Essai sur Théodore de Mopsueste 8821004627, 9788821004629

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Essai sur Théodore de Mopsueste
 8821004627, 9788821004629

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STUDI E TESTI ------------------- 141 ---------------------

ItO'HKItT DKVIlliliSSB

ESSAI SUE

THÉODORE DE MOPSUESTE

CITTÀ DEL VATICANO BIB L IO T E C A

A POST OL ICA

VATICANA

MOCCCCX XXX Vili

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STUDI E TESTI --------------- —

ROBERT

141 -------------------

D E V R .E E 8 8 B

ESSAI SUR

THÉODORE DE MOPSUESTE

CITTÀ DEL VATICANO BIBL IOT ECA

APOSTOLICA

VATICANA

MDCCCCX XXX Vili

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EDI POTEST : Datum in (!iv. Vat., Die 7 Iunii 1948. \ FT. Alfonsijs C. De Romanis, Εμ. Porphyreonen., Vic. Gen. C ivitatis Vaticanae.

RISTAMPA ANASTATICA - F O T O -L IT O D IN I - M O D EN A - 1977

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A SA S A I N T E T É LE P A P E PI E XI I

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AVANT-PROPOS J ’accomplis une promesse, qui me liait depuis une dizaine d’années, en offrant au public cet E s s a i su r Théodore de M o p su este.

De quoi s’agit-il ? Quelques phrases suffiront à l’indiquer. L’Orient et l’Occident, voilà quatorze siècles, ont inscrit Théo­ dore au nombre des hérétiques: non seulement ses ouvrages ont été frappés d’anathème, mais encore sa personne a été désignée à l’abomination du monde chrétien. Ce verdict n’a jamais été contesté, il fait partie des positions les plus fer­ mes de l’histoire. D ’autre part, les contemporains de Théodore l’ont re­ gardé comme l’un des plus savants évêques de l’époque, comme l’un des plus redoutables adversaires des hérésies qui s’étaient implantées dans les églises orientales; ils l’ont défendu avec une ardeur et une émotion dont les accents nous touchent aujourd’hui encore, car ils voyaient, dans l’attaque entreprise contre sa mémoire et son œuvre, se faire jour des préoccupations qui n’étaient pas celles de l’orthodoxie traditionnelle. Théodore a-t-il soutenu les erreurs qui lui sont repro­ chées? Comment la balance de l’opinion a-t-elle d’abord oscillé, comment s’est-elle infléchie, puis définitivement arrê­ tée dans une rigoureuse stabilité ? Tel était le fond du pro­ blème, et c’est toute la matière de cet essai; un essai, je reprends le mot, car il sied au développement de cet ouvrage et aux termes de sa conclusion: je n’ignore point tout ce qui manque à l’achèvement de mon dessein, mais, d’un autre côté, je risquais, en attendant plus longtemps à lui donner sa forme, de me trouver un jour devant des pages jaunies ou un amas de notes sans attrait, menacées bien­ tôt de fleurer la cendre morte.

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VI

A v a n t-p ro p o s

Un problème était posé, et c’était déjà une manière de préparer sa solution. Les faits, dont il dépend, ne manquent pas, certes. Tentons de les ordonner. En premier lieu, tout ce qui correspond à la documen­ tation du réquisitoire final, et qu’on retrouve à peu près complètement, disposé d’une façon ou de l’autre, dans les ouvrages imprimés jusqu’à ce jour. S’en contenter? entre­ prise superflue et précaire, comme le relèvement d’une bâ­ tisse par l’emploi de matériaux usés; qu’on les agence comme on voudra, Théodore reste à l’origine des plus flagrantes erreurs du temps et réalise leur conjonction, — patron du « nestorianisme » le plus effronté et complice, à tout le moins, du pélagianisme. Dès lors, il faut conclure que ceux qui vécurent avec lui, prélats et fidèles, avaient perdu tout sens chrétien; comment expliquer, en effet, qu’on ne l’a pas dé­ noncé durant sa vie? En second heu, l’attitude des Pères de Chalcédoine, qui, malgré tout le bruit soulevé depuis une quinzaine d’années, semblèrent ignorer qu’il y eût encore une question Théodore à trancher, réhabilitèrent ceux qui avaient souffert pour la défense de l’accusé. En troisième lieu, un nombre respectable de textes théodoriens, rassemblés et traduits par Facundus d’Hermiane au milieu du vie siècle; pas un seul ne fut récusé. Trois séries de faits, sans lien commun, feuilles discolores suspendues à des branches touffues. A quel rejeton s’accro­ cher pour retrouver la racine ? Se réfugier dans un concordisme bienveillant? On l’a quelquefois tenté. Comment aurait-on pu d’ailleurs aller au-delà de cette étape? l’attein­ dre témoignait déjà un réel courage. De récentes découvertes, auxquelles j’ai eu la chance d’associer mon effort, ont ramené à la lumière des parties notables de l’héritage de Théodore: ouvrages entiers, comme l’explication de S a in t J e a n et les H om élies catéchétiques ; moitié d’un autre, comme le C om m en taire su r les Psaum es·, fragments

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A v a n t-p ro p o s

vu

importants, expliquant les premiers chapitres (le la Genèse. Tel est le nouveau l'ait, celui qui est à l’origine de cet ouvrage. Ces textes étaient vierges, ils s’ajustaient à d’autres déjà connus, mais le plus souvent négligés; davantage, ils rejoi­ gnaient, jusqu’à s’y superposer quelquefois, ceux que Facun­ dus avait insérés dans sa Défense des Trois-Chapitres. On tenait donc quelques solides anneaux d’une tradition depuis longtemps brisée, et il eût été condamnable de né­ gliger leur appui; on ne pouvait s’arrêter là, cependant. L’esprit de la recherche qui avait permis de passer du connu à l’inconnu, en amenant au jour de nouveaux documents depuis des siècles égarés, imposait de coordonner les uns aux autres: par là se trouvait reconstitué, pièce par pièce, le sys­ tème exégétique de Théodore et, presque conjointement, re­ mises sur pied les thèses authentiques de sa théologie. Mais aussitôt apparut qu’entre leurs données et celles que l’opinion courante, depuis des siècles, a retenues, il y avait contraste. Comment l’expliquer ? Une seule voie était ouverte, où je me suis engagé: repren­ dre un à un, depuis les origines jusqu’au concile de 553, les fils du procès de Théodore; amener chaque événement dans l’ordre strict de sa chronologie et de son articulation natu­ relle; enregistrer, chemin faisant, au moment de leur appa­ rition, chacun des extraits mis au compte de Théodore par ses adversaires, marquer lem forme et distinguer leur ten­ dance, reconnaître leurs parentés et se rendre compte du jeu de leur agglutination. J ’ai fait de mon mieux pour présenter toute chose dans sa vraie lumière, sans rien altérer ni déformer. C’était assu­ rément l’une des premières conditions incluses dans ma pé­ rilleuse promesse; je me tiens à l’espoir qu’on ne me repro­ chera pas d’y avoir failli. K o rn e , 20 ju in

19 4 8 .

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C H A P IT R E P R E M IE R

LA V IE ET L’Œ U V R E

I. T r o is

h is t o r ie n s

- La vie

c o n te m p o r a in s , q u i o n t m e n é le u r c o m p ila tio n ,

l ’u n ju s q u ’ à l ’ a n n é e 4 2 8 , le s d e u x a u tr e s ju s q u ’ e n 4 3 9 , —

T h é o d o re t,

d ’ u n e p a r t , S o c r a te e t S o z o m è n e d e l ’ a u tr e , — n o u s p a r le n t d e T h é o ­ d o r e d e M o p s u e s t e 1 . I l s s e r e c o u v r e n t o u s e c o m p lè t e n t , d e s o r t e q u e

1 S o c r a t e , VI, 3 (P. G., L X V II, 065-668). Le chapitre est consacré à s. Jean Chrysostome, qui vient de dire adieu aux soucis de ce monde pour se donner à Dieu: Π ε ίθ ε ι δ ε κα'ι Θ ε ό δ ω ρ ο ν κ α ι Μ ά ζ ιμ ο ν , σ υ μ φ ο ι τ η τ ά ε α ύ τ ώ ó v r a s π α ρ ά τω σ ο φ ι σ τ ή Λ ιβ α ν ίω , κ α τ α λ ι π ε ί ν μ ε ν τ ο ν χ ρ η μ α τ ι σ τ ι κ ό ν β ίο ν , μ ε τ ιε ν α ι δ ε τ ο ν λ ι τ ό ν .

rQ v θ ε ό δ ω ρ ο ε μ ε ν

ύ σ τ ε ρ ο ν Μ ο μ φ ο ν ε σ τ ί α ε Ttjs εν Κ ιλ ικ ία ττό λ ε ω ε ε τ τ ίσ κ ο π ο ε y è y o v e , Μ ά ξ ιμ ο ε τ η ε εν

Ί σ α υ ρ ία . Τ η ν ικ α ύ τ α ο ύν ο ύ τ ο ι σ π ο υ δ α ίο ι π ε ρ ί τ η ν

α ρ ετή ν

δ ε Σ ε λ ε υ κ ε ία ε

y ε ν ό μ εν ο ι, μ α θ η τ ε ύ ο υ σ ιν

e is τ α α σ κ η τ ι κ ά Δ ιο δ ό ρ φ κ α ί Κ α ρ τ ε ρ ίω .

S o z o m è n e , V i l i , 2 (P. G., L X V II, 1516) repète la même chose, mais il ajoute au sujet de Théodore: Α ν η ρ κα ί τ ω ν ιερ ώ ν β ίβ λ ω ν κα ί T t j s ά λ λ η ε π α ιδ ε ία ε ρ η τ ό ρ ω ν τ ε κα ι φ ι λ ο σ ό φ ω ν ικ α ν ώ ε ε π ισ τ ή μ ω ν .

Α λ Χ ’ ovtos μ ε ν

η ν ίκ α

τη ν

άρχην ενετνχε

rois θ ε ίο ιε ν ό μ ο ιε κ α ί ie p o îs ά ν δ ρ ά σ ιν ώ μ ίλ η σ ε ν ε π η ν ε σ ε τ α ύ τ η ν τ η ν ά y ω y η v κα ί κ α τ ε γ ν ω τ ω ν α σ τ ι κ ώ ν ' ο ύ δ ιη ρ κ ε σ ε δ ε τ η ν α υ τ ή ν π ρ ο θ υ μ ία ν ε χ ω ν . Μ ε τ α μ ε λ η θ ε 'ΐδ δε, π ρ ο 8 τ ο ν π ρ ό τ ε ρ ο ν β ίο ν ε ί λ κ ε τ ο ,

— ο ία δ ε ε ίκ ο ε ε ν α ν τ ί ο ν X o y ia p o ìs κ ο σ μ η σ α ε τ ο σ π ο υ δ α ζ ό μ ε ν ο ν ε κ — e ts τ η ν π ό λ ι ν ε π α ν η λ θ ε ν , ά μ ε ιν ο ν ώ ε ε ν ό μ ισ ε

π α λ α ιώ ν υ π ο δ ε ρ μ ά τ ω ν (η ν y à p π ο λ υ ΐ σ τ ω ρ ) , τ ο ύ τ ο K p iva s, ο υ π ε ρ ε π ε θ ύ μ ε ι

τυχεΊν.

Μ α θ ό )ν δ ε

π ε ρ ί y a p o v σ π ο υ δ ά ζ ε ιν , θ ε ιο τ ε ρ α ν η κ α τ ά ε π ισ τ ο λ ή ν , π p ò s α υ τό ν δ ιε π ε μ φ α τ ο .

Ί ω ά ν ν η ε εν π p ά y μ a σ ι v

νο υν ά ν θ ρ ώ π ο υ

φ ράσει

α υ τό ν

είν α ι κ α ί

κα'ι ν ο η μ α σ ι

σ ιιν τά ξ α Ξ

Ό δ ε τ α ύ τ η ν ε ν τ υ χ ώ ν μ ε τ ε μ ε λ η θ η , α ΰ θ ΐ8 τ ε τ η ν ο υ σ ία ν

κ α τ ά λ ιπ ώ ν , ά π ε ιπ ώ ν τ ε τ ω y ά μ ω , to îs

Ίω ά ν ν ο υ σ υ μ β ο υ λ α ιε ε σ ω ζ ε τ ο κα'ι π p ò s τ η ν φ ι λ ό ­

Le passage a été traduit par le diacre Pélage (In defens. Trium Capitulorum , éd. K. D e v r e e s s e , 1932 [ = Studi e Testi, 57], p. 6); cf. J. B i d e z , Le texte du prologue de Sozomène, dans les Sitzungsb. de l’Acad. de Ber­ lin, 1935, p. 408-409. T h i ^o d o r e t , V, 27: Maxime de Séleucie et Théodore de Mopsueste condi­ sciples de Jean Chrysostome: ά μ φ ω δ ε κα'ι δ ιδ α σ κ ά λ ω η σ τ η ν λ α μ π ρ ώ . V, 40: σοφον

επ α νμ ει

β ίο ν .

Κ α τ ’ ε κ ε ίν ο ν δ ε τ ο ν χ ρ ό ν ο ν κ α θ ’ θ εό δω ρο β ό

ον ο θ ε ΐο ε θ ε ό δ ο τ ο ε τ η ν

Μ ο φ ο υ ε σ τ ία ε μ εν ε π ίσ κ ο π ο ε , π ά σ η ε

φ ά λ a y y o s α ίρ ε τικ η Ξ ά ρ ι σ τ ε ύ σ α ε , τ ο υ β ίο υ π ά ν υ δ ιδ α σ κ α λ ία ε ά π η λ α υ σ ε ν , y ò s ' κ ο ιν ή y à p

τών

Α ν τ ιο χ ε ω ν

δ ε ε κ κ λ η σ ία ε

"θ υνεν ε κ κ λ η σ ία ν ,

δ ιδ ά σ κ α λ ο ε

κα τά π ά σ η ε

το τ ε λ ο ε ε δ ε ξ α τ ο . O o r o s τ η ε μ ε ν Δ ιό δ ω ρ ο υ τ ο ύ

Ίω ά ν ν ο υ δ ε τ ο υ θ ε ι ο τ ά τ ο ν y ε y ε v η τ α ι κ ο ινω νό ε τ ε κα'ι σ υ ν ε ρ -

π ν ε υ μ α τ ικ ώ ν Δ ιό δ ω ρ ο υ ν α μ ά τ ω ν ά π η λ α υ ο ν . " θ ζ δ ε κα'ι τ ρ ι ά κ ο ν τ α εν τ η

π ρ ο ε δ ρ ία δ ι ε τ ε λ ε σ ε ν ε τ η , κ α τ ά Trjs Ά ρ ε ί ο υ κ α ί θ ύ ν ο μ ίο υ π α ρ α τ α τ τ ό μ ε \Ό 8 φ ά λ a y y o s κ α ι.τ ο ν λ η σ τ ρ ι κ ό ν Ά π ο λ ι ν α ρ ί ο υ κ a τ a y ω v ιζ ό μ ε v o s λ ό χ ο ν κα'ι τ η ν ά ρ ί σ τ η ν π ό α ν to Îs θ ε ίο ιε π ρ ο β ά τ ο ι ε π ρ ο σ φ ε ρ ω ν . Κα'ι

ο τ ο ύ τ ο υ δ ε ά δ ε λ φ ό ε Π ο λ υ χ ρ ό ν ιθ 8 τ η ν Ά π α μ ε ω ν ε κ κ λ η σ ία ν ε π ο ίμ α ιν ε ν

ά ρ ι σ τ α , κα'ι τ η τ ο υ X ò y o ii χ ά ρ ι τ ι κα'ι τ η τ ο υ β ίο υ λ α μ π ρ ό τ η τ ι χ ρ ώ μ ε ν ο 8 .

J

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2

Chapitre premier

dans l’harmonie de leur témoignage se fond et se résume tout ce qu’on racontait de Théodore au lendemain de sa mort. C’est la seule hase légitime d’une biographie de l’homme dont nous avons à parler, le cadre authentique où tout le reste — qui est peu de chose — vien­ dra s’ordonner. Que savait-on de Théodore? Qu’il était frère de Polychronius, devenu évêque d’Apamée; qu’il avait été condisciple de Jean Chrysostome et de Maxime de Séleucie, auditeur avec eux des leçons de Libanius, élève distingué des maîtres païens d’Antioche; que Jean, le premier attiré par un idéal de sainteté, décida ses deux amis à venir se ranger à leur tour sous la direction spirituelle de Diodore et de Cartérius; que Théodore, repris par la fascination du monde, quitta un moment le groupe des ascètes, se donna aux affaires et songea au mariage; qu’une vibrante lettre de Jean l’amena à aban­ donner résolument situation et projets de mariage, à reprendre avec ses amis l’existence austère de la veille; qu’il devint avec le temps un maître écouté de toute l’église et un redoutable adversaire de toute hérésie; que durant les trente-six années de son épiscopat, il fit échec à la séquelle d’Arius et d’Eunome, déjoua les embuscades d’Apollinaire, prodigua à ses ouailles la meilleure des nourritures. Nous pouvons fixer la mort de Théodore de Mopsueste aux envi­ rons immédiats de l’année 428, sinon à l’année même 1. Dix ans plus tard, le synode d’Antioche fait écho à ce que viennent de nous rap­ porter les trois historiens. Il ajoute seulement que Théodore a été, comme Jean, le disciple de Flavien; que son activité contre les héré­ tiques s’est prolongée quarante-cinq années durant, voire même un peu plus; qu’il a écrit « dix mille » livres contre eux, soutenu de rudes assauts sans que son orthodoxie fût jamais compromise ni soup­ çonnée; que son enseignement était conforme à celui de plus fameux docteurs du moment; que les empereurs avaient de sa personne, de son talent et de sa science la plus vive estime, au point de le choisir comme arbitre des disputes apportées à leur trib u n al2. Voilà posés quelques jalons, le dernier seul porte une date; es­ sayons d ’y accrocher nos lambeaux de connaissance. 1 Cette date, qui résulte d'un synchronism e de Théodoret (V, 40), est conürmée par une ligne de Facundus d’Hermiane (Liber contra M ocianum; P . L ., L X V II, 860 B): « ... ut post centum et viginti suae defunctionis annos dam na­ retur ». 2 Cf. P e l a g e , op. cil., p. 16-20; ces tém oignages appartiennent à trois lettres du synode d’Antioche dont il sera parlé plus longuem ent dans la suite (ci-dessous, p. 143-148).

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L a v ie

3

La poussée d’humaine faiblesse qui, un moment, détacha Théo­ dore de la compagnie de Jean pour le rendre au siècle, nous a valu un chef-d’œuvre de l’amitié des saints, l’exhortation ad T h e o d o r u m l a p s u m 1. La tradition presque unanime a reconnu Théodore dans le correspondant de Jean; celui qui s’égara et bientôt se reprit n ’est pas moins digne de sympathie ou d’admiration que celui qui l’aimait et le savait capable de renoncement. Quel âge avait Théodore à ce moment-là? Moins de vingt ans 2. Si nous pouvions fixer la date de V a d T h e o d o r u m 3, nous aurions donc celle de sa naissance; faute de mieux, persuadons-nous qu’il est né aux environs de 350. En 392, peut-on retenir, il devenait évêque de Mopsueste 456, où il succédait à Olympe. Deux ans plus tard, en 394, il est à Constan­ tinople, avec Théophile d’Alexandrie et une délégation d’évêques de diverses provinces, pour dirimer une compétition du siège de B o stra s; c’est à cette occasion qu’il dut entrer en rapports avec Théodose. Une douzaine d ’années plus tard, Jean Chrysostome est en exil; la vieille affection de son ami de jeunesse vient l’assister et le conso­ ler au sein de l’épreuve e. Aux environs de l’an 420, Théodore ac­ 1 P . G., X L V II, 277-316.

2

Ν ΰν, ο τ € ο ϋ π ω β ίκ ο σ τ ο ν â y e is

eros (313,

ο ');

of. 289 A 9-11:

Π ό σ ο ν β ο ν Χ ίί σ ο ι

π α ρ € κ τ α θ η ν α ι τ ο υ π α ρ ό ν τ ο ε β ίο υ τ η ν ά π ό Χ α υ σ ιν χ ρ ό ν ο ν ; èyìo μ ίν y à p ούκ ο ΐμ α ί σ ο ι πΧ όον η ττεντή κοντα ότη Χ ίίπ ε σ θ α ι ώ σ τ ε ττp ò s ί σ χ α τ ο ν y ηp a s έΧθοΊν. D e f a ç o n à p e u p r è s n o r ­

m a l , o n f a i s a i t c o m m e n c e r l ’â g e d u « v i e i l l a r d » à s o i x a n t e - d i x a n s ( B o i s s o n a d e ,

Anecd. graeca, II, p . 454-457; P . G., L X X X IX , 368-369). 3 Les critiques hésitent (369« 371-378?); cf. C h r y s . B a u r , Johannes Ghrysostomus und seine Zeit, I, 1929, p. 97-99; B a b d e h h e v e e , Gesch. d. altk. L it., III, p. 345. 4 Sur Mopsueste, voir l’article de W . R u g e , dans ;a Bealencyclopaedie, X V I, 1 [1933], 243-250); S yria, II, 1921, p. 197-198, 280-285; B u r s i a n , Bd. 261 [1938], p . 133-134; H e b e r d e y - W i l h e m , Denkschrijten de Vienne, X L IV , 6 [1895], p. 11-13. Constance y mourut le 3 novembre 361 (M a l a l a s , 326). D e l’histoire chrétienne de Mopsueste, nous ne connaissons guère que la liste des évêques ( L e Q u i e n , Oriens ehristianus, II, 889-890; R. D e v r e e s s e , Le p a ­ triarcat d'Antioche, 1945, p. 158). Une basilique avait été bâtie par Auxence en l’honneur des saints Tarachus, Probus et Andronicus; les reliques de s. N icétas le Doth y furent transportées en 375 (Analecta Bollandiana, 1912, p. 212-214, 281, 292, 294; H. D e l e h a y e , Les origines du culte des martyrs, p. 194-196). 5 R h a l l i - P o t l i , Syntagma canonum, III, p. 625-627 (cf. P . G., C X X X V III, 449-456); P é l a g e , In defens., p. 9-10. 6 Ep. 112 (P. G., L U , 668-669):... où yàp τ η ν τ υ χ ο ΰ σ α ν , «ù èv βρημία κ α θ ή μ εν ο ι, κ α ρ π ο ύ μ β θ α π α ρ ά κ Χ η σ ιν, ό τ α ν τ ο σ ο ν τ ο ν e r Κ ι Χ ι κ ί μ

θ η σ α υ ρ ό ν κα'ι π Χ ο ΰ τ ο ν ά π οκ β ίμ βνον

A la place de èv K iX ik Îç , — attesté par Facundus (VII, 7) et une ancienne version latine (P. G., LV I, 517-518; S c h w a r t z , Acta cone., II, iv [1932], p. 141) n o n m o in s que par divers manus-

ό χ ω μ ε ν τ η ί ό χ ρ η χ ο ρ υ ία ς κα'ι y t v να ία s σ ο υ ιβ ν χ η ς τ η ν ά γ α π ή ν .

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4

C h a p itre

p re m ie r

cueille un moment Julien d’Belane, mais n ’hésite pas à s’associer à une mesure de condamnation prononcée contre lui par l’épiscopat de la province de Cilicie 1. Telles sont les données que histoire recueille chez les contem­ porains de Théodore, depuis le temps de sa jeunesse jusqu’à sa mort (428). Plus tard nous les retrouvons, ici dénaturées par le feu des passions 2, ailleurs complétées par la ferveur des panégyristes 3. Je n ’ai pas cru devoir mêler déjà l’ivraie au bon grain ni manier le van quand il était encore inutile. Restons donc sur le terrain exigu, mais ferme, de la sobre science 4.

II. - L’œuvre Deux catalogues parallèles, conservés dans des compilations sy­ riaques du xiiie et xive siècles, nous ont transmis une nomenclature des écrits de Théodore de Mopsueste; le plus connu est celui d’Ebedjé s u s, l’autre se lit dans la C h r o n i q u e d e S é e r t 6; l’un et l’autre crits grecs — ou substitua quelquefois èv καρδία. L ’authenticité de cette lettre fut niée par le concile de 553 (M a n si , IX , 273; ci-dessous, p. 240). 1 Cf. ci-dessous, p. 163. 2 N otam m ent par Hésychius et Léonce (cf. ci-dessous, p. 235, 245). 3 Chronique de B a rh a d besh a bba ‘A rbaya (début du v n e siècle) traduite par F . N aît, dans la Patrologia Orientalis. L ’ordre des chapitres est à lire comme suit: A vertissem ent et sommaire (Pair. Or., IX , 5 [1913], p. 496-500); chap. 1-18 (X X III, 2 [1932], p. 182-343); chap. 19-32 (IX , 5, p. 503-631); le chapitre 19 « Histoire des actions du défunt illustre Mar Théodore, évêque de Mopsueste » ( = IX , p. 503 ss.) est le plus intéressant pour nous, mais ne nous apprend que très peu de nouveaux détails utiles: conférence d’Anazarbe (ci-dessous, p. 43), rencontre avec Nestorius (cf. Évagre, I, 2). Sous une forme à peine différente, la même narration se retrouve dans l’hym ne de Sliba en mémoire des docteurs grecs (Pair. Or., X III, 2 [1919], p. 291-297), dans le récit de B a rh a d besh a bba ‘Arbaya qui a pour titre Cause de la fondation des écoles (Pair. Or., IV, p. 377380), dans la Chronique de Séert (Patr. Or., V, 2 [1910!, P· 284-289). 4 Le plus récent essai que je connaisse sur la vie de Théodore est celui du B . P . V o sté , La chronologie de l’activité de Théodore de Mopsueste (Berne B ib li­ que, 1925, p. 54-55); quelques pages dans K iiin (Theodor von M opsuestia, 1880, p. 33-41) et L. P irot (L'œuvre exégélique de Théodore de Mopsueste, 1913, p. 44-62). 5 J.-S. A ssem a n i , Bibliotheca Orientalis, III, p. 30-35; début du x iv e siècle. 6 Éd. A d d a i S c h e r , dans P atr. Or., V, p. 289-290; peut-être de la première m oitié du x m e siècle. L’un et l’autre ont été, ces années dernières, reproduits et com m entés par le P. V osté ,La chronologie de l’activité littéraire de Th. de ili., (Revue Biblique,

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L ’œ u v r e : E x é g è s e J e l ' A n c i e n

T e s ta m e n t

o

sont divisés en deux parties, la première concernant les œuvres d’exé­ gèse, la seconde réservée aux traités dogmatiques et autres exposi­ tions didactiques, liturgiques ou canoniques. E xég èse

de

l ’A n c i e n

T estam en t

G e n è s e . «11 édita un commentaire sur le livre de la Genèse,en trois tomes, dédié au grand Alphée, fait avec méthode et plein de doctrine » (Ebedjésu); « Alipha lui demanda de commenter le Pentateuque, ce qu’il fit en trois volumes » (Ohr. de Séert). Photius en disait davantage, sans qu’on puisse affirmer qu’il ait connu autre chose que le premier livre de ce commentaire de la Ge­ nèse ( ε ρ μ η ν ε ί α Ttjs κ τ ί σ ε ο κ ) et ses sept tomes 3. Après avoir caracté­ risé en quelques mots le style et l’esprit de notre auteur, il indiquait que Jean Philopon avait tiré de son ouvrage un certain nombre de passages, auxquels il opposait une interprétation le plus sou­ vent conforme à celle de s. Basile précisément contredite par Théo­ dore 2. Nous pouvons, à notre tour, lire le traité de Jean Philopon3: il répond exactement à la brève notice de Photius. Grâce aux citations qu’il fait de Théodore, l’explication de la création proprement dite par celui-ci nous est — dans ses parties principales, du moins — restituée. Quant à ce que Philopon n ’a pas cru utile d’insérer dans son D e o p i f i c i o m u n d i et pour ce qui regarde le reste du livre de 1925, p. 57-61); H.-G. 0 p it /, (f), dans la Bealeneyclopaedie de P a u l r -W isso w a , 1934, (art. Th. von M ops., coi. 1883-1890). Tout ce qui était connu de l’œuvre de Théodore a été scrupuleusement analysé par F k it z sc iie , De Theodori Mops, vita et scriptis (1836); cette monographie est réimprimée dans le t. L X V I de la Patrologie grecque (la partie qui nous intéresse en ce m om ent se trouve col. 21-78) La dissertation d’A llatius (dans M a i , N ov. Patrum Bibi., VI, 1853, p. 120137; P . G., L X V I, 77-104) a perdu beaucoup de son intérêt après l’ouvrage de Fritzsche. L’ordre adopté dans les pages qui suivent est celui des deux catalogues. Sur les commentaires de l’Écriture, on peut consulter l’ouvrage classique de K ih n déjà m entionné, p. 53-84; L. P ir o t , L ’œuvre exégétique, p. 71-94, 121-153. Je les nomme, mais on voudra bien constater que je ne leur dois rien; d’autre part, je n’avais pas à les contredire expressément. 1 Sur la division d’œuvres exégétiques en tom es, je me perm ets de renvoyer à quelques notes conservées dans le Marchalianus (cf. Revue Biblique, 1933, p. 541) et dans le Ooislin. 201 (R. I).. Le tonds C oislin, p. 182-183). 2 Codd. 38, 43, 240. 3 Éd. R e ic h a b d t , Leipzig (Teubner), 1897. L ’ouvrage est dédié à Serge, patriarche m onophysite d’Antioche au milieu du VIe siècle (cf. Rev. Bibi., 1936. p. 364-366; Le patriarcat d'Antioche, p. 77-86).

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6

C h a p itre

p re m ie r

la Genèse, nous l’emprunterons aux Chaînes, à celle de Nicéphore 1 qui représente le type le plus commun, au B a r b . g r . 5 6 9 2, au C o i s U n . 1 1 3 3, à des fragments incorporés par Procope de Gaza dans sa compilation 4, à quelques pages conservées dans un manuscrit syria­ que 5. Pour ne pas faire des pages qui suivent une simple et aride no­ menclature, et parce que les textes de Théodore sont difficiles à a t­ teindre ou peuvent être presque regardés comme inédits, je donnerai intégralement ceux qui ne sont pas dans la Patrologie, les autres n ’étant que signalés au passage. En même temps, tout en me ren­ dant compte que j ’anticipe sur l’exposé qui sera fait plus loin de la doctrine de Théodore, j ’ai cru bon de relier ces passages l’un à l’autre par un exposé succinct des vues de notre auteur sur la créa­ tion proprement dite 6. La tradition syriaque a conservé la fin du premier chapitre de l’Introduction 7, une sorte de vue d’ensemble sur l’œuvre de la créa­ tion telle que l’expose le premier chapitre de la Genèse. Certains développements sont amorcés, que nous verrons repris avec plus de détails, mais déjà essayons de nous faire une idée des positions que défendra Théodore. L’acte créateur marque le point de départ du temps; il n ’a eu d ’autre cause que la volonté de Dieu tirant du néant le ciel et la terre à la fois. Toute la création est là, dans ce début du Livre, comme le contenu dans le contenant; à une exception près cependant: à la première démarche de l’acte créateur vient s’ajouter une autre, — Dieu tirant également de rien deux natures, l’une visible, qui est la lumière, l’autre invisible, qui est la nature de nos âmes. Tout ce néant fut amené à l’être dans le silence. La suite de ce qu’on h t dans le premier chapitre de la Genèse n ’est que la mise en œuvre, l’ornement 8, l’organisation des masses 1 Chaînes exégétiques grecques, 1102-1103; la plupart des seolies de Théo­ dore ont été réimprimées dans la Patrologie de Migne (L X Y I, 636-645). 2 K aro -Lietzm ann , Catenarum graecarum catalogus, 1902, p. 7. 3 Rev. B ibl., 1935, p. 168 ss. 4 P . G., L X X X V I1, 21 ss. (cf. Chaînes exégétiques, 1103-1105). 5 Ed. S a ch a u , Theodori M opsuesteni fragmenta syriaca, Leipzig, 1879, p. 1-21. 6 L ’ensem ble ne fait guère que reprendre un essai ten té dans la Revue B i­ blique (Anciens commentateurs grecs de VOctateuque, 1936, p. 364-384: Théodore de Mopsueste). 7 S achau , p. 1-8. 8 P . 2: « Cum statiin creationem sine ornatu crearet, ornaret autem eam postea p ed eten tim ... »; p. 3: «...orn atu m rerum faceret... ornatum totius

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L ’œ u v r e : L e c o m m e n t a i r e d e l a G e n è s e

7

initiales appelées à l’existence, selon une progression de l’inférieur au supérieur, par la. parole de Dieu ordonnateur du monde. Déjà ren­ fermés dans le chaos primitif, les quatre éléments se trouvent main­ tenant dissociés, mais le dynamisme propre à chacun d’entre eux est désormais balancé, maintenu en équilibre par les réactions des autres. Le ciel visible retient au-dessus de lui la masse des eaux; chaque nou­ velle catégorie d’êtres amenés à l’existence participe des qualités de celle qui l’avait précédée à l’appel de Dieu. Enfin est apparu l’hom­ me composé d’une âme invisible, raisonnable, immortelle et d’un corps visible et mortel, comme si Dieu avait voulu montrer en lui le résumé et le lien du monde créé. Le ciel et la terre tirés du néant, le chaos organisé ou fabrication du monde, voilà ce que nous enseigne Moïse. A côté de cela, parfaite­ ment défini, qu’importe à Théodore la spéculation des païens? quel besoin a-t.-il encore de la science des Grecs? Car c’est pure hypothèse, poursuit-il, de se représenter le ciel en mouvement comme un globe ou une sphère, et la terre au bout du compas qui tracerait son évo­ lution; erreur totale de soutenir que le monde est éternel. E t voilà pourtant sur quelles bases inconsistantes se fonde l’astronomie, dont les Grecs sont si fiers. Comme s’il ne leur suffisait pas d’admirer la marche circulaire de la sphère céleste, voici qu’ils ont inventé de scru­ ter la nature des étoiles, qu’ils ont découvert l’astrologie et n ’ont point reculé devant les conséquences perverses de la divination, ré­ duisant ainsi la liberté humaine à un déterminisme et rabaissant l’ordre moral jusqu’à l’automatisme des bêtes. Très bien, répliquera Philopon dès le début de son ouvrage, mais puisque vous faites fi de la science pour vous en tenir à l’Écriture seule, ne prétendez pas tirer d’elle ce dont elle ne dit mot. Où donc Théodore et ses partisans 1 ont ils appris que les anges avaient col­ laboré à la création du monde 2? que les anges meuvent la lune, le soleil et les astres? Y aurait-il donc, par hasard, des anges qui pous­ sent, d’autres qui tirent, d’autres qui appuient, d’autres qui soutien­ nent, d’autres qui retiennent la masse des astres 3? Qui leur a ensei­ gné que le Christ Jésus est installé au-dessus du firmament, qu’il le m undi... »; p. 4: « quae ad ornatum rerum factarum pertinet...; p. 6: « ...partira postea ornatui omnium rerum ». 1 ... Τ ο ύ το Ttjs θβοδώ ρον éœriv brivoias ψ υχρόν tg και ηλίθιον (I, 12); ... ovòe y à p to îs 7Γep\ Οβόδωρον τ ο ύ το δοκέι (I, 10); ... ro îs το ν κ α λ ό ν Οβοδώρον η τ ivos των κ α τ ’ αυτόν (III. 8 ); ... to îs Trjs α ύτοΰ μοίρας (I, 12); ... to îs ά μφι θβόδωρον ( I , 1G),

et ailleurs. 2 I, 8 (R e ic h a r d t , p. 18, 10-13). 3 1, 12 (p. 28, 20-26).

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Chapitre premier

8

domine comme ce dernier nous coiffe? Où donc ont-ils lu que l’arbre de la connaissance du bien et du mal était un figuier et qu’il faille traduire par «feuilles de figuier» ce que l’Écriture dit être «tuni­ ques de peau » ie! Où donc encore est-il écrit qu’Adam et Ève furent créés au début du sixième jour? qu’ils eurent faim, en toute vérité d ’expression, à la sixième heure de ce même jour? qu’à la neuvième heure ils furent chassés et qu’en neuf heures au total se dé­ roula toute la tragédie du paradis 12? Enfin, quel passage de l’Écri­ ture a bien pu laisser entendre que le déluge n ’avait été que p a rtie l3? Après avoir relevé les objections foncières dont Jean Philopon s’est fait l’interprète, passons au commentaire proprement dit de la création, dont il nous a transmis d’importants extraits. Dès le début de son interprétation, Théodore aurait moqué l’opi­ nion de saint Basile réservant aux puissances spirituelles une sorte de pré-création antérieure à celle par quoi débute la Genèse. Pour lui, — nous l’avons déjà noté, — rien, dans l’ordre des créatures, n ’a précédé la venue à l’être des corps visibles; l’Écriture ne fournit aucun appui à l’opinion contraire: elle nous apprend qu’il y eut créa­ tion d’un ciel et d’une terre; or c’est par là que les essences invisibles comme les essences raisonnables sont circonscrites. Comment, dès lors, imaginer un contenu qui précède son contenant? où fixer le lieu qui renfermait ces essences supra-sensibles en même temps que nos âmes 4? Confrontons, au surplus, le texte de la Genèse avec le 1 Cf. ci-dessous, p. 22-23. 2 I, 12 (p. 29, 11-30, 14); of. Procope, 190. 3 I, 13 (p. 32, 24-28): θ ϋ δ η λ ο ν γ ά ρ [ φ η σ ι \ ό τ ι

περ'ι εκ ε ίν η ς λ έ γ ε ι τ η s y η s κα'ι τ ω ν

τότε σ υ ν έ β α ιν ε ν α ν θ ρ ώ π ο υ ς , ο ύ π ω κ α τ ά π ά σ η ς χ ε θ ε ν T a s τ η ς γ η ς , 67ret μ η δ ε τ ο σ ο ν τ ο ι τ ο ν α ρ ιθ μ ό ν ήιτα ν Tews, ώ σ τ ε δ ύ ν α σ θ α ι π λ η ρ ω σ α ι ό ρ έ ω ν εκ είν ω ν , èv oîs ο ίκ είν τ ο ύ ς

τ η ν γη ν.

4 I, 8 (ρ. 17, 11-17. " Α ρ χ ε τ α ι δ ε τ η ς κ α τ η γ ο ρ ία ς Θ ε ό δ ω ρ ο ς έ V τ ω π ρ ώ τ φ τ ω ν Γ έ ν ε σ ι ν ο ύ τ ω ς , Ε ύ η θ ε ς δ ε ο ύ χ η τ τ ο ν , ό τ α ν και των ε ύ σ ε β ε ΐν έ π α γ γ ε λ λ ο μ έ ν ιο ν

εις

την

κ α ι τ α ΐ ς θ ε ία ις π ε ί θ ε σ θ α ι π ρ ο σ π ο ιο ύ μ ε ν ω ν γ ρ α φ ά ί ς

άγγέλους

η τ ιν α ς

α ο ρ ά το υ ς

δ υ ν ά μ ε ις

έ ν ιο ι π ρ ο τ ω ν ό ρ ω μ έν ω ν ν ο μ ίζ ω σ ιν είν α ι, οι μ η δ ε μ ία ν έκ τ η ς θ ε ία ς γ ρ α φ ή ς ά π ό δ ε ιξ ιν π α ρ α σ χ έ σ θ α ι τ ο ύ τ ο υ δ υ ν ά μ ε ν ο ι. ν ε τ α ι τ ό τ ι ν α ς ο ϊε σ θ α ι π ρ ο

I. 16 (ρ. 35, 18-36, 1): ουρανού τ ε

καί γ η ς

τά ς

θ α υ μ α σ τ ό ν μ ε ν ούν ε μ ο ιγ ε

ά ο ρ ά το υ ς

θ ε ο ύ γ ε γ ο ν έ ν α ι, α ς ένδο ν τ ε τ ο ύ τ ω ν εΐν α ι κα'ι π ε ρ ι γ ε γ ρ ά φ θ α ι δενό μ εθα

τη ς

θ ε ία ς γ ρ α φ ή ς .

Π ο ΐο ς γ ά ρ

δη π α ρ α δ έ χ ε τ α ι

ύ π ά ρ χ ε ι ν κα'ι π ρ ο τ ω ν π ε ρ ιε χ ό ν τ ω ν είν α ι τ ά π ε ρ ιε χ ό μ ε ν α όπου

τό τε

ησαν

α ί νυν τ ω δ ε π ε ρ ιγ ε γ ρ α μ μ έ ν α ι

τω

κα'ι λ ο γ ι κ ό ς ό ύ σ ία ς

ύ π ’ α ύ τώ ν

δ ιά

πόσης

φ α ί­ υπό π α ι-

λ ό γ ο ς τ ά εν τό ς π ρ ο τω ν έ κ το ς

; Α ν ά γ κ η δη ά ρ α κ α κ είν ο ζ η τ ε ΐ ν

τό πω .

(ρ. 41, 13-17)

Ο ύτε

γά ρ

ά π ε ρ ι γ ρ ά φ ο υ ς ο υ σ α ς ύ π ο π ε ρ ιγ ρ α φ ή ν γ ε ν έ σ θ α ι ο ίό ν τ ε ην. Π ε ρ ιγ ρ α φ ή δ ε υ π ο κ ε ιμ έ ν ω ν α ν ά γ κ η ζ η τ ε ί ν τ ι ς τ ό π ο ς ε ΐχ ε ν α ύ τ ά ς π ρ ό τ ε ρ ο ν , έν ω π ε ρ ή σ α ν π ε ρ ιγ ε γ ρ α μ μ έ ν α ι , κ α θ ά π ε ρ νυν ε ίσ ιν

èv

το ν τω τω χ ώ ρ ω .

(ρ. 37, 6-9):

Σ υ γ γ ε ν ε ί ς δε τ α ί ς φ ν σ ε σ ι τ α ν τ α ι ς κα'ι τ ε ίς η μ ε τ έ ρ α ς

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L’œuvre : Le commentaire de la Genèse

9

psautier qui établit l’ordre de la louange de Dieu par les deux degrés de la création. Ce sont les deux qui sont nommés en première place, et, compris avec eux, le monde des natures invisibles et des natures raisonnables; au dessous, à une sorte d’étage intermédiaire, les créa­ tures visibles supra-terrestres: soleil, lune, astres avec leur lumière, ciel-firmament avec les eaux soutenues par lui. En second lieu, les êtres terrestres. Il est donc bien évident que pareille division dans l’ordre de la louange à Dieu n ’aurait pas été marquée par le psal­ mi ste si les puissances invisibles avaient joui d’une priorité; saint Paul ne l’aurait pas davantage indiquée à son tour sans un motif suffisant. Il faut donc retenir que les puissances incorporelles font partie de l’œuvre commune de la création et ne sauraient lui être antérieures b Au surplus, cette hypothétique pré-création n ’est-elle pas dé­ mentie par le premier verset de la Genèse, où nous lisons qu’« au commencement Dieu fit le ciel et la terre »? c’est-à-dire que par un acte pur de sa volonté, ils furent amenés à l’être. X’est-ce point insi­ nuer que s’il n ’y eut point de parole, en effet, c’est qu’il n’y avait pas d’auditeur susceptible de la recueillir? Dans la suite, au contraire, chaque moment de l’intervention divine est annoncé par une parole de Dieu, parce qu’existaient dès lors les essences invisibles et raison­ nables capables de reconnaître la toute puissance de leur maître qu’elles ne pouvaient voir 2. 7Γ67Γο ίη κ ε φ υ χ ά ς ν ο η τ ά ς τ ε ο υ a cts κα ι ζ ω ή ς α θ α ν ά τ ο υ μ ε τ ε χ ο ύ σ α ς κα'ι μ η ν κα ί λόγοι/ y e τ ο υ κ ρ α τ ι σ τ ε ύ ο ν τ ο ς èv ημ ίν.

1 I , 18 (ρ. 43, 24-44, 20):

Ώ σ π ε ρ [φ η σ 'ι] Μ ω ϋ σ η ς els δ ύ ο δ ιεΐΧ ε τ η ν κ τ ίσ ιν , ο υ ρ α ­

νόν κ α ί yrjv, ο ύ τ ω κ α ί Δ α υ ίδ e ls τ α α υ τ ά διεΊΧ εν α υ τ ή ν κα ί τ α μ έ ν έ κ τ ω ν ο υ ρ α ν ώ ν , τ α δέ

’ ττ ρ ό τ ε ρ ο ν y à p — Αινείτε τον Κύριον εκ των ουρανών

έ κ τ η ς yrjs ε φ η σ ε ν ύ μ ν εΐν τ ο ν θ ε ό ν άκ ο Χ ο ύθ ω Ξ τ ώ τ η ν κ τ ί σ ι ν δ υ ^ η σ α μ έ ν ω τω ν

εκ

τω ν

ουρανώ ν

π ο ιη σ ά μ ε ν ο ς

τη ν

μνημην,

(P s. CXLV1II, 1), — è ir à y e i Αινείτε αυτόν πάντες οι άγγελοι αυτού, αινείτε αυτόν πάται α I δυνάμεις αυτού ( ν . 2 ), π ε ρ ιΧ η π τ ικ ώ ς π ά σ α ς r a s ά ο ρ ά τ ο υ ς κα ί X o yiK a s φ ύ σ ε ι ς ε ίπ ώ ν . θ ΐ τ α ε κ τ ώ ν α ο ρ ά τ ω ν έπ'ι τ ά δ ρ ώ μ ε ν α μ ε τ α β ά ς ,

— ηΧ ίο υ μ έ μ ν η τ α ι κα'ι σ εΧ η ν η ς , α σ τ έ ρ ω ν τ ε κα ί

φ ω τ ό ς , ο υ ρ α ν ώ ν τ ε κα'ι α υ τ ώ ν , κα'ι δη κα'ι τ ώ ν υ π έ ρ τ ο ν φ α ιν ό μ ε ν ο ν τ ο ύ τ ο ν ο ύ ρ α ν ί ν τ ω ν ( ν ν . 3, 4),

ύδά-

— è ir à y e i Χ ο ιπ δ ν Αινείτε τον Κύριον εκ της γης ( ν . 7). θ ύ δ η Χ ο ν τ ο ίν υ ν

ώ ς έ ίπ α σ α ν τ η ν κ τ ί σ ι ν els δ ύ ο τ α ΰ τ α διεΧ ώ ν, κα'ι τ ά μ ε ν έ ξ ο υ ρ α ν ο ύ , τ ά δ ε έ κ τ η ς y ijs ε'ιρηκώ ς, π ά ν τ α δ ε ε ίπ ώ ν ώ ν τ ά μ ε ν σ υ ν ο ύ ρ α ν ώ κ α ί yr\, τ ά δε μ ε τ ’ εκ ε ίν α iy é v e T O , ο ύ κ α ν τ ώ ν α ο ρ ά τ ω ν δ υ ν ά μ εω ν μ ε τ ά

το ύτω ν

έπ ο ιη σ α το

μνημην,

εν roîs ε κ τ ώ ν

ο υ ρ α ν ώ ν ά ρ ιθ μ η σ α ς

κ ά κ είν α ς , ε ί μ η σ α φ ώ ς μ δει μ η π ρ ο ο ύ ρ α ν ο ύ κα'ι yrjs α ύ τ ά ς y ε y o v υ ίa s , άλλα σ υ ν α ύ το Ί ς μ εν Χ α β ο ύ σ α 8 τ ο είν α ι, έν δ ο ν δ ε α υ τ ώ ν είνα ι τ α χ θ ε ί σ α ς α τ ε κα'ι μ έ ρ ο ς ο ύ σ α ς τ η ς κ τ ίσ ε ω ς . Τ ο ύ ­

θεατρον εγενηθηαεν τω κοσαω καί άγγε'λοις καί άνθρωποι; (I C or. IV, 9). Γ έΧ ο ιο ν δ ε εί μ έ ρ ο ς μ ε ν τ ο ύ κ ό σ μ ο υ κ α τ ά τ η ν

τ ο υ δ ε μ ά ρ τ υ ς α υ τ ά ρ κ η ς κα'ι 6 μ α κ ά ρ ιο ς Π α ύΧ ο ς X έy ω v δ τ ι

τ ο ύ μ α κ α ρ ίο υ Π α ύ Χ ο υ φ ω ν ή ν δ μ ο ίo)s to Îs ά ν θ ρ ώ π ο ις ε ΐσ ίν , ν ο μ ίζ ο ιν τ ο δ έ είν α ι π ρ ο κ ό σ μ ο υ . 2

I, 22 (ρ . 53, 25-54, 12): ;θ π 'ι μ ε ν y à p τ η ς π ρ ώ τ η ς κ τ ίσ ε ω ς [φ η σ 'ιν ] ού X é y e i

φ ω ν ή ν δ μ α κ ά ρ ιο ς Μ ω ϋ σ η ς , ά λ λ ’ ά π Χ ώ ς

Εν òio/Jf, εποίησεν δ Θεός τον ουρανόν καί την γην,

ε π ε ιδ ή β ο υ Χ η π a p η y a y ε v ε κ ε ίν α μ ό ν η , ο ύ δ ε μ ιά φ ιο ν μ χ ρ η σ ά μ ε ν ο ς , ά τ ε μ η δ ν τ ο ς τ ο ύ τ ι μ α θ εΊν

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C h a p itre

10

p re m ie r

Ceci entendu, Théodore va se tourner vers le commentaire de l’« opus ornatum » dont la première étape concerne la séparation de la lumière d’avec les ténèbres (I, 3-5). Moïse, explique-t-il, dit « lu ­ mière », d’une part, « ténèbres » d’autre part, non point « jour » et « nuit », mais ce qui est l’essence de chacun d’eux; or le jour et la nuit ne sont pas cela, mais seulement des moments où domine l’un ou l’autre; nous lisons dans l’Écriture que « le jour crie une parole au jour, que la nuit l’apprend à la nuit », non point qu’une lumière transm ette une parole à une autre lumière, — c’est la même qui reste constamment sous-jacente, — ou des ténèbres à d’autres ténè­ bres: leur succession par intervalles constitue les jours et les nuits ’. Poursuivant son développement, Théodore veut que les ténèbres, dont il est écrit qu’elles étaient au-dessus de l’abîme, et la lumière qui les suivit, forment un seul jour, de sorte que la succession du temps s’établisse selon « nuit-jour », et non pas selon « jour-nuit »; il ajoute que la durée des ténèbres qui précédèrent la lumière fut celle d ’une n u it2. La durée du sabbat, telle que Dieu la prescrivait aux Juifs (commencement le vendredi soir), la solennité de la Pâque chrétienne débutant le samedi-saint au soir, lui paraissent confirmer, au moins implicitement, la priorité de la nuit sur le jour solaire 3. έ κ τ ή ς φ ω ν ή ς ό φ ε ίλ ο ν τ ο ς τ ή ς α ύ τ ο ν .

Έπ'ι Ce τ ω ν λ ο ιπ ώ ν φ ω ν ή ν ιτ ρ ο η γ ε ίσ θ α ι λ ό γ ο ι ' o r e

y à p ή ν λ ο ιπ ό ν τ α τ ο ν δ η μ ιο υ ρ γ ό ν ό φ ε ι λ ο ν τ α μά θ εΤ ν δ ιά τ η ς φ ω ν ή ς α ό ρ α τ ο ν ό ν τ α τ η ν ο υ σ ία ν , τ ό τ ε π ρ ο η γ ε ίτο μεν ή φ ω νή κ α τά τ ο δοκοΰν τω

θ ε ω , ε ί π ε τ ο δ ε τ ι j (piovi] τ ο έ ρ γ ο ΐ'. Δ ιδ α ­

σ κ α λ ία δ ε τ ο ύ τ ο τ α ίς ά ο ρ ά τ ο ις κα ί λ ο γικ α Τ ς ο ϋ σ ία ις ην τ ο υ τ η ν κ τ ί σ ι ν π ρ ο σ τ ά γ μ α τ ι δ η μ ιο υ ρ γ ο ΰ ν τ ο ς ο ίκ είω .

U ll peu plus loin (p. 57, 23-25): ’Ε π ε ιδ ή fφ η σ ί ν ] α ό ρ α τ ο ς η ν κα'ι ίδείν

α ύ τ α ίς ο ύ κ ένή ν τ ο ν θ ε ό ν , φ ω ν ή ν ά φ ή κ ε ν , "να δ ιά τ η ς φ ω ν ή ς τ ο ν μ η ό ρ ώ μ εν ο ν μ ά θ ω σ ιν .

1 I 15 (ρ. 84, 6-17): Ε ύ δ η λ ο ν γ ά ρ ό τ ι ο ϋ τ ε τ ο φ ω ς α υ τ ό ς ώ ν ο μ ά σ θ α ι η μ έρ α ν λ έ γ ε ι , καί φ ω ς η τ ο ν φ ω τ ό ς . 'Η μ έ ρ α ν δε κα'ι ν ύ κ τ α ο ν ras ο υ σ ία ς , ά λ λ α τ ο υ ς κ α ιρ ο ύ ς ό ν ο μ ά ζ ε ιν εΐω θ εν , ( έ ν ) οΪς έ π ι -

ο ΰ τ ε τ ο σ κ ό τ ο ς ν ύ κ τ α . Σ κ ό τ ο ς τ ε γ ά ρ ή τ ο υ σ κ ό τ ο υ ς ο υ σ ία κ α λ ε ίτ α ι κ ρ α τ ε ί ν π έ φ ν κ ε ν εκ ε ίν α . " Ο τ α ν

-ri) ήυ. spa Ιρεΰγεται ó r a a καί νύξ vjv.ti έ τ ε ρ ο ν φ ω ς — το γ ά ρ α υ τ ό φ ω ς έν π ά σ α ι ς έ σ τ'ι φ α ίν ο ν τ α ΐ s ή μ έ ρ α ις — ά λ λ ’ ο ύ δ έ ν ύ κ τ α ν υ κ τ ί " ο ϋ γ ά ρ έ τ ε ρ ο ν άναγ-γϊλλει

y v iïm i

γά ρ

(Ps. XVIII, 3)

ε ίπ μ ΊΙυ.ίρα

ο ν φ ω τ'ι έ ρ ε ν γ ε σ θ α ι ρ ή μ α π ρ ο ς

καί έ τ ε ρ ο ν σ κ ό τ ο ς έν δ ια φ ο ρ ά is γ ί ν ε τ α ι ν υ ξ ίν , ε π ε ιδ ή α! ή μ έρ α ι κα'ι ν ύ κ τ ε ς , τ ο υ τ έ σ τ ι τ α τ ω ν ή μ ε ρ ω ν κα'ι ν υ κ τώ ν δ ι α σ τ ή μ α τ α , ά λ λ ά τ τ ε τ α ι π ά ν τ ο τ ε .

2 Jean Philopon ne cite pas textuellem ent Théodore à ce propos (I, 18; p. 90-91, 2), mais note seulem ent une interprétation qu’il réfute im m édiate­ m ent. — La raison qui pousse Théodore à cette succession « nuit-jour » lui est fournie par les claiisules du premier chapitre (fuit v e s c e r e et fuit mane, dies unus... sextus)·, il s’y tiendra ailleurs, par exem ple dans son commentaire in Iohannem (sur x x , 1 et 19; trad. V o s t é , p. 245, 19-37; 246, 4-6; 251, 31-32). N otons ici une digression de Théodore sur les mois lunaires et les mois du ca ­ lendrier, dans son commentaire du ps. x (p. 65, 15-66, 13 de l’édition; obser­ vations du P . A. V a o c a r i , dans Mise. G. Mercati, I, p. 184-187). 3 I I , 19 (p. 92, 27-93, 2): Ά λ λ α και ro is Ίουδαίοις [φησ'ι] το σά ββα τον αργεί, π ρ ο σ έτα ξεν ò ôeôs, ά φ ’ εσπέρα ς τής παρασκευής άρχομένοι s τή ς αργίας. II, 20 (ρ. 95,

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L ’œ u v r e : L e c o m m e n t a i r e d e l a

G enèse

11

Nous n ’avons rien retrouvé de l’explication des versets 6-13 (deuxième et troisième jours); ce qui nous reste de celle des versets 14-25 (quatrième et cinquième jours) consiste en quelques phrases sauvées de l’oubli par les chaînes. I, 14-17 (Nicéphore, 34 [ = P. G ., LXYI, 636 B]; B a r b . 5 6 9 , iï. 22v-23). ’ C l a r e e îv a i — έττί τ ο υ ο ύ ρ α ν ο ΰ τ έ θ ε ι ν τ α ι . I,

21

( B a r b .,

f. 24):

Κ ή τη

γάρ

α τταντα τ α

èr rois

eviiê p o is ύ τ τ β ρ μ εγ δ θ η

τά ο.εγάλα (Ni­ céphore, 36: Ά δ η λ ο υ , 2e partie de la citation; cf. Procope, 104 A6-7). I , 22. L ’exégèse de ce verset est présentée dans le B a r b , sous un double lemme; la chaîne de Nicéphore, de même que G o is l. 1 1 3 (f. 297), attribuent à Gennade une explication qui s’en rapproche sensiblement. On peut croire que notre caténiste, frappé de cette ressemblance, a voulu l’indiquer en m ettant, au début de l’extrait, le nom des deux commentateurs h

κ α λ ε ΐ κ α ν δ ια φ ο ρ ά r i s φ α ίν η τ α ι è v a v T o t s ' b tì e v τ τ ρ ο σ έθ η κ β

15-22): Ka\ ημείε yàp \φ η σ \] την τη ε àyias άναστάσεω ε εορτήν emreXoOpev ά φ ’ έσπέρα ε πεπΧηρωμένου μέν το υ σα ββ ά του, άρχομένηε Se τη ε ννκτοε την τη ε άνα στάσεω s λ ο γ ιζ ο μβθα ημέραν ' ώ σ τε το ν τη ε vvktos ckgίνηε καιρόν κα\ τον τ η ε έπιΧαμβανούσηε ημέραε τηε 6ορτηε ημέραν XoyiÇeaOat, ois μίαν ουσαν, άρζαμένην μέν ά φ ’ έσπέρα ε, παυσαμένην Se eis τ ά ε μ ετά την ημέραν άυσμάε ήλιου. — Procope de Gaza paraît fort renseigné sur cette

controverse et il se pourrait que son com m entaire renfermât à cet endroit plus d’un extrait de Théodore que nous ne sommes pas en état de dégager avec sûreté (53 A 12-64 C); un écho s’en retrouve dans la question 87 d’Anastase le Sinaïte (P. G.f L X X X IX , 712-713). 1 ( B a r b ., f . 24). O e o S œ p o v κ α \ Γ e v v a S i o v . Έ π ) pev τω ν φ υτώ ν ηρκέσθη το eiireîv •και ΐίόζΊ (h Θεός) ότι καλόν (ν. 12). Καί το ύ το όηΧώσαε. OTnrep α υτά ώ ρισε Siapéveiv eis dei, έντα ΰθα Se π ρο σθ είε το καί νΐύλογτ,σεν αυτά, μά Χ ιστα pev ώε αν καί το ύ το άηΧώσεΐ€ την προε τ α φ υ τ ά Te καί σ π έρμ α τα προτίμησιν τω ν ζώων (ei ye έκέϊνα ένεκεν τούτω ν yiv6Tait ον τ α υ τ α εκείνων * ού yap υπέρ τω ν καρπών πα ρηκτα ι τ α ζώα, τη ε άποΧαύσεωε Sέ ye καί τη ε χ ρ εία ε ένεκεν τώ ν ζώων έκεΊνα συνέστη , οθεν avayxalw s προ σ τέθ εικεν έττ1 αυτώ ν την evXoyiav ώε α χ pis τ€ έ κείνων SiaTeivovaav, ά Sia την τούτω ν συ νέστη χρεία ν), καί μην κάϊ ετέρ α ε eveKev αίτίαε. ’EneiSrj yà p τ α φ υ τ ά και τ ά σ π έρ μ α τα τη τώ ν yeωpyoύvτω v avvepyia κα τά την έναποκειμένην αύτοίε 8ύναμιν πα ρά το υ θ ε ο ύ την έπ ίSoσιv Χαμβάνει, έ π ( ε ) ί Sé ye τώ ν ζώων έκ τη ε oÌKeias έκα στον όρμηε π ροε την μίζιν το ν opoyevods ώθόύμενον το υ yévovs την èπίSòσιv ποιείτα ι, dvayKa’^ s έπ) τούτω ν π ρ ο σ τέθ εικ ε τ ο καί τιύλόγτ,σεν αυτά ό Θεός λέγων Αύξάνεσθε καί πλτιθύνεσΟε, ώε αν φ α ίνοιτο ούχ έαυτοέε την ορμήν τα ύτη ν πα ρα σχόμενα ά φ ’ ησπ ερ η το υ y ένουε èπίSoσιs yiveTai, άΧΧ’ έκ θ ε ο ύ την ορεζιν Χαβόντα, καθ’ ην υπό τώ ν έναποκειμένων τη φ ύ σ ει νόμων ώ σπερ έπ ε^ό μ εν ό ν τ ε και ώθούμενον, έκα στον έπ) την μΊζιν άπεισι το υ opoyevovs. Une partie de cette citation

se lit dans Procope 104 B G-17. I, 25 (f. 25r'v). Sur la division des anim aux. Θ e ο ό ώ p o v . ΔιεΧών μεν αύτά eis κα) κτηνη, κα) ερπετά είκότω ε ( a re τώ ν μέν έρπόντων, τώ ν Se πετομένω ν, èv Se r o ts τ ε τρ ά π ο σ ι τώ ν μέν θηριωSώv οντων, τών Se κτηvωSώv), έ φ ’ έκα σ το υ Se τ ο κατά γένος αύτων προσέθηκε, SeiKVvs οτι 8ιάφορα έκα στου πεποίηκε yévq, oîs έπισυνηφ -e Καί είδεν ο Θεός οτι καλά, ώε αν καί το ύ το ιε ά ρεσθέντοε Te όμοίωε το υ θ ε ό ν καί Siape'veiv α υτά τα ΐε όιαόοχάΐε κεκεΧευκότοε dei.

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12

C h a p itre

p re m ie r

i, 26. L ’homme créé à l’image de Dieu (œuvre du sixième jour). Un long fragment conservé par les chaînes, plusieurs de moindre am­ pleur insérés par Philopon dans son ouvrage, nous rendent l’inter­ prétation de Théodore sur ce texte C De même, explique-t-il, qu’un roi qui a bâti une vaste cité et l’a enrichie d’une multitude d’ouvrages de toute sorte, veut, à leur achèvement, qu’un digne monument reproduisant son image soit érigé en plein centre pour être honoré par les citoyens à l’égal de lui-même, ainsi Dieu auteur de la création a-t-il voulu que l’homme, qui en est l’achèvement, reste au milieu de celle-ci comme son image, et que toute créature en demeurant à son service, rende par là au Maître suprême l’hommage qui lui est dû 12. L ’air, la terre, les eaux et les « luminaires » que le ciel-firmament supporte, produisent des fruits pour l’utilité des êtres vivants et, en définitive, pour l’usage de l’homme. Plus encore, les puissances invisibles sont aux ordres de Dieu pour le service de l’homme. Les créatures de tout ordre, depuis les brutes jusqu’aux anges, mortelles et immortelles, visibles et invisibles, convergent vers un être uni­ que que Dieu a institué pour être le lien commun de la création: l’homme. A cet homme il a donné un corps visible, participant des quatre éléments et se nourrissant de leurs fruits, une âme raisonnable et immortelle semblable aux essences invisibles et raisonnables: il est· le parent commun auquel la création se plaît à rendre ser­ vice 3. 1 P . G., L X X X , 109 A 12-113 A 4, avec la question 20 de Théodore!; les fragm ents parallèles ou com plémentaires de Philopon — tirés du IVe (livre ou chapitre) du com m entaire de Théodore — vont être signalés au passage. 2 P . G., L X X X , 109 A 1 2 -B 1 2; le tex te donné par Philopon (VI, 9 ; K e i chardt , p. 2 4 5 , 5 - 1 2 ) n ’est peut-être qu’un résumé (cf. Procope, 1 2 4 B 1 - 6 ). Théodore, à cet endroit même, croyons-nous, poursuivait sa comparaison par un développem ent sur « l ’homme assumé » pour restaurer et sauver cette im age abîmée par le péché, puis am ené au ciel (Philopon VI, 10; p. 2 4 7 , 2 2 - 2 4 8 , 3): ’Α κριβέστερου [ φησιν] ò θ ε ό ς τ ά τη ς είκόνος ημίν διασώ σαι βουλόμενος, άνθρωπον t’Tr ημών êva λαβώ ν αθάνατόν re καί σ τρ επ τό ν ποοieras els ουρανόν άνη-γαγβν έα υτψ σ υ να φ as. iva μη μόνον eis ΰ φ ο ς τυ γχά νω ν πα ρά π ά σ η ς προσκυνηται rii s κτίσεω ς, ά λλα yap και κα τα π ά ντα φ οβ ερός τ ε κα\ ά νεπιβούλευτος η τοίς όναντίοις a r e μηδεμίαν πα ρα τροπη ν η άλλοίω σιν ύπομόνειν οΐός τ ε ων. (Cf. Procope, 124 BC). — Il semble qu’une phrase de Justinien (anathém atism e X I de son édit sur la vraie fo i... καί κ α τ ’ ισ ό τη τα βασιλικής είκόνος eis πρόσω πον το ΰ θ ε ο ΰ Λόγου προσκυνούμενον καί μ ετά την ά νά στασιν σ τρ επ τό ν τα ΐς έννοίαις και αναμάρτηταν πα ντελώ ς yevôpevov) soit tiree de la. La meme

idée semble avoir été reprise par Théodore dans un passage du X IV e livre de Incarnatione (Const. 18, cone. 17 « ... ubi dicit quod imago erat Christus D ei Verbi, sicut imago imperialis adorabatur ab om nibus »). 3 P . G., L X X X , 109 B 12-112 A 7; cf. Procope, 121 C 14-124 B 12. — Un

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i . ’u n iv ie : L e c o im n e iita ire d e la G en è se

13

Yoilà ce que certains se refusent à voir malgré l’évidence de l’Écriture 1. Pour eux, l’expression « à l’image de Dieu » s’entend de la faculté de commander, ou de raisonner, ou de comprendre, — hypothèses inadéquates. Car c’est l’homme, et lui seul, qui a été fait à l’image de Dieu; et si l’Écriture le repète à divers endroits, c’est qu’il y a quelque motif de réserver à l’homme ce titre spécial dans la pléni­ tude de son expression. L’intelligence, en effet, a été donnée aux puissances invisibles, et, de même, le pouvoir de commander; ce der­ nier, nous lisons qu’il a été également dévolu aux puissances apo­ states 2. au soleil et à la lune/Com m ent, dès lors, soutenir que l’homme soit, et lui seul, «à l’image de Dieu» s’il doit partager cet honneur avec d’autres créatures? Force est donc de retrouver la rai­ son fondamentale du privilège de l’homme 3. Théodore découvre cette ressemblance unique de l’homme avec Dieu dans la faculté que celui-ci lui a réservée d’être, à son tour, dans un certain sens, un créateur; incapable d’amener à l’existence les natures elles-mêmes — ceci n’appartient qu’à Dieu — l’homme peut, à l’imitation du créateur, ordonner, combiner à son gré les éléments qui sont mis à sa disposition, produire des objets grands et petits (maison, navire, ville) qui n’existaient pas au p arav an t4. fra g m e n t de la, version sy riaq u e (S achau , p. 12-13) sem ble d evoir p ren d re pince ici. 1 P h ilo p o n , \ I. 10 (p. 210, 14-17): Σ φ ο δ ρ ά μ ο ι θ α υ μ ά ζ ε ι ν έ π ή λ θ ε τ ω ν τ α ν τ ' ι μ ε ν σ υ ν ιδ ε ίν

ούχ

ο ΐω ν

τη

γεγονότων,

κ α ίτ ο ι

S ià

πάσης

κ η ρ νττό μ εν α

r ijs

ά γ ια ς

γρα φ ή ς

και

Cf. Ρ . G ., L X X X , 112 A 8-9. 2 C’est ici que m e p a ra ît se p lacer u n fra g m en t de T héo d o re su r le dém on e t les m auvais anges, com parables au x citoyens déprav és q u i d ésh o n o ren t l’im age du roi (Philopon, V I, 10; p. 250, 0-15): “Ώσπερ γάρ \s dans les comparaisons.8 Admettons que le texte du psautier se trouve redressé à la suite de ces corrections; ta n t s’en manquera encore que sa lecture soit toujours facile à comprendre de prime abord. L ’Écriture est semée de difficultés 6 qu’une connaissance étendue F u tu r p o u r o p ta tif ou im pératif·, (x x x iv , 8e) p. 179, 7-8; (r.viii, 7), p. 383,

23-24. P r é té r it p o u r p résen t: (x x iv , 12) p. 126, 21-23; cf. p . 150, 1-3 (sur a x x n , 7b). P r é té r it p o u r fu tu r : (vi, 10) p. 34, 20-21; (x x x v i, 6a) p. 131, 6-7; ( x x x v m ,

12a) p. 242, 29-30; ( x x x ix , 10a e t 10") p. 250, 9-10 e t 19-20; (x x x ix , 11") p. 251, 1-2; (xr.ii, 3") p. 267, 17-19; ( l v ii , 7") p. 378, 9-10; ef. su r Osée ix , 2 (M. 176 C); sur N ahum n , 7 (M. 412 D-413); su r J e a n 1 , 27 et 30 (p. 316). P r é té r it p o u r im p é r a tif: (i.xiv, l l a) p. 419, 9-11. P r é té r it p o u r su b jo n ctif: (ix , 10) p. 52, 13-15. P r é té r it p o u r o p ta tif: (x x x ix , 12") p. 251, 18-20. I m p é r a tif p o u r p a ssé : (ix, 14), p. 53, 15-16. I m p é r a tif p o u r fu tu r: (x x , 14) p. 120, 5-6. Cf. su r Z acharie xi, 4 (M 569 D ): "ίζθος τβ Oda γρ α φ β πολλάκις προστατικό) σχήματι μηνΰειν το μέλλον, οΐόν έστι το Χαίοε σ®όδρτ, θύγατερ Χιών. (Μ. 577 D 4); 'θνταΰθα ττ ίλιν εν ττροστατικω σχήματι το επόμε­ νον λ έγει. D e m êm e 587 D 7-10, 588 A 7-8. O p ta tif p o u r fu tu r: (x x x v i, 15) p. 212. 1 L xx, 22a (p. 468, 12-15). 2 X X V I, O (p. 131 ,1 -2 ): T u 06 Kai vùv iôVJ 6K του εβραϊκοί1 έπισέσυρται; L, 7 (p. 337, 27-28); l.III, 6 (p. 349, 18); J.VIII, 8 (p. 384, 11-12). 3 XXXVIIr, 6e (p. 239, 10-14): ... π α ντα χο ΰ π ρό σ κειτα ι π ερ ιττό ν , από το ΰ εβραϊ­ κού ιδιώματος ίσω ς προ σριφ έν. Cf. XXXVIII, 7" (ρ. 240, 11-13); XLVlir, 16 (ρ. 322, 7 -8 ); Τ.ΧΙ, 5» (ρ . 4 0 3 , 1 -2).

4 Ρ . 2·',9, 15-17; ρ. 322, 7-9: Το πΧΐ.Ί πανταχοΰ èv τοϊ s φαλμοϊς ού κατά τινα κεϊται διάνοιαν, άλλα προσερριμμένως από εβραϊκού Ιδιώματος, ώς και το « συν » κα'ι το « ίδου » πολλαχοΰ. 5 X, 2 (ρ. 66, 17-19): « F re q u e n te r vero in v e n iu n tu r in psalm is ita q u aed am p o sita, u t eis non a d d a tu r p a rtic u la q u a si, q u am rep o scit causae con seq u en tia »; sur XXXII, 7": Τιθείς έν θνισαυροΤς ά(ίΰσσ»υς (ρ. 149, 15-17): "/να είπρ ώς εν θησα υροϊς. ’Ιδίωμα δε καί το ΰ το εβραϊκόν ανευ το ΰ ώς τ β πα ρα β ο λβ κεχρβσθαι, ώς τ ο Και ΙΟετο τόξον χαλχουν «ύς βραχίΐνάς y.ou (XVII, 35") αντί το ΰ ώς τόξον. — Cf. ρ. 358, 12-13 (l.TV, 21a): 411. 7 (LXIII, 4"); 433. 23 ( lXVIII, li" ) . 6 P . 94, 1-3 (sur x v , 4): «D ifficultas vero sive am b ig u itas in telleg en tiae istiu s de in te rp ra e ta tio n is necessitate pro v en it: m u lta n am q u e a p u d H ebraeos in v e n iu n tu r, q u ae ex reb u s sibi insitis nom en accip iu n t» . — Sur Amos vi, 9-10 (Μ. 284 A ): "Έστι μεν εκ της ερμηνείας ασάφεια ποΧλή σνμπεπληγμένη τω ρητω ... ’£πει κάκεΐνο ασαφές μεν εστιν εν τβ λέξει, ò δε νους erri της ερμηνείας δέχεται την σα-

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La méthode d’exégèse

61

de la lettre hébraïque et de ses traductions ne suffit pas à résoudre; pour bien l’entendre, il faut ajouter à cette science fondamentale une sorte d’esprit· de finesse qui, né de la familiarité avec les livres sacrés et entretenu par une attention soutenue à leur style propre, tourne la phrase vers le côté d’où elle peut recevoir la lumière et jouer son vrai rôle dans le développement, groupe ou dissocie cer­ tains mots et expressions marque à d’autres leur sens et leur portée. C’est d’abord aux verbes que nous avons affaire, si nous voulons procéder avec quelque logique. Avec Théodore, disons un mot de la diérèse. Alors que le traducteur grec se trouvait, nous l’avons vu, dans l’impossibilité de superposer une conjugaison à l’autre et que ses tentatives pour changer les temps ont parfois été malheureuses ou imparfaites, par contre il a cru bon de suivre l’hébreu dans son habitude de diviser en deux verbes ce qui se rapportait à une seule et même action 2; un autre emploi de la diérèse hébraïque — nous dirions plutôt le pléonasme — est signalé à divers endroits par Théo­ dore: il consiste à reprendre une même pensée sous deux termes dif­ férents s. Il est un verbe sur lequel Théodore revient souvent, le verbe « dire ». L ’Interprète attire l’attention sur l’habitude qu’a l’Ecriture φηνειαν, ανάγκη δε κα\ το ύ το ν τον νουν έκθεϊναι, ά σαφω ε δηλούμενον έν τη λέξει. — S ut R o u i . I X , 22 (S ï AAB, p. 147): "Ο τι μη κάλλουε έπιμελεΐσθ α ι έσπούδακεν φ ρ ά σ ε ω ε ... καί on πολλά μέν έσ τιν a κ α τ ’ έλ λ ειφ ιν λέγει, μ ά λ ισ τα μέν τη υπερβολή τή ς συντομίαν η κατά τ ι οικείου ιδίωμα κεχρησθαι έθοε αντίο, α σάφειαν τ oTs ρητοΐε έν ερ γά ζετα ι. — Sur les obscurités de l’épître aux Galatee (Swete , T, p. 32, 10), de l’épître aux Éphé-

siens (I, p. 118, 4-15; p. 155, 1-6); de Fépître aux Colossiens (I, p. 296, 12). 1 Sur certaines particules de liaison: autem (Gal. i, 3; Swete , I, p. 16, 19-21); ε ί τ ε ... (II Cor., v in , 23; Staab , p. 199); sur la ponctuation de Rom. x i, 7, de I Cor. I X , 17-18 et de II Cor. i, 3 voir Staab, p. 154-155, 184 et 196. 2 P s. LV. 7 (p. 363, 19-25): ' Ιδιον δε το ύ το τιρ μακαρίω Δαυίδ κα'ι π ο λλα χο ΰ των φαλμώ ν ευρισκόμενον, είτε από το ύ εβραϊκού ίδιώ ματοε... ώ σπερ διαιρούντο δύο λέγειν δοκεϊν, οίον WS όταν λ έγρ Φβε'γξονται καί λαλτ,σουσιν αδικίαν (X C 1Ï1, 4 ) ... δοκεΐ γά ρ δύο λ έ γ ε ιν ... εν δε έσ τιν δ φησιν, ότι φ θ έ γ γ ο ν τα ι αδικίαν λα λούντεε; s u r X L I X . l a ; Ελάλκ.σε καί έκάλεσεν ττ,ι γχ·ι (ρ. 325, 4-5): ούχ έτερον κα'ι έτερον λ έγει, άλλ’ άντ'ι το ύ Ίίλάλτ,αι καλών τκν γτ,Ί; (ρ. 364, 2): ό τι έν έσ τιν ο βούλετα ι είπεΐν, δύο εΐναι δοκοΰντα. 3 Ps. Ι.Υϊ, 11 (ρ. 3 7 4 ); J . X X I I , 2 5 ( ρ . 4S 7): Ο ύ γά ρ διεϊλεν... άλλα κατά κοι­ νού κα'ι τ ο υπάρχει καί το τθελτισα... ' Gvòs δέ δντοε, ή δοκονσα διαίρεσιε σννηθωε γ ε γ έ νηται: I . X X V I I I . 2 ( ρ . 543): "Εν γά ρ έ σ τι, κατά το σύνηθεε α ϋτψ δοκοΰν διαιρέίσθαι. —

On p e u t citer plusieurs exem ples de cet « idiom e héb raïq u e » d an s les P e tits P ro ­ p h ètes (M. 157 A, 348 B, 447 B, 5 5 3 D). — D ans le C om m entaire de sa in t P au l, la « diérèse » est invoquée, m ais c’est p lu tô t com m e signe de p o n c tu a tio n ou coupure exigée en tre les m ots (Rom . v u , 21; vnr, 15: ix , 1 4 -2 1 , 30; x i i i , 11; E phes. I, 3).

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Chapitre II

d'employer ce verbe pour marquer une action et non point seu­ lement la parole 1; ailleurs, par contre, ce même verbe « dire » est sous-entendu dans le texte, mais il convient de le suppléer si l’on veut entendre clairement la phrase2. A noter encore que ce verbe « dire » doit être rendu quelquefois par « penser » 3, ou « éprou­ ver » 4. C’est encore à la lecture stricte du texte, à sa teneur exacte que nous demeurons, en jetant un coup d’œil sur certaines locutions, dont le sens normal aurait été modifié par le traducteur des Psaumes. On le voit, par exemple, employer è v pour σ ύ ν 5; rapporter èiceî à un effet en lui faisant abandonner son rôle d’adverbe de lieu 6; se servir d’mz τι non point pour interroger, mais pour insister sur une con­ dition donnée 7; réserver ô ir w s à marquer un aboutissement, et non point une cause8. Ajoutons, enfin, le redoublement de certains m ots9, 1 P s. η , 3 (p. 10, 4-7): « C o n su e tu d o n a m q u e e s t d iv in a e S c rip tu ra e , e t m a x im e b e a to D a v id , ex o p e ris m e rito fo rm a re v o cem , u t c u m d ic it d e o so rib u s suis: Narraverunt ut absconderent laqueos, dixerunt Quis videbit eosi ( l x ii i , 6 b» cf. p . 412, 7-10) n o n q u ia illi is ta d ix e r in t, sed q u ia ta lia e g e rin t u t p u ta r e n t n e m in e m f u tu r u m q u i o p e ra e o ru m p o s s it in sp ic e re e t eos c o n te m p la tio n e su i a p ra v is c o n a tib u s a m o v e re » . Cf. ix , 27 (p. 59, 6-8), 32 (p. 60, 16-18), 34 (p. 61, 18-20); x i, 5 (p. 71, 17-20); x x x i v , 3 b (p. 177, 9-11), 25a (p. 191, 23-24), 2 7" (p. 192, 19-20); x x x v , 2a (p. 195, 6-12); LViii, 9a (p. 385, 4-5); l i x , 8a (p. 393, 22-23). — D e m êm e, s u r M a la c b ie i, 1-2 (M. 600 A) e t n , 14 (M. 613 C) e t a il­ le u rs (M. 601 C 13, 604 A , 616 C, 617 D ). 2 V oir ci-d esso u s (p. 65-66) ce q u i d it d u « c h a n g e m e n t d e p e rs o n n e ». 3 P s . x x x v , 2 a (p. 195, 15-17); l x x i i , 13a (p. 482, 19-20). * P s . L iv, 7 (p. 3»5, 4-5). 5 P s . X IV, 13 εν καοδίαες θαλασσών (p. 3 0 2 , 13); LIX, 12b h τοd; δυνάαεσιν (p. 3 9 7 , 5). 6 P s. XXXV, 13 εκεί επεσον, άντ'ι το ΰ ’Giri το ύ τ ο υ τ ο υ π ρ ά γμ α το ς (ρ . 20 4 , 2 8 -3 0 ); XLIX, 23*> καί εκεί όδός ( ρ . 332, 15-23): Το έκεΐ ττολλάκΐΐ ούκ έτη τ ό π ο υ λ έ γ ε ι, άλλ’ tori π ρά γμ α το ς.

7 IX, 22 (ρ. 56, 9-11): « Q u o d a u te m d ic it Ut quid, Domine, v o x p e rc u n c ta tio n is e s t, n o n q u e re lla e »; x l i i , 2 c (P· 267, 8-9): Tò y à p "να τί ο ύ χ ù>s αίτιώμενος λ έ γ ε ι, ά λ λ ’ lo [ωμά Òori το ύ το της γρ α φ ή ς κα'ι μ ά λ ισ τα τ ο ν μακαρίου Δαυίδ; LXXIIJ, 1 ( ρ . 489, 12-16): Ο ύκ έπ'ι μ έμ φ εω ς τ ο Iva τί... Κ έχρη τα ι μ έντοι αύτω συνεχώ ς, ούχ απλώ ς, αλλ’ η ώ σ τε S e lla i ότι £σ τι τις α ίτια των χ α λ ε π ώ ν απάντω ν άδηλος τ ο ’ΐς άνθρώ 7TOIS. — Cf. s u r H a b a c u c , ι, 2 "G as τίνος (Μ. 425 D -428 A ). ’Iva c o n sé c u tif, n o n c a u sa tif: K o m . v u , 4 (Staab, p . 124, 2-3); v u , 13 (p. 129, 33; 130, 6-11); I I Cor. IV, 7 (p. 198); G ai. v , 17 (Swete, I, p . 98). 8 P s . L, 6b (p. 335, 2 4 SS.): Tò έχω; κατά ιδίωμα λ έ γ ε ι το γρ α φ ικ ό ν, ούκ επί α ίτία ε, το δε άναγκαίω ς έκβάν ως αιτίαν τ εθ εικ φ ς; LXVII, 24a (ρ. 441, 13-14): Tò δε οτιος κατά τ ο ιδίωμα εΐπεν, το α ίτια τον άντ'ι αιτίας τεθείκώ ς. 9 P s . XXXIV, 21b εύγε εύγε (ρ . 190, 2 6-27); XL, 14 e t Ι.ΧΧΙ, 19 γενβιτο γόνο:το (ρ . 260, 3 ; 477, 8-9): χ χ ν ί ι , 12-13 τού οεγαπητοΰ τοΰ άγατττ,τοΰ (ρ. 435, 19); LXXI, 5b γενεάς γενεών ( ρ . 472, 2 3 -2 4 ). C f. c i-d e ssu s, ρ . 61.

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La méthode d'exégèse

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dernière particularité de la langue hébraïque ou du style de l’Écri­ ture, pour traduire l’intensité du sentiment ou du désir. Supposons maintenant que le texte du psautier soit restitué dans sa version exacte, que les particularités de l’hébreu ou du style sacré aient été attentivem ent observées et que l’expression grecque les ait justement rendues, sans les déformer ni les trahir, est-ce à dire qu’il n ’y ait plus qu’à livrer ce texte à la méditation du lecteur ou au talent de l’exégète? Non pas; ce texte a encore besoin de quelques attentions. Il y a une façon de le bre, de le couper, de distribuer ses phrases et de les prononcer, pour ainsi dire 1. E t d’abord, souvenons-nous constamment que nous serons toujours devant une traduction que les LXX ont essayé de rendre strictement littérale; de là viennent certains enjambements ou certaines transpositions (hyperbaton) nécessitées par le mètre hébraïque non moins que par la logique 2, puis des parenthèses 3. Faute de s’en rendre compte, on néglige de comprendre plus d’un passage de l’œuvre davidique. 1 Sur quelques particules de liaison et la ponctuation, voir ci-dessus, p. 61 nu. 1 et 3. 2 IX, 23-24 (p. 56, 25-57, 9): « Consequentia dictorum liunc habet ordinem. Compraehenduntur in consiliis autem quibus cogitant interpositum est propter metri necessitatem . Non enim soluta oratione (XoyaStjv) psalmi conscripti sunt, sed mensuris certis et numeris; ad custodiam ergo disciplinae aliquid frequenter inseritur, ut est hoc quod posuimus et alia similia, quae sepe inveniuntur huius m odi»; IX, 35 (p. 61, 22-29): «D ictorum est ordo conversus (ιτρω θύστορον). Nam haec est consequentia: Quoniam vides tu laborem; quod praeposterans posuit: Vides quoniam. Quae quidem verborum conversio per interpraetationis, quae de ebreo in graecum facta est, necessitatem sepe contiguit »; x m , 4-5 (p. 82, 2): « Propter metri custodiam yperbaton fecit »; x v m , 6 (p. 117, 16-22); XX, 13 (p. 119-120): «M ulta in hoc loco com m utatio est ordinis atque verbo­ rum»; x x x r, 3-4 (p. 140, 12-16): «interpositum est propter metri necessita­ tem »; XXXIV, 20 (p. 189, 15-20); x l i v , 5° (p. 286, 6-7): Tò Se λαοί υποκάτω σου πεσουντα: Sià μέσου τέθβικβ Sia το μέτρον; LII, 5-6 (p. 346, 20-347, 6); LXIV, 14° (p, 420, 14-1.5): Tò yàp od κοιλάδες πλνιθυνουσι σίτον διά μέσου itapeyKeiTai are 7Γpbs τ α άνώτβρα την ακολουθίαν έχον; LXX, 18-19 (ρ. 467, 13-17): Tò ουν τκν δυνα­ στείαν... συνήττται κατά τη ν διάνοιαν τ φ "Κω;...,διά μέσου Se το τϊ, ·γενεϊ πάσιι..., τρ ίτο ν ον τη δννάμβι το ΰ νοήματος, ίνα ή...; LXXII, I I 3 (ρ . 482, 1-4); LXXIV, 4b (ρ. 502, 2-3): Tò Se ίτάκτ, r y r διά μέσου -τταρεγκεται διά το μέτρον; LXXIX, 17a (ρ. 554, 16-17). — Cf. Habac. η , 6 (Μ. 436 C 11-14); sur Jean xvrr, 1-2 (VosxÉ, ρ. 219, 15-18); sur Gal. il, 6-7 (S w e t e , I , p. 18, 1-7; 19, 3-14); it i , 1 (p. 36, 16-17 et 39, 3-4); Eph. iv, 25 (p. 174, 6-9); I Thess. i, 10 (S w e t e , II, p. 47, 1-3).

3 Ps. X V II, 10-12» (p. 114, 2-3): τη παρενθέσβι τω ν έν μέσω ττάλιν αΰξοι τον λόγον; LXXIII, J 2a (ρ . 495, 3 SS.): Ο υδέ yàp al παρβνθέσεis π ε ρ ιτ τα ί ει’σιν κα'ι τής ύττοθέσεως ά λλότρια ι, άλλη β λέπουσα ι μεν προς τήν υττόθβσιν, έν μέσω Se νοήματος ή διά

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Chapitre II

Il suffit de prononcer ou d’accentuer de certaine façon des néga­ tions ou des particules pour qu’aussitôt le sens d’une phrase soif changé; au lieu de les lire sans inflexion on les devra donc entendre interrogativement l . Ailleurs, il faut laisser place à une nuance d’iro­ nie 2 ou de feinte 3, faire entendre ce qui n ’est pas dit, — une per­ mission de Dieu 4 ou une ellipse de l'écrivain 5. D ’autres passages sont à examiner de près, qui semblent eux aussi boiteux ou mal équilibrés, prêter en conséquence à une exégèse inadéquate, parce qu’un verbe — ou un mot — commandant le début de la phrase n’est pas répété dans le texte, ou même se trouve omis. Deux cas sont à envisager. Dans le premier, il faut entendre que le verbe ou le mot (pronom, adverbe) exprimés au début, retombent également (κ α τ ά κ ο ιν ο ύ ) sur la suite du développement6. το μέτρον η oià το άναγκαΐον παρεγκείμεναι ποΧλάκιε τώ μέΧΧβιν την επα γω γήν μα κροτέ­ ραν είναι. — Cf. sur I Cor. vii, 26-28 (Staab, p. 182); sur Ephes. in , 15 (Swete,

I, p. 160, 21). 1 Ps. i.vii, 12a (p. 380, 19-381, 4) ne doit pas être lu Εί εστιν άρα, mais i f a, de même que 12b, c’est-à-dire κατ' ά π ό φ α σ ι ν . Par contre, il faut comprendre κ α τ ’ 6ρ ώ τ η σ ι ν LVIII, 12a Μί άποκτείννι; αυτού;; (p. 386, 14-16) et LXI, 2a Où/J :·) Θ·ω ϋποταγνίσεται χ ψυχιό υ.ου; (p. 401, 18). — Cf. S u r Rom. II, 17; VI, 21; IX, 30; X. 16; I Cor. vi, 18; Hebr. m , 17 (Staab, p. 116, 123, 149, 152, 181, 205); Gal. IV, 15 (Swete, I, p. 67, 20). 2 Ps. XLIX, 12a ’Εάν πεινάσω (p. 329, 2): Κ α τ ά ε ι ρ ω ν ε ί α ν γά ρ SiSoìis το μη έγχω ρονν, έντρέπ ει μειζόνωε): Ι . Τ , 3® (ρ . 342, 20: Το δε ò δυνατό; κα τ’ ειρωνείαν ε ΐπ ε ν ). — Cf. sur Amos vii, 12 (Μ. 289 D-292 A); sur Nahum n , 4 (M. 412 B 13) et n i, 14 (M. 421 C 10); sur Sopii, in , 3 (M. 468 B 2-3); sur Rom. x , 2 (Staab, p. 150). D e l’ironie, on rapprochera certain hypocorism e (p. 264, 4-5; sur XL), 7 b): "€δειξε δε το ν πόθον την έπ ίτα σ ιν είπων όρους υ.ικρου. 3 Κ α θ ’ ν π ό κ ρ ι σ ι ν ; Ps. r.vil, 2a (ρ. 375, 19); LIX, 12 (ρ. 396, 22 et 397, 1-2). Cf. sur Sophonie i, 14 (M. 457 B 6-7); sur Gai. n i, 19 (Swete, I, p. 47, 2);

sur Jean n , 4-5 (fragm. 17). 4 Sur Osée vi, 5 (M. 161 C 1-3); Zach. x i, 6 (M. 572 D): ’€ireî καί το ύ το έθος τη θεία γρ α φ ή το τήν συγχώ ρησιν την θείαν ώε πρά γμα λέγειν, οΐόν έ σ τ ι το Έ ξ ίκλινα; τά; τρίβου; χ μ ω ν από τϋ; όδοΰ σου (Pg. X L III, 19b; cf. Commentaire, p. 275), ούχ οτι θ ε ό ε έξέκΧινεν, ά λ λ ’ ότι συνεχώ ρησε παθεΐν άπερ αύτουε έκτρέψ α ι τ ο υ προσήκονTos ην Ικανά. Cf. sur Rom. x iv , 5 et I Cor. m , 12 (S t a a b , p. 164 et 180). 5 Ps. η , 3a (p. 280, 36): — sur Rom. ix , 22 (Staab, p. 147): Ό τ ι μη κάΧXovs έπιμεΧεΐσθαι έσπονδακεν φράισεωε (S. Paul) καί εν roîs ανώτερο is είρήκαμεν, καί οτι ποΧΧα μεν εσ τιν a κ α τ ε Χ Χ ε ι φ ι ν Χέγει, μάΧ ιστα μεν τη ύπερβοΧη τη ς συντομίας η κατά τι οίκεΐον ιδίωμα κεχρησθαι έθοε αΰτω, α σάφεια ν rois ρητοίε ένεργά ζετα ι: — sur Eph. I ll, 21 (Swete, ì , p. 162). 6 Ps. LI, 5a et 5b (p . 343, 17): Ή γάπησα; κακίαν... αδικίαν. Κ ατά κοινού τ ο η γά π χυας; LVIII, 14a et 14 b ( ρ . 389, 1-3 ): Δ ιάγγελέ σονται εν συντέλεια, έν όργγί. Έν όρτί τη το ν θ ε ο ΰ Χε'γει ' έπισννηπ τα ι δε καί τω άνω, ίνα η το δια γγελίσ ετα ι κατά κοινού; LIX, 12a e t I 2 b (ρ . 397. 1-2): Οΰ/.ì σύ... καί ούκ έςελεύσνι. Το δε Συ κατά κοινοί» νοητέον; LXXI, 5a e t 5b (ρ . 472, 14-17): Καί συυ.παρααενεΐ τω τ.λιω καί πρό τα; σελάντς. Gì δε

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La méthode d’exégèse

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Dans le second cas (κ α τ ’ ά ιτ ο σ ιώ τ τ η σ ιν , dirò κ ο ιν ο ύ ), il s’agit d’un véritable sous-entendu, mot 1 ou verbe, — ce verbe étant le verbe « dire » 2. Or, ce verbe « dire » se trouvant souvent employé pour marquer l’action 3, il s’ensuit que l’action d’un agent — ou de Dieu — apparaît, à certains endroits, introduite sous forme d’une décla­ ration visant le passé ou le futur, non précédée du verbe « dire ». Ainsi dans ps. n, 3 ( D i r u m p a m u s , p r o i c i a m u s ) , rien ne prépare ou n ’amène cette brusque entrée en scène des « nations » 4. Ailleurs (xxxx, 8a), au milieu de la confession d’Ézéchias revenu à la santé, voici une intervention ( I n t e l l e c t u m t i b i d a b o ) , une promesse de Dieu concernant l’avenir mise en rapport avec la prière du roi, sans que l’annonce le moindre mot signifiant que Dieu s’est adressé à lu i5. L’aposiopèse, enfin, peut jouer, dans un même développement, sur deux actions, comme au début du ps. lxxiv , où nous voyons l’hymne reconnaissant d’Ézéchias ( C o n f i t e b i m u r t i b i D e u s . . . , n a r r a b i m u s m i r a b i l i a t u a ) inter­ rompu dès son début par les mots: E g o i u s t i t i a s i u d i c a b o , qui sont une déclaration de Dieu sans le verbe « dire », puis par le résultat de cette action divine ( L i q u e f a c t a e s t t e r r a ) coupant à son tour la suite n s το a'j J.-cipav.E-isi μη β ούλο ιτο κα τά κοινού νο έΐσ θ α ι ... Το μβν ονν συυ.-ΐΓαρα(λε-/εΐ κατά κοινού Xeyei, το Se προ... ^πί Ttjs (ύπΕροχηΞ) κ α τ’ αυτό το Siapéveiv ; LXXII, 19a e t ] 9 b (p. 485, 2): Πώς εγε'νοντο... εςελιπον. Κ ατά κοινού τ ο Πως; LXXII, 25 (ρ . 487, 3-5): Τί yàp «Αοι υπάρχει... τι νιθε'λτ, κα τά άποσιώ πησιν Είρημύνον τ φ π ρο φ ή τη . 2 P s . XLIV, 1 8a (p. 29 9 , 11-12): Μτησ8ησοααι του ονο'ρ.ατο'ς σου... Καί το μη elireîv Se ο τι « eìirev », άλλα κατά άποσιώ πησιν άπό Ttjs άκολουθίαε αυτό σημάναι, σύνηθβε τ φ μακαρίφ Δαυίά; LIV, 21e (ρ. 3 6 0 , 12-13): Tò yap «enrev» .. κάνταΰθα άπΕσιώ πησ€ν ; LXXIV, 3 (ρ . 501, 8-19): "ISiov yàp αύτοΰ το εκ Ttjs ακολουθίας Xéyeiv τ ά εκ τινων ρηθέντα, κα\ μη π ρο στιθ ενα ι το «βίπών» η ((Xèyœv» η τ ι τ ο ιο ϋ τ ο ν ... Κα'ι ου npooTedeiKüJS το « Ειπών » ... άλλ’ ούκ enrev, κα τά άποσιώ πησιν στζ/iàvas εκ Ttjs άκολουθίαε το «6ΐπών». 3 Cf. ci-d essu s, ρ . 61-62. 4 L ’e x e m p le a é té re p ris à p lu s ie u rs fois (p. 280, 37-281, 2-4): Τ ο ΰ το έποίουν καί ODTOS ην αύτοίε το υ π p ά yμ a τo s 6 σκοπόε ... ου τίθ η σ ι Se το « eìirev άπό κοινού voeîσθ αι καταΧιμπάνων αυτό èv τμ το υ Xόyoυ ακολουθία τε κα'ι τά^Εΐ; ρ . 384, 22: άπό κοι­ νού yàp κάκΕΪ κα τά άποσιώ πησιν νοΕΪται το «XéyovTes»; ρ . 501, 14-19, a p rè s a v o ir c ité C X I X , 1-2: ...ά λ λ ’ ούκ enrev, κα τά άποσιώ πησιν σημάνας εκ Ttjs άκολουθίας το « Είπών ». Κα'ι σ α φ έστβ ρο ν èv τ φ β* τJ/αΧ μφ Παρεστησαν... δεσρ.ούς αυτών. Νυν Se παραλιπώ ν τ ο «XéyovTES ύ έχρ η σα το τμ οίκΕΐα Si’ όλων ά κολουθία ; d é b u t d ’A b d ia s (Μ. 309 C D ). 5 Ρ . 281, 9-12: Συνετιω σε... άντ'ι το υ Τ α ΰ τα Sè α ύ τφ ύπύσχΕ το ò Qeòs ύπΕρ Ttjs èizopoXoyfaeœs, ίνα βϊπμ ο τι τ α ΰ τ α π ο ιη σ Ε ί,— καί ου προσέθηκΕ το « enrev », άπό Se Ttjs τω ν €ΐρημένων άκολουθίαε προσΕπινοΕΪται ο τι προε τ ά το υ Έ ζΕκίου ρήματα τ α ΰ τ α ehrev 6 Qeòs.

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Chapitre II

des paroles prêtées à Dieu 1. Serait-ce à dire qu’on trouvera dans les Psaumes une sorte de dialogue entre David et Dieu, un échange de paroles de l’un à l’autre! Théodore a protesté énergiquement contre cette théorie qui favorisait l’exégèse juive et s’est étonné du crédit que lui accordaient certains interprètes chrétiens. Il n ’y a pas de « changement de personnes » dans les Psaumes, — tout étant de David, — mais une sorte d’imbrication ou de transposition d ’un plan à un autre: le psalmiste poursuivant la ligne de son développe­ ment dans les conditions normales de la perspective ouverte devant ses yeux, insère, sous forme de paroles, ce qui est en réalité l’action concomitante de Dieu en harmonie avec son propre discours; comme il lui arrive d’employer le verbe « dire » pour « faire » quand il s’agit des hommes, de même quand il s’agit de Dieu, — souvent même ce verbe est sous-entendu et l’action seule indiquée; cette ê v a W a y t ] π ρ ο σ ώ π ο υ n ’est donc, en vérité, qu’une façon d’introduire l’action de Dieu, passée ou future, corrélative aux termes de la prophétie 2. Après la restitution du texte et sa lecture correcte, Théodore attire l’attention sur certaines habitudes de l’Écriture, — acception de mots et procédés de style. Voici des exemples: La partie pour le tout; c’est ainsi que l’homme sera désigné par l’âme 3, par la chair 4, par le cœur 5, par la langue 6; tout à l’opposé, l’hébreu ne répugne point à employer le pluriel pour le singulier 7. 1 P. 281, 16-26; 501, 7-10, 27-28. 2 P. 280, 9-10, 16-22; 281, 31-38. A vant de poursuivre notre exposé, faisons une observation. Qu’on ne croie pas que le jeune Théodore ait inventé de toutes pièces cette technique, ni qu’il ait tiré de son fonds toutes ces expressions caractéristiques que nous avons essayé de classer dans un ordre logique; c’est un héritage des écoles, dont il serait curieux de savoir les origines et de poursuivre la transmission. Un certain nom ­ bre de ces figures, dont on vient de parcourir la série et l’application, se retrou­ ven t, souvent désignées par des termes identiques, dans l’œuvre oxégétique de s. Jérôme (P. Courcelle, Les lettres grecques en Occident, 1943, p. 40-41); il est à présumer que l’emprunt vient d’Antioche. 3 Ps. XV, 9 (p. 98, 15), 10 (p. 99, 2); x x x m , 3a (p. 158, 19). 4 P s. XV, 9 (p. 98, 15-18); sur Jean I, 14 (fragm. 11); sur Rom. v u , 5; x n i, 14 (Staab, p. 124-125, 164). Ailleurs Théodore répète que « la chair» désigne tout ce qui est passager et destructible (II Cor. x, 3-4; Staab, p. 199; cf. Swete I, p. 35, 37, 85, 94; II, p. 282). 5 P s. XXXII, 15 (p . 153, 10-12). 6 P s. XXXIV, 28a (p. 192, 30-32). 7 P s. xxxiT, 6 b (p. 148, 28-149, 8): « Quod autem pluraliter caelos dicit... consuetudinis hebraeae est pro singulari numero ponere pluralem, sicut et nobis moris est facere cum scribimus aut certe cum loquimur... Haec ergo apud Ebreos,

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La méthode d’exégèse

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La « droite » de Dieu se traduira par « secours » x, et sa « main » par « énergie » 2; quant à π ν ε ύ μ α , on lui attachera le sens de choix, propos, détermination 3; les « os » indiquent la force 4, et les « reins » tous raisonnements ou mouvements de l’esprit liés à la concupi­ scence; 5 on saura que « saint » équivaut à séparé ou réservé 6, que « sein » est synonyme d’inséparabilité 7, que le « vin » indique l’épreuve et le châtim ent8, que la « voie » correspond à la conduite ou façon de faire 9. A ces dernières particularités de l’Écriture convient une désignation commune, celle de tropes, d’hyperboles, de figures: les trois mots, d’ailleurs, se lisent dans Théodore10. e tia m c u m d e m a io rib u s re b u s se rm o fit, fo rm a s e r v a tu r ». — D e d iv e rs p a ssa g e s d u c o m m e n ta ire s u r les P e ti ts P ro p h è te s , o n tir e sa n s m a l u n e th é o r ie d e n o tr e a u te u r s u r les n o m b re s: tr o is m a r q u e l ’a b o n d a n c e (M. 249 A , 573 B 1), q u a tr e in d iq u e la m u ltitu d e (249 A , 513 D -5 1 6 A , 520 B ), s e p t e s t le n o m b re p a r f a it (377 D -3 8 0 A, 525 D , 528 C D , 532 A ); q u a n t à « d ix » e t « tr e n te » q u ’o n tr o u v e ici o u là (552 D , 574 A ), ils n e p e u v e n t s’e n te n d r e q u e d e m asse s im p ré c ise s. 1 P s . XV, 8 (p. 97, 27-31); lxii, 9 ” (p. 408, 22-24); lxxvi, 14-15 (p. 513, 14-15); L x x ix , 18 (p. 555, 1-3). 2 P s. L x x in , 3a (p. 491, 13-14), l l a (p. 494, 10-11); lxxix , 18 (p. 555, 1-3). 3 P s. L, 1 2b (p . 3.39, 5-8): Tô γά ρ πνεΰαα τήν προα ίρεσιν λέγει, οϋκ εντα ύθα μ ό ­ νον, άλλα rai έτέρω θι; LXXVII, 8d (ρ. 521, 1 -3); — s u r O sée χ ΐ ι , 1 (Μ. 193 C); s u r R o m . π , 29 (S t a a b , p . 11 6 ). 4 P s . XXXIV, 10a (p . 179, 27-30): ... "va είπη ό τι έκ π ό σ η ς ισ χ ύ ο ς ... τ α y a p ο σ τά έττι τη ς ισχύος λαμβάνει; XXXVII, 4b (ρ. 223, 28-30): ... προς π α ρ ά σ τα σ ιν τη ς ισ χ υ ­ ρός συντριβής.

5 P s . XV, 7 (ρ. 97, 13-15): « B e n e s a u te m c o g ita tio n e s d ic it, q u ia d e re n ib u s c o n c u p is c e n tia le s m o tu s o r iu n tu r , q u i n a tu r a e in s iti fre q u e n te s c o n s u e r u n t a n i­ m a e su g g e stio n e s in s e re re » ; x x v , 2 (p. 128, 18-20); x x x v n , 8 (p. 225, 2-17); LXXII, 21 (p. 485, 18-20): "Ο τι νεφρούς το υ ς λο γισ μ ο ύ ς καλοί έπεσημηνάμεθα π ο λλα χο ν, ra i την αιτίαν είρηκαμεν.

6 P s . IX, 4 (ρ. 94, 5-7): « O m n e s a n c tu m ” sin g u la re ” e tia m e t ” p r a e c i­ p u u m ” v o c a v e ru n t, eo q u o d in c o m m u n io n e m v el in e x a e q u a tio n e m re liq u o ru m p e r m e riti e m in e n tia m n o n v e n ir e t »; ef. s u r J o ë l i, 19 (M. 217 D 6): άγιον λ έ γ ε τ α ι τ ο έξα ίρετον rai τω ν πολλώ ν κεχωρισμένον. 7 P s . XXXIV, 13° (ρ. 184, 12 SS.): 'Έ θος έστ'ι τη θεία γρ α φ ή το υ κόλπου μεμνήσθ α ι... τ ο α χώ ριστου καί ηνωμένου σημαΐνειν βουλομένη; Cf. ρ . 547, 6-16; H o rn , c a te c h . i l l § 8. 8 P s. LIX, 5b (p . 392, 17-19): T òv Se οίνον έπ'ι τη ς συμφ ορά ς dei λέγει rai τή ς τιμω ρίας, από τ ο ν τον οίνον πλείονα δοθέντα πα ρά γειν tous λογισμούς rai παραφέρειν, ra i τήν παρά το ΰ θ ε ο ΰ τιμωρίαν έκτος τού κα θεστώ το ς έργά ζεσ θ α ι; LXXIV, 9a (ρ . 503, 11-23); — of. Μ. 357 Β , 421 Α , 440 Β . 9 P s . XLVIII, 6b (ρ . 318, 4-5): οδόν γά ρ π α ντα χο ΰ κα λεΐ τήν πράζιν; LV, 7 (ρ . 364, 7-10); ι .χ ν ι , 3a (ρ . 427, 3-4); L x x il, 2*> (ρ. 4 /8 , 23-24); — cf. s u r N a h u m I, 4 (Λ1. 405 C). 10 P s. XLV, 3 (p. 302, 8): To ce ίι καρδίαις βαλασαωι τη τρ ο π ο λο γία επόμενος λ έ ­ γ ε ι. — Cf. O sée IV, 3 (Μ. 148 Β 11-14), d é b u t d e J o ë l (Μ . 213 Β 4), début, d e S o p h o n ie (452 A ).

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Chapitre II

A u fait, l ’usage de ces procédés de p en sée ou de langage ne nous est-il p o in t naturel, à nous aussi? In u tile de chercher b ien longtem ps pour découvrir que nous em ployons assez sou ven t le pluriel pour le singulier *, que nous résum ons dans u n term e de relation ou dans un bref raccourci d ’expression nos m otifs pressants d ’a g ir 2, que des gestes de notre corps soulignent les hens de la pensée avec l ’ac­ tio n 3, que le seul rappel d ’un nom suffit pour projeter d evan t nous to u t ce qui lu i ap partien t 4. D e ces courtes exp lication s sur les figures de sty le fam ilières à l ’É criture et sur celles dont nous usons quotidiennem ent, Théodore v a tirer une ob servation d ont la p ortée dépassera v ite les lim ites de la rhétorique: c’est que les prédicateurs se servent com m uném ent de l ’É critu re com m e d’exem ples faciles à saisir; ils citen t, ils accom ­ m odent, ils a d a p t e n t5. D e là à retenir com m e règle d ’herm éneutique que saint P a u l e t les écrivains du N ou veau T estam en t on t usé, les prem iers, du m êm e procédé, le chem in n ’est pas considérable, et nous verrons que Théodore s’y est plus d ’une fois engagé 6.

LXXI, 7b (p. 473, 8-15): T a is Se ύπερβολαίς έπ'ι τω ν τοιούτω ν ëθος κεχρή σθ α ι τί j S eia γρ α φ ή ; et, après avoir cité LXXXVIII, 37-38: ύπερβολικώ τερον ε ’ιπών τ ο τη ν β α ­ σιλείαν èv t o Ìs διαδόχοις τ ο ϋ Δαυίδ ίσα TW ούρανφ ά&άλντον παραμόνειν... άπερ κατά μεν το ακριβές ούχ οΰτω yëyovev, ύπερβολικώ τερον δε ε'ίρηται τη θεία γρ α φ ή ; cf. Μ. 221 D ,

452 Α, 552-553, 561 Α. Σ χη μ α σ τισ μ ό ς (ρ. 430, 6), défini ailleurs (sur Rom. vin, 26; Staab, p. 140): Σ χη μ α τισ μ ό ς ecrri κα τά το σύνηθες τ η θ e ία yp α φ ή τ ο είρημύνον ώ s ετερον φ α ίνεσθαι τψ προχείρω μ ά λ λ ν η δ β ο ύλετα ι Xëyeiv. Deux exemples sont donnés, tirés du ps. xvil,

10-12, Ascendit super Cherubim... posuit tenebras latibulum suum (p. 114) et du ps. xxiii, 7, Adtollite portas, principes, vestras (sur Eom. vm , 27: Staab, p. 141); — σ χη μ α τίζει (p. 515, 7; sur LXXVI, 17-18); σ χη μ α το π ο ιεί (p. 320, 14-15; sur XLIX, 4 ); — προσω ποποιΐα et σχη μ α τισ μ ό ς (p. 430, 6; SUT LXVTI, 2a); — π ρ ο σ ­ π ο ίη σ ή (sur Rom. x, 1; Staab, p. 150, 30-31). Ailleurs (sur Gal. x, 16; ιν, 1; I V , 30) l’exégète indiquera que Paul parle « secundum comparationem » (Swete, I, p. 31, 60, 86). 1 Ps. 148, 32-149, 5: . . . ο κα'ι μ ά λ ισ τα έν τα ίς έπ ισ το λα ίε ποιεΐν είώθαμεν κα'ι έν τα ίς προς το υ ς πο λλο υ ε διαλέζεσιν, ών yàp εις ò γρ α φ ώ ν « γρά φ ομεν » κα'ι « προσα γορεύομεν» πληθυντική τ η έκδόσει κεχρη μένος. Cf. ci-dessus, p. 66 η. 7.

2 P. 156, 24-157, 3 (sur x x x ii, 2]b). 3 Ps. LXVII, 2a (p. 430, 3-5)· . . . ε κ το υ π α ρ ’

ήμίν έθους, καθά το ιο ΰ τό τ ι π ρ ά ττειν βουλόμενοι καθεζόμενοι πρότερον και αναπαυόμενοι διανιστάμεθα προς το εργον. 4 Ps. LXXIV, 2b (p . 5 0 0 , 10-13): "Ιδιον yàp τω ν ανθρώπων το ά π ' εκείνων καλέ 7σθαι τω ν δεσποζόντω ν η ευεργετούν των, οΤον όταν λόγω μεν « ' 0 τούδε* είτε δούλος, είτε οικείος, ε'ίθ ’ ο τιδ ή π ο τε τοιουτον.

5 Ρ . 85, 30-86, 3: « ... ut nos facere solemus, non solum cum scribimus ali­ qua sed et cum in ecclesiis disputamus ac dicta nostra volumus scripturarum testimoniis adprobare, quae sermoni nostro similitudine magna iungantur ». 6 Cf. ci-dessous, p. 75.

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La méthode d’exégèse

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* * *

Le texte a été ramené aussi proche que possible de l’original, sa lecture a été préparée par de nombreuses explications de détail, les propriétés de l’Écriture ont été relevées 1; le philologue cède la place à l’interprète. Les deux qualités ou principes qui avaient attiré et guidé Théo­ dore dans la restitution du texte sacré — la recherche de la donnée littérale et l’enchaînement du propos, le sens exact et la logique, la précision et l’équilibre, — ces mêmes qualités (δ ιά ν ο ια et ά κ ο λ ο υ θ ία ) , son exégèse va les chercher et les retrouver sur un nouveau plan, — humain, historique 2 et reügieux à la fois, — dont son génie pro­ jettera les lignes vers de plus larges étendues. Il s’est cru libre de redresser le texte reçu; il ne se croit pas moins autorisé à prendre parti à l’endroit des additions traditionnelles qu’un rédacteur inconnu avait insérées au début de chaque psaume, — titres ou inscriptions devenus souvent incompréhensibles dans la traduction grecque des LXX, et causes de méprises pour les inter­ prètes chrétiens. Qu’étaient, en vérité, ces inscriptions? des notes préliminaires qui désignaient l’auteur des Psaumes, le thème, la cir­ constance ou le caractère des poèmes; des rubriques qui indiquaient le jour ou le mode de leur récitation. Théodore prête attention à celles-là seulement qui lui paraissent mériter confiance parce qu’elles cadrent avec le texte qui les s u it3; quant aux autres, il les rejette en bloc. Avant d’entreprendre le com­ 1 Tout cela de façon purem ent conjecturale, ainsi qu’on l’a indiqué à diver­ ses reprises. 2 P. 2, 4-5: «Talis ergo historiae usurpatio inconveniens adprobatur et quae praesenti psalmo non possit aptari»; (p. 3, 25-27): « ista enim veri est intellectus perceptio, ut secundum historiae fidem tenorem expositionis aptem us et concinnenter ea, quae dicenda sunt, proferamus ». D e même, à la fin du prologue sur Tite: « moris siquidem nostri est, ut non absolute prolongemus narratio­ nem , quando sufficienter sensus veritatis in paucis poterit explicari » (Swete , II, p. 234, 10-12). 3 P. 42 (inscription du ps. i i « pro torcularibus »): « Sed, sive hoc verum sit sive falsum, non videtur magnopere requirendum, quia ad psalm i magis in tel­ lectum nitimur pervenire... e contrario, etiam si ignoretur tem pus et falsa sit inscriptio, nihil intellectui com m utat (incommodat?) nec per hoc dictorum erit dificilior et tarda cognitio». — P . 334, 27-29: Ούδαμοΰ yàp raîs άπιγραφαίς δουXeùovres έφάνημβν, δβξάμενοι δè Tauras μάνας ôaas eûpopev άληθβΐβ β’φήκαμβν (sur ps. L; cf. p. 333, 5; 337, 14; 341, 21-23). Il ne semble avoir conservé que celle du ps. v u , (p. 35). Théodoret a réagi contre cette critique des « inscriptions » (P. G., L X X X , 861 D-864 A).

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C h a p itr e ΤΙ

mentaire d’un psaume, il le considère dans son ensemble: de cet ensemble, lui paraît surgir une idée directrice qui en marque à la fois l’allure et la signification, la ligne générale et la portée, — tout cela que le grec désigne d’un seul mot: ύ π ό θ β σ ιε ou argum ent3. Une quinzaine de thèmes se trouvent ainsi dégagés, qui peuvent être distribués en deux séries. Une première série se rapporte à la vie de David: a ) victoire sur les nations et tribus ennemies (ix, xv); b ) transport de l’arche (lxvix); c) persécution de Saül (x, xvi, xxxv, XXXVIII, Lxni); d ) adultère de Bethsabée (vi, xii , xxxvn); e ) révolte d’Absalon (m, xxi, lxix ); /) conjuration d’Achitofel (vu); g ) fin de sa vie (xvn). A cette liste joignons quelques psaumes d’ordre moral et religieux: h ) providence de Dieu créateur (iv, xvm ); i ) bonheur du juste (i, xi, XXXVI, xlviii); j ) histoire et prévarication des J u ­ ifs (XLIX, IjXXVII). Une seconde série vise l’histoire d’Israël postérieure à David: h ) Salomon (lxxi ); l ) siège de Jérusalem par Easin et Phacée, au temps d’Achaz (xlv ); m ) siège de Jérusalem par Sennachérib, au temps d’Bzéchias (xm , u , l u , l u i ); n ) délivrance inopinée et fuite des Assyriens (xiv, xv, xxviii, xxxn, xxxiii, xlvii, lxxiv , lxxv ); o ) maladie et guérison d’Bzéchias (xxix, x x x i, xl ); p ) souffrances de Jérémie lors du siège de Jérusalem par Nabuchodonosor (xxxiv ); q ) captivité de Babylone (v, xxu, xxiii , xxv, xxx, xli , xlii , l , lx , LXii, Lxx, Lxxii, lxxvi); r ) retour de la captivité (xxxix, lxiv , lxv, Lxvi, Lxxx); s ) les Macchabées (xliii , xlvi, liv , lv , lvi, Lvn,' LVIII, LIX, LXI, LXVIII, LXXIII, LXXVIII, LXXIX). Tel est le plan humain du psautier. L’ayant soigneusement établi et jalonné, Théodore prend son élan vers de plus hautes régions. David est l’auteur de tous les psaumes 2, il les a composés sous l’inspiration de l’E sprit-Saint3; instrument de cet Esprit, « calame123 1 P. 142, 9-13: Τ ο ύ το yàp μ ά λ ισ τα αφοράν év roîs ψ α λμοίε προσήκει, ό τι έκ τω ν ύποθέσεω ν ëiri κατηχητικήν τ ρ έπ ετα ι π α ρα ίνεσιν... ώ σ τε αναγκαίον μεν ήμΐν εϊδέναι r a s υπο­ θ έ σ ε ι π ρ ο ς γνω σιν τη s τω ν ι/τολμών δυνάμεωε. L ’« argument », quoique souvent m ar­

qué par l’inscription, ne se confond pas avec elle; le commentaire de Théodoret fait état de l’un et de l’autre: aussi bien un scoliaste lui a-t-il reproché d’être d’accord avec Théodore pour rapporter à Sennachérib et au Rapsacès les psau­ mes l i et l u i (T ain. 221 = b . III. 32, f . 3V). Sans nommer Théodore, on peut retenir que c’est lui qui est visé par Cyrille d’Alexandrie à la fin de son prologue sur le ps. x x x ix et dans celui du ps. x l (P. G., L X IX , 980 C 6-7; 992 C). — Les titres de la Peshitta sont des sommaires d’arguments; sur leurs rapports avec Théodore voir l’étude du P. V o s t é , dans Biblica, 1944, p. 210-235; É . A m a n n , dans la Rev. des sc. relig., 1940, p. 502 ss. 2 P . 470, 12: π ά ντεε yàp ο'ι ψαλμο'ι το ύ μακαρίου όιαυϊδ; Cf. ci-dessous, p. 71 η. 1. 3 Cf. index (p. 570); Sp. s. illum inat D a v id is m entem.

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La méthode d’exégèse

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de l’écrivain » 1, il voit l’avenir et il prie 2, n’ayant qu’un seul mo­ bile: l’instruction et l’éducation du peuple de Dieu 3. Qu’il lui arrive, comme aux Voyants de l’Ancien Testament, dont il est le premier, de mêler à ses poèmes les mouvements de son âme bouleversée par les circonstances, rien que de très normal à cela 4, mais un souffle plus puissant l’emporte vers d’autres horizons. S’il décrit les affres de son cœur devant la persécution de Saül, s’il crie son repentir après le péché d’adultère, s’il montre sa douleur quand Absalon se révolte ou que le trahit Achitòfel, ce n ’est pas effet de lassitude ou souci de donner libre cours à des sentiments personnels: c’est d’abord pour marquer la pente et le ressort que devront donner à leurs âmes les fidèles à venir quand ils se trouveront en pareilles conjonctures. Les événements auxquels il est associé durant sa vie et le choc qu’il en reçoit, ceux qui lui sont connus par révélation de l’Esprit-Saint, deviennent pour lui autant de thèmes de prière, de encouragement, de prédication: la douleur, l’acceptation, le bon propos, l ’action de grâces et la joie. Dieu lui fait-il voir la gloire de Salomon? il chante avant son fils les vertus et la majesté du roi pacifique. Lui découvre-t-il les périls courus au moment de l’invasion assyrienne? il rassure la population de Jérusalem et Achaz, il prend l’âme transie de peur et suppliante, puis réconfortée, du roi Ézéchias. Voit-il Jérémie persécuté par le parti égyptien à la veille des succès définitifs de îfabuehodonosor? à travers les souffrances du prophète, c’est la magnanimité de Dieu qui lui apparaît blessée et bafouée, l’heure de la justice, et, derrière elle, le retour sur soi, le repentir et la conversion. Le châtiment qui guérit, voilà donc le prélude aux psaumes de 1 P . 282 (sur XLIV, 2°): ' 0 yà p *άλα (αο; Seî-rat μελανοί, δέίται Sè κα'ι τ ο ΰ y p a é(OS ώ s κα'ι το μέλαν αΰτω όττιβάλΧειν κα'ι κινοΐν irpòs το όκτνπω σαι τ α y ράμματα. Τί,ν μεν ουν γλώσσαν έθηκεν èv τ ά ζ ε ι καλάμου * γρα μ μ α τέα δε κα λεΐ το Πνεύμα το άγιον, ϊν * εν χώ ρα μέλανοε μ τ α έντυπούμενα virò το υ Πνεύματοε. Το yà p Πνεύμα, ώε τ ιε γ ρ α φ εΰ ε άριCTTOS, — το ύ το yàp λ έ γ ε ι γρα μμα τέα , — δίκην μέλανοε -κλήρωσαν την καρδίαν τω ν τη ε άποκαλύφεω ε νοημάτων, έκεΐθεν π α ρ έχει τη γλώ σ σ η λοιπόν το φ θ έ γ γ ε σ θ α ί τ ε κάΐ ώ σπερ γρ ά μ ­ μ α τα διατυποΰν το ΐε λόγοιε καί διαρθρουν τοΊε βουλομένοιε δέχεσθ α ι την ε ξ αυτώ ν ω φ έ­ λεια ν ... θίπώ ν δε γραααατδως όξυγράφου, έδειξε καί το δυνατόν τη ε το υ Πνεύματοε ένεργείαε κα'ι το εύθετον τη ε οίκείαε γ λ ώ ττ η ε . Κα'ι γά ρ ό ξυ γρ ά φ ο ε γρα μμα τεΰε το ιο ΰ το ε άπο τη ε έπ ιστημηε κα θέστη κε τη ε οίκείαε, κα'ι ό χάλααος το υ το ιο ύ το υ ε ξ άνάγκηε το ιο ΰ τό ε έσ τιν ώ σ τε δύνασθαι ά ναλέγειν τη τέχνη το ΰ γρα φ έω ε. r Hv δε τ η ε γ λ ώ ττ η ε το ΰ π ρ ο φ ή το υ τ ο εύθετον ούκ άπο τη ε οίκείαε σ τρ ο φ η ε, άλλ’ άπο τη ε εύ θ ύτη το ε τη ε διανοίαε. N ous avons là toute la thé )iie de Théodore sur l ’inspiration. 2 P. 470, 21-29. 3 Voir index du com m entaire (p. 568): populi felicitas. 4 P. 193, 26-194, 7.

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Chapitre II

la captivité. David, maintenant, se transporte à Babylone pour consoler les captifs et pour entretenir l’espérance du retour; il se fait prisonnier et l’un du petit reste. Puis c’est le retour, l’action de grâces, la restauration du temple et des bonnes mœurs. Enfin, David mène le combat avec les Macchabées contre Antiochus Epiphane, et les sentiments des juifs fidèles s’expriment par lui. David, illuminé par la révélation de l’Esprit-Saint, prenait donc le personnage des divers hommes de l’Ancien Testament dont il voyait se dérouler l’existence à des moments variés de l’histoire sacrée; il se m ettait à leur place, corps et âme, jouait leur rôle et leur montrait l’exemple à suivre. Cette grandiose conception du prophétisme davidique est, à coup sûr, l’une des plus curieuses et des plus originales créations de l’In ­ terprète; elle se retrouve d’un bout à l’autre du Commentaire, pro­ voque et soutient l’attention; — c’est toujours David qui parle, qui voit, qui instruit. Le texte sacré restitué dans sa lettre et dans le cadre de la vision prophétique, d’une part; de l’autre, David et le peuple de Dieu à diverses étapes de son histoire: tels paraissent être, en définitive, les bases et les appuis de l’exégèse des Psaumes, les points d’où Théo­ dore exerce continuellement son regard et ceux que nous ne quitte­ rons pas si nous voulons entendre le psautier avec lui. A cet ordre de grandeur et d’intelligence, il semble néanmoins que va manquer un couronnement, un faîte, et que Théodore en ait pris son parti quand il a affirmé qu’il n’y avait point de « changement de personnes » 1 dans les Psaumes, c’est-à-dire pas d’autres termes que David et les hommes. La rigueur de sa méthode, l’attachement au sens littéral, le soin de dépister d ’un bout à l’autre les fantaisies et les échappatoires de l’école allégorique, allaient-ils donc lui inter­ dire de considérer, à l’encontre de toute la tradition chrétienne, que le Christ était le dernier chaînon de la prophétie"? A lire certains passages de son Commentaire, on pourrait le croire. Il reconnaît bien, il est vrai, que le verset 10 du ps. xv ( N o n d a b i s s a n c t u m t u u m v i d e r e c o r r u p t i o n e m ) rapporté par saint Pierre à la résurrection est une prophétie qui n ’a reçu son plein accomplisse­ ment que dans le C hrist2, mais c’est le seul cas de tropologie qu’il ait retenu. 1 Ci-dessus, p. 66; ef. p. 74. 2 P. 99-100. Il revient sur ce te x te dans le com m entaire do Joël, n , 28 (M. 232 A 8-B 10): ' 0 Sé ye μακάριοε αύτρ (μ α ρ τυ ρ ία ) Π έτρος έ χ ρ ή σ α τ ο ...