Repères : histoire et éducation à la citoyenneté : manuel de l'élève, 2e année du 2e cycle du secondaire 9782761325486

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Repères : histoire et éducation à la citoyenneté : manuel de l'élève, 2e année du 2e cycle du secondaire
 9782761325486

Table of contents :
Table des matières
Aperçu d'un dossier
Dossier 1 Population et peuplement
Une société ouverte sur le monde
Un territoire à partager
1 Les premiers occupants de l'Amérique du Nord
2 La colonisation de la Nouvelle-France
3 Le changement d'empire
4 Le Québec entre tradition et changement
Vivre-ensemble
Points de repère
Activité synthèse
Pour aller plus loin
Pour en savoir plus
Dossier 2 Économie et développement
Une économie en transformation
Le développement de l'économie québécoise
1 L'exploitation des ressources au 16 siècle
2 L'économie en Nouvelle-France
3 Entre continuité et changement
4 Une ère de croissance
Les enjeux économiques du Québec actuel
Points de repère
Activité synthèse
Pour aller plus loin
Pour en savoir plus
Dossier 3 Culture et mouvements de pensée
Le Québec en culture et en pensée
Une culture et des idées en mouvement
1 La culture des autochtones
2 Le roi, l'Église et les Canadiens en Nouvelle-France
3 Un siècle de luttes sous le Régime britannique
4 Les trajectoires des idées et de la culture depuis 1867
Culture et standardisation
Points de repère
Activité synthèse
Pour aller plus loin
Pour en savoir plus
Dossier 4 Pouvoir et pouvoirs
Questions de pouvoirs
Du pouvoir aux pouvoirs
1 Le pouvoir en Nouvelle-France
2 Un nouveau régime
3 L'éclatement du pouvoir
La démocratie en crise?
Points de repère
Activité synthèse
Pour aller plus loin
Pour en savoir plus
Dossier 5 Des enjeux de société du présent
Des enjeux qui nous concernent
Des enjeux de la société d'aujourd'hui
1 L'intégration des communautés
2 La sauvegarde de l'environnement
3 Les défis mondiaux et la présence du Canada et du Québec à l'étranger
4 L'égalité des droits entre les hommes et les femmes
5 La question nationale
Gérer les enjeux contemporains
Points de repère
Activité synthèse
Pour aller plus loin
Pour en savoir plus
Mots clés
Index des concepts
Liste des cartes
Index
Sources des photographies
Boîte à outils - Univers social
Utilisation de la Boîte à outils Univers social
Section 1: Ligne du temps
Qu'est-ce qu'une ligne du temps?
Quelques particularités d'une ligne du temps
Comment interpréter une ligne du temps?
La ligne du temps comparative
Comment faire une ligne du temps?
Section 2: Cartographie
Qu'est-ce qu'une projection cartographique?
Qu'est-ce qu'un planisphère?
Que sont les repères géographiques?
Qu'est-ce qu'une carte géographique?
Les différentes cartes géographiques
Comment interpréter une carte géographique?
Le croquis géographique
Comment faire un croquis géographique?
La carte schématique
Comment faire une carte schématique?
Qu'est-ce qu'une image géographique?
Comment interpréter une image géographique?
Qu'est-ce qu'une carte historique?
Comment interpréter une carte historique?
Comment faire une carte historique?
Section 3: Tableaux
Qu'est-ce qu'un tableau?
Comment interpréter un tableau?
Comment faire un tableau à entrées multiples?
Section 4: Diagrammes
Qu'est-ce qu'un diagramme?
Comment interpréter un diagramme?
Comment faire un diagramme?
Qu'est-ce qu'un climatogramme?
Comment interpréter un climatogramme?
Comment faire un climatogramme?
Qu'est-ce qu'une pyramide des âges?
Comment interpréter une pyramide des âges?
Comment faire une pyramide des âges?
Section 5: Schémas
Qu'est-ce qu'un organigramme?
Comment interpréter un organigramme?
Comment faire un organigramme?
Qu'est-ce qu'un schéma causes-conséquences?
Comment interpréter un schéma causes-conséquences?
Comment faire un schéma causes-conséquences?
Section 6: Documents écrits
Qu'est-ce qu'un document écrit?
Comment interpréter un document écrit?
Section 7: Documents iconographiques
Qu'est-ce qu'un document iconographique?
Comment interpréter un document iconographique?
Section 8: Démarche de recherche
Miniatlas
Glossaire
Quelques références utiles

Citation preview

Manuel de l’élève 2e année du 2e cycle du secondaire

Michel Sarra-Bournet Yves Bourdon Yves Bégin Francine Gélinas

Directrice de l’édition Andrée Thibeault

Consultant principal Guy Dauphinais, enseignant, école secondaire Rive-Nord

Chargés de projet Marie-Soleil Boivin Francis Dugas Diane Plouffe Marie-Claude Rioux

Consultants pédagogiques Audrey Bélanger, enseignante, Selwyn House School Éric Boivin, enseignant, école secondaire de l’Odyssée/Lafontaine Philippe Decloître, enseignant, école secondaire Arthur-Pigeon Sandra Jacques, enseignante, école secondaire Roger-Comtois Jean-François Maurice, enseignant, école Saint-Georges de Montréal Jean-Hughes St-Germain, enseignant, polyvalente Saint-Jérôme

Réviseures linguistiques Annick Loupias Diane Plouffe Correcteurs d’épreuves Lucie Bernard Sabine Cerboni Pauline Gélinas Pierre-Yves L’Heureux Isabelle Rolland Recherchistes (photos, œuvres et droits) Pierre Richard Bernier François Daneau Annig Guhur Recherchistes et rédacteurs Laurie Laplanche Jean-Sébastien Lavallée Aubert Lavigne-Descôteaux Directrice artistique Hélène Cousineau Coordonnatrice aux réalisations graphiques Sylvie Piotte Couverture et conception graphique Catapulte Édition électronique Catapulte Infoscan Collette Mardigrafe Cartographes Julie Benoit Hervé Hamon

© ÉDITIONS DU RENOUVEAU PÉDAGOGIQUE INC., 2008

Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2008 Dépôt légal – Bibliothèque et Archives Canada, 2008 Imprimé au Canada ISBN 978-2-7613-2548-6

34567890 II 09 12201 CD OS12

Réviseurs scientifiques Frédéric Demers, Ph. D. (histoire), professeur adjoint, Département d’histoire, Université Laurentienne Benoit Grenier, Ph. D. (histoire), professeur adjoint, Département d’histoire, Université Laurentienne Cristian Ionita, Ph. D. (histoire), Université de Montréal Dominique Marquis, Ph. D. (histoire), professeure, Département d’histoire, Université du Québec à Montréal Claude Sutto, Ph. D. (histoire), professeur retraité, Département d’histoire, Université de Montréal, professeur à l’Université du troisième âge, Université de Sherbrooke Jean-Louis Vallée, M.A., professeur, Centre d’études collégiales de Montmagny Marc Vallières, Ph. D. (histoire), professeur associé, Département d’histoire, Université Laval

Certains titres d’œuvres d’art présentées dans le manuel sont en anglais. Lorsqu’il n’a pas été possible d’obtenir une traduction officielle de ces titres, ceux-ci ont été traduits. Les traductions sont placées entre crochets dans les bas de vignette accompagnant les œuvres d’art.

Étudier l’histoire du Québec, c’est comprendre le passé des générations qui nous ont précédés sur le territoire québécois. C’est comprendre leur vie, les choix qu’elles ont faits en tant que société, l’héritage qu’elles nous ont laissé sur les plans démographique, économique, idéologique, politique et culturel. C’est dans cet esprit que la collection

survole 500 ans

d’histoire du Québec en explorant différents thèmes, conformément au nouveau programme de formation en histoire et éducation à la citoyenneté. Constitué de documents historiques, de cartes, de photographies d’archives, d’œuvres d’art de diverses époques, le manuel

offre un matériel riche qui vous donnera envie

d’apprendre l’histoire du Québec et de participer de façon active à la vie démocratique de votre société.

III

SI

.......................................................

VI

ER

1

Population et peuplement

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

UNE

.................

2

.......................................

6

.....

6

...............................................

12

U N T E R R I T O I R E À PA R T A G E R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 Les premiers occupants de l’Amérique du Nord . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 La colonisation de la Nouvelle-France . . . . . . . . 3 Le changement d’empire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Le Québec entre tradition et changement . . .

12

44

ENGAGEMENT CITOYEN

............................................

70

VIVRE-ENSEMBLE

............................................

70

Points de repère

..........................................................

78

Activité synthèse

..........................................................

80

SOCIÉTÉ OUVERTE SUR LE MONDE

LA FILIÈRE DU TEMPS

14 18 36

DO S

DO S

Aperçu d’un dossier

SI

ER

2

Économie et développement . . . . . . . . . . . . . .

82

Pour aller plus loin…

....................................................

81

LE MONDE D’AUJOURD’HUI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86

Pour en savoir plus…

....................................................

81

UNE

........

86

...............................................

92

LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE ......................................................

92

ÉCONOMIE EN TRANSFORMATION

LA FILIÈRE DU TEMPS

1 2 3 4

L’exploitation des ressources au 16e siècle . . L’économie en Nouvelle-France . . . . . . . . . . . . . . . . . . Entre continuité et changement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Une ère de croissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

ENGAGEMENT CITOYEN

LES ENJEUX DU QUÉBEC

IV

TABLE DES MATIÈRES

............................................

94 98 110 120 158

ÉCONOMIQUES A C T U E L . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158

Points de repère

..........................................................

166

Activité synthèse

..........................................................

168

Pour aller plus loin…

....................................................

169

Pour en savoir plus…

....................................................

169

DO S

SI

ER

3

Culture et mouvements de pensée . . . . .

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

LE QUÉBEC

.......................................

E N C U LT U R E E T E N P E N S É E

....

170 174 174

LA FILIÈRE DU TEMPS

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180 C U LT U R E E T D E S I D É E S E N M O U V E M E N T . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180

UNE

1 La culture des autochtones . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 Le roi, l’Église et les Canadiens

182

en Nouvelle-France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 Un siècle de luttes sous le Régime britannique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Les trajectoires des idées et de la culture depuis 1867 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

200

ENGAGEMENT CITOYEN

240

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

..................

240

DES

Points de repère

..........................................................

248

Activité synthèse

..........................................................

250

C U LT U R E

............................................

ET STANDARDISATION

186

....................................................

250

Pour en savoir plus…

....................................................

251

DO S

Pour aller plus loin…

SI

ER

4

Pouvoir et pouvoirs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

QUESTIONS

.......................................

256

...............................................

262

DU POUVOIR AUX POUVOIRS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 Le pouvoir en Nouvelle-France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 Un nouveau régime . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 L’éclatement du pouvoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ENGAGEMENT CITOYEN

LA

256

..............................

DE POUVOIRS

LA FILIÈRE DU TEMPS

252

............................................

?

DOS

192 SI

ER

5

Des enjeux de société du présent

......

330

.......................................

334

.........

334

...............................................

340

ENJEUX QUI NOUS CONCERNENT

LA FILIÈRE DU TEMPS

DES ENJEUX DE LA SOCIÉTÉ D’AUJOURD’HUI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 L’intégration des communautés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 La sauvegarde de l’environnement . . . . . . . . . . . . . . 3 Les défis mondiaux et la présence du Canada et du Québec à l’étranger . . . . . . . . . . . . 4 L’égalité des droits entre les hommes et les femmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 La question nationale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ENGAGEMENT CITOYEN

............................................

340 342 346 352 356 362 368

262

GÉRER

264

Points de repère

..........................................................

378

272

Activité synthèse

..........................................................

380

286

Pour aller plus loin…

....................................................

380

Pour en savoir plus…

....................................................

381

...................................................................

382

LES ENJEUX CONTEMPORAINS

.........

368

318

.........................

318

Mots clés

Points de repère

..........................................................

326

Index des concepts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 386

Activité synthèse

..........................................................

328

Liste des cartes

DÉMOCRATIE EN CRISE

............................................................

388

........................................................................

390

Pour aller plus loin…

....................................................

328

Index

Pour en savoir plus…

....................................................

329

Sources des photographies

TABLE DES MATIÈRES

..............................................

396

V

Les pages d’ouverture

DO

S

Le numéro du dossier et son concept central.

E SI

Un court texte présente l’angle d’entrée du dossier.

Le titre du dossier.

Des photos illustrent les événements apparaissant sur la ligne du temps.

R

1

Au cours des siècles, la composition de la population vivant sur le sol québécois connaît plusieurs transformations. Des peuples autochtones habitent l’immense territoire du Québec 10 000 ans avant notre ère. Au début du 17e siècle, la colonisation française entraîne la formation d’une nouvelle société. Lorsque les Britanniques s’emparent de la Nouvelle-France, en 1763, la population française compte 70 000 habitants. Après la Conquête, de nouveaux immigrants arrivent des Treize colonies, puis des îles Britanniques. Malgré tout, la population canadienne-française ne cesse de s’accroître en raison d’un taux très élevé de natalité. Par la suite, de nombreuses vagues d’immigration créent une société de plus en plus diversifiée. Comment la population actuelle est-elle répartie sur le sol québécois ? D’où proviennent les Québécois aujourd’hui ? Quel est l’apport des immigrants à la société québécoise ?

1755

Déportation des Acadiens

Vers 1947

Arrivée d’immigrants européens à Montréal

1634 -30 000

1541

Migrations humaines en Amérique par le détroit de Béring

Fondation du premier établissement du Canada par Cartier et Roberval

Fondation de Trois-Rivières

1791

Création du Haut-Canada et du Bas-Canada par l’Acte constitutionnel

1642

Fondation de Ville-Marie (Montréal)





1500

1600

-10 000

Les doubles pages permettent une meilleure vue d’ensemble tout au long du manuel.

2007

Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles



1608

1847

Famine en Irlande et immigration irlandaise

1876

Loi sur les Indiens



1700

1759

Fondation de Québec

Prise de Québec

Arrivée des premiers Amérindiens au Québec

1783

1763



1800

Traité de Versailles

1867

Proclamation royale



1900

1945

Achèvement du Canadien Pacifique

Début du baby-boom

1885

Acte de l’Amérique du Nord britannique

1968

2000

Création du ministère de l’Immigration du Québec

Vers 1870

Début de l’immigration vers l’Ouest canadien et les États-Unis

2

3

SOM M A I R E

Un schéma illustre les concepts à l’étude dans le dossier.

Les concepts que vous verrez dans ce dossier

Concept central

Population Concepts particuliers

Enjeu Société Territoire

LA FILIÈRE DU TEMPS

.....................................................

12

U N T E R R I T O I R E À PA R T A G E R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 Les premiers occupants de l’Amérique du Nord . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

12

Les premières migrations humaines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le peuplement du Québec préhistorique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

14 16

2 La colonisation de la Nouvelle-France

18

Les premières fondations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La Compagnie des Cent-Associés vient au secours de la colonie . . . . . . . La colonie s’agrandit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’avènement d’une colonie royale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La croissance de la Nouvelle-France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’esclavage en Nouvelle-France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’Acadie, des origines à la déportation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La fin de la Nouvelle-France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

18 20 22 24 26 30 32 34

.....................................

36

La réorganisation du territoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Une période de compromis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Des loyalistes dans la colonie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . De l’exode à l’enracinement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

36 38 40 42

4 Le Québec entre tradition et changement

44 46 48 50 52 56 58 60

Ailleurs dans le monde L’Afrique du Sud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La Belgique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le Brésil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Singapour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

62 64 66 68

ENGAGEMENT CITOYEN

..................................................

VIVRE-ENSEMBLE

...................................................

70

Des identités multiples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Une population diversifiée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La population québécoise de demain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

72 74 76

Points de repère

................................................................

78

Activité synthèse

.................................................................

80

Pour aller plus loin…

4

DOSSIER 1

70

...........................................................

81

Pour en savoir plus… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

81

U

RD

’H

Objet d’interprétation

UI

Population et peuplement, de la présence autochtone, vers 1500, à nos jours.

Objet d’interrogation

Population et peuplement, aujourd’hui, au Québec.

Comment la population du Québec s’est-elle répartie sur le territoire au cours des siècles ?

E N GAG Qui sont les Québécois d’aujourd’hui ? D’où viennent-ils ? Où vivent-ils ?

EM

EN

Objet de citoyenneté

T Y EN

44

ED

TO

La partie Engagement citoyen présente l’objet de citoyenneté du dossier.

.........

Le développement de l’Ouest canadien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Partir pour les « États » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les années sombres de la crise économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La montée de l’urbanisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Une société en évolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La situation actuelle des autochtones . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’ère de la modernité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Un Québec pluriculturel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

L A F I LI ÈR

CI

La partie La filière du temps décrit les événements historiques.

Angle d’entrée

Les effets des mouvements naturels et migratoires sur la formation de la population et l’occupation du territoire.

14

...............

3 Le changement d’empire

Réalité sociale

Population et peuplement

S

Concepts communs

6 8 10

MP

La partie Le monde d’aujourd’hui introduit l’objet d’interrogation.

6

............

SOCIÉTÉ OUVERTE SUR LE MONDE

TE

Appartenance Croissance Identité Migration Pluriculturalité

.............................................

Le territoire du Québec aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La population du Québec aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

U

UNE

JO

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

N LE MO D E D’ AU

Population et peuplement

Diversité des identités sociales et appartenance à la société québécoise.

Comment concilier la diversité des identités sociales et l’appartenance à la société québécoise ?

5

POPULATION ET PEUPLEMENT

Un schéma présente le contenu du programme au début de chaque dossier.

VI

APERÇU D’UN DOSSIER

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

Un texte d’introduction présente chacune des trois parties du dossier.

UNE SOCIÉTÉ OUVERTE SUR LE MONDE Bien que le territoire du Québec soit immense, sa population se concentre dans une toute petite partie au sud du territoire. Cette société de plus en plus ouverte sur le monde connaît, comme plusieurs pays occidentaux, un vieillissement de sa population. Dans ce contexte, l’arrivée de nouveaux immigrants est essentielle, puisque ceux-ci viennent compenser le faible taux de natalité, en plus d’enrichir la société québécoise, tant sur le plan économique que sur les plans culturel et social.

L’œuvre d’un artiste fait référence au thème abordé.

Gérard Castonguay (né en 1933). Artiste peintre Gérard Castonguay étudie à l’École du meuble de Montréal et complète sa formation en graphisme et peinture à l’Académie des arts du Canada. Avant de se consacrer entièrement à la peinture, il œuvre en tant qu’illustrateur et graphiste dans le monde de la publicité. Ses toiles font partie de plusieurs collections privées et publiques.

DOSSIER 1

Gérard Castonguay, Occuper les lieux, 2007.

POPULATION ET PEUPLEMENT

7

UNE SOCIÉTÉ OUVERTE SUR LE MONDE

Une courte biographie souligne l’œuvre d’un artiste québécois ou canadien. Chaque période est clairement indiquée au début de chacune des parties qui composent La filière du temps.

LA FILIÈRE DU TEMPS

1

Vers 1500

1608-1760

1760-1867

1867 à nos jours

Les premiers occupants de l’Amérique du Nord Lorsque Jacques Cartier arrive en Amérique au 16e siècle, le territoire est déjà habité depuis longtemps. Qui sont les premiers occupants de l’Amérique ? D’où viennent-ils ?

Les premières migrations humaines Plusieurs hypothèses sont avancées pour lever le voile sur l’origine des premiers occupants de l’Amérique. La chronologie des événements et la route de migration des ancêtres des autochtones ne font pas toujours l’unanimité auprès des chercheurs. Selon l’hypothèse la plus répandue, l’Amérique s’est peuplée par vagues successives avec la venue de petits groupes de chasseurs nomades en provenance d’Asie. Ils sont venus lors de la dernière période glaciaire, il y a environ 30 000 ans. Avec la baisse du niveau de la mer, la Sibérie et l’Alaska sont liés par un passage de terre : la Béringie. En poursuivant les troupeaux d’animaux qui parcourent ce pont terrestre, les chasseurs d’Asie traversent sans le savoir sur un nouveau continent. Une fois arrivés en Alaska, ces chasseurs se heurtent à une barrière de glace qui recouvre tout le nord du continent. Ils ne peuvent donc pas poursuivre leur route.

1

LES PREMIÈRES MIGRATIONS HUMAINES EN AMÉRIQUE DU NORD.

Il y a environ 30 000 ans, les ancêtres des autochtones ont emprunté un passage de terre reliant la Sibérie à l’Alaska pour migrer en Amérique. Ils ont traversé ce corridor au cours de la dernière période de glaciation, utilisant un passage étroit qui les a conduits vers le sud. OCÉAN ARCTIQUE

ASIE

Des cartes géographiques et thématiques favorisent la compréhension de la matière.

Détroit de Béring

OCÉAN ATLANTIQUE

Golfe d’Alaska Baie d’Hudson

OCÉAN PACIFIQUE

AM É R I Q U E

Environ 15 000 ans plus tard, les glaciers commencent à fondre et à reculer. Un corridor sans glace se forme le long des Rocheuses, permettant une deuxième phase de migration. Au fur et à mesure des changements climatiques et en fonction des ressources naturelles, les différents peuples autochtones se dispersent vers le sud et l’est du continent et remontent ensuite progressivement vers le nord, au rythme de la fonte des glaciers. Leur arrivée dans les basses terres du Saint-Laurent remonte à environ 8 000 ans après le retrait de la mer de Champlain.

Fleuve SaintLaurent

DU NORD

Légende Glace Béringie

14

DOSSIER 1

Les Méganticois Au début des années 2000, des fouilles archéologiques sont entreprises dans la région du lac Mégantic, en Estrie. Ces fouilles permettent de découvrir un site archéologique extrêmement riche, où les nombreux artefacts retirés du sol témoignent d’une présence humaine datant de la période du Paléoindien, qui remonte à environ 12 000 ans. Les archéologues ont prélevé du sol des grattoirs utilisés pour nettoyer les peaux d’animaux, des pointes à cannelure,

3

des racloirs, des perçoirs et des bifaces. Ces artefacts indiquent que plusieurs activités humaines étaient pratiquées sur ce site et que les Méganticois s’étaient approprié le territoire. Selon les spécialistes, il s’agirait des plus anciennes traces d’occupation humaine sur le territoire du Québec.

0

LE SITE ARCHÉOLOGIQUE DU LAC MÉGANTIC.

DES MAMMOUTHS LAINEUX.

D’autres hypothèses

QUESTIONS

Des découvertes archéologiques récentes laissent présumer que d’autres vagues de migration ont contribué au peuplement de l’Amérique. Ainsi, certains chercheurs croient que les premiers occupants de l’Amérique ont réussi à traverser l’océan Pacifique sur des radeaux de bois, il y a 30 000 ans. Ils se seraient installés en Amérique du Sud pour ensuite remonter vers le Nord. Il y a près de 20 000 ans, d’autres groupes ont pu emprunter cette même voie, mais cette fois en provenance du nord.

250 500 750 km

POPULATION ET PEUPLEMENT

2

Depuis le début des années 2000, une équipe d’archéologues fouille le territoire du Méganticois à la recherche de vestiges laissés par les Amérindiens qui y ont vécu.

Plusieurs espèces animales, dont le mammouth, le caribou et le bison, vivaient dans la toundra de l’Alaska lorsque les ancêtres des autochtones ont traversé le détroit de Béring. Pour assurer leur subsistance, des groupes de chasseurs ont quitté la Sibérie à la recherche de ces animaux.

En somme, le peuplement de l’Amérique ne s’est pas effectué simultanément, il s’est déroulé au cours de migrations successives, étalées sur plusieurs millénaires.

Migration humaine Il y a environ 30 000 ans Il y a environ 15 000 ans

La rubrique Héritage du passé présente des lieux ou des bâtiments du patrimoine québécois ou canadien liés au contexte historique de la période étudiée.

LA FILIÈRE DU TEMPS

6

OCCUPER LES LIEUX. Entre tradition et modernité, l’œuvre picturale de Gérard Castonguay présente un univers plus grand que nature. Parmi les thèmes affectionnés par l’artiste figurent les paysages mi-urbains mi-ruraux et les natures mortes.

UN TERRITOIRE À PARTAGER (vers 1500)

1. Nommez une science qui vient en aide aux chercheurs lorsqu’ils développent des hypothèses sur l’origine des autochtones. 2. [Doc. 3] Quel lien pouvez-vous faire entre la présence des animaux et l’itinéraire des autochtones ? Méthodologie 3. [Doc. 1] Si les ancêtres des autochtones sont réellement arrivés par le détroit de Béring, quelle raison les a poussés à franchir ce détroit ?

15

Des questions générales, des questions mettant en relation certains documents, des questions de réflexion sur la démarche ou de méthodologie sont groupées dans un même encadré.

APERÇU D’UN DOSSIER

VII

Le régime seigneurial

Malgré les efforts déployés par Samuel de Champlain et par les Jésuites pour recruter des colons, le pays attire peu de Français. Au 17e siècle, traverser l’Atlantique en voilier exige un grand courage… et un estomac solide ! Après un voyage en mer de plusieurs semaines, les nouveaux arrivants découvrent leur terre d’accueil. Des forêts, des moustiques, sans compter la menace incessante des attaques iroquoises et les longs mois d’hiver : voilà ce qui attend les Français.

Pour favoriser l’établissement des nouveaux arrivants, la Compagnie des Cent-Associés met en place un mode de distribution des terres qui permet de rendre les cours d’eau accessibles au plus grand nombre : le régime seigneurial. Les toutes premières seigneuries concédées dans la vallée du Saint-Laurent prennent la forme de longs rectangles perpendiculaires situés le long du fleuve. La compagnie concède des terres à des seigneurs qui deviennent responsables de l’exploitation et du développement de leur domaine. Ceux-ci divisent leur seigneurie en plusieurs lots qu’ils distribuent ensuite à des colons, appelés « censitaires », qui doivent, entre autres, défricher et exploiter leur terre.

1

Dans ces conditions, qui peut bien vouloir émigrer en NouvelleFrance ? Quelques Français quittent la métropole dans le but de s’enrichir et d’améliorer leur sort. En fait, la majorité du peuple français vit dans des conditions difficiles et précaires à cause du manque de ressources en France. Les guerres et les problèmes économiques créent un climat d’instabilité que certains préfèrent fuir. Malgré tout, la NouvelleFrance attire peu de gens et le peuplement ne fait aucun progrès.

ARMAND JEAN DU PLESSIS, CARDINAL DE RICHELIEU (1585-1642).

Le cardinal de Richelieu fonde en 1627 la Compagnie des Cent-Associés, aussi appelée « Compagnie de la Nouvelle-France. » Cette compagnie a le mandat de peupler la colonie en échange du monopole de la traite des fourrures.

La création de la Compagnie des Cent-Associés

2

LA CHARTE DES CENT-ASSOCIÉS ET LE PEUPLEMENT.

Par la charte de la Compagnie des Cent-Associés, le roi fixe les buts, les privilèges et les obligations des actionnaires de la compagnie.

«

C’est à savoir que [les Cent-Associés] promettront faire passer au dit pays de la Nouvelle-France, deux à trois cents hommes de tous métiers dès l’année prochaine 1628, et pendant les années suivantes en augmenter le nombre jusqu’à quatre mille de l’un et de l’autre sexe […] les y loger, nourrir et entretenir de toutes choses généralement quelconques, nécessaires à la vie pendant trois ans seulement. Source : Acte pour l’établissement de la Compagnie des Cent-Associés pour le commerce du Canada, 29 avril 1627.

»

TÉMOINS DE L’HISTOIRE LOUIS HÉBERT ET MARIE ROLLET Louis Hébert, sa femme Marie Rollet et leurs trois enfants quittent Honfleur, en France, le 11 avril 1617, à destination de Québec. La traversée est longue et difficile : ils mettent plusieurs semaines avant d’atteindre Québec. Ils sont la première famille à s’établir dans la jeune colonie. Ils cultivent leur terre et vivent de leurs récoltes. Le couple entretient d’excellentes relations avec les Amérindiens. Connaissant bien les langues, Louis Hébert est l’interprète des Amérindiens auprès des missionnaires et des étrangers. Quant à Marie Rollet, elle enseigne le catéchisme 4 LOUIS HÉBERT (VERS 1575-1627). et le français à de jeunes Amérindiennes. Louis Hébert passe beaucoup de Louis Hébert et sa famille ont joué un rôle de premier plan dans le développement temps à étudier la flore du Québec. Il de l’agriculture en Nouvelle-France. introduit en Nouvelle-France plusieurs variétés de plantes et d’arbres, dont le pommier. Ce n’est pas sans raison que les Amérindiens le surnomment le « ramasseur d’herbes » ! Louis Hébert meurt à l’hiver 1627, à Québec, à l’âge de 52 ans. Marie Rollet se remarie deux ans plus tard avec Guillaume Huboust, un ami de son défunt mari. Ensemble, ils continuent à cultiver la terre. Après la mort de Marie Rollet, en 1649, les terres sont progressivement cédées par leurs descendants. Georges Latour, Louis Hébert, 1918.

Le roi de France confie à la nouvelle compagnie le développement de la Nouvelle-France. Il lui lègue le monopole de la traite des fourrures, en échange de quoi la compagnie doit financer à même ses profits le peuplement de la colonie. Sur une période de 15 ans, elle s’engage à faire venir 4000 personnes d’origine française et de religion catholique. Elle a la responsabilité de les loger, de les nourrir et de les entretenir pendant trois ans. Ainsi sont recrutés des « engagés », ou « 36-mois », qui acceptent de venir travailler en Nouvelle-France pour une période de trois ans, en échange du coût de leur traversée et d’un salaire annuel. Au terme de leur contrat, les engagés peuvent demeurer au pays et, dans un tel cas, se voir offrir une terre. Ils peuvent aussi choisir de rentrer en France. C’est ce que fera la majorité. La royauté française accepte mal la présence des huguenots, des protestants français, sur son territoire. En 1685, elle leur interdit de s’installer dans la colonie. Plutôt que de se convertir au catholicisme, plusieurs huguenots préfèrent se réfugier dans les colonies britanniques du Sud, qui sont déjà une terre d’accueil pour les dissidents religieux de l’Angleterre.

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

Dissident : Personne qui cesse de se soumettre à une autorité.

20

1

1% 20,4 %

2

74,4 %

TOUT UN DÉFI POUR LES PROCHAINES GÉNÉRATIONS !

Le défi qui attend les prochaines générations est immense : voir à leur propre avenir tout en soutenant une population de plus en plus vieillissante.

«

Parce que leur poids dans la population totale sera moins grand, les prochaines générations de travailleurs-contribuables auront un fardeau financier de plus en plus lourd à porter. Il faudra sans doute résister à la tentation de mettre tous nos œufs dans le même panier – la santé – et s’occuper aussi d’économie, d’éducation, de la dette publique afin de donner aux Québécois de demain les moyens de soutenir le nombre grandissant de personnes âgées sans sacrifier leur propre avenir. Le dynamisme de notre société dans l’avenir en dépend.

Source : Institut de la statistique du Québec, 2006. Source : Dominique FOISY-GEOFFROY, « L’environnement, le vieillissement et l’histoire », L’annuaire du Québec 2006, Montréal, Fides, 2005, p. 67.

4

Région métropolitaine Montréal Québec Gatineau Sherbrooke Saguenay Trois-Rivières

»

UNE POPULATION VIEILLISSANTE.

Des citations permettent d’examiner différents points de vue.

Population 3 666 280 723 263 85 403 164 685 152 132 142 614

POPULATION ET PEUPLEMENT

DOSSIER 1

La création du ministère de l’Immigration du Québec 1

La progression du peuplement a toujours été un sujet de préoccupation au Québec. Les vagues d’immigration, d’émigration et de colonisation ont fait l’objet de nombreuses discussions à travers l’histoire.

L’ANNONCE DE LA CRÉATION DU MINISTÈRE DE L’IMMIGRATION.

En 1968, le secrétaire de la province de Québec, Yves Gabias, annonce la création du ministère de l’Immigration et décrit la mission qui s’y rattache.

«

Nos représentants du gouvernement du Québec feront en sorte que les personnes qui demanderont à venir au Québec en seront qui pourront s’intégrer à notre communauté francophone et en plus désireront nous aider à perpétuer le fait français au Canada et en Amérique du Nord. Source : Radio-Canada, « Le Québec se dote d’un ministère de l’Immigration ». [en ligne]. (Consulté le 17 janvier 2008.)

»

Même si la Constitution de 1867 permet au Québec de faire des lois concernant l’immigration, c’est le gouvernement fédéral qui prend l’initiative dans ce domaine. Ce n’est qu’à partir des années 1960 que le Québec manifeste de plus en plus sa volonté de contrôler lui-même l’immigration sur son propre territoire. La mise en œuvre d’une politique québécoise d’immigration entraîne la création d’un ministère provincial de l’Immigration et la conclusion d’ententes avec le gouvernement fédéral. Quelques décennies plus tard, le gouvernement du Québec sélectionne les immigrants économiques et une partie des réfugiés qui s’établissent sur son territoire et assume les services d’intégration à la société québécoise. Ces développements ne peuvent être dissociés du contexte de la Révolution tranquille, dans lequel le statut de la langue française est rapidement devenu une question politique. À cette époque, plusieurs s’inquiètent de la baisse de la natalité dans la province, de la diminution des immigrants provenant des pays francophones et du fait que la très grande majorité des nouveaux arrivants adoptent l’anglais comme langue d’usage. Un incident précipite les choses. En juin 1968, la commission scolaire de Saint-Léonard, sur l’île de Montréal, veut abolir les classes élémentaires bilingues pour les remplacer par des classes entièrement françaises. Une crise linguistique s’ensuit, crise que le gouvernement du Québec tente de résoudre en réaffirmant le libre choix de la langue d’enseignement et en annonçant la création d’un ministère québécois de l’Immigration. À cette époque, trois facteurs suscitent des inquiétudes dans la province. Tout d’abord, on remarque une baisse de la natalité dans les familles de langue française. Deuxièmement, les immigrants en provenance de pays francophones se font de moins en moins nombreux. Finalement, plusieurs des nouveaux immigrants choisissent l’anglais comme langue d’adoption. La création d’un ministère de l’Immigration s’inscrit ainsi dans le contexte particulier de la Révolution tranquille où le statut de la langue française est au cœur des débats politiques. On revendique désormais le droit du Québec de choisir ses immigrants en tenant compte du fait français, ce qu’omettent de faire les fonctionnaires fédéraux.

2

LE BUREAU DE L’IMMIGRATION À L’AÉROPORT DE DORVAL, À MONTRÉAL, EN 1968.

Créé en 1968, le ministère de l’Immigration du Québec a pour principales tâches de gérer les lois de l’immigration dans la province, de promouvoir le Québec comme lieu d’immigration et de sélectionner des immigrants aptes à participer à l’essor économique du Québec.

54

VIII

21

Source : Statistique Canada, 2006.

10

La section Moment clé présente un événement marquant de l’époque contemporaine.

4. [Doc. 2] Quelles sont les obligations de la Compagnie des Cent-Associés concernant le peuplement de la Nouvelle-France ?

Le vieillissement continu de la population entraîne de nouveaux enjeux sociaux auxquels le Québec doit se préparer. La proportion des personnes âgées de 65 ans et plus ne cesse de croître. Dans quelques années, elle dépassera celle des 0 à 14 ans.

LA POPULATION DES RÉGIONS MÉTROPOLITAINES DU QUÉBEC EN 2006.

La majorité de la population du Québec se concentre dans la région métropolitaine de Montréal.

Des tableaux donnent de l’information de façon claire, précise et schématisée.

3. Le régime seigneurial vous paraît-il avantageux pour les nouveaux colons ? Justifiez votre réponse. Méthodologie

La rubrique Témoins de l’histoire décrit des personnages ou des lieux importants de l’époque présentée.

4,2 %

3

2. Comment le régime seigneurial a-t-il façonné le territoire du Québec ?

UN TERRITOIRE À PARTAGER (1608-1760)

En 2008, la province de Québec compte plus de 7 700 000 habitants. La population québécoise d’origine française partage son territoire avec une minorité d’origine britannique, 10 nations amérindiennes, 1 nation inuite et un grand nombre d’immigrants provenant de divers pays. La population du Québec croît surtout grâce à l’immigration, plutôt que par l’accroissement naturel. Comme dans la majorité des pays industrialisés, le Québec connaît un phénomène de vieillissement de sa population. Par ailleurs, la province de Québec est la principale société francophone en Amérique. Plus de 80 % de la population parle le français comme langue maternelle.

Québécois d’origine française Québécois d’origine britannique Communautés d’origine ethnique Communautés autochtones

QUESTIONS 1. Comment s’exprime la volonté des colonisateurs d’attirer de nouveaux habitants ?

La population du Québec aujourd’hui

LA COMPOSITION DE LA SOCIÉTÉ QUÉBÉCOISE EN 2006.

Si la majorité de la population du Québec est toujours d’origine française, la part des communautés d’origine ethnique est en constante évolution.

Des graphiques simplifient la présentation de certaines données.

POPULATION ET PEUPLEMENT

DOSSIER 1

L’ÎLE D’ORLÉANS VUE DU CIEL.

Le régime seigneurial n’est pas qu’un mode de division des terres, c’est aussi, et surtout, une structure sociale héritée du Moyen Âge qui définit les relations entre les individus. Les multiples devoirs et obligations du censitaire témoignent de la supériorité du seigneur. Comme ce régime est en vigueur en France, il est naturellement implanté en Nouvelle-France. Toutefois, les distinctions entre les paysans et leur seigneur ne sont pas aussi accentuées dans la colonie.

En 1627, la population de la NouvelleFrance compte tout au plus une centaine de personnes. La même année, le cardinal de Richelieu, alors ministre du roi Louis XIII, décide d’agir. Il rassemble une centaine d’actionnaires, dont Champlain, et crée la Compagnie des Cent-Associés.

Artiste inconnu, Armand Jean du Plessis, duc de Richelieu, 19e siècle.

3

En 1710, les vallées du Saint-Laurent et du Richelieu sont entièrement occupées. Plusieurs terres du Québec, concédées en seigneuries à l’époque de la Nouvelle-France, conservent aujourd’hui encore les marques du régime seigneurial.

DOSSIER 1

POPULATION ET PEUPLEMENT

APERÇU D’UN DOSSIER

LA FILIÈRE DU TEMPS

LA FILIÈRE DU TEMPS

La rubrique Saviez-vous que… présente des faits percutants ou étonnants.

La Compagnie des Cent-Associés

Saviez-v us que... vient au secours de la colonie

C’est en 1620, soit 12 ans après la fondation de Québec, qu’un premier enfant naît en Nouvelle-France. Les parents de la petite Hélène Desportes sont la deuxième famille, après celle de Louis Hébert et de Marie Rollet, à avoir émigré en Nouvelle-France. La marraine de l’enfant n’est nulle autre qu’Hélène Boullé, la femme de Samuel de Champlain. Un an plus tard, le 24 octobre 1621, Eustache Martin voit le jour. Il est le premier garçon né en Nouvelle-France.

L’intégration linguistique des immigrants Dans les années 1960, le gouvernement du Québec veille à l’intégration linguistique des personnes arrivant de l’étranger, surtout en s’assurant que ces nouveaux Québécois répondent aux besoins du marché du travail dans la province. Dès 1965, un service d’immigration rattaché au ministère des Affaires culturelles est mis sur pied. Cet organisme est responsable d’établir les objectifs d’immigration du Québec. En 1967, le ministère de l’Éducation du Québec crée des Centres d’orientation et de formation des immigrants (COFI). Ces centres sont chargés de donner aux immigrants des cours de français et de citoyenneté, et de les diriger vers des ressources en logement et en emploi. En 1968, la création d’un véritable ministère de l’Immigration vient consolider ces premières mesures. En 20 ans, quatre accords QuébecOttawa ont permis au gouvernement du Québec de contrôler la sélection et l’intégration des immigrants en collaboration avec le gouvernement du Canada. Toutefois, ces ententes peuvent être annulées à tout moment. En effet, l’autonomie du Québec en matière d’immigration n’est pas inscrite dans la Constitution, malgré deux tentatives, en 1987 avec l’Accord du lac Meech, et en 1992 avec l’Accord de Charlottetown. En 1977, la politique linguistique du Québec vient en renfort de sa politique d’immigration. Depuis lors, la Charte de la langue française (projet de loi no 101) réserve l’accès à l’école anglaise aux enfants dont au moins un des parents a déjà reçu une éducation en anglais au Québec ou au Canada. Par conséquent, la grande majorité des enfants d’immigrants doivent fréquenter l’école française, ce qui facilite l’intégration des immigrants sur le plan linguistique.

3

LES DIFFÉRENTES CATÉGORIES D’IMMIGRANTS EN 2007.

Le gouvernement du Québec distingue quatre catégories d’immigrants. 2,9 % 15,9 %

23,8 %

Immigrants économiques (travailleurs qualifiés et gens d’affaires) Regroupement familial Réfugiés et personnes en situation semblable Autres immigrants Source : Gouvernement du Québec, 2007

Toutefois, la proportion d’allophones qui parlent le français plutôt que l’anglais à la maison (51 %) en 2006 ne reflète pas encore la proportion des personnes qui utilisent cette langue à la maison dans l’ensemble de la société québécoise (81,8 %), même si la tendance s’améliore avec les immigrants récents. Néanmoins, la grande diversité de la population du Québec a entraîné une redéfinition du terme « Québécois » : cette identité ne peut certainement plus être revendiquée uniquement par les descendants des Canadiens français.

4

QUESTIONS 1. Quel problème l’intégration des immigrants au milieu anglophone pose-t-elle ?

L’IMMIGRATION FRACASSE UN RECORD.

2. Quel but le gouvernement du Québec a-t-il fixé au ministère de l’Immigration lors de sa création ?

Selon les données du recensement de 2006, le nombre d’immigrants venus s’installer au Québec n’a jamais été aussi élevé.

«

58,2 %

L’immigration n’a jamais pesé aussi lourd dans la balance démographique du Québec. Au cours des cinq dernières années, la province a accueilli un nombre record d’immigrants et a connu une poussée sans précédent de la proportion de ses habitants nés à l’étranger. Selon les nouvelles données du recensement de 2006, […] des 1,1 million de nouveaux immigrants qui sont arrivés au Canada entre 2001 et 2006, 17,5 % ont choisi le Québec comme lieu de résidence. La grande région métropolitaine de Montréal a reçu à elle seule près de 9 sur 10 de ces arrivants. […] En tout, dans l’ensemble du pays, 1 personne sur 5 (19,8 %) est venue au monde hors des frontières canadiennes. Source : Laura-Julie PERREAULT, « L’immigration fracasse un record », La Presse, 5 décembre 2007, p. A5.

»

UN TERRITOIRE À PARTAGER (1867 à nos jours)

3. Quelle est la principale disposition du projet de loi no 101 qui vise à faciliter l’intégration des immigrants à la communauté francophone sur le plan linguistique ? 4. Quel sens donne-t-on aujourd’hui au terme « Québécois » ? Méthodologie 5. [Doc. 3] Comment interprétez-vous le schéma montrant les différentes catégories d’immigrants ?

55

La section Ailleurs dans le monde présente des sociétés actuelles qui permettent d’établir des comparaisons.

L’Afrique du Sud Située à l’extrémité sud du continent africain, l’Afrique du Sud compte plus de 44 millions d’habitants sur un territoire de 1,2 million de km2. La population sud-africaine est un véritable « arc-en-ciel » d’identités et de cultures : 35 langues parlées et 11 langues officielles s’y côtoient. La diversité des cultures a été une source de conflits à travers l’histoire du pays.

Capitales : Pretoria, Le Cap Population : 44 millions d’hab. Langues officielles : anglais, afrikaans

Des mots clés sont définis en marge.

La colonisation de l’Afrique du Sud

Boers : Sud-Africains blancs d’origine néerlandaise. Au 20e siècle, le terme est remplacé par celui d’Afrikaners et englobe les descendants des émigrés allemands, français et scandinaves d’Afrique du Sud.

La colonie du Cap a été fondée en 1652 par la Compagnie hollandaise des Indes orientales. Les Britanniques s’en emparent en 1814 et l’intègrent à leur empire colonial. Le territoire de la colonie s’étend alors rapidement, au détriment des peuples africains. L’arrivée des colons britanniques provoque des frictions avec les Boers, qui émigrent par milliers vers les terres du nord. Ils fondent le Natal (1840), le Transvaal (1852) et l’État libre d’Orange (1854). Devant les colons anglais qui souhaitent annexer ces territoires, les Boers déclarent la guerre à la Grande-Bretagne en 1899. Deux ans plus tard, les territoires des Boers, conquis par l’armée britannique, sont annexés. Les Britanniques fondent l’Union sud-africaine en 1910, réunissant dans un même État les anciennes colonies du Cap, du Natal, du Transvaal et de l’État libre d’Orange.

Ségrégation : Action de séparer les personnes à l’intérieur d’un même pays. Embargo : Mesure qui interdit de faire du commerce avec un pays.

1

L’AFRIQUE DU SUD AUJOURD’HUI.

L’Afrique du Sud est située à la pointe sud de l’Afrique.

La politique d’apartheid En 1933, Daniel François Malan fonde le Parti nationaliste unifié et rassemble les Boers au sein de ce parti dans le but d’éviter le métissage et de couper les liens avec la Grande-Bretagne. Élu premier ministre en 1948, il érige en système l’apartheid, un régime politique, économique et social qui renforce le système de ségrégation existant déjà entre les Noirs et les Blancs.

Légende ZIMBABWE

AM B

BOTSWANA

M OZ

LIMPOPO

GAUTENG

NAMIBIE

IQU

E

Capitale Ville Frontière internationale Frontière provinciale GAUTENG Province

La section Points de repère fournit un tableau chronologique des points importants de l’époque étudiée ainsi qu’un résumé des informations sur les sociétés d’ailleurs établi d’après le concept central et les concepts communs.

Tshwane (Pretoria)

NORD-OUEST F

Bloemfontein

g an Or

e uv le

M AFRIQUE DU SUD ÉTAT-LIBRE

CAP-DU-NORD OCÉAN ATLANTIQUE

LESOTHO

e

GA L AN MA P U SWAZILAND KWAZULUNATAL OCÉAN INDIEN

CAPORIENTAL

Le Congrès national africain (ANC), créé en 1912 pour promouvoir l’égalité des Noirs, est l’un des principaux groupes anti-apartheid. Il est interdit en 1960 et les opposants au régime d’apartheid sont emprisonnés, comme Nelson Mandela en 1964, tandis que d’autres sont assassinés. Certains dénoncent dans leurs œuvres l’injustice de l’apartheid, telle l’auteure sud-africaine et récipiendaire du prix Nobel de littérature (1991), Nadine Gordimer. À la fin des années 1970, la dénonciation de l’apartheid s’étend à travers le monde et un embargo commercial est décrété contre l’Afrique du Sud. Dans les années 1980, le gouvernement amorce le processus d’abolition de la ségrégation raciale. Les dernières lois de l’apartheid sont abolies en 1991.

CAP-

Le Cap OCCIDENTAL

0

62

150

300

450 km

POPULATION ET PEUPLEMENT

DOSSIER 1

Les points à retenir pour ce dossier :

Au Québec

Ailleurs dans le monde L’Afrique du Sud

LE RÉGIME BRITANNIQUE

LES PREMIERS OCCUPANTS –30 000



Arrivée de chasseurs nomades venus d’Asie qui marque le début du peuplement en Amérique.

–10 000



Arrivée des premiers Amérindiens au Québec.

1763



Traité de Paris.

L’Afrique du Sud compte plus de 44 millions d’habitants. La population est répartie entre Noirs, Blancs, Asiatiques et Métis.

1608



Samuel de Champlain fonde le premier établissement permanent à Québec.

1627



Création de la Compagnie des Cent-Associés.

1634

Population L’Afrique du Sud est un pays multiethnique qui compte plusieurs langues et cultures.



Fondation de Trois-Rivières.

1642



Fondation de Ville-Marie.

1776



Indépendance des États-Unis.

1663



Début de l’arrivée des Filles du roi en Nouvelle-France.

1791



1665



Jean Talon devient intendant de la Nouvelle-France. Premier recensement dans la colonie.

Acte constitutionnel par lequel la province de Québec est divisée en deux territoires : le Haut-Canada et le Bas-Canada.

1840



Début de l’émigration de Canadiens français vers les États-Unis.

1833



Abolition de l’esclavage dans l’Empire britannique.

1759



Déportation des Acadiens. Siège de Québec, bataille des Plaines d’Abraham.

1867



Acte de l’Amérique du Nord britannique.

1876



Loi sur les Indiens.

1885



Épidémie de variole.

1918



Épidémie de grippe espagnole.

1929



Début de la crise économique.

1945



Début du baby-boom.

Territoire Avec ses 8 547 400 km2, le Brésil est le plus grand pays d’Amérique du Sud. Trois Brésiliens sur quatre habitent en région urbaine.

Société Le Brésil compte plus de 186 millions d’habitants, ce qui en fait le cinquième pays du monde en nombre d’habitants. Les grandes métropoles de Sao Paulo et de Rio de Janeiro comptent parmi les villes les plus populeuses du monde.

Enjeu

1760

78



Capitulation de Montréal. La colonie passe aux mains des Britanniques.

DOSSIER 1

Création du ministère de l’Immigration.

2007



Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles.

Enjeu

Le Brésil

Population



La population de la Belgique est divisée entre deux communautés différentes : les Wallons au sud et les Flamands au nord. Ces deux communautés se partagent le territoire, mais possèdent une culture et une langue distinctes.

Divisée entre les Wallons au sud et les Flamands au nord, la Belgique est une société dualiste qui tente d’unir deux communautés linguistiques dans un même espace.

La population brésilienne est le produit du métissage entre divers groupes ethniques. La nation brésilienne s’est forgée par la rencon?tre des Amérindiens, des descendants des esclaves africains et des immigrants européens, principalement les Portugais.

1968

Société La Belgique compte plus de 10,4 millions d’habitants. Bruxelles, la capitale, compte 10 % de la population totale. Environ 57 % de la population parle le néerlandais, 32 % le français et 1 % l’allemand.

Population

Enjeu Le régime de l’apartheid a profondément marqué l’histoire moderne de l’Afrique du Sud. Encore aujourd’hui, plusieurs inégalités sociales subsistent : racisme, discrimination, pauvreté, analphabétisme, etc.

LA PÉRIODE CONTEMPORAINE DE 1867 À NOS JOURS



Territoire Le territoire de la Belgique s’étend sur 30 510 km2. Le pays est situé au nord-ouest de l’Europe. Il est bordé au nord par les Pays-Bas, à l’est par le Luxembourg et l’Allemagne, au sud par la France et à l’ouest par la mer du Nord.

Société

LE RÉGIME FRANÇAIS

1755

La Belgique

Territoire L’Afrique du Sud est située à la pointe sud du continent africain. Elle est bordée au nord par la Namibie, le Botswana et le Zimbabwe, et au nord-est par le Mozambique et le Swaziland.

La société brésilienne demeure l’une des sociétés les plus inégalitaires du monde. Les conditions sociales et économiques varient beaucoup d’une région à l’autre, mais aussi entre les différents groupes ethniques.

A

POPULATION ET PEUPLEMENT

Singapour Territoire Située en Asie, Singapour est l’un des plus petits pays du monde. Sa population est répartie sur 57 îles d’une superficie de 620 km2. La majorité de la population réside sur l’île principale de Singapour.

Population Singapour est une véritable cité-État où existe une grande diversité de langues et de cultures.

Enjeu Singapour reste divisée par groupes ethniques. Par conséquent, ses habitants ne partagent pas tous la même langue et les mêmes valeurs, mais le pays demeure une société harmonieuse et prospère.

POINTS DE REPÈRE

Activité synthèse Des enjeux dans l’évolution du Québec

79

P

Le dossier 1 fait ressortir deux grands enjeux dans l’évolution du Québec : l’organisation du territoire et l’organisation de la société. Au fil de votre lecture, vous avez appris de quelle façon les gouvernements ont géré ces enjeux et quels sont les nombreux changements survenus tant dans la composition de la société que dans le découpage du territoire. Pour faire le bilan de vos apprentissages, choisissez un de ces enjeux et résumez-en les étapes.

L’Activité synthèse permet de faire la synthèse des connaissances et des apprentissages.

Pour aller plus loin… suggère une ou deux activités qui mettent en pratique les connaissances des élèves.

Société Singapour compte 4,5 millions d’habitants. La population du pays forme une mosaïque de cultures au sein de laquelle évoluent des Chinois, des Malais, des Indiens et des Occidentaux.

Si vous choisissez l’enjeu « territoire », vous devrez décrire les modifications des frontières du territoire québécois. 1. Choisissez une région de la Nouvelle-France et retracez-en l’évolution entre 1608 et 1760. 2. Décrivez l’itinéraire d’une personne qui, avec les moyens existant en 1780, se rend de Montréal à Gaspé. 3. Retracez l’évolution du réseau de chemins de fer et du réseau routier du 19e siècle à aujourd’hui. 4. Démontrez comment, au 20e siècle, les villes prennent de l’expansion, en empiétant sur les territoires ruraux.

Pour aller plus l

in…

Activité 1 • ●

Un programme d’accueil pour les nouveaux arrivants

Activité 2 • ●

Un questionnaire sur la diversité des origines

La notion d’identité constitue un élément essentiel de l’enjeu proposé. S’établir dans un pays étranger est un défi colossal, qui peut cependant être facilité par la manière dont les immigrants sont accueillis. Votre tâche consiste à concevoir un programme d’accueil pour les immigrés d’un pays ou d’une région en particulier. Présenté sous forme de dépliant, votre programme doit permettre aux immigrants de comparer leurs coutumes et leur culture à celles qui prévalent actuellement au Québec. Vous devrez faciliter leur intégration en les aidant à développer un sentiment d’appartenance à la société québécoise.

La notion d’identité est intimement liée à la notion d’origine de la famille. Vous ferez un sondage auprès d’une vingtaine de personnes pour découvrir leurs origines immédiates ainsi que leurs origines lointaines, tant par la lignée de la mère que par celle du père. Vous remonterez au moins jusqu’à l’origine des grands-parents, lorsque c’est possible. Vous collecterez également les données sur le pays de naissance et sur le pays d’origine, s’il y a lieu. Ce sondage vous permettra de tracer le portrait d’un échantillon de la population du Québec et de constater la grande diversité des origines.

Si vous choisissez l’enjeu « société », vous devrez répondre à la question suivante : « Comment la société québécoise a-t-elle évolué et quels défis doit-elle affronter aujourd’hui ? » 1. Donnez le nom des nations amérindiennes implantées sur le territoire du Québec au moment où débarquent les premiers colons français. 2. Montrez comment les Européens ont intégré des modes de vie des Amérindiens à l’époque de la Nouvelle-France. 3. Comparez la composition actuelle de la population du Québec avec ce qu’elle était au 19e siècle. 4. Nommez les 10 communautés ethniques les plus représentées au Québec au début du 21e siècle. 5. Montrez, par 10 exemples concrets, que la société québécoise a intégré l’héritage culturel de Québécois de diverses origines.

Pour en savoir plus… propose des lectures et des films destinés aux élèves.

Pour en savoir plus... DES FILMS

DES LIVRES AUBERT DE GASPÉ, Philippe. Les anciens Canadiens (roman), Saint-Laurent, Bibliothèque québécoise, 1999 (1863), 429 p.

LACOURSIÈRE, Jacques. Histoire populaire du Québec, Sillery, Éditions du Septentrion, 1995, 4 vol.

LAHAISE, Robert, et Noël VALLERAND. Le Québec sous le Régime anglais, 1760-1867 : Les Canadiens français, la colonisation britannique et la formation du Canada continental, Outremont, Lanctôt, 1999, 370 p.

MARTIN, Denis. Portraits des héros de la Nouvelle-France : Images d’un culte historique, Hurtubise HMH, 1988, 176 p.

BRUNET, Michel. Les Canadiens après la conquête 1759-1775 : De la révolution canadienne à la révolution américaine, Montréal, Fides, 1980, 313 p. CHAMPLAIN, Samuel de. Voyages en NouvelleFrance (texte adapté de l’édition originale de 1613), Paris, Cosmopole, 2004, 285 p.

ROBY, Yves. Histoire d’un rêve brisé ? : Les Canadiens français aux États-Unis, Sillery, Éditions du Septentrion, 2007, 148 p.

Maria Chapdelaine (fiction), réalisateur : Gilles Carle, Québec, 1984. Marguerite Volant (fiction), réalisateur : Charles Binamé, Canada, 1996. Nouvelle-France (fiction), réalisateur : Jean Beaudin, Canada/France/Grande-Bretagne, 2004.

ROBY, Yves. Les Franco-Américains de la Nouvelle-Angleterre (1776-1930), Sillery, Éditions du Septentrion, 1990, 434 p. TRUDEL, Marcel. Deux siècles d’esclavage au Québec, Montréal, Hurtubise HMH, 2004, 405 p.

HÉMON, Louis. Maria Chapdelaine (roman), coll. Boréal compact, Montréal, Boréal, 1988 (1916), 216 p.

80

DOSSIER 1

POPULATION ET PEUPLEMENT

ACTIVITÉ SYNTHÈSE

APERÇU D’UN DOSSIER

81

IX

S

DO

E SI

R

1

Au cours des siècles, la composition de la population vivant sur le sol québécois connaît plusieurs transformations. Des peuples autochtones habitent l’immense territoire du Québec 10 000 ans avant notre ère. Au début du 17e siècle, la colonisation française entraîne la formation d’une nouvelle société. Lorsque les Britanniques s’emparent de la Nouvelle-France, en 1763, la population française compte 70 000 habitants. Après la Conquête, de nouveaux immigrants arrivent des Treize colonies, puis des îles Britanniques. Malgré tout, la population canadienne-française ne cesse de s’accroître en raison d’un taux très élevé de natalité. Par la suite, de nombreuses vagues d’immigration créent une société de plus en plus diversifiée. Comment la population actuelle est-elle répartie sur le sol québécois ? D’où proviennent les Québécois aujourd’hui ? Quel est l’apport des immigrants à la société québécoise ?

1634 -30 000

1541

Migrations humaines en Amérique par le détroit de Béring

Fondation du premier établissement du Canada par Cartier et Roberval

1642

Fondation de Ville-Marie (Montréal)





1500

1600

-10 000

Arrivée des premiers Amérindiens au Québec

2

Fondation de Trois-Rivières



1608

Fondation de Québec

1700

1755

Déportation des Acadiens

2007

Vers 1947

Arrivée d’immigrants européens à Montréal

Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles

1791

Création du Haut-Canada et du Bas-Canada par l’Acte constitutionnel

1847

Famine en Irlande et immigration irlandaise

1876

Loi sur les Indiens



1759

Prise de Québec

1783

1763

1800

Traité de Versailles

Proclamation royale



1867

Acte de l’Amérique du Nord britannique



1900

1945

Achèvement du Canadien Pacifique

Début du baby-boom

1885

1968

2000

Création du ministère de l’Immigration du Québec

Vers 1870

Début de l’immigration vers l’Ouest canadien et les États-Unis

3

SO M M A I R E

Population et peuplement

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

UNE

Les concepts que vous verrez dans ce dossier

Concept central

Population Concepts particuliers

Appartenance Croissance Identité Migration Pluriculturalité Concepts communs

Enjeu Société Territoire

............................................. ............

6

Le territoire du Québec aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La population du Québec aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

8 10

LA FILIÈRE DU TEMPS

.....................................................

12

U N T E R R I T O I R E À PA R T A G E R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 Les premiers occupants de l’Amérique du Nord . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

12

Les premières migrations humaines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le peuplement du Québec préhistorique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

14 16

SOCIÉTÉ OUVERTE SUR LE MONDE

2 La colonisation de la Nouvelle-France

18

Les premières fondations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La Compagnie des Cent-Associés vient au secours de la colonie . . . . . . . La colonie s’agrandit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’avènement d’une colonie royale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La croissance de la Nouvelle-France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’esclavage en Nouvelle-France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’Acadie, des origines à la déportation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La fin de la Nouvelle-France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

18 20 22 24 26 30 32 34

3 Le changement d’empire

.....................................

36

La réorganisation du territoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Une période de compromis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Des loyalistes dans la colonie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . De l’exode à l’enracinement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

36 38 40 42

.........

44

Le développement de l’Ouest canadien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Partir pour les « États » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les années sombres de la crise économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La montée de l’urbanisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Une société en évolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La situation actuelle des autochtones . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’ère de la modernité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Un Québec pluriculturel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

44 46 48 50 52 56 58 60

Ailleurs dans le monde L’Afrique du Sud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La Belgique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le Brésil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Singapour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

62 64 66 68

ENGAGEMENT CITOYEN

..................................................

70

VIVRE-ENSEMBLE

...................................................

70

Des identités multiples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Une population diversifiée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La population québécoise de demain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

72 74 76

Points de repère

................................................................

78

Activité synthèse

.................................................................

80

Pour aller plus loin…

DOSSIER 1

14

...............

4 Le Québec entre tradition et changement

4

6

...........................................................

81

Pour en savoir plus… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

81

POPULATION ET PEUPLEMENT

Réalité sociale

Population et peuplement

Angle d’entrée

Les effets des mouvements naturels et migratoires sur la formation de la population et l’occupation du territoire.

L A F I LI È

RE

DU TE

MP

N LE MO D E D’ AU JO U

S

R

H D’

Objet d’interprétation

UI

Population et peuplement, de la présence autochtone, vers 1500, à nos jours.

Objet d’interrogation

Population et peuplement, aujourd’hui, au Québec.

Comment la population du Québec s’est-elle répartie sur le territoire au cours des siècles ?

E NGAG

EN

T CI

TO Objet de citoyenneté

YEN

Qui sont les Québécois d’aujourd’hui ? D’où viennent-ils ? Où vivent-ils ?

EM

Diversité des identités sociales et appartenance à la société québécoise.

Comment concilier la diversité des identités sociales et l’appartenance à la société québécoise ?

5

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

UNE

SOCIÉTÉ OUVERTE SUR LE MONDE Bien que le territoire du Québec soit immense, sa population se concentre dans une toute petite partie au sud du territoire. Cette société de plus en plus ouverte sur le monde connaît, comme plusieurs pays occidentaux, un vieillissement de sa population. Dans ce contexte, l’arrivée de nouveaux immigrants est essentielle, puisque ceux-ci viennent compenser le faible taux de natalité, en plus d’enrichir la société québécoise, tant sur le plan économique que sur les plans culturel et social.

Gérard Castonguay (né en 1933). Artiste peintre Gérard Castonguay étudie à l’École du meuble de Montréal et complète sa formation en graphisme et peinture à l’Académie des arts du Canada. Avant de se consacrer entièrement à la peinture, il œuvre en tant qu’illustrateur et graphiste dans le monde de la publicité. Ses toiles font partie de plusieurs collections privées et publiques.

6

DOSSIER 1

POPULATION ET PEUPLEMENT

LE MONDE D’AUJOURD’HUI OCCUPER LES LIEUX. Entre tradition et modernité, l’œuvre picturale de Gérard Castonguay présente un univers plus grand que nature. Parmi les thèmes affectionnés par l’artiste figurent les paysages mi-urbains mi-ruraux et les natures mortes. Gérard Castonguay, Occuper les lieux, 2007.

UNE SOCIÉTÉ OUVERTE SUR LE MONDE

7

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

1

LA MORT D’UN VILLAGE : AYLMER SOUND.

La fermeture de petits villages, comme celui d’Aylmer Sound, rend compte des difficultés auxquelles font face les régions.

«

Québec adopte un décret pour parachever la fermeture du petit village de la Basse-Côte-Nord. Le gouvernement investira encore 670 000 $ pour déménager des familles et terminer les travaux. Le montant doit être dépensé avant le 31 mars 2010. Présentement, deux couples qui vivent toujours à Aylmer Sound durant l’hiver ne veulent pas quitter leurs maisons. […] ils ont jusqu’au 31 décembre pour négocier leurs allocations de déménagement. Après, il n’y aura plus de services offerts aux citoyens qui vont demeurer dans les limites de l’ancien village. Depuis la décision de fermer le village en juin 2005, Québec a dépensé environ 1 million de dollars en compensation à la quinzaine de familles délogées et pour des travaux de démolition. Seule l’église sera conservée comme témoin de l’histoire du village, selon un accord entre les anciens résidents d’Aylmer Sound et le gouvernement du Québec. Source : Radio-Canada, La mort d’un village : Aylmer Sound , [en ligne]. (Consulté le 9 janvier 2008.)

»

Le territoire du Québec aujourd’hui Le territoire de la province de Québec est extrêmement vaste. Il couvre environ 1,6 million de kilomètres carrés. Le Québec est la plus importante province du Canada en termes de superficie. Malgré l’immensité de son territoire, la densité de sa population reste très faible. Plus de 80 % de la population vit en milieu urbain, principalement à proximité des rives du fleuve Saint-Laurent.

2

LE SOLDE MIGRATOIRE PAR RÉGION ADMINISTRATIVE AU QUÉBEC EN 2005-2006.

En 2006, les régions éloignées ont un solde migratoire négatif. Étonnamment, il en est de même pour Montréal. Les régions qui ont vu leur solde migratoire augmenter sont celles situées à proximité des grands centres urbains. –22 730 2 680 6 830 5 430 6 918 2 650 375 732 –11 393 555 –213 –507 –910 –1 375 –374 –443

Montréal Laval Lanaudière Laurentides Montérégie Capitale-Nationale Chaudière-Appalaches Outaouais Estrie Mauricie Centre-du-Québec Gaspésie — Îles-de-la-Madeleine Bas-Saint-Laurent Côte-Nord Saguenay — Lac-Saint-Jean Abitibi-Témiscamingue Nord-du-Québec Solde négatif

0

Solde positif

Source : Institut de la statistique du Québec, 2006.

3

SAINT-CAMILLE : UN VILLAGE MODÈLE ?

Au début des années 1990, l’avenir du village de Saint-Camille, situé à 35 kilomètres au nord de Sherbrooke, est menacé. Déterminés à assurer la survie de leur village, les 440 habitants unissent leurs efforts : ils rachètent des locaux vacants et leur donnent une nouvelle vocation afin d’attirer de nouveaux habitants. Ils sauvent le bureau de poste et l’école primaire menacés de fermeture. Une coopérative est mise sur pied pour la vente et la commercialisation des produits des agriculteurs locaux. Aujourd’hui, la communauté rurale de Saint-Camille est en pleine effervescence.

8

DOSSIER 1

POPULATION ET PEUPLEMENT

LES RÉGIONS EN DIFFICULTÉ.

L’exode de la population vers les centres urbains porte un dur coup aux régions.

« 4

MONTRÉAL, AUJOURD’HUI.

Près de la moitié de la population du Québec vit dans la région de Montréal. C’est aussi là que la grande majorité des nouveaux immigrants s’installent.

6

LA CONCENTRATION DE LA POPULATION DU QUÉBEC EN 2007.

La grande majorité de la population du Québec est établie le long des rives du fleuve Saint-Laurent, et 80 % de la population vit en milieu urbain.

Dé tr

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QUÉBEC Fermont

Baie James

Tracé de 1927 du

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Conseil privé (no

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Sept-Îles Chibougamau Rivière Saint-Maurice

Rivière Saguenay

Saguenay Québec

F

Baie-Comeau Val-d’Or

t Île d’Anticosti uren -La Golfe du int a eS Saint-Laurent Gaspé v leu Îles de la Madeleine

Rimouski

Trois-Rivières Rivière Chaudière

Gatineau

ONTARIO

Baie Georgienne

»

927

de 1

Kuujjuaq

Baie d’Hudson

Source : Pierre VALLÉE, « Le développement régional passe par la concertation », Le Devoir, 2-3 novembre 2002.

50 et plus 10 à 49 1à9 Moins de 1

é Trac

Baie d’Ungava

[Les] régions connaissent toutes une baisse démographique due surtout à l’exode de la population. Comme la population n’augmente pas, le marché local rétrécit et, conséquemment, freine l’activité économique. Ensuite, la population vieillit et les régions n’arrivent plus à retenir les jeunes, ce qui les prive de forces vives. Plusieurs de ces régions ont construit leur économie autour d’activités économiques traditionnelles – souvent l’exploitation des ressources naturelles – et lorsque ces dernières sont en déclin, la région périclite, faute de solution de rechange.

Rivière Saint-François

Rivière des Outaouais

Montréal Lac Ontario

Rivière Sherbrooke Richelieu

ÉTATS-UNIS

ÎLE-DUPRINCEÉDOUARD

NOUVEAUBRUNSWICK

OCÉAN ATLANTIQUE

NO

0

UV

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100

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OS

Méthodologie 1. [Doc. 2] Nommez les trois régions dont les soldes migratoires sont les plus élevés. 2. [Doc. 6] Dans quelle partie du Québec la population se concentre-t-elle aujourd’hui ? Connexion 3. [Doc. 1, 2, 3 et 5] Quelle réalité ces documents illustrent-ils ? 4. [Doc. 1 et 3] Comment la population d’Aylmer Sound et celle de Saint-Camille réagissent-elles à la menace de fermeture de leur village ?

SE

Réflexion

200

300 km

5. Le graphique et la carte ont-ils facilité votre compréhension de la distribution de la population sur le territoire québécois ? Justifiez votre réponse.

Source : Ministère des Ressources naturelles du Canada, 2007.

UNE SOCIÉTÉ OUVERTE SUR LE MONDE

9

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

5

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

1

LA COMPOSITION DE LA SOCIÉTÉ QUÉBÉCOISE EN 2006.

Si la majorité de la population du Québec est toujours d’origine française, la part des communautés d’origine ethnique est en constante évolution. 1% 20,4 %

La population du Québec aujourd’hui En 2008, la province de Québec compte plus de 7 700 000 habitants. La population québécoise d’origine française partage son territoire avec une minorité d’origine britannique, 10 nations amérindiennes, 1 nation inuite et un grand nombre d’immigrants provenant de divers pays. La population du Québec croît surtout grâce à l’immigration, plutôt que par l’accroissement naturel. Comme dans la majorité des pays industrialisés, le Québec connaît un phénomène de vieillissement de sa population. Par ailleurs, la province de Québec est la principale société francophone en Amérique. Plus de 80 % de la population parle le français comme langue maternelle.

4,2 %

2

74,4 %

TOUT UN DÉFI POUR LES PROCHAINES GÉNÉRATIONS !

Le défi qui attend les prochaines générations est immense : voir à leur propre avenir tout en soutenant une population de plus en plus vieillissante.

Québécois d’origine française Québécois d’origine britannique Communautés d’origine ethnique Communautés autochtones

«

Parce que leur poids dans la population totale sera moins grand, les prochaines générations de travailleurs-contribuables auront un fardeau financier de plus en plus lourd à porter. Il faudra sans doute résister à la tentation de mettre tous nos œufs dans le même panier – la santé – et s’occuper aussi d’économie, d’éducation, de la dette publique afin de donner aux Québécois de demain les moyens de soutenir le nombre grandissant de personnes âgées sans sacrifier leur propre avenir. Le dynamisme de notre société dans l’avenir en dépend.

Source : Institut de la statistique du Québec, 2006. Source : Dominique FOISY-GEOFFROY, « L’environnement, le vieillissement et l’histoire », L’annuaire du Québec 2006, Montréal, Fides, 2005, p. 67.

4 3

LA POPULATION DES RÉGIONS MÉTROPOLITAINES DU QUÉBEC EN 2006.

La majorité de la population du Québec se concentre dans la région métropolitaine de Montréal. Région métropolitaine Montréal Québec Gatineau Sherbrooke Saguenay Trois-Rivières

UNE POPULATION VIEILLISSANTE.

Le vieillissement continu de la population entraîne de nouveaux enjeux sociaux auxquels le Québec doit se préparer. La proportion des personnes âgées de 65 ans et plus ne cesse de croître. Dans quelques années, elle dépassera celle des 0 à 14 ans.

Population 3 666 280 723 263 85 403 164 685 152 132 142 614

Source : Statistique Canada, 2006.

10

DOSSIER 1

POPULATION ET PEUPLEMENT

»

PARC-EXTENSION : UNE MOSAÏQUE MULTICULTURELLE.

Chaque année, 40 000 nouveaux immigrants arrivent au Québec. Des milliers d’entre eux s’établissent à Parc-Extension, un quartier montréalais de 2 kilomètres carrés où se côtoient plus de 75 communautés ethniques. Le documentaire de Sylvie Groulx, La classe de madame Lise, raconte une année dans la vie d’une enseignante du primaire et de ses élèves issus de ce quartier. La réalisatrice pose un regard sur l’intégration de ces jeunes immigrants et les nouveaux défis auxquels ils font face.

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LA SITUATION ACTUELLE DES AUTOCHTONES.

L’historien Alain Beaulieu explique comment la connaissance de l’histoire des peuples autochtones aide à mieux comprendre leur condition actuelle.

«

7

YING CHEN (NÉE EN 1961).

Source : Alain BEAULIEU, Les Autochtones du Québec, Montréal, Fides, 1997, p. 21.

En 1989, Ying Chen quitte la Chine et choisit le Québec comme terre d’adoption. Elle rejoint d’autres grands créateurs, venus de partout dans le monde, dont les œuvres contribuent à enrichir la culture québécoise. Leur présence témoigne à la fois du visage multiethnique du Québec et de l’ouverture au monde, caractéristique d’une société moderne.

«

La situation contemporaine des communautés autochtones, tant sur les plans culturel, économique, politique et religieux que territorial, résulte largement de la “rencontre” avec les Européens. L’histoire de cette rencontre, où s’entremêlent échanges, alliances, emprunts culturels, résistances et assujettissement, a largement contribué à façonner les sociétés amérindiennes et inuites d’aujourd’hui. La connaissance de cette histoire est essentielle pour comprendre les difficultés qu’elles vivent présentement et les luttes qu’elles mènent. Sa méconnaissance contribue au contraire à alimenter les stéréotypes, les préjugés et l’incompréhension.

»

QUESTIONS 1. Quelle représentation vous faites-vous de la population du Québec aujourd’hui ? 2. Quel défi le vieillissement de la population pose-t-il à la population du Québec ? Méthodologie

UN EXTRAIT DES LETTRES CHINOISES Généralement, les gens d’ici ont tendance à mettre tous les Asiatiques dans le même sac, en excluant les Japonais. […] Je ne sais plus combien de fois j’ai dû mentionner aux autres qu’un Vietnamien n’est pas du tout plus “ Chinois ” qu’un Japonais, de même qu’un Allemand n’est pas un Italien même s’ils habitent le même continent, et qu’un Québécois n’est pas un Français même si les deux parlent presque la même langue. Source : Ying CHEN, Les lettres chinoises, Montréal, Leméac, 1993, p. 77.

»

UNE SOCIÉTÉ OUVERTE SUR LE MONDE

3. [Doc. 5] Selon vous, quel est le but de ce documentaire ? Réflexion 4. Quel sujet vous a le plus intéressé parmi ces documents ? Pourquoi ? 5. Quelles nouvelles questions pourriezvous formuler pour mieux connaître la composition de la population actuelle du Québec ?

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LE MONDE D’AUJOURD’HUI

5

LA FILIÈRE DU TEMPS

UN

T E R R I T O I R E À PA R T A G E R

Comme l’ensemble de l’Amérique du Nord, le Québec d’aujourd’hui est le résultat d’une mosaïque de populations. Ce sont d’abord les autochtones qui ont occupé et façonné ce territoire. La France y a laissé sa marque et a semé les germes de la société canadienne. La Conquête force les Canadiens à vivre sous la domination des Britanniques. Dans le Québec actuel, la diversité s’est installée. Des immigrants de différentes provenances viennent enrichir cette société constituée des autochtones, des Français devenus Canadiens, des Britanniques et de tous ceux qui sont venus s’y greffer.

Jean-Philippe Dallaire (1916-1965). Artiste peintre Jean-Philippe Dallaire enseigne la peinture à l’École des beaux-arts de Québec, puis travaille à l’Office national du film (ONF), où il illustre des films d’animation. Il consacre le reste de sa vie à son art. L’œuvre de Dallaire est reconnue pour la qualité et la précision du dessin, ses couleurs variées et sa grande originalité. Il incarne les artistes de son époque à la recherche d’une expression authentique fondée sur des valeurs de liberté et d’expérimentation.

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DOSSIER 1

POPULATION ET PEUPLEMENT

LA FILIÈRE DU TEMPS QUÉBEC SOUS LE RÉGIME FRANÇAIS. Cette murale de 3 mètres de hauteur sur 12 mètres de longueur illustre l’histoire du Régime français depuis sa fondation jusqu’à sa chute. Sur les hauteurs du cap Diamant sont représentés une dizaine de grands personnages historiques, dont, à l’extrême gauche, Samuel de Champlain. Jean-Philippe Dallaire, Québec sous le Régime français, 1951.

UN TERRITOIRE À PARTAGER

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LA FILIÈRE DU TEMPS

1

Vers 1500

1608-1760

1760-1867

1867 à nos jours

Les premiers occupants de l’Amérique du Nord Lorsque Jacques Cartier arrive en Amérique au 16e siècle, le territoire est déjà habité depuis longtemps. Qui sont les premiers occupants de l’Amérique ? D’où viennent-ils ?

Les premières migrations humaines Plusieurs hypothèses sont avancées pour lever le voile sur l’origine des premiers occupants de l’Amérique. La chronologie des événements et la route de migration des ancêtres des autochtones ne font pas toujours l’unanimité auprès des chercheurs. Selon l’hypothèse la plus répandue, l’Amérique s’est peuplée par vagues successives avec la venue de petits groupes de chasseurs nomades en provenance d’Asie. Ils sont venus lors de la dernière période glaciaire, il y a environ 30 000 ans. Avec la baisse du niveau de la mer, la Sibérie et l’Alaska sont liés par un passage de terre : la Béringie. En poursuivant les troupeaux d’animaux qui parcourent ce pont terrestre, les chasseurs d’Asie traversent sans le savoir sur un nouveau continent. Une fois arrivés en Alaska, ces chasseurs se heurtent à une barrière de glace qui recouvre tout le nord du continent. Ils ne peuvent donc pas poursuivre leur route.

1

LES PREMIÈRES MIGRATIONS HUMAINES EN AMÉRIQUE DU NORD.

Il y a environ 30 000 ans, les ancêtres des autochtones ont emprunté un passage de terre reliant la Sibérie à l’Alaska pour migrer en Amérique. Ils ont traversé ce corridor au cours de la dernière période de glaciation, utilisant un passage étroit qui les a conduits vers le sud. OCÉAN ARCTIQUE

ASIE

Détroit de Béring

OCÉAN ATLANTIQUE

Golfe d’Alaska Baie d’Hudson

OCÉAN PACIFIQUE

AM É R I Q U E

Fleuve SaintLaurent

DU NORD

Légende Glace Béringie

14

Migration humaine Il y a environ 30 000 ans Il y a environ 15 000 ans

DOSSIER 1

0

POPULATION ET PEUPLEMENT

250 500 750 km

Environ 15 000 ans plus tard, les glaciers commencent à fondre et à reculer. Un corridor sans glace se forme le long des Rocheuses, permettant une deuxième phase de migration. Au fur et à mesure des changements climatiques et en fonction des ressources naturelles, les différents peuples autochtones se dispersent vers le sud et l’est du continent et remontent ensuite progressivement vers le nord, au rythme de la fonte des glaciers. Leur arrivée dans les basses terres du Saint-Laurent remonte à environ 8 000 ans après le retrait de la mer de Champlain.

Au début des années 2000, des fouilles archéologiques sont entreprises dans la région du lac Mégantic, en Estrie. Ces fouilles permettent de découvrir un site archéologique extrêmement riche, où les nombreux artefacts retirés du sol témoignent d’une présence humaine datant de la période du Paléoindien, qui remonte à environ 12 000 ans. Les archéologues ont prélevé du sol des grattoirs utilisés pour nettoyer les peaux d’animaux, des pointes à cannelure,

3

2

LE SITE ARCHÉOLOGIQUE DU LAC MÉGANTIC.

Depuis le début des années 2000, une équipe d’archéologues fouille le territoire du Méganticois à la recherche de vestiges laissés par les Amérindiens qui y ont vécu.

DES MAMMOUTHS LAINEUX.

Plusieurs espèces animales, dont le mammouth, le caribou et le bison, vivaient dans la toundra de l’Alaska lorsque les ancêtres des autochtones ont traversé le détroit de Béring. Pour assurer leur subsistance, des groupes de chasseurs ont quitté la Sibérie à la recherche de ces animaux.

D’autres hypothèses

QUESTIONS

Des découvertes archéologiques récentes laissent présumer que d’autres vagues de migration ont contribué au peuplement de l’Amérique. Ainsi, certains chercheurs croient que les premiers occupants de l’Amérique ont réussi à traverser l’océan Pacifique sur des radeaux de bois, il y a 30 000 ans. Ils se seraient installés en Amérique du Sud pour ensuite remonter vers le Nord. Il y a près de 20 000 ans, d’autres groupes ont pu emprunter cette même voie, mais cette fois en provenance du nord. En somme, le peuplement de l’Amérique ne s’est pas effectué simultanément, il s’est déroulé au cours de migrations successives, étalées sur plusieurs millénaires.

UN TERRITOIRE À PARTAGER (vers 1500)

1. Nommez une science qui vient en aide aux chercheurs lorsqu’ils développent des hypothèses sur l’origine des autochtones. 2. [Doc. 3] Quel lien pouvez-vous faire entre la présence des animaux et l’itinéraire des autochtones ? Méthodologie 3. [Doc. 1] Si les ancêtres des autochtones sont réellement arrivés par le détroit de Béring, quelle raison les a poussés à franchir ce détroit ?

15

LA FILIÈRE DU TEMPS

Les Méganticois

des racloirs, des perçoirs et des bifaces. Ces artefacts indiquent que plusieurs activités humaines étaient pratiquées sur ce site et que les Méganticois s’étaient approprié le territoire. Selon les spécialistes, il s’agirait des plus anciennes traces d’occupation humaine sur le territoire du Québec.

LA FILIÈRE DU TEMPS

Le peuplement du Québec préhistorique Les spécialistes divisent le peuplement du territoire du Québec en 3 grandes périodes culturelles : le Paléoindien (de 12 000 à 8000 ans avant aujourd’hui), l’Archaïque (de 8000 à 3000 ans avant aujourd’hui) et le Sylvicole (de 3000 à 500 ans avant aujourd’hui).

Le Paléoindien

1

UNE POINTE DE PROJECTILE EN PIERRE TAILLÉE.

Cette pointe de projectile était utilisée par les chasseurs de gros gibier. Elle date de la période archaïque, entre 6000 et 3000 ans avant aujourd’hui.

Les plus anciennes traces de présence humaine sur le territoire du Québec remontent à environ 12 000 ans avant aujourd’hui, période durant laquelle les premiers chasseurs de gros gibier auraient commencé à chasser dans l’extrême sud du Québec. Entre 2000 et 4000 ans plus tard, ils occupent la vallée du Saint-Laurent et le territoire de la Gaspésie. Cette période est caractérisée par la confection de pointes de flèche cannelées. Les Paléoindiens s’adonnent à la chasse au gros gibier (caribou) et à la cueillette. Leurs sociétés disparaissent en même temps que les gros mammifères dont ils dépendent pour survivre.

L’Archaïque Entre 8000 et 3000 ans avant aujourd’hui, les groupes nomades de la période archaïque, appartenant à la famille des Algonquiens, se dispersent sur le territoire. Au cours des premiers millénaires de cette période, ils occupent le sud du Québec, principalement le long de la vallée du Saint-Laurent, dans la région du Québec actuel et de la Haute-Côte-Nord. Ces groupes vivent de chasse, de pêche et de cueillette. La période archaïque se distingue de la période paléoindienne par le recours à une plus grande variété d’outils et par les débuts du polissage de la pierre à partir de laquelle sont fabriquées, entre autres, des haches. Les outils en pierre taillée et en pierre polie se multiplient. De plus, les outils dont se servent ces groupes, les matériaux et les méthodes qu’ils utilisent pour les fabriquer se diversifient.

Le Sylvicole Le début du Sylvicole, il y a environ 3000 ans avant aujourd’hui, est marqué par l’apparition de la poterie et l’intégration graduelle de plantes cultivées. Au cours de cette période, la population augmente considérablement. Plusieurs groupes appartenant à la famille des Iroquoiens expérimentent de nouveaux modes de subsistance. Autour de l’an 1000, ils adoptent un mode de vie semi-sédentaire et se regroupent dans des villages dont l’un des plus anciens a été identifié dans la région de Saint-Anicet, près de Huntingdon. Après 10 ou 15 ans, les Iroquoiens se déplacent afin de laisser les terres cultivées en jachère. La culture du maïs et la cueillette occupent une place prédominante dans leurs activités en plus de la chasse et de la pêche. Même si différentes hypothèses sont avancées, la provenance des nations iroquoiennes demeure un mystère, car il n’existe aucune preuve de leur origine géographique ou culturelle.

Les ancêtres des Inuits Il y a environ 4000 ans, les Prédorsétiens arrivent dans le nord du Québec. Peuple semi-nomade, leur mode de vie s’organise autour de la chasse aux mammifères marins. Vers l’an 1000, les ancêtres des Inuits actuels, les Thuléens, s’installent dans le Nord du Québec.

16

DOSSIER 1

POPULATION ET PEUPLEMENT

«

LA FILIÈRE DU TEMPS

2

AUTRES TEMPS, AUTRES TERMES.

Au fil des siècles, différents termes ont été utilisés pour désigner les autochtones. À la recherche d’un passage vers les Indes, les premiers explorateurs européens foulant le sol des Amériques croient plutôt qu’ils sont bel et bien en Asie. C’est la raison pour laquelle ils désigneront par le terme “ Indiens ” les habitants de ce “ Nouveau-Monde ”. Cette appellation traversera les temps et ce n’est qu’au 20e siècle qu’on choisira plutôt “Amérindiens ” lorsqu’on fera allusion à ces derniers. Le terme “Amérindiens ” désigne précisément tous les Indiens des Amériques, d’origine asiatique lointaine, dont l’habitat et la civilisation se seraient étendus à l’ensemble du continent, à l’exception des régions situées à l’Extrême Nord. […] De même, le mot “ tribu ” et celui d’“ indigène ” n’ont pas cours au Québec ; il est plutôt fait mention de “ Premières Nations ”, de “ peuples autochtones ” et de “communautés ”. Au Canada et, par conséquent, au Québec, la Loi constitutionnelle de 1982 reconnaît les Amérindiens et les Inuits comme étant des autochtones, c’est-à-dire des personnes vivant sur un territoire habité par leurs ancêtres depuis des temps immémoriaux. Toutefois, il existe une nette distinction entre les peuples amérindiens et inuits, autant par leur culture et leur langue que par leur mode de vie et l’époque de leur migration.

»

Source : Michel NOËL, Amérindiens et Inuits du Québec, Québec, Éditions Sylvain Harvey, 2003, p. 8.

3

4

UNE PIPE EN ARGILE DU 16e SIÈCLE.

Cette pipe d’origine amérindienne a été découverte en 1860 à Montréal. Cet artefact a poussé les archéologues à fouiller ce site, appelé « site de Dawson ». Les recherches montrent qu’une nation iroquoienne aurait habité ce site dans les années 1500.

DES NATIONS AUTOCHTONES DANS LE NORD-EST DE L’AMÉRIQUE DU NORD VERS 1500.

Lorsque les Européens arrivent en Amérique du Nord, le territoire du Québec est déjà habité depuis plusieurs millénaires. Trois grandes familles linguistiques se partagent le territoire : les Iroquoiens, les Algonquiens et les Inuits. Dé tro

it

Légende d’H

Famille linguistique

ud son

Algonquienne Inuite Iroquoienne

Baie d’Ungava

Baie d’Hudson

Mer du Labrador

Inuits

1. Indiquez quelles caractéristiques différencient les trois grandes périodes de peuplement du Québec. Méthodologie

Inuits

2. [Doc. 3] Pourquoi les trois grandes familles linguistiques n’ont-elles pas été affectées de la même façon par l’arrivée des Européens ?

Naskapis

Baie James Cris Cris

Betsiamites Porcs-Épics

uron cH La

tao

s uai

Attikameks

Stadaconéens Algonquins  

Ou Hurons Pétuns ac Ontario Neutres L Iroquois Érié Lac

Fl

Népissingues

Béothuks

Connexion 3. [Doc. 1 et 4] a) Que révèlent ces artefacts sur les autochtones ?

eu ve S

aurent Golfe du t-L Montagnais ain Saint-Laurent

Témiscamingues

Micm

Etchemins Abénaquis

QUESTIONS

Malécites

acs Mi

cm

ac

s

b) Comment les artefacts peuvent-ils aider à comprendre le mode de vie autochtone ?

Hochelagois

Réflexion OCÉAN ATLANTIQUE

0

100 200 300 km

4. Quels moyens pourriez-vous prendre pour mieux connaître les conditions de vie actuelles des Amérindiens et des Inuits ?

Source : Raynald PARENT, Les Amérindiens à l’arrivée des Blancs et les débuts de l’effritement de leur civilisation. Thèse de maîtrise (histoire), Sainte-Foy, Université Laval, 1976.

UN TERRITOIRE À PARTAGER (vers 1500)

17

LA FILIÈRE DU TEMPS

2 LR

Vers 1500

1608-1760

1760-1867

1867 à nos jours

La colonisation de la Nouvelle-France Après quelques tentatives de colonisation infructueuses, les colons s’installent peu à peu en Nouvelle-France. Quels résultats obtient-on ? À la fin du Régime français, de quels éléments se compose la Nouvelle-France ?

Les premières fondations 1

UNE STATUE DE SAMUEL DE CHAMPLAIN AUX CÔTÉS D’UN AMÉRINDIEN.

Le plus grand mérite de Champlain est d’avoir établi une colonie de peuplement en NouvelleFrance. Grâce à ses efforts, Québec mérite le titre de capitale de la Nouvelle-France.

Malgré quelques tentatives au début du 17e siècle, les Français sont incapables d’établir une colonie de peuplement en Amérique du Nord. La rigueur du climat et la difficulté à recruter des colons expliquent en partie cet échec.

Ferdinand Weber, Statue de Samuel de Champlain, fin du 20e siècle.

2

LA FONDATION DE QUÉBEC.

À travers le récit de son voyage au Canada, Champlain fait l’éloge de Québec comme lieu d’établissement.

«

De l’île d’Orléans jusqu’à Québec, il y a une lieue, et j’y arrivai le 3 juillet ; où étant, je cherchai un lieu propre pour notre habitation, mais je n’en pus trouver de plus commode, ni de mieux situé que la pointe de Québec, ainsi appelée des sauvages, laquelle était remplie de noyers. Aussitôt, j’employai une partie de nos ouvriers à les abattre pour y faire notre habitation, l’autre à scier des ais, l’autre à creuser la cave et faire des fossés, et l’autre à aller quérir nos commodités à Tadoussac avec la barque. La première chose que nous fîmes fut le magasin pour mettre nos vivres à couvert, qui fut promptement fait par la diligence de chacun, et le soin que j’en eus. Source : Samuel de CHAMPLAIN, Les voyages de Samuel de Champlain, de 1603 à 1618, Québec, Presses de la Compagnie Vigie, 1908 (1613), p. 88-89.

18

DOSSIER 1

En 1541, une première tentative de colonisation dans le « pays de Canada » est confiée à Jean-Francois de La Roque, sieur de Roberval, secondé par Jacques Cartier. Cartier reste à peine un an, impatient de retourner en France pour partager sa découverte de gisements d’or et de diamant. Ces échantillons se révéleront sans valeur. Roberval, quant à lui, n’est pas plus heureux dans sa tentative d’établissement. Après un hiver difficile, il rentre en France en 1543, avec les colons qui l’accompagnent.

»

Après avoir échoué à établir une colonie à Port-Royal, en Acadie, Samuel de Champlain convainc Pierre de Gua, sieur de Monts, mandaté par le roi de France à titre de gouverneur général de la Nouvelle-France, de poursuivre l’exploration de la vallée du Saint-Laurent. Ce dernier accepte et finance le voyage. En 1608, Champlain arrive à Québec et choisit cet emplacement pour y établir une colonie. Plusieurs raisons expliquent le choix de ce lieu. D’abord, l’étroitesse du fleuve à cet endroit permet de contrôler de la rive le passage des navires. De plus, le promontoire du cap Diamant offre une excellente défense contre d’éventuels envahisseurs. Enfin, les terres environnantes semblent très fertiles, ce qui permettrait à la population de vivre de l’agriculture et, par le fait même, de subvenir à ses besoins.

L’Habitation de Québec Dès son arrivée, Champlain fait construire l’Habitation de Québec au pied du cap Diamant. Ce bâtiment fortifié sert à la fois de résidence à la trentaine d’artisans et d’ouvriers et d’espace de rangement pour les marchandises et les vivres. Les colons dressent l’inventaire des ressources de la région en plus de pratiquer le commerce des fourrures avec les Amérindiens. Le comptoir de traite est fréquenté par les Algonquiens qui viennent y troquer leurs fourrures contre des produits européens. Pour ceux-ci, commerce et politique sont indissociables. Ainsi, ils convainquent Champlain de participer en 1609 à une excursion guerrière contre leurs ennemis iroquois. L’alliance est définitivement scellée. Les premières années de la jeune colonie sont extrêmement difficiles. Les colons peinent à s’adapter aux hivers rigoureux. La première année, plus de la moitié des 28 hommes établis à Québec meurent du scorbut et de malnutrition.

POPULATION ET PEUPLEMENT

4

L’HABITATION DE QUÉBEC.

À son arrivée à Québec, en 1608, Champlain fait construire l’Habitation pour y loger ses engagés et pour y entreposer les marchandises et les provisions.

UNE VUE AÉRIENNE DE L’EMPLACEMENT DE L’HABITATION DE QUÉBEC, AUJOURD’HUI.

Cette photo actuelle montre le lieu d’établissement de l’Habitation de Champlain. Les fondations des bâtiments se trouvent sous la place Royale et l’église de Notre-Dame-des-Victoires.

Charles W. Jefferys, L’Habitation de Québec, œuvre non datée.

5

DES CHAUDRONS EN CUIVRE DU DÉBUT DU 17e SIÈCLE.

Lors des premiers contacts entre les Français et les Amérindiens, les chaudrons en cuivre ou en laiton figurent parmi les objets de traite les plus convoités. Ces récipients sont plus légers et moins fragiles que les vases en argile utilisés par les Amérindiens.

6

«

LE SCORBUT : LE « MAL DE TERRE ». QUESTIONS

Champlain décrit les effets dévastateurs du scorbut sur les habitants de la jeune colonie.

Méthodologie

Durant l’hiver il se mit une certaine maladie entre plusieurs de nos gens, appelée mal de terre ou scorbut. […] Les dents ne leur tenaient presque point, et l’on coupait souvent ces morceaux de chair qui leur faisaient jeter force sang par la bouche. Après, il leur prenait une grande douleur de bras et jambes, lesquels demeuraient gros et durs, tachetés comme de morsures de puces, et ne pouvaient marcher. Ils avaient aussi des douleurs de reins, d’estomac et de ventre ; une toux fort mauvaise et courte haleine ; bref, ils étaient en tel état que la plupart des malades ne pouvaient se lever ni remuer, et même ne pouvaient se tenir debout […]. Nous ne pûmes trouver aucun remède pour ces maladies et l’on fit l’ouverture de plusieurs pour reconnaître la cause de leur maladie. Source : Samuel de CHAMPLAIN, Les voyages de Samuel de Champlain, de 1603 à 1618, Québec, Presses de la Compagnie Vigie, 1908 (1613), p. 48-49.

»

UN TERRITOIRE À PARTAGER (1608-1760)

1. [Doc. 2] Quelles raisons amènent Champlain à écrire ce texte ? 2. [Doc. 3] Quelles questions vous viennent à l’esprit lorsque vous songez aux difficultés que Champlain et ses hommes ont dû surmonter à leur arrivée à Québec ? Connexion 3. [Doc. 2 et 3] Pourquoi le site de Québec était-il propice à la construction de l’Habitation ?

19

LA FILIÈRE DU TEMPS

3

LA FILIÈRE DU TEMPS

La Compagnie des Cent-Associés

Saviez-v us que... vient au secours de la colonie C’est en 1620, soit 12 ans après la fondation

Malgré les efforts déployés par Samuel de Champlain et par les Jésuites pour recruter des colons, le pays attire peu de Français. Au 17e siècle, traverser l’Atlantique en voilier exige un grand courage… et un estomac solide ! Après un voyage en mer de plusieurs semaines, les nouveaux arrivants découvrent leur terre d’accueil. Des forêts, des moustiques, sans compter la menace incessante des attaques iroquoises et les longs mois d’hiver : voilà ce qui attend les Français.

de Québec, qu’un premier enfant naît en Nouvelle-France. Les parents de la petite Hélène Desportes sont la deuxième famille, après celle de Louis Hébert et de Marie Rollet, à avoir émigré en Nouvelle-France. La marraine de l’enfant n’est nulle autre qu’Hélène Boullé, la femme de Samuel de Champlain. Un an plus tard, le 24 octobre 1621, Eustache Martin voit le jour. Il est le premier garçon né en Nouvelle-France.

1

Dans ces conditions, qui peut bien vouloir émigrer en NouvelleFrance ? Quelques Français quittent la métropole dans le but de s’enrichir et d’améliorer leur sort. En fait, la majorité du peuple français vit dans des conditions difficiles et précaires à cause du manque de ressources en France. Les guerres et les problèmes économiques créent un climat d’instabilité que certains préfèrent fuir. Malgré tout, la NouvelleFrance attire peu de gens et le peuplement ne fait aucun progrès.

ARMAND JEAN DU PLESSIS, CARDINAL DE RICHELIEU (1585-1642).

Le cardinal de Richelieu fonde en 1627 la Compagnie des Cent-Associés, aussi appelée « Compagnie de la Nouvelle-France. » Cette compagnie a le mandat de peupler la colonie en échange du monopole de la traite des fourrures.

La création de la Compagnie des Cent-Associés En 1627, la population de la NouvelleFrance compte tout au plus une centaine de personnes. La même année, le cardinal de Richelieu, alors ministre du roi Louis XIII, décide d’agir. Il rassemble une centaine d’actionnaires, dont Champlain, et crée la Compagnie des Cent-Associés.

Artiste inconnu, Armand Jean du Plessis, duc de Richelieu, 19e siècle.

2

LA CHARTE DES CENT-ASSOCIÉS ET LE PEUPLEMENT.

Par la charte de la Compagnie des Cent-Associés, le roi fixe les buts, les privilèges et les obligations des actionnaires de la compagnie.

«

C’est à savoir que [les Cent-Associés] promettront faire passer au dit pays de la Nouvelle-France, deux à trois cents hommes de tous métiers dès l’année prochaine 1628, et pendant les années suivantes en augmenter le nombre jusqu’à quatre mille de l’un et de l’autre sexe […] les y loger, nourrir et entretenir de toutes choses généralement quelconques, nécessaires à la vie pendant trois ans seulement. Source : Acte pour l’établissement de la Compagnie des Cent-Associés pour le commerce du Canada, 29 avril 1627.

»

Le roi de France confie à la nouvelle compagnie le développement de la Nouvelle-France. Il lui lègue le monopole de la traite des fourrures, en échange de quoi la compagnie doit financer à même ses profits le peuplement de la colonie. Sur une période de 15 ans, elle s’engage à faire venir 4000 personnes d’origine française et de religion catholique. Elle a la responsabilité de les loger, de les nourrir et de les entretenir pendant trois ans. Ainsi sont recrutés des « engagés », ou « 36-mois », qui acceptent de venir travailler en Nouvelle-France pour une période de trois ans, en échange du coût de leur traversée et d’un salaire annuel. Au terme de leur contrat, les engagés peuvent demeurer au pays et, dans un tel cas, se voir offrir une terre. Ils peuvent aussi choisir de rentrer en France. C’est ce que fera la majorité. La royauté française accepte mal la présence des huguenots, des protestants français, sur son territoire. En 1685, elle leur interdit de s’installer dans la colonie. Plutôt que de se convertir au catholicisme, plusieurs huguenots préfèrent se réfugier dans les colonies britanniques du Sud, qui sont déjà une terre d’accueil pour les dissidents religieux de l’Angleterre.

Dissident : Personne qui cesse de se soumettre à une autorité.

20

DOSSIER 1

POPULATION ET PEUPLEMENT

Pour favoriser l’établissement des nouveaux arrivants, la Compagnie des Cent-Associés met en place un mode de distribution des terres qui permet de rendre les cours d’eau accessibles au plus grand nombre : le régime seigneurial. Les toutes premières seigneuries concédées dans la vallée du Saint-Laurent prennent la forme de longs rectangles perpendiculaires situés le long du fleuve. La compagnie concède des terres à des seigneurs qui deviennent responsables de l’exploitation et du développement de leur domaine. Ceux-ci divisent leur seigneurie en plusieurs lots qu’ils distribuent ensuite à des colons, appelés « censitaires », qui doivent, entre autres, défricher et exploiter leur terre.

3

L’ÎLE D’ORLÉANS VUE DU CIEL.

En 1710, les vallées du Saint-Laurent et du Richelieu sont entièrement occupées. Plusieurs terres du Québec, concédées en seigneuries à l’époque de la Nouvelle-France, conservent aujourd’hui encore les marques du régime seigneurial.

Le régime seigneurial n’est pas qu’un mode de division des terres, c’est aussi, et surtout, une structure sociale héritée du Moyen Âge qui définit les relations entre les individus. Les multiples devoirs et obligations du censitaire témoignent de la supériorité du seigneur. Comme ce régime est en vigueur en France, il est naturellement implanté en Nouvelle-France. Toutefois, les distinctions entre les paysans et leur seigneur ne sont pas aussi accentuées dans la colonie.

TÉMOINS DE L’HISTOIRE LOUIS HÉBERT ET MARIE ROLLET Louis Hébert, sa femme Marie Rollet et leurs trois enfants quittent Honfleur, en France, le 11 avril 1617, à destination de Québec. La traversée est longue et difficile : ils mettent plusieurs semaines avant d’atteindre Québec. Ils sont la première famille à s’établir dans la jeune colonie. Ils cultivent leur terre et vivent de leurs récoltes. Le couple entretient d’excellentes relations avec les Amérindiens. Connaissant bien les langues, Louis Hébert est l’interprète des Amérindiens auprès des missionnaires et des étrangers. Quant à Marie Rollet, elle enseigne le catéchisme 4 LOUIS HÉBERT (VERS 1575-1627). et le français à de jeunes Amérindiennes. Louis Hébert passe beaucoup de Louis Hébert et sa famille ont joué un rôle de premier plan dans le développement temps à étudier la flore du Québec. Il de l’agriculture en Nouvelle-France. introduit en Nouvelle-France plusieurs variétés de plantes et d’arbres, dont le pommier. Ce n’est pas sans raison que les Amérindiens le surnomment le « ramasseur d’herbes » ! Louis Hébert meurt à l’hiver 1627, à Québec, à l’âge de 52 ans. Marie Rollet se remarie deux ans plus tard avec Guillaume Huboust, un ami de son défunt mari. Ensemble, ils continuent à cultiver la terre. Après la mort de Marie Rollet, en 1649, les terres sont progressivement cédées par leurs descendants. Georges Latour, Louis Hébert, 1918.

UN TERRITOIRE À PARTAGER (1608-1760)

QUESTIONS 1. Comment s’exprime la volonté des colonisateurs d’attirer de nouveaux habitants ? 2. Comment le régime seigneurial a-t-il façonné le territoire du Québec ? 3. Le régime seigneurial vous paraît-il avantageux pour les nouveaux colons ? Justifiez votre réponse. Méthodologie 4. [Doc. 2] Quelles sont les obligations de la Compagnie des Cent-Associés concernant le peuplement de la Nouvelle-France ?

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LA FILIÈRE DU TEMPS

Le régime seigneurial

LA FILIÈRE DU TEMPS

La colonie s’agrandit Après la fondation de Québec en 1608, il faut attendre presque 30 ans avant que d’autres établissements permanents s’implantent en Nouvelle-France.

La fondation de Trois-Rivières

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UN BUSTE DU SIEUR DE LAVIOLETTE (VERS 1604-1660).

Le sieur de Laviolette fonde Trois-Rivières en 1634. Ce buste est érigé devant le bureau de poste de Trois-Rivières, en 1934, à l’occasion du tricentenaire de la ville.

Peu avant 1600, François Gravé Du Pont se rend à l’emplacement du lieu qui deviendra Trois-Rivières à la recherche d’un lieu pour l’établissement d’un poste de traite. Il y retourne en 1603, accompagné de Samuel de Champlain. Ce dernier reconnaît l’intérêt, tant géographique que commercial, d’y établir une Habitation permanente. Ce n’est pourtant qu’une trentaine d’années plus tard que Champlain confie au sieur de Laviolette le mandat d’y construire une Habitation qui servira de poste de traite où les Amérindiens viendront faire du commerce avec les Français. Au début de juillet 1634, Laviolette quitte Québec à destination de TroisRivières en compagnie de quelques colons. Arrivés à bon port, ils entreprennent la construction de l’Habitation et dressent une palissade de bois derrière laquelle sont érigés divers bâtiments. Le peuplement de Trois-Rivières demeure modeste. En 1760, seulement 700 habitants habitent la ville.

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Artiste inconnu, Buste du sieur de Laviolette, 1934.

PIERRE BOUCHER ET LE PEUPLEMENT.

En 1644, à l’âge de 22 ans, Pierre Boucher s’établit à Trois-Rivières. Grâce à son Histoire véritable et naturelle, publiée à Paris en 1664, l’intérêt des Français pour la Nouvelle-France s’intensifie.

«

Après avoir dit que le pays est bon, capable de produire toutes sortes de choses comme en France, qu’on s’y porte bien, qu’il ne manque que du monde, que le pays est extrêmement grand et qu’infailliblement il y a de grandes richesses que nous n’avons pas pu découvrir […] il faudrait […] qu’il vint beaucoup de monde en ce pays-ci et puis on connaîtrait la richesse du pays. Mais pour faire cela, il faut que quelqu’un en fasse la dépense ; mais qui le fera, si ce n’est notre bon Roi ? Il a témoigné le vouloir faire : Dieu qui veuille continuer sa bonne volonté. Source : Pierre BOUCHER, Histoire véritable et naturelle des mœurs et productions de la Nouvelle-France, vulgairement dit le Canada, Montréal, Société historique de Boucherville, 1964 (Paris, 1664), p. 143-145.

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TROIS-RIVIÈRES VERS 1815.

En 1815, soit plus de 150 ans après sa fondation, Trois-Rivières joue un rôle stratégique de première importance dans le commerce des fourrures, et ce, malgré sa faible population qui ne dépasse pas les 1000 habitants. Artiste inconnu, Trois-Rivières, 1815.

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DOSSIER 1

POPULATION ET PEUPLEMENT

»

LA FILIÈRE DU TEMPS

La fondation de Ville-Marie Dès 1632, les Jésuites publient annuellement leurs Relations afin de mieux faire connaître la Nouvelle-France et d’inciter les colons à venir s’y établir. Un fidèle lecteur des Relations, Jérôme Le Royer, sieur de La Dauversière, percepteur d’impôts français, rêve de fonder une ville missionnaire en Nouvelle-France. Il partage ce rêve avec un jeune abbé, Jean-Jacques Olier. Ensemble, ils fondent la Société Notre-Dame de Montréal pour la conversion des « sauvages », qui regroupe quelques-uns de leurs amis, dont Paul de Chomedey de Maisonneuve et Jeanne Mance. Le rêve devient réalité et, à l’été 1641, une quarantaine de Français arrivent à Québec. Le successeur de Champlain, le gouverneur de Montmagny, tente de dissuader le sieur de Maisonneuve d’aller s’établir dans une région où la menace des Iroquois est omniprésente. Aussi, ni la Compagnie des Cent-Associés ni le gouverneur de Montmagny n’accordent leur appui à la Société Notre-Dame de Montréal. Qu’à cela ne tienne, au printemps 1642, le sieur de Maisonneuve et Jeanne Mance, accompagnés d’une quarantaine de colons, remontent le fleuve en direction de Ville-Marie. Le 17 mai, ils accostent sur l’île et, le lendemain, choisissent le lieu où construire l’Habitation. Dès ce moment, les institutions religieuses se développent. Jeanne Mance fonde le premier hôpital de la colonie, l’Hôtel-Dieu, à l’automne 1642. Une quinzaine d’années plus tard, Marguerite Bourgeoys fonde la première école destinée à l’éducation des jeunes Françaises et Amérindiennes.

Saviez-v us que... Hochelaga, Ville-Marie, Montréal… Comment s’y retrouver? Lorsque Jacques Cartier débarque en 1535 sur le site actuel de la ville de Montréal, il rencontre des Iroquois qui désignent sous le nom d’Hochelaga le lieu où ils vivent. En 1642, Paul de Chomedey de Maisonneuve choisit Ville-Marie en l’honneur de la Vierge Marie, comme lieu où il fonde une colonie destinée à la conversion des Amérindiens. Vers 1700, ce nom devient démodé et est définitivement remplacé par celui de Montréal.

Malgré les efforts des membres de la Société Notre-Dame de Montréal, la majorité des Amérindiens refusent de s’assimiler et de se convertir. La mission d’évangélisation est un échec. En 1653, les membres décident de recruter des colons en France pour peupler la colonie. Au total, une centaine de personnes, majoritairement des hommes, s’engagent à venir travailler pour la Société Notre-Dame de Montréal pour une période de trois ans, faisant du coup doubler la population. Des familles s’installent à Ville-Marie et défrichent la terre. La ville prend progressivement son essor. QUESTIONS 1. Dans quel but les villes de Québec et de Trois-Rivières ont-elles été fondées ?

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2. Le but de la fondation de Ville-Marie diffère-t-il de celui des deux autres établissements ? Quel est-il ?

LE MUSÉE POINTE-À-CALLIÈRE, À MONTRÉAL.

Le musée Pointe-à-Callière, musée d’archéologie et d’histoire de Montréal, situé sur la place D’Youville dans le Vieux-Montréal, a été construit sur le site du premier établissement érigé lors de la fondation de Montréal, en 1642.

3. Malgré le refus des Amérindiens de se convertir, quelles réalisations ont marqué les débuts de Ville-Marie ? Méthodologie 4. [Doc. 2] Quelle description Pierre Boucher fait-il de la Nouvelle-France ? Réflexion 5. Quel personnage retient le plus votre attention parmi ceux qui ont participé à la fondation de Montréal ? Pourquoi ?

UN TERRITOIRE À PARTAGER (1608-1760)

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LA FILIÈRE DU TEMPS

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UN COFFRE D’IMMIGRANT DES ANNÉES 1650-1660.

Des vêtements, des effets personnels et quelques outils : voilà les seuls biens qu’apportent avec eux les premiers colons de la Nouvelle-France.

L’avènement d’une colonie royale Le peuplement de la colonie est lent et il faut attendre 1663 pour que le roi de France, Louis XIV, s’implique directement dans la colonisation de la Nouvelle-France. Jusque-là, la responsabilité du développement de la colonie revenait à des compagnies privées qui s’intéressent peu au peuplement. Pour remédier à la situation, Louis XIV dissout en 1663 la Compagnie des Cent-Associés et prend en charge le développement de la Nouvelle-France. Louis XIV confie l’administration de la colonie à son ministre de la Marine, Jean-Baptiste Colbert. Celui-ci envoie sur place un intendant, dont l’une des principales responsabilités sera la distribution des terres et le peuplement. En 1665, l’intendant Jean Talon arrive à Québec. Parmi ses priorités : créer des conditions favorables à l’immigration et à l’accroissement de la population.

L’arrivée du régiment de Carignan-Salières

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JEAN TALON RENCONTRE LES HABITANTS DE LA NOUVELLE-FRANCE.

Le recensement de 1665-1666 permet d’évaluer avec précision la population de la NouvelleFrance : le nom des habitants, leur âge, leur état matrimonial et leur métier. Lawrence R. Batchelor, Jean Talon visiting the colonists [Jean Talon visitant les colons], vers 1931.

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DOSSIER 1

En 1665, 1200 soldats et 80 officiers sont envoyés en Nouvelle-France pour faire face à la menace des Iroquois. Dès leur arrivée, les soldats du régiment de Carignan-Salières construisent des forts afin d’assurer la sécurité du territoire. À partir de ce moment, la colonie connaît une période de paix et de prospérité. Le régiment est rappelé en France en 1668, mais le roi offre une prime et concède des censives aux soldats et aux officiers qui choisissent de rester en Nouvelle-France. Des 1200 soldats, 400 décident de s’y établir définitivement.

Un premier recensement en Nouvelle-France En 1665 et en 1666, Jean Talon organise le premier recensement de la Nouvelle-France pour connaître le nombre d’habitants, leur âge, leur état matrimonial et leur occupation. Les résultats du premier recensement mon trent que la colonie compte 3215 habitants d’origine française, soit 2034 hommes, et seulement 1181 femmes. La colonie est composée de 528 familles. Québec compte à elle seule un peu plus de 2100 habitants, Montréal en compte 635 et Trois-Rivières, 455.

POPULATION ET PEUPLEMENT

LES FRANÇAIS ET LES AMÉRINDIENNES.

Saviez-v us que...

En raison du manque de femmes françaises en Nouvelle-France, plusieurs hommes s’unissent à des Amérindiennes.

«

En 1667, la Nouvelle-France ne comptait que 162 femmes bonnes à marier… pour 716 hommes. Ce qui faisait plus d’un demi-millier d’habitants mâles de la colonie à se trouver privés de vie conjugale ! […] bon nombre de ces jeunes gens qui couraient les bois pour faire la traite des fourrures avaient pris l’habitude de fréquenter de très près les belles Amérindiennes. […] les enfants nés de ces amourements restaient dans les tribus où, dès lors, ils étaient intégrés à la communauté amérindienne. Source : Raymond OUIMET et Nicole MAUGER, Catherine de Baillon. Enquête sur une fille du roi, Sillery, Éditions du Septentrion, 2001, p. 20.

»

Certaines Filles du roi ont du mal à s’adapter à leur nouvelle vie. L’une d’elles, par exemple, fuit le domicile conjugal quelques semaines après son mariage. Elle se déguise en homme pour éviter d’être repérée et elle erre pendant plus d’une semaine sur les grèves du fleuve, à la recherche d’un moyen pour retourner en France. Comme elle n’en trouve aucun, un jardinier de sa connaissance, qui la nourrit en cachette, la conduit à la résidence du gouverneur. Sous la promesse qu’elle ne recommence plus, le gouverneur décide de ne pas la punir. Mais elle doit regagner son logis et s’habituer à sa nouvelle vie.

Prendre pays, prendre mari Comme la population est majoritairement composée d’hommes, ce qui entraîne un déséquilibre démographique, Jean Talon fait venir de France des filles à marier. On les appelle « Filles du roi », car leur traversée est payée par le roi. De plus, il leur verse une dot au moment de leur mariage.

Dot : Somme d’argent (ou biens) versée par ses parents, qu’une femme apporte à son mari au moment du mariage.

De 1663 à 1673, elles sont environ 800 à émigrer en Nouvelle-France. Les Filles du roi, âgées entre 15 et 25 ans, sont de diverses origines sociales. Elles proviennent en majorité de la région parisienne et de l’ouest de la France. La plupart sont issues de milieux populaires, mais certaines viennent de la petite noblesse. Beaucoup d’entre elles sont orphelines. La majorité des Filles du roi trouvent un mari dans les cinq mois suivant leur arrivée. La venue des soldats du régiment de Carignan-Salières et des Filles du roi transforme le paysage démographique de la Nouvelle-France.

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L’ARRIVÉE DES FILLES DU ROI.

La majorité des Filles du roi trouvent un mari peu de temps après leur arrivée. Plusieurs ont épousé des officiers et des soldats du régiment de CarignanSalières qui ont choisi de s’établir en Nouvelle-France. Charles W. Jefferys, L’arrivée des Filles du roi en Nouvelle-France en 1667, vers 1925.

UN TERRITOIRE À PARTAGER (1608-1760)

QUESTIONS 1. Pourquoi la colonie connaît-elle un essor démographique à partir de 1663 ? 2. Pourquoi Jean Talon organise-t-il un recensement ? 3. Quelle information particulière le recensement de 1665-1666 met-il en lumière ?

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LA FILIÈRE DU TEMPS

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LA FILIÈRE DU TEMPS

La croissance de la Nouvelle-France Après l’instauration du gouvernement royal, le peuplement de la NouvelleFrance connaît un essor important. De 3200 habitants en 1663, la population passe à 6700 en 1672.

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DES HABITANTS DE LA NOUVELLE-FRANCE, AU 17e SIÈCLE.

Dépendant de moins en moins de la métropole, les habitants de la Nouvelle-France deviennent de plus en plus autosuffisants. Ils se nourrissent des produits de leurs récoltes, tissent leurs vêtements, fabriquent leurs chaussures et leurs meubles.

À la fin du 17e siècle, la France est continuellement en guerre. Aussi, après l’envoi de nombreux engagés, des soldats du régiment de CarignanSalières et des Filles du roi, le roi refuse de dépeupler davantage la métropole au profit de la colonie. Désormais, la colonie doit compter essentiellement sur l’accroissement naturel de la population plutôt que sur l’immigration.

La politique de peuplement de Jean Talon Dès 1669, Jean Talon met en place une série de mesures visant à favoriser sur place la constitution de familles en encourageant les mariages et les familles nombreuses. Des sommes d’argent sont versées aux familles de 10 enfants et plus. Une somme plus élevée est offerte aux familles de 12 enfants et plus. Une amende est donnée aux pères qui ne marient pas leurs enfants tôt : avant l’âge de 20 ans pour les garçons et avant l’âge de 16 ans pour les filles. Quant aux célibataires, ils sont passibles de voir leurs droits de chasse, de pêche et de traite suspendus. Il semble toutefois peu probable que l’accroissement de la population soit uniquement le résultat de ces mesures sévères. En fait, la rareté des femmes dans la colonie entraîne des mariages hâtifs et favorise le remariage rapide des veuves, ce qui explique le fort taux de natalité de la colonie. De simple colonie-comptoir, la Nouvelle-France se transforme, en l’espace d’un siècle et demi, en une véritable société.

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UN BERCEAU FABRIQUÉ EN NOUVELLE-FRANCE AU 18e SIÈCLE.

En Nouvelle-France, une femme mariée donne en moyenne naissance à un enfant tous les deux ans. En l’espace de 15 ans, elle donne ainsi naissance à 8 ou 9 enfants. Toutefois, près de la moitié meurt avant d’atteindre l’âge adulte.

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DOSSIER 1

POPULATION ET PEUPLEMENT

Pour établir convenablement les nouvelles familles, Jean Talon procède, en 1672, à une distribution massive de seigneuries. Au cours de cette année-là, 40 nouvelles seigneuries sont concédées dans la vallée du SaintLaurent. C’est tout un record, dans la mesure où le nombre de seigneuries concédées annuellement est d’environ trois ou quatre. Par conséquent, de nouvelles régions commencent à se dessiner, telles la Rive-Sud de Montréal, la vallée du Richelieu et la Côte-du-Sud, en aval de Québec. Le peuplement de la colonie, accéléré par un taux de natalité élevé, entraîne la création de villages et de paroisses. Lorsque la population est suffisante et qu’elle dispose des ressources pour financer la construction d’une église et pour subvenir aux besoins d’un curé, une paroisse est créée. Ce projet vise principalement à regrouper les colons en un noyau central tout en permettant à chacun d’habiter sur sa terre. La paroisse forme la base de l’organisation religieuse, politique et civile de la communauté. Elle joue un rôle de premier plan dans la vie sociale des habitants qui se déroule autour d’une place centrale dominée par l’église. Le nombre de paroisses augmente au même rythme que la population. À la fin du Régime français, en 1759, on en dénombre plus d’une centaine.

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Saviez-v us que... Grâce aux actes de baptême des 17e et 18e siècles, il est possible de connaître les prénoms donnés aux enfants nés en Nouvelle-France. Parmi les prénoms masculins les plus populaires figurent Jean-Baptiste, Joseph, Pierre, François et Louis. Les prénoms féminins les plus populaires sont des prénoms composés : Marie-Josèphe, Marie-Louise, Marie-Anne, Marie-Marguerite et Marie-Angélique.

LE TERRITOIRE DE LA NOUVELLE-FRANCE AU DÉBUT DU 18e SIÈCLE.

Au début du 18e siècle, la Nouvelle-France atteint son étendue territoriale maximale. L’Acadie et Terre-Neuve comptent près de 1750 habitants. La colonie compte environ 20 000 habitants, en majorité des agriculteurs. Quelques centaines de personnes vivent à l’embouchure du Mississippi et dans la région des Grands Lacs. Détroit d’Hud

son Baie d’Ungava

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1. À la fin du 17e siècle, pourquoi le roi refuse-t-il d’expédier plus d’émigrants en Nouvelle-France ?

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UN TERRITOIRE À PARTAGER (1608-1760)

2. Quel effet la croissance de la population a-t-elle sur le développement du territoire ? 3. Quelles conditions sont requises pour créer une paroisse ? Méthodologie 4. [Doc. 3] Selon vous, y a-t-il un lien entre l’évolution de la population et l’étendue territoriale qu’atteint la Nouvelle-France au début du 18e siècle ? Justifiez votre réponse.

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LA FILIÈRE DU TEMPS

Le développement du territoire

LA FILIÈRE DU TEMPS

La naissance d’une société canadienne Au début du 18e siècle, plus de 80 % de la population de la Nouvelle-France est née au pays. Les Canadiens qui habitent dans la vallée du Saint-Laurent forment une société distincte, de plus en plus différente de celle de la métropole. En adaptant leurs traditions françaises aux nouvelles conditions de vie de la colonie et en intégrant dans leur quotidien des techniques apprises des Amérindiens, ils développent une culture originale. La population de la Nouvelle-France passe de plus de 18 000 personnes en 1713 à environ 70 000 en 1760.

Vivre à la ville ou à la campagne : deux modes de vie distincts

Saviez-v us que... En Nouvelle-France, le plat le plus populaire est le bouilli, ou pot-au-feu, apprécié encore aujourd’hui. Certaines habitudes alimentaires sont toutefois bien étranges. Un voyageur rapporte, par exemple, qu’il a vu des gens manger des oignons crus en les croquant à belles dents, comme des pommes, et d’autres déjeuner avec seulement du pain et de l’alcool fort. À la ville, le meilleur moyen de toujours avoir du lait frais est de louer une vache ! En hiver, des habitants apportent au marché de la ville des blocs de lait gelés et en vendent des morceaux découpés à la hache, selon la quantité désirée par le client.

1

Les personnes qui résident dans les villes, principalement à Québec et à Montréal, représentent seulement 20 % de la population de la NouvelleFrance. Parmi ces gens se trouvent les membres de la noblesse, les militaires, les marchands, les fonctionnaires, les artisans, les domestiques et les esclaves. Leur mode de vie, qui se modèle sur celui de la métropole, est fort différent de celui des gens de la campagne. Ils se marient à un âge plus avancé que les habitants de la campagne et ont moins d’enfants. Les villes sont le lieu du commerce et de l’administration. C’est là que se trouvent les institutions civiles, militaires et religieuses. La colonie est surtout constituée d’agriculteurs qui vivent à la campagne. Son mode de vie est dicté par le cycle des saisons. Les familles travaillent d’arrache-pied sur leur ferme et dans les champs une grande partie de l’année. La vie à la campagne est exigeante et les colons ont de lourdes responsabilités : ils doivent avoir d’assez bonnes récoltes pour payer leurs redevances au seigneur, payer la dîme au curé de la paroisse, se nourrir toute l’année et accumuler des réserves de grains en prévision des prochaines semences. Comme ils sont soumis aux caprices de la température, une année où les récoltes sont mauvaises suffit à les placer dans une situation difficile. La plupart des habitants apprécient néanmoins leur condition, particulièrement la liberté qu’elle procure.

UN « CAPOT », COMME EN PORTAIENT LES HABITANTS DE LA NOUVELLE-FRANCE À PARTIR DES ANNÉES 1660.

Pour bien s’adapter à la vie dans la colonie, les femmes conçoivent pour leur mari des vêtements qui conviennent au climat. Elles confectionnent des « capots » (manteaux de laine et de lin). La plupart des habitants se chaussent de mocassins faits de cuir de bœuf ou d’orignal, fabriqués selon les techniques apprises des Amérindiens.

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DOSSIER 1

POPULATION ET PEUPLEMENT

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UNE VUE DU VILLAGE DE BERTHIER À LA FIN DU 18e SIÈCLE.

La vie rurale repose sur les travaux aux champs et à la ferme. Généralement, les hommes s’occupent des lourdes tâches comme défricher le sol et labourer les champs, alors que les femmes entretiennent la maison, le jardin et nourrissent les animaux de la ferme.

4

DES HABITANTS AVANTAGÉS.

À titre d’intendant de la Nouvelle-France de 1686 à 1702, Jean Bochard de Champigny s’investit dans le domaine de l’agriculture. Dans une lettre destinée aux autorités de la métropole, il écrit que malgré la rudesse du climat, les paysans de la Nouvelle-France profiteraient de meilleures conditions de vie que leurs compatriotes en France.

«

James Peachey, A View of the Bridge Over the Berthier River [Vue sur le pont de la rivière Berthier], 1785.

LA FILIÈRE DU TEMPS

2

Les habitants qui se sont attachés à la culture des terres et qui ont tombé dans de bons endroits, vivent assez commodément, trouvant des avantages que ceux de France n’ont point, qui sont d’être presque tous placés sur le bord de la rivière [fleuve], où ils ont quelque pêche et leur maison […] Comme ils n’ont point à s’éloigner pour la faire valoir et pour tirer leur bois qui est à l’endroit où se terminent leurs terres, ils ont en cela de très grandes facilités pour faire leurs travaux. Source : Lettre de Jean Bochard de Champigny, 1699.

»

LA PLACE DU MARCHÉ, À MONTRÉAL, À LA FIN DU 18e SIÈCLE.

La vie des habitants des villes diffère selon leur statut social. Les plus riches vivent dans de grandes maisons en pierre alors que les moins nantis vivent dans les faubourgs, dans des maisons de bois. Tous se croisent à la place du marché qui est le lieu des rencontres et des échanges. QUESTIONS 1. Quelles différences y a-t-il entre le mode de vie des habitants des campagnes et celui des citadins ? 2. Quelles difficultés les agriculteurs doivent-ils affronter ? Méthodologie 3. [Doc. 1] Comment les Canadiens ont-ils adapté leurs habitudes vestimentaires au climat de la Nouvelle-France ? 4. [Doc. 3] En Nouvelle-France, les habitants ont souvent une terre en bordure d’un cours d’eau. Quel avantage en retirent-ils ? Réflexion

Paul junior Sandby, Market Place, Montreal [La place du marché à Montréal], 1790.

UN TERRITOIRE À PARTAGER (1608-1760)

5. En tenant compte de ce que vous avez appris, quelle vie vous paraît la plus enviable, celle des habitants de la ville ou celle des paysans ? Pourquoi ?

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LA FILIÈRE DU TEMPS

L’esclavage en Nouvelle-France

Saviez-v us que... Le « chemin de fer clandestin » (Underground Railroad) est le nom donné au réseau de sentiers secrets et de maisons d’accueil empruntés par les réfugiés des États esclavagistes du sud des États-Unis. Grâce aux personnes qui opéraient ce réseau d’évasion, tant des Noirs que des Blancs, des Canadiens que des Américains, près de 20 000 esclaves ont pu atteindre le Canada. Les esclaves fugitifs s’établissaient principalement dans le Haut-Canada. Très démunis à leur arrivée, ils s’engageaient comme travailleurs agricoles.

Tout au long du Régime français, l’esclavage est répandu dans les colonies, principalement dans les Antilles françaises. Autour de 1660, la principale culture de ces colonies, la canne à sucre, exige une main-d’œuvre importante. Les Amérindiens sont progressivement remplacés dans les plantations par des esclaves venus d’Afrique. En Nouvelle-France, il y aurait eu plus de 4000 esclaves, dont environ 1400 Noirs venus des Antilles et 2600 Amérindiens, appelés « panis » du nom d’une tribu amérindienne de la région du Missouri, aux États-Unis. Les premiers esclaves noirs de la Nouvelle-France travaillent principalement à Montréal et dans les environs comme domestiques pour de riches familles et des membres du clergé. La première mention de l’esclavage des Noirs en Nouvelle-France remonte à 1628. Olivier Le Jeune, un jeune garçon de six ans originaire de Madagascar, arrive à Québec en 1628 et est vendu un an plus tard à un prêtre. Après la Révolution américaine de 1776, des milliers de loyalistes émigrent au Canada, emmenant parfois avec eux leurs esclaves. Près de 3500 esclaves obtiennent leur liberté en se ralliant à la Grande-Bretagne. La plupart s’installent en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick. Si certains propriétaires n’hésitent pas à inscrire dans des actes (des testaments, par exemple) la possession d’esclaves, plusieurs négligent de le faire. Aussi, plusieurs Noirs sont inhumés sans que soit précisée leur condition sociale. C’est pourquoi il est difficile d’avoir une idée exacte de leur nombre. En 1709, l’ordonnance de l’intendant de la Nouvelle-France, Jacques Raudot, reconnaît l’esclavage dans la colonie. La loi sur les esclaves qui s’applique en Nouvelle-France s’inspire du Code noir, un ouvrage publié en 1685, sous Louis XIV, pour réglementer l’esclavage dans les Antilles françaises. Dans ce livre, les esclaves sont définis comme une marchandise qui peut être vendue ou échangée.

TÉMOINS DE L’HISTOIRE MARIE-JOSEPH ANGÉLIQUE Marie-Joseph Angélique est une esclave noire née vers 1710 au Portugal. Elle est la propriété de Mme de Francheville, la veuve d’un riche marchand montréalais. Mariée à un esclave, elle a eu trois enfants morts en bas âge. En 1734, Marie-Joseph est la première esclave de la Nouvelle-France à participer à une manifestation publique contre l’esclavagisme. Apprenant que sa propriétaire souhaite la vendre, elle décide de s’enfuir en Nouvelle-Angleterre. Selon la légende, elle met le feu à la résidence de sa maîtresse dans la nuit du 10 au 11 avril 1734. L’incendie se répand rapidement et une quarantaine d’habitations du Vieux-Montréal, dont l’Hôtel-Dieu, sont complètement rasées. Marie-Joseph est capturée, emprisonnée et jugée devant le tribunal de Montréal. L’accusation s’appuie sur le témoignage d’une enfant de cinq ans qui dit avoir vu Marie-Joseph allumer l’incendie. La sentence tombe le 21 juin 1734 alors qu’un juge déclare Marie-Joseph coupable. La peine est sévère : elle est condamnée à être pendue sur la place publique. A-t-elle été accusée à tort pour son présumé rôle dans l’incendie ? Les historiens remettent aujourd’hui en question sa culpabilité.

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DOSSIER 1

POPULATION ET PEUPLEMENT

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MARIE-JOSEPH ANGÉLIQUE (VERS 1710-1734).

Marie-Joseph Angélique, dont il n’existe aucune représentation picturale, était une esclave noire au service de Mme de Francheville, la veuve d’un marchand de Montréal. Elle a été accusée et condamnée pour avoir provoqué un important incendie à Montréal en 1734.

Neville Lewis, Portrait of a Young African Woman [Portrait d’une jeune Africaine], œuvre non datée.

À Saint-Armand, dans la région de l’Estrie, un cimetière situé près de la frontière américaine fait couler beaucoup d’encre. En 1910, un journaliste identifie le rocher Nigger comme un lieu de sépulture. En 1950, un agriculteur exhume des ossements humains au pied du rocher Nigger. C’était un fait connu depuis longtemps dans la région que des Noirs y étaient enterrés. La thèse qui prédomine jusqu’ici est que le rocher Nigger est un cimetière où seraient enterrés des esclaves ayant appartenu à Philip Luke, un loyaliste installé dans la région en 1784. Cette thèse est remise en question depuis quelques années. Selon des documents d’archives, de 1784 à 1842, une trentaine de Noirs recensés vivaient dans la région. Mais rien ne permet d’affirmer qu’il s’agit d’un cimetière où sont enterrés des esclaves. Selon les dates, tout porte à croire qu’il s’agirait de Noirs affranchis qui auraient travaillé à titre de travailleurs agricoles pour des fermiers

2

gère à Saint-Armand/Philipsburg sous le sceau de l’esclavage. Leurs recherches semblent au contraire suggérer la présence de Noirs “libres” qui offrent leurs services aux habitants de Saint-Armand/ Philipsburg. »

LE ROCHER NIGGER, EN ESTRIE.

Ce site historique contiendrait les dépouilles de nombreux Noirs ayant vécu dans la région de Saint-Armand aux 18e et 19e siècles.

Affranchissement : Action de rendre libre, indépendant.

L’abolition de l’esclavage En 1793, une loi sur l’abolition de l’esclavage est promulguée dans le Haut-Canada. Cette loi n’accorde pas l’affranchissement des esclaves, mais interdit toutefois l’importation de nouveaux esclaves dans le Haut-Canada. Par contre, elle accorde l’affranchissement aux enfants d’esclaves lorsqu’ils atteignent l’âge de 25 ans. Par cette loi, le Canada devient une terre d’exil pour les esclaves américains en fuite. Entre 1800 et 1865, près de 20 000 esclaves fuient au Canada par le « chemin de fer clandestin ». Ce n’est qu’en 1833 que l’esclavage est aboli dans l’Empire britannique.

UN TERRITOIRE À PARTAGER (1608-1760)

QUESTIONS 1. Comment sont considérés les esclaves en Nouvelle-France ? 2. En 1793, quelle position le Haut-Canada adopte-t-il au sujet de l’esclavage ? Réflexion 3. Ces pages vous ont-elles permis de vous faire une opinion sur l’existence de l’esclavage en Nouvelle-France ? Justifiez votre réponse.

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LA FILIÈRE DU TEMPS

Le rocher Nigger

locaux. Selon un rapport de recherche publié par le Centre historique de Saint-Armand, un organisme local voué à la reconnaissance et à la protection du site, « aucun document d’archives ne semble placer les Noirs qui ont vécu de façon constante ou passa-

L’Acadie, des origines à la déportation

LA POPULATION DE L’ACADIE DE 1671 À 1714.

Au début du 17e siècle, lors de l’exploration du golfe du Saint-Laurent, les Français décident de fonder une première colonie en Acadie. Pierre de Gua de Monts s’y installe au printemps 1604. Après un premier hiver difficile, il transfère la colonie à Port-Royal. Les premières années, les colons sont durement éprouvés. De Gua de Monts perd son monopole du commerce au Canada. Les tentatives pour relancer la colonie échouent.

Lors de la prise de possession de l’Acadie par les Britanniques, en 1713, l’Acadie compte près de 3000 personnes. Année 1671 1686 1689 1693 1698 1701 1703 1707 1714

Population 440 940 900 1160 1480 1440 1580 1900 2900

La colonisation de l’Acadie se développe seulement après 1630. En 1671, la région compte 440 habitants. Le mode de vie des Acadiens s’apparente à celui des habitants de la vallée du Saint-Laurent : la pêche et la traite des fourrures sont les principales activités économiques. La concurrence des Anglais établis en Nouvelle-Angleterre est davantage ressentie que dans la vallée du Saint-Laurent. En effet, les combats avec les colonies du Sud sont fréquents. Profitant de la guerre de Succession d’Espagne qui commence en 1701, les Britanniques s’emparent de la colonie.

Source : Institut d’études acadiennes, 1976.

2

Le traité d’Utrecht, signé en 1713, met fin au conflit et officialise la conquête de l’Acadie par la Grande-Bretagne. Les Acadiens sont majoritaires, mais ils doivent dorénavant vivre sous la domination des Britanniques. Ces derniers se montrent conciliants à leur égard, puisque la colonie ne survivrait pas à un exode de la population d’origine française.

À la recherche d’un compromis

LA DÉPORTATION DES ACADIENS DE 1755 À 1763.

De 1755 à 1763, 90 % des Acadiens sont déportés dans les Treize colonies, en Grande-Bretagne et en France. Baie James

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LA FILIÈRE DU TEMPS

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Au fil du temps, l’immigration britannique augmente. La guerre de Succession d’Autriche exacerbe les tensions entre Français et Britanniques, même en Amérique. Les Français tentent de reprendre l’Acadie, mais ils échouent. Toutefois, ils récupèrent Louisbourg lors de la signature du traité d’Aix-la-Chapelle en 1748. La neutralité des Acadiens n’est donc plus tolérable.

Légende

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Jusqu’à la guerre de Sept Ans, les relations entre les Acadiens et les Britanniques sont marquées par la recherche d’un accord acceptable par tous. Les Acadiens désirent préserver leur foi catholique et demeurer neutres lors d’éventuels conflits entre la Grande-Bretagne et la France. La construction de la forteresse de Louisbourg sur l’île voisine force les Britanniques à faire des concessions pour s’assurer de la fidélité des Acadiens.

300

450 km

DOSSIER 1

Nombre de personnes déportées Nombre de fugitifs Delaware New Hampshire Rhode Island Treize colonies Territoire contesté

POPULATION ET PEUPLEMENT

LA FILIÈRE DU TEMPS

3

LA DÉPORTATION DES ACADIENS À GRAND PRÉ, EN 1755.

Entre 1755 et 1763, plus de 9000 Acadiens sont chassés de leurs terres. Leurs maisons sont brûlées, leurs terres confisquées et plusieurs familles sont séparées. Henri Beau, The Expulsion of the Acadians in 1755 [L’expulsion des Acadiens en 1755], 1900.

QUESTIONS 1. Quel rôle les Acadiens ont-ils joué dans l’affrontement entre la Grande-Bretagne et la France ? 2. Quelles conséquences l’affrontement entre la France et la Grande-Bretagne a-t-il eues pour les Acadiens ?

L’exil d’un peuple En 1754, les brèves batailles qui éclatent dans la vallée de l’Ohio annoncent la guerre de la Conquête. Les Britanniques veulent en finir avec la Nouvelle-France. Les Acadiens représentent alors une menace au cœur même du territoire anglais. En 1755, Charles Lawrence, gouverneur de la Nouvelle-Écosse, leur ordonne de prêter un serment de fidélité au roi de Grande-Bretagne. Le premier refus des Acadiens scelle leur sort. Ils acceptent finalement de prêter serment, mais Lawrence décide tout de même de les déporter aux quatre coins de l’Empire. Entre 1755 et 1762, plusieurs vagues d’émigrations forcées brisent les familles acadiennes. Au total, près de 90% des Acadiens sont chassés de leurs terres. Certains sont emmenés en Grande-Bretagne, d’autres dans les Treize colonies et en France. Cependant, de nombreux Acadiens trouvent refuge dans la vallée du Saint-Laurent, ainsi que dans la portion de l’Acadie demeurée française. Des Britanniques s’approprient le territoire de la Nouvelle-Écosse et de l’île Saint-Jean (l’Île-du-Prince-Édouard actuelle).

UN TERRITOIRE À PARTAGER (1608-1760)

Méthodologie 3. [Doc. 2] En observant la carte, comment expliqueriez-vous la crainte des Britanniques à l’égard de la fidélité des Acadiens ? 4. [Doc. 3] Quels détails de cette peinture vous permettent de croire que ces gens vont être déportés ? Réflexion 5. Aimeriez-vous savoir ce que sont devenus les Acadiens déportés entre 1755 et 1763 ? Quelle démarche pourriez-vous faire pour trouver des renseignements à ce sujet ?

33

LA FILIÈRE DU TEMPS

1

La fin de la Nouvelle-France

UNE CORNE À POUDRE DU 18e SIÈCLE.

La corne à poudre est un objet indispensable pour les militaires. Avant l’invention des cartouches à fusil, elle permet de garder au sec la poudre à fusil.

2

En 1759, soit cinq ans après le début de la guerre qui fait rage en Amérique, le général britannique James Wolfe et ses hommes assiègent la ville de Québec. Les 16 000 militaires français et alliés amérindiens ne peuvent s’opposer aux 30 000 marins et aux 8000 soldats britanniques. Lors de la bataille des Plaines d’Abraham, les troupes de James Wolfe l’emportent sur celles du marquis de Montcalm, le commandant des forces militaires de la Nouvelle-France. En septembre 1759, Québec tombe aux mains des troupes britanniques. Le destin de la Nouvelle-France est fixé.

LES CONSÉQUENCES DE LA PRISE DE QUÉBEC.

Dans une lettre datée du 5 novembre 1759, Mgr de Pontbriand, l’évêque de Québec, fait état des conséquences, pour la population, de la prise de Québec par les Britanniques.

«

Québec a été bombardé et canonné pendant l’espace de deux mois ; cent quatre-vingts maisons ont été incendiées […] toutes les autres ciblées par le canon et les bombes. […] ils [les Britanniques] se sont emparés des maisons de la ville les moins endommagées ; […] presque tous sont obligés d’abandonner cette ville malheureuse […] les particuliers de la ville sont sans bois pour leur hivernement, sans pain, sans farine, sans viande, et ne vivent que du peu de biscuits et de lard que le soldat anglais leur vend de sa ration. Source : Lettre de Mgr de Pontbriand, 5 novembre 1759.

3

Depuis leur création, les colonies des deux puissances européennes en Amérique du Nord sont en concurrence. Les Britanniques, à l’étroit dans les Treize colonies du Sud, tolèrent mal l’étau français qui les empêche de poursuivre leur progression vers l’Ouest. De plus, ils aimeraient bien se débarrasser une fois pour toutes des Français qui les harcèlent fréquemment sur leurs frontières, aidés de leurs alliés amérindiens. Évidemment, la perspective de contrôler le lucratif commerce des fourrures et celui de la pêche du golfe du Saint-Laurent constitue un puissant attrait pour les Britanniques.

En vertu de l’Acte de capitulation de Québec, les Britanniques assurent dorénavant la sécurité des habitants et de leurs biens et autorisent la pratique de la religion catholique jusqu’à ce que la Grande-Bretagne et la France signent un traité de paix. Après la prise de Québec par les Britanniques en septembre 1759, la colonie est dans un piètre état. En septembre 1760, trois armées britanniques encerclent Montréal. Afin d’éviter un nouveau bain de sang et la dévastation complète de la ville, le gouverneur général de la NouvelleFrance, le marquis de Vaudreuil, signe la capitulation de Montréal le 8 septembre 1760. Montréal tombe alors aux mains des troupes britanniques du général Jeffrey Amherst, le successeur de James Wolfe.

»

LA PRISE DE QUÉBEC PAR LES BRITANNIQUES, EN 1759.

Cette gravure réalisée en 1797 s’inspire d’un croquis dessiné par Hervey Smyth, un aide de camp du général James Wolfe, durant le siège de Québec, le 13 septembre 1759. Le siège de Québec se termine par la victoire des Britanniques lors de la bataille des Plaines d’Abraham. La ville de Québec capitule cinq jours plus tard. Artiste inconnu, Vue de la prise de Québec, 13 septembre 1759, 1797.

34

DOSSIER 1

POPULATION ET PEUPLEMENT

Pendant que la guerre de Sept Ans fait toujours rage en Europe, l’avenir de la Nouvelle-France reste incertain. En attendant l’issue du conflit, un gouvernement provisoire dirigé par des militaires administre la colonie. Pour appliquer sa politique, le général Jeffrey Amherst divise la colonie en trois régions, chacune sous la juridiction exclusive d’un gouverneur : James Murray à Québec, Ralph Burton à Trois-Rivières et Thomas Gage à Montréal. Lors de la capitulation, le général Amherst assure les Canadiens qu’ils n’ont rien à craindre des Britanniques. Il entend respecter leurs droits de propriété. De plus, pour démontrer sa bonne foi, il laisse aux capitaines de milice canadienne la responsabilité de régler à l’amiable les conflits entre les habitants. Un droit d’appel est toutefois prévu devant les comités militaires de chaque région. Afin de créer un climat paisible, le général ordonne aux soldats britanniques de vivre en harmonie avec les Canadiens. Enfin, pour favoriser la croissance économique de la colonie qui a souffert de ce long conflit, il encourage le libre commerce entre les marchands britanniques des colonies du Sud et les Canadiens.

Une colonie à reconstruire La ville de Québec, capitale de la Nouvelle-France, doit être reconstruite. Des familles sont sans abri. La population est affaiblie et subit un net recul. Refusant de vivre dans une colonie britannique, certains nobles français, des militaires ainsi que des fonctionnaires regagnent la France. Attachés à leurs terres et ayant peu de liens avec la France, la majorité des habitants n’ont d’autre choix que celui de rester.

Saviez-v us que... Sous le régime militaire, la vallée du Saint-Laurent est divisée en trois districts aux frontières bien définies : Montréal, Trois-Rivières et Québec. Avant l’arrivée des Britanniques, Québec était la capitale de la colonie et les autres régions se trouvaient sous son autorité. Avec le Régime britannique, chaque région est soumise à l’autorité d’un gouverneur et des frontières protégées par les militaires la séparent des autres régions. Pour se déplacer d’un district à un autre, les voyageurs doivent présenter un passeport émis par le gouverneur de leur lieu de résidence.

Comme l’agriculture a subi des dommages, il faut se mettre à la tâche et tout recommencer. Les récoltes sont mauvaises et la population souffre de la faim. Les Canadiens affichent tout de même un taux élevé de croissance naturelle durant cette période où les Britanniques sont peu nombreux à émigrer au Canada.

QUESTIONS

4

1. Pourquoi les Britanniques sont-ils dérangés par la présence française en Amérique du Nord ?

L’ARTICLE 36 DE LA CAPITULATION DE MONTRÉAL.

2. Quelles sont les conditions de vie des Canadiens français après la Conquête ?

Les 55 articles de la capitulation de Montréal sont négociés entre le gouverneur général de la Nouvelle-France, le marquis de Vaudreuil, et le général britannique, Jeffrey Amherst. Le document est signé par les deux parties le 8 septembre 1760.

«

Méthodologie

Si par le traité de paix le Canada reste à Sa Majesté britannique, tous les Français, Canadiens, Acadiens, commerçants et autres personnes qui voudront se retirer en France, en auront la permission du général anglais, qui leur procurera le passage. Et néanmoins, si d’ici à cette décision il se trouvait des commerçants français ou canadiens, ou autres personnes, qui voulussent passer en France, le général anglais leur en donnera également la permission : les uns et les autres emmèneront avec eux leurs familles, domestiques et bagages. Source : Article 36 de la capitulation de Montréal, 1760.

»

3. [Doc. 2] Selon Mgr de Pontbriand, quelles conséquences la prise de Québec a-t-elle sur la population ? 4. [Doc. 4] Que contient l’article 36 de la capitulation de Montréal ? Réflexion 5. Que pensez-vous de l’attitude des Britanniques envers les colons français après la Conquête ?

UN TERRITOIRE À PARTAGER (1608-1760)

35

LA FILIÈRE DU TEMPS

Le régime militaire britannique

LA FILIÈRE DU TEMPS

3

1

LES SIGNATAIRES DU TRAITÉ DE PARIS.

Par le traité de Paris, signé le 10 février 1763, les rois de France, de Grande-Bretagne, du Portugal et d’Espagne mettent fin à la guerre de Sept Ans.

1500-1608

1608-1760

1760-1867

1867 à nos jours

Le changement d’empire Le changement d’empire entraîne d’importantes conséquences sur la vie sociale, économique et politique de la colonie, désormais appelée « Province of Quebec » par les Britanniques. Quels sont les changements territoriaux qui découlent du changement d’empire ? Comment les habitants s’adaptent-ils à cette nouvelle réalité ?

La réorganisation du territoire Le 10 février 1763, le traité de Paris confirme la défaite française en Europe. La France se résigne alors à céder l’ensemble de ses possessions en Amérique du Nord. Toutefois, la France reprend possession des îles SaintPierre-et-Miquelon et réussit à conserver ses droits de pêche le long d’un secteur de la côte terre-neuvienne, obtenus lors de la signature du traité d’Utrecht de 1713. La Louisiane a déjà été secrètement octroyée aux Espagnols en 1762. Pour sa part, la Grande-Bretagne s’engage à respecter les droits de propriété des Canadiens. Ceux qui désirent quitter le Canada ont 18 mois pour plier bagages et ne pourront vendre leurs biens qu’à des Britanniques. Le traité est silencieux quant au sort réservé à la langue et au droit français. Benjamin West, Treaty of Paris [Le traité de Paris], 1783.

2

QUELQUES ARTICLES DU TRAITÉ DE PARIS DE 1763.

L’article 4 du traité de Paris a une incidence considérable pour les Canadiens puisque la colonie devient définitivement sous autorité britannique. Numéro de l’article 4

5

6 20

36

Résumé La France cède la NouvelleFrance à la Grande-Bretagne. La France conserve son droit de pêcher sur les bancs de Terre-Neuve et dans le golfe du Saint-Laurent. La France reprend possession des îles Saint-Pierre-etMiquelon. La Louisiane devient une colonie espagnole.

DOSSIER 1

Une première constitution Le 7 octobre 1763, quelques mois après la signature du traité de Paris, le parlement de Westminster adopte la Proclamation royale, la première constitution de la colonie désormais appelée « Province of Quebec ». Les autorités londoniennes nomment James Murray au poste de gouverneur en chef de la Province of Quebec. Par cette constitution, le territoire est considérablement réduit, se limitant à une étroite bande de terre dans la vallée du Saint-Laurent. Ainsi, les commerçants britanniques accèdent librement au réservoir de fourrures que constituent les Grands Lacs. De plus, pour favoriser l’immigration britannique vers cette nouvelle colonie, les autorités prévoient implanter leurs institutions politiques, lois et tribunaux aussitôt que la situation le leur permettra, autrement dit, lorsque les Britanniques seront majoritaires. Un autre objectif important de la Proclamation est de pacifier les nations autochtones des Grands Lacs qui se sont révoltées sous la direction de Pontiac, en mai 1763. Déçus de perdre leurs alliés français et surtout anxieux d’une éventuelle expropriation au profit des Britanniques, les Amérindiens prennent les armes et s’emparent de la plupart des forts de la région. Pour les apaiser, le gouvernement de Londres leur concède en exclusivité l’usage d’un vaste territoire à l’ouest des Appalaches. Personne n’aura le droit de

POPULATION ET PEUPLEMENT

LA FILIÈRE DU TEMPS

s’y établir, les occupants installés illégalement seront évincés. Cette concession est mal accueillie par les Treize colonies, car la surpopulation freine leur développement. Déjà, au début de la guerre de Sept Ans, les colons anglo-américains rêvaient de s’établir sur les terres fertiles situées à l’ouest des Appalaches. C’est d’ailleurs la principale raison qui les a poussés à attaquer les forts français de cette région. Ce mécontentement annonce des bouleversements majeurs.

3

4

LES FRONTIÈRES ÉTABLIES PAR LA PROCLAMATION ROYALE EN 1763.

Après l’entrée en vigueur de la Proclamation royale, la Province of Quebec se concentre dans la vallée du Saint-Laurent. Détroi t

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QUESTIONS 1. Quels sont les changements de frontières établis par la Proclamation royale ?

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Îles Saint-Pierreet-Miquelon (FRANCE)

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Même si le régime seigneurial est maintenu après le changement de régime, les autorités cessent d’attribuer des terres. Un nouveau mode de divisions des terres est progressivement mis en place. Les townships s’implantent autour des seigneuries.

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LE HAMEAU DE SAINTE-MARGUERITEDE-LINGWICK, EN ESTRIE.

Ville Frontière définie Frontière approximative Ligne fixée par la Proclamation royale de 1763 Possession britannique Province of Quebec Territoire amérindien Autre territoire Possession espagnole Louisiane

UN TERRITOIRE À PARTAGER (1760-1867)

2. Quels privilèges la France conserve-t-elle en Amérique ? 3. Que pensez-vous de la décision des Britanniques de permettre le libre commerce sur le territoire concédé aux Amérindiens ? Méthodologie 4. [Doc. 3] Quelle voie de navigation relie les principales villes de la Province of Quebec ? Réflexion 5. [Doc. 3] La carte vous a-t-elle permis de mieux comprendre les explications au sujet du découpage du territoire après la Proclamation royale ? Que retenez-vous de ce découpage territorial ?

37

LA FILIÈRE DU TEMPS

Une période de compromis Lors de la nomination de James Murray au poste de gouverneur en chef de la Province of Quebec, les autorités de Londres lui remettent des instructions très précises. Le gouvernement britannique demande la mise en vigueur des lois anglaises et l’élimination de toute ingérence étrangère, inadmissible dans la province.

1

James Murray comprend que cette politique n’est pas viable dans la colonie. Il croit que l’assimilation des Canadiens va être plus facile si les Britanniques se montrent conciliants à leur égard. Par conséquent, il applique avec réalisme les instructions reçues. Par exemple, il aide l’Église catholique à se maintenir dans la colonie ; cependant, cette mesure va à l’encontre de la position des autorités britanniques qui souhaitent convertir les Canadiens à la religion protestante. La situation de Murray est cependant compliquée par le serment du Test imposé à tout catholique qui veut exercer une charge publique dans l’Empire britannique. Autrement dit, les Canadiens restent exclus du pouvoir.

LES FRONTIÈRES ÉTABLIES SELON L’ACTE DE QUÉBEC, EN 1774.

Avec l’Acte de Québec, les frontières de la Province of Quebec sont considérablement agrandies.

L’Acte de Québec

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Îles Saint-Pierreet-Miquelon (FRANCE)

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Droit de pêche français

DOSSIER 1

Ville Frontière définie Frontière approximative Possession britannique Province of Quebec Territoire amérindien Autre territoire Possession espagnole Louisiane

POPULATION ET PEUPLEMENT

450 km

En 1774, comme la situation dans les colonies du Sud devient de plus en plus explosive, les autorités anglaises adoptent l’Acte de Québec pour s’assurer de la fidélité des Canadiens. Par ce décret, ils élargissent le territoire de la colonie en lui ajoutant la côte du Labrador à l’est, et, au sud, le territoire des Grands Lacs avec une partie de la vallée de l’Ohio, espace primordial pour le commerce des fourrures. De nouvelles garanties reconnaissent et préservent les caractéristiques essentielles des Canadiens. Ainsi, le « libre exercice de la religion de l’Église de Rome sous l’autorité du roi » est confirmé et le serment du Test est aboli. En conséquence, les Canadiens peuvent dorénavant occuper librement une charge publique. Enfin, le droit criminel anglais est maintenu, mais les lois civiles françaises sont rétablies, ce qui maintient le régime seigneurial. Ces concessions réjouissent les Canadiens et le clergé qui y voient la protection des fondements de leur identité.

LA FILIÈRE DU TEMPS

Les tensions dans les Treize colonies Depuis la fin de la guerre de Sept Ans, la Grande-Bretagne est la seule puissance dominante du continent. Les colons angloaméricains avaient participé avec enthousiasme à cette guerre qui devait mettre un terme définitif aux problèmes liés à la présence française et ouvrir l’ouest à la colonisation. Les Treize colonies sont rapidement déçues. La Proclamation royale de 1763 réserve aux Amérindiens le territoire à l’ouest des Appalaches et interdit d’y installer des colons. À cette déception s’ajoute un contrôle plus étroit par la métropole et une augmentation des taxes. En effet, la guerre de Sept Ans a vidé les coffres de Londres. Puisque cette guerre a été menée dans l’intérêt des colonies, il est donc normal qu’elles contribuent à regarnir les coffres. Les colons ripostent en organisant le boycott des produits britanniques, ce qui éprouve durement l’économie de la Grande-Bretagne.

La déclaration d’Indépendance La tension monte rapidement dans les Treize colonies. La présence accrue de l’armée provoque quelques combats qui contribuent à propager la fièvre révolutionnaire. Les colons anglo-américains sont furieux de l’adoption de l’Acte de Québec. Selon eux, les autorités favorisent les Canadiens alors qu’eux sont soumis à des mesures extrêmement rigoureuses. Comment accepter l’expansion de la Province of Quebec vers l’ouest, alors que ces terres leur reviennent de plein droit ? Devant tant d’injustices, les colons anglo-américains proclament leur indépendance le 4 juillet 1776. La Grande-Bretagne accepte mal la sécession de ses Treize colonies qui comptent parmi les plus prospères de son empire. Un conflit s’engage alors entre la métropole et ses colonies rebelles, qui profitent de l’aide de la France et de l’Espagne. Malgré quelques sollicitations des AngloAméricains, les Canadiens refusent de les suivre sur le chemin de la révolte et préfèrent demeurer neutres. Malgré la supériorité de son armée, Londres est contrainte de reconnaître le fait accompli lors d’une entente désignée sous le nom de « traité de Versailles » signée à Paris en septembre 1783. Elle accepte l’indépendance de ses colonies. Elle est même obligée d’abdiquer sa souveraineté sur le territoire compris entre les Appalaches et le fleuve Mississippi. En conséquence, la Province of Quebec perd ses meilleurs postes de traite. En retour, les nouveaux États accordent le pardon aux colons restés loyaux à la Couronne britannique et leur reconnaissent le droit de partir pour s’installer ailleurs dans l’Empire. Plusieurs d’entre eux se prévalent de ce droit.

UN TERRITOIRE À PARTAGER (1760-1867)

2

L’INDEPENDENCE HALL, À PHILADELPHIE.

C’est dans ce bâtiment qu’est signée la déclaration d’Indépendance des États-Unis, en 1776. L’Independence Hall est classé sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1979.

QUESTIONS 1. Pourquoi James Murray prend-il la défense des Canadiens ? 2. a) Dans quel but l’Acte de Québec a-t-il été établi ? b) Quels avantages les colons français vont-ils en retirer ? Méthodologie 3. [Doc. 1] Quel fleuve sépare la Province of Quebec de la Louisiane ? Réflexion 4. Que retenez-vous des changements apportés par l’Acte de Québec ?

39

LA FILIÈRE DU TEMPS

1

LE CIMETIÈRE SAINT-MATTHEW, À QUÉBEC.

Ce cimetière est le plus ancien cimetière protestant de la province. Avec l’arrivée des loyalistes et l’augmentation de la population protestante dans la région, le cimetière atteint rapidement sa pleine capacité. Aujourd’hui, ce cimetière est un jardin public.

Torah : Texte fondateur du judaïsme.

Des loyalistes dans la colonie Tout au long de la longue marche des colonies vers l’indépendance, la population anglo-américaine est divisée sur la question. En fait, un tiers est en faveur de la souveraineté des colonies, un tiers est ambivalent et le dernier tiers est résolument contre. Ces opposants sont appelés « loyalistes », car ils demeurent de loyaux sujets de la Couronne britannique. Ainsi, le conflit qui suit la déclaration d’Indépendance prend rapidement des allures de guerre civile. En effet, les loyalistes aident en permanence les troupes britanniques en favorisant leur progression ou en dénonçant les rebelles. Cet appui aux forces impériales leur vaut l’hostilité des insurgés qui les accusent de traîtrise. Dans ce contexte, la défaite de l’armée britannique rend leur situation intenable. Le traité de Versailles garantit le pardon complet aux loyalistes. Cependant, plus rien ne s’oppose à leur persécution. Plutôt que de subir ces outrages, 100 000 loyalistes préfèrent se réfugier dans les territoires de juridiction britannique. Ils sont 34 000 à s’établir en Nouvelle-Écosse et près de 8000 s’établissent dans la Province of Quebec. De ce nombre, 6000 s’installent dans le territoire qui deviendra plus tard l’Ontario, et 2000 dans les Cantonsde-l’Est où de nouvelles terres divisées en townships seront concédées à compter des années 1790.

TÉMOINS DE L’HISTOIRE LA CONGRÉGATION SHEARITH ISRAEL Au Québec, l’immigration juive ne débute véritablement qu’avec la Conquête de 1760. Bien que Trois-Rivières accueille quelques Juifs, c’est surtout Montréal qui devient le lieu stratégique réunissant ces nouveaux arrivants. Dès 1768, quelques hommes fondent la première congrégation juive au Canada : la congrégation Shearith Israel. Ses membres se réunissent pour prier dans un local situé sur la rue Saint-Jacques, à Montréal. Neuf ans plus tard, la communauté s’agrandit et la toute première synagogue du Canada est construite à l’angle de la rue Notre-Dame et du boulevard Saint-Laurent. Pendant 80 ans, la synagogue de cette congrégation est l’unique lieu de culte juif au Canada. Dans les années 1770, l’arrivée de loyalistes à TORAH DE LA 2 UNE Montréal contribue à établir un climat favorable CONGRÉGATION SHEARITH à l’expansion de la communauté juive. La ville ISRAEL DE MONTRÉAL. devient un port important, ce qui accroît le comCette Torah, qui date du 17e siècle, merce et entraîne l’arrivée de familles juives. Au est offerte par la Grande-Bretagne 19e siècle, la synagogue est cependant confrontée à la congrégation Shearith Israel de à de nombreuses difficultés financières et légales. Montréal en 1768. Après le décès de Lazarus David, fondateur de la congrégation et propriétaire du terrain sur lequel est érigée la première synagogue, le bâtiment tombe entre les mains de l’État. En 1838, la synagogue est reconstruite sur la rue Chenneville. Elle y reste jusqu’en 1890, année où elle déménage rue Stanley. Depuis 1947, la congrégation Shearith Israel est située sur l’avenue Saint-Kevin, dans le quartier Côte-des-Neiges. Depuis plus de 200 ans, ses membres s’impliquent dans la vie religieuse et civile de la ville de Montréal.

40

DOSSIER 1

POPULATION ET PEUPLEMENT

Les loyalistes sont désagréablement surpris de devoir s’installer dans une colonie qui semble étrangère aux institutions britanniques. Depuis l’Acte de Québec, les autorités britanniques acceptent la religion catholique et les lois françaises. De plus, les loyalistes sont particulièrement opposés au régime seigneurial, qu’ils considèrent comme un héritage désuet issu du Moyen Âge qui freine le commerce et la propriété privée. Dès leur installation, ils réclament les lois et la tenure anglaises, de même que le parlementarisme britannique. Les Canadiens s’opposent à ces réclamations qui compromettraient la survie de leur identité. Pour contenter les deux collectivités, une solution s’impose : la création de deux districts avec leur propre législation. Toutefois, l’attribution d’une assemblée représentative aux Canadiens leur concéderait le plein contrôle de leur province, ce qui pourrait s’avérer dangereux.

LA FILIÈRE DU TEMPS

De nouvelles divisions territoriales En 1791, l’Acte constitutionnel conduit à une réorganisation politique et administrative de la colonie. Les autorités britanniques divisent la Province of Quebec en deux : le Haut-Canada et le Bas-Canada voient le jour. Majoritairement anglophone, le Haut-Canada est régi par la common law britannique. Le BasCanada, qui rassemble les Canadiens, maintient en vigueur les lois civiles françaises. Un nouveau régime de partage des terres voit le jour. Dans le Haut-Canada, les terres sont concédées en townships. Ce mode de division des terres est également appliqué dans le Bas-Canada alors que le gouverneur Alured Clarke annonce la future création de 95 townships près de la frontière avec les États-Unis. Les nouveaux pionniers ont droit à 100 acres de terre ainsi que 50 acres par personne habitant la ferme, jusqu’à un maximum de 200 acres. Créé en 1796, le premier canton concédé est celui de Dunham.

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Les Cantons-de-l’Est À la fin du 18e siècle, plusieurs familles de loyalistes s’établissent dans la région des Cantons-del’Est après l’Indépendance des États-Unis. Elles sont attirées par la proximité avec l’État américain du Vermont. Dès 1791, les terres des Cantons-de-l’Est sont les pre-

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mières terres au Québec à être divisées en cantons plutôt qu’en seigneuries. Cette région était désignée sous le nom de Eastern Townships jusqu’à ce que l’auteur Antoine Gérin-Lajoie traduise le terme en « Cantons de l’Est » en 1858. Les deux noms donnés à cette région témoignent d’un développement historique concentré autour de la minorité anglaise établie au Québec depuis la fin du 18e siècle. En 1946, Mgr O’Bready propose une nouvelle appellation : l’Estrie.

DES LOYALISTES EN ROUTE POUR LE CANADA, EN 1783.

L’arrivée des loyalistes dans la Province of Quebec représente la première vague importante d’immigrants anglophones. Parmi eux se trouvent des Américains, des Amérindiens et des Noirs esclaves ou affranchis. Henry Sancham, L’arrivée des loyalistes, 1783.

QUESTIONS 1. Qui sont les loyalistes et pourquoi veulent-ils quitter les colonies anglaises du Sud ? 2. Que change l’arrivée des loyalistes pour la Province of Quebec ?

LE CANTON DE NORTH HATLEY, EN ESTRIE.

Les Cantons-de-l’Est sont d’abord colonisés par les loyalistes qui fuient les États-Unis à la suite de la guerre de l’Indépendance américaine.

3. Pourquoi les loyalistes ne s’établissent-ils pas sur les rives du Saint-Laurent comme les autres habitants ? 4. Quels facteurs incitent plusieurs loyalistes à s’installer dans d’autres colonies que la Province of Quebec ? 5. Qu’est-ce que la Torah et quelle importance a-t-elle au Québec ? 6. Résumez en quelques mots la raison pour laquelle l’Acte constitutionnel de 1791 divise la Province of Quebec en deux districts : le Haut-Canada et le Bas-Canada.

UN TERRITOIRE À PARTAGER (1760-1867)

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LA FILIÈRE DU TEMPS

De l’exode à l’enracinement

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DES REMÈDES CONTRE LE CHOLÉRA.

En 1832, une épidémie de choléra frappe l’Amérique du Nord et l’Europe. La maladie s’infiltre au pays après que des immigrants britanniques infectés furent venus s’y établir. Plusieurs remèdes destinés à combattre la maladie sont commercialisés, mais leur efficacité est parfois douteuse…

Au début du 19e siècle, la population du Québec augmente considérablement en raison d’un taux de natalité très élevé. De 113 000 habitants en 1784, elle passe à 600 000 en 1840. La vaste majorité de la population appartient à la communauté francophone. Au cours de cette période, la population urbaine augmente, passant de 11,2 % en 1831 à 27,8 % en 1881. La majeure partie de la population est néanmoins constituée d’agriculteurs. Au cours des années 1830, le Québec vit une période difficile en raison des mauvaises récoltes dues à une invasion de mouches et à des conditions climatiques défavorables. Dans certaines régions, la situation devient dramatique. L’appauvrissement des familles contraint plusieurs agriculteurs à vendre leurs fermes pour aller travailler dans les villes. Comme Québec et Montréal sont incapables d’absorber l’excédent de la population des campagnes, de nombreuses familles partent dans l’Ouest canadien ou aux ÉtatsUnis pour trouver du travail. Entre 1830 et 1867, le Québec compte pour la première fois de son histoire plus d’émigrants que d’immigrants. Le développement de l’industrialisation dans le nord-est des États-Unis pousse des centaines de milliers de travailleurs à y migrer. Certains partent sans espoir de retour, d’autres pour passer une saison ou quelques années à travailler dans les manufactures ou les briqueteries de la Nouvelle-Angleterre.

Choléra : Maladie épidémique qui provoque la diarrhée, des vomissements et qui peut entraîner la mort.

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LE NOMBRE DE CANADIENS FRANÇAIS ÉMIGRÉS EN NOUVELLE-ANGLETERRE DE 1840 À 1860.

Entre 1840 et 1860, plus de 65 000 Canadiens français émigrent en Nouvelle-Angleterre dans l’espoir d’y trouver du travail. États Vermont Maine Massachusetts Rhode Island Connecticut New Hampshire Total

1840 5500 2500 500 100 50 50 8700

1860 16 580 7490 7780 1810 1980 1780 37 420

De nouvelles régions à coloniser Devant l’exode des Canadiens français, les autorités provinciales procèdent à l’ouverture de nouvelles régions de colonisation. Des brochures sont distribuées à la population afin de vanter les mérites de telle ou telle région. À compter de 1840, plusieurs partent défricher les terres des Laurentides et du lac Saint-Jean. Avant d’ensemencer leur terre, les colons doivent d’abord défricher le sol pour le rendre cultivable. Dans les premiers temps, les colons peuvent difficilement survivre grâce aux produits de leur terre, ce qui en force plusieurs à travailler une partie de l’année dans les chantiers forestiers. Toutefois, à partir des années 1880, avec le développement de l’industrie laitière et des produits dérivés (beurre, fromage), les agriculteurs deviennent de moins en moins dépendants de l’industrie forestière.

Source : Ralph D. VICERO, Immigration of French Canadians to New England, 1840-1900. A Geographical Analysis, thèse de doctorat, université du Wisconsin, 1968, p. 148.

Malgré les nombreuses difficultés auxquelles les colons doivent faire face, le clergé continue de favoriser le développement de nouvelles terres et encourage les Canadiens français en ce sens en vantant les mérites de la vie rurale. Au milieu du 19e siècle, le fleuve demeure la voie privilégiée pour le transport des passagers et des biens. Les chemins de fer qui se développent à cette époque suivent l’axe du fleuve. Il faut attendre la fin du siècle pour que soient inaugurés des chemins de fer qui aideront au développement de nouvelles régions et contribueront à l’émigration vers les États-Unis.

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POPULATION ET PEUPLEMENT

DOSSIER 1

Escale à Grosse Île Vers 1830, des épidémies de maladies infectieuses frappent l’Europe. Devant l’imminence de l’arrivée de milliers d’immigrants au port de Québec, les autorités mettent sur pied une station de quarantaine à Grosse Île, située sur le fleuve Saint-Laurent, à 48 km en aval de Québec. L’emplacement de l’île offre des avantages importants : d’abord, la proximité du port de Québec, puis le fait qu’elle est éloignée de la population, ce qui réduit les risques de contagion.

Entre 1845 et 1849, à la suite de plusieurs mauvaises récoltes, l’Irlande est dévastée par la famine, provoquant l’émigration massive d’une partie importante de sa population. En moins d’une décennie, la population de l’Irlande diminue de plus de deux millions ; la moitié meurt de faim, de maladies et de malnutrition, l’autre moitié émigre

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en Amérique. En 1847, la Grosse Île connaît sa plus grande affluence : près de 68 000 immigrants, principalement des Irlandais, y sont reçus. Environ 5000 personnes meurent pendant la traversée ou peu de temps après leur arrivée sur l’île. Au début du 20e siècle, la Première Guerre mondiale, puis la crise économique de 1929 entraînent une baisse importante de l’immigration au Canada. La station de quarantaine ferme ses portes en 1937.

LA GROSSE ÎLE, L’ÎLE DE LA QUARANTAINE.

En 1974, le gouvernement du Canada reconnaît la station de quarantaine, la Grosse Île, comme un lieu d’importance historique nationale. Rebaptisé « la Grosse-Île-et-le-Mémorial-des-Irlandais » en 1996, ce site témoigne de l’importance des événements vécus par les immigrants irlandais, en 1847.

Le 1er mai 1832, le 32e Régiment de l’armée britannique, un groupe d’ouvriers et un médecin débarquent sur l’île. Leur tâche est énorme : bâtir des abris, des maisons, des bâtiments de désinfection, ainsi que des chapelles protestante et catholique. Entre 1832 et 1845, l’île accueille plus de 35 000 immigrants annuellement.

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LE VILLAGE D’ALBANEL, AU LAC SAINT-JEAN, VERS 1903. QUESTIONS

Le début de la colonisation du lac Saint-Jean remonte au milieu du 19e siècle. Pour freiner la migration des Canadiens français vers les États-Unis, le clergé favorise l’établissement d’agriculteurs dans de nouvelles régions de colonisation.

1. Donnez deux raisons pour lesquelles les Canadiens français quittent leurs terres au cours des années 1830. 2. Comment le clergé réagit-il devant l’exode des Canadiens français ? 3. Comment réagiriez-vous si on vous donnait le choix entre quitter votre pays pour chercher du travail ou vous établir sur des terres à défricher dans des régions éloignées ? Méthodologie 4. [Doc. 2] Vers quel État américain les Canadiens français émigrent-ils en majorité au milieu du 19e siècle ?

UN TERRITOIRE À PARTAGER (1760-1867)

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LA FILIÈRE DU TEMPS

Pour poursuivre leur voyage jusqu’à leur destination finale, les immigrants doivent obtenir un certificat de santé.

LA FILIÈRE DU TEMPS

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LA DATE D’ENTRÉE DES PROVINCES ET DES TERRITOIRES DANS LA CONFÉDÉRATION.

En 1867, quatre provinces s’unissent pour créer le Canada. Au fil des années, d’autres provinces et territoires sont créés. 1867 1867 1867 1867 1870 1870 1871 1873 1898 1905 1905 1949 1999

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Québec Ontario Nouveau-Brunswick Nouvelle-Écosse Manitoba Territoires du Nord-Ouest Colombie-Britannique Île-du-Prince-Édouard Territoire du Yukon Alberta Saskatchewan Terre-Neuve Nunavut

UNE AFFICHE DISTRIBUÉE PAR LE GOUVERNEMENT CANADIEN POUR ENCOURAGER L’IMMIGRATION DANS L’OUEST CANADIEN.

Distribuées partout en Europe et aux États-Unis à partir de 1870, les affiches publicitaires destinées à promouvoir l’immigration dans l’Ouest présentent une image idyllique de la vie au Canada, en mettant l’accent sur l’abondance et la liberté.

1500-1608

1608-1760

Le 29 mars 1867, le Parlement de Londres adopte l’Acte de l’Amérique du Nord britannique. Par cette nouvelle constitution, une nouvelle entité politique voit le jour : le Canada. La crise économique des années 1930 et la Seconde Guerre mondiale forcent les gouvernements à jouer un rôle plus actif dans la gestion de l’État. Durant les années 1960, de nouveaux dirigeants amènent le Québec à devenir maître de son développement. Comment cela s’est-il produit ? Dans quel contexte la modernisation de la société québécoise est-elle survenue ?

Le développement de l’Ouest canadien L’achèvement de la ligne de chemin de fer du Canadien Pacifique, en 1885, favorise la colonisation de l’Ouest canadien, le transport des marchandises et l’expédition des récoltes. Plusieurs raisons incitent le gouvernement de Wilfrid Laurier à coloniser les régions de l’Ouest canadien : accélérer l’industrialisation du Canada, empêcher les Américains de s’emparer de ces territoires et élargir le marché canadien. Dès la fin du 19e siècle, le ministre de l’Intérieur, sir Clifford Sifton, prend des mesures pour encourager la colonisation de l’Ouest canadien : du matériel publicitaire est distribué en Europe et aux États-Unis et des terres gratuites sont distribuées aux colons. La politique d’immigration de Clifford Sifton reste toutefois assez restrictive. En effet, seuls les immigrants provenant des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de l’Europe sont admis. De plus, les portes de l’immigration sont fermées aux ouvriers des villes et seuls les fermiers expérimentés sont admis. En 1905, Frank Oliver succède à Clifford Sifton comme ministre de l’Intérieur. Cinq ans plus tard, il modifie la Loi sur l’immigration. Selon lui, les origines ethniques des immigrants sont plus importantes que leurs compétences agricoles. La politique d’immigration porte ses fruits : plus de trois millions d’immigrants provenant d’Allemagne, de Suède, de Grande-Bretagne, de Russie, des États-Unis et de bien d’autres pays viennent coloniser, entre 1896 et 1914, les territoires qui deviendront les provinces de la Saskatchewan et de l’Alberta. Avec le début de la Première Guerre mondiale, en 1914, l’immigration diminue considérablement. UNE LOCOMOTIVE DU CANADIEN PACIFIQUE, VERS 1897.

À la fin du 19e siècle, des milliers d’immigrants voyagent en train vers leur lieu d’établissement dans l’Ouest.

DOSSIER 1

1867 à nos jours

Le Québec entre tradition et changement

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1760-1867

POPULATION ET PEUPLEMENT

La prise en charge des territoires de l’Ouest par le nouveau gouvernement canadien entraîne des changements importants pour les autochtones. L’arrivée du chemin de fer et la colonisation de l’Ouest canadien viennent modifier leur mode de vie traditionnel. En 1876, le gouvernement fédéral adopte une loi qui encadre les relations avec les Amérindiens. La Loi sur les Indiens est fondée sur la croyance que les Amérindiens sont inférieurs au reste de la société. Il est donc du devoir du gouvernement de les aider à accéder au rang de citoyen de plein droit et qu’ils en assument toutes les obligations. Pour y arriver, leur assimilation complète semble la seule solution.

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LA FILIÈRE DU TEMPS

Une loi spéciale pour les autochtones

TROIS JEUNES AMÉRINDIENNES DU VILLAGE DE WENDAKE, PRÈS DE QUÉBEC, VERS 1900.

Après la mise en application de la Loi sur les Indiens, le gouvernement fédéral tente d’assimiler les autochtones.

Concrètement, cette loi définit le statut d’Amérindien. Conformément aux valeurs patriarcales de l’époque, seuls les hommes ont le pouvoir de transmettre le statut d’Amérindiens à leurs enfants et à leur femme, même si cette dernière n’est pas d’origine amérindienne. Les femmes ne peuvent conserver leur statut que si elles se marient avec un Amérindien. Cette définition discriminatoire est contraire à la conception égalitariste de la société propre aux Amérindiens. Autre disposition importante de la Loi, le gouvernement fédéral impose l’instauration de conseils de bande à la tête des communautés amérindiennes. Dans les faits, cette mesure prévoit la mise sous tutelle des Amérindiens sous prétexte de les protéger et de les mener sur la voie de l’émancipation.

La création des réserves La création des réserves, en 1853, témoigne également de la marginalisation des Amérindiens. Depuis l’arrivée des Européens, ils ont perdu le contrôle de leur territoire. Menacés par l’expansion de la colonisation, ils ont demandé et obtenu des réserves qui sont des portions de territoires destinées à leur usage exclusif. De son côté, l’État espère que ces concessions favorisent la sédentarisation et la conversion des Amérindiens à l’agriculture. La gestion des réserves est soumise à l’encadrement du gouvernement canadien. La plupart sont situées sur les territoires traditionnels fréquentés par les Amérindiens et souvent isolées des principaux centres de peuplement. Les autorités croient que cet isolement est le meilleur moyen de protéger les Amérindiens du monde des Blancs et des fraudes des individus malveillants qui tentent de profiter de leur naïveté. Toutefois, cet isolement a eu le désavantage de retarder leur intégration à la société canadienne.

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QUELQUES ARTICLES DE LA LOI SUR LES INDIENS DE 1876.

La Loi sur les Indiens de 1876 a d’importantes conséquences pour les autochtones. Jusqu’en 1951, cette loi régit tous les aspects de la vie sur les réserves. Articles de loi Article 3 Articles 4-10 Articles 11-20 Articles 25-30 Articles 31-69

Contenu Définit divers termes utilisés dans la loi, dont celui d’« Indien ». Concernent l’administration des terres de la réserve. Concernent la protection des terres de la réserve vis-à-vis des autres colons. Établissent le droit du gouvernement d’exploiter le bois et les produits miniers. Expliquent les articles du Code criminel relatifs à l’acquisition illégale de terres sur la réserve, à la vente d’alcool et à l’enlèvement des ressources. Concernent l’administration et les ventes de terres autochtones.

UN TERRITOIRE À PARTAGER (1867 à nos jours)

QUESTIONS 1. Démontrez à l’aide d’exemples comment les territoires de l’Ouest se sont développés. 2. Indiquez deux restrictions imposées aux immigrants par le gouvernement canadien au début du 20e siècle. 3. Indiquez deux conséquences que la Loi sur les Indiens entraîne pour les autochtones. Méthodologie 4. [Doc. 2] De quelle façon cette affiche publicitaire présente-t-elle l’Ouest canadien aux futurs immigrants ? Réflexion 5. Le texte vous a-t-il permis de comprendre comment les autochtones en sont arrivés à vivre sur des réserves ? Donnez votre interprétation des faits en quelques mots.

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LA FILIÈRE DU TEMPS

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LA MIGRATION DE LA POPULATION DU QUÉBEC VERS LES ÉTATS-UNIS DE 1870 À 1930.

Entre 1870 et 1930, des milliers de Canadiens français s’exilent aux États-Unis dans l’espoir d’améliorer leurs conditions de vie. Période 1870-1880 1880-1890 1890-1900 1900-1910 1910-1920 1920-1930

Pourcentage de la population 10,1 % 11,3 % 9,6 % 6% 4% 5,6 %

Source : René DUROCHER, Paul-André LINTEAU et Jean-Claude ROBERT, Histoire du Québec contemporain, tome 1, Montréal, Boréal, 1989, p. 42.

Partir pour les « États » À la fin du 19e siècle, de nombreux Canadiens français s’exilent aux ÉtatsUnis parce qu’ils sont sans emploi : il n’y a plus de terres agricoles et les villes ne fournissent pas assez d’emplois. L’industrialisation américaine, à la fin du 19e siècle, exige une maind’œuvre considérable. C’est pourquoi la migration des Canadiens français vers les États-Unis s’accélère, notamment en raison des salaires supérieurs offerts dans les manufactures de la Nouvelle-Angleterre. La migration vers les États-Unis se poursuit donc, mais de façon plus soutenue et plus organisée. Des promoteurs viennent même des États-Unis afin de recruter des travailleurs. Dans certaines villes, les communautés canadiennes-françaises s’organisent et prennent de l’importance. Les Canadiens français tiennent à leurs traditions et à leurs institutions et forment des paroisses entièrement peuplées de Canadiens français. Des journaux francophones et des sociétés nationales, comme la Société Saint-Jean-Baptiste, font leur apparition en territoire américain. Les Canadiens essaient ainsi de reproduire leur environnement d’origine. Au début du 20e siècle, 573 000 Canadiens français vivent en Nouvelle-Angleterre, ce qui représente 10 % de la population de cette région. On compte alors, dans ce même territoire, plus de 100 paroisses créées par des Canadiens français.

L’assimilation des Canadiens français

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DEUX JEUNES EMPLOYÉS D’UNE USINE DE COTON DE BURLINGTON, AU VERMONT, À LA FIN DU 19e SIÈCLE.

À la fin du 19e siècle, les Canadiens français sont nombreux à émigrer aux États-Unis dans le but d’y trouver du travail. Dans les usines de la Nouvelle-Angleterre, tous les membres de la famille sont mis à contribution.

L’exode vers les États-Unis, qui s’étend de 1840 à 1930, constitue une étape dramatique de l’histoire du Québec, car ce mouvement migratoire prive le Québec d’un million de personnes dont les descendants sont aujourd’hui des Américains. En effet, si les Canadiens établis aux ÉtatsUnis ont d’abord reproduit leur environnement, ils ont dû se fondre dans la majorité et s’assimiler. Les écoles françaises ont été remplacées par des écoles anglaises, les journaux francophones ont disparu et les Canadiens se sont finalement totalement intégrés à la population américaine. Plusieurs États américains attirent les Canadiens français, mais au début de l’exode, c’est surtout le Maine et le Vermont qui attirent les travailleurs. À ce titre, il est intéressant de rappeler que c’est dans la ville de Burlington, au Vermont, que fut créée la première paroisse catholique canadienne-française, la paroisse Saint-Joseph, qui voit le jour à la suite d’une demande faite par 300 catholiques. Cette situation soulève d’ailleurs beaucoup d’indignation chez les Irlandais, eux aussi catholiques, qui voient mal la nécessité de créer une paroisse canadienne-française.

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DOSSIER 1

POPULATION ET PEUPLEMENT

JACK KEROUAC Jack Kerouac naît à Lowell, au Massachusetts, le 12 mars 1922. Ses parents, Gabrielle et Joseph Alcide Léon Kerouac, sont des Canadiens français émigrés en Nouvelle-Angleterre à la fin du 19e siècle. « Ti-Jean », comme on le surnomme à l’époque, est donc issu de l’exode des Canadiens français vers les villes industrielles des États-Unis au tournant du 20e siècle. L’écrivain grandit dans le quartier francophone de Lowell, Centraville. La famille Kerouac continue de s’exprimer en français, tout comme de nombreuses familles exilées en NouvelleAngleterre, dans des communautés appelées «Petits Canadas». Les parents de Jack conservent ainsi la confession catholique et maintiennent leur mode de vie canadien-français. L’intégration progressive de Kerouac à la culture américaine se fait par l’entremise de l’école et de l’université, où il étudie avant d’entamer sa carrière d’écrivain. Ses racines canadiennes-françaises occupent une place importante dans plusieurs de ses romans.

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UNE ASSIMILATION DIFFICILE.

Au printemps 1942, le président des États-Unis, Franklin Delano Roosevelt, écrit une lettre au premier ministre canadien, William Lyon Mackenzie-King, dans laquelle il parle de la difficile assimilation des Canadiens français exilés aux États-Unis.

JACK KEROUAC (1922-1969).

L’auteur d’origine canadienne-française, Jack Kerouac, est une figure importante de la littérature américaine du 20e siècle.

«

Lorsque j’étais enfant pendant les années 1890, je voyais beaucoup de Canadiens français qui avaient assez récemment emménagé dans la région de New Bedford et près de l’ancienne résidence Delano à Fair Haven. Ils n’avaient vraiment pas l’air à leur place dans ce qui était encore une vieille communauté de la Nouvelle-Angleterre. Ils se regroupaient d’eux-mêmes dans les villes ouvrières et se mêlaient très peu à leurs voisins. Je me souviens que la vieille génération secouait la tête en disant : “Voilà un nouvel élément qui ne s’assimilera jamais. Nous assimilons les Irlandais, mais ces gens du Québec ne veulent même pas parler anglais. Leurs corps sont ici, mais leurs esprits sont au Québec.” Source : Franklin Delano Roosevelt, cité dans Jean-François LISÉE, Dans l’œil de l’aigle : Washington face au Québec, Montréal, Boréal, 1991, p. 22-23.

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DE MEILLEURES CONDITIONS D’EXISTENCE.

Dans le roman Jeanne la fileuse, paru en 1878, Honoré Beaugrand décrit les causes de l’émigration et les conditions de vie des Canadiens français exilés aux États-Unis.

«

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QUESTIONS

L’émigrant franco-canadien vient donc et demeure aux États-Unis, parce qu’il y gagne sa vie avec plus de facilité qu’au Canada. Voilà la vérité dans toute sa simplicité. […] Le fermier qui abandonne la culture des champs pour venir avec sa famille s’enfermer dans les immenses fabriques de l’Est, se trouve tout d’abord dépaysé dans un monde d’énergie, de progrès industriel […] essentiellement américain ; mais comme son caractère paisible se forme peu à peu à cette vie d’activité, il arrive avant longtemps à se mêler au mouvement des affaires industrielles et commerciales et à prendre pied parmi les Américains. Dès lors, si l’homme est intelligent et industrieux, il se sent certain d’y arriver, et il y arrive le plus souvent avec une facilité étonnante. Il en existe des preuves dans tous les centres industriels de la Nouvelle-Angleterre, où grand nombre de Canadiens français, arrivés aux États-Unis sans un sou de capital, occupent maintenant des positions importantes dans le commerce ; ce qui tendrait à démentir les assertions que l’on se plaît à faire circuler dans une certaine presse, que les Canadiens émigrés souffrent de la faim et de la misère. Source : Honoré BEAUGRAND, Jeanne la fileuse. Épisode de l’émigration franco-canadienne aux États-Unis, coll. du Nénuphar, Montréal, Fides, 1980 (1878), p. 211.

»

UN TERRITOIRE À PARTAGER (1867 à nos jours)

1. Pourquoi les Canadiens français émigrent-ils aux États-Unis ? 2. En quoi l’exode des Canadiens français vers les Etats-Unis est-il dramatique pour le Québec ? 3. Les Canadiens français émigrés aux États-Unis reproduisent l’organisation sociale de leur pays d’origine. Décrivez cette organisation. Méthodologie 4. [Doc. 4] Que pense Roosevelt des Canadiens français exilés aux États-Unis ? Connexion 5. [Doc. 4 et 5] En quoi les points de vue de Roosevelt et d’Honoré Beaugrand diffèrent-ils au sujet de l’assimilation des Canadiens français émigrés aux États-Unis ?

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LA FILIÈRE DU TEMPS

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TÉMOINS DE L’HISTOIRE

LA FILIÈRE DU TEMPS

Les années sombres de la crise économique 1

UNE FILE D’ATTENTE DE CHÔMEURS DEVANT LE REFUGE MEURLING, À MONTRÉAL, EN 1933.

De nombreux organismes de charité viennent en aide aux victimes de la crise en leur offrant de la nourriture et un toit pour la nuit.

En octobre 1929, une crise économique sans précédent éclate aux ÉtatsUnis et atteint l’ensemble de l’Amérique. Au Québec, les usines sont gravement affectées par cette crise. Elles procèdent à des mises à pied et plusieurs doivent fermer leurs portes. À cette époque, les travailleurs ne possèdent aucune assurance, aucune protection sociale. Le chômage et la disette se répandent alors à une vitesse fulgurante. Des familles entières se retrouvent à la rue et sont forcées de se nourrir uniquement de pain et de pommes de terre pour survivre. Afin de prêter main-forte aux familles sans revenu, le gouvernement met en place le secours direct, une aide financière distribuée par les municipalités. Le plus souvent, cette contribution prend la forme de coupons de ravitaillement qui permettent aux ouvriers sans emploi d’obtenir un peu de nourriture, des vêtements et du bois de chauffage. Ce modeste effort ne parvient pourtant pas à atténuer les effets de la crise. En 1935, le ministre provincial de la Colonisation, Irénée Vautrin, élabore un programme d’aide. L’objectif du plan Vautrin est de soulager les centres urbains de la misère grandissante en offrant des terres aux familles démunies. Grâce à ce plan, des milliers de citadins s’établissent en région, ce qui suscite une nouvelle vague de colonisation, notamment en Abitibi. Toutefois, le plan Vautrin n’est pas une solution miraculeuse. Les familles habituées à la vie en ville ne connaissent pas assez les rudiments de l’agriculture pour pouvoir maximiser l’exploitation de leurs nouvelles terres. De plus, les terres concédées sont peu fertiles. Plusieurs nouveaux propriétaires, découragés, reviennent en ville après quelques années.

2

LES EFFETS DE LA CRISE.

Dans son roman En-d’ssour, publié en 1973, Rémi Jodouin décrit les effets de la crise économique des années 1930 sur la population.

«

De plus en plus les effets du “ krach ” de la Bourse se faisaient sentir. Plusieurs mots nouveaux s’étaient ajoutés à notre vocabulaire et même au dictionnaire tels que la “crise ”, le “chômage ”, les “chômeurs ”, le “ secours direct ”, le “ secours indirect ”, le “ bien-être social ”, la “ soupe ” […] On avait même inventé le mot “colonisation ” que nous, du Témiscamingue, n’arrivions pas à comprendre, mais qui revenait souvent dans la propagande qu’on faisait dans les journaux en faveur du retour à la terre. Ce qui fut beaucoup plus facile à comprendre pour nous, cultivateurs, fut lors de l’assemblée du printemps 1930 quand le fabricant annonça que le prix du beurre était baissé de 50 % du prix payé l’an dernier et qu’il y avait possibilité qu’il refuse du lait avant que l’été se termine, faute de demande. Un surplus de beurre de l’année précédente n’avait pas trouvé d’acheteurs, et les entrepôts frigorifiques en étaient encore encombrés. Source : Rémi JODOUIN, En-d’ssour, Montréal, Éditions québécoises, 1973, p. 69-70.

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DOSSIER 1

POPULATION ET PEUPLEMENT

»

LA FILIÈRE DU TEMPS

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LA COLONISATION DU QUÉBEC DE LA FIN DU 19e SIÈCLE AU MILIEU DU 20e SIÈCLE.

Au milieu du 20e siècle, le développement du chemin de fer entraîne l’expansion des régions éloignées. En 1935, le plan Vautrin encourage le retour à la terre en développant de nouvelles régions de colonisation.

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QUÉBEC

UN BON DE SECOURS DIRECT DISTRIBUÉ AU SAGUENAY EN 1933.

Des bons de diverses valeurs sont distribués à la population. Ces bons sont échangeables contre de la nourriture, des vêtements, du bois de chauffage, etc.

QUESTIONS 1. Qu’est-ce que le plan Vautrin ? 2. Comment le gouvernement réagit-il à la crise de 1929 ? 3. Nommez deux mesures d’aide que le gouvernement offre aux citoyens. En quoi sont-elles différentes des mesures qui existent aujourd’hui ? Méthodologie 4. [Doc. 3] Nommez des régions colonisées entre 1900 et 1950. Réflexion 5. Les nombreux documents présentés sur ces deux pages vous aident-ils à mieux saisir la dure réalité des années de la crise ? Résumez votre pensée en quelques mots.

UN TERRITOIRE À PARTAGER (1867 à nos jours)

49

LA FILIÈRE DU TEMPS

La montée de l’urbanisation 1

UNE FAMILLE DÉMUNIE À MONTRÉAL, EN 1943.

La pénurie de logements des années 1940, à Montréal, oblige certaines familles à vivre dans des conditions d’extrême pauvreté.

Au début du 20e siècle, les Canadiens français habitent encore majoritairement les campagnes. Dans la décennie 1920, la tendance se renverse. À partir de 1921, près de 50 % des habitants du Québec habitent en ville. Entre les années 1941 et 1946, plus de 60 000 personnes viennent s’installer à Montréal dans l’espoir d’y trouver du travail. De nombreux immigrants viennent diversifier l’origine ethnique des citadins. Alors que l’immigration, au 19e siècle, était presque exclusivement d’origine britannique, des juifs originaires d’Europe de l’Est, de Pologne et d’Ukraine et des Italiens se regroupent dans certains quartiers de la métropole, lui donnant du même coup un caractère cosmopolite. Montréal et ses environs profitent le plus de ce nouvel élan d’urbanisation. Toutefois, le développement de l’exploitation des richesses naturelles entraîne l’essor de nouvelles agglomérations en périphérie de la région montréalaise. C’est ainsi que la Mauricie, le Saguenay–Lac-Saint-Jean et, plus tard, l’Abitibi se développent rapidement.

La vie dans les quartiers ouvriers

2

LE PARC BELMONT, À MONTRÉAL, AU MILIEU DU 20e SIÈCLE.

En 1923, des gens d’affaires de Montréal fondent le parc Belmont. Ce parc d’attractions devient un lieu de divertissement privilégié pour tous les amateurs de sensations fortes. Le parc Belmont ferme ses portes en 1983.

Si les villes répondent aux besoins des industries, elles offrent peu de confort aux ouvriers. Les maisons des quartiers ouvriers y sont plus petites que dans les campagnes et ne comportent que des logements exigus et mal équipés. Souvent, elles sont construites par les entreprises elles-mêmes. Ces maisons sont généralement peu sécuritaires, mal chauffées, et les gens qui s’y entassent connaissent souvent des conditions de vie précaires. À cette époque, les villes sont très polluées, notamment à cause du chauffage au bois et au charbon. Souvent, l’eau y est de mauvaise qualité, et même contaminée. Les installations sanitaires constituent donc un danger pour la santé et augmentent les risques de maladies. Ces conditions d’existence expliquent en grande partie la malnutrition, le taux de mortalité infantile élevé et les nombreuses épidémies. La situation s’améliore grandement à partir de la fin de la Première Guerre mondiale. Des médecins se regroupent au sein d’associations pour faire la promotion de mesures importantes, telles la vaccination, l’amélioration de l’alimentation et la pasteurisation du lait. La multiplication des lieux publics de divertissement, favorisée par une plus grande accessibilité à l’automobile qui facilite les déplacements, contribue également au développement de cette société des loisirs.

50

DOSSIER 1

POPULATION ET PEUPLEMENT

Au début de la colonie, le boulevard Saint-Laurent n’est qu’un chemin de terre battue menant vers le nord-ouest de l’île. Ce chemin, alors appelé « grand chemin du Roy », est le prolongement de la rue Saint-Lambert à l’extérieur des fortifications. Il prend rapidement le nom de Saint-Laurent, car il mène au faubourg du même nom, fondé vers 1720. Le chemin débute à la Grande Porte Saint-Laurent, qui, par souci de défense stratégique, est la seule porte qui s’ouvre sur le nord de l’île. Le chemin Saint-Laurent est donc l’unique voie de communication vers l’intérieur des terres, et c’est par ce chemin que la future ville de Montréal se développe vers le nord.

3

En 1905, les rues Saint-Lambert et Saint-Laurent sont fusionnées : c’est la naissance du boulevard Saint-Laurent. Un grand nombre d’immigrants d’origines diverses vivent sur ses abords. Avec le temps, les différences entre les communautés s’atténuent. Le boulevard Saint-Laurent constitue aujourd’hui un lieu représentatif de la diversité multiethnique de Montréal.

LE BOULEVARD SAINT-LAURENT EN 1910.

Juifs, Italiens, Chinois, Grecs et Portugais façonnent le paysage multiculturel de ce grand boulevard du Québec.

La population de Montréal augmente rapidement, ce qui entraîne la démolition des fortifications et l’agrandissement des limites de la

Des épidémies mortelles En 1885, une épidémie de variole atteint les villes et cause près de 3000 morts dans la seule région de Montréal. Ignorant les conséquences d’une telle épidémie, la population hésite à se faire soigner. La ville de Montréal décide donc d’imposer la vaccination obligatoire. Les forces de l’ordre doivent parfois intervenir pour faire vacciner les citoyens qui refusent de se soumettre à cette obligation. Ce n’est qu’au début du 20e siècle que les campagnes de vaccination obligatoire réussissent enfin à maîtriser les effets de ces épidémies. Jusqu’au milieu du 20e siècle, la population canadienne affronte d’autres épidémies, notamment celle de la grippe espagnole qui touche tout le monde occidental en 1918 et en 1919, faisant plus de 50 000 victimes au Canada.

QUESTIONS 1. Pourquoi les gens quittent-ils les campagnes pour la ville ? 2. Décrivez les conditions de vie qui existent dans les villes au début du 20e siècle. 3. Pourquoi les épidémies sont-elles plus fréquentes à cette époque qu’aujourd’hui ? 4. Faites la comparaison entre le mode de vie des familles ouvrières au début du 20e siècle et vos propres conditions de vie aujourd’hui. 5. Le boulevard Saint-Laurent joue un rôle exceptionnel dans l’histoire de Montréal. Expliquez ce rôle.

UN TERRITOIRE À PARTAGER (1867 à nos jours)

51

LA FILIÈRE DU TEMPS

Le boulevard Saint-Laurent

ville au tournant du 19e siècle. Le chemin Saint-Laurent est choisi comme ligne de démarcation entre l’est et l’ouest de la ville en 1792. Au cours du 19e siècle, il se développe en une véritable artère commerciale et industrielle. On lui donne le nom de Main Street . Les immigrants britanniques et les Canadiens français qui arrivent des campagnes viennent s’installer sur la rue Saint-Laurent et ses environs.

LA FILIÈRE DU TEMPS

Une société en évolution 1

UNE MANIFESTATION CONTRE LA CONSCRIPTION, À MONTRÉAL, EN 1944.

La conscription est imposée en 1944. Le premier ministre Mackenzie King limite toutefois à 16 000 le nombre de soldats envoyés outre-mer.

La Seconde Guerre mondiale crée un conflit majeur parmi les Canadiens au sujet de la conscription. En 1939, le premier ministre Mackenzie King promet aux Québécois de ne pas obliger les hommes à s’enrôler dans l’armée. Trois ans plus tard, la guerre fait rage et le besoin de renforts se fait de plus en plus pressant. Sous la pression, le gouvernement fédéral ordonne la tenue d’un plébiscite, une forme de consultation publique pour demander à la population canadienne de le libérer de sa promesse. Le 27 avril 1942, le Québec vote non à 71,2 %, alors que le reste du Canada vote oui à 80 %. La conscription, ou le service militaire obligatoire, est adoptée en 1944. Interprétée comme une trahison, la conscription contribue à alimenter le nationalisme québécois.

Un contexte favorable Au Québec, la période qui suit la Seconde Guerre mondiale se déroule sous le signe de la prospérité économique. L’essor industriel favorise l’emploi et maintient le taux de chômage à un niveau relativement bas. Les salaires progressent plus rapidement que le coût de la vie, ce qui augmente le pouvoir d’achat des Québécois et améliore les conditions de vie. D’une part, un nombre croissant de familles possède désormais plus d’argent pour se nourrir, pour s’acheter des biens matériels, pour se loger et pour profiter de divers loisirs. D’autre part, le gouvernement a plus de ressources financières pour investir dans les infrastructures du pays.

2

L’ORIGINE ETHNIQUE DE LA POPULATION DU QUÉBEC ENTRE 1951 ET 1986.

L’arrivée au Québec de plusieurs centaines de milliers d’immigrants entre 1951 et 1986 a un effet significatif sur la composition de la population. Origine Française Britannique Allemande Grecque Italienne Juive Polonaise Asiatique Antillaise

1951 3 327 128 491 818 12 249 3 388 34 165 73 019 16 998 7 714 —

1961 4 241 354 567 057 39 457 19 390 108 552 74 677 30 790 14 801 —

1986 5 240 250 465 750 28 425 47 450 163 880 81 190 18 835 72 435 12 980

Source : John A. DICKINSON et Brian YOUNG, Brève histoire socio-économique du Québec, Sillery, Éditions du Septentrion, 2003, p. 306, 344.

52

DOSSIER 1

Une plus grande ouverture à l’immigration Les années qui suivent la Seconde Guerre mondiale voient le Québec s’ouvrir de plus en plus à l’immigration. Les nouveaux arrivants proviennent de plusieurs régions d’Europe. Au début des années 1960, on constate la présence d’immigrants provenant de pays de plus en plus variés. Dans la décennie 1970, et plus encore dans les années 1980, des immigrants arrivent d’Asie, puis d’Amérique du Sud. À l’aube de l’an 2000, s’ajoutent des immigrants en provenance du ProcheOrient et du Moyen-Orient. On ne parle donc plus seulement d’anglophones et de francophones, mais aussi d’allophones pour désigner ceux dont la langue d’origine n’est ni l’anglais ni le français. Les membres de ces communautés s’intègrent au Québec en apportant de nouvelles coutumes qui transforment le Québec et lui donnent un nouveau visage.

POPULATION ET PEUPLEMENT

LA FILIÈRE DU TEMPS

Le baby-boom C’est à la fin de la guerre qu’on assiste au début du baby-boom, un phénomène démographique qui s’étend du début des années 1950 jusque vers 1965. Durant ces années, environ 140 000 naissances ont lieu chaque année, comparativement à une moyenne de 80 000 naissances en temps normal. La génération du baby-boom est au cœur des préoccupations gouvernementales durant les années 1960 et 1970. Il faut entre autres construire des garderies, de nouvelles écoles et prévoir la création d’universités.

3

L’ÉPOQUE DES ENFANTS.

Dans son essai La génération lyrique, François Ricard trace un portrait d’ensemble de la vie des enfants nés au Québec pendant le baby-boom et de ses conséquences démographiques sur la société.

«

La fin des années quarante et l’ensemble des années cinquante [sont] par excellence l’époque des enfants. Partout, de la nouvelle classe moyenne alors en pleine croissance comme chez les plus démunis, à la campagne aussi bien que dans les villes, des ruelles populeuses du centre aux avenues ombragées des nouveaux quartiers ou des “développements” de banlieue, le pays se remplit de garçonnets et de fillettes endiablés, criailleurs, n’ayant d’autres soucis que leurs jeux, leurs rites secrets, leurs amitiés et rivalités de bandes, leurs cabanes dans le bois et leurs courses à bicyclette, sans oublier, bien sûr, la crainte du péché mortel et de la tuberculose, ces deux fléaux qui guettent les imprudents. Ce pullulement, cette étourdissante marée d’enfants est ce qui donne à la société et même à l’économie de cette époque leur caractère le plus marquant. Source : François RICARD, La génération lyrique : Essai sur la vie et l’œuvre des premiers-nés du baby-boom, coll. Boréal compact, Montréal, Boréal, 1994, p. 64.

5

»

DES ENFANTS DE LA GÉNÉRATION DU BABY-BOOM.

L’explosion de la natalité dans les années 1950 et 1960 produit un accroissement naturel important de la population.

QUESTIONS 1. Quels facteurs peuvent expliquer le baby-boom ? 2. Quel effet le baby-boom a-t-il eu sur la société québécoise ?

L’IMMIGRATION ET L’ACCROISSEMENT NATUREL.

3. Donnez deux exemples qui démontrent que le Québec est aujourd’hui une société multiethnique.

L’immigration et l’accroissement naturel de la population apportent, de manière différente, des avantages pour la société québécoise.

«

4

Méthodologie

L’immigration […] constitue un apport précieux : non seulement elle enrichit le tissu social et culturel, mais elle fournit un grand nombre de citoyens adultes, déjà instruits et formés, et qui peuvent donc participer immédiatement à la production économique comme travailleurs ou consommateurs. L’accroissement naturel, en revanche, implique pour la collectivité des coûts importants, puisque les enfants doivent d’abord être soignés, encadrés et éduqués avant de s’intégrer au marché du travail. Il entraîne par contre un rajeunissement de la société et un potentiel considérable pour l’avenir. En 1961, plus de 44 % de la population du Québec a 19 ans ou moins : cette jeunesse y sera pour beaucoup dans le climat de la Révolution tranquille. Source : P.-A. LINTEAU, R. DUROCHER, J.-C. ROBERT et F. RICARD, Histoire du Québec contemporain, Le Québec depuis 1930, tome II, coll. Boréal compact, Montréal, Boréal, 1989, p. 223.

»

UN TERRITOIRE À PARTAGER (1867 à nos jours)

4. [Doc. 2] Que nous révèle le tableau au sujet de la composition ethnique de la population du Québec entre 1951 et 1986 ? 5. [Doc. 3] Quel portrait François Ricard trace-t-il des années du baby-boom ? Connexion 6. [Doc. 3 et 4] Comment qualifieriez-vous la génération du baby-boom évoquée dans ces documents ?

53

La création du ministère de l’Immigration du Québec 1

La progression du peuplement a toujours été un sujet de préoccupation au Québec. Les vagues d’immigration, d’émigration et de colonisation ont fait l’objet de nombreuses discussions à travers l’histoire.

L’ANNONCE DE LA CRÉATION DU MINISTÈRE DE L’IMMIGRATION.

En 1968, le secrétaire de la province de Québec, Yves Gabias, annonce la création du ministère de l’Immigration et décrit la mission qui s’y rattache.

«

Nos représentants du gouvernement du Québec feront en sorte que les personnes qui demanderont à venir au Québec en seront qui pourront s’intégrer à notre communauté francophone et en plus désireront nous aider à perpétuer le fait français au Canada et en Amérique du Nord. Source : Radio-Canada, « Le Québec se dote d’un ministère de l’Immigration ». [en ligne]. (Consulté le 17 janvier 2008.)

»

Même si la Constitution de 1867 permet au Québec de faire des lois concernant l’immigration, c’est le gouvernement fédéral qui prend l’initiative dans ce domaine. Ce n’est qu’à partir des années 1960 que le Québec manifeste de plus en plus sa volonté de contrôler lui-même l’immigration sur son propre territoire. La mise en œuvre d’une politique québécoise d’immigration entraîne la création d’un ministère provincial de l’Immigration et la conclusion d’ententes avec le gouvernement fédéral. Quelques décennies plus tard, le gouvernement du Québec sélectionne les immigrants économiques et une partie des réfugiés qui s’établissent sur son territoire et assume les services d’intégration à la société québécoise. Ces développements ne peuvent être dissociés du contexte de la Révolution tranquille, dans lequel le statut de la langue française est rapidement devenu une question politique. À cette époque, plusieurs s’inquiètent de la baisse de la natalité dans la province, de la diminution des immigrants provenant des pays francophones et du fait que la très grande majorité des nouveaux arrivants adoptent l’anglais comme langue d’usage. Un incident précipite les choses. En juin 1968, la commission scolaire de Saint-Léonard, sur l’île de Montréal, veut abolir les classes élémentaires bilingues pour les remplacer par des classes entièrement françaises. Une crise linguistique s’ensuit, crise que le gouvernement du Québec tente de résoudre en réaffirmant le libre choix de la langue d’enseignement et en annonçant la création d’un ministère québécois de l’Immigration. À cette époque, trois facteurs suscitent des inquiétudes dans la province. Tout d’abord, on remarque une baisse de la natalité dans les familles de langue française. Deuxièmement, les immigrants en provenance de pays francophones se font de moins en moins nombreux. Finalement, plusieurs des nouveaux immigrants choisissent l’anglais comme langue d’adoption. La création d’un ministère de l’Immigration s’inscrit ainsi dans le contexte particulier de la Révolution tranquille où le statut de la langue française est au cœur des débats politiques. On revendique désormais le droit du Québec de choisir ses immigrants en tenant compte du fait français, ce qu’omettent de faire les fonctionnaires fédéraux.

2

LE BUREAU DE L’IMMIGRATION À L’AÉROPORT DE DORVAL, À MONTRÉAL, EN 1968.

Créé en 1968, le ministère de l’Immigration du Québec a pour principales tâches de gérer les lois de l’immigration dans la province, de promouvoir le Québec comme lieu d’immigration et de sélectionner des immigrants aptes à participer à l’essor économique du Québec.

54

DOSSIER 1

POPULATION ET PEUPLEMENT

L’intégration linguistique des immigrants Dans les années 1960, le gouvernement du Québec veille à l’intégration linguistique des personnes arrivant de l’étranger, surtout en s’assurant que ces nouveaux Québécois répondent aux besoins du marché du travail dans la province. Dès 1965, un service d’immigration rattaché au ministère des Affaires culturelles est mis sur pied. Cet organisme est responsable d’établir les objectifs d’immigration du Québec. En 1967, le ministère de l’Éducation du Québec crée des Centres d’orientation et de formation des immigrants (COFI). Ces centres sont chargés de donner aux immigrants des cours de français et de citoyenneté, et de les diriger vers des ressources en logement et en emploi. En 1968, la création d’un véritable ministère de l’Immigration vient consolider ces premières mesures. En 20 ans, quatre accords QuébecOttawa ont permis au gouvernement du Québec de contrôler la sélection et l’intégration des immigrants en collaboration avec le gouvernement du Canada. Toutefois, ces ententes peuvent être annulées à tout moment. En effet, l’autonomie du Québec en matière d’immigration n’est pas inscrite dans la Constitution, malgré deux tentatives, en 1987 avec l’Accord du lac Meech, et en 1992 avec l’Accord de Charlottetown. En 1977, la politique linguistique du Québec vient en renfort de sa politique d’immigration. Depuis lors, la Charte de la langue française (projet de loi no 101) réserve l’accès à l’école anglaise aux enfants dont au moins un des parents a déjà reçu une éducation en anglais au Québec ou au Canada. Par conséquent, la grande majorité des enfants d’immigrants doivent fréquenter l’école française, ce qui facilite l’intégration des immigrants sur le plan linguistique.

3

LES DIFFÉRENTES CATÉGORIES D’IMMIGRANTS EN 2007.

Le gouvernement du Québec distingue quatre catégories d’immigrants. 2,9 % 15,9 %

23,8 %

Immigrants économiques (travailleurs qualifiés et gens d’affaires) Regroupement familial Réfugiés et personnes en situation semblable Autres immigrants Source : Gouvernement du Québec, 2007

Toutefois, la proportion d’allophones qui parlent le français plutôt que l’anglais à la maison (51 %) en 2006 ne reflète pas encore la proportion des personnes qui utilisent cette langue à la maison dans l’ensemble de la société québécoise (81,8 %), même si la tendance s’améliore avec les immigrants récents. Néanmoins, la grande diversité de la population du Québec a entraîné une redéfinition du terme « Québécois » : cette identité ne peut certainement plus être revendiquée uniquement par les descendants des Canadiens français.

4

QUESTIONS 1. Quel problème l’intégration des immigrants au milieu anglophone pose-t-elle ?

L’IMMIGRATION FRACASSE UN RECORD.

2. Quel but le gouvernement du Québec a-t-il fixé au ministère de l’Immigration lors de sa création ?

Selon les données du recensement de 2006, le nombre d’immigrants venus s’installer au Québec n’a jamais été aussi élevé.

«

58,2 %

L’immigration n’a jamais pesé aussi lourd dans la balance démographique du Québec. Au cours des cinq dernières années, la province a accueilli un nombre record d’immigrants et a connu une poussée sans précédent de la proportion de ses habitants nés à l’étranger. Selon les nouvelles données du recensement de 2006, […] des 1,1 million de nouveaux immigrants qui sont arrivés au Canada entre 2001 et 2006, 17,5 % ont choisi le Québec comme lieu de résidence. La grande région métropolitaine de Montréal a reçu à elle seule près de 9 sur 10 de ces arrivants. […] En tout, dans l’ensemble du pays, 1 personne sur 5 (19,8 %) est venue au monde hors des frontières canadiennes. Source : Laura-Julie PERREAULT, « L’immigration fracasse un record », La Presse, 5 décembre 2007, p. A5.

»

UN TERRITOIRE À PARTAGER (1867 à nos jours)

3. Quelle est la principale disposition du projet de loi no 101 qui vise à faciliter l’intégration des immigrants à la communauté francophone sur le plan linguistique ? 4. Quel sens donne-t-on aujourd’hui au terme « Québécois » ? Méthodologie 5. [Doc. 3] Comment interprétez-vous le schéma montrant les différentes catégories d’immigrants ?

55

LA FILIÈRE DU TEMPS

Saviez-v us que... Dans les années 1950, on crée des pensionnats pour les autochtones à Amos et à Sept-Îles. Ces institutions sont destinées à intégrer les Amérindiens à la société canadienne. Les autorités leur interdisent de parler leur langue maternelle et leur refusent tout contact avec leurs parents pour la durée de l’année scolaire.

1

LES AUTOCHTONES ET LES BLANCS.

Dans son essai publié en 1976, la Montagnaise An Antane Kapesh porte un regard critique sur la société des Blancs.

«

Aujourd’hui quand on montre l’Indien à la télévision, ce n’est pas sa véritable façon de vivre qu’on voit, c’est celle qu’il a depuis que le Blanc est venu le trouver et a changé sa culture. Et on ne montre que les jeunes, depuis qu’ils vont à l’école des Blancs. L’Indien ne se voit jamais au cinéma ni à la télévision du temps où il n’utilisait pas un seul objet de la culture des Blancs et où il ne vivait que de nourriture indienne. L’Indien ne se voit jamais utiliser un canot d’écorce qu’il a lui-même fabriqué, se construire une habitation avec de l’écorce ou de la peau de caribou. […] Je sais qu’aujourd’hui il est très difficile de me montrer ma vie d’Indienne parce que ma culture n’existe plus […] Quand j’y réfléchis, il n’y a que dans ma tête que je conserve ma vie d’autrefois. Source : An ANTANE KAPESH, Eukuannin matshimanitu Innu-iskueu. Je suis une maudite Sauvagesse, Montréal, Leméac, 1976, p. 179-181.

56

DOSSIER 1

La situation actuelle des autochtones Au milieu du 20e siècle, les autochtones voient leur mode de vie bouleversé par l’exploitation des richesses naturelles du Québec, souvent situées sur leurs terres ancestrales. Le développement du potentiel hydroélectrique, les coupes forestières et la prospection minière métamorphosent leur territoire et compromettent les activités de chasse et de pêche encore indispensables à leur survie. Les Amérindiens nomades du Nord-du-Québec n’ont alors d’autre choix que de se sédentariser dans les réserves qui leur sont concédées, contraints de vivre de l’assistance dispensée par le gouvernement fédéral. Malgré la situation difficile, les nations autochtones cherchent à faire reconnaître leurs droits. En 1960, le gouvernement fédéral suggère l’abolition de la Loi sur les Indiens. Dans cette optique, on propose de supprimer le statut particulier des autochtones afin de les intégrer dans la société canadienne. Les autochtones, qui n’ont pas été consultés, rejettent cette nouvelle politique, craignant que l’abolition de la loi qui les protège mène à la disparition de leur communauté. Cette menace les pousse à revendiquer davantage d’autonomie, tant sur le plan politique qu’économique.

2

LE VILLAGE DE SALLUIT AU NUNAVIK.

À partir des années 1950, les Inuits sont tous passés de nomades à sédentaires. Ces changements rapides de leur mode de vie ont entraîné, pour plusieurs, de grandes difficultés d’adaptation.

»

POPULATION ET PEUPLEMENT

Le développement du potentiel hydroélectrique de la baie James, annoncé en 1971, marque un tournant dans la lutte pour les droits autochtones. Les Amérindiens forcent les gouvernements fédéral et provincial à les consulter. En 1975, la Convention de la Baie-James et du Nord québécois reconnaît aux communautés cries et inuites une autorité considérable sur les plans politique, économique et social. Plus particulièrement, elles obtiennent la propriété d’un territoire de 5543 km2 et une compensation financière de 232,5 millions de dollars. À l’avenir, les autorités s’engagent à consulter ces communautés pour tout projet de mise en valeur de leur territoire. Un premier pas est franchi vers la reconnaissance d’une certaine autonomie. Lors du rapatriement de la Constitution en 1982, les autochtones obtiennent la reconnaissance officielle de leurs droits ancestraux. Après cette victoire, la lutte se déroule devant les tribunaux qui leur reconnaîtront des droits territoriaux et des droits ancestraux en matière de chasse et de pêche. Toutefois, l’objectif d’obtenir une pleine autonomie gouvernementale n’est toujours pas atteint. En 1991, le gouvernement fédéral met sur pied la Commission royale d’enquête sur les peuples autochtones. Le mandat de cette commission est d’examiner la situation des autochtones du Canada et de faire des recommandations pour améliorer leurs conditions d’existence. Le rapport de la Commission, déposé en 1996, contient 440 recommandations, dont celle de regrouper les communautés autochtones en 70 nations afin de faciliter le développement de leur autonomie politique.

La création du Nunavut Avec la création du territoire du Nunavut, le 1er avril 1999, les Inuits obtiennent l’ensemble des pouvoirs sur leur territoire. Pour la première fois, une communauté autochtone a le pouvoir de contrôler son propre développement. En 2007, c’est au tour du gouvernement du Québec d’aller de l’avant en acceptant de négocier avec les Inuits du Nunavik pour la création d’un gouvernement régional. Ainsi, malgré les graves difficultés encore éprouvées par plusieurs nations autochtones, les progrès réalisés dans les dernières années permettent un certain optimisme quant à l’amélioration de leurs conditions de vie et, surtout, à la prise en charge de leur propre développement.

3

LA POPULATION DES NATIONS AUTOCHTONES DU QUÉBEC EN 2005.

Le territoire du Québec compte une cinquantaine de communautés autochtones. Plusieurs autochtones vivent en milieu urbain, en dehors des communautés. Nation autochtone Abénaquis Algonquins Attikameks Cris Hurons-Wendats Inuits Montagnais (Innus) Malécites Micmacs Mohawks Naskapis Total

Population totale 2 048 9 111 5 868 14 632 2 988 10 054 15 385 759 4 865 16 211 834 82 755

Source : Secrétariat aux affaires autochtones, Statistiques des populations autochtones du Québec, 2005.

QUESTIONS 1. Quel changement la période des années 1960 apporte-t-elle aux autochtones ? 2. Comment les autochtones sont-ils parvenus à faire reconnaître leurs droits ? Connexion 3. [Doc. 1 et 2] Quelle représentation la citation et la photo vous donnent-elles de la vie des autochtones ? Réflexion 4. Que savez-vous des revendications des autochtones aujourd’hui ?

UN TERRITOIRE À PARTAGER (1867 à nos jours)

57

LA FILIÈRE DU TEMPS

La reconnaissance du peuple autochtone

1

LA RÉPARTITION DE LA POPULATION RURALE ET URBAINE DU QUÉBEC DE 1951 À 2001.

Avec la baisse de l’agriculture, le faible taux de natalité et le vieillissement de la population, l’exode rural continue sans cesse d’augmenter.

Au milieu du 20e siècle, le territoire habité du Québec s’étend de plus en plus loin et l’exploitation minière attire des travailleurs vers l’Abitibi et les Bois-Francs. Le besoin grandissant de ressources énergétiques entraîne la construction de barrages hydroélectriques à la Manicouagan dans les années 1960, puis à la baie James dans les années 1970. Le développement de ces régions répond aux besoins des villes et des banlieues qui exigent des ressources naturelles et de l’énergie.

100 Population (en %)

LA FILIÈRE DU TEMPS

L’ère de la modernité

80 60 40 20 0

1951

1961

1971 1981 1991 Année

Milieu rural

2001

Milieu urbain

Source : Statistique Canada, 2001.

L’expansion territoriale rejoint bientôt les mines du Grand Nord québécois au cours des années 1950. Grâce aux chemins de fer et au transport aérien, ces territoires sont rapidement reliés aux grands centres urbains. Les nouvelles routes permettent aussi d’acheminer les ressources exploitées à travers tout le Québec. Le progrès modifie toutefois les territoires autrefois réservés aux communautés autochtones. Ces territoires demeurent cependant peu peuplés. L’ensemble de la population du Québec continue de vivre le long de la vallée du Saint-Laurent et dans la grande région de Montréal, où se concentre la moitié de la population du Québec.

Les banlieues à l’honneur Au début des années 1960, la population s’éloigne du centre des grandes villes, comme Montréal et Québec. Le baby-boom entraîne une crise du logement qui se résorbe par la construction massive de maisons dans les zones périphériques. Les villages de la ceinture métropolitaine se transforment rapidement en banlieues de plus en plus populeuses. Les familles choisissent de s’y installer, car les terrains y sont beaucoup plus grands.

2

UNE RUE DE BANLIEUE, PRÈS DE MONTRÉAL, VERS 1960.

Les jeunes familles québécoises, mieux nanties que les générations précédentes, optent pour les maisons unifamiliales des banlieues afin de favoriser le bien-être de leurs enfants.

58

DOSSIER 1

Depuis l’époque de la Nouvelle-France, la société québécoise est une société principalement rurale. Avec le développement des banlieues, la situation s’inverse et on assiste alors au phénomène de l’étalement urbain. Depuis la fin de la Première Guerre mondiale, la société québécoise devient majoritairement urbaine. Grâce à l’automobile, les banlieues sont plus facilement accessibles que ne l’étaient les villages autrefois, ce qui augmente leur attrait. Ces nouvelles villes développent des réseaux routiers et des infrastructures qui permettent d’habiter de plus en plus loin. L’étalement urbain et le recours à l’automobile pour les déplacements entraînent toutefois des désavantages considérables. Par exemple, un nombre croissant d’habitants sont forcés de voyager en voiture sur de plus longues distances pour se rendre au travail, ce qui accroît la pollution atmosphérique de façon importante.

POPULATION ET PEUPLEMENT

Dans les régions, les campagnes se dépeuplent au profit des villes. L’agriculture qui se mécanise exige moins de main-d’œuvre et ne suffit plus à fournir du travail à des familles entières. Parallèlement, l’agriculture s’industrialise et le développement des fermes exige des investissements de plus en plus élevés.

3

Le développement des banlieues, amorcé dans les années 1960, reflète les changements sociaux qui s’opèrent avec la Révolution tranquille et transforme le territoire.

«

En 1978, le gouvernement provincial adopte la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles afin de préserver les terres à des fins exclusivement agricoles. Dans les villages, on assiste au vieillissement de la population, alors que les jeunes familles s’établissent dans les grands centres pour y poursuivre leurs études ou pour y trouver un emploi en attendant de s’acheter une maison en banlieue.

4

LE DÉVELOPPEMENT DES BANLIEUES.

Inscrite dans la logique même de la croissance urbaine, la banlieue connaît, à partir des années 1960, une poussée nouvelle. Liée moins à la croissance démographique qu’à la croissance économique, elle est un reflet direct des changements qui traversent alors la société québécoise. À la montée des classes moyennes, correspond en effet une nouvelle aisance, qui favorise la recherche d’un habitat plus conforme à ses aspirations. Et comme le coût du sol dans les grandes villes est aussi croissant, il stimule la périurbanisation, laquelle est encore favorisée par l’amélioration du réseau routier et autoroutier. Derrière ce phénomène se profilent toutes les idéologies d’une époque. C’est le rêve américain vécu à la québécoise ! Mais ce rêve est aussi grand consommateur d’espace, ce qui accroît considérablement les coûts des infrastructures et des services. […] D’anciennes zones de villégiature sont transformées en habitat permanent, pendant que de tout nouveaux quartiers sont créés, qui enserrent les anciens noyaux villageois, dont la physionomie se transforme alors rapidement. Et comme les promoteurs de ces cités-jardins sont souvent les mêmes, il en résulte un paysage répétitif qui banalise les nouvelles formes d’habitat. Source : Serge COURVILLE (dir.), Atlas historique du Québec. Population et territoire, Presses de l’Université Laval, Sainte-Foy, 1996, p. 158.

»

LES FACTEURS DU DÉCLIN DES RÉGIONS RURALES.

Plusieurs raisons expliquent le déclin des régions rurales et l’exode des gens de la campagne vers les villes. Faible densité de la population

QUESTIONS 1. À quoi est due l’expansion territoriale dans le Grand Nord ? Population insuffisante pour maintenir les services et les infrastructures

Émigration et vieillissement de la population

2. Pourquoi les gens s’installent-ils de plus en plus dans les banlieues ? 3. a) Qu’est-ce que l’étalement urbain ? b) Nommez deux conséquences de l’étalement urbain. 4. Indiquez deux facteurs qui expliquent le dépeuplement des régions rurales. Connexion 5. [Doc. 1 et 4] À quelle conclusion peut-on arriver en observant ces documents sur le déclin des régions rurales ?

Faible taux de création d’entreprises Manque d’emplois

UN TERRITOIRE À PARTAGER (1867 à nos jours)

Réflexion 6. Vous posez-vous des questions sur l’avenir de l’agriculture ? Que pouvezvous faire pour vous renseigner au sujet des mesures que le gouvernement entend prendre à ce sujet ?

59

LA FILIÈRE DU TEMPS

L’exode rural

Un Québec pluriculturel

UN GROUPE D’ÉLÈVES.

Si le Québec a connu, à certaines époques, des taux de natalité particulièrement élevés, ce taux est aujourd’hui un des plus faibles de l’Occident.

L’arrivée de nombreux immigrants est particulièrement apparente dans les classes des écoles de la région de Montréal, puisque 90 % des nouveaux arrivants choisissent de s’installer dans cette ville.

L’immigration ne réussit cependant pas à compenser entièrement la diminution des naissances. Pour qu’un tel résultat soit possible, il faut qu’un plus grand nombre d’immigrants s’installent au Québec et choisissent d’y rester à long terme. Or, on constate qu’environ 50 % des immigrants ont quitté le Québec au cours des 20 années suivant leur arrivée. Ce phénomène est lié à l’activité économique et touche tout l’est du continent nord-américain. Les nouvelles industries et le commerce avec les pays du Pacifique attirent la population vers l’ouest. LE DÉFI DE L’IMMIGRATION.

Source : Jacques LECLERC, « Le défi de l’immigration », Centre interdisciplinaire de recherches sur les activités langagières, Université Laval, 2007.

L’ÉVOLUTION DE LA POPULATION DU QUÉBEC DE 1951 À 2001 ET PROJECTIONS DE 2006 À 2051.

En 2050, environ 30 % de la population sera âgée de 65 ans et plus. Le Québec se classera ainsi parmi les sociétés les plus âgées du monde. 40

0-14 ans 65 ans et plus

30 20 10

Année Source : Institut de la statistique du Québec, 2006.

60

DOSSIER 1

POPULATION ET PEUPLEMENT

2051

2041

2031

2021

2011

2001

0 1991

»

3

1981

Il faudrait remplacer 35 000 naissances manquantes chaque année au Québec pour maintenir la population à son niveau actuel. Pour ce faire, il faudrait accueillir non pas 40 000 immigrants (1991), mais audelà de 70 000, afin de combler les déficits dus à la dénatalité et aux départs migratoires. Il ne s’agit là que de prévisions valables jusqu’en 2010, c’est-à-dire à partir du moment où la population du Québec commencera à diminuer de façon sensible. Ensuite, il faudra combler les vides par une croissance considérablement accrue de l’immigration : 97 000 pour la décennie 2020, au moins 121 000 pour la décennie 2030 et 130 000 pour la décennie 2050.

1971

«

1961

Pour compenser le faible taux de natalité, le Québec devra accueillir un nombre de plus en plus élevé d’immigrants et faire en sorte qu’ils désirent rester dans leur province d’adoption.

1951

2

Comme le taux de natalité et la mortalité infantile diminuent et que l’espérance de vie augmente, on assiste donc à un vieillissement de la population. La proportion des jeunes diminue, tandis que celle des 65 ans et plus est en constante augmentation depuis le début des années 1960. Aussi, avec la baisse de la natalité et le vieillissement de la population, on compte davantage sur l’immigration pour maintenir la population ou l’augmenter. L’arrivée de nombreux immigrants venus des quatre coins du monde transforme peu à peu la société québécoise.

Pourcentage

LA FILIÈRE DU TEMPS

1

LA FILIÈRE DU TEMPS

4

L’ACCROISSEMENT DÉMOGRAPHIQUE SELON LES RÉGIONS DU QUÉBEC DE 2001 À 2006.

D’ici 2026, chaque région fera face à l’une des trois situations suivantes : une croissance soutenue, une décroissance ininterrompue, un passage de la croissance à la décroissance.

NORDDU-QUÉBEC

CÔTE-NORD -18,1 %

NORDDU-QUÉBEC -7,0 % CÔTE-NORD

SAGUENAY– LAC-SAINT-JEAN -11,7 %

QUÉBEC

ve eu Fl

Lac Saint-Jean

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t ren au L t GASPÉSIE– ÎLES-DE-LAMADELEINE -18,3 %

BASSAINT-LAURENT -9,9 %

ABITIBI-TÉMISCAMINGUE -12,9 %

CAPITALENATIONALE 3,5 %

MAURICIE -6,4 %

NOUVEAUBRUNSWICK

Québec Ri vi

ère des Out aou

OUTAOUAIS 19,3 %

LAURENTIDES 28,8 %

Trois-Rivières

ais

LANAUDIÈRE 17,5 %

CENTRE-DUQUÉBEC 4,9 %

Montréal LAVAL 16,5 % MONTRÉAL 14,8 %

ONTARIO

MONTÉRÉGIE 11,1 %

Légende

CHAUDIÈREAPPALACHES 0,5 %

ESTRIE 12,4 %

ÉTATS-UNIS 0

50

100

150 km

Capitale provinciale Ville Frontière internationale Frontière provinciale Limite de région Région en croissance soutenue Région en décroissance ininterrompue Région en transition

Source : Ministère des Ressources naturelles, de la Faune et des Parcs et Institut de la statistique du Québec, 2003.

L’équilibre démographique Certains changements affectent la distribution de la population au sein même du Québec. Des mouvements migratoires modifient l’équilibre démographique entre les régions. Certaines régions qui s’étaient développées grâce à l’exploitation de ressources naturelles se vident au profit des grands centres. La région de Montréal, entre autres, continue d’attirer les immigrants et les Québécois natifs des régions. En même temps, de plus en plus de familles choisissent de s’établir à l’extérieur des grandes villes et de leurs banlieues environnantes.

Mouvement migratoire : Déplacement continu d’une partie de la population. QUESTIONS 1. Pourquoi les immigrants sont-ils appelés à jouer un rôle de plus en plus important au Québec ? 2. Pourquoi le Québec ne parvient-il pas à retenir ses immigrants ? Méthodologie 3. [Doc. 3] À l’aide du graphique, décrivez le phénomène du vieillissement de la population. 4. [Doc. 4] Dans quelle région la croissance est-elle la plus élevée ?

UN TERRITOIRE À PARTAGER (1867 à nos jours)

61

L’Afrique du Sud Située à l’extrémité sud du continent africain, l’Afrique du Sud compte plus de 44 millions d’habitants sur un territoire de 1,2 million de km2. La population sud-africaine est un véritable « arc-en-ciel » d’identités et de cultures : 35 langues parlées et 11 langues officielles s’y côtoient. La diversité des cultures a été une source de conflits à travers l’histoire du pays.

Capitales : Pretoria, Le Cap Population : 44 millions d’hab. Langues officielles : anglais, afrikaans

La colonisation de l’Afrique du Sud

Boers : Sud-Africains blancs d’origine néerlandaise. Au 20e siècle, le terme est remplacé par celui d’Afrikaners et englobe les descendants des émigrés allemands, français et scandinaves d’Afrique du Sud.

La colonie du Cap a été fondée en 1652 par la Compagnie hollandaise des Indes orientales. Les Britanniques s’en emparent en 1814 et l’intègrent à leur empire colonial. Le territoire de la colonie s’étend alors rapidement, au détriment des peuples africains. L’arrivée des colons britanniques provoque des frictions avec les Boers, qui émigrent par milliers vers les terres du nord. Ils fondent le Natal (1840), le Transvaal (1852) et l’État libre d’Orange (1854). Devant les colons anglais qui souhaitent annexer ces territoires, les Boers déclarent la guerre à la Grande-Bretagne en 1899. Deux ans plus tard, les territoires des Boers, conquis par l’armée britannique, sont annexés. Les Britanniques fondent l’Union sud-africaine en 1910, réunissant dans un même État les anciennes colonies du Cap, du Natal, du Transvaal et de l’État libre d’Orange.

Ségrégation : Action de séparer les personnes à l’intérieur d’un même pays. Embargo : Mesure qui interdit de faire du commerce avec un pays.

1

L’AFRIQUE DU SUD AUJOURD’HUI.

L’Afrique du Sud est située à la pointe sud de l’Afrique.

La politique d’apartheid En 1933, Daniel François Malan fonde le Parti nationaliste unifié et rassemble les Boers au sein de ce parti dans le but d’éviter le métissage et de couper les liens avec la Grande-Bretagne. Élu premier ministre en 1948, il érige en système l’apartheid, un régime politique, économique et social qui renforce le système de ségrégation existant déjà entre les Noirs et les Blancs.

Légende

AMB

BOTSWANA GAUTENG

NAMIBIE

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ZIMBABWE

LIMPOPO

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Capitale Ville Frontière internationale Frontière provinciale GAUTENG Province

Tshwane (Pretoria)

NGA AL A UM P SWAZILAND M AFRIQUE DU SUD F ÉTAT-LIBRE Bloemfontein KWAZULULESOTHO NATAL e CAP-DU-NORD

NORD-OUEST

g an Or

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OCÉAN ATLANTIQUE

OCÉAN INDIEN

CAPORIENTAL

Le Congrès national africain (ANC), créé en 1912 pour promouvoir l’égalité des Noirs, est l’un des principaux groupes anti-apartheid. Il est interdit en 1960 et les opposants au régime d’apartheid sont emprisonnés, comme Nelson Mandela en 1964, tandis que d’autres sont assassinés. Certains dénoncent dans leurs œuvres l’injustice de l’apartheid, telle l’auteure sud-africaine et récipiendaire du prix Nobel de littérature (1991), Nadine Gordimer. À la fin des années 1970, la dénonciation de l’apartheid s’étend à travers le monde et un embargo commercial est décrété contre l’Afrique du Sud. Dans les années 1980, le gouvernement amorce le processus d’abolition de la ségrégation raciale. Les dernières lois de l’apartheid sont abolies en 1991.

CAP-

Le Cap OCCIDENTAL

0

62

DOSSIER 1

150

300

450 km

POPULATION ET PEUPLEMENT

La nouvelle Afrique du Sud Le Congrès national africain mené par Nelson Mandela remporte les élections en 1994 avec 63 % des voix. S’amorcent alors un long processus de réconciliation nationale et l’établissement d’un nouveau gouvernement issu de la majorité noire. Une commission est mise sur pied afin d’établir une entente entre les différentes communautés sud-africaines après des décennies d’apartheid. Cette réconciliation fonctionne relativement bien, mais les tensions raciales restent présentes. La fin de l’apartheid et la hausse de la criminalité amènent près d’un million de Blancs à quitter le pays, ce qui provoque un grand vide économique. De plus, l’Afrique du Sud fait face à un terrible fléau, le sida, qui touche près d’un Sud-Africain sur 5, entre 15 et 49 ans.

3

2

L’AFFICHE DU FILM COME BACK AFRICA.

Ce documentaire de Lionel Rogosin, réalisé en 1959, dépeint la vie des Noirs sous le régime de l’apartheid. Une scène du film montre la chanteuse sud-africaine, Miriam Makeba. À cause de son apparition musicale, pourtant brève, dans une scène du film, les autorités ségrégationnistes lui enlèvent sa citoyenneté et la contraignent à l’exil. Elle passera 31 ans hors de son pays.

PRETORIA, CAPITALE ADMINISTRATIVE D’AFRIQUE DU SUD.

Pretoria, la capitale administrative de l’Afrique du Sud, est fondée en 1855. En 2005, Pretoria est rebaptisée Tshwane. Seul le centre historique conserve le nom de Pretoria.

4

NELSON MANDELA : AMBASSADEUR DE LA CONSCIENCE.

En 2006, Nelson Mandela reçoit le prix « Ambassadeur de la conscience » pour Amnesty International. À cette occasion, il prononce un discours riche en réflexion.

«

Recevoir cet honneur de la part des membres de la plus grande organisation de défense des droits humains dans le monde a été pour moi une grande joie. […] Mon souhait est que cette distinction puisse aider les militants partout dans le monde à maintenir une lueur d’espoir pour les prisonniers oubliés de la pauvreté. Comme l’esclavage ou l’apartheid, la pauvreté n’est pas naturelle. Ce sont les hommes qui créent la pauvreté et la tolèrent, et ce sont des hommes qui la vaincront. Source : Amnesty International, Bulletin

5

no

285, novembre 2006.

»

QUESTIONS 1. Quel parti a mis de l’avant le régime de l’apartheid ? 2. Quelles actions ont permis de mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud ? 3. De quel droit fondamental l’apartheid prive-t-il la population ?

NELSON MANDELA (NÉ EN 1918).

Méthodologie 4. [Doc. 4] Quel est le souhait de Nelson Mandela lorsqu’il reçoit ce prix ?

Nelson Mandela passe 27 années en prison avant de mener l’Afrique du Sud à un régime démocratique multiracial. De 1994 à 1999, il est le président de la république de l’Afrique du Sud. Il obtient le prix Nobel de la paix en 1993.

Réflexion 5. Que ressentez-vous par rapport à la détermination dont a fait preuve Nelson Mandela tout au long de sa vie ?

AILLEURS DANS LE MONDE

63

La Belgique La Belgique a la particularité d’être divisée entre deux communautés différentes, les Wallons au sud et les Flamands au nord. Ces deux communautés ont une culture et une langue distinctes. Elles ont su vivre ensemble et maintenir jusqu’à ce jour l’unité de la Belgique, qui compte aujourd’hui plus de 10,4 millions d’habitants sur un territoire de 30 510 km2. Mais cette unité est fragilisée par des tensions linguistiques depuis quelques décennies et le pays est aujourd’hui divisé.

Capitale : Bruxelles Population : 10,4 millions d’hab. Langues officielles : néerlandais, français,

allemand

La Belgique moderne Avant son indépendance en 1830, la Belgique n’a jamais existé en tant que pays souverain, mais elle a joué un rôle important au plan économique. Des villes comme Bruges et Anvers ont joué un rôle important dans le commerce européen du 14e au 17e siècle. Entre le 15e siècle et la fin du 18e siècle, la Belgique a appartenu à l’Autriche, puis à la France. Elle a ensuite appartenu aux Pays-Bas de 1815 à 1830. La Belgique devient libre et autonome à partir de 1830-1831. Le nouveau pays se bâtit autour du roi Léopold Ier, par l’imposition du français comme langue nationale, au détriment du néerlandais. Bien que la Belgique soit séparée entre deux communautés culturelles depuis plus d’un millénaire, c’est le français qui est choisi comme langue officielle du pays.

Mer du Nord

PAYS-BAS

Anvers ANVERS

Bruges

FLANDRE OCCIDENTALE

FLANDRE ORIENTALE Bruxelles

BELGIQUE

FRANCE

ALLEMAGNE

LIMBOURG BRABANT FLAMAND BRABANT WALLON

Liège

LIÈGE

Namur

HAINAUT

La Belgique est devenue une puissance commerciale et industrielle au cours des 19e et 20e siècles. Elle participe à l’aventure coloniale lorsque le roi Léopold II acquiert, à titre privé, le Congo qui fera la richesse de la monarchie et de la Belgique. L’occupation de la Belgique par l’armée allemande au cours des deux guerres mondiales renforce provisoirement l’unité du pays, mais les dissensions réapparaissent ensuite.

NAMUR

Légende Capitale Ville Frontière internationale Frontière provinciale ANVERS Province Région bruxelloise Région flamande Région wallonne

64

1 LUXEMBOURG LUXEMBOURG

0

DOSSIER 1

20

40

60 km

POPULATION ET PEUPLEMENT

LA BELGIQUE AUJOURD’HUI.

Les Flamands sont regroupés dans le nord de la Belgique et les Wallons dans le sud. Bruxelles, la capitale, est située dans la région flamande. Elle compte plus d’un million d’habitants, majoritairement francophones. À ces communautés, il faut ajouter près d’un million de Belges issus de l’immigration, lesquels vivent en bonne partie dans la région de Bruxelles.

2

LA VILLE DE BRUGES AUJOURD’HUI.

Bruges est une ville médiévale dont l’architecture témoigne du mélange entre le passé et la modernité.

Les dissensions internes Le nationalisme flamand est né au 19e siècle en réaction à la domination du français, langue de culture, de prestige et de pouvoir de la Belgique. Il est aussi provoqué par l’infériorité sociale et économique des Flamands. Les revendications flamandes entraînent à leur tour la naissance du nationalisme wallon. Ces deux courants nationalistes affaiblissent peu à peu le sentiment national belge, produisant une lente fragmentation de l’État unitaire belge. À l’heure actuelle, il existe un déséquilibre économique entre les deux communautés : les Flamands, qui s’imposent au plan économique, contribuent beaucoup plus à la prospérité économique de la Belgique que les Wallons. À partir de 1967, l’État unitaire belge se transforme en profondeur. Afin de répondre aux revendications des nationalistes wallons et flamands, il devient une fédération. L’État unitaire est décentralisé au profit des deux communautés. Aujourd’hui, non seulement le pays est divisé en régions (Flandre, Wallonie et Bruxelles-Capitale), chacune avec leur parlement et leur gouvernement, mais la Belgique est aussi séparée en communautés linguistiques (francophone, néerlandophone et germanophone). Ainsi, chaque région gère l’éducation, la culture et les questions sociales de sa communauté. Le pouvoir central continue de s’occuper de l’armée, de la justice fédérale, des relations extérieures et des finances publiques. La nation belge est donc fortement divisée au plan politique, comme au plan culturel.

Saviez-v us que... Qu’ont en commun Tintin, Gaston Lagaffe, Achille Talon et Lucky Luke ? Leurs créateurs sont tous d’origine belge. La bande dessinée est considérée en Belgique, et plus particulièrement à Bruxelles, comme un art à part entière. Dans les rues de la capitale, dans les nombreuses librairies spécialisées, sur les murs de la ville, dans les musées, dans le métro : les héros de bandes dessinées sont partout !

La Belgique d’aujourd’hui existera-t-elle demain ? La Belgique est une société dualiste qui a tenté d’unir deux communautés linguistiques dans un même espace national. Plusieurs facteurs contribuent encore à maintenir l’unité du pays, ne serait-ce qu’une histoire commune depuis 1830. Les Bruxellois francophones et néerlandophones demeurent attachés à la Belgique. La royauté belge est un facteur rassembleur de la nation belge, tout comme l’est la capitale, Bruxelles, dont la population majoritairement francophone se sent profondément belge. Les Belges ont l’esprit festif. Le carnaval belge le plus connu est celui de la ville d’Eupen, située en région flamande. La culture belge s’est aussi fait connaître internationalement par ses artistes, comme le chanteur Jacques Brel ou le dessinateur de bandes dessinées, Hergé.

AILLEURS DANS LE MONDE

QUESTIONS 1. Nommez deux mouvements nationalistes qui divisent la Belgique. Méthodologie 2. Comparez la situation des Flamands et des Wallons et celle des Québécois et des autres Canadiens (francophones et anglophones). 3. [Doc. 1] Comment la population belge est-elle répartie sur le territoire ?

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Le Brésil La nation brésilienne, à la fois métissée et pluriethnique, s’est forgée à travers l’histoire par la rencontre des Amérindiens, des descendants des esclaves africains et ceux des immigrants européens, principalement les Portugais. Les Brésiliens sont aujourd’hui plus de 186 millions d’habitants, ce qui fait du Brésil le cinquième pays du monde en nombre d’habitants. Avec ses 8 547 400 km2, le Brésil est le plus grand pays d’Amérique latine.

Capitale : Brasilia Population : 186,2 millions d’hab. Langue officielle : portugais

Les premiers peuples 1

Lorsque les Portugais découvrent le Brésil vers 1500, il y a environ 1400 peuples amérindiens et entre 3 et 5 millions d’habitants qui peuplent le territoire. Dès les débuts de la colonie, les Amérindiens des côtes cohabitent avec les colons portugais. Mais à partir de la deuxième moitié du 17e siècle, les Amérindiens sont pourchassés, soit pour devenir des esclaves, soit pour être dépossédés de leurs terres.

LE BRÉSIL AUJOURD’HUI.

Le Brésil est le plus grand pays d’Amérique du Sud. Sa population, répartie principalement dans les villes, regroupe 78 % des Brésiliens.

VENEZUELA

Guyane française (FRANCE)

GUYANA

COLOMBIE

La colonisation du Brésil entraîne un véritable génocide des peuples amérindiens. Ils ne sont plus que deux millions en 1700, un million en 1800, et près d’une centaine de milliers vers 1960. Aujourd’hui, on dénombre 215 peuples composés d’environ 700 000 individus vivant principalement dans le nord et l’ouest de l’Amazonie.

SURINAME

OCÉAN ATLANTIQUE Macapa

Rio Negro

uve Ama z one Fle

Sao Luis

Belem

Manaus

Fortaleza Natal

Porto Velho

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a o Fra n

BRÉSIL

Recife

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Brasilia

Cuiaba

BOLIVIE

Goiania Campo Grande

OCÉAN PACIFIQUE

Salvador

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PÉROU

Belo Horizonte

Saviez-v us que...

Vitoria

PARAGUAY

Sao Paulo

CHILI

Santos

Rio de Janeiro

0

200 400 600 km

Légende ARGENTINE

Porto Alegre

URUGUAY

66

Plus de la moitié des Amérindiens sont maintenant regroupés dans des réserves qui occupent plus de 11 % de la superficie du Brésil. C’est le cas, notamment, des tribus Xavantes qui habitent au cœur de l’Amazonie. Bien que les premiers contacts avec ces tribus ne remontent qu’au début du 20e siècle, les Xavantes sont aujourd’hui confinés à des réserves. Ils ont été contraints par les missionnaires d’abandonner leur langue et leur culture ancestrales. Ils doivent, aujourd’hui encore, lutter pour conserver leurs terres grugées.

DOSSIER 1

Capitale Ville Frontière internationale Frontière provinciale

POPULATION ET PEUPLEMENT

La samba tire son origine d’anciennes danses sacrées d’Afrique. D’origine africaine, le mot samba signifie « frottement des nombrils » ou « danser avec gaieté ». Pratiquée à l’origine dans les quartiers pauvres du Brésil où vit une forte population afro-brésilienne, la samba connaît un essor important au début du 20e siècle. Elle constitue aujourd’hui l’un des principaux styles musicaux du Brésil.

L’arrivée des Européens et des esclaves africains Les villes portugaises se développent sur les côtes du Brésil, certaines à cause du trafic du bois du Brésil, d’autres afin de protéger la colonie contre les Français et les Hollandais. Une des premières villes du Brésil est Olinda, fondée en 1535 par le portugais Duarte Coelho Pereira. La ville devient rapidement prospère grâce à la canne à sucre, cultivée dans la région de Pernambouco. Le peuplement du territoire reste limité à cette époque, ce qui entraîne la mise en place d’un système esclavagiste afin de répondre aux besoins de l’économie coloniale. Le Brésil continue donc d’importer de nouveaux esclaves d’Afrique. De tous les pays d’Amérique, c’est le Brésil qui reçoit le plus grand nombre d’esclaves africains durant la colonisation. Aujourd’hui, le Brésil compte près de 72 millions de descendants d’esclaves africains, soit près de la moitié de la population brésilienne. Les conditions de vie de ces descendants sont difficiles et plusieurs vivent dans des bidonvilles (favelas, en brésilien). C’est d’ailleurs dans ces quartiers qu’est née la samba, cette musique typiquement brésilienne dont les racines sont africaines.

3

2

LA VILLE HISTORIQUE D’OLINDA, AUJOURD’HUI.

Fondée en 1535, Olinda est la capitale de l’État du Pernambouco jusqu’en 1825, date où elle perd son titre de capitale au profit de Recife, la ville voisine. Le centre historique de la ville est inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1982.

UN EMPLOYÉ DU GOUVERNEMENT, SA FAMILLE ET SES ESCLAVES.

Au Brésil, au 19e siècle, les esclaves africains sont vendus comme de simples marchandises. Ils travaillent dans les plantations de café ou comme domestiques.

L’unification de la nation brésilienne Le territoire du Brésil est progressivement unifié grâce à l’accroissement de la population au 19e siècle, qui passe de 4 millions en 1822 à 14 millions en 1889. C’est aussi durant ce siècle que se forme un sentiment national brésilien et que le Brésil devient une République. À partir de la fin du 19e siècle, une vague d’immigrants déferle sur le Brésil. Ils sont plus de quatre millions à venir s’y établir entre 1884 et 1940, principalement à Rio de Janeiro et à Sao Paulo. Dans la seconde moitié du 20e siècle, l’immigration continue et se diversifie. Tous ces nouveaux arrivants changent la composition sociale du Brésil qui devient une véritable mosaïque culturelle.

Jean-Baptiste Debret, Un employé du gouvernement sortant de chez lui avec sa famille, 1835.

Le Brésil au 21e siècle La société brésilienne demeure aujourd’hui l’une des plus inégalitaires au monde. Les conditions sociales et économiques varient beaucoup d’une région à l’autre, mais aussi entre les différents groupes ethniques. L’élection du gouvernement de Luiz Inácio Lula Da Silva, en octobre 2002, annonce un renouveau politique dont le programme vise à former un « Brésil pour tous » et à s’attaquer aux problèmes criants de l’inégalité sociale. Bien que les problèmes sociaux brésiliens soient nombreux, le pays connaît une croissance économique qui laisse espérer des jours meilleurs pour le peuple brésilien.

QUESTIONS 1. Quel phénomène a permis l’unification du territoire brésilien au 19e siècle ? 2. Dans quel secteur les esclaves africains sont-ils principalement employés ? 3. Pourquoi dit-on que la société brésilienne est l’une des plus inégalitaires au monde ? Méthodologie 4. [Doc. 1] Quel est le nom de la capitale du Brésil ?

AILLEURS DANS LE MONDE

67

Singapour Singapour est l’un des plus petits pays du monde, mais aussi l’un des plus densément peuplés. Cette ancienne colonie britannique se distingue parmi les pays les plus développés d’Asie et les grands centres d’affaires de l’Asie du Sud-Est. Singapour compte 4,5 millions d’habitants répartis sur 57 îles d’une superficie de 620 km2. Son territoire est un peu plus grand que les îles de Montréal et de Laval réunies. La majorité de la population réside sur l’île principale de Singapour, une véritable cité-État où cohabitent de nombreuses langues et cultures.

Capitale : Singapour Population : 4,5 millions d’hab. Langues officielles : malais, chinois,

tamoul, anglais

Le développement de Singapour

1

SINGAPOUR AUJOURD’HUI.

Ce pays de l’Asie du Sud-Est est formé d’une île principale, celle de Singapour, et de 57 petites îles. Singapour est à la fois un État et une ville et c’est pourquoi on la qualifie parfois de « cité-État ».

Lorsque le Britannique sir Thomas Stamford Raffles fonde la colonie de Singapour en 1819 pour le compte de la Compagnie des Indes orientales, celle-ci n’est alors qu’un village de pêcheurs. En 1826, Singapour est rattachée à la colonie des Straits Settlements (Établissements des détroits) avec Penang et Melaka. Le pays se développe rapidement grâce à son statut de port franc, c’est-à-dire un port sans douane et ouvert au commerce avec tous les autres pays. La prospérité de la colonie de Singapour est fondée, entre autres, sur sa position stratégique : elle est en effet située à l’entrée du détroit de Malacca qui sépare la mer de Chine de l’océan Indien. Ce détroit est un important trajet naval pour le commerce en Asie. La croissance de Singapour s’affirme davantage lorsque la colonie des Straits Settlements passe sous l’autorité de la couronne britannique en 1867 et que la Malaisie devient un protectorat britannique en 1874.

MALAISIE troit de Joh or Dé

Île Ubin

Île Tekong

Île de Singapour

RÉPUBLIQUE DE SINGAPOUR

Île de Jurong

tr o Dé Île Sudong

an and eP d t i

Île Pawai

Île Bukum Île Sebarok

tro Dé

e it d

our gap Sin 0

2

Île Semakau

Île Senang

68

Île Sentosa

DOSSIER 1

INDONÉSIE

POPULATION ET PEUPLEMENT

4

6 km

La population de Singapour augmente rapidement, passant de 16 000 habitants en 1827 à plus de 185 000 habitants au début du 20e siècle. Les années de famine en Chine font augmenter le nombre d’immigrants chinois à 227 000 en 1907 et à plus de 360 000 en 1927. Cette immigration massive continue jusqu’en 1933, alors que des quotas d’immigration sont imposés aux hommes chinois. Ces mesures ont eu pour effet de stabiliser les flux migratoires et d’augmenter la population née à Singapour. Chaque communauté ethnique réside dans un quartier différent (Kampong), selon une division urbaine ségrégationniste établie par le pouvoir colonial dès 1822 : le Kampong chinois, le Kampong Chulia où résident les Indiens, le Kampong Gelam où se trouvent les

Malais et les Arabes, et le quartier européen. Au début du 20e siècle, ces quartiers deviennent très populeux et les prix immobiliers augmentent beaucoup. Aussi, beaucoup d’Indiens quittent le Kampong Chulia, pour fonder le quartier Little India. Les Malais feront de même dans les années 1920, avec ce qu’on appelle aujourd’hui « le village malais ». Les différentes communautés vivent séparées et les mariages interraciaux sont très rares. Les conditions sociales dans les quartiers asiatiques sont différentes de celles du quartier européen. Les Européens demeurent minoritaires à Singapour, mais ils occupent les postes importants dans l’administration et les fonctions libérales leur ont été réservées jusque dans les années 1930. L’hôtel Raffles, ouvert en 1899, a été l’un des hauts lieux de la vie sociale des Européens qui vivaient à Singapour au début du 20e siècle. La richesse n’est toutefois pas exclusive aux Européens. Les conditions de vie s’améliorent dans les autres groupes ethniques au cours du 20e siècle en raison du progrès de l’éducation et de la mise en place de programmes sociaux. Cette division de la population explique en grande partie la présence, aujourd’hui, de plusieurs communautés ethniques distinctes, et non pas un peuple homogène.

2

LE QUARTIER LITTLE INDIA.

Little India rassemble la majeure partie de la communauté indienne de Singapour. Dans ce quartier haut en couleur, les temples hindous côtoient aussi bien des mosquées que des églises.

3

SINGAPOUR FACE À LA DÉNATALITÉ.

Pour contrecarrer le problème de la dénatalité, Singapour doit accueillir plus d'immigrants.

Singapour aujourd’hui Après l’occupation japonaise de Singapour, entre 1942 et 1945, les Britanniques entament un processus de décolonisation et de démocratisation afin de préserver leurs intérêts économiques et d’éviter que le pays ne tombe sous la domination communiste. Singapour devient donc un État autonome du Commonwealth le 3 juin 1959 et se dote de sa propre constitution. Après une courte union au sein de la fédération de Malaysia en 1963, Singapour redevient un État indépendant et une république en 1965. Le pays est depuis dirigé par un régime autoritaire, bien que démocratique, qui ne tolère aucune opposition. Ce régime maintient l’harmonie sociale, malgré les tensions raciales qui refont surface par moments, avec des programmes favorisant l’amélioration des conditions sociales et économiques des différentes communautés. Les politiques de ségrégation ont été abandonnées afin de réduire les tensions interraciales. Bien que les Singapouriens restent divisés en groupes ethniques et ne partagent donc pas tous la même langue et les mêmes valeurs, Singapour demeure une société relativement harmonieuse et prospère.

«

En juillet 2005, la population singapourienne comptait 4 351 400 habitants. Forte de ses succès économiques, la cité du Lion doit aujourd’hui affronter un autre défi, alors que l’indice de fécondité y est à un niveau exceptionnellement bas. Les mesures natalistes semblent sans effet alors que les femmes de Singapour, toujours plus diplômées, n’embrassent plus que leur carrière. Le recours croissant à l’immigration sélective va donc s’imposer. Source : Yann VINH, « Singapour face à la dénatalité », Futuribles International, 26 août 2006.

»

QUESTIONS

4

LE TEMPLE THIAN HOCK KENG. La grande diversité culturelle de Singapour se traduit dans l’architecture de la ville, dont l’un des bâtiments les plus connus est le temple de Thian Hock Keng, achevé en 1842, et dont tous les matériaux ont été importés de Chine.

AILLEURS DANS LE MONDE

1. Sur quel facteur repose la prospérité de Singapour ? 2. Les différentes communautés ethniques de Singapour habitent dans des quartiers différents. Quelle décision historique est à l’origine de cette réalité ? 3. De quel empire européen Singapour était-elle une colonie ? Réflexion 4. Que retenez-vous au sujet des conditions de vie actuelles à Singapour ?

69

ENGAGEMENT CITOYEN

VIVRE-ENSEMBLE La population du Québec présente aujourd’hui une grande diversité. Des immigrants de toutes les régions du monde viennent s’intégrer à la population et occupent une place importante dans la société. Devant ces constantes transformations démographiques, le gouvernement doit s’adapter et établir des politiques qui permettront d’encadrer l’immigration, de remédier à la dénatalité et de mieux répartir la population sur le territoire.

Miyuki Tanobe (née en 1937). Artiste peintre Miyuki Tanobe est née en 1937 au Japon. Elle étudie la peinture dès l’âge de 11 ans. Miyuki Tanobe immigre au Canada en 1971 et s’établit un peu plus tard à Saint-Antoine-sur-Richelieu, au Québec. La plupart de ses tableaux dépeignent la vie quotidienne au Québec.

70

DOSSIER 1

POPULATION ET PEUPLEMENT

ENGAGEMENT CITOYEN PAR UN FROID SAMEDI MATIN À OUTREMONT. Miyuki Tanobe peint surtout des paysages de ville et quelques scènes de vie rurale. Elle a un style pseudo-naïf. Les personnages et les bâtiments sont très réalistes. Son œuvre est empreinte de joie et de gaieté, tout comme le choix de ses couleurs. Miyuki Tanobe, Par un froid samedi matin à Outremont, 1989.

VIVRE-ENSEMBLE

71

RACHID BADOURI (NÉ EN 1976).

Rachid Badouri est né à Montréal de parents d’origine marocaine berbère. Cet humoriste témoigne du paysage multiculturel de la société québécoise. Ses monologues ont souvent pour thème la pluriculturalité.

Des identités multiples Tous les individus possèdent une identité. L’identité d’une personne est établie par son nom, sa date de naissance et différents numéros d’identification à usage administratif. D’autre part, chaque individu forge sa propre identité d’après ses différentes appartenances sociales : ethnique, culturelle, religieuse, professionnelle, communautaire ou nationale. Ces caractéristiques s’entrecoupent, s’additionnent et s’ordonnent en fonction des priorités de chacun. Selon les circonstances, on peut faire valoir une ou plusieurs facettes de son identité. Par exemple, on peut être à la fois Canadien (par sa citoyenneté), Québécois (par son lieu de résidence ou son appartenance nationale) et Marocain (par son origine nationale ou culturelle) et choisir de se présenter sous une ou plusieurs de ces étiquettes. On peut aussi choisir de taire l’un ou l’autre de ces éléments par conviction politique ou pour des raisons personnelles. On peut également attacher beaucoup d’importance au fait d’être anglophone, francophone ou allophone, de vivre dans une grande ville ou en région, ou encore préférer se définir comme un étudiant, un professionnel, un patron ou un travailleur. Durant la première partie du 20e siècle, la grande majorité des immigrants choisissent plutôt l’anglais que le français lorsque vient le temps de s’intégrer à la société québécoise. À cette époque, une partie de l’élite canadienne-française décourage les contacts avec les autres communautés. Cette attitude vise surtout à préserver les caractéristiques socioculturelles ancestrales des Québécois : la langue française, la religion catholique et la vie rurale. Aujourd’hui, la plupart reconnaissent que l’accueil et l’intégration des immigrants sont essentiels au développement du Québec francophone. D’ailleurs, la population compte maintenant de plus en plus de Québécois d’origine étrangère.

2

L’IMMIGRATION AU QUÉBEC SELON LES PRINCIPAUX PAYS DE NAISSANCE DURANT LES SIX PREMIERS MOIS DE 2007.

Les nouveaux immigrants sont jeunes. Près de 7 immigrants sur 10 ont moins de 35 ans. 6 premiers mois de 2007

Pays

ENGAGEMENT CITOYEN

1

Allophone : Personne résidant au Québec, qui utilise une langue autre que le français ou l’anglais.

France Maroc Algérie Chine Colombie Roumanie Liban Mexique Inde Haïti

1715 1500 1302 1097 871 860 759 714 563 548 0

1000

2000 3000 Nombre d’immigrants

4000

5000

Source : Ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles, Direction de la recherche et de l’analyse prospective, 24 septembre 2007.

72

DOSSIER 1

POPULATION ET PEUPLEMENT

ENGAGEMENT CITOYEN

3

CES QUÉBÉCOIS VENUS D’HAÏTI.

La communauté haïtienne a contribué de façon importante à l’édification du Québec moderne, et ce, dans tous les secteurs de la vie publique.

«

Si les Haïtiens étaient déjà présents au Québec dès la première moitié du XXe siècle, notamment pour y entreprendre des études, il a fallu attendre la fin des années 1950 et le début des années 1960 pour les voir arriver en cohortes successives et nombreuses. [...] Culture et langue aidant, ces Haïtiens, devenus depuis des Québécois, se sont mêlés aux “révolutionnaires tranquilles ”, chacun à sa manière et selon ses talents, mais toujours avec un enthousiasme manifeste, dans cette croisade pour changer la vie, pour transformer la société, pour moderniser le Québec. Ainsi, on les a retrouvés, discrets mais non moins efficaces, dans le sillon des plus éminents promoteurs et réalisateurs de ce vaste chantier de réformes qui a fait du Québec ce qu’il est aujourd’hui. Oui, on les a retrouvés, anonymes et souvent besogneux, dans tous les secteurs de la société et dans toutes les régions du Québec, tentant d’améliorer la vie dont ils n’avaient pas réussi à changer le cours au pays natal. Ils sont devenus aujourd’hui des citoyens à part entière du Québec, et leurs descendants brûlent déjà du désir de parachever l’œuvre collective de tous ces pionniers à qui reviennent le mérite de l’initiative et l’honneur du travail de défrichage. Source : Samuel PIERRE, Ces Québécois venus d’Haïti : Contribution de la communauté haïtienne à l’édification du Québec moderne, Montréal, Presses internationales Polytechnique, 2007, p. VIII-X.

4

»

LA DESTINATION DES IMMIGRANTS DANS LES RÉGIONS DU QUÉBEC EN 2006.

Près de 25 % des habitants de la région métropolitaine de Montréal et près de 30 % des habitants de l’île de Montréal sont nés à l’étranger. Région projetée de destination Bas-Saint-Laurent Saguenay–Lac-Saint-Jean Capitale-Nationale Mauricie Estrie Montréal Outaouais Abitibi-Témiscamingue Côte-Nord Nord-du-Québec Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine Chaudière-Appalaches Laval Lanaudière Laurentides Montérégie Centre-du-Québec Autres régions ou non déterminée Total

Nombre d’immigrants 109 174 1754 369 1165 32 755 1029 45 17 8 20 135 2027 373 578 3345 318 465 44 686

Pourcentage 0,2 0,4 3,9 0,8 2,6 73,3 2,3 0,1 0,1 0,1 0,1 0,3 4,5 0,8 1,3 7,5 0,7 1,0 100,0

Source : Ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles, Direction de la recherche et de l’analyse prospective 2006.

VIVRE-ENSEMBLE

QUESTIONS 1. Quelles sont les caractéristiques socioculturelles ancestrales des Québécois ? 2. Lorsqu’on mentionne qu’une partie de l’élite canadienne-française du début du 20e siècle décourageait les contacts avec les autres communautés afin de préserver les caractéristiques socioculturelles ancestrales, de quel groupe social parle-t-on ? Faites une courte recherche pour le découvrir. Méthodologie 3. [Doc. 4] Quelles régions ont accueilli moins de 30 immigrants en 2006 ? Expliquez ce phénomène. Réflexion 4. Pourriez-vous nommer des Haïtiens qui ont contribué à l’amélioration de la société québécoise ? Donnez un exemple de leur contribution.

73

ENGAGEMENT CITOYEN

Une population diversifiée En raison des mouvements de population à l’échelle internationale, la diversité ethnique est devenue une réalité dans tous les pays occidentaux. Elle se manifeste par une plus grande présence de personnes nées à l’étranger et provenant de tous les continents. Il est indispensable de bien gérer cette diversité. Chaque pays a donc développé une politique à cet égard.

1

UN DÉFI OCCIDENTAL.

La commission Bouchard-Taylor donne son point de vue sur la gestion des rapports interculturels en Occident.

«

Le questionnement et les problèmes liés à la gestion des rapports interculturels ne touchent pas seulement notre société ; ils se manifestent à l’échelle de l’Occident, et même au-delà. De nombreuses nations font face aujourd’hui à la réaction de vieilles identités déstabilisées par l’essor d’une diversité qui entend se perpétuer. Elles doivent aussi donner forme à une sensibilité pluraliste qui a pris racine peu à peu au cours de la seconde moitié du vingtième siècle. La plupart des nations d’Occident sont aux prises avec ce même défi : réviser les grands codes du vivre-ensemble pour aménager les différences ethnoculturelles dans le respect des droits. Aucune de ces sociétés ne peut prétendre détenir la solution miracle ; il revient à chacune d’élaborer une solution, un modèle qui lui convienne, en accord avec son histoire, ses institutions, ses valeurs et ses contraintes. Commission Bouchard-Taylor.

Pluralisme culturel : Système où plusieurs tendances culturelles sont présentes.

2

DES ENFANTS DU QUÉBEC D’AUJOURD’HUI.

La population du Québec de demain continuera de se diversifier et deviendra une société pluriculturelle toujours plus riche grâce à ses nombreuses cultures et à leurs traditions.

Source : Accommodements et différences. Vers un terrain d’entente : La parole aux citoyens, Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles, Québec, 2007, p.VI.

»

Deux modèles d’intégration En matière d’immigration, le Canada et le Québec ont développé des modèles d’intégration un peu différents, soit le multiculturalisme canadien et l’interculturalisme québécois. Ces deux modèles d’intégration favorisent le pluralisme culturel tout en encourageant l’intégration à la société d’accueil. Il existe néanmoins des nuances entre les deux approches. En 1971, le Canada est le premier pays à adopter une politique officielle de multiculturalisme. Cette politique encourage le maintien des caractéristiques culturelles héritées des pays d’origine. En 1988, le gouvernement met davantage l’accent sur la lutte à la discrimination. Cependant, il considère toujours la diversité de la population comme une caractéristique fondamentale de la société canadienne.

74

DOSSIER 1

POPULATION ET PEUPLEMENT

ENGAGEMENT CITOYEN

Pour sa part, le modèle interculturaliste québécois est présenté dans deux documents gouvernementaux : Autant de façons d’être Québécois (1981) et Au Québec pour bâtir ensemble (1990). Ce modèle propose un engagement de la société québécoise autour d’une langue et de valeurs communes, comme le français et la démocratie libérale, ainsi que la participation à la vie culturelle, économique et politique, de même que l’ouverture à de nouveaux apports culturels. Tous les trois ans, le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles mène une consultation publique sur la planification de l’immigration permanente au Québec. Pour la période de 2008 à 2010, le gouvernement a décidé de hausser le nombre d’immigrants dans le but d’atténuer les effets du vieillissement de la population. Depuis la fin du 20e siècle, la croissance de la population active provient en grande partie de l’immigration.

3

AU QUÉBEC POUR BÂTIR ENSEMBLE.

Confronté à des défis démographiques, le gouvernement du Québec considère l’immigration comme l’une de ses priorités.

4

YOLANDE JAMES (À DROITE), MINISTRE DE L’IMMIGRATION ET DES COMMUNAUTÉS CULTURELLES DU QUÉBEC, EN COMPAGNIE DES 200 NOUVEAUX ARRIVANTS, EN OCTOBRE 2007.

Chaque année, une cérémonie nationale de bienvenue a lieu afin de souligner l’arrivée des personnes immigrantes et de faciliter leur intégration à la société québécoise.

QUESTIONS 1. Pourquoi faut-il gérer l’immigration ? 2. Pourquoi le Québec a-t-il décidé d’avoir sa propre politique d’immigration, différente de celle du gouvernement fédéral ? 3. Quelle contribution les nouveaux arrivants apportent-ils à la société québécoise ? Méthodologie 4. [Doc. 1] Comment les nations réussiront-elles à relever le défi que représentent les rapports interculturels ? Réflexion 5. Que pourriez-vous faire pour mieux connaître des membres d’autres communautés culturelles ? Mettez-vous à la recherche de différentes sources de renseignements et racontez en quelques mots ce que vous avez découvert.

VIVRE-ENSEMBLE

75

1

Des démographes ont tracé des portraits du Québec de demain. Ils ont produit des scénarios plus ou moins pessimistes, qui prévoient une diminution de la population au cours du 21e siècle si les tendances des dernières décennies se maintiennent. La baisse de la natalité est le principal phénomène qui menace le développement social et économique.

L’ÉVOLUTION DE L’INDICE DE FÉCONDITÉ AU QUÉBEC, DE 1956 À 2006.

D’autre part, le Québec perd chaque année une partie de sa population au profit d’autres provinces. On estime qu’en 2006, 24 148 personnes se sont installées au Québec, alors que 37 063 ont quitté la province. Le solde migratoire interprovincial est donc de moins 12 915 personnes.

Le renouvellement de la population dépend du nombre de naissances, soit une moyenne de 2,1 naissances par femme. C’est ce qu’on appelle « l’indice de fécondité ». Or, celui du Québec était d’environ 1,6 en 2006, alors qu’il était de 4 naissances par femme dans les années 1950. 4,5 4,0 Pourcentage

ENGAGEMENT CITOYEN

La population québécoise de demain

3,5 3,0 2,5

Seuil de remplacement : 2,1

2,0 1,5 1,0 1956

1,62 1961

1966

1971

1976

1981 Année

1986

1991

1996

2001

2006

La stagnation ou même la diminution de la population a des conséquences sociales et économiques considérables. À ce problème s’ajoute celui de la répartition de la population sur le territoire : certaines régions se vident au profit de la région entourant Montréal.

Source : Institut de la statistique du Québec, 2007.

2

L’ÉVOLUTION ET LA DISTRIBUTION DE LA POPULATION PAR RÉGION ADMINISTRATIVE AU QUÉBEC, EN 1996 ET EN 2006.

Chaque décennie, des dizaines de milliers de personnes se déplacent d’une région à une autre. Certaines régions, comme les grands centres urbains, attirent plus d’immigrants. Région administrative Bas-Saint-Laurent Saguenay–Lac-Saint-Jean Capitale-Nationale Mauricie Estrie Montréal Outaouais Abitibi-Témiscamingue Côte-Nord Nord-du-Québec Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine Chaudière-Appalaches Laval Lanaudière Laurentides Montérégie Centre-du-Québec Population totale Source : Statistique Canada, 2007.

76

DOSSIER 1

POPULATION ET PEUPLEMENT

Population en 1996 208 740 290 466 643 421 264 572 282 573 1 799 296 311 648 156 000 104 723 39 063 106 541 385 606 334 882 380 318 438 771 1 282 494 217 782 7 246 896

Population en 2006 201 692 274 095 671 468 260 461 302 161 1 873 971 347 214 144 835 95 948 40 637 95 872 397 777 376 845 434 872 518 621 1 386 963 228 099 7 651 531

Gain ou perte –7048 –16 371 28 047 –4111 19 588 74 675 35 566 –11 165 –8775 1574 –10 669 12 171 41 963 54 554 79 850 104 469 10 317 404 635

La principale conséquence de la dénatalité et de l’émigration est, dans un premier temps, le vieillissement de la population. Le déséquilibre entre la population la plus âgée et la plus jeune fait en sorte qu’il y a moins de personnes en mesure d’occuper des emplois. Cela ralentit l’économie et diminue les revenus de l’État (taxes et impôts), ce qui risque de nuire aux programmes sociaux (services de santé et pensions de vieillesse, par exemple). Enfin, la faible croissance de la population du Québec réduit son poids et son influence dans la fédération canadienne. En 1867, le Québec fournissait 36 % des députés à la Chambre des communes. Il en élit aujourd’hui moins du quart.

3

UNE FAMILLE TYPIQUE DES ANNÉES 1950.

La famille typique des années 1950 comprenait une moyenne de quatre enfants.

Parmi les solutions envisagées pour remédier à ces phénomènes, on fait souvent référence à la politique familiale du gouvernement (services de garde subventionnés, congés parentaux, prestations familiales). On attribue en effet la légère hausse des naissances survenue en 2005 et 2007 à l’amélioration des congés parentaux. Certains encouragent la hausse de l’immigration, à condition que des programmes d’apprentissage du français permettent à ceux qui ne sont pas déjà francophones de s’intégrer plus facilement. La création d’emplois et les mesures pour maintenir le coût de la vie à un niveau raisonnable figurent parmi les solutions envisagées pour stopper l’émigration. Ceux qui s’inquiètent de la diminution du poids du Québec au sein du Canada évoquent l’obtention d’une plus grande autonomie politique. Pour tenter de freiner le phénomène de l’exode des régions et de l’étalement urbain, il est question de politiques de développement régional et d’amélioration des transports en commun. La baisse de la natalité, le vieillissement de la population, la gestion de l’immigration ainsi que le développement régional et urbain sont des enjeux dont il faut tenir compte aujourd’hui pour assurer un équilibre démographique dans l’avenir. QUESTIONS

4

«

1. Pourquoi le vieillissement de la population est-il un facteur de ralentissement de l’économie ?

LE RÉGIME QUÉBÉCOIS D’ASSURANCE PARENTALE.

Méthodologie

Plusieurs mesures ont été mises en œuvre au Québec au cours des dernières années. Depuis le 1er janvier 2006, le Régime a permis à des milliers de mères et de pères de profiter pleinement de leur congé de maternité, de leur congé de paternité, de leur congé parental ou de leur congé d’adoption […]. En 2006 seulement, près de 100 000 Québécoises et Québécois ont reçu des prestations d’assurance parentale d’une valeur de 817 millions de dollars. Source : Ministère de l’Emploi et Solidarité, Gouvernement du Québec, 2007.

»

2. [Doc. 1] Quel est le pourcentage de la baisse du taux de natalité au Québec de 1956 à 2006 ? 3. [Doc. 2] Nommez les trois régions administratives les plus peuplées en 2006. 4. [Doc. 4] D’après ce qu’écrit le gouvernement, croyez-vous que le Régime québécois d’assurance parentale favorisera la natalité au Québec ? Pourquoi ?

VIVRE-ENSEMBLE

77

ENGAGEMENT CITOYEN

Les défis démographiques et les voies de solution

Les points à retenir pour ce dossier :

Au Québec LE RÉGIME BRITANNIQUE

LES PREMIERS OCCUPANTS –30 000



Arrivée de chasseurs nomades venus d’Asie qui marque le début du peuplement en Amérique.

–10 000



Arrivée des premiers Amérindiens au Québec.

1763



Traité de Paris.

LE RÉGIME FRANÇAIS 1608



Samuel de Champlain fonde le premier établissement permanent à Québec.

1627



Création de la Compagnie des Cent-Associés.

1634



Fondation de Trois-Rivières.

1642



Fondation de Ville-Marie.

1776



Indépendance des États-Unis.

1663



Début de l’arrivée des Filles du roi en Nouvelle-France.

1791



1665



Jean Talon devient intendant de la Nouvelle-France. Premier recensement dans la colonie.

Acte constitutionnel par lequel la province de Québec est divisée en deux territoires : le Haut-Canada et le Bas-Canada.

1840



Début de l’émigration de Canadiens français vers les États-Unis.

1833



Abolition de l’esclavage dans l’Empire britannique.

LA PÉRIODE CONTEMPORAINE DE 1867 À NOS JOURS

1755



Déportation des Acadiens.

1759



Siège de Québec, bataille des Plaines d’Abraham.

1760

78



Capitulation de Montréal. La colonie passe aux mains des Britanniques.

DOSSIER 1

1867



Acte de l’Amérique du Nord britannique.

1876



Loi sur les Indiens.

1885



Épidémie de variole.

1918



Épidémie de grippe espagnole.

1929



Début de la crise économique.

1945



Début du baby-boom.

1968



Création du ministère de l’Immigration.

2007



Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles.

POPULATION ET PEUPLEMENT

Ailleurs dans le monde L’Afrique du Sud

La Belgique

Territoire

Territoire

L’Afrique du Sud est située à la pointe sud du continent africain. Elle est bordée au nord par la Namibie, le Botswana et le Zimbabwe, et au nord-est par le Mozambique et le Swaziland.

Le territoire de la Belgique s’étend sur 30 510 km2. Le pays est situé au nord-ouest de l’Europe. Il est bordé au nord par les Pays-Bas, à l’est par le Luxembourg et l’Allemagne, au sud par la France et à l’ouest par la mer du Nord.

Société L’Afrique du Sud compte plus de 44 millions d’habitants. La population est répartie entre Noirs, Blancs, Asiatiques et Métis.

Population L’Afrique du Sud est un pays multiethnique qui compte plusieurs langues et cultures.

Enjeu Le régime de l’apartheid a profondément marqué l’histoire moderne de l’Afrique du Sud. Encore aujourd’hui, plusieurs inégalités sociales subsistent : racisme, discrimination, pauvreté, analphabétisme, etc.

Société La Belgique compte plus de 10,4 millions d’habitants. Bruxelles, la capitale, compte 10 % de la population totale. Environ 57 % de la population parle le néerlandais, 32 % le français et 1 % l’allemand.

Population La population de la Belgique est divisée entre deux communautés différentes : les Wallons au sud et les Flamands au nord. Ces deux communautés se partagent le territoire, mais possèdent une culture et une langue distinctes.

Enjeu Divisée entre les Wallons au sud et les Flamands au nord, la Belgique est une société dualiste qui tente d’unir deux communautés linguistiques dans un même espace.

Le Brésil Territoire Avec ses 8 547 400 km2, le Brésil est le plus grand pays d’Amérique du Sud. Trois Brésiliens sur quatre habitent en région urbaine.

Société Le Brésil compte plus de 186 millions d’habitants, ce qui en fait le cinquième pays du monde en nombre d’habitants. Les grandes métropoles de Sao Paulo et de Rio de Janeiro comptent parmi les villes les plus populeuses du monde.

Population La population brésilienne est le produit du métissage entre divers groupes ethniques. La nation brésilienne s’est forgée par la rencontre des Amérindiens, des descendants des esclaves africains et des immigrants européens, principalement les Portugais.

Enjeu La société brésilienne demeure l’une des sociétés les plus inégalitaires du monde. Les conditions sociales et économiques varient beaucoup d’une région à l’autre, mais aussi entre les différents groupes ethniques.

Singapour Territoire Située en Asie, Singapour est l’un des plus petits pays du monde. Sa population est répartie sur 57 îles d’une superficie de 620 km2. La majorité de la population réside sur l’île principale de Singapour.

Société Singapour compte 4,5 millions d’habitants. La population du pays forme une mosaïque de cultures au sein de laquelle évoluent des Chinois, des Malais, des Indiens et des Occidentaux.

Population Singapour est une véritable cité-État où existe une grande diversité de langues et de cultures.

Enjeu Singapour reste divisée par groupes ethniques. Par conséquent, ses habitants ne partagent pas tous la même langue et les mêmes valeurs, mais le pays demeure une société harmonieuse et prospère.

POINTS DE REPÈRE

79

A

Activité synthèse Des enjeux dans l’évolution du Québec Le dossier 1 fait ressortir deux grands enjeux dans l’évolution du Québec : l’organisation du territoire et l’organisation de la société. Au fil de votre lecture, vous avez appris de quelle façon les gouvernements ont géré ces enjeux et quels sont les nombreux changements survenus tant dans la composition de la société que dans le découpage du territoire. Pour faire le bilan de vos apprentissages, choisissez un de ces enjeux et résumez-en les étapes. Si vous choisissez l’enjeu « territoire », vous devrez décrire les modifications des frontières du territoire québécois. 1. Choisissez une région de la Nouvelle-France et retracez-en l’évolution entre 1608 et 1760. 2. Décrivez l’itinéraire d’une personne qui, avec les moyens existant en 1780, se rend de Montréal à Gaspé. 3. Retracez l’évolution du réseau de chemins de fer et du réseau routier du 19e siècle à aujourd’hui. 4. Démontrez comment, au 20e siècle, les villes prennent de l’expansion, en empiétant sur les territoires ruraux. Si vous choisissez l’enjeu « société », vous devrez répondre à la question suivante : « Comment la société québécoise a-t-elle évolué et quels défis doit-elle affronter aujourd’hui ? » 1. Donnez le nom des nations amérindiennes implantées sur le territoire du Québec au moment où débarquent les premiers colons français. 2. Montrez comment les Européens ont intégré des modes de vie des Amérindiens à l’époque de la Nouvelle-France. 3. Comparez la composition actuelle de la population du Québec avec ce qu’elle était au 19e siècle. 4. Nommez les 10 communautés ethniques les plus représentées au Québec au début du 21e siècle. 5. Montrez, par 10 exemples concrets, que la société québécoise a intégré l’héritage culturel de Québécois de diverses origines.

80

DOSSIER 1

POPULATION ET PEUPLEMENT

P

Pour aller plus l

in…

●Activité 1 • Un programme d’accueil pour les nouveaux arrivants

La notion d’identité constitue un élément essentiel de l’enjeu proposé. S’établir dans un pays étranger est un défi colossal, qui peut cependant être facilité par la manière dont les immigrants sont accueillis. Votre tâche consiste à concevoir un programme d’accueil pour les immigrés d’un pays ou d’une région en particulier. Présenté sous forme de dépliant, votre programme doit permettre aux immigrants de comparer leurs coutumes et leur culture à celles qui prévalent actuellement au Québec. Vous devrez faciliter leur intégration en les aidant à développer un sentiment d’appartenance à la société québécoise.

●Activité 2 • Un questionnaire sur la diversité des origines

La notion d’identité est intimement liée à la notion d’origine de la famille. Vous ferez un sondage auprès d’une vingtaine de personnes pour découvrir leurs origines immédiates ainsi que leurs origines lointaines, tant par la lignée de la mère que par celle du père. Vous remonterez au moins jusqu’à l’origine des grands-parents, lorsque c’est possible. Vous collecterez également les données sur le pays de naissance et sur le pays d’origine, s’il y a lieu. Ce sondage vous permettra de tracer le portrait d’un échantillon de la population du Québec et de constater la grande diversité des origines.

Pour en savoir plus... DES FILMS

DES LIVRES AUBERT DE GASPÉ, Philippe. Les anciens Canadiens (roman), Saint-Laurent, Bibliothèque québécoise, 1999 (1863), 429 p.

LACOURSIÈRE, Jacques. Histoire populaire du Québec, Sillery, Éditions du Septentrion, 1995, 4 vol.

LAHAISE, Robert, et Noël VALLERAND. Le Québec sous le Régime anglais, 1760-1867 : Les Canadiens français, la colonisation britannique et la formation du Canada continental, Outremont, Lanctôt, 1999, 370 p.

MARTIN, Denis. Portraits des héros de la Nouvelle-France : Images d’un culte historique, Hurtubise HMH, 1988, 176 p.

BRUNET, Michel. Les Canadiens après la conquête 1759-1775 : De la révolution canadienne à la révolution américaine, Montréal, Fides, 1980, 313 p. CHAMPLAIN, Samuel de. Voyages en NouvelleFrance (texte adapté de l’édition originale de 1613), Paris, Cosmopole, 2004, 285 p.

ROBY, Yves. Histoire d’un rêve brisé ? : Les Canadiens français aux États-Unis, Sillery, Éditions du Septentrion, 2007, 148 p.

Maria Chapdelaine (fiction), réalisateur : Gilles Carle, Québec, 1984. Marguerite Volant (fiction), réalisateur : Charles Binamé, Canada, 1996. Nouvelle-France (fiction), réalisateur : Jean Beaudin, Canada/France/Grande-Bretagne, 2004.

ROBY, Yves. Les Franco-Américains de la Nouvelle-Angleterre (1776-1930), Sillery, Éditions du Septentrion, 1990, 434 p. TRUDEL, Marcel. Deux siècles d’esclavage au Québec, Montréal, Hurtubise HMH, 2004, 405 p.

HÉMON, Louis. Maria Chapdelaine (roman), coll. Boréal compact, Montréal, Boréal, 1988 (1916), 216 p.

ACTIVITÉ SYNTHÈSE

81

S

DO

E SI

R

2

L’économie du Québec a toujours été en transformation. Ce qui est caractéristique du monde actuel, c’est l’accélération du rythme des transformations. La mondialisation des marchés et la nécessité de faire face à une vive concurrence internationale obligent à des ajustements constants. Si le Québec est une société riche parmi celles de la planète, c’est en partie grâce aux richesses naturelles de son immense territoire. Pendant des siècles, depuis la traite des fourrures jusqu’à l’hydroélectricité, les ressources naturelles contribuent au développement économique du Québec. Il n’en demeure pas moins que le sort des générations futures dépend de l’intelligence avec laquelle seront exploitées ces ressources naturelles. Les défis sont grands aussi dans le monde du travail où les formations exigées et les types d’emplois offerts sont en continuel changement.

1670

Création de la Compagnie de la Baie d’Hudson



–30 000



1500

1701

Fondation de la Louisiane

1534

1601

Arrivée de Jacques Cartier à Gaspé

Fondation de Tadoussac





1600

1700 1719

Vers 1500

Premiers échanges entre autochtones et pêcheurs européens

82

Construction de la forteresse de Louisbourg

1959

Ouverture de la voie maritime du Saint-Laurent

1878

Politique nationale Vers 2006

1929

Produits québécois majoritairement exportés aux États-Unis

Début de la crise économique

1824

Ouverture du canal de Lachine



1800

1854

1732

1806

Mise en place des chantiers maritimes du roi

Blocus continental

1777

Traité de réciprocité



1900

1962

Nationalisation de l’électricité 1968

Inauguration du barrage Daniel-Johnson



2000

1993

Accord de libre-échange nord-américain

Application du droit commercial anglais

83

SO M M A I R E

Économie et développement

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

UNE

Les concepts que vous verrez dans ce dossier

Concept central

Économie Concepts particuliers

Capital Consommation Disparité Distribution Production Concepts communs

Enjeu Société Territoire

.............................................

86

.............

86

L’économie du Québec aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les effets de l’activité économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

88 90

LA FILIÈRE DU TEMPS

92

ÉCONOMIE EN TRANSFORMATION

.....................................................

LE

DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE

...............................

1 L’exploitation des ressources au 16e siècle

92

........

94

L’économie autochtone avant l’arrivée des Européens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les premiers échanges entre autochtones et Européens . . . . . . . . . . . . . . . .

94 96

2 L’économie en Nouvelle-France

........................

98

Un produit rentable : la fourrure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’exploitation des pêcheries . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le commerce en Nouvelle-France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le développement agricole et le monde rural . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’industrie manufacturière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

98 102 104 106 108

3 Entre continuité et changement

.........................

110

Le commerce extérieur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le commerce après la Conquête . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le commerce intérieur en croissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’économie agricole entre croissance et crise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’activité industrielle en transition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

110 112 114 116 118

4 Une ère de croissance

.........................................

120

Une économie en transition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’ère du capitalisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . De la crise à la prospérité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Croissance, crises et restructurations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

120 126 132 140

Ailleurs dans le monde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La Côte d’Ivoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Haïti . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le Mexique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La République populaire de Chine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

146 146 148 150 154

ENGAGEMENT CITOYEN

158

LES ENJEUX DU QUÉBEC

..................................................

ÉCONOMIQUES A C T U E L . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158

Produire et répartir la richesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160 Les défis économiques à l’heure de la mondialisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162 L’État, la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164 Points de repère

................................................................

166

Activité synthèse

................................................................

168

Pour aller plus loin… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169 Pour en savoir plus… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169

84

DOSSIER 2

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

Réalité sociale

Économie et développement

Angle d’entrée

Les effets de l’activité économique sur l’organisation de la société et du territoire.

LA FI LI È

RE

DU TE

MP

N LE M O D E D’ AU JO U

S

R

H D’

Objet d’interprétation

UI

Économie et développement, de la présence autochtone, vers 1500, à nos jours.

Objet d’interrogation

Économie et développement, aujourd’hui, au Québec.

E NGAG

EN

T CI

TO Objet de citoyenneté

YEN

Quel est le portrait économique du Québec actuel ?

EM

Comment le développement économique du Québec s’est-il fait au fil du temps ?

Développement économique et valeurs sociales d’équité, de justice et de solidarité.

Comment se concilient aujourd’hui développement économique et valeurs sociales ?

85

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

UNE

ÉCONOMIE EN TRANSFORMATION

La structure économique actuelle du Québec subit d’importantes transformations : la mondialisation des marchés s’accentue, le commerce extérieur connaît une forte croissance, le chômage régresse de façon marquée. Certains secteurs, comme le bois et la pêche, connaissent des difficultés. D’autres, comme celui de l’hydroélectricité et des technologies de pointe, ont le vent dans les voiles. La croissance économique est principalement le fait des grandes régions urbaines. L’avenir de certaines régions éloignées s’annonce difficile.

Lauréat Marois (né en 1949). Artiste peintre Lauréat Marois détient un diplôme spécialisé en communication graphique et en sérigraphie de l’École des beaux-arts de Québec. Dans son œuvre, il déconstruit les formes géométriques qu’il assemble avec différents plans de couleur.

86

DOSSIER 2

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

LE MONDE D’AUJOURD’HUI FROID BLEU. Lauréat Marois conçoit la sérigraphie Froid bleu en 1977. Inspiré par la nature, il propose un paysage qui explore les formes géométriques et les jeux de perspective. Le support de l’œuvre est un triptyque, c’est-à-dire que l’œuvre est présentée sur un panneau central sur lequel se rabattent deux volets. Lauréat Marois, Froid bleu, 1977.

UNE ÉCONOMIE EN TRANSFORMATION

87

En 2006, la rémunération hebdomadaire moyenne de certains salariés québécois s’établit à 703,74 $. Année 2002 2003 2004 2005 2006

Québec 644,30 $ 655,43 $ 668,48 $ 686,26 $ 703,74 $

Ontario 722,97 $ 731,07 $ 743,43 $ 764,52 $ 782,02 $

Alberta 694,35 $ 724,79 $ 762,69 $ 703,28 $ 800,17 $

Nouvelle-Écosse 600,20 $ 607,30 $ 624,32 $ 645,74 $ 659,02 $

Source : Statistique Canada, 2006.

2

LES PRODUITS BIOLOGIQUES EN PLEINE CROISSANCE.

La consommation d’aliments biologiques connaît une forte hausse. En 2003, on comptait plus de 3000 fermes biologiques. Malgré une croissance importante de la production, 80 % des aliments biologiques vendus au Québec proviennent de l’étranger, car les agriculteurs biologiques du Québec ne parviennent pas à répondre à la demande.

L’économie du Québec aujourd’hui L’économie du Québec entre dans une phase postindustrielle, comme plusieurs sociétés qui ont vécu une forte industrialisation. La production de services constitue l’essentiel de ses activités économiques. Avec la mondialisation, le Québec s’oriente vers une économie du savoir basée sur la maîtrise des technologies de pointe. Il est surtout reconnu pour ses réalisations dans les domaines de l’industrie aérospatiale, les technologies informatiques, la biotechnologie et l’industrie pharmaceutique. Les ressources naturelles du Québec représentent toujours un secteur important de l’économie, même si certains secteurs connaissent des années difficiles. Les exportations de services ou de biens finis du Québec se font surtout vers les ÉtatsUnis, son principal partenaire commercial.

LES DÉPENSES MOYENNES DES MÉNAGES QUÉBÉCOIS POUR LES BIENS ET SERVICES EN 2005.

3

Les impôts personnels constituent la dépense annuelle la plus importante pour les ménages québécois. 4% 13 %

2,9 %

12,6 %

5,3 %

18,3 %

5,8 %

4

LE REVENU ANNUEL PAR HABITANT AU QUÉBEC ET DANS LE RESTE DU CANADA DE 1988 À 2008.

Bien que l’économie québécoise évolue de façon comparable à celle des autres provinces, les Québécois ont des revenus moindres que la moyenne canadienne. Reste du Canada

17,6 %

Alimentation Ameublement et équipement ménager Autres dépenses Impôt personnel Logement

20,5 %

Loisir Soin de santé et soin personnel Transport Vêtement

Revenu (en $)

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

LA RÉMUNÉRATION HEBDOMADAIRE MOYENNE DES HABITANTS DU QUÉBEC, DE L’ONTARIO, DE L’ALBERTA ET DE LA NOUVELLE-ÉCOSSE, DE 2002 À 2006.

1

30 000 27 500 25 000 22 500 20 000 17 500 15 000 12 500 10 000

88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 Année

Source : Statistique Canada, Enquête sur les dépenses des ménages, 2005.

Source : Institut de la statistique du Québec – Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes, Tableau statistique canadien, octobre 2007.

88

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

DOSSIER 2

Québec

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

5

LES AMÉNAGEMENTS HYDROÉLECTRIQUES DE LA GRANDE RIVIÈRE, EN JAMÉSIE, EN 2005.

La production hydroélectrique de la Jamésie est très importante pour le Québec. La Jamésie et la Côte-Nord possèdent de nombreuses rivières au potentiel hydroélectrique très élevé. Ces deux régions produisent près de 75 % de l’électricité du Québec.

Jamésie

QUÉBEC

Baie d’Hudson

Laforge-2 319 MW

Grande rivière de la Baleine

Réservoir Laforge 2

TERRE-NEUVEET-LABRADOR

Légende

de la B aie-Jame s

n

Réservoir Kanaaupscow ière Laforge 1 La Grande-3 Riv e r La Grande iviè rge Robert-Bourassa Réservoir 2418 MW o Brisay Rivière R Laf RobertLa Grande-1 5616 MW Réservoir Bourassa Laforge-1 469 MW 1436 MW La Grande 3 878 MW Radisson Chisasibi Réservoir Chemin de Ch isasibi La Grande 4 La Grande-2-A nstaïgaLa Grande-4 Lac ra T te u Jamésie Ro Rivière 2106 MW Nichicun 2779 MW Lac i m a Maquatua k a e d S in Chem Sakami Rivière Wemindji Wemindji Rivière Opinaca Lac Baie Yasinski Réservoir James Opinaca Eastmain Eastmain-1 ai 480 MW QUÉBEC st m a E Rivière

Réservoir de Caniapiscau

ONTARIO

e Rivièr

Rupert

Route

Waskaganish

0

25

50

75 km

Village Village cri Frontière provinciale Tracé de 1927 du Conseil privé (non définitif) Route Ligne de transport d’énergie Centrale hydroélectrique Bassin hydrographique de la Grande Rivière

Source : Hydro-Québec, 2005.

6

LA PART DES PRINCIPAUX PRODUITS QUÉBÉCOIS DANS LES EXPORTATIONS TOTALES DU QUÉBEC EN 2006.

Jamésie : Territoire situé dans la région administrative du Nord-du-Québec et comprenant la plus grande municipalité du Québec (333 255 km2), celle de la Baie-James, ainsi que plusieurs villages cris. QUESTIONS

Les principaux secteurs exportateurs sont l’aluminium, l’aéronautique et le papier journal. 1,5 %

1,6 % 1,9 %

8,9 % 2% 2,1 % 2,5 % 8,8 %

2,9 %

Aluminium Avion et autre véhicule aérien Papier journal Turboréacteur et turbopropulseur Papier et carton

Bois scié Fil de cuivre Cuivre affiné et alliage sous forme brute Circuit intégré Huile de pétrole

3,5 %

Méthodologie 1. [Doc. 1] Que remarquez-vous au sujet du revenu personnel des habitants du Québec par rapport à celui des habitants des autres provinces ? 2. [Doc. 5] Quel est le nom de la centrale hydroélectrique située près du réservoir de Caniapiscau ? 3. [Doc. 6] Indiquez les trois secteurs exportateurs les moins importants. Réflexion

Source : Ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation, Le Capelin. Le commerce extérieur du Québec, Québec, décembre 2007, p. 16.

UNE ÉCONOMIE EN TRANSFORMATION

4. Que retenez-vous en particulier au sujet de l’économie du Québec ?

89

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

1

LE TAUX DE CHÔMAGE DES RÉGIONS ADMINISTRATIVES DU QUÉBEC EN 2007.

Depuis le milieu des années 1990, le taux de chômage ne cesse de diminuer au Québec, passant de 11,9 % en 1996 à 8,8 % en 2000. En décembre 2007, ce taux était de 7 %. Il s’agit du plus bas taux de chômage depuis les années 1970. Région administrative Bas-Saint-Laurent Saguenay–Lac-Saint-Jean Capitale-Nationale Mauricie Estrie Montréal Outaouais Abitibi-Témiscamingue Côte-Nord et Nord-du-Québec Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine Chaudière-Appalaches Laval Lanaudière Laurentides Montérégie Centre-du-Québec Ensemble du Québec

Taux de chômage 8,9 % 7,9 % 4,9 % 8,6 % 6% 8,5 % 4,9 % 7,4 % 9,1 % 16,7 % 6,8 % 5,8 % 7,6 % 5,1 % 6,4 % 6% 7%

Les effets de l’activité économique Le développement économique du Québec ne profite pas de la même façon à toutes les régions et à toutes les classes de la société. On oublie souvent que, sur un si vaste territoire, il existe d’énormes différences. Ainsi, lorsque les ressources naturelles de certaines régions viennent à manquer ou à ne plus intéresser les marchés mondiaux, la population doit se diriger ailleurs. D’un autre côté, les nouveaux types d’emplois, nés des technologies de pointe, abondent à Montréal. Plusieurs centaines de chômeurs, qui ne trouvent plus d’emploi dans leur domaine, doivent souvent s’orienter vers un autre secteur.

2

La recherche d’emploi est un des premiers facteurs du déplacement de la population. Au Québec, la baisse du secteur primaire fait diminuer la population des régions ressources. À l’échelle du Canada, c’est le dynamisme économique de l’Ontario et surtout de l’Ouest qui attire des travailleurs de l’est du Canada et du Québec. SOLDE MIGRATOIRE Période 1997-2001 2001-2006 Total

UNE MINE À VAL-D’OR, EN ABITIBI-TÉMISCAMINGUE.

Les mines en exploitation fonctionnent à plein régime, particulièrement dans les régions de l’Abitibi-Témiscamingue, du Norddu-Québec et de la Côte-Nord. En raison de la demande des pays émergents et de la hausse du prix des métaux, le Québec est en pleine période de prospérité minière.

Provinces et territoires de l’Ouest ⫹34 906 ⫹118 697 ⫹153 603

Ontario

Québec

Provinces de l’Atlantique

⫹70 627 ⫺38 939 ⫹31 688

⫺61 404 ⫺25 800 ⫺87 204

⫺44 129 ⫺33 958 ⫺78 087

Source : Statistique Canada – Division de la démographie, Section des estimations démographiques, 2007.

Source : Institut de la statistique du Québec, 2007.

4

LE NOMBRE DE MIGRATIONS INTERPROVINCIALES AU CANADA, DE 1997 À 2006.

3

ACHETER, C’EST VOTER.

Les habitudes de consommation ont plusieurs incidences sur l’économie, la politique et l’environnement. Dans cette citation, l’écosociologue Laure Waridel cherche à sensibiliser les consommateurs en les amenant à développer des comportements d’achat responsables.

«

Plus l’économie se mondialise, plus les pressions s’exercent avec force sur les travailleurs et sur l’environnement. […] Les accords de libre-échange facilitent le transfert d’opérations dans les pays où les coûts de production sont bon marché. Il est rentable d’opérer là où la main-d’œuvre est abondante et obéissante, là où les règles sociales et environnementales sont peu contraignantes. Qui gagne à ce jeu ? Surtout quelques compagnies multinationales dont les profits ont plus que triplé au cours des 20 dernières années, alors que des milliers de petites entreprises indépendantes ont disparu. […] Chaque fois que nous achetons, nous endossons les pratiques des entreprises qui s’enrichissent à même nos dépenses. […] Malgré le manque d’information, un certain nombre de choix de consommation responsable s’offre déjà à nous. […] Nous pouvons préférer une pomme biologique locale plutôt qu’une banane de multinationale. Habiter à proximité de notre lieu de travail, nous déplacer en transport en commun ou en vélo sont de petits gestes concrets. […] Aucune action n’est anodine. Source : Laure WARIDEL, « Acheter, c’est voter », Protégez-vous, avril 2004.

90

DOSSIER 2

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

»

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

5

L’INDUSTRIE DU BOIS.

Avec la surexploitation de la forêt, la concurrence internationale, la baisse importante des mises en chantier domiciliaires aux États-Unis, la hausse du dollar canadien et la diminution de la demande mondiale de papier, l’industrie forestière connaît un déclin après des années de grande prospérité.

6

UNE USINE DE TRANSFORMATION DES PRODUITS MARINS, EN GASPÉSIE.

Au Québec, l’industrie des pêches et de l’aquaculture comprend environ 8000 personnes et 70 usines de transformation des produits marins. Cette industrie vit des années très difficiles, notamment à cause de la concurrence sur les marchés mondiaux, de l’augmentation du prix du mazout et de la hausse du dollar canadien. Pour soutenir l’industrie, les gouvernements provincial et fédéral doivent apporter de l’aide aux pêcheurs et aux entreprises de transformation.

QUESTIONS Méthodologie 1. [Doc. 1] a) Observez le tableau et nommez les quatre régions qui présentent le plus bas taux de chômage. b) Faites une recherche afin de trouver pour quelle raison ces régions obtiennent d’aussi bons résultats.

7

c) Quelle est la principale raison du haut taux de chômage de la région administrative de Gaspésie–Îles-dela-Madeleine ?

LE QUÉBEC DE DEMAIN ET LA PÉNURIE DE MAIN-D’ŒUVRE.

Avec le phénomène grandissant du vieillissement de la population, on prévoit une grave pénurie de la main-d’œuvre pour le marché de l’emploi.

«

Bientôt, au Québec, il y aura plus de travailleurs qui quitteront leur emploi que de nouveaux arrivants sur le marché du travail. Déjà aux prises avec une pénurie de main-d’œuvre dans plusieurs grands secteurs, les entreprises feront face à une situation jamais vue. Plus de 30 000 postes demeurent vacants […] Cela freine déjà les projets de milliers d’entrepreneurs. Dans certains cas, cela risque de signifier la fermeture pure et simple. Il s’agit d’un enjeu majeur, mais le monde des affaires n’en a certainement pas encore pris la juste mesure. […] Valoriser la formation professionnelle et technique, adopter des méthodes de travail qui augmentent la productivité, réorienter les travailleurs des secteurs mous vers les métiers d’avenir, offrir des conditions favorables aux immigrants : voilà des moyens d’intervention concrets. Il en existe de nombreux autres à la portée des Québécois, que ces derniers soient entrepreneurs, politiciens ou issus du monde de l’éducation. Encore faut-il mesurer l’ampleur de la situation. Et saisir l’urgence d’agir de manière concertée. Source : Les affaires, avril 2007.

»

UNE ÉCONOMIE EN TRANSFORMATION

2. [Doc. 3] Trouvez d’autres exemples de comportements d’achat responsables. 3. [Doc. 7] Quel danger menace l’équilibre du marché de l’emploi dans les années à venir ? Connexion 4. [Doc. 4, 5 et 6] a) Nommez un secteur de l’économie qui se porte bien. b) Quels secteurs sont en difficulté ? Réflexion 5. Vous est-il difficile de saisir la situation actuelle du Québec ? Pour quelles raisons ?

91

LA FILIÈRE DU TEMPS

LE

DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE Tout au cours de son histoire, le territoire du Québec a été mis à contribution par les humains qui y vivent. D’une exploitation liée à la nature et aux besoins de subsistance qui a duré des milliers d’années avec les autochtones, les ressources naturelles sont de plus en plus exploitées en fonction du commerce et d’une économie de production de biens finis. La production de nourriture passe ainsi de la chasse et de la cueillette à l’agriculture de subsistance, puis à l’agriculture commerciale. L’industrie domestique et artisanale devient manufacturière aux 19e et 20e siècles. L’économie élargit son champ d’action dans le domaine des services. L’économie actuelle a largement dépassé son rôle millénaire de pourvoir aux besoins essentiels des humains.

Henri Julien (1852-1908). Artiste peintre et illustrateur Dès l’âge de 17 ans, les talents d’illustrateur d’Henri Julien lui ouvrent les portes d’ateliers d’imprimerie renommés à travers le pays. Il se fait également remarquer pour ses talents de caricaturiste grâce à sa collaboration à diverses publications montréalaises. Il entre ensuite au journal The Montreal Daily Star, où il perfectionne ses techniques de portraitiste. Artiste prolifique, Henri Julien a aussi produit de nombreuses toiles inspirées des paysages ruraux du Québec.

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DOSSIER 2

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

LA FILIÈRE DU TEMPS LA CHASSE-GALERIE. Henri Julien est chargé d’illustrer le récit d’Honoré Beaugrand, La chasse-galerie. Dans cette légende, des bûcherons font un pacte avec le diable, la veille du jour de l’an 1858, afin d’être conduits à Lavaltrie pour voir leurs compagnes. C’est ainsi que le peintre reprend la légende selon laquelle des hommes courent la chasse-galerie dans un canot d’écorce volant. Henri Julien, Canot d’écorce qui vole, scène de la chasse-galerie, 1906.

LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE

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LA FILIÈRE DU TEMPS

1

Saviez-v us que... Le mode de vie des peuples nomades ne permet pas de nourrir de grandes communautés. Selon des données archéologiques, les Algonquiens devaient tuer de 20 à 30 castors, 7 gros gibiers, comme l’orignal ou le caribou, et 1 ours pour pouvoir nourrir une famille pendant tout un hiver.

1500-1608

1608-1760

1760-1867

1867 à nos jours

L’exploitation des ressources au 16e siècle Lorsque des pêcheurs européens commencent l’exploitation des eaux poissonneuses du golfe du Saint-Laurent à la fin du 15e siècle, les autochtones occupent déjà le territoire du Québec depuis des milliers d’années et ont développé un vaste réseau d’échanges. Comment les autochtones et les Européens perçoivent-ils l’exploitation des ressources naturelles ? Quels sont leurs intérêts respectifs ? Sur quelle base se font les premiers contacts ?

L’économie autochtone avant l’arrivée des Européens Économie de subsistance : Économie qui vise la production des biens essentiels à la vie par une famille ou un petit groupe de personnes, sans échanges monétaires. Martelage : Technique qui consiste à frapper un métal avec un marteau afin de lui donner la forme souhaitée. Cuivre natif : Métal utilisé à l’état naturel et contenant 99 % de cuivre.

1

UN WAMPUM.

Le wampum est un assemblage de coquillages polis qui possède une grande valeur symbolique. Il est échangé entre les nations lors d’un mariage ou pour souligner une alliance ou un événement important.

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DOSSIER 2

Les peuples autochtones ont une économie de subsistance où l’activité la plus importante est la production de nourriture. Le mode de vie des chasseurscueilleurs ne permet pas de nourrir de grandes communautés. Chaque nation nomade se divise en bandes composées de familles qui vivent assez éloignées les unes des autres. L’hiver, le manque de ressources les force à se disperser. L’été, les bandes se reforment près des cours d’eau majeurs. Les peuples iroquoiens qui vivent dans la région des basses terres du Saint-Laurent et des Grands Lacs ont aussi une économie de subsistance. Ils diffèrent cependant de leurs voisins du nord et de l’est par leur principale façon de produire la nourriture : l’agriculture. Leurs techniques sont simples, efficaces et donnent des rendements qui permettent l’accumulation de surplus. Dans une économie de subsistance, le mode de production d’objets est domestique, puisque les hommes et les femmes fabriquent eux-mêmes les outils nécessaires à leurs activités dans le cadre de leur vie quotidienne. Les matières premières comme les animaux, le bois et les plantes sont accessibles partout. D’autres, comme certaines pierres et certains coquillages peuvent s’obtenir par le biais d’un réseau d’échange. Les parties non comestibles des animaux sont utilisées pour la confection des vêtements, des outils et des armes. Le bois et la pierre servent aussi de matières premières dans la fabrication des outils réservés à la chasse et à la pêche. Avant l’arrivée des Européens, les autochtones ne connaissaient pas d’autres techniques de métallurgie que le martelage. Le cuivre natif est le seul métal utilisé. On le trouve dans la région du lac Supérieur et son utilisation est beaucoup moins courante que la pierre dans la confection d’armes et d’outils. Les objets de cuivre sont des produits de luxe et leur rareté leur confère une grande valeur lors des échanges.

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

LA FILIÈRE DU TEMPS

Des techniques ingénieuses Les autochtones ont créé plusieurs techniques de conservation de la viande (séchage, boucanage) et des petits fruits cueillis en été et à l’automne. Par exemple, après une bonne cueillette de bleuets à la fin de l’été, les Inuits les mélangent à de la graisse de phoque ou de poisson pour les conserver jusqu’à l’hiver. D’autres nations les font sécher au soleil ou fumer dans un panier d’écorce de bouleau. Du point de vue des ressources matérielles, les moyens de transport des Algonquiens sont sophistiqués. Les exigences d’un mode de vie nomade requièrent des canots d’écorce, des raquettes, des toboggans et des mocassins solides et performants. Les Iroquoiens fabriquent quant à eux de meilleures haches et une plus grande variété d’ustensiles domestiques car leur sédentarité permet de ne pas avoir à les transporter.

2

UN CANOT ALGONQUIEN RECOUVERT D’ÉCORCE DE BOULEAU.

Ce moyen de transport illustre bien l’adaptation aux conditions de déplacement imposées par la nature. Léger, solide et facile à manier, le canot d’écorce constitue l’embarcation idéale pour se déplacer sur un vaste réseau hydrographique.

L’exploitation du territoire Les peuples nomades se déplacent annuellement sur de longues distances, souvent plusieurs dizaines de kilomètres, pour se procurer les ressources dont ils ont besoin. Il ne s’agit pas pour autant d’une errance sans fin, puisque les peuples nomades se déplacent sur un territoire qu’ils connaissent bien. Leur manière d’exploiter le territoire est basée sur la « mobilité logistique », c’est-à-dire que les groupes se déplacent selon la disponibilité géographique et saisonnière des ressources animales et végétales. Chez les Iroquoiens, qui sont semi-sédentaires, l’occupation territoriale est moins changeante. Ceux-ci déplacent leurs villages seulement tous les 10 à 15 ans, car l’agriculture implique une occupation plus stable des terres, du mois de mai au mois d’octobre. Chaque nation détermine ses zones d’approvisionnement sans se considérer pour autant propriétaire du territoire. Bien avant l’arrivée des Européens en Amérique du Nord, les autochtones développent des réseaux d’échanges qui leur permettent de faire du troc avec d’autres nations. Comme les ressources sont réparties inégalement sur le territoire, les autochtones développent des routes commerciales qui leur permettent de se procurer ce qu’ils ne peuvent produire euxmêmes. Les échanges commerciaux se font surtout entre nations ayant déjà conclu une alliance. Pour les autochtones, l’amitié et les alliances pendant une séance de traite sont aussi importantes que le commerce lui-même. Les particularités des productions de chacune des nations les rendent complémentaires. Une nation peut produire en surplus des biens dont d’autres nations ont besoin. Ainsi, les échanges sont essentiels et appréciés.

Un système de fixation des prix Les autochtones sont conscients de la valeur des biens qu’ils échangent. Par exemple, si la fourrure de castor se fait plus rare et est donc plus difficile à trouver, les Algonquiens demandent plus de maïs pour une même quantité de castors. Les produits de luxe, comme le cuivre natif, le chert, les coquillages et le tabac, sont très recherchés durant les séances de troc ou pour sceller une alliance. Ces produits parcourent souvent de longues distances. Les coquillages les plus convoités proviennent d’aussi loin que le sud-est des États-Unis. Ils servent de perles pour les colliers ou de décorations pour les vêtements, les mocassins, et surtout les wampums. LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE (1500-1608)

Chert : Pierre silicieuse apparentée au silex que les Amérindiens de la préhistoire utilisaient pour fabriquer des outils.

QUESTIONS 1. Définissez ce qu’est une économie de subsistance. 2. De quelle façon les autochtones se procurent-ils leur nourriture ? 3. Nommez les activités de production associées aux économies amérindiennes de subsistance. 4. Quelles sont les trois principales matières premières servant à la fabrication d’objets ? Réflexion 5. Quels éléments nouveaux avez-vous découverts sur l’économie des Amérindiens au 16e siècle ?

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LA FILIÈRE DU TEMPS

Les premiers échanges entre autochtones et Européens

Saviez-v us que... Au 16e siècle, la chasse à la baleine est une industrie très lucrative. La vente en Europe des produits extraits de la baleine rapporte beaucoup d’argent aux pêcheurs et aux commerçants européens. L’huile de baleine sert de combustible pour les lampes et d’ingrédient de base dans la fabrication du savon, des bougies et de bien d’autres produits domestiques.

1

À la fin du 15e siècle, des pêcheurs basques, français, anglais, portugais et hollandais exploitent déjà les côtes de l’Amérique du Nord, attirés par la richesse des bancs de morues que l’on y trouve. Tout au long du 16e siècle, les expéditions de pêche ne cessent d’augmenter, si bien qu’à la fin de ce siècle, environ 500 navires et 10 000 marins européens viennent pêcher la morue tous les ans. Seulement pour la France, une cinquantaine de ports de mer participent à ces expéditions et envoient annuellement 250 navires. Pendant cette période, les Français et les Anglais tenteront de construire des installations permanentes, mais sans succès.

Le marché lucratif des pêcheries Pourquoi un tel intérêt pour la morue ? Ce n’est pourtant pas un produit de luxe comme l’or, les épices ou les cannes à sucre des Antilles. En fait, l’Europe a un grand besoin de poisson car l’Église catholique impose plus de 150 jours de jeûne par année pendant lesquels il est interdit de manger de la viande. L’Église permet cependant que ses fidèles remplacent la viande par le poisson pendant cette période. Les pêcheries européennes ne peuvent toutefois suffire à combler la demande. La morue est tellement abondante dans la région du golfe du Saint-Laurent et près de TerreNeuve que l’assurance d’une pêche fructueuse compense les coûts et la longue durée du voyage. Ainsi, les marchands des grandes villes de la côte atlantique de l’Europe saisissent cette occasion de s’enrichir et financent les expéditions de pêche. On en profite pour financer la chasse à la baleine, aux phoques, aux morses et aux autres mammifères marins. Les pêcheurs mènent leurs navires dans les eaux poissonneuses du golfe du SaintLaurent pour le compte des riches marchands européens.

LA PÊCHE, LE TRAITEMENT ET LE SÉCHAGE DE LA MORUE AU DÉBUT DU 18e SIÈCLE.

La morue est la première ressource de l’Amérique du Nord exploitée par les Européens. Nicolas de Fer, L’Amérique divisée selon l’étendue de ses principales parties (détail), 1698.

96

DOSSIER 2

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

Au début du 16e siècle, les Européens sont attirés par la morue et son commerce, et non par l’idée d’explorer le nouveau continent ou de s’y installer de façon permanente. Cependant, en 1534, Jacques Cartier emprunte le même parcours que les pêcheurs et longe les côtes du Labrador, de TerreNeuve et du golfe du Saint-Laurent. Il prend possession du territoire à la baie de Gaspé. Cartier effectue deux autres voyages au Canada, soit en 1535 et 1536, et en 1541 et 1542. Le dernier voyage comporte deux objectifs : établir une colonie et évangéliser les Amérindiens qu’il a rencontrés dès son premier voyage. Mais les tentatives de Cartier sont infructueuses et le projet de colonisation est abandonné.

2

LE MONUMENT-À-JACQUES-CARTIER.

Le Monument-à-Jacques-Cartier est composé de six stèles qui témoignent de la rencontre entre les Européens et les Amérindiens au moment où Jacques Cartier fait ériger une croix à Gaspé, en 1534. Il est situé face au musée de la Gaspésie, à Gaspé.

Après la venue de Cartier, dans la seconde moitié du 16e siècle, les installations de pêche saisonnières se multiplient le long des côtes de Terre-Neuve, du golfe du Saint-Laurent et de la Gaspésie. Vers 1545, les pêcheurs européens commencent à faire sécher une partie de leurs prises de morues sur les rives, ce qui leur permet d’établir des contacts plus stables avec les Amérindiens. Très rapidement, ils commencent à échanger des perles de verre, des outils et des objets en métal, comme des chaudrons et des haches, contre des fourrures et de la viande. C’est donc à cette époque que les autochtones de l’Amérique du Nord entrent dans un système économique différent de celui qu’ils connaissent depuis des millénaires.

La fondation de Tadoussac À partir de 1580, la demande européenne de fourrures, surtout celle du castor, augmente considérablement. Rapidement, cette hausse de la demande bouleverse les réseaux commerciaux, les alliances entre nations et, à plus long terme, le mode de vie des autochtones. L’engouement pour la fourrure pousse Pierre de Chauvin de Tonnetuit à construire un poste de traite à Tadoussac en 1601, après avoir obtenu du roi Henri IV le monopole du commerce dans cette région. Ce site est déjà un lieu d’échange entre les Amérindiens depuis plus de 10 000 ans lorsque Chauvin tente de s’y installer. Avec l’arrivée des Français, les Amérindiens viennent désormais y échanger des fourrures contre des objets européens. La rigueur du climat et l’impossibilité de pratiquer l’agriculture dans cette région forcent cependant les Français à mettre un terme à l’expérience l’année suivante.

Sculpteurs de la famille Bourgault-Legros, Monument-à-Jacques-Cartier, 1977.

QUESTIONS 1. À quelles nations appartiennent les pêcheurs européens qui se rendent dans le golfe du Saint-Laurent ? 2. Pourquoi l’Europe a-t-elle autant besoin de poisson ?

3

3. Dans quel but les Amérindiens et les Européens finissent-ils par nouer des contacts et faire des échanges ?

UNE RÉPLIQUE DU POSTE DE TRAITE DE TADOUSSAC.

4. Quels objets européens sont particulièrement recherchés par les Amérindiens ?

En 1601, Pierre de Chauvin construit un poste de traite à Tadoussac et tente d’y fonder une colonie.

Réflexion 5. Que pensez-vous faire pour obtenir plus d’informations sur les échanges de l’époque entre les Amérindiens et les Européens ?

LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE (1500-1608)

97

LA FILIÈRE DU TEMPS

Les voyages de Jacques Cartier

LA FILIÈRE DU TEMPS

1

LA VENTE DES FOURRURES.

2

Dans ce tableau, on voit que les fourrures sont payées en livres tournois, une unité monétaire utilisée à Tours, en France. Catégorie de fourrures CASTOR Castor gras Castor sec Total PEAUX Orignal Cerf Total PELLETERIES Martre 1re qualité Loutre 1re qualité Ours grand Lynx Renard rouge Loup Raton laveur Total

Quantité Valeur (en livres ou en livres en pièces) tournois 1122 lb 220 lb 1342 lb

4488 411 4899

48 pièces 4 pièces 52 pièces

688 40 728

620 pièces 51 pièces 60 pièces 3 pièces 17 pièces 4 pièces 177 pièces 932 pièces

1860 127 240 6 51 10 144 2438

Source : Louise DECHÊNE, Habitants et marchands de Montréal au XVIIe siècle, Paris/Montréal, Plon, 1974, p. 149.

Produit moteur : Produit autour duquel s’organise le commerce extérieur dans un contexte colonial. Plus un produit moteur engendre des activités économiques variées avant l’exportation, plus l’économie de la colonie se diversifie. Livre tournoi : Ancienne unité monétaire.

1500-1608

1608-1760

1760-1867

L’économie en Nouvelle-France À différents moments de son histoire, l’économie du Québec est marquée par l’exploitation et le commerce d’un produit dominant. À l’époque de la NouvelleFrance, le poisson est une ressource importante, mais son exploitation se fait essentiellement à partir de la France, par des pêcheurs français. C’est donc la fourrure qui joue le rôle de produit moteur, car c’est d’abord le commerce de cette ressource naturelle qui motive les Français à venir coloniser le territoire. Qu’est-ce qu’un produit moteur dans l’économie d’un pays et quel rôle joue-t-il ?

Un produit rentable : la fourrure L’attrait pour les fourrures, surtout les peaux de castor, joue un rôle déterminant dans le développement économique de la Nouvelle-France. Les marchands de la métropole et ceux de la colonie, les compagnies, et même les habitants, tous espèrent s’enrichir rapidement par le commerce des fourrures et certains y parviennent. Les compagnies exploitent largement cette ressource et la fourrure devient le produit moteur de la colonie. Les plus belles, les plus recherchées et celles qui rapportent les plus grands profits sont les peaux de castor. Elles représentent 80% des milliers de peaux exportées annuellement au 17e siècle. Après une grave crise de surproduction autour de 1690, la proportion du castor diminue alors que celle de l’ensemble des pelleteries prend de l’importance.

Un produit qui crée peu d’emplois Entre la chasse et l’exportation, les fourrures entraînent peu d’activités économiques secondaires. En effet, ce sont les autochtones déjà sur place qui chassent les animaux et traitent les peaux. Il n’est donc pas nécessaire de faire venir une main-d’œuvre spécialisée de France. Les Amérindiens traitent les peaux, mais c’est en Europe que des artisans les transforment et confectionnent des chapeaux ou d’autres vêtements. Par exemple, l’artisan qui fabrique les chapeaux, le chapelier, doit d’abord raser le poil et confectionner du feutre qui sera par la suite travaillé et assemblé de façon à donner au chapeau sa forme définitive. Ainsi, les seuls métiers créés par l’exploitation des fourrures sont ceux de coureurs des bois et d’engagés.

2

LE MÉMOIRE À LOUIS XIII DE SAMUEL DE CHAMPLAIN.

En 1618, dans le Mémoire à Louis XIII, Samuel de Champlain cherche à convaincre le roi de l’intérêt de coloniser la Nouvelle-France.

«

Que si cedit pays était délaissé et l’habitation abandonnée, faute d’y apporter le soin qui serait requis, les Anglais ou les Flandres, envieux de notre bien, s’en empareraient en jouissant du fruit de nos labeurs, et empêchant par ce moyen plus de mille vaisseaux d’aller faire pêcherie de poissons secs, verts et huiles de baleine. Source : Samuel de CHAMPLAIN, Mémoire à Louis XIII, 1618.

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DOSSIER 2

1867 à nos jours

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

»

LA FILIÈRE DU TEMPS

3

LES EXPLORATIONS EN NOUVELLE-FRANCE DE 1634 À 1656, DE 1659 À 1680 ET DE 1683 À 1751.

Le désir de s’enrichir par le commerce des fourrures est à l’origine des explorations françaises sur le continent nord-américain. Les territoires au sud, comme la Louisiane, offrent une seconde ouverture vers la mer et le commerce international à un moment où la concurrence avec les Anglais est vive.

Baie James

Lac des Bois

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Tadoussac

Rivière

Lac Saint-Jean

Lac Nipigon

Rivière Kennebec

Trois-Rivières ieu Supér r Lac

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Légende

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Ville OCÉAN Fort anglais FortATLANTIQUE français Territoire exploré par les Européens de 1634 à 1751 Territoire inexploré

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Explorations Trajet connu Trajet présumé 1634-1656 1659-1680 1683-1751

La traite des fourrures entre expansion territoriale et conflits

QUESTIONS

L’essor rapide de la traite des fourrures conduit à diverses alliances qui visent le contrôle de ce commerce : Algonquiens, Hurons et Français contre Iroquois et Anglais. Tout au long du 17e siècle et jusqu’au début des années 1680, la menace des Iroquois fragilise l’économie de la colonie. Leurs attaques imprévues sur les rivières retardent l’arrivée de fourrures. La Grande Paix de Montréal, en 1701, met fin à ces guerres, mais non aux rivalités entre Anglais et Français, qui se poursuivent jusqu’à la fin de la Nouvelle-France, en 1760.

1. Sur quelle matière première repose le développement économique de la Nouvelle-France ?

Pour conserver leurs accès privilégiés aux lieux riches en fourrures, les Français explorent le continent nord-américain et finissent par créer une immense colonie qui s’étend du Labrador à la Louisiane. Pour s’assurer des alliances avec les nations autochtones et éviter que les Anglais les devancent, ils créent des dizaines de postes militaires, qui sont aussi des postes de traite.

3. [Doc. 3] Quel plan d’eau important dans le nord du continent est contrôlé par les Anglais ?

LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE (1608-1760)

Méthodologie 2. [Doc. 2] Quel argument utilise Champlain pour retenir l’attention du roi au sujet de la Nouvelle-France ?

Réflexion 4. Exprimez en quelques mots ce que vous avez appris sur la traite des fourrures en Nouvelle-France.

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LA FILIÈRE DU TEMPS

L’organisation de la traite des fourrures

1

UN POSTE DE TRAITE DE LA BAIE D’HUDSON EN 1785.

Créée en 1670, la Compagnie de la Baie d’Hudson fonde des postes de traite dans la région de la Baie-James et de la baie d’Hudson.

En 1627, la Compagnie des Cent-Associés est fondée dans le but d’administrer et de veiller au bon développement de la colonie. En échange, elle reçoit le droit d’y exploiter les ressources naturelles et obtient le monopole complet de la traite intérieure et de l’exportation. Elle s’occupe des intérêts français liés au commerce de la fourrure, procède aux échanges et envoie les fourrures en France. Ce sont les autochtones qui apportent eux-mêmes les fourrures aux postes de traite de Tadoussac, de Québec, et plus tard à ceux qui seront fondés en 1634, à Trois-Rivières et en 1642, à Ville-Marie.

La création de nouvelles compagnies En 1645, aux prises avec des problèmes financiers, la Compagnie des Cent-Associés cède son monopole sur la traite à la Communauté des habitants, une compagnie formée d’actionnaires qui vivent en Nouvelle-France. La Compagnie des Cent-Associés continue cependant d’administrer la colonie jusqu’en 1663, au moment où les deux compagnies sont dissoutes et que le roi prend en charge l’administration de la colonie. L’année suivante, la Compagnie des Indes occidentales obtient le monopole du commerce en Nouvelle-France. Se succèdent par la suite plusieurs autres compagnies jusqu’en 1717, année où les autorités décrètent que le commerce des fourrures peut s’exercer librement, à l’exception du commerce du castor qui demeure aux mains d’un monopole. Par ailleurs, la rivalité avec les Anglais devient très forte au cours de cette période. Pour concurrencer les Français, les Anglais fondent la Compagnie de la Baie d’Hudson en 1670. Dès la cession de la baie d’Hudson à la Grande-Bretagne en 1713, cette compagnie contrôle le commerce des fourrures par le nord.

2

LES EXPORTATIONS DES FOURRURES DE 1577 À 1760.

Les compagnies sont au cœur du développement du commerce des fourrures. Années 1577-1627 1627-1645 Artiste inconnu, Hudson Bay Compagny Post [Un poste de traite de la Compagnie de la Baie d’Hudson], 1785.

1645-1663

1664-1674 1670 1690-1710 1700-1705 1717-1760 1720-1760

100

DOSSIER 2

Événement Le monopole du commerce est accordé à des individus. Le monopole est accordé à la Compagnie des Cent-Associés dont les actionnaires sont français. Le monopole est accordé à la Communauté des habitants dont les propriétaires habitent la Nouvelle-France. La Compagnie des Cent-Associés conserve l’administration de la colonie. Le monopole est accordé à la Compagnie française des Indes occidentales. L’administration est confiée à l’intendant et au gouverneur. Fondation de la Compagnie de la Baie d’Hudson pour le compte de l’Angleterre. Grave crise de surproduction du castor. Le monopole est accordé à la Compagnie du Canada dont les intérêts sont coloniaux. Le monopole du castor est accordé à la Compagnie des Indes occidentales, mais la liberté de commerce est proclamée pour les autres peaux. Augmentation de la contrebande avec les Anglais.

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

LA FILIÈRE DU TEMPS

TÉMOINS DE L’HISTOIRE LES COUREURS DES BOIS Au début du 17e siècle, les Français qui font le commerce des fourrures traitent principalement avec des alliés amérindiens chargés de trouver les peaux. En échange, ces derniers reçoivent des articles divers ou de l’eau-de-vie. À partir de la fin des années 1630 et dans les années 1640, les nations amérindiennes amies des Français sont décimées par la maladie et par les guerres avec les Iroquois. Cette situation est néfaste pour l’activité commerciale des Français et ceux-ci sont forcés d’aller eux-mêmes chasser, d’où la nécessité de recourir aux coureurs des bois. Les coureurs des bois sont des chasseurs indépendants. Ils parcourent environ 70 km par jour et se nourrissent le plus souvent d’une pinte de maïs et d’une once de gras. Plusieurs d’entre eux adoptent le mode de vie nomade des Amérindiens. Ils représentent des éléments essentiels de l’économie et de l’expansion territoriale de la Nouvelle-France. À la fin du 17e siècle, la France tente d’encadrer la profession et décide d’accorder des permis pour travailler dans la traite des fourrures. Les coureurs des bois sont donc de plus en plus concurrencés par des employés salariés et contractuels que l’on appelle des « voyageurs ». Les voyageurs sont engagés par des marchands pour transporter des marchandises aux postes de traite et en ramener des fourrures. Mais ce nouveau statut ne met pas fin au phénomène du coureur des bois et plusieurs individus continuent de pratiquer ce métier dans l’illégalité. Au 18e siècle, l’expression « coureur des bois » devient alors péjorative, car elle est associée à un hors-la-loi.

3

DES COUREURS DES BOIS EN NOUVELLE-FRANCE.

Selon le secrétaire de Jean Talon, on dénombre entre 300 et 400 coureurs des bois en Nouvelle-France, en 1672.

QUESTIONS

4

LA TRAITE À L’INTÉRIEUR DE LA COLONIE, DE 1627 À 1760.

Des débuts de la colonie jusqu’au Régime britannique, la traite des fourrures est effectuée par les Amérindiens, les coureurs des bois, les voyageurs et les militaires. Années 1627-1652

1652-1663 1674-1696

1696 1713 1717-1760

Événement Des commis engagés par les compagnies sont présents dans les postes de traite. Il y a peu de coureurs des bois. Les Amérindiens viennent dans les postes de traite. Il n’y a pas de monopole pour la traite à l’intérieur. Le nombre de coureurs des bois augmente. La traite est contrôlée par octroi de permis. L’apparition des voyageurs. La course des bois se poursuit quand même. Une ordonnance de Louis XIV interdit la course des bois. La France cède la baie d’Hudson à la Grande-Bretagne. Le voyageur réapparaît ainsi que la course des bois sans contrôle.

LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE (1608-1760)

1. Que signifie le fait pour une compagnie d’obtenir du roi de France un monopole de traite ? 2. Le monopole de la traite est habituellement détenu par une compagnie métropolitaine. Quelle compagnie canadienne a détenu un tel monopole ? À quelle époque ? 3. Quel nouveau métier apparaît avec l’essor de la traite au 17e siècle ? Méthodologie 4. [Doc. 3] Indiquez trois éléments qui démontrent l’influence amérindienne dans l’habillement et l’équipement du coureur des bois. Réflexion 5. Que devriez-vous faire pour savoir à qui profite la traite en Nouvelle-France ?

101

LA FILIÈRE DU TEMPS

1

LES CARACTÉRISTIQUES DE L’HABITANT PÊCHEUR, DU PÊCHEUR-ENGAGÉ ET DU NÉGOCIANT.

Les pêcheries ne demandent pas une maind’œuvre abondante ni permanente en Amérique. Caractéristique de l’habitant pêcheur Il réside en permanence dans la colonie. Il engage des employés saisonniers : les pêcheurs-engagés. Il travaille au séchage de la morue. Il vend sa production à des négociants. Il achète des embarcations de pêche. Caractéristique du pêcheur-engagé Salarié, il travaille pour un habitant pêcheur. Il retourne généralement en France après la saison de pêche. Caractéristique du négociant Il achète la morue de l’habitant pêcheur et lui vend les gréements de pêche. Il récolte les plus gros profits.

L’exploitation des pêcheries Au début du 17e siècle, l’exploitation des pêcheries du golfe du Saint-Laurent prend de l’ampleur, mais ce n’est qu’à partir des années 1670 que des établissements de pêche permanents se développent en Gaspésie, en Acadie et à Terre-Neuve. Les autorités coloniales de la Nouvelle-France sont conscientes de la valeur de la pêche commerciale et aimeraient développer cette expertise dans la vallée du Saint-Laurent. Sous l’intendance de Jean Talon qui souhaite le développement de la colonie, Pierre Denys de la Ronde fonde la première entreprise de pêche sédentaire en Amérique du Nord dans sa seigneurie de Percé, en Gaspésie, en 1672. En 1690, son entreprise compte une trentaine de personnes. Le port de Plaisance, à Terre-Neuve, est quant à lui beaucoup plus important. En 1685, il compte 588 habitants, dont 153 sont des habitants-pêcheurs et 435, des pêcheurs-engagés qui sont des pêcheurs qui ne s’installent pas de façon permanente.

Le traité d’Utrecht Quand la France perd Terre-Neuve et la péninsule acadienne à la suite du traité d’Utrecht, en 1713, elle déménage ses installations de pêche à l’île Royale, afin de ne pas perdre ses sources de profits. Les habitants-pêcheurs sont alors disséminés dans une dizaine de villages. En 1720, avec moins de 1000 habitants, l’île Royale produit 7 500 000 kg de morue séchée par année. Trente ans plus tard, elle fournit quatre-vingt-dix pour cent de la production de morues séchées de la colonie. À cette date, l’île Royale compte 3000 habitants.

oppose la France à la GrandeBretagne à partir de 1756. À l’été 1758, les flottes britanniques jettent l’ancre dans la baie de Gaspé et entreprennent la destruction des

postes côtiers où se déroulent les échanges liés au commerce du poisson. En septembre 1758, Pabos s’envole en fumée et ne sera repeuplé qu’après la Conquête.

Le bourg de Pabos Le petit village gaspésien de Pabos est un centre de commerce de la pêche important en NouvelleFrance. Avant l’arrivée des Français, les Amérindiens se partagent déjà la péninsule en vivant des abondants produits de la mer.

2

PABOS, EN GASPÉSIE.

Pabos est l’un des seuls endroits au Québec où l’on peut trouver à la fois des vestiges de la présence amérindienne, de la Nouvelle-France et des Britanniques.

En 1729, Pierre Lefebvre de Bellefeuille se voit octroyer la seigneurie de Grand-Pabos. La famille de Bellefeuille construit sa richesse sur le commerce de la morue. L’essor démographique et économique de la seigneurie est freiné par la guerre de Sept Ans qui

102

DOSSIER 2

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

LA FILIÈRE DU TEMPS

3

LES PRINCIPALES INSTALLATIONS DE PÊCHE DANS LE GOLFE DU SAINT-LAURENT VERS 1675.

Au 17e siècle, le golfe du Saint-Laurent est l’élément central de toutes les communications, de la pêche et du commerce. LABRADOR

Saint-Lunaire Crémaillère Croque

Blanc-Sablon

Natashquan

Romaine

Installation de pêche côtière Français Anglais De Nouvelle-Angleterre

ère Rivi

Rivière

Rivière ite Marguer Sainte-

Légende

Ferrol

Belle-Isle

Portuchoa

Orange Fleur-de-Lys La Scie

Rivière Manicouagan Lac Saint-Jean

R Sag ivièr uen e ay

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Trois-Îles

Gaspé Percé Pabos Miscou

Nepisguit

N O U V E L L E F R A N C E

Île d’Anticosti

Port-au-Port Isla de San Jorge

e Sain ièr t-Jean

Île Saint-Jean

A

D

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Bonaventure

Bonavista English Harbour Old Perlican Baie de Verde

Plaisance

Îles de la Madeleine

C

Trinity

Golfe du Saint-Laurent

Riv

A

Île de Terre-Neuve

Chedabuctou

Miquelon Aspé Niganisse

Île Saint-Pierre

Trépas GrandSaint-Laurent

St. John’s Bay Bulls Fermeuse Trepassey

Île Royale

Baleine Louisbourg Grande-Rivière Canso

OCÉAN ATLANTIQUE

Chebuctou La Hève Port-Rossignol 0

Louisbourg et les territoires maritimes À partir de 1719, les Français construisent une forteresse à Louisbourg, qui devient la ville principale de l’île Royale. Louisbourg est alors un vaste entrepôt pour le commerce triangulaire et constitue l’un des ports les plus actifs de la Nouvelle-France. Le produit des pêcheries alimente le marché européen et le commerce triangulaire, ce qui permet d’échanger du poisson aux Antilles contre du rhum, du sucre et de la mélasse. Contrairement à l’ensemble de la Nouvelle-France, la balance commerciale de Louisbourg est toujours positive et cela contribue à atténuer légèrement le déficit commercial. Dans l’ensemble, les territoires maritimes demeurent cependant très peu peuplés et sont trop éloignés du reste de la Nouvelle-France pour contribuer au développement de secteurs économiques variés. De plus, comme pour les fourrures, le traitement de la morue ou des mammifères marins ne nécessite pas une main-d’œuvre abondante dans la colonie.

50

100

150 km

Commerce triangulaire : Échanges commerciaux entre la France, la Nouvelle-France et les Antilles qui visent à diversifier l’économie et à trouver des débouchés pour la vente des produits de la Nouvelle-France.

QUESTIONS 1. À quels endroits sont construits les premiers établissements de pêche permanents ? 2. Pourquoi Jean Talon encourage-t-il la fondation d’une entreprise de pêche sédentaire ? 3. Pourquoi la forteresse de Louisbourg devient-elle si importante ? Méthodologie 4. [Doc. 3] Indiquez le nom de quatre installations de pêche côtière situées à Terre-Neuve.

LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE (1608-1760)

103

1

La France, comme toutes les autres métropoles de l’époque, veut s’enrichir avec chacune de ses colonies. Celles-ci représentent des réservoirs de matières premières et un marché où elle peut écouler ses propres produits finis. Le grand commerce profite donc surtout aux négociants français installés temporairement dans la colonie. Ils vivent généralement à Québec, tandis que ceux qui s’occupent de la traite des fourrures résident à Montréal. Des marchands coloniaux en profitent aussi, mais les inventaires après leur décès montrent une différence importante dans les fortunes amassées. Si un grand négociant peut léguer une fortune de 30 000 livres, la fortune des petits marchands coloniaux se situe plutôt autour de 10 000 livres.

LE COMMERCE TRIANGULAIRE AU 18e SIÈCLE.

Le commerce triangulaire s’organise sous l’intendance de Jean Talon à la fin des années 1660, mais c’est dans la première moitié du 18e siècle que ce système commercial prospère significativement.

Le commerce extérieur

FRANCE Armes à feu, tissus, meubles, objets en fer, vaisselle, etc.

NOUVELLE-FRANCE Blé, bois, fourrures, huile, poisson.

OCÉAN ATLANTIQUE

ANTILLES Mélasse, rhum, sucre, tabac.

0

2

500

1000

1500 km

Les exportations et les importations augmentent tout au long de cette période. 3 000 000

Le commerce intérieur Le territoire de la Nouvelle-France connaît une expansion rapide à partir de la seconde moitié du 17e siècle, ce qui permet l’établissement d’importants postes de traite.

2 500 000 2 000 000 1 500 000 1 000 000

Exportations

1743

1742

1741

1740

1739

1738

1737

1736

1735

1734

1733

1732

1731

500 000 0

En 1701, Pierre Le Moyne d’Iberville fonde la Louisiane et établit un fort à l’embouchure de la rivière Mobile. Le vaste territoire que constitue la Louisiane est traversé par le fleuve Mississippi, par lequel transitent les fourrures.

Année Importations

Source : Jean-Pierre CHARLAND, Le Canada, un pays en évolution, Montréal, Lidec, 1994, p. 71.

104

Le commerce extérieur est le pilier principal de l’économie coloniale. Au 17e siècle, ce commerce se fait presque exclusivement avec la France. La colonie, qui y envoie surtout des fourrures, reçoit en retour des produits manufacturés : des draps, des toiles, du vin, du sel, etc. L’abondance de ces produits, de même que la construction de la forteresse de Louisbourg, en 1719, permettent au commerce triangulaire de se développer et de prospérer. Les fourrures, le poisson, le blé, le bois et l’huile de la Nouvelle-France sont exportés en France et aux Antilles. Les produits manufacturés de la France sont exportés dans les colonies des Antilles et de la NouvelleFrance. Enfin, le sucre, la mélasse, le tabac et le rhum sont exportés en France et en Nouvelle-France.

LES EXPORTATIONS ET LES IMPORTATIONS DE LA NOUVELLE-FRANCE DE 1730 À 1743.

1730

LA FILIÈRE DU TEMPS

Le commerce en Nouvelle-France

DOSSIER 2

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

Les voies de communication, essentielles à l’écoulement des marchandises artisanales ou agricoles, se limitent aux voies d’eau, dont le fleuve est l’artère principale. La navigation est pourtant impraticable cinq mois par année. Durant l’été, les marchandises sont transportées de la campagne aux villages et des villages aux villes à l’aide d’un canot ou d’une barque. L’hiver, le toboggan permet d’apporter des produits aux différents marchés. À l’automne et au printemps, les déplacements terrestres deviennent pratiquement impossibles en raison des pluies ou du dégel. Ces conditions de transport ralentissent beaucoup les échanges et le développement économique de la colonie. Ce n’est qu’en 1737 qu’une première route, longue de 250 kilomètres, relie Montréal à Québec : le chemin du Roy. La construction de cette route a nécessité 4 années de travail et a requis l’érection de 13 ponts.

3

Saviez-v us que... La rue Saint-Jean, à Québec, marque le point de départ du chemin du Roy, la première route carrossable qui relie Québec et Montréal.

Artisanal : Fait à la main en petites quantiés.

LA MONNAIE DE CARTE.

Il y a plusieurs autres formes de monnaie de papier pour remplacer les pièces de métal. La lettre de change et le certificat sont d’autres moyens de contrer l’absence de pièces sonnantes, mais leur utilisation est surtout réservée à l’administration royale et aux négociants. Lors de la Conquête, l’équivalent de 16 millions de livres en monnaie de papier circulent dans la colonie et autour de 4 % est en monnaie de cartes. QUESTIONS 1. Qui dirige le grand commerce dans la colonie ? 2. Lequel des deux types de commerce suivants est le plus important pour la Nouvelle-France : le commerce intérieur ou le commerce extérieur ?

La rareté de la monnaie

3. Quel est le principal obstacle au développement des transports dans la colonie ?

Les habitants de la Nouvelle-France utilisent beaucoup le troc dans leurs échanges, mais ce système est très encombrant. Les habitants de la Nouvelle-France connaissent l’usage de la monnaie, mais celle-ci est rare et circule peu. À peine une pièce de monnaie entre-t-elle dans la colonie qu’elle repart aussitôt pour un achat de produits manufacturés en France. Selon la théorie du mercantilisme alors adoptée en France, l’argent doit demeurer dans la métropole. La colonie sert avant tout à approvisionner la métropole en matières premières et n’a pas pour but de développer sa propre économie. Sans monnaie, les échanges de la colonie se font au ralenti et l’économie se développe très lentement.

4. Pourquoi y a-t-il peu de monnaie en Nouvelle-France ?

En créant le système de monnaie de cartes en 1685, l’intendant Jacques de Meulles promet à ceux qui détiennent de la monnaie de cartes qu’ils seront remboursés dès que les bateaux arriveront de France. Le manque d’argent sonnant persiste tout au long de l’histoire de la Nouvelle-France et on a souvent recours aux cartes pour faire circuler les biens. Malheureusement, les cartes sont rarement remboursées à leur entière valeur.

LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE (1608-1760)

Méthodologie 5. [Doc. 1] Quels sont les trois pôles du commerce triangulaire ? 6. [Doc. 2] Autour de 1735, on remarque une distance importante entre la ligne verte et la ligne rouge. a) Que signifie cet écart entre les importations et les exportations ? b) Est-ce positif pour la Nouvelle-France ? c) Est-ce que la situation s’améliore ou se dégrade vers la fin de la période ?

105

LA FILIÈRE DU TEMPS

Les voies de communication

LA FILIÈRE DU TEMPS

1

Le développement agricole et le monde rural

LES CAPITAUX ÉLEVÉS DES SULPICIENS.

Au 17e siècle, la Nouvelle-France est une colonie naissante difficile à peupler en raison de son climat très rigoureux. Le travail qu’un habitant doit accomplir avant de s’installer sur une nouvelle terre est colossal. Tout est à faire.

Les Sulpiciens débarquent à Ville-Marie (Montréal) en 1657. Six ans plus tard, ils acquièrent la seigneurie de Montréal.

«

L’attribution de seigneuries au clergé et à des religieuses n’est pas simplement un acte de charité : plusieurs des communautés religieuses détiennent l’argent et le savoir-faire pour mettre leurs biensfonds en valeur. Le cas le mieux réussi est peut-être celui de la seigneurie de Montréal, propriété des Sulpiciens venus remplacer la défaillante Société de Notre-Dame qui avait fondé Ville-Marie en lui fixant un idéal très élevé. Source : Craig BROWN (dir.), Histoire générale du Canada, coll. Boréal compact, Montréal, Boréal, 1990, p. 156-157.

2

»

LA FAMINE DE 1738.

Chaque terre fertile de la vallée du Saint-Laurent, entre Québec et Montréal, doit être défrichée, essouchée et labourée, avant de pouvoir être ensemencée. Il faut en moyenne cinq ans à une famille pour être en mesure de survivre sur une nouvelle terre et toute une vie pour produire une récolte suffisamment importante pour subvenir à tous ses besoins. Une terre est bien établie après deux générations. Au 18e siècle, l’agriculture est le secteur qui regroupe le plus grand nombre de travailleurs. Elle est pratiquée surtout dans la vallée du SaintLaurent. Les plus gros villages de la Nouvelle-France sont situés près de Montréal et de Québec. Seulement quelques-uns de ces villages comptent plus d’une centaine de maisons et ceux-ci sont considérés comme de gros villages pour l’époque. Ce sont les habitants de ces régions qui produisent le plus de blé, de pois, de chanvre, de lin, de légumes et de viande. Ils doivent remettre une partie de leur production au seigneur de leur seigneurie, en plus de verser la dîme au curé. L’habitant réserve aussi une partie de sa récolte pour aider ses enfants à s’installer à leur tour. Par ailleurs, la seigneurie de l’île de Montréal, acquise par les Sulpiciens en 1663, devient un centre agricole important.

Même s’il y a de plus en plus de surplus agricoles, la colonie n’est pas à l’abri des mauvaises récoltes qui occasionnent des années de famine. Dans cet extrait, l’intendant Gilles Hocquart fait état des conséquences des faibles récoltes de 1738.

«

Je ne puis vous exprimer […] la misère causée par la disette qui se fait sentir dans toutes les campagnes. Le plus grand nombre des habitants, particulièrement de la côte sud, manquent de pain depuis longtemps et une grande partie ont erré pendant tout l’hiver dans les côtes du nord […] pour y recueillir des aumônes et quelque peu de blé pour semer. D’autres ont vécu et vivent encore d’un peu d’avoine et de blé d’Inde et de poisson. Les villes ont été remplies tout l’hiver de ces coureurs misérables qui venaient y chercher quelques secours de pain ou d’argent. Les habitants des villes […] sont dans une situation aussi fâcheuse, manquant tous de travail. Source : Gilles HOCQUART, Lettre au ministre, 12 mai 1738.

3

UN AGRICULTEUR LABOURANT SON CHAMP.

Le labourage consiste à retourner la terre à l’aide d’une charrue. Cette action permet d’aérer la terre avant de l’ensemencer.

Artiste inconnu, La vie à la ferme au Canada, 1880.

106

DOSSIER 2

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

»

Jusqu’au début du 18e siècle, les terres sont défrichées au rythme de la croissance démographique. Les ressources agricoles ne sont donc pas encore exploitées dans une perspective commerciale. Cela signifie que les colons utilisent d’abord la terre pour assurer leur propre subsistance.

4

LOUISBOURG VERS 1744.

Cette dynamique se transforme sensiblement au cours du 18e siècle. La production agricole augmente plus rapidement que la population. La terre devient plus attirante, car ses produits sont rentables, ce qui augmente sa valeur. Certains habitants réussissent même à produire suffisamment pour écouler leur production dans les villages de pêcheurs de la Côte-Nord, de la Gaspésie, du Labrador et de Louisbourg.

Louisbourg devient un port de pêche important au début du 16e siècle. À partir de 1719, les Français construisent à Louisbourg une forteresse pour protéger les intérêts de la métropole et pour servir de centre pour son industrie de pêche saisonnière.

La Nouvelle-France expérimente ainsi le passage de l’agriculture de subsistance à l’agriculture commerciale. Le commerce de certaines denrées alimentaires est toutefois irrégulier. Lors des mauvaises récoltes, le commerce cesse afin d’éviter de créer des famines dans les villes de la colonie.

Lewis Parker, Louisbourg vu d’un navire de guerre, 1744.

5

QUELQUES SURPLUS VENDUS LORS DU COMMERCE EXTÉRIEUR EN 1736.

Ce tableau indique où se fait le commerce des vivres en partance de Québec en 1736. Plus le tonnage des navires est élevé, plus le commerce se fait sur une longue distance. Départ de Québec 12 navires, 50 tonneaux et moins 19 navires de 68 tonneaux 10 navires entre 128 et 250 tonneaux 4 navires de 300 tonneaux et moins

Destination Golfe du Saint-Laurent : Tadoussac, Côte-Nord, Gaspé, île Saint-Jean Louisbourg Antilles France

Vivres (valeur) 99 % des marchandises débarquées sont des vivres. 99 % des marchandises débarquées sont des vivres. 71 % des marchandises débarquées sont des vivres. 6 % de poissons. 19 % de peaux autres que le castor. 32 % de pelleteries. 43 % de peaux de castor.

QUESTIONS 1. Lorsqu’un habitant s’établit sur une nouvelle terre, quel objectif vise-t-il ? 2. Que doit faire l’habitant lorsqu’il s’installe sur une nouvelle terre ? 3. À l’intérieur de la colonie, quel est le principal marché pour écouler les produits agricoles ? Méthodologie 4 . [Doc. 1] Outre par charité, quelle raison explique l’attribution de terres aux communautés religieuses ? 5. [Doc. 5] Quels produits échange-t-on contre des vivres à Louisbourg et aux Antilles ?

Source : G.J. MATTHEWS et R.C. HARRIS, Atlas historique du Canada : Des origines à 1800, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 1987.

LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE (1608-1760)

107

LA FILIÈRE DU TEMPS

Le passage de l’agriculture de subsistance vers l’agriculture commerciale

LA FILIÈRE DU TEMPS

L’industrie manufacturière Au 18e siècle, le développement de certaines industries illustre bien que l’économie en Nouvelle-France commence à se diversifier. Avec le commerce, l’industrie est un pilier majeur de l’économie. Tout comme l’agriculture, ces entreprises se développent avec l’augmentation de la population et l’élargissement du marché. Le cadre de production demeure toutefois majoritairement artisanal. Entre 1713 et 1744, la production artisanale se diversifie et nécessite l’apparition d’autres métiers que ceux de boulanger, boucher et aubergiste. Les villes s’agrandissent et s’enrichissent, les maisons sont désormais construites en pierre et protégées par des murailles. On a maintenant besoin de maçons, de charpentiers, de menuisiers et de serruriers. En raison de sa proximité avec la rivière des Outaouais, la ville de Montréal s’ouvre sur l’ouest et le commerce des fourrures. Les couturières confectionnent des vêtements pour les longs voyages de traite, tandis que les boulangers produisent de grandes quantités de biscuits dont les voyageurs font provision. Les taillandiers, les forgerons et les orfèvres fabriquent des objets de métal qui sont échangés lors de la traite. Québec reçoit beaucoup de navires chargés de marchandises, mais ceux-ci ne peuvent s’approcher des berges MARIE-ANNE BARBEL peu profondes. Les débardeurs À Québec, le 30 mai 1745, l’homme d’affaires Jean-Louis Fornel meurt. Bien que chargent et déchargent les bateaux Marie-Anne Barbel, son épouse, ait auparavant secondé son mari dans la poursuite de vant d’objets fabriqués par en se ser ses affaires commerciales, sa vie s’est jusqu’alors déroulée dans un contexte familial. les gens de métier de la colonie Au décès de son époux, Marie-Anne hérite d’une entreprise en pleine expansion. Elle (charrettes, tonneaux, barques et acquiert un statut civil privilégié par rapport aux femmes de l’époque. Ce statut partichaloupes). Des marins, pilotes et culier lui donne le droit, à titre de veuve, de gérer et d’administrer l’ensemble des biens navigateurs s’affairent à les aider. familiaux. À 41 ans, la veuve Fornel devient femme d’affaires et fait fructifier la fortune Bientôt, une élite, composée des de son défunt mari. Elle continue de tenir le magasin général, situé sur la place Royale, grands marchands métropolitains à Québec. Elle tisse un réseau de contacts avec des fonctionnaires haut placés de et des membres du gouvernement l’administration publique, dont l’intendant Bigot, qui lui vend une ferme à Tadoussac pour colonial, crée une demande pour 7000 livres. De plus, elle obtient la concession la fabrication de produits de luxe. d’un poste de traite et exploite une petite À Trois-Rivières, des autochtones industrie, soit un atelier de poterie. Finaleconstruisent des canots pour le ment, elle investit dans les secteurs immotransport fluvial et les voyages de biliers et fonciers (terres et bâtiments) de traite vers l’ouest. Québec et des environs. Tous ces métiers n’enrichissent La guerre de la Conquête entraîne la pas ceux qui les pratiquent. Leur destruction et la liquidation d’une imporprésence atteste néanmoins que tante partie des biens de la veuve Fornel. l’économie de la colonie s’ouvre à d’autres commerces que celui des fourrures et des pêcheries.

Taillandier : Artisan qui fabrique des outils servant à couper et à tailler.

TÉMOINS DE L’HISTOIRE

1

LA MAISON DE MARIE-ANNE BARBEL, SUR LA PLACE ROYALE, À QUÉBEC.

Marie-Anne Barbel (1704-1793), dont il n’existe aucune représentation picturale, était connue dans toute la ville de Québec. Sa maison, située sur la place Royale, a été construite en 1754.

108

DOSSIER 2

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

Après avoir forcé Jean Talon à mettre un terme à l’industrie de la construction navale et à sa brasserie sous prétexte que ces activités nuisaient au mercantilisme, l’État commence à encourager la grande industrie. C’est ainsi que se développe le domaine des forges et celui de la construction navale. À partir de 1732, l’établissement des chantiers de construction navale du roi permet de construire des navires de plus de 40 tonneaux. En 1739, l’intendant Gilles Hocquart encourage l’ouverture d’un chantier naval pour construire des navires de plusieurs centaines de tonneaux ainsi que des vaisseaux de guerre. Au moins 200 personnes travaillent sur ce chantier et, entre 1739 et 1759, une douzaine de vaisseaux de guerre sont construits. À la fin du Régime français, après une dizaine d’années de prospérité, la construction navale décline. De grandes forges, employant quelque 100 ouvriers, sont ouvertes en 1738 dans la région de Trois-Rivières. On y fabrique des poêles, des marmites, des boulets de canon et des objets de fer nécessaires à la construction navale. La moitié de la production est exportée en France et l’autre moitié, vendue dans la colonie. Cette entreprise éprouve très tôt de graves difficultés financières et elle est rachetée par le domaine royal en 1743.

4

2

LA COLONIE ET LE MERCANTILISME.

Dans cette lettre, le ministre et secrétaire d’État à la marine Pontchartrain informe l’intendant Raudot de la nécessité de transformer en France les matières premières de la colonie.

«

En général, il ne convient point trop que les manufacturiers s’établissent dans ce pays parce que cela ne pourrait se faire qu’au détriment [des manufactures] de France, mais il faut faire en sorte que les denrées que le Canada produit passent en France pour y être manufacturées.

»

Source : Jérôme de PONTCHARTRAIN, Lettre à l’intendant Raudot, 9 juin 1706.

3

UN POÊLE EN FONTE.

Les poêles en fonte sont les types d’objet les plus communs fabriqués aux Forges du Saint-Maurice.

UNE USINE UNIQUE EN SON GENRE.

Lors de son passage au Canada, en 1749, le naturaliste suédois Pehr Kalm visite les Forges du Saint-Maurice. Le journal qu’il publie est une mine d’informations sur la société de la Nouvelle-France.

«

L’usine, qui est le seul établissement de ce genre dans le pays, est à trois milles à l’ouest de Trois-Rivières. […] La mine est à deux lieues et demie de la fonderie, et le minerai y est charroyé sur des traîneaux. […] Le fer qui sort de cette usine est, me dit-on, mou, flexible et résistant ; et la rouille ne l’attaque pas aussi aisément que le fer ordinaire […] on y fond […] des poêles qui sont en vogue dans tout le Canada, des chaudrons, etc., sans compter le fer en barres. […] c’est la seule entreprise de ce genre en Canada, elle n’a pas de concurrence à soutenir, c’est chez elle qu’il faut se procurer tous les outils en fer, et tout le fer dont on peut avoir besoin. De plus, une rivière, qui descend des forges au fleuve Saint-Laurent, offre une voie facile autant que peu coûteuse pour le transport du métal sur tous les points du pays. Source : Pehr KALM, Voyage de Pehr Kalm au Canada en 1749, Montréal, Pierre Tisseyre, 1977.

»

QUESTIONS 1. Quelles sont les deux grandes industries de la colonie ? Méthodologie

5

LES FORGES DU SAINT-MAURICE, VERS 1844.

2. [Doc. 2] a) De quelle politique économique est-il question dans cette citation ? b) Cette politique encourage-t-elle le développement de l’activité industrielle dans la colonie ?

Fondées en 1738, les Forges du Saint-Maurice sont très actives pendant plusieurs années. Croulant sous les dettes, elles cessent leurs activités en 1883.

3. [Doc. 4] Relevez deux passages du texte de Pehr Kalm qui montrent que les forges sont favorables au commerce intérieur. Réflexion

George Seton, Les forges de M. Bell sur la rivière Saint-Maurice, 1844.

4. Exprimez en quelques mots ce que vous avez appris sur l’activité industrielle en Nouvelle-France.

LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE (1608-1760)

109

LA FILIÈRE DU TEMPS

La forge et la construction navale

LA FILIÈRE DU TEMPS

3 Disette : Pénurie, manque de tout ce qui est nécessaire. Cabotage : Navigation à proximité des côtes.

1

LA BASSE-VILLE DE QUÉBEC EN RUINE, EN 1761.

Les installations portuaires sont complètement démolies. Le premier travail des Britanniques consiste à remettre le port en fonction afin de continuer le commerce.

1500-1608

1608-1760

1760-1867

1867 à nos jours

Entre continuité et changement Pendant la plus grande partie du Régime britannique, le commerce domine l’économie et favorise le développement de la colonie. Le monde agricole vit d’importants changements, passant d’une grande prospérité à de dures périodes de crises. Quel rôle jouent les routes, les canaux et les chemins de fer dans le développement de l’économie ? Comment le commerce et l’industrie évoluent-ils sous le Régime britannique ?

Le commerce extérieur La guerre de la Conquête, avec son lot de destructions matérielles, ralentit considérablement les activités économiques entre 1756 et 1763. Les récoltes incendiées engendrent la disette et il faut s’atteler à la reconstruction des fermes et des habitations. La ville de Québec, si importante dans le commerce de la colonie, est en ruine après les bombardements qui ont endommagé une grande partie des bâtiments. Quelques centaines de Français, commerçants de la métropole française et membres de l’élite coloniale, quittent la colonie. Les petits commerçants des villes se trouvent à court de marchandises, ayant perdu leurs sources d’approvisionnement avec la France. Même le commerce local est en crise, car plusieurs goélettes et bateaux qui servaient au cabotage le long des villages du Saint-Laurent ont été incendiés. Enfin, la monnaie de carte, utilisée en NouvelleFrance par les administrateurs aux prises avec une pénurie de monnaie, n’est remboursée qu’en partie par la France. Cela provoque d’énormes pertes financières. La reprise du grand commerce international et du commerce local est désormais entre les mains des Britanniques. Les autorités britanniques souhaitent que les activités économiques de la colonie reprennent afin de relancer le commerce des fourrures et des pêcheries. Pendant les années qui suivent la Conquête, l’armée participe à la reconstruction des fermes. De plus, l’arrivée de négociants britanniques aux postes clés du grand commerce international permet aux petits commerçants canadiens de reprendre leurs affaires. La GrandeBretagne possède un immense empire et constitue un plus vaste marché pour exporter les ressources naturelles du Québec.

Richard Short, Vue de l’évêché avec les ruines telles qu’elles apparaissent en descendant la côte de la haute à la basse-ville, 1761.

110

DOSSIER 2

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

Dès 1770, le port de Québec retrouve son animation commerciale. Les buts du commerce ne changent pas, car tout comme la France avant elle, la nouvelle métropole a une politique mercantiliste. La colonie exporte ses ressources naturelles en Grande-Bretagne et y achète ses produits manufacturés. À la même époque, la demande en blé s’accroît et cette céréale est de plus en plus exportée aux Antilles et en Grande-Bretagne. Vers 1800, le blé est le deuxième produit d’exportation en importance pour l’ensemble du Canada.

Corn Laws : Série de lois protectionnistes britanniques en application entre 1815 et 1846, qui taxent les céréales importées afin de maintenir le prix du blé anglais à un taux élevé.

2

Des lois sont en vigueur pour protéger les intérêts de la métropole. Par exemple, les lois sur la navigation (Navigation Acts) assurent aux Britanniques le monopole du commerce des colonies avec la métropole, tandis que les lois sur le blé (Corn Laws) stipulent que les céréales importées en Grande-Bretagne doivent être taxées de façon à ne pas nuire à la production de la métropole.

L’ÉCONOMIE AU BAS-CANADA ET DANS LES COLONIES ATLANTIQUES AU DÉBUT DU 19e SIÈCLE.

Au début du 19e siècle, l’économie du Bas-Canada est profondément transformée : le commerce des fourrures décline, tandis que celui du bois et du blé augmente considérablement.

Le libéralisme économique Lac Saint-Jean

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Peu à peu, la métropole britannique change ses politiques commerciales en introduisant plus de libertés dans le commerce. En 1825, elle modifie les anciennes lois sur la navigation pour les rendre moins restrictives. Les colonies peuvent alors commercer directement avec les pays d’Amérique du Sud. De plus, la métropole réduit la liste des produits de commerce qui étaient interdits ailleurs qu’en GrandeBretagne ou dans ses colonies. Au milieu du 19e siècle, le libéralisme s’introduit dans le commerce. Avec l’abolition des lois sur le blé en 1846 et des lois sur la navigation en 1849, la Grande-Bretagne adopte officiellement le libre-échange.

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Légende

NOUVELLEÉCOSSE

Activité économique Commerce des fourrures Exploitation forestière Culture des céréales Pêche Construction navale

La disparition du protectionnisme britannique permet aux marchands de commercer plus librement, mais, en contrepartie, le commerce entre la Grande-Bretagne et ses colonies n’est plus assuré. Les marchands des autres pays européens bénéficient eux aussi de la libre concurrence et leurs produits sont offerts à meilleurs prix dans la métropole. Les colonies britanniques se tournent alors vers les États-Unis et, en 1854, signent le Traité de réciprocité qui élimine les tarifs douaniers et crée un marché pour leurs matières premières et leurs produits agricoles. Ce traité permet d’augmenter les échanges entre les deux pays. Cependant, les Américains font bientôt pression auprès de leur gouvernement afin que celui-ci revienne à des mesures protectionnistes : le traité est aboli en 1866. La nécessité de créer un marché sans barrières douanières incite alors les autorités canadiennes à proposer une union des colonies britanniques de l’Amérique du Nord.

LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE (1760-1867)

OCÉAN ATLANTIQUE 0

50

100 150 km

QUESTIONS 1. Quelle conséquence le départ des négociants français en 1760 entraînet-il pour les petits commerçants canadiens ? 2. Quelles sont les deux activités économiques de base de l’époque française qui sont relancées par les Britanniques ? 3. Quelles sont les conséquences du passage du commerce mercantiliste vers le commerce libéral ? Méthodologie 4. [Doc. 2] Où se concentre la construction navale ?

111

LA FILIÈRE DU TEMPS

Du commerce mercantiliste au commerce libéral

LA FILIÈRE DU TEMPS

Le commerce après la Conquête Le changement de régime amène des transformations dans les secteurs déjà existants. La concurrence dans le domaine des fourrures prend de l’ampleur et suscite des tensions, alors que la pêche est affectée par la destruction de Louisbourg lors de la guerre. Par contre, à la fin du 18e siècle et au début du 19e, la production de blé augmente et plusieurs activités économiques se développent autour de la production du bois.

Le commerce des fourrures et la concurrence Après la Conquête de 1760, les commerçants et les voyageurs canadiens travaillent pour les négociants britanniques et la Compagnie de la Baie d’Hudson qui, à partir de 1777, sont soumis au droit commercial anglais. La Compagnie du Nord-Ouest, fondée en 1783 par des marchands britanniques venus à Montréal et à Québec, entre en concurrence avec la Compagnie de la Baie d’Hudson. Après s’être lancées dans une guerre commerciale féroce, les compagnies fusionnent en 1821. La Compagnie de la Baie d’Hudson a alors la mainmise sur d’immenses territoires. Vers 1870, l’attrait pour les fourrures décline. La Compagnie de la Baie d’Hudson se lance alors dans le commerce de détail.

Le commerce de la pêche en difficulté

1

DES EMPLOYÉS DE LA BAIE D’HUDSON EN CANOT, VERS 1869.

Le canot est le moyen de transport privilégié pour le commerce des fourrures. Les nombreux cours d’eau qui traversent l’Amérique du Nord constituent des voies rapides et efficaces pour le transport des marchandises.

En 1758, la forteresse de Louisbourg est détruite et la ville est abandonnée. La colonie est ainsi privée de son exploitation de pêche la plus dynamique. De nouveaux exploitants, comme la famille Robin, originaire des îles anglo-normandes situées dans la Manche, dominent le commerce de la morue dans la colonie tout au long du 19e siècle. Ils maintiennent dans un état de dépendance 5000 colons de la région de la Baie des Chaleurs en leur faisant crédit dans leurs propres magasins. Les profits engendrés par la pêche vont directement dans les îles anglo-normandes. Les grandes fluctuations de la demande au cours du 19e siècle empêchent les pêcheurs et leurs familles de s’affranchir de leurs dettes. Le secteur des pêcheries entraîne toutefois la création de nombreux petits chantiers navals tout autour de la péninsule qui, tout en appartenant aux entrepreneurs anglo-normands, permettent de varier les emplois dans plusieurs villages.

Frances Anne Hopkins, Voyageurs franchissant une cascade en canot, 1869.

112

DOSSIER 2

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

À partir de 1770, la demande en blé s’accroît et pendant la guerre de l’Indépendance des Treize colonies, on en exporte de plus en plus aux Antilles et en Grande-Bretagne. Vers 1800, le blé est le deuxième produit d’exportation en importance pour l’ensemble du Canada et en 1802, on produit 10 fois plus de blé qu’en 1790. Le blocus continental imposé par Napoléon Bonaparte, en 1806, va augmenter considérablement la demande en bois de la Grande-Bretagne qui ne peut plus s’approvisionner en Scandinavie. Une croissance des exportations de bois s’amorce à partir de 1806. En 1810, les exportations de bois représentent déjà plus de 75 % de la valeur des exportations du port de Québec. Ainsi, dans les premières décennies du 19e siècle, le commerce du bois dépasse en importance celui de la fourrure. Le bois n’est pas expédié sans transformation. On assiste alors au développement de multiples activités économiques autour de la production de bois. Le port de Québec en est le premier bénéficiaire, mais toutes les régions du Québec en profitent, principalement l’Outaouais, en raison des coupes forestières et des nombreuses scieries. Certains historiens voient dans le commerce du bois le début de la restructuration et de la modernisation de l’économie du Québec. Cependant, ce sont les marchands d’origine britannique qui contrôlent ce commerce, tandis que les Canadiens français, mais aussi les immigrants comme les Irlandais, constituent la main-d’œuvre.

TÉMOINS DE L’HISTOIRE FRANCES ANNE HOPKINS Frances Anne Hopkins, une artiste peintre britannique, séjourne 12 ans au Québec, entre 1858 et 1870. Née Frances Anne Beechey en 1838, elle grandit dans un milieu aisé, entourée d’artistes. Son grand-père, sa mère et son père sont peintres. En 1861, elle et son époux Edward Martin Hopkins, qui est secrétaire personnel du dirigeant de la Compagnie de la Baie d’Hudson, puis agent en chef de la compagnie, déménagent à Lachine, puis à Montréal. Ses premiers croquis représentent d’ailleurs ces deux villes. Grâce à son emploi, le mari de Frances a le privilège d’emmener sa femme lors des tournées d’inspection de son territoire. À cette époque, la Compagnie de la Baie d’Hudson tente de substituer aux voyages en canot des moyens de transport plus pratiques, comme le train à vapeur. Frances Anne est donc l’une des dernières voyageuses à naviguer sur les Grands Lacs en canot de traite. Ce sont ces voyages en canot, ainsi que les paysages canadiens, qu’elle représente le plus souvent dans ses tableaux. Bien qu’elle expose souvent en Grande-Bretagne, les peintures de Frances Anne Hopkins ne sont présentées au Canada qu’une seule fois de son vivant, à l’exposition de l’Association des beaux-arts de Montréal en 1870.

3

FRANCES ANNE HOPKINS (1838-1919).

2

L’EXPORTATION DES PRODUITS DE LA FORÊT.

Dans son ouvrage Description topographique de la province du Bas-Canada, l’arpenteur Joseph Bouchette note l’importance des produits de la forêt dans les exportations.

«

Les principales exportations du Canada consistent en vaisseaux neufs, en bois de construction de chêne et de pin, en sapins, en mâts, en beauprés, en membrures de toute espèce, en merrain, en potasse et en vaidasse (madriers servant à la construction navale), en pelleterie, en froment, en farine, en biscuits, en maïs, en légumes, en provisions salées, en poissons, en quelques autres différents articles, le tout employant ordinairement des vaisseaux à la concurrence de 150 000 tonneaux. Dans cette énumération, les articles de première importance pour l’Angleterre sont les produits de la forêt […] Depuis 1806, le commerce des colonies en bois de construction […] s’est accru à un point extraordinaire. Source : Joseph BOUCHETTE, Description topographique de la province du Bas-Canada, 1815, p. 83-85.

»

QUESTIONS 1. En Gaspésie, qui domine le commerce de la morue au 19e siècle ? Aux dépens de quel groupe ? 2. Quel événement européen est à l’origine de la croissance phénoménale du commerce du bois dans le Bas-Canada ? Méthodologie 3. [Doc. 2] Selon Joseph Bouchette, quels sont les produits les plus en demande en Grande-Bretagne ? Réflexion 4. Que feriez-vous pour améliorer votre compréhension du passage du commerce des fourrures au commerce du bois et du blé ?

Le talent de Frances Anne Hopkins est reconnu de son vivant. Elle expose plusieurs fois à Londres.

LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE (1760-1867)

113

LA FILIÈRE DU TEMPS

Un nouveau produit moteur : le bois

LA FILIÈRE DU TEMPS

Le commerce intérieur en croissance Avec l’augmentation de la population et l’amélioration des moyens de transport, le commerce intérieur est en pleine croissance. Comme la populaBois équarri : Bois taillé en poutre, de forme tion aug mente, il y a de plus en plus de villages : une cinquantaine en 1815, carrée. plus de 200 en 1830, et plus de 300 en 1850. Ces villages possèdent tous leurs petits commerces et industries, que ce soit un magasin général, une boutique de forge, un atelier, une scierie ou un moulin à farine. Peu à LE PONT VICTORIA EN 1860. peu, des chemins et des routes relient les villages entre eux ainsi qu’aux Ouvert en 1859, le pont Victoria est le premier grandes villes de Montréal et de Québec. Ces routes constituent égalepont à franchir le Saint-Laurent, reliant Montréal ment une solution de remplacement au transport maritime qui emprunte le fleuve et les rivières pour livrer des cargaisons plus imposantes. aux réseaux ferroviaires nord-américains. Il appartient aux propriétaires du Grand Tronc. Comme les routes sont difficilement praticables au printemps et à la Plus de 3000 personnes sont embauchées pour fin de l’automne, le fleuve Saint-Laurent devient une artère commerciale participer à sa construction, qui s’échelonne très achalandée. Canots, barques, radeaux transportant le bois équarri, sur 5 ans. goélettes, voiliers et premiers navires à vapeur se côtoient et acheminent les marchandises d’une région à l’autre.

1

Le long des rivières et du fleuve, plusieurs rapides compliquent le transport des marchandises. La construction de canaux devient vite nécessaire afin de permettre aux embarcations de poursuivre leur route. À partir des années 1820, plusieurs canaux sont creusés : celui de Lachine, complété en 1824, de même que le canal Rideau et le canal Welland. De plus gros bateaux en provenance des Grands Lacs peuvent maintenant atteindre Montréal. S. Russel, Compagnie de chemin de fer du Grand Tronc du Canada, pont Victoria, traversant le fleuve Saint-Laurent à Montréal, 1860.

2

L’AGRANDISSEMENT DU CANAL DE LACHINE EN 1877.

Le canal de Lachine est inauguré en 1824. On procède à son élargissement en 1877 afin de permettre le passage de plus grosses embarcations.

Eugene Haberer, Améliorations au canal de Lachine, Montréal, 1877.

114

DOSSIER 2

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

LA FILIÈRE DU TEMPS

3

LES CANAUX ET LE RÉSEAU DE CHEMINS DE FER VERS 1860.

L’industrialisation entraîne le développement des chemins de fer, ainsi que la modernisation et la construction de canaux.

Légende

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NOUVELLEÉCOSSE

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Autre chemin de fer Canada-Est Canada-Ouest Autre colonie britannique États-Unis

Capitale du Canada-Uni Ville Frontière coloniale Frontière internationale Canal Chemin de fer TE R R E DE du Grand Tronc

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L’aide des chemins de fer Entre 1850 et 1867, la fièvre des chemins de fer s’empare des deux Canadas. Les premières voies ferrées servent au transport des marchandises entre les rivières et le fleuve, et évitent ainsi de longs détours. La toute première au Canada est inaugurée en 1836. Elle relie Saint-Jeansur-Richelieu à La Prairie, sur la rive sud du Saint-Laurent, près de Montréal. Il devient bientôt nécessaire de créer une véritable ligne de transport ouverte 12 mois par année et débouchant sur la mer. Une première grande ligne, le Grand Tronc, relie les villes de Sarnia, en Ontario, à Rivière-du-Loup, au Québec. La voie ferrée est ensuite prolongée jusqu’à Portland, aux États-Unis, via Sherbrooke. Avec la ligne du Grand Tronc, complétée en 1860, le port de Montréal se trouve ainsi directement relié à la mer, à Portland, dans le Maine. Les colonies britanniques rêvent bientôt de créer un grand marché national qui serait relié par un chemin de fer. Ce rêve d’union de toutes les colonies britanniques de l’Amérique du Nord mène à la Confédération de 1867. En 1850, on compte seulement une centaine de kilomètres de voies ferrées au Canada, mais 10 ans plus tard, le réseau s’étend sur 3500 km, dont 925 au Québec seulement. En comparaison, les États-Unis disposent de 25 000 km de voies en 1855.

LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE (1760-1867)

QUESTIONS 1. Comment le développement des chemins de fer peut-il aider le commerce extérieur ? le commerce intérieur ? 2. La construction des canaux avantaget-elle Québec ou Montréal ? Justifiez votre réponse. 3. Quel matériau la construction des chemins de fer exige-t-elle ? Méthodologie 4. [Doc. 3] Quelles villes sont situées aux extrémités du chemin de fer du Grand Tronc ? Réflexion 5. Que pouvez-vous faire pour mieux comprendre le rapport entre le commerce et le développement des chemins de fer ?

115

L’économie agricole entre croissance et crise

LES PRODUITS DES CHAMPS, DE 1831 À 1871.

Les diagrammes montrent le type de production agricole à trois moments du 19e siècle.

1831 14

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LA FILIÈRE DU TEMPS

1

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Entre 1765 et 1800, la demande de la Grande-Bretagne en blé et en farine encourage les agriculteurs à augmenter leur production de blé. Toutefois, à partir de la fin des années 1820, l’agriculture au Bas-Canada connaît de multiples problèmes. D’une part, la concurrence s’accroît avec le HautCanada dont les terres neuves et riches produisent du blé à meilleur prix. D’autre part, le froid qui sévit dans les régions entre Trois-Rivières et Québec pendant la décennie 1810 provoque une baisse dramatique des récoltes. De plus, durant cette même période, le blé est attaqué par la mouche de Hesse qui détruit les plants dans toutes les régions, et ce, avant même la récolte. La population continue cependant d’augmenter rapidement et de nouvelles terres sont défrichées en marge des anciennes terres de la plaine du Saint-Laurent. Les villes prennent également de l’expansion. L’augmentation de la population entraîne une hausse de la demande de pommes de terre, un plus grand marché pour la viande de boucherie et l’élevage de chevaux. Les agriculteurs opèrent alors graduellement un virage dans leurs productions. De la culture du blé, on passe à l’élevage du bétail et à la culture des fourrages (avoine, foin) et de la pomme de terre. Ce virage ne touche pas toutes les régions rurales de la même façon. Ce sont surtout les fermes situées près des villes qui continuent d’être prospères. Par ailleurs, l’augmentation rapide de la population rurale provoque une baisse du nombre de terres disponibles au milieu du 19e siècle. De nouvelles régions s’ouvrent à la colonisation, comme le nord de la vallée du Saint-Laurent, le Saguenay et le Lac-Saint-Jean, mais ces terres sont moins fertiles pour le blé et plus éloignées des grands centres urbains. La géographie du Québec impose donc des limites au développement agricole.

1871 m ,5

29

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1,16 % 3,42 % 6,37 % Avoine Blé Maïs Orge

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40,26 %

2

LA COLONISATION D’UNE NOUVELLE TERRE À CHATHAM, PRÈS DE LA RIVIÈRE DES OUTAOUAIS, VERS 1865.

Afin de pouvoir cultiver sa terre, le colon doit d’abord la défricher, c’est-à-dire qu’il doit arracher les arbres qui s’y trouvent.

4,80 % 1,17 % 4,17 %

Pois Sarrasin Seigle Pomme de terre

Source : Serge COURVILLE, J.-C. ROBERT et N. SÉGUIN, Atlas historique du Québec, Le pays Laurentien au XIXe siècle, les morphologies de base, Québec, Presses de l’Université Laval, 1995, p. 66.

116

DOSSIER 2

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

Tous les agriculteurs doivent améliorer leurs revenus par un travail saisonnier en forêt, car ils ne peuvent pas subvenir à tous leurs besoins avec l’agriculture. Par conséquent, les hommes montent aux chantiers pour y être bûcherons durant l’hiver. Pendant plusieurs décennies, l’économie agroforestière marquera l’économie et l’imaginaire québécois. Bientôt, les nouvelles terres ouvertes à la colonisation ne suffisent plus à combler les besoins, car la population augmente sans cesse. À partir de 1850, les gens quittent les campagnes et tentent de trouver un emploi ailleurs. Les villes de Québec et de Montréal ont peu d’emplois à offrir, car la révolution industrielle n’est pas encore commencée. Il y a trop de travailleurs pour les emplois disponibles. C’est le début de l’exode vers les États de la Nouvelle-Angleterre, où sont installées plusieurs industries textiles. Ce mouvement migratoire vers les États-Unis se poursuivra jusque dans les années 1920.

TÉMOINS DE L’HISTOIRE LES DRAVEURS Avec le printemps arrive le temps de la drave. Les draveurs exercent un métier périlleux qui consiste à conduire d’immenses troncs d’arbres flottant sur les rivières vers les usines de transformation du bois. À la fin de l’hiver, des mesureurs marquent les arbres coupés par les bûcherons au nom des compagnies forestières qui en sont propriétaires. Les charretiers jettent ensuite les troncs dans l’eau. Les draveurs sont chargés de mener la marchandise à bon port en tentant d’éviter la formation d’embâcles. Contrairement aux raftmen qui descendent le bois cordé sur des radeaux, les draveurs doivent se tenir debout en équilibre tout en se déplaçant d’un billot à l’autre. À l’aide d’une longue perche en bois, ils veillent à décoincer les billots qui sont retenus par les rochers ou par la glace. Les risques de tomber dans l’eau glacée et de mourir écrasé par les troncs d’arbres sont élevés. D’ailleurs, beaucoup de draveurs ne savent pas nager et, malgré leur agilité, bon nombre d’entre eux meurent en faisant leur travail. Le métier de draveur n’existe plus, ce sont maintenant des camions qui effectuent le transport du bois depuis la forêt jusqu’aux usines.

4

3

AUTOUR DE L’INDUSTRIE DU BOIS.

Dans le roman Maria Chapdelaine, publié en 1914, Louis Hémon (1880-1913) décrit, entre autres, la vie difficile et périlleuse des bûcherons et des draveurs du Québec.

«

Les chantiers, la drave, ce sont les deux chapitres principaux de la grande industrie du bois, qui pour les hommes de la province de Québec est plus importante encore que celle de la terre. D’octobre à avril les haches travaillent sans répit et les forts chevaux traînent les billots sur la neige jusqu’aux berges des rivières glacées ; puis, le printemps venu, les piles de bois s’écroulent l’une après l’autre dans l’eau neuve et commencent leur longue navigation hasardeuse à travers les rapides. Et à tous les coudes des rivières, à toutes les chutes, partout où les innombrables billots bloquent et s’amoncellent, il faut encore le concours des draveurs forts et adroits, habitués à la besogne périlleuse, pour courir sur les troncs demi-submergés, rompre les barrages, aider tout le jour avec la hache et la gaffe à la marche heureuse des pans de forêt qui descendent. Source : Louis HÉMON, Maria Chapdelaine, Montréal, Bibliothèque québécoise, 1990 (1914), p. 67.

»

QUESTIONS

DES DRAVEURS.

Le draveur commence sa journée de travail à l’aurore et ne s’arrête qu’au coucher du soleil.

1. Quelle production agricole est en chute libre dans la décennie 1810 ? Pour quelles raisons ? 2. Vers quelles nouvelles activités s’oriente l’agriculture québécoise ? 3. Indiquez à quelles solutions recourent les agriculteurs de la vallée du Saint-Laurent qui n’ont pas de terres pour assurer leur subsistance. Méthodologie 4. [Doc. 1] a) Nommez trois secteurs qui connaissent une croissance entre 1831 et 1851. b) Quelles cultures décroissent entre 1851 et 1871 ?

LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE (1760-1867)

117

LA FILIÈRE DU TEMPS

Monter au chantier ou partir aux « États »

LA FILIÈRE DU TEMPS

1

LE PROGRÈS ET LA MÉCANISATION.

La mécanisation entraîne la disparition de l’artisan au profit de l’ouvrier. Le premier travaille dans un petit atelier et en est souvent le propriétaire. Le second est ouvrier dans une manufacture de chaussures. Ne pouvant faire face à la baisse du prix de la chaussure produite en manufacture, les cordonniers deviennent des réparateurs de souliers ou vont travailler dans les manufactures.

John Henry Walker, The Old Style et The New Way [La vieille manière et La nouvelle manière], 1880.

Fonderie : Usine dans laquelle des métaux ou des alliages sont fondus pour en faire des objets spécifiques à l’aide de moules. Distillerie : Industrie qui fabrique de l’eau-de-vie. Manufacture : Établissement où des employés effectuent des opérations précises dans le but de fabriquer un produit.

L’activité industrielle en transition De 1765 à 1820, le mode de production demeure artisanal. La majorité des produits sont fabriqués dans de petits ateliers selon des méthodes traditionnelles et sont destinés à la consommation locale. Ces ateliers artisanaux sont souvent de petites entreprises familiales où œuvrent parfois des aides et des apprentis. Le maître artisan fabrique des articles à la demande directe de ses clients. Entre 1815 et 1850, la croissance des villages et de la population en général amène la création d’un plus grand nombre d’ateliers. De nombreux moulins à farine et des scieries font leur apparition. Ces bâtiments utilisent la force de l’eau comme énergie motrice. On trouve aussi des fonderies et des distilleries qui embauchent une partie de la main-d’œuvre ouvrière. Tous ces commerces s’installent surtout en milieu rural afin de profiter des ressources en eau (en particulier les moulins) et de tirer parti des matières premières. Surtout à partir des années 1850, des manufactures apparaissent en milieu urbain et plusieurs dizaines d’employés travaillent dans chacune d’elles. Cette fois, la source d’énergie motrice n’est plus l’eau, mais le charbon et la machine à vapeur. Les premières grandes industries montréalaises sont la meunerie de William Watson Ogilvie, la distillerie et la brasserie de John Molson et la raffinerie de sucre de John Redpath. La plupart des manufactures s’installent le long du canal de Lachine, à Montréal, qui se trouve au cœur de la révolution industrielle. Les nouvelles activités économiques se concentrent de plus en plus à Montréal. En 1881, cette grande ville produit 52 % des biens manufacturés au Québec, alors que la ville de Québec n’en produit que 9,3 %. En raison de son réseau de chemin de fer plus développé et de ses grands canaux, Montréal est en contact constant avec l’Ouest canadien et devient la plaque tournante du commerce international. D’autre part, le commerce du blé et celui du bois, ainsi que les chantiers de construction navale, assurent la prospérité de Québec et contribuent à la croissance de sa population jusqu’au milieu du 19e siècle.

2

LA MANUFACTURE DE MACHINES À COUDRE WILLIAMS MANUFACTURING CO., EN 1880.

Au 19e siècle, les industries montréalaises s’établissent le long du canal de Lachine. Au total, plus de 600 entreprises occupent les terrains avoisinant le canal depuis sa construction jusqu’à aujourd’hui. Eugene Haberer, Les nouveaux bâtiments de la C. Williams Manufacturing Company of Montreal, 1880.

118

DOSSIER 2

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

LA FILIÈRE DU TEMPS

3

LA BANQUE DE MONTRÉAL AU MILIEU DU 19e SIÈCLE.

La première succursale de la Banque de Montréal ouvre en 1817, à Montréal sur la rue Saint-Paul. Fondée par des représentants des plus grands commerces de l’époque, elle sert de banque centrale du Canada jusqu’en 1934, année de la fondation de la Banque du Canada.

Les premières institutions financières Les premières banques créées au début du 19e siècle, comme la Banque de Montréal en 1817 et la Banque de Québec en 1818, se spécialisent seulement dans les opérations de change associées au grand commerce. Afin de faire face aux demandes de crédit des manufacturiers, ces banques modifient leurs services en incluant les prêts et l’épargne. Toute une variété d’institutions financières voient le jour au cours du siècle : compagnies d’assurances, sociétés de prêts hypothécaires, Bourse de Montréal, etc. Les plus importantes institutions sont établies à Montréal. Pour les membres de la bourgeoisie d’affaires canadienne-française, il est toutefois difficile d’obtenir du crédit auprès des institutions financières associées aux capitaux anglais. Entre 1835 et 1874, ces gens d’affaires fondent donc une dizaine de petites banques, dont la Banque du peuple. Ces institutions sont établies tentent de soutenir leurs clients, mais leur capital est bien inférieur à celui des institutions anglaises. Ces petites banques disparaissent pour la plupart entre 1880 et 1910.

La disparité des classes sociales De 1765 à 1840, une classe de riches marchands et de négociants, dont les plus importants sont d’origine britannique, font leur apparition. Cette bourgeoisie d’affaires est la nouvelle élite urbaine, puissante tant sur le plan économique que sur le plan politique. Elle exerce le contrôle sur le commerce avec le Haut-Canada. D’autre part, une moyenne bourgeoisie, composée de marchands canadiens-français, établit sa fortune en finançant le transport des marchandises et le flottage du bois sur le fleuve, entre Québec et Montréal. Certains s’intéressent au commerce local entre les villages et prennent des compagnies en charge pendant de nombreuses décennies. Grâce à l’enrichissement du monde rural, une petite bourgeoisie se développe, composée de marchands et de professionnels, comme les médecins, les notaires et les avocats. Tous ces gens jouent un rôle important dans le monde politique du 19e siècle : ils se font les défenseurs des intérêts de leur classe et de ceux des Canadiens français. De plus en plus nombreux, au fur et à mesure que s’agrandissent les ateliers et qu’apparaissent les manufactures, les artisans se transforment en ouvriers et délaissent ainsi les ateliers artisanaux. Ils vivent dans des conditions beaucoup plus misérables qu’au siècle précédent. Le rythme du travail et les nombreuses heures de travail dans les usines en sont responsables. Sans syndicat pour les protéger, leur situation se dégrade dans la seconde moitié du 19e siècle.

LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE (1760-1867)

Opération de change : Action de convertir la monnaie d’un pays en monnaie d’un autre pays. Bourgeoisie d’affaires : Classe d’individus qui cherchent à s’enrichir au moyen du commerce et des affaires.

QUESTIONS 1. Selon le texte, la révolution industrielle a-t-elle démarré au Québec avant 1867 ? Justifiez votre réponse. 2. Dans quelle ville sont concentrées les nouvelles activités industrielles ? 3. Quelle relation ce développement industriel a-t-il avec les transports ? 4. Quel groupe domine le monde financier montréalais ? 5. Quel groupe social disparaît avec l’avènement de la révolution industrielle ? Réflexion 6. Que pouvez-vous faire pour améliorer votre compréhension de la transition du Québec vers le capitalisme ?

119

LA FILIÈRE DU TEMPS

4

1500-1608

1608-1760

1760-1867

1867 à nos jours

Une ère de croissance À la fin du 19e siècle, des conditions favorables à l’industrialisation se présentent. Les Canadiens français sont de plus en plus exclus du pouvoir économique, en raison de la concentration des entreprises et de la prédominance des capitaux étrangers. À partir de 1960, les Québécois se donnent des outils pour jouer un rôle plus actif dans le développement économique de la province. Comment y parviennent-ils ? Quelles sont leurs actions ?

Une économie en transition 1

1871 18 650 000 11 690 000 14 330 000 2 910 000

1881 22 440 000 12 790 000 21 680 000 3 600 000

La fin du 19e siècle est marquée par la première grande crise économique internationale. Pour protéger son industrie naissante et relancer l’économie du pays, le gouvernement canadien adopte la Politique nationale en 1878. Cette politique comprend trois aspects : la hausse des tarifs douaniers, l’extension du réseau ferroviaire et l’intensification de l’immigration. La hausse des tarifs douaniers permet d’augmenter de façon significative les revenus de l’État, de diminuer les importations, de stimuler les industries canadiennes et, ainsi, de créer des milliers 1891 d’emplois. Les revenus provenant du tarif douanier servent à 34 700 000 financer la construction d’un réseau ferroviaire transconti18 500 000 nental. Enfin, l’intensification de l’immigration permet de 18 900 000 peupler l’Ouest, créant un nouveau marché de consommateurs pour les industries du Québec. 9 900 000

3 130 000 540 000 1 430 000 1 340 000 5 850 000

4 220 000 1 342 000 1 750 000 2 400 000 10 040 000

7 600 000 2 300 000 3 600 000 4 300 000 13 600 000

LA VALEUR, EN DOLLARS, DES PRINCIPAUX PRODUITS MANUFACTURÉS AU QUÉBEC, DE 1871 À 1891.

Tout au long du 19e siècle, le secteur de l’alimentation domine le marché de la production manufacturée. Secteur Alimentation Bois Cuir Équipement de transport Fer et acier Papier et pâte Tabac Textile Vêtement

Source : Jean HAMELIN et Yves ROBY, Histoire économique du Québec 1851-1896, Montréal, Fides, 1971, p. 267.

L’industrialisation et l’urbanisation

L’industrialisation amorcée vers 1850 se poursuit, stimulée par un marché qui s’agrandit sans cesse. L’importance de cette augmentation réside dans le fait que la population des villes ne peut suffire à ses besoins comme celle des campagnes et qu’elle consomme davantage. Ainsi, les citadins achètent leur nourriture au marché, approvisionné par les agriculteurs du voisinage, et se procurent les autres biens de consommation chez les détaillants spécialisés. Les industries légères, comme le textile, le cuir et le tabac, constituent les principaux secteurs du premier système manufacturier. Ces industries nécessitent un moindre apport en technologie et en capital. Quelques industries lourdes fournissent les produits nécessaires à la construction des chemins de fer, comme l’acier et le fer. Elles supposent l’utilisation d’une machinerie coûteuse et d’une grande quantité d’énergie, et impliquent de gros investissements en capitaux.

L’industrialisation a un impact majeur sur l’urbanisation. Montréal devient la métropole du Canada grâce à ses industries situées le long du canal de Lachine. La moitié de la valeur de la production manufacturière du Québec est fabriquée sur son territoire. Parallèlement, de nouvelles villes industrielles naissent dans des zones rurales, car on y trouve une maind’œuvre abondante et à bon marché. Ainsi se développent les villes de Sherbrooke, de Salaberry-de-Valleyfield, de Hull et de Saint-Hyacinthe. Les investisseurs du secteur des textiles savent que les agriculteurs et les autres ruraux doivent trouver un revenu d’appoint. C’est pourquoi ils ouvrent leurs manufactures dans les villages situés près des réseaux ferroviaires.

120

DOSSIER 2

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

Les activités commerciales À la fin du 19e siècle, l’économie du Québec change considérablement avec l’industrialisation. Le blé et les fourrures perdent leur rôle de produits moteurs et sont nettement en déclin. Le bois continue d’être exporté, surtout le bois d’œuvre, principalement à cause de la demande américaine. Les exportations des produits de la pêche en Gaspésie et dans les régions du golfe du Saint-Laurent demeurent stables. Cependant, la concurrence de Terre-Neuve et de la NouvelleÉcosse est défavorable aux pêcheurs québécois. Le Québec change de client principal pour son commerce extérieur, passant du Royaume-Uni aux États-Unis. Il diversifie aussi son marché extérieur en traitant avec l’Allemagne, la France et les Antilles. Le grand commerce extérieur se fait maintenant à Montréal, où sont acheminés les produits de l’Ouest canadien, les biens manufacturés et les importations. Cette concurrence nuit au port de Québec. Le commerce intérieur, même s’il est mal desservi par les routes, subit aussi des transformations. Les régions éloignées peuvent recevoir plus régulièrement des marchandises de toutes sortes grâce aux voies ferrées. La vente par catalogue fait son apparition. Ce nouveau moyen mis en place par les grands magasins permet de rejoindre la clientèle rurale. Dans les campagnes, le magasin général reste la principale source d’approvisionnement des produits en provenance des manufactures. Un commis voyageur apporte des échantillons au commerçant qui prépare alors sa commande. De cette manière, les tissus, vêtements, chaussures produits dans les manufactures peuvent être dirigés vers les magasins généraux.

3

2

LE PORT DE MONTRÉAL EN 1884.

À la fin du 19e siècle, avec l’essor des industries et de l’agriculture dans l’Ouest ainsi que l’expansion du réseau ferroviaire, le port de Montréal devient rapidement le principal point d’exportation du pays.

L’INTÉRIEUR DU MAGASIN GÉNÉRAL LAURENTIDE PULP MILLS, À GRAND-MÈRE, EN MAURICIE, VERS 1900.

Dans les petits centres urbains, le magasin général et les logements ouvriers appartiennent souvent à la compagnie qui contrôle l’économie locale. Parfois, les employés sont payés en coupons, lesquels servent à payer le loyer et à se procurer des marchandises au magasin général.

QUESTIONS 1. Comment se nomme la politique que le gouvernement canadien adopte pour protéger ses industries ? 2. Quel effet le développement industriel a-t-il sur l’occupation territoriale ? 3. Pourquoi Montréal devient-elle le centre du grand commerce extérieur ? Méthodologie 4. [Doc. 1] Quels sont les trois secteurs industriels qui connaissent la plus forte hausse à cette époque ? Réflexion 5. Quelles informations vous ont permis de comprendre le phénomène de l’industrialisation ?

LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE (1867 à nos jours)

121

LA FILIÈRE DU TEMPS

Les transformations sociales À la fin du 19e siècle, le développement des industries enrichit la grande bourgeoisie d’affaires, essentiellement d’origine britannique, établie à Montréal. Cette classe sociale possède des capitaux importants et contrôle les institutions économiques dominantes, comme le Canadien Pacifique et la Banque de Montréal. Grâce à leur participation aux conseils d’administration, ces gens d’affaires orientent les investissements vers les secteurs qui les intéressent.

1

LA RUE D’UN QUARTIER OUVRIER DE MONTRÉAL, À LA FIN DU 19e SIÈCLE.

Les conditions de vie, dans les quartiers ouvriers, sont particulièrement difficiles. Les familles ouvrières doivent faire face à la surpopulation, à l’insalubrité, à la pollution industrielle et à l’absence de mesures sanitaires, comme la collecte de déchets.

La moyenne bourgeoisie, plus nombreuse, joue davantage un rôle régional. Elle compte des gens d’origine française, britannique, écossaise et irlandaise qui jouent un rôle important dans le développement économique. Ceux-ci possèdent aussi leurs banques, de moindre envergure, qui sont en activité entre 1860 et 1900. Cette classe sociale est particulièrement active dans le commerce de gros et de détail ainsi que dans certains secteurs industriels, comme la chaussure. La petite bourgeoisie, encore plus nombreuse, manque par contre de gros capitaux. Les petits commerçants, notaires, médecins ou avocats, constituent souvent l’élite d’un quartier, d’une paroisse, d’une petite ville ou d’un village. Ces notables jouent un rôle important dans les décisions locales. L’industrialisation et l’urbanisation entraînent à leur suite des contrastes saisissants. La misère humaine côtoie souvent la richesse. Le développement rapide des quartiers ouvriers ne permet pas la construction de logements décents et les familles s’entassent à proximité des usines dans des logements trop petits et insuffisamment isolés pour un climat aussi rigoureux. Pour assurer leur survie, plusieurs membres de la famille doivent travailler, parfois même les femmes et les enfants. Aucune loi ne régit les conditions de travail des ouvriers. Cette période de l’industrialisation est l’une des plus sombres de l’histoire du Québec.

2

L’INTÉRIEUR D’UNE RÉSIDENCE BOURGEOISE, À MONTRÉAL, EN 1896.

Les plus riches et influentes familles du Canada se font construire de somptueuses demeures dans les quartiers bourgeois de Québec et surtout de Montréal, comme le Golden Square Mile, ou Mille Carré Doré, situé sur le flanc sud du mont Royal.

122

DOSSIER 2

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

LA FILIÈRE DU TEMPS

Une commission d’enquête pour les travailleurs En 1885, la Commission royale d’enquête sur les relations entre le capital et le travail est créée. Cette commission met en lumière les abus des manufacturiers canadiens. On apprend que les ouvriers sont régulièrement mis à l’amende, punis et envoyés au cachot, surtout les femmes et les enfants. Il arrive qu’à la fin d’une semaine de travail, un ouvrier ayant insuffisamment produit, été trop bavard ou turbulent, ne reçoive pas un sou. À la suite des résultats de l’enquête, la Commission recommande plusieurs mesures législatives qui ne commencent à être appliquées que 10 ans plus tard. À la fin du 19e siècle, les syndicats défendent les ouvriers au grand jour, en s’adressant autant aux dirigeants des manufactures qu’aux politiciens, afin d’obtenir l’adoption de lois protectrices. Il reste beaucoup à faire avant d’améliorer les conditions de vie de la classe ouvrière.

3

4

UN PATRON DANS L’EMBARRAS.

En 1888, des enfants ouvriers de la manufacture de cigares J.M. Fortier témoignent. Certains affirment avoir été battus et envoyés au cachot. Appelé à témoigner, le propriétaire J.M. Fortier se défend.

«

Je n’ai pas personnellement connaissance qu’on ait battu ces garçons, mis à part ce qu’ils méritaient en raison des torts qu’ils ont commis […] la plupart des parents qui n’arrivaient pas à s’entendre avec leurs enfants, parce que ceux-ci étaient indisciplinés et méchants garçons, venaient me voir en tant que fabricant de cigares, et j’essayais de les aider du mieux que je le pouvais. Ils me les confiaient, incapables de les corriger eux-mêmes. Source : Rapport de la Commission royale d’enquête sur les relations entre le capital et le travail, 1889.

Une jeune employée de la manufacture de cigares J.M. Fortier décrit comment son employeur l’a battue parce qu’elle n’a pas pu produire les 100 cigares qu’il lui avait demandé de fabriquer.

«

»

5

UNE OUVRIÈRE TÉMOIGNE.

LE TRIAGE DU MINERAI À LA MINE DE CUIVRE DE HUNTINGDON, EN 1867.

Dans certains secteurs comme les mines ou le textile, les femmes et les enfants constituent une main-d’œuvre recherchée, entre autres parce qu’ils sont beaucoup moins payés que les hommes.

J’étais assise et il m’a empoignée par le bras et il a essayé de me jeter à terre ; il m’a jetée par terre et il m’a battue avec le couvert du moule. – Vous a-t-il battue étant par terre ? – Oui, j’ai essayé de me lever, et il me tenait par terre. Source : Rapport de la Commission royale d’enquête sur les relations entre le capital et le travail, 1889.

» QUESTIONS 1. Relevez trois conditions qui rendent pénible la vie des familles ouvrières de l’époque. 2. Vers la fin du siècle, quels organismes se consacrent à la défense des ouvriers ? Méthodologie

6

3. [Doc. 3] Comment ce patron justifie-t-il les corrections données aux enfants ?

LE SALAIRE HEBDOMADAIRE DANS CERTAINES USINES DE MONTRÉAL EN 1889.

En 1889, alors que le revenu moyen d’une famille est de 9,00 $ par semaine, le salaire hebdomadaire d’un homme se situe entre 4,80 $ et 16,00 $, celui d’une femme entre 1,50 $ et 7,00 $ et celui d’un jeune garçon entre 1,50 $ et 5,00 $. Type d’usine Filature de coton Manufacture de chaussures Manufacture de tabac

Homme 4,80 $ à 6,00 $ 6,00 $ à 16,00 $ 6,00 $ à 8,50 $

Femme 4,50 $ à 4,80 $ 1,50 $ à 7,00 $ 1,50 $ à 3,75 $

Enfant 1,50 $ à 1,80 $ — 1,50 $ à 5,00 $

Connexion 4. [Doc. 1 et 2] Qu’est-ce qui distingue l’extérieur des habitations ouvrières de l’intérieur de la résidence bourgeoise ? Réflexion 5. Exprimez en quelques mots ce que vous avez appris des effets de l’industrialisation sur les classes sociales.

Source : Rapport de la Commission royale d’enquête sur les relations entre le capital et le travail, 1889.

LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE (1867 à nos jours)

123

LA FILIÈRE DU TEMPS

1

L’ÉCOLE DE LAITERIE DE SAINT-HYACINTHE.

Cette école, qui ouvre en 1892, forme des inspecteurs ainsi que des fromagers et des baratteurs pour les fabriques du Québec.

L’économie agricole et le monde rural L’un des changements majeurs de la seconde moitié du 19e siècle réside dans la réorientation en profondeur de la production agricole vers l’industrie laitière. Même si les agriculteurs continuent de faire de l’élevage et de produire principalement du foin et de l’avoine, ils ne tardent pas à augmenter considérablement leur cheptel de vaches laitières. Des fabriques de beurre et de fromage ouvrent un peu partout dans la province. De même que l’on avait pris soin de former les agriculteurs lors de la mécanisation de l’agriculture, il faut maintenant veiller à améliorer la qualité des produits laitiers. Les autorités provinciales essaient de mieux former les agriculteurs en ouvrant des écoles d’agriculture, en publiant des journaux et en multipliant les cercles agricoles.

L’école d’agriculture de Sainte-Annede-la-Pocatière L’école d’agriculture de SainteAnne-de-la-Pocatière est la première école d’agriculture au Canada. Elle est fondée en 1859 par l’abbé François Pilote (1811-1886). Au début, l’école a de la difficulté à recruter des élèves, à cause de la pauvreté des parents qui refusent de perdre une main-d’œuvre gratuite au sein de l’exploitation familiale. Les élèves qui s’y inscrivent sont âgés d’au moins 16 ans, savent lire et écrire, et possèdent les notions de base de l’arithmétique. La formation dispensée dure deux ans et permet aux élèves d’aborder tous les aspects de l’agriculture et de s’initier aux meilleures pra-

124

DOSSIER 2

tiques de culture sur la ferme annexée à l’école. Les candidats proviennent d’abord de la localité, mais le recrutement s’étend ensuite à l’ensemble du Québec. Malgré les difficultés, le projet est soutenu par le gouvernement, si bien qu’en 1912, l’école d’agriculture offre un programme universitaire et compte 573 diplômés. En 1962, elle est intégrée à la Faculté d’agriculture de l’Université Laval. L’éta-

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

blissement abrite aujourd’hui un institut de technologie agroalimentaire qui dispense une formation de niveau collégial.

2

L’ÉCOLE D’AGRICULTURE DE SAINTE-ANNE-DE-LA-POCATIÈRE.

Fondée en 1859 par l’abbé François Pilote, cette école d’agriculture est la plus vieille institution du genre au Canada.

La vie sociale d’un village reflète les activités économiques de ses habitants. D’une part, les marchands procurent aux habitants ce qui vient de la ville. D’autre part, les artisans fournissent le marché local : ce sont des cordonniers, bouchers, boulangers, maréchaux-ferrants. Il faut aussi compter les travailleurs sans terre qui offrent leurs services comme journaliers un peu partout dans les fermes. Les plus importants cultivateurs jouent également un rôle économique dans leur communauté en fournissant des produits alimentaires aux villageois. Le monde rural s’industrialise à son tour avec la multiplication des petites fabriques de beurre et de fromage, de même que celle des moulins à scie. Par contre, comme le réseau routier est nettement déficient, les agriculteurs ne peuvent livrer leur production laitière bien loin.

Saviez-v us que... À la fin du 19e siècle, le lait non pasteurisé est l’une des principales causes de la mortalité infantile élevée, à Montréal. À cause des conditions de transport et de conservation déficientes, des bactéries se développent dans le lait, ce qui est à la source de plusieurs épidémies.

Maréchal-ferrant : Artisan chargé de forger des fers et d’en garnir les sabots des chevaux.

Plusieurs producteurs laitiers manquent toutefois de savoir-faire. Les acheteurs se plaignent souvent de la qualité du beurre et du fromage. Devant la montée de ce secteur, les gouvernements réagissent en offrant une formation aux producteurs. Le problème se résout de luimême lorsque les petites fabriques disparaissent au profit de plus grosses.

3

UNE FROMAGERIE À SAINT-PRIME, AU LAC-SAINT-JEAN, À LA FIN DU 19e SIÈCLE.

Cette fromagerie, l’une des premières au Québec, est fondée en 1890 par Adélard Perron. En 1989, ce bâtiment est classé monument historique.

4

QUESTIONS

LES FROMAGERIES ET LES BEURRERIES AU QUÉBEC, À LA FIN DU 19e SIÈCLE.

Au cours des années 1870-1875, la fabrication du beurre et du fromage, grâce à l’amélioration de sa qualité, passe d’un mode artisanal à une véritable industrie. Les agriculteurs délaissent la culture du blé et des autres produits céréaliers au profit de la production laitière. Année 1871 1881 1891 1901

Nombre d’établissements 25 162 728 1992

Nombre d’employés 77 377 1220 3630

1. Quel changement fondamental se produit-il dans la production agricole dans la seconde moitié du 19e siècle ? 2. Quels groupes sociaux sont établis en milieu rural ? Méthodologie 3. [Doc. 4] De 1871 à 1901, quelle décennie montre la plus forte progression en pourcentage du nombre d’établissements?

Source : Recensement du Canada, 1901.

LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE (1867 à nos jours)

125

LA FILIÈRE DU TEMPS

Le développement du monde rural

LA FILIÈRE DU TEMPS

L’ère du capitalisme La période qui s’étend de 1900 à 1929 est sans conteste celle de l’âge d’or du capitalisme industriel basé sur l’énergie électrique. Alors qu’il était nettement désavantagé à l’époque où le charbon représentait l’unique source d’énergie, le Québec tire maintenant un grand avantage de ses ressources en énergie électrique.

L’industrialisation et l’urbanisation

1

Au début du 20e siècle, les nouveaux barrages hydroélectriques du Québec font bondir l’industrialisation de la province. Ils aident à alimenter les industries en électricité. Des usines sont construites à proximité des ressources naturelles ou des centrales électriques. Cette situation entraîne une conséquence majeure sur l’occupation territoriale : des zones jusqu’alors peu peuplées se développent rapidement, comme l’Abitibi, le Lac-Saint-Jean et la Mauricie.

LES RICHESSES NATURELLES DU QUÉBEC VERS 1930.

L’extension des chemins de fer se poursuit. Malgré ses faibles moyens financiers, le gouvernement du Québec favorise le développement du réseau ferroviaire en donnant des subventions aux compagnies de chemins de fer. Il assume la construction de certaines lignes, comme le « Québec, Montréal, Ottawa et Occidental » (QMOO), qui coûte plus de 14 millions de dollars. Les chemins de fer qui traversent les villes et les villages contribuent à leur développement économique. Après la Première Guerre mondiale, en 1918, le gouvernement doit revoir tout le réseau routier avec l’apparition des automobiles, des camions et des autobus.

Dans le premier quart du 20e siècle, le paysage québécois est transformé par un nouveau type d’industries centré sur l’exploitation des ressources naturelles. Des industries liées aux ressources hydroélectriques et forestières (pâtes et papiers, aluminium, chimie) se développent rapidement dans les anciennes régions de colonisation.

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ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

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QUÉBEC

Ville Frontière internationale Frontière provinciale Tracé de 1927 du Conseil privé (non définitif) Production hydroélectrique Aire d’exploitation du bois Ressource minérale Fe A Amiante Argent Pb Ag Or Zn Au Cu Cuivre

Fer Plomb Zinc

LA FILIÈRE DU TEMPS

2

LE BARRAGE HYDRO-ÉLECTRIQUE DE LA COMPAGNIE SHAWINIGAN WATER AND POWER, À SHAWINIGAN, EN 1917.

L’installation du barrage entraîne l’implantation, en Mauricie, de nombreuses usines de textile, de pâtes et papiers et de fabrication d’aluminium.

Les activités commerciales Avec la création de nouvelles industries basées sur l’exploitation et la transformation des ressources naturelles, le gouvernement du Québec change sa politique économique. En tant que propriétaire des terres, des richesses du soussol et des ressources hydrauliques, le Québec tente d’attirer les investisseurs en cédant ou en vendant ses richesses. Pour contourner les aspects protectionnistes de certaines politiques gouvernementales, les Américains viennent installer des industries au pays. Cette stratégie favorise le contrôle américain sur le développement économique du Canada.

4

LA RÉPARTITION EN POURCENTAGE DES INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS AU CANADA DE 1900 À 1930.

L’augmentation des investissements américains et britanniques signifie un contrôle accru de l’étranger sur l’économie du Canada.

Pourcentage

Le premier quart du 20e siècle est aussi marqué par une forte tendance à la concentration des entreprises. Le désir de contrôler le marché pour réaliser davantage de profits amène les plus grandes entreprises à utiliser des stratégies qui visent à éliminer leurs concurrents. Par exemple, une entreprise baisse ses prix de vente pendant plusieurs mois, afin d’attirer la clientèle de ses concurrents. Ces derniers baissent les prix à leur tour, mais étant déjà financièrement affaiblis par la concurrence, ils ne peuvent se remettre de leurs pertes. Ils sont alors rachetés par l’entreprise qui a lancé cette lutte sauvage. Une entreprise peut aussi, par exemple, tenter de contrôler les matières premières qui servent à la fabrication de son produit ou les transports de ces matières premières. De cette façon, elle détient le monopole du secteur de production dans lequel elle fait affaire. On parle alors de capitalisme de monopole où la concurrence est contrôlée par quelques grandes entreprises.

3 100 80 60 40 20 0

1900 États-Unis

1930

Royaume-Uni

Autres pays

Source : Paul-André LINTEAU, René DUROCHER et Jean-Claude ROBERT, Histoire du Québec contemporain, tome 1, coll. Boréal compact, Montréal, Boréal, 1989, p. 443.

QUESTIONS 1. Durant la période 1900-1930, quels sont les deux principaux facteurs qui influencent la localisation des usines ?

EMPARONS-NOUS DE L’INDUSTRIE.

2. Pourquoi les Américains viennent-ils établir des filiales de leurs compagnies au Canada ?

Où sont les industriels, les armateurs et surtout les ingénieurs canadiensfrançais ? Qui construit et exploite les chemins de fer dont le pays est sillonné et pour lesquels nous avons fourni l’argent ? Les noms canadiens-français figurent en bien petit nombre sur les listes d’actionnaires, de gérants et d’employés. Qui exploite les forêts, la source principale de notre richesse, et que nous sommes si fortement intéressés à ne pas vouloir tarir ? Ici encore l’élément français est en minorité tandis qu’il devrait constituer l’immense majorité en tenant compte de sa valeur numérique. Il en est de même pour les mines, les pêcheries et toutes les autres branches de l’industrie. Source : Errol BOUCHETTE, Emparons-nous de l’industrie, Ottawa, L’imprimerie générale, 1901, p. 10.

1920 Année

L’intellectuel Errol Bouchette critique l’absence des Canadiens français dans les hautes sphères de l’économie du Québec. Dans son essai, publié en 1901, il encourage les Canadiens français à s’emparer de l’industrie afin d’acquérir l’indépendance économique.

«

1910

»

LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE (1867 à nos jours)

Méthodologie 3. [Doc. 3] Décrivez en une courte phrase l’évolution des investissements étrangers au Canada de 1900 à 1930. Réflexion 4. Déterminez des moyens d’améliorer votre connaissance des changements apportés à la société québécoise par le capitalisme du début du 20e siècle.

127

LA FILIÈRE DU TEMPS

Les transformations sociales

1

La bourgeoisie d’affaires profite grandement de la deuxième phase d’industrialisation des premières décennies du 20e siècle. Cette classe domine les hautes sphères commerciales, industrielles et financières du pays. Elle exerce toujours son pouvoir sur l’orientation économique de la province. Les membres de cette bourgeoisie, qui sont à la tête des institutions financières, doivent s’entendre avec les Américains, puisque les capitaux qu’ils ont investis leur donnent un droit de regard sur le développement de l’économie du Québec.

LES ACTIFS DES BANQUES, DE 1913 À 1929.

La concentration des entreprises déstabilise la moyenne bourgeoisie. Les institutions bancaires, les compagnies d’assurances et diverses sociétés de prêts fusionnent, ce qui fait disparaître les petites institutions où la moyenne bourgeoisie avait ses entrées. Pour les gens de cette classe, cela signifie la perte de leurs outils économiques et l’impossibilité de concurrencer les grosses entreprises. Leurs contacts avec la grande bour1913 1923 1929 geoisie se font plus rares et leur 241 991 $ 663 661 $ 896 936 $ champ d’action devient plus régional ou local. La moyenne bour63 975 $ – – geoisie demeure tout de même 83 217 $ – – présente dans le secteur des indus50 302 $ 73 261 $ – tries légères, celles qui présentent 178 624 $ 536 778 $ 962 028 $ moins d’intérêt pour les grands 21 179 $ – – financiers.

Les institutions financières sont grandement affectées par la concentration des entreprises. En 1913, plusieurs banques indépendantes ayant leur siège social au Québec se partagent les actifs. En 1929, seules six banques survivent au Québec. Banque Banque de Montréal Bank of British North America Merchants Bank Molson’s Bank Banque Royale du Canada Banque de Québec Banque Canadienne nationale Banque d’Hochelaga Banque Nationale Banque Provinciale du Canada Union Bank of Canada Barclay’s Bank Total des actifs

– 32 530 $ 24 213 $ 13 077 $ 79 567 $ – 788 675 $

Source : Paul-André LINTEAU, René DUROCHER et Jean-Claude ROBERT, Histoire du Québec contemporain, tome 1, coll. Boréal compact, Montréal, Boréal, 1989, p. 466.

Actif : Ensemble des valeurs dont une personne ou une entreprise a la libre disposition.

– 71 593 $ 52 864 $ 36 939 $ – – 1 435 096 $

154 539 $ – – 53 424 $ – 4542 $ 2 071 469 $

Quant à la petite bourgeoisie, elle aussi trouve difficile de survivre dans ce contexte de monopole. L’ouverture des succursales des grands magasins métropolitains fait du tort aux petits commerçants. Plusieurs doivent trouver une autre façon de gagner leur vie.

La classe ouvrière continue d’augmenter et les conditions de travail des ouvriers restent très pénibles. Les propriétaires des entreprises fusionnées ignorent, pour la plupart, les difficultés que doivent affronter leurs employés. Leur principal souci est de chercher une main-d’œuvre à bon marché.

Les conditions de travail Les progrès dans la lutte pour l’amélioration des conditions de travail sont lents, car la résistance des autorités politiques et la force du capitalisme à monopole retardent les efforts en ce sens. Ainsi, en 1920, seulement 14 % de la main-d’œuvre peut compter sur un syndicat. Entre 1900 et 1925, les quelques législations qui portent sur les accidents de travail, le travail des femmes et des enfants et le nombre d’heures de travail à respecter sont difficilement appliquées, faute d’inspecteurs, ou sont trop vagues pour avoir quelque effet que ce soit.

128

DOSSIER 2

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

Dans les années 1920, le nombre d’heures de travail par semaine demeure très élevé, soit en moyenne 55 heures. Cependant, les salaires augmentent sensiblement grâce à l’organisation scientifique du travail, appelée « taylorisme ». Un des objectifs du taylorisme est d’augmenter la productivité des travailleurs. Pour y arriver, il faut réduire les mouvements exécutés par l’ouvrier lors d’une tâche. Quand l’ouvrier doit se déplacer pour aller chercher un outil, puis les éléments de l’objet à confectionner, il perd de précieuses secondes chaque fois. La chaîne de montage permet de restreindre les pertes de temps en amenant le travail à proximité de l’ouvrier. Celui-ci n’a plus qu’à répéter les mêmes gestes. Cette nouvelle organisation du travail entraîne une baisse des coûts de production et une augmentation de la productivité de la main-d’œuvre et des profits. En fin de compte, le prix de vente de l’objet est plus bas. La chaîne de montage représente toutefois un désavantage pour l’ouvrier à cause de la division extrême du travail et de la répétition à l’infini des mêmes gestes.

2

LE TRAVAIL À LA CHAÎNE DANS UNE USINE AMÉRICAINE DE PIÈCES AUTOMOBILES EN 1913.

En 1913, Henry Ford inaugure l’installation de la première chaîne de montage automobile dans l’une de ses usines. Ce nouveau modèle d’organisation du travail connaîtra une grande diffusion à travers le monde.

Le monde du travail prend un nouveau tournant. La qualité de vie en ville s’améliore grâce aux innovations dans les transports, surtout après la Première Guerre mondiale. Les tramways, les autobus, les camions et les automobiles facilitent les déplacements des travailleurs, ce qui leur permet d’habiter graduellement dans des quartiers plus éloignés de l’usine.

3

UN PROSPECTUS QUI MET DE LA POUDRE AUX YEUX.

Au début de la crise économique des années 1930, la Shawinigan Water and Power publie un prospectus pour attirer de nouvelles industries dans la région.

«

Nulle part au monde trouvons-nous d’aussi bonnes conditions ouvrières que dans la province de Québec, tout spécialement dans la région de Shawinigan Water and Power Company. Il serait difficile de trouver un peuple plus heureux et satisfait sur terre. Le sentiment de satisfaction du peuple canadien-français constitue un élément très important pour les employeurs de cette région ; cette valeur humaine étant directement attribuable à la direction sage et avisée de leurs pères confesseurs, les prêtres catholiques. Dans cette région, pendant des siècles, le premier principe de la religion des habitants a voulu que l’on soit heureux de son sort. Les syndicats locaux font des demandes modérées… De plus, la dimension proverbiale de la famille canadienne-française constitue un facteur d’importance dans la disponibilité de la main-d’œuvre. Puisque tous doivent se nourrir, tous doivent travailler et les manufactures disposent ainsi d’une main-d’œuvre féminine et masculine à portée de la main ; et, puisque tous doivent travailler, les salaires demandés sont extrêmement bas. Source : Prospectus de la Shawinigan Water and Power, cité dans John A. DICKINSON et Brian YOUNG, Brève histoire socio-économique du Québec, Sillery, Éditions du Septentrion, 2003, p. 243.

»

LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE (1867 à nos jours)

QUESTIONS 1. Quelle classe profite de la concentration des entreprises au début du siècle ? 2. Quels sont les deux principaux avantages économiques liés à l’application de la chaîne de montage ? Méthodologie 3. [Doc. 1] Quelles sont les deux banques québécoises qui totalisent plus de la moitié des actifs bancaires ? 4. [Doc. 3] Selon ce prospectus, pourquoi les Canadiens français sont-ils de bons ouvriers ?

129

LA FILIÈRE DU TEMPS

Une nouvelle organisation du travail

LA FILIÈRE DU TEMPS

La modernisation agricole et le monde rural

1

LE BULLETIN DES AGRICULTEURS D’OCTOBRE 1939.

Les journaux agricoles et les revues spécialisées sont une source importante de renseignements pour les agriculteurs québécois.

Grâce aux efforts mis en place par les gouvernements, la petite bourgeoisie et le clergé, le monde rural se modernise à son tour. Les écoles d’agriculture et les cercles agricoles obtiennent des résultats encourageants puisqu’ils parviennent, malgré un nombre réduit d’agriculteurs, à augmenter la production agricole dans le premier tiers du 20e siècle. Il faut dire que les réseaux de transport aident considérablement à faciliter les échanges entre les villes et les campagnes. La production laitière, l’élevage, la culture du foin, de l’avoine et du tabac constituent toujours les fondements de l’économie agricole. Prenant son essor au début du siècle, le coopératisme, inspiré du mouvement des caisses populaires, rejoint les producteurs de fromage, de beurre et de lait. Les coopératives présentent de nombreux avantages : ses membres peuvent rassembler les capitaux suffisants en vue d’atteindre leur objectif commun, répartir les risques, mais aussi les profits. Elles favorisent l’exploitation des ressources par la collectivité plutôt que par des intérêts étrangers ; elles renforcent le sentiment d’appartenance de chacun à son milieu. Enfin, ses membres peuvent s’initier au monde des affaires et développer un savoir-faire. Influencés par les mouvements syndicaux et les unions qui apparaissent à cette époque, comme le syndicalisme catholique, les cultivateurs créent l’Union catholique des cultivateurs (UCC) en 1924. Les années qui suivent la Première Guerre mondiale sont éprouvantes, car le marché extérieur européen cesse ses activités. Les prix chutent dramatiquement et les plus petits producteurs doivent abandonner leur vocation commerciale. La mécanisation de l’agriculture, essentielle pour se maintenir dans la concurrence, coûte cher. À la fin des années 1920, les agriculteurs trouvent enfin du crédit pour acheter de la machinerie agricole grâce à leurs propres épargnes qui, peu à peu, pendant 20 ans, permettent aux caisses populaires d’obtenir un actif de 11 millions.

2

LE POURCENTAGE DES REVENUS AGRICOLES EN 1920 ET EN 1929.

1,2 % 1,7 %

Les revenus agricoles proviennent principalement des produits des cultures, comme le blé et l’avoine, ainsi que des produits laitiers. L’importance de la production laitière dans les revenus agricoles est de plus en plus marquée.

1920

2,7 %

5%

1929

3,4 %

2,5 %

15,8 % 48 %

28,1 %

6,7 % 71,9 %

13 %

Source : Paul-André LINTEAU, René DUROCHER et Jean-Claude ROBERT, Histoire du Québec contemporain, tome 1, coll. Boréal compact, Montréal, Boréal, 1989, p. 493.

130

DOSSIER 2

Cultures Animaux

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

Produits laitiers Fruits et légumes

Volaille et œufs Autres

Le monde rural, c’est plus qu’une ferme et ses dépendances. Ce sont aussi des villages et un territoire plus grand encore que celui qu’occupent les villes. En 1931, sur 1 million de personnes qui vivent à la campagne, 27 % habitent ailleurs que dans une ferme. L’influence de la ville est de plus en plus présente grâce à la diffusion des journaux, des catalogues et l’essor de l’automobile qui multiplie les contacts entre les villes et les campagnes.

Saviez-v us que... C’est en 1906 que les permis de conduire deviennent obligatoires au Québec. En 1933, le ministère de la Voirie du Québec impose aux automobilistes une limite de vitesse de 30 km/h dans les villes et de 50 km/h en milieu rural.

TÉMOINS DE L’HISTOIRE ALPHONSE DESJARDINS À Lévis, le 6 décembre 1900, Alphonse Desjardins fonde la toute première caisse populaire au Québec. Pourtant, rien ne le prédestine à une carrière dans la finance, sinon quelques cours de commerce au collège de Lévis. Né en 1854 dans une famille pauvre qui compte 15 enfants, Alphonse Desjardins entame plutôt une carrière de journaliste. Il est rédacteur au journal Canadien et également l’éditeur des Débats de la législature de la province de Québec. Il devient fonctionnaire d’État et occupe pendant 25 ans un poste de sténographe parlementaire francophone à la Chambre des communes à Ottawa. Grâce aux débats de l’Assemblée législative, Alphonse Desjardins se familiarise avec les modèles de coopération financière développés en Europe à la même époque. À la fin du 19e siècle, le Québec connaît une crise économique liée au déclin de l’agriculture. Les banques ne prêtent qu’aux grandes compagnies, ce qui mine l’initiative locale des petites entreprises. Une telle situation porte Alphonse Desjardins à réfléchir aux moyens d’établir des coopératives au Québec. Contrairement aux banques ordinaires, les membres s’associent pour mettre en commun leurs épargnes et s’offrir un crédit mutuel qui est réinvesti localement. Le Mouvement Desjardins compte aujourd’hui parmi les institutions financières les plus importantes du Canada.

3

ALPHONSE DESJARDINS (1854-1920).

De son vivant, Alphonse Desjardins participe à la mise en place de 187 caisses populaires au Québec, 18 en Ontario et 9 aux États-Unis. Le jour de l’ouverture de la première caisse à Lévis, les versements totalisent le montant de 26,40 $.

QUESTIONS

4

1. Donnez trois exemples de l’influence de la société industrielle sur le monde rural.

QUAND LA VILLE INFLUENCE LA CAMPAGNE.

2. Quel facteur de production coûte de plus en plus cher aux agriculteurs ?

Dans son roman La campagne canadienne, publié en 1925, Adélard Dugré fait une description des transformations qui s’opèrent en milieu rural avec l’essor de l’automobile et des moyens de communication.

«

Méthodologie

Les campagnes elles-mêmes ne sont plus un refuge assuré pour nos vieilles coutumes. Depuis longtemps déjà, mais surtout depuis l’invasion de nos paisibles paroisses par la grosse presse, l’automobile et les catalogues des grosses maisons d’affaires, nos bonnes gens s’enorgueillissent d’adopter le langage, les modes et les mœurs de la ville, qui sont une imitation de la langue, des modes et des mœurs américaines. La ville, les États-Unis, fascinent l’imagination de nos bonnes populations campagnardes et les poussent à se déguiser en citadins des États. Source : Adélard DUGRÉ, La campagne canadienne : Croquis et leçons, Montréal, Imprimerie du Messager, 1925, p. 6.

»

LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE (1867 à nos jours)

3. [Doc. 2] Nommez le secteur de production agricole dont les revenus s’accroissent le plus entre 1920 et 1929. Trouvez une hypothèse qui explique ce fait. 4. [Doc. 4] L’auteur de ce texte semble-t-il en faveur des valeurs modernes ou des valeurs traditionnelles ? Justifiez votre réponse.

131

LA FILIÈRE DU TEMPS

L’influence de la ville sur le monde rural

LA FILIÈRE DU TEMPS

1

L’AMÉNAGEMENT DU TUNNEL WELLINGTON, SOUS LE CANAL DE LACHINE, EN 1934.

Pendant la crise économique, le gouvernement met en place des programmes de travaux publics qui permettent aux chômeurs de gagner un peu d’argent.

De la crise à la prospérité Au moment de la crise économique de 1929, la politique du laisser-faire qui existe depuis un siècle est dénoncée à grands cris. Les différents paliers gouvernementaux interviennent d’abord modérément dans les affaires économiques en mettant sur pied de grands travaux publics, puis en portant un intérêt plus appuyé au développement industriel et agricole. Peu à peu, la conception du rôle de l’État dans l’économie change, les gouvernements s’impliquent davantage, en particulier le gouvernement fédéral. La Seconde Guerre mondiale amène le gouvernement fédéral à intervenir directement dans l’activité économique, notamment dans la gestion de la production et la fixation des prix. À la fin de la guerre, il retire plusieurs de ses politiques, mais il conserve son rôle interventionniste dans les domaines économiques. Au Québec, le gouvernement de Maurice Duplessis maintient les interventions de l’État à un niveau minimum.

L’économie en crise

Saviez-v us que... Dans les années 1950, la croissance du nombre de véhicules force les autorités à adapter les vieilles routes et à en construire de nouvelles. Aussi, jusqu’au milieu des années 1980, il faut payer pour utiliser certaines autoroutes afin de financer le réseau routier. Le coût du passage d’une voiture est de 25 sous. En 1959, la première de ces nouvelles voies rapides payantes est l’autoroute des Laurentides.

La crise de 1929 dépasse en difficulté toutes les autres périodes semblables qu’a connues le système capitaliste depuis le 19e siècle. Née de l’écroulement du marché financier aux ÉtatsUnis, la crise se transforme en crise industrielle, puis en véritable drame social. Ses répercussions ne tardent pas à se faire sentir au pays, étant donné la dépendance du Québec et du Canada à l’égard de l’économie américaine. En 1933, le quart des travailleurs du Québec se retrouvent sans emploi et sans revenu. Les commerces et les services voient leur clientèle disparaître dans la masse des chômeurs. Les agriculteurs sont moins touchés que la population des villes, car ils peuvent assurer leurs besoins essentiels à même les produits de la ferme. N’empêche que la baisse des prix de leurs produits sur les marchés rend leur situation plus précaire.

2

LA CRISE ET LE RETOUR À LA TERRE.

Pendant la crise économique du début des années 1930, l’agriculture est perçue comme étant le seul secteur social à l’abri de la misère urbaine. Dans un article publié dans La terre de chez nous en 1932, Esdras Minville recommande le retour à la terre.

«

L’établissement des chômeurs sur des terres coûte cher. Personne n’en doute ! Mais il faudrait voir, en premier lieu, s’il en coûte moins cher de les faire vivre dans les villes […] et, en second lieu, s’il ne serait pas possible d’instituer une politique d’établissement dans les régions nouvelles de tous les aspirants agriculteurs, qui permettrait aux pouvoirs publics de rentrer éventuellement, sinon dans la totalité, du moins dans une bonne partie de leurs avances. […] Pourquoi, au lieu d’affecter les fonds de chômage comme on l’a fait jusqu’ici à des travaux improductifs, d’une utilité souvent hypothétique, au lieu surtout de les distribuer, comme on le projette maintenant, en secours directs, les pouvoirs publics n’en consacreraient-ils pas la plus forte partie au défrichement et à l’aménagement, sous leur propre surveillance, de terres dans les régions nouvelles, quitte à disposer ensuite de celles-ci par la vente directe ou au plus enchérisseur ? Source : Esdras MINVILLE, « La crise et le retour à la terre », La terre de chez nous, 15 et 22 juin 1932.

132

DOSSIER 2

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

»

LA FILIÈRE DU TEMPS

Le retour à la prospérité La Seconde Guerre mondiale produit l’effet inverse à celui de la crise. Tous les secteurs de production destinés aux besoins des civils sont dorénavant orientés vers la production de guerre. Le chômage disparaît et les salaires sont à la hausse. La valeur de la production industrielle triple entre 1940 et 1945, en raison des activités reliées à l’effort de guerre. Pendant ce temps, le monde urbain se remet de la léthargie des années de la crise au point que bientôt, on manque de logements. L’urbanisation reprend, accompagnée par une hausse de la construction de logements. La structure urbaine de l’ensemble du Québec reste pourtant la même. Montréal et Québec demeurent les deux seules grandes villes de plus de 100 000 habitants. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les investissements augmentent et, après les 15 ans d’interruption, la consommation explose littéralement, suscitant une demande considérable de biens manufacturés. La production s’améliore dans presque tous les secteurs.

3

LA VOIE MARITIME DU SAINT-LAURENT AU DÉBUT DES ANNÉES 1960.

La voie maritime du Saint-Laurent est ouverte à la navigation en avril 1959. Dorénavant, les bateaux peuvent atteindre les Grands Lacs sans être obligés de s’arrêter à Montréal.

Après la crise et la guerre, le secteur de l’industrie légère demeure le secteur le plus important. En 1950, 54,2 % des ouvriers québécois y travaillent et il fournit 48,6 % de la valeur totale de la production industrielle. Cependant, les pâtes et papiers, les produits chimiques et l’exploitation des ressources naturelles, EN POURCENTAGE, DE CERTAINES INDUSTRIES DANS 4 L’IMPORTANCE, comme les mines, connaissent un nouvel essor après LE PRODUIT INTÉRIEUR BRUT (PIB) AU QUÉBEC, DE 1926 À 1975. 1950 et jouent un rôle moteur dans l’économie. Le gouvernement fédéral met en chantier de grands travaux comme la construction de l’autoroute transcanadienne et l’aménagement de la voie maritime du Saint-Laurent, qui relie les Grands Lacs à l’océan Atlantique. Ces grands projets permettent de réduire les coûts de transport et d’acheminer plus rapidement les matières premières.

5

LA PROSPÉRITÉ D’APRÈS-GUERRE.

Si l’agriculture est en constant déclin, les alumineries demeurent un des secteurs forts de l’économie. Industrie Agriculture Forêt, mine, électricité Bois et papier Réduction et affinage des métaux non ferreux (aluminium)

1951 7,6 % 5% 12 % 4%

1975 2,8 % 8,9 % 10,2 % 5%

Source : Statistique Canada, Produit intérieur brut provincial par industrie, 2001.

La fin de la Seconde Guerre mondiale inaugure une ère de prospérité qui permet le développement de la société de consommation.

«

1926 20 % 10 % 17 % 1,7 %

QUESTIONS

Jusqu’aux années 1940, une grande partie de la population a connu la vraie pauvreté, ne parvenant même pas à atteindre un “ minimum de bien-être ” chichement calculé. Pour les travailleurs, la misère était synonyme de mises à pied saisonnières, de maisons surpeuplées, de mauvaises récoltes, de chômage cyclique et de vieillesse indigente. Après 1945, les allocations familiales, l’assurance-chômage et, par-dessus tout, une croissance économique remarquable atténuent bon nombre de ces difficultés. Source : Craig BROWN, dir., Histoire générale du Canada, coll. Boréal compact, Montréal, Boréal, 1990, p. 579.

»

LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE (1867 à nos jours)

1. Donnez trois effets économiques positifs de l’économie de guerre. Méthodologie 2. [Doc. 2] a) Quel passage du texte montre qu’Esdras Minville n’est pas d’accord avec la politique des grands travaux du gouvernement ? b) Quelle solution propose-t-il ?

133

LA FILIÈRE DU TEMPS

1

UNE PUBLICITÉ D’APPAREIL ÉLECTROMÉNAGER DU DÉBUT DES ANNÉES 1950.

Les années 1950 voient apparaître la consommation de masse. Les appareils électroménagers, les automobiles, les appareils radio et les téléviseurs sont les objets les plus convoités.

Les transformations sociales La crise des années 1930 affecte profondément les travailleurs du Québec. Plusieurs font face à la pauvreté et parviennent difficilement à combler leurs besoins essentiels. C’est seulement lors de la Seconde Guerre mondiale que la situation s’améliore sensiblement, même si après 1939, les Québécois subissent encore des restrictions. La guerre crée plusieurs emplois, ce qui permet à de nombreuses familles de gagner un revenu. Puisque beaucoup d’hommes partent au front en Europe, les responsabilités des femmes deviennent plus exigeantes. Elles doivent travailler à l’extérieur et veiller en même temps aux tâches ménagères. Après tant d’années de restrictions, une extraordinaire explosion de consommation se manifeste dans les décennies qui suivent la signature de la paix. Vanté par la radio, la télévision et la publicité, l’idéal de l’American way of life, c’est-à-dire le mode de vie américain orienté vers la consommation, se diffuse à travers la population. La hausse des salaires, combinée à la faible inflation, permet l’achat de nouveaux biens. L’automobile devient plus accessible, de même que les appareils électroménagers, comme les machines à laver ou les réfrigérateurs. Pour remédier à la crise du logement, des maisons munies de tout le confort moderne, comme le chauffage central et les salles de bain tout équipées, sont construites à Montréal et en banlieue. Les marchands et les institutions financières facilitent l’accès au crédit à ceux qui n’ont pas les moyens de s’offrir ces biens. Par conséquent, l’endettement des Québécois augmente aussi de façon considérable durant ces années.

2

Inflation : Augmentation des prix qui se traduit par une perte du pouvoir d’achat.

« us que...

LE BOUM ÉCONOMIQUE DES ANNÉES 1950.

La prospérité économique des années 1950 transforme les habitudes de consommation de la population.

Saviez-v

Dans les années 1950, de jeunes adultes qui souhaitent sortir, danser et s’amuser ont accès à un autobus privé pour se déplacer. Il suffit de ne pas avoir une idée trop précise du lieu où l’on désire passer notre soirée, car la destination reste inconnue jusqu’à l’arrivée ! Cela explique pourquoi on surnomme ces autobus les « nowheres ». Le concept fait fureur dans les milieux populaires et vient s’ajouter à la panoplie de divertissements qui sont créés pour la jeunesse de l’époque.

134

DOSSIER 2

La décennie 1950 marque un point tournant dans l’histoire du Québec. En 10 ans, les Québécois des classes moyennes vont non seulement entrer dans la modernité, mais aussi vouloir rattraper le temps perdu et assumer pleinement leur appartenance au continent nord-américain. […] s’ouvre alors une période de prospérité où on n’hésite pas à dépenser les économies faites durant la guerre ou à utiliser cette nouveauté qu’est le crédit pour accéder à la propriété. […] le bungalow et son milieu de prédilection, la banlieue, transforment notre paysage bâti. Dans son sillage, on verra apparaître la stationservice, le centre commercial, le motel et le fast-food avec service à l’auto. […] de 1948 à 1960, il y eut 400 000 unités de logement mises en chantier au Québec, la maison individuelle comptant alors pour 80 % des maisons construites. Ce boum immobilier accélère le phénomène de la banlieue. Source : Danielle PIGEON, « Éloge du bungalow », Cap-aux-Diamants,

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

no

84, hiver 2006, p. 16.

»

Le développement du secteur tertiaire fournit une base économique à une nouvelle classe d’affaires qui contribue aussi au développement de la classe moyenne. Les interventions gouvernementales dans l’économie d’après-guerre soutiennent mieux le secteur tertiaire. Elles participent à son essor par le développement de la fonction publique, comme l’éducation, les services sociaux et la santé. Par exemple, dans le monde financier, la création de la Banque du Canada, en 1934, vise à mieux contrôler le système monétaire et financier. La croissance de la fonction publique permet aussi à l’économie du secteur tertiaire de progresser. Au Québec, l’essor du secteur tertiaire se fait surtout dans les années 1950, quoique le gouvernement de Maurice Duplessis en retarde le développement. En 1951, la fonction publique représente 11 % de la main-d’œuvre et 14 % en 1961. Dans cette nouvelle ère de consommation, le commerce de gros et de détail croît aussi, favorisant la venue de multiples commerces indépendants et de grandes chaînes de magasins. Les chemins de fer se spécialisent maintenant dans le transport de marchandises, puisque les voyageurs disposent de moyens plus variés comme l’automobile et l’avion. Tout le réseau routier est à revoir et à améliorer. Les communications engendrent également leur part de revenus dans l’économie avec le développement de la télévision et des stations de radio. En 1960, 97 % des ménages ont au moins un appareil radio et 89 % possèdent un téléviseur.

5

3

LES PRINCIPAUX MANDATS DE LA BANQUE DU CANADA.

Créée en 1934, la Banque du Canada est d’abord une institution privée avant de devenir, quatre ans plus tard, une institution d’État. Assurer la stabilité financière du pays. Conserver une monnaie sûre et garantie. Maintenir un faible taux d’inflation. Gérer la dette publique. Gérer les fonds publics. Concevoir et distribuer les billets de banque canadiens.

Secteur tertiaire : Champ d’activité qui comprend tous les commerces et entreprises qui offrent des services à leur clientèle ou qui font du commerce de gros ou de détail.

4

UNE AFFICHE DU CARNAVAL DE QUÉBEC DATANT DE 1959.

La croissance du secteur tertiaire est particulièrement marquée au milieu des années 1950. Avec le retour à la prospérité, l’industrie touristique prend un nouvel essor. Le Carnaval de Québec, dont la première édition a lieu en 1955, joue un rôle économique important dans l’industrie touristique de la ville de Québec. QUESTIONS

UNE STATION D’ESSENCE DANS LE BAS-SAINT-LAURENT VERS 1950.

À partir des années 1950, la vente d’automobiles prend un essor considérable, entraînant l’ouverture de nombreux concessionnaires d’automobiles et de stations d’essence.

1. Quelle conséquence l’accès facile au crédit entraîne-t-il pour les Québécois ? 2. Quelles sont les deux classes sociales qui profitent du développement du secteur tertiaire ? 3. De quelle façon les gouvernements contribuent-ils à la croissance du secteur tertiaire ? Réflexion 4. Vous savez maintenant que le mode de vie des Québécois a été fortement influencé par l’American way of life. Comment cela vous aidera-t-il à mieux comprendre la société québécoise actuelle ?

LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE (1867 à nos jours)

135

LA FILIÈRE DU TEMPS

L’essor du secteur tertiaire

LA FILIÈRE DU TEMPS

Le commerce et le contrôle étranger

1

L’INFÉRIORITÉ ÉCONOMIQUE DES FRANCOPHONES.

En 1965, la publication du rapport préliminaire de la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme (commission Laurendeau-Dunton) révèle que l’anglais est la véritable langue du commerce et des affaires au Québec. Dans les manufactures québécoises, 80 % des hauts postes sont occupés par des anglophones. 83 % des administrateurs et des cadres du Québec sont anglophones. À instruction égale, les francophones gagnent moins que tous les autres groupes linguistiques. Le revenu moyen d’un francophone est de 35 % inférieur à celui d’un anglophone.

2

LE CONGRÈS DES MEMBRES DE L’UNION DES CHAMBRES DE COMMERCE DE L’OUEST DU QUÉBEC, VERS 1950.

Les chambres de commerce permettent aux gens d’affaires de se rencontrer afin de discuter des questions économiques et des problèmes qui concernent les villes où elles sont implantées.

136

DOSSIER 2

Les décennies 1950 et 1960 transforment le paysage économique du Québec. Les activités industrielles sont à la hausse. Les grandes sociétés concentrent leurs activités et tendent au monopole, au détriment des petites sociétés. L’investissement de capitaux étrangers augmente également de façon considérable. En 1960, ces investissements atteignent plus de 22 milliards de dollars, dont 75 % proviennent des États-Unis. Le commerce extérieur dépend fortement des États-Unis, qui achètent les matières premières du Québec et lui revendent les produits finis. Pour ce qui est du commerce intérieur, Montréal attire de plus en plus d’investisseurs américains qui viennent y installer des filiales. En s’établissant au Québec, les Américains produisent les biens sur place, ce qui leur permet d’accéder directement au marché en contournant les barrières douanières. De même, en achetant des entreprises déjà existantes ou en établissant leurs sociétés, les investisseurs américains prennent le contrôle d’une part importante de l’industrie québécoise. La croissance industrielle que connaissent le Québec et le Canada est ainsi étroitement liée aux investissements étrangers.

Les capitaux anglophones et la minorité francophone Ces années de prospérité affectent considérablement le rôle des Canadiens français sur la scène économique. Jusqu’à cette période, le monde des affaires était principalement dominé par l’élite anglophone montréalaise. D’ailleurs, certains intellectuels se questionnent sur « l’infériorité économique des Canadiens français ». Ils tentent de comprendre les raisons pour lesquelles les Canadiens français ont été écartés du pouvoir économique depuis la Conquête britannique. Les entrepreneurs francophones, qui sont en minorité, ont besoin d’importants ajustements pour rattraper leur retard. Ils doivent également être prêts à faire face à la concentration et à la monopolisation des industries. Ce n’est qu’à partir de la Révolution tranquille que les Canadiens français commencent à jouer un rôle plus actif dans le développement économique du Québec. Si l’élite capitaliste et économique compte peu de francophones, la situation est bien différente au sein de la moyenne bourgeoisie. Celle-ci se compose de gens d’affaires et d’intellectuels. On les rencontre au sein des chambres de commerce locales. Ces associations comprennent majoritairement des commerçants et des personnes exerçant des professions libérales, comme les avocats ou les notaires. Elles leur permettent de tisser des liens entre le pouvoir économique, politique et intellectuel. Entre 1945 et 1960, le nombre de chambres de commerce passe de 82 à 180.

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

LA FILIÈRE DU TEMPS

La croissance du syndicalisme Avec la prospérité économique des années 1950, le nombre de personnes syndiquées n’a cessé de croître, de même que le nombre de syndicats. Après la crise des années 1930, les travailleurs sont mieux organisés et plus conscients de la valeur de leur travail. Par conséquent, ils revendiquent, par de nombreuses grèves, de meilleurs salaires et une amélioration de leurs conditions de travail. La syndicalisation touche surtout le milieu industriel. Des milliers de travailleurs du secteur tertiaire, comme ceux qui travaillent dans les commerces, ne possèdent cependant aucune autre protection que celle prévue par les lois gouvernementales.

3

LA CROISSANCE DU NOMBRE DE TRAVAILLEURS SYNDIQUÉS DES CENTRALES SYNDICALES, DE 1960 À 1970.

Durant la décennie 1960, le nombre de travailleurs syndiqués croît considérablement. Leurs conditions de travail s’améliorent et leurs droits sont de plus en plus respectés. Année

Confédération des syndicats nationaux (CSN)

1960 1966 1970

94 000 200 000 245 000

Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) 100 000 150 000 230 000

Centrale de l’enseignement du Québec (CEQ)

4

LA GRÈVE DES EMPLOYÉS DE DUPUIS FRÈRES, À MONTRÉAL, EN 1952.

Le 2 mai 1952, les employés du grand magasin Dupuis Frères déclenchent une grève afin de défendre leurs intérêts. Trois mois plus tard, ils acceptent une nouvelle convention collective qui comprend, entre autres, une hausse salariale.

28 000 55 000 70 000

Source : Collectif, Histoire du mouvement ouvrier au Québec (1825-1976), 150 ans de lutte, Montréal, CSN, CEQ, 1979.

5

QUESTIONS LES PRINCIPALES GRÈVES AU QUÉBEC DANS LES ANNÉES 1950.

Les nombreuses grèves des années 1950 contribuent à renforcer le mouvement syndical, qui devient de plus en plus critique envers les abus des entreprises. Année

Entreprise

1952 1952

Associated Textile Dupuis Frères

1952

Dominion Textile

1953-1954 1957 1957 1959

Noranda Mines Gaspé Copper Alcan Radio-Canada

Secteur Textile Commerce de détail Textile

Mines Mines Métallurgie Communications

Lieu Louiseville Montréal Montréal et SalaberrydeValleyfield Noranda Murdochville Arvida Montréal

Nombre de grévistes 850 800

Durée de la grève 11 mois 3 mois

6000

3 mois

1. Pourquoi le commerce extérieur dépend-il fortement des États-Unis ? 2. Pourquoi les Américains installent-ils des filiales au Québec ? 3. Dans quel secteur le syndicalisme se concentre-t-il ? Méthodologie 4. [Doc. 5] Quels sont les deux secteurs où se sont déroulées les principales grèves ? Réflexion

2000 1000 7000 2000

5 mois 8 mois 4 mois 2 mois

LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE (1867 à nos jours)

5. Que devriez-vous faire pour mieux comprendre le rôle des États-Unis dans l’économie québécoise ?

137

LA FILIÈRE DU TEMPS

L’économie agricole et le monde rural

Saviez-v us que... Le premier Cercle des fermières a ouvert il y a déjà plus de 90 ans au Québec. Ce ne sont pas des femmes qui le fondent en 1915, mais bien deux hommes qui souhaitent freiner l’exode rural. Alphonse Désilets et Georges Bouchard réunissent des femmes de Chicoutimi pour qu’elles socialisent entre elles afin de solidifier leur sentiment d’appartenance à leur communauté. La même année, on forme les cercles de Roberval et de Trois-Rivières. L’initiative est un succès et s’étend rapidement à travers la province.

Au cours des années 1950 et 1960, les coopératives agricoles continuent de se développer. La mécanisation de l’agriculture donne d’aussi bons résultats que la machinerie dans les usines et, combinée à l’utilisation plus généralisée des engrais, augmente la production agricole. La modernisation de l’agriculture est intensifiée par une importante innovation : l’électrification des fermes. Les villes et les usines profitent déjà des avantages de l’électricité pour se chauffer et s’éclairer. Les campagnes sont, quant à elles, laissées pour compte jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le contraste entre les villes et les campagnes se fait encore plus sentir. Afin d’atténuer cette disparité, une vaste campagne pour l’électrification est entreprise entre 1945 et 1960. En 1945, l’Office de l’électrification rurale est créé. Cette initiative entraîne la création de coopératives qui ont pour tâche de construire des réseaux de distribution dans les milieux ruraux. L’arrivée de l’électricité permet aux fermiers de s’éclairer et de développer de nouvelles techniques de conservation, dont la réfrigération. Leur productivité s’accroît en raison de la mécanisation du matériel agricole. Par exemple, une trayeuse alimentée à l’électricité favorise un rendement plus élevé tout en diminuant le besoin en main-d’œuvre. L’électricité constitue donc un enjeu fondamental pour la modernisation de l’agriculture. À partir des années 1950, les meilleures terres du Québec sont grugées par l’extension des banlieues. La main-d’œuvre agricole diminue constamment, attirée par les salaires plus élevés offerts dans les villes. Dans les années 1970, une série de réglementations gouvernementales tentent de freiner le déclin agricole. Le gouvernement provincial adopte en 1978 la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles, dite « loi verte ». Cette loi empêche que l’on utilise les terres cultivables à d’autres fins que celles de l’agriculture. Par ailleurs, la tendance à restreindre la production agricole à l’industrie laitière et à l’élevage se poursuit. Les fermes se transforment en véritables entreprises commerciales.

1

L’ÉLECTRIFICATION EN MILIEU RURAL VERS 1950.

Grâce à la Loi de l’électrification rurale, les agriculteurs accèdent à cette forme d’énergie devenue indispensable.

2

LA MODERNISATION AGRICOLE AU QUÉBEC, DE 1931 À 1961.

Les mesures adoptées par le gouvernement pour moderniser l’agriculture mettent l’accent sur l’électrification rurale et la mécanisation. Sujet Fermes Tracteurs Moissonneuses-batteuses Pourcentage des fermes qui ont l’électricité

1931 135 957 2 417 0 14 %

1941 154 669 5 869 55 nd1

1951 134 336 31 971 420 67 %

1961 95 777 70 697 3 046 97 %

1. nd : Donnée non disponible. Source : John A. DICKINSON et Brian YOUNG, Brève histoire socio-économique du Québec, Sillery, Éditions du Septentrion, 2003, p. 308.

138

DOSSIER 2

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

JOSEPH-ARMAND BOMBARDIER Joseph-Armand Bombardier est né en 1907, à Valcourt, au Québec. Dès l’âge de 15 ans, il conçoit son tout premier modèle de véhicule motorisé permettant de se déplacer sur la neige. Les résultats ne sont pourtant pas concluants, puisque sa motoneige menace de se renverser à tout instant ! Grâce à son expérience à titre d’apprenti horloger et de mécanicien, il parvient finalement à inventer une motoneige qu’il fait breveter en 1937. Le premier modèle de motoneige de type récréatif voit le jour en 1957 et connaît un succès fulgurant, particulièrement au sein des communautés inuites. À sa mort en 1964, JosephArmand Bombardier aura révolutionné le transport non seulement sur la neige, mais aussi sur la terre ferme. Aujourd’hui, l’entreprise de renommée internationale se spécialise également dans le transport sur rail et dans l’aéronautique.

La transformation du travail en forêt Les années qui suivent la crise de 1929 amènent un regain de la colonisation des terres situées au nord du Québec. Au cours de ces années, les emplois deviennent rares dans les villes. Pour échapper à la précarité et au chômage, plusieurs quittent les milieux urbains et la misère grandissante avec l’espoir d’accéder à de meilleures conditions de vie. Le gouvernement subventionne et adopte des programmes spéciaux afin d’organiser la colonisation de certaines régions de l’Abitibi, de la Gaspésie, du Bas-Saint-Laurent et du Lac-Saint-Jean.

3

JOSEPH-ARMAND BOMBARDIER (1907-1964).

En plus de la motoneige, Joseph-Armand Bombardier conçoit divers types de véhicules industriels.

4

UN BÛCHERON QUÉBÉCOIS DANS LES ANNÉES 1950.

Au cours des années 1950, les méthodes de travail en forêt se transforment. La scie mécanique et les machineries perfectionnées remplacent les outils traditionnels. La mécanisation de la coupe du bois et du transport engendre une hausse importante de la productivité.

Ce mouvement de population est cependant de courte durée. La prospérité d’après-guerre ramène plusieurs individus et familles dans les centres urbains. Cette décision a d’autres motifs que les difficultés causées par l’éloignement et l’aridité du climat de ces régions éloignées. À partir des années 1950, le secteur forestier est en effet soumis à une restructuration qui force de nombreux travailleurs à abandonner le travail en forêt. Dans la seconde moitié du 20e siècle, le travail agricole devient de moins en moins associé au travail forestier. Avant, il était courant de voir un agriculteur quitter ses terres pour les chantiers une fois ses récoltes terminées. Mais, à partir des années 1950, le travail en forêt doit être exécuté selon des normes. Cette transformation signifie qu’il faut désormais savoir utiliser des outils performants, mécanisés et plus complexes. Le maniement de la scie mécanique et les techniques de coupe et de transport du bois sont plus difficiles à maîtriser. De plus, afin d’accroître la production, le travail se fait sur une base annuelle, et non plus saisonnière. La restructuration forestière fait ainsi disparaître le monde des chantiers, ce qui prive les travailleurs agricoles de leur principal revenu d’appoint. Les milieux ruraux tentent de s’adapter à la disparition du travail en forêt en exploitant de nouvelles avenues dans l’industrie du tourisme. Certains colons et agriculteurs se transforment en villégiateurs, artisans ou entrepreneurs. Ces nouvelles ressources sont très appréciées des voyageurs qui sont de plus en plus nombreux à visiter le monde rural.

LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE (1867 à nos jours)

QUESTIONS 1. Quelle innovation contribue largement à la modernisation des fermes après la guerre ? 2. Quelle menace la plus sérieuse plane sur l’existence des terres agricoles de la région de Montréal ? Méthodologie 3. [Doc. 2] Quelle conclusion pouvez-vous tirer en observant ce tableau ?

139

LA FILIÈRE DU TEMPS

TÉMOINS DE L’HISTOIRE

LA FILIÈRE DU TEMPS

1

Croissance, crises et restructurations

FER ET TITANE DE GILLES VIGNEAULT.

À partir des années 1960, une des principales préoccupations du gouvernement est de remédier à l’infériorité économique des francophones du Québec. La majeure partie des entreprises québécoises appartiennent et sont dirigées par des Américains ou des Anglo-Canadiens. Il est difficile pour les Québécois de langue française d’obtenir une promotion sans connaître l’anglais. Par conséquent, ils se trouvent plus souvent au bas de l’échelle économique. Depuis la Révolution tranquille, plusieurs mesures sont mises de l’avant pour corriger ce problème.

Dans la chanson Fer et titane, Gilles Vigneault exprime les transformations qui s’opèrent dans le Québec des années 1960.

«

Vingt bateaux de cent mille tonnes Qui arrivent qui sont partis Débarqué vingt mille hommes Sur dix quais qu’on a bâtis Des machines et des outils Qui viennent de tous les pays Cinq rivières détournées Les barrages sont commencés Les chemins de fer de trois cent milles De Knob Lake jusqu’aux Sept-Îles Corroyeurs et hauts fourneaux Dynamites et dynamos Faut creuser, couper, casser Faut miner, tracer, passer

• La nationalisation de certaines compagnies d’électricité et la création

d’entreprises gérées par l’État dans les domaines de la sidérurgie, de l’exploitation forestière et de l’exploration minière procurent des débouchés à une toute nouvelle génération d’administrateurs et d’ingénieurs francophones. • La mise en place d’institutions financières gouvernementales, comme

la Société générale de financement (SGF) et la Caisse de dépôt et placement du Québec, a pour effet de soutenir des entreprises locales et de les garder sous contrôle québécois. • La promotion de l’usage de la langue française dans les entreprises de

moyenne et de grande taille permet à plus de Québécois de travailler en français et en a incité plusieurs à apprendre cette langue.

Refrain Sous les savanes Du nickel et du cuivre Et tout c’qui doit suivre Capital et métal Les milliards et les parts Nous avons la jeunesse Et les bras pour bâtir Nous savons le temps presse Un travail à finir Nous avons la promesse Du plus brillant avenir Pas le temps de sauver les sapins Les tracteurs vont passer demain Des animaux vont périr On n’a plus le temps de s’attendrir L’avion, le train, l’auto Les collèges, les hôpitaux Et de nouvelles maisons Le progrès seul a raison À la place d’un village Une ville et sa banlieue Dix religions, vingt langages Les petits vieux silencieux Puis regarde-moi bien dans les yeux Tout ce monde à rendre heureux Source : Gilles VIGNEAULT, Fer et titane, Les éditions du vent qui vire, 1965.

Grâce à ces mesures, les francophones du Québec contrôlent désormais une plus grande partie de l’économie de la province.

L’ère des grands projets Dans les années 1970, l’État renforce ses organismes et sa gestion en donnant la priorité à l’essor économique. La fièvre qui suit la construction de barrages hydroélectriques s’étend à tout le territoire du Québec. Des régions, telle que la Baie-James, sont convoitées pour leur potentiel hydroélectrique. Qualifié de « projet du siècle », le chantier de barrages hydroélectriques de la BaieJames procure des milliers d’emplois au Québec. Le barrage Daniel-Johnson est inauguré en 1968 et le complexe La Grande se développe entre 1971 et 1985.

»

2

LA CONSTRUCTION DU SIÈGE SOCIAL D’HYDRO-QUÉBEC À MONTRÉAL.

L’édifice d’Hydro-Québec, construit en 1962, est un gratte-ciel de 100 mètres de haut, qui comporte 27 étages.

140

DOSSIER 2

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

LA FILIÈRE DU TEMPS

À la suite d’une injonction accordée aux autochtones en 1975 dans le but de faire cesser tous les travaux dans la région de la Baie-James, une convention est signée entre l’État, les Cris et les Inuits : la Convention de la Baie-James et du Nord québécois. Cette convention dédommage financièrement les autochtones en plus de leur accorder des droits de propriété sur certaines terres, des droits exclusifs de chasse, de pêche et de piégeage. Elle met aussi en place une administration régionale et transfère aux Cris l’administration de certains services.

L’économie en difficulté Après une brève amélioration, l’économie se détériore en 1973 avec une importante crise pétrolière, faisant passer le prix du baril de pétrole de 2 $ à 10 $. Dépendante du pétrole, l’industrie doit dépenser davantage pour produire, ce qui fait augmenter le prix des produits. La récession économique du début des années 1980, avec sa hausse des taux d’intérêt, accroît le poids de la dette publique des gouvernements. L’État commence progressivement à se désengager de certains secteurs économiques. Il procède à d’importantes compressions budgétaires dans la santé, l’aide sociale, l’assurance-chômage et l’éducation. De plus, il accorde moins de subventions, privatise certaines sociétés d’État et encourage les organismes sans but lucratif à se financer eux-mêmes. L’heure est à la privatisation et à la rationalisation.

3

LA VILLE DE GAGNON AU DÉBUT DES ANNÉES 1980.

La ville minière de Gagnon n’a existé qu’une vingtaine d’années. Lors de sa fermeture, en 1985, toutes les installations minières, les résidences et les édifices ont été détruits.

L’industrialisation et les régions La modernisation des industries a un impact direct sur l’étalement urbain. Les zones rurales situées à proximité des villes importantes disparaissent peu à peu. De 1900 à 1970, les régions se développent, mais leur essor diminue considérablement à partir des années 1970. Plusieurs multinationales qui exploitent les ressources naturelles quittent le Québec et vont s’installer ailleurs. Des régions qui dépendaient de capitaux étrangers, comme la Côte-Nord, l’Abitibi, la Mauricie, la Gaspésie et le Saguenay– Lac-Saint-Jean, perdent leur soutien financier. La ville de Shawinigan, avec ses usines d’aluminium, de produits chimiques, de pâtes et papiers, voit ainsi fermer ses industries les unes après les autres. Les villes de Schefferville et de Gagnon, créées lors de la montée en flèche de l’industrie minière après la Seconde Guerre mondiale, sont fermées, l’une en 1982, l’autre en 1985. Actuellement, plusieurs régions tentent de reprendre en main leur développement.

QUESTIONS 1. Durant les décennies 1960 et 1970, le gouvernement du Québec intervient massivement dans le développement économique. Au début des années 1980, quel événement contribue à remettre en cause ces interventions ? 2. Quelle conséquence l’Accord de libreéchange nord-américain entraîne-t-il pour la majorité des industries québécoises ? pour une minorité d’entre elles ?

La mondialisation de l’économie

Méthodologie

Avec la mondialisation de l’économie, qui prend de l’ampleur dans les années 1990, l’heure est au libre-échange et aux alliances économiques à l’échelle internationale. Le Canada n’échappe pas à ce nouvel état de fait. En 1988, il conclut avec les États-Unis un accord de libre-échange (ALE), auquel se joint, en 1994, le Mexique, avec l’Accord de libre-échange nordaméricain (ALENA). À partir de ce moment, un immense marché s’ouvre, que les industries québécoises mettent à profit. Pour certaines, cependant, cet accord signifie la fin de leur existence. Plusieurs entreprises doivent fermer leurs portes, alors que d’autres, contraintes de diminuer leurs coûts de main-d’œuvre, vont s’installer ailleurs.

Réflexion

LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE (1867 à nos jours)

3. [Doc. 1] Relevez un passage qui montre que Gilles Vigneault demeure critique vis-àvis des transformations qui frappent le Québec. 4. Que pouvez-vous faire pour améliorer votre compréhension des crises et des restructurations qui surviennent au Québec depuis les années 1980 ?

141

L’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) Depuis toujours, le Québec et le Canada comptent sur le commerce international pour assurer une partie de leur prospérité. L’exportation de matières premières représente leur principale source de richesse. Après la Seconde Guerre mondiale, la plupart des pays industrialisés adoptent le libre-échange pour multiplier les débouchés pour leurs produits. Des négociations se tiennent dans le but de libéraliser le commerce au niveau international. Ainsi, les producteurs de nombreux pays ont accès à des marchés de plus en plus étendus.

1

UNE USINE DE TEXTILE AU MEXIQUE.

Avec l’entrée en vigueur de l’ALENA, en 1994, les échanges commerciaux entre le Canada, les États-Unis et le Mexique ont connu une croissance considérable.

142

DOSSIER 2

Au début des années 1980, le gouvernement fédéral met en place une commission pour étudier l’avenir économique du Canada. Il en résulte un changement de stratégie : il faut dorénavant miser sur les échanges commerciaux avec les autres pays, à commencer par les États-Unis, qui possèdent un marché 10 fois plus grand que le marché canadien. Les premières mesures à prendre pour faciliter le commerce : diminuer les droits de douane et abolir les règles qui restreignent l’entrée au Canada de produits étrangers. Toutefois, cette solution paraît risquée. Les industries canadiennes pourront-elles faire face à la concurrence ou devront-elles fermer leurs portes ? Devront-elles réduire les salaires et les conditions de travail de leurs employés ? Les gouvernements perdront-ils toute capacité d’action dans les domaines économique et social ? Pour leur part, les partisans du libre-échange sont d’avis que les entreprises canadiennes pourraient accroître leur productivité ou se spécialiser dans des domaines où elles sont plus productives. En ayant accès à plus de clients, elles augmenteraient leur production et créeraient ainsi de l’emploi. Les produits se vendraient à plus bas prix et les consommateurs canadiens en sortiraient gagnants.

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

Le libre-échange continental En 1988, le Canada et les États-Unis signent l’Accord de libre-échange (ALE) entre le Canada et les États-Unis. Puis, le Canada demande à faire partie de l’accord que les États-Unis s’apprêtent à signer avec le Mexique. Cette entente mène, en 1994, à l’ALENA. Les conséquences donnent autant raison aux partisans qu’aux adversaires du libre-échange, car le Canada et le Québec font face à divers avantages et inconvénients. Aujourd’hui, le libre-échange est bien en place et le Canada ne peut revenir en arrière. Il cherche donc à conclure d’autres accords bilatéraux ou multilatéraux, en l’occurrence avec l’Europe et l’ensemble des pays des Amériques. Toutefois, les altermondialistes continuent de dénoncer les effets de la mondialisation de l’économie et manifestent leur désaccord lors des rencontres des chefs d’État.

2

LES PRINCIPAUX ENGAGEMENTS DES PAYS MEMBRES DE L’ALENA.

En signant l’ALENA, le Canada, les États-Unis et le Mexique s’engagent à poursuivre certains objectifs communs. Éliminer les barrières douanières entre les pays membres. Contribuer au développement, à l’essor du commerce mondial et à l’expansion de la coopération internationale. Créer un marché plus vaste pour les produits et les services offerts par les pays membres.

3

QUELQUES FAITS SUR LES ÉCHANGES COMMERCIAUX EN VERTU DE L’ALENA EN 2006.

Augmenter la compétitivité des entreprises sur les marchés internationaux.

L’ALENA a créé la plus grande zone de libre-échange du monde. Le commerce entre le Canada et le Mexique a triplé depuis l’entrée en vigueur de l’Accord. Fait Échanges commerciaux bilatéraux avec le Canada Exportations canadiennes de marchandises Importations canadiennes de marchandises

États-Unis (en $) 577 milliards 359,3 milliards 217,6 milliards

Créer de nouveaux emplois et améliorer les conditions de travail.

Mexique (en $) 20,4 milliards 4,4 milliards 16 milliards

Promouvoir le développement durable. Protéger, accroître et faire respecter les droits fondamentaux des travailleurs.

Source : Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international du Canada, 2006.

4

Bilatéral : Qui se passe entre deux partenaires. L’ALENA, UN TRAITÉ, UN AXE, UN PASSÉ, UN AVENIR.

Multilatéral : Qui se passe entre plusieurs partenaires.

Plus de 10 ans après l’entrée en vigueur de l’ALENA, le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international du Canada fait un bilan positif.

«

L’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), conclu entre le Canada, les États-Unis et le Mexique en janvier 1994, a donné lieu à la création d’une vaste zone de libre-échange. Ce traité comporte un ensemble de règles qui régissent la conduite du commerce entre les trois pays signataires en vue d’accroître les échanges commerciaux et les investissements. […] Quelque 10 années plus tard, les échanges commerciaux entre le Canada, les États-Unis et le Mexique se portent plutôt bien. Ainsi, les échanges de biens et de services entre le Canada et les États-Unis avoisinent les deux milliards de dollars par jour. De même, les exportations de produits canadiens à destination du Mexique ont doublé tandis que les importations de produits mexicains au Canada ont triplé. La capitalisation sur cet axe régional de développement s’est révélée tout particulièrement bénéfique pour le Canada, dont l’économie n’a cessé de croître au taux annuel moyen de 3,8 % depuis l’entrée en vigueur de l’ALENA. L’ALENA a contribué, à coup sûr, à rehausser la qualité de vie des Canadiens. Il a également créé des débouchés pour les entreprises canadiennes aux États-Unis et au Mexique. Au surplus, l’ALENA a fait ses preuves en tant que moyen de stimuler le commerce, l’investissement et la concurrence. Source : Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international du Canada, 23 juin 2003.

»

LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE (1867 à nos jours)

Altermondialiste : Militant qui lutte en faveur d’une mondialisation de l’économie qui tient compte de valeurs comme la justice économique et la sauvegarde de l’environnement. QUESTIONS 1. Nommez cinq objets de consommation que vous ou votre famille vous êtes procurés récemment. Où ces objets ont-ils été fabriqués ? 2. Relevez deux arguments avancés par les Canadiens qui se sont opposés au libreéchange avec les États-Unis. Méthodologie 3. [Doc. 2] Certains engagements des pays membres de l’ALENA vont au-delà des aspects économiques. Donnez-en deux exemples.

143

LA FILIÈRE DU TEMPS

Le contrôle étranger et la concentration des entreprises

Pacte de l’automobile Canada–États-Unis : Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis éliminant les tarifs douaniers sur les véhicules, pneus et pièces pour véhicules automobiles dans le but de faire un seul marché de fabrication automobile nord-américain.

1

La Révolution tranquille a des effets bénéfiques sur la participation des Québécois francophones dans l’économie. La part des investissements étrangers diminue à cause du rôle joué principalement par la Caisse de dépôt et placement du Québec et le régime d’épargne-actions. Parallèlement, les années 1970 sont marquées par les efforts du gouvernement fédéral pour donner plus d’autonomie au Canada vis-à-vis du contrôle américain sur l’économie. À partir des années 1980, ces efforts sont bouleversés par la mondialisation des marchés. Le phénomène de concentration des entreprises débute vers 1900 au Canada. Cependant, personne n’aurait pu croire que des entreprises déjà géantes à la fin du 20e siècle puissent être davantage concentrées. Pourtant, les fusions entre les « géants » de l’industrie ou des finances continuent de faire la une de l’actualité. Ainsi, en 2007, l’Abitibi-Consolidated Inc., une grande papetière canadienne, fusionne avec une société américaine et devient la troisième société en importance de pâtes et papiers en Amérique du Nord. Leurs activités se déroulent à l’échelle internationale. Ces grandes sociétés se préoccupent d’abord d’accroître leurs profits afin de faire face à la concurrence internationale. Pour y arriver, elles doivent souvent fermer des usines au Québec.

L’AVIONNERIE À MONTRÉAL.

Le secteur aéronautique occupe une place importante à Montréal, mais il doit affronter une forte concurrence internationale.

Le commerce et le secteur tertiaire Le commerce extérieur conserve ses structures : le Québec continue d’exporter ses ressources naturelles avec, comme principal acheteur, les États-Unis. Le Québec exporte davantage de produits finis depuis la fin des années 1960. Le Pacte de l’automobile Canada—États-Unis, en 1965, et l’essor de l’aéronautique ont permis ces exportations. La dépendance envers les États-Unis reste très grande, car la moitié des achats du Québec proviennent du marché américain. Le commerce intérieur est marqué par plusieurs changements. Dans les années 1970, les petits commerces indépendants et les grands magasins à rayons doivent s’habituer à la concurrence avec le développement des centres commerciaux. Dans les années 1990, les magasins-entrepôts offrent aux consommateurs des bas prix qui mettent en péril l’avenir des commerçants locaux ou régionaux. Depuis la Révolution tranquille, le secteur tertiaire est le secteur économique le plus important. Le secteur financier, tout comme le secteur industriel, répond aux exigences de l’époque : concentration et diversification. Ainsi, la Banque Nationale du Canada naît de la fusion de plusieurs institutions québécoises dont la Banque Provinciale et la Banque Canadienne Nationale. Quant aux caisses populaires, elles augmentent à la fois leurs actifs et leurs membres. Les institutions bancaires diversifient leurs activités en offrant des assurances, des services financiers de placements et de crédits industriels, etc. Les Québécois francophones y participent activement.

144

DOSSIER 2

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

LA FILIÈRE DU TEMPS

2

LA DISTRIBUTION DE LA MAIN-D’ŒUVRE QUÉBÉCOISE DANS LE SECTEUR TERTIAIRE PAR DOMAINES D’ACTIVITÉ, DE 1976 À 2006.

Les services de santé et d’éducation, de même que le commerce, occupent la plus grande part de la main-d’œuvre du secteur tertiaire. La part cumulée de la santé et de l’éducation est devenue en 20 ans plus importante que celle du commerce. Secteur tertiaire Commerce Transport et entreposage Finance, assurances, immobilier et location Services professionnels, scientifiques et techniques Services aux entreprises, services relatifs aux bâtiments et autres services de soutien Information, culture et loisirs Hébergement et services de restauration Services d’enseignement Soins de santé et assistance sociale Administrations publiques Autres services

1976 24,4 % 9,2 % 7,5 %

1981 23,2 % 8,4 % 8,6 %

1991 23,3 % 6,5 % 8,5 %

2001 22,8 % 6,7 % 7,1 %

2006 21,9 % 5,8 % 7,8 %

4,0 %

4,2 %

5,7 %

7,7 %

8,4 %

2,4 %

2,4 %

3,0 %

4,3 %

4,9 %

4,8 % 6,7 % 11,1 % 12,6 % 9,6 % 7,7 %

4,8 % 7,8 % 10,0 % 13,6 % 9,6 % 7,4 %

4,9 % 8,0 % 8,8 % 14,9 % 9,7 % 6,7 %

5,6 % 7,9 % 8,6 % 14,6 % 8,1 % 6,6 %

5,6 % 8,5 % 9,1 % 15,9 % 7,5 % 4,6 %

Source : Serge COURVILLE, Le Québec, genèse et mutations du territoire, Québec, Presses de l’Université Laval, 2001, p. 424. Statistique Canada, 2006.

Les transformations sociales Grâce au nouveau rôle de l’État pendant la Révolution tranquille, les Québécois francophones participent activement au développement économique du Québec. Ils ont maintenant des fondations industrielles et financières d’envergure et forment une nouvelle classe dirigeante. De plus, nombreux sont les Québécois francophones qui s’illustrent au niveau national et international, dans le monde des affaires. Les années 1990 voient le marché de l’emploi se transformer. On trouve une plus grande diversité de travailleurs. Plusieurs ont des emplois très bien rémunérés et font partie d’associations syndicales. D’autres, très nombreux, sont non syndiqués et soumis aux fluctuations du marché de l’emploi. Les travailleurs de bureau, ceux de la vente et des services, comme ceux de l’alimentation, sont moins bien rémunérés. Les emplois à statut précaire augmentent considérablement, alors que les postes permanents deviennent de plus en plus rares. La proportion de travailleurs autonomes ne cesse de croître. Au cours des années 1990, la mondialisation et la rationalisation dans les entreprises font grimper le taux de chômage. Le travail à temps partiel devient plus fréquent, ce qui élargit le fossé entre les riches et les pauvres, de même qu’entre les jeunes et les gens bien établis. Les emplois les moins bien payés sont le plus souvent occupés par les femmes, les immigrants et les jeunes.

LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE (1867 à nos jours)

3

LA RÉPARTITION DES TRAVAILLEURS QUÉBÉCOIS SELON LES FORMES D’EMPLOI, EN 1976 ET EN 2003.

Les emplois à statut précaire sont de plus en plus nombreux au Québec. Forme d’emploi Salariés Autonomes (travailleurs à leur compte et employeurs) Un seul emploi Cumul d’emplois

1976 90,5 % 9,5 %

2003 87,3 % 12,7 %

98,5 % 1,5 %

96,3 % 3,7 %

Source : Statistique Canada, Enquête sur la population active, 2004.

QUESTIONS 1. Au cours des années 1990, deux phénomènes provoquent une forte hausse du chômage au Québec. Lesquels ? 2. Quelle banque québécoise est née de la fusion d’autres banques ? Méthodologie 3. [Doc. 2] Dans quels domaines du secteur tertiaire remarque-t-on une augmentation entre 1976 et 2006 ? 4. [Doc. 3] Quelle transformation du marché de l’emploi observez-vous de 1976 à 2003 entre les travailleurs à temps plein et ceux à temps partiel ?

145

La Côte d’Ivoire La Côte d’Ivoire est un pays d’Afrique de l’Ouest. Il est baigné au sud par le golfe de Guinée, situé dans l’océan Atlantique. Sa superficie de 322 460 km2 équivaut à un cinquième de celle du Québec. Sa population dépasse 17,3 millions d’habitants. La Côte d’Ivoire est un pôle économique important en Afrique, mais sa stabilité politique a été récemment compromise.

Capitale : Yamoussoukro Population : 17,3 millions d’hab. Langue officielle : français

La géopolitique de la Côte d’Ivoire Après avoir obtenu son indépendance de la France en 1960, la Côte d’Ivoire a été pendant longtemps un symbole de stabilité économique en Afrique de l’Ouest. Cependant, les conflits politiques qu’elle a connus dans les années 1990 ont considérablement réduit sa croissance économique. Bien que la paix soit revenue, l’économie reste aujourd’hui vulnérable tant aux conflits internes qu’aux incertitudes du commerce international. Langue véhiculaire : Langue qui permet à des communautés de langues différentes de communiquer ensemble.

1

LA CÔTE D’IVOIRE AUJOURD’HUI.

La Côte d’Ivoire est un pays ouvert sur la mer, et bordé par le Liberia, la Guinée, le Mali, le Burkina Faso et le Ghana.

Bouaké

CÔTE D’IVOIRE Man Daloa

GHANA Yamoussoukro Adzopé Abidjan Golfe de Guinée

146

DU MIRACLE AU NAUFRAGE ÉCONOMIQUE.

«

Le miracle économique ivoirien […] débuté à l’aube de l’indépendance en 1960, a subi plusieurs coups durs qui ont mis à mal la stabilité économique du pays. C’est d’abord la chute du cours du cacao au début des années 1980, due à l’entrée de nouveaux producteurs notamment en provenance d’Asie du Sud-Est, qui donne le premier coup d’arrêt à la croissance du marché ivoirien. La fluctuation des cours du cacao, dans un pays presque exclusivement tourné vers cette culture, où l’industrie est très peu développée, met à mal l’économie ivoirienne. Cette première crise s’accompagne d’un gonflement de la dette publique qui pousse la Côte d’Ivoire dans les programmes d’ajustements structurels des institutions […] et leur lot de privatisations et de licenciements de fonctionnaires. […] Ces programmes portent un nouveau coup à l’économie ivoirienne.

»

Légende Capitale Ville Frontière internationale

2

L’économie de la Côte d’Ivoire a subi plusieurs fluctuations, freinant la croissance économique du marché ivoirien.

Korhogo

LIBERIA

Véritable mosaïque ethnique, la Côte d’Ivoire compte plus de 60 ethnies différentes. De plus, près du tiers de la population du pays est d’origine étrangère et vient principalement des pays voisins, comme le Burkina Faso ou le Ghana, mais aussi d’Europe. Le français demeure la langue officielle du pays. On y dénombre aussi une grande diversité de langues, soit plus de 70, qui sont parlées dans le pays. Le dioula est l’une des langues les plus importantes du pays. Elle sert de langue véhiculaire, notamment dans le commerce. Elle est la langue maternelle de 15 % des Ivoiriens et la langue seconde de près de la moitié de ceux-ci.

BURKINA FASO

MALI GUINÉE

Abidjan, qui compte 3,8 millions d’habitants, est le centre économique du pays. D’ailleurs, plus du tiers de la population ivoirienne est concentré dans la région des lagunes où est située la ville. L’ouverture du canal de Vridi, en 1950, fait d’Abidjan un port important et un grand centre financier. Longtemps capitale de la Côte d’Ivoire, elle perdit ce titre en 1983 au profit de Yamoussoukro, située dans le centre du pays.

0

100

200

300 km

DOSSIER 2

Source : Réseau des centres de documentation et d’information pour le développement et la solidarité internationale, Les questions clés de la crise ivoirienne, CDTM Montpellier, 2007.

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

L’économie de la Côte d’Ivoire depuis la fin du 19e siècle La Côte d’Ivoire devient une colonie française en 1893. Déjà à cette époque, ses relations économiques reposent sur le commerce des produits agricoles, en particulier le café. De 1904 à 1958, la Côte d’Ivoire fait partie, avec sept autres colonies françaises d’Afrique de l’Ouest, de l’Afrique occidentale française. La période coloniale a un profond impact sur l’économie ivoirienne. L’indépendance de la Côte d’Ivoire est proclamée en 1960, mais ses relations économiques avec la France demeurent encore aujourd’hui très étroites. Félix Houphouët-Boigny devient président de la Côte d’Ivoire en 1960 et le demeure jusqu’à sa mort, en 1993. Il apporte une stabilité politique au pays, ce qui favorise sa croissance économique. Le pays récolte ses revenus des exportations, dont celles du café, du cacao, du coton et du gaz naturel. Grâce au cours favorable des prix mondiaux, la Côte d’Ivoire devient l’un des pays les plus prospères d’Afrique, ce qui attire beaucoup d’immigrants en provenance des pays voisins. Toutefois, l’économie ne se diversifie pas suffisamment durant cette période. Elle repose presque exclusivement sur l’exportation des ressources primaires. Elle reste donc dépendante du commerce international. Lorsque les cours des prix mondiaux du café et du cacao chutent au début des années 1980, le pays sombre dans une grave crise économique. Les conditions de vie et la richesse par habitant diminuent alors considérablement. Les difficultés économiques du pays accroissent les tensions sociales et, lorsque le président Félix Houphouët-Boigny meurt en 1993, la Côte d’Ivoire entre dans une longue période de crises politiques. Bien que la croissance économique reprenne à partir de 1994, grâce au redressement des prix du café et du cacao, aux investissements étrangers et à la découverte de gisements de pétrole, le climat politique du pays continue de se dégrader, au point de mener, au début des années 2000, à une guerre civile.

3

LA VILLE D’ABIDJAN.

Le port d’Abidjan, construit aux débuts des années 1950, a grandement contribué au développement économique de la ville.

4

LES PRINCIPALES PRODUCTIONS DE LA CÔTE D’IVOIRE EN 2005 ET LEUR RANG MONDIAL.

La Côte d’Ivoire est un important producteur de ressources premières, principalement les produits agricoles. Production Cacao Caoutchouc Café Riz

Rang mondial 1 8 11 20

Source : Le Robert encyclopédique des noms propres, 2008.

QUESTIONS

L’économie ivoirienne aujourd’hui Aujourd’hui, l’économie de la Côte d’Ivoire repose principalement sur l’agriculture (café, cacao, huile de palme, bananes, ananas, mangues, etc.). Les productions agricoles constituent la majeure partie des exportations. Environ 68 % de la main-d’œuvre du pays travaille dans ce secteur. L’économie de la Côte d’Ivoire est donc très sensible aux conditions météorologiques et aux fluctuations du marché mondial. À la suite de la crise économique des années 1980 et de la mondialisation des marchés, la majorité de la population ivoirienne s’est appauvrie. Les inégalités économiques se sont aggravées avec l’appauvrissement de la population, ce qui a entraîné des tensions sociales encore plus vives. La Côte d’Ivoire dépend toujours des capitaux étrangers et du commerce international, notamment avec la France, pour développer son économie.

AILLEURS DANS LE MONDE

1. Quelle est l’importance de la ville d’Abidjan pour la Côte d’Ivoire ? 2. Qu’est-ce qui provoque la crise économique au début des années 1980 ? 3. Quel est le principal secteur d’activité économique en Côte d’Ivoire ? Méthodologie 4. [Doc. 4] Quel rang mondial la production du cacao occupe-t-elle ? Réflexion 5. Que pouvez-vous faire pour améliorer votre compréhension de l’économie de la Côte d’Ivoire ?

147

Haïti Capitale : Port-au-Prince Population : 8,2 millions d’hab. Langues officielles : français, créole haïtien

1

LES TAP-TAPS.

Les tap-taps sont de vieux véhicules recyclés en autobus en commun ou en voitures-taxis.

L’État d’Haïti compte 8,2 millions d’habitants qui se partagent un territoire d’une superficie de 28 000 km2. Près de 80 % de la population haïtienne vit sous le seuil de la pauvreté et 54 % dans une extrême pauvreté, ce qui fait d’Haïti le pays le plus pauvre d’Amérique. Bien que la situation économique tende à s’améliorer depuis le retour à la démocratie, en 2006, l’économie haïtienne est dépendante de l’aide internationale.

L’évolution économique d’Haïti

2

HAÏTI AUJOURD’HUI.

L’État d’Haïti est la deuxième île de la mer des Antilles par sa superficie.

Avant l’indépendance d’Haïti, en 1804, l’économie de cette ancienne colonie française est l’une des plus prospères du Nouveau Monde. La France s’en est emparée en 1697. Elle porte alors le nom de Saint-Domingue et occupe le tiers occidental de l’île d’Hispaniola. La partie orientale de l’île, la future République dominicaine, est une colonie espagnole. L’exploitation forestière, la culture de la canne à sucre, du tabac et celle de l’indigo, fondées sur le système esclavagiste, font la prospérité de l’île qui était la plus riche colonie française d’Amérique. À la fin du 18e siècle, on compte plus de 700 000 esclaves pour environ 50 000 Français. La Révolution française, qui éclate en 1789, bouleverse l’ordre social et économique de la colonie. Les Noirs, sous la direction de Toussaint-Louverture, se révoltent. L’esclavage est aboli en 1794. En 1800, il proclame l’indépendance d’Haïti. Mais l’envoi de soldats français chargés de rétablir l’ordre en retarde l’application. Toussaint-Louverture est capturé par surprise, emmené en France et emprisonné. Jean-Jacques Dessalines lui succède et réussit à chasser définitivement les Français en 1804. De ce fait, la proclamation de l’indépendance du pays est alors effective. Celui-ci prend alors le nom d’Haïti et devient la première république noire.

Haïti connaît une grande instabilité politique et sociale au cours des 19e et 20e siècles en raison, principalement, de la lutte entre l’aristocratie mulâtre et les Noirs pour le contrôle du pays, tandis que d’insurmontables difficultés, dues en partie au remplacement de la culture de la canne à sucre par celle du café, affaiblissent d’autant son économie. La situation BAHAMAS est à ce point grave que les ÉtatsLégende OCÉAN ATLANTIQUE Unis occupent militairement Haïti Capitale de 1915 à 1934, contrôlent son Ville CUBA Île de la Tortue ent économie et rétablissent un certain uV Frontière d al internationale Can Cap-Haïtien ordre. Plusieurs entreprises américaines s’installent alors dans le Golfe de Les Gonaïves la Gonâve pays, ce qui amène une certaine Hinche Saint-Marc RÉPUBLIQUE prospérité, tandis que s’améliorent HAÏTI Île de la Gonâve DOMINICAINE les infrastructures. Mais la vie poliJérémie Î l e d ’ H i s p a n i o l a tique reste très instable, notamPort-au-Prince Pétionville ment avec la dictature du président Les Cayes Jacmel François Duvalier, qui prend le pouÎle à Vache voir en 1957, à qui son fils JeanClaude succède en 1971. Mer des Antilles 0 50 100 150 km bes) (Mer des Caraï

148

DOSSIER 2

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

3

UN QUARTIER PAUVRE DE PORT-AU-PRINCE, CAPITALE D’HAÏTI.

Une part importante de la population de Port-au-Prince vit dans une grande pauvreté.

Pendant le régime politique des Duvalier, de 1957 à 1986, le chômage augmente, tout comme le coût de la vie, tandis que le développement industriel du pays reste limité et que la corruption envahit le système politique. L’aide financière internationale n’arrive pas à diminuer la pauvreté et à faire remonter l’économie. Lors du retour à la démocratie, en 1986, la situation économique demeure encore très précaire. Dans les années 1980 et au début des années 1990, les institutions financières internationales font pression pour qu’Haïti procède à des réformes. Ces réformes devaient favoriser le développement du secteur privé, libéraliser l’économie 4 L’ÎLE À VACHE, EN HAÏTI. et favoriser la croissance économique. Mais ces pressions ne donnent pas les résultats espérés et Située au large des Cayes, cette île de 52 km2 au sud-ouest d’Haïti a longtemps un coup d’État, en 1991, bouleverse à nouveau été un repaire de pirates avant d’être annexée à la colonie de Saint-Domingue. l’économie du pays. Les sanctions économiques En 1863, pendant la guerre de Sécession, plus d’un millier de Noirs américains des États-Unis et l’embargo des Nations unies, en sont venus s’y installer. 1994, laissent l’économie du pays en ruine. L’élection de René Préval, en 2006, permet d’espérer un redressement de l’économie du pays, en dépit du poids des erreurs du passé qui nuisent grandement à son développement futur.

L’économie haïtienne aujourd’hui L’économie haïtienne repose principalement sur l’agriculture de subsistance, qui occupe plus de 60 % de la population. Toutefois, la surexploitation des terres entraîne une forte dégradation des sols. Le besoin de combustible et de nouvelles terres conduit à la déforestation de presque tout le territoire, ce qui aggrave l’érosion des sols et la dévastation causée par les nombreux ouragans et les inondations. De plus, les ressources minières du pays sont pratiquement épuisées. Le secteur industriel est peu développé et se limite principalement à l’industrie textile et à celles de la construction et de l’alimentation. La majorité des industries du pays se concentrent dans la capitale, Port-au-Prince. Elle compte aujourd’hui plus de deux millions d’habitants et constitue le cœur politique et économique du pays. La capitale d’Haïti présente des contrastes saisissants où des milieux extrêmement pauvres voisinent avec de riches quartiers résidentiels. À Haïti, les infrastructures et les voies de communication sont très peu développées, ce qui nuit au développement industriel du pays. De même, l’instabilité politique qui règne compromet l’implantation d’entreprises étrangères et freine le développement du secteur des services, notamment le tourisme, qui a déjà été un moteur important de l’économie haïtienne. Le manque de capitaux, le faible pouvoir d’achat des Haïtiens et l’exode des travailleurs limitent les possibilités de développement futur.

AILLEURS DANS LE MONDE

QUESTIONS 1. Quelle transformation affecte l’économie haïtienne au 19e siècle ? 2. Quel élément apporte une stabilité à l’économie haïtienne au début du 20e siècle ? 3. Quel est l’impact de la dictature des Duvalier sur l’économie haïtienne ? 4. En 1994, deux interventions étrangères mettent le pays en crise. Lesquelles ? 5. Nommez trois problèmes auxquels l’économie haïtienne est aujourd’hui confrontée.

149

Le Mexique L’économie du Mexique est l’une des plus prospères du monde, bien qu’une grande partie de ses 106 millions d’habitants vivent toujours dans la pauvreté. Le Mexique est l’un des plus vastes pays d’Amérique latine, avec une superficie de 1 958 200 km2. Depuis l’entrée en vigueur de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), l’économie mexicaine est de plus en plus intégrée à l’économie nord-américaine, mais cet accord a aussi des impacts négatifs sur la société.

Capitale : Mexico Population : 106,3 millions d’hab. Langue officielle : espagnol

L’évolution de l’économie mexicaine

Agrarien : Partisan du partage et de la redistribution des terres entre les agriculteurs.

1

Après la conquête de l’Empire aztèque par les Espagnols, en 1525, l’ordre colonial espagnol règne au Mexique. Pendant près de 300 ans, l’économie mexicaine est contrôlée par l’Espagne. L’économie mercantiliste de la colonie repose alors sur l’exploitation des mines d’or et d’argent, ainsi que sur celles des grandes propriétés agricoles. L’indépendance du pays, en 1821, bouleverse l’économie mexicaine. Une longue période d’instabilité politique s’installe, durant laquelle le Mexique perd la moitié de son territoire, qui est progressivement annexé par les États-Unis, entre 1823 et 1853. L’économie mexicaine ne se modernise qu’au cours de la seconde moitié du 19e siècle. L’industrialisation prend alors son essor, grâce aux nombreux investissements étrangers et à la mise en place d’un réseau ferroviaire. Mais le développement économique demeure très inégalitaire, si bien que la majorité de la population mexicaine vit dans la pauvreté. Ces inégalités provoquent des tensions sociales et une révolution éclate, en 1910, lorsque les paysans se soulèvent pour obtenir une réforme agraire, c’est-à-dire un partage plus équitable des terres. Le pays connaît alors une longue guerre civile qui affaiblit grandement son économie.

LE MEXIQUE AUJOURD’HUI.

Le Mexique comprend 32 États ainsi que le district fédéral de la ville de Mexico.Il partage ses frontières au nord avec les États-Unis, et au sud avec le Guatemala et le Belize.

Tijuana

ÉTATS-UNIS

Ciudad Juarez Go lfe de

Ca

li

Golfe du Mexique

fo

Monterrey

rn ie

MEXIQUE Tampico

OCÉAN PACIFIQUE

Cancun Merida

Leon Guadalajara Mexico

Puebla

Golfe de Campeche

BELIZE Acapulco

Légende Capitale Ville Frontière internationale

150

GUATEMALA

0

100

DOSSIER 2

200

300 km

SALVADOR

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

Après des difficultés économiques engendrées par la révolution, puis par la crise économique des années 1930, l’économie mexicaine connaît une forte période de croissance qui dure jusqu’aux années 1980. Le Mexique, dirigé par un parti nationaliste, socialiste et agrarien, adopte alors un modèle de développement économique protectionniste et interventionniste qui favorise l’industrialisation pour pallier l’impact des importations. L’État procède aussi à la nationalisation de plusieurs secteurs-clés de l’économie, met en place des réformes sociales et intervient pour favoriser le développement des entreprises nationales.

Le dirigisme de l’État mexicain favorise le développement d’une économie nationale et plus diversifiée. Mais le poids de la dette extérieure et le laisser-aller dans la gestion de l’État entraînent une crise économique en 1982. L’inflation et la dévaluation de la monnaie, le peso, provoquent un changement dans le modèle économique du Mexique : l’État cesse alors d’intervenir dans l’économie et laisse la place à la libre entreprise et au secteur privé. Après la dernière crise économique, en 1994, le Mexique abandonne définitivement son protectionnisme économique et ouvre son marché intérieur à l’économie mondiale.

3

FAUT-IL SAUVER LES MAQUILADORAS ?

Les maquiladoras ont été l’un des moteurs de l’économie mexicaine, mais leur rôle dans l’économie est aujourd’hui remis en cause, notamment à cause des conditions de travail qui y sont mises en place.

«

Apparues au début des années 1960, les maquiladoras ont véritablement pris leur essor grâce à l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). Établies dans des zones franches concentrées le long de la frontière américaine mais aussi présentes un peu plus au sud, sur la route de Mexico, ainsi que dans la péninsule du Yucatan, ces usines profitent du précieux avantage d’être exemptées des taxes mexicaines à la condition d’exporter leur production. […] ces usines se sont d’abord adonnées à la production de jouets et de vêtements bon marché avant d’étendre graduellement leur savoir-faire à l’assemblage d’appareils électroniques et de voitures. Elles comptent aujourd’hui pour 50 % des exportations mexicaines, qui ont elles-mêmes plus que triplé depuis l’entrée en vigueur de l’ALENA, en 1994 […] On n’a pas manqué de faire remarquer que ces usines, souvent construites au milieu de nulle part, coûtent bien cher à l’État en infrastructures sans lui rapporter un sou en taxes. On les a surtout accusées à maintes reprises de purement et simplement exploiter leurs employés […] La plupart des Mexicains n’en remettent pas pour autant en cause l’expérience des maquiladoras. On souhaite toutefois que celle-ci s’accompagne d’une série d’autres initiatives qui répondraient notamment aux besoins des régions qui n’ont pas le privilège d’être à proximité de la frontière américaine.

2

LA PYRAMIDE DE KUKULCAN.

La pyramide de Kukulcan, dite « El Castillo », est située sur le site archéologique de Chichen Itza, au Yucatan. Il s’agit de l’un des plus anciens vestiges de la période précolombienne du Mexique.

Dirigisme : Système économique dans lequel l’État gère les différents mécanismes de l’économie. Maquiladoras : Usines d’assemblage situées à proximité de la frontière américaine et dont la production est destinée à l’exportation.

4

NUEVO LAREDO, AU MEXIQUE.

Depuis le début des années 1960, les maquiladoras jouent un rôle important dans l’économie mexicaine. Avec la signature de l’ALENA, leur nombre s’est multiplié.

»

Source : Éric DESROSIERS, « Faut-il sauver les maquiladoras ? », Le Devoir, 14-15 décembre 2002.

QUESTIONS

2P-179_LR

1. Pourquoi la révolution mexicaine éclate-t-elle en 1910 ? 2. Quelle est la politique économique du gouvernement mexicain entre 1930 et 1980 ? 3. Quelles sont les causes de la crise économique de 1982 ?

AILLEURS DANS LE MONDE

151

1

LES PRINCIPALES PRODUCTIONS DU MEXIQUE EN 2005 ET LEUR RANG MONDIAL.

L’économie mexicaine repose principalement sur l’agriculture, l’industrie et les services. Production Argent Avocats Citrons Café Canne à sucre Oranges Pétrole Plomb

Rang mondial 1 1 1 6 6 3 5 5

Source : Le Robert encyclopédique des noms propres, 2008.

Métropole : Ville qui exerce la plus grande influence économique sur le pays ou la partie du monde où elle se situe.

L’économie mexicaine aujourd’hui L’économie mexicaine compte parmi les plus importantes, se classant au 14e rang mondial. Elle repose à la fois sur l’agriculture, l’industrie et les services, et compte en bonne partie sur l’exportation, principalement vers les États-Unis. Les exportations de pétrole représentent entre 7 % et 10 % des recettes du Mexique. Les accords de libre-échange ont eu un impact important sur l’économie mexicaine, surtout depuis l’entrée en vigueur de l’ALENA en 1994. Les échanges commerciaux avec le Canada et les États-Unis ont triplé depuis la signature de cet accord. Ces deux pays sont les principaux partenaires du Mexique en termes d’exportations : plus de 87 % des exportations sont destinées au marché américain. Malgré une croissance économique soutenue depuis la fin des années 1990, le Mexique connaît une profonde crise sociale qui se reflète dans le monde politique depuis l’élection présidentielle de 2006. Cette crise provient en grande partie des inégalités économiques présentes dans tout le pays, héritées d’un long passé colonial, mais aussi des réformes limitant l’intervention de l’État qui ont suivi les crises économiques des années 1980 et de 1994.

Les effets de l’activité économique sur la société et le territoire

Situé à l’extrémité sud du Mexique, le Chiapas est depuis le 19e siècle l’une des régions les plus pauvres et les moins industrialisées du Mexique. Les Amérindiens représentent 25 % de la population.

Le Mexique est l’un des pays du monde où la répartition de la richesse est la plus inégale. La Banque mondiale estime que plus de 45 % de la population vit sous le seuil de la pauvreté. L’écart entre les riches et les pauvres entraîne plusieurs conséquences, dont un taux de criminalité élevé. La ville de Mexico, qui est le cœur économique du pays, est relativement prospère. Avec plus de 22 millions d’habitants, elle est l’une des plus grandes métropoles du monde. Les régions en périphérie, dont l’État du Chiapas et d’Oaxaca, sont plus pauvres et moins développées que le reste du pays.

152

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

2

L’ÉTAT DU CHIAPAS.

DOSSIER 2

3

LE MEXIQUE ET LES IMPACTS DE L’ALENA.

Quatorze ans après l’entrée en vigueur de l’ALENA, la journaliste mexicaine Claudia Martinez dresse un bilan des impacts sociaux de cet accord sur la situation économique des Mexicains.

«

Depuis l’entrée en vigueur de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) en 1994, entre le Canada, le Mexique et les États-Unis, on ne cesse de nous répéter dans les médias de masse que cet accord convient aux trois parties et que chacune y trouve son compte. Or, lorsqu’on regarde la détérioration de la situation économique et sociale au Mexique […], force est de constater que l’application des politiques néolibérales a des conséquences catastrophiques sur la qualité de vie des Mexicains, particulièrement au niveau de la sécurité alimentaire et de la survie de la paysannerie. En fait, l’ALENA n’a bénéficié qu’à une minorité de grands producteurs du nord du pays qui avaient le capital, les instruments, la technologie et les infrastructures pour pouvoir être compétitifs, pendant que se dégrade jour après jour la qualité de vie de l’immense majorité. Les chiffres démontrent que les promesses qui ont été faites sur les avantages de l’ALENA au Mexique ne se sont pas accomplies. On a dit que les aliments seraient moins chers, qu’il allait y avoir plus d’emplois et que les emplois allaient être mieux rémunérés. Rien de tout cela ne s’est avéré. C’est exactement le contraire qui s’est produit. Source : Claudia MARTINEZ, « Les impacts de la nouvelle phase de l’ALENA au Mexique », Alternatives international, 8 janvier 2008.

5

»

LA VILLE DE MEXICO.

Située à plus de 2200 mètres d’altitude, la ville de Mexico est construite sur l’ancienne capitale aztèque Tenochtitlan. Malgré la prospérité de la ville, la disparité entre les riches et les pauvres y est frappante. La majorité de la population vit sous le seuil de la pauvreté.

4

LA VILLE TOURISTIQUE DE CANCUN.

La ville de Cancun s’est ouverte au tourisme en 1969. Auparavant, Cancun n’était qu’un petit village où vivaient une centaine de pêcheurs. Aujourd’hui, plus de 4 millions de personnes y habitent. Le tourisme représente 60 % des revenus de Cancun.

QUESTIONS 1. Sur quelles activités économiques repose l’économie du Mexique ? Méthodologie 2. [Doc. 3] Quelle constatation la journaliste faitelle à propos des promesses liées à l’adoption de l’ALENA ? Connexion 3. [Doc. 4 et 5] À l’aide des photographies, décrivez brièvement ce qu’on entend par la disparité entre les riches et les pauvres. Réflexion 4. L’économie du Mexique se caractérise à la fois par son traditionalisme et par sa modernité. Que faut-il savoir pour déterminer lequel de ces deux aspects l’emporte ?

AILLEURS DANS LE MONDE

153

La République populaire de Chine La Chine est devenue l’une des grandes puissances économiques du monde. Propulsée par une croissance économique annuelle frôlant les 10 % depuis plus d’une décennie, et par une population de 1,3 milliard d’habitants, la Chine connaît un développement économique sans précédent.

Capitale : Beijing (Pékin) Population : 1,4 milliard d’hab. Langue officielle : chinois (mandarin)

L’économie chinoise depuis le 19e siècle

Collectivisation : Appropriation des terres par l’État pour en faire une propriété collective.

1

Jusqu’au 19e siècle, l’économie chinoise est la première en importance au monde. L’intervention des puissances étrangères, au cours du 19e siècle, provoque la ruine de l’économie chinoise et l’effondrement de l’empire de la dynastie Qing, en 1911. Le déclin de cet empire survient lors des deux guerres de l’Opium (1839-1842 et 1856-1860). Ces guerres entraînent la cession de l’île de Hong-Kong aux Britanniques et l’ouverture de plusieurs ports au commerce européen. Jusqu’en 1949, les ambitions territoriales des Européens et des Japonais sur la Chine et les années de guerre civile désintègrent progressivement l’économie et le système politique chinois.

LA CHINE AUJOURD’HUI.

Le territoire de la Chine est le quatrième au monde pour sa superficie, et sa géographie est très variée. La grande majorité de la population réside sur le littoral, où se trouvent la plupart des grandes villes.

ur

Légende

La victoire communiste, en 1949, marque le début d’une nouvelle ère en Chine. Le Parti communiste prend le contrôle de la vie économique, sociale et politique du pays. Une réforme de l’économie chinoise, inspirée du modèle communiste de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), est instaurée pour moderniser et industrialiser le pays. La planification de l’économie par l’État, la collectivisation des terres agricoles et la nationalisation des entreprises privées en sont les éléments les uv plus importants. Bien que la Chine Fle e Am o s’industrialise, les politiques éconoRUSSIE miques du Grand Bond en avant (1958-1959), puis la Révolution Harbin culturelle, en 1966, affaiblissent la pro duction du pays. De plus, son Shenyang CORÉE MONGOLIE isolement au niveau international DU NORD Beijing JAPON contribue à la stagnation de l’éco(Pékin) CORÉE ng he DU SUD nomie chinoise qui dure jusqu’à la Hua Mer Tianjin Jaune mort de Mao Zedong en 1976. RÉPUBLIQUE

Capitale Ville Frontière internationale KAZAKHSTAN KIRGHIZSTAN TADJIKISTAN AFGHANISTAN PAKISTAN

POPULAIRE DE CHINE

MYANMAR (Birmanie) BANGLADESH

154

300

600

Chongqing Xi jian g (Canton)

BHOUTAN

0

OCÉAN PACIFIQUE Taiwan

Guangzhou

NÉPAL

INDE

Shanghai

Chengdu

jiang

Fleu ve Brahmapoutre

Nanjing

Mer de Chine orientale

Wuhan

Ch a

ng

Fleuve Mékong

Xian

900 km

LAOS THAÏLANDE

DOSSIER 2

Shantou Hong-Kong

Mer de Chine méridionale

(ou République de Chine nationaliste)

PHILIPPINES

VIETNAM

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

La nouvelle économie chinoise Dès l’arrivée au pouvoir de Deng Xiaoping, en 1978, la Chine entreprend progressivement la modernisation et la libéralisation de son économie. La réforme du système socialiste, hérité de la période maoïste, est motivée par le retard économique du pays, notamment par rapport à la croissance économique fulgurante de certains de ses voisins, comme Taiwan et Singapour. L’ouverture de la Chine sur le monde extérieur par une libéralisation de son économie devient alors le principal moteur des réformes économiques. Pendant les années 1980, le régime chinois abandonne graduellement le système de collectivisation des terres et permet la création de petites entreprises. Une lente transition vers l’économie de marché et la privatisation des entreprises commence alors. L’ouverture aux investissements étrangers et la création de zones économiques spéciales, à des conditions favorisant les investissements, entraînent un essor de la production industrielle. La libéralisation du commerce se manifeste par l’entrée de la Chine au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001. La nouvelle économie chinoise, baptisée « économie socialiste de marché » en 1992, est dualiste : elle conjugue l’héritage de l’économie communiste avec la libéralisation économique. Ainsi, l’État abandonne l’idée d’une économie planifiée et cesse d’intervenir dans les entreprises, tout en maintenant un régime politique autoritaire aux orientations socialistes.

2

LA RIZICULTURE EN CHINE.

La Chine est le premier producteur mondial de riz. Le riz est l’aliment le plus cultivé et consommé en Chine.

QUESTIONS

3

DES TRAVAILLEURS CHINOIS À LA SORTIE D’UNE MINE DE CHARBON.

Avec l’augmentation de la production, les besoins en énergie de la Chine croissent sans cesse. L’abondance du charbon permet de produire 69 % de l’électricité.

1. Quelles sont les causes de l’effondrement de l’économie chinoise avant la victoire communiste de 1949 ? 2. En quoi consiste l’économie socialiste de marché ? Méthodologie 3. [Doc. 3] Sur quelle ressource repose la production de l’électricité en Chine ?

AILLEURS DANS LE MONDE

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L’impact de la nouvelle économie chinoise Depuis les années 1980, la Chine affiche un taux de croissance annuel avoisinant les 10 % par année. Cette croissance fait aujourd’hui de la Chine la troisième puissance commerciale au monde. La transformation de l’économie chinoise, qui a entraîné cette grande croissance économique, a des impacts importants, tant sur la société chinoise que sur l’ordre économique mondial.

1

L’ÉVOLUTION DU PIB PAR GRANDS SECTEURS DE 1978 À 2004.

Les réformes économiques ont modifié le système de production en Chine. Le poids de l’agriculture dans l’économie a chuté depuis 1978, alors que le secteur des services est en pleine expansion. Secteur Agriculture Industrie et bâtiments Services

1978 28 % 48 % 24 %

1993 19 % 46 % 35 %

2004 13 % 46 % 41 %

L’augmentation de la population active, de 350 millions en 1953 à 890 millions en 2000, favorise grandement le décollage économique du pays. De plus, l’exode rural vers les villes, estimé à huit millions de personnes par année, procure aux entreprises chinoises une main-d’œuvre bon marché. La population des villes est ainsi passée de 211 millions en 1982 à 459 millions en 2004. Mais l’intégration de cette abondante main-d’œuvre à l’économie représente un défi constant pour le pays. Le chômage, apparu dans les années 1980, atteint plus de 10 % aujourd’hui.

Bien que, depuis 1978, le revenu par habitant ait augmenté de 6 % par année, les inégalités sociales persistent. La consommation et l’épargne personnelle croissent considérablement, mais de façon inégale, selon les classes sociales et les régions. Les régions du littoral, ouvertes aux entreprises étrangères, connaissent un grand développement alors que plusieurs régions à l’intérieur des terres demeurent très pauvres. Les réformes entraînent une montée de la corruption qui contribue à creuser les inégalités sociales. De plus, l’industrialisation exagérée des dernières décennies, qui s’est faite sans encadrement, a nui à l’environnement. En effet, la consommation d’énergie nécessite une grande quantité de charbon et son utilisation massive aggrave la dégradation du milieu naturel.

Source : China Statistical Yearbook, 2005, cité dans Françoise LEMOINE, L’économie de la Chine, Paris, La Découverte, 2006 (1990), p. 51.

2

HONG-KONG AUJOURD’HUI.

Le Royaume-Uni remet Hong-Kong à la Chine en 1997. Elle est aujourd’hui la deuxième ville de Chine sur le plan économique.

La montée en puissance de la Chine a un impact considérable sur l’économie mondiale, bouleversant l’organisation et l’équilibre des marchés mondiaux. Grâce au rythme de son développement économique, qui est supérieur à celui des pays européens et des États-Unis, la Chine va sans doute devenir la première puissance économique du monde au cours du 21e siècle.

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ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

DOSSIER 2

3

LA CHINE, UNE MÉGAPUISSANCE.

En l’espace de quelques décennies, la Chine est passée du statut de pays en voie de développement à celui de superpuissance économique de tout premier plan. L’ouverture de la Chine au monde et au libéralisme économique bouleverse l’ordre géopolitique mondial et ouvre une nouvelle ère.

«

“ Le jour où la Chine s’éveillera… ”, disait-on naguère, en laissant planer une menace géante sur la planète. Or cet immense pays s’est bel et bien éveillé. […] Fondé sur l’abondance d’une main-d’œuvre peu payée, sur l’accueil d’usines d’assemblage, sur l’exportation de produits bon marché et sur l’afflux d’investissements étrangers, son modèle de développement fut longtemps considéré comme « primitif », caractéristique d’un pays arriéré et tenu d’une main de fer par un parti unique. Non seulement la Chine – toujours communiste – cessa pourtant de faire peur, mais, dans l’euphorie de la globalisation commençante, elle fut alors présentée par des centaines de firmes qui y délocalisaient leurs usines […] comme une véritable aubaine pour investisseurs avisés. En peu de temps, grâce au réseau de “ zones économiques spéciales ” installées le long de sa façade maritime, elle devenait une puissance exportatrice phénoménale. Et prenait la tête des exportateurs mondiaux de textilehabillement, de chaussures, de produits électroniques et de jouets. Ses produits envahissaient le monde. […] Ce “communisme démocratique de marché ” a entraîné aussi, pour des millions de foyers, une augmentation du pouvoir d’achat et du niveau de vie. Et a favorisé la montée d’un véritable capitalisme chinois. L’État, dans le même élan, s’est lancé dans une modernisation du pays à marche forcée multipliant la construction d’infrastructures : ports, aéroports, autoroutes, voies de chemin de fer, ponts, barrages, gratte-ciel, stades pour les Jeux olympiques de Pékin en 2008, installations pour l’Exposition universelle de Shanghai en 2010, etc. […] la Chine est désormais l’une des plus grandes économies du monde – précisément la sixième. Elle tire la croissance planétaire et tout soubresaut chez elle a un impact immédiat sur l’ensemble de l’économie mondiale. Source : Ignacio RAMONET, « Chine, mégapuissance », Le Monde diplomatique, août 2004, p. 1.

5

»

4

UNE RUE DU CENTRE DES AFFAIRES DE BEIJING (PÉKIN), AUJOURD’HUI.

Beijing est aujourd’hui la capitale de la Chine et la deuxième ville en importance, après Shanghai. Depuis l’annonce des Jeux olympiques d’été de 2008, la ville s’ouvre de plus en plus à la modernité.

Saviez-v us que... En 2008, le salaire moyen d’un ouvrier chinois d’une manufacture de Shanghai est de 40 cents de l’heure. C’est 6 fois moins qu’un ouvrier mexicain, et 20 fois moins qu’un ouvrier québécois.

QUESTIONS

LE BARRAGE DES TROIS GORGES EN CHINE.

Ce barrage, en opération depuis 2008, est la plus puissante centrale hydroélectrique du monde. Sa construction a entraîné le déplacement de près de deux millions d’habitants.

1. Quelle réalité a favorisé le décollage économique ? 2. Relevez trois problèmes liés au développement économique de la Chine. Méthodologie 3. [Doc. 1] a) Quel secteur a le plus augmenté depuis 1978 ? b) Quel secteur a conservé la même importance relative ? Réflexion 4. Déterminez des moyens d’améliorer votre connaissance de l’accroissement de la puissance de la Chine.

AILLEURS DANS LE MONDE

157

ENGAGEMENT CITOYEN

LES

ENJEUX ÉCONOMIQUES DU QUÉBEC ACTUEL Le développement économique constitue un enjeu important pour l’avenir du Québec. Il importe de bien répartir la richesse, car une trop grande disparité de revenus peut entraîner des effets négatifs sur la société. Les acteurs impliqués dans le développement économique doivent donc conserver un sens de l’équité, de la justice et de la solidarité. Cependant, à l’heure de la mondialisation de l’économie, les décisions ne dépendent plus seulement des acteurs locaux. Le Québec se voit ainsi contraint de faire face à de nombreux défis et de s’adapter au contexte international.

Adrien Hébert (1890-1967). Artiste peintre Adrien Hébert est né à Paris en 1890. Il est le fils de Louis-Philippe Hébert, un sculpteur qui a travaillé sur une série de sculptures destinées à décorer la façade du Parlement à Québec. Ce peintre réaliste aime reproduire la modernité et la vie urbaine. Il est maître dans l’art de la composition et joue habilement avec les masses cubiques et la perspective.

158

DOSSIER 2

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

ENGAGEMENT CITOYEN DANS LE PORT DE MONTRÉAL (S.S. MONTCALM). La grande période artistique d’Adrien Hébert se déroule de 1924 à 1950. Il a peint, entre autres, de nombreuses toiles illustrant le port de Montréal, le lieu d’une activité économique importante. Source : Adrien Hébert, Dans le port de Montréal (S.S. Montcalm),1925.

LES ENJEUX ÉCONOMIQUES DU QUÉBEC ACTUEL

159

ENGAGEMENT CITOYEN

Produire et répartir la richesse L’économie est avant tout une discipline qui porte sur la production, la répartition, la distribution et la consommation des richesses d’une société. L’économie peut également être vue comme la gestion efficace des ressources. Dans une économie capitaliste, la richesse est principalement créée par des entreprises privées qui se font concurrence dans la recherche du profit. Dans ce contexte, la création de richesses est une condition du développement économique. Pour y arriver, il est nécessaire d’accroître la productivité en investissant dans l’équipement de production et la qualification de la main-d’œuvre. La production économique est divisée en trois secteurs : primaire, secondaire et tertiaire.

1

UNE MANUFACTURE DE TEXTILE.

Le secteur secondaire englobe la transformation des produits, principalement l’industrie manufacturière.

2

L’INDUSTRIE FORESTIÈRE.

Le secteur primaire correspond à l’exploitation des ressources telles que l’agriculture, la pêche, les mines, la foresterie, etc.

Un développement économique équitable

Le secteur tertiaire comprend les services, comme les transports, les finances, le commerce, le tourisme, etc.

Le progrès économique ne tient pas seulement à la production. Si la richesse n’est pas bien répartie entre les groupes sociaux, entre les régions, entre les villes et les campagnes, entre les hommes et les femmes, on dit qu’il y a disparité. Ainsi, tous ne sont pas également en mesure de consommer les produits et services disponibles. Une certaine redistribution de la richesse peut se faire par des organisations privées, comme des organismes de charité ou des fondations, ou publiques, comme les ministères, les entreprises d’État ou les organismes communautaires subventionnés. Depuis les années 1960, les gouvernements québécois et canadiens sont plus actifs dans ce domaine. Par exemple, des mesures de soutien du revenu, un programme de prêts et bourses pour les étudiants et des organismes d’entraide communautaires ont été mis en place.

160

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

3

LA BOURSE DE MONTRÉAL.

DOSSIER 2

Le portrait économique du Québec est bien différent d’autrefois. Durant le 20e siècle, l’industrie manufacturière et les ressources naturelles ont été les moteurs de la croissance économique. Aujourd’hui, la prosDU PRODUIT INTÉRIEUR BRUT (PIB) DU QUÉBEC COMPARÉ AUX PAYS MEMBRES 4 LEDERANG L’ORGANISATION DE COOPÉRATION ET DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUES (OCDE) EN 2002. périté du Québec est basée sur l’innovation, les industries de Si on compare le PIB du Québec à celui des 30 pays membres de l’OCDE, il se classe au 10e rang. haute technologie et les services. Par contre, le PIB du Québec se situe au 53e rang sur 60 dans l’ensemble des États américains et des provinces canadiennes. 45 40 35 30 10e

25 20 15

Québec

Produit intérieur brut (en milliards de $)

Si on compare l’économie du Québec sans tenir compte du reste du Canada, elle se situe parmi les plus fortes du monde. Par contre, l’économie du Québec se classe derrière celles du Canada et des États-Unis.

10 5 0

5

Rang mondial

Source : Jean-François LISÉE, « Un mauvais procès au modèle québécois. Étude des pièces à conviction », dans Michel VENNE, dir., Justice, démocratie et prospérité, Montréal, Québec Amérique, 2003, p. 37.

LE RETARD ÉCONOMIQUE DU QUÉBEC.

Malgré une économie dynamique et un niveau de vie enviable, le Québec subit un retard économique face à certains de ses concurrents.

«

Le Québec a fait un bond économique remarquable depuis la Révolution tranquille. Puis, au cours des cinq dernières années, la création d’emplois a battu des records et la productivité s’est accrue à un rythme rapide. Au plan du niveau de vie, le Québec se classerait au 10e rang parmi les pays membres de l’OCDE (qui regroupe 30 des pays les plus riches de la planète), devançant notamment la France, le Royaume-Uni et la Suède. Ces données sont réconfortantes, mais il n’en demeure pas moins que l’économie du Québec n’a toujours pas comblé le retard important qui la sépare de celle de ses principaux concurrents, en particulier l’Ontario et les États-Unis, malgré les progrès des dernières années. Si rien n’est fait, ce retard pourrait s’accentuer, notamment parce que les tendances démographiques nous sont particulièrement défavorables. Aussi, la pire erreur que pourraient faire les Québécois serait de se laisser rassurer par leurs réussites passées et par une embellie en bonne partie conjoncturelle. Tomber dans ce piège, ce serait risquer de vivre un avenir sombre sur les plans économique, social et politique. Source : J.-Y. DUCLOS, J. FACAL, C. GODBOUT, R. LACROIX et R. ROYER, Un Québec au travail ! Stratégie pour une société plus prospère, Comité stratégique La Presse pour le développement économique du Québec, 21 février 2004, p. 4.

»

QUESTIONS 1. Quels sont les deux principaux moyens d’accroître la productivité ? 2. Qu’entend-on par la disparité ? 3. Dans quel domaine d’activité les emplois du secteur primaire sont-ils généralement concentrés ? 4. Nommez trois emplois du secteur tertiaire. 5. Pourquoi ne considère-t-on plus les secteurs primaire et secondaire comme les moteurs de l’économie québécoise ? Réflexion 6. Que feriez-vous pour améliorer votre compréhension de la répartition de la richesse dans un pays capitaliste ?

LES ENJEUX ÉCONOMIQUES DU QUÉBEC ACTUEL

161

ENGAGEMENT CITOYEN

Le Québec en comparaison

ENGAGEMENT CITOYEN

Les défis économiques à l’heure de la mondialisation Pays émergent : Pays en développement qui s’industrialise rapidement grâce à la mondialisation.

1

LA CONSTRUCTION DE WAGONS À L’USINE DE BOMBARDIER, À SAHAGUN, AU MEXIQUE.

Des entreprises québécoises transfèrent leur production dans des usines installées à l’étranger, là où le coût de la main-d’œuvre est moins élevé. C’est ce qu’on appelle la « délocalisation ».

Toutes les économies occidentales font face aux mêmes défis. Les tendances lourdes de la mondialisation font peser des contraintes sur les États et les entreprises. Ainsi, les gouvernements sont limités dans leur action par les règles du libre-échange, leurs limites budgétaires et la nécessité de veiller au bien commun, c’est-à-dire en maintenant les services publics, les programmes sociaux et en sauvegardant l’environnement. Les gouvernements encouragent donc un développement économique équitable et durable. Quant aux entreprises affectées par les mouvements des marchés mondiaux, comme la concurrence féroce, la fluctuation du prix des matières premières et des monnaies, elles sollicitent l’aide de l’État, tout en lui réclamant plus de marge de manœuvre afin d’être concurrentielles.

Les conséquences de la mondialisation sur l’économie du Québec L’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) et l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), un accord mondial, ont eu des conséquences majeures sur l’économie canadienne et québécoise. Ces accords ont restreint les gouvernements canadien et québécois sur certaines politiques protectionnistes comme les droits de douane et certaines subventions versées aux producteurs locaux. Des entreprises, notamment celles spécialisées dans la fabrication industrielle nécessitant beaucoup de travailleurs, ont dû fermer leurs portes, car les salaires versés étaient beaucoup trop élevés et ne pouvaient concurrencer ceux offerts par les pays émergents comme la Chine, le Mexique et l’Inde. Exposées à la concurrence internationale, les entreprises québécoises et canadiennes ont dû s’ajuster puisque beaucoup d’emplois ont été perdus dans plusieurs secteurs d’activité économique. Les gouvernements canadien et québécois ont cherché à atténuer les effets des fermetures d’entreprises et à appuyer leur adaptation à la nouvelle économie. Pour s’adapter à la mondialisation économique, certaines industries québécoises ont transféré une partie de leur production à l’étranger et ont conservé certaines opérations ici, comme c’est le cas pour l’entreprise Bombardier. Certaines d’entre elles ont préféré augmenter leur productivité en investissant et en modernisant leur machinerie. D’autres ont proposé à leurs employés des réductions de salaire et des modifications de leurs conditions de travail. Toutefois, le Québec profite de son expertise dans des secteurs de pointe, comme l’aéronautique et la pharmacologie. Le développement constant des services compense les pertes d’emplois survenues dans d’autres secteurs. L’économie québécoise s’adapte au nouveau contexte et obtient souvent des gains de marché et d’emploi surtout lorsque l’économie mondiale est en croissance.

162

DOSSIER 2

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

En cette époque de mondialisation économique, les partisans d’un rôle actif pour l’État pointent du doigt les entreprises à propriété étrangère. Ces entreprises sont souvent peu impliquées dans leur milieu et ne cherchent qu’à faire du profit à court terme. Pendant plusieurs années, les gouvernements ont tenté d’attirer de grandes entreprises à l’aide de subventions, pour se rendre souvent compte que dès que la concurrence les rendait moins rentables, elles fermaient leurs portes, parfois sans rembourser l’aide qu’on leur avait consentie. Dans le contexte d’une économie de concurrence, les entreprises cherchent à réduire leurs coûts de production. Deux stratégies sont alors possibles : réduire les salaires ou investir dans l’équipement de production, la recherche et l’innovation. Les gouvernements canadien et québécois préfèrent encourager les entreprises par diverses mesures fiscales ou financières qui visent à moderniser l’équipement, à former la maind’œuvre et à la spécialiser dans des domaines techniques pour ensuite embaucher des travailleurs qualifiés. Aujourd’hui, le système d’éducation et la politique d’immigration sont liés au marché du travail. On cherche ainsi à assurer des emplois bien rémunérés pour tous.

Mesure fiscale : Politique d’aide par la réduction de taxes et d’impôts. Mesure financière : Politique d’aide par les subventions ou les prêts d’argent. Ambassade : Service représentant un gouvernement à l’étranger.

Sur le plan politique, l’État québécois favorise une association entre les partenaires économiques afin d’assurer une bonne entente entre propriétaires et ouvriers et de faire en sorte que les entreprises se complètent. De plus, tant le gouvernement du Canada que celui du Québec font la promotion des entreprises à l’étranger, que ce soit par l’entremise des ambassades et des délégations ou grâce aux missions économiques de gens d’affaires.

QUESTIONS 1. Dans quel secteur le Québec a-t-il dû fermer plusieurs entreprises en raison des salaires peu élevés des pays émergents ? 2. Quels secteurs connaissent un développement constant malgré les pertes su?bies dans les autres secteurs ? Connexion

2

3. [Doc. 1 et 2] Quelle raison explique à la fois la fermeture de l’usine Magnola et la construction de l’usine de Bombardier au Mexique ? L’USINE DE MAGNÉSIUM MAGNOLA DE DANVILLE, AU QUÉBEC.

Cette usine a nécessité des investissements publics et privés de 1,25 milliard de dollars. Elle est entrée en opération en 2000, mais a interrompu ses activités en 2003, causant la perte de 380 emplois. L’industrie était incapable de concurrencer la Chine.

LES ENJEUX ÉCONOMIQUES DU QUÉBEC ACTUEL

Réflexion 4. Avez-vous de la difficulté à comprendre les effets de la mondialisation sur le Québec ? Expliquez votre réponse.

163

ENGAGEMENT CITOYEN

Le rôle de l’État dans l’économie des entreprises

ENGAGEMENT CITOYEN

L’État, la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale Bien que le Québec se classe parmi les sociétés les plus riches du monde, la pauvreté, l’injustice et l’exclusion sociale subsistent toujours au sein de la société. On compte aujourd’hui environ 10 % de personnes vivant sous le seuil de faible revenu au Québec. Les inégalités sociales qui résultent des différences de revenus ont des impacts négatifs sur la société, tant du point de vue des conditions de vie des individus qu’en ce qui concerne le développement économique du Québec.

Le rôle de l’État québécois Depuis la Révolution tranquille, l’État québécois prend une part importante dans la lutte contre la pauvreté, les inégalités et l’exclusion sociale. L’État œuvre sur trois fronts principaux pour améliorer les conditions économiques et sociales des Québécois : la création et le maintien de l’emploi, la couverture sociale donnant droit aux services essentiels, comme la santé, l’éducation, le logement, et finalement l’assistance financière aux individus, comme l’aide sociale ou la réduction d’impôt 1 LA LOI VISANT À LUTTER CONTRE LA PAUVRETÉ ET L’EXCLUSION SOCIALE aux personnes à faible revenu. L’un des rôles de l’État consiste Cette loi, adoptée à l’unanimité le 13 décembre 2002, vise à lutter contre les inégalités sociales. aussi à favoriser et à soutenir les divers mouvements sociaux qui Le gouvernement du Québec aura finalement adopté, après un long chemis’occupent de la progression de nement amorcé par la Fédération des femmes du Québec lors de la marche “Du pain et des roses” en juin 1995, une loi visant à lutter contre la pauvreté l’équité, de la justice et de la soliet l’exclusion sociale (loi 112). Avec cette loi, le Québec reconnaît que la paudarité sociale.

«

vreté représente une menace pour les droits et libertés de ses citoyens, qu’à cet égard il lui faut intervenir pour protéger la dignité et les droits des personnes, et que la lutte contre la pauvreté et l’exclusion représente un “impératif national”. […] Cette loi fait du Québec une référence pour les pays qui, dans l’espace de la mondialisation des marchés, optent pour un modèle de protection et de développement de leur capital humain et social. Le Québec fait le pari que la réduction des inégalités sociales favorisera la paix, la justice et l’équité sociale nécessaire à son développement économique et social. […] Près de 75 % des dispositions de la loi québécoise s’attaquent directement à la réduction de la pauvreté (formation, rehaussement des revenus, accès à un emploi, qualité des emplois, salaires et conditions de travail). Source : Camil BOUCHARD, « Lutte contre la pauvreté – Une loi exemplaire », Le Devoir, 6 janvier 2003.

»

Le projet de loi 112, adopté en décembre 2002 par l’Assemblée nationale, constitue la base de la Stratégie nationale de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale du gouvernement du Québec. La politique du gouvernement en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, qui tente de s’attaquer à la fois aux causes et aux conséquences de la pauvreté, est élaborée autour de quatre grands axes, soit :

• améliorer le bien-être des personnes en situation de pauvreté ; • prévenir la pauvreté et l’exclusion sociale ; • favoriser l’engagement de l’ensemble de la société ; • assurer la cohérence et la constance de l’action. La lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale est l’un des grands objectifs de la société québécoise afin de bâtir un monde meilleur, reposant sur l’équité, la justice et la solidarité. L’État a son rôle à jouer, mais il revient à chaque citoyen et citoyenne de faire sa part pour construire un monde meilleur.

164

DOSSIER 2

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

ENGAGEMENT CITOYEN

L’économie sociale Plusieurs mouvements sociaux, comme les coopératives et les associations, contribuent à leur manière à la lutte contre la pauvreté. Ces organismes, dont le but principal est de servir la communauté et de favoriser le développement social, forment ce que l’on nomme « l’économie sociale ». L’économie sociale est bien enracinée au Québec et connaît un essor important depuis plus d’une décennie. Ces organismes jouent un rôle capital dans la lutte contre la pauvreté, non seulement par leurs actions directes, mais aussi par leur impact sur l’État. C’est ainsi que la marche « Du pain et des roses », par exemple, a contribué à mettre à l’avant-scène la situation de la pauvreté et a amené l’État à encourager le développement de l’économie sociale.

2

LA MARCHE MONDIALE DES FEMMES, EN 2000.

À la suite de la marche « Du pain et des roses », en 1995, la mobilisation continue et différents groupes de femmes s’unissent pour améliorer leurs conditions.

3

UN PORTRAIT DES ENTREPRISES D’ÉCONOMIE SOCIALE DU QUÉBEC EN 2001.

Les entreprises d’économie sociale œuvrent dans plusieurs secteurs. Secteur Aide domestique Culture Médias communautaires et TIC Centres de la petite enfance Entreprises adaptées Entreprises d’insertion Forêt Habitation Loisir-tourisme Périnatalité Ressourcerie-récupération Services funéraires Agro-alimentaire Scolaire Services aux entreprises Transport Autres secteurs Total

Nombre d’entreprises 110 1 522 189 915 43 46 83 1 378 1 037 10 47 43 323 103 107 48 327 6 331

Nombre d’emplois 4 048 8 375 695 22 420 3 400 489 5 916 155 7 915 61 732 787 17 114 1 003 635 1 341 3 206 78 292

Chiffre d’affaires (en millions $) 65,7 160,0 32,0 797,0 117,0 18,6 435,1 153,3 197,8 3,2 17,2 22,1 5 181,9 124,1 10,4 73,2 158,9 7 567,5

Source : Chantier de l’économie sociale, 2001.

LES ENJEUX ÉCONOMIQUES DU QUÉBEC ACTUEL

QUESTIONS 1. Au Québec, quel est le pourcentage de personnes vivant sous le seuil de la pauvreté ? 2. Que peut faire l’État pour assurer une meilleure distribution des richesses à l’ensemble des Québécois ? Donnez deux exemples. Méthodologie 3. [Doc.1] Résumez dans vos propres mots les grandes lignes de la loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale. 4. [Doc.3] Nommez les trois secteurs de l’économie sociale qui créent le plus d’emplois. Réflexion 5. Connaissez-vous des entreprises d’économie sociale établies dans votre collectivité ? Comment pouvez-vous les découvrir ?

165

Les points à retenir pour ce dossier :

Au Québec LES PREMIERS OCCUPANTS – 10 000



Arrivée des premiers Amérindiens au Québec.

LE RÉGIME BRITANNIQUE

LE RÉGIME FRANÇAIS Vers 1545



Premiers échanges entre les autochtones et les pêcheurs européens.

1777



Instauration du droit commercial anglais.

1783



Création de la Compagnie du Nord-Ouest.

1806



Accroissement de la demande en bois des Britanniques à la suite du blocus continental des guerres napoléoniennes.

1824



Ouverture du canal de Lachine.

1836



Premier chemin de fer reliant Saint-Jean-sur-Richelieu à La Prairie.

1534



Arrivée de Jacques Cartier à Gaspé.

1601



Fondation de Tadoussac.

1851



Fondation de la compagnie de chemin de fer le Grand Tronc.

1663



Acquisition par les Sulpiciens de la seigneurie de l’île de Montréal.

1854



Signature du Traité de réciprocité avec les États-Unis.



Fondation de la Compagnie française des Indes occidentales.

1878



1664

Politique nationale.

1670



Création de la Compagnie de la Baie d’Hudson.

LA PÉRIODE CONTEMPORAINE DE 1867 À NOS JOURS

1701



Fondation de la Louisiane.

1885



1732



Établissement des chantiers maritimes du roi.

Création de la Commission royale d’enquête sur les relations entre le capital et le travail.

1737



Première route carrossable reliant Québec et Montréal, le chemin du Roy.

1929



Krach boursier à New York et début de la crise économique.

1934



Fondation de la Banque du Canada.

1738



Fondation des Forges du Saint-Maurice.

1936



Fondation de l’Office du crédit agricole.

1945



Création de l’Office de l’électrification rurale.

1962



Nationalisation de l’électricité.

1965



Création de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

1975



Signature de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois.

1985



Fermeture de la ville minière de Gagnon.

1994



Entrée en vigueur de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

166

DOSSIER 2

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

Ailleurs dans le monde La Côte d’Ivoire

Haïti

Territoire

Territoire

La Côte d’Ivoire est un pays d’Afrique de l’Ouest bordé au sud par le golfe de Guinée. Ce pays partage ses frontières avec le Liberia, la Guinée, le Mali, le Burkina Faso et le Ghana.

L’État d’Haïti est situé sur l’île d’Hispaniola dans les Antilles. À l’est, il a pour voisine la République dominicaine. Il est bordé par l’océan Atlantique et la mer des Antilles.

Société La société ivoirienne compte plus de 60 ethnies différentes. Près du tiers de sa population est d’origine étrangère.

Économie Les productions agricoles de la Côte d’Ivoire constituent la majeure partie des exportations. Le pays dépend des capitaux étrangers et du commerce international pour développer son économie.

Société La société haïtienne est une des plus pauvres d’Amérique. Près de 80 % de ses habitants vivent sous le seuil de la pauvreté.

Économie L’économie d’Haïti repose essentiellement sur l’agriculture de subsistance, qui emploie plus de 60 % de la population.

Enjeu Enjeu L’agriculture demeure la principale activité économique ivoirienne, malgré les efforts du gouvernement pour diversifier la production du pays.

Le manque de capitaux, le faible pouvoir d’achat des Haïtiens et l’exode des travailleurs limitent le développement économique du pays.

Le Mexique Territoire

La République populaire de Chine Territoire La Chine est située en Asie. Ce pays est bordé à l’est par la mer Jaune, la mer de Chine méridionale et la mer de Chine orientale.

Société Malgré la forte croissance économique et une augmentation du revenu des habitants, les inégalités sociales, persistent.

Économie L’économie de la Chine conjugue l’héritage de l’économie communiste avec la libéralisation économique.

Enjeu L’intégration de la main-d’œuvre, en constante évolution, constitue un défi pour l’économie de la Chine.

Le Mexique est situé en Amérique du Nord. Il est bordé à l’ouest par l’océan Pacifique, et à l’est, par le golfe du Mexique. Il partage ses frontières avec les États-Unis au nord, et au sud avec le Guatemala et le Belize.

Société Trois principaux groupes ethniques composent la société mexicaine : les Espagnols d’origine, les Amérindiens et les mestizos (métis), des gens d’origine mixte espagnole et amérindienne. Cette société connaît un très fort taux d’émigration clandestine vers les États-Unis.

Économie L’économie mexicaine repose sur l’agriculture, l’industrie et les services. Les exportations jouent un rôle de premier plan dans l’économie du pays, particulièrement depuis l’entrée en vigueur de l’ALENA, en 1994.

Enjeu Au Mexique, l’ALENA a suscité des attentes qui ne sont pas réalisées. Les denrées alimentaires sont chères, le nombre d’emplois a peu augmenté et ces derniers ne sont pas mieux rémunérés.

POINTS DE REPÈRE

167

A

Activité synthèse L’organisation économique L’économie est la discipline qui étudie l’emploi, la transformation et la distribution des ressources collectives destinées à satisfaire les besoins de la société humaine. Dans un monde primitif, la nature répond à la majeure partie de ces besoins. Avec l’évolution, les ressources naturelles ne suffisant plus, les humains doivent donc les compléter par la production de biens et de services. Toutefois, satisfaire ce que l’on appelle désormais des « besoins économiques » a un coût. L’organisation économique de la société a connu des développements majeurs des années 1500 aux années 2000. 1. À l’aide des informations présentées dans ce dossier, créez un tableau pour comparer les besoins économiques de la population des quatre périodes étudiées à la partie Filière du temps : 1) de 1500 à 1608 ; 2) de 1608 à 1760 ; 3) de 1760 à 1867 ; 4) de 1867 à nos jours. 2. Pour chaque période, donnez un minimum de quatre exemples de biens et de services produits pour satisfaire les besoins vitaux, comme se nourrir, se loger ou se vêtir, et les besoins secondaires. N’hésitez pas à consulter votre dossier. 3. Déterminez les ressources naturelles, humaines, financières et technologiques nécessaires pour produire ces biens ou services. 4. Indiquez les principaux acteurs intimement liés à cette activité de production. Par exemple, vous pouvez citer des entreprises, des catégories de travailleurs, des organismes d’État, etc.

168

DOSSIER 2

ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT

Pour aller plus l

in...

Activité 1 • Les caractéristiques d’une compagnie en 1900 ●

1. Imaginez l’implantation d’une compagnie au Québec en 1900. Compte tenu de l’époque, spécifiez les caractéristiques de cette compagnie en répondant aux questions ci-dessous. • Qui en est propriétaire ? • Nécessite-t-elle de gros investissements en capitaux ? • De quel secteur économique fait-elle partie ? • Quels biens ou services offre-t-elle ?

2. Choisissez une des périodes suivantes : 1900-1930, 1930-1939, 1939-1950, 1950-1960, 1960-1970 1970-1990, 1990-2005. Dans le contexte économique choisi, quels défis devra relever votre compagnie ? Utilisez l’information de votre manuel et, au besoin, consultez des ouvrages de référence ou des sites Internet fiables.

Activité 2 • Un échange virtuel ●

Supposez que vous travaillez dans une entreprise québécoise. Lors d’une séance de clavardage, vous faites la connaissance d’une jeune personne qui travaille dans l’une des quatre sociétés étudiées dans la section Ailleurs dans le monde. Cette personne originaire de la Côte d’Ivoire, d’Haïti, du Mexique ou de Chine possède les rudiments de la langue française. Vous entamez une courte discussion, car vous souhaitez tous les deux mieux connaître les activités de vos entreprises respectives et leurs effets sur l’économie et l’environnement dans le monde. Dans un style dynamique, rédigez le contenu de vos échanges en faisant ressortir les principaux points communs et les différences entre vos deux entreprises.

Pour en savoir plus... DES LIVRES DICKINSON, John A., et Brian YOUNG. Brève histoire socio-économique du Québec, Sillery, Septentrion, 2003 (1992), 456 p. FORTIER, Yvan. Menuisier charpentier : Un artisan du bois à l’ère industrielle, Montréal, Boréal express, Ottawa, Musée national de l’homme, 1980, 176 p. GERMAIN, Georges-Hébert. Les coureurs des bois : La saga des indiens blancs, Outremont, Libre expression, Ottawa, Musée canadien des civilisations, 2003, 158 p. JULIEN, Fabienne. Agathe de Repentigny, une manufacturière au XVIIe siècle (biographie romancée), Montréal, XYZ, 1996, 210 p.

LEDUC, Adrienne. Antoine, coureur des bois (roman), Québec, Septentrion, 2007, 442 p. PAQUET, Gilles, et Jean-Pierre WALLOT. Un Québec moderne, 1760-1840 : Essai d’histoire économique et sociale, Montréal, Hurtubise HMH, 2007, 740 p. POULIN, Pierre. Histoire du Mouvement Desjardins, Montréal, Québec/Amérique, 1990, trois tomes.

SAVARD, Félix-Antoine. Menaud, maître draveur (roman), Montréal, Bibliothèque québécoise, 1990 (1937), 187 p.

DES FILMS L’erreur boréale (documentaire), réalisateur : Richard Desjardins, Québec, 1999. Les tisserands du pouvoir (fiction), réalisateur : Claude Fournier, Québec/France, 1988.

REFORD, Alexander. Au rythme du train, 1859-1970, Québec, Publications du Québec : Archives nationales du Québec, 2002, 193 p.

Pour la suite du monde (documentaire), réalisateur : Pierre Perrault, Québec, 1962.

RINGUET. Trente arpents (roman), Montréal, Flammarion, 2001 (1938), 288 p.

Roger Toupin, épicier variété (documentaire), réalisateur : Benoît Pilon, Montréal, 2004.

ACTIVITÉ SYNTHÈSE

169

SS

DO

IE

R

Culture et mouvements de pensée

3

La culture est l’ensemble des comportements et des idées qui caractérisent une société. Au fil de l’histoire sont nés des mouvements de pensée, allant des croyances autochtones jusqu’aux courants du 20e siècle, tels le néolibéralisme, l’altermondialisme ou l’écologie. Issus d’influences multiples et de résistance, ils ont donné lieu à des modes d’expressions spécifiques très divers : les particularités linguistiques, la peinture, la sculpture, la littérature, la cuisine, la chanson. Ce sont les manifestations artistiques ou quotidiennes de ces mouvements de pensée qui construisent le patrimoine culturel. À l’heure de la mondialisation, quel rôle peuvent jouer les citoyens pour freiner l’homogénéisation de la culture ?

–10 000

1702

Arrivée des premiers Amérindiens au Québec

Parution du Catéchisme du diocèse de Québec écrit par Mgr de Saint-Vallier

1663

Fondation du Séminaire de Québec





1500

1600



1610

Parution de Conversion des Sauvages qui ont été baptisés en la Nouvelle-France

170

1778

Parution de la Gazette littéraire pour la ville et district de Montréal par Fleury Mesplet

Vers 1660

Adaptation de la maison d’inspiration normande aux rigueurs du climat canadien

1700

1967

Ouverture de l’Exposition universelle, Expo 67

2005

Ouverture du nouvel édifice de la Grande Bibliothèque à Montréal

1890

Construction du siège social de la compagnie d’assurance Sun Life

1834

Fondation à Montréal de la Société Saint-Jean-Baptiste par Ludger Duvernay

1960

Publication des Insolences du frère Untel, écrit par Jean-Paul Desbiens





1800

1900



2000

1937

Publication des recueils de La bonne chanson

1845

Publication du premier tome de l’Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu’à nos jours, écrit par François-Xavier Garneau

1863

Publication du roman Les anciens Canadiens, écrit par Philippe Aubert de Gaspé (père)

2008

Célébrations du 400e anniversaire de la fondation de Québec

1978

Présentation de la pièce de théâtre Les fées ont soif, écrite par Denise Boucher

171

SO M M A I R E

Culture et mouvements de pensée

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

LE QUÉBEC

.............................................

E N C U LT U R E E T E N P E N S É E

..........

174 174

La culture québécoise aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176 Les mouvements de pensée au Québec aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178

Les concepts que vous verrez dans ce dossier

Concept central

LA FILIÈRE DU TEMPS

.....................................................

180

U NE CULTURE ET DES IDÉES EN MOUVEMENT . . . . 1 La culture des autochtones . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

180 182

Le respect et l’harmonie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182 Des rapports sociaux égalitaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184

Culture Concepts particuliers

Art Éducation Identité Patrimoine Religion Concepts communs

Enjeu Société Territoire

2 Le roi, l’Église et les Canadiens en Nouvelle-France

..............................................

186

La monarchie absolue de droit divin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186 La religion catholique romaine en Nouvelle-France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 188 De Français à Canadiens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190

3 Un siècle de luttes sous le Régime britannique

...

192

Le libéralisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les débuts du nationalisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’ultramontanisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les « rouges » et l’anticléricalisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

192 194 196 198

4 Les trajectoires des idées et de la culture depuis 1867

...........................................................

200

Le nationalisme et l’impérialisme au Canada anglais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le nationalisme au Canada français . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le libéralisme économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La doctrine sociale de l’Église et le corporatisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Des mouvements plus radicaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le féminisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Une culture entre tradition et modernité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Un pas vers la modernité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Aux origines de la Révolution tranquille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Une culture en pleine maturité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La culture autochtone aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’apport des anglophones . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le néolibéralisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . De nouveaux mouvements sociaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

200 202 204 206 208 210 212 214 218 222 224 226 228 230

Ailleurs dans le monde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le Japon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le Maghreb . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le Sénégal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

232 232 236 238

ENGAGEMENT CITOYEN

240

C U LT U R E

..................................................

ET STANDARDISATION

........................

240

Un patrimoine culturel commun . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 242 La culture à l’ère de la mondialisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 244 La standardisation de la culture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 246

172

DOSSIER 3

Points de repère

................................................................

248

Activité synthèse

................................................................

250

Pour aller plus loin…

..........................................................

250

Pour en savoir plus…

..........................................................

251

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

Réalité sociale

Culture et mouvements de pensée

Angle d’entrée

L’influence des idées sur les manifestations culturelles

L A FI LI ÈR E

DU

TE

O N D E D’ AU LE M J

S

OU

MP

RD

U ’H

Objet d’interprétation

I

Culture et mouvements de pensée, de la présence autochtone, vers 1500, à nos jours

Objet Objet d’interrogation d’interrogation

Culture et mouvements Culture et mouvements de pensée, aujourd’hui, de pensée, aujourd’hui, au Québec au Québec

E N G AG

EN

T CI

TO Objet de citoyenneté

YE N

Comment la culture et les idées ont-elles évolué au cours des siècles ?

EM

Au cours des siècles, de quelle manière les idées ont-elles laissé des marques sur les manifestations culturelles ?

Préservation du patrimoine culturel et homogénéisation de la culture

Comment préserver les richesses patrimoniales du Québec devant l’homogénéisation de la culture ?

173

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

LE QUÉBEC

EN CULTURE ET EN PENSÉE Dans le Québec d’aujourd’hui, la culture est plus vivante que jamais. Elle s’exprime et prend sa place sur la scène internationale. Cependant, le Québec contemporain, comme d’autres sociétés, doit relever les nouveaux défis lancés par les phénomènes de mondialisation et d’homogénéisation de la culture. De nouvelles idées, de nouveaux courants de pensée apparaissent constamment et offrent des solutions à ces défis.

Jean Paul Riopelle (1923-2002). Artiste peintre Jean Paul Riopelle étudie à l’École Polytechnique de Montréal, puis fréquente l’École nationale du meuble et de l’ébénisterie où il fait la connaissance de Paul-Émile Borduas. Dans les années 1950, il adopte un mode d’expression qu’il fera sien : l’abstraction lyrique. Il est reconnu pour ses grands tableaux aux couleurs vibrantes et peints à la spatule.

174

DOSSIER 3

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

LE MONDE D’AUJOURD’HUI HOMMAGE À ROSA LUXEMBOURG. À partir des années 1950, Jean Paul Riopelle peint de grandes mosaïques. Pour sa plus grande œuvre, Hommage à Rosa Luxembourg, il utilise le pochoir et la bombe aérosol. Cette fresque haute de 1,55 mètre et longue de 40 mètres comporte 3 sections qui intègrent 30 tableaux. Jean Paul Riopelle, Hommage à Rosa Luxembourg, 1992.

LE QUÉBEC EN CULTURE ET EN PENSÉE

175

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

La culture québécoise aujourd’hui La maturité et l’épanouissement de la culture québécoise reflètent des changements sociaux de plus en plus rapides. Historiquement, l’identité culturelle résulte d’influences multiples : autochtone, française, britannique et américaine, et l’apport culturel des nouveaux arrivants vient constamment l’enrichir. De nombreux phénomènes planétaires influencent aussi la culture québécoise. Par exemple, la mondialisation accélère et intensifie les échanges économiques et culturels. D’un côté, elle permet un élargissement des marchés et la diffusion des produits culturels, et de l’autre, elle contribue à l’uniformisation de ces mêmes produits.

1

LE THÉÂTRE CENTAUR, À MONTRÉAL.

Le théâtre Centaur, créé en 1969, a pour site l’ancien bâtiment de la Bourse, dans le Vieux-Montréal. Il a pour mission de promouvoir la dramaturgie anglophone locale, nationale et internationale.

2

«

LA MARCHANDISATION DE LA CULTURE.

Cet article traite des conséquences de la marchandisation de la culture.

3

LA LANGUE ET LA MUSIQUE CHEZ LES JEUNES.

Malgré l’augmentation du nombre de produits musicaux francophones, les jeunes préfèrent les productions anglophones. L’anglais demeure la langue d’écoute dominante chez les jeunes de 15 à 24 ans.

Les industries culturelles, par leurs moyens financiers, ont favorisé à un certain niveau le développement de la culture et l’accessibilité de l’information. En investissant dans différentes technologies, il devient plus facile de produire des disques, des films ou de présenter des reportages qui ont été filmés à l’étranger. Cependant, la pression marchande fait en sorte qu’elle édulcore la création. On peut voir une tendance vers la standardisation, l’homogénéisation des produits de la culture. Un contenu qui devient de plus en plus pauvre […] la marchandisation de la culture a aussi des conséquences importantes sur les artistes qui œuvrent dans les différents domaines culturels. […] D’une part, les industries culturelles utilisent un grand nombre d’artistes, qu’elle [la marchandisation] place en concurrence, avec des salaires très bas. Mais elle est aussi capable de surpayer des artistes qui sont surmédiatisés. […] Par exemple, dans le cinéma, il va y avoir 300 acteurs de soutien qui vont gagner des cachets minables à côté de quelqu’un qui gagne des millions. […] Les formes marchandes […] s’installent dans une quotidienneté qui fait en sorte que les gens n’ont pas vraiment le choix d’entrer en contact avec elles. C’est le radio-réveil le matin, la lecture d’un journal, quelques bouquins, la télévision le soir. Notre mode de vie général fait en sorte que nous n’avons pas le choix. Source : Geneviève OTIS-DIONNE, « Industries culturelles – Faut-il faire le procès de la “ marchandisation ” culturelle ? », Le Devoir, 2-3 novembre 2002.

176

DOSSIER 3

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

»

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

4

LE HIBOU ENCHANTÉ DE KENOJUAK ASHEVAK (NÉE EN 1927).

La gravure inuite est un art qui s’est développé dans les années 1950. Les motifs des gravures s’inspirent souvent des légendes, des animaux et des modes de vie ancestraux. Kenojuak Ashevak, Le hibou enchanté, 1960.

5

LES DÉPENSES ANNUELLES MOYENNES DES MÉNAGES QUÉBÉCOIS POUR LES LOISIRS CULTURELS, DE 2002 À 2005.

La population du Québec consacre une part importante de ses dépenses aux activités culturelles de toutes sortes. Activité culturelle Radio, chaîne stéréo et télévision Sorties (cinéma, spectacles en salle, musées et autres expositions) Matériel de lecture et autres imprimés (journaux, revues et périodiques, livres et brochures) Total

2002 814 $ 203 $

2003 796 $ 192 $

2004 824 $ 207 $

2005 835 $ 202 $

248 $

256 $

249 $

229 $

1265 $

1244 $

1280 $

1266 $ QUESTIONS

Source : Institut de la statistique, Québec, 2005.

6

«

1. Qu’est-ce que la culture québécoise ? Pour vous aider, donnez des exemples de manifestations de la culture québécoise dans divers domaines.

LA CULTURE QUÉBÉCOISE EN ÉTAT DE CRISE ?

Méthodologie

Selon l’écrivain Jacques Godbout, la culture québécoise est en « perpétuelle mutation ». Je ne crois pas que la culture au Québec – ou dans les sociétés occidentales en général – se trouve particulièrement en état de crise. Une culture vivante est en perpétuelle mutation, et c’est tant mieux. D’ailleurs de quelle culture parlonsnous entre intellectuels ? De celle que chaque génération souhaite conserver et transmettre, donc de mémoire, d’histoire, d’œuvre partagées. Il peut y avoir, à ce sujet, apparence de crise : les jeunes gens d’aujourd’hui ont accès au monde entier et ne sauraient accorder à la littérature classique, par exemple, l’importance qu’on lui réservait au milieu du 20e siècle. Le livre n’est plus seul. Je suis né dans un curriculum du 19e perpétué par les pères jésuites. Mes petits-fils habitent un autre monde, une nouvelle morale, et possèdent des références scientifiques du 21e. Des auteurs peuvent s’en désoler, proposer des correctifs, établir des listes d’œuvres essentielles, mais personne ne reculera dans le temps. Ce n’est pas la culture qui est en crise, ce sont les auteurs nostalgiques. Source : Jacques GODBOUT, dans Gérard BOUCHARD et Alain ROY, La culture québécoise est-elle en crise ?, Montréal, Boréal, 2007, p. 179.

»

LE QUÉBEC EN CULTURE ET EN PENSÉE

2. [Doc. 2] Selon cet article, quelles sont les conséquences de la marchandisation de la culture ? 3. [Doc. 5] Dans quel genre d’activités culturelles les ménages québécois dépensent-ils le plus ? 4. [Doc. 6] Selon l’auteur, pourquoi la culture québécoise n’est-elle pas en crise ? Réflexion 5. En quoi ces documents vous aident-ils à mieux comprendre les enjeux de la culture québécoise actuelle ?

177

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

Les mouvements de pensée au Québec aujourd’hui 1

LOCO LOCASS.

Quelques artistes considèrent l’art comme un moyen privilégié de sensibiliser le public à certaines causes. Le groupe Loco Locass, par exemple, s’affiche clairement en faveur de la souveraineté du Québec.

De nombreux courants de pensée ont façonné le Québéc et contribué à bâtir ce que l’on appelle « l’identité québécoise ». Hérités du passé, des mouvements comme le nationalisme, le libéralisme, le laïcisme et le féminisme ont provoqué de grands changements et donné lieu à différentes productions culturelles. Certains mouvements existent toujours, mais se transforment en fonction des nouvelles préoccupations qui surgissent dans l’espace public québécois. Pour chaque défi lancé, pour chaque question qui agite l’actualité, les différents acteurs, groupes sociaux, syndicaux, patronaux, féministes, environnementalistes, artistes, étudiants et bien d’autres proposent des solutions originales. Ainsi, ils participent à leur tour à la transformation des mentalités.

2

LE RENOUVEAU DE L’ART ENGAGÉ.

De nombreuses manifestations culturelles témoignent de l’engagement social de leurs créateurs. Pour certains, l’étiquette d’artiste « engagé » peut faire peur.

«

Des films qui parlent de problèmes d’immigration et de chômage, un metteur en scène conspuant les commanditaires qui transforment le théâtre en divertissement […], un groupe rap qui publie un manifeste politique, des chanteuses “ à texte ” qui se multiplient, des artistes visuels qui descendent dans la rue et se transforment en travailleurs sociaux… Assistons-nous à un renouveau de l’art dit “engagé ” ? On pourrait en effet postuler que les jeunes artistes sont très préoccupés de montrer qu’ils ont conscience de ce qui se passe dans la société. […] S’il y a retour de l’engagement, l’époque des grandes causes collectives semble toutefois révolue. […] Si certains, comme les Loco Locass, n’ont pas peur d’affirmer haut et fort leur engagement politique, l’étiquette “engagé ” inspire de la méfiance chez beaucoup d’artistes. Plusieurs jeunes artistes ne se sentent pas engagés politiquement au sens partisan du terme. Par contre, ils se sentent totalement engagés d’un point de vue social, comme citoyen. Source : Archives de Télé-Québec, Chasseurs d’idées, 23 septembre 2001.

3

UNE MANIFESTATION ALTERMONDIALISTE.

Le mouvement altermondialiste est apparu à la fin des années 1990. Il s’oppose, entre autres, au phénomène de libéralisation des échanges économiques et à la diminution des interventions de l’État dans l’économie. Il propose des valeurs comme la sauvegarde de l’environnement, la justice sociale et une participation accrue des citoyens aux décisions économiques.

178

DOSSIER 3

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

»

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

4

« TUER LA UNE… »

L’éditorialiste Mario Roy relate comment, dans les médias, le thème de l’environnement a enseveli d’autres préoccupations pressantes.

«

Le thème de l’environnement est devenu l’enfant chéri des médias québécois. Cela confirme une constatation empirique que nous avons déjà faite […] : l’écologisme jouit d’un battage médiatique d’une ampleur jamais vue depuis l’invention de l’imprimerie. […] On subodore que ce tsunami médiatique a, dans une écrasante proportion, déferlé à sens unique. […] Aussi, le thème de l’environnement a littéralement enseveli d’autres préoccupations que l’on peut estimer au moins aussi pressantes. […] De fait, les médias québécois ont perdu de l’intérêt pour la pauvreté, par exemple (moins 44 %). Ou pour le sort des personnes âgées (moins 67 %). Ou, de façon générale, pour les idées politiques dites de gauche (moins 80 %). Source : Mario ROY, « Tuer la une… », La Presse, 24 janvier 2008, p. A-24.

5

»

LA SIMPLICITÉ VOLONTAIRE.

La simplicité volontaire est un mode de vie dont les adeptes cherchent à moins consommer.

6

Caractéristique Une façon de vivre qui cherche à être moins dépendante de l’argent et de la vitesse, et moins gourmande des ressources de la planète. La découverte que l’on peut vivre mieux avec moins. Un processus individualisé pour alléger sa vie de tout ce qui l’encombre. Un recours plus grand à des moyens collectifs et communautaires. Le choix de privilégier l’être plutôt que l’avoir, les relations humaines plutôt que les biens matériels, la participation citoyenne active plutôt que la consommation marchande passive. La volonté d’une plus grande équité entre les individus et les peuples dans le respect de la nature et de ses capacités pour les générations à venir.

LA MODE ET LE RECYCLAGE.

Plusieurs jeunes stylistes tentent de concilier leurs préoccupations environnementales et leur intérêt pour la mode en créant des vêtements avec des tissus ou d’autres matériaux recyclés. De plus en plus populaire, ce nouveau marché de la mode écologique prend plusieurs formes.

Source : Dominique BOISVERT, L’ABC de la simplicité volontaire, Montréal, Écosociété, 2005, p. 18-19.

7

LE MANIFESTE POUR UN QUÉBEC LUCIDE.

Dans le manifeste Pour un Québec lucide, des citoyens issus de divers milieux témoignent de leurs inquiétudes devant les immenses défis auxquels le Québec doit faire face.

«

QUESTIONS

Nous sommes inquiets. Inquiets pour le Québec que nous aimons. Inquiets pour notre peuple qui a survécu contre vents et marées, mais qui ne semble pas conscient des écueils qui menacent aujourd’hui son avenir. […] Malheureusement, au moment précis où nous devons opérer un changement radical de notre façon de nous voir et de voir le monde qui nous entoure, la moindre évolution dans le fonctionnement de l’État, le moindre projet audacieux, le moindre appel à la responsabilité, la moindre modification dans nos confortables habitudes de vie sont accueillis par une levée de boucliers, une fin de non-recevoir, au mieux par l’indifférence. Cette espèce de refus global du changement fait mal au Québec parce qu’il risque de le transformer en république du statu quo, en fossile du 20e siècle. À l’heure actuelle, le discours social québécois est dominé par des groupes de pression de toutes sortes, dont les grands syndicats, qui ont monopolisé le label “progressiste” pour mieux s’opposer aux changements qu’impose la nouvelle donne. Source : Lucien BOUCHARD, et autres, Pour un Québec lucide, 2005.

»

LE QUÉBEC EN CULTURE ET EN PENSÉE

1. Nommez les mouvements de pensée présentés dans ces documents. 2. Quand ces mouvements de pensée sont-ils apparus au Québec ? Méthodologie 3. [Doc. 4] Quelle place occupe la question environnementale dans les médias québécois ? Qu’en pensez-vous ? Réflexion 4. Exprimez en quelques mots ce que vous avez appris sur la diversité des mouvements de pensée au Québec aujourd’hui.

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LA FILIÈRE DU TEMPS

UNE

CULTURE ET DES IDÉES EN MOUVEMENT

Tout au long de son histoire, la société québécoise subit de multiples influences. Tout d’abord celle des autochtones, qui enseignent aux premiers colons français à survivre durant les hivers rigoureux. Puis celle des soldats britanniques, qui prennent possession de la colonie après la Conquête et auxquels se joignent plus tard les loyalistes en fuite des Treize colonies. Finalement, celle des immigrants de toutes origines qui, d’hier à aujourd’hui, choisissent de faire du Québec leur terre d’accueil.

James Pattison Cockburn (1779-1847). Officier britannique et aquarelliste James Pattison Cockburn étudie l’art du paysage à L’Académie royale militaire en Angleterre. Officier en service au Canada durant une décennie, il profite de tournées d’inspection ou de promenades pour peindre de nombreuses scènes d’extérieur. Ses œuvres nous renseignent sur l’architecture des villes et sur la vie quotidienne des habitants du Bas-Canada et du Haut-Canada.

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DOSSIER 3

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

LA FILIÈRE DU TEMPS LA CHUTE MONTMORENCY (AVEC QUÉBEC AU LOIN). L’aquarelliste James Pattison Cockburn observe les faits et gestes parfois amusants des gens et les transpose dans son œuvre. Il utilise de préférence l’aquarelle, la mine de plomb et la gouache. James Pattison Cockburn, La chute Montmorency (avec Québec au loin), 1833.

UNE CULTURE ET DES IDÉES EN MOUVEMENT

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LA FILIÈRE DU TEMPS

1 1

UN SAVOIR GRANDEUR NATURE.

L’Algonquin Dominique Rankin parle du savoir des aînés autochtones.

«

Aujourd’hui, quand je veux en savoir davantage sur la vie de mes ancêtres et sur les événements importants qui ont façonné l’histoire de mon peuple, je m’adresse sans hésiter à mon père ou à un sage de mon village. J’ai toujours été impressionné par l’ampleur de leurs connais san ces dans des domaines aussi variés que la flore, la faune, les phénomènes cosmiques, la médecine, la géologie. En fait, leur savoir est infini, et leurs jugements sont justes. Chaque fois que j’en ai l’occasion, je donne ce conseil aux jeunes et moins jeunes de toutes les nations qui viennent me voir ou que je rencontre : “Parlez avec les aînés, ils sauront vous encourager, vous soutenir et éclairer votre route.” Nos sages, je les compare à des bibliothèques ou à des encyclopédies vivantes. Source : Dominique RANKIN, Rencontre de deux mondes, Québec, Musée de la civilisation, 1992, p. 7.

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DOSSIER 3

Vers 1500

1608-1760

1760-1867

1867 à nos jours

La culture des autochtones La culture des autochtones du territoire québécois est riche et diversifiée. Il n’existe cependant pas une, mais bien plusieurs cultures autochtones, puisque chaque nation a la sienne. Toutefois, des similitudes sont aisément repérables entre elles. Quels sont les points communs entre les cultures algonquienne, inuite et iroquoienne ? Qu’est-ce qui les distingue ?

Le respect et l’harmonie Toutes les sociétés humaines entretiennent un rapport à la nature qui leur est propre. Pour les autochtones, ce rapport est très étroit, car leur mode de vie est intimement lié à la nature. Ils y vivent, se nourrissent de ce qu’elle offre, la parcourent à pied, en canot ou en traîneau, et y trouvent un jour la mort. Cette proximité avec la nature leur inspire un grand respect pour leur environnement. Ils s’efforcent de vivre en harmonie avec la nature, et leur vie spirituelle est tout entière tournée vers la recherche de cette harmonie.

2

L’ARCHIPEL DE MINGAN.

Il y a au moins 2000 ans, des groupes amérindiens se sont installés sur l’archipel de Mingan. Depuis 1984, cet ensemble d’îles situé dans le golfe du Saint-Laurent est devenu réserve de parc national. Ce statut est donné à ce territoire pour faire respecter son intégrité écologique, c’est-à-dire son évolution naturelle, et ainsi favoriser sa sauvegarde.

»

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

LA FILIÈRE DU TEMPS

La vie spirituelle L’animisme, c’est-à-dire la croyance qu’un esprit habite chaque élément de la nature, caractérise la vie spirituelle des autochtones. Selon eux, les animaux et les choses matérielles comme la terre, les rochers, les arbres, les cours d’eau et les objets fabriqués possèdent tous un esprit. Il en est de même pour les manifestations de la nature telles que le vent, la pluie, le tonnerre ou les aurores boréales. Les êtres humains doivent chercher à vivre en harmonie avec la nature, car les esprits peuvent aussi bien nuire à ceux qui rompent cette harmonie qu’apporter des bienfaits à ceux qui la respectent. Par exemple, l’animal se laissera tuer et permettra ainsi au chasseur de nourrir ses proches. Pour s’assurer d’une bonne relation avec ces esprits qui évoluent dans un monde parallèle au monde visible, les autochtones cherchent par divers moyens à entrer en contact avec eux. Tous y arrivent par leurs rêves la nuit, qu’ils interprètent au matin, ou par certains rituels. Mais c’est le chaman, plus que tout autre au sein du groupe, qui a un don particulier pour établir un contact avec le monde invisible. Les autochtones croient qu’il parvient à influencer les esprits, à prédire l’avenir et à guérir les maladies naturelles, celles engendrées par l’âme et celles attribuées aux sortilèges.

3

LA NATURE ET LA SPIRITUALITÉ.

La nature est au cœur de la vie spirituelle des autochtones.

Animisme : Croyance selon laquelle chaque élément de la nature a une âme.

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UN TAMBOUR ET UN HOCHET IROQUOIS.

Les tambours, tout comme le tabac et les hochets de danse, sont des objets permettant aux chamans de créer des liens symboliques avec les esprits.

QUESTIONS 1. Sur quelle croyance repose la vie spirituelle des autochtones ? 2. Selon les autochtones, par quoi chaque élément de la nature est-il habité ? 3. Expliquez dans vos mots ce qu'est l'animisme. Méthodologie 4. [Doc. 1] Quelles métaphores emploie l’auteur pour qualifier le savoir des sages ?

UNE CULTURE ET DES IDÉES EN MOUVEMENT (vers 1500)

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LA FILIÈRE DU TEMPS

Des rapports sociaux égalitaires 1

LA DIVISION DU TRAVAIL SELON LES SEXES.

Voici comment la division du travail est établie dans les communautés autochtones à cette époque.

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Cette division était très rigide. À moins de circonstances exceptionnelles, jamais on ne voyait les hommes participer aux travaux des femmes, ni les femmes partager ceux des hommes. Les tâches exigeant des déplacements importants revenaient aux hommes, tandis que les activités plus sédentaires étaient réservées aux femmes. [...] Ainsi les femmes sèment, cultivent, cuisinent, cousent, entretiennent les maisons, font la cueillette et élèvent les enfants, alors que les hommes abattent les arbres, pêchent, chassent, commercent et construisent des canots, les maisons et les fortifications, et font la guerre. Source : Denys DELÂGE, Le pays renversé. Amérindiens et Européens en Amérique du Nord-Est 1600-1664, Montréal, Boréal, 1991, p. 61.

»

Les sociétés autochtones inuites, algonquiennes et iroquoiennes ne fonctionnent pas toutes exactement de la même manière. Leurs rapports sociaux sont néanmoins guidés par les mêmes valeurs. L’une de ces valeurs est l’égalité. Dans ces sociétés, il n’existe pas de hiérarchie sociale stricte : il n’y a ni riches ni pauvres. Le concept de « propriété privée » n’existe à peu près pas chez les autochtones avant l’arrivée des Européens. La terre est la propriété collective de la communauté. Toutefois, on reconnaissait deux types de propriétés foncières: les potagers, de propriété individuelle, et les champs, de propriété collective. La propriété strictement privée se limite généralement aux outils, aux armes et aux vêtements personnels. Même s’il n’existe aucune obligation de travail, tous les membres de la communauté contribuent aux diverses activités liées à la subsistance et tous en bénéficient de façon équitable. La seule division du travail se fait entre les sexes : les hommes et les femmes n’exécutent pas les mêmes travaux. De plus, dans ces sociétés peu hiérarchisées, les chefs sont généralement choisis pour leur courage et leur sagesse. Ils ont normalement pour rôle de guider et non celui d’imposer leurs décisions. Comme dans toutes sociétés, les communautés autochtones vivent aussi des conflits. Mais, lorsque survient un conflit au sein de la communauté, il n’est jamais réglé par la violence. En fait, aucune forme de violence n’est tolérée, pas même le fait de punir un enfant. Si un membre commet une faute, des mesures sont alors rapidement prises pour que la situation ne dégénère pas en conflit. La violence est cependant utilisée à l’endroit d’individus à l’extérieur du groupe, au cours de guerres ou par la torture d’ennemis faits prisonniers.

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DES IROQUOIENNES CHASSANT LES OISEAUX.

Une des nombreuses tâches des Iroquoiennes consiste à protéger les champs de maïs contre le pillage des oiseaux. Seth Eastman, American Indians/ Cornfield [Des Amérindiennes dans un champ de maïs], 1853.

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DOSSIER 3

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

Pour vivre en bonne entente avec les siens au sein du groupe ainsi qu’avec les communautés voisines et les autres peuples, il existe divers mécanismes. Les cadeaux, les échanges, le partage en sont quelques-uns. L’usage du cadeau est multiple. Entre les membres du groupe, il scelle une amitié, résout un conflit ; entre les peuples, il est symbole d’alliance, de paix. Quant au partage, il assure une redistribution équitable des richesses de la collectivité à tout un chacun.

La transmission des savoirs Vers 1500, les sociétés autochtones transmettent leurs savoirs oralement, car elles ne connaissent pas l’écriture. Toutefois, l’acquisition de connaissances et la transmission des savoirs ne passent pas nécessairement par le langage verbal. Les autochtones apprennent aussi par l’observation, l’imitation et la participation. La discussion prend aussi beaucoup d’importance, et de longs discours précèdent toute prise de décision. La culture et la mémoire du passé sont communiquées verbalement à travers de nombreux contes et légendes. Les aînés occupent d’ailleurs une place privilégiée chez les autochtones, car ils constituent de précieuses sources de connaissances. Ils sont les gardiens des valeurs qu’ils transmettent aux jeunes générations.

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3

UN COLLIER DE LA NATION HURONNE-WENDAT, VERS 1790.

Ce collier fabriqué à partir de perles de coquillages peut être offert comme don, cadeau ou échange. Chez les autochtones, tous les objets fabriqués sont issus de matériaux provenant de l’univers vivant.

UNE DISCUSSION.

Chaque clan a un chef militaire et un chef civil. Les chefs se consultent entre eux pour arriver à une entente. Ernest Dominique; Réunion au sommet, année inconnue.

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QUESTIONS

LES RESPONSABILITÉS DE CHACUN.

Les sociétés autochtones sont organisées de façon à ce que chaque individu ait un rôle à jouer.

«

Les aînés des sociétés autochtones perpétuaient le savoir en intégrant leur système de croyances à la vie de tous les jours. Vivant en symbiose avec la terre, ils montraient aux jeunes les principes et valeurs essentiels à leur survie. Grands gardiens de la sagesse, on leur vouait un immense respect, parce que sans eux, le savoir se serait à jamais perdu. […] Avec une infinie patience, on observait les animaux, les plantes, le temps, les marées, les étoiles et le vent pour prédire les conditions propices à la chasse ou à la pêche, à la plantation et à la cueillette. Les femmes voyaient au confort de chacun en s’occupant de préparer la nourriture et les concoctions médicinales, de confectionner les vêtements, les abris et les objets d’utilité. Les plus jeunes avaient aussi leurs responsabilités : ils cueillaient des racines, prélevaient l’écorce, ramassaient les mollusques et faisaient leur part de portage lors des déplacements. Ils assimilaient ainsi le savoir et apprenaient à l’adapter aux nouvelles situations. Source : ONF, Visions autochtones [en ligne]. (Consulté le 21 avril 2008.)

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UNE CULTURE ET DES IDÉES EN MOUVEMENT (vers 1500)

1. Nommez une valeur importante sur laquelle reposent les rapports sociaux chez les autochtones. 2. Comment se transmettent la culture et la mémoire du passé chez les autochtones ? Méthodologie 3. [Doc. 1] D’après l’auteur, qu’est-ce qui distingue fondamentalement les activités réservées aux femmes de celles réservées aux hommes ? Réflexion 4. Exprimez en quelques mots ce que vous avez appris sur la communication dans une société sans écriture.

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LA FILIÈRE DU TEMPS

Les multiples usages des cadeaux

LA FILIÈRE DU TEMPS

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JACQUES BÉNIGNE BOSSUET (1627-1704).

Jacques Bénigne Bossuet, théologien français et prédicateur, est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages à caractère philosophique et religieux.

Vers 1500

1608-1760

1760-1867

1867 à nos jours

Le roi, l’Église et les Canadiens en Nouvelle-France La vie spirituelle et politique de la colonie se déroule sur deux plans : celui du catholicisme et celui de la monarchie qui se dit de droit divin. Entre ces deux univers, la culture est lente à prendre racine. Il y a peu de productions littéraires et artistiques. Malgré tout, les habitants développent une identité qui leur est propre. Quels traits différencient les Canadiens des Français ? Comment se développe la culture canadienne ?

La monarchie absolue de droit divin La Nouvelle-France se développe principalement sous le règne de trois rois : Louis XIII, Louis XIV et Louis XV. En théorie, le pouvoir du roi est limité par le droit féodal, la coutume, les libertés seigneuriales et les privilèges de la noblesse. Mais, dans la pratique, ces remparts ne sont guère utiles pour contrer les désirs de toute-puissance du roi. Pour renforcer davantage son pouvoir, le roi affirme tenir son trône de Dieu. De foi chrétienne, il s’appuie sur un principe énoncé par saint Paul voulant que tout pouvoir vient de Dieu. Le roi se trouve donc à la tête de ce qu’on appelle une « monarchie absolue de droit divin ». Quiconque lui désobéit contrevient à la loi divine et commet un péché. Dans une société fortement imprégnée de religion, une telle menace impressionne la population et l’incite à respecter l’autorité royale. Conscient que la Nouvelle-France ne se développe pas suffisamment sous le régime des compagnies, le roi Louis XIV leur retire leurs pouvoirs politiques et prend directement en main le développement de la colonie. Souhaitant y reproduire le modèle absolutiste qui le sert si bien en France, il fait de la Nouvelle-France, en 1663, une colonie royale.

2 Hyacinthe Rigaud, Portrait de Jacques Bénigne Bossuet, 1702.

Gallicanisme : Principe voulant que l’Église catholique de France jouisse d’une certaine indépendance par rapport au pape.

LA MONARCHIE ABSOLUE DE DROIT DIVIN SELON BOSSUET.

Fervent défenseur de la monarchie absolue de droit divin et du gallicanisme, Jacques Bénigne Bossuet explique, dans cet extrait, que le pouvoir du roi lui vient de Dieu.

«

Toute puissance vient de Dieu. Les princes agissent donc comme ministres de Dieu, et ses lieutenants sur la terre. C’est par eux qu’il exerce son empire. C’est pour cela que nous avons vu que le trône royal n’est pas le trône d’un homme, mais le trône de Dieu même. Il paraît de tout cela que la personne des rois est sacrée, et qu’attenter sur eux, c’est un Sacrilège.

»

Considérez le prince dans son cabinet. […] C’est l’image de Dieu qui, assis dans son trône au milieu des Cieux, fait aller toute la nature. Source : Jacques Bénigne BOSSUET, La politique tirée de l’Écriture sainte, 1709.

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DOSSIER 3

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

Au moment où le pouvoir absolu est remis en question en France et que des réformes sont entreprises en Grande-Bretagne pour limiter le pouvoir du roi, la Nouvelle-France semble se tenir à l’écart de ces idées politiques. Les deux principales causes sont l’interdiction d’imprimerie, donc l’impossibilité de publier des livres et des journaux, et le fort taux d’analphabétisme, qui est environ de 45 % en ville et de 20 % dans les campagnes. En conséquence, les écrits des philosophes qui plaident pour un changement de régime sont rares et très peu lus dans la colonie.

Le palais de l’intendant à Québec Les fouilles archéologiques dans un parc du centre-ville de Québec mettent au jour un morceau de l’histoire de la Nouvelle-France : le palais de l’intendant. En 1668, cet emplacement est occupé par la brasserie de l’intendant Jean Talon

3

et change de vocation 20 ans plus tard. Après la construction d’un quartier du palais, le bâtiment devient, en 1688, le siège de l’intendance. Un autre aménagement suit : la construction de fortifications pour contrer la menace britannique. Cette enceinte de protection demeure jusqu’à la Conquête, en 1760. Durant les siècles suivants, des habitations et des bâtiments commerciaux se côtoient sur ce site. Les derniers vestiges sont ceux de la brasserie Dow, démolie en 1970.

Saviez-v us que... En Nouvelle-France, environ la moitié de la population savait lire et écrire. La majorité des habitants possédaient des documents écrits, comme l’acte de concession leur garantissant le droit d’habiter et de cultiver leur terre, ou encore leur contrat de mariage. Parfois, des erreurs se glissaient dans ces documents importants. Par exemple, le seigneur Robert Giffard voulut écrire dans le contrat d’engagement de deux de ses censitaires qu’il « cédait à chacun d’eux mille arpents de terre ». Malheureusement, il avait commis une simple faute d’orthographe, et les censitaires avaient lu que le seigneur Giffard leur « cédait à chacun deux mille arpents de terre ». La différence était considérable entre 1000 et 2000 arpents ! Il fallut 50 ans de procès pour conclure l’affaire en faveur du seigneur.

LE SITE DU PREMIER PALAIS DE L’INTENDANT.

Le site archéologique du palais de l’intendant se trouve en plein cœur de la ville de Québec, dans son arrondissement historique.

QUESTIONS 1. Quel lien existe-t-il entre l’absolutisme et le gallicanisme ? 2. Quels facteurs limitent la circulation des nouvelles idées politiques en NouvelleFrance ? 3. En 1663, quel est l’objectif du roi Louis XIV concernant sa colonie de la Nouvelle-France ? Méthodologie 4. [Doc. 2] D’où vient la puissance ou le pouvoir politique du roi selon Jacques Bénigne Bossuet ? Réflexion 5. Quelle notion liée à la question du droit divin souhaiteriez-vous approfondir ? Pourquoi ?

UNE CULTURE ET DES IDÉES EN MOUVEMENT (1608-1760)

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LA FILIÈRE DU TEMPS

Le pouvoir absolu dans la colonie

LA FILIÈRE DU TEMPS

1

UNE ICÔNE DE MGR FRANÇOIS DE MONTMORENCY–LAVAL (1623-1708).

Premier évêque de la Nouvelle-France, Mgr de Laval a également fondé le Séminaire de Québec en 1663.

La religion catholique romaine en Nouvelle-France La Nouvelle-France, selon la volonté des autorités françaises, est une colonie catholique. En conséquence, la religion y occupe une place de premier ordre. La vie religieuse est encadrée par une seule institution : l’Église catholique romaine. En principe, le pape gouverne l’Église à partir de Rome et donne ses directives à l’ensemble du clergé. Dans les faits, le pape ne décide pas de tout. En France, par exemple, où le gallicanisme s’applique, le roi a le privilège de nommer les évêques. Ainsi, quand le pape fonde le diocèse de Québec en 1674, c’est le roi Louis XIV qui nomme Mgr de Laval à la tête du diocèse. Ce dernier devient alors la plus haute autorité religieuse catholique en Amérique du Nord.

La religion au quotidien En Nouvelle-France, toutes les grandes étapes de la vie d’un individu prennent une dimension religieuse : dès sa naissance l’enfant est baptisé, les mariages sont célébrés à l’église, le mourant demande pardon pour ses fautes et reçoit du prêtre l’extrême-onction. La vie quotidienne est aussi marquée par la religion : prière au moment des repas, messe du dimanche, cloches de l’église marquant le rythme des journées, etc. En plus de leur rôle spirituel, les communautés religieuses jouent un important rôle social en s’occupant de l’éducation, des malades et, en général, des plus démunis de la société. Extrême-onction : Un des sept sacrements de l’Église catholique. Il est administré juste avant la mort et délivre le mourant de ses péchés.

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CONVERSION DES SAUVAGES DE MARC LESCARBOT.

L’avocat français Marc Lescarbot passe plus d’un an au Canada. À son retour à Paris, il écrit, entre autres ouvrages, Histoire de la Nouvelle-France (1609), puis, Conversion des Sauvages qui ont été baptisés en la Nouvelle-France (1610).

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LE CATÉCHISME DU DIOCÈSE DE QUÉBEC.

Le catéchisme est un livre destiné à l’enseignement de la doctrine religieuse de l’Église catholique. Mgr de Saint-Vallier, deuxième évêque de Québec, fait imprimer en France le premier catéchisme du diocèse de Québec en 1702. Il souhaite uniformiser la manière d’enseigner la foi catholique. En 1777, un supérieur sulpicien décide d’imprimer séparément un grand et un petit catéchisme. Le petit catéchisme est ensuite largement diffusé. Écrit sous forme de questions et de réponses, il sert aux leçons de catéchisme dans les paroisses et les écoles du Québec jusque dans les années 1950.

«

Que doit faire un chrétien tous les jours de sa vie ? Pour vivre saintement, un chrétien doit, tous les jours de sa vie 1. En s’éveillant, le matin, faire le signe de la croix, et dire : Mon Dieu, je vous donne mon cœur ; 2. Après s’être habillé modestement, se mettre à genoux et faire la prière du matin ; 3. Entendre la messe, s’il le peut commodément ; 4. Vaquer aux occupations auxquelles son état l’appelle ; 5. Prendre ses repas avec sobriété et tempérance, ayant soin de dire le Bénédicité et les Grâces ; 6. Assister les pauvres, selon son moyen ; 7. Faire, à la fin de la journée, et en famille autant qu’il se peut, l’examen de conscience et la prière du soir. Source : Le catéchisme des provinces ecclésiastiques de Québec, Montréal et Ottawa, Québec, La librairie de l’Action catholique, 1948, p. 110.

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DOSSIER 3

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

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LA FILIÈRE DU TEMPS

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LES ARTS AU SERVICE DE LA VIE RELIGIEUSE.

Cette peinture intitulée L’ange gardien est l’œuvre d’un récollet, le frère Luc (1614-1685), né Claude François. À la fois peintre et architecte, il reçoit le titre de « peintre du roi », sous Louis XIV, et travaille deux ans à la décoration du Louvre. Durant son séjour en Nouvelle-France, de 1670 à 1671, il peint plusieurs toiles pour les églises de la colonie. Claude François (frère Luc), L’ange gardien (détail), 1671.

La religion et la culture La religion imprègne la vie culturelle de la Nouvelle-France. Les artistes sont bien souvent au service de l’Église et de la vie religieuse : musique des cérémonies religieuses, sculptures de personnages saints, de Jésus ou de la Vierge, tableaux d’églises représentant des scènes de la Bible, etc. Par contre, l’Église empêche parfois la colonie d’avoir une vie culturelle plus diversifiée. Ainsi, en 1694, Mgr de Saint-Vallier s’oppose à la présentation de Tartuffe, une pièce de Molière. Cette œuvre, que le gouverneur Frontenac souhaite présenter, est perçue par l’évêque comme une attaque contre la religion catholique. La production littéraire dans la colonie est, quant à elle, très restreinte. Une bonne partie des œuvres littéraires proviennent de religieux et de religieuses. À ce titre, la correspondance de l’ursuline Marie de l’Incarnation et les Relations des Jésuites sont des documents essentiels pour ceux qui s’intéressent aux débuts de l’aventure française en Amérique.

Des protestants en terre catholique Officiellement, l’entrée en Nouvelle-France est interdite aux protestants. Dans les faits, les autorités civiles les tolèrent et ne contrôlent pas systématiquement leurs allées et venues, malgré les plaintes répétées des autorités religieuses catholiques. À la fin du Régime français, on estime à environ 2000 le nombre de protestants ayant séjourné dans la colonie. La Conquête de 1760 leur redonne leur liberté religieuse, la Grande-Bretagne étant un pays protestant.

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«

Protestants : Chrétiens appartenant à l’un ou l’autre des multiples groupes issus de ce qu’on appelle la « Réforme », et qui est en fait une série de scissions au sein de l’Église catholique. Les protestants rejettent l’autorité du pape.

DES PLAINTES DU CLERGÉ DE LA NOUVELLE-FRANCE. QUESTIONS

Dans l’extrait suivant, l’intendant François Bigot s’adresse au ministre de la Marine. Monsieur l’évêque a voulu m’engager à avoir l’honneur de vous représenter comment il est préjudiciable à la colonie de souffrir que des protestants viennent y faire le commerce. Il m’a allégué là-dessus plusieurs raisons que j’ai combattues ; entres autres que ces gens inspiraient des sentiments au peuple contraires à notre religion […]. M. l’évêque et M. le Gouverneur de la Jonquière m’ont chargé de vous demander un ordre du roi par lequel il fut défendu à tout protestant de passer en Nouvelle-France. J’ai répondu à ces messieurs que je n’étais point du tout de cet avis, que ce zèle pour la religion paraissait un peu outré […] J’espère que vous jugerez que ce serait diminuer le commerce et l’abondance dans la colonie que d’accorder cette demande et que leur séjour ici ne peut faire aucun tort. Source : François BIGOT, Lettre au ministre, 3 octobre 1749.

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UNE CULTURE ET DES IDÉES EN MOUVEMENT (1608-1760)

1. Quel rapport existe-t-il entre la religion et la vie culturelle dans la colonie ? 2. Pourquoi l’Église catholique s’opposet-elle à la présence de protestants dans la colonie ? Méthodologie 3. [Doc. 2] À quoi doit servir le catéchisme écrit par Mgr de Saint-Vallier ? 4. [Doc. 4] En quoi cette toile est-elle représentative du patrimoine culturel de cette époque ?

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LA FILIÈRE DU TEMPS

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De Français à Canadiens

LA LANGUE FRANÇAISE.

La langue française s’est imposée rapidement comme seule langue d’usage dans la colonie. Elle a pris certains traits particuliers liés au contexte du pays. Ces particularités sont encore présentes aujourd’hui. Jean-Baptiste d’Aleyrac, un officier français qui a vécu dans la colonie de 1755 à 1760, décrit la langue des Canadiens à la fin du Régime français.

«

Il n’y a pas de patois dans ce pays. Tous les Canadiens parlent un français pareil au nôtre. Hormis quelques mots qui leur sont particuliers, empruntés d’ordinaire au langage des matelots, comme amarrer pour attacher, hâler pour tirer non seulement une corde mais quelque autre chose. Ils en ont forgé quelques-uns comme une tuque ou une fourole pour dire un bonnet de laine rouge (dont ils se servent couramment). Ils disent une poche pour un sac, un mantelet pour un casaquin sans pli (habillement ordinaire des femmes et des filles), une rafale pour un coup de vent, de pluie ou de neige ; tanné au lieu d’ennuyé, chômer pour ne manquer de rien ; la relevée pour l’après-midi ; chance pour bonheur ; miette pour moment ; paré pour prêt à. L’expression la plus ordinaire est : de valeur, pour signifier qu’une chose est pénible à faire ou trop fâcheuse. Source : Jean-Baptiste d’ALEYRAC, Aventures militaires au XVIIIe siècle d’après les mémoires de Jean-Baptiste d’Aleyrac, publ. par Charles Coste, Paris, Éd. Berger-Levrault, 1935.

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Le contexte dans lequel se développe la Nouvelle-France marque profondément le visage de la nouvelle société française en Amérique du Nord. Cette société prend rapidement des traits différents de ceux de la métropole : les Français deviennent des Canadiens.

L’aide des autochtones et l’adaptation des Canadiens À cause des rigueurs du climat et de l’immensité du territoire, les Français n’auraient probablement pas réussi à s’établir de façon permanente en Amérique sans l’aide des autochtones. C’est grâce à eux que les Français apprennent à se déplacer en canot d’écorce sur les lacs et les rivières, ou en raquette sur la neige, et à se vêtir adéquatement. Au fil du temps, ils deviennent moins dépendants des autochtones. Les Français ont leurs habitudes alimentaires, leur manière de bâtir des maisons et tout un bagage culturel qu’ils adaptent aux conditions locales. Peu à peu, les habitants commencent à se définir non plus comme des Français, mais comme des Canadiens. L’usage de la langue française est généralisé en Nouvelle-France, ce qui n’est pas le cas à cette époque dans toutes les régions de la France. L’éloignement de la France, les conditions de vie et la rigueur du climat sont des facteurs qui accentuent les différences entre la manière dont vivent les habitants de la colonie et ceux de la métropole. Les envoyés du roi et les visiteurs qui séjournent dans la colonie le remarquent d’ailleurs à peu près tous : les Canadiens ne sont plus des Français.

L’esprit d’indépendance des Canadiens Un des traits culturels qui semble distinguer les Canadiens est leur relative indépendance par rapport aux autorités civiles et religieuses. À diverses occasions, on voit des individus qui tentent de résister aux autorités, par exemple en refusant de payer la dîme. Il ne faut cependant pas exagérer ce trait, car, globalement, les Canadiens respectent les autorités civiles et religieuses, et les manifestations importantes ou organisées de mécontentement sont plutôt rares durant toute la période du Régime français.

UNE MAISON CANADIENNE D’INSPIRATION NORMANDE.

La maison canadienne, d’inspiration normande, est adaptée au climat du Québec. Son orientation lui permet d’être éclairée et réchauffée par le soleil, tandis que sa toiture pointue permet à la neige de glisser. Dans un environnement rural, les autres bâtiments comme la grange et l’étable sont disposés de façon à protéger la maison du vent froid.

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DOSSIER 3

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

LA FILIÈRE DU TEMPS

3

UNE FAMILLE DE CANADIENS.

Au 18e siècle, les Canadiens nés en Nouvelle-France constituent la majorité de la population. Ils développent une culture qui leur est propre, inspirée de la métropole française et du mode de vie des Amérindiens. Cornelius Krieghoff, Habitants, 1852.

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«

QUESTIONS

DES CANADIENS TYPIQUES.

Voici comment Mgr Albert Tessier décrit les Canadiens à l’époque de la Nouvelle-France. On a souvent remarqué et étalé les costumes paysans de l’époque. Soulignons simplement que ceux-ci sont fabriqués par eux. Plus résistants qu’élégants, on ne craint pas de donner du ton à ces rugueux vêtements ; bien sûr, la somptueuse ceinture fléchée, la tuque de laine, bleue à Montréal, rouge à Québec et blanche à Trois-Rivières. Le costume des femmes est agrémenté de mantelets, de coiffes, de mouchoirs au col soigneusement choisis. Leur coiffure est soignée. Pour protéger leur visage exposé au soleil, plusieurs d’entre elles utilisent du jus de betterave (colorant naturel qui a l’avantage de ne rien goûter). Source : Mgr Albert TESSIER, cité dans Marcel Tessier raconte… : Chroniques d’histoire, tome II, Montréal, Éditions de l’Homme, 2004, p. 81.

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UNE CULTURE ET DES IDÉES EN MOUVEMENT (1608-1760)

1. À quelles difficultés les Français fontils face en s’installant dans la colonie ? 2. Quelles personnes aident les Français à s’établir en Amérique et que leur apprennent-elles ? 3. Quels facteurs contribuent à creuser un fossé entre la Nouvelle-France et la France ? Méthodologie 4. [Doc. 3] Quels indices cette peinture vous donne-t-elle sur le mode de vie des Canadiens français ?

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LA FILIÈRE DU TEMPS

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1500-1608

1608-1760

1760-1867

1867 à nos jours

Un siècle de luttes sous le Régime britannique La Conquête et la présence britannique affectent grandement l’évolution de la culture française. Durant cette période, le libéralisme s’impose dans la colonie. De leur côté, les Canadiens luttent pour préserver leur identité. La deuxième moitié du 19e siècle, marquée par l’ultramontanisme et la présence de plus en plus marquée de l’Église catholique dans la société, voit naître un courant anticlérical. Comment l’équilibre se fera-t-il parmi toutes les forces en présence ?

Le libéralisme Libéralisme : Courant de pensée qui met l’accent sur la raison humaine, la liberté individuelle, l’égalité des droits, la tolérance et le progrès.

La Conquête britannique survient alors que l’Occident est traversé par de nouveaux courants d’idées : c’est le siècle de la raison, le siècle des « lumières ». Si le changement d’empire apporte son lot de difficultés, il permet néanmoins la diffusion de nouvelles idées au Québec. Un courant de pensée s’impose de plus en plus dans les esprits : le libéralisme.

L’origine de la pensée libérale La pensée libérale apparaît d’abord en Angleterre, principalement sous la plume du philosophe John Locke (1632-1704), l’un des fondateurs du libéralisme. D’autres philosophes, comme le baron de Montesquieu (16891755), en France, participe aussi à son élaboration.

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LE PARLEMENT D’OTTAWA

Situé sur la Colline du Parlement à Ottawa, le Parlement du Canada est le bâtiment qui abrite le Sénat et la Chambre des communes.

Les penseurs libéraux accordent une très grande importance à l’individu. Ils affirment que chacun possède des droits que nul, pas même le roi, ne peut lui enlever. Parmi ces droits, citons le droit à la vie, à la liberté et à la propriété privée. Le libéralisme prône aussi la liberté et l’égalité des droits pour les individus, et prêche une certaine tolérance envers la diversité des opinions politiques et des croyances religieuses. Sur le plan politique, le libéralisme débouche sur une critique de la monarchie absolue et contribue au développement du parlementarisme et des principes démocratiques.

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DOSSIER 3

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

FLEURY MESPLET ET LA GAZETTE LITTÉRAIRE POUR LA VILLE ET DISTRICT DE MONTRÉAL, 1778.

En 1778, l’imprimeur Fleury Mesplet fait paraître le premier journal unilingue français : la Gazette littéraire pour la ville et district de Montréal, qui deviendra plus tard le quotidien The Gazette de Montréal. Fleury Mesplet voue son existence à une seule cause, la liberté. C’est pour cette raison qu’on le surnomme « l’imprimeur des libertés ».

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LA DEVANTURE DU JOURNAL THE GAZETTE, À MONTRÉAL.

Le journal The Gazette est le plus ancien quotidien québécois. Ses bureaux sont situés sur la rue Sainte-Catherine à Montréal.

Le libéralisme dans la Province of Quebec En 1764, les autorités britanniques permettent l’arrivée de l’imprimerie dans la colonie, ce qui rend possible la publication de journaux et de brochures, et favorise la diffusion des idées libérales et le développement d’une opinion publique. Les gens discutent plus librement des questions politiques, ce qui était pratiquement impossible sous le Régime français. La bourgeoisie anglophone fraîchement débarquée, puis les loyalistes britanniques fuyant la Révolution américaine de 1776-1783, propagent tout d’abord les idées libérales. Puis celles-ci fascinent de plus en plus la bourgeoisie canadienne-française. Au nom de ces idées, des groupes réclament plus de pouvoirs politiques dans la Province of Quebec, ce qui entraîne des luttes, et des revendications politiques et économiques. En 1791, à la suite de demandes répétées, la Grande-Bretagne accorde finalement un Parlement au Bas-Canada. Des députés canadiens et anglophones épris d’idées libérales perdent rapidement leurs illusions. Ils découvrent qu’en situation coloniale, la liberté parlementaire est limitée. Pendant près d’un demi-siècle, ils réclament des réformes démocratiques au gouvernement britannique, mais elles leur sont refusées pour la plupart. En 1837 et en 1838, la résistance des autorités coloniales aux demandes des parlementaires mène à une rébellion contre le gouvernement britannique.

UNE CULTURE ET DES IDÉES EN MOUVEMENT (1760-1867)

QUESTIONS 1. Quels sont les trois droits fondamentaux sur lesquels repose le libéralisme ? 2. Quels changements la diffusion des idées libérales amène-t-elle dans la Province of Quebec? Méthodologie 3. [Doc. 2] Pour quelle raison surnomme-t-on Fleury Mesplet « l’imprimeur des libertés » ? Réflexion 4. Exprimez en quelques mots ce que vous avez compris du libéralisme.

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LA FILIÈRE DU TEMPS

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LA FILIÈRE DU TEMPS

Les débuts du nationalisme Conciliation : Recherche d’un accord entre deux parties. Nationalisme : Courant de pensée qui vise à promouvoir ou à défendre une nation.

En 1763, les Canadiens craignent pour leur avenir. Citoyens d’expression française et de confession catholique, ils se retrouvent sujets d’une puissance dont les représentants s’expriment en anglais et sont de confession protestante. La Grande-Bretagne fait certes quelques gestes de conciliation envers les Canadiens, en les autorisant à pratiquer leur religion et en maintenant les lois civiles françaises, mais les nouveaux sujets britanniques perdent le contrôle des rouages de la vie économique, de même que celui de leurs institutions politiques, à moins qu’ils ne consentent à renoncer à leur foi. De plus, plusieurs marchands britanniques, députés ou bureaucrates de l’administration coloniale ne cachent pas leur mépris et leur volonté d’assimiler les Canadiens.

Saviez-v us que... L’éveil d’une conscience nationale L’expression populaire « ça prend pas la tête à Papineau » fait allusion à l’intelligence remarquable de Louis-Joseph Papineau.

À la fin du Régime français, les habitants de la Nouvelle-France se percevaient déjà comme une nation, sentiment qui se reflète dans leur choix de se dire Canadiens. Cette conscience identitaire les amène à vouloir préserver leur culture, en fait, à protéger tout ce qui les définit comme Canadiens. Un nationalisme canadien commence à prendre racine.

Un nationalisme naissant Au début du 19e siècle, le nationalisme prend une forme très politique. Il est défendu essentiellement par les députés du Parti canadien, le futur Parti patriote, qui réunit des francophones et quelques anglophones épris d’idées libérales. À la fin des années 1830, ils comprennent qu’il leur sera impossible d’atteindre leur objectif. L’idée que le Bas-Canada doit obtenir son indépendance fait de plus en plus d’adeptes. La prise des armes par les patriotes en 1837 et en 1838 vise donc à défendre des idées tant libérales, démocratiques que nationalistes.

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LOUIS-JOSEPH PAPINEAU ET LES RÉBELLIONS DE 1837-1838.

Les rébellions de 1837-1838 sont perçues comme un moment déterminant dans l’histoire du Canada français. Ainsi, une station de métro, décorée d’un mur peint à la mémoire des patriotes, porte le nom de Papineau. George Juhasz, Patriotes de 1837-1838, année inconnue.

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DOSSIER 3

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

LA FILIÈRE DU TEMPS

Un nationalisme culturel

TÉMOINS DE L’HISTOIRE

Avant 1840, le clergé catholique combat les idées libérales et nationalistes. Il condamne même la rébellion des patriotes et montre une grande loyauté envers la Couronne britannique. Les rébellions sont brutalement réprimées et l’Acte d’Union, qui s’ensuit en 1840, laisse présager l’assimilation des francophones. L’Église, qui désapprouve l’Union, reprend alors le flambeau nationaliste en le dépouillant toutefois de son aspect politique. Dorénavant, le clergé se fait le porte-parole de la nation canadienne-française et veille à mettre en valeur ses caractéristiques culturelles : la langue française et la foi catholique. Le nationalisme prend donc un aspect culturel plutôt que politique.

FRANCES BROOKE Née en Grande-Bretagne, Frances Brooke réside au Canada de 1763 à 1768 afin d’y rejoindre son mari, alors ministre anglican des troupes britanniques à Québec. Elle s’inspire de son expérience pour publier The history of Emily Montague (L’histoire d'Emily Montague) en 1769, le premier roman dont l’action se déroule au Canada. Ce roman, composé de 235 lettres fictives rédigées par plusieurs personnages, raconte une histoire d’amour entre une femme et un officier britannique à la retraite. Dans le roman de Frances Brooke se trouve également une description des coutumes des habitants du Canada. À son retour à Londres, Frances Brooke poursuit sa carrière d’écrivaine et de traductrice. Elle est considérée comme une figure importante de la scène littéraire londonienne de la fin du 18e siècle et devient l’une des premières femmes à vivre de sa plume.

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FRANCES BROOKE (1724-1789).

Frances Brooke est considérée comme l’auteure du premier roman canadien. Catherine Read, Frances Brooke, vers 1771.

Une vie culturelle plus riche Au milieu du 19e siècle, l’éveil d’une 3 LES ANCIENS CANADIENS. conscience nationale s’accompagne d’un déve lop pe ment cul tu rel. Ce roman de Philippe Aubert de Gaspé, père, mélange les faits historiques aux légendes pour tracer En 1834, le jour na liste Ludger un portrait de la vie au Canada français à la fin du 18e siècle et au début du siècle suivant. Duvernay fonde une organisation patriotique, la Société Saint-JeanAprès des privations bien cruelles pendant l’espace de sept longues années, la Baptiste, pour la défense de la lanpaix, le bonheur même commençaient à renaître dans l’âme de toute la famille gue fran çaise. La pro duc tion d’Haberville. Il est vrai qu’une maison d’assez humble apparence avait remplacé le vaste et opulent manoir que cette famille occupait avant la Conquête ; mais lit té raire en lan gue fran çaise c’était un palais, comparé au moulin à farine qu’elle venait de quitter depuis connaît de timides débuts en 1837 le printemps. Les d’Haberville avaient pourtant moins souffert que bien d’autres avec la paru tion du roman dans leur position ; aimés et respectés de leurs censitaires, ils n’avaient jamais L’influence d’un livre de Philippe été exposés aux humiliations dont le vulgaire se plaît à abreuver ses supérieurs Aubert de Gaspé, fils. Puis, en dans la détresse . 1863, c’est au tour de Philippe Aubert de Gaspé, père, de publier Source : Philippe AUBERT DE GASPÉ père, Les anciens Canadiens, Ottawa, Beauchemin, 1899, p. 280. un roman, Les anciens Canadiens. L’écrivain et poète François-Xavier Garneau fait œuvre d’historien en publiant, de 1845 à 1852, les trois voluQUESTIONS mes de son Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu’à nos jours.

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L’immigration et la culture L’immigration en provenance des îles Britanniques, peu abondante au lendemain de la Conquête, s’accélère après 1815. Les nouveaux arrivants apportent avec eux une culture riche et dynamique, qui s’exprime à travers les journaux, les arts, les associations culturelles, politiques ou scientifiques. Dès 1821, une université est créée à Montréal, l’Université McGill. En 1835, Montréal devient même majoritairement anglophone.

UNE CULTURE ET DES IDÉES EN MOUVEMENT (1760-1867)

1. Quelle attitude certains membres de la bourgeoisie britannique établis à Montréal affichent-ils envers les Canadiens français ? 2. Quel événement politique marque le passage du nationalisme politique au nationalisme culturel ? 3. Qu’ont en commun Philippe Aubert de Gaspé père et François-Xavier Garneau ?

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LA FILIÈRE DU TEMPS

Saviez-v us que... La municipalité de Piopolis, près du lac Mégantic, en Estrie, est nommée ainsi en l’honneur du pape Pie IX et parce qu’en 1871, une dizaine de zouaves pontificaux revenus d’Italie s’y installent. Le nom est d’abord donné uniquement à une paroisse, puis, en 1958, à la municipalité.

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UN SOLDAT CANADIEN-FRANÇAIS DU RÉGIMENT DES ZOUAVES PONTIFICAUX.

En 1861, la campagne militaire pour l’unification de l’Italie menace l’existence des États pontificaux. Au Québec, Mgr Bourget recrute des volontaires pour joindre les rangs des zouaves pontificaux, les soldats qui défendent le pape. En 1868, 135 Canadiens français s’enrôlent et reviennent d’Italie 3 ans plus tard.

L’ultramontanisme Au 19e siècle, la religion catholique influence profondément toute la société canadienne-française. Pourtant, dès le début du siècle, le clergé sent sa position menacée par la diffusion des idées libérales. Certains chefs religieux canadiens-français décident d’agir, convaincus qu’une réaction énergique s’impose. Cette réaction prendra la forme d’un courant de pensée intransigeant : l’ultramontanisme. Les ultramontains recommandent l’obéissance absolue du clergé envers le pape ainsi que la soumission du pouvoir politique au pouvoir religieux. L’ultramontanisme ne fait pas l’unanimité dans le clergé, mais il joue un rôle majeur dans la redéfinition de la place de l’Église dans la société québécoise après 1840. Le terme « ultramontanisme » signifie « audelà des monts ». Il est d’abord utilisé en France pour faire référence à l’autorité du pape. Il désigne un courant de pensée au sein de l’Église catholique qui combat le gallicanisme, terme qui vient du mot « gaulois » et qui renvoie à l’autonomie française. Les gallicans revendiquent une certaine autonomie par rapport à l’autorité du pape. Les ultramontains, au contraire, exigent une soumission à cette autorité.

La religion comme programme politique Les ultramontains sont convaincus que l’État doit être soumis aux volontés de l’Église. Les libéraux, quant à eux, réclament plutôt l’autonomie du pouvoir politique, c’est-à-dire la séparation de l’Église et de l’État. En 1864, le pape Pie IX condamne le libéralisme dans l’encyclique Quanta Cura, accompagnée du Syllabus Errorum, une liste des « erreurs modernes » où figure l’idée de séparation de l’Église et de l’État. Les ultramontains imposent leur vision du monde en intervenant dans les débats politiques. Ils invitent les électeurs à voter pour les candidats conservateurs partisans des idées ultramontaines, au détriment des candidats libéraux. Au sein de l’Église, cette façon de faire ne plaît pas à tous. Par exemple, l’archevêque de Québec, Mgr Elzéar-Alexandre Taschereau, s’oppose fermement aux ultramontains. Il aborde avec modération les débats sur le libéralisme, sur l’influence du clergé en politique et sur les relations entre l’Église et l’État.

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LE PROGRAMME CATHOLIQUE DE 1871.

En vue des élections provinciales de 1871, des ultramontains publient à l’intention des électeurs un texte intitulé Programme catholique, dans lequel est établi la position de l’Église par rapport aux candidats. Le Programme reçoit l’appui des Mgrs Ignace Bourget et Louis-François Richer Laflèche, respectivement évêques des diocèses de Montréal et de Trois-Rivières.

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Il est impossible de le nier, la politique se relie étroitement à la religion, et la séparation de l’Église et de l’État est une doctrine absurde et impie. […] L’adhésion pleine et entière aux doctrines catholiques romaines en religion, en politique et en économie sociale, doit être la première et la principale qualification que les électeurs catholiques devront exiger du candidat catholique. […] Dans la situation politique de notre pays, le Parti conservateur étant le seul qui offre des garanties sérieuses aux intérêts religieux, nous regardons comme un devoir d’appuyer loyalement les hommes placés à sa tête. Source : Le journal des Trois-Rivières, 20 avril 1871.

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DOSSIER 3

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

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LA FILIÈRE DU TEMPS

La cathédrale MarieReine-du-Monde Située à l’angle du boulevard RenéLévesque et de la rue Mansfield, à Montréal, la cathédrale MarieReine-du-Monde est aujourd’hui la troisième église en importance au Québec et le siège de l’archidiocèse de Montréal. Un grand incendie, en 1852, a détruit la cathédrale Saint-Jacques-leMajeur, située à l’angle des rues Sainte-Catherine et Saint-Denis. Mgr Ignace Bourget, alors évêque de Montréal, décide de la reconstruire plus à l’ouest, en plein cœur d’un quartier riche et protestant. Après d’interminables discussions et de longs préparatifs, la construction débute en 1870. Par manque de fonds, les travaux s’échelonnent sur environ 20 ans. La nouvelle cathédrale est finalement inaugurée le jour de Pâques, en 1894. En 1919, le pape Benoît XV consacre la cathédrale basilique sous le nom de cathédrale Saint-Jacques. En 1955, à

la demande du cardinal Paul-Émile Léger, le pape Pie XII accepte un changement de nom et consacre la cathédrale à Marie, Reine du Monde. En 2006, le gouvernement canadien la proclame lieu historique national du Canada. La façade de la cathédrale est ornée des statues des 12 apôtres, ainsi que des saints patrons de 13 paroisses montréalaises. À l’intérieur, des tableaux illustrent des épisodes de l’histoire de Montréal.

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LA CATHÉDRALE MARIE-REINE-DU-MONDE ET SAINT-JACQUES-LE-MAJEUR DE MONTRÉAL .

L’héritage de l’Église catholique est bien présent dans le paysage architectural québécois. Mgr Bourget fait construire, à partir de 1870, une réplique de la basilique Saint-Pierre de Rome : la cathédrale Marie-Reine-du-Monde et Saint-Jacques-le-Majeur.

L’œuvre de Mgr Bourget

QUESTIONS

En 1840, Ignace Bourget devient évêque du diocèse de Montréal. Pendant près de 40 ans, il s’impose comme le principal chef de file de l’ultramontanisme. Mgr Bourget constate que le clergé manque d’effectif pour accomplir correctement sa mission. Il s’empresse donc de faire former de nouveaux prêtres qui pourront prendre en charge les paroisses. Il déploie aussi de grands efforts pour ramener de France des ordres religieux qui viendront prêter main-forte au clergé local. Les communautés religieuses s’occupent notamment des hôpitaux et des œuvres de charité. De plus, convaincue qu’une société véritablement catholique se forme sur les bancs d’école, l’Église fait de l’éducation l’une de ses principales préoccupations. Pour répandre les idées ultramontaines et faire échec à l’influence des journaux libéraux, Mgr Bourget lance un journal catholique, Mélanges religieux (1841-1852), puis, en 1867, il reprend le combat, cette fois en publiant Nouveau Monde, pendant près d’un quart de siècle.

UNE CULTURE ET DES IDÉES EN MOUVEMENT (1760-1867)

1. Que fait le chef de file des ultramontains, Mgr Bourget, pour renforcer la place de l’Église dans la société ? Méthodologie 2. [Doc. 2] D’après le Programme catholique, sur quel critère un électeur catholique doitil baser son vote ? Réflexion 3. Que pouvez-vous faire pour comprendre l’emprise de l’ultramontanisme sur la société canadienne de la deuxième moitié du 19e siècle ?

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LA FILIÈRE DU TEMPS

Les « rouges » et l’anticléricalisme En 1844, de jeunes libéraux de la région de Montréal fondent l’Institut canadien, un lieu d’échanges sur les questions politiques, littéraires et scientifiques. Plusieurs des animateurs de l’Institut sont des libéraux radicaux, héritiers de Louis-Joseph Papineau. Ils n’acceptent pas l’union du Haut-Canada et du BasCanada de 1840 et luttent en faveur d’un régime plus démocratique. Pour promouvoir leurs idées, ils fondent des journaux comme L’Avenir (1847) et Le Pays (1852). En 1848, ils créent un parti, le Parti démocratique ou Parti rouge.

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L’INSTITUT CANADIEN DE QUÉBEC, FONDÉ EN 1848.

Après la création de l’Institut canadien de Montréal, des instituts semblables sont fondés dans plusieurs villes du Québec. L’Institut canadien de Québec, contrairement à celui de Montréal, accepte de se conformer aux demandes du clergé concernant les livres de la bibliothèque mis à la disposition de ses membres. Un comité de censure s’assure que les livres de l’Institut sont conformes « aux règles de la morale et de la foi ». Augustus Kollner, Parliament House [L’Institut canadien au Parlement], 1848.

Rapidement, l’Institut canadien adopte une attitude qui ne plaît pas au clergé catholique. L’Institut possède une bibliothèque qui compte plusieurs livres jugés dangereux et mis à l’Index par l’Église. De plus, les « rouges », comme on les appelle désormais, sont anticléricaux : ils s’opposent fermement à l’intervention des membres du clergé dans les affaires politiques et ils réclament la séparation complète de l’Église et de l’État. Le clergé, en particulier l’évêque ultramontain de Montréal, Bourget, s’engage alors dans une lutte féroce contre l’Institut canadien, sa bibliothèque, certains de ses membres les plus en vue et leurs journaux. La lutte entre « rouges » et ultramontains s’étalera sur un quart de siècle et atteindra son apogée avec l’affaire Guibord. Mgr

Index : Liste des livres interdits par l’Église catholique romaine consignée dans l’Index librorum prohibitorum.

TÉMOINS DE L’HISTOIRE ÉTIENNE PARENT Étienne Parent est reconnu comme une figure importante de l’élite politique et intellectuelle francophone au 19e siècle. Né à Beauport en 1802, aîné d’une famille de cultivateurs, il étudie au collège de Nicolet et au Séminaire de Québec avant de collaborer au journal Le Canadien en 1822, tout en poursuivant des études en droit. Dans ses articles, il milite contre le projet d’unir les deux Canadas. De 1833 à 1835, il est directeur de la bibliothèque de l’Assemblée nationale, qu’il souhaite rendre accessible à tous les citoyens. En 1837, le climat politique est bouillonnant, et les résolutions de Russell anéantissent les espoirs des patriotes

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DOSSIER 3

du Bas-Canada. Déçu, le défenseur de la liberté des Canadiens français écrit dans son journal : « Le vaisseau de nos libertés a été jeté sur les récifs de l’arbitraire britannique, et les débris sont épars sur la plage. » Toutefois, bien qu’il appuie les 92 Résolutions des patriotes, Étienne Parent s’oppose à Louis Joseph Papineau en se prononçant contre la rébellion armée. Pacifiste, ce père de cinq enfants, à la fois journaliste, essayiste, député et maître de conférences publiques, soutient l’idée d’un nationalisme culturel démocratique. Patriotique jusqu’à sa mort à Ottawa en 1874, il influence la pensée politique libérale de la fin du 19e siècle.

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

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ÉTIENNE PARENT (1802-1874).

Étienne Parent est détenu à l’hiver 1838 avec d’autres patriotes à la prison de Québec.

À plusieurs reprises, l’Église catholique met en garde les membres de l’Institut canadien contre « les livres et les journaux contraires à la foi et la morale » et menace de leur refuser les sacrements et l’inhumation dans un cimetière catholique s’ils ne démissionnent pas. En 1869, Mgr Bourget frappe un grand coup dont l’Institut canadien ne se relève pas : il obtient de Rome la mise à l’Index du catalogue des livres de la bibliothèque de l’Institut. Quelques mois plus tard, un membre de l’Institut, l’imprimeur Joseph Guibord, meurt. Excommunié pour son refus de démissionner, il ne peut donc être enterré dans un cimetière catholique. Au terme d’une longue saga judiciaire, les tribunaux donnent raison à la famille Guibord : le corps sera inhumé au cimetière Côte-des-Neiges. Mais Mgr Bourget trouve une façon d’annuler la décision de la Cour : il fait en sorte d’abolir le caractère sacré de la parcelle de terre où est enterré Joseph Guibord.

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L’INHUMATION DE JOSEPH GUIBORD AU CIMETIÈRE CÔTE-DES-NEIGES, EN 1875.

La question de l’inhumation du corps de Joseph Guibord, en 1869, donne lieu à une bataille vigoureuse entre l’évêque de Montréal, Mgr Bourget, et l’Institut canadien.

Avec le temps, faute d’appui populaire, le libéralisme radical des « rouges » s’éteint au profit d’un courant libéral plus modéré, représenté par Wilfrid Laurier. Leurs adversaires ultramontains connaîtront éventuellement le même sort, et un courant clérical moins intransigeant s’établira. À partir de la fin du 19e siècle, malgré des tensions toujours présentes, le clergé et les politiciens trouveront leur compte dans une attitude de compromis plutôt que d’affrontement. Henri Julien, L’enterrement de Joseph Guibord, 1875.

Le développement de l’instruction publique Dès les débuts de la colonie, l’éducation est le monopole de l’Église catholique. À l’aube du 19e siècle, la majorité de la population est non scolarisée. Un des principaux freins au développement d’un réseau scolaire est le caractère rural de la société et donc l’éparpillement de la population sur un vaste territoire. L’implantation d’écoles de paroisses sous l’autorité des curés, en 1824, a peu d’effets, car la majorité des paroisses n’ont pas les ressources financières nécessaires pour entretenir une école. En 1829, une loi instaure la création de commissions scolaires laïques. L’Église réagit en déployant diverses stratégies pour maintenir sa chasse gardée. Parvenue à s’imposer, l’Église supervise, en 1840, l’ensemble de la vie sociale des Canadiens. Son pouvoir sur l’éducation est de nouveau acquis. Une nouvelle loi confirme, en 1841, les commissions scolaires dans leur rôle de gestionnaires des écoles et confie au clergé la responsabilité d’élaborer le programme d’enseignement. Ce programme scolaire, dans lequel l’étude du catéchisme occupe une place prépondérante, se résume alors à l’apprentissage de la lecture, de l’écriture, de quelques notions de géographie et de rudiments d’arithmétique. Pour asseoir encore davantage sa domination, le clergé catholique s’impose dans le corps professoral. Déjà, dans la seconde moitié du 19e siècle, 88 % des hommes qui exercent la profession de maître d’école sont des clercs de l’Église. Par ailleurs, le clergé veille au choix des valeurs véhiculées à l’école en sélectionnant les manuels scolaires, voire en les rédigeant lui-même.

UNE CULTURE ET DES IDÉES EN MOUVEMENT (1760-1867)

Excommunier : Action d’exclure une personne de l’Église catholique.

QUESTIONS 1. Quelle menace l’Église catholique faitelle peser sur les membres de l’Institut ? Méthodologie 2. [Doc. 1] Comment l’Institut canadien de Québec s’assure-t-il que les livres de sa bibliothèque sont conformes aux règles de la morale et de la foi ? Réflexion 3. En quoi la victoire du clergé sur les « rouges » vous aide-t-elle à comprendre l’emprise du clergé sur la société ?

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LA FILIÈRE DU TEMPS

L’affaire Guibord

LA FILIÈRE DU TEMPS

4 Impérialiste : Au Canada, partisan du maintien ou du renforcement du lien impérial.

1500-1608

1608-1760

1760-1867

1867 à nos jours

Les trajectoires des idées et de la culture depuis 1867 Les premières décennies de la nouvelle fédération canadienne sont marquées par une philosophie de conciliation et de cohabitation. Un peu plus tard, des changements s’amorcent et donnent lieu à un éclatement culturel dont les effets se font sentir encore aujourd’hui. Comment, au fil du temps, ces mouvements de pensée ont-ils influencé le paysage culturel québécois ? Comment les idées actuelles cohabitent-elles avec celles héritées du passé ?

Le nationalisme et l’impérialisme au Canada anglais En 1867, le Dominion du Canada devient un pays partiellement indépendant : autonome pour ses affaires internes, mais toujours soumis à l’Empire britannique pour ses affaires externes. La plupart des anglophones du Canada conservent un très fort sentiment d’appartenance identitaire à l’Empire britannique. La conviction d’être des Canadiens à part entière n’apparaît que progressivement.

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DES SOLDATS CANADIENS DURANT LA GUERRE DES BOERS (1899-1902).

Des soldats du Régiment royal canadien en position d’attaque contre des Boers, en Afrique du Sud.

Au tournant du siècle, le désir d’édifier un sentiment national canadien émerge au Canada anglais. Bon nombre de personnes veulent voir le Canada s’affirmer davantage comme nation adulte et se distinguer des États-Unis. Paradoxalement, l’affirmation du Canada passe par le maintien de liens étroits avec l’Empire britannique, dans lequel le Canada devrait jouer un rôle plus important. Ce courant de pensée est donc à la fois nationaliste et impérialiste.

Les guerres et l’identité canadienne En 1899 débute la guerre des Boers. Le Royaume-Uni sollicite l’appui de ses colonies. Sous la pression d’une bonne partie de l’opinion publique canadienne-anglaise, très attachée à l’Empire, le premier ministre fédéral Wilfrid Laurier autorise l’envoi d’un premier contingent de 1000 soldats. Cette mesure, jugée timide au Canada anglais, suscite la colère chez de nombreux Canadiens français. Henri Bourassa, alors député du Parti libéral à Ottawa, démissionne de son poste en guise de protestation. Les tensions entre partisans du maintien du lien impérial et partisans d’une plus grande indépendance du Canada se poursuivent durant des années et atteignent leur paroxysme lors de la Première Guerre mondiale avec la crise de la conscription. Les Canadiens anglais et les Canadiens français sont divisés sur l’opportunité de participer à une guerre qui ne concerne pas directement le Canada. Après la guerre, le courant impérialiste décline au Canada anglais. La participation à la guerre a renforcé l’identité du Canada en tant que pays, mais aggrave les tensions entre francophones et anglophones.

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DOSSIER 3

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

LES GRANDES ÉTAPES VERS L’AUTONOMIE DU CANADA.

Pendant plus d’un siècle, une suite d’événements mène à l’autonomie du Canada et à son indépendance vis-à-vis du Royaume-Uni. Année 1867 1919 1923

1926 1931 1947 1949 1982

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Événement Création de la fédération canadienne par l’Acte de l’Amérique du Nord britannique : le Canada reste dépendant du Royaume-Uni pour ses affaires extérieures. Participation du Canada à la Société des Nations (SDN) : le Canada y siège de façon autonome. Traité du flétan : premier traité signé et négocié par le Canada avec un autre pays, sans l’intermédiaire du Royaume-Uni. Il concerne les droits de pêche du Canada et des États-Unis dans le Pacifique Nord. Conférence impériale : reconnaissance de l’égalité du Royaume-Uni et des dominions. Statut de Westminster : confirmation de l’autonomie du Canada dans ses affaires intérieures et extérieures. Loi sur la citoyenneté canadienne : les Canadiens ne sont plus des sujets britanniques, mais des citoyens canadiens. Accession de la Cour suprême du Canada au statut de la plus haute cour de justice, ce qui met fin aux appels devant le Comité judiciaire du Conseil privé de Londres. Rapatriement de la Constitution ou Loi constitutionnelle de 1982 : le Canada peut modifier seul sa constitution.

3

LE RECRUTEMENT POUR LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE.

Malgré les campagnes de publicité, les recrues sont moins nombreuses chez les Canadiens français que chez les anglophones.

UNE MANIFESTATION CONTRE LA CONSCRIPTION À MONTRÉAL, EN 1917.

Durant la Première Guerre mondiale, le recrutement s’essouffle. Le Parlement canadien vote la Loi sur le service militaire obligatoire le 24 juillet 1917. Pour protester contre cette loi, des manifestations ont lieu entre autres à Montréal et à Québec.

QUESTIONS 1. En 1867, le Canada devient un pays partiellement indépendant. Expliquez cette affirmation. 2. Quelle est l’opinion du Canada anglais au sujet du nationalisme et de l’impérialisme ? 3. Quelle attitude les Canadiens français et les Canadiens anglais ont-ils respectivement adoptée vis-à-vis de la guerre des Boers et de la Première Guerre mondiale ? Méthodologie 4. [Doc. 2] Lequel de ces événements a permis au Canada d’obtenir davantage d’autonomie ? Justifiez votre réponse.

UNE CULTURE ET DES IDÉES EN MOUVEMENT (1867 à nos jours)

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LA FILIÈRE DU TEMPS

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LA FILIÈRE DU TEMPS

1

Le nationalisme au Canada français

À LA DÉFENSE DU NATIONALISME CANADIEN.

En 1904, Henri Bourassa publie dans le journal Le Nationaliste un article qui décrit sa vision du nationalisme canadien.

«

Notre nationalisme à nous est le nationalisme canadien […]. Nous travaillons au développement du patriotisme canadien, qui est à nos yeux la meilleure garantie de l’existence des deux races et du respect mutuel qu’elles se doivent. Les nôtres sont les Canadiens français ; mais les Anglo-Canadiens ne sont pas des étrangers […]. La patrie, pour nous, c’est le Canada tout entier. Source : Henri BOURASSA, Le Nationaliste, 3 avril 1904.

»

Après la Confédération en 1867, les tensions s’intensifient entre les Canadiens français et les Canadiens anglais. La rébellion des Métis au Manitoba en 1870, la pendaison de leur chef Louis Riel en 1885, la question des écoles catholiques au Manitoba en 1890, en Saskatchewan en 1905 ainsi qu’en Ontario en 1912, la guerre des Boers de 1899 à 1902 et la Première Guerre mondiale de 1914 à 1918 sont autant de moments de crise qui soulignent les tensions et l’incompréhension entre francophones et anglophones.

Le nationalisme canadien d’Henri Bourassa Au tournant du 20e siècle, Henri Bourassa devient le principal porteparole du nationalisme canadien-français. Toutefois, pour lui, ce nationalisme est insuffisant. Il propose plutôt un nationalisme canadien. Son programme et celui du journal Le Nationaliste (1904-1910) se résument ainsi : autonomie du Canada envers le Royaume-Uni, autonomie des provinces dans le Canada, respect des droits des minorités et reconnaissance de l’égalité des Canadiens français et des Canadiens anglais qui forment une seule nation, la nation canadienne.

Le nationalisme traditionaliste canadien-français Agriculturiste : En faveur d’un mouvement de pensée faisant la promotion d’un mode de vie rural.

2

UN BUSTE DE DOLLARD DES ORMEAUX.

En 1923, Alfred Laliberté a réalisé ce buste en bronze. Beaucoup d’artistes de cette époque représentaient des héros historiques ou des figures saintes. Alfred Laliberté, Dollard des Ormeaux, 1923.

Durant les années 1920 et jusque dans les années 1950, un nouveau leader nationaliste se manifeste : l’abbé Lionel Groulx. Prêtre catholique et historien, l’abbé Groulx développe un discours nationaliste davantage centré sur le Québec et qui prône les valeurs traditionnelles : famille, respect de la hiérarchie, éducation religieuse, agriculture et mode de vie rural. Toute sa vie, par le recours à l’histoire et le rappel de figures héroïques du passé comme Dollard des Ormeaux, il cherche à stimuler la fierté nationale de ses compatriotes. Au début des années 1920, le Québec est majoritairement urbain et s’industrialise rapidement. Les nationalistes redoutent les effets de l’industrialisation et de l’urbanisation qui mettent en péril ce qu’ils considèrent être les fondements de la nation, soit la foi catholique, la langue française et la vie agricole en milieu rural. En ville, le clergé redoute de perdre son pouvoir, car les curés ne peuvent plus autant surveiller leurs paroissiens. Certaines femmes travaillent désormais à l’extérieur de leur foyer plutôt que de se confiner à leur rôle de mère de famille. Plusieurs emplois exigent l’exercice de la langue anglaise et les nationalistes craignent l’anglicisation rapide des citadins. De plus, la pauvreté est omniprésente dans les villes et touche surtout les francophones. En réponse à ces problèmes, plusieurs nationalistes développent un discours agriculturiste qui fait la promotion de la vie rurale. Le nationalisme traditionaliste canadien-français est un courant de pensée qui va au-delà de la défense des droits des Canadiens français. C’est aussi une réponse à l’inquiétude soulevée par la modernisation rapide de la société. Sur le plan politique, ce nationalisme ne visait pas l’indépendance du Québec, même si la tentation a pu exister.

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DOSSIER 3

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

LIONEL GROULX Surnommé « grain de sel » par sa famille, le futur abbé et chanoine Lionel Groulx naît près de Vaudreuil en 1878. Il fait ses études au Séminaire de SainteThérèse et poursuit sa formation théologique en tant qu’étudiant et professeur au collège de Valleyfield. Au Colisée de Québec, en 1937, il déclare : « Notre État français, nous l’aurons ! » Par sa déclaration, l’abbé entend promouvoir la culture française tout en revendiquant la reconquête des droits politiques et économiques des Canadiens français. La langue, la religion catholique et le patrimoine culturel représentent ainsi les trois éléments articulant la pensée nationaliste de Lionel Groulx. Auteur prolifique, Lionel Groulx écrit de nombreux ouvrages, dont L’appel de la race, en 1922, et Notre maître, le passé, en 1924.

5

3

4

LIONEL GROULX (1878-1967).

LE NATIONALISME CRITIQUÉ.

Dans ce texte, Jean-Charles Harvey critique le nationalisme et ses conséquences chez les Canadiens français.

Prêtre, historien, professeur et homme de lettres, Lionel Groulx a été l’un des plus ardents porte-parole de l’identité nationale de la première moitié du 20e siècle.

«

Ce peuple que nous aimons, on l’a trop souvent nourri de mensonges. […] On lui avait sans cesse proposé, comme moyen de progrès et de bonheur, deux grands mots vides : tradition et nationalité. À force de lui faire manger du traditionnel et du national, on a fait de lui un des groupes humains où il y a le moins de vie, le moins de désir de progrès, le plus de dégénérescence et le plus de sotte résignation. Source : Jean-Charles HARVEY, « Nous avons fait nos dents », Le Jour, 17 septembre 1938, p. 1.

»

L’APPEL DE LA RACE, DE LIONEL GROULX.

En 1922, sous le pseudonyme d’Alonié de Lestres, Lionel Groulx publie L’appel de la race, un roman à saveur nationaliste.

«

Il se rappelait aussi une parole terrible du Père Fabien, un jour que tous deux discutaient le problème des mariages mixtes : – Qui sait, avait dit le Père, avec une franchise plutôt rude, qui sait si notre ancienne noblesse canadienne n’a pas dû sa déchéance au mélange des sangs qu’elle a trop facilement accepté, trop souvent recherché? Certes, un psychologue eût trouvé le plus vif intérêt à observer leurs descendants. Ne vous paraîtil pas, mon ami, qu’il y a quelque chose de trouble, de follement anarchique, dans le passé de ces vieilles familles ? Comment expliquez-vous le délire, le vertige avec lequel trop souvent les rejetons de ces nobles se sont jetés dans le déshonneur et dans la ruine ? Source : Lionel GROULX, L’appel de la race, Montréal, Librairie Granger Frères, 1922, p. 64-65.

»

QUESTIONS 1. Selon les nationalistes traditionalistes, quels sont les cadres qui assurent la survivance de la nation canadiennefrançaise ? Méthodologie

L’antinationalisme et la « bonne entente » Au Québec, le nationalisme ne fait pas l’unanimité. Certains, comme l’abbé Arthur Maheux, souhaitent au contraire favoriser le rapprochement entre Canadiens français et Canadiens anglais grâce au mouvement de la « bonne entente ». D’autres, comme le politicien et journaliste TélésphoreDamien Bouchard ou encore l’écrivain et journaliste Jean-Charles Harvey, critiquent le nationalisme de façon plus virulente. Ce dernier fonde un hebdomadaire, Le Jour (1936-1945), où il exprime son antinationalisme et ses valeurs libérales : la primauté de l’individu, la tolérance et le progrès. Selon lui, le nationalisme accorde trop d’importance au groupe et pas assez à l’individu, il dégénère trop souvent en haine des autres au détriment de la tolérance et il ignore l’avenir et le progrès.

UNE CULTURE ET DES IDÉES EN MOUVEMENT (1867 à nos jours)

2. [Doc. 1] Qu’apporterait le développement du nationalisme canadien selon Henri Bourassa ? 3. [Doc. 4] Que critique Jean-Charles Harvey dans cet extrait ? Réflexion 4. Comparez le nationalisme de la première moitié du 20e siècle avec ce que vous connaissez du nationalisme d’aujourd’hui. Indiquez ce qui les différencie et ce qu’ils ont en commun.

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LA FILIÈRE DU TEMPS

TÉMOINS DE L’HISTOIRE

LA FILIÈRE DU TEMPS

1

UNE RÉSIDENCE DU MILLE CARRÉ DORÉ.

Le Mille carré doré est situé à Montréal, sur le flanc sud du mont Royal. Cette enclave, remplie de magnifiques demeures comme celle d’Herbert Samuel Holt que l’on voit sur cette photographie, est habitée par la grande bourgeoisie britannique qui s’est grandement enrichie durant le boom économique des années 1896 à 1919.

Le libéralisme économique Au 20e siècle, en Occident, on assiste au triomphe du libéralisme économique. Le Québec ne fait pas exception. Le libéralisme économique est bien implanté dans la bourgeoisie d’affaires anglophone du Québec, mais s’impose un peu plus lentement chez les Canadiens français.

Les partisans du libéralisme Au début du 20e siècle, le libéralisme classique est dominant. Ses partisans sont convaincus que l’État ne doit pas intervenir dans l’économie, sauf pour assurer les conditions nécessaires à son bon fonctionnement. Selon eux, le laisser-faire, le libre jeu des forces du marché, apportera le progrès et l’enrichissement général de la société. C’est ce qui se produit jusqu’à la fin des années 1920. Les penseurs du Québec ne sont pas tous de grands défenseurs du libéralisme économique. Les gouvernements et les journaux associés aux partis politiques, ainsi que les hommes d’affaires en général, adhèrent au libéralisme économique. La plupart des leaders nationalistes y sont toutefois opposés. À cette époque, le monde des affaires est principalement contrôlé par la bourgeoisie anglophone, et les Canadiens français possèdent peu de capitaux. Aussi ces derniers cherchent-ils d’autres moyens pour assurer leur réussite économique. En 1901, Errol Bouchette, dans un essai intitulé Emparons-nous de l’industrie, propose que l’État québécois soutienne les entrepreneurs canadiens-français. Le gouvernement de Lomer Gouin, au pouvoir de 1905 à 1920, rejette cette proposition au nom du libéralisme économique.

TÉMOINS DE L’HISTOIRE SIR RODOLPHE FORGET Au début du 20e siècle, Rodolphe Forget (1861-1919) est un riche homme d’affaires canadien-français. À cette époque, il fait figure d’exception, car les anglophones dominent l’industrie et le monde des affaires. Dès l’âge de 15 ans, il commence son apprentissage en travaillant pour son oncle dans la plus importante compagnie de courtage de Montréal. L’activité hydroélectrique est alors en pleine expansion. Rodolphe Forget construit sa richesse et sa réputation en investissant dans ce secteur. Il tisse des liens avec des politiciens et des financiers influents et, rapidement, détient le monopole du marché hydroélectrique montréalais. L’influence de Rodolphe Forget dépasse les limites de Montréal et de Québec. En effet, il participe également au développement économique de Charlevoix en y établissant un chemin de fer, une usine de pâtes et papiers et le manoir Richelieu.

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DOSSIER 3

2

LE VILLAGE DE SAINT-IRÉNÉE.

La villa de Rodolphe Forget est située dans le village de Saint-Irénée, dans la région de Charlevoix.

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

Hormis le secteur agricole, les Canadiens français exercent peu de contrôle sur l’économie au début du 20e siècle. Pour remédier à cette situation, des Canadiens français favorisent la formule coopérative. Une coopérative est une entreprise associative gérée à égalité par ses membres afin d’en retirer les meilleurs services et profits. L’objet des coopératives est très varié : l’épargne, le crédit ou l’assurance, l’exploitation agricole, forestière, etc.

3

DE LA MACHINERIE AGRICOLE.

En 1920, le Canada compte environ 12 000 tracteurs. Plusieurs agriculteurs n’ont cependant pas les moyens d’en acquérir un.

En milieu rural, l’un des grands problèmes des Canadiens français est la difficulté d’obtenir du crédit des banques, entre autres parce qu’elles sont majoritairement concentrées en ville. Des coopératives d’épargne et de crédit sont créées dans le but de venir en aide aux Canadiens français, et en particulier à ceux qui vivent en milieu rural. Durant la crise économique des années 1930, le mouvement coopératif prend de la vigueur, appuyé par l’Église et une partie du mouvement syndical. En 1939, le père Georges-Henri Lévesque fonde le Conseil supérieur de la coopération, une association regroupant les coopératives québécoises.

4

Saviez-v us que... UNE COOPÉRATIVE DE LIN À KAMOURASKA.

Cette coopérative de lin est créée au début de la Seconde Guerre mondiale. Le lin est très en demande, car il sert à la fabrication de sacs de toile, de sous-matelas et de tentes pour les soldats.

Au début du 21e siècle, le Québec compte plus de 3200 coopératives qui emploient près de 81 000 personnes. Leur chiffre d’affaires total est de 20 milliards de dollars.

QUESTIONS 1. Selon les partisans du libéralisme, quel devrait être le rôle de l’État dans l’économie ? 2. Nommez une des solutions adoptées pour réduire l’infériorité économique des Canadiens français. Méthodologie 3. [Doc. 1] Que suggère cette photographie au sujet des conditions de vie des habitants de ce quartier ? Réflexion 4. Indiquez ce que vous avez appris sur les débuts du coopératisme au Québec.

UNE CULTURE ET DES IDÉES EN MOUVEMENT (1867 à nos jours)

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LA FILIÈRE DU TEMPS

Une solution : la formule coopérative

LA FILIÈRE DU TEMPS

1

UNE SÉRIE DE BROCHURES PRODUITES PAR L’ÉCOLE SOCIALE POPULAIRE.

En 1911, l’École sociale populaire est fondée afin de répondre au désir de l’Église de mieux s’adapter au modernisme urbain.

La doctrine sociale de l’Église et le corporatisme Au début des années 1930, la crise économique frappe le Québec de plein fouet, entraînant une forte remise en question du libéralisme économique. L’Église catholique participe à cette critique en réaffirmant sa vision, appelée la doctrine sociale de l’Église. La doctrine sociale de l’Église est exposée dans deux textes importants : l’encyclique Rerum novarum (Des choses nouvelles, 1891) du pape Léon XIII et l’encyclique Quadragesimo anno (La quarantième année, 1931) du pape Pie XI. L’Église y dénonce à la fois l’incapacité du capitalisme à corriger ses excès et les solutions avancées par les socialistes. Elle propose donc une troisième voie entre capitalisme et socialisme : une économie plus humaine, fondée sur les principes chrétiens.

Doctrine sociale de l’Église : Ensemble des positions de l’Église catholique sur les questions sociales et économiques.

Au Québec, cette doctrine trouve un écho dans le Programme de restauration sociale de 1933 de l’École sociale populaire, un groupe de réflexion catholique et nationaliste. Ce programme inspire Paul Gouin qui fonde en 1934 un nouveau parti politique, l’Action libérale nationale. Le Programme de restauration sociale propose entre autres l’établissement d’un régime corporatiste pour résoudre les problèmes issus du capitalisme.

La basilique Sainte-Annede-Beaupré Dès 1658, une chapelle dédiée à sainte Anne est érigée sur le territoire de l’actuelle municipalité de Sainte-Anne-de-Beaupré, non loin de Québec. Endommagée par la marée, cette chapelle est reconstruite plus loin du fleuve en 1661. Bâtie en bois, elle ne résiste pas à la rigueur du climat et, en 1676, une église en pierre la remplace. De nouveau en ruine en 1876, elle est rebâtie en 1878. En 1886, le pape Léon XIII lui confère le titre de basilique mineure. En 1922, un incendie ravage l’édifice. La construction de la basilique telle que nous la connaissons

aujourd’hui débute en 1923. Le cardinal Maurice Roy la consacre en 1976. De style néoroman, la basilique est décorée de 240 vitraux et de nombreuses œuvres d’art récupérées après l’incendie. Soutenue par d’imposantes colonnes, la basilique est remarquable par son clocher, lui aussi préservé de l’incendie.

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CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

DOSSIER 3

2

LA BASILIQUE SAINTE-ANNE-DE-BEAUPRÉ.

Sainte-Anne-de-Beaupré est un lieu de pèlerinage depuis les débuts de la Nouvelle-France.

Le corporatisme est un type d’organisation sociale, économique et politique appliqué sous différentes formes dans quelques pays européens durant les années 1930. L’objectif est de former dans chaque secteur d’activité économique, comme l’agriculture ou l’industrie, des corporations qui rassemblent patrons et ouvriers. En obligeant ces derniers à collaborer, on souhaite éviter les conflits sociaux. Le développement économique est davantage orienté vers la création d’une société plus juste. Dans l’esprit des promoteurs de cette théorie, tel l’économiste Esdras Minville, le corporatisme permettrait aux Canadiens français de reprendre la maîtrise de leur économie. Ce mouvement de pensée n’a cependant jamais vraiment été appliqué au Québec, car le libéralisme occupait une trop grande place.

4

DES EMPLOYÉS D’UNE MANUFACTURE.

Le corporatisme vise à établir des relations de travail basées sur la collaboration entre patrons et ouvriers.

LETTRE OUVERTE À ESDRAS MINVILLE. QUESTIONS

Marcel Hamel adresse une lettre ouverte à l’économiste Esdras Minville à propos de la réalisation du corporatisme au Québec.

«

3

Au Canada français, pays catholique et latin, la querelle s’est engagée autour du corporatisme. […] Ce corporatisme est irréalisable chez nous. L’utopie n’est pas dans l’emprunt – ce qui peut s’accomplir sans la perte de notre personnalité – mais dans l’entêtement à vouloir naturaliser dans le Québec un homo politicus inassimilable. Les obstacles à cette concrétisation sont visibles à l’examen des pays fascistes et du nôtre. L’Italie, le Portugal et l’Autriche sont des pays libres. Le Québec est la neuvième fraction du Dominion du Canada. Eux sont maîtres de leur législation commerciale et tarifaire. Nous, nous avons abandonné au gouvernement central les facteurs vitaux de notre libération politique : commerce, immigration, défense nationale, fisc, etc. et notre gouvernement provincial ne ressemble plus […] qu’à un vaste conseil municipal. Inutile de pousser plus loin l’analyse. Source : Marcel HAMEL, « Lettre ouverte à Esdras Minville », La Nation, 22 avril 1937, p. 3.

»

UNE CULTURE ET DES IDÉES EN MOUVEMENT (1867 à nos jours)

1. Que propose l’Église pour mettre un frein aux excès du capitalisme et aux solutions proposées par le socialisme ? 2. De quelle façon le corporatisme prévoit-il régler les conflits de travail ? Méthodologie 3. [Doc. 4] D’après ce document, pourquoi le corporatisme ne peut-il pas être implanté au Canada français ? Réflexion 4. Que pourriez-vous faire pour trouver des renseignements supplémentaires sur le corporatisme ?

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LA FILIÈRE DU TEMPS

La promotion du corporatisme

LA FILIÈRE DU TEMPS

1

Des mouvements plus radicaux

LA LOI DU CADENAS DE 1937.

Dans l’Europe du 19e siècle, des mouvements de pensée plus radicaux se développent en réaction aux effets néfastes de la révolution industrielle sur la classe ouvrière.

La Loi du cadenas permet de fermer tout bâtiment utilisé pour propager les idées communistes et de détruire tout document imprimé faisant la promotion de telles idées.

«

1. La présente loi peut être citée sous le titre de Loi concernant la propagande communiste. […] 3. Il est illégal pour toute personne qui possède ou occupe une maison dans la province de l’utiliser ou de permettre à une personne d’en faire usage pour propager le communisme ou le bolchevisme par quelque moyen que ce soit. […] 12. Il est illégal d’imprimer, de publier de quelque façon que ce soit ou de distribuer dans la province un journal, une revue, un pamphlet, une circulaire, un document ou un écrit quelconque propageant ou tendant à propager le communisme ou le bolchevisme. Source : « La législation communiste dans le monde », L’œuvre des tracts, no 307, Montréal, août 1939, p. 28-31.

2

Le socialisme Les socialistes dénoncent les inégalités sociales engendrées par le capitalisme. Pour défendre les ouvriers, ils créent des syndicats. Durant la crise économique des années 1930, les socialistes recrutent des partisans parmi les chômeurs des grandes villes. Dans leur programme, les socialistes proposent que l’État nationalise les entreprises importantes et redistribue la richesse au moyen de prestations sociales comme l’assurance-chômage, l’assurance maladie, etc. Un gouvernement socialiste élu démocratiquement devrait mener les réformes nécessaires à l’égalité sociale.

Le communisme Il existe un courant socialiste plus radical : le communisme. Les communistes veulent abolir le capitalisme et les classes sociales. Une société communiste ne distingue pas les bourgeois des ouvriers : tous doivent participer également à la production et recevoir leur part de profits. Selon les communistes, seule une révolution peut créer cette société idéale, comme en Russie, en 1917, lors de la Révolution d’octobre.

» Le socialisme et le communisme au Québec

LES CONSÉQUENCES DE LA CRISE ÉCONOMIQUE DES ANNÉES 1930.

Certains chômeurs adhèrent au socialisme dans les années 1930. Ils voient dans ce mouvement une solution de rechange au capitalisme, qu’ils tiennent responsable de leur situation difficile.

Au Québec, les socialistes et les communistes connaissent peu de succès. Les gouvernements du Canada et du Québec réprouvent ces mouvements de pensée. Le premier ministre Maurice Duplessis les combat en permanence et, en 1937, leur impose la Loi protégeant la province contre la propagande communiste, dite « loi du cadenas ». Pour sa part, le clergé voit dans le communisme une source de désordre social. Au Canada anglais, la Cooperative Commonwealth Federation (CCF), fondée en 1932, obtient un plus grand succès en faisant élire quelques députés. Ce parti prendra même le pouvoir en Saskatchewan en 1944. Au début des années 1960, les idées socialistes et communistes sont associées au nationalisme indépendantiste. Par exemple, la revue Parti pris (1963-1968) réunit des intellectuels de gauche engagés dans la cause de l’indépendance du Québec. Autre exemple, le Front de libération du Québec (FLQ), fondé en 1963, est un groupe radical de québécois qui prône la séparation du Québec. Leur but est de renverser le gouvernement du Québec, de libérer les Québécois du Canada et d’établir une société de travailleurs. Durant les années 1970, le mouvement communiste connaît un bref regain de vie au Québec, puis disparaît presque complètement au début des années 1980.

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DOSSIER 3

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

LA FILIÈRE DU TEMPS

Le fascisme en Europe Les bouleversements économiques et sociaux de l’entre-deux-guerres entraînent la montée de mouvements fascistes dans plusieurs pays euro péens. Des gou ver ne ments fascistes sont portés au pouvoir, comme ceux de Benito Mussolini en Italie dès 1922, d’Antonio de Oliveira Salazar au Portugal en 1932 et d’Adolph Hitler en Allemagne en 1933. Le fascisme est une idéologie fondée sur la haine du libéralisme, de la démocratie et du communisme. Les fascistes manifestent souvent un nationalisme agressif et font la promotion de la guerre. De plus, l’idéologie fasciste est généralement imprégnée de racisme et d’hostilité. S’appuyant souvent sur un chef charismatique, un régime fasciste cherche à installer une dictature sous prétexte de mener la nation vers la gloire. Il supprime les libertés individuelles et réprime toute opposition.

3

BENITO MUSSOLINI (1883-1945).

Chef charismatique, Benito Mussolini établit une dictature fasciste en Italie, de 1922 à 1943.

Le fascisme au Canada En 1934, au Canada, le journaliste Adrien Arcand dirige le Parti national social chrétien, un parti fasciste. Durant sa courte existence, ce parti recrute peu de membres : de 700 à 4000 selon les années, jusqu’en 1940. Certains aspects de la pensée fasciste attirent une partie de la population, notamment des jeunes déçus par la société et méfiants à l’égard du libéralisme.

Charismatique : Qui possède une personnalité exceptionnelle exerçant un fort pouvoir d’attraction sur les individus et les foules. Dictature : Concentration de tous les pouvoirs dans les mains d’un individu ou d’un petit groupe qui dirige sans opposition.

4

LE DÉTAIL D’UNE FRESQUE REPRÉSENTANT MUSSOLINI À L’ÉGLISE NOTRE-DAME-DELA-DÉFENSE, À MONTRÉAL.

QUESTIONS 1. Que dénoncent les socialistes ?

L’artiste québécois d’origine italienne Guido Nincheri (1885-1973) est interné durant la Seconde Guerre mondiale. Peu de temps avant, il avait peint sur commande une fresque commémorant la signature des accords du Latran par Benito Mussolini en 1929.

2. Comment réagissent les gouvernements du Canada et du Québec face aux socialistes et aux communistes ? 3. Y a-t-il eu un parti fasciste au Canada ? Si oui, en quelle année ? Méthodologie 4. [Doc. 1] Résumez en quoi consiste « la Loi du cadenas ».

Guido Nincheri, Sans titre, 1933.

UNE CULTURE ET DES IDÉES EN MOUVEMENT (1867 à nos jours)

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LA FILIÈRE DU TEMPS

1

Le féminisme

UN TAILLEUR FÉMININ AU DÉBUT DU 20e SIÈCLE.

En 1893 apparaît la première association féminine : la Montreal Local Council for Women. En 1907, les femmes francophones et catholiques s’en détachent et fondent la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste. Ces associations cherchent à améliorer la situation des femmes et des mères de famille, et, par extension, celle de toute la société. Elles s’intéressent d’abord aux questions d’hygiène et de santé publique qui touchent de près les familles : bains publics, pasteurisation du lait et salubrité de l’eau.

À la fin du 19e siècle, les femmes s’inspirent de plus en plus de la mode masculine. Pour celles qui sont sur le marché du travail, le tailleur est un vêtement à la fois pratique et élégant.

Jusqu’aux années 1950, les femmes impliquées dans les mouvements féministes sont surtout issues de la classe bourgeoise. Outre les questions de santé publique, elles revendiquent l’égalité des droits avec les hommes. Leurs revendications sont nombreuses, mais les gains restent limités. À cette époque, les femmes sont à peu près exclues de la vie publique. Les seuls postes importants où elles peuvent faire valoir leurs talents se trouvent dans les communautés religieuses féminines.

Suffragette : Militante d’un mouvement qui réclame le droit de vote (suffrage) pour les femmes.

2

LES FEMMES SONT DES PERSONNES !

Ce monument nommé Les femmes sont des personnes ! commémore un jugement de 1929 rendu en faveur de cinq d’entre elles ; ce dernier reconnaissait les femmes en tant que personnes selon l’Acte de l’Amérique du Nord britannique.

Les suffragettes Les femmes obtiennent le droit de vote au niveau fédéral en 1918. Elles doivent cependant continuer à lutter pour obtenir ce droit sur la scène provinciale. Durant les décennies 1920 et 1930, les suffragettes revendiquent le droit de vote de façon répétitive. En 1940, le gouvernement d’Adélard Godbout accorde le droit de vote aux femmes, et ce, malgré l’opposition du clergé.

3

POUR LE SUFFRAGE FÉMININ.

Enseignante à l’Université McGill et candidate aux élections fédérales de 1930, Idola Saint-Jean milite en faveur du droit de vote des femmes sur la scène provinciale. Dans ce discours prononcé en 1931, elle s’adresse aux membres de l’Assemblée législative du Québec.

«

En toute sincérité, Messieurs, dites-nous, est-il des questions que vos mères, vos épouses, vos filles ne peuvent pas comprendre, même si elles ont une instruction très rudimentaire ? Et dites-nous, dégagés de votre égoïsme, qui vous apporte moins de bonheur que vous semblez le croire, dites-nous si vous seriez satisfaits si, un jour, la femme se proclamait votre souverain arbitre, et se chargeait, comme vous le faites béatement depuis des siècles, de vous dicter totalement votre ligne de conduite, se constituant l’unique juge de votre destinée. Vous protesteriez à bon droit contre un tel état de choses, n’est-ce pas ? Eh bien, vous inspirant des paroles du souverain Maître, “ Faites aux autres ce que vous voudriez qu’ils vous fassent. ” Permettez-nous d’élire nos législateurs. Source : Idola SAINT-JEAN, Pour le suffrage féminin, 1931.

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DOSSIER 3

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

»

Avec la Seconde Guerre mondiale, la situation des femmes change rapidement et elles investissent de plus en plus le marché du travail. Une revendication importante concerne le statut juridique des femmes mariées. Selon le Code civil du Québec de 1866, les femmes conservent après leur mariage un statut de mineures. Au fil des années, les femmes finiront par obtenir quelques améliorations de ce statut. En 1964, une réforme du Code civil instaure la véritable égalité – de droit – entre les hommes et les femmes au sein du couple.

4

LA COUVERTURE DU PREMIER NUMÉRO DE LA VIE EN ROSE, EN MARS 1980.

Dans les années 1970, deux magazines, Québécoises deboutte ! et Les têtes de pioche contribuent à la diffusion du féminisme au Québec. Le magazine La vie en rose, qui paraît de 1980 à 1987, poursuit dans la même veine en abordant des questions d’actualité sous un angle féministe.

Une autre petite révolution a lieu au début des années 1960 : la commercialisation de la pilule contraceptive permet aux femmes de décider d’avoir ou non des enfants et à quel moment. Au départ, ce moyen de contraception est difficile d’accès et le refus de la maternité demeure un sujet tabou dans la société canadiennefrançaise. La volonté de libération et d’émancipation des femmes augmente progressivement. Au début des années 1970 apparaît un féminisme dit « radical ». Ces femmes réclament l’égalité absolue avec les hommes. Elles dénoncent le sexisme, la pornographie et la violence faite aux femmes. Elles réclament le droit à l’avortement, qui n’est décriminalisé au Québec qu’en 1988. Traditionnellement confinées à des emplois subalternes et sous-payées, elles veulent accéder à des postes de pouvoir et réclament l’application du principe « à travail égal, salaire égal ». Depuis les années 1980, le mouvement féministe, fort de ses victoires et de ses avancées, s’essouffle peu à peu. Toutefois, encore aujourd’hui, le féminisme reste un mouvement bien vivant, comme l’attestent la Marche des femmes contre la pauvreté « Du pain et des roses » en 1995 et le succès annuel de la Marche mondiale des femmes instaurée par la Fédération des femmes du Québec (FFQ) en 2000.

5

QUESTIONS 1. À quelle classe sociale appartiennent les premières féministes ? 2. Jusque dans les années 1950, que réclament les femmes impliquées dans les mouvements féministes ?

LES FÉES ONT SOIF.

3. En quoi consiste le féminisme radical qui apparaît au début des années 1970 ?

Dans cette pièce de théâtre montée en 1978, la dramaturge Denise Boucher remet en question les modèles traditionnels féminins. La pièce met en scène trois femmes opposées à l’ordre établi. Les fées ont soif déclenche la colère des milieux catholiques. Elle est la dernière pièce de théâtre interdite par l’Église au 20e siècle.

«

Méthodologie

Comment se parle, maman, la langue maternelle ? Ils ont dit qu’elle était une langue maternelle. C'était leur langue à eux. Ils l’ont structurée de façon à ce qu’elle ne transmette que leurs volontés à eux, leurs philosophies à eux. Source : Denise BOUCHER, Les fées ont soif, Montréal, Éditions de l’Hexagone, 1989 (1978), p. 77.

»

UNE CULTURE ET DES IDÉES EN MOUVEMENT (1867 à nos jours)

4. [Doc. 3] Résumez les arguments d’Idola Saint-Jean en faveur du droit de vote des femmes. Réflexion 5. Quelles notions concernant le féminisme avez-vous moins bien comprises ? Que pouvez-vous faire pour remédier à cette situation ?

211

LA FILIÈRE DU TEMPS

En marche vers l’égalité

LA FILIÈRE DU TEMPS

1

LE OUIMETOSCOPE À MONTRÉAL, EN 1906.

Le 1er janvier 1906, Léo-Ernest Ouimet ouvrait le Ouimetscope, premier cinéma permanent de Montréal.

Une culture entre tradition et modernité Le Québec se modernise tout au long du 20e siècle, mais surtout à partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’influence de la culture de masse américaine se fait de plus en plus sentir. Modernisation et américanisme menacent la culture traditionnelle qui oppose toutefois une certaine résistance.

L’américanisme et la culture de masse Dans la première moitié du 20e siècle, l’arrivée du jazz, du cinéma, des danses comme le charleston et le swing, de nouvelles habitudes de consommation et de loisirs transforment la culture populaire urbaine. Ces nouveaux phénomènes, nés aux États-Unis, s’imposent dans la société québécoise, notamment grâce à l’apparition des médias de masse comme la radio et la télévision. Cette nouvelle culture de masse et ces divertissements font la promotion d’idées modernes, souvent ressenties comme une menace par les défenseurs des valeurs traditionnelles, telles que le clergé et les élites nationalistes.

TÉMOINS DE L’HISTOIRE OSCAR PETERSON Oscar Peterson est l’avant-dernier fils d’une famille antillaise émigrée à Montréal en 1919. Le futur pianiste de jazz grandit dans le quartier Saint-Henri, à Montréal. Dans le salon familial trône l’orgue sur lequel Oscar Peterson apprend les leçons de piano classique données par sa grande sœur. Inspiré par des artistes tels que Nat King Cole, Oscar Peterson délaisse sa formation classique pour le jazz. Il se produit au Québec dans un groupe de musiciens blancs, le Johnny Holmes Orchestra. Quelques années plus tard, devant le public new-yorkais, Oscar Peterson monte pour la première fois sur la prestigieuse scène du Carnegie Hall. En 1963, alors en spectacle à San Francisco, il soutient publiquement Martin Luther King et le mouvement des droits civiques de la population noire. En janvier 1960, Oscar Peterson fonde la Advanced School of Contemporary Music, à Toronto. Il s’investit dans l’enseignement tout en poursuivant sa carrière de pianiste. En groupe ou en solo, Oscar Peterson, l’un des musiciens les plus honorés au Canada, est aussi reconnu aux quatre coins de la planète.

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DOSSIER 3

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

2

OSCAR PETERSON (1925-2007).

Influencé par des musiciens américains, Oscar Peterson est un pianiste québécois qui a connu une carrière internationale.

LA FILIÈRE DU TEMPS

Le déclin de la culture traditionnelle Le développement de la culture de masse et des valeurs véhiculées par la société de consommation et par l’américanisme contribue au déclin de la culture traditionnelle. Celleci s’exprime dans des contes, des fêtes, des légendes et des chansons et diminue d’abord dans les villes, puis dans les campagnes où elle reste parfois vivante jusque dans les années 1930. Les élites religieuses et nationalistes craignent la disparition de la culture traditionnelle et la montée des mouvements de pensée modernes qui menacent leur autorité. L’Église cherche alors à s’adapter à cette nouvelle réalité. Par exemple, à partir de 1937, l’abbé Charles-Émile Gadbois diffuse une série d’albums intitulés La bonne chanson qui présentent des paroles conformes aux valeurs catholiques. Pour promouvoir ses idées, l’Église accorde son appui aux journaux sympathiques à sa cause et distribue dans les écoles des livres qui font la promotion des valeurs catholiques. Certains écrivains s’inspirent du monde rural et traditionnel. Claude-Henri Grignon publie en 1933 Un homme et son péché, qui raconte la vie dans un petit village des Laurentides à la fin du 19e siècle. Paradoxalement, même s’il décrit un mode de vie traditionnel, ce roman connaît un important succès populaire grâce aux médias de masse modernes. En effet, cette histoire est adaptée à la radio, à la télévision, puis au cinéma. D’autres auteurs décrivent également la vie rurale, comme Félix-Antoine Savard dans Menaud, maître-draveur, paru en 1937, et Germaine Guèvremont dans Le survenant, publié en 1945. Cette littérature dite « régionaliste » ou « du terroir » s’essouffle après la Seconde Guerre mondiale. La littérature se tourne alors vers le monde urbain et la modernité.

3

UNE SCULPTURE DE LOUIS JOBIN (1845-1928).

L’œuvre du sculpteur Louis Jobin témoigne de l’influence toujours présente de la religion catholique dans les arts au début du 20e siècle. Louis Jobin, Ange à la trompette, 1885.

Saviez-v us que... Les belles histoires des pays d’en haut, un téléroman tiré du roman Un homme et son péché de Claude-Henri Grignon, se déroulent à l’époque de la colonisation des Laurentides. Le curé Antoine Labelle, qui a réellement existé, est un personnage important de cette histoire. Il a été un ardent promoteur de la colonisation de cette région. En 1888, il est nommé sous-ministre de l’Agriculture et de la Colonisation.

QUESTIONS 1. Quels phénomènes transforment la société québécoise dans la première moitié du 20e siècle ? 2. Pourquoi les élites nationalistes et religieuses se sentent-elles menacées ?

4

LA BONNE CHANSON.

La bonne chanson est une société de diffusion mise sur pied par l’abbé Charles-Émile Gadbois en 1937. Elle se propose de diffuser un répertoire de chansons françaises en accord avec la morale de l’Église, mais aussi de promouvoir la culture et la langue des Canadiens français.

UNE CULTURE ET DES IDÉES EN MOUVEMENT (1867 à nos jours)

3. De quelle façon les valeurs traditionnelles et la vie rurale subsistent-elles dans la culture québécoise ? Réflexion 4. [Doc. 3] En quoi le thème de cette statue est-il religieux ?

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LA FILIÈRE DU TEMPS

1

L’ÉPOUVANTAIL DE MER D’ALFRED PELLAN (1906-1989).

Un pas vers la modernité Une certaine modernité culturelle commence à s’imposer à partir des années 1930, mais c’est surtout à partir de 1945 que les transformations s’accélèrent. La Seconde Guerre mondiale permet à Montréal de s’ouvrir sur le monde et de s’affirmer comme un des centres importants de la francophonie. Des artistes et intellectuels européens s’y installent, apportant des valeurs et des idées modernes, tandis que des artistes québécois en exil rentrent au pays.

L’art libre et avant-gardiste du peintre Alfred Pellan s’oppose à la rigidité académique.

La peinture En 1940, le peintre Alfred Pellan revient de France où il a longtemps vécu. Il expose à Québec et à Montréal ses toiles d’inspiration cubiste et surréaliste, considérées comme avant-gardistes. Il devient professeur à l’École des beaux-arts de Montréal en 1943. Au même moment, un autre peintre, Paul-Émile Borduas, s’inspire du surréalisme et de la psychanalyse pour fonder le groupe des automatistes qui privilégie une approche spontanée, intuitive, abstraite et expérimentale. De jeunes peintres comme Marcelle Ferron, Jean Paul Riopelle, Pierre Gauvreau et Fernand Leduc rejoindront les automatistes. En 1948, Paul-Émile Borduas et 15 autres signataires publient Refus global, un manifeste dans lequel ils prônent un art moderne, réclament la liberté et s’insurgent contre l’immobilisme de la société. Alfred Pellan, L’épouvantail de mer, 1952-1955.

TÉMOINS DE L’HISTOIRE

2

LE REFUS GLOBAL.

Voici un extrait du manifeste artistique Refus global, publié en 1948 par Paul-Émile Borduas et 15 cosignataires, dont 7 femmes.

«

Rompre définitivement avec toutes les habitudes de la société, se désolidariser de son esprit utilitaire. Refus d’être sciemment au-dessous de nos possibilités psychiques et physiques. Refus de fermer les yeux sur les vices, les duperies perpétrées sous le couvert du savoir, du service rendu, de la reconnaissance due.

»

Source : Paul-Émile BORDUAS et autres, Refus global, Montréal, Éditions Mycra-Mythe, 1948.

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DOSSIER 3

FRANÇOISE SULLIVAN Toute jeune, Françoise Sullivan manifeste le désir d’être artiste. En 1940, elle entre à l’École des beaux-arts de Montréal et joue un rôle important dans la formation du mouvement automatiste. Inspirée par le fauvisme et le cubisme, elle fait preuve d’originalité et cherche à rompre avec les conventions et l’esprit académique. Aussitôt sa formation terminée, Françoise Sullivan part à New York suivre des cours de danse moderne. À son retour, elle monte des chorégraphies qui sont présentées dans des endroits non traditionnels. Elle devient ainsi l’une des SULLIVAN responsables du développement de la danse moder3 FRANÇOISE (NÉE EN 1925). ne et avant-gardiste au Québec. Dans le manifeste Artiste pluridisciplinaire, Françoise Refus global, elle signe un essai sur le théâtre dans Sullivan est l’une des signataires lequel elle souligne l’importance de la spontanéité et du Refus global. de l’inconscient. Dans les années 1950, elle se tourne vers la sculpture. Elle travaille d’abord les métaux soudés, puis d’autres matériaux, comme le plexiglas. Les mouvements chorégraphiques inspirent souvent ses sculptures. Depuis 1977, Françoise Sullivan enseigne la danse à l’Université Concordia. Dans les années 1980, elle revient à la peinture. Elle a reçu de nombreux prix comme le Prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques qu’elle reçoit en 2005.

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

LA FILIÈRE DU TEMPS

La musique L’enseignement de la musique classique se développe grâce à la fondation de l’École de musique Vincent-d’Indy en 1932, puis à la création des conservatoires de musique de Montréal en 1943 et de Québec en 1944. Wilfrid Pelletier et son collaborateur Claude Champagne, pédagogue et musicien marquant de la première moitié du 20e siècle, dirigent ces deux conservatoires. Pour ce qui est de la musique populaire, les chansonniers bénéficient dans les années 1950 d’un réseau de salles modestes, appelées « boîtes à chansons ». Un public d’étudiants découvre Félix Leclerc, Gilles Vigneault, Raymond Lévesque, Claude Léveillée et Claude Gauthier. Les boîtes à chansons favorisent la découverte de jeunes artistes, mais elles permettent aussi la diffusion d’une véritable chanson québécoise, dans toutes les régions du Québec. Elles déclinent à la fin des années 1960, car certains chansonniers devenus très populaires se produisent dans des salles plus vastes. Les boîtes doivent alors s’adapter, notamment en s’ouvrant à d’autres styles de musique.

5

4

UN PAYSAGE GASPÉSIEN.

Dans La symphonie gaspésienne, composée en 1945, Claude Champagne tente de mettre en musique ses impressions visuelles et auditives ressenties lors d’un voyage en Gaspésie.

QUAND LES HOMMES VIVRONT D’AMOUR DE RAYMOND LÉVESQUE.

Composée en 1956 par Raymond Lévesque, cette chanson est l’un des premiers classiques de la chanson québécoise.

«

Quand les hommes vivront d’amour, Il n’y aura plus de misère Et commenceront les beaux jours Mais nous nous serons morts, mon frère

Nous qui aurons aux mauvais jours, Dans la haine et puis dans la guerre Cherché la paix, cherché l’amour, Qu’ils connaîtront alors mon frère

Quand les hommes vivront d’amour, Ce sera la paix sur la Terre Les soldats seront troubadours, Mais nous nous serons morts, mon frère

Dans la grande chaîne de la vie, Pour qu’il y ait un meilleur temps Il faut toujours quelques perdants, De la sagesse ici-bas c’est le prix

Dans Où il Où il Nous

Source : Raymond LÉVESQUE, Quand les hommes vivront d’amour, 1956.

6

la grande chaîne de la vie, fallait que nous passions, fallait que nous soyons, aurons eu la mauvaise partie […]

»

FÉLIX LECLERC (1914-1988).

Poète et chansonnier, Félix Leclerc est l’un des premiers artistes québécois à être reconnu à l’étranger.

QUESTIONS 1. Qui sont les automatistes ? 2. À quoi ont servi les boîtes à chansons ? Méthodologie 3. [Doc. 2] Quels désirs les signataires du Refus global expriment-ils dans cet extrait ?

UNE CULTURE ET DES IDÉES EN MOUVEMENT (1867 à nos jours)

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LA FILIÈRE DU TEMPS

La littérature Le paysage littéraire se transforme également. En 1945, le roman de Gabrielle Roy, Bonheur d’occasion, dépeint le côté urbain du Québec, pour la première fois dans la littérature canadienne-française. D’autres romans mettent en scène la vie urbaine des employés et des petits ouvriers, comme Les Plouffe de Roger Lemelin paru en 1948. Ces œuvres sont souvent teintées de critique sociale. Certains auteurs comme Anne Hébert optent pour le récit psychologique où les angoisses des personnages sont le reflet d’une société québécoise fermée et vivant sous l’emprise de l’Église et du clergé. La période qui s’étend de 1945 à 1960 marque également un renouveau dans le domaine de la poésie. Les poèmes de Claude Gauvreau, de Paul-Marie Lapointe et de plusieurs autres témoignent de l’entrée du Québec dans la modernité. Les idées modernes n’arrivent pas seulement par l’entremise du roman. L’immobilisme de la société québécoise et l’emprise du clergé sont critiqués dans des essais littéraires et des revues. Cité libre, une revue fondée en 1950 par de jeunes intellectuels, dont Gérard Pelletier et Pierre Elliott Trudeau, remet en question les valeurs traditionnelles de la société québécoise et exige qu’on « ouvre les fenêtres ». Cette publication valorise l’éducation et la démocratie, et condamne la corruption ainsi que le nationalisme.

1

GABRIELLE ROY (1909-1983) ENTOURÉE D’ENFANTS, À SAINT-HENRI, À MONTRÉAL, EN 1945.

Avant d'obtenir la reconnaissance avec son premier roman, Bonheur d'occasion, Gabrielle Roy est institutrice au Manitoba, sa province natale.

3

CITÉ LIBRE.

Nourris par les idées libérales et démocratiques, les rédacteurs de la revue Cité libre défendent les droits individuels et critiquent l’emprise du clergé et du gouvernement de Maurice Duplessis sur la société québécoise.

«

2

BONHEUR D’OCCASION.

Le roman Bonheur d’occasion met en scène les joies et les misères d’une famille d’un quartier ouvrier de Saint-Henri, à Montréal, pendant la Seconde Guerre mondiale.

«

Jean songea non sans joie qu’il était lui-même comme le bateau, comme le train, comme tout ce qui ramasse de la vitesse en traversant le faubourg et va plus loin prendre son plein essor. Pour lui, un séjour à Saint-Henri ne le faisait pas trop souffrir; ce n’était qu’une période de préparation, d’attente. Il arriva au viaduc de la rue Notre-Dame, presque immédiatement au-dessus de la petite gare de brique rouge. Avec sa tourelle et ses quais de bois pris étroitement entre les fonds de cours, elle évoquerait les voyages tranquilles de bourgeois retirés ou plus encore de campagnards endimanchés, si l’œil s’arrêtait à son aspect rustique. Mais au-delà, dans une large échancrure du faubourg, apparaît la ville de Westmount échelonnée jusqu’au faîte de la montagne dans son rigide confort anglais. Il se trouve ainsi que c’est aux voyages infinis de l’âme qu’elle invite. Ici, le luxe et la pauvreté se regardent inlassablement. Source : Gabrielle ROY, Bonheur d’occasion, Montréal, Stanké, 1977, p. 37-39.

S’il était bien clairement compris par tout le monde que, pour régler les problèmes purement temporels, une soutane n’est d’aucun secours particulier, qu’une tonsure n’est pas un signe d’immunité devant la loi et devant l’opinion publique, et qu’un doctorat en théologie n’est pas un certificat de compétence universelle et infaillible ; s’il était entendu qu’un prêtre qui choisit de servir des forces profanes n’a pas plus de science ou d’autorité que n’importe quel citoyen, alors clercs et laïcs pourraient collaborer plus sereinement à l’édification d’une Église et d’une cité vraiment chrétienne. Source : Roger ROLLAND et Pierre Elliott TRUDEAU, « Matériaux pour servir à une enquête sur le cléricalisme », Cité libre, une anthologie, Montréal, Stanké, 1991, p. 189.

216

DOSSIER 3

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

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LA FILIÈRE DU TEMPS

De nouveaux moyens de diffusion À partir des années 1950, les artistes et créateurs bénéficient de plus en plus du soutien de la Société RadioCanada (SRC) et de l’Office national du film (ONF), deux organismes fédéraux. Les créateurs y exercent différents métiers, ce qui leur permet de subvenir à leurs besoins. La Société Radio-Canada favorise la diffusion des arts et de l’information à un large public qui s’ouvre ainsi sur le monde. De 1956 à 1959, René Lévesque y anime Point de mire, une émission d’affaires publiques qui sensibilise les téléspectateurs à l’actualité internationale.

4

TÉMOINS DE L’HISTOIRE MAURICE RICHARD Né dans une famille modeste, Maurice Richard grandit à Montréal, où il fait ses débuts de hockeyeur dans l’équipe de son école, puis dans celle de son quartier. En 1937, il entre dans le monde du hockey junior et, en 1940, au club-école des Canadiens de Montréal. Sa carrière dans la Ligue nationale de hockey se déroule de 1942 à 1960. Pendant toutes ces années, Maurice Richard joue uniquement pour le club de hockey Les Canadiens de Montréal. Maurice Richard devient rapidement une vedette et l’idole des Canadiens français. Pour de nombreuses personnes, il incarne la réussite et la domination d’un francophone dans un monde anglophone. Il s’est toujours considéré comme un simple joueur de hockey, mais ses exploits sportifs revêtent un aspect social et politique. En 1955, au cours d’une bataille l’opposant à un autre joueur, il frappe un juge de ligne. Il est suspendu pour les trois dernières parties de la saison et toutes les séries éliminatoires. Aux yeux de certains, la sanction est plus sévère parce qu’il est francophone. Quelques jours plus tard, au cours d’une partie au Forum de Montréal, une émeute éclate en signe de protestation contre la sanction. Cet événement, qui représente en quelque sorte la révolte des Canadiens français, préfigure pour nombre de personnes la Révolution tranquille.

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POINT DE MIRE.

De 1956 à 1959, Radio-Canada diffuse Point de mire, une émission de télévision consacrée à l’actualité nationale et internationale. Cette tribune révèle René Lévesque au grand public, qui apprécie ses talents de vulgarisateur.

Saviez-v us que... C'est en 1893 que Lord Stanley, alors gouverneur général, a offert au Canada un nouveau symbole national : la coupe Stanley. Au départ, ce trophée récompensait le meilleur club de hockey amateur. Puis, en 1926, la Ligue nationale de hockey a retenu la coupe Stanley comme prix de championnat pour le hockey professionnel. QUESTIONS 1. Résumez les transformations que connaît la littérature québécoise après la Seconde Guerre mondiale. 2. Mis à part le roman et la poésie, quels types de publications littéraires contribuent à la diffusion des idées modernes ?

MAURICE RICHARD (1921-2000).

Admiré en tant que joueur de hockey exceptionnel, Maurice Richard symbolise aussi la fierté de tout un peuple. En 2000, ses funérailles attirent près de 100 000 personnes.

3. Expliquez pourquoi la Société RadioCanada et l'Office national du film jouent un rôle important auprès des créateurs à partir des années 1950. Méthodologie 4. [Doc. 3] Quel est l’objet de la critique dans cet extrait ? Réflexion 5. Expliquez avec vos mots la transformation culturelle qui s’amorce au Québec entre 1945 et 1960. Indiquez ce que vous avez moins bien compris.

UNE CULTURE ET DES IDÉES EN MOUVEMENT (1867 à nos jours)

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LA FILIÈRE DU TEMPS

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UNE SCULPTURE D’ARMAND VAILLANCOURT, CRÉÉE EN 1971.

L’artiste québécois Armand Vaillancourt a créé cette énorme fontaine de béton, de 61 m de long, 43 m de large et 11 m de haut. Elle est située dans le quartier financier de San Francisco, aux États-Unis.

Aux origines de la Révolution tranquille Le Québec des années 1960 et 1970 est marqué par une effervescence culturelle sans précédent et par l’affirmation nationale des Québécois. La société québécoise prend alors ses distances avec le nationalisme traditionaliste. Durant cette période, on assiste au recul de l’influence cléricale dans la société. La pratique religieuse décline rapidement et les églises catholiques se vident de leurs fidèles. De nombreux hommes et femmes quittent la vie religieuse. La religion cesse d’être omniprésente dans la vie des gens à partir des années 1960.

Le début d’un temps nouveau Au cours de cette période, les « Canadiens français » deviennent des « Québécois ». Les artistes affirment à leur manière leur fierté nationale, comme le poète et pionnier des boîtes à chansons, Félix Leclerc. D’autres chansonniers, comme Gilles Vigneault, Jean-Pierre Ferland, Georges Dor et Pauline Julien, parlent, entre autres, de leur appartenance au Québec. Des groupes, comme Harmonium, Beau Dommage, Octobre ou les Séguin, empruntent les mêmes thèmes. Pour sa part, Robert Charlebois se donne la liberté de faire du rock en français et d’utiliser des « sacres » dans ses chansons, illustrant délibérément la rupture entre la société et la religion. Un fort sentiment nationaliste colore tous les arts. Des écrivains se font connaître à l’étranger et remportent des prix : Marie-Claire Blais gagne le prix Médicis en 1965 avec le roman Une saison dans la vie d’Emmanuel. Le sculpteur Armand Vaillancourt crée des œuvres à l’étranger, notamment celle de San Francisco, en exprimant ses convictions politiques et sociales. La vie culturelle et artistique québécoise est désormais reconnue dans le monde entier.

2

LA SUPERFRANCOFÊTE À QUÉBEC, EN 1974.

Le Festival international de la jeunesse francophone, la Superfrancofête, a pour but de tisser des liens entre les communautés francophones du monde entier. Le spectacle d’ouverture J’ai vu le loup, le renard, le lion, auquel participent Félix Leclerc, Gilles Vigneault et Robert Charlebois, donne le coup d’envoi de ce festival.

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DOSSIER 3

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

LA FILIÈRE DU TEMPS

Le français au cœur des débats La langue française est toujours un sujet de préoccupation. Le « joual », la langue populaire du Québec, fait l’objet d’un grand débat. Certains critiquent son usage, comme Jean-Paul Desbiens (le frère Untel) dans son essai Les insolences du frère Untel paru en 1960. Par contre, le dramaturge et romancier Michel Tremblay défend le joual et le fait entendre pour une des premières fois sur scène au Théâtre du Rideau Vert en 1968 dans sa pièce Les belles-sœurs écrite en 1965. Au cours des années 1970, la défense de la langue française est l’un des principaux sujets de débat qui agitent le Québec. La Commission Laurendeau-Dunton (1963-1971) confirme qu’au Canada, parler français est bien souvent synonyme d’infériorité économique. Le Québec urbain, en raison de l’affichage commercial, présente un visage anglophone. Les familles immigrantes, sensibles à l’attraction de l’anglais, envoient le plus souvent leurs enfants à l’école anglaise.

4

PARLER JOUAL.

Dans cet extrait du livre Les insolences du frère Untel, son auteur Jean-Paul Desbiens explique d’où vient le mot « joual ».

«

Le 21 octobre 1959, André Laurendeau publiait une Actualité dans Le Devoir, où il qualifiait le parler des écoliers canadiens-français de “ parler joual ”. C’est donc lui, et non pas moi, qui a inventé ce nom. Le nom est d’ailleurs fort bien choisi. Il y a proportion entre la chose et le nom qui la désigne. Le mot est odieux et la chose est odieuse. Le mot joual est une espèce de description ramassée de ce que c’est que le parler joual : parler joual, c’est précisément dire joual au lieu de cheval. Source : Jean-Paul DESBIENS, Les insolences du frère Untel, Montréal, Éditions de l’Homme, 1960, p. 23.

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3

UNE REPRÉSENTATION DES BELLESSŒURS, AU THÉÂTRE DU RIDEAU VERT, EN 1968.

Cette pièce de Michel Tremblay met en scène 15 femmes de milieu modeste qui tentent de fuir leur condition. Écrite en joual pour mieux exprimer les frustrations et le quotidien de ces personnages, la pièce sème la controverse, mais connaît le succès.

»

QUELQUES ÉTAPES DE LA LÉGISLATION SUR LA LANGUE.

Les gouvernements disposent de mesures législatives pour protéger la langue française et promouvoir son utilisation. Année 1969

Loi Loi pour promouvoir la langue française au Québec, dite « loi 63 »

1974

Loi sur la langue officielle, dite « loi 22 »

1977

Charte de la langue française, dite « loi 101 »

1988

Loi modifiant la Charte de la langue française, dite « loi 178 »

Caractéristique Les parents peuvent envoyer leurs enfants dans les écoles de leur choix, anglaises ou françaises. L’enseignement du français dans le réseau scolaire anglophone devient obligatoire. Le français devient obligatoire dans l’affichage. Seuls les élèves connaissant suffisamment l’anglais ont accès aux écoles anglaises. Le français devient la langue exclusive de l’affichage et de la publicité. Les entreprises de 50 employés et plus doivent adopter des programmes de francisation. Seuls les enfants dont un des parents a reçu son enseignement primaire en anglais au Québec ont accès à l’école anglaise. La Cour suprême ayant jugé qu’interdire l’anglais dans l’affichage allait à l’encontre de la Charte canadienne des droits et libertés, Québec invoque la disposition de dérogation : il maintient l’usage exclusif du français dans l’affichage extérieur, mais permet l’usage d’une deuxième langue à l’intérieur des établissements, à la condition que le français prédomine.

UNE CULTURE ET DES IDÉES EN MOUVEMENT (1867 À NOS JOURS)

QUESTIONS 1. À partir de la Révolution tranquille, quel mouvement de pensée les Québécois remettent-ils en cause ? 2. Dans les années 1960 et 1970, quels signes révèlent que les arts du Québec entrent dans un temps nouveau ? Méthodologie 3. [Doc. 4] Comment Jean-Paul Desbiens qualifiet-il le langage « joual » ? Réflexion 4. Que pouvez-vous faire pour améliorer votre compréhension des liens qui rattachent l’effervescence culturelle à l’affirmation nationale dans les années 1960 et 1970 ?

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Expo 67

1

LE PAVILLON DU QUÉBEC À EXPO 67.

Le pavillon du Québec possède une architecture impressionnante. Ses murs translucides réfléchissent l’environnement le jour et laissent voir l’intérieur la nuit. Les thèmes présentés privilégient le développement culturel et les beaux-arts.

L’Exposition universelle de Montréal a eu lieu du 27 avril au 29 octobre 1967. Soixante-douze pays participent à cet événement. Cent treize pavillons nationaux, régionaux, thématiques et industriels ainsi que des centaines de spectacles font d’Expo 67 un musée vivant contemporain. L’idée d’Expo 67 est évoquée pour la première fois lors de l’Exposition universelle et internationale de Bruxelles en 1958. À ce moment, les représentants du Canada affirment que le centenaire de la fédération canadienne est l’occasion idéale pour tenir une exposition de ce genre en Amérique du Nord, car elle servirait de vitrine à l’unité et à la diversité canadiennes. L’arrivée de la télévision dans les années 1950, tout comme l’Exposition universelle, donne l’occasion aux Québécois de voir ce qui se passe dans le monde. Les visiteurs voient parfois, après des heures d’attente, des pavillons tels que ceux des États-Unis et de l’URSS, les deux grandes puissances de l’époque. La structure du pavillon des États-Unis est un dôme qui ressemble à une grosse boule en verre. Il est le seul pavillon traversé par le minirail. Les deux principaux thèmes présentés sont la culture américaine et la conquête de l’espace. L’immense pavillon de l’URSS, à l’architecture moderne, est constitué d’un toit convexe et de murs en verre. D’autres pavillons permettent d’acquérir de nouvelles connaissances dans les arts, les spectacles, l’architecture, le design, la mode et la gastronomie.

Saviez-v us que... Le maire de l’époque, Jean Drapeau, s’est inspiré du roman d’Antoine de Saint-Exupéry, Terre des hommes, pour définir le thème de l’Exposition universelle de Montréal. Saint-Exupéry confie ce que lui ont inspiré ses rencontres avec des gens du monde entier : « La Terre nous en apprend plus long sur nous-mêmes que tous les livres. »

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UNE VUE DU SITE D’EXPO 67.

Plus de 50 millions de personnes, dont des journalistes accrédités venant de 82 pays, des célébrités et des chefs d’État, visitent l’Exposition universelle de Montréal en 1967.

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DOSSIER 3

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

Les retombées culturelles Les retombées d’Expo 67 sont nombreuses et importantes. Les Québécois se font connaître du monde entier, et leur concep tion de l’étranger change. Parallèlement, Expo 67 fait découvrir à la planète un Québec moderne en train de s’affirmer. De plus, cet événement démontre aux Québécois qu’ils sont capables d’organiser un événement mondial. En somme, Expo 67 alimente l’effervescence culturelle et consolide l’identité québécoise.

L’après-Expo 67 De 1968 à 1981, le site est resté ouvert sous le nom de « Terre des hommes », thème original de l’Exposition. Aujourd’hui, le parc des Îles (Sainte-Hélène et Notre-Dame), où s’est tenue l’Exposition, est devenu le parc Jean-Drapeau, nommé ainsi en l’honneur de l’ancien maire de Montréal. Le parc d’attractions de La Ronde, inauguré en 1967, est toujours en activité.

3

EXPO 67 EN QUELQUES CHIFFRES.

Une exposition aussi importante nécessite une logistique considérable. La gestion des déchets et des objets perdus n’est pas une mince tâche. LES DÉCHETS

LES OBJETS PERDUS

150 tonnes de déchets créées chaque jour et 4330 poubelles disponibles.

29 383 objets perdus et 12 251 retrouvés, dont plusieurs perruques d’homme, un porte-monnaie contenant 5000 $ et un coffret renfermant 25 000 $ de bijoux.

LES OBJETS RETROUVÉS NON RÉCLAMÉS 750 appareils photo, 500 parapluies, 1500 porte-monnaie et 250 montres.

4

UN PASSEPORT D’EXPO 67.

Les visiteurs d’Expo 67 détenaient un « passeport » qu’ils faisaient estampiller à chaque visite d’un pavillon, comme s’ils entraient véritablement dans un nouveau pays.

Source : Yves JASMIN, La petite histoire de l’Expo 67, Montréal, Québec Amérique, 1997.

QUESTIONS

5

1. Quelles ont été les retombées culturelles d’Expo 67 pour les Québécois ?

LE MINIRAIL.

Méthodologie

Les visiteurs peuvent faire le tour du site d’Expo 67 du haut des airs à bord du minirail.

2. [Doc. 1] Quels thèmes culturels le Québec a-t-il privilégiés pour son pavillon ? 3. [Doc. 4] À quelle idée correspond la création d’un passeport ? Connexion 4. [Doc. 1, 2 et 5] Quels termes utiliseriez-vous pour décrire l’ensemble des bâtiments du site d’Expo 67 ? Réflexion 5. Comment feriez-vous pour recueillir de l’information supplémentaire sur Expo 67 ?

UNE CULTURE ET DES IDÉES EN MOUVEMENT (1867 à nos jours)

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LA FILIÈRE DU TEMPS

Une culture en pleine maturité L’effervescence culturelle des décennies 1960 et 1970 s’essouffle dans les années 1980. L’échec du référendum de 1980 et la récession économique qui frappe le monde entier dépriment la société québécoise. Malgré cette morosité, des artistes emblématiques rayonnent et annoncent l’épanouissement de la culture québécoise. Dans le domaine de la musique et de la chanson, des artistes se démarquent, comme Diane Dufresne et Daniel Lavoie, né au Manitoba. Le parolier Luc Plamondon accumule les succès, particulièrement avec son opéra rock moderne Starmania. Céline Dion s’impose comme grande chanteuse populaire de renommée internationale, alternant les albums en anglais et en français à partir de 1990. En 1984, le Cirque du Soleil fait ses premières armes à Québec et révolutionne l’art du cirque. Le succès est tel que cette formation devient en quelques années une entreprise multinationale dont les spectacles sont applaudis partout sur la planète. La danse contemporaine québécoise, un art relativement jeune au Québec, atteint elle aussi une notoriété internationale grâce aux œuvres de nombreux chorégraphes ou danseurs, dont Jean-Pierre Perreault, Édouard Lock (créateur de la compagnie La La La Human Steps), Margie Gillis, Louise Lecavalier et Marie Chouinard.

1

2

DIANE DUFRESNE (NÉE EN 1944).

Durant les années 1960 et 1970, le Québec s’ouvre sur le monde, mais le monde s’ouvre aussi au Québec. En 1977 et en 1978, Diane Dufresne se produit en France dans de prestigieuses salles comme l’Élysée Montmartre et l’Olympia de Paris.

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MONOPOLIS, UNE CHANSON DE LUC PLAMONDON.

Présenté pour la première fois en 1979, l'opéra rock Starmania dépeint un monde futuriste où les personnages sont confrontés à la solitude et à l'omniprésence des médias.

«

De New York à Tokyo Tout est partout pareil On prend le même métro Vers les mêmes banlieues Tout le monde à la queue leu leu Les néons de la nuit Remplacent le soleil Et sur toutes les radios On danse le même disco Le jour est gris, la nuit est bleue Dans les villes de l’an 2000 La vie sera bien plus facile On aura tous un numéro Dans le dos

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DOSSIER 3

Et une étoile sur la peau On suivra gaiement le troupeau Dans les villes de l’an 2000 Monopolis Il n’y aura plus d’étrangers On sera tous des étrangers Dans les rues de Monopolis Qui sont tous ces millions de gens? Seuls... Au milieu de... Monopolis

»

Source : Luc PLAMONDON, Monopolis , Polygram Music SARL/Éditions Mondon, 1978.

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

JOE, DE JEAN-PIERRE PERREAULT (1947-2002).

La carrière du chorégraphe Jean-Pierre Perreault a pris son envol avec la création de Joe en 1983. Sur scène, 32 danseurs illustrent la difficulté pour l’individu de s’extraire de la masse anonyme.

Le cinéaste Denys Arcand est récompensé au Québec comme à l’étranger pour trois de ses films, soit Le déclin de l’empire américain en 1986, Jésus de Montréal en 1989 et Les invasions barbares en 2003. Pour sa part, Rock Demers réalise dans les années 1980 une série de films visant un jeune public, qui marquent toute une génération : les Contes pour tous.

4

LA FILIÈRE DU TEMPS

Une grande variété de styles

L’AFFICHE DU FILM C.R.A.Z.Y., RÉALISÉ PAR JEAN-MARC VALLÉE EN 2005.

Ce film trace le portrait d’une famille typique dans le Québec des années 1960 et 1970. Il a reçu plusieurs prix dans des festivals internationaux.

Dans le domaine théâtral, le dramaturge Robert Lepage signe des mises en scène intégrant la technologie, qui attirent les éloges du public dans le monde entier. Dans le domaine des arts visuels, le peintre Jean Paul Riopelle réalise en 1992 l’une de ses œuvres les plus remarquables : Hommage à Rosa Luxembourg. À partir des années 1960, la littérature québécoise montre une exceptionnelle vitalité dans une grande variété de styles. En 1981, Yves Beauchemin publie Le matou. Traduit en 17 langues, ce roman se vend à plus d’un million d’exemplaires. En 1982, la romancière Anne Hébert reçoit le prix Fémina pour Les fous de Bassan. Au milieu des années 1990, la culture américaine reste omniprésente et incontournable. Toutefois, la culture québécoise s’affirme si bien qu’on peut déclarer qu’elle a atteint sa maturité. Signe de cet épanouissement, elle s’exporte aujourd’hui beaucoup plus facilement.

5

L’AVALÉE DES AVALÉS.

Le premier roman de Réjean Ducharme, L'avalée des avalés, paru en 1966, aborde dans un style inventif l'enfance et son hostilité vis-à-vis du monde des adultes, des thèmes qui sont toujours présents dans ses œuvres.

«

Mon père est juif, et ma mère catholique. La famille marche mal, ne roule pas sur des roulettes, n’est pas une famille dont le roulement est à billes. Quand ils se sont mariés, ils se sont mis d’accord sur une sorte de division des enfants qu’ils allaient avoir. Ils ont même signé un contrat à ce sujet, devant notaire et devant témoins. Je le sais : j’écoute par le trou de la serrure quand ils se querellent. D’après leurs arrangements, le premier rejeton va aux catholiques, le deuxième aux juifs, le troisième aux catholiques, le quatrième aux juifs, et ainsi de suite jusqu’au trente et unième. Premier rejeton, Christian est à Mme Einberg, et Mme Einberg l’emmène à la messe. Second et dernier rejeton, je suis à M. Einberg, et M. Einberg m’emmène à la synagogue. […] J’ai mis du temps à comprendre ça. Ça n’a pas l’air difficile à comprendre, mais, quand j’étais plus petite, je trouvais que ça ne tenait pas debout, que c’était impossible que mes parents ne puissent pas s’aimer et nous aimer comme je les aimais. Source : Réjean DUCHARME, L’avalée des avalés, Paris, Gallimard, 1966, p. 7-10.

»

UNE CULTURE ET DES IDÉES EN MOUVEMENT (1867 à nos jours)

QUESTIONS 1. La culture québécoise s’exporte désormais dans le monde entier. Nommez deux artistes issus des communautés culturelles du Québec qui se sont illustrés à l’étranger. 2. [Doc. 3] Résumez dans vos mots de quelle façon Luc Plamondon décrit les villes de l'an 2000. Réflexion 3. Qu’avez-vous appris au sujet de la culture québécoise des décennies 1980 et 1990 ?

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LA FILIÈRE DU TEMPS

1

LE GROUPE MONTAGNAIS KASHTIN.

En 1989, Florent Vollant et Claude McKenzie du groupe Kashtin se font connaître avec des chansons comme E Uassiuian (Mon enfance) et Tshinanu (Nous autres).

La culture autochtone aujourd’hui Au cours des derniers siècles, les nations autochtones du Québec ont éprouvé des difficultés sociales et économiques qui ont brisé la vitalité de leur culture. Toutefois, la culture autochtone ne semble pas en voie de s’éteindre. Les obstacles sont pourtant nombreux. D’abord, la population autochtone au Québec est restreinte et regroupée dans des communautés disséminées sur tout le territoire québécois. Ensuite, une grande pauvreté économique, de nombreux problèmes sociaux et des niveaux très faibles de scolarisation frappent la plupart de ces communautés. Dans ce contexte, il est difficile de soutenir une vie culturelle dynamique. Pourtant, nombre d’artistes et de créateurs autochtones s’illustrent et proposent des œuvres de grande qualité. Parmi eux, certains sont motivés par le désir de préserver la culture et les modes d’expressions artistiques traditionnels de leur nation ; ils puisent dans leurs racines une source d’inspiration. D’autres, parmi les plus jeunes, cherchent à exprimer leurs valeurs, leurs difficultés ou leurs espoirs dans des formes plus actuelles.

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ENTRETENIR LE FEU.

Dans ce texte, Florent Vollant souligne que l’art sous toutes ses formes permet aux jeunes autochtones de mieux vivre.

RITA MESTOKOSHO (NÉE EN 1966).

Cette artiste montagnaise s’inspire de la tradition innue pour aborder des thèmes comme l’environnement. Le recueil de poésie Eshi Uapataman Nukum (Comment je perçois la vie, grand-mère) l’a fait connaître internationalement.

«

Pour les jeunes autochtones, l’art – la sculpture, la peinture ou l’art sous toute autre forme – est une façon d’exister. La musique chantée en innu nous rappelle que nous avons une langue qui est en voie d’extinction et qui a besoin d’être soutenue. En tant que nation et en tant que peuple, nous avons besoin d’être fiers de notre différence et d’entretenir cette fierté. Il y a chez les jeunes autochtones une vie artistique très forte. Il faut entretenir ce feu, mais pas avec n’importe quel bois. Les jeunes artistes autochtones vivent souvent dans des régions très éloignées, connaissent des conditions sociales et économiques très difficiles. Ils sont souvent délinquants, mais ils ont des choses à dire. Ces jeunes deviennent, à un certain moment, des spécialistes de la survie. Une petite mélodie ou une sculpture que d’autres apprécient les tient souvent en vie. Ils ont besoin d’être écoutés, appuyés et respectés par leur entourage, de croire en ce qu’ils font et d’être reconnus en tant qu’artistes. Ils ont besoin d’appui pour créer, produire et diffuser leurs œuvres. Croire en ces jeunes-là, c’est soutenir un rêve. Source : Canada, Patrimoine canadien, Rassemblement national sur l’expression autochtone.

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DOSSIER 3

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

»

Vers la fin des années 1980, le groupe innu Kashtin connaît un grand succès au Québec grâce à ses chansons. Plus récemment, le groupe Taima propose une musique folk envoûtante et des textes en inuktitut, en français et en anglais. Les nations autochtones, dont la culture traditionnelle est essentiellement orale, servent aussi de terreau à des écrivains et à des poètes, comme Rita Mestokosho, dont le recueil Eshi Uapataman Nukum, écrit en français, a été publié en 1995. Bernard Assiniwi, né de père cri et de mère francophone, remporte en 1997 le prix France-Québec pour son roman La saga des Beothuks. Chez les Hurons, certains cherchent à faire revivre leur langue, éteinte aujourd’hui. Des festivals, comme Présences autochtones, permettent de diffuser et de faire découvrir la culture autochtone contemporaine.

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4

LA FILIÈRE DU TEMPS

Une tradition qui se perpétue

UNE SCULPTURE D’ELIASSIE WEETALUKTUK.

Cette sculpture de l’artiste Eliassie Weetaluktuk, d’Inukjuaq au Nunavik, représente une femme qui nettoie et peigne les cheveux d’une autre femme.

INNU NIKAMU, LE FESTIVAL ANNUEL DE MUSIQUE AUTOCHTONE TRADITIONNELLE ET CONTEMPORAINE.

Le nom de ce festival signifie « L’Indien chante ». Inauguré en 1985 à Malioténam, ce festival met en vedette des chasseurs et des musiciens amérindiens du Québec. Il offre, entre autres, des chants de chasse traditionnels, des jeux vocaux inuits et du théâtre amérindien.

Eliassie Weetaluktuk, Sans titre, 2005.

QUESTIONS 1. Quels sont les obstacles à la vitalité de la culture autochtone ? Méthodologie 2. [Doc. 2] Quelle métaphore emploie Florent Vollant pour parler de la survivance de l’art autochtone ? 3. [Doc. 5] Comment les participants de ce festival s’assurent-ils de préserver leur patrimoine culturel ? Réflexion 4. Comment procéderiez-vous pour obtenir de l’information supplémentaire sur la culture autochtone ?

UNE CULTURE ET DES IDÉES EN MOUVEMENT (1867 à nos jours)

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LA FILIÈRE DU TEMPS

L’apport des anglophones Depuis la conquête britannique, en 1760, les anglophones sont présents au Québec et marquent le domaine culturel. Même si la population dont la langue maternelle est l’anglais tend à décliner, elle influence grandement la culture québécoise. L’architecture de nombreuses villes du Québec témoigne de cette présence. Un peu partout, des maisons de style victorien rappellent la prospérité de l’élite économique anglophone. Les petites églises protestantes de plusieurs régions, notamment l’Estrie, et d’innombrables rues et boulevards de nombreuses villes évoquent aussi la contribution des anglophones au développement du Québec.

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LA PREMIÈRE ÉGLISE PROTESTANTE AU BAS-CANADA, À BERTHIERVILLE.

Plusieurs églises protestantes ont été construites en Estrie, mais la toute première a été érigée dans Lanaudière, en 1786. Henry Richard S. Bunnett, Berthier-en-Haut, la première église protestante dans le Bas-Canada, 1885.

2

LE MUSÉE REDPATH.

Le musée Redpath est le premier bâtiment au Canada spécialement construit pour accueillir un musée.

Le musée Redpath Construite en 1882, l’imposante bâtisse qui domine à Montréal le campus de l’Université McGill abrite le musée Redpath, l’un des plus anciens du Canada. Peter Redpath en fait don à l’Université afin qu’elle y rassemble la collection du naturaliste sir William Dawson. À l’époque, seuls les professeurs et les étudiants pouvaient accéder au musée. Aujourd’hui, il est ouvert à tous les curieux qui souhaitent se renseigner sur la diversité géologique, biologique et culturelle. Parmi les nombreux artefacts exposés, on trouve le squelette d’un dinosaure et des momies égyptiennes.

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DOSSIER 3

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

3

La cohabitation n’a pas toujours été facile entre anglophones et francophones. À plusieurs reprises, les tensions ont été vives, et Hugh MacLennan les a clairement exprimées dès 1945 dans son roman Les deux solitudes (Two Solitudes).

LA FILIÈRE DU TEMPS

Une cohabitation difficile

IRVING LAYTON (1912-2006).

Le poète, nouvelliste et essayiste montréalais Irving Layton a écrit de nombreux recueils de poésie. En 1959, il remporte le Prix du Gouverneur général pour son œuvre A Red Carpet for the Sun.

L’affirmation nationale des Québécois francophones durant les années 1960 et 1970 et les politiques linguistiques destinées à protéger la langue française ont été assez mal reçues par de nombreux anglophones. Après l’adoption de la Charte de la langue française par le gouvernement du Parti québécois, certains anglophones ont choisi de quitter le Québec. Des entreprises établies depuis longtemps à Montréal, comme la Sun Life, ont même déménagé leur siège social à Toronto.

La culture anglophone Quand les relations ne sont pas marquées par les tensions, elles le sont simplement par l’indifférence, et ce, des deux côtés. Malgré sa richesse, la culture des anglophones du Québec reste méconnue d’une grande partie de la population francophone. Quelques figures ressortent pourtant du lot. Durant les décennies 1910 et 1920, l’écrivain et humoriste Stephen Leacock, établi à Montréal, était l’un des auteurs anglophones les plus lus dans le monde. À côté du poète et chanteur Leonard Cohen, d’autres poètes comme Louis Dudek et Irving Layton ont laissé leur marque. Un des plus importants écrivains québécois, Mordecai Richler, est très peu lu par les francophones, même si ses ouvrages ont été traduits en français. Ses interventions provocatrices sur la question nationale et dans les débats linguistiques au Québec ont parfois fait oublier son talent d’écrivain. Aujourd’hui, sans l’apport des anglophones, la scène culturelle montréalaise ne serait pas ce qu’elle est, principalement en musique rock ou alternative.

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5

Dans cet extrait, l’auteur Josh Freed dresse un constat humoristique sur la réalité linguistique de Montréal.

«

Du côté institutionnel, le théâtre Centaur, fondé en 1969, assure la diffusion des pièces de langue anglaise à Montréal. Les universités Bishop, de Lennoxville, Concordia et McGill, de Montréal, contribuent à la richesse de l’enseignement et de la recherche. Il existait autrefois des journaux de langue anglaise dans plusieurs villes du Québec. Aujourd’hui, à part quelques journaux locaux à faible tirage, c’est surtout The Gazette qui diffuse le point de vue des anglophones du Québec.

LA FACULTÉ DES ARTS DE L’UNIVERSITÉ MCGILL À MONTRÉAL.

L’Université McGill (McGill College) est fondée en 1821 et ouvre ses portes en 1829. Elle porte le nom d’un riche marchand, James McGill, qui a légué une partie de sa fortune pour sa construction.

VIVE LE QUÉBEC FREED !

Si le Québec est la société distincte du Canada, Montréal est la société distincte du Québec, un pied en anglais, l’autre en français et les deux dans la même bottine.

»

Source : Josh FREED, Vive le Québec Freed !, Montréal, Boréal, 1996.

QUESTIONS 1. Nommez des éléments qui témoignent de la présence des anglophones au Québec. 2. Dans les décennies 1960 et 1970, quelles réalités les anglophones du Québec acceptent-ils difficilement ? 3. Donnez des exemples de la culture anglophone au Québec. Méthodologie 4. [Doc. 4] Résumez avec vos mots ce que Josh Freed cherche à exprimer dans cet extrait. Réflexion 5. Quels éléments de la culture anglophone saisissez-vous le moins bien ? Que feriez-vous pour remédier à cette situation ?

UNE CULTURE ET DES IDÉES EN MOUVEMENT (1867 à nos jours)

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LA FILIÈRE DU TEMPS

Le néolibéralisme 1

LA CONSTRUCTION DES ROUTES.

Les partisans du néolibéralisme prônent la réalisation de grands projets par l’entreprise privée, par exemple la construction d’une route.

Au début du 20e siècle, au nom du libéralisme économique, les gouvernements refusaient d’intervenir dans l’économie. Le désastre de la crise économique des années 1930 a conduit à remettre en question le libéralisme classique. Les politiques interventionnistes des gouvernements et les premiers programmes sociaux comme l’assurance-chômage ouvrent la voie au développement de l’État-providence, qui connaît ses heures de gloire des années 1940 à la fin des années 1970. Au début des années 1980, le modèle de l’État-providence est critiqué un peu partout en Occident. Un courant de pensée préconisant un retour au libéralisme classique se développe : le néolibéralisme. Le néolibéralisme prône la réduction du rôle de l’État. Ce mouvement de pensée, fidèle aux valeurs fondamentales du libéralisme, affirme que l’État doit laisser agir librement les forces du marché, et encourage ainsi la non-intervention. Selon les partisans du néolibéralisme, l’entreprise privée est capable de réaliser les grands projets et les infrastructures, comme les hôpitaux et les routes, qui relevaient autrefois de la responsabilité de l’État. Enfin, les néolibéraux croient en les bienfaits de la responsabilité individuelle où chaque individu est responsable de son sort, l’État ne l’aidant qu’en dernier recours.

2

LES SYNDICATS FACE AU NÉOLIBÉRALISME.

Les syndicats critiquent souvent le néolibéralisme, car, selon eux, ce courant de pensée véhicule des idées néfastes à de saines conditions de travail.

«

Les néolibéraux visent principalement à limiter le rôle de l’État dans la société. Ce libéralisme économique, où l’État ne joue plus qu’un rôle accessoire, mène à des inégalités sociales qui augmentent encore plus l’écart entre les riches et les pauvres, et réduit de plus en plus la classe moyenne. […] Nous visons tous un Québec en croissance et plus égalitaire. Voilà ce que nous cherchons à bâtir ensemble ! Faisons un premier pas qui nous conduira à dire à nos politiciennes et à nos politiciens ce que nous voulons vraiment. Préparons un Québec où les mots croissance économique, participation citoyenne et égalité sociale se développent en harmonie ! Il nous faut “ Agir ensemble pour le Québec ”, maintenant ! Source : CSN, Agir ensemble pour le Québec. Pour un Québec en croissance et plus égalitaire, brochure, 2006, p. 3.

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DOSSIER 3

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

»

L’interventionnisme de l’État-providence dans tous les domaines a lourdement endetté les gouvernements. Avec la récession du début des années 1980 et 1990, les gouvernements doivent composer avec des situations budgétaires difficiles. Le contexte est propice à la mise en œuvre des théories néolibérales. Pour rééquilibrer les budgets, les gouvernements sabrent dans les dépenses de l’État, notamment dans les sommes allouées à la santé et aux services sociaux, à l’éducation et à la culture. Au Québec, le discours néolibéral reçoit un certain écho. En effet, les valeurs individualistes prennent énormément d’importance dans la population. Si les années 1960 et 1970 étaient l’époque des grands projets collectifs, les années 1980 et 1990 sont, selon certains observateurs, plutôt caractérisées par un repli sur soi et par la recherche d’un bonheur individuel. Un discours faisant la promotion de la compétitivité remplace de plus en plus les valeurs de solidarité et d’égalité sociale soutenues par l’Étatprovidence. Par contre, il faut noter que de nombreux groupes critiquent durement le néolibéralisme. Les associations étudiantes, les syndicats, les groupes de femmes et les organismes communautaires s’opposent généralement aux politiques néolibérales. Tous demandent un renforcement de l’État, seul garant de la solidarité sociale, ou du moins le maintien des programmes sociaux, et un financement accru de l’éducation et de la santé.

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3

LA PLACE DE L’ÉTAT DANS L’ÉCONOMIE.

Dans un essai paru en 2006, Alain Dubuc avance que le niveau de vie au Québec est l’un des plus bas en Amérique du Nord. Selon lui, ce mauvais classement est attribuable au manque d’investissements étrangers au Québec, notamment à cause de la trop lourde réglementation imposée aux entreprises.

«

Le quatrième obstacle, c’est un État plus lourd et plus présent qu’ailleurs. Cela se manifeste par des stratégies économiques, par une réglementation plus présente, donc plus coûteuse, par des régimes et des dispositions qui n’existent pas chez nos voisins, par exemple l’obligation de consacrer un pour cent des revenus à la formation, ou l’équité salariale, deux objectifs louables mais qui se transforment en casse-tête administratifs pour les entreprises. Source : Alain DUBUC, Éloge de la richesse, Montréal, Les Éditions Voix parallèles, 2006, p. 246.

»

LES COUPURES DANS LES DÉPENSES DE L’ÉTAT.

Depuis les années 1980, les gouvernements tentent d’équilibrer leur budget, notamment en réduisant les dépenses dans des secteurs comme la santé et l’éducation.

QUESTIONS 1. Définissez avec vos mots le néolibéralisme. 2. Pourquoi le modèle de l’État-providence est-il remis en question depuis les années 1980 ? Méthodologie 3. [Doc. 2] Dans cet extrait, qu’est-il reproché à l’État québécois ? Connexion 4. [Doc. 2 et 3] Pourquoi peut-on dire que les visions exprimées dans ces extraits sont opposées ? Réflexion 5. Trouvez un exemple d’une politique ou d’une mesure néolibérale dans le Québec d’aujourd’hui. Justifiez votre réponse.

UNE CULTURE ET DES IDÉES EN MOUVEMENT (1867 à nos jours)

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LA FILIÈRE DU TEMPS

L’interventionnisme et la remise en question de l’État-providence

LA FILIÈRE DU TEMPS

De nouveaux mouvements sociaux Au début des années 2000, la mondialisation de l’économie et l’assouplissement des barrières du commerce international sont au menu des gouvernements d’Amérique, d’Europe et d’ailleurs dans le monde. De nombreuses personnes craignent que la mondialisation creuse le fossé entre les riches et les pauvres dans notre société, mais aussi entre le Nord et le Sud.

1

L’altermondialisme

LE QUÉBEC… UN LABORATOIRE DE L’ALTERMONDIALISME.

Au Québec, plusieurs organismes font la promotion de valeurs défendues par les altermondialistes.

«

Le Québec est […] un laboratoire de l’altermondialisme. Entre l’économie sociale, les coopératives, les centres d’artistes, le syndicalisme engagé dans le développement économique et la coopération internationale, l’action communautaire ou le syndicalisme étudiant, le Québec crée des lieux d’engagements et des dynamiques humaines et institutionnelles aptes à renouveler les rapports sociaux. Dans ce champ, le Québec est un lieu d’innovation. Source : Michel VENNE, « Crise de la culture ? Quelle crise ? », Médiane, vol. 2, no 2, printemps 2008, p. 58-59.

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DOSSIER 3

»

Pour lutter contre la mondialisation telle qu’elle est envisagée, un mouvement social apparaît : l’altermondialisme. À l’origine, le terme « altermondialiste » désigne les manifestants lors de la conférence de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) tenue à Seattle en 1999. Selon ce mouvement, la mondialisation de l’économie, si elle est inévitable, ne devrait pas se faire au détriment de la démocratie, de la justice, de la souveraineté des peuples et de l’environnement. C’est un mouvement qui englobe beaucoup d’idées et de gens, mais encore très peu organisé. Ce mouvement met en avant la défense de la souveraineté culturelle des États, c’est-à-dire la capacité de chaque pays à protéger sa culture contre l’invasion des produits commerciaux provenant de l’étranger, particulièrement des États-Unis. Le Québec et le gouvernement fédéral sont parmi les promoteurs les plus actifs de cette idée sur la scène internationale.

2

LE MOUVEMENT ALTERMONDIALISTE AU SOMMET DES AMÉRIQUES À QUÉBEC EN 2001.

Pendant que les chefs de gouvernement des Amériques discutent, plusieurs milliers de manifestants prennent d’assaut les rues de la Vieille Capitale.

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

Un autre des grands dossiers actuels concerne l’environnement. Dans les années 1960 et 1970, une prise de conscience s’opère au sujet de la pollution sur l’environnement. Au milieu des années 1980, quelques événements et phénomènes contribuent à sensibiliser davantage l’opinion publique : la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en Ukraine, en 1986, les désastres écologiques causés par les pluies acides et l’agrandissement du trou dans la couche d’ozone de l’atmosphère.

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LA FILIÈRE DU TEMPS

L’environnementalisme

LA RIVIÈRE SAINTE-MARGUERITE ET LE FJORD DU SAGUENAY.

La préservation de la faune et des ressources naturelles, comme la forêt et l’eau, préoccupe les groupes environnementalistes.

Depuis, de nombreux mouvements environnementaux comme Greenpeace sonnent l’alarme sur la nécessité de diminuer les émissions polluantes de gaz à effet de serre (GES) et de monoxyde de carbone (CO2), et plus généralement sur l’importance de protéger l’environnement. Le protocole de Kyoto de 1997 définit des objectifs de réduction des émissions de CFC. En 2005, 172 pays ont ratifié l’entente, à l’exception des États-Unis. Beaucoup de pays craignent que la protection de l’environnement nuise à leur économie.

4

LES LIMITES DU RECYCLAGE.

Cet extrait montre que malgré les efforts des municipalités, les objectifs en matière de recyclage des déchets ne sont pas toujours atteints.

«

Le directeur du front commun pour une gestion écologique des déchets, Karel Ménard, explique que la croissance de la consommation a éliminé la plupart des efforts des villes. “Malgré l’augmentation du taux de recyclage, la production de déchets augmente beaucoup plus rapidement”, dit-il. M. Ménard souligne que les municipalités n’ont pas de contrôle sur les produits mis en marché, mais qu’elles ont la responsabilité d’en disposer. Bien peu de villes atteindront d’ailleurs l’objectif, fixé par le gouvernement, de récupérer 60 % des déchets cette année. Selon M. Ménard, les villes doivent rapidement implanter la collecte des matières putrescibles pour y arriver. Le maire de Salaberry-de-Valleyfield, Denis Lapointe, ajoute pour sa part que les coûts galopants de l’enfouissement des déchets obligeront les villes à revoir le traitement des matières résiduelles d’ici les deux prochaines décennies. M. Lapointe estime que les villes devront recourir à des innovations technologiques comme la gazéification pour détourner les déchets des dépotoirs. Source : Sébastien RODRIGUE, « Vous cherchez une ville verte au Québec ? », La Presse, 17 mars 2008.

»

UNE CULTURE ET DES IDÉES EN MOUVEMENT (1867 à nos jours)

QUESTIONS 1. Que défend le mouvement altermondialiste ? 2. Pourquoi l’opinion publique est-elle plus sensible aux questions environnementales depuis le milieu des années 1980 ? 3. Au nom de quels principes les altermondialistes ont-ils manifesté lors du Sommet des Amériques en 2001 ? Réflexion 4. Qu’avez-vous appris sur l’altermondialisme ?

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Le Japon La culture japonaise plonge ses racines dans la richesse des traditions et des croyances millénaires du pays. Au cours des siècles, le Japon s’est approprié des connaissances scientifiques et techniques tout en s’ouvrant aux influences religieuses, littéraires et artistiques venues d’ailleurs.

Capitale : Tokyo Population : 127,5 millions d’hab. Langue officielle : japonais

Les premières influences culturelles Il y a environ 14 000 ans, la fonte des glaces a isolé les premiers peuples du Japon sur cet archipel. Dans la période la plus ancienne de son histoire, la civilisation japonaise s’est développée à l’écart des autres cultures du continent asiatique. Malgré son isolement, le Japon a été influencé par les civilisations chinoises et coréennes qui l’ont sensibilisé à leurs techniques, à leurs croyances, à leur littérature et à leurs arts.

1

Des castes guerrières à la Seconde Guerre mondiale

LE JAPON AUJOURD’HUI.

Le Japon est un archipel volcanique qui comprend quatre îles principales, Honshu, Hokkaido, Kyushu et Shikoku, en plus de milliers de petites îles.

RÉPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE

Du 12e au 16e siècle, les castes guerrières, les shoguns et les samouraïs dominent la société japonaise. La militarisation de la société impose aux Japonais un système strict de valeurs morales, basé sur le confucianisme, le shintoïsme et le bouddhisme. Durant l’époque d’Edo (1603-1867), la culture japonaise prend un véritable essor : elle se répand dans toutes les classes sociales et s’affirme face à la culture chinoise. Elle correspond à une longue période d’isolement qui a soustrait le Japon à l’influence des puissances occidentales et chinoise, mais qui façonnera les particularités de la culture japonaise actuelle.

Hokkaido

RUSSIE

Sapporo

CORÉE DU NORD Mer du Japon

CORÉE DU SUD

Honshu

JAPON Tokyo Nagoya

Kyoto

Hiroshima

Légende

Shikoku Kyushu

Mer de Chine orientale

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OCÉAN PACIFIQUE

Osaka

Matsuyama Nagasaki

Une nouvelle ère débute avec la Restauration de Meiji (1868-1912), le retour de l’autorité impériale et l’ouverture au monde occidental qui facilitera l’introduction de valeurs, de modes et de courants de pensée nouveaux. L’industrialisation et l’urbanisation qui s’amorcent au Japon suscitent un nouveau dynamisme culturel et intellectuel. Mais celui-ci sera utilisé par l’impérialisme militaire (1912-1945), qui se sert de la culture à des fins nationalistes. Le régime politique de cette époque va entraîner le Japon dans la Seconde Guerre mondiale qui mènera aux catastrophes nucléaires d’Hiroshima et de Nagasaki, et à la capitulation du Japon en 1945.

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100

200

300 km

DOSSIER 3

Capitale Ville Frontière internationale

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

La culture nippone après 1945 À la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’occupation américaine exerce une forte influence sur la société japonaise. La démocratisation et la modernisation rapides du pays modifient profondément la culture japonaise qui prend alors un essor sans précédent. Même s’ils demeurent fidèles à leurs traditions, les Japonais ressentent les effets de la modernisation du pays, les influences occidentales et l’avènement de la culture de masse. Cette culture, popularisée par la télévision, pénètre dans presque tous les foyers au cours des années 1950. C’est également le cas des œuvres littéraires qui sont désormais accessibles à tous.

2

LE JAPON ET LA MONDIALISATION CULTURELLE.

Dans cet extrait, l’auteur explique comment le Japon s’est adapté à la mondialisation tout en préservant son identité culturelle.

«

En se promenant dans Tokyo, on voit défiler toute la panoplie des signes et insignes du village global : le citadin japonais va lui aussi prendre son café au Starbuck du coin, les jeunes femmes exhibent des sacs à main griffés français et italiens et Le dernier samouraï, actuellement à l’affiche, semble tout autant exotique aux Japonais du 21e siècle qu’aux Occidentaux que nous sommes. Mais derrière cette occidentalisation de façade, le Japon a su préserver son identité, ses règles, sa culture et ses traditions, et pour s’imposer, tous les produits importés doivent s’adapter aux exigences et aux règles du jeu nippones. Déjà au 6e siècle, le bouddhisme et les idéogrammes chinois avaient dû faire allégeance ; après la Seconde Guerre mondiale, le base-ball, les frites et la démocratie ont dû se soumettre ; et aujourd’hui, ce principe vaut pour les multinationales, les chaînes de restauration rapide et les créateurs de mode. […] Le Japon, largement réfractaire à la mondialisation, se suffit à lui-même. Lorsqu’il accepte un produit “ étranger ”, c’est uniquement pour le transformer et le déformer (certes en douceur) jusqu’à ce qu’il soit définitivement japonais. Source : ARTE, Le Japon, entre tradition et modernité, [en ligne]. (Consulté le 14 mars 2008.)

4

3

DES VÊTEMENTS TRADITIONNELS DANS UN JAPON MODERNE.

À partir de 1868, le Japon devient le premier pays d’Asie à adopter officiellement la mode occidentale pour le personnel de la cour impériale et les militaires. La mode occidentale fait peu à peu disparaître les vêtements traditionnels, comme le kimono.

»

L’ARCHITECTURE MODERNE ET TRADITIONNELLE.

Au Japon, les temples côtoient les gratte-ciel. QUESTIONS 1. Quelles sont les premières civilisations à avoir influencé le Japon ? 2. À quelle époque de son histoire la culture japonaise prend-elle un véritable essor ? 3. Quels facteurs influencent les mentalités japonaises après la Seconde Guerre mondiale ? Connexion 4. [Doc. 2, 3 et 4] Si vous vous promeniez dans les villes japonaises, quels contrastes pourriezvous observer ?

AILLEURS DANS LE MONDE

233

Les courants de pensée au Japon 1

LES INSTITUTIONS RELIGIEUSES AU JAPON EN 2003.

L’histoire des religions au Japon montre une interdépendance du shintoïsme et du bouddhisme. Cette fusion des doctrines caractérise le phénomène religieux du Japon actuel.

Sanctuaires, temples, missions, autres Clergé (prêtres, ministres du culte, etc.) Membres

Shintoïsme 89 321 82 797 102 213 787

Source : WebJapan, Agence pour les Affaires culturelles, 2003.

2

Tout au long de son histoire, la civilisation japonaise a été grandement influencée par le confucianisme. Venu de Chine à partir du 4e siècle, ce courant de pensée propose un système moral et politique fondé sur les vertus d’harmonie sociale et de loyauté. Les Japonais ont une relation particulière avec les religions. En général, ils en pratiquent plus d’une. Les deux principales sont le shintoïsme et le bouddhisme, qui marquent profondément les mouvements de pensée et l’organisation de la société japonaise. Le taoïsme et le christianisme sont aussi pratiqués, ainsi qu’une multitude de nouvelles religions. Bouddhisme Christianisme Autres 87 429

41 644

Depuis la fin du 19e siècle, la pensée occidentale, notamment le 236 087 55 780 275 273 libéralisme, influence fortement le Japon. Le système d’éducation est 91 583 843 3 168 596 10 792 548 très développé et la population, bien scolarisée. Dès le 19e siècle, l’essor des universités a permis la formation d’une élite intellectuelle, la diffusion de mouvements de pensée et l’affirmation d’une culture nationale. Le haut taux de scolarité du Japon explique ses succès économiques dès 1960, ses innovations et sa modernisation, ainsi que l’essor d’une culture dynamique et moderne.

3

UNE ÉCOLE JAPONAISE.

La population japonaise est fortement scolarisée. Le système scolaire est reconnu comme étant élitiste, c’est-à-dire que la compétition est forte pour accéder aux meilleures écoles.

9 164

«

LES JEUNES DE TOKYO.

Dans cet extrait, l’auteur évoque la diversité des styles de mode à Tokyo. Avec plus de 12 millions d’habitants, la plus grande ville du Japon exerce un pouvoir magnétique sur les jeunes. Ici les looks excentriques sont monnaie courante. Quand on passe 10 heures d’affilée sur les bancs de l’école, engoncé dans un uniforme, on peut comprendre qu’il faille se démarquer de la masse. Ce besoin semble plus pressant au Japon que dans nul autre pays. Fleurissent alors les styles les plus déjantés, dans un défilé où les modes du monde entier sont représentées : hip hop, punk et rock sont à l’honneur dans les rues de Tokyo. Source : ARTE, Le Japon, entre tradition et modernité, [en ligne]. (Consulté le 14 mars 2008.)

234

DOSSIER 3

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

»

La culture nippone aujourd’hui La culture demeure l’expression privilégiée de l’identité japonaise. Les arts, la littérature, l’architecture et l’art culinaire témoignent de l’originalité et de l’extraordinaire dynamisme de la société nippone. Cette société a toujours su adapter les apports culturels des autres civilisations. C’est aussi par opposition aux influences grandissantes de la Chine, et plus tard à celles de l’Occident, que le Japon a développé une culture nationale et affirmé son identité. En dépit du poids des traditions, la modernité a profondément influencé la société nippone. L’individualisme et le matérialisme caractérisent le Japon moderne, et la culture japonaise a su s’adapter aux nouvelles réalités en alliant tradition et modernité.

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4

LES MANGAS.

Les mangas prennent leur source dans la culture picturale ancestrale du Japon, comme les estampes. Ils suscitent aujourd’hui un véritable engouement dans la population japonaise : 120 millions de mangas sont vendus chaque semaine.

UNE PIÈCE DE KABUKI.

Le kabuki est une forme de théâtre traditionnel japonais. Il est caractérisé par des maquillages sophistiqués et des dispositifs scéniques élaborés. Il traite généralement de thèmes comme les conflits moraux, les événements historiques et les relations amoureuses.

QUESTIONS 1. Quelles religions influencent les mouvements de pensée au Japon ? 2. Quel courant de pensée occidental influence le Japon depuis la fin du 19e siècle ? 3. Comment qualifieriez-vous le système d’éducation japonais ? 4. Quelle place occupe la tradition dans la culture japonaise actuelle ? Méthodologie 5. [Doc. 1] Quelle religion compte le plus grand nombre d’adeptes au Japon ? Réflexion 6. Qu’avez-vous appris de nouveau sur la culture japonaise ?

AILLEURS DANS LE MONDE

235

Le Maghreb Le Maroc, l’Algérie et la Tunisie forment le Maghreb. Ces pays ont une culture et des structures sociales homogènes. Chaque peuple du Maghreb possède ses particularités culturelles, mais tous présentent des traits culturels communs, dont la langue arabe, la religion musulmane, l’apport de la civilisation berbère et l’héritage de la domination française aux 19e et 20e siècles.

Entre le désert et la mer 1

Le Maghreb est principalement occupé par le désert du Sahara. Il a été une voie de communication importante vers le sud de l’Afrique et l’Orient, tout autant d’ailleurs que la mer Méditerranée, porte d’entrée des conquérants européens, qui sépare le Maghreb de l’Europe.

LA MOSQUÉE HASSAN II, CONSTRUITE EN 1993.

La mosquée Hassan II, située à Casablanca, au Maroc, est construite sur la mer. Elle est la troisième mosquée en importance au monde.

Les différentes influences

Bédouin : Arabe nomade de l’Afrique du Nord.

2

LE MAGHREB AUJOURD’HUI.

Le Maghreb regroupe le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. Le Grand Maghreb est formé de ces trois pays auxquels s’ajoutent la Libye et la Mauritanie. Le Sahara s’étend sur plus de 80 % du territoire de l’Algérie et occupe une superficie importante dans les autres pays du Maghreb.

Au fil de son histoire, le Maghreb est influencé par différentes cultures. Les peuples berbères l’ont d’abord occupé. Par la suite, les Phéniciens, un peuple de la mer, ont occupé sa côte. Par la suite, et jusqu’au 5e siècle, les Romains vont étendre leur influence sur les tribus berbères jusqu’au Maroc. Ce sont eux qui vont y introduire le christianisme et la culture latine. À la chute de l’Empire romain, les Vandales (450-533), puis les Byzantins (533-700), s’y installent. À partir du 7e siècle, la conquête musulmane transforme de façon définitive la culture maghrébine. Des milliers de guerriers venus d’Arabie conquièrent le Maghreb et convertissent les tribus berbères à l’islam. En l’an 711, ces Berbères se joignent aux Arabes et participent à la conquête de l’Andalousie, au sud de l’Espagne. Ce n’est qu’en 1492 qu’ils seront chassés d’Espagne avec la chute du royaume musulman de Grenade.

La religion musulmane et la langue arabe ESPAGNE ESPAGNE

Légende Légende OCÉAN OCÉAN Capitale Capitale ATLANTIQUE ATLANTIQUE Frontière Frontière internationale internationale Maghreb Maghreb Grand Grand Maghreb Maghreb Désert Désert

rraannééee iteerr Mééddit M Meerr M

Alger Alger Rabat Rabat

ITALIE ITALIE

GRÈCE GRÈCE

Tunis Tunis

TUNISIE TUNISIE Tripoli Tripoli

MAROC MAROC DD ÉÉ SS EE RRTT LL II BBYY QQ UU EE

ALGÉRIE ALGÉRIE LIBYE LIBYE

SaharaSaharaOccidental Occidental Nouakchott Nouakchott

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MAURITANIE MAURITANIE

SÉNÉGAL SÉNÉGAL

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DD

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MALI MALI

Le Le Sahara-Occidental Sahara-Occidental est est un un territoire territoire non non autonome autonome administré administré par par lele Maroc. Maroc.

DOSSIER 3

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NIGER NIGER

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AA

RR

AA

TCHAD TCHAD

00 150 150 300 300 450 450km km

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

La religion musulmane et la langue arabe se propagent rapidement à l’ensemble du Maghreb, le christianisme disparaît presque complètement et le judaïsme se concentre désormais dans les villes. Au 11e siècle, des conquérants bédouins renforcent la présence arabe dans les royaumes maghrébins. Les tribus berbères les combattront pendant des siècles. Hors des villes, les tribus berbères restent profondément attachées à leur culture et à leur langue, malgré leur conversion à l’islam.

L’âge d’or Les royaumes du Maghreb sont unifiés durant le 12e siècle, sous la domination des Almohades, une tribu berbère. Cette période d’essor économique et cul tu rel cons titue l’âge d’or du Maghreb. Jusqu’au 14e siècle, celui-ci joue un rôle majeur dans le commerce de l’or entre l’Afrique subsaharienne et les villes du Proche-Orient. Il déclinera lors de la reconquête de l’Andalousie par les Espagnols en 1492. En outre, à partir de cette époque, l’Empire ottoman renforce, pour les siècles à venir, son emprise sur le littoral maghrébin, à l’exception du royaume du Maroc.

L’héritage français La France s’installe au Maghreb, d’abord en Algérie, à partir de 1830. La colonisation française introduit la modernité et les valeurs occidentales, ce qui provoquera un certain nombre de bouleversements. Après une guerre de conquête qui dura près de 30 ans, l’Algérie devient une colonie de peu ple ment. En 1881, les Français imposent leur protec to rat sur la Tunisie et en 1912 sur le Maroc. Le français devient alors la langue de l’enseignement et celle de la vie politique et économique. Encore aujourd’hui, cette langue occupe une place prépondérante dans le système d’éducation de la plupart des pays du Maghreb. La décolonisation de l’Algérie a été marquée par une longue guerre d’indépendance (1954-1962). Beaucoup de Français considéraient l’Algérie comme une partie du territoire national. Environ un million d’entre eux, appelés « Pieds-noirs », demeureront en Algérie jusqu’à son indépendance. Cette guerre d’indépendance a très fortement ébranlé Français et Algériens, et les effets s’en font sentir encore aujourd’hui, en dépit des efforts des deux gouvernements pour tisser de nouveaux liens.

3

DES TOUAREGS : DES NOMADES BERBÈRES.

Aujourd’hui, on dénombre environ 36 millions de Berbères répartis entre plusieurs ethnies dans tout le Maghreb. À part les Touaregs, peuple nomade du Sahara, la majorité des ethnies berbères est sédentaire. Elles ont une culture et une langue communes (le berbère ou tamazight), mais chacune possède ses traditions et son dialecte propre.

Empire ottoman : Empire contrôlé par les Turcs, du 15e siècle jusqu’à la Première Guerre mondiale. Colonie de peuplement : Colonie destinée à recevoir des immigrants. Protectorat : État soumis au contrôle d’un autre pour ses relations extérieures et sa sécurité.

La culture maghrébine aujourd’hui Le Maghreb possède aujourd’hui une identité distincte des cultures qui l’entourent. La religion occupe une place importante et unificatrice ; la majorité des musulmans sont sunnites de rite malékite. Les langues principales sont l’arabe, le berbère et le français. La langue française continue d’être présente dans la littérature, et plus de la moitié des émissions diffusées par la radio et la télévision sont en français. La culture du Maghreb se heurte aussi à des tensions, à un monde en constante évolution ainsi qu’à une opposition entre valeurs traditionnelles et modernité. La montée de l’intégrisme musulman entraîne un rejet de la culture et des valeurs occidentales. Malgré ces tensions et les problèmes politiques et économiques, la culture maghrébine demeure très dynamique et exprime l’originalité de ses peuples.

AILLEURS DANS LE MONDE

QUESTIONS 1. Au cours des siècles, comment les conquérants influencent-ils les divers aspects culturels du Maghreb ? Méthodologie 2. [Doc. 2] Quelle partie du territoire maghrébin a servi d’importante voie de communication vers le sud du continent africain ? 3. [Doc. 3] a) Qu’ont en commun les ethnies berbères ? b) Qu’est-ce qui est propre à chacune d’elles ?

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Le Sénégal La culture sénégalaise est l’une des plus dynamiques et des plus vivantes d’Afrique. Elle se distingue par ses danses, sa musique, ses traditions orales, son art et sa littérature. Cette culture riche et variée est née de la rencontre des peuples africains qui se sont établis sur le territoire du Sénégal au fil des siècles. C’est une culture profondément africaine qui a évolué sous l’influence des cultures étrangères et de la modernité.

Capitale : Dakar Population : 11,2 millions d’hab. Langue officielle : français

L’influence française Durant la seconde moitié du 19e siècle, la France domine l’ensemble du Sénégal, ce qui entraîne de profonds bouleversements dans la population. La présence française nuit au développement des traditions africaines et à leur place dans la société. En 1902, Dakar devient la capitale de l’Afrique occidentale française, renforçant ainsi l’influence française sur le pays.

1

L’essor de l’écriture et de la langue française a marqué le développement culturel et permis l’émergence d’une littérature africaine d’expression française. L’attachement à la langue française s’est perpétué après l’indépendance du Sénégal en 1960, notamment sous l’impulsion du président et homme de culture Léopold Sédar Senghor.

LE SÉNÉGAL AUJOURD’HUI.

Le Sénégal est un pays d’Afrique de l’Ouest s’étendant sur près de 196 000 km2. Il est bordé par l’océan Atlantique à l’ouest, la Mauritanie au nord, le Mali à l’est et la Guinée et la GuinéeBissau au sud. La Gambie forme une sorte d’enclave dans le Sénégal.

L’indépendance marque le début de profonds changements culturels et artistiques. Le président Senghor considère la culture comme le moteur du développement économique et social du pays. Sa politique privilégie l’éducation et la valorisation de la culture. La politique de Senghor, poursuivie par son successeur Abou Diouf, a fait fleurir la culture sénégalaise et a renforcé le sentiment identitaire. Le Sénégal compte aujourd’hui plus d’une vingtaine d’ethnies différentes. Le français est la langue officielle, mais on y parle six langues nationales et une dizaine de langues minoritaires. Chaque ethnie tente de préserver son identité et ses traditions culturelles.

Fleuve Sénég a

MAURITANIE

l

Saint-Louis

Louga Matam

OCÉAN ATLANTIQUE

Dakar

Thiès Fatick

Diourbel

SÉNÉGAL

Kaolack

Fleuve Gambie

GAMBIE

Légende

Ziguinchor

Capitale Ville Frontière internationale

238

Tambacounda

MALI

Kolda

GUINÉEBISSAU GUINÉE

DOSSIER 3

0

50

100

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

150 km

L’évolution de la culture et de la pensée sénégalaises La culture et les valeurs sénégalaises reposent grandement sur les traditions ancestrales et sur la religion musulmane. L’islam a pénétré au Sénégal à partir du 10e siècle et occupe aujourd’hui une place prépondérante dans cette société. Toutefois, bien que la majorité des Sénégalais soient musulmans (sunnites de rite malékite), les rites animistes, c’est-à-dire les rites des religions ancestrales africaines, restent profondément ancrés dans la culture sénégalaise. Les traditions ancestrales se sont transmises oralement, notamment par les griots, et se perpétuent de nos jours. La tradition orale a véhiculé la sagesse africaine, la culture artistique et la littérature, contribuant ainsi à la cohésion sociale du Sénégal.

2

LES DIFFÉRENTES RELIGIONS AU SÉNÉGAL.

Les croyances animistes demeurent vivaces dans la majorité de la population et cohabitent avec les autres religions.

6%

6%

88 %

Musulmans Chrétiens Animistes

3

Source : Christian SAGLIO, Sénégal, Brinon-sur-Sauldre, Éditions Grandvaux, 2005, p. 321.

Les formes d’expression culturelle Les diverses formes d’expression culturelle du Sénégal ont évolué sous l’impulsion des influences étrangères, de l’urbanisation et de la modernisation de la société, bien que les traditions africaines soient fondamentales dans la culture sénégalaise. Ainsi, l’artisanat africain a fusionné avec l’art occidental pour donner naissance à une culture artistique originale ; la peinture sous verre en est un exemple. La littérature s’est aussi grandement développée grâce à l’usage du français, créant un nouveau mode d’expression pour la diffusion de la culture sénégalaise qu’une multitude d’auteurs a fait rayonner, comme les écrivaines Fatou Diome et Mariama Bâ, et le poète Amadou Lamine Sall. L’importance des fêtes religieuses et populaires témoigne de la vivacité de la culture dans la vie quotidienne des Sénégalais. La Tabaski (Aïd-el-Kébir chez les Arabes), la fête du mouton, la Korité célébrant la fin du ramadan, sont de grands événements qui donnent lieu à des festivités dans tout le pays. De plus, chaque région, voire chaque village, a ses propres traditions et fêtes. Elles sont rythmées par la musique et la danse, dont la chaleur et le dynamisme sont renommés dans le monde entier.

AILLEURS DANS LE MONDE

L’ÉTUDE DU CORAN.

Au Sénégal, l’étude du Coran occupe une place importante dans l’éducation.

Griot : En Afrique, membre de la caste des musiciens et poètes, il transmet la culture orale.

QUESTIONS 1. Comment la culture sénégalaise a-t-elle évolué au fil du temps ? 2. Qui a renforcé l’identité sénégalaise et de quelle façon ? Méthodologie 3. [Doc. 1] Quelle frontière naturelle sépare le Sénégal de la Mauritanie ? 4. [Doc. 2] Quelle est la religion la plus pratiquée au Sénégal ?

239

ENGAGEMENT CITOYEN

CULTURE

ET STANDARDISATION La culture et les mouvements de pensée du Québec se renouvellent constamment depuis des siècles. Ces acquis et ces idées continuent d’évoluer grâce aux nouveaux arrivants provenant des quatre coins de la planète. Depuis quelques années, le paysage culturel tend à se standardiser, au Québec comme dans les autres sociétés occidentales. Tous les pays exportent et importent la culture très rapidement.

Daphne Odjig (née en 1919). Peintre et graveuse L’artiste autochtone Daphne Odjig devient célèbre dans les années 1960, en particulier pour ses gravures. Son style unique, influencé par le cubisme et le surréalisme, lui vaut le surnom de « grand-mère de Picasso ». Cette autodidacte puise son inspiration dans la mythologie autochtone avant de trouver son propre style. Au cours de sa longue carrière, Daphne Odjig participe à de nombreuses expositions, comme celle de l’Expo d’Osaka au Japon en 1970. Elle reçoit plusieurs récompenses pour son œuvre, dont le Prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques 2007.

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DOSSIER 3

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

ENGAGEMENT CITOYEN RENAISSANCE D’UNE CULTURE. Cette toile célèbre la renaissance d’une société en voie de disparition. Les couleurs vives et les contours sombres illustrent bien l’influence de l’École des beaux-arts de Woodland sur l’œuvre de Daphne Odjig. Daphne Odjig, Renaissance d’une culture, 1979.

CULTURE ET STANDARDISATION

241

ENGAGEMENT CITOYEN

1

Un patrimoine culturel commun

DES PATRIMOINES IMPORTANTS.

Dans cet extrait, il est question du visage pluriculturel du Québec.

«

D’entrée de jeu, nous pouvons affirmer que le Québec détient, sur son territoire, des patrimoines importants, qui témoignent de l’originalité et de la spécificité des histoires qui s’y sont déroulées et des groupes qui y vivent. Ce patrimoine est, pour sa partie la plus ancienne, millénaire. Il est réparti sur l’ensemble du territoire et généralement fait d’humbles témoins, ce qui n’empêche pas la présence de composantes importantes, en particulier issues des patrimoines religieux et industriel. Et nous parlons d’un patrimoine métissé par la présence d’autres cultures qui ont traversé l’histoire du Québec. Source : Notre patrimoine, un présent du passé, rapport du Groupe-conseil sur la politique du patrimoine culturel du Québec présidé par Roland Arpin, novembre 2000, p. 31.

»

Le Québec est le résultat d’un mélange de cultures et de mouvements de pensée variés. Avant l’arrivée des premiers Européens, les autochtones ont marqué le territoire par leur culture. Progressivement, notre patrimoine s’est enrichi et diversifié grâce à l’apport de nouveaux arrivants. Les cultures autochtone, française et anglaise, de même que les apports culturels des nouveaux arrivants font partie de la culture et du patrimoine historique du Québec

2

LA LISTE DES BIENS CULTURELS DÉFINIS DANS L’ARTICLE 1 DE LA LOI SUR LES BIENS CULTURELS.

Au Québec, les biens culturels sont divisés en six catégories. Catégorie Bien archéologique Bien historique Monument historique Œuvre d’art Site archéologique Site historique

Caractéristique Bien témoignant de l’occupation humaine préhistorique ou historique. Tout manuscrit, imprimé, document audiovisuel ou objet façonné dont la conservation présente un intérêt historique, à l’exclusion d’un immeuble. Immeuble qui présente un intérêt historique par son utilisation ou son architecture. Bien meuble ou immeuble dont la conservation présente d’un point de vue esthétique un intérêt public. Lieu où se trouvent des biens archéologiques. Lieu où se sont déroulés des événements ayant marqué l’histoire du Québec ou une aire renfermant des biens ou des monuments historiques.

Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine.

3

LES REMPARTS DE QUÉBEC.

Québec est l’une des rares villes en Amérique du Nord à avoir conservé ses fortifications. L’Unesco (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture) a classé le Vieux-Québec site du patrimoine mondial en 1985.

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DOSSIER 3

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

ENGAGEMENT CITOYEN

4

UNE NOUVELLE DÉFINITION DU PATRIMOINE.

Le patrimoine englobe davantage que les biens matériels : il inclut aussi la culture, les paysages et les traditions.

«

Le livre vert propose une définition élargie de la notion de patrimoine, elle englobe maintenant la notion de paysage ainsi que les pratiques immatérielles. Bien qu’incontournable, cette extension de la notion dans le sens proposé demande courage et détermination, parce que les critères de définition d’un paysage patrimonial et surtout les orientations de gestion de son devenir ne sont pas claires. Contrairement aux biens mobiliers, un bâtiment ou un ensemble urbain, un paysage, une pratique ou une tradition ne sont jamais statiques et figés dans le temps, ils évoluent continuellement. Cette évolution n’est pas nécessairement synonyme de dégradation mais plutôt d’enrichissement, un enrichissement généré par les contributions apportées par les générations successives.

»

Source : Francine BÉGIN et Charles MARCEAU, Mémoire sur le livre vert. Un regard neuf sur le patrimoine culturel. Révision de la Loi sur les biens culturels, février 2008, p. 3.

6

5

UN PLAN D’ACTION POUR LA SAUVEGARDE DU PATRIMOINE CULTUREL.

L’État participe financièrement à la préservation et à la valorisation du patrimoine.

«

Le 15 septembre 2006, le gouvernement crée le Fonds du patrimoine culturel québécois. Cette initiative, qui vise à accroître et à stabiliser les subventions destinées au patrimoine, permet de préserver et de valoriser le patrimoine culturel du Québec. […] Ses critères d’admissibilité seront plus souples afin de permettre de restaurer un plus grand nombre de bâtiments, dont ceux protégés par les municipalités. Les sommes disponibles permettront aussi de restaurer les églises qui ne sont pas admissibles au programme de la Fondation du patrimoine religieux, ainsi que les œuvres d’art intégrées à l’architecture et à l’environnement. Les musées auront également accès à de nouveaux crédits afin de renouveler leurs expositions permanentes. Le Fonds sera financé en partie par la taxe sur le tabac, qui servait jusqu’ici au remboursement de la dette olympique. Source : Archives de Radio-Canada, Le tabac au secours du patrimoine, 6 septembre 2006.

»

Une « nation » dans une nation La langue française représente le principal référent identitaire du Québec. C’est une des raisons pour lesquelles la Chambre des communes du Canada a voté des résolutions définissant le Québec comme société distincte, puis reconnaissant que les Québécois forment une nation au sein du Canada. Cela ne confère pas au Québec de statut particulier dans la fédération canadienne, mais signifie, entre autres, que le Québec est une société qui accueille ses immigrants et forge sa culture, ses règles et ses institutions d’une manière différente du reste du Canada.

CULTURE ET STANDARDISATION

LE MONUMENT DE L’UNESCO, À QUÉBEC.

Le monument de l’Unesco, situé près de la terrasse Dufferin et du Château Frontenac, est en bronze, en granit et en verre. Il est l’œuvre du sculpteur Jean Jobin et du maître souffleur de verre Jean Vallières. Le prisme de verre rappelle que Québec est un « joyau du patrimoine mondial » de l’Unesco.

QUESTIONS 1. Comment décrit-on le patrimoine québécois ? 2. [Doc. 2] Trouvez un exemple pour chacune des catégories du tableau de la liste des biens culturels. Méthodologie 3. [Doc. 4] Comment définiriez-vous un paysage patrimonial ? 4. [Doc. 6] Êtes-vous d’accord avec la décision du gouvernement québécois de créer le Fonds du patrimoine culturel québécois ? Pourquoi ?

243

ENGAGEMENT CITOYEN

1

La culture à l’ère de la mondialisation

LA MONDIALISATION CULTURELLE.

Les conséquences de la mondialisation sur la culture sont nombreuses. Pour certains, elle crée une homogénéisation culturelle, alors que pour d’autres, elle représente une ouverture sur le monde.

«

La musique rap, les danseurs de tango à Paris, Céline Dion à la radio de Pékin, […] la disparition des costumes “ folkloriques ” au profit d’une mode vestimentaire universelle, la disparition des langues […], tous ces phénomènes sont associés à ce que l’on appelle la mondialisation de la culture. Dans un monde où les frontières s’ouvrent de plus en plus sous les pressions de la mondialisation de l’économie, la préservation des diversités culturelles suscite des réactions contrastées. Pour les uns, il faut s’ouvrir sur le monde et cesser de vouloir protéger à tout prix un folklore dépassé. Pour d’autres, la menace d’un impérialisme américain est réelle et les politiques de protection culturelle sont nécessaires. Source : Archives de Télé-Québec, « La mondialisation culturelle »,Chasseurs d’idées, 11 octobre 1999.

»

La mondialisation est un phénomène qui s’est accéléré au tournant du 21e siècle. Elle présente de multiples visages : économique, démographique et culturel. En effet, la mondialisation facilite l’échange des biens, des populations et des idées. Elle a aussi multiplié les possibilités d’expression culturelle. Chacun peut désormais composer sa culture « à la carte » et se forger une identité à partir d’expressions culturelles de provenances diverses. Pour certains, cette identité est plus traditionnelle, comme en fait foi l’engouement pour les recherches généalogiques. Pour d’autres, elle est multiple : chacun dit appartenir à différents « pays » culturels, selon son origine, sa ou ses langues parlées, son lieu de résidence. La facilité de communiquer et de voyager permet à chaque individu de se déclarer originaire de plusieurs pays à la fois, virtuellement ou réellement.

2

LES CULTURES LOCALES MENACÉES.

De nos jours, les médias diffusent les cultures du monde entier. Toutefois, les lois du marché menacent certaines cultures locales.

«

À notre époque, l’avènement du “ village planétaire ” met en évidence une réduction non seulement des distances physiques entre les peuples mais aussi, dans un certain sens tout au moins, des distances culturelles. Télévisions et satellites de télécommunications transmettent des nouvelles et des images à des vitesses électroniques, et ce, directement, sans la médiatisation locale et les filtres culturels d’autrefois. Une grande partie de cette information est financée à l’aide d’activités publicitaires et commerciales et, en échange, véhicule les images qui permettent de rentabiliser ces activités. De même que disparaissent certaines langues locales, des modes de vie traditionnels sont eux aussi abandonnés : la restauration rapide à l’occidentale remplace les habitudes alimentaires locales ; les marques géantes (elles aussi occidentales pour la plupart, si l’on range le Japon dans les pays occidentaux), […] évincent les produits locaux ; la musique pop et les formes de divertissement nordaméricaines chassent les artistes traditionnels locaux, dont le savoir-faire se perd. Outre ces convergences de goût en matière d’habillement, de musiques et de loisirs, certaines sous-cultures […] se répandent également. Source : J. MOHAN RAO, Mondialisation et culture, Rapport mondial sur la culture, Unesco, 1998.

3

»

LE CENTRE-VILLE DE TOKYO, AU JAPON. À l’ère de la mondialisation culturelle et de l’information mondiale, les citoyens sont appelés à construire leur identité sociale et culturelle.

244

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

ENGAGEMENT CITOYEN

Le pluralisme culturel et idéologique Depuis la Révolution tranquille, le Québec est pluraliste sur le plan culturel, mais aussi sur le plan des idées. Ce phénomène est favorisé par l’avènement de la télévision et la tenue d’Expo 67 qui ont propagé des idées nouvelles chez les Québécois. Une culture politique est un ensemble de valeurs partagées par une société, qui encadrent le débat et la prise de décision. La démocratie libérale prône en particulier l’égalité des personnes, les libertés individuelles, la laïcité de la sphère publique, la protection de la vie privée, le droit de vote, le consentement des gouvernés, le consensus et le compromis, ainsi que la primauté du droit. Ces principes encadrent et limitent certaines formes d’expressions idéologiques. Par exemple, on ne peut pas préconiser la prise du pouvoir par la force, la dictature, la détention sans accusation, etc. La facilité de circulation des idées permet au débat public de s’abreuver à plusieurs sources. Les sociétés contemporaines vivent dans une surabondance d’information et dans la diversité des croyances, des valeurs et des idées. Cette situation a pour avantage qu’il est désormais impos si ble d’empê cher la circu la tion des idées et des connaissances. Toutefois, il est parfois difficile pour un citoyen de valider les sources de renseignements tant elles sont nombreuses et diversifiées.

4

LA DIVERSITÉ RELIGIEUSE.

Les Québécois sont plus fréquemment en contact avec une diversité de religions.

5

LA CATHÉDRALE SAINTE-THÉRÈSE-D’AVILA D’AMOS, AU QUÉBEC.

L’architecte montréalais Aristide Beaugrand-Champagne (1876-1950) a conçu cette cathédrale de style romano-byzantin. On qualifie sa coupole de « première grande coupole de béton en Amérique ».

QUESTIONS 1. Quels sont les avantages de la mondialisation ? 2. Quel effet la diversité des valeurs et des croyances a-t-elle eu sur la société québécoise ? Méthodologie 3. [Doc. 1] Croyez-vous que les diversités culturelles soient menacées par la mondialisation ? De quelle manière ? Réflexion 4. [Doc. 2] La citation vous a-t-elle permis de comprendre les conséquences de la mondialisation sur les cultures locales ? Expliquez en quelques mots ce que vous avez appris.

CULTURE ET STANDARDISATION

245

ENGAGEMENT CITOYEN

1

La standardisation de la culture

LA MOULINETTE DE LA GLOBALISATION.

Un des effets possibles et le plus souvent dénoncé de la globalisation est l'homogénéisation des cultures, c'est-à-dire la disparition des spécificités culturelles de chaque peuple et pays.

«

Cette nuit, j’ai fait un terrible cauchemar. Je voyageais autour de la planète et découvrais un monde monochrome. Homogène. Totalement monotone. De Bogota à Beijing, en passant par Besançon et Berlin, […] j’entendais parler la même langue : une espèce d’anglais simplifié à l’extrême. […] Partout, les mêmes panneaux publicitaires vantaient les mêmes marques de produits et vêtements griffés que l’on retrouvait dans les mêmes magasins. Le monde entier semblait avoir revêtu l’uniforme : chemise Mao, jeans et baskets. Tout était fade, gris, terne. Semblable. La musique ? Standardisée. Les arts plastiques ? Aseptisés. Les productions cinématographiques? Homogénéisées. La littérature ? Alignée. Partout, la même manière de vivre et de s’ennuyer. La terre n’était plus constituée que d’un seul village. Ou plutôt d’une seule méga-banlieue triste, où tout avait été passé à la moulinette de la globalisation. Source : Anne-Marie IMPE, « La diversité culturelle en questions », Enjeux internationaux, vol. 9, automne 2005, p. 17.

246

DOSSIER 3

Le paysage culturel du Québec est très différent de celui d’autrefois et tend à se standardiser, tout comme dans les autres sociétés. Avec l’immigration et les nouveaux moyens de communication, toutes les sociétés occidentales vivent dans une surabondance d’information, d’idéologies et de cultures. De nouveaux produits culturels font leur apparition, comme la téléréalité et les réseaux télévisuels spécialisés, électroniques et par satellite. La culture d’ici est souvent la même qu’ailleurs. Il n’y a plus de frontières culturelles entre les pays. La culture s’exporte et s’importe partout dans le monde à la vitesse de l’éclair. Dès la fin du 20e siècle, la conjugaison des grands médias et la mondialisation des communications ont fait craindre un appauvrissement et une standardisation de la culture. La multiplication des chaînes spécialisées et l’extension d’Internet ont renversé cette tendance et fractionné les publics. Actuellement, chacun peut rapidement accéder à toute l’actualité mondiale selon ses besoins et ses goûts. Internet s’est imposé comme une source de renseignements et un moyen de communication rapide et efficace. Les blogues, les pages multimédias personnalisées et les canaux de distribution de clips vidéo font de leurs adeptes des créateurs en puissance, qui se regroupent par champs d’intérêt en communautés virtuelles afin de vivre et de communiquer leurs intérêts et leur passion.

2

UNE CULTURE MONDIALE.

La mondialisation et les moyens de communication modernes standardisent la culture. Partout sur la planète, les cinéphiles ont accès aux mêmes films américains. Certains critiquent cette situation sous prétexte qu’elle uniformise la culture au profit des pays et des organisations les plus riches.

»

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

4

L’ORDINATEUR OMNIPRÉSENT.

Les technologies de l’information et des communications numériques rendent l’ordinateur pratiquement indispensable : la grande majorité des foyers québécois en possède un.

LES PRINCIPALES ACTIVITÉS DE LA POPULATION QUÉBÉCOISE DANS INTERNET EN 2005, CHEZ LES 18 À 34 ANS.

Chez les jeunes internautes québécois, le courrier électronique et la navigation générale sont loin en tête de liste devant les autres activités. Activité Courrier électronique Navigation générale Bulletins météorologiques Opérations bancaires électroniques Nouvelles Études, formation ou travaux scolaires Participation à des groupes de discussion Achat de musique en ligne Paiement de factures Achat de logiciels en ligne Jeux Écoute de la radio Téléchargement ou écoute de la télévision Téléchargement ou écoute d’un film

Taux d’utilisation 94,2 % 91,0 % 69,3 % 60,8 % 59,6 % 58,8 % 56,6 % 55,4 % 55,3 % 45,8 % 45,4 % 32,1 % 14,0 % 13,1 %

Source : Institut de la statistique, Québec, 2005.

5

LES ENFANTS DU CYBERESPACE.

Le clavardage s’est imposé comme un moyen privilégié pour les jeunes de communiquer. Il comporte plusieurs avantages et permet d’utiliser Internet afin d’entretenir un réseau d’amis.

«

Les ados ont vu le jour en même temps que le cyberespace et ont grandi avec lui. Cette génération est sans contredit la plus branchée : 89 % des 12-17 ans utilisent Internet régulièrement et 99 % y ont recours occasionnellement. […] Si on trouve de tout sur Internet, on y trouve surtout ses amis […]. Des mille usages du Net, c’est celui dédié à la communication interpersonnelle qui marque le plus le quotidien des adolescents, qui traversent une période d’intense socialisation. Ce “ Web communicationnel ” prend de plus en plus la forme de la messagerie instantanée, à laquelle ils se connectent dès qu’ils sont devant leur écran ou à proximité. […] Cet attrait pour le clavardage contredit ceux qui prédisaient un plus grand isolement des jeunes avec l’arrivée de l’ordinateur dans les foyers.

QUESTIONS 1. Qu'est-ce que la standardisation de la culture ? 2. Quels sont les phénomènes qui favorisent la standardisation de la culture ? Méthodologie

»

Source : Clairandrée CAUCHY, « Les enfants du cyberespace (1) - La génération Internet », Le Devoir, 20 août 2005.

CULTURE ET STANDARDISATION

3. [Doc. 4] Quelles activités parmi les suivantes pratiquez-vous le plus souvent dans Internet ? 4. [Doc. 5] Expliquez pourquoi le clavardage contredit l'idée selon laquelle les ordinateurs contribuent à isoler les jeunes.

247

ENGAGEMENT CITOYEN

3

Les points à retenir pour ce dossier :

Au Québec LES PREMIERS OCCUPANTS –10 000



Arrivée des premiers Amérindiens au Québec.

1845



Publication du premier tome de l’Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu’à nos jours, écrit par François-Xavier Garneau.

1863



Publication du roman Les anciens Canadiens, écrit par Philippe Aubert de Gaspé (père).

LE RÉGIME FRANÇAIS 1610



Parution de la Conversion des Sauvages qui ont été baptisés en la Nouvelle-France, écrit par Marc Lescarbot.

LA PÉRIODE CONTEMPORAINE DE 1867 À NOS JOURS

1663



Fondation du Grand Séminaire de Québec par Mgr de Laval.

1888



Nomination du curé Antoine Labelle comme sous-ministre de l’Agriculture et de la Colonisation.

1906



Ouverture de la première salle de cinéma à Montréal, le Ouimetoscope.

1924



Publication du premier des trois tomes Notre maître, le passé, écrit par Lionel Groulx.

1936



Fondation de l’hebdomadaire Le Jour par Jean-Charles Harvey.

1945



Publication du roman Bonheur d’occasion, écrit par Gabrielle Roy.

1950



Fondation de la revue Cité libre.

1963



Parution du roman Les deux solitudes, écrit par Hugh MacLennan.

1967



Présentation de l’Exposition universelle de Montréal, Expo 67.

1974



Première présentation de la Superfrancofête (Festival international de la jeunesse francophone).

1978



Présentation de la pièce de théâtre Les fées ont soif, écrite par la dramaturge Denise Boucher.

1980



Création du magazine féministe La vie en rose.

2005



Ouverture du nouvel édifice de la Grande Bibliothèque à Montréal.

1690

1702





Aménagement du premier palais de l’intendant dans la ville de Québec Rédaction du Catéchisme du diocèse de Québec par Mgr de Saint-Vallier.

LE RÉGIME BRITANNIQUE 1778



Parution du premier journal unilingue français par Fleury Mesplet : la Gazette littéraire pour la ville et district de Montréal.

1834



Fondation à Montréal de la Société Saint-Jean-Baptiste.

1841



Adoption de la Loi sur l’instruction publique.

1844



Fondation de l’Institut canadien.

248

DOSSIER 3

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

Ailleurs dans le monde Le Japon

Le Maghreb

Territoire

Territoire

Le Japon est un archipel volcanique situé entre l’océan Pacifique, la mer du Japon et la mer de Chine orientale, à l’est de la péninsule coréenne. Ce pays comprend quatre îles principales, Honshu, Hokkaido, Kyushu et Shikoku, en plus de milliers de petites îles.

Société La société japonaise est très homogène, puisque 99 % de sa population est d’origine japonaise. Le 1 % restant est constitué d’habitants provenant principalement de Chine et de Corée.

Culture La culture japonaise a adapté tout au long de son histoire les apports culturels des autres civilisations. Le Japon a développé une culture nationale et a affirmé son identité malgré les grandes influences de la Chine et de l’Occident.

Enjeu Les jeunes générations du Japon se reconnaissent de moins en moins dans les valeurs traditionnelles de leurs parents. Elles doivent toutefois concilier ces valeurs traditionnelles, qui demeurent le fondement de l’identité japonaise, avec leur univers individualiste et moderne où la technologie occupe une place importante.

Le Maghreb est une région d’Afrique du Nord comprise entre l’océan Atlantique, le désert du Sahara et la mer Méditerranée. Le Maghreb regroupe le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. Le Grand Maghreb comprend, en plus de ces trois pays, la Mauritanie et la Lybie.

Société La société maghrébine possède une culture et des structures sociales homogènes. Chaque peuple du Maghreb a ses particularités culturelles, mais on leur reconnaît des traits culturels communs, dont la langue arabe, la religion musulmane, l’apport culturel des Berbères et l’héritage de la domination française aux 19e et 20e siècles.

Culture La culture maghrébine possède aujourd’hui une identité distincte des cultures qui l’entourent. La religion occupe une place importante et unificatrice. La langue française continue d’être présente dans de nombreux secteurs de la vie culturelle du Maghreb.

Enjeu Depuis quelques décennies, la montée de l’intégrisme religieux a été l’une des causes de l’instabilité politique au Maghreb, mais cet intégrisme représente aussi un grand enjeu culturel. L’intégrisme religieux se pose en défenseur de l’identité maghrébine face aux valeurs occidentales et à la modernité, creusant un fossé entre les deux mondes.

Le Sénégal Territoire Le Sénégal est un pays d’Afrique de l’Ouest. Il est bordé par l’océan Atlantique à l’ouest, la Mauritanie au nord, le Mali à l’est et la Guinée et la Guinée-Bissau au sud.

Société La société sénégalaise possède une culture riche et diversifiée, largement influencée par la culture française. Ce pays compte aujourd’hui plus d’une vingtaine d’ethnies différentes. Le français est la langue officielle, mais on y parle aussi six langues nationales et une dizaine de langues minoritaires. L’islam occupe une place déterminante dans cette société.

Culture La culture sénégalaise a évolué suivant les influences étrangères, l’urbanisation et la modernisation tout en conservant ses traditions africaines. L’art africain a fusionné avec l’art occidental en donnant naissance à une culture artistique originale. La langue française a favorisé le rayonnement international de la littérature sénégalaise.

Enjeu La place de la femme dans la société est l’un des enjeux importants du Sénégal. Souffrant d’un fort taux d’analphabétisme et d’une société contrôlée par les hommes, les femmes sénégalaises doivent relever un défi majeur : prendre leur place dans la culture et la société.

POINTS DE REPÈRE

249

A

Activité synthèse Les mouvements de pensée et les manifestations culturelles

Au cours des siècles, les mouvements de pensée québécois ont laissé leur empreinte sur la culture, les us et coutumes, l’architecture, la littérature, les beaux-arts, etc. Chaque période de l’histoire du Québec possède son caractère propre et, de ce fait, se distingue par ses manifestations culturelles. 1. Créez un tableau pour présenter le bilan des quatre périodes étudiées dans ce dossier : • les années 1500 ; • le Régime français (1608-1760) ; • le Régime britannique (1760-1867) ; • la période contemporaine (de 1867 à nos jours). 2. Caractérisez en quelques mots le ou les mouvements de pensée de chaque période. 3. Déterminez les principales manifestations culturelles correspondant à chaque mouvement.

P

Pour aller plus l

in...

Activité 1 • Nationalisme et culture québécoise ●

Depuis le début du 19e siècle, le nationalisme a profondément influencé la culture québécoise. Ce courant de pensée n’est pas figé dans un seul bloc : selon les époques, il s’est manifesté sous différentes formes. En voici les principales, par ordre chronologique : • le nationalisme politique des patriotes ; • le nationalisme culturel ; • le nationalisme canadien d’Henri Bourassa ; • le nationalisme traditionaliste canadien-français ; • le nouveau nationalisme québécois. Cherchez les informations permettant de préciser les relations entre chaque forme de nationalisme et la culture québécoise, et présentez-les dans un tableau après avoir répondu aux questions suivantes. 1. Caractérisez brièvement chaque forme de nationalisme, notamment son époque, ses principaux partisans, ses idées centrales, etc. 2. Décrivez brièvement les manifestations culturelles correspondant à chaque forme de nationalisme. 3. Parmi ces formes de nationalisme, déterminez celle qui a le plus influencé la culture de son époque. Justifiez votre choix.

250

DOSSIER 3

CULTURE ET MOUVEMENTS DE PENSÉE

A

Activité 2 • Langue et identité québécoise La langue est essentielle à la conception et à la communication des idées. Elle est par excellence la manifestation de la culture, car elle la façonne tant par la parole que par l’écrit. La langue française représente un des fondements de l’identité québécoise. Composez un texte sur ce sujet en vous inspirant des réponses aux questions suivantes. 1. Quel rôle la langue française a-t-elle joué dans la formation de l’identité québécoise ? 2. Quels groupes sociaux ont contribué à son développement : • avant 1960 ? • après 1960 ? 3. En quoi la Charte de la langue française a-t-elle modifié la place de la langue française au Québec ? 4. Comment se dessine l’avenir de la Charte ? Quels sont : • ses aspects positifs ? • ses aspects négatifs ?

P

Pour en savoir plus... DES FILMS

DES LIVRES

BORDUAS, Paul-Émile. Refus global et autres écrits : essais, Montréal, Éditions de l’Hexagone, 1997, 301 p. BOUCHER, Denise. Les fées ont soif, Montréal, Éditions de l’Hexagone, 1989, 121 p. DESBIENS, Jean-Paul. Les insolences du frère Untel, Montréal, Éditions de l’Homme, 1960, 253 p. GROULX, Lionel. Notre maître, le passé, trois volumes, Montréal, Stanké, 1977 (1924). LÉTOURNEAU, Jocelyn. Le Québec, les Québécois, Un parcours historique, coll. Images de sociétés, Montréal, Éditions Fides en collaboration avec le Musée de la civilisation, 2004, 126 p.

MONIÈRE, Denis. Le développement des idéologies au Québec des origines à nos jours, Montréal, Éditions Québec/Amérique, 1977, 381 p.

Bonheur d’occasion (fiction), réalisateur : Claude Fournier, Québec, 1983. C.R.A.Z.Y. (fiction), réalisateur : Jean-Marc Vallée, Montréal, 2005.

PROVENCHER, Jean. L’histoire du VieuxQuébec à travers son patrimoine, Québec, Les Publications du Québec, 2007, 277 p.

Jésus de Montréal (fiction), réalisateur : Denys Arcand, Québec, 1989.

SMART, Patricia. Les femmes du Refus global, Montréal, Boréal, 1998, 334 p.

Les enfants de Refus global (documentaire), réalisatrice : Manon Barbeau, Canada, 1998.

VALLIÈRES, Pierre. Nègres blancs d’Amérique : essai, Montréal, Typo, 1994, 472 p.

Le survenant (fiction), réalisateur : Érik Canuel, Québec, 2005.

Un patrimoine incontournable, Sélection de 29 biens culturels, août 2000, Québec, 69 p.

Maurice Richard (fiction), réalisateur : Charles Binamé, Québec, 2005. Un homme et son péché (fiction), réalisateur : Charles Binamé, Québec, 2002.

MACLENNAN, Hugh. Les deux solitudes, coll. Littérature, Montréal, BQ éditeur, 1992 (1963), 740 p.

ACTIVITÉ SYNTHÈSE

251

S

DO

SI

ER

4

L’État est sans contredit l’institution qui représente la notion de « pouvoir » de façon la plus évidente, car il régit la quasi-totalité de la vie en société. Mais le pouvoir n’est pas que l’affaire de l’État. S’il a de multiples facettes, le pouvoir a aussi d’innombrables détenteurs au sein de ce qui est appelé « la société civile ». Syndicats, médias, Églises, organisations non gouvernementales, activistes, groupes communautaires, ordres professionnels, associations de patrons et d’agriculteurs sont autant de groupes de pression qui ont un pouvoir : celui d’orienter des enjeux de société. Et au centre de chacune de ces composantes de la société civile se trouvent les citoyens.

1674

Nomination de Mgr de Laval au poste d’évêque 1759

Bataille des Plaines d’Abraham 1663 1713

Établissement d’un gouvernement royal en Nouvelle-France

Traité d’Utrecht



1600



1672

Nomination de Frontenac au poste de gouverneur

1700 1701

1760

Capitulation de Montréal

Grande Paix de Montréal 1763

Révolte du chef amérindien Pontiac 1774

Acte de Québec

252

1995

Référendum sur la souveraineté 1867

1975

Acte de l’Amérique du Nord britannique

Convention de la Baie-James et du Nord québécois

1832

1918

Loi de pleine émancipation politique des Juifs

Droit de vote accordé aux femmes au fédéral

1791

Acte constitutionnel

1940

Droit de vote accordé aux femmes au Québec

1840

Acte d’Union





1800

1900



2000

1970

Crise d’Octobre 1837-1838

Rébellions dans le Haut-Canada et le Bas-Canada

1980

Référendum sur la souveraineté-association 2006

Motion reconnaissant que les Québécois forment une nation au sein d’un Canada uni

253

SO M M A I R E

Pouvoir et pouvoirs

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

QUESTIONS

.............................................

DE POUVOIRS

....................................

256 256

Le pouvoir politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 258 La répartition du pouvoir dans la société québécoise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 260

Les concepts que vous verrez dans ce dossier

Concept central

LA FILIÈRE DU TEMPS

.....................................................

262

DU POUVOIR AUX POUVOIRS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 Le pouvoir en Nouvelle-France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

262

De nouveaux rapports de pouvoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 264 L’Église et l’État . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 266 Les relations entre la colonie et la métropole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 270

Pouvoir Concepts particuliers

2 Un nouveau régime

Droits État Influence Institution Intérêt Concepts communs

264

..............................................

272

La conquête de la Nouvelle-France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le gouvernement et les Britanniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’agitation dans les Treize colonies et les concessions de Londres . . . . . . L’Acte constitutionnel de 1791 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les patriotes et le gouvernement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Politique et institutions en mutation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La solution fédérale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

272 274 276 278 280 282 284

3 L’éclatement du pouvoir

........................................

286

La montée du nationalisme canadien-français . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’État et les milieux financiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le syndicalisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les mouvements de justice sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’État et l’Église . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les revendications féministes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les conflits linguistiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’idée d’indépendance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les relations fédérale et provinciales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le rôle des médias . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La question autochtone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’État et l’environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

286 288 290 292 294 296 298 300 302 306 308 310

Ailleurs dans le monde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le Myanmar . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Cuba . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les Émirats arabes unis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

312 312 314 316

ENGAGEMENT CITOYEN

318

Enjeu Société Territoire

LA

..................................................

DÉMOCRATIE EN CRISE

?

...............................

318

Individus et État, pouvoirs politique et judiciaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 320 Les défis lancés à l’État contemporain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 322 Le pouvoir d’action des citoyens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 324

254

DOSSIER 4

Points de repère

................................................................

326

Activité synthèse

................................................................

328

Pour aller plus loin…

..........................................................

328

Pour en savoir plus…

..........................................................

329

POUVOIR ET POUVOIRS

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

Réalité sociale

Pouvoir et pouvoirs

Angle d’entrée

La dynamique entre groupes d’influence et pouvoir

LA FI LI È RE DU TE

MP

N LE M O D E D’ AU JO

U

S

RD

U ’H

Objet d’interprétation

I

Pouvoir et pouvoirs, de l’arrivée des Européens à nos jours Objet Objet d’interrogation d’interrogation

Pouvoir et pouvoirs, aujourd’hui, au Québec

E NGAG

EN

T CI

TO Objet de citoyenneté

YEN

Qu’est-ce que le pouvoir aujourd’hui ? Qu’est-ce qui peut l’influencer ? Qui détient les pouvoirs ? Comment fonctionne le pouvoir ?

EM

De quelle manière les groupes ont-ils exercé, au cours des siècles, leur influence sur le pouvoir ?

Intérêts particuliers et intérêt collectif dans les choix de société

Comment concilier des intérêts divergents ? Comment s’assurer d’accorder la priorité au bien commun ?

255

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

QUESTIONS

DE POUVOIRS

La question du pouvoir occupe une place de choix dans les débats publics des sociétés démocratiques. Le pouvoir touche tous les aspects de la vie, sur tous les plans et à tous les niveaux. Perçu au début de la colonie comme la chasse gardée de groupes restreints, notamment des dirigeants, du clergé et des riches marchands, le pouvoir se démocratise au Québec au fil des ans. Tant et si bien que l’État doit désormais s’assurer, dans sa gestion et ses législations, de prendre en compte les besoins et les intérêts d’une multitude de groupes, établis de longue date ou depuis peu.

Jane Ash Poitras (née en 1951). Artiste pluridisciplinaire Jane Ash Poitras est une artiste canadienne d’origine crie qui s’exprime au moyen de plusieurs formes d’art, notamment la peinture, la gravure, le collage et l’écriture. Ses œuvres abordent des thèmes comme la spiritualité et l’histoire autochtones. Dans ses peintures, Jane Ash Poitras utilise des références amérindiennes qu’elle traite selon des techniques propres à l’art occidental contemporain.

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DOSSIER 4

POUVOIR ET POUVOIRS

LE MONDE D’AUJOURD’HUI UNE PRIÈRE SACRÉE POUR UNE ÎLE SACRÉE. Pour créer ce triptyque, Jane Ash Poitras s’est servie de plusieurs techniques et de plusieurs matériaux. Cette œuvre représente le pouvoir transformateur du chaman, un prêtre-sorcier qui jouait un rôle important dans toutes les cultures autochtones traditionnelles. Jane Ash Poitras, Une prière sacrée pour une île sacrée, 1991.

QUESTIONS DE POUVOIRS

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LE MONDE D’AUJOURD’HUI

Le pouvoir politique 1

LE FLEURDELISÉ.

Le drapeau du Québec, adopté par le gouvernement de Maurice Duplessis, a été hissé pour la première fois au sommet de la tour de l’hôtel du Parlement le 21 janvier 1948. Le bleu symbolise la persévérance et la fidélité, la croix blanche rappelle la foi catholique, et les quatre fleurs de lys soulignent les origines françaises d’une grande partie de la population du Québec.

Le pouvoir est la capacité de faire appliquer, accepter ou imposer une chose. Lorsqu’il est entre les mains d’une seule personne ou d’un petit groupe, le pouvoir tend à devenir despotique. Au cours des siècles, des penseurs ont élaboré des formes d’État qui éviteraient les régimes tyranniques. Montesquieu (1689–1755) est le premier à défendre le principe de la séparation des pouvoirs de l’État en trois branches : législatif, exécutif et judiciaire. Selon lui, ces fonctions doivent être exercées par trois autorités distinctes, et les membres de chacune ne peuvent être ni nommés ni destitués par les deux autres. Au Québec, le pouvoir législatif est entre les mains des députés élus de l’Assemblée nationale, le pouvoir exécutif, entre celles du premier ministre et de son cabinet de ministres, et le pouvoir judiciaire, entre les mains des juges.

2

LA SÉPARATION DES POUVOIRS.

Selon ce texte, la séparation des trois pouvoirs de l’État n’est peut-être pas aussi étanche que le prescrit Montesquieu au 18e siècle : l’exécutif siège au législatif ; le législatif peut démettre l’exécutif ; l’exécutif nomme les membres du judiciaire.

« 3

L’UNIFOLIÉ.

Le Canada se dote de son propre drapeau 16 ans après le Québec. Le drapeau rouge et blanc arborant la feuille d’érable est hissé pour la première fois en février 1965. Le rouge et le blanc sont désignés couleurs officielles du Canada dès 1921 par le roi George V, mais ce n’est qu’en décembre 1964 que l’unifolié est adopté aux Communes. Avant que ce drapeau entre en vigueur, le 15 février 1965 suivant, le Canada en utilise deux autres : l’étendard de la GrandeBretagne, l’Union Jack, et le Red Ensign.

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DOSSIER 4

Comment ignorer […] l’influence disproportionnée des pouvoirs financiers sur les élus, la soumission des députés à leur parti plutôt qu’à leurs électeurs, les campagnes électorales où l’image l’emporte sur les idées, la manipulation sur l’information, l’obligation pour les défenseurs de l’environnement, les opposants à la pauvreté et à la mondialisation néolibérale de descendre dans la rue faute de moyens de se faire entendre dans les parlements, les graves distorsions dans la représentativité permettant l’élection de gouvernements ne disposant pas de la majorité des voix, la sous-représentation des femmes dans les parlements, la mainmise du premier ministre non seulement sur le pouvoir exécutif, mais sur l’assemblée législative et sur le processus de nomination des juges, etc. La démocratie n’est pas un acquis : c’est le résultat d’une conquête des citoyens contre la tyrannie. Une démocratie vigoureuse repose sur les forces vives de la société civile et leur sentiment de participation au pouvoir.

»

Source : CSN, Pour un parlementarisme plus moderne et démocratique au Québec (mémoire pour la consultation sur la réforme des institutions démocratiques), novembre 2002.

4

LA CHAMBRE DES COMMUNES, À OTTAWA.

La Chambre des communes est formée de tous les députés du Canada élus dans leur circonscription. Elle est l’une des institutions qui composent le Parlement du Canada.

POUVOIR ET POUVOIRS

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

5

QUE FAIRE POUR INTÉRESSER DAVANTAGE LES JEUNES À LA POLITIQUE ?

Le taux de participation des jeunes aux élections est faible, de même que leur implication dans les partis politiques. Plusieurs solutions pourraient être adoptées afin de susciter leur intérêt. Situation Solution Meilleure éducation, information Changements au système politique, engagement Changements de conduite politique Autre Rien, ne sait pas

Moins de 25 ans 25 ans et plus (% des répondants) (% des répondants) 47 % 53 % 43 % 39 % 25 % 30 % 2% 2% 3% 3%

LE PROJET DE RÉFORME DU MODE DE SCRUTIN.

Une réforme du mode de scrutin pourrait améliorer l’intérêt des citoyens moins portés à voter aux élections ou à s’impliquer en politique. Pour ce faire, une telle réforme devrait permettre aux citoyens de mesurer concrètement le poids de leur vote.

*À noter que les répondants pouvaient donner plus d’une réponse par catégorie. Source : ÉLECTIONS CANADA, Perspectives électorales, vol. 5, no 2, juillet 2003, p. 7.

7

6

QUELQUES ARTICLES DE LA CHARTE DES DROITS ET LIBERTÉS DE LA PERSONNE DU QUÉBEC.

Adoptée par l’Assemblée nationale en 1975, sous le gouvernement de Robert Bourassa, la Charte québécoise protège les droits et libertés de tous les citoyens du Québec.

«

1. Tout être humain a droit à la vie, ainsi qu’à la sûreté, à l’intégrité et à la liberté de sa personne. Situation 4. Toute personne a droit à la sauvegarde de sa dignité, de son honneur et de sa réputation. 11. Nul ne peut diffuser, publier ou exposer en public un avis, un symbole ou un signe comportant discrimination ni donner une autorisation à cet effet. 22. Toute personne légalement habilitée et qualifiée a droit de se porter candidat lors d’une élection et a droit d’y voter. Source : QUÉBEC, Charte des droits et libertés de la personne du Québec, adoptée le 27 juin 1975.

8

»

Connexion 1. [Doc. 1 et 3] Selon vous, à quoi servent les drapeaux adoptés par les différentes nations ou États ? 2. [Doc. 2, 5 et 6] Dans une démocratie, pourquoi la participation des citoyens est-elle importante ?

LA CHARTE CANADIENNE DES DROITS ET LIBERTÉS : UN CARCAN ?

Puisque ce sont les juges qui interprètent les chartes des droits en cas de litige, certains estiment que cela leur donne trop de pouvoir.

«

Méthodologie

Et si le Canada était en train de se faire encarcaner par la Charte des droits de la personne ? Et si les juges, de ce fait, avaient perdu toute capacité de créativité juridique ? Et si cette charte était devenue l’excuse de l’impuissance politique et une des explications de la dérive du sens commun ? Prenons les exemples récents. [...] L’effet pervers de la Charte a été cumulatif, mais qui pourra contester que nous avons instauré un gouvernement par les juges dont un certain nombre, disons-le, sont loin d’être à l’aise avec ce rôle qu’on leur fait jouer ? Les juges ne sont pas redevables aux citoyens comme le sont les politiciens. Cela les protège des pressions et assure leur indépendance. Mais les juges ne sont pas imperméables aux courants sociaux, aux lobbys et à la rectitude politique ambiante. […] Dans le monde juridique, la Charte suscite de nombreuses critiques, mais celles-ci demeurent la plupart du temps discrètes, voire muettes. La Charte est un carcan pour plusieurs qui estiment que les effets pervers représentent un danger pour notre culture démocratique. Source : Denise BOMBARDIER, « Le carcan », Le Devoir, 11 mars 2006.

QUESTIONS

»

QUESTIONS DE POUVOIRS

3. [Doc. 6] Quelles modifications souhaitent obtenir les partisans d’une réforme du mode de scrutin actuel au Québec ? Au besoin, faites une courte recherche pour le découvrir. 4. [Doc. 7] Quels sont les droits fondamentaux garantis par ces quatre articles de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec ? 5. [Doc. 8] Selon l’auteure, pourquoi la Charte canadienne des droits et libertés peutelle devenir un « carcan » ?

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LE MONDE D’AUJOURD’HUI

1

LE POUVOIR DES SYNDICATS.

La puissance des syndicats a augmenté tout au long du 20e siècle. Leur lutte a été bénéfique à un grand nombre de travailleurs qui ont vu leurs revenus et leurs conditions de travail s’améliorer considérablement. Mais, pour certains, les syndicats sont devenus trop puissants, et leurs exigences, trop élevées. 2%

17 % 40 % 41 %

La répartition du pouvoir dans la société québécoise De nos jours, de nombreux groupes de pression et d’individus tentent d’influencer les décisions des gouvernements afin de promouvoir leurs points de vue et leurs idéaux. Ces groupes prennent différentes formes et utilisent de nombreux moyens : certains manifestent pour faire connaître leur cause à l’ensemble de la population, d’autres préfèrent prendre position en participant, par exemple, à des commissions. Certains groupes agissent concrètement en offrant des solutions de rechange, par exemple, à la consommation. Quels sont les groupes, les organismes et les institutions qui influencent le pouvoir des gouvernements ? Comment font-ils valoir leurs intérêts et quelle est la dynamique entre eux ?

2

UN CONTREPOIDS À LA MONDIALISATION ÉCONOMIQUE.

Les altermondialistes cherchent à influencer les gouvernements afin que les accords économiques internationaux respectent, entre autres aspects, la justice sociale, les droits humains et l’environnement.

Les syndicats ont trop de pouvoir Les syndicats ont juste assez de pouvoir Les syndicats n’ont pas assez de pouvoir Refuse de répondre Source : Léger Marketing - FTQ, 2002.

«

Le mérite historique du mouvement altermondialiste est d’avoir engagé un vaste travail de mise à jour et de déconstruction de l’idéologie néolibérale, accompagné, notamment dans les forums sociaux, d’une intense production d’alternatives et d’une multitude d’initiatives. Ces activités font apparaître de plus en plus nettement que la mondialisation est un processus politique, auquel s’oppose désormais un autre processus politique: le mouvement altermondialiste lui-même. […] Le dialogue de travail entre la mouvance altermondialiste et les élus et responsables politiques est nécessaire. D’abord parce que tous ne sont pas des suppôts du néolibéralisme et que beaucoup sont surtout désemparés. Ils attendent des idées et des propositions concrètes applicables ici et maintenant. Ensuite, en sens inverse, parce que la mouvance altermondialiste […] a beaucoup à apprendre d’eux dans la mesure où ils disposent d’une connaissance des mécanismes institutionnels et des dossiers qui les plonge dans des réalités auxquelles chacun n’a pas forcément accès. Mais si le dialogue, voire la collaboration, sont nécessaires, le conflit peut aussi l’être à l’occasion. Source : Jacques NIKONOFF, « Altermondialistes tout terrain », Le Monde diplomatique, mai 2004, p. 13.

3

»

LE POUVOIR D’INTERNET.

Avec l’arrivée d’Internet, le pouvoir médiatique des simples citoyens a augmenté. Désormais, ils peuvent tenir des blogues ou diffuser des vidéos accessibles à la planète entière. Il est donc plus facile que jamais de faire entendre son opinion.

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DOSSIER 4

POUVOIR ET POUVOIRS

LES ARTISTES PRENNENT LA PAROLE.

Puisque leur métier leur permet de rencontrer le public, certains artistes profitent de leur position pour tenter d’influencer les débats sociaux ou politiques.

« 5

De plus en plus d’artistes prennent la parole (ou la guitare) lors d’événements destinés à éveiller la conscience environnementale du public. Ces rassemblements font-ils avancer la cause ? Et l’artiste, en se prêtant au jeu, déborde-t-il de son rôle ? […] Il semble qu’une cause n’attende pas l’autre pour que des artistes montent au front et s’en fassent porte-parole. […] Mais l’exercice est périlleux, et le porte-voix s’expose aux critiques.

DES MILITANTS ENVIRONNEMENTAUX, EN DÉCEMBRE 2007.

Lorsqu’elles mobilisent des milliers de citoyens, les manifestations représentent un moyen efficace de sensibiliser les gouvernements à des revendications.

6

LE POUVOIR DES GROUPES ENVIRONNEMENTALISTES.

»

Source : Alexis DE GUELDÈRE, « L’artiste : grand prêtre de l’écologie ? », Voir, 12 avril 2007.

Différents groupes exercent des pressions sur les gouvernements pour faire adopter des politiques de protection de l’environnement. En conséquence, le gouvernement doit prendre des mesures adéquates tout en préservant les intérêts économiques. Cela montre qu’un enjeu exige parfois la considération des intérêts de groupes sociaux variés.

«

Depuis deux générations, les Québécois ont délégué à l’État la responsabilité de protéger leur environnement. Sans occulter le rôle de l’État qui demeure fondamental, nous croyons que le temps est venu pour les citoyens d’exercer directement leur responsabilité dans la protection de leur environnement. Déjà, les Québécois de toutes les régions du Québec se regroupent pour protéger leurs lacs, leurs rivières, leurs forêts et leurs paysages. […] Ces associations témoignent de la volonté des Québécois de prendre en main eux-mêmes leur patrimoine et leurs ressources. Il faut leur en donner les moyens. Source : COLLECTIF, Manifeste pour un Québec durable, 2007, p. 8 [en ligne]. (Consulté le 20 mai 2008.)

7

»

QUESTIONS 1. Nommez deux types de pressions que des groupes peuvent exercer auprès des gouvernements.

LE POUVOIR DES MÉDIAS.

Méthodologie

En raison de leur pouvoir de toucher facilement une large partie de la population, les médias jouent un rôle considérable dans le débat politique et dans l’orientation des enjeux de société.

2. [Doc. 1] Ce diagramme montre-t-il que la population a une perception négative ou positive du pouvoir des syndicats ? Précisez votre réponse. 3. [Doc. 2] Comment les altermondialistes et les responsables politiques peuvent-ils apprendre les uns des autres ? Connexion 4. [Doc. 3, 4 et 7] Comment les médias et les artistes peuvent-ils influencer le pouvoir politique ? 5. [Doc. 5 et 6] Que demandent les groupes environnementalistes aux citoyens ?

QUESTIONS DE POUVOIRS

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LE MONDE D’AUJOURD’HUI

4

LA FILIÈRE DU TEMPS

DU

POUVOIR AUX POUVOIRS

De l’époque de la Nouvelle-France à aujourd’hui, le pouvoir prend différentes formes. À ses débuts, la colonie française est administrée par des compagnies. À partir de 1663, le roi prend la relève. Après la Conquête, une nouvelle organisation politique est introduite à la suite de la Proclamation royale britannique. En 1791, l’Acte constitutionnel entraîne la mise en place d’un régime parlementaire. Les représentants élus réclament à plusieurs reprises plus de pouvoirs. Le pouvoir peut prendre aussi différentes formes et ne se limite pas toujours à l’action politique. La société du début de la colonisation fait place à une structure sociale plus complexe où plusieurs groupes d’individus se partagent le pouvoir. Une telle répartition du pouvoir entraîne inévitablement des défis particuliers pour l’État, qui doit s’assurer de répondre aux besoins des différents groupes, et de mettre en place des lois et des mesures en conséquence.

Charles Huot (1855-1930). Artiste peintre Né à Québec, Charles Huot étudie à l’École des beaux-arts de Paris, où il participe à plusieurs expositions. À son retour au pays, il décore l’église Saint-Sauveur de la basse-ville de Québec. Ensuite, il peint dans d’autres édifices religieux et au Parlement à Québec. Ses œuvres historiques Conseil souverain de 1663 et Débat sur les langues se trouvent à l’hôtel du Parlement.

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DOSSIER 4

POUVOIR ET POUVOIRS

LA FILIÈRE DU TEMPS CONSEIL SOUVERAIN DE 1663. Ce tableau, qui se trouve dans la salle du Conseil législatif, aujourd’hui aboli, représente l’une des toutes premières séances du Conseil souverain, en 1663. On y voit le gouverneur Saffray de Mézy, au centre, dans le fauteuil du président et, à sa droite, Mgr de Laval. À la mort de Charles Huot, en 1930, la toile n’est pas encore terminée. Ce sont deux de ses élèves qui l’ont achevée. Charles Huot, Conseil souverain de 1663, 1926-1930.

DU POUVOIR AUX POUVOIRS

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LA FILIÈRE DU TEMPS

1

1608-1760

1760-1867

1867 à nos jours

Le pouvoir en Nouvelle-France Pendant plusieurs décennies, la métropole dirige la colonie de la Nouvelle-France et en confie l’administration et l’exploitation à des compagnies. À partir de 1663, le roi décide de prendre en main le développement de la Nouvelle-France. Comment le roi gouverne-t-il sa colonie ? Quelles sont les personnes importantes dans la colonie ? Quel rôle joue la population dans l’organisation administrative de la Nouvelle-France ?

De nouveaux rapports de pouvoir Durant les premières années de la Nouvelle-France, l’organisation du pouvoir manque de direction, car la colonie est loin de la métropole et le roi est plus préoccupé par la situation en Europe, notamment par la guerre de Trente Ans. Le roi de France confie l’administration de la colonie à des compagnies de commerce. Il ne conserve que le pouvoir d’accorder ou de refuser le monopole de la traite des fourrures.

1

LA CONVERSION DES AMÉRINDIENS.

Les communautés religieuses jouent un rôle actif dans l’évangélisation des Amérindiens, ainsi que dans la création d’écoles et d’hôpitaux. École américaine, The French Jesuit Missionary Brebeuf among the Algonquins [Le missionnaire jésuite Brébeuf parmi les Algonquins], 19e siècle.

Guerre de Trente Ans : Conflit politique et religieux qui se déroule en Europe de 1618 à 1648 et qui oppose les protestants aux catholiques.

Dans ce contexte, les compagnies et les communautés religieuses assument les responsabilités laissées par la métropole aux premiers arrivants. D’ailleurs, le climat et les conditions de vie difficiles en Nouvelle-France inquiètent davantage les colons que l’organisation du gouvernement. De plus, le peuplement de la Nouvelle-France repose avant tout sur l’entreprise privée. Par ailleurs, la mission des communautés religieuses consiste à convertir les peuples autochtones au christianisme, à encadrer la vie spirituelle des nouveaux immigrants et à mettre sur pied des hôpitaux et des écoles.

Les relations entre les administrateurs et les Amérindiens Les relations entre les autorités de la Nouvelle-France et les Amérindiens alliés des Français constituent un cas particulier dans l’histoire de la colonisation des Amériques. En effet, ces relations sont marquées par des rapports relativement égalitaires qui contrastent avec la domination que les Espagnols ont exercée sur les Amérindiens d’Amérique du Sud. Dès l’établissement de Champlain à Québec, les Français cultivent de bonnes relations avec certaines nations amérindiennes avec lesquelles ils pratiquent la traite des fourrures. En fait, ce sont les Amérindiens qui chassent le castor et apprêtent les peaux, tandis que les Français les acquièrent en échange de marchandises européennes.

Les alliances et les conflits La relation privilégiée que les Français entretiennent avec les Hurons, leurs premiers grands alliés, se termine vers 1650 lorsque les Hurons sont attaqués par leurs ennemis de longue date, les Iroquois. Les attaques iroquoises débutent à partir de 1639, grâce aux armes que leur procurent les Hollandais établis à Fort Orange (Albany). Les Iroquois finissent par vaincre les Hurons, brisant ainsi l’équilibre entre les nations amérindiennes rivales et forçant les Français à chercher des alliances auprès d’autres nations amérindiennes.

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DOSSIER 4

POUVOIR ET POUVOIRS

LA FILIÈRE DU TEMPS

Afin de se faire des alliés, les Français doivent se plier à certaines exigences des Amérindiens. Ils devront, entre autres obligations, négocier à la manière amérindienne, notamment par l’échange de cadeaux, et apprendre les langues amérindiennes. Certains Français vont même jusqu’à vivre au milieu des Amérindiens et adoptent leur mode de vie : il s’agit des coureurs des bois, qui pratiquent le commerce des fourrures, et des miliciens qui se battent aux côtés des Amérindiens. Ce type de rapports assez égalitaires entre les Français et les Amérindiens se poursuit jusqu’à la fin du Régime français. La Nouvelle-France tient à établir de bonnes relations avec certaines nations amérindiennes afin de mieux lutter contre sa voisine beaucoup plus peuplée et puissante, la NouvelleAngleterre, avec qui elle est souvent en guerre.

2

LE TRAITÉ DE LA GRANDE PAIX DE MONTRÉAL.

Grâce à ce traité signé en 1701, une collaboration s’instaure entre les Français et les Amérindiens.

Le gouverneur Frontenac et les Amérindiens En 1689, l’Angleterre et plusieurs nations européennes se liguent contre la France. En Amérique, les Français et les Anglais, qui se font déjà concurrence, entrent définitivement en guerre. Le gouverneur Frontenac lance quelques raids contre des villages frontaliers de la Nouvelle-Angleterre. Lors de ces attaques, qui ont lieu la nuit, des maisons sont brûlées et des gens sont faits prisonniers. Les troupes françaises se composent en partie d’Amérindiens alliés aux Français, d’officiers et de soldats français, et de miliciens canadiens. En 1690, Frontenac résiste à la riposte des Anglais qui se lancent à l’assaut de Québec. Par la suite, les Anglais laissent les Iroquois faire la guerre à leur place. La région située entre Montréal et TroisRivières subit aussi plusieurs attaques.

La Grande Paix de Montréal En 1701, une grande conférence a lieu à Montréal. Pendant plusieurs jours, les représentants d’une vingtaine de nations amérindiennes, incluant les Iroquois, parlementent avec les Français afin de conclure une paix générale. Les négociations se font à l’amérindienne, c’est-à-dire par l’échange de présents qui, chacun, portent un message. Quand le présent est accepté, cela signifie que l’on accepte le message dont il est porteur. Finalement, les Français complètent les négociations en faisant « signer » un traité de paix écrit, au bas duquel est dessiné l’animal qui représente le symbole de la nation des représentants amérindiens. Ce traité de paix, appelé la « Grande Paix de Montréal », et les négociations qui l’entourent forment donc un amalgame des us et coutumes amérindiennes et françaises. Les Français se retrouvent au cœur de cette alliance en tant que médiateurs des conflits entre toutes les nations amérindiennes qui ont signé ce traité. Les Français s’engagent aussi à répondre aux besoins de ces nations en marchandises européennes et en soutien militaire, en cas de nécessité. Lors de la guerre de Conquête, entre 1755 et 1759, des centaines d’Amérindiens, vivant surtout dans la région de Montréal et souvent convertis au catholicisme, vont se battre aux côtés des soldats français et des miliciens canadiens. Peu habitués à la présence de ces guerriers amérindiens, les soldats français s’en plaignent fréquemment, alors que les miliciens canadiens, habitués à combattre à leurs côtés, vont jusqu’à adopter leurs techniques de combats.

DU POUVOIR AUX POUVOIRS (1608-1760)

QUESTIONS 1. Pourquoi, au début de la NouvelleFrance, l’organisation du gouvernement préoccupe-t-elle peu les colons ? 2. Expliquez pourquoi les relations entre les Français et les Amérindiens sont différentes de celles qu’entretenaient ces derniers avec les Espagnols. 3. Résumez en quoi consiste la Grande Paix de Montréal. 4. Que doivent faire les Français pour créer des alliances avec les Amérindiens ? Réflexion 5. Que pourriez-vous faire pour améliorer vos connaissances sur les relations entre les Français et les Amérindiens au temps de la Nouvelle-France ?

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LA FILIÈRE DU TEMPS

L’Église et l’État L’Église catholique joue un rôle important dans la naissance et le développement de la colonie. À l’époque où la NouvelleFrance n’est qu’un comptoir colonial servant de poste de traite de fourrures, seulement quelques membres des communautés religieuses sont présents. Les Récollets, arrivés à l’époque de Samuel de Champlain, et les Jésuites, à partir de 1625, ont comme principal objectif de convertir les Amérindiens à la religion catholique.

Le premier gouverneur et l’Église Le cardinal de Richelieu, un homme d’État français puissant, ministre du roi Louis XIII, souhaite faire de la Nouvelle-France une véritable colonie de peuplement. En 1627, il fonde la Compagnie des Cent-Associés, composée de marchands, de nobles et de gens d’Église, tous de confession catholique. La compagnie détient le monopole sur le commerce des fourrures et doit attirer de nouveaux colons. La compagnie nomme Charles Huault de Montmagny premier gouverneur en titre de la Nouvelle-France. Sous son mandat, qui s’étend de 1636 à 1648, la colonie connaît un certain essor.

1

LES RÉCOLLETS ACCUEILLENT LES JÉSUITES À LEUR ARRIVÉE EN NOUVELLE-FRANCE.

Les Récollets et les Jésuites ont joué un rôle important dans la colonie, tant dans son développement que dans l’évangélisation des Amérindiens. Charles William Jefferys, The Jesuits Welcomed by the Recollets in 1625 [Les Jésuites accueillis par les Récollets en 1625], début du 20e siècle.

En 1639, deux congrégations religieuses s’établissent en Nouvelle-France : les Ursulines, qui s’occupent de l’éducation des jeunes filles, et les Sœurs hospitalières de la Miséricorde de Jésus, qui prennent soin des malades. La même année, Jérôme Le Royer, sieur de La Dauversière, qui est un fidèle lecteur des Relations, un recueil de textes écrit par les Jésuites, et un jeune abbé, Jean-Jacques Olier, souhaitent créer dans l’île de Montréal un établissement où l’on s’emploiera à convertir les Amérindiens. La Société Notre-Dame de Montréal est alors fondée. En 1641, un premier contingent de cette société, dirigée par Paul de Chomedey de Maisonneuve, arrive à Québec dans l’espoir d’installer sa colonie dans l’île de Montréal. Le gouverneur Montmagny leur offre plutôt de s’établir sur l’île d’Orléans, car il juge que c’est une « folle entreprise » que de s’établir sur une île exposée aux attaques iroquoises. Ce n’est qu’au printemps 1642 que la société prend officiellement possession de l’île de Montréal. Communauté Récollets Jésuites

2

LES PRINCIPALES COMMUNAUTÉS RELIGIEUSES EN NOUVELLE-FRANCE.

Les communautés religieuses ont joué un rôle essentiel dans le développement de la Nouvelle-France.

Ursulines Hospitalières de la Miséricorde de Jésus Sulpiciens

Hospitalières de Saint-Joseph

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DOSSIER 4

POUVOIR ET POUVOIRS

Année d’arrivée Œuvre 1615 Évangélisation des Amérindiens. 1625 Évangélisation des Amérindiens. Exploration du territoire. Publication des Relations. 1639 Éducation des jeunes filles françaises et amérindiennes. 1639 Soins de santé. Direction de l’Hôtel-Dieu de Québec. 1657 Évangélisation des Amérindiens. Éducation des garçons. Exploration du territoire. 1659 Soins de santé. Direction de l’Hôtel-Dieu de Montréal.

LA FILIÈRE DU TEMPS

Une communauté qui a du poids De 1630 à 1660, les Jésuites exercent une grande influence sur les représentants de l’État en Nouvelle-France, car ils sont nombreux, bien organisés, riches et appréciés du roi de France. Ils sont avant tout des missionnaires qui viennent convertir les Amérindiens à la religion catholique. Ils vivent dans plusieurs communautés amérindiennes et parlent couramment leurs langues. Comme l’économie de la colonie repose entièrement sur la traite des fourrures, le fait que les Jésuites travaillent auprès des Amérindiens, qui approvisionnent les Français en fourrures, leur donne beaucoup de pouvoir. D’autant plus que tous les premiers gouverneurs appuient le travail des Jésuites auprès des Amérindiens.

L’évêque, un personnage influent Le premier évêque de la Nouvelle-France, Mgr François de Laval, arrive dans la colonie en 1659. L’évêque est le dirigeant de tous les membres de l’Église dans la colonie. Mgr de Laval est un homme d’envergure qui occupe dès son arrivée une place centrale au sein de l’élite dirigeante. C’est même lui qui choisit personnellement l’un des gouverneurs, Saffray de Mézy, en fonction de 1663 à 1665. Il appuie aussi les Jésuites, qui ont été ses éducateurs en France et dont il admire le travail de missionnaires.

La mission Saint-François-Xavier En 1667, une trêve signée entre les Français et les Iroquois permet aux Jésuites de fonder la mission Saint-François-Xavier, à La Prairie. L’objectif des missionnaires est de s’installer dans les territoires des Iroquois pour faciliter leur conversion au christianisme.

3

En 1716, après quelques déménagements successifs, la mission s’installe à Sault-Saint-Louis. En 1719 et en 1720, les religieux y construisent une église et une maison pour s’y loger. L’église SaintFrançois-Xavier que l’on connaît aujourd’hui a été bâtie en 1845. Les visiteurs peuvent y découvrir un portrait de Kateri Tekakwitha, la première Amérindienne béatifiée. Persécutée par ses pairs en raison de sa conversion, la jeune Kateri se réfugie à la mission SaintFrançois-Xavier en 1676. Elle meurt en 1680 à la suite d’une longue maladie.

LA MISSION SAINTFRANÇOIS-XAVIER.

QUESTIONS 1. Résumez le rôle des communautés religieuses dans le développement de la Nouvelle-France. 2. Pourquoi peut-on affirmer que l’Église et le clergé sont influents en Nouvelle-France ? 3. Quel aspect vous semble le plus important dans la présence des communautés religieuses en Nouvelle-France ? Justifiez votre réponse.

Fondée en 1667 par les Jésuites, la mission Saint-François-Xavier rappelle la conversion au christianisme de nombreux Mohawks. Ces derniers nomment la mission Kahnawake.

Méthodologie 4. [Doc. 2] Nommez les trois principaux domaines où interviennent les communautés religieuses.

DU POUVOIR AUX POUVOIRS (1608-1760)

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LA FILIÈRE DU TEMPS

Des relations parfois tendues À la fin des années 1650 et au début des années 1660, le principal conflit qui oppose l’Église et l’État est la question de la vente d’alcool aux Amérindiens. Les missionnaires jésuites et Mgr de Laval veulent l’interdire en raison des ravages que fait l’alcool dans la vie des Amérindiens, lesquels n’ont jamais consommé d’alcool avant l’arrivée des Européens. Les commerçants continuent cependant à leur en vendre, car lorsqu’ils refusent, les Amérindiens vont échanger leurs fourrures dans les colonies voisines, où les Hollandais et les Anglais leur en donnent volontiers. Les représentants de l’État sont généralement en faveur de la vente d’alcool aux Amérindiens. Le conflit se rend jusqu’aux oreilles du roi de France, qui tranche en faveur de la vente d’alcool aux Amérindiens, mais avec modération. Les autres conflits entre l’Église et l’État concernent surtout les querelles entre personnes, une situation courante dans une colonie qui compte environ 5000 habitants.

Le gouvernement royal et l’Église

1

JEAN-BAPTISTE COLBERT (1619-1683).

Jean-Baptiste Colbert est nommé ministre de la Marine, sous Louis XIV, de 1669 jusqu’à sa mort, en 1683. Robert Tournières, Portrait de Jean-Baptiste Colbert, 17e siècle.

2

Les choses changent à la fin des années 1660, au moment où le roi de France met en place une nouvelle organisation politique calquée sur celle de la France. Désormais, un Conseil souverain, composé d’une dizaine de personnes, surveille étroitement le respect des décisions du roi, ainsi que celles du gouverneur, qui est le représentant du roi dans la colonie. Même si l’évêque et le supérieur des Jésuites siègent à ce Conseil, il leur est difficile de jouer un rôle déterminant, car un intendant exerce son autorité sur l’économie, la justice, les finances de l’État, etc.

LES DIRECTIVES DE Mgr DE LAVAL À PROPOS DES BOISSONS ENIVRANTES.

Dans ce texte, Mgr de Laval prévient que toute personne fournissant de l’alcool aux Amérindiens s’expose à l’excommunication.

«

Nous faisons très expresse inhibition et défense, sous peine d’excommunication […], de donner en paiement aux sauvages, vendre, traiter ou donner gratuitement soit vin, soit eau-de-vie, en quelque façon et manière, et sous quelque prétexte que ce soit […]. Nous déclarons toutefois que, dans ces défenses, nous ne prétendons pas y comprendre quelques rencontres qui n’arrivent que très rarement, et où l’on ne peut quasi se dispenser de donner quelque peu de cette boisson, comme il pourrait arriver en des voyages et fatigues extraordinaires et semblables nécessités ; mais même dans ces cas l’on saura que l’on tomberait dans l’excommunication susdite si l’on y excédait la petite mesure ordinaire […]. Et tous ceux qui prétendraient sous ce prétexte user de quelque fraude et tromperie se souviendront que rien ne peut être caché à Dieu, et que, trompant les hommes, cela n’empêcherait pas que sa malédiction et sa juste colère retombassent sur eux. Source : Mgr François DE LAVAL, Mandement des évêques pour excommunier ceux qui vendent des boissons enivrantes aux sauvages, Québec, 5 mai 1660.

268

DOSSIER 4

POUVOIR ET POUVOIRS

»

Dès les années 1670, le gouverneur et l’intendant prennent toutes les décisions importantes. Cependant, avant d’agir, les deux hommes doivent toujours consulter le roi ou le ministre de la Marine responsable des colonies, en France. Ils doivent rendre compte de leurs décisions, de leurs gestes et des conséquences qui en résultent. En somme, c’est donc toujours le roi ou son ministre de la Marine qui prennent les décisions. Si ces derniers ne sont pas satisfaits du travail du gouverneur ou de l’intendant, ils le remplacent par un autre. Dans ce nouveau mode de fonctionnement, l’évêque et les autres membres de l’Église de la Nouvelle-France ne possèdent plus beaucoup de pouvoir sur l’organisation et le fonctionnement de l’ensemble de la colonie.

Même si elle ne participe pas aux grandes décisions de l’État, l’Église exerce une forte influence sur la vie quotidienne des habitants de la colonie. En effet, les habitants de la Nouvelle-France sont très religieux. Ils croient en Dieu et respectent en bonne partie les recommandations de l’Église sur les façons de se comporter pour assurer leur salut éternel. Le nombre de curés, de prêtres et de religieuses augmente petit à petit dans la colonie. À partir de 1700, la plupart des communautés, qui comptent quelques centaines de personnes, que ce soit à la campagne ou à la ville, se regroupent en paroisses où un curé réside en permanence. Pour entretenir l’église et célébrer les services religieux, le curé prélève la dîme, qui correspond en théorie au dixième de la valeur des récoltes.

3

UN BÉNITIER.

Ce bénitier du 17e siècle provient de l’Hôpital général de Québec. Cet objet servait à contenir de l’eau bénite.

Le curé dirige la vie religieuse de sa paroisse. Par exemple, il célèbre la messe tous les dimanches et lors des fêtes religieuses. Les sacrements du baptême, du mariage et de l’extrême-onction, les rites de la communion et de la confession sont autant d’étapes religieuses qui rythment la vie de tous les habitants. Les prêtres bénissent aussi les semences pour favoriser la récolte. Ils organisent des processions et des prières pour obtenir de la pluie ou du beau temps. Grâce à ce contact personnel et direct avec les habitants, l’Église conserve un grand pouvoir sur la vie quotidienne des gens, leurs valeurs et leurs comportements. Cependant, le nombre de prêtres et de curés demeure insuffisant pour répondre à tous les besoins.

Mgr de Saint-Vallier Le deuxième évêque de la Nouvelle-France, de 1688 à 1727, Mgr JeanBaptiste de Saint-Vallier, espère retrouver le même pouvoir sur l’État et la population en général que l’Église possédait entre les années 1630 à 1660. En voulant reprendre une partie de l’autorité perdue, il provoque plusieurs conflits entre l’Église et l’État, et même entre différents groupes au sein de l’Église. Mgr de Saint-Vallier est un ecclésiastique qui voit le mal partout. Il émet plusieurs directives pour changer les comportements des habitants de la colonie qu’il juge inacceptables. Il se plaint de l’attitude du gouverneur Frontenac et de certaines personnes haut placées dans la colonie. Plusieurs dirigeants et habitants jugent ses exigences exagérées. Aussi Mgr de SaintVallier éprouve-t-il des difficultés à faire appliquer ses recommandations. La rigueur de ses exigences, et l’habitude des habitants et des dirigeants de la colonie de mener une vie plus libre et plus décontractée que ne le recommande l’évêque créent des tensions. D’autant plus que Mgr de SaintVallier a une vision très différente de celle de Mgr de Laval, son prédécesseur. Sa décision de transformer l’organisation de l’Église, que vient tout juste de créer Mgr de Laval, entraîne un grave conflit entre les partisans des deux évêques. Ces querelles durent ensuite une trentaine d’années.

DU POUVOIR AUX POUVOIRS (1608-1760)

QUESTIONS 1. a) Décrivez l’organisation politique mise en place par le roi de France à la fin des années 1660. b) Quelle est la place de l’Église dans cette organisation ? 2. Par quels moyens Mgr de Saint-Vallier tente-t-il d’imposer son pouvoir sur l’État et la population ? Méthodologie 3. [Doc. 2] Dans quelle situation est-il possible de distribuer de l’alcool aux Amérindiens sans craindre l’excommunication ? Réflexion 4. À partir de ce que vous venez de lire, quelle conclusion pouvez-vous tirer sur la place actuelle de l’Église dans la société québécoise ?

269

LA FILIÈRE DU TEMPS

La religion dans les paroisses

LA FILIÈRE DU TEMPS

Les relations entre la colonie et la métropole En 1663, le roi de France, Louis XIV, décide de prendre en charge l’administration de la Nouvelle-France. Il comprend que le peuplement et la prospérité de la colonie peuvent contribuer à la puissance du royaume de France. Désormais, l’administration représente les intérêts royaux et n’est plus laissée aux compagnies qui détiennent le monopole du commerce des fourrures. Le roi supprime d’ailleurs les privilèges de la Compagnie des Cent-Associés.

1

L’ORGANISATION DU POUVOIR EN NOUVELLE-FRANCE À PARTIR DE 1663.

En 1663, la Nouvelle-France devient une colonie royale. Dès lors, elle est prise en main par le roi et les personnes clés qu’il désigne.

Le roi dote la colonie d’une administration similaire à celles des provinces de France. Dans la métropole, toutes les colonies du roi relèvent du ministre de la Marine. En Nouvelle-France, l’exécution des ordres royaux est confiée à deux hauts dirigeants : le gouverneur général et l’intentant. Provenant de la noblesse française, le gouverneur est le représentant officiel du roi de France et le premier dirigeant de l’État en Nouvelle-France. Le gouverneur commande l’armée, est responsable des relations avec les nations amérindiennes et les colonies britanniques. L’intendant, qui provient souvent de la petite noblesse, possède aussi de nombreux pouvoirs dans la colonie. Il est en charge de toute l’administration des finances, de la justice et de la sécurité.

• Possède tous les pouvoirs. • Nomme les ministres, le gouverneur et l’intendant.

S • Est responsable de l’ensemble des colonies. • Prend les décisions qui concernent la Nouvelle-France.

S • Représente le roi. • Est responsable de l’organisation militaire et de la défense. • Est responsable des relations extérieures (rapport de la Nouvelle-France avec les colonies britanniques voisines, relations avec les Amérindiens).

• Est composé du gouverneur général, de l’intendant, de l’évêque et de quelques conseillers. • Enregistre les édits royaux. • Exerce la fonction de tribunal d’appel.

S • Est l’administrateur de la colonie. • Est responsable de la justice. • Est responsable de l’administration interne (peuplement et occupation du territoire, voirie, sécurité publique). • Est responsable des finances de la colonie.

S

S

• Représentent le gouverneur général dans toutes les régions.

• Représentent l’intendant dans les régions.

S

S

• Représente le gouverneur général et l’intendant. • Veille à l’exécution des directives des autorités (entretien des chemins, corvées, etc.). • Est responsable de la milice.

S

270

DOSSIER 4

POUVOIR ET POUVOIRS

LA FILIÈRE DU TEMPS

Les communications avec la métropole En raison de la structure administrative imposée par la métropole, il est presque impossible de prendre des décisions importantes en Nouvelle-France sans obtenir le consentement du roi ou de son ministre de la Marine. Les dirigeants de l’État en Nouvelle-France, c’est-à-dire le gouverneur et l’intendant, doivent donc constamment présenter des rapports, des mémoires et des lettres pour expliquer les besoins de la colonie et exprimer leur opinion sur les mesures à prendre. Quand le gouverneur ou l’intendant prennent des décisions ou posent un geste sans avoir obtenu l’autorisation du roi ou de son ministre de la Marine, ils doivent alors rendre compte de leurs actes et des raisons qui les ont motivés. Cette façon de fonctionner comporte plusieurs inconvénients. D’abord, les messages de part et d’autre de l’Atlantique prennent plusieurs mois avant d’être acheminés. Par exemple, si une lettre ou un rapport du gouverneur est envoyé au mois de juillet 1700, il ne parvient entre les mains du roi qu’au mois de septembre, si tout se passe bien. La réponse du roi arrive ensuite à la colonie l’été suivant, soit au mois de juin ou juillet 1701. Pour éviter que les documents ne se perdent en chemin, une ou deux copies du même document sont envoyées par un bateau différent. D’autre part, il est difficile pour le roi et son ministre de la Marine, qui n’ont jamais mis les pieds en Nouvelle-France, de comprendre la situation exacte et la nature précise des problèmes ou la pertinence des solutions qu’il est possible d’apporter. De sorte que le gouverneur et l’intendant essaient toujours de satisfaire le roi ou son ministre de la Marine, en même temps qu’ils tentent de poser les gestes les plus appropriés, compte tenu de la situation qu’ils connaissent mieux que le roi ou son ministre de la Marine. Enfin, dans cette correspondance entre les dirigeants et les personnes influentes de la colonie et le roi, on trouve l’écho de plusieurs conflits qui surviennent dans la colonie. Par exemple, quand un problème se présente entre le gouverneur et l’évêque, seul le roi peut décider à qui donner tort ou raison. Le gouverneur et l’évêque écrivent au roi pour justifier leur point de vue, chacun tentant de convaincre le roi que c’est lui qui a raison. Par conséquent, les rapports qui existent entre la colonie et la métropole sont relativement compliqués. Souvent, les personnes décident de prendre le bateau afin d’aller expliquer leur problème au roi ou à son ministre de la Marine et s’assurer de bien se faire comprendre en fournissant tous les arguments nécessaires, et cela malgré les risques que comporte chaque traversée de l’océan à cette époque.

3

LE ROI RAPPELLE À L’ORDRE SON GOUVERNEUR GÉNÉRAL.

«

Source : Jean-Baptiste COLBERT, Lettre au comte de Frontenac, 17 mai 1674.

LA STATUE DE JEAN TALON DEVANT LE PARLEMENT DE QUÉBEC.

Jean Talon occupe le poste d’intendant de la Nouvelle-France de 1665 à 1668, puis de 1670 à 1672. Il cherche notamment à favoriser le peuplement et le développement économique de la colonie.

QUESTIONS 1. Que signifie pour la Nouvelle-France le fait de devenir une colonie royale en 1663 ? 2. Expliquez pourquoi il est difficile pour les dirigeants de la Nouvelle-France de prendre des décisions importantes. Méthodologie 3. [Doc. 1] Expliquez le rôle du Conseil souverain.

Dans cette lettre écrite au comte de Frontenac, Jean-Baptiste Colbert, ministre de Louis XIV, rend compte des ordres du roi au sujet du développement de la colonie. J’ai rendu compte au roi du contenu de vos lettres du 13 novembre dernier. Sa Majesté a entendu le détail avec satisfaction. Elle m’a ordonné de vous expliquer ses intentions sur tous les points qu’elle contient. […] Sur le premier point concernant les règlements de police que vous avez faits, et l’établissement des chemins de la ville de Québec […], Sa Majesté m’ordonne de vous dire que vous avez en cela passé les bornes du pouvoir qu’elle vous a donné, d’autant que ce règlement de police devait être fait par le Conseil souverain auquel vous devez présider.

2

4. [Doc. 3] Dans cette lettre, qu’est-il reproché au comte de Frontenac ? Réflexion

»

DU POUVOIR AUX POUVOIRS (1608-1760)

5. Désignez un aspect des relations entre la colonie et la métropole que vous souhaiteriez approfondir. Expliquez pourquoi et dites de quelle façon vous pourriez le faire.

271

LA FILIÈRE DU TEMPS

2

1608-1760

1760-1867

1867 à nos jours

Un nouveau régime Depuis les débuts de la Nouvelle-France, l’Angleterre et la France ne cessent de s’affronter. Les Anglais, qui cherchent à conquérir l’ensemble de l’Amérique du Nord, engagent des forces colossales pour y parvenir. En 1763, la NouvelleFrance devient finalement une colonie britannique. Comment les Canadiens s’adaptent-ils à cette nouvelle réalité politique ? Parviennent-ils à conserver leurs droits et leur identité ? Comment défendent-ils leurs intérêts ?

La conquête de la Nouvelle-France

1

La rivalité pour la possession des territoires en Amérique du Nord s’intensifie entre les Anglais et les Français. En Europe, les guerres qui opposent les deux métropoles provoquent plusieurs conflits dans les colonies, ce qui entraîne progressivement l’effritement de l’Empire français. La première guerre intercoloniale se termine en 1697 avec la signature du traité de Ryswick. Toutefois, les territoires conquis de part et d’autre sont abandonnés et chacun conserve les mêmes possessions qu’avant la guerre.

LE TERRITOIRE DE LA NOUVELLE-FRANCE APRÈS LE TRAITÉ D’UTRECHT EN 1713.

Après la seconde guerre intercoloniale, le territoire de la NouvelleFrance se trouve considérablement modifié puisque la France cède à la Grande-Bretagne la baie d’Hudson, l’Acadie et l’île de Terre-Neuve par la signature du traité d’Utrecht de 1713. Cette perte affaiblit la position de la Nouvelle-France du côté de l’Atlantique. Les pêcheries à l’entrée du fleuve et le commerce des fourrures d’une partie du Nord passent entre les mains de la Grande-Bretagne. Les Iroquois se retrouvent alors sous protectorat britannique.

Lors de la signature du traité d’Utrecht, en 1713, le territoire de la Nouvelle-France se trouve considérablement modifié. La France cède à la Grande-Bretagne la baie d’Hudson, l’Acadie et l’île de Terre-Neuve, et conserve l’île du Cap-Breton et l’île Saint-Jean (Île-du Prince-Édouard).

Baie d’Ungava

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Droit de pêche français

DOSSIER 4

Légende Ville Territoire contesté Possession Britannique Espagnole Française

POUVOIR ET POUVOIRS

De 1744 à 1748, dans le cadre de la guerre de Succession d’Autriche, les hostilités reprennent entre la France et la Grande-Bretagne. Le traité d’Aix-laChapelle, signé en 1748, met fin à la troisième guerre intercoloniale, mais ne règle rien. Des combats font rage de nouveau dans les colonies en 1754, avant même que la guerre de Sept Ans, entre la France et la Grande-Bretagne, n’éclate en Europe en 1756.

La bataille des Plaines d’Abraham En 1759, lors de la bataille des Plaines d’Abraham, les troupes des généraux Louis-Joseph Montcalm et James Wolfe s’affrontent, et la victoire revient aux Britanniques. L’année suivante, les troupes françaises remportent la bataille de Sainte-Foy, et les forces britanniques convergent vers Montréal. La ville est encerclée de toutes parts. Le gouverneur Vaudreuil choisit de ne pas livrer bataille et signe la capitulation. Pour la France, c’est la défaite. En attendant l’issue du conflit, la Nouvelle-France passe sous un régime militaire de 1760 à 1763. Au cours de cette période, environ 4000 personnes, surtout les soldats et les dirigeants français, quittent la Nouvelle-France pour la métropole. Toutefois, les membres du clergé demeurent dans la colonie.

LA FILIÈRE DU TEMPS

La révolte de Pontiac Après la guerre de la Conquête, les Amérindiens, habitués à commercer avec les Français, sont inquiets devant l’attitude des militaires et des marchands britanniques à leur égard. Le chef Pontiac rallie plusieurs nations et se révolte contre les Britanniques et leur présence dans la région des Grands Lacs. Des attaques sont dirigées contre des forts anglais et certains postes de traite. Les troupes britanniques ripostent et reprennent la plupart des forts en 1764. Les guerriers amérindiens se trouvent de plus en plus dispersés. En 1766, Pontiac signe la paix.

La Proclamation royale Lors du traité de Paris signé en 1763, la France, défaite également en Europe, concède officiellement la Nouvelle-France à la GrandeBretagne, qui détient alors une grande partie de l’Amérique du Nord. La Proclamation royale, adoptée la même année, redéfinit le territoire de la Province of Quebec. Les Britanniques, aux prises avec la force guerrière amérindienne, choisissent de reconnaître des droits territoriaux aux nations autochtones. Avec la Proclamation royale, le bassin des Grands Lacs, ce territoire essentiel au commerce des fourrures qui s’étend des Treize colonies jusqu’au fleuve Mississippi, est dorénavant réservé à l’usage exclusif des Amérindiens. Seule la Couronne peut acheter des terres aux Amérindiens, et aucun territoire ne peut être colonisé sans la signature de traités entre les chefs amérindiens et le gouvernement.

La Proclamation royale prévoit la nomination d’un gouverneur général aux pouvoirs considérables, assisté dans ses fonctions par un Conseil législatif. Cette première constitution autorise le gouverneur à former une assemblée législative, mais celle-ci ne verra jamais le jour. Le gouverneur général reçoit l’assistance d’un Conseil à la fois législatif et exécutif, qui est formé à ses débuts des lieutenants-gouverneurs de Trois-Rivières et de Montréal, du juge en chef de la colonie et de conseillers choisis parmi les notables.

Artiste inconnu, Chef Pontiac, 18e siècle.

QUESTIONS 1. Comment la guerre entre la France et l’Angleterre a-t-elle contribué à la défaite de la Nouvelle-France ? 2. De quelle façon les Britanniques mettent-ils fin au conflit qui les oppose aux Amérindiens ?

LA PROCLAMATION ROYALE DE 1763.

La Proclamation royale est la première constitution s’appliquant au territoire nouvellement acquis. Elle est adoptée le 7 octobre 1763, mais n’entre en vigueur que le 10 août 1764.

Méthodologie

«

Nous avons […] donné le pouvoir et l’autorité aux gouverneurs de nos colonies respectives, d’ordonner et de convoquer, […] dès que l’état et les conditions des colonies le permettront, des assemblées générales de la manière prescrite et suivie dans les colonies et les provinces d’Amérique placées sous notre gouvernement immédiat. […] Dans l’intervalle et jusqu’à ce que ces assemblées puissent être convoquées, tous ceux qui habitent ou qui iront habiter nos dites colonies peuvent se confier entre notre protection royale et compter sur nos efforts pour leur assurer les bienfaits des lois de notre royaume d’Angleterre. Source : GEORGE III d’Angleterre, Proclamation royale, octobre 1763.

LE CHEF AMÉRINDIEN PONTIAC (1714-1769).

Chef de la nation des Outaouais, Pontiac mobilise les nations amérindiennes de la région des Grands Lacs contre les Britanniques en 1763.

Un nouveau gouvernement

3

2

»

DU POUVOIR AUX POUVOIRS (1760-1867)

3. [Doc. 1] À l’aide de la carte, expliquez les conséquences de la signature du traité d’Utrecht pour la Grande-Bretagne et pour la France. 4. [Doc. 3] En matière judiciaire, que prévoit la Proclamation royale ? Réflexion 5. Exprimez en quelques mots ce que vous avez appris sur la conquête de la Nouvelle-France.

273

LA FILIÈRE DU TEMPS

Saviez-v us que... Le gouvernement et les Britanniques Au lendemain de la Conquête, les Juifs constituent une petite communauté concentrée à Montréal. Beaucoup s’y sont installés pour faire du commerce. Cette communauté ne jouit cependant pas de tous les droits. À l’instar des catholiques, les Juifs doivent aussi prêter le serment du Test. En 1832, la loi de l’émancipation politique des Juifs leur accorde la possibilité de tenir des registres civils et d’obtenir la pleine égalité des droits. Cette loi, très progressiste pour l’époque, fait de la Chambre d’assemblée du Bas-Canada le premier Parlement de l’Empire britannique à reconnaître cette émancipation.

Serment du Test : Engagement exigé par les autorités britanniques par lequel certains dogmes de la foi catholique et l’autorité spirituelle du pape sont niés.

1

LA DANSE AU CHÂTEAU SAINT-LOUIS, À QUÉBEC.

Le château Saint-Louis est la résidence du gouverneur à Québec. Il s’y déroule régulièrement des bals et de grandes réceptions. Le Conseil de Québec siège habituellement à cet endroit.

En 1763, la Grande-Bretagne souhaite soumettre la colonie aux lois britanniques et à la religion protestante. Elle adopte des mesures qui visent à favoriser le peuplement grâce à l’immigration britannique, ce qui entraînerait l’assimilation progressive des Canadiens. Quelques mois après l’adoption de la Proclamation royale, le gouverneur James Murray reçoit des instructions détaillées sur la façon d’administrer la colonie. Le gouvernement britannique demande entre autres l’application des lois britanniques et la création d’écoles protestantes. Tous ceux qui veulent occuper des postes clés dans l’administration doivent prêter le serment du Test. Toutefois, cette tentative d’assimilation des Canadiens est un échec, notamment parce que peu de Britanniques souhaitent s’établir dans la colonie.

L’administration du gouverneur Murray Tout comme il le fait depuis le début du régime militaire, le gouverneur James Murray doit s’adapter aux circonstances et tenter de trouver certains compromis pour satisfaire la majorité canadienne. Alors que la Proclamation royale recommande la création de tribunaux pour juger les causes tant civiles que criminelles selon les lois britanniques, le gouverneur choisit plutôt de créer un système de justice à plusieurs paliers. Au niveau supérieur, la Cour supérieure, ou Cour du banc du roi, siège deux fois l’an et entend toutes les causes criminelles et civiles importantes. Au niveau intermédiaire, une Cour de justice inférieure, ou Cour des plaidoyers communs, est instaurée. Lorsque des Canadiens sont jugés, ce sont les lois françaises qui s’appliquent. Désormais, les avocats et les procureurs peuvent être des sujets canadiens. De plus, en tant que sujets britanniques, tous les Canadiens peuvent être jurés sans avoir à prêter le serment du Test. Toutes les causes de petites valeurs sont confiées à des juges de paix protestants qui sont nommés pour tout le territoire. Les nobles et les seigneurs canadiens, dont le prestige et la prospérité dépendaient autrefois de la protection du roi de France, et qui bénéficiaient de concessions de terres et de postes d’officiers, souhaitent conserver le même statut et les mêmes avantages sous le nouveau régime. Leurs demandes ont toutefois peu de succès avant 1774, car les faveurs et les nominations au Conseil vont systématiquement à des protestants de langue anglaise.

George Heriot, Danse au château Saint-Louis, 1801.

274

DOSSIER 4

POUVOIR ET POUVOIRS

Au plan religieux, le gouverneur James Murray se montre tolérant envers les Canadiens. La Proclamation royale autorise d’ailleurs les catholiques à pratiquer leur religion. Le clergé catholique, satisfait d’obtenir la liberté de culte, cherche à jouer auprès des nouveaux dirigeants le rôle qu’il occupait au temps de la Nouvelle-France. Le gouverneur Murray tire parti de la collaboration du nouvel évêque de la colonie, dont il a encouragé la nomination, pour tenter de gagner la sympathie de ses nouveaux sujets.

2

LA PAGE FRONTISPICE DU JOURNAL LA GAZETTE DE QUÉBEC DU 21 JUIN 1764.

Publiée à partir de 1764, La Gazette de Québec est un journal bilingue qui diffuse notamment des communiqués et différents documents rédigés par les autorités britanniques comme des lois, des décrets et des ordonnances.

Les marchands britanniques et le gouverneur Les négociants canadiens ont subi de lourdes pertes financières au terme de la Conquête. La liberté de commerce leur donne une nouvelle chance de se reprendre. Cependant, les marchands britanniques venus s’établir dans la colonie prennent peu à peu possession du marché. L’économie passe ainsi sous la domination des Britanniques. Sans se soucier de la population canadienne, ceux-ci réclament l’application des lois britanniques et l’établissement d’une assemblée législative. Ces revendicateurs forment le British Party, qui n’est pas un parti politique officiel, mais plutôt un groupe d’intérêts. Les membres du British Party, composés surtout de marchands, de fonctionnaires et d’administrateurs, refusent l’application des lois françaises et désirent que le territoire soit britannique et anglophone. De leur côté, les membres du Parti canadien, composé surtout d’administrateurs et de fonctionnaires, de francophones, de seigneurs et de certains officiers craignent l’attitude trop radicale des marchands britanniques. Ainsi débute le long conflit qui oppose les partisans de ces deux visions différentes de l’avenir politique de la colonie. Le gouverneur Murray s’oppose aux revendications des marchands britanniques et se porte en faveur du Parti canadien. Son attitude lui attire les critiques du British Party, qui le dénonce auprès des autorités britanniques. Il est alors rappelé à Londres et remplacé par Guy Carleton. Lorsque ce dernier arrive dans la colonie, il se montre d’abord sensible aux arguments du British Party, mais il constate rapidement qu’il ne peut diriger sans l’appui des Canadiens. Il finit donc par adopter la même attitude que son prédécesseur. L’appui de James Murray et de Guy Carleton ainsi que les demandes du clergé vont finalement conduire à des concessions aux Canadiens.

3

GUY CARLETON ET LA CRITIQUE DU RÉGIME ANGLAIS.

QUESTIONS 1. Nommez les compromis du gouverneur Murray afin de satisfaire les Canadiens. 2. Pourquoi les marchands anglais sont-ils en désaccord avec certaines politiques du gouverneur Murray ?

Dans cette lettre adressée au secrétaire d’État, le gouverneur Guy Carleton prend la défense des Canadiens.

«

Méthodologie

Il ne faut pas perdre de vue que le peuple canadien se compose […] d’habitants occupant une colonie établie depuis longtemps, que les armes de Sa Majesté ont forcé à se soumettre à sa puissance, à certaines conditions. Il faut tenir compte aussi que leurs lois et leurs coutumes étaient radicalement différentes des lois et des coutumes d’Angleterre […]. Toute cette organisation, en une heure, nous l’avons renversée par l’ordonnance du 17 septembre 1764, et des lois inconnues qui n’ont pas été publiées et qui étaient contraires au tempérament des Canadiens, à la situation de la colonie et aux intérêts de la GrandeBretagne furent introduites à la place. Si je ne me trompe, aucun conquérant n’a eu recours dans le passé à des procédés aussi sévères. Source : Guy CARLETON, Lettre au secrétaire d’État britannique, décembre 1767.

»

DU POUVOIR AUX POUVOIRS (1760-1867)

3. [Doc. 2] Bien que la Province of Quebec soit une colonie britannique, La Gazette de Québec, qui publie les documents officiels, est bilingue. Pourquoi en est-il ainsi ? 4. [Doc. 3] Quels arguments utilise Guy Carleton pour justifier des concessions en faveur des Canadiens ?

275

LA FILIÈRE DU TEMPS

L’Église et le gouverneur

LA FILIÈRE DU TEMPS

L’agitation dans les Treize colonies et les concessions de Londres La Proclamation royale de 1763 soulève la grogne dans les Treize colonies britanniques. Déjà qu’elles tolèrent mal leur assujettissement à la métropole, voilà qu’elles se voient interdire la possibilité d’étendre leur territoire à celui des autochtones. Plus encore, dès l’année suivante, en 1764, le gouvernement de Londres leur impose des mesures fiscales et une série de lois qui renforcent encore davantage leur mécontentement. Craignant que cette grogne des colonies du Sud ne s’étende à celles du Nord, Londres décide de faire des concessions à la population francophone de la Province of Quebec afin de s’assurer de sa loyauté envers la métropole. C’est dans ce contexte que le Parlement britannique adopte, en 1774, l’Acte de Québec, qui apporte des changements importants à l’organisation de la province. Cette deuxième constitution étend considérablement ses frontières et promulgue des mesures favorables aux Canadiens.

1

Les dispositions de l’Acte de Québec LE BOSTON TEA PARTY.

La colère des colons des Treize colonies augmente après que le gouvernement britannique leur impose une série de mesures législatives. Le 16 décembre 1773, des patriotes de Boston, dont certains sont déguisés en Amérindiens, jettent à la mer, en guise de protestation, une cargaison de caisses de thé appartenant à la Compagnie des Indes orientales. École anglaise, The Boston Tea Party [Le Boston Tea Party], 20e siècle.

Le territoire de la Province of Quebec est élargi pour englober, notamment, le Labrador, la région des Grands Lacs et une partie de la vallée de l’Ohio. Le serment du Test est supprimé, ce qui permet aux catholiques d’occuper des postes administratifs et de siéger au Conseil législatif. Cette nouvelle disposition permet de donner à la langue française une plus grande place dans l’administration et dans la correspondance gouvernementale. Le libre exercice de la religion et le droit de fréquenter l’école catholique sont garantis par la nouvelle constitution. Le clergé recouvre le droit de percevoir la dîme. La hiérarchie catholique est reconnue, mais demeure sous l’autorité du roi de Grande-Bretagne. Bien qu’il maintienne les lois britanniques en droit criminel, l’Acte de Québec rétablit les lois françaises en matière de droit civil. Ce rétablissement confirme le statut du régime seigneurial, c’est-à-dire que les seigneurs conservent leurs droits et leurs propriétés.

Dans la Province of Quebec, les réactions sont diverses. Les Canadiens accueillent favorablement ces nouvelles dispositions. Toutefois, cette constitution déplaît aux marchands britanniques et aux administrateurs coloniaux opposés au gouverneur puisque l’idée d’une assemblée élue et à majorité anglaise est exclue. L’Acte de Québec prévoit plutôt la même organisation administrative qu’auparavant, soit un gouverneur et un conseil législatif composé de Britanniques et de 2 LE POUVOIR ENTRE LES MAINS DU GOUVERNEUR. Canadiens. Les marchands britanniques se disent néanmoins satisfaits L’historien Yvan Lamonde interprète la portée de l’Acte de Québec. du redécoupage des frontières, qui er leur donne accès à des territoires L’Acte de Québec est sanctionné le 22 juin 1774 et doit entrer en vigueur le 1 mai 1775. […] Le pouvoir demeure dans les mains du gouverneur qui s’entoure d’un riches en animaux à fourrure.

«

Exécutif nommé par lui. La métropole garde le contrôle de la colonie et considère comme hâtif l’établissement d’une Chambre d’assemblée. En maintenant le système seigneurial, la coutume de Paris et les lois françaises, il est manifeste que l’autorité politique entend prendre appui sur les seigneurs, dont sept font partie du premier Conseil. Seigneurs, autorités locales et métropolitaines partagent les mêmes valeurs et les mêmes intérêts : croyance dans la monarchie, fidélité au roi, appui de l’aristocratie, union de l’État et de l’Église.

Source : Yvan LAMONDE, Histoire sociale des idées au Québec, 1760-1896, Montréal, Fides, 2000, p. 25.

276

DOSSIER 4

POUVOIR ET POUVOIRS

»

Dans les colonies du Sud, l’Acte de Québec constitue un motif supplémentaire d’irritation. Les colons des Treize colonies se demandent pourquoi des concessions territoriales, notamment l’Ohio, sont faites en faveur des vaincus, les francophones catholiques.

En 1774, les représentants élus des colonies du Sud se réunissent à Philadelphie pour tenir un premier congrès. Même s’ils sont mécontents des dispositions de l’Acte de Québec, ils adressent une lettre officielle aux Canadiens les invitant à se rallier à leur cause. Pour contrer cet appel à prendre part à la Révolution américaine, Mgr Jean-Olivier Briand, chef de l’Église catholique dans la Province of Quebec, exhorte les fidèles à demeurer loyaux envers la Grande-Bretagne. Une partie des marchands britanniques et des habitants francophones appuie les troupes révolutionnaires. Cependant, la population demeure neutre en général.

3

L’ARRIVÉE DES LOYALISTES AU CANADA.

À la suite de la Révolution américaine, des milliers de loyalistes quittent les États-Unis pour trouver refuge dans les colonies de l’Empire britannique.

Quelques mois après les premiers combats de la guerre d’Indépendance, l’armée révolutionnaire des colons américains envahit la Province of Quebec afin de protéger le Nord contre toute incursion britannique. Des Canadiens, peu nombreux, se joignent aux insurgés. La colonie reste occupée de l’automne 1775 au printemps 1776. Une contre-offensive de l’armée britannique met fin à ce siège.

4

Mgr BRIAND S’ADRESSE AUX CANADIENS.

Lors de l’Invasion américaine, Mgr Jean-Olivier Briand rédige un mandement enjoignant la population de résister aux insurgés et de reconnaître l’autorité britannique.

«

Une troupe de sujets révoltés contre leur légitime Souverain […] vient de faire une irruption dans cette province, moins dans l’espérance de s’y pouvoir soutenir que dans la vue de vous entraîner dans leur révolte, ou au moins de vous engager à ne pas vous opposer à leur pernicieux dessein. La bonté singulière et la douceur avec laquelle nous avons été gouvernés de la part de Sa Très Gracieuse Majesté le Roi George III, depuis que, par le sort des armes, nous avons été soumis à son empire ; les faveurs récentes dont il vient de nous combler […] suffiraient sans doute pour exciter votre reconnaissance et votre zèle à soutenir les intérêts de la Couronne de la Grande-Bretagne. […] Il ne s’agit pas de porter la guerre dans les provinces éloignées : on vous demande seulement un coup de main pour repousser l’ennemi et empêcher l’invasion dont cette province est menacée. La voix de la religion et celle de vos intérêts se trouvent ici réunies et nous assurent de votre zèle à défendre nos frontières et nos possessions. Source :

Mgr Jean-Olivier

BRIAND, Mandement au sujet de l’invasion des Américains au Canada, 22 mai 1775.

Howard Pyle, Loyalists to Canada [Des loyalistes en route pour le Canada], 1901.

»

L’arrivée des loyalistes La guerre d’Indépendance se solde par la victoire des troupes révolutionnaires des Treize colonies. En 1783, le traité de Versailles met fin à la guerre et marque la naissance des États-Unis d’Amérique. Plusieurs milliers de colons américains qui ont combattu aux côtés des troupes britanniques dans cette guerre se trouvent dans une position périlleuse à la fin du conflit. Afin d’éviter les représailles, nombre d’entre eux quittent les États-Unis pour la Grande-Bretagne, les Antilles ou les colonies de l’Amérique du Nord britannique : en Nouvelle-Écosse, dans la Province of Quebec, au nord du lac Ontario et du lac Érié. Ces colons demeurés loyaux à la Couronne britannique sont appelés « loyalistes ». L’arrivée de quelque 6000 d’entre eux dans la Province of Quebec augmente le rapport de force des anglophones, qui s’opposent aux lois civiles françaises, souhaitent l’abolition du régime seigneurial et réclament, entre autres changements politiques, la formation d’une assemblée représentative.

DU POUVOIR AUX POUVOIRS (1760-1867)

QUESTIONS 1. Quelles sont les réactions suscitées par l’Acte de Québec parmi la population de la Province of Quebec et des colonies américaines ? 2. De quelle manière l’agitation dans les Treize colonies influence-t-elle les événements qui se déroulent dans la Province of Quebec entre 1774 et 1783 ? Méthodologie 3. [Doc. 2] Selon cet historien, en quoi l’Acte de Québec avantage-t-il les seigneurs ? 4. [Doc. 4] Nommez un argument invoqué par Mgr Briand pour convaincre la population de ne pas se révolter contre l’autorité britannique.

277

LA FILIÈRE DU TEMPS

La guerre d’Indépendance américaine

LA FILIÈRE DU TEMPS

L’Acte constitutionnel de 1791 Londres se trouve dans une situation où elle doit satisfaire à la fois les marchands britanniques, qui contrôlent l’économie, et les Canadiens, qui sont majoritaires. Les autorités britanniques décident donc, en 1791, de diviser le territoire de la Province of Quebec en deux territoires, créant ainsi le HautCanada, où les loyalistes sont majoritaires, et le Bas-Canada, où les Canadiens sont plus nombreux. Chaque territoire est doté d’un Conseil législatif et d’un Conseil exécutif, dont les membres sont nommés, et d’une Chambre d’assemblée formée de députés élus. Avec l’Acte constitutionnel, le gouverneur conserve un pouvoir important. Représentant des intérêts de la métropole, il a le pouvoir de dissoudre la Chambre et donc de déclencher des élections, et c’est lui qui nomme les membres des deux conseils : le Conseil exécutif et le Conseil législatif. La Chambre d’assemblée détient le pouvoir de proposer des lois. Celles-ci doivent cependant être approuvées par le Conseil législatif, qui peut choisir de les amender ou de les rejeter.

Un apprentissage difficile

1

Les premières élections à se tenir au Bas-Canada ont lieu en juin 1792 et se déroulent dans la confusion : il n’existe pas encore de parti politique organisé, et le vote se fait oralement. Les Britanniques font élire 16 députés, les Canadiens, 34. Dès les premières séances, des conflits surgissent entre l’Assemblée, le gouverneur et ses conseillers.

LES DEUX CANADAS EN 1791.

Alors que le Bas-Canada est peuplé à 90 % de francophones, le Haut-Canada est principalement peuplé de loyalistes d’expression anglaise.

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Les premiers sujets de mésentente portent sur le choix d’un président ainsi que sur la langue de l’Assemblée et des textes de loi. Concrètement, les Canadiens réclament que le français ait un statut juridique officiel et égal à la langue anglaise. Finalement, l’Assemblée trouve un compromis et adopte une loi décrétant que les deux langues seront officielles. Londres oppose cependant son veto : l’anglais devient la seule langue officielle du Bas-Canada. Le français est considéré comme une simple langue de traduction. Les députés de la Chambre d’assemblée 0 150 300 450 km se regroupent selon leur appartenance linguistique. Les députés canadiens disposent quant à eux d’un parti qu’on nomme le « Parti canadien ». Ce parti forme un bloc homogène contre le British Party, dont les membres sont très proches du gouverneur, et qui reçoivent l’appui des membres des deux conseils.

int-Lauren Sa t ve Île Saint-Jean

TERRENEUVE

NOUVEAUÎles Saint-PierreBRUNSWICK et-Miquelon (FRANCE) NOUVELLEÉCOSSE Île du ÉTATS-UNIS

Cap-Breton

OCÉAN ATLANTIQUE

Légende Frontière définie Possession britannique Frontière approximative Bas-Canada Territoire britannique Haut-Canada contesté par les États-Unis Autre territoire

278

DOSSIER 4

POUVOIR ET POUVOIRS

Des conflits surgissent régulièrement, comme c’est le cas lors de la « querelle des prisons » en 1805. Dans le but de financer la construction d’une prison, les Britanniques proposent d’augmenter la taxe foncière, ce qui serait désavantageux pour les agriculteurs, alors que les Canadiens sont plutôt d’avis d’imposer une taxe sur le commerce, au grand mécontentement des marchands britanniques. Ces désaccords révèlent la profonde division qui existe entre les deux partis. Pour sa part, le Parti canadien dénonce les conséquences de l’alliance entre les Conseils législatif et exécutif ainsi que la présence de juges au sein du pouvoir législatif.

En 1807, le gouverneur James Craig, nouvellement nommé, adopte une ligne dure avec les députés canadiens et provoque une véritable crise parlementaire. Il dissout la Chambre d’assemblée à quelques reprises. Durant une campagne électorale, Craig ordonne la saisie du journal Le Canadien et fait emprisonner ses imprimeurs et ses journalistes.

3

L’ORGANISATION POLITIQUE DU BAS-CANADA EN 1791.

L’Acte constitutionnel de 1791 entraîne la mise en place d’un régime parlementaire. La Chambre d’assemblée est composée de députés élus.

S

S

LE BILAN DU GOUVERNEUR CRAIG.

Dans cette lettre adressée au ministre des Colonies, le gouverneur James Craig fait le bilan de la situation entre les Britanniques et les Canadiens.

«

Je veux dire que, par la langue, la religion, l’attachement et les coutumes, il [ce peuple] est complètement français, qu’il ne nous est pas attaché par aucun autre lien que par un gouvernement commun ; et que, au contraire, il nourrit à notre égard des sentiments de méfiance [...], des sentiments de haine [...]. La ligne de démarcation entre nous est complète. Source : James CRAIG, Lettre à lord Liverpool, 1er mai 1810.

• Représente le gouvernement britannique. • Recommande la nomination des membres du Conseil exécutif et du Conseil législatif. • Peut s’opposer à l’adoption d’une loi. • A le pouvoir de dissoudre la Chambre d’assemblée.

• Se compose des membres nommés par le gouvernement britannique sur la recommandation du gouverneur général. • Conseille le gouverneur.

2

LA FILIÈRE DU TEMPS

Ce climat d’opposition favorise aussi l’émergence d’une presse plus engagée. Le journal des marchands britanniques de Québec, The Quebec Mercury, fondé en 1805, multiplie les attaques contre les députés canadiens. En guise de réplique, le journal Le Canadien est fondé en 1806. Des députés ou futurs députés comme Pierre Bédard font partie de son équipe.

»

S

• Se compose des membres nommés par le gouvernement britannique sur la recommandation du gouverneur général. • Approuve ou modifie les projets de loi.

QUESTIONS 1. Quel événement force le gouvernement de Londres à créer une Chambre d’assemblée dans la Province of Quebec?

• Est composée de députés élus. • Vote des lois.

2. Pourquoi Londres crée-t-elle deux provinces avec deux Parlements ?

S

3. Que revendiquent en premier lieu les députés canadiens ? Méthodologie

L’Église et le début du parlementarisme Le clergé canadien approuve la création d’un Parlement où les députés pourraient être élus par des citoyens majoritairement canadiens. Dès 1791, un Parlement est créé par la métropole. De nombreux Canadiens, souvent des notables et des seigneurs, deviennent députés lors des premières élections. Si elle voit d’un bon œil l’instauration d’un Parlement, l’Église ignore à ce moment qu’une nouvelle forme de pouvoir est en train de naître. En effet, les députés qui font avancer la cause des Canadiens s’écartent parfois des positions du clergé. De plus, les députés canadiens sont bientôt insatisfaits de cette nouvelle assemblée, car ils souhaitent avoir davantage de pouvoirs. La révolte des patriotes se prépare, révolte que les hauts dirigeants de l’Église vont tenter de contenir, sans succès.

DU POUVOIR AUX POUVOIRS (1760-1867)

4. [Doc. 1] En observant la carte, quel indice permet de conclure que le Bas-Canada possède une certaine supériorité sur le Haut-Canada ? 5. [Doc. 3] Pourquoi les membres du Conseil législatif et du Conseil exécutif sont-ils majoritairement britanniques ? Réflexion 6. Exprimez en quelques mots ce que vous avez appris sur les débuts du parlementarisme canadien.

279

LA FILIÈRE DU TEMPS

1

Les patriotes et le gouvernement

LA MINERVE.

Une majorité des élus à la Chambre d’assemblée du Bas-Canada souhaite réformer le pouvoir colonial, mais le gouverneur et les membres du British Party s’y opposent. Les nombreux refus auxquels ils font face amènent des patriotes du Bas-Canada à défier le gouvernement britannique.

Fondé à Montréal en 1826, le journal de langue française La Minerve diffuse les idées des membres du Parti patriote.

«

La persécution que nous éprouvons de la part du Conseil législatif nous a été fort avantageuse. Depuis trois semaines, nous avons eu un nombre considérable de nouveaux abonnés, et maintenant nous croyons pouvoir dire que La Minerve est le journal qui a la plus grande circulation dans la province. Nous continuerons à tâcher de mériter cette approbation publique et générale de nos travaux et de la marche que nous avons constamment suivie. “Tout pour le peuple” a été et sera notre devise. […] Le peuple sent la nécessité de se procurer une éducation politique ; nous ne négligerons rien pour lui procurer ce qu’il désire. Source : La Minerve, 6 février 1832.

2

»

LOUIS-JOSEPH PAPINEAU À L’ASSEMBLÉE DES SIX COMTÉS.

En octobre 1837 se tient une assemblée à Saint-Charles où se succèdent des orateurs qui protestent contre le refus de Londres de réformer la Constitution. Certains sont en faveur d’un soulèvement armé ; d’autres, comme Louis-Joseph Papineau, recommandent la poursuite de la lutte politique pour les droits du peuple.

À partir des années 1820, les partis en Chambre se radicalisent. Graduellement, le Parti canadien change de nom pour devenir le Parti patriote. Le groupe de députés dirigés par Louis-Joseph Papineau réclame de plus en plus de concessions aux Britanniques. En janvier 1834, l’Assemblée, dominée par le Parti patriote, présente à Londres une liste de revendications dans un texte connu sous le nom de « 92 Résolutions ». L’Assemblée exige, entre autres, l’avènement d’un gouvernement responsable, le contrôle, par l’Assemblée, des dépenses militaires appelées « subsides », la possibilité pour les francophones d’accéder aux postes administratifs et l’élection du Conseil législatif. Ces réformes donneraient aux Canadiens, majoritaires, un plus grand poids politique vis-à-vis du gouverneur, même si la colonie demeure toujours soumise au pouvoir de la métropole. Des élections ont lieu au cours de l’automne 1834. Le Parti patriote l’emporte avec plus de 90 % des suffrages. À l’été 1835, un nouveau gouverneur, Archibald Acheson, comte de Gosford, est nommé. Accompagné de deux commissaires enquêteurs, Charles Grey et George Gipps, il vient constater l’ampleur de la crise. Les commissaires rencontrent les chefs canadiens-français pour tenter une médiation. À ce moment, la tension est palpable. Finalement, les commissaires remettent leur rapport à Londres en mars 1837. En réponse aux 92 Résolutions, John Russell, le ministre britannique des Colonies, soumet à son tour 10 résolutions au Parlement de Londres. Connues sous le nom de « Résolutions Russell », elles rejettent catégoriquement les demandes des patriotes, en plus d’octroyer au gouvernement le pouvoir de puiser dans le budget de l’Assemblée sans l’accord de celle-ci.

Charles Alexander Smith, Manifestation des Canadiens contre le gouvernement anglais, à Saint-Charles, en 1837 (dit aussi L’Assemblée des six comtés), 1890.

280

DOSSIER 4

POUVOIR ET POUVOIRS

En 1837, l’attitude intransigeante du gouvernement britannique fait naître deux courants au sein des patriotes. Certains croient que le recours à la force armée est le seul moyen d’amener la Couronne à reconnaître leurs droits. Pour les plus modérés, menés par des leaders politiques comme Louis Joseph Papineau, l’insurrection, pas plus que la soumission, ne sont des positions acceptables. Pour tenter de rallier l’appui de la population, les patriotes modérés organisent, à partir du printemps 1837, une série d’assemblées populaires et revendiquent l’autonomie politique de la colonie. La tension atteint un sommet lorsque les Fils de la Liberté, une association révolutionnaire patriotique, et le Doric Club, une association loyale au gouverneur, s’affrontent dans les rues de Montréal. Au cours des jours suivants, des batailles éclatent dans la vallée du Richelieu et au nord de Montréal. Les patriotes obtiennent une victoire à Saint-Denis en novembre 1837, mais sont défaits à Saint-Charles par les troupes britanniques. D’autres batailles ont lieu dans les jours suivants, où les rebelles subissent de cuisantes défaites. À Saint-Eustache, un affrontement majeur entre les troupes du général John Colborne et les patriotes menés par le docteur Jean-Olivier Chénier se solde par la mort de plusieurs rebelles. Même chose le lendemain dans le village de Saint-Benoît, où les soldats britanniques incendient et pillent les maisons en guise de représailles. De nouveaux affrontements ont lieu au Bas-Canada au cours de l’année 1838, menés par des chefs patriotes réfugiés aux États-Unis qui ont mis sur pied une organisation secrète, les Frères chasseurs. La répression de l’armée contre ceux-ci est cruelle. Douze patriotes sont exécutés et une soixantaine déportés. Le Haut-Canada connaît aussi une rébellion armée animée par William Lyon Mackenzie King, qui veut profiter de l’insurrection pour renverser le gouvernement conservateur. Son armée est également écrasée par les forces de l’ordre.

3

LE TESTAMENT POLITIQUE DE MARIETHOMAS CHEVALIER DE LORIMIER.

Pour sa participation aux rébellions de 1837 et de 1838, Chevalier de Lorimier est condamné à la pendaison pour haute trahison. Le 14 février 1839, à la veille de son exécution, il rédige son testament politique.

«

Je meurs sans remords ; je ne désirais que le bien de mon pays dans l’insurrection et l’indépendance ; mes vœux et mes actions étaient sincères et n’ont été entachés d’aucun des crimes qui déshonorent l’humanité, et qui ne sont que trop communs dans l’effervescence des passions déchaînées. [...] Mes efforts ont été pour l’indépendance de mes compatriotes ; nous avons été malheureux jusqu’à ce jour. [...] Malgré tant d’infortune, mon cœur entretient encore du courage et des espérances pour l’avenir. Mes amis et mes enfants verront de meilleurs jours, ils seront libres. Un pressentiment certain, ma conscience tranquille me l’assure.

»

Source : Marie-Thomas CHEVALIER DE LORIMIER, Lettre d’adieu, 14 février 1839.

Insurrection : Soulèvement contre le pouvoir établi.

TÉMOINS DE L’HISTOIRE MARIE-THOMAS CHEVALIER DE LORIMIER Dans les années 1820, Chevalier de Lorimier soutient les luttes menées par Louis-Joseph Papineau contre le gouverneur. Lorsque le Parlement de Londres adopte les Résolutions Russell et rejette les demandes des patriotes en 1837, Chevalier de Lorimier devient membre du mouvement de résistance créé par les chefs patriotes. Au début de l’insurrection, il est nommé capitaine du bataillon de milice dans le comté de Deux-Montagnes. Lorsque les patriotes se montrent incapables de repousser les troupes britanniques, Chevalier de Lorimier se réfugie aux États-Unis, d’où il tente d’organiser un nouveau soulèvement au Bas-Canada. Ses tentatives se soldent par un échec, et il est arrêté près de la frontière américaine en novembre 1838. Reconnu coupable de haute trahison, il est pendu à la prison de Montréal le 15 février 1839.

4

QUESTIONS MARIE-THOMAS CHEVALIER DE LORIMIER (1803-1839).

Chevalier de Lorimier est l’un des 12 patriotes exécutés en février 1839.

1. Qui est le chef du Parti patriote à la Chambre d’assemblée ? 2. Quelles sont les quatre principales revendications des députés patriotes ? 3. Pourquoi les patriotes font-ils de telles demandes ? 4. Comment réagissent les patriotes devant l’attitude intransigeante du gouvernement britannique ? Méthodologie 5. [Doc. 1] Quel public le journal La Minerve viset-il surtout ? 6. [Doc. 3] Pourquoi Chevalier de Lorimier a-t-il pris part aux rébellions ?

DU POUVOIR AUX POUVOIRS (1760-1867)

281

LA FILIÈRE DU TEMPS

Les rébellions de 1837-1838

Politique et institutions en mutation

JOHN GEORGE LAMBTON, COMTE DE DURHAM (1792-1840).

Au Royaume-Uni, la réaction aux rébellions des patriotes est vive. Londres réalise que la colonie peuplée de Canadiens n’est toujours pas soumise, 80 ans après la Conquête. Le gouvernement britannique envoie un enquêteur, John George Lambton, comte de Durham, pour faire une enquête sur les colonies. Dans le rapport qu’il présente au gouvernement britannique en 1839, il recommande l’union des deux Canadas afin de placer les Canadiens français en situation de minorité et de parvenir à les assimiler par une immigration britannique massive. Il reconnaît cependant le bien-fondé des revendications de la Chambre d’assemblée du Bas-Canada et propose d’accorder aux colonies le droit à un gouvernement responsable, jugeant que cela mettra un terme au perpétuel conflit entre l’Assemblée et le Conseil exécutif. Au Bas-Canada, les Canadiens français et le clergé s’opposent à l’union. Toutefois, par lassitude plus que par conviction, certains des opposants finissent par se résigner et par accepter l’idée d’une union. Ils choisissent alors de diriger leurs efforts vers une démocratisation des institutions politiques, c’est-à-dire en exigeant la formation d’un gouvernement responsable ainsi qu’une plus grande autonomie locale.

Le comte de Durham est mandaté par le gouvernement britannique pour enquêter sur les événements liés aux rébellions des patriotes. Dans son rapport remis en 1839, il recommande l’union du Bas-Canada et du Haut-Canada en une seule province.

L’Acte d’Union

2

UNE LUTTE ETHNIQUE ?

À son arrivée au Bas-Canada, le comte de Durham constate que, contrairement à ce qu’il croyait, la cause des troubles n’est pas seulement un mécontentement par rapport aux institutions et au gouvernement, mais également un conflit entre deux peuples.

«

Je m’attendais à trouver un conflit entre un gouvernement et un peuple; je trouvai deux nations en guerre au sein d’un même État : je trouvai une lutte, non de principes, mais de races. Je m’en aperçus : il serait vain de vouloir améliorer les lois et les institutions avant que d’avoir réussi à exterminer la haine mortelle qui maintenant divise les habitants du Bas-Canada en deux groupes hostiles : Français et Anglais. Source : John George LAMBTON, comte de Durham, Le rapport de Durham, Montréal, Éditions du Québec, 1948 (1839), p. 49.

3

»

En 1840, après de nombreux débats à Londres, le gouvernement britannique vote une nouvelle Constitution : l’Acte d’Union. Le Haut-Canada et le BasCanada sont réunis et forment une union législative appelée le « Canada-Uni ». La population est représentée par une seule Chambre d’assemblée, composée de 42 députés du Canada-Ouest (Haut-Canada) et de 42 députés du CanadaEst (Bas-Canada). Le nombre d’élus est donc égal dans les deux Canadas, malgré que la population soit plus nombreuse dans le Canada-Est. L’anglais est la langue officielle des débats. L’Acte d’Union n’accorde cependant pas au Canada-Uni le droit de former un gouvernement responsable. Quant aux membres du Conseil législatif et du Conseil exécutif, ils sont nommés par le gouverneur.

S • Est nommé par la couronne britannique. • Est le véritable chef du gouvernement.

S

L’ORGANISATION POLITIQUE DU CANADA-UNI EN 1840.

DOSSIER 4

• Est composé de 24 membres.

• Est composé de 8 membres.

• Est composée de députés élus (42 députés au Canada-Est et 42 députés au Canada-Ouest). • Vote des lois.

Au Canada-Uni, les élus de la Chambre d’assemblée sont soumis au Conseil exécutif et au Conseil législatif, auxquels siègent des non-élus.

282

S

S

LA FILIÈRE DU TEMPS

1

POUVOIR ET POUVOIRS

Au lendemain de l’Acte d’Union, les réformistes des deux sections du CanadaUni, Louis-Hippolyte La Fontaine, porte-parole des Canadiens français, et Robert Baldwin, chef des réformistes canadiens-anglais, décident de s’allier pour réclamer le gouvernement responsable qui leur a été refusé jusqu’alors. Les représentants des deux Canadas acceptent ainsi de collaborer à des projets communs tout en défendant les intérêts de leur région respective. L’application du principe de la double majorité permet aux réformistes, majoritaires au Canada-Est comme au Canada-Ouest, de se maintenir au pouvoir. Baldwin et La Fontaine forment donc le gouvernement jusque dans les années 1850.

La responsabilité ministérielle En 1846, l’abandon des tarifs protectionnistes signifie que Londres adopte une politique de libre-échange et ne favorise plus sa colonie pour ses approvisionnements en ressources. Aussi, les producteurs canadiens doivent devenir plus compétitifs et trouver de nouveaux débouchés pour leurs produits. En abandonnant les tarifs protectionnistes, Londres doit consentir à leur accorder une plus grande autonomie ainsi que la responsabilité ministérielle. En 1847, James Bruce, comte d’Elgin et de Kincardine, est nommé gouverneur du Canada-Uni. Il reçoit comme instructions de Londres de laisser le parti politique majoritaire ou la coalition qui domine constituer le gouvernement. Celui-ci nomme les membres du Conseil exécutif parmi ses députés. Il accorde ainsi la responsabilité ministérielle. Des élections ont lieu en décembre 1847 et en 1848. Suivant les responsabilités du gouvernement responsable, Louis-Hippolyte La Fontaine et Robert Baldwin sont appelés à former le premier Conseil exécutif. En 1849, l’article 41 de l’Acte d’Union, qui restreignait l’usage du français dans les lois et à la Chambre d’assemblée, est abrogé.

4

LA RECONNAISSANCE DE LA RESPONSABILITÉ MINISTÉRIELLE.

En mars 1848, James Bruce, le gouverneur du Canada-Uni, accorde la responsabilité ministérielle. Robert Baldwin et Louis-Hippolyte La Fontaine forment le premier Conseil exécutif.

«

Messieurs, je reçois avec satisfaction l’assurance du désir que vous avez de promouvoir les intérêts de la province par une législation sage et pratique à la fois. Toujours disposé à écouter les avis du Parlement, je prendrai sans retard les mesures pour former un nouveau Conseil exécutif. Source : James BRUCE, comte d’Elgin et de Kincardine, Journal de l’Assemblée législative de la province du Canada, 1848, p. 23.

5

L’ORGANISATION POLITIQUE DU GOUVERNEMENT RESPONSABLE AU CANADA-UNI EN 1848.

Le pouvoir du gouverneur général est désormais diminué dans la colonie. Les membres du Conseil exécutif sont choisis au sein des députés. Le Conseil exécutif doit rendre des comptes à la Chambre d’assemblée.

S • Entérine les lois votées par la Chambre d’assemblée concernant les affaires intérieures des colonies.

S • Doit obtenir et conserver l’appui de la majorité des députés de la Chambre d’assemblée afin de pouvoir administrer la province. • Est dirigé par le chef du parti politique qui est élu majoritairement à la Chambre d’assemblée. • Est composé de membres nommés par le chef du parti politique.

»

• Est composé de membres nommés par le gouverneur.

QUESTIONS 1. Quelle est la principale recommandation politique du rapport du comte de Durham ? 2. Quel est le but de l’Acte d’Union ? 3. Que signifie l’expression « responsabilité ministérielle » ?

S

Méthodologie 4. [Doc. 2] Selon le comte de Durham, quel est le principal conflit qui divise la colonie ?

• Vote des lois. • Est composée de députés élus.

Connexion

S

S 42 députés

5. [Doc. 3 et 5] Quelle est la principale différence entre l’organisation du gouvernement en 1840 et celle en 1848 ?

S 42 députés

DU POUVOIR AUX POUVOIRS (1760-1867)

283

LA FILIÈRE DU TEMPS

L’alliance des réformistes

LA FILIÈRE DU TEMPS

1

La solution fédérale

OUI À LA FÉDÉRATION.

Après le départ de Louis-Hippolyte La Fontaine et de Robert Baldwin, la Chambre d’assemblée est de plus en plus divisée entre les différents partis politiques. De 1854 à 1864, aucun gouvernement de coalition ne réussit à se maintenir au pouvoir. Au cours des années 1850, des députés réformistes plus radicaux expriment de nouvelles revendications qui reçoivent l’appui de la population. Les Clear Grits du Canada-Ouest, conduits par George Brown, réclament notamment l’application de la représentation proportionnelle à la population.

Si certains voient dans le projet de fédération une solution aux problèmes que vivent les diverses provinces, d’autres pensent qu’elle apporterait plus de désavantages que d’avantages.

«

Quant aux avantages comparatifs d’une union législative et d’une union fédérale, je n’ai jamais hésité à dire que, si la chose était praticable, une union législative eut été préférable. J’ai déclaré maintes et maintes fois que, si nous pouvions avoir un gouvernement et un Parlement pour toutes les provinces, nous aurions eu le gouvernement le meilleur, le moins dispendieux, le plus vigoureux et le plus fort. Source : John A. MACDONALD, Discours prononcé en février 1865 à l’Assemblée du Canada-Uni.

»

Au Canada-Est, un groupe de réformistes radicaux, appelé les « rouges », se forme sous la direction des frères Jean-Baptiste et AntoineAimé Dorion. Par l’entremise de journaux, comme L’Avenir et Le Pays, et de l’Institut canadien, fondé en 1844, les « rouges » réclament des réformes constitutionnelles et judiciaires ainsi que la séparation de l’Église et de l’État. Avec le retrait de Louis-Hippolyte La Fontaine, les réformistes modérés et plus conservateurs du Canada-Est sont dirigés par Augustin-Norbert Morin, puis par George-Étienne Cartier. Ils se désignent sous le nom de « bleus », pour se distinguer des « rouges ». Ce sont eux qui vont permettre à John A. Macdonald, chef des libéraux-conservateurs du Canada-Ouest, formés de réformistes modérés et d’anciens tories, de dominer la scène politique. En 1864, George Brown s’unit à John A. Macdonald et à GeorgeÉtienne Cartier pour former un gouvernement de coalition.

2

NON À LA FÉDÉRATION.

Le Parti rouge, avec à sa tête Antoine-Aimé Dorion, juge inacceptable le projet de fédération.

«

Je crains fortement que le jour où cette confédération sera adoptée ne soit un jour néfaste pour le Bas-Canada. […] et s’il arrivait qu’elle fût adoptée sans la sanction du peuple de cette province, le pays aura plus d’une occasion de le regretter. Source : Antoine-Aimé DORION, Discours prononcé en février 1865 à l’Assemblée du Canada-Uni.

3

L’INCENDIE DU PARLEMENT, À MONTRÉAL.

Le 25 avril 1849, l’édifice du Parlement, alors situé à Montréal, est incendié par des radicaux anglophones qui s’insurgent contre le versement d’une indemnité aux victimes de la répression de l’insurrection de 1837 et 1838 dans le Bas-Canada par les forces britanniques.

Joseph Légaré, L’incendie du Parlement à Montréal, vers 1849.

284

DOSSIER 4

POUVOIR ET POUVOIRS

»

LA FILIÈRE DU TEMPS

La naissance d’un pays La menace d’une invasion américaine, l’étroitesse des marchés économiques et la recherche de la sécurité incitent le Canada-Uni à s’associer avec d’autres colonies anglaises, celles des Maritimes. Tout en souhaitant l’union de ces colonies, les Britanniques et les Canadiens sont conscients de la nécessité de réorganiser le Canada-Uni qui est alors divisé en deux : le Canada-Ouest et le Canada-Est. Ainsi, après deux conférences tenues en 1864, l’une à Charlottetown et l’autre à Québec, un projet de fédération naît sur la base de quatre provinces : le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, l’Ontario et le Québec. La plupart des Canadiens voient cette fédération comme un compromis pour les Canadiens et les Britanniques. Dans la pratique, c’est surtout au Québec, où ils sont majoritaires, que les Canadiens français vont être en mesure de s’imposer politiquement. La nouvelle fédération apporte une grande nouveauté aux citoyens. L’Acte de l’Amérique du Nord britannique, qui entre en vigueur le 1er juillet 1867, leur permet de former un État pratiquement indépendant, qui doit toutefois se soumettre encore à l’autorité britannique pour sa politique extérieure. La nouvelle Constitution prévoit deux niveaux de gouvernement : un provincial et un fédéral.

5

4

LA CONFÉRENCE DE LONDRES.

En décembre 1866, des délégués se rendent à Londres pour convenir de la forme définitive du projet d’union au Canada. Les autorités britanniques donnent leur appui au projet de fédération. Selon elles, l’union des colonies est souhaitable pour assurer un meilleur développement de l’Amérique du Nord britannique. John David Kelly, The London Conference [La Conférence de Londres], 1866.

L’ORGANISATION POLITIQUE AU QUÉBEC EN 1867.

Le lieutenant-gouverneur applique la sanction royale aux lois adoptées par l’Assemblée législative. Le chef du parti politique majoritaire à l’Assemblée nomme les ministres qui forment le cabinet. En 1867, seuls les hommes de race blanche qui sont propriétaires peuvent voter.

S

QUESTIONS 1. Pourquoi les conflits sont-ils fréquents à la législature du Canada-Uni ?

• Représente le chef de l’État provincial. • Sanctionne les lois.

S • Est présidé par le premier ministre. • Est formé des membres nommés par le premier ministre. • Présente la majorité des lois.

• Étudie les lois votées par l’Assemblée législative. • Aboli en 1968.

S • Est composée de députés élus. • Vote des lois.

S

• Élit les membres de la Chambre d’assemblée.

DU POUVOIR AUX POUVOIRS (1760-1867)

2. Dans quelle province les Canadiens français sont-ils en mesure de s’imposer politiquement ? Pourquoi ? Méthodologie 3. [Doc. 1] Quel type d’union John A. Macdonald préfère-t-il : l’union législative ou l’union fédérale ? 4. [Doc. 2] Quelle exigence Antoine-Aimé Dorion pose-t-il avant l’adoption de la Confédération ? 5. [Doc. 5] Quelle est la principale différence entre le Conseil exécutif et le Conseil législatif ?

285

LA FILIÈRE DU TEMPS

1

3

L’EXÉCUTION DE LOUIS RIEL EN 1885.

L’exécution de Louis Riel est un moment déterminant dans l’affirmation du nationalisme canadien-français.

1608-1760

1760-1867

1867 à nos jours

L’éclatement du pouvoir La naissance de la fédération canadienne, en 1867, marque le début d’une nouvelle ère, qui voit se multiplier les lieux de pouvoir. Aux courants d’affirmation provinciale vis-à-vis du fédéral se greffe, rapidement, la montée de revendications sociales au sein des provinces. Quelles sont ces revendications ? Comment les groupes d’influence et les citoyens font-ils entendre leurs voix ? Comment des groupes aux intérêts divergents peuvent-ils arriver à trouver un compromis satisfaisant pour tous ? Comment l’État assure-t-il ce rôle ?

La montée du nationalisme canadien-français Quelques années après la Confédération de 1867, le Canada subit de nombreux changements. Son territoire s’agrandit, de nouveaux secteurs de production se développent, l’industrialisation et l’urbanisation transforment lentement le pays. Des mouvements sociaux s’organisent, surtout dans le monde du travail où les travailleurs s’unissent pour réclamer des lois sociales qui viennent réglementer le travail. Pendant ce temps, les relations sont souvent tendues entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux au sujet de la question de la répartition des pouvoirs. Sur la scène mondiale, des événements entraînent le Canada et le Québec à s’interroger sur leurs liens politiques avec l’Empire.

Le monde illustré, 5 décembre 1885.

2

HONORÉ MERCIER ET LA MORT DE LOUIS RIEL.

L’affaire Riel

Plus de 40 000 personnes sont présentes à la grande assemblée populaire de novembre 1885 pour exprimer leur solidarité envers Louis Riel.

«

Riel, notre frère, est mort, victime de son dévouement à la cause des Métis dont il était le chef, victime du fanatisme et de la trahison […]. En face de ce crime, en présence de ces défaillances, quel est notre devoir ? […] nous unir pour punir les coupables ; briser l’alliance que nos députés ont faite avec l’orangisme et chercher dans une alliance plus naturelle et moins dangereuse la protection de nos intérêts nationaux. […] Cette mort, qui a été un crime chez nos ennemis, va devenir un signe de ralliement et un instrument de salut pour nous. Source : Discours d’Honoré Mercier à la grande assemblée du Champ-de-Mars, le 22 novembre 1885, à Montréal.

286

DOSSIER 4

»

Le gouvernement canadien espère peupler les territoires de l’Ouest habités entre autres par des Métis, des descendants issus d’unions entre Français et Amérindiens. Inquiets du sort qu’on leur réserve, les Métis qui habitent sur les rives de la rivière Rouge (actuelle région de Winnipeg) entrent en rébellion dans le but de faire reconnaître leurs droits. Louis Riel, fils d’un père métis et d’une mère canadienne-française, devient le chef de ce mouvement. Il forme un gouvernement provisoire et réussit à négocier l’entrée de la province du Manitoba dans la Confédération canadienne. En 1884, des représentants métis établis sur le territoire actuel de la Saskatchewan sollicitent l’aide de Louis Riel, alors exilé aux États-Unis à la suite de l’exécution de Thomas Scott survenue au cours de la première rébellion. En 1885, une nouvelle rébellion a lieu. Le gouvernement de John A. Macdonald décide d’envoyer des troupes dans l’Ouest pour soumettre les Métis. Louis Riel est alors arrêté. Son procès, sa condamnation à mort pour haute trahison et son exécution en novembre 1885 suscitent de nombreuses réactions. Les milieux conservateurs de l’Ontario, qui ont réclamé la mort de Riel parce qu’il a osé défier le pouvoir fédéral, espèrent ainsi venger l’exécution de Scott. Au Québec, Riel est plutôt reconnu comme un héros de la défense des droits des francophones : tant les libéraux que les conservateurs s’unissent pour dénoncer le gouvernement fédéral.

POUVOIR ET POUVOIRS

LA FILIÈRE DU TEMPS

Une première conférence interprovinciale La Constitution de 1867 établit un cadre de fonctionnement, régulièrement remis en question au fil des nouveaux besoins des provinces. Au Québec, le développement économique, qui passe notamment par la colonisation, doit s’appuyer sur la construction de routes ferroviaires. Pour réaliser ses projets, le premier ministre Honoré Mercier exige une hausse des subventions que le fédéral verse à sa province. Devant l’intransigeance d’Ottawa, il organise, en 1887, la première conférence interprovinciale pour discuter de la révision des subventions ainsi que de l’autonomie provinciale. Seulement cinq provinces répondent à son appel, et le fédéral maintient son refus.

Les Canadiens français et la guerre des Boers Les Canadiens français sont froids à l’idée de devoir combattre dans un conflit armé sous le seul prétexte que le Royaume-Uni y soit engagé. Ils s’opposent à la participation à la guerre des Boers, dont l’enjeu est la gestion d’un territoire riche en mines d’or. Au nom d’un nationalisme canadien, une vive contestation prend forme, menée notamment par Henri Bourassa. Le Canada envoie finalement quelque 8000 soldats et continue, par la suite, à s’engager militairement aux côtés des Britanniques.

La Première et la Seconde Guerre mondiale En 1914, le Royaume-Uni déclare la guerre à l’Allemagne. Cette déclaration a pour effet de mettre tous les dominions de l’Empire britannique en guerre. Rapidement, l’armée canadienne manque de soldats, et l’enrôlement volontaire ne permet pas de combler les pertes subies sur les fronts européens. Les Canadiens anglais reprochent aux Canadiens français de ne pas faire leur part dans l’effort de guerre en ne fournissant pas assez de soldats. Les Canadiens français s’opposent à l’enrôlement obligatoire des hommes en âge de combattre. L’imposition de la conscription par le gouvernement fédéral, en 1917, entraîne de fortes réactions. Lors de la Seconde Guerre mondiale, le premier ministre du Canada, William Lyon Mackenzie King, s’est engagé auprès des Canadiens français à ne pas imposer la conscription. Néanmoins, les pertes importantes de vie humaine force le gouvernement à reconsidérer sa promesse. En 1942, il organise un plébiscite sur la question. Si 63,7% des Canadiens anglais acceptent de délier le gouvernement de son engagement envers les Canadiens français, au Québec, 71,2% des répondants refusent la conscription. Un nouveau parti politique anticonscription, le Bloc populaire, est alors créé par André Laurendeau. Cette formation politique disparaît cependant rapidement.

4

«

HENRI BOURASSA ET LA GUERRE DES BOERS.

Dans ce discours Henri Bourassa dénonce l’implication du Canada dans la guerre des Boers. Nous, Canadiens, avons payé l’impôt […] pour couvrir les frais de cette expédition. Nous avons donc le droit de nous prononcer sur le résultat et le règlement du conflit […]. Je ferai observer aux députés de cette Chambre que si le Canada ne veut pas être considéré par le gouvernement britannique comme un simple champ d’exploitation profitable, il est grand temps que nous sachions nous faire respecter non seulement sur les champs de bataille, mais aussi dans les conseils de Sa Majesté. Source : Henri BOURASSA, Discours prononcé à la Chambre des communes le 12 mars 1901.

3

HONORÉ MERCIER (1840-1894).

Honoré Mercier est premier ministre du Québec de 1887 à 1891. Il s’est vivement opposé à la pendaison de Louis Riel.

QUESTIONS 1. Quels changements le Canada subit-il après la Confédération ? 2. Comment l’affaire Riel a-t-elle commencé ? 3. Quel Canadien français célèbre a défendu le nationalisme canadien ? Méthodologie 4. [Doc. 2] À quelle alliance naturelle Honoré Mercier fait-il allusion dans son discours ? 5. [Doc. 4] Sur quelles valeurs Henri Bourassa s’appuie-t-il pour s’opposer à l’engagement du Canada dans la guerre des Boers?

»

DU POUVOIR AUX POUVOIRS (1867 à nos jours)

Réflexion 6. Comment pouvez-vous améliorer votre compréhension de l’évolution du nationalisme canadien-français ?

287

LA FILIÈRE DU TEMPS

1

L’État et les milieux financiers

LE SYSTÈME DE « PATRONAGE ».

Les relations entre le gouvernement et le monde des affaires, particulièrement sous le règne de Maurice Duplessis, sont marquées par le favoritisme et des pratiques peu démocratiques.

«

Au cours des années 1950, la mise en chantier de ponts et de routes, d’écoles et d’autres édifices publics, de collèges classiques ou d’hôpitaux privés subventionnés par l’État, permet à de nombreux entrepreneurs généraux d’envergure moyenne d’asseoir solidement leurs affaires. Des industriels et des transporteurs profitent aussi des contrats du gouvernement. Celuici, en fait, se trouve à offrir un appui indirect à la petite et moyenne entreprise. Il n’y a pas ouvertement de politique d’achat visant à favoriser les entrepreneurs québécois, mais le système de patronage mis au point par l’Union nationale […] aboutit à un résultat similaire. Les entrepreneurs et les petits industriels obtiennent des contrats d’achat du gouvernement et versent en retour une contribution à la caisse du parti au pouvoir. Ce système assure une relation beaucoup plus étroite entre le pouvoir économique et le pouvoir politique.

Source : Paul-André LINTEAU, René DUROCHER et autres, Histoire du Québec contemporain, tome 2, Montréal, Boréal compact, 1989, p. 295-296.

2

»

Les liens entre politiciens et milieux financiers sont étroits. Les entreprises qui engrangent d’importants profits peuvent verser d’énormes contributions aux caisses électorales des partis politiques. Ces apports financiers sont décisifs pour la victoire d’un candidat puisque les capacités matérielles de faire campagne, donc d’acheter de la publicité, sont liées au montant d’argent recueilli. Ce soutien est généralement fait dans un but particulier : obtenir l’oreille des futurs gouvernants. Les ressources financières des grandes entreprises leur permettent également d’embaucher les personnes parmi les plus compétentes, qui développent des réseaux de relations avec ministres, sous-ministres et autres fonctionnaires de l’appareil gouvernemental. Les cadres supérieurs de ces sociétés occupent une partie de leur temps à leurs relations avec les gouvernements. Ils espèrent ainsi obtenir soit des contrats, soit l’abolition d’une loi qui leur est contraignante, soit l’adoption d’un règlement qui favoriserait leur secteur d’activité et augmenterait leurs profits.

Des vases communicants Beaucoup de politiciens se recrutent dans les milieux financiers, commerciaux et industriels et de nombreux politiciens sont embauchés par des entreprises, par exemple à titre de conseillers experts, de négociateurs politiques ou de membres de leur conseil d’administration. Ces anciens politiciens amènent avec eux un réseau de contacts privilégiés indispensables pour faire valoir des points de vue auprès des élus ou défendre des revendications par la présentation de mémoires en commissions parlementaires. Ces liens étroits entre politique et monde des affaires donnent souvent lieu à de vives dénonciations et, parfois, à des conduites scandaleuses.

LA BANQUE DE MONTRÉAL.

Fondée en 1817, la Banque de Montréal est la première banque canadienne. En 1847, en raison de sa croissance rapide, elle quitte ses locaux de la rue Saint-Paul pour un plus vaste édifice situé sur la rue Saint-Jacques.

288

DOSSIER 4

POUVOIR ET POUVOIRS

3

Des ministres du gouvernement de Maurice Duplessis commettent un délit d’initié en 1957 relativement à la vente au secteur privé du réseau gazier d’Hydro-Québec. Entre le moment où le gouvernement fixe les conditions de la transaction et celui où les titres sont mis en vente, il s’écoule 50 jours au cours desquels au moins 8 ministres et plusieurs hauts fonctionnaires achètent des titres, encaissant un profit global de 120 000 dollars. En dépit du scandale, le gouvernement Duplessis reste en place, et deux des ministres mis en cause dans cette affaire, Antonio Barrette et Daniel Johnson (père), deviendront premier ministre par la suite. Il en est allé autrement du gouvernement conservateur de John A. Macdonald forcé, en 1873, de remettre le pouvoir aux libéraux sans même passer par des élections. Le scandale, dans ce cas-ci, est lié à la construction d’un chemin de fer devant relier la ColombieBritannique, nouvellement entrée dans la fédération canadienne. Des entrepreneurs jouent du coude pour obtenir le contrat. L’un d’eux, Hugh Allan, convainc George-Étienne Cartier, le bras droit du premier ministre Macdonald, d’accepter 350 000 dollars pour financer la campagne électorale des conservateurs, en échange d’un contrat de construction. Malgré cela, John A. Macdonald revient à son poste de premier ministre quatre ans après sa démission.

LE SCANDALE DU PACIFIQUE.

En 1873, un scandale politique impliquant le gouvernement de John A. Macdonald éclate au Canada. Le premier ministre est accusé d’avoir accepté un pot-de-vin du président de la compagnie Canadian Pacific Railway, lors des élections de 1872, en échange du contrat de construction du chemin de fer transcontinental. Sur cette caricature, le premier ministre lance une invitation pour que les entreprises lui envoient encore de l’argent.

Des premiers ministres et le monde des affaires • John A. Macdonald, ancien directeur de plusieurs entreprises, occupe la présidence de deux grandes compagnies alors qu’il est premier ministre du Canada, à la fin des années 1800. • Lomer Gouin siège à plusieurs conseils d’administration d’entreprises pendant son long règne de premier ministre du Québec, au début des années 1900, puis, lorsqu’il se retire de la vie politique, accède au conseil d’administration de la Banque de Montréal et d’autres sociétés.

John Wilson Bengough, Où allons-nous ainsi à la dérive ?, 1886.

• Jean Lesage devient directeur de plusieurs compagnies et membre d’un conseil d’administration après avoir quitté la politique en 1970. • Les mœurs politiques interdisant désormais à un élu de diriger une entreprise, Paul Martin doit démissionner de son poste de président d’une grande entreprise de transport maritime pour se lancer en politique fédérale. L’opposition aux Communes l’accuse d’être en conflit d’intérêts lorsqu’il parraine un projet de loi relatif aux abris fiscaux, qui peut favoriser son entreprise, précédemment vendue à ses fils.

DU POUVOIR AUX POUVOIRS (1867 à nos jours)

QUESTIONS 1. Quels avantages les milieux financiers retirent-ils de leur apport aux caisses électorales des partis politiques ? 2. Donnez un exemple de dérive politique commis par un gouvernement. Méthodologie 3. [Doc. 1] Selon vous, l’auteur de l’article blâme-t-il le gouvernement ? Justifiez votre réponse.

289

LA FILIÈRE DU TEMPS

Des dérives politiques

LA FILIÈRE DU TEMPS

Le syndicalisme Saviez-v us que... L’une des premières demandes syndicales de la Confédération des travailleurs catholiques du Canada est que les patrons fournissent des sièges aux femmes employées comme commis dans les magasins.

La classe ouvrière composée de salariés apparaît durant la seconde moitié du 19e siècle avec la montée de l’industrialisation. À la fin du 19e siècle, elle compte plus de 250 000 personnes, dont la moitié travaillent dans des industries manufacturières et dans la construction. Leurs conditions de travail sont souvent très pénibles, les salaires sont bas et les heures de travail très longues. Ces mauvaises conditions de travail sont d’ailleurs dénoncées dans le rapport de la Commission royale d’enquête sur les relations entre le capital et le travail déposé en 1889. Pour forcer le gouvernement à entreprendre des réformes, les travailleurs fondent des associations et des syndicats ouvriers. Durant une grande partie du 19e siècle, ces syndicats demeurent souvent clandestins, le droit d’association étant interdit aux travailleurs du Québec et du Canada. En 1872, le gouvernement fédéral vote finalement une loi légalisant la syndicalisation. À partir de la fin du 19e siècle, les syndicats internationaux et américains prennent beaucoup d’expansion. Ils regroupent un grand nombre de travailleurs des États-Unis, du Canada et du Québec. Le clergé n’hésite pas à dénoncer ces organisations, craignant qu’elles ne véhiculent des courants d’idées qui vont à l’encontre des valeurs religieuses que l’Église met de l’avant.

La Confédération des travailleurs catholiques du Canada

1

LA GRÈVE DE L’AMIANTE À ASBESTOS EN 1949.

La grève de l’amiante a duré de février à juillet 1949. Elle a pris fin surtout grâce à la médiation de l’évêque de Québec, Mgr Maurice Roy. L’entente prévoyait, entre autres choses, la reconnaissance du syndicat par les employeurs.

Afin de mieux contrôler les actions des ouvriers, le clergé canadien met en place des syndicats catholiques et les regroupe en 1921 sous le nom de « Confédération des travailleurs catholiques du Canada » (CTCC). Ces syndicats préconisent une bonne entente avec les patrons et sont moins militants que les organisations syndicales américaines. Chaque unité a son aumônier, qui surveille les décisions des membres et est généralement opposé à la grève comme moyen de pression.

2

L’ARTICLE 1 DE LA CONSTITUTION DE LA CONFÉDÉRATION DES TRAVAILLEURS CATHOLIQUES DU CANADA.

En 1921, le clergé fonde la Confédération des travailleurs catholiques du Canada (CTCC), qui se déconfessionnalise en 1960 pour devenir la Confédération des syndicats nationaux (CSN).

«

Article 1 - La Confédération des travailleurs catholiques du Canada est une organisation ouvrière interprofessionnelle, réunissant les divers groupements ouvriers du Canada qui ont la double caractéristique d’être nationaux et catholiques. […] La CTCC est une organisation essentiellement canadienne. Une des raisons de son existence, c’est que la plupart des ouvriers canadiens sont opposés à la domination du travail syndiqué canadien par le travail syndiqué américain. La CTCC croit que c’est un non-sens, une faute économique, une abdication nationale et un danger politique que d’avoir au Canada des syndicats relevant d’un centre étranger qui n’a ni nos lois, ni nos coutumes, ni notre mentalité, ni les mêmes problèmes que nous. Elle croit que le travail syndiqué canadien doit être autonome, régler seul ses propres affaires et ne pas se noyer dans une masse syndicale où ses initiatives sont impuissantes, sa volonté inefficace et sa vie propre impossible. Source : Constitution de la Confédération des travailleurs catholiques du Canada, 1921.

290

DOSSIER 4

POUVOIR ET POUVOIRS

»

En 1949, un long conflit de travail se produit dans les mines d’amiante d’Asbestos et de Thetford Mines. Les milliers de mineurs impliqués dans ce conflit revendiquent notamment des mesures pour remédier aux problèmes de santé liés à la poussière d’amiante, de meilleurs salaires et la cotisation syndicale obligatoire.

LA FILIÈRE DU TEMPS

3

La grève de l’amiante

LAURE GAUDREAULT (1889-1975).

Militante syndicale, Laure Gaudreault a influencé le monde de l’éducation et a contribué à faire reconnaître le travail des institutrices.

La « grève de l’amiante » marque un tournant, car, après plusieurs semaines d’arrêt de travail, les grévistes reçoivent un appui du clergé, et l’archevêché de Montréal, Mgr Joseph Charbonneau en tête, organise une quête pour aider les grévistes. Cette action est perçue comme une provocation par le gouvernement de Maurice Duplessis. Peu de temps après cet affrontement, Mgr Charbonneau démissionne. Son implication en faveur de la cause ouvrière a sans doute contribué à ce départ précipité. Néanmoins, les ouvriers auront obtenu une caution morale majeure pour soutenir leurs revendications.

4

L’ANNÉE DE CRÉATION DES PRINCIPALES CENTRALES SYNDICALES QUÉBÉCOISES.

Des organisations syndicales existent depuis la première moitié du 19e siècle, mais leurs objectifs et les moyens de les atteindre ont évolué avec le temps.

Création de la Confédération des travailleurs catholiques du Canada (CTCC)

1818

Création du premier syndicat connu au Québec : la Société amicale des charpentiers et menuisiers de Montréal ▲

1800

1921

1834

Création de l’Union des syndicats de métiers de Montréal

1882

1957

Implantation des Chevaliers du travail au Québec

Création de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ)









1850

1900

1950

2000

1960

Création de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) 1860

Création de l’Union internationale des mouleurs de fonte, le premier syndicat nord-américain à s’implanter au Québec

1886

1946

Création du Conseil des métiers et du travail de Montréal (CMTM), fondé à l’initiative des Chevaliers du travail et des syndicats nord-américains de métiers

Fondation de la Corporation générale des instituteurs et institutrices catholiques de la province de Québec (CIC), devenue par la suite la Corporation des enseignants du Québec (CEQ), puis aujourd’hui la Centrale des syndicats du Québec (CSQ)

Des pressions auprès des pouvoirs publics Au début des années 1960, la Confédération des travailleurs catholiques du Canada se déconfessionnalise et devient la Confédération des syndicats nationaux (CSN). Avec les deux autres grandes centrales syndicales, la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) et la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), elle mène plusieurs luttes qui culminent par un conflit majeur en 1972 : la grève du Front commun. À cette occasion, les chefs des trois centrales syndicales sont emprisonnés pour avoir défié une loi de retour au travail promulguée par le gouvernement du Québec. De plus, leurs syndicats sont soumis à de fortes amendes.

DU POUVOIR AUX POUVOIRS (1867 à nos jours)

QUESTIONS 1. Résumez l’évolution du syndicalisme jusque dans les années 1960. 2. Expliquez l’importance de la « grève de l’amiante ». Réflexion 3. À partir de ce que vous connaissez des syndicats actuels, dites en quoi ils sont différents des syndicats du début du 20e siècle.

291

LA FILIÈRE DU TEMPS

Les mouvements de justice sociale Le principe de justice sociale qui assure à toute personne l’égalité des droits évolue selon les époques. La fin du 19e siècle est considérée comme l’âge d’or du libéralisme. La propriété privée est alors perçue comme une source de progrès matériel et de bonheur. L’État encourage l’initiative privée et intervient très peu dans l’économie. À cette époque, il n’existe pas encore de politiques sociales. Malgré la mise en place d’institutions démocratiques par le fédéral et les provinces, le pouvoir continue d’être entre les mains de députés issus de la bourgeoisie. Il s’agit pour la plupart d’hommes d’affaires, de membres de professions libérales, tels que des avocats ou des notaires. Au Québec, très peu d’agriculteurs sont représentés au pouvoir, pourtant, ils forment la majorité de la population. Quant aux femmes et à la classe ouvrière, ce sont deux groupes totalement absents du pouvoir. La lutte pour le pouvoir se fait surtout entre les partis politiques où les citoyens n’ont guère de place. La bourgeoisie québécoise, plutôt conservatrice, souhaite conserver ses privilèges. Elle tient également à préserver les traditions religieuses et familiales. La famille reste l’unité de base responsable de l’individu et l’État ne doit pas s’y substituer. La charité privée et l’action philanthropique sont censées pallier aux insuffisances de la famille.

1

UN DÉFILÉ DES CHEVALIERS DU TRAVAIL À HAMILTON, EN ONTARIO, VERS 1880.

Les Chevaliers du travail, une organisation réformiste et ouvrière mise sur pied à Philadelphie, aux États-Unis, en 1869, s’implantent à Toronto en 1881 et à Montréal un an plus tard. Leur principal objectif est de remplacer les grandes entreprises capitalistes par des coopératives de production et de consommation.

Sans toutefois remettre en cause les fondements mêmes du capitalisme et du libéralisme, les syndicats souhaitent une plus juste redistribution de la richesse. Au fur et à mesure que le syndicalisme progresse, l’action politique ouvrière apparaît. Les Chevaliers du travail présentent notamment des candidats dans certains quartiers ouvriers montréalais durant les années 1880. Cependant très peu d’entre eux sont élus.

Une intervention accrue de l’État Au fur et à mesure que la population s’accroît et que les phénomènes d’urbanisation et l’industrialisation s’intensifient, une intervention accrue de l’État s’impose afin d’établir des normes et de fournir des services à la population. Les parlements établissent des normes relatives aux conditions de travail, comme l’Acte des manufactures de Québec, adopté en 1885. En 1919, l’Assemblée législative du Québec adopte la Loi du salaire minimum des femmes et, en 1921, la Loi sur l’assistance publique. En 1928, la Commission des accidents du travail du Québec est créée, en même temps que la Loi sur les accidents du travail. Malgré tout, jusqu’à la crise économique des années 1930, le rôle de l’État demeure limité.

Philanthropique : Qui vise à faire le bien d’autrui.

Les nombreux problèmes sociaux du 19e siècle entraînent une intervention accrue de l’État au nom du bien commun. Des courants d’idées plus égalitaires, comme le socialisme et le communisme, se développent. Au Québec, ces courants ont peu d’emprise, car les libéraux et les ultramontains les condamnent. Par ailleurs, pour répondre à certains besoins sociaux, des coopératives agricoles, des mutuelles d’assurances et des sociétés d’entraide sont mises sur pied. En 1900, Alphonse Desjardins fonde la première caisse populaire. À partir des années 1930, des coopératives de consommation et d’habitation vont aussi voir le jour.

292

POUVOIR ET POUVOIRS

DOSSIER 4

Les gouvernements, et particulièrement celui de Maurice Duplessis, mènent une lutte acharnée contre les mouvements sociaux progressistes et les syndicats. À cette époque, les gouvernements sont beaucoup plus attentifs aux besoins des grandes entreprises qui contribuent aux caisses électorales des partis politiques. En 1937, le gouvernement de Duplessis promulgue une loi connue sous le nom de « loi du cadenas » qui permet au gouvernement de saisir tout document susceptible de propager des idées communistes et de fermer tout établissement, y compris une maison privée, où la propagande du communisme est faite. Les idéologies socialistes et communistes connaissent peu de succès dans la population canadienne-française. En raison de l’opposition de l’Église catholique et du gouvernement de Maurice Duplessis, ainsi que de l’incompréhension qu’en ont les nationalistes canadiens-français, ces idéologies sont perçues comme étrangères au milieu francophone.

2

FRANK REGINALD SCOTT (1899-1985).

Frank Reginald Scott est poète, professeur de droit et l’un des premiers défenseurs du socialisme au Canada. Il est notamment reconnu pour ses actions et ses prises de position en matière de justice sociale. En 1957, il réussit à rendre inconstitutionnelle la loi du cadenas imposée par Maurice Duplessis.

La modernisation des mouvements sociaux au Québec À partir des années 1960, de nouvelles organisations sont créées, telles que des comités de citoyens et des coopératives d’économie familiale. Ces organisations assistent les familles moins bien nanties sur des questions de consommation et de budget. Durant les années 1970, plusieurs groupes populaires s’organisent et établissent des services publics adaptés aux besoins de la population, par exemple des groupes de chômeurs ou d’assistés sociaux, des garderies, etc. Durant les années 1980, de nombreux organismes communautaires apparaissent et offrent des services d’aide ou d’éducation populaire auprès des citoyens (maisons de jeunes, maisons d’hébergement pour les jeunes, les itinérants, les femmes victimes de violence). Plusieurs organismes sont actifs et exercent des pressions auprès des dirigeants politiques afin de faire adopter de nouvelles législations. Certains offrent des services publics spécialisés et complémentaires, ce qui mène à des partenariats avec l’État et le marché privé. Le contexte économique difficile des années 1990 amène le gouvernement du Québec à tenir compte des suggestions des mouvements des femmes, des leaders syndicaux, et des milieux communautaires et conduit à l’adoption de nouvelles mesures d’économie sociale.

3

LA LOI DU CADENAS. QUESTIONS

En 1937, le gouvernement de Maurice Duplessis fait adopter la loi du cadenas pour combattre le communiste.

«

Nous voulons atteindre le communisme à sa source même, car il nous ferait perdre, s’il était victorieux, notre principal actif, qui est la foi. […] Le jour où le communisme triompherait et renverserait ce rempart de l’ordre et du bien qu’est notre clergé, c’en serait fait de la province de Québec. Le communisme doit être considéré comme l’ennemi public no 1. Montrons à tous que, devant cet ennemi, nous ne souffrirons ni compromissions, ni faiblesses, ni lâchetés et que nous serons ses pires ennemis. […] je demande au gouvernement fédéral, et à tous les partis à Ottawa, de s’unir pour établir dans la loi les moyens nécessaires pour combattre efficacement les idées malsaines du communisme. Source : Maurice DUPLESSIS, Débats de l’Assemblée législative du Québec sur la loi du cadenas, 17 mars 1937.

»

DU POUVOIR AUX POUVOIRS (1867 à nos jours)

1. Quel objectif les Chevaliers du travail poursuivent-ils ? 2. Contre quels groupes sociaux le gouvernement de Maurice Duplessis s’acharne-t-il ? 3. Quels types de mouvements sociaux apparaissent à partir des années 1960 ? Méthodologie 4. [Doc. 3] Selon Maurice Duplessis, quel groupe est menacé par le communisme ?

293

LA FILIÈRE DU TEMPS

À l’époque de Maurice Duplessis

LA FILIÈRE DU TEMPS

1

LA FÊTE-DIEU À QUÉBEC.

Cette peinture montre un cortège religieux dans les rues de Québec lors de la Fête-Dieu, célébrée par une procession religieuse.

L’État et l’Église Dans les dernières décennies du 19e siècle, la religion occupe une place importante tant chez les protestants que chez les catholiques. Deux mondes se côtoient et possèdent chacun leurs propres institutions : écoles, hôpitaux, sociétés de bienfaisance. Près de 85 % de la population de la province est de religion catholique. Par son action au sein des paroisses, le clergé exerce une grande influence sur la population. De plus, l’ouverture des nouvelles régions de colonisation permet d’accroître le nombre de paroisses et de créer de nouveaux diocèses : Trois-Rivières et Saint-Hyacinthe en 1852, Rimouski en 1867, Sherbrooke en 1874, Chicoutimi en 1878, Nicolet en 1885 et Valleyfield en 1892. Les propriétés appartenant aux églises, qu’elles soient catholiques ou protestantes, ont d’ailleurs l’avantage d’être libres d’impôt. La structure mise en place après la Confédération favorise d’une certaine façon l’influence de l’Église. En effet, plusieurs domaines, comme l’éducation et la santé, qui relèvent de la compétence provinciale, sont déjà sous la responsabilité de l’Église. Durant cette période, on assiste également à la montée de l’ultramontanisme qui prône la suprématie de l’Église sur la vie politique. Cette doctrine est notamment soutenue par les évêques Ignace Bourget de Montréal et LouisFrançois Laflèche de Trois-Rivières. En plus d’un encadrement serré des fidèles, les membres du clergé n’hésitent pas à exercer leur immense influence auprès de la population lors des campagnes électorales. L’Église s’occupe en outre de nombreuses sociétés, associations, journaux et œuvres de charité où elle peut promouvoir ses idées. Elle livre d’ailleurs une chaude lutte contre les idées libérales de certains politiciens.

Jean-Paul Lemieux, La Fête-Dieu à Québec, 1944.

Saviez-v us que... La fête de la Saint-Jean-Baptiste est importée d’Europe par les premiers Français venus s’établir en Nouvelle-France. À l’initiative de Ludger Duvernay, qui fonde en 1834 la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, cette fête chrétienne devient une fête patriotique. En 1925, la législature de Québec déclare le 24 juin jour férié. En 1977, René Lévesque, alors premier ministre du Québec, proclame le 24 juin fête nationale des Québécois. Aujourd’hui considérée comme une fête laïque, la Saint-Jean-Baptiste est célébrée par des milliers de citoyens.

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DOSSIER 4

2

LE CHRÉTIEN ET LES ÉLECTIONS.

En 1960, les abbés Gérard Dion et Louis O’Neill publient Le chrétien et les élections, un essai critique sur l’utilisation de la religion à des fins électorales, sur le trafic des votes et la publicité mensongère. Ce texte critique également le régime de Maurice Duplessis et son alliance avec l’Église.

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L’Église, le clergé et les religieux ne sauraient s’immiscer dans les querelles de partis. Tous ceux qui directement ou indirectement s’efforcent de mobiliser les forces religieuses nuisent au prestige de l’Église, réduisent plus ou moins son influence apostolique. Source: Gérard DION et Louis O’NEILL, Le chrétien et les élections, Montréal, Les Éditions de l’Homme, 1960, p. 36.

POUVOIR ET POUVOIRS

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LA FILIÈRE DU TEMPS

L’éducation Dès le début de la fédération canadienne, la minorité anglo-protestante du Québec exige que ses droits soient garantis dans la nouvelle constitution. Tous leurs droits et privilèges sont ainsi protégés au même titre que ceux des catholiques des autres provinces. Le premier ministre, Pierre-JosephOlivier Chauveau, qui est aussi ministre de l’Éducation, garantit ces droits en créant, en 1869, une nouvelle loi sur l’instruction. Il revoit la composition du Conseil de l’instruction publique qui est divisé en deux comités confessionnels. Le ministre assiste à chacun d’eux, mais ne vote qu’à celui de sa confession. Une grande autonomie est alors attribuée aux protestants sans toutefois que celle du comité catholique soit affectée. Les écoles normales, les bureaux d’examinateurs, les commissions scolaires sont confessionnelles et demeurent sous la juridiction de l’un ou l’autre des comités.

Laïcisation : Séparation du pouvoir politique et administratif de l’État du pouvoir religieux. Clerc : Membre du clergé.

Pour certains ultramontains, le pouvoir de l’Église en matière d’éducation est encore insuffisant. En 1875, l’épiscopat catholique exerce des pressions sur le premier ministre, Charles-Eugène Boucher de Boucherville, qui 3 RELIGION ET LAÏCITÉ AU QUÉBEC. décide de modifier la loi. Cette loi, qui entre en vigueur en 1876, entraîne Même si la laïcisation progresse constamment la création du département de l’instruction publique et change le poste de depuis les années 1960, le nombre de citoyens ministre pour celui de surintendant. Le rôle du surintendant consiste entre qui se disent catholiques demeure constant. autres à recevoir les rapports des commissaires, à établir le montant des subventions aux comDepuis la Révolution tranquille, la laïcisation et la sécularisation missions scolaires et à présenter un rapport n’ont cessé de progresser au Québec. […] D’un côté, les instituannuel au gouvernement. Au plan décisionnel tions (éducation, hôpitaux, services sociaux) se sont laïcisées, la comme au plan pédagogique, le surintendant pratique religieuse est devenue occasionnelle, même les rites de pasne possède plus de pouvoir réel. Il se trouve sage (baptême, mariage, sépulture) ne passent souvent plus par entièrement soumis au Conseil de l’instruction l’église. Surtout, le personnel religieux ne se renouvelle plus […]. publique et à ses comités, c’est-à-dire à l’Église D’un autre côté, d’autres indicateurs restent forts, dans le sens qui établit les programmes, classifie les écoles contraire : les quatre cinquièmes des Québécois continuent […] de et autorise le matériel pédagogique. se dire catholiques […], les grands lieux de pèlerinage sont tou-

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Quant au Conseil de l’instruction publique, il est formé de deux comités confessionnels : le comité catholique, formé d’évêques (ou de représentants) et d’un nombre égal de laïcs nommés par le gouvernement, et le comité protestant, formé de ministres du culte et d’un nombre de laïcs égal à celui du comité catholique. À partir de ce moment, l’État abdique son rôle en matière d’éducation jusque dans les années 1960. Les structures établies par le clergé demeurent en place jusqu’en 1964.

»

jours aussi fréquentés, une majorité de parents, surtout à l’école primaire, continuent d’inscrire leurs enfants aux activités religieuses. Source : Guy LAPERRIÈRE, « Religion et laïcité : un regard sur l’histoire », Le Devoir, 13 mai 2005.

L’Église et la laïcisation La Révolution tranquille met fin à la domination de l’autorité religieuse sur la vie sociale des Québécois catholiques. Le clergé perd le contrôle de l’éducation, qui se laïcise. Les laïcs remplacent les clercs comme enseignants et administrateurs du système scolaire. D’autres religions ont maintenant leur place au Québec, et l’Église catholique a de moins en moins d’influence sur les lois civiles. En effet, le mariage civil s’est répandu depuis 1970, le divorce est autorisé et les nouveau-nés ne sont plus obligatoirement baptisés. Aboutissement de ce processus, les commissions scolaires sont déconfessionnalisées en 1997. Aujourd’hui, l’Église ne concerne que les personnes qui ont des croyances religieuses.

DU POUVOIR AUX POUVOIRS (1867 à nos jours)

QUESTIONS 1. Sur le plan social, quels sont les deux domaines sur lesquels le clergé exerce un pouvoir considérable jusqu’au début des années 1960 ? 2. Quelle période historique aura un effet considérable sur les croyances de l’ensemble des Québécois ? Méthodologie 3. [Doc. 2] Pourquoi l’Église ne doit-elle pas se mêler des querelles de partis ? 4. [Doc. 3] Selon vous, la baisse de la pratique religieuse chez les Québécois est-elle en contradiction avec l’affirmation de leur foi catholique ? Justifiez votre réponse.

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LA FILIÈRE DU TEMPS

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DES SECRÉTAIRES À LA FIN DES ANNÉES 1950.

Jusque dans les années 1960, les emplois occupés par les femmes sont souvent concentrés dans certains secteurs, comme le secrétariat.

Les revendications féministes Au début du 20e siècle, les femmes possèdent peu de droits économiques et juridiques. Plusieurs privilèges leur sont refusés, entre autres celui d’étudier ou de pratiquer certaines professions réservées aux hommes. Les femmes mariées dépendent de leur mari alors que celles qui travaillent sont souvent reléguées à des emplois sous-payés et de second plan. Le clergé fait en outre peser beaucoup d’interdits sur les femmes en général. Les femmes obtiennent le droit de vote au fédéral en 1918, et au Québec en 1940. C’est alors le début d’une longue conquête pour la reconnaissance de leurs droits. Mais il reste encore un long chemin à parcourir pour améliorer leurs conditions sociales. Au cours des années 1950, le mariage et l’éducation des enfants demeurent le sort le plus courant des femmes. Les femmes mariées n’ont pas de statut juridique. Peu d’entre elles obtiennent leur indépendance, car le marché du travail leur est fermé. L’Église catholique prêche encore longtemps la soumission des femmes à leur mari.

Les femmes et le marché du travail Les femmes qui exercent un emploi à temps plein le font principalement dans le secteur de la santé, comme infirmières, dans les manufactures, le secrétariat ou l’enseignement primaire. Souvent, une femme reçoit, pour le même travail, la moitié du salaire versé à un homme. Les employeurs, tout comme le gouvernement, estiment justifiés ces bas salaires puisque la femme n’est pas le principal soutien financier de la famille. Le travail des femmes est donc perçu comme un travail d’appoint, une fonction secondaire peu valorisée.

2

À TRAVAIL ÉGAL, SALAIRE ÉGAL.

La journaliste féministe Éva Circé-Côté a écrit de nombreuses années dans le journal Le Monde ouvrier. Ses articles portaient souvent sur les inégalités salariales entre les hommes et les femmes.

«

Pourquoi les femmes qui font un travail aussi pénible que les hommes ne seraient-elles pas aussi bien rémunérées ? La question féministe est devenue une question économique. La femme aujourd’hui ne réclame plus le droit au travail, et l’on prévoit qu’avant peu elle demandera à grands cris le droit au repos. Ce qu’elle doit exiger, c’est à travail égal, salaire égal. Une chose certaine, c’est que, si l’on emploie plus de femmes partout, on ne les paie pas mieux qu’autrefois et toujours moins que les hommes. [...] Pourquoi ces rétributions inégales si les uns et les autres rendent les mêmes services ? De telles injustices ne sauraient laisser indifférents ceux qui s’intéressent au relèvement économique de la femme. C’est juste qu’une disproportion dans l’ouvrage se traduise par une disproportion de salaire. Mais, lorsque le travail de la femme est aussi prolongé, aussi pénible, aussi productif que celui de l’homme, pourquoi ne seraient-ils pas aussi bien rémunérés l’un que l’autre ? Source : Éva CIRCÉ-CÔTÉ, « Travail égal - salaire égal », Le Monde ouvrier, 25 août 1917.

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DOSSIER 4

POUVOIR ET POUVOIRS

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Dans les écoles supérieures ou les universités, les hommes occupent presque tout l’espace. Par exemple, le droit, la médecine, le notariat sont presque exclusivement réservés aux hommes. Aussi, dans les sphères d’activité publiques, les femmes sont pratiquement absentes.

LA FILIÈRE DU TEMPS

Le mouvement féministe Thérèse Casgrain devient, en 1951, la première femme à la tête d’un parti politique au Québec, la Fédération du commonwealth coopératif (CCF), devenue Parti social démocratique du Québec. Il faut attendre le début des années 1960 avant que le féminisme ne vienne modifier en profondeur la condition féminine et le rôle joué par les femmes dans la société. Le mouvement féministe prend différentes formes, radicales ou modérées. Des femmes comme l’auteure féministe Simonne Monet-Chartrand œuvrent dans des groupes sociaux pour aider les femmes à se prendre en main et à revendiquer leurs droits. En 1961, l’égalité politique des femmes connaît une avancée importante alors que Marie-Claire Kirkland-Casgrain devient la première députée élue au Parlement québécois. Sur le plan juridique, ce n’est qu’en 1964 que le Code civil reconnaît officiellement l’égalité des femmes et des hommes. En 1966, des associations féministes fondent la Fédération des femmes du Québec. Parmi les demandes de cet organisme : un salaire égal pour un travail égal ainsi que la création d’un réseau de garderies pour les enfants dont les mères travaillent à l’extérieur de la maison. Au Québec, des mouvements de revendication exercent des pressions sur le gouvernement pour qu’il applique à ses fonctionnaires l’égalité des chances dans la promotion et les salaires. En novembre 1996, une loi sur l’équité salariale est adoptée.

TÉMOINS DE L’HISTOIRE ÉVA CIRCÉ-CÔTÉ Éva Circé-Côté est la fondatrice de la première bibliothèque publique de la ville de Montréal en 1903. Syndicaliste expérimentée, elle se bat pour l’éducation gratuite et accessible à tous. Elle revendique la libre pensée, la justice sociale et la réduction des inégalités entre les riches et les pauvres. En 1905, elle se marie avec le docteur Pierre 4 ÉVA CIRCÉ-CÔTÉ (1871-1949). Salomon-Côté, surnommé le médecin des pauvres. Éva Circé-Côté a milité en faveur de Le couple fréquente les milieux partisans du prol’égalité salariale entre les hommes grès politique à la recherche des idées nouvelles. et les femmes. Le mariage d’Éva Circé-Côté est de courte durée, car son mari meurt en 1909. Toute sa vie, Éva Circé-Côté a mené un grand combat: prouver que la femme est l’égale de l’homme. En 1919, elle réclame un salaire pour le travail domestique des mères de famille. Elle écrit dans le journal Le Monde ouvrier : « Nous sommes lasses de dépenser notre jeunesse, nos forces pour servir ce maître impitoyable, et si d’ici huit jours il ne paie pas un salaire d’au moins vingt-cinq dollars, nous nous mettons en grève. Nous mettrons la marmaille chez les Sœurs grises et nous flanquons la maison là. » Éva Circé-Côté meurt en 1949, bien avant que naisse le mouvement des années 1960-1970 pour la défense des droits des femmes.

DU POUVOIR AUX POUVOIRS (1867 à nos jours)

3

UNE POLICIÈRE DE LA GENDARMERIE ROYALE DU CANADA.

En 1974, les premières femmes intègrent la Gendarmerie royale du Canada. Dans le secteur public, une politique de discrimination positive tend à établir l’équilibre entre les hommes et les femmes.

Discrimination positive : Politique qui consiste à favoriser un groupe particulier pour rétablir l’équilibre entre différents groupes.

QUESTIONS 1. Expliquez en quoi consiste le statut de la femme dans la première moitié du 20e siècle. 2. Résumez les principales étapes qui ont permis aux femmes d’améliorer leur situation. 3. Quel gain juridique important les femmes font-elles dans les années 1960 ? 4. Quel but vise l’adoption, en 1996, de la Loi sur l’équité salariale ? Méthodologie 5. [Doc. 2] Quel principe Éva Circé-Côté veut-elle faire reconnaître à propos du salaire des femmes ?

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LA FILIÈRE DU TEMPS

Les conflits linguistiques Depuis la Conquête, les francophones et les anglophones se côtoient au Québec. Ces deux principales communautés linguistiques ont souvent vécu à l’écart l’une de l’autre. Cette situation a amené plusieurs conflits entre les deux groupes pour le contrôle des institutions communes, pour le choix des priorités économiques, sociales ou culturelles. Par ailleurs, la bourgeoisie anglophone domine le monde des affaires depuis la Conquête. Le commerce et l’industrie se déroulent donc essentiellement en anglais jusque dans les années 1960, au point que la langue anglaise est associée à la richesse. Dans le monde du travail, notamment dans les grandes industries, les francophones ont longtemps été forcés de travailler en anglais, alors que les employeurs sont souvent des anglophones.

L’encadrement juridique

1

L’AFFRONTEMENT ENTRE ITALOQUÉBÉCOIS ET CANADIENS FRANÇAIS À SAINT-LÉONARD EN 1969.

Dans les années 1960, à Saint-Léonard, secteur de l’île de Montréal habité essentiellement par des immigrants italiens et leurs descendants, des enfants italo-québécois reçoivent leur éducation dans des classes bilingues où, en fait, la majorité de l’enseignement est donné en anglais. Les commissaires scolaires décident de remplacer les classes bilingues par des classes unilingues françaises. En 1969, une manifestation organisée par le Mouvement pour l’intégration scolaire (MIS), créé par des francophones, tourne à l’émeute. Les partisans des deux groupes opposés s’affrontent alors violemment.

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DOSSIER 4

À l’école, la religion joue un rôle tout aussi essentiel que la langue, puisque les francophones vont à l’école catholique ; et les anglophones, à l’école protestante. Au caractère confessionnel des réseaux d’éducation se superpose une division linguistique. Mais la position de nombreux immigrants fait naître un nouveau conflit. Avant les années 1970, les immigrants fréquentent généralement l’école anglaise et, de ce fait, ne se sont pas francisés. La majorité francophone craint de voir son poids démographique s’affaiblir, ce qui menacerait son avenir en tant que communauté linguistique. En 1969, la crise éclate lorsque des commissaires d’école décident d’abolir les classes bilingues à forte prédominance anglophone au profit de classes unilingues françaises. La communauté italienne, qui envoyait ses enfants dans ces classes à prépondérance anglophone, se mobilise pour réclamer le libre choix de la langue d’enseignement. Un groupe de francophones s’y oppose et fait la promotion de l’intégration des communautés culturelles par l’imposition de la langue française dans l’enseignement. Ce conflit marque un affrontement idéologique entre la primauté des droits individuels et celle des droits collectifs. La tension est telle que des manifestations violentes éclatent à Saint-Léonard en 1969.

POUVOIR ET POUVOIRS

LA FILIÈRE DU TEMPS

La politique de la langue française Le débat linguistique s’intensifie lorsque le gouvernement de Robert Bourassa adopte, en 1974, le projet de loi 22 qui proclame le français langue officielle au Québec. Cette loi limite l’accès à l’école anglaise exclusivement aux enfants qui peuvent démontrer, par un test, leur maîtrise de l’anglais. Enfin, en 1977, le Parti québécois fait adopter la Charte de la langue française, communément appelée « loi 101 », qui comporte de nombreuses dispositions visant à assurer la primauté du français au travail, dans les communications et l’affichage commercial. De plus, cette loi oblige les enfants d’immigrants à fréquenter les écoles francophones. Une nouvelle lutte s’engage alors entre la communauté anglophone et le gouvernement du Québec. À plusieurs reprises, les tribunaux invalident des dispositions de la Charte, et le gouvernement doit y apporter des amendements.

2

UNE CHARTE CONTROVERSÉE.

3

La Charte de la langue française se veut un outil d’affirmation pour les francophones, mais son existence est controversée.

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L’histoire de la Charte de la langue française, avant, pendant et après son adoption, est tissée de remous et de controverses, de méprises et de sous-entendus qui sont le propre d’une prise de conscience collective. Ce processus d’identification nationale aurait pu créer un pays. Il a donné naissance, à tout le moins, à quelque chose qui ressemble à une âme. Source : Mario CLOUTIER, « Le long cheminement d’une prise de conscience collective », Le Devoir, 26 août 1997.

4

»

UNE MARCHE POUR LA PROTECTION DE LA LANGUE FRANÇAISE EN 1989.

Surtout depuis les années 1960, la question de la langue est au cœur des préoccupations des francophones du Québec.

QUESTIONS 1. Quel secteur de la vie collective était sous la domination des anglophones jusque dans les années 1960 ?

UNE COHABITATION HARMONIEUSE.

2. Quelle est la cause du conflit linguistique qui se déclenche au Québec à la fin des années 1960 ?

Les résultats de l’application de la Charte de la langue française sont visibles dans les rues de Montréal. Selon certains, cette loi a favorisé la cohabitation des francophones et des anglophones.

«

Les trentenaires d’aujourd’hui n’ont pas connu l’époque où le centre-ville de Montréal était placardé d’enseignes anglophones. De même, ils n’ont jamais été servis en anglais chez Eaton, certains ignorant même que ce magasin a déjà existé ! Pas plus qu’ils n’ont connu les luttes acharnées pour l’émancipation et la reconnaissance des droits des francophones. Ce qu’ils ont vécu au quotidien, en revanche, c’est un Québec où le français est reconnu comme étant la langue d’expression publique et où les droits des francophones sont protégés. Ils connaissent un Québec exempt d’affrontements entre les communautés anglophone et francophone, mis à part quelques escarmouches linguistiques passagères qui font plus office d’anachronismes à leurs yeux que de véritables conflits intercommunautaires. La cohabitation harmonieuse entre les Québécois francophones et anglophones de la nouvelle génération est telle que c’est à Montréal que s’est créé Arcade Fire, un groupe rock canadien qui connaît un succès planétaire et qui compte des membres de multiples origines. Source : Mathieu LABERGE, « Un pays pour ma génération », dans André PRATTE (dir.), Reconquérir le Canada. Un nouveau projet pour la nation québécoise, Montréal, Les Éditions Voix parallèles, 2007, p. 341.

»

DU POUVOIR AUX POUVOIRS (1867 à nos jours)

3. Que réclament les immigrants pour leurs enfants ? Méthodologie 4. [Doc. 4] Comment l’auteur décrit-il la situation linguistique actuelle au Québec ? 5. Construisez une ligne du temps montrant les dates marquantes et les principaux événements correspondant à l’évolution de la situation linguistique au Québec. Réflexion 6. Exprimez en quelques mots ce que vous avez appris sur l’évolution linguistique du Québec depuis 1960.

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LA FILIÈRE DU TEMPS

1

LA VISITE DU GÉNÉRAL DE GAULLE AU QUÉBEC EN JUILLET 1967.

Des militants du Rassemblement pour l’indépendance nationale célèbrent la venue du président français, Charles de Gaulle, à l’été 1967. Cette visite, où De Gaulle scande « Vive le Québec libre ! », constitue un moment important du nationalisme québécois, qui est soudainement propulsé dans l’actualité internationale.

2

UNE SCÈNE DU FILM LES ORDRES, DE MICHEL BRAULT.

La crise d’Octobre a été à plusieurs reprises illustrée au cinéma québécois, notamment dans le film Les ordres, de Michel Brault, en 1974. Dans ce film, Jean Lapointe joue un des personnages principaux.

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DOSSIER 4

L’idée d’indépendance L’idée de l’indépendance du Québec n’est pas nouvelle. Déjà, lors des rébellions de 1837-1838, le patriote Robert Nelson proclame la République du Bas-Canada. Puis en décembre 1917, à la suite de la crise de la conscription, le député libéral Joseph-Napoléon Francœur présente à l’Assemblée législative une motion proposant que le Québec quitte le Canada. Sous la pression du premier ministre Lomer Gouin, la motion Francœur sera finalement retirée avant même qu’un vote soit tenu. Pour les indépendantistes des années 1960, l’infériorité économique des Québécois s’expliquerait par la domination anglophone. Le Québec, en accédant à son indépendance, obtiendrait sa totale autonomie et se libérerait de cette tutelle.

La crise d’Octobre Le Front de libération du Québec (FLQ), qui apparaît sur la scène québécoise en 1963, se manifeste par des attentats à la bombe contre des institutions fédérales et intervient dans les conflits ouvriers. La violence culmine avec la crise d’Octobre, en 1970, alors que deux cellules de l’organisation enlèvent le diplomate anglais James Richard Cross et le ministre québécois Pierre Laporte. En échange de ces otages, le FLQ réclame la libération de prisonniers politiques et la diffusion de son manifeste, qui explique les motifs de ses actions. Les autorités refusent de négocier et le ministre Pierre Laporte est retrouvé sans vie. Cette crise qui s’étend sur plusieurs mois donne lieu à quelques centaines d’arrestations, parmi lesquelles on compte des comédiens, chanteurs, poètes, écrivains, journalistes et syndicalistes qui ne sont pas affiliés au FLQ. L’application par le Parlement fédéral de la Loi sur les mesures de guerre, en 1970, suspend les libertés individuelles, ce qui permet aux forces de l’ordre de détenir des personnes sans avoir à les inculper de quoi que ce soit. La crise connaît son dénouement avec l’arrestation des ravisseurs de Pierre Laporte et l’exil à Cuba des responsables de l’enlèvement de James Richard Cross, marquant du même coup la fin de l’épisode terroriste au Québec. Après la condamnation de ses principaux dirigeants, le FLQ semble disparaître. POUVOIR ET POUVOIRS

LA FILIÈRE DU TEMPS

La naissance du Parti québécois En 1967, alors que le FLQ mène des actions terroristes pour déstabiliser le gouvernement et les élites économiques, une nouvelle formation politique, qui dénonce cette violence, apparaît. Elle est dirigée par l’ex-libéral René Lévesque. Ce groupe, appelé « Mouvement souveraineté-association », prône l’indépendance du Québec par des moyens démocratiques, donc en gagnant l’appui de la majorité des Québécois. Également, advenant l’accession du Québec à l’indépendance, il recommande le maintien d’une association économique avec le reste du Canada. En 1968, ce mouvement fusionne avec une autre formation politique, le Ralliement national, et se transforme en parti politique provincial : le Parti québécois. Dès lors, l’idée d’indépendance attire des gens de différents milieux. Après deux défaites électorales en 1970 et 1973, le Parti québécois accède au pouvoir le 15 novembre 1976. Une fois au pouvoir, le Parti québécois, fidèle à son programme politique, décide de consulter la population sur un projet de souveraineté-association. Le résultat du référendum de 1980 montre que 59,4 % des Québécois préfèrent rester dans le Canada et que 40,6 % auraient préféré créer un nouveau pays. En 1995, lors d’un autre référendum, le « Non » l’emporte dans une proportion de 50,6 % des voix contre 49,4 % en faveur du « Oui ». Si elle est toujours présente au Québec, l’idée de l’indépendance ne réussit pas à recueillir l’appui de la majorité de la population.

4

3

LA VICTOIRE DU PARTI QUÉBÉCOIS AUX ÉLECTIONS DE 1976.

En novembre 1976, le Parti québécois prend le pouvoir. C’est la première fois qu’un parti prônant l’indépendance prend le pouvoir au Québec.

UN DISCOURS MAL ACCUEILLI PAR LES AMÉRICAINS.

En janvier 1977, moins de deux mois après son élection, René Lévesque prononce un discours à l’Economic Club de New York, dans lequel il compare la quête d’indépendance du Québec à la quête d’indépendance des Treize colonies. Ce discours est bien accueilli par les journalistes francophones présents, mais les gens d’affaires américains réagissent négativement, n’appréciant pas la comparaison.

«

QUESTIONS

L’indépendance du Québec est devenue aussi naturelle, aussi normale, je dirais presque aussi inévitable que ne l’était l’indépendance américaine il y a deux cents ans. […] Pour moi, la question qui importe – celle qui doit préoccuper tous ceux qui portent intérêt au Québec et au Canada –, ce n’est pas de savoir si le Québec deviendra ou non indépendant, mais de connaître comment les Québécois assumeront la pleine maîtrise de leur vie politique. À ce propos, je crois que le passé augure bien de l’avenir. D’une part, les Québécois sont déterminés à procéder aux changements qui s’imposent en recourant uniquement et strictement aux voies démocratiques. Source : Discours de René Lévesque prononcé à l’Economic Club à New York le 25 janvier 1977.

»

DU POUVOIR AUX POUVOIRS (1867 à nos jours)

1. Quel but visent les indépendantistes des années 1960 ? 2. Comment le gouvernement fédéral intervient-il pour faire face à la crise d’Octobre ? 3. Le Parti québécois se définit par son projet de souveraineté-association. Que signifie cette expression ? Méthodologie 4. [Doc. 4] Quel argument utilise René Lévesque pour rallier les Américains à sa cause ?

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LA FILIÈRE DU TEMPS

1

Les relations fédérale et provinciales

LA NUIT DES LONGS COUTEAUX.

L’entente constitutionnelle de 1981 survient en l’absence des représentants du Québec. Dans les milieux nationalistes québécois, cet événement est connu sous le nom de « nuit des longs couteaux ». La conduite de ces négociations a été diversement interprétée.

«

Dans la nuit du 4 au 5 novembre 1981 […], sept premiers ministres provinciaux du Canada anglais s’entendaient avec Ottawa sur une nouvelle Constitution pour le Canada, rapatriée l’année suivante. Ils avaient négocié toute la nuit en l’absence des représentants québécois, et sans en parler à la délégation québécoise. Ce fut ce qu’il est convenu d’appeler “la nuit des longs couteaux”. Le matin du 5 novembre, les sept premiers ministres plaçaient René Lévesque devant le fait accompli : ils avaient renié leurs signatures et brisé le front commun des huit provinces. Source : Robert DUTRISAC, « Il y a 25 ans, la nuit des longs couteaux – Une Constitution inachevée », Le Devoir, 4 novembre 2006.

»

Charte de Victoria : Ensemble d’amendements à la Constitution canadienne proposés en 1971.

Les mouvements nationalistes des années 1960 ont donné naissance à un fort courant indépendantiste, mais ils ont également influencé les partis en place. Le Québec est dirigé soit par des partis fédéralistes comme l’Union nationale et le Parti libéral, qui défendent la spécificité du Québec dans le cadre de la fédération canadienne, soit par un parti souverainiste, le Parti québécois. Dans les deux cas, les relations entre le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial sont marquées par la confrontation entre deux visions distinctes de la place du Québec dans le Canada.

Les divergences constitutionnelles Le gouvernement du Québec sous la direction de Maurice Duplessis avait défendu l’autonomie de la province en exigeant le respect du partage des compétences provinciales tel qu’il est défini dans l’Acte de l’Amérique du Nord britannique. À partir de 1960, ce nationalisme modéré fait place à un nationalisme plus affirmé qui réclame une révision du fédéralisme centralisateur appliqué par Ottawa. Dans cette optique, le Québec obtient la reconnaissance par Ottawa d’une clause d’exemption qui autorise les provinces à se retirer de programmes fédéraux avec une compensation fiscale leur permettant de créer les leurs. Le Québec est la seule province à se prévaloir de ce droit. L’élection de Pierre Elliott Trudeau en 1968 met fin à de telles ententes. Le premier ministre propose plutôt de revoir en profondeur le partage des pouvoirs dans le cadre du rapatriement de la Constitution canadienne. Dès 1971, le Québec, dirigé par Robert Bourassa, refuse de ratifier la Charte de Victoria. Ottawa avait consenti un droit de veto au Québec, mais avait catégoriquement refusé de revoir le partage des compétences en sa faveur. Aux yeux du gouvernement québécois, cette entente n’offre pas assez de garanties pour le Québec. Avec la Charte de Victoria, Pierre Elliott Trudeau propose le rapatriement de la Constitution canadienne, mais ne reconnaît pas au Québec un statut particulier qui lui donnerait des pouvoirs spécifiques. Sous la pression des nationalistes québécois, le premier ministre rejette l’accord. Dès lors, le Québec cherche auprès du gouvernement fédéral à obtenir plus de pouvoirs ou un statut particulier.

2

PIERRE ELLIOTT TRUDEAU ET LA REINE ÉLISABETH II EN 1982.

Le premier ministre du Canada, Pierre Elliott Trudeau, accueille la reine Élisabeth II avant la signature de la nouvelle Constitution du Canada, en avril 1982.

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DOSSIER 4

POUVOIR ET POUVOIRS

Dans la foulée de l’échec du référendum de 1980, le gouvernement fédéral rapatrie la Constitution canadienne. Acceptant de suspendre son option souverainiste, René Lévesque rejoint le front commun des provinces pour réclamer une décentralisation du système fédéral. En novembre 1981, lors d’une conférence fédérale-provinciale, un revirement s’opère alors que le Québec est la seule province à s’opposer au projet fédéral. Ce rapatriement entraîne des changements constitutionnels, mais le Québec n’obtient pas ce qu’il souhaite, en l’occurence un droit de veto ainsi qu’une reconnaissance de son statut particulier qui s’accompagnerait de plus de pouvoirs. Le rapatriement de la Constitution de 1982 se fait donc sans l’accord du Québec.

Les tentatives de rapprochement Dans les années 1980, des tentatives de rapprochement pour obtenir l’accord constitutionnel du Québec ont lieu. Ainsi, en 1987, le gouvernement fédéral dirigé par le conservateur Brian Mulroney propose un nouveau projet de constitution qui est d’abord accepté par l’ensemble des provinces, puis rejeté par Terre-Neuve et le Manitoba. À la suite du rejet de l’Accord du lac Meech, le gouvernement de Robert Bourassa crée la commission Bélanger-Campeau pour étudier l’avenir constitutionnel de la province. Une formation politique, le Bloc québécois, fondée par Lucien Bouchard, un ex-ministre du cabinet de Brian Mulroney, apparaît sur la scène fédérale pour défendre les intérêts du Québec. Une nouvelle entente, l’Accord de Charlottetown, survient en 1992. Cette fois, c’est l’ensemble de la population canadienne qui rejette l’entente par référendum, mais le Québec francophone et le Canada francophone la rejettent pour des raisons opposées. Ainsi, le Québec n’a jamais ratifié le rapatriement de la Constitution de 1982.

3

DES NOTIONS QUI ÉVOLUENT.

Le caractère unique ou distinct du Québec au sein du Canada, tel que le perçoivent les Québécois, a entraîné un désir de reconnaissance s’exprimant de diverses façons.

«

Depuis plus d’un demi-siècle, les Canadiens ont été bombardés par de multiples concepts visant à caractériser le statut particulier du Québec : du “Maître chez nous” de Jean Lesage, à l’“Égalité ou Indépendance” de Daniel Johnson père, à la “souveraineté-association” de René Lévesque, jusqu’à la “société distincte” de Robert Bourassa, les années ont passé et les notions ont évolué. Cependant, une chose est certaine: le désir de reconnaissance du caractère unique du Québec au sein du Canada est profondément ancré dans la psyché de la société québécoise. Source : Hervé RIVET et Fabrice RIVAULT, « La nation québécoise – De la reconnaissance informelle à l’enchâssement constitutionnel », dans André PRATTE (dir.), Reconquérir le Canada. Un nouveau projet pour la nation québécoise, Montréal, Les Éditions Voix parallèles, 2007, p. 295-296.

Le Québec revendique notamment le règlement du déséquilibre fiscal, soit un meilleur équilibre entre les revenus des deux paliers de gouvernement pour s’acquitter de ses lourdes responsabilités en éducation et en santé, la limitation du pouvoir de dépenser du fédéral dans les champs de compétence provinciale, la reconnaissance en tant qu’acteur sur la scène internationale et comme nation distincte. Sur ces revendications, tous les partis politiques sont d’accord, mais le problème de la place du Québec dans le Canada demeure entier. En 2006, le gouvernement conservateur de Stephen Harper a semblé être ouvert à certaines réclamations du Québec en acceptant de reconnaître que les Québécois forment une nation au sein d’un Canada uni.

»

Fédéralisme asymétrique : Fédéralisme flexible qui permet notamment l’existence d’ententes et d’arrangements adaptés à la spécificité du Québec.

L’indépendance du Québec aujourd’hui Aujourd’hui encore, l’idée de l’indépendance est défendue par certains partis politiques québécois. D’autres partis offrent une diversité de positions fédéralistes qui vont de l’autonomisme au fédéralisme asymétrique.

LA FILIÈRE DU TEMPS

Le rapatriement de la Constitution

QUESTIONS 1. Comment se caractérisent les relations entre le gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec depuis les années 1960 ? 2. Pourquoi Robert Bourassa a-t-il refusé de ratifier la Charte de Victoria ? 3. Jusqu’à aujourd’hui, quelles sont les conséquences du rapatriement de la Constitution canadienne pour le Québec ? Méthodologie 4. [Doc. 3] Quel point ont en commun ces différents concepts caractérisant le Québec ? 5. Sur une ligne du temps, situez les principaux événements marquant l’évolution constitutionnelle québécoise et canadienne depuis 1970. Encerclez ceux relevant d’une initiative du Québec.

DU POUVOIR AUX POUVOIRS (1867 à nos jours)

303

Les chartes des droits et libertés Le Québec et le Canada sont des « sociétés de droit », c’est-à-dire qu’elles sont régies par des lois qui protègent les citoyens contre les injustices. Dans le dernier quart du 20e siècle, de nouveaux textes fondamentaux sont adoptés pour protéger les citoyens contre de possibles abus, notamment de leurs gouvernements. Il s’agit des chartes des droits et libertés. Les chartes ont une valeur symbolique, comme refléter les principes et les idéaux de la société, mais aussi une valeur juridique, comme délimiter le pouvoir des gouvernements et de l’ensemble de la société civile, dont font partie les citoyens et les entreprises. Les chartes québécoise et canadienne protègent les individus en leur garantissant l’exercice des droits et libertés suivants :

• Libertés fondamentales : liberté de conscience, de religion, de pensée, de croyance, d’opinion et d’expression, droit à la vie et à la sécurité, etc.

• Droits politiques et libertés démocratiques : droit de vote et d’éligibilité

pour tous les citoyens majeurs, élection tous les cinq ans au maximum, etc.

• Droits et garanties judiciaires : présomption d’innocence, droit à un procès juste, protection contre les fouilles et saisies déraisonnables ou contre les arrestations et détentions arbitraires.

• Droits à l’égalité : interdiction de la discrimination, application des 1

LA CHARTE CANADIENNE DES DROITS ET LIBERTÉS.

Cette Charte, entrée en vigueur le 17 avril 1982, fait partie de la Constitution du Canada. Comprenant 35 articles, elle énonce les droits et libertés essentiels de tous les citoyens.

chartes à tous les citoyens.

En plus, la Charte québécoise énonce des « droits économiques et sociaux », c’est-à-dire des obligations pour le gouvernement du Québec en matière de conditions sociales, économiques et matérielles afin que les citoyens participent pleinement au développement de la société. Un des droits est celui à l’éducation. Pour sa part, la Charte canadienne prévoit le droit à l’éducation dans leur langue pour les membres des minorités linguistiques des deux langues officielles, par exemple les anglophones au Québec ou les francophones dans les autres provinces. Un article sur les « libertés de circulation et d’établissement » restreint la discrimination que les provinces pourraient exercer envers les citoyens canadiens d’autres provinces, notamment dans l’accès au marché du travail.

304

DOSSIER 4

POUVOIR ET POUVOIRS

Des chartes de portées différentes Les deux chartes ont un statut plus élevé que les lois de l’Assemblée nationale ou de la Chambre des communes. Puisqu’elles protègent les citoyens contre les possibles abus du gouvernement au pouvoir, elles ont donc prépondérance sur les autres lois. La Charte canadienne fait partie de la Loi constitutionnelle de 1982, elle est donc très difficile à modifier en raison du processus d’amendement constitutionnel qui est très rigoureux. Elle encadre le pouvoir de tous les parlements, fédéral et provinciaux. La Charte québécoise, qui ne s’applique qu’au Québec, protège les citoyens non seulement contre les abus du gouvernement, mais aussi contre les organismes privés et les autres citoyens.

3

LES PRINCIPAUX ÉVÉNEMENTS AYANT MENÉ À L’ADOPTION DES CHARTES DES DROITS ET LIBERTÉS.

2

LA COUR SUPRÊME DU CANADA.

La Cour suprême est le plus haut tribunal du Canada. Elle entend les appels des jugements des tribunaux inférieurs, par exemple, une cour d’appel provinciale ou la Cour d’appel fédérale.

Les chartes résultent de l’évolution des droits et libertés dans les sociétés occidentales après la Seconde Guerre mondiale. 1948

Adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme par les États membres de l’Organisation des Nations unies

1958

Présentation d’un projet de Déclaration canadienne des droits par le premier ministre canadien

1960

1976

Adoption de la Déclaration canadienne des droits par le Parlement fédéral

Entrée en vigueur de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec













1940

1950

1960

1970

1980

1990 1982

1967

Entrée en vigueur de la Charte canadienne des droits et libertés

Proposition de Pierre Elliott Trudeau de doter la Constitution canadienne d’une charte des droits, lors du rapatriement de la Constitution

4

UNE COMPARAISON SOMMAIRE DES DEUX CHARTES. QUESTIONS

«

En 2007, la Charte canadienne des droits et libertés fête ses 25 ans d’existence. L’adoption, en 1982, de la Charte canadienne des droits et libertés faisait partie de la stratégie du gouvernement fédéral du temps, qui consistait à régler la question de l’unité nationale en mettant l’accent sur les droits individuels des personnes plutôt que sur les droits collectifs des citoyens […] indépendamment des circonstances de sa naissance, la Charte canadienne existe et porte ses fruits. N’a-t-elle pas quelques mérites ? Elle en aurait davantage si elle avait, pour la première fois, protégé des droits jusqu’alors restés sans protection. Mais ce n’est pas le cas. Car le Québec, à l’instar de toutes les autres provinces, avait déjà […] sa propre Charte des droits et libertés de la personne […]. La Charte canadienne n’y a rien ajouté, si ce n’est la clause controversée portant sur l’accès à l’école anglaise ; il y a même des droits importants comme l’orientation sexuelle qui sont explicitement protégés par la Charte québécoise et qui ne le sont pas par la Charte canadienne. Bien sûr, la Charte canadienne s’est appliquée au droit criminel et au mariage, qui échappaient à la Charte québécoise, et c’est surtout là qu’on a pu sentir ses effets. […] alors que la Charte canadienne est d’une rigidité extrême, la Charte québécoise est beaucoup plus souple, sans compter qu’elle est plus détaillée, plus didactique et, surtout, plus complète. Source : Louis BERNARD, « Il n’y a pas de quoi fêter ! », Le Devoir, 16 février 2007.

»

DU POUVOIR AUX POUVOIRS (1867 à nos jours)

1. Contre quoi les chartes des droits et libertés protègent-elles les citoyens ? 2. Sur quelle double valeur les chartes reposent-elles ? 3. Quels sont les quatre principaux types de droits et libertés qui sont protégés dans les chartes québécoise et canadienne ? Méthodologie 4. [Doc. 4] Identifiez deux caractéristiques qui distinguent la Charte canadienne de la Charte québécoise. Réflexion 5. S’il vous manque de l’information sur le contenu et l’application des chartes québécoise et canadienne, que pouvezvous faire pour vous la procurer ?

305

LA FILIÈRE DU TEMPS

1

Le rôle des médias

LA PRESSE ÉCRITE ET LA POLITIQUE.

Au cours des luttes politiques qui ont jalonné l’histoire du Québec et du Canada, les médias ont toujours joué un rôle important, mais ce rôle est devenu primordial ces dernières décennies. Au 19e siècle, les journaux étaient contrôlés par les partis politiques et servaient essentiellement d’outil de propagande. Progressivement, au cours du 20e siècle, le journalisme s’est développé avec une éthique professionnelle qui prône l’objectivité et la distance critique de ses rédacteurs. Néanmoins, de plus en plus de médias font partie de grands empires de presse et, à ce titre, relaient leurs idéologies et leurs allégeances. Leur partialité n’est donc parfois qu’apparente.

Les journaux ont souvent une ligne éditoriale qui les pousse à appuyer un parti politique.

«

Un autre phénomène important est l’existence d’une presse très partisane, qui se transforme d’ailleurs avec l’essor des journaux à grand tirage. Le Parti libéral a deux quotidiens principaux : Le Soleil à Québec et Le Canada à Montréal. Le Parti conservateur peut compter à Québec sur l’Événement et le Quebec Chronicle et, à Montréal, sur le Star et La Patrie qui, d’abord libérale, passe aux conservateurs vers 1905. Il existe aussi des journaux régionaux alignés politiquement. Tout en appuyant un parti, d’autres journaux ne sont pas des publications partisanes, en ce sens qu’ils n’ont pas à suivre les directives des chefs politiques. C’est le cas de La Presse de Montréal qui, à compter de 1904, appuie le Parti libéral, mais garde une politique rédactionnelle indépendante. Source : P.-A. LINTEAU, R. DUROCHER et autres, Histoire du Québec contemporain, tome 1, Boréal compact, Montréal, Boréal, 1989, p. 644.

2

LA FONDATION DU JOURNAL LE DEVOIR.

Le premier numéro du journal Le Devoir, fondé par Henri Bourassa, paraît le 10 janvier 1910. Dans ce texte, Bourassa décrit l’orientation qu’il entend donner à ce journal.

« »

Le Devoir appuiera les honnêtes gens et dénoncera les coquins. […] Dans la politique provinciale, nous combattons le gouvernement actuel, parce que nous y trouvons toutes les tendances mauvaises que nous voulons faire disparaître de la vie publique : la vénalité, l’insouciance, la lâcheté, l’esprit de parti avilissant et étroit. Nous appuyons l’opposition, parce que nous y trouvons les tendances contraires : la probité, le courage, des principes fermes, une grande largeur de vues. […] Pour assurer le triomphe des idées sur les appétits, du bien public sur l’esprit de parti, il n’y a qu’un moyen : réveiller dans le peuple, et surtout dans les classes dirigeantes, le sentiment du devoir public sous toutes ses formes : devoir religieux, devoir national, devoir civique. De là le titre de ce journal qui a étonné quelques personnes et fait sourire certains confrères. Source : Henri BOURASSA, « Avant le combat », Le Devoir, 19 janvier 1910, p. 1.

»

La venue de nouveaux médias

3

LA CHRONOLOGIE DE L’APPARITION DE QUELQUES MÉDIAS ET MOYENS DE COMMUNICATION AU CANADA.

Dans les années 1920, un nouveau média fait son apparition: la radio. Alors que les politiciens devaient jusque-là se déplacer pour faire leurs discours, la radio leur fournit un outil de diffusion extraordinaire et beaucoup plus rapide. En ce sens, la radio rapproche le citoyen du pouvoir: l’électeur peut désormais écouter en direct des discours et des interviews de dirigeants politiques.

L’apparition successive de divers médias et moyens de communication a largement contribué à transformer la société québécoise et à changer les rapports de pouvoir. Année 1752 1764 1778 1806 1910 1919 1922 1936 1952

306

En 1952, l’avènement de la télévision au Québec crée une véritable révolution. Dès le début des années 1960, les politiciens commencent à s’affronter lors de débats télévisés. La télévision oblige les dirigeants à justifier de plus en plus leurs actions. En effet, elle est partout : elle suit les poliÉvénement ticiens, mais aussi les groupes de presParution du premier journal au Canada, le Halifax Gazette. sion. Elle couvre les manifestations, Parution de La Gazette de Québec, le premier journal bilingue de la Province of Quebec. les grèves et toutes les formes de Parution de la Gazette littéraire pour la ville et district de Montréal. contestation. De plus, avec l’informaParution du premier journal francophone du Bas-Canada, Le Canadien. tion en continu et l’arrivée d’Internet, Fondation du journal Le Devoir. l’information circule plus vite encore. Émission de la première licence pour l’exploitation d’une station de radio anglophone, Il est donc devenu essentiel pour tous attribuée à XWA, une station exploitée par la compagnie Marconi Canada. ceux qui veulent assumer le pouvoir Début de la diffusion d’émissions radiophoniques à Montréal sur les ondes de la ou influencer les décisions de contrôpremière station de radio commerciale francophone du Québec, CKAC de Montréal. ler l’information et le message. Fondation de la Société Radio-Canada. Début de la diffusion d’émissions à la télévision de Radio-Canada.

DOSSIER 4

POUVOIR ET POUVOIRS

LA FILIÈRE DU TEMPS

Les médias modernes et la politique Depuis le début des années 2000, le développement du vedettariat a amené les politiciens à participer aux émissions de culture populaire qui attirent d’importantes cotes d’écoute. Ces passages sont l’occasion pour les personnalités politiques de rejoindre un plus vaste public. Leur discours, simplifié pour les circonstances, ne contribue pas toujours à rehausser la qualité des débats politiques. En cette ère médiatique, le pouvoir passe désormais par la communication. Par conséquent, pour projeter une bonne image d’eux-mêmes, les groupes d’influence doivent mieux utiliser les médias et peuvent même recourir aux services d’entreprises de relations publiques.

4

LA POLITIQUE ET L’HUMOUR : UN JEU DANGEREUX ?

Afin de s’adresser à un large public, les politiciens choisissent parfois de se montrer dans des émissions de télévision qui ne sont pas nécessairement consacrées à la politique.

«

La politique est plus populaire lorsqu’elle est accompagnée d’humour. Les émissions politiques sont de plus en plus rares et, parallèlement, les politiciens sont de plus en plus présents aux émissions d’humour. Puisqu’une grande partie de la population ne s’informe pas ou peu par les bulletins de nouvelles et les journaux, il ne faut pas se surprendre que les politiciens se prêtent volontiers à l’humour en se présentant à des talk-shows ou à des émissions de variétés. […] Le politicien d’aujourd’hui ne bénéficie plus de l’auréole sacrée qu’avaient autrefois les chefs d’État. Le politicien participe aux émissions de télévision qui peuvent parfois le tourner en dérision. Les femmes et les hommes politiques acceptent, pour séduire leur électorat, de se placer dans des situations ridicules. Cette vision satirique de la politique n’encourage certainement pas les citoyens à adopter des réflexes civiques. À force de confondre politique et humour, on tue la politique. Source : Philippe BERNIER ARCAND, « Politique et humour. Un jeu dangereux », La Presse, 20 décembre 2006.

5

Saviez-v us que... La construction des installations actuelles de Radio-Canada, entreprise au début des années 1960, a impliqué l’expropriation de près de 225 familles. À l’intérieur d’un périmètre de 100 000 mètres carrés, près de 260 immeubles ont été démolis.

»

LA MAISON DE RADIO-CANADA.

La Société Radio-Canada est fondée en 1936. Dès l’année suivante, les signaux radiophoniques émis par le réseau sont accessibles à 76 % de la population canadienne. C’est en 1952 que les premières émissions de télévision sont diffusées. La tour qui abrite toujours la Maison de Radio-Canada à Montréal a été inaugurée en 1973. QUESTIONS 1. Autrefois, les journaux servaient d’outils de propagande. Sont-ils plus impartiaux aujourd’hui ? Justifiez votre réponse. 2. Nommez les trois médias créés depuis les années 1920. 3. À l’aide de deux exemples, montrez la grande influence des médias. Méthodologie 4. [Doc. 1] En quoi le journal La Presse se distingue-t-il des autres grands quotidiens du début du siècle ?

DU POUVOIR AUX POUVOIRS (1867 à nos jours)

307

LA FILIÈRE DU TEMPS

La question autochtone Même si les autochtones revendiquent la reconnaissance de leurs droits depuis longtemps, il leur faudra attendre une trentaine d’années avant d’obtenir satisfaction. Cette reconnaissance ne résout toutefois pas tous les problèmes sociaux des autochtones.

1

DES CRIS À LA BAIE-JAMES.

Depuis les dernières décennies, les autochtones participent de manière active aux décisions qui concernent leurs peuples et leurs territoires.

2

En 1971, Robert Bourassa, qui est premier ministre du Québec, annonce son intention de développer le potentiel hydroélectrique des rivières, des forêts et des mines de la région de la Baie-James. Les autochtones s’opposent alors fermement à ces projets. L’année suivante, l’Association des Indiens du Québec s’adresse à la Cour supérieure du Québec pour demander que soit interrompue toute construction dans la région de la Baie-James. Après plusieurs négociations, des représentants des gouvernements du Québec et du Canada, des Cris et des Inuits signent, en 1975, la Convention de la Baie-James et du Nord québécois. Grâce à cette entente, les Cris et les Inuits exercent un plus grand contrôle sur leur développement. Cette convention représente, pour plusieurs, un pas important vers une meilleure entente entre les peuples. La Convention de la BaieJames et du Nord québécois suscite aussi de nombreuses critiques, notamment parce qu’en signant ce document, les autochtones renoncent à certains de leurs droits ancestraux. En 1978, les Naskapis signent la Convention du Nord-Est québécois. En vertu de cette entente, ils disposent d’un plus grand territoire dont ils ont la propriété exclusive et qu’ils peuvent gérer à leur guise.

LES AUTOCHTONES DU QUÉBEC ET LE GOUVERNEMENT.

Signée dans le but de régler des querelles concernant des enjeux territoriaux, la Convention de la Baie-James et du Nord québécois est le résultat d’un long processus juridique.

«

La Convention de la Baie-James et du Nord québécois a été signée en 1975 à la suite d’une entente entre les Cris et les Inuits d’une part, et le gouvernement du Québec d’autre part. […] À l’origine de cette convention, on retrouve un conflit territorial. Le gouvernement libéral de Robert Bourassa avait annoncé son intention de procéder à des travaux d’aménagement de barrages hydroélectriques à la baie James en 1970. […] en 1973, les Cris et les Inuits obtinrent une injonction […] qui ordonnait à Hydro-Québec d’interrompre tous les travaux à la baie James. Ce jugement fut renversé une semaine plus tard par un jugement de la Cour supérieure, mais il avait convaincu le gouvernement Bourassa d’engager des négociations. Ce fut la première entente de revendication territoriale du genre à être signée au Canada. Elle avait le mérite de préciser les juridictions provinciales pour les Indiens de ces trois groupes. En vertu de la convention, en échange d’importantes concessions territoriales, les autochtones obtiennent des dédommagements ainsi que des droits et des pouvoirs. Source : « Les autochtones du Québec et le gouvernement », Radio-Canada [en ligne]. (Consulté le 19 juin 2008.)

308

DOSSIER 4

POUVOIR ET POUVOIRS

La Commission royale d’enquête sur les peuples autochtones

»

En 1991, à la suite de demandes répétées de divers groupes autochtones, le gouvernement fédéral met sur pied la Commission royale d’enquête sur les peuples autochtones. Le mandat de cette commission est d’étudier la situation des autochtones du Canada et de faire des recommandations afin d’améliorer leurs conditions de vie. Déposé en 1996, le rapport de la Commission contient plus de 400 recommandations, dont le développement de l’autonomie politique des nations autochtones.

LA FILIÈRE DU TEMPS

La Paix des Braves Le 23 octobre 2001, le gouvernement du Québec et la nation crie signent une entente de principe nommée «Paix des Braves». Cette entente porte sur le partage des profits de l’exploitation des installations hydroélectriques et prévoit que les communautés cries de la baie James seront associées à tout ce qui touche au développement du Nord québécois. L’entente finale est signée le 7 février 2002. Malgré cela, il reste encore beaucoup à accomplir pour satisfaire aux besoins et aux revendications des autochtones.

3

LE TERRITOIRE DÉFINI PAR LA CONVENTION DE LA BAIE-JAMES ET DU NORD QUÉBÉCOIS.

La Convention de la Baie-James et du Nord québécois accorde aux communautés autochtones des droits de chasse et de pêche exclusifs sur un territoire de 170 000 km2. En plus, ces communautés obtiennent d’importantes compensations financières. En échange, le gouvernement québécois peut exploiter les ressources minérales, forestières et hydrauliques dans le nord de la province.

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1. Par quels moyens les autochtones font-ils reconnaître leurs droits ? 2. Quelles sont les conséquences de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois sur les Cris et les Inuits ?

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DU POUVOIR AUX POUVOIRS (1867 à nos jours)

3. Quel lien peut-on établir entre le pouvoir des médias et les revendications des autochtones ? Méthodologie 4. [Doc. 2] Trouvez-vous encourageant le fait que les Cris s’impliquent dans le développement de leur territoire ? Expliquez votre point de vue. 5. [Doc. 3] À quoi les Cris de la baie James renoncent-ils pour laisser le gouvernement du Québec exploiter le nord du Québec ?

309

LA FILIÈRE DU TEMPS

1

L’État et l’environnement

LE CANADA ET LE PROTOCOLE DE KYOTO.

Le Canada est l’un des pays signataires du protocole de Kyoto entré en vigueur en 2005.

«

Les Nations unies ont le Canada à l’œil. Dans un récent rapport, des experts de l’ONU concluent que le Canada contrevient au protocole de Kyoto en tardant à créer un registre national d’émissions compatible avec le marché international. On sait que les pays signataires du protocole de Kyoto doivent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Mais en plus, ils se sont engagés à créer un registre national d’émissions de GES. Dans ce registre, les pays et les entreprises doivent inscrire leurs émissions de gaz à effet de serre pour éventuellement bénéficier de crédits. Force est de constater que le Canada ne respecte pas cet engagement. Source : Catherine HANDFIELD, « Le Canada contrevient au protocole de Kyoto », La Presse, 19 avril 2008.

2

»

Une nouvelle cause préoccupe de plus en plus de citoyens : celle de l’environnement. Récemment encore, la pollution n’était pas perçue comme un problème grave. Au cours des 30 dernières années, les groupes de pression environnementaux, de protection de la santé et de la nature sont intervenus auprès des gouvernements pour les forcer à prendre des mesures de protection de l’environnement.

L’implication du gouvernement Pour répondre à ces demandes, le gouvernement du Québec crée, au début des années 1970, le premier ministère de l’Environnement. Aujourd’hui, les gouvernements fédéral et provincial comportent tous deux un ministère voué aux enjeux environnementaux. Toutefois, concilier environnement et développement économique reste un défi majeur. En effet, la protection des ressources naturelles influe parfois sur l’emploi, par exemple dans le secteur de l’exploitation forestière. Depuis le début du 21e siècle, l’accélération des changements climatiques conduit les environnementalistes internationaux à exercer des pressions sur les gouvernements. Ainsi, le protocole de Kyoto, qui vise la réduction des émissions polluantes, a été ratifié par le Canada en décembre 2002. Toutefois, le gouvernement conservateur de Stephen Harper, élu en 2006, se montre réticent vis-à-vis des objectifs de réduction des gaz à effet de serre fixés par Kyoto, qu’il considère comme inatteignables pour le moment.

UNE MANIFESTATION DE GREENPEACE DEVANT L’ASSEMBLÉE NATIONALE DE QUÉBEC EN JANVIER 2007.

Les groupes environnementaux souhaitent sensibiliser la population à leur cause et influencer les décisions politiques.

310

DOSSIER 4

POUVOIR ET POUVOIRS

Le Québec a de grands défis à relever dans le domaine environnemental. Bien que l’hydroélectricité, peu dommageable pour l’environnement, soit une des formes d’énergie abondamment utilisée par les Québécois, la consommation encore très élevée de pétrole, pour le transport ou le chauffage, pollue gravement. Pour contrer l’utilisation croissante des automobiles en raison de l’étalement urbain, les autorités doivent proposer des systèmes efficaces de transports en commun. Sur le plan des déchets, des municipalités adoptent des réglementations obligeant le recyclage et le compostage et mettent à la disposition des citoyens des sites sécuritaires de dépôt des matières dangereuses. Les ressources en eau et en bois constituent un autre enjeu de taille puisque la capacité de renouvellement de ces ressources est limitée. De plus en plus conscients des dommages qu’ils causent individuellement et collectivement à l’environnement, de nombreux citoyens exigent des gouvernements la mise en place de mesures de protection. Certains le font en joignant des groupes de pression, d’autres en réalisant des documentaires, comme celui sur l’exploitation commerciale de la forêt boréale du chanteur Richard Desjardins. Le système politique en place permet aux citoyens d’influencer, à travers leurs revendications, les décisions gouvernementales.

4

3

L’ERREUR BORÉALE, RÉALISÉ PAR RICHARD DESJARDINS ET ROBERT MONDERIE.

Sorti en 1999, ce documentaire a sensibilisé la population au sujet du patrimoine forestier québécois et de son exploitation commerciale.

LA STRATÉGIE DE DÉVELOPPEMENT DURABLE DU GOUVERNEMENT PROVINCIAL.

Parfois, avant de prendre des décisions, le gouvernement consulte la population. Internet facilite le processus de consultation en le rendant plus accessible aux citoyens.

«

Après les accommodements raisonnables, les aînés, Québec lance une nouvelle consultation publique. Cette fois, il s’agit d’une consultation en ligne pour connaître l’opinion des Québécois sur sa stratégie de développement durable du gouvernement Charest. […] Cette stratégie fait suite à l’adoption de la Loi sur le développement durable et à la consultation publique qui a eu lieu en 2005. Elle ne comprend aucun nouvel engagement du gouvernement Charest, mais […] elle permettra de guider les actions du gouvernement en matière de développement durable au cours des prochaines années. […] La ministre a indiqué que Québec devait procéder à cette consultation puisque la Loi sur le développement durable l’y oblige. Elle a ensuite indiqué que Québec répondait aussi aux demandes de citoyens de se prononcer sur les “avancées du gouvernement”. Source : « Développement durable. Québec veut savoir », Radio-Canada [en ligne]. (Consulté le 30 juin 2008.)

5

» QUESTIONS

LA FORÊT QUÉBÉCOISE ET LES COUPES À BLANC.

Les groupes environnementaux jouent un rôle majeur dans la sensibilisation des citoyens par rapport à l’exploitation abusive des richesses naturelles comme la forêt et l’eau.

1. Le développement économique peut nuire à la protection de l’environnement. Donnez-en un exemple. 2. Quelle est la position du Canada au sujet du protocole de Kyoto ? Méthodologie 3. [Doc. 1] Qui est responsable de l’application du protocole de Kyoto ? 4. [Doc. 4] Pour quelle raison le gouvernement consulte-t-il la population au sujet du développement durable ?

DU POUVOIR AUX POUVOIRS (1867 à nos jours)

311

LA FILIÈRE DU TEMPS

Des solutions possibles

Le Myanmar Depuis 1962, le Myanmar est coupé du reste du monde et vit sous une dictature militaire. Autrefois connu sous le nom de Birmanie, mais renommé Myanmar par la junte militaire en 1989, ce pays compte plus de 48 millions d’habitants. Les Birmans forment la majorité de la population, mais il existe plus d’une vingtaine d’ethnies réparties sur le territoire, dont les principales sont les Shans et les Karens.

Capitale : Naypyidaw Population : 48,3 millions d’hab. Langue officielle : birman

L’avènement de la dictature 1

LE MYANMAR AUJOURD’HUI.

Le Myanmar est divisé en sept provinces (au nord) et sept divisions (au sud). La capitale, anciennement située à Rangoon, a été déplacée dans la petite ville de Naypyidaw en 2005.

NÉPAL

BHOUTAN

RÉPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE

KACHIN Fleuve Ir raw ady

INDE BANGLADESH

La Birmanie a été une colonie britannique de 1886 à 1948. Mais le pouvoir du Royaume-Uni s’est rapidement heurté à un mouvement de résistance nationale, à des révoltes et à des guerres des diverses minorités. Lors de la Seconde Guerre mondiale, les nationalistes birmans voient une occasion d’obtenir des concessions des Britanniques en échange d’un effort de guerre, mais ceux-ci refusent et lancent un mandat d’arrêt contre Aung San, le leader de la libération de la Birmanie, qui s’est enfui en Chine. Les Japonais lui offrent leur aide, et il retourne dans son pays le temps d’enrôler 29 jeunes, qui reçoivent, avec lui, un entraînement militaire au Japon. Ce groupe est connu sous le nom des « Trente Camarades ». La rébellion des Trente Camarades dirigée par Aung San tente de conquérir le pouvoir, mais l’invasion japonaise du pays met brutalement fin à la révolte. Au lendemain de la guerre, la ligue antifasciste d’Aung San, une coalition nationaliste, prend le contrôle du pays et de l’armée.

SAGAING

MYANMAR (Birmanie)

CHIN

Golfe du Bengale

Mandalay

MANDALAY

MAGWE Naypyidaw KAYAH RAKHINE BAGO KAYIN YANGON Pathein

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Légende

312

LAOS

Yangon Moulmein THAÏLANDE (Rangoon)

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Capitale Ville Frontière internationale Limite administrative interne SHAN Division ou État

VIETNAM

SHAN

TANINTHARYI

CAMBODGE

Golfe de Thaïlande 0

DOSSIER 4

100 200

La Birmanie proclame son indépendance en 1948, mais les défis pour la jeune démocratie socialiste dirigée par le premier ministre U Nu sont multiples. La guerre dévaste le pays, et l’économie peine à se rétablir. Les clivages ancestraux entre les différentes ethnies menacent la cohésion du pays, et l’unité au sein de l’armée se fragilise rapidement à la suite de l’assassinat d’Aung San en 1947. Le gouvernement est aussi très vulnérable par rapport aux dissensions politiques au sein de la ligue antifasciste et aux révoltes des minorités ethniques.

300 km

POUVOIR ET POUVOIRS

Le 3 mai 2008, le cyclone Nargis frappe le Myanmar, tuant et blessant plusieurs dizaines de milliers de personnes. L’aide humanitaire ne peut s’organiser ni se déployer rapidement, car le régime politique en place, suspicieux à l’égard des organismes étrangers, octroie très peu de visas aux secouristes. De plus, la crainte de voir l’aide financière détournée par les autorités complique la situation.

Le coup d’État de 1962 et ses conséquences Le général Ne Win s’empare du pouvoir par un coup d’État en 1962. La Constitution est alors révoquée, et les militants politiques sont arrêtés par centaines, dont le premier ministre U Nu. Le général Ne Win instaure alors un régime socialiste totalitaire, qu’il dirige pendant plus de 30 ans. L’armée, la Tatmadaw, prend le pouvoir. Le parti socialiste birman impose un programme politique et économique qui va conduire à la nationalisation de tous les secteurs d’activité économique. En 1974, une nouvelle Constitution transfère le pouvoir à une Assemblée du peuple, mais, dans les faits, il demeure entre les mains du général Ne Win et des militaires. Les années de la dictature de Ne Win sont marquées par la censure, l’espionnage et la répression des opposants politiques et des minorités ethniques. En outre, la mauvaise gestion économique et la corruption du régime entraînent une désorganisation et la faillite économique du pays. La Birmanie, qui vit presque en autarcie, devient alors l’un des pays les plus pauvres du monde.

2

La crise économique de 1988

UNE MANIFESTATION DE MOINES BOUDDHISTES EN 2007.

À la suite de la décision du gouvernement

En 1988, des opposants descendent par centaines de milliers dans les rues d’augmenter le prix de l’essence, plus de pour réclamer la fin du régime militaire et le retour à la démocratie. La 2000 moines bouddhistes descendent dans la rue. répression de la manifestation est brutale et fait des milliers de victimes. Ne Win quitte alors la tête du ré3 LE CHEF DE LA JUNTE MILITAIRE ET LE POUVOIR. gime, mais les militaires renforcent leur emprise sur le pays. Ils impoDepuis plus de 15 ans, Than Shwe, le général en chef de la junte militaire, dirige le pays d’une main de fer. sent la loi martiale le 18 septembre 1988 et créent le Conseil d’État pour C’est Than Shwe qui a ordonné de tirer sur les foules en colère réclamant la la restauration de la loi et l’ordre, qui démocratie en 1988, alors qu’il commandait une brigade d’infanterie. Il a fait devient le nouvel organe du poufermer les universités du pays pendant 11 ans. Il a aussi fait annuler le scrutin voir de la junte militaire. remporté par le parti d’Aung San Suu Kyi en 1990. Deux ans plus tard, il a pris

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la tête du gouvernement illégitime et mis M Suu Kyi en résidence surveillée. Malgré le renforcement du régime militaire, l’opposition s’est Source: Caroline TOUZIN, «Le chef de la junte: secret, superstitieux et paranoïaque», La Presse, 13 mai 2008, p. A27. organisée durant la crise de 1988. Plusieurs mouvements voient le jour, comme la Ligue nationale pour la démocratie, dirigée par Aung San Suu Kyi et Tin Oo. Sous les pressions internationales, des élections législatives sont tenues en mai 1990. La Ligue nationale pour la démocratie remAutarcie : État d’une région ou d’un pays porte les élections avec plus de 80% des sièges, mais la junte militaire qui se suffit à lui-même. refuse de céder le pouvoir.

La junte militaire aujourd’hui

QUESTIONS

Le régime militaire maintient encore aujourd’hui son emprise sur la population. La liberté de presse et celle d’association sont réprimées, et le pays demeure isolé du reste du monde. De plus, le travail forcé de la population civile est une pratique très généralisée, tant pour la construction de routes que pour le transport de matériel militaire. Le gouvernement de la junte militaire reste plus que jamais contesté. Si bien que la capitale, autrefois située à Rangoon, est déménagée à Naypyidaw en novembre 2005 afin d’éloigner le siège du pouvoir des foyers d’opposition. La contestation est toujours active, comme l’a montré le mouvement d’opposition lancé par les moines bouddhistes en 2007, où des centaines de milliers de personnes ont manifesté pour la fin du régime. L’espoir de voir renaître la démocratie au Myanmar est tenace, en dépit de la dureté du régime.

AILLEURS DANS LE MONDE

1. Nommez les deux faits qui menacent la cohésion de la Birmanie à la veille de son indépendance. 2. Quel type de régime politique dirige la Birmanie depuis 1962 ? 3. Ce régime exerce-t-il toujours son emprise sur la population ? Précisez votre réponse. Méthodologie 4. [Doc. 1] Quels sont les pays voisins du Myanmar ?

313

Cuba Depuis la révolution de 1959, Cuba est une république socialiste, la seule dans l’histoire des Amériques. Pendant près d’un demi-siècle, Fidel Castro a dominé la vie politique du pays. Son héritage politique est controversé : pour certains, il représente le symbole du totalitarisme, alors que pour d’autres, il est le héros de la lutte anticapitaliste et anti-impérialiste.

Capitale : La Havane Population : 11,3 millions d’hab. Langue officielle : espagnol

Le système politique cubain

1

Au cours de la révolution cubaine, différents mouvements politiques ont lutté contre la dictature de Fulgencio Batista, président cubain exilé aux États-Unis. Le Mouvement révolutionnaire du 26 juillet, dirigé par Fidel Castro, a été le principal adversaire de la dictature, avec le Parti socialiste populaire et le Directoire révolutionnaire. Ces trois organisations vont former le pouvoir révolutionnaire, qui devient, en 1965, le Parti communiste cubain (PCC) avec, à sa tête, Fidel Castro. Le PCC est le seul parti politique reconnu par la Constitution cubaine de 1976, et c’est autour de lui que s’organise la vie politique. Un autre pilier du pouvoir cubain est représenté par les Forces armées révolutionnaires (FAR), contrôlées par Raul Castro, le frère du président, qui est aussi le second secrétaire du PCC.

CUBA AUJOURD’HUI.

Cuba est un archipel situé au nord des Antilles, où se rejoignent le golfe du Mexique, la mer des Caraïbes et l’océan Atlantique.

ÉTATS-UNIS id e

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La Havane

CUBA MEXIQUE

Dès 1961, Fidel Castro met en place un système politique communiste, calqué sur celui de l’URSS. Le rapprochement avec le régime soviétique et l’expropriation des sociétés américaines en sol cubain provoquent l’hostilité du gouvernement des États-Unis. En 1962, les États-Unis imposent un embargo contre Cuba, et la CIA orchestre dès lors plusieurs tentatives pour renverser le régime. Depuis, l’antagonisme avec les États-Unis marque la politique de Cuba. Une nouvelle Constitution adoptée par référendum en 1976 redéfinit l’organisation politique du pays. L’Assemblée nationale devient le principal organe politique. Ses membres sont élus au suffrage universel selon un système électoral complexe et unique au monde. Théoriquement, les élections sont démoOCÉAN cratiques, mais, dans les faits, le Parti ATLANTIQUE communiste contrôle la vie politique. Ce dernier ne présente aucun candidat, BAHAMAS mais les membres de l’Assemblée sont choisis en fonction de leur adhésion aux principes et aux valeurs de la révolution cubaine. Camagüey Holguín Guantánamo Santiago de Cuba

Légende Capitale Ville Frontière internationale

314

JAMAÏQUE

0 50 100 150 km

DOSSIER 4

POUVOIR ET POUVOIRS

HAÏTI

Le système politique est totalitaire, puisque les libertés d’opinion et d’expression sont limitées et doivent respecter les fondements du régime socialiste. Depuis le début du régime de Fidel Castro, des milliers de dissidents politiques ont été emprisonnés ou envoyés dans des camps de travail.

Cuba et le nouveau contexte international Après l’effondrement des régimes communistes en URSS et en Europe de l’Est, Cuba se trouve isolé sur la scène internationale. C’est une période cruciale pour le régime de Fidel Castro, qui doit s’adapter rapidement au nouveau contexte international. Cuba étant dépendant du commerce extérieur, la perte de ses principaux partenaires commerciaux entraîne une profonde crise économique. De plus, les États-Unis profitent de cette situation pour renforcer leur embargo économique contre Cuba. La majorité des États du monde dénoncent cette politique anticubaine. Malgré toutes les tentatives du gouvernement américain pour provoquer la chute du gouvernement cubain, celui-ci résiste et continue de défendre les acquis de la Révolution. Le régime réussit à restructurer et à redresser l’économie. La politique économique socialiste s’assouplit quelque peu. Ainsi, le pays s’ouvre aux investissements étrangers et au tourisme, qui est d’ailleurs devenu l’un des principaux secteurs d’activité de Cuba. Cuba poursuit sa politique extérieure de soutien aux pays peu développés et noue des liens de coopération avec de nouveaux partenaires sur la scène mondiale, dont le Venezuela. Le régime a démontré au cours des 20 dernières années que la Révolution était solidement ancrée dans la politique cubaine. Le pays opère une lente transition politique, surtout depuis que Fidel Castro a confié le pouvoir à son frère Raul Castro en juillet 2006 et annoncé sa retraite de la vie politique en février 2008. C’est une nouvelle ère qui s’ouvre pour ce pays désireux à la fois de protéger les acquis de la Révolution et de briser les chaînes d’un pouvoir totalitaire qui dure depuis près de 50 ans.

2

UNE MURALE REPRÉSENTANT FIDEL CASTRO (NÉ EN 1926) À CUBA.

Fidel Castro abandonne le pouvoir en 2008. Encore aujourd’hui, son influence est partout présente dans les rues de Cuba.

3

QUESTIONS LA SUCCESSION DE FIDEL CASTRO.

1. Quels sont les deux piliers du pouvoir cubain ?

Depuis que Fidel Castro s’est retiré de la vie politique de Cuba, en juillet 2006, son frère Raul assure la continuité, tout en apportant certaines réformes.

«

2. Comment le Parti communiste contrôlet-il la vie politique cubaine malgré la réforme de 1976 ?

À l’opposé de son frère [Fidel Castro], Raul est effacé, souvent considéré plus pragmatique, […] selon certains diplomates. Il est crédité d’une volonté de réformes, comme l’atteste sa présidence par intérim, où l’essentiel pour le gouvernement a été de s’attaquer aux lourds problèmes de la vie quotidienne comme l’alimentation, le logement et les transports. Avec Washington, il a également montré des signes d’ouverture, tel son souhait émis à plusieurs reprises […] de voir se normaliser les relations avec l’ennemi de toujours, dans le respect de la souveraineté et de l’indépendance nationale.

Méthodologie

Source : Bernard DURAUD, « L’après Fidel a commencé », L’Humanité, 25 février 2008.

5. [Doc. 3] Quelle est l’attitude du président par rapport aux États-Unis ?

»

AILLEURS DANS LE MONDE

3. Quelle politique les États-Unis ont-ils adoptée envers Cuba ? 4. [Doc. 1] Où est situé le principal pays ennemi de Cuba ? Nommez ce pays.

315

Les Émirats arabes unis Les Émirats arabes unis sont aujourd’hui l’un des pays les plus riches du monde, grâce à l’exploitation du pétrole. Le sous-sol de ce pays désertique parsemé d’oasis regorge de pétrole et de gaz naturel. Les Émirats arabes unis sont une fédération formée de sept émirats : Abou Dhabi, Dubaï, Sharjah, Ajman, Umm al-Qaïwain, Fujaïrah et Ras al-Khaïmah.

Capitale : Abou Dhabi Population : 2,6 millions d’hab. Langue officielle : arabe

La formation des Émirats arabes unis C’est au 19e siècle, sous la domination de l’Empire britannique, que les différents émirats sont unifiés pour la première fois. Située sur la route des Indes, cette région appelée la « côte des Pirates » vit du commerce, de la pêche et des huîtres perlières, mais aussi de la piraterie. Afin d’assurer la sécurité du commerce sur l’océan Indien, le Royaume-Uni impose sa mainmise sur les Émirats à partir de 1820. Rebaptisés « États de la Trêve » à la suite d’un accord signé en 1853 avec les chefs locaux pour mettre fin aux actes de piraterie, les Émirats passent officiellement sous protectorat britannique en 1892.

1

LES ÉMIRATS ARABES UNIS AUJOURD’HUI.

Les Émirats arabes unis sont une fédération constituée de sept émirats. L’émirat d’Abou Dhabi occupe à lui seul 87 % du territoire du pays.

À cette époque, les différentes tribus arabes et bédouines constituent l’organisation sociale, politique et économique du pays, et l’islam, le fondement de la société. Chaque tribu, composée de plusieurs clans, contrôle sa part de région, et toutes forment une fédération avec les autres tribus. Les Émirats sont alors peu peuplés, en raison de l’aridité du pays. Malgré tout, les territoires des Émirats sont convoités, notamment par l’Arabie saoudite, ce qui incite les États de la Trêve à rester sous la protection britannique et à former le Conseil des États de la Trêve, en 1952.

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En 1953, la découverte de gisements pétroliers importants bouleverse l’organisation sociale et économique du pays. L’industrie pétrolière change totalement le visage du pays en provoquant l’élévation du niveau de vie et l’arrivée massive d’immigrants. La décision du Royaume-Uni de se retirer militairement de la région à partir de 1971 IRAN d t i provoque un changement politique ma’ O ro r D ét jeur. Ce départ entraîne aussi la formation OMAN Ras al-Khaïmah des Émirats arabes unis le 2 décembre 4 Légende 4 7 1971, auquel se joint l’émirat de Ras al6 Ajman 5 3 Capitale Sharjah Khaïmah en février 1972. 6 uz

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Dubaï

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150 km

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DOSSIER 4

ÉMIRATS ARABES UNIS

3 7 2

3

6

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Ville Frontière internationale Frontière interne Émirats 1 ABOU DHABI 2 DUBAÏ 3 SHARJAH 4 AJMAN 5 UMM AL-QAÏWAIN 6 FUJAÏRAH 7 RAS AL-KHAÏMAH

POUVOIR ET POUVOIRS

Les Émirats se sont unis afin de constituer un État capable de préserver leur intégrité et leur souveraineté territoriales, mais aussi pour jouer un rôle sur le plan tant régional qu’international.

La structure politique Les Émirats arabes unis sont la seule fédération du monde arabe. Toutefois, le système politique repose toujours sur le pouvoir dynastique des familles régnantes. Chaque émirat est dirigé par un émir, dont le pouvoir, héréditaire, est absolu. Les sept émirs forment le Conseil 2 DES ÎLES ARTIFICIELLES À DUBAÏ. suprême, la plus haute instance du pouvoir. Le Dubaï n’a qu’une courte façade le long du littoral. Aussi, le petit émirat s’est Conseil suprême détient le pouvoir exécutif et lancé, en 2001, dans un gigantesque projet touristique : construire les plus législatif, et désigne le président et le vice-président importantes îles artificielles du monde. Selon les autorités de Dubaï, ces pour une période de cinq ans. La coutume veut que réalisations devraient faire de l’émirat un haut lieu du tourisme mondial. le premier ministre soit l’émir d’Abou Dhabi, et le viceprésident, l’émir de Dubaï. L’Assemblée parlementaire du 3 DES CONDITIONS DE TRAVAIL DIFFICILES. pays, composée de 40 membres nommés par les 7 émirs, n’agit qu’à titre consultatif. Les travailleurs étrangers des Émirats arabes Les Émirats demeurent relativement indépendants de l’autorité centrale, malgré la tendance des dernières années vers une plus grande centralisation du pouvoir au sein de la fédération. Selon la Constitution, chaque Émirat conserve le droit de gérer ses ressources naturelles, de lever des impôts et d’assurer le maintien de l’ordre sur son territoire. Le gouvernement central, situé dans l’émirat d’Abou Dhabi, voit son autorité limitée aux relations extérieures, à la défense et à l’enseignement.

Les enjeux actuels La démocratisation demeure l’un des enjeux majeurs de ce pays. Les partis politiques y sont interdits, et le droit de vote, très limité, voire inexistant. À part quelques courants islamistes, l’opposition politique organisée est inexistante. De plus, les droits des femmes sont fort restreints dans cette société patriarcale, où la polygamie est autorisée et la femme subordonnée au consentement du mari pour de nombreux aspects de la vie quotidienne. Les Émirats arabes unis sont plus que jamais préoccupés par leur sécurité et donc par la géopolitique du golfe Persique. Le pays a fait le choix de l’alignement sur les États-Unis pour la protection de son territoire face à ses puissants voisins que sont l’Arabie saoudite et l’Iran. Afin de maintenir sa puissance économique, le pays doit en outre diversifier son économie, fondée sur une énergie épuisable, et faire fructifier les revenus du pétrole. Malgré la richesse du pays, il existe une grande disparité économique, notamment entre les travailleurs immigrants et les familles régnantes.

4

UNE RAFFINERIE DE PÉTROLE.

Les Émirats arabes unis occupent le 10e rang mondial des pays producteurs de pétrole et possèdent 4 % des réserves mondiales de gaz naturel.

unis forment plus de 80 % de la population du pays. Leurs conditions de vie et de travail sont difficiles, sans compter qu’ils ne peuvent s’unir pour former un syndicat.

«

Les Émirats arabes unis forment un pays en effervescence. Lorsqu’on en parle dans les médias canadiens, c’est très souvent pour nous montrer une photo d’un magnifique édifice ultra-moderne qu’on vient d’y construire. Une de ses grandes métropoles, Dubaï, parait y collectionner les records mondiaux : plus grande île artificielle du monde, plus haut court de tennis, etc. Pour construire ces grandes tours en verre brillantes, il y a eu le travail de centaines de travailleurs. La plupart de ces travailleurs sont venus de l’étranger pour y trouver de meilleures conditions de vie et de travail. Jamais ces travailleurs n’ont pu s’unir pour défendre leurs droits. En effet, le syndicalisme aux Émirats arabes unis est interdit par la loi. Source : Vincent DUFRESNE, Émirats arabes unis, syndicalisme proscrit [en ligne]. (Consulté le 15 mai 2008.)

»

QUESTIONS 1. Nommez deux conséquences dues au développement de l’industrie pétrolière. 2. La structure politique des Émirats arabes unis est-elle démocratique ? Précisez votre réponse. Méthodologie 3. [Doc. 1] Quelle est l’importance stratégique du golfe Persique?

317

ENGAGEMENT CITOYEN

LA

DÉMOCRATIE EN CRISE

La modernisation, la démocratisation, la mondialisation et les mouvements démographiques modifient les relations sociales et politiques au cours du 20e siècle. Ce nouveau contexte change les rapports de force, exerce des pressions sur l’État et transforme les modes de participation des citoyens.

Marcelle Ferron (1924-2001). Artiste peintre, verrière et sculpteure Marcelle Ferron rencontre Paul-Émile Borduas en 1946 et devient membre du groupe des Automatistes. En 1948, elle signe avec eux le manifeste du Refus global. Se sentant à l’étroit sous le régime conservateur de Maurice Duplessis, elle s’installe en France en 1953. À son retour au Québec en 1966, elle enseigne à l’Université Laval et se consacre au travail du verre, notamment au vitrail. Femme engagée, Marcelle Ferron s’exprime dans un art qu’elle veut public et au service du mieux-être de la population.

318

DOSSIER 4

POUVOIR ET POUVOIRS

?

ENGAGEMENT CITOYEN GHOST HILLS. Une peinture abstraite et originale caractérise l’œuvre de Marcelle Ferron. La superposition des couleurs est l’un des éléments essentiels de sa peinture, versant dans des tonalités aux multiples contrastes. Marcelle Ferron, Ghost Hills, 1962.

LA DÉMOCRATIE EN CRISE ?

319

ENGAGEMENT CITOYEN

1

Individus et État, pouvoirs politique et judiciaire

LA COUR SUPRÊME ET LA RÉGULATION DES RAPPORTS SOCIAUX.

Les décisions rendues par la Cour suprême du Canada ont une incidence sur la vie politique, sociale et culturelle.

«

Bien que la Cour suprême du Canada ait été constituée en 1875, il est incontestable que, depuis l’enchâssement de la Charte canadienne des droits et libertés dans la Constitution, le 17 avril 1982, le rôle de la Cour suprême a considérablement changé et pris une importance notable dans la régulation des rapports sociaux. À l’instar de la Cour suprême des États-Unis, la Cour suprême du Canada est depuis lors appelée à se prononcer sur des questions juridiques controversées qui étaient jusque-là – en raison du principe de la suprématie du Parlement, qui était profondément ancré dans la culture politique anglo-canadienne – l’apanage quasi exclusif du Parlement, de l’Assemble nationale du Québec et des assemblées législatives provinciales et territoriales. On ne saurait donc aujourd’hui apprécier les contextes politique, social ou économique du Québec en faisant abstraction des décisions rendues par le plus haut tribunal canadien.

»

Source : Alain-Robert NADEAU, « L’année judiciaire à la Cour suprême du Canada », dans Michel VENNE et Miriam FAHMY (dir.), L’Annuaire du Québec 2007, Montréal, Fides, 2007, p. 448.

L’adoption des chartes des droits et libertés a modifié les rapports de force dans la société. Un grand nombre de lois ont dû être modifiées à la suite de jugements de tribunaux en faveur d’individus et de groupes, les juges ayant statué qu’elles contrevenaient à l’esprit des chartes.

État et société civile L’entrée en vigueur des chartes des droits et libertés du Québec en 1976 et du Canada en 1982 a changé la relation entre l’État et la société civile. Les droits et libertés ne sont plus seulement conférés par des décisions politiques prises selon la règle de la majorité, au terme de délibérations démocratiques, comme celles qui découlent du Code criminel, du Code civil et des autres règles ou programmes gouvernementaux. De nouveaux droits, protégés par les chartes, encadrent et limitent le pouvoir de l’État. Ces chartes protègent notamment les droits des individus et des minorités contre les possibles abus de pouvoir des gouvernements. Les droits et libertés sont parfois invoqués par des citoyens et des groupes dans le but de faire annuler ou modifier des lois, mais ce sont les tribunaux qui tranchent les causes.

Le pouvoir judiciaire et le pouvoir politique Un nombre croissant d’individus et de groupes s’adressent aux tribunaux pour contester les actions des gouvernements qu’ils trouvent injustes. Au Québec, la Charte des droits et libertés de la personne leur permet aussi d’entreprendre des procédures contre des organismes privés. Cette possibilité rehausse l’importance du pouvoir judiciaire, représenté par les juges, par rapport au pouvoir politique, représenté par les élus. Les tribunaux peuvent dorénavant annuler des lois ou demander leur modification en se fondant sur les droits et libertés inscrits dans les chartes.

2

LES JUGES DE LA COUR SUPRÊME DU CANADA.

À la suite d’un jugement, la partie perdante peut, à certaines conditions, contester la décision d’un tribunal et demander à une instance supérieure de réexaminer la cause. Cette procédure se nomme l’«appel». Le plus haut tribunal est la Cour suprême du Canada. Ses neuf juges siègent à Ottawa.

320

DOSSIER 4

POUVOIR ET POUVOIRS

Les tribunaux ne se contentent plus de déterminer la légalité des actes des gouvernements, ils jugent parfois de leur pertinence, en tenant compte non seulement des pouvoirs et des droits prévus par la Constitution ou de l’intention initiale du législateur, mais aussi du contexte social et politique. Ce phénomène est appelé « activisme judiciaire ». De plus, lorsque certains droits ou libertés se contredisent dans une cause donnée, les juges suggèrent des moyens de les concilier plutôt que de déterminer lequel a préséance sur l’autre.

3

LE PALAIS DE JUSTICE DE MONTRÉAL.

Le palais de justice est situé rue Notre-Dame, dans le Vieux-Montréal.

Ainsi, les gouvernements et les Parlements doivent désormais tenir compte des chartes avant d’adopter des lois. Parfois, ils vont soumettre eux-mêmes le problème au tribunal pour s’assurer d’en valider la légalité ou encore pour avoir son avis avant d’intenter un procès. Un nouveau rapport de force s’est établi entre la société civile et l’État. Certains groupes et individus contestent des lois pour des questions de principe, d’autres en profitent pour faire avancer leurs intérêts socioéconomiques.

Législateur : Terme désignant l’autorité qui adopte les lois.

4

QUELQUES JUGEMENTS IMPORTANTS RENDUS PAR LA COUR SUPRÊME DU CANADA.

Depuis quelques décennies, les tribunaux ne se contentent plus de juger la constitutionnalité des lois. Ils fondent leurs décisions sur un plus grand nombre de critères, comme les droits et libertés ou les principes constitutionnels, lorsqu’on leur demande de réviser les lois. Année 1985

1990

1994

1998

Jugement Liberté de religion La Cour a invalidé la Loi sur le dimanche, en permettant aux magasins d’ouvrir leurs portes cette journée-là. Garanties judiciaires La police et les procureurs doivent dorénavant transmettre à la partie défenderesse les éléments de preuve pertinents bien avant le début d’un procès. Liberté de la presse La Cour déclare que la Société Radio-Canada a le droit de diffuser le télédrame Les garçons de Saint-Vincent, qui porte sur les mauvais traitements subis par des enfants pensionnaires d’une institution tenue par des religieux catholiques. Une interdiction de diffusion était demandée sous prétexte de ne pas nuire aux futurs procès de prêtres catholiques accusés d’agressions d’enfants. La Cour établit ainsi qu’un droit constitutionnel n’en éclipse pas automatiquement un autre. Droit à la sécession La Cour suprême a décidé que, si le Québec désirait faire sécession au terme d’un référendum, le reste du Canada n’aurait d’autre choix que de négocier les conditions de cette sécession.

LA DÉMOCRATIE EN CRISE ?

QUESTIONS 1. Quel type de protections les chartes des droits et libertés assurent-elles ? 2. Pourquoi l’adoption des chartes des droits et libertés rehausse-t-elle le pouvoir judiciaire ? Méthodologie 3. [Doc. 1] En raison de l’enchâssement de la Charte canadienne des droits et libertés dans la Constitution, le pouvoir des juges de la Cour suprême s’est accru. Quel principe cet élargissement remet-il en cause ? 4. [Doc. 4] Parmi les jugements cités dans le tableau, lesquels relèvent de l’application de la Charte canadienne des droits et libertés? Réflexion 5. Exprimez en quelques mots ce que vous avez appris sur le rôle des chartes des droits et libertés.

321

ENGAGEMENT CITOYEN

Un pouvoir judiciaire plus actif

ENGAGEMENT CITOYEN

Les défis lancés à l’État contemporain Jusque dans les années 1960, l’État s’est contenté de maintenir l’ordre, d’arbitrer des droits juridiques et de créer les conditions du développement économique. Cette époque a été suivie par celle de l’État-providence où les gouvernements recherchaient l’égalité des conditions pour le plus grand nombre, allant même jusqu’à des services gratuits pour tous. Mais ce modèle est aujourd’hui remis en cause.

La mondialisation et le pouvoir de l’État Les changements climatiques et l’épuisement des ressources, l’interdépendance des pays, la chute des barrières commerciales, les progrès technologiques et des communications, ainsi que les mouvements de population à l’échelle planétaire influent sur l’action des gouvernements. Ces phénomènes se traduisent davantage par des contraintes que par des possibilités nouvelles. La concertation internationale et l’harmonisation des politiques sont devenues plus urgentes que jamais. La concurrence des économies de nombreux pays empêche les gouvernements de prélever trop d’impôts, de crainte qu’une entreprise quitte le pays. Dans ce contexte, les gouvernements doivent revoir leurs modes d’intervention.

Le cas du système de santé

1

L’ÉTAT GARANT DU BIEN COMMUN.

Agir dans l’intérêt de tous les membres de la société est l’une des raisons invoquées pour justifier la présence de l’État dans certains secteurs de l’économie.

«

Contrairement aux sociaux-démocrates, les partisans du néo-libéralisme voudraient redonner l’initiative au secteur privé, même dans des domaines depuis longtemps dévolus au secteur public, notamment celui de la santé. Selon la loi, le système de santé doit être universel, gratuit et accessible. Mais, avec le vieillissement de la population et l’évolution technologique, ses coûts croissent plus vite que le budget du gouvernement. Pour les uns, un système de santé privé pourrait coexister avec le système public. Le privé serait accessible aux personnes qui en ont les moyens ou ayant une assurance. Le déplacement de cette clientèle éliminerait un excédent de patients du système public. Toutefois, ce système ferait coexister deux catégories de citoyens.

Nous avons très peu conscience de l’ampleur et de l’importance de l’action de l’État dans nos vies. Pensons à notre utilisation des routes, des trottoirs, des feux de circulation, des pistes cyclables, du transport en commun, des bibliothèques, des parcs, de l’électricité, de l’eau courante, des établissements d’enseignement et de santé. […] Mais pourquoi est-ce si essentiel que ce soit l’État et non le secteur privé qui offre et développe ces services, les contrôle et les administre ? • Parce que le rôle de l’État est d’être garant de l’intérêt général, du bien commun, il est l’expression politique de l’intérêt collectif. […] • Parce que, quand les services ont un caractère public, ils appartiennent en propre à la population et que celle-ci peut critiquer et orienter leur gestion par certains pouvoirs citoyens et par l’exercice d’un rapport de force sociale. […] • Parce que la priorité du secteur privé n’est pas de donner des services de qualité, accessibles partout au Québec, mais seulement de faire le plus de profits possible, le plus rapidement possible. Source : Éric BEAUCHESNE, « L’État garant du bien commun », dans Fédération des enseignantes et enseignants de cégep, Demain vous appartient – Parlons politique !, 2006, p. 13-14.

322

DOSSIER 4

POUVOIR ET POUVOIRS

»

Les opposants à ce système prévoient une pénurie de professionnels dans le secteur public si ces derniers optaient massivement pour le privé. Selon certains avis, le privé serait meilleur gestionnaire que le système public, et la concurrence entre cliniques garantirait leur efficacité organisationnelle et technologique. Toutefois, ces gains de productivité pourraient se faire au détriment des conditions de travail. Cette question divise tenants et opposants de la privatisation du système public de santé.

Avec l’extension de l’État-providence, des programmes sociaux et des mesures de soutien à l’économie, les gouvernements sont devenus des acteurs économiques importants. Deux récessions survenues au début des années 1980 et 1990 les plongent dans une crise budgétaire. La hausse des dépenses et la baisse des recettes accroissent chaque année le déficit budgétaire, donc la dette publique. Résoudre le dilemme budgétaire est complexe. D’une part, les gouvernements cessent d’emprunter pour équilibrer leur budget. En effet, plus la dette publique est élevée, plus les intérêts sont élevés, ce qui ajoute des charges au budget. D’autre part, l’augmentation des impôts des entreprises pourrait détourner les investisseurs vers d’autres pays. Chez les particuliers, cette augmentation pourrait causer un exode des professionnels. Hausser les taxes sur les produits et services nuirait au commerce au détail et encouragerait l’achat aux États-Unis. Restreindre les dépenses réduirait les services publics, mais laisserait de nombreuses personnes dans le besoin.

2

LA RÉPARTITION DES DÉPENSES DU GOUVERNEMENT DU QUÉBEC EN 2007-2008.

Le gouvernement du Québec consacre près de 70 % de ses dépenses de programmes à la santé, aux services sociaux et à l’éducation. Ce pourcentage exclut les sommes consenties au paiement de la dette du gouvernement. Santé et Services sociaux Éducation, Loisir et Sport Emploi et Solidarité sociale Transports Autres portefeuilles

19,2 %

Des priorités multiples Le Québec jongle avec des priorités qui changent au rythme des nouveaux problèmes. Parmi les priorités actuelles figure le vieillissement de la population. Un pourcentage moins élevé de travailleurs contribue au budget de l’État, tandis qu’un pourcentage plus élevé de gens vit plus vieux, nécessitant plus longtemps des soins. L’implantation de programmes de formation pour répondre aux innovations du 21e siècle, ainsi que le développement régional pour éviter la fermeture de villes et l’exode vers les grands centres urbains sont aussi des enjeux qui exigent des investissements considérables.

44,3 %

3,9 % 7,7 % 24,9 %

Source : Ministère québécois des Finances, 2008.

QUESTIONS

3

L’AVENIR DES RÉGIONS DU QUÉBEC.

Les habitants des régions se plaignent souvent d’être délaissés au profit des grandes villes, où se concentrent les projets de développement économique. L’avenir des régions du Québec passe par leur développement économique. La ville de Saint-Georges, dans la Beauce, a créé plusieurs services publics dont le but est d’attirer les industries et de favoriser leur croissance.

1. Pourquoi les gouvernements doivent-ils revoir leur mode d’intervention dans l’économie ? 2. Pourquoi la réduction du déséquilibre budgétaire est-elle difficile ? Méthodologie 3. [Doc. 1] Résumez les arguments en faveur de l’intervention de l’État dans le développement économique. 4. [Doc. 2] Quel pourcentage des dépenses du gouvernement du Québec la santé et l’éducation représentent-elles dans le budget 2007-2008 ? Réflexion 5. Que feriez-vous pour améliorer votre compréhension des défis à relever par l’État québécois ? 6. Vous connaissez désormais la complexité de la situation budgétaire du Québec. En quoi cela vous aidera-t-il à mieux comprendre les futurs choix budgétaires du gouvernement ?

LA DÉMOCRATIE EN CRISE ?

323

ENGAGEMENT CITOYEN

Les finances publiques

ENGAGEMENT CITOYEN

Le pouvoir d’action des citoyens Dans un pays démocratique, les citoyens participent aux décisions collectives. Les élus doivent représenter la population, être à son écoute et prendre les bonnes décisions, faute de quoi, ils risquent de ne pas être réélus. Pour participer, les citoyens doivent s’informer sur les enjeux, en débattre et se forger une opinion. Une action politique efficace ne peut faire l’économie d’une bonne compréhension du fonctionnement des institutions et des différentes manières de les influencer. Pour ce faire, les sources d’information abondent.

1

LES JEUNES ET L’ACTION POLITIQUE.

Chaque année, des jeunes de 18 à 25 ans se réunissent quelques jours pour le Parlement jeunesse à Québec afin de reproduire et de mieux connaître le fonctionnement de l’Assemblée nationale.

2

Toutes les instances politiques possèdent leur service d’information. L’Assemblée nationale du Québec tient tous les ans un Parlement écolier pour les élèves de la dernière année du 3e cycle du primaire et un Parlement jeunesse pour ceux du 2e cycle du secondaire. De son côté, la Chambre des communes, à Ottawa, organise un forum sur la démocratie parlementaire canadienne pour les enseignants.

Prendre part à l’action Il existe plusieurs moyens d’influencer la vie collective. Certains font valoir leur point de vue auprès des élus. D’autres participent, individuellement ou en groupe d’intérêts, aux consultations gouvernementales ou interviennent aux séances du conseil municipal. Les plus militants participent à la rédaction du programme de leur parti politique.

POUR UN POUVOIR VÉRITABLE DES CITOYENS.

La démocratie semble une valeur acquise dans notre société. Cependant, la démocratie doit être entretenue afin de demeurer en santé.

«

La démocratie est un bien extrêmement précieux, qui se conjugue avec droits et libertés. Mais c’est aussi un bien fragile et vulnérable. Des abus de pouvoir individuels ou collectifs peuvent en effet facilement affecter la santé démocratique d’une société, surtout si le courage de réagir et de faire face fait défaut tant chez les représentants et les dirigeants politiques que chez les citoyens. […] Le Québec vit, comme la plupart des autres sociétés démocratiques, une double crise : • Une crise de la représentation politique qui s’exprime par le sentiment de frustration et de désabusement ressenti par plusieurs citoyens envers la classe politique. D’où un écart croissant entre représentants et représentés, entre élus et citoyens.

• Une crise de la citoyenneté qui conduit les individus et les groupes d’intérêts à surcharger de demandes le système, sans trop se préoccuper des capacités réelles de prise en considération de leurs demandes ni s’inquiéter des conséquences de leurs propres requêtes sur les besoins des autres. La nature et le fonctionnement de nos institutions politiques n’expliquent pas complètement cette double crise. Mais ils ne sont pas étrangers aux difficultés identifiées, car ce sont eux qui produisent la culture politique que beaucoup de gens critiquent par les temps qui courent. Source : Jean-Pierre CHARBONNEAU, « Pour un pouvoir véritable des citoyens », Le Devoir, 2 juillet 2002.

324

DOSSIER 4

POUVOIR ET POUVOIRS

»

Certaines personnes font peu confiance aux politiciens et préfèrent l’action directe, comme l’entraide communautaire ou la participation à des mouvements sociaux. Ces personnes comptent sur l’éducation populaire ou les manifestations pour défendre de grandes causes comme la paix et la protection de l’environnement. Enfin, bon nombre préparent l’avenir au sein de forums de réflexion cherchant des idées neuves pour le Québec.

ENGAGEMENT CITOYEN

La participation électorale et le mode de scrutin Le taux de participation des citoyens aux élections a diminué au tournant des années 2000. Est-ce par manque d’information, par manque d’intérêt ou par sentiment d’impuissance ? Des observateurs ont noté une augmentation du cynisme à l’égard du système politique : un nombre significatif de citoyens estime que les gouvernements sont devenus impuissants à régler les problèmes, que les programmes des partis politiques se ressemblent trop ou alors que leur vote n’influence pas le résultat des élections. Afin de relancer l’intérêt pour les élections, certains proposent de réformer le mode de scrutin. Actuellement, le parti politique qui fait élire le plus de députés forme le gouvernement. Toutefois, le parti qui a obtenu le plus de voix à l’échelle nationale peut avoir moins de députés élus. En effet, des comtés peu peuplés ont parfois autant de poids que des comtés très peuplés. Par ailleurs, les partis qui obtiennent moins de 20 % des votes font généralement élire peu ou pas de députés. Ainsi, même si un pourcentage appréciable de citoyens votent pour ces partis, ils se retrouvent sans représentant à l’Assemblée nationale. Des modes de scrutin dits à la proportionnelle pourraient corriger ces distorsions et renforcer les petits partis. Par conséquent, les votes pour les partis moins importants seraient considérés. Cette situation augmenterait les possibilités de choix des citoyens, qui seraient peut-être plus enclins à aller voter.

3

L’EXERCICE DU DROIT DE VOTE AU QUÉBEC.

Pour plusieurs, la démocratie est au cœur de la définition de la nation.

Mode de scrutin : Système de vote en vigueur pour un type d’élection.

QUESTIONS

4

LA BAISSE DU TAUX DE PARTICIPATION AUX ÉLECTIONS FÉDÉRALES ET QUÉBÉCOISES DE 1988 À 2007.

Les électeurs sont de moins en moins nombreux à voter aux élections québécoises. Le taux de participation est encore plus bas aux élections municipales et scolaires. Élection fédérale Date des élections Taux de participation 21 novembre 1988 75,3 % 25 octobre 1993 69,6 % 2 juin 1997 67,0 % 27 novembre 2000 64,1 % 28 juin 2004 60,9 % 23 janvier 2006 64,7 %

Élection québécoise Date des élections Taux de participation 25 septembre 1989 77,0 % 12 septembre 1994 81,6 % 30 novembre 1998 78,3 % 14 avril 2003 70,4 % 26 mars 2007 71,2 %

1. Comment les citoyens peuvent-ils participer à la vie politique ? 2. Donnez deux raisons expliquant la baisse du taux de participation aux élections. Méthodologie 3. [Doc. 2] Comment l’auteur décrit-il la crise de la représentation politique ? 4. [Doc. 4] Le taux de participation est-il moins ou plus élevé aux élections fédérales qu’aux élections québécoises ? Formulez une hypothèse pour expliquer votre réponse. Réflexion 5. Comprenez-vous bien le lien entre la participation des citoyens à la vie politique et l’exercice du pouvoir par les élus ?

Sources: Élections Canada, 2006, et Directeur général des élections, 2007.

LA DÉMOCRATIE EN CRISE ?

325

Les points à retenir pour ce dossier :

Au Québec LE RÉGIME FRANÇAIS

LA PÉRIODE CONTEMPORAINE DE 1867 À NOS JOURS

1663



Établissement d’un gouvernement royal en Nouvelle-France.

1885



Pendaison de Louis Riel.

1667



Fondation de la mission Saint-François-Xavier à La Prairie.

1713



Signature du traité d’Utrecht.

1759



Capitulation de Québec.

1899



Début de la guerre des Boers.

1910



Fondation du journal Le Devoir.

1917



Crise de la conscription.

1942



Création du Bloc populaire.

1949



Grève de l’amiante.

1971



Charte de Victoria.

1975



Convention de la Baie-James et du Nord québécois .

1977



Entrée en vigueur de la Charte de la langue française.

1980



Référendum sur la souveraineté-association.

1995



Référendum sur la souveraineté.

2006



Motion reconnaissant que les Québécois forment une nation au sein d’un Canada uni.

LE RÉGIME BRITANNIQUE 1760



Début du régime militaire en Nouvelle-France.

1763



Révolte du chef amérindien Pontiac.

1764



Début de la publication de La Gazette de Québec.

1792



Premières élections au Bas-Canada.

1839



Publication du rapport Durham.

1848



Application du principe de la responsabilité ministérielle.

326

DOSSIER 4

POUVOIR ET POUVOIRS

Ailleurs dans le monde Cuba

Le Myanmar

Territoire

Territoire Le Myanmar partage ses frontières avec l’Inde, le Bangladesh, la Chine, le Laos et la Thaïlande. Il est divisé en sept provinces et en sept divisions. Il est bordé par le golfe du Bengale et la mer d’Andaman.

Cuba est un archipel situé à proximité des États-Unis, du Mexique, de la Jamaïque et d’Haïti.

Société

Société Le pays est composé de plus de 48 millions d’habitants. Les Birmans forment la majorité de la population, mais plusieurs autres ethnies partagent le territoire, notamment les Shans et les Karens. Il s’agit de l’un des pays les plus pauvres du monde, en raison de la corruption et de la mauvaise gestion du régime dictatorial.

Cuba compte plus de 11 millions d’habitants. Il est le deuxième pays des Antilles en nombre d’habitants. Sa capitale, La Havane, regroupe plus de 2,2 millions d’habitants.

Pouvoir

Pouvoir Le Myanmar est toujours sous l’emprise d’un régime militaire dictatorial. La liberté de presse et la liberté d’expression demeurent inexistantes, et les opposants au régime sont muselés. Sur la scène internationale, le pays reste isolé.

Depuis la révolution de 1959, Cuba est une république socialiste, dominée par Fidel Castro jusqu’en 2008, au moment où il quitte la vie politique et cède le pouvoir à son frère Raul. Le régime politique demeure un système politique totalitaire, et les libertés d’opinion et d’expression y sont limitées. Le pouvoir cubain contrôle la presse et réprime la dissidence.

Enjeu Depuis la fin des années 1980, un mouvement de contestation lutte pour l’avènement de la démocratie au Myanmar et cherche à sensibiliser la communauté internationale aux abus du régime en place.

Enjeu Depuis le démantèlement de l’URSS, le régime cubain a restructuré et redressé son économie. Le pays s’est ouvert aux investissements étrangers et au tourisme. Il cherche à la fois à protéger les acquis de la révolution et à rompre avec le totalitarisme.

Les Émirats arabes unis Territoire Les Émirats arabes unis sont une fédération formée de sept émirats. Le territoire, constitué de zones désertiques et semi-désertiques, a pour voisins le sultanat d’Oman et l’Arabie saoudite.

Société Les Émirats arabes unis forment l’un des pays les plus riches du monde, grâce à l’exploitation du pétrole. Cette industrie a par ailleurs suscité l’arrivée massive d’immigrants. Malgré la richesse du pays, la disparité économique est très importante, notamment entre les travailleurs immigrants et les familles régnantes.

Pouvoir Le système politique est entre les mains de dynasties familiales. Un émir, au pouvoir héréditaire et absolu, dirige chaque émirat.

Enjeu La démocratisation est un des enjeux importants des Émirats arabes unis. En effet, les partis politiques sont interdits, le droit de vote est très limité, et l’opposition politique organisée, inexistante. Par ailleurs, la question du droit des femmes reste un enjeu majeur.

POINTS DE REPÈRE

327

A

Activité synthèse Le développement des institutions

Dans ce dossier, vous avez exploré la réalité politique sous le Régime français (1608-1760), le Régime britannique (1760-1867) et la période contemporaine (de 1867 à nos jours). Dressez le bilan de vos connaissances des différentes institutions politiques de l’histoire du Québec et du Canada. 1. Présentez, dans un organisateur graphique, les institutions politiques de ces trois périodes. Pour la Nouvelle-France, tenez-vous-en aux institutions établies sous le gouvernement royal. Notez qu’au cours d’une même période, les institutions politiques peuvent évoluer. Votre organisateur graphique doit montrer : • le fonctionnement des institutions ; • la composition des institutions ; • le rôle ou l’implication de la population dans ces institutions. 2. Rédigez un texte de 150 mots expliquant les étapes qui ont mené à l’instauration d’un régime démocratique.

P

Pour aller plus l

in...

Activité 1 • L’interdépendance des intérêts ●

Formulez une hypothèse en réponse à la question suivante : Selon vous, quels liens unissent les intérêts politiques et économiques ? Notez votre hypothèse de départ, car vous la réviserez peut-être au cours de votre recherche. Ensuite, démontrez-en le bien-fondé en suivant ces étapes :

• choisissez une des trois périodes historiques étudiées ; • cherchez dans votre manuel des informations permettant d’approfondir la question ; • rédigez trois arguments étayant votre hypothèse et appuyez chacun d’eux par trois faits ou exemples significatifs.

328

DOSSIER 4

POUVOIR ET POUVOIRS

P

Activité 2 • Une caricature politique ●

Analysez et critiquez une caricature politique du passé ou du présent. Effectuez des recherches dans Internet ou parcourez les journaux afin d’en choisir une qui vous inspire. Observez-la attentivement, puis répondez aux questions suivantes. • Quels sont le titre et la légende de cette caricature ? Qui en est l’auteur ? Quelle est la date ou l’époque de parution ? Quelle en est la source (par exemple, le nom du journal) ? • Qui sont les personnages représentés ? Quels sont leur nom et leur fonction ? • Que signifie le texte accompagnant le dessin ? • Quel événement a voulu représenter le caricaturiste? • Selon vous, la caricature rend-elle bien l’intention de son auteur ?

P

Pour en savoir plus... DES FILMS

DES LIVRES BLAIS, Christian et autres. Québec : quatre siècles d’une capitale, Québec/Assemblée nationale, Publications du Québec, 2008, 704 p. CANET, Raphaël. Nationalismes et société au Québec, Outremont, Athéna éditions, 2003, 232 p. CHEVRIER, Marc. Le fédéralisme canadien et l’autonomie du Québec : Perspective historique, Québec, ministère des Relations internationales, 1996, 42 p. DUGAS, Sylvie. Le pouvoir citoyen, Montréal, Fides, 2006, 388 p. FAHMY, Miriam, et Antoine ROBITAILLE, dir. Jeunes et engagés, Montréal, Fides, 2005, 96 p. FERRETTI, Lucia. Brève histoire de l’Église catholique au Québec, Montréal, Boréal, 1999, 206 p.

FILTEAU, Gérard. Histoire des patriotes, Sillery, Septentrion, 2003, 664 p.

15 février 1839 (fiction), réalisateur : Pierre Falardeau, Québec, 2001.

HARE, John. Aux origines du parlementarisme québécois, Sillery, Septentrion, 1993, 314 p.

À hauteur d’homme (documentaire), réalisateur : Jean-Claude Labrecque, Québec, 2003.

MONET-CHARTRAND, Simonne. Pionnières québécoises et regroupements de femmes d’hier à aujourd’hui, Montréal, Les Éditions du Remue-ménage, 1990, 145 p. ROUILLARD, Jacques. Le syndicalisme québécois : deux siècles d’histoire, Montréal, Boréal, 2004, 335 p. TREMBLAY, Manon, et Caroline ANDREWS, dir. Femmes et représentation politique au Québec et au Canada, Montréal, Les Éditions du Remue-ménage, 1997, 276 p.

ACTIVITÉ SYNTHÈSE

Le peuple invisible (documentaire), réalisateurs : Richard Desjardins et Robert Monderie, Québec, 2007. Les enfants de la loi 101 (documentaire), réalisatrice : Anita Aloisio, Québec, 2007. L’illusion tranquille (documentaire), réalisatrice : Joanne Marcotte, Québec, 2006.

329

S

DO

E SI

R

5

La société québécoise connaît de multiples enjeux et a de grands défis à relever. Les citoyens ont à faire des choix cruciaux pour l’avenir du Québec. Cette situation impose de comprendre les différentes réalités sociales et de savoir les replacer dans une perspective historique. De cette façon, les citoyens contribuent au débat et s’assurent que les décisions visant le bien commun sont prises de façon éclairée.

1980

1987

Référendum sur la souveraineté-association

Deuxième Sommet de la Francophonie, à Québec



1980



1990

1982

Entrée en vigueur de la Charte canadienne des droits et libertés 1989

Loi sur le patrimoine familial

330

2007 1999

1998

Création du territoire du Nunavut

Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles 2008

Crise du verglas

1995

Référendum sur la souveraineté 1996 Loi sur l’équité salariale

Douzième Sommet de la Francophonie, à Québec





2000

2010

2006

Loi sur le développement durable

331

SO M M A I R E

Des enjeux de société du présent

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

DES

334

............................................................

336

LA FILIÈRE DU TEMPS

Concepts centraux

Société Territoire

334

...............

ENJEUX QUI NOUS CONCERNENT

Des enjeux en action

Les concepts que vous verrez dans ce dossier

.............................................

.....................................................

340

D E S E N J E U X D E L A S O C I É T É D ’ AU J O U R D ’ H U I . . . 1 L’intégration des communautés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

340 342

L’intégration culturelle des néo-Québécois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 342 L’intégration économique des néo-Québécois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 344 Concepts particuliers

Culture Économie Espace public Population Pouvoir Société de droit

2 La sauvegarde de l’environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

346

Une planète bouleversée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 346 Les changements climatiques et l’activité humaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 348 Des comportements à changer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 350

3 Les défis mondiaux et la présence du Canada et du Québec à l’étranger

......................................

352

Des lieux d’échanges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 352 L’implication du Canada et du Québec à l’étranger . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 354

4 L’égalité des droits entre les hommes et les femmes

........................................................

356

La place des femmes dans la société . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 356 Les femmes et la politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 358

5 La question nationale

...........................................

362

Une question enracinée dans l’histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 362 Une nation au sein du Canada . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 364 Trois courants de pensée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 366

ENGAGEMENT CITOYEN

GÉRER

332

DOSSIER 5

..................................................

368

...............

368

Bâtir une vision du monde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Poser des gestes concrets . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ne pas craindre le débat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Trouver des solutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

370 372 374 376

Points de repère

................................................................

378

Activité synthèse

................................................................

380

LES ENJEUX CONTEMPORAINS

Pour aller plus loin…

..........................................................

380

Pour en savoir plus…

..........................................................

381

DES ENJEUX DE SOCIÉTÉ DU PRÉSENT

Réalité sociale

Des enjeux de société du présent

Angle d’entrée

Gestion des enjeux et choix de société

L A F I LI È

RE

DU TE

MP

N LE MO D E D’ AU JO U

S

’ RD

HU

I

Objet d’interprétation

Des enjeux de société du présent Objet Objet d’interrogation d’interrogation

Des enjeux deve société Culture et mou ments du présent, au Québec de pensée, aujourd’hui, au Québec

E NGAG

EN

T CI

TO Objet de citoyenneté

YEN

En quoi ces enjeux concernent-ils les citoyens ? Quelles en sont les origines ? Quels en sont les acteurs ?

EM

Quels sont les choix qui doivent être faits par les citoyens ? Comment ces choix font-ils appel à la notion de bien commun ?

Enjeux de société et participation à la délibération sociale

Quels sont les lieux d’exercice du pouvoir d’action des citoyens ?

333

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

DES

ENJEUX QUI NOUS CONCERNENT Depuis les années 1980, des problèmes liés entre autres à l’immigration, à la diversité culturelle, à la situation linguis tique, à l’environnement et à la situation des femmes sont au cœur des débats qui se manifestent dans l’espace public. Les décisions prises à la suite de ces débats ont des conséquences cruciales pour le bien et le destin communs des Québécois.

Kittie Bruneau (née en 1929). Artiste peintre Influencée par la danse, la philosophie orientale et les autochtones, Kittie Bruneau a exposé ses œuvres au Canada, aux États-Unis, au Mexique et en Europe. Sa non-appartenance aux divers mouvements et aux courants artistiques explique en partie le côté personnel et actuel de son œuvre.

334

DOSSIER 5

DES ENJEUX DE SOCIÉTÉ DU PRÉSENT

LE MONDE D’AUJOURD’HUI LA CHASSE-GALERIE. L’imagination, la fantaisie et la maîtrise d’un style qui lui est propre caractérisent l’œuvre de Kittie Bruneau. Kittie Bruneau, La chasse-galerie, 1969.

DES ENJEUX QUI NOUS CONCERNENT

335

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

Des enjeux en action Les citoyens du Québec se trouvent actuellement aux prises avec une multitude d’enjeux, et la façon dont ils les abordent et les gèrent a des répercussions non seulement sur le présent, mais également sur les générations futures. L’immigration, la diversité culturelle, le développement durable, la place du Québec à l’étranger, l’égalité entre les hommes et les femmes et la question nationale suscitent des réflexions, forcent la mise en œuvre de politiques et de mesures gouvernementales concrètes et orientent les rapports sociaux.

1

2

LA DIVERSITÉ CULTURELLE ET LE SENTIMENT D’APPARTENANCE.

La diversité culturelle est un phénomène caractérisé par la cohabitation de plusieurs cultures dans une même société. Pour les faire cohabiter harmonieusement, il faut que les membres des communautés développent un sentiment d’appartenance à cette société.

3

LES IMMIGRANTS ET LA LANGUE FRANÇAISE.

Certains croient qu’au Québec trop d’immigrants ont une connaissance insuffisante du français. La solution à ce problème serait de leur donner un enseignement plus soutenu du français.

«

Au cours des 10 dernières années, 180 000 immigrants totalement ignorants du français se sont établis au Québec. Avec l’augmentation prévue du nombre d’immigrants, et selon les prévisions officielles, au cours des 10 prochaines années, ce seront 210 000 immigrants qui se présenteront au Québec sans connaissance du français. La nécessité de mieux soutenir l’apprentissage du français de ces centaines de milliers de futurs Québécois, couplée à l’envoi d’un signal fort, celui de l’acquisition d’une citoyenneté offrant des droits, dont le droit d’éligibilité et, selon moi, le droit de vote, est l’étape à laquelle la défense de la prédominance du français est maintenant arrivée. Source : Jean-François LISÉE, « Rien d’inédit dans la citoyenneté interne. Les exemples scandinave, français, suisse et… canadien ! », Le Devoir, 23 octobre 2007.

336

DOSSIER 5

L’AFFIRMATION DES VALEURS QUÉBÉCOISES.

Les immigrants qui arrivent au Québec affrontent une nouvelle réalité. Afin de s’intégrer à la société et de développer un sentiment d’appartenance, ils doivent se familiariser avec la culture et les institutions de leur pays d’adoption.

«

Quand cesse-t-on d’être un étranger ? […] La maîtrise de la langue commune, la connaissance de l’histoire du Québec et le respect des institutions politiques ne devraient-ils pas être un préalable à la citoyenneté […] ? L’immigration est une aventure qui se joue à deux : ce n’est pas être xénophobe que d’en discuter. […] Le Québec a de façon urgente le plus grand besoin de privilégier l’accueil des immigrés, ce qui veut dire des investissements importants dans l’enseignement intensif du français, de la culture, des institutions et de la conscience du territoire. […] Il est aussi grand temps que les Québécois cessent de confondre une “ouverture” d’esprit avec le plaisir qu’ils prennent à voyager ou à fréquenter les restaurants ethniques. L’ouverture à l’autre demande aussi d’affirmer ses propres valeurs. Tout se passe en ce moment comme si, soit par indifférence, soit parce que nous doutons de pouvoir le réussir, il serait impossible d’intégrer l’immigré dans notre société moderne. Les visites à la cabane à sucre ne suffisent plus : les librairies et les théâtres, les musées et les bibliothèques publiques sont aussi des lieux où amener nos nouveaux compatriotes. Source : Jacques GODBOUT, « Continuons le débat, il ne fait que commencer », Le Devoir, 23 septembre 2006, p. B5.

4

DES ÉLÈVES QUÉBÉCOIS DE DIVERSES ORIGINES ETHNIQUES.

Dans certaines villes et certains quartiers, la diversité ethnique est une réalité quotidienne. Les élèves doivent apprendre à cohabiter et à travailler ensemble malgré leurs différences.

» DES ENJEUX DE SOCIÉTÉ DU PRÉSENT

»

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

5

LES HABITUDES DE CONSOMMATION DES QUÉBÉCOIS.

Cet extrait rend compte des habitudes de consommation des Québécois et de leur attitude face à l’environnement.

«

Si bien des sondages sacrent les Québécois champions de la conscience écologique, les études sur leurs habitudes de consommation les déclarent plutôt champions pollueurs. Certes, ils abhorrent les gaz à effet de serre, remplissent leur bac de recyclage chaque semaine et s’opposent aux industries polluantes. Mais quand vient le temps de réduire leur consommation d’électricité, d’utiliser des transports en commun et de forcer les gouvernements à respecter le protocole de Kyoto, leur conscience verte fond comme la neige au soleil des réchauffements climatiques. Source: Mira CLICHE, « François Cardinal : Se regarder dans le miroir », Le libraire [en ligne]. (Consulté le 16 avril 2008.)

6

»

LA RÉPARTITION DES ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE AU QUÉBEC, EN 2005, PAR SECTEURS D’ACTIVITÉ.

Au Québec, le transport est la principale cause des émissions de gaz à effet de serre. 7,5 %

7

1,6 %

8,3 % 38,7 %

13,1 % 30,7 %

Transport Industrie Résidentiel, commercial et institutionnel Agriculture Déchets Électricité

LE QUÉBEC ET LE DÉVELOPPEMENT DURABLE.

Le développement durable est un concept selon lequel le développement ne doit pas se faire au détriment de la qualité de vie des générations futures. Au Québec, le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs est responsable de la protection de l’environnement et coordonne les stratégies gouvernementales visant à assurer un développement durable.

Source : Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, 2007.

8

LA VILLE DE MONTRÉAL, AUJOURD’HUI.

QUESTIONS

Dans les pays industrialisés, plus de 80 % de la population réside dans les zones urbaines. Les problèmes occasionnés par l’accroissement des villes et l’étalement urbain sont considérables : gaz à effet de serre, diminution des terres agricoles, smog, congestion routière.

1. Nommez deux valeurs que la société québécoise devrait promouvoir pour mieux intégrer ses immigrants. Méthodologie 2. [Doc. 3] Outre un bon apprentissage du français, que propose l’auteur pour inciter les immigrants à se franciser ? 3. [Doc. 7] Que signifie le concept de développement durable ? Connexion 4. [Doc. 1 et 4] Quelle caractéristique de la société québécoise ces documents illustrent-ils ?

DES ENJEUX QUI NOUS CONCERNENT

337

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

1

2

L’AFFICHE DU PREMIER FORUM SOCIAL QUÉBÉCOIS.

Depuis le début des années 2000, des forums sociaux se tiennent un peu partout dans le monde. Ces lieux d’échanges permettent aux citoyens de communiquer et de participer à la vie démocratique. Le premier Forum social mondial à se tenir au Québec a eu lieu à Montréal, en août 2007.

DONNER LA PAROLE AUX CITOYENS.

Afin de favoriser la mise en œuvre de solutions aux divers enjeux économiques, culturels et environnementaux, des groupes de citoyens ont créé des forums sociaux qui peuvent se tenir à plusieurs échelles : régionale, nationale ou mondiale.

«

Lieu de rassemblement de la mouvance altermondialiste, les forums sociaux visent plusieurs finalités. Il s’agit, tout d’abord, de créer un espace public critique, participatif et inclusif qui permette à tous les citoyens, mouvements sociaux et organismes de prendre la parole, de débattre, de s’exprimer et d’échanger sur les enjeux sociaux auxquels nous sommes tous confrontés. Sur cette base, les forums sociaux entendent favoriser l’émergence d’une nouvelle culture politique d’engagement citoyen qui suscite la participation de toutes et tous à la vie publique. Dans cette perspective, les forums sociaux ne sont pas simplement des lieux de prise de parole et d’échange, ils se veulent aussi des lieux d’éducation populaire qui permettent de sensibiliser les populations aux multiples enjeux auxquels ils doivent faire face dans le contexte néolibéral actuel. Source : Raphaël CANET, « Un autre Québec est–il possible ? - Les forums sociaux : berceau de l’autre monde possible », Le Devoir, 19 juillet 2007, p. A7.

3

LES PRINCIPAUX OBJECTIFS DE LA CONVENTION SUR LA PROTECTION ET LA PROMOTION DE LA DIVERSITÉ DES EXPRESSIONS CULTURELLES.

En 2005, l’Unesco adopte une convention qui associe la diversité culturelle à un ressort fondamental du développement durable des communautés, des peuples et des nations. Réaffirmer le droit souverain des États d’élaborer des politiques culturelles. Reconnaître la nature spécifique des biens et services culturels en tant que porteurs d’identité, de valeurs et de sens.

4

LES FORUMS SOCIAUX DANS LE MONDE.

Chaque forum social mondial attire plusieurs milliers, voire des dizaines de milliers de personnes, venant de partout dans le monde. Certains forums ont eu une portée inégale et témoignent d’une nouvelle conscience citoyenne. Année 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2006 2006 2007

338

Lieu Porto Alegre, au Brésil Porto Alegre, au Brésil Porto Alegre, au Brésil Bombay, en Inde Porto Alegre, au Brésil Karachi, au Pakistan Bamako, au Mali Caracas, au Venezuela Nairobi, au Kenya

DOSSIER 5

Renforcer la coopération et la solidarité internationales en vue de favoriser les expressions culturelles de tous les pays, et en particulier de ceux dont les biens et services culturels souffrent d’un manque d’accessibilité aux moyens de création, de production et de diffusion sur les plans national et international. Source : Unesco, Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, 2005.

5

LA REPRÉSENTATION DU QUÉBEC À L’ÉTRANGER.

Le Québec est représenté dans plusieurs pays par ses délégations générales. Celles-ci cherchent, entre autres choses, à attirer les investissements étrangers au Québec et à faire la promotion de la culture québécoise. La délégation québécoise s’est installée à Paris au début des années 1960.

DES ENJEUX DE SOCIÉTÉ DU PRÉSENT

»

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

6

LES ENFANTS DE LA LOI 101, UN DOCUMENTAIRE D’ANITA ALOISIO.

En donnant la parole à de jeunes adultes issus de diverses communautés culturelles, ce documentaire révèle l’impact réel de la Charte de la langue française et la transformation de la société québécoise depuis son adoption en 1977.

7

L’ÉQUITÉ SALARIALE AU QUÉBEC.

Depuis 1996, la Loi sur l’équité salariale du Québec précise que, pour un travail similaire, les femmes ont droit au même salaire que les hommes.

LE SALAIRE DES FEMMES ENTRE 25 ET 54 ANS ET DE 55 ANS ET PLUS, DE 1997 À 2006.

Par rapport au salaire des hommes, le salaire des femmes de 55 ans et plus accuse un plus grand retard que celui des femmes de 25 à 54 ans.. 25-54 ans

55 ans et +

Pourcentage (%)

8

90 85 80 75 70 65

1997

1998

1999

Source : Statistique Canada, 2007.

9

2000

2001 2002 Année

2004

2005

2006

LE DÉBAT SUR LA QUESTION NATIONALE. QUESTIONS

Depuis de nombreuses décennies, la question de la place du Québec au sein du Canada est au centre des débats politiques. Selon le point de vue défendu, ce débat peut être perçu comme improductif ou alors comme sain, puisqu’il contribue à vitaliser le débat public.

«

2003

Certains mots reviennent souvent quand on discute du Québec : ambiguïté, ambivalence, contradiction, indécision, incertitude. […] on peut avancer l’hypothèse qu’une des raisons du remarquable dynamisme social et culturel de la société québécoise est justement cet “ entre-deux ” fécond et mobilisateur. Il s’agit du grand paradoxe du Québec : le blocage du projet national engendre une société mouvante qui s’interroge et se cherche infatigablement. Non seulement la “question nationale” ne réduit pas l’espace discursif, mais elle l’élargit et l’enrichit. La vitalité impressionnante du débat public québécois en est la preuve. Source : Victor ARMONY, Le Québec expliqué aux immigrants, Montréal, VLB éditeur, 2007, p. 189.

1. Pourquoi le Québec a-t-il des délégations à l’étranger ? 2. Selon vous, le débat sur la question nationale est-il nécessaire ou inutile ? Pourquoi ? Méthodologie

»

DES ENJEUX QUI NOUS CONCERNENT

3. [Doc. 2] À quoi servent les forums sociaux ? 4. [Doc. 9] En quoi le blocage du projet national pourrait-il être bénéfique à la société québécoise ?

339

LA FILIÈRE DU TEMPS

DES ENJEUX DE LA D’AUJOURD’HUI Depuis les années 1980, des problématiques de plus en plus complexes sont au cœur des débats. Leur compréhension nécessite de prendre en compte nombre d’aspects culturels et sociaux et de s’interroger sur leur origine historique. En effet, les enjeux et les défis du présent sont bien souvent la conséquence de choix faits dans le passé.

Norval Morrisseau (1932-2007). Artiste peintre Norval Morrisseau est un artiste canadien originaire de l’Ontario et d’ascendance ojibwée. Ses toiles colorées sont souvent inspirées par la mythologie et la spiritualité amérindienne. Il est l’initiateur du mouvement artistique connu sous le nom de « Woodland Indian Art » (art amérindien des régions boisées). L’œuvre de Norval Morrisseau joue un rôle prépondérant dans la mise en valeur de la culture autochtone, notamment en encourageant les Amérindiens à mieux connaître leur spiritualité.

340

DOSSIER 5

DES ENJEUX DE SOCIÉTÉ DU PRÉSENT

SOCIÉTÉ

LA FILIÈRE DU TEMPS OBSERVATIONS DU MONDE ASTRAL. Cette peinture acrylique sur toile témoigne de l’utilisation tranchée des couleurs. Pour ce peintre, les couleurs traduisent la réalité intérieure. Norval Morrisseau, Observations du monde astral, 1994.

DES ENJEUX DE LA SOCIÉTÉ D’AUJOURD’HUI

341

LA FILIÈRE DU TEMPS

1 1

L’intégration des communautés L’immigration est nécessaire à l’équilibre démographique et économique du Québec. Toutefois, l’intégration des immigrants préoccupe le gouvernement et l’ensemble de la population. Comment réussir l’intégration culturelle et économique de ces immigrants ? La société d’accueil a-t-elle la volonté et les moyens de faire une place à ces nouveaux citoyens ? Ces derniers accepteront-ils d’adapter leur mode de vie à celui de leur pays d’accueil ?

L’ÉVOLUTION DE L’IMMIGRATION AU QUÉBEC DE 1997 À 2006.

Depuis 1997, le Québec accueille de plus en plus d’immigrants. L’augmentation du nombre d’immigrants va se poursuivre dans l’avenir en raison du faible taux de natalité de la population québécoise. 50 000 45 000 Nombre d’immigrants

40 000 35 000 30 000 25 000 20 000 15 000 10 000 5 000 0

1997

1998

1999

2000 2001 2002 2003 Année

2004 2005

2006

Source : Gouvernement du Québec, ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles, La planification de l’immigration au Québec pour la période 2008-2010, Québec, 2007, p. 51.

L’intégration culturelle des néo-Québécois La première difficulté à l’intégration des néo-Québécois est de nature culturelle. En tant que spécificité culturelle du Québec, la langue française place la province en position de minorité au sein du Canada et du continent nord-américain. Cela amène le gouvernement québécois à aborder la question de l’immigration d’une manière prudente, car certains des nouveaux arrivants ignorent cette spécificité. Se considèrent-ils d’abord comme citoyens du Canada, pays bilingue favorisant le multiculturalisme ou bien comme citoyens du Québec, province francophone favorisant l’interculturalisme ?

Des inquiétudes et des réserves

Intégrisme : Doctrine qui préconise une interprétation conservatrice des textes religieux.

En 1977, la Charte de la langue française a considérablement modifié la dynamique de l’intégration des immigrants. Dorénavant, ceux-ci doivent s’intégrer à la majorité francophone. Au début des années 2000, cette intégration culturelle est devenue un sujet d’inquiétude, nourri par l’actualité et les médias. Tout d’abord, les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis ont créé, à tort, une méfiance à l’égard de certains groupes de citoyens québécois qu’on a associés erronément à l’intégrisme religieux. Ensuite, des demandes d’accommodements particuliers de la part de membres de religions minoritaires ont été fortement médiatisées.

342

DES ENJEUX DE SOCIÉTÉ DU PRÉSENT

DOSSIER 5

Le Québec doit faire face à une diversité accrue de traditions et de croyances due à l’augmentation de l’immigration. La diversité culturelle des Québécois demande une adaptation rapide des règles et des mentalités. Doit-on permettre le port de signes religieux à l’école ? Les piscines publiques doivent-elles accorder des heures de baignade réservées aux hommes ou aux femmes ? Ces questions résument des demandes d’exceptions aux règles établies en raison de différences culturelles, souvent de nature religieuse. En 2007, le gouvernement du Québec a créé la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles et l’a confiée à deux intellectuels, l’historien et sociologue Gérard Bouchard et le philosophe Charles Taylor. La commission Bouchard-Taylor a reçu un mandat assez large pour déborder de la seule question des « accommodements raisonnables ». Afin de démystifier le phénomène, elle a organisé un forum qui a permis aux citoyens d’exprimer leurs inquiétudes. Des Québécois de toutes origines ont exprimé leurs propres réalités.

3

FAIRE FACE AUX MALAISES SOCIAUX.

L’auteure de cet extrait propose une analyse et des balises pour éviter que les accommodements liés aux revendications religieuses empiètent sur les valeurs chères à la société québécoise.

«

On a tort d’accuser globalement la société d’accueil de racisme et de xénophobie du seul fait qu’elle exprime un malaise face à certaines revendications qui remettent en question certaines de ses valeurs [...]. Des sondages récents indiquent que la [...] majorité des membres des communautés culturelles estiment que le Québec est une société très accueillante pour les minorités. Il faut reconnaître que certaines revendications religieuses mettraient à rude épreuve toute société démocratique et pluraliste. D’où la nécessité de mener ensemble une réflexion sur les balises qu’il faut se donner pour éviter que les accommodements liés aux revendications religieuses n’empiètent sur d’autres droits et valeurs qui nous sont chers, telles l’égalité des sexes et la laïcité. Source : Yolande GEADAH, Accommodements raisonnables–Droit à la différence et non différence des droits, Montréal, VLB éditeur, 2007, p. 7-8.

»

2

LE RESPECT DES VALEURS FONDAMENTALES.

Prenant acte des remous causés dans la population par certaines demandes d’accommodements pour motifs religieux, le premier ministre Jean Charest a proposé, en mai 2007, la mise en place de balises pour guider la cohabitation de personnes aux traditions religieuses variées.

«

Je crois dans la diversité qui enrichit notre identité, mais je dénonce le zèle religieux qui l’appauvrit. Nos chartes ont toujours eu pour but de protéger les minorités contre la majorité. Elles n’ont jamais eu pour dessein de permettre l’inverse. C’est donc dire qu’il y a une limite, une ligne qui doit être tracée. La commission Bouchard-Taylor, chargée de faire le point sur les pratiques d’accommodement raisonnable, nous aidera à tracer cette ligne. Mais nous pouvons déjà agir dans l’intervalle. Nous allons, par exemple, renforcer le message livré à chaque immigrant à l’effet que nos valeurs fondamentales ne sont pas négociables. Ce message, nous allons le rendre public pour que tous les Québécois sachent ce qu’on attend de ceux qui sont invités à venir partager notre avenir. Nous ferons cela tout en réaffirmant notre conviction à l’effet que le seul Québec possible est un Québec de la diversité. Source: Débats de l’Assemblée nationale, 9 mai 2007.

4

LA FILIÈRE DU TEMPS

Diversité culturelle et tolérance

»

LA DIVERSITÉ CULTURELLE DU QUÉBEC.

Le Québec compte aujourd’hui quelque 125 communautés culturelles, près de 1200 organismes et plus de 100 médias qui leur sont propres. QUESTIONS 1. Expliquez en quoi l’accueil d’immigrants peut pallier le déséquilibre démographique et économique du Québec. 2. Quel est le but de la commission Bouchard-Taylor ? Réflexion 3. Êtes-vous en mesure de donner un exemple d’accommodement raisonnable? Si oui, lequel ? Sinon, comment faire pour en trouver ?

DES ENJEUX DE LA SOCIÉTÉ D’AUJOURD’HUI

343

LA FILIÈRE DU TEMPS

L’intégration économique des néo-Québécois La commission Bouchard-Taylor a permis de dévoiler les difficultés de l’intégration économique des néo-Québécois. Les immigrants sélectionnés en fonction des besoins du marché du travail trouvent difficilement un emploi correspondant à leurs qualifications, car leurs diplômes et leur expérience ne sont pas toujours reconnus. De plus, l’attraction de l’anglais est encore très forte. En plus du français, beaucoup d’immigrants décident d’apprendre l’anglais parce qu’ils croient que ce serait plus facile pour eux d’obtenir un emploi. Dès lors, la société d’accueil doit investir dans les programmes de francisation et de mise à niveau des qualifications, rehausser le statut du français dans les entreprises et faciliter la reconnaissance des diplômes. Ainsi, le succès de l’intégration culturelle est indissociable de l’intégration économique.

2 1

LES NÉO-QUÉBÉCOIS ET L’EMPLOI.

LE FRANÇAIS ET LES IMMIGRANTS.

Dans le but de faciliter l’intégration des nouveaux immigrants, particulièrement dans le milieu du travail, le gouvernement du Québec offre des cours de français adaptés à leurs besoins.

L’intégration des néo-Québécois au marché du travail est parfois difficile. Certains sont forcés d’occuper un poste qui ne correspond pas à leurs qualifications.

Chaque année, 36 000 immigrants suivent des cours de français offerts par le gouvernement.

Parmi les 18 000 immigrants qui suivent le programme de francisation du ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles, 87 % complètent la première des trois sessions. Toutefois, seulement 53 % suivent entièrement les 1000 heures de cours. Source : Ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles, 2007.

3

L’APPORT DE L’IMMIGRATION À LA PROSPÉRITÉ ACTUELLE ET FUTURE DU QUÉBEC.

Les mesures et les politiques adoptées dans le domaine de l’immigration doivent permettre aux immigrants de contribuer le plus possible à la prospérité du Québec.

«

Si l’immigration constitue d’abord et avant tout une aventure humaine d’envergure qui va bien au-delà de strictes considérations économiques, force est d’admettre qu’elle joue aussi un rôle économique considérable. En fait, ce rôle est en passe de devenir crucial, notamment compte tenu des besoins en maind’œuvre dans les entreprises du Québec. [...] Il y a toujours une période d’adaptation, plus ou moins longue, avant qu’une personne immigrante puisse se trouver un travail qui lui convient et qui prend en compte sa formation, ses compétences et son expérience. […] Rapidement, les coûts de la période d’adaptation font place aux bénéfices d’un citoyen qui participe de plain-pied au marché du travail, qui s’engage dans sa communauté, qui paie des impôts et qui contribue pleinement à sa société d’accueil. […] En augmentant ses cibles d’accueil en matière d’immigration économique pour la période 2008-2010, en y joignant des objectifs d’attraction et de rétention précis et en facilitant l’intégration des nouveaux arrivants (par la reconnaissance des diplômes obtenus à l’étranger, notamment), nous pourrons collectivement nous assurer du plein apport de l’immigration à la prospérité actuelle et future du Québec. Source : Michel KELLY-GAGNON, « Cap sur les 60 000 immigrants », La Presse, 25 septembre 2007, p. A31.

344

DOSSIER 5

DES ENJEUX DE SOCIÉTÉ DU PRÉSENT

»

LA FILIÈRE DU TEMPS

4

LE QUÉBEC, TERRE DE CHÔMAGE POUR LES IMMIGRANTS.

Les immigrants ont plus de difficultés à trouver un emploi que la population née au Canada. Cette situation est pire au Québec qu’ailleurs au Canada.

«

En 2006, le taux de chômage chez des étrangers établis au Canada depuis moins de cinq ans s’élevait à 11,5 %, soit plus de deux fois la moyenne observée pour la population née au Canada (4,9 %). Leurs chances de trouver un emploi augmentent progressivement au fur et à mesure que les années passent, mais, au Québec, les immigrants afficheront toujours un taux d’emploi bien plus faible que leurs compatriotes établis ailleurs au pays. Le taux de chômage des immigrants qui sont arrivés entre 2001 et 2006 est trois fois plus élevé que pour les autres Québécois (17,8 % contre 6,3 %). […] Plusieurs immigrants décideront alors de laisser leur diplôme de côté pour accepter un emploi plus rapidement, mais précaire. Ce n’est pas un cliché : les restaurants et les manufactures embauchent plus d’immigrants que de Québécois. Au fait du problème, le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles […] a modifié ses critères de sélection […] et favorise désormais davantage la venue d’employés dotés d’une formation technique, plutôt qu’universitaire. Source : Violaine BALLIVY, « Le Québec, terre d’accueil aride pour les immigrants », La Presse, 11 septembre 2007.

5

»

LE TAUX D’EMPLOI SELON LA CATÉGORIE D’IMMIGRANTS ÂGÉS DE 25 À 54 ANS, EN 2006.

En 2006, les immigrants très récents du Québec se classaient au dernier rang au Canada pour ce qui est du taux d’emploi. 100

6

90 Pourcentage (%)

80

DES IMMIGRANTS DANS UN BUREAU D’ASSURANCE EMPLOI.

Les immigrants affrontent parfois une dure réalité quand vient le temps de trouver un emploi et de le conserver.

70 60 50 40

QUESTIONS

30

1. Énumérez les principales difficultés des néo-Québécois en matière de recherche d’emploi.

20 10 0

Méthodologie Canada

Provinces Québec atlantiques

Ontario

Manitoba Saskatche- Alberta Colombiewan Britannique

Canada et autres provinces Immigrants très récents, 5 ans ou moins Immigrants récents, de 5 à 10 ans

Population née au Canada

Source : Statistique Canada, Enquête sur la population active, 2006.

Dans un sondage publié en septembre 2007 par un quotidien montréalais, 80 % des immigrants ont répondu que l’emploi était la principale difficulté d’intégration à la société québécoise. Selon Statistique Canada, le taux de chômage des immigrants très récents du Québec était estimé à 17,8 % en 2006, soit près de trois fois le taux de chômage de la population du Québec née au Canada (6,3 %). Dans le cas des immigrants récents, le taux de chômage est plus de 2 fois supérieur à celui des Québécois nés au Canada (13,4 % contre 6,3 %).

DES ENJEUX DE LA SOCIÉTÉ D’AUJOURD’HUI

2. [Doc. 3] Quels avantages un immigrant apportet-il à son pays d’adoption ? 3. [Doc. 4] Pourquoi de nombreux immigrants mettent-ils leur diplôme de côté lors de la recherche d’un emploi ? 4. [Doc. 5] Nommez les deux provinces où les possibilités d’emploi pour les nouveaux immigrants sont les meilleures. Réflexion 5. S’il vous manque des informations pour décrire les difficultés d’intégration des immigrants, que ferez-vous pour vous renseigner ?

345

LA FILIÈRE DU TEMPS

1

LA CRISE DU VERGLAS DE 1998.

2

Au Québec seulement, au plus fort de la crise, plus de 900 000 foyers sont privés d’électricité durant la tempête de verglas qui s’abat sur plusieurs régions de l’est du Canada et du nord-est des États-Unis.

La sauvegarde de l’environnement Aujourd’hui, les problèmes environnementaux préoccupent et mobilisent une grande partie de la population. Est-ce dû au caractère de plus en plus alarmant de la situation ? Quelles activités humaines sont la cause de ces problèmes ? Quels comportements doit-on modifier ? Comment les citoyens peuvent-ils collaborer ?

Une planète bouleversée Malgré les progrès de la médecine, des sciences, de l’éducation et des technologies, l’humanité peine à éliminer de nombreux problèmes, dont certains sont connus depuis longtemps : les épidémies, la pauvreté, les guerres, la pollution. À bien des égards, il semble qu’en ce début de 21e siècle la situation empire, au point que certains s’inquiètent pour l’avenir : le bouleversement du climat risque d’affecter non seulement les espèces animales, mais aussi la vie humaine.

Des phénomènes inquiétants Entre le 6 et le 10 janvier 1998, 4 jours consécutifs de pluie verglaçante laissent de 50 cm à 105 cm de glace. Le triangle formé par les villes de Saint-Jean-sur-Richelieu, Granby et Saint-Hyacinthe est particulièrement touché. Le verglas endommage le réseau électrique, plongeant des citoyens dans le noir durant trois semaines. Le 29 août 2005, l’ouragan Katrina, un des plus puissants à frapper les États-Unis, dévaste la côte du golfe du Mexique, provoquant la rupture de digues et l’inondation de La Nouvelle-Orléans, ce qui entraîne la mort de plus de 1500 personnes. En janvier 2006, le sud du Québec connaît des températures ressemblant à celles d’un mois de mars. Durant les deux premières semaines de janvier 2007, certains jouent au golf dans la région de Montréal. Les fluctuations de température et les phénomènes météorologiques extrêmes inquiètent la population.

2

LA NOUVELLE-ORLÉANS APRÈS LE PASSAGE DE L’OURAGAN KATRINA.

En août 2005, 80 % de la ville de La NouvelleOrléans est inondée en raison de l’ouragan Katrina. Environ 1500 personnes trouvent la mort, et des centaines de milliers d’habitants doivent fuir la ville.

346

DOSSIER 5

DES ENJEUX DE SOCIÉTÉ DU PRÉSENT

La petite maison blanche Une maison modeste d’un quartier de Chicoutimi, aujourd’hui la ville de Saguenay, résiste comme par magie au débordement d’un réservoir qui a tout détruit sur sa route. Les 19 et 20 juillet 1996, les nuages recouvrent la région. La pluie commence, et, en 48 heures, il en tombe plus de 250 mil limètres. Si ces précipitations avaient eu lieu en hiver, il serait

4

tombé environ trois mètres de neige. À la suite de ces pluies torrentielles, le réservoir d’une compagnie de papier déborde. Le flot continu des eaux détruit des dizaines de maisons et de commerces. Seule la petite maison blanche résiste au déluge. Depuis, la ville de Saguenay a aménagé ce secteur en parc commémoratif. La petite maison trône sur son socle de béton. Autour, on peut encore deviner les vestiges des maisons avoisinantes. Une cascade aménagée nous rappelle ces événements de l’été 1996.

LA PETITE MAISON BLANCHE À SAGUENAY.

LA FILIÈRE DU TEMPS

3

LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES AU QUÉBEC.

Le réchauffement du climat pourrait avoir des conséquences importantes. Ce phénomène préoccupe un nombre croissant de citoyens.

«

Des anomalies climatiques se sont déjà produites dans le passé. Elles font partie des caractéristiques intrinsèques du climat passé et présent. Mais quel sera leur portrait dans un climat futur modifié par les activités humaines ? Il est possible que les récents épisodes météorologiques violents soient entièrement d’origine naturelle. Cependant, on ne peut écarter l’hypothèse d’une transformation du climat. Des études laissent penser que ces événements extrêmes illustrent, à bien des égards, les situations auxquelles pourrait donner lieu le réchauffement du climat planétaire. Source : Ressources naturelles Canada, 2006.

»

Cette maison est devenue le symbole du déluge du Saguenay en 1996. Elle a résisté aux eaux déchaînées de la rivière Chicoutimi qui ont emporté les maisons d’une soixantaine de familles.

QUESTIONS 1. Quel effet le bouleversement du climat pourrait-il avoir sur la vie sur Terre ? Connexion 2. [Doc. 1, 2 et 4] a) Quels phénomènes ces photos représentent-elles ? b) Quelles sont les conséquences actuelles de ces phénomènes ? Réflexion 3. Comment qualifieriez-vous vos connaissances sur ces phénomènes ?

DES ENJEUX DE LA SOCIÉTÉ D’AUJOURD’HUI

347

LA FILIÈRE DU TEMPS

Les changements climatiques et l’activité humaine Quelle est la cause des changements climatiques ? Est-ce une fluctuation naturelle du climat ? La Terre a toujours connu ces variations : les ères glaciaires se produisent environ tous les 100 000 ans. Ou, alors, les changements dépendent-ils de l’activité humaine ? Les effets de l’activité humaine ont toujours eu un impact sur l’environnement. Mais c’est véritablement depuis la fin du 20e siècle qu’on s’inquiète de leurs effets à long terme sur le réchauffement climatique.

1

UNE VÉRITÉ QUI DÉRANGE.

Une vérité qui dérange, un documentaire de Al Gore, ancien vice-président des États-Unis et prix Nobel de la paix en 2007, aborde la question du réchauffement climatique et décrit les conséquences de ce phénomène.

Croissance économique et changements climatiques Les impacts de la production de biens sur l’environnement sont de plus en plus visibles. La production et le transport de marchandises partout dans le monde nécessitent une quantité prodigieuse d’énergie, notamment du pétrole, un combustible fossile qui pollue l’atmosphère et produit des gaz à effet de serre. Pour de nombreuses personnes, ces gaz sont à l’origine des changements climatiques que connaît actuellement la Terre. Dans un contexte de mondialisation, la croissance économique force la réduction des coûts de production dans le but de vendre des produits au meilleur prix possible. Ainsi, certaines entreprises ne se soucient pas toujours des conséquences de leurs nouvelles pratiques sur l’environnement. Pour résoudre le problème, les pays se réunissent périodiquement afin de s’entendre sur la réduction des gaz à effet de serre. Ces réunions ont donné naissance au protocole de Montréal (1987) et au protocole de Kyoto (1997). Des négociations se poursuivent à l’échelle mondiale et régionale afin de trouver un moyen de discipliner les industries polluantes dans chaque pays.

2

CLIMAT : ÉTAT D’URGENCE !

L’émission de gaz à effet de serre est un des facteurs ayant le plus de répercussions sur le réchauffement climatique.

«

Plus on émettra de gaz à effet de serre, plus le réchauffement sera important et rapide, plus les répercussions seront néfastes et plus forte sera la probabilité d’avoir des répercussions à grande échelle. Ces dernières pourraient bien être irréversibles. Source : Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, Des enjeux et des hommes, Paris, 2006.

348

DOSSIER 5

DES ENJEUX DE SOCIÉTÉ DU PRÉSENT

»

Les scientifiques ne s’entendent pas sur le caractère significatif ou non de ces phénomènes inusités. Toutefois, ils s’accordent à dire que les calottes polaires sont en train de fondre. En soi, cela annonce d’importants changements dans les régions arctiques tels que la réduction de l’habitat des ours polaires, la destruction des routes d’hiver de communautés isolées, mais aussi sur la planète entière, comme la hausse du niveau des océans et le changement de direction des courants marins, qui modifieront, à leur tour, le climat.

3

4

DANS L’ATTENTE D’UN CONSENSUS.

L’astrophysicien et professeur René Racine souligne qu’il ne sert à rien d’« aiguiser les craintes du réchauffement climatique » tant qu’aucune preuve formelle du lien entre les changements climatiques et les activités humaines n’aura été établie.

«

La décennie 1998-2007 fut la plus chaude depuis que nous enregistrons la température sur la planète. Soit. Mais pourquoi ne pas souligner que ces enregistrements ne couvrent que 150 ans, une petite partie du dernier millénaire, et que des périodes tant plus chaudes (11e et 12e siècles) que plus froides (17e siècle) se sont produites dans le passé ? […] Pourquoi ne pas faire état du constat que la banquise arctique s’amenuise depuis qu’on a commencé à l’étudier au début du siècle dernier, alors qu’aucun réchauffement climatique n’était “dans l’air” ? Source : René RACINE, « La prose habile de Jean Lemire », La Presse, 21 décembre 2007.

Saviez-v us que... Au cours des 30 dernières années, les pertes causées par les catastrophes naturelles ont totalisé près de 900 milliards de dollars. Par exemple, les ouragans qui se sont abattus sur le golfe du Mexique et sur la Louisiane en 2005 ont généré plus de 170 milliards de dollars de dégâts.

L’URGENCE D’AGIR.

Le biologiste Jean Lemire croit qu’il est du devoir de chacun d’agir pour sauvegarder l’environnement.

« »

Personne ne met en doute une certaine diminution de la banquise depuis le début du siècle. Toutefois, la perte de plus d’un million de kilomètres carrés de glace en cette année 2007 a de quoi inquiéter. […] La planète se mobilise pour contrer les effets des changements climatiques, basée sur les conclusions des scientifiques qui lancent un cri d’alarme aux dirigeants de ce monde. Malgré l’un des plus importants consensus de l’histoire de la science moderne, il y en aura toujours pour mettre en doute et contester. Tant mieux ! Cette attitude appelle à une plus grande rigueur des scientifiques. Source : Jean LEMIRE, « Des faits scientifiques », La Presse, 21 décembre 2007.

»

QUESTIONS

5

1. Depuis quand les questions environnementales comme le réchauffement climatique sont-elles devenues un enjeu important pour la société ?

LA FONTE DE LA BANQUISE ARCTIQUE.

Les glaciers entourant l’Antarctique fondent beaucoup plus vite que prévu. Cela a de graves conséquences sur la biodiversité, notamment pour la survie des ours polaires.

2. Pourquoi les pays doivent-ils s’entendre afin de demander simultanément aux entreprises de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre ? 3. Quel lien existe-t-il entre les activités industrielles et les changements climatiques ? Connexion 4. [Doc. 3 et 4] En quoi la prise de position des deux chercheurs est-elle différente ? Relevez les arguments défendus par chacun. Réflexion 5. Que feriez-vous pour améliorer votre compréhension des liens entre les changements climatiques et l’activité humaine ?

DES ENJEUX DE LA SOCIÉTÉ D’AUJOURD’HUI

349

LA FILIÈRE DU TEMPS

Quelle est l’ampleur de la crise ?

LA FILIÈRE DU TEMPS

1

LA DÉSERTIFICATION, UN PROCESSUS DE DÉGRADATION DES SOLS TOUCHANT PLUSIEURS PAYS.

En 2007, lors de la conférence de Bali sur les changements climatiques, les 200 signataires de la Déclaration des scientifiques sur le climat ont déclaré : « Si cette tendance n’est pas bientôt arrêtée, plusieurs millions de personnes seront exposées aux risques associés à des événements extrêmes tels que vagues de chaleur, sécheresses, inondations et tempêtes. »

Des comportements à changer Désormais, on ne saurait parler de développement sans tenir compte des impacts environnementaux des activités humaines. Mais par où commencer ? Que faire ? Et, surtout, qui doit faire l’effort ? Les fabricants, les transporteurs ou les distributeurs ? Les consommateurs qui exigent des prix sans cesse plus bas ? Les gouvernements qui ont le pouvoir de discipliner les citoyens ? Dans un pays aussi diversifié que le Canada, l’obligation de réduire les gaz à effet de serre n’a pas le même impact et les mêmes coûts dans une province comme l’Alberta, dont l’économie dépend du pétrole, que dans celle du Québec, où elle dépend de l’hydroélectricité. Les solutions ne sont pas non plus évidentes sur le plan international.

Des accords internationaux entre pays inégaux

Saviez-v us que... Un vol d’avion transatlantique émet, par passager, une quantité de gaz à effet de serre comparable à l’utilisation d’une automobile durant un an. Il y a plus de 50 000 vols commerciaux chaque jour dans le monde, transportant environ 4 millions de passagers.

350

DOSSIER 5

Les conséquences néfastes de l’accroissement de la production industrielle étant mieux établies, les pays ont donc convenu de se réunir afin de mondialiser la diminution des émissions polluantes. Un des problèmes des négociateurs internationaux est l’inégalité des partenaires. Il est plus facile pour les pays aux économies avancées de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, car ils peuvent se reconvertir dans les services et l’économie du savoir. Les pays dits émergents, où se relocalisent les industries traditionnelles, connaissent une croissance effrénée et polluent davantage. Ils n’ont pas les moyens de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Pourtant, ils sont aux prises avec la pollution de l’eau, la désertification et l’épuisement de leurs ressources. Ainsi, tous les pays ne sont pas égaux devant le problème et ne peuvent contribuer également à sa solution.

2

LA POLLUTION AUTOMOBILE.

Les moyens de transport représentent plus du quart des émissions de gaz à effet de serre, et, parmi eux, les automobiles et les motocyclettes en produisent la majorité.

DES ENJEUX DE SOCIÉTÉ DU PRÉSENT

L’adaptation à de nouvelles énergies permettrait de se libérer de la dépendance à l’égard du pétrole. En effet, non seulement cette ressource est polluante, mais elle est rare et s’épuisera au cours de ce siècle. Cela entraîne la hausse de son prix, ce qui incite différents producteurs à se tourner vers des sources d’énergie de rechange et pousse des entrepreneurs à proposer différentes solutions, comme l’essence à l’éthanol, les énergies solaire, éolienne et marémotrice, et même le retour à l’énergie nucléaire, qui, malgré ses coûts et ses dangers, est vue par certains comme une énergie « propre ».

3

UNE VOITURE HYBRIDE.

La voiture hybride fonctionne à l’essence comme à l’électricité. Au Canada, ce type de véhicule est apparu au début des années 2000.

Dans certains pays, la réglementation gouvernementale et les préférences des consommateurs contribuent aussi à la popularité des énergies de remplacement : des normes d’émissions polluantes plus sévères et la sensibilisation du public aux changements climatiques ont entraîné, entre autres, la commercialisation des voitures hybrides fonctionnant à l’essence et à l’électricité.

Une responsabilité collective Gouvernements, entreprises, collectivités, individus sont tous responsables de l’environnement et peuvent tous faire leur part. Toutefois, pour certains, il est souvent plus facile de faire passer leurs intérêts immédiats avant le développement harmonieux à long terme. D’ailleurs, des sondages démontrent que les gens sont écologistes de cœur, mais que leurs actions contredisent souvent leurs convictions. La lutte pour la sauvegarde de l’environnement est avant tout un engagement personnel, qui peut s’exercer sur plusieurs plans. Les électeurs peuvent exprimer leur opinion sur les choix collectifs : les énergies de l’avenir, les règles applicables aux entreprises locales, etc. La participation accrue des citoyens dans l’espace public peut les inciter à exercer des pressions sur les gouvernements et les entreprises contre la pollution ou pour la conservation de l’environnement, ou en faveur de campagnes d’éducation et de sensibilisation du public. Les citoyens, qui sont aussi des consommateurs, peuvent acheter des objets recyclés ou fabriqués avec des énergies propres. Ainsi, ils encouragent les industries « vertes » à utiliser moins d’énergie ou d’emballages.

QUESTIONS 1. De qui relève la responsabilité de protéger l’environnement ? 2. Faites une brève recherche sur les différentes énergies de remplacement. Lesquelles sont déjà exploitées ? Lesquelles sont au stade expérimental ? Connexion

4

3. [Doc. 3 et 4] Quelles solutions à la pollution automobile ces documents illustrent-ils ?

ROULER À VÉLO.

Les citoyens disposent de multiples façons de lutter contre la détérioration de l’environnement. Des actes quotidiens ont des répercussions sur l’environnement : privilégier la marche, la planche à roulettes ou la bicyclette.

Réflexion 4. Quels seraient les meilleurs outils pour effectuer votre recherche documentaire sur les sources d’énergie ?

DES ENJEUX DE LA SOCIÉTÉ D’AUJOURD’HUI

351

LA FILIÈRE DU TEMPS

Changer de sources d’énergie

LA FILIÈRE DU TEMPS

3 1

LE FORUM INTERNATIONAL SCIENCE ET SOCIÉTÉ, AU CÉGEP DE LIMOILOU, EN 2007.

Le Forum international science et société réunit, une fois l’an depuis 2000, des cégépiens et des chercheurs de toutes disciplines pour discuter d’enjeux de la science et de la société.

Les défis mondiaux et la présence du Canada et du Québec à l’étranger L’interdépendance des nations est devenue incontournable sur les plans culturel, économique, social et politique. La protection de l’environnement, la mondialisation de la culture et les conflits régionaux sont des exemples de défis mondiaux qui touchent tous les membres de la société, de près ou de loin. De quelle façon ces défis mondiaux touchent-ils les gouvernements et les citoyens ?

Des lieux d’échanges Il existe une multitude de forums internationaux. Ce sont des lieux d’échanges qui rassemblent des dirigeants d’entreprise, des syndicats, des ministres, des responsables d’organisations internationales ou de simples citoyens. Tous ces participants se réunissent pour débattre et échanger des idées sur de grands enjeux ou des défis mondiaux.

2

LES DÉLÉGATIONS DU QUÉBEC DANS LE MONDE EN 2008.

Le Québec profite d’un réseau de délégations générales, qui s’occupent de promotion économique, culturelle et touristique ainsi que d’immigration. OCÉAN ARCTIQUE

Bruxelles

Los Angeles

Chicago Washington Atlanta

E U ROPE

Berlin Londres Munich Paris Vienne Milan Rome Barcelone

AM É RIQU E DU NORD Boston New York

OCÉAN ATLANTIQUE

ASIE Beijing Shanghai

Damas

Séoul

Taipei Hong Kong

Mexico

OCÉAN PACIFIQUE

OCÉAN PACIFIQUE

AF R I Q U E OCÉAN INDIEN

AM É R I Q U E DU SUD

O C ÉAN I E

Santiago Buenos Aires

Légende Délégation du Québec Frontière internationale

OCÉAN ANTARCTIQUE

Source : Ministère des Relations internationales, 2008.

352

Tokyo

DOSSIER 5

DES ENJEUX DE SOCIÉTÉ DU PRÉSENT

0

2000

4000

6000 km

Le gouvernement d’un État souverain reconnu par la communauté internationale a la possibilité d’entretenir des relations diplomatiques avec d’autres pays. Il existe deux types de relations : bilatérales ou multilatérales. Les relations bilatérales se traduisent habituellement par la présence d’ambassades entre deux pays ; et les relations multilatérales, par l’adhésion des pays à plusieurs organisations internationales. Celles-ci ont un caractère général comme l’Organisation des Nations unies (ONU) ou spécialisé comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Elles peuvent être mondiales ou n’admettre qu’une catégorie de pays, comme l’Agence intergouvernementale de la Francophonie (AIF). Les États signent des ententes négociées par leurs représentants, diplomates, fonctionnaires ou politiciens.

Le Québec, un acteur international Bien qu’il ne soit qu’une province du Canada, le Québec exerce des compétences exclusives dans la gestion des ressources naturelles, la santé, l’éducation et la culture. Au Québec, le ministère des Relations internationales définit et mène, dans les limites de ses compétences, l’action du gouvernement à l’étranger, gère un réseau de représentations, négocie et applique des ententes internationales.

3

LE QUÉBEC SUR LA SCÈNE INTERNATIONALE.

La reconnaissance du Québec sur la scène internationale a été acquise de façon progressive depuis les années 1960. Année 1961 1965 1967 1968 1970

1986 1987 2007

2008

Événement Ouverture de la Maison du Québec à Paris, qui deviendra une « délégation générale » en 1964. Énoncé de la « doctrine Gérin-Lajoie » sur le prolongement international des compétences internes du Québec. Création du ministère des Affaires intergouvernementales du Québec, qui deviendra celui des Relations internationales. Québec est invité à une conférence internationale sur l’éducation au Gabon, sans l’accord d’Ottawa. Québec fait partie de l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), qui deviendra l’Agence gouvernementale de la Francophonie (AIF). Québec participe au Sommet de la Francophonie, à Versailles. Québec est l’hôte du Sommet de la Francophonie. Québec obtient un siège au sein de la délégation canadienne de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). Québec est l’hôte du 12e Sommet de la Francophonie.

TÉMOINS DE L’HISTOIRE PAUL GÉRIN-LAJOIE GÉRIN-LAJOIE 4 PAUL (NÉ EN 1920). Paul Gérin-Lajoie commence sa carrière comme avocat. Cet homme politique s’attache à faire connaître le Québec sur la Paul Gérin-Lajoie a participé à scène internationale. Élu député libéral en 1960, il est la reconnaissance du Québec nommé ministre de la Jeunesse dans le cabinet de Jean sur la scène internationale. Lesage, puis devient le premier ministre de l’Éducation du Québec de 1964 à 1966. Il entreprend alors la modernisation du système d’enseignement. En 1965, Paul Gérin-Lajoie prononce un discours dans lequel il jette les bases de la « doctrine Gérin-Lajoie ». Selon lui, les champs de compétence des provinces devraient s’étendre à leurs relations internationales. Ainsi, le Québec ferait entendre sa voix dans le monde entier et pourrait signer des traités avec d’autres pays dans les domaines de la culture, de la santé ou de l’éducation. De 1970 à 1977, Paul Gérin-Lajoie est président de l’Agence canadienne de développement international (ACDI), un organisme dont le mandat est de gérer l’aide attribuée par le gouvernement canadien aux pays peu développés. Plus tard, il met sur pied une fondation, qui porte son nom, afin de promouvoir et de développer l’éducation dans les pays pauvres.

DES ENJEUX DE LA SOCIÉTÉ D’AUJOURD’HUI

QUESTIONS 1. Dites en vos mots ce qu’est un « forum international ». 2. Quelle est la base de la doctrine en relations internationales définie par Paul Gérin-Lajoie en 1965 ? Méthodologie 3. [Doc. 2] Sur quels continents trouve-t-on des délégations du Québec ? 4. [Doc. 3] Pouvez-vous citer des forums internationaux auxquels participe le Québec ? Comment feriez-vous pour en trouver ? Réflexion 5. Connaissez-vous le rôle des délégations générales à l’étranger ? Comment pourriez-vous vous informer ?

353

LA FILIÈRE DU TEMPS

Les relations internationales

LA FILIÈRE DU TEMPS

L’implication du Canada et du Québec à l’étranger 1

LA CONVENTION SUR LA PROTECTION ET LA PROMOTION DE LA DIVERSITÉ DES EXPRESSIONS CULTURELLES.

Avec la mondialisation, la diversité culturelle est menacée. Le Québec et le Canada jouent un rôle de premier plan dans le respect de cette diversité.

«

Les dispositions majeures de la Convention sont les suivantes. Les premiers articles affirment le droit de chaque pays de formuler et de mettre en œuvre des politiques culturelles, et de créer un environnement propice à leur diffusion. D’autres articles proclament que la Convention n’est pas subordonnée aux autres traités internationaux, notamment les traités de libreéchange. On voit ici l’importance de ces mesures. Elles donnent à de petits pays des moyens de contrôler toute invasion culturelle de leur territoire par des œuvres étrangères, par exemple en fixant des quotas ou en subventionnant les producteurs ou les artistes locaux. Source : Presse canadienne, « Convention internationale sur la diversité culturelle – L’Unesco adopte une idée née au Québec », Le Devoir, 30 décembre 2005.

354

DOSSIER 5

»

Le Québec et le Canada cherchent à jouer un rôle de premier plan sur la scène internationale dans plusieurs domaines. Par l’intermédiaire du ministère des Relations internationales, le gouvernement du Québec fait la promotion du français en favorisant le développement de la francophonie et des ressources destinées aux francophones de tous les continents. L’implication du Québec dans la francophonie n’est pas uniquement culturelle. Le gouvernement est également désireux de promouvoir des valeurs comme la démocratie. Quant au Canada, il se distingue sur le plan de l’aide humanitaire en mettant sur pied des programmes dans les pays peu développés.

La promotion et la protection de la diversité culturelle La révolution des technologies de l’information et des communications entraîne la circulation des idées et du savoir dans le monde avec une rapidité incroyable. La mondialisation des idées et du savoir accentue l’uniformisation des cultures, ce qui inquiète les États. Aussi, les pays doivent assurer la protection et la promotion de la diversité culturelle et soutenir l’usage de leurs langues nationales. Les politiques d’appui au secteur culturel entrent parfois en conflit avec des accords internationaux visant à ne pas entraver le commerce entre les pays. Selon les États-Unis et certains de leurs alliés, les produits culturels sont des marchandises qui devraient circuler librement dans les marchés mondiaux. Pour contrecarrer les dangers possibles liés à la mondialisation de la culture, le gouvernement du Québec a mis en place des stratégies pour protéger la langue française et la culture. Ses deux priorités sont le rayonnement de la langue française et l’organisation d’activités culturelles dans le monde.

2

LES GONAÏVES, EN HAÏTI, APRÈS LE PASSAGE DE L’OURAGAN JEANNE, EN 2004.

L’ouragan Jeanne a fait d’immenses dégâts en Haïti, provoquant des inondations et des coulées de boue causant la mort de milliers de personnes. Le gouvernement du Québec a fourni plus de cinq millions de dollars pour venir en aide aux sinistrés. Ainsi, de nombreux Haïtiens ont reçu de l’aide de premiers secours.

DES ENJEUX DE SOCIÉTÉ DU PRÉSENT

LA FILIÈRE DU TEMPS

3

UN SOLDAT CANADIEN AU RWANDA, EN 1994.

Depuis une soixantaine d’années, le Canada collabore à la résolution de conflits internationaux. Membre des Nations unies (ONU) et de l’Alliance atlantique (OTAN), il participe à des missions de maintien de la paix dans plusieurs pays du monde.

Des problèmes humanitaires Au 20e siècle, l’humanité a vécu une ère de progrès accéléré sur les plans commercial, technologique et diplomatique, ce qui n’a pas empêché de nombreux conflits armés de sévir dans le monde. De plus en plus, des pays pacifiques, comme le Canada, sont appelés à intervenir militairement dans des conflits à l’étranger. Le Québec intervient auprès de plusieurs pays lors de catastrophes naturelles et aide au développement de la culture dans les pays peu développés.

TÉMOINS DE L’HISTOIRE ROMÉO DALLAIRE Roméo Dallaire est né aux Pays-Bas en 1946. Il a consacré 36 ans de sa vie aux Forces armées canadiennes avant de se retirer en 2000. Il est nommé commandant en chef de la Mission d’observation des Nations unies Ouganda-Rwanda et de la Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda en 1993 et 1994. En 1994, Roméo Dallaire, qui commande la petite force de surveillance des Nations unies, avertit les autorités que des troubles sont imminents. Le commandant ne cesse de réclamer plus de ressources et de presser la communauté internationale d’agir. À la suite de ces événements, Roméo Dallaire écrit un livre, J’ai serré la main du diable : La faillite de l’humanité au Rwanda, qui relate les événements de la guerre civile et du génocide au Rwanda. En 1998, il est nommé lieutenant général. En 2004, il témoigne devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda contre deux Rwandais accusés de génocide. Nommé au Sénat en 2005, il est également membre du Comité permanent des droits de la personne du Sénat.

5

ROMÉO DALLAIRE (NÉ EN 1946).

Témoin du massacre au Rwanda, Roméo Dallaire dénonce l’inaction des pays occidentaux dans ce conflit.

DES ENJEUX DE LA SOCIÉTÉ D’AUJOURD’HUI

4

LES MISSIONS DU CANADA À L’ÉTRANGER.

Le Canada a participé à des missions de maintien de la paix et à des opérations relevant du devoir d’ingérence, c’est-à-dire veiller à faire respecter le droit humanitaire international.

Année 1950-1953 1956 1990-1991 1992 1994 1999 Depuis 2002 2003

Endroit Corée Canal de Suez Irak Somalie Rwanda Bosnie-Herzégovine Afghanistan Kosovo

QUESTIONS 1. Quelle est la principale implication du gouvernement québécois à l’étranger ? 2. Quel phénomène menace la diversité culturelle ? Méthodologie 3. [Doc. 4] Dans quels continents le Canada a-t-il participé à des missions de maintien de la paix ? Faites une courte recherche pour le savoir. Réflexion 4. Déterminez des moyens pour améliorer votre connaissance du rôle du Québec à l’étranger depuis les années 1990.

355

LA FILIÈRE DU TEMPS

4 Saviez-v us que... Jusqu’en 1964, les femmes mariées avaient besoin de la signature de leur mari pour exercer une profession, avoir un compte en banque, signer un contrat ou intenter une poursuite en justice. C’est grâce à la première députée québécoise, Marie-Claire Kirkland-Casgrain, que les choses ont changé. Cette politicienne est à l’origine du projet de loi no 16, qui met fin à ce qu’on appelle l’incapacité juridique de la femme mariée. Elle soumet également le projet de loi no 63, à l’origine de la création du Conseil du statut de la femme, le 6 juillet 1973.

L’égalité des droits entre les hommes et les femmes Le 20e siècle a vu les femmes de plusieurs pays conquérir l’égalité juridique. Le droit de vote, le droit à l’éducation, le droit de disposer de leurs biens, le droit au travail, etc. Rien de ce qui nous paraît évident aujourd’hui ne l’était il y a 100 ans. Les progrès ont été si importants que, selon certains, le balancier est allé trop loin, et les hommes sont désormais désavantagés. Mais, dans les faits, la condition des femmes est-elle réellement égale à celle des hommes ?

La place des femmes dans la société L’époque de la révolution industrielle correspond à la séparation des sphères privées et publiques. En ce temps-là, les femmes étaient reléguées au foyer, et les hommes, déjà engagés dans le commerce et la politique, étaient les pourvoyeurs de la famille. Aspirant à l’égalité, les femmes mettent des décennies à conquérir une place aux côtés des hommes dans tous les domaines d’activité. Elles ont dû affronter le sexisme, les différences entre les hommes et les femmes étant alors prétexte à l’exclusion.

Une percée en éducation Une des mesures du progrès des femmes est leur taux de diplomation. Au Canada, le pourcentage de femmes diplômées est passé de 32 % en 1971 à 58 % en 2001. En 2003, parmi les jeunes canadiens de 19 ans, 39 % des filles suivaient des études universitaires, contre 26 % des garçons. Selon les spécialistes, la différence s’explique surtout par le plus grand intérêt des filles pour les études et par le fait que les garçons obtiennent encore des emplois assez rémunérateurs qui ne nécessitent pas une grande qualification.

1

LA RÉPARTITION DES DIPLÔMÉS AU QUÉBEC.

En ce début du 21e siècle, les femmes constituent la majorité des diplômés québécois. Pourcentage par sexe des Pourcentage par sexe des diplômés du secondaire, 2002-2003. diplômés du collégial, 2003.

2

LES FILLES ET L’ÉDUCATION.

En 1997, les étudiantes québécoises ont obtenu 59 % des baccalauréats et 51 % des maîtrises. Si les étudiantes constituent aujourd’hui 60 % de l’effectif, les femmes ne détiennent cependant que 20 % des postes de professeurs d’université.

356

DOSSIER 5

Femmes 51,3 %

Hommes 48,7 %

Femmes 61 %

Hommes 39 %

Pourcentage par sexe des diplômés universitaires, 2003.

Femmes 59,1 %

Hommes 40,9 %

P et de la Condition féminine, d Source : Ministère de la Culture, des Communications D’égale à égal ? Un portrait statistique des hommes et des femmes, 2007, p. 64.

DES ENJEUX DE SOCIÉTÉ DU PRÉSENT

LA FILIÈRE DU TEMPS

L’équité salariale La mise en œuvre des politiques d’équité consiste à corriger les écarts entre les échelles salariales de professions et de métiers traditionnellement féminins ou masculins, mais nécessitant un travail de valeur égale. Par exemple, on peut considérer la valeur du travail des femmes en garderie comme équivalente à celle des techniciens de machinerie de haute technologie. Toutefois, l’écart salarial ne sera vraisemblablement jamais comblé, tant que n’aura pas été éliminé l’effet des arrêts de travail pour congé de maternité sur l’avancement professionnel des femmes. Une partie de l’écart est toutefois comblé grâce à la Loi sur l’équité salariale, votée en 1996 : dans les secteurs public, parapublic et privé, les employeurs doivent éliminer les écarts selon le principe « à travail équivalent, salaire égal ».

3

DES INÉGALITÉS PERSISTANTES.

Même si le statut de la femme s’est amélioré, certaines inégalités entre les hommes et les femmes persistent encore de nos jours.

«

Malgré d’indéniables avancées, des inégalités et des obstacles subsistent encore pour les Québécoises. […] Sur le plan économique, les écarts entre les femmes et les hommes sont encore importants. Les femmes participent moins que les hommes au marché du travail et, lorsqu’elles sont en emploi, les travailleuses occupent plus souvent un poste à temps partiel que les travailleurs. À temps plein, elles gagnent toujours moins que les hommes. Dans le cas de ce dernier groupe, on explique généralement l’écart entre les gains moyens des femmes et ceux des hommes par plusieurs facteurs (durée de la semaine de travail, professions occupées et secteurs d’activité, années d’expérience de travail, etc.). Source : Conseil du statut de la femme, Vers un nouveau contrat social pour l’égalité entre les femmes et les hommes (synthèse), 2004, p. 7.

»

4

LES FEMMES ET L’EMPLOI.

Tant dans le monde des affaires que dans la fonction publique, le nombre de femmes en position d’autorité n’a cessé d’augmenter depuis la fin du 20e siècle. Par exemple, le pourcentage de postes de cadres occupés par des femmes dans la fonction publique québécoise est passé de 24,7 % en 2001 à 30,8 % en 2005.

TÉMOINS DE L’HISTOIRE LOUISE ARBOUR ARBOUR Après avoir fait ses études en droit et obtenu son diplôme 5 LOUISE (NÉE EN 1947). de l’Université de Montréal en 1970, Louise Arbour travaille à la Cour suprême du Canada. De 1974 à 1987, elle Louise Arbour est reconnue enseigne à la Faculté de droit de l’Université York et, à la fin pour son sens de l’équité, de cette période, elle est nommée adjointe au doyen de la son dynamisme, sa rigueur faculté. En 1987, nommée juge à la Cour suprême de et sa détermination. l’Ontario, elle devient la première francophone à obtenir un tel poste. En 1990, elle est promue juge de première instance à la Cour d’appel de cette province. C’est en 1996 qu’elle commence réellement sa carrière internationale lorsqu’elle est choisie comme procureure en chef du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie et pour le Rwanda. À ce titre, elle supervise les enquêtes sur les crimes de guerre commis dans l’ex-Yougoslavie et au Rwanda. En 1999, elle met un terme à son engagement au Tribunal pénal international en acceptant un poste de juge à la Cour suprême du Canada. En 2004, elle est nommée haute-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, poste qu’elle quitte en 2008.

DES ENJEUX DE LA SOCIÉTÉ D’AUJOURD’HUI

QUESTIONS 1. Donnez deux exemples d’inégalité entre les hommes et les femmes aujourd’hui. Méthodologie 2. [Doc. 1] À partir de quel niveau de scolarité la supériorité numérique des femmes se fait-elle sentir ? 3. [Doc. 2] Croyez-vous que le nombre de femmes qui sont professeures universitaires soit proportionnel au nombre de diplômées ? Réflexion 4. Que feriez-vous pour améliorer votre compréhension de la situation des femmes dans la société québécoise ?

357

LA FILIÈRE DU TEMPS

Les femmes et la politique Les premières militantes féministes se sont battues pour le droit à l’éducation, le droit de vote et l’égalité juridique des femmes. Après avoir réalisé certains gains, elles ont ensuite agi au niveau politique.

1

MARIE-CLAIRE KIRKLAND-CASGRAIN (NÉE EN 1924).

En 1961, Marie-Claire Kirkland-Casgrain (deuxième à droite) devient la première femme députée et, en 1962, la première nommée ministre.

2

LE NOMBRE ET LE POURCENTAGE DE FEMMES QUÉBÉCOISES À LA CHAMBRE DES COMMUNES ET À L’ASSEMBLÉE NATIONALE DE 1980 À 2007.

La proportion de femmes québécoises élues à l’Assemblée nationale et à la Chambre des communes est en hausse depuis 1980. Après les élections de 2006, les femmes représentaient 29,3 % des députés québécois au Parlement fédéral (22 sur 75). Dans les autres provinces du Canada, cette proportion n’était que de 18 % (42 sur 233). Année 1980 1981 1984 1985 1988 1989 1993 1994 1997 1998 2000 2003 2004 2006 2007

Chambre des communes 8 % (6/75) 18,7 % (14/75) 17,3 % (13/75) 14,7 % (11/75) 24 % (18/75) 24 % (18/75) 26,7 % (20/75) 29,3 % (22/75) -

Assemblée nationale 6,6 % (8/122) 14,8 % (18/122) 18,4 % (23/125) 18,4 % (23/125) 23,2% (29/125) 30,4% (38/125) 25,6% (32/125)

Depuis l’élection en 1961 de MarieClaire Kirkland-Casgrain comme première députée à l’Assemblée législative du Québec (actuellement Assemblée nationale), les femmes ont fait du chemin en politique. Elles sont de plus en plus nombreuses à participer aux projets de loi et à siéger au Conseil des ministres. Cette tendance est bénéfique à la condition de la femme, tant par le modèle représenté par ces personnalités que par l’influence réelle de celles-ci sur les affaires de l’État. Pour pouvoir être présentes aux plus hauts échelons, les femmes doivent être candidates aux élections. Or, les grands partis politiques n’ont présenté que 29,6 % de candidates en 2007. Parmi les raisons souvent invoquées figure le peu d’attrait des femmes pour la politique ; en effet, la vie politique est difficilement conciliable avec la vie familiale. Les femmes sont moins présentes que les hommes dans les réseaux politiques, bureaucratiques et d’affaires, ce qui se traduit par un manque de soutien à leur candidature.

3

«

LES JEUNES FEMMES ET L’ENGAGEMENT POLITIQUE.

Aujourd’hui, la lutte politique des femmes se fait souvent en dehors des voies traditionnelles. On est loin aujourd’hui de l’image du militant entièrement dévoué à son parti, absorbé tout entier par lui […]. Dorénavant, le parti ou l’association représente un support, un lieu permettant l’expression et la diffusion des idéaux des militants, mais non un carcan. Les jeunes femmes […] refusent l’embrigadement et les étiquettes, et ce même lorsqu’elles militent dans un parti traditionnel. Elles ne se sentent pas liées à tout jamais au parti, elles l’utilisent plutôt pour atteindre leurs objectifs et certaines militent même dans plusieurs associations à la fois pour défendre la même cause. […] Ce refus d’une certaine unification de la pensée, ce besoin de liberté de parole, cette absence […] de fidélité absolue au parti, tout cela traduit bien les changements de sens de l’engagement politique, notamment chez les jeunes. Source : Anne QUÉNIART et Julie JACQUES, « L’engagement politique des jeunes femmes au Québec : de la responsabilité au pouvoir d’agir pour un changement de société », Lien social et politiques, no 46, automne 2001, p. 51.

Source : Manon TREMBLAY, Québécoises et représentation parlementaire, Québec, Presses de l’Université Laval, 2005, p. 119 (mis à jour).

358

DOSSIER 5

DES ENJEUX DE SOCIÉTÉ DU PRÉSENT

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LA FILIÈRE DU TEMPS

Des pistes de solutions Comment enrayer les entraves à l’égalité homme-femme en politique ? De nombreux groupes suggèrent de modifier les lois afin de favoriser financièrement les partis politiques présentant davantage de candidates. Certains estiment qu’il faut imposer un quota de candidates. En France, en 2001, une telle mesure a été testée au niveau municipal. Elle s’est traduite par l’augmentation de 24 % à 47,5 % du nombre de mairesses et de conseillères municipales en une seule élection.

4

TÉMOINS DE L’HISTOIRE LISE PAYETTE Après ses études, Lise Payette entreprend une carrière de journaliste dans une station de radio de Trois-Rivières. Elle collabore ensuite à de nombreux journaux et à des émissions de télévision comme journaliste et animatrice. De 1972 à 1975, elle anime le talk-show Appelez-moi Lise, une émission qui la rend célèbre. Elle devient l’une des figures dominantes du mouvement féministe québécois. En 1975, elle entreprend une carrière politique en se faisant élire comme députée du Parti québécois. Durant son mandat, elle est tour à tour nommée ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions financières, ministre d’État à la Condition féminine et ministre d’État au Développement social. Lise Payette retourne à la télévision dans les années 1980, cette fois comme auteure de feuilletons télévisés. Elle fonde une société de production et rédige une chronique dans un quotidien montréalais.

5

LISE PAYETTE (NÉE EN 1931).

Figure notoire de la cause des femmes au Québec, Lise Payette a autant marqué l’univers médiatique que politique.

DES ENJEUX DE LA SOCIÉTÉ D’AUJOURD’HUI

LE SÉNAT, À OTTAWA.

Le Sénat joue un rôle dans le processus législatif, notamment en débattant des projets de loi adoptés à la Chambre des communes et en présentant ses propres projets de loi. En 1930, la Montréalaise Cairine Reay Mackay Wilson est la première femme à être nommée au Sénat du Canada. En 2008, 31 des 105 sièges du Sénat sont occupés par des femmes.

QUESTIONS 1. Quelles raisons sont invoquées pour expliquer la faible représentation des femmes dans le monde politique ? Méthodologie 2. [Doc. 2] a) Depuis quelle année les femmes représentent-elles près du tiers des députés à la Chambre des communes ? b) À quel moment la proportion de femmes députées est-elle la plus importante à l’Assemblée nationale ?

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Les droits économiques et sociaux La Charte canadienne des droits et libertés a révolutionné les rapports entre les gouvernements et les citoyens en donnant à ces derniers des recours supplémentaires devant les tribunaux lorsqu’ils considèrent, par exemple, que l’État lèse leurs droits à la liberté et à l’égalité ou leur liberté de conscience. Toutefois, il s’agit essentiellement de droits juridiques.

1

DE L’AIDE ET DES SERVICES GARANTIS.

Les dispositions de la charte québécoise relatives aux droits économiques sont difficiles à appliquer. Elles ont néanmoins le mérite d’exposer la raison d’être d’institutions comme la Direction de la protection de la jeunesse, les systèmes publics d’éducation et de santé, l’aide sociale ou la Commission des normes du travail.

2

QUELQUES DROITS ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX DE LA CHARTE DES DROITS ET LIBERTÉS DE LA PERSONNE DU QUÉBEC.

La Charte des droits et libertés de la personne du Québec couvre plusieurs aspects de la vie en société et protège les citoyens contre de nombreux abus, tout en leur garantissant l’accessibilité à certains services.

En 1975, le Québec adopte sa propre charte des droits et libertés de la personne. Même s’il ne fait pas partie d’une constitution, ce document a, sous certains angles, une portée plus large que la Charte canadienne des droits et libertés. Non seulement la charte québécoise s’applique-t-elle aux rapports entre les particuliers, mais elle énonce, dans ses articles 39 à 48, des droits économiques et sociaux qui vont du droit à la protection des enfants, des personnes âgées et des handicapés, en passant par le droit à l’information, à l’éducation gratuite, à l’aide financière en cas de besoin, au développement culturel des minorités ethniques et à des conditions de travail justes et raisonnables. Toutefois, ces droits doivent être respectés « dans la mesure et suivant les normes prévues par la loi ». En d’autres termes, leur application dépend du bon vouloir du législateur.

«

• Protection de l’enfant Article 39 : Tout enfant a droit à la protection, à la sécurité et à l’attention que ses parents ou les personnes qui en tiennent lieu peuvent lui donner. • Enseignement religieux ou moral Article 41: Les parents ou les personnes qui en tiennent lieu ont le droit d’assurer l’éducation religieuse et morale de leurs enfants conformément à leurs convictions, dans le respect des droits de leurs enfants et de l’intérêt de ceux-ci. • Vie culturelle des minorités Article 43 : Les personnes appartenant à des minorités ethniques ont le droit de maintenir et de faire progresser leur propre vie culturelle avec les autres membres de leur groupe. • Assistance financière Article 45 : Toute personne dans le besoin a droit, pour elle et sa famille, à des mesures d’assistance financière et à des mesures sociales, prévues par la loi, susceptibles de lui assurer un niveau de vie décent. • Conditions de travail Article 46 : Toute personne qui travaille a droit, conformément à la loi, à des conditions de travail justes et raisonnables et qui respectent sa santé, sa sécurité et son intégrité physique. Source : Charte des droits et libertés de la personne du Québec, adoptée le 27 juin 1975.

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DOSSIER 5

DES ENJEUX DE SOCIÉTÉ DU PRÉSENT

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Des pressions contradictoires La mise en œuvre de lois relatives aux droits économiques et sociaux se bute à certains obstacles. Le premier est le respect des champs de compétences qui restreint le pouvoir d’intervention de l’État québécois dans toutes les sphères d’activité gouvernementales. Deuxièmement, il y a les moyens financiers limités du gouvernement du Québec, qui hésite à hausser les impôts et doit subir les conséquences du déséquilibre budgétaire entre le fédéral et les provinces tout en s’efforçant d’éviter les déficits. À cet effet, l’Assemblée nationale adopte à l’unanimité, en 1996, la Loi sur l’élimination du déficit et l’équilibre budgétaire, remplacée en 2001 par la Loi sur l’équilibre budgétaire. Dans ces circonstances, il est difficile d’appliquer des mesures plus que symboliques pour faire bénéficier la population de tous ses droits économiques et sociaux. Déjà, la couverture sociale dont bénéficient les Québécois, comme les soins dentaires gratuits pour les enfants et l’accessibilité à l’aide juridique, a diminué au cours des années.

Des lois aux effets incertains

3

La Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale a été votée à l’unanimité en 2002, à la suite de pressions de groupes de citoyens. Cette loi institue une « stratégie nationale de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale », un comité consultatif, un observatoire de la pauvreté et de l’exclusion sociale et un fonds permettant de financer de nouvelles politiques sociales. Mais peut-on éliminer la pauvreté sans aller aux sources des inégalités sociales comme la discrimination, le manque de formation, la crise des finances publiques et la délocalisation des entreprises ?

Plusieurs mesures existent pour venir en aide aux personnes défavorisées. Certaines sont mises en place par les gouvernements, d’autres par des organismes communautaires. Les banques alimentaires constituent un moyen concret et direct d’apporter un soutien aux personnes qui en ont besoin.

Un problème semblable se pose avec la Loi sur le développement durable adoptée en 2006. Cette loi énonce des principes dont les organismes de l’État doivent tenir compte, met au point des instruments de recherche et crée un poste de commissaire au développement durable. Toutefois, elle ne contraint pas directement le secteur privé, responsable de l’essentiel de la production économique.

QUESTIONS

La loi pour contrer la pauvreté reste une initiative gouvernementale digne de mention parce qu’elle procure efficacement des droits économiques et sociaux. Elle a été adoptée en 1996 à la suite de pressions sociales importantes qui ont culminé dans la Marche des femmes contre la pauvreté « Du pain et des roses » organisée en 1995 par la Fédération des femmes du Québec. La Loi sur l’équité salariale oblige les employeurs des secteurs public et privé à attribuer à des emplois traditionnellement occupés par des femmes un salaire égal à celui d’emplois traditionnellement occupés par des hommes, même si ces emplois sont différents, pourvu qu’ils soient de même valeur ou de valeur comparable dans l’entreprise.

DES ENJEUX DE LA SOCIÉTÉ D’AUJOURD’HUI

UNE BANQUE ALIMENTAIRE.

1. À quoi servent les chartes des droits et libertés ? 2. Pourquoi les effets de la Loi sur le développement durable sont-ils restreints ? Méthodologie 3. [Doc. 2] Lequel de ces articles vise à aider les citoyens à faible revenu ?

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LA FILIÈRE DU TEMPS

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La question nationale La question nationale que se posent les Québécois est née lors de la Conquête de 1760. Elle refait surface 200 ans plus tard durant la Révolution tranquille. Ancrée dans la mémoire collective des francophones du Québec, cette question existentielle ressurgit : « Comment assurer la persistance d’une société distincte en Amérique du Nord ? »

Une question enracinée dans l’histoire

1

LES PÈRES DE LA CONFÉDÉRATION.

En 1867, les colonies britanniques d’Amérique du Nord décident de s’unifier pour faire face à plusieurs enjeux, dont la défense du territoire et la nécessité de développer un marché afin de stimuler l’économie. Cette union est à l’origine du débat sur les pouvoirs et l’importance des provinces par rapport au gouvernement fédéral, un débat qui dure encore aujourd’hui.

La question nationale change selon les époques. Déjà, au temps de la Nouvelle-France, une distinction se fait entre les Canadiens nés au pays et les Français venus de la métropole. Après l’inclusion de la Province of Quebec dans l’Empire britannique, cette distinction s’accroît davantage en raison de la différence de religion, de langue et de culture. Même s’ils partagent désormais les institutions politiques avec la population canadienneanglaise, ceux qu’on appelle dorénavant les « Canadiens français » forment un groupe culturel à part. Leur nationalisme s’exprime au moyen de la protection de la langue et de la religion. Bien qu’une reprise économique et politique ait été possible à ce moment-là, les Canadiens français n’ont pas pleinement pu profiter de l’autonomie partielle acquise lors de la Confédération de 1867. L’économie est contrôlée par les entreprises anglophones, alors que l’administration des services sociaux, de l’éducation et de la santé est surtout laissée à l’Église.

Source : Rex Woods (d’après Robert Harris), Les Pères de la Confédération, Conférence de Québec, 1864, 1968.

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DOSSIER 5

DES ENJEUX DE SOCIÉTÉ DU PRÉSENT

Dans les années 1960, la question nationale comprend trois aspects : linguistique, constitutionnel et économique. Le nationalisme de conservation, qui vise le maintien des caractéristiques de la population d’origine canadienne-française, se change en nationalisme d’affirmation. L’État québécois devient le principal instrument pour assurer l’épanouissement de la société francophone. Dès lors, les Canadiens français commencent à se présenter en tant que Québécois. Ils désirent faire du Québec une société majoritairement francophone et autonome.

2

LES REVENDICATIONS TRADITIONNELLES DU QUÉBEC.

Depuis le milieu du 20e siècle, la position constitutionnelle a été véhiculée de manière semblable par les gouvernements issus de plusieurs partis politiques. Elle s’appuie sur l’idée que le Québec a besoin d’une plus grande mesure d’autonomie et de ressources financières dans le cadre de la fédération canadienne. 1. Le respect du partage des compétences constitutionnelles, la limitation du pouvoir fédéral de dépenser ou le droit de se retirer des programmes fédéraux dans les champs de compétence provinciaux. 2. Le droit d’être exempté, avec compensation financière, des changements constitutionnels affectant les pouvoirs des provinces ou l’obtention d’un droit de veto sur tout changement constitutionnel. 3. Un meilleur partage des ressources fiscales entre le fédéral et les provinces. 4. Un nouveau partage des compétentes constitutionnelles entre le fédéral et les provinces. 5. Le droit de se représenter directement sur la scène internationale dans les domaines qui sont de sa compétence. 6. La reconnaissance constitutionnelle comme société ou comme nation.

La première conséquence de ces changements est la redéfinition de la nature même de la nation. En se servant de l’État du Québec comme d’un instrument de promotion de la nation, un nouveau nationalisme émerge : la nation canadienne-française, qui déborde les frontières du Québec, fait place à la nation québécoise. Ce nouveau nationalisme remet en cause les institutions politiques canadiennes. L’idée d’un Canada formé de deux peuples fondateurs, qui servait de fondement à la protection de l’autonomie provinciale, se change en revendications pour la reconnaissance du Québec en tant que société distincte et, plus tard, en tant que nation. Les différents partis politiques québécois revendiquent une plus grande autonomie pour le Québec, et certains envisagent même l’indépendance politique.

3

Droit de veto : Droit de bloquer l’adoption d’une loi, d’un règlement ou d’une résolution.

UN BILAN DU NATIONALISME QUÉBÉCOIS.

Le nationalisme québécois s’est affirmé de plusieurs façons, et ses effets sur la société sont multiples.

«

Le mouvement nationaliste s’est manifesté dans toutes sortes de directions, à temps et à contretemps, pour le meilleur et pour le pire. Il a pu souvent produire des effets pervers, mais pourrait-on nier qu’il a contribué, en très grande part, à donner aux Québécois une plus grande confiance en eux-mêmes, à conférer un statut à la langue française et à créer un véritable réseau économique francophone ? En affirmant avec ferveur l’identité québécoise, en la situant dans un contexte international et en la disant au monde, le nationalisme du Québec aura inspiré une impressionnante production culturelle, à nulle autre pareille dans notre histoire. Il aura contribué à donner aux Québécois, jadis “nés pour un petit pain”, une nouvelle fierté qui les a amenés à s’engager dans toutes sortes de carrières qu’ils se croyaient autrefois interdites. Pour avoir souvent agacé et même irrité les Canadiens de langue anglaise, le nationalisme québécois n’en a pas moins engendré une attention nouvelle du Canada vers le Québec et, le plus souvent, un respect inconnu auparavant pour la culture québécoise. Source : Louis BALTHAZAR, Bilan du nationalisme au Québec, Montréal, Éditions de l’Hexagone, 1986, p. 143.

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DES ENJEUX DE LA SOCIÉTÉ D’AUJOURD’HUI

QUESTIONS 1. À quel moment les Canadiens français commencent-ils à s’affirmer comme Québécois ? Méthodologie 2. [Doc. 2] Sur quelle idée s’appuie la position constitutionnelle du Québec ? Réflexion 3. Comparez le nationalisme québécois d’avant et d’après les années 1960.

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LA FILIÈRE DU TEMPS

Le nationalisme moderne

LA FILIÈRE DU TEMPS

Une nation au sein du Canada Pendant la Révolution tranquille, le Québec réclame un changement de statut au sein du Canada. Les partis politiques proposent différents projets de renouvellement de la structure politique canadienne : statut particulier, État associé, souveraineté-association. Ces scénarios ont en commun la volonté des Québécois de posséder une plus grande maîtrise de leur destin. Ils souhaitent ainsi renforcer les pouvoirs et les ressources de leur gouvernement tout en réduisant leur dépendance vis-à-vis du gouvernement fédéral.

1

UNE MANIFESTATION CONTRE L’INDÉPENDANCE DU QUÉBEC LORS DU RÉFÉRENDUM SUR LA SOUVERAINETÉ DE 1995.

Lors du référendum de 1995 sur la souveraineté, des citoyens ont fait valoir la possibilité d’être à la fois Québécois et Canadiens.

Au moment où l’idée d’un Canada binational et biculturel commence à faire son chemin, le premier ministre du Canada, Pierre Elliott Trudeau, élu en 1968, estime que le Canada est déjà suffisamment décentralisé. Il craint qu’un statut particulier ne mène le Québec à la séparation. Le premier ministre propose plutôt la protection des minorités linguistiques francophones et anglophones d’un océan à l’autre et le renforcement des services bilingues du gouvernement fédéral. Cette proposition entraîne de nouvelles revendications de la part des Québécois. Après la défaite de l’option de la souveraineté-association, lors du référendum de 1980, la Loi constitutionnelle de 1982 concrétise la vision de Pierre Elliott Trudeau. Par la suite, des politiciens québécois plaident en faveur d’un amendement de la Constitution dans lequel le Québec serait décrit comme une « société distincte ». L’opposition demeure cependant très forte dans le reste du Canada.

Binational : Qui englobe deux nations.

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Biculturel : Qui possède deux cultures.

UNE NOUVELLE CONCEPTION DE LA NATION.

L’idée de l’essence d’une nation a évolué au fil du temps. Il existe donc plusieurs définitions de la nation qui, parfois, peuvent se concurrencer.

«

La conception de la nation qui domine aujourd’hui a changé. Lorsque René Lévesque, en 1977, associait nation et État, il s’inscrivait, au-delà de la référence coloniale, dans l’imaginaire de l’Europe des États-nations de 1848, revivifiée par les traités de paix de 1918. Dans cette perspective, chaque peuple, compris comme l’ensemble des citoyens partageant une origine commune, une langue, une histoire et un projet, représenté par des élites désireuses de prendre en charge le destin collectif, avait le droit de se doter d’un État. Cette conception de la nation est aujourd’hui en concurrence avec des notions toutes différentes, issues de la culture politique anglaise, et défendues par les fédéralistes d’Ottawa. Par exemple, lorsque le premier ministre canadien conservateur, Stephen Harper, demande à son Parlement, comme il l’a fait en 2007, de reconnaître la “nation” québécoise, ce n’est pas l’image de la nation de 1848 qu’il a en tête. C’est tout autre chose. La nation québécoise ainsi “reconnue” est du même ordre que la nation iroquoise ou que la nation huronne. Le mot désigne alors un groupe partageant une origine ethnique, une langue, parfois une religion, un pan d’histoire, qui a vocation à être respecté dans ses spécificités et comme minorité, mais pas à être doté d’une autonomie politique. Source : Catherine BERTHO LAVENIR, Centre d’études et de recherches internationales, Le Québec : une identité en péril [en ligne]. (Consulté le 1er mai 2008.)

364

DOSSIER 5

DES ENJEUX DE SOCIÉTÉ DU PRÉSENT

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LA FILIÈRE DU TEMPS

Vers la reconnaissance Au lendemain du second référendum sur la souveraineté, la Chambre des communes adopte, le 11 décembre 1995, une résolution par laquelle elle reconnaît que le Québec forme au sein du Canada « une société distincte, comprenant une majorité d’expression française, une culture qui est unique et une tradition de droit civil », et s’engage à se laisser guider par cette réalité. Le 27 novembre 2006, les députés fédéraux adoptent une seconde motion reconnaissant que « les Québécois et Québécoises forment une nation au sein d’un Canada uni ».

3

STEPHEN HARPER ET LA QUESTION QUÉBÉCOISE.

Pour améliorer l’unité nationale, une des solutions préconisées par Stephen Harper et son gouvernement est de reconnaître le Québec en tant que nation.

«

Je pense que notre politique de fédéralisme d’ouverture, l’entente sur l’Unesco, le règlement du déséquilibre fiscal, mais surtout la résolution sur la nation ont bien amélioré la question de l’unité nationale et le confort des Québécois dans la fédération canadienne […]. Je veux assurer les Québécois et les autres que nous n’avons pas oublié cette motion. Nous reconnaissons qu’on devra faire plus pour vraiment continuer dans cette voie positive. La population du Québec cherche une solution, comme je dis, nationaliste, et le reste du pays veut une solution qui peut garder un Québec fort au sein du Canada. C’est la raison pour laquelle je n’ai pas l’intention d’oublier cette motion.

Le 27 novembre 2006, le premier ministre du Canada, Stephen Harper, dépose une motion à la Chambre des communes. Par cette motion, adoptée par 266 voix contre 16, Ottawa reconnaît que les Québécois forment une nation au sein du Canada.

QUESTIONS 1. Qu’ont en commun les différents scénarios québécois concernant le renouvellement de la structure politique canadienne ?

LA NATION QUÉBÉCOISE DIVISE LE PAYS.

Méthodologie

Le statut du Québec est l’une des causes fondamentales de la division entre le Québec et le reste du Canada.

«

LA RECONNAISSANCE DU QUÉBEC COMME NATION.

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Source : Stephen HARPER, Entrevue accordée à Joël-Denis BELLAVANCE, « Harper veut régler la question québécoise », La Presse, 24 décembre 2007.

5

4

La reconnaissance de la nation québécoise plaît aux francophones du pays, mais agace profondément les anglophones. Ceux-ci sont même davantage prêts à accorder le statut tant convoité aux Métis et aux autochtones qu’aux Québécois. […] il existe une grande confusion dans la signification du terme “nation”. Non seulement les divers groupes au Canada n’accordent pas à ce mot la même signification, mais, à l’intérieur d’un même groupe, on n’accorde pas au mot la même portée selon qu’on l’attribue à une catégorie d’individus plutôt qu’à une autre. Beau problème ! […] si 78% des francophones du Canada reconnaissent que le Québec forme une nation, seulement 38% de leurs compatriotes anglophones pensent de même. Source : Hélène BUZZETTI, « La nation divise le pays ! », Le Devoir, 11-12 novembre 2006.

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DES ENJEUX DE LA SOCIÉTÉ D’AUJOURD’HUI

2. [Doc. 1] Quels objets symboliques montrent clairement l’identification des manifestants en faveur du nationalisme canadien ? 3. [Doc. 4] Pour Stephen Harper, la reconnaissance du Québec comme nation implique-t-elle que le Québec devienne véritablement une nation ? Réflexion 4. Avez-vous de la difficulté à comprendre l’importance accordée à la reconnaissance du Québec comme nation ?

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LA FILIÈRE DU TEMPS

Trois courants de pensée Il existe un accord assez unanime sur le caractère distinct de la société québécoise. Toutefois, tous ne sont pas d’accord sur les mesures à prendre pour assurer la préservation et l’épanouissement de l’identité et des institutions québécoises. Trois courants de pensée se dessinent : l’autonomisme, le fédéralisme et le souverainisme.

1

Un Québec plus autonome ?

L’APPROCHE AUTONOMISTE.

Les partisans de l’approche autonomiste veulent modifier la Constitution du Canada afin de renforcer les pouvoirs et les ressources de l’État québécois et de lui permettre d’adopter des politiques qui conviennent mieux à la population du Québec. Ils souhaitent que le gouvernement fédéral cesse d’empiéter sur les compétences du Québec et lui en transfère de nouvelles.

Proposant des solutions moins radicales que les souverainistes, mais demeurant critiques de la centralisation des pouvoirs prônée par les fédéralistes, les autonomistes défendent les intérêts particuliers du Québec au sein même du régime fédéral canadien.

«

Les autonomistes sont ceux qui s’inscrivent le mieux dans l’histoire du Québec rebelle, celui qui n’a jamais accepté la Conquête ni le régime fédéral qui lui a été imposé par la Couronne britannique. Les autonomistes s’inscrivent dans la lignée de Maurice Duplessis qui prenait Ottawa de front pour obtenir son tribut. Ils ont pu ensuite s’accommoder du Parti libéral, même si son chef, Jean Lesage, était un ancien ministre d’Ottawa : c’était un parti de réformateurs qui dota l’État du Québec de grands instruments de développement comme Hydro-Québec ou la Caisse de dépôt et placement. Puis il [le Québec] embrassa l’“égalité ou indépendance” […] de Daniel Johnson. Puis Robert Bourassa et sa “souveraineté culturelle” suscitèrent l’intérêt et c’est quand même de lui qu’est née l’Action démocratique du Québec. […] avec Mario Dumont et son autonomisme, le Québec revient à l’affirmation. Et tant que l’ADQ sera aussi populaire qu’elle l’est maintenant et considérée comme une alternative de pouvoir, les autres vieux partis […] seront vidés de leurs forces vives. Source : Michel VASTEL, « Et si on parlait des autres aussi ? », Le journal de Québec, 7 avril 2007.

Depuis la Révolution tranquille, cette position a été défendue, à un moment ou à un autre, par tous les gouvernements du Québec, qui ont tenté à plusieurs reprises d’obtenir l’accord des autres gouvernements provinciaux à cet effet. Or, ni la décentralisation ni l’octroi d’un statut particulier pour le Québec ne reçoivent actuellement un écho favorable dans le reste du Canada. De plus, il n’y a pas de consensus avec les autres provinces sur les moyens de limiter le pouvoir fédéral de dépenser ou de réduire le déséquilibre fiscal. Le Québec doit donc s’entendre avec Ottawa par des arrangements et des accords particuliers qui ne sont pas protégés par la Constitution.

S’affirmer dans le Canada actuel ? Les fédéralistes considèrent qu’il n’est pas nécessaire de changer le statut du Québec dans la fédération canadienne. Ils estiment que le Canada a bien servi le Québec et qu’il a même contribué à protéger sa différence. Ce groupe comprend des nationalistes canadiens qui veulent un État fédéral fort, et des nationalistes québécois modérés qui croient que le Québec prospérera en collaborant avec les autres provinces et le gouvernement fédéral. Les fédéralistes voient l’appartenance du Québec à la fédération canadienne comme un atout.

2

L’AFFIRMATION DE L’IDENTITÉ QUÉBÉCOISE AU SEIN DE LA FÉDÉRATION CANADIENNE.

Pour certains, le fédéralisme n’est pas un frein au développement du Québec, mais plutôt une situation qui le favorise.

»

«

Loin d’être un frein au développement du Québec, le fédéralisme canadien est au contraire un formidable tremplin pour la société québécoise. […] la fierté d’être Québécois n’est en aucune façon incompatible avec celle d’être Canadien. Ces allégeances peuvent très bien être conciliées. De fait, les Québécois tirent profit de cette double allégeance. […] nous avons avantage, me semble-t-il, à nous intéresser au Canada et à nous y investir plutôt qu’à nous en dissocier et à nous isoler. Source : Benoît PELLETIER, « Un nouvel envol. L’affirmation de l’identité québécoise au sein de la fédération canadienne », dans André PRATTE, dir., Reconquérir le Canada. Un projet pour la nation québécoise, Montréal, Les Éditions Voix parallèles, 2007, p. 90, 101, 106.

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DOSSIER 5

DES ENJEUX DE SOCIÉTÉ DU PRÉSENT

»

LA FILIÈRE DU TEMPS

Un Québec souverain ? Malgré l’échec de leur option lors des deux référendums, les souverainistes continuent de croire que l’indépendance politique du Québec est souhaitable et possible. Ils affirment que le sentiment d’identité québécoise et l’appui à la souveraineté sont en hausse et que, pour continuer de se développer, le Québec doit avoir sa place parmi les nations. Ils considèrent que les lois linguistiques ne suffisent pas à garantir le caractère français du Québec et que le rapport minorité française – majorité anglaise doit être renversé en séparant le Québec du Canada.

3 4

LA SOUVERAINETÉ : UNE QUESTION DE DIGNITÉ.

Les souverainistes justifient le projet d’indépendance de nombreuses façons. L’ex-premier ministre du Québec, Bernard Landry, évoque les raisons qui l’incitent à soutenir le projet souverainiste.

«

L’HÔTEL DU PARLEMENT, À QUÉBEC.

C’est à l’hôtel du Parlement, souvent appelé « Assemblée nationale », que siègent les députés du Québec.

La première raison de faire l’indépendance, même si nous avons aussi toutes les raisons économiques et matérialistes de choisir la liberté, c’est d’assumer notre destin et notre identité nationale la tête haute d’une façon respectable à nos yeux et à ceux des autres. Une nation qui peut être libre doit l’être, et la plupart de celles qui le peuvent, le sont déjà. De nombreuses autres, il est vrai, n’en ont pas les moyens et partant ne peuvent effectivement le vouloir. Ce n’est évidemment pas le cas du Québec, nous sommes tous bien d’accord sur ce point fondamental : nous sommes capables. Donc, si nous avons les moyens d’être indépendants pouvez-vous m’expliquer pourquoi – autrement qu’en raison de craintes futiles – nous renoncerions à l’idéal, reformulé quelques mois avant sa mort, par le grand René Lévesque, d’être un pays “complet et reconnu” ? Source : Bernard LANDRY, « Une question de dignité », La Presse, 16 novembre 2006, p. A23.

» QUESTIONS 1. Que veulent les autonomistes ? 2. En quoi les autonomistes se distinguent-ils des souverainistes ? Méthodologie 3. [Doc. 2] Auquel des trois courants québécois se rattache l’auteur ? Sur quel argument s’appuie-t-il ? 4. [Doc. 4] L’auteur affirme que, pour qu’un pays devienne indépendant, il faut le vouloir et le pouvoir. Qu’est-ce qui manque aux Québécois selon lui ? Réflexion

5

DES QUÉBÉCOIS LORS DES FÊTES DE LA SAINT-JEAN-BAPTISTE.

En 1977, le gouvernement de René Lévesque décrète que la Saint-Jean-Baptiste est la fête nationale du Québec.

DES ENJEUX DE LA SOCIÉTÉ D’AUJOURD’HUI

5. Faites ressortir un ou des points que vous comprenez moins bien au sujet de l’autonomisme, du fédéralisme ou du souverainisme. Expliquez comment vous pouvez remédier à cette situation.

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ENGAGEMENT CITOYEN

GÉRER

LES ENJEUX CONTEMPORAINS Le monde dans lequel nous vivons est complexe et en constante transformation. Les citoyens et les gouvernements doivent sans cesse s’adapter à de nouveaux défis, comme la diversité culturelle, le vieillissement de la population ou les problèmes environnementaux. Il est nécessaire que chaque citoyen pose des gestes concrets, s’interroge et fasse preuve d’esprit critique afin de trouver des solutions pour résoudre les conflits. Il convient également d’accorder une place à chacun, de faire montre de solidarité et de s’ouvrir sur le monde.

Alex Colville (né en 1920). Artiste peintre Peintre de guerre pour le compte de l’armée canadienne pendant la Seconde Guerre mondiale, Alex Colville a enseigné à l’Université Mount Allison du Nouveau-Brunswick de 1946 à 1963, avant de quitter son poste et de se consacrer entièrement à la peinture. Reposant sur plusieurs techniques, les toiles d’Alex Colville présentent, de manière réaliste, des moments figés dans le temps.

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DOSSIER 5

DES ENJEUX DE SOCIÉTÉ DU PRÉSENT

ENGAGEMENT CITOYEN VERS L’ÎLE-DU-PRINCE-ÉDOUARD. Cette toile montre bien la capacité d’Alex Colville à cristalliser des scènes de la vie courante. Alex Colville, Vers l’Île-du-Prince-Édouard, 1965.

GÉRER LES ENJEUX CONTEMPORAINS

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ENGAGEMENT CITOYEN

Bâtir une vision du monde L’arrivée des Européens, ainsi que les nombreuses vagues d’immigration qui ont suivi, ont transformé et enrichi le Québec tout au long de son histoire. À présent, le Québec compte une population formée d’individus d’origines diverses et dont les intérêts sont variés. Afin que tous les membres de la société cohabitent harmonieusement, il est primordial de développer des valeurs communes à tous et de favoriser le respect entre les différents groupes de citoyens.

S’enrichir par la diversité La société québécoise se compose d’individus et de collectivités qui possèdent tous leurs propres caractéristiques. Cette diversité contribue notamment à accroître sa vitalité et lui apporte des idées nouvelles qui permettront de trouver des solutions aux enjeux contemporains. Par ailleurs, vivre ensemble exige de l’ensemble des citoyens une coopération au bien commun.

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L’INTÉGRATION DES NOUVEAUX CITOYENS.

Pour se développer, une société pluriculturelle doit voir à intégrer tous ses membres adéquatement, peu importe leur origine.

2

DES FESTIVITÉS AUTOCHTONES.

«

Les modalités de l’intégration des enfants de migrants restent nationales, chaque pays gardant une originalité héritée de la longue histoire de la constitution de la société nationale, de la naissance des institutions étatiques, des relations entre le pouvoir politique et les Églises, et du maintien d’une culture et d’une langue particulières. […] Le projet de la société démocratique est d’intégrer tous ses membres en tant que citoyens libres et égaux et de leur donner des conditions de vie aussi égales que possible.

L’avenir des sociétés autochtones passe par leur capacité à préserver leur identité collective, leurs traditions, leurs langues et leurs valeurs.

Source : Dominique SCHNAPPER, Qu’est-ce que l’intégration?, Paris, Gallimard, 2007, p. 127-128, 130.

»

Respecter l’identité de chacun Les autochtones sont les descendants des premiers habitants du Québec. Ils partagent aujourd’hui ce territoire avec les descendants des immigrés venus de tous les continents. Or, malgré leur reconnaissance en tant que nations par l’Assemblée nationale, leur culture est en péril.

3

LA PRÉSERVATION DE L’IDENTITÉ AMÉRINDIENNE.

Afin de conserver leur culture vivante, les autochtones doivent trouver une façon de l’adapter aux transformations rapides de la société.

«

Comment les sociétés amérindiennes et inuites réussiront-elles à garder vivants et dynamiques leurs langues, leurs façons d’être, leurs savoirs et leurs valeurs ? Comment, étant donné le rythme des changements, réussiront-elles à éviter l’essoufflement, le découragement et même le déraillement? Auront-elles la possibilité de profiter des circonstances pour innover? Leur dynamisme interne sera-t-il assez fort pour qu’elles trouvent de nouveaux champs d’activité et d’expression? Source : Sylvie VINCENT, « La révélation d’une force politique : les Autochtones », dans Gérard DAIGLE, dir., avec la collaboration de Guy ROCHER, Le Québec en jeu : Comprendre les grands défis, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 1992, p. 780.

370

DOSSIER 5

DES ENJEUX DE SOCIÉTÉ DU PRÉSENT

»

ENGAGEMENT CITOYEN

Faire une place à tous La hausse de la proportion de personnes âgées par rapport au reste de la population sera l’un des changements auxquels la population du Québec aura à faire face au cours des prochaines décennies. Les retraités, qui auront beaucoup donné à la société, seront quand même en mesure de contribuer à son développement. Par contre, il y aura de moins en moins de travailleurs pour soutenir la prospérité de la société québécoise.

4

DES SOLUTIONS À LA DÉNATALITÉ.

La dénatalité est un phénomène que le Québec devra affronter dans les décennies à venir. Afin de minimiser ses aspects négatifs, il faudra trouver des solutions et faire preuve de créativité.

«

C’est à [l’]inventivité que je pense quand j’entends dénatalité, milliards et croissance des dépenses – des mots si lourds qu’ils semblent écraser la réalité. Moi, je n’y vois toujours que des mots, pas des fatalités : les solutions pour y faire face existent. Forcément. À moitié à gauche, à moitié à droite, là où on ne les attend pas, elles finiront par s’imposer. Car après tout, tout cela n’est qu’une question d’argent, donc de volonté. Source: Josée BOILEAU, « Au-delà des apparences », dans Luc Godbout, dir., Agir maintenant pour le Québec de demain : Des réflexions pour passer des manifestes aux actes, Québec, Presses de l’Université Laval, 2006, p. 208-209.

5

»

Les citoyens du Québec sont aussi des citoyens du monde. À ce titre, ils ont un devoir de solidarité envers tous les êtres humains, ne serait-ce que pour préserver la vie et prévenir les catastrophes. La guerre, les changements climatiques, les mouve ments de population et la pauvreté nous affectent tous, où que nous soyons.

7

LA TERRE VUE DE L’ESPACE.

Les événements à l’étranger peuvent avoir des répercussions au Québec et au Canada.

QUESTIONS LES FRONTIÈRES AU SERVICE DU VIVRE-ENSEMBLE.

1. Pourquoi est-il important d’intégrer les nouveaux citoyens ?

Les frontières politiques et culturelles ont été inventées par l’être humain. Elles font parfois naître l’incompréhension et l’indifférence.

«

La population du Québec vieillit, mais le portrait de la population vieillissante est en train de changer. Les personnes âgées demeurent souvent actives jusqu’à un âge avancé, ce qui leur permet de contribuer à la société.

6

S’ouvrir au monde

LE VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION DU QUÉBEC.

2. De quelle façon la diversité peut-elle enrichir la vie en société ?

L’image de la Terre prise de l’espace met en évidence un espace terrestre unique et continu, une géographie qui, certes, souligne la variété et la diversité, mais pas la rupture. Un message positif s’ensuit : les êtres humains vivent dans un monde où les “frontières” politiques ou culturelles ne doivent pas être des barrières et des sources de rejet/exclusion des autres, mais des éléments au service du vivre-ensemble. Source : Riccardo PETRELLA, Pour une nouvelle narration du monde, Montréal, Écosociété, 2007, p. 16.

»

GÉRER LES ENJEUX CONTEMPORAINS

3. Au nom de quelle valeur devrions-nous nous préoccuper de ce qui se passe dans d’autres pays ? Méthodologie 4. [Doc. 1] Quel est le défi d’une société démocratique vis-à-vis des immigrants ?

371

ENGAGEMENT CITOYEN

1

L’ÉCONOMIE DES RÉGIONS.

Certaines régions sont touchées par des problèmes économiques importants. Plusieurs citoyens croient que cette situation est la conséquence des politiques qui favorisent toujours les grandes villes.

«

La centralisation des décisions à Québec ainsi que la tendance à privilégier les grandes villes et la concentration des entreprises sont en train d’étouffer le Québec, de vider le territoire et de démobiliser les Québécois. Beaucoup ne croient plus en la politique pour changer les choses parce qu’ils constatent chaque jour que les décisions qui les concernent viennent toujours d’en haut et ignorent leurs besoins. Source : Maurice BERNIER, et autres, Libérer les QuébecS : Décentralisation et démocratie, Montréal, Écosociété, 2007, p. 6.

Poser des gestes concrets L’économie du Québec s’est diversifiée au cours des siècles. De nos jours, elle se développe, entre autres, au rythme de la mondialisation et de la consommation. Les enjeux liés à l’exploitation des ressources naturelles sont quant à eux au centre des débats de société. Les citoyens sont de plus en plus amenés à s’interroger sur la conséquence de leurs actions en tant que consommateurs, de même qu’à trouver des solutions afin d’assurer la prospérité de toutes les régions du Québec.

Faire preuve d’imagination En ce début de 21e siècle, les citoyens rencontrent une foule de problèmes nouveaux. La Révolution tranquille a été l’occasion d’un changement de mentalité et a permis une modernisation politique et économique, ainsi que la prise en charge collective du développement du territoire. Tous les outils dont la population québécoise s’est dotée dans le passé pour faire face aux enjeux de l’époque sont-ils encore pertinents ?

» Faire des choix

Les phénomènes contemporains touchent la population québécoise d’une façon particulière. Chaque société doit trouver sa propre manière d’y répondre. La conquête d’une démocratie libérale et l’abondance des biens de consommation peuvent laisser croire que les citoyens ne sont pas libres. Pourtant, ils agissent parfois comme s’ils étaient les victimes consentantes d’une machine implacable qui réduit leurs choix à un certain nombre d’options.

2

LA LOGIQUE DE LA CONSOMMATION.

L’un des principes sur lesquels repose le système économique actuel est l’idée que les individus s’inventent des besoins grandissants et dépensent de l’argent pour les combler.

«

La plupart des biens servent à satisfaire des besoins que l’individu se découvre non point du fait de l’inconfort concret qui accompagne la privation, mais par suite d’une sensibilisation psychique à leur possession. […] la publicité et ses arts auxiliaires contribuent à développer le type d’individu accordé aux desseins du système industriel : celui sur qui l’on peut compter pour qu’il dépense ce qu’il gagne et pour qu’il travaille afin de satisfaire des besoins qui ne cessent de croître. Source: John Kenneth GALBRAITH, Le nouvel État industriel, Paris, Gallimard, 1989, p. 208, 217.

3

LES JEUNES ET LA SOCIÉTÉ DE CONSOMMATION.

La publicité et les différentes techniques de mise en marché des produits sont omniprésentes dans notre société, si bien que les jeunes consommateurs ont parfois de la difficulté à voir que leurs préférences et leurs décisions politiques et économiques sont conditionnées par d’autres.

372

DOSSIER 5

DES ENJEUX DE SOCIÉTÉ DU PRÉSENT

»

ENGAGEMENT CITOYEN

Confronter les grandes tendances La croissance de la production de biens et de services va de pair avec l’expansion du commerce, la surconsommation et la pollution. Les biens franchissent la moitié de la planète à bord de véhicules polluants avant d’atteindre les consommateurs. De plus, ces produits sont constitués d’emballages dont la moitié se retrouve au dépotoir. L’économie est désormais globale, elle ne se conjugue plus à l’échelle humaine ni même nationale. Est-ce inévitable ? Le monde est pourtant fait d’États et de citoyens qui peuvent influencer le cours des choses sur plusieurs plans afin d’assurer un développement durable. Les technologies propres, qui pourraient réduire la dépendance des consommateurs au pétrole, existent depuis longtemps.

5

DES INITIATIVES DISPERSÉES.

Des problèmes globaux demandent des solutions globales. Or, les problèmes environnementaux sont abordés par de nombreux groupes et organismes dont les actions ne sont pas toujours coordonnées.

«

Il y a plus d’initiatives pour sauver la planète qu’on ne le croit. Malheureusement, elles se font souvent isolément, elles sont disséminées à droite et à gauche alors qu’elles auraient tout intérêt à être regroupées. Comment en effet mener un combat d’une telle ampleur de façon aussi dispersée ? Il y a présentement au Québec un manque de leadership en environnement. Il n’y a personne qui, au sommet de la pyramide, tente vraiment d’asseoir à une même table tous les grands acteurs préoccupés par l’environnement. Source : François CARDINAL, Le mythe du Québec vert, Montréal, Éditions Voix parallèles, 2007, p. 155.

»

4

LA POLLUTION INDUSTRIELLE.

La pollution industrielle est un phénomène qui concerne tous les citoyens, puisqu’elle dépend des habitudes de consommation de la population en général. Les gens sont habituellement mal informés sur l’état de l’environnement et sur les moyens dont ils disposent pour influencer les décideurs politiques et économiques.

6

DES JARDINS COMMUNAUTAIRES AU QUÉBEC.

Les individus doivent s’interroger sur les conséquences pour l’environnement de leurs comportements de consommation et trouver des façons de les modifier.

Changer ses comportements Les citoyens croient parfois que tout effort pour réduire les conséquences inquiétantes de leur mode de vie matérialiste est futile, que les gouvernements et les industries sont les seuls responsables. Pourtant, consommer moins, acheter des produits équitables ou locaux, récupérer et recycler ainsi que prendre les transports en commun sont des gestes à la portée de tous qui, s’additionnant, ont un impact véritable.

7

LA CONSOMMATION DANS LES PAYS RICHES. QUESTIONS

Les citoyens les plus riches de la planète sont les plus grands consommateurs de biens matériels. Afin de protéger l’environnement, ces citoyens doivent repenser leur mode de vie.

«

1. De quelle façon les citoyens peuvent-ils contribuer à protéger l’environnement ?

Ensemble, Amérique du Nord, Europe et Japon comptent un milliard d’habitants, soit moins de 20 % de la population mondiale. Et ils consomment environ 80 % de la richesse mondiale. Il faut donc que ce milliard de personnes réduise sa consommation matérielle. Au sein du milliard, pas les pauvres, mais pas seulement non plus les vilains de la couche supérieure. Disons 500 millions de gens, et appelons-les la classe moyenne mondiale. Il y a assez de chance pour que vous en fassiez partie – comme moi – de ces personnes qui réduiraient utilement leur consommation matérielle, leurs dépenses d’énergie, leurs déplacements automobiles et aériens. Source : Hervé KEMPF, Comment les riches détruisent la planète, Paris, Seuil, 2007, p. 90.

»

GÉRER LES ENJEUX CONTEMPORAINS

Méthodologie 2. [Doc. 7] Parmi le milliard d’habitants du monde industrialisé, quel groupe serait en mesure de réduire utilement sa consommation matérielle ? Réflexion 3. Relevez les difficultés éprouvées pour déterminer les actions à mener afin d’améliorer notre environnement.

373

ENGAGEMENT CITOYEN

Ne pas craindre le débat La richesse culturelle d’une société se développe en partie grâce à la qualité des débats auxquels elle participe, ainsi que par la multiplicité des idées qu’elle met de l’avant. Cependant, notre société diffuse tellement d’information qu’il est difficile pour les citoyens de s’y retrouver. Il leur faut donc apprendre à développer leur esprit critique de façon à trier l’information et à la remettre dans un contexte plus vaste. Ils doivent demeurer vigilants, développer leurs idées et ne pas hésiter à les soumettre lors de débats. Il s’agit là d’actes essentiels qui permettent de s’adapter aux transformations rapides de la société et de faire face aux nouveaux enjeux.

Reconnaître les grandes tendances

1

LA CONNAISSANCE DES ENJEUX.

Pour pouvoir agir sur le monde qui l’entoure, un individu doit être au courant des sujets qui constituent des enjeux de société. Il doit également faire preuve de discernement et s’assurer que sa position et ses idées représentent le fruit de sa réflexion, et non qu’elles reposent sur des idées toutes faites et des préjugés.

3

UNE MANIFESTATION LORS DU SOMMET DE MONTEBELLO, AU QUÉBEC, EN 2007.

Dans une société démocratique, les pouvoirs politiques et économiques font parfois face aux critiques et à la contestation. La critique se fait souvent entendre lorsque certains groupes et individus croient que des décisions sont prises en faveur de certains acteurs sociaux particuliers au détriment du bien commun.

Les citoyens vivent dans un monde où une multitude d’idées nouvelles compliquent leurs choix. Ils sont parfois en contact avec des idéologies à la mode ou des utopies séduisantes, mais sans lendemain. Avant de se lancer dans des voies sans issues, il faut bien cerner les problèmes à régler, leurs causes véritables, déterminer les forces en présence, les valeurs et les besoins en cause. Ensuite, les citoyens discutent des options réalistes qui s’offrent à eux et prennent de meilleures décisions.

2

L’IMPORTANCE DE LA PENSÉE CRITIQUE.

Pour bien juger de la validité de l’information qu’ils reçoivent et être en mesure de faire des choix éclairés, les citoyens doivent développer un esprit critique.

«

S’il est vrai [...] qu’à chacune des avancées de l’irrationalisme, de la bêtise, de la propagande et de la manipulation, on peut toujours opposer une pensée critique et un recul réflexif, alors on peut, sans s’illusionner, trouver un certain réconfort dans la diffusion de la pensée critique. Exercer son autodéfense intellectuelle, dans cette perspective, est un acte citoyen. Source : Normand BAILLARGEON, Petit cours d’autodéfense intellectuelle, Montréal, Éditions Lux, 2005, p. 11.

»

Quelle école de pensée choisir ? Les enjeux contemporains sont complexes, et s’ils paraissent parfois insolubles, c’est surtout parce que les solutions possibles ont des conséquences différentes selon le point de vue des acteurs en jeu. Le propre des idéologies est de présenter des options pour réaménager la société pour le bien commun. Avant de prendre position, les citoyens doivent se familiariser avec la problématique de chaque enjeu et tenter de comprendre ce qui se cache derrière les revendications des groupes qui s’engagent pour le changement et qui cherchent à convaincre le public de la justesse de leur cause.

374

DOSSIER 5

DES ENJEUX DE SOCIÉTÉ DU PRÉSENT

ENGAGEMENT CITOYEN

Avoir une vue d’ensemble Une opinion ou une décision non éclairée a toutes les chances d’être erronée. La liberté passe par la connaissance et la réflexion. C’est pour cette raison que la liberté d’expression et d’information a pris une telle importance dans nos sociétés. Toutes les sources d’information nécessaires sont-elles accessibles ? Sommes-nous en mesure de vérifier leur fiabilité ? Connaissons-nous tous les éléments importants de l’enjeu en question ?

4

5

LA FONCTION DU SYSTÈME D’ÉDUCATION.

Le système d’éducation doit préparer les élèves à faire face aux transformations rapides et à la complexité qui frappent la société et le monde du travail.

«

Quand tout change si vite, c’est illusoire de vouloir à tout prix rattraper les innovations. Le système d’enseignement ne doit-il pas plutôt fournir les bases solides, de la petite enfance aux niveaux supérieurs d’éducation, qui vont équiper intellectuellement et mentalement l’individu, lui permettant de s’adapter à ces changements constants et de participer activement à l’évolution de la société? Qu’il ait appris à fréquenter les bibliothèques, les sites Internet, les centres de documentation, à aller vers les personnes-ressources pour parfaire ce qu’il a appris en classe ? À consulter dans un esprit critique ? Source : Raymonde SAVARD, « Un système d’éducation devant l’avenir », Possibles, volume 30, no 1, 2006, p. 7.

LA DIVERSITÉ DES SOURCES D’INFORMATION.

Afin de bien comprendre les enjeux sociaux, les individus doivent s’informer et être en mesure de trouver des sources fiables pour se documenter. Des bibliothèques, comme la bibliothèque publique de New York que l’on voit sur la photo, contiennent énormément de ressources. C’est pourquoi il faut savoir cibler l’information pertinente.

»

Chercher les valeurs communes Minoritaire au sein du Canada et de l’Amérique du Nord, la société québécoise est distincte par sa langue, sa culture et ses institutions. Sa culture peut jouer un rôle unificateur, mais elle peut être considérée comme oppressive si elle est imposée sans raison valable.

QUESTIONS 1. Quelles sont les deux activités essentielles à l’exercice de la liberté ? Méthodologie

6

2. [Doc. 1] Dans la société actuelle, quels éléments peuvent empêcher les citoyens de faire des choix éclairés ?

L’AFFIRMATION DES VALEURS DES QUÉBÉCOIS.

Les Québécois doivent définir des valeurs et des règles communes qui s’appliquent à tous, de façon à limiter les conflits et les divergences avec les nouveaux arrivants.

«

Si les Québécois […] affirment sans inhibition leur présence et leur volonté d’être respectés, s’ils posent des règles nouvelles, claires et modernes, mais respectueuses de leur existence comme peuple singulier, avec ses traditions et ses repères, et ouvertes à tous ceux qui veulent se joindre à eux avec leurs apports originaux mais dans le respect de ces règles, il se trouvera, demain, encore mille sujets à débats. […] Mais nous serons d’autant plus tolérants que nous nous saurons respectés, par nous-mêmes et par les autres. Nos nouveaux citoyens se plieront d’autant plus aux décisions de nos élus et de nos juges qu’ils auront été informés, avertis, accueillis par un peuple qui sait ce qu’il est et ce qu’il veut. Source : Jean-François LISÉE, Nous, Montréal, Boréal, 2007, p. 30-31.

»

GÉRER LES ENJEUX CONTEMPORAINS

3. [Doc. 4] De quelle façon le système d’éducation peut-il préparer les élèves à l’évolution de la société ? 4. [Doc. 6] Qui sont les nouveaux citoyens dont parle l’auteur ? Réflexion 5. Exprimez en quelques mots ce que vous avez appris sur la façon de participer à un débat de société.

375

ENGAGEMENT CITOYEN

Trouver des solutions Au Québec comme au Canada, l’État exerce le pouvoir politique par l’entremise d’une assemblée dont les membres sont élus par la population. Il existe cependant d’autres formes de pouvoir, tels que ceux exercés par des individus ou des groupes de pression. Il est possible, pour les citoyens, d’influencer les débats politiques et de participer de diverses manières à l’élaboration de solutions aux problèmes qui affectent la société.

Changer le cours des choses

1

LES JEUNES ET LE BÉNÉVOLAT.

Le bénévolat constitue une façon simple et concrète de s’impliquer dans une communauté. Pour les bénévoles, il s’agit d’un moyen privilégié d’acquérir des compétences et de contribuer à l’amélioration de la qualité de vie de leurs concitoyens.

La culture politique permet de participer à l’évolution de notre collectivité. Pourtant, nous éprouvons de plus en plus de difficulté à nous unir pour tenter d’améliorer notre condition. Il est néanmoins possible de changer le cours des événements, un problème à la fois, lorsqu’on additionne des gestes individuels.

2

LES JEUNES ET L’ENGAGEMENT.

L’engagement politique ou social peut prendre des formes multiples. Il existe des moyens de passer de la parole aux gestes, de mettre en pratique ses idées.

3

« LE DIALOGUE ENTRE LES AUTOCHTONES ET LES GOUVERNEMENTS.

Dans les dernières décennies, plusieurs traités ont été signés au Canada entre les autochtones et les gouvernements de certaines provinces. Sur cette photo, on voit Paul Okalik, premier ministre du Nunavut, en novembre 2005.

Chez la plupart des jeunes que nous avons interrogés, être engagé, c’est d’abord avoir des idées, des convictions et les faire valoir, les défendre, poser des gestes concrets en lien avec ces idées. […] En effet, être engagé, c’est d’abord passer à l’action. L’engagement a une dimension active, il représente un pouvoir d’agir pour un changement de société. En fait, chez tous, la finalité même de leur engagement est leur volonté d’agir, leur désir de changer, de faire “avancer” ou “progresser” les choses dans la société. Source : Anne QUÉNIART, « Le sens de l’engagement chez les jeunes », L’Annuaire politique du Québec 2007 : Le Québec, en panne ou en marche ?, Montréal, Fides, 2006, p. 249.

»

Résoudre des conflits Dans une société démocratique, chacun a la liberté d’exprimer ses opinions et de participer aux décisions de différentes façons. La liberté d’expression ne signifie pas que toutes les opinions ont la même valeur ou qu’on puisse toutes les mettre en application. Mais alors, quelle idée doit primer ? Lors d’un conflit, le meilleur moyen de trouver des solutions acceptables pour tous est le dialogue. À certains moments, de nouvelles idées surgissent qui font l’unanimité. D’autres fois, le conflit donne lieu à une négociation qui produit des compromis.

376

DOSSIER 5

DES ENJEUX DE SOCIÉTÉ DU PRÉSENT

ENGAGEMENT CITOYEN

Participer aux décisions Un des problèmes des sociétés démocratiques est le manque de participation. Souvent, les citoyens restent silencieux ou baissent les bras devant ce qui se passe dans le monde. Pourtant, comparativement aux citoyens de la plupart des pays, les Québécois ont les ressources, les institutions et le temps de contribuer à l’espace public pour améliorer leur vie, celle de leurs concitoyens et celle des générations futures.

4

5

L’IMPLICATION DU COLLECTIF.

La démocratie repose sur l’idée d’un pouvoir détenu par l’ensemble de la population. Pour que la démocratie soit le plus efficace possible, il faut donc que, collectivement, la population s’implique.

«

Depuis vingt à trente ans, de nombreuses règles institutionnelles ont fait entrer de nouvelles façons d’impliquer le collectif dans l’action politique. C’est de là que naît l’engouement pour le renouvellement de la pratique démocratique, pour un retour aux sources ou pour la recherche de ce qui, dans notre époque, correspondrait le mieux à l’essence de la démocratie. La participation apparaît comme la façon de renouveler la démocratie en appelant ce qui la fonde: l’implication du collectif. Source : Anne DHOQUOIS et Marc HATZFELD, Petites fabriques de la démocratie. Participer : idées, démarches, actions, Paris, Autrement, 2007, p. 27.

»

LE DÉBAT DES CHEFS AUQUEL PARTICIPAIENT ALEXA MCDONOUGH, JEAN CHRÉTIEN, JOE CLARK, GILLES DUCEPPE ET STOCKWELL DAY EN 2000.

Afin de décider pour qui ils vont voter, les citoyens doivent s’informer sur les positions des différents partis. Une occasion privilégiée de le faire est d’écouter le débat des chefs qui précède généralement de quelques semaines les élections.

S’engager dans l’action Le pouvoir politique est désormais plus ouvert. Les élus consultent davantage la population. Des associations se forment pour faire pression et influencer les décisions du gouvernement. On les appelle des groupes de pression ou d’intérêt. Il existe des groupes d’intérêt public qui visent des changements bénéfiques à la majorité de la population, et des groupes d’intérêt particulier qui cherchent l’avancement de leurs propres intérêts. D’autres formes de participation nouvelles apparaissent, telles que l’implication au sein de mouvements sociaux ou de groupes d’entraide communautaire.

6

1. Pourquoi le dialogue est-il important dans une société ? 2. Sur quoi repose le fonctionnement d’une société démocratique ? Méthodologie

LES LIMITES DE LA DÉMOCRATIE REPRÉSENTATIVE.

Certains reprochent aux partis politiques d’être dominés par les intérêts des entreprises, des lobbys ou groupes de pression, laissant ainsi peu de place aux revendications des simples citoyens.

«

QUESTIONS

D’emblée, sans un recul historique suffisant, il est difficile de dégager les facteurs décisifs qui président au changement. […] Une des conséquences découlant de la transformation des démocraties libérales a été que le système de représentation des intérêts à partir des partis politiques traditionnels avait plus de mal à intégrer les intérêts des individus ou de groupes d’individus particuliers : d’où l’importance accordée à la société civile, à la démocratie participative et au débat public qui permettent que soient acheminées auprès des décideurs les attentes d’une diversité d’acteurs sociaux. Source : Pierre HAMEL et Bernard JOUVE, Un modèle québécois ? Gouvernance et participation dans la gestion publique, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2006, p. 101.

»

GÉRER LES ENJEUX CONTEMPORAINS

3. [Doc. 6] Quelles formes nouvelles ont remplacé les partis politiques pour représenter les intérêts des individus et des groupes d’individus ? Connexion 4. [Doc. 2 et 4] Quelle similitude existe-t-il entre l’engagement des jeunes et l’implication de la collectivité ? Réflexion 5. Relevez les difficultés mentionnées pour élaborer des solutions aux problèmes qui frappent la société.

377

Au Québec LES PREMIERS OCCUPANTS -30 000



LE RÉGIME BRITANNIQUE

Migrations humaines en Amérique par le détroit de Béring.

1760



Capitulation de Montréal.

1760



Début du régime militaire en Nouvelle-France.

1763



Proclamation royale.

1774



Acte de Québec.

1791



Acte constitutionnel.

LE RÉGIME FRANÇAIS

1837



Débuts des rébellions des patriotes.

1608



Fondation de Québec.

1840



Acte d’Union.

1627



Création de la Compagnie des Cent-Associés.

1844



Fondation de l’Institut canadien.

1848



Application du principe de la responsabilité ministérielle.

-10 000



Arrivée des premiers Amérindiens au Québec.

LA PÉRIODE CONTEMPORAINE DE 1867 À 1980

1663



Établissement d’un gouvernement royal en Nouvelle-France.

1670



Création de la Compagnie de la Baie d’Hudson.

1867



Acte de l’Amérique du Nord britannique.

1701



Signature de la Grande Paix de Montréal.

1876



Loi sur les Indiens. Crise de la conscription.

1713



Signature du traité d’Utrecht.

1917



1755



Déportation des Acadiens.

1918



Droit de vote accordé aux femmes au fédéral.

1929



Début de la crise économique.

1940



Droit de vote accordé aux femmes au provincial.

1962



Nationalisation de l’électricité

1967



Ouverture de l’Exposition universelle de Montréal, Expo 67.

1975



Signature de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois.

1977



Entrée en vigueur de la Charte de la langue française.

1759

378



Bataille des Plaines d’Abraham.

DOSSIER 5

DES ENJEUX DE SOCIÉTÉ DU PRÉSENT

Les points à retenir pour ce dossier :

Au Québec 1980 À AUJOURD’HUI 1980



Référendum sur la souveraineté-association.

1982



Entrée en vigueur de la Charte canadienne des droits et libertés.

1989



2006



Adoption de la Loi sur le développement durable.



Motion reconnaissant que les Québécois forment une nation au sein d’un Canada uni.



Commission de consultation sur les pratiques d’accommodements reliées aux différences culturelles.



Conférence de Bali sur les changements climatiques.



Attribution à Québec d’un siège au sein de la délégation canadienne de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco).



Sommet de Montebello, au Québec.



Célébrations du 400e anniversaire de la fondation de Québec.



Douzième Sommet de la Francophonie, à Québec.

Entrée en vigueur de la Loi sur le patrimoine familial.

1994 Entrée en vigueur de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). 䉴

1995



Référendum sur la souveraineté.

1996



Entrée en vigueur de la Loi sur l’équité salariale.

2007

1997



Signature du protocole de Kyoto.

1999



Création du territoire du Nunavut.

2001



Premier forum social mondial à Porto Alegre, au Brésil.

2005



Adoption par l’Unesco de la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles.

2008

POINTS DE REPÈRE

379

A

Activité synthèse L’enjeu le plus important de la société québécoise d’aujourd’hui

Ce dossier présente cinq réalités sociales qui sont autant d’enjeux importants pour la société québécoise actuelle. Nous vous les rappelons : • l’intégration des néo-Québécois ; • la sauvegarde de l’environnement ; • les défis mondiaux et la représentation du Québec à l’étranger ; • l’égalité des droits des hommes et des femmes ; • la question nationale. Choisissez parmi les enjeux énumérés ci-dessus celui qui vous semble le plus important. • Dans un tableau, analysez les facettes suivantes : • Pourquoi est-ce un enjeu ? • Quelles sont les origines historiques de cet enjeu ? • Quels acteurs sont impliqués ? • Quelle importance les citoyens accordent-ils à cet enjeu ? Enfin, décrivez en quelques lignes le rôle que peut et doit jouer un citoyen ou une citoyenne qui a pris conscience de cet enjeu.

P

Pour aller plus l

in...

Activité 1 • Enjeux et actualité quotidienne ●

L’écoute des nouvelles télévisées et la lecture des journaux peuvent être des outils très pertinents pour se renseigner sur les enjeux de société. Au terme d’une semaine d’observation de la presse écrite ou télévisée, nous vous demandons : 1. de nommer les deux enjeux qui vous ont semblé les plus importants ; 2. de les décrire en quelques mots ; 3. de déterminer quels acteurs sont impliqués dans ces enjeux ; 4. de préciser pourquoi vous les avez jugés importants ; 5. d’évaluer comment un citoyen ou une citoyenne pourrait influer sur ces enjeux. Les enjeux retenus peuvent concerner la société québécoise ou d’autres sociétés.

380

DOSSIER 5

DES ENJEUX DE SOCIÉTÉ DU PRÉSENT

Activité 2 • Enjeux, choix et action ●

Les citoyens ont le devoir de participer à la définition des enjeux et des choix qui les concernent ainsi qu’aux interventions qui en résultent. Pour chacun des cinq enjeux abordés dans ce dossier, indiquez dans un tableau de quelle façon un citoyen ou une citoyenne peut : • déterminer les choix à faire ; • s’engager dans l’action qui résulte de ces choix.

P

Pour en savoir plus... DES LIVRES CHOMSKY, Noam. Quel rôle pour l’État ?, Montréal, Écosociété, 2005, 51 p. GAGNÉ, Gilbert, dir. La diversité culturelle : Vers une convention internationale effective ?, Montréal, Fides, 2005, 216 p. GAGNON, Alain-G., et Raffaele IACOVINO. De la nation à la multination : Les rapports Québec-Canada, Montréal, Boréal, 2008, 272 p. GOLDENBERG, Eddie. Comment ça marche à Ottawa, Montréal, Fides, 2007, 400 p. LISÉE, Jean-François. Nous, Montréal, Boréal, 2007, 112 p.

MONTREYNAUD, Florence. Le féminisme n’a jamais tué personne, Montréal, Fides, Québec, Musée de la civilisation, 2004, 48 p. SACQUET, Anne-Marie. Atlas mondial du développement durable, Paris, Autrement, 2002, 77 p. TREMBLAY, Manon. Des femmes au Parlement : Une stratégie féministe ?, Montréal, Éditions du Remue-ménage, 1999, 313 p.

DES FILMS Le dernier continent (documentaire), réalisateur : Jean Lemire, Montréal, 2007. Les réfugiés de la planète bleue (documentaire), réalisateurs : Hélène Choquette, Jean-Philippe Duval, Montréal, 2006.

TREMBLAY, Manon, et Caroline ANDREW, dir. Femmes et représentation politique au Québec et au Canada, Montréal, Éditions du Remue-ménage, 1997, 276 p.

ACTIVITÉ SYNTHÈSE

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Mots clés Actif : Ensemble des valeurs dont une personne ou une entreprise a la libre disposition. P. 128 Affranchissement : Action de rendre libre, indépendant. P. 31 Agrarien : Partisan du partage et de la redistribution des terres entre les agriculteurs. P. 150 Agriculturiste : En faveur d’un mouvement de pensée faisant la promotion d’un mode de vie rural. P. 202 Allophone : Personne résidant au Québec, qui utilise une langue autre que le français ou l’anglais. P. 72 Altermondialiste : Militant qui lutte en faveur d’une mondialisation de l’économie qui tient compte de valeurs comme la justice économique et la sauvegarde de l’environnement. P. 143 Ambassade : Service représentant un gouvernement à l’étranger. P. 163 Animisme : Croyance selon laquelle chaque élément de la nature a une âme. P. 183 Artisanal : Fait à la main en petites quantités. P. 105 Autarcie : État d’une région ou d’un pays qui se suffit à lui-même. P. 313 Bédouin : Arabe nomade de l’Afrique du Nord. P. 236 Biculturel : Qui possède deux cultures. P. 364 Bilatéral : Qui se passe entre deux partenaires. P. 143 Binational : Qui englobe deux nations. P. 364 Boers : Sud-Africains blancs d’origine néerlandaise. Au 20e siècle, le terme est remplacé par celui d’Afrikaners et englobe les descendants des émigrés allemands, français et scandinaves d’Afrique du Sud. P. 62 Bois équarri : Bois taillé en poutre, de forme carrée. P. 114 Bourgeoisie d’affaires : Classe d’individus qui cherchent à s’enrichir au moyen du commerce et des affaires. P. 119 Cabotage : Navigation à proximité des côtes. P. 110 Charismatique : Qui possède une personnalité exceptionnelle exerçant un fort pouvoir d’attraction sur les individus et les foules. P. 209 Charte de Victoria : Ensemble d’amendements à la Constitution canadienne proposés en 1971. P. 302 Chert : Pierre silicieuse apparentée au silex que les Amérindiens de la préhistoire utilisaient pour fabriquer des outils. P. 95 Clerc : Membre du clergé. P. 295 Choléra : Maladie épidémique qui provoque la diarrhée, des vomissements et qui peut entraîner la mort. P. 42

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MOTS CLÉS

Collectivisation : Appropriation des terres par l’État pour en faire une propriété collective. P. 154 Colonie de peuplement : Colonie destinée à recevoir des immigrants. P. 237 Commerce triangulaire : Échanges commerciaux entre la France, la Nouvelle-France et les Antilles qui visent à diversifier l’économie et à trouver des débouchés pour la vente des produits de la NouvelleFrance. P. 103 Conciliation : Recherche d’un accord entre deux parties. P. 194 Corn Laws : Série de lois protectionnistes britanniques en application entre 1815 et 1846, qui taxent les céréales importées afin de maintenir le prix du blé anglais à un taux élevé. P. 111 Cuivre natif : Métal utilisé à l’état naturel et contenant 99% de cuivre. P. 94 Dictature : Concentration de tous les pouvoirs dans les mains d’un individu ou d’un petit groupe qui dirige sans opposition. P. 209 Dirigisme : Système économique dans lequel l’État gère les différents mécanismes de l’économie. P. 151 Discrimination positive : Politique qui consiste à favoriser un groupe particulier pour rétablir l’équilibre entre différents groupes. P. 297 Disette : Pénurie, manque de tout ce qui est nécessaire. P. 110 Dissident : Personne qui cesse de se soumettre à une autorité. P. 20 Distillerie : Industrie qui fabrique de l’eau-de-vie. P. 118 Doctrine sociale de l’Église : Ensemble des positions de l’Église catholique sur les questions sociales et économiques. P. 206 Dot : Somme d’argent (ou biens) versée par ses parents, qu’une femme apporte à son mari au moment du mariage. P. 25 Droit de veto : Droit de bloquer l’adoption d’une loi, d’un règlement ou d’une résolution. P. 363 Économie de subsistance : Économie qui vise la production des biens essentiels à la vie par une famille ou un petit groupe de personnes, sans échanges monétaires. P. 94 Embargo : Mesure qui interdit de faire du commerce avec un pays. P. 62 Empire ottoman : Empire contrôlé par les Turcs, du 15e siècle jusqu’à la Première Guerre mondiale. P. 237 Excommunier : Action d’exclure une personne de l’Église catholique. P. 199 Extrême-onction : Un des sept sacrements de l’Église catholique. Il est administré juste avant la mort et délivre le mourant de ses péchés. P. 188 Fédéralisme asymétrique : Fédéralisme flexible qui permet notamment l’existence d’ententes et d’arrangements adaptés à la spécificité du Québec. P. 303

MOTS CLÉS

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Fonderie : Usine dans laquelle des métaux ou des alliages sont fondus pour en faire des objets spécifiques à l’aide de moules. P. 118 Gallicanisme : Principe voulant que l’Église catholique de France jouisse d’une certaine indépendance par rapport au pape. P. 186 Griot : En Afrique, membre de la caste des musiciens et poètes, il transmet la culture orale. P. 239 Guerre de Trente Ans : Conflit politique et religieux qui se déroule en Europe de 1618 à 1648 et qui oppose les protestants aux catholiques. P. 264 Impérialiste : Au Canada, partisan du maintien ou du renforcement du lien impérial. P. 200 Index : Liste des livres interdits par l’Église catholique romaine consignée dans l’Index librorum prohibitorum. P. 198 Inflation : Augmentation des prix qui se traduit par une perte du pouvoir d’achat. P. 134 Insurrection : Soulèvement contre le pouvoir établi. P. 281 Intégrisme : Doctrine qui préconise une interprétation conservatrice des textes religieux. P. 342 Jamésie : Territoire situé dans la région administrative du Nord-du-Québec et comprenant la plus grande municipalité du Québec (333 255 km2), celle de la Baie-James, ainsi que plusieurs villages cris. P. 89 Laïcisation : Séparation du pouvoir politique et administratif de l’État du pouvoir religieux. P. 295 Langue véhiculaire : Langue qui permet à des communautés de langues différentes de communiquer ensemble. P. 146 Législateur : Terme désignant l’autorité qui adopte les lois. P. 321 Libéralisme : Courant de pensée qui met l’accent sur la raison humaine, la liberté individuelle, l’égalité des droits, la tolérance et le progrès. P. 192 Livre tournoi : Ancienne unité monétaire. P. 98 Manufacture : Établissement où des employés effectuent des opérations précises dans le but de fabriquer un produit. P. 118 Maquiladoras : Usines d’assemblage situées à proximité de la frontière américaine et dont la production est destinée à l’exportation. P. 151 Maréchal-ferrant : Artisan chargé de forger des fers et d’en garnir les sabots des chevaux. P. 125 Martelage : Technique qui consiste à frapper un métal avec un marteau afin de lui donner la forme souhaitée. P. 94 Mesure financière : Politique d’aide par les subventions ou les prêts d’argent. P. 163 Mesure fiscale : Politique d’aide par la réduction de taxes et d’impôts. P. 163

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MOTS CLÉS

Métropole : Ville qui exerce la plus grande influence économique sur le pays ou la partie du monde où elle se situe. P. 152 Mode de scrutin : Système de vote en vigueur pour un type d’élection. P. 325 Mouvement migratoire : Déplacement continu d’une partie de la population. P. 61 Multilatéral : Qui se passe entre plusieurs partenaires. P. 143 Nationalisme : Courant de pensée qui vise à promouvoir ou à défendre une nation. P. 194 Opération de change : Action de convertir la monnaie d’un pays en monnaie d’un autre pays. P. 119 Pacte de l’automobile Canada–États-Unis : Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis éliminant les tarifs douaniers sur les véhicules, pneus et pièces pour véhicules automobiles dans le but de faire un seul marché de fabrication automobile nord-américain. P. 144 Pays émergent : Pays en développement qui s’industrialise rapidement grâce à la mondialisation. P. 162 Philanthropique : Qui vise à faire le bien d’autrui. P. 292 Pluralisme culturel : Système où plusieurs tendances culturelles sont présentes. P. 74 Produit moteur : Produit autour duquel s’organise le commerce extérieur dans un contexte colonial. Plus un produit moteur engendre des activités économiques variées avant l’exportation, plus l’économie de la colonie se diversifie. P. 98 Protectorat : État soumis au contrôle d’un autre pour ses relations extérieures et sa sécurité. P. 237 Protestants : Chrétiens appartenant à l’un ou l’autre des multiples groupes issus de ce qu’on appelle la « Réforme », et qui est en fait une série de scissions au sein de l’Église catholique. Les protestants rejettent l’autorité du pape. P. 189 Secteur tertiaire : Champ d’activité qui comprend tous les commerces et entreprises qui offrent des services à leur clientèle ou qui font du commerce de gros ou de détail. P. 135 Ségrégation : Action de séparer les personnes à l’intérieur d’un même pays. P. 62 Serment du Test: Engagement exigé par les autorités britanniques par lequel certains dogmes de la foi catholique et l’autorité spirituelle du pape sont niés. P. 274 Suffragette : Militante d’un mouvement qui réclame le droit de vote (suffrage) pour les femmes. P. 210 Taillandier : Artisan qui fabrique des outils servant à couper et à tailler. P. 108 Torah : Texte fondateur du judaïsme. P. 40

MOTS CLÉS

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Index des concepts Appartenance : 47, 72, 218, 336 Art : 178, 189, 214-216, 218-219, 222-227 Capital : 106, 119-123, 127-128, 136, 140-141, 144, 147, 148 Consommation : 88, 90, 120, 133-135, 160, 179, 337, 351, 372-373 Croissance : 10, 26-27, 35, 53, 61, 75, 114, 116, 118 Culture : 176-177, 180-183, 185, 189-191, 195, 200, 212-227, 232233, 235-237, 243-246, 249, 342, 354, 370

Disparité : 88, 90, 119, 122-123, 136, 152-153, 156, 160, 164, 357 Distribution : 58, 105, 114-115, 120-121, 160 Droits : 56-57, 74, 141, 164, 192, 210-211, 259, 290-293, 296-299, 304-305, 308-309, 317, 320-321, 356-357, 360-361

Économie : 48, 52, 82, 86, 88-92, 94-136, 138-158, 160-165, 167, 204-207, 344-345, 348, 372 Éducation : 54-55, 199, 219, 234, 353, 266, 295, 356, 375 Enjeu : 10, 77, 79, 158, 160-165, 167, 249, 272, 276-277, 280-281, 300, 303, 308-309, 330, 334, 336-340, 368, 374-375

Espace public : 334, 351, 377 État : 132, 163-164, 196, 204, 228-229 Identité : 46-47, 55, 72-73, 176, 178, 186, 194, 200, 202-203, 221, 233, 235, 243, 272, 286-287, 362-367, 370

Influence : 260-261, 266-267, 307, 324, 376-377

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INDEX DES CONCEPTS

Institution : 36, 46, 74, 252, 258, 285, 305, 320-321, 324 Intérêt : 94, 100, 111, 119, 256, 260-261, 270, 278, 286, 288-289 Migration : 8, 14-15, 32-33, 40-42, 44, 46, 52, 54, 70, 72-75, 77, 90, 117

Patrimoine : 170, 242-243 Pluriculturalité : 11, 52, 60, 62, 66-70, 72-75, 245, 342-343, 368, 370

Population : 6, 12, 16, 26, 32, 35, 46, 52-53, 57-58, 60, 62, 64, 66-70, 72, 74-77, 79, 90-91, 116, 118, 146, 148, 150, 154, 156, 158, 292-93, 342-343, , 370-371

Pouvoir : 120, 136, 186, 187, 196, 252, 256, 258-262, 264-325, 327, 332, 376

Production : 82, 86, 88-89, 92, 94-95, 102, 107-109, 111, 113, 116, 118, 120, 124-125, 129-130, 132-133, 138, 142, 147, 155-156, 160, 162

Religion : 38, 40, 183, 186, 188-189, 196-197, 206, 213, 234, 236, 239, 245, 266-269, 275, 279, 294-295, 343

Société : 6, 10, 12, 28, 52-53, 60-61, 72, 74-75, 79, 152, 167, 184, 249, 260, 327, 340 Société de droit : 292, 304-305, 320, 324, 376-377 Territoire : 8-10, 12, 14-17, 21-23, 27-29, 35-38, 41-42, 45, 49, 57-59, 62, 64, 66, 68, 79, 95, 120, 126, 150, 154, 167, 232, 236, 238, 249, 272273, 277-278, 309, 312, 314, 316, 323, 327

INDEX DES CONCEPTS

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Liste des cartes Dossier 1 La concentration de la population du Québec en 2007 . . . . . . . . . . .

9

Les premières migrations humaines en Amérique du Nord . . . . . . . . 14 Des nations autochtones dans le nord-est de l’Amérique du Nord vers 1500 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 Le territoire de la Nouvelle-France en 1697 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 La déportation des Acadiens de 1755 à 1763 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 Les frontières établies par la Proclamation royale en 1763 . . . . . . . . 37 Les frontières établies selon l’Acte de Québec, en 1774 . . . . . . . . . . . 38 La colonisation du Québec de la fin du 19e siècle au milieu du 20e siècle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49 L’accroissement démographique selon les régions du Québec de 2001 à 2006 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

61

L’Afrique du Sud aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 La Belgique aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 Le Brésil aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 Singapour aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68

Dossier 2 Les aménagements hydroélectriques de la Grande Rivière, en Jamésie, en 2005 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 Les explorations en Nouvelle-France de 1634 à 1656, de 1659 à 1680 et de 1683 à 1751 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 Les principales installations de pêche dans le golfe du Saint-Laurent vers 1675 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103 Le commerce triangulaire au 18e siècle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104 L’économie au Bas-Canada et dans les colonies atlantiques au début du 19e siècle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111 Les canaux et le réseau de chemins de fer vers 1860 . . . . . . . . . . . . . 115 Les richesses naturelles du Québec vers 1930 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126 La Côte d’Ivoire aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146 Haïti aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148 Le Mexique aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150 La Chine aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154

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LISTE DES CARTES

Dossier 3 Le Japon aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232 Le Maghreb aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 236 Le Sénégal aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238

Dossier 4 La nation huronne et la nation iroquoise établies dans le bassin des Grands Lacs vers 1650 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 268 Les deux Canadas en 1791 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 276 Le territoire défini par la Convention de la Baie-James et du Nord québécois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 307 Le Myanmar aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 310 Cuba aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 312 Les Émirats arabes unis aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 314

Dossier 5 Les délégations du Québec dans le monde en 2008 . . . . . . . . . . . . . . 352

LISTE DES CARTES

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Index A Abidjan, 146-147 Abitibi, 48, 50, 58, 90, 126, 139, 141 Acadie, 32, 102, 272 Acadiens, 32-33 Accord de Charlottetown, 55, 303 Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), 141-143, 150-153, 162 Accord du lac Meech, 55, 303 Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), 162 Acheson, Archibald, comte de Gosford, 280 Acte constitutionnel, 41, 78, 262, 278-279 Acte de capitulation de Québec, 34 Acte de l’Amérique du Nord britannique, 44, 201, 285, 302 Acte de Québec, 38-40, 276-277 Acte des manufactures de Québec, 292 Acte d’Union, 195, 282-283 Action démocratique du Québec, 366 Action libérale nationale, 206 Afrique du Sud, 62-63, 79 Agence canadienne de développement international (ACDI), 353 Agence intergouvernementale de la Francophonie (AIF), 353 Agriculturiste, 202 Aix-la-Chapelle (traité d’), 32, 272 Alaska, 14-15 Alberta, 44, 350 Algérie, 236-237, 249 Algonquiens, 16-18, 95, 99 Allan, Hugh, 289 Allemagne, 121, 209, 287 Alliance atlantique (OTAN), 355 Altermondialisme, 178, 230, 260 Américains, 127-128, 136, 140 Américanisme, 212-213 Amérindiens, 10, 14-19, 23, 25, 28, 30, 34, 36, 39, 41, 45, 5657, 94-97, 101-102, 182-183, 190, 224-225, 264-268, 270, 273, 286, 308-309, 340, 370 Amherst, Jeffrey, 34-35

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Angélique, Marie-Joseph, 30 Anglais, 32, 96, 99-100, 268, 272, 282 Angleterre [voir Grande-Bretagne] Animisme, 183 Anticléricalisme, 192, 198-199 Antilles, 30, 96, 103-104, 107, 111, 113, 121, 277 Antinationalisme, 203 Arbour, Louise, 357 Arcand, Adrien, 209 Arcand, Denys, 223 Archaïque (période), 16 Ashevak, Kenojuak, 177 Assiniwi, Bernard, 225 Association des Indiens du Québec, 308 Aubert de Gaspé, Philippe (fils), 195 Aubert de Gaspé, Philippe (père), 195 Autochtones, 10-12, 14-18, 45, 6-58, 94-97, 180, 182-185, 190, 224-225, 240, 242, 264, 273, 308-309, 340, 370, 376 Autonomistes, 303, 366

B Baby-boom, 53, 58 Baie-James, 100, 140-141, 308309 Baldwin, Robert, 283-284 Banque de Montréal, 119, 122, 288-289 Banque du Canada, 135 Banque Nationale du Canada, 144 Barbel, Marie-Anne, 108 Barrette, Antonio, 289 Bas-Canada, 41, 116, 180, 193194, 226, 274, 278-282, 284, 300, 306 Bataille des Plaines d’Abraham, 34, 272 Beauchemin, Yves, 223 Beaugrand, Honoré, 47, 93 Bédard, Pierre, 279 Beijing, 157 Belgique, 64-65, 79 Béring (détroit de), 15 Béringie, 14 Bibliothèque nationale du Québec (Grande Bibliothèque), 171, 248 Blais, Marie-Claire, 218 Bloc populaire, 287, 326

INDEX

Bloc québécois, 303 Blocus continental, 113 Boers (guerre des), 62, 200, 202, 287 Bombardier, Joseph-Armand, 139 Bonheur d’occasion, 216 Borduas, Paul-Émile, 174, 214, 316 Bossuet, Jacques Bénigne, 186 Bouchard, Lucien, 303 Boucher, Denise, 211 Boucher, Pierre, 22 Boucherville, Charles-Eugène Boucher de, 295 Bouchette, Errol, 127, 204 Bourassa, Henri, 200, 202, 287, 306 Bourassa, Robert, 259, 299, 302303, 308, 366 Bourgeoys, Marguerite, 23 Bourget, Mgr Ignace, 196-199, 294 Brault, Michel, 300 Brésil, 66-67, 79 Briand, Mgr Jean-Olivier, 277 Britanniques, 32-36, 38, 62, 102, 110, 127, 180, 270, 272-280, 285, 287 British Party, 275, 278, 280 Brookes, Frances, 195 Brown, George, 284 Bruce, James, comte d’Elgin et de Kincardine, 283 Bruges, 64-65 Bruneau, Kittie, 334-335 Bruxelles, 64-65 Burton, Ralph, 35

C Caisse de dépôt et placement du Québec, 140, 144, 366 Caisse populaire, 130-131 Canada-Uni, 282-283, 285 Canadiens de Montréal, 217 Canadien Pacifique, 44, 122 Cantons-de-l’Est [voir aussi Estrie], 40-41 Capitalisme, 206, 208 Capitulation de Montréal, 34-35, 272 Carignan-Salières, régiment de, 24-26 Carleton, Guy, 284, 275 Cartier, George-Étienne, 284, 289

Cartier, Jacques, 14, 18, 23, 97 Casgrain, Thérèse, 297 Castonguay, Gérard, 6-7 Catholicisme [voir Église catholique] Centaur (théâtre), 176 Centrale des syndicats du Québec (CSQ), 291 Champagne, Claude, 215 Champlain, Samuel de, 13, 18-20, 22-23, 98, 264, 266 Charbonneau, Mgr Joseph, 291 Charlebois, Robert, 218 Charte canadienne des droits et libertés, 304-305, 318, 360 Charte de la langue française (loi 101), 55, 219, 227, 299, 339, 342 Charte des droits et libertés de la personne du Québec, 259, 304305, 318, 360 Charte de Victoria, 302 Chauvin de Tonnetuit, Pierre de, 97 Chauveau, Pierre-Joseph-Olivier, 295 Chen, Ying, 11 Chénier, Jean-Olivier, 281 Chevaliers du travail, 291-292 Chiapas (État du), 152 Chine [voir République populaire de Chine] Circé-Côté, Éva, 296-297 Cirque du Soleil, 222 Cité libre, 216 Cockburn, James Pattison, 180181 Cohen, Leonard, 227 Colbert, Jean-Baptiste, 24, 268, 271 Colborne, John, 281 Colville, Alex, 368-369 Commission Bélanger-Campeau, 303 Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles (Commission Taylor-Bouchard), 74, 343-344 Commission des accidents du travail du Québec, 292 Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme (Commission Laurendeau-Dunton), 136, 219, 293

Commission royale d’enquête sur les peuples autochtones, 57, 308 Commission royale d’enquête sur les relations entre le capital et le travail, 123, 290 Communauté des habitants, 100 Communisme, 208-209, 292-293 Compagnie de la Baie d’Hudson, 100, 112-113 Compagnie des Cent-Associés, 20-21, 23-24, 100, 266, 270 Compagnie des Indes occidentales, 100 Compagnie du Nord-Ouest, 112 Confédération de 1867, 115, 202, 284, 294, 362 Confédération des syndicats nationaux (CSN), 291 Confédération des travailleurs catholiques du Canada (CTCC), 290-291 Conférence de Bali sur les changements climatiques, 350 Conférence de Londres, 285 Conquête, 12, 33, 40, 102, 108, 110, 112, 180, 187, 189, 192, 195, 265, 273-275, 282, 298, 362 Conscription, 52, 201, 287, 300 Conseil du statut de la femme, 291, 356 Conseil souverain de 1663, 262263 Convention de la Baie-James et du Nord québécois, 57, 141, 308-309 Convention du Nord-Est québécois, 308 Convention sur la protection et la promotion de la diversité et des expressions culturelles, 338, 354 Conversation des sauvages qui ont été baptisés en la Nouvelle-France, 188 Corn Laws, 111 Corporation des enseignants du Québec (CEQ), 291

INDEX

Corporation générale des instituteurs et institutrices catholiques de la province de Québec (CIC), 291 Corporatisme, 206-207 Côte d’Ivoire, 146-147, 167 Cour suprême du Canada, 305, 318-319 Craig, James, 279 Cris, 141, 308-309 Crise d’Octobre, 300 Crise économique, 43-44, 48, 131-132, 205-206, 208-209, 228, 292 Cross, James Richard, 300 Cuba, 298, 300, 314-315, 327

D Daniel-Johnson, (barrage) 140 Dallaire, Jean-Philippe, 12-13 Dallaire, Roméo, 355 Daniel-Johnson (barrage), 140 Danse au château Saint-Louis, 274 Déclaration canadienne des droits, 305 Déclaration universelle des droits de l’homme, 305 Demers, Rock, 223 Desbiens, Jean-Paul, 219 Desjardins, Alphonse, 131, 207, 292 Desjardins, Richard, 311 Diamant (cap), 13, 18 Dion, Céline, 222 Dion, Gérard, 294 Dioula, 146 Doctrine sociale de l’Église, 206 Dollard des Ormeaux, 202 Doric Club, 281 Dorion, Antoine-Aimé, 284 Dorion, Jean-Baptiste, 284 Droit de vote accordé aux femmes au fédéral, 210, 296 Droit de vote accordé aux femmes au provincial, 210, 253, 296 Ducharme, Réjean, 223 Dudek, Louis, 227 Dufresne, Diane, 222 Dumont, Mario, 366 Duplessis, Maurice, 132, 135, 208, 258, 288-289, 291, 293, 302, 366 Duvernay, Ludger, 195, 294

391

E École sociale populaire, 206 Église catholique, 20, 38, 40, 46, 96, 186, 188-189, 192, 195199, 201, 206, 213, 218, 265269, 275, 277, 279, 293-296 Émirats arabes unis, 314-315, 327 Environnementalisme, 231, 261, 310 Esclavage, 30-31, 78 Eshi Uapataman Nukum, 225 Estrie [voir aussi Cantons-del’Est], 15, 31, 37, 41, 226 État-providence, 228-229, 322323 États-Unis, 30, 41-44, 46-48, 111, 115, 117, 121, 131-132, 136, 141-144, 161, 200-201, 212, 230-231, 275, 277, 281, 286, 323, 342, 346, 354 Eupen, 65 Europe, 15, 44, 96, 98, 209, 264, 272, 364 Européens, 15, 17, 94, 96-97, 184, 242, 268 Expo 67, 220-221, 245

F Fascisme, 209 Fédéralisme, 303, 366 Fédéralistes, 366 Fédération des femmes du Québec (FFQ), 211, 297, 361 Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), 289 Fédération du commonwealth coopératif (CCF), 297 Féminisme, 178, 210-211, 296297, 358 Fer et titane, 140 Ferron, Marcelle, 214, 316-317 Filles du roi, 25-26 Fils de la liberté, 281 Forges du Saint-Maurice, 109 Forget, Rodolphe, 204 Français, 12, 19-20, 22, 32, 34, 96-97, 103, 110, 180, 190, 237, 264-265, 267, 272-273, 282 France, 12, 21, 25-26, 29, 32-34, 36, 29, 64, 96, 98, 100, 102105, 107, 109-110, 121, 186188, 192, 264-265, 267-268, 270, 272, 287

392

Francœur, Joseph-Napoléon, 300 François, Claude (frère Luc), 189 Frères chasseurs, 281 Front commun, 291 Front de libération du Québec (FLQ), 208, 300-301 Frontenac, comte de, 189, 265, 269, 271

G Gage, Thomas, 35 Gagnon (Qc), 141 Gallicanisme, 186, 188, 196 Garneau, François-Xavier, 195 Gaspé (Qc), 97, 102, 107 Gaspésie, 16, 91, 97, 102, 107, 121, 139, 141, 215 Gaudreault, Laure, 291 Gaulle, Charles de, 300 Gauthier, Claude, 215 Gauvreau, Claude, 216 Gauvreau, Pierre, 214 Gazette littéraire pour la ville et district de Montréal, 193, 306 Gérin-Lajoie, Paul, 353 Gipps, George, 280 Godbout, Adélard, 210 Gordimer, Nadine, 62 Gore, Al, 348 Gouin, Lomer, 204, 289, 300 Gouin, Paul, 206 Grande-Bretagne, 30, 32-34, 36, 39, 44, 100, 102, 110-111, 113, 116, 187, 189, 193-195, 265, 272-277 Grande Paix de Montréal, 99, 265 Grand Tronc, 115 Grève de l’amiante, 290-291 Grey, Charles, 280 Grignon, Claude-Henri, 213 Grosse-Île, 43 Groulx, Lionel, 202-203 Guèvremont, Germaine, 213 Guibord, Joseph, 199

H Habitation de Québec, 18-19 Haïti, 73, 148-149, 167, 354 Harper, Stephen, 303, 310, 365 Harvey, Jean-Charles, 203 Haut-Canada, 31, 41, 116, 180, 278, 281-282

INDEX

Hébert, Adrien, 158-159 Hébert, Anne, 216, 223 Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu’à nos jours, 195 Hitler, Adolf, 209 Hochelaga [voir Montréal et VilleMarie] Hocquart, Gilles, 109 Hommage à Rosa Luxembourg, 174-175, 223 Hong-Kong, 156 Hopkins, Frances Anne, 113 Hospitalières de la Miséricorde de Jésus, 266 Hospitalières de Saint-Joseph, 266 Hôtel-Dieu (Montréal), 23, 267 Hôtel du Parlement, 258, 262, 367 Hébert, Louis, 20-21 Huot, Charles, 262-263 Hurons, 99, 225, 264

I Iberville, Pierre Le Moyne d’, 104 Île à Vache, 149 Île-du-Prince-Édouard, 33 Île Royale, 102-103 Impérialisme, 200 Inuits, 16-17, 57, 141, 308 Indépendance américaine, 39-40, 78, 113, 277 Indépendantistes, 300, 302 Institut canadien, 198-199, 284 Intégrisme, 342 Iroquoiens, 16-17, 94-95, 184 Iroquois, 23, 99, 101, 264-265, 267, 272

J Jamésie, 89 Japon, 232-235, 249 Jésuites, 20, 23, 189, 266-268 Jobin, Louis, 213 Joe, 222 Johnson, Daniel, 289, 303, 366 Julien, Henri, 92-93

K Kashtin, 224, 225 Kerouac, Jack, 47 Kirkland-Casgrain, Marie-Claire, 297, 356, 358 Kukulcan (pyramide de), 150

L Labelle, Antoine (curé), 213, 248 La Bonne Chanson, 213 Labrador, 38, 97, 99, 107, 274 Lachine (canal de), 114, 118, 120, 132 Lac-Saint-Jean [voir aussi Saguenay – Lac-Saint-Jean], 42-43, 126, 139 Laflèche, Louis-François, 294 La Fontaine, Louis-Hippolyte, 283-284 La Gazette de Québec, 275, 306 La Grande (complexe), 140 Lambton, John George, comte de Durham, 282 La Minerve, 280 Landry, Bernard, 367 La Patrie, 306 Lapointe, Paul-Marie, 216 Laporte, Pierre, 300 La Presse, 306 La symphonie gaspésienne, 215 Laurendeau, André, 287 Laurentides, 42, 213 Laurier, Wilfrid, 44, 199, 200 Laval, Mgr François de, 188, 263, 267-269 L’Avenir, 284 La vie en rose, 211 Laviolette, sieur de, 22 Layton, Irving, 227 Leacock, Stephen, 227 Le Canada, 306 Le Canadien, 279, 306 Le chrétien et les élections, 294 Leclerc, Félix, 215, 218 Le Devoir, 219, 306 Leduc, Fernand, 214 Lemelin, Roger, 216 Le Monde ouvrier, 296-297 Lepage, Robert, 223 Le Pays, 284

Le Royer, Jérôme, sieur de La Dauversière, 23, 266 Lesage, Jean, 289, 303 Les anciens Canadiens, 195 Lescarbot, Marc, 188 Les deux solitudes, 227 Les fées ont soif, 211 Les insolences du frère Untel, 219 Le Soleil, 306 Les ordres, 300 Les têtes de pioche, 211 Léveillée, Claude, 215 Lévesque, Raymond, 215 Lévesque, René, 217, 301-303, 364, 367 L’histoire d’Emily Montague, 195 Libéralisme, 111, 192-194, 196, 198-199, 204, 207, 209, 228, 292, 294 Little India, 69 Locke, John, 192 Loco Locass, 178 Loi 22, 297 Loi 101 [voir Charte de la langue française] Loi constitutionnelle de 1982, 201, 303 Loi de l’émancipation politique des Juifs, 274 Loi du cadenas, 208, 293 Loi du salaire minimum des femmes, 292 Loi sur l’abolition de l’esclavage, 31 Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles, 59, 138 Loi sur l’assistance publique, 292 Loi sur le développement durable, 311, 361 Loi sur l’équité salariale, 297, 339, 357, 361 Loi sur les accidents de travail, 292 Loi sur les biens culturels, 242 Loi sur les esclaves, 30 Loi sur les Indiens, 45, 56 Loi sur les langues officielles, 293 Loi sur les mesures de guerre, 300 Loi sur l’instruction publique, 199 Lorimier, Marie-Thomas, Chevalier de, 281 Louis XIII, 20, 186, 266 Louis XIV, 24, 30, 186, 188-189, 270-271

Louis XV, 186 Louisbourg, 32, 103-104, 107, 112 Louisiane, 36, 82, 99, 104, 346 Loyalistes, 30-31, 40-41, 180, 193, 277-278

INDEX

393

M Macdonald, John A., 284, 287, 289 Mackenzie King, William Lyon, 52, 281 MacLennan, Hugh, 227 Maghreb, 236-237, 249 Maisonneuve, Paul de Chomedey de, 23, 266 Makeba, Miriam, 63 Mance, Jeanne, 23 Mandela, Nelson, 62-63 Manicouagan (barrage hydroélectrique), 58 Manitoba, 202, 286, 303 Maquiladoras, 151 Marche mondiale des femmes (2000), 165, 211 Marie de l’Incarnation, 189 Marie-Reine-du-Monde (cathédrale), 197 Maroc, 236-237, 249 Marois, Lauréat, 86-87 Martin, Paul, 289 Mauricie, 50, 121, 126, 127, 141 Méganticois, 15 Mercier, Honoré, 286-287 Mesplet, Fleury, 170, 193, 248 Mestokosho, Rita, 224-225 Mexique, 141-143, 150-153, 162, 167 Mézy, Saffray de, 263, 267 Mille carré doré, 204 Mingan (archipel de), 182 Ministère de l’Immigration du Québec (Ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles), 5455, 75 Ministère des Affaires intergouvernementales du Québec, 353 Ministère des Relations internationales, 353-354 Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, 310, 337

Mondialisation, 162, 174, 230, 233, 244, 246, 260, 318, 354 Monet-Chartrand, Simonne, 297 Monts, Pierre de Gua de, 18, 32 Montcalm, Louis-Joseph, 34, 272 Montesquieu, 192, 258 Montmagny, Charles Huault de, 266 Montréal (Qc) [voir aussi VilleMarie], 8-9, 11, 17, 23, 27-28, 30, 34-35, 40, 42, 50-51, 58, 60-61, 73, 90, 100, 104-106, 108, 112-114, 118-122, 133, 195, 197, 199, 201, 204, 214, 216, 220-221, 227, 265-266, 272-273, 281, 284, 291, 293294, 297-299, 306-307 Morrisseau, Norval, 340-341 Mouvement coopératif, 205 Mouvement souveraineté-association, 301 Mulroney, Brian, 303 Murray, James, 35-36, 38, 274-275 Mussolini, Benito, 209 Myanmar (Birmanie), 312-313, 327

Organisation des Nations unies (ONU), 310, 353, 355 Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), 243, 338, 353 Organisation mondiale de la santé (OMS), 353 Organisation mondiale du commerce (OMC), 155, 230 Ouest canadien, 42, 44-45, 90, 108, 118, 120-121 Ouimetoscope, 212

P

Odjig, Daphne, 240-241 Office de l’électrification rurale, 138 Office du crédit agricole, 166 Office national du film (ONF), 217 Okalik, Paul, 376 Olier, Jean-Jacques, 23, 266 Olinda, 67 O’Neill, Louis, 294 Ontario, 40, 90, 161, 202, 286

Pabos (bourg de), 102 Paix des Braves, 309 Palais de l’Indendant, 187, 248 Paléoindien (période), 15-16 Paléoindien (peuple), 16 Papineau, Louis Joseph, 194, 198, 280-281 Parent, Étienne, 198 Paris (traité de), 36, 40, 273 Parlementarisme, 192, 277 Parti canadien, 194, 275, 278, 280 Parti conservateur, 282, 292, 304, 306 Parti démocratique (parti rouge), 198, 282 Parti libéral, 200, 303, 304, 306 Parti national social chrétien, 209 Parti patriote, 194, 280 Parti québécois, 227, 299, 301302, 359 Patriotes, 194, 198, 280-281, 284 Payette, Lise, 359 Pellan, Alfred, 214 Pelletier, Gérard, 216 Pelletier, Wilfrid, 215 Perreault, Jean-Pierre, 222 Peterson, Oscar, 212 Pie IX, 196 Pie XI, 206 Place Royale (Qc), 19, 108 Plamondon, Luc, 222 Poitras, Jane Ash, 256-257 Politique nationale, 83, 120 Pontiac, 36, 273 Port-au-Prince, 149 Port-Royal, 18, 32 Prédorsétiens, 16

394

INDEX

N Nationalisme, 178, 194-195, 198, 200, 202-203, 208-209, 218, 286-287, 300, 302, 362-363 Navigation Acts, 111 Nelson, Robert, 300 Néolibéralisme, 170, 174, 228-229 Nincheri, Guido, 209 Notre maître, le passé, 203 Nouvelle-Angleterre, 32, 42, 46-47, 117, 265 Nouvelle-Écosse, 30, 33, 40, 121, 277, 285 Nunavik, 56-57 Nunavut, 57, 121, 275, 283, 376

O

Première Guerre mondiale, 43-44, 50, 126, 200-202, 287 Pretoria (Tshwane), 63 Proclamation royale, 36-37, 39, 273-276 Programme catholique de 1871, 196 Programme de restauration sociale, 206 Protestants, 189, 274, 294-295 Protocole de Kyoto, 231, 310, 348 Protocole de Montréal, 348

Q Québec (ville de), 18-20, 23, 28, 34-35, 42, 58, 100, 104, 106, 108, 110-113, 116, 118, 133, 135, 187, 188, 201, 204, 214, 242-243, 264-266, 271, 287, 290, 306 Québec (prise de), 34, 110 Québécoises deboutte !, 211

R Rapatriement de la Constitution (1982), 57, 302-303, 306 Rapport de Durham, 282 Rébellions de 1837-1838, 194195, 198, 280-282, 284, 300 Récession (années 1980), 141, 222, 229, 321 Récollets, 266 Redpath (musée), 226 Référendum sur la souveraineté (1995), 301, 364 Référendum sur la souverainetéassociation (1980), 222, 301, 303, 364 Réformistes, Refus global, 214, 318 Régime seigneurial, 21, 37-38, 40, 276-277 Religion catholique [voir Église catholique] République populaire de Chine, 16, 154-157, 162, 167 Responsabilité ministérielle, 283 Révolution tranquille, 53-54, 59, 140, 144-145, 161, 195, 218, 295, 362, 364, 372 Richard, Maurice, 217 Richelieu, cardinal de, 20, 266 Richler, Mordecai, 227 Riel, Louis, 202, 286

Riopelle, Jean-Paul, 174-175, 214, 223 Rocher Nigger, 31 Rollet, Marie, 20-21 Ronde, Pierre Denys de la, 102 Roy (chemin du), 105 Roy, Gabrielle, 216 Roy, Maurice, 290 Royaume-Uni, 121, 200-202, 282, 287 Russell, John, 280 Ryswick (traité de), 272

S Saguenay–Lac-Saint-Jean, 50, 116, 141, 347 Sainte-Anne-de-Beaupré (basilique), 206 Sainte-Thérèse-d’Avila (cathédrale), 245 Saint-François-Xavier (mission), 267 Saint-Jean-Baptiste (fête de la), 294, 367 Saint-Jean, Idola, 210 Saint-Laurent (boulevard), 51 Saint-Laurent (golfe du), 32, 34, 94, 96-97, 102-103, 107, 121 Saint-Laurent (vallée du), 16, 18, 21, 27-28, 32, 35, 37, 58, 102, 106, 116 Saint-Laurent (voie maritime), 83, 133 Saint-Matthew (cimetière), 40 Saint-Vallier, Mgr Jean-Baptiste de, 188-189, 269 Salazar, Antonio de Oliveira, 209 Saskatchewan, 44, 202, 208, 286 Savard, Félix-Antoine, 213 Scott, Frank Reginald, 293 Scott, Thomas, 286 Seconde Guerre mondiale, 44, 52, 132-134, 207, 211, 213-214, 216, 287 Séminaire de Québec, 188, 248 Sénégal, 238-239, 249 Sept Ans (guerre de), 32, 35-37, 39, 102, 272 Serment du Test, 274 Shearith Israel (congrégation de), 40 Sibérie, 14-15 Singapour, 68-69, 79 Socialisme, 206, 208, 292-293

Société distincte, 243, 303, 365 Société générale de financement (SGF), 140 Société Notre-Dame de Montréal, 23, 106, 266 Société Radio-Canada (SRC), 217, 306-307, 321 Société Saint-Jean-Baptiste, 46, 195, 294 Souverainistes, 367 Star, 306 Stratégie nationale de lutte contre la pauvreté et l’exclusion, 164, 361 Succession d’Autriche (guerre de), 32, 272 Succession d’Espagne (guerre de), 32 Suffragette, 210 Sullivan, Françoise, 214 Sulpiciens, 106, 266 Sun Life (compagnie d’assurances), 171, 227 Superfrancofête (1974), 218 Sylvicole (période), 16 Syndicalisme, 137, 290-291, 297 Syndicats, 208, 228, 252, 260, 290-293

Trois Gorges (barrage), 157 Trois-Rivières (Qc), 22, 35, 100, 108-109, 116, 265, 273, 294 Trudeau, Pierre Elliott, 216, 302, 305, 364 Tunisie, 236-237

T

X

Tadoussac, 82, 97, 166 Taima, 225 Talon, Jean, 24, 25, 26, 27, 78, 102, 104, 109, 271 Tanobe, Miyuki, 70-71 Taps-taps, 148 Taylorisme, 129 Tekakwitha, Kateri, 267 Terre-Neuve, 27, 92, 97, 102, 121, 303 The Gazette, 227 The Quebec Mercury, 279 Thian Hock Keng (temple), 69 Thuléens (peuple), 16 Townships, 37, 40-41 Traité de réciprocité, 111 Treize colonies, 32-34, 37-39, 113, 180, 273, 276-277 Tremblay, Michel, 219 Trente Ans (guerre de), 264

INDEX

U Ultramontanisme, 192, 196-199, 292, 295 Un homme et son péché, 213 Union nationale, 288, 302 Université McGill, 195, 226-227 Ursulines, 266 Utrecht (traité d’), 32, 102, 272

V Vaudreuil, marquis de, 34-35, 272 Vautrin (plan), 48-49 Vermont [voir aussi NouvelleAngleterre], 41, 46 Versailles (traité de), 39, 277 Vigneault, Gilles, 140, 215, 218 Ville-Marie (Montréal), 23, 106

W Weetaluktuk, Eliassie, 225 Wolfe, James, 34, 272

Xavantes (les), 66

395

p. 195 (2) ; p. 198 (1) ; p. 199 (3) ; p. 201 (4) ; p. 203 (3) ; p. 248 (bas, gauche) ; p. 252 (bas) ; p. 252 (haut, droite) ; p. 274 (1) ; P. 275 (2) ; p. 282 (1) ; p. 292 (1) ; p. 326 (haut, gauche et bas, gauche)

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DANIEL ROUSSEL p. 6-7 ; p. 334-335

GUY DUBOIS p. 219 (3)

DIOCÈSE DE QUÉBEC p. 188 (1) ; p. 248 (centre, gauche)

IMAGES DISTRIBUTION p. 178 (1)

DOLORES AND EDWARD MICHEL p. 225 (5)

INDUSTRIELLE ALLIANCE p. 12-13

DOMINIC SOULIÉ p. 31 (2)

INNUAITUN p. 224 (3) : L. Morali

DORLING KINDERSLEY p. 15 (3) ; p. 18 (1) : D. Lyons ; p. 69 (2) : S. Bracken, Rough Guides ; p. 69 (4) ; p. 78 (haut, gauche) : D. Lyons ; p. 79 (bas, droite) : S. Bracken, Rough Guides ; p. 197 (3)

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MIYUKI TANOBE p. 70-71 MUSÉE CANADIEN DE LA GUERRE p. 201 (3) MUSÉE CANADIEN DES CIVILISATIONS p. 16 (1) ; p. 24 (1) ; p. 28 (1) ; p. 95 (2) ; p. 166 (haut, gauche) ; p. 198 (2) MUSÉE D’ART CONTEMPORAIN p. 158-159 MUSÉE DES BEAUX-ARTS DU CANADA p. 177 (4) : K. Ashevak ; p. 256-257 ; p. 340-341 : Gabe Vadas, Courtesy of Kinsman Robinson Galleries, Toronto ; p. 368-369 MUSÉE DES BEAUX-ARTS DU QUÉBEC p. 92-93 ; p. 174-175 : Succession Jean Paul Riopelle, SODRAC (2008) ; p. 189 (4) ; p. 202 (2) ; p. 213 (3) ; p. 262-263 MUSÉE DES SCIENCES ET DE LA TECHNOLOGIE DU CANADA p. 205 (3) MUSÉE DES URSULINES DE TROIS-RIVIÈRES p. 252 (haut, gauche) ; p. 269 (3) MUSÉE DU BAS-SAINT-LAURENT, RIVIÈRE-DU-LOUP p. 135 (5) : Fonds Antonio Pelletier

MUSÉE MCCORD p. 3 (bas, gauche) ; p. 17 (4) ; p. 19 (5) ; p. 26 (2) ; p. 42 (1) ; p. 43 (4) ; p. 44 (3) ; p. 45 (4) ; p. 51 (3) ; p. 94 (1) ; p. 109 (3) ; p. 110 (1) ; p. 113 (3) ; p. 114 (1) ; p. 114 (2) ; p. 116 (2) ; p. 118 (1) ; p. 118 (2) ; p. 121 (2) ; p. 121 (3) ; p. 122 (1) ; p. 122 (2) ; p. 123 (5) ; p. 127 (2) ; p. 170 (haut, gauche) ; p. 180-181 ; p. 183 (4) ; p. 185 (3) ; p. 196 (1) ; p. 204 (1) ; p. 210 (1) ; p. 226 (1) ; p. 248 (haut, gauche) ; p. 284 (3) ; p. 289 (3) ; p. 329

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398

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SOCIÉTÉ DE TRANSPORT DE MONTRÉAL p. 132 (1) ; p. 194 (1)

Couverture 1 MAXX IMAGES (haut, gauche) : Bibikov FRANCIS BACK (haut, centre) FIRST LIGHT (haut, droite) : A. G. E. Foto Stock MUSÉE NATIONAL DES BEAUX-ARTS DE QUÉBEC (centre, droite) MULTI-ART LTÉE (bas, gauche) PUBLIPHOTO (bas, droite) : Yves Marcoux

SOCIÉTÉ HISTORIQUE ALPHONSE-DESJARDINS p. 131 (3) SOCIÉTÉ HISTORIQUE SAGUENAY p. 49 (4) SODART, 2008 p. 86-87 : Lauréat Marois, Froid bleu, 1977

Couverture 4 BIBLIOTHÈQUE ET ARCHIVES CANADA (haut, gauche) FIRST LIGHT (HAUT, DROITE) : Yves Marcoux BRIDGEMAN ART LIBRARY (bas, gauche/détail) BIBLIOTHÈQUE ET ARCHIVES CANADA (bas, droite)

SODRAC (2008) p. 12-13 : Succession Jean Dallaire SUCCESSION MARCELLE FERRON p. 318-319 : Collection Musée d’art contemporain de Montréal SUPERSTOCK p. 65 (2) ; p. 79 (haut, droite) SYLVAIN LAROCHE p. 8 (3) TESSIMAPHOTO p. 108 (1) Y. Tessier ; p. 242 (3) Y. Tessier ; p. 271 (2) Y. Tessier THE BRIDGEMAN ART LIBRARY p. 3 (haut, gauche) : Musée acadien de l’Université de Moncton, Canada, Archives Charmet ; p. 30 (1) : South African National Gallery, Cape Town, South Africa ; p. 33 (3) : Musée acadien de l’Université de Moncton, Canada, Archives Charmet ; p. 135 (4) : Private Collection, DaTo Images ; p. 264 (1) : Private Collection, Peter Newmark American Pictures ; p. 266 (1) : Private Collection, Archives Charmet ; p. 268 (1) : Château de Versailles, France, Lauros Giraudon ; p. 276 (1) : Private Collection, Look and Learn ; p. 285 (4) : Private Collection, Archives Charmet THE GRANGER COLLECTION, NY p. 2 (bas) ; p. 2 (haut) ; p. 19 (haut, gauche) ; p. 20 (1) ; p. 36 (1) ; p. 67 (3) ; p. 78 (haut, gauche) ; p. 78 (haut, droite) ; p. 96 (1) ; p. 100 (1) ; p. 184 (2) ; p. 273 (2) ; p. 277 (3) UNIVERSITÉ LAVAL p. 189 (4) : R. Auger UNIVERSITY COLLEGE OF CAPE BRETON ART GALLERY p. 82 (bas) : Lewis Parker – Photographe : Morrison Powell ; p. 107 (4) : Lewis Parker – Photographe : Morrison Powell

SOURCES DES PHOTOGRAPHIES

399

UNIVERS SOCIAL

1er E T 2 e C Y C L E D U S E C O N D A I R E

UNIVERS SOCIAL

1er E T 2 e C Y C L E D U S E C O N D A I R E

MD

Comment accéder au Compagnon Web de la Boîte à outils – Univers social ? Aller à l’adresse

www.erpi.com/boiteaoutils.cw Suivre les instructions indiquées à l’écran. Assistance technique : [email protected]

Directrice de l’édition Diane Pageau Chargées de projet Valérie Lanctôt Sabine Cerboni

Consultantes pédagogiques Mélanie Guérin, enseignante, école secondaire de Chambly Marie-Claude Lauzon, enseignante, école secondaire de Chambly

Réviseures scientifiques Anne-Marie Deraspe, volet histoire Élise Naud, volet géographie Réviseures linguistiques Valérie Lanctôt Marie-Claude Piquion

Correctrice d’épreuves Isabelle Rolland Directrice artistique Hélène Cousineau Coordonnatrice aux réalisations graphiques Sylvie Piotte Conception graphique Alezane Benoit Pitre Édition électronique Benoit Pitre Frédérique Bouvier Page couverture Shirley Bossé Photo de la page couverture CORBIS

© ÉDITIONS DU RENOUVEAU PÉDAGOGIQUE INC., 2008

Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2008 Dépôt légal – Bibliothèque et Archives Canada, 2008 Imprimé au Canada 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 II 0 9 8 ISBN 978-7613-2596-7 12205 ABCD OS12

Note au sujet des photographies utilisées en filigrane comme photographies d’ambiance dans les différentes sections : Les photographies proviennent de : Bibliothèque et Archives Canada (p. 5, 51) CORBIS (p. 65) Pierre Lahoud (p. 20) Musée McCord (p. 49) SHUTTERSTOCK (p. 3, 12, 39, 47, 60, 99) Notes concernant les cartes de la section miniatlas : Ces cartes ont été conçues par le Groupe Colpron dans le cadre de l’édition de l’Atlas du monde actuel d’ERPI, 2007.

MOT DE L’ÉDITEUR L’être humain vit en société, occupe un espace et fait partie d’une réalité historique. Il exerce des droits qu’on lui a reconnus en contrepartie desquels il doit assumer des responsabilités de citoyen. L’étude du domaine de l’univers social consiste en quelque sorte à comprendre le présent à la lumière du passé. La compréhension des réalités sociales nécessite l’usage de techniques permettant d’interpréter l’information et de transmettre les résultats de recherches, sous diverses formes. Les techniques et les autres éléments pratiques présentés dans la

Boîte à outils – Univers social sont utiles pour construire une représentation de l’espace, du temps et de la société. Ces techniques facilitent également l’interprétation et l’illustration de l’organisation de la société et du territoire, de même que les changements qui s’y opèrent.

BAO-III

Mot de l’éditeur

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . III

SECTION 1 : LIGNE DU TEMPS

2

Qu’est-ce qu’une ligne du temps ?

.........................................2

Quelques particularités d’une ligne du temps Comment interpréter une ligne du temps ? La ligne du temps comparative

................................4

.............................................7

Comment faire une ligne du temps ?

SECTION 2 : CARTOGRAPHIE

.............................3

.......................................8

10

Qu’est-ce qu’une projection cartographique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Qu’est-ce qu’un planisphère ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Que sont les repères géographiques ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 Qu’est-ce qu’une carte géographique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 Les différentes cartes géographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 Comment interpréter une carte géographique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Le croquis géographique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Comment faire un croquis géographique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 La carte schématique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 Comment faire une carte schématique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 Qu’est-ce qu’une image géographique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Comment interpréter une image géographique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 Qu’est-ce qu’une carte historique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 Comment interpréter une carte historique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 Comment faire une carte historique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36

SECTION 3 : TABLEAUX

38

Qu’est-ce qu’un tableau ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 Comment interpréter un tableau ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 Comment faire un tableau à entrées multiples ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42

BAO-IV

SECTION 4 : DIAGRAMMES

44

Qu’est-ce qu’un diagramme ?

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44

Comment interpréter un diagramme ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 Comment faire un diagramme ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53 Qu’est-ce qu’un climatogramme ?

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61

Comment interpréter un climatogramme ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 Comment faire un climatogramme ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 Qu’est-ce qu’une pyramide des âges ?

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65

Comment interpréter une pyramide des âges ? Comment faire une pyramide des âges ?

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67

SECTION 5 : SCHÉMAS

68

Qu’est-ce qu’un organigramme ?

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68

Comment interpréter un organigramme ? Comment faire un organigramme ?

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70

Qu’est-ce qu’un schéma causes-conséquences ?

........................

Comment interpréter un schéma causes-conséquences ? Comment faire un schéma causes-conséquences ?

..............

71 72

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73

SECTION 6 : DOCUMENTS ÉCRITS

74

Qu’est-ce qu’un document écrit ?

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74

Comment interpréter un document écrit ?

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80

SECTION 7 : DOCUMENTS ICONOGRAPHIQUES

84

Qu’est-ce qu’un document iconographique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84 Comment interpréter un document iconographique ?

SECTION 8 : DÉMARCHE DE RECHERCHE MINIATLAS Glossaire

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89

92

100

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124

Quelques références utiles

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129

BAO-V

UTILISATION DE LA UNIVERS SOCIAL La Boîte à outils – Univers social offre aux élèves du 1er et du 2e cycle toutes les techniques utiles à l’étude du domaine de l’univers social durant tout le secondaire. Chacune des sections présente des références utiles et pratiques accompagnées de mises en application de différentes notions ou techniques pertinentes tant en géographie qu’en histoire et éducation à la citoyenneté.

CARTOGRAPHIE LIGNE DU TEMPS La Boîte à outils – Univers social comprend neuf grandes sections qui jouent un rôle distinct et complémentaire. Les sections un à huit présentent des notions ou éléments pratiques et utiles à l’élève qui souhaitera s’y référer pour se rafraîchir la mémoire ou pour consulter un modèle ou une démarche simple de réalisation technique.

TABLEAUX

DIAGRAMMES

SCHÉMAS UNIVERS SOCIAL

DOCUMENTS ÉCRITS

DÉMARCHE DE RECHERCHE DOCUMENTS ICONOGRAPHIQUES

Le contenu de ces huit sections est organisé de façon à répondre systématiquement à trois questions de base liées à chacun des aspects techniques traités. Des renvois (titre de section avec numéro de page correspondant surligné en jaune) permettent de se référer aux sections utiles à l’utilisation des techniques consultées. C’est quoi ?

BAO-VI

Comment l’interpréter ?

Comment le faire ?

SECTION 7

SOMMAIRE

Qu’est-ce qu’un document iconographique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

84

Comment interpréter un document iconographique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

89

À QUOI ÇA SERT

?

Les documents iconoÀ QUOI ÇA SERT ? graphiques servent à...

»

Les documents iconographiques servent à...

appuyer uneuneidée en y idée en y » appuyer associant image associant uneuneimage significative ; significative » augmenter; la valeur du contenu en montrant le sujet dans un contexte précis ;

la valeur du » augmenter t » t tl mettre en valeur l’information ;

un sens à » donner l’information présentée ou la compléter ;

» illustrer des données ; situer un renseignement » dans le temps et dans l’espace ; un aspect esthé» donner tique ou graphique à un sujet, tout en variant sa présentation.

Des rubriques À quoi ça sert ?, INFO et Attention ! ajoutent, à des endroits appropriés, de l’information pertinente et utile dans chacune des sections. Ces rubriques enrichissent le contenu traité et permettent aux lecteurs de mieux comprendre, de mieux interpréter et d’utiliser les techniques en tenant compte des aspects pratiques importants.

Qu’est-ce qu’un document iconographique? Un document iconographique est principalement composé d’images. Il peut s’agir de dessins, d’affiches, de peintures, de gravures, de caricatures, de photographies, etc. Les images qui figurent sur des objets usuels, comme des pièces de monnaie, des timbres, des drapeaux ou des poteries, peuvent aussi être classées dans cette catégorie de documents. Parce qu’ils contiennent une foule de renseignements sur la société qui les a produits et dont ils sont le plus souvent le reflet, les documents iconographiques intéressent au plus haut point les historiens.

Les différents types de documents iconographiques Les documents iconographiques sont fort variés et très utiles dans l’univers social. Il existe divers types de documents iconographiques ayant chacun leurs caractéristiques : les croquis et les dessins, les gravures et les peintures, les caricatures, les affiches, les photographies, les documents audiovisuels et les bandes dessinées, etc.

Les croquis et les dessins Les croquis et les dessins créés par des artistes ou des scientifiques révèlent plusieurs renseignements sur la personne qui les a réalisés et sur son époque.

Exemples de croquis et de dessins Une machine conçue par Léonard de Vinci

L’utilisation de documents iconographiques doit se faire dans le respect des droits d’auteur en indiquant le nom de l’auteur, le titre exact (en italique) et, si possible, la facture du document (par exemple : dessin, croquis, huile sur toile, etc.), les dimensions, la date de création et de publication ainsi que la provenance.

L’utilisation de docu graphiques doit se f respect des droits d indiquant le nom de titre exact (en italiq

Source : akg-images.

84

SECTION 7

La section miniatlas regroupe 18 cartes traitant des grandes parties du monde sous les angles physique et politique.

Le glossaire permet de repérer les thèmes et les techniques traités dans la Boîte à outils – Univers social et de se référer à des définitions simples. Les numéros de pages renvoient aux pages de la Boîte à outils – Univers social où les termes sont utilisés. Pour faciliter le repérage, ces termes sont soulignés en bleu dans le texte. Des rubriques INFO ajoutent au contenu cartographique de la section miniatlas.

MD

Le Compagnon Web, spécialement conçu pour les élèves utilisant la Boîte à outils – Univers social, présente des éléments techniques et des exemples supplémentaires, illustrant les diverses manières d’interpréter et de faire. Il permet aussi aux élèves d’accéder à une variété d’outils pratiques et faciles à utiliser, par exemple, des modèles de création de lignes du temps, des fonds de cartes, des utilitaires de création de tableaux, de diagrammes ou de schémas, des exemples de rapports de recherche, des références de recherche dans Internet, etc. Pour y accéder: www.erpi.com/boiteaoutils.cw

BAO-VII

SOMMAIRE

SECTION 1

Qu’est-ce qu’une ligne du temps ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

2

Quelques particularités d’une ligne du temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

3

Comment interpréter une ligne du temps ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

4

La ligne du temps comparative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

7

Comment faire une ligne du temps ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

8

À QUOI ÇA SERT

?

Une ligne du temps sert à...

Dans le domaine de l’univers social, la chronologie, c’est-à-dire la succession de faits ou d’événements survenus dans le temps, joue un rôle important et peut être représentée graphiquement sous différentes formes : arbre généalogique, diagramme, liste d’événements, ligne du temps, etc.

dans le temps » situer des événements les uns par rapport aux autres ; la durée des faits, » illustrer des événements ou des périodes ; une vue globale » obtenir des principaux événements qui ont marqué une société, une civilisation ou une période historique ;

» établir des comparaisons.

Qu’est-ce qu’une ligne du temps ? Une ligne du temps est un moyen efficace de représenter graphiquement une chronologie sur un axe. Tous les éléments constituant une ligne du temps ont un rôle à jouer dans l’interprétation des événements illustrés. Ils doivent par conséquent être soigneusement représentés.

Exemple d’une ligne du temps Un axe gradué Une ligne du temps est représentée par une droite divisée en segments égaux (gradations) nommée « graduation ». Ici, la graduation est constituée des années 1925, 1930, 1935, 1940 et 1945.

1925 Échelle : 3 cm : 5 ans

1930

1935

1940

1945

Un intervalle L’espace entre deux gradations se nomme « intervalle » et a une valeur de temps précise. Dans le cas présent, l’intervalle est de cinq ans.

Une orientation L’orientation d’une ligne du temps est représentée par une flèche qui indique le sens de la lecture (habituellement de la gauche vers la droite). Ainsi, plus on se déplace vers la droite, plus les événements sont récents dans le temps. Certaines lignes du temps sont verticales, mais elles obéissent aux mêmes principes et se lisent généralement de haut en bas.

Une échelle Les termes « ligne du temps », « ruban du temps » ou « frise chronologique » sont des synonymes.

BAO-2

SECTION 1

Une ligne du temps comporte habituellement une échelle. Dans cet exemple, l’échelle est de 3 cm pour 5 ans, car l’intervalle de temps compris entre deux gradations est de 5 ans. Cet intervalle mesure 3 centimètres et on écrit l’échelle de cette ligne du temps sous la forme 3 cm : 5 ans.

LIGNE DU TEMPS

Quelques particularités d’une ligne du temps Les lignes du temps comportent parfois des particularités que vous devez connaître : Un enroulement au début d’une ligne du temps indique qu’une très longue période précède la période représentée. On l’utilise surtout pour représenter les périodes préhistoriques. Une ligne brisée (ou un espace blanc significatif) indique un saut dans le temps : toute la période n’a pu être représentée, faute d’espace.

Quelques événements marquants de la médecine occidentale J.-C.

1492

v. –460 à –377 Vie d’Hippocrate (médecin grec), auteur d’une description de l’anatomie humaine

980 à 1037 Vie d’Avicenne (savant musulman), auteur d’un célèbre traité de médecine

–500

1789

1552 Première ligature des artères

1628 Découverte des lois de la circulation sanguine

1700 Mise en place des premières politiques de santé publique

1796 Premiers travaux sur la vaccination

Échelle : 1 cm : 40 ans Légende :

Antiquité

Moyen Âge

Temps modernes

Époque contemporaine

La mention « J.-C. » ne figure pas toujours sur les lignes du temps. Souvenezvous alors que les nombres négatifs correspondent aux années qui précèdent la naissance de Jésus-Christ (J.-C.) et les nombres positifs, aux années qui suivent sa naissance. Par convention, les années antérieures à la naissance de Jésus-Christ sont précédées du signe « moins ». La lettre « v. » est l’abréviation du mot « vers ».

Les expressions « de l’ère chrétienne », « de notre ère » et « après Jésus-Christ » signifient la même chose.

Lorsque la ligne du temps traite de différentes périodes historiques ou met en relation des renseignements, elle contient une légende permettant de faire son interprétation.

LIGNE DU TEMPS

BAO-3

SECTION 1

Comment interpréter une ligne du temps ? L’interprétation d’une ligne du temps consiste d’abord à repérer l’information représentée, puis à en faire l’analyse. Pour interpréter une ligne du temps, vous pouvez suivre cette démarche simple : décoder l’échelle utilisée ; repérer l’information représentée ; et analyser l’information afin d’établir les liens pertinents concernant les durées, les séquences, la continuité des faits ou des événements et les changements survenus.

Exemple d’une ligne du temps Le droit à la représentation politique au Canada 1790

1820

1850

1791

1848

Création de la première Chambre d’assemblée

Premier gouvernement responsable

1880

1792

1940

1970

1918 1867

Droit de vote accordé aux femmes au fédéral (Ottawa)

Premières élections provinciales

Premières élections – Droit de vote accordé aux propriétaires terriens seulement

1910

1940

Droit de vote accordé aux femmes au provincial (Québec)

1960

Droit de vote accordé aux Amérindiens au fédéral

1969 Droit de vote accordé aux Amérindiens au provincial Échelle : 2 cm : 30 ans Légende :

Régime britannique

Confédération canadienne

Décoder l’échelle La première question à vous poser est la suivante : Quelle est l’unité de temps utilisée ? S’agit-il de décennies (10 ans), de siècles (100 ans), de millénaires (1000 ans) ou d’une autre unité de temps ?

La durée totale est toujours positive.

ATTENTION ! Si la graduation comporte des nombres négatifs, rappelezvous la règle de calcul suivante: quand on soustrait un nombre négatif d’un nombre positif, on obtient un nombre positif puisque les deux signes « moins » s’annulent pour donner un signe « plus » (ex. : 800 – (– 400) = 1200).

BAO-4

SECTION 1

Lorsque l’échelle n’est pas indiquée, vous devez procéder comme suit : 1) Trouver la durée totale représentée en calculant la différence entre les gradations des deux extrémités de la ligne du temps. Dans cet exemple, la durée totale est de 180 ans, puisque la différence entre la gradation de l’extrémité de droite (1970) et celle de l’extrémité de gauche (1790) est de 180.

1970 – 1790 = 180 2) Trouver la durée représentée par chaque intervalle en divisant la durée totale par le nombre d’intervalles.

180 ans ÷ 6 intervalles = 30 ans 3) Mesurer la longueur de chaque intervalle (en cm). Puisque le segment mesure 2 cm, l’échelle est 2 cm : 30 ans.

a) Le titre d’une ligne du temps révèle le sujet de la chronologie qu’elle représente. Dans le cas présent, le titre indique que les faits inscrits sur la ligne concernent l’obtention du droit à la représentation politique au Canada (le droit de voter, le droit d’être élu). b) Le libellé des données associées à chaque gradation de la ligne du temps nous renseigne sur la référence temporelle (durée) des faits ou des événements illustrés. Il peut s’agir d’événements ponctuels ou d’événements inscrits dans une durée déterminée (ex. : Seconde Guerre mondiale (1939-1945)). Dans cet exemple, ce sont des événements ponctuels qui sont décrits puisque chaque gradation fait référence à un fait précis.

ATTENTION ! Si la ligne du temps comporte une coupure, ne tenez compte que des intervalles figurant avant ou après la coupure.

c) La légende permet de déchiffrer l’information représentée. Ici, le code de couleurs situe les événements en lien avec deux périodes importantes de l’histoire du Canada.

Analyser l’information Lorsque vous avez bien repéré les renseignements, vous devez vous questionner afin de comprendre la chronologie des faits ou des événements dont elle traite. Par exemple, à partir de la figure précédente, vous pourriez vous poser les questions suivantes : Combien de temps s’est écoulé entre les premières élections et l’obtention du droit de vote pour tous les citoyens ? Quels ont été les derniers groupes de citoyens à obtenir le droit de vote ? Pour compléter votre analyse, vous pourriez effectuer des recherches sur le sujet. Ces recherches vous permettraient de mieux comprendre et d’expliquer les éléments décrits sur la ligne du temps.

Parfois, une simple observation peut vous permettre de déduire la valeur d’un intervalle (ex. : lorsque la graduation est faite par bonds de 10, de 100 ou de 1000).

LIGNE DU TEMPS

BAO-5

LIGNE DU TEMPS

Repérer l’information

SECTION 1

Exemple d’interprétation d’une ligne du temps Le peuplement et la population au Canada 2007

1791 1634

Fondation de Trois-Rivières

1642

1755

Fondation de VilleMarie (Montréal)

Déportation des Acadiens







1510

1610

1710

Fondation de Québec

Légende :

Régime français

1783

1763

1810

Traité de Versailles

Proclamation royale

Régime britannique

Période contemporaine

Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles

1847

Famine en Irlande et immigration irlandaise



1759

Prise de Québec

1608

Création du Haut-Canada et du Bas-Canada par l’Acte constitutionnel



1867

Acte de l’Amérique du Nord britannique Vers 1870

1910



1945

Début du baby-boom

1968

2010

Création du ministère de l’Immigration du Québec

Début de l’immigration vers l’Ouest canadien et les États-Unis

Décoder l’échelle 1) Si je calcule la différence entre les deux extrémités de la ligne, soit entre 2010 et 1510, j’obtiens une durée totale de 500 ans (2010 – 1510 = 500). 2) Pour obtenir la durée représentée par chaque intervalle, je dois diviser le total de cette durée par le nombre d’intervalles (1510 à 1610 ; 1610 à 1710 ; 1710 à 1810 ; 1810 à 1910 ; 1910 à 2010 = 5 intervalles). Chaque intervalle représente 100 ans, puisque 500 ÷ 5 = 100. 3) La mesure de chaque intervalle est de 5 cm. L’échelle est 5 cm : 100 ans. Repérer l’information a) Le titre m’informe sur le peuplement du pays, à partir de l’arrivée des premiers Européens jusqu’à nos jours. b) Chaque gradation de la ligne du temps correspond à un fait précis, donc il s’agit d’événements ponctuels. c) Le code de couleurs me permet de comparer les activités de peuplement sous le Régime français, le Régime britannique et au cours de la période contemporaine. Analyser l’information Sous le Régime français, le peuplement s’est fait dans l’est du pays. L’immigration anglophone commence sous le Régime britannique avec l’arrivée des Irlandais en 1847. On peut supposer que la population francophone diminue après la prise de Québec en 1759, car après la déportation des Acadiens en 1755, on ne fait pas mention d’une immigration spécifiquement francophone. La création du ministère de l’Immigration du Québec en 1968 et la mise sur pied de la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles (commission Bouchard-Taylor) en 2007 laissent supposer que de nombreux immigrants se sont installés au Québec depuis 1947.

BAO-6

SECTION 1

À QUOI ÇA SERT

Une ligne du temps comporte parfois plus d’une chronologie de faits ou d’événements. Chacune est alors représentée sur des niveaux différents, un peu comme si on soudait ensemble des lignes du temps, ayant une même échelle, en vue de mettre en relation des renseignements de deux chronologies. On dit alors qu’il s’agit d’une ligne du temps comparative qui met en relation et en comparaison des faits, des événements ou des réalités sociales.

?

Une ligne du temps comparative sert à... des événements par » situer rapport aux grandes périodes de l’histoire dans lesquelles ces événements s’inscrivent ; des sociétés, » comparer des civilisations ou

Exemple d’une ligne du temps comparative

des réalités sociales entre elles.

L’obtention du droit à la représentation politique au Canada par rapport à la reconnaissance des droits civils ailleurs dans le monde

1969 Droit de vote accordé aux Amérindiens au provincial

1960 1792

Droit de vote accordé aux Amérindiens au fédéral

Premières élections – Droit de vote accordé aux propriétaires terriens seulement

1867

1940

Premières élections provinciales

Droit de vote accordé aux femmes au provincial (Québec)

1791

1848

1918

Création de la première Chambre d’assemblée

Premier gouvernement responsable

Droit de vote accordé aux femmes au fédéral (Ottawa)

1790

1820

1850

1880

v. 1865 Début du mouvement des femmes en Angleterre pour l’obtention du droit de vote

1910

1940

1970

1918

1964

Obtention du droit de vote pour les femmes, en Angleterre

Adoption de la Loi sur les droits civils qui rend la discrimination raciale illégale, aux États-Unis

2000

1920 Obtention du droit de vote pour les femmes, aux États-Unis Échelle : 2 cm : 30 ans Légende :

Régime britannique

Période contemporaine

Ailleurs dans le monde

Pour interpréter une ligne du temps comparative, vous devez déchiffrer l’information un niveau à la fois en appliquant la démarche décrite à la section Comment interpréter une ligne du temps ?, pages 4 et 5. Une fois l’information repérée, vous devez établir des comparaisons ou des rapprochements entre les différents niveaux représentés. LIGNE DU TEMPS

BAO-7

LIGNE DU TEMPS

La ligne du temps comparative

SECTION 1

Comment faire une ligne du temps ? La construction d’une ligne du temps se fait en quatre grandes étapes que vous devez suivre méthodiquement pour représenter graphiquement la chronologie des faits ou des événements liés à votre sujet. Vous devez recueillir et sélectionner l’information, déterminer l’échelle chronologique, tracer l’axe gradué et inscrire l’information.

Exemple de réalisation d’une ligne du temps

Recueillir et sélectionner l’information Après avoir précisé le but recherché, vous devez formuler le titre de votre ligne du temps de sorte que votre sujet soit clairement énoncé.

But : Situer l’élection de la première femme au gouvernement du Québec par rapport à l’obtention du droit de vote des femmes. Titre : La première femme élue au gouvernement du Québec. Ensuite, vous devez faire une recherche de renseignements qui serviront à dresser une chronologie. La liste des faits ou des événements relatifs à votre sujet, incluant leurs dates et les principaux acteurs / personnages, doit contenir uniquement les renseignements que vous aurez sélectionnées.

1916-1922 Obtention du droit de vote pour les femmes dans toutes les provinces, sauf au Québec 1918 Obtention du droit de vote au fédéral 1922-1940 Mouvement pour le droit de vote des femmes au Québec 1940 Obtention du droit de vote pour les femmes au Québec 1961 Élection de la première femme députée et ministre au Québec, Claire Kirkland-Casgrain

Déterminer l’échelle chronologique Pour faire la graduation de votre axe, vous devez d’abord choisir l’échelle appropriée en tenant compte de la durée totale que votre ligne du temps devra couvrir et de l’espace dont vous disposez. 1) Pour calculer la durée totale, d’abord arrondir les nombres correspondant aux années de votre chronologie. Pour la première date de la chronologie, soit celle représentant le fait ou l’événement le plus lointain dans le temps, arrondir le nombre vers le bas. Dans le cas présent, 1916 est arrondi à 1910. Pour la date la plus récente, arrondir le nombre vers le haut. Ici, par exemple, 1961 est arrondi à 1970.

BAO-8

SECTION 1

LIGNE DU TEMPS

2) Pour obtenir la durée totale de la chronologie que la ligne du temps représentera, soustraire la date la plus ancienne de la date la plus récente. Dans cet exemple, vous devez soustraire 1910 de 1970. La durée totale de votre chronologie est donc de 60 ans. Puisque la durée totale de votre chronologie est de 60 ans, l’intervalle de temps le plus approprié est la décennie (10 ans). Comme il y a 6 périodes de 10 ans dans 60 ans, vous devez diviser votre axe en 6 segments égaux (intervalles). Par exemple, si votre axe est de 12 cm, vous obtiendrez une longueur de 2 cm pour chaque intervalle de 10 ans et votre échelle se lira 2 cm : 10 ans.

Tracer l’axe gradué Une fois l’échelle déterminée (2 cm : 10 ans), tracez un axe horizontal orienté, puis divisez l’axe en segments égaux de 2 cm, identifiés par de courts traits verticaux (gradations). Effectuez la graduation de votre axe en utilisant seulement les dates pertinentes (nombres repères) de votre chronologie.

1910

1920

1930

1940

1950

1960

1970

1960

1970

Inscrire l’information Indiquez les renseignements concernant les faits ou les événements que vous souhaitez représenter. 1) Écrire les dates et les renseignements pertinents de façon succincte, le long de l’axe, en respectant l’échelle choisie. Si un événement se prolonge au-delà d’une année, il faut le représenter par un trait. 2) Réviser le titre de votre ligne du temps, le reformuler au besoin, puis ajouter la légende.

L’élection de la première femme au gouvernement du Québec par rapport au mouvement pour le droit de vote des femmes 1910 1916-1922 Obtention du droit de vote pour les femmes dans toutes les provinces, sauf au Québec 1918 Obtention du droit de vote au fédéral

1920

1930

1922-1940 Mouvement pour le droit de vote des femmes au Québec 1940 Obtention du droit de vote pour les femmes au Québec

1940

1950

1961 Élection de la première femme députée et ministre au Québec, Claire Kirkland-Casgrain

Échelle : 2 cm : 10 ans

LIGNE DU TEMPS

BAO-9

SOMMAIRE

SECTION 2

Qu’est-ce qu’une projection cartographique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

10

Qu’est-ce qu’un planisphère ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

12

Que sont les repères géographiques ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

14

Qu’est-ce qu’une carte géographique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

16

Les différentes cartes géographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

18

Comment interpréter une carte géographique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

21

Le croquis géographique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

22

Comment faire un croquis géographique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

22

La carte schématique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

24

Comment faire une carte schématique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

24

Qu’est-ce qu’une image géographique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

26

Comment interpréter une image géographique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

29

Qu’est-ce qu’une carte historique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

32

Comment interpréter une carte historique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

34

Comment faire une carte historique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

36

La cartographie est la science de l’élaboration et de l’analyse des cartes. Elle est un des moyens privilégiés pour l’analyse et la communication en géographie, puisqu’elle permet de mieux comprendre l’espace, les territoires et les paysages. La cartographie est également utilisée en histoire et dans plusieurs autres disciplines (sciences de l’environnement, écologie, biologie, démographie, sociologie, économie, etc.). Elle permet de représenter, selon diverses références spatiales (lieux), une information liée à des faits, à des phénomènes ou à des événements. En général, les cartes sont une reproduction fidèle d’un paysage, d’une portion de l’espace terrestre, où tous les éléments du paysage sont reproduits à l’échelle selon des règles précises (conventions). L’utilisation de symboles permet de représenter les informations (ex. : pictogrammes représentant les infrastructures routières, les industries, etc.), tout comme leur importance relative (ex. : des formes représentatives illustrant la taille des populations ou des fonds de couleur illustrant des zones à plus forte densité de population).

Qu’est-ce qu’une projection cartographique? Une carte est la projection d’une partie ou de la totalité de la surface sphérique de la Terre sur une surface plane. C’est ce que l’on appelle une « projection cartographique ». Un globe terrestre est une représentation réaliste de la Terre ; sa forme sphérique est légèrement aplatie aux deux pôles. Il est toutefois bien difficile de « dérouler » cette figure sur une surface plane. Le cône, le cylindre et le plan sont des figures géométriques parfois utilisées pour transposer la

BAO-10

SECTION 2

CARTOGRAPHIE

représentation de la Terre sur une surface plane. Cette façon de faire entraîne cependant des déformations des surfaces représentées ainsi que des différences au niveau des dimensions ou des angles selon les techniques utilisées. Il existe trois types de projections cartographiques qui ont chacun leurs particularités : les projections cylindriques (ex. : projection de Mercator), les projections coniques (ex. : projection de Lambert) et les projections azimutales (projections sur un plan que l’on nomme aussi « projections planes »). Les projections azimutales sont davantage appropriées pour représenter les zones polaires.

Exemple d’une projection cylindrique Une projection de Mercator

Source : ERPI-DeBoeck, Le grand Atlas du Canada et du monde, 2e édition, page 6.

Exemple d’une projection conique Une projection de Lambert

Source : ERPI-DeBoeck, Le grand Atlas du Canada et du monde, 2e édition, page 6.

Exemple d’une projection azimutale

Source : ERPI-DeBoeck, Le grand Atlas du Canada et du monde, 2e édition, page 7.

CARTOGRAPHIE

BAO-11

SECTION 2

Qu’est-ce qu’un planisphère ? Un planisphère est une carte géographique qui représente l’ensemble du globe terrestre sur une surface plane. Il indique les frontières territoriales et politiques, et sert aussi à représenter des phénomènes répartis sur l’ensemble du globe. On peut adapter le planisphère à un thème.

Exemple d’un planisphère

Hémisphère Nord

Hémisphère Ouest

Hémisphère Est

Tropique du Cancer

BAO-12

Tropique du Capricorne

SECTION 2

Méridien de Greenwich

Hémisphère Sud

Équateur

CARTOGRAPHIE

Sur un planisphère, les méridiens ou lignes de longitude sont les lignes imaginaires (verticales) qui vont du nord au sud, soit d’un pôle à l’autre. Le méridien qui passe par Greenwich (en Grande-Bretagne) constitue la ligne de référence pour déterminer les longitudes Est ou Ouest. C’est lui qui a la valeur zéro et on l’appelle le « méridien de Greenwich ».

Méridien de Greenwich

Les parallèles ou lignes de latitude sont les lignes imaginaires (horizontales) qui entourent la Terre d’est en ouest. C’est l’équateur qui constitue la ligne de référence des latitudes Nord ou Sud et qui prend la valeur zéro.

Équateur

CARTOGRAPHIE

BAO-13

SECTION 2

Que sont les repères géographiques ? Les repères géographiques permettent de localiser un lieu sur une carte. Ils sont composés des repères alphanumériques et des coordonnées géographiques.

Les repères alphanumériques L’AMÉRIQUE DU NORD ET CENTRALE POLITIQUE

120º

140º

g

de

Cercle pol td e

D

60º

10º

Le Canada est le deuxième pays au monde pour la superficie. La Russie vient au premier rang.

a vi

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Grand lac de l’Ours

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10º

ISLANDE

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Golfe d ’ A l a s ka

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170º

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Anchorage

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Baie de Baffin

Mer de Beaufort

Alaska

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Iqaluit D é t roit d ’ Hu dson

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3

20º

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Île d’Ellesm

O C É A N A R C T I Q U E

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180º

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30º

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70º

60º

160º

180º

170º

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aire arctique

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PÔLE NORD

30º

Mer d u La b ra d o r

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Seattle

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Dallas San Antonio Houston

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20º

8

Puebla

Guatemala G U AT E M A L A San Salvador

10º

1 : 45 500 000

S A LVA D O R

(projection de Lambert) 0

500

Équateu

Autrefois, le Mexique a été peuplé par une diversité de civilisations, comme les Aztèques et les Mayas.

r

1000 km

Nassau

HAÏTI

BAHAMAS

Tegucigalpa NICARAGUA Managua San José

C O S TA R I C A



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RÉPUBLIQUE DOMINICAINE Porto Rico

CUB (É.-U.) A Saint-Domingue Kingston Port-au-Prince BELIZE J A M A Ï Q U E Mer des Antilles Belmopan H O N D U R A S ( M e r d e s C a ra ï b e s )

Guadalajara

Mexico

Échelle

9

La Havane Golfe du Mexique

MEXIQUE

120º

Légende Frontière internationale Capitale du pays Ville de plus de 1 million d’habitants Ville de moins de 1 million d’habitants

50º

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Atlanta La NouvelleOrléans Tampa

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Charlottetown Fredericton Halifax

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Toronto Buffalo New York Milwaukee Detroit Lac Érié Cleveland Chicago Philadelphie Pittsburgh Indianapolis

Cincinnati Kansas City Saint Louis hio O Nashville-Davidson

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Los Angeles

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Sacramento Las Vegas

130º

Les États-Unis sont constitués de 50 États dont 2 ne sont pas situés au sud du Canada : l’Alaska et Hawaii.

Salt Lake City Denver

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1 cm sur la carte équivaut à 455 km sur le terrain. 110º A

B

100º C

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90º E

70º

80º F

G

31

BAO-14

SECTION 2

L’AMÉRIQUE DU NORD ET CENTRALE  L’AMÉRIQUE DU NORD ET CENTRALE

C

rois pays, le Canada, les États-Unis et le Mexique, ainsi qu’un territoire, le Groenland, occupent la plus grande portion de l’Amérique du Nord. L’Amérique centrale compte sept pays dans 20º sa partie continentale, et, dans sa partie insulaire, ou 40º Antilles, 13 pays et de nombreux territoires appartenant à 60º divers États. 80º Cer

2

B

80º

A

T

1

Les repères alphanumériques sont déterminés par les lignes imaginaires entrecroisées des latitudes et des longitudes de la Terre, qui forment une grille sur une carte. À chacune des cases de cette grille correspondent des lettres, qui suivent les longitudes, et des chiffres, qui suivent les latitudes. On peut ainsi localiser rapidement un lieu dont on a le repère alphanumérique. Par exemple, en cherchant Montréal dans l’index d’un atlas, si celui-ci vous renvoie à la page 31 E5, vous devez repérer la colonne E et la ligne 5 à la page 31 ; il s’agit du repère alphanumérique de Montréal sur cette carte.

CARTOGRAPHIE

Les coordonnées géographiques Les coordonnées géographiques sont constituées de la latitude et de la longitude d’un lieu et servent à localiser ce lieu, de façon précise, sur la surface de la Terre. Pour comprendre ce système de repérage, il faut s’imaginer que la Terre est couverte de lignes horizontales (les latitudes) et de lignes verticales (les longitudes). La latitude d’un lieu, c’est la distance de ce lieu, en degrés, par rapport à l’équateur, qui correspond à la latitude 0. Pour indiquer que ce lieu se situe au sud ou au nord de l’équateur, on utilise les lettres S ou N. Par exemple, Montréal se trouve à une latitude de 45° N. La longitude d’un lieu, c’est la distance de ce point, en degrés, par rapport au méridien de Greenwich, qui correspond à la longitude 0. Pour indiquer que ce lieu se situe à l’est ou à l’ouest du méridien de Greenwich, on utilise les lettres E ou W. Par exemple, Montréal se trouve à une longitude de 73° W.

On utilise la lettre « W », et non la lettre « O », pour représenter l’ouest afin d’éviter toute confusion avec le chiffre 0 (zéro).

L’unité de mesure des coordonnées géographiques est le degré. Un degré se subdivise en 60 minutes (indiqué par le symbole « ' ») et une minute, en 60 secondes (indiqué par le symbole « " »). Ces données permettent de situer avec précision un lieu qui se trouve entre deux lignes de latitude ou deux lignes de longitude, quelle que soit la carte consultée. Par exemple, les coordonnées géographiques de Montréal sont 45° 30' N et 73° 35' W et se lisent : « 45 degrés 30 minutes de latitude Nord et 73 degrés 35 minutes de longitude Ouest ».

CARTOGRAPHIE

BAO-15

SECTION 2

À QUOI ÇA SERT

?

Une carte géographique sert à... des objets ou » localiser des phénomènes à la surface de la Terre ; des connais» transmettre sances relatives à un territoire ou à un milieu de vie ; des individus ou des » aider collectivités à prendre des décisions par rapport à l’organisation ou à la gestion d’un territoire ; ou infirmer » vérifier des hypothèses ; » simplifier la réalité ; » expliquer des réalités.

Qu’est-ce qu’une carte géographique ? Une carte géographique est une représentation graphique du monde réel. Il s’agit d’une image réduite d’une partie de la surface de la Terre ou de sa totalité. Toute carte géographique est généralement accompagnée des cinq éléments suivants : un titre, une légende, une rose des vents, une source et une échelle. Le titre d’une carte en définit le sujet. Vous devez prêter attention au titre lorsqu’on vous demande d’interpréter une carte, car il vous permet de comprendre ce qui est représenté sur la carte. La légende, qui se trouve souvent dans un encadré, reprend tous les symboles utilisés sur une carte et en donne la signification. Les symboles sont constitués de couleurs ou de pictogrammes, qu’il est facile de repérer sur une carte et dont la signification découle de l’information présentée sur la carte ou du thème traité par la carte. Légende Frontière internationale Superficie des forêts (en millions d’hectares) Moins de 1 De 1 à 10 De 11 à 20 De 21 à 50 De 51 à 100 101 et plus Données non disponibles

La rose des vents illustre les points cardinaux : le nord, le sud, l’ouest et l’est. Par convention, le nord se trouve toujours en haut sur une carte, mais il est toujours préférable de l’indiquer. Donc, le sud se trouve en bas (à l’opposé) ; l’est est à droite et l’ouest, à gauche. Souvent, il n’y a qu’une flèche qui indique le nord.

La source d’une carte indique la provenance des données ou de la carte. Ce renseignement est important, car il permet de retracer les informations illustrées, soit pour en valider le contenu ou pour demander l’autorisation de les utiliser.

BAO-16

SECTION 2

L’AMÉRIQUE DU NORD ET CENTRALE POLITIQUE

de

70º

aire arctique

Cercle pol td e

D

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1

10º

60º

ISLANDE

10º

Le Canada est le deuxième pays au monde pour la superficie. La Russie vient au premier rang.

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Ba

Iqaluit D é t ro it d ’ Hu dson

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Phoenix

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1 : 45 500 000

Mexico Puebla

Guatemala G U AT E M A L A San Salvador

10º

1 : 45 500 000

S A LVA D O R

C O S TA R I C A



(projection de Lambert) 9

(projection de Lambert)

0

500

Équateu

r

1000 km

HAÏTI

BAHAMAS

Tegucigalpa NICARAGUA Managua San José

Autrefois, le Mexique a été peuplé par une diversité de civilisations, comme les Aztèques et les Mayas.

Échelle

6

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Nassau

Trop

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Ca

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20º

RÉPUBLIQUE DOMINICAINE Porto Rico (É.-U.)

CUB A Saint-Domingue Kingston Port-au-Prince BELIZE J A M A Ï Q U E Mer des Antilles Belmopan H O N D U R A S ( M e r d e s C a ra ï b e s )

Guadalajara

120º

Bermudes (R.-U.)

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La Havane Golfe du Mexique

MEXIQUE

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20º

Légende Frontière internationale Capitale du pays Ville de plus de 1 million d’habitants Ville de moins de 1 million d’habitants

30º

50º

Orlando

Miami

de

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O C É A N A T L A N T I Q U E

Atlanta La NouvelleOrléans Tampa

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5

Boston

Washington

pi

Colo

San Diego

Lac Ontario

Cincinnati Kansas City Saint Louis i o h O Nashville-Davidson

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Québec

Ottawa

Lac Lac Huron Michigan

Toronto Buffalo New York Milwaukee Detroit Lac Érié Cleveland Chicago Philadelphie Pittsburgh Indianapolis

M i s s i s s ip

130º

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Charlottetown Fredericton Halifax

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Les États-Unis sont constitués de 50 États dont 2 ne sont pas situés au sud du Canada : l’Alaska et Hawaii.

Salt Lake City Denver

40º º 40

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ou

Grand Lac Salé

Sacramento

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Montréal

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150º

St. John’s

Baie James

Lac Winnipeg

Saskatoon

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Vancouver

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8



D ét

Île

Grand lac de l’Ours

4

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A MÉR IQ U E D U S U D

8

Golfe de Pa n a m a

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1 cm sur la carte équivaut à 455 km sur le terrain. 110º A

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Banks Victoria

Golfe d ’ A l a s ka

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Groenland (Dan.)

Fleu

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170º

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Mer de Beaufort

Alaska

Anchorage

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Baie de Baffin

F l e (É.-U.) u v e Yu k o n

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Île d’Ellesm

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O C É A N A R C T I Q U E

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180º

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50

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D 3

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Las Vegas

– L’échelle numérique s’écrit, par exemple, « 1 : 45 500 000 ». Ce type d’échelle indique que 1 cm sur la carte correspond à 45 500 000 cm sur la surface réelle.

E

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160º

180º

70º

60º

ASI E 170º

6

Il existe trois moyens de représenter une échelle :

D

PÔLE NORD

B

100º C

D

90º E

70º

80º F

L’AMÉRIQUE DU NORD ET CENTRALE  L’AMÉRIQUE DU NORD ET CENTRALE

C

rois pays, le Canada, les États-Unis et le Mexique, ainsi qu’un territoire, le Groenland, occupent la plus grande portion de l’Amérique du Nord. L’Amérique centrale compte sept pays dans 20º sa partie continentale, et, dans sa partie insulaire, ou 40º Antilles, 13 pays et de nombreux territoires appartenant à 60º divers États. 80º Cer

2

B

80º

A

T

1

G

31

1000 km

1 cm sur la carte équivaut à 455 km sur le terrain.

L’échelle graphique se présente sous la forme suivante : 0 500 1000 km.

Une carte peut parfois être accompagnée d’une échelle représentée sous les trois formes.

– L’échelle verbale est la formulation en mots du rapport de proportion utilisé. Par exemple : « 1cm sur la carte équivaut à 455 km sur le terrain».

Exemple d’une carte géographique Légende

Légende

Titre

Frontière internationale

Rose des vents

Les forêts dans le monde 180º

120º

60º

0º 60º OCÉAN ARCTIQUE

Cercle polaire arctique

AMÉRIQUE DU NORD Tropique du Cancer

OCÉAN PACIFIQUE

ASIE OCÉAN ATLANTIQUE

Tropique du Cancer

Équateur

OCÉAN INDIEN

Méridien de Greenwich

Échelle 1 : 216 000 000

Tropique du Capricorne

OCÉANIE

OCÉAN ANTARCTIQUE

Cercle polaire antarctique

(projection de Robinson) 0

2500

5000 km

1 cm sur la carte à l’équateur équivaut à 2160 km sur le terrain.

Échelle

180º

OCÉAN PACIFIQUE

AFRIQUE

AMÉRIQUE DU SUD

Tropique du Capricorne

Cercle polaire arctique

EUROPE

AMÉRIQUE CENTRALE

Équateur

180º

120º

Superficie des forêts (en millions d’hectares) Moins de 1 De 1 à 10 De 11 à 20 De 21 à 50 De 51 à 100 101 et plus Données non disponibles

120º

60º



Cercle polaire antarctique

A N TA R C T I Q U E 60º

120º

180º

Source : ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE (FAO), Situation des forêts du monde, 2005.

Source

CARTOGRAPHIE

BAO-17

CARTOGRAPHIE

L’échelle est le rapport entre la grandeur de l’espace représenté sur une carte et la superficie réelle de cet espace à la surface de la Terre. L’échelle d’une carte exprime ce rapport de réduction de la distance comprise entre deux points de la carte à la distance réelle entre ces deux points dans l’espace. Plus l’échelle est petite, plus la portion représentée de la surface de la Terre est grande ; plus l’échelle est grande, plus la portion représentée est petite. Tracée à petite échelle, une carte révèle peu de détails ; à grande échelle, elle en révèle de nombreux.

SECTION 2

Les différentes cartes géographiques Il existe deux grandes familles de cartes géographiques : les cartes topographiques et les cartes thématiques. Quel qu’en soit le type, une carte géographique contient des données statiques et/ou des données dynamiques. Les données statiques portent sur des faits tels qu’ils existent à un moment précis. La plupart des cartes géographiques contiennent des données statiques. Les données dynamiques se rapportent à la progression d’un phénomène ou à un mouvement, inscrit dans le temps ou dans l’espace. On trouve ces données sur des cartes thématiques et des cartes historiques.

Exemple d’une carte avec données statiques

Exemple d’une carte avec données dynamiques

L’organisation du territoire en Amazonie brésilienne Le trajet des gnous et des zèbres

Amazonie brésilienne Zone de déboisement Limite des États Route principale

Source : ERPI, Territoires 1, page 223.

Source : ERPI, Territoires 2, page 27.

Les cartes topographiques Les cartes topographiques (carte physique, carte routière et carte du relief) présentent : certaines caractéristiques physiques d’un lieu : le relief (topographie et terrain), l’hydrographie (lacs, rivières et autres), ainsi que les zones forestières ; certaines caractéristiques humaines d’une région : les zones administratives et habitées, ainsi que les voies et infrastructures de transport.

BAO-18

SECTION 2

CARTOGRAPHIE

La carte physique

Exemple d’une carte physique

Une carte physique contient des courbes de niveau qui nous informent sur l’altitude des sommets des montagnes et sur les dénivelés. Les utilités de ce type de carte sont multiples (opérations d’aménagement du territoire, analyses environnementales, tracés de canotage, de chasse, de pêche ou de camping, etc.) et elle sert souvent de base aux cartes thématiques.

Détail d’une carte physique de Saint-Donat-de-Montcalm

La carte routière Une carte routière présente des caractéristiques humaines qui servent à situer les agglomérations d’un territoire et les routes qui les desservent. Elle permet d’évaluer les distances entre les différents lieux. L’échelle y est très importante pour calculer le kilométrage à parcourir. Ce type de carte facilite les déplacements en voiture.

Exemple d’une carte routière Détail d’une carte routière du Québec

0

500

1000 m

Source : Ministère des Mines, des Ressources et de l’Énergie, Canada.

Exemple d’une carte du relief Le relief de la Californie

0

25

50 km

Source : Archives La Presse.

La carte du relief Une carte topographique du relief représente les caractéristiques physiques d’un territoire en illustrant l’altitude du terrain (montagnes, plateaux et plaines). Certaines cartes du relief fournissent, de plus, de l’information sur les réseaux hydrographiques et les grands ensembles physiographiques. Ce type de carte est parfois appelé « carte physique ».

Source : ERPI, Territoires 1, page 178.

CARTOGRAPHIE

BAO-19

SECTION 2

Les cartes thématiques Les cartes thématiques servent à représenter différents éléments à une échelle locale, nationale ou internationale. Elles proposent une vue d’ensemble de la répartition de certains éléments suivant l’échelle choisie ou encore elles permettent de décrire une situation (ex. : catastrophe naturelle, précipitations, végétation, population, urbanisation, etc.) à l’aide de symboles appropriés (pictogrammes, couleurs, etc.).

Exemple d’une carte thématique L’étalement urbain de la région métropolitaine de Montréal de 1957 à 2006

Ici, un code de couleurs est utilisé pour indiquer la progression de l’occupation urbaine sur le territoire de la région métropolitaine de Montréal : plus la couleur est pâle et plus l’occupation urbaine est récente.

1957 1972 1985 2006

Source : ERPI, Territoires 2, page 20.

BAO-20

SECTION 2

CARTOGRAPHIE

Comment interpréter une carte géographique ? Exemple d’interprétation d’une carte géographique Lire d’abord le titre de la carte : il donne une idée de son contenu (le territoire représenté et le sujet traité). Déterminer le type de carte dont il s’agit (une carte topographique ou une carte thématique) ainsi que le thème de la carte.

Le sujet de cette carte thématique est le réseau de transport en commun dans la région métropolitaine de Montréal. Prendre connaissance de l’échelle et de l’orientation de la carte.

L’échelle est de 2,9 cm pour 20 km et l’ensemble du territoire couvert est de 4535 km2 environ . Sur cette carte, le nord n’est pas indiqué. Étudier la légende : décoder les signes et les symboles, puis les repérer sur la carte.

Les symboles de la légende représentent les lignes et les stations de métro ainsi que les lignes de train de banlieue. Les gares de train sont également indiquées.

Le transport en commun dans la région métropolitaine de Montréal

Dégager l’information contenue dans la carte.

Les îles de Montréal et Laval sont illustrées, tout comme les couronnes Nord et Sud. J’observe que les lignes de métro sont concentrées dans le centre de l’île de Montréal et que le train dessert cinq régions des couronnes Nord et Sud confondues. J’en déduis que le transport en commun n’est pas très Source : ERPI, Territoires 2, page 27. accessible aux populations vivant en dehors de Montréal et que ces populations doivent donc utiliser leurs automobiles plus souvent, ce qui nuit à l’environnement. Pour localiser un lieu, vérifier s’il y a des repères alphanumériques sur la carte. Certaines cartes (carte routière et plan de ville) comportent en effet un index des toponymes, accompagné de repères alphanumériques permettant de localiser les lieux.

Ligne de métro Ligne de train de banlieue Station de métro Gare

Il n’y a pas de coordonnées géographiques sur cette carte. CARTOGRAPHIE

BAO-21

SECTION 2

À QUOI ÇA SERT

?

Le croquis géographique sert à... l’organisation » démontrer d’un territoire plutôt qu’à le montrer. Il permet donc de faire une démonstration.

Le croquis géographique Un croquis géographique est un dessin schématique (ou simplifié) d’un territoire, tracé à partir de ses caractéristiques géographiques. Il permet, par exemple, d’établir les grandes lignes d’un plan d’aménagement urbain adopté par une localité.

Exemple d’un croquis géographique Les arbres : un atout en territoire agricole

Légende Champ

Maison

Haie

Ferme

Boisé

Rue/route

Arbre

Colline

Source : ERPI, Territoires 1, page 199.

Comment faire un croquis géographique ? Pour faire un croquis géographique, vous devez suivre une démarche simple en six étapes : déterminer votre but ; recueillir les informations ; dégager les trois plans à représenter ; tracer le dessin ; écrire la légende ; et donner un titre au croquis.

Exemple de réalisation d’un croquis géographique Déterminer l’intention visée ou le but recherché : à quoi servira le croquis ?

Dans ce croquis, mon intention est de faire ressortir les caractéristiques principales de la ville du Caire parce qu’elles influencent le développement de la ville à court et à long terme. BAO-22

SECTION 2

CARTOGRAPHIE

Trouver les éléments essentiels à représenter en fonction de l’objectif poursuivi : constructions, reliefs, hydrographie et axes routiers, végétation et autres.

Les éléments à souligner sont la proximité de la ville et du désert, l’envahissement de la ville par le désert, le tourisme, la forte densité de population, la végétation clairsemée, les gratte-ciel et la pollution visible au-dessus de la ville (le smog). Dégager les trois plans (le plan rapproché, le plan moyen et l’arrière-plan).

Arrière-plan

Le plan rapproché ou avant-plan est le plan le plus proche sur une photographie. Le plan moyen ou second plan offre une vue sur le centre de la photographie. L’arrière-plan est le plan le plus éloigné sur la photographie.

Source : TIPS IMAGES.

Plan moyen Plan rapproché

Faire une représentation simplifiée du paysage réel grâce à une symbolique choisie.

T

Écrire la légende.

T

Désert Tourisme Étalement de la métropole

Habitat

T

Pollution

Végétation Gratte-ciel

Donner au croquis un titre qui exprime l’intention visée.

Titre de mon croquis : Un développement dans le désert. CARTOGRAPHIE

BAO-23

une représentation » faire simplifiée de l’organisation d’un espace ; des particula» représenter rités d’un territoire, d’un phénomène ou d’un mouvement ; les obser» communiquer vations faites dans un

Une carte schématique est une représentation simplifiée de la réalité, qui possède les mêmes caractéristiques qu’une carte géographique. Ce type de carte est un outil de communication qui vise, entre autres, à représenter les traits essentiels d’un territoire, d’un phénomène ou d’un mouvement.

Exemple d’une carte schématique Mon itinéraire de la journée dans la ville de Québec Rue

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Parcours en voiture Parcours à pied Montée en funiculaire P Stationnement

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Centre des congrès de Québec Vieux-Port Place-Royale Château Frontenac Édifice Price

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Rue Jean-JacquesBertrand

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La carte schématique sert à...

La carte schématique

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Ru

SECTION 2

À QUOI ÇA SERT

Rue d Champu Marchélain

Fleuve Saint-Laurent Source : ERPI, Territoires 1, page 151.

Comment faire une carte schématique ? La réalisation d’une carte schématique consiste essentiellement à ajouter des textes, des statistiques et des éléments graphiques illustrant un phénomène à un croquis géographique.

Exemple de réalisation d’une carte schématique Déterminer l’intention, le but poursuivi : à quoi servira la carte (par exemple : décrire, définir ou expliquer un concept) ?

Mon intention est de représenter l’interdépendance énergétique entre les pays du golfe Persique et les pays industrialisés. Consulter plusieurs sources d’information (cartes, tableaux et documents divers) et relever les données pertinentes.

Un fond de carte représente les contours schématiques simplifiés d’une carte.

BAO-24

SECTION 2

Les informations à rechercher sont les suivantes : un fond de carte de planisphère, des données relatives aux exportations de pétrole à partir du golfe Persique (quantités exportées et régions du monde importatrices) et les routes du pétrole (la circulation du pétrole entre le golfe Persique et les régions importatrices).

CARTOGRAPHIE

Selon l’intention visée, déterminer les éléments essentiels à représenter.

Éléments retenus pour la carte : les limites du territoire du golfe Persique ; les quantités de pétrole exportées à partir du golfe Persique dans trois grandes régions du monde (Asie : 50 % ; Europe de l’Ouest : 20 % ; et États-Unis : 20 %) ; les routes du pétrole vers ces trois grandes régions. Illustrer vos données dans un schéma de concepts, par exemple, les phénomènes et les espaces à cartographier. Choisir les symboles qui vont représenter ces éléments. Rédiger une légende.

Part du pétrole exporté : Région du golfe 20 % Persique 50 % Route du pétrole Région importatrice de pétrole

Tracer la carte schématique et y reporter les renseignements à l’aide des signes et des symboles choisis.

Europe de l’Ouest États-Unis

Asie

Équateur

0

2000 4000 km

à l’équateur

Source : Territoires 2, page 310. Donner un titre à la carte schématique qui annonce le but ou la problématique liée au sujet d’étude.

Titre de ma carte : Le pétrole du golfe Persique : un enjeu capital. Indiquer l’échelle appropriée.

Mon échelle est 1 cm : 2000 km.

CARTOGRAPHIE

BAO-25

?

Une image géographique sert à... visuellement » représenter l’occupation ou l’évolution d’un territoire.

Qu’est-ce qu’une image géographique ? Une image géographique est la représentation visuelle d’un territoire. Elle peut être présentée sous la forme d’une photographie ou d’une image satellitale. L’image géographique d’un territoire témoigne de la situation de ce territoire à petite ou à grande échelle. Les images géographiques font partie des documents iconographiques que vous pouvez trouver à la section Documents iconographiques, page 84 .

Les photographies Un territoire est un espace que les humains se sont approprié, qu’ils ont transformé et auquel ils ont donné un sens et une organisation particulière.

Une photographie représente la vue d’un territoire à un moment précis et sous un angle particulier. On retrouve différents types de représentations visuelles dans cette catégorie, soit la vue urbaine, la vue de paysage et la vue aérienne.

La vue urbaine Une vue urbaine est une photographie de la vie en ville : bâtiments et architecture. La photo peut être prise en plan rapproché sans forcément offrir de perspective, c’est-à-dire de plan moyen ou d’arrière-plan.

Exemple d’une vue urbaine La pointe sud de Manhattan, à New York, aux États-Unis

arrière-plan arrière-plan

plan planmoyen moyen

plan planrapproché rapproché Source : CORBIS, D. J. Zimmerman.

SECTION 2

À QUOI ÇA SERT

BAO-26

SECTION 2

CARTOGRAPHIE

La vue de paysage

Source : CANADIAN PETROLEUM INTERPRETIVE CENTRE.

Une vue de paysage peut être une photographie d’un paysage tel qu’il est vu par l’être humain. Ce paysage peut être une rivière, un champ agricole, une plantation, un désert ou autre. Dans ce type de photo, qui est généralement prise à partir du sol, on retrouve les trois plans de vue : le plan rapproché, le plan moyen et l’arrière-plan.

Exemple d’une vue de paysage Un brise-glace de la garde côtière canadienne sur la côte de l’île de Baffin arrière-plan arrière-plan

plan planmoyen moyen

plan planrapproché rapproché

La vue aérienne Une vue aérienne est habituellement une photographie prise à partir du ciel. Le point de vue est totalement différent d’une photo prise au sol. Plus la photo est prise de haut, plus les perspectives en sont effacées. Ce type de photo est efficace pour rendre compte de l’organisation d’un territoire et est très utile pour faire des cartes thématiques ou schématiques. Une vue aérienne prise de très haut, à la verticale, offre le même point de vue qu’une carte géographique.

Exemple d’une vue aérienne

Source : Jimmy Sam.

Le village de Chisasibi, dans le nord du Québec

CARTOGRAPHIE

BAO-27

SECTION 2

Les images satellitales Une image satellitale est constituée de données enregistrées par des capteurs non photographiques situés sur un satellite. Ces images satellitales, dont les couleurs sont artificielles, permettent aux chercheurs d’obtenir une multitude de renseignements, entre autres, sur les phénomènes naturels, la météo, les aménagements humains et leur évolution, les zones agricoles et l’état des ressources naturelles.

Exemple d’une image satellitale Une image satellitale d’une partie du territoire du Québec, prise à partir du satellite Landsat, le 8 juin 2001 Ensembles physiographiques A. Les Laurentides B. Basses-terres du Saint-Laurent C. Les Appalaches

zone de végétation cours d’eau

Zones urbanisées a. Île de Montréal b. Laval c. Corridor de la Rivière-du-Nord (autoroute 15 + zones urbanisées) d. Mirabel e. Chambly f. Sorel-Tracy g. Trois-Rivières h. Magog

1

zone urbanisée zone cultivée

5

A

Cours d’eau 1. Fleuve Saint-Laurent 2. Lac Saint-Pierre 3. Lac Memphrémagog 4. Rivière Richelieu 5. Rivière Saint-Maurice 6. Rivière Yamaska 7. Rivière Saint-François 8. Rivière des Outaouais

g

2 B f

Zones de végétation 9. Mont Royal 10. Mont Saint-Bruno 11. Mont Saint-Hilaire 12. Mont Rougemont

6

A

4

B

B C

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8

BAO-28

11

10 e

12 h 3

SECTION 2

Source : Robert Desjardins, Département de géographie, UQAM.

7

CARTOGRAPHIE

Comment interpréter une image géographique ? Pour interpréter une image géographique, vous devez d’abord vérifier s’il s’agit d’une photographie ou d’une image satellitale. Dans les deux cas, la démarche est relativement simple, mais comporte des nuances importantes à prendre en considération.

L’interprétation d’une photographie On interprète une photographie en tenant compte du contexte dans lequel elle a été placée et en suivant la démarche simple suivante qui permet d’en tirer l’essentiel.

Exemple d’interprétation d’une photographie Lire le titre qui accompagne la photographie. Quels renseignements vous fournit-il ?

La photographie représente l’aéroport RoissyCharles-de-Gaulle, en région parisienne.

L’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, en région parisienne

Se demander ce qu’illustre la photographie dans le contexte où elle est présentée (par exemple, le sujet à l’étude).

Source : Dave Bartruff.

Ici, aucun texte n’accompagne la photo. Mais, je pourrais écrire un texte sur l’organisation du territoire ou le trafic aérien. Déterminer l’intention visée par le ou la photographe en prenant le cliché. Relever les données relatives à la photo : la date à laquelle elle a été prise, son auteur, le lieu illustré et la vue qu’elle offre (vue urbaine, vue de paysage ou vue aérienne).

Il n’y a ni la date ni le nom de l’auteur sur la photographie. La photo offre une vue aérienne. L’intention visée par le ou la photographe est de montrer la proximité de l’aéroport avec les habitations ainsi que les champs agricoles. Je peux en déduire que des habitants vivent près de l’aéroport et subissent la pollution sonore (le bruit des avions) et la pollution atmosphérique. De plus, un accident d’avion provoquerait beaucoup plus de dégâts près de ces zones urbaines qu’en zone peu habitée. Décrire la photographie, tout ce qui est visible sur les différents plans (plan rapproché, plan moyen ou arrière-plan), soit les détails et la vue d’ensemble.

Bien que la photo offre une vue aérienne, je peux y observer les trois plans : sur le plan rapproché, je vois l’aéroport et les nombreux avions stationnés ; sur le plan moyen, je vois les pistes d’atterrissage de l’aéroport ; en arrière-plan, je vois des champs cultivés et des habitations. CARTOGRAPHIE

BAO-29

SECTION 2

L’interprétation d’une image satellitale On interprète une image satellitale en suivant la démarche simple décrite ci-après.

Exemple d’interprétation d’une image satellitale L’évolution du déboisement entre 1975 et 2001 dans l’État du Rondônia, au Brésil

2001

Source : EARTH SCIENCE DATA INTERFACE.

1975

Lire le titre qui accompagne l’image. Quels renseignements vous fournit-il ?

Ces images satellitales prises à deux moments différents montrent l’évolution du déboisement dans une région du Brésil. Repérer le lieu illustré. Quel est le territoire que l’on montre ?

Le lieu représenté est l’État du Rondônia. BAO-30

SECTION 2

CARTOGRAPHIE

Lire la légende et déterminer la superficie du territoire étudié à l’aide de l’échelle.

Ici, l’échelle n’est pas indiquée, mais en faisant une courte recherche, j’ai appris que la superficie de l’État du Rondônia est de 237 000 km2 environ. Décoder les couleurs utilisées pour illustrer les informations. Définir le type de territoire dont il s’agit : territoire agricole, territoire urbain, territoire forestier ou territoire désertique.

Aucune légende n’est fournie, mais le titre parle de déboisement (coupe des arbres). J’en déduis qu’il s’agit d’un territoire forestier. Décrire ce que vous voyez. Si vous comparez des images prises à deux moments différents, il faut bien observer les images et tirer les conclusions qui s’imposent. L’interprétation des couleurs est un point important, car elles permettent généralement de montrer l’évolution du territoire.

Donc, la couleur verte représente la zone forestière et, sur la seconde carte, je remarque qu’il y a beaucoup moins de vert foncé. J’en conclus que la forêt diminue pour laisser place à des habitations, à des routes ou à la construction de nouvelles zones urbaines et agricoles. Je note aussi un espace blanc, qui ne contient donc plus d’arbres du tout. Forêt

Rio Jamari Route

Rio Jamari Route

Ville d’Ariquemes

Ville d’Ariquemes Pâturage

Forêt

J’observe qu’en 26 ans, environ les 3/4 du territoire forestier ont été détruits pour faire place au développement urbain.

CARTOGRAPHIE

BAO-31

SECTION 2

À QUOI ÇA SERT

?

Une carte historique sert à... l’évolution d’un » illustrer fait ou d’un phénomène au cours de différentes périodes historiques ; l’état d’un terri» montrer toire à un moment donné de son histoire ; ou infirmer des » vérifier hypothèses.

Qu’est-ce qu’une carte historique ? Une carte historique est une carte géographique thématique qui illustre un événement, un phénomène ou une réalité historique. Elle fournit de l’information sur la façon dont les gens d’une autre époque occupaient le territoire et voyaient le monde. La carte historique peut représenter aussi bien une petite région du monde que l’ensemble des continents. Elle peut contenir des renseignements d’ordre politique, économique, social, démographique ou culturel. Comme toute carte géographique, une carte historique présente des données (politiques, économiques, sociales, démographiques, culturelles), statiques ou dynamiques, sur un lieu géographique (quartier, ville, province, pays, etc.) et comporte habituellement : un titre, qui révèle l’intention des auteurs de la carte et la situe dans le temps ; une légende, qui contient la liste des signes et des symboles utilisés et leur signification ;

Exemple d’une carte historique L’Amérique du Nord britannique, en 1791

Source : ERPI, Repères, manuel B, 1re année du 2e cycle, page 231.

une rose des vents ou une flèche pointant vers le nord ; une échelle, qui indique le rapport de grandeur entre l’espace représenté sur la carte et la représentation réelle de cet espace ; une source, qui indique la provenance de la carte utilisée.

BAO-32

SECTION 2

CARTOGRAPHIE

Les cartes historiques présentent parfois des données dynamiques qui permettent d’illustrer l’évolution d’un phénomène dans le temps ou dans l’espace.

Exemple d’une carte historique avec données dynamiques L’essor urbain et commercial au Moyen Âge

Mer du Nord

Mer Baltique

Boston

Hambourg

Bruges Londres

Leipzig

Anvers

Kiev

Francfort

Gand

Messines

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Paris OCÉAN AT L A N T I Q U E

La Rochelle Milan Beaucaire Toulouse

Gênes

Carcassonne Barcelone

Guimarães

Caffa

Venise

Florence

Dubrovnik

Mer Noire

Barletta

Rome

Constantinople

Palma

Lisbonne Grenade

Palerme Tunis Oran

Antioche

Mer Méditerranée

Bagdad

Tripoli 0

Alexandrie

300 km

Vers Tombouctou

ITINÉRAIRES TERRESTRES

ITINÉRAIRES MARITIMES

Itinéraires routiers Caravanes

50 000 ou moins de 50 000 à 200 000 200 000 et plus

LES VILLES

Commerce italien Commerce de la Hanse

Foires

Source : ERPI, Réalités, manuel 1B, page 305.

Les cartes historiques peuvent également présenter des données statiques qui illustrent des faits ou dressent le portrait d’une situation à un moment précis de l’histoire.

Exemple d’une carte historique avec données statiques La colonisation du Québec de la fin du 19e siècle au milieu du 20e siècle

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Ville Frontière internationale Frontière provinciale Chemin de fer BEAUCE Région Territoire occupé vers 1899 Territoire colonisé de 1900 à 1950

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ÉTATS-UNIS

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Sherbrooke

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Légende

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QUÉBEC ABITIBI

Source : ERPI, Repères, manuel 2e année du 2e cycle, page 49.

CARTOGRAPHIE

BAO-33

SECTION 2

Comment interpréter une carte historique? Une carte historique s’interprète à l’aide d’une démarche simple en quatre étapes.

Exemple d’interprétation d’une carte historique

Le découpage des empires en Amérique du Nord à la suite du traité de Paris, en 1763

Source : ERPI, Repères, manuel A, 1re année du 2e cycle, page 161.

BAO-34

SECTION 2

CARTOGRAPHIE

Lire le titre de la carte (il vous informe sur le sujet choisi et sur le territoire représenté) et vérifier la date afin de situer l’époque représentée.

Le sujet de cette carte est le découpage des empires en Amérique du Nord à la suite du traité de Paris, en 1763. Étudier la légende en vue de décoder les signes et les symboles utilisés ; les repérer sur la carte. Déterminer le type de données représentées : statiques ou dynamiques. Déterminer également le type d’information traitée : politique, économique, sociale, démographique ou culturelle.

Les couleurs représentent les possessions britannique, espagnole et française. Chaque ville est représentée par un point noir sur la carte. La carte fournit des données statiques et de l’information politique ; elle définit les frontières des territoires colonisés. Identifier le territoire couvert par la carte, prendre connaissance de l’échelle de la carte et de son orientation à partir de la rose des vents.

La superficie du territoire est de 12,5 millions de km2 environ. Ici, la carte représente l’est des États-Unis et du Canada : de la Floride à Terre-Neuve et de la Nouvelle-Écosse jusqu’à la Louisiane. Dégager l’information contenue dans la carte en se questionnant sur ce que cette carte nous apprend, les données qu’elle décrit et ce qu’elle nous aide à comprendre de l’époque représentée.

En observant la carte, je constate que les Britanniques possédaient environ les 3/4 du territoire, les Espagnols, environ 1/4, et les Français, uniquement les petites îles de Saint-Pierre et Miquelon. Cela illustre bien la domination des Britanniques en Amérique du Nord à cette époque et signifie qu’ils étaient puissants militairement.

CARTOGRAPHIE

BAO-35

SECTION 2

Comment faire une carte historique ? Pour réaliser une carte historique, vous devez suivre ces sept étapes : préciser votre intention ; vous documenter ; représenter l’espace géographique ; déterminer l’échelle ; construire la légende et dessiner les éléments cartographiques ; choisir un titre ; et indiquer les sources de votre carte et la rose des vents.

Exemple de réalisation d’une carte historique Déterminer son intention de façon très précise, puis rédiger un titre provisoire qui reflète ce qu’on veut illustrer par cette carte, le but poursuivi.

Mon intention est de démontrer que les Canadiennes n’ont pas toutes eu le droit de vote à la même époque et que leur lutte pour l’obtenir a duré plusieurs décennies. Dans un même pays, des personnes de même sexe ou de même race peuvent être victimes d’inégalités selon le lieu où elles habitent. Se documenter en consultant diverses sources d’information : ouvrages trouvés en bibliothèque, manuels scolaires et Internet. Parmi les renseignements trouvés, dégager les éléments qui sont pertinents par rapport à l’intention visée. Dresser une liste ou faire un tableau.

Je veux noter les noms des provinces et l’année au cours de laquelle elles ont accordé le droit de vote aux femmes. 1916 Manitoba, Saskatchewan, Alberta 1917 Ontario, Colombie-Britannique 1918 Nouvelle-Écosse 1919 Nouveau-Brunswick, Territoire du Yukon 1922 Île-du-Prince-Édouard 1925 Terre-Neuve-et-Labrador 1940 Québec 1951 Territoires du Nord-Ouest Se créer une image mentale de l’espace géographique et des éléments à représenter. Tracer à main levée un fond de carte schématique correspondant à cet espace ou chercher un fond de carte qui existe déjà (par exemple, dans votre manuel ou dans Internet).

J’ai trouvé un fond de carte dans Internet. J’aurais pu également réutiliser une carte de mon manuel d’histoire.

BAO-36

SECTION 2

CARTOGRAPHIE

Indiquer l’échelle de la carte. Pour plus de facilité, prendre d’abord deux lieux de référence dont la distance est connue. Les placer sur la carte, puis mesurer, en centimètres, la distance entre les deux. Utiliser cette distance comme référence pour établir l’échelle. Placer ensuite tous les toponymes sur la carte en respectant cette échelle.

L’échelle de ma carte est 1,2 cm : 500 km. Construire la légende. Choisir des couleurs ou des symboles appropriés, ou les deux, pour représenter les éléments. Dessiner les éléments d’information à l’aide des couleurs ou symboles choisis. La légende doit être complète : tous les signes (symboles et/ou couleurs) qui apparaissent sur la carte doivent y figurer, accompagnés de leur signification. La légende doit également être claire. Tous les signes qui se rapportent à un même type de renseignement doivent être regroupés.

1916 1917 1918 1919 1922 1925 1940 1951 Donner un titre à la carte en s’assurant qu’il soit le plus précis possible et qu’il éclaire les lecteurs sur l’intention visée et sur le sujet de la carte.

Titre de ma carte : L’obtention du droit de vote des femmes au Canada (1916-1951). Ajouter les sources de la carte et la rose des vents.

J’ai trouvé les données dans mon manuel d’histoire, Repères B, page 396. L’obtention du droit de vote des femmes au Canada (1916-1951)

Territoire du Yukon

Territoires du Nord-Ouest

Manitoba Colombie- Alberta Britannique Saskatchewan N O

E S 0

200 400 600 km

Labrador (Terre-Neuve)

Québec

TerreNeuve

Île-DuPrince-Édouard

Ontario

NouvelleNouveau- Écosse Brunswick

Légende 1916 1917 1918 1919 1922 1925 1940 1951

Source : ERPI, Repères, manuel B, 1re année du 2e cycle, page 396.

CARTOGRAPHIE

BAO-37

SOMMAIRE

SECTION 3

Qu’est-ce qu’un tableau ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

38

Comment interpréter un tableau ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

40

Comment faire un tableau à entrées multiples ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

42

À QUOI ÇA SERT

Les tableaux permettent de présenter sous une forme graphique des renseignements, telles que des statistiques, des faits ou des relations entre différents éléments.

?

Un tableau sert à... de façon concise » donner un grand nombre de

Qu’est-ce qu’un tableau ?

renseignements ; des liens entre deux » établir types de renseignements ou plus ; l’interprétation » faciliter des données et les comparer ; des données » rassembler pour construire un

Un tableau présente des données sous la forme de colonnes et de lignes. Cette forme de représentation de l’information se trouve dans divers types de documents (journaux, livres, revues, sites Internet, manuels scolaires, etc.). Il existe deux sortes de tableaux : le tableau à entrée simple, qui est composé d’une seule colonne de données, et le tableau à entrées multiples, qui est composé de plus d’une colonne de données.

Exemples de tableaux à entrée simple

graphique. Les activités dans Internet de la population québécoise, en 2005, chez les 18 à 34 ans Le taux de chômage des régions administratives du Québec, en 2007 Région administrative Bas-Saint-Laurent Saguenay–Lac-Saint-Jean Capitale-Nationale Mauricie Estrie Montréal Outaouais Abitibi-Témiscamingue Côte-Nord et Nord-du-Québec Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine Chaudière-Appalaches Laval Lanaudière Laurentides Montérégie Centre-du-Québec Ensemble du Québec

Taux de chômage 8,9 % 7,9 % 4,9 % 8,6 % 6,0 % 8,5 % 4,9 % 7,4 % 9,1 % 16,7 % 6,8 % 5,8 % 7,6 % 5,1 % 6,4 % 6,0 % 7,0 %

Source : Institut de la statistique du Québec, 2007.

BAO-38

SECTION 3

Activité Courrier électronique Navigation générale Bulletins météorologiques Opérations bancaires électroniques Nouvelles Recherche de renseignements sur un gouvernement Études, formation ou travaux scolaires Participation à des groupes de discussion Achat de musique en ligne Paiement de factures Recherche de renseignements médicaux ou liés à la santé Préparatifs de voyage Achat de logiciels en ligne Jeux Écoute de la radio Recherche de renseignements sur des activités communautaires Communication avec un gouvernement Recherche de renseignements sur des investissements Téléchargement ou écoute de la télévision Téléchargement ou écoute d’un film

Taux d’utilisation 94,2 % 91,0 % 69,3 % 60,8 % 59,6 % 58,9 % 58,8 % 56,6 % 55,4 % 55,3 % 50,4 % 46,4 % 45,8 % 45,4 % 32,1 % 31,0 % 26,5 % 15,5 % 14,0 % 13,1 %

Source : Institut de la statistique du Québec, 2005.

TABLEAUX

Exemples de tableaux à entrées multiples Le taux de bilinguisme (français/anglais) au Canada, en 1991, 1996 et 2001 Territoire

1991

1996

2001

Canada

16,3 %

17,0 %

17,7 %

3,3 %

3,9 %

4,1 %

10,1 %

11,0 %

12,0 %

8,6 %

9,3 %

10,1 %

Nouveau-Brunswick

29,5 %

32,6 %

34,2 %

Québec

35,4 %

37,8 %

40,8 %

Ontario

11,4 %

11,6 %

11,7 %

Manitoba

9,2 %

9,4 %

9,3 %

Saskatchewan

5,2 %

5,2 %

5,1 %

Alberta

6,6 %

6,7 %

6,9 %

Colombie-Britannique

6,4 %

6,7 %

7,0 %

Territoire du Yukon

9,3 %

10,5 %

10,1 %

Territoires du Nord-Ouest



7,7 %

8,3 %

Nunavut



4,1 %

3,8 %

Canada moins Québec

9,8 %

10,2 %

10,3 %

Terre-Neuve-et-Labrador Île-du-Prince-Édouard Nouvelle-Écosse

Source : Statistique Canada, Recensement de 2001.

La distribution de la main-d’œuvre québécoise dans le secteur tertiaire par secteurs d’activité, en 1976, 1981, 1991, 2001 et 2006 Secteur tertiaire Commerce Transport et entreposage Finance, assurances, immobilier et location Services professionnels, scientifiques et techniques Services aux entreprises, services relatifs aux bâtiments et autres services de soutien Information, culture et loisirs Hébergement et services de restauration Services d’enseignement Soins de santé et assistance sociale Administrations publiques Autres services

1976 24,4 % 9,2 % 7,5 %

1981 23,2 % 8,4 % 8,6 %

1991 23,3 % 6,5 % 8,5 %

2001 22,8 % 6,7 % 7,1 %

2006 21,9 % 5,8 % 7,8 %

4,0 %

4,2 %

5,7 %

7,7 %

8,4 %

2,4 %

2,4 %

3,0 %

4,3 %

4,9 %

4,8 % 6,7 % 11,1 % 12,6 % 9,6 % 7,7 %

4,8 % 7,8 % 10,0 % 13,6 % 9,6 % 7,4 %

4,9 % 8,0 % 8,8 % 14,9 % 9,7 % 6,7 %

5,6 % 7,9 % 8,6 % 14,6 % 8,1 % 6,6 %

5,6 % 8,5 % 9,1 % 15,9 % 7,5 % 4,6 %

Source : Serge COURVILLE, Le Québec, genèse et mutations du territoire, Québec, Presse de l’Université Laval, 2001.

TABLEAUX

BAO-39

SECTION 3

Comment interpréter un tableau ? Une démarche simple permet de dégager l’information et de donner un sens à un tableau. Votre interprétation variera selon le contexte dans lequel vous devez interpréter un tableau ou encore selon l’information que vous y recherchez.

Exemple d’interprétation d’un tableau à entrées multiples Lire le titre du tableau afin d’en dégager le sujet et l’intention des auteurs.

Le tableau présente les entreprises d’économie sociale au Québec, en 2001. Lire les titres des lignes et des colonnes afin de déterminer le sens des données fournies dans le tableau et, s’il y a lieu, leur valeur selon l’unité de mesure utilisée.

Les titres indiquent que l’économie sociale est composée de différents secteurs d’activité économique qui comptent un certain nombre d’entreprises, d’emplois et qui génèrent un chiffre d’affaires. Déterminer l’échelle utilisée, s’il y a lieu.

Un portrait des entreprises d’économie sociale du Québec, en 2001 Secteur Aide domestique Culture Médias communautaires et TIC Centres de la petite enfance Entreprises adaptées Entreprises d’insertion Forêt Habitation Loisir-tourisme Périnatalité Ressourcerie-récupération Services funéraires Agro-alimentaire Scolaire Services aux entreprises Transport Autres secteurs Total

Nombre d’entreprises 110 1 522 189 915 43 46 83 1 378 1 037 10 47 43 323 103 107 48 327 6 331

Nombre d’emplois 4 048 8 375 695 22 420 3 400 489 5 916 155 7 915 61 732 787 17 114 1 003 635 1 341 3 206 78 292

Chiffre d’affaires (en millions $) 65,7 160,0 32,0 797,0 117,0 18,6 435,1 153,3 197,8 3,2 17,2 22,1 5 181,9 124,1 10,4 73,2 158,9 7 567,5

La composition des secteurs d’activité est présentée en nombre d’entreprises et d’emplois alors que le chiffre d’affaires est présenté en millions de dollars. Lire chaque ligne en reliant la donnée au titre de la colonne.

Le secteur d’activité économique « Aide domestique » est composé de 110 entreprises représentant 4048 emplois et produisant un chiffre d’affaires de 65,7 millions de dollars.

Source : Chantier de l’économie sociale, 2001.

65,7 millions $ = 65 700 000 $

BAO-40

SECTION 3

TABLEAUX

Le secteur d’activité économique « Culture » est composé de 1522 entreprises représentant 8375 emplois et produisant un chiffre d’affaires de 160,0 millions de dollars. Ainsi de suite pour chaque secteur d’activité économique de l’économie sociale. Lorsque le tableau comporte plus d’une colonne, établir des comparaisons en faisant une lecture verticale (lecture des colonnes) et une lecture horizontale (lecture des lignes).

Le tableau permet d’établir des comparaisons entre les secteurs d’activité, le nombre d’entreprises, le nombre d’emplois et le chiffre d’affaires. Vérifier si les sources des renseignements sont indiquées. Cela permet de s’assurer que les données sont bien documentées et fiables.

La source du tableau est le Chantier de l’économie sociale. Une recherche rapide dans Internet me permet de vérifier que cet organisme a pour mandat de faire la promotion de l’économie sociale, d’en faire la représentation sur le plan national et international et de soutenir le développement des projets et la concertation des différents intervenants. Se poser les questions suivantes : Que m’apprend ce tableau ? Quelles conclusions puis-je en tirer ?

Ce tableau m’apprend que l’économie sociale compte 6331 entreprises œuvrant dans plusieurs secteurs d’activité économique, qui représentent 78 292 emplois et génèrent un chiffre d’affaires de 7567,5 millions de dollars. L’analyse du tableau me permet de comprendre que certains secteurs comptent plus d’entreprises que d’autres, mais aussi que le nombre d’emplois varie d’un secteur à l’autre. Par exemple, le secteur « Centres de la petite enfance » est composé de 915 entreprises représentant 22 420 emplois et générant un chiffre d’affaires de 797,0 millions de dollars. Comparativement, le secteur « Agro-alimentaire » est composé de 323 entreprises représentant 17 114 emplois et générant un chiffre d’affaires de 5181,9 millions de dollars. Cet exemple illustre bien que le nombre d’entreprises d’un même secteur peut être moins élevé mais représenter plus d’emplois et générer un plus gros chiffre d’affaires.

e Centres de la petite enfanc 22 420 emplois = 24,5 emplois / entreprise 915 entreprises

Secteur agro-alimentaire 17 114 emplois = 53 emplois / entreprise 323 entreprises TABLEAUX

BAO-41

SECTION 3

Comment faire un tableau à entrées multiples ? Pour faire un tableau à entrées multiples, vous devez suivre cette démarche simple en trois étapes : recueillir l’information ; construire le tableau ; reporter les données dans le tableau.

Exemple de réalisation d’un tableau à entrées multiples

Recueillir l’information 1) Préciser le sujet du tableau ainsi que votre intention.

Sujet : La population du Québec selon la langue maternelle et la région de résidence, de 1971 à 2001. Intention : Montrer que la population dont la langue maternelle est autre que le français et l’anglais a augmenté davantage dans la région de Montréal que dans l’ensemble du Québec, tout particulièrement sur l’île de Montréal. 2) Rassembler l’information en prenant note des données précises et en notant leurs sources. 3) Déterminer le type de données que les colonnes présenteront.

La première colonne contiendra les régions sur lesquelles le tableau fournit de l’information. La deuxième colonne traitera de la langue maternelle, soit le français, l’anglais ou toute autre langue maternelle de la population pour la période considérée. Les autres colonnes contiendront les pourcentages de la population selon la langue maternelle et la région de résidence. 4) Déterminer le type de données que les lignes contiendront.

Chaque région ou regroupement de régions pertinent figurera sur une ligne. Selon ce que je déciderai, je pourrai prévoir des lignes pour indiquer le pourcentage obtenu pour chacune des langues maternelles ainsi que pour l’ensemble de la population. Construire le tableau 1) Calculer le nombre de lignes et de colonnes nécessaires, puis les tracer. Prévoyez quatre colonnes : Région ; Langue maternelle ; 1971 (en %) ; 2001 (en %). Comme vous avez choisi d’illustrer l’ensemble du Québec, la région métropolitaine de Montréal et l’Île de Montréal, prévoyez trois lignes (sans compter celle des titres de colonnes).

BAO-42

SECTION 3

Pour vous permettre de préciser les données relatives à la langue maternelle de la population de chaque région, il faudra prévoir quatre lignes pour chacune des régions: Français ; Anglais ; Autre langue maternelle ; Total.

Région Ensemble du Québec Région métropolitaine de Montréal Île de Montréal

Langue maternelle

1971 (en %)

2001 (en %)

Français Anglais Autre Total Français Anglais Autre Total Français Anglais Autre Total

Reporter les données dans le tableau 1) Inscrire les données dans le tableau en s’assurant que toutes les données figurent dans les bonnes cases et qu’elles sont exprimées dans l’unité de mesure appropriée. S’il s’agit de proportions, les données doivent être exprimées sous la forme de pourcentages ou être accompagnées du symbole « % » avec un espacement entre le nombre et le symbole. 2) Donner un titre précis au tableau sans oublier d’indiquer les années couvertes par les données qui y sont présentées. 3) Ajouter la source des données, au bas du tableau.

ATTENTION ! La source d’un document est un renseignement très important dans tout document. Elle permet de retracer l’information, de savoir qui l’a produite et éventuellement de la mettre à jour. Il y a une façon très précise de noter une source : • le nom de l’auteur ou de l’organisme ; • la provenance des informations (titre du document, nom du site Internet) ; • la date de référence des informations (la référence des données et de la publication) ; • les pages consultées.

L’unité de mesure utilisée est indiquée sous le titre de chaque colonne. Les données ne sont habituellement pas accompagnées de cette unité de mesure dans les cases du tableau afin d’en faciliter la lecture.

Exemple de tableau terminé : données, titre et source L’évolution de la population du Québec selon la langue maternelle, de 1971 à 2001 Région

Ensemble du Québec

Région métropolitaine de Montréal

Île de Montréal

Langue maternelle

1971 (en %)

2001 (en %)

Français

80,7

81,4

Anglais

13,1

8,3

Autre

6,2

10,3

Total

6 028 000

7 126 000

Français

66,3

68,1

Anglais

21,7

12,8

Autre

12

19,1

Total

2 743 000

3 381 000

Français

61,2

53,2

Anglais

23,7

17,7

Autre

15,1

29,1

Total

1 959 000

1 783 000

Source : Secrétariat à la politique linguistique, gouvernement du Québec, 2002.

TABLEAUX

BAO-43

TABLEAUX

2) Inscrire les titres des lignes et des colonnes. Sous le titre de chaque colonne, indiquer l’unité de mesure utilisée entre parenthèses (ou indiquer le symbole « % » si votre tableau présente des pourcentages).

SOMMAIRE

SECTION 4

Qu’est-ce qu’un diagramme ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

44

Comment interpréter un diagramme ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

48

Comment faire un diagramme ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

53

Qu’est-ce qu’un climatogramme ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

61

Comment interpréter un climatogramme ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

62

Comment faire un climatogramme ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

63

Qu’est-ce qu’une pyramide des âges ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

65

Comment interpréter une pyramide des âges ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

66

Comment faire une pyramide des âges ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

67

À QUOI ÇA SERT

?

Un diagramme sert à... visuellement » représenter une relation entre des données (diagramme à bandes) ; les proportions » représenter de différentes données (diagramme circulaire) ; des données en » illustrer évolution (diagramme à ligne brisée) ; la représentation, » faciliter la comparaison et l’interprétation de données (diagramme à pictogrammes) ; des valeurs » représenter continues (histogramme).

Qu’est-ce qu’un diagramme ? Un diagramme est une représentation graphique d’un ensemble de données, très souvent numériques ou statistiques. Il y a différents types de diagrammes, mais vous êtes plus susceptible d’utiliser le diagramme à bandes, le diagramme à ligne brisée, le diagramme circulaire, le diagramme à pictogrammes et l’histogramme.

Le diagramme à bandes Le diagramme à bandes permet d’établir une comparaison rapide entre des données qualitatives (qualités d’une information) ou des données quantitatives (valeurs statistiques d’une information). La hauteur et la largeur d’une bande indiquent la valeur de la donnée représentée : plus une bande est haute (bande verticale) ou longue (bande horizontale), plus la valeur de la donnée qu’elle représente est grande.

Exemple d’un diagramme à bandes La répartition de la population rurale et urbaine du Québec, de 1951 à 2001

Population (%)

100 80 60 40 20 0 On écrit la valeur exacte en haut de chaque bande si l’échelle utilisée n’offre pas une grande précision et qu’on juge important de fournir des données précises.

BAO-44

SECTION 4

1951

1961

1971 1981 1991 Années

Milieu rural Source : Statistique Canada, 2001.

2001

Milieu urbain

DIAGRAMMES

Le diagramme circulaire

Exemple d’un diagramme circulaire

Le diagramme circulaire a la forme d’un cercle. Il sert à représenter les parties d’un tout exprimées en fractions (par exemple 1/4) ou en pourcentages (par exemple 25 %). Comme une portion de cercle offre un très bon aperçu de la valeur exprimée graphiquement, le diagramme circulaire permet de faire une comparaison rapide entre des données. Chaque portion de cercle est appelée « secteur » et a une dimension proportionnelle à la valeur représentée.

Les dépenses moyennes des ménages québécois pour les biens et les services, en 2005 4% 12,9 % 5,2 %

2,9 %

12,5 % 18,5 %

5,8 % 17,7 %

Alimentation Ameublement et équipement ménager Autres dépenses Impôts personnels Logement

20,7 %

Loisirs Soins de santé et soins personnels Transport Vêtements

Source : Statistique Canada, Enquête sur les dépenses des ménages, 2005.

Le diagramme à ligne brisée Le diagramme à ligne brisée est formé de points successifs qui représentent les différentes valeurs d’une variable (les données) et qui sont reliés entre eux par des segments de droite. Ce type de diagramme permet d’illustrer un phénomène continu variant dans le temps ou en fonction d’un autre phénomène, par exemple, l’évolution du taux de chômage à travers les années ou l’évolution du taux de chômage en relation avec le revenu des salariés ou leur niveau d’instruction, etc.

ATTENTION ! Dans un diagramme à ligne brisée, les variables x et y représentent des valeurs observées. Quant à la droite qui relie les points, elle représente une tendance. Entre deux points illustrés, il peut y avoir une variation qui n’est pas représentée dans le graphique.

Exemple d’un diagramme à ligne brisée Le revenu annuel moyen par habitant au Québec et dans le reste du Canada, de 1988 à 2008

Revenu

Reste du Canada

Québec

30 000 $ 27 500 $ 25 000 $ 22 500 $ 20 000 $ 17 500 $ 15 000 $ 12 500 $ 10 000 $ 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 Années

Source : Institut de la statistique du Québec – Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes, Tableau statistique canadien, octobre 2007.

DIAGRAMMES

BAO-45

SECTION 4

Le diagramme à pictogrammes Le diagramme à pictogrammes représente un ensemble de données (distribution) statistiques qualitatives ou quantitatives à l’aide de pictogrammes, c’est-à-dire de dessins, de symboles ou de toute autre image choisie pour illustrer le sujet traité. Ces pictogrammes servent à établir une comparaison entre différents éléments par rapport à une caractéristique commune. On les utilise en remplacement des bandes ou des segments de droite. Ce genre de diagramme permet de présenter des données sous une forme différente, qui facilite leur interprétation en faisant visuellement référence au sujet traité. Par exemple, pour parler de la taille de trois personnes, on peut utiliser un pictogramme illustrant un être humain et lui donner une grandeur différente selon la mesure observée. On pourrait aussi illustrer la valeur économique comparée de régions par un symbole de dollar ($) et représenter les données par un nombre déterminé de « $ » selon l’information disponible.

Exemple d’un diagramme à pictogrammes L’augmentation de la population dans la région métropolitaine de Manille, de 1940 à 2000 12 000 000 = 500 000 personnes

10 000 000

Population

8 000 000

6 000 000

4 000 000

2 000 000

1940

1960 1980 Années

2000

Source : D’après la revue Disasters, vol. 27, no 3, données provenant du Bureau de la défense civile de Quezon City.

BAO-46

SECTION 4

DIAGRAMMES

L’histogramme L’histogramme sert à représenter des données continues, c’est-à-dire des données entières ou réelles (ex. : l’âge, le revenu moyen, la population, etc.) regroupées par classes correspondant à des intervalles précis (ex.: des groupes d’âge, des niveaux de salaire ou de population, etc.), à l’aide de bandes verticales juxtaposées (qui se touchent). Il n’y a pas de blanc entre les bandes d’un histogramme, car il n’y a aucune discontinuité entre les variables.

Exemple d’un histogramme La proportion d’adultes utilisateurs d’Internet, selon les groupes d’âge, au Canada, en 2005 100 90

Utilisateurs d’Internet (%)

80

88,9 75,0

70 60

53,8

50 40 30

23,8

20 10 0

18-34 35-54 55-64 65 + Groupes d’âge Source : Statistique Canada, Enquête canadienne sur l’utilisation d’Internet, 2005 [en ligne]. (Consulté le 13 janvier 2008.)

DIAGRAMMES

BAO-47

SECTION 4

Comment interpréter un diagramme ? L’interprétation d’un diagramme consiste à déterminer et à analyser l’information qu’il représente. La démarche à appliquer peut varier selon le type de diagramme que vous devez interpréter.

L’interprétation d’un diagramme à bandes Exemple d’interprétation d’un diagramme à bandes Lire le titre du diagramme afin d’en dégager le sujet et l’intention. Un diagramme à bandes horizontales se lit comme un diagramme à bandes verticales, excepté que les valeurs des données sont représentées horizontalement, ce qui signifie que plus une bande est longue, plus sa valeur est élevée.

Le diagramme représente la population européenne aux 16e et 17e siècles. Repérer les titres des axes et les unités de mesure utilisées.

Le titre de l’axe vertical est « Population (millions d’habitants) » et celui de l’axe horizontal est « Pays ». L’unité de mesure utilisée sur l’axe vertical est le million (d’habitants). Lire la légende.

Population (millions d’habitants)

La population européenne à la Renaissance 20 18 16 14 12 10 8 6 4 2 0

20 16 13

La légende indique que les bandes orange représentent les données sur la population vers 1500, et les bandes jaunes, sur la population vers 1600. Évaluer l’ordre de grandeur des données en fonc-

10

tion de l’échelle de graduation de l’axe vertical. 4,5

L’échelle de graduation de l’axe vertical est de 2 millions d’habitants.

2,5

France Vers 1500

Angleterre Pays Vers 1600

Italie

Déterminer la valeur de chaque donnée à partir de la hauteur de chaque bande.

Vers 1500, la France comptait 16 millions d’habitants, l’Angleterre, 2,5 millions d’habitants et l’Italie, 10 millions d’habitants. Vers 1600, leur population respective était de 20 millions d’habitants, de 4,5 millions d’habitants et de 13 millions d’habitants. Vérifier si la source des données est indiquée.

Ici, aucune source n’est citée. Après avoir lu le diagramme, en dégager l’idée principale ou les idées importantes.

En France, en Angleterre et en Italie, la population a considérablement augmenté entre 1500 et 1600. BAO-48

SECTION 4

Exemple d’interprétation d’un diagramme circulaire Lire le titre du diagramme afin d’en dégager le sujet et l’intention.

Le diagramme représente le pourcentage de main-d’œuvre dans chaque secteur d’activité économique au Canada, en 1911. Lire la légende, s’il y a lieu.

Le diagramme est accompagné d’une légende qui indique ce que chaque secteur représente selon sa couleur.

Légende

Titre du diagramme

La proportion de la main-d’œuvre dans chaque secteur d’activité économique au Canada, en 1911

33,5 %

35 %

31,5 %

Secteur primaire Secteur secondaire Secteur tertiaire

Source : Bureau fédéral de la statistique, Cinquième recensement du Canada, 1911 : Répartition de la main-d’œuvre, volume VI, Ottawa.

Observer les rapports de grandeur entre les données représentées.

En 1911, 35 % de la main-d’œuvre canadienne était employée dans le secteur tertiaire, 33,5 % travaillait dans le secteur primaire et 31,5 %, dans le secteur secondaire.

Source

Vérifier si la source des données est indiquée.

Source : Bureau fédéral de la statistique, Cinquième recensement du Canada, 1911 : Répartition de la main-d’œuvre, volume VI, Ottawa. Après avoir lu le diagramme, en dégager l’idée principale ou les idées importantes.

La variation entre chaque secteur est assez faible. En 1911, la maind’œuvre canadienne était donc répartie à peu près également dans les trois secteurs de l’économie.

DIAGRAMMES

BAO-49

DIAGRAMMES

L’interprétation d’un diagramme circulaire

SECTION 4

L’interprétation d’un diagramme à ligne brisée Exemple d’interprétation d’un diagramme à ligne brisée

Titre du diagramme La croissance de la population urbaine au Québec, en Ontario et dans les provinces de l’Atlantique, de 1891 à 1931 Taux de croissance (%)

Unité de mesure (ou pourcentage)

Titre de l’axe vertical

90 80 70 60 50

Ontario

40 30

Québec

20 Provinces de l’Atlantique

10 0 1891

1901

1911

1921

1931

Années

Titre de l’axe horizontal

Source : Statistique Canada, Recensements du Canada, 1851-2001.

Source

Échelle de graduation Lire le titre du diagramme afin d’en dégager le sujet et l’intention.

Le diagramme représente l’augmentation de la population urbaine au Québec, en Ontario et dans les provinces de l’Atlantique, de 1891 à 1931. Lire la légende, s’il y a lieu. Lorsqu’un diagramme ne présente qu’une seule ligne brisée, il est inutile d’inclure une légende.

ATTENTION ! Dans un diagramme qui comporte plus d’une droite, on doit ajouter une légende ou encore écrire sur chaque droite ce qu’elle représente.

BAO-50

SECTION 4

La légende est donnée à l’intérieur du diagramme. Les données de l’Ontario sont représentées en vert ; celles du Québec, en bleu ; et celles des provinces de l’Atlantique, en rouge. Repérer les titres des axes ainsi que les unités de mesure utilisées, s’il y a lieu.

Le titre de l’axe vertical est « Taux de croissance ( %) » et celui de l’axe vertical, « Années ». Le symbole « % », qui figure dans le titre de l’axe vertical, indique que les données y sont exprimées en pourcentages.

DIAGRAMMES

Évaluer l’ordre de grandeur des données en fonction de l’échelle de graduation de l’axe vertical.

L’échelle de graduation de l’axe vertical est de 10 %. Lire chaque donnée à partir des points représentant les couples de valeurs formés des abscisses (coordonnées de l’axe horizontal) et des ordonnées (coordonnées de l’axe vertical). Si une donnée n’est pas fournie, la déduire sur le graphique à partir du point de rencontre des deux axes correspondant à sa valeur.

Ainsi, on peut lire qu’en 40 ans, la population urbaine du Québec a augmenté de plus de 30 %, passant de 29 % en 1891 à plus de 64 % en 1931. La population urbaine de l’Ontario a connu une progression moins marquée que celle du Québec. Aussi, le diagramme nous indique qu’en 1891, le pourcentage de la population urbaine était plus important en Ontario qu’au Québec alors qu’en 1931, cette proportion était plus élevée au Québec qu’en Ontario. Vérifier si la source des données est indiquée.

Source : Statistique Canada, Recensements du Canada, 1851-2001. Après avoir lu le diagramme, en dégager l’idée principale ou les idées importantes.

En Ontario, au Québec et dans les provinces de l’Atlantique, la population urbaine a augmenté de façon presque régulière de 1891 à 1931. C’est principalement en Ontario, puis au Québec, vers la fin de la période, que cette augmentation a été la plus forte.

DIAGRAMMES

BAO-51

SECTION 4

L’interprétation d’un histogramme Exemple d’interprétation d’un histogramme

Unité de mesure ( pourcentage)

Titre du diagramme Échelle de graduation

La proportion d’adultes utilisateurs d’Internet, selon les groupes d’âge, au Canada, en 2005 100 90

Utilisateurs d’Internet (%)

dégager le sujet et l’intention.

88,9

L’histogramme représente la proportion d’adultes canadiens qui utilisent Internet, selon les groupes d’âge, en 2005.

75,0

80 70

53,8

60

Lire le titre de l’histogramme afin d’en

50

Repérer les titres des axes et l’unité de

40

mesure utilisée.

23,8

30

Le titre de l’axe vertical est « Utilisateurs d’Internet (%) » et celui de l’axe horizontal est « Groupes d’âge ».

20 10 0

18-34 35-54 55-64 65 + Groupes d’âge

Lire la légende.

Source : Statistique Canada, Enquête canadienne sur l’utilisation d’Internet, 2005 [en ligne]. (Consulté le 13 janvier 2008.)

Titre de l’axe vertical

Source

Titre de l’axe horizontal

Il n’y a pas de légende. Évaluer l’ordre de grandeur des données en fonction de l’échelle de graduation de l’axe vertical.

L’échelle de graduation de l’axe vertical est de 10 %. Lire chaque donnée à partir de la hauteur de chaque bande.

Les pourcentages d’utilisateurs d’Internet varient selon les groupes d’âge. Vérifier si la source des données est indiquée.

La source des données est Statistique Canada et les données sont tirées de l’Enquête canadienne sur l’utilisation d’Internet de 2005. Après avoir lu le diagramme, en dégager l’idée principale ou les idées importantes.

L’utilisation d’Internet est plus fréquente chez les jeunes que chez les personnes plus âgées. Plus la population vieillit et plus l’utilisation d’Internet diminue. BAO-52

SECTION 4

DIAGRAMMES

Comment faire un diagramme ? La construction d’un diagramme se fait en deux grandes étapes et ce, peu importe le type de diagramme que vous devez faire. Ainsi, vous devez : recueillir l’information appropriée et, ensuite ; procéder à la construction de votre diagramme selon le sujet traité et le but visé. À l’étape de la réalisation, vous pourrez trouver des distinctions dans la façon de faire selon le type de diagramme.

La réalisation d’un diagramme à bandes verticales Exemple de réalisation d’un diagramme à bandes verticales

Recueillir l’information 1) Préciser le sujet de votre diagramme et votre intention.

Sujet : L’évolution de la population canadienne de 1956 à 2006. Intention : Montrer que le nombre de personnes âgées de 80 ans et plus a augmenté continuellement au cours de cette période. 2) Rassembler l’information dans un tableau : relever des données précises en notant bien leur source.

Échelle de graduation : 10 ans. Tableau de données Années Nombre de personnes 1956 182 000 1966 280 000 1976 385 000 1986 537 000 1996 932 000 2006 1 167 000 Source : Statistique Canada, Recensement de 2006 : Portrait de la population canadienne [en ligne]. (Consulté le 19 décembre 2007.)

Si vous avez plusieurs données à représenter, généralement plus de neuf ou dix, il est préférable de recourir à un diagramme à ligne brisée, car les données seront plus lisibles que dans un diagramme à bandes.

3) Déterminer le type de données représentées par chaque axe.

Axe vertical : Nombre de personnes (milliers). Axe horizontal : Années.

DIAGRAMMES

BAO-53

SECTION 4

Construire votre diagramme

Nombre de personnes (milliers)

1) Sur une feuille de papier quadrillé, tracer l’axe vertical et l’axe horizontal du diagramme, leur donner un titre et indiquer entre parenthèses les unités de mesure utilisées, s’il y a lieu.

Années

Comme l’unité de mesure utilisée ici est le millier de personnes, le nombre 1000 équivaut à 1000 milliers de personnes, soit un million de personnes.

Nombre de personnes (milliers)

1200 1000 800

2) Déterminer l’échelle de graduation de l’axe vertical. Pour ce faire, arrondir les valeurs de vos données, estimer le nombre de gradations requises, puis diviser la valeur la plus élevée des données par ce nombre.

La donnée la plus basse sera arrondie à 200 000 et la plus élevée, à 1 200 000. En estimant qu’il faudra 6 gradations sur l’axe vertical, je calcule que l’échelle de graduation de cet axe sera de 200 000 personnes (1 200 000 ÷ 6 = 200 000). 3) Déterminer le nombre de bandes nécessaires sur l’axe horizontal : il s’agit du nombre de données à représenter. À l’aide de traits, diviser l’axe en autant de segments égaux. Inscrire les étiquettes des bandes sous ces segments.

Puisque j’ai recueilli des données sur six années, je dois diviser l’axe horizontal en six segments égaux.

600 400 200 0

1956 1966 1976 1986 1996 2006

Années BAO-54

SECTION 4

DIAGRAMMES

4) À l’aide d’une règle, tracer chaque bande en la centrant à l’intérieur de chaque segment délimité le long de l’axe horizontal. Tracer d’abord la hauteur de la bande, puis tracer ses côtés.

Nombre de personnes (milliers)

1200

ATTENTION ! La largeur des bandes n’a pas d’importance, mais elle doit être la même pour toutes les bandes.

1000 800

Ne prenez des couleurs différentes que si vos données ont une signification différente. Vous devrez fournir une légende dans un tel cas.

600 400 200 0

1956 1966 1976 1986 1996 2006

Années 5) Donner un titre précis au diagramme en indiquant l’année ou les années qu’il couvre. Ajouter la source des données sous le diagramme.

Un titre précis exprime clairement le rapport établi entre les variables. Généralement, on nomme en premier la variable représentée sur l’axe vertical.

1200

Nombre de personnes (milliers)

6) Vérifier que rien n’a été oublié, que tout est parfaitement lisible et que chaque bande a été tracée conformément à la valeur qu’elle représente.

Le nombre de personnes âgées de 80 ans et plus au Canada, de 1956 à 2006

1000 800 600 400 200 0

1956 1966 1976 1986 1996 2006

Années Source : Statistique Canada, Recensement de 2006 : Portrait de la population canadienne [en ligne]. (Consulté le 19 décembre 2007.)

DIAGRAMMES

BAO-55

SECTION 4

La réalisation d’un diagramme circulaire Exemple de réalisation d’un diagramme circulaire

Recueillir l’information 1) Préciser le sujet du diagramme et l’intention visée.

Pour trouver le pourcentage : nombre de personnes x 100. population totale Pour la construction de votre diagramme circulaire, vérifiez que le total des pourcentages est égal à 100.

Groupe d’âge 0 à 9 ans 10 à 19 ans 20 à 59 ans 60 ans et plus Total

Au-delà de cinq ou six données, utilisez un autre type de diagramme que le diagramme circulaire. Lorsqu’il comporte trop de secteurs, il perd de son efficacité.

Sujet : La population autochtone du Canada, en 2006. Intention : Montrer la composition de la population autochtone selon divers groupes d’âge. 2) Rassembler les données dans un tableau. Dans la dernière colonne, exprimer les données sous la forme de pourcentages en s’assurant que le total des données est bien égal à 100. Ne pas oublier de noter la source des données.

Tableau de données Proportion de la population Population autochtone autochtone totale (en %) 286 500 22* 278 176 21 674 334 51 80 880 6 1 319 890 100 *Le pourcentage exact est de 21,7 %. Les nombres ont été arrondis vers le haut et à l’entier le plus près. Source : Statistique Canada, Recensement de 2001 [en ligne]. (Consulté le 11 avril 2008.) 3) Calculer les mesures des angles à tracer : multiplier chaque pourcentage inscrit dans votre tableau par 360 (étant donné que les secteurs d’un cercle se partagent un angle au centre de 360°).

La première donnée est 22 %. Comme elle constitue 22 % du total, elle sera représentée par un secteur ayant un angle au centre de 79°. ( 22 100 ⫻ 360 = 79,2)

BAO-56

SECTION 4

DIAGRAMMES

Construire votre diagramme 1) Tracer un point sur une feuille. À l’aide d’un compas, tracer un cercle autour de ce point. Dessiner le cercle suffisamment grand pour pouvoir y inscrire des données.

79°

2) À l’aide d’un rapporteur d’angles, et en partant du centre du cercle, tracer les angles dont vous avez calculé les mesures.

3) Colorer chaque secteur du cercle d’une couleur différente (de préférence une couleur pâle pour pouvoir y lire l’information présentée) et y inscrire le pourcentage correspondant. S’il n’y a pas suffisamment de place dans un secteur, inscrire le pourcentage à l’extérieur et le relier au secteur par un trait.

6% 22 %

51 %

21 %

4) Dresser la légende du diagramme. Il faut être précis sur la signification attribuée à chaque couleur.

0 à 9 ans 10 à 19 ans 20 à 59 ans 60 ans et plus 5) Donner un titre précis en indiquant l’année ou les années couvertes par le diagramme. Ajouter la source des données sous le diagramme. 6) Vérifier que tous les éléments sont présents, que chaque angle a été tracé correctement et que tout est parfaitement lisible.

La répartition de la population autochtone du Canada, selon les groupes d’âge, en 2001 6% 22 %

51 %

21 %

0 à 9 ans 10 à 19 ans 20 à 59 ans 60 ans et plus

Source : Statistique Canada, Recensement de 2001 [en ligne]. (Consulté le 11 avril 2008.)

DIAGRAMMES

BAO-57

SECTION 4

La réalisation d’un diagramme à ligne brisée Exemple de réalisation d’un diagramme à ligne brisée

Recueillir l’information 1) Préciser le sujet du diagramme et l’intention visée.

Sujet : La production d’énergie renouvelable au Canada, au début du 21e siècle. Intention : Montrer la croissance de la production d’énergie éolienne et d’énergie marémotrice au cours des premières années de cette production. 2) Rassembler les données dans un tableau : relever des données précises ainsi que leurs sources.

Lorsqu’une des variables représente le temps (qu’il s’agisse de minutes, de jours, d’années ou autre), cette variable est généralement placée sur l’axe horizontal, soit l’axe des x (que l’on nomme aussi « axe des abscisses »).

Tableau de données Électricité éolienne et Années marémotrice (en MW/h) 2000 263 820 2001 365 559 2002 434 798 2003 704 071 2004 971 873 Source : Statistique Canada, Aperçu 2007, Énergie [en ligne]. (Consulté le 14 avril 2008.)

Électricité éolienne et marémotrice (MW/h)

3) Déterminer le type d’information représenté par chaque axe.

Axe vertical : Production d’électricité éolienne et marémotrice, en mégawattheures. Axe horizontal : Années, de 2000 à 2004. Construire votre diagramme 1) Sur une feuille de papier quadrillé, tracer l’axe vertical et l’axe horizontal du diagramme, puis leur donner un titre. Indiquer entre parenthèses les unités de mesure utilisées, s’il y a lieu.

Années BAO-58

SECTION 4

La donnée la plus basse sera arrondie à 200 000. La donnée la plus élevée sera arrondie à 1 000 000. En estimant qu’il faudra 5 gradations sur l’axe vertical, je calcule que l’échelle de graduation de cet axe sera de 200 000 MW/h (1 000 000 ÷ 5 = 200 000).

DIAGRAMMES

Électricité éolienne et marémotrice (MW/h)

2) Déterminer l’échelle de graduation de l’axe vertical. Pour ce faire, arrondir les valeurs des données, estimer le nombre de gradations requises, puis diviser la valeur la plus élevée des données par ce nombre.

1 000 000 800 000 600 000 400 000 200 000 0 2000 2001 2002 2003 2004

Années

3) Déterminer le nombre de données à représenter sur l’axe horizontal, puis répartir ces données de façon égale le long de l’axe.

5) Donner au diagramme un titre précis en indiquant l’année ou les années qu’il couvre. Ajouter la source des données sous le diagramme. 6) Vérifier que tous les éléments sont présents, que tout est parfaitement lisible et que chaque point a été tracé à la position appropriée, conformément au couple de valeurs qu’il représente.

La production d’énergie éolienne et marémotrice au Canada, de 2000 à 2004 Électricité éolienne et marémotrice (MW/h)

4) À partir des données de votre tableau, tracer les points correspondant aux couples de valeurs ainsi formés (les points de rencontre de l’axe vertical et de l’axe horizontal), puis relier les points de façon à former une droite.

1 000 000 800 000 600 000 400 000 200 000 0 2000 2001 2002 2003 2004

Années Source : Statistique Canada, Aperçu 2007 - Énergie [en ligne]. (Consulté le 10 janvier 2008.)

DIAGRAMMES

BAO-59

SECTION 4

La réalisation d’un histogramme Pour faire un histogramme, vous devez procéder de la même façon que pour un diagramme à bandes verticales ( La réalisation d’un diagramme à bandes verticales, page 53) , en tenant compte cependant des particularités suivantes:

Lorsque la variable aléatoire (qui dépend du hasard) est discrète (qui ne peut prendre qu’une seule valeur), mais comporte un nombre assez élevé de modalités (valeurs à représenter), on insère un blanc entre les bandes de l’histogramme pour en faciliter la lecture.

À l’étape du tableau de données Regrouper les valeurs de la variable qui sera représentée sur l’axe horizontal en classes consécutives. Si ce n’est pas possible, utiliser un diagramme à bandes verticales plutôt qu’un histogramme.



Au sujet de l’axe horizontal 1) Laisser un blanc de quelques millimètres au début de l’axe horizontal, puis diviser l’axe en autant de segments égaux que vous avez de données à représenter. Laisser également un blanc de quelques millimètres à l’autre extrémité de l’axe.

ATTENTION !

2) Tracer les bandes verticales en partant des traits qui délimitent les segments, de sorte qu’il n’y ait pas de blanc entre les bandes.

N’oubliez pas : toutes les bandes doivent être de la même largeur.

3) Inscrire les classes correspondantes sous les bandes.

BAO-60

SECTION 4

Un climatogramme est un type particulier de diagramme, qu’on appelle aussi « diagramme ombrothermique ». Il est composé, d’une part, d’un diagramme à bandes qui représente les précipitations mensuelles d’une région et, d’autre part, d’un diagramme à ligne brisée qui donne les températures mensuelles moyennes de cette même région.

Une précipitation se définit comme l’eau contenue dans l’atmosphère qui tombe à la surface du sol, sous forme de pluie, de grêle ou de neige.

Le climatogramme a la particularité de comporter deux axes verticaux : l’un

Exemples de climatogrammes Climatogramme de Papeete (Tahiti) 35 30 25 20 15 10 5 0 -5 -10 -15 -20 -25 -30 -35

Températures (°C)

J

Précipitations (mm)

F M A M J J A S O N D

350 325 300 275 250 225 200 175 150 125 100 75 50 25 0

Climatogramme de Québec Moyenne (Canada) Total 4,5 ºC

1209 mm

Source : MétéoMédia, 2006.

Climatogramme d’Iqaluit (Nunavut) 35 30 25 20 15 10 5 0 -5 -10 -15 -20 -25 -30 -35

Températures (°C)

J

Précipitations (mm)

F M A M J J A S O N D

350 325 300 275 250 225 200 175 150 125 100 75 50 25 0

Source : MétéoMédia, 2005.

Source : MétéoMédia, 2006.

DIAGRAMMES

BAO-61

DIAGRAMMES

Qu’est-ce qu’un climatogramme ?

SECTION 4

Comment interpréter un climatogramme ? Exemple d’interprétation d’un climatogramme

L’amplitude thermique d’un lieu est l’écart entre la température moyenne maximale et la température moyenne minimale enregistrées dans ce lieu, au cours d’une année. Attention aux calculs lorsque l’une est positive et que l’autre est négative.

ATTENTION ! Les mois froids sont les mois où la température moyenne est la plus basse, soit sous la barre du 0 °C. Les mois les plus froids sont ceux où la température moyenne est la plus basse dans l’année. Les mois chauds sont les mois où la température moyenne est supérieure à 0 °C. Les mois les plus chauds sont ceux où la température moyenne est la plus élevée dans l’année. Les mois secs sont les mois dont les bandes correspondantes restent sous la courbe des températures. Les mois humides, inexistants au Québec, sont les mois dont les bandes correspondantes dépassent la courbe des températures.

Nom de la station où les données ont été enregistrées

Climatogramme de Québec (Canada) Total

Moyenne 4,5 ºC

1209 mm

Axe vertical gauche : Températures (°C)

Axe vertical droit : Précipitations (mm)

Unité de mesure : degrés Celsius

Unité de mesure : millimètres

Échelle de graduation : 5 °C

Échelle de graduation : 25 mm Source : MétéoMédia, 2005.

Axe horizontal : mois de l’année Bandes bleues : valeurs moyennes des précipitations reçues au cours des mois Droite tracée en rouge : températures mensuelles moyennes Relever le nom de la station météorologique où les données ont été enregistrées.

Les données ont été enregistrées à Québec. Pour trouver la température moyenne enregistrée au cours d’un mois, repérer le point de la courbe qui représente le mois, puis relever la valeur correspondante de ce point sur l’axe vertical de gauche.

À Québec, en janvier, la température moyenne est de – 12 °C. Pour trouver la quantité moyenne de précipitations reçues au cours d’un mois, repérer le point de la courbe qui représente le mois, puis relever la valeur correspondante de ce point sur l’axe vertical de droite.

À Québec, en janvier, la moyenne des précipitations est de 85 mm. Un climatogramme permet de trouver l’amplitude thermique d’un lieu. Il permet aussi de décrire la température d’une région en repérant les mois froids, les mois secs et les mois humides.

L’amplitude thermique de Québec est de 30 °C (la différence entre – 12 °C, enregistré en janvier, et 18 °C, enregistré en juillet). BAO-62

SECTION 4

DIAGRAMMES

Comment faire un climatogramme ? Un climatogramme étant formé de la combinaison d’un diagramme à bandes et d’un diagramme à ligne brisée, référez-vous aux instructions fournies pour faire un diagramme à bandes à la section La réalisation d’un diagramme à bandes verticales, page 53 , et aux instructions de réalisation d’un diagramme à ligne brisée données à la section La réalisation d’un diagramme à ligne brisée, page 58 . Voici deux conseils forts utiles : Graduer l’axe vertical de droite (axe des précipitations) en partant de zéro et graduer l’axe vertical de gauche (axe des températures) de – 35 °C à 35 °C. Ne pas utiliser un bleu trop foncé pour représenter les précipitations, car il se peut que la droite colorée en rouge passe à travers les bandes.

Exemple de réalisation d’un climatogramme Recueillir les données climatiques, soit les 12 dernières températures mensuelles moyennes enregistrées à Oujé-Bougamou, dans le nord du Québec, ainsi que les 12 quantités de précipitations mensuelles reçues au cours de la dernière année à la station météo desservant Oujé-Bougamou (les coordonnées de la station devraient indiquer l’altitude, la latitude et la longitude du site). Ensuite, calculer la température annuelle moyenne ainsi que le total des précipitations annuelles. La température annuelle moyenne est égale à la somme des températures mensuelles, divisée par 12. Les précipitations annuelles sont égales à la somme des précipitations.

J F M °C – 17,5 – 16,2 – 8,1 mm 55 40 49

A 0,2 51

M 9,1 75

J 14,8 96

J 16,2 122

A 15,0 101

S 9,7 125

O 5,1 85

N D – 4,1 – 15,5 81 58

Température annuelle moyenne : 0,7 °C. Précipitations annuelles : 938 mm. Mettre en abscisses (axe horizontal) les 12 mois de l’année en utilisant une échelle de 1 cm par mois. Centrer l’initiale des mois sur chacun des segments de l’axe des abscisses.

J

F

M

A

M

J

J

A

S

O

N

D

DIAGRAMMES

BAO-63

SECTION 4

35 30 25 20 15 10 5 0 –5 –10 –15 –20 –25 –30 –35

Placer en ordonnées (axe vertical) sur l’axe de gauche, les températures mensuelles moyennes en utilisant une échelle de 1 cm par bond de 5 °C, graduée de – 35 (pour illustrer des températures sous zéro) à 35.

Tracer les 12 points représentant les températures mensuelles moyennes et les relier par un trait ROUGE.

J F M A M J J A S O N D

Pour faciliter la lecture de votre climatogramme, il est important que l’axe des températures soit tracé au même niveau que l’axe des précipitations et que l’échelle de l’axe de droite soit égale au moins au double de l’échelle de l’axe de gauche (dans le cas présent, elle est cinq fois plus grande).

BAO-64

Représenter les données sur les

J F M A M J J A S O N D

SECTION 4

350 325 300 275 250 220 200 175 150 125 100 75 50 25 0

précipitations dans un diagramme à bandes en utilisant l’échelle de l’axe vertical de droite. Utiliser la couleur BLEUE pour représenter les précipitations. Le contraste des couleurs contribue à améliorer la lisibilité d’un climatogramme.

Combiner le diagramme à ligne brisée et le diagramme à bandes verticales, en respectant les axes et les échelles, pour obtenir votre climatogramme.

Climatogramme d’Oujé-Bougoumou (Québec) 35 30 25 20 15 10 5 0 -5 -10 -15 -20 -25 -30 -35

Températures (°C)

J

Précipitations (mm)

F M A M J J A S O N D

350 325 300 275 250 225 200 175 150 125 100 75 50 25 0

Source : Environnement Canada, 2006.

DIAGRAMMES

Qu’est-ce qu’une pyramide des âges ? Une pyramide des âges est un diagramme qui sert à illustrer la répartition d’une population selon l’âge et le sexe (masculin ou féminin) des individus qui la composent. Dans ce type de diagramme, l’axe vertical (qui représente l’âge de la population) se trouve toujours au centre de la figure. L’axe horizontal, lui, est double et situé de part et d’autre de l’axe vertical : à gauche, il représente le nombre de personnes de sexe masculin ; à droite, le nombre de personnes de sexe féminin. Dans chaque cas, les valeurs partent de l’origine (valeur « 0 ») et vont vers l’extérieur.

Exemple d’une pyramide des âges La pyramide des âges de la population canadienne vivant en régions métropolitaines et non métropolitaines, en 2006 Âge 100 95 90 85 80 75 70 65 60 55 50 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 12

6

9

Pour 1 000 Régions métropolitaines

3

0

0

3

6

9

12

Pour 1 000 Régions non métropolitaines

Source : Statistique Canada, 2006.

DIAGRAMMES

BAO-65

SECTION 4

Comment interpréter une pyramide des âges? Exemple d’interprétation d’une pyramide des âges La pyramide des âges de la population québécoise, en 1981 Âge 100 90-94 80-84

Sexe masculin

Sexe féminin

70-74 60-64 50-54 40-44 30-34 20-24 10-14 0-4 400

300

200

100

0

0

100

200

300

400

Effectif par groupe d’âge (milliers de personnes) Source : Statistique Canada, Recensement, 1981.

Comme pour tout diagramme, lire d’abord le titre de la pyramide, les titres des axes, l’unité de mesure et l’échelle utilisées. Ceci vous permettra de cerner avec exactitude ce qui est représenté par la pyramide des âges que vous devez interpréter.

La lecture des éléments de ce diagramme permet de comprendre qu’il représente la distribution de la population du Québec en 1981, par groupe d’âge de cinq ans, selon le sexe des individus. Lire les données, une bande à la fois, de gauche à droite.

La première bande de gauche indique qu’en 1981, il y avait au Québec 240 000 personnes de sexe masculin âgées de 0 à 4 ans. La bande de droite correspondante indique qu’il y en avait 230 000 de sexe féminin. Dégager les faits généraux que révèle l’ensemble de la pyramide.

Le groupe d’âge qui comptait le plus de personnes au Québec en 1981 était celui des 20-24 ans.

BAO-66

SECTION 4

DIAGRAMMES

Comment faire une pyramide des âges ? Une pyramide des âges étant une application du diagramme à bandes horizontales, vous devez utiliser la technique de réalisation d’un diagramme à bandes pour faire votre pyramide des âges, illustrée à la section La réalisation d’un diagramme à bandes verticales, page 53 . Cependant, vous devez tenir compte des particularités suivantes : L’axe vertical doit figurer au centre de l’axe horizontal de votre pyramide. Les âges doivent être regroupés en classes consécutives (qui se suivent) et fermées (un âge ne pouvant se retrouver dans deux groupes différents).

La pyramide des âges de la population québécoise, en 1981 Âge 100 90-94 80-84

Sexe masculin

Sexe féminin

70-74 60-64 50-54 40-44 30-34 20-24 10-14 0-4 400

300

200

100

0

0

100

200

300

400

Effectif par groupe d’âge (milliers de personnes) Source : Statistique Canada, Recensement, 1981.

Les bandes représentant les données relatives au sexe masculin doivent être tracées à gauche de l’axe vertical, et les bandes représentant les données relatives au sexe féminin, à droite. Il ne doit pas y avoir de blanc entre les bandes horizontales. Par convention, il y a deux façons d’utiliser la couleur dans ces pyramides: – Toutes les bandes sont colorées de la même couleur. – Une couleur est utilisée pour les bandes représentant les hommes et une autre, pour les bandes représentant les femmes. Traditionnellement, il s’agit du bleu et du rose.

DIAGRAMMES

BAO-67

SOMMAIRE

SECTION 5

Qu’est-ce qu’un organigramme ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

68

Comment interpréter un organigramme ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

69

Comment faire un organigramme ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

70

Qu’est-ce qu’un schéma causes-conséquences ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

71

Comment interpréter un schéma causes-conséquences ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

72

Comment faire un schéma causes-conséquences ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

73

À QUOI ÇA SERT

?

Un schéma sert à... et interpréter » représenter une réalité complexe ; ressortir les liens » faire logiques qui expliquent cette réalité.

Un schéma est une représentation simplifiée et organisée d’une réalité complexe. L’histoire et la géographie font souvent appel à des représentations schématiques pour visualiser des concepts ou organiser l’information, afin d’expliquer une structure ou des phénomènes sociaux, économiques, etc. Les organigrammes et les schémas causes-conséquences en sont des exemples fréquemment utilisés.

Qu’est-ce qu’un organigramme ? Un organigramme est une représentation schématique de la structure d’un ensemble et des relations observées entre les éléments de cet ensemble. Il permet de visualiser les relations hiérarchiques (relations d’autorité) qui existent entre les éléments ainsi que leurs relations fonctionnelles (liées aux activités ou aux fonctions des éléments). En d’autres termes, l’organigramme d’un organisme, d’une entreprise ou d’un système permet de savoir qui nomme qui, qui relève de qui, qui fait quoi, etc.

Exemple d’un organigramme Les institutions politiques du Québec en 1867

Source : ERPI, Repères, manuel B, 1re année du 2e cycle, page 316.

BAO-68

SECTION 5

SCHÉMAS

Comment interpréter un organigramme ? Exemple d’interprétation d’un organigramme  Lire le titre de l’organigramme pour en comprendre la nature (la structure traitée et le thème). Lire les autres renseignements fournis (ex. : date, légende, source, etc.).

Le titre de l’organigramme indique qu’il représente la structure des institutions politiques du Canada, en 1791.  Lire les éléments de l’organigramme de haut en bas ; ceux qui figurent sur la même ligne horizontale se trouvent au même niveau hiérarchique.

Je constate que le Conseil exécutif et le Conseil législatif se trouvent au même niveau hiérarchique.  Dégager les relations qui existent entre les éléments en vous posant les questions suivantes : Qui dirige qui ? Qui nomme qui ? Quels sont les éléments (instances ou personnes) qui se trouvent au même niveau ? Si un texte accompagne l’organigramme, il est utile de le lire afin de pouvoir bien interpréter le schéma.

L’organigramme révèle que le roi de Grande-Bretagne est l’instance suprême des institutions politiques du Canada, en 1791. C’est le roi qui nomme le gouverneur général. À son tour, le gouverneur général nomme le lieutenant-gouverneur de chacun des deux Canada. Le lieutenantgouverneur nomme le Conseil exécutif et le Conseil législatif. Les membres de la Chambre d’assemblée sont élus par l’électorat. Ils sont soumis au Conseil exécutif et au Conseil législatif.

Certains organigrammes ont la forme d’un arbre et se lisent de gauche à droite, mais la plupart ont une forme pyramidale et se lisent de haut en bas.

Les institutions politiques du Haut-Canada et du Bas-Canada en 1791

Conjointement avec le premier ministre du Canada, le premier ministre du Québec nomme le lieutenant-gouverneur. Le conseil législatif a été aboli en 1968. Légende : La flèche signifie « nomme ». Source : ERPI, Repères, manuel B, 1re année du 2e cycle, page 233.

SCHÉMAS

BAO-69

SECTION 5

Comment faire un organigramme ? Exemple de réalisation d’un organigramme  Déterminer la structure à représenter : de quoi s’agit-il ?

Le processus de représentation et de pouvoir des sujets britanniques dans les colonies britanniques d’Amérique du Nord au milieu du 18e siècle.  Dresser la liste des instances ou des personnes membres de la structure en question, en les regroupant logiquement selon leur niveau hiérarchique ou leur fonction.

Qui a le plus grand pouvoir de décision concernant la colonie ? Le gouvernement britannique. Dans la colonie, qui a le plus grand pouvoir de décision ? Le gouverneur, qui est nommé par le roi. Le gouverneur prend-il seul les décisions ? Non, il est assisté par deux conseils composés de membres qu’il a lui-même nommés : le Conseil exécutif et le Conseil législatif. Comment les propriétaires de la colonie sont-ils représentés ? Ils forment une assemblée qui vote des lois et prélève des taxes pour l’administration de la colonie sur approbation du gouverneur.  Tracer l’organigramme en commençant par le niveau le plus élevé. Mettre chaque instance ou groupe de personnes dans une case distincte. S’assurer de mettre les éléments de même niveau hiérarchique sur la même ligne et de relier les cases par des traits. Au besoin, faire une légende.

 Donner un titre précis à l’organigramme,

Gouvernement britannique Gouverneur Conseil exécutif

Conseil législatif

Assemblée Électorat masculin, propriétaire, habituellement de religion protestante BAO-70

SECTION 5

en indiquant la date de la structure représentée.

Titre de mon organigramme : L’organisation politique des colonies anglaises au 18e siècle.

SCHÉMAS

Qu’est-ce qu’un schéma causes-conséquences ? Un schéma causes-conséquences est une représentation graphique, qui varie selon le sujet traité, des causes et des conséquences d’un fait, d’un phénomène ou d’un événement. On peut choisir de présenter les renseignements sous la forme d’un tableau ou d’un autre type de représentation graphique permettant d’illustrer les enchaînements entre les causes et les conséquences. Ici, la figure présente le schéma causes-conséquences d’un événement sous la forme d’un tableau.

Une cause est ce qui produit un effet, ce par quoi un événement ou une action arrive. Une conséquence est ce qui résulte d’une action, ce qui est entraîné par un fait.

Exemple d’un schéma causes-conséquences en tableau La sédentarisation au Néolithique Quelques causes possibles de la sédentarisation

Quelques conséquences de la sédentarisation

Changements climatiques

Amélioration de l’habitation

Territoires plus fertiles qu’auparavant

Augmentation de la population

Naissance de l’agriculture et de l’élevage

Division du travail et hiérarchie sociale Création de villages

Le schéma suivant représente à l’aide d’un enchaînement graphique des causes et des conséquences d’une crise économique : la première cause entraîne une conséquence, qui entraîne à son tour une autre conséquence, et ainsi de suite. Une conséquence peut devenir la cause d’une action qui en découle directement.

Exemple d’un schéma causes-conséquences en enchaînement graphique

cause

cause conséquence conséquence

conséquence

Une économie en crise

cause conséquence cause

cause conséquence

cause conséquence

En 1929, l’économie se détériore et la crise frappe de plein fouet les pays industrialisés. Source : ERPI, Repères, manuel B, 1re année du 2e cycle, page 373.

SCHÉMAS

BAO-71

SECTION 5

Comment interpréter un schéma causes-conséquences ? Exemple d’interprétation d’un schéma causes-conséquences  Déterminer le sujet et le type de schéma à interpréter : est-ce un tableau ou un schéma cyclique ?

Le schéma à interpréter est de type cyclique.

cause

cause conséquence conséquence cause conséquence cause

conséquence

Une économie en crise

 Selon la forme du schéma,

cause conséquence

cause conséquence

lire de haut en bas ou de gauche à droite, en suivant le sens des flèches, s’il y a lieu. Une flèche orientée dans un seul sens va de la cause vers la conséquence. Elle signifie donc «entraîne», « provoque », « a pour conséquence », etc.

La lecture du schéma se fait à partir du haut, soit à partir de la case « Surproduction des entreprises », puisque c’est là que commence le cycle des causes et des conséquences.

ATTENTION ! Le texte peut faire mention d’informations ne se rapportant pas au sujet principal. Interrogez-vous : – Ce facteur est-il à l’origine du fait ou de l’événement ? – Est-ce un résultat du fait ou de l’événement ? Si oui, en est-il une conséquence ? – Cet élément est-il lié au fait ou à l’événement en question ?

BAO-72

SECTION 5

En suivant l’orientation des flèches, on peut lire le schéma comme suit : - La surproduction des entreprises (cause) entraîne de grandes quantités de produits invendus (conséquence). - Ces quantités de produits invendus (cause) entraînent une réduction de la production et, donc, des fermetures d’usines (conséquence). - Les fermetures d’usines (cause) entraînent du chômage (conséquence). - Le chômage (cause) entraîne une baisse des revenus dans la population (conséquence). - Cette baisse des revenus (cause) entraîne une baisse de la demande (conséquence). - La baisse de la demande de biens (cause) entraîne de grandes quantités de produits invendus (conséquence).

SCHÉMAS

Comment faire un schéma causes-conséquences ? Pour produire un schéma causes-conséquences d’un événement, à partir d’un texte, il faut procéder comme suit :  lire attentivement sur le sujet ;  dresser la liste des causes et des conséquences ;  choisir le type de schéma à utiliser ; et  tracer le schéma.

Exemple de réalisation d’un schéma causes-conséquences  Lire attentivement le texte pour bien identifier le fait, le phénomène ou l’événement qui en constitue le sujet principal.

Le texte traite des changements survenus en éducation au cours de la Révolution tranquille.  Surligner d’une couleur différente les causes et les conséquences ou en dresser la liste sur une feuille. Repérer les marqueurs de relation (donc, parce que, à cause de, étant donné que, etc.) et les verbes qui expriment une cause ou une conséquence (entraîne, résulte, dépend, etc.).

L’éducation et la Révolution tranquille au Québec L’expression « Révolution tranquille » désigne les changements importants survenus au Québec au cours des décennies 1960 et 1970. Plusieurs de ces changements concernaient le domaine de l’éducation : la prise en charge des écoles et des programmes d’enseignement par l’État, la création d’un ministère de l’Éducation, la mise sur pied des polyvalentes et des cégeps, l’accès gratuit à l’enseignement. Mais qu’est-ce qui explique ces changements ? Une cause souvent mentionnée par les historiens est le besoin de main-d’œuvre spécialisée qui nécessite la formation de travailleurs scolarisés et spécialisés. Le rapport Parent a aussi démontré la nécessité de moderniser le système d’éducation québécois. Les effets de ces changements furent nombreux et majeurs. Le nombre de personnes instruites augmenta rapidement au Québec. Les gens provenant de toutes les couches sociales eurent accès à des emplois plus diversifiés et mieux payés. Le nombre de filles augmenta dans les écoles et les établissements d’enseignement supérieur.

J’encercle les mots exprimant une cause ou une conséquence des changements survenus en éducation. Je surligne les causes en rose, les conséquences en bleu.  Déterminer le type de schéma qui conviendrait le mieux aux causes et aux conséquences relevées : un tableau ou un schéma cyclique ?

 Tracer le schéma en résumant chaque cause et chaque conséquence avec précision, et en utilisant des flèches de façon appropriée, s’il y a lieu.

Le schéma le plus approprié est un tableau. Je le construis en utilisant des mots précis.

Les changements survenus sur le plan de l’éducation au cours de la Révolution tranquille Causes des changements Conséquences des changements Besoin de main-d’œuvre Augmentation du nombre de personnes instruites spécialisée au Québec Nécessité de moderniser le système Accès à des emplois plus diversifiés et mieux payés d’éducation québécois Augmentation du nombre de filles dans les écoles et les établissements d’enseignement supérieur SCHÉMAS

BAO-73

SECTION 6

SOMMAIRE

Qu’est-ce qu’un document écrit ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

74

Comment interpréter un document écrit ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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À QUOI ÇA SERT

?

Les documents écrits servent à... un » transmettre renseignement qui permet de connaître et d’interpréter des faits ou des événements; une opinion sur » exprimer un sujet précis ; un renseignement » fournir sur un sujet précis en mettant en relation des faits et des événements et en les comparant.

ATTENTION ! Rappelez-vous que les informations trouvées dans Internet ne sont pas toujours complètes, valables ou fiables.

Aux yeux des historiens, tout ce qui est écrit constitue un « document écrit » : lettres, discours, articles de journaux, documents juridiques ou textes de loi, rapports officiels, manuscrits, romans, poèmes, brochures, mémos, livres ou tout autre ouvrage imprimé.

Qu’est-ce qu’un document écrit ? Un document écrit est une information transmise en mots. Il permet d’accéder à des renseignements qui peuvent vous aider à comprendre des réalités, des coutumes et des modes de vie, actuels ou passés. Comme ce type de document peut relater aussi bien un fait qu’une opinion, il faut prêter attention à la nature des renseignements que contient le document écrit, afin d’en cerner le contenu de façon appropriée. Le texte peut également être comparatif et fournir des données précieuses sur divers aspects de comparaison entrant dans l’interprétation d’une réalité ou d’un concept. Le texte comparatif permet ainsi d’établir des liens entre des renseignements et de les comparer, ce qui contribue à améliorer la compréhension du sujet traité. En mettant en relation des concepts, des personnages, des lieux et des événements, etc., et en mettant en lumière des différences et des ressemblances, le document écrit fournit des données importantes. Les documents écrits d’intérêt public peuvent être consultés dans divers endroits comme les bibliothèques, les archives nationales, l’hôtel de ville. Il peut aussi être utile d’effectuer une recherche dans Internet afin de dresser l’inventaire des documents publiés sur un sujet donné. Peu importe la source du document, il est important d’en valider le contenu. Il est également important de déterminer s’il s’agit d’un document de première main ou d’un document de seconde main, car la nature du document consulté fournit une information essentielle sur l’interprétation qu’on peut en faire.

Les documents de première main

ATTENTION ! Il est important de respecter les droits d’auteur, c’est-à-dire de ne pas reprendre un texte sans en avoir obtenu au préalable la permission, et de noter les citations en précisant bien leur source.

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SECTION 6

Les documents de première main (ou de source primaire) sont des documents écrits par des témoins ou des acteurs des événements racontés. La Déclaration d’indépendance des États-Unis d’Amérique, par exemple, est un document de première main.

Les documents de seconde main Les documents de seconde main (ou de source secondaire) sont des documents écrits par des personnes qui analysent les événements ou encore les documents de première main. Les textes écrits par des historiens ou par des journalistes, par exemple, sont des documents de seconde main.

DOCUMENTS ÉCRITS

Les différents documents écrits Il existe différents types de documents écrits ayant chacun des caractéristiques particulières. Ces documents sont très utiles dans l’interprétation des réalités, des faits et des événements qui façonnent l’univers social.

Les lettres

Exemples de lettres

Qu’il s’agisse de la correspondance entre des personnages importants de l’histoire ou entre de simples citoyens, les lettres apprennent beaucoup de choses aux historiens : par exemple, les motivations de politiciens, les comportements ou les sentiments des gens ou encore des faits de la vie quotidienne.

Extrait d’une lettre du patriote condamné à mort, Chevalier de Lorimier, écrite le 14 février 1839.

Extrait d’une lettre de Louis-Joseph Papineau datée du 18 décembre 1837.

Source : Archives nationales du Québec.

Les discours Les discours permettent de cerner les arguments de leur orateur. Souvent, ils reflètent l’opinion de personnes influentes ou d’une partie représentative d’une population. C’est pourquoi ils sont utiles lorsqu’il s’agit de brosser le tableau d’une société à un certain moment donné et des courants de pensée véhiculés à cette époque.

Exemple d’un discours

Déclaration de Jean Lesage sur l’affirmation du Québec

«

Le Québec cherche à obtenir tous les pouvoirs nécessaires à son affirmation économique, sociale et politique. Dans la mesure où les provinces ne poursuivent pas ce même objectif, le Québec se dirigera, par la force des choses, vers un statut particulier qui tiendra compte à la fois des caractéristiques propres de sa population et du rôle plus étendu qu’elle veut conférer à son gouvernement. Source : Discours de Jean Lesage à la Chambre de commerce de Sainte-Foy, 14 décembre 1965.

» DOCUMENTS ÉCRITS

BAO-75

SECTION 6

Exemple d’un extrait de journal Les journaux Les journaux renferment une multitude de renseignements précieux pour les historiens (faits importants ou faits divers, événements mondiaux ou locaux, éditoriaux, articles d’analyse, opinions des lecteurs, etc.). Ces éléments contribuent tous à décrire une société à une époque donnée.

Source : Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

Les textes juridiques Les textes juridiques sont des textes législatifs ou constitutionnels (textes de loi, déclarations de fondateurs, codes ou traités, etc.) qui permettent de dégager les normes qui ont présidé à la fondation d’un pays ou qui régissent une société.

Exemples de textes juridiques La Grande Paix de Montréal, traité signé en 1701 à Montréal, conclut la paix entre les Français et 39 nations amérindiennes.

La Déclaration d’indépendance des États-Unis d’Amérique a été adoptée par le Congrès, le 4 juillet 1776, à Philadelphie.

Source : Visions of America/Corbis, Joseph Sohm.

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Source : Ministère de la Culture et de la Communication, Direction des Archives de France, Centre des Archives d’Outre-Mer.

DOCUMENTS ÉCRITS

La Charte canadienne des droits et libertés énonce les droits fondamentaux et les libertés des Canadiens.

Source : CP Images, P. G. Adam.

Les rapports officiels Les entreprises et les gouvernements réalisent régulièrement des sondages, des enquêtes et des études sur différents sujets. Ces travaux donnent lieu à des rapports officiels qui comportent une foule de renseignements sur la société.

Exemples de rapports officiels

Source : Les Publications du Québec.

Le rapport de la Commission royale d’enquête sur l’enseignement dans la province de Québec (le rapport Parent) a été publié en cinq volumes. La première édition date de 1963 et 1964. Ce rapport a joué un rôle crucial dans l’organisation du domaine de l’éducation au Québec .

Source : Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

Les défis démographiques du Québec amènent le gouvernement du Québec à considérer l’immigration comme l’une de ses priorités et à se doter d’un modèle interculturaliste au début des années 1980.

DOCUMENTS ÉCRITS

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Les autres documents écrits De nombreux autres types de documents écrits constituent de précieuses sources d’information pour les historiens : témoignages de personnes ayant participé à des événements, journaux intimes, récits de voyages, cartes postales, documents administratifs, objets comportant du texte (affiches, vases ou pierres tombales), romans et ouvrages divers.

Autres exemples de documents écrits

Cette stèle de basalte, d’une hauteur de 2,25 m, a été découverte en Iran en 1901. Le code de Hammourabi, un ensemble de lois, y a été gravé environ 1600 ans avant notre ère.

Une tablette cunéiforme datant de 2400 avant notre ère.

Source : akg-images/Erich Lessing.

Source : Publiphoto.

Les manuscrits de la mer Morte ont été rédigés sur du cuir et du papyrus, il y a plus de 2000 ans. Certains de ces textes sont liés à l’Ancien Testament.

Source : Musée d’Israël, Jérusalem.

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DOCUMENTS ÉCRITS

La carte mortuaire (1894) d’Honoré Mercier, premier ministre du Québec de 1887 à 1891.

Source : Bibliothèque et Archives Canada.

En plus de fournir des renseignements sur les coutumes d’une société, certains documents permettent de retracer ou de vérifier des dates importantes dans la vie d’individus. Généralement, ces documents révèlent beaucoup de choses sur les conditions de vie de la population.

Pendant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), le gouvernement canadien distribuait des carnets de rationnement à la population.

Source : Archives personnelles.

Les documents écrits dans le domaine de la géographie Les géographes qui analysent un territoire doivent consulter des cartes, des diagrammes, des banques de données, des plans cadastraux et des études spécialisées, comme des études géologiques, climatologiques ou environnementales. Ils consultent aussi parfois les mêmes types de documents que les historiens (par exemple : pour comprendre comment une population donnée utilisait autrefois les ressources d’un territoire, pour comprendre comment un territoire s’est développé, etc.).

DOCUMENTS ÉCRITS

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Comment interpréter un document écrit ? Pour interpréter un document écrit, il faut procéder comme suit : lire une première fois le document écrit en surlignant les passages qui fournissent une information précise sur le sujet traité et en faire un résumé ; relire le document autant de fois que nécessaire pour préciser le contenu du document, en mettant en évidence l’idée principale et les idées secondaires et en tentant de cerner le sujet ainsi que l’intention de l’auteur.

Exemple d’interprétation d’un document écrit

Source : Musée McCord.

Journal d’Henriette Dessaulles 1874, 19e siècle Encre sur papier, 21 cm ⫻ 14 cm Don de Mme Suzanne Morin Raymond

Au moment où elle écrit son journal intime (de 1874 à 1881), Henriette Dessaulles est une jeune fille de la bourgeoisie canadienne-française. Son père est maire de Saint-Hyacinthe, dans la province de Québec. Sa famille vit dans une maison cossue ; un cocher, un jardinier, une cuisinière, une couturière et des femmes de chambre sont chaque jour à son service. Henriette a 15 ans lorsqu’elle écrit le passage suivant, le 23 octobre 1875. Henriette Dessaulles a vécu de 1860 à 1946.

[…] Rosalie, notre petite couturière, [...] est toujours seule dans la chambre de couture et hier, [...] je passais très nonchalante près d’elle : « Vous êtes bien pâlotte, mamzelle Henriette, êtes-vous fatiguée ? » « Je suis surtout bien tannée, Rosalie ! » « Et de quoi ? » « Oh de moi je suppose ! » « Vous êtes pourtant bien heureuse,

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SECTION 6

DOCUMENTS ÉCRITS

mamzelle! » « Moi, heureuse ? » « Mais oui ! Vous avez de bons parents, tout à souhaite1, vous êtes riche, vous restez dans une belle maison, vous êtes servie comme si vous étiez manchote, vous vous instruisez dans toutes les sciences ! Y en a pas beaucoup de si heureuses que vous ! » Je ne répondis pas tout de suite. À elle, que pouvaisje répondre ? « Et vous, Rosalie, questionnai-je, vous n’êtes pas heureuse ? » « Faites excuse, mamzelle, je suis bien contente de mon sort. » « Vous demeurez chez vos parents ? » « Non, ils sont tous morts. Je loue une petite chambre où je vis toute seule, mais pas longtemps puisque je travaille ici tous les jours, de sept heures à sept heures. Quand je sors d’icitte le soir, je vais faire mes prières à l’église, puis en arrivant je me couche pour me lever à cinq heures le lendemain ! » « Et le dimanche ? » « Je passe beaucoup de temps à l’église et de temps en temps j’écris à mon neveu qui est vicaire aux États. » « Et vous êtes heureuse ainsi ? » « Oui, je fais mon devoir tant que je peux pour le bon Dieu et je sais que le bon Dieu fera le sien vis-à-vis de moi ! » Je l’ai laissée, toute songeuse2… 1. Henriette reproduit le langage utilisé par Rosalie, la couturière. Celle-ci a dû prononcer le « t » final de l’expression vieillie « tout à souhait ». La phrase veut dire : « Vous avez de bons parents, autant que c’est possible. » 2. Cette dernière phrase ne figure pas dans l’extrait reproduit par le musée McCord. Le journal d’Henriette Dessaulles a été publié par diverses maisons d’édition. La première publication a eu lieu en 1971, aux éditions Hurtubise HMH de Montréal. Henriette Dessaulles, Journal. Extrait du 23 octobre 1875 reproduit dans le site Web du Musée McCord d’histoire canadienne. Le cahier intitulé « 1874 » est conservé dans ce musée, à Montréal.

Résumer les informations sur le document 1) De quel type de document s’agit-il ? Est-ce une lettre, un article de journal ou un autre type de document ?

Le document est un journal personnel. 2) Qui est l’auteur de ce document ? Cette personne occupe-t-elle une fonction particulière ? S’agit-il, par exemple, d’un journaliste, d’une historienne ou d’un personnage politique ? Que nous révèle l’identité de l’auteur du document ?

L’auteure se nomme Henriette Dessaulles ; c’est une adolescente qui écrit dans un but personnel. 3) À quel moment ce document a-t-il été écrit ?

Cet extrait du journal a été écrit le 23 octobre 1875. 4) Quelle est la source de ce document ? S’agit-il d’un document de première main ou d’un document de seconde main ? La source d’un document est très importante, car elle permet de retrouver le document et de confirmer la crédibilité de son contenu.

ATTENTION ! Le moment où un document a été écrit peut être différent de sa date de publication (par exemple, une lettre écrite en 1760 peut avoir été publiée des siècles plus tard). C’est vrai aussi pour le lieu : un discours écrit et prononcé à Montréal peut très bien être publié à Québec.

Un journal personnel est un document de première main. DOCUMENTS ÉCRITS

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SECTION 6

5) Est-ce un document original, une copie ou une traduction ? S’agitil d’un texte intégral ou d’un extrait de texte ?

Cet extrait du journal, dans sa langue d’origine, est une copie de l’original qui se trouve au musée McCord, à Montréal. 6) Le document comporte-t-il un titre ? Si oui, ce titre donne-t-il des indications sur l’intention de l’auteur ?

Le titre du cahier est « 1874 », probablement parce que l’auteure a commencé à l’écrire au cours de cette année-là, même si l’extrait date de 1875. La présentation aide à situer le document dans le temps et dans l’espace et en facilite l’interprétation.

7) Le document est-il précédé d’une présentation ?

La présentation fournit des indications sur l’auteure et sur sa situation sociale.  Préciser le contenu du document 1) Le texte contient-il des repères de temps et de lieu ? Si oui, lesquels ?

Un fait est une information qu’on peut vérifier. Une opinion est le point de vue d’une personne sur un fait, un événement ou une autre personne. Il est important de bien connaître la nature de l’information et, s’il s’agit d’un texte d’opinion, de s’assurer de l’objectivité de l’auteur.

Les repères de lieux sont les suivants : la salle de couture, la maison, la petite chambre de Rosalie, l’église ainsi que les États-Unis. Pour les repères de temps, on lit que Rosalie travaille tous les jours de sept heures à sept heures, elle fait ses prières le soir, elle se lève à cinq heures le matin et elle va à l’église le dimanche. 2) L’auteur expose-t-il des faits ou émet-il une opinion ? S’il y a lieu, départager les faits des opinions. Si possible, se faciliter la tâche en soulignant les uns et en encerclant les autres.

Le texte décrit des faits. 3) Prêter attention à la façon dont le texte est écrit. Par exemple, les arguments, s’il y en a, sont-ils appuyés sur des faits ? Le vocabulaire est-il neutre ou exprime-t-il une opinion ?

Le texte est simple, écrit dans un vocabulaire neutre. Il présente une description de la vie de tous les jours. 4) Quelle est l’idée principale du texte ? Y a-t-il d’autres idées importantes ? Les résumer brièvement. Au besoin, tracer un schéma permettant de mettre les informations en relation et d’illustrer le niveau des idées, des faits, des opinions, des causes, des conséquences ou de tout autre aspect important des renseignements présentés dans le document.

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SECTION 6

DOCUMENTS ÉCRITS

Les réponses que vous aurez données aux paragraphes précédents vous guideront dans cette tâche.

Dans le texte, l’auteure, qui vit aisément, mais qui est malheureuse, se compare avec Rosalie qui doit travailler de longues heures, mais qui y trouve son bonheur. Auteur Au moment où elle écrit son journal intime (de 1874 à 1881), Henriette Dessaulles est une jeune fille de la bourgeoisie canadienne-française. Son père est maire de SaintHyacinthe, dans la province de Québec. Sa famille vit dans une maison cossue ; un cocher, un jardinier, une cuisinière, une couturière et des femmes de chambre sont chaque jour à son service. Henriette a 15 ans lorsqu’elle écrit le passage suivant, le 23 octobre 1875. Henriette Dessaulles a vécu de 1860 à 1946. […] Rosalie, notre petite couturière, [...] est toujours seule dans la chambre de couture et hier, [...] je passais très nonchalante près d’elle : « Vous êtes bien pâlotte, mamzelle Henriette, êtes-vous fatiguée ? » « Je suis surtout bien tannée, Rosalie ! » « Et de quoi ? » « Oh de moi je suppose ! » « Vous êtes pourtant bien heureuse, mamzelle! » « Moi, heureuse ? » « Mais oui ! Vous avez de bons parents, tout à souhaite, vous êtes riche, vous restez dans une belle maison, vous êtes servie comme si vous étiez manchote, vous vous instruisez dans toutes les sciences ! Y en a pas beaucoup de si heureuses que vous ! » Je ne répondis pas tout de suite. À elle, que pouvais-je répondre ? « Et vous, Rosalie, questionnai-je, vous n’êtes pas heureuse ? » « Faites excuse, mamzelle, je suis bien contente de mon sort. » « Vous demeurez chez vos parents ? » « Non, ils sont tous morts. Je loue une petite chambre où je vis toute seule, mais pas longtemps puisque je travaille ici tous les jours, de sept heures à sept heures. Quand je sors d’icitte le soir, je vais faire mes prières à l’église, puis en arrivant je me couche pour me lever à cinq heures le lendemain ! » « Et le dimanche ? » « Je passe beaucoup de temps à l’église et de temps en temps j’écris à mon neveu qui est vicaire aux États. » « Et vous êtes heureuse ainsi ? » « Oui, je fais mon devoir tant que je peux pour le bon Dieu et je sais que le bon Dieu fera le sien vis-à-vis de moi !

5) Les informations sont-elles complètes ? Reflètent-elles bien le sujet traité ?

Résumé : En reproduisant la conversation qu’elle a eue avec la couturière, Henriette Dessaulles fait ressortir la différence entre les conditions de vie d’une femme d’un milieu très modeste et celles d’une femme de la bourgeoisie du 19e siècle. Elle s’interroge sur le fait qu’elle se sent moins heureuse que sa couturière.

Présentation du document Date

Les [...] signalent qu’un passage a été supprimé.

Source

Après avoir analysé un document écrit, il est utile d’en comparer l’information avec d’autres documents portant sur le même sujet. Cette comparaison permet de confirmer si les faits sont rapportés de la même façon et si les auteurs en ont la même perception ou s’ils expriment des opinions différentes.

DOCUMENTS ÉCRITS

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SECTION 7

SOMMAIRE

Qu’est-ce qu’un document iconographique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

84

Comment interpréter un document iconographique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

89

À QUOI ÇA SERT

?

Les documents iconographiques servent à... une idée en y » appuyer associant une image significative ; la valeur du » augmenter contenu en montrant le sujet dans un contexte précis ; en valeur » mettre l’information ; un sens à » donner l’information présentée ou la compléter ;

» illustrer des données ; un renseignement » situer dans le temps et dans l’espace ;

»

donner un aspect esthétique ou graphique à un sujet, tout en variant sa présentation.

Qu’est-ce qu’un document iconographique? Un document iconographique est principalement composé d’images. Il peut s’agir de dessins, d’affiches, de peintures, de gravures, de caricatures, de photographies, etc. Les images qui figurent sur des objets usuels, comme des pièces de monnaie, des timbres, des drapeaux ou des poteries, peuvent aussi être classées dans cette catégorie de documents. Parce qu’ils contiennent une foule de renseignements sur la société qui les a produits et dont ils sont le plus souvent le reflet, les documents iconographiques intéressent au plus haut point les historiens.

Les différents types de documents iconographiques Les documents iconographiques sont fort variés et très utiles dans l’univers social. Il existe divers types de documents iconographiques ayant chacun leurs caractéristiques : les croquis et les dessins, les gravures et les peintures, les caricatures, les affiches, les photographies, les documents audiovisuels et les bandes dessinées, etc.

Les croquis et les dessins Les croquis et les dessins créés par des artistes ou des scientifiques révèlent plusieurs renseignements sur la personne qui les a réalisés et sur son époque.

Exemples de croquis et de dessins Une machine conçue par Léonard de Vinci

L’utilisation de documents iconographiques doit se faire dans le respect des droits d’auteur en indiquant le nom de l’auteur, le titre exact (en italique) et, si possible, la facture du document (par exemple : dessin, croquis, huile sur toile, etc.), les dimensions, la date de création et de publication ainsi que la provenance.

Source : akg-images.

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SECTION 7

Source : akg-images.

DOCUMENTS ICONOGRAPHIQUES

Un dessin d’une partie du corps humain, par Léonard de Vinci

Un dessin du système circulatoire, réalisé au 13e siècle

Source : Bridgeman Art Library, © The Trustees of the Chester Beatty Library, Dublin.

Les gravures et les peintures Un grand nombre de gravures et de peintures, surtout celles réalisées avant l’invention de la photographie, représentent des portraits, des scènes de la vie quotidienne, des paysages, etc. Ces documents recèlent une multitude de renseignements sur la façon de vivre des gens : leurs occupations, le monde dans lequel ils évoluaient et leurs perceptions des choses.

Exemples de gravures Un médecin à l’époque de la peste noire

La Bourse de Londres, en 1847

Source : Corbis, Bettmann.

Source : Mary Evans Picture Library.

DOCUMENTS ICONOGRAPHIQUES

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Exemples de peintures La prise de Tenochtitlán, en 1521

Artiste inconnu, The Taking of Tenochtitlán by Cortes, 1521 [La prise de Tenochtitlán par Cortés, en 1521], huile sur toile, 16e siècle, école espagnole. Source : Real Academia de Bellas Artes de San Fernando, Madrid.

La chasse-galerie

En 1906, Henri Julien fut chargé d’illustrer le récit d’Honoré Beaugrand, La chasse-galerie. Dans cette légende, des bûcherons font un pacte avec le diable, la veille du jour de l’an 1858, afin d’être conduits à Lavaltrie pour voir leurs compagnes. C’est ainsi que le peintre reprend la légende selon laquelle des hommes courent la chasse-galerie dans un canot d’écorce volant.

Henri Julien (1852-1908). La chasse-galerie (1906). Huile sur toile, 53,5 cm ⫻ 66,5 cm. Source : Musée national des beaux-arts de Québec.

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SECTION 7

Les caricatures sont des dessins qui, par exemple, illustrent de façon humoristique la vie politique et sociale d’un pays, les débats qui l’animent et les opinions des gens qui l’habitent. Ce type de caricature est généralement publié dans les journaux des grandes villes.

DOCUMENTS ICONOGRAPHIQUES

Les caricatures

Exemple d’une caricature Une caricature de Brian Mulroney, premier ministre du Canada de 1984 à 1993

Les affiches Parce qu’elles sont souvent réalisées dans le but d’annoncer des événements spéciaux ou pour véhiculer un message important, les affiches constituent des témoins clés de la vie culturelle et politique d’un pays.

Source : Musée McCord, Serge Chapleau, Libre-échange, 1985.

Exemples d’affiches L’affiche pour l’adaptation au théâtre du roman Germinal d’Émile Zola

Une affiche qui valorise le travail pendant la Seconde Guerre mondiale

L’analyse d’une affiche permet de saisir certaines réalités sociales de l’époque concernée, car elle témoigne du contexte social dans lequel elle a été créée. Par exemple, en temps de guerre, le gouvernement canadien invitait les citoyens à augmenter leur productivité au moyen d’affiches de ce genre.

Émile Lévy, affiche de l’adaptation théâtrale du roman Germinal d’Émile Zola, présentée au Théâtre du châtelet à Paris, fin du 19e siècle, collection particulière. Source : Archivo Iconografico.

Source : Robert Nichol, concepteur, Abattez-le par votre travail, affiche, 68,5 cm ⫻ 45,7 cm, imprimée et diffusée par le Service de l’information, Commission de l’information de guerre, ministère des Services nationaux de guerre, Ottawa, Canada, 1941-1942, Musée canadien de la guerre, Ottawa.

DOCUMENTS ICONOGRAPHIQUES

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SECTION 7

Les photographies Les photographies sont des documents iconographiques précieux pour quiconque veut connaître les différents aspects d’une société (les conditions de vie, les conditions de travail, les mœurs, les coutumes, etc.). Par exemple, les photos d’enfants travaillant en usine au 19e siècle ont fourni une importante quantité de renseignements à tous ceux qui ont enquêté sur ce sujet.

Exemple d’une photographie

Source : CORBIS, Bettmann.

Un enfant ouvrier dans une usine textile

Les documents audiovisuels et les bandes dessinées Dans le monde d’aujourd’hui, l’image est devenue un important moyen de communication. Aussi, vous aurez souvent à poser un regard critique sur un fait de société ou autre et à vous forger une opinion à partir de documents iconographiques. L’utilisation de tels documents enrichira vos présentations et pourra contribuer à votre interprétation d’une réalité.

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Les documents audiovisuels (films, émissions de télévision ou de radio, vidéos, documents numériques, etc.) et les bandes dessinées (histoire racontée à l’aide d’une suite de dessins) visent à illustrer les sociétés et à mieux les comprendre. Certains de ces documents jouent un rôle important dans la société et peuvent parfois même changer le cours des choses. Par exemple, des photographies ou des images télévisées peuvent véhiculer des informations avec rapidité en leur donnant une grande importance, en influençant les opinions des gens et en agissant sur leurs valeurs. C’est le cas, entre autres, de documents audiovisuels sur la guerre du Vietnam, l’explosion de la bombe atomique à Hiroshima ou le bombardement de Pearl Harbour.

L’interprétation des documents iconographiques est essentielle en histoire et éducation à la citoyenneté parce que ce type de document est le reflet de la société qui le produit. Il faut poser sur de tels documents un regard d’historien afin d’en extraire le maximum d’information, en allant au-delà d’un simple décodage des données pour en découvrir toute la portée symbolique et bien dégager le sens donné par l’auteur. L’interprétation de ces documents se fait en six étapes :  repérer les renseignements de base du document;  déterminer la nature du document;  dégager le sujet principal et l’intention de l’auteur;  relever les données permettant de cerner le sujet;  établir les liens entre les informations; et finalement  les comparer, au besoin, avec d’autres documents.

Exemple d’interprétation d’un document iconographique La déportation des Acadiens, en 1755

ATTENTION ! Pour reproduire ou utiliser un document iconographique, en partie ou en entier, on doit respecter certaines règles liées aux droits d’auteur. Il est important d’obtenir le droit d’utiliser un document si on veut le reproduire pour le diffuser et de toujours en citer la source avec précision. À cet égard, la citation de la source doit permettre d’identifier l’auteur, le titre et la provenance du document. Toutes ces informations sont également utiles dans l’interprétation que l’on peut faire d’un document iconographique.

C. W. Jeffreys, Reading the Order of Expulsion to the Acadians in the Parish Church at Grand Pre, in 1755 [Lecture de l’ordonnance d’expulsion des Acadiens dans l’église paroissiale à Grand Pré, en 1755], huile sur toile, vers 1920. Source : Bibliothèque et Archives Canada/C-073709.

DOCUMENTS ICONOGRAPHIQUES

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DOCUMENTS ICONOGRAPHIQUES

Comment interpréter un document iconographique ?

SECTION 7

 Lire le titre du document et, s’il y a lieu, la légende. Qui est l’auteur du document ? Quelle est la date ou l’époque ? Quelle en est la provenance ? Si la légende ne fournit pas ces renseignements, tenter de les déduire en observant le document.

La toile reconstitue un événement survenu en 1755, à Grand Pré. Il s’agit de la lecture de l’ordonnance d’expulsion des Acadiens, qui les chassait de leurs terres. C. W. Jeffreys a peint cette représentation de l’événement vers 1920.  Déterminer la nature du document (ex. : peinture, gravure, photographie, affiche, caricature, etc.). Est-ce une image directe de la réalité (par exemple, une photographie prise sur le fait), une représentation graphique d’une réalité ou une reconstitution d’un fait ou d’un événement ?

Il s’agit d’ une peinture, une huile sur toile.  Dégager le sujet principal de l’œuvre et l’intention de l’artiste. L’intention peut être diverse : représenter fidèlement la réalité, proposer une vision personnelle ou poser un regard critique ou humoristique sur une certaine réalité, etc.

Jeffreys s’est probablement basé sur des documents écrits pour peindre cette toile. La vision qu’il propose doit sûrement se rapprocher de la réalité de l’époque.  Décomposer le document de façon à cerner les liens, les acteurs,

Pour vous faciliter la tâche, posez un papier calque sur le document et tracez la délimitation des trois plans.

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SECTION 7

les circonstances et l’époque représentés. Si le document s’y prête, le séparer en trois plans : l’arrière-plan, le plan moyen et le plan rapproché. Décrire ce que vous voyez sur le document, les renseignements que vous pouvez y relever (par exemple, les lieux, les circonstances et les personnages).

Les fenêtres du bâtiment ainsi que les toiles accrochées au mur suggèrent que la scène se passe dans une église (cela est confirmé par le titre). Des soldats britanniques armés se tiennent debout et surveillent la foule. Ils portent tous un chapeau. Deux représentants du gouvernement britannique sont assis et observent la foule. Un représentant du gouvernement britannique lit l’ordonnance. Un personnage habillé en noir, debout entre les représentants du gouvernement britannique, ne porte pas de chapeau. Donc, il est peut-être catholique, car les hommes catholiques enlèvent leur chapeau dans une église. Peut-être s’agit-il d’un notable acadien, qui tente d’apaiser ses compatriotes ?

et les comparer. Pour ce faire, il faut établir des liens entre les éléments représentés et ce que vous connaissez déjà. Dégager le message (ou l’idée principale), puis en faire le résumé afin de déterminer les similitudes et les différences, les éléments de continuité dans le temps ou de changement.

Les habitants – des Acadiens, tous des hommes – sont assis, sauf trois à l’arrière-plan. Ils semblent de condition modeste. Ils ne portent pas de chapeau. Au premier plan, on voit un chapeau par terre. Les habitants semblent étonnés et anxieux. Certains ont l’air fâché et brandissent leur poing. Un des Acadiens qui se tient debout semble invoquer le Ciel. Résumé En 1755, l’armée britannique rassemble les hommes de Grand Pré (des Acadiens, colons d’origine française) dans leur église. Un représentant du gouvernement britannique leur lit un avis d’expulsion. L’auteur de ce document iconographique, C. W. Jeffreys, représente les Acadiens étonnés et angoissés alors que les représentants britanniques ont l’air plutôt calme.  Au besoin, comparer cette information avec d’autres documents iconographiques traitant du même sujet. Vous pouvez aussi compléter l’information contenue dans le document iconographique à l’aide de documents écrits.

Une recherche sur le sujet m’a permis de mieux comprendre le contexte social entourant la déportation des Acadiens et de connaître les acteurs clés de cet important événement historique.

ATTENTION ! Dans le cas de peintures, d’affiches ou de caricatures, certains éléments peuvent être symboliques, c’est-à-dire qu’ils peuvent avoir une autre signification que ce qu’ils représentent dans les faits. Lorsque vous utilisez des illustrations, il est important de vous questionner sur le contexte dans lequel elles ont été créées. Par exemple, sur l’affiche, Abattez-le par votre travail, p. 87, le castor symbolise le Canada. Si vous doutez de la signification d’un élément de ce genre, faites une brève recherche.

Un regard géographique Pour interpréter une photographie d’un point de vue géographique, posez-vous les questions suivantes : • Qui a pris la photographie ? Où a-t-elle été prise ? Quand a-t-elle été prise ? Dans quel but ? Par exemple, s’agit-il d’une publicité touristique, fait-elle partie d’un reportage documentaire ou sert-elle à étayer un article scientifique ? • Que représente la photo ? Si elle s’y prête, découpez-la en trois plans (plan rapproché, moyen et arrière-plan) afin d’analyser ce que contient chaque plan. • La photo livre-t-elle des renseignements sur le territoire, sur l’aménagement du territoire, sur la façon dont les gens l’ont occupé ou encore transformé ?

DOCUMENTS ICONOGRAPHIQUES

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DOCUMENTS ICONOGRAPHIQUES

 Mettre en relation les éléments d’information tirés du document

SECTION 8 Bien qu’une démarche de recherche soit présentée de façon séquentielle, c’est-à-dire une étape à la fois, il faut se rappeler qu’en cours de réalisation de chaque étape, il est toujours possible, et parfois même préférable, de revenir à une étape antérieure afin d’ajuster votre démarche. Par exemple, lors de la collecte d’information, on peut vouloir reformuler l’hypothèse de départ, ou encore, au moment de rédiger le rapport de recherche, on peut avoir besoin de vérifier de nouveau une information.

La clé d’une démarche de recherche efficace se trouve dans la planification : du temps, des outils de travail et des étapes à franchir. C’est un processus global qui vous invite à vous interroger sur votre sujet de recherche, c’est-à-dire réfléchir, analyser, évaluer et synthétiser les renseignements en lien avec votre sujet. Le schéma suivant illustre les diverses étapes à franchir dans une démarche de recherche, et leurs interactions, à partir de l’énoncé du sujet ou de la formulation du problème jusqu’à la communication des résultats.

S’interroger et formuler une hypothèse 1) Se familiariser avec le sujet 2) Situer le sujet dans le temps et dans l’espace 3) Formuler la question 4) Formuler l’hypothèse

Prendre connaissance du sujet 1) Cerner le sujet 2) Faire appel à ses connaissances antérieures 3) Envisager des stratégies de recherche

Communiquer ses résultats

Planifier sa recherche Revenir sur sa démarche 1) Ai-je communiqué mes résultats de façon appropriée ? 2) Qu’est-ce que j’ai appris par la réalisation de cette démarche ? 3) Est-ce que je pourrais trouver des solutions aux problèmes rencontrés ?

1) Élaborer le plan de la présentation 2) Choisir la façon d’illustrer l’information 3) Rédiger la présentation

1) Choisir le moyen de communication 2) Préparer l’information

SECTION 8

Recueillir et traiter l’information 1) Lire l’information 2) Noter les renseignements pertinents 3) Noter les sources 4) Interpréter l’information

Organiser l’information

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1) Repérer des sources d’information pertinentes 2) Vérifier la crédibilité des sources

La première étape de votre recherche consiste à prendre connaissance du sujet. Pour ce faire, il faut bien cerner le sujet, déterminer ce que vous savez sur ce sujet et envisager les différentes stratégies qui vous permettront de recueillir l’information pertinente au sujet.

1) Cerner le sujet

S’interroger et formuler Prendre connaissance une hypothèse du sujet 1) Se familiariser avec le sujet 2) Situer le sujet dans le temps et dans l’espace

3) Formuler la question 1) Cerner le sujet 4) Formuler l’hypothèse 2) Faire appel à ses connaissances antérieures Prendre connaissance sujet 3) duEnvisager des stratégies 1) Cerner le sujet de recherche 2) Faire appel à ses connaissances antérieures 3) Envisager des stratégies de recherche

1) Ai-je communiqué mes résultats de façon appropriée ? 2) Qu’est-ce que j’ai appris par la réalisation de cette démarche ? 3) Est-ce que je pourrais trouver des solutions aux problèmes rencontrés ?

Communiquer ses résultats 1) Élaborer le plan de la présentation 2) Choisir la façon d’illustrer l’information 3) Rédiger la présentation

Le sujet de votre recherche (ou le problème examiné) est l’élément de base de votre démarche. Vous devez comprendre la nature du sujet pour déterminer les différents angles d’approche et de recherche d’information à considérer. Posez-vous la question suivante : Comment puis-je expliquer le problème ou définir le sujet dans mes propres mots ?

Planifier sa recherche 1) Repérer des sources d’information pertinentes 2) Vérifier la crédibilité des sources

Revenir sur sa démarche

Recueillir et traiter l’information 1) Lire l’information 2) Noter les renseignements pertinents 3) Noter les sources 4) Interpréter l’information

Organiser l’information 1) Choisir le moyen de communication 2) Préparer l’information

2) Faire appel à ses connaissances antérieures Avant d’entamer la recherche d’information, vous devez résumer ce que vous savez déjà sur votre sujet de recherche. Posez-vous la question suivante : Qu’est-ce que je sais sur le sujet ?

3) Envisager des stratégies de recherche Dresser un plan sommaire de la démarche de recherche que vous appliquerez pour recueillir l’information en précisant votre façon de procéder pour trouver de l’information pertinente sur le sujet ou le problème traité.

S’interroger et formuler une hypothèse Après avoir pris connaissance du sujet, vous devez vous interroger pour en venir à formuler l’objectif de votre recherche et votre hypothèse de travail.

1) Se familiariser avec le sujet La lecture d’ouvrages généraux, d’articles de périodiques ou de textes trouvés dans Internet vous permettra de recueillir des renseignements de base pour votre recherche. Vous pouvez aussi interroger des personnes susceptibles de vous fournir une information pertinente ou encore interroger les gens de votre entourage pour savoir ce qu’ils savent sur le sujet de votre recherche.

S’interroger et formuler une hypothèse S’interroger avec et formuler le sujet 1) Sefamiliariser hypothèse 2) Situer1)une le sujet dans le temps Se familiariser avec le sujet 2) Situer le sujet dans le temps et dans l’espace et dans l’espace 3) Formuler question la laquestion 3) Formuler 4) Formuler l’hypothèse 4) Formuler l’hypothèse Prendre connaissance du sujet 1) Cerner le sujet 2) Faire appel à ses connaissances antérieures 3) Envisager des stratégies de recherche

Communiquer ses résultats

Planifier sa recherche 1) Repérer des sources d’information pertinentes 2) Vérifier la crédibilité des sources

Revenir sur sa démarche 1) Ai-je communiqué mes résultats de façon appropriée ? 2) Qu’est-ce que j’ai appris par la réalisation de cette démarche ? 3) Est-ce que je pourrais trouver des solutions aux problèmes rencontrés ?

1) Élaborer le plan de la présentation 2) Choisir la façon d’illustrer l’information 3) Rédiger la présentation

Recueillir et traiter l’information 1) Lire l’information 2) Noter les renseignements pertinents 3) Noter les sources 4) Interpréter l’information

Organiser l’information 1) Choisir le moyen de communication 2) Préparer l’information

2) Situer le sujet dans le temps et dans l’espace Il est important de préciser la référence temporelle (quand) et spatiale (où) de votre sujet de recherche. Cela guidera votre questionnement et vous aidera à sélectionner les informations que vous trouverez et à les analyser dans le contexte du sujet traité.

3) Formuler la question Par « question », on entend ce à quoi vous tenterez de répondre en effectuant votre recherche. La question doit être formulée de façon qu’on ne puisse pas y répondre par « oui » ou par « non ».

Si le sujet de votre travail est déjà formulé sous la forme d’une question ou d’un énoncé de problème, votre première tâche consistera à bien cerner ce problème et à le situer dans le temps et dans l’espace.

DÉMARCHE DE RECHERCHE

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DÉMARCHE DE RECHERCHE

Prendre connaissance du sujet

SECTION 8

ATTENTION ! Vous pourrez modifier votre hypothèse à mesure que vous avancerez dans votre démarche de recherche.

4) Formuler l’hypothèse En vous appuyant sur vos lectures et sur vos connaissances, il vous est sans doute possible de supposer une réponse plausible à votre question : cette réponse constitue votre hypothèse. Vos recherches ultérieures auront pour but de vérifier cette hypothèse. Si, à ce moment-ci, vous ne vous sentez pas en mesure de formuler une hypothèse, approfondissez un peu le sujet.

Planifier sa recherche

S’interroger et formuler une hypothèse 1) Se familiariser avec le sujet 2) Situer le sujet dans le temps et dans l’espace 3) Formuler la question 4) Formuler l’hypothèse

1) Repérer des sources d’information pertinentes 2) Vérifier la crédibilité des sources

Prendre connaissance du sujet 1) Cerner le sujet 2) Faire appel à ses connaissances antérieures 3) Envisager des stratégies de recherche

Communiquer ses résultats

Planifier sa recherche Revenir sur sa démarche 1) Ai-je communiqué mes résultats de façon appropriée ? 2) Qu’est-ce que j’ai appris par la réalisation de cette démarche ? 3) Est-ce que je pourrais trouver des solutions aux problèmes rencontrés ?

1) Élaborer le plan de la présentation 2) Choisir la façon d’illustrer l’information 3) Rédiger la présentation

1) Repérer des sources d’information pertinentes 2) Vérifier la crédibilité des sources

Recueillir et traiter l’information 1) Lire l’information 2) Noter les renseignements pertinents 3) Noter les sources 4) Interpréter l’information

Organiser l’information 1) Choisir le moyen de communication 2) Préparer l’information

Planifier sa recherche La planification de votre recherche vous permettra de travailler efficacement en évitant de perdre du temps ou de commettre des erreurs.

1) Repérer des sources d’information pertinentes Le repérage de sources fiables et pertinentes est important, car il permet de bien effectuer la collecte d’information à la bibliothèque ou dans Internet. Pour vous aider, vous devez dégager les mots clés de votre hypothèse, en trouver des synonymes et relever d’autres termes liés de près à votre sujet.

a) Bibliothèque Une bibliothèque est un lieu fort utile dans toute démarche de recherche. Vous y trouverez trois catégories de documents écrits qui peuvent être utilisés pour une recherche. Les ouvrages généraux traitent de sujets en particulier (ex. : environnement, colonisation, crise économique, etc.). À partir de vos mots clés, vous trouverez dans le catalogue de la bibliothèque (souvent informatisé) les ouvrages qui répondent à vos besoins. Les documents de référence regroupent les encyclopédies, les atlas, les dictionnaires, les rapports statistiques et les répertoires, etc. Les périodiques (journaux, magazines, etc.) regroupent les publications qui paraissent à intervalles réguliers: les quotidiens, les hebdomadaires ou les mensuels. Des index en facilitent la consultation.

b) Internet Des moteurs de recherche permettent de trouver rapidement et facilement des documents pertinents, à l’aide de mots clés. Vous pouvez consulter la rubrique « Aide » du logiciel utilisé afin d’optimiser votre recherche.

2) Vérifier la crédibilité des sources En consultant des documents qui traitent de votre sujet, assurez-vous de leur crédibilité. Voici quelques questions à vous poser pour vous aider dans cette tâche.

a) Documents publiés Qui est l’auteur ? Quelle est sa formation ? Est-ce un spécialiste de la question ? L’auteur donne-t-il ses sources ? Vous les trouverez au début ou à la fin de l’article ou de l’ouvrage, rassemblées souvent sous le titre « Sources » ou « Bibliographie ».

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SECTION 8

DÉMARCHE DE RECHERCHE

b) Sites Internet Dans le cas d’Internet, bien que plusieurs sites soient fiables, il faut faire preuve de vigilance, puisque tout le monde peut mettre des renseignements en ligne. Est-ce un site géré par un organisme reconnu et crédible (par exemple, une université ou un ministère) ? Quel est le but du site : fournir de l’information objective ou promouvoir un point de vue particulier ? Les documents disponibles sur le site sont-ils signés ? Les sources sontelles citées ? Ces sources sont-elles fiables ? Peut-on valider les renseignements dans deux autres sources fiables ? Les dates de création et de mise à jour du site sont-elles indiquées ?

Recueillir et traiter l’information

S’interroger et formuler une hypothèse 1) Se familiariser avec le sujet 2) Situer le sujet dans le temps et dans l’espace 3) Formuler la question 4) Formuler l’hypothèse

Une fois toutes les données pertinentes et disponibles repérées, il faut les recueillir et les traiter.

Prendre connaissance du sujet

1) Lire l’information

Communiquer ses résultats

1) Cerner le sujet 2) Faire appel à ses connaissances antérieures 3) Envisager des stratégies de recherche

1) Élaborer le plan de la présentation 2) Choisir la façon d’illustrer l’information 3) Rédiger la présentation

La lecture des documents rassemblés, en gardant en tête votre question de départ et votre hypothèse, permet de sélectionner le contenu dont vous vous servirez dans votre analyse. Quand vous parcourez un ouvrage pour la première fois, consultez d’abord la table des matières, qui présente les parties et les auteurs, et l’index des sujets traités et des termes utilisés, pour repérer les pages qui concernent directement votre sujet.

2) Noter les renseignements pertinents Il est important de noter seulement les renseignements que vous jugez pertinents. Pour ce faire, vous pouvez utiliser différents outils : tableau, fiche résumé et fiche citation.

Planifier sa recherche 1) Repérer des sources d’information pertinentes 2) Vérifier la crédibilité des sources

Revenir sur sa démarche 1) Ai-je communiqué mes résultats de façon appropriée ? 2) Qu’est-ce que j’ai appris par la réalisation de cette démarche ? 3) Est-ce que je pourrais trouver des solutions aux problèmes rencontrés ?

Recueillir et traiter l’information

Recueillir et traiter l’information 1) Lire l’information 2) Noter les renseignements pertinents 3) Noter les sources 4) Interpréter l’information

1) Lire l’information 2) Noter les renseignements pertinents 3) Noter les sources 4) Interpréter l’information

Organiser l’information 1) Choisir le moyen de communication 2) Préparer l’information

Une fiche résumé sert à consigner un renseignement pertinent avec sa référence bibliographique. Une fiche citation sert à consigner une citation avec sa référence bibliographique.

Exemple d’un tableau servant à noter des informations

Civilisations

Territoire

Hiérarchie sociale (ou non)

Population

Type d’habitation

Mayas Aztèques Incas

DÉMARCHE DE RECHERCHE

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SECTION 8

Exemple d’une fiche résumé

Référence bibliographique abrégée

Résumé

DUMAS, Évelyn Dans le sommeil de nos os… Chapitre « Les grèves de bleuets », p. 77 à 86. Au cours de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), la région du Lac-Saint-Jean a connu deux grèves majeures qui ont influencé directement les politiques gouvernementales, tant fédérales que provinciales. Les grèves ont eu lieu dans les deux secteurs clés de l’économie de la région : l’industrie de l’aluminium et l’industrie forestière.

Exemple d’une fiche citation

Comment insérer une citation ? Pour insérer une citation (extrait mot à mot d’un document écrit ou d’un discours) dans un texte, on la met soit en retrait, par exemple, à deux centimètres de la marge de gauche, soit entre guillemets. Pour indiquer la source de la citation dans un document, on insère une note en bas de page où on donne sa référence complète, y compris la page d’où elle est tirée.

DUMAS, Évelyn Dans le sommeil de nos os… p. 149 « On a fait croire, à moi et d’autres de ma génération, qu’avant que nous atteignions notre majorité, vers 1960, ce ne fut que noirceur au Québec, noirceur à peine éclairée par quelques grands faits d’armes comme la grève de l’amiante en 1949 ou celle des tisserands de Louiseville, quelques années plus tard. Et pourtant […], il n’en fut rien. »

Les […] signalent un passage supprimé.

BAO-96

SECTION 8

Une fiche bibliographique permet de garder la référence complète de chaque citation ou renseignement noté. La préparation de ces fiches sera différente s’il s’agit d’un ouvrage général, d’un périodique ou d’un site Internet.

Exemple d’une fiche bibliographique d’un ouvrage

Auteur de l’ouvrage DUMAS, Évelyn Dans le sommeil de nos os : quelques grèves au Québec de 1934 à 1944 Maison d’édition Ottawa, Éditions Leméac, 1971 170 pages Lieu d’édition

Nombre de pages

Titre de l’ouvrage (en italique en édition électronique ; souligné en écriture manuscrite)

Date de parution

Exemple d’une fiche bibliographique d’un périodique

Auteur de l’article MERCIER, Noémi Titre de l’article « Inde, poubelle de la planète techno » (entre guillemets) Québec Science Nom du périodique (en italique en édition électronique ; Volume 46, numéro 1 souligné en écriture manuscrite) Septembre 2007 Numéro du volume et numéro p. 18 à 27 Date de parution du périodique, s’il y a lieu Indication des pages Exemple d’une fiche bibliographique d’un site Internet

Nom de l’auteur ou de l’organisme Gouvernement du Québec – Vues d’ensemble du Québec – Atlas Québec Nom du site et titre de la page Web, s’il y a lieu « L’hydrographie » Octobre 2007 Date de la création du site, Mise à jour des données cartographiques : janvier 2008 si elle est donnée, et date de http://vuesensemble.atlas.gouv.qc.ca/site_web/accueil/index.htm la dernière mise à jour (Consulté le 28 janvier 2008) Adresse complète du site Date de consultation du site (ou de la page) DÉMARCHE DE RECHERCHE

BAO-97

DÉMARCHE DE RECHERCHE

3) Noter les sources

SECTION 8

4) Interpréter l’information Pour interpréter l’information, vous devez recourir à certaines stratégies apprises, entre autres, dans vos cours de français : Faire la distinction entre les données pertinentes et celles qui sont superflues, en prenant note des renseignements se rapportant à votre sujet, ceux que vous jugez pertinents et fiables. Distinguer les faits des opinions (Comment interpréter un document écrit ?, page 80). Considérer différents points de vue sur votre sujet. Par exemple, si vous lisez des documents sur une grève célèbre, il est utile de chercher à connaître les points de vue des principaux acteurs de l’événement : les grévistes, les patrons ainsi que les policiers qui sont intervenus. Au besoin, établir la séquence des événements et distinguer les causes des conséquences, à l’aide d’un schéma ou d’une ligne du temps (Comment faire un schéma causes-conséquences ?, page 73 et Comment faire une ligne du temps ?, page 8).

Organiser l’information

S’interroger et formuler une hypothèse 1) Se familiariser avec le sujet 2) Situer le sujet dans le temps et dans l’espace 3) Formuler la question 4) Formuler l’hypothèse

Prendre connaissance du sujet

Planifier sa recherche

1) Cerner le sujet 2) Faire appel à ses connaissances antérieures 3) Envisager des stratégies de recherche

Revenir sur sa démarche 1) Ai-je communiqué mes résultats de façon appropriée ? 2) Qu’est-ce que j’ai appris par la réalisation de cette démarche ? 3) Est-ce que je pourrais trouver des solutions aux problèmes rencontrés ?

Communiquer ses résultats 1) Élaborer le plan de la présentation 2) Choisir la façon d’illustrer l’information 3) Rédiger la présentation

1) Repérer des sources d’information pertinentes 2) Vérifier la crédibilité des sources

Recueillir et traiter l’information 1) Lire l’information 2) Noter les renseignements pertinents 3) Noter les sources 4) Interpréter l’information

Organiser l’information 1) Choisir le moyen de communication 2) Préparer l’information

Organiser l’information 1) Choisir le moyen de communication 2) Préparer l’information

1) Choisir le moyen de communication Le moyen de communication des résultats de votre recherche doit être approprié, c’est-à-dire qu’il doit communiquer efficacement vos résultats tout en mettant en valeur l’information. Il peut s’agir d’un texte écrit, d’un exposé oral, d’une affiche, d’une présentation multimédia, etc. Le choix du moyen influera sur la façon d’organiser les renseignements.

2) Préparer l’information Une fois le moyen de communication choisi, il faut bien préparer l’information en prenant soin de faire ce qui suit : Relire les fiches sur lesquelles vous avez consigné les renseignements, en dégageant les éléments pertinents. Classer les fiches en regroupant les renseignements par thèmes pertinents à votre sujet.

Communiquer ses résultats

S’interroger et formuler une hypothèse 1) Se familiariser avec le sujet 2) Situer le sujet dans le temps et dans l’espace 3) Formuler la question 4) Formuler l’hypothèse

Prendre connaissance du sujet 1) Cerner le sujet 2) Faire appel à ses connaissances antérieures 3) Envisager des stratégies de recherche

Planifier sa recherche Revenir sur sa démarche 1) Ai-je communiqué mes résultats de façon appropriée ? 2) Qu’est-ce que j’ai appris par la réalisation de cette démarche ? 3) Est-ce que je pourrais trouver des solutions aux problèmes rencontrés ?

Communiquer ses résultats

Communiquer ses résultats 1) Élaborer le plan de la présentation 2) Choisir la façon d’illustrer l’information 3) Rédiger la présentation

1) Élaborer le plan de la présentation Organiser l’information 1) Choisir le moyen de communication 2) Choisir la façon d’illustrer 2) Préparer l’information l’information 3) Rédiger la présentation

1) Repérer des sources d’information pertinentes 2) Vérifier la crédibilité des sources

1) Élaborer le plan de la présentation Une présentation écrite ou orale comporte trois grandes parties :

Recueillir et traiter l’information 1) Lire l’information 2) Noter les renseignements pertinents 3) Noter les sources 4) Interpréter l’information

a) l’introduction, où vous amenez le sujet ; b) le développement, où vous présentez votre analyse du sujet et vos arguments ; c) la conclusion, où vous apportez la réponse à la question formulée au départ. Faites un bref résumé des idées principales et des idées secondaires à traiter dans chaque partie lors de la rédaction.

BAO-98

SECTION 8

Vous pouvez présenter certaines informations sous la forme de tableaux (Comment faire un tableau à entrées multiples ?, page 42), de diagrammes (Comment faire un diagramme ?, page 53), ou de schémas (Comment faire un schéma causes-conséquences ?, page 73), afin de les mettre en valeur ou encore d’agrémenter votre présentation.

3) Rédiger la présentation La rédaction de votre présentation doit se faire en respectant certaines règles de base qui assureront la qualité de votre travail et permettront de bien communiquer vos résultats.

Même si vous choisissez de faire une présentation orale, vous devez dresser le plan détaillé de votre exposé, puis en écrire au moins les idées principales. Vous pouvez accompagner votre plan de notes qui vous serviront d’aide-mémoire ou encore recourir à vos fiches au cours de l’exposé.

ATTENTION !

S’assurer que les idées suivent un enchaînement logique sans répétitions.

Soyez honnête et respectez les droits d’auteur.

Respecter la syntaxe de la langue et utiliser des mots précis.

Il est interdit de copier intégralement des textes écrits par quelqu’un d’autre, qu’il s’agisse d’un organisme ou d’une personne. Vous pouvez toutefois citer un court passage d’un document en fournissant la référence complète tel qu’expliqué précédemment à la page 97.

Se relire en se mettant dans la peau d’une personne qui ne connaît pas le sujet pour s’assurer que le rapport présente efficacement le développement du sujet. Vous poser la question suivante : Les lecteurs ou les auditeurs de ma présentation comprendront-ils mon texte ? Vérifier l’orthographe et la syntaxe du texte, même si vous avez recours à un logiciel de vérification orthographique, en vous aidant des divers ouvrages de référence à votre disposition. Suivre les normes de présentation d’un travail. Un travail écrit doit comporter une page titre, une table des matières, le rapport de recherche lui-même ainsi qu’une bibliographie ou une médiagraphie.

Revenir sur sa démarche Après avoir communiqué les résultats, il est important de revenir sur votre démarche de recherche. Cette étape vous permettra d’identifier ce que vous retirez de votre démarche, mais aussi d’améliorer vos façons de travailler. Poser un regard critique sur sa démarche, c’est se demander : Ai-je communiqué mes résultats de façon appropriée ? Qu’est-ce que j’ai appris par la réalisation de cette démarche ? Est-ce que je pourrais trouver des solutions aux problèmes rencontrés ?

Une bibliographie est la liste de tous les ouvrages consultés dans le cadre d’une recherche, d’où sont tirés les renseignements exposés dans le rapport. Une bibliographie se présente en ordre alphabétique d’auteurs. Le terme « médiagraphie » désigne une liste de documents de différents types (documents imprimés, audiovisuels ou numériques) cités dans un rapport. La présentation de cette liste se fait selon les mêmes normes qu’une bibliographie.

DÉMARCHE DE RECHERCHE

BAO-99

DÉMARCHE DE RECHERCHE

2) Choisir la façon d’illustrer l’information

SECTION 9

L

a planète Terre est vivante et très active. Soulevée, plissée et modifiée par les forces internes, érodée par le vent, la pluie et la glace, la surface de

la Terre change sans cesse. La plupart du temps, ces transformations sont étalées sur plusieurs millions d’années. Il peut arriver parfois qu’elles soient le résultat de catastrophes naturelles comme les inondations, les éruptions volcaniques ou les tremblements de terre. La Terre est souvent appelée « planète bleue », car les océans la couvrent d’eau à un peu plus de 70 %.

BAO-100

SECTION 9

MINIATLAS 102

Carte 2 – Le monde - Politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

104

Carte 3 – L’Amérique du Nord et centrale - Physique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

106

Carte 4 – L’Amérique du Nord et centrale - Politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

107

Carte 5 – Le Canada - Physique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

108

Carte 6 – Le Canada - Politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

110

Carte 7 – Le Québec - Physique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

112

Carte 8 – Le Québec - Politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

113

Carte 9 – L’Amérique du Sud - Physique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

114

Carte 10 – L’Amérique du Sud - Politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

115

Carte 11 – L’Europe - Physique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

116

Carte 12 – L’Europe - Politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

117

Carte 13 – L’Asie - Physique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

118

Carte 14 – L’Asie - Politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

119

Carte 15 – L’Afrique - Physique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

120

Carte 16 – L’Afrique - Politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

121

Carte 17 – L’Océanie - Physique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

122

Carte 18 – L’Océanie - Politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

123

MINIATLAS

BAO-101

Source : SHUTTERSTOCK.

SOMMAIRE

Carte 1 – Le monde - Physique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

180º

150º

120º

90º

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66º33’

Détroit de Magellan Îles Falkland (Îles Malouines)

Méridien de Greenwich

Pampas

Patagonie

SECTION 9

Carte 1 – Le monde - Physique

Cercle polaire antarctique Me r de We d de ll

Légende Frontière internationale Montagne

120º

Mont Vinson 90º

60º

Altitude Plus de 3000 m 2000-3000 m 1000-2000 m 500-1000 m 200-500 m 0-200 m

Échelle 1 : 86 600 000 (projection de Robinson) 0

1000

2000 km

1 cm sur la carte à l’équateur équivaut à 866 km sur le terrain.

BAO-102

SECTION 9

Profondeur de l’eau Moins de 200 m 200-2000 m 2000-4000 m Plus de 4000 m

Les cinq océans de la Terre (océan Pacifique, océan Atlantique, océan Indien, océan Arctique et océan Antarctique) sont en mouvement constant. Cela est attribuable aux vents, à la différence de température et de densité des eaux et au sens de la rotation de la Terre.

30º

60º

150º

180º

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Golfe du Bengale

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La Réunion

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Tropique du Capricorne

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Îles Mariannes

Fosse des Îles Palaos (Palau)

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OC ÉA N A RCT IQUE

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MINIATLAS

0º 0º

Mer de Tasman Mont Cook

150º

180º

La superficie des continents et des océans OC ÉA N A NTA RCT IQUE

Superficie totale de la Terre

Cercle polaire antarctique

66º33’

Superficie totale des 180º continents Superficie totale des océans (y compris lacs et cours d’eau)

A N T A R C T I Q U E 30º

60º

90º

120º

510 M* km2 149 M km2, soit 29,2 % de la surface du globe 361 M km2, soit 70,8 % de la surface du globe

* M : million.

Océan Indien 14,1 % Océan Atlantique 16,9 %

Océan Pacifique 33,1 %

Océan Arctique 2,7 % Océan Antarctique 4 % Asie 8,6 % Afrique 5,9 % Amérique du Nord et centrale 4,7 % Amérique du Sud 3,5 % Europe 2 % Océanie 1,8 % Antarctique 2,7 %

Sources : CENTRAL INTELLIGENCE AGENCY. CIA World Factbook 2005 ; Quid, 2005 ; Encarta, 2005.

MINIATLAS

BAO-103

Les 10 pays les plus peuplés du monde 1. Chine 2. Inde 3. États-Unis 4. Indonésie 5. Brésil 6. Pakistan 7. Bangladesh 8. Russie 9. Nigeria 60º 10.90ºJapon

En 1950, on comptait 82 pays dans le monde. En 2008, on en compte 194. La plupart sont membres de l’Organisation des Nations unies (ONU)1. Qu’est-ce qu’un pays ? Un pays est un territoire habité, délimité par des frontières internationales et administré par un gouvernement souverain, c’est-à-dire qui a les pleins pouvoirs. Un pays peut être agrandi, réduit ou même disparaître s’il fusionne avec un autre pays. Il n’est donc pas étonnant de constater que la carte du monde change si souvent. 1. Organisation internationale qui a pour but d’assurer le maintien de la paix et de la sécurité dans le monde.

150º

180º

120º

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Cercle polaire arctique Alaska (É.-U.)

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ANTIGUA-ET-BARBUDA Guadeloupe (Fr.) antarctique Cercle polaire DOMINIQUE Martinique (Fr.) SAINTE-LUCIE BARBADE SAINT-VINCENT-ETLES-GRENADINES TRINITÉ-ET-TOBAGO180º

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Îles Sandwich-du-Sud (R.-U.)

SAINT-KITTS-ET-NEVIS

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SECTION 9

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Îles Falkland (Îles Malouines) (R.-U.)

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BELIZE

BAO-104

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Île de Sainte-Hélène (R.-U.)

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Méridien de Greenwich

SECTION 9

Carte 2 – Le monde - Politique

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150º

120º

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60º

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Tropique du Capricorne

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RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

SERBIE

MONTÉNÉGRO

Mer d’ O khotsk

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MALTE Mer CHYPRE TUNISIE Méd i ter ran é e LIBAN ISRAËL

LIECHTENSTEIN

FRANCE

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RÉPUBLIQUE TCHÈQUE

LUXEMBOURG

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DANEMARK

BIÉLORUSSIE ROYAUMEUNI

Mer Me du N oord

RUSSIE

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Cercle polaire arctique

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Mer du Nord

OCÉAN ARCTIQUE

Spitzberg Sp ((Norv.)

30º

ESTONIE

L’Europe

1. Vatican 2. Tuvalu 3. Nauru 4. Palaos (Palau) 5. Saint-Marin 6. Monaco 7. Liechtenstein 8. Saint-Kitts-et-Nevis 9. Marshall 60º 90º 10. Dominique

30º

FINLANDE

SUÈDE

Les 10 pays les moins peuplés du monde



NORVÈGE

Tasmanie

Îles Kerguelen (Fr.)

OCÉAN ANTARCTIQUE

120º

Cercle polaire antarctique

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2000 km

1 cm sur la carte à l’équateur équivaut à 866 km sur le terrain.

MINIATLAS

BAO-105

MINIATLAS



SECTION 9

Carte 3 – L’Amérique du Nord et centrale - Physique A

1

B

C

D

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F

G AMÉRIQUE DU NORD ET CENTRALE

L’Amérique du Nord est bordée à l’est par l’océan Atlantique, au nord par l’océan Arctique, à l’ouest par l’océan Pacifique et au sud par l’isthme de Tehuantepec, situé au sud du Mexique et séparant l’Amérique du Nord de l’Amérique centrale. Celle-ci est formée d’un isthme qui relie l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud, et d’un groupe d’îles, les Antilles, qui baignent dans la mer du même nom.

1

2

2

3

3

Le Groenland est considéré comme la plus grande île du monde.

4

Les Grands Lacs d'Amérique du Nord sont un groupe de cinq vastes5lacs qui se jettent dans le fleuve Saint-Laurent (Supérieur, Huron, Michigan, Érié et Ontario) situés sur ou près de la frontière entre les États-Unis et le Canada. Le lac Michigan est le seul des Grands6 Lacs situé entièrement sur le territoire des États-Unis.

4

5

6

7

7

Légende Frontière internationale Montagne Calotte glaciaire 8

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Altitude

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Plus de 3000 m 2000-3000 m 1000-2000 m 500-1000 m 200-500 m 0-200 m Profondeur de l’eau Moins de 200 m 200-2000 m 2000-4000 m Plus de 4000 m

A

BAO-106

1 : 45 500 000 (projection de Lambert) 0

B

SECTION 9

Un isthme est une langue de terre comprise entre deux golfes ou entre deux mers, qui réunit deux terres.

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Trois pays, le Canada, les États-Unis et le Mexique, ainsi qu’un territoire, le Groenland, occupent la plus grande portion de l’Amérique du Nord. L’Amérique centrale compte 7 pays dans sa partie continentale et, dans sa partie insulaire ou Antilles, 13 pays et de nombreux territoires appartenant à divers États.

1

2

2

3

3

4

4

5

5

6

6

7

Mexico est la 2e plus grosse ville du monde avec plus de 20 millions d’habitants.

7

Légende Frontière internationale Capitale du pays Ville de plus de 1 million d’habitants Ville de moins de 1 million d’habitants

8

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1 : 45 500 000

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MINIATLAS

BAO-107

MINIATLAS

Carte 4 – L’Amérique du Nord et centrale - Politique

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140º

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Deuxième pays du monde pour sa superficie, le Canada est limité au nord par l’océan Arctique, à l’est par l’océan Atlantique, au sud par les États-Unis, à l’ouest par l’océan Pacifique et au nord-ouest par l’Alaska. La moitié du territoire canadien repose sur le Bouclier canadien, un immense socle rocheux couvert de collines, de milliers de lacs et de vastes forêts.

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Situé au sud-ouest du Yukon, à proximité de la frontière de l’Alaska, le mont Logan, qui culmine à 5959 m, est le plus haut sommet du Canada.

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SECTION 9

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Frontière internationale Frontière de la province ou du territoire Montagne

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SECTION 9

Carte 5 – Le Canada - Physique

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Au Canada, les forêts occupent plus de 45 % de la superficie du pays. Elles s’étendent en une longue bande ininterrompue de l’est à l’ouest. Cette bande forestière est située principalement dans la forêt boréale.

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Le lac Supérieur est le plus grand lac d’eau douce du monde. Situé entre le Canada et les États-Unis, il occupe 82 380 km2. C’est près de 10 000 km2 de plus que la superficie du Nouveau-Brunswick, par exemple.

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Le Canada est divisé en 10 provinces et en 3 territoires (Territoire du Yukon, Territoires du Nord-Ouest et Nunavut) qui s’étendent de l’océan Atlantique à l’océan Pacifique. Au cours de son histoire, le Canada a créé de nombreux liens avec le reste du monde. Le savoirfaire des Canadiens a dépassé les frontières du pays, conférant graduellement au Canada une renommée internationale.

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Frontière internationale Frontière de la province ou du territoire Autoroute Capitale du pays Capitale de la province ou du territoire Ville de plus de 1 million d’habitants Ville de moins de 1 million d’habitants

SECTION 9

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Le 1er juillet 2007, on estimait que la population du Canada était de 32 476 000 habitants. Les deux tiers des habitants sont concentrés dans les grandes villes comme Toronto, Montréal et Vancouver.

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Carte 6 – Le Canada - Politique

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Années d’adhésion à la Confédération canadienne Alberta 1905 Colombie-Britannique 1871 Île-du-Prince-Édouard 1873 Manitoba 1870 Nouveau-Brunswick 1867 Nouvelle-Écosse 1867 Nunavut (Territoire) 1999 Ontario 1867 Québec 1867 Baie Saskatchewan 1905 de Baffin Terre-Neuve 1949 Territoires du Nord-Ouest 1870 (Territoire) Yukon (Territoire) 1898

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Au Canada, l’anglais est la langue maternelle de plus de 57,2 % des gens et le français est la langue maternelle de 21,8 % de la population.

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Selon le recensement de 2001, près d’un million de personnes, soit environ 3 % de la population canadienne, ont déclaré être autochtones.

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Source : Statistique Canada, Recensement 2006.

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SECTION 9

Carte 7 – Le Québec - Physique A

1

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En raison de son ouverture sur la baie d’Hudson et sur l’océan Atlantique, la province de Québec bénéficie d’une situation géographique privilégiée dans le nord-est de l’Amérique du Nord. La superficie du Québec représente environ 15% de la superficie du Canada. Il n’est pas étonnant de trouver sur un aussi vaste territoire des ressources naturelles abondantes et des paysages très diversifiés.

1

CANADA Québec

2

2

3

3

Si on le compare à la majorité des États européens, le Québec est un géant : il pourrait contenir à la fois la France, l’Espagne, l’Italie, le Portugal, la Suisse et la Belgique !

4

4

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Légende Frontière internationale Frontière de la province Montagne Cratère

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Altitude Plus de 1000 m 500-1000 m 200-500 m 0-200 m

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SECTION 9

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Le territoire de la province de Québec est très vaste. Pour satisfaire les besoins de l’ensemble de la population, le gouvernement a divisé le territoire en 17 régions administratives. Ce découpage permet une meilleure planification du développement économique, social et culturel du Québec et de chacune de ses régions.

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1

1. Bas-Saint-Laurent 2. Saguenay-Lac-Saint-Jean 3. Capitale-Nationale 4. Mauricie 5. Estrie 2 6. Montréal 7. Outaouais 8. Abitibi-Témiscamingue 9. Côte-Nord 10. Nord-du-Québec 11. Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine 3 12. Chaudière-Appalaches 13. Laval 14. Lanaudière 15. Laurentides 16. Montérégie 17. Centre-du-Québec

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Golfe du Saint-Laurent

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Îles de la Madeleine 60º

Les régions de Montréal (06) et Laval (13)

Lévis

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Gaspé

NouveauBrunswick

Montmagny

50º



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Saint-Georges

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Légende

05

Frontière internationale Frontière de la province Limite de la région administrative Capitale de la province Ville de plus de 1 million d’habitants Ville de moins de 1 million d’habitants

Sherbrooke

É T A T S - U N I S

1 : 11 700 000 (projection conique conforme de Lambert) 0

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Lac Champlain

Échelle

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Sainte-Annedes-Monts

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Québec

Thetford Mines Sorel-Tracy Drummondville

Montréal 16

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Trois-Rivières

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Ontario

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Sept-Îles

Baie-Comeau

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70º A

B

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MINIATLAS

BAO-113

MINIATLAS

Carte 8 – Le Québec - Politique

B

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60°

Pointe Gallinas

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Cap Sao Tomé Tropique du Cap

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Rio de La Plata

L’ Amazone, d’une longueur de 6500 km environ, est l’un des plus longs fleuves du monde, avec le Nil. Il déverse tellement d’eau (chargée de matières en suspension) dans l’océan Atlantique qu’il en modifie la couleur jusqu’à plus de 160 km des côtes !

BAO-114

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8

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SECTION 9

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Îles Falkland (Îles Malouines)

Tierra del Fuego (Terre de Feu)

(projection azimutale équivalente de Lambert) 400

Pointe Medanosa

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1 : 34 500 000

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Cabo dos Bahias

Golfe de San Jorge

Bahia Grande

50°

Échelle 9

P a t a g o n i e

Archipel des Chonos

Golfe de San Matias

Péninsule Valdes

6

30° 30°

Lagoa dos Patos Lagoa Mirim

Pointe Lavapie

Île de Chiloe

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O C É A N A T L A N T I Q U E

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Îles Juan Fernandez (Chili)

40°

Profondeur de l’eau Moins de 200 m 200-2000 m 2000-4000 m Plus de 4000 m

10°

20°

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Altitude

8

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Nevado Ojos del Salado 6893 m

Aconcagua 6959 m

Plus de 3000 m 2000-3000 m 1000-2000 m 500-1000 m 200-500 m 0-200 m

4

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5

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Nevado de Sajama 6542 m

Désert d’Atacama

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Île San Felix (Chili) Île San Ambrosio (Chili)

Frontière internationale Montagne

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Nevado del Illampu 6421 m

ss Tropique du Capricorne

Légende

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Pointe Carreta

Équateur

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Nevado Huascaran 6746 m

Du nord au sud, la cordillère des 5 Andes s’étend sur plus de 7000 km. C’est la plus longue chaîne de montagnes du monde. Au moins 20° 40 sommets s’élèvent à plus de 5000 m.

O C É A N A T L A N T I Q U E

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O C É A N P A C I F I Q U E 10°

Cap Orange

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Pichincha 4794 m Cotopaxi 5897 m Pu t u m ay o Chimborazo 6310 m

Pointe Parinas

4

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Nevado del Huila 5750 m

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Îles Galapagos (Équateur)

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Golfe de Panama

80° Pointe Galera

Équateur

Pico Cristobal Colon 5775 m

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Mer des Antilles (Mer des Caraïbes)

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90°

Grandes Antilles

1

AMÉRIQUE DU SUD

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20°

20°

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L’Amérique du Sud est limitée à l’est par l’océan Atlantique, au sud par le détroit de Drake et à l’ouest par l’océan Pacifique. Au nord, elle est reliée à l’Amérique centrale par l’isthme de Panama. L’Amérique du Sud s’étend sur environ 7400 km du nord au sud et sa superficie est d’environ 18 millions de km2.

1

G

40°

50°

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SECTION 9

Carte 9 – L’Amérique du Sud - Physique

90°

80° C

70°

60° D

50° E

40°

30° F

60° G

A

B

C

D

E

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60°

L’Amérique du Sud est composée de 12 pays : l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Chili, la Colombie, l’Équateur, la Guyana, le Paraguay, le Pérou, le Suriname, l’Uruguay et le Venezuela. L’Amérique du Sud inclut aussi la90°Guyane, un département français d’outre-mer.

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VENEZUELA

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3

Équateur

Belem



Sao Luis Fortaleza Teresina

Imperatriz

Natal Recife Maceio

Feira de Santana Cuzco

Cuiaba

La Paz

Arequipa

Brasilia Goiania

Santa Cruz de la Sierra

Cochabamba

Aracaju

Salvador

BOLIVIE

Lac Titicaca

5

Uberlandia

Sucre

Belo Horizonte

Campo Grande

20°

Vitoria Tropique du Capricorne Antofagasta

Rio de Janeiro Campinas PA R A G U AY Tropique du Caprico Sao Paulo rne Santos Asuncion Curitiba

Salta

Île San Felix (Chili)

San Miguel de Tucuman

Île San Ambrosio (Chili)

O C É A N A T L A N T I Q U E

Caxias do Sul

Porto Alegre Cordoba 30°

Santiago

7

100°

Buenos Aires

U R U G U AY

40°

Lagoa dos Patos Lagoa Mirim

Certains aliments consommés tous les jours dans le monde viennent d’Amérique du Sud, comme le manioc (plante qui fournit le tapioca), la pomme de terre (légume le plus cultivé sur la planète) et la tomate.

Mar del Plata

Golfe de San Matias

Île de Chiloe

Légende Archipel des Chonos

Frontière internationale Capitale du pays Ville de plus de 1 million d’habitants Ville de moins de 1 million d’habitants

8

Îles Falkland (Îles Malouines) (R.-U.)

50°

Île Santa Ines

(projection azimutale équivalente de Lambert) 400

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90°

80° C

70°

60° D

50°

8

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Îles Sandwichdu-Sud (R.-U.)

Îles Orcades-du-Sud (R.-U.) E

40°

50° 20°

Géorgie-du-Sud (R.-U.)

Îles Shetland-du-Sud (R.-U.)

7

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Tierra del Fuego (Terre de Feu) k e a Dr de oit Détr

800 km

60° A

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1 : 34 500 000

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Golfe de San Jorge

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Échelle 9

Comodoro Rivadavia

30°

Rio de La Plata

ARGENTINE Bahia Blanca

6

30°

Montevideo

La Plata

C H I L I

Îles Juan Fernandez (Chili) Concepcion

Santa Fe

Mendoza Rosario Sao Luis

Valparaiso

100°

4

10°

Lima

6

O C É A N A T L A N T I Q U E

B R É S I L

Porto Velho

PÉROU

Quelques-unes des plus grandes villes du monde, comme Sao Paulo, Buenos 20° Aires et Rio de Janeiro, sont situées en Amérique du Sud. Elles comptent toutes plus de 10 millions d’habitants.

Santarem

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Manaus

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Guyane (Fr.)

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Iquitos

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Quito Cuenca

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Bogota

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1

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COLOMBIE

Cali

O C É A N P A C I F I Q U E

4

TRINITÉ-

Bucaramanga

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Medellin

Guayaquil

Îles Galapagos (Équateur)

Caracas

ET-TOBAGO Maracay Barquisimeto Valencia ue rénoq O Cucuta

80°

Équateur



Maracaibo

Cartagena

BARBADE

GRENADE

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Barranquilla

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Mer des Antilles (Mer des Caraïbes) Aruba (P.-B.) Curaçao (P.-B.)

10°

Avec ses 8,5 millions de km2, le Brésil occupe presque la moitié de l’Amérique du Sud. C’est aussi le pays le plus peuplé de cette région du globe, avec ses 190 millions d’habitants.

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1

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40°

50°

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60° 20° G

MINIATLAS

BAO-115

MINIATLAS

Carte 10 – L’Amérique du Sud - Politique

A

B

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40º

60º

80º

F

100º

110º

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120º

80

º 120º

EUROPE

L’Europe, qui couvre une superficie de près de 10 millions de km2, est délimitée à l’est par l’Asie, au sud par la mer Méditerranée, à l’ouest par l’océan Atlantique 80º et au nord par l’océan Arctique. Plusieurs îles et archipels de l’Atlantique sont rattachés à l’Europe, notamment l’Islande, les Açores et les îles Canaries.

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Îles Orcades Îles Hébrides

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Îles Féroé Îles Shetland

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Péninsule de Kola

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Mer Baltique

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Les Alpes représentent la plus haute chaîne de montagnes d’Europe. De gigantesques plissements de la roche les ont fait naître il y a des millions d’années.

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Mer Ionienne

Mer Égée

Mont Etna 3323 m

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BAO-116

SECTION 9

Altitude

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Plus de 3000 m 2000-3000 m 1000-2000 m 500-1000 m 200-500 m 0-200 m

1 : 27 500 000

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Frontière internationale Montagne

30º

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Légende

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Mer Caspienne

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Sardaigne M e r

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Grossglockner Plaine 3798 m de Hongrie

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Profondeur de l’eau Moins de 200 m 200-2000 m 2000-4000 m Plus de 4000 m

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Mer du Nord Me r d’ Irl a n de

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SECTION 9

Carte 11 – L’Europe - Physique

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60º

80º

F

100º

110º

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120º

80

º

120º

L’Europe rassemble une quarantaine de pays, malgré sa petite taille. Elle comprend plus de 800 millions d’habitants, ce qui en fait l’un des endroits les plus densément peuplés du monde. La plupart des pays européens existent depuis des siècles. Certains pays, comme le Royaume-Uni, la France, l’Italie, l’Espagne et le Portugal, ont été à la tête de grands empires20ºcoloniaux. 10º 0º arc

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Mer de Norvège

Mer Blanche

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Îles Féroé (Dan.)

O C É A N A T L A N T I Q U E

SUÈDE NORVÈGE

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Prague

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ESPAGNE

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Sardaigne (It.)

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UKRAINE

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Bratislava MOLDAVIE Budapest HONGRIE Chisinau Zagreb ROUMANIE CROATIE Belgrade Bucarest

SLOVÉNIE BOSNIEMONACO SERBIE SAINT-MARIN HERZÉGOVINE Sarajevo 1 ANDORRE MONTÉNÉGRO Corse (Fr.) VATICAN

Kiev

AUTRICHE

Andorrela-Vieille

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RÉPUBLIQUE TCHÈQUE SLOVAQUIE

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La Russie occupe le 1er rang des pays en termes de superficie.

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ANCIENNE RÉPUBLIQUE YOUGOSLAVE DE MACÉDOINE

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Mer Ionienne

7

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Crète é d (Grèce) i t e r r a n é e

50º 30 º

L’Union européenne (UE) est chargée de maintenir la paix en Europe et de favoriser le A F R I Q U E développement économique et social. En 2008, elle regroupe 27 pays membres d’Europe.

8

8

40º 30º

Tropique du Can

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Échelle

Légende

20º 9

1 : 27 500 000

Frontière internationale Capitale du pays

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(projection de Bonne) 250

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MINIATLAS

BAO-117

MINIATLAS

Carte 12 – L’Europe - Politique

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Mer d’Oman

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L’Indonésie est le plus grand archipel du monde avec ses… 5 17 508 îles ! Un peu plus du tiers de ces îles sont inhabitées.

Kyushu

Shikoku

M er d u J a po n Honshu Mont Fuji 3776 m

Taiwan

120º

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Péninsule du Kamtchatka

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Mer de Chine méridionale

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O C É A N A R C T I Q U E

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Plateau de Sibérie centrale

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30º

Plaine de Sibérie occidentale

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Désert de Thar

Pamir

Le 26 décembre 2004, le tsunami qui a déferlé sur 10 pays riverains de l’océan Indien a causé la mort de près de 300 000 personnes. Il s’agit de l’une des plus importantes catastrophes naturelles de l’histoire.

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Dépression caspienne

Mont Ararat 5137 m

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Profondeur de l’eau Moins de 200 m 200-2000 m 2000-4000 m Plus de 4000 m

Plus de 3000 m 2000-3000 m 1000-2000 m 500-1000 m 200-500 m 0-200 m

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(projection de Bonne)

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3

2

L’Asie couvre près du tiers de la surface terrestre de la planète, ce qui en fait le plus grand continent du monde. Elle est délimitée au nord par l’océan Arctique, à l’est par la mer de Béring et l’océan Pacifique, au sud par l’océan Indien et au sud-ouest par la mer Rouge et la mer Méditerranée. À l’ouest, on situe généralement la frontière entre l’Europe et l’Asie dans le Caucase et dans l’Oural.

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Carte 13 – L’Asie - Physique

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En 2006, la Chine et l’Inde comptaient ensemble 2,5 milliards d’habitants, soit 37 % de la population mondiale.

Bandar Seri Begawan

Bornéo

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Ho Chi Minh-Ville (Saigon)

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La4découverte de pétrole 10 dans º le golfe Persique a fait la richesse de plusieurs pays du Moyen-Orient, dont l’Arabie saoudite. En 2006, ces pays fournissaient 305% du pétrole mondial.

3

2

L’Asie est le plus grand continent du monde et aussi le plus peuplé. En 2006, 3,9 milliards d’habitants y vivaient, répartis dans 49 pays : 6 personnes sur 10 dans le monde y vivent. Certaines régions d’Asie sont quasi désertes et d’autres sont surpeuplées. Les religions et les coutumes les plus variées se côtoient, de même les traditions ancestrales et la vie moderne.

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Carte 14 – L’Asie - Politique

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Avec une superficie de près de 30 millions de km2, l’Afrique est le continent le plus étendu du monde, après l’Asie. Située de part et d’autre de l’équateur, elle est délimitée à l’est par l’océan Indien et la mer Rouge, au nord par la mer Méditerranée et à l’ouest par l’océan Atlantique. La pointe sud du continent marque la jonction des océans Indien et Atlantique.

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Le Sahel est le nom donné à une bande de terre qui s’étend du Sénégal au Soudan, en bordure du Sahara. Il est menacé de désertification en raison de sécheresses répétées.

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30º

Le Sahara, le plus grand désert du monde, occupe près du tiers de l’Afrique. Pendant la journée, la température peut y dépasser 50 °C et chuter à – 4 °C la nuit.

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Lac Malawi



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Mont Kilimandjaro Plaine de 5895 m Serengeti Steppe Massaï

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Le mont Kilimandjaro, situé en Tanzanie, est un ancien volcan formé d’une alternance de couches de lave et de cendres. Il est le plus haut sommet d’Afrique et est couvert de neiges éternelles.

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Carte 15 – L’Afrique - Physique

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En 2006, l’Afrique comptait 53 pays et une population de 965 millions d’habitants. Jusqu’aux années 1960, l’Afrique a été, pour une grande part, intégrée aux empires coloniaux européens. À la fin des années 1980, presque tous les pays d’Afrique avaient acquis leur indépendance. Beaucoup d’Africains vivent sous le seuil de la pauvreté et font face à des problèmes de santé et à l’analphabétisme.

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Avec ses 18 millions d’habitants, le Caire est la plus grande ville d’Afrique et la capitale de l’Égypte. Elle est située sur les rives du Nil, un des plus longs fleuves du monde.

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Le Maghreb est la région d’Afrique du Nord comprise entre la mer Méditerranée, le Sahara et l’océan Atlantique.

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10º

Le Nigeria est le pays le plus peuplé d’Afrique avec plus de 138 millions d’habitants. Malheureusement, en 2005, l’espérance de vie des habitants de ce pays n’était que de 47,8 ans.

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RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

Yaoundé

Libreville

Sao Tomé S A O TO M É ET-PRINCIPE

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Plus de 300 millions d’Africains ont moins de 1 $ par jour pour vivre.

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Profondeur de l’eau Moins de 200 m 200-2000 m 2000-4000 m Plus de 4000 m

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La Grande Barrière de corail représente le plus vaste ensemble de récifs coralliens et d’îles du monde.

Îles Hawaii

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Îles Cook

Légende

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SamoaAméricaines Wallis-et- Samoa Futuna

Kiribati

Baker Island

La fosse des Mariannes est la fosse océanique la plus profonde connue à ce jour. Elle s’étend sur plus de 2500 km. Sa largeur est de près de 70 km et sa profondeur atteint 11 034 m.

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Mont Egmont 2518 m

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Mont Cook 3754 m

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Îles de l’Amirauté

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Fréquemment, les îles de l’Océanie sont frappées par des tempêtes tropicales, les typhons. Elles 6 subissent aussi des raz-de-marée, 80º ces gigantesques vagues dues à des éruptions volcaniques ou à des séismes sous-marins.

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Constituée par l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Mélanésie, la Micronésie et la Polynésie, l’Océanie est le plus petit continent du globe. Outre l’Australie et la Nouvelle-Zélande, l’Océanie se compose d’un ensemble de plus de 25 000 îles (volcaniques ou formées de coraux) réparties sur une vaste superficie dans l’océan Pacifique. Ces îles sont, pour la plupart, inhabitées.

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Carte 17 – L’Océanie - Physique

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Le réchauffement de la planète aggrave les risques d’inondation des îles les plus au sud de l’Océanie et pourrait même les faire disparaître.

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La population de l’Océanie représente moins de 0,5 % de la population mondiale. C’est au cours du 16e siècle que des Européens ont commencé à explorer cette partie du monde. Certaines des îles sont alors devenues des colonies du RoyaumeUni, de la France, puis des États-Unis. La région était alors essentiellement occupée par des peuples indigènes, comme les aborigènes d’Australie et les Maoris de la Nouvelle-Zélande. 20º

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(projection azimutale équivalente de Lambert)

1 : 53 000 000

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140º

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Polynésie-Française (Fr.) Tropiq

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La population de l’Océanie habite, dans une proportion de 60 %, en Australie, pays qui occupe 90 % de la superficie de l’Océanie.

150º

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Frontière internationale Capitale du pays Ville de plus de 1 million d’habitants Ville de moins de 1 million d’habitants

Avarua

Îles Cook (N.-Z.)

Légende

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O C É A N P A C I F I Q U E

Îles Midway (É.-U.)

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Tokelau (N.-Z.) SamoaAméricaines Wallis-et- SAMOA (É.-U.) Futuna (Fr.)

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Port-Vila

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Yaren NAURU

Honiara

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170º

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SALOMON

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160º

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Brisbane

Melbourne

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Geelong

Adélaïde

Lac Torrens

A U S T R A L I E

Alice Springs

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Mer de Corail

Port Moresby

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Rabaul

MICRONÉSIE

Mariannesdu-Nord (É.-U.)

150º

PA P O U A S I E NOUVELLE-GUINÉE

G ol fe de Darwin C a r p e nt a rie

10º

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Cancer

Agana

Garapan

Tropique du

30º

140º

Guam Mer (É.-U.) des Philippines

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A

Carte 18 – L’Océanie - Politique

GLOSSAIRE

A Affiche : Document iconographique créé pour annoncer un événement spécial ou véhiculer un message. p. 87 Arrière-plan : Plan le plus éloigné sur une image. p. 23 Axe: Droite orientée, horizontale ou verticale, comportant une origine. p. 2 Axe gradué : Droite divisée en segments égaux que l’on nomme « gradations ». p. 2

Carte thématique : Carte qui présente une vue d’ensemble de la répartition de certains éléments. p. 20 Carte topographique : Carte qui présente des caractéristiques physiques d’un lieu (ex.: le relief, l’hydrographie, les zones forestières, etc.) ou des caractéristiques humaines (ex.: les zones administratives et habitées, les voies et infrastructures de transport, etc.). p. 18 Cartographie : Étude et réalisation de cartes à l’aide de techniques spécifiques. p. 10 Cause : Fait, phénomène ou événement qui entraîne un résultat. p. 71 Chronologie : Succession de faits ou d’événements survenus dans le temps. p. 2

B Bande dessinée : Document iconographique qui raconte une histoire à l'aide d'une suite de dessins. p. 88

Citation : Extrait mot à mot d'un document écrit. p. 96

Bibliographie : Liste de tous les ouvrages consultés dans le cadre d'une recherche ou de la production d’un document. p. 99

Climatogramme : Diagramme composé d’un diagramme à bandes qui représente les précipitations mensuelles d’une région et d’un diagramme à ligne brisée qui donne les températures mensuelles moyennes de la région. p. 61

C

Conséquence : Résultat entraîné par un fait, un phénomène ou un événement. p. 71

Caricature : Dessin qui illustre de façon humoristique la vie politique et sociale d’un pays, les débats qui l’animent et les opinions sur des gens qui l’habitent. p. 87

Coordonnées géographiques : Système de repérage géographique basé sur les parallèles (qui donnent la latitude d’un lieu) et les méridiens (qui donnent la p. 15 longitude d’un lieu).

Carte géographique : Représentation graphique à l’échelle d’une partie de la surface de la Terre ou de sa totalité (éléments naturels et humains). p. 16

Croquis géographique : Dessin simplifié d’un lieu. p. 22

Carte historique : Carte géographique thématique qui présente un fait ou un événement historique. p. 32

D

Carte physique : Carte qui contient des courbes de niveau qui informent sur l’altitude des sommets des montagnes et sur les dénivelés. p. 19 Carte routière : Carte topographique qui sert à situer les agglomérations d’un territoire et les routes qui les desservent. p. 19 Carte schématique : Représentation simplifiée de la réalité qui vise, entre autres, à représenter les traits essentiels d’un territoire, d’un phénomène ou d’un mouvement. p. 24

BAO-124

GLOSSAIRE

Degré : Unité de mesure des coordonnées géographiques. p. 15 Démarche de recherche : Description du processus global entourant la réalisation d'une recherche sur un sujet donné et la communication de ses résultats. p. 92 Diagramme : Représentation graphique ensemble de données. p. 44

d’un

Diagramme à bandes : Diagramme qui représente des données à l'aide de bandes verticales ou horizontales. p. 44

Diagramme à pictogrammes : Diagramme qui représente des données à l'aide de dessins figuratifs significatifs. p. 46 Diagramme circulaire : Diagramme en forme de cercle qui représente les parties d’un tout exprimées sous la forme de fractions ou de pourcentages. p. 45 Discours : Document écrit qui présente les arguments de leur orateur. p. 75 Document audiovisuel : Document iconographique créé à l'aide des diverses techniques de production audiovisuelle (cinéma, télé, vidéo, multimédia). p. 88 Document écrit : Information transmise en mots. p. 74 Document de première main (de source primaire) : Document écrit par des témoins ou des acteurs des événements racontés. p. 74 Document de seconde main (de source secondaire) : Document écrit par des personnes qui analysent des événements ou des documents de première main. p. 74 Document iconographique : Document composé principalement d'images. p. 84 Donnée dynamique : Donnée portant sur la progression d’un phénomène dans le temps ou dans l’espace. p. 18 Donnée statique : Donnée portant sur un fait donné à un moment précis. p. 18 Droits d'auteur : Exclusivité d'exploitation d'un document écrit ou d’un document iconographique par son auteur. p. 99

Échelle graphique : Représentation graphique du rapport de réduction utilisé sur une carte. On l’appelle aussi « échelle linéaire ».

p. 17

Échelle numérique: Énoncé mathématique du rapport de réduction utilisé sur une carte. On l’appelle aussi « échelle fractionnaire ».

p. 17

Échelle verbale : Formulation en mots du rapport de réduction utilisé sur une carte.

p. 17

Équateur : Parallèle de référence, qui prend la valeur zéro, et qui sépare le globe en deux hémisphères, l’hémisphère Nord et l’hémisphère Sud.

p. 13

F Fait : Information que l’on peut vérifier.

p. 82

Fiche bibliographique : Fiche sur laquelle est consignée la référence complète d'une citation ou d'un renseignement pertinent.

p. 97

Fiche citation : Fiche sur laquelle est consignée une citation avec sa référence bibliographique.

p. 95

Fiche résumé : Fiche sur laquelle est consigné un renseignement pertinent avec sa référence bibliographique.

p. 95

G Gradation : Chaque division d'un axe gradué.

p. 2

Graduation : Division en segments égaux, nommés « gradations », effectuée sur un axe.

p. 2

Gravure : Document iconographique créé à l'aide de techniques propres à l'art de graver.

p. 85

H E Échelle : Rapport entre la grandeur d’un espace sur une carte ou une autre représentation graphique (par exemple, une ligne du temps) et sa grandeur réelle. p. 17

Histogramme : Diagramme qui représente des données à l'aide de bandes verticales juxtaposées. p. 47 Hypothèse : Supposition émise au départ d'une recherche.

p. 94

GLOSSAIRE

BAO-125

GLOSSAIRE

Diagramme à ligne brisée: Diagramme qui représente des données à l'aide de points reliés par des segments de droite. p. 45

GOLSSAIRE

Méridien de Greenwich : Méridien de référence, qui

I

prend la valeur zéro, et qui sépare le globe en deux

Image géographique : Représentation visuelle d’un territoire.

hémisphères, l’hémisphère Est et l’hémisphère Ouest.

p. 26

p. 13

Image satellitale : Image géographique formée à partir de données enregistrées par un satellite (on l’appelle souvent « image satellite »).

O

p. 28

Intervalle : Espace compris entre deux gradations

Opinion : Point de vue d’une personne sur un fait, un

d'une graduation.

événement ou une autre personne.

p. 2

p. 82

Organigramme : Schéma de la structure d’un ensemble et des relations observées entre ses

J

éléments.

p. 68

Journal : Document écrit qui présente des renseignements destinés au grand public.

p. 76

P Parallèle : Ligne imaginaire (horizontale) qui prend

L

une valeur de 0 à 90, et qui décrit un cercle autour du

Latitude : Distance, en degrés, qui sépare un lieu de l’équateur, qui est la latitude 0.

p. 15

p. 13

Peinture : Document iconographique créé à l'aide de

Légende : Ensemble des symboles utilisés sur une carte avec leur signification.

globe d’est en ouest.

diverses techniques picturales.

p. 85

p. 16 Photographie: Document iconographique créé à l'aide

Lettre : Document écrit destiné à une personne

d'un appareil photo. Par exemple, une image géo-

(destinataire).

graphique d'un lieu à un moment précis et sous un

p. 75

Ligne brisée : Espace blanc significatif inséré sur un axe pour indiquer un saut dans le temps.

p. 3

angle donné.

p. 26

Planisphère : Carte géographique qui représente

Ligne du temps : Représentation graphique d'une

l’ensemble du globe terrestre sur une surface plane

chronologie.

et qui indique les frontières territoriales et politiques

p. 2

Ligne du temps comparative : Ligne du temps représentant plus d’une chronologie.

p. 7

Longitude : Distance, en degrés, qui sépare un lieu du méridien de Greenwich, qui est la longitude 0. p. 15

ainsi que la répartition de phénomènes.

p. 12

Plan moyen (second plan) : Plan de vue du centre sur une image.

p. 23

Plan rapproché (avant-plan) : Plan de vue le plus proche sur une image.

p. 23

Projection cartographique : Ensemble de techniques

M

permettant de représenter la surface de la Terre sur

Médiagraphie: Liste de documents de différents types

on trouve la projection azimutale (plane), la projec-

cités dans un rapport (documents imprimés, audio-

tion conique et la projection cylindrique.

une carte. Parmi les projections les plus courantes,

visuels et consultés dans Internet).

p. 99

p. 10

Pyramide des âges : Diagramme qui représente la

Méridien : Ligne imaginaire (verticale) qui prend une

répartition d'une population selon l’âge et le sexe

valeur de 0 à 180, et qui décrit un cercle autour du

(masculin ou féminin) des individus qui la composent.

globe du nord au sud.

BAO-126

GLOSSAIRE

p. 13

p. 65

Rapport officiel : Document écrit qui présente les résultats de sondages, d'enquêtes et d'études réalisés sur différents sujets par des entreprises et p. 77 les gouvernements. Repère géographique : Code servant à localiser un lieu sur une carte géographique. p. 14 Repère alphanumérique : Repère géographique déterminé par l'intersection des lignes de latitude (horizontales) et des lignes de longitude (verticales). p. 14 Rose des vents : Figure représentant les points cardinaux. p. 16

T Tableau : Représentation graphique de données composée de lignes et de colonnes.

p. 38

Tableau à entrée simple : Tableau composé d’une seule colonne de données.

p. 38

Tableau à entrées multiples : Tableau composé de plusieurs lignes et colonnes de données.

p. 38

Territoire : Espace habité et transformé par les humains, auquel ils ont donné un sens et une organisation.

p. 26

Texte juridique : Document écrit d'ordre légal ou constitutionnel.

p. 76

Titre : Expression servant à désigner une figure, un

S Schéma : Représentation graphique simplifiée et organisée d’une réalité complexe. p. 68 Schéma causes-conséquences : Représentation graphique des causes et des conséquences d’un fait, d’un phénomène ou d’un événement. p. 71

diagramme, un texte ou autre.

p. 5

V Vue aérienne : Photographie habituellement prise à partir du ciel.

p. 27

Secteur : Chaque division d'un diagramme circulaire. p. 45

Vue de paysage : Photographie d’un paysage tel qu'il

Source : Indication de l’auteur, du titre et de la provenance d'un document. p. 16

Vue urbaine : Photographie de la vie en ville.

est vu par l’être humain.

p. 27

p. 26

GLOSSAIRE

BAO-127

GOLSSAIRE

R

Bibliothèque et Archives nationales du Québec (Collection numérique de cartes et plans) http://services.banq.qc.ca Carrefour éducatif ressources http://carrefour-education.qc.ca/ressourcesdidactiques L’Atlas du Canada http://atlas.nrcan.gc.ca/site/francais/index.html L’Atlas du Québec (National, interrégional et régional) http://www.atlasduquebec.qc.ca Le Québec géographique (Atlas Québec)

Images Actualimages http://www.actualimages.com Bibliothèque et Archives Canada http://www.collectionscanada.gc.ca Banque d’images pédagogiques http://www.bips-edu.fr Banque d’images Épicura http://www.epictura.fr Bibliothèque nationale http://www.banq.qc.ca/portal/dt/ressources_en_ligne Musée McCord http://www.musee-mccord.qc.ca/fr Le Québec en images http://rea.ccdmd.qc.ca/quebec

http://www.quebecgeographique.gouv.qc.ca

Index et moteurs de recherche Histoire du Québec et du Canada Bibliothèque et Archives nationales du Québec http://www.banq.qc.ca Encyclopédie canadienne en ligne http://www.canadianencyclopedia.ca Histori (cyberligne du temps du Canada) http://www.histori.ca Musée canadien des civilisations http://www.civilization.ca Musée McCord http://www.musee-mccord.qc.ca

Alta Vista http://fr.altavista.com AOL http://recherche.aol.fr Exalead http://www.exalead.com Google http://www.google.ca/fr La toile du Québec http://toile.com Wikipédia http://fr.wikipedia.org Yahoo http://fr.search.yahoo.com/

QUELQUES RÉFÉRENCES UTILES

BAO-129

QUELQUES RÉFÉRENCES UTILES

Géographie du Québec et du Canada