Enjeux : monde contemporain. Manuel de l'élève 3e année du 2e cycle du secondaire
 9782761330138, 2761330137

Table of contents :
Dossier 1 – Environnement
INTERPRÉTATION (CD 1): La gestion de l’environnement
Des statistiques alarmantes
Une consommation galopante
La gestion de l’environnement, à la fois solution et problème
Qu’est-ce que la gestion de l’environnement?
Des divergences nationales…
… et des divergences internationales
L’économie et l’environnement: un combat?
Les premiers pas vers le développement durable
VEILLE MÉDIATIQUE
Qu’est-ce que le développement durable?
Les choix qu’implique le développement durable
Réduire son empreinte écologique
Des enjeux aux allures de défis
ENJEU 1 (CD 2): L’utilisation et la consommation des ressources
Quels choix énergétiques devrons-nous faire?
L’augmentation de la population et de la consommation menace-t-elle la planète?
ENJEU 2 (CD 2): L’harmonisation des normes environnementales
À qui revient la responsabilité?
Les solutions mondiales sont-elles possibles?
VEILLE MÉDIATIQUE
SYNTHÈSE DU DOSSIER
MINI-DOSSIER • Le contrôle de l’eau
Dossier 2 – Population
INTERPRÉTATION (CD 1):L’intensification des mouvements migratoires
Un accroissement accéléré des déplacements
La migration
Les normes et les politiques d’immigration
L’immigration clandestine
Les causes de l’émigration
VEILLE MÉDIATIQUE
Les motifs des pays d’accueil
Les enjeux de la migration
ENJEU 1 (CD 2): La gestion de l’expansion urbaine
Les mégalopoles ont-elles les ressources pour gérer l’arrivée massive des migrants?
Les grandes villes favorisent-elles l’intégration?
ENJEU 2 (CD 2): La migration et le monde du travail
Faut-il revoir le monde du travail pour favoriser l’intégration des migrants?
L’immigration est-elle une solution au vieillissement de la population en Occident?
L’immigration: cause de chômage?
VEILLE MÉDIATIQUE
SYNTHÈSE DU DOSSIER
MINI-DOSSIER • La situation des réfugiés
Dossier 3 – Richesse
INTERPRÉTATION (CD 1): La répartition de la richesse
Qu’est-ce qui crée la richesse?
La disparité
La valeur ajoutée: la clé du développement
La concentration des industries du secteur tertiaire
Le cercle heureux de la richesse
Le cercle vicieux de la pauvreté
La mondialisation: ouvrir des frontières économiques
VEILLE MÉDIATIQUE
Des pauvres chez les riches
Les enjeux de la disparité
ENJEU 1 (CD 2): L’équilibre entre la justice sociale et le développement économique
Les mesures internationales pour réduire la pauvreté sont-elles suffisantes?
Répartir la richesse nationale pour plus de justice sociale
ENJEU 2 (CD 2): Le contrôle des ressources
Comment les États pauvres peuvent-ils mieux contrôler leurs ressources naturelles?
Les pays riches devront-ils protéger certaines de leurs ressources techniques de pointe?
VEILLE MÉDIATIQUE
SYNTHÈSE DU DOSSIER
MINI-DOSSIER • Le pouvoir des multinationales
Dossier 4 – Pouvoir
INTERPRÉTATION (CD 1): Les pouvoirs des États
L’État, un concept moderne
Qu’est-ce que l’État?
VEILLE MÉDIATIQUE
La naissance d’une communauté internationale
La mondialisation et l’État
La redéfinition des pouvoirs de l’État
ENJEU 1 (CD 2): La capacité d’action des États
La dépendance économique limite-t-elle la capacité d’action des États?
Les États sont-ils vulnérables?
La planète Internet
ENJEU 2 (CD 2): La souveraineté des États et les regroupements économiques ou politiques
Les grandes alliances sont-elles profitables?
Le modèle européen: prélude à la gouvernance mondiale?
VEILLE MÉDIATIQUE
SYNTHÈSE DU DOSSIER
MINI-DOSSIER • La gouvernance mondiale
Dossier 5 – Tensions et conflits
INTERPRÉTATION (CD 1): Les interventions extérieures en territoire souverain
Les interventions
Les interventions armées légales
Les interventions armées illégales
Les interventions non armées
VEILLE MÉDIATIQUE
Les interventions humanitaires
La légitimité des interventions extérieures
ENJEU 1 (CD 2): L’application du principe d’assistance humanitaire
Qu’est-ce que l’assistance humanitaire?
L’aide humanitaire inclut-elle la protection des droits humains?
ENJEU 2 (CD 2): L’intérêt des intervenants versus l’intérêt des populations
Les interventions faites au nom des droits humains atteignent-elles leur but?
VEILLE MÉDIATIQUE
SYNTHÈSE DU DOSSIER
MINI-DOSSIER: Les droits humains
Atlas
CARTES PHYSIQUES ET POLITIQUES
Le monde – PHYSIQUE
Le monde – POLITIQUE
L’Amérique du Nord – PHYSIQUE
L’Amérique du Nord – POLITIQUE
Le Canada – PHYSIQUE
Le Canada – POLITIQUE
Le Québec – PHYSIQUE
Le Québec – POLITIQUE
Les États-Unis – PHYSIQUE
Les États-Unis – POLITIQUE
L’Amérique centrale – PHYSIQUE
L’Amérique centrale – POLITIQUE
L’Amérique du Sud – PHYSIQUE
L’Amérique du Sud – POLITIQUE
L’Europe – PHYSIQUE
L’Europe – POLITIQUE
L’Afrique – PHYSIQUE
L’Afrique – POLITIQUE
L’Asie – PHYSIQUE
L’Asie – POLITIQUE
L’Océanie – PHYSIQUE
L’Océanie – POLITIQUE
CARTES THÉMATIQUES
La densité de population mondiale et les grands foyers de population
Le produit intérieur brut (PIB) par habitant dans le monde
L’indice de développement humain (IDH) dans le monde
Le taux d’alphabétisation dans le monde
La production de pétrole dans le monde
CARTES GÉOPOLITIQUES
Les grands regroupements économiques internationaux
Les pays membres de l’APEC
Les pays membres de l’OTAN et des partenariats de l’OTAN
Les pays membres de l’Union européenne
Le Moyen-Orient
Techniques et méthodologie
La démarche de recherche
Interpréter un document écrit ou audiovisuel
Interpréter un document iconographique
Bâtir un dossier documentaire
Noter la source d’un document
La fiche citation
Les principaux éléments d’une ligne du temps
Les principaux éléments d’une carte
Les principaux éléments d’un tableau à entrées multiples
Les principaux éléments d’un diagramme
La démarche d’argumentation
Participer à un débat
Glossaire-Index
Sources iconographiques

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:: enjeux ::

m o n d e 3e ANNÉE DU 2e CYCLE DU SECONDAIRE

:: enjeux ::

MANUEL DE L’ÉLÈVE

contemporain :: enjeux ::

3e ANNÉE DU 2e CYCLE DU SECONDAIRE

:: enjeux

Consultants pédagogiques

Directrice à l’édition Françoise Genest

Brigitte Audet, enseignante, école Marie-Rivier, commission scolaire des Chênes

Chargés de projet Lucie Choquette Maria-Christina Jiménez Marie Sylvie Legault Jean-François Vigneault

Guy Bordeleau, enseignant, école secondaire des Pionniers, commission scolaire du Chemin-du-Roy Michel Lamarche, enseignant, école secondaire Félix-Leclerc, commission scolaire Marguerite-Bourgeoys Philippe Lamoureux, enseignant, école secondaire Mont-Royal, commission scolaire Marguerite-Bourgeoys

Réviseurs linguistiques Sylvain Archambault Diane Plouffe

Marc-Olivier Mailhot, enseignant, collège Marie-Reine, Montréal Sophie Pineau, école secondaire Mont-Bruno, commission scolaire des Patriotes

Correctrices d’épreuves Natacha Auclair Isabelle Rolland Marie Théorêt Céline Vangheluwe

Jean-Sébastien Roberge, enseignant, collège du Sacré-Cœur, Sherbrooke Consultants scientifiques

Coordonnateur − droits et reproductions Pierre Richard Bernier

Sami Aoun, professeur titulaire à l’École de politique appliquée, Université de Sherbrooke

Recherchistes (photos et droits) Élisabeth Côté Jocelyne Gervais Marie-Chantal Masson

Renaud Bouret, professeur d’économie et de méthodes quantitatives, cégep de l’Outaouais

Directrice artistique Hélène Cousineau

Jean-François Comeau, biologiste, M. Env. François Crépeau, professeur, chaire Hans et Tamar Oppenheimer de droit international public, Université McGill

Coordonnatrice aux réalisations graphiques Sylvie Piotte Conception graphique et édition électronique Frédérique Bouvier Benoit Pitre Couverture Frédérique Bouvier Cartographe Groupe Colpron L’éditeur tient à remercier Philippe Rekacewicz pour sa contribution à la cartographie de ce manuel. © ÉDITIONS DU RENOUVEAU PÉDAGOGIQUE INC., 2010

Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2010 Dépôt légal – Bibliothèque et Archives Canada, 2010 Imprimé au Canada ISBN 978-2-7613-3013-8

1234567890 II 19876543210 11119 ABCD OSR12

Par souci d’environnement, ce manuel est imprimé sur du papier contenant 10 % de fibres recyclées postconsommation.

TA B L E D E S M AT I È R E S

I

TabLe des matiÈres Vue d’ensemble du manuel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . VII Enjeux et le programme Monde contemporain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XIV LES GRANDS DÉFIS DU MONDE CONTEMPORAIN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XVI LE QUÉBEC DANS LE MONDE CONTEMPORAIN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XVIII LA SCÈNE INTERNATIONALE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XX

Dossier 1 – environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

2

INTERPRÉTATION (CD 1)

Environnement

La gestion de l’environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Des statistiques alarmantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Une consommation galopante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 La gestion de l’environnement, à la fois solution et problème . . . . . . . . . . . . . 8 Qu’est-ce que la gestion de l’environnement ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Des divergences nationales... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 ... et des divergences internationales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 L’économie et l’environnement : un combat ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 Les premiers pas vers le développement durable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 VeiLLe MédiaTiQue . . . . . . 20 Qu’est-ce que le développement durable ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Les choix qu’implique le développement durable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Réduire son empreinte écologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 Des enjeux aux allures de défis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 ENJEU 1 (CD 2)

L’utilisation et la consommation des ressources . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 Quels choix énergétiques devrons-nous faire ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 L’augmentation de la population et de la consommation menace-t-elle la planète ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 ENJEU 2 (CD 2)

L’harmonisation des normes environnementales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46 À qui revient la responsabilité ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46 Les solutions mondiales sont-elles possibles ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53 VeiLLe MédiaTiQue . . . . . . 58 SYNTHÈSE DU DOSSIER . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 MINI-DOSSIER • Le contrôle de l’eau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62

Dossier 2 – population . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

68

INTERPRÉTATION (CD 1)

L’intensification des mouvements migratoires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Un accroissement accéléré des déplacements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La migration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les normes et les politiques d’immigration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’immigration clandestine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les causes de l’émigration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . VeiLLe MédiaTiQue . . . . . . Les motifs des pays d’accueil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les enjeux de la migration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

70 70 72 76 79 80 84 91 94

Population

III

IV

I

TA B L E D E S M AT I È R E S

TabLe des matiÈres ENJEU 1 (CD 2)

La gestion de l’expansion urbaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94 Les mégalopoles ont-elles les ressources pour gérer l’arrivée massive des migrants ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94 Les grandes villes favorisent-elles l’intégration ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102 ENJEU 2 (CD 2)

La migration et le monde du travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Faut-il revoir le monde du travail pour favoriser l’intégration des migrants ? . . . . L’immigration est-elle une solution au vieillissement de la population en Occident ? L’immigration : cause de chômage ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . VeiLLe MédiaTiQue . . . . . SYNTHÈSE DU DOSSIER . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . MINI-DOSSIER • La situation des réfugiés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Richesse

Dossier 3 – richesse

108 108 114 116 120 122 124

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130

INTERPRÉTATION (CD 1)

La répartition de la richesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Qu’est-ce qui crée la richesse ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La disparité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La valeur ajoutée : la clé du développement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La concentration des industries du secteur tertiaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le cercle heureux de la richesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le cercle vicieux de la pauvreté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La mondialisation : ouvrir des frontières économiques . . . . . . . . . . . . . . . . . VeiLLe MédiaTiQue . . . . . Des pauvres chez les riches . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les enjeux de la disparité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

132 132 134 141 143 143 145 149 156 158 160

ENJEU 1 (CD 2)

L’équilibre entre la justice sociale et le développement économique . . . 160 Les mesures internationales pour réduire la pauvreté sont-elles suffisantes ? . . . 160 Répartir la richesse nationale pour plus de justice sociale . . . . . . . . . . . . . . 173 ENJEU 2 (CD 2)

Pouvoir

Le contrôle des ressources . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Comment les États pauvres peuvent-ils mieux contrôler leurs ressources naturelles ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les pays riches devront-ils protéger certaines de leurs ressources techniques de pointe ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . VeiLLe MédiaTiQue . . . . . SYNTHÈSE DU DOSSIER . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . MINI-DOSSIER • Le pouvoir des multinationales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

178

Dossier 4 – pouvoir. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

204

178 192 194 196 198

INTERPRÉTATION (CD 1)

Les pouvoirs des États . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’État, un concept moderne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Qu’est-ce que l’État ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . VeiLLe MédiaTiQue . . . . .

206 206 208 222

TA B L E D E S M AT I È R E S

La naissance d’une communauté internationale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 224 La mondialisation et l’État . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 226 La redéfinition des pouvoirs de l’État . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 230 ENJEU 1 (CD 2)

La capacité d’action des États . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La dépendance économique limite-t-elle la capacité d’action des États ? . . . Les États sont-ils vulnérables ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La planète Internet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

230 230 238 244

ENJEU 2 (CD 2)

La souveraineté des États et les regroupements économiques ou politiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 246 Les grandes alliances sont-elles profitables ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 246 Le modèle européen : prélude à la gouvernance mondiale ? . . . . . . . . . . . . 253 VeiLLe MédiaTiQue . . . . . 260 SYNTHÈSE DU DOSSIER . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 262 MINI-DOSSIER • La gouvernance mondiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 264

Dossier 5 – tensions et conflits

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 270

INTERPRÉTATION (CD 1)

Les interventions extérieures en territoire souverain . . . . . . . . . . . . . . . . Les interventions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les interventions armées légales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les interventions armées illégales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les interventions non armées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . VeiLLe MédiaTiQue . . . . . Les interventions humanitaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La légitimité des interventions extérieures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

272 272 276 285 289 290 292 295

Tensions et conflits

ENJEU 1 (CD 2)

L’application du principe d’assistance humanitaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . 296 Qu’est-ce que l’assistance humanitaire ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 296 L’aide humanitaire inclut-elle la protection des droits humains ? . . . . . . . . . 306 ENJEU 2 (CD 2)

L’intérêt des intervenants versus l’intérêt des populations . . . . . . . . . . . 311 Les interventions faites au nom des droits humains atteignent-elles leur but ? . 311 VeiLLe MédiaTiQue . . . . . 322 SYNTHÈSE DU DOSSIER . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 324 MINI-DOSSIER • Les droits humains . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 326

atlas

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 333

CARTES PHYSIQUES ET POLITIQUES

Le monde – PHYSIQUE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le monde – POLITIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’Amérique du Nord – PHYSIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’Amérique du Nord – POLITIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

334 336 338 339

Atlas

I

V

VI

I

TA B L E D E S M AT I È R E S

TabLe des matiÈres Le Canada – PHYSIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le Canada – POLITIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le Québec – PHYSIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le Québec – POLITIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les États-Unis – PHYSIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les États-Unis – POLITIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’Amérique centrale – PHYSIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’Amérique centrale – POLITIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’Amérique du Sud – PHYSIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’Amérique du Sud – POLITIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’Europe – PHYSIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’Europe – POLITIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’Afrique – PHYSIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’Afrique – POLITIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’Asie – PHYSIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’Asie – POLITIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’Océanie – PHYSIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’Océanie – POLITIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

340 342 344 345 346 347 348 349 350 351 352 353 354 355 356 357 358 359

CARTES THÉMATIQUES

La densité de population mondiale et les grands foyers de population . . . . Le produit intérieur brut (PIB) par habitant dans le monde. . . . . . . . . . . . . . L’indice de développement humain (IDH) dans le monde. . . . . . . . . . . . . . . Le taux d’alphabétisation dans le monde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La production de pétrole dans le monde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

360 362 364 366 368

CARTES GÉOPOLITIQUES

Techniques et méthodologie

Les grands regroupements économiques internationaux . . . . . . . . . . . . . . . Les pays membres de l’APEC. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les pays membres de l’OTAN et des partenariats de l’OTAN . . . . . . . . . . . . Les pays membres de l’Union européenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le Moyen-Orient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

370 372 374 376 377

techniques et méthodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

379 380 382 383 383 384 385 386 387 388 388 390 391

La démarche de recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Interpréter un document écrit ou audiovisuel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Interpréter un document iconographique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Bâtir un dossier documentaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Noter la source d’un document. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La fiche citation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les principaux éléments d’une ligne du temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les principaux éléments d’une carte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les principaux éléments d’un tableau à entrées multiples . . . . . . . . . . . . . . Les principaux éléments d’un diagramme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La démarche d’argumentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Participer à un débat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

GLOSSAIRE-INDEX . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 393 SOURCES ICONOGRAPHIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 403

VUE D’ENSEMBLE DU MANUEL

I

VII

Vue d’ensemBle du ManueL premières pages du manuel XIV

I

ENJEUX ET LE PROGRAMME MONDE CONTEMPORAIN

ENJEUX ET LE PROGRAMME MONDE CONTEMPORAIN

I

Le tableau enjeux et le programme Monde contemporain résume les grandes lignes du programme et fait le lien avec le contenu du manuel Enjeux.

XV

ENJEUX ET LE PROGRAMME MONDE CONTEMPORAIN Dossier

Environnement

Angle d’entrée et objet d’interprétation La gestion de l’environnement, p. 4

Concept central Développement durable, p. 18

Les choix économiques, politiques et sociaux dans la gestion de l’environnement

Concepts particuliers Consommation, p. 44 Dépendance, p. 29

Population

Migration, p. 72

Culture, p. 102

L’augmentation de la population et de la consommation menace-t-elle la planète ?, p. 40 L’harmonisation des normes environnementales, p. 46

À qui revient la responsabilité ?, p. 46

La gestion de l’expansion urbaine, p. 94

Les mégalopoles ont-elles les ressources pour gérer l’arrivée massive des migrants ?, p. 94

Les solutions mondiales sont-elles possibles ?, p. 53

Délocalisation, p. 117

Les mutations économiques et sociales liées à l’intensification des mouvements migratoires

Les grandes villes favorisent-elles l’intégration ?, p. 102

Diaspora, p. 86 Réseau, p. 80 Urbanisation, p. 94

Perspectives sur l’enjeu Quels choix énergétiques devrons-nous faire ?, p. 28

Régulation, p. 48 Responsabilité, p. 46

L’intensification des mouvements migratoires, p. 70

Enjeux (objets de prise de position) L’utilisation et la consommation des ressources, p. 28

La migration et le monde du travail, p. 108

Faut-il revoir le monde du travail pour favoriser l’intégration des migrants ?, p. 108 L’immigration est-elle une solution au vieillissement de la population en Occident ?, p. 114

XVI  I  Les grands défis du monde contemporain

    Les grands défis du monde contemporain  I  XVII

L’immigration : cause de chômage ?, p. 116

Richesse

La répartition de la richesse, p. 132

Disparité, p. 134

La disparité dans la répartition de la richesse

Concentration, p. 143 Développement économique, p. 141

Les mesures internationales pour réduire la pauvreté Les grands défis sont-elles suffisantesdu ?, p. 160 monde contemporain

L’équilibre entre la justice sociale et le développement économique, p. 160

Justice sociale, p. 160

Les pouvoirs des États, p. 206

État, p. 208

La redéfinition des pouvoirs des États

Droit international, p. 210

La capacité d’action des États, p. 230

Gouvernance, p. 217

Uniformisation, p. 256

Tensions et conflits

Les interventions extérieures en territoire souverain, p. 272

Intervention, p. 272

La légitimité des interventions extérieures dans des zones de tensions et de conflits

Diplomatie, p. 314 Droits humains, p. 306 Idéologie, p. 288 Ingérence, p. 273 Revendication, p. 305

La dépendance économique limite-t-elle la capacité d’action des États ?, p. 230

La Gestion De L’environnement

Les États sont-ils vulnérables ?, p. 238

Intégration, p. 224 Souveraineté, p. 209

En 2008, le produit intérieur brut moyen par habitant des 10 pays les plus riches était de 51 269 $ US par année ; celui des 10 pays les plus pauvres se chiffrait à 620 $ US ! Ces données illustrent bien la disparité dans la répartition de la richesse. Si la mondialisation a permis à certains pays de se développer, elle n’a pas profité à tous. En Afrique subsaharienne, qui peine à contrôler ses ressources, le taux d’extrême pauvreté dépasse toujours les 50 %. Et tandis que la communauté internationale tente avec difficulté de combattre la pauvreté, les écarts entre riches et pauvres se creusent aussi au sein des pays les plus développés. Assurer une meilleure justice sociale reste un défi pour les gouvernements qui doivent veiller à une redistribution équitable des richesses.

écartsp.entre Le contrôle des ressources, 178

Ressources, p. 138

Pouvoir

Des pauvres de plus en plus pauvres

Répartir la richesse nationale pour plus de justice sociale, p. 173 Gestion environnementale, mouvements migratoires, riches et pauvres, Comment les États pauvresmondialisation, peuvent-ils mieux contrôlerconflits leursde ressources ?, p. 178 entre États, autant défisnaturelles qui interpellent à la fois les citoyens et les grands de la scène internationale. Les paysacteurs riches devront-ils protéger certaines de leurs ressources techniques de pointe ?, p. 192 Des défis qui façonnent le monde contemporain.

Flux, p. 155

La souveraineté des Étatsdéfis et les planétaires Les grandes alliances sont-elles profitables ?, p. 246 Des regroupements économiques ou d’hectares de forêt disparaissent, modèle européen : prélude à la gouvernance mondiale ?, politiques, p. 246 Chaque année, 13 millions Le une déforestation qui menace p. 253l’équilibre écologique. En 2009, la désertification touchait 36 millions de kilomètres L’application du principe carrés d’assistance et on comptait 1,2 milliard de personnes n’ayant pas Qu’est-ce que l’assistance humanitaire ?, p. 296 humanitaire, p. 296 accès à l’eau potable. Sous l’effet des émissions de gaz à effet de serre, le climat de la planète se réchauffe. Voilà L’aide humanitaire inclut-elle la protection des quelques-uns des problèmes environnementaux du monde droitsnationale humains ?,etp.internationale, 306 contemporain. Sur les scènes les dirigeants et experts du monde entier sont confrontés L’intérêt des intervenants versus l’intérêt aux défis de la gestion deLes l’environnement et au à ceux du droits humains interventions faites nom des des populations, p.développement 311 durable, comme la préservation resatteignent-elles leur but ?, des p. 311 sources, la réduction de la consommation ou les nouveaux choix énergétiques. Mais à qui revient la responsabilité de ces actions ? Aux citoyens ? Aux entreprises ? Aux gouvernements ? Les solutions internationales sont-elles possibles ? Les États parviendront-ils à un consensus ?

Les pouvoirs Des États

La souveraineté menacée ? Accords de libre-échange, alliances militaires, économiques ou politiques, les États multiplient les ententes internationales dont ils doivent respecter les règles. Ces institutions et ces regroupements internationaux acquièrent ainsi un pouvoir d’ingérence dans plusieurs aspects des affaires de ces États. En adhérant à de tels regroupements ou en signant des traités, ces États voient donc une partie de leur souveraineté leur échapper. Mais l’adhésion à des alliances internationales n’est pas la seule menace à la souveraineté et à la capacité d’action des États. Ceux-ci doivent aussi composer avec des menaces externes ou internes comme les invasions militaires, le cyberterrorisme, les embargos, la dépendance économique vis-à-vis des entreprises et des grandes institutions mondiales. Plus que jamais, les États font face à la redéfinition de leurs pouvoirs.

L’intensification Des mouvements miGratoires

Les pages Les grands défis du monde contemporain introduisent les cinq thèmes à l’étude dans le manuel Enjeux.

XVIII  I  Le Québec dans Le monde contemporain

Le Québec dans le monde contemporain

La rÉpartition De La richesse

Des migrations qui transforment le monde

Les interventions extÉrieures en territoire souverain

De 1965 à 2010, le nombre de personnes vivant à l’extérieur de leur pays d’origine est passé de 75 millions à 200 millions, soit environ 3 % de la population mondiale. Avec le développement des nouvelles technologies et la mondialisation, les flux migratoires s’intensifient. Les gens migrent pour étudier, travailler ou encore pour fuir l’oppression ou des conflits armés. Venant pour la plupart de pays pauvres, les migrants tentent d’améliorer leur sort dans des pays plus riches. D’autres migrent des régions rurales vers les grandes villes de leur pays. Ces déplacements de population provoquent des changements sociaux. Ils posent des défis de gestion urbaine et aussi d’intégration sociale et culturelle dans les pays d’accueil. Mais pour les immigrants, le principal défi reste l’obtention d’un travail.

Des interventions parfois critiquées Invasion militaire, sanctions économiques, acheminement de vivres, déploiement d’équipes médicales ou d’observateurs internationaux, les interventions en territoire souverain sont fréquentes et variées. Elles sont souvent faites au nom du principe d’assistance humanitaire à des populations victimes de catastrophes naturelles, de persécutions ou de conflits armés. La souveraineté de l’État sur son territoire est pourtant reconnue par le droit international, qui interdit en outre l’ingérence dans les affaires d’un État, sauf dans quelques cas bien définis. Les interventions en territoire souverain menées sans l’accord de l’État, mais au nom des droits et de la sécurité des civils, soulèvent donc l’opposition entre l’intervention légitime et l’intervention illégale. Elles sont aussi parfois l’objet de critiques. Car l’intérêt des intervenants et celui des populations secourues ne convergent pas toujours.

    Le Québec dans Le monde contemporain  I  XIX

La réPartItIon de La rIchesse

combattre la pauvreté Problèmes environnementaux, défis liés à l’immigration, pauvreté, mondialisation, conflits armés, ces grands défis planétaires du monde contemporain sont aussi au cœur de la vie des Québécois. La gestIon de L’envIronnement

Le recyclage en crise ? La gestion de l’environnement, qui préoccupe la communauté internationale, apporte aussi son lot de défis sur la scène nationale. Un exemple ? Le recyclage des déchets. Au Québec, le recyclage, qui a augmenté de façon spectaculaire de 288 % entre 1990 et 2008, est victime des soubresauts de l’économie ! La valeur de certaines matières recyclables a chuté dramatiquement en raison de la crise économique de 2008-2009 : le prix du carton est passé de 140 $ à 20 $ la tonne et celui de l’aluminium, de 2000 $ à 200 $ la tonne. Par conséquent, les centres de recyclage ne réussissent plus à écouler leurs stocks, les entrepôts débordent et des dizaines de milliers de tonnes de matières recyclables demeurent entreposées à l’extérieur.

L’IntensIfIcatIon des mouvements mIgratoIres

Intégrer les travailleurs immigrants Aux quatre coins du monde, les migrations s’intensifient. Terres d’immigration, le Québec et le Canada doivent s’adapter à cette réalité qui soulève certains problèmes, comme celui de l’intégration professionnelle des personnes ayant obtenu leur diplôme dans un autre pays. Au Québec, plusieurs ordres professionnels, comme ceux des ingénieurs, des architectes et des médecins, ont déjà pris des mesures pour mieux intégrer ces professionnels immigrants. Le gouvernement a investi des sommes d’argent pour que ces derniers aient accès à des formations d’appoint ou de remise à niveau. Ci-contre, des nouveaux arrivants au Québec, infirmiers dans leur pays d’origine, suivent une formation de ce type au cégep pour pouvoir pratiquer la profession d’infirmier ou d’infirmière au Québec. En novembre 2009, ils tenaient un kiosque d’information au cégep de Granby—Haute-Yamaska.

On trouve des écarts de richesse partout dans le monde, et ce, au sein même des pays riches comme le Canada. Au Québec, par exemple, certaines familles vivent sous le seuil de la pauvreté. Certaines ne reçoivent qu’un maigre revenu basé sur le salaire minimum ou des prestations du programme d’aide sociale du gouvernement, une aide destinée à couvrir les besoins fondamentaux.

Les pages Le Québec dans le monde contemporain expliquent comment les défis planétaires du monde contemporain sont également au cœur du quotidien des Québécois.

Chaque matin, dans 244 écoles primaires, 15 000 enfants reçoivent un repas offert par le Club des petits déjeuners du Québec. Fondée en 1994, cette organisation est aujourd’hui partenaire du Programme alimentaire mondial des Nations unies. Son but : offrir un petit déjeuner nutritif à des enfants qui, issus de familles à faible revenu, risqueraient autrement de commencer leur journée scolaire le ventre vide.

Les PouvoIrs des états

Le bois d’œuvre québécois et canadien au cœur d’un litige En signant des accords internationaux, les États acceptent de se conformer aux règles qui en découlent, et ce, parfois au détriment de leurs pouvoirs. Un exemple ? Le bois d’œuvre canadien. Dans les années 1990, le gouvernement américain impose des droits de douane élevés et des quotas au bois canadien, malgré l’abolition des tarifs douaniers prévus par l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). Il accuse le Canada de subventionner l’industrie forestière, permettant aux producteurs cana canadiens de vendre leur bois moins cher sur le marché américain. Le Canada fait arbitrer la dispute par l’Organisation mondiale du commerce (OMC). En 2006, une entente intervient : le Canada doit modifier X X I Lses A pratiques. S C È N E I N T E R N AT I O N A L E Les quotas et tarifs douaniers américains ont entraîné la fermeture de nombreuses scieries au Québec. Des milliers de Québécois ont ainsi perdu leur emploi. Ci-contre, une scierie de Saguenay.

L A S C È N E I N T E R N AT I O N A L E

Les InterventIons extérIeures eures en terrItoIre souveraIn

I

XXI

La scène internationale

des es Québécois au front Même si les Québécois et les Canadiens ne subissent pas la guerre sur leur territoire, les soldats de l’armée canadienne, dont de nombreux Québécois, participent, eux, à des interventions armées en territoire sou souverain. Au début de l’année 2010, 2850 militaires canadiens combattaient les forces talibanes en Afghanistan au sein de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) dirigée par l’OTAN.

Les grands défis auxquels le monde contemporain doit faire face et les enjeux qui en découlent ont des répercussions dans le monde entier. Ils interpellent non seulement les États et leurs citoyens, mais aussi l’ensemble des membres de la communauté internationale qui doivent conjuguer leurs efforts pour parvenir à des consensus et pour trouver des solutions à des problèmes devenus planétaires.

Cette action militaire a toutefois un prix humain élevé. Entre 2002 et février 2010, 144 Canadiens ont perdu la vie en Afghanistan : 140 militaires, 2 travailleuses humanitaires, 1 journaliste et 1 diplomate. Août 2009 : les Forces canadiennes rapatrient les corps du caporal Christian Bobbitt, 23 ans, et du sapeur Mathieu Allard, 20 ans, du 2e bataillon du 22e régiment de Valcartier, Québec.

Mais qui sont ces acteurs de la scène internationale ? Quelles sont les grandes organisations et institutions qui constituent ce que l’on appelle la communauté internationale ? Quelle est leur mission, quel est leur rôle ? Quels États en sont membres ? De quels outils et institutions ces communautés d’États disposent-elles pour élaborer et imposer de nouvelles règles ? Quelles sont les principales alliances dans lesquelles se regroupent les États ? Les fiches de ce dossier font le tour de la scène internationale.

La section La scène internationale présente les principaux acteurs de la communauté internationale. À consulter 01 Le Conseil de sécurité

La salle du Conseil de sécurité de l’ONU, New York, États-Unis. Réunion du 24 septembre 2009.

L’Organisation des Nations unies (ONU) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XXII Les fonds, programmes et agences du système des Nations unies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XXVI Les grands acteurs économiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XXX Les grandes alliances internationales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XXXII Les organisations non gouvernementales (ONG) . . . . . . . . . . XXXIV

VIII

I

VUE D’ENSEMBLE DU MANUEL

Vue d’ensemBle du ManueL pages d’ouverture d’un dossier

Le thème du dossier.

La photo d’ouverture du dossier.

popula population tion

2

D O S S I E R

:: enjeux :: LE PASSEPORT :: enjeux :: LE PASSEPORT :: SELON :: enjeux :: SELON :: enjeux :: QUÉBEC :: enjeux :: enjeux2011 RAPPORT RAPPORT DE L’UNHCR DE: L’UNHCR 42 MILLIONS : 42 MILLIONS DE RÉFUGIÉS DE RÉFUGIÉS DANS LE MONDE DANS LE MONDE BIOMÉTRIQUE BIOMÉTRIQUE AU CANADA AUDÈS CANADA 2011 ::DÈS L’OIM, ON L’OIM, COMPTE ON200 COMPTE MILLIONS 200 MILLIONS DE MIGRANTS DE MIGRANTS DANS LE MONDE DANS LE MONDE : 34 QUÉBEC ORDRES : 34PROFESSIONNELS ORDRES PROFESSIONNELS EN PROIE À ENUNE PROIE PÉNURIE À UNEDE PÉNURIE MAIN-D’ŒUV DE M

Le numéro du dossier.

SOMMAIRE

Des réfugiés fuient vers la République démocratique du Congo pour échapper aux violences de la guerre civile du Rwanda.

CONCEPTS

INTERPRÉTATION (CD 1) L’intensification des mouvements migratoires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 ENJEU 1 (CD 2) La gestion de l’expansion urbaine . . . . . 94 ENJEU 2 (CD 2) La migration et le monde du travail . . . 108

SYNTHÈSE DU DOSSIER . . . . . . . . . 122

Migration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72

MINI-DOSSIER La situation des réfugiés . . . . . . . . . . . 124

Culture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102 Délocalisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117 Diaspora . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86

VEILLE MÉDIATIQUE . . . . . . . . . . . . . . 84

Réseau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80

VEILLE MÉDIATIQUE . . . . . . . . . . . . . 120

Urbanisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94

Le sommaire présente le contenu du dossier.

La liste des concepts précise le concept central et les concepts particuliers à l’étude tout au long du dossier. chaque renvoi de page indique à quel endroit dans le dossier le concept est principalement abordé.

VUE D’ENSEMBLE DU MANUEL

interprétation

70

I

DOSSIER 2

I

I

P O P U L AT I O N

I N T E R P R É TAT IO N

L’intensification des mouvements

Le titre de l’interprétation.

migratoires Le nom de la journaliste qui a rédigé les textes du dossier.

par Bianca Joubert

Des milliers d’ouvriers polonais ou hongrois qui circulent entre la France, la Belgique ou l’Allemagne grâce aux frontières ouvertes de l’Union européenne. Plus de 4500 saisonniers mexicains qui viennent au Québec chaque année travailler dans les champs. Au total : 42 millions de personnes qui fuient les catastrophes climatiques ou la violence et s’entassent pour la plupart dans des camps de réfugiés. Des centaines de milliers de paysans indiens ou chinois qui quittent leur village pour aller tenter leur chance, souvent en vain, dans une mégalopole comme Mumbay ou Chongqing. De plus en plus d’Africains qui risquent chaque année leur vie en mer pour atteindre les rives européennes… Si l’immigration existe depuis fort longtemps, ces scènes aujourd’hui courantes démontrent l’intensification des mouvements migratoires à l’échelle mondiale au cours des dernières années. Parfois au péril de leur vie, les populations se déplacent, volontairement ou non, le plus souvent pour améliorer leur sort. Ces mouvements de population façonnent le monde contemporain et entraînent des changements profonds au sein des sociétés, appelées à relever de nouveaux défis d’intégration. Ces défis les amènent à se pencher sur des enjeux très importants tels la gestion de l’expansion urbaine et la migration et le monde du travail.

Un accroissement accéléré des déplacements Les migrations humaines ont toujours été au cœur de l’histoire et elles ont permis

enjeux 1 et 2

94

I

DOSSIER 2

I

Dans la région de l’Estrie, au Québec, près de 50 % des nouveaux arrivants sont des réfugiés. Depuis les années 1970, des réfugiés de plus de 80 nationalités — Chiliens, Vietnamiens, Colombiens, ex-Yougoslaves, etc. — contribuent à une mixité culturelle qui enrichit la région. L’Estrie a pu compter au fil des décennies sur l’apport d’immigrés enseignants, professionnels de la santé, ouvriers, investisseurs. La ville de Sherbrooke abrite la deuxième communauté afghane de la province en importance, avec 900 Afghans.

Le numéro de l’enjeu.

I

DOSSIER 2

I

P O P U L AT I O N

racines étrangères. La ville tient d’ailleurs chaque année le Carnaval des cultures, un événement haut en couleur auquel participent les 180 communautés culturelles qui cohabitent dans la ville allemande. Une diversité culturelle qui se vit aussi à Montréal grâce à de nombreux événements et festivals socioculturels. Mais au-delà de la diversité culturelle et des rencontres artistiques, les immigrants qui composent près du tiers de la population des grandes villes contribuent également à la vie économique, scientifique, politique et administrative. À l’heure de la mondialisation, les grandes métropoles

2

ENJEU

1

ENJEU

favoriser le dialogue interculturel

Née en Pennsylvanie, aux États-Unis, Jane Jacobs passe la majeure partie de sa vie à Toronto, où elle participe à l’aménagement de la ville et à la création d’espaces urbains conviviaux, qu’elle voit comme des lieux de rassemblement et d’échanges interculturels et sociaux. Au cours de sa carrière, elle révolutionne la conception des villes nordaméricaines en valorisant les centres-villes et les quartiers multiethniques et dynamiques. Elle considère les villes comme des communautés économiques, sociales et culturelles et, à ses yeux, l’urbanisme doit traiter tous ces éléments à la fois.

Des infirmières philippines recrutées par la Suisse pour remédier à une pénurie de main-d’œuvre. Des médecins malawites plus nombreux à Manchester, en Angleterre, que dans tout le Malawi… Des milliers de travailleurs immigrants gonflent les statistiques de l’emploi, mais aussi du chômage. Les migrants doivent franchir de nombreux obstacles pour trouver du travail, condition pourtant essentielle à leur intégration. Les pays occidentaux, quant à eux, ont besoin des travailleurs migrants, mais ils doivent aussi composer avec les pertes d’emplois découlant de la mondialisation. Dans ce contexte, faut-il revoir le monde du travail pour favoriser l’intégration des migrants ? L’immigration est-elle une solution au vieillissement de la population en Occident ? L’immigration est-elle cause de chômage dans les pays d’accueil ?

Pas facile d’immigrer et de s’intégrer dans une nouvelle culture et une nouvelle

Les enjeux de la migration Pour trouver des solutions aux problèmes sociaux et économiques qu’engendrent les migrations, les pouvoirs publics n’ont d’autre choix que de mettre les migrations à l’ordre du jour. Les défis liés à l’intensification des mouvements migratoires sont planétaires et donnent lieu à des enjeux majeurs tels que la gestion de l’expansion urbaine et la migration et le monde du travail.

La gestion de l’expansion urbaine

Le dernier paragraphe de tous les textes d’interprétation ouvre sur les deux enjeux.

Le titre de l’enjeu.

PORTRAIT

Jane Jacobs (1916-2006)

La migration et le monde du travail

Faut-il revoir le monde du travail pour favoriser l’intégration des migrants ?

le peuplement diversifié des continents. Ces dernières décennies, elles ont toutefois connu un développement fulgurant. Actuellement, environ 200 millions de personnes se trouvent à l’extérieur du pays où elles sont nées, soit environ 3 %

P O P U L AT I O N

L’apport culturel des réfugiés

108

L’introduction de l’interprétation présente le problème à l’étude et se termine toujours par l’énoncé précis des deux enjeux qui seront abordés dans le dossier.

société. La majorité des immigrants éprouvent des difficultés d’adaptation. Mais tout comme les experts de cette question, ils sont unanimes sur un point : le travail est le facteur le plus important pour s’intégrer dans le pays d’accueil.

La moitié de la population mondiale vit aujourd’hui dans des villes. Tokyo, au Japon, la ville la plus peuplée du monde, compte plus de 33 millions d’habitants ! La population des villes africaines double tous les 10 ans. Dans le monde, un milliard de personnes habitent un bidonville, soit un citadin sur trois. Qu’ils viennent des régions rurales ou de l’étranger, les migrants du monde entier se déplacent surtout vers les villes. Cette expansion urbaine ne se fait pas sans conséquences. Les pénuries d’eau, la pollution et les tensions sociales en sont quelques exemples. Les villes sontelles prêtes à faire face aux impacts de la croissance urbaine que connaît notre planète ? Les mégalopoles ont-elles les ressources pour gérer l’arrivée massive des migrants ? Les grandes villes favorisent-elles l’intégration ?

Les mégalopoles ontelles les ressources pour gérer l’arrivée massive des migrants ? Au 20e siècle, la population urbaine a connu une croissance effrénée. En 100 ans, elle est passée de 220 millions à 2,8 milliards d’habitants. On prévoit qu’en 2030 plus de 60 % de la population

mondiale vivra dans les villes. Cette urbanisation croissante pose des défis de logistique majeurs en matière de logement, d’eau, de gaz ou d’électricité, d’infrastructures routières, de gestion des ordures ou d’évacuation des eaux usées. Des problèmes pressants pour les villes des pays en voie de développement, qui devraient abriter plus de 80 % de la population urbaine du monde entier en 2030.

L’introduction explique la nature de l’enjeu et se termine toujours par l’énoncé des perspectives à travers lesquelles cet enjeu sera étudié.

IX

X

I

VUE D’ENSEMBLE DU MANUEL

VUE D’ENSEMBLE DU MANUEL Rubriques des dossiers ENJEU 2

I

La migration et le monde du travail

PRENDRE POSITION

Des immigrants au chômage La compétition entre travailleurs locaux et travailleurs immigrants est-elle fondée ? Non, répondent les experts. De fait, depuis déjà plusieurs années, une bonne majorité des immigrants sont choisis sur la base de leur formation et du type d’emploi qu’ils occuperont, en fonction des besoins de main d’œuvre du pays d’accueil. Dans les faits, les immigrants qui trouvent du travail contribuent à la vie économique et indirectement à la création d’emplois. Mais dans les statistiques, on constate qu’ils sont aussi aux prises avec le manque de travail.

Toutes les activités sont associées à l’une ou l’autre des composantes de la compétence 1 ou 2.

3 Avec la mondialisation des marchés, les entreprises multinationales n’hésitent pas à délocaliser leur production. Quels sont les effets positifs et négatifs de cette pratique ? I N T financière E R P R É T Aaux T I Oimmigrants N I L’ i n t e n s i f i c a t i o n d e s m o u v e m e n t s m i g r a t o i r e s 4 Le gouvernement espagnol offre une compensation sans emploi pour qu’ils retournent dans leur pays d’origine. Que pensez-vous de ce programme ? Expliquez votre réponse.

I

91

5 Malgré la pénurie de main-d’œuvre, pourquoi le taux de chômage est-il plus élevé chez les immigrants que chez les personnes nées au Canada ? Que pensezvous du fait que l’immigration soit perçue comme une cause de chômage ?

Les motifs des pays d’accueil

Une économie dépendante

DÉBATTRE DE L’ENJEU : ACTIVITÉdes travailleurs étrangers Composante de la CD 2

LES MOTIFS ÉCONOMIQUES Ouvrir ou fermer les barrières ? Outils de référence : votre manuel Enjeux et Internet. L’immigration soulève beaucoup de débats relativement à l’emploi. Certains émirats groupes d’influence et partis politiques de droite associent la hausse du chômage à l’immigration. D’autres intervenants considèrent, au contraire, que l’immigration est une solution à la pénurie de main-d’œuvre spécialisée et au vieillissement de la population en Occident. 1 En groupe-classe, engagez un débat sur l’enjeu de l’emploi par rapport à l’immigration à partir des questions suivantes : • Les pays développés comme le Canada doivent-ils s’ouvrir à l’immigration naturalisation pour combler leur besoin de main-d’œuvre spécialisée, ou doivent-ils se fermer pour protéger les emplois à l’intérieur du pays ? • Doit-on limiter la délocalisation des entreprises pour conserver les emplois L’immigration pour renforcer L’humanité a les cheveux gris à l’intérieur du pays ? l’économie • À long terme, l’immigration est-elle la seule solution à la pénurie de maind’œuvre et au vieillissement de la population ?

programme a permis l’arrivée annuelle de quelque 25 000 immigrants indiens. L’Australie, de son côté, a mis en place une politique d’immigration économique fondée sur les besoins du marché du travail. Cette vision stratégique se traduit par une liste de métiers ouverts à l’immigration, actualisée en fonction des tendances du marché du travail australien.

I

Toutes les questions sont associées à la compétence 1 ou 2.

2 L’immigration est souvent perçue comme une solution au vieillissement de la population. Quelle est la position de certains organismes internationnaux sur cette question ?

En 2008, sous la pression de la crise sociale engendrée par un très haut taux de chômage, le gouvernement espagnol lance un programme, fort contesté, de départ volontaire des immigrants. Ainsi, l’Espagne offre une compensation financière aux immigrants sans emploi qui acceptent de retourner dans leur pays d’origine. Le taux de chômage élevé en 2008 — 14 %, dont bon nombre d’immigrants — aurait motivé la création de ce programme. Pour toucher leurs indemnités, les volontaires doivent renoncer à leur permis de séjour et prendre l’engagement de ne pas revenir en Espagne avant trois ans. Ce renversement de la politique d’immigration espagnole a été fortement critiqué, car il fait peser sur les immigrants la responsabilité de la récession provoquée par la crise économique mondiale.

DOSSIER 2

119

1 Pensez-vous que l’immigration présente des avantages pour un pays ? Expliquez votre réponse.

Les immigrés chômeurs payés pour quitter l’Espagne

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(CD 2)

Les questions portent sur le contenu des pages 114 à 119.

En effet, ce sont avant tout les immigrants qui souffrent du chômage. En 2007, le taux de chômage chez les immigrants en âge de travailler et établis au Canada depuis 5 ans ou moins était de 11 %, soit un taux deux fois plus élevé que celui observé chez les travailleurs nés au Canada. À Montréal, ville où se concentrent la plupart des nouveaux arrivants au Québec, le taux de chômage chez les immigrants récents était de 18,1 % en 2006, soit un taux presque 3 fois plus élevé que celui observé chez les Montréalais nés au Canada.

92

On trouve sept blocs de questions et d’activités dans chaque dossier : trois dans l’Interprétation et deux par enjeu.

L’Union européenne n’échappe pas non plus aux pénuries de main-d’œuvre et au vieillissement démographique. La Commission européenne est toutefois

P O P U L AT I O N

largement surpassé par la Chine, qui passera d’une population âgée en moyenne de 21 ans en 2007 à une population âgée en moyenne de… 50 ans en 2050 ! Le Québec est la province du Canada dont la population active vieillit le plus rapidement et l’on prévoit que son déclin démographique s’amorcera dès 2025. Des spécialistes de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) estiment que, en 2030, le Québec se classera au troisième rang des populations les plus vieilles au monde, derrière le Japon et l’Italie.

PORTRAIT

La rubrique Portrait présente des personnalités d’ici ou d’ailleurs qui ont contribué ou qui contribuent toujours à façonner le monde contemporain.

Shah Ismatullah Habibi Originaire de Kaboul, en Afghanistan, Shah Ismatullah Habibi fait partie de la première cohorte d’immigrants afghans installés au Québec. En 1993, fuyant l’occupation russe, Shah Ismatullah Habibi se réfugie en Inde, où il séjourne pendant cinq ans avant de mettre le cap sur le Québec. Aujourd’hui installé à Sherbrooke, il est devenu un modèle d’intégration en participant activement à l’intégration des nouveaux arrivants. Ancien militaire, il a été recruté comme conseiller culturel par les Forces armées canadiennes. Très actif au sein de plusieurs organisations locales, il travaille avec passion au rapprochement des communautés afghane et québécoise.

La rubrique Chiffres présente des données, souvent étonnantes, qui en disent long sur le problème et les enjeux à l’étude.

100

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DOSSIER 2

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P O P U L AT I O N

CHIFFRES

Quelques progrès Si les bidonvilles font partie de la réalité des mégalopoles, l’ONU note toutefois quelques progrès. En 1990, 50 % des citadins des pays en développement habitaient des taudis ; cette proportion n’était plus que de 36 % en 2005. L’ONU espère avoir amélioré la vie d’au moins 100 millions de citadins avant 2020. Source : ONU, 2009.

23 Bien que le Brésil soit un pays émergent, la

pauvreté endémique demeure une réalité visible, dont les favelas, les bidonvilles brésiliens, en sont le reflet. Les plus connues se trouvent dans la ville de Rio de Janeiro, dont la favela de Rocinha, ci-contre, qui abrite plus de 200 000 personnes. 17 Des travailleurs de la construction dans la ville de Dubaï, aux Émirats arabes unis. La main-d’œuvre des sept

émirats est constituée en majeure partie d’étrangers. ZOOM

FOCUS

La convention de Genève de 1951 et la protection des réfugiés Genève, Suisse, 1951. Alors que la communauté internationale se remet à peine de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe est encore aux prises avec des milliers de réfugiés ayant tout perdu pendant la guerre. Même s’il existe déjà à l’époque quelques mécanismes internationaux de protection des réfugiés, les délégués de 26 pays se réunissent pour élaborer une convention internationale balisant les devoirs et responsabilités des États par rapport aux réfugiés. Après trois semaines d’intenses négociations, la convention de Genève relative au statut des réfugiés est adoptée, établissant notamment le droit des réfugiés à l’asile, à l’éducation et au travail, ainsi que la liberté de culte et de circulation. Malgré sa valeur historique indéniable, cette convention a toutefois une portée très limitée, puisque son application est réservée aux réfugiés d’origine européenne, victimes d’événements antérieurs au 1er janvier 1951. Confrontée à de nouveaux conflits et à des vagues de réfugiés venant des quatre coins du monde, l’ONU abolit ces restrictions géographiques et temporelles en 1967 en adoptant le Protocole relatif au statut des réfugiés. En 2007, 147 pays avaient ratifié la convention de Genève et / ou le protocole de 1967 – certains États ayant choisi de n’adhérer qu’à une seule des deux ententes.

LES MOTIFS HUMANITAIRES La principale motivation des pays qui reçoivent des réfugiés reste le devoir d’accueillir des personnes qui cherchent refuge dans un autre pays que le leur parce que leur vie est menacée. La solidarité humaine est à la base des principes qui ont mené à l’adoption en 1951 de la convention relative au statut des réfugiés, dite convention de Genève. À l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, qui a lieu le 20 juin, l’ONU appelle chaque année les gouvernements du monde entier à veiller à ce que les réfugiés soient accueillis et protégés sur leur territoire.

Les « vrais » et les « faux » réfugiés Malgré les engagements internationaux à l’égard des personnes qui ont besoin de protection, chaque pays reste libre de déterminer le statut réel des demandeurs d’asile. Ces dernières années, la ligne s’est durcie en matière de politique d’immigration en raison de la hausse du nombre d’immigrants clandestins et des demandes d’asile rejetées. La difficulté à distinguer

La rubrique Focus fait la lumière sur un élément d’information lié au sujet abordé dans le texte.

Aménager l’espace urbain de façon durable Pas de développement durable sans urbanisation durable : c’est le message que véhicule ONU-Habitat ces dernières années. Compte tenu de la croissance urbaine accélérée, la gestion et la planification des villes figurent au rang des principales préoccupations des dirigeants. Les grandes villes du monde entier réfléchissent à de nouvelles solutions pour estomper les conséquences visibles de l’urbanisation sauvage et réduire l’empreinte écologique de millions de citadins. Les villes consomment à elles seules 75 % de l’énergie produite dans le monde et sont responsables de 80 % des émissions de gaz à effet de serre. Comment harmoniser la ville pour la rendre à la fois supportable pour l’être humain et pour la nature ? Comment penser l’organisation spatiale des villes futures pour promouvoir un développement urbain durable ? Voilà quelques-unes des questions auxquelles il faut trouver rapidement une réponse.

23

moitié des 19 millions d’habitants de Mumbay vivent dans des bidonvilles ou carrément sur le trottoir. En 2008, la seule ville de Rio de Janeiro recensait 968 favelas, les bidonvilles brésiliens. Avec l’afflux grandissant des migrants vers les villes, le logement est devenu un problème crucial : il devient de plus en plus difficile de loger tout le monde. La forte concentration urbaine et la pauvreté ont entraîné la création de bidonvilles et l’augmentation des sans-abri.

Doit-on raser les bidonvilles ? Une personne sur six dans le monde vit actuellement dans un bidonville, une agglomération d’habitations faites avec des matériaux de récupération comme du carton, du plastique ou de la tôle. Dans certaines régions d’Afrique ou d’Asie, les nouveaux arrivants n’ont d’autre option

que le bidonville comme voie d’accès à la ville. Souvent surpeuplés et construits en périphérie des villes, les bidonvilles sont le fruit de la pauvreté et connaissent de nombreux problèmes, comme l’accès à l’eau potable et l’absence d’installations sanitaires, l’accumulation des déchets, la criminalité. Ils sont souvent construits sur des terrains dangereux et les risques d’éboulements, d’inondation ou de glissements de terrain sont grands. La promiscuité et le manque d’hygiène en font aussi une terre fertile aux épidémies. Si elles sont construites de manière illégale, ces maisons précaires sont souvent le seul abri des populations démunies. Au Zimbabwe, en 2005, le président Robert Mugabe a entrepris de détruire les bidonvilles dans le cadre d’une vaste opération

La rubrique Zoom présente une information complémentaire au thème du dossier.

VUE D’ENSEMBLE DU MANUEL

sections des dossiers

À la fin de chaque dossier, la Synthèse présente un récapitulatif des principaux éléments d’information contenus dans le dossier.

dans chaque dossier, deux Veilles médiatiques présentent différentes facettes du traitement médiatique lié au thème.

I

DOSSIER 2

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P O P U L AT I O N

V E I L L E M É D I AT I Q U E

I

121

Lors des émeutes de 2005 dans les banlieues françaises, une équipe du journal suisse L’Hebdo s’installe dans la commune de Bondy, au milieu de l’action, pour couvrir les événements de l’intérieur. L’objectif : faire entendre les voix des banlieusards qui sont insatisfaits du traitement des médias dominants. L’Hebdo met fin à l’opération trois mois plus tard, mais le Bondy Blog est repris par une association locale et publie les textes d’une trentaine de jeunes en début de carrière ou en recherche d’emploi. L’Hebdo publiera un livre sur l’expérience de Bondy et cédera les droits à l’association. En 2010, le Bondy Blog est lu par des millions d’internautes et a inspiré des centaines de médias alternatifs (radios, Internet, blogues, webzines, etc.) qui posent un regard différent sur les banlieues : celui de ses habitants.

Journalistes du monde L’émission Kiosque diffusée sur TV5MONDE réunit chaque semaine à Paris des correspondants de médias étrangers postés en France. Au menu, la revue de l’actualité internationale de la semaine commentée par les journalistes invités. En réunissant des journalistes de cultures diverses, la formule permet d’offrir aux téléspectateurs une analyse de l’actualité et une lecture des grands journaux internationaux selon des points de vue très différents. Kiosque met aussi en lumière des événements importants de l’actualité de certains pays qui ont été ignorés par les médias internationaux. TV5MONDE diffuse à travers la francophonie. La chaîne propose plusieurs émissions d’information dont le journal télévisé Monde et le journal télévisé Afrique.

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DOSSIER 2

I

P O P U L AT I O N

SYNTHÈSE DU DOSSIER POPULATION

VEILLE MÉDIATIQUE Les banlieues françaises vues de l’intérieur

XI

sYnthÈse

veiLLe mÉDiatiQue

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Interprétation : L’intensification des mouvements migratoires Un accroissement accéléré des déplacements

Accommodements raisonnables : les médias au banc des accusés

Depuis quelques décennies, les migrations de populations ne cessent d’augmenter. Plus de 200 millions de migrants vivent actuellement en dehors de leur pays d’origine, soit 3 % de la population mondiale.

En 2006 et 2007, le Québec est marqué par la crise des accommodements raisonnables. Les médias rapportent de plus en plus « d’accommodements » accordés à des patients, des clients ou des employés d’institutions publiques, en lien avec leur différence culturelle. Cela suscite une réaction dans la population.

Ces migrations sont attribuables à deux facteurs : • la mondialisation (ouverture des frontières et multiplication des échanges entre pays) ; • le développement des nouvelles technologies (moyens de transport plus efficaces, communications instantanées grâce au téléphone cellulaire, Internet, etc.).

D’abord de simples faits divers, ces accommodements raisonnables deviennent l’objet d’un débat d’envergure nationale. Le gouvernement du Québec décrète la tenue d’une commission de consultation publique qui fait le tour de la province pour recueillir les opinions et les recommandations des citoyens et des groupes de pression. Dans les mémoires déposés à la commission, certains groupes soutiennent que les médias contribuent à entretenir une image négative des immigrants. Les médias ont également été critiqués par quelques observateurs pour leur couverture trop abondante et sensationnaliste des accommodements et des audiences de la commission de consultation.

La migration La migration humaine se définit comme le déplacement d’individus d’un lieu de vie vers un autre. Ce déplacement peut se faire d’une région à une autre, à l’intérieur d’un même pays, ou d’un pays à un autre. Depuis toujours, les populations humaines ont migré pour fuir la famine, échapper à l’ennemi, trouver du travail, explorer d’autres territoires, etc.

L’OBSERVATOIRE MÉDIAS

Les États-Unis sont le plus grand pays d’immigration.

CONSIDÉRER LE TRAITEMENT MÉDIATIQUE

Le Canada compte lui aussi un grand nombre d’immigrants.

Composante de la CD 2

Le Québec a reçu des vagues successives d’immigrants : • au 19e siècle, ils sont surtout originaires d’Écosse, d’Irlande et des îles Britanniques ;

1 Les reportages internationaux présentés aux nouvelles télévisées ou dans les journaux vous permettent-ils de comprendre la réalité d’autres peuples ? Expliquez votre réponse en citant des exemples de reportage. 2 Trouvez trois caricatures traitant de l’immigration ou des accommodements raisonnables. Quelle image des communautés culturelles ces caricatures véhiculent-elles ?

• au 20e siècle, ils viennent d’abord d’Europe (Italie, Grèce et Portugal principalement), puis d’Haïti, du Vietnam, d’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique du Nord. Cet éventail des pays d’origine ne fait que s’étendre. Par contre, 75 % des émigrants sont concentrés dans seulement 12 % des pays du monde (États-Unis, Russie, Allemagne, Canada, etc.).

Les normes et les politiques d’immigration Afin de préserver leur tissu social, leur culture et leur économie, mais aussi pour prévenir l’immigration clandestine et pour renforcer la sécurité, les pays s’efforcent de contrôler les flux migratoires. Jusqu’en 1962, le Canada pratiquait une politique d’immigration fondée sur la discrimination raciale : seuls les immigrants américains et originaires d’Europe occidentale étaient sélectionnés. Maintenant, le Canada pratique une immigration sélective basée sur les trois catégories suivantes : • immigration économique ; • regroupement familial ; • réfugiés.

la langue, pour répondre à ses exigences de « société distincte ».

Les causes de l’émigration Les raisons qui poussent les émigrants à quitter leur pays ou leur région peuvent être : • économiques : pour trouver nourriture et travail ; • politiques : pour fuir les guerres et les persécutions liées à leur appartenance à une ethnie, à une religion, à un groupe politique, etc. (réfugiés ou demandeurs d’asile) ; • climatiques : pour fuir des régions ravagées par des catastrophes naturelles.

Les motifs des pays d’accueil Les raisons qui incitent les pays à accueillir les immigrants peuvent être : • économiques : pour combler une pénurie de main-d’œuvre ; • démographiques : pour rééquilibrer une chute dans le taux de natalité ; • humanitaires : pour protéger la vie de réfugiés ou de demandeurs d’asile qui sont en danger.

Des points de qualification sont accordés aux candidats à l’immigration selon des critères d’admissibilité : connaissance du français ou de l’anglais, études, expérience de travail, âge, etc. Le Québec, en vertu d’une entente avec le Canada, établit ses propres critères de sélection, notamment en ce qui concerne

3 Que pensez-vous de l’initiative Bondy Blog ? Croyez-vous que les journalistes devraient multiplier ce type d’expériences ? Pourquoi ?

mini-Dossier Le Mini-dossier propose un thème complémentaire au thème principal. il s’articule autour d’une activité qui permet d’explorer les liens entre ce thème et les cinq grands thèmes du monde contemporain.

Les questions de l’Observatoire médias permettent d’aller plus loin dans l’analyse et la critique du traitement médiatique.

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DOSSIER 2

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P O P U L AT I O N

MINI-DOSSIER

Environnement

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DOSSIER 2

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Les problèmes climatiques ont créé un nouveau type de migrants. Qui

P O P U L AT I O N

M I N I - sont-ils D O S S I E R? Expliquez I L a s i t u a comment t i o n d e s r é ces f u g i proés I

Population

Juin 2009 : on compte 42 millions de réfugiés dans le monde. Plus de 80 % de ces réfugiés viennent de pays en développement. Leur situation est un problème humanitaire qui interpelle le monde entier.

Ils fuient les guerres, la misère, la sécheresse ou ils sont victimes de catastrophes naturelles qui ont détruit leur région. Ils se lancent sur les routes et traversent la frontière d’un pays inconnu à la recherche d’un abri, de nourriture et de sécurité. Ils ont pour nom réfugiés et, pour maison, une tente ou un abri de fortune dans un camp où ils se retrouvent par milliers. Pour leur venir en aide, des organisations humanitaires et des organismes internationaux déploient leurs efforts. En Asie du Sud, en Afrique ou au Moyen-Orient, la situation des réfugiés pose un défi social, économique et politique. Dans ce mini-dossier, vous devrez chercher des informations, répondre à des questions, trouver des pistes d’action et comparer des points de vue afin de mieux saisir toutes les facettes de la situation des réfugiés.

Objectif du mini-dossier Au terme de vos recherches et de vos réflexions, vous devrez présenter une synthèse des informations recueillies pour mieux comprendre l’enjeu de ce mini-dossier : Quelles sont les conditions de vie des réfugiés et quels sont les impacts humains et sociaux de ces immenses déplacements ?

Réalisation des activités du mini-dossier 1 Amorcez votre réflexion sur la situation des réfugiés en commentant la photo

ci-contre. 2 Répondez aux questions portant sur les cinq thèmes aux pages 126 et 127. Pour

vous aider, consultez les pistes de recherche à la page 128. 3 Présentez votre synthèse sur l’enjeu du mini-dossier en choisissant une des deux

formes de présentation suggérées à la page 129. 4 Vous pouvez explorer des pistes de participation sociale en réalisant l’activité

proposée à la page 129.

Fuyant la violence des conflits armés qui sévit à Mogadiscio, en Somalie, 800 000 personnes ont quitté la ville depuis 2007. Selon l’UNHCR, plus de 300 000 personnes vivent dans quelque 200 installations et camps surpeuplés. Ici, ces jeunes enfants, photographiés en 2009, habitent, comme des dizaines de milliers d’autres, dans des abris précaires.

I

Les réfugiés comptent parmi les personnes les plus pauvres du monde. Décrivez les conditions économiques

125

La situation

La situation des réfugiés

La situation des réfugiés

Richesse

de l’extrême pauvreté.

blèmes environnementaux obligent des populations entières à se déplacer.

MINI-DOSSIER

I

Thèmes de recherche

Un abri de fortune où doivent s’entasser plusieurs personnes, voilà tout ce que possèdent ces petits Somaliens qui ont vécu la violence d’un conflit armé avant de se retrouver dans ce camp. Quelles sont les conditions de vie de ces enfants déplacés ? Quelles en seront, selon vous, les conséquences sur leur avenir ?

des réfugiés Pouvoir

Tensions et conflits

L’arrivée massive des réfugiés venant du Darfour provoque d’énormes tensions au Tchad. Quels sont les impacts de la présence d’un aussi grand nombre de réfugiés sur la capacité d’action de l’État du Tchad ?

En situation de conflit, quel rôle jouent les organisations non gouvernementales (ONG) auprès des réfugiés ? Quelles sont les missions et quel est le rôle des Casques bleus auprès des réfugiés ?

127

VUE D’ENSEMBLE DU MANUEL

techniQues et mÉthoDoLoGie

380

I

I

XIII

TECHNIQUES ET MÉTHODOLOGIE

LA DÉMARCHE DE RECHERCHE

La démarche de recherche décrit les principales étapes d’une méthode de recherche et de présentation des données.

Pour mener efficacement une recherche, vous devez suivre une démarche rigoureuse et utiliser les bons outils.

1

CERNEZ LE SUJET. Posez-vous des questions pour bien comprendre le sujet de votre recherche : De quoi parle-t-on exactement ? Qui est concerné ? Quand cela se passe-t-il ? Où cela se passe-t-il ? Formulez l’idée directrice de votre recherche à l’aide de la question suivante : Sur quoi porteront précisément mes recherches ?

Pour évaluer la crédibilité d’un document écrit ou audiovisuel, posez-vous les questions suivantes : • Qui est l’auteur ou l’auteure du document ?

2

CONSULTEZ DIFFÉRENTES SOURCES D’INFORMATION.

TECHNIQUES ET MÉTHODOLOGIE

I

383

Dressez une liste de mots-clés à partir de l’idée directrice de votre recherche. Ces mots-clés vous permettront de trouver des documents qui traitent de votre sujet de recherche.

INTERPRÉTER UN DOCUMENT ICONOGRAPHIQUE

• Quelle est sa formation ? sa fonction ? • Cette personne est-elle spécialiste de la question ? Fournit-elle ses sources ? • Quand le document a-t-il été écrit ou produit ? • Les données fournies sont-elles récentes ?

Pour évaluer la crédibilité d’un site Web, posez-vous les questions suivantes : • Est-ce un site géré par un organisme reconnu et crédible (ex. : une université ou un ministère) ? • Quel est l’objet du site : fournir de l’information objective ou promouvoir un point de vue particulier ? • Les documents disponibles sur le site sont-ils signés ? Les sources sont-elles citées ? Ces sources sont-elles fiables ? • Peut-on valider les renseignements dans deux autres sources fiables ? • Les dates de création et de mise à jour du site sont-elles récentes ?

Lorsque vous faites une recherche dans Internet, privilégiez les sites suivants : • les sites gouvernementaux ; • les sites d’organismes internationaux ;

À la bibliothèque, consultez d’abord les documents de référence Cette fiche vous permet de dégager l’information essen(encyclopédies, atlas, dictionnaires, etc.) à l’aide de vos mots-clés. tielle d’un document iconographique que vous avez N’hésitez pas à demander conseil, au besoin. consulté et d’interpréter le contenu de celui-ci.

Un document iconographique est principalement composé d’une ou de plusieurs images. Il peut s’agir de dessins, d’affiches, de peintures, de caricatures, de photographies, etc.

Faites ensuite une recherche dans le catalogue informatisé de la bibliothèque en utilisant vos mots-clés. Parmi les résultats que vous Titre du document obtiendrez figureront notamment des documents écrits (ouvrages (Le titre donne parfois des indications sur l’intention spécialisés, journaux, rapports, etc.) et des documents audiovisuels de l’auteur ou de l’auteure.) (documentaires, reportages, films, etc.). N’hésitez pas à demander Légende du document conseil, au besoin. Date et lieu de production du document Dans Internet, faites une recherche en utilisant les moteurs de Type de document recherche et vos mots-clés. (Affiche, dessin, peinture, caricature, photographie, etc.) N’oubliez pas que les photos, les caricatures, les illustrations et les Nom de l’auteur ou de l’auteure affi ches sont également des documents qui fournissent de Sujet du document l’information. Relevé des éléments contenus dans le document Évaluez la crédibilité des documents que vous avez trouvés et illustrée, les personnages, les objets, etc.) (La scène conservez ceux qui vous semblent les plus pertinents, c’est-à-dire Intention ceux qui fournissent le plus de renseignements intéressants sur de l’auteur ou de l’auteure (Cherche-t-il ou cherche-t-elle à représenter fidèlement la votre sujet de recherche. Inscrivez-les dans votre dossier réalité ? à proposer une vision personnelle ? à poser un regard documentaire. critique ou humoristique sur une certaine réalité ?) Bâtir un dossier documentaire, p. 383

• les sites d’institutions publiques ;

Signification générale ou message du document

• les sites d’associations ou d’organisations reconnues. Les blogues, les forums de discussion, les sites anonymes ou les pages personnelles, souvent reconnaissables au tilde (~) qui figure dans leur adresse, ne constituent généralement pas des sites fiables sur le plan de la qualité de l’information.

BÂTIR UN DOSSIER DOCUMENTAIRE Cette fiche vous permet de répertorier l’ensemble des documents que vous avez sélectionnés pour votre recherche et de noter la pertinence de leur contenu. Vous pouvez utiliser une fiche pour chaque sujet de recherche.

Sujet de la recherche :

différents modèles de fiches sont proposés pour aider l’élève à concevoir des fiches de recherche claires et pertinentes.

Titre du document

Nature du document

Source du document

Aspects traités dans le document

Pertinence du contenu (cote de 1 à 5*)

* La cote 1 correspond au contenu le moins pertinent ; la cote 5, au contenu le plus pertinent.

Quelques pages présentent les principaux éléments constituant une ligne du temps, une carte et différents tableaux et diagrammes.

386

I

La démarche d’argumentation décrit les principales étapes de l’élaboration d’arguments pour un texte ou un débat.

TECHNIQUES ET MÉTHODOLOGIE

LES PRINCIPAUX ÉLÉMENTS D’UNE LIGNE DU TEMPS Une ligne du temps est un moyen de représenter graphiquement une chronologie, c’est-à-dire une succession d’événements dans le temps.

• situer dans le temps des événements les uns par rapport aux autres ;

• avoir une vue d’ensemble des principaux événements qui ont marqué une société ou une période données ; • représenter un sujet de façon chronologique.

Axe gradué L’axe gradué est une droite divisée en segments égaux appelés gradations. Il est habituellement orienté de gauche à droite.

390

I

TECHNIQUES ET MÉTHODOLOGIE

GLOSSAIRE-INDEX

Pour convaincre quelqu’un d’adhérer à une thèse (une opinion), vous devez développer une argumentation. Il vous faut utiliser des arguments solides et justes.

Explication argumentative L’explication argumentative consiste à expliquer le bien-fondé de sa thèse (son opinion) dans le but de convaincre quelqu’un d’y adhérer. • Énoncer sa thèse (son opinion). • Établir des rapports de cause ou de conséquence dans ses arguments. • Adopter un point de vue relativement distancié. • Justifier ses arguments à l’aide de procédés explicatifs : la définition, le recours à l’exemple, la comparaison, la description ou la reformulation.

1 2 3 4

Intervalle L’intervalle est l’espace entre deux gradations et a une valeur de temps précise qui s’exprime en unités de temps (années, décennies, siècles, etc.).

393

La réfutation consiste à rejeter une thèse (une opinion) adverse pour mieux défendre la sienne.

La démarche de recherche, p. 380

FORMULEZ LA THÈSE (L’OPINION) QUE VOUS VOULEZ DÉFENDRE.

A Accommodement, p. 103 RASSEMBLEZ VOS ARGUMENTS.

ÉLABOREZ VOTRE ARGUMENTATION. Posez-vous les questions suivantes : Quel procédé argumentatif vais-je utiliser pour défendre ma thèse (mon opinion) : l’explication argumentative ou la réfutation ?

Les types de raisonnement

• Déclarer la thèse adverse dépassée. • Opposer une objection à la thèse adverse.

Raisonnement

Définition

• Qualifier l’argumentation adverse de contradictoire.

Déduction

Présenter un argument et le justifier par des faits.

• Retourner un argument contre la personne qui s’en est servie.

Induction

Présenter des faits pour amener un argument.

• Concéder quelque chose à la partie adverse pour en tirer avantage.

Analogie

Mettre en parallèle deux réalités.

Concession

Concéder un contre-argument pour présenter un argument jugé plus fort.

• Recourir à l’emphase et au renforcement.

Glossaire-index

FAITES-VOUS UNE OPINION EN PRENANT CONNAISSANCE DU SUJET.

Quel type de raisonnement vais-je utiliser pour assurer la continuité et la progression de mon argumentation : la déduction, l’induction, l’analogie ou la concession ?

Réfutation Pour interpréter une ligne du temps, posez-vous les questions suivantes : Pourquoi a-t-on fait ce choix d’événements ? Qu’a-t-on voulu mettre en lumière ? À quoi sert la ligne du temps ?

I

LA DÉMARCHE D’ARGUMENTATION

Quelques inventions qui ont contribué à modifier l’évolution démographique, de 1775 à 1928

Légende Les lignes du temps comportent parfois une légende, des symboles ou des caractéristiques graphiques qui distinguent certaines données.

Tous les mots ou expressions en couleurs dans les dossiers sont définis dans le glossaire-index à la fin du manuel. il s’agit en général de la première occurrence du mot ou de l’expression dans le manuel.

Une ligne du temps sert à :

• illustrer la durée des faits, des périodes ou des événements ;

Titre Le titre indique le sujet de la ligne du temps.

GLossaire-inDex

Accord acceptable par un groupe ou une communauté qui permet à un individu ou à un groupe minoritaire d’obtenir ou de conserver des droits.

Altermondialiste, p. 152 Adepte de l’altermondialisation, un mouvement contestataire politique, qui s’oppose notamment à la guerre, à la pollution, à la pauvreté et dont le but est de rendre la mondialisation plus humaine.

Analphabète, p. 321

Accord bilatéral, p. 82

Individu, groupe ou population qui ne sait ni lire ni écrire.

Accord qui engage, l’une envers l’autre, deux parties contractantes.

Analphabétisme, p. 148

Acteur social, p. 10

État d’un individu, d’un groupe ou d’une population qui ne sait ni lire ni écrire.

Personne ou groupe qui joue un rôle important dans une action sociale.

Anti-apartheid, p. 317

Afflux, p. 100

Personne ou groupe qui s’oppose à la ségrégation exercée en Afrique du Sud par la minorité blanche.

Arrivée massive.

Agroalimentaire, p. 138

Apartheid, p. 274

Ensemble des activités de l’industrie des produits agricoles destinés à l’alimentation humaine et animale.

Ségrégation exercée en Afrique du Sud par la minorité blanche, qui privait les individus de race noire des droits juridiques et sociaux accordés aux gens de race blanche.

Agrocarburant, p. 32

Arme de destruction massive, p. 286

Carburant obtenu à partir de matières organiques, généralement d’origine végétale, et destiné à se substituer au carburant produit à base de pétrole.

Arme pouvant causer d’importants dégâts humains et matériels sur une grande échelle.

Allégeance, p. 250 Lien qui oblige un individu ou un groupe à obéir à une nation ou à une personne détenant le pouvoir politique.

Alliance, p. 158 Accord de coopération conclu entre deux États visant le partage des ressources ou des compétences nécessaires à la réalisation d’un projet.

Alphabétisation, p. 102 L’enseignement de l’écriture et de la lecture.

Assimilation, p. 218 Processus par lequel un groupe absorbe la culture d’un autre groupe social, soit par désir ou par obligation.

Austro-hongrois, p. 207 Relatif à l’empire d’Autriche-Hongrie, qui fut démantelé après la Première Guerre mondiale.

Autodétermination, p. 214 Libre disposition d’un peuple de décider de son statut international, politique et administratif.

XIV

I

ENJEUX ET LE PROGRAMME MONDE CONTEMPORAIN

enJeuX et le proGramme monde contemporain Dossier

Environnement

Angle d’entrée et objet d’interprétation La gestion de l’environnement, p. 4

Concept central Développement durable, p. 18

Les choix économiques, politiques et sociaux dans la gestion de l’environnement

Population

L’intensification des mouvements migratoires, p. 70

Migration, p. 72

Les mutations économiques et sociales liées à l’intensification des mouvements migratoires

Richesse

La répartition de la richesse, p. 132

Disparité, p. 134

La disparité dans la répartition de la richesse

Pouvoir

Les pouvoirs des États, p. 206

État, p. 208

La redéfinition des pouvoirs des États

Tensions et conflits

Les interventions extérieures en territoire souverain, p. 272 La légitimité des interventions extérieures dans des zones de tensions et de conflits

Intervention, p. 272

ENJEUX ET LE PROGRAMME MONDE CONTEMPORAIN

Concepts particuliers Consommation, p. 44 Dépendance, p. 29

Enjeux (objets de prise de position) L’utilisation et la consommation des ressources, p. 28

Perspectives sur l’enjeu Quels choix énergétiques devrons-nous faire ?, p. 28

L’harmonisation des normes environnementales, p. 46

À qui revient la responsabilité ?, p. 46

La gestion de l’expansion urbaine, p. 94

Délocalisation, p. 117

Les mégalopoles ont-elles les ressources pour gérer l’arrivée massive des migrants ?, p. 94

Diaspora, p. 86

Les grandes villes favorisent-elles l’intégration ?, p. 102

Culture, p. 102

Réseau, p. 80 Urbanisation, p. 94

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L’augmentation de la population et de la consommation menace-t-elle la planète ?, p. 40

Régulation, p. 48 Responsabilité, p. 46

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La migration et le monde du travail, p. 108

Les solutions mondiales sont-elles possibles ?, p. 53

Faut-il revoir le monde du travail pour favoriser l’intégration des migrants ?, p. 108 L’immigration est-elle une solution au vieillissement de la population en Occident ?, p. 114 L’immigration : cause de chômage ?, p. 116

Concentration, p. 143 Développement économique, p. 141

L’équilibre entre la justice sociale et le développement économique, p. 160

Répartir la richesse nationale pour plus de justice sociale, p. 173

Flux, p. 155 Justice sociale, p. 160

Les mesures internationales pour réduire la pauvreté sont-elles suffisantes ?, p. 160

Le contrôle des ressources, p. 178

Ressources, p. 138

Comment les États pauvres peuvent-ils mieux contrôler leurs ressources naturelles ?, p. 178 Les pays riches devront-ils protéger certaines de leurs ressources techniques de pointe ?, p. 192

Droit international, p. 210

La capacité d’action des États, p. 230

Gouvernance, p. 217

La dépendance économique limite-t-elle la capacité d’action des États ?, p. 230

Intégration, p. 224

Les États sont-ils vulnérables ?, p. 238

Souveraineté, p. 209 Uniformisation, p. 256

Diplomatie, p. 314 Droits humains, p. 306

La souveraineté des États et les regroupements économiques ou politiques, p. 246 L’application du principe d’assistance humanitaire, p. 296

Le modèle européen : prélude à la gouvernance mondiale ?, p. 253 Qu’est-ce que l’assistance humanitaire ?, p. 296 L’aide humanitaire inclut-elle la protection des droits humains ?, p. 306

Idéologie, p. 288 Ingérence, p. 273 Revendication, p. 305

Les grandes alliances sont-elles profitables ?, p. 246

L’intérêt des intervenants versus l’intérêt des populations, p. 311

Les interventions faites au nom des droits humains atteignent-elles leur but ?, p. 311

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LES GRANDS DÉFIS DU MONDE CONTEMPORAIN

Les grands défis du monde contemporain Gestion environnementale, mouvements migratoires, écarts entre riches et pauvres, mondialisation, conflits entre États, autant de défis qui interpellent à la fois les citoyens et les grands acteurs de la scène internationale. Des défis qui façonnent le monde contemporain. La Gestion De L’environnement

Des défis planétaires Chaque année, 13 millions d’hectares de forêt disparaissent, une déforestation qui menace l’équilibre écologique. En 2009, la désertification touchait 36 millions de kilomètres carrés et on comptait 1,2 milliard de personnes n’ayant pas accès à l’eau potable. Sous l’effet des émissions de gaz à effet de serre, le climat de la planète se réchauffe. Voilà quelques-uns des problèmes environnementaux du monde contemporain. Sur les scènes nationale et internationale, les dirigeants et experts du monde entier sont confrontés aux défis de la gestion de l’environnement et à ceux du développement durable, comme la préservation des ressources, la réduction de la consommation ou les nouveaux choix énergétiques. Mais à qui revient la responsabilité de ces actions ? Aux citoyens ? Aux entreprises ? Aux gouvernements ? Les solutions internationales sont-elles possibles ? Les États parviendront-ils à un consensus ?

L’intensification Des mouvements miGratoires

Des migrations qui transforment le monde De 1965 à 2010, le nombre de personnes vivant à l’extérieur de leur pays d’origine est passé de 75 millions à 200 millions, soit environ 3 % de la population mondiale. Avec le développement des nouvelles technologies et la mondialisation, les flux migratoires s’intensifient. Les gens migrent pour étudier, travailler ou encore pour fuir l’oppression ou des conflits armés. Venant pour la plupart de pays pauvres, les migrants tentent d’améliorer leur sort dans des pays plus riches. D’autres migrent des régions rurales vers les grandes villes de leur pays. Ces déplacements de population provoquent des changements sociaux. Ils posent des défis de gestion urbaine et aussi d’intégration sociale et culturelle dans les pays d’accueil. Mais pour les immigrants, le principal défi reste l’obtention d’un travail.

LES GRANDS DÉFIS DU MONDE CONTEMPORAIN

La rÉpartition De La richesse

Des pauvres de plus en plus pauvres En 2008, le produit intérieur brut moyen par habitant des 10 pays les plus riches était de 51 269 $ US par année ; celui des 10 pays les plus pauvres se chiffrait à 620 $ US ! Ces données illustrent bien la disparité dans la répartition de la richesse. Si la mondialisation a permis à certains pays de se développer, elle n’a pas profité à tous. En Afrique subsaharienne, qui peine à contrôler ses ressources, le taux d’extrême pauvreté dépasse toujours les 50 %. Et tandis que la communauté internationale tente avec difficulté de combattre la pauvreté, les écarts entre riches et pauvres se creusent aussi au sein des pays les plus développés. Assurer une meilleure justice sociale reste un défi pour les gouvernements qui doivent veiller à une redistribution équitable des richesses.

Les pouvoirs Des États

La souveraineté menacée ? Accords de libre-échange, alliances militaires, économiques ou politiques, les États multiplient les ententes internationales dont ils doivent respecter les règles. Ces institutions et ces regroupements internationaux acquièrent ainsi un pouvoir d’ingérence dans plusieurs aspects des affaires de ces États. En adhérant à de tels regroupements ou en signant des traités, ces États voient donc une partie de leur souveraineté leur échapper. Mais l’adhésion à des alliances internationales n’est pas la seule menace à la souveraineté et à la capacité d’action des États. Ceux-ci doivent aussi composer avec des menaces externes ou internes comme les invasions militaires, le cyberterrorisme, les embargos, la dépendance économique vis-à-vis des entreprises et des grandes institutions mondiales. Plus que jamais, les États font face à la redéfinition de leurs pouvoirs.

Les interventions extÉrieures en territoire souverain

Des interventions parfois critiquées Invasion militaire, sanctions économiques, acheminement de vivres, déploiement d’équipes médicales ou d’observateurs internationaux, les interventions en territoire souverain sont fréquentes et variées. Elles sont souvent faites au nom du principe d’assistance humanitaire à des populations victimes de catastrophes naturelles, de persécutions ou de conflits armés. La souveraineté de l’État sur son territoire est pourtant reconnue par le droit international, qui interdit en outre l’ingérence dans les affaires d’un État, sauf dans quelques cas bien définis. Les interventions en territoire souverain menées sans l’accord de l’État, mais au nom des droits et de la sécurité des civils, soulèvent donc l’opposition entre l’intervention légitime et l’intervention illégale. Elles sont aussi parfois l’objet de critiques. Car l’intérêt des intervenants et celui des populations secourues ne convergent pas toujours.

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LE QUÉBEC DANS LE MONDE CONTEMPORAIN

Le Québec dans le monde contemporain problèmes environnementaux, défis liés à l’immigration, pauvreté, mondialisation, conflits armés, ces grands défis planétaires du monde contemporain sont aussi au cœur de la vie des Québécois. La Gestion De L’environnement

Le recyclage en crise ? La gestion de l’environnement, qui préoccupe la communauté internationale, apporte aussi son lot de défis sur la scène nationale. Un exemple ? Le recyclage des déchets. Au Québec, le recyclage, qui a augmenté de façon spectaculaire de 288 % entre 1990 et 2008, est victime des soubresauts de l’économie ! La valeur de certaines matières recyclables a chuté dramatiquement en raison de la crise économique de 2008-2009 : le prix du carton est passé de 140 $ à 20 $ la tonne et celui de l’aluminium, de 2000 $ à 200 $ la tonne. Par conséquent, les centres de recyclage ne réussissent plus à écouler leurs stocks, les entrepôts débordent et des dizaines de milliers de tonnes de matières recyclables demeurent entreposées à l’extérieur.

L’intensification Des mouvements miGratoires

intégrer les travailleurs immigrants Aux quatre coins du monde, les migrations s’intensifient. Terres d’immigration, le Québec et le Canada doivent s’adapter à cette réalité qui soulève certains problèmes, comme celui de l’intégration professionnelle des personnes ayant obtenu leur diplôme dans un autre pays. Au Québec, plusieurs ordres professionnels, comme ceux des ingénieurs, des architectes et des médecins, ont déjà pris des mesures pour mieux intégrer ces professionnels immigrants. Le gouvernement a investi des sommes d’argent pour que ces derniers aient accès à des formations d’appoint ou de remise à niveau. Ci-contre, des nouveaux arrivants au Québec, infirmiers dans leur pays d’origine, suivent une formation de ce type au cégep pour pouvoir pratiquer la profession d’infirmier ou d’infirmière au Québec. En novembre 2009, ils tenaient un kiosque d’information au cégep de Granby—Haute-Yamaska.

LE QUÉBEC DANS LE MONDE CONTEMPORAIN

La rÉpartition De La richesse

combattre la pauvreté On trouve des écarts de richesse partout dans le monde, et ce, au sein même des pays riches comme le Canada. Au Québec, par exemple, certaines familles vivent sous le seuil de la pauvreté. Certaines ne reçoivent qu’un maigre revenu basé sur le salaire minimum ou des prestations du programme d’aide sociale du gouvernement, une aide destinée à couvrir les besoins fondamentaux. Chaque matin, dans 244 écoles primaires, 15 000 enfants reçoivent un repas offert par le Club des petits déjeuners du Québec. Fondée en 1994, cette organisation est aujourd’hui partenaire du Programme alimentaire mondial des Nations unies. Son but : offrir un petit déjeuner nutritif à des enfants qui, issus de familles à faible revenu, risqueraient autrement de commencer leur journée scolaire le ventre vide.

Les pouvoirs Des États

Le bois d’œuvre québécois et canadien au cœur d’un litige En signant des accords internationaux, les États acceptent de se conformer aux règles qui en découlent, et ce, parfois au détriment de leurs pouvoirs. Un exemple ? Le bois d’œuvre canadien. Dans les années 1990, le gouvernement américain impose des droits de douane élevés et des quotas au bois canadien, malgré l’abolition des tarifs douaniers prévus par l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). Il accuse le Canada de subventionner l’industrie forestière, permettant aux producteurs canadiens de vendre leur bois moins cher sur le marché américain. Le Canada fait arbitrer la dispute par l’Organisation mondiale du commerce (OMC). En 2006, une entente intervient : le Canada doit modifier ses pratiques. Les quotas et tarifs douaniers américains ont entraîné la fermeture de nombreuses scieries au Québec. Des milliers de Québécois ont ainsi perdu leur emploi. Ci-contre, une scierie de Saguenay.

Les interventions extÉrieures en territoire souverain

Des Québécois au front Même si les Québécois et les Canadiens ne subissent pas la guerre sur leur territoire, les soldats de l’armée canadienne, dont de nombreux Québécois, participent, eux, à des interventions armées en territoire souverain. Au début de l’année 2010, 2850 militaires canadiens combattaient les forces talibanes en Afghanistan au sein de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) dirigée par l’OTAN. Cette action militaire a toutefois un prix humain élevé. Entre 2002 et février 2010, 144 Canadiens ont perdu la vie en Afghanistan : 140 militaires, 2 travailleuses humanitaires, 1 journaliste et 1 diplomate. Août 2009 : les Forces canadiennes rapatrient les corps du caporal Christian Bobbitt, 23 ans, et du sapeur Mathieu Allard, 20 ans, du 2e bataillon du 22e régiment de Valcartier, Québec.

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L A S C È N E I N T E R N AT I O N A L E

01 Le Conseil de sécurité

La salle du Conseil de sécurité de l’ONU, New York, États-Unis. Réunion du 24 septembre 2009.

L A S C È N E I N T E R N AT I O N A L E

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La scène internationale Les grands défis auxquels le monde contemporain doit faire face et les enjeux qui en découlent ont des répercussions dans le monde entier. Ils interpellent non seulement les États et leurs citoyens, mais aussi l’ensemble des membres de la communauté internationale qui doivent conjuguer leurs efforts pour parvenir à des consensus et pour trouver des solutions à des problèmes devenus planétaires. Mais qui sont ces acteurs de la scène internationale ? Quelles sont les grandes organisations et institutions qui constituent ce que l’on appelle la communauté internationale ? Quelle est leur mission, quel est leur rôle ? Quels États en sont membres ? De quels outils et institutions ces communautés d’États disposent-elles pour élaborer et imposer de nouvelles règles ? Quelles sont les principales alliances dans lesquelles se regroupent les États ? Les fiches de ce dossier font le tour de la scène internationale.

À consulter L’Organisation des Nations unies (ONU) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XXII Les fonds, programmes et agences du système des Nations unies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XXVI Les grands acteurs économiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XXX Les grandes alliances internationales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XXXII Les organisations non gouvernementales (ONG) . . . . . . . . . . XXXIV

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L A S C È N E I N T E R N AT I O N A L E

L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (ONU)

L’Organisation des Nations unies (ONU) ANNÉE DE CRÉATION : 1945 NOMBRE D’ÉTATS MEMBRES : 192 SIÈGE : New York, États-Unis BUDGET DE FONCTIONNEMENT : 5,15 milliards $ US (2010-2011)

La Société des Nations (SDN), créée après la Première Guerre mondiale, en 1918, pour mettre fin aux guerres, n’ayant pas rempli son mandat de préserver la paix, 50 États s’entendent à la fin de la Seconde Guerre mondiale pour créer un nouvel organisme : l’Organisation des Nations unies (ONU). Sa mission première sera de maintenir la paix et la sécurité internationale et de développer les échanges et la coopération entre les États membres. Le 10 janvier 1946 a lieu la première Assemblée générale de l’ONU, qui compte alors 51 états. L’ONU est la plus importante organisation internationale et sa charte fondatrice lui permet de prendre des mesures pour régler de nombreux problèmes, notamment dans les domaines suivants : • le développement durable ; • la protection de l’environnement et des réfugiés ; • les secours en cas de catastrophe ; • la lutte contre le terrorisme ; • le désarmement ; • la promotion de la démocratie ; • les droits humains ; • le développement économique et social.

02 L’Assemblée générale

La salle du siège social de l’ONU, New York, États-Unis, durant la 64e Assemblée générale du 23 septembre 2009.

L’ o r g a n i s a t i o n d e s N a t i o n s u n i e s ( O N U )

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Le Secrétariat de l’ONU ANNÉE DE CRÉATION : 1945 SIÈGE : New York, États-Unis

Relevant du secrétaire général de l’ONU, le Secrétariat des Nations unies s’acquitte de tâches quotidiennes très variées liées aux divers programmes et actions de l’Organisation, comme l’administration des opérations de maintien de la paix ou la médiation dans certains différends internationaux. Le personnel du Secrétariat compte 40 000 personnes recrutées partout dans le monde. Chacune de ces personnes prête serment de ne recevoir et de ne solliciter aucune directive d’aucune autorité extérieure à celle de l’ONU. Ces fonctionnaires internationaux ont pour mandat, entre autres, l’observation des tendances sociales et économiques dans le monde. Ils procèdent aussi à des études sur les droits humains ou sur d’autres sujets d’intérêt international relevant du mandat de l’ONU. Outre le siège social, l’ONU a des bureaux dans le monde entier, dont une présence soutenue à Addis-Abeba, Bangkok, Beyrouth, Genève, Nairobi, Santiago et Vienne.

L’Assemblée générale SIÈGE : New York, États-Unis

C’est dans cette immense salle du siège social de l’ONU, à New York, que se tiennent les rencontres de l’Assemblée générale des Nations unies. Celle-ci est constituée des 192 États membres qui se réunissent pour discuter des problèmes de l’humanité. Chaque État membre y dispose d’une voix. Bien que l’Assemblée n’ait pas le pouvoir d’imposer ses décisions aux États membres, ses recommandations, votées par ces derniers, conduisent à des initiatives et à des programmes qui touchent des centaines de millions de personnes dans le monde.

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L A S C È N E I N T E R N AT I O N A L E

L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (ONU)

Les Casques bleus ANNÉE DE CRÉATION : 1956 BUDGET : environ 7 milliards $ US

Les Casques bleus représentent la force armée de l’ONU. C’est à leur casque d’un bleu « onusien » que ces soldats doivent le nom de leur armée, constituée de militaires et de policiers venant de divers États. Les Casques bleus sont mobilisés pour des missions de maintien de la paix, d’aide humanitaire et pour des interventions militaires autorisées par le Conseil de sécurité de l’ONU. En 2009, 97 223 soldats des Casques bleus, en provenance de 120 pays, ont été répartis dans 15 missions de paix. Depuis 1956, les Casques bleus ont pris part à de nombreuses missions.

03 Les Casques bleus

Une mission des Casques bleus à Goma, République démocratique du Congo, en septembre 2007.

L’ o r g a n i s a t i o n d e s N a t i o n s u n i e s ( O N U )

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Le Conseil de sécurité ANNÉE DE CRÉATION : 1945 SIÈGE : New York, États-Unis BUDGET ALLOUÉ AUX MISSIONS DE PAIX : 7,75 milliards $ US (2009)

Le Conseil de sécurité se compose de 15 membres, dont 5 membres permanents — la Chine, les États-Unis, la Russie, la France et le RoyaumeUni — et 10 pays membres élus par l’Assemblée générale pour un mandat de 2 ans. Le Conseil est responsable du maintien de la paix et de la sécurité internationale. Il agit à titre de médiateur dans les conflits internationaux. Il a le pouvoir d’imposer ses décisions aux États membres de l’ONU et peut appliquer des sanctions. Seul le Conseil peut autoriser les opérations de maintien de la paix des Casques bleus de l’ONU ou des interventions militaires armées.

La Cour internationale de justice (CIJ) ANNÉE DE CRÉATION : 1945 SIÈGE : La Haye, Pays-Bas BUDGET : 45,7 millions $ US (2008-2009)

La CIJ est l’organe judiciaire de l’ONU. On y compte 15 juges élus par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité pour des mandats de 9 ans. Elle a pour mission de faire appliquer les lois du droit international et de régler les conflits juridiques entre les États. Elle donne également des avis aux différents organes et institutions de l’ONU sur les aspects de droit international. Entre le 22 mai 1947 et le 31 janvier 2010, 146 affaires ont été enregistrées pour être entendues par la CIJ. Cette dernière ne traite pas d’affaires criminelles ni de crimes contre l’humanité, ce rôle étant réservé au Tribunal pénal international.

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L A S C È N E I N T E R N AT I O N A L E

LES FONDS, PROGRAMMES ET AGENCES DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES

Système des Nations unies On appelle système des Nations unies l’ensemble des fonds comme l’UNICEF, des programmes comme le PNUD et des agences comme l’UNHCR qui sont liés à l’ONU.

Le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) ANNÉE DE CRÉATION : 1950 L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés

SIÈGE : Genève, Suisse BUDGET : 2,3 milliards $ US (2009) MISSION : Protéger les droits et le bien-être des réfugiés.

Les guerres, les désastres naturels, les famines poussent des millions d’êtres humains sur les routes, vers d’autres régions ou d’autres pays, pour fuir la violence et la misère. C’est pour assurer leur sécurité et leur venir en aide que le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, qui porte aussi le nom d’Agence des Nations unies pour les réfugiés, a été mis sur pied par l’ONU. L’Agence fournit une aide matérielle pour répondre aux besoins élémentaires : abris, nourriture, eau potable, installations sanitaires et soins médicaux. Elle supervise également l’acheminement de l’aide humanitaire et gère les camps de réfugiés dans lesquels elle installe des dispensaires et des écoles. Au début de l’année 2010, l’UNHCR intervenait auprès de 34,4 millions de réfugiés, demandeurs d’asile et personnes déplacées réparties dans 118 pays.

04 L’Organisation mondiale de la santé

La campagne de vaccination de la population à Port-au-Prince, Haïti, en 2010.

Les fonds, programmes et agences du système des Nations unies

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L’Organisation mondiale de la santé (OMS) ANNÉE DE CRÉATION : 1948 NOMBRE D’ÉTATS MEMBRES : 192 SIÈGE : Genève, Suisse BUDGET : 14 milliards $ US (2008-2013) MISSIONS : • Diriger l’action sanitaire mondiale et la recherche en santé. • Amener les humains au niveau de santé le plus élevé possible.

L’OMS est l’autorité directrice en matière de santé au sein des Nations unies. Elle détermine les grandes orientations internationales pour la recherche médicale et les programmes de santé publique. Elle fixe des objectifs de réduction des risques ou de protection contre certaines maladies. Elle assume un leadership mondial dans des dossiers comme la lutte contre la tuberculose, le SIDA et le paludisme et les programmes de vaccination. L’OMS voit à l’application du Règlement sanitaire international qui a été négocié avec les États membres pour enrayer les flambées épidémiques. Elle mène aussi des études à l’échelle internationale pour la prévention et le traitement des maladies. En 2010, 8000 personnes travaillaient pour l’OMS dans le monde.

Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) ANNÉE DE CRÉATION : 1965 PRÉSENCE MONDIALE : 166 pays SIÈGE : New York, États-Unis BUDGET : 5 milliards $ US (2008) MISSION : Aider les pays pauvres à trouver leurs propres solutions pour se développer.

Ce programme d’aide au développement favorise l’implantation et la réalisation de projets locaux et nationaux qui conduisent à une croissance économique durable. Ces interventions visent également divers secteurs, notamment l’émancipation des femmes, la gouvernance démocratique et la protection de l’environnement. En 2008, par exemple, le PNUD a versé 408 millions $ US pour lancer 2729 projets visant à limiter les effets du réchauffement climatique dans plus de 120 pays. Le PNUD a notamment pour mission d’assurer le suivi des Objectifs du millénaire pour le développement établis par l’ONU pour lutter contre la pauvreté dans le monde.

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L A S C È N E I N T E R N AT I O N A L E

LES FONDS, PROGRAMMES ET AGENCES DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES

L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) ANNÉE DE CRÉATION : 1946 NOMBRE D’ÉTATS MEMBRES : 193 et 7 États membres associés SIÈGE : Paris, France BUDGET : 653 millions $ US (2010-2011) MISSION : Contribuer à la paix, à la lutte contre la pauvreté, au développement humain et au dialogue interculturel par l’éducation, la science, la culture, la communication et l’information.

L’UNESCO, qui compte 50 bureaux répartis dans le monde, a un mandat très large. Gardien du patrimoine naturel et culturel mondial, l’organisme doit assurer la promotion et l’aide au développement de l’éducation pour tous. Son programme prioritaire en Afrique (2008-2013) vise notamment à promouvoir l’alphabétisation et le développement du réseau de l’éducation. Ses moyens sont toutefois limités, compte tenu des immenses besoins en scolarisation. L’UNESCO est également chargée de veiller à la promotion de la diversité culturelle qui, selon certaines de ses propres études, serait menacée par la mondialisation.

05 L’UNICEF

Une école dans un camp de réfugiés de la province de Nangarhar, Afghanistan, en 2008.

Les fonds, programmes et agences du système des Nations unies

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Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) ANNÉE DE CRÉATION : 1946 PRÉSENCE MONDIALE : 190 pays SIÈGE : New York, États-Unis BUDGET : 3,08 milliards $ US (2008) MISSION : Défendre les droits et le bien-être des enfants.

Pour venir en aide aux enfants d’Europe menacés de famine à la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’ONU crée un fonds d’aide d’urgence, l’UNICEF, qui, en 1953, intégrera les Nations unies de façon permanente. En 1959, l’ONU adopte la Convention relative aux droits de l’enfant, qui oriente depuis les actions de l’UNICEF. L’organisme est voué à la défense des droits des enfants. Il assure une protection spéciale aux enfants les plus vulnérables, dont les victimes de guerres, de catastrophes, de pauvreté extrême et de toute forme de violence ou d’exploitation, ainsi qu’aux enfants atteints du SIDA ou handicapés. Outre ses interventions en situation d’urgence, l’UNICEF soutient des programmes visant l’éducation d’enfants pauvres. Pour la seule année 2008, le Fonds a dépensé 1,46 milliard $ US en fournitures scolaires pour permettre à des enfants de pays en développement d’aller à l’école.

L’Organisation internationale du travail (OIT) ANNÉE DE CRÉATION : 1919 INSTITUTION SPÉCIALISÉE DE L’ONU : 1946 NOMBRE D’ÉTATS MEMBRES : 183 SIÈGE : Genève, Suisse BUDGET : 635 millions $ US (2008-2009)

L’OIT est l’organisation spécialisée de l’ONU chargée d’élaborer les normes internationales du travail et de veiller à leur application par les pays membres. Seule institution tripartite des Nations unies, elle est formée des représentants des gouvernements, d’organisations d’employeurs et de travailleurs. L’OIT consacre annuellement, entre autres, plus de 60 millions $ US au Programme international pour l’abolition du travail des enfants (IPEC), qui cible en priorité l’esclavage et l’exploitation des enfants.

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L A S C È N E I N T E R N AT I O N A L E

LES GRANDS ACTEURS ÉCONOMIQUES

La Banque mondiale ANNÉE DE CRÉATION : 1944 NOMBRE D’ÉTATS MEMBRES : 186 SIÈGE : Washington, États-Unis MISSION : Accorder des prêts et de l’aide aux pays en développement afin de réduire la pauvreté et favoriser une croissance économique.

La Banque mondiale se compose de deux institutions : la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) et l’Association internationale de développement (IDA), dont le capital est détenu par 186 États membres. Ces institutions accordent des prêts assortis de faibles taux d’intérêt, des crédits sans intérêt et des dons aux pays en développement. Ces sommes servent à financer, entre autres, l’éducation, la santé, l’administration publique, les infrastructures et le développement économique et financier. En 20082009, la Banque mondiale a consenti près de 47 milliards $ US en prêts aux pays pauvres.

Le Fonds monétaire international (FMI) ANNÉE DE CRÉATION : 1944 NOMBRE D’ÉTATS MEMBRES : 186 SIÈGE : Washington, États-Unis MISSION : Veiller à la stabilité du système monétaire international et faciliter l’expansion du commerce mondial.

Le FMI a, entre autres, le mandat de venir en aide aux pays membres qui éprouvent des difficultés à honorer leurs dettes extérieures ou qui manquent de devises étrangères pour payer leurs importations. Le FMI dispose de réserves de devises provenant de ses États membres et est donc en mesure de prêter aux pays qui ont des déséquilibres financiers. Il assortit toutefois ces prêts de conditions qui contraignent les États à revoir certaines de leurs politiques ou leurs dépenses publiques. Cette politique de prêts, consentis notamment aux pays en développement, a valu au FMI de nombreuses critiques. Toutefois, les pays pauvres qui ne parviennent pas à trouver de financement auprès des grandes banques privées ont besoin des sommes consenties par la Banque mondiale et le FMI, qui collaborent étroitement dans ces opérations de financement.

06 La Banque mondiale

Le siège social de la Banque mondiale, Washington, États-Unis.

Les grands acteurs économiques

Les alliances économiques Le tableau Les grandes alliances économiques internationales du dossier Richesse, p. 149, passe en revue les alliances suivantes : ALENA APEC ASEAN (ANSEA) MERCOSUR UNION AFRICAINE

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ANNÉE DE CRÉATION : 1961 NOMBRE D’ÉTATS MEMBRES : 30

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L’Organisation mondiale du commerce (OMC) ANNÉE DE CRÉATION : 1995 NOMBRE D’ÉTATS MEMBRES : 153 SIÈGE : Genève, Suisse BUDGET : env. 175 millions $ US MISSION : Assurer la libéralisation des échanges commerciaux et régler les différends commerciaux entre les pays membres.

En 1947, plusieurs États signent l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), qui donnera naissance à l’OMC en 1995. Cette dernière est l’une des plus puissantes organisations internationales, car elle régit les règles commerciales entre les États. Ces règles sont en fait des accords négociés et signés par les gouvernements des États membres. Les accords concernent les marchandises, les services et la propriété intellectuelle. Ils prennent, entre autres, la forme d’ententes pour la réduction des frais de douane ou des obstacles au commerce international. Les accords fixent également les procédures pour le règlement des litiges commerciaux. L’OMC a donc le pouvoir de rendre des décisions et d’imposer des amendes ou des sanctions en vertu de ces accords.

SIÈGE : Paris, France BUDGET : environ 434 millions $ US

L’OCDE regroupe des États industrialisés, dont le Canada, qui poursuivent des objectifs communs, tels que le soutien d’une croissance économique durable, le développement de l’emploi, le maintien de la stabilité financière et la croissance du commerce mondial. Bien que sa convention stipule que ses décisions lient tous ses membres, l’OCDE a surtout un pouvoir de recommandation.

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP)

L’OCDE est l’un des plus importants éditeurs du secteur économique et elle mène de nombreuses études statistiques sur ses membres, mais aussi sur de nombreux aspects financiers, économiques et sociaux à l’échelle internationale. Depuis 2007, l’OCDE a ouvert des négociations avec plusieurs pays, dont Israël, l’Afrique du Sud et des pays émergents comme la Chine, la Russie et le Brésil en vue de leur adhésion au sein de l’organisation.

L’OPEP regroupe les gouvernements de 13 pays exportateurs de pétrole et vise à défendre leurs intérêts communs. Elle veille à la régulation de la production de pétrole et influence ainsi le prix de cette ressource sur le marché mondial. Les cinq pays fondateurs sont l’Iran, l’Irak, le Koweït, l’Arabie saoudite et le Venezuela. Les autres membres sont le Qatar, la Libye, les Émirats arabes unis, l’Algérie, le Nigeria, l’Angola et l’Équateur.

ANNÉE DE CRÉATION : 1960 NOMBRE D’ÉTATS MEMBRES : 12 SIÈGE : Vienne, Autriche

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L A S C È N E I N T E R N AT I O N A L E

LES GRANDES ALLIANCES INTERNATIONALES

L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ANNÉE DE CRÉATION : 1949 NOMBRE D’ÉTATS MEMBRES : 28 SIÈGE : Bruxelles, Belgique BUDGET : environ 2,5 milliards $ US (2007)

L’OTAN est une alliance de 28 pays de l’Amérique du Nord et de l’Europe qui ont signé le traité de l’Atlantique Nord, s’engageant à se porter à la défense les uns des autres en cas d’agression armée. Née pendant la guerre froide entre l’URSS et les ÉtatsUnis et leurs alliés respectifs, l’OTAN a, depuis la fin de la guerre froide, réorienté sa mission vers le maintien de la sécurité et la défense de la démocratie dans la zone euro-atlantique. Elle prend part à des opérations militaires, comme celle menée en ex-Yougoslavie, et à des opérations de maintien de la paix. En 2010, 4000 personnes travaillaient au siège social, dont 400 militaires à l’état-major. Le budget et les forces armées de l’OTAN sont constitués des contributions et des délégations militaires fournies par les États membres. Pays membres Albanie Allemagne Belgique Bulgarie Canada Croatie Danemark Espagne Estonie États-Unis

France Grèce Hongrie Islande Italie Lettonie Lituanie Luxembourg Norvège Pays-Bas

Pologne Portugal République tchèque Roumanie Royaume-Uni Slovaquie Slovénie Turquie

07 L’Union européenne

La salle du Parlement de l’Union européenne, Strasbourg, France, en 2007.

Les grandes alliances internationales

I

XXXIII

Le Commonwealth ANNÉE DE CRÉATION : 1931 NOMBRE D’ÉTATS MEMBRES : 54 SIÈGE : Londres, Angleterre

L’Union européenne (UE) ANNÉE DE CRÉATION : 1993 (marché unique) NOMBRE D’ÉTATS MEMBRES : 27 SIÈGES DU PARLEMENT : Strasbourg, France, et Bruxelles, Belgique

L’Union européenne s’est formée de façon progressive depuis la création de la Communauté économique européenne (CEE) en 1958. Mais c’est en 1993, avec l’entrée en vigueur du traité de Maastricht, signé en 1992, qu’elle prend sa forme actuelle. L’UE comptait alors 12 pays. Aujourd’hui, elle regroupe 27 pays d’Europe et forme la plus grande alliance économique et politique internationale. L’UE est constituée d’un Parlement, dont les 736 députés sont élus, et de 3 autres institutions : le Conseil européen, le Conseil des ministres de l’Union européenne et la Commission européenne. L’Union européenne est la seule alliance politique dotée d’un Parlement supranational et la seule à avoir une monnaie commune, l’euro. En 2010, 16 États membres avaient adopté cette monnaie. Pays membres Allemagne Autriche Belgique Bulgarie Chypre Danemark Espagne Estonie Finlande France

Grèce Hongrie Irlande Italie Lettonie Lituanie Luxembourg Malte Pays-Bas Pologne

Portugal République tchèque Roumanie Royaume-Uni Slovaquie Slovénie Suède

Ancien regroupement des colonies britanniques, incluant le Canada, dont Élisabeth II, reine d’Angleterre, est toujours la chef, le Commonwealth est aujourd’hui un regroupement d’États dont certains n’ont jamais été des colonies britanniques. Ses 54 États membres s’entraident et travaillent ensemble pour la défense de la démocratie et le développement. Les États du Commonwealth tiennent aussi régulièrement des rencontres où sont abordés les grands enjeux politiques, sociaux et économiques de la scène internationale, tels que les problèmes environnementaux.

L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) ANNÉE DE CRÉATION : 1970 NOMBRE D’ÉTATS MEMBRES : 56 et 14 observateurs SIÈGE : Paris, France

L’OIF regroupe l’ensemble des pays francophones et encadre leurs relations politiques et de coopération. Sa mission est de promouvoir la langue française et la diversité culturelle. Elle œuvre également pour la promotion de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la recherche en langue française. Elle poursuit des missions de promotion pour la paix, la démocratie, les droits de la personne et la coopération pour le développement durable. Les Sommets de la Francophonie, dont celui d’octobre 2008 qui s’est déroulé dans la ville de Québec, réunissent des chefs d’État et des représentants de toute la Francophonie pour débattre des enjeux internationaux. En 2009, on comptait plus de 200 millions de francophones dans le monde.

XXXIV

I

L A S C È N E I N T E R N AT I O N A L E

LES ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES (ONG)

Médecins sans frontières (MSF) ANNÉE DE CRÉATION : 1971 PRÉSENCE MONDIALE : environ 60 pays SIÈGE : Genève, Suisse

Médecins sans frontières fournit de l’assistance médicale d’urgence ou prolongée aux populations sinistrées lors de catastrophes naturelles, d’épidémies ou de famines ainsi qu’à celles qui vivent dans des zones de conflits armés où les infrastructures médicales sont inexistantes, détruites ou insuffisantes. MSF tire son financement essentiellement de dons privés et vise une neutralité politique ou religieuse en ne prenant jamais position dans les conflits où elle mène des opérations. En 1999, MSF a remporté le prix Nobel de la paix. Pour la seule année 2008, MSF a donné plus de 8,8 millions de consultations médicales, hospitalisé plus de 312 000 patients, traité 1,18 million de cas de malaria, pratiqué 101 858 accouchements, procédé à plus de 47 000 chirurgies, soigné plus de 48 000 blessés et administré plus de 2 millions de vaccins contre diverses maladies.

Oxfam International ANNÉE DE CRÉATION : 1995 PRÉSENCE MONDIALE : 14 organisations membres dans plus de 100 pays SIÈGE : Oxford, Angleterre

Oxfam International tire son nom d’une organisation humanitaire britannique, l’Oxford Committee for Relief Famine, créée en 1942 pour faire parvenir de la nourriture aux femmes et aux enfants grecs victimes du blocus nazi. Oxfam International et ses 14 organisations membres, dont Oxfam Québec, travaillent à réduire la pauvreté et l’injustice en développant avec les ONG locales des projets à long terme, comme la construction de puits d’eau, d’écoles, de dispensaires et d’infrastructures, ou encore des projets agricoles et des micro-industries. Elle intervient dans les situations d’urgence (désastres, conflits, famines, etc.) et fait également des représentations auprès des décideurs pour défendre la lutte contre la pauvreté et l’injustice.

08 La Croix-Rouge

Des membres de la Croix-Rouge œuvrant à Haïti en 2010.

Les organisations non gouvernementales (ONG)

I

XXXV

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ANNÉE DE CRÉATION : 1863 PRÉSENCE MONDIALE : 12 000 employés et collaborateurs dans 80 pays SIÈGE : Genève, Suisse

Organisation neutre et indépendante, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a le mandat humanitaire de protéger la vie et la dignité des victimes de conflits armés et d’autres situations de violence et de leur porter assistance. Fondé en 1863 à Genève, le CICR n’a rien d’une ONG ordinaire. De fait, elle est considérée comme une organisation intergouvernementale, car son mandat est reconnu en droit international. Un mandat qui découle des conventions de Genève de 1949. En vertu de ces ententes ratifiées par tous les États du monde, le CICR a une « personnalité juridique internationale » et jouit à ce titre de privilèges et d’immunités comparables à ceux des organismes des Nations unies. Ces conventions assignent diverses tâches au CICR : visites de prisonniers de guerre, opérations d’assistance et de transport pour les blessés, regroupement de familles dispersées et autres activités humanitaires nécessaires pendant les conflits armés. Le CICR travaille aussi auprès des personnes déplacées à l’intérieur de leurs frontières et s’emploie à rechercher la trace de personnes portées disparues pendant des conflits. Le CICR est la plus haute instance du Mouvement international de la CroixRouge et du Croissant-Rouge. En cas de conflit, c’est le CICR qui est responsable des activités de secours internationales du Mouvement.

Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ANNÉE DE CRÉATION : 1863 PRÉSENCE MONDIALE : 97 millions de bénévoles, employés et membres dans 186 pays

C’est un jeune Suisse, Henri Dunant, témoin en 1859 d’une bataille en Italie opposant l’Autriche et l’alliance franco-italienne, où des milliers de blessés étaient sans secours, qui eut l’idée de créer la Croix-Rouge. Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge est le plus grand réseau humanitaire du monde. Il inclut 186 sociétés nationales, comme la Société canadienne de la Croix-Rouge ou la Société du Croissant-Rouge algérien. En zone de conflits armés, la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge, sous la coordination du CICR, fournissent des soins médicaux et le transport des blessés militaires ou civils. Le Mouvement vient également en aide aux citoyens du monde entier lors d’incendies et de désastres naturels.

XXXVI

I

L A S C È N E I N T E R N AT I O N A L E

LES ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES (ONG)

Reporters sans frontières (RSF) ANNÉE DE CRÉATION : 1985 PRÉSENCE MONDIALE : 120 correspondants sur 5 continents et des sections nationales dans 10 pays SIÈGE : Paris, France

Vouée à la promotion de la liberté de presse, l’organisation Reporters sans frontières a pour mission de prendre la défense des journalistes et des collaborateurs des médias emprisonnés ou persécutés pour leur travail et de dénoncer les mauvais traitements et la torture dont ils sont victimes dans plusieurs pays. RSF veille également à améliorer la sécurité des journalistes, photographes et caméramans qui doivent travailler dans des régions à risques, notamment dans les zones de conflit. L’ONG lutte aussi contre la censure et les lois qui entravent la liberté de la presse. Elle publie chaque année un classement mondial de la liberté de la presse. En 2009, 76 journalistes ont été tués, 33 enlevés, 573 arrêtés, 1456 menacés ou agressés et 150 ont dû fuir leur pays en raison de leur métier. RSF a recensé 570 médias censurés dans 60 pays, et 151 blogueurs arrêtés pour leurs opinions.

Amnistie internationale ANNÉE DE CRÉATION : 1961 PRÉSENCE MONDIALE : environ 2,2 millions de membres dans 150 pays et régions et des bureaux dans plus de 80 pays SIÈGE : Londres, Angleterre

En 1961, deux jeunes Portugais sont emprisonnés pour avoir levé leur verre à la liberté. Cette arrestation arbitraire indigne un avocat britannique, Peter Benenson, qui signe alors un article intitulé « Les prisonniers oubliés ». L’article fait le tour des journaux du monde et lance le mouvement Amnesty International. Dès sa formation, l’ONG décide de se consacrer à la défense des droits et libertés, en accord avec la Déclaration universelle des droits de l’homme. Depuis, elle s’occupe de dénoncer les arrestations et les détentions abusives, les mauvais traitements aux prisonniers, les abus contre la personne et toutes les formes de manquements aux droits humains. Elle mène des recherches, des enquêtes, des actions et des campagnes de sensibilisation et intervient auprès des autorités pour défendre les droits des opprimés. Amnesty International possède une section canadienne francophone, Amnistie internationale.

09 Reporters sans frontières

Un journaliste photographiant une scène survenue en 1997 à Londonderry, en Irlande du Nord, alors que des bombes incendiaires s’écrasent autour des véhicules de police.

Les organisations non gouvernementales (ONG)

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XXXVII

Human Rights Watch ANNÉE DE CRÉATION : 1988 PRÉSENCE MONDIALE : 80 pays SIÈGE : New York, États-Unis

Il y a d’abord eu Helsinki Watch, créée en 1978 pour surveiller et défendre les droits des citoyens dans les pays du bloc soviétique. Puis Asia Watch, Africa Watch et Middle East Watch ont vu le jour, une à une, dans les années 1980. Finalement, en 1988, tous ces « watch committees » ont fusionné pour donner naissance à Human Rights Watch. Cette ONG a pour mission de protéger les droits humains en attirant l’attention des médias et de la communauté internationale sur les situations où les droits et libertés sont bafoués. Pour cela, elle compte sur 275 collaborateurs (journalistes, spécialistes, avocats et chercheurs), répartis dans le monde, qui enquêtent et publient plus de 100 rapports et documents d’information sur la situation des droits humains dans environ 80 pays. Par ses publications et ses démarches médiatiques, elle fait pression auprès des décideurs pour les encourager à défendre et à respecter les droits humains.

Greenpeace ANNÉE DE CRÉATION : 1971 PRÉSENCE MONDIALE : 2,8 millions de membres et donateurs et des bureaux dans plus de 40 pays SIÈGE : Amsterdam, Pays-Bas

C’est sur un vieux voilier de pêche en partance de Vancouver, au Canada, qu’a commencé l’histoire de Greenpeace. Un groupe de jeunes environnementalistes voulait alors surveiller et dénoncer les essais nucléaires américains sur l’île d’Amchitka, en Alaska, qui menaçaient une importante réserve d’animaux marins. Le reste appartient à l’histoire. De coups d’éclat en coups d’éclat médiatiques, Greenpeace est rapidement devenue un des groupes de pression les plus médiatisés et les plus connus de la planète. Sa mission : protéger l’environnement et faire campagne pour changer les comportements du public, des industries et des puissances mondiales afin de lutter contre les changements climatiques et de protéger les espèces animales et le capital naturel de la planète. Greenpeace a des comités nationaux dans divers pays, comme Greenpeace Canada.

D O S S I E R

enjeux :: SOMMET

environ

DE COPENHAGUE 2009 : UN QUASI ÉCHEC

DÉFORESTATION : 13 MILLIONS D’HECTARES DE FORÊT PERDUS CH

:: enjeux ::

SoMMAire INTERPRÉTATION (CD 1) La gestion de l’environnement . . . . . . . . 4 ENJEU 1 (CD 2) L’utilisation et la consommation des ressources . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 ENJEU 2 (CD 2) L’harmonisation des normes environnementales . . . . . . . . . . . . . . . . 46

SYNTHÈSE DU DOSSIER . . . . . . . . . . 60 MINI-DOSSIER Le contrôle de l’eau . . . . . . . . . . . . . . . 62

VEILLE MÉDIATIQUE . . . . . . . . . . . . . . 20 VEILLE MÉDIATIQUE . . . . . . . . . . . . . . 58

nement

HAQUE ANNÉE

:: enjeux ::

ONU : 1 MILLIARD D’ÊTRES HUMAINS PRIVÉS D’EAU POTABLE

conceptS Développement durable . . . . . . 18 Consommation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 Dépendance. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 Régulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 Responsabilités . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46

2009 : 36 597 RELÈVENT LE DÉFI CLIMAT

:: enjeux ::

Cet homme traverse les eaux polluées d’un quartier pauvre de Klong Toey, à Bangkok, en Thaïlande.

4  ı

DOSSier 1

ı

envıronnement

i n t e r p r é tAt io n

La gestion de l’environnement par Marianne Boire

Des millions de tonnes de résidus toxiques qui circulent dans l’air, dans le sol, dans les cours d’eau. Des ressources naturelles irremplaçables, comme le pétrole et les forêts, qui s’épuisent. Des émanations de gaz qui compromettent l’équilibre climatique de la planète. Des dizaines de milliers de tonnes de déchets qui dérivent sur des plateformes au large des océans. Un milliard de personnes privées d’eau par la désertification. Une déforestation qui menace les poumons de la Terre. Autant de problèmes et bien d’autres à réduire ou à résoudre pour protéger la planète et assurer notre propre survie. Voilà pourquoi la gestion de l’environnement est l’un des plus grands défis du monde contemporain. Un défi que tentent de relever les États et la communauté internationale, mais qui se vit aussi sur la scène locale. Un défi qui exige des changements de comportements individuels et collectifs, mais aussi des choix économiques, sociaux et politiques qui ne font pas toujours l’unanimité. En tête de liste des enjeux de la gestion de l’environnement : l’utilisation et la consommation des ressources de la planète et l’harmonisation des normes environnementales. Face à ces enjeux mondiaux, les solutions planétaires sont-elles possibles ?

Des statistiques alarmantes Plus que jamais, l’heure est aux bilans. Au rythme où vont les choses, la planète Terre ne pourra continuer à fournir toutes les ressources nécessaires aux besoins d’une population mondiale en pleine croissance et toujours avide de nouveaux biens de

consommation. Et les chiffres parlent d’euxmêmes : en 2009, l’humanité comptait plus de 6,77 milliards de personnes et en 2050, la population mondiale grimpera à 9,1 milliards. Des statistiques plutôt inquiétantes, car à cette croissance démographique exponentielle s’ajoute la hausse spectaculaire de la consommation et de la demande énergétique un peu partout dans le monde.

ı n t e r P r É tAt ı o n   ı

La gestion de l’environnement

ı  5

01

Résultat : l’empreinte écologique de l’humanité pèse de plus en plus lourd sur les écosystèmes et sur les ressources naturelles comme l’eau et les forêts, sans compter la hausse fulgurante des émis-

sions de gaz à effet de serre (GES). Depuis 1960, les émissions annuelles de ces gaz nocifs ont radicalement augmenté, accélérant du même coup l’effet de serre et le réchauffement climatique.

02 L ’évolution de la population mondiale de 1700 à 2010

Avec la révolution industrielle, à la fin du 18e siècle, la population s’est mise à augmenter plus rapidement. Cette croissance a ralenti dans les années 1980. La population mondiale devrait se stabiliser vers le milieu du 21e siècle selon les projections récentes de l’Organisation des Nations unies (ONU).

Population (en milliards)

Années 3,5 3 2,5 2 1,5 1 0,5 1700 0 0,5 0,6 1 1,5 2 2,5 3 3,5

2010 1999 1987

1950 1800

1830

0,9

1,0

1974 1960

1900

1,6 2,5

3,0 4,0 5,0 6

Amérique du Nord Amérique latine Europe et Océanie Afrique Ex-URSS Inde Chine Reste de l’Asie

Source : Le grand atlas du Canada et du monde, 3e édition, Bruxelles, Noordhoff/De Boeck, 2009, p. 30.

01 Une petite fille traverse le plus grand dépotoir

d’Afrique : Olusosun, dans la ville de Lagos, au Nigeria. Au milieu de plus de 410 000 m2 de déchets vivent des milliers de personnes dans des abris de fortune. Elles survivent en vendant les déchets qu’elles peuvent récupérer.

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I

DOSSIER 1

I

ENVIRONNEMENT

CHIFFRES

L’eau, une pénurie annoncée Actuellement, 500 millions de personnes vivant dans 31 pays souffrent d’un problème d’approvisionnement en eau, ce que les experts appellent le stress hydrique. L’Organisation des Nations unies (ONU) prévoit qu’en 2050, 1,8 milliard d’humains vivront dans des régions totalement privées d’eau et que 5 milliards auront des problèmes d’accès à l’eau. Source : Le Monde diplomatique, L’atlas 2010, Paris, Armand Colin, 2009.

Une consommation galopante Et la situation environnementale risque de s’aggraver. Au cours des 20 dernières années, la mondialisation a fortement stimulé la croissance économique de pays émergents comme la Chine et l’Inde, qui comptent respectivement 1,3 milliard et 1,16 milliard d’habitants et qui deviennent de vastes marchés que reluquent les entreprises du monde entier. Un essor

économique spectaculaire, qui se traduit par une hausse tout aussi spectaculaire des émissions de GES. À elle seule, la Chine a augmenté ses émissions de 3800 millions de tonnes entre 1990 et 2007, ce qui en fait aujourd’hui le premier pays pollueur de la planète. À ce rythme, la Chine sera responsable de 15 % des émissions mondiales en 2030. La planète pourra-t-elle supporter longtemps l’essor économique de pays aussi densément peuplés ?

03 L’évolution des émissions mondiales de gaz à effet de serre (en tonnes par habitant)

Les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de moitié entre 1960 et 2005, passant d’un peu plus de 3 tonnes à 4,5 tonnes par habitant. Tonnes 5,0 4,5 4,0 3,5 3,0 2,5 2,0 1,5 1,0 0,5 0,0 1960

1965

1970

1975

Émissions annuelles de CO2 (tonnes par habitant) FOCUS

La taxe carbone Basée sur le principe du « pollueur-payeur », la taxe sur le carbone est une taxe environnementale que certains États appliquent à des secteurs d’activité spécifiques afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Davantage utilisée dans les pays européens, en particulier dans les pays scandinaves, la taxe sur le carbone vise à responsabiliser les citoyens et les entreprises quant à leurs émissions de GES. Souvent citée en exemple, la Norvège a mis en place sa taxe sur le carbone dès 1991. En 2007, cette taxe se chiffrait à 55 $ US la tonne pour les entreprises et à près de 1,25 $ US par litre d’essence pour les automobilistes. En octobre 2007, le Québec est devenu la première province canadienne à prendre ce virage en imposant aux entreprises une taxe verte de 0,08 $ CA par litre d’essence vendu. La Colombie-Britannique a suivi le pas en 2008 en instaurant elle aussi une taxe carbone, mais trois fois plus élevée que celle du Québec. La taxe sur le carbone ne fait pas l’unanimité, même au sein des écologistes. Non seulement elle pénaliserait injustement les résidants des régions plus éloignées – plus dépendants de l’automobile – ainsi que les personnes à faible revenu, mais elle ne permettrait pas toujours d’atteindre les résultats escomptés. En 2008, la section norvégienne de Greenpeace déplorait que, malgré l’imposition de cette taxe depuis plus de 15 ans, la Norvège avait tout de même augmenté ses émissions de gaz à effet de serre de 15 %.

1980 1985 Années

1990

1995

2000

2005

Source : Banque mondiale, 2008.

Et la croissance de la consommation n’est pas réservée aux pays émergents. Les pays développés consomment, eux aussi, de plus en plus de biens, de ressources et d’énergie. À eux seuls, les États-Unis produisaient, en 2007, 20 % des émissions mondiales de CO2, bien qu’ils ne représentaient que 5 % de la population mondiale.

LA DÉFORESTATION Autre grande menace pour l’équilibre environnemental de la planète : la déforestation, un fléau qui entraîne la dispar ition annuelle de 13 millions d’hectares de forêt à l’échelle mondiale, soit pas moins de 36 terrains de football par minute ! Les cas de l’Argentine et d’Haïti sont particulièrement éloquents. En 100 ans, l’Argentine a perdu près de 70 % de son couvert forestier. Pour Haïti, la déforestation est encore plus critique : autrefois reconnu pour sa végétation luxuriante, ce petit pays est

ı n t e r P r É tAt ı o n   ı

La gestion de l’environnement

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04

aujourd’hui dépouillé de 95 % de son couvert forestier.

LA DéSertiFicAtion Dans certaines régions particulièrement vulnérables, comme la région subsaharienne, la déforestation aggrave un autre problème mondial, celui de la désertification. En septembre 2009, la neuvième session des Nations unies sur la lutte contre la désertification dressait d’ailleurs un constat accablant : près de 70 % de la population mondiale pourrait être frappée par la sécheresse si aucune

mesure n’est prise pour freiner la progression de la désertification. À l’heure actuelle, ce phénomène touche 36 millions de kilomètres carrés, soit l’équivalent d’environ 4 fois la surface du territoire chinois.

L’eAU, Une reSSoUrce MenAcée Fragilisées par le problème de la désertification et les différentes formes de pollution, les ressources en eau représentent, elles aussi, une sérieuse source d’inquiétude. Dans son troisième rapport mondial sur les ressources en eau, publié

04 Conséquence directe de la désertification, la

ville de Beijing est frappée par des tempêtes de sable de plus en plus fréquentes. Elle a déjà reçu plus de 300 000 tonnes de sable provenant du désert de Gobi. Ce désert, qui avance sur Beijing à une vitesse de 3 km par an, n’est plus qu’à 160 km de la capitale chinoise.

FOCUS

ı n t e r P r É tAt ı o n   ı

La gestion de l’environnement

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vers un objectif commun : la gestion de l’environnement. Gérer l’environnement pour préserver la planète et ses ressources implique des actions individuelles, telles que réduire sa consommation d’énergie, des actions collectives locales et nationales pour protéger les ressources et édicter des règles obligeant les industries et les collectivités à moins polluer, et aussi des actions internationales, comme des ententes entre pays pour que les efforts de chacun soient compatibles avec ceux des autres. Mais, jusqu’à présent, les divergences d’intérêts ont souvent pris le dessus et les consensus sont difficiles à obtenir. Quels choix individuels les citoyens des pays développés ou émergents sont-ils prêts à faire pour préserver la planète ? Sur les scènes locale et nationale, les intérêts économiques et politiques font souvent obstacle aux mesures environnementales. Solution à la crise écologique actuelle, la gestion de l’environnement devient ellemême un immense défi parce qu’elle implique des choix économiques, sociaux et politiques qui divergent d’un groupe à l’autre ou d’un pays à l’autre. L’échec des négociations internationales sur la réduction des gaz à effet de serre illustre bien la complexité de la gestion environnementale. Du Sommet de Rio en 1992 au Sommet de Copenhague en 2009, malgré tous les efforts à l’échelle mondiale, les pays membres des Nations unies n’ont pas encore réussi à conclure un accord définitif sur les principes et la mise en application d’une entente sur les réductions de GES.

06

07

06 Le lac Tchad sera le plus grand réservoir d’eau du

08 Les usages de l’eau

La production des différents biens et services que nous utilisons exige une certaine consommation d’eau. Produit ou service

Consommation d’eau

Un kilogramme de plastique

1 litre à 2 litres

Un litre de boisson gazeuse

9 litres

Puce de 2 grammes pour les téléphones cellulaires

32 litres

Un kilogramme de sucre

300 litres à 400 litres

Un kilogramme de papier

environ 500 litres

Un kilogramme de pommes de terre

590 litres

Industrie touristique, en Méditerranée, en été

850 litres par jour par personne

Un kilogramme de riz

5000 litres

monde à disparaître d’ici une vingtaine d’années si le niveau de l’eau continue de baisser. Déjà, ce lac a perdu 90 % de sa superficie, privant ainsi le Cameroun, le Tchad, le Niger et le Nigeria d’une ressource essentielle à la vie : l’eau. 07 L’archipel de Tuvalu sera le premier pays du

monde à disparaître d’ici une cinquantaine d’années si le niveau de la mer continue de monter. Déjà, les terres ne sont plus cultivables car, à chaque marée haute, les îles sont submergées par l’eau salée de la mer.

10  ı

DOSSier 1

ı

envıronnement

09

Qu’est-ce que la gestion de l’environnement ?

CHIFFRES

Le poids de nos déchets Au Québec, entre 1999 et 2009, malgré le succès de la collecte sélective, la quantité d’ordures qui aboutit au dépotoir a augmenté de 12 %, atteignant 810 kg par personne par année. Le gouvernement espère avoir réduit ce poids à 700 kg par personne en 2015, soit une réduction de 14 %. Source : Ministère du Développement durable, de l’environnement et des Parcs [en ligne]. (Consulté le 12 janvier 2010.)

La gestion de l’environnement, c’est l’ensemble des mesures mises en place par les acteurs sociaux, à différents niveaux, pour assurer la viabilité à long terme des écosystèmes. La gestion de l’environnement peut prendre plusieurs formes : des mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre, des lois pour l’élimination des déversements de produits toxiques dans les cours d’eau ou encore la signature de traités internationaux pour la protection de terres sauvages.

Autre exemple : de l’autre côté de l’Atlantique, à l’échelle régionale, huit pays riverains de la mer Baltique — incluant notamment le Danemark, la Suède, la Pologne et la Lettonie — se sont entendus, en 2009, sur une stratégie commune pour assainir la mer Baltique, une des mers les plus polluées du monde. En harmonisant leurs normes environnementales et en investissant plus de 10 milliards d’euros d’ici 2013, les pays baltes de l’Union européenne souhaitent redonner une seconde vie à cette mer intérieure asphyxiée par le transport maritime intensif et la prolifération d’algues toxiques.

Au Québec, par exemple, les différentes mesures mises en place pour faciliter le recyclage et la récupération des déchets ont permis, en 2008, de récupérer 6,8 millions de tonnes de matières résiduelles, soit l’équivalent de 0,88 tonne par habitant — une hausse de 9 % depuis 2006 et de 288 % depuis 1990.

À l’échelle internationale, même si les négociations sur les mesures de réduction des GES sont les plus médiatisées, les États signent régulièrement des ententes ou des traités portant sur d’autres aspects de la gestion environnementale tels que l’élimination des polluants organiques persistants (Convention de Stockholm,

ı n t e r P r É tAt ı o n   ı

La gestion de l’environnement

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09 La ville de Mexico est une des villes les plus

polluées du monde. Au Sommet des Nations unies sur le changement climatique qui s’est déroulé à Copenhague, au Danemark, en décembre 2009, le Mexique a annoncé la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre de 50 % d’ici à 2050, à la condition d’avoir le soutien technique et financier nécessaire de la communauté internationale. 10 Depuis sa création en 1990 par le gouvernement

du Québec, RECYC-QUÉBEC mène des campagnes de sensibilisation à l’importance du recyclage des déchets. Les campagnes ont porté fruit : le taux de recyclage a considérablement augmenté au cours des 19 dernières années. Toutefois, le recyclage n’est pas suffisant pour réduire la production de déchets ; la véritable source du problème reste la consommation.

PORTRAIT

Al Gore (1948-)

10

2001) ou la lutte contre la désertification (Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, Paris, 1994). Voir la ligne du temps Les principaux accords et événements internationaux en environnement entre 1971 et 2009, p. 54.

LeS bUDGetS VertS… C’est dans les années 1970 que la prise de conscience environnementale s’est amorcée. Les groupes écologistes ont alors fait leur apparition tandis que la plupart des pays occidentaux se dotaient d’un ministère de l’Environnement. La France, par exemple, crée le sien en 1971, la même année que le Canada, tandis que celui du Québec voit le jour en 1979. Cette gestion publique de l’environnement ne se fait pas sans coûts. Les budgets des différents paliers de gouvernements consacrés à la gestion de l’environnement, bien qu’inférieurs à ce que souhaiteraient les écologistes, ne cessent d’augmenter. À

titre d’exemple, au Québec, les dépenses du ministère, qui porte aujourd’hui le nom de ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, se chiffraient, en 2009, à plus de 228 millions $, ce qui représente une hausse de plus de 270 % depuis son exercice budgétaire de 1981 (83 millions $). Chaque législation ou action entraîne des coûts. En novembre 2009, le ministère s’est engagé à bannir tous les déchets biodégradables des sites d’enfouissement d’ici 2020. Facture pour cette seule mesure : 650 millions $ !

Le cAnADA AccUSe DU retArD ! À l’échelle nationale, le budget d’Environnement Canada se chiffrait, en 2009, à plus de 1,06 milliard $. Les écologistes aimeraient toutefois que le gouvernement en fasse beaucoup plus car, la même année, le Canada se classait parmi les pires pays occidentaux en matière de réduction de gaz à effet de serre. Et malgré les pressions internationales, le Canada résistait

Ancien vice-président des États-Unis (1993-2001), Al Gore est né à Washington. Après avoir œuvré sur la scène politique américaine de 1976 à 2001, il se consacre aux problèmes liés au réchauffement de la planète et organise des sommets où spécialistes et scientifiques apportent des solutions potentielles. en 2007, Al Gore est colauréat du prix Nobel de la paix et son documentaire, Une vérité qui dérange, remporte deux Oscars. Depuis, Al Gore poursuit sa croisade pour une meilleure compréhension du changement climatique et pour la sauvegarde de la planète.

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11 La consommation d’énergie dans le monde en 2004

Les inégalités en matière de consommation énergétique sont criantes sur la planète. La dépendance au pétrole des principaux pays consommateurs les rend peu enclins à faire des efforts pour réduire cette consommation. Source : François BOST et autres, Images économiques du monde : géopolitique-géoéconomie 2009, Paris, Armand Colin, 2009.

toujours à rehausser ses objectifs de réduction de GES lors du Sommet de Copenhague en décembre 2009. À titre de comparaison, la même année, les États-Unis investissaient six fois plus par habitant dans les énergies renouvelables que le Canada. Il faut dire que les États-Unis, un des plus gros pollueurs de la planète, ont quant à eux amorcé en 2009 un virage spectaculaire en matière d’investissements verts. Le gouvernement américain a consacré 12 % de son plan de relance économique — soit un montant de 112,3 milliards $ US — à une série de mesures environnementales, notamment en recherche et développement sur l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Dans la même foulée, la Chine, qui a longtemps hésité à prendre le virage vert, fait maintenant preuve d’une certaine

ouverture. Ainsi, 33 % de son plan de relance économique de 2009 était consacré à une meilleure gestion environnementale, ce qui représente l’astronomique somme de 216,4 milliards $ US. Si les dépenses environnementales des États augmentent partout sur la planète, scientifiques et environnementalistes réclament tout de même davantage. Devant l’ampleur de la crise écologique actuelle, il faudra, selon eux, encore beaucoup plus d’investissements pour que s’opère un réel changement.

L’Union eUropéenne, Un bon écocitoyen Au moment de la signature du protocole de Kyoto, des 32 pays qui se sont vu imposer des objectifs chiffrés, 23 étaient membres de l’Union européenne (UE).

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Avec un tel fardeau, l’UE aurait pu traîner de la patte. Au contraire, elle est première de classe ! Non seulement ses membres vont respecter le protocole de Kyoto, mais l’UE les pousse à faire davantage.

Les actions L’UE entend réduire les effets néfastes de la croissance économique sur l’environnement et la santé au moyen d’un trio « 20-20-20 » pour 2020 : • réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre (par rapport à 1990) ; • augmenter de 20 % la part des énergies renouvelables ; • augmenter de 20 % l’efficacité énergétique. Aussi, 10 % du carburant dans les transports devra bientôt provenir d’énergies renouvelables. Les constructeurs paieront des amendes si leurs voitures neuves dépassent les limites d’émissions de CO2 et de particules fines nocives pour les poumons.

Les investissements Sur un budget de 120 milliards d’euros par an, l’UE en consacre 43 % à la préservation et la gestion des ressources naturelles. Cette caisse commune permet d’aider ses membres en difficulté économique à appliquer des lois pro-environnement qu’ils n’auraient pu financer seuls. Chaque pays membre contribue au budget de l’UE selon sa capacité de payer. Les méthodes « Produire autrement » coûte cher, car il faut de la recherche pour inventer de nouvelles techniques. L’UE s’en charge. Elle fait en sorte que des solutions appuient les législations. Par exemple, le plomb est dangereux L’UE restreint l’utilipour le cerveau. sation du plomb dans l’équipement électronique. Une petite entreprise ne peut payer des chercheurs pour développer de nouvelles techniques. L’UE finance un projet de recherche sur la soudure et l’assemblage sans plomb. Les entreprises ont des cours de formation sur ce nouveau procédé.

La gestion de l’environnement

INTERPRÉTER Le PrOBLÈMe

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(CD 1)

Les questions portent sur le contenu des pages 4 à 12. 1 Quelles sont les trois principales causes de l’augmentation des émissions des gaz à effet de serre et de l’élargissement de l’empreinte écologique mondiale ? 2 Quelle relation peut-on établir entre la démographie, la croissance économique et la situation environnementale ? Illustrez votre réponse en prenant l’exemple d’un pays émergent comme la Chine ou l’Inde. 3 Énumérez au moins cinq causes liées au problème de la disparition et de la contamination de l’eau douce. 4 La gestion de l’environnement implique des actions individuelles, des actions collectives locales et nationales ainsi que des actions internationales. À l’aide d’exemples, illustrez chacun de ces types d’actions. 5 Durant quelle décennie a-t-on pris conscience de la crise environnementale ? 6 Quelles actions, en termes de budgets et d’efforts, les gouvernements du Québec et du Canada ont-ils entreprises en matière d’environnement ? 7 Quelles actions les États-Unis ont-ils engagées pour amorcer un virage vert depuis 2009 ?

CERNER LE PROBLÈME : ACTiViTÉ Composante de la CD 1

Les problèmes environnementaux Outils de référence : votre manuel Enjeux, un atlas thématique et Internet. 1 Choisissez trois problèmes environnementaux parmi les suivants : déforestation, changements climatiques, désertification, pollution de l’air (smog) et pollution de l’eau. 2 Créez une carte mondiale illustrant les trois problèmes environnementaux. a) Sur une carte muette, repérez puis identifiez un pays ou une région du monde confronté au premier problème environnemental choisi. b) Créez un pictogramme illustrant ce problème, définissez-le dans une légende puis placez-le sur la carte. c) Reprendre les points a) et b) pour les deux autres problèmes choisis. 3 Créez un tableau-synthèse pour chaque pays en présentant : • une cause ; • une conséquence ; • une incidence sur la qualité de vie des habitants.

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et LeS entrepriSeS ? La gestion de l’environnement entraîne également des coûts dans le secteur privé. Volontairement ou contraintes par les lois et la pression de l’opinion publique, les entreprises doivent elles aussi payer pour la mise en place de mesures de réduction de la pollution et l’utilisation de techniques plus vertes. À titre d’exemple, les dépenses environnementales des entreprises canadiennes ont presque doublé entre 1998 et 2006, bondissant de 4,7 milliards $ à 8,6 milliards $. Un effort encore trop modeste au dire des écologistes qui considèrent les industries comme les principaux pollueurs.

Des divergences nationales… Un des plus grands défis de la gestion de l’environnement est celui que pose la divergence des intérêts des différents acteurs concernés. Industriels, financiers, simples citoyens ou gouvernements, tous cherchent à défendre leurs propres intérêts ce qui entraîne souvent des tensions au sein d’un même pays.

LA ForÊt AMAZonienne en périL ? Le problème de la forêt amazonienne est un bon exemple de ces divergences d’intérêts. Depuis plus de 20 ans, l’exploitation de cette forêt a entraîné des coupes massives menaçant du coup l’équilibre de cet important écosystème. Greenpeace soutient qu’un hectare de cette forêt disparaît chaque seconde. Selon d’autres statistiques moins alarmistes, mais tout de même inquiétantes, ce serait 12 000 km2 de forêt qui seraient sacrifiés chaque année. D’un côté, les scientifiques et les groupes environnementaux réclament une meilleure protection de la forêt amazonienne, considérée par plusieurs comme le « poumon de la Terre ». Mais, de leur côté, les éleveurs locaux et les lobbys agricoles réclament le droit de défricher davantage pour augmenter la productivité alimentaire de la région. Quels intérêts doivent primer : le pain quotidien des paysans, la prospérité de l’industrie alimentaire ou la lutte contre le réchauffement climatique ?

Le nUcLéAire : Une SoLUtion AU probLÈMe inDien ?

12 Une vue aérienne de la forêt amazonienne permet de voir une partie de l’ampleur des ravages causés par la

coupe des arbres. Depuis les années 1970, c’est 20 % de la forêt amazonienne qui a été détruite (l’équivalent de la superficie de la France), laissant les habitants dans un environnement de désolation.

Autre illustration de ces divergences d’intérêts : la situation énergétique de l’Inde. Avec une croissance économique annuelle de 6 %, ce pays émergent est de plus en plus énergivore. Fortement dépendante des énergies fossiles, l’Inde, qui cherche à développer de nouvelles sources d’énergie moins polluantes, a conclu en novembre 2009 une entente avec le Canada pour utiliser davantage le secteur nucléaire, une source d’énergie plus propre. Mais la résistance est grande, car

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13 Les changements de température attendus jusqu’en 2099

Cette carte montre l’évolution projetée de la température en surface pour la fin du 21e siècle (2090-2099), selon un scénario modéré du GIEC. Source : GieC, 2008.

les écologistes indiens s’inquiètent des éventuelles répercussions de l’exploitation des centrales nucléaires sur la santé des populations locales ainsi que sur l’environnement.

… et des divergences internationales À l’échelle internationale, la divergence des priorités locales s’est cruellement fait sentir depuis l’adoption à Rio, en 1992, de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, première entente internationale sur les réductions de gaz à effet de serre qui mènera au protocole de Kyoto. Voir l’encadré De Kyoto à Copenhague, p. 54. Même si, en théorie, tous les pays signataires sont d’accord pour réduire les émissions de GES en vue de ralentir les

changements climatiques, tous ne s’entendent pas sur les moyens à prendre. En décembre 2009, le semi-échec du Sommet de Copenhague est venu une nouvelle fois confirmer les nombreux points de discorde qui subsistent entre les pays.

L’économie et l’environnement : un combat ? Malgré l’urgence d’agir, nombreux sont ceux qui craignent que le renforcement des mesures environnementales nuise à la croissance économique. Les gouvernements de certains pays industrialisés, comme le Canada et les États-Unis, s’inquiètent notamment des conséquences économiques de la mise en œuvre des

ZOOM

Le GIEC Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GieC) a été créé en 1988 par l’Organisation météorologique mondiale et le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUe). Ce groupe compte 2500 scientifiques et fournit, à la communauté internationale, des conseils scientifiques, techniques et socioéconomiques en lien avec les changements climatiques. Son rôle consiste principalement à évaluer les informations scientifiques publiées, à analyser la vulnérabilité des systèmes socioéconomiques et naturels et à examiner les solutions visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à atténuer les changements climatiques. Le GieC a reçu, avec Al Gore, le prix Nobel de la paix en 2007.

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14 La centrale électrique au charbon de Drax, située en Angleterre, est le 4e émetteur de CO2 d’Europe. En tant

PORTRAIT

Raoni Metuktire (v. 1930-) Né dans la forêt amazonienne, raoni Metuktire est un chef de la tribu des Kayapos. Vêtu du costume traditionnel, le visage peint et portant le labret (disque inséré dans la lèvre inférieure), il sort de sa forêt pour la première fois vers 1960 dans le but de sensibiliser le public à la nécessité de protéger la forêt amazonienne. en 1989, il reçoit le soutien médiatique du chanteur Sting, ce qui lui permet de diffuser son message partout dans le monde. À force de batailles, il obtient du gouvernement brésilien la création, en 1993, de l’une des plus grandes réserves de forêts tropicales.

que pays riche, l’Angleterre devra réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 50 % d’ici 2050, selon le taux établi au Sommet de la Terre tenu à Copenhague en décembre 2009.

ententes internationales sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. C’est ce qui a amené, en 2006, le gouvernement américain à refuser de ratifier le protocole de Kyoto, un geste qui a immédiatement déclenché une onde de choc internationale. Invoquant une hausse draconienne du taux de chômage et des coûts de l’énergie, le gouvernement canadien s’est rapidement aligné sur la position américaine et a renoncé à mettre en place les mesures qu’il s’était déjà engagé à appliquer en ratifiant le protocole de Kyoto. De leur côté, les pays émergents et ceux qui sont en développement soutiennent que la gestion de l’environnement est une responsabilité qui revient principalement aux pays riches responsables d’une très large partie des problèmes écologiques, notamment du réchauffement climatique. De plus, ces pays affirment ne pas avoir les moyens de ralentir leur économie ou de défrayer les coûts reliés à la gestion environnementale. Ces dissensions ont

profondément divisé la communauté internationale au cours du Sommet de Copenhague en 2009.

Le coÛt De L’inAction Si plusieurs pays plaident que l’action coûte cher, de nombreux experts et institutions soutiennent que la facture de l’inaction sera encore plus lourde.

Le rapport Stern En 2006, le rapport Stern est venu bouleverser le débat en démontrant, chiffres à l’appui, qu’il en coûterait davantage de ne rien faire que de mettre en place des mesures draconiennes pour stabiliser les émissions de gaz à effet de serre. Ex-économiste en chef de la Banque mondiale, le Britannique sir Nicholas Stern et son équipe estiment qu’en l’absence de mesures radicales prises d’ici 2016, la facture des conséquences des changements climatiques se chiffrera à 7500 milliards $ US. Quant aux mesures à mettre en place, elles représenteraient environ

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1 % du produit intérieur brut (PIB) mondial annuel, ce qui entraînerait une facture d’environ 14 milliards $ par année pour un pays comme le Canada. À l’opposé, le statu quo entraînerait un recul annuel de 5 % à 20 % du PIB. La réplique ne s’est pas fait attendre. Le rapport Stern a été rapidement dénoncé par d’autres économistes qui accusent ses auteurs d’avoir exagéré les coûts des conséquences économiques du réchauffement climatique.

Le GIEC et l’OCDE En 2007, les scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat — mieux connu sous l’acronyme GIEC — ont adressé aux décideurs politiques les mêmes conclusions

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La gestion de l’environnement

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que le rapport Stern : si les actions nécessaires pour ralentir l’effet de serre sont coûteuses, soit l’équivalent de 0,12 % du PIB mondial, le coût du statu quo serait encore plus élevé. Selon eux, les conséquences des changements climatiques et les mesures nécessaires pour s’y adapter entraîneraient une facture équivalente à 1 % ou 2 % du PIB des pays industrialisés. Pour les pays en développement, plus vulnérables aux effets des changements climatiques, la facture s’annonce encore plus salée : de 4 % à 8 % du PIB. Dans un rapport de 2008, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) fait un constat similaire : « L’insuffisance des politiques de l’environnement peut être un frein important pour la productivité et la croissance économique. »

FOCUS

Le smog Le smog est un cocktail nocif pour la santé. Les symptômes vont de l’irritation des yeux, du nez et de la gorge à un affaiblissement de la capacité de respirer et à une aggravation des problèmes cardiaques. Fusion des mots fumée et brouillard en anglais, le smog est composé de « mauvais » ozone et de particules fines. L’ozone en haute altitude nous protège des rayons nocifs du soleil, mais celui qui se trouve plus près du sol est dangereux. Ce corps gazeux se forme lorsque deux polluants particuliers sont exposés au soleil : l’oxyde d’azote et les composés organiques volatils. La concentration de smog est donc plus grande les journées ensoleillées, quelle que soit la saison. Les particules fines en suspension dans l’air proviennent, elles, de sources naturelles (sel marin, pollen, cendres volcaniques, etc.) et de l’activité humaine (combustion d’énergies fossiles, émanations de peintures, etc.). Plus elles sont fines, plus elles pénètrent profondément dans les poumons. Comme le smog est surtout présent dans les villes, la moitié de la population mondiale y est exposée. En 2025, ce seront les deux tiers de la population. Les coûts économiques du smog sont élevés : hospitalisations, pertes agricoles, dépérissement des forêts, etc. En 1992, Mexico a été déclarée par l’ONU « ville dont l’atmosphère est la plus polluée ». Les émissions de particules toxiques y sont plus importantes, car la combustion des carburants reste incomplète puisqu’il y a moins d’oxygène en raison de la haute altitude de la ville. Mexico est aussi située dans un cratère, donc entourée de montagnes qui retiennent les polluants.

PORTRAIT

David Suzuki (1936-) Généticien et environnementaliste de renommée internationale, David Suzuki est né à Vancouver. Vulgarisateur scientifique, il devient très tôt animateur d’émissions de télévision et conférencier, tout en poursuivant une carrière d’enseignant à l’Université de la Colombie-Britannique (1969-2001). Cofondateur de la Fondation David Suzuki, dont la mission est de participer à la conception d’un avenir durable pour le Canada, il publie également plus de 40 livres, dont certains proposent des moyens simples pour adopter un comportement plus vert. Au fil de ses réalisations, David Suzuki reçoit de nombreuses récompenses et distinctions notamment de l’UNESCO, de l’ONU et des Premières Nations.

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Catastrophe

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Au canada, le rapport pembina Automne 2009. Une nouvelle étude économique, financée par des fonds privés, vient brouiller les cartes. L’Institut Pembina et la Fondation David Suzuki publient un rapport démontrant que la croissance économique canadienne ne serait pas sérieusement ralentie par la mise en place de mesures de réduction de gaz à effet de serre préconisées par le protocole de Kyoto. Selon cette étude, même en réduisant les GES de 25 % par rapport au niveau de 1990 — l’objectif du protocole de Kyoto et préconisé par les scientifiques du GIEC — le PIB augmenterait de 2,1 % par année, et l’emploi, de 11 % sur une période de 10 ans. La province la plus affectée serait l’Alberta dont l’économie repose sur l’exploitation pétrolière : la croissance de cette province ne serait que de 38 %, comparativement aux 44 % envisagés,

en 2009, par le gouvernement canadien. Les conséquences économiques d’un effort national de réduction des GES seraient donc moins catastrophiques que le prétend le gouvernement. Ce rapport a rapidement été dénoncé par le ministre de l’Environnement canadien qui a jugé inacceptable que la croissance économique des provinces de l’Ouest soit ralentie par les mesures environnementales encouragées par les signataires du rapport.

Les premiers pas vers le développement durable Déversements pétroliers en pleine mer, intoxications humaines dues à l’ingestion d’aliments contaminés, explosions d’usines chimiques ou de réacteurs nucléaires : depuis plus d’un demi-siècle, une série de

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La gestion de l’environnement

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15 Dans la nuit du 2 au 3 décembre 1984, à Bhopal,

en Inde, une cuve de 40 tonnes d’isocyanate de méthyle, un gaz hautement toxique, explose dans une usine de pesticides. Le bilan est catastrophique : quelque 10 000 morts en 3 jours. Depuis 1984, 15 000 autres personnes seraient mortes des conséquences de l’exposition aux déchets toxiques ; et des centaines de milliers de personnes souffrent de graves problèmes de santé. 16 Novembre 2009. À l’approche du 25e anniversaire

de la catastrophe écologique de Bhopal, les manifestations se multiplient. Des survivants réclament la décontamination du site, l’accès à de l’eau propre et des indemnisations. Le site de l’usine n’ayant pas été décontaminé, il est devenu une décharge toxique à ciel ouvert.

ZOOM

Le FEM

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catastrophes écologiques ont alerté les populations et éveillé les consciences. Au cours des années 1980, la découverte d’un trou dans la couche d’ozone, principalement causé par l’utilisation de produits chimiques tels que les chlorofluorocarbures (CFC), secoue l’opinion publique. En quelques années, l’impact de ces désastres, combiné avec une meilleure connaissance du phénomène de l’effet de serre, a provoqué une prise de conscience collective : l’activité industrielle, si elle n’est pas suffisamment réglementée et contrôlée, se développe au détriment de l’intégrité humaine et environnementale.

La conférence de Stockholm En 1972, pour la première fois dans l’histoire du monde, des États de tous les continents se rassemblent pour débattre des enjeux importants qui pèsent sur l’environnement. À Stockholm, en Suède,

6000 personnes issues de 113 pays se sont réunies pour créer le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Ce premier Sommet de la Terre marque les débuts de la gestion environnementale à l’échelle internationale.

Le rapport brundtland 1983 : l’Organisation des Nations unies (ONU) franchit une nouvelle étape avec la création de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement. Présidé par la Norvégienne Gro Harlem Brundtland, l’organisme est mandaté pour élaborer des propositions permettant de concilier le développement humain avec une meilleure protection de l’environnement. Quatre ans plus tard, le rapport Brundtland propose à la communauté internationale une approche encore méconnue : le développement durable.

Les conventions mondiales pour la protection de l’environnement n’ont plus rien de mondial si les trois quarts des pays de la planète n’ont pas les moyens financiers nécessaires pour en appliquer les règles ! C’est donc pour permettre aux pays pauvres d’appliquer ce qu’ils signent que le Fonds pour l’environnement mondial (FeM) a été créé en 1991. il finance les projets découlant de six conventions internationales. Les projets doivent entraîner des avantages mondiaux pour l’environnement et être liés à l’un de ces enjeux : perte de la biodiversité, dégradation des eaux internationales ou des sols, changements climatiques, polluants organiques persistants (comme certains insecticides) et diminution de la couche d’ozone. Le FeM compte 179 membres : des institutions internationales, des organisations non gouvernementales (ONG) et des partenaires privés. Pour exécuter les projets, le FeM s’appuie sur la Banque mondiale, des agences de l’ONU ainsi que des banques de développement continentales. Depuis sa création, le FeM a financé 2400 projets dans 165 pays en développement, octroyé 8,6 milliards $ US en subventions et cofinancé avec le privé des projets pour un montant de 36,1 milliards $ US.

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VeiLLe MÉDIATiQUe Louis-Gilles Francoeur, pionnier du journalisme environnemental Chroniqueur au journal Le Devoir depuis plus de 30 ans, Louis-Gilles Francoeur est considéré comme la plus grande référence journalistique en matière d’environnement au Québec. Rien ne lui échappe, des changements climatiques à la protection des forêts, en passant par la chasse et la pêche. Son expertise et sa capacité à vulgariser lui permettent de mettre en lumière les problèmes environnementaux et de sensibiliser le public. Lorsqu’une journaliste du manuel Enjeux lui demande s’il se voit comme un journaliste ou un militant, Louis-Gilles Francoeur répond : « Je suis un journaliste, pas un militant. Comme journaliste, il faut éviter de tomber dans les stratégies des différentes parties impliquées. Mon engagement professionnel est d’éclairer le débat en exposant un maximum de faits et en dégageant les enjeux qui permettent au public de prendre position et d’influencer éventuellement les décideurs. »

raise your Voice : la parole aux citoyens Dans le cadre du Sommet des Nations unies sur le changement climatique (Copenhague, 2009), le gouvernement du Danemark et le site YouTube s’associent pour donner la parole aux citoyens. L’initiative Raise Your Voice donne la chance aux internautes de faire entendre leur opinion et de poser des questions aux décideurs et aux experts en environnement, et ce, en téléversant leurs propres vidéos sur le site YouTube. Plusieurs de ces vidéos sont présentées lors d’un débat télévisé diffusé sur la chaîne d’information internationale CNN. Le CNN YouTube Debate on Climate Change réunit des politiciens, des célébrités et des militants. Raise Your Voice illustre les possibilités immenses qu’offrent Internet et les réseaux sociaux aux citoyens pour se faire entendre. Les blogues, les forums de discussion et les sites de réseautage sont de nouvelles tribunes accessibles à tous.

V E I L L E M É D I AT I Q U E

Greenpeace, une vedette des médias Le 7 décembre 2009, première journée du Sommet de Copenhague, des militants de Greenpeace déjouent la sécurité entourant le Parlement canadien. Ils suspendent des banderoles sur l’édifice pour protester contre l’inaction du Canada face au réchauffement climatique. Lorsque les militants de l’organisme sont arrêtés, des images de l’événement ont déjà fait le tour de la planète. Greenpeace est une organisation réputée pour ce genre de coups d’éclat qui lui procurent chaque fois une grande visibilité dans les médias du monde entier. Ses militants cherchent à sensibiliser le public aux enjeux environnementaux et, surtout, à mettre de la pression sur les dirigeants. Nombreux sont les organismes qui, comme Greenpeace, savent utiliser les médias pour diffuser leur message.

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L’OBSERVATOIRE MÉDIAS 1 Selon vous, pourquoi les reportages sur l’environnement contribuent-ils à sensibiliser la population aux problèmes environnementaux ? Donnez deux exemples de reportages qui vous ont sensibilisé ou sensibilisée. 2 Que vous apprend le commentaire du journaliste Louis-Gilles Francoeur sur le métier et le rôle du journaliste ? Croyez-vous que les journalistes doivent être neutres ou, au contraire, prendre position dans leurs reportages ? Expliquez votre position. 3 Sur un même sujet environnemental, trouvez un éditorial, une caricature, le texte d’un blogue et un reportage. Relevez les différences dans le traitement de l’information (ton, position, type d’informations).

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Qu’est-ce que le développement durable ?

richesses entre les pays riches et les pays pauvres.

Dans son rapport, Notre avenir à tous, la Commission mondiale sur l’environnement et le développement définit le développement durable dans les termes suivants : « Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. » Le rapport insiste notamment sur l’importance de prévoir un mode de développement respectueux de l’environnement : « Le développement durable exige que les effets nuisibles sur l’air, sur l’eau et sur les autres éléments soient réduits au minimum, de façon à préserver l’intégrité du système. » Pour les auteurs du rapport Brundtland, la notion de développement durable est indissociable d’une solide croissance économique et d’un plus grand partage des

ZOOM

Action 21 pour des actions au 21e siècle en 1992, à rio au Brésil, 172 pays reconnaissent qu’il y a quatre faces à une même médaille : la surconsommation, le développement économique irrationnel, la dégradation de l’environnement, et l’inégalité entre pays riches et pays pauvres. ils participent alors à la Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement, communément appelée le Sommet de la Terre. ils adoptent un plan directeur prévoyant une longue liste d’actions à mettre en œuvre au 21e siècle, d’où son nom Action 21. Le but est de réorienter les pays vers un développement économique et social durable, qui freinera la destruction de l’environnement et qui, surtout, fera reculer la pauvreté. Le coût annuel prévu d’Action 21 pour les pays pauvres est de 125 milliards $. Leur grand défi restera de trouver ces milliards.

En 2005, le gouvernement québécois se met lui aussi au développement durable. Le ministère de l’Environnement devient alors le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP). En 2006, la Loi sur le développement durable est adoptée. On y retrouve les grands principes du développement durable : • maintenir l’intégrité de l’environnement ; • assurer l’équité sociale ; • viser l’efficience économique.

L’eXeMpLe FinLAnDAiS Aujourd’hui, aux quatre coins de la planète, le concept de développement durable inspire les autorités et les simples citoyens pour donner naissance à de nouvelles pratiques et à une meilleure gestion de l’environnement. Les pays scandinaves

17 L es dimensions du développement durable

La notion de développement durable suppose l’interdépendance des dimensions environnementale, économique et sociale. Mais sa mise en œuvre est problématique en raison des différentes conceptions qui s’opposent à son sujet et des nombreuses questions que cela suscite.

Protection de l’environnement

Développement de l’économie Viable

DÉVELOPPEMENT DURABLE Équitable

Vivable

Développement social

Source : Adapté de Yvette VeYreT et Gérard GrANier, « Le point sur le développement durable », dans « Développement durable – Quels enjeux géographiques ? », Documentation photographique, dossier no 8053, Paris, 2006, La Documentation française, Secrétariat général du gouvernement.

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sont souvent cités comme des modèles en matière de développement durable. À titre d’exemple, la Finlande est reconnue pour sa gestion forestière, basée sur les principes de développement durable. Détenue à 60 % par des particuliers, l’exploitation de la forêt finlandaise est soumise à des lois strictes afin d’en protéger sa biodiversité et sa régénération. Des 240 millions d’euros investis annuellement dans la sylviculture et la mise en valeur de la forêt, environ 180 millions proviennent des propriétaires et 60 millions de l’État. L’objectif de ces politiques et de ces investissements est d’assurer la viabilité économique de l’industrie forestière finlandaise, tout en assurant la viabilité à long terme du couvert forestier.

Les choix qu’implique le développement durable Sur le plan législatif, les gouvernements des différents pays multiplient les lois pour responsabiliser les citoyens et les industries en matière de développement durable. En Allemagne, par exemple, les voitures jugées trop polluantes sont désormais bannies des centres-villes de plusieurs grandes municipalités. Au Québec, les entreprises sont de plus en plus contraintes par l’État à appliquer les principes du développement durable. Depuis novembre 2009, l’industrie est désormais appelée à intégrer le concept de cycle de vie dans la fabrication des objets qu’elle met sur le marché, car les entreprises sont maintenant responsables de la récupération de leurs produits. Ce concept vise, pour le moment, quelques produits comme les huiles usées, les emballages et les peintures. La même année aux États-Unis, le gouvernement a déclenché une véritable onde de choc en imposant un décret pour augmenter l’efficacité énergétique des nouveaux véhicules automobiles et resserrer les normes environnementales concernant leur fabrication. Avec l’application de cette nouvelle loi fédérale, les véhicules automobiles américains consommeront 30 % moins d’essence d’ici 2013.

La gestion de l’environnement

INTERPRÉTER Le PrOBLÈMe

ı  23

(CD 1)

Les questions portent sur le contenu des pages 16 à 23. 1 Nommez une conséquence sociale et une conséquence économique qu’appréhendent certains pays développés devant le renforcement des mesures environnementales. 2 Les pays émergents et en développement soutiennent qu’ils ne peuvent défrayer les coûts de la gestion environnementale et que ces coûts doivent être assumés par les pays riches. Selon vous, quelles seraient les conséquences du partage des coûts environnementaux pour les pays émergents et en développement ? 3 Selon le rapport Stern de 2006 et les études du GIEC publiées en 2007, l’inaction des pays coûtera encore plus cher que la mise en place de mesures radicales pour réduire les GES. Selon ces rapports, quelle sera l’ampleur de ces pertes économiques à l’échelle mondiale ? 4 Qu’est-ce que le développement durable ? 5 Quels sont les trois grands principes fondamentaux de la Loi sur le développement durable, adoptée au Québec en 2006 ? 6 Donnez quelques exemples de lois et de politiques illustrant le développement durable dans le monde.

ANALYSER LE PROBLÈME : ACTiViTÉ Composante de la CD 1

L’exploitation et le développement de la forêt amazonienne Outils de référence : Internet et un atlas. Un des plus grands défis de la gestion de l’environnement est celui de la divergence des intérêts des différents acteurs concernés. 1 Formez une équipe de quatre personnes et partagez-vous les rôles suivants : • un membre d’un regroupement de gens d’affaires œuvrant dans le secteur industriel brésilien ; • un membre de la communauté rurale brésilienne ; • un membre du gouvernement brésilien ; • un membre d’une ONG luttant pour la protection de l’environnement. 2 Trouvez des statistiques ou des faits portant sur la forêt amazonienne (superficie du territoire, quantités de bois coupé, etc.) afin de déterminer les causes de son état actuel. 3 Pour chaque personnages : • déterminez ses intérêts ; • élaborez son point de vue par rapport à l’exploitation de la forêt amazonienne ; • décrivez ses actions. 4 Indiquez les rapports de force potentiels entre les différents acteurs. Par exemple : Qui peut avoir le plus d’influence sur les autres ? Qui a les moyens d’imposer son point vue ? Qui contrôle qui ?

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DOSSier 1

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envıronnement

18 À Los Armasigos, en République dominicaine, des

travailleurs s’affairent à laver des bananes dans une ferme qui fait le commerce équitable de ce fruit, en partenariat avec la coopérative Asobanu.

réduire son empreinte écologique Le développement durable soulève une question clé : Comment réduire la pression sur les ressources naturelles et limiter les émissions de déchets tout en offrant à la population mondiale un niveau de vie jugé adéquat ? Pour résoudre ce problème, il faut des données précises. C’est pourquoi des spécialistes ont mis au point un outil de mesure permettant de calculer l’impact des populations sur leur environnement : l’empreinte écologique. L’empreinte écologique représente la surface de terre biologiquement nécessaire pour répondre aux besoins d’une population humaine donnée. Elle est

généralement mesurée en hectares globaux (hag) — soit 100 m 2 — et elle comprend l’ensemble des ressources naturelles utilisées par les individus, regroupées dans des catégories telles que les champs cultivés pour l’agriculture, les pâturages pour l’élevage et les ressources de la mer. La comparaison de l’empreinte écologique entre les différents pays illustre bien le fossé qui sépare le mode de vie des pays industrialisés de celui des pays émergents ou en développement. À titre d’exemple, en 2006, selon les données du Global Footprint Network, l’empreinte écologique moyenne des Canadiens était de 5,8 hag, ce qui signifie que chaque Canadien utilisait les ressources naturelles équivalant à 5,8 hectares de terre

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La gestion de l’environnement

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4 000 km

Échelle à l’équateur

               

19 L e bilan écologique dans le monde en 2005

Le bilan écologique de chaque pays varie en fonction de sa biocapacité et de sa consommation totale. On calcule le bilan écologique d’un pays en soustrayant son empreinte écologique de sa biocapacité. Un bilan négatif signifie une empreinte écologique qui dépasse la capacité de production et d’absorption biologique.

ZOOM

La banane équitable

Source : redefining Progress, 2005.

20 L ’évolution de l’empreinte écologique depuis les années 1970

Selon la tendance actuelle, en 2040, les humains consommeront en une année l’équivalent de ce que la Terre met deux ans à produire. 1960-2005 Empreinte écologique 2005-2050 selon deux scénarios Maintien de la tendance actuelle Réduction rapide de la consommation

Nombre de planètes

2,5 2 1,5 1 0,5 0

1970

1980

1990

2000

2010

2020

2030

2040

2050

2060 Années

Source : Global Footprint Network, 2009 [en ligne]. (Consulté le 4 mars 2010.)

Énorme marché sur la scène mondiale, le commerce de la banane s’est longtemps développé au détriment de l’environnement et de la santé humaine. Les dangereux pesticides utilisés en quantité industrielle dans les plantations traditionnelles polluent les écosystèmes et peuvent entraîner de graves maladies chez les travailleurs qui y sont exposés. Aujourd’hui, une entreprise québécoise distribue des bananes équitables provenant de 8500 producteurs issus de 7 pays (république dominicaine, Costa rica, Équateur, Colombie, Pérou, Ghana et îles Sous-le-Vent). Dans ces plantations, les conditions de travail et les normes environnementales sont radicalement différentes, plus respectueuses de l’intégrité humaine et environnementale. Preuve que cette forme de développement durable rejoint maintenant un nombre croissant de consommateurs : les ventes mondiales de bananes équitables ont augmenté de 20 % entre 1999 et 2009.

26

I

DOSSIER 1

I

ENVIRONNEMENT

Les questions portent sur le contenu des pages 5 à 25. 1 À l’aide de la carte de la page 25 du manuel, indiquez trois pays dont le bilan écologique est très négatif. 2 Quelle conclusion peut-on tirer en comparant la carte portant sur la consommation d’énergie à la page 12 et celle portant sur le bilan écologique à la page 25 ? 3 En consultant le graphique portant sur l’évolution de la population mondiale à la page 5 et celui portant sur l’évolution de l’empreinte écologique à la page 25, quel lien peut-on faire entre la stabilisation de la population mondiale et l’empreinte écologique mondiale ? 4 En quoi la Conférence de Stockholm et le rapport Brundtland ont-ils été des événements marquants relativement à la gestion de l’environnement ?

La surconsommation locale et internationale Outils de référence : votre manuel Enjeux et Internet. La surconsommation dans les pays riches, notamment aux États-Unis et au Canada, représente une menace pour plusieurs ressources naturelles. Or, le phénomène s’intensifie encore sous l’effet de la mondialisation qui a stimulé la croissance économique de pays très populeux comme la Chine et l’Inde qui, à leur tour, se tournent vers la consommation. Le problème de la surconsommation mondiale entraîne donc des problèmes de toutes sortes comme : • la fragilisation des écosystèmes ; • la destruction des forêts ; • l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre ; • la surconsommation de l’eau. Pour bien comprendre le phénomène dans son ensemble, faites l’exercice du point 1, puis répondez aux questions des points 2 à 4. 21

1 Dressez la liste : • des produits que vous surconsommez à la maison ; • des cinq pays qui gaspillent le plus d’eau ; • des cinq pays qui consomment le plus d’énergie ; • des cinq pays qui ont les plus fortes émissions de dioxyde de carbone (CO2). 2 D’où devraient provenir les meilleures solutions pour régler ces problèmes? Est-ce à l’échelle locale (par exemple, les actions des citoyens), à l’échelle nationale (par exemple, les lois d’un pays) ou à l’échelle internationale (par exemple, le protocole de Kyoto) ? Justifiez votre réponse. 3 Votre propre consommation a-t-elle un impact sur l’ensemble de la planète ? Si oui, lequel ? Si non, pourquoi ? 4 Quels sont les impacts de la surconsommation à l’échelle mondiale sur votre vie ?

cultivable pour assurer sa subsistance. La même année, l’empreinte écologique des Américains était de 9,0 hag, celle des Allemands de 4,0, celle des Marocains de 1,3 et celle des Congolais de 0,7. À l’échelle mondiale, en 2006, l’empreinte écologique moyenne des êtres humains, toutes nationalités confondues, était de 2,6 hag. Concrètement, cela signifie que l’humanité a utilisé cette année-là les ressources équivalant à celles de 1,3 planète. En d’autres termes, la planète aurait besoin d’une

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La gestion de l’environnement

année et quatre mois pour générer toutes les ressources nécessaires aux besoins de la population mondiale.

Des enjeux aux allures de défis

Les données sur l’empreinte écologique sont un outil précieux pour démontrer l’impasse dans laquelle l’humanité se dirige si les habitants des pays industrialisés ne modifient pas rapidement leur mode de vie et leurs habitudes de consommation. Les spécialistes sont unanimes : il faut agir sans tarder pour éviter d’épuiser le capital de notre planète en ressources naturelles.

Gouvernements, industriels, scientifiques et simples citoyens, tous sont interpellés par les problèmes environnementaux et appelés à faire des actions concrètes. Il en va de l’avenir de notre planète. De la gestion environnementale découlent de nombreux enjeux, tels que l’utilisation et la consommation des ressources ainsi que l’harmonisation des normes environnementales.

ı  27

21 La surconsommation est une des causes de

l’aggravation des problèmes environnementaux. Si tous les habitants de la Terre adoptaient le mode de vie occidental, une seule planète Terre ne suffirait pas à combler tous leurs besoins. La gestion de l’environnement est un défi d’autant plus grand que la stabilité économique des pays développés dépend de la consommation.

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DoSSier 1

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envıronnement

1

ENJEU

L’utilisation et la consommation des ressources Avec des milliards d’êtres humains toujours en quête d’un meilleur niveau de vie, l’humanité menace-t-elle la planète d’épuisement ? Une question qui soulève un enjeu crucial de la gestion de l’environnement : l’utilisation et la consommation des ressources de la Terre. Au cœur du problème : nos choix énergétiques, une démographie galopante et une course folle à la consommation.

quels choix énergétiques devrons-nous faire? Transporter les personnes et les marchandises, éclairer et chauffer les immeubles, faire tourner les usines… Pour nombre de leurs activités, les humains ont un insa-

tiable besoin d’énergie. Résultat : la consommation énergétique augmente d’année en année, intensifiant du même coup les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Au banc des accusés : le pétrole et le charbon, deux formes d’énergies polluantes et non renouvelables

22 L ’évolution du prix du baril de pétrole de 1861 à 2010

ZOOM

L’AIE L’agence internationale de l’énergie (aie)  a  été  créée  pendant  le  choc  pétrolier  de  1973-1974  afin  de  coordonner  les  mesures  à  prendre  en  temps  de  crise  des  approvisionnements  pétroliers.  aujourd’hui, les travaux de l’agence sont  principalement axés sur la sécurité énergétique, le développement économique  et la protection de l’environnement. L’aie  compte 28 pays membres auxquels elle  propose des conseils en matière de politiques énergétiques et des recommandations sur les bonnes pratiques à adopter. 

Dollars constants ($ US)

Le prix du baril de pétrole, qui a chuté sous les 30 $ à la fin des années 1980, ne favorisait pas l’exploitation très coûteuse des sables bitumineux. Aujourd’hui, ce type d’exploitation est devenu rentable, mais cette industrie a un autre coût, environnemental celui-là. 110 100

Janvier 2008

101 $ 2e Choc pétrolier 1980

90

88 $

100 $

80 71 $ 70 60 50 40

1er Choc pétrolier 1974 47 $

46 $ 32 $

30

55 $

Crise de 1929 17 $

20 10

Contrechoc pétrolier 1980-1990

16 $

13 $ 9$

8$ 0 1861 1870 1880 1890 1900 1910 1920 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 Années  Source : BP Statistical Review of World Energy, juin 2006.

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qui ont dominé le marché de l’énergie pendant des décennies. La menace du réchauffement climatique incite toutefois les décideurs à se tourner vers de nouvelles formes d’approvisionnement énergétique. Mais la résistance au changement est forte et réelle. Les gouvernements sont soumis à de nombreuses pressions, notamment de la part des lobbys du pétrole et du charbon qui craignent un ralentissement de leur croissance industrielle. À ce titre, le Canada est parfois dénoncé comme un pays qui tarde à investir dans les énergies plus vertes et qui protègerait l’industrie pétrolière des sables bitumineux, la plus polluante des formes d’extraction du pétrole. Pour assurer une meilleure gestion de l’environnement, il faudra toutefois revoir nos choix énergétiques et mieux comprendre les trois types d’énergies existantes, soit les non renouvelables, les renouvelables et les inépuisables… énergies non renouvelables

sommes-nous dépendants du pétroLe ? Avec une consommation de 85 millions de barils par jour (mbj) en 2008, la très grande majorité des pays du monde demeuraient étroitement dépendants du pétrole. Et selon les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), publiées dans son rapport de 2009, cette dépendance devrait augmenter dans les prochaines décennies. En effet, pour répondre à une augmentation annuelle moyenne de 1 % des besoins énergétiques, la consommation mondiale de pétrole sera de 105 mbj en 2030 si aucune mesure concrète n’est prise pour encourager les autres formes d’énergies. Et, se basant sur les prévisions du GIEC, l’AIE ajoute qu’un tel scénario entraînerait des dommages irréparables sur l’environnement et une considérable aggravation du réchauffement climatique. Relativement bon marché, mais surtout facile à exploiter et à transporter, le pétrole s’est imposé comme carburant de base des sociétés industrielles à partir de la Seconde Guerre mondiale. Depuis,

23 T ransporté par train, par navire-citerne ou par oléoduc, le pétrole arrive aux raffineries où il est transformé

notamment en essence, en mazout ou en butane. Durant le raffinage, les effluents, comme les eaux pluviales, les eaux de ballast des navires-citernes et les eaux d’égout, sont souvent contaminés.

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1 : 210 000 000 (projection de Gall) 0

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4 000 km

Échelle à l’équateur

Principaux pays producteurs de pétrole, en milliers de barils par jour, en 2007 7500 et plus 5000 à 7500 2500 à 5000 Moins de 2500

ays producteurs n milliers de barils 2007

t plus 7500 5000

de 2500

Principaux pays consommateurs de pétrole, en barils par an par habitant, en 2005 24 Les principaux pays producteurs et consommateurs de pétrole dans le monde 20 et plus Au cours des dernières décennies, l’économie du pétrole s’est grandement transformée. Le nombre de pays 10 à 20 producteurs a augmenté tandis que la consommation de pétrole a explosé dans les pays qui ont depuis peu gagné les rangs des pays émergents comme le Brésil et la Chine. Moins de 10* * Les consommations inférieures à1 Sources : BP Statistical Review of World Energy, juin 2008 ; Planète Énergies [en ligne]. (Consulté le 23 avril 2009.) ne sont pas représentées.

Principaux pays consommateurs de pétrole, en barils par an par habitant, en 2005 20 et plus 10 à 20 Moins de 10* * Les consommations inférieures à 1 ne sont pas représentées.

son utilisation n’a cessé d’augmenter, non seulement dans le domaine des transports, mais aussi en agriculture où le pétrole est à l’origine d’une véritable révolution.

Les pétrodollars Au fil du temps, la dépendance des pays industrialisés à l’égard du pétrole a toutefois entraîné une série de problèmes géopolitiques avec les pays producteurs de pétrole. Certains analystes soutiennent, à tort ou à raison, que la guerre déclarée contre l’Irak par les États-Unis et leurs alliés en 2003 était avant tout motivée par des intérêts pétroliers, davantage que par la lutte officielle contre la dictature.

Il faut dire que les intérêts financiers reliés à la production du pétrole sont importants et représentent une véritable mine d’or pour les pays producteurs. Entre 1985 et 2007, le pétrole a entraîné des revenus de 6000 milliards $ US pour les pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), et entre 2008 et 2030, ces revenus pourraient atteindre 28 000 milliards $ US. En 2008, l’économie mondiale était frappée par ce que plusieurs ont appelé le « troisième choc pétrolier », soit une hausse draconienne des prix du pétrole qui a cumulé jusqu’à 144 $ US le baril en

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L’ u t i l i s a t i o n   e t   l a   c o n s o m m a t i o n   d e s   r e s s o u r c e s  

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25

juillet 2008. Cette crise pétrolière a ramené sur la place publique la question de la dépendance économique des pays industrialisés à l’égard du pétrole.

La fin du pétrole Dès le milieu des années 1950, certains scientifiques avaient déjà tenté d’alerter les décideurs et l’opinion publique sur l’éventuel épuisement des ressources en pétrole, mais sans succès. Soixante ans plus tard, une évidence commence à s’imposer : le pétrole étant une ressource épuisable, et surtout très polluante, les pays industrialisés doivent diminuer leur dépendance à cette source énergétique et se tourner vers

de nouvelles formes d’énergies renouvelables. Mais pour cela, des choix individuels et collectifs devront être faits. Faudra-t-il renoncer à la voiture ? diminuer son niveau de vie ? moins consommer ? énergies renouvelables

BiocarBurants : une option viaBLe ? En 2007, une crise alimentaire mondiale a grandement affecté les pays en développement. Cette année-là, le prix du riz a pratiquement doublé, celui du maïs a grimpé de 70 %, et celui du blé de 90 %. Au Mexique tout particulièrement, cette

25 Un embouteillage à l’heure de pointe à Beijing

(Chine). Par 1000 habitants, on comptait, en 2008, 34 automobiles en Chine, 14 en Inde, 624 au Canada et 818 aux États-Unis.

32

I

DOSSIER 1

I

ENVIRONNEMENT

26 Les réserves de pétrole par région au 1er janvier 2009

Les réserves de pétrole Régions du monde

CHIFFRES

Les pourcentages de la production des réserves de pétrole

En milliards de barils

Russie

99

Asie

34

Europe

14

Proche-Orient

746

Amérique du Nord

210

Amérique latine

123

Afrique

117

Afrique

Russie Asie

Amérique latine

9%

Europe

7% 3% 1%

9%

16%

Le pétrole canadien En 2010, avec des réserves de 175 milliards de barils de pétrole dans ses sables bitumineux de l’Alberta, le Canada se classait au 2e rang des réserves de pétrole mondiales, derrière l’Arabie saoudite dont les réserves s’élevaient alors à 260 milliards de barils.

Amérique du Nord

55 %

Proche-Orient Source : Adapté de Oil & Gas Journal, 22 décembre 2008.

FOCUS

Vivre sans pétrole : une utopie ? Pas facile d’imaginer un monde sans pétrole ! Même si cette source d’énergie fossile et non renouvelable est l’une des plus néfastes pour l’environnement, notre société moderne en est totalement dépendante, et pas seulement pour l’essence. Matières plastiques, peinture, solvants, détergents, engrais, textiles synthétiques, colorants : aussi diversifiés soient-ils, tous ces produits ont pour point commun d’être fabriqués à partir de dérivés du pétrole ou du gaz naturel. C’est pourquoi on les appelle des produits pétrochimiques. Ils se retrouvent dans une panoplie de biens de consommation que nous utilisons tous les jours comme les ordinateurs, les rideaux de douche, les bas de nylon, les équipements de sport et même les couches-culottes ! Au Canada, l’industrie pétrochimique occupe une partie importante de la sphère économique. En 2008, ce secteur industriel a généré des exportations de 2865 millions $ et des importations de 1075 millions $. La même année, 1290 personnes travaillaient dans 19 usines de fabrication de produits pétrochimiques, principalement regroupées en Alberta, en Ontario et au Québec. Chaque jour, ces usines produisent plus de 95 000 m3 de produits pétrochimiques. Quand on pense qu’à l’échelle mondiale, l’industrie pétrochimique produit annuellement plus de 260 millions de tonnes de matières plastiques et des quantités astronomiques d’autres produits qui nous sont maintenant devenus essentiels, une question s’impose : Pourrons-nous un jour nous passer du pétrole ?

escalade des prix a entraîné une véritable commotion sociale, qu’on a surnommée « la crise de la tortilla », en référence à la hausse radicale du prix de cette denrée de base des familles mexicaines. En effet, en quelques mois à peine, le prix de cette galette de maïs a bondi de 6 pesos à 14 pesos, soit près de 1,40 $ US le kilo, un prix exorbitant pour beaucoup de Mexicains. Au banc des accusés : l’utilisation des terres agricoles pour la production de biocarburants, une pratique jugée inacceptable par plusieurs ONG internationales. Mais comment en est-on arrivé là ? Pour réduire leur dépendance au pétrole et soutenir leur industrie agricole, au début des années 2000, plusieurs pays ont choisi d’investir massivement dans les biocarburants, tels que l’éthanol fabriqué à base de maïs ou de canne à sucre. Présentés au départ comme une source d’énergie renouvelable et écologique, les biocarburants qu’on appelle aussi les « agrocarburants » ont rapidement été dénoncés par les environnementalistes et les scientifiques en raison de leur faible bilan écoénergétique. En effet, la culture à grande échelle de la plupart de

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ces biocarburants nécessite de grandes surfaces agricoles, puisque leur matière première est végétale. Dans le cas du maïs, en 2007, c’est 30 % de la production américaine de maïs qui était destinée à la production d’éthanol, une situation qui a largement contribué à faire grimper le prix de cette céréale. Certains experts s’interrogent : Ne vaudrait-il pas mieux que ces terres fertiles soient consacrées à la production alimentaire ? Est-il acceptable que des forêts soient décimées pour être remplacées par des plantations de palmiers ou de maïs ? Des questions qui soulèvent beaucoup de controverses.

L’huile de palme… or noir ? Très prisée sur le marché mondial, l’huile de palme est utilisée comme biocarburant dans plusieurs pays européens. Mais en Indonésie, la culture de l’huile de palme crée de véritables ravages environnementaux. Chaque heure, c’est l’équivalent de 300 terrains de football de jungle qui est brûlé, libérant du même coup des quantités astronomiques de carbone jusque-là séquestré dans les arbres et les tourbières — soit 1,8 milliard de tonnes de GES par année selon les chiffres de Greenpeace. Cette déforestation massive a fait de l’Indonésie le troisième pays émetteur de GES derrière la Chine et les États-Unis. Des études scientifiques ont aussi démontré que pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, l’utilisation de l’huile de palme comme biocarburant ne tient pas du tout la route. En effet, les émissions de GES épargnées par l’utilisation de ce biocarburant sont inférieures à celles émises par sa production et sa distribution. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : un hectare de plantation de palmiers produit de 3 à 6 tonnes d’huile de palme par année. En théorie, ce biocarburant permet à des automobilistes européens d’épargner la libération de 9 à 18 tonnes de CO2 dans l’atmosphère. Le problème, c’est que la production et le transport de l’huile de palme auront généré de 3 à 10 fois plus de GES — ce qui discrédite totalement les vertus environnementales de ce carburant dit écologique.

27 L uxuriante, la forêt de Bornéo offre un décor paradisiaque. Cependant, la culture du palmier à huile menace

cette forêt tropicale et sa biodiversité exceptionnelle. Déjà certaines zones sont totalement détruites, ruinant ainsi les chances des populations locales de sortir de la pauvreté.

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DoSSier 1

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envıronnement

28

ZOOM

Les États-Unis boudent l’hydroélectricité Les pressions de l’industrie américaine du  charbon  ne  restent  pas  sans  écho.  en  2009, malgré les pressions exercées par  le Québec et le Canada, le gouvernement  américain ne reconnaissait toujours pas  l’hydro é lectricité  comme  une  forme  d’éner g ie  renouvelable,  un  statut  qui aurait permis de développer davantage  les  exportations  québécoises  d’hydroélectricité vers les États-Unis.

Le canada et les biocarburants Malgré les nombreuses mises en garde des ONG, des spécialistes et des environnementalistes, le gouvernement canadien a tout de même choisi d’encourager la production et l’utilisation de biocarburants en modifiant la Loi canadienne sur la protection de l’environnement au printemps 2008. Appuyée d’une somme de 1,5 milliard $ pour soutenir l’industrie des biocarburants, cette mesure légale force les compagnies pétrolières à inclure dans l’essence 5 % d’éthanol en 2010 et 2 % de biodiesel avant 2012. La même année, l’Union européenne choisissait plutôt la voie contraire, en limitant la part des agrocarburants ajoutés à l’essence,

privilégiant davantage le recours aux énergies totalement renouvelables : solaire et éolienne.

Biocarburants de deuxième génération Une deuxième génération de biocarburants pointe à l’horizon et, au dire de certains scientifiques, elle pourrait représenter une avenue écologiquement plus viable. L’utilisation d’algues suscite notamment beaucoup d’enthousiasme, car leur culture ne nécessiterait pas de terres agricoles et serait beaucoup moins néfaste pour l’environnement. Des chercheurs du Kansas se penchent sérieusement sur cette nouvelle approche. Au Québec, la produc-

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L’ u t i l i s a t i o n   e t   l a   c o n s o m m a t i o n   d e s   r e s s o u r c e s  

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28 Situé sur le fleuve Chiang jiang en Chine, le

barrage des Trois-Gorges, le plus grand générateur d’électricité du monde, a permis de réduire considérablement les émissions de CO2. Mais il a également entraîné la déportation de millions de personnes, la destruction de l’habitat naturel de centaines d’espèces et la création d’un immense dépotoir flottant dans lequel se déversent les eaux usées des régions avoisinantes.

PORTRAIT

Steven guilbeault (1970-)

tion d’éthanol à partir de la biomasse suscite aussi l’intérêt. D’ailleurs, la production a déjà commencé à Westbury.

L’HydroéLectricité : avonsnous Fait Le Bon cHoiX ? Souvent citée en exemple comme une source d’énergie propre et renouvelable, faible émettrice de GES, l’hydroélectricité ne représentait en 2009 que 16 % de la consommation électrique mondiale. De fait, l’électricité produite au charbon et celle au gaz dominent la production d’électricité dans le monde. Reconnu pour ses abondantes ressources en eau, le Québec se classe au quatrième

rang des plus grands producteurs mondiaux d’hydro électricité, derrière la Chine, le Brésil et les États-Unis. À l’échelle locale, cette source d’énergie représente pas moins de 97 % de l’ensemble de la consommation d’électricité de la province. L’hydro électricité est aussi l’un des piliers de l’économie québécoise depuis sa nationalisation en 1962. En 2008, les revenus de l’État québécois générés par Hydro-Québec se chiffraient à 2,52 milliards $.

L’hydroélectricité controversée Malgré sa réputation verte, l’hydroélectricité ne fait pas l’unanimité.

L’engagement environnemental de Steven  Guilbeault  remonte  à  son  enfance.  Ce  natif de La Tuque n’a que six ans lorsqu’il  grimpe à un arbre dont il refuse de descendre pour éviter qu’il ne soit coupé par  un promoteur. Convaincu de l’urgence de  changer les choses, il a été notamment  militant de Greenpeace (1997-2007) et  cofondateur d’Équiterre (1993). en 2009,  il publie un livre dans lequel il trace les  grandes lignes d’une économie plus verte  et  propose  des  solutions  pour  lutter  contre les changements climatiques. il est  souvent  sollicité  par  les  médias  à  titre  d’expert  et  d’analyste  des  questions  environnementales.

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envıronnement

29 Lors de son inauguration en 1998, le projet

Le Nordais était l’un des plus grands parcs éoliens du Canada. Divisé en deux emplacements, ce parc compte 133 éoliennes réparties dans les régions de Cap-Chat et de Matane au Québec. Son potentiel de puissance permet de fournir en électricité environ 10 000 foyers de la Gaspésie.

CHIFFRES

L’électricité au nucléaire avec la hausse de prix du pétrole, l’électricité produite à partir d’énergie nucléaire  gagne du terrain, malgré les risques liés  aux centrales et aux déchets nucléaires.  en 2008, l’électricité à l’énergie nucléaire  représentait 20 % de l’électricité produite  dans le monde, 30 % au Japon, 54 % en  Belgique et 76,9 % en France.  Source : Commissariat à l’énergie atomique, ELECNUC 2008 [en ligne]. (Consulté le 11 janvier 2010.)

Les écologistes déplorent notamment que la construction de nouvelles centrales hydroélectriques nécessite l’inondation de vastes territoires et modifie le cours naturel des rivières. Des scientifiques émettent des réserves sur le bilan environnemental de l’hydroélectricité, en mettant en avant les émanations de GES émises par les réservoirs. Selon certaines études, la construction des barrages libérerait notamment d’importantes quantités de méthane, un gaz à effet de serre 21 fois plus puissant que le CO2, au cours des 10 premières années d’exploitation des centrales. Malgré ces limites, l’hydroélectricité est tout de même reconnue comme une forme d’électricité beaucoup plus propre que celle qui est produite à partir du charbon. Énergie fossile, non renouvelable et extrêmement polluante, le charbon représentait pourtant en 2007 près de 42 % de toute l’électricité produite dans le monde, comparativement à 15,6 % pour l’hydroélectricité. Aux États-Unis seulement, 48 % de la production totale

d’électricité provenait du charbon en 2009. Alors, eau ou charbon ? Si l’hydro électricité suscite certaines inquiétudes, il demeure toutefois très clair que le charbon ne représente pas du tout une solution viable à long terme. C’est pourquoi les énergies inépuisables solaire et éolienne suscitent un intérêt grandissant. énergies inépuisables

soLutions d’avenir ? Sans aucune émission de gaz à effet de serre, ni rejet toxique, durant leur utilisation, les énergies éolienne et solaire représentent en théorie des solutions plus vertes. Dans les faits, en 2008, ces sources d’énergie représentaient 1,1 % de la production énergétique mondiale d’électricité. Plus difficiles à stocker et à distribuer que d’autres formes d’énergie plus courantes, ces énergies renouvelables connaissent toutefois un véritable essor dans certains pays qui ont choisi de les privilégier.

ENJEU 1

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L’ u t i l i s a t i o n e t l a c o n s o m m a t i o n d e s r e s s o u r c e s

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Les questions portent sur le contenu des pages 28 à 37. 1 Quels sont les avantages qui font du pétrole le carburant de base des sociétés industrielles ? 2 Pouvons-nous nous passer des revenus du pétrole à l’échelle mondiale sans créer des bouleversements majeurs dans l’économie et dans nos modes de vie ? Justifiez votre réponse. 3 Les biocarburants représentent-ils vraiment une forme de développement durable ? Expliquez votre point de vue. 4 Quel lien peut-on faire entre la production des biocarburants et la crise alimentaire de 2007 ? 5 Expliquez comment la production d’huile de palme a fait de l’Indonésie le troisième pays émetteur de gaz à effet de serre, derrière la Chine et les États-Unis. 6 La production mondiale d’électricité se fait surtout à partir de quelle ressource naturelle : l’eau ou le charbon ? Illustrez votre réponse à l’aide d’un exemple.

Les éoliennes : que du vent ? Économique et parfaitement écologique, l’énergie éolienne est mise en avant par les environnementalistes. Très performante du point de vue énergétique dans de bonnes conditions, l’énergie éolienne est toutefois vulnérable à la variation des vents. Comme elle ne peut pas être stockée, son développement se heurte encore à des problèmes techniques. Elle suscite malgré tout un intérêt grandissant aux quatre coins du globe. Longtemps championne mondiale de l’énergie éolienne, l’Allemagne avait en 2008 une puissance d’énergie éolienne installée totalisant 23 903 mégawatts (MW), soit plus de la moitié de la production d’électricité québécoise. L’Allemagne s’est toutefois fait ravir son titre en 2008 par les États-Unis, qui présentaient alors une puissance éolienne installée de 25 000 MW. En troisième place, avec 12 210 MW de puissance éolienne pour la même année, la Chine a multiplié ses installations éoliennes à un rythme de 145 % par année entre 2006 et 2009. À

7 Le gouvernement du Québec fait face à des choix énergétiques. Traditionnellement, l’État québécois a favorisé le développement hydroélectrique du fait de l’abondance en eau sur le territoire, mais l’énergie éolienne s’impose de plus en plus comme un choix écologique et durable. Selon vous, quel type d’énergie représente la meilleure option pour l’avenir ? Justifiez votre réponse.

Le vent, source d’avenir au Québec Outils de référence : votre manuel Enjeux et Internet. Économique et parfaitement écologique, l’énergie éolienne est présentée comme une solution de remplacement à l’hydro-électricité au Québec. Pourtant, trois acteurs ont des points de vue différents sur la question : les écologistes, la société d’État d’électricité et les citoyens vivant en milieu urbain. 1 Déterminez la position de chaque groupe à l’égard de l’énergie éolienne. 2 Dégagez les consensus qui règnent au sein de ces groupes. 3 Déterminez le principal sujet de divergence entre ces groupes. 4 Faites un tableau comparatif de la production éolienne au Québec et en Allemagne. 5 Imaginez la conclusion des écologistes devant ce tableau comparatif. 6 Compte tenu des arguments des citoyens québécois, déterminez la région où des éoliennes devraient être installées.

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titre de comparaison, en 2008, le Canada avait une puissance éolienne installée de 2000 MW, soit environ 1 % de la demande électrique canadienne, et se classait 12e producteur au monde en matière d’énergie éolienne.

CHIFFRES

Des télés énergivores Un téléviseur à écran de 58 po (132 cm)  consomme  plus  d’énergie  qu’un  gros  réfri gérateur domestique. L’État de Californie, où l’on compte plus de 35 millions  de ces télés, estime que les économies  d’énergie réalisées en obligeant les fabricants à produire des appareils 49 % moins  énergivores permettraient de fournir de  l’électricité à 846 000 foyers !  Source : California energy Commission [en ligne].  (Consulté le 26 janvier 2010.)

ZOOM

L’exemple de l’Allemagne Pionnière  en  matière  d’énergie  propre,  l’allemagne a entamé en 1991 une véritable révolution verte en adoptant une loi  sur les énergies renouvelables. en imposant aux compagnies d’électricité d’acheter le maximum d’énergies renouvelables  disponibles, à un prix élevé et réglementé  par l’État, l’allemagne a encouragé l’essor  de  ces  nouvelles  sources  énergétiques.  Près de 20 ans plus tard, l’industrie des  énergies  renouvelables  représente  pas  moins de 250 000 emplois et l’allemagne  est devenue la championne européenne  en matière d’énergie solaire et éolienne.  on y retrouve notamment l’un des plus  gros  parcs  solaires  du  monde,  avec  700  000  panneaux  installés  en  pleine  forêt, sur un ancien terrain d’entraînement militaire, ainsi qu’un immense parc  d’éoliennes en haute mer, à 45 kilomètres  du rivage.

Avec plus de vent qu’un pays comme l’Allemagne, le Québec est accusé par les groupes écologistes de ne pas miser encore suffisamment sur l’énergie éolienne. Hydro-Québec a tout de même amorcé un virage éolien en 2007 en planifiant un développement de 4000 MW qui aura été complété en 2015 et en lançant des appels d’offres pour la construction de parcs éoliens dans différentes régions du Québec. Tout en saluant cette initiative, certains écologistes réclament que le Québec exploite davantage le potentiel éolien québécois. Plus économique que la production d’hydroélectricité, le développement de la filière éolienne permettrait, selon eux, d’éviter la construction de nouvelles centrales électriques. Malgré ses avantages économiques et environnementaux, le développement de l’énergie éolienne se heurte toutefois à un obstacle de taille : la résistance citoyenne. En effet, des groupes de citoyens s’opposent régulièrement à l’installation dans leur voisinage de nouvelles éoliennes, accusées de défigurer le paysage et de générer trop de bruit.

L’énergie solaire : même au froid ? Autre forme d’énergie renouvelable et sans rejet toxique, l’énergie solaire suscite elle aussi l’enthousiasme de certains. Signe des temps ? Un nombre croissant de pays choisissent de développer cette filière, longtemps négligée en raison de ses coûts de production très élevés, comparativement aux autres formes d’énergie. Longtemps dominé par l’Allemagne, le marché de l’énergie solaire se développe dans différents pays. L’Inde a notamment annoncé en 2009 son intention d’investir 19 milliards $ US au cours des 30 années suivantes pour produire de l’énergie solaire. Objectif : répondre à 8 % des besoins de la consommation électrique de tout le pays, et ce, d’ici 2020.

30

Mais l’énergie solaire n’est pas toujours si propre qu’on aimerait le croire. En effet, la fabrication des panneaux solaires, si elle n’est pas faite dans les règles de l’art, peut entraîner la formation d’un produit très toxique pour l’envi ronnement, le tétrachlorure de silicium. Et c’est malheureusement le cas en Chine, l’un des plus grands producteurs d’énergie solaire, où les résidus toxiques ne sont pas correctement recyclés. Polluer

enJeU 1  ı

pour produire des énergies vertes : un paradoxe ? Au Québec, la filière de l’énergie solaire est encore peu développée. Pourtant, avec plus d’heures d’ensoleillement que l’Allemagne, dont le réseau solaire avait en 2008 une capacité de 3830 MW, soit 10 % de la production électrique québécoise, plusieurs soutiennent que le Québec devrait investir davantage dans cette source

L’ u t i l i s a t i o n   e t   l a   c o n s o m m a t i o n   d e s   r e s s o u r c e s  

d’énergie. Son plus proche voisin, l’Ontario, a d’ailleurs choisi de miser sur cette énergie afin de diminuer sa dépendance à l’égard des centrales de charbon. En 2009, le gouvernement ontarien a inauguré un immense parc solaire dans la région d’Ottawa, afin de répondre aux besoins électriques de 7000 foyers. Autre fait intéressant : les Ontariens qui installent des panneaux solaires sur leur maison peuvent vendre leur surplus d’énergie

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30 I nauguré en 2009, le parc solaire de Lieberose,

en Allemagne, est le deuxième parc du monde en superficie avec ses 162 hectares, soit l’équivalent de 210 terrains de football. Sa production annuelle permet de fournir en électricité quelque 15 000 foyers et de réduire d’environ 35 000 tonnes les émissions de CO2.

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sur le réseau provincial de l’Ontario, et ce, à très bon prix. Avec un climat semblable à celui de l’Ontario, le Québec pourrait-il lui aussi développer cette filière énergétique ? Le débat est lancé.

L’augmentation de la population et de la consommation menace-t-elle la planète ? L’augmentation de la population menacet-elle la planète ? C’est la dérangeante question que soulèvent plusieurs spécialistes, préoccupés par l’empreinte écolo-

gique d’une humanité en pleine croissance, avec toutes ses répercussions sur les ressources naturelles et le climat. Avec une population mondiale qui gagne chaque semaine 1,5 million d’habitants, la Terre devrait compter 9,1 milliards de personnes en 2050. La planète aura-t-elle les moyens de répondre aux besoins quotidiens de tous ces êtres humains ? Comment tous ces individus se partageront-ils un bassin de ressources naturelles limitées ? Si aujourd’hui 1 milliard de personnes sont privées d’eau potable, qu’en sera-t-il dans 50 ans, quand la population aura explosé et que l’accès à l’eau aura considérablement diminué à plusieurs endroits sur le globe ?

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Les dangers de La surpopuLation Au problème de la croissance démographique s’ajoute celui de l’exode rural et de l’urbanisation, entraînant de sérieux soucis de gestion environnementale. En 2008, plus de la moitié de la population mondiale vivait en milieu urbain, contre seulement un tiers en 1950. Et cette proportion atteindra sans doute les deux tiers en 2030, selon les estimations des Nations unies. La concentration de centaines de millions de personnes dans les zones urbaines crée d’importants problèmes environnementaux, d’autant que cette expansion des villes se fait souvent de manière improvisée et désordonnée. Dans plusieurs

villes du monde, dont Mexico, Sao Paulo et Mumbay ne sont que quelques exemples, des millions de personnes s’entassent dans des bidonvilles, où les services sanitaires de base sont quasi inexistants, ce qui représente une sérieuse menace pour la santé humaine et pour l’intégrité environnementale. Capitale économique de l’Inde, Mumbay comptait en 2009 près de 16 millions d’habitants dont près de la moitié résidaient dans des bidonvilles, privés d’un accès adéquat à l’eau potable ou aux services sanitaires de base. Dans plusieurs bidonvilles, l’accumulation de déchets ou la proximité d’immenses dépotoirs entraîne de graves problèmes de santé publique. À Nairobi,

31 Les habitants du quartier de Bandra à Mumbay

vivent dans un bidonville dépourvu d’eau potable et de services sanitaires. 32 Chaque jour, des millions de personnes fouillent

le dépotoir de Dandora situé à Nairobi, au Kenya, pour trouver des déchets qu’elles mangent, vendent ou réutilisent. Ce dépotoir pollue l’air de 4 millions de personnes vivant dans les bidonvilles environnants.

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PreNDre POSITION

(CD 2)

Les questions portent sur le contenu des pages 40 à 46. 1 Selon vous, la croissance démographique représente-t-elle une menace pour l’équilibre environnemental ? Pourquoi ? 2 La surpopulation et l’exode rural créent de sérieux problèmes environnementaux. Dans la majorité des cas, les mégalopoles des pays pauvres offrent des conditions sanitaires et sociales déficientes. Illustrez les problèmes et les conditions de vie difficiles dans les bidonvilles de Mumbay et de Nairobi. 3 Selon vous, les pays émergents, en particulier les pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), sont-ils les principaux responsables du gaspillage des ressources mondiales ? Justifiez votre réponse. 4 Que pensez-vous de la régulation des naissances comme solution aux problèmes environnementaux ? 5 Les pays émergents accèdent de plus en plus à la consommation de masse. L’augmentation de la production qui en découle accroît la consommation des ressources et accentue les problèmes environnementaux. Les pays riches ontils le droit de demander aux pays pauvres et émergents de restreindre leur croissance économique ? Expliquez votre position.

DÉBATTRE DE L’ENJEU : aCTiViTÉ Composante de la CD 2

Les biocarburants, source de faim ? Outils de référence : votre manuel Enjeux et Internet. Imaginons que le gouvernement du Canada décide d’augmenter la production de biocarburants et de faire passer de 5 % à 20 % la proportion d’éthanol contenu dans l’essence traditionnelle. Approuveriez-vous cette décision ? 1 Rédigez un texte argumentatif d’une page pour présenter et soutenir votre position à propos de la production de biocarburants au Canada. Illustrez votre point de vue à l’aide de statistiques et tenez compte des faits suivants : • La production de biocarburants comme l’éthanol a contribué à l’augmentation du prix du riz, du maïs et du blé dans les pays en développement. • Cette augmentation des prix a créé une crise alimentaire mondiale. • Le Canada dispose de surplus considérables de maïs et de blé. • Les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté partout sur la planète. 2 Étoffez votre recherche en prenant l’exemple d’autres pays, comme le Brésil, où l’on produit de l’éthanol depuis longtemps. 3 Formez une équipe de trois élèves, comparez vos arguments et débattez de l’enjeu.

au Kenya, 4 millions d’habitants se partagent le dépotoir de Dandora, dont les émanations toxiques empoisonnent l’air des bidonvilles avoisinants. Pire encore, des milliers de personnes envahissent le site chaque jour, à la recherche de déchets qu’ils pourront manger, revendre ou réutiliser. En 2007, une étude du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) a d’ailleurs démontré que plus de la moitié des enfants des quartiers voisins de Dandora — l’un des plus grands dépotoirs du continent africain — présentaient des taux d’exposition au plomb dangereusement élevés et souffraient de maladies respi ratoires, gastro-intestinales ou dermatologiques. Les prévisions font frémir : en 2015, en Afrique subsaharienne, 332 millions d’habitants vivront dans des bidonvilles, un nombre qui devrait doubler tous les 15 ans. Pour les Nations unies, il est clair que la croissance démographique et l’urbanisation représentent une très grave menace pour l’équilibre de la planète. Devant ce portrait accablant, une question s’impose.

Faut-iL Limiter La croissance de La popuLation ? Particulièrement taboue et absente des négociations internationales, cette question est tout de même soulevée par certains analystes et environnementalistes plus radicaux qui ne voient pas d’issue à la crise environnementale sans une meilleure régulation des naissances. En novembre 2009, le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) lançait un appel sans équivoque à la communauté internationale : pour lutter contre le réchauffement climatique, il faut favoriser la régulation des naissances. Dans un article publié quelques mois auparavant dans une prestigieuse revue scientifique, The Lancet, des chercheurs allaient dans le même sens et soutenaient que, pour réduire les émissions de GES et ralentir les changements climatiques, la planification des naissances est une solution plus simple et cinq fois moins

  e n J e U   1   ı   L’ u t i l i s a t i o n   e t   l a   c o n s o m m a t i o n   d e s   r e s s o u r c e s     ı   4 3

d’exemple, les habitants des pays du G8 (groupe des 8 pays les plus industrialisés) ne représentent que 13 % de la population mondiale, mais ils émettent 45 % des émissions totales de GES. Les nouveaux bébés des pays riches ont donc toutes les chances de devenir de plus grands pollueurs que les bébés des pays en développement. Malgré ces nuances, plusieurs spécialistes continuent à soutenir qu’un ralentissement de la croissance démographique est un passage obligé pour éviter le pire.

coûteuse que les technologies vertes. La même année, une autre étude scientifique quantifiait le problème autrement : chaque nouvelle naissance entraîne à long terme pas moins de 1500 tonnes de CO2, ce qui vient immédiatement effacer tous les efforts que les parents de ces nouveaux bébés auraient pu faire pour réduire leurs émissions de GES. Armés de ces statistiques, certains environnementalistes osent dire tout haut ce que certains pensent tout bas : le geste le plus écologique que l’on pourrait faire serait de réduire le nombre de naissances.

des bébés plus pollueurs que d’autres ?

Généralement reconnue comme un droit fondamental, la liberté d’avoir des enfants devrait-elle être malgré tout limitée pour assurer la survie de la planète ?

Ce point de vue ne fait toutefois pas l’unanimité, bien au contraire. Pour plusieurs ONG, les véritables enjeux ne sont pas là, car l’essentiel de la croissance démographique est prévu en Afrique et dans le sous-continent indien, deux régions du monde où l’empreinte écologique par habitant est extrêmement faible par rapport aux pays plus riches. À titre

L’exemple chinois En 1980, inquiet des conséquences économiques d’une trop forte croissance démographique du pays, le gouvernement chinois a décrété la loi de l’enfant unique, soumettant les parents qui osent braver cette nouvelle loi à de sévères sanctions. Cette législation a entraîné de

33 La durée de vie des déchets

Bouteille en verre

450 ans

Polystyrène

200 à 500 ans

Bouteille en plastique

Sac en plastique

13 à 15 ans

Briquet jetable

5 ans

Planche de bois

1à5 ans

Cannette en aluminium

1 an

Gomme à mâcher

3 mois à 2 ans

Mégot de cigarette

3 à 12 mois

Chaussette en laine

Pelures de fruit

3à4 mois

Journal

3 mois

Ticket de bus

Mouchoir en papier

Une des conséquences environnementales de la surconsommation est l’accumulation des déchets.

100 ans

100 à 1000 ans 1000 ans Source : Trousse pédagogique sur le recyclage, Comité de solidarité Tiers-Monde de Trois-rivières [en ligne]. (Consulté le 19 février 2010.)

4000 ans

44  ı  DoSSier 1  ı  envıronnement

1 : 190 000 000 (projection de Winkel) 0

2 000

4 000 km

Échelle à l’équateur

34 L’accroissement de la population Source : Le grand atlas du Canada et du monde, 3e édition, Bruxelles, Noordhoff/De Boeck, 2009, p. 30.

graves conséquences, dont les plus dramatiques sont l’abandon et l’infanticide de milliers de fillettes, surtout dans les régions rurales où, par tradition, on privilégie la naissance d’un garçon à celle d’une fille. Trente ans plus tard, les autorités chinoises estiment que cette loi a permis d’éviter 400 millions de naissances et que cette mesure était essentielle. Malgré tout, cette politique a privé des millions de Chinois de leur droit fondamental d’avoir plus d’un enfant et provoqué un déséquilibre démographique entre les filles et les garçons, qui entraîne des problèmes sociaux. Pour ces raisons et plusieurs autres, de nombreux observateurs internationaux estiment que la limitation des naissances n’est pas une solution aux problèmes environnementaux.

La surconsommation : moteur économique ou menace pour L’environnement ? Si la croissance démographique suscite l’inquiétude, de nombreux analystes remettent davantage en question le

modèle de développement économique des pays riches et la consommation galopante de leurs habitants. Les statistiques donnent le vertige : • En 2006, les êtres humains ont consommé quotidiennement des ressources équivalant à 112 fois le volume de l’Empire State Building. • Entre 1996 et 2006, la consommation mondiale a augmenté de 28 %. • Pour renouveler toutes les ressources utilisées chaque année par l’humanité, la Terre aurait besoin d’une année et quatre mois, ce qui veut dire que notre niveau de consommation dépasse de 40 % les capacités naturelles de la planète. Devant ce portrait accablant, plusieurs spécialistes jettent le blâme sur notre système économique qui dépend étroitement du niveau de consommation des individus et incite ces deniers à dépenser toujours plus. Si les consommateurs achètent massivement, l’économie va bien. Mais à l’inverse, le taux de croissance économique ralentit quand les citoyens restreignent leurs achats.

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En janvier 2010, les spécialistes du Worldwatch Institute, un organisme scientifique et environnemental établi aux États-Unis, lançaient un signal d’alarme lors de la publication annuelle de leur État du monde : il faut impérativement changer notre mode de vie basé sur la consommation, sans quoi nous risquons d’épuiser les ressources naturelles. Entre autres solutions proposées, les auteurs suggèrent de faire de la consommation excessive un interdit social. Même si tous n’adhèrent pas à cette vision aussi radicale, les environnementalistes sont nombreux à plaider pour une décroissance de la consommation. Selon les estimations du Global Footprint Network, si tous les êtres humains adoptaient aujourd’hui un mode de vie semblable à celui d’un Nord-Américain

L’ u t i l i s a t i o n   e t   l a   c o n s o m m a t i o n   d e s   r e s s o u r c e s  

moyen, il nous faudrait non pas une, mais cinq planètes pour répondre à tous les besoins ! Or, ce scénario devient peu à peu une réalité, car cette course à la consommation n’est plus le fait unique des pays riches, mais aussi celui des pays émergents comme la Chine, l’Inde et le Brésil. Ces pays, qui totalisent près de 3 milliards de personnes dont une proportion grandissante accède de plus en plus à la consommation de masse, deviennent eux aussi de vastes marchés et à leur tour une menace pour la planète.

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PORTRAIT

Vandana shiva (1952-) Physicienne,  épistémologue,  écologiste,  écrivaine et docteure en philosophie des  Légende à venir, à venir à venir, à venir, à venir sciences, Vandana Shiva est née en inde.  à venir, à venir, à venir à venir, à venir, à venir à elle s’implique dans les mouvements écovenir, à venir, à venir à venir, à venir, à venir à logistes dès les années 1970, d’abord dans  venir, à venir, à venir à venir, à venir, à venir à le mouvement Chipko, qui vise à protéger  venir, à venir, à venir à venir, à venir, à venir à les arbres dans la région himalayenne. en  venir, à venir, à venir à venir, à venir, à venir à 1982, elle met sur pied la research Founvenir. dation for Science, Technology and ecology,  un institut de recherche avec lequel elle veut  promouvoir l’acquisition du savoir et des  ressources  dans  les  pays  pauvres.  elle  consacre toute son énergie à donner du  pouvoir aux populations locales, en particulier aux femmes.

22 T itre de la légende à venir à venir à venir

En 2007, 20 % de la population consommaient 80 % des ressources mondiales. Si cette inégalité est généralement considérée comme inacceptable, est-il envisageable que des centaines de millions de personnes, ou même des

35 Population, niveau de vie et émissions de GES à l’échelle mondiale (base 1960 = 100)

Les émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre ont triplé en l’espace d’une cinquantaine d’années (voir la courbe en vert ). La première cause de cette hausse est évidemment l’accroissement de la population qui est 2,2 fois plus élevée en 2008 qu’en 1960 (voir la courbe en bleu ), mais la croissance économique soutenue y est aussi pour quelque chose : le niveau de vie moyen des habitants de la Terre a été multiplié par 2,5 pendant la même période (voir la courbe en rouge ). Population totale (en millions) PIB / habitant (en $ US de 2000) Émissions annuelles totales de CO2 (en milliers de tonnes) Données (population, PIB et émissions de CO2) 350 300 250 200 150 100 50

Source : Banque mondiale, 2009.

2008

2006

2004

2002

2000

1998

1996

1994

1992

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1988

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1978

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1964

1962

1960

0

Années

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milliards, accèdent au même niveau de vie que les habitants des pays riches ? La planète pourra-t-elle supporter le choc d’une telle croissance démographique et économique ? Mais au nom de quelles valeurs les mieux nantis pourraient-

2

ENJEU

ils restreindre la croissance économique des pays émergents ou en voie de développement ? Ces questions sont au cœur des négociations internationales qui visent l’harmonisation des normes environnementales.

L’harmonisation des normes environnementales Décembre 2009, 46 000 participants venant des quatre coins du globe, 193 chefs d’État, 22 000 représentants d’ONG et plus de 3000 journalistes réunis au Danemark pour le Sommet de Copenhague. À l’ordre du jour de cette rencontre historique : l’harmonisation des efforts mondiaux pour ralentir les changements climatiques. Coût total de l’opération : 225 millions $ US. Résultat : une entente décevante, un quasi-échec. Des années après la signature du protocole de Kyoto, qui a soulevé tant de controverses, les États n’ont toujours pas réussi à trouver une solution globale au problème mondial du réchauffement climatique. Devant les échecs répétés des négociations internationales, deux questions s’imposent : À qui revient la responsabilité d’agir ? Les solutions mondiales sont-elles possibles ?

À qui revient la responsabilité ? Épuisement des ressources naturelles, augmentation des émissions de gaz à effet de serre, pollution industrielle… Le bilan environnemental de la planète est inquiétant et les défis sont immenses. Mais qui doit prendre la responsabilité de la gestion de l’environnement ? Cette responsabilité revient-elle aux individus qui devraient revoir leur mode de consommation ? ou plutôt aux entreprises qui devraient réduire leurs rejets toxiques ? Les gouvernements devraient-ils intervenir de façon plus « musclée » auprès des pollueurs ? La communauté internationale

a-t-elle une responsabilité en matière de gestion environnementale ? Et si tous étaient responsables à différents niveaux ?

eFFicace, Le recycLage ? Le geste environnemental le plus courant chez les citoyens est certainement le recyclage des ordures. Au Québec, entre 1998 et 2003, le taux de recyclage des matières résiduelles a fait un bond de 103 %. Mais est-ce suffisant ? La question se pose sérieusement, puisque pendant la même période la quantité de déchets envoyés aux dépotoirs n’a cessé d’augmenter. À l’échelle mondiale, c’est seulement 5 % des 100 milliards de kilogrammes de plastique produits annuellement qui

enJeU 2  ı

L’ h a r m o n i s a t i o n   d e s   n o r m e s   e n v i r o n n e m e n t a l e s

ı  47

36 À la suite d’une violente tempête survenue en

2004, des milliers d’objets en plastique se sont retrouvés sur les rives de Naples, en Italie. Dans la mer, le plastique se désintègre lentement en fines particules que les petits poissons prennent pour de la nourriture. Empoisonnés par ces matières plastiques, ces derniers intoxiquent à leur tour le reste de la chaîne alimentaire. 36

37 Le poids de nos actions

Actions

Économie de CO2 par an

Remplacer deux lavages à l’eau chaude par deux lavages à l’eau froide chaque semaine

12 kg

Abaisser la température de la maison de 3 °C la nuit ou de 1°C pendant toute la journée

190 kg

Composter les matières organiques à la maison

100 kg

Déposer dans le bac de récupération toutes les matières recyclables acceptées Se servir de sacs réutilisables Privilégier l’achat d’aliments produits au Québec Réduire de 50 % la quantité de papier utilisé (impression recto verso, factures électroniques, etc.) Prendre une courte douche plutôt qu’un bain (pour une personne) Ne pas faire tourner le moteur d’une automobile plus de 10 secondes au départ et pendant l’attente Source : Défi Climat [en ligne]. (Consulté le 21 janvier 2010.)

30 kg 12 kg 340 kg 28 kg 9 kg 130 kg

48  ı

DoSSier 1

ı

envıronnement (Mer du japon)

KIRGHIZSTAN

CORÉE Séoul DU SUD

Pyongyang

Depuis 2000, l’importation de déchets électroniques est officiellement interdite en Chine (qui jusque là recevait 90%du trafic): les déchets arrivent maintenant à Hongkong où ils sont démantelés avant d’être envoyés en Chine pour recyclage. CHINE

ZBEKISTAN

TADJIKISTAN

Douchanbe

sites le long de la rivière Yangtze

JAPON

Taizu

CACHEMIRE

Shanghai

AFGHANISTAN Islamabad

Shangai

Indus

TIBET

PAKISTAN

NEPAL NewNEPAL Delhi

Katmandou

Karachi

Sher Shah

125 sites

Ahmedabad Alang Mumbay

En provenance du Golfe

INDE

Taïpeh TAIWAN

Thimbu

BHOUTAN BHUTAN

BIRMANIE Chittagong LAOS HanoïHainan Vientiane

En provenance 180 sites d’Europe MALDIVES

Colombo

CAMBODGE Phnom Penh

Male

SRI LANKA Océan

Indien

Océan Pacifique

(Chine)

Golfe duRangoon THAÏLANDE VIETNAM Paracels Bengale Bangkok

Madras

Sea of Oman

Okinawa (Japan)

Guiyu Canton Kaohsiung Nanhai Shantou Hong-Kong Macao

Dakha BANGLADESH

Tokyo

Guam

En provenance (É.-U.) d’Amérique du Nord

Manila

Spratley

PHILIPPINES

BRUNEÏ Bandar Seri Begawan

MALAYSIE Kuala Lumpur

MICR

PALAU

SINGAPOUR Principaux pays « recycleurs » de déchets électroniques

PORTRAIT

Laure Waridel (1973-) Sociologue spécialisée en développement  international et en environnement, Laure  waridel, née en Suisse, n’est qu’une fillette  lorsqu’elle  immigre  au  Québec  où  ses  parents s’installent et deviennent agriculteurs. Pionnière du commerce équitable  au Québec et cofondatrice de l’organisme  Équiterre  (1993),  elle  met  sur  pied  la  campagne de sensibilisation et d’action  Un juste café, afin de promouvoir le commerce du café équitable. régulièrement  sollicitée par les médias pour expliquer les  enjeux entourant la consommation responsable, Laure waridel est aussi chroniqueure  et auteure de plusieurs ouvrages. Son engagement pour la cause environnementale  lui a valu de nombreux honneurs, dont  l’insigne  de  chevalier  de  l’ordre  de  la  Pléiade, en 2006.

de cargos en fin de vie

Jakarta

INDONÉSIE

PA N GU

Sites de démantèlement et de « recyclage » de déchets électroniques connus supposés de cargos en fin de vie Principaux mouvements de déchets électroniques Flux importants Ports de transit importants

AUSTRALI E

1 : 77 000 000 (projection de Winkel) 0

500

1 000

1 500 km

38 Les pays « recycleurs »

Les déchets électroniques dont il est difficile de se débarrasser et les cargos en fin de vie font l’objet d’un commerce international. Ils sont envoyés dans divers pays « recycleurs » de l’Asie où ils polluent de nombreuses régions. Source : Philippe rekaCewiCz, Le Monde diplomatique, Paris, 2006.

sont recyclés. Au-delà de la noble intention du recyclage, le citoyen a-t-il aussi la responsabilité de réduire sa consommation de façon générale ? Utiliser les transports en commun, économiser l’eau et l’énergie, réutiliser les objets, diminuer sa consommation : toutes ces actions individuelles permettent aux citoyens de réduire leur empreinte écologique. Toutefois, aussi louables soient-elles, les actions individuelles ont-elles un réel impact ? Oui, répondent les écologistes, car c’est la somme de tous les petits gestes concrets qui peut faire la différence.

Le défi climat Au Québec, en 2009, 36 597 Québécois ont participé au Défi Climat. En com-

postant leurs déchets organiques, en adoptant le covoiturage, en privilégiant l’achat de produits locaux ou en modifiant d’autres habitudes de vie, les participants s’engageaient à réduire leurs émissions de GES d’une tonne et demie par personne. Résultat : une économie de 59 982 tonnes de CO2, soit l’équivalent des émissions de 16 000 voitures. Si tous les citoyens du Québec s’étaient ralliés à cette initiative, quelle aurait été l’économie de CO2 ?

Les coÛts de La réguLation Les États, de leur côté, assument une large part de responsabilité dans la gestion de l’environnement. Ils y consacrent d’énormes budgets et édictent des lois pour contraindre les entreprises et les

Source des données de la carte : Basel action Network (BaN) ; Silicon Valley Toxics Coalition ; Toxics Link india ; Scope (Pakistan) ;  Greenpeace ; international Labour organization (iLo) ; international Maritime organization (iMo).

Bichkek Tachkent

Kaboul

COREE DU NORD

Beijing

Almaty

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ı  49

39 40 Les taux de variation des émissions de GES de 2007 par rapport à celles de 1990

Pays

39 En Afrique, le delta du Niger est une zone

pétrolière exploitée depuis plus de 40 ans par plusieurs compagnies. La pollution qui découle de cette exploitation est dommageable pour l’environnement de cette région comptant de nombreux puits et pipelines qui fuient.

Espagne Australie Canada États-Unis Japon France Suède Royaume-Uni Allemagne Russie -40 % Source : oNU, 2009.

-20 %

0%

+ 20 %

+ 40 % Taux de variation

50  ı

DoSSier 1

ı

envıronnement

41 Chaque année, des tonnes de déchets de matériel

informatique sont exportées au Ghana, en Afrique. Ces déchets contaminent l’eau potable des nappes phréatiques présentes sous les dépotoirs où, aux dépens de leur santé, des Ghanéens démontent les appareils pour en revendre les métaux précieux.

citoyens à respecter certaines normes et à protéger l’environnement. Des interventions que les environnementalistes souhaiteraient plus « musclées ». Cependant, bien qu’ils aient le pouvoir de légiférer dans ce domaine, les gouvernements sont également soumis aux pressions économiques. La mondialisation met les pays en compétition les uns avec les autres face aux multinationales dont certaines n’hésitent pas à déménager ou à installer leurs entreprises dans des pays où les normes environnementales sont moins contraignantes. Par conséquent, les États assouplissent par-

fois leurs règles ou hésitent à en créer de nouvelles pour inciter des multinationales à demeurer ou à s’installer sur leur territoire et y créer des emplois ainsi que des retombées économiques. Une réalité qui touche plus durement les gouvernements des pays en développement ou émergents qui n’ont pas les moyens de tenir tête aux grandes entreprises.

et La responsaBiLité des entreprises ? Souvent pointées du doigt pour leur responsabilité en matière de pollution, les entreprises sont de plus en plus nom-

ENJEU 2

breuses à prendre le virage vert. Les lois qui régissent l’industrie et le commerce les obligent d’ailleurs à modifier leurs procédés. De plus, certaines d’entre elles se dotent de politiques internes « vertes », soit par conviction, soit pour répondre aux pressions de l’opinion publique et donc de leur clientèle. Les gouvernements doivent-ils responsabiliser les entreprises ? Face aux problèmes environnementaux, celles-ci ont-elles vraiment des obligations sociales et financières ?

Des ententes de régulation contraignantes Autre contrainte pour les États : les ententes commerciales conclues avec d’autres pays comportent parfois des clauses limitant leur pouvoir dans le domaine de l’environnement. À titre d’exemple, en août 2008, une compagnie américaine de produits chimiques a

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L’ h a r m o n i s a t i o n d e s n o r m e s e n v i r o n n e m e n t a l e s

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51

déposé une poursuite de 2 millions $ US contre le gouvernement canadien, en vertu de l’Accord de libre-échange nordaméricain (ALENA). Le motif : le gouvernement québécois violerait une clause de l’ALENA en interdisant sur son territoire l’utilisation d’un pesticide jugé dangereux pour la santé humaine, selon l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Dans sa poursuite, la compagnie américaine invoque une clause de l’ALENA qui autorise les entreprises d’un pays membre à poursuivre le gouvernement d’un autre pays membre si sa législation nuit à leurs investissements ! À l’inverse, ces ententes économiques peuvent aussi inciter un gouvernement à bonifier ses règles environnementales. Par exemple, en adhérant à l’ALENA, le Mexique s’est vu forcé de rehausser ses normes environnementales, car il aurait représenté une compétition inéquitable

FOCUS

La gestion des déchets électroniques : déresponsabilisation des États ? À l’échelle mondiale, les déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) tels que les vieux ordinateurs ou téléphones cellulaires représentent 1 % de la production totale de déchets. Cette proportion grimpe toutefois à 8 % en Occident, où on retrouve 75 % de tous les ordinateurs de la planète. Tous ces DEEE contiennent de nombreux éléments toxiques pour l’environnement et la santé humaine, comme du plomb, du cuivre et du mercure, pour ne nommer que ceux-là. Dans les pays occidentaux, ces déchets doivent être recyclés dans des conditions contrôlées et sécuritaires. Mais, dans les faits, ces déchets « recyclés » sont parfois exportés vers les pays en développement sous forme de dons de charité. Résultat : des milliers de tonnes de déchets électroniques sont expédiés chaque mois dans des dépotoirs d’Afrique et d’Asie. Une fois parvenus à destination, ces déchets sont dépouillés à main nue de leurs métaux toxiques par des travailleurs clandestins, ou même des enfants, qui sont ainsi exposés à de graves problèmes de santé. Cette situation soulève plusieurs questions. Est-il acceptable que les pays riches se dotent de normes strictes concernant le traitement des déchets dangereux, mais qu’ils ferment les yeux sur ce trafic illégal ? Quelle est la part de responsabilité des gouvernements locaux, qui ferment les yeux sur ces dépotoirs illégaux et les dangers qu’ils représentent pour leurs citoyens ? De récentes initiatives permettent maintenant aux consommateurs des pays riches de disposer de leurs DEEE de manière sûre, et d’éviter de participer à ce trafic illégal.

PORTRAIT

David McTaggart (1932-2001) Né à Vancouver, David McTaggart fait fortune aux États-Unis avant de s’exiler en Nouvelle-Zélande. En 1972, alors que la France s’apprête à faire des essais nucléaires dans le Pacifique Sud, il joint les rangs de Greenpeace à bord de son voilier. Dès lors, il multiplie les actions écologistes, menant les causes environnementales devant le tribunal de l’opinion internationale. Président de Greenpeace de 1979 à 1991, il internationalise cette ONG en ouvrant des bureaux notamment dans l’ex-URSS et en Europe de l’Est. Activiste de la protection de l’environnement, David McTaggart meurt le 23 mars 2001 dans un accident d’automobile en Italie.

Source des données : Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (UNFCCC) ;   agence européenne pour l’environnement (eea).

52  ı  DoSSier 1  ı  envıronnement

1 : 152 000 000 (projection de Winkel) 0

1 000

2 000

3 000 km

Échelle à l’équateur

42 Les objectifs du protocole de Kyoto pour 2012, selon l’entente conclue à Kyoto en 1997

Pour la période allant de 2008 à 2012, les pays riches devraient réduire en moyenne leurs émissions de GES de 5,2 % par rapport à leur niveau de 1990. Source : Philippe rekaCewiCz, Le Monde diplomatique, Paris, 2009.

pour ses partenaires américains et canadiens qui imposaient des normes plus contraignantes aux entreprises. Ces exemples illustrent bien la difficulté d’harmoniser les normes environnementales entre les États. La question qui se pose et qui suscite débats et controverses : Faut-il donner la priorité à l’environnement ou au développement économique ?

qui doit payer ? Devant ces contraintes économiques, rien d’étonnant à ce que les États se renvoient la balle et refusent d’assumer toute la responsabilité de la gestion environnementale. Les pays pauvres, par exemple, refusent d’assumer la même responsabilité que les pays riches en matière de réduction des GES. C’est

ENJEU 2

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CHIFFRES

Des sommets polluants Selon les chiffres avancés par l’ONU, le Sommet de Copenhague de 2010 a contribué au rejet de 40 500 tonnes de dioxyde de carbone dont 90 % provenaient des avions ayant servi à transporter les participants et les dirigeants d’État et 10 % de la consommation d’électricité pour les activités du Sommet.

Les questions portent sur le contenu des pages 6 et 46 à 57. 1 À l’échelle locale, quels gestes permettraient à chaque citoyen de réduire son empreinte écologique ? Selon vous, ces gestes individuels ont-ils un réel impact sur l’ensemble du problème environnemental ? Lesquels ? 2 Selon vous, les pays en développement devraient-ils imposer des normes environnementales aussi sévères que celles de l’Occident ? Justifiez votre position. 3 Êtes-vous favorable au principe du « pollueur-payeur » ? Expliquez votre point de vue. 4 Expliquez et commentez la position des États-Unis lors du Sommet de Copenhague.

d’ailleurs pourquoi le protocole de Kyoto, adopté en 1997 par 183 pays, ne contraignait que les plus grands pays développés pollueurs à atteindre des cibles fermes et chiffrées. On reconnaissait ainsi la responsabilité historique des pays les plus riches dans les émissions de GES et l’importance de ne pas nuire au développement économique des autres pays. Mais ce principe a fortement divisé la communauté internationale, entraînant notamment la volte-face des États-Unis qui ont refusé de ratifier le protocole. Le principe de responsabilité financière partagée entre les États est donc au cœur des négociations internationales en matière de lutte contre les changements climatiques. Un principe qui divise profondément la communauté internationale. Les pays riches doivent-ils payer la plus large partie de la facture ? Les pays émergents doivent-ils ralentir leur croissance pour respecter les ententes environnementales ? Les pays en développement auront-ils les moyens de se conformer aux nouvelles normes ? Les réponses sont très variables selon les pays.

Les solutions mondiales sont-elles possibles ? À défaut de consensus politique entre les États, les scientifiques, eux, sont quasi unanimes : le réchauffement climatique

5 Selon vous, devrait-on charger un organisme international de contraindre les gouvernements et les entreprises à changer leurs comportements en matière d’environnement ? Justifiez votre position. 6 Qui devraient assumer les coûts liés à la gestion de l’environnement : les individus, les entreprises ou les gouvernements ? Expliquez votre choix.

Chacun son empreinte ! Outil de référence : Internet. Cette activité vise à vous faire prendre conscience de l’impact de votre consommation sur l’environnement. 1 Recherchez des sites Web (exemple de mots- clés : « calcul de l’empreinte écologique ») portant sur les sujets suivants : • bilan de carbone ; • émissions de gaz à effet de serre (GES) ; • consommation d’eau. 2 Faites un bilan des informations trouvées et dressez une liste des habitudes que vous pourriez changer pour réduire votre empreinte écologique. 3 L’achat de produits locaux fait-il une différence en ce qui a trait aux émissions de GES ? Pourquoi ? 4 Selon vous, les gouvernements ont-ils la capacité, et même la volonté, de contrôler les grandes entreprises polluantes ? Expliquez votre position. 5 Selon vous, peut-on imaginer une police mondiale de l’environnement ? Pourquoi ?

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DOSSIER 1

I

ENVIRONNEMENT

menace tous les pays du monde. Les experts du GIEC estiment qu’en 2100 la température moyenne pourrait avoir grimpé de 4 °C. Or, selon eux, il faudrait maintenir cette hausse à moins de 2 °C pour éviter des dommages irréversibles qui affec teraient les pays du monde entier. Pour y parvenir, le groupe de

scientifiques préconise une réduction des émissions de GES de 25 % à 40 % d’ici 2020, par rapport au niveau d’émissions de 1990. Ces données scientifiques sont les bases sur lesquelles s’appuient les Nations unies afin de développer une stratégie mondiale de lutte contre les changements climatiques. C’est donc parce que le problème est global que la communauté internationale tente de trouver une solution globale…

FOCUS

De Kyoto à Copenhague Kyoto, Japon, 1997. Moment historique. À l’instigation des Nations unies, les représentants de 159 pays sont réunis pour s’entendre sur une stratégie mondiale afin de réduire les émissions de GES, dans le but de ralentir le réchauffement climatique. Résultat : une entente selon laquelle les pays industrialisés s’engagent à diminuer collectivement leurs émissions de GES de 5,2 % par rapport à 1990. Pour la période de 2008 à 2012, le protocole de Kyoto prévoit de possibles sanctions juridiques pour les pays qui ne respecteront pas leurs engagements. Les pays émergents, comme la Chine et l’Inde, ainsi que les pays en voie de développement, quant à eux, ne sont pas légalement contraints de réduire leurs émissions. Affaibli, entre autres, par le refus historique des États-Unis de le ratifier, le protocole de Kyoto n’a malheureusement pas entraîné les résultats escomptés. Et en dépit de sa valeur indéniable, les scientifiques et les environnementalistes sont quasi unanimes à soutenir que le protocole de Kyoto était insuffisant pour ralentir le réchauffement climatique. C’est pourquoi les Nations unies souhaitent la signature d’une nouvelle entente pour la période 2013-2020. À Copenhague, en 2009, les représentants de 193 pays n’ont pas répondu aux attentes élevées suscitées par cette nouvelle rencontre internationale. Qualifié par de nombreux observateurs de demi-échec, l’accord n’a débouché que sur la déclaration d’intention de cinq pays de limiter le réchauffement climatique, sans aucune clause contraignante.

LE DEMI-ÉCHEC DE COPENHAGUE Réunis à Copenhague en décembre 2009, les représentants de 193 pays avaient donc pour objectif d’établir les bases d’un traité qui remplacerait le protocole de Kyoto, première étape de la Conventioncadre des Nations unies sur les changements climatiques amorcée en 1992 à Rio de Janeiro. Mais malgré tous les espoirs et la mobilisation sans précédent qu’il a suscités, le Sommet s’est soldé par un demi-échec — notamment en raison d’un bras de fer entre la Chine et les États-Unis, ces derniers estimant que les pays émergents comme la Chine, l’Inde et le Brésil doivent faire un effort supplémentaire. Résultat : une entente non contraignante de réduction des émissions de GES, à la déception de nombreux États, notamment

Les principaux accords et événements internationaux en environnement entre 1971 et 2009

1971 Adoption de la Convention de Ramsar (Iran) sur les zones humides

1972 1er Sommet de la Terre (Stockholm) Création du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE)

1979 1re Conférence mondiale sur le climat (Genève)

1988 Création du GIEC 1987 Adoption du protocole de Montréal sur la couche d’ozone Publication du rapport Brundtland

1973 Convention relative au commerce international de la faune et de la flore menacées d’extinction

1980

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43

africains, et des ONG qui espéraient beaucoup plus de cette rencontre historique. Plusieurs États, notamment les pays membres de l’Union européenne, auraient souhaité que l’accord de Copenhague

1992 Convention internationale sur la diversité biologique 2e Sommet de la Terre (Rio de Janeiro) 1994 Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification

définisse des cibles de réduction claires et chiffrées, ce qui ne fut pas le cas. Le Sommet de Copenhague a donc laissé la communauté internationale profondément divisée.

1997 Adoption du protocole de Kyoto

2002 3e Sommet de la Terre (Johannesburg)

2001 Signature de la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants

2000

43 Ces sculptures pour le moins saisissantes ont été

installées à l’extérieur du centre des congrès de Copenhague à l’occasion du Sommet des Nations unies sur le changement climatique qui s’est déroulé au Danemark, en décembre 2009, symbolisant les effets du réchauffement climatique et la fragilité de l’espèce humaine.

2005 16 février : entrée en vigueur du protocole de Kyoto

2006 Publication du rapport Stern

2009 Sommet de Copenhague

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DOSSIER 1

I

ENVIRONNEMENT

Les questions portent sur le contenu des pages 15 et 46 à 57. 1 Le GIEC estime que, d’ici 2100, la température moyenne aura grimpé de 4 °C et qu’il faudrait idéalement maintenir cette hausse à moins de 2 °C. Pour y parvenir, il faudrait réduire les GES de 25 % à 40 % d’ici 2020 par rapport aux niveaux d’émissions de 1990. Compte tenu de cette situation, devrait-on revenir en arrière et obliger les pays à appliquer intégralement le protocole de Kyoto ? Justifiez votre position. 2 Le GIEC est-il un organisme crédible et neutre ou s’agit-il d’un organisme de lobbying pour les groupes environnementaux ? Pourquoi ? 3 Selon vous, pourquoi le protocole de Montréal signé en 1987 pour protéger la couche d’ozone fut-il un succès ? 4 Réunis à Copenhague en décembre 2009, les représentants de 193 pays ont essayé d’établir les bases d’une entente pour remplacer le protocole de Kyoto. Malgré tous les espoirs suscités par cette rencontre, le Sommet s’est soldé par une entente peu contraignante de réduction des émissions de GES. Selon vous, pourquoi les pays hésitent-ils à s’engager et à définir des cibles claires et chiffrées ? 5 Certains observateurs soutiennent qu’il serait plus facile et plus efficace d’agir localement à l’aide de lois et de règlements sévères plutôt que de tenter de conclure des accords avec un grand nombre de pays. Croyez-vous que des ententes mondiales sont nécessaires ? Pourquoi ?

Des normes par qui ? pour qui ? « Les taxes, droits et redevances, les systèmes de permis négociables et les systèmes de consigne sont des exemples d’instruments économiques utilisés dans la politique de l’environnement. Ces instruments, qui sont de plus en plus utilisés, peuvent constituer pour les entreprises et les ménages des incitations économiques à modifier leur comportement dans un sens plus respectueux de l’environnement, et à élaborer de nouvelles technologies moins polluantes. »

44

Source : OCDE, Les taxes environnementales, les permis négociables, etc. [en ligne]. (Consulté le 22 janvier 2010.)

Choisissez un des trois thèmes suivants inspirés du texte de l’OCDE. Puis, participez à un débat portant sur ce thème ou rédigez un texte argumentatif d’une page. Pour vous aider à préparer vos arguments, faites une recherche sur Internet ou à la bibliothèque sur les différents moyens qu’utilisent les gouvernements pour inciter les citoyens et les entreprises à moins polluer. Consultez également des éditoriaux et des reportages sur ce sujet. 1 Selon l’OCDE, les taxes et les droits et redevances incitent les individus et les entreprises à moins polluer. Selon vous, ces incitatifs sont-ils efficaces ? 2 Croyez-vous, tout comme l’OCDE, que les citoyens et les entreprises ont le même niveau de responsabilités quant aux problèmes environnementaux ? 3 Est-ce la responsabilité des gouvernements d’inciter les individus à moins polluer ou est-ce une responsabilité individuelle ?

PAS QUE DES ÉCHECS Malgré la déception causée par ces échecs successifs dans la lutte contre les changements climatiques, d’autres initiatives internationales ont parfois porté des fruits, comme en témoigne l’exemple du protocole de Montréal. Signée en 1987 par 24 pays sous l’égide des Nations unies, après de difficiles négociations entre les pays riches et les pays en développement, cette entente visait à préserver la couche d’ozone menacée par la production et l’utilisation de CFC et des HCFC (chlorofluorocarbures et hydrochlorofluorocarbones).

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44 Afin de réduire les émissions de GES, Montréal

lançait, en 2009, un projet novateur en matière de développement durable : les vélos en libre-service BIXI. Cette initiative québécoise a fait son chemin et, déjà en 2010, la mise en place de vélos BIXI était prévue notamment à Boston et Minneapolis (États-Unis), à Londres (Angleterre) et à Melbourne (Australie). 45 En 2003, la ville de Londres (Angleterre) instaurait

le péage urbain afin de réduire la circulation dans le centre-ville. Ne nécessitant aucun poste de péage, le système fonctionne à l’aide de caméras et seuls le marquage au sol et des pancartes indiquent l’entrée dans les zones visées. Depuis, d’autres villes ont emboîté le pas, dont Oslo (Norvège) et Stockholm (Suède).

ZOOM

Le carbone sur les marchés boursiers

45

Le protocole de Montréal a par la suite été ratifié par plus de 190 pays. Résultat : ces produits sont maintenant bannis à l’échelle internationale et les scientifiques croient que la couche d’ozone pourrait redevenir ce qu’elle était avant 1980, entre 2060 et 2075.

agir LocaLement ? Les pays arriveront-ils un jour à mettre sur pied une stratégie commune pour ralentir les changements climatiques ? La gouvernance mondiale représente-t-elle une approche réaliste en matière de gestion de

l’environnement ? Le demi-échec de Copenhague a mis une fois de plus en lumière la difficulté de parvenir à une entente internationale. Des idées, comme la création d’une Organisation mondiale de l’environnement (OME), ont d’ailleurs été rejetées. Faut-il plutôt, comme le soutiennent certains analystes, se tourner vers des ententes régionales entre quelques pays et privilégier les actions locales ? L’entente internationale est-elle possible ? Est-elle nécessaire pour ralentir le réchauffement climatique ? Serait-il plus réaliste d’agir localement ? Le débat reste ouvert.

Prévoyant que tous les pays ne réussiraient  pas à atteindre leurs objectifs de réduction  de  gaz  à  effet  de  serre,  les  signataires  du  protocole  de  kyoto  ont  tenté  de  s’entendre sur un système d’échanges de  droits d’émission de dioxyde de carbone  (Co2) – le plus courant des GeS. Même si  tous les pays ne se sont pas ralliés à cette  idée, ces négo ciations ont tout de même  permis de développer une solution économique originale : le marché du carbone.  Le principe est simple : les entreprises qui  ne respectent pas les normes de réduction  de GeS qui leur sont imposées ont la possibilité d’acheter des permis d’émission de  Co2 – appelés par certains permis de polluer. Ces permis s’obtiennent dans des institutions officielles qu’on appelle bourses du carbone. on retrouve maintenant des  bourses du carbone dans différentes villes  du monde, notamment à Montréal, qui a  inauguré la sienne en 2006.

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envıronnement

oday 56 newspapers in 45 countries take the unprece- and must agree on the essential element dented step of speaking with one voice through a com- deal and, crucially, a firm timetable for t mon editorial. We do so because humanity faces a pro- Next June’s UN climate meeting in Bonn found emergency. line. As one negotiator put it: “We can go Unless we combine to take decisive action, climate change can’t afford a replay.” will ravage our planet, and with it our prosperity and security. At the deal’s heart must be a settlem The dangers have been becoming apparent for a generation. world and the developing world coverin Now the facts have started to speak: 11 of the past 14 years have fighting climate change will be divided — been the warmest on record, the Arctic ice-cap is melting and a newly precious resource: the trillion o last year’s inflamed oil and food prices provide a foretaste of fu- that we can emit before the mercury rise ture havoc. In scientific journals the question is no longer whether humans are to blame, but how little time we have leftfait la manchette L’environnement to limit the damage. Yet so far En world’s analysant le contenu des médias sur plusieurs années, il est possible de the response has been constater quels sont les sujets les plus traités dans l’actualité, ce qui en dit feeble and half-hearted. long sur l’intérêt Climate change collectif has beenpour un thème particulier. caused over centuries, has conDepuis lethat début années sequences willdes endure for 2000, les Québécois sont beaucoup plus sensibles aux grands environnementaux comme le réchauffement climatique, all time, and enjeux our prospects of et ils sont de reportages sur les sujets environnementaux. Par consétaming it willfriands be determined in the next 14 We call on the quent, ladays. couverture médiatique des sujets liés à l’environnement a beaurepresentatives the 192 plusieurs années. Par contre, dans son rapport coup augmentéofpendant countries intitulé gathered L’état deinlaCopennouvelle : bilan 2009 publié en ligne, l’organisme hagen not to hesitate, not to fall Influence Communication observe depuis 2008 une baisse importante du into dispute, not to blame each « poids du thème de l’environnement au Québec, c’est-à-dire l’esother butmédia to seize» opportunity pacethe occupé parmodern ce thème from greatest fail-dans les médias québécois. Phénomène passager ou of tendance irréversible ? Les Québécois continuent-ils de s’intéresser aux ure politics. This should not be a fight between the rich problèmes environnementaux ? world and the poor world, or between East and West. Climate change affects everyone, and must be solved by everyone. The science is complex but the facts are clear. The world needs to take steps to limit temperature rises to 2C, an aim that will require global emissions Rich nations like to point to the arithm to peak and begin falling within the next five to 10 years. A big- can be no solution until developing gian ger rise of 3-4C — the smallest increase we can prudently ex- more radical steps than they have so far pect to follow inaction — would parch continents, turning responsible for most of the accumulated farmland into desert. Half of all species could become extinct, sphere — three-quarters of all carbon d untold millions of people would be displaced, whole nations 1850. It must now take a lead, and eve drowned by the sea. must commit to deep cuts which will re The controversy over emails by British researchers that sug- within a decade to very substantially less gest they tried to suppress inconvenient data has Developing countries can p muddied the waters but failed to dent the cause the bulk of the prob mass of evidence on which these prepoorest regions of the dictions are based. hit. But they will in Few believe that Copenhagen can to warming, an any longer produce a fully polished meaningful and treaty; real progress towards one their own. Tho could only begin with the arrival what some had of President Obama in the White commitments House and the reversal of years of by the world’s U.S. obstructionism. Even now United States the world finds itself at the mercy portant steps i of American domestic politics, for Social justice the president cannot fully commit dustrialized wor to the action required until the U.S. pockets and pledg Congress has done so. countries adapt to But the politicians in Copenhagen can clean technologies to e

VeiLLe MÉDIATiQUe

Le même éditorial dans 56 journaux Le 7 décembre 2009, jour de l’ouverture du Sommet des Nations unies sur le changement climatique de Copenhague, 56 quotidiens dans 45 pays et 20 langues publient le même éditorial demandant aux dirigeants de la planète de faire les bons choix pour mettre fin au réchauffement climatique. L’idée de publier un éditorial unique est une initiative du quotidien anglais The Guardian. Les journaux qui publient l’éditorial proviennent des cinq continents. The Guardian a toutefois essuyé plusieurs refus. Un seul journal américain, The Miami Herald, accepte de publier l’article. Au Canada, seul le quotidien The Toronto Star participe.

MINOR HOCKEY’S HEADACHE

FAMOUS?

INS

V E I L L E M É D I AT I Q U E

Des citoyens déjouent la censure En Chine, le gouvernement exerce un contrôle sur l’information publiée dans les médias. Mais à l’heure d’Internet, malgré le blocage de nombreux sites, les citoyens parviennent à unir leurs voix pour des causes communes en relayant eux-mêmes l’information sur le Web. Le 23 novembre 2009, plusieurs centaines de citoyens se rassemblent dans les rues de Canton, dans le sud du pays, pour manifester contre la construction d’une usine d’incinération de déchets potentiellement dangereuse pour la santé des habitants. La mobilisation s’est faite sur des réseaux sociaux sur Internet, normalement bloqués par le gouvernement, mais accessibles en contournant le pare-feu qui filtre le Web. Malgré la censure, des vidéos de l’événement captées par des citoyens à l’aide de téléphones cellulaires sont publiées le jour même sur le Web et repris par des médias traditionnels.

L’OBSERVATOIRE MÉDIAS 1 De plus en plus de groupes de citoyens, comme ces résidents de Canton en Chine, utilisent les réseaux sociaux du Web pour diffuser des images et des informations. Dressez une liste des avantages et des risques de l’utilisation de ces réseaux pour la qualité et la liberté d’information. Ces réseaux peuvent-ils remplacer les médias traditionnels ? Pourquoi ? 2 Selon les statistiques, moins de 1 % de la couverture médiatique québécoise est consacrée aux problèmes environnementaux. Cette proportion vous semble-t-elle acceptable, trop élevée ou trop faible ? Pourquoi ?

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ENVIRONNEMENT

SYNTHÈSE DU DOSSIER ENVIRONNEMENT Interprétation : La gestion de l’environnement Une consommation galopante Bientôt les ressources de la Terre ne suffiront plus à soutenir la croissance de la population mondiale (6,77 milliards en 2009 – 9,1 milliards en 2050). La surconsommation de biens et d’énergie, particulièrement dans les pays industrialisés, entraîne d’importantes conséquences environnementales : • dégradation et pollution des écosystèmes ; • épuisement des ressources naturelles ; • concentration de GES dans l’atmosphère et réchauffement climatique ; • déforestation et désertification ; • raréfaction des ressources en eau potable. La croissance économique des pays émergents aggrave les problèmes déjà causés par les pays riches. La Chine est aujourd’hui le plus gros pollueur de la planète.

Qu’est-ce que la gestion de l’environnement ? C’est l’ensemble des mesures qui doivent être mises en œuvre par les acteurs sociaux pour assurer la viabilité à long terme des écosystèmes. Les actions doivent être individuelles et collectives et elles doivent être menées sur les scènes locale, nationale et internationale.

C’est à partir des années 1970 que les États commencent à investir de l’argent dans la gestion de l’environnement, notamment par la création des premiers ministères de l’Environnement. Aujourd’hui, les problèmes demeurent multiples et les États sont accusés de ne pas en faire assez. Au Canada, la gestion environnementale accuse du retard, tandis que les ÉtatsUnis amorcent un nouveau virage vert, en misant en particulier sur l’efficacité énergétique. L’Union européenne représente quant à elle un modèle : elle respecte le protocole de Kyoto et va plus loin sur le plan des actions, des investissements et des méthodes.

L’économie et l’environnement : un combat ? La gestion de l’environnement se heurte à de nombreux intérêts divergents. La protection des ressources et l’élaboration de nouveaux modes de consommation entraînent des coûts importants, ce qui suscite beaucoup de résistance. Dans de nombreux pays, les pressions exercées par les lobbys agricoles et industriels sur les gouvernements sont énormes, et ceux-ci tardent à respecter les ententes internationales et à appliquer les mesures environnementales. Pourtant, des études sérieuses ont clairement démontré le coût de l’inaction : si rien n’est fait, toute l’économie mondiale sera affectée par les conséquences des changements climatiques.

Qu’est-ce que le développement durable ? Concept favorisant le développement économique et social ainsi que la protection de l’environnement à long terme, le développement durable repose sur trois principes : • maintenir l’intégrité de l’environnement ; • assurer l’équité sociale ; • viser l’efficience économique. Réduire son empreinte écologique L’empreinte écologique représente la surface de terre (mesurée en hectares globaux) biologiquement nécessaire pour répondre aux besoins d’une population humaine donnée. Tous les chiffres l’indiquent : si les habitants des pays industrialisés ne modifient pas leurs habitudes de consommation et ne diminuent pas leur empreinte écologique, l’humanité se dirige vers une impasse.

SYNTHÈSE DU DOSSIER

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Enjeu 1 : L’utilisation et la consommation des ressources Quels choix énergétiques devrons-nous faire ? La consommation énergétique mondiale augmente continuellement, ce qui contribue en outre au réchauffement climatique. Au banc des accusés : le pétrole et le charbon, deux formes d’énergies polluantes et non renouvelables. Les décideurs doivent désormais se tourner vers de nouvelles formes d’énergie. Mais la résistance au changement est forte et réelle : les gouvernements sont soumis à de nombreuses pressions, notamment de la part des lobbys du pétrole et du charbon.

Énergies non renouvelables Les pays sont étroitement dépendants du pétrole, une ressource épuisable, très polluante et de plus en plus coûteuse. Réduire cette dépendance implique des choix individuels et collectifs.

Énergies inépuisables Sans émission de GES ni rejet toxique, les énergies éolienne et solaire constituent des solutions les plus écologiques, mais leur utilisation demeure encore très marginale.

Énergies renouvelables Présentés au départ comme une source d’énergie renouvelable et écologique, les biocarburants ne constituent pas une solution viable, en raison de leurs désastreuses conséquences environnementales et économiques.

L’augmentation de la population et de la consommation menacet-elle la planète ? La surpopulation soulève des problèmes de gestion environnementale, notamment dans les villes. La surconsommation est aussi problématique. Que faire ? Limiter la croissance démographique ou freiner la consommation ?

L’hydroélectricité est une source d’énergie beaucoup plus propre que l’électricité produite à partir du charbon, même si elle suscite certaines controverses.

Enjeu 2 : L’harmonisation des normes environnementales À qui revient la responsabilité ? Devant l’accablant bilan environnemental de la planète et les immenses défis à relever, une question se pose : Tous les acteurs sont-ils également responsables ? À l’échelle individuelle, des gestes comme le recyclage sont importants, mais sontils suffisants ? Étant soumis aux pressions liées à la mondialisation et aux délocalisations, les gouvernements doivent trouver des solutions pour concilier développement économique et gestion de l’environnement. Les entreprises doivent aussi agir, en appliquant les règles du développement durable.

Le pouvoir des États de gérer l’environnement est parfois affaibli par des ententes commerciales conclues avec d’autres pays. À l’inverse, ces ententes peuvent aussi contraindre certains pays à rehausser leurs règles environnementales. Les pays pauvres hésitent à payer pour des problèmes environnementaux historiquement attribuables aux pays riches.

Les solutions mondiales sont-elles possibles ? À problème global, solution globale : Tous les pays sont concernés par les problèmes environnementaux. C’est pourquoi les Nations unies tentent depuis

plusieurs années de développer une stratégie mondiale de lutte contre les changements climatiques. Malgré certains succès dans le passé, les ententes et protocoles internationaux ne sont pas respectés par tous. Le Sommet de Copenhague, en 2009, s’est quant à lui soldé par un demi-échec : la conclusion d’une entente non contraignante. Devant la difficulté d’obtenir un consensus mondial, ne faudrait-il pas plutôt miser sur l’action locale ?

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DOSSIER 1

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ENVIRONNEMENT

MINI-DOSSIER Le contrôle de l’eau

Environ un milliard de personnes dans le monde n’ont pas pleinement accès à l’eau potable. Dans certains pays, l’eau est une denrée rare. Qui devrait contrôler cette ressource naturelle unique qu’on nomme déjà l’or bleu ?

Des lacs qui s’assèchent, des mégapoles aux prises avec des problèmes d’approvisionnement en eau, des pays qui menacent des États voisins de les priver de leur accès à l’eau, des tensions qui divisent des États partageant l’eau de fleuves ou de rivières… Partout sur la planète, l’eau est devenue un enjeu crucial. Et cette ressource naturelle pourrait même se vendre à prix d’or dans les années à venir. Dans ce mini-dossier, vous devrez chercher des informations, répondre à des questions, trouver des pistes d’action et comparer des points de vue afin de mieux saisir toutes les facettes de cet enjeu crucial qu’est le contrôle de l’eau.

Objectif du mini-dossier Au terme de vos recherches et de vos réflexions, vous devrez présenter une synthèse des informations recueillies et prendre position sur l’enjeu de ce mini-dossier : Qui devrait contrôler l’eau ? Les entreprises ? Les États ? La communauté internationale ? Les citoyens ? Réalisation des activités du mini-dossier 1 Amorcez votre réflexion sur le contrôle de l’eau en commentant la photo ci-contre. 2 Répondez aux questions portant sur les cinq thèmes aux pages 64 et 65. Pour

vous aider, consultez les pistes de recherche à la page 66. 3 Présentez votre synthèse et votre position sur l’enjeu du mini-dossier en choisissant

une des deux formes de présentation suggérées à la page 67. 4 Vous pouvez explorer des pistes de participation sociale en réalisant l’activité

proposée à la page 67.

En 2003, le village de Natwarghad, situé dans l’État indien occidental du Gujarat, connaît l’une de ses pires sécheresses. Un peu partout, les puits et les étangs sont asséchés. Alors que la température grimpe au-dessus des 44 °C, les villageois doivent se rendre jusqu’à cet immense puits pour y puiser leur eau.

MINI-DOSSIER

Essentielle à la vie, l’eau douce manque cruellement à près d’un milliard de personnes sur Terre. Des millions d’entre elles vivent dans des zones dites de stress hydrique et doivent marcher des kilomètres pour s’approvisionner en eau. Que vous inspire cette scène ? Selon vous, quelles sont les conséquences de cette pénurie d’eau sur la vie de ces villageois ?

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Le contrôle de l’eau

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DOSSIER 1

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ENVIRONNEMENT

Pistes de recherche Voici quelques pistes pour effectuer vos recherches afin de répondre aux questions des deux pages précédentes. • Mots-clés : tapez les mots dans un moteur de recherche sur Internet pour trouver des informations pertinentes. • Organismes internationaux : tapez le nom des organismes dans un moteur de recherche pour consulter leur site.

Environnement • Manuel : pages 7 et 8. • Mots-clés : eau potable, métaux lourds, nappe phréatique, pesticides, polluants, salinisation. • Organismes internationaux : Conseil mondial de l’eau (WWC), Partenariat mondial pour l’eau (GWP), WaterAid.

Population • Manuel : pages 94 à 100. • Mots-clés : accès à l’eau, compteurs d’eau, consommation d’eau douce, eau bien commun de l’humanité, gratuité de l’eau, répartition de l’eau. • Organismes internationaux : Conseil consultatif sur l’eau et l’assainissement du Secrétaire général de l’ONU, WWC, GWP.

Richesse • Manuel : pages 190 à 192. • Documentaire : L’or bleu de Damien de Pierpont. • Mots-clés : contrôle de l’eau, distribution de l’eau, or bleu, prix de l’eau. • Organismes internationaux : Programme alimentaire mondial, Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Pouvoir • Manuel : pages 242 et 243. • Mots-clés : contrôle de l’eau, eaux transfrontalières, ONU et eau, partage de l’eau, partage des eaux du Nil, source d’eau commune. • Organisme international : UN-Water (programme des Nations unies pour l’eau douce).

Tensions et conflits • Manuel : pages 285 à 287. • Mots-clés : conflits de l’eau, contrôle de l’eau, guerre de l’eau, pénurie, tensions liées à l’eau. • Organismes internationaux : ONU, Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR).

MINI-DOSSIER

Présentation du mini-dossier Choisissez une des deux formes de présentation suggérées pour présenter votre synthèse de recherche et répondre aux questions de l’enjeu du mini-dossier. Vous pouvez également poursuivre votre réflexion en réalisant l’activité de participation sociale proposée.

Enjeu : Qui devrait contrôler l’eau ? Les entreprises ? Les États ? La communauté internationale ? Les citoyens ?

Présentation électronique (PowerPoint) • Résumez ou schématisez les informations recueillies pour chacun des cinq thèmes puis réalisez un montage afin de présenter les résultats de vos recherches. • Illustrez chaque facette du problème à l’aide d’une image, d’une photo ou d’une caricature qui, selon vous, représente le mieux la situation. Rédigez une légende pour chaque élément visuel. • Terminez votre présentation en exprimant votre position sur l’enjeu.

Production écrite • Répondez à la question que soulève l’enjeu de ce mini-dossier en rédigeant un texte argumentatif d’environ trois pages. • Justifiez votre position à l’aide des exemples et des informations recueillis au fil de votre recherche.

ENVISAGER UNE OCCASION DE PARTICIPATION SOCIALE Composante de la CD 2

Création d’une publicité • Trouvez des gestes concrets qui favorisent une meilleure utilisation de l’eau. • Créez une publicité visant à inciter les autres élèves à faire ces gestes et à les sensibiliser au développement durable. Cette publicité peut prendre la forme d’un message radio ou d’une affiche.

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Le contrôle de l’eau

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popula

D O S S I E R

DE L’UNHCR : 42 MILLIONS DE RÉFUGIÉS DANS LE MONDE

:: enjeux ::

LE PASSEPORT BIOMÉTRIQUE AU CANADA DÈS 2011

SOMMAIRE INTERPRÉTATION (CD 1) L’intensification des mouvements migratoires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 ENJEU 1 (CD 2) La gestion de l’expansion urbaine . . . . . 94 ENJEU 2 (CD 2) La migration et le monde du travail . . . 108

SYNTHÈSE DU DOSSIER . . . . . . . . . 122 MINI-DOSSIER La situation des réfugiés . . . . . . . . . . . 124 VEILLE MÉDIATIQUE . . . . . . . . . . . . . . 84 VEILLE MÉDIATIQUE . . . . . . . . . . . . . 120

:: enjeux ::

SELO

tion

ON L’OIM, ON COMPTE 200 MILLIONS DE MIGRANTS DANS LE MONDE

:: enjeux ::

QUÉBEC : 34 ORDRES PROFESSIONNELS EN PROIE À U

Des réfugiés fuient vers la République démocratique du Congo pour échapper aux violences de la guerre civile du Rwanda.

CONCEPTS Migration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72 Culture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102 Délocalisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117 Diaspora . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86 Réseau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 Urbanisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94

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P O P U L AT I O N

I N T E R P R É TAT IO N

L’intensification

des mouvements

migratoires par Bianca Joubert

Des milliers d’ouvriers polonais ou hongrois qui circulent entre la France, la Belgique ou l’Allemagne grâce aux frontières ouvertes de l’Union européenne. Plus de 4500 saisonniers mexicains qui viennent au Québec chaque année travailler dans les champs. Au total : 42 millions de personnes qui fuient les catastrophes climatiques ou la violence et s’entassent pour la plupart dans des camps de réfugiés. Des centaines de milliers de paysans indiens ou chinois qui quittent leur village pour aller tenter leur chance, souvent en vain, dans une mégalopole comme Mumbay ou Chongqing. De plus en plus d’Africains qui risquent chaque année leur vie en mer pour atteindre les rives européennes… Si l’immigration existe depuis fort longtemps, ces scènes aujourd’hui courantes démontrent l’intensification des mouvements migratoires à l’échelle mondiale au cours des dernières années. Parfois au péril de leur vie, les populations se déplacent, volontairement ou non, le plus souvent pour améliorer leur sort. Ces mouvements de population façonnent le monde contemporain et entraînent des changements profonds au sein des sociétés, appelées à relever de nouveaux défis d’intégration. Ces défis les amènent à se pencher sur des enjeux très importants tels la gestion de l’expansion urbaine et la migration et le monde du travail.

Un accroissement accéléré des déplacements Les migrations humaines ont toujours été au cœur de l’histoire et elles ont permis

le peuplement diversifié des continents. Ces dernières décennies, elles ont toutefois connu un développement fulgurant. Actuellement, environ 200 millions de personnes se trouvent à l’extérieur du pays où elles sont nées, soit environ 3 %

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L’ i n t e n s i f i c a t i o n d e s m o u v e m e n t s m i g r a t o i r e s

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01

de la population mondiale. En 1965, ce chiffre était de 75 millions. Si l’on formait aujourd’hui un pays avec tous les migrants du monde, il occuperait le cinquième rang des pays les plus peuplés, entre l’Indonésie et le Brésil ! Au cours des 10 dernières années, plus d’un million de personnes ont immigré chaque année en sol américain, alors qu’au Canada ce sont 247 243 nouveaux arrivants qui ont été accueillis en 2008, dont 45 264 au Québec seulement. Non seulement l’immigration augmentet-elle, mais les déplacements internationaux aussi. Depuis les années 1960, le transport aérien connaît une croissance supérieure à celle de l’économie mondiale. L’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) estime à plus de deux milliards le nombre de passagers transportés par avion annuellement. Chaque seconde, un avion décolle et un autre atterrit dans le monde ! Cet accroissement des déplacements et de l’immigration est attribué à la mondialisation et au perfectionnement de la technologie dans le monde des transports, des communications et de l’information.

LA MONDIALISATION DES MARCHÉS ET LE DÉVELOPPEMENT DES TECHNOLOGIES Les changements récents dans le système économique mondial, comme la libéralisation croissante du commerce entre les pays, la multiplication des échanges commerciaux internationaux et l’implantation d’entreprises à l’étranger, ont favorisé les déplacements de personnes. Des regroupements comme l’Union européenne, dont l’objectif est la création d’un marché commun européen permettant la libre circulation des biens, des services, des personnes et des capitaux, ont également stimulé les échanges entre les pays. Cette mondialisation des marchés a progressé parallèlement au développement sans précédent des nouvelles technologies dans le monde des transports, des communications et de l’information, des progrès techniques qui ont rendu les moyens de transport plus rapides et plus accessibles et multiplié les destinations. À partir du Québec, il est aujourd’hui possible d’atteindre en moins de 24 heures

01 Le poste-frontière entre San Diego, en Californie,

et Tijuana, au Mexique, est le plus fréquenté du monde.

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P O P U L AT I O N

02 Le 1er janvier 1892, le gouvernement américain

ouvre un centre d’immigration sur Ellis Island, dans la baie de New York, à moins d’un kilomètre de la statue de la Liberté. L’île devient la principale porte d’entrée des immigrants qui arrivent aux États-Unis jusqu’en 1954, année de la fermeture du centre.

CHIFFRES

La vie sans nationalité Plus de 12 millions : c’est le nombre de personnes sans nationalité dans le monde. On les appelle des apatrides, car aucun État ne les reconnaît comme citoyens à part entière, ce qui les prive de nombreux droits fondamentaux. Source : UNHCR, 2010.

un pays situé à l’autre bout de la planète, comme la Nouvelle-Zélande. En outre, l’avènement d’Internet, la croissance exponentielle des lignes téléphoniques et du nombre d’abonnements au téléphone cellulaire depuis le milieu des années 1990 ont permis aux individus de communiquer beaucoup plus facilement et d’être continuellement informés de ce qui se passe aux quatre coins du monde.

La migration La migration humaine se définit comme le déplacement d’individus d’un lieu de vie vers un autre. Un déplacement qui peut se faire d’une région à une autre dans un même pays ou d’un pays à un autre. Depuis les débuts de l’humanité, la migration est intimement liée aux grands

changements sociaux et économiques, aux transformations dans les modes de vie et à l’enrichissement culturel des populations.

AU FIL DES SIÈCLES Les déplacements des premiers humains à partir du continent africain, considéré comme le berceau de l’humanité, constitueraient selon plusieurs scientifiques les premières migrations et seraient à l’origine du peuplement des autres continents. Des grandes invasions de l’Antiquité et du Moyen Âge aux programmes migratoires instaurés par les pays occidentaux au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les parcours empruntés par les migrants ont bien changé au cours des siècles, tout comme les principales zones d’émigration et d’immigration.

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L’ i n t e n s i f i c a t i o n d e s m o u v e m e n t s m i g r a t o i r e s

03 Les pays comptant le plus grand nombre d’immigrants

Pays ou province

Nombre (2010) (en millions)

Proportion de la population (2005) ( en %)

Proportion de la population (1960) ( en %)

États-Unis

42,813

13,0

5,8

Russie

12,270

8,4

1,4

Allemagne

2,8

10,758

12,9

Arabie saoudite

7,289

26,8

1,6

Canada

7,202

19,5

15,4

Québec

1,020

11,5

7,4

France

6,685

10,6

7,7

Royaume-Uni

6,452

9,7

3,2

Espagne

6,378

10,7

0,7

Inde

5,436

0,5

2,1

Ukraine

5,258

11,5



Australie

4,712

21,3

16,5

Italie

4,463

5,2

0,9

Côte d’Ivoire

2,407

12,3

22,3

Afrique du Sud Autres pays Total

1,863

7,6

7,8

88,939

1,8



213,945

3,0

2,6

15e siècle

16e et 17e siècles 18e siècle

19e siècle

Première moitié du 20e siècle

Sources : PNUD, Rapport annuel sur le développement humain 2009 ; Ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles du Québec, Population immigrée recensée au Québec et dans les régions en mai 2006, mai 2009. (Proportions de 1961 et de 2006 pour le Québec.)

FOCUS

Le melting-pot américain L’expression melting-pot réfère au brassage culturel, à la fusion des populations qui résulte du mélange d’immigrants de provenances très diverses en sol américain. En effet, les États-Unis sont essentiellement une nation d’immigrants et restent la principale terre d’accueil des migrants dans le monde. De nombreuses vagues migratoires ont constitué au fil des siècles le peuplement de ce qui est devenu au 20e siècle la première puissance mondiale.

1950-1975

De 1840 à 1860, le pays connaît une première vague d’immigration massive de centaines de milliers d’Irlandais et d’Allemands. Entre 1870 et 1920, ce sont plus de 20 millions d’immigrants en provenance d’Europe qui arrivent aux États-Unis, en majorité des Italiens et des Juifs d’Europe centrale et orientale. L’année 1907 est la plus mouvementée de cette période, avec plus d’un million d’arrivées à Ellis Island. Durant la seule journée du 17 avril, 11 747 immigrants y sont accueillis ! La population d’ascendance latino-américaine, à forte prédominance mexicaine, représentait en 2009 14 % de la population américaine, soit 45 millions des 300 millions de personnes vivant aux États-Unis. L’espagnol est actuellement la seconde langue parlée sur le territoire américain.

La loterie de la diversité Pour maintenir une diversité de nationalités parmi les immigrés, les États-Unis procèdent chaque année à une sorte de loterie qui permet à environ 50 000 « gagnants » du monde entier d’obtenir une carte de résident permanent, la fameuse « carte verte », et de s’installer légalement aux États-Unis.

À partir de 1989

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P O P U L AT I O N

04 La guerre du Golfe (1990-1991) cause en

quelques mois des mouvements de population de plusieurs millions de personnes. Ci-dessus, des milliers d’Égyptiens, pour la plupart des ouvriers, vivant en Irak sont chassés du pays. Ils se rendent dans le camp de réfugiés de Ruwaished, en Jordanie, près de la frontière irakienne.

LES GRANDS AXES DES FLUX MIGRATOIRES Les principales zones d’émigration sont, de nos jours, situées dans les pays en développement, essentiellement dans l’hémisphère Sud. Cependant, les migrations sont loin de se faire exclusivement du Sud vers le Nord : les déplacements d’un pays du Sud vers un autre pays du Sud, d’un pays de l’Est vers un pays de l’Ouest ou à l’intérieur d’un même pays, souvent de la campagne vers la ville, sont extrêmement nombreux aujourd’hui.

Ces dernières années, on assiste à une diversification des pays d’émigration et des pays d’accueil. Les flux migratoires sont désormais plus éparpillés qu’ils ne l’étaient auparavant. Le cas de l’Allemagne illustre bien cette tendance. Dans les années 1970, 90 % de la population immigrée du pays était originaire de 5 pays. Aujourd’hui, cette population est originaire de 10 pays. Même si pratiquement tous les États du monde sont hôtes d’une certaine forme de migration, les migrants internationaux se

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L’ i n t e n s i f i c a t i o n d e s m o u v e m e n t s m i g r a t o i r e s

1 : 210 000 000 (projection de Gall) 0

2 000

Principaux flux migratoires (1990-2000)

4 000 km

de 1 000 000 à 3 500 000 de 500 000 à 1 000 000 de 300 000 à 500 000

Échelle à l’équateur

05 Les migrations internationales Sources : ONU, Banque mondiale, 2005 ; OCDE, 2001 ; La Documentation photographique, no 8063.

déplacent vers un nombre restreint de pays : 75 % d’entre eux sont concentrés dans seulement 12 % des pays du monde. Ces pays sont surtout des pays développés — ou industrialisés — avec, en tête de liste, les États-Unis, la Russie et l’Allemagne, les trois pays qui accueillent le plus d’immigrants. Le Mexique, l’Inde et la Chine sont, quant à eux, parmi les pays qui ont le plus fort taux d’émigration au monde. En 2010, le Canada se situe au cinquième rang des pays comptant le plus grand nombre de migrants internationaux. Selon le recensement de 2006, 1 personne sur 5 (19,8 % de la population) est née à l’étranger, proportion qui a presque triplé au cours des 75 dernières années. Cette hausse s’explique par le nombre élevé d’immigrants admis au pays chaque année ainsi que par le faible taux de natalité. En comparaison, le pourcentage est de 12,5 % aux États-Unis.

Principales zones de départ et d’arrivée (2005) Régions ou pays d’immigration (plus de 5 % de la population est immigrée) Régions ou pays d’émigration (plus de 5 % de la population a émigré)

06 Où vont les migrants ?

Migrants (en millions)

70

Internes 144 Sud-Sud ou Nord-Nord

Sud-Nord 740

Source : PNUD, Rapport annuel sur le développement humain 2009.

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07 À Montréal, depuis 1975, les membres des

communautés culturelles haïtienne, latinoaméricaine et antillaise célèbrent en juillet la Carifiesta. Ce carnaval très coloré est un des nombreux reflets du multiculturalisme qui caractérise la métropole québécoise. ZOOM

L’immigration à Montréal Cosmopolite, Montréal regroupe plus de 120 communautés culturelles, dont les plus importantes sont les communautés italienne, portugaise et grecque. Au recensement de 2006, elle comptait 165 300 immigrants récents, le nombre le plus élevé en 25 ans. Dans la métropole québécoise, le pourcentage de personnes nées à l’étranger augmente plus rapidement que celui des personnes nées au Canada. La population montréalaise née à l’étranger s’est en effet accrue de 19 % entre 2001 et 2006, comparativement à 2,1 % chez les Montréalais nés au Canada.

L’IMMIGRATION AU QUÉBEC Au début du 19e siècle, la ville de Québec, alors l’une des principales portes d’entrée de la province, reçoit un nombre croissant de migrants venant d’Irlande, d’Écosse et des îles Britanniques. Vers 1830, 30 000 personnes débarquent à Québec en moyenne chaque année. En 1847, ce sont 100 000 immigrants irlandais qui s’installent pour fuir la famine de la pomme de terre. Au Québec, du début du 20e siècle jusqu’aux années 1960, les immigrants viennent surtout d’Europe. L’Italie, la Grèce et le Portugal sont les principaux pays d’origine des nouveaux arrivants de l’époque. Durant les années 1960 et 1970, les vagues d’immigration se diversifient et proviennent du Vietnam, d’Haïti et d’Amérique latine. La diversification de l’immigration se poursuit dans les années 1980 et 1990, avec l’arrivée entre 1991 et 2001 de plus

de 10 000 Roumains et quelque 24 000 SudAsiatiques, majoritairement des Indiens, des Pakistanais et des Sri Lankais. En 2008, les principaux pays de naissance des nouveaux arrivants au Québec sont la France, l’Algérie, le Maroc, la Chine et la Colombie.

Les normes et les politiques d’immigration Franchir les frontières d’un pays pour y séjourner ou s’y installer implique de répondre aux exigences définies par le gouvernement de ce pays. Jusqu’en 1962, afin de « préserver le caractère fondamental du pays », le Canada pratique une immigration dite de discrimination raciale qui limite le nombre d’immigrants non issus de l’Europe occidentale ou des États-Unis. Le 1er février 1962, le Canada devient le premier des

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trois plus grands pays d’accueil — avec les États-Unis et l’Australie — à abandonner sa politique d’immigration discriminatoire.

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INTERPRÉTER LE PROBLÈME

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(CD 1)

Les questions portent sur le contenu des pages 70 à 80.

En 1966, 87 % des immigrants du Canada sont d’origine européenne. Quatre ans plus tard, en 1970, 50 % viennent de régions autres que le continent européen : Hong-Kong, Inde, Philippines, Haïti. Les années 1970 et 1980 voient se multiplier le nombre de nouveaux arrivants originaires d’Amérique latine, d’Afrique, d’Asie et des Antilles, ce qui change définitivement les composantes du tissu social canadien, en particulier dans les régions de Toronto, de Montréal et de Vancouver.

1 Énumérez les principaux facteurs qui ont provoqué l’accroissement des déplacements de population et de l’immigration dans le monde.

Les premières migrations en provenance du Liban remontent à 1882, mais la plus grande affluence a lieu durant la guerre civile libanaise, entre 1975 et 1990, grâce à un programme spécial qui favorise la venue des Libanais au Canada. En 2009, le Canada compte quelque 144 000 LibanoCanadiens, dont près de 50 000 au Québec. Montréal accueille la plus grande communauté libanaise du Canada, avec 44 000 personnes.

6 Quelles sont les conséquences de l’immigration sélective pour les candidats à l’immigration ?

2 Quels sont les cinq pays qui accueillent le plus grand nombre d’immigrants ? 3 Expliquez ce qu’est la loterie de la diversité aux États-Unis. 4 Il existe quatre grands axes de flux migratoires, dont l’axe des migrations du Sud vers le Nord. Nommez les trois autres axes. 5 Le Canada pratique une politique d’immigration sélective. Expliquez en quoi consiste cette politique.

7 Énumérez les facteurs qui contribuent à l’augmentation de l’immigration clandestine.

CERNER LE PROBLÈME : ACTIVITÉ Composante de la CD 1

En 2009, les nouveaux arrivants au Canada viennent en majorité du continent asiatique.

Je vais en Amérique !

L’IMMIGRATION SÉLECTIVE

Vous êtes ressortissant ou ressortissante tchétchène en exil en Russie. Vous avez 30 ans, vous avez un conjoint ou une conjointe ainsi qu’un enfant de 5 ans. Vous êtes titulaire d’un diplôme universitaire en génie hydraulique. Vous parlez le tchétchène, le russe et le français, mais vous ne parlez pas l’anglais. Vous voulez fuir votre pays d’origine en raison des conflits qui ont éclaté. Vous souhaitez migrer en Amérique du Nord, mais vous hésitez entre le Canada et les États-Unis. Vous consultez un spécialiste en immigration, qui vous conseille de préparer un dossier pour chaque pays.

Si les politiques d’immigration basées sur la discrimination raciale ont disparu, l’intensification des mouvements migratoires du monde contemporain a conduit de plus en plus de pays à pratiquer une immigration sélective. C’est le cas du Canada, de la France et de l’Australie. Les candidats à l’immigration sont ainsi préalablement sélectionnés dans leur pays d’origine. En plus de devoir répondre à des critères prédéfinis, ils doivent notamment se soumettre à des tests médicaux et investir temps et argent. Dans certains cas, tout le processus peut prendre plusieurs années. La France a récemment changé les conditions d’entrée et de séjour des étrangers au pays. En juin 2006, elle a adopté une loi d’immigration dite « choisie », élaborée par le ministère de l’Intérieur. Cette loi

Outils de référence : votre manuel Enjeux et Internet.

1 Faites une recherche (dans votre manuel Enjeux et sur Internet) pour trouver les critères de sélection des candidats à l’immigration en vigueur dans chaque pays. 2 Faites un tableau comparatif des critères de sélection. 3 En fonction de votre profil, expliquez lequel des deux pays d’accueil sera le plus favorable à votre demande.

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favorise davantage une immigration économique et vise des candidats hautement qualifiés, plutôt qu’une immigration de regroupement familial, qui permet à un individu séjournant sur le territoire français de faire venir son conjoint ou sa conjointe et ses enfants mineurs.

LES POLITIQUES CANADIENNE ET QUÉBÉCOISE D’IMMIGRATION Selon la Constitution canadienne, l’immigration est un domaine de compétence partagé entre le gouvernement fédéral et les provinces. Sur le plan administratif, les immigrants sont regroupés en trois catégories : immigration économique, regroupement familial, réfugiés ou autre immigration humanitaire. Les conditions d’admission des deux dernières catégories relèvent du pouvoir fédéral et non des provinces. Au Québec, la création d’un ministère de l’Immigration en 1968 et l’accord CanadaQuébec de 1991 ont permis à la province d’établir ses propres critères de sélection pour répondre à ses exigences de « société distincte ». Cela implique entre autres la reconnaissance du fait que le français est la langue commune de la vie publique.

Un système de points Depuis 1967, le Canada pratique une immigration sélective. En effet, les candidats à l’immigration qui ne font pas 08 L’origine des immigrants aux États-Unis

une demande pour un motif humanitaire doivent répondre à un certain nombre de critères évalués par un système de points qui donne une note sur 100. Ces critères sont : • les études ; • les aptitudes en anglais et/ou en français ; • l’expérience de travail ; • l’âge ; • la confirmation d’un emploi au Canada ; • l’adaptabilité. Le nombre de points requis est… 67. Les personnes les plus éduquées, les plus qualifiées et en âge de travailler obtiennent davantage de points. Le gouvernement du Québec a aussi son système, mais le nombre de points qu’il attribue à chaque critère diffère. En effet, au Québec, les connaissances linguistiques, en particulier la connaissance du français, la formation et l’âge représentent les critères les plus importants.

UNE QUESTION DE SÉCURITÉ Les attentats du 11 septembre 2001 ont aussi beaucoup contribué au changement des politiques d’immigration dans le monde, dorénavant orientées par la question de la sécurité. Les États-Unis ont invoqué la lutte contre le terrorisme pour

L’origine des immigrants au Canada Nombre d’immigrants (en milliers) Royaume-Uni 580

Nombre d’immigrants (en milliers)

L’origine des immigrants en France Nombre d’immigrants (en milliers)

Chine 467 Mexique 11 812

Inde 444

Autres pays 18 975

Autres pays 3631

Philippines 1738

Philippines 303

Autres pays 2052

Maroc 627 Portugal 569

Italie 297 États-Unis 251

Inde 1730

Chine (Hong-Kong) 215

Chine 1634 Vietnam 1063 Allemagne 1010 Salvador 999 Source : OCDE, 2007.

Algérie 682

Turquie 223 Tunisie 226 Source : OCDE, 2006.

Source : OCDE, 2005.

Italie 336 Espagne 272

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resserrer leurs conditions d’entrée au pays. En effet, pour entrer sur le territoire américain, les visiteurs étrangers doivent maintenant être munis soit d’un passeport biométrique, soit d’un visa. Voir l’encadré Le passeport biométrique : la frontière en un clin d’œil, p. 80. Depuis le 12 janvier 2009, les ressortissants des 35 pays dispensés de visa, dont la France, la Suisse et le Japon, doivent faire une demande électronique d’autorisation de voyage 72 heures à l’avance. En outre, une nouvelle mesure est entrée en vigueur en juin 2009 pour les Canadiens, qui doivent désormais être munis d’un passeport pour traverser la frontière américaine. Enfin, un mur est en cours de construction à la frontière entre le Mexique et les États-Unis et est l’objet d’une surveillance constante.

L’immigration clandestine La pauvreté et le manque de travail restent les principales raisons qui poussent les individus à quitter leur pays d’origine. Les pays riches sont très attrayants pour ceux qui tentent de fuir la misère et d’accéder à une vie meilleure. À cause du très grand nombre de migrants venant des pays du Sud, les pays du Nord cherchent à mettre en place des politiques d’immigration de plus en plus restrictives. Les critères d’immigration plus stricts et la pauvreté qui sévit dans plusieurs régions du globe peuvent contribuer à augmenter l’immigration clandestine. Dans certains cas, celle-ci constitue une main-d’œuvre bon marché dans les pays riches.

09 En 2006, afin de lutter contre l’immigration

illégale venant du Mexique, les États-Unis entament la construction d’un mur le long de la frontière avec le Mexique. Le mur, fait de barres d’acier, est équipé des dernières technologies en matière de surveillance.

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LES RÉSEAUX DE PASSEURS

PORTRAIT

Sir Clifford Sifton (1861-1929) Avocat de formation, le Canadien sir Clifford Sifton se distingue comme politicien et homme d’affaires hors du commun. Procureur général du Manitoba de 1891 à 1896, Sifton est notamment responsable du dossier de l’éducation avant de faire le saut en politique fédérale. Ministre de l’Intérieur de 1896 à 1905, Sifton défend avec acharnement une vigoureuse politique d’immigration pour peupler les Prairies canadiennes de colons venus des États-Unis, d’Angleterre et d’Europe de l’Est. En facilitant l’accès à la terre aux nouveaux arrivants, Sifton a profondément contribué à l’essor de l’immigration canadienne ainsi qu’au développement économique de l’ouest du pays.

Les migrants qui ne satisfont pas aux critères de sélection recourent de plus en plus à l’immigration illégale, par voie terrestre, aérienne ou maritime. Faute de pouvoir circuler ou demander l’asile par des voies légales, ces migrants utilisent de faux documents, des réseaux de passeurs, contournent les frontières ou les franchissent illégalement. Les conditions de voyage sont souvent très difficiles. Certains trouvent la mort avant même d’arriver à destination ou sont expulsés vers leur pays d’origine. Bien que le nombre réel échappe aux statistiques conventionnelles, on estime que les États-Unis comptaient aux alentours de 12 millions d’immigrants illégaux en 2008 et l’Espagne, plus d’un million. Au Canada, de 200 000 à 500 000 sanspapiers se trouveraient sur le territoire.

Les causes de l’émigration Migrer vers un avenir meilleur pour apprendre, travailler, fuir la persécution, la guerre, le chômage, la famine, une catastrophe naturelle… Les raisons qui poussent les populations à se déplacer, temporairement ou de façon permanente, sont nombreuses. On peut toutefois les classer en trois grandes catégories : économiques, politiques et climatiques.

LES CAUSES ÉCONOMIQUES Les migrants économiques quittent leur lieu de vie par choix, dans l’espoir d’améliorer leurs conditions de vie, d’obtenir un meilleur travail, un meilleur revenu ou une stabilité d’emploi. Pour les migrants des pays pauvres dont le taux de chômage est très élevé, émigrer peut aussi être une question de survie. Ces migrations peuvent se faire à l’intérieur

FOCUS

Le passeport biométrique : la frontière en un clin d’œil La géométrie du visage, l’iris, le bout des doigts, voilà les nouveaux agents de contrôle aux frontières ! Ces caractéristiques physiques se stockent dans une puce intégrée au passeport. À l’aéroport, un appareil prend une photo de l’iris du voyageur, qui a passé auparavant son passeport sur un lecteur. Un ordinateur détermine si les données concordent. On peut réduire à des algorithmes mathématiques les caractéristiques physiques répondant aux quatre critères suivants : • perceptibilité ; • universalité ; • unicité ; • inaltérabilité. La caractéristique doit être mesurable, commune à tous les humains, mais différente d’un individu à l’autre, et rester la même tout au long de la vie. L’Union européenne a rendu obligatoire la délivrance du passeport biométrique en 2009. Le Canada fera de même en 2011. Le passeport biométrique rend la fraude difficile, accélère les contrôles et réduit l’attente des voyageurs. Des mesures ont été prises pour réduire à quelques centimètres la distance pour qu’un décodeur lise une puce. Et comme les pirates informatiques décryptent des algorithmes, on leur barre la route en combinant plusieurs caractéristiques biométriques.

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même d’un pays, dans des pays voisins ou éloignés. La proximité géographique joue un rôle évident dans les mouvements incessants entre le Mexique et les États-Unis, le couloir migratoire le plus fréquenté à l’échelle mondiale. Depuis la crise économique qui a frappé le Mexique dans les années 1980, un nombre important de Mexicains ont migré chez leurs voisins américains pour profiter des opportunités d’emplois.

Les liens coloniaux et la langue : les atouts de la migration économique Pour les migrants économiques, les anciens liens coloniaux constituent souvent une raison déterminante dans le choix d’un pays d’accueil. Le RoyaumeUni est ainsi une destination fréquente pour les Indiens et les Pakistanais. Les Maghrébins et les Africains francophones se dirigent souvent quant à eux vers la France, alors que le Portugal compte une forte population immigrée issue de ses anciennes colonies, comme le Cap-Vert et l’Angola. La langue est également un critère important. Ainsi, les francophones qui désirent venir travailler au Canada choisissent souvent le Québec. En 2005, 30 % des

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travailleurs migrants qualifiés au Québec venaient de l’Algérie, du Maroc ou de la Tunisie.

Migrer vers un pays moins pauvre ou à l’intérieur de son pays S’ils ne peuvent migrer vers des pays forts économiquement, certains migrants choisissent d’aller dans des pays voisins moins pauvres que le leur. C’est le cas de plusieurs milliers d’Haïtiens, qui partent travailler en République dominicaine dans les champs de coton ou de canne à sucre et dans les hôtels. Pour les Boliviens, les Équatoriens ou les Colombiens, l’espoir d’une vie meilleure se trouve en Argentine ou au Venezuela.

ZOOM

Les sans-papiers L’espoir d’un emploi pousse des millions de personnes à entrer illégalement dans un pays industrialisé. Sans carte d’identité ni assurance maladie, les sans-papiers travaillent surtout dans des maisons privées comme domestiques, dans des restaurants, des usines, sur des chantiers de construction et des fermes. Souvent exploités par leur patron, qui les paie moins que les autres employés, ils ne peuvent se plaindre aux autorités, car ils seraient emprisonnés puis expulsés. Les services d’immigration ont des escouades policières affectées exclusivement à la recherche de clandestins. Le Canada en expulse environ 8000 par an. Les États-Unis jugent qu’ils sont des criminels ; ils les emprisonnent, puis les rapatrient. L’Union européenne punit maintenant les employeurs des sanspapiers : fermeture de leur entreprise, amendes et sanctions pénales.

Les migrants internes sont ceux qui se déplacent au sein de leur propre pays pour trouver du travail. La Chine et l’Inde connaissent à un niveau important ce type de migration, qui constitue un puissant facteur de développement. Dans les deux pays, les paysans se dirigent par millions vers les grandes villes pour trouver plus facilement du travail.

La libre circulation dans l’Union européenne Des travailleurs polonais en Irlande et en Belgique, des informaticiens danois

10 Les immigrants permanents au Canada selon la catégorie entre 1983 et 2007

Regroupement familial Immigrants économiques Réfugiés Autres immigrants

Nombre d’immigrants 300 000 275 000 250 000 225 000 200 000 175 000 150 000 125 000 100 000 75 000 50 000 25 000 0 1983

1985

1987

1989

1991

1993

1995

1997

1999

2001

2003

Source : Citoyenneté et Immigration Canada, Faits et chiffres 2007 − Aperçu de l’immigration : Résidents permanents et temporaires [en ligne]. (Consulté le 16 avril 2009.)

2005

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Années

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11 Le Salon de recrutement de Yichang, en Chine,

en février 2009 : 300 entreprises offrent 12 000 emplois ; plus de 10 000 travailleurs migrants internes venant de tout le pays tentent de trouver du travail.

en Allemagne, des ouvriers roumains en France… Malgré quelques restrictions, la libre circulation des travailleurs entre les 27 États membres de l’Union européenne favorise les migrations économiques. En effet, tout citoyen d’un pays de l’Union a le droit de se rendre dans n’importe quel État membre pour y travailler sans être tenu de présenter un permis de travail.

L’exemple latino-américain : les migrations comme solution ? Dans un rapport publié en novembre 2009, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) prévoit une augmentation du nombre de personnes sous le seuil de la pauvreté en Amérique latine (39 millions) à la suite de la crise économique mondiale de 2008. Pour aider ce coin du monde à surmonter la crise, l’OCDE invoque les migrations

internationales comme facteur clé et incite les pays d’accueil à faciliter l’entrée légale des migrants en fonction de leurs besoins de main-d’œuvre.

L’exemple sénégalais : des bateaux de pêche transformés en barques de passeurs Au Sénégal, la pêche artisanale est une pratique qui existe depuis des millénaires et qui a nourri de nombreuses générations. Le secteur de la pêche joue encore aujourd’hui un rôle extrêmement important dans l’économie du pays, puisque plus de 2 millions de ses 11 millions d’habitants dépendent directement de la pêche maritime pour vivre. Des accords bilatéraux entre l’Europe et le Sénégal entre 1980 et 2006 ont permis aux bateaux européens de pêcher en eaux sénégalaises en échange de quelques mil-

Sources des données de la carte : Annuaire statistique 2006 et unité d’enregistrement et des statistiques du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) ; Internal Displacement Monitoring Centre (IDMC), Norwegian Refugee Council (NRC) ; base de données en ligne de la Banque mondiale, 2008 ; United States Human Rights Network.

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Nombre de personnes 5 000 000

Îles du Pacifique

2 500 000

Corée du Nord

États-Unis

1 500 000 1 000 000

Mexique

500 000 250 000 100 000 30 000

Chine Guatemala

Russie

Philippines

Asie centrale

Région amazonienne

Sahel

Soudan

Érythrée

Yémen

Situation à la fin de l’année 2007

Guinée

(projection de Bonne) 0

1 000

2 000

Nombre inconnu de personnes déplacées à la suite de catastrophes naturelles, du dérèglement climatique ou en raison du développement de grands projets hydrauliques, industriels ou agricoles.

Somalie Tchad Éthiopie Liberia Côte République d’Ivoire Nigeria centrafricaine Ouganda Rwanda Kenya Rép. dém. Burundi du Congo Revenu national brut en parité de pouvoir d’achat Angola Zimbabwe Supérieur à 10 000 dollars

1 : 130 000 000

Laos

Timor oriental Myanmar Géorgie Afghanistan Azerb. Ex-Yougoslavie Turquie Indonésie Inde Chypre Syrie Pakistan Séquelles du Liban Irak tsunami de 2004 Sri Lanka Algérie Israël-Palestine

Colombie

Pérou

Bangladesh Népal

3 000 km

Échelle à l’équateur

Nombre de déplacés inconnu mais significatif, entre quelques milliers et plusieurs millions. Nombre de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays à la suite de conflits. La moitié bénéficie de la protection et de l’assistance du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, agissant dans ce cas à la demande de l’Organisation des Nations unies.

Inférieur à 10 000 dollars

12 Les déplacés Source : Le Monde diplomatique, L’atlas 2010, Paris, Armand Colin, 2009, p. 121. © Philippe REKACEWICZ.

lions d’euros par an. Résultat : en 25 ans, la pêche industrielle excessive et la concurrence des gigantesques bateauxcongélateurs européens ont provoqué une diminution de trois quarts des ressources de la mer ainsi qu’une forte baisse des prises pour les pêcheurs sénégalais.

Certains se sont alors reconvertis en passeurs d’immigrants clandestins. Leurs pirogues leur servent de moins en moins à la pêche en haute mer, et de plus en plus au passage clandestin d’Africains en Europe, parfois au péril de leur vie.

13 Où vont les fonds transférés par les immigrants ?

Pays

Fonds (en milliards $ US) 0 5 10

15

20

25

Inde Chine Mexique Philippines Roumanie Bangladesh Pakistan Indonésie Égypte Maroc Source : Banque mondiale, Recueil de statistiques 2008 sur les migrations et les envois de fonds. (Montants annuels. Données de 2007.)

30

ZOOM

Les transferts d’argent des diasporas Les transferts de fonds effectués par les émigrés des diasporas à leur famille restée au pays sont devenus pour certains pays pauvres l’une des sources premières de revenus ; ils dépassent parfois l’aide publique au développement fournie par les pays donateurs. La Banque mondiale a établi que 60 % des personnes vivant à l’extérieur de leur pays envoient une partie de leurs revenus à des proches restés sur place. Le montant total de ces fonds transférés représentait 0,6 % de la richesse mondiale en 2002.

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VEILLE MÉDIATIQUE Les communautés culturelles dans les quotidiens Le traitement médiatique des communautés culturelles dans les journaux québécois est parfois critiqué er perçu comme étant discriminatoire. À la demande du ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles du Québec, le Conseil des relations interculturelles (CRI) a réalisé une étude sur le traitement et la représentativité de la diversité culturelle dans les médias et la publicité. Le CRI a analysé plus de 600 articles de journaux parus en 2008. L’organisme conclut que la presse écrite rapporte davantage de nouvelles négatives que positives sur les immigrants. Selon un sondage de Léger Marketing présenté dans la même étude, seulement 15 % des 1004 Québécois issus des communautés culturelles interviewés trouvent que leur image dans les quotidiens n’est pas fidèle à la réalité. De son côté, le Conseil de presse du Québec, un organisme privé qui défend la liberté de presse et le droit à l’information de qualité, reçoit de nombreuses plaintes à ce sujet, dont la plupart sont cependant rejetées.

L’OBSERVATOIRE MÉDIAS 1 Trouvez deux articles de journaux où il est question des communautés culturelles. Relevez dans ces articles les expressions, les commentaires et les informations qui vous semblent négatives et celles qui vous semblent positives au sujet de la ou des communautés mentionnées. 2 La télévision, les journaux, les magazines et Internet influencent-ils votre perception des communautés culturelles ? Expliquez votre réponse au moyen d’exemples.

V E I L L E M É D I AT I Q U E

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Une télévision à l’image des minorités Selon le sondage de Léger Marketing présenté dans l’étude du CRI, 36 % des Québécois issus des communautés culturelles regardent les chaînes nationales francophones pour s’informer, alors que cette proportion est de 84 % dans le reste de la population. Si 36 % des Québécois issus des communautés culturelles trouvent qu’ils ne sont pas assez représentés à la télévision nationale, seulement 17 % d’entre eux trouvent que leur traitement médiatique est inadéquat. Selon une enquête du Centre d’étude des médias de l’Université Laval parue en 2010, les membres de plusieurs communautés culturelles québécoises seraient attachés à la fois aux médias nationaux et à des médias qui visent leurs propres communautés culturelles. Les membres de la communauté arabe peuvent s’informer et se divertir dans leur langue maternelle en écoutant l’émission OmniYat diffusée sur la chaîne canadienne multiculturelle Omni, qui propose des émissions dans plus de 40 langues.

Des médias pour les communautés culturelles Montréal abrite une foule de médias communautaires ethniques où œuvrent des journalistes souvent bénévoles. En plus d’aider les nouveaux arrivants à s’intégrer, ils informent leurs communautés culturelles sur des sujets qui les concernent et qui sont rarement traités par les médias traditionnels. La plus connue de ces tribunes pour les communautés culturelles est Radio Centre-Ville, une radio communautaire qui diffuse des émissions en sept langues. D’autres radios de communautés culturelles, comme CPAM, qui vise principalement la communauté haïtienne, émettent sur les ondes AM et possèdent souvent leur portail d’information sur le Web. Beaucoup de journaux communautaires distribués sur le territoire montréalais informent des communautés culturelles spécifiques. Ainsi, l’hebdomadaire Corriere Italiano, tiré à plus de 15 000 exemplaires, est lu par la communauté italienne depuis 1952.

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14 Des réfugiés palestiniens du camp de

Nahr al-Bared, au nord du Liban, fouillent les décombres de leur maison détruite pendant les affrontements en 2007 entre l’armée libanaise et le groupe islamiste extrémiste Fatah al-Islam. Le camp a été complètement détruit.

CHIFFRES

La population de réfugiés la plus nombreuse Les réfugiés Palestiniens sont environ 4,7 millions dans la bande de Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie, au Liban et en Syrie. Leur statut particulier leur permet de bénéficier d’une aide spéciale de l’ONU en matière de santé, d’éducation et d’aide humanitaire. Ils sont ainsi les seuls réfugiés à ne pas relever de l’UNHCR. Source : ONU, 2009.

LES CAUSES POLITIQUES Contrairement à la plupart des migrants économiques, les personnes qui migrent pour des raisons politiques le font parce que leur vie est en danger à cause de conflits ethniques, politiques, religieux ou militaires, qu’elles sont victimes de persécutions ou qu’elles cherchent à fuir un régime qui les fait vivre dans l’insécurité. On trouve dans cette catégorie les demandeurs d’asile, les réfugiés et les personnes déplacées. À la fin de 2008, il y avait 42 millions de réfugiés et de personnes déplacées dans le monde, selon le rapport annuel Global Trends du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), publié en juin 2009. Ce nombre se répartissait ainsi : 16 millions de réfugiés et de demandeurs d’asile et 26 millions de personnes déplacées dans leur propre pays.

Une augmentation considérable, puisqu’en 1970, on ne comptait que 2,5 millions de réfugiés et de déplacés. La multiplication des crises et des conflits, en particulier dans les pays du tiersmonde, est à l’origine de ces grands mouvements de population. Environ 80 % des réfugiés dans le monde viennent de pays en développement.

Fuir les conflits La population mondiale arménienne est estimée à 11 millions de personnes, mais seulement 1 Arménien sur 3 habite l’actuelle Arménie. Le génocide arménien de 1915-1916 a en effet provoqué la fuite de milliers d’Arméniens, dont les descendants forment aujourd’hui une grande diaspora répartie dans des dizaines de pays dans le monde, en particulier la Russie, la France et l’Iran.

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Plusieurs pays d’Afrique, particulièrement dans la région des Grands Lacs, sont hôtes d’importantes concentrations de réfugiés, souvent venus de pays voisins. Le génocide rwandais, en 1994, a fait plus de 800 000 morts et provoqué l’exil d’environ 2 millions de personnes vers la République démocratique du Congo, l’Ouganda ou le Burundi. Le conflit armé qui fait rage depuis plus de 50 ans en Colombie est responsable du déplacement de plus de 4 millions de personnes. La guerre du Kosovo, en 1999, a causé la fuite d’environ 800 000 Albanais en l’espace de quelques semaines. À elle seule, la guerre en Irak aurait mené au déplacement de 4,5 millions d’Irakiens.

Les camps de réfugiés Les populations déplacées par les conflits doivent trouver un nouveau lieu de vie. Lorsque leur nombre est important, des organisations humanitaires mettent en place des camps de réfugiés. Ces camps, qui deviennent comme des petites villes, sont pensés comme des lieux de vie provisoires, mais perdurent souvent, parfois durant des décennies. Cela engendre de nouveaux problèmes, comme le manque de ressources, puisque les familles s’agrandissent et que de nouvelles générations naissent dans ces camps. Les camps de réfugiés palestiniens existent pour certains depuis 1948, année de la création de l’État d’Israël. Au Soudan, quelque 2,3 millions de personnes ont été déplacées dans des camps à cause du conflit armé au Darfour, qui dure depuis 2003. Des problèmes de criminalité et de rivalités ethniques y sont de plus en plus signalés, ce qui ajoute à la dureté de la vie dans ces camps, où les réfugiés sont déjà confrontés à la promiscuité, aux rations alimentaires et au manque de liberté.

L’asile politique Les réfugiés qui demandent l’asile politique sont des migrants forcés de quitter leur patrie parce qu’ils craignent d’être persécutés dans leur pays d’origine pour des motifs essentiellement politiques. Par exemple, la révolution à

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INTERPRÉTER LE PROBLÈME

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(CD 1)

Les questions portent sur le contenu des pages 80 à 90. 1 Quelles sont les principales raisons qui poussent les populations à se déplacer ? 2 Expliquez pourquoi les pays en développement comptent un grand nombre de migrants économiques. 3 Expliquez pourquoi le fait de parler la langue du pays d’accueil constitue un avantage pour les migrants économiques. Illustrez votre réponse à l’aide de deux exemples. 4 Nommez des pays où les transferts de fonds effectués par des émigrés à leur famille restée au pays sont une source importante de revenus. 5 Expliquez ce qu’est un migrant politique. 6 Quelle est la différence entre un demandeur d’asile et un réfugié ? 7 Énumérez les principales catastrophes climatiques qui provoquent le déplacement de milliers de personnes.

ANALYSER LE PROBLÈME : ACTIVITÉ Composante de la CD 1

Les réfugiés ont tous leur histoire Outils de référence : votre manuel Enjeux et Internet. La solidarité humaine est à la base des principes qui ont mené à l’adoption de la convention de Genève de 1951. Les pays signataires ont le devoir d’accueillir les personnes qui leur demandent refuge parce que leur vie est menacée dans leur pays d’origine. Toutefois, chaque pays est libre de juger du statut réel des demandeurs d’asile. Le Canada, malgré sa grande tradition d’accueil, ne peut accéder à toutes les demandes d’asile. 1 Vous faites partie d’un comité qui doit décider du sort des trois personnes suivantes qui demandent le statut de réfugié : • Un Tibétain est accusé de propagande contre le gouvernement chinois et craint de subir des représailles s’il retourne dans son pays. • Une Soudanaise a fui clandestinement son pays après avoir été condamnée par les autorités à des coups de fouet pour avoir porté un pantalon jugé « indécent ». • Un Sri Lankais a tout perdu, sa maison, son travail, à la suite d’un tsunami. 2 Analysez le dossier de chaque personne et déterminez le motif d’accueil de chacune. 3 Déterminez le motif qui doit être privilégié : le motif économique ou le motif humanitaire ? 4 Classez les demandeurs d’asile en ordre de priorité. 5 Justifiez votre classement.

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DOSSIER 2

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P O P U L AT I O N

Sources des données de la carte : Annuaire statistique 2006 et unité d’enregistrement et des statistiques du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) pour les estimations 2007 (Irak, Kenya, Tchad, Soudan) ; World Refugee Survey 2007, Comité des États-Unis pour les réfugiés et les migrants (USCR) ; Agence de secours et des travaux des Nations unies (UNRWA) ; base de données en ligne de la Banque mondiale, 2008.

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1 : 160 000 000 (projection de Bonne) 0

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15 Les réfugiés Source : Le Monde diplomatique, L’atlas 2010, Paris, Armand Colin, 2009, p. 120. © Philippe REKACEWICZ.

Principales vagues d’immigration au Canada

1880-1885 17 000 Chinois débarquent en Colombie-Britannique pour construire le chemin de fer qui relie l’est et l’ouest du pays.

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1891-1918 170 000 Ukrainiens, pour la plupart des agriculteurs que le Canada a attirés en leur offrant des terres gratuites, s’établissent dans les Prairies canadiennes. 120 000 Italiens entrent au pays.

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Cuba a provoqué dès 1959 l’exil de milliers d’opposants au régime de Fidel Castro. Ils ont trouvé refuge aux États-Unis, en particulier à Miami. La dia spora cubaine installée aux États-Unis est aujourd’hui estimée à 800 000 personnes.

LES CAUSES CLIMATIQUES Tempêtes, inondations, sécheresses, tsunamis, glissements de terrain… Les catastrophes naturelles ont quadruplé depuis 20 ans, estime le Fonds mondial pour la nature (FMN). L’épuisement des ressources naturelles, la désertification, la montée du niveau de la mer sont autant de conséquences du réchauffement climatique, qui connaissent une hausse dramatique et perturbent la vie des populations. Les réfugiés climatiques forment aujourd’hui une portion croissante des migrants dans le monde. Ils sont déjà quelques dizaines de millions à avoir dû quitter l’endroit où ils vivaient à cause de catastrophes climatiques. Et rien ne semble indiquer que la situation va s’améliorer. Un rapport de l’Organisation des Nations unies (ONU) publié en 2009 atteste que 36 millions de personnes ont été déplacées en 2008 à cause de catastrophes naturelles, dont 20 millions à cause de

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catastrophes directement liées au réchauffement climatique. L’UNHCR estime que le réchauffement de la planète pourrait désormais pousser 6 millions de personnes à se déplacer chaque année et qu’en 2011 le nombre de personnes forcées à abandonner leur lieu de vie à cause des dérèglements climatiques pourrait être de 50 millions. En 2050, de 200 à 250 millions, un milliard selon les pires scénarios…

Des catastrophes naturelles de plus en plus dévastatrices Les exemples récents de catastrophes naturelles sont nombreux. On n’a qu’à penser à l’ouragan Katrina, en 2005, qui a fait plus de 1800 morts et forcé le déplacement d’environ 1 million de Louisianais dans des États voisins. Le tsunami du 26 décembre 2004 a été engendré par l’un des plus violents tremblements de terre jamais enregistré. Le séisme a été ressenti de l’Indonésie au Kenya et a fait d’innombrables victimes dans plusieurs pays. Des centaines de milliers de sinistrés qui ont survécu au drame ont dû être déplacés dans des camps de fortune. Ces dernières années, des tremblements de terre dévastateurs ont frappé l’Iran, en 2003, la Chine, en 2008, Haïti et le Chili, en 2010, faisant des dizaines de milliers

1971-1972 De 30 000 à 40 000 déserteurs et conscrits de l’armée américaine trouvent refuge au Canada durant la guerre du Vietnam. 11 000 immigrants asiatiques expulsés de l’Ouganda par le dictateur Idi Amin Dada 1956 entrent au pays. 38 000 réfugiés hongrois fuyant l’invasion soviétique sont admis au pays. 1969 1950-1970 12 000 réfugiés tchèques Nouvelle vague d’immigration fuyant la répression sont italienne. Au recensement admis au pays. de 2006, le Canada compte 1,4 million d’Italo-Canadiens.

1950

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ZOOM

Réfugiés et demandeurs d’asile Existe-t-il une différence entre réfugiés et demandeurs d’asile ? Dans les deux cas, il s’agit de personnes qui fuient leur pays parce qu’elles sont persécutées et que leur vie est en danger. Toutefois, un demandeur d’asile est une personne qui s’est engagée dans un processus de demande de statut de réfugié dans un pays d’accueil. Elle est donc en attente de la protection internationale, mais n’en bénéficie pas encore. Le droit international l’autorise toutefois à séjourner dans le pays d’accueil tant qu’une décision finale n’a pas été rendue. Quant au réfugié, qui fait souvent partie d’un mouvement massif de personnes, son statut a été reconnu par un gouvernement national.

1973-1977 7000 Chiliens fuyant la dictature du général Pinochet obtiennent l’asile politique. 1975-1990 Vague d’immigration libanaise. 1978-1980 60 000 réfugiés vietnamiens, laotiens et cambodgiens fuyant le régime communiste sont admis au pays après avoir passé plusieurs jours sur des embarcations de fortune. On les surnommera les réfugiés de la mer ou boatpeople. 1981-2001 35 000 Chinois arrivent au Canada chaque année.

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DOSSIER 2

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P O P U L AT I O N

16 Des réfugiés traversent une rivière sur un radeau de fortune afin de se rendre dans un camp de réfugiés dans

la province d’Aceh, en Indonésie, après le tsunami qui a frappé le pays en décembre 2004.

CHIFFRES

Les enfants réfugiés Plus de la moitié des réfugiés dans le monde sont des enfants. En 2009, on estimait le nombre d’enfants réfugiés à 9 millions. En 2006, l’UNHCR lance la campagne de financement Ninemillion afin de donner à ces enfants un accès à l’éducation, au sport et à la technologie. Source : UNHCR, 2010.

de morts. Après de telles catastrophes, les survivants doivent être relogés en attendant la reconstruction des villes ravagées et la crainte des épidémies se fait chaque fois sentir.

Des conséquences démesurées pour les pays en voie de développement Si les humains ne contrôlent pas le climat, ils ont toutefois un impact sur lui. Il est aujourd’hui mondialement reconnu que l’activité humaine transforme la composition de l’atmosphère et, par voie de conséquence, augmente l’effet de serre

naturel. Le réchauffement planétaire qui en résulte est à l’origine de bien des catastrophes et déplacements humains. Dans son rapport annuel de 2009, la Banque mondiale exhorte les pays riches à combattre le réchauffement climatique par des objectifs très stricts, en commençant par la réduction significative de leurs émissions de gaz à effet de serre. Les pays riches, dont fait partie le Canada, sont responsables de 64 % des émissions depuis 1850, mais ils ne paient que 20 % des conséquences écologiques. À l’inverse, les pays en voie de développement sont à l’origine de seulement 2 % des

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émissions, mais supportent 80 % des conséquences.

Les motifs des pays d’accueil Plusieurs raisons poussent un pays à ouvrir ses portes aux immigrants : des raisons économiques, mais aussi humanitaires.

LES MOTIFS ÉCONOMIQUES Dans les pays d’accueil, la dimension essentiellement économique des politiques d’immigration est assez explicite. Bien des pays occidentaux souffrent d’une pénurie de main-d’œuvre en raison du vieillissement de leur population et du déclin de leur taux de natalité. On peut ajouter à cela le manque de travailleurs spécialisés dans des domaines particuliers. Ainsi, les immigrants constituent une main-d’œuvre cruciale pour bien des pays développés, qui les considèrent comme la solution à la baisse de natalité et au vieillissement de la population menaçant leur croissance économique.

L’immigration pour renforcer l’économie Pour maintenir sa croissance démographique et ainsi être en mesure de combler son besoin de main-d’œuvre, le Canada recourt à l’immigration. Le gouvernement canadien organise des missions pour attirer des travailleurs spécialisés et des investisseurs étrangers désireux de s’installer au pays. Ainsi, il a lancé un programme en Inde qui vise à attirer de « nouveaux Canadiens productifs ». Ce programme a permis l’arrivée annuelle de quelque 25 000 immigrants indiens. L’Australie, de son côté, a mis en place une politique d’immigration économique fondée sur les besoins du marché du travail. Cette vision stratégique se traduit par une liste de métiers ouverts à l’immigration, actualisée en fonction des tendances du marché du travail australien. L’Union européenne n’échappe pas non plus aux pénuries de main-d’œuvre et au vieillissement démographique. La Commission européenne est toutefois

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arrivée à la conclusion que, bien que l`immigration ait indéniablement une incidence positive sur la croissance démographique et économique, il n’est pas réaliste de penser que l’immigration puisse compenser totalement les effets du vieillissement.

Une économie dépendante des travailleurs étrangers Certains pays dépendent presque entièrement des travailleurs étrangers pour leur survie économique. Les Émirats arabes unis, qui comptent 4,7 millions d’habitants, en sont un bon exemple : les étrangers constituent en moyenne 90 % de la main-d’œuvre des 7 émirats. Les Indiens forment la principale communauté étrangère, avec environ 1,5 million de ressortissants. Une majorité de travailleurs ne sont pas citoyens émiratis et ne le deviendront peut-être jamais. Les mesures actuellement en place ne favorisent pas l’installation durable ni la naturalisation des travailleurs immigrés, qui font pourtant rouler l’économie des monarchies pétrolières du Golfe.

L’humanité a les cheveux gris On prévoit que la pyramide des âges commencera à s’inverser en 2011 dans les pays occidentaux, avant de s’inverser à l’échelle mondiale en 2050. Une première dans l’histoire de l’humanité. La population mondiale aura alors atteint 9,5 milliards d’humains et, selon les projections démographiques publiées en 2007 par l’ONU, l’âge moyen des humains sera passé de 26 à 36 ans. Un bond de 10 ans largement surpassé par la Chine, qui passera d’une population âgée en moyenne de 21 ans en 2007 à une population âgée en moyenne de… 50 ans en 2050 ! Le Québec est la province du Canada dont la population active vieillit le plus rapidement et l’on prévoit que son déclin démographique s’amorcera dès 2025. Des spécialistes de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) estiment que, en 2030, le Québec se classera au troisième rang des populations les plus vieilles au monde, derrière le Japon et l’Italie.

PORTRAIT

Shah Ismatullah Habibi Originaire de Kaboul, en Afghanistan, Shah Ismatullah Habibi fait partie de la première cohorte d’immigrants afghans installés au Québec. En 1993, fuyant l’occupation russe, Shah Ismatullah Habibi se réfugie en Inde, où il séjourne pendant cinq ans avant de mettre le cap sur le Québec. Aujourd’hui installé à Sherbrooke, il est devenu un modèle d’intégration en participant activement à l’intégration des nouveaux arrivants. Ancien militaire, il a été recruté comme conseiller culturel par les Forces armées canadiennes. Très actif au sein de plusieurs organisations locales, il travaille avec passion au rapprochement des communautés afghane et québécoise.

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17 Des travailleurs de la construction dans la ville de Dubaï, aux Émirats arabes unis. La main-d’œuvre des sept

émirats est constituée en majeure partie d’étrangers.

FOCUS

La convention de Genève de 1951 et la protection des réfugiés Genève, Suisse, 1951. Alors que la communauté internationale se remet à peine de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe est encore aux prises avec des milliers de réfugiés ayant tout perdu pendant la guerre. Même s’il existe déjà à l’époque quelques mécanismes internationaux de protection des réfugiés, les délégués de 26 pays se réunissent pour élaborer une convention internationale balisant les devoirs et responsabilités des États par rapport aux réfugiés. Après trois semaines d’intenses négociations, la convention de Genève relative au statut des réfugiés est adoptée, établissant notamment le droit des réfugiés à l’asile, à l’éducation et au travail, ainsi que la liberté de culte et de circulation. Malgré sa valeur historique indéniable, cette convention a toutefois une portée très limitée, puisque son application est réservée aux réfugiés d’origine européenne, victimes d’événements antérieurs au 1er janvier 1951. Confrontée à de nouveaux conflits et à des vagues de réfugiés venant des quatre coins du monde, l’ONU abolit ces restrictions géographiques et temporelles en 1967 en adoptant le Protocole relatif au statut des réfugiés. En 2007, 147 pays avaient ratifié la convention de Genève et / ou le protocole de 1967 – certains États ayant choisi de n’adhérer qu’à une seule des deux ententes.

LES MOTIFS HUMANITAIRES La principale motivation des pays qui reçoivent des réfugiés reste le devoir d’accueillir des personnes qui cherchent refuge dans un autre pays que le leur parce que leur vie est menacée. La solidarité humaine est à la base des principes qui ont mené à l’adoption en 1951 de la convention relative au statut des réfugiés, dite convention de Genève. À l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, qui a lieu le 20 juin, l’ONU appelle chaque année les gouvernements du monde entier à veiller à ce que les réfugiés soient accueillis et protégés sur leur territoire.

Les « vrais » et les « faux » réfugiés Malgré les engagements internationaux à l’égard des personnes qui ont besoin de protection, chaque pays reste libre de déterminer le statut réel des demandeurs d’asile. Ces dernières années, la ligne s’est durcie en matière de politique d’immigration en raison de la hausse du nombre d’immigrants clandestins et des demandes d’asile rejetées. La difficulté à distinguer

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les réfugiés des migrants économiques grandit à mesure que les demandes d’asile augmentent et que les migrants en situation irrégulière se bousculent aux portes des pays d’accueil. Plusieurs organisations humanitaires critiquent toutefois le fait que la tendance soit à la fermeture des portes et s’inquiètent que des personnes qui ont réellement besoin de protection voient leur demande rejetée ou soient renvoyées dans leur pays. Même au Canada, pays qui a une grande tradition d’accueil, quelques mesures ont été prises. En 2009, des visas de court séjour ont été imposés aux Mexicains et aux Tchèques pour limiter leur entrée au pays et freiner les demandes d’asile, dont plusieurs ne sont pas justifiées selon les autorités canadiennes. La même année, le gouvernement fédéral a annoncé la levée du moratoire sur les renvois de ressortissants libériens, burundais et rwandais, alléguant que la situation dans leur pays était redevenue sûre.

Le statut des immigrants illégaux Le 22 septembre 2009, les autorités françaises démantèlent « la jungle », un campement en bordure de la ville de Calais, en France, où quelque 800 immigrants illégaux afghans vivent dans des abris de fortune en attendant de pouvoir passer en Angleterre. Leur sort demeure incertain. En Espagne et en Italie, des centaines de milliers d’Africains et de Maghrébins arrivés clandestinement durant la dernière décennie bénéficient de régularisations massives, tandis que des milliers d’autres sont renvoyés dans leur pays. Ces exemples montrent à quel point le statut des immigrants illégaux peut être un véritable casse-tête pour les autorités des pays d’accueil. Le problème est complexe puisqu’il concerne des êtres humains qui ont chacun leur propre histoire, quelles que soient les raisons qui les ont poussés à fuir leur pays. Chaque pays évalue les demandes d’asile selon ses propres critères, mais jongle avec les mêmes questions : régulariser ou expulser ?

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INTERPRÉTER LE PROBLÈME

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Les questions portent sur le contenu des pages 91 à 94. 1 Quelle relation peut-on établir entre le vieillissement de la population des pays occidentaux et le bilan migratoire de ces pays ? 2 D’après vous, pourquoi l’immigration est-elle le principal facteur de croissance démographique au Canada ? 3 Pourquoi l’immigration est-elle si importante sur le plan économique pour certains pays comme les Émirats arabes unis ? 4 Pour quel motif le Canada a-t-il imposé en 2009 des visas de court séjour aux Mexicains et aux Tchèques ? 5 Quels droits la convention de Genève accorde-t-elle aux réfugiés ? 6 Démontrez le multiculturalisme au Québec en donnant un exemple d’intégration.

ENVISAGER LE PROBLÈME DANS SA GLOBALITÉ : ACTIVITÉ Composante de la CD 1

Le retour des murs Outils de référence : votre manuel Enjeux, des articles parus dans les médias et Internet. Après la chute du mur de Berlin, on croyait que toutes les barrières entre les hommes tomberaient, mais force est de constater qu’il n’en est rien. La construction de murs pour freiner l’immigration clandestine est répandue dans le monde entier. Que ce soit au Proche-Orient, dans le Caucase ou en Amérique du Nord, les murs « anti-immigrants » sont toujours présents. 1 Nommez quatre pays où l’immigration clandestine est importante. 2 Faites une carte des principaux murs qui existent actuellement dans le monde pour lutter contre l’immigration clandestine. 3 Énumérez les principaux motifs qui poussent les populations à migrer clandestinement. 4 Énumérez les principaux motifs qui poussent les pays à ériger des murs. 5 Selon vous, les problèmes liés à la migration clandestine sont-ils des motifs suffisants pour ériger des murs ? Justifiez votre réponse.

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DoSSier 2

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p o p u l at ı o n

L’apport culturel des réfugiés Dans la région de l’Estrie, au Québec, près de 50 % des nouveaux arrivants sont des réfugiés. Depuis les années 1970, des réfu­ giés de plus de 80 nationalités — Chiliens, Vietnamiens, Colombiens, ex­Yougos­ laves, etc. — contribuent à une mixité culturelle qui enrichit la région. L’Estrie a pu compter au fil des décennies sur l’ap­ port d’immigrés enseignants, profession­ nels de la santé, ouvriers, investisseurs. La ville de Sherbrooke abrite la deuxième communauté afghane de la province en importance, avec 900 Afghans.

1

ENJEU

Les enjeux de la migration Pour trouver des solutions aux problèmes sociaux et économiques qu’engendrent les migrations, les pouvoirs publics n’ont d’autre choix que de mettre les migra­ tions à l’ordre du jour. Les défis liés à l’intensification des mouvements migra­ toires sont planétaires et donnent lieu à des enjeux majeurs tels que la gestion de l’expansion urbaine et la migration et le monde du travail.

La gestion de l’expansion urbaine

PORTRAIT

Jane Jacobs (1916-2006) Née en Pennsylvanie, aux États-Unis, Jane Jacobs passe la majeure partie de sa vie à Toronto, où elle participe à l’aménagement de la ville et à la création d’espaces urbains conviviaux, qu’elle voit comme des lieux de rassemblement et d’échanges interculturels et sociaux. au cours de sa carrière, elle révolutionne la conception des villes nordaméricaines en valorisant les centres-villes et les quartiers multiethniques et dynamiques. elle considère les villes comme des communautés économiques, sociales et culturelles et, à ses yeux, l’urbanisme doit traiter tous ces éléments à la fois.

La moitié de la population mondiale vit aujourd’hui dans des villes. Tokyo, au Japon, la ville la plus peuplée du monde, compte plus de 33 millions d’habitants ! La population des villes africaines double tous les 10 ans. Dans le monde, un milliard de personnes habitent un bidonville, soit un citadin sur trois. Qu’ils viennent des régions rurales ou de l’étranger, les migrants du monde entier se déplacent surtout vers les villes. Cette expansion urbaine ne se fait pas sans conséquences. Les pénuries d’eau, la pollution et les tensions sociales en sont quelques exemples. Les villes sontelles prêtes à faire face aux impacts de la croissance urbaine que connaît notre planète ? Les mégalopoles ont-elles les ressources pour gérer l’arrivée massive des migrants ? Les grandes villes favorisent-elles l’intégration ?

Les mégalopoles ontelles les ressources pour gérer l’arrivée massive des migrants ? Au 20e siècle, la population urbaine a connu une croissance effrénée. En 100 ans, elle est passée de 220 millions à 2,8 milliards d’habitants. On prévoit qu’en 2030 plus de 60 % de la population

mondiale vivra dans les villes. Cette urbanisation croissante pose des défis de logistique majeurs en matière de loge­ ment, d’eau, de gaz ou d’électricité, d’in­ frastructures routières, de gestion des ordures ou d’évacuation des eaux usées. Des problèmes pressants pour les villes des pays en voie de développement, qui devraient abriter plus de 80 % de la popu­ lation urbaine du monde entier en 2030.

EnJEu 1  ı

La gestion de l’expansion urbaine

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18

doit-on ContrÔLer La Consommation d’eau ? L’exode rural entraîne une augmentation de la demande d’eau potable dans les villes. Vue du ciel, notre planète est bleue parce qu’elle est recouverte d’une immense étendue d’eau. Pourtant, moins de 1 % de toute cette eau est propre à l’usage humain. Plus d’un milliard de personnes dans le monde n’ont toujours pas d’accès direct à l’eau potable et 60 % des réserves mon­ diales d’eau douce sont partagées par seu­ lement 9 pays, dont le Canada. Ainsi, la ville de Paris, en France, a mul­ tiplié par 35 sa consommation d’eau

depuis le 18e siècle. Un citadin américain consomme à lui seul 600 litres d’eau par jour, contre 20 litres pour un habitant de la ville de Quito, en Équateur. Si l’accès à l’eau potable semble aller de soi dans les pays développés, il est en fait menacé partout sur la planète. Compte tenu de la croissance démogra­ phique mondiale, de la pollution et du gaspillage dans les pays développés, la menace d’une potentielle pénurie d’eau à l’échelle mondiale d’ici 20 ou 30 ans se profile à l’horizon. Dans ces conditions, doit­on contrôler la consommation d’eau ?

18 Un aperçu de Tokyo, au Japon, qui, avec ses

33 millions d’habitants, est la ville la plus peuplée du monde.

9 6   ı   D o S S i e r 2   ı   p o p u l at ı o n

Faire payer l’eau pour l’économiser ? Un Montréalais consomme en moyenne 400 litres d’eau par jour, contre seule­ ment 150 pour un Parisien. Comment expliquer un tel écart ? Dans la plupart des villes européennes comme Paris, où

l’eau est plus rare qu’au Québec, les compteurs sont employés depuis long­ temps afin que les utilisateurs paient le prix de leur consommation réelle d’eau potable. À l’inverse, le Québec dispose de ressources hydrauliques parmi les plus abondantes dans le monde, et il les a

19 L’évolution du degré d’urbanisation dans le monde de 1950 à 2005

1 : 190 000 000 (projection de Winkel) 0

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1 : 190 000 000 (projection de Winkel) 0

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Source des deux cartes : Le grans atlas du Canada et du monde, 3e édition, Bruxelles, Noordhoff/De Boeck, 2009, p. 31.

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La gestion de l’expansion urbaine

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20

longtemps utilisées comme si elles étaient inépuisables et gratuites. Or, les sources d’eau potable diminuent continuellement et le prix de son traitement et de sa dis­ tribution est élevé. Pour économiser l’eau au Québec, cer­ tains croient que les compteurs d’eau résidentiels sont la solution, car l’État pourrait facturer directement les consom­ mateurs, qui prendraient conscience de leur consommation peu modérée. À l’in­ verse, les groupes écologistes croient qu’une telle mesure ne changerait en rien la consommation résidentielle à cause du prix dérisoire de l’eau dans la province (environ 45 $ par personne par année). Plusieurs de ces groupes craignent éga­

lement que les compteurs riment avec privatisation et que l’eau devienne une source de profit pour les uns, au détri­ ment des autres.

des initiatives pour gérer l’eau de façon durable Montréal produit en moyenne deux mil­ lions de mètres cubes d’eau potable chaque jour. En 2002, la ville a adopté des mesures pour mieux gérer son eau : elle s’est dotée d’infrastructures perfor­ mantes pour diminuer les fuites et contrôler l’usage illicite d’eau et a entre­ pris l’installation de compteurs d’eau dans les industries, les commerces et les institutions. Dans le monde, d’autres villes ont pris des mesures pour tenter

20 Les habitants du bidonville de Govind Puri,

à New Delhi, en Inde, doivent s’approvisionner quotidiennement en eau par camion-citerne. Dans une ville qui compte quelque 16 millions d’habitants, 25 % des résidents n’ont pas d’accès à l’eau courante et 27 % y ont accès seulement 3 heures par jour.

DoSSier 2

(projection de Winkel) 2 000 Échelle à l’équateur

p o p u l at ı o n

Source d’approvisionnement en eau potable améliorée1 en % de la population totale (en 2007)

1 : 171 000 000 0

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Sources des données de la carte : organisation mondiale de la santé (oMS) et UNiceF, Meeting the MDG Drinking Water and Sanitation Target, 2006.

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4 000 km

plus de 95 % Source d’approvisionnement en eau potable améliorée1 en % de de la population 83 à 95 % totale (en 2007) plus de 95 % de 65 à 83 % de 83 à 95 %

Moyenne mondiale : 83 %

moins de 65 %Moyenne mondiale : 83 % de 65 à 83 % Données non disponibles moins de 65 % Données non disponibles

21 L’accès à l’eau potable en 2007

1. Selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’UNICEF: raccordement des habitations au réseau, bornefontaine, puits foré, puits creusé protégé, source protégeé, citerne d’eau de pluie. 1. Selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’UNICEF: raccordement des habitations au réseau, bornefontaine, puits foré, puits creusé protégé, source protégeé, citerne d’eau de pluie. PHILIPPE REKACEWICZ MARS 2008

Source : Le Monde diplomatique, L’atlas 2010, Paris, armand colin, 2009, p. 26. © Philippe rekacewicz.

de réduire la consommation d’eau de façon durable. À Londres, en Angleterre, le projet Bedzed a permis de réduire de moitié la consommation d’eau des habi­ tants du quartier Wallington, grâce à l’installation de nouveaux équipements et à l’adoption de comportements écolo­ giques au quotidien.

L’eau : droit humain ou marchandise ? Le Forum mondial de l’eau est une ren­ contre internationale organisée tous les trois ans depuis 1997 par le Conseil mon­ dial de l’eau. Deux tendances s’y oppo­ sent clairement ces dernières années : l’accès à l’eau en tant que droit humain et l’eau considérée comme une marchan­ dise ayant une valeur économique. À Istanbul, en 2009, l’eau a été reconnue comme un besoin, mais pas comme un

droit. La majorité des participants s’en­ tendaient pour reconnaître que l’eau est un besoin humain fondamental. Mais la notion de droit à l’accès à l’eau, réclamée avec force par plusieurs pays, ne figure pas sur la déclaration qui a clos le Forum. La reconnaissance de cette notion obli­ gerait les gouvernements à fournir l’accès à l’eau potable à toutes les populations, peu importe leur capacité à la payer.

L’exemple de la ville de mexico La ville de Mexico, au Mexique, est confrontée à un grave problème d’appro­ visionnement en eau. Les causes ? Des sécheresses qui épuisent les lacs de bar­ rage, une canalisation désuète d’où s’échappe le précieux liquide avant même d’atteindre le robinet. Mais surtout, une nappe phréatique pratiquement épuisée, qui se renouvelle difficilement à cause

... qui devient rapidement une ville  EnJEu 1  ı  La gestion de l’expansion urbaine   ı  99

À l’origine était le village...

À l’origine était le village...

des besoins croissants d’une population Les grandes viLLes peuventqui ne cesse d’augmenter. De 3,6 millions eLLes Loger tout Le monde ? en 1950, la population est passée à 20 mil­ Kibera, au Kenya, ne se trouve sur aucune lions d’habitants en 2009. Ces derniers carte. Le plus grand bidonville d’Afrique doivent faire des réserves lorsque le robi­ compte pourtant un million d’habitants, net daigne couler, en moyenne un jour entassés en marge de N Nairobi dans des APPE PH R É AT I Q U E P R O F O N D E N A P P E P H R É AT I Q U E P R O F O N D E sur trois. Lorsque les réserves ne sont pas conditions parmi les plus difficiles. L’Inde, Le niveau de la nappe baisse considérablement, et les puits d’extraction N A P P E P H R É AT I Q U E P R O F O N D E L’eau deplus consommation est prélevée juste sous la surface de la nappe sont de en plus profonds. suffisantes, les Mexicains doivent acheter malgré sa forte croissance économique, phréatique (flèches bleues). L’eau de consommation est prélevée juste sous la surface de la nappe Les eaux usées sont rejetées dans les sols en grandes quantités peine toujours à loger ses de citadins : la dans l’eau à fort prix debleues). camions­citernes. phréatique (flèches Les eaux pluie s’infiltrent le sol, circulent horizontalement et Les eaux de pluie s’infiltrent dans le sol, circulent horizontalement et régénèrent la nappe (flèches vertes). eaux usées en partie évacuées système 22 Les Le problème desont l’approvisionnement enpar eauledans les villes

d’assainissement, mais s’infiltrent aussi dans les sols (flèches brunes).

À l’origine était le village... ... qui devient rapidement une ville

et contaminent les nappes de surface (zones brunes). régénèrent la nappe (flèches vertes). Des affaissements de terrain peuvent se produire en raison de la baisse Les eaux sontlaissant en partie évacuées par lefragilisé système rapide de usées la nappe, ainsi un substrat dans lequel d’assainissement, mais s’infiltrent aussi dans les sols (flèches brunes). les « vides » remplacent l’eau.

... Laqui villedevient granditrapidement et s’étend...une ville

N A P P E P H R É AT I Q U E P R O F O N D E L’eau de consommation est prélevée juste sous la surface de la nappe phréatique (flèches bleues). Les eaux de pluie s’infiltrent dans le sol, circulent horizontalement et NAPP PH R É vertes). AT I Q U E P R O F O N D E régénèrent la E nappe (flèches Lesniveau eaux usées sont enbaisse partieconsidérablement, évacuées par le système Le de la nappe et les puits d’extraction d’assainissement, mais s’infiltrent aussi dans les sols (flèches brunes). sont de plus en plus profonds. Les eaux usées sont rejetées dans les sols en grandes quantités

contaminent les nappes de surface (zones brunes). ...et qui devient rapidement une ville

Des affaissements de terrain peuvent se produire en raison de la baisse rapide de la nappe, laissant ainsi un substrat fragilisé dans lequel les « vides » remplacent l’eau.

La ville grandit et s’étend...

N NA AP PP PE E P PH HR RÉ ÉA AT T II Q QU UE E P PR RO OF FO ON ND DE E Le niveau de l’épuisement la nappe baisse considérablement, et les puits d’extraction Sous la ville, de l’aquifère profond entraîne la cessation sont de plusdu enpompage. plus profonds. progressive Le niveau de la nappe remonte, mais son exploitation est abandonnée raison de laen contamination par les eaux Les eaux usées sont rejetéesen dans les sols grandes quantités usées domestiques et industrielles. et contaminent les nappes de surface (zones brunes). Des affaissements de terrain peuvent se produire en raison de la baisse L’alimentation de la laissant ville se fait désormais parfragilisé des puits à lalequel périphérie, rapide de la nappe, ainsi un substrat dans où niveau» de la nappe l’eau. commence à baisser. Du lieu d’extraction les le « vides remplacent au consommateur, il faut transporter l’eau sur une plus grande distance.

La ville grandit et s’étend... ... et se transforme en grande agglomération

Transfert d’eau sur une longue distance

Transfert d’eau sur une longue distance

N A P P E P H R É AT I Q U E P R O F O N D E Le niveau de la nappe baisse considérablement, et les puits d’extraction sont de plus en plus profonds. Les eaux usées sont rejetées dans les sols en grandes quantités et N contaminent A P P ElesPnappes H R ÉdeAsurface T I Q (zones U E brunes). PROFONDE Des affaissements de terrain peuvent se produire en raison de la baisse rapidelade la nappe, laissantdeainsi un substrat fragilisé dans lequel Sous ville, l’épuisement l’aquifère profond entraîne la cessation les « vides » du remplacent progressive pompage.l’eau. Le niveau de la nappe remonte, mais son exploitation est abandonnée en raison de la contamination par les eaux usées domestiques et industrielles.

La ville grandit et s’étend...

L’alimentation de la ville se fait désormais par des puits à la périphérie, où le niveau de la nappe commence à baisser. Du lieu d’extraction au consommateur, il faut transporter l’eau sur une plus grande distance.

N A P P E P H R É AT I Q U E P R O F O N D E Sous la ville, l’épuisement de l’aquifère profond entraîne la cessation progressive du pompage. Le niveau de la nappe remonte, mais son exploitation est abandonnée en raison de la contamination par les eaux usées domestiques et industrielles. L’alimentation par des la périphérie, N A P P Ede laPville H RseÉfaitAdésormais TIQUE P Rpuits O Fà O NDE où le niveau de la nappe commence à baisser. Du lieu d’extraction au transporter surneune plus grande Lesconsommateur, nappes situéesilàfaut la périphérie del’eau la ville suffisent plus distance. à alimenter la grande cité. La nappe phréatique urbaine reste inutilisable tant que les infrastructures

... et se transforme en grande agglomération

ne sont pas le processus de ...d’assainissement et se transforme enmodernisées grande etagglomération décontamination naturelle n’est pas achevé.

La pénurie oblige l’agglomération à s’approvisionner à partir de sources distantes à des coûts généralement plus élevés. Source : Philippe rekacewicz, Le Monde diplomatique, Paris, mars 2005. Transfert d’eau Transfert d’eau sur sur une longue une longue distance distance

N A P P E P H R É AT I Q U E P R O F O N D E

Transfert d’eau sur une longue distance

Transfert d’eau sur une longue distance

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p o p u l at ı o n

CHIFFRES

Quelques progrès Si les bidonvilles font partie de la réalité des mégalopoles, l’oNU note toutefois quelques progrès. en 1990, 50 % des citadins des pays en développement habitaient des taudis ; cette proportion n’était plus que de 36 % en 2005. L’oNU espère avoir amélioré la vie d’au moins 100 millions de citadins avant 2020. Source : oNU, 2009.

23 Bien que le Brésil soit un pays émergent, la

pauvreté endémique demeure une réalité visible, dont les favelas, les bidonvilles brésiliens, en sont le reflet. Les plus connues se trouvent dans la ville de Rio de Janeiro, dont la favela de Rocinha, ci-contre, qui abrite plus de 200 000 personnes.

ZOOM

Aménager l’espace urbain de façon durable Pas de développement durable sans urbanisation durable : c’est le message que véhicule oNU-Habitat ces dernières années. compte tenu de la croissance urbaine accélérée, la gestion et la planification des villes figurent au rang des principales préoccupations des dirigeants. Les grandes villes du monde entier réfléchissent à de nouvelles solutions pour estomper les conséquences visibles de l’urbanisation sauvage et réduire l’empreinte écologique de millions de citadins. Les villes consomment à elles seules 75 % de l’énergie produite dans le monde et sont responsables de 80 % des émissions de gaz à effet de serre. comment harmoniser la ville pour la rendre à la fois supportable pour l’être humain et pour la nature ? comment penser l’organisation spatiale des villes futures pour promouvoir un développement urbain durable ? Voilà quelques-unes des questions auxquelles il faut trouver rapidement une réponse.

23

moitié des 19 millions d’habitants de Mumbay vivent dans des bidonvilles ou carrément sur le trottoir. En 2008, la seule ville de Rio de Janeiro recensait 968 fave­ las, les bidonvilles brésiliens. Avec l’afflux grandissant des migrants vers les villes, le logement est devenu un problème crucial : il devient de plus en plus difficile de loger tout le monde. La forte concentration urbaine et la pauvreté ont entraîné la création de bidonvilles et l’augmentation des sans­abri.

doit-on raser les bidonvilles ? Une personne sur six dans le monde vit actuellement dans un bidonville, une agglomération d’habitations faites avec des matériaux de récupération comme du carton, du plastique ou de la tôle. Dans certaines régions d’Afrique ou d’Asie, les nouveaux arrivants n’ont d’autre option

que le bidonville comme voie d’accès à la ville. Souvent surpeuplés et construits en péri­ phérie des villes, les bidonvilles sont le fruit de la pauvreté et connaissent de nombreux problèmes, comme l’accès à l’eau potable et l’absence d’installations sanitaires, l’accumulation des déchets, la criminalité. Ils sont souvent construits sur des terrains dangereux et les risques d’éboulements, d’inondation ou de glis­ sements de terrain sont grands. La promiscuité et le manque d’hygiène en font aussi une terre fertile aux épidémies. Si elles sont construites de manière illé­ gale, ces maisons précaires sont souvent le seul abri des populations démunies. Au Zimbabwe, en 2005, le président Robert Mugabe a entrepris de détruire les bidon­ villes dans le cadre d’une vaste opération

ENJEU 1

I

La gestion de l’expansion urbaine

I

101

Les questions portent sur le contenu des pages 94 à 101. 1 À quels problèmes les grandes villes sont-elles aujourd’hui confrontées ? Selon vous, lequel des ces problème doit être résolu en priorité ? Expliquez votre réponse. 2 Soixante pour cent des réserves d’eau douce sont partagées par seulement neuf pays, dont le Canada. Selon vous, le Canada doit-il considérer l’eau comme une richesse collective qui doit être conservée pour les Canadiens ou comme une marchandise qui a une grande valeur commerciale et qui peut être vendue à d’autres pays ? Expliquez votre réponse. 3 Afin de freiner le gaspillage d’eau, beaucoup de villes ont installé des compteurs d’eau résidentiels. Croyez-vous que l’installation de compteurs puisse influer sur la consommation d’eau des citoyens ? Expliquez votre position. 4 Que pensez-vous de l’initiative de l’association française Les enfants de Don Quichotte, qui installe des campements de tentes pour sensibiliser les citoyens aux conditions de vie des sans-abri ? Expliquez votre réponse. 5 Une personne sur six dans le monde vit dans un bidonville. En conséquence, êtes-vous favorable au financement de logements sociaux par les gouvernements ? Expliquez votre réponse. 6 En 2005, au Zimbabwe, le président Robert Mugabe a mené une vaste opération de destruction des bidonvilles qui a fait des milliers de sans-abri. Quelles solutions peuvent être envisagées pour remédier au problème des bidonvilles ? Laquelle vous semble la plus intéressante ?

appelée Nettoyage et restauration de l’ordre. Cette opération a fait des milliers de sans-abri et constituait une violation des droits fondamentaux à l’habitation, selon l’ONU. Des pays sont parvenus à freiner la prolifération de bidonvilles grâce à des programmes de construction de logements et à des réformes en matière de planification de la croissance urbaine et de gestion du logement et des terres.

Le logement est-il un droit fondamental ? Depuis 1978, le programme de l’ONU pour les établissements humains, ONUHabitat, fait la promotion de l’accès à un logement décent pour tous. Si le programme apporte soutien et expertise à des centaines de villes dans le monde à l’heure actuelle, l’aménagement urbain

La croissance a-t-elle des limites ? Outils de référence : votre manuel Enjeux et Internet. 1 Devant les défis de l’expansion urbaine, de nombreux points de vue s’opposent. Certains experts considèrent que la croissance de l’urbanisation présente beaucoup d’avantages, alors que d’autres y voient des inconvénients majeurs, surtout pour les migrants qui s’installent dans les villes. a) Dans votre manuel et dans Internet, trouvez des arguments pour et contre l’expansion urbaine. b) Dressez un tableau comparatif des arguments. c) Dans un court texte, exprimez votre position par rapport à l’expansion urbaine en utilisant les arguments que vous avez trouvés et les vôtres. 2 La Chine pratique la stratégie d’urbanisation « hukou », qui consiste à diriger les migrants vers les villes de petite ou de moyenne taille. a) Trouvez les avantages et les inconvénients de cette stratégie. b) Répondez à la question suivante dans un court texte : Selon vous, peut-on limiter l’accès des migrants aux grandes villes ?

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p o p u l at ı o n

durable et la réduction de la pauvreté urbaine demeurent des tâches énormes.

ZOOM

Villa El Salvador : un bon exemple de travail collectif Villa el Salvador, petite ville dans le désert péruvien au sud de Lima, a été créée en 1971… par ses propres habitants. Pendant des semaines, des dizaines de Péruviens pauvres ont affronté l’armée pour pouvoir construire sur le sable des maisons de carton, même s’il n’y avait ni eau, ni électricité, ni routes. Villa el Salvador aurait pu devenir un bidonville. au lieu de cela, ses habitants en ont fait un lieu où il fait bon vivre, même pauvre. aujourd’hui, 500 000 personnes vivent dans cette municipalité désormais pourvue de routes asphaltées, d’eau potable, de centres de santé, d’écoles, d’une université, d’un cinéma, d’une radio et d’une télévision. Le taux d’alphabétisation est le plus élevé du Pérou et 98 % des enfants fréquentent l’école primaire.

Selon ONU­Habitat, le nombre de sans­ abri, autant dans les pays en développe­ ment que dans les pays industrialisés, a connu une forte croissance durant la der­ nière décennie, augmentation qui risque de se poursuivre. Les villes du monde abritent plus de 100 millions d’enfants de la rue. Aux États­Unis, on compte envi­ ron 3,5 millions de sans­abri. En Europe de l’Ouest, durant l’hiver 2003, 3 millions de personnes n’avaient pas de toit. À Mumbay, en Inde, 250 000 personnes habitent sur le trottoir. Depuis 2006, l’association française Les enfants de Don Quichotte installe des campements de tentes rouges dans des villes comme Lyon, Toulouse ou Paris, afin de faire connaître les conditions de vie des sans domicile fixe. Pour soutenir la cause, personnalités et simples citoyens dorment dans ces villages de toile avec les démunis. Plusieurs voix s’unissent pour réclamer un « droit opposable au logement », qui donnerait aux mal logés la possibilité de poursuivre le gouvernement si un logement décent ne leur est pas fourni dans un délai acceptable. Le droit au logement est pourtant reconnu depuis 1982 en France par la loi Quilliot, qui affirme que le droit à l’habitat est un droit fondamental.

24 Les 10 agglomérations les plus populeuses

Agglomération

Pays

19751

20092

19 771 000

33 800 000

6 808 000

23 900 000

10 691 000

22 900 000

4 400 000

22 400 000

Tokyo

Japon

Séoul

Corée du Sud

Mexico

Mexique

New Delhi

Inde

Mumbay

Inde

7 347 000

22 300 000

New York

États-Unis

15 880 000

21 900 000

Sao Paulo

Brésil

10 333 000

21 000 000

Manille

Philippines



19 200 000

Los Angeles

États-Unis

8 926 000

18 000 000

Shanghai

Chine

11 443 000

17 900 000

Sources : 1. Données de 1975 : United Nations Population Division, World Urbanization Report : The 2001 Revision, p. 94. 2. Données de 2009 : Thomas BriNkHoFF, The Principal Agglomerations of the World [en ligne]. (consulté le 27 avril 2009.)

25

Les grandes villes favorisent-elles l’intégration ? La seule ville de Montréal compte 120 com­ munautés culturelles. À Londres, quelque 300 langues sont parlées. Dans les grandes villes du monde, des migrants de toutes les nationalités doivent aujourd’hui cohabiter. Ces migrants n’arrivent pas les mains vides : ils apportent leur bagage culturel. La religion, les coutumes, la lan­ gue sont autant d’éléments qu’ils doivent concilier avec leur nouvel environnement. Les migrants doivent­ils épouser la culture de leur société d’adoption ou celle­ci doit­elle s’adapter aux diffé­ rences culturelles de chacun ? Chaque pays a sa propre politique à cet égard et cherche de nouvelles avenues pour l’in­ tégration harmonieuse des immigrants.

L’intÉgration CuLtureLLe : Qui s’adapte À Qui ? En 2004, la France adopte une loi inter­ disant le port de signes religieux dans les établissements d’enseignement. Aux

EnJEu 1  ı

La gestion de l’expansion urbaine

ı  103

26

États­Unis, la position du gouvernement américain relativement à l’interdiction du port du voile est claire : ne pas dire aux gens ce qu’ils doivent porter. En novembre 2009, la Suisse vote par référendum l’in­ terdiction de construire des minarets. La Suisse devient ainsi le premier pays en Europe où les citoyens se prononcent, par vote, sur la place à accorder à l’islam dans la société occidentale. Si la cohabitation de plusieurs cultures est loin d’être un phénomène nouveau, plusieurs villes vivent ces dernières années de véritables crises d’identité. En France, il ne se passe pas trois mois sans qu’une nouvelle polémique liée à l’immi­ gration n’éclate : port du voile, sans­ papiers ou port de la burqa, qui a d’ailleurs lancé dans le pays une vaste consultation publique sur l’identité natio­ nale en 2009. Au Québec, en 2007, la commission Bouchard­Taylor — une commission de consultation sur les pratiques relatives aux différences culturelles — donne la parole à des centaines de personnes. À l’origine de ce vaste forum citoyen, un

malaise au sein de la population par rap­ port à des « accommodements », comme le port du kirpan dans les écoles et du foulard dans les sports organisés. En 2010, Québec propose une loi interdisant le port du voile couvrant le visage dans les services publics. D’un côté, les principes d’ouverture aux autres cultures et la volonté de les inté­ grer, et de l’autre, la crainte qu’elles constituent une menace pour la culture du pays d’accueil, particulièrement dans les grandes villes. Partout en Occident, le débat est ouvert et donne souvent lieu à des manifestations, des revendications. Où se trouve la solution ?

assoCie-t-on trop FaCiLement migration et vioLenCe urBaine ? En 2007, un rapport d’ONU­Habitat indique que la criminalité et la violence urbaine sont en hausse partout dans le monde. L’urbanisation trop rapide et chaotique est considérée comme l’une des causes de la diminution de la sécurité dans les villes.

25 Après un débat national houleux, les Suisses

votent par référendum, en novembre 2009, l’interdiction de la construction de minarets dans leur pays. Les partisans de l’interdiction ont utilisé une campagne d’affichage jugée provocatrice par certains présentant une femme voilée devant le drapeau suisse, couvert de minarets, dont la silhouette évoque des missiles. 26 Le 17 janvier 2004, des jeunes femmes

musulmanes manifestent dans les rues de Paris contre la loi qui interdit le port du voile dans les écoles françaises. La loi sera maintenue.

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DOSSIER 2

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P O P U L AT I O N

CHIFFRES

Des villes polluantes ONU-Habitat soutient depuis quelques années une politique d’urbanisation durable. Et pour cause : les villes, où habitent plus de 50 % des humains, polluent de plus en plus. Elles sont responsables de 75 % de la consommation d’énergie dans le monde et produisent 80 % des émissions de gaz à effet de serre.

27

Source : ONU, 2009.

27 Les émeutes d’octobre 2005 dans les banlieues

de Paris, en France, ont donné lieu à de nombreux incendies criminels : plus de 10 000 véhicules et quelque 300 bâtiments, dont des écoles, ont été incendiés. 28 Quelque 500 personnes, des familles et des

groupes de jeunes de Clichy-sous-Bois, ont organisé une marche silencieuse le 29 octobre 2005 pour rendre hommage aux deux adolescents morts en tentant d’échapper à la police. 28

FOCUS

Des modèles d’intégration dans le monde L’interculturalisme québécois est fondé sur un contrat moral entre la communauté d’accueil et les nouveaux arrivants. Ainsi, les immigrants doivent adhérer aux choix de société du Québec et reconnaître, par exemple, que le français est la langue commune dans la vie publique. Le respect de la diversité culturelle est encouragé dans la mesure où la culture québécoise francophone reste prédominante. Au Canada, le multiculturalisme prévaut depuis 1969. Selon ce modèle d’intégration, il faut respecter les différences culturelles pour prétendre à l’égalité. Toutes les cultures sont considérées comme égales et la mosaïque culturelle ainsi formée est censée tendre vers la construction d’une identité commune. Le melting-pot américain, au contraire, ne prône pas la préservation des cultures, mais plutôt la formation d’une nouvelle culture fondée sur les droits individuels. Les partisans de ce modèle croient qu’il garantit à tous une participation égale à la vie démocratique du pays, puisque tous adhèrent aux mêmes principes, peu importe les différences ou les origines.

En 1992, aux États-Unis, l’acquittement de quatre policiers accusés d’avoir causé le décès d’un Noir américain provoque dans la ville de Los Angeles des émeutes qui durent six jours. Des milliers d’habitants de la ville y prennent part, en particulier des jeunes d’origine afro-américaine et latino-américaine des quartiers défavorisés. En 2005, la crise des banlieues éclate en France pour des événements semblables. De Clichysous-Bois, en banlieue parisienne, les émeutes se propagent dans près de 300 communes françaises et durent 3 semaines. Ces deux cas éloignés dans le temps et l’espace ont certains points en commun : les émeutes ont débuté dans des quartiers urbains défavorisés où habitent en

 EnJEu 1  ı  La gestion de l’expansion urbaine   ı  105

majorité une population « issue de l’im­ migration ». De plus, dans les deux cas, la plupart des émeutiers interpellés ont invoqué les humiliations accumulées comme cause de la révolte : racisme, injustice, discrimination à l’embauche, exclusion sociale, profilage racial.

Associe­t­on trop facilement migration et violence urbaine ? Certains groupes de défense des droits de l’homme mettent plutôt en cause la pauvreté et les diffi­ cultés d’intégration dont souffrent sou­ vent les immigrants parce qu’ils ne trouvent pas facilement du travail.

29 La multiplication des grandes villes du monde de 1950 à 2008

1 : 190 000 000 (projection de Winkel) 0

2 000

4 000 km

Échelle à l’équateur

1 : 190 000 000 (projection de Winkel) 0

2 000

4 000 km

Échelle à l’équateur

Source des deux cartes : Le grand atlas du Canada et du monde, 3e édition, Bruxelles, Noordhoff / De Boeck, 2009, p. 31.

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p o p u l at ı o n

PreNDre POSITION

(CD 2)

Les questions portent sur le contenu des pages 102 à 108. 1 Selon vous, lorsqu’on demande aux immigrants d’adhérer aux choix de société du Québec, que veut-on dire exactement ? 2 Au Canada, le multiculturalisme implique le respect et la protection des différences culturelles. Le melting-pot américain, pour sa part, prône plutôt la formation d’une nouvelle culture fondée sur les droits individuels. Selon vous, quel est le meilleur des deux modèles d’intégration ? Expliquez votre choix. 3 Êtes-vous favorable aux accommodements raisonnables au Canada et au Québec ? Expliquez votre réponse. 4 On associe souvent la violence urbaine à l’immigration. De nombreux observateurs expliquent que cette violence est causée par la ghettoïsation et l’exclusion des immigrants. Selon vous, qu’est-ce qui cause cette ghettoïsation ? 5 Selon vous, les crises économiques provoquent-elles une augmentation de la violence xénophobe ? Expliquez votre réponse. 6 À votre avis, le multiculturalisme a-t-il des effets positifs sur une société ? Expliquez votre réponse.

DÉBATTRE DE L’ENJEU : acTiViTÉ Composante de la CD 2

L’intégration à tous les niveaux Outils de référence : votre manuel Enjeux et Internet. L’interculturalisme prôné par le Québec sous-entend que les immigrants doivent adhérer aux valeurs sociales du Québec et adopter sa langue : le français. Le respect de la diversité culturelle est encouragé, mais pas au détriment de la culture commune. 1 Joignez-vous à trois élèves et discutez des questions suivantes : • Comment peut-on favoriser l’intégration des immigrants dans le milieu scolaire ? • La vie de quartier, les activités culturelles et sportives peuvent-elles favoriser les échanges interculturels et l’intégration des immigrants ? • Comment les gouvernements pourraient-ils diminuer la discrimination à l’égard des immigrants au travail ? 2 Imaginez une activité qui permettrait l’intégration des élèves immigrants dans votre école et le rapprochement entre les différentes cultures. 3 Dans un texte commun, répondez aux trois questions en illustrant vos réponses à l’aide d’exemples.

Le pHÉnomÈne des gHettos Le mot ghetto désigne un quartier géné­ ralement défavorisé, souvent séparé du reste de la ville, où se concentrent des minorités culturelles ou religieuses, la plupart du temps vivant dans la précarité. Des villes comme Los Angeles ou Paris comptent plusieurs de ces quartiers, où se combinent des éléments qui amènent les habitants à se sentir différents par rapport au reste de la société : revenus plus faibles, taux de chômage plus élevé, difficultés d’insertion économique, po­ pulation jeune, étrangère ou d’origine étrangère. Une sorte de séparation sociale s’effectue alors que les groupes sociaux s’éloignent du fait de leurs conditions de vie différentes.

La vioLenCe À L’Égard des immigrants Depuis la crise économique mondiale de 2008, on assiste, dans plusieurs grandes villes du monde où le taux de chômage est élevé, à une hausse des attaques contre la population étrangère. Par exemple, dans les villes du Cap et de Johannesburg, en Afrique du Sud, des Sud­Africains s’en sont pris à des Zimbabwéens exilés, les accusant de voler leurs emplois et d’être responsables de la forte criminalité. À Madrid, en Espagne, où la population immigrante représente maintenant plus de 11 % de la population espagnole, les Espagnols « d’origine » veulent reprendre les emplois abandonnés aux étrangers durant le boum économique.

Le muLtiCuLturaLisme : une riCHesse À dÉveLopper Lors du dernier recensement, effectué en 2006, Montréal comptait 740 000 per­ sonnes nées à l’étranger. En 2009, les immigrants formaient presque le tiers de la population de l’ensemble de la ville. D’un point de vue statistique, Montréal se situe donc dans la moyenne des grandes villes occidentales. De fait, 36 % des New­Yorkais sont nés à l’étranger. À Berlin, dont la devise est « Encourager la diversité — renforcer la cohésion », près de 26 % de la population de la ville a des

ENJEU 1

I

La gestion de l’expansion urbaine

I

107

30 La diversité culturelle dans les régions métropolitaines de recensement au Canada en 2006

Pourcentages 100 % Latino-Américains

90 %

Asiatiques du Sud

80 %

Asiatiques de l’Est et du Sud-Est 70 % Arabes et Asiatiques de l’Ouest 60 % Noirs et Antillais 50 % Européens 40 % Canadiens 30 % Français 20 %

Britanniques

10 %

Autochtones

Source : Citoyenneté et Immigration Canada, Rapport annuel sur l’application de la Loi sur le multiculturalisme canadien 2007-2008.

Halifax

Winnipeg

Québec

Edmonton

Calgary

Ottawa-Gatineau

Vancouver

Montréal

Toronto

0% Villes

PORTRAIT

Gérald Godin (1938-1994) FOCUS

Les accommodements raisonnables au Québec Un accommodement raisonnable est une notion juridique issue du monde du travail et désigne un arrangement entre un employé et son employeur. Le Québec n’a pas inventé ce principe, déjà présent dans l’Equal Employment Opportunity, loi fédérale américaine votée en 1964. Selon les chartes canadienne et québécoise des droits et libertés de la personne, tous les Québécois ont droit à la protection contre la discrimination basée sur l’origine ethnique, la religion, l’orientation sexuelle, etc. Dans cette optique, les accommodements permettent d’assurer à tous un accès aux mêmes emplois, établissements et services, peu importe leur âge, leur religion, leur sexe, leur langue, etc. Ainsi, un employé peut faire une demande d’accommodement si cela n’entraîne pas de contrainte exagérée pour son employeur. Par exemple, des camionneurs sikhs de Montréal ont obtenu en 2006 un arrangement qui leur permet de continuer à porter le turban prescrit par leur religion au lieu du casque de sécurité exigé sur leur lieu de travail. Au Québec, la moitié des accommodements raisonnables concernent des personnes ayant un handicap. Ces dernières années, le terme a toutefois pris un tout autre sens dans la province et a surtout été associé à des motifs religieux. Avec la commission Bouchard-Taylor, en 2007, les accommodements ont servi de point de départ au débat public sur l’interculturalisme, la laïcité et l’identité québécoise.

Gérald Godin naît à Trois-Rivières le 13 novembre 1938. Fait rare à l’époque, il a un oncle haïtien, un lien familial qui contribue peut-être à l’intéresser au sort des nouveaux arrivants. Journaliste et poète, il fait le saut en politique avec le Parti québécois en 1976. En 1981, il est nommé ministre des Communautés culturelles et de l’Immigration. Par son action politique, mais aussi par sa poésie, il travaillera à une meilleure intégration des immigrants, notamment au développement d’une plus grande tolérance envers leurs langues et leurs religions. Son poème Tango de Montréal témoigne bien de son attachement aux nouveaux arrivants.

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DoSSier 2

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p o p u l at ı o n

racines étrangères. La ville tient d’ailleurs chaque année le Carnaval des cultures, un événement haut en couleur auquel participent les 180 communautés cultu­ relles qui cohabitent dans la ville alle­ mande. Une diversité culturelle qui se vit aussi à Montréal grâce à de nombreux événements et festivals socioculturels. Mais au­delà de la diversité culturelle et des rencontres artistiques, les immigrants qui composent près du tiers de la popu­ lation des grandes villes contribuent éga­ lement à la vie économique, scientifique, politique et administrative. À l’heure de la mondialisation, les grandes métropoles

2

ENJEU

pourraient­elles se développer et rester actives sur la scène économique et inter­ nationale sans l’apport des immigrants ? Dans son rapport mondial 2009, intitulé Investir dans la diversité culturelle et favoriser le dialogue interculturel, l’Or­ ganisation des Nations unies pour l’édu­ cation, la science et la culture (UNESCO) soutient que les États qui accueillent de nombreuses communautés ethniques doi­ vent mettre en place des politiques don­ nant une voix aux minorités culturelles afin d’éviter l’uniformisation culturelle. Le multiculturalisme serait­il lui­même une culture au détriment de la culture locale et de celle des immigrants ?

La migration et le monde du travail Des infirmières philippines recrutées par la Suisse pour remédier à une pénurie de main-d’œuvre. Des médecins malawites plus nombreux à Manchester, en Angleterre, que dans tout le Malawi… Des milliers de travailleurs immigrants gonflent les statistiques de l’emploi, mais aussi du chômage. Les migrants doivent franchir de nombreux obstacles pour trouver du travail, condition pourtant essentielle à leur intégration. Les pays occidentaux, quant à eux, ont besoin des travailleurs migrants, mais ils doivent aussi composer avec les pertes d’emplois découlant de la mondialisation. Dans ce contexte, faut-il revoir le monde du travail pour favoriser l’intégration des migrants ? L’immigration est-elle une solution au vieillissement de la population en Occident ? L’immigration est-elle cause de chômage dans les pays d’accueil ?

Faut-il revoir le monde du travail pour favoriser l’intégration des migrants ? Pas facile d’immigrer et de s’intégrer dans une nouvelle culture et une nouvelle

société. La majorité des immigrants éprouvent des difficultés d’adaptation. Mais tout comme les experts de cette question, ils sont unanimes sur un point : le travail est le facteur le plus important pour s’intégrer dans le pays d’accueil.

EnJEu 2  ı

La migration et le monde du travail

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31

Pourquoi ? Tout simplement parce qu’un immigrant qui travaille, pour un em­ ployeur ou à son compte, est en contact avec la population de son pays d’accueil, participe à la vie active, paie des impôts, partage sa culture et apprend aussi plus aisément la langue de son nouveau pays. Des éléments qui permettent de devenir un citoyen à part entière. Travailler permet aux immigrants de mieux s’intégrer socialement et de contri­ buer à la prospérité du pays où ils s’ins­ tallent. À l’inverse, les immigrants qui ne parviennent pas à trouver un emploi ris­ quent de vivre dans la pauvreté et l’ex­ clusion sociale et de devenir finan­ cièrement dépendants de l’État. Une précarité qui peut conduire au dévelop­ pement d’une économie parallèle (travail

au noir, activités illégales) et à des pro­ blèmes sociaux.

31 Des immigrants sikhs travaillent dans

un champ de framboises dans une ferme de Milton, en Ontario.

Les oBstaCLes À L’empLoi Trouver un travail dans sa terre d’accueil n’est pas toujours chose facile. Le délai d’adaptation, la mauvaise maîtrise de la langue, le manque d’expérience locale, la discrimination à l’embauche et, dans cer­ tains cas, la non­reconnaissance des di­ plômes étrangers sont autant d’obstacles que doivent surmonter les immigrants qui cherchent un travail.

La discrimination La discrimination vient souvent en tête de liste de tous les obstacles que doivent franchir les immigrants cherchant un emploi. Par exemple, au Québec, un

CHIFFRES

Travailler en ville Les travailleurs qui migrent sont nombreux à le faire dans leur propre pays. ainsi, en chine, en 2008, on estimait à près de 230 millions le nombre de migrants internes qui avaient quitté les régions rurales pour travailler dans les grandes villes. Source : oNU, 2010.

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Vers les Etats-Unis

AMÉRIQUE DU NORD

JAPON

ExtrêmeOrient russe

MEXIQUE

Corée du Sud

Russie Vers le Japon

Venezuela

Amérique centrale et Caraïbes

Pérou et Colombie

Asie centrale

EUROPE DE L’OUEST

Paraguay Argentine

AUSTRALIE Sous-continent indien

Afrique de l’Ouest

ÉTATS DU GOLFE Afrique de l’Est Afrique australe

(projection de Bonne) 2 000

Pays ayant accueilli un fort effectif de migrants économiques Principales régions de départ Flux de migrants peu ou pas qualifiés

1 : 156 000 000 1 000

Asie du Sud-Est

Turquie

Afrique du Nord

Bolivie

0

Philippines

Chine

3 000 km

Échelle à l’équateur

Flux de migrants qualifiés Afrique du Sud

Migrations économiques à l’intérieur de la zone

32 Une planète en mouvement Source : Le Monde diplomatique, L’atlas 2010, Paris, armand colin, 2009, p. 17. © Philippe rekacewicz.

ZOOM

La fondation Migrinter créée en 1985, à Poitiers, en France, la fondation Migrinter est un centre de recherche qui étudie les migrations internationales ainsi que leurs effets dans les pays d’accueil et les pays d’origine. Le centre conduit également des activités de formation, de publication et de documentation. en effet, Migrinter offre une formation universitaire sur les migrations internationales, publie la revue reMi (Revue européenne des migrations internationales) depuis 1985, la seule publication à caractère scientifique de langue française sur le sujet, ainsi qu’une revue électronique grand public depuis 2008. enfin, on y trouve un centre de documentation regroupant plus de 5000 ouvrages et plus de 50 revues spécialisées.

groupe d’immigrants pourtant qualifiés connaît des problèmes particuliers d’in­ sertion au travail : en 2008, le taux de chômage des Québécois d’origine maghrébine présents au pays depuis 5 ans ou moins frôlait les 28 %, compa­ rativement à 7 % pour le reste de la popu­ lation. Un tiers d’entre eux sont pourtant titulaires de diplômes universitaires et la grande majorité parle le français. Si leur surscolarisation ou leur manque de connaissance de l’anglais ont été parfois mis en cause, de nombreux observateurs estiment que ce groupe souffre de discri­ mination depuis les attentats du 11 sep­ tembre 2001. Conclusion hâtive ou réalité ? Le débat sur la discrimination au travail est ouvert partout dans le monde occidental. Pour remédier aux situations de ce genre, des pays comme le Canada, les États­Unis et l’Irlande ont adopté des politiques de discrimination positive pour favoriser

l’intégration de groupes d’immigrants marginalisés. Au Canada, les programmes d’accès à l’égalité font graduellement leurs preuves. La Loi sur l’équité en matière d’emploi a permis d’accroître de 43 % la représentation des membres des minorités visibles au sein de la fonction publique fédérale entre 2003 et 2008. La Ville de Montréal et la Chambre de com­ merce du Montréal métropolitain ont aussi mis en place des stages destinés aux immigrants afin de leur ouvrir les portes du marché du travail.

La scolarité, un atout ? Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le fait qu’un immigrant possède un di­ plôme universitaire n’augmente pas ses chances de décrocher un emploi. En 2007, 36 % des immigrants en âge de travailler avaient fait des études universitaires, contre seulement 22 % chez les Canadiens d’origine. La même année, le taux de

Sources des données de la carte : Dilip raths et zhimei Xu, Recueil de statistiques 2008 sur les migrations et les envois de fonds, Groupe d’étude des perspectives de développement, équipe chargée des migrations et des envois de fonds, Banque mondiale ; Migrinter (migrations internationales, espaces et sociétés), centre national de la recherche scientifique et université de Poitiers.

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EnJEu 2  ı

La migration et le monde du travail

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PORTRAIT

Jacques Couture (1929-1995)

33 Des nouveaux citoyens canadiens prononcent le serment de citoyenneté. Trouveront-ils facilement du travail ?

Parviendront-ils à s’intégrer dans leur société d’accueil ?

34 Le niveau de scolarité selon la catégorie des immigrants résidents permanents au Canada en 2007

Regroupement familial (en %)

Immigrants économiques d. p.1 (en %)

Immigrants économiques c. p.2 (en %)

Réfugiés (en %)

Autres immigrants (en %)

0 à 9 années d’études

3,8

18,2

33,3

15,9

16,0

10 à 12 années d’études

3,2

17,1

30,7

29,5

16,9

13 années d’études ou plus

2,8

8,7

9,9

11,7

7,7

Certificat professionnel

4,1

4,9

4,3

11,6

5,4

Diplôme non universitaire

11,8

10,3

9,8

13,1

11,1

Baccalauréat

43,8

29,4

10,2

15,1

28,9

Maîtrise

25,2

9,8

1,6

2,7

11,8

Doctorat

5,4

1,6

0,3

0,5

2,3

Niveau de scolarité

1. d. p. = demandeurs principaux

2. c. p. = conjoints et personnes à charge

Source : citoyenneté et immigration canada, Faits et chiffres 2007 – Aperçu de l’immigration : résidents permanents et temporaires [en ligne]. (consulté le 16 avril 2009.)

Jacques couture naît dans un quartier aisé de la ville de Québec. À l’âge de 18 ans, troublé par la misère dans laquelle vivent les habitants des quartiers défavorisés, il abandonne ses études universitaires en droit et devient jésuite. il fait le saut en politique en 1974 et devient ministre de l’immigration en 1976. il joue un rôle de premier plan dans l’ouverture du Québec aux réfugiés et la francisation des nouveaux arrivants. il signe également une entente avec le gouvernement fédéral qui donne plus de pouvoir au Québec en matière de sélection des immigrants. Depuis 1997, le gouvernement du Québec remet tous les ans le prix Jacques-couture à une personne ou à un organisme qui a travaillé pour la promotion du rapprochement interculturel.

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p o p u l at ı o n

35 Les pays développés comme le Canada ont besoin des diplômés des pays en développement pour combler

une pénurie de main-d’œuvre. Ainsi, Citoyenneté et Immigration Canada organise des rencontres pour attirer les migrants potentiels. ZOOM

Les Canadiens aussi émigrent Selon une étude parue en 2006, on estime que 1 canadien sur 1000 quitte le canada chaque année pour aller s’établir dans un autre pays. Les États-Unis demeurent la principale destination, suivis du royaumeUni et de l’australie. entre 2000 et 2004, près de 69 000 canadiens par année sont partis vivre aux États-Unis et 8500 au royaume-Uni. Les raisons de ces départs ? Principalement professionnelles et économiques : une carrière plus prometteuse, un salaire plus élevé. autre cas de figure : des anciens immigrants, des italiens, des Polonais, des Grecs, arrivés au canada lors des grandes vagues d’immigration du début du 20e siècle, qui retournent dans leur pays d’origine pour y passer leurs vieux jours.

chômage des nouveaux immigrants di­ plômés universitaires était pourtant de 10,7 % et de seulement 2,4 % chez les Canadiens d’origine. Mais ces chiffres sont le reflet d’une autre réalité : la dif­ ficulté qu’ont de nombreux immigrants à faire reconnaître leurs diplômes et leurs compétences dans leur pays d’accueil.

La formation non reconnue : un obstacle à l’intégration Cette difficulté à faire reconnaître leurs diplômes est fréquente chez les immi­ grants désirant pratiquer une profession réglementée. Cette entrave à la circula­ tion et à l’intégration d’une main­d’œuvre hautement qualifiée incite de plus en plus de pays occidentaux à trouver des solu­ tions et à assouplir leurs règles pour per­ mettre aux immigrants d’obtenir un emploi.

des médecins qui ne pratiquent pas Dans de très nombreux pays, la pratique de certaines professions est régie par des ordres professionnels afin de protéger la population. Au Québec, on compte 45 ordres professionnels, dont le Collège des médecins ou l’Ordre des psycholo­ gues. Pour avoir le droit de pratiquer une de ces professions, tous les candidats doivent obligatoirement obtenir un diplôme, réussir les examens de l’ordre ou répondre aux exigences imposées par celui­ci. Les ordres décident donc des critères de sélection et des normes de pratique de ces professions. Ainsi, un médecin, une ingénieure, un arpenteur­géomètre ou une infirmière qui immigre doit, pour exercer sa profession dans son pays d’accueil, faire reconnaître

EnJEu 2  ı

ses diplômes et ses compétences, réussir des examens et se soumettre à des tests de compétences linguistiques. Dans le cas des professions non réglementées, c’est généralement l’employeur qui décide de reconnaître ou non un diplôme. Au cours des dernières décennies, les ordres professionnels d’ici et d’ailleurs ont parfois fait preuve de protection­ nisme en refusant souvent de recon­ naître les compétences des candidats immigrants. C’est ainsi qu’au Canada, comme ailleurs, il n’est pas rare que des immigrants pourtant qualifiés se trou­ vent au chômage ou ne puissent prati­ quer leur profession. Des ingénieurs et des médecins se trouvent dans des emplois sans lien avec leur formation. Compte tenu des pénuries criantes de main­d’œuvre spécialisée dans de nom­ breux domaines, plusieurs y voient un g a s pi l l a ge d e p ot e nt ie l e t d e compétences.

La reConnaissanCe des dipLÔmes Étrangers : un passage oBLigÉ La pénurie de professionnels, à laquelle sont confrontés presque tous les pays occidentaux en raison du vieillissement de leur population, oblige désormais les États et les ordres professionnels à har­ moniser leurs règles avec celles d’autres pays afin de permettre une meilleure intégration des immigrants diplômés. Plusieurs pays ont donc mis en place un système de reconnaissance des diplômes étrangers qui permet d’évaluer la for­ mation des immigrants. Il s’agit d’un processus complexe, étant donné que les normes, le système d’éducation et les objectifs d’apprentissage diffèrent d’un pays à un autre. L’Australie, par exemple, exige que les futurs immigrants obtiennent une équi­ valence de diplôme avant de leur remettre un visa d’immigration. Cela évite que des professionnels immigrent sans que leurs compétences soient reconnues. Au sein de l’Union européenne, afin que les professionnels qualifiés puissent exercer aisément leur profession, les États membres ont adopté un système de

La migration et le monde du travail

ı  113

reconnaissance des diplômes étrangers commun à tous. À la lumière de l’expérience européenne et compte tenu des mouvements de main­ d’œuvre qu’entraîne la mondialisation, de nombreux observateurs se demandent s’il ne faut pas envisager une « planéta­ risation » des normes professionnelles. Des ordres professionnels régis par des règlements nationaux pourraient ainsi se regrouper et s’entendre sur des normes communes à l’ensemble de la planète. Faut­il en arriver à la formation et aux diplômes universels ? Certains y voient une menace pour les pays pauvres qui ne pourraient concurrencer les pays riches, dont les systèmes d’éducation sont plus développés et mieux outillés. D’autres soutiennent que cette mondialisation des compétences est inévitable ou souhaitable.

et au Québec ? Au Québec, les longs délais pour obtenir une évaluation comparative des études faites à l’étranger auraient découragé plus d’une personne dans le passé. La province travaille donc depuis quelques années à l’amélioration du processus.

PORTRAIT

Mamie Henriette Henriette Nzuji Ntumba, d’origine congolaise, arrive à Montréal en 2000. Venue pour aider sa fille malade, elle finit par s’installer au Québec. Mamie Henriette ne tarde pas à constater la situation des immigrantes de son âge : certaines sont isolées et exclues notamment à cause de leur âge avancé. elle décide alors de créer un organisme, le MiDi (mamies immigrantes pour le développement et l’intégration), qui favorisera leur intégration en les aidant à développer des activités rémunérées (services de garde d’enfants, de couture, etc.). Pour Mamie Henriette, il est important d’établir des liens entre les générations : « chez nous, on dit qu’une personne âgée est une véritable bibliothèque. elle est très importante au sein de la communauté. il faut donc établir des liens entre les jeunes et leurs aînés. Quand on coupe les racines d’un arbre, ne va-t-il pas mourir ? »

Parallèlement, le gouvernement québécois a investi afin de permettre aux 45 ordres professionnels, dont 34 affichent déjà une pénurie de diplômés, d’offrir des forma­ tions d’appoint ou de remise à niveau aux personnes nouvellement arrivées. À la

36 La proportion des immigrants originaires de pays en développement

parmi les travailleurs du domaine de la santé dans les pays développés, en 2005 Médecins venant des pays en développement (en % par rapport au nombre total de médecins)

Infirmières venant des pays en développement (en % par rapport au nombre total d’infirmières)

Australie

21



Canada

23

6

États-Unis

27

5

Irlande



14

Nouvelle-Zélande

34

21

Royaume-Uni

33

10

Pays développés

Source : oMS, 2006.

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DoSSier 2

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p o p u l at ı o n

37 Un accord entre la Grande-Bretagne et les Philippines vise à compenser le départ de nombreuses infirmières

philippines. Pour une infirmière formée aux Philippines qui immigre en Grande-Bretagne, cette dernière finance la formation aux Philippines de trois nouvelles infirmières.

ZOOM

L’exode des cerveaux La pauvreté et les conflits poussent souvent les travailleurs hautement qualifiés des pays en développement à quitter leur patrie pour tenter leur chance dans un pays industrialisé et améliorer ainsi leur sort. L’exode de ces « cerveaux » est critique pour les pays pauvres, car ceux-ci se trouvent privés des personnes dont dépend leur développement social, scientifique et technologique. Par exemple, cet exode peut avoir des effets très graves sur leur système de santé. Selon le rapport annuel sur l’état de la population mondiale de 2006, réalisé par le UNFPa, la ville anglaise de Manchester compte plus de médecins malawites… que tout le Malawi. Le manque de médecins et d’infirmières se fait aussi cruellement sentir en zambie et au zimbabwe, du fait que la plupart des diplômés ont émigré.

suite de l’adoption d’un nouveau pro­ gramme destiné à faciliter le recrutement de diplômés étrangers, les demandes d’équivalence de diplômes ou de forma­ tion ont augmenté de 500 % en 7 ans, passant de 800 en 2001 à 4000 en 2006 ! De plus, le gouvernement québécois a signé en 2008 l’Entente France­Québec en matière de reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles. À la suite de cette entente, plusieurs ordres professionnels québécois et français, dont des ordres d’architectes, d’avocats, d’in­ génieurs, de médecins et de travailleurs sociaux, ont pris des arrangements. Cela permettra, par exemple, à un médecin français d’être dispensé d’un test linguis­ tique et de l’examen d’évaluation du Conseil médical du Canada. Beaucoup d’espoirs sont fondés sur ce type d’en­ tente, qui pourrait s’étendre à d’autres pays.

L’immigration est-elle une solution au vieillissement de la population en occident ? Le vieillissement de la population est l’un des plus grands problèmes que devront affronter les pays développés dans l’ave­ nir. Sans l’apport de l’immigration, l’ONU estime que, dans les pays développés, la population en âge de travailler connaîtra une baisse d’environ 23 % d’ici 2050, alors que le nombre de personnes âgées aura presque doublé. Dans la plupart des pays industrialisés, le taux de natalité étant faible, les migra­ tions internationales jouent un rôle important dans l’évolution démogra­ phique. Le cas de l’Europe est particuliè­ rement criant : malgré l’immigration, une baisse démographique semble inévitable sur le continent à l’heure actuelle. Selon

EnJEu 2  ı

les projections, la part de main­d’œuvre née sur le territoire européen baissera de plus de 16 millions d’ici 2025 et de 44 millions d’ici 2050. Pendant ce temps, la population d’Afrique du Nord devrait continuer à augmenter beaucoup plus rapidement que la crois­ sance économique de cette région. Une partie importante de la population active nord­africaine sera donc à la recherche de travail, en Europe ou ailleurs. Des pays comme le Canada, l’Australie, la Belgique ou la Suède comptent déjà sur l’immigration pour maintenir leur taux de croissance démographique. Les États­Unis sont l’un des rares pays déve­ loppés dont la population augmente. En plus de recevoir le plus grand nombre d’immigrants au monde, son taux de natalité est de 2,1 enfants par femme, comparativement à 1,74 au Québec. On s’attend à ce que la population améri­ caine passe de 300 millions, en 2005, à plus de 400 millions en 2050. En 2009, l’Institut de la Statistique du Québec annonçait une remontée de la croissance démographique de la pro­ vince, estimant que la population québé­ coise atteindrait les 9,2 millions en 2056. Toutefois, d’autres études démogra­ phiques font état d’un déclin de la crois­ sance et certains experts affirment qu’il faudrait au moins 60 000 nouveaux immigrants chaque année pour maintenir la croissance de la population.

des pÉnuries partout en oCCident Une boîte de consultation en recrutement international : c’est par ce moyen qu’un employeur de la région de Lanaudière, au Québec, a finalement pu former sa nou­ velle équipe de soudeurs, après avoir en vain tenté d’embaucher aux quatre coins de la province. Les nouvelles recrues sont arrivées du Costa Rica pour se joindre aux travailleurs de l’entreprise. Le Canada et le Québec, comme le reste de l’Occident, sont déjà confrontés à des pénuries de main­d’œuvre dans tous les secteurs de l’activité économique et la

La migration et le monde du travail

PreNDre POSITION

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(CD 2)

Les questions portent sur le contenu des pages 108 à 114. 1 Pourquoi est-il si important que les immigrants trouvent du travail dans leur pays d’accueil ? 2 Pensez-vous que les ordres professionnels, comme le Collège des médecins et l’Ordre des ingénieurs, devraient reconnaître les diplômes étrangers ? Expliquez votre réponse. 3 Êtes-vous en faveur des politiques de discrimination positive que le Canada applique pour favoriser l’intégration des groupes d’immigrants marginalisés ? Expliquez votre réponse. 4 Pourquoi les ordres professionnels, après avoir longtemps fait preuve de protectionnisme, s’ouvrent-il aujourd’hui aux professionnels immigrants ? 5 À votre avis, l’uniformisation des normes professionnelles dans le monde serait-elle un avantage ou un inconvénient pour les pays développés comme le Canada ? Expliquez votre réponse. 6 La pénurie de professionnels au Québec se traduit en chiffres concrets : 63 000 infirmières, 6300 pharmaciens, 5200 travailleurs sociaux, 2000 inhalothérapeutes manqueront au cours de la prochaine décennie. Selon vous, la solution à cette crise réside-t-elle dans le recrutement de diplômés étrangers ? Expliquez votre réponse.

EXAMINER DES POINTS DE VUE RELATIFS À L’ENJEU : acTiViTÉ Composante de la CD 2

L’exode des cerveaux : le pour et le contre Outils de référence : votre manuel Enjeux et Internet. Le Canada et le reste des pays occidentaux souffrent d’une pénurie de main-d’œuvre spécialisée, et les diplômés des pays en développement constituent une solution à cette pénurie. Toutefois, l’émigration de ces diplômés n’est pas sans conséquences pour les pays pauvres, qui perdent une partie de leur capital humain nécessaire à leur développement. C’est ainsi que les médecins et les scientifiques du Ghana et du Malawi, par exemple, émigrent dans des pays riches, comme le Royaume-Uni ou le Canada, où les conditions de travail et les revenus sont meilleurs. 1 En équipe de deux, répondez aux questions suivantes : • Pourquoi les États et les ordres professionnels des pays riches ont-ils avantage à revoir leurs critères pour permettre aux diplômés étrangers d’exercer sur leur territoire ? • Quels sont les arguments des pays pauvres contre l’exode des cerveaux qu’ils subissent ? • Est-il possible de trouver des solutions qui conviendraient à la fois aux pays riches et aux pays pauvres ? Expliquez votre réponse. 2 Trouvez des solutions à l’exode des cerveaux des pays pauvres. 3 Comparez vos solutions avec celles des autres équipes de la classe.

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DOSSIER 2

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P O P U L AT I O N

CHIFFRES

L’Occident vieillit Les projections de l’ONU indiquent que, si toutes les populations occidentales diminuent et vieillissent, c’est l’Italie qui subira la plus grande diminution de population, soit 28 % entre 1995 et 2050. La population de l’Union européenne surpassait celle des États-Unis de 105 millions en 1995, mais sera inférieure de 18 millions en 2050. Source : ONU, 2009.

situation devrait s’aggraver entre 2010 et 2020. Pour la première fois dans son histoire, l’industrie de la construction du Canada doit faire appel à des travailleurs qualifiés étrangers pour répondre aux besoins de l’industrie. Au Québec, on estime que 40 % des infirmières en salle d’opération auront pris leur retraite entre 2010 et 2018. La pénurie de professionnels au Québec se traduit en chiffres concrets : 63 000 infirmières, 6300 pharmaciens, 5200 travailleurs sociaux, 2000 inhalothérapeutes manqueront au cours de la prochaine décennie. En Europe, presque tous les pays connaîtront un déclin de leur main-d’œuvre dans l’avenir. La pénurie se fait déjà sentir dans les secteurs des technologies de l’information, des services financiers, de l’agriculture et de la construction. En

FOCUS

L’OIT : pour le travail décent dans le monde Fondée en 1919, l’Organisation internationale du travail (OIT) est l’agence de l’ONU qui élabore les normes internationales du travail, en collaboration avec des représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs, et qui veille à leur application. La mission de l’OIT peut se résumer ainsi : œuvrer pour que tous les travailleurs aient accès à un emploi « décent et productif, dans des conditions de liberté, d’équité, de sécurité et de dignité ».

Le travail : la clé du bien-être économique L’OIT estime que le bien-être économique des individus repose sur le travail, parce qu’il constitue non seulement une source de revenus, mais aussi un lieu d’épanouissement professionnel, social et personnel. Les principales tâches de l’OIT consistent donc à promouvoir les droits des travailleurs et la liberté syndicale ainsi qu’à encourager la création d’emplois décents offrant une protection sociale et un environnement sécuritaire aux travailleurs. De plus, l’OIT lutte activement contre : • le travail forcé (12 millions de personnes en seraient victimes) ; • le travail des enfants (200 millions d’enfants travailleraient dans le monde, dont 126 millions, soit 1 sur 12, exécuteraient des travaux mettant en danger leur bien-être physique, mental et moral) ; • la discrimination au travail (des millions de victimes), • l’exploitation des travailleurs immigrés. En 1998, l’OIT adopte la Déclaration relative aux principes et droits fondamentaux au travail afin de renforcer son action.

Suisse, la pénurie d’infirmières a amené le pays à embaucher des infirmières en Inde et aux Philippines.

LES LIMITES DE L’IMMIGRATION Si l’immigration de travailleurs dans les pays occidentaux peut, en partie, compenser la baisse de main-d’œuvre, les experts de l’ONU et de l’OCDE estiment qu’elle ne peut constituer l’unique solution pour résoudre toutes les pénuries d’effectifs. Dans son étude de 2007 sur le développement durable dans un monde vieillissant, le Département des affaires économiques et sociales de l’ONU fait état des limites de l’immigration comme solution au vieillissement de la population et aux pénuries de travailleurs en Occident : • Une très large proportion des personnes qui souhaitent migrer viennent de pays pauvres et n’ont pas nécessairement la formation pour répondre aux besoins spécifiques des pays d’accueil. • Si les travailleurs qualifiés des pays pauvres émigrent massivement, ces pays auront à leur tour des problèmes économiques. • Pour remédier aux pénuries occidentales, il faudrait un nombre trop élevé d’immigrants, soit 13 millions par année en Europe d’ici 2050 et 10 millions au Japon et aux États-Unis.

L’immigration : cause de chômage ? Si les pays industrialisés souffrent de pénurie de main-d’œuvre en raison du vieillissement de leur population, le taux de chômage reste relativement élevé dans certains pays occidentaux, du moins dans certains secteurs économiques. Parmi les multiples causes de ce chômage, figure la mondialisation.

LA MONDIALISATION GÉNÈRE DES EMPLOIS… ET DES CHÔMEURS La mondialisation incite de nombreuses grandes entreprises occidentales à faire fabriquer leurs produits ou des composantes de leurs produits dans des pays en

ENJEU 2

développement ou émergents, où les salaires sont moins élevés et les lois du travail souvent plus souples. Ce phénomène, nommé délocalisation, a pour conséquence positive la création de milliers d’emplois et le développement économique dans les pays en développement et, dans certains cas, pour conséquence négative la fermeture de nombreuses usines et entreprises dans les pays développés.

Les délocalisations La Chine et l’Inde ont particulièrement profité des délocalisations. Leur maind’œuvre très nombreuse et peu coûteuse leur a permis d’attirer les plus grandes multinationales. C’est ainsi qu’on qualifie aujourd’hui la Chine d’« usine du monde » en raison des immenses manufactures qui y ont été installées. L’Inde a misé pour sa part sur une main-d’œuvre qualifiée et a obtenu le titre de « bureau du monde », notamment pour ses innombrables entreprises de programmation informatique et de services d’assistance à la clientèle.

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La migration et le monde du travail

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38 En Inde, la main-d’œuvre nombreuse, peu coûteuse, qualifiée et parlant l’anglais a attiré de nombreuses

multinationales, qui y ont délocalisé leurs services (réservations aériennes, services à la clientèle pour les banques, les compagnies d’assurances, etc.). Ces délocalisations ont fait de ce pays émergent le « bureau du monde ».

FOCUS

L’Alliance internationale des migrants Il y aurait actuellement dans le monde plus de 200 millions de migrants. Parmi eux, des milliers de travailleurs, qui constituent environ 3 % de la main-d’œuvre mondiale. Afin de défendre leurs droits, des travailleurs migrants ont créé l’Alliance internationale des migrants (AIM) en juin 2008, à Hong-Kong, dont il existe une section canadienne. L’AIM représente 118 associations d’immigrants, syndicats et autres regroupements de travailleurs migrants et de réfugiés qui viennent d’au moins 25 pays. La raison d’une telle organisation ? Les travailleurs migrants sont une maind’œuvre bon marché pour les pays développés, qui souffrent actuellement d’une pénurie de main-d’œuvre. Ils aboutissent souvent dans des emplois qui offrent de mauvaises conditions de travail, surtout s’ils sont en situation irrégulière : absence de couverture sociale, faible revenu, heures supplémentaires non payées. Et en cas de récession économique, ils sont les premiers à être licenciés. Cette précarité d’emploi a des répercussions non seulement sur la situation économique des immigrants, mais dans certains cas, aussi sur celle de leur pays d’origine. En effet, l’argent que les immigrants envoient dans leur pays d’origine est souvent essentiel, surtout pour les pays en développement.

118  ı

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DoSSier 2

p o p u l at ı o n

39 La Chine a particulièrement profité des délocalisations. En y élisant domicile pour la fabrication de leurs

produits (vêtements, chaussures, jouets et autres produits manufacturés, cellulaires, ordinateurs et appareils électroménagers), les entreprises étrangères ont contribué à faire de la Chine « l’usine du monde ».

40 L’accroissement démographique au Canada et la part de l’immigration

Projection1

Nombre de personnes (en milliers) 600

Accroissement démographique total Migration nette Accroissement naturel

500 400 300 200 100

0 -100 1981

1986

1991

1996

2001

2006

2011

2016

1. Scénario de croissance moyenne. Source : Statistique canada, caNSiM [en ligne]. (consulté le 16 avril 2009.)

2021

2026

2031 Années

Aujourd’hui, ces deux géants de l’Asie sont devenus, grâce aux délocalisations, des pays émergents dont la croissance économique bouleverse les rapports de force avec l’Occident. Les délocalisations ont non seulement créé des millions d’emplois en Chine et en Inde, mais elles ont également permis à ces deux pays d’acquérir la technologie et le savoir­faire industriel qu’ils utilisent maintenant dans leurs propres usines où ils créent des emplois. Toutefois, dans les pays occidentaux, les délocalisations prennent le visage du chômage. Sous l’effet des pertes massives d’emplois qui en résultent, les immigrants qui s’installent dans les pays développés sont souvent perçus comme des compé­ titeurs par les travailleurs locaux au chô­ mage, qui voient l’immigration comme une menace et non comme un atout économique.

EnJEu 2  ı

des immigrants au chômage La compétition entre travailleurs locaux et travailleurs immigrants est­elle fon­ dée ? Non, répondent les experts. De fait, depuis déjà plusieurs années, une bonne majorité des immigrants sont choisis sur la base de leur formation et du type d’em­ ploi qu’ils occuperont, en fonction des besoins de main d’œuvre du pays d’ac­ cueil. Dans les faits, les immigrants qui trouvent du travail contribuent à la vie économique et indirectement à la créa­ tion d’emplois. Mais dans les statistiques, on constate qu’ils sont aussi aux prises avec le manque de travail. En effet, ce sont avant tout les immi­ grants qui souffrent du chômage. En 2007, le taux de chômage chez les immi­ grants en âge de travailler et établis au Canada depuis 5 ans ou moins était de 11 %, soit un taux deux fois plus élevé que celui observé chez les travailleurs nés au Canada. À Montréal, ville où se concentrent la plupart des nouveaux arri­ vants au Québec, le taux de chômage chez les immigrants récents était de 18,1 % en 2006, soit un taux presque 3 fois plus élevé que celui observé chez les Montréalais nés au Canada.

Les immigrés chômeurs payés pour quitter l’espagne En 2008, sous la pression de la crise sociale engendrée par un très haut taux de chômage, le gouvernement espagnol lance un programme, fort contesté, de départ volontaire des immigrants. Ainsi, l’Espagne offre une compensation finan­ cière aux immigrants sans emploi qui acceptent de retourner dans leur pays d’origine. Le taux de chômage élevé en 2008 — 14 %, dont bon nombre d’immi­ grants — aurait motivé la création de ce programme. Pour toucher leurs indemni­ tés, les volontaires doivent renoncer à leur permis de séjour et prendre l’enga­ gement de ne pas revenir en Espagne avant trois ans. Ce renversement de la politique d’immigration espagnole a été fortement critiqué, car il fait peser sur les immigrants la responsabilité de la réces­ sion provoquée par la crise économique mondiale.

La migration et le monde du travail

PreNDre POSITION

ı  119

(CD 2)

Les questions portent sur le contenu des pages 114 à 119. 1 Pensez-vous que l’immigration présente des avantages pour un pays ? Expliquez votre réponse. 2 L’immigration est souvent perçue comme une solution au vieillissement de la population. Quelle est la position de certains organismes internationnaux sur cette question ? 3 Avec la mondialisation des marchés, les entreprises multinationales n’hésitent pas à délocaliser leur production. Quels sont les effets positifs et négatifs de cette pratique ? 4 Le gouvernement espagnol offre une compensation financière aux immigrants sans emploi pour qu’ils retournent dans leur pays d’origine. Que pensez-vous de ce programme ? Expliquez votre réponse. 5 Malgré la pénurie de main-d’œuvre, pourquoi le taux de chômage est-il plus élevé chez les immigrants que chez les personnes nées au Canada ? Que pensezvous du fait que l’immigration soit perçue comme une cause de chômage ?

DÉBATTRE DE L’ENJEU : acTiViTÉ Composante de la CD 2

ouvrir ou fermer les barrières ? Outils de référence : votre manuel Enjeux et Internet. L’immigration soulève beaucoup de débats relativement à l’emploi. Certains groupes d’influence et partis politiques de droite associent la hausse du chômage à l’immigration. D’autres intervenants considèrent, au contraire, que l’immigration est une solution à la pénurie de main-d’œuvre spécialisée et au vieillissement de la population en Occident. 1 En groupe-classe, engagez un débat sur l’enjeu de l’emploi par rapport à l’immigration à partir des questions suivantes : • Les pays développés comme le Canada doivent-ils s’ouvrir à l’immigration pour combler leur besoin de main-d’œuvre spécialisée, ou doivent-ils se fermer pour protéger les emplois à l’intérieur du pays ? • Doit-on limiter la délocalisation des entreprises pour conserver les emplois à l’intérieur du pays ? • À long terme, l’immigration est-elle la seule solution à la pénurie de maind’œuvre et au vieillissement de la population ?

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DoSSier 2

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p o p u l at ı o n

VeiLLe MÉDIATiQUe Les banlieues françaises vues de l’intérieur Lors des émeutes de 2005 dans les banlieues françaises, une équipe du journal suisse L’Hebdo s’installe dans la commune de Bondy, au milieu de l’action, pour couvrir les événements de l’intérieur. L’objectif : faire entendre les voix des banlieusards qui sont insatisfaits du traitement des médias dominants. L’Hebdo met fin à l’opération trois mois plus tard, mais le Bondy Blog est repris par une association locale et publie les textes d’une trentaine de jeunes en début de carrière ou en recherche d’emploi. L’Hebdo publiera un livre sur l’expérience de Bondy et cédera les droits à l’association. En 2010, le Bondy Blog est lu par des millions d’internautes et a inspiré des centaines de médias alternatifs (radios, Internet, blogues, webzines, etc.) qui posent un regard différent sur les banlieues : celui de ses habitants.

Journalistes du monde L’émission Kiosque diffusée sur TV5MONDE réunit chaque semaine à Paris des correspondants de médias étrangers postés en France. Au menu, la revue de l’actualité internationale de la semaine commentée par les journalistes invités. En réunissant des journalistes de cultures diverses, la formule permet d’offrir aux téléspectateurs une analyse de l’actualité et une lecture des grands journaux internationaux selon des points de vue très différents. Kiosque met aussi en lumière des événements importants de l’actualité de certains pays qui ont été ignorés par les médias internationaux. TV5MONDE diffuse à travers la francophonie. La chaîne propose plusieurs émissions d’information dont le journal télévisé Monde et le journal télévisé Afrique.

V E I L L E M É D I AT I Q U E

Accommodements raisonnables : les médias au banc des accusés En 2006 et 2007, le Québec est marqué par la crise des accommodements raisonnables. Les médias rapportent de plus en plus « d’accommodements » accordés à des patients, des clients ou des employés d’institutions publiques, en lien avec leur différence culturelle. Cela suscite une réaction dans la population. D’abord de simples faits divers, ces accommodements raisonnables deviennent l’objet d’un débat d’envergure nationale. Le gouvernement du Québec décrète la tenue d’une commission de consultation publique qui fait le tour de la province pour recueillir les opinions et les recommandations des citoyens et des groupes de pression. Dans les mémoires déposés à la commission, certains groupes soutiennent que les médias contribuent à entretenir une image négative des immigrants. Les médias ont également été critiqués par quelques observateurs pour leur couverture trop abondante et sensationnaliste des accommodements et des audiences de la commission de consultation.

L’OBSERVATOIRE MÉDIAS 1 Les reportages internationaux présentés aux nouvelles télévisées ou dans les journaux vous permettent-ils de comprendre la réalité d’autres peuples ? Expliquez votre réponse en citant des exemples de reportage. 2 Trouvez trois caricatures traitant de l’immigration ou des accommodements raisonnables. Quelle image des communautés culturelles ces caricatures véhiculent-elles ? 3 Que pensez-vous de l’initiative Bondy Blog ? Croyez-vous que les journalistes devraient multiplier ce type d’expériences ? Pourquoi ?

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121

122

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DOSSIER 2

I

P O P U L AT I O N

SYNTHÈSE DU DOSSIER POPULATION Interprétation : L’intensification des mouvements migratoires Un accroissement accéléré des déplacements Depuis quelques décennies, les migrations de populations ne cessent d’augmenter. Plus de 200 millions de migrants vivent actuellement en dehors de leur pays d’origine, soit 3 % de la population mondiale. Ces migrations sont attribuables à deux facteurs : • la mondialisation (ouverture des frontières et multiplication des échanges entre pays) ; • le développement des nouvelles technologies (moyens de transport plus efficaces, communications instantanées grâce au téléphone cellulaire, Internet, etc.).

La migration La migration humaine se définit comme le déplacement d’individus d’un lieu de vie vers un autre. Ce déplacement peut se faire d’une région à une autre, à l’intérieur d’un même pays, ou d’un pays à un autre. Depuis toujours, les populations humaines ont migré pour fuir la famine, échapper à l’ennemi, trouver du travail, explorer d’autres territoires, etc. Les États-Unis sont le plus grand pays d’immigration. Le Canada compte lui aussi un grand nombre d’immigrants. Le Québec a reçu des vagues successives d’immigrants : • au 19e siècle, ils sont surtout originaires d’Écosse, d’Irlande et des îles Britanniques ;

• au 20e siècle, ils viennent d’abord d’Europe (Italie, Grèce et Portugal principalement), puis d’Haïti, du Vietnam, d’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique du Nord. Cet éventail des pays d’origine ne fait que s’étendre. Par contre, 75 % des émigrants sont concentrés dans seulement 12 % des pays du monde (États-Unis, Russie, Allemagne, Canada, etc.).

Les normes et les politiques d’immigration Afin de préserver leur tissu social, leur culture et leur économie, mais aussi pour prévenir l’immigration clandestine et pour renforcer la sécurité, les pays s’efforcent de contrôler les flux migratoires. Jusqu’en 1962, le Canada pratiquait une politique d’immigration fondée sur la discrimination raciale : seuls les immigrants américains et originaires d’Europe occidentale étaient sélectionnés. Maintenant, le Canada pratique une immigration sélective basée sur les trois catégories suivantes : • immigration économique ; • regroupement familial ; • réfugiés. Des points de qualification sont accordés aux candidats à l’immigration selon des critères d’admissibilité : connaissance du français ou de l’anglais, études, expérience de travail, âge, etc. Le Québec, en vertu d’une entente avec le Canada, établit ses propres critères de sélection, notamment en ce qui concerne

la langue, pour répondre à ses exigences de « société distincte ».

Les causes de l’émigration Les raisons qui poussent les émigrants à quitter leur pays ou leur région peuvent être : • économiques : pour trouver nourriture et travail ; • politiques : pour fuir les guerres et les persécutions liées à leur appartenance à une ethnie, à une religion, à un groupe politique, etc. (réfugiés ou demandeurs d’asile) ; • climatiques : pour fuir des régions ravagées par des catastrophes naturelles.

Les motifs des pays d’accueil Les raisons qui incitent les pays à accueillir les immigrants peuvent être : • économiques : pour combler une pénurie de main-d’œuvre ; • démographiques : pour rééquilibrer une chute dans le taux de natalité ; • humanitaires : pour protéger la vie de réfugiés ou de demandeurs d’asile qui sont en danger.

SYNTHÈSE DU DOSSIER

I

123

Enjeu 1 : La gestion de l’expansion urbaine Les mégalopoles ont-elles les ressources pour gérer l’arrivée massive des migrants ? La moitié de la population mondiale vit aujourd’hui dans des villes. Cette expansion urbaine entraîne des problèmes économiques et écologiques sur deux plans : 1. La gestion de la consommation d’eau • Une pénurie d’eau potable frappe de nombreux bidonvilles et mégapoles de pays en développement. • Les pays industrialisés surconsomment cette ressource : gaspillage, usage illicite, mauvaise gestion des nappes phréatiques, etc.

• Certains considèrent l’eau comme un droit pour tous, d’autres la voient comme un produit qu’ils souhaitent commercialiser. 2. La gestion du logement • La pénurie de logements et les migrations massives vers les villes entraînent la création de bidonvilles, où les conditions de vie sont précaires. Des États tentent d’éliminer ces bidonvilles. • Malgré le droit fondamental au logement, on retrouve des sans-abri dans toutes les grandes villes.

Les grandes villes favorisent-elles l’intégration ? Ces fortes migrations en milieu urbain causent des tensions sociales conduisant souvent à la création de ghettos d’immigrants et parfois à la violence et à la discrimination. Cependant, le multiculturalisme enrichit la vie des villes et des pays d’accueil à plusieurs égards. Au Canada, le multiculturalisme, qui fait partie de la Constitution, protège les différences culturelles. Au Québec, on favorise l’interculturalisme basé sur le respect de la diversité culturelle et de la culture québécoise.

Enjeu 2 : Les impacts de la migration sur le monde du travail Faut-il revoir le monde du travail pour favoriser l’intégration des migrants ? Le travail est le facteur le plus important pour s’intégrer au pays d’accueil. Cependant, les obstacles à l’embauche des immigrants sont nombreux : • discrimination ; • non-reconnaissance des diplômes obtenus à l’étranger ; • non-reconnaissance de la formation professionnelle ; • politiques protectionnistes des ordres professionnels. Pour contrer ces difficultés et pour pallier la pénurie de main-d’œuvre spécialisée, certains pays ont recours à différentes mesures telles que :

• l’application d’une politique de discrimination positive ; • la reconnaissance des diplômes obtenus à l’étranger ; • la création d’un système d’équivalence des formations et des diplômes avec d’autres pays.

L’immigration est-elle une solution au vieillissement de la population en Occident ? En Occident, on a recours à l’immigration pour remédier à la baisse démographique et à la pénurie de main-d’œuvre dues au vieillissement de la population, mais cela ne répond pas toujours aux besoins spécifiques en main-d’œuvre.

De plus, ce phénomène d’immigration pose certains problèmes : accueil d’immigrants pauvres sans formation adéquate, fuite des cerveaux des pays pauvres vers les pays riches, etc.

L’immigration : cause de chômage ? La délocalisation de la production de biens et services crée des emplois dans les pays émergents et en développement où la main-d’œuvre est bon marché. Cette délocalisation a cependant provoqué du chômage dans les pays développés, où l’on perçoit souvent à tort les immigrants comme une menace à l’emploi.

124

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DOSSIER 2

I

P O P U L AT I O N

MINI-DOSSIER La situation des réfugiés Juin 2009 : on compte 42 millions de réfugiés dans le monde. Plus de 80 % de ces réfugiés viennent de pays en développement. Leur situation est un problème humanitaire qui interpelle le monde entier.

Ils fuient les guerres, la misère, la sécheresse ou ils sont victimes de catastrophes naturelles qui ont détruit leur région. Ils se lancent sur les routes et traversent la frontière d’un pays inconnu à la recherche d’un abri, de nourriture et de sécurité. Ils ont pour nom réfugiés et, pour maison, une tente ou un abri de fortune dans un camp où ils se retrouvent par milliers. Pour leur venir en aide, des organisations humanitaires et des organismes internationaux déploient leurs efforts. En Asie du Sud, en Afrique ou au Moyen-Orient, la situation des réfugiés pose un défi social, économique et politique. Dans ce mini-dossier, vous devrez chercher des informations, répondre à des questions, trouver des pistes d’action et comparer des points de vue afin de mieux saisir toutes les facettes de la situation des réfugiés.

Objectif du mini-dossier Au terme de vos recherches et de vos réflexions, vous devrez présenter une synthèse des informations recueillies pour mieux comprendre l’enjeu de ce mini-dossier : Quelles sont les conditions de vie des réfugiés et quels sont les impacts humains et sociaux de ces immenses déplacements ?

Réalisation des activités du mini-dossier 1 Amorcez votre réflexion sur la situation des réfugiés en commentant la photo

ci-contre. 2 Répondez aux questions portant sur les cinq thèmes aux pages 126 et 127. Pour

vous aider, consultez les pistes de recherche à la page 128. 3 Présentez votre synthèse sur l’enjeu du mini-dossier en choisissant une des deux

formes de présentation suggérées à la page 129. 4 Vous pouvez explorer des pistes de participation sociale en réalisant l’activité

proposée à la page 129.

Fuyant la violence des conflits armés qui sévit à Mogadiscio, en Somalie, 800 000 personnes ont quitté la ville depuis 2007. Selon l’UNHCR, plus de 300 000 personnes vivent dans quelque 200 installations et camps surpeuplés. Ici, ces jeunes enfants, photographiés en 2009, habitent, comme des dizaines de milliers d’autres, dans des abris précaires.

MINI-DOSSIER

I

Un abri de fortune où doivent s’entasser plusieurs personnes, voilà tout ce que possèdent ces petits Somaliens qui ont vécu la violence d’un conflit armé avant de se retrouver dans ce camp. Quelles sont les conditions de vie de ces enfants déplacés ? Quelles en seront, selon vous, les conséquences sur leur avenir ?

La situation des réfugiés

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125

128

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DOSSIER 2

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P O P U L AT I O N

Pistes de recherche Voici quelques pistes pour effectuer vos recherches afin de répondre aux questions des deux pages précédentes. • Mots-clés : tapez les mots dans un moteur de recherche sur Internet pour trouver des informations pertinentes. • Organismes internationaux : tapez le nom des organismes dans un moteur de recherche pour consulter leur site.

Environnement • Manuel : pages 6, 7, 22 et 23. • Mots-clés : catastrophe naturelle et migration, désertification, écoréfugiés, migration climatique, réfugiés climatiques, réfugiés environnementaux. • Organisme international : Organisation des Nations unies (ONU). • À consulter en ligne : Collectif Argos sur les réfugiés climatiques.

Population • Manuel : pages 90, 92 et 93. • Mots-clés : camps de réfugiés, conflits et migration, migrations, réfugiés du Darfour. • Organismes internationaux : Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), Comité international de la Croix-Rouge (CICR), UNICEF, Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Richesse • Manuel : pages 135, 136, 149, 160 et 169 à 172. • Mots-clés : extrême pauvreté, objectifs du millénaire, pays pauvres, situation économique des réfugiés. • Organismes internationaux : ONU, UNHCR, UNICEF, OXFAM, Programme alimentaire mondial, Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

Pouvoir • Manuel : pages 238 à 240. • Mots-clés : capacité d’accueil des réfugiés, convention de 1951 sur les réfugiés de l’UNHCR, convention de Genève, protection juridique, traité international. • Organisme international : UNHCR. • À consulter en ligne : le dossier Projet de renforcement des capacités de protection de l’UNHCR.

Tensions et conflits • Manuel : pages 293 à 311. • Mots-clés : camps de réfugiés, camps palestiniens, Casques bleus, conflits, conflits ethniques, convention de Genève, Darfour, droit international humanitaire, Médecins sans frontières (MSF), missions de la Croix-Rouge, missions de paix, Oxfam International, réfugiés transfrontaliers. • Organismes internationaux : UNHCR, UNICEF, Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), OIM.

MINI-DOSSIER

Présentation du mini-dossier Choisissez une des deux formes de présentation suggérées pour présenter votre synthèse de recherche et répondre aux questions de l’enjeu du mini-dossier. Vous pouvez également poursuivre votre réflexion en réalisant l’activité de participation sociale proposée.

Enjeu : Quelles sont les conditions de vie des réfugiés et quels sont les impacts humains et sociaux de ces immenses déplacements ?

Un dépliant d’information Vous êtes membre d’une ONG vouée à la promotion des droits humains. Vous souhaitez sensibiliser vos concitoyens à la situation des réfugiés. Pour cela, vous devez préparer un dépliant d’information pour expliquer les différents problèmes vécus par les réfugiés, les conséquences de leur présence sur les pays d’accueil et les besoins en aide humanitaire. Votre dépliant doit contenir des titres accrocheurs et des textes courts sur chacun des cinq thèmes de recherche. Illustrez vos propos à l’aide de quelques photos ou cartes géographiques.

Un jeu de rôle Étape 1 : Formez une équipe de trois élèves. Chaque élève choisit un des trois rôles suivants : • une personne réfugiée fuyant un conflit armé qui sévit dans son pays ; • une personne vivant dans le pays d’accueil ; • une personne représentant l’UNHCR. Étape 2 : Chaque membre de l’équipe prépare individuellement son rôle et ses arguments à partir des informations recueillies au cours de sa recherche. Étape 3 : Regroupez-vous afin de jouer vos rôles respectifs (durée : de 15 à 20 min). La personne réfugiée amorce le jeu en traversant la frontière du pays d’accueil et décrit sa situation et ses besoins. La personne vivant dans le pays d’accueil réagit en décrivant les problèmes que la situation entraîne dans son pays. La personne représentant l’UNHCR explique ce qu’elle fera pour aider la personne réfugiée. Étape 4 : Une fois le jeu de rôle terminé, préparez un tableau-synthèse regroupant les problèmes soulevés ou les solutions apportées par chacun des personnages.

Une campagne de financement Vous souhaitez aider des réfugiés en organisant une campagne de financement. Les sommes amassées seront versées à une ONG qui œuvre auprès des réfugiés. Étape 1 : Élaborez par écrit un plan d’action (type de campagne de financement, donateurs ciblés, objectifs financiers et humanitaires). Étape 2 : Rédigez quelques lignes expliquant aux donateurs les raisons de la sollicitation. Étape 3 : Faites une recherche pour choisir une ONG dont la mission correspond à votre projet. Étape 4 : Dans une lettre adressée à cette ONG, expliquez pourquoi vous faites ce don.

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La situation des réfugiés

I

129

richesse 1,4 MILLIARD D’HUMAINS VIVENT DANS L’EXTRÊME PAUVRETÉ

D O S S I E R

njeux :: ONU :

LA CHINE DEVIENT LA 3e PUISSANCE ÉCONOMIQU

:: enjeux ::

sommaire INTERPRÉTATION (CD 1) La répartition de la richesse . . . . . . . . 132 ENJEU 1 (CD 2) L’équilibre entre la justice sociale et le développement économique . . . . . . 160 ENJEU 2 (CD 2) Le contrôle des ressources . . . . . . . . . 178

SYNTHÈSE DU DOSSIER . . . . . . . . . 196 MINI-DOSSIER Le pouvoir des multinationales . . . . . . 198 VEILLE MÉDIATIQUE . . . . . . . . . . . . . 156 VEILLE MÉDIATIQUE . . . . . . . . . . . . . 194

UE DU MONDE

:: enjeux ::

2010 : LE CANADA HÔTE DU SOMMET DU G8

:: enjeux ::

BANQUE MONDIALE : 9 DES 10 PAYS LES PLUS PAUVRES SO

Ce bidonville s’étend en face du quartier des affaires de Buenos Aires, en Argentine.

concepts Disparité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134 Concentration . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143 Développement économique . . . . . . 141 Flux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155 Justice sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . 160 Ressource . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138

132  ı

DoSSier 3

ı

rıchesse

i n t e r p r é tat io n

La répartition

de la richesse par Françoise Genest et Marianne Boire

Automne 2009. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) lance un cri d’alarme : 1 milliard d’êtres humains ne mangent pas à leur faim. Et tandis que la fortune des 15 familles les plus riches du monde totalise 341 milliards $ US, l’ONU dénombre la même année 1,4 milliard de personnes vivant sous le seuil de l’extrême pauvreté, avec moins de 1,25 $ US par jour. Si la mondialisation a fait grimper en flèche la croissance économique de certains pays pauvres, comme la Chine, l’Inde et le Brésil, elle a aussi creusé le fossé entre les riches et les pauvres partout sur la planète. Et les écarts sont nombreux : entre pays développés et pays en développement, particulièrement les pays d’Afrique, qui, malgré leurs ressources naturelles, restent en marge de la croissance économique mondiale ; et entre les villes et les campagnes, qui s’appauvrissent, notamment en raison de la globalisation des marchés alimentaires. L’écart s’accentue également entre citoyens riches et citoyens pauvres dans trois pays sur quatre, même dans les pays riches, dont le Canada, qui perdent de nombreux emplois sous l’effet de la mondialisation. Cette disparité dans la répartition de la richesse façonne le monde contemporain et soulève des enjeux sociaux et politiques, comme celui de l’équilibre entre la justice sociale et le développement économique, et celui du contrôle des ressources.

Qu’est-ce qui crée la richesse ? Pourquoi le Canada, la France, l’Allemagne, le Japon, les États-Unis et une poignée d’autres pays sont-ils si riches ?

Qu’est-ce qui crée la richesse d’un pays ? C’est l’activité économique (production, distribution, vente, consommation de biens et de services) qui crée la richesse des citoyens et des entreprises d’un pays,

ı n t e r p r é tat ı o n

ı

ı  133

La répartition de la richesse

Pays riches

Pays émergents

01

répondent les experts, et c’est l’addition de toutes leurs richesses qui constitue la richesse nationale.

Le produit intérieur brut (pib) Tout comme une entreprise mesure sa richesse par son chiffre d’affaires − soit le total de ses ventes au cours d’une période donnée −, un pays mesure sa richesse en additionnant la valeur totale

des biens et des services qu’il produit pendant une année. C’est ce qu’on appelle le produit intérieur brut, le PIB. Cet outil permet de mesurer l’activité et la croissance économiques d’un pays. Les experts et les organismes internationaux l’utilisent, entre autres, pour comparer les performances économiques de différents pays, faire des analyses et établir des classements internationaux.

02 Les 10 pays les plus riches selon le PIB total

Pays États-Unis

PIB total en 2008 (en milliards $ US)

01 Des pays riches très lumineux, des pays

émergents à demi éclairés et un monde en développement dans la noirceur. D’un seul coup d’œil, ce montage photographique, composé de plusieurs images satellites, permet de mesurer l’ampleur des disparités économiques à l’échelle de la planète.

03 Les 10 pays les plus riches selon le PIB par habitant

Rang mondial

Pays

PIB par habitant en 2008 (en PPA1 $ US)

Rang mondial

14 204,3

1

Luxembourg

70 981

1

Japon

4 909,3

2

Qatar

63 588

2

Chine

4 326,2

3

Macao

54 932

3

Allemagne

3 652,8

4

Émirats arabes unis

51 586

4

France

2 853,1

5

Norvège

49 711

5

Royaume-Uni

2 645,6

6

Brunei

47 407

6

Italie

2 293,0

7

Singapour

45 553

7

Brésil

1 612,5

8

Koweït

45 152

8

Russie

1 607,8

9

États-Unis

43 179

9

Espagne

1 604,2

10

Hong-Kong2

40 599

10

Source: Banque mondiale, 2010.

1. Voir l’encadré Le PPA, p. 134. 2. région administrative spéciale de la république populaire de Chine. Source : Banque mondiale, 2010. (PiB de 2006 pour les Émirats arabes unis et le Koweït, 2007 pour le Brunei, 2005 pour le Qatar.)

ı n t e r p r é tat ı o n

ı

La répartition de la richesse

ı  135

05

population de ces pays représentait alors environ 13 % de la population mondiale. La même année, le PIB total de l’ensemble des pays africains, qui regroupaient 11 % de la population mondiale, n’atteignait que 1600 milliards $ US, soit environ 2,62 % du PIB mondial. La richesse mondiale n’est donc pas répartie équitablement entre les pays, bien au contraire. Le classement selon le PIB par habitant illustre encore mieux la différence qui existe entre les pays riches et les pays pauvres. Ainsi, en 2008, selon la Banque mondiale, la moyenne du PIB

par habitant des 10 pays les plus riches se chiffrait à 43 530 $ US, alors que la moyenne du PIB par habitant des 10 pays les plus pauvres était de 425 $ US.

L’extrÊme pauVreté Un autre exemple de cette immense disparité économique : le revenu moyen quotidien. En 2008, alors que, au Canada, il était de 98,74 $ US par jour, la Banque mondiale estimait que 2,6 milliards de personnes vivaient avec moins de 2 $ US par jour — soit le seuil de pauvreté fixé par l’ONU. Pire encore : plus de la moitié

05 Une fillette en quête de restes de nourriture dans

un dépotoir à Chitungwiza, au Zimbabwe.

136  ı

DoSSier 3

ı

rıchesse

INTERPRÉTER Le ProBLÈMe

(CD 1)

Les questions portent sur le contenu des pages 132 à 138. 1 Comment calcule-t-on le PIB d’un pays ? Que permet-il de mesurer ? 2 Pourquoi le PIB par habitant est-il plus révélateur de la disparité de la répartition de la richesse que le PIB total ? Illustrez votre réponse à l’aide d’un exemple. 3 Expliquez comment, en exploitant les ressources naturelles dans les colonies, les pays colonisateurs ont permis à leur industries de se développer. 4 Quel est le revenu quotidien qui correspond au seuil de l’extrême pauvreté fixé par l’ONU ? Combien de personnes dans le monde vivent actuellement sous ce seuil ? 5 Pourquoi, même lorsqu’ils contrôlent partiellement ou complètement l’exploitation de leurs ressources naturelles, les pays pauvres ne s’enrichissent-ils pas autant que les pays industrialisés ? 6 Décrivez ce qu’est le néocolonialisme. Expliquez qui sont les nouveaux colonisateurs. 7 Énumérez les principales conséquences du néocolonialisme sur le développement économique des pays pauvres.

CERNER LE PROBLÈME : ACTiViTÉ Composante de la CD 1

Le petit atlas de la disparité Outils de référence : votre manuel Enjeux et Internet. Vous devez concevoir un petit atlas contenant différentes cartes thématiques qui donnent une vue d’ensemble de la répartition de la richesse dans le monde. Pour ce faire, utilisez des cartes muettes. carte 1. La richesse des pays se mesure notamment par le PIB par habitant (PIB/h). Localisez sur une carte du monde les 10 pays ayant le PIB/h le plus élevé et les 10 pays ayant le PIB/h le plus faible. carte 2. Le G8 est un forum de discussion et de partenariat économique qui réunit les pays les plus riches. Localisez les pays du G8 sur une carte du monde. carte 3. Les pays membres du G20 représentent les deux tiers de la population et du commerce mondiaux et plus de 90 % du PIB mondial. Localisez sur une carte du monde les pays membres du G20. carte 4. Le commerce extérieur étant un facteur de développement économique, il contribue à la création de richesse. Faites une recherche en bibliothèque ou sur Internet pour déterminer les 10 plus grands pays exportateurs du monde. Localisezles ensuite sur une carte du monde.

d’entre elles, soit 1,4 milliard de personnes, devaient se débrouiller quotidiennement avec moins de 1,25 $ US, ce que l’ONU considère comme étant le seuil de l’extrême pauvreté. Comment expliquer, par exemple, que le PIB du Canada soit si élevé et que celui de la Tanzanie soit si faible ? Pourquoi des pays possédant d’immenses richesses naturelles, comme certains États d’Asie, d’Amérique du Sud et d’Afrique, sont-ils parmi les plus pauvres de la planète ? C’est le cas, notamment, du Nigeria, où on trouve d’importantes ressources pétrolières, mais aussi un des niveaux de vie les plus bas d’Afrique, et de la Sierra Leone, un des plus gros producteurs de diamants du monde, mais aussi un des pays les plus pauvres.

des causes historiQues : La coLonisation Du 16e siècle au milieu du 20e siècle, les grands empires coloniaux, comme l’Espagne, le Portugal, la France, l’Angleterre, la Hollande et la Belgique, utilisent la force pour faire de nombreux pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud des colonies sur lesquelles ils exerceront une domination économique et politique. C’est le cas du Nigeria, du Congo, de la Tanzanie, de l’Algérie et de l’Inde. Les entreprises des empires coloniaux contrôlent alors le commerce de toutes les ressources des colonies, des métaux précieux tels que l’or ou l’argent jusqu’aux denrées alimentaires les plus recherchées, comme le cacao et les épices. Les colonisateurs développent les infrastructures nécessaires au transport des ressources dans les colonies ; ils développent également dans leurs pays les infrastructures de transformation, de commercialisation et de distribution des produits fabriqués à partir de ces ressources. La colonisation a donc permis aux entreprises des pays colonisateurs de s’approvisionner à peu de frais en matières premières et de devenir de véritables empires industriels. Voir l’encadré Le colonialisme, p. 218.

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La répartition de la richesse

ı  137

06

Un bon nombre de ces colonies conquièrent leur indépendance après la Seconde Guerre mondiale, mais ce qu’on appelle l’époque coloniale prend véritablement fin au tournant des années 1960, alors que la plupart des pays d’Afrique obtiennent leur indépendance.

indépendants, mais toujours pauVres Le monde contemporain demeure toutefois encore très marqué par le colonialisme. D’une part, parce que celui-ci a profondément influencé les rapports entre pays riches et pays pauvres et, d’autre part, parce que la fin de l’époque coloniale ne s’est pas traduite par un enrichissement systématique des pays nouvellement indépendants. Dans certains cas, ces pays n’exploitent pas eux-mêmes leurs richesses naturelles, qui sont toujours la propriété de grandes multinationales étrangères. Dans d’autres cas, ils en contrôlent eux-mêmes l’exploitation, ou conjointement avec des compagnies étrangères, mais bien souvent, ils n’en contrôlent pas la transformation. De plus, ils ne contrôlent ni le prix ni la valeur de leurs ressources sur

les marchés internationaux que contrôlent les multinationales et les grandes puissances économiques.

Les nouVeaux coLonisateurs Aujourd’hui encore, les ressources naturelles des pays pauvres, de l’Afrique, en particulier, mais aussi de l’Asie, font l’objet de nombreuses convoitises et d’intenses négociations commerciales. Les experts parlent de néocolonialisme : des entreprises de pays riches, comme l’Arabie saoudite, les États-Unis et la Corée du Sud, ou de pays émergents, comme la Chine, acquièrent des ressources naturelles des pays les plus pauvres du monde. Ainsi, au Soudan, en 2009, 690 000 hectares de terres arables étaient détenus par des intérêts sud-coréens. La même année, de nombreux pays, comme le RoyaumeUni, l’Égypte, le Qatar, l’Inde et la Jordanie, négociaient avec des gouvernements africains pour louer ou acheter de larges territoires cultivables pour l’agriculture alimentaire ou, encore, la production de biocarburants. Voir Biocarburants : une option viable ?, p. 31. Autres chiffres révélateurs : en 2009, les Nations unies estimaient à 30 millions

06 Kabwe, Zambie, 2007 : un superviseur chinois

dirige des travailleurs employés par la compagnie China GEO-Engineering Corporation, une entreprise chinoise présente dans une trentaine de pays. Les multinationales chinoises sont de plus en plus présentes dans les pays africains.

138  ı

DoSSier 3

ı

rıchesse

07 Des travailleurs dans une mine de diamant dans

la région de Bo, dans la Sierra Leone, en Afrique, en 2008.

d’hectares — ce qui équivaut à la superficie des Philippines — l’étendue des terres arables, en Afrique et en Asie, détenues par des intérêts étrangers. Cette situation entraîne des répercussions sur le développement économique des pays pauvres. D’une part, les agriculteurs locaux sont souvent chassés de leurs terres au profit des grandes entreprises et, d’autre part, l’industrie agroalimentaire locale ne peut concurrencer les multinationales. Autre conséquence tout aussi dommageable : les entreprises étrangères favorisent les monocultures, qui sont néfastes à long terme pour la productivité des terres arables.

Les causes économiQues de La disparité L’écart entre pays pauvres et pays riches ne découle pas uniquement du contrôle des ressources naturelles. D’ailleurs, des pays pauvres en ressources naturelles

sont parmi les plus riches du monde. Pourquoi ? La raison est simple : si c’est l’activité économique qui génère la richesse, les différents secteurs qui la composent ne produisent pas tous le même niveau de richesse. L’activité économique est formée de trois grands secteurs : • le secteur primaire (exploitation des ressources naturelles) ; • le secteur secondaire (industries de transformation et de fabrication) ; • le secteur tertiaire (industrie des services).

Les pays pauVres riches en ressources L’économie des pays d’Afrique et de plusieurs pays pauvres d’Amérique du Sud et d’Asie repose en grande partie sur le secteur primaire. Or, les ressources naturelles de ces pays sont souvent contrôlées

ı n t e r p r é tat ı o n

ı

La répartition de la richesse

ı  139

08

par des intérêts étrangers, ce qui les prive d’une large part des revenus. Et, de plus, le secteur primaire ne crée pas beaucoup de richesse. En effet, bien qu’il repose sur l’exploitation de ressources comme des mines d’argent, d’or, de diamant, de cuivre ou de fer, ou de plantations de denrées alimentaires recherchées, comme le café, le secteur primaire est le moins lucratif de tous les secteurs de l’activité économique. Extraire le minerai des mines et cultiver la canne à sucre ou l’ananas sont moins rentables que transformer le minerai et les aliments en produits. Or, l’industrie de la transformation, qui constitue le secteur secondaire de l’économie, est beaucoup plus rentable, mais elle échappe aux pays en développement, qui n’ont ni la main-d’œuvre qualifiée, ni les infrastructures industrielles, ni les capitaux pour la développer autant que le font les pays mieux nantis.

et Le canada ? Le Canada est riche en ressources naturelles. L’industrie minière y est particulièrement vigoureuse, le Canada produisant plus de 60 minéraux et métaux, ce qui en fait l’un des plus grands pays miniers du monde. Le pays est aussi très riche grâce à ses fonds marins, où les poissons pullulent, et à ses immenses prairies, où croissent les céréales des provinces de l’Ouest, et où on trouve, en plus, beaucoup de pétrole. Toutes ces richesses naturelles permettent au Canada de bien exploiter le secteur primaire. Mais, comme de nombreux pays riches, le Canada compte également beaucoup d’entreprises de transformation, et le secteur secondaire de son économie est très développé. En 2007, l’exploitation et la transformation des ressources naturelles représentaient 12,6 % du PIB du Canada. Le secteur minier, pour sa part, représentait cette année-là 3,4 % du PIB canadien.

08 Au Canada, l’industrie de l’aluminium est très

importante. Ici, un homme tire un chariot d’aluminium refoulé dans une usine de Brampton, en Ontario.

140  ı  DoSSier 3  ı  rıchesse

09 Le secteur primaire

En observant les trois cartes suivantes, qui illustrent les secteurs de l’activité économique (primaire, secondaire et tertiaire), on constate que la répartition des activités de chaque secteur dans le monde explique, en partie, la disparité de la distribution de la richesse sur la planète.

1 : 190 000 000 (projection de Winkel) 0

2 000

Pourcentage de la population active travaillant dans le secteur primaire (2003)

4 000 km

Échelle à l’équateur

Source : Le grand atlas du Canada et du monde, 3e édition, Bruxelles, Noordhoff / De Boeck, 2009, p. 38.

10 Le secteur secondaire

Pourcentage de la population active travaillant dans le secteur tertiaire (2003)

1 : 190 000 000 (projection de Winkel) 0

2 000

Pourcentage de la population active travaillant dans le secteur secondaire (2003)

4 000 km

Échelle à l’équateur

Source : Le grand atlas du Canada et du monde, 3e édition, Bruxelles, Noordhoff / De Boeck, 2009, p. 38.

Pourcentage de la population active travaillant dans le secteur primaire ı(2003) n t e r p r é tat ı o n  

ı  La répartition de la richesse  ı  141

11 Le secteur tertiaire

1 : 190 000 000 (projection de Winkel) 0

2 000

Pourcentage de la population active travaillant dans le secteur tertiaire (2003)

4 000 km

Échelle à l’équateur

Source : Le grand atlas du Canada et du monde, 3e édition, Bruxelles, Noordhoff / De Boeck, 2009, p. 38.

La valeur ajoutée : la clé du développement Plus la fabrication d’un produit nécessite d’étapes, plus la valeur de ce produit augmente. Fabriquer des téléviseurs et des ordinateurs en utilisant le cuivre, l’or, le fer et autres matières premières est beaucoup plus rentable qu’extraire ces minerais et les vendre à l’état brut. Pourquoi ? Parce que le prix du produit final, celui du téléviseur ou de l’ordinateur, inclut la valeur de tous les salaires (plus élevés que ceux du secteur primaire) ainsi que la valeur des technologies nécessaires à sa fabrication. C’est ce qu’on appelle la valeur ajoutée. Le produit fini a donc plus de valeur que les matières premières dont il est constitué. Voilà pourquoi le secteur secondaire crée plus de richesse que le secteur primaire. De plus, l’ouverture aux marchés internationaux permet de vendre les produits finis partout dans le monde et de créer encore plus de richesse. En outre, les emplois du secteur secondaire sont mieux rémunérés que ceux du secteur primaire

parce qu’ils demandent plus de formation, ce qui a également un impact sur la richesse des individus et sur celle d’un pays.

Le capitaL humain : La base de toute richesse Comme l’expliquent les économistes, notamment ceux de la Banque mondiale, si le capital naturel (mines, forêts, agriculture, pêche) est une des composantes de l’activité économique, donc de la richesse nationale, c’est le capital humain, soit la main-d’œuvre d’un pays et son niveau de productivité et d’expertise, qui est le pivot du développement de la richesse. Un État dont les entreprises disposent d’une main-d’œuvre bien formée pourra développer son capital technique (infrastructures, expertises et percées technologiques) et, du même coup, assurer sa prospérité économique.

L’exempLe japonais Après une capitulation sans condition qui met fin à la Seconde Guerre mondiale, les dirigeants japonais décident que leur pays retrouvera sa place sur l’échiquier

142  ı

DoSSier 3

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rıchesse

12 Une chaîne de montage de voitures, à Tokyo, au

Japon. La productivité et la haute qualification de la main-d’œuvre japonaise est au cœur de l’essor de l’économie du pays.

mondial en devenant une grande puissance économique. Pour y parvenir, ils misent sur leur principale ressource : une population nombreuse et scolarisée. Ils investissent massivement dans l’éducation, la formation, les technologies et le développement des méthodes industrielles, comme la robotisation, pour améliorer la productivité de la main-d’œuvre dans les usines. Résultat : les entreprises

et les multinationales japonaises ont conquis les marchés internationaux avec leur industrie automobile et celle des technologies de pointe dans les télécommunications, l’audiovisuel et l’informatique. Ce petit pays, dont le territoire compte peu de ressources naturelles, est devenu en deux ou trois décennies un des pays les plus riches du monde, et fait d’ailleurs partie du puissant G8.

Les accords économiques internationaux du canada de 1931 à 2009

1931 Commonwealth

1930

1947 GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce)

1940

1961 OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques)

1950

1960

1970

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La concentration des industries du secteur tertiaire Le Japon, comme de nombreux pays développés, a donc misé sur son capital humain, sachant qu’avec une maind’œuvre qualifiée et un nombre suffisant de techniciens, d’experts, de professionnels et de chercheurs, il développerait non seulement son secteur secondaire, mais aussi son secteur tertiaire. Les entreprises du pays pourraient ainsi produire des biens et des services dont la valeur serait élevée, favorisant alors la croissance économique. En consultant les trois cartes des pages 140 et 141, on constate que le secteur tertiaire (commercialisation, distribution, industrie des services, télécommunications, recherche et développement, etc.), un des plus lucratifs de l’activité économique, est concentré dans les pays riches et semble totalement échapper aux pays en voie de développement. En revanche, les pays riches, comme le Canada, qui ont les moyens de former leur main-d’œuvre et leurs experts et de leur fournir des infrastructures, ont largement développé ce secteur. Le secteur tertiaire génère de nombreux avantages économiques : sièges sociaux, postes de direction, emplois de haut niveau et infrastructures ; il contribue donc à l’enrichissement collectif.

1976 G8

ı

Autre atout du secteur tertiaire : le développement et la recherche scientifique, une quasi-exclusivité des pays riches. Ceux-ci ont les moyens de former des scientifiques et de les retenir sur leur territoire ou d’engager des scientifiques venus d’ailleurs, parfois de pays pauvres, qui voient par conséquent leur capital humain s’effriter. Dans les pays industrialisés, comme le Canada et les États-Unis, la recherche est en grande partie financée par les grandes entreprises et les gouvernements, qui accordent des subventions aux chercheurs. Les pays riches sont ainsi à la fine pointe de la recherche et possèdent une expertise essentielle à leur développement économique.

Le cercle heureux de la richesse Dans les pays où le secteur secondaire et, surtout, le secteur tertiaire sont développés, la moyenne nationale des salaires est plus élevée que celle dans les pays dont l’économie repose principalement sur le secteur primaire et le secteur secondaire. À titre d’exemple, un Péruvien gagne en moyenne 21,24 $ US par jour, alors qu’un Canadien reçoit quotidiennement un peu plus de 98,74 $ US.

1994 ALENA (Accord de libre échange nord-américain entre le Canada, les États-Unis et le Mexique)

1990

ZOOM

L’exode des scientifiques Partout dans le monde, les scientifiques dépendent de leurs sources de financement. Pour travailler, ils doivent donc suivre la route des subventions. Celles-ci viennent principalement des gouvernements et fluctuent selon les compressions budgétaires ou les priorités ministérielles. Ces subventions sont plus élevées dans les pays riches que dans les pays pauvres, et les programmes de recherche y sont plus nombreux. De plus, les grandes entreprises des pays industrialisés disposent d’imposants budgets de recherche et embauchent de nombreux scientifiques. Depuis 1990, on estime que l’Afrique perd chaque année 20 000 scientifiques et chercheurs, qui vont s’installer dans les pays industrialisés, ce qui nuit au développement de son économie. Les scientifiques des pays riches migrent eux aussi vers d’autres pays riches en fonction du financement ! Le tiers des dépenses mondiales en recherche et développement se fait aux États-Unis, ce qui attire le quart des scientifiques du monde entier.

1995 2008 OMC (Organisation mondiale Accord de libre-échange du commerce) Canada−Colombie 1997 ALECI (Accord de libre-échange Canada−Israël) ALECC (Accord de libre-échange Canada−Chili) 1999 G20

1. Sera remplacé par l’ALENA avec l’intégration du Mexique.

ı  143

La recherche et Le déVeLoppement : Le FLeuron de L’économie

1989 ALE (Accord de libre échange entre le Canada et les États-Unis)1 APEC (Coopération économique Asie-Pacifique)

1980

La répartition de la richesse

2000

2002 ALECCR (Accord de libreéchange Canada–Costa Rica)

2009 ALECJ (Accord de libreéchange Canada−Jordanie) AELE (Association européenne de libre-échange) ALECP (Accord de libreéchange Canada−Pérou)

2010

144  ı

DoSSier 3

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rıchesse

13 La ville de New York, aux États-Unis, vue de nuit. L’île de Manhattan a toujours été un symbole de richesse et

de prospérité.

14 Comparaison de la taille des plus grandes multinationales avec le PIB de certains pays

Rang

Multinationale

Secteur

Valeur des ventes en 2009 (en milliards $ US)

Pays

PIB en 2008 (en milliards $ US)

Pays

PIB en 2008 (en milliards $ US)

1

Royal Dutch Shell (Pays-Bas)

Pétrole

458,4

Suède

480,0

République démocratique du Congo

2

Exxon Mobil (États-Unis)

Pétrole

442,9

Norvège

450,0

Mozambique

9,7

3

Wal-Mart Stores (États-Unis)

Commerce

405,6

Autriche

416,4

Cambodge

9,6

4

BP (Royaume-Uni)

Pétrole

367,1

Iran

385,1

Madagascar

9,0

5

Chevron (États-Unis)

Pétrole

263,2

Afrique du Sud

276,8

Mali

8,7

6

Total (France)

Pétrole

234,7

Colombie

242,3

Burkina Faso

7,9

7

ConocoPhillips (États-Unis)

Pétrole

230,8

République tchèque

216,5

Haïti

7,0

8

ING Group (Pays-Bas)

Finance

226,6

Hong-Kong1

215,4

Nicaragua

6,6

9

Sinopec (Chine)

Pétrole

207,8

Nigeria

212,1

Laos

5,2

10

Toyota Motor (Japon)

Automobile

204,4

Roumanie

200,1

Sierra Leone

2,0

1. région administrative spéciale de la république populaire de Chine. Sources : Fortune 500 ; Banque mondiale, 2008 et 2009.

11,6

ı n t e r p r é tat ı o n

Les salaires élevés génèrent, eux aussi, de la richesse. Voici comment : • les travailleurs qui ont un meilleur salaire consomment davantage de biens et de services, ce qui favorise l’activité économique ; • les travailleurs mieux rémunérés paient plus d’impôts, ce qui permet à l’État de fournir plus de services, notamment en éducation, de former de la main-d’œuvre et de développer les infrastructures sociales et physiques nécessaires au développement économique ; • les travailleurs mieux payés épargnent également davantage, ce qui renforce les institutions financières qui, à leur tour, peuvent investir dans les entreprises et financer des projets d’envergure de l’État et de l’industrie. Bref, plus les individus et les entreprises créent de la richesse dans un pays, plus celui-ci peut mettre en place les conditions favorables à la création de richesse. C’est ce qu’on pourrait appeler le cercle heureux de la richesse.

Le cercle vicieux de la pauvreté Si la richesse engendre la richesse, la pauvreté, elle, crée souvent de la pauvreté. Comme l’économie des pays pauvres repose, en grande partie, sur le secteur primaire, le moins rentable de l’activité économique, la moyenne salariale dans ces pays est beaucoup moins élevée que dans les pays développés. De même, l’industrie locale fait des profits beaucoup plus modestes que celle des pays riches. Les salaires faibles génèrent à leur tour de la pauvreté. Voici comment : • les employés moins payés consomment moins, ce qui ralentit le développement économique ; • avec des revenus et des profits trop bas, les individus et les entreprises ne peuvent épargner suffisamment pour alimenter le système bancaire, qui, à son tour, ne peut assurer le financement et les investissements nécessaires à la croissance ;

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La répartition de la richesse

INTERPRÉTER Le ProBLÈMe

ı  145

(CD 1)

Les questions portent sur le contenu des pages 138 à 145. 1 Expliquez ce qu’est la valeur ajoutée et dites pourquoi elle contribue à la création de richesse dans les pays développés. 2 Expliquez la relation entre les trois secteurs d’activité économique (primaire, secondaire, tertiaire) et la disparité de la richesse dans le monde. 3 Expliquez comment un pays comme le Japon, avec peu de ressources naturelles, est devenu un des pays les plus riches du monde. 4 Quel est le secteur de l’activité économique qui crée le plus de richesse ? Nommez 10 pays dans lesquels ce secteur est particulièrement développé. 5 Que considère-t-on le « fleuron de l’économie » ? Pourquoi ? 6 Pourquoi les scientifiques et les chercheurs des pays en développement émigrent-ils vers les pays industrialisés ? Quelle est la conséquence de cet exode pour les pays pauvres ?

ANALYSER LE PROBLÈME : ACTiViTÉ Composante de la CD 1

portraits économiques Outils de référence : votre manuel Enjeux et Internet. Vous devez dresser le portrait économique de trois pays − Brésil, Canada et Congo − afin de mieux comprendre la disparité de la répartition de la richesse dans le monde. 1 Pour chaque pays, créez une fiche comprenant les données suivantes : • la population ; • le PIB ; • le PIB par habitant ; • le taux d’alphabétisation ; • les principales productions ou industries (précisez s’il s’agit du secteur primaire, secondaire ou tertiaire) ; • les alliances économiques avec d’autres pays, s’il y a lieu. 2 À partir des données recueillies, déterminez à quelle catégorie (pays développé, émergent ou en développement) chacun des pays appartient. Justifiez votre réponse dans un texte d’une demi-page.

146  ı

DoSSier 3

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15 Affiche de lutte contre la corruption en Ouganda,

en 2006, qui dit : « La corruption est mortelle. Mettez-y un terme. » La corruption constitue un véritable frein au développement de plusieurs pays africains, notamment en les privant d’une importante part de l’aide publique au développement.

CHIFFRES

Le palmarès de la corruption La Somalie serait le pays le plus corrompu : elle se classe au dernier rang des 180 pays étudiés, avec un indice de transparence de 1,1 sur 10. Au total, 19 pays ont un indice inférieur à 2. Quant au Canada, il se classe 8e avec un indice de 8,7. C’est la Nouvelle-Zélande qui occupe le 1er rang, avec un indice de 9,4. Source : Transparency international, 2009.

• les travailleurs qui ont de petits salaires, tout comme les entreprises qui font peu de profits, paient peu d’impôts. L’État a donc de faibles revenus et ne peut fournir tous les services publics, comme l’éducation, ce qui nuit à la formation d’une maind’œuvre qualifiée. L’État manque aussi d’argent pour développer des infrastructures sociales et physiques nécessaires au développement économique ; • les États qui ont peu de revenus et une industrie peu développée ne peuvent retenir sur leur territoire tous les experts et les scientifiques qu’ils forment ; une partie d’entre eux s’exile vers les pays riches, où d’importants budgets sont alloués à la recherche. Voir l’encadré L’exode des scientifiques, p. 143 ; • le capital humain des pays pauvres est donc faible et, par conséquent, leur capital technique, qui pourrait contribuer à leur développement industriel et économique est, lui aussi, faible.

Les salaires peu élevés dans les pays pauvres sont à la fois une conséquence de la faiblesse de leur économie et une cause de leur pauvreté. C’est ce qu’on appelle le cercle vicieux de la pauvreté.

La corruption : une entraVe au déVeLoppement Autre composante du cercle vicieux de la pauvreté : la corruption. Dans certains pays très pauvres, où les salaires sont très bas, fonctionnaires et dirigeants n’hésitent pas à accepter des pots-de-vin ou à détourner l’argent de l’État ou les fonds provenant de l’aide internationale, pourtant si nécessaires au développement. De 20 à 40 milliards $ US seraient annuellement détournés par des fonctionnaires corrompus, ce qui représente de 20 % à 40 % de l’aide publique aux pays en développement. Même s’il s’agit d’une réalité difficile à chiffrer, la Banque mondiale estimait, en 2007, que la corruption fait perdre annuellement aux États africains concernés 11 % de leur PIB, soit environ 148 milliards $ US.

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La répartition de la richesse

ı  147

16 La rareté de l’eau potable constitue une entrave sérieuse au développement économique de nombreux pays

pauvres. Ici, une jeune femme rapporte de l’eau distribuée par les Nations unies et l’Union africaine, à Tora, au Darfour, en 2009.

Dans certains cas, la corruption implique la complicité des entreprises étrangères établies sur place. Certaines d’entre elles peuvent ainsi échapper à leur obligations, par exemple en matière d’environnement. Afin d’harmoniser les efforts internationaux de lutte contre la corruption, l’ONU a adopté la Convention des Nations unies contre la corruption, une entente internationale que le Canada a d’ailleurs ratifiée en 2007.

des causes géocLimatiQues Autre obstacle à la croissance économique dans de nombreux pays pauvres : les problèmes environnementaux, comme la désertification, qui s’intensifient avec le réchauffement climatique. En Afrique, les deux tiers du continent sont des déserts ou des terres sèches, ce qui nuit considérablement au développement de

l’agriculture : un fléau pour 47 pays africains où les activités agricoles représentent de 25 % à 50 % du PIB. En 2008, l’ONU estimait que 250 millions de personnes dans le monde étaient touchées par le problème de la désertification. La désertification coûterait 1 % de la productivité mondiale, selon certains experts réunis à la conférence internationale de 2009 de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification. Les catastrophes naturelles qui frappent plus souvent et plus durement les pays d’Asie du Sud, d’Amérique latine et d’Afrique ont des effets désastreux sur leur développement économique. Des dizaines de milliers de personnes frappées par le tsunami qui a ravagé plusieurs pays asiatiques en 2004 sont toujours sans emploi et vivent dans des abris de fortune. C’est toute une partie des

17 Les 10 pays les plus pauvres selon le PIB

par habitant PIB par habitant en 2008 (en PPA1 $ US)

Rang mondial

République démocratique du Congo

297

170

Burundi

354

169

Liberia

358

168

Guinée-Bissau

497

167

Érythrée

584

166

Niger

632

165

République centrafricaine

680

164

Sierra Leone

708

163

Timor oriental

740

162

Togo

767

161

Pays

1. Voir l’encadré Le PPA, p. 134. Source: Banque mondiale, 2010.

148  ı

DoSSier 3

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rıchesse

18 L’analphabétisme dans le monde

Échelle 1 : 193 000 000 (projection de Winkel) 0

2 000

4 000 km

Échelle à l’équateur

Source : Le grand atlas du Canada et du monde, 3e édition, Bruxelles, Noordhoff / De Boeck, 2009, p. 40.

ZOOM

Des riches chez les pauvres Les différences de revenus entre les citoyens d’un pays sont parfois énormes, même dans les pays les plus pauvres du monde. en Afrique, les écarts entre les classes sociales existent également. Par exemple, en Zambie, certains des habitants les mieux nantis ont des revenus 42 fois plus élevés que les habitants les plus pauvres. on note également des différences importantes dans les pays émergents. en 2007, la Chine, l’inde et le Brésil affichaient la plus forte augmentation du nombre de millionnaires dans le monde. et la Chine, où encore 100 millions de personnes vivent avec moins de 1,25 $ US par jour, arrive au deuxième rang des pays comptant le plus grand nombre de milliardaires, juste derrière les États-Unis. C’est également en Chine qu’on note la plus forte progression du nombre de nouvelles fortunes.

industries et des petits commerces locaux qui a disparu. Sans compter les coûts que cette catastrophe a entraînés pour les États. En janvier 2010, Haïti est frappé par un violent séisme qui fait plus de 230 000 morts. Ce pays était déjà l’un des plus pauvres du monde, avec 80 % des habitants vivant sous le seuil de la pauvreté et 54 % sous celui de l’extrême pauvreté. En détruisant une grande partie du pays, le séisme a paralysé les efforts de développement économique. La reconstruction du pays engloutira des milliards de dollars.

Les pays de La soiF Aux causes géoclimatiques s’ajoute l’épineux problème de l’eau. Une grande partie de la population des pays pauvres migre vers les mégalopoles et leurs bidonvilles, où l’eau devient une denrée rare. Ce sont aussi les personnes les plus démunies qui, dans les régions sèches, doivent marcher des kilomètres pour s’approvisionner en eau potable. Le phénomène de salinisation des nappes souterraines, causé par des pompages excessifs, nuit à l’agriculture locale.

L’anaLphabétisme et La pauVreté Au cœur du cercle vicieux de la pauvreté : l’analphabétisme. Non seulement une grande partie de la main-d’œuvre n’est pas qualifiée dans les pays pauvres, mais de larges pans de la population ne savent ni lire ni écrire, ce qui limite la possibilité de former des personnes pour un travail dans des secteurs autres que le secteur primaire. Cette situation est particulièrement inquiétante en Afrique subsaharienne. Ainsi, en 2009, dans les pays d’Afrique de l’Ouest, le taux d’analphabétisme frôlait les 40 %. Il va sans dire qu’un tel taux d’analphabétisme limite le potentiel de développement économique de ces pays, sans compter qu’il implique que des millions de personnes n’ont aucune chance d’accéder à un emploi qualifié et de sortir de la misère. Voilà pourquoi l’accès à l’éducation primaire est un des objectifs prioritaires de l’ONU. Voir Les Objectifs du millénaire pour le développement, p. 169.

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La mondialisation : ouvrir des frontières économiques

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La répartition de la richesse

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L’exportation et l’importation des matières premières, qui étaient la base du système colonial, ont constitué, pendant des siècles, l’essentiel des flux commerciaux. Voir l’encadré La mondialisation et les flux commerciaux, p. 155. Au 19e et au 20e siècle, l’avènement de la production industrielle de masse a conduit les entreprises à chercher à l’extérieur des frontières de leur pays les marchés dont ils avaient besoin pour écouler les marchandises qu’ils pouvaient désormais fabriquer en énormes quantités. Dès lors, leur capacité de production

Le commerce extérieur, voilà une des clés fondamentales de la croissance économique. Pour grandir et augmenter leurs revenus, les entreprises doivent accéder au plus grand nombre possible de consommateurs. Un fabricant de voitures ou d’appareils photo qui ne pourrait vendre ses produits que dans son pays atteindrait bien vite le maximum de ventes possibles.

19 Les grandes alliances économiques internationales

Alliance économique

Date de fondation

Pays signataires

ALENA Accord de libre-échange nord-américain

• Canada • États-Unis • Mexique

MERCOSUR Marché commun du Sud

• Brésil • Argentine • Uruguay

• Paraguay • Venezuela • Bolivie

APEC Coopération économique Asie-Pacifique (21 pays membres sur 4 continents)

• Australie • Brunei • Canada • Chili • Chine • Corée du Sud • États-Unis

• Hong-Kong • Indonésie • Japon • Malaisie • Mexique • Nouvelle-Zélande • PapouasieNouvelle-Guinée

UE Union européenne

27 états membres

ASEAN (ANSEA) Association des Nations du Sud-Est asiatique

• Birmanie • Brunei • Cambodge • Indonésie

• Laos • Malaisie • Philippines • Singapour

Description

1994

• Traité de libre-échange fixant les règles du commerce et de l’investissement entre les trois pays • Population : 444 millions en 2008 • 27,8 % du PIB mondial en 2008

• Pérou • Équateur • Colombie

1991

• Zone de libre-échange et union douanière • Quatrième espace commercial du monde • Coordination des politiques économiques et des législations des États membres • Population : 366 millions en 2008 • 4,6 % du PIB mondial en 2008

• Pérou • Philippines • Russie • Singapour • Taipei chinois • Thaïlande • Vietnam

1989

• Accord de libre-échange encore en construction • Population : 2,7 milliards en 2008 • 52,4 % du PIB mondial

1952

• Union économique et politique réunissant 27 États membres • Les États membres sont tous des pays européens et démocratiques • Union douanière • Monnaie commune pour 16 des 27 pays membres • Population : 497 millions en 2008 • 29,5 % du PIB mondial en 2008

1967

• Organisation intergouvernementale régionale • Zone de libre-échange entre tous les États membres • Population : 574 milllions en 2008 • 2,4 % du PIB mondial en 2008

• Thaïlande • Vietnam

Les pays pauvres tentent de s’organiser eux aussi, mais ne font pas le poids devant les géants économiques mondiaux. UA Union africaine

53 pays membres

1961

• Programme de développement économique • Formation d’un marché commun d’ici 2025 • Population : 982 milllions en 2008 • 2,7 % du PIB mondial en 2008

ACP Afrique, Caraïbes, Pacifique

79 pays membres

1975

• Accords de coopération et de développement avec la Communauté européenne • Population : 800 millions en 2008 • 1,8 % du PIB mondial

Sources : Affaires étrangères et Commerce international Canada, ALeNA, APeC, Larousse, Ue, ASeAN, Union africaine, ACP, Banque mondiale, Statistiques nationales de Taiwan [en ligne]. (Consultés en février 2010.)

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DoSSier 3

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20

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20 Une rencontre au sommet : réunion des membres

du G20 le 25 septembre 2009, à Pittsburgh, aux États-Unis. 21 Des emplois, de la justice et des actions pour

ralentir les changements climatiques ; c’est ce que réclament ces manifestants, dans une marche de protestation, le 28 mars 2009, quelques jours avant la tenue d’un sommet du G20, à Londres, au Royaume-Uni.

et leurs ambitions de croissance économique ont dépassé largement les possibilités du marché local. Pour favoriser la croissance économique, il fallait donc faciliter le transport, la circulation, la vente et l’achat de biens entre les pays. Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, des ententes commerciales, des accords économiques et des traités de libre-échange ont façonné les nouveaux rapports commerciaux internationaux. Dans les années 1980 et 1990, les déve-

loppements technologiques ont permis d’accroître et d’accélérer ces échanges. Des milliards de dollars, des millions de tonnes de marchandises circulent dorénavant grâce à un simple clic de souris. Le mot mondialisation est sur toutes les lèvres et dans tous les grands forums économiques. Dès lors, les ententes se renforcent et se multiplient : le MERCOSUR dans les pays d’Amérique du Sud, l’ALENA en Amérique du Nord, l’Union européenne, etc.

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La répartition de la richesse

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FOCUS

La concentration de la richesse mondiale La richesse mondiale est concentrée au sein d’une vingtaine de pays, plus particulièrement ceux du G8.

Le g8 Formé en 1975 par les dirigeants des six États les plus industrialisés du monde (Allemagne, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni), le G6 devient le G7 en 1976 avec l’intégration du Canada, puis le G8 en 1991 avec celle de la Russie. Le G8, qui n’a pas de siège permanent, tient un sommet annuellement dans l’un ou l’autre des pays membres. Bien qu’elle n’en fasse pas partie, l’Union européenne y est également représentée. Aujourd’hui, les pays du G8 représentent 15 % de la population mondiale et 56 % du PIB mondial, et ils détiennent 40 % des droits de vote à la Banque mondiale. Les sommets du G8 réunissent les chefs d’État et les ministres des Finances et des Affaires étrangères des pays membres, leurs délégations ainsi que des invités. Plusieurs sujets d’intérêt mondial y sont débattus : économie, commerce international, aide aux pays en développement, sécurité. En 2010, le Canada était l’hôte du sommet du G8 pour la cinquième fois. Plus de 3000 journalistes venant de 60 pays ont couvert l’événement, très médiatisé.

Le g20 Créé en 1999, le G20 est formé de 19 pays et de l’Union européenne. Strictement orientés vers les questions économiques, les sommets annuels du G20 réunissent les ministres des Finances et les directeurs des banques centrales de chacun des pays membres et leurs délégations. À l’échelle mondiale, le poids économique et démographique des pays membres du G20 est considérable : 2/3 de la population et 90 % du PIB, tous pays confondus. En 2008, en raison de la crise économique, les chefs d’État des pays membres ont également participé au sommet. En 2010, c’est au Canada, à Toronto, qu’a eu lieu le 11e sommet du G20.

La mondiaLisation rime aVec déLocaLisations

dégageant des marges de profit plus élevées.

Grâce à la mondialisation, des centaines d’entreprises des pays développés ont maintenant accès à d’énormes marchés. Pour les entreprises canadiennes, par exemple, c’est un accès direct aux 400 millions de consommateurs Nord-américains.

Les salaires plus bas ne sont pas le seul incitatif à la délocalisation. Dans les pays pauvres, les lois environnementales et les lois du travail sont parfois moins contraignantes, donc moins coûteuses, que dans les pays industrialisés. Certains gouvernements de pays en voie de développement acceptent de modifier des règles ou des lois pour inciter les entreprises à créer des emplois sur leur territoire. Cela a parfois des conséquences néfastes sur l’environnement et sur les droits des travailleurs. Voir Les alliances sont-elles un gage de croissance économique ?, p. 248.

Autre avantage indéniable de la mondialisation pour les multinationales : la délocalisation de la production. Certaines de ces entreprises se tournent vers des pays pauvres où elles ont accès à une maind’œuvre suffisamment qualifiée, mais beaucoup moins chère qu’en Occident. Elles peuvent donc produire à moindre coût et être plus concurrentielles, tout en

PORTRAIT

Muhammad yunus (1940-) Né à Chittagong, au Bangladesh, Muhammad Yunus fait des études universitaires aux États-Unis. De retour dans son pays pour occuper un poste au gouvernement, il découvre l’ampleur de la pauvreté et de la famine qui affectent son pays. en 1976, il crée le premier organisme financier qui prête de l’argent à des personnes insolvables en avançant lui-même 27 $ US à 42 femmes pour qu’elles mettent sur pied leur micro-entreprise. C’est le début de la Grameen Bank, qui lui vaut le prix Nobel de la paix en 2006 et le surnom de « banquier des pauvres ». Depuis, il a lancé d’autres projets d’économie solidaire et de développement social, comme des assurancesmaladies et des prêts étudiants.

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DOSSIER 3

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RICHESSE

FOCUS

Deux forums : deux visions du monde CHIFFRES

L’Inde émergente Selon certaines sources, la classe moyenne en Inde compte désormais 300 millions de personnes. D’autres sources indiquent plutôt 50 millions de personnes dont le niveau de vie se compare à celui de la classe moyenne européenne. Selon la Banque mondiale, le revenu annuel de ces personnes varie de 13 500 $ US à 65 000 $ US.

PORTRAIT

Ratan Naval Tata (1937-) Président de l’empire familial indien Tata, fondé par son arrière grand-père en 1868, Ratan Naval Tata est un entrepreneur et une des personnalités les plus influentes de son pays. Né à Mumbay, en Inde, il fait des études en architecture et entame sa carrière aux États-Unis, avant de retourner en Inde et de se joindre au groupe Tata en 1962. À la tête de l’entreprise depuis 1991, il a réussi à multiplier par 13 les revenus de ce conglomérat, qui œuvre dans différents domaines, notamment l’automobile, l’énergie, l’industrie chimique et les hôtels. En 2008, Ratan Tata lance la Nano, la voiture neuve la moins chère du monde, surnommée « la voiture du peuple », qui s’est rapidement révélée un véritable succès commercial, dans la foulée de la croissance économique de l’Inde. Très impliqué en politique, Ratan Tata fait notamment partie du Conseil du premier ministre sur le commerce et l’énergie.

Le Forum économique mondial Haut lieu de rencontre et de réseautage de l’élite économique et politique mondiale, la petite ville suisse de Davos reçoit chaque année, depuis 1971, les dirigeants des 1000 entreprises les plus importantes du monde ainsi que des représentants de la société civile, de la scène politique et des grands médias. Pour y être admises, les entreprises des pays développés doivent afficher un chiffre d’affaires de 5 milliards $ US ; les entreprises des pays en développement, quant à elles, doivent avoir un chiffre d’affaires d’au moins 1 milliard. Au total, plus de 3000 participants débattent des différents sujets économiques et politiques internationaux de l’heure. Certains échanges sont publics, tandis que d’autres se déroulent à huis clos. Bien qu’il n’ait aucun pouvoir décisionnel, le Forum économique mondial représente tout de même, aux yeux de nombreux observateurs, une forme de gouvernance économique mondiale parallèle influente.

Le Forum social mondial Tenu pour la première fois en 2001 à Porto Alegre, au Brésil, ce rassemblement mondial de différents mouvements altermondialistes s’opposant au néolibéralisme économique a lieu chaque année en même temps que le Forum économique mondial. Son objectif : faire entendre une autre voix que celle des dirigeants d’entreprises. Le Forum est composé de représentants d’ONG et de militants venant de différents horizons qui se réunissent pour élaborer et proposer des politiques pouvant remplacer celles qui dominent l’échiquier mondial. Parmi les sujets débattus figurent l’endettement des pays pauvres, l’impérialisme américain, les politiques économiques du FMI et de la Banque mondiale, le développement durable et les problèmes environnementaux. Le Forum a aujourd’hui un secrétariat permanent et chapeaute des sommets régionaux et thématiques qui ont lieu chaque année partout dans le monde, en plus du sommet annuel mondial.

DES PAYS PAUVRES QUI ÉMERGENT Les pays riches et les multinationales ne sont pas les seuls à profiter de la mondialisation. Les délocalisations de production et l’ouverture des marchés internationaux ont créé une toute nouvelle catégorie de pays : les pays émergents. Des pays pauvres et même très pauvres, grâce aux délocalisations de production vers leur territoire, connaissent depuis une vingtaine d’années une croissance économique très rapide. Si rapide que la Chine, qui est en tête de liste des pays émergents, est dorénavant la troisième puissance économique mon-

diale, derrière les États-Unis et le Japon. Bien qu’elle ne fasse pas partie du fameux G8, la Chine bat des records de croissance. Avec un taux de croissance de 9,1 % par année entre 1995 et 2005, ce pays contrôle environ 8 % des exportations mondiales. Les États-Unis, quant à eux, en contrôlent 8,59 %. Parmi les économies émergentes, trois groupes se distinguent : • le BRIC : Brésil, Russie, Inde et Chine ; • les dragons : Corée du Sud, Taiwan, Singapour et Hong-Kong ; • les tigres : Thaïlande, Malaisie, Indonésie, Philippines et Brunei.

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22

De 1980 à 2008, à eux seuls, les trois dragons (sans Taiwan) ont connu une croissance économique fulgurante de 450 %. Quant aux États-Unis et au Canada, leur taux de croissance a été de 125 % pour la même période, soit 5 % de moins que l’ensemble des pays d’Afrique subsaharienne. Les chiffres qui illustrent l’essor économique des pays émergents sont tous éton-

nants. Ainsi, entre 1980 et 2008, le PIB des dragons a augmenté de 450 %, contre 125 % en Amérique du Nord. Ces pays, qui étaient pauvres, pouvaient tout de même compter sur un capital humain et des infrastructures plus développés que ceux d’autres pays très pauvres, notamment en Afrique subsaharienne. Cela leur a permis d’attirer des industries et des entreprises de services du monde

22 Surnommée « l’usine du monde », la Chine est

aujourd’hui l’une des trois plus grandes puissances économiques mondiales, grâce à l’intensité de sa production industrielle.

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DOSSIER 3

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RICHESSE

Les questions portent sur le contenu des pages 147 à 154. 1 Quelles sont les répercussions des problèmes environnementaux sur le développement économique des pays africains ? 2 Expliquez pourquoi l’analphabétisme est une des causes de la pauvreté et dites quels sont ses effets sur le marché de l’emploi des pays pauvres. 3 Expliquez comment le commerce extérieur contribue à la croissance économique d’un État. 4 Comment la mondialisation a-t-elle permis aux multinationales de conquérir les marchés internationaux ? 5 Les pays industrialisés et les multinationales ne sont pas les seuls à profiter de la mondialisation. Expliquez comment les pays émergents ont développé leur économie en tirant profit de la délocalisation de la production des entreprises des pays riches.

23

Délocaliser une entreprise canadienne ? Outils de référence : votre manuel Enjeux et Internet. Vous être membre de la direction d’une entreprise canadienne qui fabrique des téléphones cellulaires. Votre entreprise doit décider si elle maintient sa production dans son usine du Canada ou si elle la délocalise en Inde, un pays émergent où de nombreuses entreprises internationales ont installé leur production. 1 Pour prendre une décision éclairée, vous devez comparer les avantages et les inconvénients de chaque possibilité. Pour ce faire, répondez aux questions suivantes : • Quelles sont les conditions de travail et la rémunération des travailleurs dans chacun des deux pays ? • Quels sont les avantages de la délocalisation pour l’entreprise ? • Quelles seraient les conséquences de la délocalisation sur les emplois dans chaque pays ? 2 À partir des données que vous avez recueillies, formulez votre recommandation au conseil d’administration dans un texte d’une demi-page.

entier. Une partie de la population a donc eu accès à de meilleurs emplois et à de meilleurs salaires. De plus, ces pays ont su miser sur le transfert des technologies des industries étrangères et ont pu développer leur propre industrie. Ils sont même devenus, dans certains secteurs, de sérieux concurrents des entreprises des pays développés.

L’AFRIQUE TOUJOURS EN MARGE DE LA MONDIALISATION L’essor économique des pays émergents a bien sûr contribué à la diminution du nombre total de personnes vivant dans l’extrême pauvreté sur la planète. En Chine, par exemple, le nombre de personnes vivant avec moins de 1,25 $ US par jour a diminué de 475 millions entre 1990 et 2005. À l’échelle de la planète, la proportion de personnes extrêmement pauvres est passée d’environ 50 % à 25 % dans la même période ; en Asie du SudEst, cette proportion est passée de 80 % en 1981 à 18 % en 2006.

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23 Autrefois connue comme un pays très pauvre,

l’Inde est une puissance émergente en plein essor économique. La nuit, avec toutes ses tours illuminées, Mumbay, la capitale économique, ressemble aujourd’hui à s’y méprendre à une grande ville américaine. Pourtant, près de la moitié de ses habitants vivent encore dans la pauvreté.

Mais, en Afrique subsaharienne, la propor­ tion de personnes vivant dans l’extrême pauvreté est restée inchangée et est tou­ jours d’environ 50 %. La croissance écono­ mique qui a tant profité aux pays indus­ trialisés et aux pays émergents semble échapper totalement à de nombreux pays africains. Neuf des dix pays les plus pauvres du monde sont africains. Ces derniers ne profitent pas pleinement de l’exploitation de leur ressources natu­ relles. L’Afrique, qui continue d’alimenter les usines du monde entier, souffre tou­ jours de la faim. La mondialisation a changé l’axe Nord­ Sud qui divisait le monde entre les pays riches du Nord et les pays pauvres du Sud en donnant naissance aux pays émer­ gents, mais les pays de l’Afrique subsa­ harienne restent en marge de cette crois­ sance. Malgré la réduction de leurs dettes extérieures par les organisations interna­ tionales et les pays riches, les États afri­ Voir cains restent très pauvres. L’allègement de la dette : une autre aide conditionnelle, p. 163.

FOCUS

La mondialisation et les flux commerciaux Sous l’effet de la mondialisation, les échanges commerciaux et financiers entre pays se sont intensifiés et ont fait grimper du même coup ce que les économistes appellent les flux commerciaux et les flux financiers. En économie, le mot flux désigne, en fait, les « entrées » et les « sorties » de matières premières, de produits, de services ou de sommes d’argent. Les experts évaluent l’importance des flux commerciaux ou financiers d’un pays sur une période de temps précise, souvent une année. Ainsi, tout ce qu’un pays exporte vers l’étranger est un flux commercial et tout ce qu’il importe aussi. Dans certains cas, les flux d’entrées et de sorties s’équilibrent, dans d’autres, non. Il arrive que des pays importent plus qu’ils n’exportent. Même principe pour les flux financiers. Les emprunts d’argent d’un pays constituent dans un premier temps un flux d’entrée avant d’occasionner des flux de sorties, lorsqu’il faut payer les intérêts et rembourser le capital. Les flux commerciaux ne sont donc ni plus ni moins que les transactions à la base de toute activité commerciale, notamment celle du commerce international. Cela dit, le taux de flux commerciaux peut avoir des répercussions sur la situation économique d’un pays. C’est le cas, notamment, de pays émergents comme la Chine, qui, grâce à une augmentation importante de ses flux commerciaux et financiers, a pu dégager les capitaux nécessaires à l’acquisition et au développement d’infrastructures et d’équipements industriels et technologiques. Ces acquis, que les experts appellent stocks, favorisent la croissance et le développement économique, et donc la création de richesse.

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VeiLLe MÉDIATiQUe sensibiliser le monde entier grâce aux médias En 2009, en raison de la crise économique, le nombre de personnes souffrant de famine dans le monde atteint un milliard. Le directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Jacques Diouf, veut sonner l’alarme. Pour attirer l’attention des médias et dénoncer l’indifférence de la communauté internationale, il effectue une grève de la faim de 24 heures et invite la population mondiale à faire comme lui. Dans le cadre de la même campagne, on peut voir le directeur général de la FAO dans un court film vidéo sur le Web. Il tente de sensibiliser les internautes au problème de la faim dans le monde par un message bref et efficace, et une pétition accompagne son message. Avec Internet, il est plus facile pour des organismes comme la FAO de rejoindre une grande partie de la population. Le cri d’alarme de Jacques Diouf a trouvé écho dans la plupart des grands médias.

L’économie et la pauvreté dans les médias québécois L’intérêt pour l’économie varie d’une année à l’autre. En 2009, l’économie aurait été le thème occupant le plus d’espace dans les médias québécois. Le « poids média » des nouvelles économiques aurait subi une hausse de 27 % comparativement à 2008, selon le rapport État de la nouvelle : bilan 2009 publié en ligne par l’organisme Influence Communication. En revanche, le traitement médiatique accordé au thème de la pauvreté serait en baisse. La couverture médiatique entourant deux matchs des Canadiens de Montréal suffirait pour égaler l’espace occupé par tout ce qui est rapporté sur la pauvreté pendant une année au Québec. Les grands quotidiens québécois comme Le Devoir, La Presse et Le Soleil contiennent des sections spéciales qui couvrent l’actualité économique. Des journaux spécialisés, comme Les Affaires, s’intéressent au monde des finances.

V E I L L E M É D I AT I Q U E

Le Forum de Davos : un incontournable pour les journalistes Parce qu’il réunit quelque 3000 participants, dont des acteurs importants de la scène économique mondiale et les dirigeants des 1000 plus grandes entreprises du monde, le Forum économique mondial de Davos, qui se tient chaque année depuis 40 ans dans la ville du même nom en Suisse, est un événement médiatique majeur. Près de 500 journalistes s’y rendent pour observer, rapporter et commenter les débats et les conférences des participants venant de plus de 90 pays. C’est l’occasion pour les médias de rencontrer les grands décideurs industriels et financiers et de tenter de saisir les grandes tendances de l’économie. Cependant, les journalistes qui couvrent ce Forum ne peuvent assister à tous les débats, car certains se déroulent à huis clos. Fait à noter, parmi les participants invités aux débats, on compte des « médias leaders », soit des représentants de plusieurs grands groupes de presse influents dans le monde.

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L’OBSERVATOIRE MÉDIAS 1 Le président du Programme alimentaire mondial (FAO) a utilisé le Web pour sensibiliser les citoyens sur le fait qu’un milliard de personnes ne mangent pas à leur faim sur Terre. Que pensez-vous de ce genre d’utilisation du Web par les organisations officielles ? Ce type de message vous touche-t-il davantage qu’un reportage dans un média traditionnel ? Expliquez votre réaction. 2 Faites une revue de presse sur un sujet économique. Trouvez au moins un éditorial et trois reportages provenant de différents médias traditionnels ou du Web et traitant du même sujet. Faitesen une comparaison et une critique. Ces articles vous ont-ils fourni une bonne information ? Étaient-ils suffisamment vulgarisés pour que vous puissiez les comprendre ? Selon vous, étaientils intéressants ? Pourquoi ?

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CHIFFRES

Des Américains ont faim Quelque 49 millions d’Américains n’auraient pas les moyens de se nourrir convenablement, soit 1 famille sur 7. en 2008, 16,7 millions d’enfants n’ont pas eu assez à manger sur le sol américain. Source : Ministère de l’Agriculture des États-Unis, 2008.

Elle reste aussi en marge des grandes alliances et des regroupements économiques internationaux. Ainsi, l’Afrique subsaharienne n’a aucun siège au G20 et, bien qu’elle soit active, l’Union africaine, qui regroupe de nombreux pays d’Afrique, ne fait pas le poids sur l’échiVoir le tableau quier international. Les grandes alliances économiques internationales, p. 149.

25 Le taux de pauvreté dans le monde (établi d’après le seuil de 1,25 $ US par jour) de 1981 à 2005

Asie de l’Est et Pacifique Amérique latine et Caraïbes Asie du Sud Pourcentages 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 1981

1984

1987

Source : Banque mondiale, 2008.

1990

1993

Europe de l’Est et Asie centrale Moyen-Orient et Afrique du Nord Afrique subsaharienne

1996

1999

2002

2005

Années

des pauvres chez les riches Des gens qui vivent dans la rue, des enfants qui ne mangent pas à leur faim, ces réalités existent aussi dans les pays développés. Dans certains pays, comme les États-Unis, où il existe peu de programmes sociaux pour venir en aide aux plus démunis, le fossé entre pauvres et riches peut être important. Dans d’autres pays, comme les pays scandinaves, où les politiques gouvernementales favorisent l’égalité sociale, l’écart est moindre, mais la pauvreté existe aussi. La mondialisation a contribué à creuser ce fossé entre les classes sociales dans plusieurs pays industrialisés. Alors que de nombreux citoyens et entreprises ont profité de l’expansion économique, les travailleurs de certains secteurs se sont appauvris. Pourquoi ? La mondialisation ayant favorisé la délocalisation d’industries vers les pays émergents, le chômage et, par conséquent, la pauvreté ont augmenté dans plusieurs quartiers ouvriers des pays riches. Aux États-Unis, la délocalisation de milliers d’emplois, dont plusieurs dans le secteur de l’automobile, est à l’origine du déclin de Detroit, ville

ı n t e r p r é tat ı o n   ı   L a r é p a r t i t i o n d e l a r i c h e s s e   ı   1 5 9

24 Autrefois ville industrielle prospère, Detroit,

aux États-Unis, est aujourd’hui en déclin : des manufactures sont abandonnées et des quartiers résidentiels entiers ont été désertés. Des milliers d’emplois ont été délocalisés dans les pays émergents. 26 Les délocalisations ont durement frappé certains

secteurs industriels aux États-Unis, notamment celui de l’automobile. En janvier 2010, des manifestants protestaient à l’occasion du Salon automobile de Detroit réclamant aux autorités de « Remettre Detroit au travail ». 26

industrielle jadis prospère. Des quartiers résidentiels sont aujourd’hui entièrement à l’abandon, de même que bon nombre de manufactures. La concurrence avec la main-d’œuvre moins exigeante des pays émergents a aussi mené à une baisse des salaires et à une détérioration des conditions de travail dans les pays industrialisés. Résultat : en 2005, les revenus des travailleurs ne représentaient plus que 62 % du PIB mondial, comparativement à 69 % en 1980. Au Canada, cette tendance existe aussi. C’est même l’un des pays de l’OCDE où l’écart entre les riches et les pauvres s’est le plus amplifié depuis le début des années 2000.

Les pays émergents : Les écarts subsistent Dans les pays émergents, tous ne bénéficient pas de la manne économique apportée par la mondialisation. Même si la pauvreté a globalement diminué, la répartition de la richesse demeure très inégale et de nombreuses disparités subsistent. En Chine, par exemple, 25 % des Chinois les plus fortunés accaparent 47,8 % des revenus totaux du pays, tandis que les plus pauvres ne récoltent que 5,7 % des revenus. Le décollage économique des 20 dernières années a surtout

profité aux citadins des provinces côtières de la Chine. Résultat : en 1985, les citadins avaient un revenu médian 2 fois plus élevé que celui des habitants des régions rurales et, en 2001, cet écart s’est considérablement accentué, passant du double au triple ; en 2010, ce revenu est 3,3 fois plus élevé.

27 L’évolution de la pauvreté en Chine

Avant la politique de réforme et d’ouverture lancée en 1978, la Chine était un des pays les plus pauvres du monde. La nouvelle orientation économique s’est traduite par une diminution rapide de la pauvreté, bien que les écarts de revenus, qui étaient à peu près nuls, se soient fortement accentués. En 2005, les disparités de revenus en Chine étaient similaires à celles observées aux États-Unis. Très pauvres (moins de 1,25 $ US)

Pauvres (entre 1,25 $ US et 2 $ US)

Autres (Plus de 2 $ US)

Pourcentages 100 80 60 40 20 0 1981 Source : Banque mondiale, 2009.

1990

2005

Années

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rıchEssE

En Inde, les disparités économiques sont, là aussi, gigantesques. Malgré un spectaculaire essor économique et un taux de croissance annuel d’environ 6 %, le tiers de la population — soit environ 400 millions de personnes — vivait, en 2010, avec un revenu inférieur à 2 $ US par jour.

1

ENJEU

Les enjeux de la disparité La richesse n’est pas répartie également sur la planète ni dans les pays. Des disparités existantes se dégagent des enjeux sociaux et économiques, tels que l’équilibre entre la justice sociale et le développement éco­ nomique, et le contrôle des ressources.

L’équilibre entre la justice sociale et le développement économique En facilitant les échanges commerciaux entre les pays, la mondialisation a favorisé une importante croissance économique et a considérablement réduit le taux de pauvreté dans plusieurs États, particulièrement dans les pays émergents. Mais tous les individus n’ont pas accès à cette nouvelle richesse et de nombreuses disparités économiques subsistent aux quatre coins du monde, non seulement entre les États, mais aussi à l’intérieur des pays. Est­il possible de concilier croissance économique et justice sociale ? Si oui, comment les pays riches peuvent­ils aider les pays pauvres à s’extirper de la pauvreté ? Et, à l’intérieur de leurs frontières, comment les États peuvent­ ils redistribuer la richesse pour favoriser la justice sociale sans pour autant freiner le développement économique ?

Les mesures internationales pour réduire la pauvreté sont-elles suffisantes ? Que font les pays riches pour aider les pays pauvres ? Depuis les années 1960, la communauté internationale multiplie les programmes d’aide, les dons et les prêts aux pays démunis. Cependant, en 2009, 1,4 milliard de personnes dans le monde vivaient toujours avec moins de 1,25 $ US par jour. Devant ce chiffre accablant, une question s’impose : Malgré tout l’argent investi, les mesures internationales sont-elles suffisantes et efficaces ?

Ces mesures pour réduire la pauvreté dans le monde peuvent être classées en quatre catégories : • les dons non remboursables aux pays pauvres (aide publique) ; • l’allègement de la dette de certains pays très pauvres ; • les interventions de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) ; • les Objectifs du millénaire pour le développement des Nations unies.

ENJEU 1

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L’ é q u i l i b r e   e n t r e   l a   j u s t i c e   s o c i a l e   e t   l e   d é v e l o p p e m e n t   é c o n o m i q u e

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28

Les dOns des paYs riches auX paYs pauVres : de Vaines prOmesses ? À la fin des années 1960, l’ONU souhaite augmenter l’aide financière que les pays riches accordent aux pays en développement. C’est ainsi que, le 24 octobre 1970, sous la recommandation de la commission Pearson ( voir le portrait de Lester B. Pearson, p. 281), l’Assemblée générale de l’ONU adopte une résolution en vertu de laquelle les pays économiquement avancés s’engagent à accroître graduellement leur aide financière aux pays en développement, jusqu’à atteindre avant 1975 un montant minimum équivalant à 0,7 % de leur PIB. Même s’ils sont animés de bonnes intentions, plusieurs pays riches ne respectent toujours pas leur engagement d’aide publique. En 2007-2008, seuls quelques

pays du nord de l’Europe ont versé plus de 0,7 % de leur PIB aux pays pauvres : la Suède et les Pays-Bas ont respectivement versé 0,98 % et 0,81 % de leur PIB. À l’opposé, les États-Unis n’ont versé que 0,17 % de leur PIB et le Japon, 0,21 %. Le Canada, pour sa part, a versé 3,882 milliards $ US, soit 0,29 % de son PIB, ou 133 $ US par habitant.

une responsabilité à partager ? Mais où commence et où s’arrête la responsabilité des pays riches au regard des pays pauvres ? Les milliards de dollars consentis annuellement en aide publique au développement ne sont-ils pas suffisants ? Coincés entre leurs propres dettes et les services qu’ils doivent fournir à leurs populations, les États développés devraient-ils être contraints de verser 0,7 % de leur PIB en vertu d’un engagement contracté il y a 40 ans ?

28 Frappé durement par la famine, le Zimbabwe est

l’un des pays les plus pauvres du monde. Ici, des femmes pauvres ramassent des grains de blé restés dans les champs après la récolte afin de nourrir leur famille.

CHIFFRES

L’aide au développement en 2008, les 22 pays membres du Comité  d’aide  au  développement  (CAD)  de  l’oCDe ont versé 121,5 milliards $ US en  aide  publique  au  développement,  une  somme qui correspond à 0,31 % du PiB  de l’ensemble de ces pays. Source : oCDe, 2009.

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29 L’aide des pays riches aux pays pauvres est

indispensable, que ce soit pour réduire la faim, financer des écoles ou des cliniques ou pour toute autre forme d’aide humanitaire, comme la reconstruction d’un pays après une catastrophe naturelle. Par exemple, Haïti, frappé par un violent séisme en 2010 et dont la reconstruction exigera des milliards de dollars, dépend de l’aide internationale.

Autre question que soulève l’aide aux pays pauvres : Pourquoi cette responsabilité incomberait-elle uniquement aux États ? De nombreux militants du mouvement altermondialiste soutiennent que les multinationales, qui font des profits se chiffrant en milliards de dollars voir le tableau Comparaison de la ( taille des plus grandes multinationales avec le PIB de certains pays, p. 144), devraient, elles aussi, participer au développement durable et à une meilleure répartition de la richesse. Mais les entreprises privées, qui créent des emplois et qui sont au cœur de la croissance économique, ont-elles vraiment des responsabilités publiques ? Ces problèmes devraientils plutôt être réservés aux gouvernements qui, eux, sont élus ? Les réponses varient selon les groupes d’intérêts, mais les besoins des pays pauvres restent les mêmes.

une aide conditionnelle… Derrière l’aide et la bonne volonté des pays donateurs se trouvent aussi parfois des intérêts économiques. En effet, l’aide qu’ils consentent aux pays pauvres est assortie d’une obligation. Ces derniers doivent, dans le cadre des projets financés par cette aide, acheter des biens et des services provenant du pays donateur. L’argent consenti est ainsi, en partie, investi dans le pays riche et non dans le pays pauvre. À titre d’exemple, lorsque les États-Unis fournissent de l’aide alimentaire, les produits de base qui sont acheminés vers le pays pauvre doivent être achetés aux États-Unis et transportés par des navires ou des avions américains. Au Canada, la situation n’est pas différente, puisque au cours des années 2005 à 2010, de 25 %

ENJEU 1

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L’ é q u i l i b r e   e n t r e   l a   j u s t i c e   s o c i a l e   e t   l e   d é v e l o p p e m e n t   é c o n o m i q u e

à 75 % de l’aide canadienne devait être dépensée au Canada. Résultat : les pays pauvres paient les produits et les services dont ils ont besoin de 25 % à 30 % plus cher que s’ils les achetaient sur leur territoire, ce qui peut nuire à la performance économique des projets financés grâce à cette aide, car les retombées économiques locales sont réduites. Cette forme d’« aide liée » est très critiquée, et de nombreux pays y mettent graduellement fin. En 2008, le gouvernement canadien a d’ailleurs annoncé que cette façon de faire disparaîtrait dans les programmes d’aide au développement du Canada avant l’année 2012-2013.

L’aLLÈGement de La dette : une autre aide cOnditiOnneLLe Au cours des années 1970, incapables de développer les infrastructures nécessaires à leur croissance économique, les pays pauvres n’ont d’autre choix que d’emprunter. Trop pauvres pour obtenir du financement auprès des grandes banques et des entreprises internationales, ils se tournent vers les États développés et des organisations internationales, comme la Banque mondiale et le FMI, qui leur consentent des prêts. Pendant des années, des pays très pauvres, surtout d’Afrique, accumulent ainsi des dettes astronomiques, dont ils ne peuvent parfois même pas payer les

intérêts. Au cours des années 1980 et 1990, la situation s’aggrave et la dette des pays très pauvres fait alors la manchette dans le monde entier. En 1996, de concert avec la Banque mondiale et le FMI, les 19 membres permanents du Club de Paris, qui regroupe les pays riches ayant accordé des prêts aux pays pauvres, lancent l’initiative PPTE (pays pauvres très endettés). Des ententes sont alors conclues et des mesures sont mises en place pour que la dette de 40 pays soit allégée (réduite ou effacée), à condition que ces derniers répondent à certaines exigences, comme la création d’un système juridique solide, l’instauration d’un système financier plus fiable et l’amélioration de la qualité des services publics. Selon le Club de Paris, en janvier 2010, 26 pays avaient satisfait aux exigences et pouvaient bénéficier de l’initiative PPTE ; les autres n’avaient toujours pas rempli les conditions nécessaires. Ces conditions sont parfois jugées trop sévères par certains observateurs, qui y voient, entre autres, une ingérence dans la souveraineté des pays. Pour la Banque mondiale et le FMI, ces conditions sont nécessaires pour assurer le développement économique et la réduction de la pauvreté et de la corruption. Selon les estimations de la Banque mondiale, de 20 à 40 milliards $ US de l’aide publique au développement seraient perdus dans les filets de la corruption, faute de bonne gouvernance. Voir La corruption : une entrave au développement, p. 146.

30 Les 40 pays visés par l’initiative PPTE

Les 40 pays visés par l’initiative PPTE ont été reconnus comme des pays pauvres très endettés et pouvant, après avoir répondu à certaines conditions, bénéficier de l’allègement de leur dette publique. Afghanistan

Éthiopie

Madagascar

Rwanda

Bénin

Gambie

Malawi

Sao Tomé-et-Principe

Bolivie

Ghana

Mali

Sénégal

Burkina Faso

Guinée

Mauritanie

Sierra Leone

Burundi

Guinée-Bissau

Mozambique

Somalie

Cameroun

Guyana

Nicaragua

Soudan

Comores

Haïti

Niger

Tanzanie

Congo

Honduras

Ouganda

Tchad

Côte d’Ivoire

Kirghizstan

République centrafricaine

Togo

Érythrée

Liberia

République démocratique du Congo

Zambie

Source : Club de Paris, 2009.

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163

CHIFFRES

L’aide des émigrants Les fonds envoyés par les travailleurs migrants vers leur pays d’origine sont une  importante  source  de  revenus  pour  les  pays  pauvres.  en  2008,  ils  totalisaient  338 milliards $ US. en raison de la crise  économique, on les estimait à moins de  317 milliards en 2009. Un manque à gagner qui a alourdi les conséquences de la  crise dans ces pays. Source : Banque mondiale, 2009.

ZOOM

L’ACDI Créée en 1968 pour gérer le programme  d’aide  publique  au  développement  du  Canada, l’Agence canadienne de développement international (ACDi) est aujourd’hui  l’organisme  responsable  de  l’aide internationale du Canada. Dotée  d’un  budget  d’environ  4  milliards  $,  l’ACDi a pour principal mandat d’aider les  populations des pays pauvres en visant les  trois objectifs suivants : •  accroître la sécurité alimentaire ; •  assurer l’avenir des enfants et  des jeunes ; •  favoriser une croissance économique  durable. Depuis 2009, l’ACDi concentre 80 % de  son aide bilatérale (de pays à pays) dans  20 pays. La majorité de ces pays se trouve  en Afrique subsaharienne, en Amérique  latine et en Asie. Toutefois, il n’est pas  exclu que l’ACDi intervienne dans d’autres  pays, par exemple en cas de catastrophe  naturelle. 

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ZOOM

La taxe Tobin : le rêve d’une taxe contre la pauvreté dans le monde Taxer les riches pour aider les plus pauvres  du monde ? en 1972, l’économiste américain James Tobin (Prix Nobel d’économie en  1981) propose l’idée d’imposer une taxe sur  les transactions monétaires internationales  pour contrer la spéculation et financer l’aide  publique au développement. Reprise  en  1999  par  l’organisation  citoyenne ATTAC (Association pour la taxation des transactions financières et pour  l’action citoyenne), l’idée de la taxe Tobin  est revenue sur la place publique à la suite  de la crise financière de 2008, alors que  plusieurs  chefs  d’État  se  sont  déclarés  prêts  à  la  considérer.  Le  principe  est  simple,  mais  ne  fait  pas  l’unanimité :  il  s’agit d’imposer une taxe de 0,005 % sur  toutes les transactions monétaires, une  mesure qui pourrait générer des revenus  annuels de 30 milliards $ US pour l’aide  au développement. en novembre 2009,  le FMi s’est engagé à étudier cette idée et  à remettre ses conclusions aux membres  du G20 en avril 2010.

moins endettés, mais toujours très pauvres L’allègement des dettes des pays les plus pauvres — pour la plupart africains — a eu pour effet de réduire considérablement la proportion des revenus d’exportation qu’ils doivent consacrer au paiement de leur dette. L’endettement pèse donc beau-

coup moins lourdement, aujourd’hui, sur ces pays. Mais cet allègement a été possible parce qu’il s’agissait de dettes contractées auprès de gouvernements et d’institutions publiques et non auprès d’institutions financières privées, qui, elles, ne consentent pas de tels allègements. De fait, les pays très pauvres ont

32 La dette extérieure des pays du tiers-monde et des pays émergents en 2007

La Chine, qui fait largement appel aux capitaux étrangers pour se développer, est le pays le plus endetté. Cependant, les sommes qu’elle consacre au service de sa dette ne représentent que 2 % de ses recettes d’exportation. Le Brésil est dans une situation moins confortable, puisqu’il doit consacrer au service de sa dette 28 % de ses revenus d’exportation. L’aide extérieure et les nombreux plans de réduction de la dette ont permis à l’ensemble de l’Afrique subsaharienne de ramener sa dette à un poids raisonnable. En général, le fardeau de la dette extérieure est beaucoup moins lourd qu’il ne l’était dans les années 1980 et 1990, mais il constitue encore un problème pour certains pays. Dette extérieure totale (en milliards $ US)

Service de la dette / exportations (en %)

Chine

374

2

Russie

370

9

Turquie

251

32

Brésil

237

28

Inde

221

13

Pologne

195

26

Mexique

178

13

Indonésie

141

10

Argentine

128

13

195

5

Pays

Afrique

subsaharienne1

1. Les pays d’Afrique subsaharienne sont regroupés en un seul bloc. Source : Banque mondiale, 2009 (données de 2005 pour l’inde).

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L’ é q u i l i b r e   e n t r e   l a   j u s t i c e   s o c i a l e   e t   l e   d é v e l o p p e m e n t   é c o n o m i q u e

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31 Pays émergent en pleine expansion économique,

le Brésil abrite le plus grand marché financier d’Amérique latine : la Bovespa (la bourse des valeurs de Sao Paulo). Elle résulte de la fusion de plusieurs bourses de valeurs brésiliennes. Ici, des courtiers en pleine séance d’échanges. 33 En 2009, des pluies torrentielles qui durent

plusieurs mois causent d’importantes inondations dans le nord du Brésil laissant plus de 300 000 personnes sans abri, notamment dans les bidonvilles. Ici, un homme navigue parmi les déchets dans un bidonville de Manaus, la capitale de l’État d’Amazonas. 33

très peu accès au financement des banques ou des institutions privées, ce qui ne facilite pas leur développement économique. Bref, ils sont moins endettés, mais beaucoup d’entre eux sont toujours aussi pauvres et n’ont pas les capitaux nécessaires à leur développement.

Émergents, mais toujours endettés Si l’endettement de plusieurs pays très pauvres a été allégé, il en va autrement pour les pays moyennement pauvres ou émergents, comme le Brésil, l’Inde, la Pologne et l’Indonésie. Ces pays ayant une meilleure capacité de payer les intérets de leur dette que les pays très pauvres, ils n’ont pas bénéficié des largesses du Club de Paris. De plus, la très grande partie de leurs dettes a été contractée auprès de banques et d’institutions privées, qui, elles, n’accordent pas de tels avantages. L’accès au financement privé leur permet de mieux développer leur économie. Cependant, leur niveau d’endettement ralentit la progression de leur développement, car les sommes qu’ils doivent consacrer au paiement de leurs dettes représentent de 10 % à 32 % de tous leurs revenus d’exportation. Un pays comme le Brésil, qui doit consacrer près du tiers

34 Le service de la dette

En millions $ US

Remboursements Intérêts

Côte d’Ivoire

1 600 1 400 1 200

Pour 2007, seul le montant des intérêts est connu.

1 000 800 600 400 200 0

? 1970

En millions $ US

1975

1980

1985

1990

1995

2000

Années

2005

Zimbabwe

1 000 800 600 400 200 0

? 1970

En millions $ US

1975

1980

1985

1990

1995

2000

Années

2005

République démocratique du Congo

1 000 800 600 400

?

200 0

1970

1975

1980

1985

1990

1995

Source : Le Monde diplomatique, L’atlas 2010, Paris, Armand Colin, 2009, p. 185.

2000

2005

Années

166  ı  Dossier 3  ı  rıchesse

35 Le 26 avril 2009, à Washington, aux États-Unis,

a lieu la 79e réunion du Comité de développement de la Banque mondiale rassemblant des membres de la Banque mondiale et du FMI. Cette rencontre avait pour objet d’évaluer les impacts de la crise financière sur les pays pauvres et de déterminer les actions nécessaires à la reprise économique. 35

FOCUS

Le FMI et la Banque mondiale En 1944, le président américain Franklin Delano Roosevelt convoque une conférence internationale pour établir un nouveau système monétaire et des règles de commerce mondial basés essentiellement sur le libre-échange. La mise en œuvre du nouvel ordre économique reposera désormais sur deux nouvelles institutions internationales : la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI). On nomme ces deux piliers les institutions de Bretton Woods, du nom de la petite ville où la conférence a eu lieu. Au fil du temps, le mandat de ces deux institutions a évolué. Aujourd’hui, la Banque mondiale a pour mission d’accorder des prêts et de l’aide aux pays en développement afin de réduire la pauvreté et de favoriser une croissance économique. Le FMI, lui, a notamment pour mandat de soutenir ses 186 pays membres qui éprouvent des difficultés à honorer leurs dettes extérieures ou qui manquent de devises étrangères pour payer leurs importations. Le FMI disposant de réserves de devises provenant de ses États membres, il est donc en mesure de prêter de l’argent aux pays qui ont des déséquilibres financiers. Il assortit toutefois ses prêts de conditions qui contraignent les États à revoir certaines de leurs politiques ou à réduire leurs dépenses publiques. Cette politique de prêts, notamment aux pays en développement, lui a valu des critiques. Toutefois, les pays pauvres qui ne parviennent pas à trouver du financement auprès des grandes banques privées ont besoin du financement consenti par la Banque mondiale et le FMI, qui collaborent étroitement dans ces opérations de financement.

de ses revenus d’exportation au paiement de ses dettes, a moins d’argent pour la santé et l’éducation de sa population, dont une large partie reste toujours très pauvre.

Les interventions de La Banque mondiaLe et du Fmi La Banque mondiale a pour mission de réduire la pauvreté dans le monde en fai­ sant des dons ou en accordant des prêts à des conditions avantageuses aux pays en développement. Ces sommes sont consenties par la Banque internationale pour la reconstruction et le développe­ ment (BIRD) et l’Association interna­ tionale de développement (IDA), soit les deux institutions qui composent Voir La scène la Banque mondiale. internationale. À titre d’exemple, le Sénégal a reçu 1,6 milliard $ US de l’IDA en dons et en prêts sans intérêt sur une période de 12 ans, soit entre 1994 et 2006. Ces apports financiers lui ont permis de financer des projets d’assainissement et de distribution d’eau potable, de bonne

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Les questions portent sur le contenu des pages 160 à 169. 1 Pourquoi les pays riches ne tiennent-ils pas leurs engagements d’aide publique aux pays pauvres ? Devrait-on les contraindre à verser 0,7 % de leur PIB à ces derniers comme le prévoit la résolution de l’ONU de 1970 ? Expliquez votre position. 2 Quels sont les arguments invoqués en faveur du partage de la responsabilité entre les États et les multinationales concernant l’aide aux pays pauvres ? Selon vous, les entreprises privées ont-elles une responsabilité publique ? Expliquez votre réponse. 3 Comment les pays riches servent-ils leurs propres intérêts en octroyant de l’aide publique aux pays en développement ? 4 Le Club de Paris a lancé l’initiative PPTE (pays pauvres très endettés) pour réduire ou effacer la dette de 40 pays très pauvres. Toutefois, la dette des pays moyennement pauvres et des pays émergents, elle, n’a pas été allégée. Expliquez les conséquences de cette décision. 5 Selon vous, est-ce que le fait d’imposer des conditions aux pays pauvres très endettés pour réduire ou effacer leur dette est une forme d’ingérence de la part des organismes internationaux ? Expliquez votre réponse. 6 Expliquez en quoi l’indice de développement humain (IDH) a changé la conception de la pauvreté. Pourquoi l’IDH est-il plus complet que le PIB par habitant ?

gouvernance et de développement rural. Depuis l’émission des premiers crédits en 1961, l’IDA a investi plus de 100 milliards $ US dans le continent africain. Essentielle aux pays pauvres, l’aide consentie par la Banque mondiale et son partenaire, le FMI, est toutefois assortie de certaines conditions. Le FMI exige, par exemple, que le pays solidifie son économie en développant les secteurs liés à l’exportation, et ce, parfois au détriment Voir de certaines industries locales. L’ingérence économique, p. 210.

L’INDICE DE DÉVELOPPEMENT HUMAIN En 1990, un nouvel outil de mesure de la richesse est né : l’indice de développement humain (IDH). Conçu par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et fondé sur les travaux de l’économiste indien Amartya voir le portrait d’Amartya Sen, Sen ( p. 168), l’IDH permet de mesurer le développement d’un pays non seulement selon son PIB, mais aussi selon trois données

La taxe Tobin : la solution ? Outils de référence : votre manuel Enjeux, des articles parus dans les médias et Internet. Les pays en voie de développement ont un grand besoin d’aide financière. Une des solutions proposées pour financer l’aide publique au développement est la taxe Tobin. Vous devez vous informer sur cette taxe pour participer à un débat dont la question est : La taxe Tobin est-elle la solution pour lutter contre la pauvreté dans le monde ? 1 Faites une recherche dans votre manuel, à la bibliothèque, dans des articles parus dans les médias ou sur Internet pour vous renseigner sur la taxe Tobin. 2 Parmi les renseignements que vous avez collectés, relevez les points de vue pour et contre cette taxe, puis transcrivez-les dans un tableau à deux colonnes. Trouvez aussi les intérêts sous-jacents à ces points de vue. 3 À la lumière de vos recherches, déterminez les incidences positives et négatives que pourrait avoir une telle taxe. 4 Sur des fiches, écrivez votre position et vos arguments en vue du débat. 5 Divisez la classe en deux groupes et faites un débat sur la question suivante : La taxe Tobin est-elle la solution pour lutter contre la pauvreté dans le monde ? Prenez la parole à tour de rôle et veillez à respecter les opinions des autres.

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36 Bien que Cuba soit un pays pauvre, il se classe parmi les pays à développement supérieur, avec un IDH

de 0,863. De fait, Cuba possède un des plus hauts niveaux de scolarité en Amérique latine. PORTRAIT

Amartya sen (1933-) Prix Nobel d’économie en 1998, Amartya  kumar Sen est né à Santiniketan, en inde.  Ses travaux sur la famine, la théorie du  développement  humain,  les  inégalités  entre les hommes et les femmes, l’économie du bien-être, les mécanismes de la  pauvreté et le libéralisme politique sont à  la base de l’indice de développement humain  (iDH)  du  Programme  des  Nations  unies  pour  le  développement  (PNUD).  Après des études universitaires en économie, Amartya Sen fait carrière dans l’enseignement supérieur, d’abord en inde,  puis au Royaume-Uni et aux États-Unis ; il  enseigne depuis 2004 à l’université américaine Harvard. Auteur de nombreux ouvrages traduits dans plus de 30 langues,  il préside également plusieurs associations  économiques.

distinctes qui quantifient la qualité de vie des individus : • le niveau de vie, mesurable par le PIB par habitant ; • la santé, calculée en espérance de vie à la naissance ; • l’éducation, mesurée par le taux d’alphabétisation et de scolarisation globale. En intégrant ces trois données dans un calcul mathématique, on obtient, pour chaque pays, un score entre 0 et 1. Une note parfaite de 1 signifie que la population en question jouit d’un niveau de vie idéal, possède une santé optimale et reçoit une éducation complète.

une conception plus humaine de la pauvreté Comme il est basé sur le développement de l’être humain plutôt que sur le PIB par habitant, l’IDH a modifié la conception de la pauvreté au sein de la communauté internationale. Le classement annuel selon l’IDH du PNUD est révélateur, car il diffère du classement selon le PIB par habitant. L’exemple cubain illustre bien cette dif-

férence. En effet, dans le rapport du PNUD de 2009, où on trouve les résultats pour 2007, Cuba, qui se classe 95e selon le PIB par habitant, se classe 51e selon le classement du PNUD, avec un IDH de 0,863. Ces chiffres indiquent clairement que le développement humain ne se limite pas aux conditions de vie matérielles. Les Cubains jouissent d’une espérance de vie de 78,5 ans, similaire à celle des Américains, qui est de 79,1 ans, et d’un niveau de scolarisation équivalent, ce qui permet à Cuba de se classer parmi les pays à développement humain élevé, et ce, même s’il s’agit d’un pays relativement pauvre. Les différences sont encore plus frappantes si on tient compte non pas du PIB par habitant, mais du PIB total. Toujours en 2007, la Chine, pays émergent mais aussi nouvelle grande puissance mondiale, se classait au 4e rang en ce qui a trait au PIB total. Cependant, la même année, la Chine se classait encore parmi les pays à développement humain moyen. Ainsi, elle était 92e sur 182 avec un IDH de 0,772, loin derrière la Norvège, qui occupait le premier rang, avec un IDH presque idéal de 0,971.

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Sahara occidental Mauritanie

Mali

Niger

Érythrée Tchad Soudan Burkina Djibouti Faso Bénin Nigeria Somalie Éthiopie République Côte Ghana Sierra centrafricaine d’Ivoire Leone Cameroun Liberia Togo Ouganda Guinée Kenya Gabon équatoriale République Rwanda Congo démocratique Burundi du Congo Seychelles Tanzanie Jusqu’à 40 ‰

Sénégal Gambie Guinée- Guinée Bissau

De 41 à 119 ‰

Comores

Angola

De 120 à 139 ‰

Zambie

De 140 à 199 ‰ Plus de 200 ‰ Données non disponibles

Malawi Mozambique

Zimbabwe Namibie Botswana

Madagascar Maurice

Échelle 1 : 50 000 000 (projection de Miller) 0

500

Swaziland Afrique Lesotho du Sud

1 000 km

38 La mortalité des enfants de moins de cinq ans en Afrique subsaharienne en 2007 Source : Le Monde diplomatique, L’atlas 2010, Paris, Armand Colin, 2009, p. 166.  © Philippe RekACewiCz.

Pour tenter de renverser la vapeur, l’ONU adopte la Déclaration du millénaire, contenant les Objectifs du millénaire pour le développement, soit huit défis à relever au cours de la période de 2000 à 2015, afin de lutter contre l’extrême pauvreté dans le monde. De ces huit objectifs découlent des mesures visant notamment à combattre la faim dans le monde, à assurer l’universalité de l’éducation primaire et à réduire la mortalité infantile.

Les Objectifs du millénaire à la merci de l’économie Bien que le PNUD ait enregistré quelques résultats concrets entre 2000 et 2007, les Objectifs du millénaire pour le développement ont toutefois été compromis par la crise financière mondiale de 2008, c’est ce qu’annonçait l’ONU dans son rapport de 2009. Ainsi, en raison de la crise, de 55 à 90 millions de personnes s’ajouteraient à celles qui vivent déjà dans l’extrême pauvreté.

Source des données de la carte : Africa Development Indicators 2007, Banque mondiale.

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Les Objectifs du millénaire pour le développement 1. Réduire l’extrême pauvreté et la faim

Dans ce rapport, l’ONU reconnaissait également que les résultats de ce vaste programme sont mitigés et trop lents pour que les objectifs soient atteints en 2015. Ces objectifs restent toutefois une priorité pour l’ONU, mais la crise de 2008 a mis en lumière le fait que la lutte contre la pauvreté dépend du développement et de la santé économique des pays développés.

2. Assurer l’éducation primaire pour tous 3. Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes 4. Réduire la mortalité infantile 5. Améliorer la santé maternelle 6. Combattre le VIH / sida, le paludisme et d’autres maladies 7. Préserver l’environnement 8. Mettre en place un partenariat mondial pour le développement

39 La proportion de la population vivant avec moins de 1,25 $ US par jour en 1990, en 1999 et en 2005

PORTRAIT

Afrique subsaharienne 57

Kofi annan (1938-)

58 51

Né à koumassi, au Ghana, kofi Annan  intègre les Nations unies en 1962 comme  fonctionnaire. il occupe plusieurs postes  avant d’être élu, en 1997, secrétaire général, fonction qu’il exerce jusqu’en 2006.  il se donne alors comme principaux mandats de « rénover » l’oNU et de renforcer  son action en matière de développement,  de maintien de la paix et de défense des  droits de l’homme. il travaille activement  pour la promotion de la paix et du développement  durable  en  Afrique  et  agit  comme médiateur dans plusieurs situations politiquement délicates, notamment  en irak, au Nigeria, au Timor oriental, au  Liban et dans le conflit israélo-palestinien.  en avril 2000, il publie le rapport Nous les peuples : le rôle des Nations unies au 21e siècle, duquel s’inspire la Déclaration  du millénaire, qu’adopte l’oNU au Sommet du millénaire en 2000. il reçoit le prix  Nobel de la paix en 2001.

Asie du Sud 49 42 39

Asie du Sud-Est 39 35 19

Asie de l’Est 60 36 16

Amérique latine et Caraïbes 11 11

1990 1999 2005 Cibles de 2015

8

Asie occidentale 2 4 6

Communauté des États indépendants (CEI) 3 8 5

Afrique du Nord 5 4 3

Pays en transition de l’Europe du Sud-Est 0,1 2 1

Régions en développement* 42 31 25

0

10

20

30

40

50

60

70 Pourcentages

* Comprend toutes les régions en développement, la Communauté des États indépendants (CEI) et les pays en transition de l’Europe du Sud-Est. Source : oNU, Objectifs du millénaire pour le développement, rapport 2009, p. 6.

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40 De petits écoliers nigérians, dans la ville de Lagos, s’adonnent à leurs exercices matinaux. Le Nigeria est l’un

ZOOM

Les Objectifs du millénaire : quelques résultats •  en Asie du Sud-est, la proportion de personnes vivant avec moins de 1,25 $ US  par jour est passée d’environ 40 % en  2000,  à  18 %  en  2007 ;  toutefois,  en Afrique subsaharienne, la proportion est restée la même, soit un peu  plus de 50 %. •  Dans l’ensemble des pays pauvres, le  taux d’enfants ayant accès à l’école  primaire a grimpé de 83 %, en 2000,  à 88 %, en 2007. en Afrique subsaharienne, l’augmentation est de 15 %.  Ces chiffres doivent toutefois être mis  en perspective, car l’accès à l’école ne  garantit pas que les enfants vont en  classe ou qu’ils terminent leurs études  primaires. •  La mortalité chez les enfants de moins  de 5 ans est passée de 93 décès pour  1000 naissances, en 1990, à 67 décès  pour 1000 naissances, en 2007. Source : oNU, 2009.

des pays les plus pauvres d’Afrique et la mortalité infantile y est particulièrement élevée. Cependant, de nombreux programmes d’aide permettent à de plus en plus d’enfants de fréquenter l’école.

41 L’aide publique au développement (APD) nette des pays membres de l’OCDE-CAD en proportion

du PIB total des donateurs, de 1990 à 2008 De 1990 à 2008, l’aide publique au développement aux pays les moins avancés n’a jamais dépassé la barre des 0,10 %. Pourcentages 0,40 APD totale APD aux pays les moins avancés (très pauvres)

0,35 0,30 0,25 0,20 0,15 0,10 0,05 0,00 1990

1994

1999

2004

Source : oNU, Objectifs du millénaire pour le développement, rapport 2009, p. 49.

2008

Années

ENJEU 1

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L’ é q u i l i b r e   e n t r e   l a   j u s t i c e   s o c i a l e   e t   l e   d é v e l o p p e m e n t   é c o n o m i q u e

PReNDRe POSITION

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(CD 2)

Les questions portent sur le contenu des pages 169 à 178.

répartir la richesse nationale pour plus de justice sociale À l’échelle de la planète, la réduction des écarts entre les pauvres et les riches est un immense défi pour la communauté internationale. Mais ces écarts existent aussi entre les citoyens riches et les citoyens pauvres d’un pays, d’une région et même d’une ville. C’est le gouvernement qui a la responsabilité d’assurer la redistribution de la richesse au sein de la population. Pour ce faire, il doit adopter des politiques susceptibles d’assurer la paix et la justice sociale tout en créant des conditions favorables au développement économique, nécessaire au bienêtre collectif.

La pOLitiQue fiscaLe Pour garantir un minimum de justice sociale par des services publics, et aussi pour assurer le bon fonctionnement de l’économie, le gouvernement a besoin d’argent et doit donc avoir des revenus. Et c’est dans les revenus des citoyens et des entreprises de son territoire qu’il puise l’argent dont il a besoin. Comment ? En prélevant un impôt sur le revenu des travailleurs et des entreprises et en percevant des taxes sur la vente des produits et des services. L’ensemble de ces mesures font partie de ce qu’on appelle la politique fiscale. Les taxes et l’impôt sur le revenu constituent les principales sources de revenus des gouvernements. Le Québec et le Canada, ainsi que plusieurs autres pays, ont opté pour un système d’impôt progressif, ce qui signifie que le taux d’imposition augmente en fonction du niveau de revenu et que les riches paient proportionnellement un impôt plus élevé que les travailleurs moins rémunérés. Ainsi, plus un contri­ buable gagne un revenu important, plus le pourcentage d’impôt qu’il paie est élevé. Ce système permet de réduire les écarts entre les revenus des citoyens.

1 Parmi les huit Objectifs du millénaire pour le développement adoptés par l’ONU, lesquels vous semblent prioritaires ? Expliquez vos choix. 2 À la lumière des résultats obtenus relativement aux Objectifs du millénaire pour le développement, expliquez comment les crises économiques affectent davantage les pays pauvres. 3 Comment les Québécois et les Canadiens sont-ils imposés ? 4 Comparez la politique fiscale du Canada et celle des États-Unis. En quoi diffèrentelles ? Quels sont les valeurs et les choix de société derrière ces politiques ? En tant que citoyen ou citoyenne, laquelle privilégiez-vous ? Expliquez votre réponse. 5 Pour augmenter leurs revenus et atteindre un meilleur équilibre social, les États pourraient envisager d’augmenter l’impôt sur le revenu des particuliers et des entreprises. Énumérez les avantages et les risques d’une telle politique et donnez votre position.

EXAMINER DES POINTS DE VUE RELATIFS À L’ENJEU : ACTiViTÉ Composante de la CD 2

une étude du coefficient de Gini dans le monde Outils de référence : votre manuel Enjeux et Internet. Pour mesurer les écarts de richesse à l’intérieur d’un pays, on utilise le coefficient de Gini. Ce coefficient varie d’un pays à l’autre, et il permet de faire des comparaisons entre les pays. 1 Vous devez comparer des groupes de pays. a) À partir de la carte Le coefficient de Gini dans le monde en 2010, à la p. 174, dressez la liste des pays dont le coefficient de Gini est inférieur à 0,3. b) Repérez ensuite les régions du monde où le coefficient de Gini est supérieur à 0,5. c) Quelles conclusions tirez-vous ? 2 Vous devez maintenant établir des liens entre le coefficient de Gini de certains pays et les choix sociaux et les politiques fiscales de leurs gouvernements. a) Faites un tableau où vous inscrirez pour le Canada, les États-Unis et la Norvège : • l’indice de Gini ; • une brève description de la politique fiscale et des programmes sociaux (programmes de redistribution de la richesse). b) À partir de vos observations, lequel des trois États offre le meilleur équilibre entre la justice et le développement économique ? Justifiez votre réponse.

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42 Le coefficient de Gini dans le monde en 2010



         

 

  

 

   

1 : 210 000 000 (projection de Gall) 0

2 000



4 000 km

Échelle à l’équateur

               

Source : Statistiques mondiales [en ligne]. (Consulté le 3 mars 2010.)

ZOOM

Le coefficient de Gini Alors que la richesse des pays peut se mesurer en termes de PiB, de PiB par habitant  ou d’indice de développement humain  (iDH), il est aussi possible de quantifier les  écarts de richesse qui existent à l’intérieur  des pays eux-mêmes grâce à un outil de  mesure appelé coefficient de Gini. Chiffré en pourcentage ou sur une échelle de  0 à 1, le coefficient de Gini d’un pays totalement égalitaire aurait une note parfaite de 0, tandis qu’un pays présentant  de grandes inégalités obtiendrait une note  beaucoup plus élevée. À titre d’exemple,  en 2007-2008, le Canada avait un coefficient de Gini de 0,326. La Norvège, pays  réputé pour ses politiques sociales, avait,  quant  à  elle,  un  coefficient  de  Gini  de  0,258. Les États-Unis obtenaient une note  de 0,408, et la Namibie, de 0,743.

La redistributiOn de La richesse Le gouvernement a la responsabilité d’utiliser l’argent qu’il perçoit pour financer des programmes de redistribution de la richesse, comme les programmes d’aide sociale. Sans éliminer les classes sociales, ce système fiscal permet de protéger et d’aider les citoyens les plus pauvres. D’autres programmes, comme l’assurancemaladie, le système d’éducation et le régime de pension, permettent d’offrir des services essentiels à tous les citoyens, quelle que soit leur situation financière. Ces programmes universels assurent une meilleure justice sociale. Cette redistribution de la richesse est plus difficile dans les pays pauvres, où les gouvernements n’ont pas toujours les revenus nécessaires pour offrir la même

qualité et le même nombre de services publics que les pays développés.

des Écarts entre Les paYs riches Les pays riches n’ont pas tous les mêmes politiques de redistribution de la richesse. Des pays comme le Canada et surtout les pays scandinaves ont une culture traditionnellement sociale­démocrate, c’està-dire qu’ils favorisent un impôt sur le revenu et des taxes élevés pour offrir un grand nombre de programmes sociaux. D’autres pays, comme les États-Unis, imposent et taxent moins leurs contribuables, car ils considèrent que c’est aux citoyens de payer la plus grande partie des services dont ils ont besoin. Cette mentalité a toutefois commencé à changer aux États-Unis avec la réforme du système de santé adoptée en mars

ENJEU 1

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L’ é q u i l i b r e   e n t r e   l a   j u s t i c e   s o c i a l e   e t   l e   d é v e l o p p e m e n t   é c o n o m i q u e

1880

1917

43

1932

1947

1954

44

2010, garantissant une assurancemaladie à 38 millions d’Américains qui jusque-là n’étaient pas assurés. Partout, les programmes sociaux et les services publics sont toutefois affectés par des compressions budgétaires de plus en plus fréquentes. Les crises économiques et le vieillissement de la population, entre autres, pèsent lourdement sur les budgets gouvernementaux. De plus, les délocalisations de production vers les pays pauvres entraînent parfois des

43 Le 30 mai 2009, quelque 5000 personnes défilent

dans les rues de Seattle, aux États-Unis, pour manifester leur appui à la réforme du système de santé proposée par le président américain Barack Obama. Partout dans le pays, des manifestations sont organisées. 44 Aux États-Unis, même si des millions d’Améri-

cains n’ont pas accès à des services médicaux, la réforme du système de santé proposée par le président Barack Obama a profondément divisé l’opinion publique. Une grande partie de la population s’y est farouchement opposée et de grandes manifestations anti-réforme ont eu lieu à plusieurs reprises.

Aujourd’hui

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CHIFFRES

Les revenus du Canada Les taxes et les impôts perçus par le gouvernement  fédéral  canadien  en  2009  s’élevaient à 196,7 milliards $. Avec ses  autres  sources  de  revenus,  totalisant  47 milliards $, le gouvernement canadien  a cumulé cette année-là des recettes de  243,7 milliards $. Source : Statistique Canada, 2009.

fermetures d’entreprises et, dans certains cas, une augmentation du chômage, ce qui se traduit par des baisses de revenus pour les gouvernements. Ces multiples facteurs limitent la capacité des gouvernements des pays développés à redistribuer équitablement la richesse.

ment économique ? Au Québec, toute portion de salaire supérieure à 60 000 $ est imposée à près de 50 %, un taux que les contribuables qui ont un haut revenu jugent beaucoup trop élevé en comparaison de celui d’autres pays, comme les États-Unis, où le taux d’imposition maximal est de 41 %.

L’enVers de La mÉdaiLLe

Il y a quelques décennies, certains pays d’Europe, notamment la Suède, le Royaume-Uni et la France, ont adopté des taux d’imposition allant jusqu’à 70 % et plus pour la dernière tranche de revenu. Mais de tels niveaux d’imposition risquent aussi de freiner la croissance économique. Mécontents, les citoyens les plus riches peuvent être démotivés à

Devant ces baisses de revenus et leurs dépenses qui grimpent, les gouvernements pourraient être tentés d’augmenter l’impôt sur le revenu et les taxes sur les produits et les services. Mais jusqu’à quel point peuvent-ils imposer et taxer les contribuables sans nuire au développe-

ENJEU 1

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L’ é q u i l i b r e e n t r e l a j u s t i c e s o c i a l e e t l e d é v e l o p p e m e n t é c o n o m i q u e

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FOCUS

Pauvres et riches : l’écart se creuse dans les villes américaines S’il existe d’importantes disparités économiques entre les villes et les campagnes, on en trouve d’aussi grandes à l’intérieur même des centres urbains. Dans certaines villes américaines, le fossé entre riches et pauvres s’élargit à un point tel qu’il atteint un niveau comparable à celui des villes africaines. Detroit, Buffalo, Cincinnati, Cleveland, Miami, Saint Louis, El Paso et Philadelphie : en 2006, plus du quart des habitants de ces municipalités vivaient sous le seuil de la pauvreté, une réalité qui frappe tout spécialement les familles afro-américaines et hispanophones. Ces inégalités économiques se traduisent par de criantes inégalités sociales. À titre d’exemple, l’espérance de vie des Afro-Américains se rapproche de celle enregistrée en Chine et en Inde, des pays traditionnellement beaucoup plus pauvres que les États-Unis. Les riches s’enrichissent, et les pauvres s’appauvrissent. Alors que l’écart entre les riches et les pauvres avait diminué entre 1929 et 1972, il a recommencé à se creuser à partir de cette date : entre 1972 et 2001, le revenu moyen des Américains s’est accru de 34 %, mais celui des 10 % les plus riches a grimpé de 181 %. Sous l’effet de la mondialisation et des délocalisations, les protections des travailleurs diminuent et de nombreux emplois sont déplacés vers d’autres pays, ce qui contribue à appauvrir davantage la population. À l’inverse, les villes attirent des entreprises de haute technologie et des professionnels très spécialisés, avec des salaires de plus en plus élevés. La classe moyenne s’étiole peu à peu et déménage dans les banlieues, ce qui creuse encore plus le fossé entre les riches et les pauvres.

l’idée de travailler davantage ou, pire encore, peuvent choisir de s’exiler dans un pays où les mesures fiscales sont moins

contraignantes. Autre point important à considérer : les mesures fiscales trop sévères peuvent aussi parfois favoriser la fraude

47 Les types de gouvernements et d’administrations et le processus de taxation et d’imposition au Canada

Gouvernement ou administration

Impôt

Taxes

Gouvernement fédéral

Impôt sur le revenu

Taxe sur les produits et services (TPS), taxe sur les carburants, taxe sur les boissons alcoolisées, douane

Gouvernement provincial

Impôt sur le revenu

Taxe de vente du Québec (TVQ), taxe sur les carburants, taxe sur les boissons alcoolisées, impôt sur le tabac, cotisation au Fonds des services de santé (FSS), permis divers

Administration municipale

Impôt foncier

Tarification de services : enlèvement et destruction des ordures ménagères, consommation de l’eau, loisirs (centres sportifs, bibliothèques, etc.)

Administration scolaire

Taxe scolaire

Source : REVENU QUÉBEC, Taxes et impôts au Québec : pourquoi et pour qui ?, printemps 2009, p. 4.

45 Le gouvernement québécois, comme beaucoup

d’autres, offre à sa population des services publics, comme le système de santé. Au Québec, on compte plus de 80 000 infirmiers et infirmières, dont la majorité travaille, comme celles-ci, dans les hôpitaux du Québec. 46 Mars 2009 : le chantier de l’autoroute 25, de part

et d’autre de la rivière des Prairies. Plus de 400 travailleurs construisent le pont et ses voies d’accès qui relieront dès 2011 les villes de Montréal et de Laval, au Québec. Les gouvernements ont la responsabilité de développer de telles infrastructures.

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fiscale, comme le travail au noir, et priver le gouvernement de revenus d’impôts. Même scénario pour les taxes sur la vente de produits et de services. En surtaxant les biens de consommation et les services, le gouvernement risque de réduire du même coup la consommation et, par conséquent, l’activité économique. Réduire la consommation est souhaitable

2

ENJEU

pour l’environnement, mais il faut trouver un juste équilibre pour assurer une croissance économique suffisante, soutiennent les experts. Bref, l’équilibre entre une juste redistribution de la richesse et le développement économique est un défi tant pour les gouvernements nationaux que pour la communauté internationale.

Le contrôle des ressources Pétrole, gaz naturel, minerais : les ressources naturelles abondent dans de nombreux pays pauvres, mais elles sont, en grande partie, contrôlées par des intérêts étrangers. Résultat : une part des revenus échappe à ces pays, qui, ainsi, ne profitent pas pleinement de leurs richesses collectives. Même leurs terres arables sont convoitées par des puissances étrangères. Comment les États pauvres peuvent­ils mieux contrôler leurs ressources naturelles, essentielles à leur développement ? Par ailleurs, les pays émergents profitent des délocalisations, qui leur donnent accès à un autre type de ressource essentielle au développement écono­ mique : la technologie. Résultat : ils font concurrence aux pays riches. Ceux­ci devront­ils protéger certaines de leurs ressources techniques de pointe ?

comment les États pauvres peuvent-ils mieux contrôler leurs ressources naturelles ? Les ressources naturelles d’un pays constituent une richesse collective pour sa population. La Déclaration sur le droit au développement, adoptée par l’ONU en 1986, confirme d’ailleurs le droit souve­ rain des États et des peuples sur leurs ressources naturelles. Or, plusieurs pays pauvres peinent à exercer cette souverai­

neté et à tirer pleinement profit de leurs ressources, car, dans bien des cas, ils n’ont ni les moyens financiers ni les moyens techniques de les exploiter. L’exploitation pétrolière et l’extraction minière exigent des investissements énormes, des équipements spécialisés et des ressources technologiques, dont seules les multinationales disposent. Résultat : de nombreux pays pauvres doivent composer avec la présence de multinationales, qui ont les moyens d’exploiter ces ressources et qui leur paient,

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Le contrôle des ressources

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en retour, des redevances, c’est-à-dire un pourcentage des bénéfices. Dans certains cas, les redevances peuvent atteindre plus de 50 % ; dans d’autres, elles sont beaucoup moins élevées. Les ententes conclues entre les entreprises étrangères et les gouvernements, dont certaines ne sont pas équitables pour les pays en développement, surtout pour les plus pauvres, rapportent d’énormes profits aux multinationales. Ces dernières peuvent ainsi exploiter et vendre des matières premières, qui alimentent l’industrie mondiale. Mais ces ententes procurent aussi des capitaux importants aux pays en

développement, qui autrement n’auraient pas les moyens d’exploiter seuls les mines ou les gisements et de générer de tels revenus. Dans certains pays, les revenus provenant des redevances ne profitent qu’à une minorité de citoyens ; dans d’autres, comme au Gabon, ils contribuent à élever le niveau de vie de la population et à développer l’économie. Et dans d’autres encore, notamment dans plusieurs pays arabes, ces revenus ont même permis à l’État de se réapproprier entièrement les ressources.

48 L’Arabie saoudite a complètement repris le

contrôle de l’exploitation pétrolière sur son territoire dans les années 1980. Ici, un dirigeant saoudien d’Aramco, l’entreprise pétrolière nationale, visite une partie des installations de la plus grande raffinerie du pays, à Ras Tanoura.

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Le pÉtrOLe arabe : L’histOire d’une prise de cOntrôLe Arabie saoudite, 1951 : Aramco, un consor­ tium pétrolier composé de quatre grandes multinationales américaines, contrôle et exploite les énormes gisements de pétrole du pays. L’entreprise ne verse alors que 30 % de ses profits à l’État saoudien, qui n’a ni les moyens ni l’expertise technique nécessaires pour exploiter lui-même les gisements. Conscient, cependant, de la valeur de cette ressource très convoitée, le roi de l’époque, Ibn Séoud, entreprend des négociations et obtient finalement, en 1951, un partage à 50 % avec le consortium. Dix ans plus tard, le pourcentage grimpe à 60 %, voire à 75 % en vertu de certains contrats. Les revenus de l’État saoudien sont alors astronomiques et lui permettent, dès 1980, de devenir entièrement propriétaire d’Aramco, qui prendra ensuite le nom de Saudi Arabian Oil Company. En moins de 30 ans, l’État saoudien a repris le contrôle d’une ressource naturelle qui a fait sa richesse. L’Arabie saoudite, qui était, dans les années 1940, un

pays peu développé, occupe aujourd’hui le 57e rang du classement mondial selon le Voir le tableau Le PIB par habitant. niveau de vie des pays producteurs de pétrole en 2008, p. 182. Au cours de la même période, plusieurs autres pays arabes, comme l’Irak, les Émirats arabes unis, le Koweït et le Qatar, prennent aussi le contrôle de leurs ressources pétrolières, faisant ainsi grimper le niveau de vie de leur population. L’Iran, qui avait tenté en vain, dans les années 1950, de nationaliser son pétrole alors entre les mains d’intérêts britanniques, reprend le contrôle complet de sa ressource en 1979. Les États du golfe Persique contrôlent maintenant leur pétrole. Cependant, ils maintiennent toujours d’étroits partena­ riats avec des multinationales pétrolières étrangères.

Le pÉtrOLe africain : mOins rentabLe Si les partenariats avec des multinationales ont permis aux pays arabes de s’enrichir au point de pouvoir reprendre le

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Le contrôle des ressources

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contrôle de leur ressource et d’augmenter le niveau de vie de leur population, la situation est plus complexe pour les pays africains producteurs de pétrole. D’une part, les gisements de pétrole du golfe Persique sont gigantesques par rapport à ceux de l’Afrique. La production pétrolière africaine est donc moins importante et génère moins de revenus. D’autre part, les gisements des pays arabes sont faciles d’accès et les coûts d’extraction sont relativement bas. Les gisements d’Afrique, pour la plupart situés en mer ou en bord de mer, sont difficiles d’accès et beaucoup plus coûteux à exploiter ; la marge de profit est donc moins élevée.

Guerres et cOrruptiOn : des pÉtrOdOLLars Qui s’enVOLent Les guerres et la corruption qui déstabilisent l’économie de plusieurs pays africains y réduisent considérablement les retombées économiques du pétrole. À la faveur des guerres civiles, des conflits interethniques et des changements brusques de gouvernement, certaines multinationales ont réussi à négocier à

la baisse le partage des bénéfices. La corruption joue également en faveur des entreprises étrangères, car, en versant des pots-de-vin aux dirigeants, certaines d’entre elles sont parvenues à réduire les redevances « officiellement » versées, ou encore, à obtenir des avantages fiscaux ou légaux. Résultat : les revenus du pétrole perçus par plusieurs États africains sont bien inférieurs à ce qu’ils devraient être.

L’exemple tchadien Malgré ses gisements de pétrole, le Tchad est un pays très pauvre, avec un maigre PIB par habitant de 1345 $ US en 2008. Les guerres civiles qui secouent le pays depuis 1960 et la mauvaise gouvernance ont considérablement nui à son développement. Ainsi, en 2003, le gouvernement confie à un consortium pétrolier, constitué de plusieurs multinationales du pétrole, l’exploitation d’importants gisements. Le consortium s’engage alors à payer, au départ, des redevances de 12,5 %, un pourcentage qui, en principe, devait atteindre les 50 % lorsque les multinationales auraient amorti leurs

49 Ce paysage de dunes de sable et de sites de

forage est typique de l’Arabie saoudite, un des plus gros exportateurs de pétrole du monde. Les coûts d’extraction en zone désertique sont relativement bas, ce qui rend l’exploitation du pétrole saoudien très profitable. 50 Une grande partie des gisements de pétrole en

Afrique se trouvent en mer ou en bord de mer, ce qui rend l’extraction difficile et coûteuse. Ici, une plate-forme de forage dans le delta du Niger, au large des côtes du Nigeria.

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investissements (en 2010, Exxon Mobil versait des redevances d’à peine 19,5 %). Le Tchad, pour sa part, s’engage à construire un oléoduc pour le transport du pétrole et obtient, à cette fin, des fonds de la Banque mondiale. Cette dernière assortit le prêt d’une condition : 70 % des profits perçus sur l’exploitation du pétrole doivent être investis dans divers programmes de lutte contre la pauvreté (écoles, santé, routes, etc.) et 10 % dans un fonds de réserve pour les générations futures.

Or, entre 2005 et 2006, le gouvernement tchadien fait fi des menaces de réduction de fonds de la Banque mondiale et détourne une partie des profits pour l’achat d’armes. Aujourd’hui encore, la population tchadienne bénéficie très peu des retombées économiques du pétrole.

Le Gabon tire son épingle du jeu Le Gabon est, sans doute, l’un des pays africains ayant le plus profité de la manne pétrolière. Bien que sa production de

52 Le niveau de vie des pays producteurs de pétrole en 2008

Pays États-Unis Émirats arabes unis Koweït Arabie saoudite Iran Nigeria Tchad

PIB par habitant (en millions $ US)

0

10 000

20 000

30 000

40 000

50 000

Source : Banque mondiale, 2010 (données de 2006 pour les Émirats arabes unis et le koweït). 

60 000

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Le contrôle des ressources

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pétrole soit très inférieure à celle de l’Angola et du Nigeria, le Gabon affiche fièrement un PIB par habitant par jour de 36,79 $ US, tandis que celui-ci dépasse à peine les 5 $ US au Nigeria. La recette du Gabon ? Possiblement une meilleure gouvernance, qui se traduit par une meilleure redistribution de la richesse. La proportion de la population gabonaise vivant avec moins de 1,25 $ US par jour est de 19,6 %, soit un des taux les plus bas d’Afrique. Mais son secret réside avant tout dans la faible densité de sa population. Alors que le Nigeria compte plus de 151 millions d’habitants, le Gabon n’en compte que 1,4 million.

Le nigeria : la corruption engloutit les pétrodollars Le Nigeria est aux prises avec des tensions et des conflits depuis des décennies. Selon certains analystes et rapports d’institutions internationales, la corruption y est érigée en système, et les dirigeants du pays et de l’armée sont souvent accusés

de détourner une large partie des bénéfices du pétrole. Certaines multinationales du pétrole tirent profit de cette situation et certaines ont su négocier des ententes plus qu’avantageuses avec la Nigerian National Petroleum Corporation. Plusieurs de ces multinationales peuvent notamment compter sur la complaisance des autorités politiques et judiciaires, qui ferment parfois les yeux sur la négligence environnementale dont elles sont parfois accusées. Malgré une production de 2,4

51 Le Gabon, dont la population atteint à peine

1,4 million de personnes, est un des pays africains qui profitent le mieux des revenus de l’exploitation pétrolière. Le niveau de vie y est plus élevé que dans d’autres pays d’Afrique. Ici, une scène quotidienne du marché de Libreville. 53 Des femmes d’un village urhobo de la région

d’Afiesere, sur le bord du delta du Niger, au Nigeria, font cuire du tapioca près de la torche d’une installation pétrolière, dont la chaleur suffit pour la cuisson. Ce genre d’installation est une source de pollution et peut causer des problèmes de santé à la population locale.

54 Le pétrole et la pauvreté dans certains pays d’Afrique

Pays

PIB/h par jour (en $ US)

Proportion de la population vivant avec moins de 2 $ US par jour (en %)

Production de pétrole (en millions de barils par jour)

Population (en millions)

Production de pétrole par habitant (en barils par jour)

Angola

14,94

70,2

1,80

18,0

0,10

Gabon

36,79

19,6

0,27

1,4

0,19

Nigeria

5,27

83,9

2,40

151,3

0,02

Tchad

3,69

61,9

0,14

11,1

0,01

Sources : Banque mondiale, 2008 ; Agence internationale de l’énergie, 2008 ; Direction générale des statistiques du  Gabon, 2008. (Proportion de la polulation vivant avec moins de 2 $ US par jour : données de 2000 à 2005.)

184

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DoSSieR 3

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rıchEssE

PReNDRe POSITION

(CD 2)

Les questions portent sur le contenu des pages 178 à 184. 1 Un État pauvre peut-il reprendre le contrôle de ses ressources naturelles lorsqu’elles sont exploitées par des multinationales ? Expliquez votre réponse. 2 Selon vous, la souveraineté des États africains sur leurs ressources naturelles est-elle menacée ? Justifiez votre réponse. 3 Certains États ne parviennent pas toujours à obtenir des redevances minimales de 50 % auprès des multinationales qui exploitent les ressources naturelles de leur pays. Que pensez-vous de cette situation ? 4 Au Nigeria, les pétrodollars n’entraînent pas une réduction de la pauvreté et l’exploitation du pétrole a des conséquences environnementales. Selon vous, qui est responsable de cette situation et à qui profite l’exploitation pétrolière ? Expliquez votre réponse. 5 Quel était le but de la Banque mondiale en imposant au Tchad des conditions au financement de son oléoduc ? Que pensez-vous de ces conditions et de la façon dont le gouvernement tchadien dépense les revenus générés par l’exploitation de son pétrole ?

EXAMINER DES POINTS DE VUE RELATIFS À L’ENJEU : ACTiViTÉ Composante de la CD 2

La nationalisation des ressources en bolivie Outils de référence : votre manuel Enjeux, des articles parus dans les médias et Internet. En 2006, le président bolivien Evo Morales et son gouvernement nationalisent le gaz naturel et le pétrole permettant ainsi au pays de prendre le contrôle de ses ressources. La Bolivie établit de nouvelles ententes d’exploitation avec les multinationales présentes sur son territoire. Afin de bien cerner le sujet, de comprendre les différents points de vue défendus et d’alimenter votre réflexion, vous devez préparer une revue de presse sur les nationalisations boliviennes. Vous serez ensuite en mesure de donner votre point de vue sur le sujet. 1 Effectuez une recherche pour trouver les éléments suivants, qui constitueront votre revue de presse : • deux éditoriaux ; • deux articles publiés sur Internet ; • deux articles parus dans la presse écrite ; • une caricature. 2 Afin de mieux comprendre la situation économique de la Bolivie, incluez dans votre revue de presse un portrait du pays. Ce portrait doit contenir les éléments suivants : • une carte géographique du pays ; • son PIB par habitant ; • sa population ; • ses principales ressources naturelles ; • son PIB total ; • ses principales exportations. 3 À la lumière de vos recherches, expliquez les motifs qui ont conduit aux nationalisations en Bolivie ainsi que les réactions de la population et celles des multinationales. 4 Expliquez en quelques lignes votre opinion par rapport aux nationalisations boliviennes et à la position du gouvernement d’Evo Morales.

millions de barils par jour − très largement supérieure à celle du Gabon −, le Nigeria, qui est pourtant membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et qui compte plus de 3 % de toutes les réserves de pétrole du monde, demeure un pays d’extrême pauvreté. Le taux de personnes vivant avec moins de 1,25 $ US par jour y dépasse 83 %. Le taux d’extrême pauvreté reste également très élevé en Angola, bien que la population totale y soit très inférieure à celle du Nigeria et que la production de pétrole y soit supérieure à celle du Gabon.

et Les mines d’afriQue ? Or, argent, fer, cuivre, cobalt, nickel, plomb, étain, zinc, diamant, bauxite... le sous-sol de nombreux pays africains regorge de minerais, de métaux et de pierres précieuses qui ont fait et qui font toujours la fortune de plusieurs multinationales, mais qui ne profitent guère aux populations africaines. Les pays africains ne sont pas les seuls exportateurs de ces matières premières, mais celles-ci constituent l’essentiel de leurs exportations. Cette situation nuit à leur développement et à leur croissance économique à long terme pour plusieurs raisons : • l’économie de ces pays est presque entièrement dépendante de l’extraction des ressources naturelles, c’està-dire du secteur primaire. Or, ce secteur ne crée pas autant de richesse que les secteurs secondaire (transformation et fabrication) et tertiaire (services) ; • si les prix des métaux et des minerais enregistrent une hausse presque constante depuis plusieurs années, ils sont toutefois sujets aux fluctuations du marché. En 2008 et en 2009, les prix de plusieurs métaux et minerais ont connu des chutes vertigineuses, entraînant de lourdes baisses de revenus pour les pays qui dépendent de leur exportation. Par exemple, en 2008, le prix du cuivre, qui avait presque doublé depuis 2005 pour atteindre 9000 $ US la tonne, a chuté à moins de 4000 $ US la tonne. Un

Sources des données de la carte : «Mineral facilities of Africa and Middle east», United States Geological Survey 2006; USGS Minerals information; cartes et atlas du Monde diplomatique,  Philippe Rekacewicz et Cécile Marin, 2000 à 2006; Atlas de l’Afrique, éditions du Jaguar, 2000; Google earth; couverture forestière: Millennium Ecosystem Assessment, 2005.

ENJEU 2

MAROC

ı

Le contrôle des ressources

MER MÉDITERRANÉE

TUNISIE

ALGÉRIE SAHARA OCCIDENTAL

LIBYE

ÉGYPTE

MER

MAURITANIE

MALI

NIGER

ROUGE SOUDAN

SÉNÉGAL

TCHAD

GAMBIE BURKINA FASO GUINÉEBISSAU

ÉRYTHRÉE

GUINÉE

DJIBOUTI

BÉNIN

NIGERIA

SOMALILAND

CÔTE D’IVOIRE TOGO GHANA

SIERRA LEONE

RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE ÉTHIOPIE

LIBERIA

OCÉAN

CAMEROUN GUINÉEÉQUATORIALE

ATLANTIQUE

SOMALIE

OUGANDA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

GABON

KENYA

RWANDA

CONGO

Les territoires de l’Afrique « utile » (captant l’essentiel des IDE)

OCÉAN

BURUNDI

INDIEN

TANZANIE

Pour la production de pétrole et de gaz Pour la production minière Pour l’exploitation de la forêt

MALAWI

ANGOLA

Principales ressources énergétiques Pétrole

Gaz naturel

Uranium

Charbon

ZAMBIE MOZAMBIQUE

ZIMBABWE

Principales ressources minières Or

Nickel

Bauxite

Argent

Étain

Chrome et chromite

Fer

Plomb

Platine

Cuivre

Zinc

Diamant

Cobalt

Manganèse

Autres pierres précieuses

BOTSWANA NAMIBIE SWAZILAND MADAGASCAR

LESOTHO AFRIQUE DU SUD

Forêt tropicale

Source : Le Monde diplomatique, L’atlas 2010, Paris, Armand Colin, 2009, p. 189. © Philippe RekACewiCz.

• les ressources minières ne sont pas inépuisables. Même si le sous-sol africain recèle les plus importantes réserves du monde de platine, d’or, de

1 : 50 000 000 (projection de Miller) 0

55 Ce que les grandes puissances convoitent

coup dur pour l’économie de la Zambie et du Congo, dont une large part des exportations repose sur celle du cuivre ;

Échelle

diamant, de chromite, de manganèse et de vanadium, la durée de vie de la plupart de ces mines varie de 20 à 50 ans. Ainsi, à plus ou moins long terme, certaines de ces ressources s’épuiseront. Sur quoi reposera alors l’économie des pays producteurs ?

500

1 000 km

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185

186

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DoSSieR 3

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rıchEssE

PORTRAIT

Evo morales (1959-) De  gardien  de  troupeaux  de  lamas  jusqu’au poste de président de la Bolivie,  le  parcours  d’evo  Morales  est  des  plus  atypiques. Natif d’un milieu très défavorisé et d’origine indigène aymara, Morales  se lance dans la politique comme militant  à la Centrale ouvrière bolivienne. il est  ensuite député et leader syndical, avant  de devenir le premier chef d’État indigène  de son pays. Élu en 2005, le gouvernement  socialiste  d’evo  Morales  entame  rapidement une refonte majeure de l’économie du pays, notamment en nationalisant les secteurs gazier et pétrolier et en  redistribuant  9  millions  d’hectares  de  terres  arables  aux  paysans  et  aux  indigènes. D’importantes compagnies étrangères d’énergie et de télécommunications  sont  aussi  nationalisées.  Réélu  en  décembre 2009, avec une importante majorité populaire, evo Morales s’engage alors  à poursuivre le partage équitable des richesses nationales.

56

La mauvaise gouvernance sertelle certaines multinationales ? Dans les années 1980 et 1990, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) incitent les pays africains à privatiser l’exploitation minière. Faute de capitaux, ceux-ci ne parviennent pas à exploiter leurs mines. La privatisation a alors pour but d’attirer l’investissement direct à l’étranger (IDE). Or, ces interventions de la Banque mondiale et du FMI sont critiquées, car elles donnent le contrôle de l’exploitation aux multinationales. De plus, les deux institutions encouragent les États africains à consen-

tir d’énormes avantages fiscaux et légaux pour attirer l’IDE. Résultat : les redevances que les grandes entreprises versent aux États sont très inférieures à ce qu’elles devraient être pour que les partenariats soient équitables pour les pays africains. Depuis, la Banque mondiale et le FMI ont revu leur position, mais la situation tarde à s’améliorer. En 2009, le Conseil économique et social des Nations unies a publié un rapport plutôt accablant, à la fois pour les pays et pour les multinationales, sur la situation de l’exploitation minière en Afrique. On y apprenait notamment que :

ENJEU 2

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Le contrôle des ressources

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187

56 Une mine de cuivre près de Lubumbashi, dans le

sud de la République démocratique du Congo. Malgré ses immenses ressources, le pays demeure un des plus pauvres d’Afrique. 57 Le 23 mai 2005, des milliers de paysans boliviens

manifestent en faveur de la nationalisation des industries du pétrole et du gaz naturel. « Récupérer les hydrocarbures, par la raison ou la force », « 100 % de redevances », pouvait-on lire sur leurs pancartes.

ZOOM

L’exemple bolivien : quand l’État reprend le contrôle en 2005, la Bolivie peine à s’industrialiser.  L’augmentation de la production nationale de gaz naturel et la hausse du prix  mondial  du  gaz  profitent  surtout  à  quelques multinationales. Celles-ci avaient  en effet réussi, 10 ans plus tôt, à faire  baisser les redevances qu’elles versaient à  l’État bolivien de 50 % à 18 %. 

57

• les contrats signés avec certaines multinationales sont assortis de réductions fiscales qui diminuent les redevances versées aux États ; • certaines de ces entreprises profitent de la corruption des dirigeants et de l’instabilité politique pour ne pas faire d’études sur les impacts environnementaux et sociaux ou pour ne pas se conformer aux lois nationales du travail et de l’environnement ; • la part de l’investissement que les multinationales doivent allouer au développement en vertu de ces contrats se limite parfois à quelques bourses

d’études universitaires dans le but de former de futurs employés ; • certains fonctionnaires et les dirigeants parfois corrompus de plusieurs de ces États détournent les redevances à des fins personnelles ou partisanes. Résultat : le niveau de pauvreté ne diminue pas ; • l’argent des redevances devrait servir, entre autres, à développer des industries locales de fabrication de produits à valeur ajoutée pour diversifier les activités économiques et réduire la dépendance à l’égard du secteur minier. Ce n’est pas toujours le cas.

Lorsque le président evo Morales arrive au  pouvoir en 2005, il tient ses promesses  électorales et nationalise partiellement les  secteurs du gaz naturel et du pétrole. L’extraction reste entre les mains des multinationales,  mais  ces  dernières  doivent  désormais  vendre  leur  production  à  la  Yacimientos Petrolíferos Fiscales Bolivianos,  qui  appartient  à  l’État.  Les  redevances  versées par les entreprises sont de nouveau fixées à 50 %.  Les multinationales du pétrole installées  en Bolivie finissent par accepter les conditions imposées par cet État, qui a réussi  à  reprendre  ainsi  le  contrôle  de  ses  ressources.

188

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rıchEssE

La transparence minière et la croissance économique Les multinationales qui exploitent les mines d’Afrique, seules ou en partenariat avec des sociétés nationales, paient des redevances aux États. Dans quelques cas, ces redevances sont inférieures à 15 %, mais, dans la plupart des cas, elles atteignent aujourd’hui 50 %. Or, l’argent provenant de ces redevances ne profitent pas toujours aux populations africaines. En effet, l’argent est parfois détourné par les dirigeants, les fonctionnaires ou même l’armée à des fins personnelles ou militaires. Cette corruption et cette mauvaise gouvernance entraînent une instabilité politique, qui nuit à la croissance économique et à la lutte contre la pauvreté sur le territoire africain.

contrôlé par une coalition de gouvernements, d’entreprises d’extraction, d’investisseurs et d’organisations internationales. L’ITIE permet de surveiller la transparence des transactions entre les multinationales et les gouvernements africains. Lorsqu’il joint l’ITIE, un État s’engage à rendre publics « sous une forme accessible, complète et compréhensible » tous les revenus provenant de l’exploitation minière. En 2010, 16 pays africains avaient adhéré à ce programme volontaire. Certains ont même renégocié des contrats. Par exemple, le Liberia a annulé des clauses qui permettaient aux entreprises d’extraction d’enfreindre les lois environnementales en vigueur et les droits de la personne. Bien que de nombreux problèmes persistent dans quelques pays, l’ITIE est perçue par certains comme la marque d’une volonté d’assainir les pratiques du secteur minier en Afrique.

En 2002, afin d’y mettre un frein, Tony Blair, alors premier ministre britannique, lance l’Initiative pour la transparence dans les industries d’extraction (ITIE), un programme de « bonne gouvernance » ZOOM

La Thaïlande défend ses terres Une loi thaïlandaise de 1999 interdit aux  personnes et aux entreprises étrangères  d’acheter ou de louer des terres agricoles.  or, en 2009, secoués par la hausse faramineuse du prix du riz et des autres céréales,  des  pays,  notamment  du  golfe  Persique, lorgnent les terres agricoles de  la Thaïlande. La révolte populaire gronde.  Les Thaïlandais refusent que leurs paysans  deviennent de simples employés d’entreprises étrangères. Les opposants craignent  également que la sécurité alimentaire du  pays  soit  compromise.  Des  entreprises  étrangères réussissent tout de même à  s’implanter en utilisant des prête-noms thaïlandais. Le ministre de l’Agriculture  ordonne alors une enquête et dépose un  projet  de  loi  qui  vise  la  protection  des  terres  arables  thaïlandaises.  Mais  si  la  Thaïlande défend âprement ses terres, elle  n’hésite pas, de son côté, à exploiter des  terres en sol étranger, en particulier au  Cambodge, alléguant que ce dernier profite des transferts technologiques.

58 Les principales ressources minières de l’Afrique

Ressource minière Groupe du platine

Part de l’Afrique dans la production mondiale (en %) 54

Rang mondial

Part de l’Afrique dans les réserves mondiales (en %)

Rang mondial

1

60

1

Phosphate

27

1

66

1

Or

20

1

42

1

Chrome

40

1

44

1 1

Manganèse

28

2

82

Vanadium

51

1

95

1

Cobalt

18

1

55

1

Diamant

78

1

88

1

4

7

45

1

Aluminium

Source : Conseil économique et social de l’oNU, Commission économique pour l’Afrique, 2009.

Les terres arabLes : une ressOurce cOnVOitÉe États-Unis, Arabie saoudite, Corée du Sud, Inde, Chine, Qatar, de plus en plus de pays riches ou émergents cherchent à louer ou à s’approprier les terres arables de pays pauvres, et le mouvement est déjà bien enclenché. Ces pays, aux prises avec

un manque de terres arables ou avec une densité de population trop élevée, ont déjà mis la main sur plus de 30 millions d’hectares de terres fertiles en Asie et en Afrique. Les pays en développement de ces régions y voient, pour leur part, une source de revenus. Cependant, plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) dénoncent cette situation, qui

ENJEU 2

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Le contrôle des ressources

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189

59

inquiète aussi les experts de l’ONU ; selon ces derniers, des conséquences potentiellement néfastes pour les pays pauvres sont à craindre : • ces locations ou achats de terres arables dépossèdent les paysans locaux et l’État d’une ressource collective essentielle ;

• les entreprises étrangères qui s’approprient ces terres y exploitent souvent des monocultures, notamment pour les biocarburants, ce qui menace la fertilité des sols à long terme. Cette emprise étrangère sur une ressource aussi essentielle à la population est considérée comme une nouvelle forme de

59 La Thaïlande a adopté une loi interdisant aux

citoyens et aux entreprises du pays de vendre des terres arables à des intérêts étrangers. La Thaïlande veut ainsi préserver son autosuffisance alimentaire. Ici, une paysanne thaïlandaise s’affaire aux champs à Mae Hong Son.

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Échelle 1 : 150 000 000 (projection de Miller) 0

1 000

2 000

3 000 km

Échelle à l’équateur

Indicateur de stress hydrique (WSI) Exploitation faible modérée forte 0

0,3

0,5

0,7

intense 1

et plus

60 De vastes zones de pénurie d’eau douce dans le monde Source : Le Monde diplomatique, L’atlas 2010, Paris, Armand Colin, 2009, p. 27. © Philippe RekACewiCz.

ZOOM

Le Malawi innove et assure son autosuffisance alimentaire en 2004, la famine frappe le tiers de la  population du Malawi. Mais depuis, ce  pays d’Afrique a atteint l’autosuffisance  alimentaire et il est même devenu exportateur de maïs. en 1999, le gouvernement  malawien lance un programme de subventions agricoles. il doit toutefois l’abandonner, car ce dernier contrevient au plan  proposé par la Banque mondiale et le FMi,  qui vise à axer l’agriculture du pays sur des  produits d’exportation, comme le tabac  et le thé. or, dès son élection en 2004, le  président  Bingu  wa  Mutharika  décide,  malgré les prêts consentis par les deux  institutions, de ne pas suivre leurs recommandations et de lancer un programme  d’aide agricole avec l’appui financier du  Royaume-Uni et de l’Union européenne.  en vertu de ce programme, les agriculteurs reçoivent des sacs d’engrais et de  semences à fort rendement. en trois ans  à peine, le programme permet au Malawi  d’atteindre son autosuffisance alimentaire  et de vendre des surplus au Programme  alimentaire mondial.

colonialisme. Des pays riches « soustraitent » ainsi leur production agricole pour satisfaire leurs besoins, principalement en maïs, en riz, en soja et en canne à sucre. Les pays riches soutiennent que, en échange, les pays pauvres bénéficient d’un transfert de technologies, mais l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) doute que ces transferts de technologies de pointe soient vraiment utiles aux paysans locaux.

L’Or bLeu : une richesse cOLLectiVe ? En 2050, selon l’ONU, 1,8 milliard d’êtres humains vivront dans des zones totalement privées d’eau, et 5 autres milliards habiteront des régions où l’accès à l’eau sera sérieusement compromis. Les zones du Sahara et du Moyen-Orient seront particulièrement touchées, pays pauvres et pays riches confondus. Ces chiffres montrent que le contrôle de l’eau s’annonce comme un enjeu international majeur du 21e siècle. Avec 9 % des réserves mondiales d’eau douce renouvelables, dont le tiers se

trouve au Québec, le Canada n’a pas à craindre le stress hydrique (demande en eau supérieure à la quantité disponible) prévu dans de nombreux pays en 2025, notamment dans plusieurs régions des États-Unis. Dans une situation de pénurie mondiale, l’abondance d’eau au Québec et au Canada peut être synonyme d’exploitation commerciale et d’importants profits. Mais qui doit contrôler ou posséder cette ressource ? Le gouvernement, donc la population, ou les entreprises privées, qui ont les moyens d’exploiter, de distribuer et de vendre efficacement l’eau aux autres pays ? Si l’eau québécoise devait être commercialisée ou transférée massivement aux États-Unis, faudrait-il la nationaliser ? En 2008, les spécialistes estimaient à 65 milliards $ les revenus bruts annuels qui pourraient être générés si le Québec vendait 10 % de ses ressources d’eau douce renouvelables. Une exportation à grande échelle exigerait toutefois la résolution de nombreux dilemmes et l’établissement d’un cadre légal et réglementaire qui ferait consensus. Comment

ENJEU 2

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Le contrôle des ressources

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191

61 Les experts estiment que 70 % de l’eau douce disponible est utilisée pour l’agriculture. Ici, un arrosage massif

de pommiers dans le Val Venosta, en Italie.

ZOOM

La consommation d’eau

62 La consommation d’eau potable dans l’agriculture

Ce tableau donne quelques exemples de la quantité d’eau nécessaire dans la production agricole. Culture / élevage

Besoins en eau (en litres d’eau par kilogramme d’aliments produits)

Pommes de terre

De 500 à 1500

Blé

De 900 à 2000

Luzerne

De 900 à 2000

Maïs

De 1000 à 1800

Sorgho

De 1100 à 1800

Soja

De 1100 à 2000

Riz

De 1900 à 5000

Poulets

De 3500 à 5700

Bœufs

De 15 000 à 70 000

Source : environnement Canada, 2005.

Le  niveau  global  de  la  consommation  d’eau potable au Québec se situe à près  de 780 litres par personne par jour (l/p/j),  la moyenne canadienne étant de 620 l/p/j.  La  consommation  résidentielle  québécoise, estimée à 395 l/p/j, se compare à la  moyenne canadienne de 335 l/p/j, alors  que les Français consomment de 150 à  200 l/p/j. en inde, une personne utilise en  moyenne 25 l/j et à Madagascar, 5,4 l/j,  ce qui constitue le strict minimum pour  survivre.  La  moyenne  mondiale  est  de  137  l/p/j.  Le  Canada  est  le  pays  où  la  consommation d’eau par habitant est la  plus élevée du monde. Une seule heure  d’arrosage de pelouse nécessite 1000 litres  d’eau,  soit  la  quantité  nécessaire  pour  répondre aux besoins de 10 réfugiés durant 5 jours.

192

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PReNDRe POSITION

(CD 2)

Les questions portent sur le contenu des pages 184 à 193. 1 Dans les années 1980 et 1990, la Banque mondiale et le FMI ont préconisé la privatisation des mines de plusieurs pays d’Afrique. Quelles étaient alors les motivations des deux institutions ? Quels étaient les arguments contre ces privatisations ? 2 Selon vous, quelles mesures les pays d’Afrique devraient-ils prendre pour permettre à leurs populations de mieux tirer profit de leurs ressources minières ? 3 Certains pays cherchent à louer ou à acheter les terres arables des pays pauvres ; quels sont leurs motifs et leurs arguments ? Que pensez-vous de cette pratique ? Expliquez votre réponse. 4 Le Québec possède 3 % des réserves mondiales d’eau douce renouvelables. Si vous étiez au pouvoir, nationaliseriez-vous l’eau ou en laisseriez-vous l’exploitation et la commercialisation à une entreprise privée ? Expliquez votre réponse. 5 Selon vous, les pays riches doivent-ils favoriser les transferts technologiques vers les pays pauvres et émergents ou, au contraire, doivent-ils protéger leurs ressources techniques de pointe ? Expliquez les avantages et les inconvénients à la fois pour les pays riches et les pays pauvres.

DÉBATTRE DE L’ENJEU : ACTiViTÉ Composante de la CD 2

Les terres arables du Québec : à vendre ? Outils de référence : votre manuel Enjeux, des articles parus dans les médias et Internet. Plusieurs pays avec une forte croissance démographique cherchent à acheter des terres agricoles. Depuis janvier 2010, la Chine a les yeux tournés vers les terres arables du Québec. Dans ce contexte, imaginons le scénario suivant : les délégués d’une entreprise chinoise viennent au Québec avec l’intention d’acheter des terres. Quelques semaines plus tard, les médias annoncent qu’une société chinoise a fait l’acquisition de quatre grandes fermes du Québec. Cette transaction provoque de nombreuses réactions et un débat dans l’opinion publique. Certains s’y opposent, d’autres, au contraire, y voient une possibilité pour les agriculteurs de vendre leurs terres à bon prix. En tant qu’éditorialiste d’un grand quotidien québécois, vous devez prendre position par rapport à la vente de terres arables québécoises à des intérêts étrangers. 1 Faites une recherche pour rassembler de l’information sur le sujet. 2 Rédigez un éditorial d’une page en réponse à la question suivante : Le Québec doit-il laisser ses terres lui échapper ? Selon votre position, veillez à démontrer chacun de vos arguments à l’aide de faits précis.

tirer profit de l’or bleu sans surexploiter cette ressource vitale ? Même s’il s’agit de cas exceptionnels, des ententes sur les transferts massifs d’eau entre pays existent déjà, notamment entre le Lesotho et l’Afrique du Sud ainsi qu’entre la Turquie et Israël. Cependant, de nombreux litiges et conflits concernant le partage de l’eau de certaines régions opposent des États. Quelle position le Québec et le Canada adopteront-ils au regard de cette délicate question ? Sauront-ils bien tirer profit de cette richesse collective ?

Les pays riches devront-ils protéger certaines de leurs ressources techniques de pointe ? L’industrie de la transformation du secteur secondaire et les technologies de pointe du secteur tertiaire ont fait la fortune de plusieurs multinationales et ont favorisé le développement des pays riches. Au cœur de ces industries : les technologies. À la faveur de la mondialisation, de nombreuses multinationales ont délocalisé massivement leur production et leurs services dans des pays comme l’Inde, le Brésil et la Chine. Ce faisant, elles leur ont donné accès à de multiples technologies et expertises de pointe. Ces transferts technologiques ont permis à ces pays, autrefois pauvres, de développer leurs propres industries et de devenir des puissances économiques montantes. Résultat : ces pays émergents sont maintenant de sérieux concurrents des pays riches. Ces derniers, qui constatent que leur taux de chômage augmente dans certains secteurs en raison des délocalisations de production, voient d’un mauvais œil cette nouvelle concurrence, qui menace certaines de leurs entreprises et d’autres emplois. Des économistes et observateurs commencent à s’interroger sur la pertinence de limiter les transferts technologiques et de protéger certaines techniques

ENJEU 2

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industrielles. De leur côté, de nombreux pays pauvres ont un grand besoin de ces transferts pour se développer et combattre la pauvreté. Le dilemme risque d’être difficile à résoudre.

L’effet chinOis En 2005, le géant européen de l’aéronautique Airbus signe un contrat de coopération avec la Chine. Airbus compte ainsi réduire ses coûts de main-d’œuvre et avoir un meilleur accès au marché chinois pour ses avions. La Chine, pour sa part, obtient d’importants transferts technologiques. De son côté, la compagnie américaine Boeing, un autre grand constructeur d’avions, avait déjà refusé de procéder à de tels transferts, de peur de favoriser un futur concurrent. En 2009, le premier Airbus construit en Chine est livré à la société d’État Sichuan Airlines. Mais, coup de théâtre : quelques mois plus tard, au salon aéronautique de

Hong-Kong, la Chine présente son futur avion, le C919, destiné à concurrencer Airbus et Boeing dès 2016. En 2009, la société chinoise Zhuzhou crée la surprise au Québec en concurrençant l’entreprise québécoise Bombardier sur son propre terrain : elle dépose, elle aussi, une soumission pour l’obtention du contrat de construction des nouveaux wagons du métro de… Montréal. Les critiques se font de plus en plus nombreuses en Europe et en Amérique du Nord relativement à cette concurrence jugée déloyale par certains, puisque les entreprises chinoises sont des sociétés d’État disposant de subventions gouvernementales. De leur côté, les Chinois réclament le droit de développer leur économie. Dans un contexte de mondialisation, les ressources techniques pourraient devenir l’objet de convoitises et de tensions internationales.

63 Des visiteurs regardent le modèle chinois du

jumbo jet C919 exposé au 13e Salon international de l’aviation de Beijing, en septembre 2009. La Chine fait aujourd’hui concurrence aux grandes entreprises d’aéronautique occidentales.

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DoSSieR 3

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rıchEssE

VeiLLe MÉDIATiQUe La crise financière menace la presse écrite La presse écrite traverse une période sombre. Aux États-Unis, des piliers du journalisme écrit, comme le Washington Post, vivent d’énormes problèmes financiers. De nombreux journaux ferment leurs portes et des dizaines de milliers d’emplois sont supprimés. En France, plus de 2300 journalistes ont perdu leur emploi en 2009. La crise économique mondiale est certes l’une des principales causes de cette crise de la presse écrite. De plus, les dépenses publicitaires des entreprises tendent à se déplacer vers Internet et les lecteurs semblent préférer les contenus gratuits disponibles sur la toile. Au Québec, les revenus des quotidiens tirés de la publicité sont en chute libre. La crise de la presse écrite inquiète les journalistes. Le Trente, un magazine spécialisé en journalisme publié par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), suit la situation de près.

des renseignements sous haute surveillance Il y a beaucoup de normes et de règles de sécurité qui entourent la couverture médiatique du dépôt du budget fédéral à Ottawa. Le ministère des Finances organise un huis clos journalistique dans une salle aménagée spécialement pour l’occasion. Les journalistes doivent laisser derrière eux tout appareil de communication sans fil. On leur interdit tout contact avec le monde extérieur afin d’éviter les fuites qui, par exemple, pourraient avantager une entreprise. On remet aux journalistes une copie du budget fédéral. Ils ont quelques heures pour préparer leur analyse qu’ils pourront publier dans les médias dès que le ministre aura terminé son discours du budget à la Chambre des communes. Un huis clos semblable a également lieu lorsque le gouvernement provincial dépose son budget à Québec. Cette photo a été prise le 4 mars 2010 lors du huis clos pour le dépôt du budget fédéral qui s’est tenu au Centre de conférence du gouvernement à Ottawa. Environ 550 journalistes y ont participé.

V E I L L E M É D I AT I Q U E

Des bourses pour parler du Sud Chaque année, les bourses Nord-Sud sont remises à des journalistes qui souhaitent réaliser un reportage sur le développement dans un pays en développement ou émergent. Ces bourses de 6000 $ chacune sont financées par l’Agence canadienne de développement international (ACDI) et attribuées par la FPJQ. En 2007, une bourse Nord-Sud a permis à la journaliste Noémi Mercier de se rendre en Inde. L’objet de son reportage : l’industrie du recyclage d’équipement informatique provenant de l’Occident. Son article, intitulé « Inde, poubelle de la planète techno », lui a valu plusieurs distinctions, dont le prestigieux prix Judith-Jasmin qui récompense annuellement les meilleures œuvres journalistiques au Québec. Cette photo, prise par Noémi Mercier, montre des jeunes femmes indiennes qui « décortiquent » des câbles. Elles séparent le cuivre du plastique pour qu’ils puissent ensuite être revendus. Ce dur travail leur rapporte 2 $ US par jour.

L’OBSERVATOIRE MÉDIAS 1 La crise économique ne serait pas la seule menace pour la presse écrite. De plus en plus de citoyens, surtout les plus jeunes, se tourneraient vers le Web pour s’informer. Faites votre propre enquête sur le sujet en interrogeant 5 jeunes âgés de 16 à 25 ans et 10 adultes, dont 5 âgés de 25 à 55 ans et 5 autres âgés de plus de 55 ans. Questions à poser : « Pour vous informer, consultez-vous les journaux ou le Web ? » « Pour quelles raisons ? » Colligez vos réponses dans un tableau. Quelles conclusions pouvez-vous tirer de votre enquête ? 2 Trouvez un exemple de reportage (télévision, journal ou Web) qui vous sensibilise au problème de la pauvreté au Québec ou ailleurs dans le monde. Résumez le reportage et indiquez les éléments d’information qui vous interpellent.

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DOSSIER 3

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RICHESSE

SYNTHÈSE DU DOSSIER RICHESSE Interprétation : La répartition de la richesse Qu’est-ce qui crée la richesse ? C’est l’activité économique qui crée la richesse des citoyens et des entreprises d’un pays, et c’est l’addition de toutes leurs richesses qui constitue la richesse nationale. On mesure la richesse d’un pays par son produit intérieur brut (PIB), en additionnant la valeur totale des biens et des services qu’il produit durant une année ou une période donnée. En divisant le PIB par le nombre total d’habitants, on obtient le PIB par habitant, qui permet de mieux mesurer le niveau de vie.

La disparité Aux quatre coins du monde, la richesse est généralement distribuée de manière très inégale : • entre les villes et les campagnes ; • entre les individus de différentes classes sociales ; • entre les pays. En 2008, 2,6 milliards de personnes vivaient avec moins de 2 $ US par jour (seuil de pauvreté) et 1,4 milliard de personnes vivaient avec moins de 1,25 $ US par jour (extrême pauvreté).

La disparité entre les pays s’explique, entre autres, par les raisons suivantes : • le passé colonial et la mainmise étrangère sur les ressources naturelles des pays pauvres ; • la prédominance du secteur primaire dans l’économie des pays pauvres ; • la force du capital humain (maind’œuvre qualifiée) et du secteur tertiaire des pays riches.

Le cercle heureux de la richesse Plus les individus et les entreprises créent de la richesse dans un pays, plus celui-ci peut mettre en place les conditions favorables à la création de richesse : • en profitant de salaires plus élevés, les travailleurs paient plus d’impôts, ce qui permet à l’État de financer les infrastructures ; • les travailleurs, mieux rénumérés, épargnent davantage et les entreprises du pays font plus de profits, ce qui renforce le système bancaire et favorise les investissements et la croissance.

Le cercle vicieux de la pauvreté Les salaires peu élevés dans les pays pauvres sont à la fois une conséquence de la faiblesse de leur économie et une cause de leur pauvreté. S’ajoutent à ce cercle vicieux d’autres problèmes : • la corruption ; • des problèmes environnementaux (désertification, catastrophes naturelles, etc.) ; • l’analphabétisme.

La mondialisation Elle ouvre les frontières économiques et crée de la richesse, mais tous les pays n’en profitent pas également : • la délocalisation fait perdre des emplois aux pays riches au profit des pays émergents ; • les pays émergents ont réduit leur taux de pauvreté et vivent une croissance économique ; • plusieurs pays pauvres, en particulier en Afrique, demeurent en marge de la mondialisation. On trouve aussi des écarts entre citoyens riches et pauvres, et ce, même dans les pays développés et émergents.

SYNTHÈSE DU DOSSIER

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Enjeu 1 : L’équilibre entre justice sociale et développement économique Les mesures internationales pour réduire la pauvreté sont-elles suffisantes ?

L’indice de développement humain (IDH) mesure le développement d’un pays selon trois données :

En 1970, les pays riches se sont engagés à verser 0,7 % de leur PIB en aide aux pays pauvres, mais ils ne respectent pas cet engagement et cette aide est souvent liée à l’achat de biens et services dans les pays donateurs.

• le PIB par habitant ;

En 1996, les pays riches membres du Club de Paris et la Banque mondiale ont allégé la dette de 40 pays pauvres très endettés qui demeurent cependant très pauvres. L’aide et les prêts consentis aux pays pauvres par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) sont souvent critiqués, car ils sont assortis de conditions contraignantes pour ces États.

• la santé (mortalité infantile) ; • l’alphabétisation et l’accès à la scolarisation. Pour favoriser le développement humain et lutter notamment contre l’extrême pauvreté, les Nations unies ont adopté en 2000 les huit Objectifs du millénaire à atteindre d’ici 2015. Malgré quelques résultats positifs, l’atteinte de ces objectifs a été compromise par la crise financière mondiale de 2008.

Comment mieux répartir la richesse à l’intérieur des pays ? Les impôts et les taxes constituent la principale source de revenus des gouvernements. Ceux-ci sont responsables de la redistribution de la richesse, en développant des programmes de protection sociale qui doivent garantir un minimum de justice sociale. Certains pays privilégient des impôts plus élevés afin d’offrir davantage de services sociaux. D’autres estiment que les citoyens doivent payer moins d’impôts, mais supporter eux-mêmes les frais pour ces services.

Enjeu 2 : Le contrôle des ressources Comment les États pauvres peuvent-ils mieux contrôler leurs ressources naturelles ? Les ressources naturelles abondent dans de nombreux pays pauvres, mais elles sont souvent contrôlées par des intérêts étrangers. Les pays pauvres doivent composer avec des multinationales qui ont les moyens financiers et techniques d’exploiter ces ressources et qui leur paient en retour des redevances. Dans les pays arabes, des partenariats avec des multinationales ont permis aux gouvernements de reprendre le contrôle de leurs richesses pétrolières et d’augmenter le niveau de vie de la population.

Dans plusieurs pays africains, les populations ne bénéficient pas de façon équitable des retombées économiques de l’exploitation pétrolière et minière. Les redevances versées par les multinationales ne profitent qu’à une minorité. La Bolivie a réussi à reprendre le contrôle de ses ressources en les nationalisant. Des pays riches ou émergents cherchent à louer ou à s’approprier les terres arables de pays pauvres. Certains, comme la Thaïlande, refusent de céder cette ressource. Le Québec possède d’importantes réserves d’eau douce, mais une question se pose : qui doit contrôler cette ressource vitale

qui pourrait devenir l’or bleu alors que la pénurie d’eau menace de nombreuses régions du monde ?

Les pays riches devront-ils protéger certaines de leurs ressources techniques de pointe ? Des pays émergents profitent des transferts technologiques engendrés par les délocalisations et deviennent de sérieux concurrents pour les entreprises des pays riches.

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DOSSIER 3

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RICHESSE

MINI-DOSSIER Le pouvoir des multinationales Leur chiffre d’affaires équivaut au PIB de pays développés et dépasse celui de plusieurs pays pauvres. Elles imposent leurs conditions aux États où elles créent des emplois. Trop puissantes, les multinationales ?

Elles possèdent d’énormes capitaux et d’innombrables ressources technologiques. Elles délocalisent leurs sites de production dans des pays où la main-d’œuvre est moins chère, créant ainsi des emplois dans les pays d’accueil et, parfois, du chômage dans les pays riches. Certaines d’entre elles contrôlent une large partie des ressources naturelles de plusieurs pays pauvres où elles imposent leurs propres règles. Elles, ce sont les multinationales, ces énormes entreprises qui sont au cœur du développement économique mondial. Dans ce mini-dossier, vous devrez chercher des informations, répondre à des questions, trouver des pistes d’action et comparer des points de vue afin de mieux comprendre le pouvoir des multinationales.

Objectif du mini-dossier Au terme de vos recherches et de vos réflexions, vous devrez présenter une synthèse des informations recueillies et prendre position sur l’enjeu de ce mini-dossier : Les multinationales ont-elles trop de pouvoir sur les États ?

Réalisation des activités du mini-dossier 1 Amorcez votre réflexion sur le pouvoir des multinationales en commentant la

photo ci-contre. 2 Répondez aux questions portant sur les cinq thèmes aux pages 200 et 201. Pour

vous aider, consultez les pistes de recherche à la page 202. 3 Présentez votre synthèse et votre position sur l’enjeu du mini-dossier en choisissant

une des deux formes de présentation suggérées à la page 203. 4 Vous pouvez explorer des pistes de participation sociale en réalisant l’activité

proposée à la page 203.

En avril 2006, des centaines de Nigérians se sont empressés de récupérer le pétrole coulant sur leurs terres comme un ruisseau à la suite de l’éclatement d’un pipeline de la Nigerian National Petroleum Corporation à Iyana-Ipaja, une banlieue de›Lagos.

MINI-DOSSIER

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Le pouvoir des multinationales

Certaines compagnies pétrolières qui exploitent le pétrole de plusieurs pays d’Afrique sont accusées de ne pas respecter les normes environnementales. Les dirigeants et les fonctionnaires de ces États, eux, sont accusés d’accepter des pots-de-vin et de fermer les yeux sur les négligences. La scène sur cette photo serait-elle imaginable dans un pays développé ? Selon vous, quelles sont les conséquences de cette situation pour la population ?

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DOSSIER 3

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RICHESSE

Pistes de recherche Voici quelques pistes pour effectuer vos recherches afin de répondre aux questions des deux pages précédentes. • Mots-clés : tapez les mots dans un moteur de recherche sur Internet pour trouver des informations pertinentes. • Organismes internationaux : tapez le nom des organismes dans un moteur de recherche pour consulter leur site.

Environnement • Manuel : pages 18, 33 et 48 à 53. • Mots-clés : agents polluants, combustibles fossiles, pollution atmosphérique, pollution industrielle, protocole de Kyoto, réglementation. • Organismes internationaux : Accord nord-américain de coopération dans le domaine de l’environnement (ANACDE), Commission de coopération environnementale (CCE), Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), responsabilité sociale de l’entreprise (RSE).

Population • Manuel : pages 116 à 119. • Mots-clés : chômage, délocalisation, déréglementation, main-d’œuvre bon marché, mondialisation des marchés de l’emploi, transfert technologique. • Organismes internationaux : Organisation internationale du travail (OIT), Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Organisation mondiale du commerce (OMC).

Richesse • Manuel : pages 143 à 145. • Mots-clés : ALENA, APEC, création de richesses, croissance économique, décision, influence, lobbying, pouvoir des multinationales, siège social. • Organismes internationaux : OCDE, OMC.

Pouvoir • Manuel : pages 230 à 238. • Mots-clés : chômage, législation, menaces de délocalisation, pressions économiques, retombées économiques, zone franche. • Organismes internationaux : OMC, Fonds monétaire international (FMI).

Tensions et conflits • Manuel : pages 289 à 292. • Mots-clés : Cuba, Fidel Castro, nationalisation, pouvoir des multinationales, pouvoirs locaux, révolution cubaine, souveraineté des ressources, United Fruit Compagny. • Organisme international : Organisation des Nations unies (ONU).

MINI-DOSSIER

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Le pouvoir des multinationales

Présentation du mini-dossier Choisissez une des deux formes de présentation suggérées pour présenter votre synthèse de recherche et répondre aux questions de l’enjeu du mini-dossier. Vous pouvez également poursuivre votre réflexion en réalisant l’activité de participation sociale proposée.

Enjeu : Les multinationales ont-elles trop de pouvoir sur les États ?

Un éditorial À partir des informations recueillies au cours de votre recherche, rédigez un éditorial convaincant de deux pages dans lequel vous prenez position sur l’enjeu de ce mini-dossier. Tenez compte des cinq thèmes de la recherche et appuyez vos arguments à l’aide d’exemples. Votre éditorial doit être illustré de deux ou trois photos pertinentes accompagnées de bas de vignette explicatifs.

Une mini-conférence En tant qu’expert ou experte, vous devez donner une conférence devant vos concitoyens afin d’exprimer votre position sur l’enjeu de ce mini-dossier. Au cours de cette conférence de quatre minutes, vous devez présenter des arguments solides, accompagnés d’exemples, et basés sur les informations recueillies au cours de votre recherche portant sur les cinq thèmes.

Un code d’éthique d’entreprise Vous êtes membre du conseil d’administration d’une entreprise québécoise en pleine expansion à l’échelle internationale. En tant que dirigeant ou dirigeante de cette multinationale, vous souhaitez établir un code d’éthique qui sera communiqué à tous vos employés et clients. Établissez les 10 règles d’éthique principales de ce code en tenant compte : • de l’environnement ; • des conditions de travail ; • de la justice sociale (redistribution à la communauté) ; • des relations avec les États.

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pouvoir

D O S S I E R

enjeux : : ALENA :

14 ENTREPRISES AMÉRICAINES ONT PORTÉ PLAINTE CONTRE LE CANADA

ONU : TAIWAN TOUJOURS SANS SIÈ

: : enjeux : :

SoMMaIre INTERPRÉTATION (CD 1) Les pouvoirs des États . . . . . . . . . . . . 206 ENJEU 1 (CD 2) La capacité d’action des États . . . . . . 230 ENJEU 2 (CD 2) La souveraineté des États et les regroupements économiques ou politiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 246

SYNTHÈSE DU DOSSIER . . . . . . . . . . 262

MINI-DOSSIER La gouvernance mondiale . . . . . . . . . . 264

VEILLE MÉDIATIQUE . . . . . . . . . . . . . 222 VEILLE MÉDIATIQUE . . . . . . . . . . . . . 260

ÈGE

: : enjeux : :

TCHAD : LA BANQUE MONDIALE IMPOSE DES RESTRICTIONS DE DÉPENSES

concePTS État. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208 Droit international . . . . . . . . . . . . . . . 210 Gouvernance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 217 Intégration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 224 Souveraineté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209 Uniformisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . 256

MONTRÉAL : 150 000 PERSONNES M

: : enjeux : :

La 64e séance de l’Assemblée générale des Nations unies le 23 septembre 2009, à New York, aux États-Unis.

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DOSSIER 4

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POUVOIR

I n T e r P r É TaT Io n

Les

pouvoirs

des États par Pauline Gélinas

Vingt-sept pays de l’Union européenne soumis à un même Parlement ; la multiplication des accords internationaux en Asie, en Amérique du Sud ou du Nord ; de nouvelles règles pour le commerce mondial ; l’établissement de tribunaux internationaux… jamais le pouvoir souverain des États n’aura été soumis à autant de compromis et d’ajustements qu’au cours des deux dernières décennies. La mondialisation n’est pas seule responsable de cet effritement des pouvoirs de l’État. Des pressions internes ou externes menacent elles aussi cette souveraineté. L’invasion militaire de l’Irak et de l’Afghanistan, le terrorisme à l’échelle planétaire, la guérilla en Colombie, l’embargo américain contre Cuba, la dépendance économique des pays pauvres et les risques de piratage informatique sont autant d’exemples des contraintes qui grugent le pouvoir des États. Cette redéfinition des pouvoirs soulève des enjeux politiques qui façonnent déjà le monde contemporain. Parmi ces enjeux : la capacité d’action des États, et la souveraineté des États et les regroupements économiques ou politiques.

L’État, un concept moderne L’État n’est pas un synonyme de pays, même si dans la langue familière on emploie souvent le terme « pays » pour désigner un « État ». Il s’agit simplement d’une forme d’organisation du pouvoir

politique. L’État n’a pas toujours existé. C’est une création plutôt moderne. Entre les années 1400 et 1600, les gens commencent à remettre de plus en plus en question le pouvoir absolu et souvent abusif des rois. Au fil des développements économiques, des revendications des commerçants et des gens riches et pauvres, de

I N T E R P R É TAT I O N

01 Des manifestants dans la capitale de Cuba, La Havane, en 2004, dénoncent l’embargo que les États-Unis

maintiennent contre leur pays depuis les années 1960. Ils qualifient cet embargo de terrorisme, car les victimes sont la population civile. L’embargo a débuté après la nationalisation, notamment, des plantations sucrières d’une entreprise américaine, pour redistribuer des terres aux paysans.

nouvelles institutions se mettent graduellement en place. À côté du pouvoir des rois apparaît, par exemple, une assemblée de gens riches, puis plus tard une assemblée d’élus. Le passage d’une forme de pouvoir détenu par une seule personne, la reine ou le roi, à un pouvoir exercé par différentes institutions, comme le cabinet des ministres et le Parlement, ne s’est donc pas fait du jour au lendemain. Peu à peu, les habitants d’un pays ne sont plus soumis au pouvoir d’une seule personne. Diverses insti tutions, donc plusieurs personnes, ont désormais un mot à dire dans l’élaboration et l’application des lois qui régissent le pays. C’est la naissance de l’État ! L’État naît d’abord en Angleterre, en France, aux Pays-Bas, au Portugal et en Espagne entre le 15e et le 17e siècle. La majorité des nouveaux États apparaissent en raison du démembrement des empires

coloniaux : tout au long des 18e, 19e et 20e siècles, les peuples colonisés, notamment par le Royaume-Uni, la France, la Belgique, le Portugal et l’Espagne, se révoltent et obtiennent leur indépendance. Voir l’encadré Le colonialisme, p. 218. C’est ainsi que les États-Unis, Haïti, Cuba, le Pérou, l’Algérie, le Sénégal, le Kenya, le Vietnam et l’Inde acquièrent un statut d’État à part entière. L’éclatement au début des années 1900 des empires austro-hongrois et ottoman amène une autre vague de nouveaux États, dont la Turquie, la Roumanie et la Bulgarie. À la fin du 20e siècle, trois autres éclatements — l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), la Yougoslavie et la Tchécoslovaquie — donnent naissance à une vingtaine de nouveaux États, dont la Géorgie, l’Ukraine, la Croatie, la Slovénie, la Slovaquie et la République tchèque.

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Les pouvoirs des États 

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DOSSIER 4

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POUVOIR

02 Le juge John Sankey s’apprête à annoncer la

décision du Comité judiciaire du Conseil privé de Londres, au Royaume-Uni, concernant l’affaire personne. Le Comité décide, en 1929, que les femmes juges peuvent siéger à un tribunal au Canada. 03 Aujourd’hui, les Canadiennes peuvent siéger

comme juge. Et, depuis 2000, le juge en chef de la plus haute cour du Canada, la Cour suprême, est une femme : Beverley McLachlin (au milieu sur la photo). 02

Qu’est-ce que l’État ? Pour qu’un État existe, il faut réunir quatre éléments essentiels : • une population ; • un territoire ; • une autorité gouvernementale et juridique qui possède le pouvoir de définir des lois et de les faire respecter par la population qui habite le territoire ; ZOOM

Un empire, trois noms L’Angleterre,  la  Grande-Bretagne  et  le  Royaume-Uni  ne  sont  pas  synonymes,  mais ont un point commun : l’Angleterre. L’Angleterre est une portion de la grande  île, excluant l’Écosse (au nord) et le pays  de  Galles  (à  l’ouest).  Au  début  du  18e siècle, ces trois entités forment l’État  britannique  (la  Grande-Bretagne).  Le  siècle suivant, la Grande-Bretagne incorpore l’île d’Irlande et devient le RoyaumeUni  de  Grande-Bretagne  et  d’Irlande.  Après  l’indépendance  d’une  partie  de  l’Irlande, le nom change pour RoyaumeUni de Grande-Bretagne et d’Irlande du  Nord, communément appelé en raccourci  Royaume-Uni.

• la souveraineté, c’est-à-dire que l’autorité gouvernementale a le pouvoir de régler tout ce qui concerne le pays, tant les affaires intérieures qu’extérieures ; que cette autorité est la plus puissante sur le territoire ; et qu’elle est indépendante des autres États. De nos jours, encore plusieurs peuples aspirent à former un État. Mais, souvent, la seule composante étatique dont ils disposent est la population. C’est le cas des Kurdes, au Moyen-Orient. Ils sont répartis dans six États, où ils constituent une minorité : la Turquie, la Syrie, l’Irak, l’Iran, l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Dans certains de ces pays, la revendication des Kurdes s’appuie sur une lutte armée, comme cela a été le cas pour la majorité des peuples qui ont revendiqué leur indépendance : par exemple, les Américains

ont mené une guerre d’indépendance contre la Grande-Bretagne qui a duré 6 ans dans les années 1770 ; les Mozambicains ont combattu 13 ans avant d’obtenir leur indépendance du Portugal en 1975.

Le canaDa : D’aBorD un PaYS, PLuS TarD un ÉTaT Au moment de la Confédération, en 1867, le Canada n’est pas encore un État. Jusqu’en 1931, le Royaume-Uni continue d’être responsable de sa politique étrangère et conserve le droit d’annuler ses lois. Et la plus haute instance judiciaire canadienne demeure au Royaume-Uni jusqu’en 1949. Ce qu’on a nommé l’affaire personne montre bien l’absence de pleine souveraineté du Canada. En 1927, la juge canadienne Emily Ferguson Murphy s’adresse à la Cour suprême du Canada pour faire reconnaître son droit de siéger à un tribunal. Un avocat lui conteste ce droit, affirmant que, selon la Constitution, les femmes ne sont pas des personnes. La Cour suprême répond qu’effectivement les femmes ne sont pas des personnes. Emily Ferguson Murphy et quatre autres féministes portent alors cette cause à Londres devant

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Les pouvoirs des États 

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le Comité judiciaire du Conseil privé britannique, la plus haute instance judiciaire pour le Canada à cette époque. En 1929, ce tribunal britannique annule la décision judiciaire du Canada : il donne raison aux féministes canadiennes en statuant que les femmes sont bel et bien des personnes.

maître sur son territoire, tant vertical qu’horizontal, c’est-à-dire qu’en plus du sol il gère seul les richesses souterraines (minières, aquifères), il décide qui a le droit de franchir son espace aérien, et qui peut entrer dans ses eaux maritimes, dans le cas de pays riverains.

Ce n’est finalement qu’en 1982 que le Canada devient pleinement souverain lorsqu’il acquiert le pouvoir de modifier lui-même sa propre Constitution.

Aucun autre État n’a donc le pouvoir :

DeS ÉTaTS TrÈS DIverSIFIÉS

• de décider de ses orientations économiques et de son développement industriel et commercial ;

L’État n’a pas partout la même forme. Il varie selon les régimes politiques. Voir le tableau Les régimes politiques, p. 210. En fait, tout dépend de sa Constitution. Ce texte détermine la forme de gouvernement d’un pays. Il établit qui a le droit de gouverner et pendant combien de temps. Il définit aussi les limites du pouvoir des gouvernants, c’est-à-dire des institutions qui composent l’État.

• d’adopter des lois s’appliquant à la population qui vit sur son territoire ; • de contrôler sa politique monétaire ;

• de taxer sa population ; • de définir le filet de sécurité sociale qu’il offre à sa population (assurancemaladie, assurance-emploi, rentes pour les aînés, congés parentaux) ; • de fixer les tarifs douaniers pour les produits qui entrent sur son territoire ; • de décider à qui il fera la guerre.

La SouveraIneTÉ La souveraineté suppose que l’État a tous les pouvoirs politiques et juridiques, y compris celui de modifier la loi fondamentale de l’État : sa Constitution. Un État est donc souverain s’il est le seul

Un État souverain est libre de conclure des ententes avec d’autres États. Par exemple, le Canada a signé des ententes de partenariat économique (ALENA), politique (Commonwealth, ONU), militaire (OTAN) et culturel (OIF).

PORTRAIT

gandhi (1869-1948) Mohandas Karamchand Gandhi, surnommé le « Mahatma » (« grande âme »), est  né dans la colonie britannique indienne.  Après des études de droit à Londres, il  s’installe comme avocat en Afrique du Sud  en  1893,  où  il  défend  la  communauté  indienne, victime des politiques racistes  du gouvernement. Il revient en Inde en  1915 et milite pour des réformes sociales.  Il devient chef du mouvement nationaliste  indien. Il lance une campagne de résistance  pacifique  contre  la  puissance  coloniale  britannique, en ayant recours à la désobéissance civile non violente. Il obtient  ainsi, en 1947, l’indépendance de l’Inde.  Gandhi est assassiné à Delhi le 30 janvier  1948 par un hindou. 

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POUVOIR

Lorsqu’un État devient membre d’institutions internationales ou régionales et qu’il signe des alliances avec d’autres pays, son pouvoir est alors modifié. L’État doit souvent ajuster ses politiques internes et externes pour qu’elles respectent les règles des organisations auxquelles il a adhéré ainsi que les traités qu’il a signés.

L’ÉTaT eT Le DroIT InTernaTIonaL « La souveraineté des États est morte ! » Voilà ce que plusieurs politologues et juristes affirment depuis quelques années. Ils estiment que la souveraineté des États n’existe plus, puisque les États sont soumis aux directives d’autorités internationales, qu’ils ont eux-mêmes créées, comme l’Organisation mondiale du commerce (OMC), l’Organisation des Nations unies (ONU) et les tribunaux interna04 Les régimes politiques

Connaître le nom du régime politique d’un État permet de savoir qui détient le pouvoir et la manière dont il l’exerce : démocratiquement, c’est-à-dire en fonction des demandes de la population, ou par la force. Le régime politique d’un État peut varier. Ainsi, la France, qui était une monarchie, est devenue une république. Le Canada est une monarchie constitutionnelle à l’intérieur de laquelle il y a une démocratie parlementaire. Comment les gouvernements accèdent au pouvoir

Comment les gouvernants gouvernent

Monarchie Le roi accède au pouvoir, habituellement, par hérédité, c’est-à-dire qu’il hérite du pouvoir détenu par un de ses parents.

absolue

L’État est gouverné par un roi qui a tous les pouvoirs et qui ne rend de comptes à personne.

constitutionnelle

Une Constitution définit le pouvoir du roi. Le roi peut avoir beaucoup ou très peu de pouvoir. Même s’il a peu de pouvoir, il est chef de l’État. Au Canada, la reine a peu de pouvoir.

République Le président peut accéder au pouvoir par des élections universelles (tous les citoyens ont le droit de vote), non universelles (par exemple, le droit de vote est accordé à des délégués, à des propriétaires) ou par la force.

démocratique

Le pouvoir n’est pas dans les mains d’une seule personne. Le gouvernement est formé d’un président et d’autres gouvernants. Par exemple, aux États-Unis, le président gouverne avec deux chambres d’élus : celle des représentants et celle des sénateurs.

autoritaire

Le pouvoir est entre les mains d’un président et d’un petit groupe qui ne rendent de comptes à personne.

Démocratie parlementaire Les membres du Parlement sont élus par les citoyens, ou nommés par le chef de l’État ou le chef du gouvernement.

Le pouvoir législatif et exécutif est détenu par des personnes élues, qui doivent rendre des comptes aux électeurs. Les élus qui composent le pouvoir exécutif (le premier ministre et son cabinet) ont aussi des comptes à rendre au Parlement. Au Canada, le Parlement est composé de deux assemblées, l’une élue (Communes), l’autre non (Sénat).

Dictature Le chef de l’État peut accéder au pouvoir par des élections ou un coup d’État (il renverse le gouvernement par la force).

Un individu ou un groupe exerce un pouvoir autoritaire et n’est soumis à aucun contrôle.

Totalitarisme Le pouvoir est détenu par un parti unique qui n’admet Les gouvernants peuvent accéder au pouvoir par des élections, aucune opposition : aucun autre parti politique ne peut se une révolution ou un coup d’État. former. Le parti unique gouverne de manière autoritaire. Il dirige tous les aspects de la vie des gens, par exemple ce qu’ils peuvent dire et lire, l’endroit où ils peuvent habiter, ce qu’ils cultivent.

tionaux. Le principe de souveraineté et donc de non-ingérence dans les affaires de l’État est ébranlé. Pourtant, ce principe est intégré au droit international. La Charte des Nations unies interdit l’intervention « dans des affaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d’un État » (article 2.7) et elle souligne que les peuples ont le droit de disposer d’eux-mêmes (article 1.2). Malgré cela, le principe de non-ingérence est de plus en plus souvent ignoré.

L’IngÉrence TerrITorIaLe La non-ingérence présuppose le respect des limites territoriales de l’État. L’armée d’un pays ne peut pas, sans autorisation, pénétrer dans les eaux territoriales d’un État ni survoler son territoire. Lorsque l’armée irakienne a envahi le Koweït en 1990, il s’agissait d’une violation du principe de non-ingérence. L’ONU a alors appuyé une action militaire contre l’Irak, qui avait transgressé cette règle. C’est ce qui a conduit à ce qu’on nomme la première guerre du Golfe, l’Irak étant situé en bordure du golfe Persique.

L’IngÉrence ÉconoMIQue L’ingérence dans les affaires d’un État peut prendre divers visages et ne nécessite pas forcément une invasion de son territoire. Par exemple, il est possible de modifier les pratiques économiques et politiques d’un autre État. C’est ce que les États-Unis ont fait dans le dossier du bois d’œuvre. Malgré l’Accord de libre-échange nordaméricain (ALENA) ( voir le tableau Les grandes alliances économiques internationales, p. 149 ), qui prévoit l’abolition des tarifs douaniers entre les États-Unis, le Canada et le Mexique, le gouvernement américain impose dans les années 1990 des droits de douane et des quotas sur le bois canadien parce qu’il se vend moins cher sur son marché que le bois américain. Il affirme que l’industrie canadienne du bois est subventionnée. Le Canada fait alors arbitrer la querelle par l’OMC. En 2006, une entente est conclue, qui oblige le Canada, pourtant souverain, à modifier ses pratiques. De plus, le Canada a dû créer des programmes d’aide pour les milliers de travailleurs qui ont perdu leur emploi à la suite de cette dispute.

I N T E R P R É TAT I O N

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Les pouvoirs des États 

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211

05

Des institutions, comme la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international (FMI), peuvent également intervenir dans les affaires d’un État. En effet, elles prêtent de l’argent aux pays aux prises avec des problèmes économiques, mais leur imposent aussi des conditions. Dans certains cas, elles exigent une réorientation de l’industrie ou de l’agriculture. Par exemple, pour obtenir ces prêts, plusieurs pays pauvres acceptent de se tourner vers une monoculture jugée plus rentable, mais qui a parfois des impacts négatifs sur leur économie ou leur autosuffisance alimentaire.

Ces institutions peuvent, dans certains cas, exiger que l’État réduise ses dépenses, qu’elles jugent trop élevées compte tenu de son endettement. Cette ingérence économique a parfois des conséquences négatives. Ce fut le cas de l’Argentine qui, pour obtenir un prêt du FMI en 2000, a dû restreindre ses dépenses et réduire considérablement ses services publics, ses régimes de retraite, ses budgets en santé et en éducation. Ces coupures ont provoqué une crise sociale et des émeutes, conduit à un état de siège, à la démission du président et à une crise politique.

05 En 2002, l’Argentine vit une grave crise

alimentaire liée à la dégradation de sa situation économique. Après la mort d’enfants due à la malnutrition, des habitants d’une province du nord de l’Argentine, Tucumán, manifestent leur colère devant le palais du gouverneur.

212

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DOSSIER 4

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POUVOIR

06

07

06 La juriste québécoise Louise Arbour, à Vlastica,

en ex-Yougoslavie, devant une fosse commune. À titre de procureure en chef du Tribunal pénal international, elle collectait sur le terrain de l’information concernant les crimes commis par l’armée serbe dans les années 1990. 07 Ces survivantes du massacre de Srebrenica, en

Bosnie-Herzégovine, en 1995, suivent le procès de l’ancien président serbe Slobodan Milosevic. Accusé de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, Slobodan Milosevic n’a pu être condamné : il est mort en prison, avant la fin de son procès.

FOCUS

TPIY, TPIR, CPI, CIJ

Justice internationale : qui juge quoi ? Au 20e siècle, les tribunaux internationaux pour juger certains criminels de guerre ou génocidaires sont temporaires et liés à un conflit particulier : tribunaux de Nuremberg (1945) et de Tokyo (1946) pour la Seconde Guerre mondiale ; Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) (1993) ; et le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) pour le génocide de 1994.

Crimes humains

Le début du 21e siècle marque un grand tournant : un premier tribunal pénal international permanent ouvre ses portes en 2002 : la Cour pénale internationale (CPI). Elle poursuit les auteurs de trois types de crimes : génocide, crime contre l’humanité et crime de guerre. La CPI est totalement indépendante de l’ONU. Elle peut décider seule qui elle poursuit. Un État membre peut cependant lui soumettre un cas. La CPI a la compétence pour les crimes commis après 2002 sur le territoire de ses 110 États membres. Si un de ces crimes survient dans un État non membre (ÉtatsUnis, Russie, Chine, Israël, etc.), mais qu’il menace la sécurité internationale, la CPI peut intervenir à la demande du Conseil de sécurité de l’ONU. Ni les chefs d’État et de gouvernement ni les personnes qui agissent sur leur ordre ne sont à l’abri des poursuites. Et les chefs militaires doivent répondre des crimes commis par leurs soldats. Actuellement, la CPI enquête dans quatre États africains.

Querelles étatiques La Cour internationale de justice (CIJ), elle, appartient à l’ONU. Fondée en 1946, elle tranche les querelles juridiques entre États. Ses décisions doivent obligatoirement être respectées par les États qui reconnaissent sa compétence. Or, la majorité des pays, dont les États-Unis, la rejettent. Ainsi, en juillet 2008, la CIJ ordonne aux États-Unis de ne pas exécuter cinq Mexicains, le temps d’étudier un dossier. Le gouvernement américain a tout de même décidé d’exécuter un des cinq prisonniers trois semaines plus tard.

I N T E R P R É TAT I O N

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Les pouvoirs des États

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213

Les questions portent sur le contenu des pages 206 à 213. 1 a) Pourquoi dit-on que l’État n’est pas synonyme de pays ? b) Qu’est-ce qui distingue l’État des anciens royaumes ? 2 Quelles sont les quatre conditions essentielles pour qu’un État existe ? 3 Dans certaines régions du monde, un même peuple est réparti dans plusieurs États. C’est le cas des Kurdes qui sont présents dans six États différents. Expliquez ce qui manque à ce peuple pour former un État. 4 Comment un État peut-il être pleinement souverain ? Expliquez pourquoi, avant 1982, le Canada n’était pas pleinement souverain. 5 Comment les institutions internationales ou régionales modifient-elles le pouvoir des États ? 6 Quel est le rôle de la Cour pénale internationale (CPI) ?

L’INGÉRENCE JUDICIAIRE Pendant des siècles, des dictateurs ont perpétré des massacres contre leur propre population sans craindre d’être emprisonnés. Ainsi, en Ouganda, Idi Amin Dada a pu faire assassiner des milliers de personnes en se cachant derrière les concepts de souveraineté et de non-ingérence. Cette époque est révolue. Aujourd’hui, il existe une justice internationale qui peut s’ingérer dans les affaires d’un État : la Cour pénale internationale (CPI). Ses tribunaux ont préséance sur le système judiciaire des États et peuvent même arrêter un dirigeant pendant qu’il est au pouvoir. C’est ce qui s’est passé lorsque le président de l’ex-Yougoslavie, Slobodan Milosevic, a mené une campagne d’extermination d’une partie de sa population en 1998-1999. La procureure en chef du Tribunal pénal international, la Québécoise Louise Arbour, a lancé un mandat d’arrestation contre lui pour crime contre l’humanité.

LA RECONNAISSANCE D’UN ÉTAT Un État n’existe pas tant qu’il n’est pas reconnu par un grand nombre d’autres États. Il n’est cependant pas nécessaire

Le gouvernement canadien, c’est qui ? Outils de référence : votre manuel Enjeux et Internet. C’est l’autorité gouvernementale qui s’occupe de la gouvernance, c’est-à-dire qu’elle administre, gère et adopte les lois. Préparez une brochure décrivant la gouvernance au Canada. 1 À l’aide d’un schéma, présentez les différents paliers de gouvernement au Canada. Décrivez leurs fonctions et leurs pouvoirs respectifs. 2 Dans un tableau, nommez les principales sources de revenus et les principales dépenses du gouvernement du Canada ou du Québec. 3 Identifiez qui détient les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire au Canada et expliquez pourquoi ces pouvoirs sont séparés.

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DOSSIER 4

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POUVOIR

OCÉAN PACIFIQUE

OCÉAN ATLANTIQUE

LA HAYE

OCÉAN INDIEN

1 : 150 000 000 (projection de Brisemeister) 0

SOUDAN 3 mandats d’arrêt

RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE 1 mandat d’arrêt RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO 4 mandats d’arrêt

Un boum d’indépendances en Afrique L’an 2010 marque un anniversaire particulier  pour 17 États d’Afrique : le 50e anniversaire  de leur indépendance. L’année 1960 a vu  17  colonies  africaines  s’affranchir  des  puissances coloniales. Il s’agit de 1 colonie  belge, de 2 britanniques et de 14 françaises.  La naissance de ces États se fait parfois dans  la violence.  Pour la majorité de ses colonies, la France  établit un plan de négociation qui doit lui  permettre de garder une certaine mainmise  sur elles après leur indépendance. Le gouvernement français s’assure notamment  d’écarter, parfois dans la répression, les  opposants qui souhaitent une rupture totale avec la France. Le Royaume-Uni n’abandonne sa dernière  colonie africaine qu’en 1968. Autre puissance coloniale en Afrique, le Portugal mène  des guerres, notamment contre l’Angola et  le Mozambique, jusqu’en 1975 pour garder  son emprise sur une portion de l’Afrique.

2 000

3 000 km

Membres de la Cour pénale internationale (CPI)

OUGANDA 4 mandats d’arrêt 08 Les membres de la Cour pénale internationale

ZOOM

1 000

Échelle à l’équateur

et ses mandats d’arrêt internationaux Source : Diplomatie, Atlas géostratégique 2010,  Paris, Aréion, 2009, p. 31.

d’être membre des Nations unies pour être reconnu comme un État à part entière sur la scène internationale. Par exemple, la Suisse n’a joint les rangs de l’ONU qu’en 2002, alors qu’elle constituait un État depuis plus de 150 ans ! Habituellement, les pays s’empressent de demander un siège à l’ONU dès qu’ils accèdent à leur indépendance, comme l’a fait le Monténégro en 2006. S’il veut devenir membre de l’ONU, un État doit accepter toutes les obligations de la Charte des Nations unies. Voir l’encadré La Charte des Nations unies, p. 226. De son côté, l’ONU évalue si l’État sera capable de remplir ces obligations. La candidature doit être approuvée par le Conseil de sécurité de l’ONU, puis par l’Assemblée générale de tous les membres.

Siège de la CPI Pays membre de la CPI Pays non membre et refusant de signer par crainte de procès Pays non membre

Mandats d’arrêt internationaux

Pays dont l’un des ressortissants fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par la CPI

encore DeS coLonIeS De noS JourS Même si l’époque du colonialisme semble loin derrière nous, il reste encore 16 territoires colonisés sur la planète, qui comptent 2 millions de personnes. Voir le tableau Les 16 territoires non autonomes ou encore colonisés en 2009, p. 216. L’ONU soutient activement la décolonisation, s’appuyant sur sa Charte, qui fait mention du « droit des peuples à l’autodétermination, à l’exercice de leur souveraineté et à l’intégrité de leur territoire ». L’ONU pousse les pays qui dirigent les territoires encore colonisés, comme le Royaume-Uni et les États-Unis, à mettre en place des institutions gouvernementales autonomes pour que les colonies se constituent en États de manière pacifique, sans recourir à la lutte armée. L’ONU estime que la sou-

Source des données de la carte : CPI ; réalisation : CAPRI.

OCÉAN PACIFIQUE

I N T E R P R É TAT I O N

mission d’un peuple à une puissance étrangère viole les droits fondamentaux de l’homme, compromet la paix et est contraire à sa Charte. Cela signifie que les puissances colonisatrices restantes sur la planète ne respectent pas la Charte des Nations unies. Un comité spécial a été créé pour enquêter sur la situation dans les territoires colonisés et promouvoir l’accès à l’indépendance de ceux-ci.

TAIWAN : HISTOIRE D’UNE « DISPARITION » Taiwan est probablement le cas de « reconnaissance d’un État » le plus étonnant.

I

Les pouvoirs des États

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215

L’ONU l’accepte comme membre pendant des années, puis, en 1971, elle le chasse, affirmant que ce n’est plus un État ! Tout commence lorsque le Parti communiste prend le pouvoir en Chine, en 1949. Environ 2 millions de Chinois fuient alors sur l’île de Taiwan, à 150 kilomètres à l’est de la Chine continentale. Ils se dotent d’un gouvernement et d’une Constitution, et le nouvel État est admis à l’ONU sous le nom de République de Chine. La Chine continentale, de son côté, proteste contre cette admission. Elle affirme que l’île lui appartient, qu’il s’agit simplement d’une province rebelle. Elle réclame non

FOCUS

Les territoires palestiniens occupés : un non-État En 1922, la Palestine, habitée depuis des siècles par les Palestiniens, se retrouve sous domination britannique. À cette époque, les Juifs ne constituent qu’environ 7 % de la population. Dans les années 1930, lorsque l’Allemagne nazie commence à persécuter des Juifs en Europe, ils sont des milliers à fuir, notamment vers la Palestine, qu’ils considèrent comme leur terre ancestrale. Cependant, cette immigration est freinée par les Britanniques qui imposent des quotas. Des Juifs de Palestine répliquent en créant des organisations militaires secrètes qui mènent des attaques terroristes contre des cibles britanniques. En 1947, le Royaume-Uni demande à l’ONU d’intervenir. Celle-ci vote alors un plan de partage de la Palestine qui entraînerait la création de deux États : l’un arabe, l’autre juif. Les Palestiniens refusent. Des affrontements s’ensuivent. Les civils palestiniens abandonnent par milliers leurs maisons et leurs terres, trouvant refuge dans les pays arabes voisins, notamment en Égypte (bande de Gaza) et en Jordanie (Cisjordanie). L’ONU crée alors une agence pour les secourir : l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient). En 1948, les Britanniques quittent la Palestine, et les Juifs proclament l’État d’Israël. Américains et Russes reconnaissent aussitôt cet État. En 1967, Israël envahit et annexe des territoires étrangers où les Palestiniens s’étaient réfugiés (bande de Gaza et Cisjordanie). Depuis ce jour, l’ONU exige qu’Israël quitte ces deux territoires occupés. En 1994, l’Autorité nationale palestinienne (ANP) est créée pour administrer quelques aspects de la vie sociale des territoires occupés. Il ne s’agit pas d’un État, car Israël décide de la quasi-totalité des lois. Aussi, l’ANP ne gouverne qu’une fraction des Palestiniens : les milliers de réfugiés vivant encore dans les camps des territoires occupés sont toujours administrés par l’ONU. Quant à la question du territoire d’un futur État palestinien, l’ANP revendique la bande de Gaza et une portion de la Cisjordanie, tandis que la majorité des Palestiniens revendiquent les terres desquelles leurs familles ont été chassées.

PORTRAIT

Louise Arbour (1947-) Née à Montréal, Louise Arbour connaît une ascension fulgurante dans le domaine du droit. Après des études à Montréal, elle devient juge dans deux hauts tribunaux ontariens. En 1996, elle est nommée procureure en chef des tribunaux pénaux internationaux créés par l’ONU après les génocides perpétrés au Rwanda et en exYougoslavie. Elle devient juge de la Cour suprême du Canada en 1999. En 2004, elle quitte cette fonction pour devenir haute-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme. En 2009, elle accède à la présidence de l’International Crisis Group, un institut d’analyse indépendant qui fait des recommandations à l’ONU sur la prévention et la résolution de conflits meurtriers.

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DOSSIER 4

I

POUVOIR

09 Ces femmes d’un camp de réfugiés sahraouis,

établi dans l’ouest de l’Algérie, brandissent le drapeau de leur terre d’origine, le Sahara occidental, pour lequel les Sahraouis réclament l’indépendance. L’ONU tente de convaincre le Maroc d’accorder une autonomie complète à ce territoire.

CHIFFRES

192 sur 230 Tous  les  États  ne  sont  pas  représentés  aux Nations unies. L’ONU regroupait, en  2010, 192 membres, alors que la planète  compte 230 États et territoires.

10 Les 16 territoires non autonomes ou encore colonisés en 2009

Puissance administrative ou qui réclame le territoire États-Unis

Colonie

Localisation

Guam

Pacifique, à l’est des Philippines

Samoa américaines

Pacifique Sud, à l’est de l’Australie

Îles Vierges américaines

Antilles, à l’est de Porto Rico

France

Nouvelle-Calédonie

Pacifique, à l’est de l’Australie

Maroc

Sahara occidental

Nord-ouest de l’Afrique, au sud du Maroc

Nouvelle-Zélande

Tokelau

Pacifique Sud

Royaume-Uni

Gibraltar

Europe, au sud de l’Espagne

Bermudes

Antilles, à l’est des États-Unis

Îles Turks et Caicos

Antilles, à l’est de Cuba

Îles Cayman

Antilles, au sud de Cuba

Anguilla

Antilles, à l’est de Porto Rico

Îles Vierges britanniques

Antilles, à l’est de Porto Rico

Montserrat

Antilles, au sud-est de Porto Rico

Îles Malouines

Atlantique Sud, à l’est de l’Argentine

Sainte-Hélène

Atlantique Sud, à l’est du Brésil

Pitcairn

Pacifique Sud, à l’ouest du Chili

I N T E R P R É TAT I O N Ceuta (Espagne) Melilla Tanger (Espagne) Oran Rabat Casablanca Fès

Archipel de Madère (Portugal)

Îles Canaries (Espagne) Las Palmas

Marrakech Agadir

MAROC (1956)

Alger

MER MÉDITERRANÉE

Sfax

TUNISIE (1956)

ALGÉRIE (1962)

Tripoli

Al Bayda

Benghazi

Alexandrie

Le Caire N il

LIBYE (1951)

El Ayoun

SAHARA OCCIDENTAL (1975)

ÉGYPTE (1922)

MALI (1960)

Halaïb MER

Lac Nasser

Tamanrasset

Port-Soudan

Tombouctou

Agadès

NIGER (1960)

ROUGE

ÉRYTHRÉE (1993) Asmara

Niger

Nil

Khartoum Dakar SÉNÉGAL TCHAD (1960) Lac (1960) er Banjul Mopti Tchad Nig GAMBIE (1965) BURKINA FASO Niamey SOUDAN Bamako GUINÉE(HAUTE-VOLTA, 1960) GOLFE (1956) N'Djamena DJIBOUTI BISSAU Kano D'ADEN Ouagadougou Bissau (1974) GUINÉE (1977) Djibouti NIGERIA BÉNIN Berbera (1958) (1960) (1960) Conakry CÔTEHargeysha SOMALILAND SIERRA Abuja TOGO Malakal D'IVOIRE Freetown LEONE Addis-abeba (1960) (1960) Ibadan GHANA (1961) RÉPUBLIQUE ÉTHIOPIE (1957) Cotonou Lagos Monrovia CENTRAFRICAINE Yamoussoukro CAMEROUN (1941) Lomé Porto (1960) (1960) LIBERIA Accra Novo Juba Abidjan (1847) Douala Bangui Lac SOMALIE Malabo Yaoundé GOLFE DE GUINÉE Turkana (1960) GUINÉE OUGANDA go (Zaïre) SÃO TOMÉ C on (1962) ÉQUAT. 1950 Mogadiscio KENYA ET PRÍNCIPE (1968) Kampala (1963) Kisangani (1975) Equateur CONGO Mbandaka Kismayo São Tomé Libreville (1960) Nairobi Lac GABON Victoria Kigali (1960) RWANDA Rép. dém. (1962) Bujumbura Brazzaville du CONGO BURUNDI Mombasa (ZAÏRE, 1960) Pointe-Noire OCÉAN (1962) Kinshasa Dodoma Cabinda Lac Zanzibar INDIEN (Angola) Kananga Tanganyika

ANGOLA (1975) Zambèze

Huambo

1960

avant 1922

BOTSWANA (1966)

Bay

entre 1922 et 1951

Gaborone

entre 1952 et 1959

Lilongwe

MALAWI

Orang

entre 1963 et 1968

e

AFRIQUE DU SUD 1 (1910)

après 1973

Pays indépendant jusqu’en 1936, occupé par l’Italie de 1936 à 1941

Beira

MOZAMBIQUE (1975)

Pretoria Mbabane Maputo SWAZILAND (1968) Maseru

Le Cap

LESOTHO (1966)

Durban

Port Elizabeth

Indépendance non reconnue (Rhodésie) en 1965 Territoire annexé par le Maroc depuis 1975 Pays indépendants

1 : Union sud-africaine devenue dominion britannique en 1910, puis membre du Commonwealth en 1931

11 La décolonisation en Afrique Source : Cécile MARIN, Le Monde diplomatique, Paris, 2006.

seulement un siège à l’ONU, mais aussi que Taiwan soit expulsé de cette organisation puisqu’il ne peut exister « deux Chines ». En 1971, l’Assemblée générale de l’ONU vote finalement l’intégration de la Chine continentale. Les États-Unis déposent alors une proposition pour que Taiwan puisse rester à l’ONU. La proposition est rejetée : Taiwan doit prendre la porte ! Taiwan n’est cependant pas boudé par toutes les organisations internationales. Il est membre notamment d’un important

E QU BI

Mayotte (France)

Toamasina

Antananarivo

MADAGASCAR (1960) Trop ique du Cap ricor n e

Inhambane

Pays occupé par l’Ethiopie de 1941 à 1993

Pays ou territoires dépendants

Nampula

Za (1964) mb èz e

Johannesburg

entre 1960 et 1962 2006

ZAMBIE (1964) Lusaka

Lac Malawi

Harare ZIMBABWE (1980)

NAMIBIE (1990) Walvis Windhoek

Pays indépendant

COMORES (1975) Moroni

Lubumbashi

EM OZ AM

OCÉAN ATLANTIQUE

Dar es Salam

TANZANIE (1961 à 1964)

Luanda

LD

1956

CA NA

Praia

Tropiq ue du Cance r

Assouan

MAURITANIE (1960) Nouakchott

CAPVERT (1975)

Les pouvoirs des États 

Tunis

Annaba

Constantine

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groupe économique, la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC), et, depuis 2002, de l’OMC.

La gouvernance L’autorité gouvernementale s’occupe de la gouvernance, c’est-à-dire qu’elle établit la manière d’administrer et de gérer les affaires publiques, et qu’elle adopte les lois. Au sein d’un État, la gouvernance est souvent répartie entre plusieurs paliers de gouvernement. Au Canada, par

1 : 57 000 000 (projection azimutale équivalente de Lambert) 0

500

1 000 km

Territoire toujours dépendant Guerre d’indépendance Émeutes, troubles insurrectionnels précédant l’indépendance

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DOSSIER 4

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POUVOIR

FOCUS

Le colonialisme Du 16e siècle au milieu du 20e siècle, quelques pays disposant d’une solide capacité militaire et navale conquièrent par la force des territoires habités, qu’on nomme colonies. La métropole, c’est-à-dire le pays conquérant, se bâtit un empire pour : • s’approprier des ressources naturelles et humaines afin d’enrichir sa société ; • installer des postes de ravitaillement (nourriture et carburant) pour ses navires. Les colonisateurs établissent une domination politique en imposant leurs administrateurs. Le développement commercial, agricole, minier, industriel se fait en fonction des besoins de la métropole : fourrures, diamants, sucre, café, etc. Des entreprises de la métropole s’approprient les terres de paysans et réorientent la production, souvent vers la monoculture. De nombreux enfants et adultes sont contraints au travail forcé. Des millions de personnes des colonies africaines sont vendues comme esclaves, pour travailler notamment dans les colonies françaises des Antilles et les Treize colonies britanniques. Cette domination s’appuie sur la force militaire. Beaucoup de colonisateurs visent l’assimilation des populations, en imposant leur langue comme langue d’enseignement. Des missionnaires convertissent les populations à leur religion et leur font rejeter leurs croyances ancestrales et leurs traditions. L’organisation de la société coloniale repose sur la ségrégation raciale. Les populations locales habitent des quartiers distincts des colonisateurs et ont peu ou pas de droits. Cette période dite du colonialisme prend fin au tournant des années 1960 alors que 17 pays d’Afrique obtiennent leur indépendance. Cependant, même si l’époque coloniale semble aujourd’hui révolue, on compte encore 16 territoires colonisés dans le monde. Une situation que dénonce d’ailleurs l’ONU.

12 Les paliers de gouvernance

Voici un exemple de l’organisation des paliers de gouvernement dans quelques États. Même si un palier a le même nom dans plusieurs pays (par exemple canton ), cela ne veut pas dire qu’il a les mêmes pouvoirs partout. Canada

États-Unis

Belgique

Suisse

France

Gouvernement fédéral

Gouvernement fédéral

Gouvernement fédéral

Gouvernement fédéral

Gouvernement central

Provinces (10) Territoires (3)

États (52*)

Régions (3)

Cantons (23)

Régions (22)

Villes (env. 3700)

Comtés (3140)

Communautés (3)

Communes (env. 2900)

Départements (96)

Villes (env. 30 000)

Provinces (10)

Arrondissements (327)

Communes (env. 589)

Cantons (3700) Communes (env. 36 600)

* Ce nombre inclut le district fédéral de Columbia et l’État associé Porto Rico. Note : Le nombre de villes et de communes varie souvent en raison des fusions.

exemple, il y a un premier palier : fédéral ; un deuxième : provincial, comme le Québec, ou territorial, comme le Yukon ; et un troisième : municipal. C’est la Constitution qui définit les responsabilités et les champs de compétence de chaque palier. Dans certains États, le gouvernement central a presque tous les pouvoirs ; dans d’autres, ce sont les paliers inférieurs qui en ont le plus.

QUOI GÉRER ET AVEC QUEL ARGENT ? L’autorité gouvernementale doit d’abord déterminer ce qui est privé et ce qui est public. Par exemple, en 1963, le gouvernement du Québec décide que la production et la vente d’électricité seront exclusivement un domaine public. Il achève alors la nationalisation de l’électricité. Le Québec a aussi établi que les soins de santé sont une affaire publique qui relève de son seul contrôle. Une fois qu’il a établi ses champs d’activité, l’État doit déterminer où il prendra l’argent pour gérer ses activités. Il perçoit l’argent de diverses sources, telles que : • l’impôt sur le revenu des travailleurs et des entreprises ; • les droits de douane sur les produits importés ; • les taxes sur les biens et services vendus sur son territoire ; • l’émission de permis (permis de conduire, immatriculation de véhicule, permis de pêche) ; • la délivrance de documents officiels (visa, passeport, acte de naissance) ; • les péages sur les autoroutes ; • les droits d’entrée dans les parcs nationaux, sur les sites historiques, etc.

COMMENT RÉPARTIR L’ARGENT ? Lorsqu’il a l’argent en main, l’État doit alors décider comment le dépenser. Dans plusieurs pays industrialisés où le gouvernement est librement élu, une partie de l’argent collecté par l’État ou par le gouvernement provincial sert à assurer la protection sociale des citoyens : assurance-

I N T E R P R É TAT I O N

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Les pouvoirs des États 

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219

13 Des soldats défilent dans la province de Shanxi, en Chine, en 2009. Cette année-là, le gouvernement chinois

annonce une augmentation de ses dépenses militaires.

maladie, assurance-emploi, pensions de vieillesse, logements sociaux. C’est ce qu’on appelle la redistribution de la richesse. Certains États privilégient parfois les dépenses militaires au détriment des dépenses sociales.

prises pour sauver des milliers d’emplois. Par exemple, en 1987, le gouvernement de la province de Québec a prêté 110 millions $ à l’usine d’automobiles GM de Boisbriand, ce qui a permis de garder l’usine ouverte pendant 15 ans.

Une partie de l’argent de l’État est destinée à la rémunération de ses dizaines de milliers d’employés : travailleurs de la voirie, policiers, douaniers, enseignants, etc. Le gouvernement peut aussi choisir de soutenir financièrement des entre-

L’État peut investir dans la prospection de gisements de pétrole ou dans le développement d’énergies renouvelables. Il essaie d’assurer la stabilité de l’économie du pays en ajustant sa politique fiscale (sa taxation) et sa politique monétaire.

14 Les choix de dépenses des États

Dépenses en éducation (en % du PIB)

Dépenses militaires (en % du PIB)

Arabie saoudite

6,8