Des Anciens et des Modernes 9791035102401, 9782859441944

Le principal thème de la recherche soviétique en histoire ancienne est, depuis 1960, l’esclavage dans la société antique

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Des Anciens et des Modernes
 9791035102401, 9782859441944

Table of contents :
SOMMAIRE
Avant-propos
Les recherches soviétiques sur l’esclavage antique depuis 1965
I. les sources de l’esclavage (chap. 1)
II. l’utilisation de la main-d’oeuvre servile dans les différentes branches de l’économie et la situation des affranchis (chap. 2-5)
III. La « question servile » et la politique des empereurs envers les esclaves et les affranchis (chap. 6-7)
IV. L’influence de l’esclavage sur la lutte des classes et sur l’idéologie (chap. 8)
Dix années de recherches soviétiques sur l’histoire économique et sociale du monde romain (1966-1975)1
I. Les problèmes généraux de la société antique
II. Les questions agraires
III. L'histoire sociale De Rome des origines au Haut-Empire
IV. L'esclavage
V. Les provinces romaines
VI. Quelques autres thèmes de recherche
La « rivoluzione romana » e gli storici sovietici
L’“adoration” des Romains sous la Révolution française et la réaction de Volney et des idéologues
Volney et les Idéologues : le refus de Rome
De l'éducation au siècle des lumières : Louis de Beaufort gouverneur du prince de Hesse-Hombourg d'après des lettres inédites
Caius Gracchus ou la révolution introuvable
1. La conjuration des Gracques
2. Le thème des révolutions
3. Les révolutions romaines de l'abbé de Vertot
4. Les successeurs de Vabbé de Vertot
Vico, l’histoire romaine et les érudits français des lumières

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Des Anciens et des Modernes Mouza Raskolnikoff

DOI : 10.4000/books.psorbonne.25376 Éditeur : Éditions de la Sorbonne Année d'édition : 1990 Date de mise en ligne : 29 juillet 2019 Collection : Histoire ancienne et médiévale ISBN électronique : 9791035102401

http://books.openedition.org Édition imprimée ISBN : 9782859441944 Nombre de pages : [VIII]-193 Référence électronique RASKOLNIKOFF, Mouza. Des Anciens et des Modernes. Nouvelle édition [en ligne]. Paris : Éditions de la Sorbonne, 1990 (généré le 31 juillet 2019). Disponible sur Internet : . ISBN : 9791035102401. DOI : 10.4000/books.psorbonne.25376.

Ce document a été généré automatiquement le 31 juillet 2019. Il est issu d'une numérisation par reconnaissance optique de caractères. © Éditions de la Sorbonne, 1990 Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540

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MOUZA RASKOLNIKOFF Mouza RASKOLNIKOFF, trop tôt disparue, dont les principaux articles sont repris ici, a consacré l’essentiel de ses recherches à un champ d’étude trop longtemps négligé, l’historiographie du monde romain. Elle a pratiqué avec bonheur cette discipline qui redouble les difficultés habituelles de toute recherche historique, en privilégiant deux domaines. Tout d’abord, l’étude de la production, en matière d’histoire ancienne, des historiens soviétiques, qui lui permit de faire connaître aux lecteurs occidentaux, peu ou mal informés, l’évolution de la discipline en URSS. Puis elle se tourna vers l’Europe des Lumières, et s’attacha à la naissance de l’histoire critique dès le XVIIIe siècle. De Vico à Volney, de Beaufort à Pais, Mouza RASKOLNIKOFF, historienne de !’Antiquité qui sut se faire historienne de la Modernité a abordé des friches nouvelles et réhabilité bien des oubliés.

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SOMMAIRE Avant-propos Claude Nicolet

Les recherches soviétiques sur l’esclavage antique depuis 1965

Examen de l'ouvrage de E. M. Štaerman et Μ. K. Trofimova, Les rapports esclavagistes sous le Haut-Empire romain (l’Italie), Moscou, 1971, 323 p.

I. les sources de l’esclavage (chap. 1) II. l’utilisation de la main-d’oeuvre servile dans les différentes branches de l’économie et la situation des affranchis (chap. 2-5) III. La « question servile » et la politique des empereurs envers les esclaves et les affranchis (chap. 6-7) IV. L’influence de l’esclavage sur la lutte des classes et sur l’idéologie (chap. 8)

Dix années de recherches soviétiques sur l’histoire économique et sociale du monde romain (1966-1975) Mouza Raskolnikoff

I. Les problèmes généraux de la société antique II. Les questions agraires III. L'histoire sociale De Rome des origines au Haut-Empire IV. L'esclavage V. Les provinces romaines VI. Quelques autres thèmes de recherche

La « rivoluzione romana » e gli storici sovietici Mouza Raskolnikoff

L’“adoration” des Romains sous la Révolution française et la réaction de Volney et des idéologues Volney et les Idéologues : le refus de Rome Mouza Raskolnikoff

De l'éducation au siècle des lumières : Louis de Beaufort gouverneur du prince de HesseHombourg d'après des lettres inédites Mouza Raskolnikoff

Caius Gracchus ou la révolution introuvable Historiographie d'une « révolution »

1. La conjuration des Gracques 2. Le thème des révolutions 3. Les révolutions romaines de l'abbé de Vertot 4. Les successeurs de Vabbé de Vertot

Vico, l’histoire romaine et les érudits français des lumières Mouza Raskolnikoff

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NOTE DE L’ÉDITEUR Ouvrage publié avec le concours du C.N.R.S.

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Avant-propos Claude Nicolet

1

Voici trois ans que Mouza Raskolnikoff a été trop tôt arrachée à l’affection et à l’admiration de ses maîtres et amis, et à des travaux qu’elle a poursuivis jusqu’au bout, avec une passion et un courage que la maladie ne pouvait entamer. Le temps qu’elle savait lui être cruellement mesuré lui permit d’achever et de soutenir, en mai 1986, une magnifique thèse d’État intitulée : « Histoire romaine et critique historique dans l’Europe des Lumières : la naissance de l'hypercriticisme dans l’historiographie de la Rome antique ». Œuvre de première importance pour ses qualités propres, et aussi parce qu’elle est un signe : celui de l’entrée de plein droit, dans la production historique française, d’un champ d’études trop longtemps négligé depuis des décennies, je veux dire l’historiographie. Mouza Raskolnikoff avait peu à peu découvert et apprécié cette discipline et avait fini par lui consacrer l’essentiel de ses travaux. Mais elle pouvait le faire, et le faisait sans doute mieux que d’autres, parce qu’elle avait exactement, je pense, la formation, les orientations et les méthodes appropriées. Car l'historiographie est une discipline qui redouble les difficultés habituelles à toute recherche historique et tend aux néophytes des pièges redoutables.

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Comme toute science, l’histoire vit sous le signe de l’ambiguïté : réalité passée, donc enfuie et morte à jamais, qu’il faut pourtant connaître, c’est à dire presque inventer et comprendre pour l’expliquer dans notre esprit et dans notre langage d’aujourd’hui et d’ici. Double voyage, dans le temps et dans l’espace mental, aussi aventureux qu’une exploration au long cours. Tout historien qui songe un peu, et qui ne vit pas sa recherche en fonctionnaire besogneux, connaît cette redoutable aporie - même s’il la réserve à l’atelier et ne l'étale pas volontiers sur la place publique. Cependant, la plupart du temps et dans la plupart des cas, l’historien, trop occupé à découvrir de l’inconnu ou de l’oublié, à déterrer des monuments ou à ouvrir des archives, jette sur le passé qu’il découvre un regard qu’il veut direct, et dit tout simplement ce qu’il voit. Rien de plus légitime : tel est son devoir d’état primordial. Et, dans la plupart des cas, la masse documentaire qui dort, intacte et vierge, et qui attend seulement qu’on l’anime, est telle que l’historien a raison de courir ainsi au plus pressé.

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Il est pourtant des domaines où la découverte est à un autre prix. L’histoire ancienne, je crois, est de ce nombre. Sans doute, les documents primaires, nouvellement découverts, inédits ou insuffisamment exploités, y sont bien plus nombreux que ne l’imaginent les profanes ou même les spécialistes d’autres périodes. Et la nécessité de les aborder pour

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eux-mêmes, sans états d’âme excessifs, implique la mobilisation quotidienne de spécialistes - philologues, archéologues, épigraphistes, papyrologues - de plus en plus nombreux. Ainsi progresse et s’organise peu à peu une patiente conquête sur les franges de l’inconnu. Les découvertes de « documents » (et tout peut être document), aussi bien que les interrogations inlassablement renouvelées des « gisements » les plus exploités, font sortir de l’ombre ou du silence les humanités disparues. A défaut d’une tradition, interrompue dans le temps, s’éveille donc « une mémoire », conquise par la curiosité volontaire de l’homme historique. Victoire sur le silence et l’oubli, de toute manière. Victoire d’autant plus appréciable que les zones explorées, et révélées, étaient le moins reconnues. 4

Toutefois, tel n’est pas le cas pour les noyaux les plus célèbres et peut-être les plus importants de l’histoire ancienne. Certains secteurs (privilégiés ?-qui peut le dire) avaient bénéficié dès l’Antiquité, d’une réflexion historique à peu près continue. Ils étaient l’objet d’une histoire « constituée » - pour la Grèce, depuis le VIe siècle avant J.-C., pour Rome, depuis le IVe ou le III e siècle. Pieusement transmise, parce que c’était déjà le fondement d’une histoire « nationale » de chaque cité, cette tradition est à la fois un conservatoire précieux des plus vieilles réalités, et un prisme particulièrement déformant. Car elle dépend, bien entendu, comme toute « histoire », de deux choses : la préservation, la fiabilité et l’accessibilité des documents sur quoi elle prétend se fonder, ainsi que la disposition d’esprit, consciente ou non, de ceux qui la recueillent et la transmettent. Une « histoire » déjà élaborée ressortit, en grande part, à la création mythographique ou littéraire. Et nous savons bien, précisément, que depuis Homère, Hésiode ou Hérodote, « l’histoire » des Grecs s’enracine dans le mythe pour n’aboutir à l’enquête rationnelle qu’avec les faits presque contemporains. Entre les deux, on ne peut avoir qu’un « discours » probable, mais signifiant. Car cette « recherche », « enquête », « histoire », qui commence par être pure graphie d’une mémoire en quelque sorte généalogique, s’achève naturellement au présent : pour Hérodote, qui sont ces Grecs vainqueurs d’hier des Barbares ; pour Thucydide, qui sont ces Athéniens et ces Lacédémoniens qui se disputent l’hégémonie. Logos, donc, élaboré et discursif. Ainsi se fonde, dès ses origines grecques (relayée bientôt par Rome), une « histoire » que l’on dit, avec juste raison, « éloquente », si l'on entend par là qu’elle pense et qu’elle plaide. Qu’elle ait donné lieu, dès ce départ, à des œuvres considérables, au centre des littératures grecque et latine, constituées en « modèle » d’éducation et de culture, c’est donc un fait qui s’explique fort aisément. Par-dessus les siècles, ce phénomène se répète aux temps modernes depuis la Renaissance ; et nous aurons une autre tradition, d’autres chefs-d'œuvre d’histoire à la fois moralisante, « éloquente », et patriotique, qui, en ce qui concerne l’histoire de Rome, est en outre, au double sens du terme, une histoire sainte. Pour les Romains de l’Antiquité, qui prétendaient avoir réalisé, par une conquête finalement acceptée, l’unité du monde habitable et de l’humanité et par là les desseins des Dieux. Pour les chrétiens, anciens et modernes, qui, bien obligés de constater un synchronisme frappant, voyaient dans cette conquête achevée la préparation à l’Incarnation et par là, l’annonce du Royaume. Histoire profane et histoire sacrée convergent donc à leurs yeux dans l’histoire romaine. Dès lors, l’interprétation de la tradition ne sera plus seulement rationnelle ou patriotique : elle deviendra théologique.

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Ainsi se dessinent, en ce domaine exemplaire, les césures ou les rencontres qui caractérisent le destin, en Occident, de l’écriture de l’histoire, que nous pouvons appeler l’historiographie. D’abord -et, de Rollin à Momigliano, on l’a souvent noté-, la nette (trop nette) séparation des genres, entre l’histoire élaborée (discours, « réflexions », etc...), de plus en plus proche de ses modèles antiques, d’une part. Et, de l’autre, ce qu’on appelle diversement les « études spéciales », les « minuties », l’érudition qui, utilisant d’autres sources (les « monnaies » et les « monuments » en

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général), s’occupe aussi, tout naturellement, d’autres objets : la vie quotidienne, les mœurs, les « institutions », souvent le droit, les mesures, les routes, les bâtiments, les finances, l’« économie », etc. Les deux recherches se déroulent dans des univers qui avaient plus de contacts qu’on ne l’a dit, mais sur des plans et pour des publics néam-moins différents. 6

Mais, à l’égard même de la tradition constituée pour l’« histoire » au sens noble, des changements commencent à s’opérer au tournant des XVIIe et XVIII e siècles. Au lieu d’en répéter complaisamment les lieux communs harmonieux, on commence alors à lui appliquer les règles (qui se cherchent) d’une « critique » c’est à dire d’un choix rectifiant, portant sur les textes eux-mêmes. Ce n’est pas un hasard, bien sûr, si se dégagent ainsi, pour une tradition « profane », les mêmes tendances qui s’étaient manifestées, un peu plus tôt, pour l’histoire « sacrée » : la règle d’or du libre examen. Il est piquant de constater que les résistances et les débats furent d’ailleurs aussi vifs dans les domaines proprement historiques que dans ceux qui touchaient à la foi.

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C’est à toutes ces questions que choisit en fin de compte de s’attacher, vers les années 80, Mouza Raskolnikoff. Elle était, je l’ai dit, parfaitement préparée. Agrégée de grammaire, elle avait commencé, sous la direction de ses maîtres de Strasbourg, par étudier l’antiquité romaine en soi : vocabulaire politique et social de plusieurs auteurs, études d’histoire sociale. Bref, les armes de la critique et de la philologie. Mais en même temps, sa connaissance du russe, ses contacts académiques et ses missions en Union Soviétique en faisaient une spécialiste reconnue de la production de ce pays en matière d’histoire ancienne. Elle rencontrait là un champ d’études assez exemplaire ; car elle pouvait assister à l’édification, à partir de prétentions scientifiques, d’une sorte de vulgate où la théorie se muait peu à peu en orthodoxie. Comprendre ce mécanisme en visitant les textes, en n’oubliant pas les hommes qui écrivent l’histoire, les institutions qui les hébergent ou les contrôlent, est à coup sûr un excellent exercice. Mais il y avait aussi là du neuf et du factuel à découvrir, et à faire connaître aux lecteurs occidentaux.

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Bientôt pourtant ses recherches prirent une autre direction. Les historiens des origines et des premiers temps de Rome connaissaient bien l’existence d’une tradition « hypercritique », illustrée au début de siècle par Ettore Pais. On sait qu’elle a été exprimée avec éclat, en 1738, par la fameuse Dissertation sur l’Incertitude des cinq premiers siècles de l’histoire romaine, de L. de Beaufort. Mais elle remonte en fait un peu plus haut, et, avant de trouver dans ce protestant du Refuge son plus illustre défenseur, elle était née à Paris, et même à l’Académie des Inscriptions. En fait, ni l’homme, ni les circonstances, ni la portée exacte du débat n’étaient bien connus. Mouza Raskolnikoff avait trouvé là son sujet. Éclairant le contexte intellectuel européen, trouvant dans les bibliothèques, les archives et les musées, les documents inédits, elle put en dix ans d’un magnifique effort, écrire un grand livre, de prochaine publication sur la naissance de l’histoire critique. Mais elle travaillait aussi dans d'autres directions, voisines mais un peu différentes. Comment la tradition historique moderne, au sens large, a reçu et traité d’une manière générale, l’héritage de Rome, ou tel de ses aspects particuliers (la « Révolution » gracquienne par exemple), telle a été son inquiétude, qui l’aurait certainement conduite à écrire, après le premier, un autre grand livre. Mais plusieurs articles, dont on appréciera la finesse, la rigueur, la fermeté et la richesse, jalonnent cette nouvelle voie. De Vico à Volney, de Beaufort à Ettore Pais, Mouza Raskolnikoff, antiquisante qui avait su se faire historienne de la modernité, a abordé des friches nouvelles et réhabilité bien des oubliés.

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C’est pour rappeler ce fructueux travail de déchiffrement, pour montrer, dans ces ébauches déjà si élaborées, ce que devait être une grande recherche, que sont reprises ces contributions de Mouza Raskolnikoff. Tribut de l’amitié si vivante qui nous liait à elle, modeste contribution à la mémoire d’une grande historienne. Que soient enfin

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remerciées les Publications de la Sorbonne, ainsi que Mesdames Ch. Chapron et S. Demougin, membres de l'U.A. 994, qui ont préparé le manuscrit.

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Les recherches soviétiques sur l’esclavage antique depuis 1965 Examen de l'ouvrage de E. M. Štaerman et Μ. K. Trofimova, Les rapports esclavagistes sous le Haut-Empire romain (l’Italie), Moscou, 1971, 323 p.

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Le principal thème de la recherche soviétique en histoire ancienne est, depuis 1960, l’esclavage dans la société antique. En effet, le plan septennal adopté en 1960 par l’institut d’histoire de l’Académie des Sciences d’URSS prévoyait une vaste histoire de l’esclavage conçue comme « une série de monographies scientifiques (...) donnant dans leur ensemble (...) un tableau complet (...) de l’apparition, du développement et de la destruction du mode de production esclavagiste dans le monde antique »1. (Ce plan est aujourd’hui en voie d’achèvement. Le Vestnik Drevnej Istorii (VDI), revue des historiens de l’Antiquité, publia de nombreux articles sur cette question et les éditions « Nauka » lancèrent une collection dans laquelle parurent les travaux évoquant les divers aspects de l’esclavage dans le monde grec et romain2.

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L’un des ouvrages les plus récents (il date de 1971) et les plus significatifs est celui de E. M. Štaerman et Μ. K. Trofimova intitulé Les rapports esclavagistes sous le Haut-Empire (l'Italie). Un autre ouvrage sur les provinces romaines, dû à un groupe d’historiens, est en cours d’impression et doit paraître prochainement.

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Il peut être intéressant d’analyser ce livre, à travers lequel on saisit les préoccupations les plus actuelles de la science historique soviétique et les méthodes auxquelles elle recourt.

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Ce travail fait suite à L’épanouissement des rapports esclavagistes dans la République romaine, monographie de E. M. Štaerman publiée en 1964. La majeure partie de l’ouvrage sur l’esclavage sous le Haut-Empire est de la plume de cette même historienne. Seul le dernier chapitre, qui traite du christianisme primitif et de l’esclavage, appartient à Μ. K. Trofimova.

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Le Haut-Empire est une période capitale pour l’histoire de l’esclavage antique, puisque c’est le moment où commence, selon la terminologie marxiste, la crise du mode de production esclavagiste et où l’on peut en observer les premiers symptômes. Ainsi, une étude de l’esclavage à cette époque doit mettre en lumière les raisons qui provoquèrent la chute du monde romain et le passage à une société de type féodal.

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I. les sources de l’esclavage (chap. 1) 6

Jusqu’au début des années 60, les historiens soviétiques voyaient dans les guerres de conquête la principale (sinon la seule) source de l’esclavage. Ils considéraient que le but primordial des guerres était d’assurer le renouvellement de la main-d'œuvre servile. Reprenant ici les idées déjà exprimées dans un article écrit en collaboration avec S. L. Utčenko et paru dans le VDI 3, E. M. Štaerman met l’accent sur les sources de l’esclavage autres que la vente des prisonniers de guerre4 : l’achat d’esclaves originaires des régions limitrophes de l’empire5, l’asservissement des populations pauvres dans les provinces6, la « reproduction naturelle » des esclaves, peut-être stimulée par la reconnaissance, d’abord de fait puis de droit, de liens familiaux et de relations de parenté chez les esclaves 7. Une autre source de l’esclavage est constituée par l’asservissement de débiteurs incapables de s’acquitter auprès de leurs créanciers. Comme le montre l’historienne soviétique, la lex Iulia de cessione bonorum ne mit pas fin à l’esclavage pour dettes, qui continue à exister tout au long de l’Empire et dont on trouve des témoignages chez les auteurs anciens 8. Ainsi, la catégorie de ceux que les juristes appelaient qui bona fide serviunt était composée pour une bonne part de débiteurs réduits en esclavage, les addicti 9. C’est de cette façon également que s’explique la distinction que l’on trouve dans l'Institution oratoire de Quintilien (III, 6, V, 10 et VII, 4) entre servum esse et servire.

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A partir du milieu du IIe siècle, la vente volontaire d’un citoyen romain est considérée comme tout à fait légale. Sans pouvoir fournir de précisions sur l’importance relative des différentes sources de l’esclavage, E. M. Štaerman est encline à mettre au premier plan la reproduction naturelle des esclaves, mais, précise-t-elle, l’asservissement des hommes libres tend à se développer de plus en plus, rapprochant ainsi l’esclavage romain de celui qui était pratiqué en Orient.

II. l’utilisation de la main-d’oeuvre servile dans les différentes branches de l’économie et la situation des affranchis (chap. 2-5) 8

L’utilisation de la main-d’œuvre servile dans les divers secteurs de l’économie subit des variations qualitatives et quantitatives sous le Haut-Empire. On assiste à une différenciation de plus en plus poussée des diverses catégories d’esclaves, qui ne forment plus une masse homogène.

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Dans l’agriculture, c’est au I er siècle de notre ère que le travail des esclaves atteint son point culminant et prédomine dans tous les types d’exploitations, aussi bien dans la villa de petites et moyennes dimensions que dans le grand domaine latifondiaire. A cette époque, les colons, déjà utilisés pour cultiver la terre, ne participent pas au processus de production dans le domaine du propriétaire foncier. Leurs obligations se limitent en effet au paiement d’une redevance en argent et à la livraison d’un certain nombre de produits agricoles.

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Mais bientôt, avec l’essor des latifundia fondés sur le travail des esclaves, apparaissent des difficultés économiques dues au fait qu’à partir de certaines dimensions la propriété de type esclavagiste n’est plus rentable. D’une part, les esclaves ne sont pas intéressés à leur travail et ne retirent aucun profit des améliorations qui pourraient accroître leur

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efficacité et, d’autre part, les maîtres redoutent la concentration d’un trop grand nombre d’esclaves en un même endroit et se méfient d’esclaves trop compétents ou manifestant un trop grand esprit d’initiative, qualités qui pourtant permettraient à l’économie de sortir du marasme. 11

Les magnats fonciers recourent alors à différentes solutions pour améliorer le rendement de leurs domaines. C’est ainsi, par exemple, qu’ils sont amenés à louer leurs terres à des vilici ou des actores, ce qui les débarrasse du souci de diriger eux-mêmes leurs exploitations, mais ne supprime pas en fait les difficultés existantes, comme en témoigne l’endettement des vilici et des actores, constamment mentionné par les juristes. On tente aussi d’exercer une action morale sur les esclaves en les intégrant à des collèges constitués dans les villae et en les faisant participer individuellement et collectivement à divers cultes. C’est dans les domaines impériaux, semble-t-il, que de telles pratiques furent d’abord utilisées10, avant de s’étendre aux exploitations des simples particuliers.

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Au milieu du IIe siècle la situation a ainsi complètement changé. Le déclin de l’esclavage se traduit par l’apparition d’un phénomène nouveau : la décomposition de la classe auparavant homogène et monolithique des esclaves ruraux11. Ceux-ci se rapprochent progressivement des colons et jouissent d’une plus grande indépendance économique. D’autre part, la terre est souvent confiée, avec les esclaves et le matériel agricole, à des affranchis, parfois organisés en des sortes de communautés rurales12.

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Inversement, la condition des colons va s’aggravant ; ils tombent sous la dépendance des grands propriétaires fonciers et de l’administration des domaines où ils se trouvent. La nouvelle situation des colons s’exprime de différentes façons : les biens des colons s’identifient au pécule des esclaves, eux-mêmes sont assimilés aux clients, comme cela avait été le cas à une période très ancienne, et enfin ils participent aux côtés des esclaves et des affranchis aux cultes des Lares et du Génie de leur maîtres.

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De cette manière, le latifundium se différencie de plus en plus de la villa de moyenne grandeur et se caractérise par une main-d'œuvre de composition très variée qui comporte des esclaves, des vilici et des adores affermant des villae incorporées au domaine latifondiaire, des affranchis, établis sur des parcelles de terre, des colons, des inquilini et un nombreux personnel administratif (surveillants, comptables, scribes). Pour s’épanouir, le grand domaine a besoin du travail de paysans libres et non d’esclaves. C’est ce qui explique les transformations qui, à partir du II e siècle, modifient complètement les structures de l’économie rurale italienne.

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Il se produit une évolution semblable dans l’artisanat, qui atteint son plus haut niveau au I er siècle de notre ère. On observe parmi les esclaves urbains le même processus de différenciation que parmi les esclaves ruraux. Tandis qu’une partie d’entre eux se rapproche des hommes libres, la masse de ces derniers se voit entraînée dans la sphère des rapports esclavagistes. La nécessité de posséder des ouvriers expérimentés et qualifiés aboutit très tôt à ce que les artisans soient attachés à l’entreprise où ils travaillent : les ateliers sont vendus avec leur main-d’œuvre, comme, un peu plus tard, le domaine avec ses esclaves et ses colons.

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Les affranchis sont étudiés en même temps que les esclaves, car pour les historiens soviétiques il n’y a pas de distinction fondamentale entre ces deux catégories. L’affranchi appartient juridiquement à l’ordre servile et, dans cette perspective, il n’est pas étonnant que la situation des affranchis soit examinée dans ce travail consacré à l’esclavage. E. M. Štaerman lie la multiplication des affranchissements sous le Haut-Empire non pas à la

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crise du mode de production esclavagiste, mais à l’évolution de la circulation des marchandises et de l’argent, aux conditions de la vie économique, politique et culturelle. L’augmentation du nombre des affranchis est stimulée par le besoin d’une main-d’œuvre qualifiée et intéressée à son travail. Dans les conditions du Haut-Empire, les esclaves employés dans l’artisanat et le commerce ont ainsi la possibilité d’acheter leur liberté. D’autre part, un certain nombre de petits et moyens propriétaires, acculés à la ruine, sont amenés à affranchir leurs esclaves, qui sont alors tenus d’entretenir leurs anciens maîtres. 17

Quoi qu’il en soit, les esclaves constituent un groupe social de composition très variée et il n’est pas possible d’aboutir à des conclusions définitives quant à leur situation, l’évolution de celle-ci ou leurs relations avec les hommes libres. On retrouve la même complexité parmi les esclaves et les affranchis impériaux, qui constituent le noyau central de l’appareil bureaucratique de l’Empire et en qui les empereurs trouvent des partisans et des propagateurs de l’idéologie officielle.

III. La « question servile » et la politique des empereurs envers les esclaves et les affranchis (chap. 6-7) 18

C’est l’un des points où l’analyse de E. M. Štaerman apporte un éclairage original. L’historienne avait déjà consacré un article à ce problème dans le VDI 13. A l’époque républicaine, la « question servile » — l’expression est entre guillemets — ne se posait pas. Malgré les grandes révoltes serviles des II e et I er siècles avant notre ère, les hommes politiques et les écrivains de ce temps n’étaient pas préoccupés par le problème de l’esclavage. Mais entre le I er et le III e siècles de notre ère la question servile est présente dans tous les textes et est examinée sous ses différents aspects. A l’époque impériale le fossé s’est élargi qui sépare les hommes libres des esclaves et des simples affranchis. Les ordres non libres sont progressivement écartés des collèges de la plèbe auxquels ils participaient activement sous la République. La crainte devant les esclaves amène les propriétaires d’esclaves à envisager diverses solutions pour résoudre la question servile. Les petits et moyens propriétaires d’Italie, dont la position est déterminée à la fois par les contradictions existant entre eux et les gros propriétaires et par la peur des conséquences économiques et politiques d’un développement excessif de l’esclavage, souhaitent la diminution du nombre des esclaves et le retour aux mœurs ancestrales où des rapports de type patriarcal unissaient le maître à ses esclaves. On peut supposer que c'est sur l'initiative de ce groupe que furent présentés en 16 et en 22 des projets de lois tendant, entre autres, à limiter le nombre des esclaves possédés par un seul maître14. C’est dans ces milieux, dont les représentants les plus caractéristiques sont Horace, Juvénal, Pline l’Ancien et Florus, que s’expriment des protestations très vives contre les « légions d’esclaves » des riches propriétaires, et en particulier contre le type du nouveau riche et surtout de l'affranchi parvenu.

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Plus radicale est l’attitude de ceux que E. M. Štaerman appelle l’intelligentsia originaire des provinces hellénistiques, généralement liée aux milieux municipaux. Cette catégorie, où se maintenaient vivantes les traditions de la pensée philosophique grecque, était plus encline que la précédente à condamner absolument l'esclavage. Lucien, Athénée, les Cyniques appartiennent à ce groupe dont certains éléments sont même prêts à

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reconnaître aux esclaves le droit de lutter pour leur liberté. C’est ainsi, par exemple, que Dion Cassius est porté à juger avec indulgence la révoltes des Cantabres sous Auguste (LIV, 2, 2-5) ou l'activité d’un Bulla Felix dirigeant une bande d’esclaves fugitifs (LXXVII, 10). 20

Pour leur part, les grands propriétaires ne redoutaient pas de voir s’accroître le nombre des esclaves. Ils abandonnaient à l’État le soin de mater les esclaves par des mesures coercitives, dont ils comprenaient bien la nécessité, mais en même temps ils s’efforçaient d’assurer dans leurs familiae une apparence de paix sociale en établissant des rapports humains avec leurs esclaves et en cherchant à s’assurer leur soumission morale. D’où la multiplication et la popularité des récits édifiants mettant en scène des esclaves fidèles et tout dévoués à leurs maîtres. Sénèque apparaît comme le théoricien des hautes couches sociales de Rome, cherchant à fonder sur des prémisses morales les relations entre dominant et dominé, qui prennent désormais la forme de rapports entre patron et client.

21

Les conceptions des différents groupes sociaux face à la « question servile » se reflètent dans la politique impériale envers les esclaves et les affranchis. Dès l’établissement de l’Empire, le rôle du gouvernement apparaît sous un double aspect. D’une part, l’État tend de plus en plus à intervenir activement dans la vie de la familia et à substituer son autorité à celle du maître. C’est au pouvoir impérial qu’il appartient désormais de prévenir toute révolte et d’assurer la soumission des esclaves. Le senatusconsultum Silanianum apparaît comme l’expression la plus nette de cette orientation générale et est, selon l’expression de E. M. Štaerman, « une arme terrible dans la main de l’État, appelé à défendre les intérêts de la classe des propriétaires d’esclaves » (p. 194). La lex Iulia de vi publica, la lex Iulia de vi privata et, au IIIe siècle, la lex Aquilia vont dans le même sens.

22

Mais, d’autre part, les empereurs s’efforcent de limiter l’arbitraire des maîtres et de garantir certains droits aux esclaves et aux affranchis, dont ils protègent les éléments les plus aisés, voyant en eux un appui à leur politique.

23

A partir du IIe siècle, la politique impériale s’oriente vers la défense des intérêts de toute la classe des propriétaires d’esclaves, classe à laquelle appartiennent aussi des affranchis et même des esclaves, dans la mesure où ils sont possesseurs de moyens de production. Ainsi, dans la société romaine de la fin du IIe siècle, classe et ordre — pour reprendre les termes marxistes — ne correspondent plus. L’appartenance à une classe, définie par le rôle dans la production et la place par rapport aux moyens de production, se distingue désormais nettement de l’appartenance à un ordre, déterminée par le statut juridique15.

24

La politique des empereurs tend à rendre compte de cette situation de fait due à la décomposition aussi bien des ordres non libres que des ordres libres. Ainsi, écrit E. M. Štaerman, « la politique des empereurs, permettant aux membres de l’ordre servile qui appartenaient déjà de fait à la classe des propriétaires d’esclaves de quitter leur ordre et sanctionnant au contraire l’asservissement d’hommes libres n’appartenant pas à cette classe ou s’en étant séparés, montre la force des processus qui se déroulaient dans les profondeurs de la société esclavagiste et qui en minaient la structure » (p. 228).

25

En définitive, la politique des empereurs envers les esclaves se révèle contradictoire. Destinée à consolider les bases du régime esclavagiste, elle les ébranlait en même temps dans la mesure où elle sapait l’autorité absolue du maître sur ses esclaves et diminuait donc la rentabilité des méthodes d’exploitation fondées sur l’esclavage. D’autre part, en se chargeant de protéger les petits et moyens propriétaires contre toute tentative de révolte servile, l’appareil d’État pesait lourdement sur cette classe et en aggravait la

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situation. Les gros propriétaires fonciers, au contraire, qui abandonnaient l’exploitation des esclaves pour celle, plus rentable, des colons de diverses catégories, voyaient leurs positions se renforcer dans l’Empire.

IV. L’influence de l’esclavage sur la lutte des classes et sur l’idéologie (chap. 8) 26

La question de la lutte des classes sous l’Empire est extrêmement délicate, car les données à son sujet présentent un caractère contradictoire. Si l’absence de grandes révoltes serviles donne l’impression d’une certaine paix sociale, les nombreux textes littéraires consacrés à la question servile révèlent que les représentants de la classe dirigeante sont beaucoup plus conscients que par le passé du danger représenté par les esclaves. On peut supposer qu’à l’époque impériale les contradictions sociales prennent des formes moins apparentes mais néanmoins bien réelles. Ce serait une erreur de considérer que les révoltes serviles constituent l’expression la plus marquante et la plus efficace des antagonismes sociaux. Les formes de lutte adoptées pendant cette période, pour être moins spectaculaires, n’en sont pas moins très actives. Pendant plus de cent ans, entre le règne de Vespasien et les troubles qui éclatent à la fin du II e et au début du III e siècles en Gaule et en Italie du Nord, il n’y a pas de soulèvement d’esclaves et les esclaves ne participent pas à des mouvements de la population libre. Ce fait s’explique en partie par le renforcement de l’appareil d’État, mieux adapté à faire face à des luttes ouvertes. Les formes de protestation les plus répandues sous l’Empire sont les dénonciations, la divination et la sorcellerie, tentatives pour exercer une action magique contre un maître détesté16, et surtout la fuite, phénomène qui retient spécialement l’attention des juristes17 .

27

L’une des manifestations les plus originales de la lutte des classes est alors la résistance idéologique, ce que E. M. Štaerman appelle « l’absentéisme spirituel» ou « l'anachorêsis des masses », fait qui s’explique par les conditions économiques et sociales de l’Empire. La masse des producteurs directs (esclaves et colons), jouissant, comme on l’a vu, d’une plus grande indépendance économique, doit à cause de cela être soumise à un contrôle idéologique plus grand. Le système instauré a en effet besoin d’une justification morale pour se maintenir. D’où l’importance de l’idéologie officielle et la lutte énergique contre toutes les manifestations d’indépendance religieuse et morale. La protestation des classes opprimées s’exprime alors par une résistance passive aux croyances officielles et l’élaboration d’une morale et d’une religion particulières, qui n’ont rien à voir avec celles des classes dominantes18 et dont l’expression la plus achevée est le christianisme primitif 19 .

28

Les conclusions de l’ouvrage sont les suivantes : 1. L’histoire du mode de production esclavagiste n’est pas liée aux destinées de la grande exploitation mais à celles de l’entreprise de petites et moyennes dimensions où le travail des esclaves pouvait être organisé de la façon la plus rationnelle, la plus efficace et la plus sûre. E. M. Štaerman souligne, comme l’avaient déjà fait de nombreux historiens soviétiques et notamment Μ. E. Sergeenko 20, que le développement de l’esclavage n'est pas déterminé par la croissance du latifundium mais par la multiplication de villae de moyenne importance. Dans les grands domaines latifondiaires, le travail des esclaves se conjuguait toujours avec celui des colons, car il était impossible de donner une ordonnance effective à des masses d’esclaves qu’il était en outre dangereux de concentrer en un même lieu. Dans l’artisanat

14

également, le grand atelier utilisant des dizaines d’esclaves constituait une exception. Dans toutes les branches de l’économie, la production purement esclavagiste ne pouvait se réaliser à une vaste échelle. La pratique des baux, plus rentable pour les gros propriétaires, prend une importance croissante. 2. L’extension du commerce et de la circulation monétaire, parallèle au développement de l’esclavage, est déterminée par des facteurs économiques (essor de l’économie de marché, augmentation du nombre des villes dont la population n’est pas directement intégrée à la production, élévation du niveau de vie et demande accrue en objets de luxe) et politiques (dépenses qui incombent aux organisations municipales pour l’entretien des citoyens les plus pauvres, exigences accrues du fisc). Si les particularités économiques de la société antique favorisent l’essor de l’esclavage et l’accroissement du nombre des petites et moyennes exploitations, les conditions politiques entraînent la ruine des propriétaires municipaux, écrasés sous le poids de redevances de toute sorte. Le développement du commerce et de la circulation monétaire aboutit en définitive au déclin de l’économie fondée sur l’esclavage. 3. Le déclin de l’esclavage n’est dû ni à l’interruption des guerres de conquête et donc à la diminution du nombre des prisonniers vendus comme esclaves, ni à l’influence des morales stoïcienne et chrétienne. Dans la perspective marxiste, comme on le sait, la crise du mode de production esclavagiste se produit au moment où les rapports de production entrent en contradiction avec les forces productives qui, elles, sont en constant développement. Le progrès des forces productives sous l’Empire se traduit moins par des améliorations techniques21 que par une meilleure connaissance de l’économie rurale — comme le montre une comparaison entre les différents traités d’agronomie —, ainsi que par une qualification plus poussée des travailleurs, une meilleure division du travail et une organisation plus rationnelle de la main-d'œuvre. A un certain moment, l’esclavage freine le développement économique et la villa de type esclavagiste orientée vers une économie de marché tend à disparaître au profit de la grande exploitation vivant en complète autarcie et où prédomine une main-d'œuvre non servile (Cf. le traité de Palladius). 4. La crise du mode de production esclavagiste commence en Italie au milieu du IIe siècle. Les esclaves ne constituent plus la masse fondamentale des producteurs directs. D’autres méthodes d’exploitation se développent, plus efficaces. 5. Ces méthodes exercent une grande influence sur tous les aspects de la vie sociale et favorisent le renouveau des structures communautaires qui avaient pu se maintenir dans les diverses régions de l’empire. Toutefois, malgré l’extension de nouveaux rapports de production visant à intéresser davantage les travailleurs, le régime féodal ne peut pas s’établir à l’intérieur même de la société esclavagiste : la forme antique de la propriété, définie par Marx et Engels dans L'idéologie allemande comme « la propriété privée communautaire des citoyens actifs », constitue un obstacle infranchissable. Pour que la société puisse poursuivre son évolution, il lui faut des bases économiques d’un type différent. Seul un retour à des formes de propriété plus anciennes, antérieures aux structures esclavagistes, permet le passage à une formation économico-sociale plus avancée. Ainsi, c’est là où la communauté primitive s’était maintenue plus ou moins intacte que l’évolution se poursuivra, dans des régions où les grands propriétaires fonciers ne sont pas liés aux organisations municipales et où la paysannerie conserve certains éléments d’une propriété collective. 29

Pour E. M. Štaerman, le mode de production esclavagiste n’est pas une étape nécessaire dans le développement de l’humanité, mais seulement un embranchement, une voie secondaire qui devait être abandonnée pour que la société pût continuer sa marche en avant. La révolution qui marqua le passage au régime féodal fut l’œuvre, à l’intérieur de l’empire, des grands propriétaires fonciers et de la paysannerie libre ou réduite au

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servage et, hors de l’empire, des Barbares qui s’unirent tantôt aux magnats fonciers et tantôt à la population rurale opprimée. 30

En définitive, cet ouvrage sur les rapports esclavagistes sous le Haut-Empire permet de saisir les caractéristiques de la recherche soviétique la plus récente. Celle-ci, depuis une vingtaine d’années, accorde une grande attention aux documents historiques sur lesquels elle fonde sa démarche. Dans ce travail sont analysés aussi bien les inscriptions que les textes littéraires, les recueils juridiques que les traités d’agronomie, de rhétorique et même d’oniromancie. E. M. Štaerman s’appuie sur une foule de données pour dessiner un tableau très fouillé de la situation des ordres non libres.

31

Cela aboutit à une appréhension très nuancée et complexe de la réalité sociale du HautEmpire. Les schémas marxistes sont assouplis de façon à mieux correspondre à la variété de la réalité historique. C’est ainsi que la lutte des classes est présentée sous son aspect idéologique, compte tenu de la situation particulière existant à cette époque. « Nous pensons, écrit E. M. Štaerman, qu’il faut aborder les questions concernant la lutte des classes de façon plus souple, sans recourir à des modèles donnés une fois pour toutes, mais en prenant en considération les particularités de telle ou telle période » (p. 249). Ainsi la notion même de lutte des classes, qui se trouve au cœur de la pensée historique marxiste, est ici repensée en fonction de la société du Haut-Empire et l’on ne saurait reprocher à l’historienne soviétique de moderniser la réalité antique en y transposant tels quels des schémas empruntés à la réalité contemporaine.

32

Ce travail se caractérise aussi par une peinture très nuancée de la situation des esclaves. Ceux-ci ne sont pas envisagés comme constituant une classe homogène, mais sont présentés sans aucun schématisme. L’ouvrage montre, grâce à une multitude d’exemples concrets, la complexité des rapports sociaux sous l’Empire et la variété des situations que les esclaves et les affranchis pouvaient occuper dans la société romaine. On retrouve ici l’une des tendances fondamentales de la recherche soviétique des dernières années, où se fait jour un souci de plus en plus affirmé de rendre compte de la spécificité des structures antiques. Les notions de classe et d’ordre permettent ainsi de distinguer pour chaque groupe social la place qu’il occupe dans le processus économique et la situation juridique qui est la sienne. Avec d’autres historiens soviétiques, E. M. Štaerman insiste sur le fait que dans la société romaine ordre et classe sont loin de coïncider, ce qui accroît la difficulté d’établir des classements à l’intérieur de cette société.

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Comme tous les travaux des historiens marxistes, celui-ci replace le problème étudié dans une perspective plus vaste et ne se limite pas à une description de la réalité historique. L’esclavage sous le Haut-Empire s’insère ainsi, selon la terminologie marxiste, dans l’histoire générale de la formation économico-sociale esclavagiste. A ce propos est abordée une question périodiquement soulevée dans l’historiographie soviétique : le problème de la chute du monde antique et du passage à la société féodale. E. M. Štaerman présente ici une interprétation originale de l’évolution de la société antique, interprétation qui suscitera très certainement des prises de position parmi les historiens soviétiques.

16

NOTES 1. VDI, 1960, no 4, p. 4. 2. Sur l’esclavage dans le monde romain, cf. L. A. l'esclavage à Rome aux

VIIIe-IIIe

ELNICHKI,

L’apparition et le développement de

siècles avant notre ère, Moscou, 1964, 288 p. et E. M.

ŠTAERMAN,

L’épanouissement des rapports esclavagistes sous la République romaine, Moscou, 1964, 263 p., ouvrage traduit en allemand : Die Blütezeit der Sklavenwirtschaft in der römischen Republik, Wiesbaden, 1969, 303 p. 3. S. L.

UTČENKO

et E. M.

ŠTAERMAN,

« Quelques problèmes concernant l’histoire de l'esclavage »,

VDI, 1960, 4, pp. 9-21. Cf. aussi E. M. ŠTAERMAN, L'épanouissement des rapports esclavagistes, chap. I. 4. La vente des prisonniers de guerre continue à être pratiquée sous l’Empire, mais est mentionnée beaucoup plus rarement qu’à l’époque républicaine. Pour E. M.

ŠTAERMAN ,

cela

signifie que cette question n’intéressait plus guère ni les historiens ni leurs lecteurs, dans la mesure où le besoin d’un afflux de nouveaux esclaves ne se faisait pas sentir. 5. Cf. STRABON, V, 1, 8 ; XI, 2, 3 ; TACITE, Annales, XII, 17 ; Germanie, 24 ; Agricola, 28 et 39. 6. TACITE, Annales, IV, 72 ; XIV, 31 ; Agricola, 31 ; PHILOSTRATE, Vie d’Apollonius, VII, 3 ; VIII, 7. 7.

SÉNÈQUE,

Controverses, IV, 26 ;

MUSONIUS RUFUS,

Reliquiae, 66, 7-10 ; Digeste, XXI, 1, 35 ;

DION

CHRYSOSTOME, Discours, XV, 8.

8. COLUMELLE, I, 3 ; AULU-GELLE, XX, 1 ; Digeste, I, 5, 5, 1 ; 5, 21 ; IV, 4, 9, 4 ; XL, 12, 7 ; XLI, 13, 3 ; 14, 2 ; Code Justinien, VII, 16, 5. 9. GAIUS, Institutes, II, 91-92 ; Digeste, IV, 6, 11 ; VII, 8, 4 ; IX, 2, 13, 1 ; 2, 27, 3 ; XI, 1, 13, 1 ; 1, 25, 2 ; 3, 1, 1 ; XXVIII, 5, 60 ; XLI, 1, 19 ; 1, 54 ; XLV, 1, 118 ; XLVII, 10, 15, 48 ; QUINTILIEN, Declamationes, VIII, 17 ; 311 ; CALPURNIUS FLACCUS, Declamationes, 14. 10. Cf. par exemple CIL, X, 1746, 1747, 1748, 1750. 11. Cf. E. M. ŠTAERMAN, L’épanouissement des rapports esclavagistes, chap. II. 12. Digeste, XXXII, 35, 2 ; 93, 2 ; XXXI, 88, 12 ; XXXIII, 1,18 ; XXXI, 77, 13 ; 15, 27. 13. VDI, 1965, 1, pp. 62-81. En voir le compte rendu par P.

PETIT,

L’esclavage antique dans

l'historiographie soviétique, in Actes du colloque d’histoire sociale 1970, Besançon, Paris, 1972, pp. 20-22. 14. TACITE, Annales, II, 35 ; III, 53-54. 15. Cf.

LÉNINE,

Le programme agraire de la social-démocratie russe, in Oeuvres, Éditions Sociales-

Éditions du Progrès, Paris-Moscou, t. 6, 1966, p. 113 sq., note 2. 16. Digeste, V, 21, 4 ; CIL, XI, 4639. 17. Digeste, I, 15, 1 ; XI, 3, 4 ; 4, 1, 8 ; 4, 1, 1 ; XXI, 17, 1 ; 17, 2-14 ; 43, 1 ; XXXIX, 4, 12, 3 ; XLVII, 11, 5 ; 22, 3, 2 ; XLVIII, 15, 6, 1 ; 15, 19, 5 ; CIL, IX, 2438. 18. Cf. E. M. ŠTAERMAN, La morale et la religion des classes opprimées de l’Empire romain (L’Italie et les provinces occidentales), Moscou, 1961, 320 p. 19. Le dernier chapitre de l’ouvrage, « Christianisme et esclavage (d’après les données du Nouveau Testament) », est dû à Μ. K. Trofimova. 20. Μ. E. SERGEENKO, Esquisse de l’économie rurale de l’Italie antique, MOSCOU-Léningrad, 1958, 246 p. 21. Dans certains cas, les empereurs se montrèrent même hostiles à des inventions susceptibles d'aboutir à une diminution de la main-d'œuvre. E. M. Štaerman renvoie ici à Histoire naturelle, XXXVI, 46, 3 et à SUÉTONE, Vespasien, 14.

PLINE L’ANCIEN,

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Dix années de recherches soviétiques sur l’histoire économique et sociale du monde romain (1966-1975)1 Mouza Raskolnikoff

1

La période qui va de 1966 à 1975 se situe entre le XXIIIe congrès du parti communiste de l'U.R.S.S. (29 mars-8 avril 1966) et le XXVe congrès (24 février-5 mars 1976). Cette indication n'est pas inutile, car l'évolution générale de la recherche transparaît dans les directives et les résolutions adoptées à l'occasion de ces congrès, tout comme elle est infléchie par d'autres événements de la vie politique soviétique. Pour s'en convaincre, il suffit de prendre connaissance des éditoriaux du Vestnik drevnej istorii (VDI), qui reflètent fidèlement les préoccupations de l'actualité contemporaine1. Ainsi, au moment du XXV e congrès, la revue s'ouvre par un article intitulé « La signification du XXVe congrès du PCUS pour le développement de la science historique soviétique »2, article qui rappelle l'importance des sciences sociales dans l'éducation des travailleurs et qui s'achève ainsi : « Les historiens soviétiques, les historiens du monde antique puisent dans les décisions et les matériaux du congrès une nouvelle impulsion créatrice pour leur travail. Ils emploieront toutes leurs forces à réaliser les décisions du XXV e congrès du parti communiste de l'Union soviétique »3.

2

Les directives exprimées lors des congrès du parti se manifestent avec une particulière netteté dans un décret du Comité central du PCUS promulgué le 14 août 1967. « Sur les mesures relatives au développement futur des sciences sociales et à l'accroissement de leur rôle dans la construction du communisme »4 ; ce texte est largement commenté dans la presse historique, notamment dans l'éditorial du VDI. 1967. 4, et fréquemment évoqué par la suite. On peut ainsi préciser les objectifs poursuivis par la recherche : 1. Élever le niveau théorique des travaux scientifiques. Pour cela, une collaboration s'avère nécessaire entre historiens et philosophes, comme le souligne le VDI 5. Il convient également de mieux coordonner l'activité des historiens et celle des sociologues, des économistes, des juristes.

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2. Prêter plus d'attention aux questions de méthodologie, moyen sûr de réaliser le progrès des sciences sociales. 3. Lutter contre l'idéologie bourgeoise et, en particulier, opposer aux interprétations «modernistes» » une vision marxiste-léniniste du développement historique 6. 4. Planifier plus efficacement la recherche et, en histoire, concentrer les efforts sur des thèmes de portée générale comme la psychologie sociale, les rapports entre collectivité et individu, société et État, les structures de la société, le rôle des masses populaires en histoire. 5. Affirmer avec plus de force le principe d'une science de parti ; l'« esprit de parti » (partijnost) doit plus que jamais animer les chercheurs et les amener à toujours exprimer le point de vue du prolétariat7. 6. Aborder les faits sociaux de façon concrète, dans une perspective résolument historique. 7. Élever le niveau de l’enseignement et éduquer la population. Comme l'indique un éditorial de Voprosy istorii (VI), « l'histoire est, parmi les sciences sociales, celle qui est le mieux destinée aux masses, et elle a un rôle irremplaçable dans l'élaboration de la conception du monde, dans l'éducation de l'homme. (...) En étudiant le passé, la science historique soviétique ne se contente pas d'expliquer le développement du monde, mais par ses données elle contribue à changer celui-ci dans l’intérêt des travailleurs » 8. C'est pourquoi il est urgent d'améliorer l'enseignement de l'histoire en mettant en chantier de nouveaux manuels et de publier de bons ouvrages de vulgarisation pour faire pièce à l'« académisme froid »9. 3

La recherche en histoire ancienne s'intègre elle aussi dans ce cadre général et ses orientations correspondent en grande partie, on le verra, aux directives ainsi formulées. Il faut ajouter que, comme tous les domaines de la science historique, elle est marquée par les autres événements importants de la vie politique et culturelle du pays : le cinquantenaire de la Révolution d’Octobre (1967) et de la formation de l'U.R.S.S. (1972)anniversaires qui amènent les chercheurs à dresser le bilan de leurs travaux et à en préciser les perspectives futures-, le 150e anniversaire de la naissance de Marx (1968), d'Engels (1970), le centenaire de la naissance de Lénine (1970). Ce sont là des occasions pour souligner la vitalité et l'actualité du marxisme-léninisme et pour inviter les historiens à approfondir leur réflexion théorique. Ainsi le centenaire de la naissance de Lénine donne lieu – entre autres manifestations – à un symposium sur « la signification des œuvres de Lénine pour l'étude de l'Antiquité », organisé à Moscou les 28 et 29 avril 1970 par le VDI et la section d'histoire ancienne de l'Académie des Sciences ; on y examine les thèses de Lénine relatives à la formation esclavagiste10.

4

Entre 1966 et 1975 la recherche en histoire romaine s'organise autour d'un certain nombre de thèmes dont la plupart avaient déjà fait l'objet de travaux au cours de la décennie précédente. En effet, la date de 1966, choisie comme point de départ pour la présente étude – tout comme aussi la date de 1975 adoptée comme limite – ne correspond pas à une orientation nouvelle dans l'histoire de la science historique, qui se poursuit selon les voies indiquées au moment du XXe congrès, en 1956. Les historiens de Rome continuent donc à s'intéresser aux problèmes théoriques de la formation esclavagiste, aux structures agraires, à la genèse de la cité romaine, à la crise de la République, à l’esclavage et à la pénétration du mode de production esclavagiste dans les provinces. Mais en même temps ils s'ouvrent à de nouveaux types de questions, concernant principalement la culture et l'idéologie, la psychologie sociale, la méthodologie, l'utilisation des mathématiques dans la recherche historique, l'historiographie.

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I. Les problèmes généraux de la société antique A. Le mode de production asiatique 5

Le regain d'intérêt pour les recherches théoriques à partir de 1965 a pour origine, incontestablement. la discussion sur le « mode de production asiatique ». Cette question avait été largement débattue en U.R.S.S. aux alentours de 1930, en relation avec la révolution chinoise, mais le différend s'étant déplacé du domaine des spéculations théoriques à celui de la politique - les partisans du mode de production asiatique (les aziatčiki) furent qualifiés de trotskistes et considérés comme des ennemis dangereux –, les discussions prirent fin rapidement11.

6

L'accession à l'indépendance des peuples d'Asie et d'Afrique donne une actualité nouvelle au problème, qui est repris vers 1960 par les marxistes un peu partout dans le monde. A ce renouveau contribuent aussi la remise en question des thèses staliniennes – notamment en ce qui concerne le nombre et la succession des formations économicosociales – et la parution, en 1957, d'un livre polémique de K. A. Wittfogel, transfuge du marxisme, sur le despotisme oriental12. En France – dans le cadre du Centre d'Études et de Recherches marxistes (le CERM)-, en Angleterre, en Italie, dans les démocraties populaires13, on reparle beaucoup du mode de production asiatique14.

7

Il s'agit de savoir si certains types de sociétés (en Orient ancien, en Asie, en Afrique, en Amérique précolombienne, voire à Cnossos et à Mycènes), dont l'évolution ne se laisse pas ramener au schéma classique des sociétés occidentales, ont connu un mode de production particulier, dit « asiatique », que l'on peut ainsi définir avec M. Godelier : « L'essence même du mode de production asiatique est l'existence combinée de communautés primitives où règne la possession commune du sol et organisées, partiellement encore, sur la base des rapports de parenté, et d'un pouvoir d'État qui exprime l'unité réelle ou imaginaire de ces communautés, contrôle l'usage des ressources économiques essentielles et s’approprie directement une partie du travail et de la production des communautés qu'il domine »15.

8

Cette définition, qui pose les caractéristiques fondamentales du mode de production asiatique, est particulièrement intéressante dans la perspective de la présente étude, car elle rassemble les thèmes majeurs auxquels vont être confrontés les historiens soviétiques de l'Antiquité, en relation précisément avec les discussions sur le mode de production asiatique : la nature de la communauté villageoise, la forme de la propriété foncière, la genèse et le rôle de l'État, les diverses formes d'exploitation des producteurs directs. On comprend ainsi l'orientation de la recherche tout entière.

9

En U.R.S.S. la controverse est amorcée par la publication en 1964 d'un ouvrage de l'économiste E. S. Varga, qui avait participé aux discussions des années 30, Essais sur l'économie politique du capitalisme, dont un chapitre traite du mode de production asiatique et propose la réouverture des débats16. Effectivement, les thèses de Varga sont discutées en décembre 1964 à l'Institut de philosophie de l'Académie des Sciences à Moscou 17. Puis la revue NarodyAzii i Afriki ( NAA) publie dans son premier numéro de 1965 trois communications adressées au VIIe congrès international des sciences anthropologiques à Moscou en août 1964 : J. Suret-Canale, « Les sociétés traditionnelles en Afrique tropicale et la conception marxiste du mode de production asiatique », M. Godelier, « La notion de mode de production asiatique et les schémas marxistes d'évolution des sociétés » 18, et V.

20

V. Struve. « Le concept de mode de production asiatique : légitimité et limites »19. Ce dernier, qui émet quelques réserves sur les idées de ses collègues français, souligne l'intérêt de la notion de mode de production asiatique. 10

Il n'est pas question ici d'entrer dans le détail des discussions qui se déroulèrent en Union soviétique au cours de l’année 196520, ainsi que dans diverses revues spécialisées comme NAA, Voprosy ftlosofii. VI, VDI21. Certaines des contributions ont été traduites en français, anglais, italien22. En bref, les recherches s'effectuent dans deux directions : on cherche d'une part à préciser la théorie du mode de production asiatique chez Marx et Engels en regroupant tous les textes où il est question des sociétés orientales23 ; on s'attache d'autre part, à partir des données historiques concrètes, à prouver ou à nier l'existence de caractéristiques suffisamment originales pour que l'on puisse parler d'un mode de production différent des autres. Ce mode de production, s'il existe, constitue-t-il alors une formation économico-sociale particulière, ou bien n'est-il qu'un élément, une « structure », à l'intérieur de l'une des formations « classiques » ? Les thèses des historiens soviétiques se ramènent à quelques grandes tendances : 1. Le mode de production asiatique est une catégorie universelle, qui s'applique à un stade déterminé de l'évolution de toutes les sociétés, quelles qu'elles soient ; il correspond à la période de transition de la société sans classes à la première société de classe 24. 2. Les particularités économico-sociales des pays orientaux définissent ce que l'on appelle le mode de production asiatique, notion limitée géographiquement aux sociétés orientales et caractérisée par l'irrigation artificielle, l'existence de communautés rurales, l'absence de propriété privée sur le sol, la non-séparation de l'agriculture et de l'industrie, la présence d'un État despotique25. 3. Les sociétés de l'Orient ancien sont caractérisées par l'existence simultanée de plusieurs modes de production, appelés aussi « structures » (uklady), propres à différentes formations ; la combinaison de ces éléments fait des sociétés orientales une formation originale, dénommée « société de classe à son stade initial » par G. A. Melikišvili 26, « formation d'asservissement » par Ju. I. Semenov27, « formation féodalo-esclavagiste » par L. S. Vasil'ev et I. A. Stučevskij28. 4. Le mode de production asiatique s'inscrit dans le cadre de la formation féodale. C'est ainsi que pour Ju. M. Kobiščanov, cette formation, reposant sur l'exploitation du petit producteur, s'étend depuis la décomposition de la communauté primitive jusqu'à l'établissement du capitalisme : il n'y a donc même pas lieu de parler d'une formation esclavagiste 29. 5. Le mode de production asiatique se place dans les limites de la formation esclavagiste, dont il constitue la première étape. Les sociétés orientales ont connu un esclavage « primitif », différent de l'esclavage classique, mais appartiennent à la même formation.

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C'est là la thèse la plus généralement admise au cours des discussions, et c'est celle qui prédomine actuellement parmi les chercheurs soviétiques30. Ainsi, on le verra, les études sur les provinces orientales de l'Empire romain considèrent ces régions comme typiquement esclavagistes et ne posent à aucun moment le problème du mode de production asiatique31. De même, les travaux sur l'Orient ancien s'attachent à préciser la nature de l'esclavage « primitif » !32. Et la monumentale Histoire de la Chine depuis les temps les plus anciens jusqu'à nos jours, sous la direction de L. V. Simonovskaja et M. F. Jur'ev, Moscou. 1974, adopte pour la Chine ancienne la périodisation classique : communauté primitive, esclavagisme, féodalisme33.

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Il paraissait utile d'insister quelque peu sur les discussions à propos du mode de production asiatique, car elles ont exercé une influence incontestable sur l'orientation de la recherche en histoire ancienne après 1965. Comme le souligne V. N. Nikiforov à

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l'Institut des peuples de l'Asie, l'objet du débat n'est point le mode de production asiatique, mais bien le régime esclavagiste34. Dans cette perspective, on comprend comment les spécialistes de l'Antiquité ont été amenés à s'interroger sur des problèmes de portée générale comme la notion de formation économico-sociale, les critères de l'appartenance à une formation donnée, les rapports entre le général et le particulier (relation entre les lois communes à toutes les formations et les lois propres à chacune d'entre elles, relation aussi entre l'unité d'une même formation et la variété du développement des différentes sociétés), ou de caractère plus particulier, tels que les formes de la propriété sur le sol. les traits distinctifs des communautés villageoises, les diverses formes de la dépendance, etc. Leur vision de la société esclavagiste devient ainsi plus complexe, plus nuancée, et, pour l'histoire de Rome, la confrontation avec les sociétés orientales, justifiée par l'appartenance à une même formation, renouvelle un certain nombre de questions.

B. La formation esclavagiste. La structure de la société romaine 13

Pour replacer l'évolution des pays de l'Orient dans le cadre de la formation esclavagiste, les historiens prennent soin de faire la distinction entre « formation », « mode de production » et « structures » (uklady) : à l'intérieur même de la formation esclavagiste peuvent coexister plusieurs modes de production, plusieurs structures, qui rendent compte de la complexité des rapports sociaux, La physionomie générale de la société est déterminée par le mode de production dominant35. Ainsi, en conclusion à son étude sur le domaine esclavagiste romain36, V. I. Kuziščin indique qu'en Italie le type économique prédominant est la uilla de dimensions moyennes, mais qu'il existe en fait trois structures économiques fondamentales : 1) la ferme paysanne, qui conserve son organisation archaïque ; 2) la uilla liée au marché et le domaine de banlieue (suburbanum), porteurs du mode de production esclavagiste sous sa forme classique ; 3) le domaine à production extensive, et en particulier le latifundium, qui constitue une structure spéciale, base pour l'extension de rapports autres qu'esclavagistes.

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Reprenant la question de la formation économico-sociale dans un article du VDI, V. I. Kuziščin montre la complexité de cette notion, qui englobe à la fois le mode de production, conçu comme la somme des forces productives et des rapports de production, les structures sociales, l’organisation politique et la superstructure idéologique37. La formation esclavagiste a connu trois stades : un stade patriarcal, ou d'esclavage à ses débuts, marqué par la survivance de structures propres à la formation antérieure ; un stade d'esclavage « classique » ou développé ; un stade d'esclavage tardif, où apparaissent déjà les bases de structures nouvelles38. Le passage d'une formation à la suivante s'opère par une révolution sociale, qui peut durer plusieurs siècles et s'achève lorsque les conditions économiques et sociales nouvelles provoquent la transformation des superstructures politiques et idéologiques39.

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La « multiplicité des structures » (mnogoukladnost’) explique la complexité des rapports sociaux. Pendant longtemps les historiens soviétiques n'avaient vu dans la société romaine que deux classes fondamentales, les propriétaires d'esclaves et les esclaves. Les études récentes montrent l'importance d'autres groupes sociaux dans la vie économique et politique de Rome. E, M. Štaerman, « Sur la structure de classe de la société romaine » 40 , met en lumière la variété des catégories sociales en fonction des critères économiques. La différenciation sociale repose sur les rapports de production ; ceux-ci ne se limitent

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pas à la forme d'exploitation, mais constituent un système de rapports où interviennent divers éléments : la répartition de la propriété, le niveau de la division du travail, les types d'unités économiques et les relations régnant entre elles, les fins qu'elles poursuivent et les moyens par lesquels le propriétaire s'assure le surproduit des producteurs directs. La société romaine comprend ainsi les classes suivantes – qui ne correspondent pas nécessairement à des « ordres » au sens juridique41 – : 1) les esclaves, exclus de la collectivité civique, et qui constituent la principale classe de producteurs ; 2) les propriétaires d'esclaves, qui possèdent (ou qui louent) des exploitations agricoles et artisanales travaillant essentiellement pour le marché ; 3) les colons, assujettis à diverses formes de rente ; 4) les grands propriétaires fonciers, dans les domaines desquels prévaut la petite production d’agriculteurs soumis à la rente ; ces deux dernières classes sont liées à la prédominance de l'économie naturelle dans des unités économiques plus ou moins autarciques ; 5) les commerçants et les usuriers, « à qui la possession d'argent donnait la possibilité d’exploiter, sans participer à la production, les propriétaires des moyens de production, par l'appropriation d'une part importante du surproduit des producteurs directs »42 ; 6) une couche sociale – non une classe – liée directement à l'exploitation des biens de l’État et devenue progressivement un « appareil bureaucratico-militaire ». A côté de ces classes fondamentales existent des couches intermédiaires, transitoires (peut-être faut-il ranger dans cette catégorie les petits propriétaires fonciers libres, qui ne constituent pas une classe au sens strict). Quant aux affranchis, ils ne forment pas une classe, mais un ordre un peu particulier, dans la mesure où leur situation n'est pas héréditaire. 16

Il faut noter que dans cet article E. M. Štaerman ne mentionne pas la plèbe. Dans une étude plus récente, elle voit dans la masse plébéienne « une classe de petits propriétaires vivant de leur travail (et employant parfois le travail d’un ou deux esclaves) »43. Cette classe, peu stable, sert de réservoir aux autres.

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En définitive, pour E. M. Štaerman la société romaine est caractérisée par l'existence de deux classes exploiteuses correspondant à deux structures différentes, la structure antique, liée à la uilla esclavagiste orientée vers le marché, et la structure non antique, « féodalisante », représentée par le grand domaine détaché de la ville, vivant en économie fermée. A la première se rattache la classe des propriétaires d'esclaves, qui font partie de la communauté urbaine et dont le destin est solidaire de celui des villes. A la seconde est liée la classe des grands propriétaires fonciers qui exploitent le travail de colons et en reçoivent une rente. Les luttes entre ces deux classes ont une importance capitale dans l'histoire de Rome. Les guerres civiles de la fin de la République en sont un épisode, qui oppose diverses couches de la classe des propriétaires d'esclaves à l'aristocratie foncière détentrice de grands domaines cultivés par une population dépendante variée. La victoire de César et d'Auguste marque le triomphe des premiers, mais le combat reprend avec le déclin du mode de production esclavagiste, atténué seulement lorsqu'éclatent des troubles populaires.

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Ce n’est pas un hasard si, lors du XIIIe congrès international des sciences historiques à Moscou, en août 1970, S. L. Utčenko, historien de Rome, et I. M. D’jakonov, spécialiste de l’Orient ancien, présentent ensemble une communication sur la stratification sociale de la société antique44 : quelle meilleure illustration de la vision unitaire de la formation esclavagiste ? L’accent est mis sur l'existence d’une troisième classe fondamentale, celle des petits producteurs libres, à côté des propriétaires d’esclaves et des esclaves. Et les études sur les problèmes agraires font la part belle à cette catégorie de la population.

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II. Les questions agraires 19

Dès les années 30, bon nombre de travaux – parmi lesquels ceux de Μ. E. Sergeenko – avaient été consacrés aux problèmes agraires. Dans la perspective marxiste en effet, on le sait, l’agriculture constitue la base de l’économie antique et est le principal moyen de production. On se souvient de la phrase de Marx dans les Formes qui précèdent la production capitaliste : « L’histoire de l'antiquité classique est une histoire urbaine, mais il s’agit de villes qui reposent sur la propriété foncière et l’agriculture »45. L'économie rurale est ainsi, à côté de l’esclavage, l'une des orientations fondamentales de la recherche soviétique en histoire ancienne pendant ces dix dernières années, et à mainte reprise les historiens ont souligné l’importance de telles études46. Quelques grands thèmes sont abordés, tels que les formes de la propriété sur le sol, la structure des exploitations agricoles, la nature de la main-d'œuvre, etc.

A. Forme de la propriété sur le sol 20

En consacrant deux articles à la forme de la propriété romaine sur le sol 47, E. M. Štaerman s'attaque à une problématique qui découle directement des discussions sur le mode de production asiatique et qui ne se limite pas au monde romain, puisqu'elle retient aussi l’attention des historiens de la Mésopotamie et de l'Inde ancienne48. Pour Rome, d'ailleurs, V. V. Vinogradov avait déjà posé quelques jalons dans une étude, parue en 1966, où il montrait que le passage de la propriété tribale à la propriété privée s'était effectué par l’intermédiaire de la propriété familiale (heredium)49.

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Pour définir la propriété romaine sur le sol, précise E. M. Štaerman dans son article du VDI, il faut examiner, dans une perspective historique, les relations qui existent entre les trois types de propriété possibles : la propriété d'État, la propriété communautaire (ou collective) et la propriété privée. On constate d'abord que les critères de la propriété privée définis pour la société capitaliste – inaliénabilité, droit d'expulser le nonpropriétaire, non-coïncidence entre les droits du « souverain » et ceux du propriétaire – ne sont pas applicables à la société romaine. Pour comprendre la nature de la propriété à Rome, il faut en suivre l’évolution depuis l'époque des rois, où l'on retrouve les traits caractéristiques de toute société de classe à ses débuts50.

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Un examen des données concrètes permet d'affirmer que la Rome royale connaissait les formes de propriété propres à toute société au même stade de développement, à savoir une propriété des communautés rurales, qui se mêle à la propriété des familles, et une propriété des rois et de la noblesse, comportant diverses formes d'exploitation des travailleurs directs (clients, débiteurs, esclaves). La victoire de la plèbe et l'expulsion des rois entraînent des transformations radicales qui déterminent l'évolution ultérieure de la propriété. Le domaine foncier passe tout entier sous le contrôle de la communauté civique, qui détient le droit de disposer des terres, de les distribuer aux citoyens ou de les leur retirer. La suppression de l'esclavage pour dettes et la limitation de la dépendance des débiteurs à l'égard de leurs créanciers font que les citoyens ne sont plus – en théorie – objets d'exploitation. Ils ont désormais, tous, des liens directs, immédiats, avec la communauté (alors qu'à l'époque royale, en cas de dépendance, cette relation passait par l'intermédiaire de l'aristocratie ou du roi). On exploite les esclaves, qui sont en dehors de la communauté des citoyens.

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Le citoyen reçoit du groupe une partie du fonds commun, avec l'obligation de la faire fructifier. Le principe fondamental est le profit51 : un domaine est possédé par celui qui le rend productif, et s'il ne s'acquitte pas de cette tâche, sa terre retourne à la collectivité et peut être donnée à un autre52.

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A la fin de la République, avec le développement des rapports fondés sur la circulation des marchandises et de la monnaie, la propriété individuelle atteint des proportions considérables et des exploitations particulières s'établissent à la fois sur la terre privée et sur la terre d'État. Dans les deux cas la primauté de la cité se manifeste dans la pratique des lois agraires, et le principe même d'un maximum foncier, posé dès les lois liciniennes, n'est mis en question par personne53.

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La ciuitas doit affronter le problème suivant : est-il plus avantageux pour elle que se conserve 1’ager publicus et la rente qu'il rapporte, ou bien que les citoyens reçoivent des parcelles du domaine public en propriété privée, ce qui entraîne nécessairement la décomposition de la communauté ? C'est finalement la seconde orientation qui l'emporte. La multiplication des domaines aboutit à une contradiction aiguë entre deux principes fondamentaux : le principe de la propriété souveraine de la communauté civique, qui avait pouvoir de redistribuer les terres, ce qui rendait la propriété instable, et le principe du meilleur rendement, qui supposait des investissements, et donc une propriété stable et garantie, à l'abri des lois agraires.

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La politique d'Auguste, qui marque une nouvelle étape dans l'histoire de la propriété, résout dans une certaine mesure cette contradiction, en renforçant à la fois la petite et la grande propriété – ce n'est sans doute pas un hasard si le terme de dominium fait son apparition précisément au début de l'Empire pour caractériser des droits assurés une fois pour toutes et la disposition sans contrôle du bien – et en transférant la propriété souveraine de la terre à l’empereur ; celui-ci possède un droit de regard sur la répartition et l'utilisation des terres et peut confisquer des latifundia insuffisamment cultivés 54.

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Le besoin croissant d'argent liquide favorise, dans les provinces d'abord, puis en Italie, l’extension de pratiques telles que l'usufruit, le précariat, la rente en argent, le péculat. Ainsi le lien du citoyen propriétaire foncier avec la communauté-État s'affaiblit de plus en plus et il se constitue toute une hiérarchie de relations agraires intermédiaires, influencées par les rapports existant dans les provinces55. On voit se rétablir, sur de nouvelles bases, les relations qui avaient existé antérieurement entre la propriété des communautés urbaines et rurales, la propriété des individus haut placés, qui reçoivent leurs terres de l'État, et la propriété impériale (d’État).

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On observe ainsi dans les premières sociétés de classe deux types de développement pour la propriété foncière : l'un, sans solution de continuité, repose sur les rapports établis au moment où se sont décomposées les structures de la communauté primitive (c'est le cas des provinces occidentales), tandis que l'autre se caractérise par l'interruption de ce processus à la suite de la victoire de la plèbe et de la constitution de la communauté civique en cité-État (l'Italie). Mais en fin de compte, la seconde voie finit par rejoindre la première, comme le montre l'histoire du Bas-Empire.

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Telle est, dans ses grandes lignes, l'argumentation de E. M. Štaerman. L'historienne se fonde sur une documentation variée et fait appel à la fois aux œuvres littéraires, aux textes juridiques, aux inscriptions et aux fragments des agrimensores pour soutenir sa réflexion théorique. Le point de vue où se place E. M. Štaerman doit retenir l’attention : au lieu d'envisager la propriété foncière sous son aspect strictement juridique, comme

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l'avaient fait L. Capogrossi Colognesi et G. Diosdi56 – dont elle reconnaît par ailleurs les mérites-, l'historienne soviétique considère le problème dans son déroulement historique, cherchant à appréhender les relations et les interférences entre les divers types de propriété et leur évolution dans le temps. Mais sa démonstration est affaiblie par le fait qu'elle étend à la propriété privée le contrôle exercé par la communauté (ou l'empereur) sur loger publicus. Les limitations aux droits de possession n'ont jamais concerné que ce dernier type de propriété. 30

Dans son étude E. M. Štaerman est également sensible au retentissement des rapports de propriété dans le domaine religieux. Ainsi, le culte des Lares, à son stade le plus ancien, était un culte des héros, fondateurs des familles aristocratiques. Avec la démocratisation des structures sociales, ils deviennent les protecteurs et les garants de la cellule économique et sociale tout entière – collectivité rurale ou groupe familial – et de tous ses membres, quels qu'ils soient : d'où le rôle des esclaves dans le culte des Lares.

B. Structure des exploitations agricoles 31

Les deux ouvrages de V. I. Kuziščin sur la structure des exploitations agricoles – qui font suite à son Esquisse d'une histoire de l'agriculture en Italie du II e siècle aν. n. è. au Ier siècle de n. è.. Moscou. 1966 – sont plus concrets et d'une lecture moins difficile. Le premier. Le domaine esclavagiste romain. IIe siècle av. n. è. -Ier siècle de n. è.. Moscou. 1 9 7 3 57, étudie d'un point de vue économique les différentes variantes du domaine esclavagiste à l'époque où les rapports fondés sur l'esclavage sont à leur apogée. Mais il ne néglige pas pour autant la petite exploitation paysanne, prédominante dans la Rome primitive, qui continue à se maintenir et à jouer un rôle important dans la production même après l’essor de l’esclavage58. V. I. Kuziščin distingue cinq types de propriété, qui font chacun l'objet d'un chapitre : la ferme paysanne ; la uilla esclavagiste typique, liée au marché ; le domaine de banlieue ; le domaine esclavagiste faiblement lié au marché ; le latifundium.

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La ferme paysanne (chap. I)59 est un type économique difficile à analyser faute de documents60. La pénétration de l’esclavage dans l'agriculture au IIe siècle av. J.-C. entraîne des conséquences néfastes pour la paysannerie libre, mais seulement à long terme : au Ier siècle ap. J.-C., la disparition des paysans-propriétaires fonciers est compensée dans une large mesure par l'augmentation du nombre des agriculteurs à demi dépendants qui prennent à ferme des lopins de terre. La petite ferme continue donc à occuper des positions assez solides.

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Ces exploitations étaient mises en valeur par le paysan avec l'aide de sa famille et parfois de quelques esclaves. En cas de nécessité, on recourait à la coopération des voisins, phénomène sur lequel on trouve quelques témoignages indirects61. Les traités agronomiques n'ayant pas été écrits pour le petit paysan, V. I. Kuziščin utilise les Géorgiques de Virgile pour dépeindre la vie dans un domaine paysan 62. Celui-ci entretient des relations avec le marché, mais elles sont lâches et n’affectent en rien la structure interne de l’exploitation. La stabilité économique de la ferme paysanne est due aux éléments suivants : une production naturelle, une main-d'œuvre assurée, des procédés de culture peu évolués, une exploitation extensive. Plus précaire était la situation des petits paysans et des tenanciers, dont les terres servaient de réservoir à la grande propriété. Si « la voie royale de l'agriculture italienne passe par la consolidation et l'extension d'autres types d'exploitations plus dynamiques – les uillae esclavagistes – » 63, la paysannerie, à laquelle appartiennent aussi les clients et les colons, représente une couche importante

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de la population et joue un rôle dans la vie économique et politique de l'Italie. Elle est l'une des classes fondamentales de la société esclavagiste, à côté des esclaves et des propriétaires d'esclaves. 34

La uilla esclavagiste typique, liée au marché (chap. II), commence à se développer et à s'organiser véritablement seulement après la deuxième guerre punique64. Ses dimensions varient entre 100 et 240 jugères chez Caton, 100 et 300 chez Varron, 600 et 700 chez Columelle65, mais il s'agit toujours du même type économique. Cette exploitation, où sont représentées des cultures variées, destinées à la consommation interne, est spécialisée dans une production particulière, qui détermine sa physionomie générale. La maind'œuvre est servile, et son renouvellement est assuré par l'achat de nouveaux esclaves plutôt que par leur reproduction naturelle66. L'intensification de l'exploitation des esclaves va de pair avec l'accroissement de leur productivité, qui en vient à dépasser celle des travailleurs libres67.

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Ce type d'exploitation est considéré par les agronomes latins comme le plus rentable ; c'est lui qui, en définitive, assura la prospérité de l'agriculture italienne entre le IIe siècle av. J.-C. et le Ier siècle ap. J.-C., mais sa structure même le rendait assez instable : il ne pouvait s'étendre sans perdre sa rentabilité et se transformer en un autre type d'exploitation.

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Le suburbanum ou propriété de banlieue (chap. III) constitue un type particulier d'exploitation, qui se développe au milieu du Ier siècle av. J.-C., recevant des spécialisations nouvelles, et qui est orienté uniquement vers le marché. La main-d'œuvre, servile, est qualifiée, et l'organisation du travail ne nécessite ni ouvriers salariés ni fermiers-colons. La description du Laurentinum de Pline le Jeune permet de se représenter ce type de domaine.

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Le longinquus fundus ou « domaine éloigné » (chap. IV) est un domaine esclavagiste extensif, de dimensions moyennes, faiblement lié au marché. La propriété de Saserna en Gaule cisalpine appartient à cette catégorie68. (Les caractéristiques de ce type de domaine sont les suivantes : liens faibles avec le marché ; économie naturelle nettement exprimée ; combinaison entre agriculture et artisanat ; rapport à peu près équilibré entre les cultures ; technique d'un bas niveau : emploi conjugué du travail de colons et d'esclaves ; exploitation moins intense des esclaves, vivant dans de meilleures conditions ; importance accrue de l'« auto-remplacement » des esclaves ; inclusion de femmes et d'enfants dans lafamilia servile. La propriété d'Horace en Sabine et deux uillae rusticae à Pompéi (26 et 34) offrent une représentation concrète de ce type économique qui, bien que d'une rentabilité réduite, jouissait d'une stabilité réelle et était susceptible de s'adapter rapidement aux changements de l'économie69.

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On peut définir le latifundium (chap. V) comme « un domaine immense, exploité extensivement et de façon peu soignée, cultivé principalement par des troupes d'esclaves »70. La familia servile était composée de travailleurs agricoles, d'artisans, de domestiques, d'administrateurs. L'impossibilité de surveiller efficacement le travail de tant d’esclaves rendait celui-ci moins productif que dans les uillae moyennes. Ce type de domaine présente les caractéristiques suivantes : liaison entre production agricole et production artisanale, qui s'explique par la nécessité d'entretenir un gros contingent de travailleurs ; pratique de la polyculture, avec prédominance des cultures essentielles à la vie (céréales, vigne, élevage) ; exploitation extensive, avec pratique de la jachère ; technique peu évoluée et rendement faible71. Le développement du colonat sur la

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propriété latifondiaire aboutit à la constitution d'un organisme peu rentable, mais économiquement stable : le latifundium décentralisé. 39

Dans un second ouvrage, La genèse des latifundia esclavagistes en Italie ( IIe siècle aν. n. é.-Ier siècle de n. è.), Moscou. 1976, V. I. Kuziščin suit l'évolution d'un type particulier de domaine esclavagiste. Les quatre étapes du processus – avant les Gracques ; des Gracques à la dictature de Sylla ; de Sylla à la fin de la République ; la période du Haut-Empire – sont regroupées selon deux grandes parties : avant et après l'établissement du principat ; celui-ci donne son orientation définitive au développement du latifundium.

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Au début du IIe siècle av. J.-C. il existe en Italie des conditions économiques particulièrement propices à la constitution de domaines esclavagistes (richesses abondantes, afflux d'esclaves, politique favorable à l'occupation de l'ager publicus, demande accrue en produits agricoles). Le De agricultura de Caton 72 et les données concernant les biens fonciers de certains représentants de l'aristocratie romaine montrent que la concentration de la propriété se fait par l'acquisition progressive de domaines de dimensions moyennes, éloignés les uns des autres, cultivés intensivement par une main-d'œuvre servile et entretenant des relations étroites avec le marché. Certains de ces domaines s'organisent sur l'ager publicus. Les grands propriétaires d'esclaves prennent à bail des pâturages dans le sud de l'Italie pour y pratiquer l'élevage sur une vaste échelle. Toutefois il ne faut pas exagérer l'importance ni l'extension du phénomène au IIe siècle av. J.-C.

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Les possessions foncières des riches, évoquées par Appien au début des Guerres civiles, ne se présentent pas comme de grands domaines d'un seul tenant, mais comme une série de propriétés de dimensions moyennes, réparties dans toute l'Italie (BC, I, 10 ; 18). Peut-être y avait-il déjà quelques latifundia en Étrurie, en Apulie et en Sicile, mais ils n'attiraient pas encore l'attention sur eux. Le schéma du développement agraire de l'Italie chez Appien exprime les conditions historiques des Ier-IIe siècles73. De même, l'identification entre Italiens et peuple romain, constante chez Appien, ne reflète pas la réalité gracchienne 74, non plus que celle du Ier siècle av. J.-C.75, mais traduit la situation du Ier siècle ap. J.-C., moment où les notions d'Italiens et de peuple romain se confondent définitivement. D'où l'apparition d'une expression comme ciues Romani ex Italia 76. L'attitude ambivalente, à la fois critique et approbatrice, à l'égard du phénomène latifondiaire correspond aux conceptions des historiens officiels ou semi-officiels dans la seconde moitié du Ier siècle ap. J.-C. et au IIe siècle. Par contre, l'exposé concret des réformes des Gracques chez Appien comme chez Plutarque révèle la prédominance de propriétés esclavagistes moyennes.

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La situation économique à la fin de la République favorise l'expansion des exploitations esclavagistes orientées vers le marché. L'exemple de Cicéron montre que ses propriétés étaient constituées d'unités productives indépendantes, selon le schéma précédemment établi. Les grandes exploitations d'un seul tenant sont rares, et commencent à se réaliser par la concentration progressive de quelques propriétés dans un même municipe77. Ainsi, le latifundium fait son apparition vers 70-50 av. J.-C. Mais c'est un phénomène encore limité, qui prend de l'extension sous l'Empire : Auguste supprime les limitations qui s'opposaient encore à la constitution de grands domaines78.

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La table de Veleia permet de suivre la genèse de la grande propriété latifondiaire. La première étape voit la réunion de petites parcelles voisines les unes des autres en un domaine esclavagiste de 50 à 100 jugères79. La Seconde étape se caractérise par la

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concentration de ces domaines entre les mains d'un seul propriétaire. Mais à la différence de l'époque républicaine, ces domaines tendent à être regroupés dans les limites d’un même pagus, avec l'intention de former une propriété d'un seul tenant 80. Toutefois le développement de la propriété latifondiaire à partir de la seconde moitié du I er siècle ap. J.-C. ne met pas fin à l'existence de la uilla esclavagiste, dont le déclin commence seulement à la fin du Ier siècle ap. J.-C. et au début du IIe81. 44

Dans sa conclusion, V. I. Kuziščin retrace le développement du mode de production esclavagiste en Italie. De l'esclavage patriarcal, « orienté vers la production de moyens de subsistance directs » (VIe-IIIe siècles), on passe à l'esclavage classique, « orienté vers la production de plus-value »82 (II e siècle av. J.-C.-IIe siècle ap. J.-C.). Puis c'est la décomposition des rapports esclavagistes et l’apparition d'un nouveau mode de production IIIe-Ve siècle ap. J.-C.).

45

Ces deux ouvrages de V. I. Kuziščin apparaissent comme des travaux fondamentaux sur les problèmes agraires du monde romain et ne sont pas dépourvus d'intérêt pour l'historien occidental. V. I. Kuziščin utilise une bibliographie étendue, où figurent en bonne place les études de V. Sirago. E. Gabba, L. Capogrossi Colognesi, J. H. d'Arms, K. D. White, R. Martin et d'autres encore. Si K. D. White, Roman Farming, Londres. 1970. distingue, à la suite de H. Dohr83, les domaines en fonction de leurs dimensions, des cultures pratiquées, des systèmes d'exploitation, et étudie ensuite à part les traités d'agronomie, l'historien soviétique, regroupant toutes les données, présente un tableau structuré de la propriété en fonction des critères économiques : nature et organisation de la main-d'œuvre, liens avec le marché, organisation de l'exploitation sous tous ses aspects, niveau des procédés techniques, caractère de la production, rentabilité. Cela lui permet de distinguer plusieurs types de domaines esclavagistes. On pourra certes discuter cette classification. Ainsi il paraît difficile d'accepter les conclusions relatives au longinquus fundus. domaine fonctionnant en circuit fermé et n'apportant à son propriétaire que des revenus très limités. Dans ce cas, il convenait de montrer plus nettement le rôle de la propriété foncière comme élément du statut social.

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Le domaine esclavagiste romain met bien en lumière la permanence de la ferme paysanne, qui continue à jouer un rôle économique même après l'établissement de la uilla esclavagiste. On voit comment ce type d'exploitation s'est maintenu sous l'Empire dans les domaines des colons.

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Le principal reproche que l'on peut faire à V. I. Kuziščin concerne sa documentation archéologique qui. pour l'essentiel, remonte à M. Rostovtseff et ignore des découvertes capitales comme par exemple la uilla des Volusii Saturnini à Lucus Feroniae 84. ou des études du type de celles de U. Kahrstedt sur la Grande-Grèce85. L'utilisation de tout ce matériel aurait à coup sûr considérablement étoffé la recherche du savant soviétique.

C. La communauté des petits producteurs libres 48

A côté d'une série de travaux sur les agronomes latins86 et les techniques agraires 87. on trouve un certain nombre d'études sur la communauté (obščina). thème qui retient particulièrement l'attention des historiens. Les spécialistes de Rome comme ceux de l'Orient ancien s’attachent à définir les types d'associations qui rassemblent les petits producteurs libres, associations caractéristiques de la société sans classes, mais qui se maintiennent même après l'instauration du mode de production esclavagiste88. Déjà dans La morale et la religion des classes opprimées de l’Empire romain (L'Italie et les provinces

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occidentales), Moscou, 1961, E. M. Štaerman avait retracé « le destin de la communauté dans les provinces occidentales » (pp. 30-52) et souligné la permanence des organisations collectives de type archaïque, aboutissant ainsi aux mêmes conclusions que E. Sereni à propos de la péninsule italique89. 49

Plus récemment, ce thème a pris un nouvel essor. Dans une communication sur « les types de communautés dans le monde antique » présentée au XIVe congrès international des sciences historiques à San Francisco en août 1975 et préparée par une discussion à l’Institut d'histoire de l'Académie des Sciences à Moscou en janvier 1975, E. S. Golubcova, V. I. Kuziščin et E. M. Štaerman font le point sur les conceptions soviétiques en vigueur et les problèmes débattus90. La communauté est ainsi définie : « We may agree to give the name of community to a group of people, which has formed historically, is closed within itself and is socially more or less homogeneous. This group must exercise sovereign property rights over a tract of land, which it inhabits and protects from outside seizures. The communality of the group is expressed in cooperative labour (including shared responsibility and drought resources) which is employed in the use of common assets. The group is also selfgoverned and forms a socio-psychological and religious unit » 91.

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Ainsi, la communauté ne se définit pas seulement par des rapports de type économique et social. C’est en même temps une unité psycho-culturelle, indication significative de l’orientation actuelle de la recherche de U.R.S.S.92.

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L’historiographie soviétique distingue deux types de communautés, qui peuvent exister simultanément, mais dont la première est antérieure à la seconde : la communauté familiale ou de clan, fondée sur les liens du sang, et la communauté territoriale, ou rurale, ou de voisinage93. (Dans le premier cas, la terre, possédée en commun, est sous le contrôle d’une assemblée composée de tous les membres de la communauté et ne peut être cédée à un étranger. Dans le second cas, la propriété privée prédomine et l'on voit progressivement s'accroître l’inégalité sociale entre riches et pauvres.

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Un problème surgit alors, sur lequel les avis des historiens divergent : la polis (ou la ciuitas ) peut-elle être considérée comme un type particulier de communauté ? Pour les uns, seules les petites cités sont définies comme des communautés, mais non les grandes. Pour d’autres, la victoire des plébéiens sur les patriciens, à Rome, fonde une communauté civique qui exerce son contrôle sur la terre et entretient des relations directes, immédiates, avec chacun de ses membres94. Pour d'autres encore, la polis a pu se développer à partir d'une communauté, mais elle-même n'en possède plus les traits spécifiques. Polis et communauté constituent en ce sens deux catégories sociales différentes. Ainsi se trouve posé, à propos de la communauté, le problème plus vaste de la genèse de la polis95.

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Des études plus concrètes s'attachent à analyser les communautés dans les différentes régions du monde antique. Signalons par exemple le livre de E. S. Golubcova, La communauté rurale d’Asie Mineure (IIIe siècle αν. n. è.-IIIe siècle de n. è.), Moscou, 1972 96. L'historienne, qui dans un précédent ouvrage avait décrit les collectivités indépendantes situées sur les terres d’État97, envisage ici les communautés installées sur le territoire des villes, communautés dont elle évoque la vie économique, sociale, politique et idéologique. Il est à noter que cette étude replace l'histoire de l'Asie Mineure dans le cadre de la formation esclavagiste et ne pose pas le problème du mode de production asiatique. La seconde partie, la plus importante, est consacrée à la période romaine. Les documents épigraphiques révèlent de grandes différences entre les communautés, dont l'évolution

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dépend de l'influence plus ou moins grande exercée par les cités sur les terres desquelles elles se trouvent. La décomposition des organisations villageoises traditionnelles et les progrès de la propriété privée sont plus rapides et plus complets dans la partie occidentale de l'Asie Mineure, où les villes sont nombreuses et structurées, que dans les régions centrales et orientales, où les cités sont plus rares. Ce fait se traduit aussi dans le domaine religieux : le christianisme se répand mieux dans les villages de l'Asie Mineure occidentale que dans le centre et l'est du pays, où prédominent encore le culte des divinités locales. 54

Dans la sphère sociale, la désagrégation des anciennes communautés provoque la constitution d'une aristocratie locale, dont l'existence est attestée par une série de monuments funéraires d'une facture soignée98 ; cette désagrégation est accélérée par l'arrivée d'étrangers, venus pour des motifs variés (artisans, commerçants, paysans des villages voisins, affranchis, habitants d'autres pays méditerranéens). Les collectivités établies sur les terres d'État conservent mieux leurs anciennes caractéristiques.

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E. S. Golubcova examine de plus près les problèmes culturels dans L idéologie e ! la culture de la population rurale de l'Asie Mineure du Ier au IIIe siècles, Moscou, 1977. L'unité de la communauté villageoise est cimentée par une religion de caractère démocratique et collectif. A côté du culte des divinités protectrices du groupe, dotées d'épithètes provenant du nom des localités, on voit se répandre parmi les couches inférieures de la population la vénération pour des dieux comme Hélios, qui acquièrent un caractère universel.

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Dans son compte rendu de cet ouvrage99, E. M. Staerman indique que la distinction entre communautés familiales et communautés territoriales (rurales) s'affirme dans le domaine religieux ; là où le premier type s'est maintenu (sur les bords du Rhin, dans certaines régions de la Gaule et de l'Espagne), les divinités, qui tirent leur nom de celui des collectivités familiales, sont souvent identifiées aux Lares (protecteurs de la famille romaine) ou aux Génies (autrefois dieux du clan romain), et ont tendance à former un groupe indifférencié du genre Matres, Matronae, Ilinottes. etc. ; là au contraire où régnent les communautés territoriales (en Asie Mineure, en Thrace), les dieux reçoivent des épithètes forgées à partir du nom géographique et sont mieux individualisés dans leur dénomination, leurs fonctions, leur iconographie.

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Si les historiens s'accordent à reconnaître l'importance des communautés dans l'histoire des provinces orientales, il n'en va pas de même pour les provinces occidentales. A. R. Korsunskij. « Sur l'organisation villageoise dans le système d'exploitation du sol dans les provinces occidentales au Bas-Empire »100, se fonde sur les textes juridiques pour affirmer que les collectivités rurales ont eu une existence et un rôle limités en Occident et que les petits propriétaires libres n'ont jamais été dans l'Empire romain la classe productrice fondamentale. E. M. Štaerman, « Encore une fois à propos de la communauté rurale romaine »101, contredit très énergiquement cette thèse : le Digeste et les Codes reflètent les rapports fondés sur la propriété antique, privée, et non les conditions propres aux communautés familiales ou rurales. La réalité de celles-ci est cependant perceptible dans certains textes qui font allusion aux coutumes locales102, ainsi qu'à travers les structures de certaines organisations collectives calquées sur les anciennes communautés103. Pagi, uicinia et uici, avec leurs magistrats, leurs lois, leurs cultes et leurs fêtes, leurs terres et leurs biens propres, sont des survivances des communautés archaïques.

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Les recherches soviétiques dans le domaine des rapports agraires mêlent étroitement, on le voit, questions théoriques et analyses concrètes, qui se complètent mutuellement. Elles se ramènent à quelques orientations fondamentales, parmi lesquelles le thème de la communauté, renouvelé par les discussions sur le mode de production asiatique, occupe une place de choix et donne lieu à des débats entre spécialistes. Mais la connaissance indirecte et limitée des découvertes archéologiques récentes, en Italie notamment, fait que ces études restent en définitive trop générales et n'abordent pas le problème du mode de production esclavagiste d'après le matériel des fouilles et l'observation du terrain. Une méthode semblable se révèle fructueuse, et à cet égard les travaux des archéologues italiens menés dans le cadre de l'Istituto Gramsci et présentés au séminaire international de Pise en janvier 1979 sont exemplaires104. Une telle approche des problèmes agraires n'est certes pas inconnue en U.R.S.S., mais elle se borne aux sites fouillés par les archéologues soviétiques sur le littoral de la Mer Noire. De l'abondante bibliographique à ce sujet, mentionnons seulement la monographie de I. T. Kruglikova, L'agriculture du Bosphore, Moscou. 1975, qui repose sur une analyse des données archéologiques. Et depuis 1974 l'Université de Moscou dispose d'une mission archéologique permanente spécialement chargée d'étudier les rapports agraires et l'économie rurale dans la presqu'île d'Héraclée du Pont.

III. L'histoire sociale De Rome des origines au HautEmpire A. L apparition de la société esclavagiste à Rome 59

Le thème de la communauté déborde largement le cadre des problèmes agraires et se situe dans la perspective de la genèse de la polis, problématique qui intéresse spécialement les historiens marxistes, sensibles avant tout aux périodes de transition. L’apparition de la ciuitas à Rome marque le passage de la société sans classes à la première société divisée en classes ; il s'agit donc de découvrir les mécanismes de cette transition et de décrire la façon dont les structures héritées de la communauté primitive se maintiennent et se modifient dans le sytème de la formation esclavagiste.

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Dans un article déjà cité105, V. V. Vinogradov étudie très brièvement le passage de la communauté familiale (de clan) à la communauté territoriale (rurale). En avril 1975, lors d'une réunion de spécialistes de l'Antiquité à l'Académie des Sciences de Moscou, I. L. Majak présente une communication sur « la genèse de la polis romaine »106. Pour elle aussi, la cité de Rome ne s'est pas constituée directement à partir des communautés familiales en décomposition, mais à partir des communautés territoriales (rurales), stade de transition vers la société de classes.

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Les questions agraires sont au cœur de l'étude de F. M. Necaj, Formation de l'État romain, Minsk, 1972. Replaçant l'histoire de Rome à ses débuts dans la succession des formations économico-sociales, l'historien montre comment la désagrégation du régime de la communauté primitive entraîna des inégalités économiques, sociales et politiques entre patriciens et plébéiens. Les luttes entre ces deux groupes ont un arrière-plan économique et les rapports agraires y jouent un rôle capital.

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Au VIIIe siècle av. J.-C., Rome est au stade de la démocratie militaire, dernière phase du régime de la communauté primitive107. Guerres et razzias ont une fonction économique :

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assurer la possession des territoires voisins et fournir des esclaves à bon compte. A la propriété collective sur la terre et le bétail succède la propriété privée : les biens du clan passent aux mains des familles et très vite la répartition des biens par voie d'héritage provoque une différenciation économique entre riches et pauvres. Le développement de cette différenciation passe par les rapports agraires. 63

La division entre patriciens et plébéiens n'est pas l'expression d’un dualisme ethnique (Niebuhr), mais est provoquée par des facteurs économico-sociaux apparus avec la décomposition de la propriété communautaire. Les moyens de production – la terre essentiellement – et le pouvoir politique appartiennent aux patriciens, descendants de l'ancienne aristocratie gentilice, et la «constitution servienne » entérine leur prédominance108.

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L’instauration de la république oligarchique met la superstructure politique en harmonie avec la nouvelle base économique. Les VI e et V e siècles sont marqués par la naissance de cités-États esclavagistes en Italie. Les luttes entre patriciens et plébéiens se déroulent autour des questions agraires109. (Les leges Liciniae Sextiae, expression des tensions économiques et politiques vers 370, indiquent que la concentration de la propriété foncière entre les mains d'une minorité de propriétaires d'esclaves est une réalité dès le IVe siècle av. J.-C.110.

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Entre 366 et 265, l'influence de la plèbe dans la vie économique, politique et militaire de Rome s'accroît. Un certain nombre de mesures démocratiques en témoignent : lois concernant l'armée, réformes de Q. Publilius Philo111 et de C. Petilius Libo Visolus. Dans le même temps, l'autorité des patriciens s'amenuise : les fastes consulaires de 366 à 265 transmettent le nom de 19 genies patriciennes, contre 55 entre 509 et 367. 37 d'entre elles ont donc disparu de la vie politique. Ne survivent que les plus solides, celles qui se montraient actives dès avant les lois liciniennes. Pour la même période, 29 genies plébéiennes sont mentionnées. L'ensemble de toutes ces gentes 112 forme la nobilitas, qui maintient sa domination sur les Italiens jusqu'à la guerre sociale.

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L'ouvrage de F. M. Nečaj n'est pas sans intérêt. Il tente de retracer les diverses étapes des luttes entre patriciens et plébéiens en montrant comment les problèmes agraires, suscités à la fois par la différenciation économique à l'intérieur de la communauté civique et par la conquête de nouveaux territoires, déterminent l'orientation des conflits sociaux113. L'historien met en lumière l’existence de plusieurs couches plébéiennes, dont la situation économique, les intérêts et les méthodes d’action divergent. Les plus riches, qui aspirent à participer au gouvernement de la cité, agissent par l’intermédiaire des assemblées de la plèbe et des tribuns114. Ceux dont la position est plus précaire se battent pour l'abrogation des dettes et le partage de l'ager publiais ; pour parvenir à leurs fins ils ont souvent recours aux sécessions et aux soulèvements armés. Enfin la masse inorganisée – parce que n'entrant dans aucun cadre civique ou militaire – a les mêmes aspirations que les plébéiens des classes inférieures, mais ses interventions sont plus difficiles à cerner. F. M. Nečaj voit un épisode de ses luttes dans l'« affaire des poisons » de 331 av. J.-C. (Tite-Live, VIII, 18, 2). « A notre avis, écrit-il, ce fut une manifestation de la lutte de classe des femmes et des filles des plébéiens de la 6e classe, tombées par suite de l'asservissement pour dettes au pouvoir de la nobilitas – des primores ciuiitatis » 115.

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L'affirmation, qui n'est étayée par aucun argument, apparaît fort contestable.

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Par ailleurs F. M. Nečaj a tendance à accepter sans examen les données de la tradition, sur lesquelles il fonde son raisonnement. C'est ainsi qu'il admet d'emblée les chiffres du cens de Servius Tullius, dont les spécialistes contestent l'authenticité116. Son étude repose essentiellement sur les textes littéraires et fait très rarement appel à la documentation archéologique, d'ailleurs ancienne117.

B. Les rapports entre Rome et l'Italie du IIIe au Ier siècles av. J.-C 69

I. L. Majak, Les relations mutuelles entre Rome et les Italiens aux IIIe-IIe siècles aν. n. è. (avant le mouvement des Gracques), Moscou, 1971, montre plus de circonspection à l’égard des sources. L'historienne analyse le système des alliances établies par Rome après la guerre de 340-338 et replace l'évolution des communautés d'Italie dans le cadre du développement économique des IIIe-IIe siècles.

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La progression de Rome en Italie centrale et méridionale au III e siècle est favorisée par la situation sociale des différentes cités-États : les contradictions de classes amènent l'aristocratie esclavagiste à chercher auprès des Romains un appui dans ses luttes contre la plèbe urbaine. L'essor du commerce provoque la constitution, dans la noblesse même, d'un groupe intéressé aux activités commerciales.

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Une étude de l'itinéraire d'Hannibal en Italie et de l'attitude des différentes communautés envers lui118 révèle le rôle déterminant des intérêts de classe. Si l'aristocratie marchande tient pour Rome, garante de sa prospérité, les grands propriétaires, dont les terres ont été en partie confisquées par Rome, et la plèbe, qui souhaite des changements démocratiques, sont favorables à Carthage119.

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L'intensification de l'activité économique aggrave les contradictions, en particulier entre citoyens romains et alliés. Ceux-ci, qui ressentent lourdement la domination de Rome, cherchent par tous les moyens – établissement à Rome, esclavage fictif120 – à obtenir la citoyenneté romaine. La question des alliés devient ainsi l'un des problèmes essentiels, et ne se limite pas au problème agraire, comme le pense F. M. Nečaj 121 ; déjà avant l'époque des Gracques il se pose aussi en termes politiques.

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A la fin de son ouvrage. I. L. Majak tente de cerner le mécontentement des alliés à travers des événements comme l'« affaire des poisons » ou le scandale des Bacchanales. Mais la participation des alliés est simplement affirmée, sans arguments à l'appui. C'est d'ailleurs l'une des faiblesses de ce livre, qui se contente dans bien des cas d'indications rapides que rien ne vient corroborer. Ainsi à propos de la politique d'Appius Claudius Caecus en faveur des milieux du commerce. Ainsi également à propos de la nature de la colonia ciuium Romanorum aux Ve-IVe siècles, entendue « non pas comme une communauté de personnes possédant tous les droits de la citoyenneté romaine, mais comme une alliée privilégiée de Rome, comme une citéÉtat dont les habitants étaient essentiellement des individus venus de Rome » 122.

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C'est à une analyse purement politique que se livre N. N. Trukhina. « Les groupes sénatoriaux et la colonisation de l'Italie dans le premier quart du IIe siècle av. n. è. »123. Le type des colonies et l'étude prosopographique des diverses commissions chargées de leur déduction révèlent deux étapes dans l'histoire de la colonisation entre 200 et 177, étapes liées à l'influence prépondérante de certains groupes politiques. Jusqu'en 189 la colonisation est l'œuvre des Scipions qui, pour des raisons stratégiques et politiques, fondent à la fois de petites colonies de citoyens romains et de grandes colonies latines

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peuplées de vétérans124. La colonisation se fait ensuite sous l'impulsion d'un groupe sénatorial constitué autour de Lépide. Tib. Gracchus et des Fulvii – ces derniers prenant une autorité prépondérante vers 180-179. A ce second stade, on fonde des colonies de citoyens d'un type nouveau, très peuplées, vraisemblablement de caractère démocratique. 75

Cette étude est révélatrice d'une tendance nouvelle dans la recherche soviétique, tendance marquée par un intérêt visible pour l'histoire politique et qui s'attache à mettre en lumière la structure et le rôle des classes dirigeantes, précédemment peu étudiées. Il est significatif que les travaux de N. N. Trukhina s'inscrivent dans la perspective d'une thèse sur « Le problème de la structure de la classe dirigeante des propriétaires d'esclaves romains à partir de l'exemple de l'aristocratie sénatoriale à la limite des II e- Ier siècles av. n. è. », thèse soutenue à Moscou en 1974. Le vocabulaire ne doit pas dissimuler le fait que les préoccupations sont identiques à celles de la recherche occidentale classique. D'autres études vont dans la même voie125.

C. La fin de la République et l'Empire 76

Les recherches sur la fin de la République s'articulent autour d'un certain nombre de questions telles que la signification des guerres civiles dans l'histoire de Rome et la nature du passage de la République à L'Empire, la composition des divers groupes de la classe dirigeante et les clivages entre eux. le rôle de l'armée dans la vie politique et sociale, les personnages historiques de premier plan. S. L. Utčenko (1908-1976) apparaît comme l'un des historiens soviétiques les plus en vue126. Il revient au problème de l'établissement de l'Empire dans La Rome antique. Les événements. Les hommes. Les idées. Moscou. 1969. ouvrage conçu comme une série d'études indépendantes, les unes d'histoire événementielle (« Les événements, les hommes »), les autres consacrées à différents aspects de l'idéologie romaine (« Les idées »). Ce livre reprend en fait des thèses déjà développées dans La crise et la chute de la République romaine. Moscou. 1965.

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Les événements qui ont eu lieu depuis le mouvement des Gracques jusqu'à la guerre sociale constituent une révolution sociale dirigée contre Rome-polis et caractérisée par la lutte de la paysannerie d'Italie pour des terres et des droits politiques. Les guerres civiles de la seconde moitié du I er siècle av. J.-C. ne font plus partie de la révolution proprement dite, elles en sont la conséquence – l'adaptation des « conquêtes » aux intérêts des couches les plus actives de la classe dirigeante – et trouvent leurs équivalents dans l'histoire ultérieure : « La révolution romaine des II e-Ier siècles av. n. è. a connu son Thermidor (le coup d'État de Sylla), son 18 Brumaire (la dictature de Sylla), et enfin une Restauration stable et de longue durée (le principat d'Auguste), qui ne s'est pas établie en une seule fois, on le sait, mais a été le résultat de luttes acharnées et sanglantes » (p. 28).

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La crise de la République s'inscrit dans le cadre plus vaste de la crise de la polis, dont elle est la conséquence dans le domaine des institutions politiques. La désagrégation des organes de la démocratie fondée sur la polis, l'incapacité du pouvoir à gérer les provinces dans l'intérêt de la collectivité et les changements survenus dans la composition de la classe dirigeante expliquent que les forces sociales nouvelles recherchent des structures politiques plus satisfaisantes et des méthodes de combat plus efficaces. Les luttes de la première moitié du I er siècle amènent à la lumière et ces formes politiques neuves – le pouvoir d'un seul – et l'instrument de leur réalisation – l'armée. D'où l'apparition sur la

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scène politique d'hommes qui, s'appuyant sur les soldats, cherchent à obtenir un pouvoir sans partage. Dans cette optique, S. L. Utčenko prête attention aux individualités (Sylla, Catilina, Clodius, César, Antoine) poussées en avant par les exigences mêmes de l'époque et les conditions des luttes socio-politiques. 79

Dans la seconde partie, l'historien analyse à partir de quelques exemples le reflet de la crise de la polis dans l'idéologie. L'éclatement de la collectivité civique fondée sur l'autarcie explique la pénétration des idéaux hellénistiques et le succès des conceptions individualistes et cosmopolites des stoïciens. La lutte de Caton en faveur de la morale traditionnelle, reposant sur l'idéal de la cité-État, se situe dans ce climat de crise et est ressentie par certains comme un combat contre une maladie qui infecte la société : d'où sa statue dans le temple de Salus. La théorie du déclin des mœurs est encore une conséquence de la crise de la polis. Dans le domaine idéologique, la victoire du principat est préparée par des mots d'ordre mettant en avant la concorde, mots d’ordre qui apparaissent dans le programme politique de Cicéron et expriment les aspirations de larges couches de la population, lasses des guerres civiles.

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S. L. Utčenko revient au personnage et à l'œuvre de Cicéron dans une monographie de 1972 (réédition en 1973), Cicéron et son temps, traduite en italien127 ; dans le même esprit il consacre une étude à César, qui connaît un grand succès de librairie128. Ces deux ouvrages sont symptomatiques de l'évolution de l'historien, qui, des problèmes théoriques de la formation esclavagiste, est passé à l'histoire événementielle la plus ordinaire.

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B. P. Seleckij, professeur à Pskov, a publié une série d'articles sur l’histoire sociale de la fin de la République, s'intéressant notamment aux classes dirigeantes (Sénat et ordre équestre). Un simple coup d'œil sur la bibliographie récente de cet historien révèle une orientation vers des analyses concrètes qui rejoignent celles des chercheurs occidentaux 129 . Il n'est pas étonnant, donc, que l'une des dernières publications de B. P. Seleckij soit une discussion, sur des points extrêmement précis, des thèses de E. Gabba, E. Badian et E. S. Gruen.

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Reprenant dans un article de 1973, « Les chevaliers romaine dans la dernière période du mouvement de Saturninus ». l'idée de C. Nicolet selon laquelle les intérêts des chevaliers étaient profondément divisés130, Seleckij montre comment les différents groupes de l'ordre équestre, les uns après les autres, abandonnent Saturninus et Glaucia : d'abord les chevaliers les plus riches, dont les vues politiques sont proches de celles des sénateurs, et qui lâchent les populares dès 102 ; puis la masse des chevaliers, qui passe du côté des optimates à la fin de 100, après le meurtre de Memmius ; seuls les publicains et les négociants, dont les intérêts économiques coïncident avec le programme de Saturninus, restent jusqu'à la fin dans le camp des populares.

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La même vision de l'ordre équestre sous-tend un autre article de B. P. Seleckij, consacré à une analyse de vocabulaire dans une perspective historique131. Étudiant les emplois de consensus (consensio) bonorum dans la Correspondance de Cicéron, il conclut que le contenu de la formule a varié en fonction des circonstances politiques et sociales. Au moment de la conjuration de Catilina, l'expression, synonyme de concordia bonorum. définit l'alliance entre le Sénat et l'ordre équestre. Entre 54 et 46, elle ne désigne plus que le groupe réduit de ceux qui partagent les vues politiques de Cicéron. En 43 enfin, une nouvelle formule, omnium ordinum consensus, révèle la volonté de ressusciter l'ancienne concordia ordinum. Mais les temps ont changé, et la formulation plus vague montre bien que Cicéron conçoit

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l'impossibilité de rassembler autour d'un même programme l'ordre équestre tout entier : la masse des chevaliers préfère l'alliance avec les populares. Une nouvelle fois, par un autre biais, les conclusions de B. P. Sekeckij sont conformes à celles de C. Nicolet. 84

Les études de vocabulaire, si elles ne sont pas nouvelles en U.R.S.S. 132. acquièrent une dimension nouvelle dans la mesure où elles s'intégrent à une perception plus pragmatique, plus nuancée, de la société romaine. De la même façon, A. B. Egorov – qui prépare à Leningrad une thèse sur « les partis politiques à Rome à l'époque des guerres civiles des IIe-Ier siècles av. n. è. » – se fonde sur les emplois de factio et pars chez quelques écrivains de la fin de la République et du Haut-Empire pour distinguer deux sortes de groupes intervenant de façon différente dans la vie publique133. L'un (factio) rassemble, en vue d'une action directe, des hommes appartenant à la nobilitas ; l'autre (pars). constitué autour d'un individu, comprend des sympathisants qui ne sont pas nécessairement prêts à intervenir activement dans la politique. Cette étude – et c'est l'une des particularités de bien des travaux soviétiques – ignore les acquis de la recherche occidentale dans le même domaine : non seulement la thèse de J. Hellegouarc'h sur le vocabulaire politique de la fin de la République134, pourtant connue de B. P. Seleckij, mais également les études récentes de R. Seager et A. Bartole135. Malgré une certaine ouverture, l'information a donc encore des difficultés à circuler.

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Le personnage et l'œuvre de Cicéron font l'objet de quelques travaux. Outre la monographie de S. L. Utčenko et les études de B. P. Seleckij, quelques articles sont centrés sur les écrits cicéroniens136. En particulier un psychiatre, D. V. Afanas'ev, montre que les livres III et IV des Tusculanes sont d'un grand intérêt pour l'histoire des maladies mentales 137 . En effet. Cicéron décrit à partir de sa propre expérience les symptômes de ce que l'on appelle une dépression nerveuse et indique différentes thérapeutiques. Sa terminologie même est proche de celle de la psychiatrie moderne138.

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Depuis le petit volume de V. A. Gol'denberg, Esquisse d'une histoire de l’Empire romain au I er siècle de n. è. La guerre civile de 69, Kharkov, 1958, l'histoire politique et sociale de l'Empire n'a donné lieu à aucune œuvre de synthèse. On trouve certes des indications sur la vie économique et sociale à l'époque impériale ainsi que des renseignements sur des points précis de la politique d'Auguste et de ses successeurs dans les livres de V. I. Kuziščin ou dans l'étude de E. M. Štaerman sur l'esclavage au Haut-Empire139, mais aucune recherche n'est spécialement consacrée à l'Empire. Quelques travaux limités simplement : sur les corporations et les collèges140, les révoltes sous le règne de Tibère141, le rôle de l'armée dans la vie politique de l'Empire142. la personnalité et l'œuvre de Tacite143 – pour ne citer que les principaux articles.

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Les quelques œuvres examinées ici n'épuisent assurément pas la recherche soviétique sur la République et l'Empire, mais permettent cependant d'avoir une représentation assez nette de ses orientations les plus significatives. Les écrits de S. L. Utčenko sont exemplaires à cet égard : ils conjuguent à la fois l'attention aux problèmes théoriques de la formation esclavagiste et le goût, plus récent en Union soviétique, pour l'histoire événementielle, la biographie des acteurs de l'histoire et les aspects culturels et idéologiques des conflits sociaux. L'évolution de l'historien vers le second type de questions est propre à une partie de la science historique soviétique.

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IV. L'esclavage 88

Depuis 1960, l'esclavage est le principal thème de la recherche en histoire ancienne et fait l'objet d'un travail planifié et coordonné dans le cadre de l'Institut d'histoire de l'Académie des Sciences144. Depuis lors des contacts ont été établis avec la Commission d'histoire ancienne de l'Académie des Sciences et de Littérature de Mayence, dirigée par J. Vogt, et avec le Centre de recherche sur l'esclavage de Besançon (Équipe de Recherche Associée au CNRS 520), groupé autour de M. et P. Lévêque, permettant ainsi des échanges fructueux145. Depuis que ce programme a été lancé en U.R.S.S., de très nombreux articles ont été publiés sur ce thème, et la collection créée à cet effet par les Éditions « Nauka » compte aujourd'hui 10 ouvrages sur l'histoire de l'esclavage : 1 pour l'Orient ancien, 4 pour la Grèce et 5 pour le monde romain146.

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Les problèmes abordés sont multiples et les enquêtes tentent de rendre compte, dans la mesure du possible, de tous les aspects de la réalité servile : nature de la dépendance, sources de l’esclavage, place des esclaves dans les diverses branches de l'économie, formes de la lutte de classe des esclaves, aspects idéologiques de la question servile. Étant donné que certaines de ces études – en particulier celles de E. M. Štaerman – sont accessibles en allemand ou en italien, et que l'on dispose du panorama de P. Petit sur « l'esclavage antique dans l'historiographie soviétique »147, on se contentera ici de signaler les grandes orientations de la recherche, sans entrer dans le détail des résultats obtenus.

A. Les formes de la dépendance 90

S'interrogeant sur la nature et les particularités de l'esclavage antique, les historiens sont amenés à s'intéresser aussi aux autres formes de la dépendance et à considérer, soit théoriquement, soit au cours d'investigations concrètes, la question des relations entre celles-ci et l'esclavage proprement dit. Ainsi, dans le volume consacré à la dépendance dans la Méditerranée orientale, K. K. Zel'in envisage les deux aspects du problème. Dans un premier temps, il cherche à définir « les principes d'une classification morphologique des formes de la dépendance »148. Les esclaves représentent une catégorie particulière de personnes dépendantes, « appartenant à l'ordre des esclaves, c'est-à-dire reconnues comme tels par le droit en vigueur, propriété d'autres personnes, de collectivités ou même d'une « divinité », pas nécessairement réduites à l'état de marchandise ou privées des moyens de production ni même de tout droit en matière juridique, pas nécessairement opprimées de la façon la plus cruelle » 149.

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Cette définition est un écho, semble-t-il, des discussions sur le mode de production asiatique. Elle s'élève en effet contre la conception de l'esclavage généralement admise, qui avait permis à certains historiens de nier l'existence du mode de production esclavagiste dans les pays de l'Orient ancien150. Pour K. K. Zel'in. les principes qui président à la classification des formes de dépendance sont les suivants : 1. Le degré et la forme de la contrainte extra-économique (c'est-à-dire de l'exploitation). La domination du maître s'exerce – totalement ou en partie – sur la personne du travailleur, ou/et sur les moyens de production. 2. La place et l'importance de ces formes de dépendance dans la structure générale de la société, dans le système des ordres et des classes.

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3. La situation de ces formes par rapport à la production marchande qui, dans bien des cas, favorise le renforcement de la contrainte extra-économique : l'homme dépendant devient marchandise. objet d'achat et de vente. 4. Les conditions historiques de la genèse et de l'évolution des formes de dépendance, soit phénomène isolé, relevant du droit privé (asservissement d'un débiteur ; vente volontaire, etc.), soit résultat d'une intervention de l'État, relevant alors du droit public (asservissement par conquête, exigences du fisc). 92

Dans un deuxième temps. K. K. Zel'in examine à partir des documents les diverses catégories de personnes dépendantes en Égypte hellénistique. La dépendance y prend les formes suivantes : a. Formes reposant sur la contrainte 1. travail des détenus dans les mines d'or de Nubie ; 2. esclavage. a. Formes fondées à la fois sur un contrat et sur la contrainte 1. travail dans les mines, le système d'irrigation, l'agriculture ; 2. travail des soldats des catégories inférieures (μάχιμοι) ; 3. travail des journaliers salariés (έργάται) ; 4. obligations résultant de la paramonè ; 5. rapports établis par suite de la vente par l'État de ses sources de revenus (catégorie des ὑποτελεῖς) ; 6. dépendance des fermiers établis sur les terres royales ; 7. obligations résultant de la consécration à une divinité (hiérodulie).

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Toutes ces formes de dépendance se ramènent en définitive à un principe unique : l'exploitation des masses laborieuses par la classe dirigeante au moyen d'un appareil d'État particulièrement efficace.

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L'analyse de K. K. Zel'in mérite de retenir l'attention, car elle s'efforce de saisir, au niveau des concepts d'abord, les différences fondamentales qui séparent des groupes de la population occupant une place identique dans l'économie et soumis à une même exploitation151. C'est le statut juridique – l'appartenance à l'« ordre » servile – qui définit l'esclave.

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Si les formes de dépendance peuvent être très variées, l'esclavage lui-même ne constitue pas une catégorie monolithique. Les études sur la situation des esclaves dans les provinces à l'époque impériale révèlent l'influence des formes de dépendance locales sur l'esclavage « classique ». Ainsi dans les régions centrales et orientales de l'Asie Mineure, loin des grands centres esclavagistes, il existe des relations de type patriarcal entre les esclaves ruraux et leurs maîtres – comme aussi entre les affranchis et leurs patrons 152.

B. Les sources de l'esclavage 96

Parmi les sources de l'esclavage, entend à mettre en avant – à côté de la vente des prisonniers de guerre, de l'achat d'esclaves provenant des régions limitrophes du monde romain et de l'asservissement des populations pauvres dans les provinces – la « reproduction naturelle » des esclaves, favorisée par la reconnaissance des liens de parenté à l'intérieur de la familia servile. Ce phénomène s'observe aussi bien à Rome et en Italie153 que dans une province comme l'Égypte, où prédomine la petite exploitation

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esclavagiste, de caractère familial, utilisant 2 à 7 esclaves, parmi lesquels figurent des enfants154. Toutefois, G. E. Lebedeva, « Le Code Théodosien et le Code Justinien à propos des sources de l'esclavage »155, montre l'importance des « sources extérieures » de l'esclavage (asservissement des prisonniers de guerre, commerce des esclaves) tout au long de l'époque impériale.

C. La place des esclaves dans l'économie 97

Comme le souligne K. K. Zel'in, c'est le rôle des esclaves dans la production qui permet de définir une société comme esclavagiste156. Il n'est donc pas étonnant que les études sur l'esclavage traitent longuement de la place des esclaves dans les différents secteurs de l'économie. De la même façon, on s'en souvient, V. I. Kuziščin, abordant la question de la main-d'œuvre dans l'agriculture, examinait les rapports entre le travail servile et le travail libre dans les divers domaines157. Il analysait la situation de tous les travailleurs ruraux, depuis le petit paysan libre jusqu'à l'esclave enchaîné des ergastules, en passant par toutes les catégories de producteurs directs. Mentionnons encore deux articles sur les esclaves ruraux en Italie, l'un de V. I. Kuziščin, « Les normes et le degré d'exploitation du travail des esclaves ruraux en Italie du IIe siècle av. n. è. au Ier siècle de n. è. (Le problème de la productivité du travail servile et de son évolution) »158 l'autre de Μ. I. Rižskij, « Les traits de la crise du mode de production esclavagiste dans l'agriculture de l'Italie au Ier siècle de n, è. »159. Ce dernier, à partir de Columelle, montre que l'esclavage devient un obstacle au développement des forces productives dans l’agriculture italienne et s'oppose en particulier à tout progrès technique. Il faut alors recourir à d'autres méthodes d'exploitation (cultures extensives, où la négligence des esclaves est de moindre portée, affermage d'une partie des terres à des colons). E. M. Štaerman est du même avis : dans les grands domaines, le travail des esclaves est remplacé par celui des paysans libres 160.

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L'esclavage intervient aussi dans l'économie des provinces. Les travaux de N. N. Belova sur la Gaule romaine s'attachent à mettre en lumière la place et le poids du travail servile dans la production. Ainsi, l'examen d'un certain nombre d'inscriptions et de données archéologiques lui permet de conclure à l'existence d'une main-d'œuvre servile dans l'agriculture gauloise, à côté d'autres travailleurs dépendants – affranchis, clients sous l'autorité de riches possessores, colons et, vraisemblablement, aussi ouvriers salariés 161. Dans les régions les plus éloignées de l'influence romaine, les anciennes formes celtiques de dépendance continuent à exercer une fonction importante, même si dans les zones fortement romanisées l'esclavage domine.

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L'artisanat en Gaule fait également appel aux esclaves. Les différentes branches de la production artisanale – poterie, métallurgie, exploitation des mines, joaillerie, travaux de construction, fabrication d'objets courants, etc. – utilisent des esclaves et des affranchis à côté d'hommes libres ; ces derniers sont parfois en majorité, comme c'est le cas dans les ateliers de céramique162.

D. Les luttes des esclaves 100

Contrairement à ce qui s'était passé avant la guerre – pour des raisons très particulières, liées au stalinisme-, les recherches récentes sur l'esclavage ne sont pas obnubilées par les révoltes serviles et. évoquant la lutte de classe des esclaves, elles insistent plutôt sur des

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formes de résistance moins spectaculaires. Il n'y a pratiquement rien sur Spartacus et son soulèvement163. 101

E. M. Štaerman indique que. sous l'Empire, la protestation des esclaves se manifeste souvent par des dénonciations, des actions magiques dirigées contre le maître, et surtout par la fuite164. Mais la lutte des esclaves revêt également des aspects idéologiques et se traduit par la résistance passive à la religion et à la morale officielles et par l'élaboration de croyances et d'un système de valeurs propres aux classes opprimées165.

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Dans les provinces, les témoignages sur les luttes serviles sont rares, morcelés, d'interprétation difficile. Parfois une inscription ou un papyrus jettent quelque lueur sur une situation concrète, sans qu'il soit possible de l'étendre à l'ensemble d'un pays. Ainsi une inscription d'Asie Mineure166 laisse entrevoir l'existence de luttes sociales dans une communauté rurale, mais il s'agit d'un fait isolé167. En Égypte, l'opposition des esclaves s'exprime par la fuite ou la participation à l'assassinat du maître, comme en témoignent de trop rares payrus168. En Afrique, où les conditions économiques entraînent une exploitation accrue des esclaves, les antagonismes sociaux sont plus accentués et se reflètent, par exemple, dans les œuvres de Commodien ou l'idéologie radicale des agonistiques169.

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Les deux volumes récemment parus sur l'esclavage dans les provinces170 révèlent la variété et la complexité des situations réelles, la multiplicité des formes de dépendance, la permanence de certaines particularités locales et permettent de suivre, plus ou moins nettement selon les régions, les progrès de la romanisation, accompagnée d'une pénétration des rapports esclavagistes dans les différentes sphères de la vie économique. L'exemple de la Gaule est particulièrement instructif171. On rencontre le plus grand nombre d'esclaves et d’affranchis dans les régions directement en contact avec la civilisation romaine : provinces proches de l'Italie (Narbonnaise, centre de la Lugdunaise, sud-est de l'Aquitaine), lieux de stationnement de l'armée romaine (bords du Rhin), cités qui étaient d'anciennes colonies romaines (Narbonne, Lyon).

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Ces études montrent également, à partir d'un matériel concret, la non-coïncidence entre statut juridique et situation réelle. Posant le problème de la paramonè d'après les actes d'affranchissement de Delphes, L. P. Marinovič souligne que si les esclaves visés par cette clause sont juridiquement des hommes libres, leur condition de fait est identique à celle des esclaves : comme eux, ils sont soumis à la contrainte extra-économique172. En Syrie et en Palestine également, la place d'un individu dans la société se définit non par l'existence ou l'absence de liens de dépendance, mais par sa participation à la vie économique173. A côté de riches esclaves, se livrant à des opérations commerciales d’une envergure certaine, il y a des hommes libres asservis pour dettes et réduits à l'état d'esclaves temporaires (en Syrie) ou d'ouvriers salariés (en Palestine).

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Dans l’ensemble, les travaux sur l'esclavage révèlent combien il est malaisé de définir nettement la notion d'« esclave ». Ils tendent à mettre en avant les critères juridiques et à considérer les esclaves comme un « ordre » spécial, en dehors de la collectivité civique. Les comparaisons – qui découlent des discussions sur le mode de production esclavagiste – entre le monde gréco-romain et les sociétés de l’Orient ancien font apparaître deux formes d'esclavage : l'esclavage primitif (dans les pays orientaux) et l’esclavage classique, distinction qui permet de situer l’évolution de l’Orient dans le cadre de la formation esclavagiste. En même temps, tous ces travaux contribuent à retracer le développement de cette même formation ; la présence simultanée de plusieurs structures explique les

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particularités locales et le destin du mode de production esclavagiste dans les diverses régions du monde romain.

V. Les provinces romaines 106

Les deux volumes sur l'esclavage dans les provinces se rattachent également au thème des provinces romaines, bien représenté dans l'historiographie soviétique récente, notamment par trois solides monographies : Ju. K. Kolosovskaja, La Pannonie aux Ier-IIIe siècles, Moscou, 1973 ; I. F. Fikhman, Oxyrhynchos, cité des papyrus, Moscou, 1976 ; I. Š. Šifman, La société syrienne à l'époque du principal ( Ier-IIIe siècles de n. è.), Moscou, 1977 – auxquelles il convient d'ajouter le deuxième tome de A. G. Bokščanin, La Partltie et Rome, Le système du dualisme politique en Asie antérieure, Moscou, 1966, et les études de E. S. Golubcova sur la population rurale de l’Asie Mineure174.

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L'ouvrage de Ju. K. Kolosovskaja sur la Pannonie175 est tout à fait représentatif de l'état actuel de la recherche soviétique. Il est en effet centré sur les problèmes à l'ordre du jour : les diverses formes de la propriété sur le sol, le développement des structures urbaines, la place de l’esclavage dans la vie économique, l'interpénétration et la synthèse entre les institutions romaines et les institutions locales, les relations entre l'Empire et le monde barbare. Plus largement, il s'agit de replacer l'histoire concrète de la province danubienne dans l'évolution du système esclavagiste romain. Comme l'écrit Ju. K. Kolosovskaja, « il est impossible de mettre en lumière les lois du développement de la formation esclavagiste à la dernière étape de son existence sans étudier le général et le particulier dans la structure et les voies d'évolution des différentes régions de l'Empire romain » (p. 3).

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La romanisation de la Pannonie est avant tout une urbanisation : l'influence de Rome s'exerce par l'intermédiaire des centres urbains. Le développement des villes et de la propriété foncière municipale, fondée sur la uilla esclavagiste de dimensions moyennes 176, s'opère d'abord par la création de colonies de vétérans puis, à partir des Flaviens, par la transformation en municipes des communautés tribales constituées par les Romains après la conquête et intégrées de cette façon à l'organisation urbaine177. La présence de communautés rurales (pagi et uici) sur le territoire même des villes permet de supposer l'existence de formes de propriété collectives sur le sol, à propos desquelles les témoignages font défaut, mais où devaient se conserver des traditions préromaines. La solidité des structures urbaines explique la progression très limitée de la grande propriété sénatoriale178 et de la propriété impériale.

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L'essor de l’esclavage en Pannonie est parallèle à celui de l'urbanisation et le travail servile pénètre peu à peu toutes les activités économiques. Les témoignages épigraphiques et archéologiques dessinent une société esclavagiste semblable a celle de l'Italie, mais où la persistance d’un environnement rural, favorisant l'exploitation renouvelée de masses paysannes importantes, et la proximité du monde barbare, grand fournisseur d'esclaves, donnent au mode de production esclavagiste la possibilité de se développer sans entraves au cours du IIIe siècle.

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Les couches municipales, où les affranchis originaires d'Italie sont un facteur puissant de la romanisation179, constituent, avec les vétérans, le principal appui du pouvoir impérial dans la province et restent numériquement prépondérantes au IIe et IIIe siècles. Mais au siècle, l'installation sur les terres des villes de Barbares au service de Rome contribue au

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déclin de l'organisation urbaine et, reconstituant sur des bases nouvelles les communautés tribales des débuts de la conquête, favorise l'établissement de rapports de dépendance autres qu'esclavagistes180. 111

Cette étude, on le voit, accorde une grande place aux relations entre la province et le monde barbare. « Le destin de la ville romaine en Pannonie, écrit Ju. K. Kolosovskaja, a toujours dépendu de la périphérie barbare » (p. 207). Et de fait, cette périphérie a d'abord servi de réservoir d’esclaves puis, à partir du IVe siècle, a favorisé l'apparition de rapports non esclavagistes. Inversement aussi, les campagnes militaires – retracées ici avec soin – et les liens économiques avec Rome ont stimulé l'évolution économique, sociale et politique des tribus danubiennes et hâté chez elles la différenciation sociale et l'apparition d'un organisme d'Etat destiné à remplacer le régime de la communauté primitive en décomposition181

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Le problème des relations mutuelles entre Rome et les Barbares retient particulièrement les Soviétiques, comme on a pu s'en rendre compte à propos de l'esclavage et des autres formes de dépendance, et donne lieu à une série de travaux. Ainsi V. T. Sirotenko, « La lutte des masses populaires de l'Empire romain contre les Barbares aux IV e-Ve siècles »182, indique les liens qui existaient, dans chaque province, entre les classes dominantes et les Barbares : ceux-ci étaient utilisés par l'aristocratie locale pour écraser les masses populaires. Il n'y a donc jamais eu d'action concertée entre les classes exploitées et les Barbares pour renverser les structures existantes et provoquer l'effondrement de l'Empire romain, théorie stalinienne longtemps prépondérante parmi les historiens soviétiques183. Les diverses études de A. M. Remennikov, rassemblées dans une thèse – inédite – de 1970, s'attachent à montrer le rôle des tribus danubiennes dans la chute de l'Empire romain184.

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Dans Oxyrhynchos, cité des papyrus 185. I. F. Fikhman analyse, à partir d'un exemple privilégié, le développement économique et social d'une ville égyptienne typique à une période de transition et s'attache à saisir le processus de la féodalisation des structures romaines186. Après deux chapitres d'introduction sur la ville d'Oxyrhynchos, ses monuments et sa population, l’historien étudie successivement les rapports agraires (chap. 3), la vie économique (chap. 4) et les rapports sociaux (chap. 5).

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Entre le IVe et le VIIe siècles les rapports agraires subissent des transformations profondes. Les terres publiques (appartenant à l'État, à la ville) tendent à disparaître au profit de la propriété privée. La propriété impériale se maintient et devient l’une des formes de la grande propriété foncière. La petite propriété privée s'étend à la fin du IIIe siècle et au IVe, mais cette prospérité n'est que momentanée. La grande propriété foncière, laïque ou épiscopale, se développe à partir de la fin du IV e siècle, aux dépens des terres publiques – en particulier municipales – et de la petite propriété privée, se stabilisant vers la fin du Ve siècle. Les grands domaines exercent une influence considérable sur les rapports économiques et sociaux de la cité.

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Oxyrhynchos, ville de caractère essentiellement agricole, est en même temps un centre de production artisanale et d'échanges commerciaux. L'artisanat est le fait d'hommes libres et le travail servile, faiblement représenté à la période romaine187, est inexistant à l'époque byzantine. À partir du Ve siècle, et surtout au VIe, les grands propriétaires fonciers, qui proviennent essentiellement des milieux de l'armée et de la bureaucratie, contrôlent la production artisanale et attirent dans leur dépendance la population laborieuse. Dans le même temps, se substituant aux curiales, ils jouent un rôle de premier

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plan dans la vie de la cité : au VIe siècle, l'organisation municipale n'a plus qu'une existence nominale, tandis que la réalité du pouvoir appartient aux grands propriétaires, qui exercent les diverses charges municipales, devenues munera patrimonii 188. 116

L’ouvrage de I. F. Fikhman repose sur une étude minutieuse de la documentation papyrologique et fait largement place aux études de vocabulaire. C'est ainsi que l'historien analyse la terminologie relative à la population d'Oxyrhynchos, à la production artisanale, à l'esclavage189. S'intéressant à la structure de la grande propriété foncière, il cherche à cerner la valeur précise du mot katam (), katamein (), mentionné dans P. Oxy., XIX, 2243 (a) et 2244190. Pour lui, ce terme désigne les tenanciers dépendants qui prennent à ferme les parcelles de terre confiées au personnel administratif des grands domaines. Il y a aurait donc eu, aux Ve-VIe siècles, une exploitation agricole hiérarchisée.

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La bibliographie citée par l'historien est abondante, mais lui-même reconnaît n'avoir pas eu accès à certaines publications occidentales. C'est là un des problèmes majeurs de la recherche soviétique, qui souffre aussi quelque peu de son isolement191.

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La documentation papyrologique permet à I. F. Fikhman de suivre les transformations profondes qui, dans tous les domaines de la vie économique et sociale, marquent le passage à l'époque byzantine et l'apparition de structures féodales. La période de transition, de rupture, doit être placée au IVe siècle et dans la première moitié du Ve. On assiste à l'effacement progressif de l'organisation municipale et de la cité antique au profit de la grande propriété foncière, base de la féodalisation. Ainsi cette étude sur Oxyrhynchos – premier ouvrage d'ensemble, il faut le souligner, sur la « cité des papyrus » – se situe dans le cadre des recherches sur la genèse du féodalisme et ses conclusions rejoignent celles de E. M. Štaerman à propos des provinces occidentales.

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Outre la monographie de I. Š. Šifman sur la Syrie, construite en fonction des mêmes préoccupations et qui, sortant des limites chronologiques de la présente esquisse, ne sera pas examinée ici, il existe un certain nombre de travaux sur les provinces. Les articles de N. N. Belova, professeur à Sverdlovsk, consacrés à la Gaule, ont essentiellement en vue les structures agraires et la nature de la main-d'œuvre dans l'agriculture et l'artisanat 192. Les autres études sur les provinces évoquent divers aspects de la vie économique et sociale 193. Les recherches soviétiques sur ce thème s'attachent à saisir l'interpénétration entre éléments romains et locaux et à mettre en lumière la persistance de traditions antérieures à la romanisation, sans toujours disposer, d'ailleurs, comme on l'a vu à propos de la Pannonie, d'une documentation suffisante pour aboutir à des conclusions indiscutables. Elles présentent une même vision des destinées de la société antique, solidaire de la cité esclavagiste dont la prospérité est ruinée par l'essor de la grande propriété foncière.

VI. Quelques autres thèmes de recherche A. La culture antique 120

L'éditorial du VDI. 1966. 3. attire l'attention des historiens sur le thème de la culture antique, insuffisamment étudié jusque-là et qui constitue l'un des objectifs les plus urgents de la recherche194. L'intérêt pour cette question, est-il précisé, est lié directement à la lutte idéologique contre les systèmes « historiosophiques » qui, de Spengler à

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Toynbee, Jaspers et Sorokine, se fondent sur la culture antique pour expliquer la crise de la civilisation moderne195. 121

En 1965 déjà, la section d'histoire ancienne de l'Institut d'histoire auprès de l'Académie des Sciences prévoyait, après discussion de plusieurs projets, un programme de recherches collectives sur l'histoire de la culture antique, comportant trois grandes orientations : 1. L'établissement de la culture antique. On prévoit les travaux suivants : Ja. A. Lencman, « Aux sources du « miracle grec » (étude des influences orientales dans la Grèce préclassique) » ; T. V. Blavatskaja. « L'établissement de la culture achéenne » (étude sous presse, sous le titre La société grecque duIIe millénaire av. n. è. et sa culture). 2. L'épanouissement de la culture antique. On prévoit un travail collectif de quatre historiens – E. M. Štaerman, Μ. K. Trofimova. S. L. Utčenko, K. K. Zel'in – sur « La culture antique et le monde moderne », comprenant quatre rubriques : a) philosophie (les principales orientations de la philosophie antique ; l'homme et la société dans le monde antique et le problème de l'aliénation dans la philosophie moderne) ; b) sciences (l'établissement de la science antique ; l'école de Milet et la physique moderne du microcosme) ; c) théories politiques (le développement de la doctrine sur l'État ; les théories cycliques dans l'Antiquité et dans la sociologie moderne) ; d) religion (la pensée philosophique et la religion dans le monde antique ; le problème de la personnalité dans le christianisme primitif et dans la philosophie moderne de l'existentialisme). 3. La crise de la culture antique. Est inscrite une recherche de E. M. Štaerman et Μ. K. Trofimova qui doit éclairer l'opposition entre l'idéologie officielle des classes dirigeantes et celle des masses exploitées196.

122

Quelques études ont déjà paru, d'autres sont en préparation197. Parallèlement, l’Institut d'orientalisme de l'Académie des Sciences lance une collection de vulgarisation sur « La culture des peuples de l'Orient ancien ».

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E. M. Štaerman, La crise de la culture antique, Moscou, 1975, replace le phénomène culturel dans l'évolution du mode de production esclavagiste, lequel commence à décliner à partir de la fin du I er siècle ap. J.-C. en Italie et, dans les provinces, vers le milieu du II e siècle, moment où se développent des éléments de type féodal. La culture antique est à l’origine la culture de la cité-État ; elle est portée par la classe des petits et moyens producteurs, qui appartiennent à la communauté civique urbaine. Ses destinées sont donc liées à celles de ce groupe social et son contenu même varie en fonction de la transformation de celuici198.

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La culture reflète d'abord les aspirations du citoyen soucieux avant tout de la grandeur de Rome et des vertus du peuple romain. A la fin du IIe siècle av. J.-C. et au début du Ier, la crise de la polis est perceptible dans le domaine culturel. L'affirmation de tendances individualistes, la théorie du déclin des mœurs, la référence au mos maiorum et surtout le détachement de la plèbe à l'égard des croyances de l'aristocratie199 en sont les indices les plus nets.

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L'établissement de l'Empire est la victoire de la classe des propriétaires urbains, liés au mode de production esclavagiste. L'idéologie officielle est propagée par les couches sociales qui constituent la base du pouvoir : l'ordre des décurions, les propriétaires aisés issus de la plèbe, l'appareil administratif, l'armée. La propagande officielle et la culture dominante deviennent de plus en plus étrangères aux masses, qui ont leur propre univers spirituel, leurs propres conceptions, manifestées dans les fables, les proverbes et les dictons, les épitaphes funéraires, le culte de divinités comme Silvain, Hercule, Pan. La

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culture antique est ainsi devenue élitiste, d'où son déclin. Dès le Haut-Empire la grande majorité des citoyens a perdu toute indépendance économique. N'exerçant plus aucun contrôle sur le cours des événements, elle se sent étrangère à la réalité et se réfugie dans le merveilleux, transférant les problèmes actuels dans le domaine de la morale 200. 126

A la fin du IIe siècle ap. J.-C. la crise du mode de production esclavagiste provoque la ruine des décurions et l'essor de la classe des grands propriétaires fonciers, essentiellement provinciaux, dont les domaines, unités économiques indépendantes, attirent dans leur orbite des villages entiers. Dans ce contexte économico-social, l'individu, arraché à la communauté civique, se sent isolé, coupé de l'harmonie universelle, et tente de se rattacher à des systèmes de pensée qui le réconcilient avec le cosmos. Ainsi s'explique le succès des doctrines hermétiques et gnostiques. La dernière tentative pour sauver, sur de nouvelles bases, la conception du monde antique fondée sur la communauté des citoyens est l'œuvre de Plotin. Mais elle ne rencontre aucun succès dans la masse de la population, pour qui la protestation contre l'ordre existant passe par le christianisme, courant révolutionnaire à l'origine.

127

Ainsi, la culture antique est solidaire des structures économico-sociales qui font fait naître et elle disparaît en même temps que celles-ci. Tout comme la base économique, la superstructure idéologique. ne correspondant plus aux conditions de la vie réelle, est appelée à céder la place à un autre ensemble de valeurs, mieux adapté à un monde changeant.

128

Z. V. Udal'cova. Les luttes idéologiques et politiques au début de l'époque byzantine (d'après les données des historiens du IV e au VII e siècles), Moscou, 1974 201, se situe dans une perspective identique et montre, à travers les écrits de certains historiens profanes, comment, en une période de crise, l'ancienne idéologie esclavagiste cède la place à la culture « féodale », après d'âpres luttes. Ammien Marcellin, dernier écrivain de Rome, est aussi le premier écrivain byzantin202 et l'un des représentants de l'« intelligentsia » païenne qui, fidèle aux traditions antiques et liée à la vieille aristocratie romaine, est hostile à la monarchie chrétienne et méprise les masses populaires et les Barbares. Le courant profane de l'historiographie byzantine, d'abord résolument païen avec Ammien Marcellin, Eunape 203, Olympiodore et Zosime, puis d'un paganisme atténué au Ve siècle, est représenté avec une force particulière par Procope de Césarée et continue à exister jusqu'au milieu du VIIe siècle, prenant une coloration chrétienne de plus en plus nette. Le problème, crucial pour la société byzantine, des rapports avec le monde barbare est vivement perçu par ces historiens, qui évoquent, dans des perspectives différentes, les coutumes et l'histoire des peuples voisins de Byzance.

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Les recherches sur la culture antique se fixent également comme but l'étude de l'idéologie et de la culture des classes laborieuses, selon une voie déjà frayée par E. M. Štaerman dans La morale et la religion des classes opprimées de l'Empire romain (1961). Lors du symposium sur la signification des œuvres de Lénine pour l'étude de l'Antiquité, D. P. Kallistov rappelle l'importance de la culture populaire, à côté de la culture des classes privilégiées204.

B. La fin de la société antique 130

Les études de E. M. Štaerman et Z. V. Udal'cova sur la culture antique traitent aussi le thème de la fin de la société esclavagiste et du passage à la formation féodale. La question de la transition est, on le sait, l'un des problèmes-clés de la recherche marxiste dans tous

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les pays205. En U.R.S.S., le Conseil scientifique pour l'étude des problèmes concernant « les lois du développement historique de la société et du passage d'une formation économicosociale à une autre » a organisé, du 30 mai au 3 juin 1966, un colloque intitulé « Bilan et tâches de l'étude de la genèse du féodalisme en Europe occidentale »206, colloque qui poursuit les discussions sur le mode de production asiatique : celles-ci avaient montré l'imprécision des notions de « féodalisme » et d'« esclavage » et la nécessité d'établir une typologie du féodalisme. Le débat tourne autour de quelques questions centrales : le passage au féodalisme est-il le résultat d'une évolution continue ou d'une rupture, d'une poussée révolutionnaire ? comment est apparue la cité médiévale et quelles sont ses caractéristiques207 ? quel rôle ont joué les invasions barbares dans le processus de féodalisation ? comment définir la période du féodalisme à ses débuts ? Ce no-man’s-land (l'expression appartient à Z. V. Udal'cova) fait-il partie de la formation féodale, ou se rattache-t-il encore au régime de la communauté primitive ? 131

En définitive, la genèse du féodalisme présente trois variantes, trois formes possibles de synthèse : une variante germano-celtique, caractérisée par le passage direct de la société de clan au féodalisme ; une variante romane, qui résulte de la synthèse d'éléments nouveaux, les uns constitués au sein de la formation esclavagiste, les autres apparus au dernier stade de la société de clan ; une variante particulière, en Géorgie et en Arménie, formée directement à partir de la formation esclavagiste, sans qu'interviennent d'éléments barbares208.

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Reprenant par la suite le problème de la naissance du féodalisme, M. Ja. Sjuzjumov, « Le passage régulier au féodalisme et la synthèse »209, insiste sur la synthèse qui s'est opérée, dans l'Empire d’Occident, à la suite de longues luttes, entre les éléments de deux sociétés à des « stades asynasyn-chroniques» de développement : la société esclavagiste romaine et la société de clan, dans laquelle existaient déjà des tendances à l'esclavagisme. Le christianisme, idéologie des masses populaires, apparaît comme un facteur important dans la suppression des traditions héritées du régime des clans et prépare les mentalités aux changements économiques et sociaux propres à la nouvelle formation. En Occident, les invasions barbares ont empêché le passage spontané au féodalisme, comme ce fut le cas à Byzance, où, sans aucune synthèse, la situation révolutionnaire a abouti à une véritable révolution sociale. À l'Ouest comme à l'Est, la période de transition vers le féodalisme, que l'on peut appeler « préféodale »210 ou « protoféodale », est caractérisée par l'existence de communautés rurales libres où le paysan n'est pas encore un serf.

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Les diverses études de E. M. Štaerman représentent en définitive une réflexion sur la crise du mode de production esclavagiste et l'apparition des structures féodales dans le monde romain occidental. Au déclin de la ville antique sont liés la renaissance des communautés rurales et l'essor du grand domaine indépendant, bases pour l'établissement de rapports féodaux. Il n'y a pas eu de passage direct des structures esclavagistes aux structures féodales, mais la transition s'est effectuée à partir d’éléments non antiques, formés dans le cadre de la grande propriété foncière. Pour l'historienne, la formation esclavagiste n'est pas une étape nécessaire dans le développement de l'humanité, mais seulement une voie possible, qui devait être abandonnée pour que la société pût continuer sa progression : « Le monde antique, écrit-elle, a été une sorte de phénomène, une diversion par rapport à la voie de développement habituelle »211.

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C. Autres thèmes 134

Les historiens soviétiques, dans leur ensemble, prêtent depuis quelques années une grande attention à la psychologie sociale et aux relations qui peuvent s'établir entre histoire et sociologie, en partie sous l'influence de travaux parus en Occident, comme ceux d'I Meyerson212, Z. Barbu ou R. Mandrou213. En 1964, à l’Institut d'histoire de l'Académie des Sciences, A. Ja. Gurevič pose le problème des rapports entre individu et société et insiste sur l'interaction entre la vie psychique des individus et le processus historique214. L'année suivante, la parution d'un ouvrage collectif. Problèmes de psychologie sociale, Moscou, 1965, donne lieu à une discussion à l'Institut de philosophie de l'Académie des Sciences. Peu après, B. F. Poršnev. La psychologie sociale et l'histoire, Moscou, 1966, fait le point sur l'objet et les tâches d'une psychologie sociale d'inspiration marxisteléniniste. Celle-ci doit rejeter l'idée qu'il peut y avoir des phénomènes psychiques inconscients, irrationnels : son but est d'amener à la lumière les lois profondes qui guident l'action des masses. On retrouve ainsi, chez les historiens, l'attitude négative à l'égard de la psychanalyse qui caractérise la psychiatrie soviétique. Et plus récemment, V. I. Salov, rendant compte de certains travaux historiques d'orientation psychanalytique tels ceux de F. Alexander et B. Mazlish aux États-Unis, de H.-U. Wehler et A. Mitscherlich en Allemagne215, insiste sur la nécessité de procéder à une critique « inlassable, profonde et efficace des travaux psychanalytiques des historiens bourgeois »216.

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Les historiens de l'Antiquité demeurent, semble-t-il, étrangers à ces préoccupations, et plus généralement à la psychologie sociale. S'ils accueillent avec intérêt les travaux de J.P. Vernant217, ils ne sont guère portés vers ce type de problèmes.

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En revanche, ils sont attentifs aux questions de méthodologie et d'historiographie. La vogue du structuralisme en Occident les incite à s'interroger sur le bien-fondé d'une analyse « structurale » (et non structuraliste !) des phénomènes historiques, dans la perspective marxiste. E. M. Štaerman, par exemple, montre la légitimité d'une étude systématique des réalités antiques, grâce à l'établissement de liens, de connexions, entre des ensembles218. La notion de structures est également présente dans les deux articles que S. L. Utčenko consacre au système des valeurs à Rome219. Se fondant sur les modèles linguistiques, l’historien retrace le passage d'une échelle des valeurs paradigmatique – reposant sur l'opposition entre uitia et uirtutes – à une échelle syntagmatique qui, dans le De officiis de Cicéron et les Res gestae diui A ugusti, pose l'individu face à la collectivité et reflète l'éclatement de la polis en même temps que l'attachement à la tradition.

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L'utilisation des méthodes mathématiques, et en particulier la construction de modèles mathématiques, permet aux historiens d'aborder de façon neuve certains domaines de la recherche. Trois recueils collectifs. Les méthodes mathématiques dans les recherches historiques, Moscou, 1972. Les méthodes mathématiques dans les recherches concernant l'histoire économique et sociale, Moscou. 1975, et Les méthodes mathématiques dans les recherches économico-sociales et historico-culturelles, Moscou, 1977, témoignent de l'actualité de ces questions. En histoire ancienne, Μ. A Korostovcev construit un modèle de l'esclavage primitif, résumé en une formule mathématique220. Plus récemment, une équipe composée d'un historien de l'Antiquité (V. 1. Kuziščin), d'un mathématicien et de deux spécialistes en informatique s'est lancée dans l'élaboration d'un modèle mathématique de la guerre du Péloponnèse, mettant sur ordinateur toutes les données économiques et sociales relatives à cette période221. Une telle entreprise, qui se fonde sur une méthodologie de

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pointe et fait appel, pour l'étude d'un « ensemble » historique, à des chercheurs de disciplines différentes, est tout à fait conforme à l'orientation actuellement souhaitée pour les sciences de la société222. 138

Cet intérêt pour les méthodes de la recherche s'étend aussi à l'archéologie et s'accompagne d'une réflexion sur l'objet même de celle-ci. On voit paraître des ouvrages comme Sujet et objet de l'archéologie et questions concernant les méthodes des recherches archéologiques (documents d'un symposium du séminaire méthodologique de la section de Leningrad de l'Institut d'archéologie auprès de l'Académie des Sciences), Leningrad, 1975 ; I. S. Kameneckij, B. I. Maršak et Ja. A. Šer, Analyse des sources archéologiques, Moscou, 1975 ; Historicité de l'archéologie. problèmes méthodologiques, Moscou, 1976. V. M. Masson définit ainsi l'objet de l'archéologie : c'est « l'étude du développement, régi par des lois, des objets de la culture matérielle et des diverses structures de la société humaine qui trouvent leur reflet dans ces objets »223.

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L'accent est mis aussi sur les recherches historiographiques, importantes à la fois par leur apport scientifique et leur rôle dans la lutte idéologique contre la pensée non marxiste 224. Depuis le début des années 60, l'historiographie, ou histoire de la science historique, est enseignée dans les Universités et les Instituts pédagogiques et deux congrès – en 1969 à Moscou et en 1973 à Smolensk – rassemblent les spécialistes de cette discipline et leur permet de confronter leur expérience225. Si l'Université de Tomsk, en Sibérie, apparaît comme le centre le plus actif pour l'étude des questions de méthodologie et d'historiographie en général226, l'histoire de la science historique relative à l'Antiquité est très vivante à Moscou, Leningrad, Saratov, Gorki, Kazan, Voronej et Alma-Ata. Un manuel universitaire d'historiographie de l'Antiquité est actuellement en préparation et rassemble des historiens de Moscou (V. I. Kuziščin), Leningrad (E, D. Frolov), Voronej (A. I. Nemirovskij) et Kazan (A. S. Šofman)227. Les chercheurs soviétiques essaient de se tenir au courant des publications occidentales, comme le montrent les panoramas bibliographiques et les comptes rendus qui paraissent régulièrement dans les revues spécialisées comme le VDI et VI. Tout récemment, Μ. N. Sokolova tente de faire le point sur les tendances de la recherche historique française d'aujourd'hui228.

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Cette trop rapide esquisse, qui n'a certes rien d'exhaustif, vise seulement à donner une représentation aussi exacte que possible des principales orientations qui se font jour dans la recherche soviétique entre 1966 et 1975 (et même au-delà) et, par l'analyse de quelques-uns des travaux les plus marquants, à permettre à l'historien non familiarisé avec la langue russe d'en apprécier l'originalité et, éventuellement, d'en discuter les thèses. Il est important, pour juger de la valeur d'une œuvre, de la replacer dans le contexte même de cette recherche, caractérisée par un souci constant de cohésion et de réflexion sur ses propres objectifs.

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Dans l'ensemble, les études convergent en direction de quelques grands thèmes comme l'esclavage. les rapports entre la cité et son environnement rural, la culture antique, la méthodologie et l'historiographie. Est significative à cet égard la réunion entre auteurs et lecteurs du VDI (une initiative intéressante) en mai 1972 à Moscou, centrée sur trois grands sujets : les problèmes de la culture antique, polis et chora, l'historiographie de l'Antiquité229.

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Les différents travaux, notamment sur les provinces, retracent, en se fondant sur une documentation variée, l'évolution de la formation esclavagiste à partir de la cité-État définie par Marx dans les Formes qui précèdent la production capitaliste 230. Les particularités

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de la cité antique – en Grèce et dans le monde romain – sont mises en lumière à partir d'une réflexion sur ce texte de Marx. L'étude de R. E. Ljast sur l'évolution d'Ostie est typique de cette approche231. Et en décembre 1974, la Faculté d’histoire de l’Université de Leningrad organise une discussion sur « la communauté civique dans la vie sociopolitique de l'Antiquité et du Haut Moyen-Age », au cours de laquelle divers exposés abordent la question de l’organisation municipale dans le monde romain232. En même temps, les historiens cherchent à saisir, dans la mesure du possible, les survivances – et parfois les résurgences – des structures économico-sociales antérieures au régime esclavagiste. Ils s'interrogent également sur les mécanismes de l’interaction et de la synthèse entre éléments gréco-romains et éléments barbares233. Les recherches de ce genre sont particulièrement nombreuses en ce qui concerne les colonies grecques des côtes de la Mer Noire : archéologues et historiens s’attachent à éclairer les relations mutuelles entre Grecs et Barbares234. 143

Récemment, les chercheurs se sont tournés vers l'exploration de méthodes destinées à renouveler – toujours dans la perspective marxiste – la problématique historique. La linguistique, les mathématiques sont appelées en renfort et la notion d’enquêtes « globales » (kompleksnye) favorise la coopération entre spécialistes de domaines différents, en un effort réel d'interdisciplinarité235. On s'intéresse aussi actuellement, semble-t-il, au rôle du milieu géographique dans l'histoire des sociétés236.

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Et, parallèlement, on observe un retour à l'histoire politique et même événementielle, accompagné d’une attention marquée - fait nouveau dans la science soviétique – pour les classes dirigeantes (Sénat et ordre équestre), les groupes de pression et les individualités majeures : Cicéron. César, Crassus237. La recherche en U.R.S.S. rejoint ainsi, par certaines de ses orientations, la science historique occidentale, ce que montrent, par exemple, les travaux de B. P. Seleckij. Les analyses lexicales, les études prosopographiques 238, les discussions sur des problèmes de datation, de cursus 239, apparues ces dernières années, témoignent de cette convergence, tout comme les essais, très concrets, de Μ. E. Sergeenko sur la population laborieuse de 1 Italie, qui font une large place aux inscriptions240.

145

On voit également un regain d'intérêt pour l'étude des sources (istocnikovedeiue). Le terme même, auquel on attribuait des relents d'idéalisme, avait disparu du vocabulaire historique après la Révolution241. Il revient maintenant en force et l'on insiste beaucoup sur la nécessité de recourir aux documents de première main et de former des spécialistes en épigraphie, papyrologie, numismatique. « Étendre les recherches dans le domaine de l'étude des sources, c'est à l'heure actuelle l'une des tâches essentielles des historiens de l'Antiquité » déclare un éditorial du VDI 242. Les traductions de textes anciens, qui vont se multipliant, s'inscrivent dans ce programme243.

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L'intérêt pour la pédagogie de l'histoire ancienne se révèle encore dans la préparation de manuels universitaires. La publication en 1971 de L'histoire de la Rome antique sous la direction de A. G. Bokščanin et V. I. Kuziščin, ouvrage destiné à remplacer celui, désormais vieilli, de N. A. Maškin (Γ'éd., 1947 ; 2e éd., 1949 ; 3e éd., 1956), donne lieu à une discussion entre spécialistes sur la valeur scientifique et pédagogique de ce travail 244. Pour sa part, le livre de A. Ja. Gurevič, Problèmes de la genèse du féodalisme en Europe occidentale. Moscou, 1970, se voit retirer le titre de manuel245.

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Comme on le voit, l'éventail des recherches sur l'Antiquité romaine est vaste, nuancé, et témoigne d'intérêts nouvellement apparus. La bibliographie jointe en appendice donnera

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une idée plus complète de la variété des thèmes abordés. Sans avoir de contacts bien réels avec l'Occident et par le jeu interne des conceptions sur lesquelles ils se fondent, les Soviétiques tendent de plus en plus à se poser sur l'histoire de Rome les mêmes problèmes que l'Occident. L'inverse se vérifie également, tant il est vrai que si l'on va au fond des choses on finit par se retrouver, par-delà les divergences et l'originalité des points de vue. (215) PARFENOV V.N.,« La professionnalisation de l'armée romaine et les guerres de César en Gaule » [Парфенов В. H., «Профессионализация римской армии и галльские войны Цезаря »]. AMA. II, 1974. pp. 72-89.

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VIII. Traductions françaises, allemandes, anglaises et italiennes de travaux soviétiques (401) BLAVATSKAJA T. V., GOLUBCOVA E. S., PAVLOVSKAJA A I., DieSklaverei in hellenistischen Staaten im 3.-1. Jhr. v. Chr., Wiesbaden, 1972, 289 p. (402) FICHMAN I. F., « Grundfragen der handwerklichen Produktion in Ägypten vom 4. bis zur Mitte des 7. Jahrhunderts u. Z », JWG, 1969, IV, pp. 149-171 (BAHR, VIII, 1969, 1835). (403) FIKHMAN I. F., « On the Structure of the Egyptien Large Estate in the Sixth Century », Proceedings of the Twelfth International Congress of Papyrology, Ann Arbor. Michigan. 12-17 August 1968. Toronto. 1970. pp. 127-132. (404) FICHMAN I. F., « Die Bevolkerungszahl von Oxyrhynchos in Byzantinischer Zeit », Archiv für Papyrusforschung und verwandte Gebiete. XXL 1971, pp. 111-120 (BAHR, X, 1971, 2238). (405) FIKHMAN I. F., « Slaves in Byzantine Oxyrhynchus ». Akten des XIII Internationalen Papyrologenkongresses, Marburg/Lahn, 2-6 August 1971, Munich. 1971, pp. 117-124. (406) FICHMAN I. F., « Sklaven und Sklavenarbeit im säptrömischen Oxyrhynchos », JWG. 1973, II, pp. 149-206. (407) FIKHMAN I. F., « Kurienland in Oxyrhynchos ? », Festschrift zum 150 jährigen Bestehen des Berliner Âgyptischen Museums. Berlin, 1974, pp. 343-346.

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(408) FIKHMAN I. F., « Quelques données sur la genèse de la grande propriété foncière à Oxyrhynchus », Le monde grec. Pensée, littérature, histoire, documents. Hommages à Claire Préaux, Bruxelles, 1975, pp. 784-790. (409) GAJDUKEVIC V. F., Das bosporanische Reich, Berlin-Amsterdam, 1971,604 p. (410) GOLUBTSOVA E. S., KUSISHIN V. I., SHTAERMAN E. M., Types of Community in the Ancient World, XIV'Congrès international des Sciences historiques, San Francisco, 22-29 août 1975. (411) KASHDAN A. P., « Um die Grenze zwischen Altertum und Mittelalter in Europa », Das Altertum, Berlin. XIII, 1967, pp. 108-113. (412) KOLESNIZKI N. F., « Typisches und Spezifisches in den frühen Klassengesellschaften », übers. von H. SCHULZE. Sowjetwissenschaft 1967, pp. 65-75 (trad. du no 114). (413) KORSUNSKIJ A. R., « Über einige charakteristische Züge des sozialen Kampfes der Volksmassen in der Periode des Übergangs von der Urgesellschaft zur Feudalgesellschaft in Europa. Zur Entstehung des Klassenkampfes der Bauernschaft », Die Rolle der Volksmassen in der Geschichte der vorkapitalistischen Gesellschaftsformationen, hrsg. von J. HERMANN U. I. SELLNOW, Berlin, 1975, pp. 195-210. (414) ŠTAERMAN E. M., Die Blütezeit der Sklavenwirtschaft in der römischen Republik, übers. von M. BRAUERPOSPELOVA,

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(415) ŠTAERMAN E. M., « Die Sklaven in der römischen Landwirtschaft und die Politik der Kaiser ». JWG, 1969, II, pp. 289-308 (BAHR. VIII, 1969, 1519). (416) ŠTAERMAN E. M., « Die Gemeinde im römischen Kaiserreich », JWG, 1970, I, pp. 61-73 (BAHR, IX, 1970, 1671). (417) ŠTAERMAN E. M., « Die Bedeutung der Werke W. I. Lenins für die Erforschung der Antike », Klio. 53, 1971, pp. 5-47. (418) ŠTAERMAN E. M., « Der Klassenkampf der Sklaven zur Zeit der römischen Kaiserreiches », JWG, 1971, II, pp. 149-164 (BAHR, X, 1971, 1813). (419) ŠTAERMAN E. M., « La lutte de classes à la fin de la République », Recherches internationales à la lumière du marxisme, 84, 1975, pp. 159-196. (420) ŠTAERMAN E. M., « Zur Methodologie der Erforschung der Weltanschauung ausgebenteter Klassen Roms », Klio. 57, 1975, pp. 5-13. (421) ŠTAERMAN E. M., TROFIMOVA M. K., La schiavitu nell’ltalia imperiale I-III secolo, Prefazione di M. MAZZA, Rome, 1975, 347 p. (trad. du no 296).

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84

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(444) PECIRKA, J., « Von der asiatischen Produktionsweise zu einer marxistischen Analyse der frühen Klassengesellschaften. Randbemerkungen zur gegenwärtigen Diskussion in der UdSSR », Eirene. VI, 1967, pp. 141-174. (445) PETIT P., « L'esclavage antique dans l'historiographie soviétique ». Actes du colloque d'histoire sociale 1970. Annales littéraires de l'Université de Besançon. 128, Paris, Les Belles Lettres, 1972, pp. 9-27. (446) PRACHER G., « Zur Bedeutung der antiken Sklaven-und Kolonenwirtschaft (Bemerkungen zur marxistischen Forschung) ». Hisloria. XXII, 1973, pp. 732-756. (447) RASKOLNIKOFF M., La recherche en Union soviétique et l’histoire économique et sociale du monde hellénistique et romain. Strasbourg, AECR, 1975. (448) SOFRI S.. Il modo di produzione asiatico. Storia di una controversia marxista. Turin. 1969 (2 e éd., 1974). (449) TAKHO-GODI A., « Classical Studies in the Soviet Union », trad. du russe de S. ROSENBERG, Arethusa. 3, 1970. 1, pp. 123-127. (450) UTCENKO S. L., « Antiquité » (Étude de l'histoire ancienne en U.R.S.S.), Sciences sociales. Moscou, 1975, 2. pp. 101-111. (451) VOGT J., « La schiavitú antica nella storiografia moderna », Quaderni Urbinati di cultura classica. 18, 1974, pp. 7-21. (452) Sur le « mode de production asiatique », Paris, Éd. sociales, 1969.

NOTES 1. « Le XXIII e congrès et les tâches de la science historique ». VDI. 1966. 3. pp. 3-7 ; « La grande Révolution socialiste d'Octobre et le développement de la science historique soviétique concernant le monde antique », VDI. 1967. 4, pp. 3-12 ; « V. I. Lénine et les lois de l'histoire ». VDI. 1970. 2. pp 3-9 ; « Le XXIVe congrès du PCUS et la science historique soviétique concernant le monde antique ». VDI. 1971. 2. pp. 3-8 ; « Les cinquante ans de l'U.R.S.S. ». VDI. 1972, 4. pp. 3-6 ; « La science soviétique concernant le monde antique à l'approche du XXV e congrès du PCUS ». VDI. 1976, 1. pp. 3-6 : « La signification du XXV e congrès du PCUS pour le développement de la science historique soviétique ». VDI. 1976. 2. pp. 3-11. La revue Voprosy istorii (VI) se fait l'écho des mêmes préoccupations. 2. VDI. 1976. 2. pp. 3-11. 3. Ibid., p. 11. Voir aussi VDI. 1977. 4. pp. 3-16. 4. En voir le texte intégral dans VI. 1967. 9. pp. 3-11. 5. VDI. 1967. 4, p. 11 6. Ibid., p. 10 : « La nécessité de lutter contre l’idéologie bourgeoise reste l’une des tâches principales de notre science historique ». 7. Voir à ce propos V.

PAŠUTO,

V.

SALOV,

L. ČEREPNIN, « Le principe d'esprit de parti dans la

recherche historique et ses critiques aujourd’hui », Kommunist, 1966, 4, p. 76 sqq. ; N. A. BURMISTROV,

« Contribution au problème de l'esprit de parti dans la science historique », Voprosy

istoriografii vseobščej istorii, Kazan, III, 1968, pp. 14-33. 8. VI, 1966, 1, p. 13. 9. Ibid., p. 11. 10. En voir le compte rendu dans VDI, 1970, 2, pp. 10-30. Cf. aussi les études collectives sur Lénine et l'histoire : V. I. Lénine et les problèmes de l'histoire, Leningrad, 1970 ; Les idées de Lénine sur l'étude

86

de l'histoire de la société primitive, de l’esclavage et du féodalisme, Moscou, 1970. L’éditorial du VDI, 1971,2, proclame (p. 3) : « La préparation et la célébration du centenaire de la naissance de Lénine ont exercé une influence considérable sur le travail de tous les historiens soviétiques ». 11. Voir à ce propos J.

PEČÍRKA,

« Die sowjetischen Diskussionen über die asiatische

Produktionsweise und über die Sklavenhalterformation ». Eirene, III, 1964, pp. 147-169 ; trad. française in Premières sociétés de classes et mode de production asiatique, Recherches internationales à la lumière du marxisme, 57-58, 1967, pp. 59-78 ; V. N.

NIKIFOROV,

« La discussion des historiens

soviétiques sur les structures économico-sociales de la Chine (1925-1931) », Narody Azii i Afriki (NAA), 1965, 5, pp. 75-80 ; L. V.

DANILOVA,

« L'établissement d'une orientation marxiste dans

l'historiographie soviétique de l'époque du féodalisme », Istoričeskie zapiski, 76, 1965, pp. 62-119 ; Μ. M. SLONIMSKIJ, La périodisation de l'histoire ancienne dans l'historiographie soviétique, Voronej, 1970, p. 241 sqq. 12. K. A. WITTFOGEL, Oriental Despotism. A Comparative Study of Total Power, Yale Univ. Press, 1957 ; trad. française avec avant-propos de P. Vidal-Naquet, Paris, Éd. de Minuit, 1964. 13. En Allemagne de l'Est, le dossier est rouvert dès 1957 par E.-Ch.

WELSKOPF

dans Die

Produktionsverhältnisse im alten Orient und in der griechisch-römischen Antike, Berlin, 1957 (voir aussi son article « Probleme des Periodisierung der alten Geschichte : die Einordnung des alten Orients und Alt-Amerikas in die weltgeschichtliche Entwicklung », Zeitschrift für Geschichte, 1957, pp. 296-313). Cf. J.

CHESNEAUX,

« Le mode de production asiatique une nouvelle étape de la

discussion », Eirene, III. 1964, p. 134. 14. Pour le détail des discussions, voir entre autres le recueil Sur le « mode de production asiatique », Paris, Éd. sociales. 1969, et G. SOFRI. II modo di produzione asiatico. Storia di una controversia marxista, Turin, 1969 (2e éd., 1974). 15. M.

GODELIER.

« La notion de mode de production asiatique et les schémas marxistes

d'évolution des sociétés », in Sur le « mode de production asiatique ». p. 49 sq. (les mots soulignés le sont dans le texte). 16. Une traduction française de l'ouvrage entier a paru à Moscou, aux Éditions du Progrès, en 1967. Une traduction du chapitre sur le mode de production asiatique est accessible dans Premières sociétés de classes et mode de production asiatique, pp 98-117 ; trad. italienne in Sul modo di produzione asiatico, a cura di D. Giori (cité D. Giori). Milan, (1972) 1975, pp. 81-102. 17. Cf. L. V. DANILOVA. « UNE discussion sur un problème important », Voprosy filosofii (VF), 1965, 12, pp. 149-156. Mais déjà en avril 1964 le Tchèque J. Pečirka avait présenté à Leningrad, à la VIIe Rencontre internationale des antiquisants-marxistes, un exposé sur les discussions se déroulant hors de l'Union soviétique, exposé qui avait suscité un grand intérêt (cf. VDI, 1964, 3, p. 227). Des comptes rendus des débats ayant eu lieu dans La Pensée et Eirene paraissent dans VF. 1965, 3, pp. 172-176 et VDI, 1965, 3. pp. 86-89. 18. Ces deux textes, publiés en français précédemment sous une forme plus développée, le premier dans La Pensée, 117, 1964. pp. 21-42, le second dans les Cahiers du CERM, 1964, sont repris dans le recueil Sur le « mode de production asiatiques, op. cit. pp. 101-133 et 47-100. Trad. italienne in D. GIORI, pp. 267-297 et 103-150. 19. Trad. française in Premières sociétés de classes.... pp. 232-239 ; trad. italienne in Classe e Stalo. Bologne. 2. 1966, pp. 57-61. 20. Ces discussions eurent lieu à l'Institut d'histoire de l'Académie des Sciences à Moscou en mars (compte rendu dans VDI, 1966, l.pp 145-150 et Sovetskaja Etnografija, 1965,6,pp 122-126). à l'Institut des peuples de l'Asie de l'Académie des Sciences à Moscou en mai (l'ensemble des communications est publié dans un vol. collectif. Le général et le particulier dans le développement historique des pays de l’Orient, Moscou, 1966), à l'Institut d'ethnographie de l'Académie des Sciences à Moscou en décembre (compte rendu dans NAA, 1966, 3, pp. 79-81 ; la discussion a pour point de

87

départ un exposé de Ju. I.

SEMENOV ,

« Le problème du régime socio-économique de l'Orient

ancien ». NAA, 1965. 4. pp. 69-89 ; trad. française in Premières sociétés de classes.... pp. 196-218). 21. Voir J.

PEČIRKA.

« Von der asiatischen Produktionsweise zu einer marxistischen Analyse der

frühen Klassengesellschaften. Randbemerkungen zur gegenwärtigen Diskussion in der UdSSR ». Eirene. VI. 1967, pp 141174. qui fournit une abondante bibliographie. Voir aussi V. N.

NIKIFOROV.

« La conception du mode de production asiatique et l'historiographie soviétique actuelle », in Le général et le particulier.... pp. 9-33 ; Μ. M. SLONIMSKIJ. La périodisation. pp. 239-284. 22. Voir par exemple Premières sociétés de classes... ; Sur le « mode de production asiatique » ; Soviet Studies in History, IV. 4, 1966 ; V, 3. 1966/1967 ; Classe e Staio. 2. 1966 ; D. GIORI. op.cit. 23. Cf. N. V. TER-AKOPJAN. « Le développement des conceptions de K. Marx et F. Engels sur le mode de production asiatique et la communauté agricole ». NAA. 1965. 2. pp 74-88 ; 3, pp. 70-88 ; trad. italienne in Classe e Stato. 2. 1966. pp. 62-88. Voir plus récemment A. K ARNGOL DT. « La notion de mode de production asiatique dans les œuvres de K Marx et F. Engels (Essai d'interprétation) ». Gumanitarnye nauki. 2. Karaganda, 1975, pp. 182-188. pour qui le mode de production asiatique désigne, dans la pensée de Marx, la première formation économico-sociale, fondée sur la commune primitive. 24. Cette conception, développée par J. Suret-Canale et M. Godelier. est défendue par V V KRYLOV. « Le mode de production asiatique comme forme particulière d'esclavage ou de féodalisme ». Le général.... pp 83-93. ainsi que par E. O

BERZIN . Ibid.,

pp. 59-74, M. A. VITKIN, ibid., pp. 102-104 et I. L.

ANDREEV, ibid., pp. 194-196.

25. C'est le point de vue de E. S. Varga et N. V. Ter-Akopjan ; voir aussi L. A. SEDOV. « Sur les types économico-sociaux de développement ». Le général.... pp. 48-55. 26. G. A.

MELIKIŠVILI.

« Sur le caractère des plus anciennes sociétés de classe ». VI. 1966. 11.

pp. 65-80 ; trad française in Sur le « mode de production asiatique ». pp. 257-277. 27. Ju. I. SEMENOV. « Le problème du régime socio-économique de l'Orient ancien ». NAA. 1965. 4. pp. 69-89. 28. L. S.

VASIL'EV,

I. A.

STUČEVSKIJ.

« Trois modèles d'apparition et d'évolution des sociétés

précapitalistes ». VI. 1966. 5. pp. 77-90 ; I. A. ancienne. Moscou. 1966 ;

ID.,

STUČEVSKIJ.

La population dépendante de l'Égypte

« Sur les premières formations de classes et le mode de production

asiatique ». Le général.... pp. 122-134. 29. Ju. M.

KOBIŠČANOV.

« Féodalisme, esclavage et mode de production asiatique ». Le général...

pp. 42-47. 30. Voir en dernier lieu l'ouvrage fondamental de Ju. V.

KAČANOVSKIJ.

Esclavagisme, féodalisme ou

mode de production asiatique ?. Moscou. 1971, ainsi que V. N. NIKIFOROV. L'Orient et l'histoire mondiale. Moscou. 1975. Mais V. D. BLAVATSKIJ. « Le monde antique et l'Orient ancien », communication au XIIIe congrès international des sciences historiques. Moscou. 1970. insiste sur les différences essentielles qui existent entre les sociétés de l'Orient ancien et celles de l'Europe, admettant ainsi implicitement, semble-t-il. l'existence d'un mode de production asiatique. Plus ouvertement. G. A. MELIKŠIVILI, « Quelques aspects de la question concernant les structures socio-économiques des anciennes sociétés du Proche-Orient », VDI, 1975, 2. pp. 18-45. opte pour l'existence d'une société « préféodale » dans l'Orient ancien. 31. Cf. infra, p. 20. 32. Voir par exemple M. A

KOROSTOVCEV.

« Essai d'utilisation de l'analyse systématique dans

l'étude des premières sociétés divisées en classes (Les principes de l'élaboration d'un modèle de 1'« esclavage primitif ») ». NAA. 1973. 6. pp. 66-73 ; I. M. D'JAKONOV. « Esclaves, ilotes et serfs dans l'Antiquité à ses débuts », VDI, 1973, 4. pp. 3-29 Pour ce dernier, il existait a l'époque ancienne, en Orient comme en Occident, deux types d'esclaves, les uns dits « patriarcaux », travaillant dans le secteur économique de la communauté, les autres, que l'on peut appeler ilotes, employés dans le secteur d'État.

88

33. Cf. aussi N. I. KONDAR. « Polybe et Ssu-ma Chien », VDI. 1965, 4, pp. 3-25, qui juge possible une comparaison entre les idées des deux historiens dans la mesure où ils ont vécu au même stade de la formation esclavagiste, au moment où les rapports fondés sur l'esclavage étaient à leur apogée Cette étude est reprise dans N. I. KONDAR, L'Occident et l’Orient, 2e éd., Moscou. 1972. pp. 47-76. 34. V. N.

NIKIFOROV.

« La conception du mode de production asiatique et l'historiographie

soviétique actuelle », loc. cit., p. 32 sq. 35. Sur « formation » et « mode de production », cf. entre autres A. I. PAVLOVSKAJA, « A propos de la discussion sur le mode de production asiatique dans les pages des revues La Pensée et Eirene », VDI, 1965, 3, pp. 89-96 ; Ja. A. LENCMAN, « Quelques remarques préliminaires », ibid., pp. 75-83. Sur « formation » et « structure », voir par exemple A. Ja. GUREVIČ, « Contribution à la discussion sur les formations sociales précapitalistes formation et structure », Voprosy filosofii, 1968, 2, pp. 118-129 ; Ju. V. KAČNOVSKIJ, Esclavagisme, féodalisme.... p. 30, définit la « structure » comme « un mode de production qui, dans l’économie d’une société donnée, n’occupe pas la situation dominante, ne possède pas encore la superstructure politique et juridique correspondante et dont le développement est dans une certaine mesure déformé sous l’action du mode de production dominant ». 36. V. I.

ΚUZIŠČIN,

Le domaine esclavagiste romain.

IIe siècle

αν. n. è.-Ier siècle de n. è., Moscou,

1973. Cf. infra, p. 14 sqq. 37. V. I. KUZIŠČIN « La notion de formation économico-sociale et la périodisation de l’histoire de la société esclavagiste », VDI, 1974, 3, pp. 69-87. Sur les formations, voir aussi le recueil Problèmes des formations économico-sociales. Recherches historiques et typologiques, Moscou. 1975 (en particulier Μ. A. KOROSOVCEV, « La formation esclavagiste à la lumière du matérialisme historique », pp. 78-89). 38. Sur la périodisation de l'histoire de Rome, cf. aussi Μ. M. SLONIMSKIJ, La périodisation de l'histoire ancienne.... p. 192 sqq. qui distingue quatre grandes périodes : 1) la démocratie militaire (début du Ier

millénaire-fin du VIe siècle av. n.è.) ; 2) la société de l’esclavage à son stade initial (fin du

fin du

IIIe

s. av. n.è.) ; 3) la société esclavagiste développée (début du

IIe

s. av. n.è.-fin du

VIe

IIe

s.-

s. de

n.è.) ; 4) la crise générale de l'esclavage et la fin du système esclavagiste (fin du IIe s. de n.è.milieu du ve s. de n.è.). 39. Sur le problème de la révolution sociale, voir S. E.

KRAPIVENSKIJ,

Analyse de la catégorie de

« révolution sociale », Moscou, 1971 ; M. A. SELEZNEV, La révolution sociale (Problèmes méthodologiques), Moscou, 1971 ; B. F.

PORŠNEV,

« Le rôle des révolutions sociales dans la succession des

formations », in Problèmes des formations économico-sociales, pp. 25-39. Sur la révolution sociale à Rome. cf. infra, p. 25 sq. 40. VDI. 1969. 4, pp. 37-59. 41. Sur la distinction entre classe et ordre (ou caste), cf. LÉNINE, Le programme agraire de la socialdémocratie russe, in Œuvres, Éd. sociales-Éd. du Progrès, Paris-Moscou, 6. 1966, pp. 113-114, note 2 : « On sait que dans la société esclavagiste et féodale, les différences de classes s'exprimaient également dans la division de la population en castes, chaque caste ayant sa place juridique particulière dans l'État. C'est pourquoi les classes de la société esclavagiste ou féodale (de même que sous le régime du servage) étaient également des castes distinctes » 42. E. M. ŠTAERMAN. loc. cit., p. 58. 43. E. M. ŠTAERMAN, La Rome antique. Les problèmes du développement économique. Moscou. 1978, p. 194 44. S. L.

UT čENKO.

I. M

D'JAKONOV,

« La stratification sociale de la société antique », XIII e congrès

international des sciences historiques. Moscou. 16-23 août 1970, Texte des communications, I. 3, Moscou. 1973, pp. 129-149 45. Trad. française in Sur les sociétés précapitalistes, Éd. sociales, Paris, 1970. p. 190 Cf. aussi Le Capital. I, I, Ire section, chap. I, Éd. sociales. Paris. 1967. p. 93, note 1 : « La moindre connaissance

89

de l'histoire de la République romaine, par exemple, fait voir que le secret de cette histoire, c'est l'histoire de la propriété foncière ». 46. Voir par exemple le compte rendu de I. T. KRUGUKOVA, L'agriculture du Bosphore. Moscou. 1975. par V. I. KUZIŠČIN et A. M. REMENNIKOV. VDI, 1977, 2. p. 143. 47. E. M. ŠTAERMAN, « L'évolution de la forme antique de la propriété et de la cité antique », Vizantijskij Vremennik (VV), 34, 1973. pp. 3-14 ; EAD., « La propriété romaine sur la terre ». VDI. 1974, 3. pp. 34-68. 48. Voir IM. D' JAKONOV, « Les problèmes de la propriété. Sur la structure de la société du ProcheOrient avant le milieu du IIe millénaire av. n é. 1-2 », VDI, 1967. 4. pp. 13-35 ;

ID.,

« Les problèmes

de l'économie. Sur la structure de la société du Proche-Orient avant le milieu du IIe millénaire av. n.è. 3. La structure du secteur communautaire de l'économie dans l'Asie occidentale ». VDI, 1968. 3. pp. 3-27 ;

ID.,

« Les problèmes de l'économie. Sur la structure de la société du Proche-Orient

avant le milieu du IIe millénaire av. n.è. 4. La structure du secteur d'État de l'économie 5 Conclusions générales ». VDI. 1968. 4. pp. 3-40. Voir aussi G. M.

BONGARD-LEVIN,

« Contribution au

problème de la propriété foncière dans l'Inde ancienne ». VDI. 1973, 2. pp. 3-26. 49. V. V.

VINOGRADOV,

« Le développement de la propriété foncière dans l'ancienne Rome (La

période royale et les premiers siècles de la République) ». Ucenye zapiski Gor'kovskogo gosudarstvennogo pedagogičeskogo Instituta. Gorki. 61. 1966, Série historique. 9, pp 150-179. 50. A savoir : 1) existence de communautés variées, unies les unes aux autres par divers types d'alliances ; 2) apparition d'un pouvoir royal et naissance de la notion d'une propriété souveraine du roi sur le sol ; 3) apparition d'une aristocratie qui prend possession de terres ; 4) développement de différentes formes d'exploitation des travailleurs ; 5) importance croissante d'un culte des rois et des héros. Toutes ces circonstances déterminent les formes de la propriété sur le sol. 51. C'est cette notion de profit qui préside à la distinction entre praedia urbana et pruedia rustica dans Digeste. L. 16. 198 Les divers types de communautés productives familles, organisations rurales, ciuitas. identifiée au populus Romanus – poursuivent le même but : le profit. 52. E. M. Štaerman renvoie ici à une série de textes juridiques et littéraires Digeste. XLI. 3. 4, 25 ; 27 ; XLI, 3,37.1 ; GAIUS. Inst., II, 51 ; Digeste. XXXIX, 2, 27 ; XLII, 5. 5 ; 9. 6 ; PAUL., Sent., I, 13. 8-9 ; CICÉRON. Fam., Vil, 30. Leg agr., II. 31 ; 23 ; 45 ; Rhet. Heren., IV, 29.

53. E. M. Štaerman étend à la propriété privée des limitations qui ne valaient en fait que pour l oger publiais. 54. E. M. Štaerman renvoie à

SICULUS FLACCUS.

in Die Scliriften der römischen Feldmesser, I. Berlin.

1848. p. 161. et à PLINE LE JEUNE, Pan. Traj., où il est question des « illégalités » de Domitien. 55. La succession de ces relations pouvait se présenter ainsi : le membre de la communauté recevait de la collectivité une parcelle de terre ; la communauté recevait des terres de la cité à laquelle elle était rattachée ou à laquelle elle louait des terres ; la cité était responsable des terres qui lui avaient été remises par l'empereur ; l'empereur était le propriétaire souverain de la terre. 56. L. CAPOGROSSI COLOGNESI, La slruttura delta propriétà e la formazione dei « iura praediorum » nell’età repubblicana. Milan, 1969 ; en voir le compte rendu par E. M. ŠTAERMAN, VDI. 1970. 3. pp. 196-200 ; G. DIOSDI, Ownership in Ancient and Preclassical Roman Law. Budapest, 1970. 57. En voir un compte rendu par E. M.

ŠTAERMAN,

VDI. 1975, 1. pp. 159-169 Une traduction

italienne, préfacée par E. Gabba, est actuellement en préparation. 58. Μ. E.

SERGEENKO.

Les agriculteurs savants de l'ancienne Italie. Leningrad. 1970. p. 27. constate

également la persistance de la petite et moyenne propriété à l'époque impériale. 59. Chapitre déjà publié sous forme d'articles : « L'exploitation paysanne de l'ancienne Rome comme type économique ». VDI. 1973. 1. pp. 35-54 ; « Le rôle de la paysannerie en Italie du siècle av. n.è. au Ier siècle de n é ». Vestnik Moskovskogo gos. Universtteta. 1973. 2. pp. 79-91.

IIe

90

60. Mais des œuvres comme les poésies de Tibulle et d'Horace, les Gèorgiques de Virgile et le Moretum fournissent des renseignements utiles sur la ferme paysanne. 61. Cf. CATON, De agr.. 4 ; 5. 3, qui. tout en parlant de la uilla esclavagiste, se réfère aux pratiques traditionnelles en usage dans les domaines paysans ;

CICÉRON,

De off., I, 20-22 ; voir aussi les

œuvres des agrimensores. Pour l'existence de cette pratique au IIe siècle ap. J.-C en Tripolitaine. cf. APULÉE, Apol.. 17.

62. Pour Μ. E. SERGEENKO. « Les Gèorgiques de Virgile comme traité d'agriculture ». VDI. 1974. 3. pp 150-155. l'œuvre de Virgile ne décrit pas un type particulier d'exploitation agricole, mais mêle dans un même tableau des caractéristiques empruntées à des exploitations différentes et se référant à des régions différentes Ainsi, « il n'est pas possible de tirer de son poème des données concrètes permettant de définir un type donné d'économie » (p. 154). 63. V I. ΚUZIŠČIN Le domaine esclavagiste romain, p 51. 64. Les lois liciniennes de 367 av J.-C révèlent que les possessions foncières de l'aristocratie romaine étaient suffisamment importantes pour constituer un domaine considérable. Les conseils de Caton pour la construction de la uilla montrent que le processus est à ses débuts, et l'on peut supposer que Caton lui-même prit une part active à l'élaboration de ce type de complexe architectural, conçu d'abord essentiellement comme centre économique 65. D'après H GUMMERUS. Der römische Gulsbetrieb als wirtschaftliches Organismus nach den Werken von Cato. Varro und Columella. Leipzig. 1906. p. 78 sq., le domaine de Columelle atteint 1500 jugères. En estimant la population servile d'un tel domaine à 50 personnes (40 travailleurs + 10 administrateurs). V I. Kuziščin fixe l etendue de cette propriété à 600-700 jugères. 66. V. I. Kuzščin s'élève ici contre la conception de E. M. Štaerman sur le rôle de la reproduction naturelle Cf. infra. p. 31. 67. Sur cette question, cf. V. 1.

KUZI ščIN

servile dans l'agriculture romaine du

« Les problèmes concernant la productivité du travail

IIe siècle

av n.è. au

Ier siècle

de n é », communication au Ve

congrès international d'histoire économique. Leningrad. 10-14 août 1970 V I Kuziščin renvoie aussi à K. D. WHITE. « The Productivity of Labour in Roman AgriAgriculture», Antiqulty. XXXIV, 1965, pp. 102-107. 68. Voir à ce sujet Μ. E

SERGEENKO.

« Saserna et ses fragments ». VDI. 1946. 3, pp 70-80 et, plus

récemment. J KOLENDO, Le traité d'agronomie des Saserna. Varsovie. 1973. 69. Il n'est donc pas étonnant que Palladius prenne en considération ce type de domaine lorsqu'il décrit l'agriculture du Bas-Empire 70. V. I. KUZIŠČIN, Le domaine esclavagiste.... p. 193. 71. Pour mettre en évidence les caractéristiques des latifundia. V. I. Kuziščin utilise, à côté des sources littéraires, juridiques et épigraphiques, une documentation archéologique importante, mais malheureusement déjà ancienne. 72. Cf. V. I.

KUZIŠČIN,

« Les possessions foncières de M. Porcius Cato l'Ancien (Structure de la

grande propriété foncière en Italie au

IIe siècle

av. n.è., avant la réforme des Gracques) », VDI.

1975, 4, pp. 41-59. 73. Voir déjà V. I. KUZIŠČIN, « Sur les latifundia au IIe siècle av. n.è. Interprétation du chap. 7, livre 1 des Guerres civiles d'Appien », VDI. 1960, 1, pp. 46-60. 74. Voir par exemple

CICÉRON .

Rep., III, 41, qui montre Tib. Gracchus indifférent au sort des

Italiens. 75. Cicéron et César, parlant du populus Romanus et tota (omnis) Italia font la distinction entre les deux notions. Cf. CICÉRON, Fam,.. XI. 8 ; XXII, 8 ; XII, 5 ; CÉSAR. BC. III, 12. 76. V. I. Kuziščin rejette ainsi l'interprétation de E.

GABBA.

Appiano e la storia dette guerre civile.

Florence. 1956. p. 81 sq. pour qui l'« aspect social » de l’œuvre d’Appien correspond à la réalité du IIe siècle av J.-C.

91

77. Voir le cas de Marcus et Quintus Cicéron à Arpinum. Un passage de Leg. agr. III. 14. montre la constitution d'une propriété latifondiaire ; cf. aussi Caecin., 10-17. 78. Ainsi les officiers supérieurs pouvaient recevoir des lots de terre constituant de véritables latifundia (cf.

SICULUS FLACCUS,

in Corpus agrimensorum Romanorum, I, Leipzig. 1913. p. 121) ; par

ailleurs, l’existence de fundi excepti et de lundi concessi. la présence de terres improductives et de subseciua – toutes catégories exceptées du système d’assignation – entraînent la constitution d’une sorte de réserve de terres publiques qui. avec le temps, passent aux mains des colons les plus riches et deviennent ainsi l’une des sources de l’expansion de la propriété latifondiaire. 79. On observe la trace de ce processus dans la dénomination des domaines, constituée de plusieurs noms, qui sont ceux de leurs propriétaires successifs. 80. La table des Ligures Baebiani dessine un tableau identique, avec cette différence que la structure de la grande propriété dans cette communauté est plus morcelée qu'à Veleia. Mais cela s'explique peut-être par une certaine méfiance des grands propriétaires à l’égard des nouvelles mesures de Trajan. méfiance qui les incite à n’hypothéquer qu’une partie de leurs possessions. Sur le même processus V. I. Kuziščin renvoie encore à CIL. X. 444. 2e inscription ; cf. VDI. 1955. 2. pp. 247-248. 81. Sur le déclin général de l’agriculture italienne au « L’évolution de l’agriculture de l’Italie au

IIe siècle

IIe siècle

ap. J.-C.. voir T. T.

VOLŠTEJN.

de n.è. », Antičnaja drevnost i srednie veka. 1 1,

1975. pp. 68-78. 82.

MARX,

Le Capital. III, 1, section 4, chap. XX, Éd. sociales, t. VI, Paris. 1965. p. 340 : « Dans le

monde antique, l’action du commerce et le développement du capital marchand aboutit toujours à une économie esclavagiste ; ou. suivant son point de départ, elle peut aboutir à la simple transformation d'un système d’esclavage patriarcal orienté vers la production de moyens de subsistance directs en un système orienté vers la production de plus-value ». 83. H. DOHR. Die italischen Gutshöfe nuch den Schriften Catos und Varro. Cologne. 1965. 84. Voir M. MORETTI. Autostrade. X. 8. 1968 ; W.

ECK.

« Die Familie der Volusii Saturnini in neuen

Inschriften aus Lucus Feroniae ». Hermes. C. 1972. pp. 461 sqq. (bibliographie donnée par F. Coarelli en appendice à E. GABBA. « Mercati e fiere nell ltalia romana ». Studi classici e orientali. 24. 1975. p. 166). 85. Voir par exemple U.

KAHRSTEDT.

Die wirtschaftliche Lage Grossgriechenlands in der Kaiserzeit.

Historia. Einzelschriften 4. Wiesbaden, 1960. 86. Sur Caton : V. I. ΚUZIŠČIN « A propos de la datation du De agricultura de Caton », VDI. 1966. 2. pp. 54-67 ; ID., « Les possessions foncières de M. Porcius Cato l’Ancien ». VDI, 1975. 4, pp. 41-59 ; Μ. E.

SERGEENKO.

« Notes à Caton ». VDI 1976. 3, pp. 154-159 ; sur Virgile : Μ. E.

SERGEENKO.

« Les

Gêorgiques de Virgile en tant que traité d'agriculture ». VDI. 1974. 3. pp. 150-155 ; Columelle : Μ. E. SERGEENKO.

« Columelle. II. 12. 7-8 (Essai de commentaire) ». VDI. 1971. 2. pp. 116-119. Sur les

agronomes latins en général. Μ. E. SERGEENKO. Les agriculteurs savants de l'ancienne Italie. Leningrad. 1970 (présentation et traduction annotée d'un certain nombre de textes de Caton. Vairon, Pline l’Ancien et Columelle). Sur Palladius : V. G.

GAVRILOV.

« A propos de la datation du traité de

Palladius ». Vestnik Moskovskogo gos. Universiteta. 1971. 6. pp. 74-80 ;

ID.

« Sur l'authenticité des

indications contenues dans le traité de Palladius. De re rustica ». VDI 1976. 4. pp 112-122. 87. V. I. KUZI ščIN, « Le rétablissement de la fertilité du sol chez les Romains (L'usage des engrais dans l'agriculture en Italie du

IIe siècle

av. n.è. au

Ier siècle

de n.è.) ». Drevnij Vostok i anticnyj mir,

Moscou. 1972. pp. 184-208 ; ID., « La rotation des cultures et son utilisation à Rome au IIe siècle av. n.è. ». Istorija i kul'tura anticnogo mira, Moscou. 1977. pp 91-95 ; V. G.

GAVRILOV.

« Sur les

constructions de charrues et le labour des champs d'après les traités des agronomes romains ». Drevnli Vostok i antičnyj mir. pp. 225-243. 88. Cf. I. M.

D'JAKONOV,

« La communauté dans l'Orient ancien dans les travaux des chercheurs

soviétiques ». VDI, 1963. 1, pp. 16-34. Il s'agit d'une communication lors d'un débat sur le

92

problème de la communauté de clan et de la communauté rurale dans l'Orient ancien, organisé à Leningrad en mai 1962 par l'Institut des peuples de l'Asie auprès de l'Académie des Sciences d'U.R.S.S. (cf. VDI. 1963, I. pp. 179-195). 89. E. SERENI, La comunità rurale nellltalia antica, Milan, 1955. 90. E. S. GOLUBTSOVA, V. I. KUSISHIN, E M. SHTAERMAN, « Types of Community in the Ancient World », communication au XIVe congrès international des sciences historiques, San Francisco, 22-29 août 1975. 91. Ibid., p. 3 sq. 92. Cf. infra, p. 39. 93. Dans une lettre à Vera Zassoulitch du 8 mars 1881, Marx indique l'existence et les caractéristiques de ces deux types de communautés, soulignant que la « commune rurale » (ou encore « agricole ») est d'apparition plus récente : « Dans le mouvement historique de l'Europe occidentale, écrit-il, ancienne et moderne, la période de la commune agricole apparaît comme période de transition de la propriété commune à la propriété privée, comme période de transition de la formation primaire à la formation secondaire » (Lettre citée en appendice à F. ENGELS, L'origine de la famille, de la propriété privée et de l’État,

Éd. sociales, Paris, 1971, p 294). Sur les

communautés primitives, voir A. M. KHAZANOV, « La communauté dans les sociétés primitives en décomposition et ses destinées historiques », VDI. 1975, 4, pp. 3-13. 94. On reconnaît là le point de vue de E. M. Štaerman ; cf. supra, p. 12. 95. Voir infra, p. 22. 96. F.n voir un compte rendu par Fi. M. ŠTAERMAN, VDI, 1973. 4. pp. 153-159 Voir aussi E. S. GOLUBCOVA.

« Le caractère spécifique des rapports sociaux dans les communautés rurales situées

sur le territoire des cités (Asie Mineure, Ier-IIIe siècles) ». VDI. 1969. I. pp. 45-64. 97. E S.

GOLUBCOVA.

Esquisse d'une histoire socio-politique de l'Asie Mineure aux

Ier-IIIe siècles

(La

communauté rurale indépendante). Moscou. 1962 98. Cf. Monumenta Asiae Minoris Antiqua. 1. 413 ; 224 ; VI, 141a 99. VDI. 1979. I, pp. 182-187 100. VDI. 1977, 2, pp 41-57. 101. VDI. 1978. 2, pp. 89-110. 102. Voir Code Just., VIII. 52. 1 ; III. 34. 6 et 7 ; Digeste. XVIII, 1, 34. I ; XX. I. 24 : VI, 2. 12, 2 ; X. I, 7 103. E M. Štaerman cite l'exemple de divers groupes disposant de terres et de biens à titre collectif : les groupements d'affranchis (Digeste. XXXI, 73. 13 : 15 ; 27 ; 28 ; XXXII. 38. 5 ; 93, 2 ; XXXIII, 1,18 :2, 34 ; XXXIV, 1,4), les nauicularii. les soldats, les curiales ICodeJust.. VI. 62 ; XI, 32, 2 et 3 ; XI. 59, 6). Un tel collectif est désigné par le terme de consortium (Cod. Jusi., X, 14 ; X. 35. I ; consortium decurionum ; Cod. Just., XI, 8, 7 : consortium de monetarii ; XI, 10, 4 sq. : consortium de fabricenses : XI. 38. I : consortes muneris). 104. Publiés sous le titre Società romana e produzione schiavistica, 3 vol., Rome-Bari, 1981. 105. Cf. supra, p. 11, n. 49. 106. En voir le texte dans VDI. 1976, 4, pp. 43-55. 107. La démocratie militaire est ainsi définie par

ENGELS,

L’origine de la famille.... p. 150 : « Chef

militaire, conseil, assemblée du peuple, tels sont les organes de la société gentilice qui a évolué pour devenir une démocratie militaire. Militaire – car la guerre et l'organisation pour la guerre sont maintenant devenues fonctions régulières de la vie du peuple (...) La guerre, autrefois pratiquée seulement pour se venger d'usurpations ou pour étendre un territoire devenu insuffisant, est maintenant pratiquée en vue du seul pillage et devient une branche permanente d'industrie ». Sur la question, cf. A. M.

KHAZANOV,

« La démocratie militaire et l'époque de la

formation des classes », VI. 1968, 12, pp. 87-97 ; V. I.

AVDIEV.

« La démocratie militaire et le

caractère de classe de l'État le plus ancien », VI, 1970, 1, pp. 89-102 ; V. M. notion de 'démocratie militaire ». Sovetskaja Etnografija. 1973, 4, pp. 66-75.

KHMELINSKIJ.

« Sur la

93

108. N. I.

MINICKIJ,

« La relation des patriciens et des plébéiens au culte privé et public dans

l'ancienne Rome », Voprosy istorii drevnego mira i srednikh vekov, Minsk. 1974, pp. 46-63, montre comment la prépondérance des patriciens s'exerce aussi en matière de religion. Les plébéiens, exclus des cultes hérités de l'ancienne organisation gentilice, participent cependant aux sacra publica : pour renforcer leur domination, les patriciens cherchent à entretenir l'illusion que la plèbe et l'aristocratie forment une collectivité à la fois politique et religieuse 109. Un examen des lois agraires proposées entre 449 et 367 révèle l'ampleur du problème. 110. Ainsi, à la différence de V. I. Kuziščin, F. M Nečaj admet l'existence de propriétés latifondiaires en Italie dès le IVe siècle av. J.-C. (voir par exemple p. 185 de son étude) 111. Pour F. M. Nečaj il est vraisemblable que la réforme des comices centuriates. fixée entre 241 et 230 par L. Ross TAYLOR, « The Centuriate Assembly before and after the Reforme », AJP. 78, 1957, p. 351, ait en fait eu lieu en 342 ou 332. lors de la censure de Q. Publilius Philo. 112. En appendice (tableaux 6 et 7. p. 216 sqq.), F. M. Nečaj donne la liste complète de ces genres. 113. Voir aussi F. M. NEČAJ. « Les patriciens et les plébéiens à l'époque la plus ancienne de Rome ». Voprosy istorii drevnego mira i srednikh vekov. Minsk, 1970. pp. 88-120. Ajoutons que Marx indiquait déjà, dans une lettre à Engels du 8 mars 1855, que l'histoire intérieure de Rome à l'époque républicaine se ramenait à la lutte de la petite propriété foncière contre la grande. Voir encore V. V. VINOGRADOV, « La question de la lutte de la petite propriété contre la grande dans l'ancienne Rome », loc cit. et. du même, « La lutte de la petite propriété foncière contre la grande dans l'ancienne Rome au Ier siècle av. n é », UČenye zapiski Gor'kovskogo gocudarstvennogo pedagogičeskogo Instituta. Gorki. 1970, 123, pp. 109-111. 114. Sur les tribuns, voir aussi O.I. République romaine au

II

e

KHANKEVIČ .

« L'activité des tribuns de la plèbe dans la

siècle av. n é. (avant le mouvement des Gracques) », Voprosy islorii

drevnego mira i srednikh vekov. Minsk. 1974. pp. 72-80. 115. F. M. NEČAJ, op. cit, p. 201. 116. Cf. par exemple P. A. BRUNT, Italian Manpower, Oxford. 1971, p. 26 sq. 117. Dans le premier chapitre, son analyse est tributaire uniquement de E. GJERSTAD, Early Rome. I. Lund, 1953. 118. Cette étude avait déjà paru dans le VDI. 1963, 4. pp. 75-95. 119. Argyrippe TITE-LIVE, XXIV, 45, 1-2 ; APPIEN. Han., 31. Compsa : TITE-LIVE, XXIII, I. 1 sqq Capoue : ID.,

XXIII. 6 sqq. Tarente ; ID., XXV. 7-8. Même analyse de la répartition des forces sociales chez K.

A. REVJAKO, « L'attitude des Étrusques à l'égard de la II e guerre punique », Voprosy istorii drevnego mira i srednikh vekov, Minsk, 1974, pp. 64-71. – Il est intéressant de noter que l'interprétation toute marxiste de I. L. Majak reprend – vraisemblablement à l'insu de l'auteur – les considérations de FUSTEL DE COUIANGES,

« Polybe ou la Grèce conquise par les Romains », 1858, Questions historiques,

revues et complétées d'après les notes de l'auteur par Camille Jullian, Paris, 1893. 120. Cf TITE-LIVE. XLI. 8. 9-10. En devenant esclaves, les alliés espèrent être ensuite affranchis et pouvoir accéder à la citoyenneté romaine. 121. F M NEČAJ. Rome et les Italiques, Minsk, 1963. 122. I. L. MAJAK, op cit., p. 48. 123. Problemy vseobščej istorii. Moscou. 1974. pp 275-283 ; cf. aussi, de la même. « La politique extérieure du Sénat romain à la veille et pendant les années de la guerre de Syrie (197-189 av. n.è.) ». Problemy vseobščej istorii. Moscou. 1973. pp 324-343. 124. La dernière colonie de ce genre est Aquilée, fondée en 183. Les échos des discussions sur le statut de la colonie dans

TITE-LIVE,

XXXIX, 55, révèlent l'apparition sur la scène politique d'un

nouveau « parti agraire ». 125. Cf. par exemple Ο. V.

SIDOROVIČ.

« La composition sociale du Sénat romain au début de la

République », Iz istorii antičnogo obščestva. I. Gorki, 1975. pp 52-63 : Ja. Ju.

ZABOROVSKIJ,

« Quelques

94

aspects des luttes politiques dans le Sénat romain (140-120 av. n.è.) ». VDI. 1977. 3, pp. 182-192. Pour la fin de la République, voir les travaux de B. P. Seleckij. énumérés p. 26 sq., n 129. 126. Sur S. L. Utčenko et son œuvre, cf. VDI. 1977. I. pp. 13-29 (avec une bibliographie détaillée). 127. Cicerone e i suoi tempi, a cura di M. MAZZA, Rome, 1975. Trad allemande. Cicero. Berlin, 1978. 128. S. L. ERŠOVIČ,

UTČENKO,

Jutes César, Moscou, 1976. Édition épuisée. Sur Jules César, voir encore N. I.

« Le passage du Rhin par Jules César », VDI. 1968, 2, pp. 120-130 ; I. A TIKHONOV, « Quelques

particularités de la politique de Jules Césardans les provinces », Učenye zapiski Gor'kovskogo gosudarstvennogo pedagogičeskogo Instituta, 123, 1970, pp. 99-103 ; S. I.

BOLŠAKOV ,

« La question de la

nature sociale des réformes de César », XXIV Gercenovskie čtenija. Sciences historiques, Leningrad. 1971. pp. 147-150 ; V. N. PARFENOV, « La professionnalisation de l'armée romaine et les guerres de César en Gaule ». Antičnyj mir i arkheologija. II, 1974, pp. 72-89 ; M. S. SADOVSKAJA. « Les campagnes de César en Bretagne ». Iz istorii antičnogo obščestva. Gorki, I, 1975, pp. 83-97. 129. B. P. Seleckij a publié les articles suivants depuis 1965 : « Les conceptions politiques de Salluste à l'époque de la composition du Bellum Jugurihinum ». Učenye zapiski Pskovskogo gosudarstvennogo pedagogičeskogo Instituta, 1966, 32, Sciences sociales et historiques. 2, pp. 75-86 ; « Le rôle de Scipion le Jeune dans le déclenchement de la guerre de Jugurtha et la position politique de son cercle », VDI, 1967, 4, pp 87-95 ; « La question des luttes sociales et politiques à Rome à l'époque de la guerre de Jugurtha ». VDI 1970, 4, pp. 112-124 ; « La terminologie politique romaine (Signification sociale du terme boni dans la partie de l'œuvre d'Orose consacrée au mouvement de Saturninus) », XXV Gercenovskie čtenija, Sciences historiques. Leningrad. 1972, pp. 146-148 ; « Les chevaliers romains dans la dernière période du mouvement de Saturninus », VDI 1973. 1. pp. 145-153 ; « A propos de la signification sociale de la formule salis boni dans la Correspondance de Cicéron », VDI 1974, 2. pp. 178-182 ; « A propos de la signification sociale et politique de la formule consensus (consensio) bonorum dans la Correspondance de Cicéron ». VDI 1975. 1. pp. 144-151 ; « La signification sociale et politique du mot bonus (boni) dans la Correspondance de Cicéron », VDI 1976, 2, pp 142-156 ; « A propos de quelques recherches récentes sur l'histoire sociale et politique de Rome autour de 90 av. n é. », VDI 1978, 3, pp. 204-215. 130. C. NICOLET. L'ordre équestre à l'époque républicaine (312-43 av. J.-C.). I 2. Paris, 1974, p. 629. 131. B.P.

SELECKIJ.

« A propos de la signification sociale et politique de la formule consensus

(consensio) bonorum dans la Correspondance de Cicéron », loc. cit. 132. Rappelons les travaux plus anciens de S. L. Utčenko, par exemple La crise et la chute de la République, Moscou, 1965. 133. A. B EGOROV. « Quelques aspects de la terminologie politique des Romains (pars et factio dans la littérature de la fin de la République et du Haut-Empire) », Problemy otečestvennoj i vseobščej istorii, Leningrad, 3, 1976, pp. 158-164. Sur le vocabulaire politique, voir encore G. M.

MARČENKO,

« La tradition antique concernant les principes ciuitatis », Vestnik Leningradskogo gosudarstvennogo Universiteta, 1974, 14, Série histoire, langue, littérature, 3, pp. 56-62. 134. J. HELLEGOUARC'H H. Le vocabulaire latin des relations et des partis politiques sous la République. Paris, (1963) 1972. 135. R. SEAGER, « Factio : Some Observations », JRS. 62, 1972, pp. 53-58 ; A. BARTOLE, « Usie valori del termine factio alla fine dell'età repubblicana ». Bollettino di studi latini, 5, 1975, pp. 3-12. Voir aussi H SMITH, « Factio. factiones and nobilitas in Sallust ». Classica et Medioaevalia, 29, 1968. pp. 187-196. 136. Voir L. S.

IL'INSKAJA.

« L'héritage littéraire de Cicéron comme source pour l'étude de la

situation des provinces d'Asie Mineure à la fin de la République ». VDI. 1966, 3. pp. 149-163 ; I. V STAL,

« La notion d « amitié » et l'évolution de l'idéal esthétique de l'homme dans la littérature

romaine du Ier siècle av. n.è. (d’après les œuvres de Cicéron et Catulle) », Voprosy antičnoj literatury i klassičeskoj filologii, Moscou, 1966. pp. 281-292 ; N M. ELIZAROVA. « La politique financière de Rome, moyen pour piller les provinces (d'après la Correspondance de Cicéron) », Economičeskoe razvitie i klassovaja bor'ba v srednie veka i v antičnosti. Saratov. 1968, pp 127-161 ; S. L. UTČENKO, « Cicéron et

95

Catilina », VI, 1972, 2. pp. 121-132 ; 3, pp. 124-135 ; A A.

MOTUS.

« Appréciation politique des

discours de Cicéron », XXVII Gercenovskie čtenija. Sciences historiques, Leningrad. 1975, pp. 127-131 ; V. P. ZIMIN, « La conception cicéronienne de la meilleure forme d'État », Voprosy otečestvennoj i vseobščej istorii. Kouibychev, 1975. pp 186-193 ; V. T. ZVIREVIČ, « Cicéron, théoricien et historiographe de la philosophie en tant que science des choses humaines ». Istoriko-filosofskie issledovanija. Sverdlovsk, 2. 1975, pp. 17-30. 137. D V.

« Sur les conceptions psychiatriques de Cicéron », Nevropatologija i

AFANAS'EV.

psikhiatrija, 74, 1974, 9. pp. 1408-1411. 138. Sur la période républicaine, voir encore les études de A. V. IGNATENKO sur l’armée romaine : « Évolution de l'institution du recrutement des légions romaines à l'époque républicaine ». Sverdlovskij juridiceskij Institut. Konferencija po itogam naučno-issledovatelskoj raboty za 1968 g. Materialy. Sverdlovsk, 1969, pp. 234-238 ; « Le rôle politique de l'armée à Rome à l'époque républicaine », Sbornik naučnykh trudov Sverdlovskogo juridičeskogo Instituta. 23, 1973, pp. 9-30 ; « A propos de la crise de l'ancien système militaire romain », ibid., 34. 1974, pp. 174-181 ; « A propos du rôle politique de l'armée à Rome au début de la République », ibid., 44, 1975, pp. 147-167. L'armée dans le mécanisme d'État de la Rome esclavagiste à l'époque républicaine. Étude historicojuridique. Sverdlovsk, 1976. 139. E. M. ŠTAERMAN. Μ. K. TROFIMOVA, Les rapports esclavagistes sous le Haut-Empire romain (L Italie). Moscou, 1971. Trad. italienne. La scliiavitù nell'Italia imperiale I-III secolo, Rome, 1975. 140. Ju. K. KOLOSOVSKAJA. « La question de la structure sociale de la société romaine du siècles (Les collegia ueteranorum) ». VDI. 1969. 4, pp. 122-129 ; R. E.

LJAST.

I er

au III e

« Composition et rôle

e

politique des corporations liées aux services de l annone à Ostie (II siècle de n.è.) », VDI. 1970, 2. pp. 149-161 ; EAD, « Organisation et composition des corporations professionnelles à Ostie au

II e

siècle de n.è. », Učenye zapiski Baškirskogo Universiteta, Oufa. 49. Série des Sciences historiques, 10, 1970, pp. 135-145 ; aux

Ier

-II e

EAD..

« Données épigraphiques concernant le collège des Augustales à Ostie

siècles de n.è. », Antičnyj mir i arkheologija, II, 1974. pp. 46-60 ; M. E. SERGEENKO. « De la

vie des collèges d'Italie ». VDI. 1972, 4, pp. 134-138. 141. L. V. BOLTINSKAJA. « Les mouvements sociaux dans l’Empire romain sous le règne de Tibère ». Iz istorii drevnego mira i srednikh vekov, Krasnoïarsk, 1967, pp. 3-30 ; EAD... « Le soulèvement des légions pannoniennes et germaniques sous le règne de Tibère », ibid., pp. 31-43. 142. L. V.

BOLTINSKAJA,

« Les.moyens utilisés pour renforcer l'armée romaine à l'époque julio-

claudienne », Voprosy vseobščej istorii, Krasnoïarsk, 3, 1973, pp. 3-17 ;

EAD.,

« Les principes utilisés

pour compléter l’armée romaine à l’époque julio-claudienne », ibid., pp. 18-22. 143. G. S. KNABE, « Le citoyen romain Cornélius Tacite », Antičnost'i sovremennost'. K 80-letiju F. A. Petrovskogo, Moscou, 1972, pp. 340-351 ;

ID.,

Cornélius Tacite », VDI, 1972, 3, pp. 30-63 ;

« La vie d Apollonius de Tyane, le βασιλεύς χρηστός et ID.,

« La notion de culture dans l'ancienne Rome et

Tacite à ses débuts », Istorija filosofti i voprosy kul'tury. Moscou, 1975, pp. 62-130. 144. Cf. VDI, 1960. 4. pp. 3-8. 145. C'est ainsi que certaines publications soviétiques sur l'esclavage ont été traduites en allemand à Wiesbaden Ja. A. LENCMAN, Die Sklaverei im mykenischen und homerischen Griechenland, 1966 ; E. M.

ŠTAERMAN,

Die Blütezeit der Sklavenwirtschaft in der römischen Republik, 1969 ; T. V.

BLAVATSKAJA,

E. S. GOLUBCOVA, A. I. PAVLOVSKAJA, Die Sklaverei in hellenistischen Staaten im 3.-1. Jh. v.

Chr., 1972. Inversement, le VDI. 1967, 2, pp. 98-103, publie en russe un article de J.

VOGT,

« Arts

libéraux et population non libre dans l'ancienne Rome ». Par ailleurs, des colloques internationaux ont eu lieu dans le cadre du Groupe international de Recherches sur l'Esclavage antique (GIREA) à Gargnano et Varsovie en 1975, à Bressanone en 1976, au cours desquels des contacts ont été noués avec les chercheurs soviétiques. Cf. M.

CLAVEL-LÉVÊQUE

et F.

FAVORY.

« Pratique scientifique et théorie des sociétés de l'Antiquité », La Pensée, 192. 1977, p. 95 sqq.

96

146. Pour l'Orient ancien : M A.

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L esclavage en Babyloniedu VII e au IV e siècles av. n.è.

(626-331), Moscou. 1974. Pour la Grèce : Ja. A.

LENCMAN,

L esclavage dans la Grèce mycénienne et

homérique. Moscou. 1963 ; D. P. KALLISTOV, A. A NEJKHARDT, I. Š. ŠIFMAN. I. A. ŠIŠOVA, L'esclavage à la périphérie du monde antique, Leningrad, 1968 ; T. V. BLAVATSKAJA, E. S. GOLUBCOVA, A. I. PAVLOVSKAJA, L'esclavage dans les États hellénistiques aux TROFIMOVA,

IIIe-Ier siècles

av. n.è., Moscou. 1969 ; K. K.

ZEL'IN,

Μ. K.

Les formes de la dépendance en Méditerranée orientale à l'époque hellénistique. Moscou.

1969. Pour le monde romain : L. A. EL'NICKIJ, L apparition et le développement de l’esclavage à Rome aux VIIIe-IIIe siècles

av. n.è., Moscou, 1964 ; E. M. ŠTAERMAN, L'épanouissement des rapports esclavagistes sous

la République romaine, Moscou, 1964 ; E. M. ŠTAERMAN, Μ. K. TROFIMOVA, Les rapports esclavagistes sous le Haut-Empire romain (L'Italie), Moscou, 1971 ; E. M. KOLOSOVSKAJA,

ŠTAERMAN,

V. M.

SMIRIN.

L esclavage dans les provinces occidentales de l'Empire romain aux

1977 ; L. P. MARINOVIČ. E. S. GOLUBCOVA. I. Š.

ŠIFMAN .

N. N.

BELOVA,

Ier-IIIer siècles.

Ju. K.

Moscou.

A. I. PAVIOVSKAJA. L esclavage dans les provinces

orientales de l’Empire romain aux Ier-IIIer siècles. Moscou. 1977 Pour un panorama d'ensemble, voir VI. 1978. 10, pp 141-147. 147. Actes du Colloque de Besançon sur l’esclavage 1970. Paris. 1972. pp. 9-27. Voir aussi J.

VOGT.

« La

schiavitù antica nella storiografia moderna ». Quaderni Urbinati di cultura classica. 18. 1974, pp. 7-21. 148. K. K. ZEL'IN. Μ. K. TROFIMOVA. Les formes de la dépendance... chap. I. Cette étude de K. K. Zel'in a paru précédemment sous le même titre dans VDl. 1967. 2. pp. 7-31. Trad. française in Recherches internationales à la lumière du marxisme. 84. 1975. pp. 45-77. 149. K. K. ZEL'IN. op cil., p. 29. 150. Voir par exemple Ju. I.

SEMENOV.

« Le problème du régime socio-économique de l'Orient

ancien ». NAA. 1965, 4. p. 83 : E. M. ŠTAERMAN. « Le problème de l'analyse structurale en histoire », VI, 1968, 6. p. 30. 151. I. M. D

JAKONOV.

« Esclaves, ilotes et serfs dans l'Antiquité à ses débuts ». VDI. 1973. 4.

pp. 3-29. par une démarche inverse, tente de ramener à l'esclavage les formes de dépendance marginales (ilotes, pénestes. mnoi. etc). 152. Cf. E. S

GOLUBCOVA.

« Les formes de l'esclavage et de la dépendance en Asie Mineure », in

L'esclavage dans les provinces orientales, p 91 sqq. 153. E M

ŠTAERMAN.

M K

TROFIMOVA.

op. cit., chap I. Mais V. I.

KUZIŠČIN,

Le domaine esclavagiste

romain, chap. Il, conteste que la reproduction naturelle ait joué un grand rôle dans la uilla esclavagiste. 154. Voir A. I. PAVIOVSKAJA. « Les esclaves dans l'agriculture de l'Égypte romaine ». VDI. 1976. 2, pp. 73-84 ;

EAD.,

« L'esclavage en Égypte romaine », in L'esclavage dans les provinces orientales,

pp. 136-156. 155. VV. 35, 1973, pp. 33-50 ; 36, 1974, pp. 31-44. 156. K. K. ZEL. IN. M. K. TROFIMOVA. op. cit., p. 27 sq. 157. Cf. supra, p 14 sqq 158. Antičnoe obščestvo. Moscou. 1967, pp. 38-45 159. Ibid., pp. 60-67. M l. Rižskij avait soutenu en 1950 une thèse (inédite) sur « L'esclavage dans l'agriculture de l'Italie antique du IIe siècle av. n.è. au Ier siècle de n é. (principalement d'après les œuvres de Caton, Varron, Columelle) ». 160. E. M. ŠTAERMAN. Μ. K. TROFIMOVA, op cit., chap. II et suiv. 161. N. N. BELOVA, « Les formes de la dépendance dans l'agriculture de la Gaule romaine du IIIe

Ier

au

siècles de n.è (d'après les données épigraphiques et archéologiques) ». VDI. 1970, 1.

pp. 121-142, repris dans L esclavage dans les provinces occidentales, p. 86 sqq. N. N. Belova se fonde essentiellement sur la mention, dans les inscriptions, de termes comme uilicus et actor. qui

97

indiquent généralement un statut servile, pour en conclure à l'emploi d'une main-d’œuvre servile dans l'agriculture de Gaule. 162. N. N. BELOVA. « Les données épigraphiques concernant le caractère du travail dans l'artisanat de la céramique en Gaule romaine aux Ier-IIe siècles de n.è. », VDI. 1967, 1, pp. 79-95 ;

EAD.,

« Les

esclaves des professions artisanales et non productives dans la Gaule romaine aux Ier-IIIe siècles (essentiellement d'après les données épigraphiques) », Antičnaja drevnost'i srednie veka, 8. 1972. pp. 56-72 ; les conclusions sont reprises dans L’esclavage dans les provinces ocidentales, p. 95 sqq. 163. Outre un chap. de la Rome antique de S. L.

UTČENKO,

l'aspect militaire de la révolte de Spartacus : Μ. M.

signalons trois études très brèves sur SLONIMSKIJ,

insurrectionnelle de Spartacus ». VI. 1971, 12. pp. 176-177 ; V.

« Les effectifs de l'armée

GORSKOV .

« L'art militaire de

Spartacus », Voenno-istoričeskij žurnal, 1972, 8, pp. 82-87 ; A. A. MOTUS, « A propos de l'art militaire de Spartacus ». XXVIII Gercenovskie čtenija. Sciences historiques, Leningrad. 1975, pp. 133-136. 164. E. M. ŠTAERMAN. Μ. K. TROFIMOVA, op. cit., chap. VIII. 165. Cf. déjà E. M. ŠTAERMAN, La morale et la religion des classes opprimées de l'Empire romain. Moscou. 1961. 166. Publiée par K.BURESCH. AUS Lydien. Epigrafiscli-geografische Reisefrüclue. Leipzig. 1898, p. 113. 167. Cf. E. S.

GOLUBCOVA.

« Les formes de l'esclavage et de la dépendance en Asie Mineure », in

L'esclavage dans les provinces orientales, p. 93. 168. A. I. PAVIOVSKAJA, ibid., p. 181 sq. 169. Voir E. M. ŠTAERMAN. L’esclavage dans les provinces occidentales, p. 34 sq. 170. L’esclavage dans les provinces occidentales de l’Empire romain aux Ier-IIIe siècles. Moscou. 1977 : E. M. ŠTAERMAN. « L'esclavage dans les provinces africaines », pp. 7-35 ; V. M. SMIRIN, « L'esclavage en Espagne romaine », pp. 36-85 ; N. N. BELOVA, « L'esclavage en Gaule romaine », pp. 86-119 ; Ju. K. KOLOSOVSKAJA,

« L'esclavage dans les provinces danubiennes », pp. 120-207. L’esclavage dans les

provinces orientales de l’Empire romain aux Ier-IIIe siècles de n.è., Moscou. 1977 : L. P.

MARINOVIČ

« L'esclavage dans la province d'Achaïe ». pp. 7-57 ; E. S. GOLUBCOVA. « Les formes de l'esclavage et de la dépendance en Asie Mineure », pp. 58-107 ; I. Š.

ŠIFMAN.

« L'esclavage en Syrie et en

Palestine », pp. 108-128 ; A. I. PAVLOVSKAJA. « L'esclavage en Égypte romaine », pp. 129-209. 171. Cf. N. N. BELOVA. « L'esclavage en Gaule romaine », loc. cit. 172. L. P. MARINOVIČ, « L'esclavage dans la province d'Achaïe ». loc. cit, qui reprend VDI. 1971. 4, pp. 27-46. Voir aussi A. B. KOVEL.'MAN, « Lesparamonarii, travailleurs salariés de l'Égypte grécoromaine (d'après les registres du Michigan) ». NAA. 1974, 6. pp. 134-140. 173. I. Š. ŠIFMAN. « L'esclavage en Syrie et en Palestine », loc cit. 174. Cf. supra, p. 20. 175. En voir le compte rendu par A. M REMENNIKOV. VI, 1974. Il, pp. 173-175 ; par N. F. MURYGINA. Sovetskaja arkheologija. 1975, 3. pp. 244-248. 176. Pour les données archéologiques, Ju. K. Kolosovskaja renvoie principalement à E. B THOMAS, Römischen Villen in Pannonien. Budapest. 1964. 177. C'est ainsi, par exemple, que Noviodunum, principal centre des Latobici. et Andautonia. ciuitas des Varciani, reçoivent le statut de municipes. tout comme Scarbanila, sur le territoire des Boiens. 178. La preuve en est donnée par le nombre restreint, au

IIIe siècle,

des sénateurs originaires des

provinces danubiennes. 179. Cf. Ju. K.

KOLOSOVSKAJA,

« Le rôle des affranchis italiens dans la romanisation de la

Pannonie ». VDI. 1971. 2. pp. 57-70. 180. Faute de documents. Ju. K. Kolosovskaja se borne à postuler l’existence de tels rapports, sans parvenir à en appréhender la réalité concrète.

98

181. Sur le même problème, mais dans une autre province, cf. N N.

BELOVA.

« A propos de la

formation d'éléments d une structure d'État et d'institutions étatiques chez les Celtes en Gaule ». Antičnaja drevnost'i srednie veka (ADSV). 7. 1971. pp. 172-184. 182. Učenye zapiski Permskogo gosudarstvennogo Universiteta. Perm, 143. Sciences historiques. 1966. pp. 3-64. Cf. aussi, du même auteur. « La lutte des masses populaires de Thrace et d'Illyrie contre les Wisigoths en 378-400 et sa signification progressiste ». Uċenye zapiski Udmurtskogo gos. pedagogičeskogo Instituta. Ijevsk, 1970. 21. pp. 295-318. et « Themistios à propos de la situation à la frontière danubienne et de la lutte des paysans et des travailleurs dans les mines contres les Goths ». ADSV, 10. 1973, pp. 289-293. ainsi que Introduction à l'histoire des relations internationales en Europe dans la seconde moitié du IVe siècle Jusqu'au début du VIe, Perm. 1973. 183. On retrouve la même idée de l'hostilité des masses populaires aux Barbares chez V. D. NERONOVA

« Ammien Marcellin à propos des Barbares ». Učenye zapiski Permskogo gosudarstvennogo

Universiteta, 143, 1966. pp. 65-69. 184. A. M. REMENNIKOV. « Les guerres des tribus du Danube contre Rome dans le premier quart du IVe siècle

de n.è. ». Problemy vseobscej istorii, Kazan. I, 1967. pp. 273-286 ; « De l'histoire de la

révolte des Goths sur le Danube (376-378) ». Ibid.. pp. 287-299 : « La lutte des tribus du Danube contre Rome vers 270 de n,è. », Anticnoe obščestvo. Moscou, 1967, pp. 188-192 ; « Les Wisigoths et l'Empire romain à la veille de l'invasion des Huns ». VDI, 1967, 1, pp. 95-106 : « Le rôle des tribus du Danube dans la chute de Rome », Problemy vseobščej islorii, Kazan. IL 1969, pp. 410-435 ; « L'art militaire des tribus du Danube à l'époque des guerres contre l'Empire romain ( IVe siècle de n.è.) », VDI. 1970. 2. pp. 162-167 ; « Les sources concernant l'histoire des guerres des tribus du Danube contre Rome aux

III e-IVe siècles

de n.è ». Problemy vseobščej istorii, III, 1972. pp 213-248 ; « La

situation politique sur le Danube inférieur à la veille du passage des Wisigoths sur le territoire de l'Empire romain ». Ibid., pp. 249-255 : « Les relations mutuelles entre l'Empire romain et les tribus du Danube en 324-337 de n.è. ». ibid.. IV, 1974. pp. 144-163. 185. L'ouvrage comporte un résumé et une table des matières en français. 186. Ce livre fait suite à L'Égypte à la limite de deux époques. Artisans et travail artisanal du IVe siècle au milieu du VIIe. Moscou. 1965. du même auteur. 187. Cf. I. F.

FICHMAN.

« Sklaven und Sklavenarbeit im spätrömischen Oxyrhynchos (im

historischen Längsschnitt) ». Jahrbuch für Wirtschaftsgeschichte, 1973, II, pp. 149-206. 188. Voir du même auteur « Les grands propriétaires fonciers et l'organisation municipale dans l'Égypte romaine au Bas-Empire (d'après les papyri d'Oxyrhynchos) », VDI, 1975, 1, pp. 49-67. 189. À ce propos. I. F. Fikhman reprend dans l'ensemble les conclusions de E. L.

KAZAKEVIČ,

« Le

terme δούλος et la notion d'esclave à Athènes au IVe siècle av. n.è. », VDI, 1956. 3, pp. 119-136. pour qui les différents termes représentent diverses façons d’appréhender le phénomène de l'esclavage. 190. Pour plus de détails, voir I. F. FIKHMAN. « On the Structure of the Egyptian Large Estate in the Sixth Century », Proceedings of the XII International Congress of Papyrology Ann Arbor, Michigan, 12-17 August 1968. Toronto. 1970, pp. 127-132. 191. I. F. Fikhman s'élève – avec raison – contre la légèreté avec laquelle D

CLAUDE.

Die

byzantinische Stadt im 6 Jahrhundert, Munich. 1967. se débarrasse de la bibliographie soviétique, faute de connaître le russe. « Que dirait D. Claude, ajoute I. F. Fikhman. si, pour la même raison, un travail étranger jetait par-dessus bord la bibliographie allemande sur le thème étudié ? » (p. 11. note 42). 192. N. N.

BELOVA.

« Contribution à l'histoire de l'artisanat de la céramique en Gaule romaine

entre le Ier et le IIIe siècle (Panorama des centres de céramique) », ADSV. 5, 1966. pp. 3-21 ; « De nouvelles données épigraphiques sur la propriété foncière dans la colonie romaine d'Orange », Učenye zapiski Permskogo gosudartsvennogo Universiteta, 143, 1966, pp. 81-85 ; « Les données épigraphiques concernant le caractère du travail dans l'artisanat de la céramique en Gaule

99

romaine aux

Ier

et II e siècles de n.è. », VDI, 1967, 1, pp. 79-95 ; « Sur les conditions de l'apparition

de uillae en Gaule romaine ( Ier-IIe siècles) », ADSV. 6. 1969, pp. 155-175 ; « Sur les formes de dépendance dans l'agriculture de la Gaule romaine du Ier au IIIe siècles de n.è. (d'après les données épigraphiques et archéologiques) », VDI, 1970, 1. pp. 121-142 ; « A propos de la formation d'éléments d’une structure d'État et d'institutions étatiques chez les Celtes en Gaule », ADSV. 7, 1971, pp. 172-184 ; « Les esclaves des professions artisanales et non productives dans la Gaule romaine aux Ier-IIe siècles (essentiellement d’après les données épigraphiques) ». ADSV, 8. 1972, pp. 56-72 ; « Données épigraphiques concernant les sources de l'esclavage en Gaule du I er au

III e

siècles ». ADSV, 10, 1973, pp. 235-239 ; « Données épigraphiques concernant la situation des esclaves en Gaule romaine du I er au III e siècles », ADSV, 1 1, 1975, pp. 60-67 ; « Sur la paysannerie libre en Gaule du Ier au IIIe siècles », ADSV, 12, 1975. pp. 54-65. 193. Provinces en général : A. R. KORSUNSKIJ. « Sur la petite propriété foncière dans les provinces occidentales au Bas-Empire». VDI, 1970, 2, pp. 167-174. – A frique du Nord : I. F. question des droits de propriété des colons africains entre le

I er

et le

IV e

GOLOVAČEV,

« La

siècles ». VDI, 1966, 3,

pp. 163-172 ; E. M. ŠTAERMAN, « L'Afrique et Rome à l'époque du principat ». Afrika und Rom in der Antike, hrsg. von H.-J. DIESNER, H. BARTH, H. D. ZIMMERMANN, Halle-Wittenberg, 1968, pp. 53-88 ; A. G. KUZ'MINA. « Constitution de la province romaine d'Afrique », Voprosy vseobščej istorii, Toula, 1974, pp. 74-80. – Bretagne : M. N.

TINIBEKOVA.

« La révolte des Bretons sous la direction de

Boudicca en Bretagne romaine (60 de n.è.) ». Ucenye zapiski Moskovskogo oblast'nogo pedagogičeskogo Instituta, 189, 9, 1967, pp. 117-137 ;

EAD.,

« La question de la conquête de la Bretagne par les

Romains et de la lutte des Bretons contre la domination romaine », ibid., 213, 10, 1968, pp. 3-20 ; EAD..

« La conquête par Rome de la Bretagne septentrionale et la lutte des tribus locales contre

Rome (fin du I er siècle de n.è.) », Iz istorii osvoboditel'noj bor by narodov za nezavisimost', Kirov, 1972, pp. 75-89 ; M. S. SADOVSKAJA. « Les campagnes de César en Bretagne ». Iz istorii anticnogo obščestva. Gorki. I, 1975, pp 83-97 ; EAD., « La dislocation et la composition ethnique des troupes romaines sur le territoire du mur d'Hadrien en Bretagne (d'après les données épigraphiques) », ibid., pp. 98-115. – Provinces danubiennes : Ju. K. KOLOSOVSKAJA, « Le collège du culte impérial dans les provinces danubiennes (d'après les inscriptions de Norique, Dacie et Pannonie) », Kul tura antičnogo mira. K 40-letiju naučnoj dejateinosti V. D. Blavatskogo. Moscou. 1966. pp. 99-107 ; EAD.. « Le rôle des affranchis italiens dans la romanisation de la Pannonie », loc. cit. ; EAD., « Le capital commercial romain en Norique au Ier siècle av. n.è. et au Ier siècle de n.è. », VDI, 1974, 4, pp. 44-55 ; N. F.

MURYGINA .

« Le développement de la communauté thrace aux

Ier-IIe siècles

de n.è. », Ucenye

zapiski Moskovskogo gosudarstvennogo pedagogičeskogo Instituta, 294, 1969, pp 135-158 ; T. T. VOL'ŠTEJN,

« Les guerres des Marcomans et la question de la constitution de nouvelles provinces

sur le Danube central au II e siècle de n.è ». Učenye zapiski Baskirskogo gos. Universiteta, 69. 1973, 12, pp. 161-169 ; A. M MALEVANYJ, « La formation de la province d'Illyrie ». VDI, 1975, 1, pp. 138-144. – Espagne A. R. KORSUNSKIJ. L ‘Espagne des Gotlis (Essais d'histoire socio-économique et politique), Moscou, 1969 ; V. M. SMIRIN, « Sur l'origine des esclaves en Espagne romaine », Problemy ispanskoj istorii 75, Moscou. 1975, pp. 224-229. - Asie Mineure E S

GOLUBCOVA.

« Le caractère spécifique des rapports

sociaux dans les communautés rurales sur les terres appartenant aux cités (Asie Mineure. siècles de n.è.) », VDI, 1969, 1. pp. 45-64 ; I. S.

SVENCICKAJA,

Ier-IIe

« La destruction de la collectivité

civique et de la propriété fondée sur la polis dans la province d'Asie », VDI, 1969, 3, pp. 130142 ; EAD..

« La condition des agriculteurs dans les domaines impériaux d'Asie Mineure ». VDI, 1973, 3,

pp. 39-55. – Égypte : B. B. MARGULES. « Les formes idéologiques prises par la lutte contre Rome des masses populaires d'Égypte du IIe au IVe siècles de n.è. », VDI, 1970, 4. pp. 124-133 ; A. B. KOVEL'MAN. « Le fermage dans le sud du Fayoum au milieu du Michigan) ». VDI. 1974. 2, pp. 69-85 ;

ID.,

Ier siècle

de n.è. (d'après les registres du

« Les paramonarii, travailleurs salariés de l'Égypte

romaine (d'après les registres du Michigan) ». NAA. 1974, 6, pp. 134-140. Syrie : I. Š.

ŠIFMAN.

100

« Terres royales et terres municipales dans la Syrie hellénistique et romaine ». Palestinskij sbornik. 15 (78). 1966, pp. 91-107 ;

ID.,

« Les esclaves dans les documents de DouraDoura-Europos».

Anticnoe obščestvo. Moscou, 1967, pp. 81-85 ;

ID.,

« Les catégories sociales et juridiques dans la

société syrienne à l'époque hellénistique et romaine ». VDI. 1971. 2. pp. 119-128 ;

ID.,

« Les

Septimii de Palmyre. descendants de Sephphora (Histoire des relations sociales à Palmyre. fin II e siècle de nè.-première moitié du IIIe s.) », Epigrafica Vostoka. Moscou, XX, 1971, pp. 34-45 ;

ID.,

« La

ville et le commerce en Syrie à l'époque hellénistique et romaine ». Drevnij Vostok. Goroda i torgovlja. Erivan. 1973. pp 194-211 ; ID., « Remarques sur l'epigraphie de Palmyre La question de la situation juridique et matérielle des esclaves dans la société palmyrénienne ». Palestinskij sbornik. 25 (88). 1974, pp. 87-94 194. L'importance de cette question avait déjà été soulignée dans VDI. 1963, 3. pp. 3-10 (éditorial). 195. Cf. E. M. ŠTAERMAN. « Le problème de la culture dans la sociologie occidentale ». VF. 1967, I, pp. 163-176. 196. Cf. VDI. 1966. 1. p. 149 sq. 197. Ont déjà paru : Τ. V. BLAVATSKAJA. Le travail intellectuel en Grèce hellénistique. Moscou, 1975 ; E. M. ŠTAERMAN. La crise de la culture antique. Moscou, 1975 ; E. S. GOLUBCOVA, L’idéologie et la culture de la population rurale de l'Asie Mineure aux

Ier-IIIe siècles.

Moscou. 1977 ; Μ K.

TROFIMOVA,

« La gnose.

Lignes et possibilités de son étude ». PS. 26 (89), 1978. pp. 107-123. 198. Cf. aussi E. M. ŠTAERMAN. « L'évolution de l'idée de liberté à Rome ». VDI. 1972. 2. pp. 41-61. 199. A la fin de la République, les Compitalia apparaissent comme le symbole de la liberté de la plèbe. D'où une explosion de troubles lorsque le Sénat tente d'interdire les collèges de quartiers regroupés autour du culte des Lares. 200. Les relations entre maître et esclave sont envisagées d'un point de vue moral (cf. Sénèque) ; la liberté est désormais conçue comme une indépendance purement spirituelle. 201. Cf. aussi, du même auteur. « Le reflet des luttes idéologiques et politiques dans les œuvres des historiens byzantins du IVe au VIIe siècles ». Klio. 49. 1967. pp. 285-304. 202. Voir aussi Z. V.

UDAL'COVA.

« La vision du monde d'Ammien Marcellin ». VV. 28, 1968.

pp. 38-59 et V. D. NERONOVA. « Ammien Marcellin à propos des Barbares », loc cit. 203. Cf du même auteur « Eunape de Sardes, idéologue du paganisme moribond ». A DSV. 10, 1973, pp. 70-75. 204. D P. KALLISTOV, « La doctrine de V. I. Lénine sur les deux cultures appliquée à la culture de la société antique », in V. I Lénine et les problèmes de l'histoire. Leningrad, 1970, pp. 409-422. Voir aussi N. I. GOLUBCOVA. « Sur la notion de'culture'à l'époque de l'Antiquité ». VI. 1971, 7, pp. 81-93. 205. Citons par exemple P

ANDERSON.

Passages from Antiquity to Feudalism. Londres. 1974 (trad.

française. Paris. Maspero. 1977). Voir aussi La Pensée. 196, 1977, pp. 3-116 et le compte rendu de G. F. GIANOTTI dans Quaderni di storia. 9. 1979. pp 345-358. 206. Voir le texte des communications et des interventions dans Srednie veka (SU. 31. 1968. pp. 5-154. 207. Cf par exemple M Ju SJUZJUMOV. « Le problème de l'apparition de la cité médiévale en Europe occidentale ». SP. 31. 1968. pp. 77-88. qui montre le développement de la cité médiévale directement à partir de la cité antique, sans solution de continuité. 208. Cf. Z. V. UDAL’COVA, « Bilan des travaux du colloque », SV. 31, 1968. p. 150 sq. ; EAD., « Genèse et typologie du féodalisme ». SV. 34. 1971, pp. 13-38 ; Z. V. UDAL'COVA et E. V. GUTNOVA, La genèse du féodalisme dans les pays d'Europe, Moscou, 1970 (communication au XIII e congrès international des sciences historiques) ; des mêmes. « La typologie du féodalisme développé en Europe occidentale ». Problèmes des formations économico-sociales, pp. 107-123. 209. ADSV. 12, 1975, pp. 33-53. 210. Sur la période préféodale, cf. par exemple A I.

NEUSYKHIN,

« La période préféodale comme

stade transitoire du développement du régime des clans au féodalisme à ses débuts ». SP, 31,

101

1968. pp. 45-48 (texte complet et remanié dans VI. 1967. 1. pp. 75-87) ; M. N. SOKOLOVA, « Y a-t-il eu une période préféodale en Europe occidentale ? ». VI. 1969. 8, pp. 91-99 ; M. Ja.

SJUZJUMOV.

« La

période préféodale », ADSV, 8. 1972, pp. 3-41. 211. E. M. ŠTAERMAN. « La société antique. Modernisation de l'histoire et analogies historiques ». Problèmes de l'histoire des sociétés précapitalistes, Moscou, 1968, p. 650. 212. Sur l'accueil favorable fait à l'œuvre d'I. Meyerson. voir O. M.

TUTUNDŽJAN.

« Tendances

progressistes dans la psychologie historique d'L Meyerson », Voprosy psikhologii, 1963, 3. pp. 118-124 ;

ID.,

« Les principaux travaux d'I. Meyerson et de ses disciples sur la psychologie

historique », ibid., 1963. 4, pp. 190-191. 213. Cf. Z.

BARBU.

Problems of Historical Psychology. New York. 1960 ; R.

MANDROU.

Introduction à la

France moderne (1500-1640). (Essai de psychologie historique), Paris. 1961. Voir aussi A.

DUPRONT.

« Problèmes et méthodes d'une histoire de la psychologie collective », (communication au XI e congrès international des sciences historiques à Stockholm en I960), Annales. Économies. Sociétés. Civilisations. 16, 1. 1961. pp. 3-11. 214. A. Ja.

GUREVIČ.

« Quelques aspects de l'étude de l'histoire sociale (La psychologie socio-

historique) », VI, 1964, 10, pp. 51-68. Cf. aussi SE, 31, 1968, pp. 64-65. Voir encore Ju. L. BESSMERTNYJ,

« L'étude du Haut Moyen-Age et l'époque actuelle », VI, 1967, 12, pp. 83-95, et les

recueils collectifs Histoire et psychologie, Moscou, 1971, et La psychologie sociale, Moscou. 1975. 215. F. ALEXANDER, Our Age of Unreason. A Study of lhe Irrational Forces in Social Life, New York. 1962 ; B. MAZLISH. « Group Psychology and Problems of Contemporary History », Journal of Contemporary History. 1968, 3, 2, pp. 163-174 ; H - U. WEHLER. « Zum Verhältnis von Geschichtswissenschaft und Psychoanalyse ». Historische Zeitschrift, Bd. 208, H. 3, 1969, pp. 537-549 ; Geschichtswissenschaft und Psychoanalyse, hrsg. von H.-U. WEHLER, Francfort s/Main, 1970 ; A. MITSCHERLICH. Die Unfähigkeit zu trauern. Grundiagen kollektiven Verhaltens, Munich, 1967 ;

ID.,

Das beschädigte Leben, Munich. 1967.

Sur cette orientation de la recherche occidentale, cf. F. E.

MANUEL,

Psychology in History », Daedalus. 100, 1, 1971. pp. 187-213 et A.

« The Use and Abuse of

MOMIGLIANO,

« Linee per una

valutazione della storiografia nel quindicennio 1961-1976 », Rivista storica italiana, LXXXIV, 1977, pp. 596-609. 216. V. I.

SALOV,

« Pénétration de la psychanalyse dans l'historiographie bourgeoise », Novaja i

novejšaja Istorija. 1972. 4, p. 105. 217. Cf. par exemple I. D

ROŽANSKIJ,

« Les problèmes de la psychologie historique et l'étude de

l'Antiquité ». VF. 1971.9. pp. 167-174. 218. E. M. ŠTAERMAN, « Contribution au problème de l'analyse structurale en histoire », VI. 1968,6, pp. 20-37. Cf. aussi M. A. BARG. « L'analyse structurale dans la recherche historique ». VF. 1964, 10, pp. 83-92 ; M. A. BARG, E. B. ČERNJAK. « Structure et développement des formations fondées sur des classes antagonistes ». VF. 1967, 6, pp. 44-54. 219. S. L. UTČENKO, « Les deux échelles du système romain des valeurs », VDI, 1972. 4. pp. 19-33 ; « Encore une fois à propos du système romain des valeurs », VDI. 1973, 4. pp. 30-47 220. M. A. KOROSTOVCEV, « Essai d'utilisation de l'analyse systématique dans l'étude des premières sociétés divisées en classes (Les principes de l'élaboration d'un modèle de l'esclavage primitif) », NA A. 1973. 6. pp. 66-73. Dans les sociétés de l'Orient ancien, l'ensemble des producteurs directs (Σ) se compose d'un certains nombre d'esclaves complets(E c) et de producteurs appartenant à divers groupes dépendants (X1, X2. X3, etc.). Le modèle de (« esclavage primitif » s'établit ainsi : Σ =Εc + (Χ1 + Χ2 + Χ3...) →Ec

221. . V. A. U STINOV, V. I. KUZIŠČIN Ju N. PAVLOVSKIJ, A S. GUSEJNOVA, « Essai de construction d’un modèle imiliatif d'un processus historique et social », VI, 1976, 1 1, pp. 91-108. Une traduction française de cet article a paru dans Quaderni di storia, 12, 1981, pp. 259-297.

102

222. Voir par exemple A. I.

DANILOV.

« A propos de la méthodologie de la science historique ».

Kommunist. 1969. 5. pp. 68-81 ; E. Μ. ŽUKOV, « L'étude de l'histoire universelle : quelques résultats et perspectives », Kommunist. 1971. 1. pp 34-44 223. V. M.

MASSON.

Économie et structure sociale des sociétés antiques (A la lumière des données de

l'archéologie). Léningrad. 1976, p. II. 224. Cf. par exemple I. D KOVAL'ČENKO, A. M. SAKHAROV. « Le XXVe congrès du PCUS et les tâches de l'étude et de l'enseignement de l'historiographie ». Istorija i istoriki, Isloriografičeskij ežegodnik 1975. Moscou, 1978. p. 10 : « L'historiographie est le domaine de la science historique qui met à nu le plus profondément et le plus complètement l'inconsistance non seulement concrète, historique, mais aussi et surtout méthodologique des théories modernes non marxistes et antimarxistes concernant le développement historique de la société ». Voir à ce propos la série Critique des conceptions bourgeoises en histoire, publiée depuis 1972 à Kazan sous la direction de A. S. Šofman 225. En voir les comptes rendus respectivement dans VI. 1969. 5. pp 171-178 et VI. 1973, 6. pp 3-15. Sur les travaux du congrès de Smolensk. cf. Questions concernant l'historiographie de l'histoire de l'U.R.S.S. et de l'histoire universelle dans l'enseignement supérieur. Smolensk. 1976. 226. Voir A. D.

EPŠTEJN.

« Les questions de méthodologie et d'historiographie de la science

historique dans les Travaux de l'Université de Tomsk (1963-1969) », Novaja i novejšaja istorija, 1971, 5, pp. 144-152. 227. Cf. E. D. FROLOV. « Sur le travail scientifique de la chaire d'histoire de la Grèce ancienne et de Rome à la Faculté d'histoire de l'Université de Leningrad », VDI 1976, 2. pp. 36-39 228. Μ. N.

SOKOLOVA.

Les grands courants de l'historiographie française contemporaine. Tendances

actuelles dans l'explication du processus historique, Moscou, 1979. 229. Cf. La réunion entre auteurs et lecteurs de la revue Vestnik drevnej istorii, Résumé des communications, Moscou, 1972 Parmi les communications, on peut citer, pour les problèmes de la culture antique. V. V KARAKULAKOV (Dušanbe), « Le rôle de Varron dans la constitution d’une terminologie grammaticale » ; N. Ju. LOMOURI (Tbilissi), « Les relations culturelles entre les États géorgiens et Rome » ; A. I.

NEMIROVSKIJ

(Voronej), « L'archéologie et la notion de culture

antique » ; E. M. ŠTAERMAN (Moscou), « La crise de la conscience antique » ; pour polis et chora, L. M. GLUSKINA (Leningrad), « Sur les traits spécifiques de la polis grecque classique en relation avec le problème de sa crise » ; R E. LJAST (Oufa), « L'aristocratie municipale des villes d'Étrurie aux IIe-I er

siècles av. n é. » ; F. M.

NEČAJ

(Minsk). « Quelques questions concernant l’origine de la polis

romaine (Sur l'incorporation par Rome de la population des peuples soumis) » ; pour l'historiographie. G. V. ATLASOV (Mourmansk). « Recherches méthodologiques des écrivains du Siècle des Lumières dans le domaine de l'histoire ancienne » ; V. D.

NERONOVA

(Perm).

« L'historiographie soviétique et le rôle du christianisme dans la destinée de l'Empire romain » ; M. G. RAMEEVA (Kazan). « Le problème de la gens romaine dans l'œuvre de B. G. Niebuhr ». Cette énumération, très incomplète, montre aussi la provenance variée des spécialistes de l'Antiquité. 230. Ce texte, rappelons-le, a été publié pour la première fois - en langue russe – en 1939 seulement 231. R. E.

LJAST.

« K. Marx sur les particularités de la cité antique (sur l'exemple du

développement économique d'Ostie) », Voprosy istorii (Matériaux du colloque consacré au 150 e anniversaire de la naissance de K Marx). Oufa. 1969, pp. 231-236 ; voir aussi T. F. NOVIKOVA,

PILENKOVA-

« La cité grecque antique comme base de l'ancienne démocratie esclavagiste », ibid..

pp. 241-244. 232. Voir VDI. 1976. 3, pp. 207-214. 233. Cf. entre autres A. M. KHAZANOV, « La périphérie primitive du monde antique (Sur l'exemple de l'Europe) ». Sovetskaja Etnografija, 1971, 6, pp. 17-27.

103

234. Voir par exemple le recueil Les problèmes de ta colonisation grecque sur les côtes Nord et Est de la Mer Noire (Matériaux duIer symposium sur l'histoire ancienne du littoral de la Mer Noire. Tskhaltubo, 1977). Tbilissi. 1979. 235. Cf. D. F. MARKOV, « Les recherches comparatives et globales dans les sciences sociales ». VI. 1973. 10. pp. 80-95. 236. Voir à ce propos A. V.

DULOV,

« Bibliographie concernant le rôle du milieu géographique

dans l'histoire de la sociésociété», VI. 1973, 8, pp. 142-148. 237. Cf. V. A. LESKOV, « Marcus Crassus et les autres », VI. 1970, 8. pp. 129-142. 238. Pour les travaux prosopographiques. outre N. N. KOLOSOVSKAJA,

TRUKHINA

« Le capital commercial romain en Norique au

I

er

(cf. supra. p. 25, n. 123) et Ju. K siècle av. n.è. et au

Ier siècle

de

n.è. ». VDI. 1974, 4. pp. 44-55. qui reprend la liste des familles de sénateurs et de chevaliers ayant des intérêts économiques en Norique, voir par exemple Ο. V. SIDOROVIČ. « La composition sociale du Sénat romain au début de la République », Iz istorii antičnogo obsčestva. Gorki. I, 1975. pp. 52-63 ; V. N. DANILENKO, « Prosopographie de Chersonèse aux

IVe-IIe siècles

av. n.è. (d’après les données

épigraphiques et numismatiques du littoral Nord de la Mer Noire) », ADSV. 4, 1966, pp. 136-178 ; G. F. POIJAKOVA, « Sur la prosopographie des textes de Pylos », VDI. 1973, 1, pp. 105-121 ; Ju. N. TREŠČEVA,

« Prosopographie des personnages officiels d'Olbia aux Ier- IIIe siècles de n.è. ». VDI.

1977. 4, pp. 156-182. Sur les groupes de pression, cf. entre autres Ja. Ju. ZABOROVSKIJ, « Quelques aspects de la lutte politique dans le Sénat romain (140-120 av. n.è.) », VDI. 1977, 3. pp. 182-192. – Les Soviétiques commencent aussi à s'intéresser à l’onomastique latine, comme en témoigne l'étude historiographique de R. E.

LJAST.

« Quelques problèmes relatifs à la dénomination des

esclaves et des affranchis dans la littérature étrangère », ADSV. 11, 1975. pp. 79-86, 239. Voir par exemple V. I. KUZIŠČIN, « A propos de la datation du De agricultura de Caton », loc. cit. ; V. G. GAVRIL OV. « A propos de la datation du traité de Palladius ». loc. cit. ; L. I. SAVEL’EVA. « Sur l'année de naissance de Térence ». Inozemna filologija, Lvov, 40, 13, 1975, pp 25-28 ; G. S.

KNABE.

« Questions litigieuses concernant la biographie de Tacite Le cursus honorum », VDI. 1977, 1, pp 123-144 240. Voir en particulier Μ. E. SERGEENKO, Les artisans de l'ancienne Rome. Leningrad. 1968. où sont présentées des inscriptions relatives aux différents métiers. 241. Cf. A. I. GUKOVSKIJ. « A propos de quelques termes des disciplines historiques auxiliaires ». VI, 1965. 10, pp. 60-66. 242. VDI. 1976. 2. p. 10. Voir le recueil L’étude des sources Questions théoriques et méthodologiques, Moscou, 1969. Un manuel universitaire pour l'étude des sources anciennes est actuellement en préparation. 243. Le VDI publie régulièrement des traductions d'auteurs anciens, grecs et latins. Une telle entreprise s'avère nécessaire, dans la mesure où. pour de nombreux auteurs, les traductions en russe sont fort anciennes. Ainsi, la traduction de la Bibliothèque historique de Diodore de Sicile utilisée aujourd'hui remonte à 1774-1775 (en français également, d'ailleurs, la dernière traduction de cet auteur, celle de F. Hoefer, est ancienne, et date de 1846). Cf. à ce propos I. E. BORŠČ,

La science soviétique concernant les auteurs antiques (1960-1975). Editions et recherches. Index.

Moscou, 1980 244. Voir le compte rendu de la discussion dans VDI. 1974, I. pp. 229-232. La troisième édition de V. A.

AVDIEV . Histoire

de l'Orient ancien. Moscou. 1970, suscite des Recommandations méthodologiques

de la part du Ministère de l'Éducation (Moscou. 1975). 245. Voir le compte rendu de la discussion dans VI. 1970, 9, pp. 154-167.

104

NOTES DE FIN 1. Cette esquisse s'inscrit à la suite de La recherche en Union soviétique et l'histoire économique et sociale du monde hellénistique et romain. Strasbourg. 1975. 2. Les articles analysés dans le BAHR sont signalés avec indication du tome et du numéro de l'analyse.

AUTEUR MOUZA RASKOLNIKOFF C.N.R.S., Strasbourg

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La « rivoluzione romana » e gli storici sovietici Mouza Raskolnikoff

1

I. Marx et Lenin1. — On connaît l’importance du phénomène révolutionnaire, explosion de la lutte des classes à son paroxysme, dans la conception marxiste du développement historique. Dès L’Idéologie allemande (1845), Marx et Engels voient dans la révolution « la force motrice de l’histoire »1 et en dévoilent les mécanismes économiques : c’est la contradiction entre les forces productives et le mode d’échanges (Verkehrsform) qui provoque le processus révolutionnaire2. Cette théorie trouve son expression la plus complète et la plus célèbre dans la préface à la Contribution à la critique de l’économie politique (1859) : lorsque les forces productives ont épuisé toutes leurs possibilités de croissance au sein de rapports de production donnés, elles se heurtent à ceux-ci, qui entravent désormais leur progression. « Alors s’ouvre une époque de révolution sociale »3 . En dernière analyse, toute révolution est une révolution sociale, car elle instaure un nouveau type de société4.

2

Par ailleurs, on sait tout ce que la réflexion de Marx et d’Engels doit au spectacle immédiat des révolutions de 1848, du coup d’État du 18 Brumaire ou de la Commune. De la même manière, la pensée de Lénine fut nourris et trempée par l’expérience de la Révolution d’Octobre et des événements qui l’ont précédée. Dès le Ier octobre 1917 il souligne le caractère violent de toute révolution : « Une rvolution vraiment profonde, ‘ populaire’, selon l’expression de Marx, est un processus incroyablement complexe et douloureux ; c’est l’agonie d’un vieux régime social et la naissance d’un nouveau ; des dizaines de millions d’hommes naissent d’une vie nouvelle. La révolution, c’est la lutte de classe, la guerre civile, la plus âpre, la plus furieuse, la plus désespérée. Il n’est pas dans l’histoire de grande révolution qui ait pu se faire sans guerre civile »5.

3

Il paraît donc légitime de se demander, dans cette perspective, si les historiens soviétiques de l’Antiquité, dont la recherche se fonde sur les concepts opératoires du marxisme-léninisme, ont apporté une réponse particulière au problème de la « révolution romaine ». Dans quelle mesure est-il possible de définir les guerres civiles du Ier siècle av. J.-C. comme une « révolution sociale » au sens marxiste du terme ? En fait, la discussion sur la nature du passage de la République à l’Empire s’insère dans une problématique plus

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vaste, que l’on peut formuler de la façon suivante : s’il est bien vrai que le passage de la société esclavagiste à la société féodale s’est effectué par une révolution sociale, un tel processus a-t-il eu lieu lors de l’établissement du principat ? Autrement dit, peut-il y avoir une révolution sociale à l’intérieur et dans les limites d’une même formation économico-sociale ? 4

La question ne s’est pas posée d’emblée en ces termes aux historiens d’U.R.S.S., et c’est seulement en 1964 que S. L. Utcenko situe clairement le débat au niveau théorique6. Jusque là l’interprétation de la fin de la République romaine avait été déterminée par les événements de la vie politique en Union soviétique et les développements de la lutte idéologique. Le stalinisme, en particulier, imposa pendant de longues années la conception d’une « révolution des esclaves » toute-puissante.

5

2. Révolution d’Octobre et révolution romaine. — Il est bien évident que l’expérience de la Révolution d’Octobre et de la guerre civile devait exercer quelque influence sur les vues des historiens russes et les amener, consciemment ou inconsciemment, à déchiffrer le passé à la lumière d’une actualité à laquelle il ne leur était pas possible de se dérober. « Si l’un d’entre vous a fait des études de latin, il se souvient peut-être de la formule de Cicéron : historia est magistra uitae — l’histoire est l’école de la vie. Il y a des époques où l’on a envie de dire le contraire : ce n’est pas l’histoire qui apprend à comprendre et à construire la vie, mais c’est la vie qui apprend à interpréter l’histoire. Actuellement nous vivons une telle époque ». C’est par ces mots que le professeur R. Ju. Vipper, spécialiste de Rome, inaugure à l’Université de Moscou, en novembre 1920, une série de cours d’histoire universelle7. Il explique très franchement comment l’histoire, faisant irruption dans sa vie, l’a. contraint à une révision douloureuse et radicale de ses conceptions, qui de matérialistes sont devenues idéalistes. Une leçon sur les guerres civiles à Rome, la même année, révèle ses obsessions et ses craintes8. Les divers épisodes qui marquent la fin de la République sont pour lui une préfiguration des destinées de l’Empire russe. L’impérialisme romain entraîne la prolétarisation de la paysannerie qui, dans un climat de décadence morale généralisée, devient une masse de manœuvre entre les mains d’agitateurs expérimentés. La politique des Grecques est placée sous le signe des idéaux du communisme, dont le programme révolutionnaire marque toute l’époque des guerres civiles : « Au milieu des débats et des batailles, déclare-t-il par ailleurs — toujours à propos de Rome —, on voit apparaître le drapeau rouge, spectre de la révolution communiste, retentir les doctrines socialistes, se produire la nationalisation de la terre et l’abolition du crédit, s’accomplir des distribution à des conditions égalitaires » 9.

6

7

Dans la préface de sa Naissance de l’Empire romain 10, Μ. I. Rostovtzeff indique lui aussi que cette œuvre fut écrite sous l’emprise de l’actualité, qui lui fit en quelque sorte revivre les guerres civiles de la fin de la République. Dans ce contexte, on comprend sa méfiance envers le prolétariat romain et l’armée prolétarienne, force dissolvante des structures sociales et politiques, élément perturbateur dans la cité. Le mérite d’Auguste fut d’avoir neutralisé ce prolétariat organisé et de l’avoir rendu inoffensif politiquement. La révolution fut ainsi enrayée, mais au prix d’un déclin économique et culturel. On perçoit en filigrane une vision pessimiste de l’histoire russe la plus récente. R. Ju. Vipper et Μ. I. Rostovtzeff sont des cas exemplaires ; en une période de bouleversement total, il n’est pas étonnant que la passion prenne le pas sur une réflexion intemporelle et débouche finalement, pour ces deux historiens, sur un acte politique : l’émigration. Inversement, dans une étude sur les guerres civiles à Rome, V. S. Sergeev, spécialiste de l’Antiquité qui se réclame du marxisme, s’attache à montrer que la

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révolution et les « crises mondiales » sont toujours un facteur de progrès — en particulier dans le domaine culturel11. Rome est peu à peu passée du féodalisme au capitalisme commercial et la petite communauté où prédominait l’aristocratie gentilice s’est transformée en une grande puissance cosmopolite. L’établissement de l’Empire signifie l’accès au pouvoir de la classe « progressiste » des capitalistes industriels et commerciaux de tout le monde méditerranéen. Sans parvenir à une conceptualisation précise, V. S. Sergeev décrit ici, sous le nom de « crise », une véritable révolution sociale, aboutissement des guerres civiles. La base économique de la société est transformée (le capital usuraire cède la place au capital commercial et industriel), de même que ses superstructures politique, sociale et culturelle. 8

En ces années 20, V. S. Sergeev, comme aussi les autres spécialistes marxistes ou marxisants de l’Antiquité, s’attache à dessiner à grands traits et pour un vaste public une histoire du monde romain dans la perspective du matérialisme historique12. Les travaux de cette période mettent l’accent sur la lutte des classes, conçue essentiellement comme un affrontement entre « capitalistes » et « prolétaires » : là encore les réalités contemporaines affleurent sans cesse. Les soulèvements d’esclaves, également privilégiés, sont présentés comme des « révoltes », impuissantes à à transformer de quelque manière que ce soit les structures de la société antique13 : les historiens s’en tiennent aux thèses de K. Kautsky, selon lesquelles les esclaves étaient « toujours prêts à se soulever avec violence, mais (...) hors d’état de renverser la structure du puissant régime étatique et d’en fonder un nouveau, bien que, parmi eux, des esprits hors de pair en eussent conçu le rêve. La seule façon pour eux de se libérer n’était pas de renverser la société, mais de fuir la société, de fuir soit dans l’univers des criminels et des brigands, dont ils grossissaient continuellement les rangs, soit au-delà des frontières de l’Empire, chez l’ennemi » 14.

9

.Le terme de « révolution » apparaît à mainte reprise dans les œuvres des années 20, pour caractériser par exemple les réformes gracchiennes ou la guerre sociale, voire la dictature de Sylla. Mais il est clair que le mot est utilisé dans une acception courante, banale, et que les historiens ne se posent pas le problème de la nature et du rôle de la révolution selon la théorie marxiste. C’est seulement à partir de 1933 qu’ils sont amenés à s’interroger sur la notion même de « révolution sociale » appliquée aux sociétés antiques. Jusqu’alors ils considéraient implicitement, toujours à la suite de K. Kautsky, que la révolution sociale apparaît seulement à l’époque du capitalisme15. L’Antiquité et le Moyen Age ont certes connu des révoltes violentes, des guerres civiles, mais jamais de révolution sociale 16. Or un fait politique vient transformer les données du problème.

10

3. Staline et la révolution des esclaves. — Le 19 février 1933, en effet au I er Congrès des kolkhoziens-udarniki (travailleurs de choc), Staline donne, par une simple phrase, une orientation nouvelle à la recherche en histoire romaine. Cherchant à convaincre son auditoire de la justesse et surtout de la nécessité inéluctable de la nouvelle politique agraire (la fameuse collectivisation), il énumère rapidement et sans s’attarder les diverses révolutions que connut l’humanité — révolution des esclaves, révolution des paysansserfs, Révolution d’Octobre — afin de montrer en définitive que seule cette dernière a mis fin à toute forme d’exploitation et qu’elle conduit, en vertu même des lois du développement historique, à l’instauration des kolkhozes. A un moment où la situation dans les campagnes était catastrophique, où régnaient la famine, le pillage et le découragement, où, sous prétexte de « dékoulakisation », on déportait des villages entiers 17, il fallait, en cette première année du deuxième plan quinquennal, proclamer devant les représentants de la paysannerie le caractère à la fois progressiste et inévitable des

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mesures adoptées. D’où le recours à ce schéma simplificateur de la succession des grandes révolutions sociales, qui fait des opprimés les créateurs victorieux de l’histoire et donne une caution scientifique à une argumentation politique. 11

C’est ainsi, déclare Staline, que « la révolution des esclaves fit disparaître les propriétaires d’esclaves ; elle abolit la forme esclavagiste d’exploitation des travailleurs. Mais elle mit à leur place les féodaux et le servage comme forme d’exploitation des travailleurs. Les exploiteurs furent remplacés par d’autres exploiteurs »18. L’important n’est pas ici de s’interroger sur la genèse de cette conception stalinienne19, mais de saisir, sur un exemple précis, les mécanismes et les manifestations du « culte de la personnalité », dont la réalité pèse dès ce moment-là sur la vie scientifique. En effet, la petite phrase sur la révolution des esclaves ne passe pas inaperçue : les historiens de l’Antiquité se mobilisent aussitôt pour prouver, à partir de la documentation concrète, la véracité de cette affirmation. Staline, premier disciple de Lénine, est déjà le « coryphée de toutes les sciences » et ses paroles sont tenues pour des vérités absolues, des dogmes intangibles du marxismeléninisme20.

12

Le principal centre de la recherche sur le monde antique, la section de la formation esclavagiste auprès de la GAIMK (Gosudarstvennaja Akademija Istorii Material’noj Kul'tury Académie nationale de l’Histoire de la Culture matérielle) organise à Léningrad, en mai 1933, un plénum sur ce thème21. Les efforts des historiens portent dans deux directions : il s’agit à la fois I) de démontrer et de justifier théoriquement l’existence de révolutions sociales dans l’Antiquité et 2) de mettre en lumière, dans les faits, le rôle révolutionnaire des esclaves. On se garde bien de mentionner que la thèse de Staline, qui fait des esclaves la classe d’avant-garde, le moteur de la révolution, est en contradiction flagrante avec les indications de Marx et de Lénine. Pour ceux-ci, les masses serviles ne furent jamais que le « piédestal passif » des luttes sociales, et jouèrent le rôle de simples « pions aux mains des classes dominantes »22.

13

Les études sur Rome se font alors toutes sous le signe de la révolution des esclaves. Une difficulté surgit cependant : la vague des grandes révoltes serviles se produisit aux IIe - Ier siècles av. n.è. et ne mirent pas fin à la société esclavagiste, qui continua de prospérer pendant quelques siècle encore. On en vient donc à élaborer laborieusement le schéma d’une révolution en deux étapes23. La première étape (IIe-Ier siècles av. n.è.) aboutit à un échec, mais les bases du régime esclavagistes sont ébranlées. Après une « stabilisation » relative, la lutte des esclaves — auxquels s’adjoignent les autres groupes de la population opprimée, en particulier les colons — reprend de plus belle. La seconde étape de la révolution (IIIe-Ve siècles de n.è.) s’achève par la destruction de l’Empire romain et le passage au féodalisme24.

14

Les travaux de A. V. Misulin sur Spartacus25 sont parfaitement représentatifs de la recherche soviétique à l’époque stalinienne et développent des idées que l’on retrouve — à quelques variantes près — dans toutes les publications de cette période26. Les révoltes d’esclaves des IIe-Ier siècles av. n.è., qui culminent avec la « révolution de Spartacus »27, traduisent une crise générale du système esclavagiste. Elles marquent le début d’une lutte consciente des esclaves pour conquérir la liberté, c’est-à-dire, en fin de compte, pour supprimer l’esclavage en tant que structure économique28. Les éléments prolétarisés de la paysannerie, qui agissaient indépendamment au IIe siècle, se joignent à l’insurrection de Spartacus, où ils constituent un élément perturbateur, anarchique29. Leur programme n’a rien de révolutionnaire : loin de vouloir abolir la propriété fondée sur l’esclavage, ils songent seulement à prendre la place des propriétaires fonciers aisés. Les dissensions

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entre les esclaves et les paysans provoquent l’échec du mouvement. Les esclaves sont vaincus, mais leurs luttes ont mis en évidence la faiblesse et l’impuissance des institutions républicaines. Pour assurer leur sécurité et éviter de nouveaux soulèvements, les propriétaires d’esclaves ont recours à la dictature militaire30, qui consolide leur pouvoir sur les masses exploitées et stabilise pour un moment le régime esclavagiste. Ainsi les révoltes des esclaves contre les propriétaires d’esclaves, forme essentielle de la lutte des classes, sont responsables de l'instauration de l’Empire, qui fait suite aux dictatures de Sylla et de César. Le principat, réaction au mouvement révolutionnaire, réconcilie toutes les catégories intermédiaires de la classe dominante face aux couches opprimées de la population. La stabilisation toutefois entraîne une aggravation de la lutte des classes, qui prépare une nouvelle poussée révolutionnaire. 15

Cette vision de la société antique est très nettement une transposition dans le passé des réalités contemporaines vues à travers l’expérience soviétique. L’alliance des esclaves, conçus comme la classe-guide de la révolution, avec les paysans pauvres, associés au combat mais n’y jouant qu’un rôle secondaire, est calquée sur l’alliance du prolétariat 31 avec la paysannerie dans les révolutions prolétariennes — et spécialement dans la Révolution d’Octobre32. La « stabilisation » établie par le principat et le renforcement de l’exploitation des masses qui en découle sont directement empruntés aux analyses communistes de l’évolution du capitalisme après 1918, analyses exprimées par exemple dans les documents officiels de l’Internationale communiste (IC) et les discours de Staline aux différents Congrès du parti. Dans tous les pays capitalistes, quel que soit leur régime politique33, « l’appareil de l’État se transforme ouvertement en une machine de répression sanglante des classes laborieuses » et « les insurrections du prolétariat entraînent fatalement l’union de la bourgeoisie pour la défense et la contre-attaque »34. Il s’établit ainsi une « stabilisation du capitalisme »35, toute provisoire d’ailleurs : la crise « s’aggrave de plus en plus, ébranlant les bases mêmes de l’existence du capitalisme mondial »36. La révolution mondiale est prête à se déchaîner de nouveau37.

16

Point n’est besoin ici de multiplier les citations et les rapprochements. On voit avec une netteté suffisante comment l’interprétation du passé est tributaire de la perception du présent, qui impose sa propre lecture des événements historiques.

17

Le schéma de la révolution des esclaves est progressivement assoupli après la guerre, puis abandonné avec discrétion. Dès 1947, S. I. Kovalev voit dans les guerres civiles de la fin de la République un « mouvement révolutionnaire » qui ne parvient pas à se transformer en révolution à cause de la solidité du système esclavagiste, alors en plein épanouissement 38. Pour A. B. Ranovic également, le passage à l’Empire ne mérite pas le nom de révolution : c’est un « bouleversement » social et politique, qui permet à la société esclavagiste d’élargir sa base économique et qui apporte une solution provisoire à la crise du système fondé sur l’esclavage39.

18

4. N. A. Maškin et le principat d’Auguste. — C’est seulement si l’on tient compte des travaux antérieurs ou contemporains des spécialistes soviétiques de Rome que l’on peut apprécier à sa juste portée la réflexion de N. A. Maškin sur le principat d’Auguste. Celle-ci est en effet inséparable de la problématique suscitée par la révolution des esclaves, dont elle constitue en quelque sorte un aménagement. Analysant dans le Vestnik drevnej istorii (VDI) The Roman Revolution de R. Syme, Maškin adresse à l’historien anglais une critique de principe, lui reprochant de caractériser comme une « révolution » un processus en définitive très limité — le remplacement à la tête de l’État d’une oligarchie par une autre oligarchie40. Pour un marxiste la notion de « révolution » est beaucoup plus stricte et ne

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saurait convenir à l’établissement du principat. Maskin se réfère alors à une définition donnée par Staline dans Anarchisme ou socialisme ?, un texte de 1907 repris en 1946 dans le tome I des Oeuvres complètes du Géorgien : un mouvement est révolutionnaire lorsqu’il a pour but d’« anéantir jusqu’à la racine le vieil ordre de choses, [d]'apporter dans la vie des changements qualitatifs, [d]'instituer un nouvel ordre de choses »41. Or jamais ni Octave ni ses alliés ne se fixèrent comme objectif d’établir un nouveau régime social, de transformer radicalement la société existante42. Bien au contraire, ils mirent en place une dictature militaire dont la fonction était d’écraser la résistance des masses laborieuses et de consolider le système esclavagiste. On voit immédiatement tout ce que cette conception du principat en tant que réaction contre les mouvements révolutionnaires de la population exploitée doit à la théorie de la révolution des esclaves43. 19

Ces idées sont ensuite traitées plus largement dans une importante monographie, Le principat d'Auguste. Origine et essence sociale44. Le césarisme d’abord, puis le principat résultent de la décomposition de la démocratie romaine, décomposition qui se manifeste par l’effacement politique de la plèbe rurale, l’accroissement des éléments parasitaires dans la plèbe urbaine et les soulèvements populaires. La dictature militaire, qui s’appuie sur une armée composée de « lansquenets déclassés », est obligée, faute d’une base sociale solide, de louvoyer entre divers groupes sans parvenir à trouver un équilibre durable45.

20

L’étude de N. A. Maskin n’apporte donc pas, en définitive, une interprétation nouvelle du passage de la République à l’Empire. L’établissement du principat est conçu comme un phénomène ambigu, à la fois réactionnaire dans la mesure où il a pour but d’écraser la résistance des masses populaires, et progressiste parce qu’il favorise un nouveau développement de la société esclavagiste46.

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5. Révolution romaine et crise de la polis. — La vision soviétique de la chute de la République se modifie du tout au tout aux alentours de 1960, lorsqu’on en vient à poser clairement le problème de la nature et de l’évolution de la cité-État — polis en Grèce, ciuitas à Rome 47. Mais il convient de rappeler que dès premiers ouvrages V. S. Sergeev avait pressenti de façon diffuse l’essence des bouleversements qui affectèrent Rome à la fin de la République. Dans son manuel d’histoire romaine (1938) il évoque plus nettement la question. Pour lui, la crise culmine avec la guerre sociale, « révolution italienne » qui fait éclater le cadre trop étroit de la cité-État et rend nécessaire une réorganisation des structures politiques et sociales.

22

Toutefois, c’est seulement avec S. L. Utcenko que le thème est analysé dans toute son ampleur et sa complexité. En 1964, l’historien pose le problème sur le plan théorique dans un article de Voprosy istorii 48, et toutes ses études ultérieures, de La crise et la chute de la République romaine (1965) à son ouvrage posthume, Les théories politiques de l’ancienne Rome (1977), constituent autant d’approches de la même question49.

23

La crise de la République n’est en fait que l’aspect politique d’une crise générale de la polis romaine qui commence au IIe siècle av. n.è. Cette crise, provoquée par l’essor du mode de production esclavagiste, se ramène à la décomposition de la forme antique de la propriété, qui est à la foi propriété d’État, collective, et propriété privée50. La cité antique représente « la communauté civique des propriétaires de terres et d’esclaves, reposant sur la forme antique de la propriété et vivant pour l’essentiel aux dépens du petit producteur libre »51. La propriété privée de type esclavagiste se développe au détriment de la petite exploitation paysanne, base économique de la polis, et entraîne la décomposition de celle-ci. D’où une lutte acharnée entre petits producteurs libres et propriétaires d’esclaves, qui s’achève par la victoire de ces derniers et l’apparition de

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nouvelles forces sociales — armée, Italiens, provinciaux — qui participent à l’exercice du pouvoir. Dans le domaine idéologique, la crise se traduit par l’abandon de l’idéal autarcique de la cité et le triomphe des conceptions individualistes et cosmopolites du stoïcisme52. 24

Mais cette crise de la République et des institutions politiques héritées de la polis peut-elle être appelée une révolution sociale au sens marxiste du terme ? Pour S. L. Utcenko la révolution sociale ne se limite pas au passage d’une formation économico-sociale à la suivante, elle peut également se produire à l’intérieur d’une même formation, lorsque des mouvements sociaux et politiques traduisent le conflit entre les forces productives et les rapports de production et préparent la fin de cette formation par les coups qu’ils lui portent. Les révoltes paysannes du XVIe siècle en Allemagne, les révolutions de 1830 et de 1848, la révolution russe de 1905 sont des révolutions sociales, qui ont un caractère essentiellement progressiste. De même on peut dire que les événements des IIe-Ier siècles av. n.è. à Rome — depuis l’action des Gracques jusqu’à la guerre sociale, point culminant du processus — constituent une révolution sociale dirigée contre Rome en tant que polis. Combats de la paysannerie et révoltes serviles sont les deux lignes parallèles, jamais confondues, de luttes liées les premières à la crise de la polis, les secondes à la croissance du système esclavagiste. Les guerres civiles du Ier siècle représentent seulement la conséquence de cette révolution, l’adaptation des conquêtes aux intérêts des fractions les plus actives de la classe dirigeante. Dans cette optique, le principat préfigure en quelque sorte la Restauration et permet de nouveaux progrès au système esclavagiste.

25

Les conceptions de S. L. Utcenko sont partagées par E. M. Staerman, pour qui, toutefois, le point culminant de la révolution n’est pas la guerre sociale, mais les proscriptions du II e triumvirat : en dépeçant les grands domaines de l’ancienne aristocratie, elles favorisèrent le développement des petites et moyennes villae esclavagistes, base du mode de production fondé sur l’esclavage53.

26

6. Réflexions. — On voit ainsi combien la réflexion des historiens soviétiques sur la fin de la République a évolué depuis 191754. Après les balbutiements des années 20 et la longue parenthèse stalinienne, s’est élaborée, avec S. L. Utcenko, une théorie affinée de la révolution romaine qui, sur d’autres bases et dans des limites chronologiques différentes, répond à celle de R. Syme. Et dans un effort de longue haleine l’historien de Moscou s’est attaché à montrer concrètement que la révolution n’était pas seulement un fait politique, mais qu’elle concernait également l’économie, les structures sociales et même l’idéologie : en quoi toute révolution est aussi une révolution culturelle.

27

Strasbourg

NOTES 1. K. MARX, F. ENGELS, L’Idéologie allemande (trad., Paris, Éd. sociales, 1968) 70. 2. Ibid. 90 sq. 3. K. MARX, Contribution à la critique de l’économie politique (trad., Paris, Éd. sociales, 1972) 4 sq.

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4. Voir par exemple F.

ENGELS,

Les problèmes sociaux de la Russie, in K.

MARX,

F.

ENGELS,

La Russie

(Paris, Coll. 10/18, 1974) 244 : « Toute révolution véritable, parce qu’elle porte au pouvoir une classe nouvelle et lui permet de transformer la société à son image, est une révolution sociale ». 5. LÉNINE, Les bolchéviks garderont-ils le pouvoir ?, in Oeuvres choisies en trois volumes, 2 2 (Moscou, Éd. du Progrès, s. d.) 496. 6. S. L. UTČENKO, L’établissement de l’Empire romain et le problème de la révolution sociale, Voprosy istorii, 1964, 7 p. 106-118. 7. Voir le texte complet de cette leçon inaugurale, intitulée Conditions et événements, masses et personnalités, intérêts et idées, dans La crise de la science historique, Recueils de l’Association pour l’étude des sciences sociales dans les Écoles supérieures, I.4 (Kazan 1921) 3-14. 8. R. JU. VIPPER, Les guerres civiles à Rome, in Le tourbillon de l’histoire (Moscou-Berlin 1923) 140-175. 9. R.

JU. VIPPER,

Conditions et événements..., cit., 9. Le communisme dans l’Antiquité avait déjà été

étudié par R. VON

PÖHLMANN,

Geschichte des antiken Kommunismus und Sozialismus, 2 voll. (Munich

1893-1901 [trad. russe sous la direction de Μ. I. Rostovtzeff en 1910]), mais il est évident que la révolution russe donne une actualité nouvelle à la question. De R. JU. VIPPER, voir encore Communisme et culture. L’Antiquité (Riga 1925) et les remarques de V. P.

VOLGIN

dans son Esquisse

d’une histoire du socialisme3 (Moscou-Léningrad 1926), qui s’achèvent ainsi : « Le professeur Vipper a réussi effectivement à porter un coup fatal — non pas au communisme, mais à sa propre réputation scientifique » (p. 89). 10. Pétrograd 1918. 11. V. S. SERGEEF, La guerre civile dans la Rome antique aux IIe-Ier siècles av. J.-C., Les crises mondiales en cinq fascicules, fasc. 2 (Moscou 1924). Voir encore, du même auteur, Histoire romaine (Moscou 1922 ; 19252) ; Les sociétés esclavagistes, Manuel d'histoire romaine (Moscou 1924). 12. Cf. entre autres S. G.

LOZINSKIJ,

De l’histoire de la lutte des classes. La Grèce. Rome (Léningrad

1924) ; ID., Esquisse d’une histoire de la lutte des classes (Léningrad 1925) ; S. I.

KOVALEV,

L’histoire

universelle dans un exposé populaire à l’usage des autodidactes, I, L’Antiquité (Léningrad 1925). 13. Voir par exemple G. N. LOZOVIK, Apparition et chute de l’esclavage (Moscou-Léningrad 1927. 14. K. KAUTSKY, Der Ursprung des Christentums (Stuttgart, 1910 [1968]) 53. Lénine expose la même conception dans sa leçon De l'Etat, publiée en 1929. Cf. infra, note 22. 15. K.

KAUTSKY,

La révolution sociale (trad., Paris [1912] 1921) 49. Il s’agit de conférences

prononcées en Hollande en avril 1902. A propos de l’Antiquité et du Moyen Age, Kautsky affirme : « Nous rencontrons bien des luttes de classes exaspérées, nombre de guerres civiles et de catastrophes politiques ; mais nous voyons qu’aucune d’elles n’a amené une rénovation profonde et durable des conditions de propriété, n’a, par suite, institué une forme nouvelle de société » ( ibid., 33 sq.). L’évolution de ces sociétés s’opère par bonds, de manière fractionnée, et l’on ne trouve pas les éléments constitutifs d’une révolution sociale, ainsi définie : « ...il y a révolution sociale seulement quand la conquête du pouvoir politique par une classé, opprimée jusque là, bouleverse la superstructure juridique et économique de la société et, en particulier, les rapports de propriété » (p. 39). 16. Voir ici S. I.

KOVALEV ,

La théorie de Marx et d’Engels sur le mode de production antique, Izvestija

GAIMK 12, 9/10 (Léningrad 1932) 31 : « Pour le marxisme-léninisme, il n’existe que deux révolutions sociales : la révolution bourgeoise et la révolution prolétarienne ». 17. Cf. R. MEDVEDEV, Faut-il réhabiliter Staline ? (trad., Paris, Éd. du Seuil, 1969) 61 sqq. 18. Discours repris dans STALINE, Les questions du léninisme 2 (trad., Paris, Éd. sociales, 1947) 121. Signalons qu’une traduction française de ce discours fut publiée dès 1933 à Paris par le Bureau d’Éditions, sous le titre Dans la bonne voie. 19. Ce schéma didactique est assurément inspiré de Marx et d’Engels — outre le Manifeste du parti communiste et L’Origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat, on peut citer également Misère de la philosophie, où l’on relève les phrases suivantes : « Une classe opprimée est la condition vitale

113

de toute société fondée sur l’antagonisme des classes. L’affranchissement de la classe opprimée implique donc nécessairement la création d’une société nouvelle » (trad., Paris, Éd. sociales, 1947) 135 —, mais plus directement de la leçon de LÉNINE De L'État, publiée dans la Pravda en janvier 1929, ainsi que des discussions qui se déroulèrent en U.R.S.S. aux alentours de 1930 sur le mode de production asiatique et les formations économico-sociales. Ces discussions mirent en avant le passage révolutionnaire d’une formation à la suivante et évoquèrent le problème de la révolution sociale (Voir par exemple A. EFIMOV, La conception des formations économico-sociales chez Marx et Engels et leur vision de la structure des sociétés orientales, Istorik-Marksist 16(1930) 129 ; Sur le mode de production asiatique, Compte rendu sténographique de la discussion sur l’exposé du camarade Berin (Tiflis 1930) 23, 88 ; I. FROLOV, Contre la révision du marxisme-léninisme dans la science historique [A propos de quelques conclusions de la discussion avec le camarade Dubrovskij], Pod znamenem marksizma, 1931, 1/2, p. 193 sq.). Il est clair que ces débats, qui connurent un grand retentissement et prirent une orientation politique très nette, ne furent pas étrangère à la conception stalinienne du développement historique. 20. « Le discours du camarade Staline au Ier Congrès des kolkhoziens-darniki le 19 février 1933 est une date extrèmement importante non seulement pour tout le travail relatif à la collectivisation de l’agriculture, mais aussi pour la science marxiste-léniniste de l’Antiquité. (...) En élargissant et en approfondissant la théorie de la révolution sociale, le camarade Staline a fixé concrètement à la science soviétique de l’Antiquité la tâche de liquider les survivances du kautskisme qui se sont maintenues opiniâtrement dans tous les travaux marxistes sur la société antique » (Problemy istorii material’noj kul'tury, 1933, 7/8, 73). Rappelons que la traduction russe de Der Ursprung des Christentums de Kautsky avait été réeditée en 1930. Voir encore S. I.

KOVALEV,

Sur quelques

problèmes de la formation esclavagiste, Problemy istorii dokapitalističeskikh obščestv, 1934, 2, p. 80 : « Le camarade Staline, par sa thèse sur la révolution sociale des esclaves continue et approfondit la théorie de Marx-Engels-Lénine. C’est encore un pas en avant sur la voie de la connaissance des lois historiques ». 21. Voir le texte des communication dans les Izvestija GAIMK, 76 (1934). Dès ce moment la section de la formation esclavagiste auprès de la GAIMK ajoute à son programme de travail l’étude des révoltes serviles des IIe-Ier siècles av. n.è. et la lutte des classes à l’époque de la chute de l’Empire romain d’Occident (voir Problemy istorii material’noj kul’tury, 1933, 3/4, p. 78). 22. « ...Dans l’ancienne Rome, la lutte des classes ne se déroulait qu’à l’intérieur d’une minorité privilégiée, entre les libres citoyens riches et les libres citoyens pauvres, tandis que la grande masse productive de la population, les esclaves, ne servaient que de piédestal passif aux combattants » (K. MARX, Préface à la deuxième édition allemande du 18 Brumaire de Louis Bonaparte (trad., Paris, Éd. sociales, Classiques du marxisme, 1969) II. « Les esclaves, nous le savons, se révoltaient, provoquaient des émeutes, déclenchaient des guerres civiles, mais jamais ils ne purent constituer une majorité consciente, former des partis capables de diriger leur lutte, avoir une idée nette du but qu’ils poursuivaient ; et même aux moments les plus révolutionnaires de l’histoire, ils furent toujours des pions aux mains des classes dominantes » (LÉNINE, De l’État, in Oeuvres choisies en trois volumes, 3 (Moscou, p. 272). A. I. TJUMENEV, Histoire des sociétés esclavagistes antiques, Izvestija GAIMK, III (1935) 193, cherche à concilier — de façon spécieuse — les indications de Staline avec celles de Marx : si les esclaves ne représentent qu’un piédestal passif, celui-ci peut chanceler et entraîner la chute du système esclavagiste tout entier. 23. C’est S. I. Kovalev, semble-t-il, qui formula le premier cette théorie, reprise ensuite par l’ensemble des historiens. Voir à ce propos K. M. KOLOBOVA, Les révoltes d’esclaves dans la société antique du Ve au Ier siècles av. n.è. (Esquisse historiographique), Problemy vseobščej istorii, Istoriografiéeskij sbornik (Léningrad 1967) 17 sqq. Sur les causes de l’échec de la révolution à sa première étape, les historiens soviétiques demeurent évasifs et se bornent à indiquer qu’il n’y avait pas encore de situation révolutionnaire à ce moment-là. Le même schéma est appliqué à

114

l’histoire de Byzance : la première étape de la révolution est suivie d’une stabilisation réactionnaire sous Justinien, à laquelle succède la seconde étape de la révolution (fin début

VII

e

) qui voit la fin du régime esclavagiste. Cf. Z. V.

UDAL’COVA,

VIe siècle

-

La byzantinologie soviétique

depuis cinquante ans (Moscou 1969) 55 sq. 24. Un peu plus tard, dans son rapport sur l’activité du Comité central au XVII e Congrès du parti (janvier 1934), Staline complète sa conception de la chute de l’Empire romain : les esclaves et les barbares s’unirent et « renversèrent Rome à grand fracas » (STALINE, Les question du léninisme, 2. 121). C’est de la même manière que l’Allemagne fasciste sera vaincue par les peuples qu’elle méprise (notamment les Slaves). 25. A. V.

MIŠULIN,

132-162 ;

ID.,

1936) ;

ID.,

La révolte de Spartacus à Rome (74-71 av. n.è.), Izvestija GAIMK (IGAIMK) 76(1934)

La révolte de Spartacus. La révolution des esclaves à Rome au Ier siècle av. n.è. (Moscou

La révolution des esclaves et la chute de la République romaine (Moscou 1936) ;

ID.,

Contribution à l'histoire de la révolte de Spartacus dans la Rome antique, Vestnik drevnej istorii (VDI) 1937, I, pp. 133-142 ; ID., Spartacus. Esquisse scientifique et vulgaristatrice (Moscou 1947). 26. Voir par exemple S. I. KOVALEV, La lutte des classes et la chute de la société antique, De l’histoire des formations précapitalistes, IGAIMK 100(1933) 345-354 ;

ID.,

Le problème de la révolution sociale dans la

société antique, IGAIMK 76 (1934) 27-61 et IGAIMK 90 (1934) 295-328 ; O. O.

KRJUGER,

Les révoltes

serviles des IIe-Ier siècles av. n.è. comme première étape de la révolution des esclaves, IGAIMK 76(1934) III-131 ; S. I. KOVALEV, S. A.

ŽEBELEV ,

Les grandes révoltes d’esclaves des Ile-Ier siècles av. n.è. à Rome,

IGAIMK 101 (1934) 139-180 ; V. S. SERGEEV, La révolution des esclaves dans la République romaine, Bor’ba klassov, 1935, 6, pp. 86-95. 27. D’après Mišulin, la « révolution de Spartacus » aurait durè douze ans (74-62) et se serait donc poursuivie longtemps après la mort de Spartacus dans le sud de l’Italie, sous forme de guérilla. Le derniet bataillon d’esclaves fut écrasé à Thurium par C. Octavius, père d’Octave (cf.

SUÉTONE, Aug.

3.2 ; 7.1 [Ailloud]). 28. A. V. MIŠULIN, La révolte de Spartacus, cit., 39 : « Les révoltes des esclaves prenant les armes sont le témoignage du fait que la conscience des opprimés s’était déjà élevée à un degré qui leur permettait de comprendre la nécessité d’une action collective, d’un armement suffisant et de la suppression par la force du système de l’esclavage ». 29. S. I. KOVALEV et S. A.

ŽEBELEV ,

Les grandes révoltes d’esclaves, cit., 163, soulignent également que

la participation de la population pauvre libre aux révoltes serviles « apporta un élément d’anarchie au mouvement beaucoup plus organisé des esclaves ». 30. Voir déjà

LÉNINE,

La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky (Paris, Éd. sociales—Moscou,

Éd. du Progrès, 1971 14 : « Chacun sait, par exemple, — et l'historien’ Kautsky le sait également — que les insurrections, et même les grandes effervescences des esclaves de l’antiquité, révélaient aussitôt l’essence de l’État antique, à savoir la dictature des esclavagistes. Cette dictature abolissaitelle la démocratie parmi les propriétaires d’esclaves, pour eux ? Tout le monde sait que non ». 31. Marx lui-même, dans une lettre à Engels du 27 février 1861, voit en Spartacus « un représentant authentique du prolétariat antique » (K. MARX, F.

ENGELS,

Correspondance, 6 [trad.,

Paris, Éd. sociales, 1978] 285). 32. C’est si vrai que lorsqu’en 1937 A. V. Mišulin fait grief à S. I. Kovalev et O. O. Krjuger d’avoir développé la théorie d’un « abîme » séparant les esclaves et les paysans pauvres, empêchant ainsi toute solidarité entre les deux classes, il qualifie cette théorie non pas d’inexacte scientifiquement ou de contraire aux faits historiques, mais bien de nuisible, de pernicieuse (vrednjaja), terme officiellement employé pour dénoncer l’activité des « ennemis du peuple ». D’ailleurs cet article de Misulin est tout entier consacré à stigmatiser « l’infiltration d’éléments trotskistes et zinoviévistes » dans le domaine de l’histoire ancienne (A. V. MIŠULIN, A propos de la vigilance sur le front de l’histoire ancienne, Istoriieskij žurnal, 1937, 3/4, pp. 236-240). A la différence de Lénine et de Staline, rappelons-le, Trotski rejetait la possibilité d’une alliance entre ouvriers et

115

paysans dans la révolution prolétarienne ; et lors des procès de Moscou, l’opposition est accusée d’avoir voulu rompre cette alliance entre le prolétariat et la paysannerie. 33. Ces analyses ne concernent pas uniquement le fascisme (cf. L. CANFORA, Immagini moderne della schiavitú di età classica, Index 8 [1978-79] 116), mais tous les régimes capitalistes, dans la mesure où, conformément à la théorie marxiste, l’État est toujours un instrument de répression entre les mains de la classe dominante. Voir entre autres les considérations d’Engels dans L’origine de la famille..., et son introduction à La guerre civile en France de Marx : « L’État n’est rien d’autre chose qu’une machine pour l’oppression d’une classe par une autre, et cela, tout autant dans la république démocratique que dans la monarchie » (cité par LÉNINE, La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky, cit., 27). Pour Engels, « l’État antique était avant tout l’État des propriétaires d’esclaves pour mater les esclaves » (L’origine de la famille, cit., 157). De Lénine, on peut mentionner essentiellement, outre La révolution prolétarienne, L’État et la révolution et la leçon De l’État. 34. Le monde capitaliste et l'Internationale communiste, Manifeste du IIe Congrès de l’IC (Paris, Bibliothèque communiste, 1920) 25, 41. 35. Le thème de la « stabilisation du capitalisme » est développé à partir de 1924-1925, semble-til. Cf. G. ZINOVIEV, Les perspectives internationales et la bolchévisation. La stabilisation du capitalisme et la révolution mondiale, discours prononcés à l’exécutif élargi de l'IC les 25 mars et 4 avril 1925 (Paris, Librairie de l’Humanité, 1925) ainsi que les discours de Staline devant les militants de l’organisation de Moscou (mai 1925), aux XIVe Congrès du parti (décembre 1925), au XV e Congrès (décembre 1927) et au XVIe Congrès (juillet 1930). 36. STALINE, Rapport au XVe Congrès du PC de l'U.R.S.S. (Paris, Bureau d’Éditions, 1928) 15. 37. En 1932, le XIIe plénum de l’IC constate la fin de la stabilisation du capitalisme et annonce de nouveaux bouleversements dans le monde (voir à ce propos I. DVORKIN, Lénine, Staline et le Komintern à propos du nouveau départ des révolutions et des guerres, Pod znamenem marksizma, 1933, 6, pp. 50-79. 38. S. I.

KOVALEV,

Deux problèmes d’histoire romaine, Vestnik Leningradskogo gosudarstvennogo

Universiteta, 1947, 4, p. 96. Voir aussi, du même, Histoire de Rome (Léningrad 1948) 336 sqq. Selon Kovalev, les guerres civiles de la fin de la République sont constituées par les luttes enchevêtrées de différentes catégories sociales : lutte des esclaves contre leurs maîtres, mouvements des paysans pour l’obtention de terres, révoltes des Italiens et des provinciaux pour l’accès à la citoyenneté, action des chevaliers pour la participation au pouvoir politique. 39. A. B.

RANOVIČ,

Les provinces orientales de l’Empire romain aux

Ier-IIIe siècles

(Moscou-Léningrad

1949) 7 sqq. et L’hellénisme et son rôle historique (Moscou-Léningrad 1950) 16 sqq. Dans sa préface à la réédition posthume du Spartacus de Misulin (1950), S. L. Utcenko parle lui aussi d’un «mouvement révolutionnaire des esclaves », mais se garde bien d’employer à ce propos le terme de « révolution ». 40. VDI. 1947, 1, pp. 116-121. 41. STALINE, Anarchisme ou socialisme ?, in Oeuvres 1 (trad., Paris, Éd. sociales, 1953) 252. Voir aussi LÉNINE,

Les bolchéviks garderont-ils le pouvoir ?, cit., 496 : une révolution, « c’est l’agonie d’un vieux

régime social et la naissance d’un nouveau ». 42. Le texte canonique de Matérialisme dialectique et matérialisme historique (1938), attribué à Staline, souligne nettement l’aspect conscient et volontariste de tout mouvement révolutionnaire : « Quand les forces productives nouvelles son venues à maturité, les rapports de production existants et les classes dominantes qui les personnifient, se transforment en une barrière « insurmontable », qui ne peut être écartée de la route que par l’activité consciente de classes nouvelles, par l’action violente de ces classes, par la révolution » (trad., Paris, Éd. sociales, 1956) 30 ; cf. aussi p. 31 : « Le processus spontané de développement cède la place à l’activité

116

consciente des hommes ; le développement pacifique, à un bouleversement violent : l’évolution à la révolution ». 43. N. A. Maškin ne rejette d’ailleurs pas la thèse de la révolution des esclaves, mais la reporte au Bas-Empire, où elle est le fait des esclaves et des colons (voir N. A.

MASKIN,

Histoire de l’Empire

romain [Moscou, 1949] 60 sqq.). 44. Moscou-Léningrad 1949. Trad. allemande, Zwischen Republik und Kaiserreich. Ursprung und sozialer Charakter des augusteischen Prinzipats (Leipzig 1954) et italienne, Il principato di Auguste, 2 voll. (Rome 1956). 45. Maškin évoque à ce propos ENGELS, L’origine de la famille, cit., 157 : « Exceptionnellement, il se présente pourtant des périodes où les classes en lutte sont si près de s’équilibrer que le pouvoir de l’État, comme pseudo-médiateur, garde pour un temps une certaine indépendance vis-à-vis de l’une et de l’autre ». Le principat réussit à établir un équilibre, certes précaire, entre l’aristocratie et la plèbe. 46. Voir à ce sujet les remarques de EL M. ŠTAERMAN, Le problème de la chute de la République romaine dans l'historiographie soviétique, Voprosy istorii, 1966, 3, p. 86 sqq. 47. Le problème est abordé en 1955 par S. L. Utčenko dans une communication présentée au X e Congrès international des Sciences historiques à Rome sous le titre La crise de la polis et les conceptions politiques des stoïciens romains (il en existe une trad. anglaise). Ο. V. Kudrjavcev évoque également la crise de la polis dans ses Recherches sur l’histoire des régions balkano-danubiennes à l’époque de l’Empire romain et articles concernant les problèmes généraux de l’histoire ancienne (Moscou 1957) 361-366. 48. Cf. supra, note 6. 49. Voir encore, du même, La Rome antique. Les événements. Les hommes. Les idées (Moscou 1969) ; Cicéron et son temps, (Moscou 1973 ; trad. italienne, Cicerone e il suo tempo [Rome 1975] ; Jules César (Moscou 1976). 50. Voir surtout K.

MARX,

Formes qui précèdent la production capitaliste, trad. dans Sur les sociétés

précapitalistes, (Paris, Éd. sociales, 1970) 192 : « Chez les Anciens (les Romains étant l’exemple le plus classique, la chose se présentant sous la forme la plus pure, la plus nettement marquée) il existe une forme où la propriété foncière d’État est en contradiction avec la propriété foncière privée, si bien que cette dernière passe par la médiation de la première ou que la première ellemême existe sous cette double forme. Le propriétaire foncier privé par conséquent est en même temps un citoyen urbain ». Rappelons que ce texte de Marx, de 1859, fut publié pour la première fois en 1939 en russe (cf. VDI. 1940, 1, pp. 8-26). Le texte allemand parut à Berlin en 1953. 51. S. L. UTČENKO, Les doctrines politiques de l’ancienne Rome (Moscou 1977) 232. 52. Sur l’évolution de la culture antique, voir aussi E. M.

ŠTAERMAN,

La crise de la culture, antique

(Moscou 1973). 53. E. M. ŠTAERMAN, Le problème de la chute de la République romaine, cit., 93. Sur la base économique de la société esclavagiste, voir les travaux capitaux de M. E. Sergeenko et V. I. Kuziščin. 54. On peut voir à ce propos, outre les articles de E. M. Staerman et de K. M. Kolobova, déjà cités, L. G. TURKINA, L’éclairage de la crise et de la chute de la République romaine dans l’historiographie soviétique, Nekotorye voprosy vseobščej istorii, Tchéliabinsk, 4, 1969, pp. 3-21 ; K. P.

KORZEVA,

Le

problème de la crise et de la chute de la République romaine dans l’historiographie soviétique, Acta Conventus XI Eirene 1968 (Varsovie 1971) 147-160 (résumé en français, 311 sq.) ; ead., La révolte de Spartacus dans l’historiographie soviétique, Voprosy istorii 1974, 10, pp. 118-134 (trad. all. dans Klio 61 [1979] 477-496). Il est à noter qu’aucune de ces études — sauf celle de K. M. Kolobova — ne mentionne le nom de Staline à propos de la « révolution des esclaves ».

117

NOTES DE FIN 1. « Les révolutions sont les locomotives de l’histoire » (K.

MARX,

La lutte des classes en France

[1848-1850]). « Il serait prêt à reconnaître la révolution sociale, si l’histoire y conduisait avec autant de calme, de tranquillité, de régularité, d’exactitude, qu’un express allemand entre en gare. Très digne, le conducteur ouvre les portières des wagons et annonce : « Terminus : Révolution sociale. Alle aussteigen (tout le monde descend) ! » ( LÉNINE, Les bolcheviks garderont-ils le pouvoir ?).

118

L’“adoration” des Romains sous la Révolution française et la réaction de Volney et des idéologues

1

1. « Le fond d’un Romain, pour ainsi parler, était l’amour de sa liberté et de sa patrie. Une de ces choses lui faisait aimer l’autre ; car, parce qu’il aimait sa liberté, il aimait aussi sa patrie comme une mère qui le nourrissait dans des sentiments également généreux et nobles. Sous ce nom de liberté, les Romains se figuraient, avec les Grecs, un état où personne ne fût sujet que de la loi, et où la loi fût plus puissante que les hommes ». Ces considérations sur les vertus fondamentales des Romains de la République pourraient être celles d’un révolutionnaire de 1789. Elles sont en fait tirées du Discours sur l’Histoire universelle de Bossuet1, œuvre publiée pour la première fois en 1681 et appelée à une vaste diffusion2.

2

C’est dire que le mythe de Rome tel qu’il a été popularisé par la Révolution plonge des racines profondes dans la France de l’ancien régime. C’est dire aussi — et l’exemple de Bossuet est particulièrement significatif — qu’il existe dans les mentalités une coupure radicale, un dédoublement que nous osons qualifier de schizophrénique, entre d’une part un discours théorique qui exalte la grandeur de la Rome républicaine et d’autre part une pensée et des comportements monarchistes. Si l’on admire les principes républicains qui ont permis à Rome de conquérir le monde, on ne songe pas pour autant à remettre en question les réalités existantes. Dans un discours à l’Assemblée nationale, en septembre 1791, Talleyrand notera très justement cette contradiction : « ...On était parvenu à pouvoir présenter à la jeunesse l’histoire des anciens peuples libres, à échauffer son imagination par le récit de leurs héroïques vertus, à la faire vivre, en un mot, au milieu de Sparte et de Rome, sans que le pouvoir le plus absolu eût rien à redouter de l’impression que devaient produire ces grands et mémorables exemples »3. Mais lorsque s’écroule l’ordre monarchique, entraînant dans sa chute les valeurs spirituelles qui lui étaient associées, c’est l’image idéalisée des républiques de l’Antiquité que l’on invoque, références rassurantes pour ceux qui ont à inventer un avenir neuf à la fois contre l’ancien régime et la tradition chrétienne. Un siècle plus tôt, dans des circonstances analogues, les républicains anglais s’étaient eux aussi tournés vers la Grèce et Rome 4.

119

3

Le culte de l’Antiquité grecque et romaine pendant la période révolutionnaire a suscité de nombreuses études. Il n’est pas question de reprendre ici le problème dans son ensemble, mais seulement d’indiquer quelques-unes des principales orientations de la recherche en ce qui concerne plus particulièrement Rome. Trois grandes lignes de force se dégagent ainsi.

4

A) On s’est interrogé en premier lieu sur les origines de ce culte de Rome chez les acteurs de la Révolution. L’ouvrage désormais classique de H. T. Parker a montré le rôle de l’éducation reçue dans les collèges5. On sait que le système éducatif traditionnel, fondé sur la primauté du latin et, à travers lui, de la civilisation romaine, sécrétait son propre univers pédagogique, parfaitement autonome, peuplé des héros de Tite-Live et de Plutarque6. Et Rollin, “le bon Rollin”, qui souhaitait pourtant que son Traité des Etudes (1726-1728) renouvelât les méthodes éducatives, a lui aussi contribué à propager largement, en même temps que le “mirage Spartiate”, le modèle romain des antiques vertus républicaines7. Rappelons en passant que le mythe de la République romaine est une création des Romains eux-mêmes, et que la propagande augustéenne a mis tous ses soins à élaborer l’image grandiose de la Rome ancestrale.

5

Par ailleurs, on a relevé également que le climat culturel du XVIIIe siècle était favorable aux civilisations grecque et romaine. L’“invention de l’Antiquité” dans l’art européen de la seconde moitié du siècle — invention incontestablement stimulée par les fouilles d’Herculanum et de Pompéi8 — est un phénomène qui a été pris en considération dans une série d’études, certaines de caractère collectif9. Mais le décor antique suffit-il à rendre compte du choix des révolutionnaires ?

6

Plus déterminante pour leur formation est, semble-t-il, l’influence des “philosophes”, notamment de Montesquieu et de Rousseau. On s’est ainsi attaché à analyser d’une part l’apport de ces deux écrivains à l’agencement du mythe de Rome et d’autre part la manière dont ils ont intégré à leur pensée politique les réalités romaines et les notions clés de la vie publique de Rome10. Si pour Montesquieu le “goût des anciens” reste du domaine des spéculations théoriques sur le système républicain, chez Rousseau la vision idéalisée d’une république romaine libre et vertueuse appelle à l’imitation des hommes illustres de Plutarque11. Et c’est principalement à travers Rousseau, on le sait, que les protagonistes de la Révolution ont vu Rome, « cas exemplaire de civisme absolu » 12 ; c’est sous l’inspiration de Rousseau qu’ils ont voulu faire retour à une Rome (et une Sparte) imaginaire et intemporelle, détachée de toute réalité économique et sociale, et prototype d’un âge d’or à réinventer13.

7

Mais il faut aussi évoquer la figure de Mably, dont l’influence n’est pas négligeable 14. A travers son œuvre on comprend mieux comment les républiques de Sparte et de Rome ont pu mobiliser les enthousiasmes des Jacobins et coïncider avec les aspirations des sansculottes : elles incarnaient certes un idéal politique et moral déjà présent chez Rousseau, mais elles apparaissaient aussi comme des modèles économiques et sociaux. Ces républiques vertueuses et frugales étaient fondées sur la petite propriété foncière, les échanges commerciaux y étaient réduits et le luxe quasi inexistant. Or ce sont là autant de points de convergence avec les objectifs de la Terreur, conformes aux revendications des sans-culottes15.

8

B) Une deuxième grande orientation des recherches est centrée sur les manifestations mêmes du culte de Rome, dont on cherche à comprendre les mécanismes et le sens profond. On s’attache ainsi à mettre en évidence les éléments constitutifs des “modèles

120

antiques” à la fin du XVIIIe siècle16 et, plus concrètement, à cerner les divers espaces où les influences grecques et surtout romaines ont pu s’exercer. Dans cette perspective, on interroge — comme l’a fait par exemple F. Dίaz-Plaja17 — la littérature et le théâtre, les arts plastiques, et surtout le discours politique, généralement privilégié par les chercheurs18. Les références à l’Antiquité dans les discours révolutionnaires obéissent à un code complexe qu’il n’est pas facile de déchiffrer totalement. Instruments de la propagande politique, ces références à Rome traduisent une volonté d’identification avec les héros du passé beaucoup plus qu’une fuite hors de la réalité présente19. Bien plus, elles créent un réseau subtil d’images exemplaires qui fonctionnent à la manière de l'exemplum dans l’art oratoire antique20. C’est ainsi, par exemple, que lors de son procès, Gracchus Babeuf récupère à son profit la charge émotive contenue dans l’évocation de Socrate, de Jésus, d’Agis et des Grecques21. 9

C) Une troisième piste, moins fréquentée, conduit à l’exploration du mythe de Rome dans l’imaginaire collectif. Contrairement à ce que l’on a pu dire, le culte de l’Antiquité ne s’est pas limité aux dirigeants de la Révolution22. Que] culte, en effet, s’est jamais borné à ses officiants ? Les idéaux antiques se sont réfractés dans toutes les couches de la population, en même temps que progressait la déchristianisation. Déformés, imprécis, diffus certes, les modèles antiques n’en participent pas moins à l’univers quotidien des sans-culottes. Rome est pour eux une réalité familière, qui donne une dimension mythistorique au nom des individus, des rues et des localités23, qui parcourt la phraséologie politique, les chants et les hymnes révolutionnaires, qui inspire les spectacles et les fêtes. Or c’est précisément par l’intermédiaire des chants et des fêtes que l’idéologie révolutionnaire est immédiatement perçue par les masses24. A ce propos je retiendrai un exemple qui me paraît significatif, dans la mesure où il permet de saisir les implications profondes et les prolongements subtils du mythe révolutionnaire de Rome.

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Les 9 et 10 thermidor de l’an VI (27-28 juillet 1798), Paris célèbre à la fois l’anniversaire de la chute de Robespierre (les “fêtes de la liberté”) et “l’entrée triomphale des objets de sciences et d’arts recueillis en Italie”25.

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Les cérémonies de la première journée, très minutieusement organisées, se déroulent à l’imitation d’un triomphe romain, où ne manquent ni les chars, ni les animaux exotiques, ni les trophées ramenés victorieusement d’Italie : livres, manuscrits, sculptures, tableaux, etc. Plus qu’un simple décor26 ou qu’une illustration fugitive d’un temps retrouvé, l’imagerie romaine fournit la matière d’une leçon politique. Les chants composés à l’occasion de la fête proclament : « Entrez, magnifiques trésors ! / Dans la cité d’un peuple libre ; / La Seine a remplacé le Tibre ; / Et votre Panthéon est ouvert sur ses bords » 27. Ou encore, plus explicitement : « Rome n’est plus dans Rome, / Elle est toute à Paris » 28.

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Le sens et la portée de la mise en scène s’éclairent si l’on se reporte une fois encore à Bossuet : « Les Romains, écrit-il, rendaient meilleurs tous [les pays] qu’ils prenaient, en y faisant fleurir la justice, l’agriculture, le commerce, les arts même et les sciences, après qu’ils les eurent une fois goûtées »29. Ainsi le spectacle tout entier, s’adressant aux sens et à l’imagination, proclame que Paris succède à Rome comme centre du monde et foyer de la civilisation. Si le triomphateur — Bonaparte — est absent, retenu en Italie, son absence est plus éloquente encore, ce que ne manque pas de souligner un journaliste30. Le vainqueur des guerres d’Italie, qui a lu Bossuet31, saura le moment venu récupérer à son profit cette idée de la troisième Rome. Mais c’est là une autre histoire.

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Le culte de la Rome républicaine et de ses héros vertueux est particulièrement vivant chez les Jacobins et c’est en partie pour cette raison que, associé aux excès de la Terreur, il devient insupportable aux Thermidoriens — objet de raillerie pour les uns, d’indignation et de refus pour les autres. Une comédie intitulée L'intérieur des comités révolutionnaires ou les Aristides modernes, créée le 8 floréal an III (30 avril 1795) et accueillie triomphalement32, brocarde les goûts romains des sans-culottes, pour qui « les patriotes s’appelleront tous par des noms romains »33. Parmi les membres du comité révolutionnaire ainsi mis en scène figurent un Caton, " ancien laquet, escroc, grand aboyeur”, un Scévola, “coiffeur, gascon”, un Brutus, “ancien portier de maison” et un Torquatus, “rempailleur de chaises On voit par là que le culte de Rome a fait des ravages dans les milieux sociaux les plus simples.

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2. C’est à un niveau beaucoup plus élevé que se situe Volney pour s’insurger contre le culte de l’Antiquité dont les Jacobins avaient fait un tel abus. Constituant enthousiaste mais vite déçu par la politique, voyageur rendu célèbre par son Voyage en Egypte et en Syrie (1787), dont la réflexion se prolonge dans les Ruines ou méditations sur les Révolutions des Empires (1791), emprisonné sous la Terreur, Volney est appelé à enseigner l’histoire à l’Ecole normale, créée par la Convention le 9 brumaire an III (31 octobre 1794) et de courte mais glorieuse durée34. C’est là qu’entre le 1er pluviôse et le 3 germinal an III (20 janvier - 23 mars 1795), Volney prononce ses fameuses Leçons d'Histoire, dans lesquelles il expose ses réflexions sur la méthodologie de l’histoire, conformément au projet même de l’Ecole normale35.

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Sans vouloir analyser dans leur ensemble les Leçons d’Histoire 36, je retiendrai simplement un passage de la sixième et dernière leçon, où Volney, examinant l’influence de l’histoire sur les individus et les peuples37, s’élève avec une vivacité extrême contre l’enthousiasme pour l’Antiquité qui a envahi tous les domaines et particulièrement la politique : « ... Nous n’avons fait que changer d’idoles, déclare-t-il, et que substituer un culte nouveau au culte de nos aïeux. Nous leur reprochons l’adoration superstitieuse des Juifs, et nous sommes tombés dans une adoration non moins superstitieuse des Romains et des Grecs ; nos ancêtres juraient par Jérusalem et la Bible, et une secte nouvelle a juré par Sparte, Athènes et Tite-Live. Ce qu’il y a de bizarre dans ce nouveau genre de religion, c’est que ses apôtres n’ont pas même eu une juste idée de la doctrine qu’ils prêchent, et que les modèles qu’ils nous ont proposés sont diamétralement contraires à leur énoncé ou à leur intention ; ils nous ont vanté la liberté, l’esprit d’égalité de Rome et de la Grèce, et ils ont oublié qu’à Sparte une aristocratie de trente mille nobles tenait sous un joug affreux deux cent mille serfs »38. Mettant alors en lumière les aspects les plus odieux des civilisations grecque et romaine, Volney dénonce l’absurdité qu’il y a à vouloir proposer ces sociétés comme des modèles pour la France moderne, et il résume sa diatribe en une adjuration véhémente : « Ah ! cessons d’admirer ces anciens qui n’eurent pour constitutions que des oligarchies, pour politique que des droits exclusifs de cités, pour morale que la loi du plus fort et la haine de tout étranger ; cessons de prêter à cette antiquité guerroyeuse et superstitieuse une science de gouvernement qu’elle n’eut point. (...) Après nous être affranchis du fanatisme juif, repoussons ce fanatisme vandale ou romain, qui, sous des dénominations politiques, nous retrace les fureurs du monde religieux »39.

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Ces considérations, par lesquelles Volney achève son cours d’histoire40, sont importantes à bien des égards. Importantes par l’endroit même où elles ont été énoncées — l’Ecole normale, institution où les professeurs avaient été choisis pour leur valeur éminente et qui devait, de proche en proche, répandre dans la France entière les lumières de la raison

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. Importantes par leur contenu même et les résonances qu’elles rencontrent dans un système de pensée d’une grande cohérence. Volney est un Idéologue, et c’est dans la perspective de ce que l’on a appelé, après Destutt de Tracy, l’Idéologie que je voudrais interpréter ce texte42.

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Volney s’élève contre l’adoration superstitieuse dont les anciens ont été l’objet. En laissant de côté la réaction épidermique du thermidorien face aux excès jacobins, on voit que sa prise de position se situe à deux niveaux différents. Il y a tout d’abord un refus de toute religion, quelle qu’elle soit. Si les Lumières, propices à la paix et à la tolérance, ont libéré les esprits du christianisme — que Volney désigne par l’expression « le fanatisme juif » — ce n’est pas pour que l’on se plonge dans un nouveau fanatisme, celui de l’Antiquité. Volney, qui a voyagé en Orient, a été à même de constater les méfaits de l’aveuglement religieux : c’est là qu’il a vraiment pris conscience du pouvoir de la raison.

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Car en définitive les préjugés, la superstition, le fanatisme sont pour lui « les symptômes effrayants d’une maladie de l’esprit »43. Et le culte de l’Antiquité, comme toute croyance religieuse, provient d’un enthousiasme malsain, expression directe des forces irrationnelles qui sont en l’homme et contre lesquelles Volney ne cesse d’opposer la barrière de la conscience réfléchie. A Rousseau, qui « s’adresse au cœur plutôt qu’à l’esprit, aux affections plutôt qu’au raisonnement », il préfère Voltaire, « parlant à l’esprit plutôt qu’au sentiment »44. Dans cette perspective, le rationaliste Volney ne peut que rejeter les rêveries utopistes et passionnées des révolutionnaires, ces “visionnaires sauvages” dont Edward Gibbon raillait les aspirations idéalistes dès décembre 1789 45.

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La défiance de Volney à l’égard des forces de l’irrationnel et de l’affectivité fait de lui, comme de tous les Idéologues, l’héritier de Voltaire et des Encyclopédistes. Seul l’exercice de la raison pourra mettre fin aux préjugés et aux erreurs : c’est l’une des raisons pour lesquelles les Idéologues prêtent une telle attention à la pédagogie. Dans un rapport sur l’organisation générale de l’instruction publique (20-21 avril 1792), Condorcet défend des positions très proches de celles de Volney et qui sont une condamnation sans appel du système d’éducation d’un Rollin par exemple : « Ainsi, former d’abord la raison, instruire à n’écouter qu’elle, à se défendre de l’enthousiasme qui pourrait l’égarer ou l’obscurcir, et se laisser entraîner ensuite à celui qu’elle approuve ; telle est la marche que prescrit l’intérêt de l’humanité, et le principe sur lequel l’instruction publique doit être combinée 46 »

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Volney s’attache ensuite à combattre l’idée que la Grèce et Rome puissent constituer des modèles pour la France moderne. Aux républiques intemporelles ou idéalisées des “adorateurs de l’Antiquité” il oppose le tableau peu flatteur de sociétés enracinées dans l’histoire et fondées sur l’esclavage et l’inégalité. Pour les hommes de la Révolution, en effet, les cités antiques revêtent l’aspect de communautés d’hommes libres et égaux ; l’esclavage est ou bien totalement occulté ou bien réduit à un épiphénomène insignifiant. Billaud-Varenne peut ainsi célébrer en toute bonne conscience l’âge d’or des anciens, « temps où l’oppression et l’oubli ne retombaient que sur une classe d’esclaves exotiques »47.

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Ce n’est pas un hasard, semble-t-il, si c’est d’abord et surtout à propos de Sparte et d’Athènes que Volney dénonce l’existence de l’esclavage, Rome étant plutôt définie par l’exploitation des populations non serviles (les plébéiens et les provinciaux). Car les Idéologues qui se sont intéressés à l’Antiquité ont ressenti le caractère profondément scandaleux de l’esclavage dans des sociétés comme Sparte ou Athènes, dont les institutions avaient été élaborées par des législateurs et étaient donc le fruit de la raison 48

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. Rien de tel à propos de Rome : chez ce peuple de brigands où prévaut, selon la formule de Condorcet, “un système de brigandage régulier et froidement calculé”49, le gouvernement n’était pas le résultat d’un effort rationnel, mais le simple effet des circonstances. « Les Romains — écrivait déjà Condillac, le père de l’Idéologie, dans son Cours d’étude pour l’instruction du prince de Parme (1775) — n’ont jamais eu la liberté de se faire des loix. Ils se sont élevés, et ils sont tombés par la force des circonstances » 50. On comprend que les Idéologues, qui ont tant contribué aux projets constitutionnels de leur époque, aient été heurtés par la légalisation de l’esclavage en Grèce. A Rome, ce n’était que la conséquence d’une barbarie innée51. 22

Pour renverser les nouvelles idoles, Volney a recours à toutes les armes possibles et s’adresse successivement au cœur et à la raison de ses auditeurs. Pour combattre l’enthousiasme sur son propre terrain, la sensibilité, il montre que l’histoire des Grecs et des Romains est remplie de violence, d’injustice et de cruauté : « Guerres éternelles, égorgements de prisonniers, massacres de femmes et d’enfants, perfidies, factions intérieures, tyrannie domestique, oppression étrangère : voilà le tableau de la Grèce et de l’Italie pendant 500 ans, tel que nous le tracent Thucydide, Polybe et Tite-Live »52. Cette démythification de l’histoire ancienne doit être replacée dans la réflexion de Volney sur le destin des empires. On retrouve là un écho de la méditation qui avait nourri le pessimisme de la première partie des Ruines, pessimisme dont Volney s’était détaché en entrevoyant l’aspect bénéfique de la raison.

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Cherchant ensuite à mobiliser les facultés rationnelles de son public contre les modèles antiques, l’auteur des Leçons d’Histoire se place au cœur même d’un débat capital de la fin du XVIIIe siècle et invoque un argument qui est le fer de lance de la pensée des Idéologues : c’est au nom du progrès qu’il récuse toute référence pratique à l’Antiquité. La constitution “mixte” de Rome en particulier, dans laquelle une longue tradition, depuis Machiavel, se plaisait à reconnaître l’équilibre des pouvoirs — monarchique, aristocratique et démocratique — tant admiré de Polybe53, cette constitution n’est pour Volney qu’une oligarchie inacceptable pour un pays comme la France. Inacceptable surtout parce que les progrès de la science politique ont abouti à la naissance du système représentatif, qui constitue l’une des inventions majeures de l’époque moderne54. Et Cabanis rejoint l’analyse de son ami Volney lorsqu’il célèbre en décembre 1799 les bienfaits de la division des pouvoirs et du système représentatif, réalités inconnues des anciens55. Ces innovations marquent la disparité radicale entre les modernes et les anciens, idée qui sous-tend toute la réflexion des Idéologues.

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En reconnaissant, à la suite de Turgot et de l’abbé de Saint-Pierre, la perfectibilité indéfinie de l’espèce humaine et les progrès de sa marche en avant sous l’effet des lumières de la raison, ils sont amenés à distinguer des points de rupture, des lignes de démarcation qui ponctuent le devenir de l’humanité. Une série de découvertes capitales, expression du génie humain, rendent ainsi impossible toute comparaison véritable entre les civilisations du passé et celles du présent. Pour Volney, l’invention de l’imprimerie et la liberté de la presse qui en découle signalent l’avènement de l’époque moderne 56. De même, l’établissement du système représentatif permet à la démocratie de fonctionner dans les pays de vastes dimensions. Dans une perspective identique, le mathématicien Vandermonde (1735-1796), collègue de Volney à l’Ecole normale, où il enseigne l’économie politique57, met ses auditeurs en garde contre la tentation d’“assimiler les peuples modernes aux peuples anciens”58 ; ainsi, l’abolition de l’esclavage personnel sépare absolument l’économie politique des anciens de celle des modernes59.

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Vandermonde ne fait que reprendre ici une idée de David Hume. Comme l’a bien montré Μ. I. Finley dans un ouvrage récent, ce furent les “économistes” du XVIIIe siècle — en particulier ceux de l’école écossaise — qui les premiers prêtèrent attention au phénomène de l’esclavage antique60. En effet, une réflexion centrée sur les facteurs économiques responsables de la transformation des sociétés dans le temps devait nécessairement se heurter à des problèmes tels que les caractéristiques de l’esclavage ou la nature du commerce en Grèce et à Rome. Et la grande controverse sur le luxe qui traverse tout le siècle des Lumières61 amène les partisans du progrès à rejeter l’Antiquité dans un passé sans bonheur économique : songeons à ce propos aux considérations de Chastellux sur la félicité publique62. Son tableau de la société romaine annonce celui de Volney, mais se présente sous la forme d’une envolée lyrique : « ... Voyons une populace triste et misérable frémir autour du Sénat. Entendons-la demander, tantôt en gémissant, tantôt en menaçant, qu’on daigne lui accorder quelques arpens de terre pour sa subsistance. (...) Les portes s’ouvrent, les Sénateurs paraissent, leurs regards féroces annoncent leurs projets, une joye cruelle brille sur leurs visages... »63. 25

3. Les attaques de Volney contre le mythe des républiques antiques sont reprises et diffusées par d’autres Idéologues. Cabanis, par exemple, s’en fait l’écho dans un discours de l’an VIII, qui vraisemblablement ne fut jamais prononcé64. La Décade philosophique les évoque à plusieurs reprises65. De façon plus conséquente, Pierre-Charles Lévesque se fixe pour tâche, dans son Histoire critique de la République romaine (1807), d’« affaiblir l’enthousiasme que [la république romaine] a trop longtemps inspiré »66. Pour cela il veut ébranler, par une “critique morale”, les préjugés qui s’attachent aux prétendues vertus romaines : « Les Romains, écrit-il, avaient le double fanatisme d’un amour de liberté qui fit naître chez eux les plus grands désordres, et d’un amour de leur patrie qui leur faisait trouver honnêtes et beaux les moyens les plus odieux d’augmenter la grandeur et la puissance »67. C’était là infliger un démenti vigoureux aux élans de Bossuet.

26

Benjamin Constant, proche des Idéologues, prolonge la réflexion de Volney dans un discours, également de caractère pédagogique, prononcé à l’Athénée royal de Paris en 1819, discours où il compare la liberté des anciens et celle des modernes 68. Il montre la différence radicale qui existe entre la liberté individuelle des modernes, « jouissance paisible de l’indépendance privée »69, et la liberté collective des anciens, « asservissement complet de l’individu à l’autorité de l’ensemble »70. Cette liberté, participation directe au pouvoir collectif, pesait d’un poids terrifiant sur l’existence de chaque citoyen : « Toutes les actions privées sont soumises à une surveillance sévère. Rien n’est accordé à l’indépendence individuelle (...). Dans les choses qui nous semblent les plus futiles, l’autorité du corps social s’interpose et gêne la volonté des individus »71. Rousseau et Mably, poursuit Constant, ont rêvé de rétablir cette souveraineté collective des anciens, sans prendre en considération les changements survenus au cours des siècles, et qui font de la liberté des modernes une liberté enracinée dans les réalités économiques 72.

27

Il est intéressant de noter encore que des émigrés proches des Idéologues comme Portalis ou Charles de Villers s’insurgent eux aussi contre le fanatisme qui, depuis la Renaissance, a soumis les esprits aux modèles grecs et romains. Mais c’est pour proposer un nouvel ancrage dans la tradition d’un Moyen Age dont le romantisme allemand leur a donné le goût et la nostalgie73.

28

4. Il n’est plus besoin d’insister sur l’importance des Leçons d'Histoire de Volney dans le développement de la réflexion historique. Sa démonstration finale, qui procède d’une connaissance lucide des pouvoirs démesurés de l’Histoire, vise à détruire le mythe des

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républiques antiques responsable d’une nouvelle forme de religion superstitieuse et intolérante. A l’enthousiasme des révolutionnaires et de leurs inspirateurs, tenants plus ou moins conscients d’une histoire cyclique où l’âge d’or est à retrouver dans un passé idéalisé et toujours proche puisque la nature humaine est perçue comme immuable, l’idéologue Volney oppose une conception linéaire et progressiste du devenir des sociétés humaines, ponctué par les progrès des Sciences74. «L’âge d’or, qu’une aveugle tradition a placé jusqu’ici dans le passé, est devant nous », dira plus tard Saint-Simon, autre partisan du progrès, qui s’en prendra lui aussi au culte jacobin de la Grèce et de Rome 75. Mais Volney ne parvient pas à éliminer le caractère tragique de toute vision dialectique de l’histoire, et Hegel, qui a lu les Ruines 76, est encore plus sensible à l’aspect destructeur de la marche en avant des sociétés. 29

Débarrassée de tout prestige particulier, l’Antiquité classique n’est plus pour Volney qu’une époque parmi les autres : l’histoire s'est enflée aux dimensions du monde 77. L’auteur des Leçons d’Histoire se rattache ainsi à la lignée cartésienne, pour qui le basbreton n’est pas moins apte à la réflexion que le grec ou le latin. C’est seulement grâce à cette distance consciemment établie par rapport aux sociétés passées que Rome — et ensuite Athènes78 — a pu se constituer en objet de savoir. L’introduction à la Cité antique de Fustel de Coulanges témoignera de cet effort de focalisation qui caractérise les conceptions historiques modernes, même si, par la suite, on est arrivé à d’autres interprétations de la libertas populi Romani79.

NOTES 1.

BOSSUET,

Discours sur l’Histoire universelle, 3e partie, chap. 6. Bossuet écrit encore : « La maxime

fondamentale de la république était de regarder la liberté comme une chose inséparable du nom romain ». 2. Voir par exemple à ce propos TH. GOYET, “Autour du Discours sur l’Histoire universelle. Etudes critiques”, Annales littéraires de l'Université de Besançon, 2 e série, t. III, fasc. 4, 1956, pp. 7-17. 3. Cité dans C. HIPPEAU, L’instruction publique en France pendant la Révolution. Discours et rapports..., Paris, 1881, p. 35. Voir encore, par exemple, C.

DESMOULINS,

Fragment de l’histoire secrète de la

Révolution (1793), in Œuvres de C. Desmoulins, éd. J. Claretie, Paris, 1874, pp. 309 s., note : « On nous élevait dans les écoles de Rome et d’Athènes, et dans la fierté de la république, pour vivre dans la monarchie et sous le règne des Claude et des Vitellius ». 4. Sur cette question, voir en particulier Z. S. FINK, The Classical Republicans, Evanston, 1945, et M. BARIDON,

Edward Gibbon et le mythe de Rome. Histoire et idéologie au siècle des Lumières, Paris, 1977,

notamment les pp. 329-402. 5. H. T. PARKER, The Cult of Antiquity and the French Revolutionaries. A Study in the Development of the Revolutionary Spirit, Chicago, 1937. 6. Voir à ce propos les études suggestives de A. CANIVEZ, Jules Lagneau professeur et philosophe, Essai sur la condition du professeur de philosophie jusqu’à la fin du XIX e siècle, t. I, Strasbourg, 1965, et de G. SNYDERS, La pédagogie en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris,

1965 ; et plus récemment, R. CHARTIER,

Μ. M. COMPÈRE, D. JULIA, L'éducation en France du XVIe au

siècles, Paris, 1976.

XVIIIe

126

7. Sur Rollin (1661-1741) et son “Traité des Etudes” — dont le titre exact est De la manière d’enseigner et d’étudier les belles-lettres, par rapport à l’esprit et au cœur —, voir P. MESNARD, “Rollin forge l’esprit de l’enseignement secondaire (1661-1741)”, in J.

CHATEAU,

Les grands pédagogues, 3 e ed., Paris,

(1956) 1966, pp. 147-169. B. GROSPERRIN, “L’histoire et le modèle historique dans le Traité des Etudes de Rollin” Cahiers d’histoire, 16 (1971), pp. 161-174 ; M. LEGAGNEUX, “Rollin et le ‘ mirage Spartiate’ de l’éducation publique”, in Recherches nouvelles sur quelques écrivains des lumières, sous la direction de J. PROUST, Genève, 1972 (Etudes de philologie et d’histoire, 25), pp. 111-162. 8. Voir en particulier à ce propos

CH. GRELL,

Herculanum et Pompei à travers les récits des voyageurs

français, à paraître dans la collection du Centre J. Bérard de Naples. 9. Cf. entre autres L. XVIII

e

BERTRAND ,

La fin du classicisme et le retour à l’antique dans la seconde moitié du

siècle et les premières années du

renaissance de l'Antiquité à la fin du

XIXe

XVIIIe

en France, 2 e éd., Paris, 1897 ; L.

HAUTECOEUR,

Rome et la

siècle, Paris, 1912 ; B. BACZKO, J. P. BOUILLON, A. et J. EHRARD,

J. JOLY, L. PEROL, J. RANCY, “Modèles antiques et ‘préromantisme’”, in Le préromantisme : hypothèque ou hypothèse ?, Colloque de Clermont-Ferrand 29-30 juin 1972, Paris, 1975, pp. 393-413 ; R. MORTIER, “Le bon usage de l’antiquité”, Studies on Voltaire and the Eighteenth Century, 154 (1976), pp. 1487-1507 ; J. SEZNEC, “L’invention de l’Antiquité”, Studies on Voltaire..., 155 (1976), pp. 2033-2047 ; G.M.

VAJDA,

“Aspects de l’évaluation du néo-classicisme comme courant littéraire international”, ibid., pp. 2137-2147. 10. Cf. par exemple pour Montesquieu B.

GROETHUYSEN,

“Le libéralisme de Montesquieu et la

liberté telle que l’entendent les républicains”, Europe, 37 (1949), pp. 2-16 ; R. B.

OAKE,

“Montesquieu’s Analysis of Roman History”, Journal of the History of Ideas, 16 (1955), pp. 44-59 ; C. MESSINA,

“Montesquieu e l’antichità greco-romana”, Atti della Accademia di Scienze, Lettere e Arti di

Palermo, Série 4, 35 (1975-76), pp. 375-424. Pour Rousseau, voir essentiellement J.

COUSIN,

“J.-J.

Rousseau interprète des institutions romaines dans le Contrat Social”, in Etudes sur le Contrat Social de Jean-Jacques Rousseau, Actes des Journées d’étude tenues à Dijon du 3-6 mai 1962, Paris, 1964, pp. 13-34 ; P. CATALANO, Tribunato e resistenza, Turin, Paravia (Historica, Politica, Philosophica, 4), 1971 ; D. LEDUC-FAYETTE, Rousseau et le mythe de l’Antiquité, Paris, 1974 ; P.

ANDRIVET,

“Jean-Jacques

Rousseau : quelques aperçus de son discours politique sur l’Antiquité romaine”, Studies on Voltaire..., 151 (1976) pp. 131-148 ; R.A.

LEIGH,

“J. J. Rousseau and the myth of Antiquity in the

Eighteenth Century”, in Classical Influences on Western Thought A.D. 1650-1870, ed. by R.R.

BOLGAR,

Cambridge Univ. Press, 1979 (cité R.R. BOLGAR), pp. 155-168. Pour Diderot, voir J. SEZNEC, Essais sur Diderot et l’Antiquité, Oxford, 1957. 11. Voir par exemple G.

PIRE,

“Du bon Plutarque au citoyen de Genève”, Revue de littérature

comparée, 32 (1958), pp. 510-547. 12. P. ANDRIVET, loc. cit., p. 147. 13. J. EHRARD, “L’esprit républicain au

XVIIIe siècle”,

in L’esprit républicain, Colloque d'Orléans, 4 et 5

septembre 1970, Paris, 1972, pp. 49-61, montre comment au

XVIIIe siècle

l’exemple de Rome a pu

contribuer à donner un contenu concret positif au concept de république, jusque-là vide ou négatif. 14. Voir l’introduction de P. FRIEDMANN à MABLY, Sur la théorie du pouvoir politique, Éd. sociales, Coll. Les classiques du peuple, Paris, 1975, pp. 7-55. 15. Voir entre autres A.

SOBOUL,

Les Sans-culottes parisiens en l’an II. Mouvement populaire et

gouvernement révolutionnaire (1793-1794), Paris, 1968 ; ID., Histoire de la Révolution française, Paris, Gallimard, Coll. Idées, 1976, t. 2, pp. 98-111. 16. Voir en particulier B. BACZKO et alii, loc. cit., p. 401 ss. 17. F. DÍAZ-PLAJA, Griegos y Romanos en la Revoluciόn francesa, Madrid, 1960. 18. Cf. P. VIDAL-NAQUET, “Tradition de la démocratie grecque”, in Μ. I. FINLEY, Démocratie antique et démocratie moderne, trad., Paris, 1976, pp. 7-44 ; P.-M. MARTIN, “Présence de l'histoire romaine dans

127

la Révolution française”, in Influence de la Grèce et de Rome sur l’Occident moderne, Actes du colloque des 14, 15, 19 déc. 1975, Paris E.N.S. - Tours, Paris, 1977, pp. 215-226. Voir encore N.

LORAUX-P. VIDAL-

NAQUET,

“La formation de l’Athènes bourgeoise. Essai d’historiographie 1750-1850”, in R. R.

BOLGAR,

pp. 169-222 ; J.

GODECHOT,

“Influence de l’antiquité à l’époque de la Révolution”, Index, 7

(1977), pp. 45 ss. 19. Voir à ce propos F.

ENGELS,

Préface à la 3 e éd. allemande (1885) du 18 Brumaire de Louis

Bonaparte de K. Marx. 20. Voir à ce propos Rhétorique et histoire. L’exemplum et le modèle de comportement dans le discours antique et médiéval (Actes de la Table Ronde organisée par l’Ecole française de Rome le 18 mai 1979), Rome, 1980 (Extrait des Mélanges de l’Ecole française de Rome, Moyen Age - Temps modernes, 92, 1980). 21. Cf. V.

ADVIELLE,

Histoire de Gracchus Babeuf et du babouvisme d’après de nombreux documents

inédits, Paris, 1884 (Genève, Slatkine Reprints, 1978), II, p. 13. Sur Gracchus Babeuf et l’Antiquité, voir maintenant M.

CLAUSS,

“Die Rezeption der Antike bei François-Noël (Camille-Gracchus)

Babeuf”, Gymnasium, 86 (1979), pp. 81-94. 22. Cf. par exemple P. VIDAL-NAQUET, loc. cit., p. 17, note 26 : « Il faut, du reste, préciser que seul le personnel dirigeant de la Révolution, celui qui avait reçu une éducation classique, a été touché par le culte de l’Antiquité ». 23. Voir à ce propos H T. PARKER, op. cit., chap. 12, pp. 139-145. 24. Sur l’importance des chants révolutionnaires, voir J. A.

LEITH,

“Music as an Ideological

Weapon in the French Révolution”, The Canadien Historical Association. Historical Papers presented to the Annual Meeting... june 1966, 1966, pp. 126-140. Pour tout ce qui concerne la fête révolutionnaire, voir M. OZOUF, La fête révolutionnaire 1789-1799, Paris, 1976 ; G. GUSDORF, La conscience révolutionnaire. Les Idéologues, Paris, 1978 (Les sciences humaines et la pensée occidentale, VIII). Pour l’iconographie des fêtes révolutionnaires, voir par exemple M.-L.

BIVER,

Fêtes révolutionnaires à

Paris, Paris, 1979. 25. Pour cette cérémonie, évoquée par F.

DÍAZ-PLAJA,

op. cit., pp. 124 ss., voir par exemple Le

Rédacteur des 8, 9, 11 et 12 thermidor an VI ; Le Moniteur universel, 9 thermidor an VI ; Le Journal de Paris, 8, 9 et 11 thermidor an VI. 26. Sur cette notion de “décor”, voir le compte rendu de G. Lefebvre au livre de H. T. Parker dans les Annales historiques de la Révolution française, 15 (1938), pp. 465-468. 27. Journal de Paris, 9 thermidor an VI. 28. Le Rédacteur, 11 thermidor an VI. 29.

BOSSUET,

Discours sur l'Histoire universelle, 3e partie, chap. 6. Dans un discours prononcé au

moment des fêtes, l’un des commissaires en Italie évoque ainsi le transfert à Paris des œuvres d’art d’Italie : « Le sort de ces productions du génie est d’appartenir aux peuples qui brillent successivement sur la terre par les armes, par les sciences, et de suivre constamment le char des vainqueurs » (Le Rédacteur, 12 thermidor an VI). 30. « Il ne manquait à la beauté de ce spectacle que la vue de l’heureux triomphateur ; mais sa gloire était présente, cette gloire qui va s’augmenter à mesure qu’il s’éloigne de nous, et pour laquelle l’Europe est déjà un théâtre trop étroit » (Le Rédacteur, 11 thermidor an VI). 31. Voir par exemple à ce propos J.

JEHASSE,

“Napoléon, Bossuet et le mythe antique”, Cahiers

d'histoire, 16 (1971), 3-4 (Le Consulat et l’Empire. Colloque franco-italien, Lyon mai 1969), pp. 259-276. 32. Voir à ce propos E. et J. DE GONCOURT, Histoire de la société française pendant le Directoire, nouvelle éd., Paris, 1892, pp. 121-130. 33. L’intérieur des comités révolutionnaires, ou les Aristides modernes, comédie en trois actes et en prose, représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de la Cité-Variétés, le 8 floréal, an troisième. Par le citoyen Ducancel, Paris, an V, Acte 1, scène 9.

128

34. Sur Volney (de son vrai nom Constantin-François de Chassebeuf de Boisgirais), voir J. GAUI.MIER,

L'Idéologue Volney (1757-1820). Contribution à l’histoire de l’Orientalisme en France,

Beyrouth, 1951 (Genève, Slatkine Reprints, 1980) ; ID., Un grand témoin de la Révolution et de l’Empire, Volney, Paris, 1959. 35. Voir à ce propos les documents sur l’Ecole normale rassemblés par P. DUPUY, L’Ecole normale de l’an III, in Le centenaire de l’Ecole normale 1795-1895, Paris, 1895, pp. 21-209. Voir encore le rapport de Lakanal sur l’organisation des Ecoles normales présenté à la Convention le 2 brumaire an III, in C. HIPPEAU, op. cit., pp. 408-421.

36. Sur les Leçons d’Histoire, voir J.

GAULMIER,

L’Idéologue Volney, pp. 325-345 ;

ID.,

“Volney et ses

Leçons d’Histoire ”, History and Theory, 2 (1962), pp. 52-65 (repris dans Autour du romantisme, de Volney à J.-P. Sartre, Mélanges]. Gaulmier, Strasbourg, 1977, pp. 61-71 ; D.

BRAHIMI,

“Les Leçons

d’Histoire de Volney (1795)”, in L’histoire au XVIIIe siècle, Colloque d’Aix-en-Provence 1er-3 mai 1975, Aixen-Provence, 1980, pp. 405-427. 37. Dans l’Avertissement qui précède le texte des Leçons d’Histoire, Volney souligne l’influence redoutable de l’histoire sur les hommes ; elle constitue “l’une des sources les plus fécondes de leurs préjugés et de leurs erreurs”. 38. C.-F. VOLNEY, La loi naturelle. Leçons d'Histoire, présentées par J. Gaulmier, Paris, Garnier, Coll. Les classiques de la politique, 1980, p. 140. Pour l’édition de ces Leçons, cf. pp. 159 s. Ce texte de Volney a été cité par B. HEMMERDINGER, “L’esclavagisme antique vu par le thermidorien Volney”, Quaderni di storia, 1 (1975), pp. 115-116. 39. VOLNEY, Leçons d'Histoire, p. 143. 40. A la fin de la 6 e séance, Volney suspend son enseignement, auquel la fermeture de l’Ecole normale le 30 floréal met définitivement fin. 41. Rappelons que parmi les professeurs figuraient aussi, entre autres, Monge (géométrie descriptive), Daubenton (histoire naturelle), Berthollet (chimie), Bernardin de Saint-Pierre (morale), Garat (analyse de l’entendement) et Laharpe (littérature). Sur les fins de l’Ecole normale, voir par exemple le rapport de Lakanal in C. HIPPEAU, op. cit., pp. 408-421. 42. Sur les Idéologues, voir par exemple F. PICAVET, Les Idéologues. Essai sur l’histoire des idées et des théories scientifiques, philosophiques, religieuses, etc. en France depuis 1789, Paris, 1891 ; S.

MORAVIA ,

Il

tramonto dell’illuminismo. Filosofia e politica nella società francese (1770-1820), Bari, 1968 ; ID., Il pensiero degli Idéologues. Scienza e filosofia in Francia (1780-1815), Florence, 1974 ; M.

RÉGALDO,

Un milieu

intellectuel : la Décade philosophique (1794-1807), Thèse, Lille- : Paris, 1976, 5 vol. (cf. notamment t. II, 2e partie, chap. 2, “La Décade et les Idéologues”) ; G.

GUSDORF,

La conscience révolutionnaire. Les

Idéologues cit. 43. VOLNEY, op. cit., p. 129. Voir aussi, entre autres, LAHARPE — qui fut collègue de Volney à l’Ecole normale —, Du fanatisme dans la langue révolutionnaire..., Paris, 1821, pp. 1 s. : « Le fanatisme est proprement un zèle de religion, aveugle et outré. Quand il se borne à des opinions illusoires et exagérées, c’est une erreur de l’esprit qui s’appelle plus spécialement enthousiasme ; quand il se renferme dans des pratiques minutieuses et frivoles, c’est une petitesse d’esprit qui se nomme superstition ; quand il produit les rêveries des illuminés de toute espèce, c’est un écart de l’imagination exaltée, un genre de folie qui n’est que ridicule ». 44. VOLNEY, op. cit., p. 108, note 2. Voir à ce propos D. BRAHIMI, loc. cit., pp. 414-419. 45. E. GIBBON, Lettre à lord Sheffield du 15-12-1789, in The Letters of Edward Gibbon, Ed. J. E. Norton, III, Londres, 1956, p. 184. Gibbon évoque ainsi les révolutionnaires : « ...A lot of wild Visionaries (like our Dr Price) who gravely debate and dream about the establishment of a pure and perfect democracy of five and twenty millions, the virtues of the golden age and the primitive rights and equality of mankind which would lead in fair reasoning to an equal partition of lands and money » (cité par M. BARIDON, op. cit., p. 228). 46. C. HIPPEAU, op. cit., pp. 259 s.

129

47. Cité par M. OZOUF, op. cit., pp. 330 s. Plus réaliste, une chanson sur la liberté des nègres, due au versatile Piis et chantée à la section des Tuileries le 20 pluviôse an II, proclame : « Ces Romains, jadis si fameux, / Ont été bien puissants, bien braves, / Mais ces Romains, libres chez eux, / Conservaient au loin des esclaves. / C’est une affreuse vérité, / Que leur histoire nous atteste, / Puisqu’avec nous, d’humanité, / Déjà les Romains sont en reste. » (cité par P.

BARBIER

et F.

VERNILLAT, L'histoire de France par les chansons, t. IV, Paris, 1957, p. 156).

48. Voir par exemple

CONDORCET,

Esquisse d'un tableau historique des progrès de l’esprit humain

(publiée en l’an III), Paris, éd. Vrin, 1970, p. 59 : les institutions de la Grèce ne concernaient qu’une partie de l’espèce humaine, étant donné l’existence de l’esclavage. 49. Ibid., p. 77. 50.

CONDILLAC,

Cours d’étude pour l’instruction du prince de Parme, aujourd’hui S.A.R. l’Infant D.

Ferdinand, duc de Parme, Plaisance, Guastalle, etc., éd. de Genève de 1780 en 12 vol., t. VII, p. 319 (livre 16, chap. 8). Voir aussi t. VI, p. 180 (livre 9, chap. 1). Sur Condillac (1715-1780), cf. G. SOLINAS, “Condillac e l’Illuminismo”, Annali della Facoltà di lettere, filosofia e magistero dell'Università di Cagliari, 22 (1954), pp. 235-595 ; L. GUERCI, Condillac storico. Storia e politica nel Cours d’études, Milan, 1978. Sur Condillac et Volney, cf. J. F. LOGAN, “Condillac, Volney and the lessons of the past”, Studies on Voltaire..., 153 (1976), pp. 1329-1335. 51. Cf. par exemple CONDORCET, Réflexions sur l’esclavage des nègres (1781), in Œuvres de Condorcet, éd. Arago, t. VII, Paris, 1847, p. 134. 52. VOLNEY, op. cit., p. 141. 53. Sur cette question, voir toujours K. VON FRITZ, The Theory of the Mixed Constitution in Antiquity, New York, 1954. Pour l’utilisation politique de la théorie polybienne, voir en particulier M. BARIDON, op. cit., passim.

54. VOLNEY, op. cit., p. 143. 55.

CABANIS,

“Quelques considérations sur l’organisation sociale en général et particulièrement

sur la nouvelle constitution” (25 frimaire an VIII/16 décembre 1799), in Œuvres philosophiques, t. II, Paris, 1956 (Corpus général des philosophes français, Auteurs modernes, 44, 1), p. 464. Voir également DESTUTT

DE TRACY,

Commentaire sur l’Esprit des Lois de Montesquieu (1811), Paris, 1819

(Genève, Slatkine Reprints, 1970), p. 23. 56. VOLNEY, op. cit., pp. 99 ss. (3e séance). 57. Voir les Séances des Ecoles normales, recueillies par des sténographes, et revues par les professeurs, nouvelle éd. en 13 vol., Paris, 1800-1801, t. II, pp. 233-245 ; pp. 447-447-463 ; t. III, pp. 145-161. 58. Séances des Ecoles normales..., t. II, p. 457. 59. Ibid., pp. 292 s. 60. Μ. I.

FINLEY,

Esclavage antique et idéologie moderne (Ancient Slavery and Modem Ideology, 1979),

trad., Paris, 1981, chap. 1. Voir encore C.

ROBBINS,

The Eighteenth-Century Commonwealthman,

Cambridge Mass., 1961, pp. 185-210. 61. Voir par exemple à ce sujet E. Ross, “Mandeville, Melon, and Voltaire : the origins of the luxury controversy in France”, Studies on Voltaire..., 155 (1976), pp. 1897-1912. 62.

CHASTELLUX,

De la félicité publique. Ou considérations sur le sort des hommes dans les différentes

époques de l’histoire, Amsterdam, 1772, 2 vol. 63.

CHASTELLUX,

op. cit., 1, p. 103. Comparer avec Volney, op. cit., p. 141 : « ...Cette prétendue

république [romaine], diverse selon les époques, fut toujours une oligarchie composée d’un ordre de noblesse et de sacerdoce, maître presque exclusif des terres et des emplois, et d’une masse plébéienne grevée d’usures, n’ayant pas quatre arpents par tête, et ne différant de ses propres esclaves que par le droit de les fustiger, de vendre son suffrage, et d’aller vieillir ou périr sous le sarment des centurions, dans l’esclavage des camps et les rapines militaires ». 64. CABANIS, op. cit., p. 428. 65. Pour les références, voir M. RÉGALDO, op. cit., t. IV, note a, pp. 268 s.

130

66. P.-CH.

LÉVESQUE,

Histoire critique de la République romaine, Paris, 1807, t. I, p. XXXVIII. Sur

Lévesque, voir en particulier N. LORAUX-P. VIDAL-NAQUET, “La formation de l’Athènes bourgeoise”, loc. cit., pp. 202-209. 67. P.-CH. LÉVESQUE, op. cit., p. XXXV. 68. B. CONSTANT, De la liberté des anciens comparée à celle des modernes (1819), facilement accessible maintenant dans B. CONSTANT, De la liberté chez les Modernes. Ecrits politiques, éd. M. Gauchet, Paris, Livre de Poche, Coll. Pluriel, 1980, pp. 493-515. Sur la genèse de ce texte, cf. pp. 687 s., note 2. C. NICOLET,

“Economie, société et institutions au

IIe siècle

av. J.-C. : de la lex Claudia à l'ager exceptas”,

Annales ESC, 35 (1980), p. 873, signale à juste titre l’importance de ces pages de B. Constant. 69. B. CONSTANT, op. cit., p. 501. 70. Ibid., p. 495. 71. Ibid. 72. L’extension territoriale des Etats modernes, l’abolition de l’esclavage, l’essor du commerce et le système représentatif ont libéré les citoyens de la tutelle étouffante des gouvernements. 73. Voir J.-E.-M. PORTALIS, De l’usage et de l’abus de l’esprit philosophique durant le dix-huitième siècle. Précédé d’un Essai sur l’origine, l’histoire et les progrès de la littérature française et de la philosophie, éd., Paris, 1827, pp. XX-LIV ;

CH. DE VILLERS,

2e

“Lettre... sur un recueil d’anciennes Poésies

allemandes”, Magasin Encyclopédique, 1810, 5, pp. 5-24. Voir à ce propos F.

BALDENSPERGER,

Le

mouvement des idées dans l’émigration française (1789-1815), Paris, 1924, t. II, pp. 151-181. 74. Sur ces questions, voir par exemple J.

SCHLOBACH ,

“Pessimisme des philosophes ? La théorie

cyclique de l’histoire au XVIIIe siècle”, Studies on Voltaire..., 155 (1976), pp. 1971-1987 ; M. BARIDON, “Les concepts de nature humaine et de perfectibilité dans l’historiographie des Lumières de Fontenelle à Condorcet”, L’histoire au XVIIIe siècle, pp. 353-374. 75. SAINT-SIMON, Opinions littéraires, philosophiques et industrielles, in Œuvres choisies, t. III, Bruxelles, 1859, pp. 249-250. 76. Voir à ce sujet J.

D’HONDT,

Hegel secret. Recherches sur les sources cachées de la pensée de Hegel,

Paris, 1968, pp. 83-113. 77. Voir déjà dans ce sens l’avant-propos de l’Essai sur les Mœurs de Voltaire. 78. Nous renvoyons à ce propos à l’étude exemplaire de N.

LORAUX

et P.

VIDAL-NAQUET,

“La

formation de l’Athènes bourgeoise”, loc. cit. 79. Pour une mise au point de la question, cf. par exemple G. CRIFÒ, “Su alcuni aspetti della libertà in Roma”, Archivio Giuridico “F. Serafini”, 154 (1958), pp. 3 ss. Voir encore à ce propos P. CATALANO, Tribunato e resistenza, op. cit. ; Populus Romanus Quirites, Turin, 1974, et d’une manière générale C. NICOLET, Le métier de citoyen dans la Rome républicaine, Paris, 1976, pp. 425-455.

131

Volney et les Idéologues : le refus de Rome Mouza Raskolnikoff

Pour André Canivez Je remercie très vivement MM. les Professeurs Jean Gaulmier et Claude Nicolet des remarques et des suggestions dont ils ont bien voulu me faire part après lecture du manuscrit. Cette stade a pour point de départ un exposé présenté à Rome le 22 avril 1981 lors du 1er Séminaire international d'Etudes historiques « De Rome à la Troisième Rome » organisé par les soins de M. le Professeur Pierangelo Catalano dans le cadre de l'Université de Rome. 1

L’histoire romaine n'est plus ce qu’elle était. Territoire désormais livré aux enquêtes minutieuses et spécialisées d’un petit nombre d’érudits, elle a perdu le prestige qui, lui donnant un caractère d'universalité et d’actualité toujours renouvelé, avait pendant si longtemps fait d’elle l’inspiratrice et le modèle privilégié de la réflexion politique occidentale. Machiavel, par exemple, avait tenté d'interpréter l’histoire de Florence à la lumière de la grandeur passée de la République romaine, et les penseurs anglais du XVIIe et du XVIIIe siècles s’étaient efforcés de théoriser ou d’influencer leur propre système politique en se référant à l’analyse polybienne de la constitution de Rome. Il appartient à l’histoire de l’histoire de démêler les rapports complexes et subtils qui unissent en un vaet-vient constant l'histoire de la Rome ancienne et l’histoire des idées politiques à travers les siècles. Il sera peut-être possible alors de saisir le moment où, ayant perdu le sentiment d’une identité profonde entre le présent et les réalités passées, on cesse d’appliquer au vécu multiforme de son temps la grille de lecture d’une expérience désormais périmée et où Rome — et la Grèce — se constituent en objet de savoir. Mais un savoir dont il conviendra de toujours déceler les implications idéologiques : tant il est vrai que la matière historique n’est jamais neutre et qu’elle se prête à bien des lectures 1.

2

On sait que les acteurs de la Révolution française, élevés « dans les écoles de Rome et d’Athènes », selon la formule de Camille Desmoulins2, invoquaient l’image idéalisée des républiques antiques et tentaient de ressusciter les vertus et le mode de vie qui avaient fait la grandeur de Sparte et de Rome3. C’est à partir de l’œuvre de Rousseau et de Mably

132

essentiellement que s’est propagé le mythe d’une Rome intemporelle, idéal d’une république fondée sur la petite propriété foncière, ignorante du luxe et ne connaissant que des échanges commerciaux très réduits. Cette Rome imaginaire a de quoi séduire les Jacobins et mobiliser les enthousiasmes des sans-culottes : autant qu’un modèle moral et politique, n’est-elle pas l’incarnation d’espoirs économiques et sociaux que la Terreur tenta d’actualiser ? Ainsi, plus qu’un simple décor ou l’effet d’une mode passagère, les références à l’Antiquité romaine apparaissent comme un instrument de la propagande politique. 3

Il ne semble pas que le culte de la Rome républicaine et de ses héros vertueux à la Plutarque ait été un phénomène limité aux seuls dirigeants de la Révolution, comme cela a souvent été dit. On le voit au contraire se réfracter dans toutes les couches de la population à mesure que progresse la déchristianisation. Dilués, altérés, imprécis certes, les modèles antiques n’en participent pas moins à l’univers quotidien de l’homme du peuple. Rome devient pour lui une réalité familière, qui affleure dans le nom des individus, des rues et des localités, qui parcourt la phraséologie politique, les chants et les hymnes révolutionnaires, qui inspire les spectacles et les fêtes, ces messages adressés à l’imagination.

4

Une comédie satirique créée quelques mois après la chute de Robespierre, L’Intérieur des comités révolutionnaires, ou les Aristides modernes, due à un certain Ducancel, est particulièrement instructive. Elle met en scène des sans-culottes ignorants, affublés de noms romains et pour qui « les patriotes s’appelons tous par des noms romains ». On y voit ainsi un Caton, ancien laquais, un Scevola, coiffeur, un Torquatus, rempailleur de chaises. La pièce, qui connut un très grand succès, témoigne à la fois des ravages opérés par le culte de Rome dans les milieux sociaux les plus simples et de son rejet énergique après Thermidor par tous ceux qui tendent à l’identifier à l’idéologie et aux excès de la Terreur.

5

C’est dans ce contexte historique qu’il convient de replacer les fameuses Leçons d’Histoire prononcées par Volney à l’Ecole normale entre le 1er pluviôse et le 3 germinal an III (20 janvier-23 mars 1795). Constituant actif mais bientôt dégoûté de la politique, voyageur rendu célèbre par son Voyage en Syrie et en Egypte (1787), dont la réflexion se prolonge dans les Ruines ou Méditations sur les Révolutions des Empires (1791), emprisonné sous la Terreur et libéré à la suite du 9 Thermidor, Volney est appelé peu de temps après à enseigner l’histoire à l'Ecole normale4. Créée par un décret du 9 brumaire an III (30 octobre 1794), cette institution de courte mais glorieuse durée apparaît comme Tune des réalisations les plus prestigieuses de la Convention. Des professeurs choisis pour leur valeur éminente avaient mission d’y enseigner « l’art d’enseigner les connaissances humaines » et de répandre ainsi dans la France entière les lumières de la raison.

6

Sans vouloir entrer dans le détail des Leçons d'Histoire, réflexion sur la méthodologie de l’histoire et les principes d’une saine critique5, je retiendrai un passage de la sixième et dernière leçon dans lequel Volney, conscient de l'influence néfaste de l’histoire sur les opinions des individus et des peuples, s’élève avec vigueur contre les « adorateurs de l’Antiquité » (les Jacobins), dont il a vu l’enthousiasme aveugle, fruit de l'éducation, se déployer dans tous les domaines et en particulier dans la politique : « [...] Nous n’avons fait que changer d’idoles, et que substituer un culte nouveau au culte de nos aïeux. Nous leur reprochons l’adoration superstitieuse des Juifs, et nous sommes tombés dans une adoration non moins superstitieuse des Romains et des Grecs ; nos ancêtres juraient par Jérusalem et la Bible, et une secte nouvelle a juré par Sparte, Athènes et Tite-Live. Ce qu’il

133

y a de bizarre dans ce nouveau genre de religion, c’est que ses apôtres n’ont pas même eu une juste idée de la doctrine qu’ils prêchent, et que les modèles qu’ils nous ont proposés sont diamétralement contraires à leur énoncé ou à leur intention ; ils nous ont vanté la liberté, l’esprit d’égalité de Rome et de la Grèce, et ils ont oublié qu’à Sparte une aristocratie de trente mille nobles tenait sous un joug affreux deux cent mille serfs » 6. 7

Mettant alors en lumière les aspects les plus affreux des civilisations grecque et romaine, Volney dénonce l’absurdité qu'il y a à vouloir donner pour modèles à la France moderne des sociétés archaïques et cruelles. Et il résume ainsi sa diatribe :

8

« Ah ! cessons d’admirer ces anciens qui n’eurent pour constitutions que des oligarchies, pour politique que des droits exclusifs de cités, pour morale que la loi du plus fort et la haine de tout étranger ; cessons de prêter à cette antiquité guerroyeuse et superstitieuse une science de gouvernement qu’elle n’eut point [...]. Après nous être affranchis du fanatisme juif, repoussons ce fanatisme vandale ou romain, qui, sous des dénominations politiques, nous retrace les fureurs du monde religieux »7.

9

Il convient de souligner l’importance de ces considérations, par lesquelles s’achève le cours d’histoire de Volney, cours suspendu à la fin de la sixième séance puis définitivement interrompu par la fermeture de l’Ecole normale. Importance liée d’abord à l’endroit même où elles furent énoncées — l’Ecole normale, dont la Convention avait voulu faire le centre privilégié d’un enseignement de haute qualité. Importance qui s’explique aussi par les références à une série de thèmes, de problèmes cruciaux qui avaient marqué l’historiographie de l’Antiquité pendant tout le XVIIIe siècle et que Volney reprend de façon magistrale. Importance enfin qui dépend du contenu même de ces considérations et des résonances qu’elles rencontrent dans un système de pensée d’une grande cohérence. Volney est un Idéologue, et ses réflexions critiques sur l’adoration des Grecs et des Romains s'inscrivent dans le cadre du mouvement intellectuel que l’on a appelé, après Destutt de Tracy, l’Idéologie8. C'est donc dans la perspective de l’Idéologie que ce texte prend toute sa valeur.

10

Volney s’élève contre le culte de l’Antiquité, expression d’une « adoration superstitieuse » et effet d’un enthousiasme pernicieux. Sa prise de position — si l’on néglige la réaction purement épidermique d’un esprit modéré face aux excès des Jacobins (la « secte nouvelle ») — se situe à deux niveaux différents. C’est d’abord le refus de toute forme de religion, quelle qu’elle soit. Si la philosophie des Lumières, dans son effort inlassable pour établir la tolérance et la paix, a délivré l'humanité de l’héritage judéo-chrétien — manifestation pour Volney du « fanatisme juif » —, ce n'est pas pour que l’on instaure une nouvelle sorte de fanatisme, celui de l’Antiquité classique. Volney, qui a séjourné en Orient, a été en mesure de constater par lui-même les méfaits de l'aveuglement religieux et des superstitions engendrées par l’obscurantisme : c'est là qu’il a véritablement pris conscience du pouvoir de la raison.

11

A un second niveau, le culte de l’Antiquité est pernicieux parce que, comme tout fanatisme, il procède d’une vraie « maladie de l’esprit9 » et résulte d'un enthousiasme malsain, expression des forces irrationnelles qui sont en l’homme et auxquelles Volney ne cesse d’opposer les barrières de la conscience réfléchie. Fanatisme, enthousiasme, superstition : autant d’états dus à l'ignorance et aux égarements d’un cœur dont il convient de toujours se méfier10. C’est pourquoi à Rousseau, qui « s’adresse au cœur plutôt qu’à l’esprit, aux affections plutôt qu’au raisonnement », il préfère Voltaire, « parlant à l’esprit plutôt qu’au cœur, à la pensée plutôt qu’au sentiment »11. Choix

134

significatif. Au nom de la raison souveraine, l’auteur des Leçons d’Histoire s’insurge contre les puissances de l'irrationnel et de l’affectivité, se montrant ainsi, comme tous les Idéologues, l'héritier des Encyclopédistes. 12

Cette dichotomie instaurée entre la raison et le sentiment comporte des prolongements pédagogiques auxquels les Idéologues ont été particulièrement attentifs : on sait en effet le rôle qu'ils ont joué dans l’organisation de l’instruction publique à l’époque révolutionnaire. C’est dans cette optique que Volney s’en prend à un système éducatif qui, inculquant le respect et l’admiration pour la culture antique — et l’on songe ici, entre autres, au fameux Traité des Etudes de Charles Rollin —, a créé les conditions favorables à l’épanouissement d’un nouveau fanatisme. Plus explicite encore que Volney, un rapport de Condorcet à l’Assemblée nationale en avril 1792 refuse de faire reposer les vertus politiques « sur un enthousiasme inspiré dès l'enfance », et préconise une éducation fondée avant tout sur la raison. « Ainsi, déclare-t-il, former d’abord la raison, instruire à n’écouter qu’elle, à se défendre de l’enthousiasme qui pourrait l’égarer ou l’obscurcir, et se laisser entraîner ensuite à celui qu’elle approuve, telle est la marche que prescrit l’intérêt de l’humanité, et le principe sur lequel l’instruction publique doit être combinée »12.

13

Pour arracher son auditoire à la fascination de la Grèce et de Rome, Volney s’applique à démontrer que ces sociétés ne sauraient en aucun cas constituer des modèles pour la France moderne. Aux républiques intemporelles et chimériques des Révolutionnaires — ces « visionnaires sauvages » dont Edward Gibbon avait raillé les projets utopiques dès décembre 178913 — il oppose le tableau peu édifiant de cités enracinées dans la réalité historique et fondées sur l’esclavage et l’inégalité. Facteur déterminant de la prospérité économique de la République romaine pour Montesquieu et condition même de l’existence des démocraties anciennes selon Rousseau, l’esclavage antique n’est aux yeux des hommes de la Révolution qu’un phénomène marginal qui tend à être complètement occulté. Les Etats de l’Antiquité revêtent ainsi l’aspect de communautés de citoyens libres et égaux, et Billaud-Varenne peut célébrer en toute bonne conscience un âge d’or « où l’oppression et l’oubli ne retombaient que sur une classe d’esclaves exotiques »14.

14

Ce n’est pas un hasard, semble-t-il, si c'est d’abord et surtout à propos de Sparte et d’Athènes que Volney met l’accent sur l’existence de l’esclavage, Rome étant plutôt définie par l’exploitation des populations non serviles — plébéiens, alliés, provinciaux. Car les Idéologues qui se sont intéressés à l'Antiquité classique ont été sensibles au caractère profondément scandaleux de l’esclavage dans des sociétés comme celles de la Grèce, dont les institutions avaient été élaborées par des législateurs et résultaient donc d’un authentique effort rationnel. Rien de tel à Rome en revanche : on voyait un peuple de brigands s’organiser sous l'effet des circonstances, sans qu'un plan préétabli eût fixé l’économie des lois civiles. « Les Romains, écrivait déjà Condillac, le père de l’Idéologie, dans son Cours d’étude pour l’instruction du prince de Parme (1775), n’ont jamais eu la liberté de se faire des loix. Ils se sont élevés, et ils sont tombés par la force des circonstances » 15. On comprend que les Idéologues, qui ont tant contribué aux projets constitutionnels de leur époque, aient été heurtés par le caractère légalisé de l’esclavage en Grèce. A Rome, ce n’était que la conséquence d’une barbarie innée, qui fit le malheur de tous les peuples voisins. Cette idée se fait très nettement jour dans la célèbre Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain de Condorcet, œuvre achevée en octobre 1793.

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Pour abattre les idoles, Volney utilise tous les arguments possibles, et s’adresse aussi bien au cœur qu’à la raison de ses auditeurs. Pour combattre l’enthousiasme sur son propre

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terrain, la sensibilité, il rappelle que l’histoire de la Grèce et de Rome est remplie de violence, d’injustice et de cruauté. « Guerres éternelles, égorgements de prisonniers, massacres de femmes et d’enfants, perfidies, factions intérieures, tyrannie domestique, oppression étrangère : voilà le tableau de la Grèce et de l’Italie pendant 500 ans, tels que nous le tracent Thucydide, Polybe et Tite-Live »16. Cette vision simplificatrice de l’histoire ancienne n’est pas seulement inspirée par la volonté de détruire le prestige de l’Antiquité. Plus largement, elle s’intègre à la méditation volneyenne sur la succession des empires qui avait nourri le pessimisme de la première partie des Ruines — un pessimisme auquel Volney avait échappé par un acte de foi en la raison humaine. Créateur de son destin, l’homme allait pouvoir dans l’avenir conjurer le déterminisme de l’histoire. 16

C’est au nom du progrès que Volney, sollicitant alors les facultés rationnelles de son public, récuse les modèles antiques et se situe ainsi au cœur même d’une argumentation qui constitue le fer de lance de la pensée des Idéologues. En reconnaissant, à la suite de l’abbé de Saint-Pierre et de Turgot, la perfectibilité indéfinie de l’esprit humain et les progrès de l’humanité dans sa marche en avant par l’effet des lumières de la raison, ils sont amenés à distinguer des points de rupture, des lignes de clivage qui rythment le devenir historique. Une série de découvertes capitales, manifestations du génie de l’homme, rendent impossible toute comparaison véritable entre les civilisations du passé et celles du présent. Pour Volney, l’invention de l’imprimerie et la liberté de la presse qui en découle signalent l’avènement de l’époque moderne17.

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La disparité totale entre les sociétés modernes et celles de l’Antiquité s’explique par des changements radicaux dont les Leçons d’Histoire rendent compte d’une façon synthétique, en un mouvement qui rappelle fort — la tonalité lyrique en moins — les considérations de Chastellux sur la félicité publique des Grecs et des Romains. Dès 1772, celui-ci avait montré le caractère illusoire d’un retour aux institutions du passé et dénié tout bonheur réel à la plus grande partie des populations de l’Antiquité18. A la suite de David Hume, il voyait dans la pratique de l’esclavage la différence essentielle entre les anciens et les modernes19. Comme l'a justement rappelé Μ. I. Finley dans un ouvrage récent, ce furent les « économistes » du XVIIIe siècle — et particulièrement ceux de l’école écossaise — qui, les premiers, prêtèrent une attention véritable à l’esclavage antique20. En effet, une réflexion centrée sur les facteurs économiques responsables de la transformation des sociétés dans le temps devait nécessairement se heurter à des problèmes tels que les particularités de l’esclavage ou la nature du commerce en Grèce et à Rome. Et, plus généralement, la grande controverse sur le luxe qui traverse tout le siècle des Lumières amène les partisans du progrès à rejeter l'Antiquité dans un passé sans bonheur économique : Turgot, par exemple, constate que l'esclavage fut une entrave à l'essor du commerce et de l’industrie21, et dans une dissertation sur le commerce des Romains couronnée par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres en 1786, l’ingénieur vénitien Francesco Mengotti démontre que ce peuple ne connut jamais un véritable commerce actif, base de la grandeur des nations, ce qui explique dans une très large mesure le déclin de Rome22.

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Si économiquement les cités antiques ne peuvent apparaître comme des modèles, leur situation sociale et politique est tout aussi peu exemplaire. Le tableau dans lequel Volney synthétise les grandes tensions de la société romaine rejoint encore la sombre évocation de Chastellux interpellant ainsi ses lecteurs : « Transportons-nous en idée dans le sein de cette ville, et voyons une populace triste et misérable frémir autour du sénat. Entendonsla demander, tantôt en gémissant, tantôt en menaçant, qu’on daigne lui accorder

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quelques arpens de terre pour sa subsistance. Ecoutons les cris de ces braves soldats qui montrent parmi leurs nobles cicatrices les traces honteuses du fouet et des chaînes [...]. Les portes s’ouvrent, les Sénateurs paraissent, leurs regards féroces annoncent leurs projets, une joye cruelle brille sur leurs visages [...] »23. 19

Et la constitution « mixte » de Rome, dans laquelle une longue tradition, depuis Polybe, se plaisait à reconnaître l’équilibre des trois pouvoirs monarchique, aristocratique et démocratique, cette constitution n’est pour Volney qu’une oligarchie inacceptable pour une nation comme la France. Inacceptable surtout parce que les progrès de la science politique ont abouti à l’établissement du système représentatif et du partage des pouvoirs, inventions majeures de l’époque moderne, qui permettent à la démocratie de fonctionner de manière satisfaisante même dans les pays de vastes dimensions. Et Cabanis, autre Idéologue, se souvient sans doute de l’analyse de son grand ami Volney lorsqu’il célèbre, en décembre 1799, les bienfaits de la division des pouvoirs et du système représentatif, réalités inconnues des anciens24. Comme tous les peuples de l’Antiquité, les Romains ont ignoré la science du gouvernement, dont Volney avait senti au cours de son voyage en Orient toute l’importance en tant que facteur déterminant du bonheur des nations.

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Ainsi donc, les considérations de Volney sur les sociétés de la Grèce et de Rome se présentent comme une construction d’une densité et d’une homogénéité remarquables, construction qui reprend en une synthèse vigoureuse les divers arguments invoqués par les adversaires de l'Antiquité et qui les intègre à la fois à la thématique personnelle de l’auteur du Voyage en Syrie et des Ruines et à la réflexion propre aux Idéologues. Ces attaques contre le mythe des anciennes républiques, évoquées à plusieurs reprises dans la Décade philosophique, journal très proche des Idéologues, sont reprises et développées par d’autres tenants de l'Idéologie, comme Charles Lévesque ou Benjamin Constant, qui retiennent seulement certains aspects de l’analyse volneyenne.

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Mais c’est l'ancien conventionnel Pierre-Claude-François Daunou (1761-1840) qui prolonge de la façon la plus systématique et la plus complète les vues rationalistes de Volney sur l'histoire. Dans un cours professé au Collège de France entre 1819 et 1830, en pleine période romantique, ce nostalgique de l’Idéologie, qui joua un rôle de premier plan dans l’élaboration des constitutions de l’an III et de l’an VIII et fut directeur des Archives de France, présente en un exposé très cohérent les principes d’une critique rigoureuse des faits, seule susceptible d’élever l’histoire à la dignité d’une science authentique. Sur les vingt volumes que comporte le Cours d'études historiques, publié entre 1842 et 1845, sept sont consacrés à l’histoire de Rome : c’est dire le prestige de celle-ci en tant que discipline exemplaire. Selon Daunou, qui s’efforce de porter un jugement nuancé sur les réalités antiques, la république romaine fut soumise à tous les désordres de la démocratie directe ; ignorant les bienfaits de la division des pouvoirs et de la représentativité, elle ne connut pas non plus les règles d’une sage économie politique, génératrice de prospérité et d’indépendance. On retrouve bien là les thèmes favoris de la pensée des Idéologues.

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Peut-être n’est-il pas inutile de dire maintenant quelques mots d’un émule italien de Volney, Melchiorre Delfico (1744-1835), dont les Pensieri su l’Istoria e sull'incertezza ed inutilità della medesima — Pensées sur l’Histoire et sur l'incertitude et l’inutilité de celle-ci — parus à Forli en 1808 portent témoignage d’une radicalisation des critiques contenues dans les Leçons d'Histoire et de leur utilisation dans un contexte historique différent, celui du Royaume de Naples. Delfico, qui joua un rôle politique actif à Naples, en particulier pendant l’intermède napoléonien, et qui fut en correspondance avec Destutt de Tracy,

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avait exprimé en 1791 déjà, dans un essai sur la jurisprudence romaine — les Ricerche sul vero carattere della Giurisprudenza romana e de' suoi cultori —, sa haine envers l’héritage de Rome dont le poids oppressif écrasait selon lui les pratiques politiques et juridiques de l’Italie. Ce violent réquisitoire montrait comment à travers les siècles la jurisprudence confuse et arbitraire de Rome avait toujours été, au même titre que la religion, l’instrument de la domination de l’aristocratie sur la masse du peuple. 23

Les Pensieri su l’Istoria, qui rendent hommage à Condorcet et à Volney tout en déplorant le caractère utopique de leurs idées, s’efforcent de pousser plus avant la critique contenue dans les Leçons d’Histoire et de démontrer non seulement l’incertitude fondamentale et l’inutilité totale de l’histoire, mais encore sa nocivité, dans la mesure où elle contribue à entretenir des préjugés funestes et contraires à la raison. Le dernier chapitre, le plus long, s’attache à vérifier la justesse de ces principes à partir d’un exemple concret privilégié : l’histoire de la République romaine. Delfico attaque avec une virulence étrangère à Volney le mythe de la grandeur de Rome, qu’il pulvérise allégrement. « L’air des sept collines, écrit-il, ne fut jamais très salutaire à la vertu, ni très respirable pour elle » 25. L'histoire de Rome est ainsi celle d’un peuple barbare, ignorant et superstitieux dont les prétendus héros, les Brutus, les Régulus et les Caton, ne furent jamais que des êtres perfides, orgueilleux et cruels. Les proposer comme modèles ne saurait donc entraîner qu’une véritable perversion du sens moral. L’enjeu est d’autant plus important que pour Delfico l’imitation constitue l’un des facteurs essentiels du progrès.

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Avec un titre volontairement provocant et au nom des idées-forces de l’Idéologie, les Pensieri su l'Istoria s’en prennent directement au patrimoine culturel de l’Italie : il n’est pas étonnant, dans ces conditions, que l’œuvre de Delfico ait connu dans son pays un retentissement beaucoup plus grand que celui des Leçons d’Histoire en France. Les Pensieri bénéficièrent en peu de temps de trois éditions et donnèrent lieu à des discussions très vives, centrées essentiellement sur l’utilité de l’histoire et sa valeur éducative. Mais c’est là une autre histoire.

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En France, l'Histoire critique de la République romaine de l’historien Pierre-Charles Lévesque (1736-1812), publiée en 1807, est une tentative comparable à celle de Delfico. L’auteur veut en effet, par une « critique morale » qui compléterait la simple critique des faits, affaiblir l’enthousiasme trop longtemps inspiré par les vertus et les institutions romaines, enthousiasme qui a sa source dans une vision erronée de la réalité antique. Ainsi, par exemple, le double amour des Romains pour la liberté et pour leur patrie n’est que l’expression d'un fanatisme dangereux qui eut les pires conséquences politiques. D’emblée, on le voit, la critique morale de Lévesque se réfère à un discours sur la grandeur de Rome qui, à travers le Discours sur l’Histoire universelle de Bossuet et l’œuvre classique de Rollin — entre autres —, avait exalté dans ces deux traits les vertus fondamentales des Romains de la République. A l’univers féroce de Rome — et de Sparte — Lévesque, qui a traduit Thucydide, préfère Athènes, mais une Athènes dont les caractéristiques essentielles sont le respect de la propriété et de la vie privée d’une part et l’essor du commerce, du travail et de l’industrie d’autre part : une préfiguration de « l’Athènes bourgeoise », cette « construction de l’imaginaire libéral »26.

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C’est à la lumière de cette même projection imaginaire, mais perçue d’abord dans ses implications politiques, que Benjamin Constant (1767-1830), proche des Idéologues, compare la liberté des anciens et celle des modernes dans une conférence prononcée à l’Athénée royal de Paris en 1819 et qui reprend les grands thèmes d’une réflexion élaborée dès 1806 dans un ouvrage inédit, Des principes de politique applicables à tous les

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gouvernements représentatifs27. Selon Constant, un certain nombre de conditions politiques et économiques nouvelles, nées des progrès de la civilisation, ont transformé la relation de l’individu à la collectivité et entraîné ainsi une mutation dans la conception même de la liberté. L’extension territoriale des Etats modernes, l’abolition de l’esclavage et l’épanouissement du commerce ont désormais rendu absurde tout retour à la démocratie directe des anciens, et favorisé la mise en place du système représentatif, invention qui assure l’indépendance des citoyens et les rend disponibles pour des activités économiques nécessairement absorbantes. A la « participation active et constante au pouvoir collectif » a succédé la « jouissance paisible de l’indépendance privée »28. La liberté des anciens, « partage du pouvoir social entre tous les citoyens d’une même patrie », a été remplacée par la liberté des modernes, ensemble des « garanties accordées par les institutions » aux « jouissances privées »29. 27

Constant, qui possède de la culture gréco-latine une connaissance directe, a bien saisi ce qui constitue l’essentiel de la libertas populi au niveau théorique, c’est-à-dire la participation de tous les citoyens aux affaires publiques ; mais sa vision d’une société romaine monolithique l’entraîne à développer l’idée d’un pouvoir discrétionnaire absolu de la collectivité sur l’individu, corollaire d'une liberté politique étendue : chez les anciens, poursuit-il, « toutes les actions privées sont soumises à une surveillance sévère. Rien n’est accordé à l’indépendance individuelle [...]. Dans les choses qui nous semblent les plus futiles, l’autorité du corps social s’interpose et gêne la volonté des individus » 30.

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Obnubilé par le spectacle d’une Rome imaginaire que les phantasmes de Rousseau et de Mably ont figé en un espace totalitaire, Constant néglige d’une part les dispositifs institutionnels tels que le tribunat de la plèbe et le droit d’appel au peuple — le ius prouocationis —, qui assuraient la défense des droits individuels à Rome 31, et d’autre part la dynamique des tensions et des contradictions entre les divers groupes de la société romaine, ces tensions et ces contradictions dans lesquelles la pensée dialectique de Machiavel voyait le principe même de la liberté et de la grandeur de Rome par opposition à l’immobilisme mortel de Sparte32.

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C'est de façon beaucoup plus nuancée que Mme de Staël (1766-1817) avait abordé ce même problème dans un texte demeuré longtemps inédit et qui semble remonter à 1798, Des circonstances actuelles qui peuvent terminer la Révolution et des principes qui doivent fonder la République en France. L. Omacini, à qui l’on doit une édition récente de cette œuvre, a bien montré le climat politique tendu qui a inspiré la rédaction de cet écrit, corrigé avec soin par Benjamin Constant 33. Sans vouloir essayer de préciser la part respective de chacun des deux auteurs dans l’élaboration d’une conception commune de la liberté des anciens, rappelons que Mme de Staël — qui a puisé à de bonnes sources, comme le prouvent les notes prises pour la préparation de l’ouvrage — obéit à des préoccupations résolument pratiques : elle veut en effet inviter le gouvernement républicain à intervenir le moins possible dans l’existence des citoyens, et pour cela elle s’emploie à démontrer que l’indépendance des individus dans les sociétés modernes est la conséquence naturelle de la perfectibilité de la vie sociale ; le bonheur privé, que la République doit respecter pour se faire aimer et pour durer, s’oppose à ce que l’on se sacrifie à l'intérêt général comme c'était le cas dans la Rome antique34.

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Cette réflexion sur l’originalité de la civilisation romaine, qui n’offre pas de connotations polémiques, est complétée dans des œuvres telles que De la littérature (1800) et Corinne (1807), où Mme de Staël est attentive aux différences qui se manifestent dans le domaine de la sensibilité. Elle est ainsi amenée à esquisser le projet d’une véritable histoire des

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mentalités fondée à la fois sur l’érudition, la réflexion et l’imagination35. L’érudition associée à l'imagination : c’est précisément ce qu’elle admire dans le Voyage sur la scène des six derniers livres de l’Enéide (1805) de son ami Charles-Victor de Bonstetten (1745-1832), ancien bailli de Nyon qui appartient au « Groupe de Coppet »36. Parcourant les sites du Latium célébrés par Virgile, Bonstetten perçoit dans le paysage même la distance qui sépare les anciens des modernes. Des lieux autrefois riants sont maintenant abandonnés à la sauvagerie, aux brigands et à la cattiva aria. Mais au-delà de la mélancolie romantique, on sent un effort pour atteindre une vérité d’ordre historique à travers la double médiation de la poésie virgilienne et de la magie de la nature. 31

Au niveau de l’analyse politique, la comparaison de la liberté des anciens avec celle des modernes est reprise en 1863 par le juriste Edouard de Laboulaye (1811-1883), à qui l’on doit aussi une édition devenue classique de certains écrits de Benjamin Constant sous le titre de Cours de politique institutionnelle (1861). Dans un article de la Revue nationale, « La liberté antique et la liberté moderne », Laboulaye se livre à un plaidoyer convaincu en faveur des droits de l’individu, véritable manifeste de la pensée libérale du XIXe siècle. Adaptant au contexte historique du Second Empire les grandes idées de Constant, il montre que les progrès de la civilisation ne peuvent être assurés que par la souveraineté de l’Etat face à l’administration étatique, et que cette souveraineté passe avant tout par la liberté du commerce et de l'industrie. La liberté moderne n’est pas un acquis définitif, selon lui : elle est en effet menacée en permanence par l’emprise non plus de la collectivité comme dans les cités antiques, mais d’un Etat qui tend à devenir omniprésent. Napoléon III, on le voit, n’est pas loin.

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Point n’est besoin de revenir sur l’importance des Leçons d'Histoire de Volney dans l'évolution de la pensée historique. La démonstration finale, qui procède d’une connaissance lucide des pouvoirs démesurés de l’Histoire, vise à détruire le mythe des républiques antiques véhiculé par la Révolution française. A la lumière d’une conception linéaire et progressiste du devenir des sociétés humaines, ponctué par les conquêtes de la science, Volney contemple une Antiquité classique dépouillée de son prestige séculaire et qui ne peut désormais plus apparaître comme le prototype d’un âge d'or à retrouver ; ce faisant, il rompt avec une longue tradition humaniste et retrouve le courant du cartésianisme, pour qui le bas-breton n'était pas moins apte à la réflexion philosophique que le grec ou le latin, ou encore la pensée d’un Estienne Pasquier qui dans ses Lettres (1586) appelait à se libérer de la « superstitieuse servitude » envers les Romains et à reconnaître l'originalité du droit français.

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Privée ainsi de sa dimension normative, l'histoire romaine est alors en mesure de devenir un objet d’étude. Et l’effort des Idéologues pour établir une distance raisonnée entre le présent et les sociétés antiques et pour penser celles-ci en termes d'altérité n’est en définitive pas stérile ; il se retrouve, entre autres, chez un Fustel de Coulanges, dont La Cité antique (1864) se réclame des principes mêmes posés par l’Idéologie. Son « inventaire des différences » se situe dans le droit fil de l’analyse de Constant à propos de la liberté des anciens comparée à celle des modernes. Et, par ailleurs, la même rupture épistémologique avec l’Antiquité se manifeste dans la pensée des positivistes ; cherchant à réconcilier la France avec son passé médiéval, ceux-ci rejettent l’héritage classique au nom d’une modernité qui n’a pas en vue l'intérêt de l’individu, mais celui de la collectivité tout entière.

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Cette interrogation sur la nature de la liberté antique qui s’actualise à la suite de l’expérience révolutionnaire et qui traverse tout le XIXe siècle en étroite relation avec les

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idéaux du libéralisme économique aussi bien que du positivisme, cette interrogation est tributaire d’une lecture des textes anciens et plus généralement du passé accordée aux préoccupations et aux aspirations du temps. Imitateurs et détracteurs du monde romain sont menés par les mêmes présupposés, organisent la réalité antique — ou plutôt leur réalité antique — en fonction des mêmes schémas, hérités des « philosophes » du XVIIIe siècle. Et ces « philosophes », d’ailleurs, n’avaient-ils pas eux-mêmes été abusés par la Rome imaginaire de Tite-Live et de Plutarque, création de la propagande augustéenne ? Chaque époque interprète ainsi à sa manière la servitude et la grandeur du « métier de citoyen ». 35

La mise en accusation de la liberté des anciens par la pensée libérale du XIXe siècle est encore pour nous d’une actualité prégnante, puisqu’elle nous plonge au cœur même du problème totalitaire. Il est frappant de voir par exemple comment, décrivant le système socio-politique qui prévaut en URSS dans un livre tel que Le Communisme comme réalité (1981), Alexandre Zinoviev rejoint — vraisemblablement sans le savoir — les observations de Constant et de Laboulaye sur les sociétés antiques. Sous le nom de « communautarisme », de « société idéologique », le lecteur de Constant retrouve la liberté des anciens fatale aux droits individuels et aux activités économiques autonomes ; et la résistance de la civilisation à l’esprit communautaire rappelle étrangement le combat qui, selon Laboulaye, oppose la liberté des modernes à la liberté des anciens, monstre polymorphe et toujours renaissant. D’autre part, le double processus qui caractérise aux yeux de Claude Lefort le totalitarisme, à savoir l’identification entre l’Etat et la société civile et l’indifférenciation de l’espace social, ressemble beaucoup à un nouvel avatar de la « liberté des anciens »37. L’histoire de Rome selon la perspective d’une histoire de l’histoire peut encore, on le voit, constituer un élément de référence pour la réflexion politique de notre temps.

NOTES 1. Sur ce sujet voir par exemple K. Pomian, L’histoire de la science et l’histoire de l’histoire, Les Annales ESC, 30, 1975, p. 935-952. 2. C. Desmoulins, Fragment de l'histoire secrète de la Révolution (1793). in Œuvres de C. Desmoulins (éd. de J. Clarétie), Paris, 1874, t. 1, p. 309, note. 3. Sur le culte de l’Antiquité romaine pendant la Révolution française, voir entre autres H.T. Parker, The Cult of Antiquity and the French Revolutionaries. A Study in the Development of the Revolutionary Spirit, Chicago, 1937 ; F. DÍaz-Plaja, Griegos y Romanos en la Revolución francesa, Madrid, 1960 ; J. Godechot, L’influence de l’Antiquité à l’époque de la Révolution, Index, 7, 1977, p. 45-57. Sur l’influence de l'Antiquité grecque à l’époque révolutionnaire, on lira avec .intérêt P. Vidal-Naquet, Tradition de la démocratie grecque, in Μ. I. Finley, Démocratie antique et démocratie moderne, trad., Paris, 1976, p. 7-44, ainsi que N. Loraux-P. Vidal-Naquet, La formation de l’Athènes bourgeoise. Essai d’historiographie 1750-1850, in R. R. Bolgar (éd.), Classical Influences on Western Thought AD 1650-1870, Cambridge Univ. Press, 1979, p. 169-222. 4. Sur Volney (de son vrai nom Constantin-François de Chassebeuf de Boisgirais), voir le beau livre de J. Gaulmier, L'Idéologue Volney (1757-1820). Contribution à l'histoire de l'Orientalisme en France,

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Beyrouth, 1951 (réimpr. anastatique à Genève, Slatkine Reprints, 1980), résumé par l'auteur dans Un grand témoin de la Révolution et de l’Empire, Volney, Paris, 1959. 5. Je renvoie pour cela à J. Gaulmier, L’Idéologue Volney..., op. cit., p. 325-345, et à l’article du même auteur, Volney et ses « Leçons d'Histoire », History and Theory, 2, 1962, p. 52-65 (maintenant dans Autour du romantisme, de Volney à J.-P. Sartre. Mélanges J. Gaulmier, Strasbourg, 1977, p. 61-71). Voir aussi D. Brahimi, Les « Leçons d’Histoire » de Volney (1795), in L’histoire au

XVIIIe siècle

(Colloque

d’Aix-en-Provence ler-3 mai 1975), Aix-en-Provence, 1980, p. 405-427. 6. C. F. Volney, La loi naturelle. Leçons d'Histoire, textes présentés par J. Gaulmier, Paris, Garnier, coll. « Les Classiques de la Politique » dirigée par C. Nicolet, 1980, p. 140. Toutes les références données ici renvoient à cette édition. Rappelons que ce passage de Volney a été cité par B. Hemmerdinger, L’esclavagisme antique vu par le thermidorien Volney, Quademi di storia, 1, 1975, p. 115 sq. 7. Volney, op. cit., p. 143. 8. Sur les Idéologues, voir essentiellement F. Picavet, Les Idéologues. Essai sur l'histoire des idées et des théories scientifiques, philosophiques, religieuses, etc., en France depuis 1789, Paris, 1891 ; S. Moravia, Il tramonto dell'Illuminismo, Filosofia e politica nella società francese (1770-1820), Bari, 1968 ; Id., Il pensiero degli Idéologues, Scienza e filosofia in Francia (1780-1815), Florence, 1974 ; M. Régaldo, Un milieu intellectuel : la Décade philosophique (1794-1807), thèse, Lille-Paris, 1976, 5 vol. (notamment t. 2, 2e

partie, chap. 2, « La Décade » et les Idéologues, p. 595-670) ; G. Gusdorf, La conscience

révolutionnaire. Les Idéologues, Paris, Payot, 1978, (« Les sciences humaines et la pensée occidentale », 7). 9. Volney, op. cit., p. 129. 10. Voir par exemple à ce sujet les considérations de La Harpe — qui fut un collègue de Volney à l’Ecole normale — : « Le fanatisme est proprement un zèle de religion, aveugle et outré. Quand il se borne à des opinions illusoires et exagérées, c’est une erreur de l’esprit qui s’appelle plus spécialement enthousiasme ; quand il se renferme dans des pratiques minutieuses et frivoles, c’est une petitesse d’esprit qui se nomme superstition ; quand il produit les rêveries des illuminés de toute espèce, c’est un écart de l’imagination exaltée, un genre de folie qui n'est que ridicule » (Du fanatisme dans la langue révolutionnaire..., Paris, 1821, p. 1 sq.). 11. Volney, op. cit., p. 108, 2e note. 12. Condorcet, Rapport et projet de décret sur l’organisation générale de l’instruction publique, présentés à l’Assemblée nationale les 20 et 21 avril 1792, in C. Hippeau, L’instruction publique en France pendant la Révolution. Discours et rapports..., Paris, 1881, p. 259 sq. 13. E. Gibbon, Lettre adressée de Lausanne à lord Sheffield le 15-12-1789, in The Letters of Edward Gibbon (ed. J. E. Norton), t. 3, Londres, 1956, p. 184. L’historien évoque ainsi les révolutionnaires français : « [...] A lot of wild Visionaries [...] who gravely debate and dream about the establishment of a pure and perfect democracy of five and twenty millions, the virtues of the golden age and the primitive rights and equality of mankind which would lead in fair reasoning to an equal partition of lands and money » (texte cité par M. Baridon, Edward Gibbon et le mythe de Rome. Histoire et idéologie au siècle des Lumières, Paris, 1977, p. 228). 14. Cité par M. Ozouf, La fête révolutionnaire, Paris, 1976, p. 330 sq. Plus réaliste, une « Chanson sur la liberté des nègres » due au versatile Piis et créée à la section des Tuileries le 20 pluviôse an II proclame : « Ces Romains, jadis si fameux,/Ont été bien puissants, bien braves, / Mais ces Romains, libres chez eux, / Conservaient au loin des esclaves. / C’est une affreuse vérité, / Que leur histoire nous atteste, / Puisqu’avec nous, d’humanité, / Déjà les Romains sont en reste » (cité par P. Barbier et F. Vernillat, L'histoire de France par les chansons, t. 4, Paris, 1957, p. 156). 15. Condillac, Cours d'étude pour l'instruction du prince de Parme, aujourd'hui S.A.R. l’Infant D. Ferdinand, duc de Parme, Plaisance, Guastalle, etc., livre 16, chap. 8 (éd. de Genève de 1780 en 12 vol., t. 7, p. 319)-Sur la pensée historique d’Etienne Bonnot de Condillac (1715-1780), voir maintenant L. Guerci, Condillac storico. Storia e politica net « Cours d’étude », Milan-Naples, 1978.

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16. Volney, op. cit., p. 141. 17. Ibid., p. 99 sqq. 18. [Chastellux], De la félicité publique. Ou considérations sur le sort des hommes dans les différentes époques de l'histoire, Amsterdam, 1772. Sur François-Jean, chevalier puis marquis de Chastellux (1734-1788), influencé par la pensée de son ami David Hume et partisan de la doctrine de la perfectibilité indéfinie de l’espèce humaine, voir par exemple P. Chanier, « Bien commun » et « félicité publique ». A propos du marquis de Chastellux, in Images du peuple au dix-huitième siècle (Colloque d’Aix-en-Provence des 25-26 oct. 1969), Paris, 1973, p. 35-42 ; B. Miglio, Progresse e « felicité publique » nell’opera di Chastellux, Rivista di filosofia, 69, 1978, p. 396-419 (qui donne la bibliographie antérieure). Les références données ici renvoient à l’édition de Paris de 1822 de La félicité publique, édition qui contient les notes portées par Voltaire en marge de son propre exemplaire. 19. Comparant l’esclavage antique à celui pratiqué par les modernes dans les colonies, Chastellux aboutit à la conclusion que le premier était beaucoup plus scandaleux que le second, dans la mesure où 1) les esclaves de l’Antiquité étaient à l’origine des hommes libres comme les autres, des citoyens — et non des êtres « tirés d’une nation très sauvage et très brute » — et où 2) ils étaient incomparablement plus nombreux que les esclaves employés dans les colonies (De la félicité publique, 1, p. 107 sq.). Cette conclusion est en parfaite conformité avec la théorie générale de Chastellux sur les progrès de la félicité publique. 20. Μ. I. Finley, Esclavage antique et idéologie moderne, trad., Paris, 1981, chap. 1. 21. Turgot, Pensées et fragments, in Œuvres de M. Turgot, ministre d’Etat, Paris, 1808, 2, p. 339. La même idée est développée par J.-J. Leuliette dans un Discours sur cette question : comment l'abolition progressive de la servitude en Europe a-t-elle influé sur le développement des lumières et des richesses des nations ?, ouvrage couronné par l’Institut national et publié à Versailles en 1805. 22. F. Mengotti, Del commercio de' Romani dalla prima guerre punica a Costantino, Padoue, 1787. 23. Chastellux, De la félicité publique, 1, p. 173 sq. A comparer avec Volney, op. cit., p. 141 : « [...] Cette prétendue république [romaine], diverse selon les époques, fut toujours une oligarchie composée d'un ordre de noblesse et de sacerdoce, maître presque exclusif des terres et des emplois, et d’une masse plébéienne grevée d’usures, n’ayant pas quatre arpents par tête, et ne différant de ses propres esclaves que par le droit de les fustiger, de vendre ses suffrages, et d’aller vieillir ou périr sous le sarment des centurions, dans l’esclavage des camps et les rapines militaires. » 24. Cabanis, Quelques considérations sur l’organisation sociale en général et particulièrement sur la nouvelle constitution (25 frimaire an VIII / 16 décembre 1799), in Œuvres philosophiques, t. 2, Paris, 1956 (« Corpus général des philosophes français. Auteurs modernes », 44, 1), p. 464 et 475. De même, Destutt de Tracy, Commentaire sur l’Esprit des Lois de Montesquieu (1819), voit dans le gouvernement représentatif « la démocratie de la raison éclairée » (livre 4), « la démocratie rendue possible pour un long temps et un grand espace » (livre 3). A noter que déjà Dion Cassius (vers 155-vers 235) avait affirmé l'impossibilité d’un régime démocratique pour une longue durée ou dans un pays de vastes dimensions (Histoire romaine, 44, 2, 4). 25. M. Delfico, Pensieri su l'Istoria..., in Opere complete, ed. G. Pannella-L. Savorini, t. 2, Teramo, 1903, p. 167. On trouvera une bonne mise au point sur Delfico, accompagnée d’indications bibliographiques, dans l’introduction de F. Venturi au t. 5 des Illuministi italiani, Milan-Naples, 1962 (Ricciardi éd., Coll. « La letteratura italiana, Storia e testi », vol. 46, t. 5), p. 1161-1188, ainsi que dans G. Natali, Il Settecento, 6· éd., Milan (1964) 1973, t. 1, chap. 5, p. 414 sq et 440 sq. 26. Pour cette question, nous renvoyons à l’étude exemplaire de N. Loraux et P. Vidal-Naquet citée à la note 2. 27. Voir à ce sujet les textes de B. Constant présentés par M. Gauchet sous le titre B. Constant, De la liberté chez les modernes. Ecrits politiques, Paris, 1980 (Livre de Poche, coll. « Pluriel »). Le discours De la liberté des anciens comparée à celle des modernes occupe les p. 491-515.

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28. B. Constant, op. cit., p. 501. 29. Ibid., p. 502. 30. Ibid., p. 495. 31. Voir par exemple à ce propos C. Nicolet, Le métier de citoyen dans la Rome républicaine, Paris, 1976, chap. 8, p. 425-455. 32. Voir à ce propos le beau livre de C. Lefort, Machiavel. Le travail de l’œuvre, Paris, 1977. 33. Mme de Staël, Des circonstances actuelles gui peuvent terminer la Révolution et des principes qui doivent fonder la République en France, éd. critique par L. Omacini, Paris-Genève, 1979, Introduction. 34. Ibid., essentiellement p. 109-112. 35. Mme de Staël, Corinne ou l'Italie, in Œuvres complètes, Paris, 1861 (Genève, Slatkine Reprints, 1967), t. 1, p. 757 : « Mais pénétrer dans le passé, interroger le cœur humain à travers les siècles, saisir un fait par un mot, et le caractère et les mœurs d’une nation par un fait ; enfin, remonter jusqu'aux temps les plus reculés pour tâcher de se figurer comment la terre, dans sa première jeunesse, apparaissait aux regards des hommes, et de quelle manière ils supportaient alors ce don de la vie, que la civilisation a tant compliqué maintenant, c’est un effort continuel de l’imagination, qui devine et découvre les plus beaux secrets que la réflexion et l'élude puissent nous révéler. » En affirmant ainsi le caractère radicalement différent des civilisations antiques, Mme de Staël rend sans objet la querelle des anciens et des modernes. 36. C.-V. de Bonstetten, Voyage sur la scène des six derniers livres de l'Enéide. Genève. 1805. Une édition récente de ce livre, plus généralement connu sous le titre de Voyage dans le Latium, a été établie par M. Dentan à Lausanne en 1971. Sur le jugement porté par Mme de Staël, voir S. Balayé, Un article inconnu de Mme de Staël. A propos du « Voyage... » par Charles-Victor de Bonstetten, Cahiers staëliens. n.s., 10, 1970, p. 17-24. 37. C. Lefort, L'invention démocratique. Les limites de la domination totalitaire, Paris, 1981.

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De l'éducation au siècle des lumières : Louis de Beaufort gouverneur du prince de HesseHombourg d'après des lettres inédites Mouza Raskolnikoff

Pour Eudoxie 1

Le nom de Louis de Beaufort n’est pas inconnu des historiens de l’Antiquité, qui le situent aussitôt parmi les précurseurs de Barthold Georg Niebuhr — autant dire dans la préhistoire brumeuse de l’historiographie de la Rome antique1. La Dissertation sur l’incertitude des cinq premiers siècles de l’histoire romaine, publiée anonymement à Utrecht en 1738 et rééditée en 1750, apparaît comme un travail pionnier des plus remarquables, qui soumet à une critique méthodique, d’inspiration déjà très moderne, l’ensemble des traditions relatives à l’histoire des premiers temps de Rome. On connaît moins, généralement, l’autre œuvre majeure de Louis de Beaufort, La République romaine, ou Plan général de l'ancien gouvernement de Rome, dont le propos est d’analyser, dans la mouvance de Montesquieu, les réalités institutionnelles de la Rome républicaine, avec leurs composantes politiques, sociales, économiques et idéologiques2. Ces deux ouvrages méritent assuré ment une étude attentive, que nous avons entreprise dans le cadre d’une recherche sur l’histoire de l’histoire romaine au Siècle des Lumières. Nous ne retiendrons ici qu’un aspect biographique, d’autant plus précieux que l’on ignore presque tout de l’existence de cet historien.

2

En 1866, Alfred Blot, ponsable d’une nouvelle édition de la Dissertation sur l'incertitude, desti avant tout à réhabiliter l’érudition française face à l’école historique allemande représentée par Niebuhr, constatait avec dépit : « Si les travaux de Beaufort sont justement célèbres, sa personne est à peu près inconnue »3. De fait, Louis de Beaufort

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(1703-1795), protestant du Refuge établi en Hollande, d’abord à Utrecht puis à Maestricht, mena une vie modeste, en marge des institutions universitaires et académiques La valeur de ses travaux lui valut assurément une certaine notoriété dan ; le République des Lettres, notoriété à laquelle ne fut pas étrangère une polémique assez vive avec un érudit allemand, Christophorus Saxius, à propo ; de l’histoire des premiers siècles de Rome. Cependant, malgré quelques consécrations officielles — il était membre de la Royal Society de Londres et de l’Académie de Dublin et il avait remporté en 1753 le prix de l’Académie de ; Inscriptions et Belles-Lettres de Paris avec une dissertation sur l’ordre de ; chevaliers romains4, — Louis de Beaufort ne connut ni le prestige ni la sécurité d’une carrière académique. Nous savons que pour subsister, il lui fallut exercer, à deux reprises au moins, les fonctions de gouverneur auprès de jeunes gens de la noblesse, qu’il accompagna à l’étranger5. 3

Les différents dictionnaires biographiques signalent ainsi que Louis de Beaufort fut gouverneur du prince de Hesse-Hombourg6. Cette indication est confirmée par l'Album studiosorum de l’Académie de Leyde, ainsi que par les registres d’inscription conservés à la Bibliothèque universitaire de cette ville. On y voit que le 10 novembre 1739 furent inscrits à la Faculté de Droit public Frédéric Charles Louis Guillaume Prince de Hesse-Hombourg, âgé de 17 ans — il n’en avait que 15 en réalité —, Louis de Beaufort, de La Haye, gouverneur (ephorus) de ce prince, âgé de 36 ans, et George Stairdael, de Wunningen, serviteur (famulus) du prince 7. Les registres attestent que les inscriptions furent renouvelées en février 1740 et en février 1741 ; en février 1742, le nom de Louis de Beaufort est encore là, mais non plus ceux du prince et de son domestique.

4

Malgré leur brièveté, ces indications fournissent un point de repère sûr dans la biographie au demeurant fort obscure de Louis de Beaufort. Mais nous disposons pour cet épisode de sa vie d’une autre source, qui, semble-t-il, n’avait pas encore été exploitée jusqu’à présent : il s’agit des lettres adressées par le gouverneur à la princesse de HesseHombourg, mère de son élève, entre septembre 1739 et novembre 1740. Ces lettres, au nombre de 14, sont conservées dans les archives de la Maison de Hesse-Hombourg au Hessisches Staatsarchiv de Darmstadt 8. Grâce à l’amabilité du Dr. Jürgen Rainer Wolf, que nous tenons à remercier ici, nous avons pu obtenir photocopie de ces documents, qui éclairent les divers aspects de l’éducation reçue à Leyde par le jeune prince et illustrent avec une grande netteté la nature même du métier de gouverneur.

5

Lorsque, vers le 20 septembre 1739, Louis de Beaufort prit ses fonctions auprès de Frédéric Charles Guillaume de Hesse-Hombourg, rien ne semblait désigner celui-ci, alors âgé de 15 ans, à devenir un jour landgrave de la principauté de Hesse-Hombourg : il n’était que le neveu de Frédéric III, tenant du titre, qui avait encore un fils vivant, officier au service de la Russie et appelé à hériter du landgraviat. Rappelons que les HesseHombourg, qui appartenaient à. une branche cadette de la Maison de Hesse-Darmstadt, régnaient depuis 1622 sur un petit État dont la capitale, Hombourg, s’ornait d’un château construit par Frédéric II, figure la plus illustre de cette famille. Passé à la postérité sous les traits du « Prince de Hombourg », héros romantique de Kleist, le landgrave Frédéric II, à qui une jambe emportée à la bataille de Dantzig avait valu le surnom de « mit dem silbernen Beine », fut à l'origine de la prospérité de la petite principauté, qu’il dirigea entre 1681 et 1708. Il s’était attaché au service de l’Électeur de Brandebourg Frédéric-Guillaume et avait abandonné le luthéranisme pour le calvinisme, confession de la famille de Brandebourg. Aussi, après la Révocation de l’édit de Nantes, accueillit-il largement dans ses États les protestants français, qui y implantèrent des manufactures, sources de

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richesse pour le pays. A la mort de Frédéric II en 1708, son fils aîné lui succéda sous le nom de Frédéric III9. 6

Né le 15 avril 1724 au château de Braunfels, le jeune élève de Louis de Beaufort avait pour père Casimir-Guillaume de Hesse-Hombourg, dernier fils de Frédéric II. A la mort de son père, en octobre 1726, l’enfant fut élevé par sa mère, Christine-Charlotte de SolmsBraunfels, et par son oncle et tuteur le comte d’Altenbourg, à Varel, capitale du grandduché d’Oldenbourg, au nord de la Westphalie. Le soin de son éducation fut confié à des maîtres choisis, d’abord Sack, qui eut par la suite la responsabilité d’instruire le prince royal de Prusse et devint premier prédicateur à la cour de Berlin, puis Abraham Trembley, qui devait se faire connaître quelques années plus tard par ses découvertes sur les polypes d’eau douce.

7

Lorsqu’il fut question d’envoyer le jeune prince parfaire ses études dans une université, on lui donna pour gouverneur Louis de Beaufort. Abraham Trembley, en effet, n’était pas en mesure de se charger de cette mission, car il se trouvait en réalité au service du comte de Bentinck, gendre du comte d’Altenbourg, qui avait accepté, étant donné le jeune âge de ses deux fils, que leur précepteur passât quelques années auprès du prince de HesseHombourg10. Avant de regagner la résidence des Bentinck à Sorgvliet, près de La Haye, Trembley se chargea d’organiser le séjour du jeune homme à Leyde,— c’est finalement cette université, pas très éloignée de Varel, qui avait été retenue de préférence à une université allemande, où « le Prince [...] ne pourroit que succer [sic] du poison avec la plupart des personnes qu’il y rencontreroit »11. Dans une lettre à la princesse de HesseHombourg du 20 octobre 1739, Trembley décrit en ces termes l’arrangement qu’il a conclu à Leyde :

8

« Je n’ai point trouvé d’apartement meilleur et à meilleur marché qu’une partie de celui qu’ont occupé les Princes de Deux ponts. C’est le devant de la maison, située au Centre de Leyde, et à portée de tout. Le Prince aura la Chambre du Prince aîné, et Mr. de Beaufort celle du Gouverneur, qui lui est contigue. Il y a [à] côté du lit du Prince, un lit pour George. La Chambre des Domestiques est au dessus, et celle à manger au dessous. Outre cela, il y a un endroit pour mettre des tourbes et une Cave. [...] J’ai promis trois cent florins d’Hollande par an. Il faudra loüer par année. Un hôte tout près de là, donnera à manger pour 40 florins par mois par personne »12.

9

Pressenti par Trembley en juillet 1739, Louis de Beaufort arriva à Varel vers le 20 septembre. Il passa quelques jours en compagnie de celui dont il allait désormais assumer les fonctions, s’initiant à ses méthodes éducatives, qu’il se proposait de suivre à son tour. Lui aussi jugea favorablement le choix de l’Académie de Leyde, préférable à une université allemande, où à côté des cours, le jeune prince n’aurait peut-être pas trouvé les maîtres d’équitation, d’armes, de danse, de musique et de dessin qui lui convenaient 13. Une notation qui ne manque pas d’intérêt.

10

Les derniers préparatifs achevés, le prince et son gouverneur, accompagnés du domestique George Stairdael, se mirent en route pour la Hollande ; ils s’arrêtèrent au passage à Bückebourg, auprès du comte de Schambourg-Lippe, qui était devenu le tuteur du jeune homme en 1738, à la mort du comte d’Altenbourg, et auquel le gouverneur allait aussi rendre compte des progrès de son élève14. Arrivés à Leyde le 6 novembre, ils s’inscrivirent à l’Académie dès le 10. Une lettre de Louis de Beaufort datée du 14 novembre décrit leur installation et signale que le prince souffrait de « quelques échauffures qui lui sont sorties », et pour lesquelles le célèbre professeur de médecine Bernard Siegfried Albinus, ami de Trembley, avait ordonné une potion afin de « rafraîchir

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et purifier le sang » : ce n’était en fait qu’une banale rougeole, attrapée à Bückebourg15 — et que sans doute l’illustre médecin n’avait pas identifiée ! 11

Les arrangements matériels lui donnent toute satisfaction, et il écrit :

12

« Nous avons trouvé notre logement trés commode, et nous ne l’aurions jamais eu a un prix si modique, si le tems de louer des apartemens n’eut été passé. George couche dans une petite loge qui communique a ma chambre et a celle du Prince, la Chambre du Prince est belle et bien éclairée, et il en est trés content. Nous le sommes aussi beaucoup du Traitteur qui nous aporte a manger »16.

13

Par la suite, un poêle fut placé dans la chambre du prince dont la santé constitue un objet de soin constant pour Louis de Beaufort et d’inquiétude pour la princesse17 — peut-être pas à tort, ainsi que le révèlera l’avenir.

14

Cette lettre présente aussi à la princesse le programme détaillé de leurs journées, qui obéit à un emploi du temps serré :

15

« Nous levons a six heures et demie, dés que nous sommes habillés, nous faisons nos devotions, qui consistent dans la lecture d’un Chapitre du N. Testament avec les reflexions d’Osterwald et ensuite la priere, a sept heures et demie nous allons au manége, a huit et demie nous revenons déjeuner. a neuf vient le maître de danse, a dix le maître d’armes, a onze nous allons au Collêge de Mr. Vitriarius. il reste encore une heure depuis midi jusqu’a une heure que nous destinons a un maître a dessiner dés que nous en aurons trouvé un bon. j’ai choisi les heures du matin pour les Exercices parce qu’ils sont plus sains alors, et l’heure du midi pour le dessein a cause que le jour étant dans sa plus grande clarté on se fatigue moins les yeux. Nous dînons a une heure, et je laisse jusqu’a trois heures un peu de repos au Prince. a trois heures nous allons au Collège de Mathematiques de Mr. s’Gravesande, et a quatre au Collège de droit Naturel chez Mr. Vitriarius » 18.

16

Des journées bien remplies, on le voit, et où trouvaient encore place musique et divertissements mondains : le jeune prince recevait la formation classique qui convenait à son rang princier19. Aux arts d’agrément, pour lesquels le prince témoignait des dons certains, et aux exercices du corps, qui devaient le préparer à une carrière d’officier, s’ajoutait l’apprentissage de la vie en société, jugé aussi important que l’instruction proprement dite. Louis de Beaufort accorde une attention particulière aux manières de son élève, qu’il souhaite voir acquérir une urbanité véritablement aristocratique, faite à la fois d’aisance, de politesse et d’affabilité — toutes qualités qu’il observe avec plaisir chez le landgrave Frédéric III, venu rendre visite à son neveu20.

17

Il ne faut pas chercher dans ces lettres de renseignements sur la vie universitaire de Leyde. A part le nom de professeurs comme Vitriarius et’s Gravesande — ou encore Albinus —, célébrités de cette Académie21, on ne découvre aucune évocation du climat intellectuel d’une Université qui, florissante au XVIIe siècle, semble avoir quelque peu perdu de son éclat au milieu du XVIIIe, même si l'Encyclopédie signale encore en 1765 que « l’Académie de Leyde est la première de l’Europe » et ajoute : « Il semble que tous les hommes célèbres dans la république des lettres, s’y sont rendus pour la faire fleurir, depuis son établissement jusqu’à nos jours »22.

18

Quelques notations toutefois se rapportent plus particulièrement au cours de Vitriarius. Voici ce qu’écrit Louis de Beaufort à ce propos :

19

« Nos professeurs sont les meilleurs de l’Université a tous egards. Me La Princesse de la Lippe a écrit elle même a Mr. Vitriarius, et nous avons déja ressenti des effêts d’une si

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bonne recommandation, car il paroit tout a fait serviteur du Prince, et ne nous refuse point ses conseils, auxquels nous avons déja eu recours, et dont nous pourrons souvent avoir besoin dans la suite. le Prince paroit se plaire a l’étude du droit naturel et des Mathématiques, et pour moi quand j’ai entendu Mr. Vitriarius pendant une heure, je suis tout étonné de lui voir fermer son livre, car il me semble qu’il n’y a qu’un quart d’heure qu’il parle »23. 20

Il ne faut pas s’étonner de la rareté des indications concernant les études du jeune prince. Car le rôle d’un gouverneur n’est pas celui d’un précepteur, et ne consiste pas à veiller sur l’instruction de son élève — même si Louis de Beaufort se charge spontanément de servir de répétiteur au prince en assistant en sa compagnie aux « collèges » des professeurs, c’est-à-dire aux cours privés et réservés à des étudiants payants24. Sa mission est infiniment plus variée, plus complexe et plus délicate, ainsi qu’en témoignent ses lettres.

21

Il lui faut d’abord veiller à tous les détails matériels de leur vie commune. Très scrupuleusement, Louis de Beaufort envoie à la princesse des comptes détaillés où figurent tous les frais engagés, même les plus minimes25. Une habitude déjà pratiquée par son prédécesseur Trembley, qui allait jusqu’à noter les 22 gros donnés « à un homme qui montroit des singes »26 ! Les lettres font état de certaines de ces dépenses : cela va de la confection d’un habit de cheval bleu avec une veste couleur de paille jusqu’à l’achat d’une provision de tourbe, de bois et de chandelles, en passant par les gages du domestique et du laquais engagé sur place27, — sans compter les étrennes au moment du Nouvel An. Économe des finances du prince qu’il sait être peu fortuné, Louis de Beaufort juge trop onéreux l’achat ou la location d’un clavecin, et se félicite de ce que l’on joue « assez petit jeu » dans les assemblées où se trouve son élève : car celui-ci, qui ne saurait se dispenser, vu son rang, de prendre part à un tel divertissement, n’y a guère de chance28.

22

Le gouverneur a également pour tâche d’initier le prince à la politesse des Hollandais, qui diffère sensiblement des comportements sociaux propres aux pays germaniques. En Allemagne en effet les relations entre la noblesse et le peuple reposent sur la reconnaissance affirmée et acceptée de la supériorité naturelle des aristocrates ; c’est pourquoi un séjour dans une université allemande ne pourrait que gâter le caractère du prince de Hesse-Hombourg :

23

« Je craindrois encore », écrit Louis de Beaufort, « que l’exactitude qu’on observerait dans une Université d’Allemagne de rendre a son rang et a sa haute naissance tout ce qui lui est du, ne le dégoutât pour la suite des maniéres franches et un peu trop naturelles des Hollandois »29.

24

Franchise et naturel des Hollandais : pour devenir « populaire » dans ce pays, il faut respecter les règles d’une honnêteté qui demande aux grands de témoigner des marques de prévenance et des égards à ceux dont le rang est inférieur au leur. Et Louis de Beaufort de noter à l’intention de son élève :

25

« Par exemple pour s’insinuer dans ce Païs ici il faut que si un marchand le vient voir il lui cede le haut bout chez lui, le fasse passer devant lui, et le reconduise jusqu’à la porte de la maison, ce sont de ces formalités auxquelles il faut qu’il s’assujetisse s’il veut se faire aimer dans ce pais, et l’exemple des Princes de Deux Ponts l’y oblige encore plus fortement »30.

26

Ou encore :

27

« ... On a fait au Prince toutes les politesses imaginables, et je comte qu’il aura ici toute sorte d’agrémens, s’il continue a avoir et s’efforce d’acquerir de plus des manieres polies

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et honnêtes. On ne veut point ici que les grands Seigneurs etrangers exigent de grands honneurs, et de grands respects, et dés qu’il [sic] le font, on les laisse là, sans s’embarrasser de leurs prétentions, mais dés qu’il [sic] voient qu’on n’éxige rien, ils sont trés honnêtes, comme je vois qu’on l’est en général a l’égard du Prince »31. 28

On voit ainsi qu’un véritable esprit démocratique anime la vie sociale des Pays-Bas, — une tradition qui ne s’est pas perdue ! Sensible à ce code de civilité dont il démonte clairement les mécanismes, Louis de Beaufort met tout son soin à guider son élève dans ce domaine. De même, il est là pour veiller au choix des relations du jeune homme, et son rôle consiste à favoriser des fréquentations qui certes donnent au jeune homme l’usage de monde, mais qui-surtout pourront lui être utiles par la suite. Une lettre de décembre 1739 est éclairante à ce propos :

29

« Nous avions retenu ce jour là a diner deux Messieurs, qui étudient ici, et qui sont reconnus pour les plus sages, les plus reglés et les plus appliqués de toute l’université, fort estimés de Mr. Vitriarius, qui a fort recommandé au Prince de lier connoissance avec eux. Comme d’ailleurs ils sont de familles accréditées dans ce pais, cette liaison est utile au Prince a tous égards, c’est pourquoi je fais tout ce que je puis pour lier quelque amitié entre eux, et je me flatte que cela réussira »32

30

Mais l’initiation à la vie mondaine n’est pas tout, et Louis de Beaufort est aussi responsable de l’éducation religieuse et morale de son élève. Le jeune prince était calviniste, comme tous les Hesse-Hombourg depuis Frédéric II, et il semble difficile de lui trouver à Leyde un directeur de conscience en mesure de succéder à Trembley33. Voici comment Louis de Beaufort s’en explique à la princesse :

31

« Je n’ai pas encore trouvé de Theologien tel qu’il nous le faudroit pour mettre auprés du Prince, et je ne sai même encor si nous en trouverons. Si j’avois assez de tems pour méditer une leçon avant que de la lui donner, je le ferois de tout mon cœur, et j’étudierois d’avance les matiéres pour les lui pouvoir expliquer ; mais je doute que je trouve assez de tems pour cela, aiant même peine a en trouver pour écrire des lettres »34.

32

Dans sa lettre du 11 décembre 1739, il revient plus explicitement sur cette question délicate :

33

« Mr. Sack a eu bien raison de dire que j’aurois de la peine a trouver dans ce païs ici une personne propre au Prince pour l’instruire dans sa religion. Cela est d’autant plus difficile a présent que je ne vois pas qu’il y ait d’étudiant François a Leide, et que les autres sont plus outrés dans leurs sentimens que jamais, se conformant aux idées de leurs Professeurs, qui ne font retentir leurs chaires que de la prédestination absolue et pareilles matiéres. j’attens aujourd’hui Mr. Trembley, et j'espére qu’avec son secours nous pourrons découvrir quelcun qui conviendra au Prince... »35.

34

La lettre suivante révèle la prudence des deux éducateurs en matière religieuse ; Louis de Beaufort écrit en effet ;

35

« Nous avons eu Mr. Trembley ici pendant trois jours [...]. il a paru fort content du Prince. Il ne trouve pas a propos que je mette un Theologien auprés du Prince, que je ne sois bien assuré de ses sentimens, et de sa methode d’enseigner, et il se charge en attendant de faire repeter au Prince tout ce qu’il lui a appris toutes les fois que nous irons a la Haie » 36.

36

Trembley continue donc à s’intéresser de près à son ancien élève. On comprend alors mieux comment le savant observateur des polypes a pu, à la fin de sa vie, composer des ouvrages de morale religieuse : c’était un sujet qui lui tenait à cœur depuis de longues années. Tout comme Louis de Beaufort, il redoute pour le jeune prince l’emprise de la

150

pesante doctrine gomariste, qui avait triomphé au Synode de Dordrecht en 1618 et qui continuait à régner à l’Université de Leyde, centre de son rayonnement. Les théologiens hollandais s’en tenaient encore à l’idée d’une prédestination arbitraire et rigide, tandis que, sous l’influence des réfugiés français, des idées plus libérales s’étaient répandues dans tout le reste de l’Europe37. Les réticences, les scrupules, de Louis de Beaufort et de Trembley révèlent les clivages qui existaient entre les diverses églises calvinistes et montrent sans ambiguïté que la question de la prédestination et de la grâce, qui avait agité le XVIIe siècle, est encore bien vivante dans la conscience des individus. 37

Prenant au sérieux son rôle d’éducateur, Louis de Beaufort accorde une grande attention au développement moral de son élève, qu’il cherche à guider avec beaucoup de tact. Dès sa première lettre, il note à ce propos :

38

« Le Caractére de Monseign. le Prince étant le principal fondement sur lequel on doit travailler, Mr. Trembley a commencé a me le tracer au naturel, et j’espére que l’attention que j’aporterai a déraciner ce qu’il y a encore de défectueux, et a lui inspirer des sentimens dignes d’une personne de sa naissance, le rectifieront entiérement avec le tems. Les motifs les plus forts pour nous porter a la vertu, tirés de la religion, et même de nos interets temporels, et mis dans tout leur jour, pourront avec le temps produire l’effêt que nous en esperons »38.

39

Cette direction morale, il faut le dire, n’a rien de dogmatique ni de professoral et sait s’adapter avec beaucoup de souplesse aux circonstances, en un pragmatisme apparent qui préfigure déjà la pédagogie rousseauiste de l’Émile. Louis de Beaufort écrit en effet :

40

« Nous n’en sommes pas encore venus les soirs a une récapitulation dans les formes, mais quand je vois le Prince dans une certaine humeur, je prens l’occasion de lui rapeller les fautes qu’il peut avoir commises. il reçoit toujours mes avis parfaitement bien, et il me semble qu’il s’y conforme entiérement. Je ne lui dis jamais qu’il faut penser de telle ou telle maniére, ni avoir tels et tels sentimens, mais je supose qu’il les a, et que c’est par une distraction qu’il n’a pas agi en conséquence en telle occasion »39.

41

Le principe de l’examen de conscience calviniste est ainsi accommodé à la personnalité de l’élève et intégré à un système éducatif fondé sur la confiance. Au lieu de chercher à réprimer par la contrainte les mauvais instincts du jeune prince, Louis de Beaufort affirme la bonté de sa nature et construit sur cette base une morale aristocratique qui a pour présupposé le fameux axiome socratique « Nul n’est méchant volontairement ».

42

Les lettres de Louis de Beaufort contiennent peu de détails pittoresques sur la vie quotidienne du prince à Leyde. Quelques notations rapides, cependant, rappellent certaines particularités de la Hollande. On se souvient, par exemple, de l’évocation des manières simples et directes des Hollandais. Quelques mots suffisent à peindre les joies des promenades en traîneau sur les canaux gelés, un spectacle qui suscite l’admiration des voyageurs40.

43

« Comme la glace est trés forte », écrit Louis de Beaufort, « on a pris le divertissement de la course des traîneaux, auquel le Prince a pris part, mais comme je ne me fiois pas entiérement a sa prudence, je l’ai toujours fait accompagner par l’Ecuier, qui avoit soin aussi de choisir le cheval, c’est un divertissement de ce Païs, et je crois que tous ces jours ci, il y avoit beaucoup [plus] de monde sur la glace que dans les maisons, il y avoit dans l’espace d’un quart de lieue plus de quarante ou cinquante traîneaux sur la glace, sans comter peutetre un millier de traîneaux qui se poussent a la main, ce qui faisoit un spectacle assez amusant »41.

151

44

L’hiver suivant né ressemble pas à celui-ci, et dès le 1er novembre 1740, Louis de Beaufort note :

45

« Nous avons déja eu des jours fort froids, et on a été obligé de commencer a se chauffer de bonne heure. la cherté augmente tous les jours ici, et on est accablé de pauvres dans les rues »42.

46

Au cours de l’été 1740, des voyages dans la Hollande du Nord et la Frise permettent au prince de se familiariser avec ces régions. A leur retour, ils assistent à Amsterdam à un spectacle de la Comédie hollandaise, « dont le théâtre est un des plus beaux de l’Europe pour la décoration »43. Puis ils se rendent à Wesel, dans le Brandebourg, où le prince offre ses services à Frédéric II, qui vient de monter sur le trône de Prusse. C’est donc avec la perspective d’un prochain départ pour Berlin que commence l’automne 1740. Le prince reprend ses occupations à Leyde avec une énergie redoublée. Une lettre de Louis de Beaufort du Ier novembre annonce en post scriptum la mort de l’empereur Charles VI, une nouvelle qui « va causer bien du changement dans l’Empire »44. Louis de Beaufort ne se trompait pas : cette mort allait en effet marquer le début de la guerre de Succession d’Autriche (1740-1748), qui eut des répercussions immédiates sur le destin du jeune prince de Hesse-Hombourg.

47

La correspondance de Louis de Beaufort avec la princesse de Hesse-Hombourg se termine malheureusement dès le 12 novembre 1740, avec une lettre qui annonce que le prince se prépare à partir pour Berlin, avec, peut-être, l’espoir d’obtenir du landgrave son oncle et des États-généraux des Provinces-Unies le commandement du régiment de HesseHombourg, alors stationné dans le Hainaut45. Cependant les registres de l’Académie de Leyde attestent que le prince et son gouverneur renouvelèrent leur inscription en février 1741. Après quoi, le prince de Hesse-Hombourg entrait dans l’Histoire.

48

Le 21 avril 1741, il rejoignait à Mollwitz, en Silésie, les armées de Frédéric IL Le roi de Prusse lui confia aussitôt le commandement d’une compagnie de grenadiers. Le jeune homme, âgé de 17 ans seulement, se distingua pendant les campagnes de Silésie et de Bohême. Pourtant, malgré son courage, il ne put poursuivre une carrière militaire en raison de la délicatesse de sa santé, et après la paix de Dresde, en 1745, il se retira avec le brevet de lieutenant-colonel. En octobre de la même année, la mort à Berlin du dernier fils du landgrave de Hesse-Hombourg faisait de lui l’héritier du landgraviat. Dès juin 1746, il succédait à son oncle sous le nom de Frédéric IV46.

49

Les lettres de Louis de Beaufort révèlent que les relations entre le jeune prince et Frédéric III, son oncle, étaient empreintes de cordialité. Le landgrave de Hesse-Hombourg, lieutenant-général au service des Provinces-Unies, avait rencontré son neveu à La Haye en juillet 1740, et le gouverneur n’avait pas manqué d’en informer la princesse :

50

« ... Dés que Son Altesse Ser[enissime] a su l’arrivée du Prince, il est venu lui même le voir, et lui a fait toutes les amitiés imaginables, de même que Made la Landgrave, ils ont paru tous deux trés satisfaits de le voir, et j’espére qu’il gagnera tout à fait leur amitié » 47.

51

Et dans la lettre suivante, il précisait encore :

52

« Monseignr le Landgrave a donné encore a son Sérénissime Neveu des marques d’une amitié des plus tendre, ce bon Seigneur n’aiant pu retenir ses larmes en lui disant adieu, et je suis persuadé qu’il ne l’aime pas moins que s’il étoit son Fils » 48.

53

Le règne de Frédéric IV fut de courte durée, mais le jeune landgrave laissa, semble-t-il, le souvenir d’un prince avisé qui sut s’entourer de sages conseillers. Mais il se vit en butte à

152

l’hostilité de la Maison de Hesse-Darmstadt qui prétendait à la tutelle et alla jusqu’à envahir militairement la principauté de Hombourg. La paix fut cependant rétablie en 1749, mais le prince mourait de la fièvre le 5 février 1751, laissant un fils de trois ans qui lui succéda en 176649. 54

Telle fut la courte destinée de l’illustre élève de Louis de Beaufort. A travers les lettres de celui-ci, on perçoit l’attachement réel qui le liait au jeune prince et qu’il reconnaît en ces termes :

55

« Votre Altesse Ser[enissime] peut-être assurée que j’aurai tout le soin possible de sa santé, et par devoir et par inclination. Car je l’aime veritablement, s’il est permis de m’exprimer ainsi d’une personne de sa naissance, mais je crois que l’expression doit être pardonnable à un Gouverneur »50.

56

Un attachement qui n’était pas une simple formule, mais qui l’amenait à prendre à cœur sa mission d’éducateur et lui inspirait des gestes d’un dévouement authentique. En voici un exemple, pris dans leur vie quotidienne.

57

« Je lui avois donné », explique Louis de Beaufort en parlant de son élève, « un répétiteur pour repasser la leçon de droit public du Professeur, mais voiant que cet homme l’ennuioit, et qu’il en étoit dégoûté avec raison, je l’ai congédié, et nous repetons la leçon ensemble peut etre avec moins de savoir, mais je ne doute que ce ne soit avec plus de fruit »51.

58

Il semble bien que Louis de Beaufort prit un intérêt réel à l’éducation du prince de HesseHombourg. Cet intérêt apparaît assurément dans ses lettres, mais est attesté également par la publication en 1741 d’une Histoire de César Germanicus, livre qui, dédié à son élève, fut composé afin de « proposer un beau modèle à un jeune Prince qui commence à se produire dans le monde »52. Historien de la Rome antique, c’est parmi les héros de Rome que Louis de Beaufort trouve un personnage exemplaire qui puisse être présenté à l’imitation du jeune homme. Plus qu’Alexandre, plus que César, plus que « tous ces Conquérans, qui ne se sont rendus fameux que par l’horrible destruction qu’ils ont fait de leurs semblables »53, c’est Germanicus qui lui paraît le caractère le plus beau, le plus aimable, le plus vertueux, susceptible par ses qualités guerrières, politiques et privées d’inspirer le prince de Hesse-Hombourg. Mais celui-ci connaîtra une destinée encore plus brève que le vainqueur d’Arminius...

59

Adressées à la famille de son élève, les lettres de Louis de Beaufort ne pouvaient que laisser dans l’ombre les aspects ingrats de la fonction de gouverneur. Aspects qui se révèlent à nous dans la correspondance de Jean-François de Boissy, protestant du Vivarais entré en 1741 au service de la famille de Rechteren, à Almeloo, et qui accompagna son élève à Utrecht en octobre 1743. Dans une lettre familière adressée à son frère, il décrit ainsi ses obligations, sans le moindre fard :

60

« J’accompagne mon jeune comte dans quelques-uns de ses cours sous Messieurs les professeurs, je suis obligé de prendre part à toutes ses études et de lui servir de répétiteur. Ce ne serait encore rien, mais il faut être des visites qu’il fait ou reçoit, le suivre dans ses promenades, en un mot prendre part à toutes ses occupations et à ses plaisirs qui souvent n’en sont pas pour moi »54.

61

Plus heureux que Jean-François de Boissy, que son élève ennuyait et qui, visiblement, n’avait aucun goût pour la pédagogie, Louis de Beaufort s’intéressa sérieusement à l’éducation sociale, religieuse et morale du prince de Hesse-Hombourg. Ses 14 lettres, souvent très longues et détaillées, donnent une densité particulière à l’un des épisodes

153

marquants de sa vie, pour nous encore si pleine d’incertitudes, et mettent en lumière les divers aspects du métier de gouverneur, dont l'Encyclopédie se plaisait à souligner d’emblée le caractère moral très prégnant : 62

« L’objet du gouverneur n’est pas d’instruire son élève dans les Lettres ou dans les Sciences. C’est de former son cœur par rapport aux vertus morales, et principalement à celles qui conviennent à son état ; et son esprit par rapport à la conduite de la vie, à la connoissance du monde et des qualités nécessaires pour y réussir »55.

63

La correspondance de Louis de Beaufort avec la princesse de Hesse-Hombourg apporte un témoignage précieux sur le rôle multiforme du gouverneur et illustre d’une façon exemplaire les quelques pages que l'Encyclopédie consacre à un état qui s’apparente presque à un sacerdoce, tant il réclame d’abnégation, d’attention, d’assiduité et de zèle, et qui apparaît comme l’une des pièces maîtresses du système éducatif nobiliaire dans l’Europe des Lumières56.

NOTES 1. Sur la place de la Dissertation sur l’incertitude des cinq premiers siècles de l'histoire romaine de Louis de Beaufort dans la tradition historiographique de l'histoire des origines de Rome, voir par exemple C.

BARBAGALLO,

Il Problema delle origini di Roma da Vico a noi. Milan, 1926 (réimpr.

anastatique, Rome, « L’Erma », 1970), p. 4 sqq. ; Vf.

SCHEELE,

Wissen und Glaube in der

Geschichtswissenschaft. Studien zum historischen Pyrrhonismus in Frankreich und Deutschland, Heidelberg, 1930, notamment p. 35-43 ; H. J. ERASMUS, The Origins of Rome in Historiography from Petrarch to Perizonius, Assen, 1962, en particulier p. 125-132 (et le compte rendu d'A. dans la Rivista storica italiana, 75, 1963, p. 390-394) ; A.

MOMIGLIANO,

MOMIGLIANO

Ancient History and the

Anliquarian, Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, 13, 1950, p. 285-315 = Contributo alla storia degli studi classici, Rome, 1955, p. 67-106 = Studies in Historiography, Worcester-Londres, 1967, p. 1-39, particulièrement p. 10-20. 2. Le titre complet de l'œuvre est significatif : La République romaine, ou Plan général de l'ancien gouvernement de Rome, où l'on dévelope les différens ressorts de ce Gouvernement, l'influence qu'y avait la Religion, la Souveraineté du Peuple, et la manière dont il l'exerçoit ; quelle étoit l'autorité du Sénat et celle des Magistrats, l'administration de la Justice, les Prérogatives du Citoyen Romain, et les différentes conditions des sujets de ce vaste Empire, 2 vol., 40, Leyde, 1766 (éd. en 6 vol., 12°, Paris, 1767, avec privilège royal) 3. L. DE BEAUFORT, Dissertation sur l’incertitude des cinq premiers siècles de l’histoire romaine, nouvelle éd. avec une introduction et des notes par A. Blot, Paris, 1866, p. VII 4. La question mise au concours par l’Académie des Inscriptions pour l’année 1752 était la suivante : « Quelle était l’origine, quels étaient le rang et les droits de l'Ordre des Chevaliers romains, et quelles ont été les révolutions que cet Ordre a essuyées dans les différents siècles de la République, depuis son établissement jusqu'à l’Empire d’Auguste ? ». La dissertation de Louis de Beaufort, couronnée en 1753, et celles de ses trois concurrents malheureux sont conservées dans les archives de l’Institut de France, sous la cote D 22.

154

5. C’est ainsi qu’en 1750 Louis de Beaufort accompagna à Strasbourg, en qualité de gouverneur, trois jeunes gens de la noblesse des Pays-Bas (cf. G. C.

KNOD,

Die alten Matrikeln der Universität

Strassburg 1621 bis 1793, Strasbourg, 1897, p. 32). 6. Cf. par exemple J. S.

ERSCH,

La France littéraire contenant les auteurs françois de 1771 à 1796, 1,

Hambourg, 1797, p. 84 ; MICHAUD, Biographie universelle ancienne et moderne, nouvelle éd., 3, Paris, 1843, p. 369 ; Eug. et Em.

HAAG,

La France protestante, 2, 2 e éd., Paris, 1879, col. 17 ; G.

Dictionnaire universel des littérateurs,

2e

VAPEREAU ,

éd., Paris, 1884, p. 216 ; Niew Nederlandsch Biografisch

Woordenboek, 6, 1924, col. 85. 7. Voir Album studiosorum Academiae Lugduno-Batavae 1575-1875, La Haye, 1875, a. 1739, col. 980 ; Registre des inscriptions pour les années 1727-1755 (ASF 14), pour les années 1739 à 1743 (Bibliothèque universitaire de Leyde). 8. Cf. Hessisches Staatsarchiv, Darmstadt, D II Nr 58-11. Les lettres sont datées du 25-09-1739 (Varel) ; 6-10-1739 (Varel) ; 14-11-1739 (Leyde) ; 26-11-1739 (Leyde) ; 11-12-1739 (Leyde) ; 25-12-1739 (Leyde) ; 29-12-1739 (Leyde) — avec un court billet du prince à sa mère ; 8-01-1740 (Leyde) ; 22-01-1740 (Leyde) ; 9-07-1740 (La Haye) ; 13-08-1740 (Leyde) ; 29-10-1740 (Leyde) ; 1-11-1740 (Leyde) ; 12-11-1740 (Leyde). 9. Sur la Maison de Hesse-Hombourg, éteinte en 1866, voir notamment A. E

DE VERDY-DU VERNOIS,

Histoire généalogique et chronologique de la Sérénissime Maison de Hesse-Hombourg, Berlin, 1791 ; J. TURCKHEIM,

DE

Histoire généalogique de la Maison souveraine de Hesse, depuis les temps les plus reculés

jusqu’à nos jours, 2 vol.. Strasbourg. 1819-1820, notamment 2, p. 250-279 ; K.

SCHWARTZ,

Landgraf

Friedrich V von HessenHomburg und seine Familie. Ans Archivalien und Familienpapieren. 3 vol, Kudolfstadt. 1878 ; C. v. HERGET, Das landgräfliche Hans Hessen-Homburg, Hombourg. 1903 ; O. WEBERTHUDICHUM,

Die Landgrafen von Hessen-Homburg 1622-1866, Hombourg, 1906. Pour une bibliographie

générale, se reporter à K. K. DEMANDT, Schrifttum sur Geschichte und geschichtlichen Landeskunde von Hessen, 3 vol., Wiesbaden. 1965-1968. 10. Abraham Trembley (1710-1784) appartenait à une famille de la bourgeoisie genevoise venue de France en 1552. En 1733, il partit pour la Hollande en qualité de précepteur, mais ce fut là, semble-t-il, une expérience peu réussie. A la fin de 1736, il fut engagé par le comte de Bentinck pour veiller à l’éducation de ses deux fils. En raison du jeune âge de ceux-ci, il passa deux années à Varel auprès du prince de Hesse-Hombourg. En octobre 1739, il retourna auprès de la famille de Bentinck, où il resta jusqu’à la fin de 1747. Ses Mémoires pour servir à l’histoire d'un genre de polype d'eau douce en forme de cornes, publiés à Leyde en 1744 et à Paris la même année, lui valurent aussitôt une célébrité européenne. Après avoir été précepteur du jeune duc de Richmond de 1750 à 1756, il se fixa, à Genève en juin 1757, s’y maria. Père de cinq enfants, il abandonna peu à peu les sciences naturelles pour la morale et la philosophie, tout en jouant un rôle dans la vie politique de Genève. Il publia successivement des Instructions d’un père à ses enfants sur la nature de la religion (1775), des Instructions... sur la religion naturelle et révélée (1779), et des Instructions... sur le principe de la religion et du bonheur (1782). Cf. en particulier J. R. Scientist and Philosopher 1710-1784, Londres, 1952 ; P.-F.

BAKER, Abraham

GEISENDORF,

Trembley of Geneva

Les Trembley de Genève de 1552

à 1846, Genève, 1970. 11. Lettre de Trembley à la princesse de Hesse-Hombourg du 19-07-1739, f. 3 (Hessisches Staatsarchiv, Darmstadt, D 11 Nr 58-10). 12. Lettre de Trembley du 20-10-1739, f. 1 sq. (même fonds d’archives). 13. Lettre de Louis de Beaufort du 25-09-1739, f. 5. Évoquant la possibilité d’un séjour à l’Université de Groningue, plus proche de Varel, Louis de Beaufort ne se prononce pas sur la valeur des professeurs de cette ville, mais ajoute toutefois cette notation : « Le Prince pourrait cependant y profiter des leçons du celebre Monsr Barbeyrac, et y prendre une teinture du droit naturel et public, qui ne lui serait pas d’une petite utilité » (ibid.).

155

14. Cf. lettre du 11-12-1739, f. 2 : « Je suis charmé que les arrangemens que j'ai pris pour regler les Occupations du Prince aient mérité l’approbation de Votre Alt[esse] Ser[enissime], Le Comte de La Lippe a qui je les avois aussi communiqué [sic] m’a fait l’honneur de me le témoigner aussi dans sa Lettre ». 15. Lettre du 14-11-1739, ff. 2 et 8. 16. Ibid., f. 4 sq. 17. Ibid., f. 8. Sur la santé du prince, voir par exemple encore la lettre du 26-11-1739. f. 3 : « La santé du Prince est parfaite, et l’exercice qu’il prend l’empêche de ressentir aucune incommodité de l’application » ; lettre du 11-12-1739, f. 1 : « Graces a Dieu, le Prince continue a jouïr d’une santé parfaite... » ; lettre du 25-12-1739, f. 1 : « Il [le Prince] continue a jouir d’une santé parfaite, et grandit presque a vue d’œil, il augmente aussi en embonpoint », etc. 18. Lettre du 14-11-1739, f. 2 sq. 19. Sur cette question, voir par exemple R. CHARTIER, Μ. M. COMPÈRE, D. JULIA, L'Éducation en France du XVIe au XVIIIe siècle, Paris, 1976, notamment p. 168-171 et 177-181. 20. Voir la lettre du 9-07-1740, f. '2 sq. : « Le Landgrave est infiniment aimé et estimé ici a la Haie, et de tous ceux qui le connoissent. il est fort affable et a des maniéres fort populaires, ce qui lui attire l’affection de tout le monde ». Voir aussi la lettre du 8-01-1740, f. 2 : « Les maniéres du Prince deviennent de jour [en jour] meilleures et plus polies, et comme il en ressent lui même les effêts cela l’engage sans doute a se réformer entièrement de ce coté la ». 21. Johannes Jacobus Vitriarius (1679-1745), fils de Philippe Reinhardus Vitriarius (1647-1720), originaire du Palatinat, fut comme son père professeur de droit à l’Université de Leyde, où il enseigna de 1719 à sa mort. En janvier 1720 il prononce un discours inaugural De iuris naturae necessitate et utilitate, et veille à la publication des Institutiones iuris naturae et gentium de son père, parues à Leyde en 1711 (autres éditions en 1719 et 1734). Whilelmus Jacobus Storm van’s Gravesande (1688-1742), issu d’une famille patricienne de Délft, commença une carrière d’avocat avant d’être nommé en 1717 professeur de mathématiques et d’astronomie à l’Université de Leyde, où il enseigna les théories newtoniennes : voir à ce sujet ses Physices elementa mathematica, experimentis confirmataa, sive introductio ad philosophiam Newtonianam, 2 vol., Leyde, 1720-1721. En 1734,’s Gravesande reçut en outre la charge de professeur de philosophie. Voir par exemple E. G. RUESTOW, Physics at 17th and 18th Century Leiden : Philosophy and the New Science in the University, La Haye, 1973 (Archives internationales d’histoire des idées. Series Minor, II). Bernhardus Siegfried Albinus (1697-1770), originaire de Francfort-sur-Oder, enseigna à la Faculté de Médecine de Leyde de 1719 à 1770, d’abord en qualité de lector, puis, à partir de 1721, de professeur d’anatomie et de chirurgie. De lui Jean-François de Boissy (cf. infra, p. 92, n. 54) disait : « M. Albinus démontre un cadavre avec une propreté et une élégance de latiniste qui plaît beaucoup » (C.-E. ENGEL, Jean-François de Boissy (1704-1754). Un réfugié français du XVIIIe siècle d’après sa correspondance, Neuchâtel, 1941, p. 53). Sur les professeurs de l’Académie de Leyde, voir C. A. SIEGENBEEK

(éd.), Album scholasticum Academiae Lugduno-Batavae MDLXX V-MCMXL, Leyde, 1941.

22. Encyclopédie, 9, Paris, 1765, p. 451. Sur l’Université de Leyde, voir par exemple J. J. WOLTJER, De Leidse Universiteit in verleden en heden, Leyde, 1965, qui donne la bibliographie antérieure. Sur l’Université au XVIIe siècle, cf. notamment P. DIBON, L’Université de Leyde et la République des Lettres au

XVIIe siècle,

Quaerendo, 5, 1975, p. 5-38. Pour le

XVIIIe siècle,

on trouvera de nombreux

renseignements dans H. SCHNEPPEN, Niederlandische Universitäten und deutsches Geistesleben von der Gründung der Universität Leiden bis ins späte 18. Jahrhundert, Munster, 1960 ( Neue Münstersche Beiträge zur Geschichtsforschung, 6), qui constate (p. 7) la baisse de l'influence de l’Université de Leyde au milieu du XVIIIe siècle. 23. Lettre du 14-11-1739, f. 3.

156

24. Ibid. : « Je comte d’étudier tous ces Collêges avec le Prince », écrit Louis de Beaufort à propos des cours de Vitriarius et de’s Gravesande, « et que par conséquent il n’aura pas besoin de répetiteurs ». 25. Voir les lettres du 14-11-1739, f. 9, et du 8-01-1740, ff. 4-9. 26. Lettre de Trembley du 25-09-1739, f. 6. 27. Voir par exemple la lettre du 14-11-1739, f. 5 sq. 28. Lettre du 11-12-1739, f. 3. 29. Lettre du 25-09-1739, f. 5. 30. Letre du 14-11-1739, f. 4. 31. Lettre du 11-12-1739, f. 2. Cf. aussi un peu plus loin : « On a paru aussi fort sensible à la maniére dont le Prince s’y est pris pour prevenir plusieurs personnes, et c’est là le seul moien de se faire aimer dans ce pais ». 32. Lettre du 25-12-1739, f. 2 sq. 33. Voir la lettre de Trembley à la princesse de Hesse-Hombourg à la date du 25-09-1739, f. 2 sq. : « J'ai fini avec le Prince] un cours complet et très souvent répété de Religion. Il n’en a pas profité comme je le souhaiterois bien : Cependant, je serois bien content si ses sentimens étoient proportionnés à ses connoissances. Il seroit en état alors de communier ; et son préparatif principal pour le faire avec le tems est d’aquerir les sentimens qu’exige la Religion Chrétienne dont il fera profession solennelle en communiant ». 34. Lettre du 14-11-1739, f. 6. 35. Lettre du 11-12-1739, f. 4. 36. Lettre du 25-12-1739, f. 2. 37. Sur la querelle entre Arminiens et Gomaristes au XVIIe siècle et le triomphe des Gomaristes au Synode de Dordrecht, voir notamment Ch. FLOUR, Étude historique sur l'arminianisme, Thèse, Nîmes, 1889 ; E.-G. LÉONARD, Histoire générale du protestantisme, 2, Paris, 1961, p. 213-226. Il n’est pas étonnant, dans ces conditions, que les théologiens de Leyde aient vivement critiqué les idées de’s Grevesande sur la liberté morale, exprimées dans son Introductio ad philosophiam, metaphysicam et loqicam continens de 1736. 38. Lettre du 25-09-1739, f. 3. 39. Lettre du 14-11-1739, f. 6 sq. 40. Voir par exemple R.

MURRIS,

La Hollande et les Hollandais au

XVIIe

et au

XVIIIe siècles

vus par les

Français, Paris, 1925 (Bibliothèque de la Revue de littérature comparée, 24), p. 135, qui cite notamment une description de Lombard de Langres à la fin du XVIIIe siècle : « L’hiver est pour des êtres longtemps taciturnes [l'époque] de la folie. Riches traîneaux, chevaux superbes, panaches éclatans, caparaçons magnifiques, conducteurs échevelés se croisant, se provoquant, poussant des cris à se déchirer la gorge, voilà ce que vous rencontrez dans les villes dès que la première neige est tombée, que la première gelée s’est fait sentir ». 41. Lettre du 22-01-1740, f. 2. 42. Lettre du 1-11-1740, f.3. 43. Lettre du 13-08-1740, f. 3. 44. Ibid. 45. Lettre du 12-11-1740, f. 3. Rappelons que le landgrave Frédéric III fit une carrière militaire au service des Provinces-Unies. 46. Des dix enfants de Frédéric III, qui tous moururent avant lui, deux fils s’étaient particulièrement distingués, tous les deux au service de la Russie : Louis-Jean-Guillaume Grunon (1705-1745), qui parvint au grade de feldmaréchal général de Russie et écrivit des Mémoires politiques et militaires sur la Russie 1727-1744, d’abord publiés en français en 1771, puis en allemand en 1776, et Jean-Charles-Guillaume (1706-1728), à qui Pierre le Grand avait destiné sa fille cadette, mais qui mourut trop tôt pour que ce projet se réalisât. A sa mort, le 8 juin 1746, Frédéric III de

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Hesse-Hombourg était gouverneur de Bois-le-Duc, l’une des premières places militaires de Hollande. 47. Lettre du 9-07-1740, f. 2. 48. Lettre du 13-08-1740, f. 2. 49. Voir à ce propos K. SCHWARTZ, op. cit. Frédéric V (1748-1820) fut lieutenant-général d’artillerie au service de l’Empire autrichien. Son dernier fils, Léopold-Victor-Frédéric, né en 1787, fut tué en 1813 à la bataille de Lützen où il commandait un détachement prussien. 50. Lettre du 14-11-1739, f. 8. 51. Lettre du 29-10-1740, f. 2. 52. L.D.B., Histoire de César Germanicus, Leyde, 1741, p. 4 V. 53. . Ibid. 54. Lettre de Jean-François de Boissy au docteur de Boissy du 14-10-1743, citée par C.-E.

ENGEL,

Jean-François de Boissy (1704-1754), p. 27 sq. Né dans le Vivarais en 1704 ou 1705, Jean-François de Boissy exerça les fonctions de gouverneur dans différentes familles et collabora aux nombreux journaux français édités à Leyde et Amsterdam. Il était l’oncle de François-Antoine de Boissy d’Anglas, président de la Convention après Thermidor. 55. Encyclopédie, 7, Paris, 1757, p. 792 (cité par R. CHARTIER, Μ. M. COMPÈRE, D. JULIA, op. cit., p. 181, n. 27). L’article « Gouverneur d’un jeune homme » de l’Encyclopédie évoque d’un point de vue normatif les divers aspects de l’état de gouverneur. 56. En 1680 déjà, Richelet écrivait dans son Dictionnaire françois, 2, p. 379, s. v. « Gouverneur » : « Celui qui pour le monde élève un enfant de grande qualité, qui a soin de ses mœurs et de sa conduite, et qui lui inspire des manieres conformes à sa grande naissance », mettant ainsi l’accent plus sur le rôle social du gouverneur que sur son aspect moral,-—-qui est essentiel pour l’ Encyclopédie. Voir encore par exemple [ DE LA FARE], Le Gouverneur, ou Essai sur l’éducation, LondresParis, 1768, qui insiste lui aussi sur l’importance de la politesse, « expression sincère des qualités sociales » (p. 90), dans le système éducatif.

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Caius Gracchus ou la révolution introuvable Historiographie d'une « révolution »

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En attribuant à Caius Gracchus la volonté de « détruire l’aristocratie et [d’]instaurer la démocratie », le texte diodoréen (Bibliothèque historique, 34/35, 25, 1) se situe au cœur d’une série de problèmes liés à la typologie antique des formes de gouvernement. Au niveau de la théorie, il se réfère en effet au topos du classement des divers systèmes politiques et à la question de la nature et des modalités du passage d’un régime à un autre. Au niveau des réalités propres à l’histoire de Rome, il évoque d’une manière polémique le thème de l’équilibre des pouvoirs à l’intérieur de la ciuitas et suit une tradition conforme à l’idéologie de l’aristocratie sénatoriale. Selon celle-ci, Caius fut à l’origine d’une véritable révolution qui mit en place une ochlocratie de type polybien. Ainsi, le thème de la « révolution romaine » est déjà présent dans l’historiographie antique et se situe dans la perspective de ce que Cicéron appelle les orbes et quasi circuitus in rebus publicis commutationum et uicissitudinum (De re publica, 1, 45).

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Cette problématique complexe, qui parcourt l’œuvre d’un Machiavel et d’un Bodin par exemple, retrouve une actualité singulière dans l’historiographie française du XVIII e siècle. Les « révolutions de Rome » s’insèrent dans le cadre d’une réflexion générale sur le pouvoir, réflexion qui prend appui sur les catégories aristotéliciennes de monarchie, d’aristocratie et de démocratie. Dans ce contexte, l’aventure des Gracques fait l’objet d’interprétations diverses, qui témoignent de la puissance de renouvellement d’une réalité historique susceptible de se couler dans le moule des thèmes en vogue. C’est seulement parce qu’ils ont été remodelés par l’idéologie de la Révolution que les deux tribuns de la plèbe sont devenus à nouveau des figures vivantes, en mesure d’enflammer les imaginations et de concrétiser les espoirs d’un Gracchus Babeuf.

1. La conjuration des Gracques 3

En 1695, le libraire Claude Barbin donne au public la seconde partie des Œuvres posthumes de l’abbé de Saint-Réal, qui s’ouvre par une étude au titre prometteur : La Conjuration des Gracques. Peu importe que cet écrit, comme d’ailleurs tous ceux qui composent les trois

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volumes des Œuvres posthumes, soit dû en réalité à l’habileté d’un faussaire, qui sut exploiter à la fois la célébrité de l’auteur de Don Carlos ou de la Conjuration des Espagnols contre la République de Venise et sa réputation de fin connaisseur de la République romaine 1 . Peu importe aussi que La Conjuration des Gracques reprenne fidèlement la narration de Plutarque et qu’en définitive aucun élément de la reconstitution proposée au lecteur ne permette de définir l’activité politique des Gracques comme un complot. Mais il est significatif que par ce titre même la matière romaine est intégrée au thème de la conspiration, devenu une véritable catégorie historique dans la seconde moitié du XVII e siècle. 4

Les diverses Conspirations et Conjurations qui fleurissent entre 1656 et le début du XVIII e siècle ne sont pas seulement le reflet d’une mode superficielle, mais correspondent à une vision originale de la réalité historique2. Celle-ci est déchiffrée à travers un épisode privilégié, découpé dans la continuité du temps et choisi de façon à constituer un système clos, dans lequel il sera possible d’observer quasi scientifiquement les mécanismes secrets des actions humaines, principal objectif de l’historien3, et de trouver matière à un enseignement moral et politique. On reconnaît l’influence de la Conjuration de Catilina : l’œuvre sallustéenne fait bien évidemment figure de modèle en la matière.

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Pour l’abbé de Saint-Réal, les conjurations sont « les endroits de l’Histoire les plus moraux et les plus instructifs »4. E. Le Noble, surtout connu en tant que romancier fécond, affirme dans la préface de la Conjuration des Pazzi contre les Médicis qu’il souhaite offrir à son public « un traité politique des conspirations » fondé sur les thèses de Machiavel 5. Et il résume ainsi son projet : « ... j’ay choisi dans les grands Autheurs les intrigues secrètes des plus fameuses conjurations et je les ay reduites en petites Histoires particulières, dans lesquelles (...) j’espère qu’on trouvera tout ce que la politique la plus fine et la plus délicate a de conduite pour l’exécution d’un grand dessein »6. C’est dans cette optique que, s’attaquant à l’histoire romaine, il compose Epicaris ou l’histoire secrète de la conjuration de Pison contre Néron.

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Le thème de la conjuration fournit un cadre cohérent, où les événements se déroulent selon un plan et des modalités immuables7, déjà étudiés par Machiavel, mais où le hasard joue un rôle appréciable et apporte un élément de singularité, de romanesque8. Il isole d’autre part un moment de tension extrême, révélateur de vérité à la manière de la tragédie classique : les valeurs traditionnelles se trouvant balayées, les motivations ultimes des acteurs de l’histoire apparaissent sans fard9 et, à l’arrière-plan, les conflits entre les groupes sociaux éclatent au grand jour10. Il traduit enfin les goûts profonds d’une époque qui doit à l’expérience d’un siècle fécond en complots de toute sorte et à la lecture de Salluste, de Tacite et de Machiavel son intérêt passionné pour l’histoire secrète et sa sensibilité très vive à la grandeur d’entreprises individuelles destinées à changer le gouvernement d’un État11. Plus profondément, la conjuration révèle la partie cachée d’une histoire en apparence incompréhensible, dont elle présente une image rassurante parce que rationnelle : l’incohérence et la multiplicité contradictoire du réel sont ainsi ramenées au jeu occulte de motivations secrètes qu’il est possible de porter à la lumière 12.

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La Conjuration des Gracques prend place de cette façon dans un courant précis de l’historiographie du XVII e siècle et répond à sa manière aux exigences d’une perception historique fondée sur une intrigue limitée dans le temps. D’une façon significative, le traducteur français de la monumentale et populaire Roman History de Laurence Echard, qui ne se gêne guère pour prendre certaines libertés avec le texte anglais, se souvient très

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certainement de Saint-Réal lorsqu’il parle de la « conspiration des Gracques » là où l’original évoquait simplement une sedition13.

2. Le thème des révolutions 8

Mais au début du XVIII e siècle on voit le cadre étroit de la conjuration voler en éclats : l’histoire est pensée selon la longue durée et la conspiration cède la place à la révolution. Il est révélateur que l’abbé de Vertot, qui se situe dans la continuité de Saint-Réal14, donne à son étude sur la République romaine, publiée en 1719, le titre d'Histoire des Révolutions arrivées dans le gouvernement de la République romaine.

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L’intérêt pour le phénomène révolutionnaire correspond à une représentation particulière du vécu historique, inscrit dans la longue durée. Selon cette perspective, on s’interroge sur les lois fondamentales qui régissent l’évolution des sociétés et l’on cherche à rendre compte des changements qui interviennent dans le gouvernement des États. Déjà Jean Bodin, dans la Methodus ad scribendam historiam (1566) et les Six livres de la République (1576), avait donné une analyse exemplaire des mécanismes par lesquels s’opèrent les « changements des républiques » (les conuersiones rerum publicarum dans la Methodus). Pour lui, en effet, ces changements — dont la typologie est dans une large mesure d’inspiration aristotélicienne15 — représentent l’essence même de l’histoire 16 et obéissent à des lois divines perceptibles à travers les nombres pythagoriciens 17. Et c’est dans une optique analogue que le Discours sur l’Histoire universelle de Bossuet, publié pour la première fois en 1681, montre dans l’enchaînement des causes et des effets qui constitue le tissu de l’histoire l’intervention de la Providence et perçoit derrière une apparente confusion les lignes rigoureuses du destin voulu par Dieu pour son peuple. Sensible avant tout à la continuité du processus historique, Bossuet constate à propos de Rome que chaque régime politique contenait les germes du régime suivant : la monarchie de Servius Tullius renfermait les principes du gouvernement républicain et celui-ci, à son tour, se mettait à secréter les éléments fondamentaux de la monarchie augustéenne18.

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Il est certain que la Révolution d’Angleterre de 1688 donne une actualité nouvelle au concept de révolution en tant que changement dans la forme de gouvernement. Mais le terme même de révolution, qui pour nous est lié avant tout à l’idée d’une transformation violente, brutale des institutions et de la société19, recouvre alors des processus divers, mais qui se rattachent toujours à une explication globale du devenir historique20. Ce peut être, comme chez Montesquieu par exemple, le passage régulier d’une constitution à une autre et l’établissement d’un nouvel équilibre politique, d’un nouveau mode d’exercice du pouvoir. Ce peut être aussi, selon la perspective de Machiavel21, le retour aux principes de la constitution primitive, et donc le rétablissement du pouvoir légitime. Ainsi, dans le Contrat Social, c’est par une révolution — violente — que le peuple établit ou rétablit la liberté civile et pose la légitimité politique définie par le contrat social.

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En ce qui concerne l’histoire de Rome, le premier essai qui se réfère explicitement au thème de la révolution est, semble-t-il, la petite monographie d’Ancheman de Martignac, Révolution de l'état populaire en monarchique par le differend de Cesar et de Pompée, publiée à Paris en 1679 — donc avant la Révolution d’Angleterre22. Seul le titre, hélas, est conforme au projet nouveau. Il s’agit en fait du simple récit d’un épisode des guerres civiles de la fin de la République, à partir des œuvres de Cicéron et d’Appien essentiellement, sans que s’esquisse la moindre réflexion critique sur l’essence du pouvoir césarien.

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Il est possible de saisir sur un exemple le moment où s’opère définitivement le renversement de perspective. En 1689 paraît, sans nom d’auteur, une Histoire de la conjuration de Portugal, tout à fait en accord avec le genre de la conspiration ; or en 1711 la seconde édition comporte, en plus du nom de l’auteur — l’abbé de Vertot —, une modification éloquente dans l’intitulé de l’ouvrage, devenu une Histoire des révolutions de Portugal. Et la préface d’expliquer pourquoi la conjuration a été remplacée par les révolutions : le livre s’est augmenté de différents morceaux, qui constituent les causes ou les conséquences nécessaires de la conjuration, et « c’est cette augmentation d’événemens qui a engagé à substituer le titre de Révolutions à celui de Conjuration, d’ailleurs moins convenable dans une entreprise dont les chefs n’avoient pour objet que de rendre la couronne à un prince, qu’ils regardoient comme l’héritier légitime »23. Trois points à noter dans cette justification : le terme de conjuration a pris une valeur résolument péjorative — il ne peut plus s’appliquer à une action qui a pour but de restaurer le pouvoir légitime — et conservera cette valeur tout au long du XVIII e siècle24. D’autre part, on voit comment l’historien a élargi son champ d’investigation et se doit désormais de réfléchir sur l’enchaînement des causes et des effets25. Pour l’abbé de Vertot, enfin, le retour à la légitimité est l’effet d’une révolution, phénomène positif dans le devenir des États26. De la même manière, lorsqu’en novembre 1717 Vertot lit à l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres un discours sur la liberté des Romains et la décadence de cette liberté, discours qui est une ébauche de son ouvrage sur les révolutions de Rome, il ajoute quelques mots d’actualité « sur les Révolutions qui arrivent à la mort des Grands et qui, en changeant quelquefois la constitution du gouvernement, rendent à la patrie le repos et sa tranquillité »27.

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Dans l’avertissement de sa seconde œuvre importante, l'Histoire des révolutions de Suède (1695), l’abbé de Vertot note ceci : « Entre les événemens qui plaisent dans l’histoire, je n’en vois point qui méritent plus d’attention que les changemens qui arrivent dans les États, au sujet de la religion28 ou du gouvernement. Tous les particuliers s’y trouvent intéressés, par ce qu’il y a de plus capable de toucher dans tous les hommes : l’ambition ou la conscience. Chacun est animé de passions vives ; tout est en mouvement ; le peuple croit alors rentrer dans ce qu’il appelle ses premiers et ses plus anciens droits : il veut choisir lui-même son maître, et décider de la religion »29. L’histoire des révolutions semble ainsi être devenue un genre qui remplace celui de la conjuration, sans que l’objet même de l’histoire ait en apparence changé. Les révolutions fournissent une matière nouvelle, plus abondante, pleine d’enseignement30, mais il s’agit toujours de mettre en évidence les ressorts psychologiques secrets qui meuvent les acteurs de l’histoire.

3. Les révolutions romaines de l'abbé de Vertot 14

L'Histoire des révolutions arrivées dans le gouvernement de la République romaine est exemplaire à cet égard. Cependant, l’étude des motivations profondes par lesquelles s’expliquent les actions des hommes — ambition, vanité, cupidité, jalousie, haine, esprit de vengeance — est subordonnée à une vision globale de la réalité romaine où ce sont moins les individus que les groupes sociaux qui font l’histoire. Les tribuns de la plèbe peuvent certes proposer des lois, porter atteinte à l’autorité du Sénat ou menacer les consuls, leurs initiatives sont déterminées par l’antagonisme entre l’aristocratie et le peuple, antagonisme sur lequel repose en définitive la liberté publique31. Et pour peu que la concorde civile règne temporairement à Rome, les tribuns, « ces chefs éternels de

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toutes les séditions »32, sont impuissants à entraîner la plèbe sur la voie du radicalisme. D’où, par exemple, leur haine pour Camille, qui, réconciliant la plèbe et le patriciat, réduisit à néant leur influence33. Par la suite, au cours des guerres civiles, les ambitions personnelles d’un Pompée ou d’un César surent jouer habilement des intérêts contraires du Sénat et du peuple34. 15

L’évolution politique de Rome est ponctuée par une série de « révolutions » dont la nature et les modalités dans l’optique de l’abbé de Vertot méritent une attention particulière. Les premiers habitants de Rome avaient instauré une « espèce de monarchie mixte » où le pouvoir souverain était harmonieusement partagé entre le roi, le Sénat et l’assemblée du peuple35. Le passage à la république, provoqué par la tyrannie cruelle et illégitime de Tarquin le Superbe, laisse en présence les aspirations contradictoires du Sénat et du peuple, fondement de toutes les révolutions à venir36. Sous le régime républicain, l’équilibre politique est le résultat laborieux d’une tension perpétuelle entre deux forces sociales dont chacune cherche à s’approprier la totalité du pouvoir. Et chaque fois que cet équilibre vient à se rompre en faveur de l’une des composantes civiques, les institutions se modifient : c’est à un tel changement que l’abbé de Vertot donne le nom de révolution. La révolution, on le voit, n’est donc pas nécessairement un phénomène violent et brutal, accompagné des troubles d’une guerre civile. Elle correspond simplement à une transformation des institutions, à une innovation politique qui assure à l’un des groupes antagonistes une nouvelle parcelle de la « souveraine puissance » et instaure un nouvel équilibre. C’est ainsi, par exemple, que l’établissement du tribunat est une révolution, à la suite de laquelle Rome « changea une seconde fois la forme de son gouvernement » : à l’aristocratie, qui avait remplacé la monarchie, succède une démocratie où « le peuple s’empara de la meilleure partie du gouvernement »37. La condamnation et l’exil de Coriolan marquent une nouvelle révolution, comme aussi l’accession des plébéiens à la dignité de tribuns militaires38 : à chaque fois le peuple conquiert un peu plus d’autorité. Pour l’abbé de Vertot donc, la révolution ne se limite pas à une modification de la forme du gouvernement selon la typologie traditionnelle ; elle est avant tout création et manifestation visible d’un nouvel équilibre, toujours menacé faute d’un élément régulateur ou conservateur39.

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Les « révolutions » qui scandent ainsi l’histoire de la République romaine ont pour cause fondamentale une inégalité d’ordre économique. L’abbé de Vertot, il faut le souligner, a bien senti à travers les sources l’importance du problème agraire, périodiquement mis en avant par les tribuns de la plèbe et des démagogues comme Spurius Cassius Vecellinus ou Marcus Manlius Capitolinus. Il ne lui a point échappé que la question épineuse du partage des terres publiques constituait « la source perpétuelle des divisions entre le peuple et le sénat »40, que la jouissance de l’ager publions était à l’origine de la division entre riches et pauvres et représentait l’enjeu final de leurs luttes. C’est assurément à des historiens grecs tels que Plutarque et Appien que l’auteur français doit cette attention aux réalités économiques qui transparaît derrière le vêtement brillant de l’anecdote et des analyses psychologiques41.

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Mais la perception intuitive des phénomènes économiques demeure malgré tout limitée. L’abbé de Vertot ignore — et c’est fort dommage — les écrits pénétrants de James Harrington qui, dans l’Angleterre du XVII e siècle, avait mis en évidence la solidarité nécessaire entre la propriété foncière et les divers régimes politiques : « Par-tout où le peuple n’a point de propriété pour exister, le gouvernement est monarchique ou aristocratique. Par-tout où le peuple peut exister de sa propriété, le gouvernement est

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susceptible de devenir démocratique ». Cette brève formule42 résume assez bien la théorie du pouvoir chez Harrington. Dans son œuvre maîtresse, The Commonwealth of Oceana, parue en 1656, il montre comment la forme du gouvernement dépend de la balance de là propriété, et combien il importe de corriger périodiquement les inégalités inévitables par des lois agraires, véritables régulateurs de l’équilibre politique43. Les Gracques, par exemple, tentèrent de rétablir l’ancienne propriété du peuple et de remettre ainsi en vigueur le gouvernement démocratique d’autrefois. Mais ils échouèrent parce que leurs réformes vinrent trop tard, à un moment où l’aristocratie était devenue trop puissante, où il n’était plus possible de redresser la situation44. Par la suite, Sylla introduira une nouvelle balance en faveur de la minorité possédante. 18

Les théories harringtoniennes, peu connues en France avant Montesquieu45, sont reprises en Angleterre par Walter Moyle dans An Essay upon the Constitution of the Roman Government, œuvre écrite vers 1699, mais publiée seulement en 1726 46. Les révolutions de Rome sont dues ainsi à des modifications de « la balance des richesses, unique fondement de tout pouvoir »47. A la suite de Polybe, Moyle conçoit une évolution cyclique des régimes monarchiques, aristocratique et démocratique, mais il reproche à l’historien grec de n’en avoir vu que les causes morales et met en avant l’aspect économico-social du processus révolutionnaire : la terre est le lieu géométrique du pouvoir48.

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Si l’on revient à l’abbé de Vertot, une question se pose : dans la perspective qui est la sienne, peut-on parler de révolution à propos de l’activité politique de Caius Gracchus ? Ses lois ont pour objet de « faire passer du sénat à l’assemblée du peuple toute l’autorité du gouvernement »49. L’expression rend bien compte de la fameuse formule diodoréenne « détruire l’aristocratie et instaurer la démocratie », et l’abbé de Vertot en a très certainement puisé la substance chez Plutarque, sa source principale pour l’histoire des Gracques50. Mais, curieusement, dans le contexte de l'Histoire des Révolutions de la République romaine, la notation est vidée de son contenu subversif. Le programme de Caius Gracchus s’inscrit en effet dans la continuité des luttes menées par les tribuns de la plèbe depuis la création du tribunat pour assurer au peuple le pouvoir souverain et perd ainsi tout caractère scandaleux. D’autre part, reflet des sources favorables aux Gracques, le radicalisme de leurs projets est estompé ; aucun élément ne renvoie ici à la typologie antique des perturbatores rei publicae — fait d’autant plus remarquable que partout ailleurs dans l’ouvrage de l’abbé de Vertot les tribuns de la plèbe apparaissent comme des fauteurs de troubles51. L’écrivain ignore à coup sûr la version diodoréenne du tribunat de Caius Gracchus !

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Et pourtant, les innovations que les réformes de Caius introduisent dans le fonctionnement des institutions semblent tout naturellement entrer dans le cadre d’une « révolution ». Or, paradoxalement, le terme n’est jamais employé à propos de l’histoire des Gracques. Tout se passe comme si, pour l’abbé de Vertot, le phénomène révolutionnaire devait nécessairement s’insérer dans la durée, le devenir d’un État, et résider moins dans les objectifs et les modalités d’une action que dans la manière dont elle transforme à long terme l’équilibre des forces socio-politiques et leur rapport au pouvoir souverain. Ainsi l’élection des premiers tribuns militaires plébéiens est une révolution, qui étend l’autorité du peuple aux dépens de la noblesse52. En revanche, bien que Tibérius et Caius Gracchus aient allumé « les premières étincelles des guerres civiles » 53 , leur aventure sans lendemain n’est pas à proprement parler une révolution, dans la mesure où leur fin lamentable fut suivie d’un retour rapide à la situation antérieure : « Le

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petit peuple retomba dans la misère que les Gracques avoient voulu prévenir »54, tandis que les puissants continuèrent à occuper abusivement les terres publiques. 21

L’auteur de l'Histoire des Révolutions de la République romaine laisse planer le doute quant à ses sympathies personnelles pour l’un ou l’autre régime politique55, et son ouvrage s’achève sur la vision ambiguë d’un peuple romain insensiblement accoutumé à la servitude et d’une monarchie « supportable à d’anciens républicains »56. Cette ambiguïté fondamentale explique que l’œuvre ait pu connaître des lectures diamétralement opposées : si l’abbé Lenglet du Fresnoy y voit un panégyrique implicite du pouvoir monarchique57, les révolutionnaires de la fin du siècle en retiennent l’hymne à la liberté et les combats farouches des tribuns de la plèbe en faveur des humbles. L'Histoire des Révolutions de la République romaine est rééditée sous la Révolution, et le terrible Gracchus Babeuf s’y réfère directement dans le Manifeste des Plébéiens, lorsqu’il rappelle l’exemple illustre des tribuns du peuple qui surent défendre avec éloquence les opprimés58.

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Devenu opératoire, le concept de révolution impose une vision particulière de la réalité historique, sensible avant tout aux mutations, qu’elles s’accomplissent dans la violence ou soient le résultat d’une évolution progressive. La grave Académie des Inscriptions et Belles Lettres elle-même n’échappe point à l’esprit de l’époque lorsqu’elle met au concours de 1752 une question sur l’ordre équestre dont la formulation est significative. Il s’agit en effet d’examiner « quelle étoit l’origine, quels étoient le rang et les droits de l’Ordre des Chevaliers Romains et (c’est nous qui soulignons) quelles ont été les Révolutions que cet Ordre a essuyées dans les différents siècles de la République, depuis son établissement jusqu’à l’empire d’Auguste »59. On ne pouvait davantage sacrifier au goût du jour.

4. Les successeurs de Vabbé de Vertot 23

Le succès de l'Histoire des Révolutions de la République romaine 60 ne manqua pas de susciter à l’abbé de Vertot des imitateurs et des continuateurs. C’est ainsi, par exemple, que Simon-Nicolas-Henri Linguet écrivit une Histoire des Révolutions de l'Empire romain, pour servir de suite à celle des Révolutions de la République (1766), où il faisait de la violence l’une des caractéristiques possibles de la révolution. « Je ne rends compte, précisait-il dans la préface, que des Révolutions, c’est-à-dire, des changemens considérables arrivés dans l’Empire, ou des secousses qui l’ont agité violemment »61. Phénomène ambivalent, la révolution n’est donc plus seulement une altération de la forme de gouvernement comme chez l’abbé de Vertot, elle peut aussi, au sens moderne du terme, résider dans la violence d’un bouleversement radical de l’État. Il n’est pas étonnant de voir Linguet insister sur cet aspect du phénomène révolutionnaire, lui pour qui la société est née de la violence, la propriété de l’usurpation et les liens sociaux de la force62.

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Si l’abbé de Vertot, pourtant monarchiste convaincu, n’avait pas eu de difficulté à évoquer les révolutions de la République romaine sans aucune passion partisane, ses émules ne manifestèrent pas la même retenue et se prononcèrent de façon péremptoire en faveur du régime monarchique. Pour eux, les révolutions et les conflits qui marquèrent l’histoire de la République romaine ne font que traduire la faiblesse intrinsèque des institutions républicaines et le tribunat, né dans la révolte, est un facteur d’anarchie, de décomposition63. Mais la décadence inévitable de Rome est heureusement arrêtée par l’instauration d’un pouvoir monarchique qui met fin aux révolutions et établit la stabilité par un retour à la royauté originelle64. L’Antiquité romaine trouve ainsi place

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dans un discours sur l’absolutisme qui depuis le XVII e siècle privilégie la monarchie, par contraste avec une représentation menaçante et irréelle de la démocratie où le peuple est perçu comme une force destructrice. 25

Le tribunat de la plèbe apparaît ainsi comme un élément central de toute réflexion sur les destinées de la République romaine. Chez ceux qui veulent dépasser l’image stéréotypée de tribuns toujours séditieux et subversifs, le jugement porté sur l’activité politique des Gracques est déterminé par l’appréciation du rapport des forces entre le Sénat et la plèbe. Montesquieu, par exemple, qui voit dans le tribunat un contrepoids nécessaire à la puissance de l’aristocratie65, constate que ce contrepoids se révèle néfaste à partir du moment où le Sénat est progressivement dépossédé de ses prérogatives par le peuple et où s’instaure un État populaire. Dans de telles conditions, la réforme gracchienne qui retire aux sénateurs le pouvoir judiciaire brise la « chaîne de la constitution »66 et précipite ainsi la corruption du principe démocratique67. Selon Montesquieu donc, les Gracques sont responsables d’une rupture d’équilibre fatale à la république. Inversement, pour un Louis de Beaufort, les deux tribuns de la plèbe tentèrent de renfermer dans de justes limites la puissance arrogante du Sénat et, corrigeant les abus d’un gouvernement oligarchique, s’attachèrent à affermir la constitution de Rome68. Il n’est pas étonnant de retrouver une interprétation analogue chez Nathaniel Hooke, qui se déclare d’emblée partisan du peuple69.

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L'Histoire du gouvernement des anciennes républiques. Où l’on découvre les causes de leur élévation et de leur dépérissement, publiée à Paris en 1769 sous le nom de Turpin, est en fait, quoi qu’en dise l’auteur, une simple traduction de l’étude d’Edward Wortley Montagu, Reflections on the Rise and Fall of the Antient Republicks70, et nous introduit par là même dans la vaste problématique qui traverse l’Angleterre du XVIII e siècle : s’il est vrai que la « glorieuse Révolution » de 1688 a établi un gouvernement mixte de type polybien71 et que Londres soit devenue a New Rome in the West, selon la formule de John Toland 72, il est naturel que la pensée politique anglaise s’interroge sur les causes qui ont provoqué la chute des républiques antiques et cherche à déchiffrer dans l’histoire de Rome les voies de sa propre destinée73. C’est ainsi que Montagu dénonce l’esprit de faction qui perdit la République romaine, déjà vulnérable parce qu’aucune autorité de type monarchique ne venait maintenir l’équilibre entre le pouvoir aristocratique des patriciens et le pouvoir démocratique. Cette analyse, on le voit, n’est au fond guère éloignée de celle que proposait l’abbé de Vertot.

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L’enquête historiographique montre ainsi comment la matière romaine est subordonnée à une lecture du passé organisée selon tel ou tel type d’intrigue. La tradition gracchienne est interprétée à l’aide des paramètres qui s’imposent successivement aux historiens français dans la seconde moitié du XVII e siècle et au début du XVIII e. Du jeu du hasard et des vertus individuelles dans un espace resserré on passe à la rigueur des lois qui gouvernent un devenir mû par les pulsions des divers groupes sociaux. L’histoire des Gracques — ou plutôt ce que les historiens en ont fait — se plie aux diverses manières de questionner l’histoire, qui sont peut-être davantage que des modes. Mais curieusement, même aux yeux des historiens des révolutions Tibérius et Caius Gracchus n’apparaissent pas comme des révolutionnaires. Dans la perspective un peu abstraite parfois d’une histoire de la longue durée conçue selon les critères de la rationalité, leur action perd son originalité anecdotique et s’insère — se dissout — dans le vaste mouvement des luttes de la plèbe contre le patriciat ou dans la recherche d’un difficile équilibre des pouvoirs. Il faut attendre la Révolution française pour que, à travers une lecture émerveillée et naïve

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de Plutarque74, on redécouvre le caractère révolutionnaire des fils de Cornélie et que l’on soit à nouveau sensible à la grandeur de leur aventure individuelle. Et c’est seulement dans ces conditions que Gracchus Babeuf, puisant par ailleurs chez Mably l’idée erronée que les lois agraires des Gracques concernaient toutes les terres sans distinction75, peut voir dans les deux tribuns de la plèbe dont il s’est donné le nom les défenseurs exemplaires des principes qui animent les Égaux.

NOTES 1. Sur l’abbé de Saint-Réal (1643-1692), voir G. Dulong, L’Abbé de Saint-Réal. Élude sur les rapports de l’histoire et du roman au XVIIe siècle, 2 vol., Paris, 1921 ; et, plus récemment, A. Mansau, Saint-Réal et l’humanisme cosmopolite, Thèse, Lille-Paris, 976. La supercherie des Œuvres posthumes ne fut révélée qu’en 1731, dans une « Lettre de M. D*** à un de ses amis sur la nouvelle édition des Œuvres de M. l’abbé de St-Réal », publiée en tête du vol. 1 du Recueil de pièces d’histoire et de littérature de l’abbé F. Granet., La Conjuration des Gracques y est attribuée à un certain marquis de la B[astie], gentilhomme d’Avignon. 2. Si l’on néglige la Conjuration de Conchine, attribuée à P. Mathieu par Barbier (cf. A.-A Barbier, Dictionnaire des ouvrages anonymes, 3e éd., Paris, 1872, 1, col. 690) et qui est de 1618, on voit paraître successivement les Conjurations suivantes, concentrées dans la seconde moitié du siècle : J.-F. Sarrasin, La Conspiration de Valstein (inachevée), in Les œuvres de Monsieur Sarasin, Paris, 1656, pp. 89-136 (reprise ensuite dans un Recueil de diverses pièces curieuses pour servir à l’histoire, Cologne, 1666, pp. 243-296) ; Cardinal de Retz, La Conjuration du comte Jean-Louis de Fiesque, Paris, 1665 ; La Conjuration de la donna Hyppolite d’Arragon baronne d’Alby, sur la ville de Barcelone, en faveur du Roy Catholique en l’an 1645, 1646, 1647 et 1648, publiée sans indication d’auteur dans le Recueil de pièces curieuses... de 1666 ; [Abbé de Saint-Réal], La Conjuration des Espagnols contre la République de Venise, Paris, 1674 (sans nom d’auteur) ; [Abbé de Vertot], Histoire de la Conjuration de Portugal, Paris, 1689 (sans nom d’auteur) ; E. Le Noble, L’Histoire secrète des plus fameuses conspirations. De la conjuration des Pazzi contre les Médicis, Paris, 1698 ; ID., Epicaris ou l'histoire secrète de la conjuration de Pison contre Néron, suite des histoires secrètes..., Paris, 1698 ; Père J.A. du Cerceau, Conjuration de Nicolas Gabrini, dit de Rienzi, tyran de Rome en 1347, Paris, 1733 (mais la préface nous apprend que cette œuvre posthume était déjà presque terminée vers 1705). 3. Cf. par exemple Saint-Réal, De l’Usage de l’Histoire, Paris, 1671, p. 4, qui définit sans ambiguïté l’objectif essentiel de l’historien : « ... étudier l’Histoire, c’est étudier les Motifs, les Opinions, et les Passions des Hommes, pour en connoître tous les ressorts, les tours et les détours, enfin toutes les illusions qu’elles savent faire aux esprits, et les surprises qu’elles font aux cœurs ». 4. Saint-Réal, La Conjuration des Espagnols..., in Œuvres de l'abbé de Saint-Réal, nouvelle édition, La Haye, 1722, t. 4, p. 141. 5. On sait que Machiavel, dans le chap. VI de la 3e partie des Discours sur la première Décade de TiteLive (œuvre posthume, publiée en 1531), avait procédé à une véritable anatomie de la conjuration, s’attachant à en montrer, par une approche pour ainsi dire scientifique, les causes et les dangers, afin d’instruire à la fois les princes et les particuliers. La traduction française de ce texte fut souvent publiée à part au cours du XVI e et du

XVII e siècles,

sous le titre de Traité des

conspirations et du régicide et connut un grand succès. Sur ce texte de Machiavel, voir particulièrement C. Lefort, Machiavel. Le travail de l’œuvre, Paris, 1977.

167

6. E. Le Noble, De la Conjuration des Pazzi..., préface (sans pagination). 7. Dans la Conjuration de Nicolas Gabrini, dont les premières pages sont l'œuvre d’un continuateur, écrivant à un moment où le thème de la conjuration était passé de mode, on trouve une évocation rapide des ingrédients qui firent le succès de ce genre : « Elles paraissent toutes formées sur le même modèle. La hardiesse, l’ambition, le mécontentement les font entreprendre ; la fureur et l’intérêt les lient ; le secret et l’activité les conduisent : et les conjonctures jointes aux mesures, bien ou mal prises, les font ordinairement échouer ou réussir » (p. 2). Le choix d’un cadre précis et contraignant est peut-être la transposition dans le domaine historique des règles qui, à la même époque, régissent le théâtre classique et, plus généralement, semble traduire le goût de la littérature du XVII e siècle pour une vérité ramassée dans des limites aussi étroites que possible. 8. Le rôle du hasard est très souvent évoqué dans les Conjurations, où il intervient comme une force irrationnelle, véritable « ange du bizarre ». Cf. par exemple E. Le Noble, Epicaris..., in Œuvres, t. 12, Rouen, 1718, p. 104 : « Les choses étoient dans cet état, et le succès de l’entreprise indubitable si le Ciel n’en eût autrement disposé par un hasard inconcevable ». Le déroulement de l’histoire obéit ainsi à des causes fortuites, contingentes (le nez de Cléopâtre...). 9. C’est ainsi que dans la Conjuration des Gracques, Tibérius Gracchus semble mû essentiellement par une ambition démesurée, fond même de sa nature. 10. Voir par exemple l’analyse du Cardinal de Retz au début de la Conjuration de Fiesque. 11. « De toutes les Entreprises des Hommes, il n’en est point de si grandes que les Conjurations. Le Courage, la Prudence, et la Fidélité, qui sont également requises dans tous ceux qui y ont part, sont des Qualitéz rares de leur nature ; mais il est encor plus rare de les trouver toutes dans une même Personne ». C’est par ces paroles significatives que s’ouvre la Conjuration des Espagnols contre la République de Venise de Saint-Réal. Sur la lecture de Tacite et de Machiavel dans la France du XVII e siècle, voir par exemple E. Thuau, Raison d’État et pensée politique à l’époque de Richelieu, Paris, 1966, chap. 2, pp. 33-102. 12. L’un des maîtres de cette histoire secrète est Antoine Varillas (1624-1696), dont J.P. Niceron, Mémoires pour servir à l’histoire des hommes illustres dans la République des Lettres..., t. 5, Paris, 1728, p. 74, disait : « Il passoit pour un homme qui avoit découvert une infinité de secrets historiques, et pénétré quantité d’intrigues de cabinet ». On doit à Varillas, entre autres, Les Anecdotes de Florence, ou l’Histoire secrète de la maison de Médicis, La Haye, 1685. 13. L. Echard, Histoire romaine, depuis la fondation de Rome jusqu’à la translation de l’Empire par Constantin, t. 1, Paris, 1728, pp. 231 et 240. L’édition anglaise, qui comporte 5 vol., parut entre 1699 et 1705 à Londres. 14. Sur l’abbé de Vertot (1655-1735), voir entre autres son éloge funèbre dans l’Histoire de l’Académie royale des Inscriptions et Belles-Lettres, 12, 1740, pp. 325-335 ; A. de Barante, « Vertot », in Études historiques et biographiques, 2, Paris, 1857, pp. 262-271 ; G. Dulong, op. cit., 1, pp. 312-323. 15. Voir en particulier La République, livre 4, chap. 1-3. Cf. à ce sujet par exemple H. Weber, « Utilisation et critique de La Politique d’Aristote dans La République de Jean Bodin », in Classical Influences on European Culture. A.D. 1500-1700, ed. by R.R. Bolgar, Cambridge Univ. Press, 1976, pp. 305-313 ; D. MaroccoStuardi, La teoria delle forme di stato e di governo nella République di Jean Bodin », Il Pensiero Politico, 11, 1978, pp. 321-344. 16. Cf. par exemple Methodus, chap. 6 : Cum historiae magna sui parte in Rerum publicarum statu et conuersionibus explicandis positae sint, consequens est ad consummatam historiarum rationem initia, status, et exitus imperiorum breuiter explicare..., « Puisque la plus grande partie de l’histoire est consacrée à expliquer la constitution et les changements des républiques, il s’ensuit qu’il convient d’exposer brièvement les débuts, les conditions et la fin des empires pour en mieux pénétrer l’histoire » (texte et traduction in J. Bodin, Œuvres philosophiques, éd. P. Mesnard, Corpus général des philosophes français, Auteurs modernes, V, 3, Paris, 1951, pp. 167 et 349).

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17. Cf. Methodus, chap. 6. Bodin montre ainsi que les grands événements de l’histoire de Rome sont séparés par un nombre d’années qui est toujours un multiple de 9, de 7 ou de leur produit — en quoi se manifeste clairement la puissance divine. 18. Bossuet, Discours sur l’Histoire universelle, Paris, 1681, 3 e partie, chap. 7. 19. Voir par exemple à ce propos I. Kramnick, « Reflections on Révolution : Definition and Explanation in Recent Scholarship », History and Theory, 11, 1972, pp. 26-63. 20. Sur ce problème, cf. par exemple K. Griewank, Der neuzeitliche Revolutions begriff. Entstehung und Entwicklung, Weimar, 1955 (2e éd., Francfort s /Main, 1969), en particulier le chap. 6, « Die Einführung des politischen Revolutionsbcgriffes im 17. und frühen 18. Jahrhundert » (pp. 171-192) ; J.M. Goulemot, « Le mot révolution et la formation du concept de révolution politique (fin

XVIIe siècle) »,

Annales historiques de la Révolution française, 39, 1967, pp. 417-444 ; L.

Trénard, « Lumières et. Révolution. Présentation », Dix-huitième siècle, 6, 1974, pp. 3-23 ; J.M. Goulemot, Discours, histoire et révolutions (Représentations de l’histoire et discours sur les révolutions de l’Age Classique aux Lumières J, Paris, Coll. 10/18, 1975 ; K.H. Bender, Revolutionen. Die Enstehung des politischen Revolutionsbegriffes, Munich, 1977. 21. Cf. Machiavel, Discours sur la première Décade de Tite-Live, Livre 3, chup. 1. 22. C’est également avant la Révolution d’Angleterre que parut l’étude historique sur l’Empire romain germanique de J. Heiss von Kogenheim, Histoire de l’Empire, contenant son origine ; son progrès ; ses révolutions ; la forme de son Gouvernement ; sa politique ; ses alliances ; ses negotiations ; et les nouveaux reglemens qui ont esté faits par les Traitez de Westphalie, Paris, 1684, 2 vol. L’idée était donc dans l’air avant les événements d’Angleterre, mais ceux-ci donnèrent une impulsion nouvelle au thème. 23. Abbé de Vertot, Histoire des Révolutions de Portugal, in Œuvres choisies de l’abbé de Vertot, Paris, 1819, t. 5, p. 5. Ce n’est pas non plus un hasard si dans l’édition de 1718 des Œuvres de Le Noble, la préface de la Conjuration des Pazzi — qui contenait, on l’a vu, une réflexion sur l’art de la conspiration — a disparu. 24. Voir par exemple Duport du Tertre, Histoire des conjurations, conspirations et révolutions célèbres, tant anciennes que modernes, 10 vol., Paris, 1754-1760, dont l’introduction s’oppose très nettement aux vues de Saint-Réal sur la conjuration (cf. supra, note 11). A la sympathie évidente du

XVII e

siècle pour les conspirations succède une condamnation sans équivoque. Ainsi, dans son avertissement au public, l’auteur de l'Histoire de la Conjuration de Catilina, où l’on a inséré les Catilinaires de Cicéron, Paris, 1752, dénonce « la conduite monstrueuse de Catilina » (p. X). On notera que dans le Contrat Social Rousseau, sans employer le terme de conspiration, voit dans la « brigue », I’« association » — qui ont la même valeur — un détournement abusif de la volonté générale par des volontés particulières. C’est au peuple souverain seul qu'il appartient en définitive de changer légalement une forme de gouvernement corrompue. 25. Les premières pages de la Conjuration de Nicolas Gabrini du Père du Cerceau, dues, on l’a vu, à un continuateur, montrent comment le thème très limité de la conjuration est inséré dans la longue durée et prend place dans la perspective des révolutions : « ... Si à cela on ajoute que les diverses révolutions causées par les Conjurés ne se font que lentement et après quantité de menées souterraines dont l'effet ne se manifeste Sue tard ; qu’il faut de longues années pour sapper les fondemens de l’autorité légitime ; qu’enfin cette autorité ne s’écroule ou ne se raffermit que par l’opération secrète d'une infinité de causes presqu’imperceptibles, qui amènent les choses au point d’un renversement total ou d’un parfait rétablissement, on conviendra que toutes les entreprises de cette nature ont un rapport (...) semblable entr’elles » (p. 3). On voit clairement comment l’histoire est désormais pensée selon la longue durée. 26. Sur la valeur positive du fait révolutionnaire, voir l’analyse de l’Histoire des révolutions de Suède proposée par J.M. Goulemot, op. cit., pp. 201-204 : la révolution met en place un pouvoir monarchique fort et conduit ainsi à un perfectionnement des institutions politiques. De façon analogue, C. Middleton, History of the Life of Marcus Tullius Cicero in Two Volumes, Londres, 1741,

169

t. 1, p. XXXV, considère que la révolution opère un retour aux principes de la constitution primitive. 27. Cité d’après l’abbé Archimbaud, Nouveau recueil de pièces fugitives d'histoire, de littérature, etc., Paris, 1717,1, p. 121, qui ajoute : « Ce trait fut vif et hardi. En général ce discours fut très beau et très aplaudi ». Il n’est pas étonnant de voir à ce moment l’abbé de Vertot, dont les sympathies politiques étaient orléanistes, approuver sans grand mystère l’action du Régent. 28. Notons à ce propos que déjà la Réforme avait été perçue comme une révolution. Voir par exemple A. Varillas, Histoire des révolutions arrivées dans l'Europe en matière de religion, depuis l’année 1374 jusqu'en 1658, Paris, 1686, pamphlet violent contre le protestantisme. 29. Abbé de Vertot, Histoire des Révolutions de Suède. Où Ton voit les changements qui sont arrivez dans ce Royaume au sujet de la Religion et du Gouvernement, in Œuvres choisies, t. 4, p. 1. 30. Voir aussi l’avertissement de l’Histoire des révolutions d’Angleterre depuis le commencement de la monarchie jusqu’à présent du Père Joseph d’Orléans (1693) : « Dans l’Histoire (...) il faut un fond fécond en événements extraordinaires, agréables, instructifs » (cité par J.M. Goulemot, op. cit., p. 185). 31. Vertot, Histoire des Révolutions de la République romaine, 3 vol., Paris, (1719) An 4 [1796], 1, p. 205 : « Cette haine du peuple pour tout ce qui portoit le nom de patricien, ne venoit que de la jalousie du gouvernement. Mais (...) les républicains zélés n’étoient pas fâchés de cette opposition d’intérêts, qui, en balançant également le crédit des grands et l’autorité du peuple, ne servoit qu’à maintenir la liberté publique ». On retrouve là l’idée du développement dialectique de la société romaine si brillamment analysée par Machiavel dans les Discours sur la première Décade de Tite-Live. 32. Vertot, op. cit., 1, p. 309 ; cf. aussi 2, p. 3. 33. Ibid., 2, p. 188. 34. Ibid., 3, p. 148 : « C’est ainsi que ces hommes ambitieux se jouoient tour à tour des lois, et augmentoient tantôt l’autorité du sénat ; tantôt celle du peuple, selon qu’il convenoit à leurs intérêts ». 35. Vertot, op. cit., 1, p. 4. Peut-être est-ce vers cette forme de gouvernement que penchent les sympathies de l’abbé de Vertot. 36. Vertot, op. cit., 1, p. 49 sq. L’auteur fait tout son possible pour atténuer le caractère scandaleux de l’établissement de la république, mettant l’accent sur l’aspect à la fois d’usurpation et de tyrannie du règne de Tarquin le Superbe. 37. Vertot, op. cit., 1, p. 111. 38. Pour Coriolan : Vertot, op. cit., 2, p. 169 ; pour l’élection de tribuns militaires plébéiens : ibid., 2, p. 181. 39. Il faut noter que dans le Contrat Social, livre 4, chap. 5 (« Du tribunat ») » Rousseau voit dans le tribunat un tel régulateur, moyen terme entre le souverain et le gouvernement. Voir à ce sujet P. Andrivet, « Jean-Jacques Rousseau : quelques aperçus de son discours politique sur l’antiquité romaine », Studies on Voltaire and the Eighteenth Century, 151, 1976, pp. 131-148. 40. Vertot, op. cit., 2, p. 127. 41. Osera-t-on dire que l’abbé de Vertot est ici un précurseur de Marx ? En effet celui-ci rappelle, dans une lettre à Engels du 8 mars 1855, que l'histoire intérieure de la République romaine se réduit à la lutte de la petite propriété foncière contre la grande. Cette rencontre entre Marx et l’abbé de Vertot s’explique à coup sûr par une même lecture d’Appien, dont Engels disait : « De toutes les anciennes sources concernant les luttes au sein de la République romaine, Appien est le seul à nous dire clairement et nettement de quoi il s’agissait en réalité, à savoir de la propriété foncière » (F. Engels, Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande, trad., Éd. sociales, Classiques du marxisme, Paris, 1966, p. 76 sq.). C’est parce qu’il adopte provisoirement la vision d’un historien grec comme Appien (et Plutarque) que l’abbé de Vertot est sensible à l’opposition entre riches et pauvres, et non par l’effet d’une audace personnelle, comme le fait

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entendre J.M. Goulemot, op. cit., p. 207 sqq. Sur l’importance du conflit entre riches et pauvres dans l’historiographie grecque des mouvements révolutionnaires, voir par exemple A. Fuks, « Patterns and Types of Social Economic Révolution in Greece from the Fourth to the Second Century B.C. », Ancient Society, 5, 1974, pp. 51-81. 42. Elle est tirée des Aphorismes politiques de J. Harrington, traduits de l’Anglois, Paris, An 3 [1795]. La liberté des citoyens repose en dernière analyse sur la propriété. 43. Sur James Harrington (1611-1677) et sur l’arrière-plan politique, économique et culturel de son œuvre, voir essentiellement H.F. Russel Smith, Harrington and his Oceana. A Study of a 17th Century Utopia and its Influence in America, Cambridge, 1914 ; R. Polin, « Economique ot politique au XVIIe siècle :

L’« Oceana » de James Harrington », Revue française de science politique, 2, 1952,

pp. 24-41 ; C. Robbins, The Eighteenth-Century Commonwealthman. Studies in the Transmission, Development and Circumstance of English Liberal Thought from the Restoration of Charles II until the War with the Thirteen Colonies, Cambridge Mass., Harvard Univ. Press, 1961 ; J.G.A. Pocock, « Machiavelli, Harrington and English Political Ideologies in tho Eighteenth Century », The William and Mary Quarterly, 3e sor., 22, 1965, pp. 549-583 (désormais in J.G.A. Pocock, Politics. Language and Time. Essays on Political Thought and History, Londres, 1972, pp. 104-147) ; J.G.A. Pocock (ed.), The Political Works of James Harrington, Cambridgo Univ. Press, 1977 ; M. Baridon, Edward Gibbon et le mythe de Rome. Histoire et idéologie au Siècle des Lumières, Thèse, Paris, Champion, 1977. 11 faut noter qu’une traduction française d’Oceana parut en 1737 sous le titre Les Oceana. En 1795 furent publiés en français trois volumes d'Œuvres politiques de J. Harrington. 44. Dans A Discourse of the Contests and Dissentions Belween the Nobles and the Commons in Athens and Rome. With the Consequences they had upon both those States, pamphlet publié en 1701, Swift, partisan d’un pouvoir oligarchique, donne une analyse du devenir de Rome diamétralement opposée à celle de Harrington et retrace ia progression redoutable du pouvoir populaire, progression favorisée par les réformes des Gracques. 45. Cf. à ce propos H.F. Russel Smith, op. cit., chap. 9, pp. 201-215 (« Harrington’s Influence in France ») et S.B. Liljegren, A French Draft Constitution of 1792 Modelled on James Harrington’s Oceana... Edited with an Introduction on Harrington’s Influence in France, Acta Reg. Societatis Humaniorum Litterarum Lundensis, 17, Lund, 1932. Montesquieu possédait dans sa bibliothèque un exemplaire de The Commonwealth of Oceana, éd. de 1656 (cf. L. Desgraves, Catalogue de la bibliothèque de Montesquieu, Genève-Lille, 1954, no 2376, p. 169). 46. Voir W. Moyle, The Works, Londres, 1726, 1, pp. 1-148. En ce qui concerne Moyle et son œuvre, nous renvoyons à la réédition de l’Essay upon the Constitution of the Roman Government par G. Robbins, in Two English Republican Tracts, Cambridge Univ. Press, 1969. Le livre de Moyle sur la République romaine fut traduit en français par le conventionnel Barère et parut à Paris en l’an X, 1801, sous le titre d'Essai sur le gouvernement de Rome par Walter Moyle ; traduit de l'Anglais. Ouvrage utile aux Hommes d’État, et aux Philosophes. Dans son avertissement, Barère note que les Anglais furent les premiers à écrire des réflexions philosophiques sur la Rome antique et que Moyle fut l’inspirateur de Montesquieu. 47. W. Moyle, Essai sur le gouvernement de Rome, p. 53. 48. Tout en critiquant Polybe de n'avoir retenu que les causes morales des changements de régimes, Moyle explique cependant — à la suite de Machiavel — la décadence de la République romaine par des altérations d’ordre moral, qui rendirent les Romains incapables do revenir aux principes premiers du gouvernement populaire. 49. Vertot, op. cit., 2, p. 331. 50. Cf. Plutarque, C. Gracchus, 5, 4. 51. Cf. supra, note 32. 52. Vertot, op. cit., 2, p. 181. 53. Ibid., p. 292. 54. Ibid., p. 361.

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55. Peut-être, on l’a vu, l’abbé de Vertot a-t-il cependant une préférence pour la « monarchie mixte » de l’époque royale, monarchie dans laquelle les pouvoirs du roi, du Sénat et du peuple s’équilibraient harmonieusement. 56. Vertot, op. cit., 3, p. 358. 57. Abbé Lenglet du Fresnoy, Méthode pour étudier l’histoire, avec un catalogue des principaux historiens, et des remarques sur la bonté de leurs ouvrages, et sur le choix des meilleures éditions, nouvelle éd., Amsterdam, 1737, t. 3, p. 153 : « M. l’Abbé de Vertot, né sous un gouvernement monarchique, a fait sentir indirectement l’avantage de celui-ci au-dessus du gouvernement populaire que l’on a vû dans la République de la Grèce et de Rome sujet à tant de vicissitudes, qu’à la fin on a été contraint de revenir au gouvernement d’un seul ». 58. Manifeste des Plébéiens, in Le Tribun du Peuple, n o 35, 9 frimaire an 4, t. 2, pp. 88-92. Comparant la situation du peuple français à celle des plébéiens de la Rome républicaine, Gracchus Babeuf rapporte les discours des tribuns do la plèbe les plus résolus, discours qu’il emprunte directement à Vertot, mentionné nommément p. 88, à propos du projet de loi agraire de Spurius Cassius. 59. Cf. Histoire et Mémoires de l’Académie Royale des Inscriptions et Relies Lettres, 25, 1759, (Histoire) p. 2. Le prix rappelons-le, fut remporté par Louis de Beaufort (1703-1795), dont la dissertation constitue l’un des chapitres de son ouvrage sur les institutions do Rome, intitulé La République romaine, ou plan général de l'ancien gouvernement de Rome, et paru à Paris en 1767. Cf. infra, p. 132. 60. L’œuvre fut constamment rééditée au XVIII e siècle et connut encore un certain succès au XIX e siècle, puisqu’on ne compte pas moins do 12 rééditions entre 1812 et 1844. 61. S.-N.-H. Linguet, Histoire des Révolutions de l’Empire romain..., Paris, 1766, 1, p. LXIV. Dans cette même préface, Linguet nous apprend qu’il avait d’abord songé à écrire une Histoire du siècle d’Auguste, dans le goût du Siècle de Louis XIV de Voltaire. Mais la prudence l’avait incité à abandonner ce projet, pour suivre les traces de l’abbé de Vertot, « de même qu’un enfant se cache derrière son père » (ibid., p. IX sq.). Sur la pensée de S.-N.-H. Linguet (1736-1794), personnage remuant et outrancier qui finit guillotiné, voir par exemple D.G. Levy, « Simon Linguet’s sociological System : an exhortation to patience and invitation to revolution », Studies in Voltaire and the Eighteenth Century, 70, 1970, pp. 219-293 ; B. Burmeister, « Les paradoxes de Linguet », Dix-huitième siècle, 7, 1975, pp. 147-156 ; L. Guerci, Libertà degli antichi e libertà dei moderni, Sparta, Atene e i « philosophes » nella Francia del Settecento, Naples, Guida Editori, 1979, chap. 5, pp. 141-165. 62. Cf. du même Linguet la Théorie des loix civiles, ou principes fondamentaux de la société, 2 vol., Londres, 1767. 63. Cf. par exemple Abbé Seran de la Tour, Histoire du tribunat de Rome. Depuis sa création, l’an 261 de la fondation de Rome, jusqu’à la réunion de sa puissance à celle de l’empereur Auguste, l’an 730 de la fondation de Rome. Son influence sur la décadence et la corruption des mœurs, 2 vol., Amsterdam, 1774, qui reprend en les radicalisant et en les simplifiant les thèses de l’abbé de Vertot sur le tribunat, ferment d'anarchie dans la cité. Voir encore Abbé du Bignon, Considération sur l'origine et les révolutions du gouvernement des Romains, 2 vol., Paris, 1778. 64. Voir R. de Bury, Histoire de la vie de Jules César, suivie d'une dissertation sur la liberté, où Ton montre les avantages du Gouvernement Monarchique sur le Républiquain (sic), 2 vol., Paris, 1758, dont le titre est suffisamment explicite. 65. Montesquieu, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, chap. 8 ; De l’Esprit des Lois (cité E.L.), 5, 8. Pour une comparaison entre Montesquieu et Rousseau sur le problème du tribunat, cf. P. Catalano, Tribunato e resistenza, Turin, 1971 (Paravia, Historica Politica Philosophica, 4), chap. 5, pp. 59-62. 66. Montesquieu, E.L., 11, 18.

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67. Voir à ce propos E.L., 8, 2. Sur ce problème, cf. par exemple C. Larrère, « Les typologies des gouvernements chez Montesquieu », in Études sur le XVIII e siècle, éd. J. Ehrard, Clermond-Ferrand, 1979, pp. 87-103. 68. L. De Beaufort, La République romaine..., éd. en 6 vol., t. 6, pp. 263-390. 69. N. Hooke, The Roman History, from the Building of Rome to the Ruin of the Commonwealth, t. 1, 3 e éd., Londres, 1757 (1re éd., 1733), p. III et t. 3, Londres, 1764, pp. 3-6. 70. Le titre complet de cette étude est Reflections on the Rise and Fall of the Antient Republicks. Adapted to the Present State of Great Britain, Londres, 1759. Une nouvelle traduction française, qui voulait être plus fidèle que l’adaptation de Turpin, parut à Paris en 1793, sous le titre De la naissance et de la chute des anciennes Républiques. Traduit de l’Anglois par le citoyen Cantwel. 71. Dans un discours aux Communes de 1734, Walpole définit ainsi le gouvernement de l’Angleterre : « Ours is a mixed government, and the perfection of our Constitution consists in this, that the monarchical, aristocratic, and democratical forms of government are mixt and interwoven in ours, so as to give all the advantages of each, without subjecting us to the danger and inconveniences of either » (cité par I. Kramnick, Bolingbroke and His Circle. The Politics of Nostalgia in the Age of Walpole, Cambridge Mass., Harvard Univ. Press, 1968, p. 124). On reconnaît bien là un écho des considérations de Polybe sur la constitution romaine au livre 6 des Histoires. Sur l’arrière-plan idéologique de ces vues de Walpole, cf. les ouvrages mentionnés supra, note 43, ainsi que F. Venturi, Utopia and Reform in the Enlightenment, trad., Cambridge, 1971. 72. J. Toland, Adresse dédicatoire, in The Oceana and other Works of James Harrington, with an Account of his Life by John Toland, Londres, 1700, p. III (cité par M. Baridon, op. cit., p. 394). 73. C’est dans cette perspective que se déroula, à partir de 1719, la fameuse discussion sur le recrutement du Sénat romain, à laquelle participèrent en France l’abbé de Vertot et en Angleterre les érudits Middleton, Spelman, Hooke et Chapman et sur laquelle nous comptons revenir par ailleurs. En France, au moment de la convocation des États Généraux, P.Ph. Gudin de la Brenellerie, le secrétaire de Beaumarchais, se livra à une comparaison entre les systèmes romain, français et anglais dans un Essai sur l’histoire des Comices de Rome, des Etats-Généraux de la France, et du Parlement d’Angleterre, 3 vol., Philadelphie, 1789. 74. Cf. à ce sujet essentiellement H.T. Parker, The Cult of Antiquity and the French Revolutionaries. A Study in the Development of the Revolutionary Spirit, Chicago, 1937 ; sur Gracchus Babeuf, cf. maintenant M. Clauss, « Die Rezeptlon der Antike bei François-Noël (Camille-Gracchus) Babeuf », Gymnasium, 86, 1979, pp. 81-94. 75. Cf. Mably, Observations sur l’histoire des Romains (1751), in Œuvres complètes de l'abbé de Mably, 6 vol., Paris, 1818, t. 2, p. 221 : « C'est avec le téméraire projet d’arracher aux riches leur fortune, et de les réduire à ne posséder encore que 500 arpens de terre, que Tibérius brigua et obtint le tribunat ». Visiblement Mably n'a pas compris que les lois agraires ne concernaient que l’ager publicus : d’où le mythe des Gracques comme « partageux » et précurseurs des Égaux. A noter que cette erreur se trouve déjà chez Montesquieu, E.L., 27, 1.

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Vico, l’histoire romaine et les érudits français des lumières Mouza Raskolnikoff

NOTE DE L’ÉDITEUR Cet article a pour point de départ une conférence faite à l’Institut d’histoire ancienne de l’université de Trieste le 18 mai 1983. 1

On sait que le XIXe siècle a véhiculé la légende d'un Vico tout à la fois méconnu de son siècle et secrètement plagié par bon nombre des écrivains des Lumières. En particulier, on soupçonnait Montesquieu de s’être inspiré de la Scienza nuova dans l'Esprit des Lois et d’avoir voulu dissimuler sa dette à l’égard du philosophe napolitain1. Mais un tel mythe a été balayé par une série d'études spécifiques, qui ont montré de manière convaincante d’une part les rapports étroits de celui que Giuseppe Ferrari appelait « le penseur excentrique de Naples »2 avec la réalité intellectuelle de l’Europe de son temps 3 et d’autre part le retentissement très limité des idées vichiennes hors d’Italie pendant tout le Siècle des Lumières. En France, la Scienza nuova, à peu près ignorée au XVIIIe siècle, ne jouit d’une renommée véritable que pendant une courte période, entre 1825 et 1848, au moment où s’élabore une philosophie de l’histoire d’inspiration romantique4. Le nom de Vico devient alors familier au public français : Bouvard et Pécuchet, les petits-bourgeois immortalisés par Flaubert, ne vont pas manquer de le lire et de le critiquer lorsqu’ils se lancent dans l’étude de l’histoire – peu de temps, précisément, avant la Révolution de 18485.

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Vico est à peu près inconnu en France avant la fin du XVIIIe siècle : c’est vrai si l’on considère les « philosophes »6, mais il n’en va pas de même pour les érudits. Trois d’entre eux, historiens ou juristes, se réfèrent directement à la Scienza nuova et utilisent certaines des thèses développées par Vico à propos de l’Antiquité romaine. Mais pour cela il leur faut avoir lu cette œuvre directement, car les rares analyses parues dans des journaux de langue française demeurent trop imprécises pour que les spécialistes de la Rome antique puissent avoir quelque idée de l’originalité de Vico par rapport à deux questions susceptibles de les intéresser immédiatement : l’origine de la loi des XII Tables et le peu

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de certitude de l’histoire des premiers siècles de Rome. C’est ainsi que la Bibliothèque ancienne et moderne de Jean Le Clerc, qui consacre en 1722 un compte rendu rapide aux deux premiers volumes du Droit universel 7, relève brièvement une remarque du De constantia jurisprudentis liber alter sur les insuffisances et les hésitations de Tite-Live, mais ne souffle mot des deux chapitres qui traitent de la loi des XII Tables8. Un peu plus tard, le Journal de Trévoux annonce la parution de la Scienza nuova, puis tente de présenter à ses lecteurs le projet de Vico, en restant dans les généralités9. Pour sa part, la Bibliothèque italique reproduit une « Lettre sur le caractère des Italiens » où sont énumérées, dans une note explicative, certaines des œuvres du philosophe napolitain, sans aucune indication sur leur contenu10. 3

Tels furent, semble-t-il, les seuls échos que les écrits de Vico rencontrèrent dans les périodiques de langue française. C’est donc de première main que Pierre-Nicolas Bonamy, membre de l’Académie des Inscriptions, connaît les thèses de Vico sur les XII Tables, thèses qu’il entreprend de discuter dans une « Dissertation sur l’origine des Loix des XII Tables » présentée à ses confrères de l’Académie entre 1735 et 173711.

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Il faut rappeler que Vico était revenu à plusieurs reprises sur cette question, d’abord dans deux chapitres du De constantia 12, ensuite dans les trois versions successives de la Scienza nuova13, et enfin dans un texte achevé en 1731 mais publié seulement à la fin du XIXe siècle, le Ragionamento primo d’intorno alla legge delle XII Tavole venuta da fuori in Roma 14.

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Pour nier la réalité historique de l’ambassade envoyée en Grèce vers le milieu du Ve siècle av. J.-C. afin de recueillir les lois d’Athènes et des autres cités grecques 15, pour nier aussi, par la suite, l’intervention du philosophe Hermodore d’Ephèse qui, d’après certaines sources, avait aidé et conseillé les décemvirs dans leur travail législatif 16, Vico ne se fondait pas tant sur un examen critique des textes antiques qui lui eût éventuellement donné les moyens de déceler des contradictions, des incertitudes dans les diverses versions transmises par les historiens anciens17, et par là de remettre en cause l’authenticité de récits devenus canoniques. D’une manière plus ambitieuse, il procédait à une reconstruction toute intellectuelle du passé de Rome selon une logique providentialiste qui lui permettait de retrouver derrière les péripéties de l’aventure humaine la cohérence du projet divin.

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Dans l’optique d’une évolution indépendante, autonome et parallèle de chaque peuple, le penseur napolitain affirmait l’essence proprement latine de la première législation romaine, expression de la sagesse poétique d’un peuple encore barbare et plein de rudesse. Véritable épopée nationale, la loi des XII Tables représentait « un important témoignage de l’antique droit naturel des peuples du Latium »18 – et donc un document historique précieux. De même que l’Iliade et l'Odyssée, manifestations du génie collectif du peuple grec et non création individuelle, s’étaient enrichies d’apports multiples au fil des siècles19, de la même façon le noyau primitif de la loi des XII Tables – selon Vico une loi agraire accordant aux plébéiens la propriété quiritaire des terres20 –, qui constituait un « caractère poétique » au même titre que Romulus, Numa ou Servius Tullius21, avait cristallisé autour de lui, au cours du temps, un grand nombre de lois d’origines diverses 22 dont le Corpus, qui n'eut jamais valeur de code officiel, se trouva achevé seulement à l’époque de Sylla, au Ier siècle av. J.-C23.

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Ignorant bien entendu le Ragionamento de 1731, encore inédit, Bonamy mentionne la première Scienza nuova dès le début de sa « Dissertation sur l’origine des Loix des XII Tables » et rappelle le « sentiment » de Vico sur la députation à Athènes : une simple fable

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inventée par les patriciens pour distraire la plèbe pendant trois ans. C’est là, on le sait, le premier état de la pensée vichienne sur cette question ; par la suite, complétant et approfondissant sa réflexion, Vico devait voir dans le récit de l’ambassade en Grèce et de la dérivation solonienne des XII Tables la manifestation de la vanité mensongère – la fameuse boria – des érudits romains, désireux d’attribuer une origine prestigieuse à leur législation24. 8

Bonamy, qui apparemment ne connaît que la première édition de la Scienza nuova, semble pousser la critique d’une façon moins radicale que Vico25. En effet, sans récuser véritablement la réalité historique de l’ambassade, il s’attache à démontrer l’inutilité d’une pareille démarche, dans la mesure où les Romains disposaient, dès l’époque royale, d’un corps de lois écrites26 et de coutumes non écrites – en fait des lois peu à peu tombées en désuétude-, lois et coutumes qui loin d’être abolies avec la chute de la royauté, constituèrent le fond même de la législation décemvirale27. Un examen méthodique des fragments de la loi des XII Tables conservés par la tradition – et Bonamy utilise ici le recueil composé par le célèbre juriste Jacques Godefroy28 – révèle que la plupart des prescriptions, et notamment celles concernant la puissance paternelle, le châtiment réservé aux parricides, les successions et les tutelles, les rapports entre patrons et clients, se réfèrent aux antiques mœurs romaines et ne trouvent pas d’équivalents en Grèce. Quant aux quelques lois qui paraissent d’inspiration authentiquement grecque, ou bien il s’agit de lois communes à toutes les nations policées, ou bien, pour leur plus grande partie, elles étaient en usage à Rome bien avant l’époque des décemvirs : car, précise Bonamy, il ne faut pas oublier que d’après Denys d’Halicarnasse, les Romains avaient pour lointains ancêtres des Grecs et étaient donc à l’origine une nation civilisée. Progressivement altérée par les apports culturels ultérieurs, la constitution primitive de Rome fut en quelque sorte réactivée par la législation décemvirale. Ainsi, par exemple, la loi Quod postremum populus iussit, id ius ratum esto 29 suppose que le peuple, patriciens et plébéiens confondus, détenait non seulement le « droit de législation », mais également le « pouvoir souverain en ce qui concerne le gouvernement » ; cette loi reflète donc le système de gouvernement établi par Romulus, qui avait accordé au peuple le droit d’élire les magistrats, de faire les lois et de déclarer la guerre, réservant aux seuls patriciens l’accès aux magistratures30.

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Même s’il retient l’idée vichienne selon laquelle l’ambassade en Grèce ne fut qu’un artifice des patriciens – artifice destiné, selon lui, à rehausser le prestige de lois indigènes en leur attribuant une origine hellénique–, Bonamy s’écarte singulièrement de Vico dans le cours de sa dissertations. Partant d’une intuition ponctuelle de la Scienza nuova, l'académicien français l’isole de son contexte métaphysique et en néglige les implications évolutives qui font de la loi des XII Tables une création collective du peuple romain. Son analyse se borne à une exégèse minutieuse du texte législatif, dans lequel il voit, conformément à la tradition, un corps de lois – et de coutumes – codifié par les décemvirs. Cependant Bonamy retient par ailleurs, dans le détail de son exposé, deux autres hypothèses de Vico, mais sans mentionner sa source : il relève en passant l’importance des auspices pour les patriciens31 et semble admettre, à la lumière d’une phrase d’Aulu-Gelle, que les XII Tables « n’auroient été que les lois des premiers habitants du Latium »32. Mais saurait-on lui tenir rigueur de n’avoir pas saisi d’emblée dans toute sa richesse, sa densité et sa complexité une œuvre touffue, souvent obscure, dont les thèmes, comme atomisés, semblent former eux aussi autant de corsi et de ricorsi ? Et d’autre part, la langue de Vico ne constituait-elle

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pas un obstacle supplémentaire pour un étranger, même si celui-ci se piquait de savoir l’italien33 ? 10

Il n’en demeure pas moins vrai que la « Dissertation sur l’origine des Loix des XII Tables » apparaît comme une œuvre à part dans la production de l’Académie des Inscriptions et, plus généralement, dans l’historiographie française du Siècle des Lumières. En effet, son auteur est alors l’une des très rares personnes en France qui ait lu la Scienza nuova, et la première, semble-t-il, qui ait cité et utilisé certaines des intuitions du philosophe napolitain. Cependant, pour nouvelle qu’elle fût, la démonstration de Bonamy ne trouva guère d’échos dans le sein de l’Académie des Inscriptions. En tout cas, la lecture des trois mémoires ne provoqua nul débat, ne suscita nulle objection, ainsi que l’atteste le très officiel Registre des Assemblées et Délibérations de l’Académie Royale des Inscriptions et BellesLettres, toujours prompt pourtant à noter les réactions de tel ou tel membre de l’illustre compagnie devant des thèses particulièrement originales ou audacieuses34. De cette manière, l’érudition française restait étrangère à la polémique acharnée qui, au même moment, se déroulait en Italie à propos de l’origine de la loi des XII Tables. Sur ce point, la nouveauté des théories vichiennes s’était immédiatement imposée aux historiens et aux juristes italiens, qui ne manquèrent pas d’y réagir avec vivacité. Si certains, comme Bernardo Tanucci ou Francesco Maria Ganassoni, acceptèrent l’hypothèse de Vico, d’autres, plus nombreux, prirent la défense de la tradition antique. Don Guido Grandi, Bartolo Luccaberti, Damiano Romano, Giovanni Lami réaffirmèrent avec force la dérivation grecque voire solonienne des lois décemvirales35.

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Bonamy fait donc figure d’isolé. Un exemple permettra encore de mieux apprécier son originalité en tant que lecteur de Vico. En 1743, un autre membre de l’Académie des Inscriptions, l’abbé Jean Vatry, présenta à ses collègues un « Mémoire sur l’origine de la famille Julia ; dans lequel on traite la question, si Énée est jamais venu en Italie », où il démontrait le peu de fondement de la tradition relative à la venue d’Énée dans le Latium36 . Or il ne mentionnait nulle part la Scienza nuova, dont un chapitre était consacré à la genèse du mythe du séjour d’Énée en Italie37, mythe qui, selon Vico, ne prit naissance qu’au IIIe siècle av. J.-C., au moment de la guerre contre Pyrrhus, lorsque « les Romains commencèrent à prendre plaisir aux choses de la Grèce »38. En Italie, à peu près dans le même temps où écrivait Vatry, Damiano Romano s’opposait une nouvelle fois à Vico et prenait sur ce point la défense de la tradition canonique39.

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On peut alors se demander comment Bonamy, qui n’était jamais allé en Italie, avait eu connaissance de l’œuvre maîtresse de Vico. Celle-ci, nous l’avons vérifié, ne figurait pas au catalogue des deux bibliothèques dont l’académicien eut à s’occuper, la bibliothèque de l’abbaye de Saint-Victor d’une part, et d’autre part celle de son protecteur, le Peletier des Forts40. Il faudrait donc songer plutôt à un intermédiaire italien, peut-être Scipione Maffei, qui séjourna en France en 1734 et fut reçu la même année à l’Académie des Inscriptions en qualité de membre honoraire étranger41. Les Registres des Assemblées témoignent qu’il fréquenta avec une certaine assiduité les séances de cette Académie.

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Si la dissertation de Bonamy fut peu remarquée des milieux académiques, en revanche elle retint l’attention d’un juriste réputé, Antoine Terrasson, avocat au Parlement de Paris 42 . Dans son Histoire de la jurisprudence romaine, à laquelle il avait travaillé depuis sa jeunesse et qui parut en 1750, il consacrait quelques pages è la question de l’ambassade en Grèce. Après avoir rappelé brièvement la thèse « d’un jurisconsulte Napolitain, nommé Jean-Baptiste Vico », Terrasson entreprenait de réfuter point par point l’argumentation de Bonamy43. Acceptant la tradition rapportée par Tite-Live et Denys d’Halicarnasse, il

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considérait que l’envoi d’une députation en Grèce fut une nécessité historique, étant donné que les Romains n’avaient pas à leur disposition « de quoi faire un corps de lois » 44. Ni Romulus ni ses successeurs n’avaient emprunté aux Grecs quelque loi que ce fût, et les récits qui mentionnent l’origine grecque des Romains ne sont que des fables, rapportées d’ailleurs par des historiens grecs. D’où la faiblesse de la construction de Bonamy, qui repose tout entière sur ce fondement contestable. Il faut donc admettre, conclut Terrasson, que la plus grande partie des lois des XII Tables furent imitées de la législation solonienne, qui se combina aux anciennes coutumes romaines. 14

À lire seulement le passage de l’Histoire de la jurisprudence romaine où est mentionné le nom de Vico, on pourrait supposer avec une certaine vraisemblance que Terrasson ne connaissait la Scienza nuova qu’à travers la dissertation de Bonamy 45. Mais il n’en est rien. En premier lieu, nous savons qu’il était en mesure de consulter directement l’œuvre de Vico ; en effet, il avoue dans sa préface qu’il s’est servi de la bibliothèque de Camille Falconet, qui lui avait prêté des livres et l’avait aidé de ses conseils46. Or Camille Falconet, médecin consultant du roi, membre de l’Académie des Inscriptions, « attentif aux Ouvrages qui paroissoient, soit en France, soit dans les Pays étrangers »47, possédait la Scienza nuova dans l’édition de 1730, ainsi que le révèle le catalogue de sa bibliothèque, une bibliotèque qui comportait quelque 50.000 volumes48. Mais surtout – et c’est là un argument décisif, semble-t-il – si l’on parcourt la préface de l’ouvrage de Terrasson, on découvre les grandes lignes d’une méthodologie pénétrée d’influences vichiennes. À la suite de Vico, le juriste français associe étroitement philosophie, histoire et droit, « le Droit [...] prenant sa source dans la Philosophie et dans l’Histoire »49. Il ne s’agit pas seulement d’introduire ces deux dernières disciplines dans les études juridiques selon un schéma méthodologique déjà préconisé par Gravina, qui exigeait du professeur de droit, on le sait, avec la connaissance de la langue latine, le recours à la ratiocinandi ars et à la notitia temporum50. Terrasson va plus loin, en affirmant l’existence de liaisons nécessaires, d’une interdépendance étroite entre droit, philosophie et histoire. S’il est vrai que « les Loix, leur sens, leur extension ou leur restriction, ont également leur principe dans la Philosophie et que les jurisconsultes se sont toujours fait un honneur d’être Philosophes » 51, les coutumes représentent non pas, selon la définition de Bonamy, des lois écrites tombées progressivement dans l’oubli, mais « des usages arbitraires qui ont été introduits, tantôt par une Populace indépendante, et tantôt par des Seigneurs plus absolus mais aussi grossiers qu'elle »52. Il appartient ainsi à l’histoire et d’appréhender les principes qui ont présidé à l’élaboration des lois et de démêler l’origine et le sens des coutumes, ces créations spontanées et arbitraires – en un mot, de mettre en lumière le développement interne du droit, dans une perspective génétique en partie empruntée à Vico53 et que les historiens du droit français allaient redécouvrir dans la première moitié du XIXe siècle. Une étude récente a retracé les débuts en France d’une histoire philosophique du droit – parallèle, il faut le souligner, à la naissance d’une philosophie de l’histoire elle aussi d’inspiration vichienne et à laquelle Victor Cousin donna en 1818 ses lettres de noblesse54–, histoire philosophique du droit qui, avec Pellegrino Rossi, Granier de Cassagnac, Klimrath, Laferrière et Laboulaye, se situait dans le droit fil des analyses vichiennes55, tout en se recommandant aussi, d’ailleurs, de l’école historique allemande et de son représentant le plus illustre, Savigny56. Antoine Terrasson peut ainsi apparaître comme le précurseur de ces juristes français, lui qui esquissait dès 1750 les grandes lignes d’une historiographie philosophique du droit.

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Quoi qu’il en soit, c’est à l’abbé Louis-Clair Le Beau Du Bignon que revient le mérite d’avoir été le premier disciple authentique de Vico en France et d’avoir tenté de développer d’une manière systématique certaines des intuitions de la Scienza nuova concernant l’histoire de Rome. La vie aventureuse de l’abbé Du Bignon a été partiellement reconstituée par F. Venturi grâce à un dossier de police provenant des archives de la Bastille et conservé à la Bibliothèque de l’Arsenal57. Ce fils d’un receveur des dîmes se familiarisa avec la pensée de Vico à l’occasion d’un voyage en Italie, vers 1765, voyage qui lui permit aussi de rencontrer à Rome Emanuele Duni, professeur de jurisprudence à la Sapienza, lequel venait de publier les deux volumes d’un ouvrage inspiré par les idées de Vico, Origine, e progressi del cittadino e del governo civile di Roma58. À son retour en France, Du Bignon fit paraître une Histoire critique du gouvernement romain, Où, d’après les Faits historiques, on développe sa nature et ses révolutions depuis son origine jusqu’aux Empereurs et aux Papes. Par la suite, il profita de sa retraite forcée à Vitré pour préparer une édition plus compète de son livre, donnée au public en 1778 sous le titre de Considérations sur l’origine et les révolutions du gouvernement des Romains. Enfin, en juillet 1789, il utilisa certaines de ses réflexions antérieures sur l’origine de l’aristocratie romaine pour nourrir l’argument d’un opuscule au titre directement emprunté à Sieyès – à qui d’ailleurs il est dédié-, Qu’est-ce que la noblesse ? Après cette date, on perd la trace de l’abbé Du Bignon...

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L’œuvre littéraire de ce personnage, échelonnée entre 1765 et 1789, se caractérise par une profonde unité, expression d’une recherche inlassablement poursuivie sur la nature et les révolutions du gouvernement de Rome – un thème en vogue dans l’historiographie française depuis la fameuse Histoire des révolutions arrivées dans le gouvernement de la République romaine de l’abbé de Vertot (1719), mais qui, chez Du Bignon, s’enrichit d’une problématique originale puisée dans la Scienza nuova. C’est à travers les Considérations, son œuvre maîtresse, que l’on peut tenter d’apprécier le plus exactement et la dette de Du Bignon à l’égard de Vico et sa position singulière sur bien des points.

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Trop souvent on n’a voulu voir en lui qu’un pâle imitateur du philosophe napolitain. Dès la parution de l'Histoire critique du gouvernement romain, Emanuele Duni, sur la foi d’un certain nombre de convergences avec ses propres thèses, accusa publiquement le Français de plagiat, dans une lettre aux auteurs de la Gazette littéraire de l’Europe, revue qui avait donné dans un numéro précédent une analyse élogieuse de l'Origine, e progressi 59. Du Bignon eut beau protester aussitôt dans la même Gazette, reprochant à son tour à Duni d’avoir pillé sans le dire les travaux de Vico60, il n’empêcha pas la calomnie de se répandre dans le monde savant, comme l’atteste par exemple une lettre de Grimm rapportée par F. Venturi61.

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Plutôt que d’un démarquage systématique, cependant, il vaudrait mieux parler d’une discussion critique poursuivie par Du Bignon aussi bien avec Vico qu’avec Duni 62. Dans plusieurs cas, il est vrai, il se contente de reprendre les idées de ses devanciers, sans toujours les nommer. Il doit ainsi à Vico – et non à Louis de Beaufort, qu’il ne cite jamais 63 – ses considérations sur l’incertitude et l’obscurité des premiers siècles de Rome : pour le philosophe napolitain, on le sait, l’histoire romaine ne commence véritablement qu’avec la deuxième guerre punique64. Et parmi les causes de l’incertitude de cette histoire, Du Bignon relève, en s’inspirant de Vico et surtout de Duni – dont l’intention très consciente avait été d’exploiter méthodiquement les filons découverts par Vico65-, les mécanismes linguistiques qui ont pu induire en erreur les historiens de l’Antiquité eux-mêmes, les amenant à interpréter de façon incorrecte des textes transmis par la tradition. L’évolution de la langue, ou plutôt ses révolutions, ont créé une série de décalages

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sémantiques entre les mots et les réalités diverses qu’ils sont susceptibles de recouvrir à des époques successives. Ainsi de « peuple » : pendant la période royale et aux premiers temps de la République, le terme désignait seulement les patriciens ; par la suite il s’étendit à « toutes les personnes libres, inscrites sur le rôle des Censeurs » 66. Cette progressive extension du champ sémantique d’un mot clé du vocabulaire latin a provoqué chez certains auteurs anciens des appréciations historiques anachroniques. À propos des prérogatives du « peuple » dans la constitution primitive de Rome, notamment, ils ont été amenés à supposer que les plébéiens y avaient leur part, et qu’ils étaient de cette manière associés à la puissance souveraine, ce qui est une erreur. C’est pourquoi, conclut Du Bignon, retrouvant une fois encore une préoccupation majeure de Vico, si l’on veut saisir la réalité unique des civilisations du passé, il convient de procéder à des analyses étymologiques. 19

Du Bignon sait gré au philosophe napolitain d’avoir été attentif aux contradictions qui entachent le récit des historiens anciens, mais il lui reproche son « esprit de système » qui l’a entraîné à trop s’écarter de la suite des faits transmis par la tradition. S'interdisant pour sa part toute reconstruction aprioristique et arbitraire de l’histoire des premiers siècles de Rome, il affirme la prédominance des données historiques sur la réflexion spéculative : « Il faut respecter la suite des faits, note-t-il, et y assujettir ses idées particulières »67. Mais ces faits n’acquièrent de valeur que s’ils s’intégrent dans ce que Du Bignon appelle un « continu historique », c’est-à-dire un enchaînement logique qui fait de chaque événement un maillon solidement raccordé à ce qui précède. Une telle vision détermine à la fois l’objet de l’histoire et la méthode de l’historien. Pour Du Bignon en effet, il ne s’agit pas d’écrire une histoire des faits, toujours marquée par l’obscurité, l’incertitude, la confusion, mais de relier les faits entre eux pour tenter de retracer l’évolution sociale et politique d’une société à travers les siècles : « Tout ce qui peut attacher dans l’histoire, écrit-il, c’est le développement des mœurs, la marche de l’homme en société, les vicissitudes qu’à l’exemple du corps humain, éprouvent les corps politiques. Les guerres n’intéressent qu’autant qu’elles sont les ressorts qui en accélèrent ou en retardent les différens âges, et qui en amènent enfin la dissolution » 68. À l’« histoire-bataille », il substitue donc une histoire génétique d’inspiration vichienne certes, mais qui met l’accent sur les formes politiques, dans le droit fil de la pensée de Montesquieu – un auteur souvent cité par Du Bignon.

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Les principes méthodologiques découlent également de la notion de « continu historique ». La démarche de Du Bignon diffère radicalement de celle de Vico, qui est avant tout analytique et progressive69 ; la sienne consiste en effet à partir du connu pour atteindre l’inconnu, par une induction qui, s’appuyant sur des données incontestables, remonte de proche en proche jusqu’aux temps les plus reculés et utilise toutes les indications possibles, qu’elles soient géographiques, économiques, politiques ou morales 70 . Alors que Vico posait qu’il fallait « partir des origines des sociétés, les suivre dans leurs progrès, leur période de stabilisation, leur décadence et leur fin »71. Du Bignon recommande « de mettre de côté tout systême concernant la constitution primitive de la république, de quelque part qu’il vienne, et d’interroger la suite des événemens »72. C’est en méditant sur les circonstances particulières de la République romaine au IVe siècle de son existence que l’on parviendra à entrevoir le cheminement de la constitution de Rome depuis l’époque royale, cheminement déterminé à la fois par les accidents de l’histoire propre au peuple romain et par les lois constantes qui président à l'évolution des sociétés. Il existe en effet – et là Du Bignon rejoint Vico – un schéma théorique général de la

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naissance et de la progression des divers régimes politiques, qui vont se compliquant, se diversifiant, se pétrifiant73. Mais ce schéma théorique est de l’ordre de la raison, et ne doit rien à la Providence, cette Providence dont Vico faisait, on le sait, le moteur de toute l’aventure humaine. S’il est vrai que « l’esquisse des révolutions politiques de Rome nous présente la perspective de presque toutes les républiques », et que les transformations de la constitution primitive des Romains retracent « « l’enchaînement presque nécessaire des différentes révolutions qui distinguent les âges »74, la « sage distribution des pouvoirs » qui caractérise la République romaine au temps de sa splendeur et dont Polybe a célébré l’excellence au livre VI de ses Histoires, est l’effet du hasard, et résulte d’un « accord passager entre les différens ordres »75. La Scienza nuova au contraire, construite en vue d’une « démonstration, pour ainsi dire, historique de la Providence », avait pour souci de mettre en lumière, derrière le jeu apparent du hasard et des motivations humaines, « les lois par lesquelles cette Providence a régi la grande cité du genre humain »76. 21

En s’attachant à suivre, après Vico, la succession des formes politiques à Rome, selon une typologie héritée de l’Antiquité, Du Bignon s’écarte encore de son modèle italien. On sait que celui-ci – imité sur ce point par Duni – considérait que Rome, comme toutes les sociétés primitives, avait d’abord été une aristocratie « rigoureuse », dominée par le Sénat, le « roi » n’étant pas un monarque, mais un simple chef aristocratique77, et s’était ensuite transformée en une démocratie, puis en une monarchie78. Du Bignon, pour sa part, affirme sans ambages, toujours dans la perspective d’une histoire régie par des lois nécessaires, que « les différentes circonstances de la fondation de Rome exigent [c’est nous qui soulignons] un gouvernement monarchi-aristocratique, sans mélange de démocratie » 79. C’est le régime politique qui convenait à la Rome romuléenne, car ce type de gouvernement est « celui de tous les pirates, de tous les aventuriers, de tous les brigands rassemblés en troupes nombreuses »80. Avec Servius Tullius, poursuit Du Bignon, et surtout avec Tarquin le Superbe, souverain ô combien calomnié par les historiens81, le gouvernement de Rome se fixa en une monarchie absolue, régime idéal qui concentrait entre les mains d’une seule personne les trois pouvoirs et qui, de cette manière, libérait la plèbe de la domination des patriciens. Mais cette bienheureuse harmonie fut trop vite rompue au profit de l’aristocratie et la plèbe, cette « bête de somme de la République » 82, retomba dans une servitude dont elle ne parvint à s’arracher qu’au prix d’âpres luttes. Le régime aristocratique évolua alors lentement vers la démocratie, conservant encore la forme aristocratique sous la dictature de Publilius Philo, au IVe siècle av. J.-C. : la souveraineté, loin d’être étendue à la plèbe, passa simplement des patriciens aux riches 83. Peu à peu cependant, à partir des Gracques, la démocratie glissa vers la tyrannie populaire ; ni Sylla, ni César, ni même Auguste et ses successeurs ne parvinrent à redresser la situation et à instaurer une constitution qui fut en accord avec les particularités nouvelles de l’Empire romain.

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À la différence de Vico, pour qui le devenir de l’humanité avait une orientation somme toute progressive, malgré la possibilité de retours à la barbarie84, Du Bignon conçoit l’histoire de Rome comme une lente décadence à partir d’un état de nature dans lequel les hommes, au contraire des « bestioni » vichiens, vivaient dans une simplicité innocente et bienheureuse, libres et égaux entre eux, inventant peu à peu la civilisation. Plutôt qu’à Vico, c’est à Locke et à Rousseau que Du Bignon semble avoir emprunté cette vision des premiers temps du monde, chez lui résolument historiciste. L’humanité se développe

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ainsi de façon linéaire, sans qu’intervienne la rupture d’un déluge universel ou que se fasse sentir le dessein d’une volonté providentielle85. 23

Derrière la succession des formes de gouvernement, qui constitue le fil directeur de ces Considérations et dont le schéma remonte en définitive à la pensée politique grecque, Du Bignon perçoit l'intervention de facteurs économiques et de motivations socioculturelles. Substituant à la Providence une nécessité d’ordre économique, il déclare que l’histoire des gouvernements primitifs est étroitement liée au développement de la propriété foncière. Dans cette optique, il montre comment l’invention des arts, l’essor de l’agriculture et l’introduction des échanges entraînèrent l’inégalité des conditions et donnèrent naissance à une classe de propriétaires ne cultivant pas eux-mêmes leurs terres, embryon d’une aristocratie de type sénatorial86.

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Mais lorsque Du Bignon passe ensuite à l’histoire de Rome proprement dite, les considérations économiques cèdent la place à une réflexion centrée davantage sur les composantes socio-culturelles. S’il ne retient pas les hypothèses de Vico sur les premières lois agraires87, il s’inspire en revanche très largement de son modèle pour estimer que l’enjeu fondamental des luttes entre patriciens et plébéiens était le droit des auspices, d’abord réservé exclusivement aux patriciens – à l’origine une caste de prêtres-rois-, puis peu à peu conquis par les plébéiens. « Source de tout caractère civil », « fondement du mariage solennel », les auspices représentaient « le principe d’où émanaient les droits de cité »88 : en n’y participant point, la plèbe était par là même exclue du corps civique, et vivait en étrangère à Rome89. Du Bignon, incontestablement, a tiré profit de l’ana lyse vichienne. Toutefois, sur bien des points il se sépare de ses inspirateurs italiens, et particulièrement de Duni, lequel, développant quelques brèves indications éparses dans la Scienza nuova90, avait consacré à la conquête des auspices par la plèbe la plus grande partie du premier volume de son étude sur la citoyenneté romaine. Le professeur de la Sapienza démontrait ainsi, à la suite de Vico, qu’en obtenant par la lex Canuleia de 445 av. J.-C. la faculté de contracter des noces solennelles – le ius connubii patrum91 – les plébéiens avaient désormais part aux auspices privés et bénéficiaient du même coup des droits privés, première étape vers la citoyenneté. L’acquisition progressive des droits publics suivit celle des droits privés, en un cheminement qui, passant par l’accession à la questure, au consulat et au pontificat, aboutit au droit de suffrage dans les affaires publiques, accordé par la première lex Publilia Philonis de 339, que vint ensuite confirmer la lex Hortensia de 28792. Ces deux lois, qui accordaient aux plébiscites valeur de lois, marquent pour Duni le passage visible de l’aristocratie à la « démocratie parfaite »93.

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Plus critique à l’égard de Vico et de son disciple, et en même temps moins juriste qu’eux, Du Bignon simplifie le processus législatif qui transforme en citoyens la masse plébéienne. Il supprime en effet la distinction entre auspices (et droits) privés et auspices (et droits) publics, évacuant ainsi le problème tant controversé par la suite des lois sur les plébiscites94. Il considère quant à lui que la lex Canuleia – qu’il interprète dans son sens traditionnel95 – n’ouvrit pas aux plébéiens l’accès aux auspices ; c’est seulement lorsqu’il leur fut possible, par les leges Liciniae-Sextiae de 367 av. J.-C., de s’élever au consulat, qu’ils obtinrent enfin communication des auspices, source de tous les droits civiques 96. Et selon lui, les lois de Publilius Philo ne correspondent pas à l’établissement d’une démocratie authentique puisque, on l’a vu, les riches remplacent les patriciens en tant que gouvernants d’une république aristocratique.

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Le problème de l’origine des XII Tables fournit à Du Bignon une nouvelle occasion de se démarquer de Vico et de Duni. Sur cette question le professeur de la Sapienza, qui connaît

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les travaux de Bonamy et de Terrasson, suit de près et le Vico de la première Scienza nuova et Bonamy : les lois des XII Tables ont une origine romaine ; les patriciens, qui gardèrent longtemps secrètes les lois nationales de Rome97, les publièrent sous les pressions de la plèbe et inventèrent l’ambassade en Grèce pour les faire accepter plus facilement 98. Mais laissant de côté l’aspect le plus original de la pensée vichienne, qui, on l’a vu, assimilait la genèse des XII Tables à celle de l’œuvre homérique, Duni réduit cette législation à un corps de lois mis en place par les décemvirs et fonctionnant comme un code 99. Si Du Bignon le rejoint sur ce dernier point, en revanche il n’écarte pas la possibilité historique de la députation en Grèce, et renvoie dos à dos partisans et adversaires du récit traditionnel : en définitive, peu importe qu’une légation ait été envoyée en Grèce ou non, puisque les décemvirs étaient libres de ne pas calquer leurs lois sur celles des Grecs et que, d’autre part, en vertu de l’universalité du droit, les lois des divers peuples se rencontrent sur les points essentiels100. 27

On pourrait multiplier les exemples où, sur des aspects très techniques, les analyses de Du Bignon se séparent de celles de Vico et de son disciple101. D’une manière plus générale, on peut observer que l’Italien Duni est plus dépendant à l’égard des thèses vichiennes, tandis que Du Bignon, assurément « l’homme du XVIIIe siècle français qui connaissait le mieux Vico »102, est aussi ancré dans une tradition historiographique plus spécifiquement française. Prenons par exemple la définition du régime démocratique chez l’un et l’autre auteurs. Là où Duni se pose la question en termes de droit, et considère qu’il y a démocratie dès lors que tous les citoyens ont accès et participent également aux droits civiques, publics et privés103. Du Bignon, qui a lu et médité Montesquieu tout autant que Vico, conçoit la démocratie comme le régime où le peuple détient la puissance législative 104 .

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Il en va de même pour le thème de la liberté qui, chez Du Bignon, représente le lieu de l’équilibre entre gouvernants et gouvernés. Et c’est dans le sillage de Rousseau, semble-til, qu’il convient de placer le chapitre des Considérations – absent de l'Histoire critique de 1765 – qui traite de la liberté politique et de la liberté civile105. La liberté politique, « droit de participer aux actes de souveraineté, c’est-à-dire de siéger parmi les gouvernans », est incompatible avec la liberté civile, qui consiste « à n’obéir qu’aux loix, autrement dit à ne dépendre que des volontés générales du Souverain »106. Dans les grandes nations, les citoyens jouissent de la liberté civile, mais « doivent renoncer à la liberté politique, ou, ce qui revient au même, à toute participation à la souveraineté » 107. Ce qui signifie, en termes institutionnels, que les pays de vastes dimensions sont contraints de substituer à la démocratie directe un système représentatif. On retrouve là l’un des motifs majeurs de la pensée politique française des Lumières et en même temps l’ébauche de la fameuse opposition entre liberté des anciens et liberté des modernes à laquelle Benjamin Constant, critiquant Rousseau (et Mably), allait donner un retentissement particulier dans sa conférence de 1819 à l’Athénée royal de Paris 108.

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Les désaccords entre les Considérations de Du Bignon et l’Origine, e progressi del cittadino de Duni reposent en dernière analyse sur une appréciation diverse de la notion de « citoyenneté », qui peut recouvrir deux réalités nettement distinctes dès lors qu’il existe à la fois des citoyens passifs et des citoyens actifs. Pour Duni, une fois encore sectateur de Vico, la citoyenneté, qui réside dans la jouissance de tous les droits, publics et privés, sacrés et profanes, liés au droit de cité109, et s’étend donc à tous ceux qui constituaient pour les Grecs la politeia, commence à Rome avec l’acquisition des droits de caractère privé. D’où l’importance de la lex Canuleia dans l’histoire de l’intégration des plébéiens au

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corps civique – d’abord en qualité de citoyens passifs. Du Bignon en revanche se fait de la citoyenneté une conception plus étroite, puisque, selon lui, les plébéiens ne deviennent des citoyens à part entière qu’à partir du moment où la lex Licinia Sextia de consule plebeio leur ouvre l’accès au consulat, et aux auspices. La citoyenneté, confondue avec la liberté politique, se présente comme la faculté de participer activement aux affaires publiques, de voter et d’exercer des magistratures : en bref, c’est l’appartenance à ce que la pensée politique grecque appelait le politeuma110. 30

Ainsi donc, l’influence de l’œuvre de Vico dans la France du XVIIIe siècle est circonscrite à des érudits qui tous appliquèrent les découvertes vichiennes à l’histoire romaine. Cela n’a rien d’étonnant, dans la mesure où Vico lui-même faisait de Rome un modèle idéal pour l’histoire de toutes les nations païennes111. Si Du Bignon sut exploiter très largement les trésors de la Scienza nuova en les adaptant au contexte historiographique français, si Terrasson reprit à son compte certains des principes méthodologiques de Vico, Bonamy se limita à la seule question de l’origine des XII Tables. Chacun de ces trois auteurs annonce et résume en quelque sorte l’une des voies qu’allaient emprunter les disciples français de Vico dans la première moitié du XIXe siècle. De cette façon, les Considérations de Du Bignon préfigurent les recherches de Michelet et de Ballanche, Terrasson apparaît, on l’a vu, comme un précurseur de l’école historique du droit français, tandis que Bonamy ouvre le chemin à une série de travaux consacrés aux XII Tables. Des travaux qui du reste ne discernent pas toujours le rôle de Vico dans la naissance du débat 112.

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C’est le cas, par exemple, du volumineux Commentaire sur la loi des XII Tables de MatthieuAntoine Bouchaud, publié une première fois en 1787, puis à nouveau en 1803, au moment de la préparation du Code civil113. En effet, l’initiative d’une remise en question de la tradition relative à l’ambassade en Grèce y est attribuée à Bonamy114. À coup sûr, Bouchaud n’a pas lu Vico, même s’il reprend certaines de ses considérations sur la nature des lois : il les a trouvés chez Du Bignon, auteur qu'il cite de façon élogieuse et dont il reconnaît avoir utilisé les « réflexions judicieuses »115.

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Sous la Restauration, lorsque renaissent les études de droit romain et que la France découvre véritablement Vico, la discussion sur l’origine des XII Tables reprend de plus belle, et l’on se réfère explicitement au philosophe napolitain116. Ce n’est pas un hasard si les recherches dans ce domaine se cristallisent autour de la Thémis, revue liée à la nouvelle école du droit, qui, on le sait, est ouverte aux influences vichiennes117. La Thémis se fait ainsi l’écho des critiques que Wenceslas Alexandre Macieiowski, historien et juriste de Varsovie, oppose à l’historicité de l’ambassade en Grèce, tout comme elle rend compte de l’argumentation de son adversaire Sebastiano Ciampi, lui aussi professeur de droit à Varsovie118. Et c’est vraisemblablement à l’instigation de Warnkoenig, l’un des membres du comité de rédaction de la Thémis 119, que l’Académie de Louvain propose à l’un de ses concours, vers 1825, la question de savoir si la légation en Grèce eut réellement lieu. Le vainqueur, X. C. E. Lelièvre, ainsi que son rival malheureux, A. C. Cosman, se rattachent très consciemment à la tradition vichienne, que tous deux connaissent bien120.

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Mais il n’est pas de notre propos de pousser plus avant cette enquête historiographique, qui nous mènerait sans solution de continuité jusqu’à aujourd’hui. Après Niebuhr, après Georg Cornewall Lewis, après Pais121, le problème de l’origine des XII Tables ne devait pas cesser d’intéresser les historiens et les juristes122.

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NOTES 1. Cf. C. Rosso, Vico e Montesquieu, dans Omaggio a Vico, Naples, 1968, p. 303-331, qui présente une bonne mise au point et donne la bibliographie antérieure. Pour prouver que Montesquieu connaissait l’œuvre de Vico, on avançait deux arguments : 1) lors de son voyage en Italie, en 1728, Montesquieu projetait d’acheter la Scienza nuova (cf. Voyage de Gratz à La Haye, dans

MONTESQUIEU ,

Œuvres complètes, Paris, coll. La Pléiade, 1, 1949, p. 575) ; 2) un exemplaire de cette œuvre aurait figuré dans la bibliothèque de Montesquieu à La Brède. Ces deux arguments sont en fait très fragiles, car il n’est pas sûr que Montesquieu ait pu réaliser son projet, le livre de Vico étant alors fort rare à Naples, et d’autre part, la Scienza nuova n'apparaît pas dans le catalogue des ouvrages possédés par Montesquieu. 2. J. FERRARI, Vico et l’Italie, Paris, 1839, p. 391. 3. Voir, entre autres, l’étude exemplaire de G.

CANTELLI,

Vico e Bayle. Premesse per un confronto,

Naples, 1971 (Studi vichiani, 4), qui montre un Vico profondément engagé dans les problématiques les plus actuelles de son époque. 4. Cf. P.

HAZARD,

La pensée de Vico. III. Son influence sur la pensée française, dans Revue des Cours et

Conférences, 33, 30 déc. 1931, p. 127-142 ; J.

CHAIX-RUY, La

fortune de J.-B. Vico en France, dans Forum

Italicum, 2, 1968, p. 527-545 ; A. PONS, Vico et la pensée française, dans Études philosophiques, 1968, 2-3, p. 361-383 (trad. anglaise dans Giambattista Vico. An International Symposium, ed. by G. Tagliacozzo a. G. V. White, Baltimore, 1969, p. 165-185) ; P. H.

HUTTON,

Vico’s Theory of History and the French

Revolutionary Tradition, dans Journal of the History of Ideas, 37, 1976, p. 241-256 ; C. D’ AMATO, Il Mito di Vico e la filosofia della storia in Francia nella prima metà dell’Ottocento, Naples, 1977. 5. Cf. FLAUBERT, Bouvard et Pécuchet, chap. IV. 6. Parmi les « philosophes », les premiers à parler de Vico furent Chastellux et Court de Gébelin, le premier dans De la Félicité publique (1772), le second dans Le monde primitif analysé et comparé avec le monde moderne (1774). Quant à Nicolas Boulanger, il semble bien que sa pensée ne doive rien à Vico. Pour un avis opposé, cf. J. CHAIX-RUY, Un disciple hétérodoxe de Jean-Baptiste Vico : Nicolas Boulanger, dans Revue de littérature comparée, 21, 1947, p. 161-189. 7. J.

LE CLERC,

Bibliothèque ancienne et moderne, 18, 1722, p. 417-433 (compte rendu du De uniuersi

juris uno principio et fine uno liber unus de 1721, et du De constantia jurisprudentis liber alter de 1722). 8. Ibid., p. 430 : « [Vico] remarque, à la fin de cette Chronologie, que Tite-Live, qui fait profession d’écrire, depuis la seconde guerre Punique, l’Histoire Romaine avec plus de vérité, témoigne néanmoins qu’il ne savoit pas, par quel endroit des Alpes, Annibal étoit entré en Italie ». 9. Cf. Journal de Trévoux, 1726, sept., p. 1742 (annonce de la parution de la Scienza nuova) ; 1727, juil., p. 1206-1215 (analyse du livre). 10. « Suite de la lettre manuscrite du comte de*** sur le Caractere des Italiens », Bibliothèque italique, 6, sept. – déc. 1729, p. 248-253. L’auteur de cette « Lettre » est le comte Pietro Calepi (1693-1763), originaire de Bergame. 11. P.-N.

BONAMY,

Dissertation sur l’origine des Loix des XII Tables, dans Histoire et Mémoires de

l’Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres (Mémoires), 12, 1740, p. 27-51 (1 ère partie, lue les 22 et 26 avril, 21 et 23 juin 1735) ; p. 51-74 (2e partie, lue les 30 avril et 18 mai 1736) ; p. 75-99 (3 e partie, lue les 1er, 5 et 15 février 1737). Sur Bonamy, cf. infra, p. 1056, n. 25. 12.

VICO,

De constantia jurisprudentis liber alter, chap. 36 (« Quid ex iure attico in XII Tabulas

importatum ? ») et 37 (« Quid actum lege XII Tabularum ? »). Cf. G. B. universale, a cura di P. CRISTOFOLINI, Florence, 1974, p. 706-727.

VICO,

Opere giuridiche. Il diritto

185

13. On sait que la 1ère éd. de la Scienza nuova (dite Scienza nuova prima par Vico lui-même) parut à Naples en 1725 sous le titre de Principi di una Scienza nuova d’intorno alla natura delle nazioni, per la quale si ritruovano i principi di altro sistema del diritto naturale delle genti ; la 2 e éd., remaniée et complétée, parut en 1730 avec le titre de Cinque libri di Giambattista Vico de’principi d’una Scienza nuova d’intorno alla comune natura delle nazioni. La 3 e éd., publiée en 1744, quelques mois après la mort de Vico, et désignée sous le nom de Scienza nuova secunda par F. Nicolini, est intitulée Principi di Scienza nuova d’intorno alla comune natura delle nazioni, in questa terza impressione dal medesimo autore in un gran numero di luoghi coretta, schiarita, e notabilmente accresciuta (citée ici S.n.). 14. Sur l’histoire de ce Ragionamento, publié à Naples en 1862 par Del Giudice dans les Scritti inediti di G. B. Vico tratti da un’autografia dell'autore, p. 15-35, cf. B. CROCE-F. NICOLINI, Bibliografia vichiana, 1, Naples, 1947, p. 51 ; 57 sq. On peut en trouver le texte dans G. B. VICO, La Scienza nuova, a cura di F. Nicolini, 3e partie, Bari, 1916, p. 1091-1141. 15. TITE-LIVE, 3, 31, 8 ; 3, 32, 1 ; 3, 33, 5 ; DENYS D'HALICARNASSE, 10, 51, 5 ; 10, 52, 4. 16. C’est dans le Ragionamento, loc. cit., 1414-1416, que Vico critique de façon détaillée la tradition relative à Hermodore d’Éphèse. Selon

PLINE L'ANCIEN ,

Hist. nat., 34, 11, 21, il existait au Comilium

une statue de cet Hermodore, qui avait prêté assistance aux décemvirs. Cf. aussi 25 ; Digeste, 1, 2, 2, 4. Sur ces questions, voir en dernier lieu M.

DUCOS, L’Influence

STRABON ,

14, 1,

grecque sur la loi

des Douze Tables, Paris, 1978 (Trav. et Recherches de l'Univ. de Droit, d’Écon. et de Sciences sociales de Paris, Série hist., 14). 17. Vico signale cependant, il faut le relever, que Polybe ignorait la légende de l'ambassade (S. n., 285), et que ni Varron ni Cicéron ne croyaient à une origine étrangère de la loi des XII Tables (S. n., 284 ; Ragionamento. 1435 sq.). 18.

VICO,

S. n., 154 (trad. française de A.

DOUBINE,

Paris, 1953 (Coll. Unesco d’œuvres représentatives,

Série italienne, 1), p. 67). Sur l’interprétation vichienne des XII Tables, voir en particulier G. BAVIERA ,

Contributo critico alla storia della « Lex XII Tabularum », dans Studi in onore di S. Perozzi,

Palerme, 1925, p. 1-51 ; F. NICOLINI, Il Vico e la questione delle XII Tavole (nota preliminare dell’editore), dans G. B. VICO, La Scienza nuova, a cura di F. Nicolini, 3 e partie, p. 1061-1090 ; Μ. H.

FISCH,

Vico on

Roman Law, dans Essays in political Theory Presented to G. H. Sabine, Ithaca-New York, 1948, p. 66-70 ; F. NICOLINI, Commento storico alla seconda Scienza nuova, 2 vol., Rome, 1949-1950, passim (voir l’index, s. v. Roma antica). Plus généralement, sur Vico et l’histoire romaine, cf. infra, p. 1070, n. 87. 19. Pour un parallèle de l’œuvre homérique et de la loi des XII Tables, cf. S. n., 904 ; Ragionamento, 1412 ; 1445. Pour la question homérique, voir S. n., 780-904 (« À la recherche du véritable Homère »). On sait que Vico anticipe ici la thèse de F. A. Wolf – qui n’avait pas lu le philosophe napolitain – dans ses Prolegomena ad Homerum de 1795. 20. Cf.

VICO,

S. n., 422 ; 598. Cf. aussi ibid., 984, où Vico distingue quatre formes de propriété à

Rome : la propriété bonitaire (dominio bonitario : la bonorum possessio du droit romain), propriété précaire et quasi féodale, accordée aux travailleurs journaliers par la première loi agraire de Rome, œuvre de Servius Tullius ; la propriété quiritaire (dominio quiritario, le dominium ex iure Quiritium), privilège des nobles et qui consistait en une propriété absolue, réglée par le droit civil et soumise seulement à l’imposition de l’État ; la propriété suprême (dominio ottimo), « exempte de toute redevance publique ou particulière » ; et enfin la propriété civile (dominio civile), ou « éminente », dont jouissaient les cités aristocratiques. 21. VICO, S. n., 417-422. 22. Ibid., 642 : Vico explique que le nombre « douze » exprimait primitivement l’idée d'un grand nombre ; les douze travaux d’Hercule, par exemple, devaient être innombrables, tout comme les lois progressivement incorporées à la législation décemvirale. 23.

VICO

résout de cette manière la difficulté posée par l’existence dans les XII Tables de lois

incontestablement d’origine grecque, comme par exemple celle qui restreignait le luxe funéraire

186

(CICÉRON, De legibus, 2, 59-60) : selon Vico, ces lois furent ajoutées postérieurement au corpus décemviral. 24. Cf. VICO, S. n., 284 ; Ragionamento, 1433-1439. Pour l’évolution de Vico sur cette question, cf. Μ. H. FISCH, loc. cit., p. 68 sq. 25. Cf. M. STEINBERG, The Twelve Tables and Their Origins : An Eighteenth-Century Debate, dans Journal of the History of Ideas, 43, 1982, p. 379-396. Pierre-Nicolas Bonamy (1694-1770) naquit à Louvres-enParisis dans la famille d’un laboureur. Destiné à l’état ecclésiastique, il acheva ses études dans la Communauté de Sainte-Barbe à Paris. Sous-bibliothécaire à l’abbaye de Saint-Victor, il s’attira l’amitié de Michel le Peletier de Souzy qui s’était retiré là et qui avant de mourir le recommanda à son fils, Michel-Robert le Peletier des Forts, alors contrôleur général des Finances. En 1727, Bonamy entra à l’Académie des Inscriptions, où il se montra très actif, présentant plus de 50 mémoires en 43 années. En 1739 il obtint la charge d’historiographe de la ville de Paris avant de devenir en 1742 commissaire au Trésor des chartes. En 1749, il fut nommé pensionnaire à l’Académie des Inscriptions et censeur royal ; la même année, il commença à collaborer au Journal de Verdun. Ci. Ch. LE BEAU, Éloge de M. Bonamy, dans Histoire et Mémoires de l’Acad. des Inscr. (Histoire), 38, 1777, p. 224-234 ; « Éloge historique de M. Bonamy », Journal de Verdun, 108, août 1770, p. 154-160. 26. Cf. BONAMY, loc. cit., p. 34 sq., qui se fonde sur DENYS D’HALICARNASSE, 4, 43, 1, pour affirmer que les XII Tables ne constituent pas la première législation écrite des Romains. Déjà Ancus Martius et Servius Tullius avaient fait graver un corps de lois sur des tables affichées au Forum, tables qui furent ensuite enlevées et brisées par Tarquin le Superbe. 27. À ce propos,

BONAMY,

loc. cit., p. 34, rapporte une polémique qui opposait divers érudits : si

pour les uns (Fr. HOTMAN, De legibus XII Tabularum tripartita... commentatio, Lyon, 1564, p. 6-13), les lois royales furent entièrement abolies à la chute de la royauté, pour d’autres (J. J. SCALIGER, In Sex. Pompei Festi libres de uerborum significatione castigationes, s. l., 1575, p. CVIII) certaines de ces lois furent reprises dans le Corpus décemviral. Selon d’autres encore (C. SIGONIUS, De antiquo iure ciuium Romanorum, Bologne, 1574, 1, chap. 5 = Opera omnia edita et inedita, 5, Milan, 1736, col. 47 ; J. V. GRAVINA, Origines juris ciuilis, ed. nouissima,

Leipzig, (1708) 1717, p. 29) ne furent supprimées que les

lois qui tendaient à affermir la domination royale. 28. J. GOTHOFREDUS, Fragmenta XII Tabularum, suis nunc primum tabulis restituta, probationibus, notis et indice munita, Heidelberg, 1616 – repris dans les Fontes quatuor juris ciuilis in unum collecti, Genève, 1653. Jacques Godefroy (1587-1652), fils cadet de Denis Godefroy, auteur d’un Corpus juris ciuilis publié en 1583 à Genève et mainte fois réédité, fut professeur de droit à Genève. Sa réputation de juriste surpassa celle de son père ; son œuvre maîtresse est une édition commentée du Code Théodosien, à laquelle il travailla pendant plus de trente ans et qui fut publiée à Lyon après sa mort, en 1665. 29. XII Tables, 12, 5 = Fontes iuris Romani anteiustiniani, 12, éd. S.

RICCOBONO ,

Florence, 1968, p. 73.

Bonamy, loc. cit., p. 52, en propose la traduction suivante : « Les Ordonnances faites en dernier ressort par le Peuple, seront celles qui auront desormais force de Loy ». 30.

BONAMY,

loc. cit., p. 52, qui renvoie à

DENYS D’HALICARNASSE,

2, 9, 1 (pour les privilèges des

patriciens) et 2, 14, 3 (pour les prérogatives accordées par Romulus au dêmotikon plêthos, expression qui pour Bonamy englobe à la fois les patriciens et les plébéiens). 31. BONAMY, loc. cit., p. 67 sq. Mais alors que Vico confondait sous une même forme « coemptione et farre » deux types de mariage différents (cf. S. n., 548), Bonamy reconnaît l’existence de trois sortes de noces à Rome, la confarreatio étant seule réservée aux patriciens. Sur les auspices, cf. infra, p. 1070 sq. 32. BONAMY, loc. cit., p. 46 sq. Voir AULU-GELLE, Nuits attiques, 16, 110, 6-7. 33. Cf. Journal de Verdun, 108, août 1770, p. 157.

187

34. Ces Registres (un par année) sont conservés dans les archives de l’Institut. Celui de l'année 1742, par exemple, signale à la date du 10 juillet, f. 95, que la seconde lecture d’un mémoire de l’abbé Vatry sur la « Fable de l’Énéide » fut interrompue fréquemment par des objections de Nicolas Fréret, qui ralentirent fort cette lecture. 35. Curieusement, M. Steinberg, loc. cit., ne dit mot de la discussion qui se déroula en Italie entre 1728 et 1742 et qui reprit de plus belle à la fin du

XVIIIe siècle.

Voir pour cela B. CROCE-F. NICOLINI,

Bibliografia vichiana, 1, p. 206-210 ; 233-233-235 ; 245-249. 36. Histoire et Mémoires de l’Académie des Inscr. (Mémoires), 16, 1751, p. 412-424. Fils d’un marchand de Reims, l’abbé Jean Vatry (1697-1769) fut reçu en 1727 à l’Académie des Inscriptions. Censeur royal, il participa à partir de 1739 à la rédaction du Journal des Sçavans. Cf. Ch.

LE BEAU,

Éloge de

l’abbé Vatry, dans Histoire et Mémoires de l'Acad. des Inscr. (Histoire), 38, 1777, p. 219-223. 37. VICO, S. n., 770-773 (« Corollaire relatif au séjour d’Énée en Italie »). 38. Ibid., 773, p. 323 de la trad. française de A. Doubine, déjà citée. 39. D. ROMANO, Origine della giurisprudenza romana, Naples, 1744, p. 87 sq. 40. Le catalogue de l’abbaye de Saint-Victor est conservé à la Bibliothèque Mazarine (Mss. 4185-4203). Pour la bibliothèque de la famille le Peletier, formée par Michel le Peletier de Souzy et augmentée par son fils, le Peletier des Forts, voir le Catalogue des livres de feu M. le Peletier des Forts, édité par J. Barois, Paris, 1741. 41. Arrivé en France en 1732, Scipione Maffei (1675-1755) séjourna à Paris pendant plus de quatre ans. En 1734 il fut reçu à l'Académie des Inscriptions en qualité d’académicien honoraire étranger surnuméraire. Cf.

BOUGAINVILLE,

Éloge de M. le marquis Scipion Maffei, dans Histoire et Mémoires de

l’Acad. des Inscr. (Histoire), 27, 1761, p. 228-241. 42. Antoine Terrasson (1705-1782) appartenait à la fameuse dynastie des Terrasson, ancienne famille originaire de Lyon qui donna à la France quelques hommes de talent, dont l’abbé Jean Terrasson (1670-1750), auteur d’une Dissertation critique sur L’Iliade d'Homère. Conseiller au Conseil souverain de la Principauté des Dombes en 1752, avocat du clergé de France l’année suivante, le juriste Antoine Terrasson obtint en 1754 la chaire de droit canon au Collège royal, et fut nommé en 1760 chancelier des Dombes. Sur les Terrasson, cf. par exemple J. M. S.

THOMASSEAU DE CURSAY,

Lettre et Mémoire sur les sçavans de la famille de Terrasson, Trévoux (Paris), 1761. 43. A. TERRASSON, Histoire de la jurisprudence romaine, Paris, 1750, p. 77-86. 44. Ibid., p. 85. 45. C’est l’opinion de M. STEINBERG, loc. cit., p. 389, n. 43. De fait, Terrasson cite la première Scienza nuova sous la même forme que Bonamy : Principi di una scienza nuova, intorno alla natura delle nazioni. 46. TERRASSON, op. cit., p. XVIII sq. 47. Catalogue de la bibliothèque de feu M. Falconet..., publié par Barrrois, Paris, 1763, 1, p. V. Comme Terrasson, Camille Falconet (1671-1762) appartenait à une ancienne famille de Lyon, qui s’était illustrée dans la médecine depuis le début du XVIIe siècle. Élevé à Lyon par son grand-père, qui avait été lié avec Guy Patin, Camille Falconet vint à Paris en 1707, et fut médecin des Écuries du roi, médecin de la maison de Bouillon, et à partir de 1709 médecin de la Chancellerie. En 1716 il entra à l’Académie des Inscriptions où il présenta diverses dissertations combinant érudition historique et connaissances scientifiques. Cf. G. COSTA, Vico, Camille Falconet e gli Enciclopedisti, dans Boll. del Centre di studi vichiani, 3, 1973, p. 147-162. Trois remarques s’imposent cependant à propos de cet article : 1) Bonamy cite la S. n. dans sa l ère édition ; ce n’est donc pas l’exemplaire de Falconet (2e éd. de la S. n.) qu’il a consulté, comme le suppose G. Costa (p. 157). 2) Contrairement à ce que laisse entendre celui-ci (p. 162), l’abbé Du Bignon, dont il sera question plus loin, n’a rien à voir avec les Bignon, dynastie de bibliothécaires royaux bien connus. 3) Les arguments avancés pour démontrer que les Encyclopédistes avaient eu connaissance de Vico par l’entremise de

188

Falconet paraissent bien fragiles ; le problème mériterait à coup sûr un nouvel examen, sur des bases moins arbitraires. 48. Catalogue de la bibliothèque de feu M. Falconet, 2, p. 475, n° 19705. 49. TERRASSON, op. cit., p. III. 50. J. V. GRAVINA, Origines juris civilis, ed. nouissima, Préface non paginée. 51. TERRASSON, op. cit., p. VII. 52. Ibid., p. VIII. 53. À la différence de Vico, toutefois, Terrasson ne va pas jusqu’à faire des lois la création spontanée du peuple. Selon la tradition du jusnaturalisme des Lumières, il conçoit les lois comme « le fruit de la méditation de plusieurs grands hommes qui ont puisé leurs Maximes dans les principes de la Philosophie » (op. cit., p. VIII). Mais son propos est bien d’étudier l’origine et les progrès de la jurisprudence romaine, comme l’indique le titre complet de son œuvre : Histoire de la jurisprudence romaine, contenant son origine et ses progrès depuis la fondation de Rome jusqu’à présent : Le Code Papyrien et les Loix des douze Tables, avec des Commentaires : l'histoire de chaque Loi en particulier, avec les Antiquités qui y ont rapport : L’histoire des diverses Compilations qui ont été faites des Loix Romaines : Comment les mêmes Loix se sont introduites, et de quelle maniere elles s’observent chez les différens Peuples de l’Europe : L’énumération des Éditions du Corps de Droit Civil : Les Vies et le Catalogue des Ouvrages des Jurisconsultes, tant anciens que modernes : Avec un Recueil de ce qui nous reste de Contrats, Testamens, et autres Actes judiciaires des anciens Romains. Pour servir d’introduction à l’étude du Corps de Droit Civil, à la lecture des Commentateurs du Droit Romain, et à l’Ouvrage intitulé les Loix Civiles dans leur ordre naturel. 54. C’est en 1818 en effet que Victor Cousin publie son article De la philosophie de l’histoire, dans le Supplément au t. 3 de l'Histoire abrégée des sciences morales et politiques de Dugald Steward. Voir à ce propos C. D’AMATO, op. cit. 55. Cf. E.

GIANTURCO ,

Vico et les débuts de l'historiographie du droit français, dans Archives de

philosophie, 40, 1977, p. 87-105. 56. Cf. notamment G.

FASSÒ,

Paris, 1976, p. 28-42 ; C.

Histoire de la philosophie du droit.

NICOLET,

XIXe

et

XXe siècles,

trad. de l’italien,

L’Idée républicaine en France. Essai d’histoire critique, Paris, 1982,

p. 292 sq. ; 342-346. 57. Voir F. VENTURI, L'Antichità svelata e l’idea del progresso in N. A. Boulanger (1722-1759), Bari, 1947 ( Biblioteca di cultura moderna, 428), p. 149-174. Né à Rennes en 1738, l’abbé Louis-Clair Le Beau Du Bignon partit en 1765 pour l’Italie. À son retour en France, il s’établit auprès du marquis d’Aoust, dans le château de Cuincy, en Artois. Nommé Grand-Vicaire de l’archevêque de Bordeaux, il tarda à prendre ses fonctions. En mars 1775, il fut emprisonné à la Bastille : on le soupçonnait d’avoir eu part à un pamphlet dirigé contre l’évêque d’Arras. Libéré en mai de la même année, il fut exilé à Vitré, où il resta jusqu’en 1778, profitant de ses loisirs forcés pour augmenter et remanier son Histoire critique du gouvernement romain. 58. Rome, 1763-1764. Emanuele Duni (1714-1781), originaire de Matera, dans le royaume de Naples, fut un disciple enthousiaste de Vico. Il enseigna pendant près de trente ans à l’Université de la Sapienza, à Rome, occupant la chaire réservée à l’étude des Pandectes. Cf. notamment B. CROCE-F. NICOLINI, Bibliografia vichiana, 1, p. 263-270 ; et surtout M. GUERCIO, Emanuele Duni, storico del diritto e della società antica, professore alla Sapienza, dans Archivio della Società romana di storia patria, 97, 1974, p. 147-173, qui donne la bibliographie antérieure. 59. Gazette littéraire de l’Europe, 4, 30 déc. 1764, p. 79-86 (analyse du livre de Duni, où il est précisé que le frère de l’auteur, le compositeur musical Egidio Romuald Duni, était en train de traduire l’ouvrage en français en vue d’une publication qui, à notre connaissance, ne vit jamais le jour) ; 7, 30 oct. 1765, p. 191 sq. (traduction d’une lettre de Duni accusant l’abbé Du Pignon [sic] de plagiat). 60. Lettre de M. l'abbé Du Bignon, aux Auteurs de la « Gazette littéraire », Gazette littéraire de l’Europe, 8, févr. 1766, p. 309 sq.

189

61. F. VENTURI, op. cit., p. 153. 62. C’est aussi l’interprétation que retient F. VENTURI, op. cit., p. 168, n. 5. 63. L. DE BEAUFORT, Dissertation sur l’incertitude des cinq premiers siècles de l’histoire romaine, Utrecht, 1738 ; 2e éd., La Haye, 1750. 64. Vico, S. n., 117 ; DU BIGNON, Considérations, 1, p. 55-85. 65. Cf. M. GUERCIO, loc. cit., p. 150. 66.

DU BIGNON ,

Considérations, 1, p. 78. À comparer avec Vico, S. η., 500 : 662 sq. ; et surtout

DUNI,

Origine, 1, p. 9 sq. 67. DU BIGNON, Considérations, 1, p. 85. 68. Ibid., 1, p. 70 sq. 69.

VICO,

S. n., 338-360 (« De la méthode »). Cf. S.

MAZZARINO ,

Vico, l'annalistica e il diritto, Naples,

1971 (Studi vichiani, 5), p. 61-78 (« Vico, la storia romana, e il'metodo geometrico’ »). 70. DU BIGNON, Considérations, 1, p. 181 sq. : « En un mot, si l’on veut avoir le système politique d’un peuple quelconque, qu’on fournisse les circonstances de son établissement, et, sans autre secours, par la combinaison du climat, des tems et des mœurs, du nombre et de la condition des émigrans, de la constitution de leur patrie, de la nature du pays où ils se sont transplantés, des nations qu'ils ont eu à combattre, de la résistance qu'ils ont éprouvée, il ne sera pas difficile d’en rendre compte avec assez de précision ». 71. Vico, S. n., 349. 72. DU BIGNON, Considérations, 1, p. 205. 73. Ibid., 1, p. 47 : « La forme de gouvernement, si simple d'abord qu’à peine il en mériteroit le nom, se complique, l’administration s’embarrasse, une puissance exécutive s’élève au milieu du corps législatif, les magistratures acquièrent une autorité toujours croissante aux dépens de celle des citoyens, les charges peu à peu deviennent un héritage ». 74. DU BIGNON, Considérations, 1, p. 96 et 98. 75. Ibid., 2, p. 337. 76. Vico, S. n., 342 ; voir aussi 343 sq. ; et 1106, où Vico montre le rôle de la Providence dans les ricorsi. 77. Vico, S. n., 584 sq. ; DUNI, Origine, 2, p. 25-29. 78. Cf. N. BOBBIO, Vico e la teoria delle forme di governo, dans Boll. del Centre di studi vichiani, 8, 1978, p. 5-27. Voir aussi DUNI, Origine, 2, p. 106 sq. 79. DU BIGNON, Considérations, 1, p. 132. 80. Ibid. 81.

DU BIGNON ,

Considérations, 2, p. 2 sq. : « Du reste, populaire et bienfaisant, profond dans ses

vues, politique habile, guerrier intrépide, grand général, ce Prince [Tarquin le Superbe], si maltraité par les historiens, régna suivant la forme établie par Servius : il fut un monarque absolu, et n'abusa point de son autorité suprême.» Vico, on le sait, voyait en Tarquin le Superbe l’image même du tyran (S. n., 26). 82. DU BIGNON, Considérations, 1, p. 326. 83. Ibid., 2, p. 335. Vico déjà notait que dans chaque régime politique se conservaient des traces du régime précédent (cf. S. n., 1004-1006). 84. Pour Vico, l’évolution de l’humanité, à la fois progressive et cyclique, prend la forme d’une véritable spirale. Comme l’a bien souligné N.

BOBBIO,

loc. cit., p. 23 sq., le point de départ du

deuxième cycle se situe à un niveau supérieur à celui du premier. 85. Comme l’a montré F.

VENTURI,

op. cit., p. 163-173, c’est seulement dans la seconde version de

son livre que Du Bignon rejette la théorie vichienne de l’évolution des sociétés (qu’il rapporte d’ailleurs d’une manière détaillée : cf. Considérations, 1, p. 133-137) et retient le mythe d’une Italie primitive où les hommes menaient une existence communautaire dans l’égalité et le bonheur.

190

86. Cf. Du

BIGNON , Considérations,

1, p. 156-162 ; voir aussi Qu’est-ce que la noblesse ?, qui reprend la

même analyse. 87. Pour Vico, on le sait, la réforme censitaire de Servius Tullius fut une loi agraire, tout comme le noyau primitif de la loi des XII Tables (cf. S. n., 597 sq. ; 613 ; 640). Sur l’interprétation vichienne de l’histoire romaine, cf. entre autres, outre les études citées p. 1055, n. 18, B.

CROCE, La

Filosofia di Giambattista Vico, Bari, 1911 (nombreuses rééd.), chap. 17, La storia di Roma e la formazione delle democratie ; C.

BARBAGALLO ,

Il Problema delle origini di Roma – da Vico a noi, Milan,

1926 (réimpr. anastatique, Rome, 1970), p. 7-11 ; G. DALLARI, Le origine della città antica seconde G. B. Vico, dans Riv. internaz. di filosofia del diritto, 6, 1926, p. 348-363 ; A.

MOMIGLIANO ,

La nuova storia

romana di G. B. Vico, Riv. storica ital., 77, 1965, p. 773-790 = Sensibilità e razionalità nel Settecento, a cura di V. Branca, 1, Venise, 1967, p. 337-356 = Sesto Contributo alla storia degli studi classici e del monde antico, 1, Rome, 1980, p. 191-210 ;

ID.,

Roman’bestioni’and Roman'eroi'in Vico’s Scienza nuova,

dans History and Theory, 5, 1966, p. 3-23 = Terzo Contributo..., 1, Rome, 1966, p. 153-177 (trad. française dans A.

MOMIGLIANO ,

Problèmes d’historiographie ancienne et moderne, Paris, 1983,

p. 294-320) ; M. PAVAN, Vico e la storiografia classica antica, dans Studi romani, 16, 1968, p. 409-416 ; ID ., Vico e il mondo classico, Clio, 3-4, 1968, p. 320-328 – Antichità classica e pensiero moderno, Florence, 1977, p. 1-18 ; S. MAZZARINO, Vico, l’annalistica e il diritto, op. cit. 88. DU BIGNON, Considérations, 1, p. 281 et 320. 89. On sait que pour Vico les plébéiens ne jouissaient pas à l’origine de la citoyenneté romaine, étant simplement les clients des patriciens. Cf. S. MAZZARINO, op. cit., p. 33 sq. ; 88 sq. 90. Cf. Vico, S. n., 110 ; 508 ; 525 ; 598 ; 604. 91. Rappelons que Vico, corrigeant la formule ius connubii cum patribus en ius connubii patrum, considérait que la lex Canuleia autorisait non pas le mariage entre patriciens et plébéiens – un privilège auquel ceux-ci n'étaient pas en mesure de prétendre à ce moment-là – mais accordait aux plébéiens le droit de se marier solennellement à la manière des patriciens et leur ouvrait ainsi l’accès aux auspices mineurs (cf. S. n., 110 ; 598, avec le commentaire de F.

NICOLINI,

Commente

storico, 1, p. 260 sq.). E. DUNI, Origine, 1, p. 96-157, reprend l’interprétation de Vico. 92. À la suite d’une erreur de lecture, Vico – après d’autres, dont Gravina – faisait de la lex Hortensia une loi antérieure à la lex Publilia Philonis, considérée de ce fait comme la plus complète des trois lois sur les plébiscites (lex Valeria-Horatia de 449 av. J.-C., lex Publilia Philonis de 339 et lex Hortensia de 287, placée par Vico en 387). Cf. F. NICOLINI, Commente storico, 1, p. 69 sq. ; S. MAZZARINO , op. cit., p. 71 sq., particulièrement la n. 28. Pour sa part, Duni rétablit la chronologie traditionnelle, et fait de la lex Hortensia une rénovation et une confirmation du 1er chap. de la lex Publilia (Origine, 2, p. 413 sq.). Quant à la lex Valeria-Horatia, il considère que, votée à un moment où les plébéiens n’avaient pas encore accédé aux droits privés de la citoyenneté, elle ne fait pas partie de ce groupe de lois. 93. DUNI, Origine, 1, p. 264. Cf. Vico, S. n., 104 ; 112 sq. 94. Cf. par exemple J. HEURGON, Rome et la Méditerranée occidentale jusqu’aux guerres puniques, Paris, Coll. Nouvelle Clio, 1969, p. 313 sq. ; S. MAZZARINO, op. cit., p. 71 sq. 95. Cf. supra, n. 91. 96. DU BIGNON, Considérations, 1, p. 320, et particulièrement la n. 29, qui réfute l’argumentation de Vico et de Duni. 97. Cf. déjà Vico, S. n., 953. 98. DUNI, Origine, 2, p. 259-336. 99. À noter que V.

ARANGIO-RUIZ,

Storia del diritto romano, 7 e éd„ Naples, 1960, p. 64, rejoint Vico

lorsqu’il affirme que les XII Tables ne constituèrent pas un code. 100. DU BIGNON, Considérations, 2, p. 164 sq. 101. Divergence encore à propos de la genèse de l’ordre équestre : tandis que Vico et Duni attribuent à Quintus Fabius Rullianus, censeur en 304 av. J.-C., la division de la société en trois

191

ordres, les equites appartenant avant cette date à l’aristocratie (cf. S.

MAZZARINO , op.

cit., p. 83-88),

Du Bignon estime que les chevaliers se constituèrent en un ordre distinct entre la guerre contre Persée (172-167 av. J.-C.) et le temps des Gracques (133-121 av. J.-C.) et que, ne représentant jamais qu’une classe de gens riches issus du peuple, ils ne formèrent à aucun moment un corps politique autonome (Considérations, 2, p. 342-362). 102. F. VENTURI, op. cit., p. VII. 103. DUNI, Origine, 2, p. 382. 104. DU BIGNON, Considérations, 1, p. 97. 105. Ibid., 1. p. 223-232. 106.

DU BIGNON ,

Considérations, 1, p. 223 et 229. Il faut relever l'emploi ici du mot « Souverain »,

défini par Du Bignon comme « l’ordre des gouvernans » (p. 225), et emprunté avec cette valeur à Rousseau (cf. par exemple S. GOYARD-FABRE, La Philosophie des Lumières en France, Paris, 1972, p. 294, n. 243). 107.

DU BIGNON ,

Considérations, 1, p. 230. Pour Duni, en revanche, la liberté naturelle, « libre

exercice des droits simples de nature », est garantie par la liberté civile, faculté pour le citoyen d’exercer sans contrainte les droits afférant à son état. Les deux formes de liberté sont solidaires l’une de l’autre et la perte ou l’absence de l’une entraîne la disparition de l’autre ( DUNI, Origine, 2, p. 208-214). 108. B. B.

CONSTANT,

CONSTANT,

De la liberté des anciens comparée à celle des modernes, facilement accessible dans

De la liberté chez les modernes. Écrits politiques, présentés par M. Gauchet, Paris, Livre

de Poche, Coll. « Pluriel », 1980, p. 491-515. 109.

DUNI,

Origine, 1, p. 23. En ce qui concerne Vico, cf. A.

MOMIGLIANO ,

Terzo Contibuto, 1, p. 168 :

pour le penseur napolitain, c’est la lex Poetelia, abolissant l’esclavage pour dettes, qui marque l’accès des plébéiens à la pleine citoyenneté. 110. Cf. par exemple C. NICOLET, Le Métier de citoyen dans la Rome républicaine, Paris, 1976, p. 307 sq. 111. Vico, S. n., 1088. Cf. par exemple P.

PIOVANI, Il

debito di Vico verso Roma, dans Studi romani, 17,

1969, p. 1-17. 112. Ou qui parfois tentent d’apporter une solution originale au problème. E. Gibbon, par exemple, au chap. 44 de son History of the Decline and Fall of the Roman Empire, estime que la législation décemvirale a pu être influencée par des éléments importés non d’Athènes, mais de Grande-Grèce (Sur Gibbon et Vico, cf. B. CROCE-F. NICOLINI, Bibliografia vichiana, 1, p. 376 sq.). Quant à Carlantonio Pilati de Tassulo (1733-1802), publiciste italien qui n’est pas sans connaître la pensée de Vico, il défend une position particulière dans son Traité des lois politiques des Romains, du tems de la République, publié en français à La Haye en 1780 : glissant sur le problème de l’ambassade, il semble défendre la thèse d’une origine purement romaine des XII Tables ; ces lois reflètent en effet l’ambition et la cruauté des patriciens, soucieux avant tout de maintenir leur pouvoir aristocratique en effrayant et en dominant la plèbe (2, p. 62-75). 113. Matthieu-Antoine Bouchaud (1719-1804), d'une famille noble originaire de Provence, était un ami de collège de D'Alembert. Aussi fut-il associé par celui-ci au projet de l'Encyclopédie, pour la jurisprudence civile et canonique. En raison de cette collaboration jointe à un goût alors suspect pour la musique italienne, il se vit refuser pendant quinze ans une chaire de droit, sous prétexte qu’il était « un de ces esprits novateurs et audacieux auxquels on ne devait confier aucune partie de l’enseignement public » (B.-J. DACIER, Notice historique sur la vie et les ouvrages de M. Bouchaud, dans Magasin encyclopédique, 2, 1805, p. 322). Cependant, entré à l’Académie des Inscriptions en 1766, il devint la même année professeur de droit, obtenant en 1774 la chaire du droit de la nature et des gens au Collège royal. Il s’illustra par diverses études sur le droit romain. Voir la « Notice » de B.-J. Dacier citée plus haut ; et M. STEINBERG, loc. cit., p. 391 sq. 114. M. A.

BOUCHAUD ,

Commentaire sur la loi des XII Tables, 2e éd., 2 vol., Paris, an XI-1803, 1, p. 14.

L’affirmation de Bouchaud est reprise sans examen par J. P.

VAN WALREE,

Specimen juridicum

192

inaugurale de antiqua juris puniendi conditione apud Romanos, thèse, Leyde, 1820, p. 45, qui reconnaît par ailleurs avoir largement utilisé Bouchaud. En revanche, T. P. BOULAGE, Conclusion sur les lois des Douze Tables, Troyes, an XIII-1804 ; 2 e éd., Paris, 1822, connaît l’origine du débat, et mentionne Vico en tant que précurseur de Bonamy (p. 19 de l’éd. de 1822). 115. Μ. A. BOUCHAUD, Commentaire, 1, p. 11 : « Les Lois sont l’égide du foible et le frein de l’homme puissant ; il est donc dans la nature des choses humaines, que le peuple demande un code, et que les grands s’y opposent » = Du BIGNON, Considérations, 2, p. 172. Cf. Vico, S. n., 283-284. 116. À noter que dans son Histoire romaine (1831), Michelet considère le récit de l’ambassade comme « moins invraisemblable [...] qu’on ne l’a dit », mais admet en fin de compte que l’ambassade « fut simulée par le Sénat pour amuser le peuple » ( MICHELET, Histoire romaine, l. 1, chap. 3, et Éclaircissements, dans Œuvres complètes de Michelet, éd. de P. Viallaneix, 2, Paris, 1972, p. 413 et 636). 117. Cf. J.

BONNECASE,

La Thémis (1819-1831). Son fondateur, Athanase Jourdan, 2e éd., Paris, (1912)

1914. 118. Cf. W. A.

MACIEIOWSKI,

Principia iuris, Varsovie, 1820 ;

ID.,

Opuscula, Sylloge prima, Varsovie,

1823, p. 85-101 (« Legum Solonis et Decemviralium comparatio ») ; et 102-129 (« Excursus ad Livii Historiarum lib. III cap. 31 sq. ») ; S.

CIAMPI,

Novum Examen loci Liviani De legatis Romanorum Athenas

missis ut excriberent leges Solonis, Vilna, 1821. Tous deux se réfèrent à Vico. Voir à ce sujet SAINT-PRIX,

BERRIAT

Notice sur une dissertation publiée à Wilna..., dans Thémis, 4, 1822, p. 304-309 (qui donne

un très bon exposé des travaux sur les XII Tables depuis Vico jusqu’en 1820) ;

ID.,

Notice sur un

recueil d’opuscules de M. Macieiowski, ibid., 6, 1824, p. 269-275. 119. Sur Léopold-Auguste Warnkoenig (1794-1866), juriste d’origine allemande, longtemps professeur de droit romain en Belgique, à Liège, Louvain et Gand, puis, à partir de 1836, à Fribourg-en-Brisgau et Tübingen, et qui fut l’un des principaux rédacteurs de la Thémis, voir J. BONNECASE, op. cit., p. 222 ; et Biographie nationale de Belgique, 27, Bruxelles, 1938, coll. 86-90.

120. X. C. E. LELIÈVRE, Commentatio antiquaria de legum XII Tabularum patria, dans Annales Academiae Lovaniensis, 9, 1825-1826, 1, ch. 12, p. 1-367 (publication séparée, Louvain, 1827) ; A. C.

COSMAN,

Disputatio historica-juridica de origine et fontibus legum XII Tabularum, Amsterdam, 1829. 121. Cf. à ce propos B. CROCE-F. NICOLINI, Bibliografia vichiana, 1, p. 503-515 ; 2, p. 578 ; p. 693-694. 122. Pour l'historiographie de la question, voir entre autres G. Tabularum patria, Diss., Greifswald, 1887, p. 1 sq., n. 2 ; G. lex XII Tabularum, loc. cit. ; E. Milan, 1948, p. 1-27 ; G.

BALOGH ,

CRIFÒ,

STEINHAUSEN ,

BAVIERA, Contributo

De legum XII

critico alla storia della

Cicero and the Greek Law, dans Scritti in onore di C. Ferrini, 3,

La legge delle XII tavole. Osservazioni e problemi, dans Aufstieg u.

Niedergang der röm. Welt, 1, 2, Berlin-New York, 1972, p. 115-133 ; M. Ducos, L’influence grecque sur la loi des Douze Tables, op. cit.

AUTEUR MOUZA RASKOLNIKOFF CNRS- Strasbourg