Dictionnaire encyclopédique du christianisme ancien, tome 1 [1] 978-2204030175

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Dictionnaire encyclopédique du christianisme ancien, tome 1 [1]
 978-2204030175

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DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE DU CHRISTIANISME ANCIEN

Sous la direction de Angelo DI BERARDINO Adaptation française sous la direction de François VIAL

Volume I

A-1

Cerf·

AVERTISSEMENT

Le Dictionnaire encyclopédique du christianisme anc_ien comble -une laéune. On manquait. en _effet d'un instrument de_.travail aiséme~t accessib_le à l'hon;u;ne cultivé, désireux d'avoir à sa disposition

une information rapide. et précise_ sur tout ce qui concerne les hnit premiers siècles de l'histoire du christianisme. Nous avons pris conscience d'une telle lacune lors de la préparation du dernier volume de la Patrologie qui prolongeait le travail du professeur Johannes Quasten1• Nous nous sommes donc mis à la tâche en vue'' de recueillir suggestions et propositions concernant la structure et le contenu du Dictionnaire. Or il se trouve qu'au sein de l'lnstitutum Patristicum Augustinianum sont réunis de nombreux spécialistes de I' Antiquité chrétienne, que ce soit en raison de leur enseignement ou à l'occasion des traditionnelles Rencontres de mai. Un tel Centre était donc -tout naturellement en mesure d'assumer .la responsabilité de la préparation du Dictionnaire. D'ailleurs, un réseau serré de relations,et d'amitiés permettait des contacts directs avec des spécialistes nombreux et compétents, versés dans-les différents secteurs de !'Antiquité chrétienne. L'opportunité se présentait donc de mener_ à bien ce travail en des délais raisonnables. Dans ce but, il !allait s'assurer de nombreuses collaborations. Nous avons fait appel à des spécialistes d'horizons très· diVers. Ils sont .au nombre de- cent soixantesept, appartenant à dix-sept nationalités, provenant

de confessions différentes, et versés dalls de nombreuses disciplines. Selon leur compétence respective, ces scientifique.s se proposent _de mettre _à la disposition du phis grand nombre l'important travail de recherche et d'approfondissement accompli dans le domaine du christianisme ancien au cours de ces dix dernières années; L'ouvrage que nous proposons entend ainsi présenter de-sérieuses garanties scientifiques, auxquelles s'associent la variété des appro:. èhes et la diversité des sensibilités dans le traitement des àrticles. Ainsi, grâce à son càractère pluridisciplinaire, le DECA foumira+il une documentation précise - historique et pàtristique - à la théologie, à la culture chrétienne et à la vie de l'Église d'aujourd'hui, y compris en la diversité de ses confes~ sions. Par sa conception même, le DECA s'adresse à un public large et diversifié, en recherche de premières inform~t_ions ou bien d'approfondissements ultérieurs à partit d'une bibliographie sélective et bien à jour. La chronologie du Dictionnaire part de l'époque deS origines Chrétiennes et s'étend jusqu'à la fin de l'âge patristique (pour l'Occident jusqu'à Bède [673 env.-735], et pour l'Orient grec jusqu'à Jean Damascène [675 env.-749 env.]). Pour les autres aires géographiques chrétiennes (syriaque, copte, éthiopienne, géorgienne .et arménienne), les critères chronologiques sont plus souples, tant en raison _du processus d'évangélisation de ces régi.oils que de la

VII

AVERTISSEMENT nature particulière des écrits et des traductions en ces langues. Les articles composant le DECA concernent les personnes, les doctrines, les courants culturels, les sectes chrétiennes, les événements historiques, mais aussi la géographie, la liturgie, le monachisme, la spiritualité, les réalisations artistiques et les témoignages archéologiques, sans oublier les aspects sociaux, politiques, moraux et ascétiques des huit premiers siècles de l'histoire chrétienne. Toutes les fois que c'était possible ou lorsqu'on l'a cru opportun, nous avons opté pour une étude d'ensemble de certains thèmes, afin d'offrir à leur sujet un discours global et articulé (cf. les art. Apocryphes, Cimetière, Édifice de culte, Sapientiaux [livres], etc.). Une place particulière est réservée à la prosopographie. Pour les quatre premiers siècles, de nombreux noms de personnes ont été retenus, avec quelques détails les concema_nt. Pour les siècles Suivants on-a davantage sélectionné, pai"ce què cette période apparaît relativement moins importante pour là."fotldadon·du christianisme, et parce qu'apparaissent alors de nombreux -peuples nouveaux, avec une multitude de personnalités. Malgré d'inévitables lacunes, le Dictionnaire contient, pensonsnous, une grande richesse d'informations: il suffit d'en parcollrir rapidement les pages pour s'en rendre compte.-Par exemple le problème des relations entre _la· philosophie ancienne et le christianisme se trouve_ abordé- sous différents angles en plusieurs articles: ·d'3bord dans des notices.directement théologiques, p_uis dans des articles consacrés aux Pèl'es et dans quelques autres qui traitent spécialement le sujet (Aristotélisme et les Pères, Hellénisme et chris-

tianisme, Platonisme et les Pères, Stoïcisme et les Pères), sans compter la prise en compte de certains penseurs païens et des courants philosophiques de la période patristique. La rédaction d'un article a souvent exigé la collaboration de plusieurs spécialistes. Par exemple, l'article sur Alexandrie a fait appel aux contributions du coptologue (T.Orlandi), dupatrologue (M.Simonetti) et de l'archéologue (M.Falla-Castelfranchi). En pareil cas, il est souvent nécessaire de prendre connaissance des diverses contributions qui, à partir d'approches différentes, se complètent réciproquement. C'est le cas de l'article Ange avec l'apport du patrologue (B.Studer) exposant les réflexions théologiques des Pères, et celui de l'historien d'art (C. Carletti) illustrant leur expression artistique dans l'iconographie. En outre, ont trouvé place des thèmes qui n'étaient pas facilement accessibles ailleurs, comme par exemple Argumentation patristique (B.Studer), Protologie (U. Bianchi et G. Sfameni Gaspa:rro ; · cet ariièle étant traité de ·maniète à compléter· ·d'autres entrées : Création, Péché originel, Mariaie, Virginité). Qu'il-nous soit permis cte·remercier le P. Claude Mondésert, directeur de « sources Chrétiennes», qui nous-a aimablement offert }!hospitalité au siège de «Sources Chrétiennes», à Lyon, au-moment où les représentants de l'Institutum :eatristicum Augustinianum entreprenaient de programmer le Dictionnaire. Angelo Di Berardino 1. A. D1 BERARDINO, lnitî.ation aux Pères de l'Église, vol. 4, Cerf, 1986.

INDICATIONS POUR L'UTILISATION DU DICTIONNAIRE Les articles se présentent selon l'ordre alphabétique. Leur repérage n'offre donc pas de difficulté. La plupart du tèmps le· titre des article_s - notamment lorsqu'il s'agit de iloms propres - est transcrit en français, selon les sources scientifiques autorisées en la matière. En certains cas, établis par l'usage, on a préféré utiliser la dénomination latine ou grecque. De plus, _ainsi que nous l'avons précisé dans la présentation, on a opté pour un traitement d'ensemble de certains thèmes. -Pour en préciser' tel ou tel aspect particulier on aura donc recours à l'index analytique du tome IV. Cet index permettra en outre de repérer d'autres articles où le thème est mentionné. De même, l'index renvoie aux articles où des noms de ·personnes et d'autres noms propres sont spécialement cités. De la sorte~ une exploitation ràtionnelle des multiples richesses informatives du Dictionnaire en sera. facilitée.

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DIRECTION ET COLLABORATEURS

DIRECTION

Angelo DI BERARDINO François VIAL (pour l'édition française)

CONSEIL SCIENTIFIQUE

Jean GRIBOMONT, Vittorino GROSSI, Adalbert HAMMAN, Tito ORLANDI, Manlio SIMONETTI, Paolo SINISCALCO, Basil STUDER, Pasquale TESTINI, Achille TRIACCA, Sever J. VOICU.

TRADUCTEURS pour l'édition française

Colette ADAM, Jean-Pierre BAGOT, Thérèse BARRÉ, Claude-Marie BESSON, Marie-Claude BESSON, Marie-Thérèse BONNET, Antoinette DE CESARE MITÉRAN, Anne-Lise HACKER, Georges KEMPF, Jean-Yves LE LÉAP, Lorette ROUX, Jacqueline TOUVIER, 'François VIAL.

IX

COLLABORATEURS

ALAND BARBARA, Univ. de Münster. AMANTE SIMON! CLORINDA, Pise. ANGRISANI SANFILIPPO MARIA LUISA, Univ. de Rome. BAGATTI BELLARMINO, Studium Bibl. Franciscanum, Jérusalem. BARNEA JON, Univ. de Bucarest. BATTIKHA ABOUD, Liban. BEATRICE PIER FRANCO, Univ. de Padoue. BIANCHI Uoo, Univ. de Rome. BIANCO MARIA GRAZIA, Univ. de Rome. _BISCONTI FABRIZIO, Rome. BOLGIANI FRANco, Univ. de Turin. BORDONALI FELICIA, Univ. de Catane. BRAIDOTTI CECILIA, Univ. de Rome. BRANDENBURG HUGO, 1st. Arch. Germanico, Rome. BROCCOLI UMBERTO, Rome. CALCAGNINI CARLETTI DANIELA, Univ. de Rome. CAMBI NENAD, Museum de Split. CANART PAUL, Bibliothèque Vaticane, Cité du Vatican. CARLETTI CARW, Univ. de Bari. CAVALCANTI ELENA, Univ. de Pérouse. CAVALLETTI SOFIA, Rome. CECCHELLI TRINCI MARGHBRITA, Univ. de Rome. CERESA GASTALDO Awo, Univ. de Gênes. CHUPUNGCO ANSCAR, Pont. Ateneo S. Anselmo, Rome. CICCARESE MARIA PIA, Univ. de Rome. COCCHINI FRANCESCA, Univ. de Rome. COSTANZA SALVATORE, Univ. de Messine. CROUZEL HENRI, Inst. Cath., Toulouse; Augustinianum, Rome. CURT JOSÉ MARIA, Univ. de Barcelone. CURTI CARMELO, Univ. de Catane. CUSCITO GIUSEPPE, Univ. de Trieste. DALMAIS IRÉNÉE-HENRI, Inst. Cath., Paris. DASSMANN ERNST, Dolger Inst., Bonn. DATTRINO LORENZO, Pond. Univ. del Laterano, Rome. DE BERNARD! FERRERO DARIA, Politecnico, Turin. DE LUIS PIO, Valladolid. DE NICOLA ANGELO, Univ. de Trieste. DE PALOL PEDRO, Univ. de Barcelone. DERIZIOTIS LAZAROS, Arch. Mouseion, Larissa. DE SIMONE RUSSELL J., Univ. de Villanova, U.S.A.; Augustinianum Rome. DIAZ Y DIAZ MANUEL C., Univ. de Compostelle.

X

COLLABORAIBURS DI BERARDINO ANGELO, Augustinianum, Rome. DI NINO ANTONELLA, Rome. DIONISI ULPIA, Rome. DUJCEV IVAN, Académicien, Sofia. DUVAL NOËL, Sorbonne, Paris. FAHEY PATRICK, Augustinianum, Rome. FALLA CASIBLFRANCID MARINA, Univ. de Chieti. FARINA IlAFFAELE, Pont. Univ. Salesiana, Rome. FASOLA UMBERTO, Pont. Ist. Arch. Cristiana, Rome. FÉVRIER PAUL-ALBERT, Université de Provence.

FILORAMO GIOVANNI, Univ. de Turin. FIOCCID NICOLAI VINCENZO, Pont. Ist. Arch. Cristiana, Rome. FOLGADO SEGUNDO, Univ. Maria Cristina, El Escorial. FONTAINE JACQUES, Sorbonne, Paris . .FORLIN PATRUCCO MARCELLA, Univ. de Turin. PREND WU.LIAM H.C., Univ. de Glasgow. GELSI DANIELE, Pont. Ateneo S. Ansehno, Rome. GIANOITO CLAUDIO, Univ. de Turin. GIORDANI ROBERTO, Univ. de Pérouse. GIUNTELLA ANNA MARIA, Univ. de Rome. GRECH PROSPERO, Augustinianum, Rome. GRÉGOIRE RÉGINAID, Univ. de Pise; Augustinianum, Rome. GRIBOMONT JEAN, Pont. Ateneo S. Anselmo, Rome; Augustinianum, Rome.

GRISBROOKE W. JARDINE, Oscot! College, West Midlands, Grande-Bretagne. GROSSI VITTORINO, Augustinianum, Rome. GROSSMANN PETER, Deutsch. Arch. Institut, Le Caire. GUARDIA Mn.AGROS, Univ. de Barcelone. GUARDUCCI MARGHERITA, Univ. de Rome. HAMMAN ADALBERT, Augustinianum, Rome.

HANSON RICHARD, Univ. de Manchester. HARBERT EDWARD, Oxford. HONINGS BONIFACIO, Pont .. Univ. del Laterano, Rome. IRMSCHER JOHANNES, Académie des Sciences de Berlin. KANNENGIESSER CHARLES, Inst. Cath., Paris. KLIJN A.F.J., Univ. de Groningen. LABAIB ANTONIO, Univ. de Messine. LADOCSI GASPAR, Séminaire d'Esztergom. LAVENANT RENÉ, Pont. Inst. Orientale, Rome. LEANZA SANDRO, Univ. de Calabre. LECUYER JOSEPH, Univ. del Laterano, Rome. LE DEAUT ROGER, Pont. Ist. Biblico, Rome. LILLA SALVATORE, Bibl. Vaticane; Augustinianum, Rome.

LOI VINCENZO (t), Univ. de Cagliari. MALASPINA ELENA, Univ. de Rome. MALINGREY ANNE-MARIE, Univ. de Lille.

XI

COLLABORATEURS MARA MARIA GRAZIA, Univ. de Rome; Augustinianum, Rome. MARCHETIA ANTONIO, Univ. de Rome. MARINONE MAR!ANGELA, Univ. de Rome. MAZZOLENI DANILO, Pont. Ist. Arch. Cristiana, Rome. MEES MICHAEL, Augustinianum, Rome. MELON! PtETRO, Univ. de Sassari. MIRABELLA ROBERTI MARIO, Univ. de Trieste. MONACI CASTAGNO ADELE, Univ. de Turin. MUNIER CHARLES, Univ. de Strasbourg. NALDINI MARIO, Univ. de Pérouse. NARDI CARW, Séminaire, Florence. NAUTIN PtERRE, Sorbonne, Paris. NAVARRA LEANDRO, Univ. de Rome. NAZZARO ANTONIO, Univ. de Naples. NEUNHEUSER BuRIŒARD, Maria Laai:h. NOCENT ADRIEN, Pont. Ateneo S. Anselmo, Rome. OPELT ILONA, Univ. de Düsseldorf. ORBE ANTONIO, Pont. Univ. Gregoriana, Rome. ORLANDI Trro, Univ. de Rome; Augustinianum., Rome. OSBORN ERIC, Univ. de Melbourne. PAINTER KENNETII, British Museum, Londres. PALLAS DEMETRIOS, Univ. d'Athènes. PANI GIANCARLO, Univ. de Rome. PANI ERMINI LETIZIA, Univ. de Rome. PASCHOUD FRANCOIS, Univ. de Genève. PASQUATO ÜTIORIN0, Pont. Univ. Salesiana, Rome. PAVAN ENZO, Univ. de Bari. PELEKANIDOU ELLI, Thessalonique. PELLAND GILLES, Pont. Univ. Gregoriana, Rome. PELLEGRINO MICHELE CARD., Turin. PERETTO ELIO, Univ. de Chieti. PERGOLA PHILIPPE, Pont. Ist. Arch. Cristiana, Rome. PERRAYMOND MYLA, Univ. de Rome. PERRONE LoRENZO, Bologne. PIETRI CHARLES, Sorbonne, Paris. PIETRI LUCE, Paris. PINELI JORDI, Pont. Ateneo S. Anselmo, Rome. PIZZANI UBALDO, Univ. de Pérouse. POLLARD T.EVAN, Univ. d'Otago, Dunedin. POLLASTRI ALESSANDRA, Univ. de Rome. PRICOCO SALVATORE, Univ. de Catane. PRINZIVALLI EMANUELA, Rome. QUACQUARELLI ANTONIO, Univ. de Rome; Augustinianum, Rome. RAINERI OSVALDO, Rome. RAPONI SANTINO, Accademia Alfonsiana, Rome.

XII

COLLABORATEURS RECCHIA VINCENZO, Univ. de Bari. RIGGI CALOGERO, Pont. Univ. Salesiana, Rome. RILLIET FRÉDÉRIC, Rome. ROMERO POSE EUGENIO, Burgos, Compostelle. RORDORF WILLY, Univ. de Neuchâtel. ROUILLARD PHILIPPE, Pont. Ateneo S. Anselmo, Rome. SANTAGATA GIULIANA, Rome. SAUGET JOSEPH-MARIE, Bibliothèque Vaticane, Cité du Vatican. SAXER VICTOR, Pont. Ist. Arch. Cristiana, Rome. SCORZA BARCELLONA FRANCESCO, Univ. de Rome. SFAMENI GASPARRO GIULIA, Univ. de Messine. SEVERIN HANS-GEORG, Berlin. SIMONETTI MANLIO, Univ. de Rome; Augustinianum, Rome. SINISCALCO PAOLO, Univ. de Rome; Augustinianum, Rome. SÔLL GEORG, Pont. Univ. Salesiana, Rome. SOTOMAYOR MANUEL, Fac. Pont. de Theo!., Grenade. SPIDLiK THOMAS, Pont. Ist. Orientale, Rome. SPINELLI MARIO, Rome. STEAD CRISTOPHER GEORGE, Univ. de Cambridge. STIERNON DANIEL, Pont. Univ. del Laterano, Rome; Augustinianum, Rome. STUDER BASILIO, Pont. Ateneo S. Anselmo, Rome; Augustinianum, Rome. TESTINI PASQUALE, Univ. de Rome; Augustinianum, Rome. TIBILETTI CARLO, Univ. de Macerata. TRAPÈ AGOSTINO, Augustinianum, Rome. TREVIJANO RAMON, Pont. Univ. de Salamanque. TRIACCA ACHILLE, Pont. Univ. Salesiana, Rome. UNGARO TESTINI LUCREZIA, Rome. VAN ESBROECK MICHEL, Pont. Ist. Orientale, Rome. VANYÔ LASZLO, Univ. de Budapest. VIAL FRANCOIS, Univ. Cath. de l'Ouest, Angers. VOGEL CYRIL, (t) Univ. de Strasbourg. VOGT HERMANN J., Univ. de Tübingen. VOICU SEVER J., Rome. WISEMAN JAMES R., Univ. de Boston. YARNOLD EDWARD, Univ. d'Oxford. ZANGARA VINCENZA, Univ. de Turin. ZINCONE SERGIO, Univ. de Rome.

XIII

ABRÉVIATIONS lP 2P Ph Phm Pr Ps

1re épître de saint Pierre 2' épître de saint Pierre Épître aux Philippiens Épître à Philémon Proverbes

1S 2S Sg Si So

1er livre de Samuel 2° livre de Samuel Sagesse

Ecclésiastique {Siracide) Sophonie

Psaumes

Qo

Ecclésiaste (Qohélet)

lR 2R Rm Rt

1er livre des Rois 2e livre des Rois Épître aux Romains Ruth

Th 1 Th 2 Th 1 Tm 2Tm Tt

Tobie

Za

Zacharie

1re épître aux Thessaloniciens 2e épître aux Thessaloniciens 1re épître à Timothée 2° épître à Timothée Épître à Tite

ABRÉVIATIONS DES LIVRES BIBLIQUES

Ab Ac Ag Am Ap

Abdias Actes des Apôtres Aggée Amos Apocalypse

Ba

Baruch

1 Ch 2Ch 1 Co 2 Co Col Ct

1er livre des Chroniques 2e livre des Chroniques 1re épître aux Corinthiens 2• épître aux Corinthiens

Dn Dt

Daniel Deutéronome

Ep Esd Est Ex Ez

Épître aux Éphésiens Esdras Esther Exode Ézéchiel

Ga Gn

Épître aux Galates Genèse

Ha He

Habaquq Épître aux Hébreux

Nb

Is

Isaïe

Épître aux Colossiens

Cantique des Cantiques

Jb

Je Jdt

fJn

Job Épître de Jacques Judith Livres des Juges Joël Évangile selon saint Jean

1 Jn 2 Jn 3 Jn Jon Jos Jr Jude

3• épître de saint Jean Jonas Livre de Josué

Le Lm Lv

Évangile selon saint Luc Lamentations Uvitique

lM 2M Mc Mi Ml Mt

1er livre des Maccabées 2e livre des Maccabées Évangile selon saint Marc Michée Malachie Évangile selon saint Matthieu

Na Ne

Nahum Nombres Néhémie

Os

Osée

1re épître de saint Jean ze épître de saint Jean

Jérémie

Épître de Jude

XV

SIGLES BIBLIOGRAPIDQUES .

AA AAAd AAAH. AAntHung AAPal AAT AATC AAWB AAWG AAWW AB ABAW ABSA AC ACQ ACW AD ADAW AE AEA AEHE, IV" sect. Aevum

AFLM

Archaologischer Anzeiger, Berlin. Antichità altoadriatiche, Udine. . Acta ad archaeologiam et artium historiam spectantia, Oslo 1962 ss. Acta Antiqua Academiae Scientiarum Hungaricae, Budapest 1951 ss. Alti dell' Accademia di Scienze,. Lettere e Arti di Palermo. Alti e Memorie dell' Accademia delle Scienze di Torino. Classe di Scienze morali, storiche e filosofiche, Torino. Alti e Memorie dell'Accademia Toscana La Colombaria, Firenze. Abhandlungen der Akademie der Wissenschaften in Berlin, 1788 ss. Abhandlungen. der Akademie der Wissenschaften in Goltingen, 1942 ss. Anzeiger der ôsterreichischen Akademie der Wissenschaften, Wien. Analecta Bollandiana, Bruxelles. Abhandlungen der Bayerischen Akademie der Wissenschaften, Philos.-hist. Klasse, München. Annual of the British School at Albens, London. P.J. Dôlger, Antike und Chri,stentum, Münster i.W. 1929,1950. Acta Conciliorum Oecumenicorum, ed. E. Schwartz-J. Straub, Berlin 1914 ss. Ancien! Christian Writers, ed. J. Quasten.J. C. Plumpe, Westminster, Md. - London 1946 ss. Archaiologikè>n Deltion, Athènes. Abhandlungen der Deutschen Akademie der Wissenschaften zu Berlin, Klase für Sprachen, Literatur und Kunst, Berlin 1815 ss. Archaiologikè Ephemeris, Athènes. Archivo Espano! de Arqueologia, Madrid. Annuaire de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, IV" section, Sciences hist. et philol., Paris. Aevum. Rassegna di Scienze storiche, linguistiche e filologiche, Milano. Annali della Facoltà di Lettere e Filosofia, Università di Macerata.

XVII

SIGLES BIBLIOGRAPHIQUES AFLPer AG AGG AGPh AIIS AIPhO AJ AJA AJPh AK

ALMA Altaner Anal Bibl ANF ANL ANRW AnThA AS ASE ASNP ASS AST AT AugM BA BAA

BAB BAC BACr BAGB BALAC

Bàrdenhewer Baumstark BCH BECh Beck Bedjan Benoit, Sare.

XVIII

Annali della Facoltà di Lettere e Filosofia, Università di Perugia. Analecta Gregoriana, Roma 1930 ss. Abhandlungen der Gesellschaft der Wissenschaften, Gottingen 1838-1942 (ensuite AAWG). Archiv für Geschichte der Philosophie, Berlin. Annali dell'Istituto Italiano per gli Studi storici, Napoli. Annuaire de l'Institut de Philologie et d'Histoire Orientales de l'Université Libre de Bruxelles. Apocryphon Johannis. American Journal of Archaeology, New York. American Journal of Philology, Baltimore. Antike Kunst, hrsg. von der Vereinigung der Freunde antiker Kunst in Base1, Olten. Archivum Latinitatis Medü Aevi, Bruxelles. B. A!taner, Précis de Patrologie, Mulhouse, 1941. Analecta Biblica, Roma 1952 ss. Ante-Nicene Fathers (réimp. Grand Rapids, Michigan 1950 ss. ). Ante-Nicene Christian Library, Edinburgh 1866-1872, 1897. Aufstieg und Niedergang der romischen Welt, Berlin. L' Année théologique augustinienne, Lormoy-Paris 1940-1951. Anatolian Studies. Journal of the British lnst. of Archaeology at Ankara, London. Anglo-Saxon England, Cambridge. Annali della Scuola Normale Superiore di Pisa. Acta Sanctorum, ed. Socii Bollandiani, Antwerpen 1643 ss.; Venezia 1734 ss.; Paris 1863 SS. Analecta Sacra Tarraconensia, Barcellona. Antico Testamento. Augustinus Magister. Congrès international Augustinien, Paris 21-24 sept. 1954, 3 vol., Paris 1954-1955, Bibliothèque Augustinienne. Oeuvres de S. Augustin, Paris 1949 ss. Bulletin d' Archéologie algérienne, Alger. Bulletin de la Classe des Lettres de l'Académie Royale de Belgique, Bruxelles. Biblioteca de Autores Cristianos, Madrid 1954 ss. Bullettino di Archeologia Cristiana, Roma. Bulletin de l'Association G. Budé, Paris. Bulletio d'ancienne littérature et d'archéologie chrétienne, Paris. O. Bardenhewer, Geschichte der altkirchlichen Literatur, l, 1902 (21913); II ('1914); Ill (21923); IV, 1924; V, 1931. A. Baumstark, Geschichte der syrischen Literatur mit Anschluss der christlichpaliistinensischen Texte, Bonn 1922. Bulletin de Correspondance Hellénique, Paris. Bibliothèque de !'École des Chartes, Genève. H.-G. Beck, Kirche und theologische Literatur im byzantinischen Reich, München, 1977. Acta Martyrum et Sanctorum (syriaque), dir. P. Bedjan, 7 vol., Paris 1890-1897. F. Benoit, Sarcophages paléochrétiens d'Arles et de Marseille, Paris 1952.

SIGLES BIBLIOGRAPIDQUES BG BGPhM BHG

BHL BHO BHI'h BIAO Bibl. Archaeologist Biblica Bib. Eph. Litg. BICS BIEH BKV BKV2 BKV' BLE Bovini, Sare.

BRL BROB BS BSEAA BStudLat · BT BVAB Byzantion

ByzF ByzZ CAG CahCivMédiévale Cahiers Sion

CArch Cath CCAB CCG CCL CCM CE Cecchelli, Rabb. Gosp. CF

CFL

Berolinensis Gnosticus 8502. Beitrage zur Geschichte der Philosophie und Theologie des Mittelalters, Münster. Bibliotheca hagiographica Graeca, ed. Socii Bollandiani, Bruxelles 31957. Bibliotheca hagiographica Latina, Antiquae et Mediae Aetatis, ed. Socii Bollandiani, 2 vol., Bruxelles 1898-1901 (réimp. 1949) Supplementum 21911. Bibliotheca hagiographica Orientalis, ed. P. Peeters, Bruxelles 1910. Beitriige zur historischen Theologie, Tübingen.

Bulletin de l'Institut français d'_Archéologie Orientale, Le Caire. Biblical Archaeologist, New Haven (Conn.). Biblica. Commentarii editi cura Pontificii Institut Biblici, Roma 1920 ss. Bibliotheca «Ephemerides Liturgicae», Roma. Bulletin of the lnstitute of Classical Studies of the University of London. Boletin del Instituto de Estudios helénicos, Barcelona. Bibliothek der Kirchenvater, ed. F.X. Reithmayr-V. Thalhofer, Kempten 1869-1888. Bibliothek der Kirchenvater, ed. O. Bardenhewer-T. Schermann-C. Weymann, Kempten-München 1911-1930. Bibliothek der Kirchenvater, Zweite Reihe, ed. O. Bardenhewer-J. Zellinger-J. Martin, München 1932-1938. Bulletin de Littérature. Ecclésiastique, Toulouse 1877 ss. G. Bovini, I sarcofagi paleocristiani della Spagna, Città del Vaticano 1954. Bulletin of the John Rylands Library, Manchester; Berichten van de Rijksdienst voor het oudheidkundig bodemonderzœk,'s- Gravenhage. Bibliotheca Sanctorum, sous la responsabilité de l'Istituto Giovanni XXIII, Pont. Università Lateranense, Roma 1961-1970. •Boletin del Seminario de Estudios de Arte y de Arqueologia, Valladolid. Bollettino di Studi Latini, Napoli. Bibliotheca scriptorum graecorum et romanorum Teubneriana, Leipzig 1824 ss. Bulletin van de Vereeniging tot Bevordering der Kennis van de Antieke Beschaving,

Leiden. Byzantiom Revue internationale des Études byzantines, Bruxelles. Byzantinische Forschungen, Amsterdam. Byzantinische Zeitschrift, München. Commentaria in Aristotelem Graeca, Berlin 1882-1909. Cahiers de civilisation médiévale XC et XIIe_ siècles, Poitiers. Cahiers sioniens, Paris.

Cahiers Archéologiques. Fin de l' Antiquité et Moyen Age; Paris. Catholicisme, Paris 1948 ss. Corsi di cu.ltura- sull'arte ravennate e bizantina, Balogna.

Corpus Christianorum. Series Graeca, Turnhout 1977 ss .. Corpus Christianorum. Series Latina, Turnhout 1953 ss. Corpus Christianorum. Continuatio Mediaevalis, ·Turnhout·· 1966 ss. The New Catholic Encyclopedia, New York 1967. C.Cecchelli-G. Furlani-M. Salmi, The Rabbula Gospel, Lausanne 1959. Classical Folia. Studies in the Christian Perpetuation of the Classics, New York. Cuademos de Filologia clasica, Madrid.

XIX

SIGLES BIBLIOGRAPIDQUES CGG Chabot ChHist CIG CIL CJ

CM COeD Corpus CP CPG CPh CPL CPT

CQ CRAI

csco CSEL CSHB

cr

CTP

DA DACL DAGR DB DBI DBF DBS DCA DCB DDC Delehaye OC Delehaye PM DHEE DHGE Diaz Didaskal. Diehl DIP Div

XX

Das Konzil von Chalkedon. GeSchichte und Gegenwart, ed. A. Grillmeier- H. Bacht, Würzburg 1951-1954; réimp. 1962. J.B. Chabot, La Littérature syriaque, Paris 1935. Church History. American ·Society of Church History, Chicago. Corpus inscriptionurn Graecarurn, Berolini 1828-1877. Corpus inscriptionum Latinarum, Be!olini 1869 ss. Codex Justinianus. Classica et Mediaevalia, KObe$ayn. Conciliorum Oecumenicorum Decreta, lstituto perle Scienze Religiose, Bologna 31973. G. Valenti Zucchini-M·.. Bucci, Corpus della scultura paleocristiana bizantina ed altomedievale di Raverina, Il. I. sacrofagi a figure e a carattere simbolico. Roma 1968. Corona- Patrum, Torino. M. Geerard, Clavis Patrum Graecorum, Turnhout 1974 ss. Classical PhUology;Chicago. E. Dekkers-A. Gaar, Clavis Patrum Latinorum, 21961 (SEJG 3). Cambridge Patristic Texts, ed. A.J. Mason, Cambridge 1899 ss. Classical Quarterly, Oxford. Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Paris. Corpus Scriptorum Christianorum Orientalium, Paris-Louvain 1903 ss. Corpus· Scriptorum Ecclesiasticorum Latinorum, Wien 1865 ss. Corpus Scriptorurn Historiae Byzantinae, Bonn 1828-1897: Codex Theodosianus. Collana dï testi patristici, Roma 1976 ss. Dissertation Abstracts, Ann Arbor, Michigan_ 1938 ss. Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie, Paris 1907-1953. Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines, dir. Ch. Daremberg-E. Saglio, Paris 1877-1919. Dictionnaire de la Bible, Paris 1895-1912, Dizionario Biografico degli Italiani, Roma 1960 ss. Dictionnaire de biographie française, Paris 1923 ss. Dictionnaire de la Bible. Supplément, Paris 1926 ss. Dictionary of Christian Antiquity, ed. W. Smith e S. Cheetham, 2 vol. London. Dictionary oIChristian Biography, Literature, Seets and Doctrines, ed. W. Smith e H. Wace, 4 vol., London 1887. Dictionnaire de droit canonique, Paris 1924-1965, RDelehaye, Les Origines du culte des martyrs, Bruxelles 21933. H.Delehaye, Les Passions des martyrs et les genres littéraires, Bruxelles 1921. Diccioµario de Historia eclesiastica de Espaiia, Madrid 1972-1975. Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastique, Paris 1909 ss. M.C. Diaz y Diaz, Index Scriptorum Latinorum Medii Aevi Hispanorum, Madrid 1959. Didaskaleion. Studi filologici di letteratura cristiana antica, Torino. E. Diehl, lnscriptiones Latinae Christianae Veteres, 3 vol., Berlin 1925-1931; nouvelle ed. avec supplément dir. J. Moreau, ibid. 1961. Dizionario degli Istituti di perfezione, Roma 1974 ss. Divinitas. Pontificiae Academiae theologicae romanae commentarii.

SIGLES BIBLIOGRAPHIQUES DOP DR DS DSp DTC Duchesne, Fastes

Duchesne LP Duval

EAA EB EC EF EH EHBS El EJ Enc Bibl Enc Univ EO EOMIA EP EphemLlturg Eranos Eranos-Jb Erbetta ES EstEcl EtByz EtCam EthL Études EvangTheol FBSM FC Ferrua Via Latina FHG FIFAO Riche-Martin

FMS FP

Durnbarton Oalov dans la mesure où ce dernier est participant de l'ulrov et non l'inverse (III 10, 8-21; 13, 22-26); et il est inférieur à l'être absolu ou être-un (ëv ôv), puisqu'il lui est inclus (III 15, 14-19) dans là mesure où le concept d' «existence» est plus général que celui d' « existence éternelle» et lui est donc

supérieur (III 15, 22-27; El. theol. 87 p. 80, 22-24 Dodds). L'ulrov hypostasié comme «dieu intelligible» (In Tim. III 13, 22) fait en sorte que les êtres intelligibles inférieurs contenus dans le VOTJ,OV Çil>ov restent toujours identiques à eux-mêmes (In Tim. III 13, 31-32; 15, 32-16, 1). Proclus distingue les deux concepts d'être et d'uirov, à l'inverse de Strabon de Lampsaque (rn• s. av. J.-C. ), dans son œuvre sur l'être (Ill 16, 3-4). II. Dans la Bible et la littérature patristique

Dans !'A.T. comme dans le N.T. l'ulrov indique soit une très longue durée soit l'éternité ; dans le N.T., lorsqu'il est accompagné des connotations oôwç (celui-ci) et µsÂ.Â.rov (à venir), il désigne respectivement le temps présent et le temps à venir dans le sens du royaume de Dieu, par opposition au présent (cf. p. ex. Mt 12, 32; Ep 1, 21). Déjà dans 4 M 18, 24, l'expression eiç wt'lç ulil>vuç ,il>v ulrovrov (dans les siècles des siècles) apparaît en relation étroite avec le terme Ml;u (gloire) ; et la même combinaison - soit sous la forme plus longue eiç wùç ulil>vuç ,il>v uirovrov, soit plus brièvement elç wilç ulil>vuç (dans les siècles) - se retrouve plusieurs fois chez saint Paul (cf. p. ex. Rm 11, 36; 16, 27; Ga 1, 5; Ep 3, 21; Phm 4, 20; He 13, 21); dans la littérature homilétique patristique, elle devient la formule de base de la doxologie qui conclut l'homélie. Une réminiscence «philosophique» du terme uirov resurgit chez le Pseudo-Denys l'Aréopagite: à l'instar de Platon, de Plotin et de Proclus, il établit un rapport étroit entre l'ulrov et l'immuabilité de l'être (Nom. div. X, 3, PG3, 937 C12-Dl; 937 D5-6); avec Aristote, il l'identifie à la durée totale du temps (Nom. div. X, 3, 937 Cll, 12); et avec Plotin (Enn. III 7, 6 vol. III 133, 1-3) et le traité XI du Corpus H ermeticum il le considère comme le produit du principe premier, lequel reste antérieur et supérieur à lui (Nom. div. X, 3, PG 3, 940 A9-13). 59

AITHALLA D'ÉDESSE ID. Dans le gnosticisme

Même Plotin, Proclus, les oracles chaldéens, les papyrus magiques et implicitement le passage du Corpus Hermeticum XI, 20 (I 155, 15) appellent l'airov «dieu»(cf. E. R. Dodds, Proclus. The Elements of theology, Oxford 21963 p. 228; A.D. Nock-A.J. Festugière, Corpus Hermeticum I, Paris 1945, p. 157 n. 8}; à Alexandrie l'airov est fêté comme un dieu et il occupe une position prééminente dans le culte de Mithra (cf. F.M.M. Sagnard, La gnose valentinienne et le témoignage de saint Irénée, Paris 1947, p. 269 n. 2 et références). Mais c'est surtout dans le gnosticisme qu'il va être déifié et se répandre en une multitude d'êtres divins. Ce processus est particulièrement évident chez les valentiniens et dans la secte des barbélites. Dans le système valentinien les ai&vsç, disposés en couples ou syzygies, sont les trente (ou vingt-huit) êtres divins constituant le plérôme émanant du ,éÀstoç alrov (éon parfait) originel,. formé par le couple Bu06ç"Evvota (fond-pensée) (appelé aussi ~tyiJX6.ptç - silence-grâce) : cf. Tertullien, Adv. Valentin. 184, 3; 185, 15; 185, 23; 187, 8-9 Kroymann; Irénée, Adv. haer. I 1, 1 (28, 75 Rousseau-Doutreleau, SCh 264); I, 1, 2 (32, 106); I, 1, 3 (33, 120; 34, 129); I, 2, 1 (37, 145; 37, 151); I, 2, 3 (42, 186); I, 2, 5 (44, 207, 210,212); I, 2, 6 (46,226; 47, 233,236); Clément d'Alexandrie, Exc. ex Theod. 7, 1 (III 108·, 1 Stahlin) ; Hippolyte, Ref. omm. h~er. VI 29, 7 (156, 18 Wendland), VI 29, 8 (156, 24), VI 30, 2 (157, 9), VI 30, 4 (157, 17), VI 30, 6 (157, 23, 25, 26), VI 31, 1 (158, 17), VI 32, 1 (160, 1, 3). Les élus ou «pneumatiques», une fois admis dans le plérome avec leurs anges; deviennent eux aussi des « éons intelligents» (ai&vsç vospoi ysv6µsva); cf. Clément d'Alexandrie, Exc. ex Theod. 64 (III 128, 8). Ce dernier passage est en correspondance exacte avec l'expression alrov ysvoù (éon natif) du Corpus Herm. XI, 20 (I 155, 15). Dans !'Apocryphe de Jean, qni est le document principal de la secte des barbélites, conservé 60

dans le codex II de Nag-Hammadi, trois éons sont contenus dans chacune des quatre puissances émanant du Christ (55, 30-56, 28, cf. Giversen, Apocryphon Johannis [Acta theologica Danica V] Copenhague 1963; p. 59-61 et 142); et au début (47, 24-25 op. cit. p. 47) Jean s'interroge sur la nature de l'éon· dans lequel l'homme est destiné à aller. E. Bréhier, Plotin ~nnéades III, Paris 1925 (Les belles,

Lettres) pp. 123-126; A.D. Neck-A. J. Festugière, Corpus Hermeticum I, Paris 1945, pp. 143, 146, 155 nn. 4-5; 157.

n. 8; F.M.M. Sagnard, La gnose valentinienne et le témoignage de saint Irénée, Paris 1947, p. 296. n. 2; J. Guitton, Le telllps et l'éternité chez PlÔtin et S. Augustin, Paris 1933; H. Weiss, An interpretative Note on a Passage in Plotinus

On Etemity and Time, (III 7,6), CPh (1941) 230-239; E.R; Dodds, Proclus. The Elements of.Theology, Oxford 21963,, pp. 227-229, 246; $. Giyersen, ApocryjJhon Johannis [Acta Theologica Dànica V], Copenhagen 1963, p. -142. On trouvera aussi une bibliographie in Nock- Festugière; op. dt., pp. 143 et 157 n. 8 et in Dodds, op. cit., p. 228.-

S. Lilla

AITHALLA D'ÉDESSE

Aeithalâs (en grec), Aiihalaha ou Ithalaha (en syriaque), Atheghahay (en arménien) fut évêque d'Édesse de 324 à 345/348. Selon la Chronique d'Édesse dn VIe s., il se rendit célèbre par la construction d'un cimetière à l'est de l'église de la métropole mésopotamienne. Soh nom figure parmi les signataires du concile de Nicée. On lui attribue une lettre conservée en arménien et publiée en 1942 par P.I. Tho: rossian. Elle est considérée comme authentique par A. Viiiibus, qui l'utilise pour prouver l'usage du Diatessaron à Édesse avant Rabbula. Cette «lettre de Aithalla, évêque d'Édesse » a été examinée du point de vue dogmatique par M.G. Durand. L'existence d'une lettre synodale du concile de Nicée serait en effet d'un intérêt exceptionnel. En fait, la doctrine trinitaire se révèle très évoluée, tandis que la christologie est antérieure au concile d'Ephèse. Cette lettre semble viser surtout les erreurs·

ALBANIE DU CAUCASE

de la secte des audiens, qui vit le jour à Édesse vers 340. Elle pourrait dater seulement de la fin du IV" s. ou avoir été interpolée dans sa doctrine trinitaire. P .I. Thorossian, Aithallae episcopi edesseni epistula ad christianos in Perstirum regione de fide, Venezia 1942, p. 75; M.G. Durand, Un document sur le concile de Nicée?: RSPh 50 (1966) 615~627; A; Vôôbus, Studies in the history of the Gospel Text in syriac. CSCO 128, Subs. 3, Louvain 1951, 40; J.M. Fiey, Jalons pour une histoire de l'Église en Iraq, CSCO 370, Subs. 38, Louvain 1970, 125, n. 60.

premier témoignage du culte de ce martyr. Gildas raconte sa passion, Venance Fortunat atteste la vénération dont il est l'objet, Bède le Vénérable a popularisé son histoire. La ville actuelle de St. Albans (Hertfordshire) porte son nom. Mart. hier., p. 329; Delehaye OC, 362; BS 1, 656•8 (mauvaise interprétation du Mart. hier.).

V. Saxer

M. van Esbroeck ALBANIE DU CAUCASE ALARIC I"' (370-410)

D'abord chef des Goths qui résidaient comme foederati (alliés) en Mésie et en Pannonie, il fut élu roi des Wisigoths en 395 à la mort de Théodose, et envahit la Macédoine et la Grèce. Repoussé par Stilicon, il se retira en Illyrie, où l'empereur Arcadius le nomma magister militum (chef des armées). Quelques années plus tard, Alaric s'avança en Italie où Stilicon lui infligea deux sévères défaites à Pollenzo, dans le Piémont (402) et à Vérone. A la mort de Stilicon, il retourna en Italie, poussant jusqu'à Rome qu'il saccagea le 24 août 410. Il poursuivit vers le sud, avec l'intention de passer en Afrique, mais mourut peu après, non loin du fleuve Busentum (Cosenza). M. Brion, La vje d'Alaric, Paris 1930; P. Courcelle, Histoire littéraire des gràndes invasions gennaniques, Paris 21964, 31-77.

U. Dionisi

ALBAN DE VÊRULAM Dans le Mart. hier., ni la recension italique ni l'auxerroise, mais seulement les additions tardives ou les manuscrits tardifs portent le

Son territoire correspond à l'actuel Azerbaïdjan septentrional et au Daghestan méridional. ·Elle connut de bonne heure la religion chrétienne, au témoignage même de la tradi' tion. Moyse d'Outi (éd. C.J.F. Dowsett) précise qu'Élysée, disciple de Thaddée, fut le premier évêque de la région, sacré selon lui à Jérusalem, quoique en réalité nous n'ayons pas d'information précise avant le IVe s. Parmi les premiers catholicos il faut faire mention de Grégoire, neveu de saint Grégoire l'Illuminateur (cf. Fauste de Byzance, in Langlois Collection, I, 213). On retrouve un autre évêque de la région au concile de Séleucie en 421. Plus tard les Albanais participeront au concile de Vagharshapat, où ils embrasseront officiellement le monophysisme. Après la conversion des Huns au christianisme, œuvre de l'évêque Israël {fin du VIIe s.), l'Église albanaise connaîtra les mêmes vicissitudes que sa sœur armé' nienne. Les sources (Moyse d'Outi) font allusion de manière sporadique aux premiers édifices du culte bâtis dans la région : entre autres, l'église d'Amaraz construite par le catholicos Grégoire dans la cité qui fut le siège du métropolite d'Albanie. Malheureusement les restes archéologiques sont aussi réduits que les sources littéraires: parmi eux, le complexe de Supagvlane, comprenant une petite

61

ALDHELM

tite basilique plus ancienne à nef unique datant du V" ou vi• s. et un édifice analogue plus tardif (VIII0 -IX" s.), ainsi que la basilique de Kum à .trois nefs divisées par des pilastres et des arcades torsadées. Cet édifice, comparé à d'autres édifices de culte arménien tels que Tekor et Ereruk (cf. K.V. Trever, Ossetvazioni, p. 297s.), présente aussi des similitudes avec un type d'architecture créé dans la Géorgie voisine, et illustré par la basilique dite à trois églises (cf. en particulier Zegani, VII" s.). Mais le monument le plus significatif pour l'histoire de l'art est l'église située à proximité du village de Lekit, dans l'Azerbaïdjan septentrional, un bâtiment à quatre voûtes avec déambulatoire tout à fait analogue à celui de Zvart'noc qui, comme ce dernier, est intégré dans un vaste complexe dont il ne reste presque rien. L'édifice est construit en galets de rivière disposés régulièrement, selon une technique murale utilisée dans la région, et la paroi externe est décorée d'arcs aveugles, comme à Zvart'noc et Bana. A Lekit, contrairement à Zvart'noc, deux pièces absidiales font saillie aux angles nord-est et sud-est.· On retrouve cet élément à Bana, sauf qu'ici les pièces absidiales, au nombre de quatre, sont situées à l'intérieur du périmètre de l'édifice. Le manque total de sources littéraires et épigraphiques constitue un sérieux handicap pour une compréhension plus approfondie du monument, en particulier en ce qui concerne son âge et ses fonctions liturgiques précises. En fait l'attribution de cet édifice à l'époque du prince d'Albanie Juansher (637" 638/680-681) est particulièrement hypothétique, même si selon Kleinbauer (Zvart'noc, p. 253-254) il y aurait une filiation évidente avec Zvart'noc, dont la datation (641-661) pourrait constituer un terminus post quem. Pour la période en cause, nous possédons vraiment très peu

de témoignages architecturaux. Toutefois les quelques documents subsistants permettent de préciser, avec les réserves qui s'imposent, de nombreux points communs àvecles civilisations contemporaines d'Arménie et de Géorgie, 62

puisque l'Albanie entretenait avec ses voisines des rapports étroits, spécialement avec l'Arménie à laquelle l'Église albanaise restera longtemps liée. Un aspect particulier de l'art albanais est la production d'objets en argent, notamment de plats et d'amphores, dont beaucoup sont datés du vi• et VII0 s. ; par la structure et la décoration ils prouventune bonne assimilation de la tradition sassanide aussi bien que bactrienne. V. Langlois, Collection des historiens anciens et moder-

nes de l'Arménie, Paris 1867 (2 vol.); DTC 1, 1888- 1968; K.V. Trever, Observations sur l'histoire et la culture de l'Albanie du Caucase (en russe), Moscou 1959; C.J. Dowsett, The History of the Caucasian A/banians by Moyse~ Dasxuranci, London 1961; V. Ousseinov, Histoire de l'architecture de l'Azerbaïdjan, Moscou 1963 (en rusSe); E.W. Kleinbauer, Zvart'noc and the Origins of Christian Architecture in Annenia: Art Bulletin 26 (1972) 245-62, en particulier 253-254.

M. Falla Castelfranchi

ALDHELM

Né vers 640 de la famille royale du Wessex, il est la première personnalité littéraire de souche anglo-saxonne. Il é_tudia d'abord avec l'irlandais Maeldubh, puis ·!tvec Hadrien de Cantorbéry pour revenir enfin à son vieux maître. Il fut moine puis prêtre à l'abbaye de Malmesbury dont il devint l'abbé en 676. En 705 il fut nommé évêque de Sherborne tout en conservant la direction de l'abbaye. Il mourut le 25 mai 709. Tous ses écrits révèlent un intérêt prééminent pour la littérature, ce qui reste un cas exceptionnel à cette époque. De lui nous conservons cinq poèmes hexamétriques, qui se présentent comme des inscriptions pour les dédicaces d'églises; le De virginitate est un éloge appuyé de la vie célibataire : la première version est en vers et la seconde en prose. Son œuvre majeure est le De metris et aenigmatibus ac pedum regulis, écrite vers 695 et dédiée au roi Alfrid de Northumbrie. C'est une œuvre compliquée et bizarre dont le rythme est soi-

ALEXANDRE L'ACÉMÈTE

gnensement ordonnancé par l'alternance de la prose et des vers et par l'agencement des différents thèmes. Il s'en détache un vaste traité sur la valeur symbolique du chiffre sept, une explication de la métrique de l'hexamètre, un ensemble de cent énigmes de longueur variable en hexamètres. Il y est aussi question de métrique et de prosodie. Tout l'auteur est dans ce livre: son ambition littéraire, la fantaisie irlandaise, la maîtrise de l'écriture qui devient un véritable jeu de combinaisons obscures, son attrait pour la· granunaire et la métrique, sa vaste culture et sa solide base scolastique, son souci de bien faire apparaître tout ce savoir. Nous possédons quelques-unes de ses lettres dont la complication formelle rend compte à la fois du style de l'auteur et de la règle du genre. L'une de ces lettres défend la coutume romaine à propos de Pâques et de la tonsure, les autres sont de caractère littéraire. Dans l'Ep. 5, Aldhehn affirme que l'Angleterre peut désormais fournir des maîtres tout aussi compétents que ceux d'Irlande. CPL 1331-1339; PL 89, 63-314; MGH, AA, 15.

M. Simonetti

ALEXANDRE L'ACÉMÈTE

Les péripéties mouvementées de la vie d'Alexandre sont connues avec assez de détails, même si en divers cas sa chronologie et ia topographie sont malaisées à établir avec précision, grâce à la biographie écrite vraisemblablement par l'un de ses propres disciples, resté dans l'anonymat (PO VI, 658-701, éd. De Stoop). Pour ce qui regarde les dernières années d'Alexandre, c'est aux vies d'Hypatios et de Marcel l' Acémète qu'il faut recourir. Alexandre naquit vers le milieu du IVe s. dans une île de la mer Égée entre Ténédos et Rhodes. Après sa formation littéraire à Constantinople et une expérience de courte durée dans la carrière militaire, il partit pour la Syrie (380

env.) et demeura sept ans dans un monastère dirigé par un archimandrite du nom d'Élie. A la recherche d'une vie encore plus conforme aux préceptes évangéliques, Alexandre parcourut la Mésopotamie et après diverses aventures (entre autres la destruction des idoles païennes et la longue discussion avec le préfet du lieu Rabboulas, qui à la fin se convertit: on a reconnu dans cet épisode une interpolation provenant de la vie de Rabbula, évêque d'Édesse), aventures provoquées par l'ardeur de son zêle apostolique, il fonda sur la rive droite de !'Euphrate, dans une localité non identifiée, un monastère qui se développa rapidement et aurait compté très vite quatre cents moines de provenances et de langues diverses (syriens, grecs, romains et égyptiens). Mais poussé à nouveau par son ardeur d'évangélisation, il partit avec les plus zélés de ses disciples pour christianiser la Mésopotamie. Il gagna ensuite Pahnyre et de là Antioche (où, toujours selon la Vie, il serait déjà venu une première fois vers 403 pour provoquer à la rébellion les chrétiens contre l'intrus Porphyre). Il provoqua alors par ses jugements outranciers la colère du patriarche Théodote et des autorités civiles et se vit sans tarder chassé de la ville. Il se réfugia d'abord, semble-t-il, à Chalcis, puis, quittant la Syrie, il s'arrêta au monastère du Krithénion où il trouva certains de ses anciens disciples restés fidèles à la pratique de la prière continuelle. De là, il partit avec vingtquatre compagnons qu'il · amena jusqu'à Constantinople. Près de l'église de St-Menas, il jeta les fondements d'un monastère où il put finalement mettre en vigueur ses idées sur la pratique intégrale des préceptes évangéliques: pauvreté absolue, refus de tout travail manuel, charité incessante, apostolat par la prédication, et surtout la prière ininterrompue ou doxologie perpétuelle. C'est cette dernière caractéristique qui lui valut ainsi qu'à ses disciples l'appellation d'acémète (non parce que les moines s'abstenaient complètement de sommeil, mais parce qu'ils étaient répartis en plu63

ALEXANDRE D'ALEXANDRIE

sieurs chœurs qui se relayaient sans interruption pour célébrer la Laus perennis). L'attrait que suscita cette nouvelle fondation pour les moines des monastères aux pratiques traditionnelles, ne tarda pas à provoquer jalousies, rancunes et animosités contre Alexandre qui, de son côté, ne ménageait pas les critiques contre quiconque ne partageait pas ses vues, fût-il investi d'autorité religieuse ou civile. En 426 ou 427, Théodote d'Antioche (déjà mentionné plus haut) et d'autres évêques réunis à Constantinople condamnèrent dans une lettre à l'Église de Pamphilie les erreurs des euchites ou messaliens. Tillemont a mis en relation cet événement avec le procès qui aboutit à l'obligation pour Alexandre de retourner en Syrie et pour ses moines de réintégrer leurs monastères d'origine. Alexandre avait à peine traversé le Bosphore et atteint la localité de Roufinianes qu'il fut victime d'un guet-apens tramé par l'évêque Eulalios. Il fut accueilli et soigné par !'higoumène du monastère de Roufinianes, Hypatios et, après sa guérison, protégé par l'impératrice, il réussit à fonder un nouveau monastère à Gomon, en Asie, là ou se rencontrent le Bosphore et la Mer Noire. Il y mourut peu après, vers l'année 430. Le biographe d'Alexandre décrit son héros avec réalisme et objectivité mettant.parfaitement en valeur son idéal spirituel, ses qualités et ses vertus, sans cacher ses défauts et les excès où le conduisait une conception stricte et intransigeante de la mise en pratique de l'Évangile; en cela, par conséquent, le biographe se présente avec une garantie réelle de véracité. Le document qu'il a laissé est en outre d'un grand intérêt et d'nne importance fondamentale concernant les traditions monastiques en Syrie et à Constantinople tant à la fin du 1v0 s. que dans la première moitié du v" s., et spécialement pour ce qui concerne le mouvement des acémètes. DHGE 1, 274-282; PO 6, 645-647; BS 1, 766-768. DIP 1, 479-480.

J.-M. Sauget 64

ALEXANDRE D'ALEXANDRIE Évêque d'Alexandrie de 312 à 328, Alexandre a d'abord lutté contre le schisme de Melitios de Lycopolis, qui avait éclaté lors de la persécution dont fut victime son prédécesseur, Pierre l"' d'Alexandrie (t 311). Vers l'époque du premier concile œcuménique de Nicée (325), ce schisme regroupait environ la moitié des sièges épiscopaux du ressort d'Alexandre, ainsi que des prêtres et des diacres dans Alexandrie même. Le canon 6 de Nicée réaffirma les prérogatives du siège d'Alexandrie sur l'Égypte proprement dite, la Thébaïde, la Libye et la Pentapole. En réalité, la situation ne semble guère s'être modifiée jusqu'à la mort d'Alexandre, le 17 avril 328. Les débuts de la crise arienne .s'inscrivent dans ce contexte. Aux alentours de 318, Alexandre s'est trouvé, en effet, confronté à l'opposition d'un parti doctrinal, formé dans sa propre Église par un• de ses prêtres les plus influents, Arius, à qui il avait confié la paroisse de Baucalis. Après une période de discussions et de réunions contradictoires, l'évêque rassembla un synode de cent évêques, qui excommunia Arius, avec cinq autres prêtres, six diacres et deux évêques, sans doute en 319. La lettre encyclique Henos sômatos, adressée par Alexandre «aux chers et très vénérés coliturges de l'Église catholique qui sont en tons lieux», postérieure à ce synode, réagit contre l'ingérence dans l'affaire arienne d'Eusèbe de Nicomédie et d'autres évêques orientaux. Ceux-ci avaient offert· leur soutien aux excommuniés d'Alexandrie. Arius lui-même relate dans sa lettre à Eusèbe· la raison du conflit. Parlant d'Alexandre, il précise : « Il nous chasse de la ville... parce que nous ne parlons pas comme lui dans la déclaration publique où il dit: Toujours Dieu, toujours Fils. Ensemble Père, ensemble Fils» (Opitz, Urkunde 1). Il est difficile de percevoir la raison exacte du scandale d' Arius. Alexandre a sans doute insisté sur l'éternité de Ja génération divine du Fils et sur son unité sub-

ALEXANDRE D'APAMÉE

stantielle avec le Père, comme le montre une autre lettre dogmatique adressée par lui à son homologue, Alexandre de Thessalonique, en 324. Il est certain qu' Arius réagit en radicalisant ses propres thèses théologiques, connues en particulier à partir des extraits de sa Thalie. Ce court traité, rédigé à Alexandrie même avant l'exil d'Arius,. marque une innovation littéraire et doctrinale au sein du débat entre les factions de théologiens alexandrins, où Alexandre intervint en formulant sa doctrine du Fils de Dieu. L'originalité excessive des thèses ariennes ne permit pas à celles-ci de se faire accréditer auprès des évêques orientaux, qui protégeaient cependant Arius. Mais Alexandre réussit à faire triompher ses idées au synode d'Antioche de 324, puis à celui de Nicée en 325. La formule de foi nicéenne offre des particularités polémiques, antiariennes, qui vont directement dans le sens de la théologie d'Alexandre, bien que celui-ci n'ait pas employé le terme d'homoousios . Au cours de ce conflit doctrinal, qui occupa les dix dernières années de son épiscopat, Alexandre trouva un allié sûr et efficace en la personne d'un jeune diacre, son futur successeur, Athanase. On retrouvera l'essentiel de son enseignement dans les traités de ce dernier Contre les Ariens, sans qu'il faille pour autant renverser les rôles et attribuer au diacre une part active dans la rédaction des lettres dogmatiques d'Alexandre, comme cela a été parfois suggéré. Un sermon Sur l'âme et le corps et sur la passion du Seigneur, en traduction syriaque et copte, est attribué à. Alexandre par certains témoins manuscrits. Son authenticité est fortement controversée. Elle paraît pour le moins douteu.se. On y retrouve la trace d'une homélie de Méliton de Sardes. CPG II, 2000-2017; PG 18, 571-82; H.G. Opitz, Athanasius Werke III,!, 6 (Urkunde 4a); 6--11 (Urk. 4b); 1929 (Urk. 14); 29-31 (Urk. 15); 31 (Urk. 16); A. Harnack, Geschichte d. ait. Literatur, I, Leipzig 1893 (1958) 449451; E. Schwartz, Die Que lien über den melitianischen Streits, NGWG, phil. hist. KI. 1905, 164-187. = Gesam.

Schr. III (1959) 87-116; Id., Die Dokumente des ari_anischen Streits bis 325, ibid., 257-299 = o.c. III (1959) 117168; Das antiochenische Synodal-Schreiben von 325, ibid. 1908, 304-374 partim o.c. III (1959)167-187; F.H. Kettler, Der melitianische Streit in Aegypten: ZNTW 35 (193637) 155-19.3; A. Aranda Lomena, El Espfritu Santo en-los Sfmbolos de Cirilo de Jerusalén y Alejandro de Alejandrfa: ScTh 5 (1973) 223-273; ·w. Schneemelcher, Der Sermo « De anima et corpore» ein Werk.Alexanders von Alexandrien, Festschrift f. G. Dehn (1957) 119-143; A. Martin, Athanase et les inélitiens (325-335) in Ch. Kannengiesser (ed.), Politique et Théologiè-chez Athanase d'Alexandriè (1974) 31-61 ;· E. Bellini, Alessandro e Ario. Un esempio di conflitto tra fede e ideologia. Documenti. della prima controversia ariana, Milano 1974; M. Simonetti, La crisi ariana nef IV secolo, Roma 1975; L. Abramowski, Die Synode von Anti.ochien 324/25 und ihr Symbol: ZKG 86

=

(1975) 356-366.

Ch. Kannengiesser ALEXANDRE D'ANTIOCHE

Évêque d'Antioche (413-421), il mit pratiquement fin au long schisme d'Antioche, car il réussit à faire revenir dans la communauté catholique d'Antioche les anciens partisans d'Eustathe et de Paulin qui jusqu'alors avaient refusé toute proposition d'union. Seul un petit groupe refusa l'union. C'est pour cette raison que l'élection d'Alexandre d'Antioche fut reconnue même par Innocent de Rome. EC 1, 782; DCB 1, 82; F: Cavallera, Le schisme d'Antioche ( /"V""- V" siècle), Paris· 1905, ·292 ss.

M. Simonetti

ALEXANDRE D'APAMÉE

Suffragant du patriarche d'Antioche, il participa au conci,led'Éphèse (431) et, avec Alexandre d'Hiérapolis, il chercha à en retarder l'ouverture jusqu'à l'arrivée de Jean d'Antioche, malgré la décision contraire de Cyrille d'Alexandrie. Son nom figure parmi les signataires de la proposition s'opposant à la déposition de Nestorius et à l'excommunication de Cyrille. Excommunié au cours de la cinquième 65

ALEXANDRE D'APHRODISE

session du concile, à l'occasion de l'envoi à Constantinople des représentants des diverses parties, il délégua ses pouvoirs à Apringius de Chalcis. De ses œnvres il nous reste la traduction latine d'une courte lettre datée de 434 et adressée à Alexandre d'Hiérapolis, dans laquelle il manifeste le désir de le rencontrer, peut-être pour le convaincre d'entrer en communion avec

Jean d_'Antioche et Cyrille d'Alexandrie. CPG 6390; PG 84,746; ACQ!, 4 (1922-1923), 89-90; DCB 1, 82-83; Hfl-Lecl Il, 1 (1908) 296.313-314; DHGE 2, 191.,

F. Scorza Barcellona

ALEXANDRE D'APHRODISE

Commentateur d'Aristote et philosophe péripatéticien. Il vécut à la fin du Ile et au début du m 0 s. ap. J.-C., comme en témoigne le début de son traité De fato (p. 164, 3 Bruns) où il s'adresse directement aux empereurs Sévère et Antonin (c'est-à-dire Septime Sévère et Caracalla). Disciple d'Aristoclès et de Sosigène, il fut le plus· érudit des commentateurs d'Aristote, à la fois référence et source des commentateurs postérieurs, en particulier de Simplicius. Il fut également un philosophe qui, en développant certains points de la pensée aristotélicienne, ne laissa pas d'influencer quelques représentants du néo-platonisme comme Plotin et Siryanus (Porphyre, Vita Plot. 14, 1: 15, 13; Bréhier le cite comme l'un des auteurs étudiés dans les cours de Plotin). L'originalité la plus caractéristique de sa doctrine, sur laquelle quelques spécialistes modernes tels Praechter, Wilpert et W alzer ont attiré l'attention et dont dépend pour une part la conception plotinienne de la seconde hypostase, est_ celle de l'intelligence active (vouç 1totî]tt1C6ç). Alexandre combine entre elles les doctrines aristotéliciennes du livre de la Métaphysique, du De Anima III chap. 5, et du De gen. anim. B, chap. 3,736 b 27-28. Aristote,

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De an. III chap. 5, 430 à 10-25, avait défini ce voùç comme xropicrt6ç (séparé), ànn01jç (imperturbable), àµ,y'ljç (inaltérable); à06.vntov Kai àtfüov (immortel et éternel). Dans le De gen, anim. B 736 b 27-28 il l'avait considéré comme divin et provenant de l'extérieur (tàv voilç µ6vov 0upn0sv éitstcnévnt Kni 0sï:ov dvnt µ6vov) (l'intellect seul vient du dehors et seul il est divin). Alexandre identifie le voùç 1totî]tt1C6ç, présent en l'homme, avec le premier principe, appelé lui-aussi voùç, selon le livre de la Métaphysique; c'est seulement au premier principe que peuvent s'appliquer les attributs xrop,crt6ç, ànn01jç, àµ,y'ljç, ù0ûvnwv, ùîowv employés par Aristote dans le De an. III chap. 5 à propos de l'intelligence humaine (cf. Alexandre d' Aphrodise, De anima p. 88, 17-89, 22 Bruns). Ce voûç 7totî]ttK6ç est l'intelligence créative par excellence en tant que cause de l'existence de tous les êtres, De an. 89, 9cll. Nous sommes ici très proches d'une part de la conception platonicienne du voùç défini comme «cause» (Enn. V, 1, 8, vol. V 25, 4-26, 1 Bréhier; V, 9, 3, vol. V 163, 2526), et très proche d'autre part de la doctrine platonicienne du vouç-nhin, développée dans Philèbe 30 c-d, ainsi que de la doctrine platonicienne du bien suprême, cause de l'existence des idées, Rep. VI 509 b. Comme l'a montré H. Armstrong, (Les Sources de Plotin, Genève 1960, p. 408), deux autres doctrines sur lesquelles Alexandre d' Aphrodise insiste beaucoup et qui influencent elles aussi la conception platonicienne du voilç, sont les suivantes: premièreml'mt celle de la totale identification entre l'intelligence divine pensante et le monde intelligible (cf. Aristote, Met. A 1072 b 21; Alexandre d' Aphrndise, De an. 87, 29~88, 2 Bruns; Mantissa ÜJ8, 7-8) et, del!XÎèmement, celle de l'intelligence divine qui se pense ellemême (cf. Aristote, Met. A 1072 b 19-20, Alexandre d'Aphrodise Mantissa 109, 4-7). Alexandre d' Aphrodise fait encore sentir son influence sur un autre point de la doctrine platonicienne des idées: aussi bien Plotin qu'A-

ALEXANDRE D'APHRODISE

lexandre d' Aphrodise affirment, en effet, que chaque être intelligible est doté d'intelligence (cf. Enn.V, 9, 8, vol.V 168, 2-4 èt Alexandre d'Aphrodise, Mantissa 108, 16-18). Les écrits d'Alexandre d' Aphrodise qui nous sont parvenus dans le texte grec et qui ont été édités sont les suivants: 1°) Conunentaire dela Métaphysique; le conunentaire des livres A-A est le seul authentique, tandis que celui des livres E-N est apocryphe et postérieur, et remonte peut-être au conunentateur byzantin du XI0 s., Michel d'Éphèse, qui apparaît dans le titre du commentaire du livre E présent dans le codex Paris. gr. 1876 (cf. Gercke, PWK I, 2, 14541455; Hayduck, CAG I, Berolini 1891, p. VVIII; Praechter in Überweg, .Crundriss der Gesch. der Philos. I, Berlin 1926, p. 564; la partie authentique et la partie apocryphe ont été éditées ensemble par M. Hayduck, CAG I, Berolini 1891); 2°) Conunentaire du livre I des Premiers Analytiques (ed. M. Wallies, CAG II, I, Berolini 1883) ; 3°) Conunentaire des Topiques (ed. M. Wallies, CAG II, II, Berolini 1891 ; toutefois les quatre derniers livres sont un abrégé et ne sont pas exempts d'interpolations: cf. Gercke PWK 1455); 4°) Commentaire du De sensu (ed. P. Wendland, CAG III, I, Berolini 1901); 5°) Conunentaire des Meteorologica (ed. M. Hayduck CAG III,II, Berolini 1899); 6°) De anima, conservé également dans une version hébraïque du XIV" s. basée quant à elle sur une version arabe (cf. 1. Bruns, Suppl. Aristotel.II,I, Berolini 1887 p. XIV-XV; ed. Bruns, op. cit. p. 1-100); 7°) Mantissa (ed. L Bruns, Suppl. Aristote!. II,I, Berolini 1887, p. 181-186) ; 8°) Dubitationes et solutiones en trois livres (ed. 1. Bruns, Suppl. Aristote/. II,II, Berolini 1892, p. 1-116); 9°) Problemata ethica en ùn livre (ed. 1. Bruns, Suppl. Aristote!. II,II Berolini 1892, p. 117, 163; Praechter, op. cit. p. 564, goute de son authenticité); 10°) De fato, dans lequel il combat le rigide déterminisme stoïcien (ed. 1. Bruns, Suppl. Aristote/. II, II, Berolini 1892, p. 164-212; 11°) De mixione (ed. I. Bruns, op.

cit., 213-238). Outre le commentaire des livres E-N dont il a été question ci-dessus, doivent être considérés comme apocryphes: 1°) Le commentaire de l' Elenchus des sophistes ( ed. M. Wallies CAG II, III, Berolini 1898) qui, dans certains manuscrits (p. ex. Paris gr. 1972 f.761', Vat. gr. 241 f.6, cf. Wallies p.V) est attribué à Michel d'Éphèse; 2°) Problèmes de physique en quatre livres (les deux premiers ont été édités par I.L. ldeler, Physici et medici graeci minores, I, Berolini 1841, p. 3-80; le troisième et le quatrième par Usener, Al. Aphrodis. quae feruntur problematorum liber III et IV... recensuit H. Usener, Diss. inaug. u. Progr. d. Joachimsth. Gymn. 4 Berlin 1859) ; 3°) De febribus (ed. l.L. ldeler, Physici et medici graeci minores, 1, Berolini. 1841, p. 81-106). Sur l'origine apocryphe de ces trois écrits cf. Gercke, PWK I, 2, 1455 et Praechter, op. cit., p. 564. Pour la bibliographie ancienne cf. JAW 96 (1899) pp. 72-73 et P. Moraux, Alexandre d'Aphrodise Exégète de la Noétique d'Aristote, Liège-Paris 1942, pp. 226-227. Cf en outre: C.A. Brandis, Über die Reihenfolge der Bücher des aristotelischen Organons und ihre griechische Ausleger, AAWB hist. phi!. KI. 1833; Berlin 1835, pp. 278, 297299 ; A. Gercke: PWK !, 2, .1453-1455 ; E. Zeller, Die Philosophie der Grièchèn in_ ihrer. gèschichtlichen Entwicklung, Ill~ 1, Leipzig 51923, pp. -817~831 ;·K. Praechter in Überweg, Grundriss der Geschichte der Philosophie 1, Berlin 1926, pp.- 564-565; C.Prantl, Geschichte der Logik

im Abendlande I: Berlin 1927, pp. 620-626; P. Wilpert, Die Augestaltung der aristotelischen Lehre vom Intellectus agens bei den griech. Kommentatoren und in der Scholastik

des 13 Jahrhimders: BGPhM, Suppl.3 (1935) 447-462; P. Moraux, Alexandre d'Aphrodise Èxégète de la Noétique d'Aristote, Liège-Paris 1942; E. Montanari, Per un'edizione del 1tspi Kpilasroç. di Alessandro di Afrodisia: AATC 36 (1971) 17c58; B.C. Bazan, L'authenticité du De Intellectu attribué à Alexandre d'Aphrodisie: RPhL 71.(1973) 468487; R. Walzer, Aristotle's ·Qctive Intellect voùç 1to1rj1:11e6ç in- Greek and early Islamic PhilosOJ)hy, -ill Plotino e-il Neoplatonismo in Oriente e in Occidentè, Roma 1974, pp. 428-430; B. Todd, Alexander.of Aphrodisias on Stoic Physii:s: a" Study df the De_mixtione, Leiden 1976 (Philosophia antiqua ... 28). Versions: sur les versions arabes et leurs éditions, cf. en particulier: J. Freudenthal, Die durch Averroes erhaltenen Fragmente Alexanders zur Metaphysik

des Aristote/es, AA WB hist. phi!. KI. 1884, Berlin 1885; A. B8.dawi, Aristote chez les Arabes, Le Caire 1947, pp. 253-308; La transmission de la philosophie grecque au

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ALEXANDRE DE CHYPRE monde arabe, Paris 1968, pp. 121-165; Commentaires sur Aristote perdus en grec et autres épîtres, Beyrouth 1971; J. Finnegan, TeXte arabe du mc:pi voU d'Alexandre d'Aphrodise, da à Ishaq ibn Honein IX: siècle: MUB 33 (1955) 157-202; Al-Farabi et le nepi voO.; d'Alexandre d'Aphrodise, Mélanges L. Massignon, Damas 1956-1957; H. Giitjè-: Zur afabischen Überlieferung des Alexander von Aphrodisia, ZDMG 116 (1966) 255-278; Die arabische Übersètzung der Schrift des Alexander von Aphrodisias über die Farbe, NAWG philol. hist. KI. 1967, 10. Sur les versions latines médiévales et leurs éditions, cf. en particulier: C. Thurot, Alexandre d'Aphrodisias. Commentaire sur le traité d'Aristote De sensu et sensibili édité avec la vieille traduction latine. Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale ... 25, Paris 1875; L. Labowsky, William .of Moerbeke's Manuscript of Alexander of Aphrodisias: MRS 5 (196J) 155-162; P. Thület, Alexandre d'Aphrodise De fato ad imperatores. Version de Guillaume de Moerbeke (Études de philosophie médiévale 51), Paris 1963; A.J. Smet, Alexandre d'Aphrodisias. Commentaire sur les météores d'Aristote. Traduction de Guillaume de Moerbeke, Louvain-Paris 1968. Sur les· manuscrits· grecs cf., outre les éditions d'Alexandre citées ci-de_ssus: A. Wartelle, Inventaire· des manuscrits. grecs d'Aristote et de ses commentateurs, Paris 1963, p. 183.

S. Lilla

ALEXANDRE DE CHYPRE

Moine de Chypre, il vécut probablement pendant la seconde moitié du VIe s., sous Justinien. (527-565), et fut l'auteur d'une homélie De inventione crucis (BHG 410-419 b,c) et d'une Laudatio Barnabae apostoli (BHG 226). Dàns le passé, on s'est demandé à quelle époque le situer: selon Baronius il vécut à la fin du v" s. (opinion que ue partage pas Tillemont); Combefis le situe sous Zénon (475491) ou à peu près; Fabricius, se basant sur une attribution erronée de la vie du patriarche Nicéphore (806-815), croit qu'il n'aurait pas vécu avant le IXe s.; d'autres (cf. Ceillier) pen, chent aussi pour le XIIe s. Dàns le sermon De inventione crucis, ·~omposé à· l'occasion de- la fête de !'Exaltation de la Croix (14 septembre), Alexandre de Chypre s'étend d'abord sur une présentation des événements religieux depuis la création du monde jusqu'à Constantin le Grand en y mêlant histoire, légende et théolo68

gie. Puis vient l'ÈVKOJµtov (l'hymne) sur !'Invention de la Croix qui est condnite selon les schémas de la rhétorique byzantine. De cette homélie on a conservé également une version géorgienne, une autre paléorusse et nn épitomé (BHG 411; BHG" 411 b; PG 87, 3, 4077-4088). La Laudatio Barnabae apostoli (dont Migne, PG 87, 4087-4106, ne nous donne que la traduction latine) fut vraisemblablement prononcée à Salamine où les reliques du saint avaient été découvertes; elle était destinée à soutenir les prétentions autocéphales de l'Église de Chypre. Alexandre de Chypre montre qu'il connaît les 1tsp(o801, histoire des pérégrinations du saint composée au v" s. Ses autres sources sont · proches de l'époque du martyr. CPG 7398-7400; PG 87, 3, 4015-4076, 4087.4106; ASS Iun. II (1698) 436-452; Krumbacher, ·Geschichte p: 164;

H. Delehaye, Saints de Chypre: AB 26 (1907) 236-237; S. Salaville, Le moine Alexandre de Chypre (W siècle)-: EO 15 (1912) 134-137; id. Alexandre: DHGE 2, 191-193; Beck, Kirche, p. 399.-

A. Labate

ALEXANDRE DE CONSTANTINOPLE

Alexandre succède à Métrophane, évêque de 306 à 314, sur le siège de Byzance. Il y restera pendant vingt-trois ans. Ses origines devaient être rustiques. Après sa victoire sur Licinius en 324, l'empereur Constantin organisa une joute oratoire entre l'évêque et les «hellènes» de Byzance; mais il fallut un miracle pour faire taire ceux-ci (Théophane, Chronographie, ed, C. de Boor 23, 7). Le nom d'Alexandre, alors âgé de quatre-vingt six ans, ue figure pas sur la liste des signataires du concile de Nicée en 325. Mais on possède une copie, en version syriaque, de la lettre que lui envoya le synode d'Antioche, au débutde la même année. Cette lettre confirmait la sanction canonique portée par l'évêque Alexandre d'Alexandrie contre Arius et les siens (Opitz, 0

ALEXANDRE DE LYCOPOLIS

Urkunde 18). On sait, d'autre part, qu'Alexandre de Byzance resta un fidèle partisan de Nicée: Il prit le titre d'évêque de Constantinople à partir de l'inauguration par Constantin, en 330, de la nouvelle capitale. En 335, il refusa de réadmettre Arius à la communion et s'enferma pour prier dans l'église de la Paix, ou Ste-Irène, plutôt que de donner une réponse favorable. Arius serait mort subitement dans les latrines, la veille du jour de sa réhabilitation (Ath., Lettre sur la mort d'Arius). L'église Ste-Irène et celle des Apôtres avaient été l'une agrandie, l'autre édifiée par Constantin après 330. Constantin mourut le 22 mai 337 et Alexandre fit de même avant la fin de l'année. Il avait désigné Paul pour lui succéder. Mais la rivalité de Paul avec Makedonios, alors au rang des diacres, profita finalement à Eusè, be de Nicomédie, qui fut élu .par un synode local dû à l'initiative de Constance II, succédant à Constantin dans la partie orientale de l'empire. Dans la Vie des Pères Métrophane et Alexandre (Photius, Bibl., cod. 256), on transforme Alexandre en un héros de Nicée, à l'instar de son homonyme d'Alexandrie; on lui fait parcourir, après le concile de Nicée, la Thrace, l'Illyricum, la Grèce et les îles, pour y prêcher la foi orthodoxe. A la suite de Théodoret, on a longtemps considéré, par ailleurs, Alexandre de Constantinople comme le destinataire de la lettre dogmatique écrite par Alexandre d'Alexandrie en 324 (Opitz, Urkunde 14); en réalité, cette lettre était adressée à l'évêque de Thessalonique, également nommé Alexandre. Socrate, HE II, 7; Sozomène, HE III, 3; F. Fischer, De "patriàrcharum costantinopolitanorum catalogo et de chronologia octo primoruni patriarcharum, Comm. philol. Ienenses 3, Leipzig 1894, pp. 313 ss.; W. Telfer, Paul of Costantinople: HibR 43.(1950) 31-92; F. Winkelmann,

Die Bischofe Metrophanes und Alexander von Byzanz: ByzZ 59 (1966) 47-71; G. Dagron, Naissance d'une capitale. Constantinople et ses institutions de 330 à 451, Paris 1974. Ch. Kannengiesser

ALEXANDRE DE HIÉRAPOLIS ~artisan de Nestorius, il prit part au concile d'Ephèse en 431 où il se rangea au côté de Jean d'Antioche et des évêques orientaux. Il n'accepta même pas l'union réalisée par la suiteen 433 entre les Orie'!taux et Cyrille, de telle sorte qu'il fut exilé en Egypte où il mourut aux environs de 434. Il nous reste vingt-trois de ses lettres relatives à la controverse. CPG 6392-6419; PG 84,659-798; DCB 1,83-85; HflLecl II 295 SS.

M. Simonetti

ALEXANDRE DE JÉRUSALEM Évêque en Cappadoce, il est, pendant un pèlerinage à Jérusalem, obligé par les habitants d'y rester comme coadjuteur puis successeur de Narcisse. Confesseur de la foi sous Septime Sévère (202), il meurt en prison à Césarée sous Dèce (250). Eusèbe cite des lettres aux antinoïtes, aux antiochiens (lettre citée par Clément d'Alexandrie) et à Origène, où il mentionne ses relations avec Pantène et Clément. Ami et protecteur d'Origène, il le fait prêcher encore laïc, de concert avec Théoctiste de Césarée, soulevant les protestations de Démétrios d'Alexandrie; puis, toujours avec Théoctiste, l'ordonne prêtre vers 230, déclenchant contre Origène une tempête en Égn,te. Il constitue à Jérusalem, appelée alors Elia, une bibliothèque chrétienne. Clément lui aurait dédié l'une de ses œuvres. Origène, dans l'homélie sur la naissance de Samuel prêchée devant lui; dit de lui: «Il nous dépasse tous par la grâce de la douceur» Eusèbe, HE VI, passim. Textes in A. Harnack, Die Überlieferung ... Leipzig 1892, 505-507. .

H. Crouzel

ALEXANDRE DE LYCOPOLIS Néo-platonicien semi-chrétien auteur de

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ALEXANDRE SÉVÈRE

l'opuscule Contra Manichaei opiniones, divisé en vingt-six chapitres. Pour Alexandre de Lycopolis (selon Photius, évêque de Lycopolis), le christianisme ne devrait pas aller plus loin que la philosophie des gens simples et que l'expérience originaire des premiers croyants en un seul Dieu et en son Christ. Le christianisme s'étant aliéné dans des recherches ambitieuses, il en est résulté des hérésies. La pire de toutes, le manichéisme, n'a fait que créer des mythes absurdes: une matière existant en soi qui engage une lutte sans quartier contre le bien ; un Dieu bon qui fait émaner ses Puissances, pour tendre des pièges et lutter contre l'assaillant; un monde créé par Dieu pour se sauver lui-même, emprisonné qu'il est dans la Matière; un Christ Esprit existant misérablement dans les liens de la Matière; un feu eschatologique qui brûlera en dehors du monde sans resplèndir ; et un absurde retour au dualisme du début. CPG II, 2510; PG 18, 409-448; A. Brinkmann, Alexandri Lycopolitani, Contra Manichaei opiniones, Leipzig 1895 ; C. Riggi, Una testimonianza del « kérygma » cristiano in Alessandro di Licopoli: Salesianum 31 (1969) 561-628.

c.

Riggi

ALEXANDRE SÉVÈRE

Fils de Julia Marnmaea, associé au pouvoir par son cousin Élagabal, il demeura seul empereur à l'âge de quatorze ans en 222 environ. Il gouverna d'abord sous la tutelle de sa mère et avec l'aide d'un conseil de sénateurs, parmi lèsquels le jurisconsulte Ulpien. La primauté qu'il donna au pouvoir civil sur le militaire lui valut l'hostilité toujours accrue de ses troupes: en 235 il fut assassiné par des soldats durant une campagne engagée pour la défense des confins du Rhin et du Danube. Alexandre Sévère traita les chrétiens avec bienveillance: il en avait quelques-uns parmi le personnel même de sa cour et il fut l'ami de Sextus Julius Africanus qui lui dédia les Gestes (Ksowi).

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L'Histoire d' Auguste (SHA, Vita Alex., passim) nous apprend que l'empereur vénérait, dans son laraire, plusieurs divinités et parmi celles-ci le Christ. M. Sordi, ll cristianesimo e Roma, Bologna 1965, pp. 239-246; S. Mazzarino, L'impero romano, Roma-Bari

1976.

L.Navarra ALEXANDRIE

I. La ville. - II. L'École. - III. Les conciles. - IV. L'archéologie. 1. La ville Pour comprendre pleinement le rôle tenu par Alexandrie dans le christianisme des premiers siècles, il faut replacer la métropole dans le contexte de la culture hellénistique et de la vie sociale et politique de l'empire romain. Elle était, avec Athènes et Antioche, l'un des pôles de la culture en langue grecque et donc, pour ce qui nous intéresse ici, le principal centre des sciences philologiques, philosophiques et théologiques. C'est là, dans le milieu alexandrin que naquit et se développa la culture hébraïque en langue grecque, qui produisit la traduction de !'A.T. et l'œuvre de Philon. Du point de vue social et politique, la ville était un îlot parfaitement grec, implanté à dessein à l'intérieur du territoire de l'ancien empire égyptien, dans le but (entre autres) de contrôler au mie11X le développement des richesses agricoles et commerciales de ce dernier. Le gouvernement romain hérita de cette situation, qui avait favorisé l'installation d'une importante colonie juive. Les rapports avec la population égyptienne de la vallée du Nil furent _en conséquence variés et complexes, selon les différentes époques de l'histoire. On s'explique qu'Alexandrie ait été, dès le début, l'un des objectifs de la propagande chrétienne. La tradition (recueillie par Eusèbe, HE II, 15, 1) attribue la première prédication à l'évangéliste

ALEXANDRIE Marc, le disciple de Pierre; inais nous· n'avons

aucun moyen de contrôler historiquement cette tradition. En effet, l'obscurité la plus complète entoure l'évolution de l'Église chrétienne durant les premiers siècles. En revanche, à partir de Demetrios (évêque de 188 à 231), la documentation se fait abondante (sur' tout grâce à Eusèbe). Nous trouvons, d'une part, une organisation ecclésiastique bien en place (qui avait donc dû se développer quelque temps auparavant), et de l'autre, une école de théologie (catéchèse) très importante. On a pn attribuer le silence qui entoure les origines au fait que l'Église d'Alexandrie était gnostique. En effet, le milieu alexandrin semble avoir été porteur d'une production non négligeable de textes gnostiques, dont certains nous sont désormais connus dans la traduction copte de manuscrits du IV0 - v" s. (voir l'art. Nag Hammadi). Mais d'autres éléments tendent à exclure cette hypothèse (C.H. Roberts, Manuscripts, Society and Belief in Early Christian Egypt, Oxford 1979). L'école théologique d'Alexandrie baigna dans le milieu du platonisme tardif ( dont les principaux représentants furent Clément, Origène et Didyme !'Aveugle) et donc dans un milieu de culture grecque internationale. Elle eut peu d'influence sur les expressions du christianisme en Égypte, en particulier sur le monachisme d'Antoine, Pacôme et leurs disciples (à l'exception du groupe de Scété et Kellia, dont les principales figures furent Macaire et Évagre). Les relations entretenues avec la vallée du Nil furent assez tourmentées. S'il est vrai que l'évêque d'Alexandrie fut toujours reconnu comme le chef indiscuté de toute l'Église d'Égypte, il y eut néanmoins des contestations et des mouvements de réprobation à l'égard de son comportement. Le premier différend dont on ait la trace s'éleva au cours de la dernière grande persécution, celle de Dioclétien et de Maximien, durant laquelle Pierre se cacha et .Mélèce, évêque de Lycopolis (peut'être sori représentant officiel pour le sud de l'Égypte), agit

quelque temps comme son substitut sans en avoir reçu le mandat. Pierre condamna Mélèce : il en résulta un Schisme qui causa aussi beaucoup de soucis à Athanase et dura jusqu'à la fin du vn° s. Les grands patriarches alexandrins des Iv" et v" s., Athanase, Théophile et Cyrille, déployèrent une politique ecclésiastique entreprenante à l'égard des autres métropoles de l'empire, dominant les conciles œcuméniques de Nicée (Athanase y participa comme secrétaire d'Alexandre), Constantinople et Éphèse. Ils furent soutenus activement par les moines qui constituaient d'une certaine

façon leurs troupes de choc, à l'intérieur comme à l'extérieur. Le concile de Chalcédoine vit en revanche la défaite de l'évêque Dioscore d'Alexandrie et marqua le déclin de la primauté alexandrine. L'Église d'Alexandrie dut recevoir des évêques·« chalcédoniens » nommés par l'empereur de Constantinople et appuyés par l'armée; ell (Ep. 69, 2; 74, 11), arche de Noé: telles étaient les principales images tirées de l'A.T. pour décrire la nature exclusiviste de l'Église. De plus, entre 254 et 256, au cours de sa controverse avec le pape, Cyprien trouva les évêques africains prêts à convenir qu'aucun prêtre en état de péché mortel ne pouvait adnrinistrer valablement un sacrement, et qu'une communauté devait donc se séparer d'un prêtre pécheur, sous peine de risquer une contamination par le péché (Ep. 67, 4). On convenait aussi qu'un baptême adnrinistré en dehors de l'Église ne pouvait être valable, et que ceux qui recevaient le baptême de la part d'hérétiques ou de schismatiques devaient. le recevoir de nouveau quand ils entraient •au sein de l'Église catholique (Cypr., Ep. 69-74 et Sententiae episcoporum, passim). La doctrine donatiste sur l'Église combine des éléments de la pensée de Tertullien et de celle de Cyprien. Les donatistes partageaient les opinions de Cyprien sur l'importance fondamentale de l'intégrité de l'Église, et en appelaient à son autorité pour appuyer leur théologie baptismale (Aug., De baptismo I, 1, de beatissimi martyris Cypriani auctoritate - à cause de l'autorité du bienheureux martyr Cyprien: PL 43, 109). A la conférence de Carthage, en 411, leur Mandatum (Coll. Carth, III, 258 : SCh 224, 1196) affirmait : « ... nous montrons plutôt que, dans les Écritures sacrées, l'Église de Dieu est partout proclamée sainte et immaculée» (... magis ostendimus Ecclesiam Domini in scripturis divinis sanctam et immaculatam fore ubique nuntiatam). L'intégrité vient cependant en premier lieu. Seule l'Église pure devrait être proclamée à l'extérieur. Puisqu'elles étaient en communion avec Cécilien les Églises existant en dehors d' Afrique avaibnt, pensait-on, apostasié. Le christianisme ne continuait à exister qu'en Afrique (Aug., Ad cathol. epist. 9, 23). Tout comme Cyprien, Parmenianus affirmait que l'Église donatiste était vraiment le « jardin clos et la fontaine scellée » (hortum conclusum et fontem 720

signatum: Opt., I, 10} et en possédait les qualités (dotes) requises (ibid.). A partir de là, on pensait que seuls étaient valables les sacrements administrés par un « ministre saint», c'est-à-dire par un donatiste (Petilianus, cité par Aug., C. litt. Petiliani II, 2, 4 ; 7, 14: CSEL 52, 24, 25). Le baptême adnrinistré par une personne extérieure à l'Église était en quelque sorte administré «par un mort» (ibid. II, 7, 14 et cf. Cypr., Ep. 71, 1). Par conséquent, le baptême et les autres sacrements dispensés par le clergé traditor (autrement dit par les catholiques) n'étaient pas valables; les catholiques . qui rejoignaient l'Église donatiste devaient· être de nouveau baptisés. Cette exigence semblait particulièrement scandaleuse à Augustin. Aussi, les donatistes faisaient-ils remonter à Cyprien une solide tradition épiscopale, acêordant une grande autorité à ce qu'enseignâierit leurs évêques (Quod volumus sanctum est Ce que nous avons voulu, cela est saint, cité par Aug., C. ep. Parmeniani II, 13, 30 et confirmé par Crispinus de Calama qui parle de sermons patriarcaux, Aug., C. Cresconium III, 46, 50). Parmeniauus enseignait, tout comme Cyprien, que l'évêque est l'intermédiaire entre le peuple chrétien et Dieu (Aug., C. ep. Parmen. II, 8, 15 : PL 43, 59-60). Selon la conception donatiste, l'évêque était un homme biblique « ayant toujours les paroles de l'Évangile sur les lèvres et le martyre dans le cœur » (Passio Marculi: PL 8, 762): En suivant toujours Cyprien, la communion avec Rome était maintenue grâce à une suècession de «vrais évêques» (Opt., II, 4). Elle dura jusqu'à la conférence de Carthage. Cependant, l'évêque donatiste de Rome venait après les primats de Carthage et de Numidie. Enfin, les donatistes rejetaient les hérésies condamnées autrefois par l'Église. Cependant, d'un autre point de vue important, la tradition doctrinale donatiste s'enracinait, avant même Cyprien, dans les conceptions originales des chrétiens nord-africains.

DONATISME Comme Tertullien, ils considéraient leur refus des chrétiens lapsi (apostats) et la persécution de la part de l'État comme signes distinctifs de rectitude. Pour citer de nouveau le Mandatum donatiste de 411, ils affirmaient d'abord qu'il s'agissait -: pelle, entre autres, qu'une tombe fut achetée ab Alexandro fosso[re] (à Alexandre, fos, soyeur) (ICUR IV, 11751). Avec le V" s., peutêtre à la suite de l'avidité excessive et des continuels abus des fossoyeurs, les membres du clergé (spécialement les mansionarii, les cubicularii etles presbyteri - les préposés aux demeures, aux tombes et les prêtres) assumèrent la responsabilité de l'administration céme' tériale et, finalement, en 597, Grégoire le Grand abolit toute sorte de taxe sur les sépultures (Ep. VIII, 3). L'habitude de représenter les fossoyeurs par des peintures et des gravures sur plaques s'explique par la tendance à l'expression réaliste propre à l'art plébéien italien (Bianchi Bandinelli, Arte plebea, p. 39 s.). A partir du II" s. ap. J.-C., cet art a connu un développement notable dans l'ensemble de l'orbis antiquus. C'est ce qui explique les représentations sur le vif tirées de la vie quotidienne et de l'activité professionnelle (Redé, Les scènes de métier, p. 4 s.). Ainsi, dans les cimetières paléochrétiens, on rencontre de rares scènes sui la fabri cation du pain, la vente du vin, des légumes et des tonneaux (Bisconti, Scene di mestiere, p. 38 s.). Il y a aussi des représentations, encore plus synthétiques, reproduisant seulement des outils de travail (Mazzoleni, Arti et mestieri, p. 30 s.). Mais on rencontre surtout des figures de fossoyeurs saisis au moment de leur travail (Conde Guerri, Los « fossores », p. 23102). Selon cette iconographie, ces personna0 ges sont vêtus d'une courte tunique de travail, sans manches et serrée sur les côtés. Ils appa: 0

FRAGMENTA ARRIANA

raissent dans la peinture de la première décennie du rn• s. et pendant tout le rv• s. C'est ainsi qu'ils occupent, en position symétrique, les deux murs· d'entrée de certains cubicula à St-Calixte (Wp 48, 1; Josi, Cimitero, A 2, début du III° s.) et à Sts-Pierre et Marcellin (WP 107, 2; 103, 5; 59, 1; 48, 3; 65, 3; 59, 2, milieu du rn• s., et Wp 48, 3; 112, 5, début du IV° s.).Les fossoyeurs sont quelquefois debout, mais ils restent reconnaissables à leur pioche, leur lampe et leur récipient pour recueillir la terre, ces instruments étant associés à leur personnage. C'est Je cas à St-Calixte (Josi, Cimitero, A 3, début du III'' s.), dans l'hypogée de la via D. Compagni (Ferma, Le pitture, tabl. 41, 1, milieu du rn• s.), dans le ·cimetière ad duas /auras (Kirsch, Cubicoli, p. 34-35; Wp .113, 3, milieu du IV° s. : Wp 48, 2, fin du rn• s. ; Testini, Archeologia, p. 766 = milieu du.IV° s.), et au cimetière de Bassilla (Wp 152, milieu du IV° s.). Les anciens visiteurs des catacombes ont découvert d'autres peintures aujourd'hui disparues. Récemment, dans le cimetière anonyme de la via Anapo, le prof. U.M. Fasola a justement redécouvert le fosro Tofimus (sic) (le fossoyeur Tofimus), ainsi que l'explique la didascalie peinte (Conde Guerri, Los « fossores », fig. 30). Ce sobre schéma ièonographique, encore plus simplifié, se retrouve aussi sur certaines gravures sur plaques retrouvées à Calepodio (Nestori, La catacomba, p. 210), à Commodilla (ICUR Il, 6446) à Marc et Marcellin (ICUR IV, 12228), à .Sie-Agnès (Conde Gueri, Los « fossores », fig. 37). A partir de ces figures, et spécialement à partir de . celle peinte sur la lunette de fond d'un cubiculum à Domitilla. (Wp 180, .milieu du IV° s.) relative au fossoyeur Diogène (autom du. personnage - malheureusement effacé aujourd'hui - sont disposés divers instruments de travail et une représentation abstraite du dense réseau des galeries cémetériales), on peut préciser les différents outils utilisés pour l'excavation et reconnaître parmi eux la dola-

bra fossoria (pic de fossoyeur), le maillet, le burin, le compas, la pelle, le crochet pour la lampe, la groma (alidade) (De Angelis D'Ossat, Di un utensile, p. 179). La répétition remarquable des fossoyeurs dans les arts figuratifs suggère que. ces représentations avaient une siguification particulière, allant plus loin que la raison réaliste originaire. Il faut alors penser à une certaine valeur symbolique qui fait de ces figures une sorte de genius loci (génie du lieu) christianisé, ou une allégorie du Tobie-père biblique, ou enfin une personnification de l'antinomie viemort (Conde Guerri, Los « fossores », p. 103 s.). G.P. Kirsch, Cubicoli dipinti del cimetero dei SS. Pietro

e Marcellino sulla via Labicana :· RAC 4 (1927) 259-287·; E. Josi,_ R cimitero di Callisto, Roma 1933 ; G. De Angelis D'Ossat, Di un utensile dei fossori, Rend. della Pont. Accad. Rom. di Arch., 1937, p. 179 ss.; A. Ferma, Le pitture della nuova catacomba di via Latina, Città del Vaticane 1960 ; J.P. Waltzing, Études historiques sur les corporations professionnelles chez· les Romains, Louvain 2 1968 ; A. Nestori, La catacomba di Calepodio : RAC 48 (1972) 193-200; J. Guybn;La vente des tombes à 'travers l'épigraphie .de la Rome chrétienne (ll~·VI/! siècles).- Le r6le des fossores, mansionarii, praeJ}Ositi et pr~tres : MEFRA -86 (1974) 349-506; Ch. Pietri, Appendice prosopographiqile à Roma Chrisiiana (311-340): MEFRA 89 (1977) 398406·; R. Bianchi Bandinelli; Arte plebea: Dall'ellenismo al medioevo, Roma 1978, 35-48 ; M!Reddé, Les scènes de métier dans la sépulture funéraire gallo 7romaine : Galhà 36 (1978) 1;4-63; E. Conde Guerri, Los « fossores » de Roma paleocristiana, Città· dèl Vatièano 1979; P. Testii:rl, Archeologia Cristiana, Bari 2 1980, pp. 150-155 ; F. Biscon• ti, Scene di mestiere nella pittura cimiteriale paleocristiana a Roma : Mondo archeologico (1980) 38-43 ; D. Mazwle• ni, Arti e mestieri nelle iscrizioni paleocristiane: ibid. 303-

33.

F. Bisconti

FRAGMENTA ARRIANA En 1828, Mai publia vingt et un fragments découverts dans un palimpseste provenant de Bobbio, Les dix-neuf premiers ont un contenu certainement arien et, bien qu'ils semblent provenir d'œuvres différentes, leur unité de 989

FRANCS style et de ton les font rapporter à un unique auteur. Le fragment dix-sept contient une longue profession de foi, d'autres présentent des passages d'ariens de la première heure (Athanase d'Anazarbe et Théognide de Nicée), ou bien réfutent certains points d'Hilaire, de Fébade et d'Ambroise. L'auteur, arien radical de l'école d'Ulfilas, ne se bat pas seulement contre les catholiques mais aussi contre les macédoniens. On a proposé de l'identifier avec différents défenseurs bien connus de l'arianisme occidental de la fin du IV" ou du début du VC · s. ,_ mais sans raisons convaincantes. Les fragments datent pourtant de cette époque. CPL 705 ; PL 13,593-628 ; A. Di Berardino, Initiation ... , t. IV, p. 152-153; M. Meslin, Les Ariens d'Occidents, Paris 1967, 113-134.

M. Simonetti

FRANCS

Population germanique d'origine incertaine - selon Grégoire de Tours elle venait de la Pannonie - comprenant diverses tribus inIplantées près de la mer du Nord et le long de la rive droite du Rhin. C'est de là que, à partir du milieu du m 0 s., les Francs firent des incursions terrestres et maritimes dans toute la Gaule. Ils furent toujours repoussés par les généraux et les empereurs romains, qui utilisèrent cependant des groupes de Francs vaincus pour repeupler et cultiver comme colons certaines régions de la Gaule, dont une grande partie se trouvait dévastée. Au cours du IV" s., on utilisa beaucoup de soldats francs comme auxiliaires dans les légions romaines, et des officiers francs obtinrent de hautes charges au service de l'empereur (par ex. Mérobaude, Arbogaste, Bauto). La tribu la plus importante pour l'histoire à venir fut celle des Saliens, installée à l'origine sur le littoral de la mer du Nord, pnis descendue vers le sud pour occuper la Toxandrie, région située entre 990

la Meuse et l'Escaut. Défaits par Julien (358), les Saliens furent toutefois admis sur ce. territoire en tant que foederati (alliés). Par la suite, sous la conduite du roi Clodion, ils s'emparèrent de Tournai et de Cambrai en étendant leur pouvoir jusqu'à la Somme. Au cours du V" s., le groupe oriental des Francs, stationné le long du Rhin, fit une série d'incursions dévastatrices dans les régions de Trèves et de Cologne et réussirent, au cours de la seconde moitié du V" s., à occuper de façon stable le territoire de la rive gauche du Rhin avec Trèves pour capitale. Après 450, le royaume salien, avec Tournai pour capitale, fut gouverné par Childéric ; ce roi que Grégoire de Tours affirme fils de Mérovée, est l'éponyme de la dynastie mérovingienne. Aux côtés des généraux romains de Gaule, Childéric combattit en fidèle allié contre les Wisigoths, les Saxons et les Alamans. A sa mort (481/482), son fils Clovis monta sur le trône. Celui-ci commença une politique de grande expansion : il vainquit Syagrius à Soissons (486/487) et étendit progressivement son pouvoir jusqu'à la Loire. Il conduisit une campagne victorieuse contre les Thuringes (491) et les Alamans. Il défit les Wisigoths d'Alaric II à Vouillé (507) et étendit ainsi les lilnites de son royaume jusqu'aux Pyrenees. Il reçut d'Anastase, l'empereur d'Orient, le titre de consul honoraire, ce qui légitima la souveraineté du roi franc sur les Romains assujettis. Il établit sa capitale à Paris et renforça son pouvoir à coup d'holnicides et de duperies, se libérant des autres rois saliens et englobant le royaume des Francs rhénans. Quelques années après avoir épousé la princesse catholique burgonde Clotilde, Clovis, qui avait toujours fait preuve de déférence dans ses rapports avec l'épiscopat gallo-romain, se convertit et se fit baptiser par Rélni, évêque de Reims. L'adoption du catholicisme par le roi franc entraîna la conversion de sa nation et facilita la fusion entre lenonquérants et les peuples assujettis. Elle eut en outre d'importantes conséquences politiques. Avit, évêque

FRANCS

de Vienne, compris l'importance historique de l'événement, ainsi que le montre sa lettre de félicitation saluant en Clovis l'unique roi catholique d'Occident. Puisque les autres rois barbares étaient ou païens ou ariens, Clovis apparut aux catholiques conune le protecteur de la foi orthodoxe. Ainsi se dessinait la position de guide de l'Occident chrétien que prendront par la suite les Carolingiens. Clovis traita avec clémence les populations gallo-romaines dont il respecta la langue et les biens, et il constitua un état romain-germanique dans lequel tant les anciens cives (citoyens) provinciaux que les Francs étaient également soumis en tant que catholiques à l'autorité des évêques. Étant Église d'État et Église nationale en étroite collaboration avec le roi, l'Église franque de la période mérovingienne eut un pouvoir politique. A la mort de Clovis (511), ses quatre fils se répartirent le Royaume comme un patrimoine personnel avec des capitales différentes : Clodomir à Orléans, Childebert à Paris; Clotaire à Soissons et Théodoric à Reims. Ils continuèrent l'œuvre d'expansion de la puissnce franque. Ils occupèrent la Thuringe (531) et firent prisonnière la princesse Radegonde que Ootaire épousa ensuite. Ils s'emparèrent de la Bourgogne (534) et obtinrent de Vitigès la Provence (537) qui, par Marseille, fournit aux Francs un débouché sur la Méditerranée. Théodebert, qui avait succédé à son père Théodoric, fit des incursions répétées en Italie, installa plusieurs garnisons dans la plaine du Pô et fit battre monnaie à son nom. Mais à sa mort (548) le précaire royaume franc en Italie disparut. L'influence des Francs s'étendit sur l'Alémanie, la Rhétie, fa Bavière et la Pannonie ; elle atteignit sa plus grande expansion vers 560 quand toute la nation se trouva réunie sous Clotaire. Mais sa mort (561) fut suivie de féroces luttes fratricides qui renforcèrent l'aristocratie et favorisèrent la division du vaste territoire en trois régions : Austrasie, Neustrie et Bourgogne, avec des administrations séparées. Quand Clotaire II

réunit de nouveau tout le royaume sous son pouvoir (613), il fut contraint d'accorder une certaine indépendance à l' Austrasie et à la Bourgogne, chacune avec son propre maire du palais. En 614, Clotaire II convoqua à Paris un concile de tout l'épiscopat mérovingien pour promulguer les capitularia regum Francorum, comportant d'importantes concessions aux évêques et à l'aristocratie. Son fils Dagobert fut plus rigide dans la défense de l'autorité et des droits monarchiques. Il favorisa l'activité missionnaire auprès des Basques, au sud, et des Frisons, au nord; il conclut avec l'empereur d'Orient une « paix perpétuelle» (631) à cause de la lutte commune contre les Slaves. Avec la mort de Dagobert (639) conunence la décadence de la dynastie mérovingienne et le déclin de l'autorité impériale en faveur des maires du palais qui prirent progressivement les pleins pouvoirs. En Austrasie, Arnolphe, évêque de Metz, et Pépin de Landen, qui avait été maire du palais du jeune roi Dagobert, favorisèrent la puissante dynastie connue par la suite sous l'appellation de carolingienne, du nom de son plus illustre représentant ; cette dynastie était destinée à supplanter graduellement les mérovingiens. En effet, après une période sanguinaire de guerres civiles qui culminèrent à la bataille de Tertry (687), Pépiri d'Héristal, majordome d' Austrasie, parvint à imposer son pouvoir sur tout le royaume mérovingien de nouveau unifié. Les rois .de cette période n'eurent aucune importance: le pouvoir appartenait de fait à Pépin Il qui défendait énergiquement l'unité militaire et religieuse de tout le royaume. Sa mort (714) fut suivie de nouveaux désordres jusqu'à ce que, par les armes et la diplomatie; Charles, qu'on appela par la suite Martel, fils illégitime de Pépin, réussisse à rétablir l'ordre et à s'emparer du pouvoir. Son plus grand mérite fut de repousser les Arabes, arrêtant ainsi l'avancée de l'islam à Poitiers (732). La bataille fut décisive pour le salut de la chrétienté. Charles Martel

991

FRAVITAS imposa le primat franc aux tribus barbares de la Germanie en. effectuant des expéditions contre les Alamans, les Frisons et les Saxons. En politique intérieure, il fut hostile à la grande aristocratie épiscopale, déposa des évêques, spolia les églises de leurs privilèges, confisqua des biens ecclésiastiques p0ur récompenser ses années, provoquant ainsi la décadence ultérieure de l'Église française. Il favorisa en revanche l'œuvre ·d'évangélisation des mission-

naires catholiques en zone européenne, encore en majorité païenne, permettant par là l'œuvre d'organisation politique et sociale ainsi que la diffusion de la civilisation. En particulier, il protégea Boniface, le grand prédicateur de la Thuringe et de la Bavière, qui fut ensuite élu archevêque (732), et qui devint l'artisan de la réforme de l'Église franque et le médiateur entre les Francs et la papauté. ,J.M. Wallace-Hadrill-, The long-haired Kings and other studies in Frankish history, London_ 1962 ; R. Latouche, Gaulcis et Francs. De _Vercingétorix à Charlemagne, Gre-

noble 1965 ; R. Grand, Recherches-sur l'origine· dès Francs, Paris 1965; G. Tessier, La conversion de Clovis et la christianisation des_Francs, in La conversione al cristianesimo netëEuropa dell'alto medioevo,_ Settimane di Studio XIV, Spoleto 1967, pp. 149-i89; H. Zôllner. Geschichte der Franken bis zurMitte des sechsten lahrhunderts, München 1970_; H. Grahn-Hoeck, Die frânkische Oberschicht im 6. Jh. · Studien zu ibrer rechtlichen __ undpolitischen. Stellung, Sigmaringen 1976.

C. Braidotti

avait excommunié et déposé Acace quireconnaissait Pierre Monge comme archevêque d'Alexandrie. L'attitùde conciliatrice de Fravitas n'eut d'effet sur aucun de ses deux interlocuteurs : Pierre Monge réitéra sa condamnation du concile de Chalcédoine et du Tome de Léon le Grand; tandis que Félix III refusait la communion 'à Fravitas parce que les porteurs de la lettre ne purent l'assurer de la ~uppression des noms d' Acace et de Pierre Monge dans les diptyques. · CPG 5996; CSCO 84, pp. 9-11 (texte); CSCO 88, pp. 6-7 (trad.); DHGE 18, 1128-1129 .. F. Scorza Barcellona

FRÉDÉGAIRE (Pseudo-)

Il s'agit d'un nom conventionnel, qui n'est pas antérieur au XVI" s. Ce nom désigne l'auteur d'une Chronique des Francs allant de 584 à 652, suivie de quelques chapitres. d'histoire générale allant.jusqu'à la fin de l'année 660. Dans le manuscrit latin 10910 de la Bibliothèque nationale de Paris, la compilation est transmise sous le nom de Lucerius et comporte un .chronogramme lu 678 par certains et 715 par d'autres. Mais la compilation est l'œuvre de trois auteurs anonymes dout deux sont d'origine bourguignonne et un d'origine aus0 trasienne. C'est une source de première impor tance pour l'hlstoire mérovingienne, en dépit de la valeur inégale de l'information des trois auteurs. 0

FRAVITAS

Archevêque de Constantinople pendant quatre mois entre 489 et 490, après la mort d' Acace. Il écrivit une lettre de communion à Pierre Monge d'Alexandrie, conservée dans la version syriaque de Zachari.e le Rhéteur. Cette lettre est un appel à dépasser les divergences surgies à la suite du concile de Chalcédoine ; on y demande de se référer à la doctrine des Pères. Fravitas chercha aussi à rétablir la communion avec le pape Félix III qui, en 484, 992

CPL 1314; l'L 71,573; 605 (exc.); MGH Script. rer. mer. II, 18~ 193 ; M. Baudot, La· question du pseùdo-Frédégaire: MA 29 (1928) 120:170 ; S. Helimann, Das Fredegarproblem: HisL Vierteljabr. 29 (1934) 36-92; EC 5, 1759.

V. Loi

FRÈRE

Les noms de frère, sœur, qui prennent déjà

FRUCIUEUX DE BRAGA un sens religieux dans les confréries grecques, puis dans les religions à mystères, désignent, dans le N.T. et surtout chez les Synoptiques, les Actes et chez saint Paul, les membres de la communauté chrétienne. D'où l'appellation passe dans les premiers écrits chrétiens (Clément, Didachè, Apologistes). Lucien luimême l'utilise pour désigner les chrétiens (Mort. Pereg. 13). L'expression «frère» veut exprimer à la fois la rupture de toute discrimination de rang, d'âge et de condition ou de sexe et les liens nouveaux, plus forts que ceux du sang, constitués par le baptême. Justin dit que le néophyte est conduit « aux frères» (Apol. 1, 65). La notion s'élargit également à une fraternité universelle (Ign., Eph. 10, 3; Just., Apol., 65, 2; Tert., Apol. 39, 8). Mal comprise par les païens, elle prête aux interprétations les plus malveillantes de promiscuité sexuelle, accusation que les apologistes réfutent abondamment (Athenag., Leg. 2 Minut., Oct. 9, 31). L'usage est moins fréquent au III0 s .. Nous le retrouvons encore chez Hippolyte (Philosoph. ), et dans les Actes de Pionios. Cyprien l'emploie volontiers dans les Lettres et au début du De lapsis. Le terme se retrouve chez les ascètes (Herm., Vis. 2, 2, 3; Sim. 9, 11, 3; Clem., Strom. V, 15, 98). Il se retrouve dans les épitaphes (DACL V, 25). Constantin l'emploie pour les évêques et les chrétiens. Les évêques l'utilisent pour les clercs (Aug., De catech. rud. 1) et surtout dans la prédication pour les fidèles. L'appellation s'emploie surtout chez les moines et les moniales, et entre eux et elles (Bas., Reg. brev. 104; Pallad.,Hist. laus.17; Hier., In hier. 4, praef; Étherie, Peregr. 10, 3).

i

DACI., V, 2578-85; RACh Il, 731-740 (biblio.).

A. Hamman

FRONTON DE CffiTA

Africain païen, formé à la philosophie et à

la rhétorique. Il fit carrière à Rome où il devint préteur (ILS 1129 et 2928). C'est à lui que fut confiée la formation de Marc Aurèle (Hier., De vir. il/. 24). Il devint consul, puis gouverneur d'Asie. A sa mort, Marc Aurèle fit édifier sa statue. Il laissa des lettres et des discours. Parmi ces derniers, Minucius Felix ( Oct. 9, 6 et 31, 2) en cite un contre les chrétiens, aujourd'hui perdu : selon Schanz il aurait été prononcé au sénat, peut-être à la demande de l'empereur (Geschichte ... 3, 96). Hubik a pensé que la seconde Apologie de Justin voulait lui répondre. KPL 2,616-618 ; RACh 8.520-524; K. Hubîk, Die Apologien des hl. Justinus, Wien 1912, 164-172 passim; P. de Lat;,riolle, La réaction païenne, Paris 1934, pp. 87-94; P. Frassinetti, L 'orazione di Frontone contra i cristiani : GIF

2 (1949) 238-254; J. Heurton, Fronton de Cirta: Recueil des notices et mémoires de ... Constantine 70 (1959-60) 139-153.

A. Hamman

FRUCTUEUX DE BRAGA

Moine et évêque issu de famille royale gothique ( apparenté au roi Sisenand et aux évêques Pierre de Béziers et Sclua de Narbonne), il fut élevé à Palencia sous la direction de Conantius. Il se consacra à l'ascétisme anachorétique ; mais la présence de nouveaux disciples l'incita à fonder de nouveaux monastères : Complutum et Rufiana dans le Bierzo, d'autres dans la province de Léon, en Atlantique (peut-être dans la province de Pontevedra) et en Andalousie. Il fut élu abbé-évêque de Dumium avant 650 ; en 656, il devint métropolite de Braga où il mourut. Son sépulcre (une étrange construction encore conservée) devint un centre de culte. Vers 675 sa réputation d'ascète aboutit à la composition d'une Vita attribuée de façon indue à V alère du Bierzo. Il écrivit une Règle des moines à l'usage exclusif de sa première fondation de Complutum, nue supplique au roi Receswinthe en faveur 993

FRUCTUEUX DE TARRAGONE

de certains prisonniers politiques, et une lettre à Braulio de Saragosse. On lui a attribué une Règle Commune ; mais celle-ci devait être en réalité de ses disciples, même s'il y a sans doute contribué. II n'y a aucune raison de lui attribuer la paternité d'un mouvement monastique dit fructuosien (ou fédéral, car l'organisation du monastère repose sur les relations entre l'abbé et les moines). CPL 1869-1871; Diaz 216-219. 314-315; PL 80, 690692 ;87, 1099-1130"; A.C. do Amaral, Vida e reglas religiosas de S. Fructuoso Bracarense, Lisboa 1805 ; I. Herwegen, Dos Pactum des hl. Frucktuosus von Braga, Stuttgart 1907 ; C.F. Nock, The Vila Sancti Fructuosi, Washington

1946; M. Martins, Correntes da filosofia religiosa em Braga, Porto 1950, pp. 287-320 ; M.C. Diaz y Diaz, La Vida de San Fructuoso de Braga, Braga 1974; BS 5,1295 s. ; DIP 4, 983-986.

M. Diaz y Diaz

FRUCTUEUX DE TARRAGONE

L'évêque de Tarragone de ce nom et ses diacres Augure et Euloge subirent le martyre le 21 janvier 259. Le lieu de leur sépulture et un fragment d'inscription à leur nom furent découverts en 1926-1930. Une basilique s'élevait sur leur tombe et son plan a été reconnu. Leur Passion (BHL 3196), qui comporte en grande partie le procès-verbal de l'audience où ils furent condamnés, s'est conservée dans une recension remaniée qui semble de la fin du JV0 s. Prudence leur consacre Perist. 6; Augustin, le Serm. 273. Leur culte se répandit dès l'Antiquité en Bétique, Catalogne, Gaule du Sud, Afrique. L'Orational wisigothique (conservé à Vérone) contient des prières en leur honneur; les martyrologes meutionneut leur fête. P. Franchi de' Cavalieri, Gli atti di S. Fruttuoso di Taragona: ST 65, 129~181; Delehaye PM 144-199; C. Garcia Rodrîguez, El cuita de los santos en la Espana romana y

visigoda, Madrid 1966, 316-21; BS 5,1296-1298; DHGE 2,962

S.

V. Saxer

994

FRUMENCE

Apôtre de l' India ulterior, consacré évêque par Athanase (Ruf., HE X, 9: GCS Eus., 2, 2, p. 971-973; cf. PL21, 478-480). L'identification traditionnelle de Frumence avec Abba Salamas, premier apôtre de l'Éthiopie, a été récemment contestée. BS 5, 1292-1294; F. Altheim & R. Stiehl, Christentum am Roten Meer, I, Berlin-New York 1971, pp. 402-409;

S.J. Voicu

FUITE

I. Fuite de la persécution. monde.

Il. Fuite du

1. Fuite de la persécution Selon le témoignage des évangiles, Jésus, tout comme il annonça sa passion (cf. Mt 16, 21 s.; 17, 13; 17, 22 s. etc.), prédit aussi les persécutions à ses disciples (cf; Mt 10, 16 s. ; Le 12, 8 s.; Jn 15, 18 s.; etc.) en termes tels que la persécution n'apparut pas aux communautés chrétiennes comme un fait exceptionnel. Dès les premiers siècles, on s'est interrogé sur le comportement à avoir face à la persécution; comme .il était naturel, on s'est référé au Christ, à ses disciples et aux événements qu'ils avaient vécus. Dès le début de la vie terrestre de Jésus, Marie et Joseph le soustraient au péril de mort en le conduisant en Égypte (cf. Mt 2, 14 s.); durant son ministère public il s'éloigne à plusieurs reprises de ceux qui veulent le tuer (cf. Mt 14, 13; Le 9, 10). Dans son enseignement même, il conseille à ses disciples de fuir dans une autre ville quand ils sout persécutés dans une première (Mt 10, 23; 24, 16, etc.). Pourtant quand arrive le moment de la passion, il ne se soustrait pas à ceux qui viennent l'arrêter et il ne consent pas uon plus à être défendu de façon violente (cf. Mt 26, 47). Telles sont les lignes de conduite sur lesquelles les chrétiens, membres de la

FUITE

Grande Église, modèlent leur comportement et leur enseignement. On organise plusieurs fois la fuite des apôtres, parmi lesquels Pierre et Paul, pour leur éviter les embûches tendues par les ennemis (cf. Ac 9, 29 s.; 14, 5 s.; 17, 10 s.). Les cas analogues ne manquent pas au cours des époques suivantes. Peu après le milieu du II" s., alors que la persécution s'intensifie, Polycarpe, évêque de Smyrne, accepte le conseil de ceux qui, parmi les siens, insistent pour qu'il s'éloigne de la ville. Mais, face à celui qui est venu l'arrêter, il déclare devoir ue pas se dérober, pour que « la volonté de Dieu soit faite» (cf. Martyrium Polycarpi 7). En 177, face à l'épreuve qui va s'abattre sur les communautés de Lyon et de Vienne, en Gaule, « la grâce de Dieu permet d'abord aux faibles de s'éloigner» (Eus., HE Vl, 4, 2). L'on pourrait facilement multiplier les exemples. Il suffirait encore de rappeler le cas de Cyprien, évêque de Carthage, qui, après la promulgation de l'édit général de Dèce, contre les chrétiens (250), se réfugie non loin' de la cité, non sans _provoquer des critiques à l'intérieur de son Eglise. Il répond lui-même à ces critiques : « Si la couronne est uu don de la bonté de Dieu, elle ne peut être .reçue qu'à l'heure fixée. Celui qui se retire pour un peu de temps, en restant fidèle au Christ, ne renie pas sa foi mais il attend son heure » (De lapsis 10 ; cf. aussi la défense de Cyprien par son biographe Pontins dans la Vita Cypriani7 s.). Ce n'est du reste pas un hasard si l'édit de Dèce prévoyait la confiscation des biens de ceux qni fuiraient. On sait que, peu d'années après, durant la persécution de Valérien, l'évêque de Carthage sera d'abord exilé puis martyrisé (258). La fuite était donc permise, mais sûrement pas imposée. Son opportunité dépendait des circonstances, de la fonction occupée dans la communauté et surtout du discernement de la volonté de Dieu. C'est ainsi, par exemple; que les paroles adressées par Augustin à son clergé dans une lettre de 428-429, sont particulièrement signifi-

catives. C'est l'année où Genseric était passé en Afrique à la tête des Vand ales .ariens et avait commencé à maltraiter les chrétiens. Il est permis de fuir quand le ministère sacerdotal n'est pas indispensable au salut des fidèles, ceci afin de demeurer disponible pour l'Église daus des temps plus tranquilles. Si !'ou se trouve devant la nécessité de décider qui devra rester et qui devra s'éloigner, « que le soit mette fin aux discussions» (Pr 18, 18), parce que Dieu juge mieux que les hommes (cf. Ep. 228, 9 s.). En revanche, l'Église interdit de se livrer spontanément à l'autorité: en effet, selon les expressions de Clément d' Alexandrie, (Strom. IV, 10), le Seigneur ne veut pas que l'homme soit cause de sa mort ni du crime commis par ceux qui persécutent et tuent. De telles indications disciplinaires prennent toute leur signification si l'on tient compte du fait qu'au cours des premiers siècles il y eut des chrétiens qui, exaltant le martyre, en arrivaient à le proposer comme obligatoire pour les fidèles. On trouve un écho de cette position dans le traité de Tertullien intitulé De fuga in persecutione. Contredisant l'opinion exprimée dans le De patientia (13) et dans le Ad uxorem (1, 3), !'écrivain africain soutient que la fuite n'est pas licite parce qu'elle est en contradiction avec la volonté de Dieu et devient par là un reniement de Dieu, lequel envoie cette épreuve pour confirmer la foi des siens (même si le démon a une certaine part dans la persécution). A la lumière de ce principe, Tertullien repousse toutes les objections en interprétant de façon restrictive les passages de la Sainte Écriture qu'on lui oppose. Cette idée se ressent beaucoup de l'influence du montanisme ; elle aura du succès par la suite. La Grande Église continuera à s'y opposer en déclarant que la fuite est illicite et cause de péché seulement quand elle équivaut à une négation de la foi ou· au refus d'un devoir. H. Leclercq, DACL 5,2660-2684, art. Fuite de la persé-

995

FUITE cution. Sur les persécutions des-premiers siècles en général cf. W.H.C. Frend, Martyrdom and persecution in the Early Church, Oxford 1965. Sur le De fuga in persecUtione de Tertullien, d. J. Thierry, Tertullianus de fuga in persecuti.one, met inleiding, vertaling, toelichting en·index, Hilversum 1941.

P. Siniscalco

II. Fuite du monde

Par les expressions fuga mundi, ou fuga saecu[i (fuite du monde, fuite du siècle), les premiers chrétiens de langue latine désignaient le renoncement à tous les biens du monde en vue de rencontrer Dieu de manière plus intensive et plus exclusive. En un certain sens, ce comportement correspondait aux . indications essentielles du message évangélique : « Si quelqu'un veut venir après moi, disait Jésus, qu'il se renonce lui-niême, qu'il prenne sa croix et me suive. En effet, qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la trouvera. Car quel avantage aura l'homme à gagner le monde entier s'il vient à perdre son âme? » (Mt 16, 24-26). Dès les temps anciens, il y a donc une dimension de la fuga mundi qui concerne .tous les chrétiens ; mais certains autres aspects de cette fuite relèvent du domaine des vocations particulières. Pour traiter complètement le sujet, il serait nécessaire de commencer par les temps préchrétiens et d'examiner les témoignages du monde gréco-romain, du monde juif et surtout de la Sainte Écriture. II faudrait aussi considérer les manifestations et les conceptions dè la « fuite du monde » à l'époque patristique, tant selon une ligne chronologique qu'en fonction des aires géographiques d'Orient et d'Occident. Pour avoir une vue d'ensemble du thème selon cette perspective cf. Alszeghy: DSp 5, 15751599, art. Fuite du monde (bibliographie aux p.1592, 1596, 1599). Nous nous contenterons ici de repérer quelques traits de l'idéal et de la pratique de la « fuite du monde», tels que les proposent les chrétiens des premiers siècles. Pour comprendre leur attitude face au monde (K6crµoç), il faut tenir compte d'une 996

double distinction: la première (a) concerne la signification à donner au mot « monde » ; la seconde (b) vise le sens du terme «fuite», ou, mieux encore, «séparation».

a) Par le mot «monde» on entend, entre autres, le monde visible, créé par Dieu, c'està-dire la globalité de l'univers dont les yeux et l'intelligence de l'homme saisissent l'ordre et l'harmonie. Mais, dès le N.T, (cf., p. ex., Jn 1, 9 s.; Jn 14, 30; Col 2, 8 etc.), le mot prend aussi une connotation totalement négative: « ce monde» s'oppose au « monde futur», à la « vie éternelle», et il- devient en outre le nom et le symbole de cette partie de l'humanité qui, oubliant le créateur, vit sans aucune perspective transcendante. II s'agit ici de l'idolâtrie, du péché, de tout ce qui est différent de Dieu et éloigné de lui, En ce second sens, chaque chrétien est appelé à fuir le « monde », sèlon 1' avertissement unanime et incessant des écrits patristiques. « N'ayez pas Jésus sur la bouche et le monde dans le cœur », écrit Ignace d'Antioche dans sa lettre aux Romains (7, 1). Il est donc nécessaire de se détacher de ce qui est terrestre. Pour faire entendre cette nécessité, on évoque des personnages vétérotestamentaires et des images qui deviendrnnt bien vite familières à la littérature chrétienne. ancienne. On cite le peuple d'Israël pèlerin et en recherche de sa patrie ; on parle des patriarches qui étaient les chefs de ce peuple. Ce sont les «types» d'un pèlerinage proposé à tout homme qui veut atteindre la perfection. « Écoute ma prière, Seigneur... , puisque je suis un étranger, un pèlerin comme tous mes pères», dit le psaume (38, 11). Ambroise (De Abr. Il, 62), l'une des voix parmi beaucoup d'autres, commente ainsi : « En effet celui qui est pèlerin est citoyen du ciel, celui qui, par contre, pense fixer toute la substance de son âme sur cette terre et qui se réjouit d'acquérir l'héritage terrestre, celui-là s'exclut du royaume de Dieu. » b) La signification de cette séparation n'est pas moins importante pour . préciser la ré-

FULGENCE D'ASTIGIS flexion et la discipline élaborées par les pasteurs et les écrivains ecclésiastiques des premiers siècles. Dans ses grandes lignes, l'indication des textes est suffisamment homogène : sans nier les valeurs positives de ce monde en tant que créature de Dieu, le chrétien doit en être intérieurement détaché. Il faut laisser le monde, non pas matériellement, mais en esprit, observe Origène (cf. In Exod. 3, 3). Mais certaines vocations exigent le renoncement matériel aux biens: c'est ainsi qu'à partir de la fin du· rn° s. la « fuite » spirituelle de l'âme se traduit également par le fait de se réfugier dans le désert. D'où le développement de l'érémitisme et du cénobitisme, et l'importance prise par le moine dans le monde religieux de l'époque. Le moine est la figure par excellence de celui qui a laissé le monde, non seulement de cœur, mais. aussi de corps. Le moine n'oublie pas ce monde, mais il lui est présent d'une autre manière. Le cas d'Antoine, moine du désert égyptien, tel que le présente Athanase dans sa Vita Antonii, est tout à fait significatif. En ce sens, selon la conception chrétienne, la fuite du monde n'est pas purement naturelle. Elle ne se réalise pas par le seul effort de l'individu, mais elle est un fait surnaturel qui s'accomplit avec l'aide de Dieu et qui trouve son principe dans l'insertion mystique de l'homme en Dieu. C'est là un élément important pour mieux évaluer les ressemblances et les différences entre la conception chrétienne et la conception platonicienne ou surtout, néoplatonicienne (Plotin affirme fréquemment que le sommet de la perfection consiste dans la fuite du seul vers le Seul: cf. p. ex. Enn. VI, 9, 11; I, 6, 6; V, 1, 6 etc.). A la fin du IV" s., époque d'or de la patristique, Augustin (en particulier dans les Confessions) utilise de manière significative les termes mundus et saeculum (monde et siècle) en attribuant à chacun d'eux un champ sémantique différent : le premier est de l'ordre de l'espace, le second est de l'ordre du temps. Si

tous les chrétiens doivent renoncer « au monde du péché», aucun d'eux ne doit abandonner le monde en tant que créé par Dieu, même pas le moine. Ce dernier renonce seulement à un aspect particulier, et en soi légitime, de la vie dans le temps. Poussé par l'urgence de l'esprit eschatologique, le moine ne se consacrera pas à assurer le développement terrestre de la société dont il fait partie. En cela il suit le Christ, non seulement dans les intentions de la vie du Seigneur - choses auxquelles tous sont tenus - , mais aussi dans son état de vie : sans prendre femme ni engendrer d'enfants, sans aspirer à une. «position» où à une « cai• rière », sans avoir .de possessions. C'est donc à certains aspects de la vie se passant dans le temps (le correspondant grec de saeculum est aion) que les moines renoncent (L.M.J. Verheijen, « Mundus et saeculum » p. 682). Mais tout chrétien, sans exception, est appelé à réaliser, non pas une séparation effective, mais une séparation affective à l'égard du monde. RACh 1, 193-204 (Aion); DSp 5, 1575-1599. Pour le De fuga saeculi d'Ambroise, cf.• -entre autres H. Savon, Saint Ambroise devant l'exégèse de Philon le Juif, I, Paris 1977, p. 329 ss. et les notes correspondantes vol. II, p. 145 ss. ; F. Martinez, L'ascétisme chrétien pendant les trois premiers siècles de l'Église, Paris 1913 ; H. Koch, Quellen zur Geschichte der Askese und des MOnchtums in der alten Kirche, Tübingen 1933; L.M.J. Verheijen, « Mundus » et « saeculum » dans les Confessions de saint Augustin :

SMSR 387 (1967) (- Studi in onore di A. Pincherle), 665682 ; A.P. Orbân, Les dénominations du monde chez les premiers auteurs chrétiens, Nijmegen 1970; M. Ruiz Jurado, El concepto de « mundo » en los tres primeras siglos

de la lglesia : EstEcl 51 (1976) 79-94.

P. Siniscalco

FULGENCE D' ASTIGIS

Évêque d'Astigis (Écija) et frère de Léandre, Florentina et Isidore. On trouve des renseignements biographiques dans la Règle de Léandre (PL 72, 892) et des notations sur son épiscopat dans les actes des conciles de Tolède (610) et de Séville (619). 997

FULGENCE DE RUSPE

Fulgence, né à Carthagène vers 540/550, était le fils du catholique Sévérien, citoyen romain d'origine espagnole et représentant du royaume de Tolède à Carthagène. Sa mère était arienne. Après l'occupation byzantine, sa famille s'éloigna pour chercher refuge à Séville. Fulgence revint à Carthagène pour récupérer les biens de son père, mais nous ne savons rien sur son séjour entre 575 et 589. Il est probable qu'il devint évêque en 600. En 610 il l'était certainement à Ecija; il signa le décret de Gondemar (610-612) pour la constitution de Tolède en métropole. Au n• concile de Séville (619), l'évêque de Malaga lui réclama certaines paroisses incluses dans le territoire sous la juridiction d' Astigis après l' occupation byzantine. Pour sa part, Fulgence demanda à l'évêque de Cordoue une basilique située à la frontière des deux diocèses. En 620 Isidore lui dédia le De Eccl. off. Fulgence mourut avant 625. Le culte qu'on lui rend est postérieur à 1330. L'ayant confondu avec Fulgence de Ruspe, des faussaires des xvr• et xvrr• s. lui attribuèrent un traité De fide et un autre sur la mythologie. DHGE 19,371-374; BS 5,1302-1303; J.F. Rivera Recio,

Encumbramiento de la Sede Toledana durante la dominadon visig6tica: Hispania Sacra 8 (1955) 13-19; Léandre de Séville, De la instrucci6n de las vfrgenes y desprecio del mundo, tr. estudio y notas de Jaime Velasquez, Fund. Univ. Esp., Madrid 1979, 13-18.

E. Romero Pose

FULGENCE DE RUSPE

Il naquit d'une excellente famille en 467 en Afrique, à Leptis (Byzacène). Sa mère, Mariana, qui était veuve, lui fit donner une éducation complète qui comprenait aussi la connaissance du grec. Mais, après avoir consacré quelques années à l'administration du patrimoine familial, il entra dans un monastère malgré l'opposition de sa mère. La persécution anticatholique des 998

Vandales le contraignit à changer plusieurs fois de résidence, et il lui arriva un jour de se faire rouer de coups par un prêtre arien. Il décida alors de se rendre chez les moines d'Égypte ; mais en Sicile il renonça à son projet et il alla à Rome (500). Revenu à ses projets de vie monastique en Afrique, il ne put éviter, malgré sa modestie, un engagement ecclésiastique plus direct. Ordonné prêtre, puis évêque de Ruspe (Byzacène) en 507, il fut exilé en Sardaigne en même temps que d'autres membres du clergé catholique. Son prestige d'homme de doctrine était devenu grand et le roi Trasamond l'appela à Carthage pour discuter avec lui ; mais il le renvoya quelque temps plus tard en Sardaigne à cause de la réaction antiarienne qu'il provoquait (523); il passa là les deruières années de sa vie en se consacrant à l'écriture et à l'activité .pastorale. Il mourut le 1" janvier 532. La Vie de Fulgence, écrite par Ferrand, est la source principale de nos connaissances biographiques sur lui. Cette vie mentionne quelques ouvrages qui ne nous sont pas parvenus. Mais ceux qui ont été conservés sont suffisants pour se faire une idée précise de l'auteur. Ils sont de caractère doctrinal et traitent de deux thèmes principaux : l'un trinitaire et christologique- d'orientation antiarienne, l'autre sotériologique (grâce et libre arbitre) contre ceux que l'on appelle les semi-pélagiens. Dans le premier groupe, le Contra arianos liber unus, est peut-être l'œuvre la plus ancienne de Fulgence. L'ouvrage fut écrit en 515 à Carthage pour répondre à une série d'objections ariennes que lui avait faites Trasamond. Celui-ci avait été sévèrement réfuté lors de son premier affrontement avec Fulgence. Trasamond voulut alors le mettre en difficnlté en lui envoyant une série de questions, mais sans lui permettre d'en copier le texte: il le lui fit retirer après lecture. Obligé de répondre, Fulgence, au début du Ad Trasamundun libri Ill, se plaint des conditions défavorables dans lesquelles il est obligé d'écrire. Mais cela ne

FULGENCE DE RUSPE

l'empêche pas de développer organiquement la matière en la centrant surtout sur le thème spécifiquement christologique, car c'était sur ce point que s'accumulaient les erreurs les plus graves. En effet, sans sortir de la thématique spécifiquement antiarienne, Fulgence traite surtout dans cet ouvrage du rapport personne/ nature pour réfuter les nestoriens et les monophysites. Mentionnons aussi les ouvrages suivants : les dix livres Ad Fabianum , dont seulement quelques fragments nous sont parvenus ; le Contra sermonem Fastidiosi ariani, écrit pour réfuter un sermon arien qui nous est parvenu ; le De fide ad Petrum et le De Trinitate ad Felicem ; les livres II et III Ad Monimurn ; les Ep. 8 et 14. On a perdu le Adversus Pintam. La thématique antiarienne de Fulgence est désormais traditionnelle. C'est celle de la fin du 1v0 s. ; elle se développe sans originalité, mais avec une bonne maîtrise d'un sujet compliqué e_t une réelle capacité de le présenter de façon personnelle. Le seul fait nouveau tient à l'intervention des grandes discussions théologiques du V° s. dans la controverse arienne.C'est pourquoi Fulgence traite aussi cette question de manière approfondie en se raliant à la théologie chalcédonienne ; mais Fulgence insiste particulièrement sur l'unité du sujet dans la distinction des deux natures du Christ. Une série de requêtes, parmi lesquelles celle des moines scythes (Ep. 16 de sa correspondance), l'incite à traiter aussi à plusieurs reprises de la question pélagienne qui revenait de façon endémique. Le De gratia de Fauste de Riez avait eu un grand succès et les partisans de l'augustinisme radical avaient des difficultés à le réfuter. C';,st pourquoi, pendant son second exil en Sardaigne, Fulgence écrivit un ensemble d'ouvrages sur ce problème. Il s'agit du premier des Ad monimum Libri III, du Contra Faustum Reiensem libri VII, qui ne nous est pas parvenu, du De veritate praedestinationis et gratiae et des Ep. 15 et 17. La doctrine que Fulgence expose dans ces

textes est augustinienne au sens le plus radical. La nature humaine, essentiellement corrompue par le péché d'Adam qui s'est transmis à ses descendants, rend tous les hommes incapables de vouloir le bien et de se sauver par leurs propres forces en vertu du libre arbitre. Ils ne sont sauvés que par la seule grâce de Dieu, laquelle leur est concédée gratuitement et précède les mérites en les déterminant. C'est pourquoi le salut de l'homme est dû. uniquement à la ·grâce de Dieu. Celui-ci ne donne pas cette grâce à tous, mais seulement à certains prédestinés, choisis selon un jugement divin impénétrable. Tous les autres hommes sont laissés à leur destin, prédestinés non pas tant à la faute qu'à la peine qui suit la faute. Comme Augustin, Fulgence ne nie pas l'intervention du libre arbitre de l'homme, mais il ne parvient pas à harmoniser de façon plausible cette présence avec la doctrine rigide de la prédestination. Même quand il présente la coopération de l'homme à l'action prépondérante de la grâce, il explique que cette volonté bonne est aussi prédisposée par Dieu, de telle sorte qu'une fois encore le libre arbitre retombe totalement sous l'initiative de la grâce et qu'on en revient à l'aporie qu'Augustin avait laissée irrésolue. Nous avons mentionné quelques lettres de Fulgence. Dix-neuf d'entre elles nous sont parvenues, parmi lesquelles certaines sont en fait de ses correspondants. Elles ont une orientation doctrinale et pastorale, sans aucune concession au goût d'écrire en vue de correspondre de façon détendue avec un ami. Des divers sermons qui nous sont parvenus sous son nom la récente édition de CCL 91A n'en donne que huit comme authentiques: ils sont consacrés à différents sujets (fêtes liturgiques, célébrations de martyrs, explications de passages scripturaires). On a récemment découvert son Abecedarium, plus connu sous le nom de Psalmus contra Wanda/os arianos, composé à l'imitation du Psalmus antidonatiste d'Augustin. Ce 999

FULGENTIUS FABIUS PLANCIADES

sont vingt-trois strophes abécédaires de douze vers chacune. La composition n'est pas métrique, à l'imitation des psaumes bibliques. La matière est profondément imprégnée de doctrine, présentée sous une forme beaucoup plus simple que celle habituelle de l'auteur, ceci de façon à la rendre plus populaire. CPL 814-846; PL65; CCL 91.91A; M.G. Bianco, Abecedarium Fulgentii episcopi: Orpheus NS 1 (1980) 152171 ; G. Lapeyre, Fulgence de Ruspe, Paris 1929 ; B. Nis-

mier, uniquement et brillanunent littéraire et émdite chez le second. Édition· teubnériennè R. Helm, réimp. Leipzig 1970 (avec biblio.); R. Edwards, Fulgentius_ and the collapse of meaning: Helios 4 (1976) 17-35; G. Rauner-Hafner, Die Vergilinterpretation des Fulgentius: MLatJb 13 (1978) 7-49; P. Magno, Su alcune citazioni di Fulgenzio riguardanti Ennio e Pacuvio : RSC 26 (1978) 451-458 ; C. Stoecker, Alèxander der Grosse bei Fulgentius und die Historia Alexandri Macedonis des Antidamas : VChr 33 (1979) 55-75.

ters, Die Christologie des Fulgentius von Ruspe, Roma

U. Pizzani

1930; PAC 1,507-513.

M. Simonetti

FULGENTIUS LE DONATISTE FULGENTIUS FABIUS PLANCIADES

On ne connaît pour ainsi dire rien de cet auteur,.pas même son époque, étant donné la rareté et l'ambiguïté des dates que l'on peut déduire de son œuvre et l'absence de données externes (la critique hésite entre le IV" et le vre s.). Il était chrétien: on peut le conclure avec certitude soit des pointes polémiques contenues dans ses très célèbres essais d'interprétation allégorique - les Mythologiarum libri tres et l' Expositio Vergilianae continentiae - soit d'une citation isolée de Tertullien dans ' la curieuse Expositio sermonum- antiquorum, soit surtout de l'inspiration biblique de sa chronique universelle, le De aetatibus m1Jndi et hominis. Cette dernière œuvre est incomplète. Elle comporte quatorze livres que les manuscrits attribuent à un Fabius Claudius Gordianus Fulgentius, mais que d'incontestables consonances stylistico-textuelles prouvent comme étant l'œuvre du même auteur que les autres opuscules (tout comme le très bref Super Thebaidem qui nous est parvenu sous le nom de S. Fulgentius, Episcopus). On a pensé à une identification possible avec Fulgence de Ruspe, dont il partage l'origine africaine. Mais l'orientation culturelle de base se révèle extrêmement différente : exclusivement théologique et doctrinale chez le pre1000

Écrivain donatiste, probablement prêtre (410-420). Il est connu comme l'auteur du Libellus de Baptismo, écrit quelque temps après la conférence de Carthage de 411 et conservé grâce aux citations contenues dans la réplique d'un catholique, peut-être disciple d'Augustin. Fulgentius affirmait que « il n'y avait qu'un seul baptême, et que la Samaritaine (c'est-àdire les catholiques) ne le possédait pas ». Il y a un « jardin fermé» qui est l'Église. Une fontaine scellée s'y trouve interdite à toute personne indigne. Il y a une huile qui est l'onction la plus sainte et qui a été corrompue par les mouches mortes (cf. Qo 10, 1). Cette huile ne peut en aucun cas être donnée aux pécheurs. Fulgentius parle de l'indignité des catholiques qui, entant que traditores, ne peuvent conférer des sacrements valides. Son traité est particulièrement intéressant parce qu'il contient la seule citation littérale de l'opinion de l'un des évêques présents au concile réuni à Carthage en 312, celui où Cécilien fut désavoué. C'est un bon exemple du niveau du débat religieux populaire, au cours de la période qui suivit la condamnation officielle du donatisme en 312. Anon.,- Contra Fulgentium _Donatistam: PL 43, 763774; Monceaux VI, cap 6, « Fulgentius le Donatiste».

W.H.C. Freud

FULMINATA

FULMINATA (LEGIO XII)

La colonne Antonine (Rome, piazza Colonna), entre autres bas-reliefs relatant les victoires de Marc Aurèle (161-180), comporte la scène de l'orage qui sanva en Dacie la XIIe légion de la soif et de la défaite. C'est le plus ancien témoignage du prétendu miracle ; il n'y est pas question de foudre. L'épisode date de 173-174. Il fut immédiatement l'objet d'un interprétation chrétienne dont témoignent Apollinaire de Hierapolis vers 175-180 (Eus. HE 5, 5, 4), Tertullien entre 197 et 212 (Apol. 5, 6; Scap. 4, 7), Dion Cassius qui fut consul en 229

(Hist. Rom. 6, 71-72). Une lettre apocryphe de Marc Aurèle fut même mise en circulation au VI" s. Quant au surnom de Fulminata, il n'est pas dû au miracle de l'orage, la légion le porte dès le temps d' Auguste ; il a bien plutôt fait naître, dans le récit de l'évènement, la légende de la foudre. A. Harnack, Die Quelle der Berichte über das Regenwunder im Feldzuge Mark Aurels gegen die Quaden : Sitz.

Akad. Berlin 1894,835-885; PWK 12,1705-10; DACL 5,2692-2703; M. Sordi, Le monete di Marco Aurelio con Mercurio e la pioggia miracolosa : Annali 1st. It. Numismatica 5/6 (1958/1959) 41-55.

V. Saxer

G

GABRIEL Iconographie Dans les Saintes Écritures, Gabriel se présente déjà comme le messager par excellence, celui qui annonce à Zacharie la naissance de Jean-Baptiste (Le 1, 19) et à Marie celle de Jésus (Le 1, 26-28). Les caractéristiques et les gestes qui sont attribués dans. l'iconographie à l'archange Gabriel se rapportent à son principal rôle d'envoyé. On le représente toujours dans l'attitude de quelqu'un qui parle et, du moins à partir du v" s., non seulement il est ailé, mais il porte aussi le baculus (bâton) du messager et, plus rarement, une lanterne allumée, un miroir où sont écrits les ordres de Dieu, un phylactère avec les mots Ave Maria gratia plena (Salut Marie, pleine de grâce). Le plus ancien témoignage pictural de l'archange Gabriel apparaît au cours du IVe s. sur une fresque du cimetière des Sts-Pierre-et-Marcelc lin à Rome (Wilpert, Ein Cyclus, tabl. I-IV): Gabriel, encore privé des attributs qui lui sont propres (ailes, baculus), y est représenté dans l'attitude de l'adlocutio (1' entretien), en train d'annoncer à Marie la naissance du Christ. Toujours dans le contexte du thème de l' Annonciation, l'image de Gabriel se présente

complète quant à ses attributs iconographiques essentiels à partir de la fin du Iv" s. et au cours du v" s. On peut le constater, d'une part, sur le sarcophage Pignatta de Ravenne, où l'on montre Gabriel s'adressant à Marie, représentée assise, son fuseau dans la main droite. On le voit d'autre part, sur les mosaïques de l'arc triomphal de Ste-Marie-Majeure, à Rome. C'est au VI° s. qu'appartient la précieuse Annonciation historiée représentée sur la chaire en ivoire de Maximien au musée de l'archevêché de Ravenne (Volbach n° 140, tabl. 72-74). Ici, l'on a figuré Gabriel avec le baculus (bâton) cruciforme, pour souligner sa fonction de messager divin. Gabriel partage avec Michel la fonction de gardien de l'Église. C'est dans cette fonction qu'il est représenté sur la mosaïque du presbyterium de St-Vital à Ravenne (v" s.) et sur celle de l'abside de la Panaghia Angeloktistos à Chypre (vues.). DACL 6, 10-29; LC! 2, 74-77; EC 5, 1833 s.; BS 5 1326-36; G. Wilpert, Ein Cyclus christologischer Gemattk r;,us der Katakombe der hl. Petrus und-Marcellinus Freiburg 1.B. 1916; C. Lamy-Lassalle, Les archanges en costume impérial dans la peinture murale italienne: Synthronon, Paris 19~8, pp.189-198; P. Testini, Su una.discussafigurazione del sarcofago detto del projeta Elisea o Pignatta: FR 113/114 (1977) surtout p. 334 ss.

C. Carletti

1003

GAIANUS

GAIANUS Adepte du monophysisme de la tendance propre à Julien d'Halicarnasse (aphtardocétisme), en opposition à celle de Sévère d'Antioche. A la mort du monophysite Timothée IV d'Alexandrie en 535, une partie du peuple élut Théodose, disciple de Sévère, et une autre Gaianus, disciple de Julien. Gaianus occupa le siège alexandrin pendant une courte période; l'intervention de Narsès rétablit Théodose. Il semble que Gaianus se soit réconcilié avec ce dernier. Toutefois, la secte monophysite aphtardocète continua et ses disciples furent même appelés gaïanites (de Gaianus) et julianistes (de Julien d'Halicarnasse). Liberatus, Breviarium, 19-20: PL 68, 1132-38; DTC 6,

998-1023; F. Diekamp, Zum Aphthartodoketenstreit: ToRev 25 (1927) 89-93.

A. Di Berardino

GAIUS et ALOGES Gaius est un écrivain chrétien de la fin du

ne s. Les seules sources directes sur Gaius sont Eusèbe et Denys bar Salibi. En comparant les informations qu'ils uous ont rapportées, on en déduit avec certitude les renseignements suivants: Gaius est un écrivain romain, auteur d'une œuvre contre le montaniste Proclus, dont Eusèbe conserve quelques fragments. Gaius considérait que le IV" évangile et l'apocalypse n'appartenaient pas à Jean et il les attribuait à Cérinthe. D'après Eusèbe, qui ne fait pas mention de la position de Gaius sur le IVe évangile, il fut orthodoxe et très estimé; d'après Denys, ce fut un hérétique. Denys conserve quelques passages d'un écrit d'Hippolyte contre Gaius: les Capitula adv. Caium. Les objections de Gaius sur l'apocalypse contenues dans les Capitula concernent de prétendues contradictions entre l'apocalypse et les écrits de saint Paul. On rapproche générale-

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ment le nom de Gaius et celui des aloges. Cette dénomination a été créée par Épiphane (Haer. 51) sur la base d'un jeu de mots (alogos: sans raison, mais aussi adversaire du Logos) ; elle concernait un groupe d'opposants aux œuvres de Jean, qu'ils attribuaient à Cérinthe. Ils affirmaient en effet que le Ive évangile et l'apocalypse étaient faux et en désaccord avec les autres écrits du N.T., en particulier avec les synoptiques. La validité du renseignement d'Épiphane est discutable. On a pensé qu'Épiphane avait puisé dans Hippolyte (peutêtre dans le Syntagma, aujourd'hui disparu); mais le fait qu'Épiphane n'en fait pas mention dans l'information qu'il nous donne sur Gaius pose des problèmes. C'est une omission inexplicable, vu la polémique entre Hippolyte et Gaius. A la longue, la critique a fini par se convaincre de l'hétérodoxie de Gaius, en se fondant sur Épiphane et Denys bar Salibi. Il semble plus exact, en fait, de placer Gaius et ses éventuels disciples dans le contexte des méfiances qui s'étaient développées à Rome à la fin du Il" s. dans une partie de la hiérarchie. Il s'agissait des problèmes créés par les· gnostiques, les montanistes et des quartodécimans qui, à des titres différents, se réclamaient de Jean. Les fragments de l'Adv. Proclum dans Eusèbe, HE Il,25,6-7; III, 28, 1-2; III, 31,,4; VI, 20,3. Les fragments des Capi_tula adv. Caium in I. Sedlacek, Dionysius bar Salibi. In Apocalypsim, Actus et Epistulas catholicas

(CSCO 56.60; syr. 18.20), Paris 1909-1910; TRE 1, 290225; E. Prinzivalli, Gaio e gli Alogi: SSR 5 (1981) 53-68.

E. Prinzivalli

GALATIE Région du centre de l'Asie Mineure, constituée surtout de hauts plateaux, la Galatie prit son nom au IIl0 s. av. J.-C., àla suite de l'immigration de tribus celtes. Elle fut réduite par Auguste au statut de province romaine après la mort, en l'an 25, du dernier roi galate Amin-

GALICE

tas. Le légat de la province avait aussi autorité sur la Pisidie, la Licaonie, la Pamphilie, l'Isaurie,- la Paphlagonie, le Pont galate et, de l'an 83 à l'an 114, sur la Cappadoce. La région galate fut évangélisée par Paul au cours de son deuxième voyage missionnaire (Ac 16, 6). Selon toute probabilité, c'est aux communautés chrétiennes de cette région qu'il adressa l'épître aux Galates. Les villes les plus importantes de la Galatie étaient Pessinontes, Ancyre et Tavium. Au cours du IV" s., trois conciles eurent lieu à Ancyre : le concile orthodoxe de 314, le concile homéousien de 358 et le concile pro-arien qui eut lieu vers 375. De 385 à 395, la Galatie fut divisée en deux éparchies, la Galatie Première avec Ancyre pour métropole et la Galatie Seconde avec Pessinontes. Plus tard, en exécution du can. 28 du concile de Chalcédoine (451), la province ecclésiastique de Galatie fut soumise à l'autorité du patriarche de Constantinople. Du point de vue monastique, rappelons l'anachorète Pierre le Galate, Nil d'Ancyre, et le moine Léonce, devenu ensuite métropolite d' Ancyre. Ancyré: DHGE 2,1538-1543; Galatie: DHGE 19,714731.

S.Zincone

GALÈRE

Natif de Sardique, en lliyrie, il eut avec Constance Chlore, le titre de césar en 293, dans le système tétrarchique créé par Dioclétien. Il conduisit une campagne victorieuse en Orient contre les Perses. Païen convaincu, il fut parmi les partisans les plus actifs de la politique de persécution de Dioclétien contre les chrétiens. A l'abdication des deux augustes en 305, il devint empereur pour l'Orient. Les désordres qui suivirent la mort de l'autre auguste, Constance Chlore, débouchèrent sur une tentative de restauration de l'ordre tétrarchique, institué par le vieux Dioclétien (rencontre de

Carnuntum). Mais cette solution de compromis dura seulement tant que Galère vécut. La grave maladie qui le frappa en 311 (décrite dans De mort. persec. 35, 3 de Lactance) et qui provoqua sa mort, semble avoir été attdbuée par lui-même à ses actes de persécution contre les chrétiens, ce qui l'aurait conduit à promulguer en avril 311 un édit de tolérance, dans l'intention d'apaiser leur Dieu. PWK 14,2,2516-2598; S. Mazzarino, L'impero romano, Bari 2 1973, 587 ss.

M. Fortin Patrucco

GALICE

Province_ hispano-romaine, partie de l'ancienne Espagne Citérieure ou Tarraconaise. Elle correspond au siège de Léon-Astorga, ce dernier étant le premier témoignage explicite de la présence de communautés chrétiennes en Espagne, au milieu du III0 s., si l'on se base sur la Lettre 67 de Cyprien de Carthage. D'abondants témoignages- parlent de la présence du christianisme dans cette province à la fin du IV" s. et surtout au v" s. Les restes archéologiques demeurent rares, mais ils révèlent néanmoins des contacts fréquents et directs avec l'Afrique du Nord et la zone orientale ; cet aspect est aussi repérable dans les · sources littéraires. En Galice, comme dans d'autres provinces espagnoles, les vestiges les plus anciens appartiennent aux espaces funéraires. Il s'agit de deux sarcophages-d'importation romaine : le sarcophage proto-constantinien d' Astorga (San Justo de la Vega) et le couvercle, à double versant de Témès, datant de la pleine époque constantinienne. En ce qui concerne l'architecture, c'est au W s. qu'appartient le mausolée de Marialba de Léon, construit sur un plan basilical et muni d'une coupole centrale, d'une abside en forme de fer à cheval et d'un déambulatoire bordé d'exèdres. Le baptistère cylindrique est le résultat 1005

GALIEN

d'une transformation survenue au VI" s. Parmi les autres monurneuts paléochrétiens, il faut sigualer le monogramme de Quiroga, qui est peut-être une table en marbre pour les offran• des ; elle est circulaire et décorée avec le mouogramme du Christ - d'où son nom - , l'alpha et l'oméga au centre; elle est entourée d'une inscription. Peut-être remonte+elle plus ou moins à l'an 400 (cette date est discutée car l'on manque de recoupements valables). Le sarcophage de la cathédrale de Braga, décoré avec des motifs représentant quelques vo· lutes et un monogramme, est du début du V' s. Le couvercle du sarcophage d' Ithacius (cathédrale d'Oviedo), avec des motifs de plantes, de colombes et un monogramme, a des correspondances dans l'art de Ravenne de la fin du V' s. ou du VIe s. Un autre sarcophage, d'origine aquitaine, celui de Villanueva de Loren• zana, pose des problèmes concernant la date de son importation (v"-xe s. ?). La mosaïque funéraire encastrée dans le sarcophage de pierre de Frendes (Portugal) est une pièce qui ne s'apparente à nulle autre; c'est un œuvre locale qui s'inspire de modèles méditerranéens. En pleine époque wisigothique, dans la deuxième moitié du VIe s., on trouve les reliefs de Saamasas (Lugo) avec des motifs d'animaux dans de petits carrés. L'œuvre est très proche des ambons de Ravenne, avec des modifications dues aux styles ornementaux de Mérida et l'Olisippo (Lisbonne, Portugal). De l'architecture de cette époque, la Galice a conservé deux œuvres d'un genre très différent. Tout d'abord, à San Fructuoso de Montelios au Portugal (vers 665), on trouve un martyrion en forme de croix grecque, avec des chapelles en forme de fer à cheval entre les bras de la croix, une coupole au centre et des voûtes dans les bras latéraux. Ce martyrion est enrichi d'une décoration extérieure qui rappelle le mausolée de Galla Placidia. D'autre part, à Santa Comba de Baude (Orense), il y .a un édifice presque entièrement reconstruit pendant le repeuplement de cette région (IXe s.). L'édifice 1006

se présente lui aussi avec une structure centrale en forme de croix inscrite; l'abside rectangu• !aire dotée probablement de pièces latérales fait saillie vers l'extérieur. Plusieurs objets d'ameublement liturgique sont conservés dans la région de Léon-Astotga et sont les produits d'ateliers espagnols. E. Camps-J. Ferrandis, Arte hispano-visigodo (Historia de Espaiia, III, dir. R. Mènéndez Pidal), Madrid 1940; J. Vives-T.Marin, Condlios visig6ti.cos e hispano-romanos, Madrid 1963; P.de Palol, Demografia y arqueolog{a de los siglos IV-VIII: BSEAA Valladolid (1966), pp. 5-66; P. de Palol, Arte hispànico de la época visigoda, Barcelona 1966; Actas 1 reuni6n nacional de Arqueolog{a paléocristiana hispànica, Vitoria 1966 (1967); P. de Palo!, Arquelog/a cristiana de ·la Espanfl. romana, Ma_d.rid-Vallodolid 1967; Id., Arquelogfa cristiana hispànica de tiempos romanos y visigodos: RACMiscell. Josi, II (1967), 177-232; J. Vives, Inscripciones cristianas de la Espafia romana y- Visigoda, Barcelona 1969; H. Sçhlunck., Die frühchristlichen _Denkmiiler aus dem Nord-Westen der Iberischen Halbinsel: Legio VII Gemina, Le6n 1970, 477-509; Th. Hauschild, Untersuchungen in der Martyrerkirche von Marialba und im Mausoleum von Las Vegas de Puebla Nueva: Atti VIII Congr. Int. Arch. Crist; Città del Vaticano-Barcelona 19723, 327-332; P. de_Palol, Arqueologia Cristiana romana y Visigoda: DHEE 1, 1972, 96-113_; J. Fontaine, L'art préroman hispanique, I, La Pierre-qui-Vire,-1973; M. Sotomayor, Datas hist6ricos sobre sar_c6fagos romano-cristi.anos de Espaiia, Granada 1973 ; Id., Sarc6fagos romanocristianos de Espafia, Granada 1975; R. Puertas, lglesias hispànicas (w al VIII). Testimonios litériàrios, Madrid 1975 ; Th. Hauschild, Los monumentos palecristianos de Gallaecia especialmente los de la provincia de Luge, Lugo 1977, 193-236; M. Sotomayor, Historia de la Iglesia en Espafla, I. La lglesia en la Espafla romana y visigoda (dir. Garcia Villoslada), Madrid 1979; H. Schlunck-Th. Hauschild, Hispania Antiqua. Die Denkmll_ler der frühchristlichen und westgotischen Zeit, Mainz am Rhein 1979; Actas II reuni6 d'Arquelogia paleocristiana hispàanica, Montserrat 1978 (1981).

P. de Palo!

·GALIEN Médecin et philosophe, né à Pergame, mort à Rome en 199. Disciple de maîtres platoniciens, il voyagea avant de s'établir à Rome où il fut médecin de Marc Aurèle et où il soigna son fils Commode. Il fut aussi grammairien et

GALLA PLACIDIA

philosophe. Ses œuvres de médecine et de philosophie ont exercé une grande influence sur le Moyen Age byzantin. L'attitude de Galien envers les chrétiens a été positive. S'il a des réserves sur leur esprit critique, il admire la rigueur de leurs coutumes et la chasteté pratiquée par des hommes et des femmes (De puis. diff. II, 4, ed. Kühn, Leipzig 1824, p. 579 et 657).

croire qu'il fut surtout prêché par des pêcheurs et des paysans qui n'ont pas laissé de traces. Selon Épictète (Dissertations IV, 7, 6), le terme « galiléens » désignait les chrétiens. Il en va de même pour l'empereur Julien I' Apostat. L.F. Elliott-Binns, Galilean Christianity, Chicago 1956; M. Simon, Les Sectes juives au temps de Jésus, Paris 1960; G. Jossa, Gesù e i movimenti di liberazione della Palestina, Brescia 1980, pp. 61-77.

B. Peretto

RACh 8, 777-786; KLP 2, 674-675; P. de Labriolle, La réaction pai.ê:nne, Paris 1934, ·pp. 94-97.

A. Hamman

GALILÉENS Chrétiens

L'expansion du christianisme dans le monde juif au-delà de Jérusalem est à peine mentionnée dans les Actes. Justin complète les données bibliques en rappelant les différentes composantes de la communauté juive de Jérusalem qui comptait, entre autres, les galiléens (Dia/. 80, 4). Il ne faut pas confondre les galiléens, mentionnés par Justin, qui reconnaissaient comme guide Judas le Galiléen (Ac 5, 37; Flavius-Josèphe, Antiquités 18, 1) ayec les galiléens chrétiens. La fondation de l'Eglise chrétienne en Galilée dans Ac 9, 31 est donnée pour sûre à travers une formule littéraire stéréotypée. Les liens de parenté que les apôtres avaient en Galilée permettent de supposer que la région a été évangélisée très rapidement. L'absence de documents ne permet pas de se prononcer sur d'éventuelles sympathies de la part des chrétiens de Galilée pour les mouvements indépendantistes, actifs en cette région. La présence de Simon, surnommé le Zélote, parmi les disciples de Jésus, ne peut être considérée comme un argument en faveur de cette thèse. Les zélotes deviennent un parti politique avec la guerre de Judée, 66-70 ap. J.-C. Après 70, les sources ne font plus allusion au christianisme de Galilée. Ceci porterait à

GALL Saint (550 env.-645)

Moine irlandais, il suivit saint Colomban de Bangor et Luxeuil jusqu'à Bregenz, sur le lac de Constance, où il s'arrêta pour vivre en ermite près de la source du Steinach. Une église y fut édifiée par la suite et, dans la première moitié du vm• s., Othomar y fonda le célèbre monastère dit « de St-Gall ». Gall évangélisa les Suèves, les Helvètes, les Alamans et les populations voisines des frontières orientales de !'Austrasie. Il refusa l'évêché de Constance (616) et la charge d'abbé de Luxeuil (625). Il proposa comme évêque de Constance le diacre Jean, son disciple, natif du lieu, et prononça pour sa consécration épiscopale un discours qui aurait été conservé. Il mourut à Arbon lors d'une visite à son ami Willimard. Sa fête se célèbre le 16 octobre. Il est souvent représenté avec un ours qui, selon la légende, l'aida à construire son ermitage. J.F. Kenney, The sources of the early history of Jreland,

New York 1929, !, n. 50, pp. 206-208; BHL !, 485-487; BS 6, 15-19; DCB 2, 601-602; B. & H. Helbling, Der heilige Gallus in der Geschichte: SZG 12 (1962) 1R62.

E. Malaspina

GALLA PLACIDIA

Fille de l'empereur Théodose et sœur d' Arcadius et Honorius, respectivement empe1007

GALLICANE (Liturgie)

reurs d'Orient et d'Occident. Née vers 390, elle vécut la plupart du temps à Ravenne où elle prit part activement aux intrigues de cour, contribuant à la ruine du général Stilicon et, finalement, à sa mort en 408. En 410, pendant le sac de Rome, elle fut faite prisonnière par Alaric et, quatre ans après, elle épousa son beau-frère, Ataulphe, en grandes pompes et selon la coutume romaine, bien qu'elle n'eût pas l'accord de l'empereur Honorius. Après la mort d' Ataulphe, Galla Placidia épousa le patricien Constance, dont elle eut deux enfants. A la mort de son frère, le pouvoir passa dans les mains de son fils Valentinien III, dont elle fut la régente. C'est dans une telle situation que cette femme, intrigante et très habile, intervint dans la querelle entre Aetius et Boniface pour la défense de l'Empire. Elle favorisa le premier qui put ainsi orgamser, à ses côtés, la ruine de l'adversaire. Elle mourut en 450; après une brève inhumation à Rome, elle fut transférée dans le célèbre mausolée de Ravenne qui porte son nom. A. Lippold: KLP 4,876-877; E. Stein-J .R. Palanque, Histoire du Bas-Empire, Paris 1958; V.A. Sirago, Galla Placidia e la trasformazione politica dell'Occidente, Louvain 1961 ; S.I. Oost, Galla Placidia Augusta, Chicago 1968.

M.L. Angrisani Sanfilippo

GALLICANE (Liturgie)

I. Origine et développement. - Il. Caractéristiques principales. I. Origine et développement Il faut d'abord préciser que lorsque nous parlons de liturgie ou de rite gallican, nous nous rapportons exclusivement à la liturgie locale qui s'est formée au sud des Gaules probablement au début du VI" s., et qui disparut avec l'adoption du rite romain par Charlemagne dans tout l'Empire. Même dans des études hautement qualifiées, on trouve souvent une

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terminologie ambiguë : on donne ainsi le nom de « gallicane » à une liturgie romaine réélaborée dans le contexte culturel carolingien. Il est vrai que le mouvement culturel carolingien, qui se caractérisait par son éclectisme et qui se prétendait largement documenté, se servit quelquefois, dans ses remaniements liturgiques, de vieux textes gallicans, tout comme il se servit aussi de textes ambrosiens et de textes hispamques. Mais cela ne signifie pas que la liturgie franco-romaine, à laquelle on donne parfois le qualificatif de « liturgie romaine gallicanisée », représente une évolution naturelle

ou une survivance de l'ancien rite gallican. Ce qui distingue nettementle vrai rite gallican de la liturgie franco-romaine, c'est sa matrice culturelle exclusement latine. Nous verrons, toutefois, que dans sa période de décadence où le rite gallican parvint trop vite, il y eut quelques infiltrations du style littéraire et de la mentalité des mérovingiens dans la composition des textes. Le rite gallican est né en même temps que le rite hispamque; il s'est fondé sur les mêmes bases et, par conséquent, sur un même phénomène historique. Dans les églises d'Espagne aussi bien que dans celles des Gaules, il existait déjà un patrimoine de traditions liturgiques, provenant d'Orient et d'Italie, mais surtout d'Afrique latine. Le phénomène historique qui a déterminé la naissance du rite gallican et du rite hispamque était d'abord une tentative pour réaliser, dans un milieu donné et avec des moyens propres, quelque chose de semblable à ce qui était survenu dans la liturgie de Rome du v" s. Comme à Rome, cette production s'effectua à une grande échelle : textes variables pour la célébration eucharistique, compositions ou réélaborations de textes de prières pour l'admimstration des sacrements - catéchuménat, baptême, confirmation, mariage, ordinations mimstérielles - et de quelques répertoires d'oraisons destinées aux offices du soir et du matin. Cette production était une explo-

GAILICANE (Liturgie)

sion de créativité eucologique qui suscita dans tout l'Occident un certain sentiment d'émulation. C'est ainsi que se formèrent les premières écoles eucologiques de Gaule et d'Espagne, qui dans un premier temps durent avoir d'étroits contacts. Il s'agissait presque d'une imitation du phénomène romain. Comme nous l'avons déjà indiqué, le but initial était de mettre en œuvre la créativité eucologique, mais dans un milieu donné et avec des moyens propres. Ainsi, le rite gallican aussi bien que le rite hispanique restèrent assez éloignés de la structure de la messe romaine du v" s. et du VIe s. Ils restaient fidèles à une autre structure, qui était leur propre structure traditionnelle provenant d'Afrique latine, et qui constituait désormais une part importante de leur patrin1oine liturgique. Les écoles eucologiques gallicanes et hispaniques ne se laissèrent nullement séduire par le style littéraire des textes romains, toujours pour la même raison : elles entendaient rester fidèles à leur style, plus souple et moins compact que le style romain. Ainsi, bien que stimulées par la créativité eucologique de Rome, elles restèrent fidèles à leurs propres formes littéraires et, de ce fait, .elles purent souvent intégrer aux textes nouveaux certaines expressions provenant de textes archaïques. D'après l'étude philologique et littéraire des formulaires liturgiques, on peut déduire que les textes gallicans les plus anciens qui nous soient parvenus furent composés approximativement dans.les dernières décennies. du VI0 s. Cette datation correspond en effet à certaines informations historiques qui attribuent la composition de textes pour la messe au prêtre Musée de Marseille (vers 459), à Eustathe de Marseille et à Sidoine Apollioaire (432-490). On attribue à Grégoire de Tours (538-594) la composition d'un sacramentaire, mais son œuvre fut probablement davantage un travail de rédaction qu'une véritable création de textes; son œuvre serait comparable à celle de

Grégoire Je Grand à Rome et de Julien de Tolède en Espagne. Parmi les auteurs gallicans qui se sont occupés de la répartition des lectures, on peut citer les noms de Claudien (vers 460), de Musée de Marseille, déjà cité, et de Césaire d'Arles (470542). C'est ce dernier qui présida Je concile d'Agde de l'an 506, dont Je canon 30 a pour but de régler certains détails de l'office. Si l'on étudie les livres liturgiques en les comparant les uns aux autres pour tenter d'y découvrir des rapprochements avec les rites voisins, on découvre que Je rite gallican est en fait Je résultat d'un ensemble d'activités locales distinctes, dont chacune tend à former sa propre liturgie. Ces activités ne sont pas vraiment coordonnées, malgré de fréquents échanges. En d'autres termes, Je rite gallican ne parvint jamais à une codification plus ou moins uniforme de ses livres liturgiques. Chaque sacramentaire est le résultat d'une tentative différente visant à composer Je livre principal de la célébration eucharistique. Tous puisent dans un fonds commun d'ouvrages, mais le choix et l'ordre est établi selon des critères distincts et parfois divergents. Il n'y a pas, par exemple, le moindre accord entre le Jectionnaire de Luxeuil et les répartitions des lectures que nous trouvons dans des textes comme Je Missel de Bobbio, et dans de nombreux fragments d'autres lectionnaires. L'une des plus grandes difficultés de l'étude historique de l'ancien rite gallican, c'est précisément cette dispersion des livres liturgiques, aggravée par le fait que, dans certains secteurs, nous sommes absolument privés de toute documentation. Nous connaissons les textes des prières pour la célébration eucharistique et pour l'administration des sacrements ; nous avons aussi les recueils des lectures, même s'ils sont représentés, comme nous l'avons dit, d'une manière très fragmentaire; mais il ne nous reste aucun antiphonaire contenant les chants pour la messe; enfin, tous les livres destinés à la célébration de l'office ont été

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GALLICANE (Liturgie)

perdus. La seule exception à ce sujet nous est fournie par quelques hymnes, probablement d'origine gallicane, que Césaire cite dans ses règles monastiques avec les hymnes d' Ambroise et qui ont survécu dans les hymnaires monastiques du Moyen Age. Ce qui semble certain, c'est que le rite gallican, dès son apparition, se vit menacé d'abord par la présence massive d'une influence culturelle franque, puis par une pénétration d'éléments romains risquant de l'étouffer. La situation politique ne favorisait pas la consolidation d'une liturgie autochtone bien définie. La région provençale, avec les deux grands sièges de Marseille et d'Arles, qui semble avoir été le berceau du rite gallican, passa en quelques années des mains des Wisigoths à celles des Ostrogoths (vers 508), et finit par être envahie par les Francs (537). Les plus anciens documents que nous possédions sur les textes de la liturgie gallicane remontent au milieu du vn• s. L'activité codificatrice, toujours hétérogène, ainsi que nous l'avons déjà relevé, s'étendit jusqu'au milieu du vm• s. Les livres liturgiques sont les plus importants témoins de cet enfantement difficile, à ce moment historique. Il y a, d'une part, le Missale Gothicum qui tente de recueillir les textes gallicans pour l'eucharistie, afin d'en faire un livre ressemblant aux sacramentaires romains. Mais, parfois, le Missale Gothicum force les textes originaux; ou bien il les interpole pour les destiner à des fêtes ou à des temps de l'année pour lesquels ils n'avaient pas été composés ; enfin, il intègre des oraisons des livres romains pour combler les vides. On connaît, d'autre part, le Missale Bobbiense qui ne conserve la structure de la messe gallicane que jusqu'à la préface; pour le reste, on suppose qu'il adoptait le canon romain; pourtant, ce même sacramentaire copié à Bobbio augmente le répertoire des préfaces par des productions gallicanes décadentes. En revanche, le sacramentaire palimpseste conservé à l' Ambrosienne de Milan est totalement opposé 1010

aux deux précédents car il refuse toute influence romaine et tente d'intégrer des textes provenant d'Espagne, plus fidèles au véritable style gallican. Le courant qui poussait les Églises intégrées dans le royaume des Francs à un rapprochement avec le rite romain fut donc antérieur à la décision de Charlemagne d'adopter officiellement la liturgie de Rome sur tout son territoire. Mais les signes de résistance à un tel phénomène ne·manquèrent pas, comme le démontre le palimpseste de Milan. II. Caractéristiques principales

La caractéristique la plus significative du rite gallican, c'est sa manière de composer la prière eucharistique avec des textes variables, y compris ceux qui précèdent et ceux qui suivent immédiatement le récit de l'institution. En cela, le rite gallican se distingue du rite romain et du rite ambrosien qui ont un canon fixe. Il ressemble, par contre, au rite hispanique. Dans le rite hispanique, cependant, le système d'une anaphore comportant des passages variables est plus évolué et plus perfectionné. Le rite gallican en est resté à la première phase de l'expérience, celle où les passages qui pouvaient varier n'étaient pas encore coordonnés entre eux. Des répertoires de préfaces, des textes de post sanctus et de post mysterium (textes après le sanctus et après le récit de l'institution) furent composés, mais non pas en nombre égal, et sans liens entre les deux parties de la prière eucharistique. Les premiers auteurs gallicans et hispaniques ont sans doute voulu composer pour la partie centrale de la prière eucharistique un certain nombre de nouveaux textes qui auraient été des sortes de variations sur les thèmes traditionnels des textes eucharistiques de leur très ancien patrimoine. En imitant d'une manière lointaine ce qui s'était passé pour le rite romain, les auteurs gallicans ont composé, pour les différentes époques et les différentes fêtes de l'année litur-

GALLICANE (Liturgie) gique, des formules pour la praefatio missae (préface de la messe), pour la collectio (collecte), pour les oraisons post nomina et ad pacem (après les noms et pour la paix), et aussi pour la contestatio (prière instante), qui correspond à la préface romaine. Mais le post sanctus et le post mysterium .restèrent exclus de cette fusion entre la thématique de l'année liturgique et celle qui est inhérente au rôle spécifique de chaque passage dans la composition globale de l'anaphore, Il s'agit là des deux textes qui, encadrant le récit de l'institution, correspondent à la partie du canon qui va du sanctus à la doxologie. Quelquefois, mais ce. sont des cas très rares, on trouve, un texte de post sanctus composé spécialement pour une fête ; mais cela ne se produit jamais pour le post mysterium. Les formules qui pourraient faire croire le contraire datent toutes du temps de la codification des sacrements, et il s'agit presque toujours d'arrangements faits sur la base de textes romains. En revanche, le rite hispanique a progressé vers l'unité littéraire et thématique de toute la prière eucharistique, même si cette unité était faite de textes variables ; dans le contexte du rite espagnol, tous les textes, y compris ceux du post sanctus et du post pridie, développent les thèmes du temps ou de la fête de l'année liturgique. Une autre caractéristique gallicane concerne le rituel pontifical. Il s'agit de faire précéder la prière de bénédiction d'une monition s'adressant à l'assemblée et anticipant le message de la prière de bénédiction. Quand il s'agit de conférer les ordres ministériels, le système des formules se compose au moins de trois parties: explication du mystère, invitation à la prière et prière de bénédiction. Cet ensemble eucologique révèle l'intention d'impliquer plus intimement l'assemblée dans l'acte sacramentel. C'est l'application systématique et développée d'un principe liturgique très ancien et universel: que l'on pense à l'Exultet (monition-préface de bénédiction) et aux prières romaines du Vendredi saint (invitation à la

prière). Cette méthode convenait si bien aux rites gallicans et hispaniques que l'un des textes variables pour toutes les messes prit cette forme de didascalie: il s'agit de la prefatio missae gallicane qui correspondait à l' oratio admonitionis (oraison d'admonition) hispanique. Ce système consistant à réunir des didascalies, des monitions et des prières dans la composition du rituel pontifical fut par la suite largement employé par les liturgies de l'époque carolingienne. C'est surtout pour cette raison que les remaniements carolingiens de l'ancienne liturgie romaine ont été considérés comme une liturgie gallicanisée. Quant aux caractéristiques de style ou de contenu, il est presque impossible de définir le rite gallican dans son ensemble, à cause du caractère hétérogène des répertoires. Peutêtre y a-t-il un point qui se vérifie aussi bien dans les meilleurs textes archaïques que dans les textes les plus récents et les plus décadents; c'est la tendance à insérer dans des textes nouveaux des phrases ou des expressions provenant de textes très anciens. Ce phénomène n'est pas isolé; on le retrouve à plus petite échelle dans le rite hispanique et dans le rite ambrosien; mais il se produit plus fréquemment dans le rite gallican. Les phrases en question proviennent sans aucun doute de textes anaphoriques antérieurs à la division de la prière eucharistique en parties variables. C'est peut-être par leur souci de rester attachées littéralement à la tradition que les écoles eucologiques gallicanes se distinguent de celles des autres rites, pour la formulation de l'anamnèse notamment. Il existe des textes vraiment gallicans du post mysterium où l'anamnèse est formellement exprimée. Ces textes rappellent seulement la mort du Seigneur, se basant sur une glose de saint Paul (1 Co 11, 26) et, semble-t-il, sur les textes eucharistiques africains de l'époque de saint Cyprien. Sur ce point, le rite gallican se distingue de tous les autres rites y compris du rite hispanique où l'anamnèse a 1011

GALLIEN

au moins pour objet la mort et la résurrection du Christ. Pour décrire les caractéristiques littéraires du rite gallican, on a parfois affirmé que ces textes étaient prolixes. Une telle estimation est purement gratuite et ne tient pas compte des origines très variées des répertoires eucologiques. En réalité, certains des textes les plus authentiquement gallicans ont un contenu d'une extrême concision et d'une extrême densité. DACL 6, 473-596; J.B. Thibaut, L'ancienne liturgie gallicane. Son origine et sa formation en Provence aux V" et v.f s., Paris 1929; F. ·Cabrol, Les origines de la liturgie

gallicane: RHE 25 (1930) 951-962; A. Wilmart, La réforme liturgique de Charlemagne: Ephem.Liturg 45 (1931) 186-207; A.G. Martimort, La liturgie de la messe en Gaule: Compagnie de St. Sulpice. Bulletin du Comité des Etudes 22 (1949) 204-222; E. Griffe, Aux origines de la liturgi(! gallicane: BLE 52 (1951) 17-43; W.S. Porter, The Gallican Rite, London 1958; J. Pinell, Legitima Eucharistia. Cuestiones sobre la anàmnesis y la epfclesis en el antiguo rito galicano: Mélanges Liturgiques B. -Botte, Louvain 1972, 445-460; Id., Anàmnesis y epfclesis en el antiguo rito galicano: Didaskalia 4 (1974) 1-130.

J. Pinell

GALLIEN Empereur

D'une famille de très haute noblesse, il naquit vers 218 et mourut en 268. Associé au pouvoir de son père Valérien depuis 253, il resta seul et unique empereur pendant huit ans, après la mort de Valérien en Orient (260). Il vécut des années très difficiles pour l'empire. Il défendit d'abord la frontière sur le Rhin contre les attaques des Francs et des Alamans, puis il protégea les terres danubiennes contre les incursions répétées des Goths, tout en ayant à faire face à des rébellions intérieures. A partir de 260, la situation se fit encore plus critique. Les Francs se répandirent en Gaule et parvinrent jusqu'en Espagne ; les Alamans avancèrent en Italie du Nord, tandis qu'en Orient les Perses, guidés par Shapour I°', 1012

avaient eu le dessus sur les Romains. Dans ces circonstances, Gallien renonça pratiquement à exercer son commandement direct sur des territoires importants del' empire ; il laissa à Odenath, prince de Palmyre, le soin de combattre les Perses et s'opposa en vain à l'usurpateur Postumus qui fonda l'empire romain des Gaules et étendit son pouvoir sur la Gaule, l'Espagne et la Bretagne. Dans une situation souvent désespérée, l'œuvre de Gallien se manifesta pourtant en de nombreux domaines. Il commença une réforme politique dans l'intention de consolider son autorité et de transformer toute l'administration impériale pour la rendre plus adaptée aux exigences de l'époque .. Il fut présent dans le domaine des arts et de la culture avec un programme · qui privilégiait l'hellénisme. Il intervint dansl'organisation de l'armée. Il favorisa enfin la philosophie néoplatonicienne. Il porta sur le christianisme un regard réaliste et clairvoyant. ·Il faut observer que tous les critiques ne sont pas d'accord à ce sujet. Selon les uns,l'empereur aurait poursuivi la lutte contre le christianisme en chan' geant seulement de tactique : de la persécution violente, entreprise par son père, il serait passé à l'indulgence, destinée à faire entrer le christianisme dans l'orbite de la civitas païenne. Le développement des mystères d'Éleusis, auxquels Gallien s'était fait initier, serait à interpréter comme l'un des moyens mis en œuvre pour réduire l'influence chrétienne sur le peuple. Selon d'autres, Gallien aurait manifesté des sentiments tout à fait favorables à la nouvelle religion. Ce qui est certain, c'est que les sources chrétiennes le présentent sous un jour positif. Du vivant même de Gallien, vers 262, Denys, évêque.d'Alexandrie, l'exalta dans une lettre. Il remarque qu'en sa personne « l'auto' rité souveraine resplendit maintenant davantage, elle est acceptée et comprise au loin, elle pénètre partout» (Eus., HE VII 23, 3). Eusèbe (ibid., VII, 13) nous informe aussi que Gallien adopta un système de gouvernement plus modéré que celui de Valérien ; il fit cesser la

GAMMADIES

persécution en promulguant des édits; il ordonna par un rescrit (dont l'historien rapporte le texte en le traduisant du latin) que les responsables des Églises puissent assumer les charges de leur ministère ; il rendit aux chrétiens leurs cimetières. Il est certain qu'à partir de 260 commença pour les chrétiens une période de paix qui dura environ quarante ans. Cette paix fut seulement troublée par des actes sporadiques d'hostilité. La persécution projetée par Aurélien n'eut pas lieu, à cause de la mort de l'empereur (275). Il faudra attendre la fin du rrr" s. pour voir apparaître la dernière vague de persécution. A. Alfüldi: Fünfundzwanzig Jahre ROmisch-Germanis~ cher Kommission, Berlin-Leipzig 1930, pp. 11-49; L. De Regibus, La monarchia militare di Gallieno, Genova 1939; S. Pezzella, L'imperatore Gallieno il cristianesimo, Roma 1965; E.W. Merten, Zwei Herrscherfeste in der Historia Augusta. Untersuchungen zu den Pompae der Kaiser Gallienus und Aurelianus, Bonn 1968; M. Sordi, Il cristianesimo e Roma, Bo,logna 1965, pp. 306-311 et passim; S.

Mazzarino, L'Impero romano, II Bari 1973, pp. 526 ss. P. Siniscalco

GAMMADIES

Les garnmadies sont des monogrammes christologiques faisant partie du langage symbolique du christianisme antique. Le monogramme appartient à un genre d'expression qui a utilisé de tout temps des formes abrégées pour évoquer dans un contexte particulier des réalités connues de tous. Il n'y a pas de normes qui le définisse. Il se compose, tantôt d'au moins deux lettres entrecroisées, tantôt d'une seule. L'usage des gammadies dans l'iconographie paléochrétienne se retrouve la plupart du temps sur le pallium du Christ, des prophètes, des apôtres, des martyrs. Cet usage commence au II~ s. pour se terminer aux VIIIe-IXe s., avec, de temps à autre, quelques réapparitions jusqu'à nos jours. A l'époque moderne, en perdant l'usage des gammadies, on en a aussi perdu le sens. Certains ont prétendu que

c'était une tentative inutile de vouloir les expliquer. Au cours de ces dix dernières années, des études particulières ont cependant permis de les déchiffrer. Il faut ici se rapporter, soit aux nombres qui correspondent aux lettres, soit à la loque/a digitorum (langage des doigts) ou à l'actio (action) qui accompagne les gammadies. On pensait qu'il n'était pas possible de connaître les grands mystères des saintes Écritures sans recourir à la symbolique numérique. Un nombre coïncidait avec un fait de la vie du Christ et impliquait une succession d'images dont on ne peut pas imaginer la portée de nos jours. Si I est l'initiale aussi bien de 'IT]croiiç en grec que de Iesus en latin, il représente aussi le nombre dix qui se rapporte à la loi (le décalogue) que le Christ est venu accomplir. La gammadie Ise rapporte à Jésus. La gammadie H met en contact le Christ avec le monde spirituel de l' ogdoade et communique un message que tous les fidèles reçoivent: c'est la présence du Christ au milieu de nous, invitant à suivre ses préceptes pour notre salut. Pour les Pères de l'Eglise, l'Ancien et le Nouveau Testament forment une unité. Z est le nombre sept, c'est l'Ancien Testament, c'està-dire la Loi; H est l'incarnation du Verbe, le Christ, c'est-à-dire le Nouveau Testament. Celui qui rejette l'Ancien Testament ne peut pas avoir H; de même, celui qui rejette le Nouveau Testament ne peut pas avoir Z, nécessaire pour passer du sept au huit, c'est-àdire du Z au H, autrement dit à l'ogdoade. De même, la gammadie r, représentée par le chiffre trois, est liée à la Trinité et concerne la continuité entre l'Ancien et le Nouveau Testament. Les trois Personnes sont ab aetemo (de toute éternité). r est une lettre christologique trinitaire qui explicite l'unité de Dieu dans la Trinité des personnes. Souvent, le sens d'une gammadie peut dépendre de l'image qu'elle exprime. C'est le cas du L. Il ne s'agit pas du L majuscule latin, qui ne coïncide pas avec la lettre grecque comme c'est le cas du 1. Le L est ici un un symbole signifiant la pierre

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GANGRES

d'angle; il est étroitement lié au r du Christ, en tant que personne de la Trinité. Le Christ est la pierre vivante rejetée par les hommes, mais choisie et glorifiée par Dieu (1 P 2, 5) ; il est la pierre d'angle sur laquelle trébucheront ceux qui ne croient pas à la Parole (1 P 2, 78). Le concept de pierre d'angle rappelle un autre concept, celui d'édifice, car tout chrétien est temple de Dieu. Saint Augustin affirme que seul le Christ fut conçu sans concupiscence, et il explicite cette idée en faisant appel à l'image biblique de la pierre d'angle (Ep. 187, 9, 31). Po'!r saint Ambroise, qui commente Le 24, 5 l'Eglise est la mère des vivants; Dieu l'a bâtie sur Jésus-Christ comme pierre d'angle sur laquelle s'édifie toute la construction jusqu'à former un temple. Selon Didyme !'Aveugle, (Zach. 5, 106, ed. Doutreleau), Paul pouvait appeler le Sauveur pierre d'angle parce qu'il se rapportait à la prophétie d'Isaïe (28, 16). La réflexion théologique ne peut fournir tous les éléments d'explication si elle néglige les traditions populaires les plus authentiques qui font accéder à une tradition très ancienne, comme dans le cas des garnmadies. L'iconographie devient une voie indispensable. Le terme « garnmadie » devient au Moyen Age un mot qui signifie des signes autres que des lettres: cercles, croix, carrés, rectangles, losanges etc.

Ce mot s'applique même au vêtement brodé de la lettre grecque r. Les gammadies, comme symboles se rapportant au Christ, se trouvent sur les fresques des catacombes de Rome et de Naples, ainsi que sur les mosaïques de Parenzo, Milan, Ravenne, Rome, Chypre, sur les couvertures des manuscrits et sur les miniatures. L'étude des gammadies n'a été entreprise qu'il y a une dizaine d'années. Je cite ici quelques-unes des mes recherches spécifiques: Il monogramma Cristologico .(gammadia) Z: VetChr 15 (197:S) 5-21; Il monogramma crisiologico (gammadia) H: VetChr 16 (1979) 5-20; Catechesi

liturgica e iconologica alla Trinità nei primi secoli. Gammar; VetChr 18 (1981) 5-32.

dia (Jettera cristologica)

A. Quacquarelli

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GANGRES

1. La ville. - Il. Concile.

I. La ville Ville de Paphlagonie, aujourd'hui Çankiri en Turquie, résidence des rois de cette région avant l'occupation romaine (Strab., Geogr. XII, 3, 41); elle fut annexée à la province romaine de Galatie en 6/5 av. J. -C., année considérée comme la première de l'ère de Gangres. Elle appartenait aussi à cette province pour l'organisation ecclésiastique jusqu'au milieu du v" s., époque où elle passa au patriarcat de Constantinople. On ne connaît pas les origines chrétiennes de Gangres, mais des noms de martyrs nous sont parvenus: le novatien Alexandre (Socr., HE II, 38: PG 67, 325 BC) - le courant novatien était fort dans la région - , Callinicos, Marnas de Césarée dont les parents, eux aussi confesseurs de la foi, étaient de Gangres, etc. Au concile qui y fut célébré, son évêque Hypatios ·était présent (Socr., HE II, 43: PG 67, 352-353). Pendant le v" et le VIe s., des personnages illustres furent relégués à Gangres : Dioscore d'Alexandrie, Timothée Aelure (Ailouros). Y séjournèrent, comme exilés, Macedonius de Constantinople en 515 (il mourut en 516) et Philoxène de Mabboug. Les évêques de Paphlagonie dépendaient du métropolite de Gangres. DHGE 19, 1091-1103; KLP 2, 691; W.M. Ramsay, The historical geography of Asia Minar, London 1890, pp. 257-258 et 318-319; P. Magie, Roman rule in Asia Minor to th~ end of the third century after Christ, Princeton 1950, passim; A.H.M. Jones, Cities of the eastem Roman Erizpire, Oxford 21971, pp. 166-167 et 559 s. (biblio.).

A. Di Berardino

II. Concile Il fut célébré au cours du IVe s., mais la date est incertaine : l'historien Socrate le situe après 360, tandis que Sozomène le place avant le concile d'Antioche de 341. La date de 340 semble la plus probable, car elle correspond da-

GAUDENCE DE BRESCIA

vantage à celle des lettres de saint Basile. Sous la présidence d'Eusèbe de Nicomédie, les quatorze évêques présents condamnèrent les erreurs et les positions d'Eustathe de Sébaste et de ses disciples. Eustathe, partisan d'un monarchianisme rigoureux, avait eu d'abord l'estime de Basile, puis,' une fois élu évêque de Sébaste, dans la partie la plus orientale de l'Asie Mineure, il s'était attiré l'hostilité de beaucoup pour ses extravagances, à tel point qu'il fut déposé par un· synode qui se tint à Mélitène en Arménie. Au concile de Gangres, un certain nombre de positions prises par les eustathiens furent condamnées: leur refus théorique du mariage et de la famille (can. 1, 9, 10, 14 à 16); leur refus d'assister au culte célébré par un prêtre marié et leur séparatisme liturgique (can. 4 à 8, 11, 20); leur rejet de toute alimentation carnée (can. 2); leurs jours de jeûne particuliers (can. 18-19) et leur habillement original (can. 12-13, 17); le fait qu'ils poussaient les esclaves à désobéir à leurs maîtres (can. 3). Les canons étaient inspirés par le sens de la modération, ils défendaient le mariage et la furnille et furent acceptés par beaucoup d'Églises. Basile, Epist. 288,13; Joannou I,2,83-99; CPG 8553 s.; Hfl-Lecl. 1,2,1029-1045; F. Loofs, Eustathius von Sebaste und die Chronologie der· Basilius Briefe, Halle 1898, p. 83; Palaz.zini 2,100;-simonetti 411.

C. Nardi

GAUDENCE Donatiste Evêque donatiste de Thamugadi (Tigmad) (398-421). Il fut le successeur d'Optat et suffisamment éminent pour être choisi comme l'un des sept représentants (actores) des donatistes àla conférence de Carthage de 411. Il y apporta sa contribution en affirmant que la catholicité signifiait d'abord et surtout la pureté et l'intégrité de l'Église, qualités qui seules justifiaient son extension géographique ( Coll.

Garth. III, 102). A la suite de la condamnation du donatisme, il abandonna momentanément Thamugadi, mais il y retourna et s'empara à nouveau des églises de la ville. Vers 414, il prit part au concile donatiste de Cirta où il fut convoqué par Pétilien de Constantine (Aug., Contra Gaudentium, I, 37, 47-48). Mais vers 420, sa position fut combattue par le tribun impérial. Le notaire Dulcitius, dans un édit, rappela aux donatistes leur condamnation et leur ordonna de rendre les églises encore en leur possession. Gaudence notifia deux fois par écrit son refus à Dulcitius, et il menaça de s'immoler par le feu dans son église (probablement la grande église construite par son prédécesseur Optat) si l'on tentait d'appliquer l'édit (Aug., Contra Gaudentium I, 1). Dulèitius consulta Augustin et ce dernier entra dans la controverse ( Contra Gaudentium I, 1). Gaudence répliqua et, probablement en 421, Augustin écrivit le livre II du Contra Gaudentium, Gaudence justifiait sa menace de suicide par l'exemple de Razis (2 M 14, 41) et insistait sur le devoir chrétien du martyre devant la persécution (Gaud., Ep. II ad Dulci' tium 14). Onnesaitpass'ilmitsamenace àexécution,maisl'absence de toute trace de destruction danfla grande église de Thamugadi porte à croire qu'il ne le fit pas. Dans le débat avec Dulcitius et Augustin, Gaudence montra sa capacité d'unir un style littéraire dérivant d'une éducation classique à l'attachement total à la Bible. Par son refus des compromis et son défi à l'autorité impériale au nom de la religion, il reflétait avec exactitude l'esprit du donatisme de son temps. Angustin, Contra Gaudentium !-II (CSEL 53, 201:274); Monceaux VI, chap. 5; S. Lancel, Actes de la Conférence de Carthage en 411, Paris 1972 (SCh 194-195),.1, pp. 199200; PAC 1, 522-525.

W. H. C. Frend

GAUDENCE DE BRESCIA Les quelques renseignements que nous pos-

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GAUDENTIUSDENOVARE sédons sur sa vie sont tirés de ses Serm. 16 et 21. Élève de Philastre et proposé, quelques années après 390, pour la succession de celuici à Brescia, il accepta seulement sous 1a pression d'Ambroise et de quelques autres. En 405, il fut envoyé par Honorius à Constantinople, avec deux autres évêques, pour obtenir d' Arcadius le réexamen de la question de Chrysostome qui avait été déposé et exilé ; mais la mission échoua. En 410, Rufin lui dédicaça la traduction des Recognitiones pseudoclémentines. Ce fut un bon prédicateur. De lui nous est parvenu un petit corpus de quinze homélies que lui~même envoya à un certain Benevolus qui n'avait pas pu l'écouter à l'église. Les modernes y ont ajouté six autres homélies. Dans le premier groupe, dix concernent la fête de Pâques. En relatiqn avec la tradition et la liturgie, elles interprètent quel ques passages de rExode présentés symboliquement comme figures de la libération du péché, que le Christ apporte à l'Église par le sacrifice pascal. Les autres homélies traitent de sujets divers: le Serm. 13 sur Noël fustige l'attachement aux liens terrestres, le 19 développe un thème antiarien, le 20 est un bref panégyrique de saint Pierre et saint Paul, le 21 traite de vita et obitu Filastrii. Sur tous les sujets, même doctrinaux, Gaudence révéle de bonnes connaissance ; son ,expression atteint un remarquable niveau littéraire. 0

CPL 139-143; PL 20, 827-1006; CSEL 68; A. Di Berardino, Initiation, t. IV, p. 185-188.

M. Simonetti

GAUDENTIUSDENOVARE Premier évêque de Novare. Il reçut sa première éducation chrétieime à l'ombre de deux autres saints: Laurent, prêtre, premier apôtre et martyr de la ville, et Eusèbe, premier évêque de Verceil et fondateur de la vie monastique en Italie du Nord. Après le martyre de 1016

Laurent, il rejoignit Eusèbe dans son exil en Orient. Rentré à Verceil, il y resta jusque vers 398, quand il fut créé évêque de Novare. Son épiscopat dura une vingtaine d'années. Parmi les conversions qu'il opéra, il faut rappeler celle des bourreaux de Laurent. On situe sa mort aux alentours de 418. Une« vie», écrite par un anonyme du :,ces., est conservée à la biblioth. capitulaire de Novare, cod. LXIII; F. Savio, Gli antichi vescovi d'Italia. Piemonte, Torino 1898, 243-48; F. Lanzoni, Le origine delle diocesi d'Italia, Faenza 1927, 1033-35; G. Cavigioli, La vita dis. Gaudenzio,

Novara 1934; EC 5, 1962-63; BS 6, 56-57.

L. Dattrino

GAULE Premier témoignage sur l'évangélisation de la Gaule, une « lettre des serviteurs du Christ pérégrinant à Vienne et à Lyon» destinée à leurs frères d'Asie et de Phrygie (Eus., HE, V, 1-4), illustre les difficultés d'une petite minorité chrétienne: le pogrom survient à Lyon entre 175 et 180, sans doute en 177; déterminé par les membres des associations de métier plus que par les dévôts de religions orientales (Cracco-Ruggini, Les Martyrs de Lyon, p. 77 s.). La lettre adressée par les survivan.ts dela persécution illustre l'atmosphère de tension esc chatologique sans qu'il soit besoin de rechercher une influence montaniste ; elle suggère aussi la composition de cette communauté, la part importante des fidèles de culture grecque et atteste enfin une organisation ministérielle dont le vocabulaire archaïque ne peut être interprété selon des normes établies plus tardivement; enfin, rien ne prouve que la mission gauloise ait des origines asiates, alors que des indices (l'attitude d'Irénée dans la querelle pascale: Eus., HE, V, 23, 3 et V, 24, 11) soulignent les liens de la chrétienté lyonnaise avec Rome (Pietri, Les Martyrs de Lyon, p. 211 s.). Après la persécution, Irénée exerce la charge de l'épiscopat, mais on ne peut dire

GAULE que sa réfutation de la gnose ait été composée pour les besoins d'une pastorale locale. On a privilégié ce premier texte lyonnais (Duchesne, Fastes, I, 39-478), mais ni les amplifications d'Irénée (Adv. haer, 1, 10, 2; Tertullien aussi, Adv.Jud., 7) ni les glosesd'Eusèbe sur la lettre (HE, V, 23, 3) ne démontrent sûrement que Lyon ait été une métropole. On ne retiendra pour le IIIe s. que Cyprien (Ep. 68) attestant l'existence de plusieurs évêques en Gaule dont un Marcianus en Arles accusé d'être favorable à Novatien. Cela ne suffit pas à établir Je cheminement de la mission ; et pour plusieurs raisons : 1) L'épigraphie confirme la présence de communautés - chrétiennes à Arles: mais l'inscription de Pectorios à Autun n'est sûrement pas datée avant l'époque constantinienne et il faut exclure les témoignages épigraphiques invoqués pour Marseille, Lyon et Bordeaux. 2) Duchesne proposait d'utiliser le témoignage des listes épiscopales réputées sûres pour dater du milieu du III'' s. la fondation des sièges de Vienne, Reims et Trèves, et de la fin du siècle ceux des Aquitaines, Bourges et Bordeaux, puis ceux des Lyonnaises, Rouen, Tours, Sens et Paris, ainsi que Metz en Belgique I. En réalité, cette analyse, qui a eu au moins Je mérite d'écarter les légendes des fondations apostoliques, repose sur un postulat: les catalogues épiscopaux conserveraient les souvenirs des origines parce qu'ils auraient été utilisés par la litrugie locale, hypothèse rejetée légitimement par J. Dubois (Listes, p. 9-20). 3) Restent les témoignages du sanctoral d'après la littérature (de Prudence à Vénance Fortunat et à Grégoire de Tours), d'après le Martyrologe« hiéronymien » et d'après les vies de saints (CPL 2076-2146) et parfois d'après l'archéologie (J. Hubert, Architecture ; P .A. Février: vt' et VIII' s. Cong. !nt. Arch. Crist). Ces indices permettent surtout de reconstituer le développement du culte martyrial, à la fin du IV" s., plus que la géographie et la chronologie des martyrs du III" s. : en 250, la persécu-

tion de Dèce a sûrement touché la Gaule (cf. l'attitude de Marcianus d'Arles), mais on ne sait rien de sûr pour Valérien ni pour Aurélien (malgré un cycle de passions, tardif}, alors que selon Lactance (Mort. Pers., 15) la persécution de Dioclétien épargne la Gaule. Mais Je martyre de Saturnin (Griffe, Gaule, I, p. 395-402) témoi_gne pour les origines préconstantiniennes de l'Église à Toulouse; peut-être le martyre de Paul (mentionné par Prudence; Griffe, Gaule I, p. 164) pour celles de Narbonne. Le culte de Victor à Marseille, établi dès Je v" s., n'apporte pas d'argument décisif, ni pour le Valais la légende de la légion Thébaine (contre L. Dupras, D. van Berchem). Restent beaucoup d'incertitudes, ainsi pour le Pontius de Cimiez que célèbre au v" s. l'évêque Valérien (CPL 1002) ou encore pour Symphorien d' Autun dont la passion peut remonter au v" s. Sulpice Sévère ( Chron., II, 32) note que l'évangélisation de la Gaule a été tardive : l'Église au me s. s'organise dans l'ancienne Narbonnaise, dans Je sillon Rhodanien, peutêtre en Germanie. Avec la conversion de_ Constantin et l' établissement progressif d'un empire chrétien, l'évangélisation s'accélère: dès 314, comme un premier signe de ce climat nouveau, un concile réunit, à l'initiative de Constantin, des évêques en majorité Gaulois: ceux-ci, dè manière significative, excommunientles fidèles, déserteurs in pace, maintenant que l'Église a retrouvé la paix (can. 3; Munier, CCL 148, p. 5). Comme preuve des progrès de la chrsitianisation, on relève la multiplication des sièges épiscopaux, attestés dans_ les. listes de souscription aux conciles, Arles, Valence (374), Nîmes (394 ou 396), Riez (439) (Munier, CCL 148, p. 14, 41, 51, 71). Une autre liste attribuée à un concile apocryphe de Cologne-(N. Gauthier, Evangélisation, p. 447) réunit les signatures d'évêques gaulois recueillies après Je concile de Sardique (343) en faveur d' Athanase. Ces indications attestent en Viennoise et en Narbonnaise une dizaine de sièges, à l'époque constantinienne, 1017

GAULE

plus uue quinzaine à la fin du rv" s., époque à laquelle sont touchées les provinces alpines. Toujours à la fin du rv" s., les Lyonnaises ont reçu près de dix sièges, de Rouen et Tours jusqu'à Autun, en passant par Paris et Sens. Plus au nord, le réseau paraît plus lâche autour de Reims et de Trèves (N. Gauthier; Evangélisation, p. 27 s.). La façade maritime à l'ouest, surtout au nord de la Loire, n'est guère atteinte: restent, dans les Aquitaines, quelques sièges dont Bordeaux et la cité arverne (Clermont). L'absence d'une organisation métropolitaine accuse ces lacunes : dominent quelques sièges dont l'importance dépend de la conjoncture politique (Trèves, résidence palatine) ou du prestige d'un évêque (Hilaire à Poitiers, Martin à Tours, Proculus à Marseille). Les conciles réussissent mal à résoudre les conflits de compétence entre Arles et Vienne, Arles et Marseille (concile de Valence, en 375; concile de Turin, Munier, CCL 148, p. 52, en 398/399). Un deuxième trait souligne les progrès de la christianisation, la transformation du paysage urbain ; contrairement à une hypothèse traditionnelle, en Gaule le premier édifice spécialisé pour le culte (l' ecc/esia) s'établit dans la ville; centre de réunion pour la liturgie, l'assistance et l'asile, il est flanqué par la suite d'un baptistère et de la domus ecc/esiae, résidence épiscopale (Pietri, Topographie). Dans les zones cémétériales, à lapériphérie, apparaissent de plus en plus des oratoires pourvus de reliques importées (Ewig, II, p. 260-371), parfois des édifices (basilicae) consacrés aux rares martyrs de la Gaule, abritant le plus souvent des sépultures épiscopales, sans oublier les monastères (voir le vicus christianorum de Clermont). Au service de l'œuvre missionnaire se·consti-

tue un clergé, une société cléricale qui touche un milieu divers et même déjà l'aristocratie locale (P. Gassmann, Episkopat, p. 48). Les décrétales romaines (celles de Damase, d'Innocent, de Célestin, de Léon), adressées en réponse à des sollicitations locales, populari1018

sent des règles strictes pour le recrutement clérical (/ex continentiae); on connaît moins les traits originaux de la liturgie gallicane (H. Leclercq, DACL, voir cet art.) dont Duchesne majorait peut-être les affinités orientales (Griffe, Gaule III, p. 165). Mais on entrevoit l'effort des évêques pour l'organisation d'une catéchèse (Hilaire; au VI" s., Césaire d'Arles) pour la diffusion du culte des martyrs (à Rouen, Victrice), pour l'organisation de l'assistance, rendue plus nécessaire par la crise (Salvien) et facilitée par le développement d'une propriété ecclésiastique (Lesne, Propriété p. 1-70). Cet effort missionnaire touche l'aristocratie: l'influence de la culture classique infléchit une spiritualité chrétienne encore marquée au rv" s. par des traditions archaïques, millénaristes (M. Simonetti, Alle origini). A Ausone, qui doit peu à Ia Bible, répond une poésie chrétienne (Fontaine, Poésie, p. 81 s. et du même, le commentaire de la Vita Martini). En revanche, les campagnes résistent plus longtemps à la mission (E. Demougeot, RACh, Ga/lia, 7, 914 s.), malgré l'amorce missionnaire, qu'atteste la fondation des premières églises rurales (Imbart, Églises, p. 2-53), en particulier l'œuvre de Martin, pour le territoire de Tours (L. Pietri, Tours). Ce dernier paraît exemplaire à d'autres titres: fondateur d'une première communauté monastique à Ligugé, l'évêque en établit une autre, à Marmoutier, donnant ainsi l'exemple· d'un moine évêque; un mouvement

ascétique, rigoriste, établi parfois en marge des institutions ecclésiales (beaucoup moins que ne le dit E. Ch. Bahut, Martin) emprunte aussi aux modèles orientaux, plus directement avec l'arrivée de J. Cassien (Marrou, Christiana, p. 345-372) ; cet exemple indique combien· la Gaule est sensible aux grands débats de la chrétienté: ainsi l'épiscopat est entraîné sous Constance (354-360) dans la crise arienne au milieu du rv" s. (Simonetti, Crisi, p. 220 s.). L'exécution de Priscillien à Trèves (386) divise encore plus durablement l'épiscopat. Au début du v" s., après cette crise, les liens se resserrent

GAULE

avec Rome: le pape Zosime (417-418) tente d'établir au bénéfice d'Arles une institution qui relaie l'influence romaine (Pietri, Roma, Il, p. 1000-1043). Ce vicariat illustre aussi la volonté de maintenir l'unité catholique malgré l'effritement (dès le début du v" s.) d'une unité politique bouleversée par les invasions barbares. Cellesci ébranlent la Gaule chrétienne : dans le nord, des sièges épiscopaux disparaissent, parfois définitivement (Bavay), surtout dans les wnes où l'évangélisation était encore fragile: larestauration y est assez tardive (vr•-vn• s.), limitée, utilisant d'abord des évêques itinérants (Tournai-Noyon, Thérouanne-Boulogne; E. de Moreau, Histoire de l'Église de Belgique). Mais au sud, le réseau épiscopal se resserre, gagnant la Haute-Provence et tout le pays, longtemps délaissé, entre Pyrénées et Garonne. Les fondations s'adaptent parfois à la conjoncture politique créée par les royaumes barbares ou à l'évolution de la géographie (transfert de Langres à Dijon). Or l'évêque occupe plus que jamais une position considérable; celle d'un defensor civitatis, protecteur des pauvres contre les assauts des barbares et des puissants (cf. les épitaphes : Heinzelmann, Bischofsherrschaft). Il dispose d'un domaine enrichi par les donations, même s'il a de plus en plus difficulté à contrôler les fondations pieuses (Lesne, Propriété, p. 79-191); au v" s., s'établissent des aristocrates qui trouvent dans l'épiscopat la possibilité de servir un idéal de romanitas, de culture et de foi: Sidoine Apollinaire, Ruricius à Limoges (K. Stroheker, Der senatorische Ade[). Bien entendu, il ne faut pas surestimer la qualité de ce personnel qui compte nombre d'ambitieux (surtout lorsque la monarchie franque contrôle les élections) ou plus simplement des prélats médiocres ; mais dans l'ensemble, ils assurent tenacement leurs tâches pastorales: comme l'attestent l'organisation du calendrier (voir Perpetuus à Tours; à Vienne, l'institution des rogations par Mamert), le. développement dès le v" s. et

surtout au vr• s. des église rurales (Griffe, BLE 1975, p. 3 s.) L'essor du monachisme accompagne cette mission avec la fondation de communautés stables organisées par des règles qui se diffusent en Gaule, p. ex. celle de Césaire d'Arles (513), adoptée à Poitiers par Radegonde vers 570, Au v" s., la communauté de Lérins envoie ses moines comme évêques (Prinz, Monchtum, p. 47 s.). Dès 430, la fondation de Romanus, puis d'Engendius à Condat, dans le Jura, illustre un type de monastère établi dans le «désert», comme un centre de mission et d'assistance. Du reste, tout un mouvement de spiritualité se développe dans le peuple fidèle (pénitents et conversi: cf. C. Vogel). D'autres centres apparaissent au vn• s., tel celui de Luxeuil, fondé par l'irlandais Colomban dont la règle austère s'assouplit peu à peu sous l'influence bénédictine. Cependant l'établissement des monarchies barbares a transformé les relations des Églises avec le pouvoir: au v" s., dans la Gaule méridionale, les rois wisigoths ariens créent parfois des tracasseries (surtout Burie, 466-484). Les Églises septentrionales (Tours, Reims) s'efforcent d'autant plus d'obtenir la christianisation des Francs païens; la conversion de Oovis, entre 497 et 508 (G. Teissier) est célébrée comme celle d'un nouveau Constantin. Mais, avec le partage du royaume franc (511), malgré quelques périodes de réunification, les évêques et les clercs sont de plus en plus impliqués dans les conflits dynastiques : assassinat de Praetextatus, évêque de Rouen en 586, de Leodegarius d' Autun, en 678. Certes l'épiscopat peut exercer une influence politique, parfois efficace et apaisante; ainsi le roi Dagobert (629-639) s'entoure de conseillers choisis parmi des évêques ou de futurs évêques, Arnoul de Metz, Dado (Saint-Ouen), Didier de Cahors, Éloi de Noyon : ces exemples illustrent un nouveau type social de clerc mais ils attestent une interférence entre la société politique et le clergé qui aboutit, surtout au vn• s., à un recrute1019

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ment détestable, à un trafic simoniaque et à l'occupation des sièges par les laïques: le pouvoir dispose de plus en plus des biens v ècr,:u-cô\v (des régions inférieures) l'humanité blessée depuis le premier homme et l'associer à sa résurrection (/mi -cà rrpqnu vers les choses supérieures). L'efficacité de la Pâque opère à l'inverse de celle d'Adam. Iré-

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née (Adv. haer. 4, 22, 1; 4, 40, 3; 3, 23,7; 5, 21, 1) souligne avec plus d'insistance encore cette inversion. Le Christ a assumé dans sa propre chair l'inimitié du serpent qui conduisait l'homme à sa perte depuis les origines. En sa mort, il a voulu être mordu lui aussi par le serpent, mais pour lui écraser la tête. Il devait par là associer à sa résurection toute l'humani- . té qu'il récapitule. L'histoire est ainsi formée d'un double mouvement: du début jusqu'au Christ a régné la mort; le Christ étend sa résurrection à toute l'humanité jusqu'à ses débuts. Ainsi s'accomplit le dessein de Dieu au jour de la création suivant lequel l'homme devait être conformé à la chair glorieuse du Seigneur. L'exégèse de Gn 3, 15 rejoint celle de Gn 1, 26-27 et 2, 7, en soulignant de façon spéciale la sa/us carnis. V. Les patriarches La scène du déluge évoque le jugement de Dieu. Mais elle a été mise en rapport également avec les eaux du baptême. Noé figure de ce point de vue chaque baptisé, et l'arche, le mystère de l'Église. Abraham apparaît comme le type de celui qui accueille la Parole de Dieu dans la foi: il est dépositaire de la promesse dans l'Alliance, figures l'une et l'autre de ce qui nous est donné dans le Christ (Ga 4, 21-26), «grand prêtre selon l'ordre de Melchisédech» (He 7, 1-28). La naissance miraculeuse d'Isaac d'une femme stérile est une préfiguration de la maternité virginale ; sa substitution à Ismaël prépare la substitution des nations au peuple élu. La figure d'Isaac évoque surtout le sacrifice du Christ, qui n'a pas été épargné par son Père. Origène (Hom. in Gen 10, 5) et Ambroise (De Isaac 6 et 7) reprennent, en la christianisant, la symbolique des mariages des patriarches qu'avait développée Philon; les noces d'Isaac et de Rébecca renvoient à l'union de l'âme et du Verbe, en même temps que du Verbe et de l'Église. La bénédiction de Jacob enfin (Gn 49) confirme, au verset 10, que le Christ, né de la tribu de

GENÈSE

Juda, c'est Je Messie. Le sommeil et Je réveil du Lion, au verset 9, sont des images de la mort et de la résurrection du Seigneur. A l'époque de l'arianisme, on a poussé l'allégorie plus loin encore en rattachant la mention du lionceau ajoutée à ·celle du lion, à l'unité de nature du Père et du. Fils. Très tôt, en fait, c'est l'ensemble du chapitre 49 qui a été interprété typologi