Nouvelles créations africaines: un dossier spécial Masa-Fespaco
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un dossier spécial Masa/Fespaco

ET LES CRITIQUES

PAR

OLIVIER

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de l'intime

DE :

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Actualité Agenda 110 Tous les événements culturels de mai Murmures 122 Les nouvelles des cultures africaines de par le monde

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Couverture: Compagnie Les 7 Koûss, @

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Africultures / Mai 1999

Editorial:

Alorsque tonnent les armes...

Peinture rupestre Afrique du Sud

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« il paraît que bientôt l'Afrique et le progrès vont peut-être se marier c'est pourquoi sans relâche à la recherche d'un témoin tonnent les armes» Nostalgies

Idris Youssouf Elmi ou Le joug du Verbe (L'Harmattan,

Masa et Fespaco en enfilade: 15 jours épuisants et passionnants de découvertes et d'interrogations. Sentir, réagir, rencontrer, échanger... Comment rendre compte de la richesse du vu, du vécu, du débattu ? Notre voix est subjective et critique. Il nous a semblé important, en marge du travail documentaire fait par d'autres organismes, d'apporter ce qui tend à se faire rare dans les écrits: une critique qui cesse de dire" c'est bien - c'est mal" mais qui exprime, entre le ressenti et l'analyse, le pourquoi de l'adhésion ou de la distance. Une critique engagée et parfaitement subjective: notre engagement pour un outil de débat qui cherche les enjeux, qui dégage les nécessités, qui donne envie d'en connaître plus. Nous ne nous faisons pas que des amis: ce n'est pas notre rôle. Par contre, nous voulons respecter le

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travail de tous. Surtout ne pas appliquer une pensée soit disant universelle à des créations qui tentent justement de définir leur indépendance. Car c'est sans doute là le maître mot de ces nouvelles créations africaines: les budgets se réduisent, les décors se simplifient, les énergies se groupent pour s'émanciper du regard extérieur et se concentrer sur l'humain. C'est l'intime dès lors qui prend le dessus, que cherchent à saisir de nouvelles écritures. Car rien n'échappe à la mondialisation rampante de la pensée unique et aux dérives modernes de l'autodestruction par la haine ou la drogue, et surtout pas la sphère du privé. Nous ne cesserons de le répéter: les créations actuelles sont des aides à la résistance. Elles évoluent avec la nécessité. L'Afrique puise dans son Histoire et sa culture comme dans ses drames modernes de quoi éclairer la quête de la planète entière et, 3

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se demande ce que nous faisons dans ses murs. Il se doute bien de ce que nous venons y faire. Mille autres visites au siège du MASA avant et après le 20 février seront nécessaires pour avoir un badge... J'y pense souvent. Dans quelle catégorie classe-t-on un écrivain? Ni artiste, ni journaliste, ni metteur en scène, ni cinéaste, ni musicien. Inclassable. Exclu d'office du MASA. J'en fais l'expérience au moment même où je cherche le badge introuvable pendant des jours et des jours. Les spectacles ont commencé, les rencontres professionnelles aussi. Comment voir un spectacle à l'Ivoire ou au Centre Culturel Français? Il faut payer chaque entrée bien sûr! Le prix du ticket est un moyen efficace de sélection entre riches d'ici et d'ailleurs et pauvres d'ici: saltimbanques, poètes, artistes de tous bords et

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amoureux des arts vivants. Comment franchir la porte du village du MASA ? Il ne reste que les couloirs de l'Hôtel Ivoire. Il ne reste que le hall du Centre Culturel Français et le MASA off, la fête populaire tous les soirs, qui n'a rien à voir avec les spectacles officiels. Il reste bien sûr, aux plus démunis, la Sorbonne, l'une des rares places libres où le spectacle est vivant et se déroule tous les jours ouvrables entre midi et trois heures, en face de ce jardin où se loge, pour quelques jours, ce lieu dénommé "village du MASA". La Sorbonne a son recteur, homme célèbre emprisonné dans les années 90 à cause de son franc parler. La Sorbonne est le lieu de tous les savoirs, de toutes les misères, de toutes les obédiences religieuses. J'espère que ceux qui ont pu accéder au village du MASA ont fait aussi le détour par la Sorbonne, la place libre, située juste en face. La 7

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place où tous les espoirs sont permis, où toutes les colères sont déversées, où toutes les illusions se perdent puis se retrouvent... Le troisième jour, dans le hall de 1'hôtel Ivoire, je rencontre un grand écrivain ivoirien, mondialement reconnu, qui ne sait plus à quel saint se vouer. On le renvoie d'un guichet à l'autre sans accorder le moindre égard à sa personne. Après une heure d'attente et de recherches vaines on lui dit: repassez demain matin! Et ils sont nombreux, ceux d'ailleurs et ceux d'ici, toutes catégories confondues qui ont dû passer des heures incalculables à faire le pied de grue à la recherche d'un badge introuvable. Pendant ce temps, les spectacles se déroulent à huis clos. Un journaliste de la télé nationale a eu la bonne idée de tendre son micro à quelques passants dans les

rues de la ville, le jeudi 18 février. Connaissez-vous le MASA ? J'espère que les organisateurs ont écouté les réponses. Est-ce un marché ? Un festival? Pour qui organise-t-on l'événement? Où l'organise-t-on ? Du lieu, parlons-en. Tout se passe comme si, dans ce pays, chaque manifestation d'envergure devait nécessairement se dérouler dans cet Hôtel super luxe dont le beau monde est si fier. Tous les soirs, les spectacles sont programmés dans la grande salle du Palais des Congrès au rez-de-chaussée de 1'Hôtel. Salle immense pour le nombre de spectateurs qui se présentent. Des acheteurs préfèrent, parfois, aller découvrir des spectacles non sélectionnés. Ils vont communier avec la. foule qui vit dans les quartiers populaires. Cette foule a peur du froid gla-

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sans décor, des spectacles qui font entendre le texte et l'acteur, des spectacles qui ont su dépasser les contraintes techniques en recentrant la créativité sur le potentiel humain et en s'appuyant sur l'éner-

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gie du public. Il faut dire aussi que ces créations se sont émancipées du regard occidental et qu'elles vont à la rencontre d'un public africain. 0 Sylvie Chalaye

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ntretien

avec

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des groupuscules un peu trop re@DRmuants syndicalement et politiquement. Il a fallu fermer Comment vous êtes en 1979. Puis en vous retrouvé dans cet1989,il Ya eu une vote aventure avec sept lonté politique de jeunes comédiens réouvrir sous la pressénégalais? sion des comédiensde Sorano et d'autres Je dépends de la Communauté Française de hommes de culture et de théâtre qui s'inBelgique et je suis arquiétaient face à l'abrivé à Dakar en 1993 sence de relève, car comme assistant techles acteurs de Sorano nique dans le cadre vieillissaient...Alors il d'une mission de coopération. Au Sénégal, Ya eu un sursautpour il y a une sectionArts dramatiquedans tenter de régénérer la troupe. ce que l'on appelait autrefois le Cette classe que l'on vous a confiée, ConservatoireNational Douta Seck et ce sont" Les 7Koûss " ? qui est devenu aujourd'hui l'Ecole Et oui! Ce spectacleque nous présenNationale des Arts. On m'a alors tons au MASA était un spectacle d'éconfié une classe à titre expérimental cole, un travail. pour quatre ans d'études. C'est un spectacle très dépouillé qui Vous deviezparticiper à une redyna- ne s'appuie que sur l'acteur et misation des études d'art drama- croque avec beaucoup de dérision la tique? vie dakaroise. Qu'est-ce qui vous a La section a été fermée pendant dix amené àfaire ce choix esthétique? ans, après le départ de Senghor, en Je me suis trouvé face à une contradic1980. Elle avait été créée en 1964-65 tion. Comment arriver à équilibrerun dans la mouvance de la création du savoir-faire que je suis censé transFestival des Arts Nègres et de la fon- mettre et comment transmettre dation du Théâtre National Daniel So- quelque chose qui n'a rien à voir avec rano. A l'époque, les comédiens qui la réalité des comédiens afiicains. sortaient de l'école avec des prix Certesje suis un peu moi-même afiiétaient naturellement recrutés au cain! (rires) J'étais obsédé par la reThéâtre National qui représentait un cherche d'un équilibre entre travailler peu une synthèse TNP-Comédie sur des réalités, des individus et transFrançaise. C'était, et c'est encore du mettre des techniques de jeu. C'est la reste, le seul théâtreprofessionnelsub- raison pour laquelle j'ai travaillé sur ventionné. A la fin des années soixan- des moments privés, qui sont à la base te-dix, deux problèmes ont surgi. d'ailleurs des exercices d'acteurs; ils D'une part, le théâtre ne pouvait plus ont été inventés à l'Actors Studio. Il absorber le flux de comédiens sortant s'agit de travailler sur soi-même de chaque année, de l'autre se créaient manière un peu dialectique, entre soi

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et l'autre, entre l'intérieur et l'extérieur, tout en travaillant sur de grands textes. Trouver à chaque fois pour l'acteur une relation avec son existence et son vécu. n s'agit donc d'une méthode, d'une véritable orientation pédagogique que vous proposiez aux élèves? Les moments privés sont des exercices qui les ont accompagnés dans leur études. En deuxième année je leur avais proposé de réaliser l'album photos de leur histoire personnelle, pour qu'ils puissent continuellement travailler sur eux-mêmes tout en travaillant sur les textes. Il me paraît essentiel pour l'acteur que chaque rencontre avec un texte soit aussi une rencontre avec soi-même, un approfondissement. Et il faut pour cela se créer une mémoire de la mémoire, c'est une technique d'acteur, mais c'est aussi une exploration de soi. Chose amusante ce qui était au départ purement des exercices, des choses dans le métier que l'on met à la poubelle, des moyens-pour -arriver -à, ce sont révélés comme ce qui était le plus intéressant

à montrer et s'est ainsi constitué un spectacle. Cesjeunes élèves comédiens n'ont-ils pas rencontré des difficultés à passer de l'exercice dans un espace d'essai que représente l'école à un travail professionnel qui devient public ? Moi-même j'ai eu des inquiétudes! Quel était l'intérêt au-delà de l'exercice ? Il Yavait le danger de tomber dans le reality-show, ou dans des sujets trop personnels qui ne concernaient que la petite histoire de chacun, ou flattait l'exhibitionnisme narcissique des acteurs. Mais il s'est avéré que la forme du travail sur les photographies, l' observation de l'avenue Ponty et le fait de travailler sans aucun accessoire, sans costume, nous a amené à une esthétique qui allait bien au-delà de la performance ou du défi que s' imposaient les comédiens. Au bout du compte c'est devenu un parti pris ? Ils se sont appropriés une esthétique que je leur avais proposée et ont su la nourrir et la défendre. Et ce parti pris, on le retrouve dans le nom même

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La Queue

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de Were-Were Liking Drame lyrique pour une tragédie" " par le Groupe Ki-Yi M'Bock mise en scène: Bomou Mamadou avec Adrienne Koutouan, Michel Gohou, Bomou Mamadou, Niamba Bacome, Honakamy Tapé, Boni Gnaoré, Ozoua Balé

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sur la lagune abidjanaise La hyène a dévoré son fils et le spectacle n'a pas laissé les festivaliers sur leur faim! Comme revenu des temps mythiques de sa gloire passée, Samory avait dressé son camp au coeur du village de Blokos, un quartier lagunaire d'Abidjan: trois tréteaux de bambou, tendus de toiles comme des tentes sous les lumières des proj ecteurs. Voilà que l'histoire surgissait du passé, mais aussi le théâtre qui avec ses incantations et ses clameurs venait habiter sans crier gare la nuit d'un quartier populaire bien peu habitué aux feux de la rampe. En imaginant ce dispositif de rue qui enserre le public, Patrick Janvier et Marcela Pizzaro semblent avoir tenté de retrouver l'ambiance des mystères sacrés, un théâtre populaire fondé sur la participation active des spectateurs. Et leur mise en scène a recours à tous les procédés d'un théâtre brut où priment les éléments naturels: feu, terre, bois... Aucun effet sophistiqué, mais une exploration de toutes les possibilités offertes par le dis28

positif circulaire, les tentes et le plein air: jeux d'ombres chinoises dans la tente nuptiale de Diaoulé d'où nous ne percevons que formes et voix, petites icônes en bois représentant des villages, suspendues entre les tentes et qu'une troupe de guerriers vient incendier en encerclant le public; acteurs, danseurs et . . . mUSiCiens qm se frayent un chemin entre les spectateurs pour se rendre d'une tente à une autre... Il s'agissait bien de jouer sur un certain mysticisme et de remporter une adhésion quasi religieuse du public. Car le peuple africain voue un vrai culte à Samory. Certes le texte de Massa Makan Diabaté est difficile, mais les Abidjanais restés pour voir le spectacle connaissent toute I'histoire; ils commentaient l'action, s'indignaient, s'exclamaient, anticipaient les événements comme l'aurait fait un choeur antique. Cette scénographie médiévale et le travail plastique d'Abdoulaye Ouologuem sur les costumes et les .

harmonies chromatiques en blanc

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et ocre donnent une densité archaïque aux situations. Quant à la dynamique qu'engendre l'éclatement spatial du dispositif, elle parvient avec bonheur à briser la raideur dramaturgique de la pièce que la structure classique enferme un peu trop dans le discours. Samory reste un homme cloué par un dilemme cornélien, écartelé entre la raison d'Etat et son amour paternel, mais les artifices de la mise en scène et le jeu d'Hamadoum Kassogué parviennent à le transfigurer en la figure mystique d'un Dieu le Père qui pour le bien de l'humanité se résout au sacrifice du fils. 0 Sylvie Chalaye

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ntretien Marcela

avec Pizzaro

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Vous êtes une jeune" metteure en scène" canadienne. Comment vous êtes-vous retrouvée dans cette expérience africaine? J'ai fondé une Compagnie, EnsembleSauvagePublic, en 1995 avec plusieurs amis. C'est une compagnie de la relève théâtrale. Notre motivation était de créer un nouveau langage scénique pour le 21e siècle, une nou-

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velIe façon de jouer qui mélange la danse, le mouvement, le corps, le texte et les nouvelles technologies. On est une compagnie internationale, notre ambition est de tourner à l'extérieur, partout dans le monde et de monter des coproductions avec d'autres pays. C'est dans ce cadre que s'inscrit le projet d'Une hyène à jeun., puisqu'il s'agit d'une coproduction entre le Mali, la France et le Canada-Québec. Qu'est-ce qui vous a séduit dans le projet? Ce projet était aussi associé à toute la dynamique autour du Festival des Réalités qu'a créé Adama Traoré: amener des artistes étrangers, stimuler de vraies rencontres artistiques... l'ai trouvé que ces objectifs correspondaient tout à fait à ceux de notre compagnie. Je me reconnaissais làdedans. Dans cette idée de théâtre de recherche, un théâtre qui fasse bouger les choses. Pourquoi avez vous choisi de monter une pièce historique? Ce texte nous a été proposé, à Patrick Janvier et à moi, par Christophe Merle et Adama Traoré qui se connaissent depuis 10ans. Ils ont travaillé ensemble sur plusieurs projets et avaient depuis longtemps le rêve de monter ce texte. D'un coup les choses ont pu se concrétiser grâce à une série de rencontres. Christophe m'a rencontré à Montréal au Festival des Amériques. Il avait rencontré Patrick Janvier dans un projet de théâtre de rue qu'il avait fait l'année précédente. C'est Christophe qui a su coordonner tout cela et nous a proposé la co-mise en scène. Pourquoi Christophe Merle et Ada-

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ma Traoré tenaient-ils autant à cette pièce? Ce texte porte toutes les valeurs de la société traditionnelle malienne: le respect de la parole donnée, l'esprit de chevalerie, la cola, la kora... Toutes les bases de la culture orale malienne sont là : son passé glorieux, son histoire... Et dans la perspective d'une exportation du spectacle en Europe ou au Canada, il paraissait essentiel de montrer la vraie dimension de la culture malienne pour contrecarrer cette image du Mali qui s'attache aux charters et aux immigrés sans papiers. Comment s'est décidé le choix d'une structure de plein air adaptée à la rue? Etait-ce une contrainte de départ ? Non, c'est un choix artistique délibéré. On s'est d'abord rencontrés au festival de Limoges, puis ont s'est retrouvés au Mali. On a réfléchi, on est allé visiter la famille de l'auteur. On a lu d'autres oeuvres de Massa Makan Diabaté. En discutant, il nous est apparu évident qu'on ne pourrait pas travailler dans un théâtre à l'ita-

lienne. Il y a très peu de salles aménagées en Afrique de l'Ouest. Et surtout, il fallait aller là où les gens se trouvent. Dans un pays où 90 % des gens vivent dehors, le théâtre de rue offrait une option réelle puisque nous voulions nous adresser à tout le monde, au grand public, pas seulement à une élite. Au-delà de la dimension artistique, ce spectacle s'attache aussi à aller à la rencontre des gens dans les quartiers... C'était extraordinaire pour la première journée lors de la générale: on a eu 70 % d'enfants sur lesquels on n'avait aucun contrôle! On n'avait pas fermé l'accès et comme il y a du feu au début notamment, ils ont eu très peur. La plupart n'avaient jamais vu de théâtre, et se sauvaient paniqués. On est très heureux d'avoir joué là, même si on a eu des difficultés par rapport à l'écoute. Le texte est très difficile: il est très bavard et je crois que nous l'avons peut-être trop respecté. Cette langue griotique truffée de proverbes nous a d'abord fascinés.

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La structure de la pièce est aussi très classique, c'est une tragédie racinienne. L'auteur est un griot qui a reçu la tradition orale par son oncle. Mais il a été envoyé à l'âge de 17 ans en France. Il a reçu les lettres françaises. Et sa tante, qui était française et l'a élevé, lui a enseigné le français à coups de martinet. C'est un homme qui a une véritable dévotion pour la langue française et qui se conçoit comme un pont entre l'Occident et l'Afrique. Il le dit notamment dans un très beau document sonore: " Je suis une chauve-souris, j'ai un bec, mais je ne suis pas un oiseau, j'ai des ailes mais je ne suis pas un oiseau, je ne peux pas me définir par rapport à l'Afrique, je ne peux pas me définir par rapport à l'Occident, mais je suis riche de cette double appartenance". C'est à peu près la citation. C'est ce qui nous a touchés, la découverte d'un auteur qui comme nous se trouve entre la modernité et la tradition, entre l'oralité et l'écrit. C'est ce qui donne à son texte cette facture très classique. Mais il nous a fallu la rompre, la casser et je crois que nous n'avons pas fini, ce spectacle est encore en évolution. Cette rupture passe essentiellement par l'éclatement de la scénographie qui d'ailleurs m'a beaucoup fait penser aux dispositifs des mystères sacrés. C'est Patrick Janvier qui a conçu la scénographie. Il a une compagnie de Théâtre de me depuis 15 ans qui s'appelle L'Obubambulle et est basée du côté de Cahors en France. Il s'intéresse en effet beaucoup au médiéval. Il travaille sur l'image, le feu,

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les charrettes, sur une esthétique avant tout visuelle. Il connaît très bien la me et la difficulté à faire passer un texte. Il a fait des parades devant mille ou deux mille personnes. C'est pourquoi il a pensé à ces proscéniums qui enferment un peu le public. On a travaillé avec des matériaux locaux, notamment la tara qui est une espèce de bambou. On s'est aussi attaché à reposer l'oreille du spectateur par des images, des chants, de la musique. Il y avait une nécessité de dynamiser ce texte, lui donner de la vie. Les musiques et les chants ont été créés au moment du spectacle? La musique a été composée par des musiciens qui travaillent aussi pour le ballet national et une vraie griote : Maritou Kouyaté, qui est de la même famille que l'auteur. La pièce est historique, mais il y a une inventivité dans les costumes et une harmonie chromatique qui tire le spectacle du côté du mythe. L'auteur dit au début de son oeuvre qu'il a voulu faire une épopée. On a travaillé avec un plasticien malien, un artiste qui travaille beaucoup pour le cinéma: Abdoulaye Ouologuem. C'est aussi un artisan: tous les costumes ont été fait à la main. Le parti pris était de se rapprocher des récits épiques. C'est pourquoi c'est très uni : il n'y avait pas à l'époque tous ces motifs comme le bogolan, il n'y avait pas de relief, tout était blanc ou ocre. Et l'on raconte que Samory était tout de blanc vêtuooD Abidjan, février 1999 Propos recueillis par Sylvie Chalaye

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La danse bouge en Afrique. Et fait de plus en plus parler d'elle. Elle éveille un nouvel intérêt sur le continent comme dans les pays occidentaux. Cette édition du Masa l'a encore démontré avec évidence. Les acheteurs et le public se sont pressés aux spectacles donnés au Centre culturel français d'Abidjan. Art en pleine transformation, à la recherche d'un nouveau langage chorégraphique en phase avec la réalité complexe d'aujourd'hui, la danse est en train de se réinventer en Afrique. Originaires de six pays, les huit compagnies sélectionnées et présentées dans le cadre du Marchéfestival rendent compte pour la plupart de cette recherche difficile de formes nouvelles, entre le répertoire traditionnel qui peut sembler sclérosant et les influences artistiques étrangères qu'il ne s'agit évidemment pas de copier platement (cf. critiques des spectacles dans les pages suivantes). Si leurs maîtrises techniques et chorégraphiques sont apparues de niveaux très inégaux, tous les groupes témoignent d'une recherche inventive. Particulièrement la célèbre compagnie sud-africaine Moving Into

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Dance, le trio kenyan Gaara et trois jeunes compagnies ivoiriennes (le I-Ban et Tchétché dans le Masa In, et la compagnie Ivoire Danse, dirigée par Georges Momboye, présentée dans le Masa Oft). Au delà du (faux) débat sur l'identité de la danse africaine contemporaine, les créations chorégraphiques du Masa 99 ont réaffirmé la pluralité des démarches mais surtout un souci croissant d'utiliser au mieux les ressources scéniques (musiques live, recherche plus importante sur la création des lumières, des costumes, de la scénographie...).D

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Afrique du Sud Chorégraphes: Sylvia Glasser; Gregory Vuyani Maqoma. I-

C'est sans doute l'une des compagnies de danse contemporaine africaines parmi les plus renommées et les plus intéressantes actuellement. Forte de ses vingt ans d'existence, Moving Into Dance a présenté trois pièces, d'inspiration assez différente, qui ont montré avec éclat son inventivité chorégraphique et sa maîtrise technique. En ouverture, "Passage of rites" ("Le Passage des rites"), chorégraphié par Sylvia Glasser, la fondatrice de la compagnie, revisite la gestuelle d'un rite initiatique zoulou. Cette pièce ne séduit pas seulement par son esthétique épurée, l'énergie à la fois brute et maîtrisée des danseurs qui rappelle les traditions guerrières ancestrales, mais aussi par l'utilisation originale qu'ils font de longs bâtons. Tenant chacun une perche en main, qu'ils frappent contre le sol ou les unes contre les autres, les danseurs écrivent à la fois danse et musique. Armés de ces objets, éléments chorégraphiques et rythmiques à part entière, les interprètes parviennent à incarner une force élémentaire, évocatrice des mystères qui lient l'homme à la nature. Chef d'ouvre de la compagnie, "Gula Matari" ("Les Oiseaux"), chorégraphié par le directeur artistique et

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fabuleux danseur Vincent Sekwati Mantsoe, fait de chaque danseur un être-oiseau. On ne peut être que fasciné par la simplicité et la justesse de leur gestuelle désarticulée et saccadée et par un des plus beaux solos du répertoire contemporain mondial. C'est sans doute la pièce la plus marquante de ce Masa 99. Enfin, Layers of Time ("Les Strates du temps"), chorégraphié par Gregory Vuyani Maqoma, reprend la danse des mineurs sudafricains qui utilisaient leurs bottes en plastique. Reprenant cet objet comme élément central de la dramaturgie, la pièce surprend là encore par son inventivité. Moving Into Dance s'est nettement distinguée par sa maturité artistique. Il est vrai que cette compagnie fondée par une chorégraphe blanche, Sylvia Glasser, en 1978, a déjà parcouru un long chemin. Elle ne cesse d'ailleurs d'accumuler les distinctions dont récemment le prix RFI-Spectacle vivant 1998. Si le langage chorégraphique du duo Glasser-Mantsoe peut sembler parfois un peu trop lisse, il fait preuve cependant d'une indéniable originalité. D Ayoko Mensah

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Chorégraphe:

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Initialement, Opiyo Okach (29 ans), le chorégraphe de "Cleansing", est un mime renommé au Kenya. Faustin Linyekula et Affrah Tanemberger (25 et 21 ans), les deux autres membres de la compagnie Gaara, créée en 1996, viennent respectivement du théâtre et de la danse contemporaine. Revendiquant une expression au carrefour de ces trois univers, ce trio inclassable propose une danse d'une fraîcheur et d'une simplicité inhabituelles. Présentée pour la première fois à Nairobi, en 1997, "Cleansing" ("Nettoyage" en anglais) explore le spectre des images de nettoyage: de la tâche ménagère banale au rite de purification en passant par l'idéologie monstrueuse de nettoyage ethnique. Vêtus de velours rouge sang, jouant l'épure à l'extrême, les trois danseurs au crâne rasé et à la beauté altière, nous offrent au début de la pièce une danse délicate et fluide, sur un doux swing jazzy de Dargo Raimondi. Chacun à genoux devant une large coupe remplie d'eau, ils théâtralisent le rituel purificatoire des ablutions. Leur gestuelle est lente et harmonieuse, atemporelle. L'esthétique minimaliste de la chorégraphie comme du décor (dont le seul élément, hormis les trois coupes, est un échafaudage en tubes chromés, au fond de la scène) 34

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lui donne un saisissant relief. Puis la continuité des mouvements se brise: les gestes s'accélèrent, deviennent saccadés. Ils s'échappent du cadre convenu pour basculer dans une pantomime teintée d'humour. Haussements de sourcils, bouches qui imitent la respiration d'un poisson, légers tapotements sur les mains, la danse de Gaara excelle dans l'étincelle du détail, dans le mélange subtil des contraires: la spiritualité et la légèreté, la gravité et la dérision. De longues plages de silence, où s'écoute la respiration ample et synchrone des danseurs, soulignent encore la sobriété des lignes dans l'espace vide. Une tension de plus en plus vive s'empare du trio, jusqu'à son point culminant: lorsque l'un des danseurs, perdu au milieu d'un duo effréné, tombe mécaniquement à la renverse, une quinzaine de fois. Le bruit sourd du choc du corps avec le sol résonne en écho. On retrouve jusque dans la chute de la pièce l'esprit paradoxal de Gaara. Debout, côte à côte, les danseurs tiennent chacun leur coupe dans leurs mains. Après l'avoir lentement levée vers le ciel à la manière d'une offrande qu'on bénit, ils la retourne soudain. Brusquement, l'eau les asperge, entre rituel et douche écossaise. "Clean-

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me qui tend zouk qui ne est largement l'artiste et manque de fans.

de plus en plus vers un afrodit pas son nom. Un album qui en dessous du réel talent de que l'on peut qualifier de respect aux amateurs et aux t/)

Que dire d'autre qu'un cliché après avoir entendu ie dernier album du lead guitar de Miriam Makeba ? C'est un beau moment de musique. C'est aussi un parcours surprenant. Né à Montpellier, Solo Razafindrakoto, originaire de Madagascar, passe son enfance à Tananarive où, à 17 ans, il sera l'un des plus jeunes musiciens de studio. En 1979, la France voit revenir quelqu'un d'assis culturellement et d'affûté musicalement. C'est en 1986 qu'il rencontre la "Mama Africa". Il l'accompagnera dans toutes ses tournées. "Nine pièces of bizarre" sont des virgules, des pauses, sans

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Face au mbalax,

il n'y a que deux solutions : on aime ou on aime pas. Celui du discret Babacar Faye n'a rien à se reprocher. Le batteur de Youssou Ndour et compagnon de route depuis l'adolescence à la Médina et au Diamono de Dakar, peut enfin faire claquer la peau de ses sabars comme il l'entend. Le doigté de Youssou Ndour vient booster trois des neufs titres de cet album techniquement parfait, mais qui, toutefois, manque quelque peu de charisme.

le disque

fait à peine 41 minutes -, une série d'acoustiques mélodieuses et sotts, un peu à la Georges Benson ou Earl Klugh avec en pius, le tempo de la tradition malgache et celle de l'océan indien.

El HADJI FAYE. Etoile 2000 de Dakar

(Mélodie)

SAMFAN THOMAS. No satisfaction

(JPS)

Avant, le Camerounais SamFan Thomas faisait du makassi. Dirigé par une solide ligne de basse, ce rythme sortant tout droit de la tradition bamiléké, de l'ouest du Cameroun, concurrençait sérieusement le makossa et le bikutsi. Maintenant, SamFan ne parvient même plus à se plagier. Il est difficile de mettre un nom sur ce ryth-

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/ Mai 1999

~

Cet ancien membre de l'Etoile de Dakar, groupe fondé à la fin des années 70 et dont faisait partie Youssou Ndour, n'a pas connu le même rayonnement que ses anciens coéquipiers. Le mbalax a du mal à décoller de son contexte local. Ce qui n'est pas forcément synonyme de médiocrité, mais le travail à l'enregistrement semble quelque peu négligé. On peut le regretter, car El Hadj Faye possède une réelle personnalité musicale.

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DÈNE

WAOE

. Alerte

des origines griotiques comme justificatif à une pratique musicale à but essentiellement lucratif. Il y en a tellement que l'on s'y perd facilement. Moriba Koïta n'a jamais eu besoin de crier sur les toits qu'il était griot. Il suffit d'entendre la façon dont il égrène les cordes de son ngoni, petit instrument à quatre cordes chez les Bambaras, "véritable instrument des griots", pour comprendre pourquoi les meilleurs ont sollicité ses services. Certes, "Sorotoumou" est un album vieux de près de deux ans, mais les deux concerts que Moribo s'apprête à donner au mois de mai à Dijon et à Istres le réactualise. Et de toute façon, Moriba Keïta reste actuel à tout moment! rouge

(Mélodie)

RABAH

Dommage que l'album ne compte que cinq titres. Dommage aussi que le travail d'enregistrement et de conception soit quelque peu bâclé car cet ancien membre de Langa Langa Star - encore un - semble passer facilement du soukouss, à la salsa et de la rumba au zouk et à les faire fusionner de façon imperceptible, comme si l'un découlait de l'autre. Les voix assez classiques sont bien posées sur des thèmes déjà popularisés par le "ghetto" et, avantage des sons provenant de cette région de l'Afrique, c'est toujours aussi dansant. MORIBA KoïTA

. Sorotoumou

Nombreux sont les Maliens arrivés à Paris, revendiquent

100

(Cobalt) qui, une fois haut et fort

ASMAH

. Atnîm

(Blue SHver)

Il est très difficile de dissocier l'importance des textes et celle de la musique de Rabah. La musique d'abord. Elle provient du coeur de la Kabylie. Depuis 82, Rabah tente de la faire sortir du cadre très local dans lequel elle semblait sombrer. Comme c'est malheureusement très souvent le cas, c'est l'exil hexagonal qui lui fournira la possibilité de s'exprimer. Pas tout de suite grâce à un album, mais comme "ambianœur" dans les fêtes et les mariages. Les paroles aussi sont à l'image de la Kabylie et plus généralement de l'Algérie et de la tragédie qui chaque semaine laisse une dizaine de personnes sur le carreau, mais aussi de l'amour, de l'espoir. L'unique texte en français exprime les dures règles de intègrent le racisme l'exil qui, aujourd'hui, et l'hypocrisie. Un album intelligent.

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DJIGUI

. M'bolon

(Cobalt)

Au premier abord, le son sourd du m'boIon étonne et laisse l'impression d'une guitare mal cordée. Le chant "rauque et incantatoire" du Malien Djigui Traoré évoque les champs et le village. C'est Nahawa Doumbia, la diva malienne qui cartonne actuellement sur le même label, qui le fit découvrir. On voit rarement le m'bolon car il est la plupart du temps dans les champs où ses trois grosses cordes servent à encourager les cultivateurs dans leur labeur. Sympathique reconversion pour un instrument créé dans l'empire mandingue depuis neuf siècles et qui, dans le temps, servait à encourager les guerriers. Ce premier album est composé de créations, de conseils, de leçons de morale, d'hommages et de dédicaces dont la plus belle est celle faite aux femmes qui souffrent pendant les neuf mois de leur grossesse. KéStAH JONES'

de John Lee Hooker et Marvin Gaye ; de ses réflexions sur l'Afrique pest-coloniale et sur l'esclavage et de ses influences grunges et psychédéliques. Treize titres pour une vision très conceptuelle de la vie et de la musique avec une voix plurielle, qui semble s'adapter à chaque morceau.

Orchestre national de Barbès Poulina (aNS CorpNirgin) On se souvient du carton du premier album. De cette fusion ouverte à des rythmes allant du raï au rock en passant par le gnawa, le ragga, le kabyle, le jazz, le chaâbi, le reggae. "Poulina", le second, est du même registre, avec l'avantage de l'expérience. Celle de la scène surtout, qui a fait leur renommée finalement scellée par une sortie. D'ailleurs, ils le seront sur scène, et pas n'importe laquelle, à l'Olympia, les 1er et 2 mai.

Liquid Sunshine

(Delabel) On pourrait se demander pourquoi placer Keziah Jones dans le moule de la musique africaine. Le troisième album du Nigerian élevé en Angleterre et découvert alors qu'il jouait dans le métro à Paris ne tient compte que d'une seule chose: Keziah lui-même. Et de sa guitare acoustique qu'il manie parfois à la façon d'un Prince ou d'un Lenny Kravitz voire d'un Hendrix; d'une destinée universelle qui l'ouvre aussi bien aux travaux de Freddy Mercury ou

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Arts plastiques

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Rarement, pour ne pas dire jamais, un artiste africain aura suscité un tel engouement

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- presque

consensuel-dans la capitale culturelle parisienne. Les médias ont tôt fait de s'emparer du "phénomène" qui est devenu presque incontournable. Tout le monde connaît à présent la légende du kiné devenu sculpteur et travaillant à partir d'une mystérieuse alchimie de matériaux. Derrière le masque, se cache un homme discret, heureux de ce qui lui arrive mais suffisamment lucide pour considérer son succès avec un certain recul. Les Indiens tiennent le haut du pavé de votre exposition. Pourquoi avoir choisi ce thème après avoir travaillé sur les Noubas, les Massais et les Peuhls? Ce n'est pas parce que je suis Africain que je suis obligé de ne raconter que des histoires d'Afrique! Il est cependant vrai, qu'il y a des similitudes entre les Indiens d'Amérique et les peuples africains tant 102

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dans les moeurs, que dans les croyances et les traditions. Il y a des correspondances dans les pratiques rituelles et dans l'utilisation des objets sacrés. Ce n'est pas un hasard si les Indiens ont été parmi les premiers à aider les esclaves à s'évader et à s'intégrer dans leur société. Actuellement, on voit encore des Indiens noirs. N'est-ce pas également dans le combat pour leur liberté et leur dignité que ces peuples se retrouvent?

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tel engouement autour d'un artiste originaire du continent africain. Comment le vivez-vous? Il faut un commencement à tout! J'espère qu'il ouvrira la voie à d'autres artistes africains, sinon ça ne sert à rien. Quant à moi, je suis satisfait. Je suis touché que ce public déjà tant sollicité trouve le moyen de se déplacer pour voir mes sculptures, alors qu'il pourrait se contenter d'apprécier mon travail par le biais de la télévision, de la presse écrite ou de la vidéo. Je trouve ça fantastique! Je sais que ce qui se passe sur le Pont surprend beaucoup de monde...

Oui, mais il n'y a pas que cela. Bien sûr la bataille de Little Big Hom est celle d'un peuple opprimé qui repousse l'envahisseur. Ce fut la dernière grande victoire des Indiens. A ce titre elle peut être symbolique. Mais c'est un combat qui s'adresse à tout le monde et pas seulement aux Africains ou aux Indiens. Les gens s'étonnent du thème des Indiens, mais c'est un thème universel. Qu'est ce qu'un employé dont le patron vole indûment le temps de travail? N'est ce pas encore un "Indien" ? Les Indiens, on leur a volé leurs terres, mais à ceux-là on a volé leur temps! C'est la première fois qu'il y a un 104

Parce que vous êtes un artiste africain? Oui. On ne me le dit pas, mais je le sens. Peut-être que certains sont surpris par le volume de mes sculptures et donc par la masse de travail qu'elles peuvent représenter. On nous imagine encore trop souvent sous les cocotiers! Certains pen-

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o u.. Q) .I::. co ûî

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Africultures / Mai 1999

sent encore que nous ne pouvons pas avoir un langage cohérent et qu'un Africain qui s'exprime clairement est une exception. Nous ne savons pas nous montrer tels que nous sommes réellement. L'image que nous donnons est celle de gens dont on doit avoir pitié, alors que l'Afrique regorge de gens exceptionnels. Il y a une sorte de complexe. C'est un carcan dont nous avons du mal à sortir.

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Ne trouvez-vous pas dommage qu'un artiste africain doive d'abord passer par l'Occident pour être reconnu? Oui, mais nous ne sommes pas les seuls à avoir ce travers. Et il n'y a pas que les artistes à en être victimes. Ce que je trouve vraiment dommage, c'est que les Africains ne parlent pas des gens issus du continent qui font des choses extraordinaires. Regardez par exemple le Malien Cheick Diarra - ce scientifique qui travaille pour la Nasa aux Etats-Unis. Cet homme est né en Afrique; il y a grandi avant de réussir dans aux USA. Il vient de se voir confier une mission de haut niveau par les Américains et il faut que je vienne en France pour l'apprendre. Alors que n'importe quel journal africain aurait dû en parler! C'est un cas que l'on devrait citer dans les écoles. Et voilà que se sont

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les étrangers qui nous apprennent que nous avons un génie chez nous! Cheick Anta Diop, qui parle de lui aujourd'hui? On ne parle jamais de ce grand homme. Ils l'ont seulement fait quand il est mort. Quel intérêt y a-t-il à déifier quelqu'un après sa mort ? Vous est-il arrivé d'enseigner la sculpture? Non. Je n'ai jamais eu de proposition en ce sens. Je suis un sculpteur autodidacte et j'ai peut-être été "victime" de l'importance accordée au diplôme. Certains ont pu penser que je n'étais pas capable d'ensei105

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gner ou de faire des conférences. De plus, je ne suis par sûr que l'enseignement m'aurait plu. Comment enseigner quelque chose que j'ai refusé de me faire enseigner? Si j'avais été appelé à enseigner, peut-être aurais-je mis les pieds dans la fourmilière. J'aurai peutêtre détruit tout ce qu'ils ont mis tant de temps à échafauder. Il y a eu une période où il était honteux de faire de l'art figuratif. Par contre, je reçois régulièrement des jeunes artistes. Je crois que je préfère ces démarches individuelles.

pays en paix et d'ignorer le voisin qui est en guerre. L'Afrique est embrasée et les pays en conflits ont d'autres préoccupations que d'accueillir une exposition. L'art ne peut se nourrir que de la paix. L'artiste peut continuer à travailler dans les situations conflictuelles, mais il ne peut pas avoir la prétention d'intéresser les gens à ce qu'il fait. 0 propos recueillis par Virginie Andriamirado

Une tournée de l'exposition est-elle prévue en Afrique? Non. C'est malheureux à dire, mais les contraintes imposées par une telle exposition ne peuvent pour l'instant pas être respectées sur le continent. De toute façon, il aurait fallu sélectionner des pays et je trouve injuste d'exposer dans un 106

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Réformes, révolution ou status quo? par Fayçal Chehat

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n Algérie, la campagne pour l'élection du 15 avril a été marquée par un fait nouveau et sans doute décisif pour le proche avenir du pays: la place de la culture. Outre le fait que l'Algérie s'est offerte, pour la première fois depuis l'indépendance (1962), une élection pluraliste et malgré le retrait des six candidats de l'opposition le 14 avril en raison des fraudes, avec pas moins de sept candidats à la conquête de la magistrature suprême, l'autre fait nouveau concerne l'inscription noir sur blanc dans les programmes des principaux candidats de l'importance de la culture dans le développement social et humain. Hormis le candidat islamiste (ex parti Enahda), les prétendants reconnaissent tous que la tragédie algérienne actuelle trouve en partie son explication dans le désarroi culturel qui a enveloppé le pays ces vingt dernières années et dans les tabous et non-dit cultivés avec soin par les tenants du parti et de la

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pensée uniques. Reconnaissance de la diversité des traditions, des pratiques, des langues. Une diversité qui ne doit plus être considérée comme "facteur de division" mais comme un atout pour l'enrichissement de la société. Reconnaissance des aspirations populaires à plus de libertés d'expression, d'information, de création. Rétablissement de la mémoire historique, comme l'a inscrit un candidat dans son programme: "Notre volonté de modernisation ne pourra se réaliser qu'en recouvrant et en assumant pleinement notre histoire ancienne et récente dans toutes ses dimensions..." Le Président devrait donc accorder plus de moyens à l'action culturelle sous toutes ses formes, libérer l'information audiovisuelle encore encadrée, comparativement à la presse écrite, lancer un chantier important en matière d'infrastructures (maisons de la Cultu;e, salles de cinéma et de théâtre, auditoriums)... A ce sujet, la ville d'Alger (placée depuis quatre ans sous la tutelle d'un Gouvernorat et dirigée par un Gouverneur ayant rang de mi107

nistre), n'a pas attendu les élections pour mettre en route un ambitieux programme de réhabilitation de la vie culturelle en rénovant par exemple des pans du quartier historique de la Casbah (classé dans la patrimoine de l'Humanité par l'UNESCO), en inaugurant la grande bibliothèque nationale (5 millions de volumes), en créant un grand nombre de médiathèques et de cybercafés et en retapant un premier lot de salles de cinéma dans le coeur de la cité. Mosquées, églises, bâtiments historiques devront être rénovés dans un délai de deux ou trois ans. L'objectif avoué des édiles est de faire d'Alger la ville phare de la culture afromaghrébine sur la rive sud de la Méditerranée, avec pour modèle d'inspiration, Barcelone. Une métropole espagnole au dynamisme culturel reconnu et avec laquelle Alger entretient des relations privilégiés. Un double ment

relIe et/ou sportive. De l'autre côté, des vedettes de la musique (Cheb Khaled a par exemple apporté son soutien au candidat Abdelaziz Bouteflika), des hommes de lettres, des stars du sport ont apporté leur caution à tel ou tel candidat. Pour la première fois sans doute dans l'histoire politique de l'aire arabe, des candidats à une élection aussi importante ont osé donner des indications sur leurs goûts en matière musicale par exemple. Alors qu'il était classé dans la catégorie pro-islamiste, un candidat a confié, dans un débat télévisé à

engage-

Lors de la campagne, on a assisté à un double engagement. D'un côté des candidats ont su s'entourer de staffs comprenant des représentants de la scène cultu-

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Africultures / Mai 1999

grande audience, son penchant pour le jazz. Un autre a brandi avec fierté son éclectisme en rappelant qu'à l'époque où il était ministre des Affaires étrangères, il avait mis sur pied et réussi le seul festival panafricain de l'histoire. Fini donc le mépris du monde de la culture? Finie la période où l'écrivain n'était accepté que comme scribe officiel et le chanteur que comme chantre au service d'un groupe d'intérêt, d'un parti où d'une idéologie? Les premiers mois de la nouvelle présidence seront certainement instructifs quant à la volonté réelle de changer les choses et de donner un nouveau souffle à la vie culturelle dans le pays. La réponse apportée au lancinant problème posé par les berbérophones, qui veulent faire de la langue amazigh une langue nationale, sera le premier signe qui indiquera si les engagements des candidats étaient sincères ou de simples promesses

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de campagne. La réponse donnée au monde associatif, en expansion extraordinaire et qui exige plus de moyens financiers et une législation moins tatillonne, sera également très attendue. Comme seront suivies avec attention le traitement réservé au scandaleux code de la famille qui mine la vie des femmes, au code de l'information dont certains articles sont encore restrictifs, à la politique de l'éducation... Bref, les Algériens seront rapidement édifiés sur les intentions réelles de changement en matière culturelle. Dans ce domaine, ce n'est pas une simple réforme qu'ils attendent, mais une révolution. La seule en mesure de propulser l'Algérie dans le cercle fermé des vraies et grandes démocraties. Un saut qualitatif qui aiderait sans aucun doute à panser un peu les plaies causées par sept années d'horreur. 0 F ayçal Chehat

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Agenda

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Domaine Marey-l'Etoile

de Lacroix-Laval,

Château

de la Poupée,

route

de Sain-Bel,

69280

(04 78 87 87 00).

Paris - jusqu'au 31, Sur les traces des Bushmen. Musiques et vie quotidienne dans le Kalahari.Peu connus du public occidental, si cen n'est à travers le film "les dieux sont tombés sur la tête", les Bushmens, appellation anglaise, francisée parfois en "Bochimans", constituent un ensemble de populations aujourd'hui dispersés de part et d'autre du désert du Kalahari. On découvre ainsi des groupes bushmen plus ou moins restreints tant en Namibie, au Bostwana, en Angola qu'en Afrique du Sud. Aujourd'hui on estime leur nombre global à environ

60000,

ce qui

Sur la trace des Bushmen

- Exposition

en fait une population Musée de l'Homme @ Emmanuel Olivier menacée. Pourtant, qui pourrait imaginer que l'histoire des Bushmen est l'une des plus longue de l'histoire de l'humanité? L'exposition comprend à la fois des photos de terrain, des vitrines d'objets, ainsi que deux bornes vidéo. L'ensemble s'articule en plusieurs thèmes: l'art rupestre, le monde musical, l'économie de subsistance, l'espace d'habitation, les vêtements et les parures, le rituel de guérison. Hall du Musée de l'Homme, 17 place du Trocadero, 75116 (0144 05 72 72, http://www.mnhn.fr).

Paris - Les jeudis de [,IMA (mai) - le 6, Temps du Maroc, "Maroc, France: rationalités en partage". - le 13; Temps du Maroc, "La nouvelle comme genre majeur". - le 20, "Les Andalousies d'Ibn Khaldûn". - le 26, "Ibn Arabi, Splendeurs et Eternité". Institut du Monde Arabe, 1 rue des Fossés-Saint-Bernard, 75236 Paris cedex 05 (01 40 51 38 38, serveur

vocal

01 40 51 38 11, www.imarabe.org).

Suisse (Genève) - du 3 au 7, Rencontres Médias Nord-sud, l'Himalaya: terres, peuples et cultures. Que l'on pense à la Chine et au Tibet, à l'Inde et au Pakistan au Népal et au Bhoutan, ce sont les mots conflits et tensions qui nous viennent en premier à l'esprit. Pourtant

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Africultures / Mai 1999

ces pays ont un point commun qui les relie tous: l'Himalaya. C'est à cette chaîne de montagne et à l'ensemble de ces pays qui la bordent que sera dédiée la quinzième édition des RMNS. Rencontres Médias Nord-sud, cio Télévision suisse romande 20 quai ErnestAnsermet, CH-1211 Genève 8 (+022 708 8193

Fax: +022 328 94 10, nordsud @vtx.ch, http://www.unige.ch/iued/nordsud).

littérature Martigues - du 26 au 30, 2ème Salon du Livre Antifasciste: pour rester vigilant devant les décompositions et recompositions de l'extrême droite, et éviter que les eaux de l'étang de Berre ne s'enlisent sournoisement, car elles communiquent avec la Méditerranée et les océans du monde... Organisé par Ensemble Citoyens, association de lutte contre les idées d'extrême droite (BP 109 13 693 Martigues cedex, 04 42 42 1054/ [email protected]). A l'affiche: forums, tables rondes, meetings, colloques, concerts (Gnawa Diffusion, Massilia Sound System, ...), théâtre, expositions, ... Une programmation riche et variée. Halle de Martigues, avo Louis Sammut, 13500

mations

(BPI)

- Centre

Georges

Pompidou.

Mode Sénégal (Dakar) - du 23 avril au 02, Troisième semaine Internationale de la Mode de Dakar. Haute Couture, Prêt à Porter, Bijoux, Dakar carrefour du stylisme international. 20 grands stylistes - 5 continents dont Alphadi (Niger), Katoucha (Sénégal), Joël (Madagascar), Hekpazo (Bénin), Nigel Curtiss (Angleterre), Maica (Espagne), Fahrad (Iran) Mona Strand (Norvège), Almacesco (Italie) - Défilés (12h30, 18h, 21h) sur la Terrasse du Metissacana. Metissacana, 30 rue de Thiong, BP 6491, Dakar (+221 8222043,

www.metissacana.sn/oumousy).

Musique Bordeaux - jusqu'au 24 juin, Musiques de Nuit diffusion:

- le 7 mai:

Ernst Reijseberg (Jazz) - le Il mai: Zakir Hussian (musiques du Monde / Inde) / Le Vigean - Eysines 21h - le 12 mai: Nuit Cubaine avec Cubanissimo + Septeto Nabori / Le Vigean - Eysines

- 21h - du 12 au 18 mai: Workshop et concert

(04 42 44 35 35).

Guyane (Cayenne) - du 19 au 22, Salon du Livre et du Multimédia de Cayenne: deuxième édition de ce salon organisé par l'association Promolivres. Promolivres, 17 résidence Moulin à Vent, le Clos Fleuri,97354 Rémire (0594 29 55 26 I 38 52 82, tax 05 94 29 55 5, [email protected]). Lyon - le 8, Le Maghreb des livres en Rhône-Alpes: rencontres organisées par l'Association Coup de Soleil en Rhône-Alpes et l'IUFM de Lyon sur le thème: actualité du livre maghrébin en langue française. Espace Confluences,

5 rue Anselme,

69004

(04 72 07 30 82).

Paris - le 10, Ecritures marocaines ralités avec Mohamed Saad, Eddine mani (animation), Mohamed Bennis, med Azzedine Tazi, Marion Scali Salem Himmich.

Africultures

Bibliothèque

Publique

/ Mai 1999

et pluEl YaMohaet Ben d'Intor-

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du 23 avril au 2 mai, Troisième semaine ternationale de la Mode de Dakar

In-

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(I) CJ)

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avec L'Ethnic Heritage Ensemble (Jazz) I Ecole de Musique - Artigues - Ie 15 mai: Lucky Peterson (Blues) I Salle Bellegrave Pessac - 2 1 h - le 20 mai: L'Orchestre National de Barbès (Musiques du Monde) I Salle Evasion - Am-

-

barès - 2lh

-le 21 mai: L'Orchestre National de Barbès (Musiques du Monde) I Théâtre de Gironde St Médard en jalles - 21 h

-

- le 29 mai Geoffrey Oryema (Musiques du MondelOuganda) dans le cadre des Rencontres Africaines de Pessac I Salle Bellegrave - Pessac - 2lh - Ie 24 juin: Burning Spear I L.K.J. I Tryo _ (Reggae) I Patinoire Bordeaux-Meriadeck 20h Rens. 05562857

14.

Paris - Divan du Monde: le 1er, Soirée Bob Marley; le 2, Bal Tango (tango Argentin) ; le 5 Cool Out (relaxation zen) ; le 6, ln Oz Trees et Bagoo ; les 7et 8, festival Trasamazoniennes 99 avec Chris Combette, Natural Roots et Progressly Sound; le 9, Je Hais les Dimanches (tea dance oriental) ; le 10, Pollen (France Inter live); le 12, Tala et Charizane ; le 13, la nuit de l'afro-beat avec Nya Soleil et T. Boys; les 14 et 15, Maroc Fever avec Aflak; le 17, Zebra Head; le 18, Nam (afro groove) ; le 19, Molok, Mele, On'k (funk); Ie 20, Disco Loco; Ie 21, New Bled Vibrations (soirée orientale) ; le 22, Noites Do Brasil (Brésil) ; le 23, Oriental Moove ; Ie 24, Nightmares On Wax (Trip hop) ; Ie 27, Africaparis (soirée africaine) avec les Frères Guissé et Diogal Sackho ; le 28, Friday Black Fever (musiques et danses black) ; le 29, La Comparsa (salsa) ; le 31, Lamb (trip hop de Manchester). 75 rue des Martyrs, 75018 (01 449277

66).

Paris - New Morning - le 1er, Monk on Monk: T.S. Monk (dms, leader), Ron Mathews (p), Gary Wang (b), Don Sickler (tp, arr) JeffStockham (fur, tp), Eddie Bert (tb), Bob Porcelli (asax), Willie Williams (tsax), Dave Shumacher (tbsax), Howard Johnson (tu, bsax), Nnenna Freelon (voc). - Ie 7, Bill Evans (sax) & Push. - le JO, Roy Haynes (dms), John Patitucci

116

(g), Danilo Perez (P). - le Il, Cubanismo ! : Jesus Alemany (tp), Luis Alemany (tp), Rolo Martinez (voc), Rafael Duany (voc), Nardy Castillini (sax), Carlos Alvarez (tb), Javier Zalba (sax), Cata (tres), Machito (p), Carlos Dei Puerto (b), Emilio del Monte (timbales), Carlos Godines (bongos), Alberto Hernandez (bongos), Panga (congas). - les 17 et 18, Mistic Revelation of Rastafari (Jamaïque). - Ie 19, J.c. Chenier (Zydeco-Louisiane). - le 20, Omar Sosa (Cuba). - le 26, Susana Baca (Perou). Festival d'Angoulême à Paris: - Ie 27, Neba Solo + Frederic Galliano - le 28, Nuit Océan Indien: Régis Gizavo & Gran Moun Lélé -le 29, Nuit Cubaine: Magaly Bernai & Estrella de la Charanga + Invités. New Morning, 7-9 rue des Petites Ecuries, 75010 (0145235141).

Allemagne (Würzburg) - du 28 au 30, lle Festival International de Musique Africaine avec Busi Mhlongo Urban Zulu (Afrique du Sud), Ringo (Afrique du Sud), Asere and Toto La Momposina (New Son and Bolero from Cuba and Columbia), Kassav (Zouk de la Guadeloupe), Kadda Cherif Hadria (raï algérien), Baaba Maal (Nomad soul from Senegal). Africa

Festival,

KaiserStrasse

16, D-97070

(+49

931 12060, www.wuerzburg.de).

Angoulême - du 22 au 24, Musiques Métisses. Créé en 1976, le Festival d'Angoulême, consacré à ses origines au jazz français et européen, s'est progressivement ouvert aux musiques du monde. Par la pratique de sa politique de découverte, Musiques Métisses s'impose aujourd'hui comme lieu de création, de rencontres et de dialogue NordSud, véritable tremplin de tous les grands artistes d'Afrique francophone, de l'Océan Indien, de la Caraibes, d'Afrique anglophone et lusophone. Une semaine de fête avec concerts, spectacles de rues, animations de quartiers, cuisines du monde...

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Africultures / Mai 1999

Programme: le 18 : Scorpions (Guinée). -_ le 19 : Rajery (Madagascar). le 20 : Vaovy (Madagascar) ; Accrorap (France) ; Black Blanc Beur (France).

_

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21

: Le

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de

Béchard

(Algérie/France) ; Occidentale de Fanfare (France). Femmes d'Afrique: Chiwoniso (Zimbawe); Busi Mhlongo (Afrique du Sud) ; Sally Nyolo (Cameroun/France) ; Césaria Evora (Cap Vert). Granmoun Lélé (Ile de La Réunion) ; Tuta Ngoma (R.D. du Congo). _ le 22 : Scorpions (Guinée) ; Régis Gizavo (Madagascar) ; Intik (Algérie). France / Maghreb: Raikum (Maghreb/France) ; Gnawa Diffusion (Maghreb/France) ; Chaba Fadela (Algérie) ; Orchestre National de Barbés & Idir & Diwan de Béchar (Maghreb/France). Natural Roots (Guyane) ; Néba Solo & F. Galliano (Mali/France) ; Mamar Kassey (Niger). - le 23 : Chris Combette (Guyane) ; Rajery (Madagascar) ; Voukoum (Guadeloupe) ; Bagdad Café (Congo/France). Afrique / Océan Indien: Régis Gizavo & Vaovy (Madagascar) ; Oliver Mtukudzi (Zimbawe) ; Habib Koité & Boubacar Traoré (Mali) ; Oumou Sangaré (Mali) ; Estrella de la Charanga (Cuba) ; Gnawa de

Marrakech (Maroc) ; Boubacar - le 24 : Vaovy (Madagascar) Traoré "Kar Kar" (Mali) ; Herminia (Cap Vert) ; El Changui de Guantanamo (Cuba). Nuit latine: Magaly Bernai & Estrella de la Charanga (Cuba) ; Susana Baca (Perou) ; Asere & Toto la Momposina (Cuba/Colombie) ; Orquesta Aragon (Cuba). Baster (Ile de La Réunion) ; Mahmoud Ahmed (Ethiopie). Musiques Métisses, 6 rue du Point du Jour BP 244 , 16007 Angoulême Cedex (05 45 95 43 42,3615 BILLETEL (2,23/mn), 36 15 INFO CONCERT, http://www.mairie-angouleme.fr/MMet.html). Lille - du 10 avril au 12, Festival + 2Bass Lille Métropole i999. L'association RIF organise ce festival pour la 4e année consécutive. Le concept est de faire participer des jeunes à l'organisation et à l'artistique de manifestations culturelles, par le biais d'ateliers de pratiques artistiques ouverts gratuitement aux lillois âgés de 15 à 25 ans. Le thème de cette année est la découverte du Maroc. Sur scène: DJ Diego, DJ Gwen, Ekova, Soy raya Mahdaoui, DJ sa, DJ Cheb Aziz, etc. Le 12 mai: confrontation des musiques traditionnelles du Maroc et du courant digital techno-house. Rens. : association Rock ln Fâches (03 28 52 33

96). Guinée (Conakry) - du 5 au 9, ière Biennale internationale de Percussions: "Les Rencontres". Forte de son identité, de sa richesse et de sa diversité, la percussion guinéenne accueille, du 5 au 9 mai prochain, les percussions du monde. Des inconditionnels de la tradition aux iconoclastes de l'aventure musicale, 30 concerts et de nombreuses animations dans les quartiers feront résonner la ville de Conakry pendant 5 jours. Au programme: Fémi Kuti, Elvin Jones, Mamady Keita, Adama Dramé, Famoudou Konaté, Soungalo Coulibaly, Fadouba Olaré, Bruno Genero, Mustapha Tettey Addy, Wofa, Tupi Nago, Marylin Mazur, Baga Guiné, Wassa, Riké, El Hadj Djéli Sory Kouyaté, Carlo Rizzo, les Étoiles de Boulbinet, Sivamani, Momo Wandel Soumah,

Africultures / Mai 1999

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