'Aupais Lucien FOULET Petite syntaxe de l’ancien français Le Couronnement de Louis

2DErSv Chansons

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satiriques et bachiques du XIII siècle CONON DE BÉTHUNE Chansons La Chanson d'Aspremont, t. II Piramus et Tisbé

CERCAMON Poésies GERBERT DE MONTREUIL

La Continuation de Perceval, t. I

©DESS OSCOANCNEEN Le Roman de Troie en prose, t. I La Passion du Palatinus

JEHAN LE TEINTURIER D'ARRAS Le Mariage des sept arts ALAIN CHARTIER Le Quadrilogue invectif La Queste del saint Graal CHARLES D'ORLÉANS Poésies, t. I © nESD: © Maistre Pierre Pathelin œ =

(Suite en fin de volume).

GUIBERT D’ANDRENAS Édité par

Muriel OTT

PARIS

HONORÉ CHAMPION ÉDITEUR 7, QUAI MALAQUAIS

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2004 www.honorechampion.com

COMITÉ DE PUBLICATION DES ; CLASSIQUES FRANÇAIS DU MOYEN AGE Philippe MÉNARD (Paris-Sorbonne); Jacqueline CERQUIGLINI-TOULET (Paris-Sorbonne); Carlos ALVAR (Alcalä de Henares); Keith BUSBY (Madison, Wisconsin); Günter HOLTUS (Güttingen); Cesare SEGRE (Pavie); Jean SUBRENAT (Aix-en-Provence); Suzanne THIOLIER (ParisSorbonne); Claude THOMASSET (Paris-Sorbonne); Madeleine TYS-

SENS (Liège); Françoise VIELLIARD (École des Chartes).

La collection des

CLASSIQUES FRANÇAIS DU MOYEN ÂGE

a été fondée par Mario ROQUES et dirigée jusqu’en 1996 par Eélix LECOY 2e"

&Diffusion hors France: Éditions Slatkine, Genève www.slatkine.com

© 2004. Éditions Champion, Paris. Reproduction et traduction, même partielles, interdites. Tous droits réservés pour tous les pays. ISBN: 2-7453-0922-6

ISSN: 0755-1959

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L'hientiles erreurs

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La présente publication constitue l’édition revue et corrigée de notre thèse, soutenue à Nancy le 18 janvier 1999, devant MM. les Professeurs Charles Brucker, Joël H. Grisward, Bernard Guidot, Philippe Ménard, François Suard. Je suis heureuse d’adresser mes plus vifs remerciements aux membres de mon jury de thèse, dont les conseils m’ont aidée à amender mon étude, et plus particulièrement à M. Bernard Guidot, qui a dirigé mon travail avec une bienveillance sans faille, ainsi qu’à M. Philippe Ménard, qui me fait l'honneur d’accepter cette édition dans les CFMA. Je tiens également à saluer la mémoire de John Melander, dont l'édition de Guibert d'Andrenas m'a permis d’éviter bien des erreurs.

ÉTAT EE a poser qu tra pedr it vins nf mA

INTRODUCTION ÉDITIONS ANTÉRIEURES Guibert d'Andrenas, poème épique anonyme d’environ 2400 décasyllabes, a déjà été édité, d’abord par John Melander, Paris, Champion, 1922, puis par Jessie Crosland, Manchester, Univ. Press, 1923". Ces deux éditions sont très différentes l’une de l’autre, quoiqu’elles s’appuient sur le même manuscrit, Londres, British Library, Royal 20 B XIX (2). Celle de J. Melander est extrêmement soignée. L'introduction propose un résumé détaillé de la chanson, un classement raisonné des manuscrits, des remarques précises de langue et de versification, une justification du choix du manuscrit R, des principes d’établissement du texte, une étude de la place de la chanson dans le cycle. Le texte lui-même est accompagné de variantes de tous les autres manuscrits, il est suivi de nombreuses notes, d’un

glossaire étendu, d’une table des noms propres. L'édition de J. Crosland est beaucoup plus succincte. L'introduction, qui ne manque pas d'intérêt, s’étend sur seulement 9 pages, le texte n’est pas accompagné de variantes, la liste des corrections apportées à À et celle des interpolations de À sont incomplètes, les notes sont au nombre de 8, le glossaire comporte 4 pages”. ! Ces éditions ont été précédées d’une soigneuse étude de C. Siele, Ueber die Chanson «Guibert d'Andrenas» (Classification der Handschrif-

ten, Analyse und Quellenuntersuchung), Inaugural-Dissertation zur Erlan-

gung

der

Doktorwürde

bei der

hohen

philosophischen

Fakultät

der

Universität Marburg, Marburg, 1891. ? Dans l’article consacré à Guibert d'Andrenas dans son Manuel bibliographique, Melun, 1951, p. 50, R. Bossuat écrit à propos de l’édition de

INTRODUCTION

12

Ces deux éditions se distinguent également l’une de l’autre en ce qu’elles proposent des textes radicalement différents. J. Crosland déclare suivre au plus près le manuscrit R (auquel elle apporte tout de même environ 150 modifications, d’après la liste des corrections — ces modifications sont en réalité plus nombreuses), tandis que J. Melander a choisi d’éditer tous les vers fournis par À ou A, l’autre manuscrit complet de la même famille, à condition qu'ils soient appuyés par B/B2, les deux manuscrits de l’autre famille”. J. Melander a également parfois modifié les temps des verbes pour donner plus de régularité au texte, et assez souvent modifié la finale des vers pour transformer des assonances en rimes. Les transformations apportées par J. Melander, très nombreuses, sont presque toujours expliquées, celles apportées par J. Crosland ne le sont que rarement. La présente édition ne remet pas en cause l’excellent travail de J. Melander, dont la consultation est cependant malaisée aujourd'hui. Elle se propose de rendre à nouveau accessible une chanson méconnue du Cycle de Guillaume d'Orange, et en fournit une nouvelle version en se fondant sur un autre manuscrit, B7, Londres, British Library, 20 D XI.

LES MANUSCRITS Guibert d'Andrenas a été conservé dans cinq manuscrits (dont un manuscrit fragmentaire), que nous appellerons B1, B2, R, H, et N*: J. Crosland: «Edition nettement inférieure à la précédente et qui ne la remplace pas.» * C’est ainsi que, tandis que le manuscrit R comporte 2459 vers (dont 57 sont considérés comme interpolés par J. Melander et J. Crosland, et donc absents de leurs éditions), l'édition de J. Melander comporte 2466 vers, celle de J. Crosland 2406 vers. * A la fin de son introduction à La geste de Guillaume d'Orange dans

les manuscrits cycliques, Paris, Les Belles Lettres, 1967, M. Tyssens pré-

sente plusieurs tableaux, dont l’un récapitule les différents manuscrits de la

INTRODUCTION

BT

13

Londres, British Library, Royal 20 D XI. Premières années du XIV: siècle”. Trois colonnes à la page, 53

geste, avec une table de concordance des différents sigles qui ontjusqu'alors été utilisés pour désigner chacun de ces manuscrits (tableau 2, p. 41), et elle propose de s’en tenir désormais aux sigles utilisés dans les travaux les plus récents (ibid., p. 38). C'est ainsi que BJ et B2 désignent respectivement les manuscrits B.M., Royal 20 D XI et B.N., fr. 24369-24370. Or, les trois autres manuscrits qui contiennent Guibert d'Andrenas n’ont pas reçu de sigle dans ce nouveau système. Nous avons choisi de les désigner par les sigles R, H, et N, qui reprennent la première lettre du nom de ces manuscrits, et qui sont disponibles dans le système de M. Tyssens (dans son édition de Girart de Vienne, Paris, SATF, 1977, W. van Emden, partant du fait que le dernier sigle utilisé dans le système de M. Tyssens était F, a choisi d'appeler G le manuscrit que nous appelons R, et H le manuscrit que nous appelons également H). Par conséquent, à B/B2RHN dans la présente édition de Guibert d'Andrenas correspondent DECAB dans l'édition de J. Melander, ABCDE dans celle de J. Crosland. * Si tous les éditeurs se sont accordés à voir dans B] et B2 des manuscrits du XIV: siècle, certains ont considéré que B1 était plus récent que B2 (par exemple L. Demaison, Aymeri de Narbonne, Paris, SATF, 1887, t. I, p. XXXV ; la correction apportée à la p. 279 du t. II ne modifie pas le premier jugement), tandis que d’autres le jugeaient plus ancien (par exemple J. Couraye du Parc, Mort Aymeri, Paris, SATE, 1884, p. XXVII). Or, il semble aujourd’hui acquis que BJ et B2 ont été composés à la même époque, et dans le même atelier. Voir M. Delbouille, «Le système des incidences. Observations sur les manuscrits du cycle épique de Guillaume d'Orange», Revue belge de Philologie et d'Histoire, VI, 1927, pp. 617-641, et « Dans un atelier de copistes. En regardant de plus près les manuscrits BJ et B2 du cycle épique de Garin de Monglane », C.C.M., Il, 1960, pp. 14-22: D. McMillan, «Les Enfances Guillaume et les Narbonnaïis dans les manuscrits du grand cycle. Observations sur la fusion du cycle de Narbonne avec le cycle de Guillaume», Romania, LXIV, 1938, pp. 313-327, et «Lectures sous les ultra-violets, B.N., fr. 24369 (Enfances Guillaume)», Romania, LXIX,

1946-1947, pp. 93-95; M. Tyssens, op. cit, pp. 363-374. Voir aussi N. Andrieux, « Un programme d'écriture et sa réalisation: les manuscrits B7 et B2 du cycle de Guillaume », Romania, CIV, 1983, pp. 229-236. BJ et B2 ont sans doute été composés au tout début du XIV: siècle. Cette datation «est celle proposée par Ch. Samaran (dans un séminaire de l'Ecole des Hautes Etudes à Paris, en 1937). Elle reposait sur un détail précis de la décoration des lettrines. Dans les deux mss. figurent à l’intérieur des fioritures,

disposés en triangle, trois petits points noirs qui n’apparaissent, selon l’éminent paléographe, que dans les mss. exécutés immédiatement après 1300 » (D. McMillan, Chevalerie Vivien, Senefiance n° 39 et 40, t. I, p. 15, note 8).

INTRODUCTION

14

vers à la colonne. Il contient: Garin de Monglane, Girart de Vienne, Aymeri de Narbonne, Narbonnaïis (début), Enfances Guillaume, Narbonnaïs (fin), Couronnement de Louis, Charroi de Nîmes, Prise d'Orange, Enfances Vivien, Chevalerie Vivien, Aliscans, Bataille Loquifer, Moniage Raïinouart, Moniage Guillaume I, Siège de Barbastre, Guibert d'Andrenas (f. 240b-247v°b; 2371 vers), Mort Aymeri, Folque de Candie.

B2

Paris, Bibl. Nat., fr. 24369-24370. Premières années du XIV: siècle. Deux colonnes à la page, 44 vers à la colonne. Il contient, dans le t. I: Avmeri de Narbonne,

Narbonnais (début), Enfances Guillaume, Narbonnais (fin), Couronnement de Louis, Charroi de Nîmes, Prise d'Orange, Enfances Vivien (début), Siège de Barbastre, Guibert d'Andrenas (f. 157V°b171b; 2367 vers)‘, Enfances Vivien (fin), Chevalerie Vivien, Aliscans, Bataille Loquifer; dans le t. Il: Moniage Rainouart (début)’, Mort Aymeri, Moniage Rainouart (fin), Renier, Moniage Guillaume 11.

R

Londres, British Library, Royal 20 B XIX. Milieu du XIIF siècle*. Deux colonnes à la page, 45 vers en

Le f. 171 est d'une main différente. Voir M. Delbouille, « Le système des incidences...», p. 624, et «Dans un atelier de copistes...», p. 15. Voir aussi M. Tyssens, op. cit., p. 365, note 1. © J. Frappier remarque à ce sujet: «Plus exactement, le ms 24370 commence par la fin de la Bataille Loquifer (f* 1-Sa: début du Moniage Rainouart, f” Sa-7b); le relieur n'aura pas remarqué la coupure des chansons » (Les chansons de geste du Cycle de Guillaume d'Orange, Paris, SEDES, 1955, t. I, p. 49, note 1). * C'est la date retenue par J. Couraye du Parc, Mort Aymeri, p. XXIX, L. Demaison, Aymeri de Narbonne, t. I, p. XXV, H. Suchier, Narbonnais, Paris, SATE, 1898, t. II, p. Il, J. Melander, Guibert d'Andrenas, p. XIX, J.-L Perrier, Siège de Barbastre, Paris, Champion, 1926, p. VII, J. Frappier, Les Chansons de geste, t. I, p. 44. Le Catalogue of Romances du British

Museum le déclare simplement du XII siècle,

INTRODUCTION

15

moyenne (entre 42 et 46) à la colonne. Il contient: Girart de Vienne, Aymeri de Narbonne, Narbonnais, Siège de Barbastre, Guibert d'Andrenas (f. 152b166a ;2459 vers), Mort Aymeri.

H

Londres, British Library, Harleyan 1321. Milieu du XIIF siècle”. Deux colonnes à la page, 40 vers à la colonne”. Il contient les mêmes chansons que R, dans le même ordre. Guibert d'Andrenas f. 176a-191v°b (2458 vers).

N

occupe

les

Paris, Bibl. Nat., Nouv. acq. fr. 6298. Deuxième moitié du XIIF° siècle''. Deux colonnes à la page, 39 vers à la colonne. Il ne subsiste que 29 feuillets de ce manuscrit qui contient des fragments des Narbonnais, du Siège de Barbastre, de Guibert d'Andrenas (f. 23a-26v°b, soit 621 vers, qui correspondent aux vv. 81-236 et 550-1008 de notre édition), et de la Mort

Aymeri. On suppose que ce manuscrit a dû avoir le même contenu que À et H"°.

* C’est la date retenue par L. Demaison, Aymeri de Narbonne, t. I, p. XX VIL H. Suchier, Narbonnais, t. I, p. I, J. Melander, Guibert d'Andrenas, p. XVII, J. Frappier, Les chansons de geste.., t. I, p. 44; J. Couraye du Parc estime pour sa part que le manuscrit a sans doute été exécuté à la fin du XIIF siècle (Mort Aymeri, p. XXXI); ce jugement est repris par J.-L. Perrier, Siège de Barbastre, p. VII. Pour le Catalogue du British Museum, c’est un manuscrit du XIII° siècle. "° Toutefois, le parchemin est souvent endommagé, de sorte que le scribe a fréquemment dû écrire un vers sur plusieurs lignes. !! Cette datation a été proposée par H. Suchier, Narbonnais, t. IL, p. I, J. Melander, Guibert d'Andrenas, p. XIX, J.-L. Perrier, Siège de Barbastre,

p. VII, J. Frappier, Les chansons de geste..., t. I, p. 44. Le Catalogue de la B.N. déclare simplement le manuscrit du XIII° siècle. Pour J. Couraye du Parc, en revanche, le manuscrit a été écrit au XIV® siècle (Mort Aymeri,

p. XXXII). 12 Cf. J. Couraye du Parc, Mort Aymeri, p. XLVI, H. Suchier, Narbonnais, t. IL, p. I, J.-L. Perrier, Siège de Barbastre, p. VII, J. Frappier, Les chansons de geste…., t. I, p. 44.

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INTRODUCTION

Pour une description détaillée de ces manuscrits, on pourra se reporter notamment à L. Demaison, Aymeri de Narbonne, t. I, pp. XXIV-XXXV, et, plus récemment, à B. Guidot, Siège de Barbastre, Paris, Champion, 2000, pp. 14-20, et à P. Rinoldi, Mort Aymeri, Milano, Edizioni Unicopli, 2000, pp. 21-50.

CLASSEMENT DES MANUSCRITS Les manuscrits qui contiennent Guibert d'Andrenas se répartissent en deux groupes: B/B2 d’une part, RHN de l’autre. Il suffit d'examiner brièvement les différents manuscrits pour le constater: B/B2 proposent presque toujours la même version, tandis que RH(N) en proposent une autre'*. On rencontre notamment un certain nombre de lieux variants très nets: B/B2 sont les seuls à présenter les vers 474, 585, 725, 794, 1086-1087, 1289, 1321, 1437-1438, 1470, 1472"; inversement, RH(N) présentent beaucoup de

vers que l’on ne trouve pas dans B/B2: ces vers sont situés après les v. 182, 243, 284, 351,413, 446, 568, 579, 600, 677, 709, 728, 873, 876, 1016, 1082, 1102, 1117, 1163, 1206, 1232,.1296,:1314,,1350, 1351,11354,:1369,,1381/ 4411, 1418, 1428, 1436, 1452, 1466, 1471, 1489, 1499, 1510, 1517, 1563, 1600, 1607, 1610, 1616, 1631, 1632, 1650, [702217032728 176 101775"TT0P MST SAS AT ENT: 1858, 1889, 1894, 1905, 1983, 1988, 2003, 2024, 2036, 2061, 2096, 2098, 2104, 2110, 2139, 2142, 2146, 2161, 2168, 2182, 2183,.2184,,2222,:2228; 2287,.2328; 2361, 2367, 2371, 2375, 2385. Cette répartition est systématique: On verra cependant que RHN sont moins étroitement apparentés que ne le sont B/B2. Un phénomène curieux apparaît à ce propos dans BJ: en copiant Guibert d'Andrenas, le scribe de BJ a écrit à trois reprises un vers en marge. Or,

à chaque fois, il s’agit d'un vers ignoré de RH(N) (v. 585, 1289, 1321). La

probabilité que ce fait se produise était pourtant bien faible.

INTRODUCTION

Ë

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on ne trouve jamais de vers qui soit, par exemple, absent de es présent dans B2H, ou absent de BH et présent dans La proximité de B1B2 d’une part, de RH(N) d’autre part,

est également assurée par quelques passages où la leçon de B1B2 diffère sensiblement de celle de RH(N): par exemple, l’ordre des seconds hémistiches des vv. 84-85 est inverse dans RH; le contenu des vv. 107-108 n’occupe qu’un vers dans RHN; le v. 367 est placé après le v. 368 dans RH; l’ordre des vv. 471-478 est différent dans RH (voir la note de ces

vers); le v. 708 est placé après le suivant dans RHN; au lieu du v. 985, on trouve deux vers dans RHN; le v. 1362 est placé après le v. 1363 dans R, après le v. 1364 dans H; l’ordre des vv. 2093-2094 est inverse dans RH; au lieu des vv. 2153-2154, on trouve trois vers dans RH; au lieu des vv. 2245-2247, on trouve deux vers dans RH”. Cette répartition en deux familles est confirmée par l’étude des fautes communes'’. Si le principe de la faute commune comme moyen discriminatoire entre des familles de manuscrits paraît généralement admis, il est parfois malaisé d'identifier comme faute un lieu variant.

* Le cas des vers 2359-2360, absents de B2R, est particulier: si nous ignorons pourquoi ces deux vers manquent à R (le fait est que ce manuscrit omet fréquemment des vers présents dans tous les autres manuscrits), ils sont absents de B2 (ainsi que le vers suivant) parce que le scribe de B2 a dû

transformer la fin de chanson pour créer une transition vers la fin des Enfances Vivien. D'un point de vue thématique, il était alors tout à fait inutile, voire exclu, d'évoquer dans B2 la situation déplorable d’Aymeri à la fin de Guibert d'Andrenas, ce qui était en revanche nécessaire dans les autres manuscrits, dans lesquels la chanson suivante est la Mort Aymeri. On pourrait citer bien d’autres lieux variants dans le détail, par exemple en ce qui concerne les nombres: .c. B/B2 / .vii. mil(e) RHN au v. 129:.1 B1B2 / .xL. RHN au v. 162,.xx.M. B1B2 / .x.M. RH au v. 516; .C. B1B2 / .M. RH au v. 1876: ou encore, dans un autre domaine, saint Denis

B1B2 | saint Moris RHN au v. 576. 7 Cette étude a déjà été réalisée par C. Siele, op. cit., pp. 8-22, et J. Melander dans sa propre édition de Guibert d'Andrenas, pp. XX-XXXIIL.

18

INTRODUCTION

Fautes communes à B/B2:

Parmi les vers, cités plus haut, que l’on ne trouve que dans RH(N), certains correspondent à des lacunes dans B1B2. Ainsi, B]B2 omettent 4 vers après le v. 1206, et 3 vers après le v. 1847: à chaque fois, il s’agit d’un bourdon, amené dans le premier cas par chaploier (quoique B1 ait chaplier au v. 1206), dans le second par descendié. En outre, les vers 285,

352, 447, 569, 678, 877, 1608 et 1611 de notre édition, absents de B]B2 et empruntés à RH(N), semblent nécessaires au sens (voir les notes correspondant à ces vers). Dans les autres cas, il paraît impossible de déterminer avec certitude si les vers absents de B/B2 constituent ou non des lacunes dans ces deux manuscrits. Les autres fautes communes à B/B2 sont les suivantes (voir à chaque fois la note du vers): Je te 191, meschief 362, pendent 650, li 712, dedenz 895, Gautier de Termes 1185, deffendu 1250, Sus 1343, milliers 1363, Turc 1820, douter 2009, vermeilles 2019, le 2033, desentee 2278", Fautes communes à RH(N):

Parmi les vers que connaissent seulement B/B2, certains semblent être des lacunes dans RH: le v. 1290 ne peut guère se comprendre que par référence au vers précédent, absent de RH; sans le v. 1321, le v. 1320 paraît incomplet; la structure grammaticale des vv. 1468-1469 semble fragile sans le v. 1470; c’est l’indication temporelle fournie par le v. 1472 qui explique, de façon tout à fait satisfaisante, la conséquence exprimée par le v. 1473'°. ” Sur les fautes communes à B/B2 relevées par ailleurs par C. Siele et par J. Melander, voir les notes des v. 204, 433, 471-478, 1437-1438, 1622,

2182.

Pour J. Melander, seul le v. 1289 est une lacune dans RH (C. Siele

relève simplement les vers que l’on ne rencontre que dans B1B2). On voit que l'analyse des lieux variants s’accompagne d’une part importante de subjectivité.

INTRODUCTION

$

19

Les autres fautes communes à RH(N) sont les suivantes: par cel autre païs 23 (différents territoires sont ensuite évoqués), La 38 (le nom représenté est païs, v. 35), doner 66 (confusion avec le dernier mot du vers suivant), vaillant 531

(reprise du dernier mot du vers précédent), .1. 719 (mauvaise lecture de i), la 1109 (le nom représenté est bestiage, v. 1108)”, blanche con flor de lis 2083 (en contradiction avec le v. 2019), À Aymeri(s) 2280 (que le pluriel des VV. 2281-2282 rend inacceptable)". Rapports entre BJ et B2: B1 n’est pas copié sur B2: ce dernier manuscrit omet les v. 2010 et 2032, communs à B/RH, et place le v. 1487 après le v. 1489. B2 a quelques autres leçons fautives: a apelé (+1) 371, Buevon 1136 (pour Tierri), istrent 1193 (frere B1), Aymeris 1268 et 2053 (dans les deux cas, on lit Ay’ dans B1, que nous avons développé en Aÿmers: il s’agit peut-être d’une faute commune à B1B2), et Perssant 1451 (pour Per-

sagant). B2 se distingue encore de tous les autres manuscrits par les lieux variants suivants: .XVI. 434, a maint paien 975, .xx. 1270. Il se différencie en outre de B1 par la présence, après le v. 1436, de deux vers qui introduisent la prolepse narrative que B1B2 sont seuls à connaître, aux vv. 1437-1438 (voir la

note de ces deux vers). Il est difficile de préciser si les deux vers présents dans B2 seulement sont interpolés ou s'ils sont omis dans B1. 2 A moins que /a ne soit un pronom neutre, ou bien un adverbe de lieu. 21 C. Siele et J. Melander proposent en outre de voir comme des fautes Ge otroi bien 927 (où C. Siele, $ 24, p. 11, voit une mauvaise lecture d’une leçon primitive Ge vos croi …, qui ne s’harmonise toutefois pas très bien avec la suite du vers: J. Melander considère quant à lui, p. XXII, la leçon de RHN inférieure à celle de B/B2), Argalïiene 958 (mauvaise lecture supposée du point d'exclamation dans A/ Galïene). C. Siele, $ 23, p. 11, y ajoute gabant 1047 (qui est selon lui en contradiction avec le contexte; Judas vient

pourtant de donner la France à Bauduc).

INTRODUCTION

20

Enfin, la fin de B2 est très différente de celle des autres manuscrits. Originellement semblable à celle de B7, elle a été modifiée afin de permettre la transition avec la fin des Enfances Vivien (voir supra, note 6). D'une part, le scribe chargé du raccord, au f. 171, avec la fin des Enfances Vivien

(le f. 170 s’achève au v. 2317 de notre édition) a ajouté une laisse destinée à assurer cette transition (laisse LXXI, voir la

note du v. 2363), d’autre part, il a dû supprimer des vers dont le contenu thématique devenait incongru (vv. 2359-2361, et tout ce qui suit le v. 2363), et à l’inverse ajouter quelques vers, au début du f. 171 (2 vers après le v. 2317 et 2 vers après le v. 2319 de notre édition) pour combler les blancs créés par la transformation de la fin de la chanson. B2 n’est pas copié sur B1: outre quelques fautes de plume (Florimile pour Florivile 26, Andecrias (?) pour Andernas

82, oreilliers répété 182, Suz pour Souz 367, pre pour preu 524, amcubes pour aucubes 588, le pour les 674, somer pour sonner 933, herbergie pour herbergerie 1289, charroier 1395 (amendé par le scribe lui-même), ardent pour argent 1433, nel pour nes 1545, l’espié ou les pié pour le pié 1852, du pour d’un 1912), et l’omission du vers orphelin à la fin de la laisse XVIII (v. 641), B1 a quelques leçons fautives: de 164, Tant 649, desrompre et despaner 755, commença (+1) 1206, coulast 1835, menrez 1878.

B1 s’oppose en outre aux autres manuscrits par les lieux variants suivants, que J. Melander considère comme des fautes (p. XXXI)*: dont tu te fais si fier 1129, il 1980, La C.Siele ($ 36, p. 15), etJ.Melander (pp. XXX-XXXI) remarquent à juste titre qu’on ne peut déterminer avec certitude si le modèle de B7B2 présentait un vers orphelin, car la leçon de B2 diffère de celle de RHN: soit le

modèle de B/B2 fournissait un vers orphelin similaire à celui de B2, que le scribe de BJ a omis, soit ce modèle n'avait pas de vers orphelin, et seul le scribe de B2 a comblé la lacune. # Ces lieux variants ont en effet contre eux l’accord de B2 avec au moins un manuscrit de l’autre famille (sauf au v. 1129, où B2 est déchiré).

Mais il s’agit aussi d'innovations acceptables.

INTRODUCTION

21

serez vous 2309 (voir à chaque fois la note du vers), à quoi on peut ajouter filluet 797 (à moins qu’il ne s’agisse d’une faute de plume), apela 1119, et vous sera delivrez 1496 (mentionné par C. Siele, $ 38, p. 16). Rapports entre R, H, et N: R, H et N sont bien moins proches les uns des autres que ne le sont BJ et B2, comme le montrent les fautes qui sont propres à chacun de ces manuscrits: Fautes propres à R: R omet 66 vers connus de tous les autres manuscrits: 35, 62, 280, 297, 395, 454, 482, 653, 745, 769, 795, 829, 834, 836, 847-849, 911, 940, 984, 991, 1006, 1009, 1016, 1019, 1022-1023, 1031, 1045, 1092-1093, 1102, 1110, 1124, 1131, 1177-1178, 1194, 1257, 1345, 1407, 1500, 1516, 1618, 2106, 2120/2237;2241-2243,2252,2255,2273, 2295, 2297,2300, 2314829311, 231929222338) 2343; 2353; 2359-2300 %.R réduit en outre à un seul vers les vv. 1243-1244, communs à B1B2H, en combinant le premier hémistiche du v. 1243 et le second du v. 1244. R ne peut donc avoir servi de modèle à H,

ni à N. A l'inverse, R comporte 62 vers qu’il est seul à connaître:

voir les variantes des v. 1702, 1703, 1705, 1707, 1708, 1709, MAO AT AT 1447181716," 17171722" 1727, IPPUTITMTSS ITS TTL TA TIGE" 1I60 1775; 1783, 1802, 1804, 1810, 1811, 1815, 1817, 1819, 1820, 1891, 1928, 1929, 1931, 1972, 1978, 1980, 2264. Dans quelques cas, les vers présents dans À seulement ne se comprennent que par référence à un vers précédent qui n’existe que dans RH (voir les variantes des v. 1703, 1761 et 1775). La plupart des vers ajoutés par À sont des vers de remplis-

# Sur ces deux derniers vers, absents aussi de B2, voir supra, note 15.

22

INTRODUCTION

sage; toutefois, on ne peut pas déduire du fait que seul R comporte ces vers qu'aucun de ces vers ne figure dans la source commune à RH(N})*.

Parmi les très nombreux lieux variants propres à R, sont fautives les leçons suivantes”: poesteïs (+1) 19, de Deu lo fil Marie 134 (il manque alors un sujet), lor 362 (pour li), de pris 578 (confusion avec la fin du vers suivant), .xx. 917 (cf. v. 979, et le vers qui suit dans R le v. 1931 de notre édition), ponz 934 (en contradiction avec le v. 625, où porz est d’ailleurs une innovation propre à R), dela les guez 934 (de Balesguer B1B2, de Balesguez HN), Luce 1051 (cf. Lunete 1077), son fil 1105 (pour ses filz), Baucent 1251 (appelé Marq(u)ant partout ailleurs), sache 1385 (mauvaise lecture d’une forme picarde fache?), belement 1646 (reprise du dernier mot du v. 1644), garant 1777 (confusion avec la fin du vers suivant)”. Peut-être faut-il ajouter à cette liste Mal de celui 1362 (absence de verbe principal), leçon cependant conservée par J. Melander et J. Crosland dans leurs éditions.

# Les raisons pour lesquelles À omet ou ajoute tant de vers restent tout à fait mystérieuses. Notons cependant que le nombre des vers omis est similaire à celui des vers ajoutés, et que ces derniers (à l’exception du vers ajouté dans R après le v. 2264 de notre édition), se rencontrent très curieusement

dans un passage où aucun vers n’est omis. Aucun des vers que À est seul à connaître n’a été repris par J. Melander dans son édition. J. Crosland a quant à elle conservé le vers ajouté dans R après le v. 2264 (v. 2289 de son édition),

sans qu’on sache pourquoi. # Si l’on ne tient pas compte de quelques omissions de monosyllabes (voir notamment les variantes des v. 362, 394, 860, 884, 1350), et de fautes

de plume comme bachel 205 (pour bacheler), ne por ser 250 (non exponctué), Solimant 1050 (pour Solinant), devinant 1061 (pour devisant: l’inno-

vation n’est toutefois pas dépourvue de sens), assaz 1267 (pour assazez), volent 1385 (pour volenté), s'escient 1609 (pour s’escrient), retorn 1658

(pour retorné), n 1701 (pour ne), panie 1708 (pour paienie), escie 1810 (pour escrie), quen 2259 (pour quens).

? J. Melander considère également comme fautives (p. XXIX) les leçons por quoi estes venuz 462 et pitié 1899. Voir les notes correspondant à ces deux vers.

INTRODUCTION

23

Fautes propres à H: H omet les v. 63, 196-197, 528, 779, 1283, 1337, 1421-1422, 1436, 1594, 1994-1997, 2074, 2383-2384, qui sont présents dans tous les autres manuscrits. H ne peut donc avoir servi de modèle à À ni à N. Quelques vers n’apparaissent en revanche que dans H: il s’agit de vers situés après les v. 1182, 1296, 1455, 1496, 1514, 2150, 2260, 2272, 2325 de notre édition. On ne peut pas déduire du fait que seul H présente ces vers que ceux-ci sont nécessairement interpolés. Par exemple, le vers fourni

par H après le v. 1296 est placé entre un vers commun à RH et deux vers communs à RH également: il est tout à fait possible que R ait omis le vers donné par H seulement; de même, le vers que Æ fournit après le v. 2325 est en parfait accord avec celui que RH proposent après le vers 2328, de sorte qu'il peut s’agir d’une omission dans À après le v. 2325. Parmi les nombreux autres lieux variants propres à H, on peut citer les leçons fautives suivantes: ert 24 (pour est), GIl”" 222 (pour Guibers), esbahi 294 (pour esjofï), lor c. 394 (pour li c.), bessa 395 (pour dreça), Viane 448 (pour Nerbone), or i parra 688 (confusion avec la fin du vers suivant),

Deroz 809 (pour Desoz dans N), eve 836 (peut-être par reprise de eve du vers précédent), cite (?) 1033 (pour riche), chascon 1094 (reprise d’un mot du vers précédent), neveu 1159 (pour filluel), Et 1222 (pour As), pere 1245 (pour enfant), chanu 1251 (pour crenu), je l'ai bien avisé 1372 (reprise de la fin du vers précédent), Orgoline 1426 (cf.

Argoline 1445), de sor patrie 1708 (sens ?), a 1730 (pour et), consivié 1865 (reprise du dernier mot du vers précédent), Guibert avra 1977 (pour Guibers l'avra), esprover 1990 (pour esposer), sonez 2106 (confusion avec la fin du vers précédent), Baudu 2191 (pour Judas), sus 2197 (pour jus), soz 2219 (sus B1B2, seur R), ton 2235 (pour son), li var. 2245 (pour Lor R), Orange 2299 (pour Nerbone), Laiseroiz vous 2309 (La serez vous Bl, Laisserai vous B2R), bocle

INTRODUCTION

24

2330 (pour bouche; mauvaise lecture d’une forme picarde boce, ou bien du À de boche?)”*.

Fautes propres à N:

N omet les v. 689 et 875, présents dans tous les autres manuscrits, et ajoute indûment, après le v. 896, un vers sem-

blable au v. 871. Outre diverses fautes de plume (par exemple fucherent pour ficherent au v. 891, cremu pour crenu aux v. 776 et 1008), le scribe commet encore d’autres fautes d’inattention: conter 102 (reprise du dernier mot du vers précédent), drüerie 121 (même erreur), ceindre l'iame 201 (reprise du verbe du premier hémistiche), a latanter les guez 628 (sens ?), doter 636 (pour durer), passer 639 (reprise du dernier mot du vers précédent), lancent 744 (pour lance), poingt 848 (pour poing), ert 902 (pour es), estoient 912 (pour estoies), Fetes en l'ost .c. chevaliers armer 935 (qui reprend presque exactement le v. 932), guiez 968 (pour graez). N ne peut donc avoir servi de modèle à À ni à FH. * On trouve aussi dans Æ de très nombreuses fautes de plume: omission de signes d’abréviations (par exemple tre pour terre 300, vre pour vostre 904), erreur dans le choix d'un signe d’abréviation (par exemple amust9 = amustus au lieu de amustant 1895), confusion de lettres (par exemple lisfé pour listé 342, sa pour la 376, sor pour son 632); omission de lettres (par exemple / pour li 773, neuz pour neveuz 1106), lettres fautives non exponctuées (par exemple n'i ai ait 1248), ou mal exponctuées (menaie avec a et à exponctués pour mena 2047), etc. En outre, l'’amuïssement des finales amène ce scribe peu scrupuleux à écrire oblié pour oblier 80, destorner pour destornez 225, pranent pour prengne 332, Antrent pour Antre 369, antrer pour antrez 422, vindre pour vindrent 1101, son ancont pour sont ancontre 1222, escrient pour escrie 1810, ete. Les substantifs, adjectifs et articles ne sont pas épargnés : buef pour bués 128, coute pour coutes 181, jort pour jorz 619, for pour fort 1357, etc.:a, al, au pour a + les est tout à fait usuel (a est aussi une graphie inverse de a, ainsi que i/ de i). Ceci s'ajoute au fait que la déclinaison est particulièrement malmenée dans ce manuscrit. Le scribe de Æ omet aussi fréquemment 7 en position implosive (par exemple price(s) pour prince(s) 87, 922, 2085, 2346, tit pour tint 718, moinet pour moinent 1278, paraz pour paranz 1323); n est peut-être alors une graphie inverse dans Zervangant 873, et hanches 1434; ces formes ne sont

pas nécessairement fautives, mais elles ne facilitent pas la lecture.

INTRODUCTION

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Situation de N par rapport à À et H: À la lecture, H et N apparaissent très proches l’un de l’autre. Ils ont très fréquemment les mêmes leçons qui les opposent à B/B2R°°. Leur parenté est assurée par deux fautes communes: puet 890 (pour puez dans R), voz destrier 1008 (complément au singulier)". HN ont en outre en commun un lieu variant qui les distingue nettement de B1B2R: sachant 882 (dolant B1B2R); ils présentent par ailleurs trois vers que les autres manuscrits ne connaissent pas, un après le v. 569, deux après le v. 684 (rien ne permet toutefois de savoir si ces vers étaient ou non présents dans la source commune à RHN). Enfin, aux vv. 688-689, tandis que B/B2R écrivent Franc chevalier fet il entendez ça | Vous estes tuit mi fil or i parra, H écrit de façon fautive Franc chevallier dist il or i parra / Vos estes tuit mi fil or iparra, en anticipant, à la fin du v. 688, la fin du v. 689, et N écrit Franc chevalier fet il or i parra : la fusion des deux vers en un seul dans W a pu se faire de façon indépendante, mais elle peut également supposer un modèle fautif que H a reproduit tel quel et que W a corrigé.

# Ainsi, dans la première partie du fragment N, HN s'opposent à B1B2R aux v. 136, 142, 160, 165, 166, 167, 187, 199, 210, 212, 213, 219, 220, 222, tandis que RN ne s'opposent à B1B2H qu'au v. 115, et de façon

discutable: morroit RN, moroit B1B2H (morroit avec r exponctué dans B1, l'identification de la forme étant incertaine dans H, si on la rapproche par exemple de poroit v. 69 H). ” J. Melander ajoute aux fautes communes à HN (p. XXVITI-XXIX) veult 801 (aime B1B2, vueil R). Il s’agit effectivement d’un des très nom-

breux lieux variants communs à HN, mais qui ne nous paraît pas constituer une faute: les paroles d’Aymeriet sont d’abord relatées au discours indirect (v. 801), puis au discours direct (v. 803), et ce phénomène n’est pas rare en ancien français (cf. Ph. Ménard, Syntaxe, $ 229; voir aussi la note des

v. 801-803). J. Melander considère également que le v. 836 présente une faute commune à HN. Mais H et N y ont une leçon différente (con l'eve en a vei H, quant l'iame en a veü N), et seul H est fautif.

INTRODUCTION

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Cependant, il arrive aussi que RN s’opposent à B/B2H. Les cas des v. 189 (toz a RN, qu'il a B1B2H), 749 (fet il RN, dist il BIB2H), 765 (toz sui RN, si sui B1IB2H), 811 (que ne RN, qu'il ne B1B2H), 939 (tant RN, molt BIB2H), 967 (sanz

plus de RN, sanz point de B1B2H), ne sont guère concluants, d’autres paraissent plus nets: .m. confanon 650 (li c. BIB2H), arresnier 714 (espargnier BIB2H). Bien plus, R et N ont également une faute commune: Por mes neveuz 205 (Et mes neveuz B1B2H)°". Il n’est pas impossible que cette faute ait été présente dans la source commune à RHN et que seul H l’ait corrigée, mais l’existence des lieux variants communs à RN° suggère que la relation du fragment N à R et à H est moins établie qu’il n’y paraît. Il semble qu’il faille, au moins pour Guibert d'Andrenas, renoncer à supposer que, de la source commune à RHN partent deux branches, l’une aboutissant à A et N, l’autre à R (c’est la filiation à

laquelle aboutit J. Melander, p. XXXIIT)*”. +! J. Melander mentionne bien dans les variantes de son édition la leçon

commune à RN Por mes neveuz (p. 9), mais fait figurer cette leçon dans les fautes propres à R (p. XXIX). * Nous n'avons fourni que des exemples où RN ont une leçon commune, et B/B2H une autre leçon commune, mais il arrive également que RN s’opposent d’une part à B/B2, d’autre part à H. C'est le cas aux v. 111, 124,

135, 203, 228, 553, 575, 588, 617, 818, 859, 865, 958. “ Le plus souvent, les éditeurs des chansons du cycle de Narbonne ont insisté sur la proximité de H et de N. Cf. H. Suchier, Narbonnais, t. Il, p. IV: «La plus étroite parenté existe entre [H] et [N]; ces deux textes coïncident

souvent jusque dans l'orthographe (...). Si [N] a été mutilé, nous en faisons facilement notre deuil, son texte n'étant en général qu’un double de [H}».

H. Suchier fournit effectivement quelques exemples de fautes communes à HN, mais, au v. 7490 des Narbonnais, R et N omettent tous deux point, ce qui paraît constituer une faute commune. J. Couraye du Parc classe également N à côté de H dans son édition de la Mort Aymeri. Si, dans cette chanson, il ne semble pas y avoir de faute commune à RN, aucun des vers fournis par l’éditeur comme caractéristiques de la parenté de H et de N n’est une faute commune à ces deux manuscrits (voir p. XLVT). J.-L. Perrier, dans son édition du

Siège de Barbastre, déclare seulement, p. VIT, que «les leçons [de M] (...) sont presque toujours identiques à celles de [H]». Les notes critiques de cette

édition ne permettent pas de situer N par rapport à R et à H. Enfin, dans son

INTRODUCTION

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On constate donc, au terme de cette étude, que si BJ et B2 sont beaucoup plus proches l’un de l’autre que ne le sont R, H et N les uns des autres, les deux familles proposent toutefois de Guibert d'Andrenas des versions globalement similaires“, ce qui est sans doute lié au fait que les chansons du cycle d’Aymeri sont assez récentes.

DATE DE GUIBERT

D'ANDRENAS

Guibert d'Andrenas est généralement daté du début du XIII: siècle. C’est la conclusion de J. Melander au terme de son étude de la chanson, p. XLV et LXT, partagée par J. Crosland dans sa propre édition, p. X, puis par J. Frappier, Les chansons de geste du cycle de Guillaume d'Orange, t. 1, p. 29. R. Lévy dans sa chronologie propose 1220, et W. von Wartburg, dans les volumes de référence du F.E.W., propose «vers 1220»*. édition de Guibert d'Andrenas, J. Crosland se contente de reproduire le stemma proposé par J. Couraye du Parc et J. Melander, et renvoie aux travaux de C, Siele et de J. Melander, tout en affirmant que «the fragmentary portions (...) follow [H] s0 closely as to render them of little independant

value » (p. XII). Pour ce qui concerne la leçon de RN Por mes neveus, l'indication fournie dans les corrections apportées au manuscrit R (p. 81) est erronée dans cette édition. Cependant, au terme de son analyse du manuscrit [NW], P. Rinoldi, dans sa récente édition de la Mort Aymeri, aboutit à une tout

autre conclusion,

«la probabile

presenza

di una

sottofamiglia

[RN]>»

(p.151). “ Le fait a aussi été signalé par L. Demaison, Aymeri de Narbonne, p. XLI et LXVI. Il n’y a pas lieu de tenir compte ici de la fin particulière de la chanson dans B2. * Ces estimations sont fournies par A. Rey, Dictionnaire historique de la langue française, vol. IT, p. 2332. M. de Riquer, dans Les chansons de geste françaises, Paris, Nizet, 1957, p. 168, estime toutefois la chanson un peu plus ancienne, de la fin du XIT° siècle, d’après la date proposée par U. T. Holmes, À History of Old Literature from the origins to 1300, New York, 1948. J. Bédier la situe également dans les «dernières années du XII° siècle » (Les légendes épiques. Recherches sur la formation des chansons de geste, Paris, Champion, 1926 pour la 3° édition, t. I, p. 48), en s'appuyant sur

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INTRODUCTION

L’estimation de J. Melander, qui semble tout cieuse, s’appuie sur des faits linguistiques précis, sur des rapprochements avec d’autres chansons Ainsi, considérant que Guibert d'Andrenas est aux Narbonnais, composés «vers

1210»,

à fait judimais aussi du cycle. postérieur

et à Aymeri de

Narbonne, qui «n’est pas postérieur au premier quart du XIII siècle »*”, J. Melander en déduit qu’il «faudrait placer

la composition de notre chanson entre 1210 et 1225» (p. LXT). La conclusion semble surprenante, mais elle s’appuie implicitement sur le raisonnement tenu par L. Demaison à propos d’Aymeri de Narbonne et qui peut aussi, mutatis mutandis, s'appliquer à Guibert d'Andrenas: «Il résulte de ces observations que la chanson d’Aymeri de Narbonne est d’une date peu reculée. Toutefois, elle ne doit pas être postérieure au premier quart du XIII: siècle. En effet, parmi les manuscrits qui nous l’ont conservée, il en est trois qui nous semblent remonter environ à l’an 1250. Or, ainsi que nous l’avons vu, ils ne se rattachent pas directement au manuscrit primitif et en sont séparés par quelques intermédiaires. On peut donc admettre que la composition du texte original a eu lieu un certain nombre d’années auparavant»*. L'étude que M. Tyssens a consacrée au vers orphelin” dans les chansons qui n’appartiennent pas au cycle d’Aymeri paraît confirmer le terminus ante quem proposé par J. Melan-

l'estimation d'O. Densusianu, qui pense que la Prise de Cordres a été composée à partir d’une ancienne version de Guibert d'Andrenas, datant de «vers 1185 » (Prise de Cordres et de Sebille, Paris, SATF, 1896, p. CXLNI).

* Selon H. Suchier, Narbonnais, t. I, p. EVI.

* L. Demaison, Aymeri de Narbonne, t. I, p. XCII. “ Jbid. ® D'abord dans «Le problème du vers orphelin dans le «cycle d’Aliscans » et les deux versions du Moniage Guillaume», La technique littéraire des chansons de geste, Actes du Colloque de Liège (septembre 1957), Paris, Les Belles Lettres, 1959, pp. 429-456, puis dans La geste de Guillaume d'Orange dans les manuscrits cycliques, pp. 163-176.

INTRODUCTION

29

der, dans la mesure où elle montre que le remaniement qui a provoqué l’apparition, dans le cycle de Guillaume proprement dit, du vers orphelin caractéristique du cycle d’Aymeri, n’est pas postérieur à 1225: c'est la date communément admise du manuscrit 6562 de la Bibliothèque de l’Arsenal, précédé de peu par son modèle, v, qui a procédé à ce remaniement, «après que les chansons du «cycle d’Aimeri» eurent mis le petit vers à la mode »“. Cette estimation de la date de composition de Guibert d’Andrenas est utile dans le choix d’un manuscrit pour notre édition de la chanson.

CHOIX D'UN MANUSCRIT DE BASE Pour effectuer ce choix, on peut d’emblée éliminer W, qui ne subsiste qu’à l’état de fragment. Entre BJ et B2, BI doit être préféré à B2, qui a l’inconvénient d’être déchiré à certains endroits, et dans lequel la fin de la chanson a été modifiée. Entre R et H, R est préférable à H, qui est bien plus complet que À mais qui comporte beaucoup de négligences et de fautes; en outre, les habitudes graphiques du scribe de H ne facilitent pas toujours la lecture. Il reste donc à choisir entre À et BI. J. Melander et J. Crosland ont tous deux choisi le manuscrit À dans leurs éditions respectives de Guibert d'Andrenas. C’est aussi À qui a été choisi par W. van Emden, L. Demaison, J.-L. Perrier, J. Couraye du Parc dans leurs éditions de Girart de Vienne, d'Aymeri de Narbonne, du Siège de Barbastre, de la Mort Aymeri.

“ La geste de Guillaume d'Orange dans les manuscrits cycliques, p. 176. *! Toutefois, c’est H qu’utilise en priorité H. Suchier dans son édition des Narbonnais.

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INTRODUCTION

L’argument généralement invoqué pour justifier ce choix est l’ancienneté de R*°. Inversement, on reproche à B/B2 leur caractère récent: ce sont des «copies rajeunies»*, ces manuscrits appartiennent «à la tradition la plus délayée »**. Dans son édition de Guibert d'Andrenas, J. Melander écarte immédiatement B1 et B2: «{Ils] sont trop peu anciens pour qu’on puisse en tenir compte » (p. XLVI)*. Or, si BZB2, dans Guibert d'Andrenas, montrent quelques signes d’un rajeunissement de la langue, les autres manuscrits n’en sont pas toujours exempts“, et ces deux manuscrits, on l’a vu, ne présentent absolument pas une version délayée. Ces observations rejoignent tout à fait le jugement de M. Delbouille: «Si l’écart de B à l’égard de À pour les chansons du groupe de Guillaume est visiblement plus grand que celui qu’on distingue entre B et les autre copies pour le groupe d’Aymeri, cela doit s'expliquer par le fait que les chansons de ce dernier, relativement récentes, appelaient peu de rajeunissements alors que les chansons du groupe de Guillaume, même dans la version À, avaient un caractère plus archaïque: B

trouvait plus à reprendre et à moderniser ici que là»*’. B] ne “ Cf. L. Demaison, Aymeri de Narbonne, t. 1, pp. LXVIII-LXIX, J.-L. Perrier, Siège de Barbastre, p. VI, J. Crosland, Guibert d'Andrenas, p. XIV, J. Couraye du Parc, Mort Aymeri, pp. XLVI-XEVII. CI. Régnier, Les rédactions en vers de la Prise d'Orange, Paris,

Klincksieck, 1966, p. 28. * W. van Emden, Girart de Vienne, p. LIT. * Ce faisant, il reproduit très exactement la formule de L. Demaison,

Aymeri de Narbonne, t. I, p. LXVIIT. “* J. Melander reproche aussi à B/B2 de présenter un certain nombre de traits picards. On en rencontre pourtant quelques-uns dans À, par exemple Jiuz v. 547 et 685, fuiz v. 43, jentix v. 3.

“7 «Dans un atelier de copistes.…..», p. 22. M. Delbouille ajoute en note: «Nos conclusions confirment ainsi l'opinion de M. Jean Frappier qui écrit (Les chansons de geste du cycle de Guillaume d'Orange, p. 52): «L'activité du remanieur dont dépend la famille B a consisté à rajeunir ses modèles et à les délayer (le cycle d’Aymeri semble toutefois moins délayé que le cycle de Guillaume)»

INTRODUCTION

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paraît donc pas devoir être rejeté ici à cause de la date à laquelle il a été composé. En outre, si B1 propose de Guibert d'Andrenas une version plus courte que celle de R, il n’est pas certain que cette différence s’explique toujours par des lacunes dans B1 (et B2), tandis que les nombreux vers absents de R apparaissent dans tous les autres manuscrits“, et que, d’autre part, À présente un grand nombre de vers qu'il est seul à connaître. Cet argument n’est pas sans poids. Son importance est toutefois limitée dans la mesure où notre édition ne cherche pas à présenter un texte proche de l'original supposé, mais se veut fidèle, autant que possible, au manuscrit choisi. Or, la version que présente B1 est globalement très satisfaisante, et nécessite bien moins de corrections que celle de R. Nous rejoignons donc ici C. Siele qui, au terme de son étude des manuscrits qui contiennent Guibert d'Andrenas, concluait que BJ offre la meilleure version de la chanson“. Le scribe de BJ est souvent remarqué pour la qualité de son travail”, le texte qu’il propose de cette chanson du cycle d’Aymeri méritait d’être édité.

** Ilest vrai, cependant, que sur les 66 vers omis par À, seule l’absence

des v. 35, 847-849 et 2300 nuit vraiment au sens. PAG Siele, ap. ci., S118;p, 23. # Voir notamment D. McMillan, Chevalerie Vivien, t. I, p. 130, qui rappelle également les remarques de F Lecoy, c. r. de l'édition par V. Fr Koenig des Miracles de Nostre Dame par Gautier de Coinci, Romania, LXX VI, 1955, p. 428, et de CI. Régnier, « Quelques problèmes de l’ancien picard», Romance Philology, XIV, 1960-1961, p. 269.

*! Notons que c’est B] également qu'a choisi P. Rinoldi dans sa récente édition de la Mort Aymeri, tandis que B. Guidot a choisi B2 pour éditer le Siège de Barbastre.

INTRODUCTION

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ÉTABLISSEMENT DU TEXTE 1. Résolution des abréviations

Le manuscrit ne mentionne pas toujours la désinence après un signe d’abréviation. Les formes abrégées utilisées dans la fonction apostrophe au singulier ont été développées au CR (notamment d’après le comportement des noms

de

Guibert et de Bauduc dans cette fonction®); au pluriel, dans la même fonction, le CS est systématique et c’est donc ce cas qui a été utilisé pour la restitution des formes abrégées. a.



Lettres suscrites

_a suscrit est développé en ua après qg (dusqu’a 59, quant 68, etc.), en ra ailleurs (grant 136, estrange 175, etc.). a

est parfois suscrit sans qu’il y ait d’abréviation (marchis 51, 573, 899, 1630, 2379, marbre 85, 984, mars 743). Par ailleurs, après g, on a parfois directement a (Marqant

— —

892, 1251, Barbaqant 999). _e suscrit est développé en ue après q (quens 3, 293, etc.), en re ailleurs (livrer 633, autre 644, etc.).

i suscrit est développé en ui après g (quier 82, qui 85, etc.), en ri ailleurs (Prierent 52, Prince 87, destrier 277, etc);



_o suscrit est développé en uo après q (quoi 797), en ro ailleurs (trop 845,1127, etc., troussez 1271).

* Guibert est régulièrement abrégé en Guib't, Guibers en Guib's (sauf aux v. 143 et 149), et Baudus en Baud”, ce qui laisse peu de place à la subjectivité dans la lecture des formes abrégées de ces deux noms. Or, en fonction sujet, le CS est de loin le plus employé (24 Guibers vs 3 Guibert, et 28 Baudus vs 3 Baudu(c)), tandis qu’en fonction apostrophe, le CR est plus fréquent (11 Guibert et aucun Guibers, 5 Baudu(c) vs 3 Baudus). Pour ce qui

concerne la fonction attribut du sujet, l'étude de ces deux noms ne permet pas de dégager une tendance (1 Guibers vs 1 Guibert). On pourrait objecter que le comportement des noms communs n’est pas celui des noms propres,

mais les formes à finale abrégée sont essentiellement des noms propres.

INTRODUCTION

59

Abréviation par graphisme Un signe proche de z est couramment utilisé, quoique non systématiquement, pour représenter et (6, 12, etc.). Une seule fois, un signe proche de + représente est (1192). Abréviation par contraction bñ est developpé en bien (34, 73, etc.). chl'r (11 occ.: 405, 530, etc.) et ch’r (7 occ.: 240, 296, etc.) sont développés en chevalier (en toutes: lettres au v. 719), chl’rs (11 occ.: 119, 210, etc.) en chevaliers, chl'rie (377) en chevalerie.

Jh's (134) et Jh'us (380) sont développés en Jhesus (en toutes lettres au v. 1872), Jh'u (517, 616, etc.) en Jhesu (en toutes lettres au v. 800).

ml't a été développé en molt. L’adverbe n’apparaissant jamais en toutes lettres, le développement de cette abréviation latine a été choisi par défaut. nl’ est développé en nul (1083). nre (601, 1112, etc.) et vre (36, 67, etc.) sont développés

en nostre et vostre, qui apparaissent aussi en toutes lettres. st’ (23, 85, etc.) est développé en sont, qu’on trouve également en toutes lettres.

d. Abréviation par signes spéciaux Signes suscrits

° représente us (plus 22, nous 35, agus 1408, cheveus 1438, etc.), mais aussi ous (dans vous 135, 136, etc., et

nous 987, ces pronoms n’apparaissant jamais en toutes lettres que sous les formes nous, vous, ainsi que dans la prép. sous 184, qui ne peut se comprendre qu’en «en des-

INTRODUCTION

34

sous de», et qui est la leçon proposée par les autres manuscrits), et encore





uis (puis 287,

1128,

1867, cet

adverbe apparaît également en toutes lettres). représente or (por 40, 55, etc.), mais aussi ur (murs 940, 955, 1398, mur 2109). Ce signe se rencontre seulement au-dessus de p et de m. En toutes lettres, on trouve 87 occ. de la séquence por, et 1 1 de pour. C’est donc le développement en or qui a été choisi quand le signe est au-dessus de p. - au dessus de g est développé en ue (Fouquerez 29, Onques 66, etc.). Ailleurs, c'est un signe de nasalité et il représente en, M, OU 7: — en dans un nom propre et des adverbes et substantifs en -ment: Ermengart 8, forment 234, 294, baptize-





«a

ment 2162, etc. (les adverbes et substantifs en -ment sont toujours écrits avec e, de même que le nom du personnage); m devant b et p dans le même mot: tremble 7, campaigne 555, etc. (on ne trouve jamais 7, mais toujours m, devant ces deux bilabiales), et à la finale dans Mahom 1088, 1385 et com 1664 (Mahom apparaît en

toutes lettres v. 654, 673, 1512, 1777, 1857, 2211, com au v. 64, Mahon et con ne sont pas représentés); _n devant m: Conmarchis 411, fenme 563, nonmer 92, etc. (la séquence mm ne se rencontre jamais, mais on trouve enmi 288, 1474, 2251 et granment 893, ainsi que Conment 930, fronmages 1227, nonmer 1487, quoiqu'il s'agisse peut-être, dans ces trois derniers mots, de la séquence um"), devant s (malgré l’excep-

n se distingue assez bien de u dans B/, sauf dans quelques cas problématiques. Ainsi, on lit très clairement Coument 930, froumages 1227, noumer 1487, ce qui laisse supposer une fermeture de [o] devant consonne nasale, mais on cherche en vain d'autres exemples de cette évolution dialectale. Nous avons donc considéré qu'il fallait lire Conment, fronmages, et nonmer. Inversement, v. 1714, on lit santie, qui ne paraît pas avoir de sens,

INTRODUCTION

35

tion de tams 178): hons 1871, Mahons 2192 (ces mots sont attestés en toutes lettres) et ailleurs: Ermengars

4, en 148 (sauf dans em piés 1576, on a toujours en devant une initiale consonantique), amainnent 277, onipotent 1148, etc.

Ce signe sert aussi, associé à un point, à abréger des finales diverses :amir. 1064 est développé en amirant (en fin de vers dans une laisse en -ant), Franc. 605, etc. et Fran.

2239 sont développés en François, Mahom. correspond à Mahomet où Mahomés””, par. 913 est développé en parisis

(d’après B2 et R), et Sarr. en Sarrazin ou Sarrazins*. —

‘et ‘(les deux signes sont souvent difficiles à distinguer, et semblent équivalents) sont développés en:

et nous avons choisi de lire sautie, l'équivalent de soutie dans RH. Sur le problème de la lecture de n et u, voir Ph. Ménard, « Problèmes de paléogra-

phie et de philologie dans l’édition des textes français du Moyen Age», Mélanges A. J. Holden, L'édition et le texte, 1990, pp. 1-3. “ On trouve aussi Franc. 2227 avec un signe d’abréviation proche de ? ou *.

“ Le nom de ce dieu apparaît en toutes lettres sous différentes formes (Mahom, Mahomés et Mahons dans la fonction sujet, Mahom en apostrophe, Mahom et Mahomet dans la fonction complément), et il est abrégé de plusieurs façons :Mahos, Maho, Mah', Mahom. Ici, il s’agit de reconstituer une

forme dont on suppose, d’après le compte des syllabes, qu’elle comporte une syllabe de plus. Mahom. est développé en Mahomés (attesté v. 1326) dans la fonction sujet (v. 1446, 1457, 1564, 2207, 2225), en Mahomet (attesté v. 1019, 1025, 1935) dans la fonction apostrophe (v. 1553, 2232) et dans la

fonction de complément (v. 1316, 1370, 1429, 1477, 1752, 1797, 2210, 2217). “ Au v. 855, Sarr. est suivi d’un s ajouté dans l’interligne, et il est donc développé en Sarrazins. Ailleurs, il faut choisir entre Sarrazin et Sarrazins (la graphie est déduite de sarrazine 1723 et Sarrazin 1903). Au singulier, Sarr. a été développé en Sarrazin dans la fonction de complément (v. 726 après tant, qui n’est jamais suivi que du CRS ou du CSP ; v. 786 après maint, qui dans le texte est toujours suivi du CRS ; v. 1274, 1347, 1406, 1468, 1911, 2016); au pluriel, Sarr. a été développé en Sarrazin dans la fonction sujet

(v. 21, 215, 537, 554, 1342, 1471, 1481, 1553, 1641, 2095, 2132)et la fonction apostrophe (v. 1360, 1742), en Sarrazins dans la fonction complément (v. 219, 398, 681, 698, 1334, 1401, 1439, 1709).

INTRODUCTION

36 e dans doubler 184;

ue après q (Que 21, etc., conquerre 45, querniaux 2037, etc.), ainsi qu'après g dans guerrier 1128, 1187,

1202, 1215, et dans guerpiroie 2193; uer après g dans guerpie 1717; er dans Aymeri 1801, Aÿmers 2069”, merci 9, terres 13, Bernars 18, Guibert 20, Guibers 27°", douter T1,

demander 444, hernois 511*, durer 636, bacheler 954 (en toutes lettres 205, 938), etc. ; ier dans acier 708, etc. (attesté 1161, etc.), arrier 1193 (att. 1190, etc.), averssier 1219 (d’après avressier 722, etc.), baillier 699 (att. 1137), chaplier 1206 (en fin de vers dans une laisse en -ier), chevauchier 123 (d’après

Chevauchiés 1646 et chevauchiez 1169, 1303), chier 270, 1007 (att. 694; en 270 et 1007, l’adj. est épithète d’un n.m. en apostrophe et au CR), desmaillier 725 (att. 716, etc.), destrier 718 (att. 31, etc.), Gautier 334, 1238,

2313 et Gautiers 25 (le nom n'apparaît jamais en toutes lettres, la graphie est empruntée aux autres manuscrits; ‘est développé en iers au v. 572 dans la fonction attr. du sujet et au v. 1615 dans la fonction sujet, ce qui est confirmé dans les deux cas par B2), laidengier 1133 et lancier 1412 (ces deux infinitifs n’apparaissent pas en toutes lettres, mais -ier est la graphie usuelle dans B7 après un radical palatalisé), mengier 1524 (att. 187), millier 720, 1118, 1400, 1424 (d’après millier 1411 et milliers 478, cette dernière forme présentant aussi un s dans B2RH/; en 1424, millier est analysé en terme com‘’ Il s’agit alors de développer Aÿm's. Au v. 2079, c’est Aÿm‘. qui est développé en Aÿmers (qui est la forme de loin la plus fréquente pour ce nom dans la fonction sujet). ** Pour le nom de ce personnage, on a très généralement Guib's ou Guib't. Exceptionnellement, v. 143 et 149, on trouve Guib.‘ en fonction de sujet. Dans les deux cas, la forme abrégée a été développée en Guibers. * Le mot n'apparaît pas en toutes lettres dans B/. La graphie adoptée, que l’on trouve dans R, est usuelle en AR.

INTRODUCTION

37

plétif, au CR, d’un sujet neutre non exprimé)*°, Montaimier 1185 (seule occ. du nom, qui apparaît en fin de vers dans une laisse en -ier), moullier 916, etc. (att. 221, etc.), plenier 696 (att. 1387, etc.), reprouvier 1203

(d’après remprouvier 1126), rochier 1218 (d’après rochiers 1582), Sohier 25 (Sohier apparaît en toutes lettres au v. 572 dans la fonction attr. du sujet, dans un passage où les autres noms propres sont au CSS; au v. 572, on lit Soihier dans B2, Soëf dans RH, et, au v. 25,

Soihier dans B2, Soef dans R, Soief dans H; le nom paraît échapper à la déclinaison, c’est pourquoi il a été développé en Sohier au v. 25, dans la fonction de sujet), Tierris 48 (d’après Tierri 1136), trebuschier 1398, 2134 (att. 726, etc.), vacchier 1199 (att. 1117, etc.);



re dans aprés 156, creant 270, premiers 289, pres



ri dans destrier 202.

1859, Andrenas°' 324, etc. ;

Ces mêmes signes, généralement associés à un point, abrègent également des finales très variées. Ainsi, Aym‘. a été developpé en Aymeriïés 875 (fonction sujet), Bertr'. en Bertrans 789 (le CR serait possible après o lui) et 1196 (sujet), d’. en denier 1130 et 1421, en deniers 2135, Ermeng'. en Ermengars 110, 566, 591, 1686 (sujet), en Ermengart 311 (complément d’objet), Guich’.en Guichart 334, 2313 (com-

plément d’objet), Guill’. en Guillaume ou Guillaumes®”, H”. % Au v. 1363, la leçon mill’ a été rejetée (voir la note du vers). $! Dans le cas de cette ville, on peut hésiter entre Andernas, qui apparaît en toutes lettres aux v. 466 et 1110 (et peut-être aussi au v. 82, où la forme rejetée Andecrias peut éventuellement se lire Andernas), et Andrenas, forme attestée aux v. 176, 213 et 538. Le nombre d’occurrences des deux formes étant équivalent, nous avons choisi arbitrairement de développer la forme abrégée en Andrenas. ‘? Le nom de ce personnage n'apparaît jamais en toutes lettres dans BJ, ni dans les autres manuscrits (sauf dans H où l’on trouve, v. 1624, la forme Guillame, qui semble dialectale: cf. (h)iame 201, 257, etc.); la graphie choisie est donc arbitraire. Guill’. est développé en Guillaumes dans les

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en Hernaus 549, Mah’. en Mahomés ou Mahomef”*, Nerb”’. en Nerbone 239, etc., Nerbon'.en Nerbonois 164, s”. en saint 54, etc., ou en sainte 111, etc., ou encore en sainz 91, selon le contexte”, Tieb‘. en Tiebaut°* 30, etc.

Signes non suscrits



Kim. (177, 551) a été développé (299, 355) en Charlon. Le nom jamais en toutes lettres dans BJ mêmes abréviations; dans R, à

en Charlemaigne®*, Klon de l’empereur n’apparaît ni dans B2, qui utilise les côté des formes abrégées

.K. et .Kl'm.. on trouve Charlemaine 551 et Charlon 355 (dans AN, les formes abrégées, seules usitées, commen-



cent par CKk)°”’. pest développé en par (departiz 13, Paradis 41, etc.) ou en per (Perssant 324, Perron 326, etc.).



preprésente pro (Promis 316, provez 767). 9 est développé de diverses façons:

fonctions sujet et attribut du sujet, en Guillaume dans les fonctions apostrophe et complément. Toutefois, au v. 736, la forme Guillaumes (apostrophe) paraît nécessaire dans B/B2, à cause du mètre. On rencontre également la forme Guill’.e aux v. 1487 et v. 1490, qui est naturellement développée en Guillaume. * Mahomés 2198, 2242, Mahomet 919, 1826. Il s’agit ici de reconstituer une forme dont on suppose, d’après le compte des syllabes, qu’elle comporte deux syllabes de plus. ‘ Aucune de ces trois formes n’est attestée en toutes lettres. Au lieu de sainz, On pourrait choisir sains. ** Le nom de ce personnage n’apparaît pas en toutes lettres dans BJ. La graphie est empruntée aux autres manuscrits. ‘La graphie -aigne a été choisie parce qu'au v. 551, le mot est à la rime

dans une laisse où -aigne en finale de vers est la graphie la plus usuelle. ® Cf. W. van Emden, Girart de Vienne, p. LXVIIT: «Les noms de l’empereur (...) sont toujours abrégés avec un k, conformément sans doute à des

traditions nées dans la transcription de documents latins; quand ils sont écrits en toutes lettres, cependant (...), ils débutent avec ch.»

INTRODUCTION







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€n com devant b et p, devant lesquels on ne trouve jamais n, mais toujours m (Combien 34, compaignie 119, etc.), ainsi que lorsque 9 représente à lui seul un mot (con n’est pas attesté, mais com apparaît v. 64); en cou devant v (il s’agit exclusivement du verbe couvenir et de sa famille morphologique: les formes attestées en toutes lettres ont toujours et très clairement la graphie cou, quoiqu’on ait vu qu'il est parfois délicat de distinguer u de n); en con devant m (pour la même raison que celle pour laquelle - est développé en n devant m; il est vrai qu’on rencontre aussi coment dans le titre, Comenie 1288 et Comain 1289, ce qui peut faire hésiter, pour le développement de g devant m, entre co et con), et ailleurs (Conguist 31, contesse 32, conneïüz 813, etc.).



Un simple point suffit parfois à abréger un mot. C’est le cas de Ay., qui représente généralement Aymeri(s) (Aymeris en fonction sujet et attribut du sujet, Aymeri en fonction apostrophe et complément)**, mais parfois Aÿmers en fonction sujet (1268, 2053, 2086); G., qui représente Guillaumes

en

fonction

sujet, Guillaume

en fonction

apostrophe et complément; pa., qui a été développé en paiens (au sg., en fonction sujet; au pl., en fonction complément) ou paien (au sg., en fonction apostrophe et complément ;au pl., en fonction sujet et apostrophe)”.

* Au v. 56, dans la construction avoir (a) non, on peut hésiter entre le CS et le CR, tous deux attestés (CS 48, 1991, CR 1487, 2377). Au v. 56, le

nom se trouvant en fin de vers dans une laisse où -is est la finale la plus représentée, nous avons choisi le développement en Aymeris (qui est également la forme de B2). %_ Paien sg. en apostrophe est attesté v. 749. En 1374, pa. est déterminé par tant, ce qui implique un développement en paien (CRS).

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INTRODUCTION

2. Corrections

Notre édition vise à reproduire aussi fidèlement qu'il est possible le manuscrit Royal 20 D XI de la British Library (B1). C’est en effet sous la forme des copies dont nous disposons «que [les] œuvres ont vécu, qu'elles ont été lues, méditées, comprises par ceux qui étaient le mieux à même de les lire, de les méditer, de les comprendre »”, de sorte que nous avons parfois choisi de maintenir une leçon de B7 malgré l'accord contre elle des autres manuscrits. Cependant, si l'essentiel pour nous était de présenter un texte toujours compréhensible, l'examen de la tradition manuscrite nous a conduite à amender systématiquement B7 lorsque ce manuscrit présentait une irrégularité métrique (cette particularité de BI est également caractéristique de À). Nos choix comportent une bonne part de, subjectivité, mais la présentation du texte et l'apparat critique permettent, nous l’espérons, de distinguer clairement ce qui a été modifié ou ce qui aurait pu ou dû l'être. 3. Présentation du texte

Les «Règles pratiques pour l'édition des anciens textes français et provençaux», Romania, LIT, 1926, pp. 249-249, ont été globalement appliquées, à ceci près notamment que les chiffres romains ont été conservés et que l'usage du tréma est assez limité. Dans le texte, les modifications apportées à B7 apparaissent entre crochets, ® E Lecoy, «L'édition critique des textes », X/V Congresso Internazionale di Linguistica, Atti, Napoli, G. Macchiaroli, 1976, t. I, p. 504. Sur le débat qui a suivi les remarques de J. Bédier dans son édition du Lai de l'Ombre, Paris, SATF 1913, puis dans «La tradition manuscrite du Lai de l'Ombre, Réflexions sur l’art d'éditer les textes anciens», Romania, LIV, 1928, pp. 161-196 et 321-356, voir M. Tyssens, op. cit., pp. 13-19. Sur les différents principes d'édition des textes depuis le début du XIX' siècle, voir À. Foulet and M. B. Speer, On Ediring Old French Texts, The Regents Press of Kansas, 1979, pp. 1-39. ;

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Sous le texte, les leçons rejetées et les particularités de BJ ne sont pas séparées des variantes. Elles apparaissent toutefois toujours avant les variantes, dont elles sont distinguées par un tiret. En cas de correction, le nom du manuscrit ou des manuscrits dont la leçon est empruntée figure à droite d’un crochet à gauche duquel se trouve la leçon rejetée (si la leçon rejetée est partagée par un autre manuscrit, le fait est signalé). La graphie adoptée est celle du manuscrit auquel la leçon est empruntée, ou, dans le cas d’une leçon commune à plusieurs manuscrits, celle du premier manuscrit mentionné. Les variantes ne recensent pas, sauf exception, les divergences graphiques ou morphologiques (cort/queurt, flor! flors, qui/cui, lui/li, etc.) que l’on rencontre à l’intérieur du vers. Elles mentionnent toutefois celles qui se présentent en fin de vers, ce qui permet d’apprécier la façon dont chaque scribe conçoit la rime. Les variantes recensent en outre les fautes de toute nature des autres manuscrits, ainsi que les formes dont il est parfois malaisé de préciser si elles sont dialectales ou fautives (par exemple tir pour tint dans H au v. 718, vot pour voit dans À au v. 1688). Les variantes ne sont pas systématiquement précédées ou suivies de la première lettre du mot qui précède ou qui suit: c’est qu’alors figure en variante le premier ou le second hémistiche du vers. Les différentes variantes d’un même vers sont séparées, soit par une virgule si des variantes différentes portent sur le même passage, soit par un point-virgule dans le cas contraire.

7! Pour disposer de l'intégralité des versions contenues dans tous les manuscrits, avec développement en italiques des formes abrégées, on pourra se reporter à notre thèse.

INTRODUCTION

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LANGUE DU MANUSCRIT DE BASE I. Phonétique et graphies?? a.

Vocalisme

+ __Graphies comportant un a

En position initiale atone: [a] étymologique se maintient dans aüné 1470, aünent 899, chaï 733, 880 (mais cheü(s) 787, 824, 2219), chanu 832,

1002, 1026, 1253 (mais chenu(s) 258, 450, 823, 1223, 1373, 1796), paons 188, paor 855, 881, 1310, 1890, paour(s) 845, 1579, 1899, praage 1110.

a apparaît là où l’on attendrait un e dans aage 636 (mais eage 1722), aé 195, 500, 601, 761, craventé 1807, 2121, 2137, craventer 219, 1346, 1924, craventez 1444, dalez 1875 (mais delez 624, 1431, 1732). On trouve au dans bauptiziés 54, à côté de baptizement 2162, baptiziee 2270, baptizier 56”. [o] initial suivi d’une nasale s’est ouvert dans pramis 489 (mais promis 57, 316, 320, promesse 318): le phénomène est picard”* (mais l’ouverture de [o] initial qui se manifeste dans les produits dame(s) 8, 46, etc., damoisel 287, 605, damoi-

siaus 47, dangier 729, dant 529, 534, 1060, 1677, danz 812, se rencontre dans toutes les régions”).

7? La présentation de cette étude s'inspire de celle d’A. Brasseur dans son Etude linguistique et littéraire de la Chanson des Saisnes de Jehan

Bodel, Genève, Droz, 1990. # Voir A. Brasseur, Etude linguistique, p. 62, $ 17: le phénomène relève des «scriptae lorraine, wallonne, champenoise et surtout bourgui-

gnonne.» 7” Cf. Ch. Gossen, Grammaire de l'ancien picard, $ 36, p. 90. 7 Cf. G. Zink, Phonétique historique du français, p. 221.

INTRODUCTION

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Le maintien de [a] étymologique dans damage est selon Ch. Gossen”* caractéristique du picard, qui ignore la forme en dom- (peut-être analogique de dongier < *dominiarium). Ici, à côté de damagié 2214, on trouve domage 1095, domagier 1401. En position prétonique interne: [a] étymologique se maintient dans deffaé 596, 758, 1360, 2139, 2229, deffaee 2282, deffaez 618, 1811, demanois 1832, demanoiz 1763, rachatement 2182 (à côté de acheter 18577). a se rencontre là où l’on attendrait e dans conraé 508 (mais conreé 351, desreés 1688). Produit de [a] (tonique ou atone) suivi de yod:

La graphie ai, fréquente, se rencontre par exemple dans aaise 197, baisa 2330, baise 2319, baisié 1478, baisiez 581,

baissa 1567, 1812, gaires 1530, 2363. Cette graphie alterne souvent avec e: agais 1625 (mais aguet 1334, 1612), arraisonné 1663, arraisonnez 591 (mais arresnier 1545, arresona 687), fai 1858, faire 141, 384, 594, fais 1129, faisiés 1684,

faisons 1198, fait 430, 1092, 1396, 1483, 1991, faite 1144, 1313, 2259, faites 112, 224, 932, 1332, 1495, 1498, 1997, 2024, 2194, faiz 1127 (maisfé 107, fere 104, 198, 338, 415, 1750, fes 903, 1562, fet 37, 83, etc. (72 occ.), fetes 499, 924, 935, 936, 1336), laissastes 1930, laissiés 1585, laissiez 1929, laist 339 (mais lessa 2038, lesse 79, 1829, 2027, lessent 2287, 2301, lesserés 925, lesseroiz 1756, lesserons 1964, lesses 987, lessiez 762, 769, 1489, 1610, 1961), mais 226 (à côté de mes bien plus fréquent: 46 occ.), palais 85, 180, 481, 583, 972, 983, 1063, 1365, 1647 (mais palés 305, 325, 342, 361, 448, 452, 589, 631, 1387, 1945), plaisir 36, plaist 543

7% Ch. Gossen, Grammaire, $ 36, p. 90.

7 Sur acheter, voir M. K. Pope, $ 266.

44

INTRODUCTION

(mais plesir 904, plest 223, 562, 1840, 1990, 2128, 2194), vaif”* 977, 1699 (mais vet 133, 442, 445, 878, 1141, 1275, 1567, 1591, 1606, 1714, 1940, 1942, 2020, 2037, 2350, 2351). Parfois, la graphie est toujours e: mesnie 721, 1219, meson(s) 402, 2032, 2116, reson 404, 2332 (à rapprocher

cependant de arraisonné, arraisonnez). am et an notent généralement le produit de [a] suivi d’une

consonne nasale. Toutefois, ce produit est parfois noté en: craventé 1807, 2121, 2137, craventer 219, 1346, 1924, cra-

ventez 1444, ensanglenté 368”. Inversement, an est parfois utilisé pour noter le produit d’un [e] étymologique suivi d’une nasale: atanz 1168, creant 270, 1058, 2202, 2318, creanter 966, esciant 1593, 1735 (mais escient 114, 179, 340, 540), leanz 1167, 1347 (mais leenz 455, 1229, 1364),

neant 337, 1555 (mais neent 57, 1039, 1054, 1062, 1782, 1897, 2167), serjant 240, 2310, tamps 276, tams 178, tans 1603, 2379, tramblant 881 (mais tremble 7, trembler 217)°°.

aigne représente le produit de [a] suivi d’une consonne nasale palatalisée: ataignant*' 1599, baignier 717, 1422, Bretaigne 553, campaigne 555, compaigne(s) 530, 535, 549, 563, 1081, compaignie 119, 128, 1705, compaignon 1501, 7* Si la forme est analogique defait. 7 Dans le cas de mengier 187, 1524, et mengüe 189, on peut supposer la fermeture

de

[à] sous

l'influence

de la consonne

subséquente

(cf.

CI. Régnier, « Ancien picard», p. 265). A propos de anuit 1066 et ennuit 156, anuit est peut-être le résultat de a + nuit, et ennuit celui de en + nuit. Par ailleurs, si dolant participe présent se distingue théoriquement de dolent adjectif (cf. G. Zink, Morphologie, p. 163), les deux formes semblent indifféremment employées dans B7 (dolant 539, 882, 1034, 1887, 1898, dolanz 168, 991, 1557; dolens 997, dolent 1147, dolenz 1242). " La forme anemis 988, 2375 (lat. inimicos) pose problème. Si l’on

considère que le produit de [e] libre suivi d’une nasale ne s’ouvre pas jusqu'à [à], il faut supposer que dans le préfixe in-, la voyelle se comporte comme si elle était entravée. * Si l’étymon est bien *artangere, et non la forme classique attingere.

INTRODUCTION

45

demouraigne 560, Espaigne 17, 251, 422, 554, 595, 799, 954, 2354, espaignois 1824, Farfaigne 624, 628, 644, 820, grifaigne 561,679, montaigne 548, 1580, plaigne* 547, 557, remaigne 556 (ce produit est parfois noté agne: demagne 558). Cette séquence peut représenter aussi le produit de [e] suivi d’une consonne nasale palatalisée: ensaigne 353 (mais enseigne(s) 546, 550, 562, 649, 782, 829, 1308, 2082). On

note également la graphie inverse eigne dans chateigne 552, greignor 1696. L'association dans la laisse XVI de formes avec [a] étymologique et [e] étymologique montre que la prononciation est la même. Mais quelle est-elle, [ä] ou [ë]?

La présence dans cette laisse de hataine (au v. 545) laisse penser qu'il s’agit plutôt de [ë]**. Les séquences ain, ain(n)e sont systématiques pour noter le produit de [a] tonique suivi d’une nasale, mais également très fréquentes pour noter celui de [e] tonique suivi d’une nasale: amaine 1612, amainent 130, 236, 1639, amainnent 277, amaint 377, 413, demainent 1231, destraint 750, maine 1056, 1158, 1323, 1590, 1754, mainent 1199, 1264, 1265, 1271, mainne 916, plain 1345, plaine 1633, plains 619, 1721, 2264, tainte 122 (exceptions: ceindre 201, ceint 259, 662, 1178, 1506, 1515): la généralisation de ain, ain(n)e est

picarde“*. au témoigne de l’effet ouvrant de [u] diphtongal sur [e]: aus 819, 1368, 1542 (mais euls 1794, eus 515, 614, 942,

“ Si l’étymon est *planea, et non la forme classique plana. # Sur cette rime, voir G. Lote, Histoire du vers français, t. II, pp.

308-309, et Ch. Marchello-Nizia, Langue française, p. 88 et 92. # Voir Ch. Gossen, Grammaire, $ 19, pp. 68-69, et CI. Régnier, «Ancien picard», p. 261. Il semble difficile de se prononcer sur ançois 79, 914, 971 (mais voir A. Brasseur, Etude linguistique, p. 61, $ 14), et sur ensi 833, 907, 1061, 1495, eins(s)i 991, 1487, 2008, 2362. Dans vaincu 1004, 1374, vaincus 468, la voyelle étymologique est [1], mais il s’agit de formes analogiques.

46

INTRODUCTION

2358), vermaux 953; sur [o]: faudra 1090 (mais toudrai 913, toudriez 114), sautie 1714.

+ _ Graphies comportant un e

Les voyelles en hiatus sont très généralement écrites et articulées. Toutefois, [e] central en hiatus s’est amuï et n’est

plus graphié dans benient 2254 (mais beneïe 133, 138, 146, 154), maloit 1111 (mais maleïe 380, maleois 1839), vez 550,

768, 770, 1296, 1320, 1795, 1999, 2196 (mais veez 1107)". En position initiale atone: e témoigne d’un affaiblissement de [o] dans demagne 558, demaine 304, seccouru 1258, secourez 2096, secours 475, 1464, 1483, 1718, secourus 1249, sejor 196, sejorna 1173, sejornent 2344, sejorner 250, 311, 426, 1943, selonc 1599*°.

En position prétonique interne: Le même phénomène se rencontre avec chalengier 1116, 1122, esperon(s) 389, 410, etc., esperon(n)a 1181, 1527, esperonant 866, 878, etc., esperoné 1799, volenté 224, 356, etc., volentez 1671, volentier(s) 53, 702, 1140.

Produit de la triphtongue issue de [üo + u] ([okü] ou [ua] + [1] vélaire):

La graphie la plus fréquente est eu, on trouve quelquefois el ou eul: feu 746, 935, 949, 1959, filleux 283, 298, filliex* “ La réduction de veez à vez est ancienne (cf. CI. Régnier, «Ancien

picard», p. 264); elle est ici commune à tous les manuscrits. En revanche, seuls B/B2 présentent les formes benient et maloit. * Pour cette dernière forme, Fr. de La Chaussée propose toutefois «un croisement de SECUNDU > *SEONT / SON, «selon», et [...] LONC, ou bien [...] une influence de l’un et de l’autre sur SULUNC » (Morphologie,

$ 245, 2 À, p. 331). * Dans filliex, le second i sert vraisemblablement à noter la mouillure de [1] palatalisé: on pourrait supposer une dissimilation en [i] au stade [üeu]

INTRODUCTION

47

2357, 2367, seult 551, 2031, 2032, velt 190, veult 174, 175, 338, 595, 2198, veus 908, veuz 104, veut 599; on rencontre parfois ue: fillués 833; on trouve également ieu ou ieul:iex us lieus 1396, 2137, 2289, sieuls 914, sieult 354, vieus 15,135”. Produit de [9] tonique libre:

On trouve les graphies eu, o, ou“: eu dans demeurent 2362, deuz 642, (h)eure(s) 33, 697, 1260, glorieux 831, 841,

1244, 1837, leur 1043, 1289, 2347, 2360, 2363, meure 1409, neveu(s) 12, 205, 493, 1021, 1057, 1106, 1250, neveur 23, pleure 2359, 2371, preu(z) 29, 326, 523, 1760, preudom 407, seue 803, seul(z) 208, 309, 317, 1679, 2050, seur”° 1338, 1801, 1804, reue 1244; o dans aillors 232, amor 55, 61, 106,

111, 1168, 2162, 2195, desor 281, 827, 867, 955, 1225, 1568, 1764, 1831, dolor 2043, 2045, flor(s) 1846, 2083, greignor 1696, lor 88, 128, etc. (49 occ.), meillor(s) 278, 406,

768, 769, 799, 917, 979, 1175, 1743, seignor 296, 327, etc., honor 135, 266, paor 855, 881, 1310, 1890, roes 1394, sor 72, 176, etc. (25 occ.), sore 1886; ou dans aillours 339, 1922,

aoure 553, couragoux 297, dolour 959, flour(s) 5, 854, goule 1407, merveillous(e) 320, 535, 773, 1056, 1069, paour(s)

845, 1579, 1899, pastours songéour 161.

1164, plusour(s)

787, 2134,

eill (eil à la finale, parfois ell) correspond à [e] suivi de [1]

palatalisé (mais pavillon 1475; voir les graphies comportant un i): apareillier 1392, apareilliés 1578, aparellent 790, (comme dans les formes en ieu), mais, dans ce cas, yod, produit de [i], serait sans doute absorbé par [1] palatalisé.

# Siiex, lieus apparaissent partout, sieuls, sieult, vieus sont picards. Cf. Ch. Gossen, Grammaire, $ 23.

” Sur la forme rejetée pre, voir la note du v. 524. * La préposition est aussi notée sor, sore, et les trois formes font difficulté. Voir les remarques de Fr. de La Chaussée, Morphologie, $ 245, 1,

p- 331.

INTRODUCTION

48

conseil 1987, conseillent 2203, conseilliez 1115, meillor(s) 278, 406, etc., merveille(s) 101, 143, 1522, merveillous(e) 320, 535, etc., oreilliers 182, soleil 525, veillier 2043. Toute-

fois, eill est également une graphie dialectale (Est) dans traveilliez 40 (mais travaillié 1874, travailliez 461)”.

Sur e notant le produit de [Q] tonique libre, voir les graphies comportant un u. °__

Graphies comportant uni

i remplace e initial dans desireter 152 (des- ireter; mais desherité 738, 1377, desheriter 174). La forme est picarde”. iaus (iaux, iax) note

régulièrement

le produit de [e]

tonique entravé par [1] vélaire, à ceci près que le produit de *helmum est toujours graphié elme (v. 201, 257, etc.)”*. ie dans fiex 164, 1414, 1691 (mais rex 1234) témoigne d’une diphtongaison conditionnée de [e] issu de [4] par [u]

diphtongal”*.

?! Selon J. Chaurand (Dialectologie, pp. 57-58), et M. K. Pope, $ 408, [1] palatalisé développe à l’avant un yod de transition qui se combine avec [a], le produit étant [e]. Au $ 423, M. K. Pope suggère cependant la possibilité d’une palatalisation de [a] en [e] devant [1] palatalisé.

” Cf. Ch. Gossen, Grammaire, $ 35, p. 90. Pour ce mot, A. Brasseur propose de voir, plutôt qu’une fermeture de la voyelle initiale, une interversion de phonèmes: e - i > i - e (Etude linguistique, $ 17, pp. 26-27). Mais, dans desheriter, i n’est pas phonétique. G. Zink propose quant à lui une dissimilation au stade *ereter (hered(i)tare): e -e > i -e («Etude d’une scripta

dialectale: Les picardismes du Lancelot en prose», L'information grammaticale, n° 24, janv. 1985, p. 12, note 20).

”* Cette forme «se maintient à la faveur de la tradition épique » selon J. Chaurand, Dialectologie, p.72, qui cite aussi le cas de Guillelme, et fait référence au cycle de Guillaume d'Orange. Dans notre texte, Guill’ (ou G.)

aurait effectivement pu être développé en Guillelme. * Cf. G. Zink, Phonétique, pp. 144-145.

INTRODUCTION

49

Le produit de [a] tonique libre précédé d’un phonème palatalisé est régulièrement noté ié, sauf dans chacerent 1190. Dans le cas de pité 2247 (à la rime dans une laisse en -6; id. B2H, pitié R), il s’agit d’une forme analogique de substantifs en -ré”. i note le résultat dialectal (Nord, Est) de la diphtongue [fe]: blecie 122, couvigne 1194 (mais couviegne 631), essaucie 2289, lignie 2288, mesnie 721, 1219 (iee se rencontre néanmoins dans baptiziee 2270, liee 444)”, Dans abrievé 1790, abrievez 741, 2101, ie est peut-être alors une graphie inverse de i, mais il est plus plausible que la graphie ait subi l'influence de l’adjectif brief, qui peut être sémantiquement rapproché de abrievé. i note la réduction picarde de [e] ou [ei] devant [7], [1] palatalisé, [z] dans arrestison 387, 412, 659, 671, assigier 1324, pavillon 1475°°.

Le produit de la triphtongue de coalescence issue de [fe + u] est toujours noté ieu et ne présente donc aucune particularité: Damedieu 1531, 2067, Damediex 229, Dieu”* 9,41, etc. Diex 63, 93, etc., lieues 434 (dont lieuee 2305 est analogique), mieudre 267, miex 330, 801, 1171, viex 3, 178, 450, 514, 695, 2364. + __Graphies comportant un o

La prétonique interne est o dans espoenter 1327, espoentez 2108 ([a] étymologique).

% % ” * endroit syllabe

Cf.G. Lote, Histoire du vers français, t. II, p. 167. Cf. G. Zink, Phonétique, pp. 194-195. Cf. G.Zink, Phonétique, pp. 184-185. Ce n’est qu’à la rime que l’on trouve la forme Dé (présente à cet dans tous les manuscrits), qui s'explique par la chute de la seconde de Deum.

50

INTRODUCTION

L'adverbe qui correspond au français moderne peu est toujours noté poi. [o] suivi d’une consonne nasale: le produit est régulièrement noté on. Toutefois, il est possible qu’il faille lire coument 930, froumages 1227, noumer 1487: cela suppose une fermeture précoce de [o] en [u], et c’est alors [u] qui se nasalise. Le phénomène se rencontre en picard, mais il n’est pas propre à ce dialecte”. Les produits de [o] initial atone, [o] prétonique interne, [o] tonique entravé sont notés o ou bien ou. On remarque notamment les cas d’alternance suivants: [o] initial atone: corage 513, 1094, 1372, 1907, 1979, 2304, mais courage 273, 1104; corociez 992, corrouchiés 2072, mais couroucié(s) 539, 1581, couroucier 226, 1132, cour(rjouciez 163, 977, 981; flori(s) 288, 401, 2350, mais flourie 132, 145, 373, 1293, flouris 18,flourete 1071 ;forssenez 1667, mais fours(s)enez 748, 1437, 1448; norri 1594,

mais nourri(z) 52, 298; provez 767, mais prouvé 194, prouvee 2283, prouver 1493; rorment 1554, 1652, 1785, 2180, tormenter 942, mais tourment 2189; trova 1945, trové 361, trovons 538, mais trouva 435, 1018, 1036, 1708, 2058, trouvé 996, 1363, 1429, 1662, trouver 418, 626, 1026, trouverai 1696:

[o] prétonique interne: corociez 992, mais corrouchiés 2072, couroucié(s) 539, 1581, couroucier 226, 1132, cour(r)ouciez 163, 977, 981; demoré 349, demoree 2292, demorer 634, 948, 2022, mais demoura 2053, demourage 1100, demouraigne

560, demouré

504, 1358,

1793, 2244,

” Sur les étymons possibles de poi (pauca, pauci), voir Fr. de La Chaussée, Morphologie, $ 242, p. 325.

“” Cf. Ch. Gossen, Grammaire, $ 28, pp. 83-85 et CI. Régnier, « Ancien picard», p. 263.

INTRODUCTION

sl

demourer 107, 427, 967, 1341, demourez 2144, demourra 249; seignori(e) 110, 2337, mais seignouri(s) 1, 32, 582:

[o] tonique entravé: estor 354, 556, etc. (8 occ.), mais estour 731, 1375; jor(s) 78, 91, etc. (18 occ.), jorz 619, 805, 1462, 1699, mais jour(s) 162, 739, 1040, 1258, 1520; rorne 982, 1311, 1860, mais tournent 1655; tot 400, 636, 903, 1094, 1162, 1936, mais tout 36, 76, etc. (50 occ.), toute 127, 228, etc. (13 occ.), routes 246, 255, 899, 1889, 2146, tous 165, 170, etc. (21 occ.), rouz 10, 149, etc. (9 occ.), trestout 69, 253, etc. (7 occ.), trestoute 116, trestouz 700.

o correspond à la réduction de la diphtongue [oi] (issue de {e] ou [o] + yod) dans noëlé 1441 et rostes 1582: le phénomène est courant en picard”".

o dans roïne 2276 (lat. régina) suppose une évolution particulière du produit de [g] intervocalique: yod, au lieu de s’amuïr devant [i] tonique '”, se vocalise et forme avec la voyelle qui précède une diphtongue de coalescence. Il est également possible que la forme soit influencée par le masculin roi. oi dans boisines 2106 (à côté de la forme régulière bui-

sines 933, lat. *bäücinas) est peut-être une graphie inverse de ui: l’évolution en [ui], en anglo-normand, de la diphtongue [oi], est connue du picard”.

°

Graphies comportant un u Le produit de [Q] tonique libre se note le plus souvent ue:

bués 128, cuer(s)

190, 207, etc. (15 occ.), duel 732, 845,

1024, 1095, 1652, 2069, estuet 444, filluel 67, 74, etc. (20 occ.), muerent 7132, mués 1898, nuesme 620, puet 180, 223, etc. (11 occ.), puez 863, trueve 994, 1738, truevent 393. Il se 10! Cf. G. Zink, Phonétique, p. 197. 12 Cf. M.K. Pope, $ 284. 1 Cf. CI. Régnier, « Ancien picard», p. 261, et J. Chaurand, Dialectologie, p. 80.

2

INTRODUCTION

note parfois eu: ileuc 635, 1625, 2066, ileuques 1763, treuvent 1354, 1441. Il est noté oeu en début de mot dans oeus 606 (la graphie rappelle l’étymon, opus, et permet d'éviter toute confusion à l’initiale entre w, v, voire n). Il est en outre noté o dans jone 195, josne(s) 22, 39, 508, et e dans ilec 828, 890, 2176. Le produit de [Q] devant [1] palatalisé est noté we dans acueillent 1184, 1187, 1215'*, orgueil 1458, vueil 36, 106,

141, 465, 577, 698, 907, 1932, 2318, o dans oile 2255 (id. B2)'°, e dans veil 80, 97.

La graphie o (jone, josne(s), oile) peut recevoir plusieurs explications: soit la graphie est latinisante, soit la diphtongaison (spontanée ou conditionnée) n’a pas eu lieu, soit la diphtongue issue de [Q] a évolué de façon dialectale jusqu’à [0] ([äe]>[oe], avec monophtongaison en [o]). La graphie e se rencontre assez souvent en picard après v, ici dans veil: on peut supposer une réduction de [ue] à [e] (par assimilation) après v:;

mais la forme ilec fait plutôt penser à une autre évolution dialectale de la diphtongue, qui aboutit non pas à [o] mais à [e]"”.

ue note le produit de la diphtongaison dialectale (Nord-Est, Est) de [Q] tonique entravé par [r] dans cuer 1910 (id. B2, cor RH)°’. L'origine du mot boisseau est controversée'”*, mais la graphie ui dans buissiaux 314 (id. B2, boissiax RH) semble 104

ue dans acueillie 375 et acueillirent 2298 est analogique.

"* H présente la forme huile. Voir au sujet de cette forme Bourciez, $ 70, rq 2, et M. K. Pope, $ 639.

"* Cf. CI. Régnier, «Ancien picard», pp. 261-262, et Ch. Gossen, Grammaire, $ 24. "? Cf. M. K. Pope, $ 225. J. Chaurand précise que le «premier exemple sûr de la diphtongue UE remonte au XIII° siècle: cuer, pour corps dans les Gloses de Darmstadt » (Dialectologie, p. 71). "* Cf. A. Rey, Dictionnaire historique, s. v. boisseau. Voir aussi P. Guiraud, Dictionnaire des étymologies obscures, pp. 130-131. Tous les étymons proposés comportent un [o] ou un [ü] initial.

INTRODUCTION

53

témoigner d’une évolution dialectale de la diphtongue [oi]; par fermeture du premier élément (voir la graphie inverse oi dans boisines, dans les graphies comportant un 0). La forme suit 2152, à côté de siut 1943, suppose un phénomène de métathèse (dans B1, i est régulièrement distingué par un trait oblique). cuvert 1124, 1239, 1261 alterne avec cuivers 1811, cuivert 11341122411562 11827 18852,

b. Consonantisme

°__

Graphies comportant un b

b épenthétique est partout présent :assembla 589, assemblent 898, assembler 2004, ensemble 34, 1594, flambe'"° 950, marbre 85, 984, 2252, reflambie 1309, reflamboiant 1604, ressemble 158, sembla 1409, semblant 267, 327, sembloit 1871, tramblant 881, tremble 7, trembler 217.

b est une graphie savante dans absolu 1246. ° _Graphies comportant un c c final après consonne est régulièrement noté: ainc 280, 1027, (h)auberc

256, 263, etc., blanc

1833, bourc

1460,

franc 405, 688, etc., onc 842, 1242, 1274, selonc 1599, Turc 348, 1665, 1771.

La forme branc 366, 509, 838, 1161''',1275, 1817, 1825, 1830, 1867, 1904, 1908, 2160 (mais brant 852, 1206, 1654) semble résulter d’une confusion entre c et f. Baudu (14 occ.) alterne avec Bauduc (15 occ.). 1% Cf. À. Brasseur, Etude linguistique, $ 37, p. 32. "19 flambe est issu de flammula, avec amuïssement de [1] par dissimilation;flame 936 est issu de flamma. 1 A Ja rime dans une laisse en -ant. Cf. M. K. Pope, $ 616.

54

INTRODUCTION

[s] est graphié sc dans largesce 2279, proesces 1672, richesce 2281. c est doublé dans toutes les formes de la conjugaison de occirre 70, 1985 (occie 844, occient 1880, 2182, occiez 2154, occirrai 887, occirrons 1763, occis 348, 873, 905, 1006, 1277, 1680), ainsi que dans seccouru 1258 (mais secourez 2096, secours 475, 1464, 1483, 1718, secourus 1249), vacches 128, vacchier 1117, 1124, 1199, 1213'*.

Le produit de *eundfano est confanon 286, 353, 650, 66$. Cette forme usuelle résulte peut-être d’une confusion entre [g] et [k], ou d'un rapprochement erroné avec le préfixe

con-. c dans campaigne 555 (mais champ 727, 728, 1920, champé 354, 1375), caplé 1236 (mais chaple 773, chaplier 1206),

embronca

263,

hucié

1877

(mais

huchié

1561,

huchier 1197) témoigne d’un traitement picard de [k] en position forte devant [a]'"”*. La prononciation est cependant incertaine. Dans reprocié 2215, c se prononce [$]'"*. La graphie est picarde. ch dans bauchant 1596, brache 446, corrouchiés 2072 (à côté de couroucié(s) 539, 1581. couroucier 226, 1132, co(u)r{rlofu)ciez 163, 977, 981, 992), embrache 807, lacha 1S15 (à côté de laça 661, 1177, 1505, 1539, 2054, lacent

257, 1768, lacier 201, relaça 1540) témoigne d’un traitement picard de [ky], [ty] appuyés par consonne'"*.

"© IN s'agit peut-être de graphies savantes (les étymons sont *aucci-

dére, succurrere, vacca). " quailloux 2115 (dans tous les manuscrits) est aussi une forme picarde, 4

Cf. Ch. Gossen, Grammaire, $ 38.

"© Les formes en c mentionnées entre parenthèses sont peut-être à prononcer en [$]. Cf. Ch. Gossen, ibid.

INTRODUCTION

Lis

ch dans Archetreclin

1915 (id. B2, Arcedeclin RH: lat:

architriclinum) témoigne d’un traitement picard de [k] en position forte devant [e] ou [i], à moins que la graphie ne soit savante et ne corresponde donc à une prononciation en [k]. c est savant dans victoire 618.

* _Graphies comportant un d d épenthétique n’apparaît pas dans venra 1055, venrez 2307, venront 940, volrent 1944, 2258 (mais voudra 169, voudrai 74, 81, 191, 1491, voudroit 400). d étymologique n'apparaît pas dans penra 560, 1074, 1992, penrai 1841, 2162, penre 252, 1301, 1929, penrons 540 (à côté de prendra 1089)'"*. Ces phénomènes sont courants en picard, mais aussi dans d’autres dialectes''”. 117

+ __Graphies comportant un f On remarque l’alternance entre f et ff dans affier 1337 vs afier 1962, affolez 750 vs afolé 348, 2228, afoler 1276, 1985, afolez 1636, 2155.

Au lieu de sf, on trouve systématiquement ff (par assimilation de [s]): boffois 1754, deffaé 596, 758, 1360, 2139,

2229, deffaee 2282, deffaez 618, 1811, deffende 1326, 1916, deffendez 1928, deffendre 1578, deffendu 775, deffent 1894, 1910, defferma 1526, defferme 2147, defferment 2243, deffermer 2024, effondrez 603, efforcement 2192, effreer 1343, effreez 742, effroi 1752, effroiz 1823, Joffroi 410, souffrez 2214, souffri 281. f final n’apparaît pas dans fié 81.

‘16 Dans ces formes, il y a en outre amuïssement de [r] par dissimilation.

7 Cf. Ch. Gossen, Grammaire, $ 61, p. 116: «picard, wallon, lorrain, bourguignon et franc-comtois ».

56

INTRODUCTION

ph note [f] dans Pharaon 661. La graphie est savante.

+

Graphies comportant un g

g alterne avec j dans g’ 1490 (mais j’ 1841), geterent 1367 (mais jeta 1508, 1516, jeté 746, 1820, jetez 1809,2115, jetoient 2120), songe(s) 157, 1066, 1075, songëour 161, son-

gié 156 (mais sonjai 1066). g se rencontre parfois devant a, o, u: couragoux 297, fangas 867, gavelos 744, mengüe 189, vengance 1841. ig équivaut sans doute à g dans Cartaige 1087: la graphie est unique dans le manuscrit, et le mot est à la rime dans une laisse en -age. A la finale, -ng est systématique pour noter [n]: besoing 1015, 1337, 1892, 2126; loing 744, poing 259, 368, 708, 848, 1142, 1417, 1604, 1769, 1825, 1844, 1883, rerieng 2312. Sa présence analogique dans reting 53 laisse penser que -ng est une graphie conservatrice: [n] est vraisemblablement dépalatalisé depuis longtemps. À l’intervocalique, [n] est noté par gn, ign, ingn, ngn: gn dans couviegne 631, couvigne 1194, demagne 558, lignie 2288, pregne 559, pregnons 1161, regné 487, 970, viegne 412, 1348; ign dans broigne 1514, 1702, enseigne(s) 546, 550, 562, 649, 782, 829, 1308, 2082, Gascoigne 2353 , poignant 788, 865, poignent 1638, ressoignier 1191, seignor 296, 327, etc., seignori(e) 110, 2337, seignouri(s) 1, 32, 582, vergoigniez 1565 (sur la séquence aigne, voir les graphies comportant un

a); ingn dans ceingnent 1769, rooingnié 1851, seingnié 2217; ngn dans prengne 332, prengnons 308.

Il est peut-être aussi noté par in dans demaine 304 (cf. demagne 558; il est toutefois possible que la forme soit

INTRODUCTION

51

savante), et par n dans linage 1091, 1096, 1913 (cf. lignie

2288), à moins qu'il n’y ait là absence de palatalisation. Inversement, gn note [n] dans regne(s) 480, 1000, 2338, qui est une forme à graphie latinisante'* (c’est peut-être aussi le cas dans regné 487 et 970).

°

Graphies comportant un h h initial d’origine germanique est omis dans an(s)te 718,

1510, 1567, 1812 (han(s)te non attesté), et l’article défini qui

précède s’élide. Le produit de *helmum est toujours elme, devant lequel l’article défini s’élide. auberc 263, 1505, 1815, 1833 alterne avec hauberc et haubers auberc.

(14 occ.):

l’article défini ne s’élide que devant

h initial latin apparaît fréquemment: herbu 1474 (mais erbage 1082), heure(s) 33, 697 (mais eure 1260), hoir(s) 13, 77 (et aussi desherité 738, 1377, desheriter 174, mais desireter 152, erité 166, 2260), homage 1092, home(s) 282, 293, etc. (17 occ.; également hons, 10 occ.; mais ome 1203, 1670), honor 135, 266, honoré 2257, honoree 2291, honorer 91, honorez 1443, hui 698, 739, 1520, 1593 (dans ce dernier

cas, h a aussi un rôle diacritique; il n’apparaît pas dans ancui 603, 1490). Ernaus, Ernaut (8 occ.) alternent avec Hernaus, Hernaut

(Aocc.) h a un rôle diacritique dans huis 2014, 2147, 2243 (à côté de uis 2024).

x

Cf. CI. Régnier, «Ancien picard», p. 267: «Les mots d’origine

savante du type regne, digne, assigne, signe, benigne ont gn qui note n. Ils

sont calqués sur REGNUM, DIGNUS, SIGNUM, BENIGNUS; les graphies mérovingiennes RENUM, RENAVIT, DINATUS EST indiquent une prononciation par n (Beaulieux, Histoire de l'orthographe française, p. 72). L'emploi du signe gn a entraîné la prononciation par np».

58

INTRODUCTION

h semble savant dans Athenas 1086. Sur Jhesu(s) 134, 380, etc., voir les Conseils pour l'édition des textes médiévaux, Paris, Ecole nationale des chartes, 2001, fasc. I, p. 35.

+ __Graphies comportant un k Dans tous les manuscrits, l’abréviation du nom de Char-

lemagne utilise un k, et RHN n’emploient pas & ailleurs. B1B2 ont en commun Fauke 1051, Faukete 1065, 1072, 1078, et o(r)kenoiz 1829. B1 seul présente les formes Kar 1858, et ki 30. L'usage de k est une des caractéristiques du picard, maïs il est ici très limité. +

Graphies comportant un |

l en position implosive est une graphie conservatrice: après a dans malmis 1569, 1631 (mais maumis 1636), maltalent 1154, 1605, 2035, malvais 194, malvaisement 1857, 2222 (mais mauvaisement 2238); après e dans cruelz 2375, elme(s) 201, 257, etc., velt 190: après o dans Corsolt 1941, soldee 2284, volrent 1944, 2258 (mais voudra 169, voudrai 74, 81, 191, 1491, voudroit 400), volt 90, 426, 714, 1545, 1943, 2080, 2209, volte 1429, volti(s) 284, 983. Dans le cas defilz 11, 15, etc., gentilz 26, 2096 (mais 14 occ. de gentis), mulz 611, ! sert à maintenir le lien entre formes fléchies et formes non fléchies.

l'après u joue un rôle diacritique dans euls 1794, mulz 611, seult 551, 2031, 2032, seulz 2050, sieuls 914, sieult 354, veult 174, 175, 338, 595, 2198''°. [1] implosif est omis après [a] dans hataine 545'°°. Il est

également omis après [o] dans cop 262, 290, 294, etc. (15 ‘” Cf. G. Zink, Le moyen français, pp. 25-26. Selon J. Chaurand, le «maintien de A et l'effacement de L s’observent dans le Nord-Ouest, le Nord-Est et l'Est (anglo-normand, picard, wallon et notamment les pays liégeois et luxembourgeois, lorrain, bourguignon» (Dialectologie, p. 72). Voir aussi Ch. Gossen, Grammaire,

$ 58, p. 113.

INTRODUCTION

59

occ.), motons 2113 (mais moutons 1392), votie 118 (mais volte 1429, volti(s) 284, 983): soit la liquide s’est amuïe, soit o note [u]'*'.

Un / adventice"* apparaît dans o/z 551, 2004. l final n’apparaît pas dans champé 354, 1375, espié 290, 717, 1417, 1422, 1509, 1547, 1549, 1806 (mais espiel 668, 708, 807, 829, 1234, 1518, 2056), seigno(uj)ri 1, 32, 2337.

l'est doublé dans celle 97, 323, 369, 503, 547, 740, 763, 888, 962, 1053, 1062, 1247, 1300 (mais cele 550, 1082, 1346), elle 444, 967 (mais ele 37, 592, 1978, 1996, 2010, 2025, 2270, 2277, 2333), frailles 3, millier(s) partout: [l rappelle l’étymon dans celle, elle, millier(s), et signale en outre le timbre ouvert de la voyelle dans celle, elle, et peut-être dans frailles. Il note le produit de [si] dans brulla 747, mellé 1796, mellee 2280, 2290, mellez 2149, ylles 1102, et de [dl] dans mollé 490, 2266, mollez 1433. [1] palatalisé est très généralement noté 7 à la finale et i//

à l’intervocalique'**. Toutefois, la graphie /! dans aparellent 790 (mais apareillier 1392, apareilliés 1578), moulla 893, moullier 221, 916, etc., viellars 1754, viellart 1878, et la gra-

phie / dans viel 260, 310, 508, 1002, 1373, 1796, sont ambiguës : elles peuvent noter [1] palatalisé comme elles peuvent témoigner d’une dépalatalisation de ce phonème, caractéristique des dialectes du Nord et du Nord-Est”. Ces formes n’apparaissant pas à la rime, il est impossible de trancher. 2! Sur l’amuiïssement de [1] après [o], que l’on constate dans de nom-

breuses régions, voir M. K. Pope, $ 391, Ch. Gossen, Grammaire, $ 23, p. 75, J. Chaurand, Dialectologie, p. 74. Si [1] s'est amuï dans cop, il faut peut-être en déduire que dans cox 1603, x équivaut à s et non à us. 12 Cf. A. Brasseur, Etude linguistique, p. 36, $ 54. 13 I] semble que la graphie de [1] palatalisé soit (i)/li dans filliex 2357, 2367 (à côté defilleux 283, 298). Voir les graphies comportant un e (produit de la triphtongue issue de [uo +u]). 1 Cf. G. Zink, Phonétique, p. 228.

60

INTRODUCTION

+ _ Graphies comportant un m

m apparaît à la finale dans Caÿm 1913, com 64, em 1576, Mahom

654, 673, 1512, 1777, 1857, 2211, preudom 407.

m alterne avec n dans le produit de tempus: tamps 276, tams 178, tans 1603, 2379; m semble alors savant. + __Graphies comportant un n

La graphie nn apparaît dans amainnent 277 (mais amaine 1612, amainent 130, 236, 1639), arraisonné 1663, arraisonnez 591 (mais arresona 687), conneüs 1015, conneüz 813, connut 2060, 2062, 2156, couronne 2274, 2387, couronné 355, 2265, couronnee 2275, couronner 220, 1995, crestienné 2248, 2256, crestiennee 564, donne 176, donné 2263, donnee 1281, 2281, donner 67, 74, 81, 93, 103, 175, 433, 599, 1919, 1987, donnez 965, 1436, 1447, donnoit 1299 (mais dona 526, 2343, done 262, 1420, doné 489, doner 97, 313), ennuit 156 (mais anuit 1066), esperonna 1527 (mais esperona 1181, esperonant 866, 878, 1619, 1776, esperoné 1799), felonnie 150, guerredonner 1932 (mais guerredoné 2238), honniz 170, mainne 916 (mais maine 1056, 1158, 1323, 1590, 1754, mainent 1199, 1264, 1265, 1271), monnaez 2135, prennent 974, 1263, 1655 (mais prenent 1401, 1657), reconneü 1020, sonné 506, sonnent 1734, sonner 214, sonnez 2105 (mais sona 1183, 1727, sone 1629, sonent 1186, soner 95). ° __Graphies comportant un p

p est savant dans baptizement 2162, baptiziee 2270, baptizier 56, bauptiziés 54, Egypte 1602, tamps 276 (mais tams 178, tans 1603, 2379). Sur la graphie ph, voir les graphies comportant un f.

°__

Graphies comportant un q

g correspond à un c étymologique dans quailloux 2115, quens 2, 3, etc., querniaux 2037.

INTRODUCTION

61

g n’est pas suivi de u dans Barbagqant 999, Margant 892, 1251. +

Graphies comportant unr

La métathèse de r se rencontre dans avressier 722, 1211, 1409, 1419 (mais averssier 1219), burni 290, fretez 1445,

fronmages 1227, haubregié 1876, querniaux 2037, troussé 511, troussez 611, 1271, et dans le futur desseverrons 772'*%, Ce phénomène se rencontre partout, mais il est très fréquent

en picard, notamment dans les futurs. r n'apparaît pas, par dissimilation, dans penra 560, 1074, 1992, penrai 1841, 2162, penre 252, 1301, 1929, penrons 540 (mais prendra 1089).

r témoigne d’un rhotacisme de s à r dans dervé 2233, derver 1960, 2021, dervez 1454, ce qui est courant en picard. Dans derrubans 2322 (mais desrubant 1551), il s’agit plutôt

d’un phénomène d’assimilation. r est omis dans okenoiz 1829: r implosif est vraisemblablement amuï à cette date'”*. Du reste, tous les manuscrits ont large à la rime dans une laisse en -age (v. 1102). r est omis dans vergiez 2110: r final est sans doute également amuï à cette date, ou, du moins, très faiblement articulé.

La graphie rr est fréquente (on trouve par exemple occirrai 887, occirre 70, 1985, occirrons 1763, avec assimilation

de la spirante issue du [d] étymologique). r alterne avec rr dans corociez 992, couroucié 539, couroucier 226, 1132, courouciés 1581, courouciez 977, 981, courrouchiés 2072, courrouciez 163.

'# On peut y ajouter Andernas / Andrenas (Andernas 466, 1110, Andrenas 176, 213, 538), mais il est difficile de préciser laquelle des deux formes présente le phénomène de métathèse. 2e Cf. M. K. Pope, $ 396.

INTRODUCTION

62

+

Graphies comportant uns

s reste très généralement graphié en position implosive devant sourde comme devant sonore (mais, sur l’assimilation de [s] dans [sf], [sl], [sr], voir les graphies comportant un f,

un /, un r). Il n’est toutefois pas graphié dans ante 718, 1510, (mais anste 1567, 1812), detort 990, 1449: [s] implosif est

amuï depuis longtemps. Un s non étymologique apparaît parfois dans la même position; dosnoiement 250, josne(s) 22, 39, 508 (mais jone 195), nuesme 620'°7.

À l’intervocalique, s est utilisé là où l’on attendrait ss dans truisent 243. La confusion entre les sourdes et les sonores est caractéristique du picard, elle est ici plus que limitée". [s] en position forte est très fréquemment noté ss: Arssis 995 (mais Arsis 993), aversse 369, averssier 1219, corssu 1221, Corssuble 1064 (mais Corsuble(s) 734, 742, 771), einssi 2008 (mais einsi 991, 1487, 2362), esconssé 1354,

forssenez 1667, fourssenez 748, 1437 (mais foursenez 1448), penssa 2064, pensse 1389, penssé 207, 344, 1500, pensser 66, 229, 1980, 1998, 2042, penssez 1338, penssis 977, 992, 2361 (mais penser 72), Perssant 324, 537, 891, 1535, 1552, 1641, 1742 (mais Persant 1889), Perssanz 1620, Perssis

575, porpensser 1975, tenssé 1815, 2234, tensser 69, 946, 1918, verssé 1798, 1808.

s final n’apparaît pas dans avon 642, à la rime dans une laisse en -on (et peut-être dans de 219, 781, et a 1363, 1610; voir la note de ces vers). 7

Cf. Ch. Gossen, Grammaire, $ 50, p. 108.

** Le phénomène est par exemple bien plus fréquent dans N': ss pour s dans aesse

197, bessiez 581, buissines 933, dessafrez 755, devisser 971,

embrasser 942 var., ossa 177, posser 182 var., sessie 153, ussez 178; inversement, $ pour ss, à l’intervocalique, dans asaillent 816, asamblent 898, 899 var., asaut 647, asembla 589, asembler 798 var. asis 565, ausis 198, coisins 184, deseverrons 772, estuise 631 var., fauser 943 var. lasus 646, leseroiz 959 var., paser 630, paserons 212, soisente 730, trosez 611, vasaus 767.

INTRODUCTION

63

Sur s et z à la finale, voir les graphies comportant un z. +

Graphies comportant unt

t final n’apparaît pas dans Antecris 1635 (mais Crist 616), enten OI (mais entent 1065, 1145), valu 1555. Bertran alterne avec Bertrant. Cette dernière forme, avec

t non étymologique, n’apparaît qu’à la rime dans les laisses en -ant (v. 333, 1076, 2312).

Un t non étymologique apparaît aussi dans bauchant 1596 (lat. *balteanum), dant 529, 534, 1060, 1677 (lat. dominum), jaserant 256, 263 (mot d’origine arabe: al-Djaza ‘ir est le nom arabe d'Alger), tyrant 1774 (lat. tyrannum; la forme tirant est usuelle au Moyen Age). t final se maintient après voyelle dans escut 667, 1801 (contre 24 occ. de escu), neveut 23 (mais neveu 493, 1021,

1250), après consonne dans l’adverbe pronominal ent 499, 1590, 1699, 1739, 2298. Ce maintien est caractéristique du

picard. °

Graphies comportant un W

Seuls B]B2 connaissent w: weil 36, 465 dans B1, weil 2318 dans B2 (ainsi que weilliés dans le raccord propre à B2, où le scribe abrège en outre le nom Vivien sous la forme W:voir la note du v. 2363). Nous avons considéré que w équivalait à vu et nous l’avons noté vu”.

° _Graphies comportant un x

x représente -us dans biax 134, 154, etc., chastiax 2384, chevax 357, 1585, Damediex 229, Diex 63, 93, etc., filliex 2357, 2367, fox 1698, 2028, 2241, iex 1155, miex 330, 801, 1171, tex 1234, riex 164, 1414, 1691, vax 1285, viex 3, 178,

1 Cf. Conseils pour l'édition des textes médiévaux, Paris, Ecole Nationale des Chartes, 2001, fasc. 1, p. 26, $ 8, b.

64

INTRODUCTION

450, 514, 695, 2364. En revanche, -x équivaut à -s dans Bordiaux 59, buissiaux 314, chastiaux 60, chevaux 2036, coura-

goux 297, dux 49, faux 1067, Felix 54, filleux 283, 298, glorieux 831, 841, 1244, 1837, maux 1446, quailloux 2115, quarriaux 1685, 2115, 2119, querniaux 2037, vassaux 28, 292, 767, 813, vaux 557, 1288, 1707, vermaux 953 (sur cox 1603, voir la note 121).

Le scribe de B2 utilise assez peu de signes d’abréviation, et -x représente -us dans quelques mots seulement: Diex, fox, iex, mantiax, miex, tiex, viex; -Xx Y équivaut à -s dans peu de mots également: biaux 159, Bourdiaux 59, couragoux 297, dux 49, faux 1067, maux 1446, quailloux 2115, querniaux 2037, vaux 126, 1285, 1707. Dans R, -x est souvent utilisé

pour abréger -us, mais il n’équivaut jamais à -s. La forme jentix 3 y est à rapprocher de fuiz 43, variante par métathèse de fiuz 547 et 685: jentix est sans doute aussi une forme picarde. Dans A, -x représente fréquemment -us. Il équivaut aussi très souvent à -s: andeux 1529, aux 243 var., 515, 614, etc., biaux 471, 767, etc., Bordiaux 59, chevaux 278 var.

1691 var., 2036, coreceux 977 var., crueux 2375, deux 642, Deux 1783, corageux 297, filleux 2367, grox 2120 var., leux 2289, maux 1446, seulx 1714 var., seux 1679, 1695 var., vaux

1285, velx 104, vermaux 953, veulx 908, veux 915, vielx 178. Le scribe utilise également x dans chevaxche mervellexse 320, 535, et miexdres 267, 1563 var. Dans représente -us dans les mots carriax, corecex, Diex,

1135, 678, N, -x mer-

veillex et pomiax, et il équivaut à -s dans biaux 134, 159, 171

var., 760, eulx 614, filleux 797, 833, glorieux 831'*. °

Graphies comportant un y

Si l’on omet Aÿmer, Aymeri, Aymeriet que l’on trouve dans tous les manuscrits (et dont il ne sera donc plus question ici), y apparaît dans BJ à l’intérieur des mots dans Agaÿe 598, "° Sur le rôle diacritique de x, voire de /x, voir G. Zink, Le moyen français, p. 26.

INTRODUCTION

Caÿm 2385, contre foy 38

65

1913, Egypte 1602, Helye 371, Loeÿs 2002, 2374; lÿon 667, tyrant 1774. Le plus souvent, il se renà l’initiale ou en finale: arraby 31, 277, Arraby 2074, (contre 5 occ. de foi), Guy 1258 (mais Gui 1237), puy

1225 (mais pui 1599), roy 41, 734, 1465, 1466, 1535, 1941, 2369 (contre 43 occ. de roi), y 1913 (contre de très nom.breuses occ. de i), yaue(s) 623, 642, etc. (14 occ., vs iaue 834,

835, 1306), ylles 1102, ymage 1088. Il n’y a guère que dans ymage que y joue un rôle diacritique. Ailleurs, il est ornemental, mais son emploi reste assez discret. RHN utilisent très peu y: dans À, on trouve Caïÿn 1913, Looÿs 2374, 2385, yvoire 664, 1729 var. ;dans H, roy 1418, voudray 191, y 2070 var.; dans N, y 812, yvoire 664. En revanche, y est extrêmement répandu dans B2: Agaÿe,

arraby, Arraby, aÿde, aÿe, beneÿe (4 occ.), Caÿm, chaÿ, creÿ, Egypte, Elynant, foy (5 occ.), foys, Guy, Guys, Gyrars, Gyrart, Helye, huy, Joffroy, Loeÿs, loy, loys, lÿon, maleÿe, naÿe, oy, oÿ (15 occ.), oÿe, oÿrent (4 occ.), paÿs (4 occ.), puy, puys (3 occ.), roy (49 occ.), roy amant, royaume, roÿne, roys (41 occ.), y (57 occ.), yaue(s) (7 occ.), yce (7 occ.), ycele,

ycest, yceus, yci (4 occ.), ylles, ylueques, ymage, yrai, tant (4 occ.), ytel, ytele, yvoire.

+

Graphies comportant un z

z se rencontre à l’intervocalique baptizement 2162, baptiziee 2270, 54, bezans 314, blazon 651, Gazale ron 396, palazin 1076, Sarrazin(s) Sezile 1286. A la finale, z est fréquemment représenter le produit de l’affriquée

pour transcrire [z] dans baptizier 56, bauptiziés 819, Gazele 1129, Lazapartout, sarrazine 1723,

concurrencé par s pour [ts]"**, par exemple dans

1 Dans Agaÿe, Caÿm, Loeÿs, lÿon, y sert peut-être à indiquer l’hiatus. Dans Egypte et tyrant, y semble savant. ‘2 Sauf dans la désinence verbale de personne 5, où z est quasi systématique.

66

INTRODUCTION

drus 454, 467 vs druz 474, 477, enfans 584, 1056 vs enfanz 522, 926, 1042, 1931, 2360, mercis 602, 2311, 2341 vs merciz 707, 2172, parentés 590 vs parentez 2141, etc." On trouve alors de nombreuses graphies inverses: aprez 430, 720, 822, 865, 1302, 1527, 1528, 1591, 1862 (contre 3 occ. de aprés), ceuz 1087 (contre 4 occ. de (i)ceus), clez 2026 (pl. de clef), cruelz 2375, demanoiz 1763 (demanois 1832), deuz 642, ez 267 (estre pst p. 2; 3 occ. de es), faiz 1127 (faire pst p. 2; fais 1129), gentilz 26, 2096 (contre 14 occ. de gentis), griz 1597 (contre 3 occ. de gris), mulz 611, neiz 244, nez 736 (lat. nasum; nes 1372), niez 760, 767, 1029, 1039 (niés 1478), okenoiz 1829, poiz 1764 (contre 2 occ. de pois), prez 1097, 1391, 1834, 1839, 1864 (contre 4 occ. de pres), remez 20, 1468, 2181, seulz 2050, tinez 2120, trez 587, 1265, 1278, 2100 (pl. de tref), veuz 104 (veus 908).

IL. Morphologie 1. Déclinaison du groupe nominal Sont exclues de l’étude les formes qui sont abrégées par suspension ou par un signe d’abréviation. Lorsque la rime peut exercer une influence sur un groupe nominal, la fin du vers est indiquée par /. Les noms propres sont étudiés en même temps que les noms communs, bien que ceux-là échappent plus souvent que ceux-ci à la déclinaison. a. D'une façon générale, la déclinaison est assez bien respectée, et le scribe de B1 se montre particulièrement soi" Certes, les affriquées sont réduites très tôt en picard. Mais il s’agit ici d’un manuscrit tardif. Cependant, la réduction des affriquées est attestée, dans tous les manuscrits, par les rimes en -ez, -is, -ois, -uz. Si la chanson date du début du XIIF siècle, la réduction des affriquées qui s’y manifeste n’est pas nécessairement influencée par le dialecte picard. Sur la date à laquelle les affriquées se sont simplifiées, voir M. K. Pope, $ 195.

INTRODUCTION

67

gneux. Ainsi, dans le cas du substantif fi/-filz, qui très tôt se généralise sous la forme fléchie'*, le scribe écrit régulièrementfi! au CRS et au CSP etfilz au CSS, sauf aux v. 489 et 532 où filz est complément singulier, et sans doute aussi au v. 43 où filz, qui est un complément vraisemblablement singulier, est à la rime dans une laisse en -is (la leçon est ici commune à tous les manuscrits). Toutefois, un certain nombre d’atteintes à la déclinaison

se rencontrent. Elles peuvent souvent s’expliquer par la position syntaxique du groupe nominal, sa fonction grammaticale, l’influence de la rime:



Sujet postposé au verbe:

A l’intérieur du vers, les exemples sont peu nombreux: Ancui sera mon tresor effondrez 603, Granz fu l’estour et fors et adurez 731, Oit le Bauduc 918, S’avra de toi mon filluel vengement 1153, Quant l'en osta Persagant et Jambez 1451", Dist Malagu 1500'*°, Com plus vit l’ome 1670, Fors fu l’auberc 1815, li est l’acier coulé / 1819, Et tant lor crut vasselage et bontez 2130, Et sera mis le tien cors a tourment

2189. —

Sujet coordonné: Un seul exemple: Li cors li chiet et la chiere et le vis 6.



Apposition au sujet:

Un seul exemple: Aymertés i est premier venuz, / Le fillolet qui bon chevalierfu 791-792".

# Cf. G. Zink, Morphologie, p. 36. % Persagant: il n’y a pas d'autre occurrence de ce nom dans la chanson. À l’écrit Persaganz. 6 A comparer avec le v. 1489: Dist Malaguz … 7 A comparer avec les vv. 822-823: Aymeriés point aprez par vertu, / Li fillolez Aymeri le chenu.

68



INTRODUCTION

Attribut du sujet:

Les exemples sont peu nombreux: Tant que serons .C. milliers a escuz 478 (dans tous les manuscrits), qui bon chevalierfu 792, quifu blanc 1833, Est ce prison 1948, Je vous sui prest 1989, Er si s'en voist sain et sauf quitement 2206. Groupes hybrides: serez Guibert l'achetivez / 167, Vo" peres sui 694, mort fusse et afolez / 2155, il est et sain et vis / 2350)



Apostrophe:

Au singulier, le CSS est bien représenté, 1l est même systématique pour Diex et sire, mais le CRS est assez fréquent: Dame Ermengart 8, contesse seignouri / 32 (la rime est pourtant en -is), Guibert 171, 1145, filluel 238, 264, 804, filluet 797, malvais couart prouvé | 194, Gentil contesse 576, Paien 749, Bel filluel 858, Bauduc 884, Baudu 1947, Cousin Bauduc 1054, Eimeriïet 1127, Cuivert 1134, Galien 1810, Joffroi

d’Anjou 410”, Barbagant 999, Biau ch' cousin 1007. Les groupes hybrides sont également fréquents : riche ber 65, Biax filz Guibert 134, 159, 231, 306, 315, 319, 416, 1246, Biax ch’ filluel 270, Biax niez Bertran 760, Bauduc, biax douz amis 986, Sire filluel 1248, Malagu sire 1493, 1498, Sire Baudu 1520, fel cuivert renoié / 1562, dant glous 1677, Bel sire peres 1713, Cuivert traïtre 1827, Fel pa. renoié / 1856, fel viellart renoié / 1878, Sire Guibert 2307'*. Au pluriel, le CS est très régulièrement utilisé, sauf au

v. 2096, en raison de la rime: franc chevalier gentilz / (groupe hybride). "* Cette forme picarde n’est peut-être pas très familière au scribe. "” Seule occurrence de ce nom dans la chanson; -s n'apparaît dans aucun manuscrit. Il en est de même pour Barbagant, au v. 999. "* Dans de nombreux cas, la forme au CR est un nom propre. Cf. CI. Régnier, « Ancien picard», p. 269: «On sait que très tôt, les noms propres sont devenus invariables et que le cas sujet a tendu à être réservé au sujet, à l’exclusion de l’apostrophe et de l’attribut» (voir aussi la note 27 de la même page).

INTRODUCTION —

69

Influence de la rime:



Sur un sujet postposé '*':

Ay. li vaillant/261, Ay. le fier/707, l'auferrant/868, Ay. le vaillant / 894, Baudu / 996, li vostre niez Baudu / 1029, Ay.

le ferrant |1055, 1727, 1729, 2306, Ay. lifier/ 1114, Guibert le guerrier/ 1202, le fort roy Malagu / 1465'*, Haute est la tours et fort le fondement / 2178; —

Sur un sujet coordonné ou juxtaposé:

Et Aïmers et Hernaut le membru | 780, li quens et son linage / 1096, Et si enfant et son riche barnage / 1098, Quens Ày. et son barnage fier / 14072, il et ses niés Baudu / 1478, et Guichart le vaillant / 1615, Hue le combatant/ 1616; —

sur un attribut du sujet:

a moi soies semblant, / Aussi hardis et aussi combatant, / Et (...) conquerant / 267-269, Ce sont .Il. roi paien et mescreüs / 484, Bien sembloit hons de guerre encouragié / 1871, Se Mahomés me veult estre garant /2198; —

dans d’autres situations syntaxiques:

li Chetis Aÿmer / 443, com hons achetivé/ 635, Eraus le chenu / 1223, li quens Aÿmer / 1339'**°. La rime exerce aussi une influence:



41

sur les participes présents: si fu l'aube aparant /1726, la ou il fu passant/ 1732;

Au v. 1103 (De .v citez i fu le bestiage), il faut vraisemblablement

considérer le bestiage comme le prédicat, au CR, d’un tour impersonnel. #2 On voit que si parfois seul le dernier élément du groupe est au CR, le plus souvent il s’agit de plusieurs éléments, voire de tout le groupe. 4 A Ja rime, on trouve pourtant Aÿmers au v. 1273.

70

INTRODUCTION



sur les participes passés construits avec estre “*: au singulier, CR pour CS aux v. 788, 812, 1240, 1246, 1464'*, 1819, 2212, 2214, masculin au lieu du neutre

au v. 610%; au pluriel, CR pour CS aux v. 2109, 2132, 2129; Parfois, l'extension du CR se manifeste sans raison particulière: — au singulier: Trestout l'or’ Dieu 69 (dans tous les manuscrits), Guibert le voit 439, L'un porte hache 509,

ainz que l’estor remaigne 556, Et le charroi fu par devant menez | 612, Bertran l'entent 763, Marquant vit l’yaue 881, Aymeriet point 1251, L'un aprez l’autre ala 1528, L'autre destrier le vet aprez sivant 1591; groupes hybrides li quens Aymeri / 2 (la rime est pourtant en -is), L’enfes Guibert 1173, rois Margot 1405; —

au pluriel:.xx. anz sont bien passé 497, Tous sont suant li auferrant destrier 1201'*; .1.M. fronmages lor sont le jour rendu 1227'*.

"* A l’intérieur du vers, on trouve aussi quelques occurrences de participes passés au CRP : armez 671, venuz 1047, venus 1101, issuz 1621, tornez 1740. "* Au v. 1464 (Car de vers mer lor est secours venu), il s’agit peut-être d’un tour impersonnel, avec par conséquent un participe passé neutre. I] s’agit de com il fu ajornez dans B1B2R, com il fu ajorné dans H. Seule la leçon de N est satisfaisante pour la rime et la grammaire: quant jorz Ju ajornez. “7 l'or est écrit lor par J. Melander. C’est sans doute une coquille. "* Tous s'explique peut-être par le fait que le vers précédent commence par Zous. ” Aux v. 497 et 1227, il s’agit peut-être d’un tour impersonnel, dans lequel le verbe s'accorde en nombre avec ce qui est considéré comme le prédicat (qui est normalement dans ce cas au CRP).

INTRODUCTION

ra

b. Substantifs masculins du type pere -$ analogique au CSS : Jrere(s): en fonction sujet, freres 483; en fonction attribut, Frere 1382; en fonction apostrophe, frere 999. Dans ces deux derniers cas, on peut se demander si frere est une forme de CSS ou de CRS. pere(s): pere n'apparaît qu'aux v. 154 et 460, en fonction apostrophe (ainsi qu’au v. 48 où peres, commun à B/B2H, fausse le vers et a donc été rejeté). La forme analogique peres est beaucoup plus fréquente (20 occurrences); elle est nécessaire à la mesure du vers dans tous les manuscrits au v. 2084,

et dans B7B2 au v. 2088. -s final analogique se rencontre aussi au CSS dans le pronom indéfini autres au v. 1596, où il est nécessaire à la mesure du vers dans B1B2. c. Substantifs masculins du type ber/baron



-s analogique au CSS:

bers 759 (ailleurs, on a toujours la forme régulière ber, qui se trouve, il est vrai, le plus souvent à la rime dans des laisses en -er, sauf au v. 873), Bueves 2353, glous (lat. glutto) 193, 423, 735, 746, 1677, 1693, c’est-à-dire partout, hons (lat. homo) partout (mais preudom 407), Hues 26, 573, lechierres 193, 1693, c’est-à-dire partout, sires 923, 1821, 2336 (dans ce dernier vers, -s est nécessaire à la mesure du vers dans B1B2), contre 42 occurrences de sire.

-s final analogique se rencontre aussi dans le pronom indéfini pires au v. 1692.

— L'opposition entre la base du CSS et celle des autres cas est respectée (il en est de même pour les adjectifs du type mieudrelmeillor), sauf au v. 1863, où le glout est complément d’objet (glouton est attesté au CSP dans tous les manuscrits

72

INTRODUCTION

au v. 2139); cette forme glout n’est pas propre au scribe de B1, car la leçon est commune à tous les manuscrits.

d. Substantifs féminins du type cité et adjectifs épicènes du type grant employés au féminin — Au CSS, ces substantifs et adjectifs ne sont pas nécessairement pourvus d’un -s final'*, et il est facile d’utiliser des formes avec ou sans -s selon les besoins de la rime. A la rime, apparaissent avec -s les formes bontez 2130, cités 1956, citez 2107, 2128, fermetez 622, 1427, 2104, fretez 1445, gentis 4, 46, 63, 566, 578, 2329, 2356, 2371, et sans -s les formes courant 860, gent (n.f.) 886, 2203, grant 2188, 2196, vaillant 2326, verté'*' 223, 1378, 1384. A l’intérieur du vers, apparaissent avec -s les formes chars 7, citez 1302, cours 2278, 2286, fors 1302, gentis 1986, 2008, genz (n.f.) 2291, grans 1113, 1899, 2278, nuis 1699, paours 1899, verités 2283, et sans -s les formes cité 83 (mais cette apposition à l’attribut du sujet est peut-être au CR), flour 5, gent (n.f.) 1290 (en fonction d’attribut du sujet,

peut-être au CR), grant 1283, 1427, mort 1854, ost 129, tour 1427, 1445, 2188. — Le CSS est parfois utilisé au lieu du CRS, mais le phénomène se rencontre exclusivement à la rime: le roi de majestez | 616, par la soie bontez / 617, de la bone citez / 627, par Dieu de majestez | 751, en la vile gentis / 985. — par amor 2195 (id. R, par amours B2H) est régulier, dans un contexte non amoureux”.

°

Cf. G. Zink, Morphologie, p. 34 et 44.

*" Ce substantif apparaît à chaque fois dans le tour impersonnel bien puet estre verté, où verté est peut-être au CR.

Voir l’article de J. Frappier, «d’amors,

LXXX VII, 1967, pp. 433-474.

par amors»,

Romania,

INTRODUCTION

73

2. Articles

+

Article défini

— Outre les cas signalés dans l'étude de la déclinaison dans le groupe nominal, le CRS est parfois utilisé pour li CSS : Guibelins le hardis 37, Ay. le ber 193. — liCSS s’élide ou non (l’élision est plus rare): li aciers 1510, 1834, li Arrabis 919, li avoirs 1283, li elmes 1634, li enfes 849, 864, li escuz 291, li espiez 1570, li ors 652, 1027, li .1. 2049, mais l’achetivez 167, l’autre 509, 510'°*, l’autres 1596, l’enfes 892, 1131, 1173, l'uns 1223, 1596. — On ne rencontre pas au féminin la forme picatde le 154 — Formes contractées: a + le: au 54, 56, etc. (mais peut-être a au v. 2260); a + les: as 398, 527, etc. (28 occurrences), aus 1600, 1828

(mais peut-être a aux v. 1363 et 1610); de + 25903, de + en + en +

+

le: del 200, 572, etc. (10 occurrences), do 1602, du etc. (17 occurrences); les: des 458, 575, etc. (mais peut-être de 219, 781); le: el 41, 256, etc. (47 occurrences), ou 1365; les: es 357, 374, 551, 1819, 1866, 1901, 2134.

Article indéfini

.1 est article pluriel au v. 2251. 3. Adjectifs épicènes

On

note

dans

B]

quelques

formes

analogiques:

grande(s)'* 621, 1230, 1280, à côté de 48 occurrences de

Dans ces deux vers, il s’agit peut-être de formes de CR: cf. l’un, v. 509. On peut également hésiter entre CS et CR (pour l’article seulement, car le nom est au CR) dans l'acier 1819, l'auferrant 868, l'auberc 1815,

l’autre destrier 1591, l’esto(u)r 556, 731, l’ome 1670, l'or 69, l'un 1528. 1 On la trouve toutefois dans B2: Ermengart le sachant 531. 1 Cet adjectif est conjoint au v. 621, et disjoint aux v. 1230 et 1280. Sur la progression de la forme refaite selon sa position syntaxique, voir l’article

74

INTRODUCTION

grans | grant | granz féminin (et granment 893), et itele 1380, tele 697, à côté de 6 occurrences de tel féminin. A titre de comparaison, on relève 3 occurrences de grande(s) et 1 occurrence de ytele dans B2, 1 occurrence de grande et 5 de tele dans R, 3 occurrences de tele dans H, 2

occurrences de tele dans N. H ignore grande mais connaît gele (v. 1456).

4. Démonstratifs eASCTIC:CISÉ cest, CRS masculin, est toujours déterminant: 20, 35, 107,487, 1343, 1520, 1778, 1994. ceste, Sg. féminin, est toujours déterminant: 50, 384, 1956, 1999, 2188, 2196. cestui, CRS masculin, est pronom postprépositionnel: 762.

*

série cil

cil est parfois déterminant :CSP 287'*, 1061 ; le plus souvent, il est pronom: sujet ou attribut sg. 811, 813, 1016, 1028, 1046, 1372, 1379, 1430, 1587, 1713, 1766, 1956, 2381, sujet pl. 985, 1220, 1364, 1609, 1650, 2110, 2129, 2247. cel, CRS masculin, est lé plus souvent déterminant: 14, 76, 108, 276, 321, 488, 805 ; il est parfois pronom postprépositionnel: 1362, 1748. cele, celle, sg. féminin, est le plus souvent déterminant:

cele 550, 1082, 1346, celle 97, 323, 369, 503, 547, 740, 763, 888, 1053, 1247, 1300; celle est parfois pronom sujet: 962, 1062.

de G. Zink, «Le passage de grant féminin à grande en français médiéval», Lorraine vivante. Hommage à J. Lanher, Nancy, PUN, 1993, pp. 471-477. "Il s’agit d’un démonstratif épique.

INTRODUCTION

35

celui, CRS masculin, est toujours pronom, en fonction d’apposition à un attribut du sujet 408'*”, de complément d'objet direct 1563, 2234, de complément postprépositionnel 2077, 2170. celi est utilisé comme déterminant d’un substantif masculin (songe) au CRS au v. 1075 (id. B2)'*.

ceus, ceuz, CRP masculin, est toujours pronom:

ceus

209, 1361, 2317, ceuz 1087. *

une troisième série: ce /ces'*”

ce déterminant apparaît aux v. 280, 310, 548, 720, 760, 769, 798, 1369, 2164, 2379. ces est toujours déterminant: CRP masculin 23, 1534, 2106, 2118, 2119, 2143, pluriel féminin 245, 325, 709, 835, 889, 1204, 1740, 1966, 2106 "°°.

7

Ce est Guill’ (..) / Celui d'Orenge (...), vv. 407-408. J. Melander

commente ainsi le passage (note du v. 409 de son édition, p. 105): «Il est difficile de dire si l’on doit voir dans celui un nominatif ou bien un accusatif se rapportant comme apposition au nominatif Guillaumes du vers précédent. Notre texte n'offre aucun exemple de celui comme sujet, et en règle générale cette forme faisait fonction de régime jusqu’au cours du XIII: siècle, mais on trouve déjà dans la Chanson de Roland un exemple de celui employé comme sujet: Celui levat le rei Marsiliun 1520 [v. 1563 dans l’éd. de G. Moignet}». Voir aussi, à titre de comparaison, les vv. 1371-1372: Ce est Guill' (...)/ Cil au Court Nes (...).

*

songe, terminé par -e, est peut-être interprété à tort comme un sub-

stantif féminin. Pourtant, aux v. 157 et 1066, il est bien considéré comme un nom masculin. Il y a donc plutôt ici confusion entre celui et celi, ce qui est assez surprenant dans la mesure où le scribe de BJ distingue scrupuleusement lui de li. 1% Sur les démonstratifs en général, voir la synthèse et les nouvelles propositions de Ch. Marchello-Nizia, L'évolution du français. Ordre des mots, démonstratifs, accent tonique, Paris, À. Colin, 1995, pp. 115-180. Sur cette troisième série, qui neutralise l'opposition sémantique entre la série cist et la série cil, voir par exemple les pp. 144 sgg. 169 Aux v. 2106 (2 occ.), 2119, 2143 (3 occ.), il s’agit d’un démonstra-

tif épique.

76

INTRODUCTION

La situation est similaire dans les autres manuscrits: ce déterminant apparaît dix fois dans B2, six fois dans R, quinze fois dans A, six fois dans N; tous les autres manuscrits Opposent également au pronom ceuz (graphié ceus, ceuls dans B2, cels dans R, cex dans 1) le déterminant ces (toujours graphié cez dans À). Dans tous les manuscrits, ce et ces, du point de vue sémantique, relèvent tantôt de la série cil, tantôt de la

série cist. + cis 1455 (ciz R, qui présente aussi cette forme aux v. 1381 et 1839) est un déterminant masculin au CSS. La forme neutralise l'opposition entre cist et cil. Elle peut être en effet le résultat de cist + s où de cil + s"°". Ch. Marchello-Nizia propose de la rattacher au paradigme ce / ces'**. + Les formes préfixées en i- sont relativement peu nombreuses. En emploi pronominal, on trouve ice 199, 299, 695, 945, 1489, 1961, 1997, et iceus 2258; icele 548, icelui 358, et

icest 1525 sont déterminants. on

Possessifs

°+

Formes atones

— _Possesseur unique'°*

Le déterminant féminin singulier s’élide régulièrement devant initiale vocalique: m'erité 166, m'espee 264, 874, 887, s'ame 1512, s'amie 1688, s'ymage 1088'°*.

toi

Dh. Marchello-Nizia, op. cir., p. 128. 8 Jbid., p. 145. "© BJ ne présente pas d'exemple des formes picardes men, ten, sen. En revanche, dans 82, on trouve sen aux v. 190, 793, 1951. \où

ost est pour cette raison sans doute un nom masculin dans son ost 413, 1964: cf, cest ost 1343 (où il peut toutefois s'agir de cest(e) ost), et tous ses ol: 2004, Cependant, on relève deux cas où os est un nom féminin: dont l'est est replenie 129, par toute l'ost 682.

INTRODUCTION —

77

Pluralité de possesseurs

p. 4 et p. 5 au singulier: En fonction d’attribut du sujet, on trouve vo peres 694 (id. R, voz p. B2HN): ce trait picard est commun à tous les

manuscrits. Vostre CSS masculin apparaît au v. 157 dans tous les manuscrits également. En fonction de complément, nostre et vostre sont bien représentés, mais on rencontre également la forme picarde vo: vo volenté 224 (id. B2), vo destrier 1338 (id. B2R).

p. 4 et p. 5 au pluriel: Emploi d’une forme tonique comme déterminante vostres proesces 1672 (id. B2; les vos p. dans RH, c’est-à-dire une forme atone en emploi d’adjectif). Pro: Le produit de illorum est toujours déterminant. Il s’écrit le plus souvent lor (19 occurrences), parfois leur (5 occur-

rences). Devant un nom pluriel, il reste invariable. +

Formes tonigues



_Possesseur unique

Masculin:

à mien(s)

correspondent

les formes

analo-

giques rien 2189 et sien(s) 91, 994, 996, 1084. Féminin: moie(s) n’est pas représenté, mais, à côté des

formes phonétiques teue 1244 et seue 803, on rencontre foie 495, 831, 841, et soie 617, 1564, 2295,



Pluralité de possesseurs

Emploi comme adjectif d’une forme atone: les nos ames 62 est commun à tous les manuscrits qui connaissent ce vers (B1B2H).

78

INTRODUCTION

6. Pronoms personnels +.

Pronoms sujets

p. 1: la graphie usuelle dans B7 est je. On trouve aussi jé 2211 (id. B2, gié RH; à la rime dans une laisse en -ié), et jo 248 (jou B2). Ce pronom s’élide rarement: g’ 1490,j' 1841. p. 2: le pronom est toujours écrit fu. p. 3: il est employé pour le féminin singulier au v. 1980, dans B1 seulement (voir la note du vers); il s'agit de e/ dans B2RH, c’est-à-dire d’une forme de l'Ouest qui n'apparaît pas ailleurs (sauf deux vers plus haut dans A), alors que, au lieu de Que el dans B2, Si qu'el dans RH, on pourrait fort bien avoir Qu'ele.

Le pronom féminin ele (9 occurrences) est parfois écrit elle, v. 444 et 967.

p. 4-p. 5: la graphie est toujours nous, vous. p. 6: le produit de i//i est toujours i/. ° _Pronoms régimes

Le fait le plus remarquable est l'emploi, certes discret, de le pour /a, aux v. 265, 382, 1161, 2036 (dans B7B2 à chaque fois)'**.

Elidé, le s'écrit le plus souvent /’, mais parfois le, aux v. 132, 1104, 1416. Aucune confusion entre lui et li n’est à noter. Au v. 1491, le chief de lui (B1B2) est l'équivalent de son chief"*. Au v. 1578, de lui deffendre (dans tous les manuscrits) est l'équivalent de de soi deffendre"’. "* La forme picarde du pronom régime féminin se rencontre encore dans B2 au v. 541. On trouve également /e pour la dans A aux v. 1969 (on y attendrait du reste, devant infinitif, une forme prédicative) et 2007. 1

Cf. Ph. Ménard, Syntaxe, $ 16, 2°.

"Voir aussi Par devant lui 186 dans B7B2 (p. à. soi RH), et O lui 978 dans tous les manuscrits (O soi aurait été possible). Cf, Ph. Ménard, Syntaxe,

$ 46, 2°, et G. Moignet, Grammaire, p. 143.

INTRODUCTION

79

Le produit de illos s’écrit aus 819, 1368, 1542, euls 1794, eus 515, 614, 942, 2358. Le produit de illorum est le plus souvent écrit lor (30 occurrences), une seule fois leur, au v. 2347.

en apparaît sous la forme ent'* aux v. 499, 1590, 1699, 1739, 2298. Il est par ailleurs écrit em au v. 1576, devant p-.

i représente un animé humain au v. 1980. +

Enclise

Le cas de 1375, 2193,

phénomène est relativement peu fréquent, sauf dans le ne + le: jel 906, à côté de je le 53, 195, 241,265, 905, 2094, 2202; nel 425, 631, 714, 1054, 1059, 1593, à côté de ne le 69, 70, 82, 108, 142, 498, 704, 1027,

1949, 1986; nes (ne + les) 185, 1530; quel 2139, à côté de

que le 1161, 1167; sel 1121, 2203, à côté de se le 104, 1499; sel 1946, 1981, à côté de si le 439, 676, 710, 1090, 1279, 1538, 1666, 2062, 2156; ses 404, 1331, à côté de si les 332, 378, 687, 1277, 1436, 2360. 7. Relatifs et interrogatifs Le scribe de B1 maintient soigneusement la distinction graphique entre qui sujet et cui régime. La seule exception est celle du v. 2033, mais dans le texte édité seulement: qui y est complément d’objet, mais il est sujet dans le vers proposé par B1B2, qui ne nous a pas semblé compréhensible. Au v. 240, cui a pour antécédent un inanimé: Tenez Nerbone, je vous en rent le gant, / De cui me servent chevalier et serjant. Cet emploi s'explique par le fait que le gant (inanimé) est le symbole du pouvoir que détient Aymeri (animé).

Au v. 408, qu’ est pronom sujet. Au v. 460, au lieu du pronom interrogatif tonique quoi, on trouve que dans tous les manuscrits (voir la note du vers). 1% ent est la forme primitive de en (< inde). Le picard la maintient jusqu’au XIV: siècle (cf. G. Zink, Morphologie, p. 87).

80

INTRODUCTION

La série le quel est — faiblement — représentée en emploi relatif: le quel CRS 1322, li quel CSP 1099. Dans les deux cas, B2 a la même leçon, et RH une autre leçon. 8. Indéfinis

Le pronom on est rarement noté on: 185, 1486, 1999. Le plus souvent, il est noté en 553, l'en 84, 96, 1379, 1383,

1507, 1514, 1526, 1715, 1972, 1985, 2031, 2032 (/’ permet d'éviter l’hiatus aux v. 84, 96, 1383, 1507, 1514, 1526, 1715, 2031)". Dans la déclinaison de (tres)tour, le CSP est toujours (tres)tuit (v. 205, 508, 689, 938, 973, 2209, 2248). 9, Conjonctions de coordination

Dans B/ exclusivement, ne apparaît sous la forme ni, devant voyelle, aux v. 419 et 2199”, Toutefois, ne non élidé suivi d’une initiale vocalique est beaucoup plus fréquent. 10. Adverbes

Seuls B/B2 connaissent l’adverbe ainc'’', «jamais», qu'ils opposent à ains, ainz, temporel ou adversatif. À ainc dans B7B2 correspond ainz dans H au v. 280 (vers absent de R), et ainz dans RH au v. 1027. En outre, à onc dans B/B2 correspond ainz dans RH au v. 1242, à onques dans B1B2 correspond mes ainz dans RH au v. 2042; au v. 1274; B1B2R ont onc et H ainz, aux v. 66 et 1108, BZB2R ont onques et H ainz mes. longuement 249, 1594 (dans tous les manuscrits) suppose une réfection de l'adjectif féminin longe en longue. "Ÿ Sur le développement de on en moyen français et sur la forme l'en, voir Ch. Marchello-Nizia, Langue française, p. 224. Voir CI, Régnier, Prise d'Orange, note du v, 751. 7" Sur cet adverbe, voir les remarques de D. MeMillan dans la Chevalerie Vivien, t, II, pp. 506-507, et CI. Régnier, «Ancien picard», p. 265.

INTRODUCTION

81

si adverbe de phrase se présente sous la forme se devant. li au v. 383 (voir la note du vers), par un phénomène de dissi-

milation (mais si li 546, 847, 1126, 1241, 1639, 1856, 1897, 1906, 1927), Il apparaît en outre sous la forme élidée s’ aux v. 247,413, 470, 916, [1138], 1152, 1153, 1585, 1590, 1717, 2129, 2243, 2269, 2298. 11. Verbes +

Radicaux

Le radical fort est parfois employé à une personne faible. Le phénomène est constant pour le verbe issu de ‘éxire: issi 669, 1035, issir 577, issu 1229, 1471, issus 819, issuz 1621, isteroie 1648'”. On le rencontre aussi dans acueillie 375, acueillirent 2298, afoiblis 2364, prierent 52, prisas 1130, prisié 1862, 1873, 1880 (mais proisiés 1572), prisier 1198, remaindrez 2308. Autres phénomènes analogiques: La plupart des formes dans la conjugaison du verbe issu de salire présentent un radical analogique de la première personne d’indicatif présent ou du subjonctif présent'”": assaillirent 1889, resaillis 1576, saillent 1188, 1221, sailli 851, 1273, 1876, saillirent 1218, saillis 1614, 1625 (mais assalent 816, saudrai 2197). Pour le verbe oïr, à côté de ot (5 occurrences), on trouve

la forme oit, analogique de la première personne, aux v. 864, 918, 1565, 2007, 2145, ainsi que oiant 248, 1156. Le subjonctif imparfait de estre est en -u- dans fusse 2155, fust 52, 462, 728, 1268, 1560, 1583, 1952, 1962, 2070, 2155, 2278, 2380, fussiez 1674, mais en -ui- dans fuissiés 1675, fuissiez 1676, sur le modèle de fui, première personne du passé simple. 2 Pour ce verbe, l'adoption du radical fort se rencontre très tôt (cf. G. Zink, Morphologie, p. 226). "Le phénomène est précoce selon G. Zink, Morphologie, p. 231.

82

INTRODUCTION

Pour le verbe donner, la première personne d’indicatif présent, doins 241, 265, 1076, sert de modèle au subjonctif présent: p. 1 doinse 44, p. 3 doinst 1060; doint 266, 618, 712, 1134 est peut-être l’équivalent de doinst (après amuïssement de [s] antéconsonantique), mais il peut aussi être rattaché au paradigme de subjonctif issu de la première personne d’indicatif présent doing (non attestée dans B1); la forme dont 135 semble être en revanche le produit de donet'”*. Dans la conjugaison du verbe prendre, les formes de subjonctif présent pre(n)gne 332, 559 et pre(n)gnons 308, 1161 sont analogiques de la première personne d’indicatif présent preing, elle-même analogique de tenir ou venir; la forme usuelle de la sixième personne de l'indicatif présent pren(n)ent 974, 1263, 1401, 1655, 1657 est vraisemblablement analogique aussi (prendent n’est pas attesté ici)'”*. A la troisième personne d’indicatif présent du verbe aler, on trouve va (6 occurrences), qui s’explique par un traitement atone de vadit, et vait (2 occurrences), plus fréquemment graphié ver (16 occurrences), qui suppose un traitement

tonique de vadit ou l’influence de fait'”*. Au subjonctif présent, on trouve les formes suivantes: p. 3 voist 113, 2206, sur le modèle de la première personne d’indicatif présent vois (non attestée dans B]), p. 1 aille 1163, sur le modèle du subjonctif de valoir, et p. 3 aut 339, qui est soit une variante de aille mais avec la désinence -r, soit le produit de *alet. Au v. 53, reting, première personne de passé simple, semble être analogique de la première personne d’indicatif présent (retieng 2312)'77.

7* Cf. P. Fouché, Morphologie, $ 70, p. 144.

7 Voir P. Fouché, ibid., $ 50, b, pp. 106-108. ‘7 Voir à ce sujet les remarques de Fr. de La Chaussée, Morphologie,

$ 129, pp. 182-183. 7” L’analogie peut être seulement graphique, dans la mesure où [n] palatalisé final s’est sans doute dépalatalisé au XIF° siècle; -g peut être aussi

un signe diacritique permettant d'identifier clairement le n qui précède (quoiqu'il n’y ait guère ici de risque de confusion):

INTRODUCTION

83

La personne 3 du présent de l'indicatif du verbe sivre se présente sous la forme siut (*sequit) au v. 1943, et suit, par métathèse, au v. 2152'”*; sivant 1068, 1591 est analogique de l'infinitif. Formes concurrentes : Aux personnes fortes du présent de l’indicatif, soloir et voloir ont un vocalisme en -eu- ou en -ieu-: seult 551, 2031, 2032, velt 190, veus 908, veuz 104, veult 174, 175, 338, 595,

2198, veut 599, d’une part, sieuls 914, sieult 354, vieus 915, 1135, de l’autre. Ces dernières formes sont picardes. Le subjonctif imparfait de pooir est en -eü- dans peüssons 1301, peüst 2001, 2006, 2017, en -ouï- dans pouïsse 1988, pouïst 729, pouïssons 309, 310. Ces dernières formes se rencontrent souvent dans le Nord et le Nord-Est”.

Futur, conditionnel, imparfait: Au futur, on note la syncope usuelle de e entre n et r dans amenrons 1764, amenront 209, 211, donra 1524, donrai 142, 340, 382, 541, menrai 378, menras 1150, menrons 474, 477,

entre r et r dans demourra 249, la métathèse de r dans desseverrons 772 (id. B2N), la présence d’un e svarabhaktique dans isteroie 1648 (id. B2)*.

Le futur et le conditionnel de avoir et savoir se présentent très généralement sous la forme (s)avr- (34 occurrences de avr-, 2 de savr-), mais on rencontre aussi, au futur, les formes

picardes aras 2168 et saront 207. Le futur et l’imparfait héréditaires de estre sont assez fréquents: au futur, on compte 12 occurrences de iert contre 9 de sera; à l’imparfait, iert 278, erent 646, ierent 1259 ‘* Le scribe de B1, comme nous l’avons déjà signalé, distingue très clairement i des autres lettres à jambages par un trait oblique. 7” Cf. P Fouché, Morphologie, $ 172, c, p. 343, et $ 161, a, pp.

318-319. ‘#0 Dans À, on trouve en outre movera au v. 398 (où chaque manuscrit a une leçon différente).

84

INTRODUCTION

concurrencent estoit (16 occurrences) et estoient (4 occurrences).

Passé simple: toldre a un passé simple faible en -i: p. 3 roli 1381, 1926 (paradigme issu de *tolii).

Pour le verbe voloir, les formes de passé simple volt 90, 426, 714, 1545, 1943, 2080, 2209, et volrent 1944, 2258, font partie du paradigme issu de *voli, mais la forme de subjonctif imparfait vousist 728 de celui qui est issu de *volsi. Dans les parfaits sigmatiques, à la personne 6, il n’y a pas de consonne d’épenthèse et sr est réduit à s dans prisent (id. B2) 303, 441, 1216, remesent 1651, rescousent (id. B2) 1220 (mais firent 1394, 1395, 1413, mistrent 21). Le phénomène

se rencontre en wallon, en lorrain, et surtout en picard'*". En revanche, aux personnes faibles de ces parfaits, s intervocalique a disparu: feïstes 2029 (id. B2RH), preïs 1128 (id. RH), alors qu’il se maintient longtemps dans ces dialectes'*. Participes passés: Arrester a pour participe passé arresté 520, mais aussi arresteüs 451, sur le modèle du participe passé de ester. Le participe passé consivié 1864 (à la rime dans une laisse en -ié) est analogique de la forme d’infinitif consivir, et

la terminaison en ié ne semble pouvoir être qu’une concession à la rime. Le participe passé de desrompre se présente sous les formes desrous 1574, desrout 1870 (lat. disruptum), et desrompuz 1260 (lat. *disrumputum); on rencontre aussi rompu(s) 810, 1438.

Cf. J. Chaurand, Dialectologie, p. 121, et P. Fouché, Morphologie,

$ 146, d, p. 288. "© CF. J. Chaurand, ibid., p. 121, et P. Fouché, ibid., $ 140, a, p. 277, et $ 148, a, p. 292.

INTRODUCTION

85

Le participe passé de roldre est tolu 1005, 1023, 1460 (lat. *tollutum). { Le participe passé de veintre est vaincu(s) 468, 1004, 1374: le radical est refait sur le modèle des formes du singulier de l'indicatif présent. +

Désinences



Du singulier



Verbes du premier groupe:

Un -e final apparaît parfois à la première personne d’indicatif présent: aaise 197'**, aime cuit 155), lesse 79'**,

1322, cuide 1998 (mais

Inversement, le produit de dubito apparaît sans -e: redout LIT Au subjonctif présent, on trouve également quelques formes avec -e: p. 3 ose 1749 (mais ost 75,95, 208), retornes 1152 (B/B2R)'". —

Verbes des autres groupes:

Un -z analogique se rencontre à la première personne d’indicatif présent dans atanz 1168”. Un -s analogique apparaît à l’impératif dans occis 873°**.

"*? _e final apparaît pour cette forme verbale dans tous les manuscrits. C'est peut-être la forme usuelle. Les dictionnaires et les ouvrages de morphologie consultés ne mentionnent pas ce verbe à la p. 1 de l’indicatif pré-

sent. ‘Cf, P Fouché, Morphologie, $ 87.

'# Cf. P Fouché, ibid. p. 181 : «sous l’influence des formes sans -e, de beaucoup les plus nombreuses, l’e a été parfois supprimé là où l’on devrait régulièrement le trouver». Voir aussi M. K. Pope, $ 898.

“Cf. P Fouché, ibid., $ 71 et 100. #7 Selon P. Fouché, ibid., $ 91, c'est un phénomène que l’on observe dans l’Est. “Cf. P Fouché, ibid., $ 106.

86

INTRODUCTION

L'indicatif présent p. 3 de beneïr est beneïe 133 dans tous les manuscrits (à supposer qu'il s’agisse d’une forme d’indicatif) *.

Au subjonctif présent du verbe pooir, la désinence de personne 3 est -e ou -f: puisse 78, 626, 1918, puist 93, 219, 229,

1469. Au v. 1933, on rencontre la forme porroi, que l’on peut analyser comme une forme de futur (la graphie de la désinence étant influencée par le conditionnel) où de conditionnel (dans ce cas, la voyelle finale de la désinence est amuïe et a disparu de la graphie). Au passé simple, -1 final n’est pas graphié dans valu 1555 (id. B2, valut RH). Au passé simple, à la personne 3, on trouve, exclusivement à la rime dans tous les manuscrits, des formes en -ié. Dans B1, il s’agit de utendié 1860, 2218, descendié 1847, entendié 2208, estendié 1854, porfendié 1866, 1884. —

Du pluriel

p. 4: Au présent, la désinence usuelle dans B7 est -ons. On remarque une seule occurrence de -on, à la rime: avon / 642 (mais oublions / 406). On note par ailleurs la forme refaite faisons 1198, commune à tous les manuscrits. Au passé simple, la désinence est -mes, elle ne se présente jamais sous la forme -smes. Pr: Dans tous les manuscrits apparaissent à la rime des futurs en -oiz. Dans B1J, il s’agit de comparroiz 1828, esmaieroiz 1757, feroiz 1755, 1765, iroiz 1827, lesseroiz 1756. A la rime également, dans tous les manuscrits, on remarque la présence

"Voir la note de ce vers. L'adjonction de -e pour les verbes des 2° et 3° groupes se rencontre normalement après consonne (cf. P Fouché, ibid.,

$ 94).

INTRODUCTION

.

87

de futurs en -ez. Dans BJ, il s’agit de avrez 1929, comparrez 739, conguerrez 198, ferez 1697, verrez 768. A l’intérieur du vers, les formes rencontrées sont en -ez ou en -oiz, selon les manuscrits. B/B2R utilisent très généralement la désinence -ez, sauf une fois: orroiz 824 dans B]B2, leroiz 2200 dans R. En revanche, HN emploient toujours la désinence -oiz. En dépit de la réduction des affriquées, le scribe de B1 maintient soigneusement -z dans la graphie de la désinence, à quelques exceptions près: aiés 2247, chevauchiés 1646, combatrés 1756, faisiés 1684, fuissiés 1675, garissiés 1785,

lesserés 925, oés 327, soiés 1553, 2094.

é

p. 4 et p. 5: Les désinences d’imparfait et de conditionnel sont régulièrement dissyllabiques: faisiés

1684, porrions

312, tou-

driez 114. Au subjonctif imparfait, les désinences sont -ons et -iez: Peüssons 1301, pouïssons 309, 310, fuissiés 1675, fuissiez 1676, fussiez 1674, portissiez 2226, veïssiez 723, 2150. IIL. Syntaxe Cette brève étude est simplement destinée à évaluer le degré de rajeunissement de la langue dans B7 (et B2) par rapport aux autres manuscrits. l. Pronoms personnels sujets +

Expression du pronom sujet

On ne remarque pas que le pronom sujet, antéposé ou postposé, soit davantage exprimé dans B/B2 que dans les autres manuscrits. Il est vrai que B/B2 expriment assez souvent un pronom sujet quand les autres manuscrits utilisent une autre tournure (par exemple Je le vous di 2094 B1B2, Por voir vos di RH), mais l'inverse est tout aussi fré-

quent (par exemple Armes armes RH).

avez

1318 BI1B2,

Vos avez

88

+

INTRODUCTION

Situations prédicatives s

On relève quelques occurrences communes à tous les manuscrits: Et il si fist li enfes maintenant 849, Je qu'en diroie 1004, Il meïsmes s'arma 1176, Et il si fist 1304, il et

ses niés 1478, Il et si home 2323. Certaines occurrences sont propres à B/B2:

Vous non

ferez 151 (No(n) ferez pere RHN), Je non ferai 172 (No(n)

ferai pere RHN), que vous grant tort avez 160 (que grant tort en avez R, molt grant tort en avez HN), Et il si fist 659 (Et cil si fist RHN). On relève en outre Mes je meïmes irai por le baron 409 dans B1B2R (Mesje irai por gerre le baron H),je et vous 771 dans B1B2HN (moi et vos R, avec une forme empruntée à la série régime), et, à l’inverse, je veer no vos quier 704 dans H (veer ne le vous quier BIB2RN), Se vos cefetes 1997 dans R (Se ice faites BIB2H). Enfin, je est conjoint mais sans doute emphatique, dans tous les manuscrits, dans Et je irai 424, Je irai la 1121. ° _ Sujets de verbes à l'impératif

90

Dans tous les manuscrits, vous est sujet postposé dans Ne le celez vous mie 142, ne li celez vous mie 383. Dans tous les manuscrits, tu est sujet antéposé de estre ou avoir, dont le subjonctif et l’impératif sont semblables, dans tu aies mal dehez (ou dehé) 749, 2239, tu soies absolu 1246'°",

2. Place des pronoms conjoints dans la phrase interrogative'”* Dans B1B2, à la structure traditionnelle représentée par Lairez me vous 959 (Lesserez moi RHN) s'opposent Porroi je Voir G. Zink, Morphosyntaxe, pp. 111-112. "Il est possible qu’il s'agisse plutôt ici de tours au subjonctif: cf.

G. Zink, ibid., p. 115. Voir G. Zink, ibid., pp. 186-187.

INTRODUCTION

89

m'i fier 1933 (Porrai m'i je fier RH), et vous a li gres blecié 2224 (a vous li gres blecié RH). L'état de langue de B1B2 est ici plus récent.

3. Compléments de détermination L'absence de préposition est assez fréquente dans tous les manuscrits :à côté des formules figées La merci Dieu 9, El despit Dieu 41, En non Dieu 47, Por amor Dieu 55, 61, 106, 111, Pour l’amor Dieu 21672, lefil (ou lifilz) Marie 111, 134, 144, 151, 385, 1299, 1712, Le cors saint Denis 576, le cors saint Richier 703, 1139, et, dans un autre domaine, bones

Artu 1467, on peut relever li filleux Aymeri 283, filz Aymeri 1073, 1373, 1488, l'ost Aymeri 879, linage Caÿm 1913, Niece Clargis 493, vergier Corssuble 1064, la terre Guibelin 252, es granz olz Charlemaigne 551, l’ost Charlon 355, la mesnie Turpemant l'averssier 1219. La construction est plus rare avec les noms communs: le neveu l'amiré 493, l'ame soiés garant 1553 (le déterminant précède ici le déterminé,

dont il est séparé par une copule), dans tous les manuscrits, la gent l'averssier 1211 dans B1B2R (la gent aversier H). Il y a parfois divergence entre les manuscrits, mais on ne peut pas en déduire que B7B2 rajeunissent la langue: Parens Charlon 299 B1B2 vs Parenz est Charle RH, mais, inversement, Frere est Guibert 1382 B1B2 vs Frere Guibert RH'°;

l'enseigne roi Baudu 782 B1B2 vs l'enseigne au roi Baudu RHN, la fille l’amirant 1052 BIRH vs la fille a l’amirant B2,

l'aide Mahom 673 B1B2RN vs la loi de Mahom H, mais, à l'inverse, la fille a l’amiré 598 B1B2 vs la fille l'amiré RHN. Avec préposition, on relève, dans tous les manuscrits, fil(z) a putain

194, 1360,

1742, 2074, Fille est au roi qui

maintient la cité 492, La fille au roi 1168, .1. filz de roi 1504, as noces de saint Archetreclin 1915. %% Selon Ch. Marchello-Nizia, Langue française, p. 399, en moyen français, «la possibilité qu'avait l’ancien français de séparer le complément du complété, par une copule par exemple, semble avoir disparu ».

90

INTRODUCTION

4. Présentatifs

Le présentatif issu de ecce'”* reste très familier au scribe de B1 comme à celui de B2: es vous 734 (id. B2R, E v. H, Est v. N), 1637 (id. B2, est li H), 1895 (id. B2, ez li R, est v. H),

1925 (id. B2RH), 2122 (id. B2R, Est v. H), es le vous 1868 (id. B2R, est L. v. H), es les vous 1440 (id. B2).

Il est concurrencé, dans tous les manuscrits, par vez 550 (id. B2RHN), 768 (id. B2, vez ci RN, vé ci H), 1296 (id. B2RH), vez ci 770 (id. B2RN, Vé ci H), 1320 (id. B2RH), vez le ci 1795 (id. B2RH). 5. Subordonnants

Le pronom relatif sujet est absent de tous les manuscrits au v. 2108: N'i a paien ne soit espoentez 195 ”. L'absence de la conjonction que est assez fréquente: — devant les complétives: 139, 216", 243, 384, 398, 989, 1249, 1667, 1670, 2065, 2079, 2212, dans tous les manuscrits; 155, 338, 748, 818, 1437 (vers absent de RH), dans B1B2; 839 dans B/B2HN, 1448 et 2103 dans B/B2R'’; —

devant les consécutives: 263, 278, 316 **, 399, 400, 497, 750, 1258, 1398, 1580, 1583, dans tous les manuscrits; 85411035, 1719728; 1976 2131"dans B1B2P%

* Sur la raréfaction de ce présentatif en moyen français, voir A. Brasseur, Etude linguistique, $ 161, p. 96, et $ 134, pp. 133-134, Ch. Marchello-Nizia, Langue française, p. 321, G. Zink, Morphosyntaxe, p. 284. Le

phénomène est rare selon Ph. Ménard, Syntaxe, $ 60.

"Il s’agit toutefois peut-être, au v. 216, d’un discours direct à l’intérieur du discours direct. 7 Aux v. 748, 989, 1437, 1448, 1667, 2079, la régissante est la locution a poi, au v. 818, il s’agit de poi s'en faut; aux v. 243, 1249, 2212, il s’agit du verbe garder. L'omission de que est assez fréquente après ces régissantes. Au v. 1450, a poi est suivi de que dans B7B2, mais pas dans RH. * Sur la construction des v. 278 et 316, voir Ph. Ménard, Syntaxe, $ 249, rq.

"” On relève aussi des cas d’omission propres à RH(N), par exemple au v. 189 dans RN, au v. 451 dans RH.

INTRODUCTION

91

B1B2 n’utilisent donc pas moins ces constructions paratactiques que les autres manuscrits, alors que Ch. Marchello-Nizia constate la forte diminution de ces constructions en moyen français: «Les consécutives non introduites ne sont pas fréquentes, et semblent limitées au tout début du XIV: siècle et aux textes les plus conservateurs »**,

6. Si adverbe de phrase" Cet adverbe est fréquent dans tous les manuscrits. On l'y rencontre notamment en tête de principale après une temporelle ou une hypothétique aux v. 198, 687, 915, 1334, 1666, 1946, 1981. Cependant, B/B2 en font un usage systématique. Ainsi, ces deux manuscrits sont seuls à l’utiliser aux v. 209,

220,365, 389, 461, 528, 529, 582, 653,:676, 710, 742, 790, 793, 836, 847, 880, 883, 900, 950, 963, 1042, 1105, 1277, 1306, 1622, 1662, 1810, 1897, 1912, 2014, 2016, 2062, 2097, 2105, 2141, 2183, 2269, 2345, 2385. Cette extension de l’emploi de si est à l’évidence un signe de rajeunissement. Conclusion

Le manuscrit B1 se présente donc comme un manuscrit d'excellente qualité. Le scribe se montre particulièrement soigneux, et la langue ne paraît pas considérablement rajeunie. Ce manuscrit présente d’autre part, on l’a vu, des traits picards très nets, mais qui sont assez peu nombreux. Il s’agit alors de savoir si le scribe était ou non picard. La question a déjà été posée par CI. Régnier dans Les rédactions en vers de la Prise d'Orange, pp. 38-40, et D. McMillan dans la Chevalerie Vivien, t. I, pp. 133-134. Ce dernier formule ainsi le problème: «ce caractère picardisant représente-t-1l la scripta

2% Ch. Marchello-Nizia, Langue française, p. 428. 201 Cf. Ch. Marchello-Nizia, tbid., pp. 353-356.

92

INTRODUCTION

spontanée du scribe, comportant des régionalismes qui lui étaient propres, ou ces régionalismes ne sont-ils que le reflet de formes présentes dans le modèle, et qu’un scribe auquel elles auraient été étrangères aurait par mégarde laissé passer dans son texte ?»*”*. Pour CI. Régnier, le picard n’est pas la scripta du scribe de BJ, qui a cherché à «transposer son modèle dans la langue commune (..) mais (...) n’a pas su éliminer tous les traits dialectaux »**. CI. Régnier montre à la fois que le modèle de B7B2 était picard et que le scribe de B] ne l’était pas en invoquant notamment l’exemple suivant: «la leçon fautive de B1 f° 117 b (Charroi de Nîmes CFMA v. 1209) Si a veü sa bouche sous le nez au lieu de sor le nez indique que le copiste avait dans son modèle la forme picarde bouche = boce qu’il a interprétée à contresens »**. La posi-

tion de D. McMillan, moins tranchée, est sensiblement différente: «Ne disposant pas d’éléments permettant de résoudre cette énigme, nous avouons penser plutôt que, les deux hypothèses ne s’excluant pas mutuellement, certaines formes — les plus fréquemment rencontrées — peuvent avoir fait partie intégrante de sa scripta, mais que d’autres, celles, en particulier, se faisant sentir dans la métrique, peuvent avoir eu leur origine dans son modèle »°°*. Il s’agit effectivement d’une énigme. Si la variété des formes picardes contenues dans B1, à côté d’autres formes non picardes, laisse penser que le picard n’était pas étranger au scribe de BJ, nous verserons néanmoins au dossier un élément qui, nous semble-t-il, renforce l’opinion de Cl. Régnier: au v. 1363, B1 et B2 ont milliers (plus exactement,

BI à mill’ et B2 milliers), et cette leçon n’est pas acceptable. On peut supposer que le modèle picardisant de B/B2 présentait peut-être la forme abrégée mill’, représentant millors,

** Chevalerie Vivien, t. I, p. 134. “* Les rédactions en vers de la Prise d'Orange, p. 39.

MDI pee. #* Chevalerie Vivien, t. I, p. 134.

INTRODUCTION

93

équivalent picard de meillors (ou bien la forme millers), que les scribes de BJ et B2 n'auraient pas comprise: l’un aurait alors laissé la forme abrégée, l’autre l'aurait développée à tort en milliers (voir la note du v. 1363; le modèle pouvait également présenter la forme millers). L’énigme paraît d’autant plus insoluble que des picardismes peuvent se manifester dans des œuvres non picardes. Ainsi, dans Guibert d'Andrenas, le possessif vo semble assuré par la mesure aux v. 694 et 1338. La chanson n’est pourtant pas picarde: les rimes en -ant confondent [a] étymologique et [e] étymologique, et les laisses en -isexcluent un traitement picard de [its].

VERSIFICATION La chanson de Guibert d’Andrenas est composée de décasyllabes rimés répartis en 70 laisses. Chaque laisse se termine par le vers orphelin caractéristique des chansons du cycle de Narbonne, un hexasyllabe affecté d’une terminaison féminine indépendante de la rime de la laisse. L. Le décasyllabe 1. Compte des syllabes (hiatus et élisions) Les hiatus entre mots à l’intérieur des hémistiches sont fréquents dans tous les manuscrits en ce qui concerne ce, je, ne (latin nec)”, que, se (latin si), devant monosyllabe ou polysyllabe. On relève ainsi les occurrences suivantes, communes à tous les manuscrits: cé est 407, 860, 1371, 1379, 1680, cé estoit 1683;jé ai 938, 2125,jé irai 424; né .1. né autre 1749, né aler 2027, në amirant 1748, né empiriés 1569, né Escler 1274, 1347, 2016, né escu 1469, në home 2017, në oï 1473; quë a 360, 420,

2* Parfois écrit ni dans B1 devant initiale vocalique (v. 419, 2199).

94

INTRODUCTION

2325 quë el 1387, quë il 330, 349, 377, 687, 969, 1159, 1310, 1636, 1657, 1668, 1809, 1892, 1922, 2006, 2046, 2363, quë Augalete 1975, quë avras 323; së il 223, 384, 861, 1661, 1744, De même, l’adverbe de phrase si est en hiatus, dans tous les manuscrits, devant monosyllabe aux v. 11, 39, 564, 819, 826, 1085, 1123, 1144, 1307, 2094, 2219, 2274, devant polysyllabe aux v. 138, 467, 1184. Aussi avons-nous conservé dans le texte édité tous les hiatus de ce type, qu’ils soient ou non partagés par d’autres manuscrits. On trouve en outre quelques polysyllabes également en hiatus, mais à des degrés très variables selon les manuscrits. On en relève 8 occurrences dans B1: metë en Paradis 62 (id. B2), merveillousë et grant 320 (id. R), viegné a moi 412, fraindrè et desmaillier 725, Miex aimé estre 801 (id. B2), Son homë estes 1138 (id. B2), conne il voit 1558, Yauë i metent 2253 (id. B2); 5 occurrences dans B2, dont 4 communes à B1B2 : mettë en Paradis 62 (id. B1), Sirë or fetes 227, Miex aimé estre 801 (id. B1), Son hommë estes 1138 (id. B1), Yauë y metent 2253 (id. B1); 6 occurrences dans R, dont 3 similaires et une autre

partagée par B] : la belë au vis cler 98, 1968, la belë au cler vis 2339, merveillosé et grant 320 (id. B1), parfondë et corant 860, Bien semblé home 1871 ; 1 occurrence dans A: vint l’aubë

aparant 1720; aucune occurrence dans le fragment N. En raison de la disparité entre les manuscrits et compte tenu de la varia lectio, nous avons estimé préférable de supprimer ce type d’hiatus dans le texte édité.

En ce qui concerne l’élision, on remarque que les voyelles élidées peuvent être conservées graphiquement. Ainsi, dans B1, e ne se prononce pas mais reste écrit dans Voit le Aymeris 132, 1104, 1416 (mais Voit l’Aymeris 1881, Voit l'Aÿmers 2079).

Tous les scribes distinguent scrupuleusement auberc, devant lequel l’article défini s’élide, et hauberc, devant lequel 1l ne s’élide pas”. “Devant h expiré, les voyelles se prononcent régulièrement.

INTRODUCTION

95

Multiplié, le numéral .M. devant initiale consonantique peut être lu tantôt mile (v. 516, 1350, 1620, 1622, 2309, 2310 dans le texte édité) tantôt mil (438, 1059, 1188, 1227, 1618 dans le texte édité), selon les besoins du mètre.

La présence d’un s final analogique dans peres empêche l’élision de e final et rend le v. 48 faux dans B/B2H. La forme a été corrigée en pere (leçon de R}°*, 2. Césure

ETES 21,03%

taf rit 683% |6549% ICE 2,21%

|26,83%

28,02%

élidée

4,67%

|5,15%

lyrique a. |0,35%(8occ.)

|0,35%(8occ.) |0,34%(8occ.) |0.33%(Bocc.) 10,66%(4occ.)

|5,95%

28,71% |5,28%

lyrique b. |2,39%(550cc.) |0,58%(130cc.) |3,85%(920cc.) |0.21%(Socc.) | 0,5%(3occ.)

La césure masculine est très largement majoritaire dans tous les manuscrits, bien qu’elle soit plus fréquente dans B1B2 que dans RHN. Inversement, parmi les césures fémi-

nines, la césure épique, de loin dominante, est plus représentée dans RHN que dans B1B2. Nous avons distingué deux types de césure lyrique. Dans le premier type (appelé «lyrique a.» dans le tableau), l'accent tombe sur une forme tonique ou rendue tonique par sa position syntaxique (ce ou ice, je, le). On relève ainsi, dans tous

les manuscrits, Et pour icë 199, Et tout icé 945, Mes ci n'oi jé 1689, Comparras lé 751, Recevez lé 1032, Secourez lé 2096. 2* Le v. 48 est l’un des deux seuls vers faux de B1, avec le v. 1206 (+1). Dans les autres manuscrits, divers types d’erreurs (omissions, ajouts, erreurs de lecture) faussent certains vers: dans B2, il s’agit des v. 48 (+1), 371 (+2), 1193 (+1), 1459 (-1); dans À, des v. 19 (+1), 884 (-1), 1288 (+2), 1690 (-1), ainsi que du vers qui suit le v. 1350 (-1); dans H, des v. 48 (+1), 49 (-1), 153 (-1), 824 (-1), 1400 (+1), 1596 (+1), 1597 (+1), 2015 (-1); dans N, des v. 718 (-1)et 911 (-1).

INTRODUCTION

96

Ce type de césure a été conservé et apparaît donc également

dans le texte édité aux v. 927 et 2245 (Je croi bien cè et Franc

voient cè dans B1B2), ainsi qu’au v. 1208, emprunté à RH°”. Le second type (appelé «lyrique b.» dans le tableau), qui regroupe tous les autres cas de figure, est très inégalement représenté selon les manuscrits. Rare ou très rare dans B2HN, il est bien plus fréquent dans B/ et davantage encore dans R°'°. L'examen de la varia lectio et l'énorme différence quantitative entre les manuscrits nous ont conduite à amender systématiquement BJ, sauf quand aucun autre manuscrit ne fournissait une leçon satisfaisante, ce qui est le cas aux v. 63 et 1087, où nous avons jugé plus sage de ne pas intervenir.

2% On relève en outre Ja vos pri jè dans N au v. 960 et Ja estoit cë dans

RH après le v. 1563. 2% On rencontre ce type de césure lyrique dans N aux v. 803, 860, 891; dans A, aux v. 228, 350, 639, 2115, 2241 ; dans B2, aux v. 63, 603, 628, 639, 829, 930, 1029, 1087, 1110, 1259, 1369, 1548, 1905 (à chaque fois, la leçon est semblable dans B7); dans B7, aux v. 63, 100, 101, 121, 139, 146, 169, 174, 214, 227, 331, 421, 455, 460, 607, 628, 639, 647, 686, 775, 777, 799, 829, 930, 936, 985, 986, 1029, 1044, 1058, 1070, 1080, 1087, 1100, 1110, 1195, 1259, 1287, 1369, 1434, 1528, 1548, 1674, 1685, 1695, 1738, 1905, 1974, 2012, 2015, 2016, 2106, 2170, 2261, 2324; dans R, aux v. 63, 100, 154, 174, 188, 227, 240, 362, 394, 421, 441, 647, 775, 781, 782, 790, 803, 809, 8IS, 825, 842, 934, 936, 985, 986, 1041, 1048, 1056, 1058, 1089, 1094, 1097, 1099, 1100, 1151, 1152, 1162, 1163, 1176, 1191, 1195, 1213, 1233, 1259, 1260, 1278, 1284, 1287, 1341, 1344, 1385, 1387, 1415, 1434, 1456, 1466, 1528, 1571, 1622, 1634, 1648, 1654, 1685, 1695, 1731, 1738, 1771, 1850, 1852, 1865, 1868, 1873, 1949, 1956, 2012, 2015, 2090, 2097, 2129, 2131,2170, 2173, 2250, 2324, 2331, 2347, ainsi qu'après les v. 1369, 1650, 1737, 1983, 2183; on remarquera que certaines de ces césures lyriques sont communes à BZR (v. 100, 174, 421, 642, 769, 1058, 1528, 1685, 1695, 2012, 2015, 2170), voire à B/B2R (+. 63, 1259). La fréquence des césures lyriques dans B7 et surtout dans À a été également relevée par P. Rinoldi dans son édition de la Mort Aymeri, p. 95: « Metricamente il codice [B/] à caratterizzato da un gran numero di cesure liriche », et «Come e più di B1, il codice [R] à

caratterizzato da numerosi versi a cesura lirica ».

INTRODUCTION

97

II. Le vers orphelin

Il comporte toujours six syllabes dans tous les manuscrits, et sa terminaison est toujours indépendante de la rime de la laisse. Son contenu est presque toujours semblable dans tous les manuscrits (si l’on néglige des divergences minimes du type Qui ressemble mençonge B1B2, Que (Car HN) ce senble mençonje RHN, au v. 158), à deux exceptions majeures près, aux v. 272 (B1B2 s'opposent à RH) et 641 (le vers orphelin, absent de B1, est différent dans B2 et dans RHN); dans ces

deux cas, il s’agit du même vers orphelin dans RHN# Li sires de Nerbone; en outre, au v. 1386, le vers orphelin relève du récit dans B1B2, mais du discours dans RH.

Dans notre édition, les vers orphelins se terminent par fillolage (laisse TD), sauvage (laisse Il), mençonge (laisse IT), terre (laisses IV, VI, XII, XV, LXVII, LXVIIT), retraire (laisse V — Nerbone RH), promesse (laisse VIT), service (laisses VIIT, LIV), aversse (laisse IX), geste (laisse X), message (laisse XT), Nerbone (laisses XII — Viane H -, XVII, XXV, XLII, LVT), joie (laisses XIV, XXXVI, XLII), crestiennee (laisse XVI), passage (laisse XVIII — Nerbone

RHN), grifaigne (laisse XIX), estre (laisse XX), .zx. (laisse XXI), presse (laisse XXII), occie (laisse XXIIT), assemblent (laisse XXIV), saisie (laisse XX VI), trueve (laisse XX VIT), riche (laisses XX VIII — cite? H —, LXTIT), mariees (laisse

XXIX),

proie (laisses XXX,

XXXII,

XXXIII,

XXXIV),

accorde (laisse XXXT), loges (laisse XXXV), rorne (laisse XXX VII — entre R), deffende (laisses XXXVIII, LX), rescourre (laisse XXXIX — secorre R), fiance (laisse XL), Argoline (laisse XLT), Orenge (laisse XLIV), venoient (laisse XLV — vienent RH), encombre (laisse XLVI), encontre (laisses XLVIT, LXIX), autre (laisse XLVIIT), remontent (laisse XLIX — remonterent R —), arriere (laisse L), vante (laisse LI), rivage (laisse LIT), bataille (laisse LIT), requerre (laisse LV), vengance (laisse LVID), sore (laisse LVIIT), brise (laisse LIX), ajorne (laisse LXT), ame (laisse LXIT), conte

98

INTRODUCTION

(laisse LXIV), sauve (laisse LXV), vie (laisse LXVT), couronne (laisse LXX — cette laisse se termine par istoire dans B2, qui ajoute une laisse de transition s’achevant par entendre). Pour une analyse détaillée, nous ne pouvons que renvoyer à B. Guidot, «Stylistique et versification médiévales: le «vers orphelin» dans Guibert d'Andrenas», Le Génie de

la Forme, Mélanges. J. Mourot, Nancy, PUN, 1982, pp. 13-25. III.

1.

Les laisses

Longueur des laisses

La moyenne par laisse est de 33,87 vers dans B], 33,33 dans B2, 35,12 dans R, 35,11 dans FH (et 34,1 dans le texte

édité). Dans

tous

les manuscrits,

aucune

laisse ne comporte

moins de 10 vers, deux laisses seulement comportent entre 66 et 75 vers (la laisse IV, qui comprend 74 vers dans B1B2, 75 dans RN, 73 dans FH, et la laisse XXII, comprenant 72 vers dans B1B2, 67 dans R, 70 dans H, 71 dans N), une

seule laisse excède 75 vers (il s’agit de la laisse LXI, qui comporte dans À).

128 vers dans BJ, 126 dans B2, 140 dans R, 129

La comparaison entre les différents manuscrits montrant une répartition des laisses globalement identique dans toutes les versions, nous nous contenterons de préciser cette répartition dans le texte édité:

99

INTRODUCTION

Longueur des laisses

Nombre de laisses

Entre 12 et 15 vers

XX, XXXIII, XXXVII, LX

+

Entre 16 et 25 vers

VII, VII, X, XV, XVI, XVII, XXV, XXVII, XXXVI, XXXIX, XLIIT, XLIV, XLVI, XLIX, L, LIT, LIV, LV, LVII, LIX, LXII, LXVI, LXIX

23 (12 laisses entre 16 et 20 vers, 11 laisses entre 21 et 25 vers)

Entre 28 et 30 vers

VL IX, XI, XXXII, LI

Entre 31 et 46 vers

If, V, XII, XIII, XIV, XIX, XXI, XXII, XX VIII, XXIX, XXX, XXXI, XXXIV, XXXV, XXX VII XL, XLI, XLIT, XLV, XLVII, XLVII, LI, LVI LVIIT, LXIIT, LXVII, LXVIII

27 (11 laisses entre 31 et 35 vers, 9

laisses entre 36 et 40 vers, 7 laisses entre 41 et 46 vers)

Entre 49 et 64 vers

L, IE, XVIII, XXIV, XXVI, LXIV, LXV, LXX

8 (2 laisses entre 49 et 50 vers, 2 laisses entre 53 et 54 vers, 3 laisses entre 58 et 60 vers, | laisse de 64

Entre 72 et 74 vers

IV, XXHII

2

Plus de 100 vers

LXI

1 (128 vers dans le texte édité)

vers)

2. Laisses féminines et masculines

7 laisses seulement sur 70 sont féminines, soit 10%. Cette énorme disproportion est cependant compensée par la présence du vers orphelin à terminaison féminine à la fin de chaque laisse, vers ainsi doublement mis en relief, par son mètre et par sa finale.

100

INTRODUCTION

Le pourcentage des finales féminines dans les décasyllabes est encore plus faible s’il est établi à partir du nombre de vers, dans la mesure où aucune laisse féminine n’excède

48 vers et que deux d’entre elles comportent moins de 20 vers: 8,73% dans B1, 8,75% dans B2, 9,29% dans R°", 8,71% dans H (et 8,67% dans le texte édité). 3. Rimes

Comme l’écrit J. Melander, «la rime est loin d’être pure » (introduction, p. XXXIV).

a. Laisses à terminaison féminine -age XXX, -aigne XVI, -ee LXVIIE, -ie I, X, XXXVII,

LLC -age XXX: Tous les manuscrits ont large au v. 1102, ce qui laisse penser que {r] implosif est très faiblement prononcé, voire amuï BI a Cartaige au v. 1087, qui semble être une simple (et unique dans le manuscrit) variante graphique de Cartage (B2), plutôt qu’une forme dialectale, avec palatalisation de [a] en [e] ouvert*'*.

-aigne XVI: Riment ensemble le produit de [a] tonique nasalisé suivi de [n] palatalisé, généralement graphié dans B1 aigne, mais parfois agne (demagne 558) ou eigne (chateigne 552), celui *"" L'écart du pourcentage des finales féminines dans R par rapport à celui que l’on trouve dans les autres manuscrits s'explique par le fait que la laisse LIT comporte 22 vers dans B1B2, 25 vers dans H, mais 48 vers dans R. *? Cf. M. K. Pope, $ 396, et Ch. Marchello-Nizia, Langue française,

p. 103. Le phénomène se rencontre à partir de la seconde moitié du XIF siècle. *"* Sur cette évolution dialectale, voir J. Chaurand, Dialectologie, p. 52, Ch. Gossen, Grammaire, $ 7, pp. 53-55, M. K. Pope, $ 243.

INTRODUCTION

101

de [e] tonique nasalisé suivi de [n] palatalisé, généralement écrit eigne, mais parfois egne (pregne 559), et celui de [a] tonique libre suivi de [n] (hataine 545). Dans le cas de plaigne 547, 557, il est difficile de savoir si l’étymon est plana ou la forme populaire *planea*"*.

-ee LXVIIT: La voyelle tonique est toujours issue de [a] tonique libre. ie II, X, XXXVIL, LIT: UT: B1B2 ont la forme picarde blecie au v. 122, Tous les manuscrits ont beneïe au v. 133, alors qu’on attendrait une forme d’indicatif présent. X: Au v. 381, H a la variante conquise: il n’y a alors qu’assonance. XXX VII: Au v. 1291, H a la forme naïve (ainsi qu’à la fin

du troisième des vers ajoutés dans À après le v. 1296) quand B1B2R ont naïe: il n’y a alors qu’assonance. LIT: Au v. 1718, H a aïde au lieu de aïe: il n’y a alors

qu’assonance. Tous les manuscrits ont prie (lat. precaf) au v. 1715: cette forme

illustre la réduction

de la triphtongue

[fei] à [f]°"*

(d’autres exemples se rencontrent avec pris, lat. pretium, dans les laisses en -is). b. Laisses à terminaison masculine

-a XX, XXXIIT, XLV, LXII, -ant/-ent V, VIIL, XV, XXIV, XXIX, XXXII, XLVI, XLVIIL, L, LUI, LV, LIX, LXV, LXIX, -as XXX VIII, -é IX, XIV, XL, LVI, LXVIL, -er IL, IV, VII, XII, XX VI, XXXVI, XXXIX, XLIV, LXI, -ez XVII, XXII, XLII, LI, LXIV, -i VI -ié LVIII, LXVI, -ier XXI, XXXI, XXXIV, XLI, -iez XLVII, -in LX, -is I, XVII, XXV, XXVII,

24 Cf. G. Lote, Histoire du vers français, t. IL, pp. 308-309.

20Jbid.;p 162:

102

INTRODUCTION

XLIX, LXIII, LXX, -ois LIV, LVIL, -on XI, XIX, -u XXII, XXVII, XXXV, XLIIL, -uz XIIT.

-a XX, XXXIIL, XLV, LXIT: Aucune particularité. -ant/-ent V, VIN, XV, XXIV, XXIX, XXXII, XLVI, XLVII, L, LIT, LV, LIX, LXV, LXIX: Riment communément ensemble des mots avec [a] étymologique et [e] étymologique, par exemple enfant 233 et longuement 249. La distinction graphique entre ces deux séries de mots est inégalement marquée selon les manuscrits. Dans B1, avec [e] étymologique et graphie -an-, on ne rencontre que atanz 1168, esciant 1593, 1735, leanz 1167, neant 337, 1555, serjant 240, 2310. La finale de ces mots n’est toutefois pas toujours -ant ou -ent. Il peut en effet s’agir de: -an: Bertran 1076 dans RH, et 2312 dans }, ce qui est la forme attendue (B/B2 présentent toujours la forme Bertrant à la rime, et Bertran à l’intérieur du vers); jazeran 263 dans H, ce qui est aussi la forme attendue;

-anc: franc 1073 dans tous les manuscrits; branc 852, 1654 dans B2, 1161 dans B1B2 (la forme n’est pas phonétique, elle.-est sans doute due à une confusion entre -c et -r;

elle semble en tout cas indiquer que branc et brant ont la même prononciation), flanc après le v. 1775 dans R; -anz (ou -ans): apartenanz 1043, enfanz 522, 1042, 1056, flans 1070, luisanz 1768 dans tous les manuscrits; apartenans 1057 dans B/B2R, arge(n)z 1769 dans H (grammaticalement incorrect*"*), atanz 1168 dans BJ (forme analogique),

*'* Dans les pages qui suivent, un certain nombre de formes sont dites «correctes », d’autres «incorrectes ». Cette distinction n’est sans doute pas

pertinente à propos des textes médiévaux, qui s’ingénient souvent à défier la

«norme» définie par les manuels modernes, mais elle est pratique en ce qu’elle permet de mesurer les écarts par rapport à cette «norme ».

INTRODUCTION

103

besanz 1059 dans R, brans 1654 dans H, conbatanz 268 dans H, ce qui est grammaticalement correct (on attendrait du reste semblanz et conqueranz dans tous les manuscrits aux v. 267 et 269), coranz 1772 dans H, derrubans 2322 dans B1B2 (desrubant dans H est incorrect), leanz 1167 dans B1, passanz 1732 dans RH (ce qui est grammaticalement correct), Perssanz 1620 dans B]B2H, serjanz 2310 dans R (forme grammaticalement correcte, qu’on attendrait également dans B2), trenchans 850 dans B2 (forme grammaticale-

ment correcte, qui apparaît aussi dans B2 au v. 870, où elle est incorrecte), après le v. 1769 dans À, après le v. 1889 dans RH,

vaillanz 2313 dans R (grammaticalement incorrect); on attendrait en outre ferranz 1727, 1729, 2306, dans tous les manuscrits, fondemenz 2178 dans B/B2H (c’est la leçon de R), et vaillanz dans B2 après le v. 2319,

On peut alors en déduire, soit que la rime est imparfaite, soit que -an, -anc, -ant, -anz (ou -ans) se prononcent de la même façon, après l’amuïssement des consonnes finales.

-as XXX VIII: Aucune particularité. -6 IX, XIV, XL, LVI, LXVI: La voyelle originelle est toujours [a] tonique libre, sauf dans les laisses XL, LVI, LXVII, on l’on rencontre aussi Dé. IX: La seule particularité est chanpel 354 dans RH (champé B1B2). XIV: La seule particularité est barbés 514 dans B1B2R (H a barbé, qui est grammaticalement incorrect). XL : Toutes les formes sont en -é dans À, ce qui n’est pas toujours satisfaisant grammaticalement. Dans les autres manuscrits, on trouve des formes en: -el: chanpel 1375 dans H;

-ez: adoubez 1362 dans B2 (adoubé dans BIRH est incorrect), deffaez 1360 dans B2, escriez 1359 dans BJB2 (escrié

dans RH est incorrect), guiez après le v. 1350 dans H, montez 1356 dans B1B2 (monté RH est incorrect).

104

INTRODUCTION

LVI: On rencontre quelques formes en -ez: deffaez 1811 dans tous les manuscrits ;gesez après le v. 1810 dans À, jetez 1809 dans B1B2, remontez 1810 dans B1B2R (pour cet impératif, H a la graphie remonté).

En outre, après le v. 1811, À a afolé, grammaticalement incorrect. LXVII: Dans H, toutes les formes sont en -6. Cependant,

on trouve escriez 2231 dans B1B2, dehez 2232 dans B2. On trouve en outre pitié 2247 dans R (pité BIB2Hÿ"”.

-er II, IV, VII, XII, XXVI, XXX VI, XXXIX, XLIV, LXI: La voyelle originelle est toujours [a] tonique libre (sauf dans la laisse IV, où l’on rencontre la forme Dé). Aucune

entorse à la rime n’est à signaler dans les laisses IT et XXXIX (si ce n’est qu’au v. 80, A présente la forme d’infinitif oblié). Il n’en est pas de même dans les autres. IV: Cette laisse est classée par J. Melander dans les laisses assonancées. Les formes en -er y sont majoritaires (41 occurrences dans B]1, et un nombre comparable dans les autres manuscrits), mais on y trouve aussi des formes en:

-é: aé 195, charité 171, Dé 172, erité 166, dans tous les manuscrits; achetivé 167 dans R (incorrect), Balagué 212 dans B1, cendé 182 dans N, cité 213 dans B1B2RH, emblé

194 dans N, fourré 183 dans BIB2N, majesté 222 dans BIB2HN, passé 179 dans À, penssé 207 dans B1B2N, pomelé 202 dans RHN, prouvé 194 dans B1, usé 178 dans B1B2R,

verté 223 dans B1B2H, volenté 224 dans B1B2; -el: cendel 182 dans B1; -ers: pers 164 dans tous les manuscrits ; -ez: apelez 161, armez 210 (conreez RHN), avez 160, 199, conquer(r)ez 198, costez 189, empevrez 188, irez 163, maleïrez 168, passez 162, vergondez 170 (blasmez RHN), dans tous les manuscrits; achetivez 167 dans BIB2HN (chetivez N), Balesguez 212 dans B2RHN, cendez 182 dans RH,

*” G. Lote, Histoire du vers français, t. HI, p. 167.

INTRODUCTION

105

citez 213 dans N (incorrect), destornez 225 dans B/B2RN (ce.

participe est sous la forme destorner dans H), empenez 203 dans B1B2R, finez 178 dans AH, forrez 183 dans RH, majestez 222 dans R (incorrect), passez 179 dans B/B2HN, prouvez 194 dans B2RH, resvigorez 190 dans RHN, richetez 197 dans

B1B2RN, ussez 178 dans N, vertez 223 dans N, volentez 223 dans RHN. Cette laisse apparaît donc effectivement assonancée, mais on pourrait aussi qualifier d’assonancées les laisses X VIII (en -ez) ou XX VI (en -é), par exemple (pourJ.Melander, seules sont assonancées les laisses IV et XXXVD). VII: Tous les manuscrits ont cité au v. 307. XII: On trouve entrez 422 dans B/B2R (ce participe est sous la forme antrer dans H), Balesguez 434 dans RH (qui ne connaissent pas pour ce nom de terminaison en -er). XXVI: On rencontre en moyenne 23 % de formes qui ne sont pas en -er mais en: -é: regné 970 dans tous les manuscrits ; Balagué 969 dans B1, coupé 975 dans H, lé 974 dans BH, navré 951 dans N, parlé (infinitif) 965 dans H, verité 931 dans B1B2; -ez: barnez 973, costez 953, graez 968 (guiez H), menez 964, montez 972 dans tous les manuscrits ;amenez 950 dans H, Balesguez 934 dans HN, 969 dans B2RHN, coupez 975

dans B1B2RN, guez 934 dans R, lez 974 dans B2RN, navrez 951 dans B1B2RH, secorez 958 dans RHN. XXXVI: Cette laisse est classée par J. Melander, comme la laisse IV, dans les laisses assonancées. On y trouve des formes en: -er: aler 1270, 1272, encontrer 1275, mer 1269, dans tous les manuscrits; afoler 1276 dans B1B2, Aÿmer 1273

dans RH, Escler 1274 dans B/RH; -ers: pers 1266, 1279, dans tous les manuscrits; Aÿmers 1273 dans inverse);

B1B2,

Esclerz

1274

dans

B2

(avec

graphie

-és: trez (germ. troef) 1265, 1278, dans tous les manuscrits (avec graphie inverse dans B/B2, et dans R au v. 1278);

106

INTRODUCTION

-ez: assasez 1267, decopez 1277 (eschapez RH), desarmez 1268, troussez 1271, dans tous les manuscrits; afolez

1276 dans RH. XLIV: Toutes les formes sont en -er dans À. Les autres manuscrits ont de rares formes en -é ou en -ez: penssé 1500 dans BI et empenssé au même vers dans B2, delivrez 1496 dans B1, penez 1485 dans H. LXI: Dans cette longue laisse, on rencontre quelques formes en: -é: biauté 1967 dans tous les manuscrits; Balagué 1926 dans B1B2, boclé 2012 dans R, cité 1956 dans H; -el: principel 1945 dans B1B2H (R a principer); -ez: amenez 1948, avez 1947, 1957, avrez 1929, cités 1952, contenez 1954, deffendez 1928 dans tous les manuscrits;Balesguez 1926 dans RH, cités 1956 dans B/B2R, levez

1951 dans RH, mesquerrez après le v. 1928 dans À.

1949 dans H, moneez et poez

-€7 XVIII, XXII, XLI, LI, LXIV: La voyelle tonique est toujours issue de [a] tonique libre. XVIII: On rencontre également des formes en: -é: aduré 599, amiré 598, deffaé 596 dans tous les manuscrits; acheminé 613 dans B1B2 (acheminez RHN est incor-

rect), achetivé 635 dans B1B2 (incorrect), aé 601 dans B1B2,

ajorné 610 dans H (ce participe passé neutre est sous la forme ajornez dans les autres manuscrits), barné 609 dans H (incorrect), cité 627 dans B2RHN (citez B1 est incorrect), esmeré 607 dans B/B2HN (esmerez R est incorrect), fermeté 622 dans HN, 629 dans B1B2, gué 625 dans N, 628 dans R, loé 605 (menbré HN) dans B/B2HN (loez R est incorrect), majeté 616 dans NW, poesté 619 dans B/B2HN, richeté 621 dans HN: -er: aporter 632, 640, demorer 634, durer (doter N) 636, eschaper 637, livrer (delivrer H) 633, mener 595, monter 631, passer 630, 638, peser (passer N) 639, trouver 626, dans tous les manuscrits ;fermer 629 dans RHN; -és: trez 587 dans tous les manuscrits (avec graphie inverse dans B/B2R). XXII: On rencontre également des formes en:

INTRODUCTION

107

-é: desherité 738, listé (boclé R) 747, 753 (bendé RHN), troé 754 dans tous les manuscrits ;abrivé 741 dans R (incorrect), aduré 731 dans H (incorrect), aé 761 dans B/B2, afolé 750 dans H, alé 740 dans R (incorrect), conparé 739 dans RH, dahé 749 dans HN, deffaé 758 dans B1B2H (defaez RN

est incorrect), desmesuré 734 dans B1B2N (desmesurez RH est incorrect), despané 755 dans B2, desvé 748 dans R (incor-

rect), jeté 746 dans B]B2H, majeté 751 dans HN, majesté 764 dans B1H, né 761 dans N (incorrect), pesé 743 dans B1, vilté 732 dans BIHN: -és: Nez 736 dans tous les manuscrits (avec graphie inverse dans B1B2). ’ Dans B] se trouve en outre la forme rejetée despaner au v. 755, et la forme aïriez au v. 737 (aïrez B2R, irez HN). XLII: Cette laisse est «correctement rimé{e]» selon J. Melander (introduction, p. XXX VII). Il est vrai que seule la terminaison -ez apparaît dans À. Toutefois, au v. 1441,

noielez dans R est grammaticalement incorrect. Dans les autres manuscrits, notamment dans A, on trouve un certain nombre de formes en -é: carré 1432 dans H, deffaé après le v. 1436 dans B2, eschapé 1439 dans A, ferté 1445 dans H, molé 1433 dans H, noëlé 1441 dans B/B2H, torné 1440 dans H, trouvé 1429 dans B1B2H. LI: On rencontre aussi des formes en:

-é: arraisonné 1663, conguesté 1657, trouvé 1662, dans tous les manuscrits; amené 1691 dans B1B2, barné 1660 dans À (incorrect), cité 1683 dans B1B2R (citez H est incorrect), esprové 1669 dans R, majesté 1690 dans B1B2H, navré 1661 dans R (incorrect), 1681 dans B/B2 (navrez RH est incorrect), ñné 1689 dans B/B2H (nez R est incorrect), pesé

1692 dans B1, ramprosné 1668 dans B1B2R (ranponez H est incorrect), retorné 1658 dans B1B2 (retornés H est incorrect, R a retorn), tré 1659 dans R, verité 1682 dans B/B2; -ef: tref 1659 dans B1B2K"*; 2% [f] final ne se prononce plus, et R a la forme tré. Au v. 81, à l’intérieur de vers, on trouve dans B1 fié pour fief.

108

INTRODUCTION -er: ber 1693

dans B/B2R,

garder

1684 dans B/B2,

raconter 1672 dans B1B2. LXIV: On trouve aussi des formes en: -é: cité 2114 dans tous les manuscrits ;afolé 2155 dans H, alé 2132 dans B2 (alez BIRH est incorrect), avalé 2140 dans B1, bonté 2130 dans B2, cité 2128 dans AH, craventé (afolé H) 2121 dans B1B2H, 2137 dans B1B2, deffaé 2139 dans B/H (deffaez B2R est incorrect), fermeté 2104 dans H, fierté 2127 dans A, hasté 2136 dans B1B2

(hastez RH est incorrect),

menbré avant le v. 2155 dans FH, monté 2109 dans R (montez B1B2H est incorrect), quarrelé 2131 dans B1B2, reclamé après le v. 2150 dans H; au v. 2129, resvigourez est incorrect dans B1B2, on attendrait resvigouré; -és: trez 2100 dans tous les manuscrits (avec graphie inverse dans B1B2).

-i VI: On trouve au v. 295 la forme pronominale (attendue) lui dans B1B2 (li RH), ce qui atteste la réduction de la diphtongue [üi]°"°. On rencontre en outre, au v. 291, le passé simple analo-

gique fendi: les passés simples en -ié n’apparaissent que dans les laisses LVIIT et LXVI.

-ié LVII, LXVI: Riment ensemble les produits de [a] tonique libre précédé d’un phonème palatalisé (par exemple blecié 1843) et de [e] ouvert tonique libre (par exemple pié 1858, porfendié 1866: dans ces deux laisses apparaissent à la rime des passés simples issus de parfaits en -dedi). Dans les deux laisses, si les formes en -ié sont les plus fréquentes, on trouve néanmoins des formes en: -é: consivé 1864 dans R, jé 2211 dans B/B2 (gié RH);

° Cf. G. Zink, Phonétique, p. 134, M. K. Pope, $ 514-516, G. Lote, Histoire du vers français, t. IL, p. 164.

INTRODUCTION

109

-er: enforcier 2213 dans B1 et efforcier dans B2 au même vers; -ié: contralïé 1855, 2223, et esmié 2220 (2221 dans H) dans tous les manuscrits; -iez: aguisiez 1879 dans B]B2R, domagiez 2214 dans B2 (damagié B1RH est grammaticalement faux), renoiez 1878 dans H.

-ier XXI, XXXI, XXXIV, XLI: Riment ensemble les produits de [a] tonique libre précédé d’un phonème palatalisé (par exemple chier 694), de -arium ou -arie (par exemple premier 701, lat. primarium, volentier 702, lat. voluntarie), et de [e] ouvert tonique libre (par exemple requier 700). On rencontre parfois -iers: premiers (s adverbial ?) 1119 dans B1; volentiers (s adverbial) 702 dans HN, 1140 dans

B1B2H; on attendrait aussi fiers 707, 1114, 1402, dans tous les manuscrits, 1207 dans RH, et guerriers 1202 dans tous les manuscrits. On trouve encore piez 1195 dans B7B2 (RH ont pié, qui est également acceptable du point de vue grammatical), et biez 1192 dans R°*. On trouve enfin la forme rassasier 1123 dans tous les manuscrits". -iez XLVII: Riment ensemble les produits de [a] tonique libre précédé d’un phonème palatalisé (par exemple jugiez 1563), et de [e] ouvert tonique libre (par exemple piez 1559). Le phonème final est le plus souvent [ts]. 2 J, Melander lit bief dans H (var. du v. 1202 de son édition), mais il s’agit de bier, comme dans B/B2, avec un r majuscule qui peut aisément se confondre avec f. 21 Pour J. Melander (introduction, p. XXX VIII et XL), il s’agit d’une exception, car la terminaison est -er. Mais il est possible qu'il faille prononcer rassasi/ier (cf. envoier 1115: envoi/ier).

110

INTRODUCTION

On rencontre toutefois des formes en: -ié: huchié 1561 dans tous les manuscrits; eslessié 1567 dans R (grammaticalement faux), esmaié 1557 dans R (grammaticalement faux), haubergié après le v. 1563 dans À, jugié 1563 dans R, lessié 1585 dans R, pié 1559 dans R, pitié 1564 dans B1B2R (pitiez H est grammaticalement incorrect), prisié après le v. 1563 dans R, renoié 1562 dans BJR, reperié 1560 dans R (grammaticalement faux), trebuchié 1558 dans

R; -jer: trebuschier

1558, acier 1566, essaier 1567, dans

B1B2; -iers: rochiers 1582 dans B1B2H (R a roch', c’est-à-dire rochier ou rochiers).

-in LX:

Aucune particularité. -is I, XVII, XXV, XX VII, XLIX, LXIIT, LXX: Riment ensemble des mots initialement en [its], par exemple filz 11,petis 22, et en [is], par exemple vis 6, gris 7, ce qui témoigne de la réduction des affriquées. On rencontre également à la finale des mots terminés par: -i: seignouri 1 dans B1B2, arraby 31 dans B1B2R sont grammaticalement corrects, leur présence paraît suggérer l’amuïssement de [s] final; -in dans B1B2: fin 2089, Sarrazin 21 ([i] est à cette époque nasalisé, mais [i] et [i] nasalisé ont presque la même articulation”, et [n] final semble très faiblement articulé”); -ir dans B1B2: plaisir 36, 904, tenir 914 (à cette époque, [r] final est très faiblement articulé, sinon amuï); -ist et -it dans B1B2: prist 2073, 2091 ; petit 2098; dans les deux cas, la prononciation est sans doute [i]; du reste, au v. 1635, tous les manuscrits ont Antecris pour Antecrist (soit

#? Cf. M. K. Pope, $ 455. #* Cf. A. Brasseur, Etude linguistique, p. 66, $ 40.

INTRODUCTION

111

il s’agit d’une concession à la rime, soit la forme montre

l’amuïssement de [t] final appuyé par une consonne, laquelle s’est en l’occurrence amuïe à la fin du XII° siècle, à moins que pour ce mot qui fait partie du vocabulaire religieux, il n’y ait eu un maintien savant).

En outre, dans tous les manuscrits, on attendrait poestif au v. 30, au lieu de poestis, et gentil au v. 985, au lieu de gentis: s’il ne s’agit pas d’une concession faite par la grammaire à la rime, la prononciation se fait sans doute en [i]. Il est vrai, néanmoins, qu’il existe dans la chanson une laisse en -i (laisse VI). Ÿ Enfin, la présence à la rime de gentis 4, 26, etc. et filz 11, 43, etc., exclut pour ces mots un traitement picard (malgré fuiz pour fiuz au v. 43 dans R, fiuz apparaissant dans ce seul manuscrit aux v. 547 et 685, mais pas à la rime).

-ois LIV, LVII: Riment ensemble les produits de [e] fermé tonique libre et de [e] fermé tonique entravé par yod. Le phonème consonantique final est originellement [s] (rois 1751, nois 1833) ou [ts] (adrois 1760, frois 1834, ainsi que des désinences de

futur personne 5 en -oiz), ce qui témoigne de la réduction des affriquées dans tous les manuscrits. Il est toujours graphié -s dans B2, presque toujours -s dans RH (sauf feroiz 1765 et malooiïiz 1839 dans R, lesseroiz 1756 dans H), il est noté -s ou -z dans B1 (dans B1, les désinences verbales de

personne 5 se terminent toujours par -z dans ces deux laisses; on trouve des graphies inverses, par exemple poiz 1764, lat. pensum). B1 écrit effroi au v. 1752 (les autres manuscrits ont effrois, avec -s adverbial), mais effroiz au v. 1823: [s] final est vraisemblablement amuï.

-on XI, XIX: La graphie adoptée dans les manuscrits est généralement on, parfois om (avom 642 dans 4, hom 407 dans RH, Mahom

112

INTRODUCTION

654 dans B1B2, 673 dans B1B2R, preudom 407 dans B1): om et on se prononcent visiblement de la même façon”. La désinence verbale de personne 4 est notée -ons dans B1 au v. 406 (-on dans B2R), mais -on au v. 642 (id. B2R, -om dans H, ce qui est la forme usuelle de cette désinence dans ce

manuscrit): la prononciation est la même, après amuïssement de [s] final.

N a Gascong au v. 656: g final ne marque sans doute plus la mouillure de [n] palatalisé. H à mont au v. 396, ce qui laisse supposer l’amuïssement de [t] final appuyé par consonne.

-u XXII, XX VII, XXXV, XLIIT': XXIIT: Les mots à la rime sont le plus souvent en -u. Assez fréquemment cependant, on trouve, ou l’on attendrait, des formes en -uz. Ainsi, dans B7*°, toutes les formes en -uz (éventuellement graphiées -us), aux v. 774, 791, 813, 814, 815, 819, 820, 825, 833, 834, 835, sont grammaticalement

correctes (les formes en -u correspondantes sont incorrectes dans RHN aux v. 774, 791, 814, 819, 820, 825, 833, 835, et dans HN aux v. 813 et 834). Inversement, BJ écrit parfois -u là où la grammaire exige -uz: feru 801, membru 780 (mais membruz R), venu 788, 812 (mais venus B2 dans les deux

cas). Ce phénomène est bien plus fréquent dans RHN, où la tendance à la rime est la plus forte, mais au détriment de la grammaire”. XXVII, XXXV : Dans ces deux laisses, la tendance à la rime est encore plus nettement perceptible dans RH(N) qui ne ##* Cf. G. Lote, Histoire du vers français, t. II, p. 215. #* Toutes les formes en -uz de B] apparaissent aussi dans B2. * Ainsi, dans À, on trouve trois occurrences, grammaticalement correctes, de forme en -uz (membruz 780, chaüz 787, vertuz 803), et douze

occurrences de formes en -u qui sont grammaticalement incorrectes (v. 774, 788, 791, 801, 812, 814, 819, 820, 821, 825, 833, 835). HN n’ont qu’une occurrence de forme en -uz (veüz 817), mais un nombre de formes en -u

grammaticalement incorrectes comparable à celui de R.

INTRODUCTION

113

connaissent que la terminaison -u, sauf dans lassus 1228, leçon commune à tous les manuscrits. Toutefois, certaines formes en -4 sont grammaticalement incorrectes :absolu 1246, Baudu 996, 1029, chenu 1223 dans tous les manuscrits; Baudu 1007 dans RHN, combastu 1022 dans A, confondu 1235 dans RH, conneü 1015 dans RH, estendu 1247 dans RH, fervestu 1254 dans RH, irascu 997 dans À, 1014 dans RH, secoru 1249 dans RH, venu 1240 dans B1RH. Inversement, toutes les formes en -uz ou -us qui apparaissent dans B/B2 sont grammaticalement correctes (v. 997, 1006, 1007, 1014, 1015, 1022, 1235, 1247, 1249, 1254, 1260, et 1240 dans B2). On trouve ainsi dans ces deux laisses, au moins dans B1B2, des formes en -u, en -us (Baudus, lassus), et en -uz.

XLIIT': Cette laisse paraît parfaitement rimée puisque toutes les terminaisons sont en -4 dans tous les manuscrits (sauf au v. 1465 dans R), mais cette unité formelle se fait parfois au détriment de la grammaire (on attendrait, dans tous les manuscrits, des formes en -uz aux v. 1462 et 1472, en -us au v. 1478; au v. 1465, seul À a la forme attendue, Malaguz).

-uz XII: Tous les mots à la rime sont issus de -utus, -utos (il est

néanmoins difficile de se prononcer sur le nom propre Lambus 483), et sont écrits systématiquement -uz dans RH, -us dans B2, et le plus souvent -us dans BJ. Aucune particularité n’est à signaler, si ce n’est qu’au v. 484, seul R est satisfaisant du double point de vue de la rime et de la grammaire (mescreüs BI est grammaticalement faux, mescreiü B2H n’est correct que grammaticalement). Conclusion

Considérant que la chanson est rimée, J. Melander a modifié assez souvent le manuscrit qu’il avait choisi, ce que n’a pas manqué de critiquer J. Crosland, dans sa propre

114

INTRODUCTION

édition’? et dans son compte rendu de l’édition de J. Melander : Pour notre part, au vu du nombre important d’ «atteintes à la rime» constatées dans tous les manuscrits, nous avons jugé plus sage de ne pas intervenir, mais nous nous rallions au jugement de J. Melander en estimant que la chanson est rimée. Force est de constater, en effet, que la chanson a été

composée à une époque où les consonnes finales ne se prononçaient plus, ou, du moins, ne se prononçaient plus que très faiblement (comme

le montrent

notamment

de nom-

breuses graphies dans H), de sorte que la distinction entre rime et assonance, dans ces conditions, perd de son importance

229

.

Peu d’éléments peuvent nous aider à situer la chanson dans l’espace et le temps. Le picard est exclu (ant et ent sont confondus à la rime”, le produit de [its] est [is] dans les 227

«M. Melander [...] frequently altered the final consonant in a line in

order to support his theory that the original poem was rhymed and not assonanced », introduction, p. XV. 7% «Il s’est cru en outre autorisé à corriger la forme des assonances dans plusieurs laisses, convaincu qu’il est que la forme primitive du poème était plutôt en rimes qu’en assonances. Il s’agit ici surtout de l’addition ou de la suppression de s ou de z à la finale», Romania, XLIX, 1923, p. 287. #* J. Melander ne dit pas autre chose: «Les infractions à la rime qu’on vient de citer sont assez nombreuses, il est vrai, mais il faut reconnaître qu’elles n’ont qu’une importance relative. Il s’agit presque toujours d’une r et d’un z; on verra tout à l’heure que ce dernier se prononçait comme s finale. Or, on sait que r et s en position finale se sont assourdies depuis le XIII siècle [Meyer-Lübke, Gramm. des langues rom., 1, $ 559]; à l’époque de notre chanson, elles ne représentaient donc aucun son distinct, et l’auteur pouvait fort bien admettre ces irrégularités sans risquer de choquer par trop les auditeurs ou les lecteurs du poème. Elles formaient à peu près des rimes pour l'oreille, et, comme l’a fait observer M. Demaison [Aymeri de Narbonne (SATF, 1887), I, CVII], c'est là une licence dont on trouve nombre d'exemples dans les chansons de geste les mieux rimées » (introduction, p.

XXXIX). #° J, Chaurand remarque cependant que «dès le XIII siècle, l’unification en [ä] peut s’étendre même aux textes en vers d’origine picarde » (Dialectologie, p. 75).

INTRODUCTION

115

laisses en -is), mais, d’autre part, le traitement de la triphongue [fei] (qui aboutit ici à [f], comme le montrent plusieurs formes à la rime) est «essentiellement francopicard»**", et deux occurrences du possessif picard vo sem-

blent assurées par la mesure du vers (v. 694 et 1338), de sorte que la chanson a vraisemblablement été composée « vers le nord de l’Ile de France »**. Quant à la date de composition de la chanson, aucun élément précis ne semble permettre d’affiner la date communément admise, à savoir le début du XIII°

siècle.

ANALYSE DE LA CHANSON" C’est Pâques. Aymeri, très âgé et d’une santé fragile, se trouve à Narbonne avec Hermengart, son épouse. Il rappelle à cette dernière qu’ils sont mariés depuis cent ans, qu’ils ont cinq filles et sept fils, et de nombreux petits enfants“. Les héritiers d’Aymeri sont établis dans de nombreux lieux: Garin se trouve à Anseüne, Guillaume à Orange, Aÿmer en Espagne, Bernart à Brubant, et Hernaut à Biaulande”**; seul Guibert est resté à Narbonne, celui qui a été mis en croix par les Sarrasins, qui est aussi le plus jeune. Quant aux petits-fils, #J. Chaurand, ibid., p. 62. #? Nous rejoignons donc les conclusions de J. Melander (introduction, p. XLV). Ce dernier propose également le nord de la Champagne, à cause de la laisse en -aigne, avec [a] ou [e] étymologique (ibid., p. XL). Les propositions de J. Crosland sont assez floues et s’appuient sur des formes où l’éditeur semble confondre copiste et auteur (introduction, pp. XI-XII). #* La chanson a déjà été analysée par p. Paris, Histoire Littéraire de la France, t. XXII, Paris, 1852, pp. 498-501, C. Siele, op. cit., pp. 23-39, J. Melander, Guibert d'Andrenas, pp. V-XVII, J. Crosland, Guibert d'Andrenas, pp. VII-X, et, du même auteur, The Old French Epic, Oxford, Basil

Blackwell, 1951, pp. 44-45. 2% Voir la note du v. 12. #% Sur la confusion, dans tous les manuscrits, entre Hernaut de Biaulande et Hernaut de Gironde, voir la note du v. 19.

116

INTRODUCTION

Girart et Gui, Gautier de Termes et Sohier du Placeïs sont à Orange, Hue est à Florivile, Guibert (ou Girbert) à Teras-

cone, avec Guïelin et Fouqueré, celui qui s’est emparé du destrier arabe du roi sarrasin Tiebaut. Aymeri explique à Hermengart la raison de ce rappel: leur vie commune ne sera peut-être plus très longue, il leur faut donc trouver un héritier à qui donner Narbonne. Aymeri demande son avis à son épouse, en précisant qu’il se soumettra à sa volonté. Hermengart propose évidemment Guibert, leur plus jeune fils, celui qui a été crucifié par les Sarrasins, mais Aymeri proteste aussitôt avec violence: aucun de ses enfants n’héritera de lui. Il remettra ses possessions à son filleul, le fils du duc Tierri, qu'il a éduqué et qui porte son nom (laisse I). Hermengart craint que Guibert ne réagisse très mal en apprenant cette extraordinaire décision et ne mette Aymerïet en pièces. Aymeri rétorque que Guibert se soumettra à lui, et qu'il lui donnera en fief la puissante cité d’Andrenas, tenue par le roi sarrasin Judas; Guibert épousera Augaiete, la fille de ce roi. Hermengart, consternée, supplie son époux de ne pas envoyer son fils au milieu des peuples sauvages, où une mort certaine l’attend (laisse IT). Guibert arrive alors dans la grande salle du palais de Nar-

bonne, accompagné de mille chevaliers. Il revient d’une expédition en Espagne et ramène beaucoup de prisonniers et de troupeaux. Son père l’accueille chaleureusement en lui promettant de grandes possessions bien méritées, et lui demande

son avis sur la succession de Narbonne.

Guibert,

croyant sans doute que son père pense à lui, lui répond de donner Narbonne à qui il voudra. Aymeri lui révélant sa décision, Guibert, furieux, accuse son père de vouloir le déshériter au profit d’un étranger. Aymeri menace alors son fils de le chasser, ce qui accroît encore la fureur de Guibert. Prenant l'assemblée à témoin, il se moque de son père, très âgé et impotent, passant sa vie sur des coussins moelleux, qui veut aller conquérir Andrenas, où Charlemagne lui-même n’a Jamais osé se rendre. Aymeri proteste en affirmant qu’il a bien le droit de profiter de ce qu’il a acquis dans sa jeunesse

INTRODUCTION

117

en combattant, et déclare qu’il va reprendre les armes, faire venir tous ses fils et ses petits-fils, et qu'ils partiront tous pour Andrenas; quand la ville sera prise, Guibert sera couronné et épousera Augaiete. Guibert se soumet instantanément (laisses III-IV).

Ravi que son fils ait accepté sa décision, Aymeri donne officiellement Narbonne à son filleul qu’il fait aussitôt chevalier, et qu’il décide de faire participer à l’expédition en Espagne. Il lui remet l’épée Eschafaudine, en lui enjoignant de se montrer aussi valeureux que lui-même dans la lutte contre les païens. Après l’adoubement, Aymeriïet manifeste toute sa force et sa dextérité dans l’exercice de la quintaine, et se révèle ainsi le digne parent de Charlemagne (laisses V-VD. Après avoir à nouveau affirmé à Guibert qu'il tiendra sa promesse et lui assurera la possession d’Andrenas, Aymeri dépêche des émissaires auprès de ses fils pour leur demander de prendre part à l'expédition. Il envoie à Brubant deux messagers, chargés de faire venir Bernart avec dix mille hommes; Bernart doit quant à lui faire prévenir Guïelin et Bertrant, Gautier de Termes et Guichart, Hue de Florivile, Guibert de Terascone; s'il refuse son aide, son père lui reprendra son fief de Brubant. Aymeri envoie aussi deux messagers à Hernaut de Gironde, pour que ce dernier vienne avec quinze mille hommes, et l’enseigne qu'il portait dans l’armée de Charlemagne; averti, Hernaut promet de participer aux combats sous Andrenas avec la dernière énergie. Deux autres messagers sont encore envoyés à Garin d’Anseüne, qui devra participer à l’expédition s’il ne veut pas être exclu du groupe familial; ayant pris connaissance du message, Garin jure aussitôt de se battre farouchement contre les païens. À Narbonne, Aymeri annonce qu'il se rendra en personne à Orange auprès de Guillaume, le meilleur de ses fils. Il envoie un dernier messager à Beuve de Conmarchis, et charge Guibert d’aller lui-même en Espagne chercher Aÿmer. Guibert proteste d’abord, parce qu’il ignore où son frère peut se trouver, mais Aymeri lui ordonne violemment

118

INTRODUCTION

d’exécuter son ordre et Guibert obtempère. Le lendemain à l’aube, Aymeri part pour Orange et Guibert se rend en Espagne. A quinze lieues au-delà de Balaguer, Guibert rencontre À ÿmer qui revient d’une expédition victorieuse contre des Sarrasins. Les deux frères s’embrassent joyeusement et rentrent ensemble à Narbonne. Avertie par un messager de l’arrivée d’Aÿmer, Hermengart se précipite à sa rencontre et l’accueille avec une joie immense. Pendant ce temps, Aymeri est arrivé à Orange. Guiborc l’accueille affectueusement, mais Guillaume croit que son père est venu percevoir ses redevances et se déclare fâché qu’Aymeri ait entrepris un voyage si fatigant. Aymeri lui expose en détail le but réel de sa visite et demande instamment son aide à son fils. Guillaume commence par exprimer sa lassitude des combats incessants, pour aussitôt assurer son père de son soutien. Dès le lendemain, Aymeri, Guillaume et vingt mille hommes se mettent en marche; ils parviennent rapidement à Narbonne (laisses VII-XIV).

A Narbonne, Aymeri a donc déjà trois de ses fils auprès de lui. Le lendemain, avant la fin du jour, le vieux comte,

posté aux fenêtres de son palais, voit venir Bernart et ses troupes, puis, d’une autre direction, Hernaut et tous ses hommes, et enfin, d’une autre direction encore, Garin d’An-

seüne, accompagné de Guibert de Terascone, Gautier de Termes, Sohier du Planteïz, Hue de Florivile et Fouqueré. Réjoui de voir des renforts si importants et convaincu du succès de l’expédition en Espagne, Aymeri se hâte d’aller à la rencontre des armées (laisses XV-XVIT). Désormais, tous les hommes d’Aymeri sont à Narbonne.

Ils ont installé leurs tentes près des murs de la ville et se sont réunis dans la grande salle du palais. Hermengart leur expose le projet d’Aymeri, que tous accueillent avec enthousiasme. Aymeri leur fait distribuer de l’argent, et le reste de la journée se déroule dans l’allégresse générale. Le lendemain, dès le lever du jour, les troupes quittent Narbonne sous la bénédiction d’Hermengart. Après huit jours de marche, elles atteignent Balaguer. La ville est bien fortifiée, située sur un

INTRODUCTION

119

rocher et protégée de part et d’autre par deux rivières, Farfaigne et Verbuant, qu'il est impossible de traverser à proximité immédiate de la ville, car on n’y trouve ni pont ni gué. A distance de la ville, les païens ont construit une tour fortifiée qui garde un gué de la rivière Farfaigne. Quiconque traverse la rivière doit verser comme tribut son pesant d’or au roi Bauduc, sous peine de rester prisonnier le restant de sa vie. Aymeri ne dispose pas d’assez d’or pour payer le passage du gué avec tous ses hommes (laisse XVIIT).

En voyant arriver les troupes françaises, les païens qui occupent la tour sont saisis de frayeur. Le roi Bauduc s’équipe et, suivi de mille guerriers, s’élance au galep contre les ennemis. Il traverse le gué et se prépare au combat. Dans le camp des Français, la nouvelle se répand que Bauduc se dirige vers eux. Aymeri s’arme, puis fait venir trois de ses fils, qu’il exhorte à la vaillance et à qui il demande la faveur de porter le premier coup contre les païens: il veut vérifier s’il est encore capable de se battre. Guillaume rit et accorde volontiers cette demande à son père. Aymeri monte alors à cheval et ne tarde pas à engager le combat contre un païen qu’il tue du premier coup. Au cri de guerre « Nerbone » lancé alors par Aymeri, deux mille guerriers français se précipitent contre les troupes sarrasines. La bataille est terrible, et défavorable aux païens. Au cours de la mêlée, un roi sarrasin nommé Corsuble défie Guillaume. Ce dernier galope vers lui mais Corsuble, effrayé, lui lance de loin des armes de jet, et le feu grégeois enflamme son bouclier. Furieux, Guillaume se jette sur son adversaire, le frappe et le tue. Il s'empare de l’excellente monture de Corsuble qu’il donne à son neveu Bertrant, que stimule la présence de son oncle. Guillaume et Bertrant parviennent à disperser les païens qui les encerclaient et rejoignent Aymeri, Aÿmer et Hernaut qui se battent contre Bauduc et ses hommes. Les morts sont nombreux dans les deux camps. Aymerïet éperonne son cheval pour affronter Bauduc. Aymeri retient son filleul car Bauduc est un farouche adversaire, mais Aymeriet insiste et Aymeri le laisse galoper contre Bauduc. Aymeriet frappe son adversaire

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INTRODUCTION

dont il brise le bouclier et déchire la cotte de mailles, mais ne parvient pas à le désarçonner. Aymeri, Aÿmer et Hernaut viennent en aide à Aymeriet et tuent cinq cents païens, mais Bauduc s’échappe et franchit le gué qui mène de l’autre côté de la rivière Farfaigne. Aymeriet le poursuit et se jette dans la rivière, mais il n’a pas trouvé le gué et il est aussitôt submergé. Aymeri, croyant son filleul perdu, implore la protection divine. Mais Aymeriïet parvient à traverser la rivière, résiste à un coup brutal que lui assène Bauduc, et le frappe si violemment de son épée que Bauduc s’enfuit à nouveau. Aymeriet le poursuit et le rattrape dans un marais où le cheval de Bauduc s’est embourbé. Il s’apprête à lui trancher la tête quand le roi sarrasin lui demande grâce et lui remet son épée. Aymeriïet le fait monter derrière lui sur son cheval Marquant et retourne vers le camp français. Arrivé devant la rivière Farfaigne, Aymeriïet force Bauduc à lui indiquer le gué, traverse sans encombre le cours d’eau et atteint le camp, où il remet son prisonnier à son parrain (laisses XIX-XXIV).

Aymeri promet à Bauduc de lui laisser la vie sauve. Il lui propose de rester en possession de sa ville, à condition qu'il abjure sa foi, ou bien de partir, avec sa femme, ses fils et

trente de ses meilleurs amis**. Bauduc choisit d'abandonner son territoire et loue la magnanimité d’Aymeri. Il indique au

#® J. Melander comprend différemment le passage: « Aymeri garantit

la vie à Baudu et promet de le remettre en possession de Balaguer ou de le laisser s’en aller avec sa famille et trente de ses meilleurs amis, à condition qu’il change de religion» (introduction, p. X). Le fait est que le discours d’Aymeri (vv. 906-917) manque de cohérence: le comte déclare d’abord que Bauduc doit renier sa foi et remettre toutes ses possessions aux Français s’il veut échapper à la mort (vv. 907-909), puis il propose à Bauduc de lui laisser ses possessions s’il se convertit (vv. 910-914), ou bien de le laisser partir sain et sauf (vv. 915-917). Or, la suite des événements montre Bauduc quittant sa ville sans être inquiété, mais sans s’être converti. Plus tard, Bauduc sauve la vie d’Aymeri (laisse LXI), et c’est pour cette raison qu’ Aymeri, à la fin de la chanson, l’épargne à nouveau (laisse LXIV); alors seulement Bauduc déclare qu’il se fera baptiser, et Aymeri, en conséquence, lui rend ses possessions (laisse LXV).

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comte un stratagème pour s’emparer de Balaguer: il faudra allumer un bûcher près de la ville et y mener le prisonnier; son épouse et ses fils ne supporteront pas de le voir menacé de mort et rendront aussitôt la ville. Aymeri suit ce conseil et,

effectivement, Galïene, l’épouse de Bauduc, livre la ville aux Français. Ceux-ci massacrent les païens qui s’y trouvent (laisses XXV-XXVI). Bauduc s’en va avec sa famille et ses amis, abandonnant,

quoiqu'il en souffre, sa ville et ses hommes, qu’il laisse massacrer. Après huit jours de voyage, il arrive à la roche d’Arsis où il rencontre son cousin Barbaquant. Il lui fait part de son infortune et lui demande de se rendre au plus vite à Andrenas afin d’avertir du désastre le roi Judas, oncle de Bauduc. En apprenant la nouvelle, Judas, consterné, se promet de tuer Aymeri. Sur les conseils de Barbaquant, il part à la rencontre de Bauduc qu’il réconforte en lui assurant que, sous peu, il réduira à néant toute la lignée d’Aymeri, puis il l’accueille dans sa ville. A Andrenas, Augaiete, la fille du roi Judas,

accompagnée de trois amies, Soline, Lunete et Fauke, vient à la rencontre des deux rois et demande à Bauduc s’il est vrai qu’Aymeri se dirige vers Andrenas avec ses fils et ses autres parents. Bauduc répond par l’affirmative et ajoute qu’ Aymeri a l'intention de la donner comme épouse à son fils Guibert. Augaiete s’en réjouit intérieurement. Les quatre jeunes filles se rendent alors en plaisantant dans le jardin de Corsuble, où Soline raconte à Fauke un rêve qu’elle a fait la nuit précédente: un faucon venait de Narbonne, suivi de sept jeunes faucons; l’un d’eux, bien plus robuste que les autres, s’emparait d’Augaiete et mettait une fleur devant elle. Aussitôt, Fauke explique le songe”: ce faucon représente Guibert, fils d’Aymeri, qui épousera Augaïiete. Cette dernière, ravie, promet de donner à ses amies des époux parmi les chevaliers français :Soline aura Bertrant, Lunete Guïelin, et Fauke aura Girart (laisses XXVII-XXIX).

#7 Dans RH, c’est Augaiete elle-même qui interprète le songe.

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Le lendemain matin, le roi Judas fait venir des alliés et jure qu’il s’emparera de Narbonne et massacrera Aymeri et tout son lignage s’ils refusent de se soumettre. Judas fanfaronne, mais il ignore que les Français sont déjà arrivés à proximité d’Andrenas, au bord d’un fleuve. Dans la vaste prairie paissent de nombreux troupeaux. Aymeri demande à ses hommes qui pourrait être désigné pour s'emparer du bétail; la mission est difficile car les bêtes sont bien gardées par quatre milliers de vachers. Aymerïet se propose, ce qui provoque aussitôt la colère de Guibert, qui reproche au filleul d'Aymeri de ne cesser de se vanter depuis qu’il a fait prisonnier le roi Bauduc dont il a aussi pris le cheval. Aymeri se fâche, insulte son fils, et l’oblige à se soumettre à Aymeriet. Guibert obéit et les deux jeunes gens sont réconciliés. Mais la colère d’'Aymeri n’est pas apaisée. Il décide que c’est Guibert, avec seulement cent chevaliers, qui ira capturer le bétail ;Guibert se trouvera nécessairement dans une situation

difficile, Aymerïet sera ainsi vengé. Guibert fond en larmes, atterré par la décision de son père qui lui préfère son filleul, mais il exhorte ses compagnons à la vaillance et prévoit aussi que son exploit sera connu d’Augaiete. Guibert et ses cent compagnons s’élancent dans la plaine pour capturer le bétail, mais ils sont attaqués par les quatre mille vachers à cheval qui les repoussent jusqu’à une rivière infranchissable. Exhorté au courage par Bertrant, Guibert fait face aux ennemis, qui sont mis en déroute. Les chevaliers français capturent le bétail et le conduisent vers le camp, lorsqu'un peuple de géants les attaque. Gui, Bertrant, Gautier de Termes et Girart sont faits prisonniers. Averti par un messager, Aymeri se

reproche

d’avoir

maudit

son

fils, implore

Dieu,

et

demande à son filleul d’aller secourir Guibert et ses petits-fils. Aymerïet, Hernaut, Aymeri lui-même et cinq cents hommes se précipitent sur le lieu des combats, délivrent les prisonniers, mettent en fuite les géants, s'emparent du butin qu'ils ramènent au campement pour le distribuer. Aÿmer ne s'est pas encore défait de ses armes lorsqu'il aperçoit une caravane de cent bêtes de somme chargées d’or et d’argent

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qui se dirige vers Andrenas. Il se précipite sur la caravane,” massacre les marchands et ramène au camp le butin, qui est alors partagé (laisses XXX-XXX VI).

Durant la nuit, les Français poursuivent leur avancée, si bien qu’ils parviennent en vue d’Andrenas, construite sur un rocher. Aymeri explique que la ville est extrêmement bien fortifiée, et qu’on ne peut s’en emparer qu’en prenant d’abord la tour avancée qui la garde. Le roi Judas, terrorisé par l’arrivée des ennemis, rassemble tous ses hommes et les somme de défendre efficacement la ville (laisses XXXVII-XXX VIN). ‘y Aymeri ordonne à Guillaume, Hernaut et Aÿmer de traverser le fleuve pour empêcher les païens de sortir de la ville et attaquer les troupes françaises, qui feront le siège de la tour avancée. Guillaume traverse le fleuve avec trois mille hommes qu’il place en embuscade, puis il monte sur un tertre et provoque les païens d’Andrenas au combat, Les hommes montent sur les murs, et les dames dans le palais demandent qui est ce guerrier. Bauduc leur répond qu'il s’agit de Guillaume au Court Nez, fils d’Aymeri, qu’il a déjà rencontré au cours de la bataille sous Balaguer. Augaiete précise que Guillaume est un frère de Guibert, dont on lui a tant vanté les mérites (laisses XXXIX-XL).

Pendant ce temps, Aymeri a fait dresser ses machines de guerre sous la tour. Les béliers ouvrent quatre énormes brèches dans les murs, par où s’engouffrent plus de mille combattants. Mais le roi sarrasin Margot, à l’allure monstrueuse, s’interpose avec un millier de païens, qui massacrent beaucoup de chrétiens. Aymeri se jette sur lui et le tue. La tour d’Argoline est prise. À l’intérieur, les Français découvrent des statues d’or et d’argent de Mahomet et Tervagant, les mettent en pièces et se partagent les morceaux. En apprenant cela, le roi Judas est désespéré. Cinq païens avaient en effet échappé au massacre et sont allés avertir leur roi du désastre. Judas, consterné, cherche à se tuer contre un pilier, mais ses proches l’en empêchent (laisses XLI-XLI).

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Le lendemain, à Andrenas, la joie et le courage succèdent au désespoir, car le puissant roi Malagu vient apporter des renforts très nombreux. Judas lui apprend le défi lancé par Guillaume, Malagu propose de se battre contre Guillaume et promet qu’il le tuera. Augaiete lui déclare qu’elle lui offrira ses trésors s’il est victorieux, et Bauduc s’équipe pour accompagner Malagu. Les deux païens sortent d’Andrenas, montent sur le tertre où les attend Guillaume, et le combat commence. D’un seul coup de sa lance, Guillaume tue Malagu. Epouvanté, Bauduc s’enfuit, mais les païens d’Andrenas l’insultent et l’exhortent à venger la mort de Malagu. Bauduc fait alors demi-tour et attaque Guillaume, mais il brise sa lance sans parvenir à désarçonner son adversaire. Guillaume frappe à son tour Bauduc et le fait tomber. Bauduc se relève aussitôt et s’apprête à poursuivre le combat avec son épée, mais, terrorisé, il s’enfuit à pied dans la colline.

Celle-ci est si escarpée que Guillaume ne peut poursuivre Bauduc à cheval. Il se contente donc de s'emparer de la monture que Bauduc a abandonnée, suivie par celle de Malagu, et retourne vers les siens, quand cinq païens sortent d’Andrenas et le poursuivent en lui lançant des flèches. Guillaume, désireux de s’emparer de leurs chevaux, retourne vers ses adversaires et en tue un de son épée. Il conduit les autres vers l’endroit où il avait placé sa troupe en embuscade. Les chevaliers français, au nombre de quatre mille, surgissent de leur cachette, tandis que le roi Judas arrive d’Andrenas avec cent mille guerriers. La bataille devient générale. Judas attaque Guillaume, mais ce dernier le fait tomber de cheval. Soixante-dix païens se précipitent pour secourir leur roi et le remettent en selle. Aussitôt Judas s'enfuit vers Andrenas avec ses hommes. Dès qu’il est arrivé dans la ville, il en fait fermer les portes, de sorte que cinq cents païens qui n’ont pas pu y parvenir assez vite sont massacrés par les Français (laisses XLIII-L).

Ceux-ci reviennent au campement, chargés de butin. Aymeri accueille Guillaume en se moquant de lui parce qu’il ne ramène pas de prisonnier. Guillaume réplique vertement

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que son père est décidément gâteux et n’aurait pas fait mieux’ que lui. Aymeri, furieux, vante ses exploits passés, dont Guillaume discute la valeur. Aymeri déclare alors qu’il se rendra le lendemain avant midi sur le tertre d’où Guillaume avait défié les païens d’Andrenas, et qu’il s’y battra bien plus glorieusement que son fils. Guillaume répond que les propos de son père ne sont que folle vantardise (laisse LT). La nuit tombée, Aymeri s’équipe et quitte le camp, tout seul, par un beau clair de lune. A proximité de la ville, il aperçoit deux sentinelles païennes. Reconnaissant la folie de son entreprise dans une prière à Dieu, il traverse néanmoins le cours d’eau et poursuit sa route. À l’aube, il arrive sur le tertre et sonne du cor. Epouvantées, les sentinelles s’enfuient, croyant que toute l’armée ennemie s’apprête à attaquer Andrenas. Aymeri défie les païens de la ville, qui sont tous terrorisés. Le roi Judas reproche à ses hommes leur lâcheté devant un seul homme, un vieillard de surcroît, et cinq Sarra-

sins se préparent finalement

à se battre contre

Aymeri.

Celui-ci les affronte avec courage et les tue l’un après l’autre,

puis il s’en retourne au campement, mais près du gué, il est attaqué par cent païens qui tuent son cheval. A pied, il se défend vaillamment de tous les côtés, d’abord avec son épée qu’il finit par briser en tuant un adversaire, puis avec son cor, meurtrier mais peu résistant, et enfin avec ses étriers, tuant encore quatre païens. C’est alors que le roi Bauduc intervient en conseillant à Aymeri de se constituer prisonnier et en lui promettant la vie sauve, en remerciement de la générosité dont le comte de Narbonne a fait preuve à son endroit à Balaguer. Aymeri se rend, et le roi Corsolt conduit le prisonnier à Andrenas, suivi de Bauduc. Le roi Judas, fou de joie en constatant qu’ Aymeri est capturé, demande moqueusement à son prisonnier comment il va. Aymeri répond fièrement qu’en tant que maître de la ville, il se porte à merveille. Furieux, Judas menace de le tuer, mais Bauduc s’interpose et Aymeri est seulement enfermé dans une tour, où Augaïiete se trouve avec ses suivantes. On ôte à Aymeri son équipement, on apporte des échiquiers et des tables, et le vieux comte, tout

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le reste de la journée, joue avec les jeunes filles. Le soir, Augaiete, comprenant que si le comte est délivré, elle pourra épouser Guibert à qui elle ne cesse de penser, propose à Aymeri de l’aider. Celui-ci lui promet aussitôt de lui faire épouser Guibert avec qui elle règnera sur la terre de Judas une fois qu’elle sera baptisée. Augaiete conseille alors à Aymeri de s’enfermer dans la tour, qui est imprenable. Elle court lui apporter des armes, ils vont fermer les portes, et suspendent à la fenêtre un drapeau qui informera les Français de la présence d’Aymeri. Judas, averti par un messager, se précipite à la tour et demande à sa fille d'ouvrir la porte. Augaiete feint d’être au pouvoir d’Aymeri qu’elle reproche à son père d’avoir follement enfermé dans cette tour. Judas manifeste sa rage jusqu’au moment où Aymeri laisse tomber sur lui une grosse pierre, qui l’aurait tué si elle l’avait atteint. Constatant son impuissance, Judas va s’étendre sur son lit,

mais il passe la nuit sans trouver le sommeil (laisses LII-LXIT). Au matin, dans le camp français, on cherche en vain Aymeri. Sans tarder, Aÿmer s’équipe et part au galop vers Andrenas. En chemin, il trouve le cheval d’Aymeri, puis son cor. Convaincu que son père est mort, plein de tristesse et de colère, il monte sur le tertre et défie les païens d’Andrenas,

lorsqu'il aperçoit le drapeau à la fenêtre de la tour. Il comprend aussitôt que son père s’y trouve, et retourne au plus vite au campement pour annoncer la nouvelle. Toutes les troupes françaises s’équipent immédiatement et se dirigent au galop vers Andrenas. Les païens de la ville, entendant leurs ennemis sonner du cor, s’arment et montent sur les murs. Les assaillants abattent des arbres dont ils remplissent les fossés, préparent leurs machines de guerre, jettent des projectiles meurtriers à l’intérieur de la ville dont ils sapent les murailles, dressent des échelles, pendant que les païens se défendent vigoureusement et tuent beaucoup de Français. En entendant le tumulte, Aymeri exhorte tous ses hommes à la vaillance. Bientôt, malgré de lourdes pertes françaises, les murs sont effondrés en quatre endroits, mille guerriers se pré-

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cipitent dans ces brèches et abaissent les ponts-levis. Toutel’armée française s’engouffre dans la ville et massacre les païens. Aymeri sort alors de la tour où il s’était barricadé et se jette dans la mêlée. Les païens sont mis en déroute et Bauduc s'enfuit, poursuivi par Guillaume et Guibert. Aymeri crie à ses fils de ne pas tuer Bauduc, qui lui a sauvé la vie. Reconnaissant Aymeri, Bauduc se rend immédiatement. Il déclare à Aymeri qu’il se fera baptiser ainsi que son épouse. Heureux, Aymeri lui promet de le protéger et de lui rendre ses possessions. Pendant ce temps, le roi Judas s’est enfermé avec cent hommes dans une tour bien fortifiée. Il a fait lever les ponts-levis, et les païens qui n’ont pu se réfugier dans cette tour sont massacrés par les Français. Aymeri interpelle Judas et le somme de se rendre et de se convertir s’il ne veut pas mourir, mais Judas déclare qu’il a toute confiance en son Dieu. I] fait à Aymeri une proposition: il sautera du haut de la tour; si Mahomet le protège de la mort, il pourra quitter le royaume sans encombre. Les Français acceptent aussitôt la demande de Judas. Celui-ci se recommmande alors à Mahomet et saute, mais il s’écrase sur une grosse pierre. Tous les chrétiens se moquent de lui (laisses LXII-LXVI). Les païens, voyant leur roi mort, constatent l'impuissance de Mahomet et sortent de la tour en demandant à devenir chrétiens. Aussitôt on prépare les fonts, Bauduc se fait baptiser ainsi que son épouse, suivi de tous les autres païens. Aymeri rend toutes ses possessions à Bauduc qui devient vassal de Guibert, à qui Aymeri donne Andrenas. Durant huit jours, les troupes françaises restent à Andrenas. Augaïete est baptisée, Guibert l’épouse et devient roi de la contrée, tout comme

Augaiete en devient reine. Guibert et Aymeri distribuent de grandes richesses à tous les combattants. Le neuvième jour, Aymeri et tous ses hommes quittent Andrenas. Guibert les escorte un moment, puis Aymeri lui intime l’ordre de retourner dans son royaume, avec trois mille hommes de son choix, mille chevaliers et deux mille soldats. Guibert retient auprès de lui Guïelin et Bertrant, Gautier de Termes et Guichart, Hue

de Florivile, et Girbert de Terascone. Aymeri et son armée

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INTRODUCTION

poursuivent leur route. À Balaguer, ils laissent Bauduc. Finalement, ils arrivent à Narbonne, où Hermengart vient à leur rencontre (laisses LXVII-LXIX).

Hermengart accueille chaleureusement son époux et ses amis, mais s'inquiète du sort de Guibert, qu'elle avait confié à Aymeri. Ce dernier la rassure et, apprenant que Guibert est sain et sauf, roi d’Andrenas et époux d’Augaiete, la comtesse distribue de riches vêtements à ses amis. Après huit jours de réjouissances, les fils d’Aymeri prennent congé et quittent Narbonne, où Aymeri reste seul avec Hermengart et Aymeriet. Pendant cinq ou six ans, les deux époux ne revoient guère aucun de leurs enfants. Aymeri est de plus en plus faible et impotent. Son épouse ne cesse de pleurer, et la région est agitée. En outre, le roi de France Louis est menacé par un vassal très puissant, Hugues Capet, qui risque fort de s'emparer de la couronne royale (laisse LXX).

INTÉRÊT LITTÉRAIRE DE GUIBERT D'ANDRENAS Guibert d'Andrenas ne fait pas partie des chansons de geste les plus célèbres du cycle que nous appelons cycle de Guillaume d'Orange, et le Manuel bibliographique de R. Bossuat la décrit simplement comme une «chanson consacrée aux plus jeunes frères de Guillaume d'Orange ». L'expression est cependant doublement inexacte. La première erreur, qui n’est sans doute qu’une coquille", consiste en l’utilisation du pluriel «aux plus jeunes frères », alors que la chanson raconte l'acquisition de la royauté par Guibert, que toutes les chansons du cycle désignent comme le plus jeune. La seconde erreur est due à la façon dont ce personnage est identifié, par référence à son illustre frère. Or, GuiŸ On la retrouve dans l’article consacré à Guibert d'Andrenas dans le Dictionnaire des Lettres Françaises. Le Moyen Age, Le Livre de Poche, coll. La Pochothèque, 1992, qui reprend la formulation de R. Bossuat.

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bert n’est pas tant le plus jeune frère de Guillaume que le plus” jeune fils d’Aymeri*”. Dans son introduction à l’Archéologie de l'épopée médiévale, J. H. Grisward écrit en effet: «L’habitude qui s’est installée chez les médiévistes de désigner l’ensemble des vingt-quatre chansons qui forment la geste, du nom du personnage le plus actif et le plus pittoresque, le plus envahissant aussi, à savoir Guillaume, a conduit paradoxalement à ne plus voir dans le «Petit Cycle» qu’une excroissance parasitaire, un sous-produit, une greffe atrophiée. Et il ne s’agit point là seulement d’une querelle de mots: en faisant de Guillaume la pierre d’angle du cycle tout entier, cette «mauvaise coutume» — qui est une invention moderne — a entraîné de véritables «erreurs de perspective »"*. Si les chansons du Cycle de Guillaume proprement dit sont surtout consacrées aux divers exploits du plus «pittoresque » des personnages, celui-ci n’en est pas moins seulement l’un des membres du groupe formé par Aymeri et ses sept fils, dont le Cycle des Narbonnais raconte l’histoire. Alors, si l’on accepte de voir dans les Narbonnais autre chose que «des récits fantasques »**"', peut-être admettra-t-on que Guibert d'Andrenas n’est pas un «récit marginal »***. *° Dans Guibert d'Andrenas, par exemple, Guillaume est identifié par les Sarrasins comme Filz Aymeri (v. 1373 et 1488), et par Augaiete comme Frere [...] Guibert (v. 1382).

#® Archéologie

de l'épopée

médiévale,

Paris, Payot,

1981, p. 18.

J. H. Grisward rappelle en note que les trouvères du XIIT° siècle «ne parlent jamais que de la geste de Garin de Monglenne (ou Monglane) (Girard de Vienne et Doon de Maïence) ou de la geste dant Aymeri (Mort Aymeri)». #1 D. McMillan, «Les Enfances Guillaume et les Narbonnais dans les

manuscrits du grand cycle...», p. 316. Pour J. H. Grisward, les Enfances Guillaume sont au contraire une « variante tardive, composite et aberrante » des Narbonnais (op. cit., p. 51).

#2 L'expression «récits marginaux » est utilisée par M. Tyssens à propos du Siège de Barbastre et de Guibert d'Andrenas dans La geste de Guillaume d'Orange dans les manuscrits cycliques, p. 363. Elle a déjà été relevée par B. Guidot, «L'état d'esprit du chevalier dans le Siège de Barbastre», Charlemagne et l'épopée romane, Actes du VII Congrès International de la Société Rencesvals (Liège, 28 août-4 septembre 1976), Paris,

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I. Guibert d’Andrenas et le cycle Des Narbonnais à Guibert d’Andrenas

Aymeri de Narbonne s'achève sur les noces d’Aymeri et Hermengart, et les dernières laisses évoquent rapidement le destin de leur future progéniture. On apprend ainsi que c'est Guibert, le plus jeune de leurs fils, qui héritera de Narbonne*“*'. De fait, au début des Narbonnais*“*, le comte Aymeri, qui est désormais un vieillard", chasse ses six aînés

et réserve l'héritage de Narbonne à Guibert, encore enfant. Or, au début de Guibert d'Andrenas, lorsqu’ Aymeri, plus âgé encore, décide de régler sa succession, il choisit comme héritier de Narbonne son filleul Aymerïet; Guibert aura la cité d’Andrenas, en Espagne, dont il sera roi. L'opposition entre le plan initial d’ Aymeri dans les Narbonnais et sa résolution ultime dans Guibert d’Andrenas n’est toutefois qu’apparente, et semble pouvoir s’expliquer très simplement. Au début des Narbonnais, alors que Guibert

Les Belles Lettres, 1978, t. IL, p. 629. M. de Riquer ne se montrait pas plus élogieux en formulant, à propos de Guibert d'Andrenas, de la Prise de Cordres et de Sebille et du Siège de Barbastre, le jugement suivant: «Dans l’ensemble, ces chansons sur les frères de Guillaume sont des sortes de

romans sans-fond légendaire consistant, dont la lecture est assez pénible, avec des incidents et des périls qui se répètent à satiété, et des fanfaronnades émanant d'énormes géants sarrasins, façonnés sur le type de Rainoart» (Les chansons de geste françaises, p. 168).

*° Aymeri de Narbonne, éd. par L. Demaison, Paris, Didot, 1887, t. II, vv. 4603-4615 (laisse CXV). #* Narbonnais, éd. par H. Suchier, Paris, Didot, 1898, t. I. #* Le fait avait été relevé par J. Bédier qui écrit, après avoir analysé Aymeri de Narbonne: «Nous ne retrouverons plus Aymeri que vieux, entouré de fils déjà grands. Dans l'intervalle, a-t-il eu des aventures qui aient été célébrées en des chansons de geste? (...) On ne sait. Toujours est-il qu’il ne nous apparaît dans les poèmes conservés que sous deux aspects, soit comme l’Aymeriet adolescent de Girard de Vienne et d'Aymeri de Nar-

bonne, soit comme le « vieillard barbé » des chansons qu’il nous reste à parcourir » (Les légendes épiques, t. I, pp. 33-35).

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se plaint du sort réservé à ses frères** et annonce qu’il les suivra, son père lui rétorque vertement: «S’estoies ore ausi granz com aus sis, Ja ne tandroies plain pié de mon païs; Ençois l’avroit mes fillex Aymeris.» (vv. 390-392)

Aymeri a décidé que ses fils devraient faire leurs preuves pour conquérir leurs propres biens, comme lui-même l’a fait dans sa jeunesse”, et il ne change pas d’avis dans Guibert d'Andrenas. L'argument qu’il assène à Hermengart au début de cette dernière chanson: «Ne place a Dieu, dist li quens Aymeris, s Que ja mes cors ait ne fille ne filz A cui je doinse ne terre ne païs: Aillent conquerre, aussi conme je fis!» (vv. 42-45)248

est le correspondant exact de ses paroles dans les Narbonnais: «Dame Hermenjart, dist li quens Aymeris, Lesiez ce duel que vos avez enpris! Vez toz voz filz et sains et saus et vis, S’ont asez armes et bons chevax de pris: Aillent conquerre ausi come ge fis ! Que, par la foi que je doi saint Denis, Ja ne prandront partie en mon païs ! » (vv. 742-748)24

Dans les Narbonnais, Guibert était trop jeune pour quitter Narbonne avec ses six aînés, dans Guibert d'Andrenas, il devra, semble-t-il, subir le même sort que ses frères. #6 Narbonnais, VV. 379-387.

#7 I] déclare notamment, au début des Narbonnais:

«Ainz de la terre qui fu mon encessor Ne vos tenir demi pié ne plain dor, Ainz m'en alai servir un bon segnor, Charle de France, le riche ampereor, Qui me dona Nerbone et ceste anor.» (vv. 43-48) Voir aussi les v. 108-112 et 547-551.

#* Voir aussi les vv. 77-78 et 193-198. #° Voir aussi les vv. 719 sgg.

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INTRODUCTION

Dans les Narbonnais, Aymeri justifie en réalité sa décision de diverses façons: le territoire de Narbonne est trop petit pour être partagé en sept (v. 49-50, 75); les ressources de ce territoire sont insuffisantes (v. 84); les fils doivent

eux-mêmes conquérir leurs biens, comme leur père l’a fait (v. 54, 108-112, 549); selon les anciennes lois, c’est le plus

jeune qui reçoit l'héritage (vv. 267-269)"; il ne faut pas que les fils, oisifs, s’abandonnent à la débauche (vv. 281-301);

leur «departement» servira à assurer la paix dans la région, qui sera ainsi protégée de toute invasion sarrasine (vv. 232-239)", Mais Aymeri insiste surtout sur le fait que Guibert recevra Narbonne en tant que dernier né (voir par exemple les vv. 56-58, 91-94).

Les travaux de J. H. Grisward ont montré que les Narbonnais s'appuient sur «deux schémas dans lesquels la structure trifonctionnelle et la comparaison avec les témoins indo-iraniens invitent à reconnaître un héritage indo-européen: le vieil Aymeri, fidèle à un type mythique très ancien (indo-européen), accomplit les gestes fondamentaux de tout «premier roi »; il organise la société dans ses divisions fonc-

tionnelles (en faisant de ses trois fils aînés les dépositaires et les modèles des trois fonctions sociales”); il organise le monde dans ses divisions à la fois géographiques et fonctionnelles (en exilant ses fils hors du «pays central » réservé au plus jeune et en les dispersant sur le pourtour selon les quatre

points cardinaux***). Organisateur d’une société tripartie et *

Ces lois sont pourtant en contradiction avec les usages modernes

(Narbonnais, vv. 367-368).

"Voir à ce sujet J. H. Grisward, op. cit, pp. 35-36, qui remarque: «il y a une ambiguïté, comme si plusieurs niveaux, plusieurs types dejustification interféraient » (ibid., p. 36). ? Bernard, Guillaume et Hernaut sont envoyés à la cour de Charlemagne où ils exerceront respectivement les charges de conseiller (première fonction), de gonfalonnier fonction).

(deuxième

fonction),

de sénéchal

(troisième

** Les trois aînés étant expédiés à la cour de Charlemagne, c’est-à-dire au nord, Beuve est envoyé à l’ouest (en Gascogne), Garin à l’est (en Lom-

INTRODUCTION

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partageur d’un monde caractérisé trifonctionnellement,” Aymeri de Narbonne représente donc, face à la Scythie, à l'Iran et à l’Inde, le témoin occidental le plus précieux de ce mythe d’origine indo-européenne qui expliquait par un partage trifonctionnel entre frères l’organisation sociale et géographique du monde »**. On pourrait reprocher au vieux comte des Narbonnais de n'avoir pas prévu que Guibert allait grandir, ou plutôt de se montrer incohérent en excluant Guibert du «departement » en raison de son jeune âge et en lui réservant l’héritage de Narbonne pour cette raison, tout en précisant que si, Guibert avait le même âge que ses frères, il serait lui aussi chassé, et

Aymerïet serait alors choisi pour héritier. En réalité, c’est son statut, non pas d’enfant, mais de dernier né, qui réservait à Guibert dans les Narbonnais, et lui réserve encore dans Gui-

bert d’'Andrenas, un destin différent de celui de ses aînés. La décision d’Aymeri qui se fait jour dans Guibert d'Andrenas reçoit alors une explication faisant disparaître la contradiction qui semble opposer les Narbonnais et Guibert d'Andrenas, et qui n’est en réalité qu’une apparente contradiction dans les données des Narbonnais”*. En effet, «la matière sur

laquelle ont travaillé les poètes médiévaux, les «fabricateurs» de la geste de Narbonne, comportait une donnée bardie), Aÿmer au sud (en Espagne); Beuve sera roi (première fonction), Garin sera riche (troisième fonction), Aÿmer sera vaillant (deuxième fonction).

7 J. H. Grisward, op. cit., p. 81. L’acte par lequel Aymeri opère le partage des territoires dans les Narbonnais est rappelé dans Guibert d'Andrenas au v. 13, où Aymeri déclare à Hermengart: «Par maintes terres aimes hoirs departiz.» Ce n’est peut-être pas un hasard si, un peu plus loin dans le récit, Aymeri demande à Guibert son avis sur la succession de Narbonne de la façon suivante: «De mon païs, de ma terre garnie,/ A vostre los vueil faire departie./ Cui la donrai? Ne le celez vous mie.» (vv. 140-142). L'emploi de departie souligne le lien entre les deux événements. 2 B. Guidot remarquait déjà que dans Guibert d'Andrenas, Aymeri «veut réaliser la dernière partie d’un plan politique conçu depuis longtemps », dans « Figures féminines et chanson de geste: l'exemple de Guibert d'Andrenas», Mélanges. J. Wathelet-Willem, Liège, 1978, p. 194.

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simple, mais essentielle: Aymeri (ou son modèle), maître des fonctions et des terres, en sa qualité de «premier roi » réservait à son plus jeune fils l’héritage du pays central avec la royauté. L'adaptation et la transposition du thème à l’échelle du comté amputait le schéma originel du second élément: Guibert le menor recevait bien l’héritage paternel (la terre du centre), mais non la royauté. Ce manque, Guibert d'Andre-

nas vient le combler: il fallait qu’ Aymeri, conformément à la tradition, fit de son plus jeune fils un roi, quitte à conquérir à l'étranger ce royaume »**°. Mais la structure primitive n’a pas totalement disparu, car l’héritier de Narbonne est effective-

ment un jeune: si Guibert est devenu adulte dans Guibert d'Andrenas””, le filleul d’Aymeri n’a pas beaucoup grandi, puisqu'il y est encore presque un enfant, qu'Aymeri adoube en hâte avant l’expédition en terre sarrasine**”. Ainsi, le fait qu’Aymeri donne à Guibert la royauté en conquérant pour lui Andrenas et choisit Aymerïet comme héritier de Narbonne permet de sauvegarder, en deux personnages, les données de la structure primitive: le plus jeune devient roi et c’est à un jeune que revient le royaume du centre”. # J. H. Grisward, op. cit., p. 179. #7 Il y reste cependant le petit dernier: «C'est li plus josnes, si est li plus petis», dit à son sujet son père au v. 22, et sa mère reprend la même formule peu après, au v. 39; il est fréquemment désigné par le diminutif «Guibelin(s)» par Aymeri ou Hermengart jusqu’au départ des troupes pour l'Espagne (v. 37, 68, 80, 252, 541, 599); dans le récit, il est encore L'enfes Guibert au v. 1173, alors que son père vient de l’envoyer, en le maudissant, à la capture de troupeaux près d’Andrenas. Pour d’autres exemples dans d’autres chansons du cycle, voir J. H. Grisward, op. cit., p. 178. # Ilest désigné par le terme d'enfant dans le récit aux v. 849, 851, 864, 892, 1131, et par Bauduc au v. 888. Son nom est le plus souvent affecté du suffixe diminutif -er (16 occurrences sur 20).

* Peut-être Aymeri adoube-t-il plutôt Aymeriet parce qu'il lui a donné Narbonne, de la même façon que dans les Narbonnais, Charlemagne adoube les six aînés d’Aymeri (laisses LXXX-LXXXV) après avoir confirmé pour chacun d’eux le destin prévu par leur père. #*° Dans le manuscrit 3351 de l’ Arsenal (As), qui fournit une version partielle du Roman en prose de Guillaume d'Orange, le problème est résolu

INTRODUCTION

135

Le roi Guibert

L’acquisition de la royauté est donc le thème central de Guibert d'Andrenas. C’est surtout, naturellement, la fin de la chanson qui insiste sur la royauté à laquelle Guibert vient d’accéder: Ainz qu'en partissent ont Guibert couronné 2265; Et fu rois de la terre 2267; Rois fu Guibers 2268; Si a Guibers couronne d'or portee 2274; Le roi Guibert 2287; Du roi Guibert 2293; Li rois Guibers 2304°°", Toutefois, le couronnement de Guibert est aussi évoqué au début de la chanson, aux v. 220 et 544. A cet égard, on peut constater que la fureur que Guibert manifeste en apprenant qu’ Ayÿmeri va donner Narbonne à un autre qu’à lui disparaît instantanément lorsque son père lui dit: «Si vous ferai, sire filz, couronner, Et Augalete a moullier espouser.» (vv. 220-221)

L’apaisement soudain de Guibert peut être expliqué par la perspective d’un mariage, mais sans doute aussi par celle du couronnement, mentionné ici pour la première fois.

Si Guibert est destiné à être roi, c’est parce qu’il est le plus jeune des fils d’Aymeri, mais c’est aussi, semble-t-il, parce qu’il a été crucifié. Dans le chapitre deuxième de l’Archéologie de l'épopée médiévale, intitulé Aymeri et Yayäti: autrement, par le dédoublement du personnage de Guibert: «De Guibert qui conquist Andrenaz et Guibelin qui / tint / Nerbonne aprés Aymery ne dist ores rien l'istoire». Ce passage est cité dans Guillaume d'Orange. Etude du roman en prose, Paris, Champion, 1979, p. 27, par Fr. Suard qui le commente ainsi: «il s’agit sans doute d’un effort pour concilier les données de N {[Narbonnais], où Guibert est seul excepté du «departement», et celles de Guibert d'Andrenas; mais la tradition épique et la prose n’ont pas été embarrassées pour si peu et ont donné deux vocations distinctes au « meinsné » fils

d’Aymeri, Ces erreurs pourraient montrer qu’As ne connaît pas dans le détail ce livre d’Aymeri dont il parle ». On peut simplement ajouter à cette analyse que le nom de Guibelin que donne le manuscrit de l’ Arsenal à l'héritier de Narbonne insiste sur la jeunesse du personnage. 2! Pour d’autres exemples dans d’autres chansons du cycle (Aliscans, Chevalerie Vivien, Mort Aymeri, Prise de Cordres et de Sebille), voir J. H. Grisward, op. cit., p. 179.

136

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les fils irrespectueux et le péché du père”, J. H. Grisward montre comment les Narbonnais contiennent aussi, à leur façon, le motif de l'épreuve que l’on rencontre dans les récits iranien et indien, dans lesquels le père effectue le partage des territoires après avoir mis chacun de ses fils à l'épreuve. Dans les Narbonnais, «le motif se trouve [...] déplacé chro-

nologiquement, privé de sa fonction discriminante et réorienté »**. En effet, l’épreuve** n’a lieu qu’après qu’Aymeri a chassé ses six aînés de Narbonne (Guibert en est ainsi

exclu), et elle ne sert qu’à confirmer la décision du père. «Le motif est refondu, réorienté en fonction d’une mentalité typi-

quement médiévale tout entière dominée par l'idéologie lignagère, la conviction que «bon sang ne peut mentir ».»**"* Dans cette perspective, on peut voir dans la crucifixion dont est victime Guibert dans la seconde partie des Narbonnais*** une autre épreuve, qui confirme également a posteriori le destin singulier qu’a choisi Aymeri pour son plus jeune fils*”. Le fait est qu’au début de Guibert d’'Andrenas, Guibert

est défini conjointement par son rang dans la hiérarchie des âges et par son supplice. Ainsi, dans la première laisse de la chanson, en rappelant à Hermengart ce que sont devenus leurs descendants, Aymeri prend bien soin de souligner, à la fin de la liste des fils et avant celle des neveux, ce qui distingue Guibert des autres:

#? Ibid., pp. 79-135. MIDI, pD'82, ** Elle consiste en soudain qu’Hermengart et de fourrures. Les fils envoyé. Pour l'analyse 82-85.

ceci: après avoir expulsé ses fils, Aymeri accepte leur fasse parvenir des mulets chargés d’or, d’argent auront réussi l'épreuve s’ils refusent ce qui leur est de cette épreuve, voir J. H. Grisward, op. cit., pp.

2% Jbid., p. 85. # Ce supplice y occupe les laisses CXLVII-CLII. #7 VoirJ. H. Grisward, op. cit., p. 157.

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«N'a que Guibert remez en cest païs, Que en la crois mistrent li Sarrazin.

C'est li plus josnes, si est li plus petis.» (vv. 20-22)

Et lorsqu’ Aymeri demande à Hermengart à qui, selon elle, il doit donner Narbonne en héritage, elle répond sans hésiter: «Sire, fet ele, Guibelins le hardis Le doit avoir, par foy le vous plevis — C’est li plus josnes, si est li plus petis —, Por ce qu’en crois fu traveilliez et mis, El despit Dieu, le roy de Paradis.» (vv. 37-41)

Visiblement, Hermengart considère Guibert commé l’héritier tout désigné de Narbonne parce qu’il est le plus jeune de leurs fils et parce qu’il a été mis en croix (Por ce qu’ au v. 40 est tout à fait explicite)”. Si son opinion n’est pas respectée par son époux, c’est parce qu’en héritant de Narbonne, on l’a vu, Guibert ne peut être roi. La crucifixion apparaît néanmoins, avec le statut de «meinsné », comme un signe d’élection à la royauté. Elle confère en particulier au roi Guibert une dimension spirituelle dont sont dépourvus Bernard et

2% Dans Aymeri de Narbonne, la laisse CXV, consacrée à l'évocation du destin de Guibert, associe également le rang de Guibert dans la hiérarchie des âges, la mise en croix, et l'héritage de Narbonne (au v. 4610, cependant, les manuscrits B1B2C fournissent une autre leçon, moins intéressante: Si le navrerent d'un espié poitevin): Li siemes fiz Hermenjart au cuer fin Et Aymeri le conte palazin, Si apelerent le menor Guibelin. Moit ot franc cuer et coraje enterin;

S'orent en lui paien felon voisin, Maint en ocist a son branc acerin. Mes a un jor le pristrent Sarrazin; En croiz le mistrent li cuvert barbarin, Molt grant martire fesoient del meschin, Qant le rescout son pere et son cousin. Puis li dona Aymeris en la fin Tot son païs et son palés marbrin; Si fu oirs de Nerbone. (vv. 4603-4615)

138

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Beuve, les deux autres représentants de la première fonction”. Pourtant, dans Guibert d'Andrenas, Guibert ne semble pas se différencier de ses frères par des qualités propres.

Guibert et ses frères Si la cohésion du groupe familial est vigoureusement affirmée dans la chanson, comme

on le verra plus loin, les

Aymerides ne sont cependant pas interchangeables. Dans le cadre d’une expédition en terre ennemie, ce sont naturellement les représentants de la fonction guerrière, Aÿmer «le Chetif»°”° et Guillaume

«au Court Nez»°'"', qui se distin-

guent, quoique différemment. Guillaume apparaît notamment bien plus souvent qu'Aÿmer”. Caractérisé, dans Guibert d'Andrenas comme ailleurs, par son rire et son amour pour les chevaux”, entretenant des rapports étroits avec son neveu Bertrant (laisse XXII), il apparaît surtout comme un guerrier redoutable qui abat ses adversaires du premier coup: c’est le cas dans son combat contre Corsuble (laisse XXIT), puis dans celui contre Malagu (laisse XLVI)?”*. #* Voir J. H. Grisward, op. cit., p. 157. 7 Cette épithète apparaît aux v. 17, 417, 435, 443, 2069, 2086, 2354. Sur son sens, voir la note du v. 17.

7? Voir les v. 736 et 1372. Dans les deux cas, ce sont des Sarrasins qui nomment Guillaume ainsi. Sur ce surnom, voir J. H. Grisward, op. cit., pp.

216-219. © *?* 7 voie se lignés:

Le nom d'Aÿmer est mentionné 16 fois, celui de Guillaume 49 fois. Voir les notes des v. 702 et 1602. Dans la chanson, il n'y a que Guillaume, Aymeri et Aymerïet qu’on battre en combat singulier, ou dont les exploits guerriers soient souAymeri tue le roi Margot (vv. 1418-1423), il tue aussi à la suite

Galïen, Baufumez,

Abalafre,

Bruians et Magaris (laisses LVI-LVII);

il

affronte encore cent païens (laisses LVITI-LXI), parmi lesquels il tue notamment le roi Brunamont (laisse LIX). Quant à Aymeriet, il s'illustre près de Balaguer en capturant le roi Bauduc (laisses XXIII-XXIV). Guibert d'An-

drenas est la seule chanson où Aymeriïet soit autre chose qu’un nom. Ses compétences guerrières apparaissent dès son adoubement, car il monte sans

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139

Privilégié par le récit, Guillaume l’est aussi par son père qui le considère comme le meillor de ses fils (v. 406). C’est Aymeri en personne qui se rend à Orange pour lui demander

son aide (v. 409), c’est sur ses capacités qu’il déclare compter en l’envoyant en éclaireur (vv. 1336-1340), et, lorsqu'il convoque trois de ses fils pour leur demander la faveur d’engager le combat contre les Sarrasins, c’est Guillaume qui lui répond (on ignore d’ailleurs qui sont les autres fils), dans un grand éclat de rire (vv. 702-706).

Aÿmer est un type de guerrier bien différent. Il ne vit pas dans la société comme Guillaume, mais rôde au cœur de l’Espagne sauvage, comme le montre la réponse de Guibert à Aymeri qui vient de lui demander d’aller chercher Aÿmer: «Diex, dist Guibers, ou le porrai trouver? Je ne sai tant ne venir ni aler Que a nul home en puisse oïr parler Qui [ja] m’en sache nouveles aconter,

Si parfont est dedenz Espaigne entrez.» (vv. 418-422)

Dans ce territoire hostile qu’il connaît parfaitement bien*””, Aÿmer ne cesse de harceler les Sarrasins. C’est ainsi que difficulté un cheval extraordinaire, engendré par un dromadaire, qu'aucun lâche n’a jamais pu monter (vv. 277-283), et il excelle à l'épreuve de la quintaine, se montrant ainsi à la fois le digne parent de Charlemagne et le digne héritier de Narbonne

(vv. 289-300).

En revanche,

dans les Narbonnais

(v. 392), le Siège de Barbastre (v. 7375 et 7389), la Mort Aymeri (v. 4165), il est seulement mentionné comme le filleul d’ Aymeri et l'héritier potentiel ou réel de Narbonne, sans jouer aucun rôle dans le récit, sans être non plus pourvu d’un état civil et d’une histoire, alors que c’est le cas dans Guibert d'Andrenas (vv. 47-56 et 298-299).

7

Lorsqu’Aymeri décide de s'emparer de la tour avancée qui garde

Andrenas, il ordonne à Guillaume, Hernaut et Aÿmer de traverser le fleuve pour empêcher les Sarrasins de sortir de la ville. Plus précisément, c’est à Guillaume qu’il s’adresse, tout en signalant la connaissance qu’ Aÿmer a du terrain:

«Biax filz Guillaume, tant fetes a loer, En vous me puis au besoing affier. Seur vo destrier penssez de tost monter, Vous et Ernaus et li quens Aÿmer, Qui les passages set tous jusqu'a la mer.» (vv. 1336-1340)

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Guibert, parti à sa recherche sur l’ordre de son père, le rencontre: Tel aventure lor a Diex fait donner

Que .xv. lieues par dela Balesguer Trouva Guibers le Chetif Aÿmer, Qui repairoit d’une terre preer. Desconfit ot .1. roi felon Escler, JIM. paiens i ot fet devier. (vv. 433-438)

Cette guerre incessante, Aÿmer la mène, selon la tradition, avec une petite troupe de combattants farouches aux armes noires. Dans Guibert d'Andrenas, cette troupe sauvage n’apparaît pas, mais Aÿmer s'oppose tout de même à tous ses frères par le fait qu’il est seul. Non seulement il n’apporte pas de renforts à Narbonne en prévision de l’expédition contre les Sarrasins d’Andrenas, mais ses actes sont solitaires, tout autant que fulgurants. Ainsi, juste après l'épisode de la capture du bétail, qui a occupé 160 vers (vv. 1102-1264), une courte laisse de 16 vers, dont le début reprend la fin de la laisse précédente, montre Aÿmer apercevoir une caravane qui fait route vers Andrenas, l’attaquer, tuer les marchands dont les biens sont saisis et partagés (laisse XXX VI). Cet épisode ne semble pas avoir d’autre fonction que de mettre en évidence la technique de guerilla d’Aÿmer*”*. Par ailleurs, c’est encore seul, et sans prendre l’avis de quiconque, qu’Aÿmer part à la recherche de son père disparu. Et, arrivé sous les murs d’Andrenas, il défie bien les Sarrasins comme l’avaient fait avant lui Guillaume puis Aymeri, mais, apercevant le drapeau qu’ Aymeri a fixé à la fenêtre de la tour où il s’est barricadé avec Augaiete, il repart en hâte vers le campement 7° On pourrait penser, à propos des deux épisodes de la capture du bétail et de l’attaque de la caravane, à un moyen pour les Français d’affamer les habitants d’Andrenas. Mais la piste tourne court car, peu après, lorsque le roi Judas, affolé par l’arrivée des ennemis, exhorte ses hommes à bien défendre Andrenas, il leur assure que la ville regorge de vivres (v. 1319). Judas pourrait mentir, mais cette possibilité d'obtenir la reddition d’Andrenas n’est absolument pas exploitée par la suite.

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141

et ne livrera donc pas, contrairement à Guillaume et Aymeri, un combat selon les règles. Aÿmer, bien moins mis en valeur que Guillaume dans le récit, s’y signale toutefois par des actions solitaires, rapides et efficaces””’. En revanche, les représentants des autres fonctions, Ber-

nard et Beuve d’une part, Garin et Hernaut d’autre part, sont très peu présents. Cités dans la première laisse et dans la dernière laisse de la chanson, ils sont encore mentionnés lorsqu’'Aymeri convoque tous ses fils à Narbonne (laisses VIII-XIT), où le récit raconte ensuite leur arrivée (laisses

XV-XVIT). Ils sont, pour certains, particularisés par les épithètes qui leur sont affectées (Bernard est ainsi li flo(u)ris (v. 18, 2350)°*, Hernaut le felon rous°”), mais, sauf Her-

naut**, ne sont pas montrés comme participant activement à la conquête d’Andrenas. Si la valorisation de la fonction guerrière qui affecte la chanson de geste les fait apparaître, au début de Guibert d'Andrenas, comme des guerriers courageux et déterminés (vv. 364-369, 395-400), leur effacement

dans l’expédition en Espagne s’explique aisément par leur rattachement aux autres fonctions. Cependant, l’un d’entre eux, Beuve, est singulièrement absent". En effet, Beuve n’est pas mentionné, dans la première laisse de la chanson, parmi les fils d’Aymeri (vv. 14-19). Il n’apparaît pas non plus dans la scène magnifique où Aymeri, depuis ses fenêtres, voit confluer vers Narbonne ses fils et leurs puissantes armées (laisses XV-X VII). II a pourtant lui 77 Sur l'opposition entre Guillaume et Aÿmer, voir J. H. Grisward, op. cit, chapitres cinquième et sixième, pp. 183-228, et plus particulièrement pp. 222-224. 7% Voir J. H. Grisward, op. cit., p. 173 sqq. 7% Voir la note du v. 347. 2 Voir à ce sujet la note des vv. 353-355. #! Hernaut est mentionné dix fois, Bernart et Garin six fois, Beuve deux fois seulement. 242 Ces deux absences sont signalées par J. Melander dans l’introduction de son édition de Guibert d'Andrenas, p. XXII. Selon J. Melander, il

142

INTRODUCTION

aussi été convoqué, car Aymeri lui a dépêché un messager à Conmarchis

(vv.

410-413).

Curieusement,

Beuve

n’a

d’ailleurs été averti que par un messager, alors qu’Aymeri a envoyé deux messagers à Bernart, Hernaut et Garin (v. 326, 343, 371-372)*. Ce n’est qu’à la fin de la chanson que Beuve réapparaît (il ne participe pas plus à l’action que Bernart et Garin), lorsque les fils, à nouveau réunis à Narbonne

après la conquête d’Andrenas, retournent chacun sur leurs terres (vv. 2349-2354)*. Cette quasi absence de Beuve a-t-elle un sens ? Peut-elle s'expliquer autrement que par l’effacement des personnages qui ne relèvent pas de la fonction guerrière? Beuve, en épousant la fille du roi de Gascogne, a lui-même accédé au titre de roi***. Dans la mesure où Guibert d’Andrenas constitue le récit de l’achèvement du partage des territoires commencé dans les Narbonnais et fait de Guibert le roi, il serait peut-être contradictoire qu’un autre des sept fils d’Aymeri, roi également, soit présent. Cette hypothèse s’avère toutefois extrêmement fragile”**. D'abord, si Beuve est roi, c’est par rapport à Aÿmer le guerrier et Garin le riche,

s’agit là de fautes remontant, non à l'original, O, mais à une copie de cet original, O”’, dont dérivent tous les manuscrits connus. #* C’est Guibert qui est allé cherché Aÿmer en Espagne, et Aymeri qui s’est rendu à Orange demander son aide à Guillaume. Lorsque les autres fils

rejoignent Narbonne, Aÿmer et Guillaume, les deux représentants de la deuxième fonction, sont déjà là. Cette différence de traitement souligne leur importance. * Dans ce passage, Beuve n’est toutefois pas mentionné dans le manuscrit À. #

Voir les Narbonnais, laisse IV.

Nous l’avions évoquée dans « Légitimité du choix d’Aymeri de Narbonne dans Guibert d'Andrenas», L'épopée romane au Moyen Age et aux temps modernes. Actes du XIV° Congrès International de la Société Rencesvals (Napoli, 24-30 juillet 1997), publiés par Salvatore Luongo, Napoli, Fridericiana Editrice Universitaria, 2001, t. I, pp. 365-378. Elle nous paraît aujourd’hui bien téméraire. D'autres passages de cette communication sont réutilisés dans la présente étude.

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143

tandis que Guibert est roi à côté de ses six frères organisés en couples selon les trois fonctions (Bernart-Beuve, GuillaumeAÿmer, Hernaut-Garin)*’. Ensuite, comme l’explique fort judicieusement J. Melander, «il [..] semble impossible d’admettre que l’auteur ait ignoré Bovon et que ce personnage ait été introduit après coup dans x et y [soit les modèles des deux familles représentées par RHN d’une part, B1B2 d'autre part] par des copistes accoutumés à voir tous les fils d’Aymeri figurer ensemble dans les chansons qu'ils copiaient. Cette hypothèse n’a en soi rien d’absurde, car on sait que les copistes aimaient à répéter dans un poème les expressions qu’ils avaient fréquemment trouvées dans les poèmes précédents. Mais deux faits s'opposent ici à une telle théorie. D'abord, les familles x et y sont indépendantes l’une de l’autre, ensuite la mention de Bovon se trouve aux mêmes vers dans les deux rédactions. Si les copistes de x et y avaient voulu introduire Bovon dans notre chanson pour combler une lacune dans le texte qu’ils avaient sous les yeux, il serait vraiment surprenant, d’une part, que cette idée leur fût venue exactement aux deux mêmes passages du poème, et d’autre part, qu'aucun d’entre eux ne se fût aperçu de cette lacune dans les deux autres endroits où l’omission de Bovon est tout aussi frappante »***. Inversement, si le copiste de O” avait voulu faire disparaître Beuve, dont la présence pouvait lui sembler gênante, on ne voit pas pourquoi il l’aurait maintenu dans deux passages. Il faut donc se résoudre, faute de mieux, à expliquer l’absence de Beuve par une inadvertance. Néanmoins, la comparaison entre Beuve et Guibert permet peut-être de mieux cerner le type de royauté incarné par Guibert. Beuve est devenu roi par mariage, en épousant la #7 Du reste, Beuve n’est dit roi que dans les Narbonnais. Cf. J. H. Grisward, op. cit., p. 177: «En dehors des Narbonnais, où son «image» se lit sans équivoque, le cycle français ne renferme aucune allusion à sa royauté gasconne. Ainsi, s’il appartient à la première fonction, ce n’est pas à titre de roi.» # Guibert d'Andrenas, éd. par J. Melander, pp. XXXII-XXXIIT.

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fille d’un roi qui l’a librement accepté en fonction de ses qualités*”, tandis que Guibert est devenu roi par héritage. Ce n’est pas, en effet, parce que Guibert épouse Augaïiete, la fille du roi Judas, qu’il devient roi, mais parce que son père lui donne le royaume d’Andrenas, qu’il a conquis pour lui. En analysant la scène du couronnement dans le Couronnement de Louis, D. Boutet rappelle que cette chanson, ainsi que tout le cycle de Guillaume d'Orange, s’inscrivent contre l’idéologie selon laquelle le roi légitime est celui qui exerce correctement le pouvoir”. Qualifié, par son statut de dernier né, pour une royauté dont la composante spirituelle est assurée par la crucifixion, Guibert illustre le principe de l’hérédité de la couronne et, pour cette raison, il n’a pas à faire ses preuves. Dans Guibert d'Andrenas, Guibert n’est pas le valeureux combattant de la Mort Aymeri, qui libère notamment Narbonne assiégée par les Sarrasins, ou de la Prise de Cordres et de Sebille, où il triomphe du champion

sarrasin Butor et

confirme ainsi sa royauté. Dans notre chanson, la première fois que Guibert apparaît, c’est assurément en tant que puissant guerrier (Vv. 117-131), mais il ne s'illustre pas particulièrement dans la conquête d’Andrenas: on ne le voit guère se battre que dans l’épisode de la capture du bétail, où sa vaillance semble partiellement éclipsée par celle de Bertrant (vv. 1196-1210). Dans un autre domaine, Guibert manifeste bien de la largesse, à la fin de la chanson, en partageant le butin conquis sur les Sarrasins, mais il est associé dans ce geste à son père Aymeri (Vv. 2278-2284). Enfin, Guibert se montre d’une certaine façon jaloux à l’égard d’Aymeriïet (vv. 151-153, 172-177, 1125-1130, 1154-1159), et exprime ainsi un sentiment peu compatible avec la royauté”, Voir à ce sujet J. H. Grisward, op. cit., pp. 68-71. *

D. Boutet, Charlemagne

et Arthur ou le roi imaginaire,

Paris,

Champion, 1992, pp. 56-59. "Voir, au sujet de la jalousie comme «péril du souverain », J. H. Grisward, op. cit., p. 309 et 312-313.

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145

En revanche, le texte insiste sans cesse sur le fait que c’est Aymeri qui donne à Guibert, en héritage, Andrenas et la royauté. Au début de la chanson, Aymeri déclarait à Guibert: «Quant la cité avrai fet delivrer De Sarrasins, cui Diex puist craventer, Si vous ferai, sire filz, couronner,

Et Augalete a moullier espouser.» (vv. 218-221)

Fait prisonnier à Andrenas, Aymeri affirme de la même façon à Augaiete qui lui assure son aide: «Tout cest païs avrez a gouverner, Si vous ferai ambe.Il. couronner.» (vv. 1994-1904)

Et quand, à la fin de la chanson, Aymeri rend ses possessions à Bauduc qui s’est converti, le narrateur précise: Sa terre tint de Guibert l’alosé, Cui Aymeris a Andrenas donné. (vv. 2262-2263)°°°

Guibert n’a pas à conquérir son héritage, il le reçoit de son père, de sorte que l’argument fréquemment invoqué par Aymeri, «Aillent conquerre, aussi conme je fis! », se justifie 293 encore moins pour Guibert que pour ses frères”.

Le royaume d’Andrenas On a vu que Guibert ne pouvant être à la fois l’héritier de Narbonne

et un

roi, Aymeri

lui donne

un

royaume

en

Espagne. Mais pourquoi s’agit-il d’Andrenas ? Sur ce point, les données de Guibert d'Andrenas semblent ne pas bien s’accorder avec celles des Narbonnaïs. A la fin de cette chan#? Voir aussi les v. 80-83, 97-100, 315-324, 382, 488-494, 540-544, 558-564, 593-599. #* En montrant que le thème du «partage du monde » s'accompagne de celui de la «migration des jeunes », J. H. Grisward note, à propos du « departement», que «la nécessité pour les fils de «se faire eux-mêmes» à l'exemple de leur père, apparaît à l'évidence comme une surdétermination secondaire de caractère typiquement romanesque et issue de l’idéologie lignagère du moyen âge » (op. cit., note 71, p. 133).

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son, Guibert intercède auprès du roi Louis en faveur d’un prisonnier sarrasin, Clargis, qu'Aymeri a capturé lorsqu'il a sauvé son plus jeune fils du supplice de la croix sous les murs de Narbonne (laisse CCXXXIID). Grâce à Guibert, Clargis est libéré et se convertit volontiers à la religion chrétienne. Il s'adresse alors au roi Louis et lui demande la permission de donner à Guibert le royaume d’Andrenas, ainsi qu’Augaiete, sa sœur, la fille du roi d’Andrenas: «Or m'’antendez, segnor, ce dist Clargis. Vous savez bien, et baron et marchis, Que je sui niés a l’amirant persis, Qui mout a terres et citez et païs. Une niece a, qui mout a cler le vis; El est ma suer, de ce soiez toz fis, Ce est Gaiete, qui mout est de grant pris. Ses peres fu riches rois poteïs, Andernas tint tandis com il fu vis. An cele terre, par foi le vos plevis, N'i a remés paien ne Arabis Qui tuit ne soient an cest estor ocis. Se vos volez oltroier a mes diz, Guibert avra la pucele al cler vis Et le realme et trestout le païs, Don ge deüse par droit estre sessiz. Tot li claim quite, car molt est mes amis.» (vv. 7910-7926)

Guibert d'Andrenas fait bien référence à la conversion de

Clargis à la fin des Narbonnais, mais Augaïiete est cette fois considérée non comme la sœur, mais comme la nièce du Sar-

rasin converti, selon les paroles d’Aymeri à Guillaume: «Fille est au roi qui maintient la cité, Niece Clargis, le neveu l’amiré, Qui a Nerbone reçut crestienté.» (vv. 492-494)

Qu’Augaiete soit la sœur ou la nièce de Clargis est cependant sans conséquence, d’autant qu’il n’est plus question de Clargis dans le reste de la chanson, mais une divergence bien plus importante oppose les deux textes. En effet, tandis que, dans

INTRODUCTION

les Narbonnais,

147

Clargis présentait Andrenas

comme

un

cadeau offert à Guibert, la ville étant sans défense, dans Gui-

bert d'Andrenas, le père d’Augaiete n’est pas mort et de très nombreux Sarrasins gardent une ville extrêmement bien fortifiée. Selon H. Suchier, les vv. 7910-7926 des Narbonnais sont interpolés: «Je crois que les allusions à la chanson de Guibert d’Andrenas ont [...] été introduites après coup [...]. On

pourrait objecter que les faits allégués par Clargis ne sont pas tout à fait identiques avec les données de la chanson de Guibert [...]. Pour expliquer ces divergences ne suffit-il pas de croire que l’arrangeur n’a pas respecté la tradition ou qu’il n’a pas tenu à être exact ?»***. Mais pourquoi un arrangeur, cherchant à supprimer ou du moins atténuer les divergences entre des œuvres, en aurait-il créé une ? J. Melander rejette la position de H. Suchier, considérant que ce passage des Narbonnais n’est pas interpolé, et qu’au contraire l’auteur de Guibert d'Andrenas, qui semble très bien connaître les Narbonnais, s’en sert, avec la remise de Narbonne à Aymeriet*””,

comme point de départ de son œuvre, en modifiant volontairement certains éléments :« Qu’on se figure un poète voulant glorifier les prouesses des Narbonnais et écrivant une chanson sur une expédition contre une ville sans maître ni garnison ! »**. Le jugement de J. Melander paraît vraisemblable. Nous

ajouterons

seulement

qu'il était surtout

nécessaire,

dans la perspective qui est adoptée ici, que Guibert reçoive

#* Narbonnais, t. Il, p. VIII. 2% H. Suchier considère aussi comme interpolé dans les Narbonnais «le vers 392, où Aimeri parle du filleul à qui il laissera peut-être son fief, ce qui est èn contradiction avec ses protestations réitérées (57, 93, 157)» (Nar-

bonnais, t. II, p. VIN). On a vu cependant que la contradiction n’était qu’apparente. Par ailleurs, J. Melander fait remarquer que «Suchier oublie d'indiquer pourquoi il croit que le poète de la chanson postérieure aurait le premier introduit le filleul Aymeriet dans le cycle d’Aymeri» (introduction à Guibert d'Andrenas, p. LV).

2% Guibert d'Andrenas, éd. par J. Melander, p. LVIII.

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Andrenas de son père, à titre d’héritage”’. Aymeri n’en disposant pas, la ville serait forcément conquise. Du reste, certaines incohérences narratives de Guibert d'Andrenas suggèrent que ce n’est peut-être pas l’auteur de cette chanson qui a imaginé de faire de Guibert le roi d’Andrenas, de sorte que si les vers 7910-7926 des Narbonnais sont interpolés, leur contenu n’est pas nécessairement emprunté à Guibert d'Andrenas. Ainsi, au v. 176, Guibert se plaint que son père lui réserve la cité d’Andrenas, alors que celui-ci ne lui en a pas parlé. En outre, lorsqu’Aymeri annonce à Hermengart puis à Guibert qu’il a l’intention de donner Augaiete à Guibert (v. 98, puis v. 221), il ne précise pas qui est cette jeune fille et ses deux interlocuteurs ne le lui demandent pas. Ces phénomènes s’expliquent sans doute par

le fait que la tradition faisant de Guibert le roi d’Andrenas (et vraisemblablement aussi l’époux d’Augaiete) semble ancienne:

dans

le Couronnement

de Louis,

au

v.

825,

Guillaume se présente à un adversaire en se déclarant entre autres « Frere Guibert d’Andrenas le meinsné »**. Plutôt que d’incohérences, il vaudrait mieux alors parler d’allusions: l’auteur de Guibert d'Andrenas semblait considérer que son public connaissait familièrement la tradition. Il faut en outre remarquer qu’à la fin des Narbonnais, Guibert refuse le cadeau qui lui est proposé. Il répond en effet à Clargis:

*? Si Guibert avait accepté la proposition de Clargis dans les Narbonnais, c’est du roi Louis qu’il aurait reçu Andrenas, puisqu’en se faisant chrétien, Clargis est devenu un homme du roi, de qui il tient ses possessions (comme Bauduc devient, à la fin de Guibert d'Andrenas, un homme de Guibert; voir les vv. 2259-2263). * Couronnement de Louis, éd. par E. Langlois, Paris, Champion, 2: éd. revue, 1969. Le v. 825 était déjà invoqué, pour les mêmes raisons, par J. Melander dans son introduction à Guibert d'Andrenas, p. LVI. Cette leçon est cependant propre aux manuscrits de la famille A; dans la famille B, on lit: «Frere Guibert qui de nous est mainznez».

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149

«Granz merciz, sire, dist Guibert li gentis. Ne serai riches por que soiez mendis, Ce sachiez sanz dotance.» (vv. 7927-7929)

Ce faisant, Guibert reprend la formule qu'il utilisait au début de la chanson, lorsqu'il reprochait à son père la disproportion entre le sort qu’ Aymeri infligeait à ses frères et celui qu’il lui réservait: «Mes, par la foi que doi a Jesucrist, Ne serai riches por que soient mendis; Ja nes lerai tant con je soie vis ! » (vv. 385-387)

L'utilisation de la même formule au début et à la fin des Narbonnais semble bien suggérer un lien entre le « departement » des six aînés et le don d’Andrenas à Guibert, quoique la contradiction entre les Narbonnaïs et Guibert d'Andrenas ne disparaisse pas totalement pour autant, dans la mesure où dans Guibert d'Andrenas, il faudra s’emparer par les armes de la puissante cité. Aymeri, héros de Guibert d’Andrenas Ainsi, en décidant, dans Guibert d'Andrenas, de ne pas

donner Narbonne à Guibert, Aymeri ne fait qu’achever le partage entrepris dans les Narbonnais. Dans la dernière laisse du Siège de Barbastre, destinée à assurer la transition avec Guibert d'Andrenas, la décision d’Aymeri est d’ailleurs considérée comme pleine de sens: A une sainte Pasque, que sont lié tante jent, Se porpensa li quens, qui ot grant esciïent, Que, ainçois que il muire ne face finement, A son filluel dorra quite son chasement, Trestot le Nerbonoïis et ce qui li apent, Et a Guibert son fil ira prochienement Conquerre autre eritaje. (vv. 7386-7392)

Pourtant, la conduite d’ Aymeri tout au long de Guibert d’Andrenas apparaît bien singulière et même déraisonnable.

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Au début de la chanson, il impose brutalement sa déci-

sion à Hermengart et à Guibert, alors qu’il leur avait assuré qu'il se rangerait à leur opinion: «Cui lairons nous a tenir cest païs? Ouvrer en vueil tout a vostre plaisir.» (vv. 35-36)

«De mon païs, de ma terre garnie, A vostre los vueil faire departie. Cui la donrai? Ne le celez vous mie.» (vv. 140-142).

Bien plus, dans les deux cas, il s’ingénie à provoquer un conflit en laissant entendre à son interlocuteur qu’il compte donner Narbonne à Guibert: il rappelle en effet à Hermengart que Guibert, le plus jeune, celui qui a été mis en croix par les Sarrasins, est le seul à ne pas être pourvu d’un fief (v. 20-22), et, félicitant Guibert de ses exploits guerriers, il lui promet de grands biens (vv. 134-138). Tout naturellement, Hermengart propose Guibert et justifie son choix, comme on l’a vu, en reprenant les termes employés par Aymeri pour distinguer Guibert de ses frères (vv. 37-41), tandis que Guibert, sans

doute persuadé que son père pense à lui, se garde finement (du moins le suppose-t-il) de répondre à son père qui lui demande son conseil: Guibers respont : «Or ai merveille oïe ! Cui vous plaira, par Dieu le fil Marie ! » (vv. 143-144)

Il n’est alors pas étonnant qu’Hermengart et Guibert, apprenant la décision d’Aymeri, réagissent violemment en qualifiant ce projet de folie (v. 112, 152, et v. 157 dans R)”. La #* Dans les Narbonnais (vv. 249-262), Hermengart considérait déjà que la décision d’Aymeri de chasser ses aînés était une folie. qui entraînerait immanquablement une invasion sarrasine (ce en quoi elle ne se trompait pas). Dans Guibert d'Andrenas, elle est convaincue que si Guibert est envoyé en Espagne, il y mourra (vv. 101-116). À la fin de la chanson, elle interroge avec anxiété Aymeri sur le sort de Guibert qu’elle lui avait confié. Au sujet de ce personnage, B. Guidot remarque que «son comportement psychologique, ses réactions affectives, mettent (...) à l'honneur, dans la Geste, des sentiments qui, d’habitude, s’y trouvent rarement» («Figures

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comtesse juge extravagant le don de Narbonne à Aymeriet (vv. 63-67) et Guibert, convaincu que Narbonne lui revient de droit (il appelle les possessions d’Aymeri «ma terre» au v. 153, ainsi qu’au v. 175 dans RH), accuse son père de vouloir le déshériter (v. 152 et 174) au profit d'un étranger (v. 153 et 175)°”°. Aymeri paraît donc s’y prendre bien maladroitement pour faire valoir sa volonté. En outre, le comte de Narbonne ne semble pas lui-même certain du bien-fondé de sa décision. Il prévoit notamment le refus éventuel de certains de ses fils de participer à l’expédition en Espagne. Ainsi, lorsqu'il envoie des messagers à Bernart pour lui demander son aide, il leur précise d’avertir ce dernier que, s’il refuse de participer à la conquête d’Andrenas, il devra lui abandonner son territoire de Brubant (vv. 337-341). Selon J. H. Grisward, cet avertissement

s'adresse précisément à Bernart parce que, personnage relevant de la première fonction, il est un sage: «le vieux comte de Narbonne, conscient du caractère insensé, ou à tout le moins fantasque de son projet, redoute au fond de lui-même que Bernard le pacifique, Bernard le raisonnable ne désapprouve le dessein paternel et n’hésite à se joindre à une expéféminines et chanson de geste: l’exemple de Guibert d'Andrenas», Mélanges. J. Wathelet-Willem, Liège, 1978, p. 195). Au v. 1713, c'est Aymeri lui-même qui qualifie un de ses actes de «folie». Peu auparavant, Guillaume avait traité son père de fou (v. 1698). Dans la chanson, le roi Judas est aussi appelé fou, par sa fille (v. 2028) puis par ses hommes (v. 2241), qui décident de se convertir après avoir vu leur

chef, plein de confiance en la puissance de Mahomet, s’écraser au sol. % Comme dans les Narbonnais, l'épouse et le fils s’insurgent contre la décision du père, mais pour des raisons différentes. Dans les Narbonnais, Hermengart trouvait scandaleux qu'un de leurs fils puisse recevoir tout l’héritage (vv. 366-368), et Guibert ne voulait pas être riche au détriment de ses frères (vv. 379-387). Mais les données de Guibert d'Andrenas sont diffé-

rentes : les six aînés sont établis, de sorte que si Guibert reçoit Narbonne en héritage, il ne recevra que sa part de l'héritage. On comprend donc pourquoi Guibert se sent dépossédé. Mais c’est bien Andrenas qu’ Aymeri considère comme l’héritage de Guibert, car il menace son fils de le déshériter s’il ne se soumet pas à sa décision (vv. 159-171).

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dition aussi … déraisonnable »*’', La même menace est adressée à Garin: «Et se li dites, ne li celez vous mie, Se il me faut de faire ceste aïe,

Il puet bien dire, par Dieu le fil Marie, N'est mie de ma geste.» (vv. 383-386)

Le fait qu’Aymeri adresse également un avertissement à Garin s’explique alors par un souci de parallélisme dans des laisses précisément parallèles. Par ailleurs, Aymeri se rend lui-même à Orange pour demander son aide à Guillaume. On peut supposer qu’en cela il cherche à faire honneur à celui qu’il considère comme le meilleur de ses fils (v. 406)**, mais il semble qu’Aymeri se

soit plutôt déplacé pour tenter de convaincre Guillaume de participer à une expédition que le vieux comte lui-même présente comme une sorte de caprice. En effet, Guillaume se déclarant fâché que son père ait accompli un voyage si fatigant pour percevoir ses tributs, Aymeri le détrompe en ces termes: Dist Aymeris: «Pour el i sui venus, Car aler vueil sor paiens mescreüs, A Andernas, dont talent m'est venus, Si envoi querre mes amis et mes drus.» (vv. 464-467)

1 J.H. Grisward, op. cit., p. 175. Il remarque en note que l'expédition, «par certains côtés, a tout l’air d’un caprice de vieillard ! » (note 10, p. 181). C'est aussi le terme de «caprice » qu’utilise J. Crosland lorsqu'elle parle de «Guibert, the youngest, who would have inherited the fief of Narbonne by the right of ultimogeniture had it not been for a caprice of his father’s » (The Old French Epic, Oxford, Basil Blackwell, 1951, p. 42).

** Aÿmer n’a pas non plus été convoqué par un messager. Cette particularité, on l’a vu, distingue dans le groupe des Aymerides les deux guerriers que sont Aÿmer et Guillaume. Si c’est Guibert, et non un émissaire, qui va chercher Aÿmer en Espagne, c’est sans doute parce que la tâche est difficile: personne ne sait jamais où Aÿmer se trouve. C’est ce que Guibert fait remarquer à son père, qui le réprimande violemment (vv. 416-425).

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Et le discours qu’il adresse ensuite à Guillaume est particulièrement suppliant: «Biax filz Guillaume, ne soiez recreüz ! » (v. 471)

«Venez o moi, ne soiez recreüs ! » (v. 476)303

Or, Guillaume exprime du découragement en apprenant le projet de son père: «Diex, dist Guillaumes, par la toie bonté, Ja avons nous tant de mal enduré, Ne reposames, .xx. anz sont bien passé.» (vv. 495-497) Il se ressaisit immédiatement, ne voulant pas être considéré

comme un lâche, mais son bref mouvement de lassitude paraît significatif, et fait douter du bien-fondé de l’entreprise décidée par Aymeri. Enfin, après avoir réuni tous ses fils à Narbonne, Aymeri

laisse à Hermengart le soin de leur exposer son projet d’expédition en Espagne (vv. 591-599). Sans doute veut-il manifester l’estime qu’il a pour son épouse, mais peut-être aussi cherche-t-il à l’associer ainsi à sa décision, à laquelle elle se montrait hostile au début de la chanson. Peut-être pense-t-il également que, annoncé par leur mère, son projet sera plus facilement accepté par ses fils"*. Serait-ce alors parce qu’Aymeri doute de sa décision qu’il provoque un conflit, dès le début de la chanson, afin de n’avoir à manifester son autorité que par la force ? La violente dispute qui oppose Aymeri à Guibert au début de la chanson donne d'emblée beaucoup de vivacité au récit, tout en suscitant de l'intérêt pour la situation”. Elle n’est cependant pas le seul conflit à se manifester dans Guibert #* Le discours d’Aymeri n’est pas exactement le même dans tous les manuscrits, mais le ton est semblable. Voir la note des vv. 471-478. 8% Voir à ce propos B. Guidot, «Figures féminines et chanson de geste: l’exemple de Guibert d'Andrenas», p. 194.

*# Les dialogues sont très nombreux dans la chanson, composée de plus de 42% de discours direct.

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d'Andrenas. Au cours de l’expédition, Guillaume revient au camp français après avoir affronté les rois sarrasins Malagu et Bauduc. Du premier coup, il a tué Malagu, mais il n’a que désarçonné Bauduc qui, épouvanté, s’enfuit à pied dans la montagne. La pente est si raide que Guillaume, sagement, renonce à la poursuite et se contente de se saisir des montures de ses adversaires (laisses XLVI-XLVIT). Il est alors pourchassé par cinq Sarrasins qui viennent de sortir d’Andrenas, et il n’évite pas le combat car il désire s’emparer de l’un des chevaux de ses assaillants. Après un combat qui se transforme en mêlée générale, il rentre victorieux aux tentes avec les trois chevaux (laisses XLVIII-L). Son père l’accueille alors en le raillant: «Sire Guillaume, com esploitié avez? Ou sont li Turc que vous nous amenez? Se vous avez prison, si le rendez ! » (vv. 1664-1666)

Guillaume répond avec aigreur et la dispute ne tarde pas à s’envenimer. Cette querelle est à rapprocher de celle qui oppose Guibert à Aymeri au début de la chanson. Outre le fait qu’ Aymeri adresse la même insulte à ses fils, « glous lechierres » (v. 193 et 1693)”, dans les deux cas, les fils associent le

comportement de leur père à sa vieillesse, et la dispute dégénère en conflit de générations, dont l'épopée médiévale fournit de nombreux exemples”. Ainsi, Guillaume, exas-

péré que son père se moque injustement de lui, réplique avec vivacité:

*"* Sur les injures dans la chanson de geste, voir Ph. Ménard, Le rire et le sourire.., pp. 128-140, #7 Sur ces conflits, voir Ph. Ménard, Le rire et le sourire... DOS

Et

B. Guidot, op. cit., t. I, pp. 267-271. Voir aussi G. Duby, «Les «jeunes » dans la société aristocratique dans la France du Nord-Ouest

au XII siècle»,

A.E.S.C., n° 19 (S), septembre-octobre 1964, pp. 835-846, article repris dans G. Duby, La société chevaleresque, Paris, Flammarion, coll. Champs, 1988,

pp. 129-142.

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Et dist Guillaumes : «Il est bien veritez Com plus vit l’ome et plus est assotez ! » (vv. 1669-1670)308

Et il ajoute que, dans son combat contre Bauduc, son père n'aurait pas mieux fait que lui (vv. 1671-1676). Aymeri, furieux à son tour, et considérant visiblement que la jeune génération ne vaut pas la sienne, rappelle complaisamment ses exploits passés (vv. 1677-1681), dont Guillaume discute la valeur tout en se justifiant (vv. 1682-1692). Guibert, quant à lui, apprenant que son père lui destine Andrenas, que Charlemagne n’a jamais osé approcher (v. 177), dresse de son père un portrait peu flatteur: « Viex est mes peres, si a son tams usé. Mien escïent, .VIIL.XX. anz a passez. De son palais ne se puet remuer, Sus .uI1, coutes le couvient reposer, Et oreilliers de soie et de cendel,

Et couvertoirs qui sont gris et fourré. Tant de coussins couvient sous lui doubler Nes porroit on de .xx. mars acheter. Par devant lui fet sa messe chanter, Et puis se fet a mengier aporter, Grues et jantes et paons empevrez. Tant en mengüe qu’il a cras les costez, Tout pour son cuer qu’il velt resvigourer. Adont si dist: [Guerre] voudrai mener Tel que paien ne porront endurer.» (vv. 178-192)

Dans ce passage particulièrement savoureux'"*, Guibert reproche agressivement à son père de déclarer qu’il va ** Pour d’autre exemples de l’épithète assoté (ou d’épithètes équiva-

lentes) appliquée à des vieillards, voir Ph. Ménard, Le rire et le sourire... note 225, p. 97. #% Au v. 1672, Guillaume se montre ironique à l’égard de son père (la

formulation est différente dans RH, mais l’intention est la même). *° Ce type de raillerie très imagée n ’est pas rare dans les chansons de geste. Pour d’autres exemples, voir Ph. Ménard, Le rire et le sourire. p. 127. Dans Guibert d'Andrenas, on peut aussi mentionner les vv. 154- 158, où c’est encore Guibert qui se moque de son père, dans le même contexte:

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reprendre les armes alors qu’il est impotent, mais aussi de s’abandonner au sejor (v. 196). Aymeri lui répond non moins vivement sur ces deux points: il a bien le droit de se reposer après avoir conquis toutes ses possessions (vv. 193-197), et il reprendra effectivement les armes pour s'emparer d’Andrenas dont son fils sera roi (vv. 199-221). Guibert se soumet, son père a fait valoir son autorité. Ces deux conflits père-fils ne sont cependant pas sans

conséquences, et mettent en évidence le caractère déraisonnable du comportement d’Aymeri. En imposant abruptement sa volonté à Guibert, Aymeri a fait naître chez son fils un sentiment de haine jalouse*'" à l’égard de l’héritier de Narbonne, qui se manifeste au cours de l’expédition. Les troupes sont arrivées, non loin d’Andrenas, dans une plaine immense où paissent de nombreaux troupeaux, bien gardés par quatre mille vachers à cheval. Aymeri demande à ses hommes qui envoyer s'emparer du bétail, mission difficile. Aymeriet se propose, ce qui déclenche instantanément la colère de Guibert, qui reproche à Aymerïet de se montrer présomptueux et arrogant depuis qu’il a capturé le roi Bauduc et son cheval. Le fait est que sous Balaguer, Aymeri avait manifesté une singulière sollicitude à l’égard de son filleul, qu’il avait tenté d’empêcher de se mesurer au puissant guerrier Bauduc (vv. 797-799)", Aussitôt, Aymeri prend le parti de son filleul, «Biax sire pere, se Diex me beneïe, Je cuit joué avez de l’endormie ! Songié avez ennuit aprés complie,

Mes vostre songes est tornez a sotie, Qui ressemble mençonge.» *"" Hermengart, apprenant la décision d’Aymeri, avait aussitôt déclaré que Guibert allait immanquablement tuer Aymerïet (vv. 68-70). Or, dans la

version la plus ancienne du récit iranien du partage du monde, les deux aînés, déshérités, tuent leur plus jeune frère qui a été choisi comme roi (voir J. H. Grisward, op. cit., p. 40). Le rapprochement est-il abusif? * Il est d’ailleurs curieux qu’Aymeri craigne un combat entre son filleul et Bauduc, qui ne répugne pas à s'enfuir devant le danger. Les liens privilégiés entre le parrain et le filleul dans le passage en question sont annoncés, dans la laisse qui précède (laisse XXII), par ceux qui

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insulte violemment Guibert en lui rappelant qu’il est un vassal d’Aymeriet, et lui intime de demander réparation. Sans discuter, Guibert s’agenouille devant Aymeriet et lui remet son gant”, la réconciliation est faite (vv. 1132-1144). Mais Aymeri, toujours furieux de la conduite de Guibert, envoie son fils capturer le bétail avec seulement cent chevaliers: «A Dieu ne place, le pere tout puissant, Que tu retornes, s’aies encombrement, S’avra de toi mon filleul vengement! » (vv. 1151-1153)

Guibert fond en larmes et se plaint à ses amis de la préférence affichée par Aymeri pour son filleul (vv. 1154-1161), puis se lance à la poursuite du bétail. Au cours de l’équipée, comme Aymeri l’avait souhaité, Guibert se retrouve effectivement en fâcheuse posture. Alors seulement Aymeri se repent d’avoir maudit son fils (v. 1245)°"*, et se précipite avec Aymeriet, unissent Guillaume à son neveu Bertrant (vv. 757-772), et la prédilection d’Aymeri pour son filleul se confirme dans la suite de l’épisode. En poursuivant Bauduc, Aymeriïet se jette dans une rivière dont il n’a pas trouvé le gué, et se trouve aussitôt submergé. Aymeri se lamente et implore l’aide de

Dieu. Voyant le heaume de son filleul sortir de l’eau, il exhorte Aymeriïet à éperonner son cheval (laisses XXIII-XXIV). Or, dans la Prise de Cordres et

de Sebille, Aÿmer est lui aussi englouti dans un fleuve (vv. 353-355). Aymeri craint pour sa vie (vv. 356-357), mais au lieu de l’encourager, il l’insulte en

le sommant de sortir de l’eau (vv. 358-359). Bien plus, une fois Aÿmer hors de danger, son père l'insulte à nouveau parce qu’ Aÿmer, submergé, ne lui a pas répondu (vv. 407-410)! Et la querelle dégénère, comme dans Guibert d’Andrenas, en conflit de générations (vv. 413-441). * Sur la remise du gant (voir aussi, dans un autre contexte, les v. 239 et 1044), voir Ph. Ménard, «Les gestes et les expressions corporelles dans la Chanson de Roland: les attitudes de commandement et de défi», Guillaume d'Orange and the Chanson de geste, Essays presented to D. McMillan in celebration of his seventieth birthday by the Society Rencesvals, 1984, pp. 86-88. ‘4 Dans le chant I du Mahäbharata, le père exile ses aînés en les maudissant car ils ont refusé, contrairement à leur plus jeune frère, de prendre sa vieillesse (voir J. H. Grisward, op. cit., p. 40). Dans Guibert d'Andrenas, le déplacement géographique imposé par l'adaptation du thème du partage du monde à l’échelle du comté paraît faire de Guibert un fils maudit, et d’Aymeriet le fils béni. Guibert semble à la fois être et ne pas être l'héritier. Voir aussi la note 323.

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Hernaut et cinq cents hommes à son secours. Sa légèreté lui aura fait exposer son fils au péril de la mort. Au début de la chanson, Hermengart reprochait d’ailleurs à son époux de provoquer délibérément la mort de Guibert en l’envoyant en Espagne (vv. 101-116). Après sa querelle avec Guillaume, Aymeri se montre encore déraisonnable en se rendant tout seul et en cachette à Andrenas afin de prouver son exceptionnelle vaillance. II prend tardivement conscience de la folie de son entreprise (vv. 1713-1714)", mais poursuit sa route. Après bien des combats où il se montre effectivement particulièrement valeureux, ii en est néanmoins réduit à se constituer prisonnier. Le lien entre sa dispute avec Guillaume et sa capture est explicite. En effet, Aymeri avait accueilli Guillaume en lui déclarant: «Sire Guillaume, com esploitié avez? Ou sont li Turc que vous nous amenez? Se vous avez prison, si le rendez ! » (vv. 1664-1666) Or, c’est dans les mêmes termes que Judas interroge Bauduc

qui lui amène son prisonnier: «Dites, Baudu, com esploitié avez? Est ce prison que vous ci amenez?» (1947-1948)

La reprise de l’interrogation com esploitié avez? rappelle les remarques désobligeantes d’Aymeri à Guillaume et souligne avec finesse le caractère déraisonnable du comportement du vieux comte: c’est bien parce qu’Aymeri a reproché à Guillaume de ne pas avoir fait de prisonnier qu’il finit par être lui-même fait prisonnier. Guillaume s'était comporté avec sagesse en renonçant à poursuivre Bauduc, Aymeri a au

"* Dans la Prise de Cordres et de Sebille, au cours de la dispute entre Aÿmer et Aymeri mentionnée plus haut, Aÿmer rappelle à son père cet épisode (vv. 416-423), dont il se sert pour affirmer que les vieux doivent laisser la place aux jeunes sur les champs de bataille et demeurer dans leurs appartements à se faire saigner et poser des ventouses (vv. 424-429),

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contraire agi de façon impulsive, sans réflexion, et il en est puni. Pour tenter de comprendre la singularité du comportement d’Aymeri, sans doute faut-il se fier à ce que le texte dit sans cesse: Aymeri est un vieillard. C’est ainsi que le début de la chanson le présente, d’une façon très concrète: Ce fu a Pasques, la feste seignouri. Dedenz Nerbone fu li quens Aymeri, Viex fu et frailles li gentis quens de pris, Dejouste lui Ermengars la gentis, Qui si fu blanche conme la flour de lis. : Li cors li chiet et la chiere et le vis, La chars li tremble souz le peliçon gris. (vv. 1-7)316

Cette présentation liminaire n’est pas surprenante dans une chanson qui raconte comment Aymeri règle sa succession”, mais tout le reste de Guibert d'Andrenas insiste sur la vieillesse du héros: Aymeri est viex (..) et frailles (v. 3), viex et afoiblis (v. 2364), il est le chenu ou chanu (v. 823, 832, 1026), le ferrant

(v. 244, 879, 1055, 1727, 1729, 2306), li viex et li chenus (v. 450), li viex et li barbés (v. 514), le viel ferrant chanu (v. 1002), le viel chenu barbé (1. 1373), le viel chenu o le gre-

non mellé (v. 1796); il est encore Aymeri au poil chenu ferrant (v. 258), qui le poil ot chanu (v. 1253), o le grenon ferrant (v. 1736, 2321), a la barbe mellee (v. 2280, 2290), a la barbe flourie (v. 132, 145, 373, 1293), o le flori grenon (v. 401)"; il

** On pourrait supposer que les vv. 6-7 s'appliquent à Hermengart. Il est toutefois plus que vraisemblable qu'ils concernent Aymeri, parce qu’'Hermengart n’est jamais vue comme une vieille femme dans le reste de la chanson, tandis que les indications de la vieillesse d’Aymeri sont très fréquentes. C’est aussi l’opinion de B. Guidot, «Figures féminines et chanson de geste: l’exemple de Guibert d’'Andrenas», note 21, p. 192. #17 Dès les Narbonnais, Aymeri est vieux. Voir les références fournies par J. H. Grisward, op. cit., p. 124. *# I] n’est appelé viellart que par les Sarrasins, dans une insulte au v. 1878, et, au v. 1754, par Judas tentant de réconforter ses hommes épou-

vantés qui croient que toute l’armée française est arrivée sous Andrenas.

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INTRODUCTION

est aussi supposé, à la fin de la chanson, avoir plus de cent cinquante ans (v. 2366)'°. Ph. Ménard fournit d’autres

exemples de héros dont l’âge est extrême”, et commente ainsi le phénomène: «Ces hyperboles donnent, sans doute, de la majesté aux personnages. Mais ces héros ne sont pas seulement de vénérables patriarches, ils sont aussi des ancêtres chancelants (..). Dans la mentalité médiévale le

grand âge est un discrédit autant qu’une «héroïsation ». Les vieillards ne passent-ils point pour rassotés?»"". Effectivement, c’est bien ainsi que le voient ses fils: «Viex est mes peres, si a son tams usé», dit Guibert (v. 178); «Com plus vit l’ome et plus est assotez», dit Guillaume (v. 1670).

Si Aymeri reconnaît parfois lui-même son grand âge (v. 244, 310, 695, 832), il manifeste le plus souvent des désirs contradictoires : tout en revendiquant à juste titre son droit au «sejor» (vv. 195-198 et 306-314), il continue à vouloir s’affirmer en tant que redoutable guerrier (vv. 199-221 et 1693-1698). Comme

le déclare J. H. Grisward, «le drame

d’Aymeri est celui d’un homme qui ne veut pas vieillir; son orgueil n’est que la manifestation de cette négation exacerbée du vieillissement (...). Son péché est de ne pas accepter ce mal inévitable qu’est la vieillesse »***. Dans Guibert d'Andrenas, Aymeri fait preuve d’une extrême violence à l’égard de Guibert en l’envoyant capturer des troupeaux tout en souhaitant qu’il lui arrive malheur parce que Guibert, au début de la chanson, l’a considéré comme un vieillard impotent. De même, sa sotte équipée solitaire vers Andrenas s’explique par le fait que Guillaume a douté de ses forces. S’il a, dans cet épisode, insulté son fils qui revenait sans prisonnier, s’il tance vertement Guibert qui hésite à se rendre en Espagne à *? C'est le nombre fourni par tous les manuscrits qui comportent ce vers (BIRH). Sur le désaccord de B/B2 avec RH concernant l’âge d’Aymeri

au début de la chanson, voir la note du v. 179.

Ph.

Ménard, Le rire et le sourire.., p. 96.

*?! Ibid., pp. 96-97. #2 J. H. Grisward, op. cit., p. 124,

INTRODUCTION

161

la recherche d’Aÿmer, s’il impose brutalement sa décision de” donner Narbonne à Aymeriïet, c’est parce qu’il veut à tout prix manifester sa puissance et son autorité. Si, enfin, Aymeri adresse des menaces à certains de ses fils en leur demandant leur aide, s’il se rend lui-même à Orange pour supplier Guillaume de participer à l'expédition, c’est sans doute parce que cette vieillesse qu’il se refuse à accepter ne peut être compensée que par l’appui de tous ses enfants, qui le lui accordent. Cependant, c’est bien Aymeri qui apparaît comme le véritable héros de Guibert d'Andrenas, de même que Beuve

n’est pas le héros du Siège de Barbastre. Notre chanson n’est pas tant en effet à la gloire de Guibert, dont les talents ne sont guère mis en valeur, qu’à celle de son illustre père qui, ayant exigé de son plus jeune fils une épreuve, se doit de reprendre les armes pour réaliser la conquête qu’il a imposée; le succès de l’entreprise légitime d’ailleurs sa résolution initiale. Aymeri le vieillard reste ainsi le chef incontesté d’un clan familial dont il assure l’unité, dans lequel la vio-

lence des conflits enthousiaste.

s’apaise toujours dans une

solidarité

Le fier lignage Guibert d'Andrenas est en effet aussi une chanson qui célèbre la grandeur et l’unité du fier lignage. Le père se comporte en vieillard capricieux mais se repent, les fils n’hésitent pas à manifester leur hostilité mais se soumettent et prêtent volontiers leurs forces à leur père: les conflits vont de pair avec la cohésion du groupe familial. J. Crosland s’est mon-

*? Selon J. H. Grisward, les conflits qui opposent les Aymerides à leur père dans les Narbonnais ne sont pas simplement un reflet de l’actualité et ne relèvent pas non plus «seulement de l’anecdote romanesque ou de motivations purement psychologiques» (op. cit. p. 113); les Narbonnais s’appuieraient sur «une tradition relative aux migrations conquérantes des Indo-Européens» (ibid., p. 112), expliquées comme la conséquence de

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INTRODUCTION

trée particulièrement sensible à cet aspect. Dans l’introduction à son édition de Guibert d'Andrenas, après avoir rapidement

analysé

la chanson,

elle conclut

que le thème

de

Guibert d'Andrenas n'est guère original, car la Prise d'Orange, le Siège de Barbastre, la Prise de Cordres et de Sebille racontent aussi la prise d’une ville païenne par l’un ou l’autre des membres du célèbre lignage, et le mariage du héros avec une princesse païenne après sa conversion”. Elle ajoute toutefois: «But Guibert d'Andrenas gives us a picture, unparalleled in any of the chansons de geste, of the grouping of the family, the autocratic rule of the patriarch Aymeri, the loyalty of his sons (whose momentary outbursts of rebellion against his rule always end in complete submission), the cohesion and mutuality of the various members of

the family »**. Pour D. Hoggan, le phénomène concerne «‘conflits d'âge’ liés à la surpopulation et à l’expulsion des jeunes au bénéfice des vieillards et des enfants » (ibid., p. 113). Dans Guibert d'Andrenas, le déplacement géographique imposé par l’adaptation du thème du partage du monde, où le pays du centre revient, avec la royauté, au plus jeune, fait en quelque sorte de Guibert aussi un fils chassé. Cela pourrait alors expliquer qu’ Aymeri reprenne sans raison apparente dans Guibert d'Andrenas certains des arguments qu’il avait avancés dans les Narbonnais pour justifier le «departement» de ses six aînés. Aymeri déclare en effet à Guibert que la conquête d’Andrenas permettra à Hermengart et à lui-même de vivre enfin dans l’aisance et la sécurité (Vv. 306-314). Le portrait que faisait Guibert de son père passant sa vie sur des coussins moelleux n’évoquait pourtant ni l’indigence ni l'insécurité

(vv. 178-190). Sur les forces que les fils accordent à leur père, voir également J. H. Grisward, op. cit., pp. 114-129. * Divers points communs entre Guibert d'Andrenas et la Prise d'Orange, le Siège de Barbastre, la Prise de Cordres ont été étudiés plus en

détail par C. Siele, op. cit., $$ 115-122, pp. 44-46 et $$ 139-165, pp. 53-66, qui s'interroge aussi sur les rapports possibles de Guibert d'Andrenas avec d’autres chansons. Guibert d'Andrenas, ed. by J. Crosland, p. VII. J. Crosland reprend cette idée dans The Old French Epic: «There is, however, one short poem

which stands out from this group of vapid «chansons» devoted to Aymeri’s sons. Guibert d'Andrenas, which probably also dates from the beginning of

INTRODUCTION

163

l’ensemble du cycle des Narbonnais: «Le propre des poèmes du petit cycle de Narbonne, depuis les Narbonnais jusqu’à la Mort Aymeri, est de mettre en scène l’ensemble de la famille de Narbonne; même les plus récents, comme Guibert d'An-

drenas et la Prise de Cordres, réservent le rôle central à Aymeri lui-même (..). Il s’agit d’un cycle consacré tout entier à la gloire d’une famille »***, Dans Guibert d'Andrenas, la cohésion familiale n’est pas manifeste seulement dans les passages où les conflits s’apaisent, ni ceux où les fils offrent avec enthousiasme leurs services à leur père ou viennent à son secours”. Elle est aussi clairement et magnifiquement proclamée par la liste des descendants qu’ Aymeri prend plaisir à dérouler au début de la première laisse, qui n’est pas sans rappeler la fin d’Aymeri de Narbonne ou l'ouverture des Narbonnais. Dans la dernière laisse, la liste des fils est à nouveau établie, de sorte que ces deux laisses, qui encadrent l’œuvre, et dont la similitude thématique est soulignée par l’identité de la rime, mettent très fermement en évidence la

gloire du fier lignage. A l’intérieur de la chanson, l’unité du groupe familial est encore marquée avec insistance dans les laisses parallèles où Aymeri envoie des messagers à ses fils (laisses VIII-XT), ainsi que dans les autres laisses parallèles 328 qui font écho aux précédentes, où Aymeri, de ses fenêtres", the thirteenth century, is an excellent little poem of its kind. Apart from a fraction of it which is a concession to the taste of the period and treats of maidens’ dreams and desires, it is a monument to the cohesion and mutuality of the Aymeri family (...). In no poem is pride of family so clearly expressed (...). Guibert d'Andrenas has much

in common

with the other

poems of the group to which it belongs, but it is distinguished by its brevity, its colourful language, and its vivid portrayal of the family relationships »

(pp. 44-45). % D, Hoggan, La biographie poétique de Guillaume d'Orange, Strasbourg, Thèse dactyl., 1953, t. II, p. 193. #7 A Ja fin de la chanson, tous les fils se précipitent vers Andrenas où Aymeri s’est barricadé, comme le siège de Narbonne est levé, dans les Narbonnais, grâce au concours de tous les fils. ## Sur ce motif, voir J.-P Martin, « Vue de la fenêtre» ou «panorama épique »: structures rhétoriques et fonctions narratives », Au carrefour des

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INTRODUCTION

voit venir vers Narbonne, de trois directions différentes, ses

fils et leurs armées, et où il exulte de joie et de fierté (laisses XV-XVII). Dans cette célébration des Narbonnaïis, l’accent est en même temps mis sur Narbonne, considérée comme le

lieu central où convergent toutes les routes, d’où tout part et où tout revient. IT. L'univers sarrasin

Le groupe formé par Aymeri et ses sept fils exerce son unité, dans cette chanson comme dans les autres, contre les Sarrasins. À cet égard, Guibert d'Andrenas offre du monde

sarrasin une vision traditionnelle, mais montre également son caractère récent dans l’utilisation d’un thème fréquent dans les chansons de geste à partir du XII siècle**”: «la chanson de Guibert d'Andrenas est un roman de guerres et d'aventures et en même temps un roman d’amour »**. Géographie épique Dans Guibert d'Andrenas, la ville à conquérir est située dans une région lointaine, sauvage, hostile et dangereuse. Apprenant le projet d’Aymeri, Hermengart se lamente, routes d'Europe: la chanson de geste, Actes du X° Congrès International de la Société Rencesvals (Strasbourg, 1985), t. Il, Senefiance n° 21, 1987, pp. 859-878. C'est la perspective choisie par B. Guidot dans l’étude de certaines chansons du cycle de Guillaume d'Orange qu’il a menée dans ses Recherches sur la chanson de geste au XIIF siècle: dans les «Considérations préliminaires sur les datations épiques » (pp. XV-XXXII), il rappelle les différents moyens dont on peut disposer pour parvenir à une date approximative, en montre ensuite la fragilité, et propose enfin un autre moyen, qui est

«l'examen du traitement des thèmes, des conceptions littéraires, de l'esprit général de chaque chanson » (p. XXT). La formule est empruntée à J. Melander dans son introduction à Guibert d'Andrenas, p. L, qui reprend celle de J. Bédier à propos de Guibert d’Andrenas, de la Prise de Cordres et de Sebille, du Siège de Barbastre, de Bovon de Commarcis:

«Romans de guerres et d'aventures, mais en même

temps romans d’amour » (Les légendes épiques, t. I, p. 50).

INTRODUCTION

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convaincue que son fils mourra, et Guibert, qui vient de découvrir la décision de son père, s’écrie: «À .I. estrange veut sa terre donner, Et si me donne Andrenas sor la mer, Ou Charlemaigne n’osa onques aler!» (vv. 175-177)

Le début du voyage semble cependant se passer très facilement, et ne prête à aucun commentaire, selon le procédé narratif, usuel dans la chanson de geste, qu’A. Labbé nomme le

«topos du voyage éclair»"". Après les combats sous Balaguer, l'expédition se poursuit sans plus de difficultés, et elle n’est pas davantage décrite, jusqu’au moment où les troupes françaises parviennent au bord d’un fleuve, situé non loin d’Andrenas, où elles établissent leur camp”: Tant [chevaucherent] François sanz demourage Qu'il sont venus au port sous le rivagc. Grans sont les ylles, la praierie large. De .v. citez i fu le bestiage. (vv. 1100-1103)

C’est dans cette plaine fertile, d’Andrenas, que surgit toute moment où Guibert et ses cent retourner au camp avec le bétail

qui annonce les richesses une troupe de géants, au compagnons s’apprêtent à capturé:

#1 A, Labbé, «Itinéraire et territoire dans les chansons de geste», Terres médiévales (Actes du Colloque d'Orléans, avril 1990), Paris, Klinck-

sieck, 1993, p. 161. Dans cet article, A. Labbé montre que l’univers épique représente l’espace essentiellement comme un itinéraire, bien plus rarement comme un territoire. *? Pour se rendre à Andrenas, il faut encore une nuit de marche (cf. vv. 1284-1292). Or, lorsqu’ Aymeri part seul pour Andrenas, à la suite de sa dispute avec Guillaume, il parcourt le même chemin (cf. vv. 1706-1707).

Cela ne peut guère s’expliquer que par le fait que le campement a été établi près du fleuve. Pourtant, ce fleuve paraît s’être déplacé, puisqu’ Aymeri ne le franchit qu'après avoir accompli tout ce chemin (vv. 1717-1720). Si l’on se

fie aux indications fournies par le texte, il semble qu’il y ait deux fleuves,

l'un près duquel les Français se sont installés, et un autre, que l’on peut voir depuis Andrenas (cf. vv. 1305-1306) et dont les gués sont gardés par des sentinelles (vv. 1729-1732).

166

INTRODUCTION Vers l’ost a tout cuidoient repairier, Quant lor saillirent jaiant lez .1. rochier De la mesnie Turpemant l’averssier. Cil rescousent la proie. (vv. 1217-1220)

Ces géants sont décrits de la façon suivante: Li paien saillent, grant et fier et corssu, As Nerbonois sont encontre venu, L’uns fu Garaus, et Eraus le chenu. Fiere gent sont li cuivert mescreü. I. chastel ont desor le puy agu, Des bestes ont chascun jor le treü, ..M. fronmages lor sont le jor rendu Par treüage en lor chastel lassus. A tout lor gent sont de leenz issu, Une gent fiere, que si grande ne fu. Noise demainent et grant cri et grant hu. (vv. 1221-1231)

On voit que le récit ne se contente pas de les montrer redoutables, mais évoque aussi leur mode de vie. Ces géants se rattachent au type du « géant sauvage » décrit ainsi par Fr. Dubost: «Les êtres visés par cette dénomination ne sont pas très nombreux dans la chanson de geste, alors qu’ils sont très bien représentés dans le roman. Ils paraissent établis de longue date sur une région pour laquelle ils constituent un véritable fléau. Ils n’interviennent pas dans les guerres qui opposent les français et les sarrasins, et semblent vivre en dehors de toute organisation politique ou sociale, en marge des conflits qui agitent la société féodale, presque en marge du temps. Toutefois, si l’occasion se présente, ils sont prêts à sortir de leur chastel pour faire du butin. On peut les considérer comme des résurgences fantastiques d’un état ancien des choses, des représentants de l’Autrefois maléfique, aspect qui les rattache à l’image mythique et terrifiante de la «bête de la montagne » (...). Ils ne vivent que pour faire le mal et subsistent en prélevant un tribut sur les régions qu'ils oppriment et pressurent »**”. Leur caractère terri** Fr. Dubost, Aspects fantastiques de la littérature narrative médié-

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167

fiant est cependant atténué dans cet épisode. S’ils rançonnent la région, ils ne l’ont absolument pas rendue gaste. Ils sont en outre assimilés dans le lexique à des païens ordinaires (v. 1221 dans B1B2, v. 1257 et 1260 dans tous les manuscrits,

v. 1261 dans R). Certains de leurs aspects sont par ailleurs comiques, comme «la nature et l’importance du tribut réclamé aux populations pressurées et leurs cris épouvantables [v. 1231}», ainsi que le remarque B. Guidot”*. Enfin, s’ils se montrent des adversaires redoutables et font de nombreux prisonniers (vv. 1235-1239), ils sont rapidement mis en déroute par les troupes de renfort: En petit d’eure ont paiens desrompuz, Fuiant en vont li cuvert mescreü (vv. 1260-1261 )535

Leur apparition était finalement «un simple incident dans un épisode relatant la capture d’un troupeau de bestiaux qui leur était vraisemblablement destiné »**. En faisant intervenir des géants, le narrateur a peut-être voulu suggérer que les Français parvenaient en territoire vraiment étranger, au cœur de l’Espagne sauvage”*”. La suite vale, t. I, p. 599. Voir aussi, du même auteur, «L'emploi du mot GÉANT dans les chansons de geste», Mélanges. Ch. Camproux, Montpellier TIT,

1978, t. I, pp. 299-313. ** B. Guidot, Recherches sur la chanson de geste au XIIF siècle, t. I,

note 105, p. 1028. # Il faut toutefois noter que la menace qu’ils représentent ne disparaît pas définitivement, car ils ne sont pas exterminés, mais seulement mis en fuite. De la même façon, à la fin de la Mort Aymeri, les Sagittaires sont anéantis, et leur cité d’Esclabarie conquise, mais il subsiste, entre Narbonne et Esclabarie, une inquiétante cité nommée Montirant (vv. 3367-3377), construite par des géants, et revenue à l’état sauvage après sa destruction par Charlemagne, qui avait aussi, autrefois, détruit Esclabarie.

#6 Fr. Dubost, op. cit., p. 600. La brièveté de leur apparition est sans doute liée au fait que Guibert d'Andrenas est une «chanson où le surnaturel ne tient que peu de place » (B. Guidot, op. cit., note 105, p. 1028). #7 A Balaguer, le roi Bauduc peut à la rigueur apparaître comme une sorte de gardien du gué (vv. 628-641), mais cet élément n’est pas du tout

exploité: en voyant arriver les Français, Bauduc, au lieu de leur réclamer le paiement du droit de passage, se prépare pour le combat.

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INTRODUCTION

paraît le confirmer, puisque les troupes, en poursuivant leur route vers Andrenas, passent les pors de Salorie,/ Les puis de Dor et les vax de Surie (vv. 1284-1285), aperçoivent à leur gauche Sezile (v. 1286), puis Cordres (v. 1287), et, à leur droite, Les vaux de Comeniel Ou li Comain ont leur [herbergerie] (vv. 1288-1289). L’indication de ces noms de lieux ne

vise pas à permettre de localiser l'itinéraire suivi ni la ville d’Andrenas**. Faut-il en déduire que la géographie est fantaisiste**”? À supposer que Balagué, la cité de Bauduc, soit localisée dans l’esprit du poète là où se trouve réellement la ville de Balaguer, à supposer aussi que Laride désigne non seulement ia ville de Lérida, mais également le lieu où elle se trouve dans la réalité, le problème de la géographie épique" ## J, Wathelet-Willem rappelle que «pour J. Horrent, L'influence de l'Espagne sur quelques chansons de geste françaises, pp. 208-209, l’auteur ne se préoccupe pas de rigueur géographique et Andrenas est une ville purement imaginaire, vaguement localisée en Espagne» (Recherches sur la Chanson de Guillaume, t. I, note 205, p. 554).

** C’est ce que pense par exemple M. de Riquer, Les chansons françaises, p. 168, à propos de Guibert d'Andrenas, de la Prise de et de Sebille, du Siège de Barbastre: «La géographie espagnole comme très fantaisiste dans ces poèmes romanesques, où, si l’on

de geste Cordres apparaît identifie

facilement Cordoue, Séville, Barbastre, Balaguer, Almeria (Aumarie), Bar-

celone, Gandia (Candie), etc., il est déjà plus difficile de vérifier quelles villes se cachent sous les noms de Burienge, Connimbres, Moriengne, Osquepuie, etc., noms de la pittoresque géographie espagnole des chansons de geste françaises, géographie qui se note comme déjà partiellement consti-

tuée lorsque le Roland fut écrit». M. Rossi considère également l'Espagne de Guibert d'Andrenas comme «une Espagne de fantaisie » (Huon de Bordeaux et l'Evolution du Genre épique au XIHT siècle, Paris, Champion,

1975, p. 105). #* Sur ce point, voir B. Guidot, Recherches sur la chanson de geste au XII siècle, t. I, pp. 670-686, J.-Ch. Payen, « Encore le problème de la géographie épique», Actes du IV° Congrès International de la Société Rencesvals (Heidelberg, 1967), Heidelberg, Winter, 1969, pp. 261-266, Fr. Suard, «La chanson de geste comme système de représentation du monde», Actes du XI° Congrès International de la Société Rencesvals (Barcelone, 22-27 août 1988), Memorias de la Real Academia de Buenas Letras de Barcelona,

t. XXII, Barcelona, 1990, pp. 241-268, article repris dans Fr. Suard, Chanson de geste et tradition épique en France au Moyen Age, Caen, Paradigme,

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se pose dès le début de la chanson. Lorsqu’Aymeri évoque . l’expédition en Espagne, il déclare notamment, à propos des troupes que lui amèneront ses fils: «Passeront Sur, Leride et Balagué, Tant qu’il verront Andrenas la cité.» (vv. 212-213)

Or, il semble qu'il faille voir dans Sur l'évocation des célèbres ports de Cize“', près de Roncevaux, par lesquels aucun Narbonnais ne songerait à passer pour se rendre en Catalogne, mais dont la mention confère un immense prestige à la conquête d’ Andrenas**. En ce qui concerne les lieux traversés par les troupes françaises après l’épisode dela capture du bétail, certains d’entre eux ont déjà été cités dans le récit. La première fois que Guibert apparaît dans la chanson, il revient victorieux d’Espagne: Fraite ont Tudele, la fort cité antie, Les puis de Dor et les vaus de Sorie (vv. 125-126)

Dor fait peut-être référence au fleuve Duero et Surie à la ville de Soria, établie sur le Duero, mais ne signifie pas nécessai-

1994, pp. 21-48, A. Varvaro, «L'Espagne et la géographie épique romane », Actes du XI° Congrès International de la Société Rencesvals (Barcelone,

22-27 août 1988), Memorias de la Real Academia de Buenas Letras de Barcelona, t. XXII, Barcelona, 1990, pp. 295-330. *! Cette occurrence dans Guibert d'Andrenas figure à l’entrée «Sizer » du Répertoire des noms propres d’ A. Moisan, qui renvoie en note à E. Lambert, « Textes relatifs à Roncevaux et aux ports de Cize », Colloquios de Rencesvalles (Agosto 1955), Zaragoza, 1956, pp. 123-131 (t. I, vol. II, note 38, p. 1417).

“? On peut également remarquer que dans la réalité, depuis Narbonne, on passe d’abord par Balaguer pour atteindre Leride, mais l’interversion s'explique aisément par le fait que l’arrêt à Balaguer n’est pas sans importance dans le récit. La conversion finale de Bauduc est ainsi préparée dès le début de la chanson par l’évocation de sa ville par Aymeri et par la mention de ce roi dans le discours qu’Hermengart adresse aux hommes d’Aymeri avant l'expédition (v. 597). C’est aussi dans la région de Balaguer que Guibert rencontre son frère Aÿmer (v. 434). L'espace dans Guibert d’Andrenas se construit alors à partir de trois lieux, Narbonne, Andrenas, Balaguer.

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rement que l’action se passe dans cette région. En revanche, la répétition de la formule Les puis de Dor et les vaus de Surie (v. 126, 1285, 1707), associée deux fois à celle des pors de Salorie (vv. 1284, 1706)“, permet une structuration de

l’espace“. De part et d'autre de la route désignée par cette “? Salorie, où sont célébrées, dans la Prise de Cordres et de Sebille, les noces de Guibert et Augaiete, n’a pas été identifié. O. Densusianu, dans son édition de cette chanson, propose d’y voir une variante de Lerie (table des noms propres, p. 187), mais Laride et Salorie désignent dans Guibert d'Andrenas deux lieux différents. C’est par ailleurs à propos de Salorie qu'O. Densusianu considère que la Prise de Cordres est la suite d’une version antérieure de Guibert d'Andrenas: « Dans un passage de Guibert d’Andrenas on nous dit que les Narbonnais qui étaient venus de France pour se diriger vers la ville qui devait entrer dans la possession du fils d’Aymeri passèrent «les ports de Salorie ». C’est évidemment le même nom. Il y a donc lieu de supposer que le jongleur qui a composé la Prise de Cordres et de Sebille connaissait une rédaction de Guibert d'Andrenas plus ancienne que celle qui nous a été conservée, et que dans cette rédaction les Français, après la prise d’Andrenas, s’arrêtaient à Salorie ou Salerie avant de retourner dans leur pays » (introduction, p. CXLI). L'éditeur précise en note: «L'existence d’une telle rédaction semble assurée aussi par le fait que dans Guibert d'An-

drenas le roi sarrasin Judas meurt au siège de la ville, tandis que dans la Prise de Cordres et de Sebille nous le voyons reparaître, ce qui montre que l’auteur de cette dernière chanson avait devant lui une version de Guibert où Judas s’échappait d’Andrenas » (ibid.). L’argumentation semble fragile, car on ne voit pas pourquoi, après la prise d’Andrenas, les Français seraient allés ailleurs célébrer le mariage. En outre, le fait que Judas n’est pas mort dans la Prise de Cordres n’implique absolument pas l’existence d’une version antérieure de Guibert d'Andrenas. “* Un jeu d’échos se manifeste aussi dans certaines indications temporelles, mais celles-ci ne sont sans doute pas à prendre à la lettre. On remarque en effet la récurrence du nombre neuf, à propos de la durée du voyage entre Narbonne et Balaguer, et entre Balaguer et la roche d’Arsis, où Bauduc envoie son cousin Barbagant prévenir Judas du malheur qui lui est arrivé; Andrenas conquise, les Français en partent au bout de huit jours (soit le neuvième jour), et c’est aussi au bout de huit jours à Narbonne que les fils d’Aymeri regagnent leurs terres (voir les vv. 619-620, 992-993, 2264, 2285-2286). On voit que la récurrence discrète du même nombre accompagne les déplacements majeurs dans l’espace, et souligne le rôle central de Narbonne (pour d’autres exemples de la récurrence des nombres dans les

indications temporelles et l'effet de «rondeur» produit, voir B. Guidot, «Mesure du temps et flou chronologique dans quelques chansons de geste

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formule, rendue ainsi familière et en quelque sorte appropriée, apparaissent d’autres lieux dont la fonction n’est pas non plus de permettre une localisation précise au sens où nous l’entendons aujourd’hui, mais qui suggèrent l'entrée dans des territoires lointains. Que Cordres désigne Cordoue et Sebille la ville de Séville est bien possible“, mais ne

signifie pas que les Narbonnais ont atteint l’ Andalousie: ces noms ont surtout un énorme pouvoir évocateur, en incarnant la magnificence des grandes cités musulmanes des régions du XII: siècle», Annales de l'Est, 38° année, 1986, pp. 181-182). Il n’y a donc pas plus d’indifférence au temps qu’à l’espace; il s’agit plutôt d’un traitement particulier de ces données qui ne permet pas, pour le lecteur

moderne, de repérage précis, mais qui produit une impression de totalité, d'équilibre et de plénitude. Du reste, l'indifférence au temps que l’on attribue souvent au Moyen Age est plutôt une indifférence à la chronologie. Ph. Ménard remarque, à propos des romans de Chrétien de Troyes, que «l'indifférence à la chronologie ne vient pas d’une incapacité à se représenter le temps objectif » et précise que dans le roman, «le temps, comme l’espace, (.) subit une élaboration, si l’on veut, une sorte de déformation » («Le

temps et la durée dans les romans de Chrétien de Troyes», Le Moyen Age, 73, 1967, p. 399). Il semble que cette conclusion puisse également s’appliquer à la chanson de geste. #*#* Plus exactement a senestre partie (v. 1286) et Et d'autre part (v. 1288): l'identification du référent est subjective; par ailleurs, l'itinéraire

semble devenir territoire. % Cordres est cependant parfois identifiée à Cortes, en Aragon (voir la note du v. 71 de la Chanson de Roland éd. par G. Moignet, Paris, Bordas, 1969, p. 30. Pour J. Melander, Cordres n’a probablement que le nom en commun

avec Cordoue (table des noms propres, p. 145). Sezile fait partie

des villes conquises par Roland pour Charlemagne dans la Chanson de Roland (les trois villes mentionnées au v. 200 apparaissent aussi dans Guibert d'Andrenas):«Jo vos cunquis e Noples e Commibles,/ Pris ai Valterne et la tere de Pine / E Balasgued et Tuële e Sezilie » (vv. 198-200). Dans son Répertoire des noms propres, À. Moisan fait figurer la référence de Guibert d’Andrenas à l'entrée « Sezile: île du sud de l'Italie », et rappelle en note «la préférence de J. Melander pour la Sicile, au lieu de Séville que propose Ph. A. Becker, Zeit. für Rom. Phil., XXII, 1898, p.418, n. 2 » (Répertoire des noms propres, t. I, vol. II, note 35, p. 1417). Il nous semble toutefois que J. Melander se contente de noter que l'identification stricte de Sezile avec Séville est douteuse, tout comme celle de Cordres avec Cordoue (table des noms propres, p. 149).

F2

INTRODUCTION

profondes de l’Espagne. La mention de la Comenie renforce l'impression d’étrangeté, car les Comains sont un peuple d’ailleurs, un peuple sauvage dont le poète ne fournit ici qu’une des caractéristiques fixées par la tradition, le nomadisme (comme le montre le mot herbergerie, v. 1289), et ne

fait que suggérer la menace qu’ils pourraient représenter: C’est une gent qui Dieu ne croient mie“? (v. 1290). C’est après avoir traversé ce territoire à la fois bien structuré et marqué par l’étrangeté que les Français parviennent en vue de la cité d’Andrenas, dont la conquête est ainsi annoncée

comme particulièrement prestigieuse. Les guerriers sarrasins Les Sarrasins qui apparaissent dans la chanson, à Balaguer ou à Andrenas, sont parfois présentés comme de redoutables et même de terrifiants adversaires: un triomphe sans gloire serait sans intérêt. Ainsi, le roi Margot est un monstre: La lor avint .1. mortel encombrier,

Que rois Margot lor vint a l’encontrier. Nus hons ne vit .1. Sarrazin si fier,

Goule ot fendue bien demi pié entier, Les dens agus conme quarrel d’acier, Noir conme meure, bien sembla avressier. (vv. 1404-1409)

“7 Sur les Comains, voir M. Rossi, op. cit., pp. 104-108. ** Sur ce type de portrait, qui est traditionnel, voir Ph. Ménard, Le rire et le sourire..., pp. 48-52, et B. Guidot, Recherches sur la chanson de geste au XIIT° siècle, t. I, pp. 61-64, et t. II, note 244, pp. 783-784. Ph. Ménard précise que «ce sont les évocations les plus rapides qui sont peut-être les plus saisissantes », et cite notamment l’exemple du roi Margot (ibid., p. 50). La noirceur physique du personnage correspond à sa noirceur morale, confirmée par l’emploi du terme avressier (v. 1409); voir à ce sujet la note du v. 1211. À propos

de goule (v. 1407) et pance

(v. 1424), Ph. Ménard

remarque que ces termes, dépréciatifs, s’utilisent presque toujours pour des méchants (ibid., pp. 119-120).

INTRODUCTION

F5

Ce terrible guerrier se précipite avec mille hommes (qui,: dans RH, sont eux aussi noir con more de morier; voir les variantes du v. 1411) et massacre

beaucoup

de Français

(Vv. 1413-1415), mais il est tué du premier coup par Aymeri (vv. 1418-1423), et les Français lui passent sur la pance (v. 1424): le roi Margot est finalement devenu ridicule.

Dans le reste de la chanson, les pertes françaises semblent peu importantes, elles ne sont en tout cas que rarement signalées (v. 787, 2134). C’est que les Sarrasins, s’ils sont nombreux, ne sont généralement pas des guerriers très efficaces. Le mépris qu’affiche à leur égard la chanson de geste en fait souvent des êtres lâches qui, lorsqu'ils ne s’enfuient pas (vv. 1733-1740, v. 1860), évitent volontiers le combat de près en utilisant des armes de jet, au sujet desquelles B. Guidot montre que «cette différence essentielle avec les armes offensives chrétiennes est moins le reflet d’une réalité qui serait celle du monde musulman — les trouvères ne s’en préoccupent guère — qu’une façon d'établir une séparation morale entre les combattants »“*”. Par exemple, le roi Corsuble provoque Guillaume en lui promettant de le tuer (vv. 734-739), mais, lorsque Guillaume se dirige vers lui au galop, le Sarrasin est si épouvanté qu’il ne l’attaque que de loin: Voit le Corsubles, si en fu effreez, Ne l’aprochast por .M. mars d’or pesé. De loing li lance gavelos empenez, Guivres entorses et les dars acerez. Le feu grejois li a li glous jeté, Qu'il li brulla son fort escu listé. (vv. 742-747)

Guillaume, furieux, se jette sur son adversaire et le tue aussitôt. Tel est d’ailleurs aussi le sort réservé aux Sarrasins qui se battent selon les règles: la victoire revient toujours aux Français. #_B, Guidot, op. cit., t. I, pp. 28-29; voir aussi, dans le t. II, la note 195,

pp. 778-779.

174

INTRODUCTION

Au regard de ces héros, qui prouvent souvent leur valeur individuelle et qui, collectivement, parviennent aussi à s’emparer aisément, par la ruse ou grâce à leurs machines de siège”, des cités sarrasines convoitées, pourtant puissamment fortifiées', certains Sarrasins font spécialement mau-

vaise figure, et sont constamment ridiculisés. Tel est le cas du roi Judas, discrédité d'emblée en étant affublé d’un nom difficile à porter. Plus que les autres Sarrasins de la chanson,

Judas se signale par sa vantardise"*. En apprenant que Bauduc a été dépossédé de Balaguer, il jure de mettre en pièces Aymeri, s’il le rencontre (vv. 1025-1027). Peu après, en réconfortant Bauduc, il se fait fort d’assiéger Narbonne, de vaincre les Narbonnais, et même de conquérir la France,

qu’il remet déjà à Bauduc (vv. 1039-1046). Sa «jactance » réapparaît bientôt (vv. 1088-1093)", mais les projets de **® Balaguer est prise grâce à un stratagème suggéré par Bauduc (vv. 924-946), et Andrenas et la tour avancée qui la défend au moyen de machines (vv. 1387-1401, 2109-2121), qui n’éclipsent toutefois pas les exploits des héros. Voir à ce sujet J.-CI. Vallecalle, « Remarques sur l’emploi des machines de siège dans quelques chansons de geste», Mélanges. P Jonin, Senefiance n° 7, 1979, pp. 689-702. Dans Guibert d'Andrenas, contrairement à ce que l’on rencontre dans la plupart des chansons de la même époque, les détails réalistes concernant les divers engins ne manquent pas. De même, le poète ne répugne pas à préciser la façon dont un guerrier à cheval se prépare au combat (cf. vv. 672-673, 1535-1540, 1788-1792).

#! Voir par exemple les vv. 620-627, 1296-1298. “© Sur la vantardise que manifestent d’autres exemple

les vv.

734-739

(Corsuble),

1519-1524

Sarrasins, voir par (Malagu),

1795-1798

(Galïen). Les Français eux aussi peuvent manifester l'intention d'accomplir

des exploits, mais, à la différence des Sarrasins, ils réussissent. Aymeri, qui s’était promis de se battre plus glorieusement que Guillaume sous les murs d’Andrenas, tue ainsi sans difficulté particulière ses cinq adversaires et résiste encore à cent ennemis, en se défendant avec la dernière énergie, à pied, avec son épée, son cor, puis ses étriers, avant de se constituer prisonnier. Sur la «jactance » des Sarrasins, voir Ph. Ménard, Le rire et le sourire... p. 124, et B. Guidot, op. cit., t. I, pp. 67-69 et t. II, note 276, p. 785.

* Voir aussi le Siège de Barbastre, vv. 466-467, 522-523, 1745-1749, # Sur ce passage, voir la note du v. 1081.

INTRODUCTION

(F7

Judas sont alors aussitôt réduits à néant par une intervention du narrateur: Dire puet bien li rois tot son corage, Mes il ne set le duel ne le domage Que li fera li quens et son linage Qui ja estoit venus prez du rivage, Et si enfant et son riche barnage, Li quel menacent la pute gent sauvage. (vv. 1094-1099)

La vantardise de Judas se manifeste surtout lorsque le personnage se croit à l’abri du danger. En situation, ce qui caractérise Judas, c’est la couardise. En voyant arriver les troupes françaises, il est saisi d’épouvante (v. 1310, 1327). Durant les combats, par deux fois, il s'enfuit avec ses hommes (vv. 1641-1648 et 2173-2178), et, dans les deux cas, il laisse massacrer ceux de ses guerriers qui n’ont pas eu le temps de le rejoindre dans sa fuite (vv. 1649-1654 et 2179-2182). Par ailleurs, Judas s’abandonne facilement au désespoir ou à la fureur”. Lorsqu'il apprend que la tour d’Argoline est prise et que la statue de Mahomet a été détruite", fou de douleur, il cherche à se précipiter contre un pilier (vv. 1448-1451). Il est également incapable de se maîtriser devant Aymeri qui, prisonnier, ne se départ pas de sa morgue coutumière et répond avec fierté et humour au roi Judas qui

le raille: « Aymeri sire, conment vous contenez? — Molt richement, dist Aymeris li ber, Et conme cil cui est ceste cités !» (vv. 1954-1956)

Judas se montre fou de rage à ces paroles, exactement comme, un peu plus tard, il exprime sa fureur impuissante en *

Voir sur ce point B. Guidot, op. cit., t. I, pp. 69-72. L'absence de maî-

trise de soi est une des caractéristiques des Sarrasins. On ne peut pourtant pas dire qu’ Aymeri se distingue toujours par la mesure et le sang-froid, mais les païens ont tort par définition. # Sur la destruction des idoles, voir Ph. Ménard, Le rire et le sourire... pp. 78-79. Voir aussi la note des vv. 1430-1433.

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INTRODUCTION

constatant qu’Aymeri s’est enfermé dans la tour, tandis que sa fille le traite de fou et se moque de lui (vv. 2020-2036). Alors Judas, désespéré, en est réduit à aller se coucher. Pour-

tant, il ne parvient pas à trouver le sommeil (2040-2044), et ce détail est amusant car, dans la même laisse, Augaiete vient de se décider à trahir les siens tant la pensée de Guibert l’obsède jour et nuit (vv. 1978-1980): elle non plus ne dort pas, mais pour des raisons bien différentes. Enfin, Judas est définitivement discrédité par son refus de

la conversion, discrètement suggéré dès le début de la chanson (vv. 90-91), qui l’expose à une fin pitoyable. La mort de Judas est finement préparée dans le récit: au cours d’un combat contre Guillaume, Judas est désarçonné et sa tête heurte un bloc de pierre, mais ses dieux le protègent et il s’enfuit (vv. 1632-1640); plus tard, Aymeri, barricadé avec Augaiete dans une tour d’Andrenas, laisse tomber sur le malheureux roi sarrasin une grosse pierre qui le manque de peu (vv. 2037-2039). Finalement, Judas se jette du haut de la tour où il s’était réfugié, en demandant à Mahomet de le protéger, et s’écrase naturellement sur une pierre (vv. 2208-2220)". “7? La chute de Judas est justement nommée «la tentation du miracle » par B. Guidot, «La fantaisie souriante dans le cycle d’Aymeri », La chanson de geste e il ciclo di Guglielmo d'Orange, Atti del Convegno di Bologna (7-9 ottobre 1996), Medioevo Romanzo, vol. XXI, fasc. II-III, Salerno ed., Roma, 1997, p. 256: «Dans ses intentions, le saut mortel de Judas est une dérisoire tentative de mise à contribution de la divinité. Copie inversée des

merveilleuses interventions du Dieu chrétien, l’épisode souligne la faute majeure de la créature :soumettre les dieux à la tentation de la preuve apportée, ce que le Christ évite de faire lorsque le diable, l’ayant placé «sur le pignon du temple», lui demande de se jeter en bas, en faisant confiance à l'intervention des anges du Seigneur. Le souvenir, modifié, du Livre Saint est probable » (ibid.). B. Guidot précise: «Les points communs sont nombreux, jusqu’à la mention de la pierre que le pied du Christ pourrait heurter et sur laquelle Judas se fracasse le crâne [Matthieu, IV, 6]» (ibid., note 43).

Le même rapprochement avec l’une des tentations de Jésus au désert est proposé par R. Bellon à propos du «saut de la mort» effectué par Renart dans la branche «Renart magicien », dans «Quand Renart se fait magicien», Magie et illusion au Moyen Age, Senefiance n° 42, 1999, p. 44, note 10. Cependant,

le saut de Judas dans Guibert d'Andrenas peut également être rapproché du

INTRODUCTION

177

Les Français se moquent de lui (vv. 2223-2226)*, et les

païens survivants, constatant l'impuissance de leurs dieux, les insultent et demandent à se convertir (vv. 2232-2249). Le Sarrasin converti

Parmi les Sarrasins qui se convertissent figure le roi Bauduc. L'importance du personnage apparaît dès le début de la chanson, car il est mentionné dans le discours d'Hermengart, avant le départ des troupes françaises pour l'Espagne”. Cependant, Bauduc est un guerrier qui ne cesse de s’enfuir. Dans les combats sous Balaguer, il se sauve (vv. 816-821); poursuivi par Aymeriet, il se sauve aussi, terrorisé (vv. 855-857); à Andrenas, il va se battre contre Guillaume

avec le roi Malagu, mais lorsqu'il voit Malagu mort, il veut s’enfuir et ne fait face à Guillaume que parce que les païens d’Andrenas l’insultent (vv. 1557-1565); désarçonné par Guillaume, il tire son épée et s’apprête à se défendre, mais il a peur et se sauve (vv. 1575-1580); quand les Français envahissent Andrenas, il fuit encore (v. 2151). Il livre en outre sa ville

pour avoir la vie sauve” et, comme Judas, laisse massacrer ses gab de Béranger dans le Pèlerinage de Charlemagne (vv. 541-550), en rai-

son de la vantardise des deux personnages; du reste, dans son Essai d'explication littéraire de cette chanson, J. Horrent rappelle en note que «pour D. Scheludko, Zur Komp., p. 320, l'origine du gab de Béranger se trouverait

dans L'Évangile de saint Mathieu, IV, 5 ss.» (p. 71, note 3).

Ph. Ménard note que dans le Charroi de Nîmes, vv. 1459-1462, et la Chanson d'Antioche, VI, vv. 494-498, «le païen qui refuse d’abjurer est «défenestré» ou basculé par-dessus les remparts» (Le rire et le sourire, note 181, p. 80). On voit que le procédé, quel qu’en soit le modèle, est bien plus raffiné dans Guibert d'Andrenas. "* Voir la note des vv. 2224-2225, “* Voir la note 342. 0 A J’inverse, dans la Mort Aymeri, le vieux comte de Narbonne est mené au bûcher par les Sarrasins qui l’ont capturé, mais Aymeri supplie Hermengart de le laisser mourir plutôt que de leur rendre Narbonne (vv. 1400-1409). Sur les liens particuliers qui unissent dans le cycle Guibert d'Andrenas et la Mort Aymeri, voir notre communication « La Mort Aymeri

178

INTRODUCTION

hommes (vv. 974-976, 985-988); cependant, à la différence du

roi d’Andrenas, il en éprouve du chagrin (vv 989-991). Bauduc échappe en effet au ridicule qui frappe constamment Judas. Comme il se fait baptiser à la fin de la chanson, il n’apparaît pas comme un être foncièrement mauvais: il salue la magnanimité d’Aymeri (vv. 918-923), et se montre ensuite parfaitement loyal à son égard (vv. 1925-1938, 1960-1965); si sa conversion finale est un peu forcée (vv. 2158-2160)", il est néanmoins aussitôt

intégré dans le camp des Français, et récupère ses possessions. C’est peut-être pour cette raison qu’il est désigné comme un valeureux combattant (vv. 797-799, 842-844, 954), alors qu’on

ne le voit pas vraiment à l’œuvre: pour valoriser un personnage, la chanson de geste ne connaît guère que la prouesse guerrière. La Sarrasine amoureuse

Le thème du Sarrasin qui change de camp est un signe du nouvel esprit qui anime le genre épique à partir de la fin du XIT siècle“. Il en est de même du thème de la Sarrasine amoureuse. Les jeunes musulmanes «apportent toujours au sein de l’épopée des éléments plus romanesques qu’épiques: elles marquent le moment où l’aventure individuelle et amoureuse prend le pas sur l’aventure collective, politique ou religieuse. Peut-être est-ce pour cela qu’elles figurent plus rarement dans l’épopée ancienne et sont mieux représentées dans des textes plus récents »***. Dans Guibert d'Andrenas, la de Narbonne: paradoxe de la tradition», L'épopée romane, XV° Congrès International de la Société Rencesvals, Poitiers, 21-27 août 2000, Civilisa-

tion médiévale, XIII, 2002, pp. 617-625. “ Dans la Prise de Cordres et de Sebille, lorsque Judas reproche à Bauduc de s’être converti, celui-ci lui fait sèchement remarquer qu’il n’a pas eu le choix, parce que Judas l’avait abandonné (vv. 2366-2381).

“© Voir B. Guidot, op. cit., t. I, pp. 95-113 et «Un personnage typique du Siège de Barbastre: le païen qui trahit les siens», Mélanges. P. Jonin, Senefiance n° 7, 1979, pp. 287-304, ** M. de Combarieu, «Un personnage épique: la jeune musulmane», Mélanges... P Jonin, Senefiance n° 7, 1979, p. 183. Voir aussi Ch. Knudson,

INTRODUCTION

179

fille du roi Judas a été promise à Guibert par Aymeri. Les deux jeunes gens, qui ne se sont jamais vus, en sont chacun contents. Ainsi, lorsqu’ Aymeri force Guibert à aller capturer le bétail avec seulement cent chevaliers, Guibert éprouve

douloureusement la préférence de son père pour Aymeriet mais pense aussi à l’avantage que l’équipée peut lui procurer, et il déclare à ses compagnons, tout en les exhortant au courage: «A Andrenas en irons ci devant, Si que le sache Augalete leanz, La fille au roi, de cui l’amor atanz.» (vv. 1166-1168)

De son côté, Augaïiete a appris par Bauduc que le comte de Narbonne veut la donner à son fils Guibert, et elle en éprouve aussitôt une joie profonde mais secrète: Celle l’entent, ne l’en pesa neent. (v. 1062)%64

Peu après, le songe de Soline, une des amies d’Augaiete**’, vient confirmer le projet d’Aymeri: Et dist Soline : « Faukete, ça, entent ! Anuit sonjai .I. songe molt pesant, Que de Nerbone venoit .I. faux volant, .VII. fauconcel le venoient sivant. .L. en i ot merveillous et poissant, [Qui] Augalete prenoit parmi les flans, Une flourete li metoit el devant.» (vv. 1065-1071)

Le songe, peu obscur, est immédiatement expliqué: «Le thème de la princesse sarrasine dans la Prise d'Orange», Romance Philology, vol. XXII, n° 3, Febr. 1969, pp. 449-462. Sur le personnage d’Augaiete, voir l’article exhaustif de B. Guidot, «Figures féminines et chanson de geste: l'exemple de Guibert d'Andrenas», art. cit. (les pp. 197-205 sont consacrées à ce personnage).

4 Cette litote «pleine de délicatesse » a été soulignée par B. Guidot, ibid., p. 202. +55 A côté d’Augaiete apparaissent d’autres jeunes filles, Soline, Lunete et Fauke (voir les vv. 1049-1052), qui semblent gaies et espiègles comme Augaiete, mais qui ne sont mentionnées que dans la laisse XXIX.

180

INTRODUCTION Faukete dist: «Je sai veraiement Que c’est Guibers, filz Aymeri le franc, Qui la penra a moullier voirement.» (vv. 1072-1074)

Ravie, Augaiete fait partager sa joie à ses amies en leur distribuant des maris parmi les chevaliers français (vv. 10751079), comme le fait Malatrie dans le Siège de Barbastre***. Le songe de Soline, malgré sa mièvrerie, n’est pas sans intérêt: comme tous les songes, il assure la véracité de ce qu'il annonce en ce qu’il manifeste la volonté divine”. En outre, il permet de jeter un regard nouveau sur le commentaire ironique que formulait Guibert au début de la chanson à propos du choix d’Aymerïet comme héritier de Narbonne: «Biax sire pere, se Diex me beneïe, Je cuit joué avez de l’endormie ! Songié avez ennuit aprés complie, Mes vostre songes est tornez a sotie, Qui ressemble mençonge.» (vv. 154-158)

La juxtaposition des deux épisodes donne rétrospectivement un nouveau sens aux paroles de Guibert, qui ne sont plus comiques au détriment d’Aymeri mais à celui de Guibert, et confirme le bien-fondé de la décision du vieux comte. Peu d’informations sont fournies sur l’apparence physique d’Augaiete : on sait seulement qu’elle est extrêmement belle, bien faite, qu’elle a un teint très clair, comme le signalent ici et là des formules stéréotypées"*. En revanche, sa *% Siège de Barbastre, VV. 2831-2835. *? Voir H. Braet, Le songe dans la chanson de geste au XIF siècle, Romanica Gandensia, XV, Gent, 1975. Les songes sont presque toujours réservés aux chrétiens. Si c’est une jeune fille sarrasine qui en est ici la bénéficiaire, cela signifie sans doute qu’elle n’est pas destinée à suivre longtemps sa religion, mais qu’elle se convertira. Sur les liens thématiques entre le songe de Soline dans Guibert d'Andrenas, les songes d’Aymeri dans la Mort Aymeri, le songe d’Aumarinde dans le Siège de Barbastre, Voir la première partie de notre communication déjà mentionnée «La Mort Aymeri de Nar-

bonne : paradoxe de la tradition ». Voir à ce sujet B. Guidot, «Figures féminines et chanson de geste:

INTRODUCTION

181

personnalité semble faire d’elle un individu. Dès qu’elle a appris qu’elle était destinée à Guibert, elle est intérieurement passée du côté des Français, et ses interventions ultérieures manifestent son recul par rapport à l’univers dans lequel elle se trouve: avant même d’avoir épousé Guibert, elle épouse le point de vue des Français. Elle tient notamment un double langage. Ainsi, tandis que Guillaume, sous

les murs d’Andrenas, réclame le combat, elle déclare à son sujet: Frere est Guibert, le vassal aduré, Que l’en m’a tant par parole loé. Ne sai se ja porroit estre verté, Mes or en face Mahom sa volenté.» (vv. 1382-1385)

Le vers suivant, dans les manuscrits BJ et B2, relève du récit, et c’est le narrateur qui, en opposant le dieu païen au dieu chrétien, souligne l’hypocrisie tranquille d’Augaiete*”: En Dieu ot sa fiance*”®. Dans RH, ce vers est au discours direct comme

les vers précédents

(«En li en ai fiance» dans R,

«Q'’an lui ai grant fiance» dans H), de sorte que la joyeuse perfidie de la jeune fille y est peut-être plus subtilement suggérée. Plus tard, barricadée avec Aymeri dans une tour d’Andrenas, elle déclare à son père qu’ Aymeri la retient prisonnière, tout en le traitant ouvertement de fou (vv. 2025-2033). Judas

ne s’y trompe pas mais, impuissant, ne peut que la menal’exemple de Guibert d'Andrenas», pp. 198-199. Sur l’évolution de la description dans le genre épique, voir Fr. Suard, «La description dans la chanson de geste», La description au Moyen Âge, Bien dire et bien aprandre n° 11, Centre d'Etudes Médiévales et Dialectales de Lille III, 1993, pp. 401-417. ** Pour un autre exemple d'ironie de la part d’Augaiete qui n'apparaît que dans le manuscrit H, voir la note des vv. 1500-1502. Cette leçon laisse penser que lorsqu'Augaiete promet ses trésors à Malagu s’il vainc Guillaume, il y a lieu de douter de sa sincérité (vv. 1492-1496). +7 La perfidie d’Augaiete est finement exprimée dans un vers orphelin, de sorte qu’elle est plus facilement perceptible que dans le corps de la laisse.

182

INTRODUCTION

cer’. C’est qu’Augaiete vient de prendre la décision de venir en aide à Aymeri. À vrai dire, elle n’influe pas véritablement sur le cours des événements et ne participe pas directement à la victoire française, mais sa belle humeur et sa

détermination ne peuvent qu’encourager Aymeri et destabiliser un peu plus Judas. La ville conquise, Augaiete n’est cependant plus qu’un nom. Elle n’était visiblement intéressante qu’en tant que jeune Sarrasine prête à trahir joyeusement les siens pour satisfaire sa volonté, et, en ce sens, elle est bien plus un type qu’un individu: les jeunes Sarrasines du Siège de Barbastre ou de la Prise de Cordres et de Sebille ont les mêmes caractéristiques qu’Augaiete. Néanmoins, dans Guibert d'Andrenas, ce personnage féminin est esquissé avec beaucoup de finesse, et les sentiments amoureux sont très discrètement évoqués: si l’œuvre a été influencée par le genre romanesque, elle a su aussi en utiliser la subtilité.

III. L’art du récit A. Organisation des laisses 1. Vers d'intonation

Le poète a accordé un grand soin à la facture du début des laisses; de même, les divergences entre les manuscrits sont

minimes et ne modifient pas la structure des vers d’intonation. Ces vers se répartissent en différents types, certains relevant de plusieurs types. Ainsi, dans le v. 110, Dist Ermengars, la dame seignorie, on note à la fois une inversion épique et la présence du nom d’un personnage; on constate également que ce vers introduit le discours direct, et c’est selon ce premier critère que nous avons classé les vers d’intonation de la chanson.

7" Ce passage est à rapprocher d’un épisode du Siège de Barbastre où le père de Malatrie réagit de la même façon vis-à-vis de sa fille

(vv. 6082-6104).

INTRODUCTION

183

Parmi les vers qui introduisent du discours direct ou qui relèvent du discours direct, on distingue quatre catégories. Dans l’une, le vers commence par un verbe déclaratif, suivi

d’un nom ou d’un titre de personnage, et cette proposition qui occupe le premier hémistiche introduit du discours direct: Dist la contesse: « Aymeri, riche ber, (v. 65)

Dist Aymeris : «Baron, franc chevalier, (v. 693) Dist Aymeris : «Guibert, a moi entent ! (v. 1145)

Dans une autre catégorie, variante de la précédente, c’est tout le vers qui introduit le discours direct; la structure du premier hémistiche est la même, le second hémistiche est constitué d’une expansion du sujet: Dist Ermengars, la dame seignorie: (v. 110)

La troisième catégorie comprend les vers commençant par une apostrophe suivie d’une proposition incise précisant le nom du locuteur: «Biax filz Guibert, dist Aymeris li ber, (v. 159, 416)

«Seignor baron, dist Aymeris li fier, (v. 1114) «Seignor baron, ce dit Judas li rois, (v. 1751)

Dans la dernière catégorie, variante de la précédente, l’apostrophe n’est pas suivie d’une proposition incise: «Biax filz Guibert, ne te va esmaiant, (v. 319)

«Biax filz Guillaume, dit vous ai verité, (v. 486) «Aymeri sire, tant fetes a loer (v. 924)

On constate ainsi que seulement 11 laisses sur 70 ont un vers d’intonation introduisant du discours direct ou relevant du discours direct, alors que le discours direct occupe 42,48% de la chanson. Dans 7 cas sur 11, le locuteur est

184

INTRODUCTION

Aymeri (dans les autres vers, le locuteur est Hermengart, Judas, Bauduc).

Les vers d’intonation qui relèvent du récit se répartissent également en plusieurs types. Dans l’un, un nom de personnage ou son équivalent figure en tête de vers, en fonction de sujet; le plus souvent, le vers forme une proposition: Aymeris garde par le palés listé, (v. 342) Quens Aymeris ne s’asseüra mie. (v. 370)

Li messagier n’i font arrestison. (v. 387) Aymeris fu dedenz la tour hataine. (v. 545)

Aymeris fu as fenestres assis, (v. 565) Li rois Baudus firement chevaucha, (v. 680)

Aymeris ot duel et paour trop grant (v. 845) Li rois Judas si ot le cuer dolant, (v. 1034) L’enfes Guibert mie ne sejorna. (v. 1173)

Li paien saillent, grant et fier et corssu, (v. 1221) Li rois Baudus ses armes demanda, (v. 1503)

Aymeris fu plains de grant hardement, (v. 1721) Li .v. paien s’adoubent a itant, (v. 1767) Quens Aymeris ot le cuer molt irié (v. 1842) Quens Aymeris ot molt le cuer dolant (v. 1887)

François partirent des loges et des trez. (v. 2100) Li rois Judas les barons entendié (v. 2208)

Nous avons rattaché à ce type l’occurrence suivante, bien que le groupe nominal comprenant un nom de personnage n’y occupe pas la fonction sujet: El roi Judas n’en ot qu’espoenter. (v. 1327)

INTRODUCTION

185

Dans ce type, le vers d’intonation ne constitue pas toujour$ une proposition: Quens Aymeris au courage hardi (v. 273)

La [demoisele] qui ot cler le visage (v. 1080) [Girarz de Blaives] et Guis de Montaimier (v. 1185)

Ce type, bien représenté, apparaît parfois à la tête de laisses successives dont il souligne l’unité thématique (laisses IX-X-XT, laisses XVI-XVIT, laisses LVITI-LIX).

Un deuxième type est représenté par des vers @’intonation formant ou introduisant des circonstancielles de temps, commençant le plus souvent par quant. À quatre reprises sur dix, le verbe occupe la première place dans la proposition. Deux cas se présentent. Dans l’un, la subordonnée corres-

pond au vers d’intonation: Quant a la roche d’Arssis furent venu, (v. 995)

Des qu’Aymeris l’ot dit et conmandé, (v. 1349) Quant voit li quens que mort en a les .n1., (v. 1822) Quant voit Baudus que ne pot autrement, (v. 2158) Quant a Nerbone vint li quens Aymeris, (v. 2328)

Dans l’autre, la subordonnée se prolonge au vers suivant, ou du moins le vers ne constitue pas une unité syntaxique: Quant esgardé orent a behorder (v. 301)

Endementiers que el palés plenier (v. 1387) Quant vit Guillaumes que li .I. roy perssant (v. 1535) Quant monté orent Sarrazin et Perssant (v. 1641)

Quant a veü quens Aymeris li ber (v. 1917)

Dans un troisième type, le verbe figure en tête de proposition et de vers:

186

INTRODUCTION Vait s’en Baudus courouciez et penssis. (v. 977)

Vaiss’ent Guillaumes, s’en maine l’auferrant. (v. 1590) Prenent l’eschec que il ont conquesté, (v. 1657) Vait s’ent li jorz et vient la nuis serie, (v. 1699)

Vont s’en li conte, n’alerent delaiant. (v. 2303)

On aura remarqué dans les occurrences qui relèvent de ce type un des rares vers d’intonation descriptifs de la chanson

(v. 1699). Enfin, un autre type regroupe les vers où un élément autre que le verbe en tête de proposition provoque la postposition du sujet. Souvent, c’est l’adverbe or qui est inverseur: Or ot li peres l’otroi de son enfant, (v. 233)

Or ot li peres les .n1. de des enfanz, (v. 522) Or ot li peres touz ses enfans mandez, (v. 584)

Or fu la proie donnee et departie (v. 1281)

Or fu Baudus dolanz et esmaiés (v. 1557)

Les trois premières occurrences sont particulièrement intéressantes: si, sur le plan formel, elles sont très voisines (le premier hémistiche est le même, le second hémistiche contient le nom enfant, et l’otroi n’est pas bien éloigné à l’oreille de les .u1.), elles correspondent

en outre

à des

moments forts dans la première partie du récit, à savoir la soumission de Guibert au projet de son père, l’arrivée d’Aÿmer puis de Guillaume à Narbonne, et enfin la réunion dans

le même lieu de tous les fils d’Aymeri, avant le départ pour Andrenas. Un adjectif apparaît à deux reprises en tête de proposition

dans un vers d’intonation descriptif. Ces deux vers sont fortement mis en valeur dans la mesure où ils figurent au début de deux laisses successives : Granz fu l’estour et fors et adurez. (v. 731)

INTRODUCTION

187

Fort sont li chaple et merveillous li hu. (v. 773)

Les autres occurrences paraissent moins remarquables. Figurent en tête de proposition un groupe nominal complément ou attribut, un participe, un adverbe: Dedenz Nerbone fu Aÿmers venus, (v. 449) De toutes pars aünent li marchis, (v. 899)

En la cité entra li rois Judas. (v. 1312) Prise est la tour et la grant fermetez. (v. 1427)

À Andrenas sont paien irascu, (v. 1459) Grant joie font Sarrazin et Escler (v. 1481) Molt ot grant joie Guillaumes li marchis (v. 1624)

Les .v. paiens a li quens regardé (v. 1788) Grant duel mena Aÿmers li Chetis (v. 2069)

Prise ont François Andrenas la cité, (v. 2227) Rois fu Guibers de toute la contree, (v. 2268)

Nous avons fait figurer dans ce type un vers où le sujet n’est

pas exprimé: La proie mainent as loges et as trez, (v. 1265)

ainsi que deux vers qui ne constituent que le début d’une proposition: Desus les armes au felon Sarrazin (v. 1903) Toute la nuit sa dolor demena (v. 2045)

Il reste à signaler deux vers qui ne peuvent figurer dans aucun des types que nous avons tenté de dégager comme caractéristiques des vers d’intonation de Guibert d’Andrenas. Dans l’un d’entre eux, qui commence par un groupe nominal sujet d’un verbe figurant au vers suivant, Deuz yaues rades, si com dit vous avon (v. 642), apparaît un com-

188

INTRODUCTION

mentaire du narrateur, fait unique dans les vers d’intonation de la chanson. Le second est le premier vers de Guibert d'Andrenas: Ce fu a Pasques, la feste seignouri, Dans cette chanson dépourvue de prologue extradiégétique, le récit débute avec l’ébauche d’un motif rhétorique qui fonctionne comme 2172 «embrayeur narratif »"”?, 2. Vers de conclusion"?

Comme dans le cas des vers d’intonation, les divergences entre les manuscrits, lorsqu'elles existent, sont le plus souvent minimes. Les caractéristiques les plus évidentes de ces vers conclusifs sont bien sûr une terminaison et un mètre singuliers qui les mettent ainsi très nettement en relief, On remarque par ailleurs que ces vers orphelins relèvent fréquemment, contrairement aux vers d’intonation, du discours direct: 30 occurrences dans B/B2 et le texte édité, 31 occurrences dans RH°”*, soit une fréquence, dans le texte édité, de 42,85%, qui correspond presque exactement à la proportion de discours direct dans l’ensemble de la chanson (42,48%); le locuteur

privilégié, comme dans les vers d’intonation au discours direct, est Aymeri (14 occurrences sur 30 ou 31°), qui est de plus mentionné à deux reprises par d’autres locuteurs dans un vers orphelin (v. 923 et 1458). Syntaxiquement, les vers orphelins peuvent constituer une proposition indépendante (27 occurrences), une proposition subordonnée plus ou moins essentielle (16 occurrences), 7° Cf. J.-P. Martin, Les motifs dans la chanson de geste, Lille, 1992, p. 248.

‘7 Ces vers ayant été analysés en détail par B. Guidot dans « Stylistique et versification médiévales : le «vers orphelin» dans Guibert d'Andrenas»,

Le Géniede la Forme, Mélanges... J. Mourot, Nancy, PUN, 1982, pp. 13-25, nous nous contenterons de quelques remarques, "” La divergence entre les deux familles porte sur le v. 1386. ‘* Après Aymeri, deux locuteurs se distinguent, Guillaume et Judas, mais ils ne s'expriment que trois fois chacun dans un vers orphelin.

INTRODUCTION

189

un élément plus ou moins essentiel de la phrase (27 occur-" rences). Cette distinction ne nous paraît cependant pas toujours pertinente pour expliquer l’effet produit par tel ou tel vers conclusif, comme le montrent a contrario les exemples suivants, où le vers orphelin contient le verbe principal, ou bien est constitué d’une subordonnée, ou encore est une indépendante: Et li baron et li conte poissant Por lui veoir assemblent (vv. 897-898)

À .M. paiens i ont les chiés coupez Quant la vile ont saisie. (vv. 975-976) Au .IX. jor vint a la roche Arsis, .L sien cousin i trueve. (vv. 993-094)

Plus intéressante en revanche est la récurrence de certains termes à la fin des vers orphelins, voire la répétition de vers orphelins. On remarque notamment la répétition de Nerbone, dans Li sires de Nerbone (v. 923 et 1821 dans tous les manuscrits, v. 272 dans RH et 641 dans RHN), El palés de Nerbone (v. 448, 583), De l’orgueil de Nerbone (v. 1458), qui contribue à mettre en relief le rôle central de la ville et de son

maître; joie apparaît trois fois, dans La demenerent joie (v. 521 et 1480, mais le vers n’est identique que dans B/B2)

et Et fu grande la joie (v. 1280); proie figure à la fin des laisses

XXX,

XXXII,

XXXIII,

XXXIV,

ce qui souligne

l’unité de l’épisode en question; terre est employé à six reprises, qu’il s’agisse d’une terre non déterminée (v. 232), de Narbonne (v. 300), d’Andrenas (v. 485, 544, 2267), de Balaguer (v. 2302). Outre le caractère lyrique de leur répétition, ces termes ont un lien direct avec le contenu thématique

de la chanson. A cet égard, deux vers orphelins sont à signaler, emblématiques de Guibert d'Andrenas: Rois sera de la terre (v. 544) et Et fu rois de la terre (v. 2267); dans le pre-

mier cas, Aymeri exprime son projet sous la forme d’une prédiction, dans le second, la prédiction s’est réalisée. Ces deux

190

INTRODUCTION

vers sont d'autant plus remarquables qu’ils n’apparaissent dans aucune autre chanson du cycle de Guillaume”. Certains autres vers orphelins sont en outre intéressants en ce qu’ils contiennent une sentence (v. 1698), un commentaire du narrateur (v. 1386 dans B1B2, v. 1556 dans tous les manuscrits), une prolepse narrative (v. 1589), ou encore un jeu sur les mots

(ainsi aux

vv.

157-58, où sont associés

songes et mençonge). Enfin, il n’est pas indifférent, au terme d’une chanson consacrée à l’acquisition de la royauté, que le dernier mot employé soit couronne | 3. Structure des laisses

La structure strophique apparaît généralement soignée. Certaines laisses comportent plusieurs éléments, mais liés entre eux, de sorte què l’on peut hésiter à considérer qu'il s’agit de laisses composites. Ainsi, dans la laisse XVIII, Hermengart expose le projet d’Aymeri, que tous acceptent avec enthousiasme; puis les troupes s’équipent et partent; enfin, les Français étant arrivés en vue de Balaguer, le narrateur décrit la situation de la cité et signale le tribut imposé par son roi. Ces trois éléments sont chronologiquement et logiquement connexes, d’autant que la mention de Balaguer dans le discours de la comtesse annonce le contenu du troisième élément. De même, dans la laisse XXIX, Judas sorti de sa ville

réconforte Bauduc dépossédé de Balaguer et lui remet symboliquement la France; ensuite, à Andrenas, Augaiete apprend de Bauduc qu’Aymeri veut la donner à Guibert; enfin, Soline raconte un songe, Fauque l'explique et Augaiete distribue des maris à ses amies: le don des maris dans le troisième élément fait écho au don de la France dans le premier, tandis que le songe de Soline répète et confirme ce que Bauduc a annoncé à Augaiete dans le deuxième élé7 Au sujet du caractère isolé dans tout le cycle de ces deux vers, voir M. Tyssens, op. cit., p. 173; sur la récurrence de Nerbone dans le cycle d’ Aymeri, ibid., p. 175, note 1.

INTRODUCTION

191

ment. D’autres laisses en revanche ont une structure moins ferme, et les éléments qui les composent sont moins nette-

ment liés entre eux. C’est le cas par exemple des laisses XXIIT et LVIIT, où le narrateur intervient d’ailleurs pour annoncer un rebondissement de l’action (vv. 824-825 et 1871-1876). La laisse dont la structure est la plus lâche est la laisse LXT, de loin la plus longue de la chanson. Du point de vue thématique, elle ne manque cependant pas d'unité, puisqu’Aymeri, grâce à Bauduc puis Augaiete, y transforme en victoire sur Judas l’échec que constituait sa capture. Ainsi, aucune

laisse de la chanson

ne nous paraît véritablement

composite. Les laisses à sujet unique et les laisses bipartites sont nombreuses, et de longueur variable. Par exemple, la laisse XXXIIT (12 vers) est consacrée au motif de l’armement, tan-

dis que la laisse I (64 vers) expose le projet d’Aymeri. Le poète a parfois joué sur l’alternance entre laisses à sujet unique et laisses bipartites. Ainsi, dans la laisse VIIT, Aymeri envoie deux messagers à Bernard; dans la laisse IX, il envoie

deux leur gers leur

messagers à Hernaut, et les messagers accomplissent mission; dans la laisse X, Aymeri envoie deux messaà Garin; dans la laisse XI, les messagers accomplissent mission, et Aymeri envoie un messager à Beuve. De

même, dans la laisse XV, Aymeri voit arriver les troupes de Bernard; dans la laisse XVL, il voit arriver celles d’Hernaut;

dans la laisse XVII, il voit arriver celles de Garin, puis sort pour les accueillir. Il apparaît donc que le poète maîtrise particulièrement bien son art. B. Articulation des laisses

La succession des laisses est généralement soignée. Il est vrai que les enchaînements sont parfois réduits au minimum; par exemple, dans le passage de la laisse III à la laisse IV, c’est seulement songéour (v. 161) qui fait écho à songié et songes (v. 156 et 157); de même, seul le terme proie (v. 1116, reprise du v. 1113) assure le lien entre la laisse XXX et la

192

INTRODUCTION

laisse XXXI. Cependant, le plus souvent, les enchaînements, nombreux, sont plus élaborés, bien qu'ils ne portent généralement que sur un ou deux vers, comme entre les laisses XIX et XX, XXIV et XXV, XX VII et XX VIII, XXXIII et XXXIV, etc. ; la reprise est cependant plus développée entre les laisses II et III. L’enchaînement est parfois plus complexe; ainsi, le premier vers de la laisse XXX VIII reprend très simplement le dernier vers de la laisse précédente, mais l’avant-dernier vers de la laisse XXX VII est repris dans le vers d’intonation de la laisse XXXIX, dans laquelle les deux vers suivants résument la fin de la laisse XXX VII et le contenu de la laisse XXXVIIL. L’enchaînement peut également se faire par le moyen d’une reprise-résumé, comme entre les laisses IV et V, Vet VI VI et VII, par exemple. Dans une dizaine de cas, le début d’une laisse ne reprend pas tant la fin de la laisse précédente que cette dernière n’annonce plutôt le contenu de la suivante, ce qui augmente la vivacité du récit, comme entre les laisses I'et II, VIT et VITE, XXV et XXVI, etc. En outre, on relève quelques reprises bifurquées, ainsi entre les laisses XLV

et XLVI, LV et LVI, LX et LXI:

dans les trois cas,

devant une situation donnée, un personnage prononce une prière à la fin de la première laisse mais agit au début de la laisse suivante. On a également affaire à une reprise bifurquée entre les laisses LXVIIT et LXIX : le v. 2303 fait écho au v. 2298, mais la temporalité est perturbée dans la mesure où les Français passent à Balaguer (fin de la laisse LXVIID) après la séparation d’avec Guibert (laisse LXIX). Enfin, si la

chanson n'offre pas d'exemple de laisses similaires, elle présente deux occurrences de laisses parallèles (laisses VIII-XI et XV-XVIL voir ci-dessus, Structure des laisses). En résumé, le poète utilise avec aisance les procédés lyriques comme les procédés narratifs. C. Organisation du récit : jeux d’écho La chanson s'organise très simplement en trois parties de longueurs très inégales:préparation de l’expédition, prise de

INTRODUCTION

193

Balaguer, conquête d’Andrenas. Ce qui paraît remarquable, c’est le soin avec lequel le poète a veillé à la structure d’ensemble de son récit. Ainsi, la longue partie consacrée à la

conquête d’Andrenas est scandée par les défis successifs de Guillaume, Aymeri et Aÿmer, les expressions utilisées étant similaires (vv. 1359-1363,

1741-1745

et 1748-1750,

2073-2078). L'augmentation régulière du nombre d’adversaires sert en outre à souligner la progression de l'intensité dramatique dans la conquête d’Andrenas, et montre que le poète a construit son récit avec beaucoup de finesse. Ce jeu sur les nombres n’est d’ailleurs pas isolé, puisqu'on a vu que la récurrence du nombre neuf structurait le cadre spatiotemporel dans lequel se déroule le récit (voir la note 344). La répétition de formules similaires peut également contribuer à mettre en évidence un lien entre des épisodes différents, comme nous l’avons indiqué plus haut à propos de la dispute entre Aymeri et Guillaume et de la capture d’Aymeri (voir les vv. 1664-1666 et 1947-1948). Deux autres jeux d’écho donnent plus globalement un cadre à l’ensemble de la chanson. Ainsi le vers orphelin de la fin de la laisse LXVIT, Et fu rois de la terre, est-il à relier à celui qui clôt la laisse XV, Rois

sera de la terre. De même, la première et la dernière laisse de la chanson, de longueurs équivalentes, sont composées sur la même rime, et comportent la liste des descendants d’Aymeri.

Tout cela suppose un poète soigneux, attentif, soucieux de son art. Guibert d'Andrenas apparaît donc comme une chanson qui mérite d’être redécouverte à plus d’un titre. Elle se caractérise notamment, sur le plan formel, par une grande fermeté structurelle et la permanence des procédés épiques traditionnels. D'un point de vue thématique, l'introduction d'éléments romanesques ne provoque aucune espèce d’affadissement dans cette courte chanson qui se signale plutôt par sa violence, ce qui montre que le genre épique peut bénéficier d’influences extérieures sans perdre ses qualités propres. Enfin, la chanson apporte une solution originale à un problème qui

194

INTRODUCTION

existait déjà explicitement dans les Narbonnais: Guibert serait toujours le plus jeune des fils d’Aymeri mais ne serait pas toujours un enfant; on a vu que le problème véritable était celui de faire de Guibert à la fois l'héritier de Narbonne et un roi, ce que Guibert d’'Andrenas résout en faisant de Guibert le roi d’une cité en Espagne. Composée par référence aux Narbonnais, la chanson n’est pas marginale.

. BIBLIOGRAPHIE ÉDITIONS l.

Guibert d'Andrenas

a

Editions antérieures

Guibert par Guibert ter, Co, b.

"4

d'Andrenas, chanson de geste publiée pour la première fois J.Melander, Paris, Champion, 1922. d'Andrenas, chanson de geste, ed.by J.Crosland, ManchesUniv. Press, London, New York, &c., Longmans, Green & 1923.

Etudes sur Guibert d’Andrenas

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Autres chansons de geste

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Du cycle de Guillaume d'Orange

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Autres chansons de geste

Chanson de Roland, éd. par G. Moignet, Paris, Bordas, 1969 (éd. de

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Autres œuvres

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Livre de Poche, Lettres gothiques, 1992. Lancelot du Lac, présenté, traduit et annoté par F Mosès d’après l’éd. d’E. Kennedy, Paris, Le Livre de Poche, Lettres gothiques, 1991.

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Bulletin

bibliographique

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annuelle).

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GUIBERT D'ANDRENAS

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(vv. 3760-3761) «Savari, dit le bel, faites armer ma gent, Trestous a la couverte et je le vous commant,

388

NOTES

Affin que contre moy ne fachent nul comptent!» (vv. 3652-3654)

La leçon de B1B2 est donc tout à fait acceptable du point de vue du sens, bien qu'elle soit peut-être une modernisation de la leçon de RH (joster). Pour J. Melander, conter est une «variante incorrecte » (introduction, p. XXIV).

1492 Dans RH, or est associé au présent de l’indicatif (Or vos oi je parler). Faut-il supposer dans B7B2 l’omission du pronom sujet postposé? Nous avons préféré lire oï, estimant que l'emploi du passé simple avec or n’était pas irrecevable (cf. CI. Buridant, Grammaire nouvelle, $ 293, p. 365: «Le passé simple peut être employé comme temps relationnel, avec un point de référence au présent »). 1496 Malgré l'accord de B2RH, nous avons préféré ne pas rejeter la leçon de B1, dans la mesure où aucun manuscrit ne fournit une version parfaitement rimée de la chanson. L’innovation de B1 nous a donc paru recevable. 1500- L’ironie d’Augaiete n’apparaît que dans A, où c’est la jeune 1502 fille qui remarque qu’il faut bien être deux pour se battre contre Guillaume (dans B/B2, c’est Malagu qui parle, dans R, en l’absence du v. 1500, c’est Bauduc).

1514

broigne (id. v. 1702): voir sur ce nom l’article de Ch. Knud-

1522

son, «La brogne», Mélanges. Rita Lejeune, Gembloux, Duculot, 1969, vol. IT, pp. 1625-1635. que est ici un pronom relatif neutre (lat. guod) en fonction sujet, au sens de «ce qui» (cf. Ph. Ménard, Syntaxe, $ 65).

1523

que est peut-être déjà ici la béquille de subjonctif du français moderne, mais on peut aussi supposer une construction par brachylogie, avec ellipse d’un verbe déclaratif

1528

Césure lyrique dans B/R. Les leçons de B2 et H nous semblant équivalentes, nous avons arbitrairement choisi celle de B2. et adversatif, «et pourtant», «mais» (cf. Ph. Ménard, Syn-

(cf. Ph. Ménard, Syntaxe, $ 153, rq 3).

1530

taxe, $ 194, 3°).

1541

Ainz que il pot (B1) n’est pas enregistré dans les dictionnaires consultés, nous supposons qu’il s’agit d’une variante de l’expression bien connue a l'ainz qu'il pot (B2RH).

NOTES

389

1545

nel rejeté (accord de B2RH contre B1): la leçon de B1 paraît

pouvoir s'expliquer par une confusion entre / et s. Dans B2RH, le vers signifie «sans leur adresser la moindre parole » (Guillaume attaque ses adversaires sans les avoir

préalablement défiés). Peut-être le scribe de BJ a-t-il vu dans arresnier un dérivé de resne ? Le vers signifierait alors dans B] «sans réfréner le moins du monde son cheval», ce qui serait en parfait accord avec le vers précédent. 1548 Césure lyrique dans B/B2. 1553 soiés (soiez B2RH): dans B1, on peut aussi lire soies (la réduction des affriquées ruine l’opposition entre la désinence de personne 2 et celle de personne 5). Sur le tutoiement et le vouvoiement, voir D. McMillan, Chevalerie Vivien, t. IT, note des vv. 40-41, pp. 511-513, et G. Zink, Morphosyntaxe, pp. 325-330. 1558 Polysyllabe en hiatus dans B7. L’emprunt à B2 modifie peu le vers. 1569 Et adversatif. Voir la note du v. 1530. 1585 Les chevax B1B2, lo cheval RH : dans RH il s’agit du cheval de Bauduc, dans B/B2 du cheval de Bauduc et de celui de Malagu (cf. vv. 1590-1593).

1590

Vaiss’ent B1B2: les deux manuscrits fournissent aussi cette forme graphique dans la Chevalerie Vivien, v. 1302 (notée vaissent par l'éditeur).

1597

bruiant (B1B2): d’après le contexte et la variante de RH

(ferrant), l'adjectif désigne la couleur de la robe d’un cheval. On peut y voir un hypothétique dérivé de bruïr, «brûler » (l’adjectif signifierait alors «roux »), ou le rapprocher des adjectifs buire, buiron, «d’un brun foncé ». Par ailleurs,

1598

l'adjectif est peut-être un dérivé de briver, bruier, «courir rapidement», ou de bruire (il signifierait alors « fougueux, impétueux ») mais, dans ces deux derniers cas, ce n’est pas un adjectif de couleur. Le mot n’apparaît pas dans À, mais on le trouve dans AH au v. 1596 (var. de bauchant). Baligant: dans la Chanson de Roland, c’est le nom de l’émir de Babylone. C. Siele propose de voir éventuellement dans l'emploi de ce nom dans Guibert d'Andrenas un souvenir de Roland ($ 113, p. 43). Dans le Siège de Barbastre, Bali-

390

NOTES

gant est le nom d’un cheval (v. 175, 5885, 6575, dans l’éd.

1602

de J.-L. Perrier). L'intérêt pour les chevaux est une des caractéristiques de Guillaume (voir aussi les v. 758 et 1587). Cf. J. Frappier,

1603

1608

Les chansons de geste du cycle de Guillaume d'Orange, t.T, pp. 97-98. des: préposition de + article les. On trouve aussi usuellement, selon Tobler-Lommatzsch, l’expression ferir des lances. Guillaume pris en chasse par cinq païens décide de faire face à ses poursuivants afin de s'emparer de leurs chevaux. Lorsqu'il tue un de ses adversaires, il s'empare donc de son cheval, ce qu’omettent B/B2. Cette omission est peut-être due à la présence à la rime de deux adverbes de même sens, a itant et maintenant (maintenant et maintenant dans RH),

aux v. 1607 et 1609. Guillaume est donc désormais en possession de trois chevaux (celui de Malagu, celui de Bauduc,

et celui-ci), ce que confirme le v. 1691. 1610 A maufés B1B2 (A maufé RH): absence d'article, ou À = As? Voir la note du v. 1363. 1611 Au v. 1609, les Sarrasins d’Andrenas s’adressent aux quatre guerriers qui poursuivent Guillaume et leur recommandent (v. 1610) de le laisser partir: les démons se chargeront de lui. Mais les guerriers n’écoutent pas ce conseil et continuent leur poursuite; c’est ainsi qu’ils sont victimes d’une embuscade. Le v. 1611, qui manque à B/B2, est donc nécessaire au sens. 1618 .M.: lire mil (dans tous les manuscrits qui ont ce vers). 1622 .I.M.: cette leçon de B1B2 est très différente de celle de RH (les .11. oz). J. Melander la fait figurer dans les fautes communes à B/B2 (introduction, p. XXV); c’est aussi le cas de

1632

C. Siele, qui y voit une mauvaise lecture de oz ($ 17, p. 10). Elle nous semble cependant acceptable, d’autant que les nombres indiqués par ailleurs (v. 1618, 1620, 1626) ne visent sans doute pas l’exactitude. Li quens fiert lui: «Le comte le frappe à son tour ». La postposition du pronom, dans tous les manuscrits, souligne la similitude des actions des deux adversaires.

NOTES

391

1633 plaine sa lance: le sens exact de l’expression est discuté. Voir J. Dufournet, Cours sur la Chanson de Roland, Paris, CDU, Les cours de Sorbonne, 1972, pp. 39-42, ainsi que la bibliographie fournie par J. Flori, «L’historien et l’épopée française », L'épopée, Typologie des sources du moyen âge occidental, fasc. 49, Brepols, Turnhout, 1988, note 69, p. 98. 1634 el perron: l’article défini a une valeur de notoriété. 1635 La le garderent deable et Antecris: J. Melander voit dans deable un sujet singulier au CR (introduction, p. XLI). I semble que deable peut tout aussi bien être un sujet pluriel, au CS. 1660- L'infinitif Veoir a deux objets, le pronom anaphorique Le et 1661 l’interrogative indirecte que constitue le v. 1661. 1670

l’ome B1 (hom(s) B2RH) : B1 se distingue des autres manus-

crits par l’emploi du CR en fonction sujet mais surtout par la présence d’un article en emploi générique. Com plus. et plus..: sur la variation proportionnelle, voir Ph. Ménard, Syntaxe, $ 261 ; sur l’emploi de et dans ce tour,

1674

16781688

ibid. rq 2. Césure lyrique dans B1 en raison de l’élision de la conjonction se, en hiatus dans tous les autres manuscrits. A quel épisode de la tradition ce passage peut-il faire référence? H. Suchier (Narbonnais, t. I, p. XXXVII) y voit un écho des combats d’Aymeri devant Narbonne, mais ne cite aucun passage des Narbonnais. C. Siele, qui se pose la même question (note 1, p. 57), suggère que le passage de Guibert d'Andrenas peut avoir un rapport avec un épisode du Siège de Barbastre (Tornez, cuens Aymeris.…. V. 332, éd. J.-L. Perrier), ou du Siège de Narbonne (sans fournir non

plus de référence précise). Il n’est toutefois pas certain que le passage évoque un épisode particulier: dans le Siège de Barbastre, une violente dispute oppose Beuve à Girart; tout comme dans Guibert d'Andrenas, le père reproche au fils son incompétence en vantant ses propres exploits passés, et le fils rétorque que ces prétendus exploits n'en sont pas (laisse LXX VII dans l’éd. de J.-L. Perrier, laisses LXXVIITLXXIX dans l’éd. de B. Guidot).

392 1684

1685

1688

1694 1695

1738

1749

NOTES

La leçon proposée par RH, que J. Melander et J. Crosland conservent sans l’expliquer dans leurs éditions respectives, est assez obscure. G. Roques a eu l’amabilité de nous proposer l'interprétation suivante: l'expression soi faire privé d'aucun (que les dictionnaires et les glossaires ne relèvent pas) signifie «se montrer familier avec quelqu'un». On la trouve par exemple dans Lancelot du Lac, t. I, p. 900, I. 911: l'an ne se doit mies faire plus privee de sa dame ne de son seignor que l'an n'en est (...). G. Roques propose donc pour la leçon de RH le mot à mot suivant: « vous ne gardiez pas vos distances avec vos archers», et précise que l’expression est évidemment ironique. L’ironie est également perceptible dans la leçon de B/B2, qui est peut-être, il est vrai, une traduction, un affadissement, de celle de RH. Césure lyrique dans B/R. Les leçons de B2 et H nous paraissant équivalentes, nous avons arbitrairement choisi celle de H2: desreés: J. Melander traduit cet adjectif par «sorti du rang, du bon sens» (glossaire, p. 125), et J. Crosland par «rash, wild» (glossaire, p. 87), qui, ensemble, ont nécessairement un sens négatif, mais, d’après le contexte, l’adjectif ne nous semble pouvoir être que laudatif, dans le sens de «ardent, impétueux ». miedis: forme analogique de mïenuit, selon Tobler-Lommatzsch. Césure lyrique dans B/R. Les leçons de B2 et H nous paraissant équivalentes, nous avons arbitrairement choisi celle de B2. Césure lyrique dans BR en raison de l’élision de la conjonction se, en hiatus dans B2H. Malgré l'accord de B2RH, nous avons maintenu la personne 3 dans trueve et l'indicatif présent dans avons, ces innovations nous paraissant acceptables. ose (B1B2): subjonctif présent personne 3 de oser (forme

refaite). La forme phonétique ost apparaît aux v. 75, 95, 208.

1755

quel le feroiz B1B2, q. la f. RH: cf. Ph. Ménard, Syntaxe, $ 93, et W. van Emden, Girart de Vienne, p. 317, note du

NOTES

393 v. 975. Pour Ph. Ménard, l'expression qui utilise Le est beaucoup plus rare que celle qui utilise la, forme féminine, et Le est soit un picardisme (le pour la), soit un neutre. Pour

W. van Emden, /e est issu du neutre singulier illud, la du neutre pluriel illa, avec un sens collectif. Voir aussi G. Zink, Morphosyntaxe, pp. 252-253 et p. 254, note 8.

1756

Ce type de structure est décrit ainsi par Ph. Ménard, Syntaxe, $ 102, b: «Le premier terme est une interrogation directe, alors que le second terme se présente sous forme énonciative (le pronom sujet étant postposé dans le premier élément, préposé dans le second). L’éventualité la moins sûre apparaît ainsi sous forme interrogative, l'éventualité la plus vraisemblable sous forme affirmative, étant donné qu’une réponse négative au premier terme équivaut à une confirmation du second terme ». Le roi Judas reproche donc implicitement

à ses guerriers leur lâcheté (alors que lui-

même ne faisait guère preuve de bravoure peu auparavant, vv. 1644-1648), ce qui provoque instantanément une vive réaction de la part du jeune Galïen (v. 1757). 1757 mal a ici un des sens de mar et le vers signifie « Vous n’arriverez pas à nous effrayer ». R et H ont chacun une leçon différente, avec le même sens de «Ne soyez pas effrayé ». 1766 Cil désigne Aymeri et la phrase est ironique dans B/B2: «II va devoir endurer un beau fait d'armes !». La leçon de RH est différente (Ci), et l’ironie n’apparaît pas: «Il y aura ici un beau fait d’armes !». 1820 Turc rejeté (B1B2): il ne s’agit effectivement pas de Galïen (le premier tué), ni de Bruians (le deuxième), mais du troisième adversaire (cf. v. 1822). De même, au v. 1859, ce

n’est pas Baufumé qui s’enfuit, mais le dernier, soit le cinquième, adversaire. C. Siele suppose qu’au v. 1820, B7B2 ont mal lu leur modèle, qui écrivait peut-être tierc ($ 17,

p. 10), mais cela n’explique pas la leçon Turs, commune à B1B2R, au v. 1859. Cette dernière leçon a été rejetée pour celle de H (quinz), qui est peut-être une innovation, mais qui est beaucoup plus claire. Au tour françois: manœuvre (d’un cavalier) qui consiste à faire semblant de s’enfuir pour faire demi-tour et revenir à

394

NOTES

l'assaut. D’autres manœuvres, d’après Tobler-Lommatzsch, sont dites au tour roial, au tour breton, au tour englois. 1835 coulast rejeté: la leçon de BJ a contre elle l’accord de B2RH, la présence du même verbe au vers précédent, et la proximité graphique de rornast et coulast. La leçon n’est cependant pas dépourvue de sens si couler signifie « glisser, dévier» (au vers précédent, le verbe signifie «glisser, descendre »). 1848- La lacune dans B1B2 s'explique probablement par descen1850 dié à la rime aux v. 1847 et 1850. Au premier hémistiche du v. 1850, R a été amendé d’après A (césure lyrique dans À). l’espié ou les pié rejeté: cette leçon de BJ, qui a contre elle 1852 l’accord de B2RH, ne paraît guère pouvoir résulter que d’une faute de plume. 1858 n'as mie d'un pié: «il ne te reste rien de l’un de tes pieds», «il te manque ün pied» (cf. Ph. Ménard, Syntaxe, $ 284, rq 1 et 2, et G. Moignet, Grammaire, p. 180 et 309). L’insulte railleuse à l’adversaire mutilé est fréquente. Voir à ce sujet Ph. Ménard, Le rire et le sourire.., pp. 125-126. 1859 Turs rejeté: voir la note du v. 1820. 1878 menrez rejeté: C. Siele lit «meurez (mourez?}» ($ 37, p. 15), J. Melander lit mentez (var. du v. 1926, p. 78). La leçon mentez n’a pas de sens, la leçon menrez ne paraît pas en avoir non plus. En revanche, s’il s’agit de meurez, on peut lire mevrez, soit le futur de mouvoir, avec un radical fort analogique dans lequel la diphtongue issue de [o] ouvert a subi un traitement dialectal, le produit [we] s’étant en outre simplifié en [e] (cf. J. Chaurand, Dialectologie, p. 64 et

CI. Régnier, « Ancien picard », p. 262); dans ce cas, la leçon de B1 serait acceptable. Néanmoins, tous les autres manuscrits étant d’accord contre B], nous avons préféré rejeter la leçon de ce dernier (qu’en outre nous lisons plutôt menrez). 1898 se tu te mués: 1l est possible qu’il s'agisse, non de soi mouvoir, mais de soi müer, qui est toutefois bien plus rare dans ce sens, selon Tobler-Lommatzsch. 1899 J. Melander a rejeté pour poor (HB1B2) la leçon de R (pitié), correction que J. Crosland, donnant sans doute à

NOTES

395 pitié le sens de «souci»,

1905

1910

considère comme

une erreur

(Romania, t. XLIX, 1923, p. 287). Césure lyrique dans B/B2. Ce vers est constitué d’un groupe nominal qui occupe dans RH la fonction de sujet; nous n’avons cependant pas ajouté dans notre édition le vers qui suit dans RH, estimant que le groupe nominal du v. 1905 pouvait également être analysé comme une apposition à valeur explicative. Il est vrai toutefois que la leçon de RH est plus simple. cuer (B1B2): forme dialectale de cor (Nord-Est, Est). Cf. J. Chaurand, Dialectologie, p. 71, M. K. Pope, $ 225.

clarin: d’après Tobler-Lommatzsch, le mot n’est attesté comme adjectif que dans Guibert d'Andrenas. 1912 du rejeté: on peut supposer l’oubli du tilde de nasalisation. Si est adversatif. 1915 Archetreclin: il s’agit en réalité d’un nom commun d’origine grecque qui signifie «maître d'hôtel ». C’est à la suite d’une méprise dans la lecture de la Vulgate que le terme est devenu un nom propre. 1919 grant cop rejeté: il nous a paru que le pluriel (B2RH) était plus satisfaisant dans le contexte. 1929 que introduit une causale (J. Melander, note du v. 1981, p. 115), ou bien une consécutive.

1933 porroi (B1B2): il peut s’agir d’une forme de conditionnel où la voyelle finale, amuïe, n’est pas graphiée, ou d’une forme de futur (cf. la leçon de RH), avec une graphie influencée par le conditionnel. 1950 sor mer: voir la note du v. 176. 1958- La formule, qui connaît de nombreuses variantes, est cou1959 rante dans la tradition épique (ici, voir aussi le v. 2036, et le vers qui suit le v. 2036 dans RH). Voir par exemple la Mort Aymeri, vv. 2088-2089 (éd. de J. Couraye du Parc), la Prise

de Cordres et de Sebille, vv. 782-783, le Couronnement de Louis, vv. 195-196, la Prise d'Orange, vv. 494-495, 536-

1969

537, 796-799, 844-846. durent: «étaient chargées de ».

396

NOTES

1970 Eschés: la mention des échecs peut n'être qu’anecdotique, mais ce jeu a peut-être aussi une valeur symbolique: c’est après de nombreuses parties qu’ Augaïete décide de trahir les siens. Voir P. Jonin, «La partie d’échecs dans l’épopée médiévale », Mélanges. J. Frappier, Genève, Droz, 1970, pp. 483-497. 1974 Césure lyrique dans B1. L'emprunt à B2 modifie peu la leçon. 1975 Que est un relatif qui développe un complément de temps (cf. Ph. Ménard, Syntaxe, $ 71 et 376).

1976 Faut-il lire Aymeri ou Aymeris (on lit Ay’ dans B1)? Autrement dit, le vers signifie-t-il «Si elle peut sauver la vie à Aymeri», ou bien «Si Aymeri peut avoir la vie sauve »? Dans RH, vie est déterminé par un article défini, et c’est la première solution qui s’impose. Dans B/B2, c’est un possessif qui détermine vie, de sorte qu’il est tentant de considérer Ay’ comme sujet, ce que nous avons fait, bien que B2 donne Aymeri en toutes lettres. 1980 il étendu au féminin: le phénomène apparaît dialectalement au XII° siecle, il se développe beaucoup en moyen français où il n’est plus dialectal, il est nettement plus fréquent au pluriel, selon G. Zink, Morphosyntaxe, pp. 322-324. Pour Ch. Marchello-Nizia, Langue française, p. 222, cet emploi de il pour le féminin singulier, rare, paraît dialectal (Est, Nord). Quoi qu'il en soit, on ne peut suivre ici J. Melander pour qui cette forme de B7 est fautive (introduction, p. XXXI). 1987- La principale étant au présent de l’indicatif, le subjonctif 1989 imparfait dans la subordonnée introduite par Qu’ a une valeur

1999 2009 2012 2015 2016

modale

d’éventualité

(cf. Ph.

Ménard,

Syntaxe,

$ 158, b). que: voir la note du v. 768. douter rejeté (B1B2): répétition du même mot à la rime, ce qui est peut-être à l’origine de l’absence du v. 2010 dans B2. Césure lyrique dans BJR. Césure lyrique dans BJR. Césure lyrique dans B/, qui s'explique sans doute par l’omission d’un signe d’abréviation (cf. v. 647).

NOTES

2019

397

vermeilles rejeté (B1B2): cette leçon ne s’harmonise pas bien avec celle du v. 2083 dans les mêmes manuscrits (La flor de lis par dedenz la crois mis), à moins de supposer que la crois y est un singulier collectif. Nous avons donc donc emprunté la leçon de RH (vermeille), Dans RH, la contradiction entre le v. 2019 et le v. 2083 est bien plus importante (voir la note du v. 2083).

2033

et a ici un sens causal, et aviser un sens passif: «avec une croix vermeille: c’était pour qu'on voie bien le drapeau ». le rejeté (B1B2): on peut supposer l’oubli du tilde. Toutefois, s’il faut lire l'en, Qui (v. 2033) est à analyser comme

2036

20642066

un complément d'objet, ce qui est un peu embarrassant dans B1, car le scribe de BJ distingue scrupuleusement gui sujet de cui régime. B2 ayant omis le v. 2032, son témoignage n’est d’aucun secours. le: voir la note du v. 265. J. Crosland lit lo dans R (v. 2047 de son édition), mais c’est bien la qui y est écrit. Les deux principales coordonnées sont au passé simple, la complétive est au subjonctif présent dans BJH (fust dans B2, est dans R). Ce tiroir du subjonctif s'emploie peut-être par référence à un présent historique sous-jacent, à moins qu’il n’ait une valeur aspectuelle résultative: Aÿmer craint que son père n'ait été tué (mort fust), et que par conséquent il ne soit mort (mort soit). Au v. 2066, J. Melander (note des vv. 2123-2124 de son édi-

tion, p. 115) justifie ainsi l’emploi de l'indicatif: «l’indicatif fu [...], qui exprime la réalité, est correct, même si l’on considère la phrase comme une prop. subordonnée dépendant de quida et pensa. J'incline plutôt à y voir les paroles mêmes d’Aÿmer; on aurait alors un exemple des cas d’un discours direct continuant un discours indirect [...], et j’au-

2079

rais dû mettre le vers entre guillemets ». Il nous semble plutôt que les deux relatives des vv. 2065-2066 sont un commentaire du narrateur. Aÿmers: il y a une coquille dans l’édition de J. Melander, qui écrit Aymeris.

398 2083

NOTES Dans B/B2, la forme mis est discutable (on attendrait mise); J. Melander y voit une faute commune à B/B2 (introduction, p. XXV), et C. Siele, $ 25, p. 11, propose le vers primitif suivant: La flor de lis dedenz la crois en mi. Néanmoins, le participe passé construit avec estre ne s’accorde pas toujours (cf. H. Bonnard et CI. Régnier, Petite grammaire, p. 174; Voir aussi le v. 1049), et nous avons préféré laisser le vers intact, d'autant plus que la leçon de RH (La croiz enmi blanche con flor de lis), grammaticalement satisfaisante, est en parfaite contradiction avec la leçon des mêmes manuscrits au v. 2019 (A croiz vermeille por lo melz aviser). Reconnaissant cette contradiction, J. Melander a

choisi de maintenir les leçons de RH aux v. 2019 et 2083, tandis que J. Crosland a emprunté pour ce dernier vers la leçon de B7B2. 2103- «Chacun jura préférer mourir plutôt que la forteresse prin2104 cipale ne soit pas prise ». 2106 Césure lyrique dans B]. 2118 Dans B1B2, les murs sont quarrelez, dans RH ils sont quernelez (id. v. 2131). Les deux mots ont peut-être le même sens, celui de «entaillés», comme le nom querniaux du v. 2037, traduit par commodité dans le glossaire par «créneaux », signifie peut-être «entailles ». Voir à ce sujet l’article de J.-Ch. Herbin, «Les châteaux dans la Geste des Loherains», Revue du Nord, n° 5 hors série collection Art et Archéologie, 1997, pp. 9-19. On y lit, p. 12, à propos des vv. 6740-6741 de Garin le Loheren (Li quenz Bernars a sa gent devisé / Et les creniax hordez et atorné): «le mot creniax (...) ne doit pas faire illusion: il désigne ici non pas un appareïllage de grosses pierres taillées bien régulières (comme nous pouvons en voir dans les châteaux des XIII‘, XIV* et XV: siècles), mais plutôt une entaille, une fente, une ouverture pratiquée au sommet d’un mur afin d'y accrocher des hourds, c’est-à-dire des ouvrages de bois.» 2124 Aymeris (Ay’ B1, Aymeris B2): J. Melander suit la leçon de RH (Aÿmer), J. Crosland préfère celle de B2 (Ay’, dans B1,

désigne presque toujours Aymeri, mais parfois Aÿmer), que nous avons également adoptée. Il nous paraît bien plus vraisemblable de supposer que, de sa tour, Aymeri s'adresse à

NOTES

399

l’ensemble des Français, plutôt que de voir Aÿmer interpeller sa troupe, qui n’est pas du tout mentionnée dans le reste de la chanson (sur la troupe d’Aÿmer, voir J. H. Grisward, op. cit., pp. 197-204). 2146 RH précisent après ce vers (après le v. 2147 dans R, ce qui est plus cohérent) qu’Aymeri sort de la tour. Il ne nous semble pas qu’il s'agisse nécessairement d’une lacune dans B1B2. 2158 que ne pot autrement :emploi absolu de pooir. 2160- H seul ne reprend pas le même mot en fin de vers. Nous 2161 avons maintenu la leçon commune à B/B2R, car le verbe rendre n’a pas exactement le même sens dans les deux vers. 2164 mandement: il est possible que le nom désigne, non les appartements, mais tout l’édifice. 2167 B1B2 conservent l’infinitif prohibitif, qui devient assez rare après le XIII: siècle (cf. Ph. Ménard, Syntaxe, $ 161, b, et

2170

G. Zink, Morphosyntaxe, pp. 193-194). Césure lyrique dans BR.

2182

C. Siele considère et comme une insertion incorrecte («eine

fehlerhafte Einschiebung », $ 18, p. 10). Mais er nous paraît marquer ici «une addition insistante, avec la valeur augmentative de «et qui plus est, de surcroît» (cf. Ph. Ménard, Syntaxe, $ 194, 2°), et servir à insister sur l’étendue du mas-

2188 2205

sacre. Si après une proposition négative: voir la note du v. 209. Saille: J. Melander lit S’aille; saille est plus plausible, et reprend saudrai (v. 2197).

2221 peçoié: attribut du complément d’objet col. 2224- La remarque est évidemment ironique, puisque Judas est 2226 mort (cf. v. 2228, et le vers qui le suit dans RH). Sur le «sommeil » des dieux païens, voir Ph. Ménard, Le rire et le sourire. pp. 63-64. 2233 La relative substantive est reprise par le pronom sujet i/. Cf. Ph. Ménard, Syntaxe, $ 372, 1°, et G. Zink, Morphosyntaxe,

2251

pp. 343-344. .1.: lire uns (en toutes lettres dans B2): dans le vocabulaire religieux, fons ne s’emploie qu’au pluriel. Le latin ecclé-

400

2253

NOTES

siastique oppose en effet à fons baptismi, «eau du baptême», fontes baptismi, «endroit où l’on baptise» (cf. F. Martin, Les mots latins, p. 85). L'article indéfini pluriel marque alors l’étendue. Polysyllabe en hiatus (ou césure lyrique) dans B7B2. Nous n’avons pas estimé utile d'emprunter également à RH le partitif de.

2260 À roi Baudu: l'absence d'article (dans B1 seulement) laisse penser que l’ensemble roi Baudu fonctionne comme un nom propre (voir également rois Margot, v. 1405, dans B1B2). On peut par ailleurs supposer l’amuïssement de / dans A! (cf. hataine, v. 545); dans ce cas, il n’y aurait pas

absence d’article. Césure lyrique dans B1. Les leçons de B2 et de RH nous paraissant équivalentes, nous avons arbitrairement choisi celle de B2. 2278 La forme desentee (B1B2) a été rejetée parce que nous ne l’avons pas trouvée dans les dictionnaires. Il faudrait peutêtre comprendre a(b)sentee, avec changement de préfixe. 2286 .IX.: lire nueviesme (en toutes lettres dans B2H). 2295 Ce vers est une apposition à D'Ermengart, complément circonstanciel de propos. 2309 La serez: cette leçon de BJ est jugée fautive par J. Melander (introduction, p. XXXI). Il est vrai qu’elle a contre elle l’accord de B2R (Laisserai B2, Lesserai R), mais les deux leçons nous paraissent également acceptables. Celle de H

2261

(Laiseroiz) est irrecevable si l’on y voit le futur de laissier à

2324

2337 2341 2351 23592361

la personne 5, elle peut éventuellement rejoindre celle de B1 si l’on analyse -ai- comme une graphie inverse de -a-. Césure lyrique dans BJ (ainsi que dans RÀ, avec une leçon différente). La leçon de B2 est très proche de celle de BJ. seignori: Voir la note du v. 1. toi: le pronom représente Dieu. J. Crosland oublie ce vers dans son édition. Construction apo koinou: le v. 2360 est la cause à la fois du vers précédent et du vers suivant (cf. Ph. Ménard, Syntaxe, $ 217). Cette construction est propre à BJ: le passage

NOTES

2363

401

n'existe pas dans B2, les vv. 2359-2360 n'apparaissent pas dans À, H relie les vv. 2359-2360 d’une part, et, d'autre part, ainsi que À, le v. 2361 et le vers qui suit ce dernier dans RH. J. Melander propose de voir dans Que un pronom relatif (p. 117, note du v. 2438). On peut aussi le considérer comme une conjonction qui introduit une consécutive. Après ce vers, B2 est très différent des autres manuscrits (transition avec la fin des Enfances Vivien):

Dedens Nerbonne remest quens Aymeris, Et Ermengarz, la contesse gentis, Et sesfilluelz de cui il fu servis.

(2355 B1) (2356 B1) (2357 B1)

Avec eulz ont moult pou de leur amis.

(2358 B1)

Il passa puis Il. ans tous acomplis Que il ne virent gaires nulz de leur fils. D'euls vous lairai, plus n'en ferai devis. Une autre fois y serai revertis, Car bonne en est l’istoire.

(2362 B1) (2363 B1)

LXXI Oÿ avez des enfans Aymeri,

2372

Du roy Guibert qui ot cuer seignori, Et d'Aymeri qui ot le poil flouri, Et d'Ermengart qui ot le cors poli. D'euls vous lairons .1. petitet yci, Une autre fois y serons reverti. De Vivien dont vous avez oÿ Orrés comment la dame le nourri .VIl. ans ou plus que de lui ne parti, Et comment fist acroire son mari Qu'engendré l’ot quant il parti de lui, Et tesmoignier si que bien l’en creÿ. Mais tout le voir en sot bien puis ce di, Si com orrés, se longuement en di Et vous vueilliés entendre. J. Melander et J. Crosland rejettent la leçon de R (J. Crosland la rejette sans le signaler) parce qu'ils lisent Si n'estoit (cf. var. du v. 2449 de l’éd. de J. Melander), maïs il s’agit de Sin estoit (sin = si + en, cf. Ph. Ménard, Syntaxe, $ 48, 2°,

rq 1), qui est tout à fait acceptable.

402 2377

2383

NOTES

Huon Chapet: l'avènement des Capétiens est vu, à la fin de Guibert d'Andrenas et au début de la Mort Aymeri (qui suit Guibert d'Andrenas dans B/RHN), comme une usurpation. Fr. Suard remarque à ce sujet: «L’assembleur du cycle de Narbonne, tout comme l’auteur de la Mort Aymeri, n’ignore pas la rivalité qui a opposé Hugues et les derniers Carolingiens; l'hostilité qu’il manifeste à l’égard du premier lui est peut-être imposée par la logique des cycles de Narbonne et de Guillaume d'Orange, dans lesquels Charlemagne puis son fils Louis sont les seuls souverains, maïs la question dynastique semble du moins à ces poètes un fait suffisamment important pour être mentionné, alors qu’il n'importe pas à l’économie de leur propos » («Hugues Capet dans la chanson de geste au XIV® siècle», Chanson de geste et tradition épique en France au Moyen Age, Caen, Paradigme, 1994, p. 286). du regne et du païs rejeté: répétition du même mot en fin de Vers.

GLOSSAIRE Ne sont recensés dans le glossaire que des mots qui apparaissent dans le texte édité. Les substantifs et adjectifs sont en principe au CRS, sauf lorsque ce cas n’est pas représenté dans le texte. Les verbes sont sauf exception à l’infinitif, cette forme étant placée entre crochets lorsqu'elle n’est pas représentée dans le texte. Sont également entre crochets les références des formes corrigées dans le texte édité. aage n.m. 636, vie; par — 1722, pendant longtemps. [aaisier] (soi) 197, prendre ses aises. aatis p. p. adj. au CRP 1637, empressés, prompts. abandoné p. p. adj. 1794, laissé libre. abrievé adj. 741, 2101, qui se déplace très rapidement, empressement; 1790, fougueux (épithète de destrier).

avec

[absoudre] v.1. 1246, sauver, absoudre.

aceré adj. 366, 509, 745, 1812, 2133, d'acier (épithète de branc, dars, fer). acerin adj. 1904, 1908, d'acier (épithète de branc). [acheminer] (soi) 358, 613, se mettre en route. achetivé p. p. adj. 167, deshérité; 635, prisonnier. acoler v.r. 439, 446, 1037, 2007, 2331, prendre par le cou. aconter v.f. 421, 432, raconter, rendre compte de. acorde n.f. 1144, accord, réconciliation. [acueillir] v.r. 375 (-— la voie), 2298 (- l’estree), se mettre en route; 1184, 1187, 1215, attaquer, poursuivre. ademis p. p. adj. 1628, empressé, prompt.

404

GLOSSAIRE

adouber v.1. 247, 274, faire chevalier; 350, 1773, 2147, armer, équi-

per; soi — 507, 684, 1176, 1350, 1362, 1498, 1767, s'armer, s'équiper. adoubé n.m. 614, chevalier armé. adrois adj. 1760, habile au combat. aduré adj. 343, 346, 513, 532, 599, 1372, 1382, 2153, vaillant, 731, acharné (épithète de estour). aé n.m. 195, période de la vie (mon jone aé, ma jeunesse); 500, 601, 761, vie (en mon aé, durant ma vie). affier v.1. 1962, jurer, promettre; soi — en 1337, faire confiance à. affolez voir afoler. [afichier] (soi) 1571, se tenir fermement. afier voir affier. afoler wr. 348, 750, 1276, 1636, 1985, 2155, 2228, mettre à mal, mettre à mal au point de tuer. agais voir aguet. agu adj. 827, 1225, 1233, 1408, pointu. aguet n.m. 1334, guet-apens ou ruse en général; 1612, lieu d'embuscade; 1625, ensemble de guerriers placés en embuscade. aïde n.f. 673, aide, secours; interj. 63, à l'aide. aidier wt. 229, 594, 1690, 1857, 1872, 1892, 2216, 2222, 2240, venir en aide; si m'aït Diex 160, aussi vrai que je demande à Dieu de m'aider; soi — 697, se montrer efficace (au combat); 2365, avoir l'usage de ses membres. aïe n.f. 384, 1718, aide, secours.

ainc adv. 280, 1027, jamais. ains, ainz prép. 211, 525, avant; adv. 122, 1645, 2308, mais (après un énoncé négatif), — que (+ subj.) 462, 482, 556, 1268, 1676, 1694, 1873, 1962, 2139, 2265, 2278, - … que (+ subj.) 2005, avant que; — … que (+ subj.) 2103, plutôt que; — que il pot 1541, aussi vite qu'il le put. aïrer vf. 1146, mettre en colère; inf. sbvé 2034, colère. aïrier inf. sbvé 1125, 1131, 1196, colère. aïriés, airiez adj. 737, 1568, en colère. [ajorner] v. impers. 501, 610, 2044, 2046, faire jour.

GLOSSAIRE

405

[ajouster] v.1. 586, rassembler; vi. 1770, se rassembler; 1622, 1679,

commencer le combat, en venir aux prises. alosé adj. 2262, renommé, estimé. ambe.un. pr. 1995, tous les deux. Voir an.u. amender v.1. 1986, remédier à. amirant n.m. 961, 1052, 1064, 1748, émir. amiré n.m. 493, 598, émir. amont adv. 528, 650, 808, en haut, sur le haut, vers le haut. amustant n.m. 1895, dignitaire païen. ançois adv. 79, 914, mais (après énoncé négatif); 971, droitrs ancui adv. 603, 1490, aujourd'hui. an.ll. adj. 457, deux; pr. 1529, tous les deux. Voir ambe.ll. angarde n.f. 1358, 1486, 1528, 1674, 1695, 1724, 1781, 2059, 2065, 2072, lieu élevé, pour le guet ou la défense avancée. [angoissier] v.r. 1854, serrer de près, tourmenter. anste, ante n.f. 718, 1510, hampe de la lance; 1567, 1812, lance. antie adj.f. 125, 379, 1296, 1305, 1710, ancienne. anuit adv. 156, 1066, cette nuit (qui vient de s'écouler). [aourer] 1. 553, 600, adorer, faire ses dévotions à. apareillier vw. 1392, préparer; soi — de 790, 1578, se préparer à. [aparoir] v.i. 1462, 1726, apparaître. apartenant n.m. 1043, 1057, 1737, 2323, parent. [apeler] v. en emploi absolu 1119, 2184, prendre la parole. apresté pp. adj. 502, 1789, 1795, prêt. [aprester] v.r. 2113, 2251, préparer. [aquiter] v.r. 488, libérer. ardoir vf. 96, 1959, brûler. arpent n.m. 1645, mesure de longueur. arraby adj. 31, 277, arabe. arragon adj. 388, 414, 658, 663, 675, aragonais (à propos d'une monture). arraisonné, arraisonnez voir arresnier. arramie n.f.: par — 1304, avec ardeur. arresnier v.. 591, 687, 1545, 1663, adresser la parole à.

406

GLOSSAIRE

arresona voir arresnier. arrestage n.m. 1083, délai, retard. arrester v.i. 208, 451, 1944, soi — 520, s'attarder, s'arrêter.

arrestison, n.f. 387, 412, 659, 671, délai, retard. arriver v.i. 1328, parvenir à la rive. [arrouter] v.f. 516, mettre en route. ars n.m. 1600, CRP de [arc]. [assaillir] v1. 816, 1889, attaquer.

assasez adj. au CSS 1267, comblé (de biens). assembler v.i. 589, 898, se réunir; v.t. 2004, réunir.

[assener] v.t. 1801, 1816, frapper (qqn). [asseürer] (soi) 370, perdre son temps.

assez adv. 860, très; 1696, beaucoup; 2156 très bien.

assigier v.1. 1324, assiéger. [assoter] vr. 1670, rendre sot. [ataindre] v.1. 1599, chercher à atteindre, poursuivre; 1884, 2039, réussir à atteindre, toucher.

atanz 1168, pst p.1 de [atendre], espérer. atargier v.1. [1209], 1882, rarder. atorner v..: en quel guise porra estre atornez 1456, dans quelle situation pourra-t-il se retrouver; 1979, tourner, diriger vers; — sa voie 2299, s'acheminer.

atrait n.m. 948, arrangement, préparatif. auberc voir hauberc. aubour n.m. 1600, bois de cytise. aucubes n.m. pl. [588], tentes.

aufage n.m. 1085, prince sarrasin; adj. 1111, sarrasin. auferrant n.m. 793, 868, 1537, 1541, 1544, 1590, 1617, 1639, 1642, 1888, 2316, cheval de bataille ; adj. 1201, 1423, fougueux (épithète de destrier).

[aüner] vi. 899, 1470, se rassembler.

‘aus 819, 1368, 1542, forme de eus, pr. pers. aus 1600, 1828 = a + les.

GLOSSAIRE

407

autre adj. 121, en emploi explétif (voir la note du vers); 1038, le reste de. autressi adv. 269, aussi. aval adv. 1559, 1864, en bas; 1866, 2038, vers le bas. [avaler] vi. 1542, descendre: v.t. 2140, 2243, baisser.

avenant adj. 542, 2165, gracieux (épithète de cors). [avenir] vi. 825, venir; v. impers. 999, 1011, 1021, 1241, 1404,

advenir (mal nous est avenu 999, les choses ont mal tourné pour nous; confaitement il nous est avenu 1011, de quelle façon les choses se sont passées pour nous). aversse adj. f. 369, ennemie. averssier adj. 722, ennemi; n.m. 1219, 1419, ennemi (assimilé au démon); 1211, 1409, démon.

avesprement n.M. 2187, tombée du jour. avesprer inf. sbvé 1974, tombée du jour. avis n.m. 2092, déclaration. aviser v.1. 1371, reconnaître; 2019, apercevoir. avoez n.m. au CSS 1673, protecteur. avoir inf. sbvé 1278, 1283, 2378, biens. avressier voir averssier. bacheler n.m. 205, 938, jeune et vaillant guerrier; 954, vaillant

guerrier. baignier v.1. 717, baillie n.f.: avoir ner en — 382, baillier v.. [285],

1422, plonger (une lame dans un corps). en — 137, 148, 1301, avoir en sa possession; donmettre en possession. 1046, 1509, donner, remettre; 2334, confier; 699,

porter (les armes); 1137, gouverner.

[baloier] v.i. 1308, s’agiter (au vent).

bandon (a —) n.m. 391, 413, avec impétuosité; 657, rapidement. baptizement n.m. 2162, baptême (prendre -, se faire baptiser). baptizier v.t. 54, 2270, baptiser; inf. sbvé 56, baptême. barbé adj. 514, 1373, barbu (adj. associéà viel et à chenu). barnage n.m. 1098, 1402, 1873, 1965, 1988, 2047, ensemble des barons; par — 1109, en accomplissant un exploit, avec vaillance.

408

GLOSSAIRE

barnez n.m. au CSS 589, 609, 973, 1660, 2123, 2142, ensemble des barons.

baronie n.f. 1282, 1295, 1303, 1307, ensemble des barons. barre n.f. 1400, barrière fortifiée ; 2015, barre. bauchant adj. 1596, pie (noir et blanc, à propos de la robe d'un cheval). bauptiziés voir baptizier. baut adj. 242, joyeux (adj. coordonné à lé et joiant). behorder v.i. 301, combattre à la lance, jouter. belement adv. 1644, à faible allure. bendé p. p. adj. (escu —) 1357, garni ou orné de bandes. ber, bers CSS de baron; n.m. 759, 873, baron; adj. ou adj. sbvé 65, 71..., qui a les qualités d'un baron, valeureux, puissant; dire

que



947,

parler

en

homme

de

valeur;

chevauchier

come — 1330, chevaucher en homme valeureux.

besoing n.m. 1015, 1337, 1892, 2126, situation critique. bestiage n.m. 1103, 1108, bétail.

bezans n.m. au CRP 314, monnaie d’or byzantine. biens n.m. au CRP 562, ce qui est conforme au bien. bier n.m. 1192, lit d’un cours d’eau, fond d'un fossé rempli d'eau (bief). bis adj. 2082, gris; 984, 1634, gris, ou bien dur (épithète de marbre, perron). blazon n.m. au CSP 651, bouclier.

boffois n.m. 1754, tapage plein d'arrogance. boisines n.f. pl. 933, 2106, trompettes. bones rf. pl. 891, 1467, bornes. bonté n.f. 495, 617, 2240, bienveillance (de Dieu), 2259, générosité, 2130, vertu guerrière. boucle n.f. 809, bosse centrale (d'un bouclier). boucler adj. 2012, muni d’une bosse centrale (épithète de escu). bourc n.m. 1444, 1460, ville fortifiée, forteresse. bouter v.t. 2033, repousser. bouton n.m. 647, utilisé comme renforcement de l'adv. de négation ne.

GLOSSAIRE

409

brache n.f. 446, les deux bras. branc, brant n.m. 366, 509..., épée, ou bien lame de l'épée. [brere] v.i. 131, hurler. briés n.m. au CRP 332, lettre. brochier v.. 669, 710..., éperonner.

broigne n.f. 1514, 1702, cotte de mailles. bruiant adj. 1597, voir la note du vers. bruire vi. 1112, voir la note du vers. bruis n.m. au CSS 862, tumulte. brunoiant adj. 1549, poli, brillant (épithète de espié). bués n.m. au CRP 128, bœufs.

buisines voir boisines. buissiaux n.m. au CRP 314, boisseau, mesure de capacité. burni p. p. adj. 290, brillant.

ça adv. 460, 533, 534, [569], 657, 688, 1065, 1160, 1735, 1937, 2000, 2029, ici, par ici, dans cette direction ci; et de ça et de la 2048, ça et la 2051, et d’un côté et de l’autre. [capler] vi. 1236, frapper de grands coups. Voir chaplier, chaploier. car ady. (+ impér.) 2185, donc.

ceenz adv. 987, 2006, ici à l’intérieur. celer vt. 82, 142, 337, 383, 1054, 1949, 2028, cacher. cendel n.m. 182, étoffe de soie ou de demi-soie, comparable au tafJfetas. cengle n.f. 1791, sangle (courroie qui assujetti la selle). [cengler] v.r. 676, 1538, sangler, serrer avec une sangle. cenglillon n.m. 676, voir la note du vers. cercle n.m. 1516, couronne de métal qui entoure la calotte du heaume. certes adv. 1163, assurément. chacier vf. 1190, 1216, 1863, poursuivre. chaï voir [cheoir]. chalengier v.1. 1116, 1122, chercher à obtenir en combattant.

champ n.m. 727, 728, 1920, champ de bataille.

410

GLOSSAIRE

champé adj.: esto(u)r — 354, 1375, bataille rangée, en terrain dégagé. changier w.r. : — le sens 1416, 1859, perdre la raison, avoir l'esprit égaré. Voir sens. chanu voir chenu. chaple n.m. au CSP 773, coups violents donnés dans la bataille. chaplier, chaploier vi. 1206, [1210], frapper de grands coups. char n.f. 7, 1834, chair (de l’homme); 122, peau (de l’homme).

charité n.f. 171 : par —, pour l'amour de Dieu. charnage n.m. 1112, voir la note du vers.

charroi n.m. 612, train de l’armée. charroier v.f. 1394, transporter. chas n.m. au CRP 2113, machine de guerre (espèce de galerie couverte, sur roues, dans laquelle sont protégés ceux qui sont chargés de saper les murailles). chasement n.m. 1045, 2171, domaine, fief. chateigne n.m. 552, chef de guerre, seigneur. chauce n.f. 937, caleçon, culotte. chenu adj. 258, 450, 823, 832, 1002, 1026, 1223, 1253, 1373, 1796, blanc (à propos de cheveux), qui a les cheveux blancs. [cheoir] vi. 6, 733, 756, 787, 880, 1551, 2219, tomber; v. impers.

com il li est cheü 824, ce qui lui est arrivé. chetif adj. 17, 417, 435, 443, 2069, 2086, 2354, deshérité (épithète de Aÿmer). cheü(s) voir [cheoir].

chevage n.m. 1093, tribut (imposé sur les personnes). chevalerie n.f. 377, ensemble des chevaliers. chief n.m. 257,975, 1155, 1491, tête; de — en autre 754, d'un bout à

l’autre; el premier — (devant) 1618, 1626, en tête, au premier assaut. chiere n.f. 6, 147, 376, mine, visage. chiés voir chief. chiet voir [cheoir]. ci adv. 211, 246 …, ici, 1135, 1932, maintenant; de — a 859, 1974,

de — en 1819, 1901, jusqu'à; vez (le) — voir vez.

GLOSSAIRE

411

cis dét. 1455: cist ou cil+s. cit n.f. 1944, cité. clamer v.r. 2277, proclamer; soi — de 1484, se plaindre de. clarin adj. 1910, sonore, qui sonne clair (épithète de cor). cloent voir [clore]. clofi p. p. adj. 286, cloué. [clore] v.r. 643, entourer; 1650, fermer.

clos n.m. au CRP 286, clous. coiement adv. 1353, 1704, silencieusement, en cachette.

cointe adj. 1194, avisé, brave. : coite n.f.: a — d’esperon 672, [678], en piquant des deux, à toute allure. combatant adj. 268, 330, 336, 524, 536, 1078, 1616, 1779, 2315, vaillant au combat.

[combatre] vi. 1521, 1756, se battre; soi — 1001, 1022, même sens.

combrer v.f. 1518, 1940, 2056, saisir, s'emparer de. compaigne n.f. 530, 535, 549, compagnie; 563, 1081, compagne. [comparer] v.r. 739, 751, 1828, payer. compas n.m.: a — 1313, avec art. complie n.f. 156, dernier office de la journée, soir. confaitement adv. 1011, de quelle manière. confanon n.m. 286, 353, 650, 668, étendard. [confondre] v.1. 839, blesser gravement; 815, 1006, 1235, tuer (en coord. avec mors ou occis); 480, détruire. [conforter] (soi) 1453, reprendre courage.

congié n.m. 357, 2346, permission de partir. [conjoir] v.f. 458, 581, faire bon accueil. conmandement n.m. 1784, volonté divine. conmander v.1. 88, gouverner; 264, donner, confier; 338, 363, 1349, ordonner; 517, 615, 1512, 1610, 1777, 2235, recommander à la

protection d'une divinité; soi — 2211, se recommander à la protection d’une divinité. conment que loc. conj. 559, de quelque manière que (— qu'il pregne, quoi qu'il puisse se passer).

412

GLOSSAIRE

conmunement adv. 2325, tous ensemble.

[connoistre] vf. 1015, [1369], 2060, 2062, 2156, reconnaître; p. p.

adj. conneüz 813, célèbre. conquerant p. pst adj. 269, 335, 2314, vaillant. conquerre v.f. 31, 45, 195, 198, 574, 1042, 1109, 1522, 1617, 2282, 2316, 2338, conquérir, s'emparer de. conquester vf. 309, 1657, conquérir; vi. 1802, se battre, lutter. conraé voir [conreer].

[conreer] vw. 351, armer, équiper; soi — SO8, s'armer, s'équiper. conroi n.m.: prendre — de 1984, se préoccuper de, prendre ses dispositions pour. [consivre] vf. 1235, 1864, atteindre.

[contenir] (soi) 1954, se porter.

conter v.i. 1490, se battre. Voir la note du vers.

[contralïer] v1. 1855, 2223, apostropher en insultant, en raillant. contremont adv. 1559, en haut.

contreval adv. 854, [1848], 2140, vers le bas; prép. 1542, vers le bas de. [convoier] 1. 2305, accompagner.

corage ñn.m. 273, 513, 1104, 1372, 1907, 2304, caractère, humeur ; 1979, cœur; 1094, intention. corant voir courant.

corociez, corrouchiés voir couroucier.

cors n.m. 6, 310 …, corps; 43, 946, 1675, 1971, 2189, 2217, 2235, périphrase désignant la personne (- précédé d'un poss.); par le — saint Denis / Richier 576, 703, 1139, périphrase désignant un saint. corssu adj. 1221, corpulent, massif.

[costoier] v.r. 1723, longer. couler v.i. 1819, 1834, 2038, glisser, descendre. courage voir corage. courant adj. 860, 1550, [1608], 1775, rapide (à propos d’un cours d’eau, d’un destrier).

GLOSSAIRE

413

couroucier v.f. 539,977, 981, 992, 2072, chagriner; 1581, mettre en colère ; 163, 226, chagriner ou mettre en colère; soi — 1132, se mettre en colère. courre v.i. 203, 439, 1829, 1923, 2007, 2011, 2098, courir; — sore a 1886, se lancer à l'attaque de. courrouciez voir couroucier. coutes n.f. pl. 181, matelas. couvenant n.m.: par itel — 241, 265, à cette condition; avoir — 1725, faire une promesse ; 2204, accord, marché. couvendra voir [couvenir]. [couvenir] v. impers. 105, 181, 184, 200, 231, 423, 631, 633, 634, 638, 639, 928, 1194, 1214, 1333, 1344, 1501, 1934, 1962, 2010, falloir. couvent r.m.: faire un — a 2194, passer un accord avec. couvertoirs n.m. au CRP 183, couvertures.

couviegne, couvient, couvigne, couvint voir [couvenir]. cox n.m. 1603: cop + 5. cras adj. 189, 1318, gras. craventer vw. 219, 1346, 1444, 1807, 1924, 2121, 2137, abattre. creanter vf. 270, 1058, promettre, assurer; 966, 2202, 2318, accorder. crenu adj. 473, 776, 793, 806, 1008, 1251, à longue crinière. cresme

n.m.

2255, chrême

(huile consacrée,

utilisée ici lors du

sacrement du baptême). [crestienner] v.r. 564, 2248, 2256, convertir au christianisme, baptiser. crestienté n.f. 2241, 2261, religion chrétienne; recevoir — 494, se faire baptiser. crient 1297, pst p.3 de [cremir] ou [criembre], craindre. crut 2130, p.s. p.3 de [croistre], augmenter. cuer n.m. 1910, variante dialectale de cor (v. 214, 1183, 1186, 1727,

1919, cuer n.m. tivité; 1951,

2061, 2105), cor. 234, 882, 1034, 1842, 1881, 1887, 2166, siège de l’affectous li cuers m’en est levez 766, son cuer prist a lever mon / son cœur s'est soulevé de joie; pensser en

son — 2064, être intimement persuadé; de verai — 1531, 2067,

GLOSSAIRE

414

avec sincérité, du fond du cœur; 207, volonté; 190, courage; prendre bon — 1453, prendre courage. [cuidier] 1. 155, 941, 1809, 1909, 2064, 2070, 2176, 2386, croire, s’imaginer;

1217,

1272,

1998, avoir l'intention de, vouloir;

1416, 1960, 2021, êrre sur le point de, manquer. cuivert, cuvert adj. ou n.m. 1124, 1134, 1224, 1239, 1261, 1562, 1811, 1827, 1885, lâche, perfide, infâme. dalez voir delez. [damagier] v.1. 2214, causer des dommages à. damoisel n.m.47, 287, 605, jeune noble. dangier n.m.: sanz — 729, sans difficulté. dant n.m. 529, 534, 812, 1060, seigneur (devant un nom de personne); — glous 1677, maître canaille.

dars n.m. au CRP 745, 1189, 1412, 1879, javelots.

deable n.m. au CSP 1635, diables. deça prép.: par — 1467, de ce côté-ci de. decoler vf. 216, décapiter.

[decoper] v.f. 1212, 1277, tailler en pièces, massacrer. deffaé

adj. 596, 758,

1360,

1811,

2139,

2229,

2282,

infidèle,

mécréant; n.m. 618, même sens.

deffermer v.f. 1526, 2024, 2147, 2243, ouvrir. defors adv. 1731, 2047, 2117, par — 587, 1391, au dehors; prép. 1036, 2111, au dehors de. [defroer] vr. 1435, briser. [defroissier] v.r. 2212, mettre en morceaux. degrez n.m. au CRP 305, marches d'un escalier, escalier. dehaiz, dehé, dehez, n.m.: tu aies mal dehé / dehez 749, 2232, sois maudit; dehaïz ait qui 1523, maudit soit celui qui. dehors adv. 2110, par — 1651, dehors; prép. par — 1352, à l’extérieur de. dejouste prép. 4, à côté de. dela prép.: par — 434, au-delà de. delaier vi. 1142, 2303, rarder, s'attarder; soi - 1586, même sens; inf. sbvé 1399, retard.

GLOSSAIRE

415

delez adv. 624, par — 1431, à côté; prép. 1732, par — 1875, à côté de. delivrer v.f. 218, 944, 958, libérer; 1496, remettre: 1939, écarter.

disperser. demagne adj. 558, seigneurial. demaine n.m. au CSP 304, seigneurs. demainent voir [demener|]. demanois, demanoiz adv. 1763, 1832, sur-le-champ. [demener] wr. 521, 1231, 1480, 2045, se livrer à l'expression de (dolor, joie, noise).

[dementer] (soi) 2060, se plaindre, se lamenter.

demeurent voir demorer. demoisele n.f. [1080], jeune fille noble. demoree n.f. 2292, retard. demorer v.i. 349, 504, 1358, 1793, 2053, 2244, tarder, s'attarder (construit avec avoir aux temps composés); 107, 249, 634, 2144, 2362, rester (construit avec estre aux temps composés); inf. sbvé 427, 948, 967, 1341, 2022, retard. demoura voir demorer. demourage n.m. 1100, retard. demouraigne n.f. 560, retard.

demouré, demourer, demourez, demourra voir demorer. denier n.m. 1130, 1421, 2135, utilisé comme renforcement de l'adr. de négation ne. departent voir [departir].

departie n.f. 141, don. [departir] v.r. 1266, 1279, 1281, 1436, 1447, partager; 13, répartir; v.i. 2334, partir. [depecier] v.r. 990, lacérer (son visage), 1869, mettre en pièces. depiece voir [depecier].

deporter v.. 1971, divertir. derompre [725] voir desrompre. derrier, derriere, derriers prép. 876, derrière; adv.: et — 1212, et — et devant 1653, de tous les côtés. derroiz adv.: et devant et — 1762, de tous les côtés.

et devant

GLOSSAIRE

416

derrubans voir desrubant. derver vi. 1454, devenir fou; — le sens 1960, 2021, 2233, perdre la raison. Voir sens. des prép. 276, depuis; — or 824, à présent, maintenant ;— que 1349, dès que; - mois voir mois. [desbareter] v.r. 2150, mettre en déroute. [deschirer] v.r. 1438, arracher (ses cheveux). [desconfire] v.r. 437, vaincre. desheriter, desireter 1. 152, 174, priver d'un héritage; 738, 1377, priver d'une possession attendue. desmaillier v.f. 716, 725, 810, 1200, 1574, 1870, rompre les mailles de (à propos d’un haubert). desmembrer v.1. 70, 1435, couper en morceaux.

desmesuré adj. 734, outrecuidant; 1804, extrêmement violent. desnüer (soi) 952, se dévêtir.

desor prép. 1764, malgré. Voir pois. [despaner] v.r. [755], mettre en pièces. despendre vf. 313, dépenser, distribuer. despit n.m. 41, mépris. desreés p. p. adj. au CSS 1688, ardent, impétueux. desrompre vf. 716, [725], 1574, 1870, mettre en pièces; 1260, mettre en déroute. desrous, desrout voir desrompre. desrubant n.m. 1551, 2322, précipice. desseverrons voir [dessevrer].

dessevree n.f. 2293, séparation. [dessevrer] vf. 772, disperser, fendre (les rangs); vi. [2278], 2286, s’en aller.

[destraindre] v.f. 750, harceler, serrer de près. [destruire] v.r. 1091, massacrer, anéantir. [detordre] v.r. 990, 1449, tordre (ses poings). devers prép. 441, 567, 1868, 2081, vers : par — 547, 1474, vers, du côté de.

devïer v.i. 438, 2039, mourir:

GLOSSAIRE

417

devis n.m.: a mon — 903, à mon gré. deviser vr. 604, partager; 980, indiquer ;1997, exposer ;971, 1061, 2173, parler de, raconter; 1800, parler.

dis n.m. ou f. 33, 2359, 2370, jour ;touz — 921, toujours. disner inf. sbvé 961, repas. doins, doinse, doinst voir don(n})er.

dolant, dolent adj. 168, 539, 882, 991, 997, 1034, 1147, 1242, 1557, 1887, 1898, attristé, malheureux, qui souffre.

dolor, dolour n.f.: mener / demener — 2043, 2045, manifester de la souffrance, du chagrin; a — 959, dans la souffrance. [doloser] v.i. 1036, se lamenter. domage n.m. 1095, mauvais traitement. domagier v.t. 1401, massacrer. don(nj)er v.1. 67, 74, 81,93, 97, 103, 175, 313, 423, 599, 1919, 1987; pst p.1 doins 241, 265, 1076, p.3 don(n)e 176, 262, 1420; impft p.3 donnoiït 1299; p.s. p.3 dona 526, 2343; fut. p.1 donrai 142, 340, 382, 541, dorrai [146], p.3 donra 1524; impér. p.5 donnez 965; subj. pst p.1 doinse 44, p.3 doinst 1060, doint 266, 618, 712, 1134, dont 135;p. p. don(n)é 489, 1281, 1436, 1447, 2263, 2281, donner. dont 135 voir don(n)er. dosnoiement n.m. 250, jeux amoureux, galanterie. doubler v.f. 184, plier en deux.

doute n.f. 842, crainte. douter v.1. 206, 431, 1488, 1530, 2016, 2106, redouter; 647, avoir

lieu de craindre; v.i.: sanz — 77, 943, en toute certitude ; ne vous couvient — 231, 1344, 1934, 2010, n'en doutez pas. dras n.m. au CRP 952, vêtements. drecier wt. 395, relever; 1390, 2112, 2118, dresser.

‘droit adv. 345, 879, 2299, directement, tout droit. *droit n.m.: faire — 1139, donner réparation d'un tort; par — 2277, légitimement. droite adj. f. 1543, horizontale (à propos d'une lance). droitement adv. 328, tout droit, directement.

droiturier adj. et n.m. 705, 1120, juste, justicier (à propos de Dieu).

GLOSSAIRE

418

dru n.m. 454, 467, 474, 477, 785, 998, 1010, 1032, ami. drüerie n.f.: mener — 120, s'adonner aux plaisirs, aux réjouissances. Voir la note du vers. duel n.m. 845, 1024, chagrin, tristesse; mener grant — 2069, manifester un chagrin extrême; 1095, 1652, souffrance; a — 732, dans les tourments. durer vi. 636, se maintenir en vie; 1805 (aux. avoir), 2285 (aux. estre), durer; 1921, résister.

dusqu’ prép. 12, 59, 520, jusque. dux n.m. 49: duc +s. eage voir aage. [effondrer] v.r. 603, répandre, distribuer.

efforcement n.m. 2192, puissance. effreer v.r. 742, 1343, troubler, effrayer. effroi, effroiz n.m.: estre en — 1752, 1823, se tourmenter, s'inquiéter. el pr. indéf. 464, autre chose. elme n.m. 201, 257..., heaume, casque.

[embatre] (soi) 2175, se précipiter. [embrachier] 1. 807, mettre à son bras (le bouclier). [embroncier] v.f. 263, faire pencher en avant, renverser en avant. {embuschier] v.r. 1613, embusquer. empenez

adj. au CSS ou CRP 203, 744, 1685, 2119, garni de plumes (à propos d’un javelot, d’un carreau).

[empevrer] v.1. 188, accommoder de poivre. [empirier]

1. 1569, blesser, mettre à mal.

[emplir] vr. 2111, remplir, combler. [empresser] wr. 770, serrer de près, harceler. en pr. indéf. 84, 96, 553, 1379, 1383, 1507, 1514, 1526, 1715, 1972, 1985, 2031, 2032, [2033], on. [enchaucier] v.1. 1606, pourchasser, poursuivre. encombrement n.m. 1152, 2168, 2199, 2201, difficulté, dommage.

GLOSSAIRE

419

[encombrer] v.f. 1556, 1675, embarrasser, gêner, mettre en difficulté, en danger. encombrier n.m. 712, 1134, 1404, difficulté, embarras, péril; faire — d’aucun 1413, mettre quelqu'un en péril, dans une situation désespérée.

“encontre adv. 133, 445, 1031, 1222, 1232, 1600, 2132, 2327, 2329, à la rencontre; prép. 453, 577, à la rencontre de; 1761, 2078,

contre. “encontre n.m. ou f. 1589, rencontre, affrontement. encontrer inf sbvé 440, 1275, rencontre. encontrier n.m. 713, 1405, rencontre. encouragié (de) p. p. 1871, décidé, déterminé (à). [encourtiner] v.r. 2272, orner de tentures, de voiles.

endemain n.m. 525, lendemain. endementiers que loc. conj. 1387, 2173, tandis que. endormie n.f. 155, potion soporifique. endroit prép.: — de moi 704, pour ce qui me concerne. enfant adj. 1117, novice, inexpérimenté. enfes n.m. 849, 864..., CSS de enfant. enforcier vw. 2213, rendre plus fort, renforcer. enforciés p. p. adj. au CSS 2378, bien pourvu de. engenuï p. p. de [engendre] (God.) ou de [*engenoïr] (TL) v.t. 279,

engendrer. engins n.m. au CRP 1390, 2112, machines de guerre.

ennuit voir anuit. [enragier] v.i. 989, 2079, devenir fou de rage. ens [1695] voir enz.

ensaigne voir enseigne. enseigne n.f. 353, 550, 649, 782, 829, 1308, 2082, étendard. [enseignier] v.1. 546, montrer; 562, apprendre.

[enseler] v.r. 658, 1585, seller. ensement adv. 1037, 2163, de même, de la même façon. [enserrer] v.r. 2230, enfermer.

420

GLOSSAIRE

ensi adv. 833, 1061, ainsi; 907, utilisé comme

élément catapho-

rique; —- com 1495, ainsi que, comme. [entaillier] wr. 1844, 1883, ciseler, graver (un pommeau d'épée): 2219, tailler (un bloc de pierre). enterin adj. 1907, parfait, extrême. entor prép. 52, près de, chez; 295 (d’—), 783, autour de; adv.: — et environ 403, 643, tout autour, de tous les côtés. entorses p. p. f. pl. de [entordre] v.r. 745, tordre. entrebaisier (soi) 1143, s’embrasser l'un l’autre. entrepris adj. 987, 2373, dans une situation difficile, périlleuse. envaïe n.f. 124, attaque, invasion. envers prép. 1588, 2099, vers.

[enverser] 1. 756, renverser. environ adv.: entor et — 403, 643, — et en lé / lez 974, 2116, tout autour, de tous les côtés. Voir entor et lé.

envis adv. 53, a — 2347, à contre-cœur.

enz adv. 1193, 1399, 2141, dedans, à l'intérieur; — en 275, [16951], 1781, sur; 586, 589, 781, 1365, dans.

erbage n.m. 1082, gazon. erité n.f. 166, 2260, domaine.

errer vi. 102, 1333, agir; 359, 391, 518, 992, voyager. es adv.: — vous 734, 1637, 1895, 1925, 2122, — le vous 1868, — les vous 1440, voici.

eschace n.f. 1858, jambe de bois. eschaper vi. 637, 908, 1439, sortir d'un état dangereux, s'enfuir. eschec n.m. 1655, 1657, butin. eschés n.m. au CRP 1970, jeux d'échecs. eschiec voir eschec. esciant, escient n.m.: a — 114, sciemment; mien — 179, 540, 1593, par le mien — 340, 1735, à mon avis.

[esconsser] (soi) 1354, se cacher.

escu, escut 1.m. 284, 291..., bouclier (au v. 799, le terme désigne Baudu).

esgarder v.f. 301, 533, 547, [569], 940, 1368, regarder.

GLOSSAIRE

421

[esgarer] 1. 988, abandonner. [esjoïr] (soi) 294, se réjouir. [eslaissier] (soi) 1580, se précipiter. esmaier vf. 1557, 1757, 1861, inquiéter, effrayer; de paour esmaiés 1579, bouleversé de frayeur; soi —319, 1039, 1316, 1782, 2167, s'inquiéter, s'effrayer. esmeré adj. 607, 2237, pur (à propos d'or). [esmïer] v.r. 2220, réduire en miettes. esmolu p. p. de [esmoldre] v.. 838, 1234, aiguiser. espaignois adj. 1824, d'Espagne (épithète de destrier). esperon n.Mm.: à — 389, 669, 1863, en piquant des deux, à toute allure; 410, immédiatement. Voir aussi coite. [esperon(n)er] v.r. 1799, éperonner; v.i. 866, 878, 1181, 1527, 1619,

1776, donner des éperons, piquer des deux. espié, espiel n.m. [285], 290, 668..., lance. esploitier v.i. 518, 2324, se hâter; 1389, 1664, 1947, agir. espoenter inf. sbvé 1327, épouvante. [espoenter] v.r. 2108, épouvanter.

espoir adv. 1118, peut-être. esprouver y1. 2030, vérifier par l'expérience; 2126, mettre à l'épreuve, éprouver. [esquarteler] v.r. 1818, mettre en morceaux. essaier vi. [1395], mettre à l'épreuve; 1567, faire l'essai de ses capacités; soi — 698, même sens. [essaucier] v.r. 2236, 2289, élever en dignité. estache n.m. ouf. 291, poteau (de la quintaine). estage n.m. 1089, bâtiment. [estanchier] vi. 868, s'arrêter d'épuisement. estant (en —) loc. adv. 235, 237, aussitôt.

ester wi.: ice lessiez — 1489, lessiez ice — 1961, restez tranquille, renoncez-y. estés n.m. au CSS 462, été. estor n.m. 354, 556, 696, [731], 778, 784, 1255, 1256, [1375], 2063, bataille, mêlée. Voir aussi champé, plenier, rendre.

GLOSSAIRE

422

[estordre] vwr. 1195, en réchapper. [estorer] v.r. 691, 1532, créer. estour voir estor.

[estovoir] v. impers.: ne l’estuet demander 444, il est inutile de le demander. estraier adj. 727, abandonné. estrange adj. 14, étranger, ennemi: 153, 585, étranger; n.m. 175, étranger. estrangement adv. 1430, d’une façon extravagante. estree n.f. 2298, chemin, voyage. Voir acueillir. [estroer] v.r. 1814, percer, trouer. estroit adv. 1791, étroitement.

estuet voir [estovoir].

eure voir heure.

;

ez 267, indic. pst p.2 de estre.

façon n.f. 665, travail. [faillir] wi. 253, 384, 601, faire défaut; v. impers.: poi s’en faut 818, il s’en faut de peu; p. p. adj. failli 282, lâche. faire, fere v.r. 2159, accomplir; 197, profiter de, utiliser: le — 1755, 1765, se comporter, se conduire; vi. 359, 903, agir; 71, 151, 172, 244, 659, 849, 1304, emploi vicariant; — a (+ inf. actif) 83,

99, 206, 302, 431, 706, 924, 939, 966, 1191, 1198, 1336, 1488, 1497, 1672, 1965, 1991, 1996, 2013, mériter de (+ inf. passif); soi — 1127, 1129, se montrer; faites moi escouter 1332, écoutez-moi. fangas n.m. 867, bourbier, marécage. fauconcel n.m. 1068, jeune faucon. faudrai, faudrons voir [faillir].

fausser vf. 1833, endommager; vi. 1936, manquer à sa parole; sanz — [20091], en toute certitude. faut voir [faillir].

faux n.m. 1067, CSS de [faucon].

féauté n.f. 1092, fidélité (de l'homme à son seigneur). Voir homage.

GLOSSAIRE

423

fel n.m. ou adj. au CSS 1562, 1856, 1878; felon 347, 437, 843; 1903, cruel, violent, traître. felonnie n.f. 150, violence, agressivité. fendre v.i. 291, se fendre. ferant voir ferir.

fere voir faire. ferir vt. ou abs. 275, 289, 366, 655, 690, 701, 706, 714, 719, 720, 753, 801, 808, 838, 853, 1211, 1236, 1257, 1395, 1398, 1547, 1566, 1568, 1572, 1603, 1606, 1630, 1632, 1653, 1762, 1803, 1813,

1830,

1845,

1900, 2133, frapper; 889, s'élancer;

vi.

1634, tomber; 781, 1472, se précipiter; soi — 820, 1717, même sens; ferant 1612, au galop, à toute allure.

ferlin n.m. 1912, fifrelin, monnaie de peu de valeur; le mot est utilisé ici comme renforcement de l’adv. de négation ne. fermer v.f. 287, 353, 1355, 1792, fixer, attacher; 2015, clore (assujettir les vantaux d'une porte). fermeté n.f. 622, 629, 1427, 2104, place forte, forteresse.

ferrant adj. 244, 258, 879, 1002, 1055, 1727, 1729, 1736, 2306, 2321, gris, aux cheveux gris (toujours à propos d’'Aymeri). ferré adj. 510, 1393, renforcé de fer. fervestus adj. au CRP 472, 1254, revêtus de l’armure. fi adj. 902, 2087, 2094, sûr, certain; de — 299, avec certitude.

fiance n.f. 1386, confiance. fichier v.r. 891, planter; soi — 1425, pénétrer, se fixer dans.

fié n.m. 81, fief. fierement adv. 680, 784, 1294, 1519, 1894, avec vigueur.

fieris adj. au CSS 571, redoutable, vaillant.

fierté n.f. 347, 505, 2127, vaillance. [figurer] v.r. 1430, représenter. fillolage n.m. 57, 64, cadeau d'un parrain à son filleul.

fillolet n.m. 792, CSS fillolez 823, diminutif de filluel. filluel n.m. 67, 74 …, CSS filleux 283, 298, filliex 2357, 2367, fillués 833, filleul. filluet n.m. 797, filleul. Voir la note du vers.

424

GLOSSAIRE

fin n.f.: venir a — 1909, être près de mourir; en la — 2033, à la fin, finalement. finer vi. 105, 959, mourir; ne — de 1403, 1980, 2042, ne cesser de. flambe n.f. 950, flamme. flor, flour n.f. 5, 2083, fleur; 854, 1846, ornement du heaume. flori, flouri adj. 288, fleuri; 132, 145, 373, 401, 1293, blanc; 18, 2350, aux cheveux blancs. foi n.f. 172, 691, 1148, 1935, confiance, fidélité; par — 38, 2202, en

engageant ma parole. foison n.f.: a — 1319, en abondance. Voir tas. fondement n.m. 2178, fondations, base. fonder v.1. 84, construire.

fons n.m. au CRP 2251, fonts baptismaux; en — rengenerer 1993, baptiser. force n.f. 1165, puissance, force; par — 31, 381, par la force, de force; a — 391,413, 816, 2131, avec vigueur; 1005, 1239, 2006,

par la force, de force. forment adv. 234, 294, 652, 1146, 1178, 1506, 2060, 2371, forte-

ment, beaucoup. [former] v.r. 396, créer.

[formïer] v.i. 149, s’agiter, fourmiller. fors adv. 627, 1690, sauf, excepté; — de 200, 2201, à l'extérieur de. forssenez,

foursenez,

fourssenez

adj. au

CSS 748,

1437,

1448,

1667, fou, hors du sens. fourré p. p. adj. 183, doublé.

fox adj. au CSS 1698, 2028, 2241 : [fol] +s. foy voir foi. frailles adj. au CSS 3, débile. frain n.m. 796, frein (du cheval).

fraindre w.r. : p. p. frait 754, 809, 1818,f.fraite 125, briser, détruire. frainte n.f. 1711, bruit.

fremillon adj. 660, fait de mailles, ou bruissant, ou encore brillant. Voir la note du vers. fretez n.f. au CSS 1445, forteresse.

friçon n.f. 399, 653, frisson de peur, frayeur.

GLOSSAIRE

425

[froer] v.r. 1446, 2220, briser. [froissier] v.r. 291, fracasser.

fuie n.f. 1860, 2151, fuite. Voir torner. fus n.m. au CRP ([fust] +s) 2015, poutres; 2120, pièces de bois (utilisées comme armes).

[gaber] v.i. 1063, plaisanter. gaires adv. 1530, 2363, beaucoup. [gaitier] v.1. 1710, 1731, surveiller. gant n.m. 239, 1044, 1142, gant, symbole de la remise d'un fief à un vassal, ou de la soumission d'un vassal à son seigneur; 1548, utilisé comme renforcement de l’adv. de négation ne. garant n.m. 861, 1738, 1893, 2176, protection; 1553, 1778, 2198,

protecteur. garantir v.f. 946, 2234, protéger. garde n.f.: avoir — 1929, avoir un sujet de crainte; en ta — 2235, sous ta protection. garder vr. 325, 342, 648, regarder; 79, 87, 228, 1317, 1635, 1684, 1941,

1963,

1969, 2002,

2026,

2212, garder, protéger,

sur-

veiller; 617, sauver; — + subj. 243, 1249, veiller à ce que; soi — de 1334, 1457, prendre garde à.

garir v.4 1027, 1785, 1998, protéger, sauver; vi. 859, se tirer d'affaire (voir mar). garnement n.m. 2078, équipement (prendre son —, engager le combat). garni adj. 351, 502, équipé; 140, 372, 1287, riche, opulent.

garra voir garir. gart voir garder. [gaster] v.f. 480, dévaster. gavelos n.m. au CRP 744, javelots.

gemé adj. 1817, orné de pierres précieuses (épithète de elme). ‘gent adj. 2257, beau. *gent n.f. 109, 113 …, peuple, nation, race; 330, 535 …, hommes, troupes; pl. 580, 1314, 1646, hommes, troupes. gentil adj. 3, 4, 26..., noble.

426

GLOSSAIRE

geste n.f. 386, famille, lignage ; 561, race, peuple. giron n.m. 662, côté. glous n.m. ou adj. 193, 423, 735, 746, 1677, 1693, glout 1863, CSS de glouton 1845, 2139, canaille, gredin. goule n.f. 1407, gueule, bouche. graez voir greer. graindre voir greignor. granment adv. 893, beaucoup. gré n.m. 602, remerciement; maloit grez 1111, malgré; mal — en aient 1124, en dépit du désagrément qu'ils peuvent ressentir, à leur grand dam; venir a — 2250, être agréable. greer v.f. 73, 968, 1499, accepter. greignor adj. 1696, CSS graindre 1263, plus grand, plus important. grejois adj.: feu — 746, feu grégeois. grenon n.m. 401, 1736, 1796, 2321, moustache. gres n.m. 2219, 2224, bloc de pierre. gresloier v.i. 933, retentir (à propos d'une trompette). grever vf. 1335, 2001, 2017, nuire à, mettre à mal.

griés adj. au CSS 2293, douloureux, pénible. grifaigne ad). f. 561, 679, sauvage, cruel. gris, griz adj. 1597, gris; 7, 183, 2343, fait de la fourrure du petit-gris. [guerpir] v.r. 1717, 2193, 2360, abandonner, quitter. guerredonner v.f. 1932, 2238, rendre la pareille.

[guïer] v.r. 681, 1709, conduire, commander. guisarme n.f. 510, arme tranchante. guise n.f. 1456, façon, manière. guivres n.f. pl. 745, sortes de javelots.

hardement r.m. 266, 1165, 1721, vaillance, force. hataine ad). f. 545, élevée, haute. hauberc n.m. 256, 263 …, haubert, cotte de mailles. [haubregier] v1. 1876, revêtir d'un haubert. [haucier] v.1. 261, lever.

GLOSSAIRE AR hautement CET

427

adv. 963, 2184, d'une voix forte; 1183, 2105, fortement.

[herbergier] (soi) 997, se loger.

herbergerie n.f. [1289], résidence; 1700, logement. hernois n.m. 511, équipement. heure n.f. 33, heure; tel — vi que 697, j'ai connu une époque où; en petit d’— 1260, en peu de temps. hoir n.m. 13, 77, héritier.

homage n.m. 1092, cérémonie par laquelle on se reconnaît l'homme de quelqu'un. Voir féauté. hom(e) n.m. 832, [1138], vassal. honor n.f. 135, 266, renommée.

[honnir] wr. 170, maudire. hors adv. 2033, dehors. hu n.m. 773, 1231, cri, vacarme.

huchier vf. 1197, p. p. huchié 1561, hucié 1877, crier. hui adv. 698, 739, aujourd'hui; — cest jour 1520, aujourd’hui même; — mes 1593, maintenant, désormais. huis n.m. 2014, 2024, 2147, 2243, porte. [hurter] vr. 1853, heurter, frapper; 2071, éperonner; vi. 1450, se cogner à. ici voir CI. iex n.m. au CRP 1155, yeux. il 1980, pronom masculin utilisé au féminin. ilec, ileuc, ileuques adv. 635, 828, 890, 2066, 2176, là; 1625, alors ou bien là; 1763, là-bas.

irascu adj. 461, 997, 1014, 1459, fâché, affligé. irer v.1. 163, 226, fâcher, chagriner. irié adj. 1842, 1881, furieux. isnelement adv. 1035, 1179, 1537, 2055, rapidement. issir vi. 577, 819, 1035, 1229, 1313, 1410, 1471, 1526, 1595, 1621, 1648, 2244 ;soi — 669, 1342, sortir. isteroie voir issir. itant voir tant.

428

GLOSSAIRE

itel(e) voir tel.

jaiant n.m. au CSP 1218, géants. jantes n.f. pl. 188, oies sauvages. jaserant adj. 256, 263, fait de mailles (épithète de hauberc). joiant adj. 234, 242, 692, 1075, 2166, content, joyeux. joie n.f.: faire, demener, mener — 440, 521, 609, 1480, 1481, 2273, 2342, manifester de la joie; de — 2272, en signe de joie; a grant — [447], 455, dans l’allégresse. jone adj. 22, 39, 195, 508, jeune. jornee n.f. 359, 390, 432, journée de marche, distance parcourue en une journée. josne voir jone. jouer v.i.: — de 155, jouer avec, utiliser. jouster v.i. 790, 795, 798, 1627, combattre à la lance, jouter. {jugier] v.r. 1563, condamner. jurent 1082 p.s. p.6 de [gesir], être couché. jus adv. 1846, 2197, en bas, vers le bas. lacha 1515 p.s. p.3 dialectal de lacier. lai voir [laire].

laidengier v.f. 1133, insulter. [laire] vr. 35, 108, 959, 2200, laisser; 139, 1059, 1162, renoncerà. larriz n.m. 1627, lande, friche, ordinairement en pente. ‘las adj. 1320, fatigué. las n.m. au CRP 1792, lacets (qui unissent le heaume au haubert).

lassus, lassuz adv. 646, 1228, 2164, 2185, là-haut. lé voir lez. leanz voir leenz. lechierres n.m. au CSS 193, 1693, canaille, vaurien. leenz adv. 455, 1167, 1229, 1347, 1364, là-basà l'intérieur. lerme n.f. 2297, larme. lever vf. 446, 1629, 2018, 2112, 2179, lever; 2236, augmenter la valeur de; 2270, 2289, tenir sur les fonts baptismaux; v.i. 766,

GLOSSAIRE

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1951, se soulever (voir cuer); 2145, s'élever (à propos de cris); 200, 2047, 2370, se lever; soi — 235, 237, se lever.

‘lez prép. 7171, 794, 1218, 1551, près de. “lez, lé n.m.: environ et en — 974, 2116, de tous les côtés.

lié adj. 234, 242, 444, 1662, 1952, joyeux. lieuee n.f. 2305, étendue d'une lieue. liges adj. au CSS 2009, absolument dévoué. lignie n.f. 2288, famille, descendance. linage n.m. 1091, 1096, [1106], 1913, famille, parenté. listé adj. 342, 747, 753, 1365, 1813, 2252, orné d’une bordure (à propos d'un palais, d’un bouclier, d’un marbre). loé adj. 605, 2296, renommé.

loer v.r. 83, 99, 302, 924, 939, 1336, 1383, 1965, 1991, 2013, louer, vanter. loges n.f. pl. 1264, 1265, 1278, 1676, 1868, 2100, tentes, campement. loi n.f. 1321, religion; pl. 1840, règles de la religion chrétienne. longuement adv. 249, 1594, longtemps. los n.m.: a vostre — 141, selon votre conseil. maces n.f. pl. 1233, masses d'armes.

maintenant adv. 247, 512, 849, 871, 1351, 1609, 1622, 1741, 2205; de — 875, 885, 1163, aussitôt. [maintenir] v.r. 485, 492, avoir sous sa garde, protéger; 7184, soutenir. mal n.m. 93, 496, 999, 2368, mal, maladie.

1963, 2168, 2199, malheur,

souffrance;

mal adj. 105, cruel, douloureux; 749, 2232 voir dehaiz; 1124 voir gré. “mal adv.: — de 1362, 1748, 2077, malheur à; 1757, équivaut à une forte négation. [maleïr] v1.; subj. pst p.3 maleïe 380; p. p. adj. maleois 1839, maloit 1111, maudire.

malement adv. 1158, durement. maleois voir [maleïr].

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GLOSSAIRE

maleürez adj. au CSS 168, 1455, malheureux. [malmetre] wr. 1569, 1636, mettre à mal; 1631, briser. maloit voir [maleïr] et gré. maltalent n.m. 1154, 1605, 2035, fureur. malvais adj. 194, lâche. malvaisement adv. 1857, 2222, 2238, mal. manans adj. au CSS 1267, richement pourvu. manantie n.f. 136, domaine; 1283, richesse. mandement n.m. 2164, appartements, ou bien bâtiment. mander vf. 204, 227, 403, 584, 593, 685, 1085, 1314, faire venir;

1029, 2340, faire dire; 329, demander, ordonner. mar adv. 537, 554, 1811, pour leur / son malheur; 859, équivaut à un impératif négatif. marches n.f. pl. 137, territoires frontaliers, terres. marchis n.m. 16, [27], 51 …, marquis, initialement seigneur chargé de commander une marche.

marois n.m. 867, marais. marris, marriz adj. au CSS 981, 2072, affligé, fâché. mars n.m. au CRP 185, 606, 665, 743, 1059, 1692, unité de poids de l’or et de l'argent, et aussi monnaie. [mater] vf. 1374, vaincre, tuer. matin n.m.: par — 1472, rôt le matin.

matinet n.m.: au — 427, 504, 610, 1083; le — 501, tôt le matin, au petit matin.

[matir] v.1. 293, abattre. maudiçon n.f. 1245, malédiction. maufés n.m. au CRP 1610, démons.

maumis voir [malmetre].

maus voir 'mal. mauvaisement voir malvaisement. maux n.m. 1446, CRP de [mail], maillet.

mellé adj. 1796, 2280, 2290, gris (épithète de grenon ou de barbe). [meller]: soi — entre 2149, engager le combat contre. membru adj. 459, 780, 814, 1238, aux membres puissants.

GLOSSAIRE

431

mencion n.f.: faire — de 390, parler de. mener V1. 1158, 1199, fraiter; 2385, malmener. mengier v.f. 187, 1524; pst p.3 mengüe 189, manger. menüier adj. 1186, au son aigu (épithète de cor). merci 1.f. 9, 106, 872, 2068, grâce, pitié; 230, 602, 707, 2172, 2311, 2341, remerciement. mercier v.1. 1497, 1996, remercier.

merveille n.f. 101, 143, 1522, chose extraordinaire. merveillous adj. 320, 535, 1056, 1069, exrraordinaire; 773, terrible. mes 1.mn. 364, 442, 1240, 2020, messager. mescreant n.m. ou adj. 883, 1747, mécréant, infidèle. mescreü adj. 465, 484, 783, 798, 842, 1018, 1224, 1239, 1261, 1468, mécréant, infidèle. mesnie n.f. 721, 1219, entourage d'un seigneur. mes que loc. conj. (+ subj.) 905, 2170, pourvu que. message, messaje n.Mm. [362], 394, 415, 1081, message; 1084, messager. mestre adj. 392, 402, 645, 1089, 2104, principal. meure n.f. 1409, mûre. miedis n.m. 1694, le milieu, la moitié du jour, midi. mier adj. 710, pur. miex adv. 801, mieux; 330, le mieux, le plus; Ni — 1171, la meilleure partie. [miner] wr. 2117, saper, creuser le terrain pour faire écrouler une muraille. mirable adj. 367, 1376, admirable. mois n.m.: des mois 1838, depuis longtemps. mollé adj. 490, 2266, bien fait (épithète de cors).

[moller] vr. 1433, mouler. molu adj. 807, 829, aiguisé, tranchant (épithète de espiel). [monnaer] vf. : deniers monnaez 2135, deniers frappés. imont n.m. 59, 859, 1582, mont, montagne; tout en un — 292, en un

seul tas, ensemble.

432

GLOSSAIRE

mont n.m. 1532, monde. monte n.f. 1912, valeur, montant. monter v.f. 2288, augmenter, accroître la valeur. morir vi. 115, 556 …, mourir; aux temps composés construits avec avoir, 408, 468 …, tuer.

motons voir moutons. [moullier] v.i. 893, se mouiller, être mouillé.

moullier n.f. 221,916 …, épouse. moure n.f. 1905, lame de l'épée. moustier 1.m. 54, église. moutons n.m. au CRP [mouvoir]

vr.:



1392, 2113, béliers (machines de guerre).

tençon

a 398, provoquer

un

combat

contre;

soi — 1898, bouger. mués voir [mouvoir]. mulz n.m. au CRP 611, mulets.

naïe adj. f. 1291, naturelle (épithète de roche). [navrer] v.f. 951, 1661, 1681, blesser.

neant, neent pr. indéf. 57, 1555, 1897, rien; adv. 1039, 1054, 1062, 1782, 2167, en rien, nullement: 337, rien, ou en rien. ne1z que loc. con. 244, pas plus que. nes adv. 2050, pas même (voir neïz). nes 185; 1530, [1545] = ne + les. ‘nes, nez n.m. 736, 1372, nez. neveu, neveut 12, 23, 205, 1057, 1106, 1250, petit-fils; 493, 1021, CSS niés, niez 760, 767, 1029, 1039, 1478, neveu. nez voir ‘nes. nieces n.f. pl. 12, petites-filles. niés, niez voir neveu. nobile adj. 393, 1157, 1187, 1215, noble. noëlé adj. 1441, niellé, orné de ciselures remplies d'émail noir (épithète de perron). Inoier v.f. 695, 1138, nier. “noier vi. 834, 1194, 1214, se noyer.

GLOSSAIRE

433

nois n.f. 1833, CSS de [noïf], neige.

noise n.f. 1231, rapage. [no(u)rrir] vr. 52, 298, éduquer (un jeune noble); 1594, élever (un animal).

nu adj. 794, 937, nu; 852, nu, hors de son fourreau (épithète de brant); — a — 802, sans intermédiaire, directement (c’est-à-dire en pleine poitrine). nuesme adj. 620, neuvième.

o prép. 98, 251 …; — tout 829, 851, 1852, avec. occirre v.1. 70, 1985; pst p.6 occient 1880, 2182; fur. p.1 occirrai 887, p.4 occirrons 1763; p.s. p.1 occis 1680; subj. pst p.3 occie 844; impér. p.2 occis 873, p.5 occïez 2154; p. p. occis 348, 905, 1006, 1277, tuer. oeus n.m.: a son — 606, à son profit, pour soi. oile ».f. 2255, huile, utilisée ici pour le sacrement du baptême. oïr vf. 94, 420, 2031; pst p.1 oi 101, 765, 927, 1495, 1997, p.3 oit

864, 918, 1565, 2007, 2145, ot 702, 740, 1667, 2037, 2166, p.5 oez 92, p.6 oent [1611]; fur. p.2 orras 272, p.3 orra 68, p.5 orrez

931, orroiz 824; p.s. p.1 oï 1487, 1492, p.3 oï 989, 1024, 1154, 1899, 1951, 1960, 2021, 2034, p.5 oïstes 971, p.6 [1210], 1728, 1730, 2097, 2129; subj. impft p.3 oïst impér. p.5 oés 327, oez 173, 344;p.p. oï(e) 117, 143,921,

1125, oïrent 2051; 1366,

1473, 1711, 1978, 2003, entendre, écouter; en oïant 248, 1156,

de façon à être entendu. okenoiz adj. 1829, d'Orcanie, peut-être l'ancienne Hyrkania, au sud-est de la mer Caspienne (épithète de destrier).

olifant n.m. 506, 1734, 2106, cor (d'ivoire). olz voir ost. onces n.f. pl. 607, onces (unités de poids).

ordené p. p. adj. 2254, qui a reçu l’ordination. orendroit adv. 1989, 2205, maintenant.

orfrois n.m. 1831, incrustations dorées. orgueil n.m. 1458: orgueil (le terme désigne Aymeri).

434

GLOSSAIRE

ost n.f. 129, 682, n.m. 413, 1343, 1964, 2004, n.f. ou n.m. 355, 515, 551, 879, 932, 1123, 1217, 1447, 1473, 1588, 2047, armée, camp, expédition. osteler v.r. ou vi. [447], 2029, 2032, loger. otroi n.m. 233, accord. otroier vt. 58, 171, 1044, donner, octroyer; 73, 706, 968, 1121, 1160, 2209, 2347, accorder, consentir. ‘ou conj. de coord. 86, 96 …, ou. zou adv. rel. 124, 177..., où; 1178, 1506, en laquelle. ‘ou adv. interr. 418, 736, 1665, 2125, 2333, où. “ou con). de sub. 1294, 1331, 1519, 1981, dès que. ‘ou 1365 = en + le. oublier v.1. 80, 315, [352], 406, oublier; soi — 686, 757, 1701, négliger de faire ce que l’on doit faire.

ouvrer vi. 36, 928, 2008, agir. ‘paienie n.f. 378, 1708, terre des païens. #paienie adj. f. 115, 130, païenne. paier v.f. [641], payer; 1865, asséner (un coup). paile n.m. 2082, riche étoffe de soie.

palazin n.m. ou adj. 1076, (comte) palatin. pance n.f. 1424, ventre. ‘par adv. d'intensité qui renforce tant 407, molt 1991. ?par prép.: — tans 1603, bientôt. parage n.m. 1105, famille. [paramer] v.r. 846, 1159, aimer passionnément. parenté n.m. 590, 2141, famille. parfont adj. 1192, profond; adv. 422, profondément. parisis n.m.: 913, monnaie de Paris.

[paroir] vi. [650], apparaître; v. impers.: (or) i parra 689, 1520, 2216, on verra. partir v.1. 604, 2281, partager; vi. 389, se séparer de; 2100, 2265, 2292, 2296, partir; soi — de 2319, 2348, s'en aller; inf. sbvé 2297, séparation, départ.

GLOSSAIRE

435

pasmer (soi) 962, s'évanouir.

passage n.m. [641], droit de passage; 1340, lieu de passage (d'un cours d’eau).

pastours n.m. au CRP 1164, bergers, vachers. [paumoier] wr. 1511, brandir. pavillon n.m. 1475, tente. peçoier v.f. 724, 1396, 2221, briser, mettre en pièces. peliçon n.m. 7, léger manteau fourré. pendant n.m. 1542, pente. peneant n.m. 321, 1170, pénitent. pener v.i. 1485, souffrir. penon n.m. 649, 2018, drapeau. penssé n.m. 207, 344, pensée, projet. pensser de 229, 1338, 1389, 1998, se soucier de, se préoccuper de. penssis adj. au CSS 977, 992, 2361, affligé, accablé. per n.m. 164, 304, 1266, 1279, ami, pair, compagnon; n.f. 960, 1977, 1992, compagne, épouse; sa — 316, 1999, sa pareille. perent voir [paroir]. perron n.m. 1441, bloc de pierre utilisé pour monter à cheval ou descendre de cheval; 1634, grosse pierre. persant adj. [1611], perssant 1535, persan. pesant adj. 1066, pénible. peser wt. 606, 639, 743, 1692, peser; v. impers. 655, 1062, 1983, être pénible. petit adv. 1805, 1957, peu; en — d’eure 1260, en peu de temps; n.m.: J. — 951, 1843, un peu. picot n.m. 1233, arme pointue, pic, pioche. pié n.m. 166, 1407, pied, mesure de longueur; em piés 1576, deboui, sur ses pieds; A. piez 1195, personne (dans un énoncé négatif). pieça adv. 696, il y a longtemps. piece n.f. 1920, morceau. pité n.f. 2247, pitié. piz n.m. 951, 1420, 2143, poitrine. place voir [plaisir].

436

GLOSSAIRE

plaier v.t. 1661, 1681, blesser. plaigne n.f. 547, 557, plaine. plain n.m. 1292, plaine. 2plain adj. 619, 1345, 1721, 2264, plein, plaine sa lance 1633, de toute la longueur de sa lance. [plaindre] v.r. 2052, se lamenter au sujet de. plais n.m. au CSS 968, accord, convention.

plaisir v. impers.; pst plaist 543, plest 223, 562, 1840, 1990, 2128, 2194; fut. plaira 144; p.s. plot 2369; subj. pst place 42, 1151, être conforme à la volonté de ; inf. sbvé 36, 904, volonté. plenier adj. 1387, principal: 1420, violent; 2285, entier; estor—696, bataille rangée. plenté n.f.: a grant — 2253, en grande quantité, en abondance. plesir voir plaisir. plessié n.m. 1875, terrain plus ou moins accidenté entouré d'une haie. plest voir plaisir. plevir vf. 38, assurer; 165, jurer.

plot voir plaisir. poesté n.f. 2242, puissance; par — 619, avec ardeur, 1803, avec violence. poesteïs, poestis adj. au CSS 15, 19, 30, 49, 2380, 2386, puissant. poi adv. 640, 818, 1198, 2358, peu; .1. — 238, 1463, un peu; a — (que) + ind. 748, 989, 1437, 1448, 1450, 1667, 2079, par..i. — + ind. 839, peu s'en faut que. [poier] v.r. 2065, gravir, monter.

poignant, poignent voir [poindre]. poil n.m. 258, 1253, cheveux.

[poindre] vf. 752, 819, 848, 850, 1251, 1862, 2089, éperonner; vi. 788, 822, 865, 1583, 1638, se précipiter.

poing 848 voir [poindre]. poing n.m. [285], 708, 990, 1142, 1417, 1432, 1449, 1825, 1896, poing; 259, 368, 1604, 1769, 1844, 1883, 1906, pommeau. poinsist voir [poindre].

GLOSSAIRE

437

pois n.m. 633, poids; sor mon — 72, desor son — 1764, malgré moi, lui. poissant adj. 87, 897, 1069, 1592, 1621, puissant. poist voir peser. poitevin adj. 1905, du Poitou (épithète d'acier). poitevinois adj. 1830, du Poitou (épithète de branc). poitral n.m. 1539, 1791, poitrail, partie du harnais qui couvre la poitrine d'un cheval. poIz voir pois. pome (pourrie) n.f. 1297, utilisé comme renforcement dedl'adv. de négation ne. ponmiaus n.m. au CRP 588, petites boules (en forme de pomme), placées ici au sommet des tentes. [porfendre] v.1. 1866, 1884, 1901, fendre de part en part.

porpensser v.1. 1975, réfléchir, considérer. porquant adv. 1900, pourtant. pors voir port. port n.m. 620, 1101, lieu de passage ; 934, 949, porte; 1284, 1706, défilé. Voir la note du v. 620. porter v.1.: en — la vie 2226, s’en sortir vivant. poudre n.f. 1959, cendres. praage n.m. 1110, prairie, pâturage. pramis 489, p. p. de [prametre], promettre. preer 1. 436, 1494, piller, ravager. [prendre] v.i.: — a 303, 429, 441, 957, 963, 1133, 1216, 1276, 1331, 1401, 1927, 1946, 1951, 1953, 1981, 2023, soi — a 962, 1132, 1975, 2073, 2091, se mettre à; v. impers. 559, se passer, se termuiner.

pres, prez adv.: — ne + ind. 750, 1839, 1859, il s'en faut de peu que. present adj. : en — 874, à l'instant. presentier adj. 1127, importun, fâcheux. presse n.f. 772, 781, 1939, rangs serrés des combattants. preudom adj. 407, valeureux. prez voir pres.

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GLOSSAIRE

principel adj. 1945, princier, seigneurial (épithète de palés). pris n.m.: de —, 3, 28, 47, 568, 579, 1629, 1632, 1639, 2071, 2344, 2365, 2376, de valeur (à propos d'un guerrier, d'un cheval de combat).

prisier wt. 1198, tenir en estime; p. p. adj. prisié 1862, 1873, 1880, CSS proisiés 1572, estimé, renommé. prison n.m. 964, 1666, 1948, prisonnier; n.f. 1983, captivité. privez adj. au CRP 585, proches, intimes. proesces n.f. pl. 1672, hauts faits d'armes. proisiés voir prisier. prouver (soi) 1493, faire ses preuves; p. p. adj. prouvé 194, dont la lâcheté est notoire; CSS provez 767, dont la vaillance est reconnue; f. prouvee 2283, établie, assurée. provoire n.m. au CSP 2254, prêtres. pui, puy n.m. 126, 1225, 1285, 1599, 1707, mont, colline. puis que loc. conj. [169], 1128, depuis que, à partir du moment où. pute adj. f. 1099, 1111, sale, ignoble. puy voir pui. qu’ pr. rel. sujet 408. quant corrélatif de tant voir tant. quarré adj. 1432, épais, massif, 1806, bien taillé, solide. quarrel n.m. 203, 1408, 1685, 2119, carreau d'arbalète; 2115, pierre de taille. quarrelé p. p. adj. 2118, 2131, entaillé. quarriaus, quarriaux voir quarrel. quars adj. num. au CSS 1597, quatrième. ‘quel ad). interr. neutre: — le feroiz 1755, qu'allez-vous faire, comment allez-vous agir. “quel 2139 = que + le. querniaux n.m. au CRP 2037, créneaux. querre vf. 417, 467, 626, 1149, 2048, chercher; 475, 1361, 1786, 2049, 2075, 2097, 2348, demander, réclamer: 321, 1170, prier, invoquer; 82, 94, 317, 425, 500, 704, 1949, 2028, avoir l’inten-

tion de, vouloir.

GLOSSAIRE

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quier, quierent, quiert voir querre. quins, quinz adj. num. au CSS 1598, [1859], cinquième. quintaine n.f. 288, sorte de mannequin muni d'armes défensives, et qui sert ici à éprouver le nouveau chevalier dans l'exercice de la lance. quis, quise, quist voir querre. quite adj. 228, 969, sans restriction. quitement adv. 2169, sans restriction; 2206, librement.

quoite voir coite. ra 1816, pst p.3 de [ravoir], avoir à son tour.

rachatement n.m.: sanz — 2182, sans rémission, implacablement. rade adj. 642, 860, rapide (à propos d’un cours d’eau). raler (soi en) 1988, retourner. ramposne n.f. 1147, raillerie, insulte. [ramprosner] v.1. 1668, railler, se moquer de. [ravestir] vr. 470, investir, mettre en possession. ré n.m. 935, bûcher. [reclamer] v.r. 830, 840, 1243, 1531, 1712, 1783, 1891, 1914, 2067, invoquer. [reclore] v.i. 827, se refermer. [reconnoistre] v.1. 1020, révéler. recouvrer vi, 1922, échapper au danger; 2040, remédier à. recreant p. pst à valeur passive 1164, vaincu. recreü adj. 471, 476, lâche. [reflamboier] v.i: pst p.3 reflambie 1309, resplendir; p. pst ad). reflamboiant 1604, étincelant. [regarder] (soi) 1601, regarder derrière soi.

regne n.m. 480, 1000, 2338, [2383], royaume. regné n.m. 487, 970, royaume, territoire.

[regreter] v.r. 2052, se lamenter sur l'absence ou la mort de.

[relenquir] v.r. ; impér. p.2 relenquis 907, renier. remaigne, remaindrez voir [remanoir].

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GLOSSAIRE

[remanoir] vi. 20, 1468, 1651, 1906, 2181, 2308, 2355, rester; 556, cesser, s'achever. remesent, remest, remez voir [remanoir].

[remonter] v.i. 1793, 1810, remonterà cheval; v.t. 1640, remettre en selle. remprouvier voir reprouvier. remuer (soi — de) 180, quitter (un lieu). rendre v.. 239, 482, 896, 908, 969, 1093, 1227, 1666, 2160, 2169, 2260, livrer, remettre, rendre; — estor 778, 1256, livrer combat;

— un saut 826, exécuter un saut, sauter; salu(s) 1019, 1477, saluer; - merciz 2172, 2311, 2341, remercier; soi — 1938, 2157, 2161. 2185, 2246, se rendre. rene voir resne.

rengenerer vf. 1993, baptiser. renoié adj. 1562, 1577, 1584, 1856, 1878, 1885, renégat, traître. repairier v.i. 436, 1217, 1415, 1867, 1868, revenir; soi — 1588, reve-

nir, 1560, s’en retourner, partir. replenie adj. f. 129, remplie. [reprocier] vf. 2215, reprocher. reprouvier n.m. 1126, reproche; 1203, chose blâmable. requerre v.1. 700, 2195, demander; 1787, sommer; 1715, invoquer, prier. [resaillir] v.i.: — em piés 1576, — sus 1882, se remettre debout.

rescourre y. 1348, 1638, secourir; p.s. p.6 rescousent 1220, reprendre. resne n.f. 857, [877], 1560, [1608], rêne; ne tenir — 1009, ne pas ralentir.

reson n.f.: metre a — 404, 2332, adresser la parole à. ressoignier v.f. 1191, redouter. [restre] vi. 1463, être à nouveau; 1571, être quant à soi, de son côté. resvigourer mr. 190, 765, 2129, ragaillardir. retraire v.f. 272, raconter. [revertir] v.i. 2090, 2349, retourner. riche adj. 64, 353, 550, 651, 1906, magnifique ; 1108, considérable: 1292, fertile; 65, 81, 549, 973, 1033, 1098, 1106, 1295, 1307,

GLOSSAIRE

441

1925, 2099, 2123, 2141, 2142, 2336, 2378, puissant; adj. sbvé 2284, riche.

richement adv. 1955, très bien. richesce n.f. 2281, biens. richetez n.f. pl. 197, 621, richesses. robes n.f. pl. 2343, vêtements. roi amant adj. ou n.m. 543, 884, 2190, rédempteur. roide(s) voir roit.

roit adj. [285], 708, 1417, 1509,f.roide 473, 1510, raide, droit (toujours à propos d'une lance). [rooignier] v.r. 1851, couper, trancher. rostes adj. au CSS 1582, escarpé. ruiste adj. 1257, 1838, violent; 2127, impétueux. sablon n.m. 397, 648, 674, terrain sablonneux.

sachant adj. 531, 864, 1077, 2313, savant, avisé. [sachier] v.. 1867, dégainer.

sage adj. 1090, savant, habile. sagement adv. 1333, habilement. sagremors n.Mm. au CRP 1354, sycomores. [saillir] v.1.: pst p.3 saut 953, 2218, p.6 saillent 1188, 1221 ;fur. p.1 saudrai 2197; p.s. p.3 sailli 851, 1273, p.6 saillirent 1218; sub). pst p.3 saille 2205; p. p. sailli 1614, 1625, 1876; 851, sortir; 953, jaillir, 2197, 2205, 2218, sauter; 1188, 1218, 1221, 1273, 1614, 1625, 1876, surgir.

[saisir] v.r.: estre saisis de 470, 912, [2383], être (mis) en possession

de. salu n.m.: dire salus 456, rendre salu(s) 1019, 1477, saluer; mander salus 2340, transmettre ses salutations. sans, sanz n.m. 149, 953 = [sanc] +s. sartie adj. f. 1702, renforcée, solide (épithète de broigne). saudrai, saut voir [saillir]. sautie adj. f. 1714 ([soutif]), solitaire, écartée. savoir se 699, pour voir si.

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GLOSSAIRE

se adv. 383, variante de si. seignori, seignouri adj. (fém. en -i ou -ie) 1, prestigieuse, somptueuse; 32, 110, 582, noble; 2337, puissant. Voir la note du v. 1. [seingnier] v.r.: — son cors 2217, faire sur soi un signe de croix.

sejor n.m. 196, repos, oisiveté. sejorner v.i. 250, se reposer, rester inactif, 426, 1173, 1943, s'attarder; 2344, demeurer, rester; v.t. 311, loger. 'sel 1121, 2203 = se + le. sel 1946, 1981 = si + le. selonc prép. 1599, le long de, près de. ‘semblant n.m. 327, opinion. “semblant adj. 267, semblable. senestre adj. ou n.f. 567, 662, 1286, (la) gauche. senez adj. au CSS 2152, sage. sens n.m.: changier le — 1416, 1859, derver le — 1960, 2021, 2233, perdre la raison, avoir l'esprit égaré; par grant — 928, avec beaucoup d'ingéniosité. [seoir] v.i.: impft p.3 seoit 622, être établi; p.s. p.3 sist 1596, 1598, être assis. serie adj. f. 1699, 1704, paisible, douce. serjant n.m. 240, 2310, homme d'armes. service n.m.

341, devoirs du vassal envers son seigneur;

1766,

action guerrière, prestation armée du vassal. ses 404, 1331 = si + les. sesiz voir [saisir].

seul adv. 309, seulement. seult voir [soloir].

[sevrer] vt. 1175, mettre à part. siecle n.m. 280, monde. sieuls, sieult voir [soloir]. sist voir [seoir]. siut, sivant, sivent voir [sivre]. [sivre] vr.: pst p.3 siut 1943, suit 2152, p.6 sivent 672; p. pst sivant 1068, 1591, suivre, 2152, poursuivre.

GLOSSAIRE

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soëf adv. 298, avec soin. soldee n.f. 2284, salaire. [soloir] v.i.: pst p.2 sieuls 914, p.3 seult 551, 2031, 2032, sieult 354, avoir l'habitude; aux v. 354, 551, 914, le présent a une valeur de passé. son n.m.: soner v.f. songéëour sonmiers

jusqu’en — 394, jusqu'au bout; en — 652, par dessus. 95 (mot —), faire entendre, articuler (un mot). n.m. 161, rêveur (qui divague). n.m. au CRP 611, 1271, bêtes de somme.

‘sor adj. 1596, 1602, fauve ou isabelle (robe d'un cheval)

“sor prép. 465, 597 …, sur, contre; 176, 835, 1950, près de; 72, malgré (voir pois).

sore adv. 1886 voir courre. sotie n.f. 157, sottise. soudant 1.m. 260, sultan. souduiant adj. 1771, traître, fourbe. [souffrir] v.r. 281, 2214, permettre, tolérer. souler n.m. 937, soulier. [souprendre] v.1. 2381, harceler, accabler. sous, souz, s0z, prép. 7, 184, 263..., sous; 1101, près de, au bord de. sus adv. 1882, vers le haut, sur ses pieds. Voir [resaillir].

tables n.f. pl. 1970, jeu de trictrac. [taindre] w.1. 122, changer de couleur.

[taisir] vi, 193, 1693, se taire; p. pst adj. taisant 243, incapable (de se battre), lâche. talent n.m. 254, 466, 2191, 2197, 2317, désir, volonté; faire le — de

2159, agir selon la volonté de; 532, tempérament, caractère. tamps, tams, tans n.m. 276, 2379, époque; 178, durée de la vie; par — 1603, bientôt. tandis adv. 775, pendant ce temps. tans voir tamps. ‘tant adj. 124, 348, 408, 552, 649, 723, 724, 725, 726, 1308, 1374, 1475 (suivi d'un sg. collectif), [649] (suivi d’un pl.), tant de.

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GLOSSAIRE

tant pr 309, assez (de terre, d'espace); adv. 308, assez; — ne quant 1545, si peu que ce soit ; — par voir ‘par; -com (+ ind.) 636, aussi longtemps que; — com tint l’ante 718, de toute la longueur de sa lance; — (...) que (+ ind.) 213, 318, 323, 391, 776, 1023, 2046, 2368, (+ subj.) 331, 381,419, jusqu'a — que 2044, jusqu'à ce que. tart adv.: a — 733, trop tard. tas n.m.:a— 1319, en quantité. Voir foison. taudra voir [toldre]. tel adj. suivi d'un nom de nombre,

164, 672, 1414, 1691 (voir la

note du v. 164); 697, à valeur indéfinie (voir heure); pr. indéf.: tex i a 1234, certains ont; — que 192, voir la note des v. 191-192. tencier v.i. 1135, chercher querelle. tençon n.f. 398, combat. Voir mouvoir. tendra(s) voir tenir. tendre v.1. 587, 1475, dresser.

tenir v.r. 718, 807, 1076, 1417, 1825, 1844, 1867, 1896, 1919, tenir; 874, prendre; 35, 136, 239, 300, 324, 914, 1045, 2171, 2262, posséder (en fief), administrer; 796, 1009, retenir; 10, avoir comme conjoint, — chier 694, chérir, honorer; — en bonté 2240,

être bienveillant pour; 479, tenir, installer; soi -771, se tenir, rester; 811, se retenir (pour ne pas tomber). tensser v.f. 69, empêcher; 946, 1815, 1918, 2234, protéger. tentist 2107, pst p.3 de [tentir], retentir. terme n.m. 34, espace de temps; 2097, 2348, délai. tertres n.m. au CRP 2329, collines, hauteurs. tex voir tel. tiers, tierz adj. num. 510, 1597, [18201], rroisième.

tiex voir tel. tinez n.m. 2120, CRP de [tinel], gourdin.

[toldre] v.f.: pst p.6 tolent 863; fut. p.1 toudrai 913, p.3 taudra 1090; cond. p.5 toudriez 114; p.s. p.3 toli 1381, 1926; p. p. tolu 1005, 1023, 1460, prendre, enlever, ôter. torment n.m. 1554, 1652, 1785, 2180, 2189, supplice. tormenter v.f. 942, supplicier. torner v.f. 982, tourner; — a 157, se transformer en; vi. 1202, retour-

ner; [1835], dévier; 1687, se retourner; (soi) en — 1311, 1525,

GLOSSAIRE

445

1655, 1780, s'en aller; (soi) (en) — en fuie / fuiant 857, 1643,

1740, 1860, 2151, s'enfuir. tot (du —) voir tout. toudrai, toudriez voir [toldre].

tour françois 1820 voir la note du vers. tourment voir torment.

tournent voir torner. tout: a — loc. prép. 828, 878, 1229, 1254, loc. adv. 1217, 1588, o — loc. prép. 829, 851, 1852, avec; par — loc. adv. 2261, partout; du — loc. adv. 903, 2161, complètement.

traiant, traient voir trere.

traïner v.f. 96, 2036, traîner (un supplicié) à la queue d'un cheval. traioient, trait(e) voir trere. [travaillier], [traveillier] v.r. 40, torturer; 461, 1874, accabler de fatigue. trebuschier v.1. 1846, 1853, faire tomber; v.i. 726, 1398, 1414, 1558, 1575, 1583, 1587, 2134, tomber. tref n.m. 587, 684, 895, 1265, 1278, 1659, 2100, rente. trere vt. 852, 870, 1577, 1600, 1604, 1685, 1883, 2119, tirer; vi. 1193, se retirer. tres adv. 934, précisément, exactement. 'tret n.m.: a 1. — 627, le — a 1. archier 711, 1205, à une portée de flèche. ‘tret voir trere. treü n.m. 463, 632, 1226, tribut. treüage n.m. 1228, redevance. trez voir tref. [tribouler] v.1. 2372, ravager. trieves n.f. pl. 965, trêve. [trousser] v.r. 511,611, 1271, charger.

truis 555, indic. pst p.1, truisent 243, subj. pst p.6, de trouver. tyrant adj. 1774, cruel, féroce, barbare. uis voir huis.

446

GLOSSAIRE

[user] v..: avoir son tams usé 178, être au terme de sa vie.

vaillant n.m. 913, la valeur de. vairs adj. au CRP 2343, faits de la fourrure du petit-gris. val n.m. 126, 557, 1188, 1216, 1285, 1288, 1707, vallée. vassal n.m. 346, 1382, CSS vassaus 2153, vassaux 28, 292, 767, 813, guerrier.

vasselage n.m. 2130, courage. vaus, Vaux, vax voir val. veer v.t. 704, refuser. veez 1107 voir vez. vengement n.m. 1153, vengeance. venter v.f. 1959, jeter au vent. verai adj. 1243, vrai, 1531, 2067, sincère. veraiement adv. 1072, en toute certitude. vergié adj. 1845, orné et renforcé de bandes (épithète de elme). [vergoignier] v.f. 1565, couvrir de honte. [vergonder] v.r. 170, couvrir de honte.

vers prép. 30, 1502, contre; de — 1464, en provenance de. [versser] vr. 1798, 1808, renverser, abattre.

verté n.f. 223, 1378, 1384, vérité. vertu n.f. 779, 789, 803, 1003, 1252, énergie, force, courage; a — 816, par — 822, avec énergie; 831, 841, 1244, puissance divine. vez 1999, 2196, veez 1107, impér. p.5 de veoir; vez présentatif 550, 768, 1296, — ci 770, 1320, voici; — le ci 1795, Le voici.

vienois adj. 1825, 1835, de Vienne, en Isère (épithète de branc). vilment adv. 1199, honteusement. vilté n.f.: a — 732, de façon déshonorante; faire — a 1380, traiter avec mépris, faire un affront à.

‘vis n.m. 6, 98, 445, 567, 955, 982, 990, 1968, 2081, 2330, 2339, visage.

GLOSSAIRE

447

“vis adj. 34, 908, 915, 2335, CSS ou CRP de [vif], vivant; dans enragier — 989, 2079, l'adj. (adv.?) est un intensif du verbe, dans le sens de violemment. “vis n.m.: estre — 2377, sembler. vitaille n.f. 1319, vivres. vivant n.m.: en mon — 253, 271, 322, 1648, ma vie durant. voir adv. 943, [1058], 1949, vraiment, en vérité; por — 270, 902, 1058, en vérité. voirement adv. 1074, 1149, 1786, sans aucun doute.

vois n.f.: a haute — 735, 759, 1197, 1359, 1442, 2073, 2231, d'une voix forte. volte n.f. 1429, salle voñtée. volti adj. 284, bombé (épithète de escu); 118, 983, au plafond voûté. votie voir volti.

ymage n.f. 1088, statue.

>

eues Re

FAR

INDEX DES NOMS PROPRES Ne sont recensés ici, mais de façon exhaustive, que les noms qui apparaissent dans le texte édité, et les variantes, graphiques ou non, de ces noms dans les autres manuscrits: les noms qui figurent par ailleurs dans d’autres manuscrits ne sont pas mentionnés, mais sont signalés dans les variantes figurant sous le texte édité. Les références des formes amendées dans le texte édité figurent entre crochets. Abalafre 1759 (Agolafre(s) RH), guerrier sarrasin, tué par Aymeri de Narbonne. Achart 343 (Achar H), messager d'Aymeri de Narbonne.

Achinart (CS Achinars) 1709, 1730 (Achanarz H), guerrier sarra-

sin, sentinelle qui garde Andrenas. 2148, Agalete 1378 (Agaiete RH), 1492 (Agaiete R, Agaiaite A), Agaÿe 598 (Augaiete R, Agaïiete HN), Augalete 98 (Augaiete R, Agaiete HN), 221 (Augaiete R, Agaiete HN), 490 (Augaiete R, Agaiete H), 542 (Augaiete R, Agaiete H), 560 (Augaiete R, Agaiete HN), 1052 (Augaïete R, Agaïete H), 1070 (Agaiete RH), 1167 (Augaiete R, Agaïiete H), 1975 (Agaiete

Agaiete

RH), Gaiete 2165, 2266 (Gaiaite H), 2269 (Agaiete R), 2275 (Agaiete RH), 2339, Galete 1968 (Gaiete RH), fille de Judas, le

roi sarrasin d'Andrenas ; nièce de Clargis ; épouse de Guibert à la fin de la chanson. Aimeri 389 (Aymeri B2RH), Aymeri (CS Aymeris) 2, 8, 42,65, 71, 102, 112, 132, 145, 159, 193, 216, 224, 230, 237, 244, 258, 261, 273, 283, 293, 306, 342, 363, 370, 373, 401, 416, 426, 450, 464, 514, 527, 545, 565, [569], 580, 590, 593, 602, 638, 684, 693, 703, 707, 713, 721, 779, 785, 796, 812, 823, 830, 840, 845, 858, 879, 894, 896, 901, 906, 922, 924, 930, 947, 966, 972, 980, 1002, 1026, 1055, 1073, 1090, 1104, 1114, 1132, 1143, 1145, 1158, 1240, 1253 (var. Aÿmer RH), 1293, 1322, 1330, 1349,

450

INDEX DES NOMS PROPRES

1373, 1389, 1402, 1416, 1428, 1488, 1663, 1677, 1687, 1693, 1701, 1711, 1721, 1727, 1729, 1736, 1741, 1781, 1801, 1803, 1813, 1816, 1830, 1842, 1861, 1881, 1887, 1917, 1927, 1928, 1933, 1937, 1940, 1950, 1954, 1955, 1976, 1982, 2007, 2026, 2037, 2048, 2059, 2061, 2063 (var. Aÿmer RH), 2070, 2084, 2088, 2093, 2102, 2124 (var. Aÿmer RH), 2144, 2153, 2160, 2166, 2184, 2202, 2259, 2263, 2280, 2290, 2306, 2318, 2321, 2328, 2332, 2347, 2355, le comte Aymeri de Narbonne. Aimerïés 852, 870, 895, Aymeri (CS Aymeris) 56, 274, 847, 2367, Aymeriïet (CS Aymerïés) 147, 236, 289, 302, 791, 800, 822, 875, 882, 1119, 1251, 1614, Eimeriïet 1127 (B2RAN ne connaissent pour ce nom que la base graphique Aymeri-), fils du duc Tierri etfilleul d'Aymeri, qui lui destine Narbonne. Aïmers 780 (Aÿmer(s) B2RHN), 814 (Aÿmer(s) B2RHN), Aÿmer (CS Aÿmers) 17,417 (Aïmer H), 435, 443, 449, 524, 1268 (var. Aymeris B2), 1273, 1339, 2053 (var. Aymeris B2), 2069, 2079, 2086, 2354 (Aïmer AH), fils d'Aymeri de Narbonne. Andernas 466, 1110, Andrenas [82], 176, 213, 324, 367, 379, 397,

479, 538, 555, 1009, 1017, 1047, 1116, 1122, 1166, 1272, 1291, 1296, 1317, 1324, 1440, 1459, 1552, 1561, 1609, 1643, 1647, 1942, 2057, 2093, 2227, 2263, 2292, 2308, 2320, 2337 (B2 ne connaît qu'Andrenas, AN ont Andernas et End’nas, À connaît Andernas et Andrenas), ville espagnole non localisée, capitale du roi sarrasin Judas, conquise par les Français. Anjou 410, province d'Anjou. Voir Joffroi. Anseüne

14, 375 (Ansseüne B2), 392 (Ansseüne B2), 570 (Ansseüne B2), 2349 (Enseüne H), fief de Garin. Antecris 1635, l’Antéchrist, adversaire du Christ à la fin des temps, rangé parmi les dieux sarrasins. Archetreclin 1915 (Arcedeclin RH), nom que l’on donne au Moyen Age à l'époux des noces de Cana, qui a su reconnaître la qualité du vin procuré miraculeusement par Jésus (Jean, 2, 8-10). Voir la note du vers. Argoline 1426 (Orgoline H), 1445, tour qui défend Andrenas. Arle 519 (Arlle B2), Arles.

Arrabis 919, Arraby 2074, Arabe(s). Arragon 400 (var. pré Noiron RH), province Espagne.

d'Aragon,

en

INDEX DES NOMS PROPRES

451

Arsis (la roche —) 993, Arssis (la roche d’—) 995 (Arsi H), rési-

dence de Barbagant. Artu (bones —) 1467, les colonnes d'Hercule. Voir la note du vers. Athenas 1086, Sarrasin.

Augalete voir Agaïiete. Aÿmer(s) voir Aïmers.

Aymeri(s) voir Aimeri ou Aimertés. Aymeriïés, Aymerïet voir Aimeriés. Balagué 212 (Balesguez B2HN, Balaguez R), 969 (Balesguez B2H, Balaguez R, Ballesguez N), 982 (Balesguez H, Ballesguez N), 1001 (Balesguez HN), 1376 (Balesguez RH), 1926 (Balesguez RH), 2171 (Balesguez A), 2300 (Balesguez H), Balesguer 434

(Balesguez R, Barlesguez H), 934 (Balesguez HN), Balesguez 597, 620, 909 (Balagué R, Barlesguez HN), Balaguer, ville de Catalogne, capitale du roi sarrasin Bauduc. Baligant 1598, nom d'un lieu non identifié.

Barbaqant 999 (Barbaquant B2, Barbacan RHN), Sarrasin, cousin

de Bauduc. Baudu 782, 790, 795, 843, 996 (Bautu N), 1029, 1478, 1519, 1520, 1925, 1947, 2256, 2260, 2301, Bauduc 597, 632, 816, 865, 868, 878, 883, 884, 896 (Baldu }H), 918, 950, 986, 1035, 1054, 1128, CS Baudus 654, 666, 675, 680, 683, 904, 931, 957,977, 981,989, 1007, 1039, 1046, 1370, 1497, 1503, 1511, 1527, 1557, 1562, 1565, 1576, 1939, 1943, 1960, 2151, 2156, 2158, 2167, 2172, roi sarrasin de Balaguer, neveu de Judas, époux de Galïene. Baufumez

1758, 1826 (Bauffumés B2, Bafumez À), roi sarrasin. Bernart (CS Bernars) 18, 329, 337, 529, 534, 2350, fils d'Aymeri de Narbonne. Bertran 760, 763, 1237, 1258, Bertrant 333, 1076, 2312, CS Bertrans 774, 789, 1196, Bertranz [1207], petit-fils d'Aymeri de Narbonne. Biaulande 19 (Biaullande R), fief de Hernaut. Voir la note du vers. Blaives 1182 (Blaive H), [1185], voir Girart. Bordiaux 59 (Bourdiaux B2), Bordeaux. Bretaigne 553, Bretagne.

452

INDEX DES NOMS PROPRES

Brillant (Mont —) 859 (Noir Bruiant RN, Val Bruiant H) voir Verbuant. Brubant 18 (Brebant B2), 328 (Brebant B2), 339 (Brabant H), 529 (Brebant B2, Brisbant H), 534 (Brebant B2, Brabant H), 2350,

fief de Bernard. Bruians 1759 (Braimant À, Briemanz H), 1808 (Bremant À, Brie-

mant H), Sarrasin, tué par Aymeri de Narbonne. Bruilant 1730 (Brulant R, Bruiant H) voir Brulant 1708. Brulant 644 (Briant RH, Bruiant N) voir Verbuant. Brulant 1708, Bruilant 1730 (Brulant À, Bruiant H), roi sarrasin,

sentinelle qui garde Andrenas. Brunamont 1895 (Braiamont H), dignitaire sarrasin, tué par Aymeri de Narbonne. Buevon 411, CS Bueves 2353, fils d'Aymeri de Narbonne. Cahu 1025 (Caü A), divinité sarrasine.

Cartaige 1087 (Cartage B2), Carthage, en Afrique, ou Carthagène, en Espagne. Caÿm 1913 (Caÿn R, var. Apolin H), Caïn, frère d'Abel. Le linage Caÿm désigne les Sarrasins. Cenis (Mont —) 59, le Mont-Cenis, massif et col des Alpes, entre Suse (ville du Piémont) et la Maurienne.

Chapet voir Huon Chapet. Charlemaigne magne.

177, 551, Charlon 299 (Charle RH), 355, Charle-

Clargis 493, oncle d'Augaiete, neveu de l'émir. Il a été baptisé à Narbonne. Comain 1289, peuple païen. Comenie 1288, pays des Comains, près d'Andrenas. Conmarchis 411 (Cormarcis H), 2353 (Cormarchis H), fief de Beuve. Cordres 1287 (Cordes B2), ville proche d'Andrenas. Cordoue, en Andalousie (cf. Sezile).

Peut-être

Corsolt 1941 (Corssolt B2), roi sarrasin.

Corssuble 1064, Corsuble (CS Corsubles) 734, 742, 777, roi sarrasin, tué par Guillaume.

INDEX DES NOMS PROPRES

453

Crist 616 voir Jhesu. Damedieu

1531 (Damedeu R), 2067 (Damedeu R), CS Damediex

229: le seigneur Dieu, dieu des chrétiens. Dé 172, 1370, 1797, 2239, 2246, 2258 (toujours en fin de vers, comme dans les autres manuscrits), Dieu 9, 41, 42, 47, 55, 61,

69, 76, 90, 94, 106, 111, 133, 144, 151, 365, 385, 396, 543, 562, 691, 705, 751, 764, 873, 884, 907, 1120, 1148, 1151, 1243, 1290, 1386, 1690, 1712, 1733, 1783, 1840, 1891, 1914, 2128, 2162, 2186, 2190, 2249, 2369, CS Diex 63, 93, 138, 146, 154, 160, 219, 222, 242, 266, 418, 433, 495, 526, 600, 712, 1134, 1247, 1299, 1718, 1837, 2080, 2341 (R présente systématiquement les formes Deu, Dex, et n'a qu'une occ. de Dieu, mais a

aussi deux occ. de Dé, à l’intérieur du vers, v. 138 et 907; H a toujours Dieu au CR — sauf Deux au v. 1783 — mais le plus souvent Dex au CS — deux occ. seulement de Diex -, B2N ont toujours, comme B1, Dieu et Diex), Dieu.

Denis (saint —) 576 (var. saint Moris RHN), 1673, saint Denis, premier évêque de Paris, protecteur des rois de France.

Dieu, Diex voir Dé. Dor (les puis de —) 126, 1285, 1707, expression toujours coordonnée à les vaux de Sorie / Surie. Dor désigne peut-être le fleuve espagnol Duero. Egypte 1602 (Egite R, Esgite H), Egypte. Eimerïet voir Aimeriés. Elinant 326 (Elynant B2), messager d'Aymeri de Narbonne. Eraus 1223 (Ertaut À, Hertaut A), géant sarrasin. Ermengart (CS Ermengars) 4, 8, [101], 110, 311, 442, 531, 566, 591,615, 1686, 2294, 2326, 2356 (R a le plus souvent Hermen-

jart er, une seule fois, Ermenjart, H a toujours Hermenjart, N ne connaît que H’m'), épouse d'Aymeri de Narbonne. Ernaut (CS Ernaus) 19, 346, 361, 364, 814, 1252, 1339, 2351, Hernaut (CS Hernaus) 549, 780 (RN ne connaissent que des

formes en Her-; dans H, on trouve une seule forme en Er., au au v. 2351, v. 346; dans B2, toutes les formes sont en Er., sauf

où il s'agit d’une autre main), fils d'Aymeri de Narbonne.

454

INDEX DES NOMS PROPRES

Eschafaudine 260 (Escaufadine R, Escaufagine H), épée qui a appartenu au viel soudant et qu'Aymeri de Narbonne donne à son filleul. Esclavon 408, 646, 670 (Aclavon H), Slaves, peuple confondu avec celui des Sarrasins. Le terme est synonyme d'Escler. Escler 86, 215, 437, 1274, 1342, 1347, 1481, 1925, 2016, Slaves, peuple confondu avec celui des Sarrasins. Le terme est synonyme d'Esclavon. Espaigne 17, 251, 422, 554, 595, 799, 954, 2354 (H a toujours Espangne, N a Espaingne ou Espangne), Espagne. Fagon 656 (Gascong N), sénéchal de Bauduc. Farfaigne 624 (Falvainne A, Farfanne N), 628 (Farvainne AH, Farfanne N), 644 (Fafaine H, Farfane N), 820 (Farfaine H, Farfane N), l'un des deux cours d’eau qui entourent Balaguer (sans

doute le Rio Farfanya, selon À. Moisan). Fauke (de Mombrant) 1051, Faukete 1065, 1072 (var. Agaiete RH), 1078 (RH ont toujours Fauque et Fauquete), jeune fille sarrasine.

Felix (saint —) 54 (Felis B2R, var. Denis H), saint Félix, martyr. Le

filleul

d'Aymeri

de

Narbonne

a

été

baptisé

à

l’église

Saint-Félix.

Ferrant 202, cheval de combat d'Aymeri de Narbonne. Florivile [26], 335, 573, 1616, 2314 (B2 a toujours Florinvile, et R

Floirivile), fief de Huon. Fouqueré (CS Fouquerés ou Fouquerez) 29, 574, 1617,2316(Ra toujours Foqueré), petit-fils d'Aymeri de Narbonne. Franc 818, 2245, Français.

France 48, 372, 1044, 1137, 1415, 1660, 2002, 2374, 2376, 2380, France, au sens large ou au sens restreint (Ile de France). François 605, 681, 787, 1022, 1061, 1100, 1236, 1320, 1328, 1377, 1434, 1460, 1494, 1521, 1653, 1734, 1753, 1761, 1779, 1836, 2100, 2122, 2136, 2221, 2227, 2239, 2250, Français.

Gaiete voir Agaïiete. Galerïen 1085 (Galerïan H), prince sarrasin.

INDEX DES NOMS PROPRES

455

Galete voir Agaiete,. Galien (CS Galiens) 1757, 1773, 1795, 1808, 1810 (H a toujours Galïan), Sarrasin, fils du roi Magaron ; tué par Aymeri de Narbonne.

Galiene 958 (Argaliene R, Argalïane HN), Sarrasine, épouse du roi Bauduc. Garaus 1223 (Garanz R, Girant H), géant sarrasin. Garin (CS Garins) 15, 376, 393, 395, 570, 2349 (Guerins B2), fils d'Aymeri de Narbonne. Gascoigne 2353, Gascogne, domaine de Beuve. Gautier (CS Gautiers) de Termes 25, 334, 572, 1238, 1615, 2313, petit fils d'Aymeri de Narbonne. Gazale 819 (Gazele RHN), Gazele [877], 1129, cheval de combat

du roi Bauduc. Girart (CS Girars) 24, 1078, 1238, — de Blaives 1182, [1185] (Le nom est toujours écrit avec -y- dans B2), petit-fils d'Aymeri de Narbonne. Girbert de Terascone 2315 (Guibert H), Guibert (CS Guibers)

27, 336 (Girbert À, Gibert AH), 571 (Girberz R), petit-fils d'Aymeri de Narbonne. Gironde 345, 360, 2351, fief d'Hernaut. Golïas 1325 (Goulïas B2), roi sarrasin, père de Judas, à qui appartenait autrefois Andrenas. Gui (CS Guis) 24, 1182 (Guys B2), — de Montaimier (id. B2, — de

Montarmier RH) 1185, 1237, Guy 1258, petit-fils d'Aymeri de Narbonne. Voir aussi Guïelin et les notes des v. 24 et 1185. Guibelin (CS Guibelins) 37, 68 (Guïelin A) 80, 252, 541, 599, Guibert (CS Guibers) 20, 97 (Guilbert N), 113, 118, 134, 143, 149, 159 (Guilbert N), 167, 171, 173, 222 (var. Guillames }H),

231, 306, 315, 319, 382, 416, 418, 425, 431,435, 439, 470, 489, 523, 559, 563, 1060, 1073, 1125, 1133, 1140, 1145, 1154, 1173, 1181, 1202, [1210], 1246, 1249, 1382, 1977, 1991, 2152, 2262, 2265, 2268, 2274, 2279, 2287, 2293, 2304, 2307, 2311, 2319, 2333, Guibert, le plus jeune fils d'Aymeri de Narbonne. Guibers 27, 571 (Girberz R), Guibert 336 (Girbert R, Gibert H) voir Girbert.

456

INDEX DES NOMS PROPRES

Guibors 456, 517 (toujours Guibours dans B2 et Guibor dans RH),

épouse de Guillaume. Guichart 334, 1615 (Girarz R), 2313 (Girarz R), petit-fils d'Aymeri de Narbonne. Guïelin (CS Guïelins) 28, 333, 1077, 2312, petit-fils d'Aymeri de Narbonne. Voir aussi Gui et la note du v. 24. Guillaume (CS Guillaumes) 16, 407, 424, 453, 459, 471,486, 495, 505, 513, 523, 532, 546, 702, 736, 740, 748, 757, 777, 788, 1336, 1344, 1355, 1366, 1371, 1388, 1487, 1490, 1502, 1529, 1535, 1581, 1586, 1590, 1599, 1601, 1624 (Guillame A), 1630, 1659, 1664, 1667, 1669, 1682, 1697, 1725, 2123, 2142, 2152, 2352, fils d'Aymeri de Narbonne. Guinant 343, messager d'Aymeri de Narbonne. Guinemant 372, messager d’Aymeri de Narbonne. Helye 371 (Elie RH), sénéchal d'Aymeri de Narbonne. Hernaus, Hernaut voir Ernaus. Huon 2314 (- de Monmirant H), CSS Hue(s) 26, 335 (— de Mon-

mirant RH), 573, 1616 (— de Monmirant H), petit-fils d'Aymeri de Narbonne. Huon Chapet 2377 (Hue C. RH), Hugues Capet.

Jambez 1451 (Lanbez R, Genbez H), Sarrasin au service du roi Judas. Jhesu (CS Jhesus) 134, 380, 517, (- Crist) 616, 800, 830, 840,911, 1243, 1872 (R a toujours Jesu(s), H Jehsu), Jésus Christ.

Joffroi d’Anjou 410 (Joffroy B2, Joifroi R, Jefroi H), messager

d'Aymeri de Judas 88, 483, 1312, 1315, 1509, 1620, 1957, 2020, 2224, 2228, Bauduc.

Narbonne. 596, 1010, 1018, 1024, 1034, 1037, 1084, 1305, 1327, 1437, 1441, 1443, 1448, 1452, 1476, 1484, 1628, 1642, 1644, 1751, 1765, 1777, 1945, 1951, 2034, 2040, 2046, 2174, 2185, 2191, 2208, 2223, roi sarrasin d'Andrenas, père d'Augaiete, oncle de

Lambus 483 (Janbuz RH), Sarrasin, frère du roi Judas.

INDEX DES NOMS PROPRES

457

Laride 212 (Leride R, Lalinde H, Lalide N), Lérida, ville espa-

gnole. Laugalis 574 (Lalalis H), nom du cheval que Fouqueré a pris au roi sarrasin Tiebaut. Lazaron 396, Lazare, le ressuscité. Lelongre 1087, Sarrasin. Loeÿs 2002, 2374, 2385 (R a Looïs ou Looÿs, H a toujours Looïs), Louis, roi de France, fils de Charlemagne. Longis 61, Longin, le soldat qui perça de sa lance le flanc de Jésus sur la croix. Lunete 1051 (Luce R), 1077, jeune fille sarrasine.

Magaris 1760 (Margariz RH), Sarrasin, tué par Aymeri de Narbonne. Magarons 1772 (var. Amadroines R, Almadroines A), roi sarrasin, père de Galïen. Mahomi 654 073 1088/1585 1512/1777 1857 2211405 Mahons 2192, 2222; Mahomet 919, 1019, 1025, 1316, 1370, 1429/1477, 1553, 1752, 1797, 1826, 1935, 2210, 2217, 2232, CS Mahomés 1326, 1446, 1457, 1564, 2198, 2207, 2225, 2242, Mahomet, dieu sarrasin. Malagu (CS Malagus ou Malaguz) 1465 (Malarguz R, Malargu H), 1476 (Malargu H), 1482 (Malargu AH), 1489 (Marlargu AH), 1493 (Malargu H), 1498 (Malargu A), 1500 (var. Agaïete H), 1513 (Malargu H), 1546 (Malargu H), 1558 (Malargu A), 1592 (Malargu A), roi sarrasin.

Malo (saint —) 553 (Mallo R, Mallou N), saint Malo. Malostru 1466 (var. Fernagu RH), roi sarrasin. Margot 1405 (CSS Margoz RH), 1418, roi sarrasin, tué par Aymeri de Narbonne. Marie 111, 134, 144, 151, 385, 1299, 1712, Marie, mère de Jésus. Marqant 892 (Marquant B2HN), 1251 (Marquant B2, var. Baucent R), Marquant 876 (Margant R), 881 (Marqant RN), cheval d’Aymertet. Melant 856 (Mielant HN), 1162 (Mielant H), Milan, en Italie ? Voir la note du v. 856.

458

INDEX DES NOMS PROPRES

Mombrant

1051 voir Fauke.

Montaimier 1185 (Montarmier RH) voir Gui. Mont Brillant voir Verbuant. Montlaon 1045 (Montloon B2, Monleon H), Laon, la montagne de Laon.

Morant 245, chevalier au service d'Aymeri de Narbonne.

Nerbone 2, 58, 239, 402, 441, 448, 449, 494, 520, 583, 586, 813, 923, 1041, 1067, 1089, 1458, 1821, 1950, 2299, 2325, 2328, 2355 (B2 écrit toujours Nerbonne, saufau v. 58; H a Narbone en rubrique, la rubrique étant d'une autre main), Narbonne; 719, cri de ralliement d'Aymeri de Narbonne. Nerbonoïis 164 (Nerbonnois B2), la région de Narbonne; (Nerbonnois B2), les Narbonnais.

1222

Nerbue 1190 (Verbrie RH) voir Tarbrie.

Orenge 16, 24, 408, 429, 452, 1502, 2352 (R a aussi Orenje, et H a essentiellement Orange), Orange, fief de Guillaume. Orient 2193, l'Orient. Paradis 41, 62, 910, 2080, 2369, Le Paradis céleste.

Pasques 1 (Pasque A), la fête de Pâques. Perron 326 (Pierron B2), messager d'Aymeri de Narbonne.

Persagant 1451 (Perssant B2, Persaganz H), Sarrasin au service du roi Judas. Persant 1889, Perssant 324, 537, 891, 1552, 1641, 1742, Perssanz

1620 (toujours avec un seul s dans RHN), les Persans, peuple païen.

Perssis 575 (avec un seul s dans RHN), les Persans, peuple païen. Pharaon 661 (Faraon RHN), roi sarrasin. Placeïs 25 (Planteïs R, Pleseïs A), voir Sohier.

Planteïz 572 voir Sohier.

INDEX DES NOMS PROPRES

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Richier (saint —) 703, 1139, ermite en mémoire de qui fut fondé au

VIF siècle un monastère à Centule (Picardie), qui changea de nom pour Saint-Riquier. Rosne 519 (Rone R), le Rhône. Rouge (— mer) 100 (Roge RHN), la mer Rouge. Salorie (les pors de —) 1284 (var. 1. p. d’Esclavonie RH), 1706 (les

vax de — À, le port de — H), localité espagnole, entre Balaguer et Andrenas. Les pors de Salorie sont associés aux puis de Dor et aux vaux de Sorie / Surie. Sarrazin(s) 21, 215, 219, 398, 537, 554, 681, 698, 726, 786, 855, 1274, 1334, 1342, 1347, 1360, 1401, 1406, 1439, 1468, 1471, 1481, 1552, 1641, 1709, 1742, 1903, 1911, 2016, 2095, 2132, peuple païen. Seignor 805, le Seigneur. Sezile 1286, ville proche d'Andrenas. Peut-être Séville, en Andalousie (cf. Cordres). Sohier du Placeïs 25 (Soihier d. P. B2, Soëf del Planteïs À, Soief do Pleseïs H), — del Planteïz 572 (Soihier B2, Soëf RHN), petit-fils d’Aymeri de Narbonne. Solinant 1050 (Solimant À), Sarrasin, père de Soline.

Soline 1050, 1065, jeune fille sarrasine, fille de Solinant. Sorie (les vaux de —) 126 (Surie R), 1707, Surie 1285 (Sulie RH), peut-être Soria, sur le Duero. L'expression est toujours coordonnée à les puis de Dor. Sulie

1703 (Surie 22), 1719 (Surie B2), Surie 374 (Sulie RH),

Syrie. Sur 212 (Sutre R, Siutre H, Sustre N), Cize, vallée qui descend de

Roncevaux jusqu'à Saint-Jean-Pied-de-Port, selon A. Moisan.

Surie 374 voir Sulie. Surie 1285 voir Sorie. Tarbrie 1306 (Verbrie RH), Nerbue 1190 (Verbrie RH), fleuve près d'Andrenas. Dans la mesure où RH utilisent dans les deux cas

le même nom, on peut considérer qu'il s'agit d'un seul et même fleuve.

460

INDEX DES NOMS PROPRES

Terascone 27, 336, 571, 2315 (B2HN ont toujours Terrascon(n)e) voir Girbert. Termes 25, 334, 572, 1238, 1615, 2313 voir Gautier. Tervagant 873 (Tervangant H), 1431, 1733, divinité sarrasine.

Tiebaut 30 (Tibaut R), 575 (Tibaut AH), 738, 1380, roi sarrasin, à

qui Fouqueré a pris le cheval Laugalis. Il s'agit du premier époux de Guibor. Tierri (CS Tierris) 48 (Terris RH), 1136 (Terri À, var. Buevon B2), duc de France, père d'Aymeriïet, le filleul d'Aymeri de Narbonne.

Tudele 125, Tudela, en Espagne. Tur [1611], Turc 348, 1665, 1771 (on trouve Tur et Turc dans RH), Turs 869, 1799, les Turcs, peuple païen. Turpemant 1219 (Turpenant B2, Turpiant R), Sarrasin, chef d'une armée de géants. * Verbuant 624 (Verbriant R, Verbruiant HN), Brulant 644 (Briant RH, Bruiant N), Mont Brillant 859 (Noir Bruiant AN, Val

Bruiant H), l'un des deux cours d'eau qui entourent Balaguer.

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CLASSIQUES FRANÇAIS DU MOYEN ÂGE (suite) ADAM DE LA HALLE Le Jeu de Robin et Marion, suivi du Jeu du pèlerin JEAN RENART Galeran de Bretagne RENAUT DE BEAUJEU

Le Bel Inconnu

Jongleurs et troubadours gascons des XII° et XII siècles ROBERT DE CLARI La Conquête de Constantinople Aucassin et Nicolette GUILHELM DE CABESTANH Chansons JEAN SARRASIN Lettre à Nicolas Arrode Eneas, t. I La Chanson de sainte Foy d'Agen JAUSBERT DE PUYCIBOT Poésies Proverbes français antérieurs au XV siècle JEAN BODEL Le Jeu de saint Nicolas RUTEBEUF Le Miracle de Théophile GERBERT DE MONTREUIL La Continuation de Perceval, t. II Amadas et Ydoine La Fille du comte de Ponthieu PERDIGON Chansons Le Siège de Barbastre, publié par J.-L. Perrier d’après le ms. BL Royal

20 B XIX CHRÉTIEN DE TROYES Guillaume d'Angleterre CHARLES D'ORLÉANS Poésies, t. II ROBERT DE BORON Le Roman de l’Estoire dou Graal La Vie de saint Eustache GUiOT DE DLON et JOCELIN Chansons La Vie de saint Eustache en prose BERNART MARTI Poésies Eneas, t. I Fouke Fitz Warin Le Livre de la Passion

Les Estampies françaises Le Charroi de Nîmes JEAN MAILLART Le Roman du comte d'Anjou Le Jeu de sainte Agnès La Résurrection du Sauveur GUILLAUME DE SAINT-PATHUS

Les Miracles de saint Louis

WACcE La Vie de sainte Marguerite CORTEBARBE Les Trois Aveugles de Compiègne

. THÉODORE GÉROLD La musique au Moyen Âge . Gui de Warwic, t. 1 . Gui de Warwic, t. I

. . . .

L'Âtre périlleux GUERNES DE PONT-SAINTE-MAXENCE Le Roman de Renart, br. I Le Roman de Renart, br. II-VI

La Vie de saint Thomas Becket

. CHRÉTIEN DE TROYES Érec et Énide . . . . .

Le Roman de Renart, br. VII-IX Le Chevalier au barisel Roland à Saragosse CHRÉTIEN DE TROYES Cligés Le Roman de Renart, br. X-XI CHRÉTIEN DE TROYES

Le Chevalier de la charrette

. MARIE DE FRANCE Lais (édition remplacée par le n° 93) . Le Roman de Renart, br. XII-XVII . CHRÉTIEN DE TROYES Le Chevalier au lion (Yvain) Le Roman de Renart, br. XVIII-XIX . JEAN RENART Le Roman de la Rose ou de Guillaume . GUILLAUME DE LORRIS et JEAN DE MEUN Le Roman . MARIE DE FRANCE Lais . Le Roman de Thèbes, t.I . GUILLAUME DE LORRIS et JEAN DE MEUN Le Roman . Le Roman de Thèbes, t. II . Ami et Amile . GUILLAUME DE LORRIS et JEAN DE MEUN Le Roman

. Le Jeu d'Adam

de Dole de la Rose, t. I

de la Rose, t. II

de la Rose, t. III

(épuisé)

CHRÉTIEN DE TROYES Le Conte du Graal (Perceval), t.I . GERBERT DE MONTREUIL La Continuation de Perceval, t. III

. GAUTIER D'ARRAS Éracle . CHRÉTIEN DE TROYES Le Conte du Graal (Perceval), t. Il . JEAN RENART Le Lai de l'Ombre . Le Conte de Floire et Blancheflor . Richard li Biaus

. PHILIPPE DE RÉMI Jehan et Blonde . . . .

Choix de GAUTIER Aliscans, Aliscans,

fabliaux D'ARRAS lle et Galeron t. I t. Il . Jourdain de Blaye . THOMAS Le Roman de Tristan

114, ANTOINE DE LA SALE Saintré, t. I 115. ANTOINE DE LA SALE Saintré, t. Il 116. Les deux poèmes de La Folie Tristan 117. 118. 119. 120. 121.

Garin le Loherenc, Garin le Loherenc, Garin le Loherenc, L'Estoire del saint L'Estoire del saint

t. 1 t. II t. III Graal, t. 1 Graal, t.

122, 123. 124. 125. 126. 127. 128. 129. 130. 131.

Hugues Caper Le Roman de Tristan en prose, t. I HERBERT Le Roman de Dolopathos, t. I HERBERT Le Roman de Dolopathos, t. II HERBERT Le Roman de Dolopathos, t. II MARTIN LE FRANC Le Champion des dames, MARTIN LE FRANC Le Champion des dames, MARTIN LE FRANC Le Champion des dames, MARTIN LE FRANC Le Champion des dames, MARTIN LE FRANC Le Champion des dames,

t.I t. I t. TI t. TV t. V

132. Le Roman de Renart, br. XX et dernière

133. 134. 135. 136. 137. 138. 139. 140. 141. 142. 143. 144. 145. 146. 147.

Le Roman de Tristan en prose, t. II JACQUES DE CESSOLES Le Jeu des eschaz moralisé Le Roman de Tristan en prose, t. IL NICOLE DE MARGIVAL Le Dit de la Panthère Le Siège de Barbastre Deux versions de La Vie de saint Georges Les Trois Fils de rois Orson de Beauvais PIERRE DE NESSON Les Vigiles des morts FIERABRAS Le Roman de Gliglois Le Roman de Tristan en prose, t. IV Le Moniage Guillaume HENRI D’ANDELI Dits Guibert d'Andrenas

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ARY é d'imprprimer i 1 en 2004 k ta £h deu ve LA ALES END Gfnève (Suisse)

GUIBERT D’ANDRENAS Édité par Muriel Ott

ES

Guibert d’Andrenas est une chanson de geste anonyme du début du XIIF siècle qui appartient au cycle de Guillaume d'Orange, et plus exactement au cycle de Narbonne. Elle raconte comment le vieux et bouillant comte Aymeri, après avoir refusé de donner Narbonne en Gene à son plus jeune fils Guibert, reprend les armes et conquiert pour lui, avec l’aide de tous ses fils, la cité sarrasine d’Andrenas, dont Guibert devient roi.

Cette chanson, injustement méconnue, n’est en aucun cas marginale, d’autant que brièveté, sa profonde cohérence et sa fon expressive en font un exemple d’un art épis qui n’a rien perdu de sa vigueur. , Déjà éditée deux fois au début du X# siècleà partir du même manuscrit, la chans r de Guibert d’Andrenas est cette fois présent, dans la version fournie ar un manuscrit di rent, et accompagnée 1 variantes des qua autres manuscrits connus. Cette nouvelle é

tion vise à faire reconnaître l'intérêt d’ ne épique trop longtemps laissé d ‘ombre.

Nu

ISBN

2-7453-0922-6

782745

309228

LULU