Explanatio in Apocalypsin; Tractatus de fabrica mundi; Fragmentum de vita Christi
 9782503571225

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CORPVS CHRISTIANORVM Series Latina

V

CORPVS CHRISTIANORVM Series Latina

V

VICTORINI POETOVIONENSIS Opera quae supersunt

TURNHOUT BREPOLS &i PUBLISHERS 2017

VICTORINI POETOVIONENSIS EXPLANATIO IN APOCALYPSIN VNA CVM RECENSIONE HIERONYMI

TRACTATVS DE FABRICA MVNDI FRAGMENTVM

DE VITA CHRISTI

cura et studio

Roger GRYSON

TURNHOUT BREPOLS & PUBLISHERS 2017

CORPVS CHRISTIANORVM Series Latina

in ABBATIA SANCTI PETRI STEENBRVGENSI

a reuerendissimo Domino Eligio DEKKERS fundata nunc sub auspiciis Vniuersitatum UNIVERSITEIT ANTWERPEN UNIVERSITEIT GENT VRIJE UNIVERSITEIT BRUSSEL KATHOLIEKE UNIVERSITEIT LEUVEN UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DE LOUVAIN

edita

editionibus curandis praesunt Rita BEYERS Alexander ANDREE Emanuela COLOMBI Georges DECLERCQ

Jeroen DEPLOIGE

Paul-Augustin DEPROOST Anthony DUPONT Jacques ELFASSI Guy GULDENTOPS Hugh HOUGHTON Mathijs LAMBERIGTS Johan LEEMANS Paul MATTEI Gert PARTOENS Marco PETOLETTI Dominique POIREL Kees SCHEPERS Paul TOMBEUR Marc VAN UYTFANGHE Wim VERBAAL

uoluminibus parandis operam dant Luc JOCQUÉ

Paolo SARTORI

Bart JANSSENS

Christine VANDE VEIRE

D/2017/0095/72 ISBN 978-2-503-57122-5 Printed in the EU on acid-free paper © 2017, Brepols Publishers n.v., Turnhout, Belgium

All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted, in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise, without the prior permission of the publisher.

Avant-propos De l’œuvre de Victorin de Poetovio, qui, d’après la notice que lui consacre Jérôme dans son De uiris illustribus, était con-

sidérable, peu de chose nous est parvenu. Mis à part un court traité sur la semaine primordiale et une note sur la chronologie de la vie du Christ prise dans les archives d'Alexandre de Jérusalem, l'essentiel de son héritage littéraire est constitué par un commentaire de l'Apocalypse qui a été rédigé vraisemblablement sous Gallien, dans les années 260, et qui a exercé une influence non négligeable sur la tradition ultérieure. Jusqu'il y a un siécle, ce commentaire était connu seulement à travers une

édition revue et corrigée qu'en avait donné Jéróme à la demande d'Anatolius, un de ses amis, choqué par l'interprétation littérale que l’auteur proposait du royaume millénaire. Encore lisait-on le plus souvent cette édition sous une forme profondément remaniée durant le haut moyen âge, car c’est celle-là qui est reproduite dans la Patrologie Latine de Migne. C’est à Johannes Haussleiter que revient le mérite d’avoir découvert dans un manuscrit tardif de la Bibliothèque Vaticane le texte original du commentaire, reconnaissable à l’exégèse millénariste des derniers chapitres. Il a publié en 1916 dans le Corpus de Vienne une édition critique oü le texte du Vaticanus et le texte hiéronymien étaient présentés en paralléle. Cette édition mérite aujourd'hui d'étre refaite. Plusieurs manuscrits importants étaient inconnus de Haussleiter. La photographie n'étant pas encore d'usage courant à son époque, il a dû, pour d’autres, s’en remettre aux collations fournies par des collègues complaisants, qui n'étaient pas exemptes d'erreurs. D'autre part, on ne faisait alors qu'entrevoir les liens de filiation entre les premiers commentaires latins de l’Apocalypse, ce qui l’a conduit à s'égarer sur certains points, notamment lorsqu'il s'est imaginé que Jéróme aurait emprunté au commentaire de Tyconius de quoi étoffer celui de Victorin. En 1993, Martine Dulaey a sorti la figure attachante de l’évêque martyr de Poetovio de l'ombre dans laquelle l'avait

6

AVANT-PROPOS

relégué la perte de la plupart de ses écrits, en publiant une étude exhaustive sur sa vie, son œuvre, sa doctrine. Elle a donné également dans la collection des «Sources chrétiennes» une édition traduite et annotée du commentaire de Victorin sur l’Apocalypse dans sa forme originale, ainsi que de ses autres écrits conservés, réservant pour le Corpus Christianorum une édition critique du commentaire qui rendrait compte de l’ensemble de la tradition. Accaparée par d'autres travaux, elle n'a pu mener à terme ce projet et elle a bien voulu m'abandonner le soin de le faire aboutir. Elle m'a remis libéralement la documentation accumulée en vue de cette édition, dans laquelle figuraient notamment une collation des manuscrits, une étude sur chacun d'eux, une esquisse d'introduction, des remarques

concernant les lieux variants problématiques. Je lui suis profondément reconnaissant de cette marque d'estime et de confiance. Il va de soi que j'ai refait pour mon compte tout le travail et que j'assume seul la responsabilité des erreurs qui pourraient s'y trouver. Bart Janssens, directeur éditorial aux Editions Brepols, m'a aidé à concevoir la maniére adéquate de présenter clairement cette tradition multiforme. Marie-Claire de Biévre a vérifié les références avec sa rigueur et sa minutie habituelles. Que l'un et l'autre en soient ici une fois de plus sincérement remerciés.

Sigles et abréviations Les abréviations désignant les écrits bibliques et les ouvrages des Pères sont celles de mon Répertoire général des auteurs ecclésiastiques latins de l’Antiquité et du Haut Moyen

Áge (Vetus Latina, t. 1/1, 5° éd.), 2 vol., Freiburg 2007, depuis lors mis à jour en ligne sur le site www.brepolis.net, oü il est associé à la Vetus Latina Database. Ils sont cités d'apres l'édition et le systéme de référence indiqués dans le répertoire, sauf les commentaires de l'Apocalypse, pour lesquels on utilisera des abréviations et un système particulier décrits ci-après. Apr. Autp. Beat.

Beda

APRINGIUS DE BEJA, Commentaire de l'Apocalypse (livre et lignes dans mon édition, CC 107, p. 33-97) AMBROISE AUTPERT, Commentaire de l'Apocalypse (page et lignes dans l'édition de R. Weber, CCcm 27, 27A) BEATUS DE LIEBANA, Commentaire de l'Apocalypse (livre, chapitre et lignes dans mon édition, CC 107B, 107C) BEDE, Commentaire de l'Apocalypse (chapitre et lignes dans mon

édition, CC 121B) Caes. Prim. Monogr. Theod.

Dye:

' CESAIRE D'ARLES, Homélies sur l'Apocalypse (page et lignes dans l'édition de G. Morin, Maredsous 1942) PRIMASIUS D'HADRUMETE, Commentaire de l'Apocalypse (chapitre et lignes dans l'édition de A. W. Adams, CC 92) Pauca de monogramma e commentariis Primasii,

Victorini, Tico-

ni et aliorum (lignes dans mon édition, CC 107, p. 149-157) THEODULPHE D'ORLEANS, glose sur l'Apocalypse dans le ms. Paris BNF lat. 15679 (chapitre et lignes dans mon édition, CC 107, p. 305-337) TvCONIUS, Commentaire de l'Apocalypse (chapitre, paragraphe et lignes dans mon édition, CC 107A)

Seront utilisés également les sigles et abréviations suivants. BHL CC

Bibliotheca Hagiographica Latina Corpus Christianorum, Series latina

CCcm

Corpus Christianorum, Continuatio mediaevalis

CLA CPE CPPM CV

Codices Latini Antiquiores Clavis Patrum Latinorum Clavis patristica pseudepigraphorum medii aevi Corpus Scriptorum Ecclesiasticorum Latinorum (Corpus Vindobonense)

8

DHGE MGHAA IPIE SC ThLL VL

SIGLES

ET ABREVIATIONS

Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques Monumenta Germaniae Historica, Auctores antiquissimi Patrologia Latina Sources chrétiennes Thesaurus Linguae Latinae (Vetus Latina) précéde le numéro des manuscrits recensés dans mon catalogue des manuscrits vieux latins (A/flateinische Handschriften / Manuscrits vieux latins, 2 vol., Freiburg 1999, 2004)

BiscHorF, Katalog — B. BISCHOFF, Katalog der festländischen Handschriften des neunten Jahrhunderts (mit Ausnahme der wisigotischen), 2 vol. parus, Wiesbaden 1998, 2004 DULAEY, Jérôme éditeur de Victorin = M. DULAEY, Jérôme «éditeur» du Commentaire sur l'Apocalypse de Victorin de Poetovio, dans Revue des études augustiniennes, t. 37 (1991), p. 199-236 ——, Victorin de Poetovio - M. DULAEY, Victorin de Poetovio, premier exégéte latin, 2 vol. (Collection des Etudes Augustiniennes, série Antiquité, vol. 139-140), Paris 1993 Vetus Latina ^ Vetus Latina. Die Reste der altlateinischen Bibel nach Petrus Sabatier neu herausgegeben von der Erzabtei Beuron, Freiburg 1949 et suiv. Dans l'introduction (ci-dessous p. 10-103) et les notes critiques (p. 266291), les références à la présente édition du commentaire de Victorin sur l'Apocalypse sont précédées de la lettre A lorsqu'il s'agit de l'édition originale attestée par le ms. 4 (pages paires), de la lettre H, lorsqu'il s'agit de la recension hiéronymienne (pages impaires). Dans l'apparat critique de l'édition (p. 110-265), l'abréviation Hier. sur une page paire renvoie au passage paralléle de la recension hiéronymienne sur la page impaire en regard.

EXPLANATIO UNA

CUM

IN APOCALYPSIN

RECENSIONE Prolegomena

HIERONYMI

Chapitre premier

L'ÉDITION

ORIGINALE

1.1. Les manuscrits du Vatican

Le seul canal par lequel l'édition originale du commentaire de Victorin sur l'Apocalypse nous est parvenue est le manuscrit du Vatican BAV Ottob. lat. 3288A, du XV^ s., ci-aprés désigné par le sigle 4. Son importance a été reconnue par Johannes Haussleiter, qui fut le premier à tenter de débrouiller l'écheveau des relations entre les anciens commentaires latins de l'Apocalypse!. Trente ans avant de publier, en 1916, une édition critique du commentaire de Victorin?, il s’interrogeait déjà sur les différentes formes que revétait celui-ci dans les éditions concurrentes de 1542 et de 1558?. Etant le premier à s'aventurer dans ce maquis et disposant seulement pour les textes en cause d'éditions insuffisantes, il s'est fourvoyé alors sur bien des points et a malheureusement persisté plus tard dans certaines erreurs commises au départ. Mais il faut lui reconnaitre le mérite d'avoir découvert dans A, caché sous le masque

de la

préface hiéronymienne, la forme originale du commentaire victorinien, dont il fit connaitre dés 1895 la finale millénariste*.

Ecrit sur papier au format 29 x 21 cm, espace d'écriture 22 x 11 cm, le ms. A contient les textes suivants:

1? fol. 1r-22r

(22v vide) le commentaire de Victorin sur l'Apocalypse dans ! J. HAUSSLEITER, Die Kommentare des Victorinus, Tichonius und Hieronymus zur Apokalypse, dans Zeitschrift für kirchliche Wissenschaft und kirchliches Leben, t. 7 (1886), p. 239-257. ? Victorini episcopi Petavionensis opera recensuit, commentario critico instruxit, prolegomena et indices adiecit Johannes Haussleiter (CV 49), Vindobonae/Lipsiae 1916.

? Voir ci-dessous p. 26. ^ J. HAUSSLEITER, Der chiliastische Schlussabschnitt im echten Apokalypsekommentar des Bischofs

Victorinus von Pettau, dans Theologisches Litera-

turblatt, t. 16 (1895), p. 193-199.

L'EDITION

ORIGINALE

1]

sa forme originale, précédé de la préface de Jéróme à l'édition révisée; 2? fol. 23r-59v, 60r-84v, les commentaires de Marius Victorinus sur les épitres de saint Paul aux Galates et aux Philippiens; 3? fol. 85r-87v (anonyme et anépigraphe, mutilé en

finale) un commentaire de la formule scripturaire Factum est uespere et mane dies unus (CPL 82); 4? fol. 88r-95r (95v vide) (anonyme, mutilé du début) une réfutation de la doctrine manichéenne d'un nommé Justin (CPL 83); 5? fol. 96r-163r, le commentaire de Marius Victorinus sur l'épitre aux Ephésiens; fol. 163v-179v (anonyme) De phisicis (CPL 100). C'est de là que Mai a tiré l'édition princeps des commentaires sur les épitres pauliniennes et du De phisicis. Ces textes ont été transcrits par trois mains (f. 1-22, 23-95,

96-179) dans une écriture bátarde à demi cursive, ordinairement qualifiée d'allemande. Au vu des filigranes, le papier sur lequel est copié le texte de Victorin est différent de celui qui a été utilisé dans le reste du volume. La page de garde, qui porte

l'ex-libris du duc Giovanni Angelo d'Altaemps, fait état uniquement des commentaires pauliniens*. Cependant, l'examen de la reliure ne permet pas de conclure à un regroupement tardif de matériaux disparates. Dans les marges du manuscrit figurent d'un bout à l'autre, tantót de premiére main, tantót d'une autre, des annotations

sans lien organique avec le texte. Elles sont souvent mutilées et ont vraisemblablement disparu en partie sur les premiers feuillets fort délabrés. Haussleiter a relevé dans son apparat critique celles qui concernent la finale originale de Victorin aux fol. 19v-22r. On peut voir ainsi qu'elles ne présentent aucun intérét 5 Scriptorum ueterum noua collectio e Vaticanis codicibus edita, t. 11/2, Ro-

mae 1828, p. 1-146, 148-162; Mai a reproduit également la fin de la réfutation de Justin (p. 147). Les commentaires pauliniens ont fait l'objet depuis lors de deux éditions critiques: Marii Victorini Afri commentarii in epistulas Pauli ad Galatas, ad Ephesios, ad Philippenses, edidit A. LOCHER, Leipzig 1972 (Bibliotheca Teubneriana); Marii Victorini opera, II. Opera exegetica, recensuit F. GoRI, Vindobonae 1986 (Corpus scriptorum ecclesiasticorum latinorum, vol. LXXXIII/2). Ces trois commentaires sont les seuls qui subsistent d'un travail plus vaste; Marius Victorinus avait certainement commenté aussi l'épitre aux Romains et les deux épitres aux Corinthiens.

6 Ex codicibus III"! et Excell"" Dni Joannis Angeli Ducis ab Altaemps / Victorini Philosophi commentaria in epistolas B. Pauli Apostoli / Ad Galatas / Ad Philippenses / Ad Ephesios. Avec la cote L.IV.5, remplaçant une cote plus ancienne (S 2-46) biffée.

COMMENTAIRE

im

DE L'APOCALYPSE

particulier. Elles se bornent à indiquer de quoi il est question dans le texte, identifier l'auteur d'une citation scripturaire ou attirer l'attention sur une phrase remarquable. Pour le commentaire de Victorin, il ne s'agit en aucune façon d’un reste de rituli anciens, car on n'en trouve aucune trace par ailleurs dans la

tradition. Plus intéressantes

sont, dans le commentaire

de Victorin,

des additions organiquement liées au texte: d'une part des corrections interlinéaires sur mots barrés ou exponctués et des mots suppléés au-dessus de la ligne ou en marge (notées 4° dans l’apparat critique); d’autre part, des leçons alternatives portées en marge, ordinairement précédées de l’abréviation al. (pour alias, ou alius, ou aliter), et dont le point de référence est généralement marqué par un signe de renvoi dans le texte (notées A"5 dans l'apparat critique). Une partie d'entre elles a certainement disparu dans les premiers feuillets, car des signes de renvoi apparaissent dans le texte là où la marge de gouttière a totalement disparu’. Comme il arrive souvent, le zèle des réviseurs ne s’est pas soutenu bien longtemps. Les leçons alternatives n’apparaissent plus au-delà du fol. 4v; les corrections se rencontrent tout au long du commentaire, mais elles sont beaucoup plus rares par la suite. Les leçons alternatives paraissent d’une autre main que le texte; pour les corrections proprement dites, on peut hésiter. L’écriture d’une main jetant des notes là où elle peut, en surcharge d’un texte, dans un livre peut-être déjà relié, n'a pas nécessairement le méme aspect que celle de la méme main transcrivant ce texte de suite, en pleine page, sur des feuillets disposés à plat. En tout cas, les corrections proprement dites figuraient déjà dans le manuscrit lorsqu'il a été recopié au siécle suivant. Les copies en tiennent compte, alors que les lecons alternatives, à l'exception d'une seule, n'y sont pas reprises.

7 On remarque un signe de renvoi en A 1,39 aprés solis, probablement pour indiquer que l'autre manuscrit consulté lisait uf sol; également aprés facies eius, car les manuscrits hiéronymiens lisent à la place claritas quod dixit; en 1,40 avant faciem(1), probablement pour signaler que l'autre manuscrit lisait facie; en L,43 devant ab eodem, oà l'on voit encore le signe correspondant dans la marge, qui est coupée juste après, pour indiquer la leçon alternative ideo.

L'EDITION

ORIGINALE

13

La bibliothéque Vaticane conserve, en effet, deux copies partielles de 4. La première est le ms. Ortobonianus lat. 3288B, en cursive humanistique italienne du XVI s. (7 A^, sur papier, format 26 x 19,5 cm, espace d'écriture 21-22 x 14-15 cm, qui a appartenu, lui aussi, au duc d'Altaemps*. Dans ce manuscrit,

comme dans À, vient en premier lieu le commentaire de Victorin, précédé de la préface hiéronymienne, transcrit aux fol. 2r16v jusqu'au début du chapitre 12 (des. ex quibus erat Christus carnem sumpturus — A IV,21-22). Suivent aprés cinq feuillets laissés vacants, sans doute dans l'intention de transcrire ultérieurement le reste du texte, les commentaires de Marius Victorinus sur les épitres pauliniennes. Une seconde copie partielle se trouve dans le ms. Vaticanus latinus 3546 (— A"), de la méme époque et d'une main trés semblable, sur papier, format 27,5 x 21 cm, espace d'écriture 22 x 14 cm. Elle a appartenu au cardinal Antoine Carafa avant d’être léguée par celui-ci avec sa collection de manuscrits à la bibliothèque Vaticane’. Elle laisse encore plus à désirer que la précédente, car elle s’interrompt brusquement au milieu du fol. Or sur les mots ef sacerdos semel introibat in templum reliqua (A 11,252-253); aprés deux lignes vides suit le commentaire de Marius Victorinus sur l'épitre aux Galates. Il manque en outre un long passage allant de ad inlicitas permissiones (A L171) à accepit Christus (A 11,56), correspondant exactement à deux feuillets du modèle, qui ont été sautés par le copiste. Il est avéré, en effet, que A" a été copié non pas directement sur À, mais bien sur 4’, et est donc une copie de copie. Ceci ressort non seulement de cette coïncidence matérielle, mais aussi de fautes communes, par exemple uos ego pour ego uos (A L,74), orciszaretur pour exorcizaretur (A 1156), et d'autres détails, comme le fait que la leçon alternative alias nouissimo, notée en marge de nouissima (A 1,74) dans A', a été introduite telle quelle dans le texte, à la place de nouissima, dans A". La copie 4' présente un certain intérét, dans la mesure oü le copiste a vu son modèle en meilleur état qu'aujourd'hui. Cer8 Fo]. 1r: Ex codicibus Joannis Angeli / Ducis ab Altaemps / Victorini Philosophi in Eplà / B. Pauli Apli ad Galathas. Sur cette page figurent successivement les cotes S 2-60 et L.III.14, toutes deux biffées.

? Fol. 1r: est Antonii Card. Carafa; fol. 1v: Antonii Card. Carafa Bibliothe-

carii / Munus ex testa".

14

COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

tes, les marges des premiers feuillets étaient déjà endommagées à l'époque. Mais le copiste est honnéte; lorsqu'il est confronté à une lacune ou à un passage illisible, il laisse un blanc. On peut donc croire que, lorsqu'il transcrit en plus de A4 quelques lettres qui ont aujourd'hui disparu, celles-ci se trouvaient encore dans son modéle. Au-delà du fol. 4, le texte est intact, et la copie ne présente plus qu'un intérét anecdotique. Elle n'a donc pas été collationnée plus avant dans la présente édition. Mieux vaut plutót s'en défier, car en plus des fautes de transcription, dont on a vu des exemples ci-dessus, il s’y trouve des fautes de lecture caractérisées, qui s’expliquent par la difficulté de déchiffrer cette petite écriture cursive. C’est notamment le cas lorsque A4' écrit en A IL248-249 utique munera nostra orationes sunt quas efficere debemus au lieu de ...quas offerre debemus; oà l'on voit que Haussleiter s'est parfois laissé guider et dés lors induire en erreur par la copie, car il reproduit cette faute de lecture dans son édition. De méme en A IIL31, oü il

note dans son apparat que, au lieu de /olium, la premiére main de A avait écrit illum, ce qui est la lecon de A', alors qu'en réalité /olium est une correction de solium. Les corrections apportées au texte de À ne sont pas tirées d'une édition imprimée. Cette précision n'est pas inutile, car l'édition princeps du commentaire de Victorin (dans sa version hiéronymienne) date de 1542. C'est à elle qu'ont été empruntés les extraits de Victorin inclus dans un florilége sur l'Apocalypse compilé un peu plus tard par le cardinal G. Sirleto dans le Vaticanus latinus 6151 (fol. 1-272). L'édition princeps se fonde sur un manuscrit de l'abbaye parisienne de Saint-Victor (notre ms. B), mais on retrouve dans ce florilége les variantes caractéristiques par lesquelles l'édition s'écarte du manuscrit. Ce n'est pas le cas dans A. Rien n'empéche de penser que ces corrections redressent des fautes de transcription et résultent d'une révision de la copie sur son modèle. Quant aux leçons alternatives, elles ont été tirées d’un manuscrit appartenant au groupe formé par les mss CBG"*. On y retrouve plusieurs variantes caractéristiques de ce groupe, par exemple similitudo pour multitudo (H L,A46), l'inversion candidatorum turbam (H L47), primo quod pour primum quidem (H 10 Voir ci-dessous p. 66-68.

L'EDITION

ORIGINALE

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1,119), posteros pour pestiferos (H 1,144), nicholaite pour nicolaitarum (H 1,173), seueros pour esse uiros (H 1,190). En re-

vanche, on n'y retrouve pas les variantes par lesquelles l’édition princeps s'écarte du groupe en question. D'autre part, les quelques leçons dans lesquelles Haussleiter croit déceler l’apport d’autres branches de la tradition ne sont pas pertinentes". Du fait que la marge ne fait état d'aucune des additions connues à propos du chiffre de la Béte en Apc 13,18, on se gardera de conclure que l'exemplaire consulté par le glossateur en était exempt”. Celui-ci a pu très bien les juger dépourvues d'intérét ou encore, s’agissant des noms d’Antemos et de Genséric, con-

sidérer que la transcription laborieuse de ces équivalences gématriques exigeait un espace que la marge ne lui offrait pas. Il n’y a d’ailleurs plus aucune leçon alternative au-delà du fol. 4. 1.2. Histoire du manuscrit À

Ecrit en bátarde allemande du XV* s., le ms. A a probablement été copié dans le Vorarlberg, sur les rives du lac de Constance, pour un membre de la famille ducale d' Altaemps, auquel il a appartenu”. Il a dû arriver en Italie lorsqu'un membre de cette famille épousa la sœur aînée du cardinal Gian Angelo de Medicis, plus tard élu pape sous le nom de Pie IV. La famille se fixa à Rome apres que Pie IV eut élevé au cardinalat un de ses neveux, qui fut nommé légat auprès du concile de Trente en 1561. C'est à Rome que le duc Giovanni Angelo d'Altaemps fit recopier le ms. À dans une cursive italienne plus lisible (4). La copie autrichienne du XV° s. descend d’un ancien manuscrit de Cluny. Elle contient, en effet, une collection fort

étrange, réunissant le commentaire de Victorin sur l'Apocalypse sous couvert de Jéróme, les commentaires de Marius Victorinus sur trois épîtres pauliniennes et trois opuscules qui ont !! Voir CV 49, p. xxxv. La premiére n'est pas significative, la confusion en-

des tre ut et et étant trés fréquente. La deuxième et la quatrième concernent texte au référer se pu a r glossateu le s citations scripturaires, pour lesquelle conbiblique qui lui était familier. La troisième paraît fortuite, l’ajout de la qu’elle possible est il phrase; cette dans jonction autem étant assez naturelle se soit introduite à cet endroit dans un manuscrit du groupe. 7? [bid.

13 Sur la famille d'Altaemps, voir DHGE, s. v. «Altemps ou Hohenembs»,

t. 2, col. 786-791.

16

COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

été, en raison de ce voisinage, faussement attribués au méme auteur. Or, une telle collection existait à Cluny au XIT s., puis-

qu’un inventaire de cette époque mentionne (sous le numéro 352) un volume contenant, outre le commentaire de Victorin sur l’Apocalypse, un traité de physique et des commentaires sur les épitres aux Galates, aux Philippiens et aux Ephésiens". Ce manuscrit s'est trouvé plus tard à l'abbaye d'Hérival, au nord de Paris, où J. Sirmond l’a transcrit partiellement avant qu’il ne disparaisse!$. La copie de Sirmond est conservée à la Bibliothèque Nationale de France (nouv. acq. lat. et fr. 469). Malheureusement, le savant jésuite a négligé notre commentaire. La raison en est vraisemblablement que, précédé indûment de la préface de Jérôme, il pouvait passer pour un texte déjà connu par ailleurs. Les éditeurs qui ont étudié la tradition manuscrite des œuvres de Marius Victorinus ont établi que l'Ottobonianus lat. 32884 dérive, comme la copie de Sirmond, du manuscrit d'Hérival!$. Il est inutile d'y revenir ici. Ce manuscrit, que Sirmond dit trés ancien (si spectanda erat antiquitas, praeponi omnibus oportuit), était écrit en onciale". I] devait donc étre précarolingien, puisque dés l'époque carolingienne, l'usage de l'onciale pour transcrire des manuscrits entiers se limite aux évangiles et à quelques livres liturgiques. Le manuscrit en question était probablement originaire de Vivarium. En effet, la collection d'écrits «victoriniens» qu'il réunit suppose une confusion entre l'évéque de Poetovio et le rhéteur philosophe Marius Victorinus. Or, cette confusion apparait précisément dans les /nstitutiones de Cassiodore, pour qui notre Victorinus était ex oratore episcopus. Comme les Institutiones n'ont guére exercé d'influence avant l'époque carolingienne, il est vraisemblable que la collection a été consti^ Voir L. DELISLE, Le cabinet des manuscrits de la Bibliothéque Nationale, t. 2, Paris 1874, p. 472, ou mieux ID., Inventaire des manuscrits de la Bibliothéque Nationale. Fonds de Cluni, Paris 1884, p. 359. Pour la date, voir V.

VON BÜREN, Le grand catalogue de la bibliothéque de Cluny, dans Le gouvernement d'Hugues de Semur à Cluny. Actes du colloque scientifique international, Cluny, septembre 1988, p. 245-263.

15 Voir LOCHER [ci-dessus n. 5], p. V-v1. 16 LOCHER, p. VIII-IX; GORI [ci-dessus n. 5], p. XII-XIV. 17 LOCHER, p. IX-X; HAUSSLEITER [ci-dessus n. 1], p. xxxiv. 18 CAr inst 1,5,3; 1,7,1 (éd. R. Mynors, p. 24,1 et 28,6).

L'EDITION

ORIGINALE

17

tuée dans l'entourage de Cassiodore??. Ce l'est d'autant plus que la bibliothéque de Vivarium contenait à la fois, parmi les ouvrages consacrés à l'Apocalypse, un «commentaire éclairant» de Jérôme et un opuscule où Victorin «avait traité brièvement de quelques passages difficiles»; l’édition originale du commentaire victorinien y voisinait avec l’édition hiéronymienne. La bibliothèque possédait également plusieurs ouvrages de Marius Victorinus?!. Tout le matériel nécessaire s’y trouvait donc réuni pour constituer notre collection. On sait par ailleurs que nombre d’ouvrages, dont certains très rares, sont

arrivés en Gaule à partir de Vivarium? En tout cas, la collection a dû être formée à une époque où l’on savait encore que le texte qui nous occupe était l’œuvre de Victorin, c’est-à-dire avant la fin de l’antiquité. En effet,

dans le cours du haut moyen âge, cette information s’est perdue. Le prologue au Commemoratorium pseudo-hiéronymien sur l’ Apocalypse qui figure dans un ms. de Bamberg fait grand cas d'un commentaire archaique, que le préfacier met avant Origene, et dont il n'a pu retrouver l'auteur; ce ne peut étre que celui de Victorin?. Ce prologue n'est pas authentique, mais ancien, car le manuscrit est du premier tiers du IX" s., et le texte, émaillé de fautes de copie, lui est largement antérieur; en effet,

le préfacier situe Primasius, dont le commentaire date du milieu du VE. s., dans un passé récent (in modernis temporibusy". Il est manifeste que l'auteur du Commemoratorium a lui-méme 19 F. BRUNHÓLZL, Histoire de la littérature latine du Moyen Áge, t. 1/1, Turnhout 1990, p. 46. 20 Inst. 1,9,2 (éd. Mynors p. 33,6-10): «Apocalypsis uero, quae studiose legentium animos ad supernam contemplationem deducit et facit mente cernere quod angeli uidendo beati sunt, sancti Hieronymi expositione conspicua est. De quo libro et Victorinus saepe dictus episcopus difficilia breuiter quaedam loca tractauit». Parmi les ouvrages de Victorin conservés à Vivarium, les /nstitutiones mentionnent également un commentaire sur l'Ecclésiaste (1,5,3) et un commentaire sur Matthieu (1,7,1). 21 M. CAPPUYNS, art. «Cassiodore», dans DHGE, t. 11, col. 1396.

22 P. COURCELLE, Les lettres grecques en Occident de Macrobe à Cassiodore,

2* éd., Paris 1948, p. 342-382. 23 AN Apc pr (194,38-39): «Inuenimus librum antiquitum nobis exploratum super hoc, qui in priscis temporibus tractatum est, tamen auctor non inuenitur».

24 Ibid. (194,46-48): «Adhuc inuenitur expositio super hoc uolumine Primasi

Affrice regionis episcopi et discipuli sancti Augustini, qui in modernis temporibus multis de istis patefecit miraculis».

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COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

connu le commentaire de Victorin sous une forme ou sous une autre, — le caractére laconique de cette glose ne permet pas de trancher. La critique interne conduit à la situer en milieu hiberno-latin dans la seconde moitié du VII s.% Il ne serait pas surprenant que l’auteur ait eu accès, comme le préfacier de Bamberg, à l'édition originale, qui était connue de saint Patrick?*. Il est certain, en tout cas, que Théodulphe d'Orléans, lorsqu'il a

compilé la Bible commentée de Micy (vers 810), a encore utilisé l'édition originale, et non l'édition hiéronymienne, pour étoffer les gloses par trop sommaires du Commemoratorium"; nous ne saurions dire s'il en connaissait l'auteur. En revanche, le catalographe de Cluny était au clair à ce sujet, et cela implique que la préface hiéronymienne, qui le nomme expressément, était déjà plaquée sur l'ouvrage de Victorin à ce moment-là. L'examen du texte de À montre qu’elle a été empruntée à un manuscrit apparenté au groupe CBG, dont les témoins subsistants sont localisés en France*. À quelle fin l’aurait-on introduite dans ce manuscrit ou dans l’un de ses ancêtres? Etait-ce pour identifier un texte qui n'avait ni titre ni nom d'auteur? Ou bien pour couvrir fallacieusement de l'autorité de Jéróme et sauver ainsi un texte millénariste? Bien que condamnée par l'Eglise, la doctrine chiliaste n'a jamais manqué de partisans au cours du moyen áge?. 1.3. Les insuffisances du manuscrit A

L'exemplaire ancien dont dépend le ms. A n'était vraisemblablement pas meilleur que celui qu'Anatolius avait envoyé à Jéróme, et que celui-ci dit «corrompu par l'incompétence des scribes». La situation n’a pas dû s’améliorer au cours des siècles qui séparent cette époque de la transcription du ms. 4. Celui-ci est déparé par de très nombreuses omissions, non seule-

25 CC 107, p. 181-182.

26 Voir ci-dessous p. 22. 27 Voir ci-dessous p. 24-25. 28 Le ms. À partage en effet avec CBG uniquement, dans ce court texte, les trois variantes suivantes: pr 11/12 de mille annorum regno om.; 13/14 — signum crucis; 14 — erant uitiata scriptoribus. ?? N. COHEN, Les fanatiques de l'Apocalypse. Courants millénaristes révolu-

tionnaires du XI au XVT siècle, Paris 1962.

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ment de celles qui surviennent classiquement par homéoteleuton?? ou par saut du méme au méme?!, mais d'autres qui s'expliquent vraisemblablement par l'état du modéle, le copiste ayant déclaré forfait là où celui-ci était mutilé ou illisible. On ne dénombre pas moins de quarante-deux passages où Haussleiter a été obligé d'emprunter un mot à Jérôme pour combler une lacune, dix passages où deux mots sont omis, cinq omissions de trois mots et plus; en sept endroits, il a méme dá restituer une ou plusieurs lignes, jusqu'à sept lignes et demie dans un cas”. Il a eu tort de s'arréter en si bon chemin et d'imaginer que Jéróme aurait emprunté au commentaire de Tyconius certains passages absents du ms. A, à savoir l'explication d'une partie de la description du Fils de l'homme dans la vision inaugurale, celle des sixiéme et septiéme sceaux, celle de la vengeance eschatologique?. Martine Dulaey a fait justice de cette opinion contredisant les indications données par Jéróme luimême dans la lettre-préface, où il déclare expressément n'avoir rien fait d’autre, en dehors de la finale, que redresser les fautes

de copiste?*. D'autre part, on ne compte plus les mots outils confondus ou, s'ils étaient abrégés, mal déchiffrés?^, les mots significatifs massacrés par suite de mélecture ou d'une dictée mal comprise6, les mots coupés à faux?", les noms propres estropiés?*. 3? ?! 3? 33

Par Par CV CV

exemple A L224; II,104-105. 181. 245-246; II1,32. 114. exemple A 1189-191; IL,191-193; II1,139-140. 153-155; IV,142-143. 49, p. 32,7-9; 38,13-14; 40,12 — 42,3; 56,1; 66,2-4; 100,10-12; 142,7-8. 49, p. XLIII-XLIV.

34 Jérôme éditeur de Victorin, p. 217-229. 35 Sont ainsi confondus aut/autem (A IIL84), est/sunt (111,123), et/est (IL,88. 149. 206; V,25), etiam quam/et tamquam (1,162), ideo/idem (11,179), itaque/utique (11,248), quae/quem (1,208), qui/quia (1,75), quid/quot (IL,91), quos/quod (V 21), sed/et (IIL41), ut/et (111,109). 36 Par exemple A 1,155 fictersi pour ficti; ,221-222 fiducialiter maturae pour fiducia lit(t)eraturae; 1,55 enim mittitur pour enititur, 11,56 et indumentum erat pour ergo dum enumerat; 1,62 imminere pour in munere; 11,255-256 si cetera a terra pour sic et (a)erea terra; 1,75 confirmatos et legis pour confirmatis ecclesiis; IIL,81 detur pereat pour deturpat.

37 Ainsi adsequentis pour ad sequentis (A 1IL9), in stabiles pour instabiles

(IV,159), uindemiabo tros pour uindemia botros (IV ,183).

38 En A IILIO7, Cerinthus est devenu Corinthus, et Ebion est devenu Thes-

bion; en IV,180-181, le nom vieux latin de la ville de Tyr dans les oracles d'Ezéchiel contre les nations (Sor) a été remplacé par celui de la vigne choisie dans le cantique d’Isaïe (Sorech).

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COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

On recense de nombreux cas d'haplographie ou de diplographie, qu'il s'agisse de lettres ou de syllabes indüment redoublées ou simplifiées à l'intérieur d'un mot ou à la charnière entre des mots?, ou bien de mots entiers ou groupes de mots“, spécialement lorsque, terminant une phrase, ils sont repris au début de la suivante pour étre expliqués*'. On bute plus d'une fois sur des inversions incongrues? et des mots ou des phrases déplacées, vraisemblablement parce que des corrections interlinéaires ont été insérées à faux#. Une parfaite anarchie règne dans le domaine des désinences tant nominales que verbales. Ces formes aberrantes reflètent au moins en partie l’évolution de la prononciation, qui se relâche beaucoup à la fin de l’antiquité. Les copistes ne faisaient plus la différence entre -a/-am, a/-as, -e/em, -e/es, -u/-us, -um/-us, les consonnes finales n'étant plus articulées^. Les voyelles antérieures et postérieures en syllabe finale atone ne sont pas clairement distinguées (-is/-es, -0s/-us)55; dans certains cas (par exemple -am/-um), on ne sait trop ce qui est dû à la prononciation ou aux erreurs de lecture. Les confusions entre l'actif et le passif sont fréquentes“, de 3? Par exemple reddeant pour redeant (A 1,234) et, à l'inverse, aductus pour adductus (11,164). Il faut suppléer des lettres dans in manu sedenti«s- super tribunal (11,142), percu«cu»rrit (I1L39), institu«tu»rus (IV,122), en retrancher dans meditata [ad] duas aras (11,245), scilicet [et] prophetarum (IV ,47). ^' Répétition de ueniet en A L23; de non est a morte en L45; de uiros en 1,169; de eius en IL,58; d'une phrase entiére en V,38-41. La répétition n'est

pas toujours immédiate; on lit ainsi en IL,10 i//a enim uox quam inquit quam audieram, en 11,128 scientes se rite uerbum domini uerbum ministrasse.

^! Haplographie de manna absconsum en A 1,180-181; de de abysso en III, 151; de uirga ferrea en IV,35-36.

? Par exemple A IIL14 enim ait; V,77 enim erit. 4 Par exemple en A IL,240, il faut lire id est expectat deuorationem au lieu de ut dicat deuorationem id est; en V,63-64, il faut lire a loco in quo modo tu stas, id est a flumine magno Eufrate usque ad flumen Aegypti, et non a loco in quo modo tu stas a flumine magno Eufrate, id est usque ad flumen Aegypti. Dans l'énumération des différentes catégories de chrétiens figurés par les sept Eglises, deux groupes ont disparu par saut du méme au méme, et celui qui devait venir à l’avant-dernière place se retrouve à la troisième (1,130-134). La phrase sed quia mortem...quasi occisus est dictus (11,164-165) se trouve transportée en dehors de son contexte quelques lignes plus bas. ^ Par exemple A 1182. 202; IL,19. 40-41. 63. 123. 172. 199. 200. 201; IIL44. 61.67.78. 86. 107. 155. 162; IV,15. 136. 174. #5 Par exemple À 1,233; 11,65. 203; IIL68. 174; IV,167; V,35.

#6 Par exemple A IL107 excipiunt pour excipiuntur; 1,179 resignat pour resignatur; 111,168 persuadeant pour persuadeantur.

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ZA

méme qu'entre le singulier et le pluriel^; les erreurs portant sur le temps des verbes ne sont pas rares‘. Il est par conséquent exclu, pour qui cherche àlire l'édition originale de Victorin, de faire tout simplement confiance au texte du manuscrit À. Tel quel, il est non seulement lacuneux,

mais inintelligible. Pour l'assainir, il est indispensable de recourir à la tradition indirecte de l'édition originale, ainsi qu'à l'édition hiéronymienne, dont il sera question dans les chapitres suivants. 1.4. La tradition indirecte

La postérité de l’œuvre de Victorin est impressionnante. Ses livres ont été beaucoup lus jusqu'à la fin de l'antiquité. Leur influence serait plus évidente encore si la plupart d'entre eux ne s'étaient pas perdus ensuite. De Commodien jusqu'à Isidore, on retrouve un peu partout la trace de leur utilisation“. Les au-

teurs de la seconde moitié du III s. et du IV^ s. ne pouvaient avoir entre les mains que l'édition originale. Elle circulait encore, semble-t-il, au V* s.; il a fallu du temps pour que le texte

revu et corrigé par Jéróme à l'intention d'un de ses amis se répande et finisse par évincer à peu prés complétement le texte original. Les premiers utilisateurs avérés de l'édition hiérony-

mienne sont au VY. s. Apringius et Primasius. Cependant, si de nombreux auteurs de l'antiquité tardive font écho aux idées de Victorin, soit pour se les approprier, soit pour les contredire, il est rare qu'ils le citent littéralement. S'agissant du commentaire sur l'Apocalypse, les points de contact verbaux se bornent généralement à un ou deux mots. Font exception quelques-uns des commentateurs postérieurs, ainsi que saint Patrick, apótre de l'Irlande. Que ce soit dans ses Regulae ou dans son commentaire de l'Apocalypse, Tyconius est largement redevable à Victorin?. ^! Par exemple A 1,106 excederet pour excederent; 1,234 significant pour si-

gnificat; 11253 habebant pour habebat; 11,20 colliget pour colligent; 111,163 sciret pour scirent; IV,109 mittetur pour mittentur.

48 Par exemple 1,99 differet pour differt (corrigé de seconde main); 11,76 feret pour fert; V,74 contegitur pour contegetur.

^9 Voir DULAEY, Victorin de Poetovio, p. 309-354.

50 Ibid. p. 339-343.

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COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

C'est à lui qu'il doit notamment la clé herméneutique de la «récapitulation», développée dans la sixième règle. Dans le commentaire, il est clair qu’il a sous les yeux l’ouvrage de son devancier, même s’il prend souvent ses distances par rapport à lui. La confrontation avec les différents représentants de la tradition tyconienne permet de mettre en évidence ces emprunts inavoués, parmi lesquels des citations à peu près littérales, comme en Apc 14,19-20; 15,151.

Les points de contact entre la confession de foi de saint Patrick®? et la règle de foi formulée par Victorin en liaison avec Apc 11,1 sont tels qu’une influence directe de celle-ci sur cellelà apparait difficilement contestable?. On remarquera que Patrick lit ut dicimus, issu par haplographie de ut didicimus (leçon de A), là où l’édition hiéronymienne a seulement dicimus, et spiritaliter (comme 4), là où elle lisait fautivement spiritalem". Plus loin, Patrick qualifie la règle de foi, comme Victorin, de mensura fideiss, une expression corrompue en mensura filii dei dans la tradition hiéronymienne, où seuls quelques manuscrits tardifs l’ont corrigées. Mais l'expression est biblique (cfr Rm 12,3) et n'est donc pas nécessairement empruntée à Victorin. Césaire d'Arles a intégré dans ses homélies sur l'Apocalypse une bonne partie du commentaire de Victorin. Son manuscrit est clairement apparenté à A. Il lisait encore deux lignes de texte perdues dans la tradition hiéronymienne?. Comme dans A, les chevaux alezan et noir interviennent ici dans l'ordre inverse du texte de l'Apocalypse*5, alors que Jérôme a restitué l’ordre du texte. On retrouve chez Césaire sept leçons caractéristiques de À et totalement absentes de la tradition hiéronymienne, parmi lesquelles christiani/christiana opera non ha-

5! Cfr A IV,188-203 et Tyc. 5,19,3; 20,1 — 22,8. 52 PAT cf4 (SC 249, p. 74). 55 Je partage sur ce point l'opinion de Martine Dulaey (Victorin de Poetovio, p. 349). ?*4^ Cfr A TILTT1. 112; e€ H TIT, 130: 55 PAT cf 14 (p. 84). 56 Cfr A IILI10, et H II,128-129. 57 A L,70-71; cfr Caes. 212,18-20. 58 Dans À, en effet, il est d’abord question du cheval noir, signifiant la famine (A 11,226-229), ensuite du cheval alezan, signifiant les guerres à venir (A IL, 233-236). Césaire répète à deux reprises (225,13; 226,25) que tres ergo equi fames et bella et pest(i)s intelleguntur.

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bere (A L204-205; Caes. 214,15) contre Christum in opere non habere (H 1,231-232); dictum est futurum (A 11,95; Caes. 221, 3), là oà Jéróme omet futurum (H 11,108); passioni coniunctam (A 11,201; Caes. 223,8) contre passionis ligno coniunctam

(H 11,225). À cela s’ajoutent douze passages où Césaire a conservé des variantes mineures de 4, p. ex. A L,86 —- Caes. 212,27 adoremus (H L101 adorabimus); A 1,97 — Caes. 213,8 illae solae (H L114 ipsae solae, mais Prim. 1,261 illae solae/); A IV, 49 — Caes. 244,20 sub Helia (H IV,67 Heliae).

Il ne fait donc aucun doute que Césaire disposait encore d'un manuscrit de l'édition originale de Victorin, trouvé vraisemblablement à Lérins. Son témoignage est d'autant plus précieux qu'il n'a pas toujours les erreurs de A, soit que son modéle ait été meilleur que les ancétres lointains de celui-ci, soit que le texte se soit dégradé au fil des copies successives avant d’aboutir dans 4. Exemples: Caes. 214,20 — H 2,5 Iohannes; A IL,2 loannes baptista (une bévue évi-

dente, Jean Baptiste n’ayant rien à voir dans l’ Apocalypse). Caes. 235,11-12 — H IIL67-68 futurum est; A 11,58 facturus est (ainsi congue, la phrase ne tient pas grammaticalement, car quod ne peut être à la fois le sujet et le complément d'objet direct de deux relatives coordonnées, sans compter que le sujet sous-entendu de la seconde n'est pas évident).

En particulier, Césaire n’a pas certaines omissions de À (abstraction faite des passages que Haussleiter considérait comme des emprunts de Jérôme à Tyconius, et dont il a déjà été question plus haut). Caes. 221,1 =H 11,106 nisi habeat; A 11,93 om. Caes. 225,13 = 226,25 fames et bella et pest(e)s; A IL217-218 famem et

pestilentiam.

Les rencontres entre les lecons de Césaire et celles de la tradition hiéronymienne ne contredisent pas la thése de départ. Elles s'expliquent simplement par le fait que Césaire avait sous les yeux un ancien représentant de l'édition originale de bien meilleure qualité que l'unique copie tardive dont nous disposons. On constate, en effet, que dans les cas où la leçon de Césaire s’accorde avec le texte hiéronymien contre 4, cette leçon est pratiquement toujours commune à l’ensemble de cette tradition, et non caractéristique d’une branche particulière de celle-

ci. Il s’agit d’ailleurs de variantes mineures, par exemple: . Caes. 212,18 2 H L84 duo haec; A 1,68 haec duo. Caes. 213,8 - H L115 sed quod; A 198 sed quia quod.

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COMMENTAIRE

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Caes. 221,4 2 H ILI11 nisi enim quae; A 11,98 nisi quae. Caes. 224,8 - H IL242-243 et aperuit uniuersa misit; A IL214 aperuit uniuersa et emisit.

Le témoignage de Césaire à propos de la version originale de Victorin est donc essentiel. On regrette d'autant plus que l'édition publiée par Dom Germain Morin en 1942 laisse à désirer. Elle repose sur une base manuscrite trés étroite: trois manuscrits seulement, plus un quatriéme cité occasionnellement, alors qu’on en connaît plusieurs dizaines de ces homélies souvent transmises sous le nom d’Augustin. Morin assure que les autres n'apportent rien de plus?, mais il est loin de les avoir vus tous; on reste parfois sur sa faim quand, face à une difficulté, on interroge l'apparat critique. Ses choix éditoriaux ne sont pas toujours incontestables?. Nous avons donc appelé à la cause un témoin partiel inconnu

de Morin, à savoir Kassel,

Landesbibl. theol. oct. 5 (CLA VIII, 1142), copié en minuscule précaroline au VIII s. dans le nord de la France, qui sera désigné par le sigle K*'. Il contient les treize premiéres homélies (sur un total de dix-huit) et est clairement apparenté au manuscrit carolingien (C de Morin) qui transmet seul le texte intégral, tous les autres étant affectés d'une perte de texte survenue à la charniére des homélies 16 et 17. Aprés Césaire, le seul auteur dont on peut montrer qu'il utilisait encore l'édition originale de Victorin est Théodulphe d'Orléans. Editeur de la Bible, Théodulphe a également compilé à partir d'une série de commentaires patristiques et médiévaux un commentaire sommaire de l'ensemble des Ecritures, à l'instar des Pauca problesmata de enigmatibus ex tomis canonicis, alias Bibelwerk ou Reference Bible. Ce grand manuscrit de plus de cinq cent pages couvertes d'une toute petite écriture a été donné par lui au monastére voisin de Saint-Mesmin de Micy. Il a appartenu ensuite à la bibliothéque de la Sorbonne avant d'aboutir à la Bibliothéque nationale de France (lat.

*?? G. MORIN, Le commentaire homilétique de S. Césaire sur l'Apocalypse,

dans Revue bénédictine, t. 45 (1933), p. 43-61.

1

$? Voir l'introduction à mon édition de Tyconius, CC 107A, p. 39-41. 9! Voir Die Handschriften der Universitátsbibliothek Kassel, Landesbibliothek und Murhardsche Bibliothek der Stadt Kassel, Bd. 1/3: Manuscripta theologica. Handschriften in Oktav, bearbeitet von K. WIEDEMANN, Wiesbaden 2002, p. 8-9.

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15679). À notre connaissance, il n'a jamais été recopié; l'original lui-même paraît avoir été très peu utilisé. En quête d’un bref commentaire pour couvrir le dernier livre du Nouveau Testament, Théodulphe a cru d’abord que le Commemoratorium pseudo-hiéronymien pourrait convenir à son entreprise; dans les premières pages, en effet, le scoliaste suit le texte biblique pas à pas. Mais son zèle s’est vite émoussé devant le style répétitif de l’ Apocalypse, au point que les derniers chapitres sont expédiés en quatre ou cinq lignes. Après quelques pages, le compilateur a jugé que les explications fournies par le Commemoratorium étaient par trop sommaires et risquaient de laisser le lecteur sur sa faim. Il a donc fait appel à d’autres sources pour suppléer à ses silences. Il s’est tourné d’abord vers un autre commentaire de dimension restreinte, celui de Victorin. Mais il s’est vite aperçu que, dans celui-là également, beaucoup de passages étaient survolés très rapidement, voire traités par prétérition; en outre, l’exégèse passablement archaïque de l’évêque martyr de Poetovio a dû lui apparaître souvent dépassée. Il a recouru alors, en troisième instance, à un

commentaire perdu de la première moitié du huitième siècle, qui avait utilisé Tyconius et qui se trouve également à la source de la section correspondante du De enigmatibus et d’une autre glose hiberno-latine conservée dans le ms. Cambridge, University Library Dd.X.166. Les emprunts au commentaire de Victorin ne sont pas nombreux et ne concernent qu’une partie limitée du texte; le premier se rencontre en Apc 1,13, le dernier en Apc

6,8. Cela suffit cependant à montrer que Théodulphe utilisait l'édition originale du commentaire de Victorin, qu'il lisait dans un manuscrit apparenté à A4, car il a même quelques fautes en commun avec celui-ci. 9? Voir M. GORMAN, Theodulf of Orléans and the Exegetical Miscellany in

Paris Lat. 15679, dans Revue bénédictine, t. 109 (1999), p. 278-323 — Toe

The Study of the Bible in the Early Middle Ages, Firenze 2007, p. 106-151. 63 CPL 1221 (AN Apc dans l'édition de la Vetus Latina); texte édité par mes soins dans CC 107, p. 195-229. 64 Texte édité par mes soins dans CC 108G. — Un fragment du commentaire perdu a été conservé par Smaragde; c’est la première partie de l’explication fournie dans l’Expositio libri comitis pour la lecture du dimanche octave de la Pentecôte (Apc 4,1-10).

65 Le texte de Théodulphe a été édité par moi dans CC 107, p. 303-337. Sur les rapports avec A, voir l'introduction p. 300-301.

Chapitre II

LES MANUSCRITS

HIÉRONYMIENS

Contrairement au texte original de Victorin, la version de Jéróme n'a pas cessé d'étre recopiée et lue. Elle a fait l'objet de deux éditions imprimées. L'édition princeps de Paris, parue en 1542 chez le libraire Jean de Roigny, reproduit avec quelques variantes arbitraires le texte d'un manuscrit de l'abbaye de Saint-Victor (notre ms. B). Ce texte a été repris par Sixte de Sienne au t. IV de sa Sancta Bibliotheca, ainsi que par Margarin de la Bigne dans les différentes éditions successives de la Bibliotheca Veterum Patrum. Seize ans aprés l'édition princeps fut imprimé à Bologne chez Antonio Giacarello le texte d'un manuscrit du Mont Cassin (notre ms. SS), transcrit par les soins de Basilius Millanius, moine de cette abbaye, avec un

certain nombre de corrections dont rien n'autorise à supposer, là encore, qu'elles auraient été tirées d'un autre manuscrit. C'est ce texte que réimprime A. Gallandi au t. IV de sa Bibliotheca ueterum Patrum, paru à Venise en 1768, fol. 52-64, d'oà

il passera dans la Patrologia Latina de Migne, t. V, col. 317344". En regard de l'édition princeps du texte primitif de Victorin, J. Haussleiter a publié une édition critique de la version hiéronymienne basée sur onze manuscrits’; il y est question dans les Addenda de trois autres, que l’éditeur a repérés après coup‘. On en connait aujourd'hui vingt et un, échelonnés du

IX^ au XVE siécle, dont voici la description. ! Sur l'édition princeps et ses divers avatars, voir CV 49, p. XLIX. En réalité, cette édition est antérieure à la date indiquée par Haussleiter, celle dont il donne la référence n'étant que la copie d'une autre qui avait paru l'année précédente. Voir A. VACCARI, Victorini in Apocalypsim editio princeps, dans Biblica, t. 3 (1922), p. 340-342. ? Sur les éditions anciennes du texte cassinien, voir CV 49, p. LX-LXI.

? Référence ci-dessus p. 10 n. 2. ^ Voir CV 49, p. LXIX-LXXII.

LES MANUSCRITS

HIERONYMIENS

2]

B = Paris, Bibliothèque de l’ Arsenal 316 H. MARTIN, Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque de l’Arsenal, Paris 1885, p. 189-191; J. HAUSSLEITER, CV 49, p. XLVIII; F. GASPARRI, Ex-

libris et mentions anciennes portés sur les manuscrits du XII siècle de l'abbaye Saint-Victor de Paris, dans Scriptorium, t. 44 (1990), p. 69-79, ici 74; G. OUY, Les manuscrits de l’abbaye de Saint-Victor. Catalogue établi sur la base du répertoire de Claude de Grandrue (1514), 2 vol., Turnhout 1999 (= Bibliotheca Victorina, vol. 10), t. 2, p. 241-242; R. GRYSON, CC 121A, p. 63

et 110.

Recueil de 217 f., format 400 x 298 mm, acquis pour l’abbaye parisienne de Saint-Victor par le prieur Jean Lamasse*. La première partie (f. 1-83), du début du XIII. s., contient les homélies de Bède et divers sermons, notamment de saint Bernard. La deuxième partie, du milieu du XII s., écrite en deux colonnes sur 39 lignes par plusieurs mains, contient les commentaires de Bède sur les Proverbes (f. 84r-121r), sur le Cantique des cantiques (f. 121r-182v), sur l'Apocalypse (f. 182v-208r), ce dernier suivi de notre commentaire (f. 208r-214v). C'est de ce manuscrit qu'a été tirée l'édition princeps de 1542. Sur les trois feuillets restés vierges à la fin, une main du XIV" s. a copié des fragments d'un traité De uita et honestate clericorum.

C= Troyes, Médiathèque du Grand Troyes Ms. 895 Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques des dépar-

tements, série in-4°, t. 2, Paris 1855, p. 370-371; J. HAUSSLEITER, CV 49, p.

XLvIIl; G. LAGARRIGUE, SC 220, p. 49-50; La bibliothèque de l'abbaye de Clairvaux du XIE au XVIIF siècle, t. 2: Les manuscrits conservés, Première

partie: Manuscrits bibliques, patristiques et théologiques. Notices établies par

J.-P. Bouhot et J.-Fr. Genest, sous la direction d’A. Vernet, Paris 1997, p. 275-276.

Manuscrit du XII s. provenant de l’abbaye de Clairvaux; ex-libris du XII? s. aux f. lv et 194v; plusieurs cotes anciennes de Clairvaux, dont la dernière (E 13) est celle du catalogue de 1472. Composé de trois parties anciennement réunies, dont le format (+ 300 x 205 mm) et la mise en page diffèrent légèrement. La première (f. 1-81) contient le De gubernatione dei de Salvien de Marseille; la deuxième (f. 82-121), l’épître 7 de Fer$ Sur ce personnage, qui fut abbé de Saint-Victor de 1448 à 1458, voir L. s FOURIER BONNARD, Histoire de l'abbaye royale et de l'ordre des chanoine et 420réguliers de Saint-Victor de Paris, 2 vol., Paris 1907, t. 1, p. 404-405

431.

COMMENTAIRE

28

DE L'APOCALYPSE

rand de Carthage et le Contra arrianos sabellianos et photinianos de Vigile de Thapse; la troisième, écrite sur 27 lignes en pleine page, notre commentaire (f. 122r-135v), suivi des Enarrationes in Canticum canticorum d' Angelome de Luxeuil (f. 135v-194v). D = Arras, Bibliothèque municipale 1079 (235) f. 2-27 Catalogue général des bibliothèques publiques des départements, t. 4, Paris 1872, p. 104-105 (n° 235); J. HAUSSLEITER, CV 49, p. XLVI-XLVIII; Ph. GRIERSON, Les livres de l'abbé Seiwold de Bath, dans Revue bénédictine, t. 52 (1940), p. 96-116, ici 114-116; G. Lo MENZO RAPISARDA, La fradizio-

ne manoscritta di un Commentarius in Apocalypsin, dans Miscellanea di studi di letteratura cristiana antica, t. 15 (1965), p. 119-140, ici p. 124-126; BiscHorF, Katalog, t. 1, n? 110-113, en particulier 111; R. GRYSON, CC 107,

p. 164.

Partie d'un recueil factice, contenant: 1? (f. 2r-14r) le commentaire d'Alcuin sur le Cantique des cantiques; 2? (f. l5r22v) notre commentaire; 3? (f. 23r-27v) le Commemoratorium pseudo-hiéronymien sur l'Apocalypse (ms. D de mon édition dans CC 107, p. 195-229), mutilé du début. Format 250 x 182 mm, espace d'écriture 200 x 146 mm, 2 col., 32 lignes. Originaire du centre ou peut-étre du sud de la France, probablement dans le deuxième tiers du IX* s. (Bischoff); provient de SaintVaast d'Arras. Comme la plupart des manuscrits de SaintVaast, celui-ci a été massacré par le troisième bibliothécaire d'Arras, qui en a découpé de nombreux feuillets au début du XIX^ s. pour les vendre à des relieurs ou à des épiciers*. Il manque notamment un feuillet entre 15 et 16, entre 17 et 18, entre 2] et 22, puis deux entre 22 et 23, d'oü les lacunes sui-

vantes dans le texte édité ci-aprés: 1? H L77 (consumma)uerat parabolas — 157 ne putes me; 2? 1,75 (appajrente sibi angelo — 156 palma; 3? I1L69 est quam accepit — 120 accepisse autem; 4? IV,50 omnes gentes — 99 antichristi; 5? IV,205 inter maria — fin’. $ Voir Ph. GRIERSON, La bibliothèque de St-Vaast d'Arras au XIT° siècle, dans Revue bénédictine, t. 52 (1940), p. 117-140, ici 120-122.

7 Que des manques apparaissent à cinq endroits dans le texte, alors que les lacunes matérielles dans les pages qui nous concernent sont seulement au nombre de quatre, s’explique par le désordre du texte dont il sera question au chapitre suivant. Les manques indiqués sous les numéros 3 et 4 ne font matériellement qu’un.

LES MANUSCRITS

HIERONYMIENS

29

E = Aberdeen, University Library 216 M. R. JAMES, A Catalogue of the Medieval Manuscripts in the University Library Aberdeen, Cambridge 1932, p. 61-62; H. GNEUSS, A preliminary list

of manuscripts written or owned in England up to 1100, dans Anglo-Saxon England, t. 9 (1981), p. 1-60, ici 6 n? 1; R. GRYSON, CC 121A, p. 15-16.

Manuscrit copié à Salisbury dans le dernier quart du XT s. par un seul scribe (scribe x de Webber), sauf les onze dernières lignes au f. 36R, de la main du chef d'atelier (scribe C de Ker,

scribe i de Webber)*. Manuscrit composé originellement de cinq quaternions; manque le bifeuillet extérieur du premier (avec perte de texte) et le dernier feuillet (resté vierge, comme l'avant-dernier). Format 292 x 190 mm, 41 lignes. Ce manuscrit contient: 1? (f. 1r-28r) le commentaire de Béde sur l'Apocalypse, mutilé du début, avec une lacune dans les sections 9 et 10; 2? (f. 28r-36r) notre commentaire.

F= London, British Library, Harley 3012 Catalogue of the Harleian Manuscripts in the British Museum, t. 2, s. l. 1808 [réimpr. Hildesheim/New York 1973], p. 724; J. HAUSSLEITER, CV 49, p. Lr; W. HoRMANN, CV 89, p. XXIV-XXV.

Manuscrit copié à Saint-Martin de Tours dans la première moitié du IX° s., provenant de Saint-Martin de Wiblingen, d’où

il est retourné en Angleterre en 1721. 84 f., format 220 x 170 mm, 30 lignes. Contient: 1° (f. 1-32) De quantitate animae, de saint Augustin (le copiste paraît avoir utilisé un modèle insulaire dont il a souvent mal interprété les abréviations); 2° (f. 3370) l'Opus paschale de Sedulius (pas cité dans l'édition de J. Huemer, CV 10); 3? (f. 71r-84v) notre commentaire. G = Grenoble, Bibliothèque municipale 260 Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France. Départements, t. 7, Paris 1889, p. 97-98; R. ETAIX, Les manuscrits de la Grande-Chartreuse

et de la Chartreuse de Portes.

Etude préliminaire,

dans Scriptorium, t. 42 (1988), p. 49-75, ici 65.

mm 8 N. R. KER, The Beginnings of Salisbury Cathedral Library, dans: (Gd preEssays . G. Alexander, M. T. Gibson), Medieval Learning and Literature sented to Richard William Hunt, Oxford 1976, p. 23-49, ici 24, 41, Z5 WEBBER, Scribes and Scholars at Salisbury Cathedral c. 1075 — c. 1125, Oxford 1992, p. 12, 15, 38, 68, 132, 143.

30

COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

Manuscrit du XII° s., de provenance cartusienne. 215 f., for-

mat 313 x 255 mm, 2 col., 32 lignes. Ce manuscrit contient: 1° (f. 1r-87v) le commentaire de Jéróme sur Jérémie; 2? (f. 88r125r) le commentaire du méme sur Daniel; 3? (f. 125v-135v) notre commentaire; 4? (f. 136r-145r) le De agone christiano de saint Augustin; 5? (f. 145v-fin) le De baptismo du méme. H = Kobenhavn, Det Arnamagnæanske magnaeanske Legat 1927 AM. 795 4^»

Institut, Arna-

W. BoussET, Nachrichten über eine Kopenhagener Handschrift (...) des Kommentars des Apringius zur Apocalypse, dans Nachrichten der K. Gesellschaft der Wissenschaften zu Goettingen, Phil.-hist. Klasse, 1895, p. 187-209; J. HAUSSLEITER, CV 49, p. Li-Lit; R. GRYSON, CC 107, p. 17.

Ce manuscrit de petit format (ca. 20 x 13 cm) comporte 97 feuillets écrits sur 24 lignes. On y trouve d'abord (fol. 1r-24r) le texte de l'Apocalypse dans une recension catalane du X° s.?, puis le commentaire d'Apringius de Beja, avec des citations incluses du commentaire de Victorin et des lacunes qui ont été comblées à l’aide de ce même commentaire (fol. 24v-97v). La plupart des feuillets sont palimpsestes; il est impossible de déchiffrer le texte primaire en minuscule visigothique du IX^ s., apparemment un ouvrage théologique dans lequel certains passages figuraient en lettres d'argent. Le manuscrit serait originaire de Barcelone d'aprés une note du XVII* s. figurant au bas de la derniére page: Barcinonae descriptus est liber iste ex alio uetustiore manu exarato anno MXXXXII et emptum (!) anno MDCVI. ll est possible que cette note reproduise une indication plus ancienne; elle fait suite à un grattage, dans lequel se voit la signature contrefaite d'un orientaliste espagnol de la fin du XVI. s., Arias Montano. Sur le vu de l'écriture du manuscrit, la date indiquée apparait cependant trop haute; il ne saurait étre antérieur au XII. s. Dans cette date, du reste, le premier X parait avoir été tracé par une autre main en surcharge d'un C, peut-étre dans l'intention d'antidater le

modèle; la vraie date serait alors MCXXXII, plus vraisemblable du point de vue paléographique. Quoi qu’il en soit, le manuscrit se trouvait toujours en Espagne dans la première moitié du XVIF s., lorsqu'un chanoine de Séville, Luis de Sanllorente y ? Voir Vetus Latina, t. 26/2, p. 38-39.

LES MANUSCRITS

HIERONYMIENS

31

Castro, s’en servit pour préparer une édition du commentaire d'Apringius, qui ne fut jamais imprimée. En 1680, il était devenu la propriété d'un bibliophile danois, Holger Parsbergh, dont la signature se voit au bas du fol. 1r. Le manuscrit ne conserve le commentaire d'Apringius que pour les cinq premiers et les cinq derniers chapitres de l'Apocalypse (exactement Apc 1,1 — 5,7; 18,6 — 22,20). Pour le reste, il reproduit le commentaire de Victorin dans l'édition révisée de Jérôme. Au moment où celui-ci prend une première fois le relais, à la septième ligne du f. 55r, un intertitre à l’encre rouge annonce: Deinde explanatio Iheronimi, tandis qu'à l'endroit oü reprend le commentaire d' Apringius (f. 71r, ligne 15), un autre avertit: Jtem in explanatione Apringi episcopi de eadem urbe dicitur (c.-à-d. de Babylone). À l’intérieur de la dernière section (sur Apc 18,6 — 22,20), à propos du règne de mille ans, se trouve encore inséré un passage du commentaire de Victorin/ Jérôme, introduit par l'intertitre 7n explanatione beati Iheronimi presbyteri (f. 77v, ligne 15). Le retour au texte d'Apringius est annoncé comme suit: Jtem in explanatione Apringi episcopi de eorundem mille annorum obligatione diaboli (f. 79r, ligne 10). La premiére section tirée de notre commentaire s'ouvre en H 11,190 sur les mots hinc aperit et resignat quod ipse signauerat testamentum et s'achéve en IV,277 unum esse omnia inue-

nies. La seconde consiste en l'explication du régne millénaire inspirée de saint Augustin (H V.9 et uidi angelum — 78 ad iudicium nouissimum pertinet). On a prétendu que ce montage serait l'oeuvre d'Apringius lui-méme, qui aurait renoncé, sans qu'on sache pourquoi, à commenter la partie centrale de l' Apocalypse. L'explication de ces particularités est à chercher ailleurs. Dés le VIII siecle: comme on peut le constater chez Beatus, qui reproduit à peu prés intégralement ce qu'il avait pu récupérer d'Apringius, les rares copies subsistantes du commentaire de son devancier tombaient en lambeaux. Une série de cahiers avait déjà alors irrémédiablement disparu au centre du volume, ainsi que plusieurs feuillets vers la fin. C'est pour combler ces manques qu'un copiste a fait appel au commentaire de Victorin revu par Jérôme, non sans à-propos'*. Il avait pu remarquer, en effet, 10 Voir l'introduction à mon édition d'Apringius, CC 107, p. 18-20.

32

COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

qu'Apringius lui-méme, dans les parties conservées de son ouvrage, citait littéralement des extraits de ce commentaire à titre d'interprétation alternative (item aliter). L'authenticité de ces citations est garantie par le fait qu'elles se retrouvent chez Beatus, là où il recopie Apringius. 1= Padova, Biblioteca Antoniana Ms. 105 G. MoniN, CC 78, p. xix; G. ABATE, G. LUISETTO, Codici e manoscritti

della Biblioteca Antoniana, Vicenza 1975, p. 139-140; M. CAHILL, CC 82, p. iso Sep

Fin X°/début XI° s., minuscule caroline tardive, initiales ornées. 168 f., format 268 x 168 mm, 27 lignes. Contenu: 1? (f. 1r-106r) les Tractatus de saint Jéróme sur les psaumes (incomplet); 2? (f. 109r-136v) le commentaire sur Marc faussement attribué à Jéróme (CPL 632); 3? (f. 137r-153v) notre commentaire; une glose inédite en minuscule cursive, contemporaine du texte ou de peu postérieure, court entre les lignes et dans les marges; s'y trouvent des extraits de Jéróme, Augustin, Grégoire le Grand et d'autres auteurs; 4? (f. 153v-fin) le commentaire pseudo-hiéronymien sur le Cantique des cantiques Omnis electorum congregatio (CPPM II, 2503).

J — Bruxelles, Bibliothéque royale II.2531 (1019) J. VAN DEN GHEYN, Catalogue des manuscrits de la Bibliothéque Royale de Belgique, t. 2: Patrologie, Bruxelles 1902, p. 85-86.

XVI s. Parchemin, 203 £., format 330 x 215 mm, 2 col., 39 lignes; riche ornementation. Ce manuscrit provient des chanoines réguliers de Bethléem, prés de Louvain, dont l'ex-libris se

trouve au début et à la fin du volume. Il contient: 1? (f. 2r-A1r) le commentaire de Jérôme sur l’Ecclésiaste; 2° (f. 41v-59r) l’abrégé pseudo-hiéronymien Veri amoris du commentaire d'Apponius sur le Cantique des cantiques (CPPM II, 2385); 3? (f. 59v-70v) notre commentaire; 4? (f. 70v-87v) le commentaire sur Marc faussement attribué à Jéróme (CPL 632); 5? (f. 87v-98v) l'apocryphe pseudo-hiéronymien De praedestinatione et diuina gratia (CPPM II, 975); 6? (f. 100r-203r) les homélies d'Origéne sur la Genése et sur l'Exode. — Ce manu!! Voir B. DE VREGILLE, L. NEYRAND, CC 19, p. XVII-XXVII, spéc. XXIV-XXV.

LES MANUSCRITS

HIERONYMIENS

33

scrit est le seul, avec S, qui ait tenté de rétablir l'ordre du commentaire perturbé dans le prototype dont dépend toute la tradition subsistante?. Les deux tentatives sont indépendantes l'une de l'autre, et aucune n'y a réussi parfaitement. K = Kremsmünster, Stiftsbibliothek CC 29 H. FiLL, Katalog der Handschriften des benediktinerstiftes Kremsmünster, Teil 1, Wien 1984, p. 85-88.

Deuxième tiers du XII. siécle. 150 f. (lacunes), format 250 x 175-180 mm, 41 lignes. Constitué de deux parties (1-43, 44-

150) primitivement indépendantes. La seconde est occupée principalement par le commentaire de Rupert de Deutz sur le Cantique des cantiques. La premiére contient, aprés notre commentaire (f. 1 v-19r), des lettres de Jéróme (f. 19v-42r). K' = Wien, Osterreichische Nationalbibliothek Ms. Lat. Ser. nov. 3607 (précédemment Lambach Cml CVIIT) Début du XIII. s., copie du précédent, il contient les mêmes

textes dans le méme ordre. Au fol. 1r, cote ancienne (7/08) et marque d'appartenance ancienne (Stifisbibliothek Lambach), flanquée du timbre et de la cote de la Bibliothéque Nationale de Vienne. Notre commentaire se trouve f. 1r-20r. L = Cambrai, Bibliothèque municipale 445 Catalogue

général

des

manuscrits

des

bibliothèques

publiques

de

France. Départements, t. 17, Paris 1891, p. 164-166.

Manuscrit

du XII° s. provenant de Saint-Aubert.

176 f.,

format 325 x 200 mm, 2 col., 36 lignes. Ce manuscrit contient:

1? (f. 1r-10r) notre commentaire; 2? (f. 10r-47r) le commentaire de Jéróme sur Daniel; 3? (f. 47r-87r) une quinzaine de let-

tres de saint Jéróme et de saint Augustin; 4? (f. 87r-123v) le dialogue de Jérôme contre les pélagiens (CPL 615; HI Pel); 5° (f. 123v-141r) le Liber apologeticus de Paul Orose (contre les pélagiens) (CPL 572; ORO ap); 6? (f. 141r-143v) la cinquiéme homélie d’Origène sur Jérémie traduite en latin par Jérôme (HI Jr h 5 = PS-HI ep 8); 7° (f. 143v-fin) d’autres lettres de saint Jérôme. 12 Voir ci-dessous p. 52.

34

COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

M » München, Bayerische Staatsbibliothek Clm 27319 J. HAUSSLEITER, CV 49, p. LIV-LV; H. HAUKE, Katalog der lateinischen Handschriften der Bayerischen Staatsbibliothek München. Clm 2727027499, Wiesbaden 1975 — Catalogus codicum manu scriptorum Bibliothecae Monacensis, t. 4/5, p. 51-54; R. GRYSON, CC 1214, p. 57-58 et 105.

Ce manuscrit comportant 304 feuillets de papier, de format 295 x 205 mm, écrit en deux colonnes de 35 à 50 lignes, a été

copié en écriture bátarde au monastére bénédictin d'Andechs entre 1477 et 1484 par deux fréres de cette abbaye. Il contient un ensemble d'ceuvres trés variées: les Sentences et les Synonymes d'Isidore de Séville, des lettres de Jéróme, le Cur deus

homo d' Anselme de Canterbury, le commentaire sur l'Apocalypse de Matthias de Linkóping (incomplet) et, pour finir, le commentaire de Béde sur l'Apocalypse (f. 258-290), suivi de notre commentaire (f. 293-300). N = London, Lambeth Palace Library 127 M. R. JAMES, C. JENKINS, A Descriptive Catalogue of the Manuscripts in the Library of Lambeth Palace, t. 2, Cambridge 1931, p. 205-206.

Recueil factice comportant au total 199 f., dont seule la deuxième partie (f. 78-131) nous concerne ici. Ecrite sur parchemin au XV* s. en deux colonnes sur 60/70 lignes, dans une minuscule cursive trés serrée, truffée d'abréviations, difficile à déchiffrer, elle s'ouvre sur notre commentaire, dont l'initiale

enluminée a été coupée. Le texte s'achéve au f. 82r, aux deux tiers de la premiére colonne. En téte de la seconde colonne débute, sans titre ni nom d'auteur, comme dans les mss Q et À, le

De monogramma (CPL 637; AN monogr), qui s'achéve au verso du méme feuillet. O - Cambridge, University Library Ff.IV.31 A Catalogue of the Manuscripts preserved in the Library of the University of Cambridge, t. 2, Cambridge 1857, p. 463-465.

Manuscrit du XV° s., copié par un certain W. More, ayant appartenu au frère Walter Hunt, du couvent des Carmes d'Oxford. Il comporte 260 f., dont le dernier est perdu, écrits sur 51 lignes en deux colonnes. Il contient: 1? (f. 1-50) le commentaire de Jéróme sur Matthieu; 2? (f. 51-147) le commen-

taire de Pélage aux épitres pauliniennes dans sa forme longue

LES MANUSCRITS

HIERONYMIENS

35

interpolée (groupe H; de Souter)!#; 3° (f. 147-151) le Commemoratorium pseudo-hiéronymien sur l’ Apocalypse (CPL 1221; AN Apo)'5; 4? (f. 151r-157v) notre commentaire; 5? (f. 157vfin) les commentaires de Jéróme sur Gal, Tt, Phlm, Eph.

Ce manuscrit présente la particularité que des lemmes ont été introduits dans le commentaire pour préciser les allusions sommaires par lesquelles Victorin se référe généralement au texte de l'Apocalypse. Ces lemmes ne correspondent ni au texte de Victorin, pour autant que celui-ci ait utilisé une version latine préexistante, ni au texte vieux latin cité dans une recension postérieure de l'édition hiéronymienne^; ils sont tirés de la Vulgate. Etant donné qu'ils n'appartiennent pas vraiment à la tradition du commentaire de Victorin, nous n'en avons pas chargé l'apparat critique et nous les reproduisons ici. L15 ad init. et septem spiritibus L31 ad init. et in medio septem candelabrorum aureorum similem filio hominis LAS ad init. capud eius et capilli erant candidi tanquam alba (sic) et tanquam nix L51 ad init. et facies eius ut sol

L57 ad init. uestitum podere 1,63 ad init. et praecinctus erat ad mamillas zona aurea 1,69 ad init. et de ore eius gladius bis acutus L106 ad init. et habebat in dextera sua

L112 eius - sacramentum VII" stellarum uero 1,155 ad init. et angelo ephesi ecclesie scribe 1,179 ad init. et angelo smirne ecclesie scribe 1,190 ad init. et angelo pergami ecclesie scribe 1,210 ad init. et angelo thiatire ecclesie scribe 1224 ad init. et angelo sardis ecclesie scribe 1,233 ad init. et angelo philadelfie ecclesie scribe L,244 conlectio ^ et angelo laodicie ecclesie scribe ILI ad init. post haec uidi et ecce hostium apertum in celo et uox prima quam audiui etc IL23 spiritu - et ecce sedes posita erat in celo IL38 ad init. et iris erat in circuitu sedis etc

ILA2 ad init. et de trono procedunt uoces

11,63 ad init. et super tronos XXIII seniores etc 11,140 ad init. procidebant XXIIII°" seniores etc 13 Voir A. SOUTER, Pelagius's Expositions of Thirteen Epistles of St. Paul, t. 1, Cambridge 1922, p. 317-318.

14 Je n’ai pas utilisé ce manuscrit tardif dans mon édition (CC 107, p. 195-

229), car son texte est étroitement apparenté à celui de deux manuscrits largement antérieurs.

15 Voir ci-dessous p. 75.

COMMENTAIRE

36

DE L'APOCALYPSE

IL145 ad init. et mittebant coronas suas 11,158 ad init. et uidi in dextera sedentis librum etc

IL,164 ad init. et uidi angelum fortem etc

11,182 ad init. uicit leo de tribu iuda etc IL214 ad init. et cantabant canticum nouum

11,230 ad init. et uidi quod aperuisset agnus unum de septem sigillis etc 11,259 ad init. et exiuit alius equus rufus 1,268 ad init. et ecce equus niger 11,288 ad init. uidi subtus altare animas interfectorum

1L,315 ad init. et cum aperuisset sigillum sextum etc

11,333 motae * surge et metire!

11,333 persecutione ^ et omnis mons et insule 11,343 ad init. post haec uidi quattuor angelos 11,353 ad init. post hec uidi turbam magnam ILI ad init. uidi alterum angelum ascendentem ab ortu solis III,19 caro ^ uidi angelos septem habentes plagas III,36 ad init. et uidi septem angelos stantes in conspectu dei IIL,154 ad init. ignis exiet de ore illorum III,168 ad init. hii sunt duo oliue et duo candelabra III,176 infixas * et cum finierint testimonium suum IV,44 ad init. et raptus est filius eius inquit ad dictum (!)

On aura remarqué que ces intertitres deviennent beaucoup moins nombreux dans la seconde moitié de l'ouvrage et finissent par disparaitre, l'interpolateur s'étant apparemment lassé. P = Oxford, Jesus College 65 H. O. COXE, Catalogus codicum mss. qui in collegiis aulisque Oxoniensibus hodie adservantur, t. 2, Oxonii 1852, Coll. Iesu p. 22; J. HAUSSLEITER,

CV 49, p. LxiX-LXXII; Bedae Venerabilis Expositio Actuum apostolorum et Retractatio, edited by M. L. W. LAISTNER, Cambridge (Ma.) 1939, p. Xxv n? 20 et p. XXxIv n? 15; R. GRYSON, CC 1214, p. 61-62.

Manuscrit d’origine anglaise, du milieu du XII. s. Il comporte 161 £., format 290 x 198 mm, 33 lignes. Il contient: 1? (f. 2r-60r) le commentaire de Béde sur l'Apocalypse; 2? (f. 60v129r) le commentaire du méme sur les Actes des apótres (Expositio et Retractatio); 3? (f. 130r-146r) sermons divers"; 4? (f. 146r-160r) notre commentaire. 16 Cet intertitre apparemment hors sujet, qui renvoie à Apc 11,1, ne voisine pas avec le suivant dans le manuscrit. L'incongruité s'explique par le désordre dont il sera question au chapitre III (voir p. 50-51).

I7 Voir F. RÓMER, Die handschriftliche Überlieferung der Werke des heiligen Augustinus, Bd. 1/2: Grossbritannien und Irland. Verzeichnis nach Bibliotheken, Wien

1972 — Veróffentlichungen der Kommission zur Herausgabe

des Corpus der lateinischen Kirchenváter, Heft IV — Osterreichische Akade-

mie der Wissenschaften. Phil.-hist. Kl., Sitzungsberichte, 276. Band, p. 292.

LES MANUSCRITS

HIERONYMIENS

37

Q = London, British Library, Harley 3049 Catalogue of the Harleian Manuscripts in the British Museum, t. 2, s. l. 1808 [réimpr. Hildesheim/New York 1973], p. 729; J. HAUSSLEITER, CV 49, p. LXIX-LXXII; R. GRYSON, CC 107, p. 135-136.

Ce manuscrit a été commandé par Maitre William Ebchester, ancien prieur de la cathédrale de Durham, et offert par lui à

la bibliothéque de cette église en 1458. De grand format (395 x 273 mm), écrit sur 59 lignes en deux colonnes, comportant ac-

tuellement 254 feuillets de parchemin, il contient un ensemble d'écrits trés disparates. Au début, on lit successivement le De fide, le De spiritu sancto, le De incarnatione et une bonne partie de la correspondance d'Ambroise (f. 1-119). Suit le commentaire de Jéróme sur l'épitre à Tite (f. 120-130). Un feuillet a été coupé à cet endroit. En effet, ce commentaire s'interrompt un peu avant la fin au bas du f. 130v (desinit ad alias ecclesias trans[eunte] ^ CC T71C, p. 70, 1. 333). En tête du f. 131r débute notre commentaire, mutilé du début (incipit L,101 adorabimus

ubi steterunt pedes eius). Dans la marge supérieure, une main moderne a écrit: An haec explanatio Apocalypseos (!) sit S' Hieronymi non constat. Deest initium. Le commentaire s'achéve dans la seconde colonne du f. 134r, sur la treiziéme ligne à compter de la fin. Sur la méme ligne, sans titre et sans aucune indicatiori autre que le signe de ponctuation marquant le début d'une nouvelle phrase, suit le petit florilége De monogramma (CPL 637; AN monogr). Il s'interrompt avant la fin au bas du fol. 134v (desinit unde huic ^ CC 107, p. 155, 1. 154), après quoi un feuillet a de nouveau été coupé. Vient ensuite le commentaire sur l'Apocalypse de Joachim de Flore, mutilé du début. D'autres feuillets manquent pareillement à la charniére de deux ceuvres dans ce manuscrit de belle facture. Il est clair que ce sont les initiales enluminées qui ont suscité la convoitise des vandales. R - Oxford, Merton College 26 H. O. CoxE, Catalogus codicum mss. qui in collegiis aulisque Oxoniensibus hodie adservantur, t. |, Oxonii 1852, p. 20-21; J. HAUSSLEITER, CV 49,

p. LXX-LXXII; A. SOUTER, Pelagius 's Expositions of Thirteen Epistles of St. Paul, t. 1: Introduction, Cambridge 1922 — Texts and Studies 9/1, p. 223-226; R. GRYSON, CC 107, p. 136-137; R. M. THOMSON, A4 Descriptive Catalogue

of the Medieval Manuscripts of Merton College, Oxford, Cambridge 2009, pa

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COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

Ce manuscrit de la fin du XV* s. comporte 223 f. de grand

format (390 x 255 mm) calligraphiés en gothique anglaise tardive sur 54 lignes en deux colonnes. D'aprés une note figurant au fol. 5v, il a été offert à la bibliothéque de cette maison, probablement en 1506 ou 1507, par Richard Fitzjames, un ancien

directeur, devenu ensuite évéque de Chichester, puis de Londres. Il contient: 1° (f. 1r-45r) le commentaire de Jérôme sur Matthieu; 2? (f. 47r-53r) notre commentaire, suivi comme dans

le ms. Q du De monogramma, anépigraphe et anonyme, dont le début est marqué par une grande initiale aprés deux lignes vides (f. 53r-54r) (en marge, une autre main a écrit hieronimus de monogramma christi); 3? (f. 54r-56v) de Syagrius, Regulae definitionum contra haereticos (CPL 560); 4? (f. 57r-68r) le commentaire sur Marc faussement attribué à Jéróme (CPL 632); 5? (f. 69r-136v) le commentaire de Pélage sur treize épitres pauliniennes, suivi d'un commentaire apocryphe sur l'épitre aux Hébreux; 6? (f. 140r-215r) les commentaires de Jéróme sur Gal, Eph, Tt, Phlm. S —- Monte Cassino, Biblioteca della Badia 247 A. REIFFERSCHEID, Bibliotheca patrum latinorum italica, t. 2, Wien 1871, p. 385-386; Bibliotheca Casinensis, t. V/1, 1894, p. 1-3; E. BRATKE, CV 45, p. ViI-VIII; J. HAUSSLEITER, CV 49, p. LIX-LXVI; M. INGUANEZ, Codicum Ca-

sinensium manuscriptorum

catalogus, t. 2, Montis Casini 1928, p. 57-59;

R. DEMEULENAERE, CV 64, p. 238; J. N. HILLGARTH, CC 694A, p. 12 et 17-23;

A. CANELLIS, CC 79B, p. 8* et 29*-30*.

Ce recueil de 380 pages réunit quatre manuscrits primitivement distincts, dont le troisiéme, qui nous intéresse ici, se trouve actuellement démembré. Il était constitué, en effet, des pa-

ges 129-198 et 269-380 du recueil. De petit format (213 x 150 mm), en écriture bénéventaine du XIF s., il contient, à la suite de notre commentaire (p. 129-198), l''Altercatio luciferiani et orthodoxi de Jérôme (CPL 608; HI alt) (p. 269-323), l’A/ter-

catio inter Simonem et Theophilum d' Evagre (CPL 482; EVAG) (p. 323-361) et l'A/tercatio ecclesiae et synagogae faussement attribuée à Augustin (CPL 577; PS-AU alt) (p. 361-380). T —- Torino, Biblioteca Nazionale e Universitaria G.V.3 A. REIFFERSCHEID, Bibliotheca Patrum latinorum italica, t. 2, Wien 1871, p. 124-127; G. OTTINO, 1 Codici Bobbiesi nella Biblioteca Nazionale Univer-

LES MANUSCRITS

HIERONYMIENS

39

sitaria, Torino 1890, p. 43-44 (n° 48); C. CIPOLLA, Codici Bobbiesi della Biblioteca nazionale universitaria di Torino, 2 vol., Milano 1907, t. 2, p. 138;

A. PONCELET, Catalogus codicum hagiographicorum latinorum bibliothecae nationalis Taurinensis, dans Analecta Bollandiana, t. 28 (1909), p. 417-478,

ici 440; J. HAUSSLEITER, dans CV 49, p. XLV-XLVI.

I * 103 * I £, format 260 x 175 mm, 34 lignes. Ce manuscrit écrit dans une belle minuscule caroline date de la fin du IX* ou, au plus tard, du début du X^ s. Il est originaire «de l'Italie du Nord, peut-étre de Bobbio» selon B. Bischoff'*. C'est en tout cas de Bobbio qu'il provient. Il est déjà mentionné dans le

catalogue du X^ s. (Super Daniel et in Apocalipsin et epistola de Melchisedech et prognostica Juliani Pomeri liber). Il porte le numéro 88 dans l'inventaire de 1461?*, numéro reporté dans l'ex-libris qui figure en tête du f. 1r (Liber sctj 88 Columbani de Bobio) et dans la marge de pied du méme (Iste liber est Monachorum Congregationis sancte Justine de Observantia Ordinis sancti Benedicti residentium in monasterio sancti Columbani de Bobio scriptus sub n. 88). Il a été relativement peu endommagé dans l'incendie de 1904?!. Ce manuscrit contient: 1? (f. 1r-47r) le commentaire de Jéróme sur Daniel; 2? (f. 47r-58r) notre commentaire (Haussleiter s'est fié pour ce manuscrit à une collation de R. Kauer, qui est particuliérement défectueuse); 3? (f. 58r-61v) l'épitre 73 de Jéróme sur Melchisédech (manuscrit f de Hilberg dans CV 55, p. 13-23); 4? (f. 61v) les premieres lignes de la Vita Ambrosii par le diacre Paulin de Milan (CPL 169; BHL 377; PAU-M Am), desinit 1,3 ...prouinciis post obitum; 5? (f. 61v-63r) Passion des saints martyrs Gervais et Protais (CPL 2195; BHL 3514; A-SS Gervasius); 6? (f. 63v-100v) le Prognosticon futuri sae13 D'aprés J. N. HILLGARTH, CC 115, p. xxxi (n? 136). 19 G. BECKER, Catalogi bibliothecarum antiqui, Bonn 1885, p. 72 (n? 568).

Sur la date, voir M. ESPOSITO, The ancient Bobbio catalogue, dans Journal of Theological Studies, t. 32 (1931), p. 337-344.

20 Cet inventaire, conservé à la Bibliothèque nationale de Turin (F.IV.29), a

été découvert et édité par A. PEYRON dans M. Tulli Ciceronis orationum pro Scauro, pro Tullio et in Clodium fragmenta inedita, Stuttgart/Tübingen 1824, p. 1-68, ici p. 26. ?! mventario dei codici superstiti greci e latini antichi della Biblioteca Nazionale di Torino (Estratto dalla Rivista di filologia e d'istruzione classica), Torino 1904, p. 441 (n? 42): «Danneggiato dall'acqua nei primi quinterni e dal. fuoco nel dorso» (l'auteur parle de *quinterni', mais les cahiers du manuscrit sont des quaternions).

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COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

culi de Julien de Toléde?; 7? (f. 101r vacat; 101v-103v) textes divers concernant l'abbaye de Bobbio. V = Valenciennes, Bibliothèque municipale 52 Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France. Départements, t. 25, Paris 1894, p. 52-53; Bedae Venerabilis Expositio Actuum apostolorum et Retractatio, edited by M. L. W. LAISTNER, Cambridge (Ma.) 1939, p. xxx n? 50 et p. xxxIV n° 19; G. LO MENZO RAPISARDA, La tradizione manoscritta di un Commentarius in Apocalypsin, dans Miscellanea di studi di letteratura cristiana antica, t. 15 (1965), p. 119-140, ici p. 131-132; R. GRYsoN dans CC 107, p. 166, et dans CC 121A, p. 85 et 106-

107.

Manuscrit du XII° s. provenant de Saint-Amand.

Format

375 x 260 mm, deux colonnes, 40 lignes. Il contient: 1? (f. 2v-

76r) le commentaire de Béde sur le Cantique des cantiques; 2^ (f. 76r-113v) le commentaire de Béde sur l'Apocalypse; 3? (f. 113v-123r) notre commentaire; 4? (f. 123r-127v) le Commemoratorium pseudo-hiéronymien (ms. K dans mon édition, CC 107, p. 195-229); 5? (f. 127v-171r) le commentaire de Béde sur les Actes des apótres (Expositio et Retractatio); 6? (f. 171r176v) De locis sanctis, de Béde. Le copiste s'est soucié de pourvoir les textes qu'il transcrivait d'une division en sections numérotées. Le seul qui l'était d'origine était le commentaire de Béde sur l'Apocalypse. Le copiste ne s'est pas satisfait de la capitulation de l'auteur et en a forgé une de son cru?. Pour le commentaire de Victorin, qui fait suite à celui de Béde dans le manuscrit, il a cru apparemment pouvoir réutiliser la méme. La division en sections y est marquée par une grande initiale ornée, accompagnée d'un chiffre romain. Le systéme fonctionne jusqu'au numéro XIIII (Apc 6,12). Ensuite survient le désordre caractéristique de la tradition hiéronymienne, le chapitre 11 et le début du chapitre 12 de l'Apocalypse passant avant les chapitres 7-10?*. Le copiste n'en a pas moins continué à distinguer des sections numérotées, de ?? Voir J. N. HILLGARTH, £I prognosticon futuri saeculi de san Julian de Toledo, dans Analecta Sacra l'édition critique procurée nuscrit n'a pas été utilisé; qualité (voir l'introduction

Tarraconensia, t. 30 (1958), p. 39 (n? 139). Dans par le méme auteur (CC 115, p. 11-126), ce mail semble que le texte n'en était pas de la meilleure p. XLviI).

?3 Voir CC 121A, p. 148-150. 2 Voir ci-dessous p. 50-52.

LES MANUSCRITS

XV à XXXVI,

HIERONYMIENS

41

désormais sans utilité, puisqu'elles ne corres-

pondent plus à la table figurant en tête du commentaire de Bède. Quant au Commemoratorium, il est divisé en 34 sections,

qui ne correspondent à aucun système connu par ailleurs, ni à une table de sommaires figurant en tête. W = Madrid, Biblioteca de la Real academia de la historia cód. 80 J. ZARCO CUEVAS, toria, dans Boletín de 442; E. RuIZ GARCIA, de la Historia, Madrid

El nuevo códice visigótico de la Academia de la Hisla Real Academia de la Historia, t. 106 (1935), p. 389Catálogo de la sección de códices de la Real Academia 1997, p. 413-422, 621, 704.

Ce manuscrit de trés grand format (510 x 390 mm), écrit par de nombreux copistes en minuscule visigothique sur trois colonnes de 41 à 63 lignes, date du deuxième tiers du IX° s. C’est donc l’un des trois plus anciens témoins de notre commentaire, à peu prés contemporain de D et de F. Il est originaire du sud de la péninsule ibérique, probablement de Cordoue. Il en reste cent cinquante et un feuillets; soixante et un manquent au début, d'autres dans le corps du manuscrit et d'autres encore à la

fin. Le bloc est un recueil factice dans lequel on discerne trois parties; par suite d'une erreur de reliure, la troisiéme est actuellement enclavée dans la deuxiéme. Plusieurs signatures ont été corrigées de seconde main, attestant de problémes anciens dans la composition du manuscrit, qui ont entrainé une situation chaotique. Le manuscrit a été parfaitement décrit dans le catalogue de la bibliothéque dépositaire. Le contenu en a été étudié de maniére approfondie par J. Zarco Cuevas dans le Bulletin de l'Académie madriléne. Il suffit d'y renvoyer pour plus de détail. La premiére partie (f. 1-125) contient une série de textes trés divers, dont le De scriptoribus ecclesiasticis de Gennade, le De uiris illustribus d'Isidore et celui d'Ildefonse, plusieurs traités De haeresibus, les Instructiones d' Eucher, les Prologues aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament d'Isidore, le

commentaire sur le Cantique des cantiques de Juste d'Urgel et

celui de Grégoire d'Elvire, le commentaire de Jéróme sur Matthieu et, pour finir, une chaîne sur l’évangile de Jean et une au-

tre sur la passion de Notre-Seigneur d’après les trois synoptiques. La seconde partie (f. 126-141. 149-151) contient la ver-

42

COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

sion latine des Apophthegmata patrum par Paschasius de Dume. La troisiéme (f. 142-148), la seule qui nous intéresse ici, contient le commentaire de Victorin sur l' Apocalypse en bonne partie, mais pas complétement, et cela pour deux raisons. La première est la perte d’un feuillet, qui a été découpé sans explication apparente. Notre texte occupait à l’origine un quaternion entier, dont le feuillet manquant est le sixième. Un reste de la marge de petit fond se voit encore entre les f. 146 et 147. Sur ce feuillet se trouvait l'explication du chiffre de l'Antéchrist (Apc 13,18); c'est peut-étre ce qui a excité la curiosité d'un lecteur indélicat. La deuxiéme raison pour laquelle le texte est incomplet est que le copiste, probablement dans l'intention d'étoffer quelque peu les explications souvent sommaires de Victorin, y a substitué, pour trois péricopes reprises dans le lectionnaire romain de la messe, les explications plus fouillées qu'il a trouvées dans l'Expositio Libri comitis de Smaragde de Saint-Mihiel’. Cette compilation a également été mise à contribution dans d'autres parties du manuscrit, principalement dans les chaînes sur l'évangile de Jean et sur la passion de Notre-Seigneur?s, Pour les péricopes qui nous intéressent, Smaragde a puisé principalement dans les commentaires de Primasius et de Béde et dans le Commemoratorium pseudo-hiéronymien sur l' Apocalypse?. ?5 Le lectionnaire romain de la messe, au contraire du lectionnaire mozarabe,

ne fait guére de place à l'Apocalypse, qui est totalement exclue du temporal. Le dimanche octave de la Pentecóte fait exception, car il s'agit d'un formulaire tardif; en effet, ce dimanche faisant suite à la vigile du samedi des quatre-temps était primitivement vacant. On y lit Apc 4,1-10. L'Apocalypse est lue aussi en la féte des saints Innocents, le 28 décembre (Apc 14,1-5) et de saint Michel, le 29 septembre (Apc 1,1-5). F. RADLE, Studien zu Smaragd von Saint-Mihiel, München 1974, p. 123 n. 81, a repéré certains de ces em-

prunts, mais pas tous.

?6 Voir à ce propos J. GIL, Corpus scriptorum muzarabicorum, t. 1, Madrid 1973, p. XLVI-L. ?? Voir l'analyse détaillée des sources utilisées dans RADLE, op. cit., p. 232233. Comme dans la plupart des compilations d'époque carolingienne, ces sources étaient indiquées par des sigles en marge. De là viennent les sigles PRI (pour Primasius), C (pour Cassiodore), P (pour Beda), qui apparaissent dans notre manuscrit. Mais le copiste ne les a pas reproduits systématiquement ni toujours correctement. Le sigle PRI est marqué le plus souvent à faux. L'indication marginale abhinc abringius (f. 143Vb,46) ne vient pas de là et est tout à fait fantaisiste; il n’y a rien à cet endroit qui ne soit emprunté à

Béde, comme il est indiqué plus haut dans la marge.

LES MANUSCRITS

HIERONYMIENS

43

Au f. 142Ra, le texte s'ouvre sur un titre en grandes capitales rubriquées, dont certaines enclavées, /n nomine domini incipit expositio Apocalipsin Iohannis apostoli. Suit l'épitre dédicatoire de Jéróme à Anatolius, intitulée Preuatio (!) Iheronimi (142R2,5-A7). Aucun nom d'auteur n'apparait plus dans

l'intitulé de l'ouvrage en capitales rubriquées, /ncipit explanatio Apocalipsin (142Ra,48-49). Le copiste cite uniquement les trois premiers mots du texte, Apocalypsin lesu Christi, omettant la suite du lemme qui figurait dans son modèle (quam dedit — sunt); il y rattache le bref commentaire de Apc 1,1-3 qui se lit chez Victorin (142R2,49-55 — H L6-8). Il omet le commentaire de Apc 1,4-5 (H L9-24), remplacé par le commentaire de Smaragde sur la lecture de l'Apótre en la féte de saint Michel (142Ra,55 — 142Va,20 = PL 102, 475C13-477B12). Il revient alors à Victorin, dont il reproduit les explications sur Apc 1,6 — 3,21 (142Va,21 — 143Vb,20 = H 1,25-262). Le commen-

taire de la vision du trône, au chapitre 4, est en grande partie omis (manque H I1,1-129) et remplacé par le deuxième volet du commentaire de Smaragde sur la leçon du dimanche octave de la Pentecôte (143Vb,21 — 145Ra,32 = PL 102, 334A7-339 A8}. Puis le copiste reprend le fil de Victorin un peu avant la fin du chapitre 4 et enchaîne ce qui suit, jusqu’au moment où le texte s’interrompt par suite de la perte d’un feuillet. La partie conservée du texte est celle où intervient la double rupture due au désordre de l’archétype originaire, le commentaire de Apc 11,1 — 12,5, venant s’intercaler entre celui de Apc 6,14a et 6,14b, qui se poursuit ensuite jusqu'en Apc 10,3 (145Ra,33 —

146V,63 = H 11,130-330; 111,120 — 1V,50; 11,333 — 111,73 id est nuntium). La perte du feuillet manquant nous prive du reste du

2 Pour cette lecture, l’Expositio libri comitis fournit successivement deux interprétations. La première est probablement un fragment de la glose hibernolatine perdue qui se trouvait être la source commune des Pauca problesmata, de Théodulphe et de la glose de Cambridge (voir CC 107A, p. 64-68 et CC 108G, p. 7-8). Il s'agissait d'une version revue et augmentée du Commemoratorium pseudo-hiéronymien, dont l’auteur avait étoffé les explications sommaires en recourant au commentaire de Tyconius. La seconde, comme de son títre l'indique (/tem Bedae in ipsa ista lectione expositio), est tirée abréversion une 4,3 Apc en inséré été a duquel Béde, dans le commentaire la gée de la longue explication allégorique des douze pierres de fondation de chapitre au loin plus propose auteur méme le que Jérusalem eschatologique 21 de l'Apocalypse.

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COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

commentaire du chapitre 10 et, aux chapitres 12 et suivants, de

tout ce qui suit l’entrée en scène de la bête aux sept têtes, là où Victorin associe des données du chapitre 17 à celles du chapitre 13, jusqu’à l’explication du chiffre de la bête en Apc 13,18 (manque I11,73-119; 1V,50-184). Au début du feuillet suivant (f. 147Ra), on retrouve le commentaire de Smaragde, cette fois sur la lecon en la féte des saints Innocents (Apc 14,1-5), dont le début manque (147Ra,1 — 147Va,7 = PL 102, 48D11-50D12). Après cela, le copiste revient une dernière fois à Victorin, là où celui-ci, sans trop se soucier de l’ordre du texte, met en scène la bête montant de la terre (Apc 13,11); le commentaire de Victorin se poursuit alors sans autre interruption jusqu’à la fin (147Va,7 — 148Va,6 = H IV,I85 — V,125). Il s’achève en haut de la première colonne au verso du dernier feuillet du cahier, dont le reste est vierge.

Chapitre III L'ÉDITION

HIÉRONYMIENNE

3.1. Jéróme éditeur de Victorin

Jéróme indique dans la lettre accompagnant l'envoi à Anatolius de l'édition révisée en quoi celle-ci se distingue du texte de Victorin. Sa principale intervention a consisté à remplacer la finale millénariste par un texte de son cru, dont le début était marqué par une croix dans l'exemplaire qu'il a expédié en retour. Pour le reste, il s'est borné, dit-il, à remédier aux bévues

imputables à l’incompétence des scribes!. Il est difficile de savoir ce que recouvre exactement cette dernière indication, et sur quelle base Jérôme a effectué ces corrections. Occupé à d’autres travaux, il paraît s’être débarrassé à la hâte de ce pensum que lui imposait un ami, en parcourant rapidement quelques livres susceptibles de l’inspirer (maiorum statim libros reuolui) et en promettant d’en faire davantage plus tard. Il n’a certainement pas pris la peine de collationner minutieusement le texte sur un témoin de meilleur aloi, à supposer qu’il en eût un sous la main, sans quoi il n'aurait pas manqué de remarquer qu'il manquait une phrase entiére dans l'exemplaire qui lui avait été soumis?. Il s'est probablement fié à son jugement, et l'on sait que les anciens, qui n'accordaient pas aux manuscrits ! H pr 9-15: Quia me litteris obtestatus es, nolui differre, sed ne spernerem precantem, maiorum statim libros reuolui et quod in eorum commentariis de mille annorum regno repperi Victorini opusculis sociaui, ablatis inde quae ipse secundum litteram senserit. A principio libri usque ad crucis signum quae ab imperitici»s erant scriptorum uitiata correximus, exinde usque ad finem uoluminis addita esse cognosce. — Cette croix devait figurer là oü il est question du cheval blanc monté par le Seigneur venant inaugurer son régne (Apc 19,11). Les deux premieres lignes sont encore conformes à ce qu'on lit dans À, mais dès avant la fin de cette phrase, Jérôme s'écarte du texte original

pour suivre son propre chemin, non sans recycler de ci de là des bribes du commentaire victorinien. ? A L70-71. L'authenticité de cette phrase est garantie par Césaire (212,1820).

46

COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

la confiance aveugle que nous faisons aux éditions critiques, considéraient volontiers comme erreurs de scribe les fautes de langue d’un auteur qui ne parlait pas un latin aussi chátié que le leur, les variantes d’un texte biblique différent de celui qui leur était familier, les erreurs factuelles ou doctrinales d’un devan-

cier qui s’était trompé de bonne foi ou qui reflétait simplement la pensée ou les pratiques d’un autre âge. Certaines corrections ne sont pas judicieuses et témoignent seulement d’une mauvaise compréhension du texte. L'activité éditoriale de Jérôme est certainement trés inférieure à ce que pensait Haussleiter; Martine Dulaey l'a bien montré^. Beaucoup d'écarts s'expliquent par le fait que le texte reçu par Jérôme et amendé par ses soins était de meilleure qualité que la seule copie tardive que nous ayons du texte victorinien. Il est clair, par exemple, que l’édition hiéronymienne transmet fidèlement l’énumération des différentes sortes de chrétiens figurés par les destinataires des lettres aux sept Eglises, alors que deux éléments de la série ont été omis dans À par saut du même au même, et qu’un troisième, probablement omis, puis restitué en marge dans le modèle ou dans un exemplaire antérieur, a été réintroduit dans le

texte à une mauvaise place. L’ordre exact de l’énumération préalable est garanti par le commentaire approfondi dans lequel Victorin caractérise ensuite successivement,

une par une, les

sept Eglises, conformément à ce qu’il avait annoncé au préalable. Il faut admettre, cependant, que Jérôme a effectué quelques remaniements qui ne sont pas purement cosmétiques. Victorin ne s’astreint pas à suivre rigoureusement le fil du texte biblique. On s’en aperçoit dès le début: tous les éléments de la des? Ainsi dans la proposition participiale duos scilicet populos ostendens, unum patrum et prophetarum (A 1L,137-138), «...l'évangile désignant ici manifestement les deux peuples, dont le premier est celui des pères et des prophètes», l'adjonction malencontreuse d'un mot parasite, unum patrum et alium prophetarum (H 11,153-154), fausse le sens du texte. Tout le contexte tend à manifester l'unité des deux testaments, que l'auteur voit symbolisée par les deux groupes de spectateurs de l'entrée triomphale du Christ à Jérusalem, les uns qui jonchent son chemin de branches de palmier, les autres qui étendent leurs vétements sous ses pieds. Les premiers représentent le peuple de Dieu dans l'Ancien Testament, c'est-à-dire celui des patriarches et des prophètes, les autres celui des disciples du Christ dans le Nouveau.

^ Jéróme éditeur de Victorin, p. 229-236. ? Comparer A 124-137 et H L,141-154.

L'EDITION

HIERONYMIENNE

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cription du Fils de l’homme dans la vision inaugurale sont expliqués, mais dans le désordre. Plus loin, il associe les «quatre anges aux quatre coins de la terre» et les «quatre vents au delà du fleuve Euphrate» (Apc 7,1; 9,14), puis, après avoir évoqué la «grande foule vétue de blanc» (Apc 7,9) et le «silence qui s'établit dans le ciel durant une demi-heure» (Apc 8,1), il revient en arriére pour s'intéresser à «l'ange descendant de l'orient» (Apc 7,2), qu'il identifie au prophéte Elie*. Jéróme ne s'est ordinairement pas inquiété de ces allers et retours. Il est intervenu néanmoins pour rétablir l'ordre du texte dans l'explication des deuxième et troisième sceaux. Chez Victorin, il est

d’abord question du cheval noir (Apc 6,5-6), puis de l’alezan (Apc 6,3-4); cet ordre est garanti par Césaire, qui indique à deux reprises que les trois derniers cavaliers représentent respectivement famine, guerres et épidémies. Jérôme a pu penser que l'exemplaire d' Anatolius était en faute sur ce point. Victorin fait preuve d'une particuliére liberté dans le commentaire des chapitres évoquant le combat ultime entre les forces du bien et du mal. Il interpréte les sept tétes de la Béte montée de la mer (Apc 13,1) à la lumiére de Apc 17,9-12, aprés quoi le reste du chapitre 13 est expliqué dans le désordre. Il invite à reconnaître dans l'ange évangélisateur et dans celui qui, à sa suite, annonce la chute de Babylone (Apc 14,6-8) le prophète Elie et son compagnon?. Il enchaîne en mettant dans la bouche de ce dernier (ait enim) les paroles d'un des porteurs de coupes en Apc 17,1 (ueni, ostendam tibi damnationem meretricis quae sedet super aquas multas) et en commentant briévement la suite du texte (Apc 17,6, puis Apc 17,3)". Il revient alors à la fin du chapitre 14 et au début du chapitre suivant, qui met en scene l'ange vendangeur et les porteurs de coupes (Apc 14,18-20; 15,1)!!, aprés quoi il coupe court et passe directement au dénouement (Apc 19,11), ayant déjà averti qu'il n'y avait là rien d'autre que répétition des septénaires précédents". $6 AIL278 - IIL11 2 H I343 - IIL13. 7 A 11,226-236. 8 Caes. 225,13-14; 226,25-26. ° AIV,162-166. 10 A IV,167-182. !! A IV,183-204. 12 A II1,34-37.

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COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

Jéróme n'a pas cru pouvoir laisser en l'état ce désordre et s'est efforcé maladroitement d'y remédier au moins en partie. Il a fait passer ce qui concerne Apc 14,18-20; 15,1, avant ce qui concerne Apc 17,1. 6. 3. Il a ajouté quelques mots à propos de Apc 15,2, en recyclant à cet endroit une phrase de la finale millénariste??. Le résultat n'est pas satisfaisant et trahit la manipulation dont le texte a fait l'objet. En effet, la cheville aif enim, parfaitement en situation dans le texte victorinien, oü elle met dans la bouche de l'ange annongant la chute de Babylone des paroles invitant le voyant à contempler celle-ci, tombe à plat dans le texte hiéronymien, oü l'invitation n'a plus aucun lien avec ce qui précède. D'oü l'insertion par Jérôme d'une phrase de transition, ad propositum reuertamur, qui ne résout en aucune facon le probléme. Sur un point particulier, l'intervention de Jéróme a influencé de facon décisive la tradition ultérieure. Aprés avoir cité Apc 4,7. 8, Victorin explique pourquoi les quatre évangélistes sont figurés chacun par l'un des quatre vivants, puis cite le début des quatre évangiles^. Dans son commentaire, les vivants sont énumérés dans l'ordre lion-homme-taureau-aigle, auxquels correspondent respectivement Jean, Matthieu, Luc, Marc; les incipit sont cités dans le méme ordre. L'ordre du commen-

taire n'est pas celui du lemme, où le taureau et l’homme viennent respectivement, comme c’est le cas dans la plupart des témoins, en deuxième et troisième position; cet ordre inhabituel (lion-homme-taureau-aigle) se retrouve dans le De centesima

sexagesima tricesima, un écrit pseudo-cyprianique africain de la seconde moitié du IIÉ s. ou du quatrième, et dans un Liber misticus mozarabe qui charrie beaucoup de leçons anciennes (VL 271). On peut se demander si tel n'était pas aussi originellement l'ordre du lemme victorinien, qui a pu étre aligné sur la Vulgate dans une copie médiévale. Quoi qu'il en soit, Victorin tient d'Irénée l'identification des évangélistes aux vivants qu'il propose. Jéróme n'a pas touché à l'ordre des vivants, mais a modifié l'ordre des évangiles, de telle facon que Marc, passant de la derniére à la premiére position, est figuré désormais par le lion, et Jean, à l'inverse, par l'aigle. Ce systéme d'identifi13 Comparer H IV,254-257 et A V,101-103. 1^ A I,49-73.

L'EDITION

HIERONYMIENNE

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cation, qu'il a été le premier à proposer en Occident, s'est en-

suite très rapidement et très largement imposé!$. On ne sera pas surpris qu’il ait cru devoir éliminer du commentaire de Victorin ce qui pouvait passer à ses yeux pour un archaisme.

3.2. Un prototype de la fin du V^ s. Les vingt et un manuscrits représentant l'édition hiéronymienne

se répartissent clairement en deux familles

(Y et X),

comme nous le démontrerons plus loin. Pour la commodité de l'exposé, il est utile d'en indiquer dés à présent la composition. Famille Y Torino, Biblioteca Nazionale e Universitaria G. V.3

Arras, Bibliothéque municipale 1079 Troyes, Médiathéque du Grand Troyes Ms. 895 Paris, Bibliothèque de l’Arsenal 316 Grenoble, Bibliothèque municipale 260 Valenciennes, Bibliothèque municipale 52 Cambridge, University Library FfIV.31 Cambrai, Bibliothèque municipale 445 Aberdeen, University Library 216 Oxford, Jesus College 65 London, British Library, Harley 3049 Oxford, Merton College 26 "ui MONO ESS 20 London, Lambeth Palace Library 127 Famille = London, British Library, Harley 3012 Kobenhavn, Arnamagnaeanske Legat 1927 AM. 795 4to München, Bayerische Staatsbibliothek Clm 27319 Bruxelles, Bibliothéque royale II.2531 Padova, Biblioteca Antoniana Ms. 105 Kremsmünster, Stiftsbibliothek CC 29 Wien, Osterreichische Nationabibl. Ms. Lat. Ser. nov. 3607 Madrid, Biblioteca de la Real academia de la historia cód. 80 Monte Cassino, Biblioteca della Badia 247

ASANTSERT

Nous désignerons par le sigle Ÿ l'hyperarchétype dont sont issus les chefs de ces deux familles (d’et =). 15 Sur tout ceci, voir P. BOGAERT, Ordres anciens des évangiles et tétraévangile en un seul codex, dans Revue théologique de Louvain, t. 30 (1999), p. 297-314; 1D., Les Quatre Vivants, l'Evangile et les évangiles, ibid., t. 32 (2001), p. 457-478.

COMMENTAIRE

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DE L'APOCALYPSE

Tous ces manuscrits dépendent par l'intermédiaire de ' d'un seul et même exemplaire de la fin du V° siècle, relié en désordre et interpolé, qui charriait déjà en outre un lot non négligeable de fautes. Nous désignerons ce prototype par le sigle 42. 3.2.1. Un prototype en désordre

A deux exceptions prés, sur lesquelles nous reviendrons, tous les manuscrits subsistants fournissent le commentaire de Apc 11,1 — 12,5 avant celui de Apc 7,1 — 10,11. Les deux blocs de texte concernés étant de même longueur (+ 5600/5700 signes chacun), l’explication obvie de cette incongruité, déjà vue

par Haussleiter, est que deux bifeuillets consécutifs du prototype, — soit un binion, soit les deux bifeuillets centraux d’un cahier plus épais, — étaient pliés à contresens, de sorte que les troisième et quatrième feuillets venaient avant les premier et deuxième!f. Il y a dès lors solution de continuité en trois points différents. Au début du contexte perturbé devrait se lire la phrase suivante: ‘Et mons et insulae de locis suis motae": nouissima [| persecutione omnes recessisse de suis locis, id est

boni mouebuntur persecutionem fugientes"; à la charniére des deux bifeuillets: ^4ccepisse' autem // 'arundinem similem uirgae, ut metiret templum dei et aram et adorantes in ea', potestatem dicit quam dimissus postea exhibuit ecclesiis!*; à la fin du contexte perturbé: "4cturum' autem 'omnes gentes in uirga ferrea': uirga ferrea gladius est. /! Omnes gentes quae certant sub machina Antichristi contra sanctos staturae sunt; gladio alter-

utrum sunt casurae?. Au lieu de quoi on lisait respectivement dans le prototype de nos manuscrits, au début: ef mons et insulae de locis suis motae nouissima // arundinem similem uirgae ut metiret templum dei et aram

et adorantes

in ea; à la char-

niére: uirga ferrea gladius est // persecutione omnes recessisse de suis locis id est boni mouebuntur persecutionem fugientes; à la fin: accepisse autem // omnes gentes quae certant sub machina antichristi contra sanctos staturae sunt.

16 CV 49, p. L-LI. 7 H IL333-335. 18 H III,120-124. 1? H IV,48-52.

L'EDITION

HIERONYMIENNE

S

Il est intéressant d'observer la facon dont les copistes ont réagi face à ces incongruités. Dans le premier cas, les mss TD* ont pris acte sans broncher du texte qu'ils trouvaient dans leur modèle; les mss CBGO ont accordé l'adjectif nouissima avec le substantif qui suit (nouissimam arundinem), les autres manuscrits de la famille

Y ont fait l'inverse (nouissima arundine);

parmi ceux-ci, V et L ont laissé ensuite similem, tandis que EPQRN ont écrit simile; dans D, un correcteur a effacé le tilde surmontant le e final de arundine et ajouté en marge, à cóté de nouissima, le mot persecutio. Aucune de ces tentatives partielles de correction ne résout le probléme, à vrai dire insoluble en l'état. Les manuscrits du type © ont opté pour des solutions plus radicales. Les mss FHMW ont laissé tomber la citation de Apc 6,14b et l’amorce du commentaire afférent (nouissima); ils ont substitué à la citation implicite de Apc 11,1, dont le début manquait, une citation directe et complète: ef data est mihi arundo similis uirgae, etc. En revanche, les mss /K ont gardé la citation de Apc 6,14b et l'adjectif nouissima, qu'ils ont flanqué du substantif persecutio, trouvé dans le contexte antécédent^?, après quoi ils enchainent sur la citation directe de Apc 11,1. Nous reviendrons plus loin sur le cas particulier des mss J et S. A la charnière centrale des deux bifeuillets, le ms. 7 a ac-

cordé le substantif persecutione avec l'adjectif qui suit (persecutiones omnes); tous les autres manuscrits de la famille Y, ain-

si que le ms. W, font passer le substantif de l'ablatif au génitif, le rattachant ainsi à ce qui précéde (g/adius est persecutionis); c'est d'autant plus clair que beaucoup d'entre eux ponctuent aprés persecutionis. Dans la famille £, le ms. F n'a pas touché au texte; H s'est borné à ajouter in devant persecutione; MIK ont omis persecutione... id est et repris à boni mouebuntur, etc. A la troisiéme et derniére rupture dans le texte, les manuscrits de la famille Y, à l'exception de T, ont conservé les mots accepisse autem et ajoutent arundinem, ce qui peut s'expliquer soit par une dittographie dans le modèle, soit par la présence d’une réclame en fin de page. En revanche, ces deux mots ont disparu dans T et dans Æ. La suite du texte apparaît corrompue dans les deux branches de la tradition?!. 19 Hd 316: ?! Voir les notes critiques ad locum (H IV,50-52).

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COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

Deux copistes se sont avisés de ce désordre et ont tenté d'y remédier, ce qui n'est pas trop difficile en se guidant sur le texte de l'Apocalypse. Mais aucun des deux n'y est parvenu exactement, ce qui signifie qu'ils ont procédé par conjecture, sans pouvoir se référer à un manuscrit étranger au désordre affectant le prototype dont dépendent tous les témoins subsistants. L'un d'eux est J, du XVI^ s., provenant du prieuré de Bethléem près de Louvain. De première main, il cite Apc 6,14b (et montes et insule de locis suis mote), mais sans le commentaire associé; il enchaîne directement sur Apc 7,1 (post hec au-

diui unum ex quatuor cornibus altaris aurei, etc.); dans la marge ont été ajoutés aprés coup les mots nouissima persecutio (fol. 64Rb). Au tournant des chapitres 10 et 11, au lieu d'enchaîner directement, comme il se devrait, du rappel de Apc 10,11 (hoc est oportet te iterum praedicare) sur Apc 11,1 (et data est mihi arundo similis uirgae, etc.), il insére entre les deux quelques lignes de texte qui se lisent à la suite de Apc 10,11 à l'endroit de la troisiéme et derniére rupture (fres festaturae sunt...obicibusque oppressit) (fol. 65Va)?. À cet endroit, en revanche, où ces lignes malencontreusement transposées sont absentes, se retrouve une partie du commentaire de Apc 6,14b, manquant là où il devrait se trouver (fol. 66 Va). Des faits analogues peuvent être observés dans le ms. S, qui transmet un texte profondément remanié. Le réviseur s’est appliqué d’un bout à l’autre à redistribuer le commentaire suivant l’ordre du texte de l’ Apocalypse, dans la mesure où Jérôme luimême et un réviseur antérieur ne l’avaient pas déjà fait. Il a reconstitué correctement la phrase commentant Apc 6,14b (p. 162). En revanche, au rappel de Apc 10,11 sont restées accrochées, comme dans J, quelques lignes qui n’ont rien à faire à cet endroit (oportet te iterum praedicare omnes gentes, quia cernit insurgere Antichristi turbas et contra istos staturae sunt

et gladio alterutrum sunt casure) (p. 170). Et comme dans J, on retrouve à la troisiéme jointure le commentaire de Apc 6,14b, quelque peu aménagé (propter persecutionem omnes uidi recessisse de suis locis, id est boni mouebuntur persecutionem fugientes) (p. 178), bien qu'il figure déjà à sa place plus haut dans le manuscrit. ? H IV,50-57 (voyez l'apparat critique).

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3.2.2. Un prototype interpolé

Le prototype en désordre dont dépend toute la tradition subsistante véhiculait en Apc 13,18 une glose évidemment étrangère au texte hiéronymien, puisqu'elle propose d'identifier la Béte à Antemos et/ou Genséric; en effet, si on additionne la valeur totale de ces deux noms translittérés en grec, oü chaque

lettre de l’alphabet représente un nombre (ANTEMOC, TENCHPIKOC), on obtient dans les deux cas le total de 666. Genséric fut roi des Vandales de 427 à 477; de confession arienne, il

a persécuté les catholiques et laissé la réputation d’un tyran cruel et sanguinaire. Quant à «Antemos», il faut probablement l'identifier à Anthemius,

empereur d'Occident de 467 à 472,

trés impopulaire dans les milieux catholiques pour avoir favorisé tant les ariens que les tenants des anciennes religions paiennes. Tous les manuscrits de la famille Y, à l'exception de O?, transmettent cette glose, qui a donné bien du fil à retordre aux copistes. Seul T reproduit exactement les deux noms translittérés et la valeur numérique de chaque lettre (exprimée en chiffres romains), les noms étant répétés à la suite de leur énoncé lettre par lettre, comme suit: A:-I-N-L-T-CCC-€-V-M-XL-O-LXX:-C-CCANTEMOC

ANTEMOC

THIII-€-V-N-L-C-CC-H-VIII-P-C-I-X-K-XX:-

O-LXX-C-CC- TeNCHPIKOC gensiricus. Dans D, la valeur numérique de chaque lettre était indiquée à la suite de celle-ci, comme dans 7. Les chiffres faisant suite aux lettres ont été effacés, probablement pour éviter toute

confusion et pour faire ressortir les noms en cause; la valeur de chaque lettre a été reportée au-dessus de celle-ci en caractères plus petits. La seconde moitié du nom du roi vandale porte des traces de correction; seules les lettres I et K sont de première main; l’espace vide après grattage à la suite de P est anormalement long. À la suite de chacun des deux C de ce nom aété inséré un T parasite (FENCTHPIKOCT). La valeur attribuée à ces deux lettres intruses, comme aux autres, est correcte, mais leur présence indue invalide largement le calcul, un T valant 300.

23 Le fait que la glose soit absente de O n'implique pas qu'elle ait été absente

de son modèle. Il a pu reculer devant la difficulté de la transcription, ou bien s’apercevoir que ces deux mots étaient étrangers au texte, ou encore s’aviser que le compte n’était pas juste, parce que le texte était corrompu.

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COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

Les mss CBG apparaissent comme des copies conformes d’un modèle commun où figurait la séquence suivante: AINL TCCCfVMLXLOLXXCCCIHIeVNLCTHVIIIPCIXKXXOLXXCT.

Les trois manuscrits transmettent la même séquence, où l'on aura remarqué que le € de ANTeMOC est devenu un f. La seule différence est qu'il y a un L en trop aprés la lettre M dans les mss C et B (MLXL pour MXL, c'est-à-dire M — 40), alors qu'il manque un L dans le ms. G, où on lit seulement de première main MX; le L manquant a été ajouté au-dessus de la ligne. On voit ici d’où viennent les deux T intrus du ms. D. Ils correspondent dans la séquence aux deux chiffres CC qui devraient indiquer la valeur numérique (200) de la lettre C (le sigma lunaire du grec) à la suite de celle-ci. Dans certaines écritures minuscules, telles la visigothique ou la bénéventaine, la séquence CC peut être facilement prise pour un T, si les deux lettres ne sont pas clairement séparées. Inutile de dire qu’il est impossible de reconnaître les deux noms dans cette séquence, les chiffres et les lettres n’étant pas nettement distingués. Dans G, il y a des blancs entre certaines lettres et certains chiffres, mais la distinction n’est ni toujours claire, ni toujours exacte,

loin s’en faut. Le sous-archétype commun aux mss C et B a tenté de rendre les choses plus claires en séparant lettres et chiffres par des points, comme c'était le cas dans T et D (avant grattage), mais il a rapidement dérapé, avant de renoncer et de se contenter d'espaces blancs: A-I-N-L-T-CCC-£. V-M-LXLOL-XX-.CCC T III- eVN-LCT-H-V-IIILTPCI X K XX OL XX CT. Dans V, la valeur numérique des lettres est indiquée uni-

quement au-dessus de celles-ci, comme dans D aprés correction. Lettres et chiffres sont corrects, à ceci prés que le copiste a écrit H au lieu de € dans ANTEMOC par hypercorrection; mais la valeur attribuée à la lettre en cause (5) est exacte. Dans Z, où la plupart des lettres ont la forme minuscule, la séquence est la suivante: aw-l-T-ccc-evu-w-xl-o-Ixx:ccc-T- uv e-uN-L-c-T-h-vtuc-p:e-x-k-xx-o-Ixx-c-1. La distinction entre lettres et chiffres est à peu prés correcte, mais on reléve plusieurs erreurs et confusions. La valeur attribuée à e est uw (2) au lieu de z (5). La première lettre de TENCHPIKOC, dont le trait horizontal déborde largement à gauche de la hampe, ne se distingue pas d’un T. Enfin, on retrouve ici les deux C (sigma lunaire) de ce nom suivis d’un T à la place de CC (200).

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Cette dernière erreur se retrouve à l’identique dans tous les manuscrits restants. À part cela, la séquence est à peu prés correcte dans E, sauf une distinction intempestive dans les chiffres correspondant aux deux O (L-XX pour LXX - 70) et au premier C (C-C pour CC = 200). Elle est tout à fait correcte dans P, où la plupart des majuscules correspondant aux deux noms sont surmontées de leur transcription en minuscules (g pour F, e pour H). Au-dessus des lettres C:T uniquement est indiquée à deux reprises la valeur correspondante, respectivement cc et ccc (cco par erreur dans le premier cas). La minuscule correspondante (s pour C, / pour T) vient encore par dessus dans le second cas. Ce n'est pas clair dans le premier, où il n'y a rien au-dessus de cco, une petite tache au-dessus de cc et plus à gauche c^. Les mss QRN reproduisent un sous-archétype commun oü figurait toujours la même erreur et où certains nombres étaient écrits en toutes lettres: À unum, N quinquaginta, E quinque, H octo. Cela mis à part, tout est correct dans RN. Le copiste de Q, en revanche, n'a pas vu trés clair dans la séquence. Au lieu de quinquaginta figure un signe informe qui ressemble vaguement à un T; la majuscule M est déformée en aa, le € de 'ÉNCHPI-

KOC est devenu un f. Cette glose ne se retrouve plus dans les manuscrits de la famille &, tributaires d’une recension postérieure à l’époque où sévissaient les deux personnages précités. Les réviseurs y ont substitué une gématrie inspirée d'Irénée?*. La première a été réintégrée à la suite de la seconde dans le manuscrit S, qui véhicule un texte mixte. 3.2.3. Un prototype en faute

L'exemplaire interpolé et relié en désordre dont dépendent tous les témoins subsistants ne transmet pas exactement, cela

mis à part, le texte tel qu'il est sorti des mains de Jéróme. Certes, celui-ci n'était pas nécessairement en tous points irréprochable. On ne peut étre assuré que tous les mots qui se lisent dans A et sont omis dans la tradition hiéronymienne ne l'étaient pas déjà dans la copie envoyée par Anatolius à son ami. Nous avons relevé plus haut qu’il y manque une phrase entière, dont l'absence peut aisément passer inapercue, car elle ne perturbe ?4 Voir ci-dessous p. 75-76.

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COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

en rien la compréhension du contexte. Dans d'autres cas, on peut se demander si la faute ne s’est pas produite avant Jérôme et n’est pas passée inaperçue aux yeux de celui-ci. H L31-39: Quod autem dicit ‘in medio candelabrorum aureorum ambulantem similem filio hominis ', similem dicit post mortem deuictam,

cum as-

cendisset in caelis, adunato isto corpore cum spiritu gloriae suae, quam re-

cepit a patre potestatem. 'Quasi filium hominis ambulantem inter medium candelabrorum aureorum', inter medium dicit ecclesiarum. — Quand on a sous les yeux le texte de 4, il est clair qu'il y a eu saut du méme au méme: Quod autem dicit 'in medio candelabrorum aureorum ambulantem similem filio hominis ', similem dicit post mortem deuictam. In caelis cum ascendisset adunato sancto corpore cum spiritu gloriae, quam recepit a patre, potest iam

quasi filius dei dici, non quasifilius hominis. 'Ambulans inter medium candelabrorum aureorum', id est inter medium ecclesiarum (A 1,24-29). Un copiste a sauté du premier au second quasi. Le texte a été sauvé en transformant potest iam en potestatem et en remaniant discrétement la suite. Nous n'avons pas touché au texte résultant, car il peut se comprendre. Ne lit-on pas un peu plus loin: Dixit quia spiritus sanctus septiformis uirtutis datus est in potestatem eius a patre, sicut Petrus ad Iudaeos exclamauit, etc. (H 1,106-108)? H I1,137-139: ...faces ignis ardentis donum spiritus sancti, quod «cum in «ligno perdiderit primus homo, per» lignum passionis est redditum. — L'omission accidentelle par homoeoarcton (/igno...lignum) a entrainé la suppression de la conjonction cum, devenue inutile. Non sans hésitation, nous avons restitué d’après 4 les mots omis. La phrase mutilée est boiteuse, comme en témoignent les diverses tentatives de correction dont les mots in lignum ainsi indüment rapprochés ont fait l’objet dans les manuscrits (per lignum dans L, in ligno dans JIKS, in signum dans O). Il est peu vraisemblable que Jérôme l’ait laissée en l’état sans chercher plus loin, mais on ne peut pas l’exclure formellement. H 11,190-193: Hic (scil. agnus tamquam occisus) ergo aperit et resignat quod ipse signauerat testamentum. Hoc fine et Moyses legislator, quod oportebat esse signatum et celatum usque ad aduentum passionis eius, uelauit faciem suam, etc. — Le texte peut se comprendre, méme si fine doit étre une mélecture pour sciens, qui se lit à cet endroit dans A et qui se comprend mieux dans ce contexte. Il est difficile de dire si cet accident est survenu avant ou aprés Jéróme. Plusieurs copistes se sont efforcés d'y remédier. H 11,198-199: Animaduerti igitur oportet hominem diligenter praedicare et uniuersa in unum cohaerere. — Encore une fois, le texte peut se comprendre. Il est cependant curieux de désigner l'auteur par le mot hominem et de dire qu'il «préche avec soin». Bien plus satisfaisant est le texte de A4, qui attire l'attention du lecteur appliqué sur la cohérence de l'enseignement des Ecritures: Animaduertere oportet igitur hominem diligentem praedicationem uniuersam in unum cohaerere. Il a suffi qu’un copiste dérape sur la consonne finale de diligentem pour que la phrase ne tienne plus et nécessite des aménagements ultérieurs. Il est possible que ce dérapage se soit produit avant Jérôme, sans qu’il s’en aperçoive. H 11,232-234: Quae licet scriptura prophetica per singula sigilla dicat, omnibus tamen simul apertis sigillis ordinem tamen suum habet praedicatio.

25 Voir ci-dessus p. 45.

L'EDITION

HIERONYMIENNE

3/7

— La répétition de tamen est une incongruité résultant peut-étre d'une correction supralinéaire; c'est pourquoi le second famen, absent dans A, a été omis dans N et S. Mais il doit s'étre trouvé au moins dans l'hyperarchétype commun à Y'et 5, si pas dans l'original. Il n'est pas certain que Jéróme s'en serait avisé s'il l'avait lu dans son exemplaire. H 11,240-243: Nam aperto primo sigillo cum dicat se uidisse equum album et equitem coronatum habentem arcum, — hoc enim in primo factum est, postquam enim ascendit in caelos dominus et aperuit uniuersa, — misit spiritum sanctum... — La phrase est embrouillée et construite différemment dans A, chez Césaire et chez Jéróme. Mais elle se tient dans les trois cas. La répétition de enim se trouve également chez Césaire. H 11,243-245: ... misit spiritum sanctum, cuius uerba per praedicatores tamquam sagittae ad cor hominum pergentes ut uincerent incredulitatem. — A lit pergerent, Césaire pertingerent. Mais le texte lu par Jéróme fait sens: «Il a envoyé l'Esprit Saint, dont les paroles, par l'intermédiaire des prédicateurs, sont comme des flèches visant le cœur des hommes pour vaincre l'incroyance». H IV,209-211: Cum autem uideritis aspernationem quae dicta est per Danihelem prophetam stantem in loco sancto, qui legit intelligat. — Nous avons restitué euersionis, d'accord avec Haussleiter, car le com-

mentaire qui suit suppose la présence de ne se trouve dans aucun manuscrit. F lit Vulgate. Dans A, on voit qu'un ancien l'équivalent qui figure dans la version

ce mot dans la citation. Cependant, il à la place desolationis, emprunté à la copiste avait substitué à euersionis latine du Codex Palatinus (VL 2),

transmettant une forme tardive du texte africain, à savoir uasfationis. Il est

possible que l'omission ait échappé à Jéróme ou qu'il ait délibérément écarté ce terme qui ne lui était pas familier.

En revanche, d'autres omissions et bévues ne sauraient remonter à Jéróme, car le texte est irrecevable en l'état, et parfois des organes témoins de la lecon originale subsistent dans certains manuscrits. Or, ces fautes sont communes à toute la tradition hiéronymienne; elles doivent donc s’y être introduites en amont de la copie du prototype en désordre à partir duquel s’est constitué cette tradition ou, au plus tard, dans celle-là. H L115-119: Quod uni dicit omnibus dicit; nihil enim differt utrum quis uexillationi, paucorum militum numero, an per eam toto exercitui loquatur. Denique siue in Asia siue in toto orbe septem ecclesias omnes esse et septenatim nominatas unam esse catholicam Paulus docuit (texte restitué comme dans A 1,98-102). — Un des premiers témoins de l'édition hiéronymienne a dérapé à partir de utrum quis uexillationi. 1l en est résulté le texte suivant, qui est commun àtoute la tradition subsistante avec des variantes de détail: Nihil enim differt(ur) ut quis uexillationem paucorum militum maiori numero anteponat. Cette phrase se comprend aisément dans le contexte; peu importe que le commandant en chef, pour faire passer un message, préfére s'adresser à une petite compagnie plutót qu'à l'armée toute entiére, de la méme facon que le Fils de l'homme adresse successivement à des Eglises particuliéres des messages qu'il destine à l'Eglise universelle. Mais la suite du texte ainsi modifié ne tient plus. Dans tous les manuscrits sauf un, les mots suivants (foto exercitui, etc.) ont été supprimés jusqu'au second siue inclus. Ils se retrou-

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COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

vent cependant dans le ms. F, qui est le plus ancien représentant d’une des deux branches principales de la tradition, ce qui montre que Jérôme lisait le même texte que À. H 1,213-215: Et praemonet ceteros, quibus non placet hoc, qui cognoscunt nequitiam aduersam, quibus malis et dolis inducere quaerit in capite fidelium pericula. — Nous avons restitué dolis, legon de 4, corrompue en doloris dans Ÿ (leçon de TFW Beatus), d’où les fausses corrections ultérieures dolores et doloribus, la première entraînant l'ajout de et devant pericula. H L224-226: Quinta classis (...) declarat homines neglegentes, aliud quam quod oportet in saeculo agentes, opere inanes, nomine tantummodo christianos. — Opere inanes est la leçon de A. La faute originaire est ici operationes (accord de DCBGWS Beatus), forme qui est ensuite passée au génitif (operationis dans TFMJIK) ou à l'ablatif (operatione dans le reste de la famille Y). H 1138-40: Iris et arcus dicitur, de quo etiam ad Noe et filios eius locutus est dominus, ne timerent inrigationem aquae. — Le mot inrigationem a d'abord été déformé en in regenerationem (encore attesté par T), pour aboutir finalement à in generatione (legon de € Apringius Beatus), aprés quoi aquae a été remplacé par dei. H IL143-144: ...digne meritoque exultant scientes se rite uerbum domini ministrasse. — Il s'agit des anciens, figure de l'Ancien Testament, qui se réjouissent de voir leurs prophéties accomplies dans l'évangile, preuve de ce qu'ils ont servi la parole de Dieu comme il se devait. Aucun manuscrit hiéronymien n’a conservé la leçon correcte se rite, transmise par 4. L'hyperarchétype V" lisait à la place secreta, d'oü des corrections en sens divers. H IL145-148: Quia uenerat qui mortem deuinceret et coronam immortalitatis solus dignus sumeret, omnes «quotquot» habebant pro gloria aliqua actus sui optimi coronas proiecerunt eas sub pedibus eius. — Au lieu de deuinceret, lecgon de A, ' a lu disiungeret. Les lettres c et g se confondent facilement dans l'onciale classique, les séquences ui et iu dans beaucoup d'écritures; le préfixe a été adapté en conséquence. Ensuite, la phrase ne peut se passer du mot quotquot, restitué d'aprés A, sans lequel l'ensemble ne tient pas, comme en témoignent différentes tentatives de correction dans les manuscrits. Il faut pareillement restituer des mots manquants en H IL195; I,

209; IV,85. 114. 264.

H 11,297-299: Sacerdos semel in anno introibat, qui habebat chrisma, ad

aram auream, significante spiritu sancto Christum hoc semel facturum. — Tous les manuscrits mettent au pluriel cette phrase (sacerdotes...introibant, qui habebant), sauf F, qui a encore sacerdos au singulier, et où la suite a été corrigée en conséquence. Il est impossible que Jéróme ait laissé passer une telle erreur de fait; c'est le grand-prétre, et lui seul, qui entrait une fois par an dans le saint des saints, où Victorin, à la suite de l’épître aux Hébreux, situait l’autel d’or. H IILA42-43: Nec requirendus est ordo in Apocalypsi, sed intellectus sequendus; est enim et pseudoprophetia. — Le dernier mot a dû être transformé dans Ÿ en ipsud prophetia, après quoi de multiples tentatives de correction en ordre dispersé n’ont réussi qu’à s’éloigner davantage de la leçon originale.

Chapitre IV

LA TRADITION

HIÉRONYMIENNE

Comme nous l’avons déjà dit, les manuscrits représentant l’édition hiéronymienne se divisent clairement en deux familles, désignées respectivement par les sigles Yet Æ Au sein de la deuxième, il faut toutefois faire une place à part aux manuscrits W et S, qui descendent assurément de l’archétype E, mais véhiculent des textes mixtes et recueillent par le biais d’un exemplaire antérieur à la bifurcation des deux familles des lecons dont certaines sont encore conservées dans la famille Y, et d'autres dans aucune des deux. 4.1. La famille Y

Les manuscrits de la premiére famille se distinguent principalement par l'interpolation des noms d'Antemos et de Genséric en Apc 13,18, reçue telle quelle du prototype Q2, et par le fait qu’ils transmettent la finale composée par Jérôme luimême en lieu et place de la finale originale. Ces deux passages ont fait l’objet de remaniements ultérieurs dans le reste de la tradition. Les variantes par lesquelles la famille Y s’oppose à l'accord de AZ sont des fautes qui se sont introduites au niveau de l'archétype Y, par exemple l'omission de et en H 1,102; conlectionis pour electionis en 1,233; l'addition de sedentes en IL63; l'omission de qui en IL,163; resurrexisti pour surrexisti en 11,185; l’omission de eius en IV,120; l’addition de inquit est

emiv422; 4.1.1. Le manuscrit T

Le manuscrit le plus proche de l'archétype Y, sinon chronologiquement, en tout cas généalogiquement, est T. Contrairement à ce qu’espérait Peyron!, le copiste s'est appliqué davan! Op. cit. [supra p. 39, n. 20], p. 188.

60

COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

tage à soigner son écriture qu'à transcrire exactement son texte. On ne compte pas dans T les barbarismes; l'orthographe en est souvent fantaisiste, et les désinences nominales et verbales paraissent avoir été distribuées un peu au hasard?. Mais cette mauvaise copie n'en est pas moins un témoin précieux. Nous savons déjà que T est seul à transmettre tout à fait exactement la gématrie d'Antemos et Genséric?. Il est seul (avec D avant correction) à reproduire exactement la séquence incongrue qui résulte de l'inversion de deux feuillets dans le prototype de la tradition, nouissima arundinem;

les exemplaires ultérieurs ont

mis les deux mots soit à l'ablatif, soit à l'accusatif*. Il est seul à écrire encore en Apc 4,8 le triple ATIOC en grec, alors que tous

les autres se sont contentés d'une translittération. Il est également seul à transmettre exactement dans toutes ses occurrences

le terme par lequel Victorin caractérise la robe du cheval qui apparait en Apc 6,4, et celle du dragon qui s'appréte à dévorer la progéniture de la femme couronnée d'étoiles en Apc 12,3 (rroppóc en grec). Le méme terme se retrouve encore chez lui en Apc 17,3 pour décrire la béte sur laquelle tróne la grande prostituée, bien que le grec utilise un autre mot à cet endroit (kóxxtvoc). Il s'agit d'un terme technique, russeus, désignant une robe que l'on dirait aujourd’hui «alezane» (un terme venu de l’arabe). C’est également le terme qui était utilisé dans la Bible de Tyconius en Apc 6,4 et 12,3. Il était critiqué par certains grammairiens, qui voulaient que l'on écrivit plutót russus. C'est peut-étre la raison pour laquelle un manuscrit a corrigé ainsi, mais c'est préter beaucoup d'érudition au correcteur. ? Par exemple H 1,55-56 dedit similitudinem scripturas (lire -ra) faciem eius gloriae solis; L69 per gladium bis acutus (1)... ostenditur; 1,128 de septem mulieribus quae adprehenderunt hominem uno (!); 1,141-142 ad eos scripsit qui et laborans (lire -rant) in saeculo; 1,217 non dedi uobis legis obseruatio-

nis (lire -nes) et onera; IL,18-19 nunc exinde recoli (lire -lit) quae per legem in similitudinibus praenuntiata erant; 11,39 ad Noeet filio (lire filios) eius locutus est; 165-66 sunt autem et uiginti quattuor patres duodecim apostoli et duodecim patriarchas (!); 1,103 testimonia sunt ueteri (lire -ris) testamenti librorum; 111,51-53 spiritus sanctus significatur in duobus prophetis contestantis (lire contestans) magnam plagarum iram imminere, etc.

? Voir ci-dessus p. 53. ^ Voir ci-dessus p. 51. $ PALLADIUS, Opus agriculturae, 4,13,3. $ CHARISIUS, Ars grammatica, éd. Barwick-Kühnert (Bibliotheca Teubneriana) np 91-122

LA TRADITION

HIERONYMIENNE

61

Ailleurs, il est déformé en rosseus ou ruseus, mais plus souvent banalisé en roseus, notamment chez Beatus, ou remplacé par le terme utilisé dans la Vulgate, rufus?. H 11259 russeus T; rufeus D*; roseus CBGVLEPQRN Beat.; rufus Dos

(ruffus A) H 11262 russeus TD* S; russus D^; roseus CBGVLEPQRN JIKW; rufus O HM; ros est F*; mors est F? (rufus A) H IV,32 om. AY; rufus FHMJIKW; rubeus S

H IV,35 russeus TD*; russus D^; roseus CBGEP FW; rufus VOLORN S; om. HMJIK (ruffus A) H IV,54 russei T S; rosei CBGVOLEPQRN FHMUIK; desunt DW (ruffi A) H IV,271 russeam T S; roseam VOLEPQRN FHMUJIKW; rufam CG; rupham B; deest D (roseam A)

Le ms. T pourrait même être à cet égard un témoin plus fidèle que 4, où l’on retrouve quatre fois sur cinq le terme de la Vulgate (rufus) à la place de russeus (A IL233. 236; IV,23. 39), et celui-ci banalisé en roseam la dernière fois que le terme se rencontre (IV,176). Dans certains cas, le ms. T est aussi le seul de la tradition

hiéronymienne qui ait conservé la leçon de 4. H 1,108-109 (// A L91-92): Dextera dei exaltatus acceptum a patre spiritum effundit (AT; effudit cet.) hunc quem uidistis et audistis. — Le présent se lit également dans le Codex Laudianus (VL 50) et le lectionnaire de Sélestat (VL 57). C'est la lectio difficilior, le présent contrastant avec le parfait dans la relative qui suit. Les autres manuscrits hiéronymiens ont aligné le temps du premier verbe sur la Vulgate. H 11,240-243 (// A IL211-214): Nam aperto primo sigillo cum dicat (AT; dicat [om. cum] D*EP; dicit D? cet.) se uidisse equum album et equitem coronatum habentem arcum, — hoc enim in primo factum est, postquam enim

ascendit in caelos dominus et aperuit uniuersa, — misit spiritum sanctum, etc. H IV,89-93 (// A IV,65-67): Factum est bellum in caelo, Michael et nuntii eius pugnauerunt cum dracone, et draco pugnauit (AT; pugnabat VOLEP QRN; proeliatus est £; om. CBG; desunt DW) et nuntii eius. H IV,138-139 (// A IV,105-106): 'Et octaua est' ait, modo cum illa aduenerit computans (AT; computas, computa, computari, computare [^ debes], amputas ceteri, deest W) loco octauo.

Dans d'autres cas, oü 7 n'a pas conservé exactement la le-

con de A, il n'en est pas moins resté le plus proche de celui-ci au sein d'une tradition massivement corrompue.

7 C'est le terme qui figure au lemme de Primasius, mais il est suspect, car dans le commentaire, où les formes étrangères au texte connu des copistes survivent plus facilement, on retrouve russeus déformé en rosseus,

ruseus,

roseus (voir l'apparat critique dans Prim. 6,73). 8 La graphie ruffus (trois fois sur quatre) est banale à la fin du moyen âge.

62

COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

Dans son message à l'ange de Thyatire, le Fils de l'homme exhorte les chrétiens figurés par la cinquième Eglise, s'ils veulent être sauvés, à revenir d’une négligence qui les met en danger: Hortatur illos, si quo modo reuersi negligentia periclitanti possint salui esse (A 1,199-201). Le ms. T, souvent imprécis dans les désinences, a lu periclitantis. Le reste de la famille Y'a substitué au participe présent un participe passé (periclitati), la famille Æ a omis ce mot (H 1,226-228). Avant d’expliquer en détail les sept sceaux, Victorin avertit: Quae licet scriptura prophetica per singula sigilla dicat, omnibus tamen simul apertis sigillis ordinem suum habet praedicatio (A 1208-210). Le modéle commun à Y et E, piégé par le voisinage des deux mots presque semblables, a dû écrire comme dans T quae licet scriptura prophetica per singula singula dicat, au vu de quoi le reste de la famille Y, comme l'ensemble de la branche &, a sim-

plifié ce qui est apparu comme une diplographie: quae licet scriptura prophetica per singula dicat, etc. (H IL232-234).

Encore plus nombreux (une trentaine environ) sont les cas oü 7 est le seul membre de la branche Y à avoir conservé la lecon primitive garantie par l'accord de la branche E avec A (accords AT.E contre DCBG et cet.), par exemple H L101 quoniam ATE (dominum primum cet.); 1,118 septenatim (septem); L,130 tunicis suis (cum eis sunt); IIL,127 episcopi (omis); IV,208 recolens (resoluens). Cependant, T est bien un manuscrit de type Y, non seulement parce qu'il conserve la glose sur Apc 13,18 sous sa forme ancienne et transmet la finale hiéronymienne dans sa forme originelle, mais aussi parce qu'il a les fautes propres de l'archétype Y, dont on a donné des exemples plus haut. Comment T peut-il alors transmettre des leçons qui sont certainement antérieures à la bifurcation des familles Y et .£, puisque attestées à la fois dans À et dans £? Il a dà nécessairement les emprunter à un second modèle de type Æ. Une autre explication pourrait être que les fautes de la branche Y dont T est exempt se seraient introduites dans cette branche en aval de T. On ne peut exclure formellement que ce soit le cas pour l’une ou l’autre d’entre elles, mais certainement pas pour l'ensemble. En effet, lorsqu'un manuscrit est contaminé, il emprunte à son modéle secondaire tantôt de bonnes, tantôt de mauvaises leçons. Et c’est ce qu’on constate: T partage bien souvent les erreurs de &, là où les autres manuscrits de la branche Y, d'accord avec A, ont conservé

la lecon primitive, par exemple en H L83 dabis. 222 stellam matutinam. 225 et aliud; 1,197 mundauit uos. 220 nouum est. 244 humanum; l11L108 Joquentis, IV,85 ostendat quia. 136

enim omis.

LA TRADITION

HIERONYMIENNE

63

Le ms. T apparait ainsi à cheval sur les deux branches principales de la tradition. Du reste, son incipit, incipit praefatio siue prologus, le trahit déjà; prologus est le terme utilisé dans la famille Y, tandis que praefatio se trouve dans des manuscrits du type Æ. Paradoxalement, le meilleur témoin du texte de Y est aussi le plus contaminé. Est-il possible de situer plus précisément le second modèle de T à l’intérieur de la famille Æ? Il était certainement proche de l’origine de cet embranchement, car lorsque la famille n’est pas unanime, on trouve souvent parmi les alliés de T à la fois F et M, c'est-à-dire, comme on le verra plus loin, les chefs de file

des deux sous-branches de cette tradition. Quand ce n'est pas le cas, c'est avec la première, celle de F, qu'il s'accorde presque toujours, par exemple en H 1,28. 122; IL,101. 192. 208. 232. 291. 326. 344; III,198; IV,60. 83. 154. Le second modeéle de 7

devait donc se situer quelque part entre .£ et F dans le stemma codicum. 4.1.2. Le sous-archétype v; Le ms. D, un peu plus ancien que 7, si B. Bischoff a vu juste, est resté proche également de l'archétype Y. De première main, il reproduit exactement, lui aussi, la séquence incongrue nouissima harundinem et, autant qu'on puisse voir, car ces lignes ont été partiellement grattées et interpolées, la glose sur Antemos et Genséric?. À deux reprises, il transmet correctement avec T la leçon russeus'*. Il s'accorde avec A contre le reste de la tradition hiéronymienne sur une lecon que le contexte fait apparaitre comme fautive: scripsit pour scribit en A LIS8-H

LI177; cette rencontre est probablement fortuite. On

dira la méme chose des quelques accords 7D sur des variantes mineures et non significatives contre le reste de la tradition. Plus significatif est le fait que des erreurs communes à TD qui se retrouvent dans la branche £ et qui doivent donc provenir de l'archétype ', ont été corrigées dans le reste de la branche Y. ? Voir ci-dessus p. 53-54.

10 Voir ci-dessus p. 61. Une autre fois, russeus est déformé en rufeus, corrigé ensuite en rufus. Le manuscrit fait défaut dans les derniéres occurrences. !! (H)ostia pour hostiam (1,75), dimidio pour de medio (111,188; cfr Vetus

Latina, t. 25, p. 335); (h)arena pour arenam

26/2, p. 480).

(IV,117; cfr Vetus Latina, t.

COMMENTAIRE

64

DE L'APOCALYPSE

C’est notamment le cas en H IV,161-163, où les manuscrits TD

HMUJIKS et Beatus lisent faussement ir(a)e pour isaiae dans la phrase suivante, qui évoque l’Antéchrist, Nero rediuiuus, tiré des enfers par le diable: De inferno autem illum surgere et superius diximus uerbo Isaiae: "Aqua nutriet illum et abyssus auxit illum '. Proche comme lui de l'archétype Y, D n'est cependant pas un aussi bon témoin que T. En maints endroits oü T a encore conservé ou retrouvé, grâce à son second modèle, la bonne leçon, on voit s’amorcer en D la dégénérescence de la branche 7° On lit dans T en H IL203 ideo modo merito resignatur, comme

dans A IL,179 (sauf l'ordre des mots merito modo). D a écrit fautivement

par persévérance ideo modo

morito resignatur,

etc., corrigé de seconde main en morituro signatur, puis, dans d’autres manuscrits, en moriturus signatur, morituri Signatur, designatur moritura. On lit dans T en H IL216-218 populum christianum ostendit cantantem canticum nouum, id est confessionem suam publice conferentium (...chantant le cantique nouveau, c'est-à-dire le cantique de ceux qui proclament publiquement leur confession de foi). À l'endroit correspondant, A4 lit au génitif pluriel également proferentium. Le modéle de D a été victime de la confusion courante dans beaucoup d'écritures minuscules entre a et v; il a écrit conferentiam pour conferentium, corrigé de seconde main dans D, ainsi que dans le reste de la tradition Y, en conferentem (sauf P, qui a lu conferentia). La méme mélecture se rencontre en H 11,228, oü referentium est devenu referentiam dans D, d'oü la tradition ultérieure a fait referent iam, ce qui a entrainé le remaniement du contexte antécédent, afin de pourvoir ce verbe d'un sujet. Ici, T est également en faute (il a lu referentiae). Bien souvent, l'ensemble

des manuscrits

de la famille

Y,

hormis T, véhicule ainsi directement ou indirectement (par l'intermédiaire de variantes dérivées) une leçon fautive qui impose de postuler entre l'archétype Y et cet ensemble un sousarchétype intermédiaire dans lequel ces fautes se sont introduites, par exemple H L37 - et (gloriae suae); 212 — prophetias nouas; 1236 timefacti] territi; 1,256 poteris] potestis; 1,262 iu-

dicii] iudicis; 1L7 ante omis; IL8 patefactum] satis factum; IT,191 legislator] legis dator; 11,362. silentio omis; IIL20 regnum

antichristi] antichristum;

WL,55 angelum omis; IIL,127

LA TRADITION

HIERONYMIENNE

65

episcopi omis; IV,18 — duodecim stellarum. Nous appellerons cet intermédiaire v;. On dénombre une cinquantaine d'accords

ATE contre DCBG et cet., auxquels viennent s'ajouter plusieurs dizaines d'accords ATE contre CBG et cet. dans les parties du texte où D manque. L’éventualité que ces fautes-ci se soient introduites dans un intermédiaire supplémentaire entre T et CBG est exclue par le fait qu'il n'y a pratiquement pas d’accords ATDE contre CBG et cet., là où D est présent. Il est impossible que toutes ces fautes aient figuré dans l’archétype Y, et que T les ait toutes corrigées à l’aide de son second modèle. Cela supposerait de sa part une clairvoyance hors du commun, beaucoup étant anodines (variantes de transposition, présence ou absence d’un préfixe comme dans dormisti/obdormisti). Elles peuvent être qualifiées de fautes dans la mesure où elles s’écartent du texte primitif, connu par ailleurs, mais n’apparaissent en rien, cela mis à part, préférable aux autres. Au contraire de 7, le ms. D porte d’assez nombreuses corrections, pas toujours judicieuses. On ne voit pas qu’elles soient empruntées à un autre manuscrit; le correcteur s'en est remis à son jugement et a dû procéder par conjecture, ce qui l'améne souvent à s'égarer. Il lui est arrivé cependant de retrouver ainsi la legon originale, attestée par A4 et perdue dans '£, comme dans la phrase suivante: Haec est arundo et mensura fidei, ut nemo adoret ad (D; om. D* et cet.) aram sanctam, nisi qui hanc fidem confitetur (H 1IL,135-137). C'est moins évident en H IL43-44: ...donum baptismi, quod per filium suum paenitentiae tempore, antequam iudicium iudicet, effu(n)dit; Lu lit le présent avec A, tandis que "" lisait le parfait (effudit); le présent ne s'impose pas, le passage accidentel de l'une à l'autre forme étant fréquent. Dans un cas où la leçon de D* était préférable à celle de 7, le correcteur l’a malencontreusement rejoint dans son erreur. En Apc 3,2, D* a pour équivalent de otnpioov l'impératif instabili; ce devait étre la legon de v,, car on la retrouve dans VL; le modéle de CBG, qui a buté sur cette forme rare, y a substitué un synonyme (instaura); le ms. O lit stabili comme À; dans les autres, le texte a été conformé à la Vulgate

(esto uigilans et confirma). La forme originale doit étre stabili, dont la lecon de v; est issue par prosthése; en effet, la forme préfixée en in-, dont on ne connait qu'un seul exemple (dans le De munitione castrorum attribué à Hygin), n'a pas le sens de

66

COMMENTAIRE

«consolider», comme

DE L'APOCALYPSE

constabilire, mais plutót celui d'«affai-

blir», avec -in privatif, ce qui ne convient pas au contexte". Quoi qu'il en soit, il est clair que T est en faute lorsqu'il écrit stabiliui au lieu de (in)stabili. Le correcteur de D a commis une faute analogue en invitant à lire instabiliui (H 1,228). 4.1.3. Le sous-archétype v;

Les manuscrits C, B et G forment un groupe compact et trés homogène, dont nous désignerons le modèle par le sigle v». Ils ont en commun de nombreuses fautes, notamment des omissions (H 1,148-149; II,134. 190; IIL,12; IV,91-92) et des mélec-

tures caractérisées, telles posteros pour pestiferos (H L144), seueros pour esse uiros (1,190), totum nobilitatur pour tantam nobilitatem (1,242), in mundo coercere pour in unum cohaerere (1,199), scomari pour scotomari (III, 15), uigilauerit pour iugulauerit (V,51). Tous les trois reproduisent fidèlement le modèle 7, et n'ont chacun que peu de variantes en propre. Elles sont plus nombreuses dans B que dans C; elles sont presque toutes corrigées de seconde main dans G. Elles suffisent cependant à faire voir que ces copies sont indépendantes l'une de l'autre. Quelques fautes supplémentaires communes à C et B (p. ex. H 11,126. 138; IILA; IV,211) invitent néanmoins à postuler un in-

termédiaire entre ces deux manuscrits et le modéle du groupe. Le texte de v; est le fruit d'une révision faite par un homme cultivé et intelligent, qui s'est efforcé autant que possible de remédier aux accidents de copie hérités de ' et de vj. Mais il a procédé par conjecture, ce qui explique qu'il n'y est que rarement parvenu. C’est pourtant le cas en H IIL140, oü il a bien vu que aula devait se définir comme un espace vide (area) entre des murs, et non pas comme un autel uide (ara), ainsi qu'avait écrit le prototype 7^ En revanche, il a commis un anachronisme en substituant à la séquence des épitres pauliniennes énumérées par Victorin celle de la Vulgate (H 1,121-122). En remettant dans l'ordre les trois empereurs éphéméres des années 68-69, Galba Otho et Vitellius (H IV,133), il a rétabli la vérité historique, mais en s'écartant du texte de l'auteur. Ail1? ThLL 7/1, 1963,63-64. Le phénomène inverse (aphérèse) peut être observé en H IV,213, oü tous les manuscrits hiéronymiens lisent stabiles pour instabi-

les, lecon de A, qu'a su retrouver Beatus.

LA TRADITION

HIERONYMIENNE

leurs, il réussit souvent à améliorer un texte corrompu,

67

sans

parvenir cependant à retrouver la leçon originale. En H 11,40, les mots ne timerent inrigationem aquae étaient devenus dans vu; ne timerent in regeneratione dei, ce qui n'a pas beaucoup de sens. Le réviseur a conjecturé in resurrectione dei, ce qui offre un sens plus acceptable, bien que trés éloigné de l'original, oü il était question d'un nouveau déluge. En 1167-68, le texte était déparé par une diplographie dans v, et peut-être déjà dans ^: Animalia igitur quod differentia uultu (uultus DLEPORN FM) sunt, hanc habent rationem. Le réviseur a vu l'erreur, mais a restitué uultibus au lieu de uultu. En IL81, aprés avoir cité l’incipit de Marc, Jérôme, qui s'écarte ici de Victorin, indique qu'il est figuré par le lion (Jeonis habet effigiem). Le mot habet était tombé dans v;; le réviseur a écrit haec est leonis effigies.

En 1L145-148, phrase déjà citée plus haut, le mot quotquot manquait dans Ÿ. Le réviseur a sauvé la phrase en écrivant habentes au lieu de habebant. En IV,114, il s'est trouvé confronté à l'omission d'une préposition, à propos du prince des anges rebelles qui a déchu de sa condition (... cum descenderet «a» constitutione sua). Il s'en est tiré en écrivant cum transcenderet constitutionem suam.

Sur la forme, le réviseur s'est employé à polir le style souvent abrupt ou elliptique de Victorin. Ainsi s'expliquent de nombreuses variantes mineures de transposition, ainsi que des additions facilitantes, par exemple en H L,183-185: ...et detractationem de Iudeis, quos negat esse Iudeos, sed 'synagoga Satanae' (^ sunt), quoniam ab Antichristo colliguntur; 1,224-225: Quinta classis, ( 1d est) conlectio uel conuersatio sanctorum, declarat homines neglegentes, etc.; 11,68: Simile leoni animal

(^ euangelium) secundum Marcum. Victorin ne craint pas la parataxe, écrivant par exemple: Hoc tenet ecclesia catholica, et ante praedicata et postea consummata, uolat et merito tollitur a terra, uiuum animal (H 1I,112-114). Le réviseur a produit une phrase plus coulante en écrivant fenens au lieu de tenet. Victorin épingle volontiers deux ou trois mots du texte biblique qu'il tient comme en suspens, sans trop se soucier de la syntaxe, avant de commenter celui-ci. Le réviseur n'apprécie pas cette sorte d'anacoluthe et tente alors de lisser le texte. Au lieu de 'Nicolaitarum' autem 'opera': erant illo tempore ficti homines

et pestiferi, etc., il préfeére écrire Nicholaite autem erant illo tempore ficti homines et pestiferi, etc. (H 1173-174). Au lieu de 'Quattuor angelos per quattuor angulos terrae" siue 'quat5 Ci-dessus p. 58.

68

DE L'APOCALYPSE

COMMENTAIRE

tuor uentos trans Eufraten flumen' gentes sunt quattuor, etc., il écrira quattuor angeli... siue quattuor uenti... gentes sunt (IL, 343-344). Ailleurs, 'Clamasse uoce magna': uox magna est caelestis, etc., devient sous sa plume Quod clamasse dicit uoce magna, uox magna est caelestis, etc. (11L,75).

4.1.4. Le sous-archétype v; Le reste des manuscrits

de la famille

Y, à savoir VOLEP

ORN, est tributaire d’un troisième sous-archétype intermédiaire, dans lequel plusieurs dizaines de fautes supplémentaires se sont introduites, par exemple H 1,144 perhortant pour portant; 1238 in tam paruis uiribus omis; 1,269 extendetur pour extenditur; 11,82 rescripturum pour se scripturum; 111,108 elo-

quentiae pour loquenti; IV,92 pugnabat pour pugnauit; V,122 formatur pour fundata. Beaucoup de ces fautes s'analysent comme des variantes dérivées de fautes antérieures, qu'un correcteur mal inspiré n'a pas réussi à émender judicieusement. Par exemple en H 1113, aprés que nominatim a été déformé en nominat in, il a supprimé uocat, la proposition n'ayant pas besoin d'un second verbe; en 1,233, aprés que electionis est devenu conlectionis dans Y, il en a fait conlationis; en IV,85, où la

phrase est désarticulée en raison de l'omission de er dans '£^ il a ajouté quando devant ce qui devrait étre la proposition principale, et supprimé non en tête de celle-ci. On n'a pas affaire ici à une révision de même nature et de même ampleur que celle dont le texte a fait l'objet dans v». Il peut arriver exceptionnellement que v; soit seul à conserver la legon originale garantie par l'accord avec 4, quand T a repris à son compte la lecon fautive de E, D fait défaut et v; a retouché le texte. C'est le cas en H L,121-122, oü v; est seul à encore énumérer les épitres

pauliniennes dans l'ordre de Victorin. 4.1.5. Le sous-archétype v,

Parmi les descendants de v;, on discerne un premier groupe constitué par les mss VOL, dépendant d'un quatriéme sousarchétype intermédiaire, que nous désignons par le sigle v;. Ce trio de manuscrits n'a pas la méme cohérence que le groupe CBG, chacun d'eux cherchant fréquemment sa voie de son có-

té. Il est rare de trouver des variantes partagées exclusivement par les trois au sein de la famille Y; on peut citer parmi elles en

LA TRADITION

HIERONYMIENNE

69

H 1,38 filius pour filium; 11,293 altare pour aram; 11,30 inimicus * homo; I1L,161 formarem pour figurarem.

Cela s'explique d'abord par le fait qu'un intermédiaire supplémentaire s'est encore intercalé entre v, et la paire VO, qui se distingue de L et du reste de la tradition par une vingtaine de fautes caractéristiques, entre autres H L7 quae praecipit pour quae praecepit; L111 dabit pour dat; 1,240 permittat pour permittit, 1,256 potes pour poteris ou potestis; IL8 plane pour plene; I1,9-10 et cor hominis...ad filios omis par homéotéleuton; IIL108 praedicatoris pour praedicationis; 1V,242 omnes omis; V,80 immortalia pour immortale.

D'autre part, il n'est pas rare de trouver VL d'accord contre O, notamment en H L55 faciei pour faciem; 1,140 — de septem una ecclesia; 11,134 praedicatores pour praedicationes; 11I,122 dei omis; III,161 utero pour uentre. La raison en est que O est

contaminé. Le second exemplaire consulté par O doit étre v; ou un descendant de celui-ci encore plus étroitement asservi à son modèle que CBG, car O s’accorde toujours avec CBG en bloc, jamais avec un de ces manuscrits en particulier, ni avec la seule paire CB. Exemples: H L154 denuntians pour denuntiat; 1,249 negantes pour uacantes; 1,81 effigies pour effigiem; 11,333 nouissimam pour nouissima;

lL,121

metiretur pour metiret; III,

180 excelsas ramosas pour excelsus ramosus; 1V,73 eo pour illo; IV,226 hic pour hoc. Les manuscrits V et L ont également été en contact avec le groupe CBG. Particuliérement révélateurs à cet égard sont des leçons alternatives, telle la glose uel trans ajoutée dans V audessus de descenderit en H IV,114, pour suggérer de lire ftranscenderit, et des doublets dans L, tels auream aram en 11,291, angelus et nuntius en IIL 74. Mais les accords CBGV et CBGL sont moins nombreux et moins significatifs que les accords CBGO. Le copiste de v, ou, plus probablement, un lecteur qui l'a annoté avant qu'il ne soit copié, a su redresser quelques erreurs qui s'étaient précédemment introduites dans la tradition hiéronymienne. En H 111,26, il s’est avisé qu’une citation curieuse-

ment attribuée à «l’esprit de l’Eglise» (ecclesiae spiritus) provenait en réalité de l’Ecclésiaste (Ecclesiastes). La correction figurait vraisemblablement entre les lignes ou en marge, car Va écrit de première main ecclesiastes ecclesiae spiritus, après

70

COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

quoi les mots ecclesiae spiritus ont été exponctués et cancellés. Dans O, on lit ecclesiastes spiritus (!), sans correction. En H 1,144, le correcteur a compris que dispensatores n'avait pas de sens dans ce contexte et a eu assez de flair pour restituer la le-

con originale (dissipatores), qui se retrouve dans V et L (O a préféré suivre CBG). Il a bien vu en H 11,243 que la préposition per, dans la tradition hiéronymienne, était tombée comme par haplographie devant predicatores; grâce à lui, elle a réapparu à cet endroit dans O et L, d'accord sur ce point avec A4 et Césaire. En H 11,290, il n'a pas su retrouver le texte original, mais il a

du moins annulé le mot aureas, une faute consécutive aux omissions survenues dans la suite du texte et un contresens

manifeste, dont il a préservé les mss O et L.

Le copiste de V est lui-méme un lecteur attentif, car il est le seul, en H IV,162, à redresser une erreur absolument générale,

qui est partagée par À et qui a probablement échappé à Jérôme lui-méme: c'est l'attribution à Isaie (/saiae, ultérieurement corrompu en irae) d'une citation qui vient en réalité d'Ezéchiel. Ce copiste intelligent s'est souvenu d'avoir lu un peu plus haut (en H IIL178) la méme citation correctement attribuée à Ezéchiel. Il a également redressé une faute évidente de l'archétype Y, qui, là oà l'auteur paraphrase mot pour mot Is 4,1, panem

nostrum comedemus, a dérapé par persévérance en écrivant panem spiritum sanctum, qui nutrit in uitam aeternam, suam, sibi

per credulitatem promissam. l| suffit d'un peu d'attention pour comprendre que le masculin s'impose dans la reprise du texte: suum, sibi per credulitatem promissum (H 1,133). Le copiste de L est, parmi tous ceux de la famille Y, celui qui a le plus retravaillé son texte. Une partie de ces retouches sont purement cosmétiques, notamment de nombreuses variations dans l'ordre des mots, ainsi que des additions facilitantes ou explicatives, telles permanet ^ semper (H L10), inuiolata * ueste (1,135), uidit + hoc (1,4), uerbum - dei (11,269), iudeos - significat (IIL,11), manifestam —- dicit (IV,84). Ailleurs, il n'hésite pas à prendre des libertés, en écrivant par exemple

candidatorum in spiritu sancto renatorum au lieu de candidatorum de caelo datorum (17-48), fidem humiliter tenent au lieu de fidem immobiliter tenent (235), obscurabitur sol iustitiae au lieu de obscurabitur splendor doctrinae (11,319), accepturum promissionem au lieu de accepturum receptionem (III,

LA TRADITION

HIERONYMIENNE

71

115). A propos du dragon dont la queue «entraîne le tiers des étoiles» (Apc 12,4), Victorin refuse de suivre ceux qui pensent qu'il pourrait séduire le tiers des croyants (fertiam partem hominum credentium) et croit qu'il s'agit plutót des anges qui lui sont soumis (angelorum sibi subditorum) (IV,110-113). Dans L, V opposition n'est plus entre le tiers des hommes et celui des anges, mais entre les ámes des.croyants (animas hominum credentium) et celles des méchants (malorum sibi subditorum). Quand il s'est avisé que le texte hérité de la tradition antérieure était corrompu, il s'est efforcé d'y remédier tant bien que mal. En L240, nec quidem in temptationem eos tradi permittit était devenu ne quidem in temptatione nostra deus permittit; 1l a tenté de sauver ce texte en ajoutant deux mots à la fin: ...deus nos uinci permittit. En 11,16, oà Y avait lu fautivement sps pour xps, le copiste a omis le mot qui faisait difficulté. En 11,195, où le complément de /egisset était tombé dans Ÿ, probablement par homéoarcton"^, il a écrit /egis precepto au lieu de /egisset. En 11,361-362, dans la phrase interrupto silentio eadem per ordinem repetit, les mots interrupto silentio avaient fusionné pour donner interruptio; il s’en est tiré en écrivant interruptionem eamdem per ordinem repetit. En IV,114, oü manquait dans '/ la préposition a, et oü v; avait conjecturé assez intelligemment transcenderet pour descenderet, il a eu la main moins heureuse en écrivant absconderet, qui n'a guére de sens dans ce contexte. Le péché qui a entrainé la chute du diable est un péché d'orgueil, non de dissimulation. 4.1.6. Le sous-archétype vs

Les cinq manuscrits anglais restants (EPORN) dépendent d’un sous-archétype également dérivé de vs, qui leur a encore légué un lot de fautes supplémentaires. On peut citer parmi elles H L,46 similis omis; 1,162 falesque] talisque; 1,228 inquit omis; IL142 euangelia] euangelii; 11,145 quia uenerat] cum ueniret; IIL15 iram] illam; WI,16 sanctos - destruendum; 11,90 interpretes] interpres; IL121 similem] simile; IV,201 faciet omis;

14 H 11,194-196: «Nam et ipse cum «legem- legisset populo (sci/. Moyses), accepta lana sucida et sanguine uituli et aqua aspersit populum uniuersum, etc». A lit nam et ipsam legem cum legisset populo, etc. L'omission s'explique plus aisément s'il y a eu transposition dans la tradition hiéronymienne.

72

COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

V,109 ternas] terrenas. 1l s'agit généralement de variantes mineures, presque toutes accidentelles ou, comme en IIL16, appe-

lées par des variantes accidentelles antérieures. De ce sous-archétype v; descendent deux intermédiaires dont dépendent respectivement la paire EP et le trio ORN. Les mss £ et P sont étroitement apparentés en même temps qu'indépendants l'un de l'autre. En témoignent de nombreuses fautes communes, dont en H L,162 hominis pour homines; L,242 decorem pour decor est; 11,136 uocem pour uoces; 11,146 habeant pour habebant; 11,150 uenerit pour ueniret; IIL10 ac (filios) pour ad (filios); 1,192 archana emolitur pour arcane molitur; IV,37 aequaliter pour aequalem; 1V,162 uerba pour uerbo; IV,201 ipse * inde; V,65 impleto pour completo. D'autre part, E se distingue par une série de variantes singuliéres qui ne se retrouvent pas dans P et permettent d'exclure une relation de dépendance, la relation inverse étant exclue par le fait que E est plus ancien (L,142; IL71. 147. 187; 11,100; IV,51; V,79). Le modèle commun de EP a été en contact avec D (ou un manuscrit tout proche de celui-ci), auquel 1l a emprunté un certain nombre de leçons fautives, comme

en H IL221 spiritum

sanctum pour spiritu sancto et inversément, à la ligne suivante, sacerdotio pour sacerdotium; 11,326 grossus pour grossos; III, 43 apocalypsis et pour apocalypsi sed; I1,46 deferentia pour differentia; 1V,29 sps pour xps; IV,153 alium pour aliud; IV, 201 accipient pour accipiant. En 1,240, il a gardé comme D le subjonctif dicat, appelé par la préposition cum, qui a disparu, alors que les autres manuscrits ont corrigé en dicit. Dans le prologue, à la troisiéme ligne, il a lu perspicati (ou -caci) retiarum, comme D. Les trois manuscrits anglais tardifs QRN, derniers représentants de la famille Y, sont, comme le trio CBG rencontré plus haut, étroitement solidaires de leur modéle commun. L'association à notre commentaire, dans ces trois manuscrits, du rare De monogramma, dont ne connait par ailleurs qu'un seul manuscrit datant du IX^ s., suffit à indiquer qu'ils dépendent d’un même modèle. Ils présentent, du reste, les mémes additions (p. ex. ILIOO per devant prouidentiam, 111,130 patris après huius), les mémes omissions (p. ex. IL,188 quasi devant occisus, IV,276-277 quaeque apocalypsis dicit), les mémes transpositions (p. ex. IL,105/106 habeat pennas, IIL127 omnes

LA TRADITION

HIERONYMIENNE

73

de finitimis prouinciis), les mémes fautes qui n'appartiennent qu'à eux (p. ex. IL175 mediata pour meditata, IV,9 peccatorum

pour delictorum). Bien qu'étroitement apparentés, ils sont indépendants. À et N lisent du texte omis par Q (p. ex. 216-218 id est...pondus, 1V,161-162 christus...superius), tandis que Q écrit correctement des mots écorchés par les deux autres. Le modèle était apparemment chargé de corrections qui ont été interprétées diversement par les copistes. En IIL,2, où CBGLE et O lisent respectivement solum et solis pour sole, nos trois manuscrits lisent so/is solum. En IIL81, oü Q lit erronément mu-

nere pour uirtutis (évidemment sous l'influence de l'hymne au Saint-Esprit Veni creator), les deux autres ont écrit uirtute munere. En 11,203, où merito resignatur était devenu dans v; mo-

riturus signatur, © a presque réussi à retrouver la leçon originale en écrivant merito designatur. Les deux leçons se retrouvent à la suite dans R (moriturus signatur merito designatur), l'une dans le texte et l'autre en marge dans N. Les mss R et surtout N proposent à maintes reprises des leçons alternatives entre les lignes ou en marge. Abstraction faite de ces variantes secondaires, le texte transmis par le modèle du groupe était contaminé sinon par ©, voisin dans l'espace et le temps, du moins par un manuscrit proche de celui-ci, peut-être un ascendant de O. Ainsi s'expliquent les accords VORN, OQRN et VOQRN qui ne sont pas rares dans l'apparat critique (p. ex. 1141230: 232; 1168. 122: 326; 11533..125. 188;,V,90). 4.1.7. La tradition indirecte

Parmi les sources du vaste commentaire de Primasius sur l’Apocalypse figurait celui de Victorin. Il n’en fait pas état dans sa préface, où, après avoir invoqué la caution de saint Augustin, il se justifie longuement d’avoir cherché l'inspiration chez Tyconius. Mais sa dette à l'égard de l'évéque martyr de Poetovio, si elle est moindre qu'à l'égard du maitre africain, n'en est pas moins indéniable. Primasius lisait Victorin dans l'édition hiéronymienne. Il en a les variantes caractéristiques par lesquelles elle s'oppose à 4, telles in Salomone en H L40 (per Salomonem A) ou incredulos en H L250 (incredibiles A). Son manuscrit dépendait du prototype 2. Parmi les noms vérifiant le chiffre de l’Antéchrist, il cite en premier lieu celui d'Antemos, qu’il interprète étymologiquement comme signi-

74

COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

fiant «contraire à l'honneur» (Prim. 13,265-275). Le texte de son exemplaire était en désordre, comme dans la plupart de nos manuscrits. Si l'on excepte la gématrie d' Antemos, facile à repérer, les emprunts au commentaire victorinien, relativement fréquents jusqu'à l'ouverture du sixiéme sceau, disparaissent ensuite, comme si Primasius n'avait pas pu suivre plus loin le fil du texte. Cependant, ce manuscrit devait étre de meilleure qualité que ceux que nous avons conservés, car il est exempt de certaines fautes qui ont dû s’introduire à un stade ancien de la transmission du texte. Primasius y a encore trouvé intacte l’énumération des sept «nouveautés» de la foi chrétienne (H IT, 218-223), alors que la seconde et la troisième ont disparu par saut du méme au méme dans tous nos témoins, sauf F (Prim. 5,615-623). Une autre omission du méme genre se rencontre en H 139, oü les mots inter medium dicit ecclesiarum ne sont

conservés que chez Primasius (1,205) et dans les mss JW et S. En H 1663, il a conservé seul avec WS l'épithéte aurea (Prim. 1,220), et en L113, il a seul avec JW la lecon nominatim à l'état pur (Prim. 1,261). Il est absolument seul à lire encore ef, comme À, en H L,41, où tous les manuscrits hiéronymiens lisent est, et illae en HI,114 avec À et Césaire (Prim. 1,207. 261).

C’est également un manuscrit de bonne qualité qu’a dû utiliser Isidore de Séville en composant ses prologues aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament. Il y résume fort bien l'interprétation des deux derniers chapitres de l’ Apocalypse que Jérôme a substituée à celle de Victorin et qui est commune à tous les représentants de l'édition hiéronymienne (IS pro 109; PL 83,1794. 180A). Il paraphrase trés précisément le passage où Victorin explique que Paul a, comme Jean, écrit à sept Eglises seulement pour respecter la signification symbolique de ce nombre (IS pro 92, col. 176B). Il énumére ces sept Eglises dans l'ordre de la Vulgate, comme

le feront plus tard les mss CBG,

mais il a encore conservé la lecon de 4 en H L,123 (numerum), là oà la plupart des manuscrits hiéronymiens lisent modum. 4.2. La famille =

À côté de la branche issue de l'archétype Y' s'est développée une autre branche de la tradition, descendant de la même copie du prototype glosé et en désordre dont il a été question au cha-

LA TRADITION

HIERONYMIENNE

JS

pitre précédent. Nous désignons par le sigle l'archétype qui se trouve à l'origine de cette seconde branche. Cette recension se distinguait du texte Y' par les caractéristiques suivantes. Premiérement, le recenseur a voulu remédier au fait que Victorin cite rarement tout du long le texte sur lequel va porter son commentaire et se contente souvent d'en épingler les mots saillants ou d'en évoquer le contenu en style indirect, de sorte qu'il n'est pas toujours aisé de rapporter précisément ses explications au texte concerné. À cette fin, le recenseur a introduit en maints endroits, comme dans les commentaires traditionnels, un véritable lemme, c'est-à-dire une citation littérale de la portion du texte biblique dont l'explication suit. Il lui arrive de se tromper, comme en H 1,170-171, où il a mis Apc 2,15 à la

place de 2,6, et le choix du point d’insertion n’est pas toujours heureux, car le lemme ajouté coupe parfois une phrase en deux, comme en H 1,42-44; 11,309-310. Ces lemmes sont empruntés à une ancienne version latine, dans laquelle on reconnaît une

forme tardive (type J) d’un texte couramment utilisé en Europe aux alentours de l'an 400 (type D). Ils font souvent double emploi avec les références allusives dont s'était contenté l'auteur, ce qui invitait à supprimer celles-ci ou à les adapter. Ces remaniements se sont poursuivis au fil des copies successives, car le recenseur avait encore laissé subsister bien des doubles emplois; une partie d'entre eux n'ont jamais été supprimés. Deuxiémement, le recenseur a observé, ce faisant, que Victorin ne s'astreignait pas à suivre rigoureusement le fil du texte biblique. Il a tenté de remettre en ordre, sans y parvenir complétement, la description du Fils de l'homme dans la vision inaugurale, aprés quoi il a renoncé à poursuivre dans cette voie. Troisiémement, Antemos et Genséric ayant quitté le théátre de l'histoire au moment oü le recenseur est intervenu, vers l'an 500, cette glose concernant le chiffre de la Béte en Apc 13,18

était périmée. Il propose à la place le nom TEITAN, qu'il a trouvé chez Irénée et Hippolyte!f, et qui vérifie également le chiffre 666 (T = 300, E = 5,1 = 10, T = 300, A=1,N=—50).II l’assimile à Phébus, nom mythique du soleil, et fait observer qu’en latin, DIC-LVX, anagramme de 666 exprimé en chiffres 15 Voir Vetus Latina, t. 26/2, p. 89-90. 16 IRENEE, Aduersus haereses, 5,30,3; HiPPOLYTE, De Antichristo, 50.

COMMENTAIRE

76

DE L'APOCALYPSE

romains, renvoie aussi, par antiphrase, à l' Antéchrist, qui se fait passer pour ange de lumiére afin de mieux tromper ses disciples. La gématrie de Teitan étant moins compliquée que celle d'Antemos et Genséric, les copistes s'en sont en général tirés honorablement. Celui de H a raffiné en présentant, à la suite des mots computaturque grece sic, latine uero sic (cfr H IV, 171-172), la valeur numérique de TEITAN en grec et de DICLVX en latin dans un cadre orné en deux colonnes, comme suit: Grece TODO [SV TRES TES THO Aui INI. T:

Latine D quingentos I C L V X

unum centum quinquaginta quinque decem

Dans le tableau comme dans le texte qui l'accompagne, ce copiste écrit invariablement

Te/tan pour Teitan; la valeur nu-

mérique indiquée en regard des lettres 4 et N résulte d'une correction, sans qu'on puisse voir ce qui précédait. Le tableau tient lieu des valeurs indiquées de maniére séquentielle dans le texte en H IV,172 et 175-176. Le copiste poursuit ainsi: Quod nomen si uelis in latinum conuertere, ut hunc numerum plenius scias, prima pagina nomen grecum quod sonat TELTAN quere

ibidemque numerum, qui simul iuncti fiunt DCLXVI; si uelis interpretatum discere latine, dic lux, simulque numerum DCLXVI in secunda pagina quere. Quo nomine per antifrasin, etc. (cfr H IV,173-180). Le seul à s'étre complétement fourvoyé est le copiste de M. Peut-être avait-il sous les yeux un tableau en deux colonnes qu’il n’a pas su interpréter. Il en est résulté le texte suivant: ...computaturque greca (!) sic T ccc T ccc quod simul b v aj ducti fiunt -i- x n l d cl xvi Die lux (cfr H IV,171-173). Ce qui suit (quod nomen si uelis in latinum conuertere erit diclux) est omis, le copiste enchainant sur d quippe d figurat, i unum, etc. Quatriémement, le recenseur a jugé que le bref commentaire du chapitre 20 de l'Apocalypse que Jéróme avait substitué à la lecture millénariste qu'en avait faite Victorin, était trop sommaire pour donner satisfaction. Il l'a remplacé par un résumé de la mise au point faite à ce propos par saint Augustin au livre XX, chap. 7 et 8, de La Cité de Dieu. C'est à ce méme ouvrage

LA TRADITION

HIERONYMIENNE

77

qu’ont été également repris les lemmes qui interviennent dans ce passage. Le tableau ci-dessous met en parallèle à gauche le

commentaire élaboré par le recenseur (H V,33-78), à droite les passages correspondants d' Augustin (CC 48,710-713). *Mille anni' in quibus alligatus est

..ut

Satanas isti sunt ab aduentu primo

nouissimam partem quae remanebat

Christi usque ad terminum

usque ad terminum saeculi mille an-

saeculi,

huius

miliarii

tamquam

diei

mille autem dicti eo loquendi modo

nos appellauerit eo loquendi

quo pars significatur a toto.

quo pars significatur a toto.

*Et misit illum" inquit *in abyssum', quia diabolus exclusus a credentibus

exclusus

coepit impios possidere.

impios possidere.

*Clausit super eum" dictum est, id

*Clausit super eum' dictum est: inter-

est interdixit atque cohibuit ei ne seducat pertinentes ad Christum, ‘si-

dixit ei ne posset exire, id est uetitum

gnauit autem super eum', quia oc-

didit, (...) quod occultum esse uoluit

cultum

est qui pertineant ad par-

qui pertineant ad partem diaboli et

tem diaboli et qui ad Christi; nam

qui non pertineant, (...) quia et qui

et qui uidetur

si

uidetur stare, utrum sit casurus, et qui

casurus est, et qui iacet, si resurgat

uidetur iacere, utrum sit surrecturus

incertum est. Quod autem ait ligatum atque in-

incertum est.

Ad hoc ergo ligatus est diabolus et

clusum ut non seducat gentes', gen-

inclusus in abysso, ut iam non sedu-

tes ecclesiam significat, ex quibus

cat gentes ex quibus constat ecclesia,

ipsa constat, quas seductas ante tenebat. *Donec finiantur' inquit *mille anni', id est quod remanet de sexto die, qui constat ex mille annis. *Post haec oportet eum solui breui

quas antea seductas tenebat (...) *Do-

stare,

nescimus

modo

...Sed ideo illuc dicitur missus quia a credentibus

plus coepit

transgredi. 'Signauit' autem quod ad-

nec finiantur' inquit *mille anni', id

est aut quod remanet de sexto die, qui constat ex mille annis, aut omnes an-

ni (...) Tunc autem soluetur quando

tempore': breue tempus tres annos et

et breue tempus erit, nam tribus annis

sex menses significat quibus totis ui-

et sex mensibus legitur totis suis suo-

ribus saeuiturus diabolus. Deinde 'post' dicit quod

rumque uiribus saeuiturus.

solutus

Nam

paulo post dicit quod solutus

diabolus seductas gentes toto orbe terrarum adtrahet in bellum aduersus eam, quorum hostium numerus erit

diabolus

seductas

gentes

toto orbe

ut harena maris. Hoc iam ad iudicium nouissimum

ut harena maris. Sed hoc iam ad iudicium nouissimum

pertinet.

pertinet.

terrarum adtrahet in bellum aduersus eam, quorum hostium numerus erit

78

COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

pt L’archétype Æa présente de nombreuses variantes par rapport à Y. Il s'agit principalement d'omissions, parfois longues,

comme en H III,203-212. En dehors de cela, on trouve peu de

fautes caractérisées; on peut citer parmi elles en H IL212 sedis pour aedis, en H IIL,90 post pour quos. Plus souvent, il s'agit de variantes de révision qui ont pour but d'améliorer le style ou de préciser le texte, par exemple en H 1257 pati tribulationes et passiones pour aliquid pati. 4.2.1. Le sous-archétype &; Le manuscrit F, qui est probablement le plus ancien représentant de l'édition hiéronymienne, est aussi celui qui est resté le plus proche de l’archétype Æ et, à travers lui, de l'hyperarchétype 'V. À plusieurs reprises, il est seul à conserver des lecons dont l'authenticité est garantie par l'accord avec 4, par exemple en H ,117, oü il est seul à transmettre encore les mots

toto exercitui loquatur denique siue in asia siue, disparus dans le reste de la tradition hiéronymienne aprés le remaniement du texte qui précéde; en 1L,218-220, il conserve seul les mots zouum etiam eundem ab hominibus morti tradi, nouum est die

tertia resurgere, disparus ailleurs par saut du méme au méme, mais dont Primasius garantit qu'ils figuraient bien dans l'édition hiéronymienne; en 111,26, il transmet seul la leçon ecclesiastes à l’état pur; en IV,161, il a conservé le mot fidem, et en

IV,203, les mots nisi qui notam habuerit, omis par les autres témoins. En IV,209-210, il est seul à lire aspernationem deso-

lationis; le complément déterminatif au génitif fait défaut dans tous les autres. Pas plus que uastationis, qui figure à cet endroit dans 4, ce n'est probablement pas la leçon originale, — celle-ci devait étre euersionis, si l'on en juge par la facon dont l'auteur développe le texte cité, — mais c'est du moins l'indice qu'il y avait un complément dans le modèle, conformé ici par le copiste à la Vulgate. Lorsque F s’accorde avec Y plutôt qu’avec le reste de la famille 5, il s'agit généralement de leçons que Y partage avec A, autrement dit de leçons qui figuraient dans l'édition originale de Victorin et qui n'ont pas été modifiées par Jéróme, mais qui ont été altérées au cours de l'évolution ultérieure de la branche Æ. Les rares exemples en sens contraire (accords YF contre À) sont soit des accidents qui ont aisément pu survenir

LA TRADITION

HIERONYMIENNE

79

indépendamment dans les deux éditions, comme en H IL72 (ab Dauid omis), soit des variantes mineures et non significatives,

comme en H IV,139 (computans/computas). Cela dit, il faut bien constater, comme dans le cas du ms. T,

que ce témoin précieux est par ailleurs bourré de fautes, tantót banales, — haplographies, diplographies, omissions par saut du méme au méme, — tantót absurdes. Le copiste ne comprend manifestement pas ce qu'il écrit et reproduit comme 1l peut, souvent de maniére approximative, ce qu'il croit lire dans un modeéle en mauvais état ou dont l'écriture ne lui était pas familiére. Epinglons parmi d'autres perles en H L,124 in hebraicam trahens pour in breui contrahens; 11,15 illaedisdemque pour illa eademque;

IL65 sepiotres, probablement pour seniores; II,

137 predanum pour donum; 11,229 de clamortis pour de clade mortis; 11,301 sermo tua pour remota a; 11,334 necessisse pour recessisse; 11,360 seniora pour semihora; 11,39 emi pour est;

IIL,127 definiti his pour de finitimis; 111,140 ofales pour os tales; IIL,141 sed cuius sit, probablement pour sec/udi iussit; IV, 276 contribulationem pour contra Babylonem; V,56 in grecum pour incertum; V,98 curae gratia pour currere gratiam; V,121

spu me (= spiritu me) pour spumae. Les extraits de l'édition hiéronymienne du commentaire de Victorin qui ont été insérés dans le ms. H pour combler les lacunes du commentaire d'Apringius sont tirés d'un exemplaire de la recension Æ C’est la gématrie de Teitan qui est associée à la figure de l’Antéchrist en Apc 13,18, et c’est la version remaniée de l’explication du règne millénaire, inspirée de saint Augustin, qui ouvre l’explication des derniers chapitres. Le texte véhiculé par le ms. H était resté proche de l'archétype —, comme £. Une quinzaine de fautes caractérisées communes ex-

clusivement à ces deux manuscrits imposent de postuler un sous-archétype intermédiaire entre eux et l’archétype, que nous désignerons par le sigle &. On peut citer parmi elles en HII, 206 substantiam pour substantiae; 11,280 habet pour habebat; VIL,60 libellum pour librum; WIL,181 omission de monte;

IV,71 nuntiantur pour nutriantur; IV,131 aedificata pour edita: IV,210 a danihele propheta pour per danielem prophetam; V,77 etiam pour iam. Les courts extraits du méme commentaire qu'Apringius cite à titre d'interprétation alternative dans les premiers chapitres ont été empruntés à un manuscrit de la

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COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

même famille, comme on peut le voir en H 1,209 (addition de in calculo scriptum); 1,222 (addition de quae); 11,40 (in generatione pour inrigationem, absence de iam); IL,161 (addition de liber hic).

4.2.2. Le sous-archétype & Les manuscrits MJIK dépendent de .£ par l'intermédiaire d'un autre sous-archétype (£), qui leur a légué près d'une centaine de fautes exclusives. On reléve parmi elles beaucoup de petites additions et omissions anodines, par exemple H IL83 fuit (^ quidam) sacerdos; 11,343-345 (quattuor angelos ...siue quattuor uentos...) gentes sunt quattuor, (* quattuor uero) quia omni genti a deo deputatus est angelus, etc.; IV,225 botros (* fructus) uuae; 1V,272-273 de quibus (* supra) tractauimus; omission de scriptorum en pr 14, de enim en 1L150, de i//e en IIL,188, de propheta en IV,73; de inquit en V,45. Il s'y trouve aussi des omissions plus longues, évidemment accidentelles, comme en 1,149-150 aut ad eos qui neglegentes nomine tantum christiani sunt; 131 super quem solium uidisse se ait similitu-

dinem iaspidis et sardi; IV,164 et actu immutato. D'autres fautes de copie doivent étre pareillement accidentelles, telles conseruatio pour conuersatio (1,2224) ou unum pour uiuum (IV,68). Il arrive au copiste de substituer un synonyme à la leçon du texte, surtout dans les citations scripturaires, sans conséquence pour le sens, par exemple si pour an (1,247), totidem pour tot (1,104), a summis caeli pour a finibus caeli (11,22), triduo pour fribus diebus (IV,3). Il énumére les sept épitres pauliniennes dans l’ordre de =, mais il a supprimé l'épitre aux Philippiens et ajouté en fin de liste l’épître aux Hébreux (1,121-122). 4.2.3. Le sous-archétype &; Le ms. M ne saurait être le modèle des trois autres, non seu-

lement parce qu’il est plus tardif que ZK, mais aussi parce qu’il contient de nombreuses leçons singulières. Les autres se rattachent au sous-archétype &; par un nouvel intermédiaire, que nous appellerons &;. Ce copiste fait peu de fautes, mais livre un texte souvent remanié. On peut hésiter en face de certains changements d'accord, comme en H IL146-147: omnes «quot-

quot» habebant pro gloria aliqua actus sui optimi (optimas

LA TRADITION

HIERONYMIENNE

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JIK) coronas; ce type de faux accord pourrait être accidentel, mais il ne se fait pas toujours avec le mot le plus proche, par exemple en 1,63-64: Zona aurea chorus sanctorum ut aurum per ignem probatum (probatus JIK), ou encore en 11,280-281: Haec eadem quoque inter ceteras clades praemiserat dominus uenturas (uentura JIK) pestes magnas et mortalitates. Le doute n'est plus permis lorsqu'il s'agit d'additions explicatives ou facilitantes appelées par le caractère elliptique du style de Victorin, par exemple H L,174-175: sub nomine Nicolai (+ apostolorum) ministri fecerant sibi heresim, ut delibatum (* idolo) exorcizaretur; 1,2-43:

'ante solium autem tamquam mare ui-

treum simile cristallo" donum (* est) baptismi, quod per filium suum, etc.; 1,74-76: Lucas a sacerdotio Zachariae (...) et apparente sibi angelo dum enarrat (^ incipiens)...; IL,79-81: Marcus euangelista sic incipit (...) 'uox clamantis in deserto, (* et ideo) /eonis habet effigiem; 11,288: 'animas' autem 'occisorum (^ dicit se) uidisse sub ara, id est sub terra; 11,323: stel-

larum casus (* signat) fideles perturbari; 11L,120-124:

"Acce-

pisse autem arundinem similem uirgae, (...) (* arundinem) potestatem dicit quam dimissus postea exhibuit ecclesiis; IV,218219: 'Angelum uolantem medio caelo' (...) eumdem esse He-

liam (+ constat). Particulièrement nombreux sont les remaniements par lesquels le réviseur, qui a reconnu le caractère fautif de &>, s’efforce d’y remédier, sans parvenir cependant à retrouver le texte original. Ce n’est pas qu’il ait manqué de perspicacité, mais il

faut reconnaître qu’à ce stade de la dégradation du texte, la tâche était difficile. En H L,29, l’adverbe primo était devenu dans £ l’adjectif primus, qui ne convient pas au contexte, comme l’a bien senti le réviseur. II l’a remplacé par l’adverbe prius, équivalent quant au sens. Dans la septième lettre, le Fils de l’homme dénonce ceux qui, versés dans les sciences sacrées, ne mettent pas en pratique leur enseignement, c’est-àdire la miséricorde et la charité (dei opus facere nolunt, id est misericordiam et amorem), il invite ensuite tous les chrétiens à la pénitence (omnibus paenitentiam denuntiat), en leur annonçant le jugement à venir (H 1,153-154). Au lieu de amorem,

£; avait lu mortem. Le réviseur a tenté de sauver le texte en

écrivant: ...dei opus facere nolunt, id est misericordiam, et mortem omnibus atque paenitentiam denuntiat, iudicium omnibus adnuntiat. En L202, delibata est devenu dans Y^delibatam, puis dans E deliberatam, dans £ debilitatam, et finalement dans 5; debilitatos.

En 1215, dolis était corrompu en doloris dans 'P, d'oü dolores dans M,

puis doloribus dans JIK.

COMMENTAIRE

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DE L'APOCALYPSE

En 1,2233-235, dans la phrase consuetudo sanctorum declaratur, horum

scilicet qui humiles in saeculo et rusticani in scripturis et fidem immobiliter tenent, etc., les mots horum scilicet étaient devenus dans &; ortum scilicet et (avec diplographie de la syllabe finale), ce qui n'a aucun sens. Le réviseur s’en est tiré en omettant simplement les mots ortum scilicet. En 1,21-23, dans la phrase et quia postquam inuitauit in caelo omnes credentes in nomine suo dominus noster, statim spiritum sanctum effudit, qui ferturus est ad caelum, ait 'statim factus sum in spiritu", le verbe principal introduisant la citation (aif) était tombé déjà dans Æ. Le réviseur de 5; a suppléé sequitur.

En 11,34-35, dans la phrase quorum iudiciorum duum unum iam consummatum est, etc., le mot duum était devenu dum dans & et peut-étre déjà dans & Le réviseur de £; a conjecturé à la place dei. En IL,143-144, oir on lisait exultant scientes se rite uerbum domini ministrasse, les mots se rite étaient devenus dans Y secreta, ce qui avait entrainé

peut-étre déjà à ce stade, au moins sous forme d'addition interlinéaire, l'ajout de ef à la suite de ce mot. Le réviseur de £; a bien vu qu'il manquait un sujet à la proposition infinitive et a restitué se devant secreta. À la limite, il arrive que le réviseur en vienne à faire dire au texte le contraire de ce que l'auteur voulait dire, comme en H 111,36-38, oü Victorin

disait: Licet repetat per fialas, non quasi bis factum dicit, sed quoniam semel futurum est quod est a deo decretum ut fiat, ideo bis dicitur. Au lieu de bis dicitur, £; avait écrit nobis dicitur, dont 6; a fait non bis dicitur.

4.2.4. Le sous-archétype 6, Les mss ZK ne sauraient dépendre de J, qui est, comme M, beaucoup plus tardif. Il faut encore une fois postuler ici un sous-archétype intermédiaire (57) pour rendre compte des nombreuses fautes que / et K ont en commun. Le copiste de 4, fait beaucoup de petits écarts, tantót accidentels, tantót délibérés,

mais il s'agit toujours de variantes mineures, qui ne tirent pas ou peu à conséquence pour le sens. Il substitue un mot outil à un autre, par exemple sicut à ut (H L51), quia à quoniam (I, 166) ou à quod (1L,93), aut à uel (1II,95), nec à non (1II,192), eum à illum (V,14). Il remplace un mot significatif par un synonyme, par exemple omnimodo par omnino (1,162), prius par primum (1V,104), Jucem par lumen (1V,184). Il pourvoit les formes simples d'un préfixe, supprime ou modifie ceux des formes composées, en écrivant par exemple obseruanti pour seruanti (L6), profluentem pour defluentem (1,47), numerat pour enumerat (1,72), inspiciendus pour aspiciendus (111,39), pronuntiare pour nuntiare (IIL/76). Les variantes de transposition portant sur quelques mots sont nombreuses (p. ex. pr 18; I, 116/117. 127. 135, etc.). Les mots ajoutés, par exemple omnes (homines) en L88, ou (fialas) aureas en 11,215, n'apportent au-

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HIERONYMIENNE

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cune nuance importante, et les omissions d’un ou deux mots, par exemple christo en 1,19, est en 1,45, illi en 11,151, magna en IL270, sic ait en 11,28, mea en IIL34, i//a en IV,138, autem en

V,53, n'empéchent pas une bonne compréhension du texte. La seule omission un peu longue est celle de la subordonnée ut lectioni studens exinde opera discat et quae praecepit custodiat en 1,7-8. Parmi les mélectures accidentelles, on peut citer uolui

pour nolui (pr 10), donum pour bonum (1,70), frequentem pour sequentem (L179), uisu pour iussu (IV,78). Le copiste se trompe plus d'une fois dans les nombres, qui étaient probablement chiffrés dans le modèle, écrivant quattuor pour tres (1,246), VII pour octo (1II,24), VII pour sex (1V,101). Il est exclu que / soit le modéle de K, car il s'en distingue par de nombreuses fautes propres. Toute la gamme s'en trouve dès les premières lignes du texte: addition (L5. 10. 75), omission (1,19), substitution (1,22. 41. 52), transposition (1,81). Plusieurs longues omissions, qui ne se retrouvent pas dans K, suf-

firaient à l’établir (11,182-183. 279-280. 324-326; III,23). En fin de compte, le seul manuscrit subsistant dont le modèle est conservé, est une copie provenant de l’abbaye de Lambach, aujourd’hui à Vienne. Il contient la même série d’écrits dans le méme ordre que le ms. K, et le texte en est le méme,

abstraction faite des inévitables accidents de copie. C'est la raison pour laquelle il est désigné par le sigle K' et cité dans l'apparat uniquement en cas de désaccord avec K (ou K, siK porte une correction). K' se trouvait certainement à Krems-

münster aux XIII‘ et XIV* s., comme en font foi des marques d'appartenance et des gloses de cette époque. Le texte de K a dü étre alors au moins ponctuellement confronté avec celui de K'. Ainsi s'explique en L230, dans K, la pseudo-correction re-

uiscere, forme impossible, sur grattage de six lettres (uiuere ou uirere). Dans K', on lisait avant correction uiuere; la syllabe centrale (ue) a été grattée et remplacée par les lettres ce, tandis qu'au-dessus de la ligne ont été ajoutées les lettres res, une sorte de virgule indiquant que ces lettres devaient être lues entre la première et la deuxiéme syllabe, soit ui-res-cere. Si l'on ne remarque pas le signe indiquant le point d'insertion des lettres ajoutées, on risque de se méprendre; en effet, l'espace fai-

sait défaut pour les inscrire au-dessus de la ligne exactement à l'endroit oà elles doivent s'insérer, en raison de la présence à

COMMENTAIRE

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DE L'APOCALYPSE

cet endroit de la hampe d'un p avec le trait souscrit notant l'abréviation per; les lettres ajoutées sont donc décalées vers la gauche, ce qui explique la méprise du pseudo-correcteur de K. 4.2.5. Le sous-archétype &;

Les mss W et S se rattachent clairement, à titre principal, à la branche Æ de la tradition. Ils ont, en effet, les lemmes ajoutés caractéristiques de cette recension et présentent de nombreuses variantes en commun avec l’ensemble FHMJIK. En témoignent toutes celles qui sont notées £ dans l'apparat critique. Ces deux manuscrits se rattachent à l’archétype Æ par l'intermédiaire du modèle de &;. Ceci résulte de nombreux accords

fautifs F(H)SW, F(H)S, F(H)W, par exemple H 1205-206 et... uitiatis] ut...uit(ijaretis FS (deest H); IL,4 tubam loquentem] tubae loquentis FS (desunt HW); 11,165 praeconantem] praedicantem FWS (deest H); IIL,13 crediturum] crediturorum FWS (creditorum 7H); IIL81 futura * et FHS (deest W); 1IL,146 prae-

dicabunt] prophetabunt FHWS; IV,63 illius om. FS (deest W); d exacer€— IV,162 et] ut FHS (deest W); IV,204 uationem FS; exaseruationem JV. Les mss W et S sont eux-mémes apparentés par l'intermédiaire d’un sous-archétype (&;) dont ils ont hérité notamment une foule de conjonctions et d’incises supplémentaires. Voici des exemples pris dans le prologue et le début de la première section, le reste étant à l’avenant: pr 13 principio + itaque; pr 15 exinde + uero; 1,29 qui + enim; 1,50 incredulis + autem; 1,100 unde ^ et; L111 pater * inquit; L119 seruaret — etiam; L125 timotheum - sic; 1,129 septem * uero; 1,133 sibi + uidelicet; L134 tunicas * uero; 1,136 auferri ^ uero; 1,137 improperium(2) * enim; 1,155 epistola * sic. Pris 1solément, de tels ac-

cords n'ont guére de valeur probante. En revanche, leur masse emporte la conviction. Ils apparaitraient encore plus nombreux si W ne faisait pas défaut pour une partie importante du texte; beaucoup d'additions analogues dans $, en l'absence de JW, viennent selon toute vraisemblance de ce modéle commun. Du méme ordre sont des additions facilitantes ou explicatives ou des citations prolongées. 1,81: Haec de ore suo processisse (* testatus est sed) et Petro ait: *'Vade ad mare, etc.”

1,90-91: Paulus contra Antichristum ad Thessalonicenses ait: ‘Quem do-

LA TRADITION

HIERONYMIENNE

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minus interficiet spiritu oris sui” (+ et esaias 'spiritu" inquit «labiorum suorum interficiet impium"). 1997-99: *Pedes eius similes auricalco tamquam in fornace conflato': (+ pedes) apostolos dicit, qui per passionem conflati (^- uniuerso orbi W, + in uniuersum orbem $) praedicauerunt uerbum eius. 1,134: ...tunicas suas, id est sibi promissas, quibus cooperiri se optant (immortalitatis est gloria). IIL,13: ...et ex gentibus magnam multitudinem (+ quam nemo poterat dinumerare). IV,211-212: Aspernatio dicitur quando exasperatur deus (*- eo) quod ido-

la pro eo (pro deo) colantur.

Une partie au moins de ces additions devait figurer dans le modèle sous forme de gloses interlinéaires ou marginales; en effet, le point d’insertion n’est pas toujours le même dans les deux manuscrits, comme on peut le voir dans cet exemple: L86-89: Cum iudex sit ipse a patre (+ propter hominis assumtionem W) constitutus (+ propter hominis assumptionem S), uolens ostendere quoniam uerbo praedicationis iudicabuntur homines, ait (+ inquid sie W) «putatis (+ inquid S) quia ego uos iudicabo in nouissima die?»

Cela pourrait expliquer également les nombreuses leçons confluentes que l’on trouve tantôt dans l’un, tantôt dans l’autre manuscrit, les copistes n’ayant pas voulu trancher entre des variantes alternatives. 1,123-124: Postea singularibus personis scripsit, ne (+ numerum W) excederet numerum (F? Isid. cum A; menum F*; numerus $; modum cet.) septem ecclesiarum: IL,180-182: (- unde dicit J/) *Ecce uicit leo de tribu Iuda, radix Dauid": unum dicit (unde dicit CBGLQRN; unum dicit...dauid or. S) leonem de tribu Iuda uicisse, qui est radix Dauid. IL241-242: Hoc enim in primo factum est (in ipso factum est FH MW; in ipso factum in primo est S). IL,291-292: Nos autem intellegimus auream (aram VEPORN FHMJIKW; aram auream 5$) ita dici... V.,90-91: ...sicut ad Noe (sicut et noe CBGVOLEPQRN JIK; sicut et ad noe J/) praecipitur... V,99-100: *Lignum uitae ex utraque ripa' (ex utraque parte M*/K; ex utraque parte ripe J/) Christi secundum carnem ostendit aduentum.

L'exemple le plus flagrant de pareille leçon confluente se trouve dans le passage consacré au royaume millénaire (H V,178). Jéróme avait substitué à l'interprétation millénariste de Victorin un bref texte dans lequel il voyait ce royaume spirituel peuplé de ceux qui avaient respecté les dix commandements et qui, restés purs de corps et de cœur, avaient porté du fruit au centuple. Cette explication a paru trop courte au recenseur 5, qui l'a remplacée par une autre inspirée de saint Augustin. Les

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COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

manuscrits W et S ont amalgamé l'explication augustinienne résumée par Æ avec l’explication hiéronymienne transmise par l’autre branche de la tradition. Il faut préciser que la combinaison n’est pas la même des deux côtés. Les deux manuscrits se séparent après avoir cité tous deux Apc 19,11 (= & lignes 1-3) et le bref commentaire qui suit, commun aux deux branches de la tradition (^ YE 4-9). Le ms. W fournit ensuite la plus grande partie du commentaire hiéronymien, depuis nam mille annorum (— Y 33) jusqu'à solutus est diabolus (7 Y 62). Il insére à cet endroit le début du lemme qui précède dans £ le commentaire augustinien, depuis et uidi angelum (7 E 9) jusqu'à breui tempore (— £ 18). Puis il reprend le commentaire hiéronymien à partir de completo perfectorum (= Y 65) jusqu'à ingredientur stagnum (- Y 74). ll enchaine sur le reste du lemme qui précéde le commentaire augustinien, à partir de ef uidi sedes (7 Æ 19-32), et dans la foulée, il reproduit l'ensemble de ce commentaire jusqu'à la fin (mille anni — ad iudicium nouissimum pertinet — = 33-78). Le ms. $ s'est donné plus de mal pour mettre de l'ordre dans cet amalgame. Aprés le bref commentaire de Apc 19,11, il commence par énoncer le début du lemme (Æ 9-18), qu’il fait suivre du commentaire correspondant (.E 33-38 ait; 44 et misit — 69 maris). Il revient alors au lemme, dont il reprend une nouvelle tranche (.Z 19-27), pareillement suivie du commentaire correspondant (.E 39 duae sunt — 44 quaerite). Aprés la derniére tranche du lemme (.£ 28-32) vient l'ensemble du commentaire hiéronymien (Y 33-74). Il restait à y ajouter les dernières lignes du commentaire augustinien (= 70-78). Ceci présuppose que le modèle de WS avait reproduit l’interprétation hiéronymienne à la suite de l’interprétation augustinienne, les deux manuscrits (ou des modèles intermédiaires, au moins dans le cas de S) ayant redistribué cette matière chacun à leur façon. On pourrait imaginer que la finale hiéronymienne ne figurait pas dans leur modèle commun, et que tous deux auraient utilisé indépendamment deux manuscrits différents de type Y' pour produire cette synthése des deux interprétations. Mais la courte finale hiéronymienne (quelque 130 mots seulement) recéle chez eux deux variantes propres qui trahissent à coup sûr un même modèle: feros pour impuros en V,48, et l'addition de igneum en V,73.

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HIERONYMIENNE

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Si ces deux manuscrits ont hérité de &; quelques fautes caractérisées, telles typum pour et ipsum en 1,120, apparitionem pour apertionem en IV,228, il arrive plus d'une fois, en revan-

che, qu'ils soient seuls à conserver grâce à lui la bonne leçon confirmée par l'accord avec A et/ou des témoins indirects. 1,38-40: *Quasi filium hominis ambulantem inter medium candelabrorum aureorum': inter medium dicit ecclesiarum, sicut in Salomone dicit: *Inter se-

mitas iustorum ambulabo'. — Les mots inter medium dicit ecclesiarum ont disparu dans les autres manuscrits, mais sont attestés par4 et Primasius. 1663-64:

*Mammae'

duo sunt testamenta

et (zona aurea'

chorus

sanc-

torum ut aurum per ignem probatum. — Le mot aurea, présupposé par le commentaire, est absent des autres manuscrits hiéronymiens. A fait défaut, mais Primasius et Beatus l'attestent. 1201-202: Balaam doctrinam docebat mittere scandalum ante oculos filiorum Israel, esse delibata et fornicari. — Les mots docebat mittere scanda-

lum ante ont disparu dans les autres manuscrits hiéronymiens, mais ils se trouvent dans A et chez Beatus. 11,232-234: Quae licet scriptura prophetica per singula sigilla dicat, omnibus tamen simul apertis sigillis ordinem tamen suum habet praedicatio. — Les autres manuscrits hiéronymiens ont dérapé sur la séquence singula sigilla, généralement simplifiée par suppression du second terme. 4 confirme que tel était bien le texte original. III,142-143: *Quia data est, inquit, calcari a 'gentibus', id est huius mun-

di hominibus, ut aut a gentibus aut cum gentibus conculcetur. — Les mots aut cum gentibus ne se trouvent que dans A et WS.

Il est vraisemblable qu'une partie au moins des bonnes lecons conservées par $ contre le reste de la tradition hiéronymienne dans les passages où W fait défaut viennent également du sous-archétype és. 11,99-100: *Oculos' autem *intus et foris' habere ea animalia, id est praedicationem noui testamenti. — Le mot ea a disparu par haplographie dans les autres manuscrits hiéronymiens, mais se trouve dans A. IV,159-160: Sanctos non ad idola colenda reuocaturus est (scil. Antichristus), sed ad circumcisionem suscipiendam. — Les autres manuscrits lisent ad circumcisionem colendam sous l'influence du contexte antécédent, lecon évidemment absurde, car c'est la pratique de la circoncision que l'Antéchrist veut imposer à ses fidéles, non la vénération de la circoncision. Du reste, A lit

au méme endroit accipiendam. IV,161-162: De inferno autem illum (sci. Nero rediuiuus) resurgere et superius diximus. — Les autres manuscrits lisent surgere contre l'accord de 4 et de S.

Tout comme les additions insérées à faux et les variantes alternatives mentionnées plus haut, de bonnes leçons conservées

par le modèle de WS devaient s’y trouver sous la forme de gloses. Ceci explique que parfois, un seul des deux manuscrits les ait retenues, l’autre préférant suivre le texte corrompu.

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COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

1,94-96: ...donum baptismi, quod demisit (4W; dimisit, emisit, misit ceteri) praecepto per apostolos, diffunditur ad salutem hominum. 113: Septem ecclesiae, quas nominatim (4W Prim.; nominat in $ cum plerisque aliis) uocabulis suis uocat... 1131-132: ...ut inuocetur nomen illius super illas (4$; nomen domini in illas 7; nomen domini in illis W cum ceteris).

Comment se peut-il que ces deux manuscrits, qui se situent à une extrémité de la branche .Z, aient conservé à travers leur

modèle commun de bonnes leçons nécessairement antérieures à la bifurcation des branches Yet £, qui transmettent toutes deux le même texte fautif? Ce modèle doit les avoir reçues d’un second exemplaire situé en amont de cette bifurcation, c’est-à-

dire indépendant de Y, l’hyperarchétype dont descendent à la fois les archétypes Y et =. Il doit avoir eu accès également par un autre canal au prototype 4. En dépit de tout ce qui vient d’être dit, les manuscrits W et S ne peuvent être mis sur le même pied. Il y a plus dans le cas de S. C'est ce que nous allons voir maintenant. 4.2.6. La recension X

L'hypothése d’un modèle de type Æ pourvu de leçons alternatives puisées à une source indépendante de Ÿ ne suffit pas à rendre compte de la situation dans le cas de S. Ce manuscrit, tout en étant clairement apparenté à W, transmet un texte qui a été bien davantage retravaillé. On se trouve ici devant une véritable surrecension de .£, que nous désignerons par le sigle Z Le ms. S en est le seul témoin direct, mais certainement pas l’auteur; elle lui est bien antérieure, comme on le verra.

Premiérement, X a prolongé certains lemmes et en a ajouté de nouveaux, en plus de ceux qui avaient déjà été introduits dans le texte par Æ. Ils sont imprimés dans la présente édition en petites capitales italiques dans la colonne de droite, là oü la page est partagée en deux colonnes. Au contraire des lemmes ajoutés par .Z, qui proviennent d'une ancienne version latine, ceux de Z sont tirés d'un manuscrit de la Vulgate. D'autre part, on se souvient que Jéróme avait occasionnellement réorganisé le commentaire selon l'ordre du texte biblique là où Victorin, qui ne suit celui-ci que dans les grandes lignes, s’en était écarté dans le détail. Il avait notamment remis dans l’ordre le cheval alezan et le cheval noir et redistribué, pas très adroitement d’ailleurs, les brèves remarques de Victorin à

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propos des chapitres 14-17 de l’Apocalypse. Le recenseur Æ avait entrepris, pour sa part, de remanier la description du Fils de l’homme (Apc 1,12-20), dont les différents attributs sont traités par Victorin dans le désordre. .€ a suivi le texte biblique pour les cinq premiers (le vétement, la poitrine, la ceinture, la téte avec sa chevelure, les yeux). Le texte passe ensuite de la téte aux pieds, avant de revenir vers le haut du corps (la voix pareille aux grandes eaux, les étoiles dans la main, le glaive à double tranchant dans la bouche) pour terminer par le visage. = a préféré suivre un ordre logique en parlant du visage à la suite de la téte et des yeux, puis de la voix, de la bouche et enfin des pieds; il termine par les étoiles, sur lesquelles le texte revient à la fin du chapitre 1. X a tenté de serrer le texte biblique de plus prés. C'est la raison pour laquelle il a interverti la voix et les pieds, ceux-ci précédant celle-là en Apc 1,15; cette permutation ne suffit cependant pas à aligner parfaitement le commentaire sur le texte. A plusieurs reprises, X a déplacé par la suite des blocs entiers de commentaire pour les mettre là où un lecteur de l’Apocalypse s'attend à les trouver. Il n'a pas remédié au grand désordre résultant du pliage en sens contraire de deux bifeuillets dans le prototype de la tradition subsistante, comme tentera de le faire, sans toutefois y parvenir exactement, le manuscrit S". En revanche, il est souvent entré dans le détail. Victorin assimilait les quatre anges de Apc 7,1 à ceux de Apc 9,14, ce qui

avait amené E à introduire à cet endroit un lemme factice constitué de Apc 9,13b. 14, dans lequel étaient interpolés huit mots provenant de Apc 7,1. X a renvoyé lemme et commentaire (H 11,336-348) entre les commentaires relatifs aux chapitres 8 et 10 de l'Apocalypse (Victorin ne dit rien par ailleurs du chapitre 9), c'est-à-dire aprés III,54.

Aprés Apc 7,1 traité conjointement avec 9,14, Victorin explique Apc 7,9 (la grande foule cosmopolite vêtue de blanc) et 8,1 (l'ouverture du septiéme sceau et le moment de silence qui s'ensuit). Il avertit que le silence en question va s'interrompre pour évoquer de nouveau la méme série d'événements. Il revient alors à l'ange montant de l'Orient, qui apparait en Apc 7,2, et qu’il identifie au prophète Elie. Il fait encore une brève 7 Voir ci-dessus p. 52.

90

COMMENTAIRE

allusion aux cent des nations (Apc des trompettistes avant d'en venir c'est-à-dire aprés

DE L'APOCALYPSE

quarante-quatre mille et à la multitude issue 7,4-9), puis il traite de l'ange thuriféraire et (Apc 8,2-12). C'est seulement ensuite, juste à l'aigle volant au milieu du ciel (Apc 8,13), H IIL48, que Xa renvoyé le passage traitant

de Apc 7,9 et 8,1 (11,349-363). Il a eu ici la main moins heureuse, car, si l'on entend suivre l'ordre du texte biblique, ce

passage eüt été mieux à sa place aprés H IIL,13. En H IV,32, X a regroupé à l’occasion de la première mention du grand dragon couleur de feu (Apc 12,3) ce qui est dit encore plus loin à son sujet, en H IV,54-61 et 107-115. En H IV,44-50, où le texte est perturbé à cause des feuillets intervertis dans le prototype, Z a logiquement fait passer ce qui concerne Apc 12,5a (la femme enfantant un fils qui gouvernera

les nations) avant ce qui concerne Apc 12,5b (son fils emporté auprès du trône de Dieu), c’est-à-dire H IV,48-50 avant IV,44-

47. On pouvait évidemment s’étonner qu’il fût emporté avant d’être enfanté, surtout après l’insertion des lemmes dans . D'autres variantes impliquent que Z ait eu recours non seulement à un modèle de type Æ pourvu de gloses, mais à un second exemplaire, dont il faudra préciser la situation. Le réviseur l'indique expressément dans le commentaire relatif au nom et au chiffre de l’Antéchrist. Aprés avoir transcrit à propos du chiffre 666 la gématrie du type .Z sur Teitan, il ajoute: Jtem inuenimus in quodam codice grece!* ita... Suivent les noms d'Antemos et de Genséric avec leurs valeurs numériques, tels qu'ils se lisent dans Y. Le nom de Genséric, dont on précise qu'il s'agit d'un patronyme gothique, était accompagné dans ce manuscrit d'une étymologie fantaisiste (gentium seductor). Z use du même exemplaire, que nous désignerons par le sigle &, pour remédier aux manques de Æ, parmi lesquels une longue lacune à la fin de la troisième section (IIL,203-212), et enfanter de nouvelles leçons typiquement confluentes, par exemple en H L186-187; IL317-318. 320; IIL68-70. Là oü le texte vieux latin cité plutót librement par Victorin a été conformé à

15 S Jit greco, mais c'est certainement un faux accord pour grece, le manuscrit en question étant de toute évidence un manuscrit latin. La gématrie n'est possible que si on écrit le nom de Genséric en grec et si on attribue à chacune des lettres la valeur qu'elles ont en grec (grece, cfr H IV,171. 178).

LA TRADITION

HIERONYMIENNE

91]

la Vulgate dans .£, par exemple en H IV,129-130 ou en IV,146150, il a préféré suivre son deuxiéme exemplaire, sans doute parce que ce manuscrit, vraisemblablement plus ancien, lui pa-

raissait avoir en cette matière plus d’autorité. Le second exemplaire de Z devait être non seulement ancien, mais aussi très proche encore du prototype {2 En effet, mis à part W, c’est avec T qu’il a le plus d’affinités. Et c’est particulièrement en des lieux variants où 7 est le seul membre de la famille Y à transmettre encore la leçon primitive attestée par À, que $ s'accorde avec lui, par exemple en H III1,69-70, oü il lit Apocalypsis est qu(a)m accepit Iohannes avec AT, contre Apocalypsis est quam Iohannes uidit dans CBG, etc., ou encore en H IIL210, oà il lit incides avec T (A lit incidis) contre inuenie(ri)s dans les autres manuscrits. On ne sera dés lors pas surpris que le modèle de S conserve encore plus que T des lecons originales garanties par l'accord de 4 qui se sont perdues dans le reste de la tradition, telles detractationem en H L183; obscure en IIL,84; manifestat en IV,84; l'ordre historiquement inexact des empereurs Othon Vitellius et Galba en 1V,133, où le texte est corrompu de multiples maniéres dans les autres ma-

nuscrits. Le ms. S est loin de mériter pour autant une confiance aveugle. En effet, le réviseur Z ou le copiste, — à ce niveau, il est difficile de faire le départ entre ce qui revient à chacun, — intervient constamment par de petites additions facilitantes ou explicatives, comme en H L55 scriptura * similans; L63 sanctorum ^ est; L80 uerba — apostolorum; 1,89 die * non; 1,14 populus * qui; 1,105 tribunalia * sedentes; 11,208 mortis ^ suae;

unum ^ etiam; IllL,181 formosus * autem quod ait. Lorsque le texte corrompu qu’il trouve dans son modèle ne lui paraît pas satisfaisant, il n’hésite pas à le réécrire. En H 1,139-140, in his

ergo septem ecclesiis potest fieri de una ecclesia septem devient sous sa plume in his ergo septem ecclesiis unius ecclesiae catholicae fideles sunt, quia una in septem; en L253, nausia

quamuis odibilis sit neminem

latet devient nausia, quamuis

odibilis, tamen neminem ledit; en IIL124, aprés la citation de Apc 11,1 (et data est...) potestatem dicit quam dimissus postea

exhibuit ecclesiis devient ostensa arundo similis uirgae haec ipsa est apocalypsis quam postea exhibuit ecclesiis. ll lui arrive de proposer une interprétation alternative, comme en H IIL171-

92

COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

172: 'in conspectu domini terrae stant, id est sunt in paradiso -« item alio sensu 'in conspectu domini terrae stantes ', id est in conspectu antichristi?. I1 s'autorise volontiers des remarques édifiantes ou des précisions dogmatiques, par ex. en IIL,125 euangelium (^ perfecte fidei nostrae salutis causa) postea scripsit; en IIL,131 hominem factum (* in anima uera et carne utraque sanctissima); en IIL,134-135 hunc esse manum dei et uerbum patris ( ex deo per omnia deum). Les additions de ce

genre sont particuliérement nombreuses dans la description de la cité eschatologique (Apc 21—22), oü le réviseur se laisse parfois emporter par un enthousiasme non dénué de lyrisme. Ainsi en H V,98-99, où Jérôme avait indiqué sobrement:

‘Flumen”

uero 'uitae' spiritalis natiuitatis.currere gratiam ostendit, il surenchérit: "FIumen' uero 'uitae' spiritualis doctrinae per montes fidelium currere gratiam et multiplicia odorum germinasse uirentia ostenditur. Un glossateur du Liber Genealogus a manifestement puisé aux mémes sources que X. Cette chronique africaine de tendance donatiste (CPL 2254; AN gen) a connu plusieurs éditions successives”. L'édition de 438 comporte une interpolation qui, quoi qu'en ait dit P. Monceaux?!, ne saurait être antérieure au VÉ. s. Elle ne se lit plus aujourd'hui que dans deux

copies des X^ et XY. s. L'auteur de la chronique identifie Néron à l' Antéchrist, dont il vérifie, dit-il, le chiffre 616. Tel est, en effet, le chiffre de la

Béte en Apc 13,18 dans plusieurs témoins grecs et latins, notamment dans le texte commenté par Tyconius; il est vraisemblable que c'est celui qu'on lisait dans la Bible donatiste. L'auteur arrive à ce résultat en additionnant les valeurs correspondant au rang de chacune des lettres du mot Antichristus dans l’alphabet latin (a = 1, n ^ 13, t — 18, etc.), soit au total

154, et en multipliant cette somme par le nombre des lettres du nom Nero, soit 4? ^ Le glossateur a des lettres. Ceci vient du Commemoratorium de Apocalypsi pseudo-hiéronymien (CC 107, p. 217). ? Edition T. Mommsen, MGHAA 9, p. 160-196; voir P. MONCEAUX, Histoire littéraire de l'Afrique chrétienne, t. 6, Paris 1922, p. 250-258.

?! Op. cit. p. 255-256.

7? AN gen 615 (p. 194). Le texte est malheureusement en trés mauvais état. Il faut probablement lire has sex au lieu de asses (cfr $ 617 per as VI litteras).

LA TRADITION

HIERONYMIENNE

93

L'auteur de la notice interpolée? était intrigué par le fait que ce chiffre ne correspondait pas à celui qui figurait dans sa propre Bible, laquelle lisait, comme la plupart des exemplaires grecs et latins, le chiffre 666. Il en appelle, pour éclaircir cette difficulté, à d'autres docteurs (alii doctores). Il cite en premier lieu le «saint évéque Victorin», au dire duquel l'Antéchrist ne se présentera pas comme tel, mais viendra in mutato nomine sous les noms d'Antemus en grec et de Genséric en gothique, de facon à séduire beaucoup de gens (ut multas gentes seducat). Il ny a rien de surprenant, dés lors, à ce que la valeur numérique du pseudonyme grec sous lequel il se dissimulera soit 666, et non 616, puisqu'il s'agit d'un faux nom. L'auteur de la note fait également appel à une autre autorité (aliud orator), d'aprés qui le nom grec du soleil, Teitan, vérifie pareillement ce nombre. Il revient ensuite à Genséric, dont il rappelle la fausse étymologie en termes quelque peu différents (ut gentiles seducat), et dont il détaille la gématrie en grec. De son propre aveu, l’auteur de la note a donc utilisé deux sources différentes. La première doit être un manuscrit de l'édition hiéronymienne précisant que les noms interpolés d’Antemus et de Genséric étaient respectivement d’origine grecque et gothique et proposant une étymologie fantaisiste de Genséric. La seconde était un manuscrit du type .£, dont il reproduit des lecons caractéristiques. Ce sont ces mémes deux sources qu'a combinées le réviseur X, à moins que cette combinaison se soit déjà trouvée dans le modèle commun de WS, ce qu’il est impossible de savoir, puisque le feuillet correspondant a été coupé

dans W. C'est un manuscrit de type £X qu’a dû utiliser Ambroise Autpert, abbé du monastére de San Vincenzo al Volturno, en Italie Centrale, lorsqu'il rédigea entre 757 et 767 son volumi-

neux commentaire de l'Apocalypse. Il s'inspire principalement de Primasius, sans négliger pour autant les commentaires antérieurs. Mais leur apport est dilué, voire noyé, dans un verbiage dont la prolixité a de quoi décourager le lecteur le mieux disposé. L'auteur pratique un style solennel, maniéré et redondant, dont l'enflure dissimule mal la banalité du contenu. Il se perd

23 AN gen 616-619 (p. 194-195).

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COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

souvent dans d'interminables digressions, qui n'ont plus qu'un lointain rapport avec le texte expliqué. S'agissant de Victorin, il avait certainement sous les yeux un exemplaire de l'édition hiéronymienne, dont il résume trés précisément la préface^^, et auquel il lui arrive de renvoyer expressément?. Il l'utilise directement, et non à travers Primasius,

en d’autres endroits, mais sans le dire‘. Son exemplaire n’est pas de type Y. On peut le constater déjà dans le résumé qu'il donne de la préface, où l’on voit qu’il lisait ablatis ou ablafa, et non ab iota, comme X dans la phrase où Jérôme explique en quoi avait consisté son intervention (H pr 12). A propos de l'Antéchrist, il suit Primasius pour ce qui concerne Antemos et Arnoume (une invention de cet auteur). Mais il y ajoute le nom de Teitan, qui n'est pas dans Primasius et qui vient nécessairement de la recension £ de Victorin; la gématrie en est empruntée à celle-ci, en ce compris l'anagramme DICLVX. Il termine par le nom gothique de Genséric, qu'il interpréte comme signifiant gentium seductor?'. Il a donc eu accés directement ou indirectement à la fois à un exemplaire du type Æ et à un manuscrit transmettant la glose augmentée, comme l'auteur de la recension X. Etant donné qu'il ne faut pas «multiplier les êtres sans raison», l'hypothése la plus économique est qu' Ambroise Autpert a simplement utilisé un exemplaire issu de cette recension, qui doit être, dans ce cas, antérieure au milieu du VII s.

Une vingtaine d'années plus tard, Beatus, moine, puis vraisemblablement abbé du monastére de Liebana, dans les Astu-

ries, a publié une vaste compilation dans laquelle il a rassemblé et organisé tant bien que mal tout ce qu'il avait pu trouver dans ?* Autp. 5,8-13. ?5 A propos des deux témoins de Apc 11,3, que Victorin identifiait à Elie et Jérémie, Ambroise tient la première identification pour exacte, mais la seconde pour infondée, sauf le respect dü à un martyr du Christ (seruata martyrii reuerentia, martyr enim est Christi), dont l'avis ne s'impose pas pour autant (martyr dei, non autem ideo uenerandus quia tale sensit, sed ideo quia ad coronam martyrii peruenit). Aprés avoir réfuté l'argumentation de Victorin, il se range à l'opinion de Jéróme et de Grégoire, qui associent Henoch à Elie (Autp. 413,1 — 414,40). Il use de moins de ménagement à propos de l'identification de l'Antéchrist à Néron ressuscité des enfers (H IV,149-153), en jugeant que méme une intelligence médiocre suffirait à en voir l'absurdité (Autp. 655,21-34). 26 Par exemple Autp. 28,6-7; 75,7 — 76,9. 27 Autp. 517,35 — 519,99.

LA TRADITION

HIERONYMIENNE

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la tradition antérieure à propos de l'Apocalypse johannique. A cóté du commentaire de Tyconius, le plus complet, qui lui sert de fil conducteur, et d'Apringius, dont il n'avait plus, comme nous, qu'un exemplaire lacuneux, il a également exploité le commentaire de Victorin. La couche de fond de son exemplaire était du type £, dont il reproduit souvent les lemmes ajoutés. Il reprend à l'édition hiéronymienne la nouvelle interprétation de la Jérusalem céleste, mais pas la mise au point de Jéróme sur la signification des mille ans, retranchée par .Z et remplacée par l'explication de saint Augustin, dont Beatus conserve l'essentiel. Parmi les noms de l'Antéchrist, 1l cite Antemus, qu'il in-

terpréte de facon fantaisiste comme signifiant abstemius a temeto, c'est-à-dire abstinens a uino, Gensericus, dont il précise que c'est un nom gothique, sans en donner l'étymologie, Teitan, un nom grec, et Diclux, qui doit s'entendre par antiphrase?*. Lui aussi a donc utilisé un manuscrit de type Æ dans lequel s'était introduite, comme dans la recension 2; la glose du

prototype originaire conservée par la branche Y, avec au moins la précision supplémentaire que Gensericus était un patronyme gothique. Son exemplaire était proche de 5;. Il a des fautes exclusives en commun avec $, comme ad mortem pour a morte (H 1,59) ou patriarcharum pour patrum (11,153), et surtout avec W, représentant une filiére spécifiquement espagnole (L37. 47. 201; 11,225. 281. 293; IIL,132. 194; V,35). Il lit fautivement en H V,93 potestatem, là oà W lit potestates (au lieu de tempestate). En revanche, il lit correctement avec J/ en H IV,205 inter maria, là oà tous les autres, y compris $, lisent inter (ou in ou super) samaria(m), et à peu près correctement en H 1,202 delibatam avec YW, pour delibata (leçon de AS), là où le texte de = est corrompu (deliberatam dans F, debilitatam dans M, debilitatos dans JIK). Il a également conservé avec WS en H 1,201 les mots docebat (Balac) mittere scandalum ante, qui ont disparu dans Y'et E. L'exemplaire de Beatus se distinguait cependant de S sur un point: le grand désordre hérité du prototype Q2. Le compilateur a manifestement perdu le fil de Victorin peu 28 Beat. 6,4,458-478. L'ensemble de ces noms avec le calcul correspondant est repris dans deux tableaux compliqués qu’aucun manuscrit n’a reproduit exactement; ils sont reconstitués dans W. NEUSS, Die Apokalypse des hl. Johannes in der altspanischen und altchristlichen Bibel-Illustration (Das Problem der Beatushandschriften), t. 1, Münster 1931, p. 74-75.

COMMENTAIRE

96

DE L'APOCALYPSE

avant la fin du chapitre 6 et fait l'impasse sur les chapitres 710, c'est-à-dire sur la partie du commentaire victorinien qui,

suite au fait que deux bifeuillets consécutifs avaient été pliés à l'envers, a été rejetée plus loin en dehors de son contexte. Les emprunts à Victorin reprennent seulement à partir du chapitre 11. Au contraire de S, son exemplaire était donc toujours en désordre. Ceci indique que la recension Z, comme la recension 5, a connu une évolution interne, au moins en ce sens que la remise en ordre du texte s'est faite progressivement et n'était pas encore complètement achevée à la fin du VII. s. II n'est pas exclu que la derniére retouche ait été le fait du copiste de S lui-même, comme c’est le cas dans le ms. J, encore plus tardif. à

4.3. Histoire du texte

Au terme de ce parcours, voici comment on peut reconstituer l’histoire de la tradition hiéronymienne du commentaire de Victorin. En 398, un ami de Jérôme nommé

Anatolius, sans

doute d’origine orientale, lui envoie un manuscrit peut-être acéphale ou du moins anépigraphe, contenant un commentaire de l’Apocalypse qu’il croit être de Victorin. Jérôme le confirme à son correspondant, qui paraît avoir eu des doutes sur son authenticité en raison de son contenu, et lui renvoie un exem-

plaire dans lequel il avait corrigé les bévues des copistes et remplacé la finale millénariste par une autre, où 1l explique que le régne de mille ans doit étre compris de facon symbolique. Tout le commentaire des derniers chapitres est repris dans cette perspective, Jéróme sauvegardant ce qu'il peut du commentaire de Victorin, c'est-à-dire en fin de compte trés peu. Assez rapidement, cette édition du commentaire va supplanter l'originale, qu'on cessera bientót de recopier et d'utiliser. Au VF siècle, on repère encore un exemplaire de celle-ci à Vivarium, un autre à Lérins, où Césaire d’Arles l’aura trouvé.

L’auteur du prologue ajouté au Commemoratorium de Apocalypsi pseudo-hiéronymien l'a eue entre les mains au VIIF s., et Théodulphe d’Orléans l’a utilisée au début du siècle suivant pour compléter le Commemoratorium. On en perd ensuite la trace jusqu’à la redécouverte d’une copie tardive d’un manuscrit clunisien venu peut-être de Vivarium, si notre hypothèse est exacte.

As

LA TRADITION

HIERONYMIENNE

97

La version hiéronymienne, dont la présence est attestée en Italie, en Afrique et en Espagne dans la première moitié du VI° s., ne nous est pas parvenue telle quelle. Entre 467 et 472, un exemplaire voit sa marge enrichie d’une glose actualisante en Apc 13,18; au chiffre de l’Antéchrist (666) correspondraient les noms d'Antemos et de Genséric, respectivement empereur romain d'Occident et roi des Vandales à cette époque. L'association de ces deux noms suggére le milieu des Africains fuyant en Italie les persécutions vandales. Est-ce un hasard si c'est dans un exemplaire italien du Liber Genealogus africain qu'un interpolateur ajoutera plus tard tout ce qu'il pourra trouver dans la tradition hiéronymienne à ce sujet? Vers la fin du V^ s., la reliure de l'exemplaire glosé est en mauvais état. Lorsqu'un scribe en prend la copie Q, il ne s'aperçoit pas que deux feuillets sont pliés à l'envers. Dans les copies ultérieures, qui toutes reflétent ce désordre, on constate également que la glose est passée dans le corps du texte. Dans une d'entre elles (c), elle est accompagnée d'une étymologie fantaisiste de Genséric. Tout en indiquant qu'il s'agit d'un patronyme gothique, la glose augmentée le décompose à partir du latin comme signifiant gentium seductor. Un exemplaire de ce genre a été utilisé à la fois par un interpolateur du Liber Genealogus et par le réviseur Z, dont il sera question plus loin. D'une autre copie intermédiaire (*) descend l'archétype Y, qui transmet le texte hiéronymien en incluant les deux noms interpolés avec indication de la valeur numérique des lettres en grec, sans autre modification que quelques fautes accidentelles et quelques corrections de style. Elle est à l'origine de la premiére branche de la tradition, la plus nombreuse, puisqu'elle comporte 13 manuscrits. Du même modèle intermédiaire (Ÿ) dérive un autre arché-

type majeur, Æ, qui a vu le jour au début du NTéss:camon trouve ce type de texte déjà attesté chez Apringius. La glose précédente s’avérant démodée après la mort de Genséric en 477, cette recension y substitue une autre, désormais indémo-

dable, puisqu'elle attribue à l’Antéchrist le nom mythologique de Teitan, transmis par Irénée. L'explication symbolique du royaume millénaire par Jéróme est remplacée par l'interprétation qui fait désormais autorité sur ce point, celle d'Augustin dans la Cité de Dieu. Pour rendre le commentaire plus clair,

98

COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

des lemmes empruntés à une ancienne version latine y ont été introduits en maints endroits. De la rencontre de ce type de texte avec un exemplaire antérieur à la bifurcation entre Y' et . est issu un texte mixte, modéle des mss W et S, qui a pu écarter de cette maniére non seulement une partie des fautes propres à 5, mais aussi des fautes communes aux deux branches. Ce modèle contenait les deux explications, hiéronymienne et augustinienne, du royaume millénaire. Il est impossible de savoir le traitement qu’il réservait aux noms de l’Antéchrist, car la page correspondante a été coupée dans W. Le regroupement de toutes les interprétations circulant à ce sujet s’est effectué dans la recension 2, qui s’est appliquée aussi à redistribuer le commentaire dans l’ordre du texte biblique, avec lequel Victorin prend souvent des libertés. Ce dernier réviseur a encore ajouté quelques lemmes supplémentaires et diverses réflexions de son cru. Etant donné qu'Ambroise Autpert et Beatus utilisent des exemplaires de ce type, il est probable que ce dernier avatar de l'édition hiéronymienne date au plus tard, pour l'essentiel, de la premiére moitié du VIIÉ siécle. Le seul témoin direct en est un manuscrit cassinien du XIF. s. (S), dans lequel a été finalement corrigé tant bien que mal le grand désordre du prototype à l'origine de la tradition subsistante, comme le fera encore ultérieurement pour son compte le plus tardif de tous nos manuscrits (J).

Chapitre V LA PRESENTE

EDITION

Editer le commentaire de Victorin n’est pas une tâche facile. Comment rendre compte de cette tradition foisonnante? Nous avons rapidement abandonné l’idée de le faire à partir d’un texte unique. Il y a, certes, en amont de la double tradition vaticane et hiéronymienne un original unique. Mais comment le retrouver? On n’est pas ici confronté au stemma bifide ordinaire, sur lequel on débouche si souvent en critique textuelle. D’un côté se trouve un unique manuscrit tardif, où le texte a abouti en très mauvais état; de l’autre, un texte révisé, assez bien attesté, mais dont tous les témoins descendent d’un seul et même

exemplaire interpolé et en désordre. Dans les deux branches principales de sa descendance, le manuscrit le plus ancien est d’un côté profondément contaminé, de l’autre bourré de fautes. Il est souvent nécessaire de corriger le manuscrit du Vatican par l’édition hiéronymienne, et inversement, pour arriver à un texte satisfaisant de part et d’autre. Mais en dehors des cas avérés où une seule des deux traditions a manifestement conservé le texte primitif, tandis que l'autre s'est égarée, il y en a beaucoup dans lesquels la critique interne ne permet pas de trancher. Un texte unique recélerait donc une grande part d'arbitraire, et l'apparat critique rapporté à celui-ci serait d'une longueur et d'une complexité rebutantes. Le parti adopté par Haussleiter de présenter les deux traditions en paralléle sur deux pages en regard apparait sage. En revanche, pour ce qui regarde les divers avatars de la tradition hiéronymienne, il est souvent difficile de s'y retrouver sur les pages impaires de son édition. Nous avons cru préférable, ainsi qu'il le fait occasionnellement, de diviser systématiquement la page en deux colonnes en cas de divergence majeure entre les branches Y (à gauche) et £ (à droite). Une divergence majeure étant la présence dans E d'un lemme absent de Y, la colonne de

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COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

gauche reste vide en pareil cas. Le texte figurant dans la colonne de droite est composé dans un corps plus petit, celui de l'apparat critique, pour manifester qu'il s'agit d'une variante secondaire par rapport au texte hiéronymien primitif. Il est convenu que le texte qui se lit dans la colonne de gauche est attesté par l'ensemble des manuscrits de la famille Y, et dans la colonne de droite par l'ensemble des manuscrits de la famille &, à l'exception des lemmes supplémentaires ajoutés dans la recension X, autrement dit dans S, qui sont imprimés en petites capitales italiques. Ceci s'entend évidemment sauf les variantes indiquées dans l'apparat critique; lorsque le texte est présenté en deux colonnes, les variantes respectives sont séparées par le signe © dans l’apparat. Dans l’énoncé des témoins à l’appui de chaque variante, nous séparons toujours par un espace blanc les deux branches principales de la tradition. A part ceux des manuscrits, nous avons renoncé à utiliser d’autres sigles que ceux des archétypes majeurs Y et 5. Y ajouter ceux des multiples sous-archétypes dérivés mis en évidence dans l'introduction transformerait l'apparat en un rébus dont le déchiffrage supposerait un recours incessant à une table des sigles qui deviendrait alors bien compliquée. On notera que l'apparat, négatif pour ce qui concerne les manuscrits, ne l'est pas pour les témoins indirects, qui ne citent pas toujours exactement et qui interviennent souvent dans les textes qu'ils reproduisent. On ne peut donc rien conclure a silentio pour ce qui les concerne. Lorsqu'il importe de souligner qu’ils appuient la leçon du texte, cela est indiqué expressément. En cas de divergence entre les différentes branches de la tradition hiéronymienne, c'est en principe l'accord de A qui signe la bonne leçon. Il serait, en effet, bien étrange que parmi des variantes significatives et plausibles, — non de celles où le simple bon sens ou les régles de la grammaire permettent de déceler la bonne leçon, — celle-ci puisse se trouver à la fois dans le texte original de Victorin et dans une forme dérivée du texte hiéronymien sans avoir été dans le texte hiéronymien primitif. Elle peut avoir abouti aussi bien dans Y' que dans £ ou dans WS, aucune de ces trois filières de la tradition ne méritant

une confiance aveugle. Haussleiter a tort de croire que Y 'engendre E et que Y * 5 engendrent S (il ne connaissait pas JW).

LA PRESENTE

EDITION

101

Si c'était le cas, il serait impossible que £ ou WS conservent la bonne lecon, garantie par A, contre Y, alors que c'est plus d'une fois le cas. Il n'y a aucune raison de privilégier Y, comme l'a fait Haussleiter, et moins encore, au sein de Y, les manuscrits C

et B (il ne connaissait pas G), qui ne sont pas les plus proches de l'archétype. La bonne lecon peut se trouver aussi bien dans E ou dans WS que dans Y. On se gardera, en revanche, d'accor-

der du poids à des accords entre A4 et des témoins isolés ou peu nombreux et tardifs de la version hiéronymienne, qui peuvent étre fortuits, notamment sur l'insertion de chevilles ou de com-

pléments naturels ou l'harmonisation avec le texte biblique familier aux copistes médiévaux. Lorsqu'il s'agit de fautes plausibles et faciles à commettre, il est vraisemblable que parmi la vingtaine de manuscrits hiéronymiens, il s'en trouvera toujours l'un ou l'autre pour tomber dans le méme péché que A. On aurait tort d'imaginer que dans ces cas-là, la lecon originale serait parvenue par des voies souterraines jusqu'à ces témoins divergents. Ce ne sont d'ailleurs pas toujours les mémes; ils appartiennent tantôt au groupe v»; tantót au groupe v; tantót à la constellation DEP, ou méme QRN, ou encore à £5 ou £5 ce qui montre bien qu'il s'agit de pures coincidences. Sachant que l'édition hiéronymienne nous a été transmise à travers un prototype unique de l'antiquité tardive, nous ne pouvons en bonne méthode que tenter de reconstituer celui-là. Pour remonter au-delà, il faut avoir l'évidence que Jéróme n'aurait pu entériner le texte qu'il contient et qui est manifestement une déformation irrecevable de celui qui se lit dans 4. C’est clair pour le désordre majeur qui apparait dans le prototype 42 et pour une glose qui date manifestement des environs de 470. Ce l'est beaucoup moins pour une série de variantes de moindre importance, où le texte de À paraît plus satisfaisant, mais où l’on ne peut être assuré que Jérôme n’aurait pas laissé passer celui qui se lit dans le prototype. L’apparat des lieux parallèles recense uniquement les commentaires de l’ Apocalypse dont il est avéré que les auteurs ont utilisé celui de Victorin. Sur les sources de ce dernier, qui avait une culture religieuse très vaste, et sur sa postérité, car ses ou-

vrages ont été beaucoup lus dans l’antiquité, tout a été dit par Martine Dulaey dans les deux derniers chapitres de sa monumentale étude sur l’évêque de Poetovio. Nous n’avons pas jugé

102

COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

utile de résumer ici ces pages, ni d'en monnayer le détail au fil du commentaire!. Il eüt été d'autant plus hasardeux de le faire que le tableau d'ensemble esquissé par leur auteur résulte souvent, pour reprendre sa propre expression, d'une «poussière de rapprochements» à propos desquels elle s'exprime de maniére prudente et nuancée, compte tenu de l'état de la documentation. La presque totalité de l'oeuvre de Victorin est perdue, de méme qu'une grande partie de la littérature chrétienne des trois premiers siécles. Pour reconstituer le tableau, il faut souvent relier ou compléter par des pointillés les traits encore apparents. Aligner des références sans les accompagner de ces indispensables mises en garde serait plus nuisible qu'utile. En dépit de l'inconvénient qu'il y a à modifier une division consacrée par l'usage, nous n'avons pas cru pouvoir conserver

celle qu'a introduite Haussleiter dans l'édition de 1916. Il apparait déjà incongru de plaquer la division en chapitres de la Vulgate médiévale sur un ouvrage largement antérieur à celleci. Mais lorsque le commentaire ne suit pas rigoureusement l'ordre du texte, de sorte que l'on ne voit pas bien quand on passe du chapitre 1 au chapitre 2, qu'une phrase du chapitre 7 est expliquée aprés une phrase du chapitre 8, une autre du chapitre 7 en méme temps que du chapitre 9, une partie du chapitre 13 concurremment avec le chapitre 17, sur lequel on revient encore aprés avoir traité des chapitres 14 et 15, — du moins dans l'édition hiéronymienne, car l'ordre du texte n'est pas le méme à cet endroit que dans l'édition originale, — on comprend qu'il en résulte une confusion inextricable dans les références, d'autant plus que les chapitres censés représenter ceux de la Vulgate sont eux-mêmes divisés en sections qui n’ont rien à voir avec les versets de la Vulgate. Nous avons dès lors cru préférable d’introduire une nouvelle division du texte en cinq sections, les lignes étant simplement numérotées à l’intérieur de chaque section. Les trois premières sections correspondent à celles que nous avons distinguées dans notre édition du commentaire de Tyconius, qui doit à Victorin l’idée de la structure répétitive de l’Apocalypse, selon laquelle l’auteur revient à plusieurs reprises sur ce qu’il a déjà exposé, en précisant chaque fois sa pensée. La première section, inaugurée par la vision ! Voir Victorin de Poetovio, p. 271-365.

LA PRESENTE

EDITION

103

du Fils de l’homme au milieu des sept chandeliers, réunit les lettres que celui-ci adresse aux sept Eglises et forme une unité incontestable.

Dans

la seconde,

la vision

du trône

et de

l’agneau débouche sur le septénaire des sceaux, le seul que Victorin explique point par point de façon détaillée, en indiquant à la fin que les autres ne feront que reprendre en d’autres termes ce qui a déjà été exposé. La troisième section, consacrée aux prodromes de la fin des temps, est dominée par la figure d’Elie, dont la prédication constituera l’ultime chance de salut. Dans la quatrième section, contrairement à ce que fera plus tard Tyconius, Victorin coupe court, pressé d'en arriver au dénouement;

l'évocation du combat entre la femme

couronnée

d'étoiles et les puissances du mal culmine dans l'annonce de la chute de celles-ci, qui apparaissent successivement sous différentes figures. La derniére section correspond à la finale réécrite par Jéróme: la défaite du diable et le triomphe de la Jérusalem céleste. L'orthographe a été normalisée dans l'édition hiéronymienne.

En revanche,

nous

avons

respecté,

sauf indication

contraire dans l'apparat, celle du manuscrit 4, à ceci prés que nous restituons toujours tacitement la diphtongue ae là oü, comme c'est souvent le cas, le copiste l'a simplifiée en e. Pour le reste, nous la reproduisons fidélement jusque dans ses inconséquences. On peut se demander l'utilité qu'il y a à relever des minuties de ce genre, mais elles offrent matiére à s'inter-

roger. Bien qu'on ne discerne pas nettement plusieurs mains dans les pages qui nous concernent, pourquoi le nom du voyant est-il toujours écrit /oannes dans les premières pages, et toujours Johannes ensuite? Jusqu'au fol. 9v, le copiste varie entre tanquam et tamquam; ensuite, non seulement il écrit toujours tamquam, mais le mot est abrégé d'une facon caractéristique, la seconde syllabe étant figurée par un q surmonté d'un a suscrit, lui-méme amorcé par une grande boucle débutant sous la ligne. Les nombres sont souvent écrits en chiffres romains, voire en

chiffres arabes (4^ en A IL85); nous les avons toujours transcrits en toutes lettres, pour maintenir le parallélisme avec l'édition hiéronymienne, mais en respectant une particularité qui recoupe les précédentes; dans les premières pages, le copiste écrit en toutes lettres quattuor, ensuite à partir du fol. 10r quatuor.

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EE — l otób onpone temidks eh steecoquls 5non ace Boguones ; andts Atiul collis Diotr eO asocosiuqpb eek Ies Cp Rae rit mime 2e nées tro 6h ccm Be ad it npo alb eng Ag cenae! up doti eap eridbyn-ausge asor a crar lagréturn toianale E "eph 9n oi auppdes

n| abre esgie. eniditumqagh doch: stat thainnoe lights Unt oq s catequo 93i«56. LPS sim wisi Cotitrocy ceno a i atirog D, dfoontobens Net Entente

shysrposib tamen poat qu oogvide d ime ol dierat corpi Jaco uusbamegnes 2 nihade stnuait ute ddaitya shoe cuve Ag ant mel rh ete see sion té

Meuse tonte diecnr, sattpen sod do ih asd - ^ e: eO] Rt T aer qoo cidn qe SE sb aocTLeHdeta amie ore verius cb mimténuosy ic Obscung tio! agieoft madre -

ahis acütpotet15: ibte giai riapxsde iniit. 5s)Long

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ERG.

EXPLANATIO UNA

CUM

IN APOCALYPSIN

RECENSIONE

HIERONYMI

Editio synoptica cum adnotationibus criticis

Sigles des manuscrits

Edition de Victorin (pages paires 110-264) A

Vaticano, Bibl. apost. vatic. Ottob. lat. 3288A (s. XV)

A

Vaticano, Bibl. apost. vatic. Ottob. lat. 3288B (s. XVI, co-

pie du précédent, cité seulement en I,1-173, là où le modèle est mutilé ou corrigé) 94

Vaticano, Bibl. apost. vatic. Vatic. lat. 3546 (s. XVI, copie

du précédent, cité de même) A*

avant correction

10

après correction leçon alternative en marge mots omis dans le manuscrit, ajoutés par l'éditeur mots restitués (d'aprés la copie, si possible) là où le manuscrit est mutilé

A7E

a €»

Recension de Jérôme (pages impaires 111-265)

.

Y

Accord des manuscrits suivants

T

Torino, Biblioteca Nazionale e Universitaria G.V.3 (s. IX/ X, Italie du Nord) Arras, Bibliothéque municipale 1079 (235) f. 2-27 (s. IX 2/3, Saint-Vaast) Troyes, Médiathéque du Grand Troyes ms. 895 (s. XII, Clairvaux) Paris, Bibliothèque de l’Arsenal 316 (s. XII med., SaintVictor) Grenoble, Bibliothèque municipale 260 (s. XII, GrandeChartreuse) Valenciennes, Bibliothèque municipale 52 (s. XII, SaintAmand) Cambridge, University Library F£IV.31 (s. XV, Carmes d'Oxford) Cambrai, Bibliothèque municipale 445 (s. XII, SaintAubert)

Aberdeen, University Library 216 (s. XI 4/4, Salisbury) Oxford, Jesus College 65 (s. XII med., d'origine anglaise)

SIGLES

zmo

DES

MANUSCRITS

107

London, British Library Harley 3049 (1458, Durham) Oxford, Merton College 26 (s. XV ex., d’origine anglaise) London, Lambeth Palace Library 127 (s. XV, d’origine anglaise)

Dy

Accord des manuscrits suivants

F

London, British Library Harley 3012 (s. IX 1/2, St-Martin

H

M

de Tours) Kobenhavn, Det Arnamagnaeanske Institut, Arnamagnaeanske Legat 1927 AM. 795 4" (s. XII, d'origine espagnole) München, Bayerische Staatsbibliothek Clm 27319 (1477/ 1484, Andechs)

J nm

K

Bruxelles, Bibliothéque royale IL.2531 (VdG 1019) (s. XVI, Bethléem près Louvain) Padova, Biblioteca Antoniana Ms. 105 (s. X/XI) Kremsmünster, Stiftsbibliothek CC 29 (s. XII 2/3, Kremsmünster?)

K' | Wien, Ósterreichische Nationalbibliothek W y

Ms. Lat. Ser.

nov. 3607 (s. XIII, Lambach) Madrid, Biblioteca de la Real Academia de la Historia cód. 80 (s. IX 2/3, d'origine espagnole, probablement Cordoue) Monte Cassino, Biblioteca della Badia 247 (s. XII, Monte Cassino?)

Dans l'apparat critique, les témoins sont énumérés dans l'ordre indiqué ci-dessus, qui refléte leur distribution en groupes, telle qu'elle a été mise en évidence au chapitre IV de l'introduction. Ceux de la premiére famille sont séparés des autres par un espace blanc. Là où une page impaire est divisée en deux colonnes, dont celle de gauche peut être vide en tout ou en partie, le texte figurant dans la colonne de gauche est attesté par l'ensemble Y, sauf les variantes indiquées dans l'apparat, le texte figurant dans la colonne de droite par l'ensemble .£, avec la méme réserve et à l'exception des lemmes imprimés en petites capitales italiques, qui sont attestés par le seul manuscrit S. Dans l'apparat critique, les variantes se rapportant successivement à la premiére, puis à la seconde colonne sur la méme ligne sont

séparées par le signe ©.

INCIPIT PROLOGUS AD ANATOLIUM

BEATI

HIERONYMI

DE EXPLANATIONE

PRESBYTERI APOCALYPSIS

Diuersos marina discrimina transuadantes inueniunt casus. Si turbo uentorum fuerit uehementior, formido est; si terga ia-

centis elementi moderatior crispauerit aura, pertimescunt insidias. Ita mihi in hoc uidetur quod misisti uolumine, quod in Apocalypsin explanationem uidetur continere Victorini. Et est periculosum et obtrectatorum latratibus patens de egregii uiri

desunt QH; prologus legitur etiam in A (mutilus in fine linearum, ubi tamen legisse uidetur ut CBG, nisi aliter notetur) ] diuersos — 18 carissime] Beat. pr 3,1-21 Inscriptio — incipit om. DOE JI; praem. in nomine domini J/ ||prologus] praefatio V FK; praefatio siue prologus 7; expositio M; epistola 7; — expositio apocalipsin iohannis apostoli praeuatio (!) iheronimi J/ || beati] beatissimi DEPRN; sancti T FJS; om. K(W) ||presbyteri om. DOERN FK(W) || ad anatholium scr. VO J; om. ACBGL M(W); ad anatolium...apocalypsis om. FK; - in apocalipsi libro ad anatolium T || de explanatione apocalypsis] in explanationem apocalipsis O; in expositione apokalipsis S; in explanacione super apokalipsim J; (— de explanatione) super apocal(y)psim VL; (— de explanatione) in apocalisim (!) M; in librum uictorini super apocalipsim (-psin B) CBG; in libro uictorini «x«*«- 4 (mutilus); ^ sancti (beati O; — IW) iohannis euangelist(a)e (apostoli JW; — O) DOEP I(W) 1 diuersus D; diuersi T MJW Beat.; diuersos marina om. F || transuaden-

tes AOEPR’ JK — 2 turba ADCBGOLEPRN F ||uentorum] uenatorum D ||est formido N ||est + et PRN ||tergo O; erga M Beat. 3 moderatio T FW; moderatiora RN ||crispauerit aura] crisaberit aura T; — aura crispauerit piratarum J; perspicatium pyratarum L; perspicati (a ex e) retiarum (ti ex t) D; perspicaci retiarum Z; perspicaci reciarum P; perspicaces rerum O; perspicaces syrenarum AN ||pertimescis ex -c*s D; pertremescunt T W Beat.; pertremiscunt $ — 4 ita] sic itaque S; ita quoque JJ ||in hac J ||uidetur...uolumine] — quod misisti uidetur uolumine J/ || quod(1)] quem ATDCBGEPRN FBeat.; que M ||quod(2)] qui ATDCBGE*OPN FMW Beat.; que R 5 apocalysin D; apocalypsim L; apo(c)al(y)psi V JS ||explanatione TDP F Beat. ||uidentur M ||contineri FJ ||—- est et 4 6 periculorum D ||et] ut R; atque WS ||latra* tibus 7; latrantibus Beat.

PROLOGUS

HIERONYMI

7-19

109

opusculis iudicare. Nam et anterior Papias Hierapolites episcopus et Nepos in Aegypti partibus episcopus de mille annorum regno ita ut Victorinus senserunt. Et quia me litteris obtestatus 10 es, nolui differre, sed ne spernerem precantem, maiorum statim libros reuolui et quod in eorum commentariis de mille annorum regno repperi Victorini opusculis sociaui, ablatis inde quae ipse secundum litteram senserit. A principio libri usque ad crucis signum quae ab imperitici»s erant scriptorum uitiata corre15 ximus, exinde usque ad finem uoluminis addita esse cognosce. Iam tuum est discernere et quid placeat roborare. Si uita nobis comes fuerit et dominus sanitatem dederit, tibi nostrum in hoc uolumine potissimum sudabit ingenium, Anatoli carissime. Ex-

plicit prologus.

12 ablatis — 18 ingenium] Autp. 5,8-13 7/ opusculo K || indicare Bear. || ierapolites ACBGVE? S; hierapolitis D; ierapelites O; iherapolitis L; *iera polites E*; hiera polites P*; hierapolite A; herapolites F; hieropolitis M; ieropolites J; hieropolites 7K; iherapolites JW; gerapolites Beat. 8 nepus T; neptis M || episcopi (epi) V; epist(o)l(a)e ATD*CBGOLEP FMW Beat.; om. JIKS 9 regnorum T7 F; om. Beat. || ut om. F* || me] ne O; - litteris me Z || contestatus W 10 es] est À ||nolui] uolui ZK; uolueram W; + quidem W ||deferre D || sed + et T ||ne spernerem] ne sperem 7; ne spernere O; nec spernere K' Beat.; — ne precantem sperne11 quod] rem W ||deprecantem F^MJIKS Beat.; om. F* ||maiorem D*OL quid VLEPN(* uel quod s. /.) F Beat.; quicquid O S; qu(a)e TD(ex qui) W|| 12 regnum 7 F; regnis OE; regni de mille annorum (12) regno om. ACBG P; om. Beat. ||reperi 4 M; repperii T ||opusculo K ||ablata T FMW Beat.; ab 13 ipse] ipsi M; om. O iota ADCBGVLEPRN; ad iota O; * uidelicet et W Beat. || littera T || senserat J; senserint M ||principio * itaque WS ||- signum 14 signum] regnum M || ab] ad P* || imperitici»s scripsi; crucis ACBG imperitu F; imperitis cet. Beat. || erat scriptorum uitiata 7*5; erant scriptoribus uitiata VLRN(lect. alt. s. 1.) W; erant (— scriptorum) uitiata MJIK Beat.; — erant ui(t)iata scriptoribus ACBG; - scriptoribus erant uitiata S; scriptura15 exinde] et dehinc Beat.; * uero WS || addicta P rum (!) erant uitiata O 16/17 16 discernere] discere DLEPRN; dicere O ||quod AVOL; + plus À uisi — S; si uita (— nobis) comes fuerit O; si autem uita nobis comes fuerit MJIKW T comes ta comes nobis fuerit L; — si (^ autem J/) uita nobis fuerit 18 po17 — sanitatem dominus L W ||tibi] ibi M ||nostrum] non solum F suingenium — R; tissime Autp. Beat. || sudabis D*; sudauit T F; suum dabit E; antholi FMJIK; dabit /K || ingenium om. P* ||scr. anatholi DCBGVLPRN PF; om. /; mi o acere» A (mutilus); anatoli carissime om. O || carissime] O; prologus « uale M; ^ in christo uale J/K || explicit (19) prologus] finit explicit pr(a)efatio TV F; om. MJIKW; mutilus estA in ima pagina

I «Prbncipium libri beatitudinem '«legenti- audienti et seruanti' promittit, ut lectioni studens «eb exinde opera discat et quae praecepit «cus»todiat. GRATIA UOBIS ET PAX A DEO QUI EST RAT ET QUI UEN-

TURUS EST. «'Est', quia permanet; ‘erat’>, «quia cwm patre omnia fecit, non ex uirgine «sumpsib; *uenturus est', utique ad iudicandum.

I, 1*Apcl,3a

4-5 Apc 1,4b

I Nulla inscriptio in A 2 et exinde A4"; mutilus A 3 custodiat A'A"; mutilus A 4 et erat A'A"; mutilus A 5 quia cum A45; qui cum A"; mutilus A. 6 sumpsit A'A"; lacuna in A

INCIPIT LIBER

I APOCALYPSIS IESU CHRISTI, QUAM DEDIT ILLI DEUS OSTENDERE SERUIS SUIS QUAE OPORTET

FIERI CITO.

BEATI

QUI LEGUNT

ET

QUI AUDIUNT SERMONES HUIUS PROPHETIAE ET SERUANT QUAE IN EA SCRIPTA SUNT. Principium libri beatitudinem legenti, audienti et seruanti promittit, ut lectioni studens exinde opera discat et quae praecepit custodiat. GRATIA

10

UOBIS

ET PAX A DEO QUI EST ET QUI ERAT

ET QUI

UENTURUS EST. 'Est', quia permanet; 'erat', quia cum patre omnia fecit, non ex uirgine sumpsit; ‘uenturus est”, utique ad iudicandum.

desunt OH — omittit W | quam dedit — 5 sunt; 9 gratia — 24 est L1-5Apcl,lab.3a

9-10 Apc 1,4b

I, 6 principium — 7 promittit] Autp. 28,6-7 Prim. 1,66-67; Beat. 1,2,102-103

10 est(2) — 12 iudicandum]

Inscr. incipit o7. 7; praem. hic O liber] textus RN; commentum V; expositio P /KS; explanatio FJW; ^ uictorini K*K'; * uictorini super apocaI(y)psim (-sin B) CBG; + beati ieronimi pbri K?; * beati (sancti FJI) (hi)eronimi (^ presbiteri V//) super (in libro F) apo(c)aKy)psim (-sin F; -sis /; -sym J; * iohannis

V; ^ iohannis apostoli F; ^ iohannis euangeliste 7) VL FJI; *

eiusdem (scil. Hieronymus) S; - apocalypsin W; * ad anatholium O; sine inscriptione DE M 2 ostendere] ut ostenderet I, 1 apocalypsin FW ||— christi hiesu (!) F 3 cito + et significauit S M om. F; et ostendit S; palam facere J || suis 6 ea 7 5 seruant M om. 4 qui 3/4 — qui audiunt et qui legunt K" M* beatitudinem libri uid.) ut -di, (ex principium] pro principio F ||— legenti ||beatudinem F|| legenti] legendi O; om. CBG; * atque S || audiendi O yd 7 ut...(8)...custodiat om. /K || || et om. I*K || seruandi O; obseruanti /K quae pr(a)ecipit VO; praecepit] quae || lectione M; om. O || operam T FMW s. 1.) JIKS || qui) alt. ON(lect. eo ab 9 a deo] pr(a)ecepta TD FMJWS /|| est(2) omnipotens est(1) 10 om. DGVLEP || qui(3) om. TDCGVLEP om. N || erat permanet quia MI; VO om. TDCBGVOL MIK Beat. ||quia(1)] qui nec non] 11 OP qui quia(2)] permanet ^ et TCBG FM Beat.; * semper L || L principium * Beat.; Prim. 5 S ||ex] a L; de Beat. ||uirgine ^ ini(t)ium TVO Prim. om. ||est om. Beat. ||utique] itaque F;

112

A I, 8-23

‘(Septiforrmi spiritu”. «In Esaba legimus: Spiritus sapientiae et intellectus, «consilii» et fortitudinis, scientiae et pietatis,

10 spiritus «timoris» domini. «Isti septem spiritus unius scilicet dona «sunt» spiritucs- sancti. ET AB dES»U CHRISTO,

15

QUI EST TESTIS FIDELIS PRIMOGENI-

TUS EX «MORTUIS. In homine suscepto perhibuit testimonium in mundo, in quo passus ‘nos suo sanguine soluit a peccato" et debellato inferno primus resurrexit a mortuis, et mors ei ultra non dominabitur, sed ipso regnante mundi regnum destructum est

ET FECIT NOS REGNUM ET SACERDOTES, id est omnem fide20

lium ecclesiam, sicut Petrus apostolus dicit: Gens sancta, regale sacerdotium. ECCE UENIT CUM NUBIBUS, ET UIDEBUNT EUM OMNES POPU-

LI. Qui primo in suscepto homine uenit occultus, post paululum in maiestate et gloria ueniet ad iudicandum manifestus.

8 *Apc 1,4c 16 Rm 6,9

8-10 Is 11,2. 3 12-13 Apc 1,5a 14 *Apc 1,5b 18 Apc 1,6a 19-20 1Pt2,9 21 Apc 1,7a

15-

8 septiformi 4'4"; mutilus A || esaia scripsi (ut hic in editione hieronymiana et alibi saepius in A praeter IV,130 eseiae, III, 153. 169 et IV, 182 esayas); isa-

ya A'A"; mutilus A 9 consilii 4'4"; lacuna in A ||et(2) om. A" 10 timoris A'A"; lacuna in A ||isti septem A'A"; mutilus A 12 iesu A'4"; mutilus A 13 mortuis A4'4"; mutilus A 23 ueniet bis scr. A; ueniet uenit A'4" ||manifestus scripsi (cfr Hier.); manifestius A

H I, 13-30

113

ET A SEPTEM SPIRITIBUS QUI IN CONSPECTU THRONI EIUS SUNT. *Septiformi spiritu'. In Esaia legimus: Spiritus sapientiae et intellectus, consilii et fortitudinis, scientiae et pietatis, spiritus timoris dei. Isti septem spiritus unius scilicet dona sunt spiritus sancti. ET AB IESU CHRISTO, QUI EST TESTIS FIDELIS PRIMOGENITUS

20

EX MORTUIS. In homine suscepto perhibuit testimonium in mundo, in quo passus 'suo nos sanguine soluit a peccato' et debellato inferno primus resurrexit a mortuis, et mors ei ultra non dominabitur, sed ipso regnante mundi regnum destructum est.

2

ET FECIT NOS REGNUM ET SACERDOTES, id est omnem fidelium ecclesiam, sicut Petrus apostolus dicit: Gens sancta, regale sacerdotium. ECCE UENIT CUM NUBIBUS, ET UIDEBUNT EUM OMNES POPU-

30

LI. Qui primo in suscepto homine uenit occultus, post paululum in maiestate et gloria ueniet ad iudicandum manifestus.

desunt QH 13-14 Apc 1,4c 22-23Rm 6,9

omittit W (9 gratia) — 24 est 15-17 Is 11,2. 3 19-20 Apc 1,5a 21 *Apc 1,5b 25 Apcl,6a 26-27 1Pt2,9 | 28 Apcl,7a

15 septiformi — 17 dei] Prim. 1,69-71 1,74

20 in homine — testimonium] Prim.

26 sicut — 27 sacerdotium] Prim. 1,88-89

29 qui — 30 manifestus]

Prim. 1,90-91; Beat. 1,3,2-4 15 septiformis T; septiforme D; septiformem VOLEPR(ex -men)N S; septiformi...(18)...sancti om. FMJIK ||spiritu] spiritus 7; spiritum D*""OLEPRN S; — in isaia spiritum V || spiritus] spiritum VL S; ^ uidelicet S || et om. T 17 dei Prim.] domini CBGVOLE* &|| isti + enim S|| 16 spiritum VL^ $ 19 ab] a F ||christo om. IK ||fidelis om. 1 septem - sunt B* ||scilicet om. O 21 quo + etiam $ ||^ suo 20 ex mortuis] mortuorum $ ||homine * enim F 22 sanguine nos K; — suo nos soluit sanguine N || soluit om. K* ||et] ac S 23 sed ipso] (— sed) ipso F; — ipso ausurrexit / || ei] illi e£ oz. ultra K 25 nos] nostrum F; — regnum nostrum M|| et(2) om. M || sacerdotes tem S 26 petrus ^ quoque WS ||- dicit apo« deo et patri suo $ | omnium L E 28 ueniet cum nubibus T FS*; uenit in nubibus stolus RN || regalem 7* M; — cum nubibus uenit K* || et uidebunt eum omnis populus 7; et iudicabunt 29 qui + eum omnes populi L; et uidebit eum (— K*) omnis oculus — enim WS Prim. ||primo Prim. Beat.] primus FM; prius JIK ||homine] semine 30 — ad iudicandum ueniet S || ad iudicandum manifestos 7; — maniF

festus ad iudicandum RN

114

20

A I, 24-34

Quod autem dicit IN MEDIO»> CANDELABRORUM AUREORUM AMB«ULANTEM SIMDLEM FILIO HOMINIS, «simirlem «dicit post morte»m deuictam. In caelis cum ascendisset adunat«o sancto corpore» cum spiritu gloriae, quam recepit a «patre, potesb iam quasi filius dei dici, non qu«asi filius hominis. *Ambulans inter medium candelabro«um awreorum', id est inter medium ecclesiarum, «sicub per Salomonem ambulo.

dixit: /nfer semitas iusto«arum

Cuius antiquitas et inmortalitas, «maiestatis origo,

in capite candor ostenditur. Caput autem Christi deus est. «Et in *capillis albis" albatorum est multitudo, *lanae' similis prop-

24-25 Apc l1,13a . 30-31 Prv 8,20

33 1Cor 11,3

I, 28 inter — 29 ecclesiarum] Theod. 1,58

Wc

9

34-35 * Apc 1,14a

34 in capillis — multitudo]

34 in capillis - 36 datorum] Caes. 211,19-22

24 im medio» restitui (cfr Hier.); lacuna in A, spatium in A'A" 25 amb«ulantem simblem restitui (cfr Hier.); mutilus A; «spatium» similem A'A" || similem(2) A'4"; mutilus A || dicit post (26) mortem restitui (cfr Hier.); «spatium» mortem A'A4"; mutilus A 26 sancto (27) corpore restitui (cfr Hier.); sanct «spatium» A'A"; lacuna in A 27 patre. potest 4'4"; lacuna in A 28 quasi filius hominis 4'4"; mutilus A 29 candelabrorum aureorum A4"; mutilus A 30 sicut A'4"; lacuna in A || iustorum A'4"; mutilus A 32 maiestatis 44"; mutilus A 33 et...(38)...incendium restitui ex Hierony-

mo; suppleuit A"* — 34 multitudo] similitudo 4"*

H I, 31-46

is

Quod autem dicit:

ET CONUERSUS UIDI SEPTEM CANDELAIN MEDIO

CANDELABRORUM | BRA AUREA ET IN MEDIO SEPTEM CANAMBULANTEM SI- | DELABRORUM AUREORUM SIMILEM FIMILEM FILIO HOMINIS, LIO HOMINIS, AUREORUM



"similem" dicit post mortem deuictam, cum ascendisset in caelis, adunato isto corpore cum spiritu gloriae suae, quam recepit a patre potestatem. *Quasi filium hominis ambulantem inter medium candelabrorum aureorum': inter medium dicit ecclesia40

rum, sicut in Salomone dicit: Inter semitas iustorum ambulabo.

Cuius antiquitas et immortalitas, maiestatis origo, (3) CAPUT AUTEM EIUS ET CAPILLI E-

RANT ALBI TAMQUAM LANA ALBA ET TAMQUAM NIX,

45

in capite candor ostenditur. Caput autem Christi deus est. Et in capillis albis" albatorum est multitudo, *lanae' similis prop-

desunt QH 32-33 Apc 1,12b 45 1Cor 11,3

33-35 Apc 1,13a

40 Prv 8,20

36 similem — 45 ostenditur] Prim. 1,201-208

36 similem — 41 origo] Beat.

1,4,113-119 45 in capite — deus est] Beat. 1,4,261-262 48 datorum] Prim. 1,224-228; Beat. 1,4,265-267

32 9 septem candelabra (33) aurea et om. MJIK dium J/; inter (— medium) M || septem om. W

35 fili D; filii CBGVO^EP

42-44 Apc 1,14a

46 in capillis —

33 © in medio] inter me34 ambulantem om. L

36 similem + hoc TD*OLEPRN W + hic D°V

37 adunatam $|| [|dici J || deuictam] deuitam 7 || caelum CBGO KPrim. E*; in isto K; *«isto O; existens DV; isto ex Beat.; FMJIW CBG isto et isto] su(a)e glori(a)e et || Beat. W spiritum || E* om. cum || Prim. L om. $; in suo JW accepit M; recipit || K quoniam quam] || L sua gloria in DCBGVOEPRN; am|| VOL filius Beat.] Prim. filium || C'BGOEPRN potestate || RN patris 38 bulantem Prim. Beat.] ambulante V; ambulans O; ambulat L || inter medium] 39 inter medium dicit ecclesiarum Prim.] om. Y FMJIK Beat. in medio Z ||salomonem 7|| dicitur LAN S ||ambulabo Prim. Beat.] Prim. W et + 40 sicut 4] et Prim.] est L.) K; ambulando P; ambulabor M s. alt. ambulo V(lect. in descriptione 42-103 S et * /; immortalis immortalitas] || codd., Beat. est ordini conatus adaptare ordinem commentarii E recensio filii hominis p. prolegomena (uide indicatur numeris crassioribus ut textus Apocalypseos, est || F om. caput ostenditur candor 45 S m. al. litt. 3 ras. in 89) || autem om. IK; ^ cuius antiquitas est immortalitas maiestatis origo hic iterum W (cfr 46 multitudo] similitudo CBG || similis] simisupra lin. 41) || et om. TE K; om. EPRN Beat. simulauit JJ; similauit les T FMWS;

116

35

A L 35-47

ter oues, similis *niui? propter innumerabilem turbam candidatorum de caelo datorum.

OCULI EIUS UT FLAMMA IGNIS praecepta dei sunt, quae cre-

40

dentibus lumen ministrant, incredulis incendium». In *facie? aute«m eius» claritas *solis'. Facies eius apparitio illius «fuib, qua locutus est hominibus faciem contra fa«ciem». Solis autem gloria minor est quam gloria domin«», sed propter ortum et occasum et rursus ortum, quod natus sit et passus et

45

resurrexit, ab eodem dedit similitudinem scriptura faciem eius gloriae solis. In ueste sacerdotali carnem quae corrupta non est a morte, et habet per passionem aeternum sacerdotium apertissimum traditum.

37 Apc1,14b

39*Apcl,l6c

45 *Apc 1,13b

37 oculi — sunt] Tyc. 1,4,1-2; Caes. 212,2-3

35 — candidatorum turbam A" 38 incredulis - autem A4"* 39 autecm eius scripsi; autem A'A"; mutilus A 40 fuit A'A"; lacuna in A || faciem(2) A'A": mutilus A 41 domini 4'4"; mutilus A || sed A^; et A*A'A" 43 similitudinem -- eius A

45 non est a morte nen no e a morte sic A; non est

a morte bis scr. A'A" — 46-47 al apertissime traditum A4"* estA

47 traditum

H I, 47-62

117

ter oues, similis *niui? propter innumerabilem turbam candidatorum de caelo datorum. (4) OCULI EIUS UT FLAMMA IGNIS praecepta dei sunt, quae 50

credentibus lumen ministrant, incredulis incendium. (5) In *facie" autem eius claritas *ut sol'. Claritas quod dixit apparitio illius fuit, qua locutus est hominibus facie contra faciem. Solis autem gloria minor est quam gloria domini, sed propter ortum

39

et occasum

et rursus ortum, quod natus sit et

passus et resurrexit, ab eo dedit similitudinem scriptura faciem eius gloriae solis. In ueste sacerdotali

(1) UESTITUM TUNICA TALARI. In ueste talari, id est sacerdotali,

60

carnem quae corrupta non est a morte, et habet per passionem sacerdotium apertissime traditum. (2) ET PRAECINCTUS ERAT AD MAMILLAS ZONA AUREA.

desunt QH

49 Apcl,l4b

51 *Apcl,l6c

57 Apc1,13b

61-62 ibid.

49 oculi — 50 incendium] Apr. 1,358-359; Prim. 1,237-238; Beat. 1,4,289293 5] claritas — 56 solis] Apr. 1,401-406; Beat. 1,4,500-505 54 prop-

ter — 55 resurrexit] Prim. 1,276-277 184-187

57 uestitum — 60 traditum] Beat. 1,4,

47 ouem JW; oues...propter om. T FM || similis] similauit VOEPRN Beat.; simulauit D; assimilauit L; similabit JV; simplices S; om. JIK ||niuem W Beat. || innumerabile turba 7; innumerabiles turbas M ||— candidatorum turbam CB G ||canditatorum D/*; candidorum F 48 de caelo daturum DERN; de caelo dat«rum P*; in spiritu sancto renatorum £L 49 ut] sicut € 50 — ministrant lumen $ || ministrat F* || incredulis ^ autem WS || incendium] lumenF 51 faciem Y W ||eius om. V|| claritas(1) * eius T FMJIW ||ut] sicut IK; om. V|| solis V || claritas(2) * eius FJIK ||quod] ut O; quam Apr. 32) apparatio /|| illius] eius K' ||qua] quia O F; quod Beat. || contra] ad L S || faciem] facie 7T 53 gloria(1)] uirtus que JV ||gloria(2)] gloriam T 54 hortum T(bis) W(hic tantum); ortum et om. L || rursum T 5 Apr. || ortumQ) om. 55 resurrexerit JIK ||ab eo scripsi (cfr A); adeo F; * eo f ||et(3) om. CBG TDL FMIKW; ideo CBGVOEP JS Apr. Beat.; adeo ^ uel ideo s. /. RN ||dedit om. W*; dedit similitudinem] dixit similem CBG || scripturas 7; scriptur(a)e 56 gloria FMJIKW; gloriam Apr. MIK; ^ similans S || faciei VL; facies J 59 carne F || — non est cortalare || S om. tunica 9 D* sacerdotale 57 ||habet] ho (7 homo) O|| Beat. S mortem ad morte] a || N* om. non rupta K || om. K* (suppl. in mamillas ad 61 F* sacerdotum 60 per om. CBG marg. sub nota)

118

50

53

A I, 48-60

potes > potest plutôt que l'inverse, tant la lecon potest est massivement attestée.

A 1124-137 // H I, 141-154] Scandée par des formules répétitives, cette longue énumération des différentes sortes de chré-

tiens figurées par les sept Eglises pavait la voie à des omissions par saut du même au même. Il est manifeste que le texte est

NOTES

CRITIQUES

275

perturbé dans A, tandis que Jérôme l’a conservé intact; chez lui,

l'énumération est exactement parallèle à la succession des sept Eglises telles qu’elles sont caractérisées dans la suite du texte. Dans A, les quatrième et cinquième classes ont omises, et la sixième vient après la deuxième, sans doute en raison de la réparation marginale d’une précédente omission, dont l’emplacement dans le texte n’était pas clairement indiqué. A L125 // H L142 de frugalitate laboris sui/laborum suorum] Je ne vois pas comment expliquer le passage du singulier au pluriel. Celui-ci ne se rencontre ailleurs que dans la paraphrase de Cassiodore (CAr cpl Apc 4,9; CC 107, p. 115). A 1,127 // H 1,144 portant (illos)] Le verbe sans complément sonne curieusement. Le ms. F, qui est un témoin précieux de l'état le plus ancien de la tradition hiéronymienne, lit portant eos, et la tradition hiéronymienne substitue plus d'une fois is à ille. Serait-ce l'indice de ce qu'elle comportait un pronom complément au départ, ou bien les mss A et F ont-ils cédé indépendamment à la tentation d'expliciter un complément sousentendu? A LI128 // H L145 ut agant paenitentiam] Ce n'est pas sans hésitation que j'ai suppléé ut dans 4, comme J.H. et M.D. (sans signe diacritique). Pour ce qui concerne la tradition hiéronymienne, ut est absent dans 7 comme dans À et se trouve à un autre endroit dans CBG S. Avec un verbe comme admonet, une

complétive au subjonctif seul (sans uf) n'a rien de surprenant; on en trouve méme un exemple chez César (De bello gallico 5,49,2). ALI140 // H L157 morari] morare M.D. (faute de lecture ou d'impression). A L145 omnimodo] J.H. note dans son apparat que À lit en marge si modo. On ne voit pas comment construire la phrase dans ce cas. Je me demande s’il ne faut pas lire plutôt ormodo. Ce n’est rien d’autre que la leçon du texte, mais ce pourrait être une aide à la lecture; en effet, il est bien difficile, dans cette

écriture très cursive, de s’y retrouver dans la séquence de jambages représentant les lettres mnim (d’autant plus que le i n'est pas ponctué, contrairement à l'habitude du scribe). A L149 // H L166 omnimodo] omnino M.D.; l'éditrice a-telle considéré que la leçon du seul manuscrit L pouvait représenter le texte original de Victorin?

276

COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

A L155 ficti] A lit fictersi, à partir de quoi J.H. restitue factiosi (une leçon qui se retrouve seulement dans quelques témoins secondaires de la tradition hiéronymienne). Il ne parait pas nécessaire de restituer autre chose que la leçon générale de cette tradition. A L156//H1,175 ut. ut/ut… et] Voir ci-dessus à propos de A 1,117; nouveau cas de confusion entre ut et et (ou l'inverse). A 1,166 colliguntur] Colligantur parait étre une correction grammaticale, le glossateur considérant que cette proposition reléve du style indirect. A L178 // H L205 (talem) tenentes doctrinam] M.D., au contraire de J.H., supplée talem dans le texte victorinien, non pas avant fenentes, comme dans l'édition hiéronymienne, mais aprés le participe. Cette correction ne parait pas indispensable. Rien ne correspond à ce mot dans le texte grec. A L187 nequitias aduersarii // H L214 nequitiam aduersam] Dans la semi-onciale de l'antiquité tardive comme dans beaucoup d'écritures minuscules médiévales, la ligature ri peut facilement être prise pour un m. C’est probablement ce qui s’était produit dans l’exemplaire de Jérôme. Le ms. O a fait le chemin en sens inverse. Il est invraisemblable qu’il ait conservé seul la leçon hiéronymienne originale, car le singulier nequitiam (pour nequitias) a été appelé par la mélecture aduersam. A L188 // H 215 dolis] Voir l'introduction p. 58. A L199 // H 1,226 opere inanes] Voir l'introduction p. 58. A L201 // H 1228 stabili] Voir l'introduction p. 65-66. A 1201 moritura] Au lieu de quoi mortua dans SC 423, p. 60, doit étre une faute de lecture ou d'impression; en revanche, la traduction est exacte («ce qui est prés de mourir»). À 1,203 // H L230 uiuere (et uirere) et fructum non habere] La séquence ne comporte dans la plupart des témoins que deux termes: vivre et ne pas fructifier (uiuere et fructum non habere). Ill y en a trois dans T (bibere et uiuere et fructum non habere); le doublet résulte sans doute ici d'un bétacisme amendé par une correction supralinéaire. Il y en a trois aussi dans les mss VORN, appuyés par Primasius, qui lisent uiuere et uirere et fructum non habere. Chose curieuse, les anciennes éditions de Césaire (B et 1 dans l’apparat de Morin), où la séquence ne

comporte que deux termes, comme dans 4, lisent uirere au lieu de uiuere. On touche ici du doigt les limites d'une édition a

NOTES

CRITIQUES

2)

minima comme celle de Morin; les premiers éditeurs ont probablement trouvé cette lecon dans leurs manuscrits; on aimerait en étre assuré, et savoir précisément lesquels. La séquence de trois termes est redondante: comment un arbre pourrait-il étre vivant s'il n'est pas verdoyant? On peut se demander si la séquence ne comportait pas à l'origine deux termes, comme dans la plupart des témoins, et si ces deux termes n'étaient pas plutót uirere et fructum non habere. Le premier aurait été banalisé en uiuere, et la séquence à trois termes serait le reflet d'une cor-

rection supralinéaire tendant à restaurer la lecon originale. H L232 id est eius praecepta non facere] I] n’y a pas lieu de supposer une omission par homéotéleuton dans A. L'addition est une conséquence de l'omission de se dans la tradition hiéronymienne, ipsum étant pris alors comme représentant le Christ, ce qui a entrainé le remaniement du reste de la phrase. A L206 sexta classis et conuersatio electionis optima] Je vois mal ce qui justifie l'exclusion de et par J.H. et son omission par M.D. Dans l'édition hiéronymienne, esf dérive de er. Quant à optima, c'est la lecon de A et, dans l'édition hiéronymienne, de F. M.D. lit optimae, mais traduit comme s'il y avait optima («le meilleur genre de vie de l'élection»). A 1223 calidos // H 250 feruentes] La leçon de A est suspecte, car Tyconius et Primasius lisaient feruentes; calidos est la lecon de la Vulgate. A L224 quoniam ] Il est nécessaire de restituer ce mot d’après Jérôme, car ce qui précède est au pluriel. Je suis les éditeurs précédents sur ce point. En revanche, je ne vois pas ce qui imposerait de lire in plutót que cum en A L218, ni quam plutôt que quia en A 1226. Quant à tronum au lieu de solium en A 1,236 (SC 423, p. 62), ce doit étre le résultat d'une distraction, car la note critique correspondante (p. 166) cite correctement sedere super solium iudicii. A 1L2 praedicationem] Césaire a dà lire praedicatio, déformé en praedicationem dans notre ms. A. D'aprés l'apparat de Morin, C avant correction lisait praedicator, comme les autres manuscrits consultés par lui, puis praedicatio aprés correction. Le ms. C a malheureusement été détruit en 1944, de sorte

qu'il est impossible de vérifier autrement que sur photographies si ce n'était pas plutót l'inverse. Mais le ms. K lit predicacio, sans trace de correction. C'est aussi ce qu'a dà lire Jé-

278

COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

róme. L'hyperarchétype '7lisait fautivement noui testamenti praedicatur, peut-être à cause d’une abréviation mal déchiffrée. Ceci a entraîné dans une partie de la branche Y'la correction en a choisi de corriger noui testamenti praedicator, tandis que dans l'autre sens (nouum testamentum praedicatur). A IL6 cum dicat illam secum locutam esse // H IL,10 cum

dicat illam secum esse locutam| Tous les manuscrits hiéronymiens, à la seule exception de S, ont le masculin. Puisque le pronom démonstratif renvoie à uox, la grammaire requiert le féminin. Il se pourrait néanmoins que Jéróme, en remaniant la phrase, ait déjà en vue celui qui parle, le méme dans les prophétes et dans l'évangile (syllepse de genre). Tout ce qui suit est au masculin. Le féminin dans S serait alors une correction grammaticale. A 1L7-8 ?quem prophetam locutum? // H IL,11 qui alium — 13 /ocutus est] L'idée de Victorin est claire. Le fait que la méme voix se fasse entendre avant et aprés que le ciel s'est ouvert, signifie l'unité des deux testaments. Le Verbe qui a parlé en la personne du Christ est le méme qui avait parlé auparavant par les prophétes. Jéróme avait bien compris, mais il a explicité l'idée et réécrit la fin de la phrase, probablement parce que le texte était corrompu dans le manuscrit d’Anatolius comme il l'est dans A. La relative qui alium in prophetis, alium in euangelio dicunt fuisse locutum, est un ajout; cum magis doit étre une déformation de con(tu)maces. ll parait impossible de retrouver avec certitude le texte de Victorin dans sa concision originale. Il faut au moins restituer aprés quem la préposition per (plutót que in, car le complément est à l'accusatif), et le pluriel (prophetas), à l'instar du texte hiéronymien, car le Verbe n'a pas parlé que par un seul prophète; il n’est fait référence à aucun prophète particulier dans ce qui précède. J.H. et M.D. s’en tiennent là, mais cela ne suffit pas à rendre la phrase cohérente. Si l'on refuse une correction lourde, comme celle de Jé-

róme, il faut au moins supposer un verbe comme nouimus ou fatemur ou dicimus (ou un terme équivalent) dans le second membre de l'équation: ...arguuntur contumaces ipsum esse qui uenit ipsum quem fatemur per prophetas locutum. A IL11 // H IL16 (Tesus) Christus] Iesus dans A est suspect. On observe ailleurs dans ce manuscrit une tendance à développer les titres christologiques. Comparer par exemple H III,130

NOTES

CRITIQUES

2/0

huius filium Christum et A IIL,111-112 huius filium dominum nostrum lesum Christum, ou encore H IV,68 in aduentum domini et A IV,50-51 in aduentum domini nostri lesu Christi. H IL13 /ocutus est] La plupart des manuscrits hiéronymiens ont l’indicatif, quelques-uns seulement le subjonctif. Selon l'u-

sage classique, cum adversatif appelle le subjonctif, mais les grammairiens relèvent qu’en vieux latin, on rencontre encore l’indicatif, hérité de l’emploi purement temporel de cette conjonction, et qu’à basse époque, celui-ci réapparaît. En voici un autre exemple: Cum omnes euangelistae hominem factum Christum praedicauerunt, ille autem (Ioannes) illum ... deum praedicauit dicendo, etc. (A IL,51-53). Ou encore: Et cum praedicatus est tamquam leo et catulus leonis, propter salutem hominum homo factus est ad mortem deuincendam et uniuersos liberandos (H 11,90-93). A ILI8 // H IL23 /aturus/ferturus] Le ms. archétype v; lisent /aturus, mais au sein de la nymienne, deux bons témoins indépendants l’archétype originaire lisent ferturus, tandis que

A et le soustradition hiéroet proches de Æ omet la pro-

position relative, ce qui est peut-être une façon d’esquiver la difficulté, car aucune cause mécanique ne suggère une omission accidentelle. En H IV,154, l’archétype Æ, auquel T s’est rallié, lisait afferturus plutôt que allaturus. En A V,35, le participe futur de surgere est surgituros (pour surrecturos). On voit ailleurs que T et S peuvent être seuls à conserver la leçon originale; c’est le cas pour la rare épithète russeus en H 11,262 et IV,54. 271, ou encore

pour incides en H IIL210 (voir l'in-

troduction p. 61 et 91). Dans le cas qui nous occupe, la correction va de soi pour qui connaît tant soit peu la grammaire du latin classique; le passage de la forme correcte à la forme fautive s’explique moins bien. Césaire est muet sur ce passage. Sitce barbarisme issu de la plume de Victorin s’était trouvé dans le manuscrit d’Anatolius, Jérôme l'aurait-il nécessairement corri-

gé? On va voir dans le lieu variant examiné après celui-ci qu’il

ne s’est pas montré très sourcilleux ou, si l’on préfère, très at-

tentif. J’approuve donc J.H. qui a retenu la leçon ferturus dans le texte hiéronymien. Cette forme aberrante ne peut venir que

de Victorin, mais la tradition victorinienne, elle aussi, l’a corri-

gée au nom de la grammaire classique, comme on le constate dans le ms. A.

280

COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

A IL22 // H IL31 super quem solium] Le ms. À, appuyé par Césaire, s’accorde sur cette leçon avec l’archétype 1; quod résulte d’une correction en ordre dispersé dans une partie de la branche Y, tandis que les manuscrits de la branche 5, ici aussi, évacuent la difficulté en omettant le mot litigieux (ou la phrase entiére, mais c'est parce qu'elle fait double emploi aprés l'ajout du lemme). A IL24 testamenta // H IL32 iudicia] Le ms. A est absolument seul à lire testamenta, contre Césaire et la tradition hiéronymienne unanime, sans parler du contexte (quorum iudicio-

rum duorum, etc.). La lecon de A est bien la /ectio difficilior, mais elle me parait difficile à soutenir. A IL30 // H ILAO inrigationem aquae] Voir l'introduction p. 58. Le texte hiéronymien tel que le reconstitue J.H. (inrigationem dei) est irrecevable. La faute originaire est la corruption de inrigationem en inregenerationem (sans doute en passant par *inregationem). Elle a entrainé le remplacement de aquae par dei. Cela n'a pas de sens de restituer l'un sans l'autre. A IL34 // H ILA4 inducat] La faute originaire est ici la déformation de inducat en iudicat, corrigé ensuite en iudicet pour satisfaire aux exigences de la syntaxe, qui requiert le subjonctif. Il n’est pas logique de supposer comme J.H. que Jéróme aurait écrit iudicet; on ne s'explique pas, dans ce cas, pourquoi certains manuscrits de la branche Y lisent iudicat, et pourquoi -Z aurait corrigé en faciat. A 1L36 stabilem] Ce mot manque dans le texte latin de SC 423, p. 66, mais il est rendu dans la traduction («qui n'est pas instable»). A 11,37 profluuio // H 1LA7 in procliuo] Profluuio, de profluuium, «écoulement»

(ThLL

10/2, 1730,24 — 1731,15) — et

non pro fluuio, comme l'écrit J.H. — doit étre un ablatif adverbial pléonastique ou emphatique, comme dans l'expression française «couler à flots». Supposé que Jéróme ne l'ait pas compris, il n'aurait certainement pas écrit in procliuio, nonobstant l'accord des mss T et F; en effet, procliuius est un singulier hétéroclite formé à partir du neutre pluriel procliuia (de procliuis) et trés rarement attesté (ThLL 10/2, 1541,23-28); en revanche, in procliuo, «en pente», est banal (ibid. 1537,42-54). On peut se demander si la finale de procliuio n'est pas un organe témoin de profluuio, et si le glissement en cause (pro-

NOTES

CRITIQUES

281

fluuio > procliuio > in procliuio > in procliuo) ne s’est pas produit à l’intérieur de la tradition hiéronymienne, au lieu d’être le fait de Jérôme. A IL43 // H ILS8 Le triple ATIOC en grec est conservé uni-

quement dans le ms. 7. Il est peu vraisemblable qu'un copiste carolingien ait tiré cela de son cru. On s'explique plus facilement que les autres aient passé outre, d'autant plus que la traduction suivait immédiatement. Je ne crois pas davantage que Jéróme aurait ajouté ces mots en grec s'ils ne s'étaient trouvés dans l'exemplaire d' Anatolius. A 11,44 // H IL59 omnipotens, absent de Y, est suspect dans A. Cette épithéte a pu étre ajoutée par un copiste d'aprés le

texte biblique. De méme à la ligne suivante sedentes, qui se trouve cette fois dans Y, mais ni dans A, ni dans — A IL60 // H IL76 dum enarrat] A présente la méme legon fautive (indumentum erat) qu'à la ligne 56, à partir de quoi M.D. restitue pareillement dum enumerat. ll est vrai que ce verbe peut revétir pratiquement la méme signification que enarrare (ThLL 5/2, 618,41 — 619,22), mais il apparait plus approprié à l'énumération des ancétres du Christ, sur laquelle s'ouvre l'évangile de Matthieu, qu'au récit de la vision de Zacharie selon saint Luc. Il est possible que le copiste ait été in-

fluencé ici par le contexte antécédent.

A 11,74 // H I1,88 spiritus propheticus] Le sujet de la phrase manquait dans le prototype de la tradition hiéronymienne; les mss M et S se sont efforcés d'y pourvoir chacun à leur facon, non sans à-propos. Le sujet figurant dans À peut convenir également, encore qu'il soit un peu étrange de parler de «l'esprit de prophétie» à propos des quatre évangélistes. Peut-étre l'auteur a-t-il voulu souligner ainsi l'unité des deux testaments, à moins qu'il ne s'agisse, là aussi, de l'initiative d'un scribe tentant de combler une lacune évidente. A IL88 // H ILI0I quae(1)... quae(2)] L'accord des mss Tet

F (auxquels s'ajoute S dans le premier cas) avec Beatus pose question. Qui ne serait-il pas la leçon originale (syllepse de genre)? En effet, la «prescience» ne sait ni ne voit rien, c’est le sujet de cette prescience, c’est-à-dire l'Esprit omniscient, qui connaît les secrets des cœurs et qui voit l’avenir. A 11,96 // H 11,109 illud (est quod)] L’expression étant redondante, on s'explique aisément que Jérôme ait omis esf

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COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

quod, et Césaire le tout. Cela ne m'a point paru une raison suffisante pour exclure ces mots. A IL100 // H ILI13 ante] Antea dans A doit étre une faute de scribe par anticipation, sous l'influence de postea qui suit. Césaire et Jéróme lisent ante, et Victorin emploie toujours ailleurs ante, non antea, comme adverbe de temps. A 1L102 haeresiaci // H 11,114 haeretici] Haeresiacus

se

rencontre également dans une lettre de Corneille à Cyprien, au moins dans certains manuscrits (ThLL 6, 2500,73-79). A IL106 // H ILI118 adferunt (non audienda)| Ces deux mots absents de l'édition hiéronymienne sont une interpolation consécutive à l'omission notée aux lignes 104-105, qui prive le verbe adferunt de son complément dans A. Si on restitue les mots omis, il n'est pas logique de maintenir les mots ajoutés, d'autant moins qu'il faudrait alors lire audiendam. A IL110-111 his omnibus // H IL,123-124 omnibus nostris] Dans cette citation évangélique, omnibus nostris est une lecon confluente assez banale combinant celle de Matthieu-Marc et celle de Luc. His omnibus est particulier; il suffit d'en prendre acte, sans y ajouter encore en plus nostris. A IL115 // H IL128 et ipse] Une variante analogue (Kat avtoo) se rencontre dans le Dialogue de Timothée et Aquila. Elle parait refléter une version grecque dans laquelle les consonnes dn, dans la séquence dn ydyn, ont été analysées comme représentant non pas le nom du patriarche Dan, mais le participe du verbe dyn, ce qui se traduirait littéralement en latin par iudicans

iudicabit, d'oà en traduction libre et ipse iudicabit. H11,137-139 Voir l'introduction p. 56. A 1IL128-129 // H IL144-145 se rite... deuincerer] Dans ces deux cas, la tradition hiéronymienne est massivement en faute; voir l'introduction p. 58. A ILI31 // H IL147 pro gloria (aliqua)] M.D. supplée aliqua dans le texte victorinien, sans l'indiquer par des signes critiques et sans le traduire. Je pense qu'il s'agit d'une addition de Jéróme, tendant à relativiser le mérite qu'on peut retirer de ses bonnes actions, puisqu'elles sont le fruit de la gráce divine. A 1L133-134 // H IL149-150 spiritus ostendendo] La lecon

de A (Christus dicendo) est irrecevable, car le Christ ne dit rien au moment oü il fait son entrée triomphale à Jérusalem, et la suite de la phrase parle du Christ à la troisiéme personne. Il

NOTES

CRITIQUES

283

faut se souvenir qu'entre Christus et spiritus, il n'y a qu'une seule lettre de différence, car ces nomina sacra sont systématiquement abrégés, et le premier l'est toujours en latin comme il le fut à l'origine en grec, c'est-à-dire xps (les deux premiéres lettres représentant le chi et le rho grecs). Entre xps et sps, la différence tient seulement à la première lettre, et dans certaines écritures minuscules, le x et le s peuvent facilement se confondre. L’Esprit qui inspire l'évangéliste (cfr A IL,74) fait voir (ostendens, A 11,137 // H 11153) dans les différents hommages

rendus au Christ les deux peuples de l'Ancien et du Nouveau Testament. A IL164-165 // H 1187-189 sed quia... dictus est| Cette phrase se trouve transposée en dehors de son contexte dans A, où elle vient comme un cheveu dans la soupe. Sans doute un copiste l’a-t-il trouvée dans la marge de son modèle, où elle devait réparer une omission, mais sans indication précise de l’endroit où elle devait s’insérer. A 1L167 // H IL.191 sciens/fine] Voir l'introduction p. 56. A 11,173 // H 11,196-197] Que ce soit dans À ou dans Jérôme, cette citation revêt une forme particulière. Est n’est ni dans le grec, ni dans aucun autre témoin latin, et pourrait avoir été ajouté spontanément par le copiste de 4 comme par ceux des mss L et H; c’est un détail. Ensuite, le texte devrait être

sanguis testamenti quod mandauit ad uos dominus. La version de À peut passer pour correcte, mais reste ambigué, car le pronom relatif peut se rapporter au sang aussi bien qu'à l'alliance. Quant à celle de l'édition hiéronymienne, elle est aberrante. H 11,198-199 Voir l'introduction p. 56.

A IL188 // H IL212 chrismae] Ici comme en AJALE2530/ EH 11,298, il me parait difficile de soutenir que la leçon de À (chri-

sti mandatalmandatum) n'est pas une déformation de chrisma, et que ce serait plutót l'inverse qui s'est produit. Il faut de la bonne volonté pour comprendre avec M.D. christi mandata comme signifiant «la fonction de l'oint (de Dieu)» (SC 423, p. 77 et 83) ou — ce qui n’est pas la même chose — «les prescriptions concernant l'oint de Dieu» (Victorin de Poetovio, p. 95 et 120); la premiére traduction suppose une compréhension trés large du mot mandata, qui n'est pas l'équivalent de munera ou de officia, la seconde, du génitif objectif complément du substantif. Comme d'autres substantifs en -ma empruntés au grec,

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COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

chrisma est parfois traité en latin chrétien comme relevant de la première déclinaison, d’où le nominatif pluriel chrismae (ThLL 3, 1027,32-36). À 11,199-201 // H II,223-225 cithara...coniunctam] Le texte qui se lit dans les manuscrits n'est satisfaisant ni d'un cóté ni de l’autre. Il faut certainement suppléer corda dans A, car le mot se trouve dans Césaire et dans la tradition hiéronymienne pratiquement unanime. L'ordre dans lequel doivent se lire les trois mots qui suivent est incertain, la tradition hiéronymienne étant partagée, mais c'est sans importance. Je pense qu'il faut ensuite remettre le texte de À dans l'ordre indiqué. Les mots id est carnem Christi, tombés par saut du méme au méme et suppléés en marge, ont dû être réintroduits dans le texte à un mauvais endroit. Les mots corpus Christi ne se trouvent ni chez Césaire, ni dans les manuscrits hiéronymiens, mais la glose id est carnem Christi, chez Jéróme, ne se comprend plus s'ils sont absents (c'est pourquoi la cheville id est a été supprimée dans 5). D'autre part, id est se retrouve chez Césaire, mais avant

corda. Tout cela révéle un contexte perturbé dans l'une comme dans l'autre tradition. A tout prendre, le texte le plus satisfaisant est encore celui de Césaire: Cithara enim, id est corda in

ligno extensa, significat carnem Christi passioni coniunctam. Mais on voit mal comment expliquer à partir de là les deux formes de la tradition directe. Passionis ligno doit étre une addition de Jéróme, mais pourquoi la cheville id est se serait-elle déplacée, et pourquoi l'addition de corpus Christi dans un texte qui apparait clair sans cela? H II,232-234 Voir l'introduction p. 56-57. H IL240-245 Voir l'introduction p. 57. A 1L217-218 famem «et bella» et pestilentiam] C'est bien à cet endroit qu'il faut restituer le troisiéme terme manquant, non seulement parce que c'est à cette place qu'il se retrouve à deux reprises chez Césaire (225,13 et 226,25), mais aussi parce que cela correspond à l'ordre des chevaux noir et alezan dans A. Jéróme a interverti les deux premiers termes en méme temps qu'il remettait les deux chevaux en question dans l'ordre du texte biblique. A I1L245 // H 1L290 ueritatis faciem meditata] Le texte qui se lit dans la plupart des manuscrits hiéronymiens (ueritatis facie meditante) est irrecevable. Ici comme plus haut (A 1L155),

NOTES

CRITIQUES

285

meditari a le sens de «préfigurer». La faute originelle a dû être l’haplographie du m, qui a entraîné la substitution du participe présent au participe passé. H11,297-299 Voir l’introduction p. 58. A 1L258 transire // H 11,303 rransuectari] La leçon de l’original hiéronymien devait être fransuectari, la leçon concurrente transmear(i) étant celle de la Vulgate. Je ne vois pas d'oü elle pourrait venir, sinon de Victorin, car elle ne se rencontre

pas ailleurs. Cependant, la leçon de 4 (transire) pourrait également être ancienne, car c’est celle du Codex Palatinus (VL 2). C'est pourquoi je n'y ai pas touché. A IILI13 // H IILI5 scotomari] Ce terme rare, forgé à partir du grec okótoua («vertige»), était probablement corrompu dans le modéle de 4 comme dans la plupart des manuscrits hiéronymiens. C'est la raison pour laquelle le copiste y a substitué un verbe qui lui paraissait offrir un sens acceptable (percuti). A IIL21 // H IIL23 per prophetam] L'absence de ces mots dans A est surprenante, car Victorin, lorsqu'il cite explicitement, indique pratiquement toujours sa source, si elle ne ressort pas à l'évidence du contexte. A IIL36 a deo decretum est] L'addition de eis dans 4 me parait consécutive à la déformation de a deo en ad eos. S1 on corrige cette faute, sur la base de l'édition hiéronymienne, il

faut aussi retrancher le pronom ajouté. A II138 aspiciendus est] L'omission de est dans SC 423, p. 88, ligne 5, doit être une faute de lecture ou d’impression. A IILA2 // H IIL43 pseudoprophetia] Voir l'introduction p.

58.

A 1I1,49-50 // H IIL53-54] Le texte de A ne fait pas difficulté, celui des manuscrits hiéronymiens apparait universellement corrompu, sans qu'on puisse s'expliquer le passage de

l'un à l'autre, ni retrouver ce qu'il y avait en amont des manuscrits en faute.

A IILS8 // H IIL67 irim/irin] Ce mot se trouve ici à l'accusatif dans 4 comme dans la plupart des manuscrits hiérony-

miens, bien qu'il soit au nominatif dans le lemme de A. A IIL62 // H IIL73] esse est mis pour id est dans A, peutétre à cause d'une abréviation mal résolue. Si l'on restitue id est, le mot esse est superflu. Il ne se trouve pas dans l'édition hiéronymienne.

286

COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

A III,89-90 // H IIL104 ostensione(m) sibi facta(m)] La lecon de À (significatam) ne paraît pas recevable. Chez Victorin, significare veut toujours dire «symboliser, représenter, dire de maniére imagée», et non pas «montrer». A 1IL96 Partha est sans doute une mélecture pour Pathmos; voir M.D. dans SC 423 p. 185. A IIL112 // H IIL130 spiritaliter] Que l'on rapporte cette épithéte à filium ou à originem, la lecon spiritalem, qui est celle de la tradition hiéronymienne unanime, est inacceptable. C'est pourquoi le ms. S l’a omise, et Beatus a tenté de la sauver en écrivant spiritale, un accusatif neutre pris adverbialement. La méme faute se trouve dans la copie A', sans doute entraînée par le voisinage de originem et de patrem dans le contexte immédiat. Il faut restituer spiritaliter d'apres A. A IIL123-124 // H IIL142-143] Le texte hiéronymien est corrompu déjà au lemme. Induit en tentation par l'interpolation de l’infinitif passif calcari, qui anticipe sur ce qui suit, un copiste a fait du datif complément d'objet indirect (data est gentibus) un ablatif complément d'agent (calcari a gentibus), aprés quoi l'accusatif sujet de la proposition infinitive, qui désignait les exclus (id est huiusmodi homines... conculcari), est passé à l'ablatif et désigne ici les nations persécutrices dont il vient d'étre question (huius mundi hominibus). Il a fallu dés lors transformer la proposition infinitive en une subordonnée finale, dans laquelle sont encore intervenus divers accidents de copie. La phrase ainsi remaniée se tient, mais est assez éloignée du texte de Victorin pour le sens. A 11,139 utero // H IIL161 uentre] Le texte de A a peut-étre été conformé à la Vulgate, comme celui des mss VLMJIK et de Beatus. Les mss VOLK et Beatus ont fait de méme pour le verbe qui précéde. A IIL171 // H II,198 ergo] Ce mot n'est pas dans A; je ne vois pas la nécessité de le suppléer. A IIL173 // H IIL203 sodoma] En latin ainsi qu'en grec, Sodoma est traité tantót comme un neutre pluriel, tantót comme un féminin singulier. L'accord de A avec T et S invite à considérer ici cette forme comme un neutre pluriel; il n'y a pas de raison de corriger A. A IIL18I in eo constabit // H IIL211 in ea monstrabit| Le texte hiéronymien, pour lequel Æ fait défaut, doit être corrom-

NOTES

CRITIQUES

287

pu. On ne voit pas quel sens lui donner, en particulier à quoi pourrait renvoyer le pronom ea. A IV,12-14 // H 1V,20-22 usquequo — sumpsisse] Le texte hiéronymien se comprend sans difficulté, celui de À est manifestement corrompu. L’œil d’un copiste a sauté de promissum sibi à sumsisse, ce qui lui a fait écrire promissum esse. La cor-

rection de J.H., qui se borne à exclure esse, ne tient pas compte de l’édition hiéronymienne. Celle de M.D. échappe à ce reproche, mais la phrase qui en résulte est tordue et boiteuse: usquequo factum est ex plebe sua secundum carnem olim promissum «sibi uidere Christum ex sua gente corpus sumpsi»sse (il manque un sujet à uidere). Selon toute vraisemblance, Victorin n'avait rien écrit d'autre que Jéróme, et factum est (en lieu et place de fructum) est une tentative désespérée pour sauver le texte mutilé. A IV,36-37 //! H IV,S50-51 sub machina Antichristi] Le texte

de A ne fait pas difficulté; il suffit de songer à la machine de guerre décrite par Végéce dans son abrégé de l'art militaire (4,14-15), une sorte de tunnel mobile sous lequel les assaillants s'abritent pour saper les fortifications. En revanche, le texte hiéronymien est corrompu. Le mot summam dans FH est un résidu de sub ma(china). Le verbe qui précéde doit signifier «combattre», comme l'a bien compris le sous-archétype vj. À partir de cenant dans T, de cernunt dans FH, de cernit dans S,

la conjecture la plus vraisemblable est celle de Haussleiter, certant. Il n'est pas nécessaire de suppléer quae certant dans A. Quant à istos, c'est une mélecture de scos; on ne voit pas à quoi un pronom démonstratif renverrait dans le contexte antécédent. A 1V,37-38 // H IV,51-52] Ni le texte de A, ni le texte hiéronymien ne donne pleine satisfaction. Gladio... utrumque casurum ne laisse pas de surprendre: le genre neutre pour désigner à la fois, si je comprends bien, l'Antéchrist et les nations qui lui sont inféodées sonne curieusement. Gladio... alterutrum casurae n'est pas moins bizarre; alterutrum doit étre une déformation de ait utrum(que). A 1V,50 binum // H IV,68 uiuum] J.H. indique dans son apparat que À peut se lire aussi bien binum que uiuum. Ce n'est pas mon impression; les lettres 7 et u ne se différencient pratiquement pas dans cette écriture, mais la premiére lettre du mot,

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COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

avec sa hampe trés droite et attaquée du haut à partir de la gauche, peut difficilement étre prise pour un u initial, qui se caractérise généralement par une large boucle supérieure débordant vers la droite au dessus de la lettre suivante. Quoi qu'il en soit, Victorin avait certainement écrit binum. Je ne vois pas quel sens donner à uiuus dans ce contexte. L'idée est plutót que l'Eglise catholique portée sur les ailes des deux prophétes est un peuple double, composée d'une part des juifs convertis par la prédication d'Elie, d'autre part de la multitude des nations, auxquelles était destiné Jérémie (cfr Apc 7,4-9; cfr supra A IL,134-138; IIL,I0-11). Suite à la mélecture de binum en uiuum dans l'exemplaire de Jéróme, le texte n'a plus été compris et a dû être remanié. A IV,68 cecidit] recidit dans l'édition de J.H. est une faute de lecture ou d'impression. A IV,73 // H IV,101 eum] Antichristum dans A est certainement une faute suscitée par la présence de ce mot un peu avant et un peu plus bas dans le contexte. J.H. a maintenu la lecon de A, en alléguant un texte de Firmicus Maternus (De errore profanarum religionum, 22,4; éd. Turcan, p. 130). Ce texte montre qu'on pouvait dire, en effet, à condition de bien

expliquer les choses, que le diable était un «antichrist» au sens étymologique du mot, c'est-à-dire un adversaire du Christ, mais pas que le terme «l’Antichrist», pris absolument, pouvait désigner le diable. Pour Victorin, le dragon est le diable (A IV,23-24), et l'Antichrist n'est qu'une de ses sept têtes (A IV,43-44). Du reste, cela n'aurait pas de sens de dire à deux lignes de distance qu'il est «jeté du ciel» (A IV,68. 72-73) et «tiré des enfers» (A IV,74-75). C'est le diable précipité du ciel sur la terre avec les anges apostats qui va ressusciter l'Antéchrist, Nero rediuiuus.

A IV,89-90 ad sanguinem a dentibus armatum] Conjecture de M.D. la leçon de À (ab sanguine madente) étant dépourvue de sens; le sang qui dégouline n’est évidemment pas une arme. Cependant, même en latin tardif, un ablatif instrumental avec la

préposition a ne laisse pas de surprendre. Le texte reçu par Jérôme était probablement déjà corrompu, car les mots litigieux ont été omis. A IV,109 mitte«n-tur /! H IV,142 aut mittetur| Voir M.D., Victorin de Poetovio, p. 201 avec la n. 94. La correction de J.H.

NOTES

CRITIQUES

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(mittecn»tur) s'impose; l'enchainement des idées implique que la phrase en cause parle des dix rois. L'erreur, facile à

commettre, se trouvait probablement aussi dans le manuscrit d'Anatolius, d'oü la correction aut mittetur, qui envisage que l’Antéchrist vienne soit de l'Orient, soit de Rome. Mais on ne

voit plus alors d’où viennent les dix rois ni quel est leur rôle dans cette histoire. A IV,126 // H IV,158 populum circumcisionis] Le copiste de A a eu l'oeil attiré à la ligne suivante, ce qui lui a fait écrire populum ad circumcisionem. Dans ce qui précède, il s'agit des Juifs, qu'il n'est nul besoin de tromper pour qu'ils se fassent circoncire. Ce sont plutót les chrétiens, dont il est question dans la suite du texte, que l’Antéchrist tentera d'amener à adopter cette pratique juive. A IV,133 numerus illius est ... ]|Nous n'avons aucun moyen de savoir quel chiffre le copiste de À lisait dans son modèle. On ne voit pas non plus de quelle façon l’Antéchrist, dans la pensée de Victorin, vérifiait ce nombre exprimé en lettres grecques (la lacune ne concerne peut-être pas uniquement le chiffre). Le chiffre original, attesté par divers témoins anciens d’Orient et d'Occident, était 616, représenté en grec par les lettres chi iota sigma, les trois qui servent à écrire le nom de Jésus-Christ en abrégé (IC. XC). La «marque» (xópoyua, nota, caracter) dont il est question en Apc 13,17 est constituée par la réunion de ces trois lettres en un monogramme, comme cela est expliqué dans le De monogramma”. Lorsque la signification de ce chiffre a été perdue de vue, la majorité des manuscrits et des témoins indirects a opté pour la valeur 666, plus facile à interpréter. Le nombre sept étant dans la Bible celui de l'achévement, de la plénitude, de la perfection, la répétition du nombre six évoque le défaut, l'insuffisance, le mal radical. Irénée jugeait préférable cette dernière leçon”, mais rien n'obligeait Victorin à le ! Voir D. C. PARKER, A47 Introduction to the New Testament Manuscripts and their Texts, Cambridge 2008, p. 242-244. ? CC 107, p. 150-151. Cfr H. I. MARROU, Autour du monogramme constantinien, dans Mélanges offerts à E. Gilson, Paris 1959, p. 403-414, ici 410-414. 3 Voir J. N. BIRDSALL, /renaeus and the Number of the Beast. Revelation 13,18, dans: (éd. A. Denaux) New Testament Textual Criticism and Exegesis. Fesischrift J. Delobel (Bibliotheca Ephemeridum theologicarum Lovanien-

sium, vol. CLXI), Leuven 2002, p. 349-359.

290

COMMENTAIRE

DE L'APOCALYPSE

suivre, s'il avait trouvé l'autre dans sa Bible. Un interpolateur du Liber Genealogus citant Victorin associe l'Antéchrist au chiffre DCXVI, avant d'expliquer qu'il viendra sous de faux noms, ceux d'Antemos et de Genséric, dont le nombre égale-

ment faux, par conséquent, est DCLXVI'. On hésite à faire fond sur ce texte transmis par deux manuscrits tardifs, d’autant moins que la différence entre les deux nombres dans la numération latine tient à une seule lettre, et que les indications chif-

frées en notation romaine sont particulièrement fragiles. A IV,151 exsecratione // H IV,204 exacerbationem] La le-

con de A représente certainement l'original; c'est un doublet de aspernatione, l'équivalent le plus ancien de BóéAvyuo, comme on peut le voir en Dn 9,27 dans TE Jud 8,6 (éd. Kroymann, p. 16,12) et PS-CY pa 14 (261,19; 262,13), en Mc 13,14 dans le

Codex Bobiensis (VL 1) et en Apc 17,4 dans les citations de Cyprien, dans les Regulae de Tyconius, chez Quodvultdeus (voir Vetus Latina, t. 26/2, p. 589-590); voir également 1 Mcc 6,7 dans le Codex Sangermanensis (VL 7). A IV,152-153 // H IV,205-206 La citation de Daniel dans A

est curieuse. Le texte de la vieille Septante se traduirait exactement comme suit: Et statuet tabernaculum suum tunc in medio marium et montis uoluntatis sancti. I1 faut certainement corriger dans 4 in templo suo en templum suum, comme dans l'édition hiéronymienne, le verbe ne pouvant se passer d'un complément d'objet direct. On comprend que l'auteur, qui avait en vue le temple de Jérusalem, ait actualisé le texte en écrivant templum plutót que tabernaculum. Citant de mémoire, il a pu intervertir mer et montagne. Mais pourquoi montem maris? Aurait-il lu en grec 8aAdoonc à la place de 6eAñoezwc? Et pourquoi «deux» mers? Aurait-il déjà en vue les deux mers dont il sera question plus loin (A V,66-67)? Jérôme a retouché le texte pour le rapprocher de la recension de Théodotion. A IV,156 // H IV,210 Voir l'introduction p. 57.

A IV,185-186 // H IV,226-227 sicut in messe arida] Ainsi que l'a judicieusement fait observer M.D. (SC 423, p. 198), il ' AN gen 616 (MGHAA 9, p. 194-195): Sic enim ait sanctus Victorinus episcopus: «Numerus nomen nominis (hominis cod. 54) est et numerus nominis eius est DCXVI, id est Antichristus. In mutato enim nomine ueniet et duo sibi nomina inponet, Antemus graece et Gensericus gotice, etc.). Voir l'introduction p. 92-93.

NOTES

CRITIQUES

291

est nécessaire de restituer d’après l’édition hiéronymienne ces mots disparus dans A et négligés par Haussleiter, sans quoi l'explication portant sur la pluralité des images devient difficile à comprendre. H IV,263-264 Comme on peut le constater gráce au passage paralléle de l'édition originale, il y avait dans le prototype de la tradition hiéronymienne un saut du méme au méme (de sanctorum à sanctorum). Le lemme a été complété à partir de la Vulgate.

A V,66-67 Le texte qui se lit dans A est le suivant: ...a mari Rubro usque ad Arabiae et lenonis usque ad mare Phoenices. Haussleiter a tenté de corriger ainsi: ...a mari Rubro usque ad Arabiae et «a mari» aquilonis usque ad mare Phoenices. Cela parait dépourvu de sens; si l'on peut à la rigueur comprendre que la premiére expression délimiterait la péninsule arabique, qu'est-ce que la «mer du Nord» en pareil contexte, sinon la «mer phénicienne»? Jéróme a recyclé cette paraphrase de Ps 71,8 dans sa propre finale et a retenu du passage qui nous occupe les mots a mari aquilonis usque ad mare Fenicis (H.Vi3), ce qui confirme partiellement la conjecture de Haussleiter pour la seconde moitié du passage. Quant à la première, il est vraisemblable que le copiste, en présence d'un texte corrompu, s'est perdu dans cette cascade de usque qui se succèdent (a flumine magno Eufrate usque ad flumen Aegypti... a mari usque ad mare... a mari Rubro... usque ad mare aquilonis et usque ad fines terrae). La restitution proposée par M.D. (a mari Rubro, quod est Arabiae, usque ad mare aquilonis, quod est mare Phoenices) apparait plausible et offre un sens satisfaisant.

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TRACTATUS

DE FABRICA

MUNDI

Editio textus cum nota praeuia

Note préliminaire Le ms. 414 de la bibliothèque de Lambeth Palace, à Londres, ci-après désigné par le sigle Z, a été décrit de façon détaillée par Haussleiter (CV 49, p. XXVIII-XXX) et mieux encore dans le catalogue du fonds dépositaire (M. R. JAMES, C. JENKINS, A Descriptive Catalogue of the Manuscripts in the Library of Lambeth Palace, t. 4, Cambridge 1932, p. 570-576). La première partie (f. 1-80) de ce recueil factice, laquelle date du X° s., contient entre autres pièces disparates un petit traité sur la construction du monde attribué à un nommé Victorin, qui n’est pas autrement qualifié (f. 71r-74v). W. Cave, qui l’a édité pour la première fois dans sa Scriptorum ecclesiasticorum historia literaria (Londini 1688, p. 102-104), l'identifie à l'évéque de Poetovio. Cette attribution n'a jamais été contestée. La question de l'authenticité a été vidée par Martine Dulaey, qui a fait une analyse approfondie de cet ouvrage savamment construit (Victorin de Poetovio, p. 25-36) et en a donné une traduction accompagnée de commentaires trés utiles pour entrer dans la pensée subtile de l'auteur, fortement marquée par le judéochristianisme (SC 423, p. 136-149 et 215-231). Le texte est arrivé en mauvais état dans l'unique copie carolingienne qui nous l'a conservé. Aprés Cave, les éditeurs successifs se sont em-

ployés à l'améliorer: d'abord J. Walker, dans une réédition de l'Historia literaria (Oxford 1740), ensuite M. Routh, dans ses

Reliquiae sacrae, 2* éd., t. IIl (Oxford 1846), enfin J. Hausslei-

ter (CV 49) et M. Dulaey (SC 423). Sauf indication contraire, nous suivons le texte établi par Haussleiter (sigle A) et repris avec deux corrections par M. Dulaey (sigle d). Nous nous sommes permis quelques corrections et conjectures supplémentaires (voir lignes 44, 47, 98, 107). Moyennant quoi le texte apparait sinon toujours facile à comprendre et pleinement satisfaisant, du moins lisible et cohérent. Il reste des difficultés, notamment une lacune à la ligne 75 et

quelques lieux problématiques, comme septem oculi dei septem oculi stagnei septem oculi (1. 110-111), devant lesquels on reste perplexe, et que seule la découverte d'une nouvelle copie permettrait peut-étre d'élucider.

INCIPIT TRACTATUS VICTORINI DE FABRICA MUNDI 1 |71'| Cogitanti mihi «et» una cum animo meo conferenti de fabrica mundi istius, in quo clausi tenemur, etiam uelocitas

fabricae ipsius haec est, sicut in libro Moysi continetur, quem de conditione ipsius scribsit, qui Genesis appellatur. Totam molem istam deus |71"| sex diebus ex nihilo in ornamentum maiestatis suae expressit, septimum quietus «a» labore benedictione consecrauit. Idcirco igitur quoniam septinario numero dierum et caelestia et terrestria omnia reguntur, principii loco de hac septimana, omnium septimanarum regina, meditabor et 10 prout potuero uirtutis diem in eius consummationem conabor exprimere. 2 In principio fecit deus lucem eamque duodenario numero «h»orarum die noctuque diuisit, idcirco uidelicet ut laboribus hominum requiei locum noctem dies superduceret, rursus dies 15 superuinceret ac sic alterna uice labor quietis refoueretur, quies exercitatione rursus diei temperaretur.

Quarto die fecit duo luminaria in caelo, maius et minus, ut alterum praeesset diei, alterum nocti, solis et lunae, ceteraque

20

sidera posuit in caelo, ut lucerent super terram et discernerent tempora et annos et menses et dies et horas per stationes. 3 Nunc ratio ueritatis ostenditur, quare dies IIII tetras nuncupatur, quare usque ad horam nonam ieiunamus «aut- usque ad uesperum aut superpositio usque in alterum diem fiat. Mundus itaque iste ex quattuor elimentis constat: igne aqua caelo

CKGn2,25 *Gn 1,17. 14

10 *Ps 109,3

ip sm els

17 *Gn 1,16

19

6 septimo Z ||quietus 5 ornamento L 1 cogitante L ||conferente L 9 sepnem Z* benedictio || L a labore] quibus labore (totum cancellatum) reium septimanar meditabor] timana] septima ad L || septimanarum regina conamur 122)] lin. infra (cfr conabor 10 eius] eà L || gionum m&tibor L 15 ac 14 requies L ||superdoceret L* 12 duodeeinario L ex -mor L L || praecessit praeesset] 18 L 17 et] ut sic.(cfr infra lin. 41)] hac se L L s prestatione horis stationes] per 20 horas noctis L || citheraque (!) L

296

DE FABRICA

MUNDI

terra; haec igitur quattuor elementa tetrade faciunt. Sol quoque et luna per anni spatium quattuor tempora efficiunt: ueris aestatis autumni |72'| hyemis; et haec tempora tetradem faciunt. Et ut ex ea re longius enarrem, ecce quattuor animalia ante thronum dei, quattuor euangelia, IIII flumina in paradyso 30 fluentia, IIII generationes populorum ab Adam usque ad Noe, a Noe usque ad Abraham, ab Abraham usque ad Moysen, a Moyse usque ad Christum dominum filium dei, et quattuor animalia, hominis uituli leonis aquilae, et quattuor flumina, Fyson Geon Tygris et Eufrates. Homo Christus Iesus auctor eo20 rum quae supra memorauimus tetrade ab impiis conpraehensus est. Itaque ob captiuitatem eius tetradem, ob maiestatem operum suorum et «ut» tempora humanitati salubria, frugibus laeta, tempestatibus tranquilla decurrant, ideo «aut stationem» aut superpositionem facimus. 40 4 Die quinto terra et aqua faetus suos ediderunt. Die sexto creata sunt quae deerant, ac sic deus hominem de humo instruxit dominum omnium rerum quas super terram et super aquam creauit. Prius tamen angelos atque archangelos creauit, «post- hominem finxit, spiritalia terrenis anteponens; prius 45 enim lux quam caelum et terra. Hic dies sextus parasceue appellatur, praeparatio scilicet regni. Adam Euamque ad imaginem et similitudinem suam consummauit. Idcirco autem prius opera sua consummauit quam angelos crearet et hominem fabricaret, ne forte adiutores se 50 fuisse falsa dictione adseuera«re»nt. |72"| Hoc quoque die ob passionem domini Iesu Christi aut stationem deo aut ieiunium facimus. 5 Die septimo requieuit ab omnibus operibus suis et benedixit eum et sanctificauit. Hac die solemus superponere, idcirco 35 ut die dominico cum gratiarum actione ad panem exeamus. Et 25

28 * Apc 4,6 29 x Gpn02»10 33 *Apc 4,7 || *Gn 2,11-14 40 *Gn 1220-25. .419*Gm2;7 . 42,5Gn 138 - 47 *Gn126:27. ) 53:*Gn2D.5

25 elementa temporum L, secl. h, om. d 277 tetradiem L 35 tetradeL 37 humanitatis L 40 aquam L || suus L 4] ac sic deus hominem ante (40) die sexto L 42 quas] quae L 44 post addidi ||hominem finxit secl. h, om. d 45 terram L — 47 euamque scripsi; enim quem L; enimque hd .. 49 fabricaret d] fabricauit LÀ

88 4-7 (lin. 25-84)

60

297

parasceue superpositio fiat, ne quid cum Iudaeis sabbatum obseruare uideamur, quod ipse dominus sabbati Christus per prophetas suos odisse animam suam dicit, quod sabbatum corpore suo resoluit. Prius autem, cum ipse Moysi praeciperet ne circumcisio diem octauam praeteriret, quae die sabbato plerumque incurrit, sicut in euangelio scriptum legimus, Moyses prospiciens duritiam populi illius idcirco die sabbati leuauit manus et se ipsum crucifixit in proelio quod ab allofilis sabbato «factum est», ut caperentur et seueritate legis ad deuitandam disci-

65

plinam formarentur. 6 Et ideo Dauid in psalmo VI pro die octauo dominum rogat ne in ira neque in furore suo arguat eum aut iudicet. Hic est enim reuera futuri illius iudicii dies octauus, qui extra ordinem

septimanae dispositionis excessurus

70

est. lesus quoque Naue

successor Moysi et ipse sabbatum resoluit; die enim sabbati

praecepit filiis Israel ut muros ciuitatis Hyericho tubicinibus circuirent et bellum allofilis indicarent. Mat«ta»-thias autem princeps Iudae sabbatum resoluit; nam praefectum Antiochi regis Syriae sabbato occidit |73'| et allophilos sua persecutione 75 subiecit. Et apud Mattheum scribtum legimus «x««». Esaias quoque et ceteri collegae eius sabbatum resoluerunt, ut uerum illud et iustum sabbatum septimo miliario annorum obseruaretur. Quamobrem septem diebus istis dominus singula milia annorum adsignauit. Sic enim cautum est: /n oculis tuis, domine, 80 mille anni ut dies una. Ergo in oculis dei singula milia annorum constituta sunt; septem enim habeo oculos domini. Quapropter, ut memoraui, uerum illud sabbatum est septimum miliarium, in

quo Christus cum electis suis regnaturus est. 7 Septem quoque caeli illis diebus conueniunt.

Sic enim

62 60*J07,22.23 58*Is1,13.14 — 59*Lv123 57*Mt128 *IMcc 73 71*]Jos6,4.16 66 *Ps6,] — 67*Ps62 *Ex 17,8-13 81 *Za 79Ps894 75 *Mt12,3-5 ||*Is 1,13; Os2,11 225.41.47 4,10 83 *Apc 20,4. 6 63 in] et L* ||quod] quae 62 leuauit manus] legebamus L 58 sabbato L 64 et - uelut L (secl. h, utpote ortum ex glossa ad et adscripta, scil. uel B *ut^) || seueritatem Z || deuitandam d] deuitando ex deuetando L; deuitandum 715 lacunam suspicatus sum 73 antiochi] antiqui L 66 domino L 82 est septimum miliarium] et septem 76 collegi L || ut] et L cum d 84 caeli * sunt L, secl. h, om. d miliaanniL

298

85

DE FABRICA

MUNDI

cautum est: Verbo domini caeli firmati sunt et spiritu oris eius omnis uirtus eorum; hii septem spiritus. Nomina sunt eorum spiritus qui supra Christum dei requieuerunt, ut apud Esaiam prophetam cautum est: Et requiescit super eum spiritus sapientiae et intellectus, spiritus consilii et uirtutis, spiritus scientiae

90

et pietatis, et repleuit illum spiritu«s» timoris dei. Summum ergo caelum sapientiae, secundum intellectus, tertium consilii, quartum uirtutis, quintum scientiae, sextum pietatis, septimum

95

100

timoris dei. Ex hoc ergo tonitrua mugiunt, fulmina extenduntur, ignes conglobant«ur-, trabes ardentes apparent, sidera radiant, comae horribiles coruscant, nonnumquam accedit etiam sol et luna; inuicem uisitantur atque illa ultra formidabilia lumina radiantia [73"| in acie aspectu eius efficiunt. Auctori autem totius creaturae istius *uerbum' cognomen est ei. Sic enim dicit pater eius: Eructatum est cor meum uerbum bonum. lohannes euangelista sic dicit: /n principio erat uerbum et uerbum erat apud deum et deus erat uerbum; hoc erat in principio apud deum. Omnia per ipsum facta sunt et sine eo factum est nihil. Ergo primus factus creaturae est, secundus hominis «uel» humani generis, ut ait apostolus. Hoc

105

igitur uerbum, cum lucem fecit, sapientia uocatur; cum caelum, intellectus; cum terram et mare, consilium; cum solem et lunam ceteraque clara, uirtus; cum terrae ac maris «faetus- excitat, scientia; cum hominem finxit, pietas; cum hominem benedicit et sanctificat, timor dei nomen habet.

110

8 Ecce septem cornula agnuli, septem oculi dei, septem oculi stagnei, septem spiritus, septem faces ardentes ante thronum dei, septem candelabra aurea, septem ouiculae, septem mulieres apud Esaiam, septem ecclesiae apud Paulum, septem diacones, septem angeli, septem tubae, septem signacula libri, sep-

854P319216.— 88. Is 1018233 99 Ps 442 100 Jo 1,1-3 103 *Col 1,15 || *1Cor 15,47 110 *Apc 5,6 || *Za 3,9; 4,10 111 *Apc 4,5 To * Apc 1,12 || *Lv 23,18; *Nm 28,11 || *Is 4,1 113 *Act 6,3 114 *Apc 8,2; 15,1 ||*Apc 8,6 ||*Apc 5,1 ||*Lv 23,15. 16 9] sapientia L 92 scientia L 93 fluminaL 95 horribiles coruscant] orribilis curabitur L 96lumineZ 98 auctori autem] auctoritatem L|| istius] iustus Z ||uerbum scripsi; uerbo Lhd 107 maris scripsi; mari ex mare (ut mihi uid.) L; mari ex maris A 111 stagnei * septem oculi iterum L, secl. h, om. d 114 tubas L

$8 8-9 (lin. 85-143)

115

120

209

tem septimanae quibus pentecosten concluditur, septem septimanae apud Danihelum, item sexaginta tres septimanae apud Danihelum, apud Noe septem omnia munda in arca, septem uindictae de Cain, septem anni remittendi debiti, lucerna |74'| cum septem orificiis, septem columnae sapientiae in domum Salamonis. 9 Nunc igitur de ine«na-rrabili gloria dei et prouidentia uideas memorari: tamen, ut mens parua poterit, conabor ostendere. Vt Adam illum per septimanam reformauerit atque uniuersae suae creaturae subuenerit, natiuitate filii sui Iesu Christi

125

domini nostri factum est. Quis itaque lege dei doctus, quis plenus spiritu sancto non respiciat corde, ea die Gabrihel angelum Mariae uirgini euangelizasse, qua die draco /Euam seduxit; ea die spiritum sanctum Mariam uirginem inundasse, qua lucem fecit; ea die in carne esse conuersum, qua terram et aquam fe-

130

cit; ea die in lacte esse conuersum, qua stellas fecit; ea die in

sanguine, qua terra et aqua faetus suos ediderunt; ea die in carne esse conuersum, qua die hominem de humo instruxit; ea die natum esse Christum, qua hominem finxit; eadem die esse

135

passum, qua Adam cecidit; ea die resurrexisse a mortuis, qua lucem fecit? Humanitatem quoque suam septinario numero consummat:

140

natiuitatis, infantiae, pueritiae, adulescentiae, iu-

uentutis, perfectae aetatis, occasus. Iudaeis quoque humanitatem suam etiam his modis ostendit: cum esurit, sitit, cibum potumque cepit, cum ambulat et secessit, cum super ceruicale dormiuit. Cum autem freta orta procella pedibus ingreditur, uentis imperat, |74"| aegros curat et clodos reformat, caecos «illuminat, surdos auditione et mutos»

eloquentia instituit, uide

eum dominum se esse nuntiare eis.

118 *Dt 15,1 ||*Za 4,2 117*Gn72]||*Gn4,15.24 115*Dn924-7 139 *Le7,34 *Jo4,7|| || 138*Mt4,2 126*Lc1,28 119 *Prv9.1 *Mt || 824 *Lc 141 8.19 140*J06,1 +*Mt 4,18 || *Mt 4,12 | *Mc4,38 142 *Mc 7,37 12,151 *Mt15,31 116 sexaginta] quadraginta 124 subueniret natiuitatem 139 136 natiuitatem L 140 orta] aut L lem L 143 (143) eum] uidete Z

119orificiaZ L (in archetypo erat XL pro LX) ||resurrexit L Z quod 134 qua(1)] quo ex in Z L || ceruicascit esse cepit] dedit L || secessit] eas am Z || uide eloquenti 142 141 clodus L* £L eisdem nuntiari Z ||eis (144) de]

300

145

150

DE FABRICA

MUNDI

10 De duodenario numero dies, ut supra memoraui, per duodenas horas bifariae diuisus est: lucis et noctis. Per has namque horas menses et anni et tempora et saecula conputantur. Constituti sunt itaque sine dubietate diei angeli duodecim, noctis angeli duodecim, pro numero scilicet horarum. Hi sunt namque XXIIII testes dierum et noctium qui sedent ante thronum dei, coronas aureas in capitibus suis habentes, quos Apocalypsis Iohannis apostoli et euangelistae seniores uocat, idcirco quia seniores sunt et aliis angelis et hominibus. EXPLICIT TRACTATUS VICTORINI DE FABRICA MUNDI

149 *Apc 4,4 144 dies] dicere L quos 4 in L

147 constituta L || dubietate] dubio autem L

150

FRAGMENTUM

DE VITA

CHRISTI

Editio textus cum nota praeuia

Note préliminaire Un court fragment concernant les principaux événements de la vie du Christ aurait été copié par Victorin dans les archives d'Alexandre de Jérusalem, qui l’aurait lui-même trouvé dans des «écrits apostoliques» sur lesquels aucune précision n’est donnée. Victorin aurait reproduit ce texte parmi d’autres dans un de ses commentaires scripturaires. C'est ce qu'affirment, avant de citer le texte en question, les deux manuscrits qui nous l'ont conservé sous deux formes sensiblement différentes: Milano, Biblioteca Ambrosiana H. 150 inf, £. 137v-138r, du IX*

s., provenant de Bobbio (- A), et Padova, Biblioteca Universi-

taria 1473, fol. 164, du XV* s. (7 P). Martine Dulaey a montré dans une étude trés fouillée que ce fragment pouvait étre considéré pour l'essentiel comme authentique (Le fragment chronologique de Victorin et la culture grecque aux confins de l'Empire dans la seconde moitié du III siécle, dans Cristiane-

simo latino e cultura greca sino al sec. IV: XXI incontro di studiosi dell'antichità cristiana, 7-9 maggio 1992 — Studia ephemeridis Augustinianum, vol. 42, Roma 1993, p. 127-143). L'auteur utilise manifestement des sources anciennes, probablement d'origine asiate, plus précisément peut-étre cappadocienne, qui situent la naissance du Christ en l'an 9 et sa mort en l'an 58, à l'áge de quarante-neuf ans. Il est tout à fait possible que Victorin ait fréquenté la bibliothéque de Jérusalem et cité cette note dans un de ses commentaires, peut-étre le commentaire perdu sur Matthieu. Les points de contact avec le De fabrica mundi sont incontestables et frappants. On remarquera notamment que d'aprés ce dernier ouvrage, le Christ est passé par les sept áges de la vie en terminant par la vieillesse, qui, pour les anciens, débutait dans la quarantaine. Dans l'édition qui suit, nous présentons d'abord en parallele le texte des deux manuscrits, 4 dans la colonne de gauche, P dans la colonne de droite, avant d'en extraire le fonds commun,

débarrassé des fautes et des interpolations que la comparaison fait ressortir de part et d'autre. En revanche, nous n'avons pas corrigé les dates consulaires, en partie fausses ou approximatives. Elles pouvaient l'étre déjà dans la source de Victorin.

FRAGMENTUM

DE VITA

In commentarüs Victorini inter plurima hec etiam scripta reperimus. Inuenimus in membranis Alexandi (sic) episcopi, qui fuit in Hyerusale, quod transcripsit manu sua de exemplaribus apostolorum ita. VIII kal. ian. natus est dominus noster lesus Christus Sulpitio et Camerino consulicbu»s. Et baptizatus est VIII id. Ian. Valeriano et Asiatico consule (sic). Passus est X kal. apr. Nerone III et Valerio Mesala consulibus. Resurrexit VIII kal. apr. consulibus suprascriptis. Ascendit in celos V non. maias post dies XL consulibus suprascriptis. Iohannis baptista nascitur VIII kal. iul. et cireumciditur kal. iul. Ad Mariam uero locutus est angelos (sic) VIII kal apr. sexto iam conceptionis mense Elisabeth habere dicens. Ex quo supputatur eodem die dominum fuisse conceptum quo et resurrexit. Amen.

CHRISTI

303

In commentariis Victorini inter cetera hec etiam scripta reperi, quod in membranis Alexandri episcopi, qui fuit in Ierusalem, quod transcripsit manu propria de exemplaribus apostolorum. VIII kal. ian. natus est dominus Iesus Christus Suplicio et Cromatio consulibus,

baptizatus VIII id. Ian. Valerio et Asiatico consulibus, passus uero VIII kal. apr. Nerone tercio et Valerio Mesula consulibus. Surexit VI kal. apr. consulibus suprascriptis.

Supputatur quippe eodem die dominum fuisse conceptum quo et resurrexit. Feria VI annuntiatus, feria I natus,

feria V baptizatus, feria VI passus. A die natiuitatis domini usque ad passionem ipsius anni XXXII menses III dies XI. *

* OK

In commentariis Victorini inter plurima haec etiam scripta reperimus. «Inuenimus in membranis Alexandri episcopi, qui fuit in Hierusalem, quod transcripsit manu sua de exemplaribus apostolorum ita: *VIII kal. ian. natus est dominus noster Iesus Christus Sulpitio et Camerino consulibus et baptizatus est VIII id. ian. Valeriano et Asiatico consulibus, passus est X kal. apr. Nerone III et Valerio Messala consulibus, resurrexit VIII kal.

apr. consulibus suprascriptis'. Ex quo supputatur eodem die dominum fuisse conceptum quo et resurrexit.»

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1. Citations scripturaires Edition de référence: Vetus Latina. Die Reste der altlateinischen Bibel nach Petrus Sabatier neu gesammelt und herausgegeben von der Erzabtei Beuron, Freiburg i. Br. 1949 et suiv.; à défaut: Biblia Sacra iuxta vulgatam versionem, 5* édition, Stuttgart 2007. A — Victorini explanatio in Apocalypsin (ms. A, pages paires); H = Eiusdem recensio Hieronymi (pages impaires); F — De fabrica mundi. L'astérisque signale les citations implicites comme dans l'apparat scripturaire. Les références à l'Apocalypse qui figurent à chaque page du commentaire n'ont pas été reprises dans la table. Genesis (Gn)

SS 1,14 1,16 IE 1,20-25 1,26. 27 1,28 22 8 2,10 257 2,11-14 3,8 4,15.24 6,14 7/2) 9,13 13,14 15,18 49,8.9 49.9 49,16

TUli2s* F 19* ET F 19* F 40* F47* F 42* E55 9S A II,84*; H IL,98*; F 29* F41* HS HN EMMTE H V,90* TRIES A 11,30; H 11,40 A V,62 A V,63 A 11,161; H II,184 A 1L,77*; H IL91* A II,115; H 11,128

Exodus (Ex)

17,8-13 2970 30,3 34,33

F 62* A II,245* A II,245* A II,168*; H II,192*

Leviticus (Lv)

12,3

B59*

F 114* EAU? A IV 202*; HIV 251*

2375-16 23,18 26,18. 21.24.28

Numeri (Nm)

28,11

Expos

Deuteronomium (Dt)

1531 32,8 5211

EAMSS A 11,280; H 11,345 ASISTE EDI OS

Iosue (Jos). 644. 16

E71*

Psalmi (Ps)

6,1 62 32,6 442 47,9 59,8 61,12 71,8

F 66* FE 67* F85 F 99 A V,99 A V,99 A 1,68; H 1,84 A V,65. 67

TAG

AVES

89 4 104,8 109,3

F 79 EIOVES! F 10*

TIE]

A186; H L101

CITATIONS

SCRIPTURAIRES

Proverbia (Prv)

8,20 9,1

A 1,30; H 1,40 F 119*

Ecclesiastes (Ecl)

123

A IIL25; H III,26

4,4-6 256 9,5 (LXX) 11.2.3 13,19 21,9 25/097 34,16 5917 59,9 60,1. 19.20 60,5 60,17 61,6 62,10

H IV,143* AIV,111; HIV,144* A V,92 ES A IV,124; H IV,155 A IV,152; H IV 205

Osee (Os)

22- il

Isaias (Is) 1,13. 14 ILES 4,1

9 7,8 7,18 9,24-27 11597 11,45

307

F 58* ES A. T,110*.119*; H-EI27:21565S BIS A V,69* A V,73 A IIL,62*; H III,74* AL8;HLIS;F 88 A IV,180*; H IV 274* A IV,182*; H IV ,276* A V,118 A V,129 A 1I,163; H II,187 A III,169; H 111,196 A V 15 A V,116 A V,115 A V,117 A V,68*

BS

Iohel (Jl)

205

A V,112

Amos (Am)

8,11

ETBVAMOSS

Micha (M1)

S56

A IIL21; H III,23

Zacharias (Za)

3,9 42 4,10 4,11-14

F 110* F 118* ESSE A IILI145*; H IILI169*

Malachias (Mal) Ieremias (Jr)

1,5

4,5.6

A IIL,6; H III,8

A III,139; H IIL,161 I Macchabaeorum (1 Mcc)

Ezechiel (Ez)

2225.41.47

H IV 243* 166 30015916 26 - 27 A IV,180*; H IV 274* A TIL 153.155; HTIEI79:181 31:3-— A III,156; IV,130; 314 H III,182.184; IV,162 A IV,193; H IV 240 35,6 Daniel (Dn)

2:32:35 2.36 2,38-40 243 2.44 3,1

A V.80* A V,85* A V.86 A V.90 A V.94 A7V,154*:H IV207*

RgS*

Matthaeus (Mt)

1,1-16 1,1 42 4,12 4,18 4,38 515 5,23.24 5595 7,24. 25 10,34 12,3-5

"AXIS EDITA S A 11,67; H IL81 F 138* ENS E1995 E1995 A V,110* A 11,248; H 11,293 EVEOSS E4122 A 1,59; H 1,76 E557

308

TABLES

E575 12,8 F 141* 12,15 A II1,26; H III,28 13,27-30 A160; H L77 1351 A 161; H1I,78 1352 A L59*; H 1,76* 13:53 F 141* 15,31 A L65; H L81 17,26 A 11,110; H 11,123 1027 A 11,112; H 11,125 19,28 A V,104. 122* 1929 AIT 135% ANT AS25 21,8 À1,150*; H L,167* 22,38 24,7 A 11227.238 5H 11269-2807 24,14 A 11,223; H 11,252 24,15 A IV,156; H IV ,209 24,16 A IV,52; H IV,69 24,21.22 A IIL,14; H III,16 24,31 A IIL,19; H IIL21 26,29 A V,121 2641 A IIL,14; H IIL,16 Marcus (Mc)

H II,79 A IL 71 A II,63* H II,69 F 142* Lucas (Lc)

1,5 1,8-11 1,28 4,13 7,34 824 16,25 16,26 219-11 21010741 2161

A 11,69; H II,83 A 11,59*; H I1,74* F 126* A IV,30; H IV,42 B 198* F 141* AGPIMOS ZACID2S 75S ERITES025 A IL217* A 11,234; H 11,260 A 11,238*; H I1,280*

Iohannes (Jo)

F 100 H IL85 A 11,53. 65 AIV3;HIV3 AIVA;HIVA A IV.5; H IV,5

3.34. 35 47 6,18. 19 722.23 844 1247 1248

AL94; H L110 F 138* F 140* F 60* A IV 40*; H IV,55* AL74*; H L88* AL74; H L89

Actus Apostolorum (Act)

1,9 2/95 6,3 10,42

A IV,34*; H IV.47* AI91;H 1,108 F 113* A 1,72*; H 1,86*

Ad Romanos (Rm)

6,9

ALIS;HI22

I ad Corinthios (1 Cor)

6,2 02 10,4 Tis 115 12,28 13312 14,29 15,14 1525 15,26 15,47 15:52 1558

A V,132 A L224*-H 1251 LEV 12? A 1,33; H 1,45 A III,80; H 111,94 A IIL77; H III,91 A V,129 A II1,79; H IIL,93 A 1I,999*; H IL, 12* À V,98 A IIL61*; H III,72* F 103* A V,33 AI118; H1I,135

II ad Corinthios (2 Cor)

11,14

H IV,183

Ad Colossenses (Col)

(THUS 351

F 103* H V,43

I ad Thessalonicenses (1 Th)

4,15-17

A V,27

II ad Thessalonicenses (2 Th)

23.4

A IV,75; H IV,104

CITATIONS

2,1-9 21 2,8 2,10-12

AIIL161;H 111,187 A 11,164; H II,191 A 1,76; H. E91 A 111,167; H 111,194

SCRIPTURAIRES

309

I Petri (1 Pt) 2) 59

A 1,19; H 1,26 A 1,169*;H 1,190*

I ad Timotheum (1 Tm)

Apocalypsis (Apc)

3315

1,12 44

E112* F 149*

Ad Hebraeos (Hbr)

4,5

EMA

9,7 9,8 919 9,20 9,26 111557,

4,6 4,7 5,1 5.6 8,2.6 15,1 20 4.6

F28* E335 F 114* F 110* F 114* F 114* E83*

A1108; H L125

A.1L252*; H1L297* A 1L254*; H 1I,299* A IL171*; H ILI195* AI1,172; H 11,196 A 11,254*; H 11,299* A V,110*

2. Sources et lieux parallèles

A la suite des noms des auteurs et de leurs œuvres est rappelé le sigle sous lequel ils sont cités dans les notes de l'introduction et dans l'apparat (voir ci-dessus p. 7-8). Les références s'entendent de la méme facon que dans la table des citations scripturaires.

Ambrosius Autpertus

(Autp.)

Expositio in Apocalypsin 5,8-13

De ciuitate dei (ci) H pr 12

28,6-7 755,1 — 169 404,34 — 405,39 405,40-42 413,3 - 414,24 487,69 517,34-59; 518,73-99 655,23-24

H I6 H L,98 H 111,112 H III,124 H 111,157 H IV,120 H IV,165 H IV,149

Anonymus (AN)

Liber Genealogus (gen)

num. 616-619

H IV,165

Pauca de monogramma (monogr.)

lin. 56-62. 84-93 Apringius

H IV,165

(Apr.)

Tractatus in Apocalypsin

1,340-343 1,358-359 1,367-372 1,401-406 1,632-633 1,679-681 2,63-72 2,220-222 2,244-249

Augustinus Hipponensis (AU)

H 1,63 HIA49 HI,98 ESA H 1,208 H 1220 H II31 H 11,161 H 11.168

20,7-8 Beatus Liebanensis

HINEO (Beat.)

Commentarius in Apocalypsin pulos pr 1bis,79-80

H III,168 H 1,63 pr 1bis,102-15 H 17127 pr 1bis,105-118 H1,141 pr 3,1-21 H pri pr 4,38-40 H IL317 pr 4,40-42 H II,320 pr 4,198-203 H III,128 pr 54-11 H IV,18 pr 5,11-13 ; HIV 28 pr 5,80-81 H IV,191 pr 5,82-83 H IV,198 pr 5,100-102 HIV 216 1,2,102-103 HLI10 1,3,2-4 HI29 1,3,155-159 H II,191 1,3,160-162 H II,190 1,3,165-166 H 11,209 1,4,113-119 H 1.36 1,4,184-187 EIS 1,4,255-257 H 1,63 1,4,261-262 HLA45 1,4,265-267 HLA46 1,4,289-293 H 1,49 1,4,389-391. 397-399. 401-417 H 1,69 1,4,500-505 HLSI

SOURCES 1,5,356-495 2,1,143-144. 148-150 2,4,44-47 2,6,83-92 2,1,19-277. 33-39 2,7,110-115 3,2,52-56 3,2,58-62 32,206 3,2,207-209 3,3,656-716 3.,4,669-683 34,735 4,1,1-14 4,1,18-22 4,1,52. 57-62. 66-67 4,1,209-213 4,2,3-25 4,3,3 4,3,15-16 4,3,31-33 4,3,48-50 5,10,162-171 5,10,176-177 5,10,182 5,11,2-4 5,11,87-95 5,11,97-98 SSMO 5,11,98-99 6,1,4-11 6,1,21-47 6,2,16-28 6,2,304-311 64,37-48 6,4,349-376 6,4,378-386 6.4.406-411 6,4,422-429 6,4,430-432 6,4,437-449 6,4,452-457] 6,4,465-483 6,6,146-157 6,8,23-25 11,4,43-46 11,4,47-48 11,4,52-54 11,455.57 12,2,100-101 12,3 2-46

ET LIEUX

H 1,139 H1,165 HI211 H 1234 H1244 Di1257 H 11,32 H II,38 H 11,42 H 11,46 H 11,96 HII215 H 11,230 H 11,240. 248 H 11,259 H 11,268 H 11,280 H 11,288 H II,3315 H 1I,317 H 11,320 H 11,328 H 111,128 H 111,140 H IIL,142 H IIL147 H IILI57 H II1,168 H IIL172 H IIL172 H IV, H IIL174 H IV,18 H IV,99 H IV,187 H IV,126 H IV,196 H IV,203 H IV,208 H IV,149 H IV,152 H IV,161 H IV,165 HIV,155 H 11,223 H V,53 H V,60 H V,35 H V,124 H 111,168 H V,83

311

PARALLELES

Beda presbyter (Beda) Expositio Apocalypseos

HIV,165

22,83-90 Caesarius Arelatensis

(Caes.)

Homiliae in Apocalypsim

20UST ADS 211,19-22 2122-3 212,13-15 212,16-17 212,17-18 212,18-20 21221 212,23-27 213 4-6 213,7-8 213,9-10 213,10-11 213,11-13 213,14-15 213,22.24-25 214,3-4 214,5-6 214,11-12 214,14-15 214,16-18 214,19-21 214,21-23 214,23 — 215,3 215,5-6 215,6-7 21/7515 2194 219,15-18 220,3-4 220,3 220.27 220,28 — 221 4 221.4-7 221,9-10 221,11-12 221,14-15 221,27 — 222,1 223 4-9 223,9-10 224,6 224,1-11

A I,48 A 1,34 A 1,37 A 1,49 A I,52 A 1,67 A L70 A.1,79 A I.82 A 1.89 A 1.96. 97 A 1,100 A 1,108 A T,110 AT,115 A I,48 ATLISI A 1173 A I,194 A 1,202 A 1,229 A ILÀ A II,21 A 11,23 A 11,32 A 11,34 A L181 A 1.229 A 1I.23 A IL,34 A 11,32 A 11,90 A 11.92 A 11.98 A II.45 A 1L117 A 1IL,131.135 A IL77 A 11,192 A 11,206 A 11,212 A 11,213

312 225,13-14 225,16-17 226,11 226,25-26 226,26-27 226,27-29 226,29=227,2 227,8 227,25-26 25519 235,11-12 235510 293515 237,20 237,21-22 242,11-13 244,18-20 244,20-22 244,23 245,4-6 245,6 248,23-25

TABLES A.II217 A 11,265 A 11,229 A 1L217 A 11,222 A 11,233 A 11,239 A II,265 A 11,275 A 11,264 A IIL57 A IIL56 A 1II,60 A IIL56 A IIL,60 A IV,79 A IV 46 ACEV.SS 57 A IV,59 A IV,85 A IV,88. 90 AIV,162

Isidorus Hispalensis (IS) In libros VT et NT prooemia (pro)

92

H1,118

Patricius (PAT) Confessio (cf)

4

A IIL,110

2,311-312.315-316 3,11-14 3,139-144 3,159-160 4,32-34 4,79-80 4,91-93. 97-98 4,230-234 4,259-265 5,587-588 5,617-623 6,66-70 6,186-187 6,205-208 6,215 6,229-203 » 13267-2775

Theodulphus Aurelian. (Theod.)

Glossa in Apocalypsin 1,58 2,3-4 2,6-10 2,13-20 2,23-27 2,27-28 4,28-29 4,55-56 6,4-5 6,5-7 6,23-24

Primasius Hadrumetinus (Prim.)

Tyconius Afer (Tyc.)

Commentarius in Apocalypsim

Expositio Apocalypseos

1,66-67 1,69-71 1,74 1,88-89 1,90-91 1,201-208 1,212-213. 220 1224-228 1,237-238 1,252-254 1,260-262 1,265-266 1,276-277 2,182-183. 192. 196

12,34-36 132 1441-2 1,6.2-3 2314-5 2378 2382-4 2.39,1-3 240,3-5 2,58,4-5. 7-9 42723 5.20,1-5 521124 5.22018

HI,10 HI,15 H I20 H1I26 H 129 H 1,36 H 1,63 H 1,46 H 1,49 H 1,93 H1,112 H1,73 H L,54 H1,208

H 1,220 H1,229 H 1,246 259 EISE? HII,42 HII,44 H11,103 H II,146 H11,223 H II218 H II,243 H 11,289 H 11,308 EI 15315 H 1II,320 H IV,165

A 1,28 JUSTOS A L.148 A 1,163 ANUS ALi81 A ILAT7 A II,88 AI A 11,222 A II,240

ALAS A L34 AL37 AL79 A IL,221 A 11265 A 1,272 A I1274 A 11275 A 11288 A IV.85 A IV,190 A IV,195 A IV,199

TABLE

DES MATIERES

ST T ca TTL

WORSE

5

Sigles et abréviations see

7

EXPLANATIO IN APOCALYPSIN (Prolegomena)

9

10

Chapitre premier: L’édition originale

1-1. 172^ 1.3. 14

pnm depo voee Les manuscrits du Vatican eee den Histoire du mabuscrit 4i. Les insuffisances du manuscrit À eee oe dene Latradition indirecte

10 15 18 21

Chapitre II: Les manuscrits hiéronymiens

26

Chapitre III: L'édition hiéronymienne

45 en

3.1. Jérôme éditeur de Victorin

49

3.2. Un prototype de la fin du V°s. 3.2.1. Un prototype en désordre 3.2.2. Un prototype interpolé.................... 3.2.3. Un prototype en faute

45

een

Chapitre IV: La tradition hiéronymienne n

50 53 35 59

deoa pese teet vi dna suae Paneg dores 59 qi La Ie 41-1 T6 fanuscEit f... oun rotura ene eorrecer ous eiensene 59 ...... nennen 4.1.2. Le sous-archétype v; ........

63

v» .............. V3 mH V4 m Us

66 68 68 71

4.1.3. 4.1.4. 4.1.5. 4.1.6.

Le Le Le Le

sous-archétype sous-archétype sous-archétype sous-archétype

4.1.7. La tradition indirecte

15

314

TABLE

DES MATIERES

42cLa fanulle 48 tete er eee 42:1, Le sous-arclietwpe $5.25 ree HET 4.2.2. Le sous-archétype: 20x50 98. oe opere 4.2.3, Le'sotssdtC DeLyDe. C2 5c e Ere E 4.2.4. Heisutis-atcltétype 4S D o ERA TL...82 42 5 Lesous-dtcHetvbe crm Ur E e IDIE S MN 4.2.6; La recensiofl 22... domm MR A E 4:3 Histoire Qu texte" ESO. coU ELSE ERE Chapitresv.: La presente CatLiOIl

mn

74 78 80 80 82 84 88 96 99

EXPLANATIO IN APOCALYPSIN (£ditio synoptica) .................... 105

Sigles des manuscrits ............. MERE OR EN OIT ARE

106

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