De l'Altiplano mexicain à la Patagonie: Travaux et recherches à l'Université de Paris 1 9781841718279, 9781407328225

This book includes 19 papers relating to current research undertaken by the University of Paris from the High Plains of

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De l'Altiplano mexicain à la Patagonie: Travaux et recherches à l'Université de Paris 1
 9781841718279, 9781407328225

Table of contents :
Front Cover
Title Page
Copyright
Table des Matières
Préface
Réflexions ethnoarchéologiques
ETHNOARCHEOLOGIE DE L’ESPACE DOMESTIQUE EN MESO-AMERIQUE
UNE TECHNOLOGIE DU COQUILLAGE EN PATAGONIE ?ETHNOARCHEOLOGIE DU « COUTEAU DE COQUILLAGE »
Les relations Homme/Milieudans l’archéologie
L'IMPORTANCE DU MILIEU NATUREL SUR LE PEUPLEMENT DU SUD QUINTANA ROO, MEXIQUE
DES ANDES A LA SELVA…LES RELATIONS ENTRE LES ANDES ET L’AMAZONIE OCCIDENTALE AUX PERIODES PREINCAIQUES
IN TERRA MEMORIS : LES SYSTEMES DE PRODUCTION DANS LE BASSIN DU RIO LOS PUESTOS (DEPT. AMBATO, PROV. CATAMARCA)
LA RED VÍAL PREHISPÁNICA DE LA CORDILLERA DE VILCABAMBA (Departamento del Cusco, Perú): UN ESBOZO DE ESTUDIO PRELIMINAR
Organisation et structures Sociales
ETUDE DES STRUCTURES SOUTERRAINES DU « GROUPE D » D’EL MORO, ETAT DE GUANAJUATO, Mexique.
LES CONSEQUENCES DE L’EXPANSION MILITAIRE AZTEQUE: SYNTHESE SUR LES INTERETS D’UNE APPROCHE ARCHEOLOGIQUE
ENTIDADES POLITICAS MAYAS DEL CLASICO : SINTESIS TEORICA Y APLICACION. EL CASO DE COBA, QUINTANA ROO
STATUAIRE PREHISPANIQUE DE L’ILE D’OMETEPE, NICARAGUA.
CONTINUITY AND VARIABILITY OF THE MORTUARY CUSTOMS PATTERN IN CENTRAL ANDEAN AREA BETWEEN THE MIDDLE CERAMIC AND THE FINAL FORMATIVE PERIODS
Iconographie
STANDING STONES, KNIVES-HOLDERS AND FLYING FELINES : AN OVERVIEW OF RITUAL PARAPHERNALIA AND ACTORS OF CARDIECTOMY AT TEOTIHUACAN, MEXICO
XOCHIPILLI, PRINCE DES FLEURS
LE SERPENT A PLUMES DANS LES RITUELS SACRIFICIELS A CHICHEN ITZA
ICONOGRAPHIE DES STRUCURES ARCHITECTURALES DE LA HUACA DE LA LUNA ET FONCTIONS RITUELLES
ARTE RUPESTRE DEL EXTREMO NORTE DE CHILE: EVALUACIÓN CRÍTICA Y NUEVAS PERSPECTIVAS DE ANÁLISIS
Travaux de laboratoire
LA ANTRACOLOGIA APLICADA A LA ARQUEOLOGIA PERUANA: UN ANALISIS DE LOS CARBONES PROVENIENTES DE LOS FOGONES DE PAMPA CHICA, VALLE DE LURIN, 700-200 AC.
ESTUDIO ARQUEOMETRICO DE LOS TOCADOS FUNERARIOS MAYAS DEL CLASICO TARDIO LOCALIZADOS EN CALAKMUL, MEXICO
ANALYSES PRELIMINAIRES DE CARACTERISATION DE SUPPORTS ET DE PIGMENTS DE RELIEFS POLYCHROMES, HUACA DE LA LUNA, TRUJILLO, PEROU
Bibliographie générale
Liste et coordonnées des auteurs
Remerciements

Citation preview

BAR  S1389  2005  

Paris Monographs in American Archaeology 19 Series Editor: Eric Taladoire

GIORGI  

De l’Altiplano mexicain à la Patagonie Travaux et recherches à l’Université de Paris 1

DE L’ALTIPLANO MEXICAIN À LA PATAGONIE

Coordination éditoriale et maquette

Cyril Giorgi

BAR International Series 1389 B A R

2005

Paris Monographs in American Archaeology 16 Series Editor: Eric Taladoire

De l’Altiplano mexicain à la Patagonie Travaux et recherches à l’Université de Paris 1 Coordination éditoriale et maquette

Cyril Giorgi

BAR International Series 1389 2005

Published in 2016 by BAR Publishing, Oxford BAR International Series 1389 Paris Monographs in American Archaeology 16 De l’Altiplano mexicain à la Patagonie © The editor and contributors severally and the Publisher 2005 The authors' moral rights under the 1988 UK Copyright, Designs and Patents Act are hereby expressly asserted. All rights reserved. No part of this work may be copied, reproduced, stored, sold, distributed, scanned, saved in any form of digital format or transmitted in any form digitally, without the written permission of the Publisher.

ISBN 9781841718279 paperback ISBN 9781407328225 e-format DOI https://doi.org/10.30861/9781841718279 A catalogue record for this book is available from the British Library BAR Publishing is the trading name of British Archaeological Reports (Oxford) Ltd. British Archaeological Reports was first incorporated in 1974 to publish the BAR Series, International and British. In 1992 Hadrian Books Ltd became part of the BAR group. This volume was originally published by Archaeopress in conjunction with British Archaeological Reports (Oxford) Ltd / Hadrian Books Ltd, the Series principal publisher, in 2005. This present volume is published by BAR Publishing, 2016.

BAR

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Table des Matières : Préface – Comité de lecture :

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Carte générale des zones géographiques abordées :

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Reflexions ethnoarchéologiques :

p.1

Marie Annereau Fulbert : Ethnoarchéologie de l'espace domestique en Méso-Amérique. Kai Salas Rossenbach : Une technologie du coquillage en Patagonie: Ethnoarchéologie du « couteau de coquillage ».

p.3 p.17

Les relations Homme/Milieu dans l’archéologie :

p.33

Diego Gerez : L'importance du milieu naturel sur le peuplement du sud Quintana Roo (Mexique). Claude Coutet : Des Andes à la Selva. . .Les relations entre les Andes et l'Amazonie occidentale aux périodes préincaïque. Pablo Cruz/ Anne Touchard: In terra memoris. Les systèmes de production dans le bassin du rio Los Puestos (Dept. Ambato, prov. Catamarca). Erwan Duffait : La red vial prehispanica de la cordillera de Vilcabamba (Departamento de Cuzco, Perou) : un esbozo de estudio.

p.35

Organisation et structures Sociales :

p.89

Séverine Bortot: Etude des structures souterraines du groupe D, d’El Moro, Etat de Guanajuato, Mexique. Maelle Sergheraert : Les conséquences de l’expansion militaire aztèque: synthèse sur les intérêts d’une approche archéologique. Cyril Giorgi : Entidades políticas mayas del Clásico : síntesis teorica y aplicación. El caso de Cobá, Quintana Roo. Rigoberto Navarro Genie : Statuaire préhispanique de l’île d’Ometepe, Nicaragua. Vincent Chamussy : Continuity and variability of the mortuary customs pattern in central andean area between the middle Ceramic and the Final Formative periods.

p.47 p.69 p.79

p.91 p.107 p.117 p.133 p.151 p.173

Iconographie : Nicolas Latsanopoulos : Porteurs de couteaux et Félins Volants : une approche iconographique de sacrifice humain par cardiectomie à Teotihuacan. Chloé Pomedio : Xochipilli, Prince des Fleurs. Bertrand Lobjois : Le serpent à plumes dans les rituels sacrificiels à Chichén Itzá. Natasha Pantelic : Iconographie des structures architecturales de la Huaca de la Luna, et fonctions rituelles. Marcela Sepulveda Retamal : Arte rupestre del extremo norte de Chile : evaluación crítica y nuevas perspectivas de análisis.

p.175 p.189 p.205 p.213 p.227 p.237

Travaux de laboratoire : Fanny Moutarde : La antracología aplicada a la arqueología peruana : un análisis de los carbones provenientes de los fogones de Pampa Chica, valle de Lurin, 700-200 AC. Renata Garcia-Moreno : Estudio arqueométrico de dos tocados funerarios mayas del Clásico Tardío localizados en Calakmul, México. Véronique Wright : Analyses préliminaires de caractérisation de supports et de pigments de reliefs polychromes, Huaca de la Luna, Trujillo, Pérou.

p.239 p.247 p.255

Bibliographie générale :

p.263

Liste et coordonnées des auteurs - Remerciements :

p.301

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Préface Que ce soit en Europe ou en Amérique, nombre de travaux universitaires, mémoires de Maîtrise ou thèses, dorment dans de vénérables institutions, ignorés des chercheurs, oubliés par leurs auteurs. Beaucoup d’entre eux ont perdu de leur intérêt, du fait de leur ancienneté ; d’autres sont de moindre valeur. Mais d’autres encore contiennent de précieuses informations sur des fouilles, des recherches. Leurs auteurs n’ont pas toujours eu l’opportunité de divulguer leurs travaux. Et pourtant, ces étudiants constituent le vivier au sein duquel se forment, et se recrutent, les futurs chercheurs. Et leurs travaux académiques ont fréquemment contribué à l’avancement de la recherche. C’est de ce constat qu’est né le projet de ce recueil de textes, issus de travaux en cours ou achevés. Ce volume n’a pas pour ambition de synthétiser l’ensemble des études résultant du travail des chercheurs ou étudiants qui sont passés par le Centre de Recherches en Archéologie Précolombienne (Université de Paris 1), devenu depuis quelques années volet universitaire de l’UMR 8096, Archéologie des Amériques. Il ne réunit qu’une vingtaine de contributions, dont les auteurs se sont lancés avec enthousiasme dans ce projet. Il est essentiel de rappeler ici que tous les doctorants de notre UMR ont été sollicités, et si nombre d’entre eux ont décliné l’invitation à participer, cela se justifie pour de multiples raisons. Certains estimaient leur recherche insuffisamment avancée pour présenter des résultats intéressants, d’autres, au contraire, se trouvaient en phase d’achèvement, et préféraient privilégier leur travail universitaire. Pour d’autres encore, la recherche, insérée dans un projet plus vaste, ferait, à court terme, l’objet d’une publication propre. Parfois, plus simplement, le manque de temps ou des circonstances imprévues ont entraîné l’abandon, malgré le souhait de l’auteur. Le présent volume constitue donc un échantillon, que nous espérons représentatif, des recherches en cours. Mais il serait injuste d’oublier ici tous ceux qui, sans prendre part à cette publication, y ont contribué par leur intérêt, leur activité, voire leur implication directe dans sa préparation. Qu’ils trouvent ici l’expression de notre reconnaissance. Une fois réunis les manuscrits, a commencé un travail collectif de relecture mutuelle. Les auteurs, et d’autres, qui, pour les raisons mentionnées ci-dessus, n’avaient pu participer au projet, dans un esprit d’entraide, ont consacré un temps précieux à corriger les textes, à rendre l’ensemble des travaux cohérent et homogène. Si certains ont consacré une lourde activité à la préparation de ce recueil, et investi beaucoup d’énergie, tous ont collaboré avec la volonté d’aboutir. Mais qu’il nous soit permis, au nom de tous, de remercier plus particulièrement Cyril Giorgi, qui a assuré la continuité du projet, investi beaucoup de temps dans le suivi, et la préparation finale du manuscrit. Cette étape achevée, les manuscrits ont alors été communiqués aux membres du comité de lecture, afin de confirmer l’intérêt de leur contenu scientifique et l’apport des travaux. Ce n’est qu’au terme de cette étape essentielle qu’il a été procédé à l’ultime mise en forme de l’ouvrage, afin d’harmoniser les présentations et de structurer le recueil. Le plus aisé aurait été de regrouper les 19 articles selon des critères géographiques, puisqu’en fin de compte, les travaux portent presque en totalité sur les deux grandes aires culturelles, l’aire andine et la Mésoamérique. Cela aurait permis de dégager quelques axes de recherche, comme, par exemple, les travaux sur la civilisation Mochica (voir les articles de N. Pantelic et V. Wright), ou encore une thématique aztèque (avec par exemple les textes de C. Pomédio ou M. Sergheraert). Mais inversement, certains travaux (R. Navarro Genie sur le Nicaragua, ou K. Salas Rossenbach pour la Patagonie) ne seraient rattachés qu’indirectement aux deux domaines majeurs. De plus, cela aurait été réducteur pour d’autres contributions, qui, précisément, abordent les domaines, fragiles et souvent peu étudiés, des marges, des franges, des innovations (voir, à ce sujet, les textes de P. Cruz et A. Touchard, de F. Moutarde, ou de C. Giorgi). Il nous a donc semblé préférable de regrouper les travaux selon des axes thématiques, plus à même de refléter la diversité et la complémentarité des approches. Le volume commence donc par deux articles méthodologiques où les auteurs utilisent l’approche ethnoarchéologique pour étudier l’espace et la technologie, deux aspects bien distincts, mais dont les survivances contemporaines permettent de lier v

le passé au présent. Une deuxième section réunit quatre contributions autour du thème très actuel en archéologie des relations entre l’homme et le milieu. Suivent deux sections, de cinq articles chacune, consacrés respectivement aux approches plus traditionnelles de la gestion de l’espace, de l’organisation sociale et de l’iconographie. La division est artificielle, on le reconnaît, car certains travaux auraient pu figurer dans d’autres sections. Mais il fallait faire un choix. Enfin, une dernière section, de trois articles, est consacrée aux analyses archéométriques et à leur apport fondamental pour l’archéologie. Dans cette perspective, le lecteur peut certes être conduit à passer d’une section à une autre, pour suivre un thème, s’intéresser à une aire spécifique. Aucun choix n’est parfait. Mais le lecteur est ainsi confronté à la diversité des démarches qui font la richesse de la recherche archéologique. Le choix des langues dans lesquelles sont rédigés les articles répond à un désir des auteurs. Il nous a paru productif de voir figurer dans un même volume des textes en anglais, en espagnol et en français, car cela reflète non seulement la richesse des approches, et leur diversité, mais aussi le souhait des auteurs de maintenir la pluralité dans un même intérêt pour ces civilisations encore si méconnues. Que cette diversité soit un gage de réussite.

Comité de lecture Maria del Rosario Acosta Nieva, Claude F. Baudez, Jean François Bouchard, Steve Bourget, Ramon Carrasco, Thérèse Bouysse-Cassagne, Jean-François Bouchard, Alain Breton, Rémy Chapoulie, Marianne Christensen, Maria-José Con Uribe, Véronique Darras, Brigitte Faugère, Michel Graulich, Jean Guffroy, Fabienne Harty de Pierrebourg, Patrice Lecoq, Dominique Legoupil, Michel Menu, Dominique Michelet, Gérald Migeon, Sandrine Pagès-Camagna, Grégory Pereira, Stéphen Rostain, Michael Smith, Eric Taladoire, Stéphanie Thiébault, Denis Vialou.

vi

Zones géographiques abordées dans les articles.

Carte générale des zones géographiques abordées. vii

Réflexions ethnoarchéologiques Marie Annereau Fulbert : Ethnoarchéologie de l’espace domestique en Méso-Amérique.

Kai Salas Rossenbach : Une technologie du coquillage en Patagonie: Ethnoarchéologie du « couteau de coquillage ».

1

2

Ethnoarchéologie de l’espace domestique en Méso-Amérique. ETHNOARCHEOLOGIE DE L’ESPACE DOMESTIQUE EN MESO-AMERIQUE*.

Marie ANNEREAU-FULBERT Resumen : La etnoarqueología es una estrategía de investigación que consiste en utilizar observaciones etnológicas y arqueológicas del presente para interpretar contextos pasados. Para el estudio de la habitación doméstica en Mesoamérica, la etnoarqueología resulta pertinente para aclarar las relaciones entre el comportamiento doméstico y la cultura material asociada. Este artículo propone, por una parte, a partir de ejemplos concretos, analizar este razonamiento y sus propuestas, y por otra, proponer una revisión crítica y evaluar el alcance de la etnoarqueología dentro del contexto específico mesoamericano y del área maya.

Abstract : Ethnoarchaeology is a research strategy consisting in using ethnographic study from archaeological perspectives in order to improve interpretations on archaeological contexts. For the study of domestic space in Mesoamerica, ethnoarchaeological studies may be useful to better understanding relationships between domestic behaviors and material culture from its results. This essay has two goals: on one hand, it attempts, with specific examples, to highlight the way of reasoning and the interpretations that can be infered from an ethnoarchaeological perspective, and, on the other hand, to evaluate the issues and contributions within the Mesoamerican and Mayan specific cultural context.

Introduction : L’étude de l’habitation domestique a été encore peu traitée par l’archéologie méso-américaine en raison d’une tendance de la recherche qui, jusqu’à maintenant, s’est essentiellement intéressée à l’aspect monumental des centres civico-religieux et à la résidence des élites. Et pourtant, la société méso-américaine est dans sa majorité composée de paysans. Beaucoup reste à dire sur l’organisation et l’économie domestiques à l’époque préhispanique ; en témoigne une nouvelle orientation de la recherche archéologique, la household archaeology, qui s’est affirmée dans les années 80 (Haviland 1985, Tourtellot 1988, Ashmore & Wilk 1988). Le propos de cet article est de vérifier si l’ethnoarchéologie est pertinente pour éclairer cette nouvelle problématique archéologique centrée sur l’habitation et la reconstitution de l’organisation de l’espace domestique à partir des vestiges de la culture matérielle et dans le contexte spécifique qu’est la Méso-Amérique et particulièrement l’aire maya. Les différents travaux qualifiés d’ethnoarchéologiques procèdent de démarches souvent variées qui considèrent des échelles d’analyse différentes. Parmi ceux-ci, nous ne prendrons que deux exemples, les travaux menés par L. Barba, en collaboration avec des archéologues, sur les aires d’activité (Barba & Manzanilla 1987, Barba et al. 1995) et ceux portant sur les systèmes agricoles (Killion 1990, 1991). Nous mettrons en évidence le mode de raisonnement, les résultats, et enfin, nous tenterons de dégager une lecture critique de cette stratégie de recherche.

Le raisonnement ethnoarchéologique Les origines L’analogie ethnographique sous-jacente à la démarche archéologique a été employée dès le 19e siècle, non sans des préjugés tenaces d’un évolutionnisme culturel couramment admis à l’époque. Mais bien vite on s’est aperçu des limites * Texte tiré du mémoire de maîtrise, Paris X Nanterre, 2002.

du comparatisme ethnographique qui consiste à appliquer à un contexte archéologique des informations provenant de cultures différentes à travers le monde. L’ethnoarchéologie s’est constituée sous l’influence directe de la New Archaeology (Binford 1962, Binford & Binford 1968). Cette démarche hypothético-déductive passe par la formulation de modèles interprétatifs théoriques issus de l’observation, desquels pourront être tirées des hypothèses qui seront ensuite confrontées aux faits archéologiques, indépendamment du contexte géographique ou culturel. A cette démarche à tendance anhistorique répond une autre vision, l’archéologie « contextuelle », qui dénonce le caractère purement fonctionnel de la culture matérielle au détriment de sa dimension symbolique et de sa signification culturelle et idéologique (Hodder 1982, 1987). L’ethnographie, malgré ces divergences, va être utilisée désormais dans une orientation proprement archéologique. L’ethnoarchéologie est une stratégie de recherche qui consiste à enrichir et critiquer les interprétations archéologiques, à partir de l’analyse ethnologique et archéologique du présent. Elle implique deux types de raisonnement selon le degré d’équivalence entre des situations séparées dans le temps et l’espace. Si l’on peut établir une quelconque continuité historique et culturelle dans une région donnée, et pour certaines formes de la culture matérielle, entre le passé archéologique et le présent ethnographique, alors les inférences issues de l’observation, qui dans le cadre de notre étude concerne l’habitation « vivante », se montrent utiles pour interpréter les vestiges du passé. Cette continuité est relative et la validité de la démarche doit être contrôlée en raison des évènements de l’époque coloniale et de la période contemporaine qui ont sans doute bouleversé les modes d’organisation indigènes (Becquelin 1973 : 45). Hors de ce contexte, en des termes plus généraux et sans la prise en compte de ce facteur de continuité, l’étude ethnoarchéologique met en évidence des relations entre la culture matérielle et le comportement humain pour en dégager des constantes (Schiffer 1976, 1987).

Ethnoarchéologie de l’espace domestique en Méso-Amérique. sont partagées que se maintient le groupe, celles de production, de consommation, de transmission des richesses, de co-résidence et de reproduction. D’autres unités ont été proposées comme celle du groupe corésidentiel (Ashmore & Wilk 1988 : 6). Il se distingue du groupe domestique dans le sens où il s’agit d’un groupe qui partage la même résidence mais non les mêmes activités. Dans l’autre sens, il a été observé qu’un même groupe domestique pouvait occuper des maisons adjacentes. En ce qui concerne les unités physiques, il semble que la plus petite unité spatiale reconnue soit l’aire d’activité (Flannery 1976 :34). Flannery distingue, après l’aire d’activité, le sol d’habitation, la maison et l’ensemble résidentiel. Celui-ci nommé « household cluster » ou « domestic lot », c'est-àdire l’unité d’habitation, comprend la maison et les aménagements associés (silos, décharges, etc.). Au-delà, existe le groupe de voisinage qui partage une cour commune (ibid. 1976 :5). Dans le cadre de ce travail, nous distinguons plusieurs échelles d’analyse plus inclusives de l’espace domestique : les sols d’habitation et les aires d’activité, les espaces d’activité en relation avec une production domestique particulière, les aires et espaces de culture, l’ensemble domestique au sein de la communauté. Nous ne les traiterons pas toutes ici, mais nous devons évoquer les principaux travaux menés dans une perspective ethnoarchéologique tels ceux de B. Hayden et A. Cannon (1983, 1984) sur les aires de décharge, ceux de P. J. Arnold (1991) et M. Deal (1985) sur ces mêmes modes de dépôt en relation avec la distribution et la production céramique ; M. P. Smyth (1990) s’est quant à lui intéressé aux modes d’emmagasinage du maïs dans la région Puuc du Yucatán. Ces recherches tournent autour de la même question, à savoir, comment et dans quelle mesure la distribution de la culture matérielle, associée à l’espace domestique, peut-elle refléter les activités quotidiennes des populations du passé ? Chaque démarche trace un même schéma de raisonnement, l’observation du mode de vie des paysans et de leurs activités à l’échelle domestique qui nécessite des méthodes d’enquêtes proprement ethnographiques (observation participante, questionnaires et entretiens) mais orientées vers une problématique archéologique qui nécessite l’élaboration des plans des villages, des maisons et des analyses descriptives et quantitatives de la culture matérielle. Un modèle est ensuite élaboré, puis confronté aux données de fouille d’habitations modernes récemment abandonnées, dont on connaît l’histoire par des témoignages, avant d’être véritablement mesuré aux données archéologiques. Nous avons dit plus haut qu’un des objectifs majeurs pour l’archéologue est de pouvoir, à travers les vestiges de l’habitation, identifier et interpréter les activités et en reconnaître leurs auteurs. Cette approche, et pour chaque niveau d’analyse, est étroitement liée à la compréhension des processus de formation des témoins archéologiques. Le contexte archéologique n’est ni plus ni moins que la transformation du contexte vivant ou « systemic context » (Schiffer 1987 : 3-4) et la question primordiale est de savoir comment se forment les vestiges retrouvés en contexte archéologique, de mesurer les transformations qu’ils ont pu subir jusqu’à leur dépôt final (Schiffer 1972, 1976).

La Méso-amérique et l’aire maya Qu’en est-il dans le contexte méso-américain et particulièrement dans l’aire maya? Le plus frappant réside dans le maintien, encore aujourd’hui, d’une forte cohésion linguistique par-delà les différences et les évolutions que les langues de cette région ont connues (McQuown 1964). Force est de constater la stabilité de certaines pratiques, observées par l’ethnologie, dans l’organisation de l’habitat, les techniques agricoles et dans la persistance de traditions anciennes, notamment dans les hautes terres du Chiapas et du Guatemala (Becquelin 1973 :45, Breton 1973). Il est admis, en outre, que les grandes caractéristiques du climat et la physionomie générale du paysage n’ont pas radicalement changé depuis les premiers temps de la colonie. L’environnement joue un rôle important dans l’implantation de l’habitat et dans la manière avec laquelle l’espace domestique va être organisé. La structure de l’habitat dans la zone maya est généralement caractérisée par un réseau dispersé et peu dense d’habitations ou de groupes d’habitations (hameau). La majorité de la population vit dispersée sur le territoire communautaire, sur ou à proximité des terres qu’elle cultive essentiellement à des fins vivrières. Elle ne réside que temporairement au village, lors des fêtes ou lors des jours de marché. L’unité d’habitation (UH) est organisée autour d’un patio et composée de plusieurs bâtiments enclos dans un espace nommé « solar » dans le nord de la péninsule du Yucatán ou « sitio » dans les hautes terres du Chiapas (Breton 1973 :67). Celui-ci n’est pas forcément bien délimité : s’il est localisé en milieu villageois ou rural, la pression spatiale ne sera pas la même. Chaque unité résidentielle, au village, possède une parcelle de terre au sein du solar, enclos par un muret de pierre (albarrada) ou une clôture en bois, et une autre à la périphérie. La plupart des activités se déroulent à l’extérieur dans la cour ou patio délimité par les bâtiments généralement peu éclairés et ouverts sur l’extérieur. Suivant les contextes, il s’agit d’un logis, d’une cuisine et d’une réserve qui forment la « maison » au sens large. Les matériaux destinés à la construction n’ont probablement pas changé. Les bâtiments sont parfois édifiés sur des plates-formes basses. Sans division interne, leurs murs faits de perches et de torchis (bajareque) sont recouverts d’un toit de chaume ou de palme, encore qu’aujourd’hui la tôle s’y soit substituée. Au niveau archéologique, il est bien évident que la plupart de ces témoins de l’activité des hommes ont disparu (Wauchope 1938, Pierrebourg 1999). Le problème de l’étude archéologique portant sur l’espace domestique est de pouvoir justement reconnaître ces activités et surtout les acteurs qui y ont pris part (Ashmore & Wilk 1988). L’ethnoarchéologie peut apporter certaines précisions sur la base d’unités théoriques fournies par l’ethnologie, à partir de l’observation de l’habitation « vivante ».

Unités et échelles d’analyse Chaque étude ethnoarchéologique, selon ses objectifs et ses méthodes, manipule des unités théoriques constitutives de l’espace domestique. L’unité d’habitation, en général, abrite une famille étendue, associant plusieurs familles restreintes. L’unité sociale de base et de loin la plus importante est le groupe domestique. Il n’est pas seulement lié par la parenté, celle-ci doit être étendue et comprise dans sa signification sociale plus que biologique. Ce sont par les activités qui y

Des aires aux espaces d’activité Une des préoccupations premières de l’archéologue est de déterminer et d’identifier les aires d’activité et leur 4

Ethnoarchéologie de l’espace domestique en Méso-Amérique. perches des parois de la maison permettent l’écoulement des eaux et des cendres. Aussi, les activités qui prennent place à proximité des parois, en liaison souvent avec le foyer situé à droite de l’entrée, se propagent à l’extérieur et en altèrent les sols. Ces modèles de contamination chimique des sols doivent être contrôlés par la confrontation avec d’autres modèles proposés par des travaux similaires et révèlent quelques difficultés. Néanmoins, ces analyses combinées avec l’étude des artefacts associés comme des éléments d’architecture permettent de proposer des interprétations pour l’identification de certaines activités en contexte archéologique. L’étude de deux unités d’habitation contemporaines et contiguës du site de Cobá (2-14 et 15-37) dans cette perspective a permis d’élaborer des hypothèses dans la fonction de certaines structures domestiques et dans leurs modalités d’organisation (Manzanilla et Barba 1990).

répartition à partir des vestiges de l’espace domestique. L’objectif est de permettre d’en déduire la fonction des bâtiments, les modes d’occupation mais également d’avoir des indices sur les activités domestiques et les habitants (Pierrebourg 1999).

Problématique Il est admis que toute activité laisse des résidus de nature chimique à des degrés variables. Le principe de l’analyse chimique des sols réside justement dans le fait que les activités menées et répétées, dans un même lieu et sur le long terme, sont caractérisées par une signature chimique particulière. Ces résidus sont incorporés dans les sols d’occupation et ne sont pas altérés à travers le temps. Selon A. Ortiz (1993 :617-8), cette concentration différentielle tient à plusieurs facteurs : le type d’activité, la durée, l’intensité et son caractère répétitif, etc. Certaines aires d’activité peuvent être reconnaissables quand elles sont associées par exemple à l’existence d’un foyer à trois pierres, à des metates ou à la céramique, etc. En revanche, d’autres ne laissent pas de traces matérielles ou ne gardent des traces que difficilement interprétables dans les sols d’occupation. Une étude ethnoarchéologique peut alors se révéler pertinente pour pallier certaines difficultés liées à cette problématique archéologique. Cette méthode d’identification a été mise au point à la suite de travaux réalisés dans des habitations occupées. Ceux-ci s’inscrivent dans un projet global sur les aires d’activité au Mexique dont l’objectif est de définir des modèles de contamination chimique, dans la perspective d’applications archéologiques (Manzanilla & Barba 1990, Barba et al. 1995, Pierrebourg 1999, Barba & Ortiz 1992). L’étude des aires d’activité nécessite des méthodes d’investigation rigoureuses. Les analyses chimiques des sols sont utiles pour discerner et cerner des aires d’activité en rapport avec les espaces d’activité dans lesquels elles s’inscrivent.

Applications archéologiques L’étude de cette première échelle d’analyse est, nous l’avons dit plus haut, confrontée aux problèmes des processus de transformation des témoins de l’occupation de l’habitation. Ces paramètres difficilement contrôlables révèlent la difficulté de telles études archéologiques. D’où la nécessité de tester la méthode de l’analyse chimique dans un contexte archéologique connu, ici des habitations récemment abandonnées dont l’histoire est en partie retracée par le témoignage d’habitants. Il s’agit d’une étape intermédiaire avant une réelle application archéologique plus méthodologique que démonstrative (Barba et al. 1995). L’exemple d’une habitation du village de Muxucuxcab (Yucatán, Mexique), abandonnée une trentaine d’années avant la fouille (fig. 1), montre une organisation de l’UH en trois espaces distincts : l’espace résidentiel, l’espace périphérique et l’espace en friche. Les variations de concentration des valeurs chimiques correspondent à cet agencement et à la succession de ces trois espaces. Après l’abandon, il ne reste des bâtiments qu’un remblai de pierre et de terre retenu par une rangée de pierres. Les limites de l’espace domestique sont marquées par l’existence d’un muret de pierre qui longe le chemin d’accès et par la diminution des valeurs chimiques et des vestiges lorsque l’on s’en éloigne. Une zone de fortes valeurs chimiques correspond aux espaces couverts (anciens bâtiments) et à leurs abords immédiats. Le logis (str. 1) dans lequel très peu de matériel a été retrouvé a pu également abriter une aire de conservation. En effet, une forte concentration de carbonates pourrait attester l’existence d’un grenier. Les travaux de M. Smyth (1990) ont montré que ces résidus chimiques seraient associés à la conservation du maïs, pour laquelle on ajoute de la chaux afin de protéger les grains. Il a été constaté que les aires entourant les bâtiments sont relativement propres car elles devaient être balayées régulièrement, surtout devant la maison. Cette zone est bordée par un espace périphérique au sein duquel on constate des taux de phosphates élevés en raison d’activités contaminantes comme le lavage, l’élevage des animaux et le rejet des ordures, notamment derrière la cuisine. Enfin, l’espace laissé en friche éloigné est dénué d’activités. La distribution de la culture matérielle et celles des valeurs chimiques permettent d’identifier des aires d’activité au sein des trois espaces mis en évidence et qui reflètent l’articulation de l’espace observée dans l’habitation vivante (Pierrebourg 1999), comme le résume la figure 1.

Analyses et interprétations L’échantillonnage a porté sur plusieurs unités d’habitation, une UH du village moderne de Cobá, Quintana Roo et deux unités archéologiques du site éponyme (Manzanilla et Barba 1990). A partir des résultats de mesure des teneurs en phosphates et d’autres résidus (carbonates, pH, variations de couleurs, présence d’acide gras et albumine) prélevées dans l’espace de l’UH moderne, il a été observé des relations entre la distribution des composants chimiques et des activités domestiques bien distinctes et qui sont attestées au sein d’espaces particuliers comme la cuisine, le logis, les aires de culture ou les zones de circulation. Les aires de préparation et de consommation des aliments, par exemple, ne présentent pas les mêmes valeurs en phosphates et dessinent une division nette des activités de la cuisine. Le logis présente une faible densité d’activité. Les valeurs élevées pH attestent la présence de cendres, issues de l’activité d’un foyer, les phosphates et carbonates d’activités fortement contaminantes comme le rejet des eaux usées, la présence de matière organique, d’aires de décharge ou d’élevage. Les fortes concentrations en carbonates peuvent être également expliquées par la présence de chaux, liée à la préparation du nixtamal (maïs cuit pour les tortillas), qui est ajoutée à l’eau de cuisson. Au sein du solar de l’UH de Cobá, par exemple, cette préparation s’effectue dans une aire non couverte localisée entre le lavoir et la partie arrière de la maison. De même, les espaces qui subsistent entre les 5

Ethnoarchéologie de l’espace domestique en Méso-Amérique.

Figure 1: Muxucuxcab, tentative de reconstitution des aires et des espaces d'activité. (D’après Barba et al. 1995)

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Ethnoarchéologie de l’espace domestique en Méso-Amérique. espace sans qu’elles soient visibles, mais elles sont connues des habitants. L’espace domestique et son organisation sont fonction de l’évolution du groupe qui l’occupe, mais, encore une fois, les travaux de F. de Pierrebourg ont montré que la disposition des bâtiments peut apporter des indices. En résumé, trois types d’activité peuvent être « observés » : les activités qui sont observées dans l’habitation vivante, mais qui ne laissent pas de traces, celles qui sont visibles, mais qui vont disparaître après abandon et celles qui vont perdurer même après abandon. Certaines activités n’ont pas été prises en compte dans les travaux cités précédemment puisqu’elles ne sont pas menées entièrement au sein de l’espace domestique, même si elles ont des répercussions au niveau de son organisation.

Les études chimiques menées dans les UH de Muxucuxcab ont été suivies par une recherche similaire : l’application archéologique sur l’habitation préhispanique de la plate-forme du Cabrío (Kabah, Yucatán) qui est caractérisée par l’abondance de son matériel céramique comme on peut le voir sur la figure 2 (Pierrebourg 1999). Là encore, il y a une relation évidente entre valeurs chimiques et culture matérielle. Finalement, à travers les données ethnographiques et celles recueillies en contexte archéologique connu, il est possible de reconnaître certaines activités par la présence de concentration chimique différentielle qui subsiste même après abandon. L’auteur montre également que l’orientation et la disposition des bâtiments les uns par rapport aux autres et au chemin d’accès, leur degré d’élaboration et la culture matérielle associée donnent des indices sur l’articulation fonctionnelle de l’espace et l’organisation domestique. Ces observations de l’habitation vivante appellent plusieurs remarques qui ont également été mises en évidence par l’étude archéométrique des aires d’activité. D’abord, les activités ne se déroulent pas nécessairement dans des aires bien délimitées. Elles peuvent être réalisées à différents endroits, comme c’est le cas des activités de conservation, ce qui met en évidence les phénomènes de réutilisation des bâtiments, des dispositifs ou des objets qui biaisent nécessairement l’interprétation archéologique. De même, les témoins d’activité qui sont localisés autour des structures peuvent correspondre à des activités qui se seraient déroulées à l’intérieur, le long des parois, et qui se seraient propagées à l’extérieur. Il est donc souvent nécessaire d’identifier la nature des structures pour pouvoir ensuite identifier les vestiges à proximité. Comme A. Ortiz l’a déjà soulevé (1993 :618) et d’autres avant lui, des facteurs interviennent dans la transformation des témoins de l’occupation comme les changements d’activité dans un même espace, les différentes phases d’occupation de l’UH, le type d’abandon, l’action de facteurs anthropiques ou naturels qui vont perturber le contexte archéologique. Ces facteurs sont liés à la problématique des modes de dépôts des vestiges, aux conditions d’abandon et à leurs effets sur les assemblages archéologiques (Hayden & Cannon 1983, Deal 1985, Arnold 1990). Les objets et les débris qui sont associés à ces activités sont transportés loin des zones d’activité quand ils ne sont pas utilisés pour éviter qu’ils n’entravent le bon déroulement des autres activités. Ils sont soit placés en contexte de rejet provisoire lorsqu’ils peuvent faire l’objet d’une réutilisation potentielle, soit ils sont rejetés de manière définitive. Ils forment des assemblages secondaires. Leur dépôt ne reflète pas l’activité elle-même. Ces recherches ethnoarchéologiques, portant sur les stratégies de rejet (fig. 5), ont démontré que la superficie de l’espace domestique disponible, qui est fonction aussi du nombre d’habitants et du contexte d’établissement, a des implications dans la manière dont les déchets vont être gérés, dans l’organisation des activités domestiques et en fin de compte au niveau de la constitution du corpus archéologique. Certaines activités sont difficilement identifiables si l’on ne connaît pas les habitudes domestiques de la région considérée. C’est le cas par exemple de la préparation et de la conservation du maïs. Les données chimiques peuvent les attester, mais non les différencier. Au niveau de la reconstitution du groupe domestique, l’observation de l’habitation vivante appelle quelques précautions qui compliquent la tâche de l’archéologue : l’enceinte domestique ne correspond pas toujours à une unité domestique unique. Des frontières peuvent diviser un même

Les activités menées à l’extérieur de l’enceinte domestique Les recherches de Thomas Killion (1990) menées dans la Sierra des Tuxtlas au Veracruz (Mexique) portent sur les relations entre l’intensification agricole et les schémas d’établissement. L’intensification est définie ici par l’augmentation de la fréquence des récoltes sur une aire de culture permanente au-delà d’une période particulière. Au niveau archéologique, il est difficile de pouvoir identifier et interpréter ces pratiques agricoles, à l’exception des témoins comme, par exemple, l’existence de canaux d’irrigation, de terrasses et de champs surélevés, qui attestent une forme d’intensification agricole nécessaire au développement et à la croissance des sites. Par comparaison, d’autres formes d’intensification agricole, moins formelles, comme la culture basée sur la réduction du temps de jachère, laissent peu de traces au niveau matériel. L’objectif de ce travail ethnoarchéologique est de mieux cerner les relations entre ces pratiques agricoles et leur corrélat matériel dans les contextes résidentiels dans la perspective d’en dégager des méthodes utiles à l’archéologie dans la reconstruction des pratiques de l’agriculture ancienne en rapport avec les structures de l’habitat, au cours des époques Formative et Classique de la Côte du Golfe. A partir de modèles déjà observés, il est admis que les terres cultivées de façon permanente devraient être situées à proximité des établissements. L’auteur part de l’hypothèse selon laquelle l’intensification agricole affecte la conduite des activités à l’intérieur des établissements en y impliquant davantage les noyaux résidentiels et leurs espaces d’activité.

Analyses et interprétations L’étude ethnoarchéologique a porté sur quarante unités domestiques situées à la périphérie de villages localisés dans des milieux différents et occupés par des familles paysannes et pauvres vivant de la culture vivrière (voir à ce titre le modèle d’une unité domestique à Tlaxcala, fig. 6). Les hommes cultivent la milpa, une parcelle de terre, située à moins de quarante minutes de distance de l’unité résidentielle (« infield ») et une (ou plusieurs) à la périphérie (« outfield »), éloignée parfois de trois à cinq heures de marche. Dans ce contexte, les hommes vivent temporairement sur leurs champs. Les cultures « infield » se différencient en outre des jardins où les plantes sont traitées de façon individuelle et caractérisent une horticulture résidentielle.

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Ethnoarchéologie de l’espace domestique en Méso-Amérique.

Figure 2: Plate-forme du Cabrío, tentative de reconstitution des aires et des espaces d'activité. (D'après Barba et al. 1995)

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Ethnoarchéologie de l’espace domestique en Méso-Amérique. Des débris importants y sont également accumulés et cet espace peut occuper la majeure partie de l’espace domestique global. En raison de la proximité de ces champs, certaines activités liées au travail de la terre peuvent être menées au sein de l’espace résidentiel comme la transformation des récoltes, le séchage des grains, leur stockage et le rangement des outils. En revanche, elles sont exécutées sur place lorsqu’il s’agit d’un champ éloigné du village. Ces deux modes d’exploitation ont donc des répercussions différentes sur l’entretien de l’espace résidentiel, ou le patio, et l’organisation et la gestion de la culture matérielle des autres activités à vocation domestique. Deux espaces ont été étudiés en fonction de cette dichotomie ; ils illustrent au niveau archéologique, deux contextes différents caractérisés respectivement par une plus faible et une plus importante accumulation des débris retrouvés en fouilles. Il a été observé que la surface de l’espace résidentiel varie en fonction de l’intensité de la culture « infield ». Et ce rapport varie aussi en fonction des unités résidentielles étudiées. Dans les UH localisées au sud de la Sierra, il y a corrélation entre une faible intensification de la culture « infield » et un espace résidentiel plus réduit. Elle est due au fait que ces villages plus dispersés sont situés dans des terres hautes moins fertiles que les vallées, les champs situés à proximité des zones d’habitations sont destinés à des temps de jachère plus longs et l’espace résidentiel, par conséquent, est moins soumis à la nécessité d’y gérer et d’organiser les activités agricoles. En revanche, au nord de la Sierra, les conditions sont plus favorables et on observe que plus la culture « infield » s’intensifie, plus la taille de l’espace résidentiel augmente pour y gérer les activités domestiques et celles liées au travail agricole. Un autre espace a été étudié en relation avec la culture « infield ». La taille de l’espace « intermédiaire », déjà évoqué à propos d’autres études citées plus haut, varie de manière sensible dans la zone nord. Plus les « infields » sont cultivés de manière intensive, plus cet espace se réduit. Il semble qu’il y ait une corrélation entre la taille de l’espace intermédiaire, le degré d’intensité de la production « infield » et en dernière instance avec une tendance à la concentration de l’habitat. Ces trois variables conditionnent également la gestion des déchets au sein de l’unité résidentielle. Il semble que, dans les cas où les « infields » sont cultivés de manière extensive, il y a une moindre tendance à la concentration, les unités résidentielles sont donc beaucoup plus grandes et il n’y a pas la nécessité de gérer les déchets de manière optimale. En revanche, sous une pression spatiale beaucoup plus importante liée à une plus grande intensification de la culture des terres à proximité des établissements, les zones de déchets sont plus concentrées et les débris sont transportés en dernière instance à l’extérieur de l’unité résidentielle (Hayden & Cannon 1983). Il semble que plus la densité d’occupation est importante, plus la taille de l’espace intermédiaire décroît, et plus augmente la taille de concentration des déchets jusqu’à ce qu’ils soient exclus. Ces facteurs et leur corrélat matériel devraient se manifester au niveau de la distribution archéologique des vestiges. La variation de ces différents facteurs - l’organisation domestique, agricole et le contexte d’établissement - pourrait permettre de faire des inférences sur les différentes manières d’exploiter l’espace agricole.

Application archéologique T. Killion a confronté les propositions auxquelles il est parvenu, exposées ci-dessus, aux vestiges archéologiques du site classique de Matacapan qui est localisé dans la même région que les villages étudiés. Les reconnaissances de surface menées à la périphérie du centre de Matacapan ont révélé sur plus de 12 Km² des plates-formes d’habitation associées à du matériel céramique et lithique. Deux zones ont été particulièrement étudiées (I et II) dont le schéma d’établissement des monticules d’habitation pourrait correspondre au modèle des unités résidentielles décrites plus haut (fig. 3 & 4). L’analyse de la densité de la distribution en surface des vestiges céramiques autour du complexe résidentiel met en évidence des zones particulières qui semblent illustrer l’organisation d’une unité d’habitation en contexte actuel : les aires de plus faible (1er quartile) et de plus forte densité de débris (4e) pourraient respectivement attester l’existence d’une aire résidentielle autour des structures et d’une aire de concentration des débris et le second quartile, l’aire intermédiaire. La zone II présente un espace construit beaucoup plus dense que celui de la zone I avec, néanmoins, une aire résidentielle beaucoup plus restreinte. Ce schéma diffère du modèle actuel dans lequel a été mise en évidence la corrélation positive entre la superficie de l’espace résidentiel et la concentration de l’habitat. Cependant, le schéma des groupes de la zone II, concernant la gestion des débris, serait plus en accord avec ce que l’on observe actuellement avec les groupes domestiques orientés vers les activités agricoles à proximité, qu’avec celui de la zone I. En effet, l’espace dans lequel on observe la plus grande concentration de débris est trop important par rapport à ce qui a été observé en contexte actuel. L’importance des 1er et 4e quartiles, l’examen de la céramique, associée à la présence de fours notamment, suggère une activité économique différente pour la zone I tournée vraisemblablement vers une production spécialisée de la céramique qui aurait nécessité une aire résidentielle propre pour y mener ces activités alors que dans la zone II, les espaces intermédiaires, beaucoup plus importants, auraient accueilli les activités à vocation horticole. En résumé, les variations dans la distribution des débris mettent en évidence différentes manières d’utiliser et d’occuper l’espace. Ces mêmes variations que l’on peut observer, en contexte actuel, entre les zones nord et sud des Tuxtlas et qui sont mises en rapport avec les activités agricoles, ne peuvent pas seulement être expliquées en termes environnementaux. Cette variabilité structurelle semble être liée à d’autres facteurs pas nécessairement pris en compte dans l’analyse tels que les activités à caractère social ou de production spécialisée, comme c’est peut-être le cas dans le contexte archéologique de Matacapan, mais également les différences de richesse entre les unités domestiques. Les travaux de Hayden et Cannon (1984), par exemple, menés dans le cadre du projet ethnoarchéologique Coxoh, entre 1977 et 1979, s’attachent à déterminer comment et dans quelle mesure la culture matérielle peut refléter des différences d’ordre socio-économique à l’échelle de la communauté. Plusieurs catégories d’artefacts (à vocation utilitaire, sociale et idéologique) ont été analysées selon leur fréquence observée au sein des unités domestiques, et en fonction de variables comme le besoin, l’accès, le statut social, les valeurs traditionnelles, etc. 9

Ethnoarchéologie de l’espace domestique en Méso-Amérique.

Figure 3: Détails de l'aire d'étude I du site de Matacapan. Densité de la céramique en surface.

Figure 4: Détails de l'aire d'étude II du site de Matacapan. Densité de la céramique en surface. (D'après Killion 1992)

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Ethnoarchéologie de l’espace domestique en Méso-Amérique.

Fig. 5 et 6 : Représentations idéales d’unités d’habitation issues de l’observation ethnographique

Figure 5: Modèle de gestion des déchets dans une unité d'habitation tzeltal. (D'après Hayden & Cannon 1983)

Figure 5: Modèle d'organisation d'une unité d'habitation dans la région des Tuxtlas (Veracruz, Mexique). (D'après Killion 1991

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Ethnoarchéologie de l’espace domestique en Méso-Amérique. Certaines ne laissent pas de traces. Il y a aussi celles à caractère rituel qui ne sont pas nécessairement en rapport avec un comportement économique. A ce titre, il serait intéressant d’étendre ces recherches pour voir si ces associations se répètent ou présentent une distribution comparable. Ces travaux sont confrontés à l’impossibilité de pouvoir comparer les modèles obtenus aux vestiges archéologiques pour lesquels encore très peu d’unités d’habitation ont été fouillées, en raison de stratégies de recherche, qui jusqu’à une date récente restent centrées sur le site global et non sur les groupes d’habitations. Cette première échelle d’analyse qu’est l’aire d’activité ne peut pas être analysée et interprétée de manière isolée. Les études ethnoarchéologiques ont montré que plusieurs activités pouvaient être menées dans un même lieu, à l’inverse, la réalisation d’une seule activité qui se décline en plusieurs phases peut être effectuée à des endroits différents. Par conséquent, cette première échelle d’analyse doit être corrélée, lorsque c’est possible, avec les données chimiques des sols, la distribution de la culture matérielle et l’analyse morphologique de l’organisation spatiale domestique. Les méthodes concernant les aires d’activité ont permis de porter l’attention sur les espaces « intermédiaires ». Nous avons vu, à travers les travaux cités précédemment, l’importance des autres zones qui se développent autour de l’espace construit et du patio, l’espace intermédiaire et l’espace périphérique, et qui sont impliqués dans l’organisation de l’espace domestique. Les fouilles archéologiques se concentrent uniquement sur les vestiges de structures, qui pourtant ne couvrent qu’une faible superficie de l’espace domestique global, et ignorent des zones qui en font également partie. Ce sont les chemins ou les zones de circulation, les frontières de l’enceinte domestique aux bords desquelles s’accumulent les détritus. L’ethnoarchéologie peut aider à réorienter l’archéologie vers de nouvelles stratégies de fouilles, à améliorer la méthodologie concernant l’identification de la structure de l’espace domestique. Ce qui nous fait revenir sur la pertinence des unités théoriques, spatiales et physiques, constitutives de l’espace domestique vivant. Elle sont complémentaires et non exclusives. Les exemples ethnographiques ont montré que ces unités doivent être manipulées avec précaution et ne font l’objet que d’hypothèses dans l’interprétation archéologique. Et il semble qu’il soit plus facile de raisonner en terme de relations sociales qu’en terme de groupes de parenté. Il paraît difficile de parvenir à des degrés d’inférence plus élevés, notamment sur le niveau de coopération entre les groupes. Mais il est clair que les groupes de voisinage illustrent également des relations sociales. Nous sommes déjà revenu sur la définition de l’enceinte domestique, sitio ou solar. Il peut comprendre un ou plusieurs lots domestiques ou unités domestiques et abriter une ou plusieurs familles (cf. Breton 1990). En développant de manière plus intensive les recherches sur l’habitation, il serait possible, d’une part, de mieux définir ces unités car il n’y a pas de consensus réel sur la terminologie à employer et, d’autre part, de vérifier l’existence de différentes unités d’organisation, à partir de la distribution des vestiges et des structures, et d’en comprendre leur signification sociale. Là encore, les comparaisons archéologiques sont rares et, par conséquent, les exemples limités. Mais développer l’archéologie sur l’habitation pourrait permettre de fournir une base de

Cependant une trop grande variabilité existe et il a été constaté qu’aucun type d’artefact particulier ne pouvait caractériser un rang économique et social déterminé. D’autres paramètres rentrent en compte dans ces variations qui ne sont pas contrôlables ou mesurables. De plus, les résultats obtenus n’ont pas été confrontés à un contexte archéologique, qui est une des étapes du raisonnement ethnoarchéologique la plus délicate, mais également une de ses limites.

Bilan critique et nouvelles perspectives pour l’ethnoarchéologie de l’habitation Redéfinir la théorie et la pratique archéologiques L’exemple de ces études, dont il faudrait multiplier les modèles, amène plusieurs remarques. Elles reposent sur des analogies sur lesquelles sont basés des modèles qui vont être appliqués aux données archéologiques. Certaines de ces études s’inscrivent dans une démarche spécifique, « processualiste » (Cf. David & Kramer 2001) dans laquelle les auteurs tentent de mettre en évidence des « relations » entre les comportements domestiques et la culture matérielle en les rationalisant jusqu’à parvenir à des modèles idéaux de portée générale voire transculturelle. Pertinences des unités sociales et physiques L’étude ethnoarchéologique des aires d’activité a permis de montrer que des activités domestiques qui se répètent en un même lieu contaminent les sols. L’analyse archéologique d’une habitation abandonnée de contexte connu montre également qu’après une période d’abandon, les composants chimiques se conservent et il est possible de comprendre l’articulation spatiale à travers la répartition matérielle et chimique et de pouvoir reconnaître des aires d’activité. Tout un pan de la recherche ethnoarchéologique concerne la compréhension de la formation des témoins archéologiques. Le registre archéologique n’est pas le reflet direct d’une situation du passé. Plusieurs processus, de nature culturelle comme environnementale, l’ont transformé et tronqué au cours du temps. Les schémas obtenus et présentés ci-dessus ne doivent pas négliger la variabilité des modèles qui peuvent être observés. Tous les contextes archéologiques ne bénéficient pas du même type d’informations. Selon M. Schiffer (1987), il existe des contextes bien représentés dans lequel la culture matérielle réside en « associations significatives », comme dans le cas d’un site abandonné subitement. En revanche dans d’autres contextes, en raison des activités de balayage, de nettoyage ou d’un abandon progressif, les vestiges peuvent être disparates et présenter une distribution aléatoire et des contextes de dépôt secondaires. Dans ces derniers cas, il est souvent « difficile » pour l’archéologue de ne pas les considérer en terme d’aire d’activité. Ce sont des problèmes qui ont été soulevés par l’observation ethnographique des habitations récemment abandonnées. Ces études sont susceptibles de permettre d’ajuster les méthodes archéologiques. L’ethnoarchéologie apporte également des données nouvelles sur la fonction des bâtiments, leur polyvalence, et sur l’emplacement des aires d’activité. D’autres aires d’activité sont observées en contexte ethnographique mais elles n’ont pas été appréhendées en contexte archéologique (lavoirs, fours de terre, latrines) (Pierrebourg 1999). 12

Ethnoarchéologie de l’espace domestique en Méso-Amérique. Même si certains chercheurs ne posent pas directement la question de la continuité ou s’en défendent dans leurs travaux, cette stratégie de recherche l’implique d’une manière ou d’une autre dans la zone méso-américaine et l’aire maya ; sinon il ne serait pas nécessaire de mener de telles études dans ces régions, si ce n’est pour mettre en évidence des schèmes d’occupation et d’organisation qui pourraient être semblables. Certains chercheurs avancent le caractère « traditionnel » des communautés qu’ils observent comme pour mieux légitimer leur démarche, assurer la pertinence de leur comparaison, mais ce terme révèle des stratégies diverses. Le choix du corpus archéologique sur lequel va être mesuré le modèle ethnoarchéologique le montre également. Cependant, postuler une continuité ethnique et culturelle dans une région donnée ne doit pas pour autant faire écarter les facteurs qui interviennent dans la restructuration de certains phénomènes actuels comme c’est le cas à l’époque des travaux de T. Killion où la région étudiée subit une nouvelle organisation de l’espace et des orientations économiques nouvelles. L’observation ethnographique, susceptible d’intéresser l’archéologue, est issue d’un contexte particulier, historique comme culturel, qu’il est nécessaire de prendre en compte et même si l’objectif principal réside dans la compréhension des relations entre comportement et culture matérielle. La culture matérielle est enracinée dans un système plus global.

données mieux définie à cette échelle d’analyse et mettre en évidence des modèles d’organisation semblables ou des modes d’occupation différents, selon les contextes et les époques, et leur mode d’intégration dans des niveaux hiérarchiques plus vastes. L’ethnoarchéologie reste une stratégie de recherche pour combler les difficultés inhérentes aux méthodes d’identification, certaines encore peu systématisées, et proposer de nouvelles interprétations de l’archéologie portant sur des phénomènes qui restent encore mal connus. C’est le cas par exemple des activités de conservation (Smyth 1990) ou des activités en relation avec les pratiques agricoles qui même si elles se déroulent à l’extérieur de l’enceinte domestique ont des répercussions sur l’organisation domestique. Dans ce cas, lorsque l’on dépasse le strict cadre de l’espace domestique, on touche à des degrés d’organisation sociale plus complexes qu’il serait intéressant de prendre en compte dans des recherches futures, car c’est à l’échelle, déjà du voisinage, puis du village ou de la communauté et entre les villages que les différences et les variations se font le plus sentir. Applications archéologiques et degrés de validité Cette dernière étape devrait légitimer la démarche ethnoarchéologique, puisqu’elle permet d’expérimenter le modèle issu du corpus de données ethnographiques sur les vestiges archéologiques. Elle reste dépendante du degré de validité du raisonnement analogique dans la construction interprétative. Il est nécessaire de définir, selon P. Becquelin (1993), des degrés de validité qui varient en fonction des distances dans le temps et dans l’espace ou des caractéristiques écologiques et socioculturelles. Ces degrés de validité dépendent de la nature du fait archéologique, de son état de conservation et de la complexité de la construction interprétative. Il semble que cette démarche soit réellement légitime ou apporte des informations plus sûres lorsqu’elle met en évidence, par exemple, des correspondances formelles entre un fait archéologique et un fait ethnographique. La présence d’une meule peut attester l’existence d’une aire de mouture, une aire de préparation culinaire peut être interprétée comme telle lorsqu’elle est corrélée par l’association de cendres, de compositions chimiques singulières et d’objets définis comme des ustensiles culinaires. Ces corrélations paraissent évidentes, voire triviales, mais nous avons déjà évoqué la complexité des notions d’aire et d’espace d’activité comme le phénomène de réutilisation des objets à des fonctions différentes, par exemple, des jarres cassées qui peuvent être réutilisées le long des parois des maisons, sous les toits, pour recueillir l’eau de pluie. A des niveaux d’interprétation plus élevés, le raisonnement devient plus complexe puisqu’il se base sur plusieurs éléments d’analogie. C’est le cas lorsque plusieurs variables entrent en ligne de compte dans l’appréciation d’un phénomène comme l’intensification agricole ou la hiérarchisation sociale. Dans ce dernier cas, les inférences de ce type sont difficilement envisageables, d’une part, parce que les différences socioéconomiques ne sont pas basées uniquement sur la culture matérielle, ou alors celle-ci est de nature périssable, d’autre part, parce que les modèles ethnoarchéologiques sont issus de contextes dans lesquels les communautés indigènes actuelles sont peu stratifiées. Or, nous savons que durant les époques préhispaniques, la société était très hiérarchisée. Ce qui nous amène à la question de la continuité entre passé et présent.

Mesures et sens On constate, à travers les différents travaux, une tendance à la rationalisation des espaces et de leur utilisation selon des modèles de comportements cohérents, économiques voire ethnocentriques. L’approche archéologique du présent est faite de mesures : quelle relation établir entre mesure et sens ? L’ethnoarchéologie est une manière de sociologiser l’archéologie, de prendre conscience que, derrière les vestiges de l’habitation, il y a les gestes et les comportements de leurs auteurs. Ces études souvent ne tiennent pas compte du contexte social et culturel dans lequel l’organisation domestique a été observée et l’ordre selon lequel l’espace domestique est pensé par ses habitants. Des tendances peuvent être observées, mais il existe également une part importante allouée aux choix individuels, collectifs et culturels, des éléments qui ne sont pas mesurables ni quantifiables, mais qui interviennent dans la composition des modèles observés. Ce qui soulève la difficulté du dialogue entre l’archéologue et l’ethnologue. L’un est à la recherche de tendances et ne dispose que de traces partielles du passé, l’autre peut observer l’habitation vivante, assister au déroulement des activités quotidiennes, les décrire, mesurer ce qui relève des choix d’ordre technique, culturel voire idéologique, les facteurs qui interagissent et qui s’expriment dans la culture matérielle. Il dispose, en outre, du discours des hommes. Mais l’ethnologue n’est pas archéologue et le domaine de la culture matérielle lui échappe largement jusqu’à présent. Il est évident aussi que l’ethnologue ne peut pas tout décrire. Par conséquent, les données dont disposent l’archéologue pour pouvoir éventuellement proposer des interprétations, dans une perspective ethnoarchéologique, sont par nature limitées. Dans le cas des travaux cités plus haut, il pratique lui-même ses propres enquêtes. Mais en raison des travaux de terrain, il est évident que les conditions ne sont pas optimales pour mener à bien ces recherches qui nécessitent du temps et de l’investissement. Ceci présente également le 13

Ethnoarchéologie de l’espace domestique en Méso-Amérique. L’archéologie a peu accès à ces représentations que les vestiges ne font que sous-entendre. Et ces aspects dépassent le strict cadre de l’ethnoarchéologie, qui lorsqu’elle concerne la structure du site est menée plutôt dans une perspective « naturaliste ». Mais l’architecture domestique peut constituer une approche du social comme l’a souligné A. Coudart (1998). Rappelons qu’en archéologie, on ne dispose que de vestiges qui ont subi des modifications à des degrés variables. Il semble qu’il existe une continuité structurelle dans la façon d’organiser l’espace construit, à l’échelle de l’unité domestique qu’il serait nécessaire de cerner dans une perspective ethnologique et mesurer au fur et à mesure de l’évolution de l’habitation dans le temps. A des échelles d’organisation supérieures, l’ethnoarchéologie est délicate à entreprendre. De l’époque classique à aujourd’hui, des hiatus existent en raison de l’irruption de la conquête, de la politique de l’administration espagnole et des évènements de l’histoire contemporaine. Ces épisodes ont sans aucun doute bouleversé les anciens modes d’occupation indigènes.

risque, puisque la problématique ne serait pas ethnologique, que « l’ethnoarchéologue » se contente d’examiner de façon superficielle les réalités sociales et culturelles. Il semble nécessaire que l’ethnologue ait lui-même une approche beaucoup plus approfondie concernant la culture matérielle pour que, par la suite, l’ethnologie puisse contribuer à réduire les généralisations archéologiques. L’ethnoarchéologie se situe à l’interface de deux disciplines et par conséquent, ethnologues et archéologues doivent travailler ensemble pour mieux comprendre l’habitation et ce qu’elle met en évidence. Elle ouvre de nouvelles perspectives pour l’archéologie et pose de nouvelles questions à l’ethnologie. Perspectives de la recherche sur l’habitation Les études ethnoarchéologiques ont mis en évidence une certaine permanence de formes d’occupation entre le présent et le passé, dans l’architecture et l’organisation de l’espace domestique. Selon A. Leroi-Gourhan (1945), « l’évolution de l’habitation est lente (…) et ceci tient à deux causes : au milieu qui conditionne dans une large mesure la maison et à l’inertie technique en vertu de laquelle on ne change pas, à moins d’un grand profit, la forme d’un toit ou d’une fenêtre qui se montrés suffisants pendant des siècles ». D’un point de vue strictement technique, les maisons préhispaniques les plus simples ont sans doute été construites avec des matériaux similaires à ceux utilisés dans les constructions paysannes actuelles (se reporter à l’étude de Wauchope 1938). Il semble que certains aspects de l’organisation de l’espace domestique demeurent, comme le « système » à adjonction de bâtiments qui évolue au fur et à mesure que le groupe qui l’occupe grandit et se segmente. Certains gestes également se répètent, liées à des activités à caractère social qui n’ont pas changé, comme peut-être la préparation de certaines denrées, l’existence du foyer à pierres angulaires qui nécessitent probablement les mêmes processus pour les mener à bien et peut-être les mêmes outils même si de nouveaux instruments se sont substitués aux anciens. Et derrière ces gestes, l’archéologue a tendance à en oublier les auteurs, les acteurs de l’habitation. Peu d’études ethnoarchéologiques se sont intéressées à la répartition sexuelle des activités au sein de l’espace domestique. Et pourtant, c’est au sein de cet espace que semble s’illustrer le mieux la division des activités entre hommes et femmes. Au niveau archéologique, cette échelle d’analyse pourrait constituer un niveau d’étude intermédiaire entre l’aire d’activité et la « maison ». Certains chercheurs ont déjà proposé des modèles d’organisation ethnographiques dans cette perspective comme Evon Vogt (1969). Certaines activités sont le fait des hommes (travail de la terre, construction des maisons, etc.), d’autres le domaine des femmes. La maison est souvent associée au monde des femmes. Ce sont elles qui donnent naissance aux enfants, qui les élèvent, s’occupent de la préparation des aliments, de l’entretien des espaces, des jardins, et qui vont chercher l’eau au puit. Elles coopèrent également au travail des champs (égrenage du maïs) et pratiquent le tissage comme la poterie. Cette répartition des tâches devrait correspondre à une séparation spatiale des activités qui devrait être mise en évidence en contexte archéologique. Ces aspects participent et relèvent des conceptions indigènes. L’habitation n’est pas seulement mue par des contraintes matérielles. Elle traduit les relations entre l’homme et le milieu, l’ethos d’une société.

Conclusion Les recherches ethnoarchéologiques dont nous avons évoqué la démarche et le raisonnement ont illustré certains aspects de l’espace domestique, selon des problématiques différentes et à des échelles d’analyse définies selon les contextes d’étude. Les études concernant les aires d’activité ont permis de restituer certaines d’entre elles, grâce aux analyses chimiques, et de restituer des espaces d’activité au sein de la structure domestique. L’observation de l’habitation vivante a permis de revenir sur certains aspects qui intéressent l’archéologie. Tout un pan de la démarche concerne la compréhension de la formation des vestiges archéologiques et c’est dans ce domaine qu’elle apparaît la plus convaincante puisqu’elle permet d’ajuster les méthodes archéologiques. La fouille d’habitation récemment abandonnée permet de contrôler les interprétations en terme de zones d’activité avec l’aide d’informateurs avant une réelle application archéologique. Lorsque les aires d’activité sont difficilement identifiables, il a été démontré que l’analyse conjointe de la culture matérielle et de l’articulation spatiale des structures et des espaces peut nous éclairer sur l’organisation domestique. L’exemple des travaux de T. Killion met en évidence le fait que même les activités qui se déroulent à l’extérieur de l’enceinte domestique ont des répercussions sur l’organisation et la gestion des tâches qui se déroulent au sein de l’unité d’habitation. A partir de l’analyse de l’unité domestique, il est possible de faire des inférences sur les modes agricoles. Ces travaux révèlent les limites d’une archéologie centrée uniquement sur les structures alors que d’autres espaces moins visibles constituent également l’espace domestique. Mais ces mêmes travaux sont confrontés, encore aujourd’hui, au manque de fouilles d’unités d’habitation. Elles sont indispensables pour dégager des modèles qui varient selon les contextes d’étude. L’étape la plus difficile à envisager reste celle qui concerne l’application archéologique où parfois l’on constate une grande disparité entre le modèle ethnographique et les données archéologiques. Là encore, il serait nécessaire de multiplier les modèles issus aussi bien de l’ethnologie que de l’archéologie pour permettre les comparaisons. L’ethnoarchéologie reste une stratégie délicate à employer en raison des nombreux paramètres à contrôler lorsque l’on 14

Ethnoarchéologie de l’espace domestique en Méso-Amérique. veut tenter des comparaisons entre situation actuelle et contexte passé. Les degrés de validité de l’analogie perdent en pertinence lorsque les objets comparés deviennent plus complexes et abstraits. Cependant, il est indéniable qu’elle propose de nouvelles interprétations et permet de réduire les généralisations de la recherche archéologique. Le dialogue entre ethnologie et archéologie s’est toujours imposé, mais il semble que cela ait été toujours de manière unilatérale. Afin que les deux disciplines s’entendent, il est nécessaire qu’elles conservent leur propre domaine d’investigation, tout en élaborant un travail commun sur une même problématique, ce qui permettrait de ne pas survoler les aspects qui font leur spécificité. Nous avons parlé d’une continuité structurelle de l’habitation comme artefact entre passé et présent. Notion de continuité dont l’ethnoarchéologue ne peut pas faire l’impasse dans l’aire maya. Mais elle ne doit pas faire écarter les hiatus et les changements qui peuvent être mesurés en partie à la lumière de l’archéologie, l’ethnohistoire et l’ethnologie. Enfin, les chercheurs ont pris conscience que c’est en analysant mieux ce qui se passe au niveau de l’unité domestique qu’ils pourront éventuellement poser en terme plus clair le problème d’unités sociales plus larges et plus abstraites.

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Une technologie du coquillage en Patagonie ? Ethnoarchéologie du « Couteau de Coquillage »

UNE TECHNOLOGIE DU COQUILLAGE EN PATAGONIE ? ETHNOARCHEOLOGIE DU « COUTEAU DE COQUILLAGE »*. Kai SALAS ROSSENBACH Resumen : La Patagonia chilena fue poblada a partir del 6500 A.P. por poblaciones de nómades marinos. Estos grupos orientaron su modo de vida hacia la explotación de los recursos marinos, entre los cuales los moluscos representaron una fuente primordial de recurso alimenticio, además de su uso como materia prima. El « cuchillo de concha » es una herramienta, abundamente descrita por la etnografía, la cual está constituida por una valva de gran choro, enmangada o no, utilizada con distintos usos. El uso de esta herramienta se describe para el trabajo de la carne, el trabajo de la madera, del hueso y también para cortar el cordón umbilical del recién nacido. Este trabajo consiste en la exploracíon del universo técnico de esta herramienta. Al navegar desde las descripciones etnográficas hasta las observaciones microscópicas de la traceología y basado en pruebas experimentales, intentamos definir « cadenas operatorias » de fabricación y utilización de esta herramienta. El objetivo es reposicionar el « cuchillo de concha » en el « medio técnico » característico de estas poblaciones marítimas. Esta presentación es principalmente metodológica, insistiendo en la contribución de la traceología al estudio de un material conchífero y en la pertinencia de un enfoque experimental en contextos cazador-recolectores americanos.

Abstract : Chilean Patagonia is populated since 6500 B.C. by marine nomads. These groups organized their way of life in exploiting marine resources. Within this framework, molluscs represent a paramount source of food, and secondarily of raw material. The "shell knife” is a tool, abundantly described by the ethnography, which consists of a valve of large mussel, with or without handle, serving to various uses. The use of this tool is described for butchery, wood or bone work to cut the umbilical cord of the baby. Our work consists of the exploration of the technical universe of this tool. Using ethnographic descriptions and microscopic observations of microwear analysis, founded on experimental tests, we try to define “chaines opératoires” of manufacture and use of this tool. The idea is to replace the "shell knife” in the "milieu technique” characteristic of these maritime populations. This presentation wants to be mainly methodological, while insisting on the contribution of the microwear analysis on a shelly material and the relevance of an experimental approach in american hunter-gatherer context.

Les archipels de Patagonie représentent un univers marin constitué d’une multitude d’îles, d’îlots et de fjords. Depuis 6500 B.P., cet espace est occupé par des populations de chasseurs-cueilleurs qui nomadisent en canots le long des côtes et dont le mode de vie s’oriente vers l’exploitation du milieu maritime. Mammifères marins, oiseaux et coquillages représentent l’essentiel de leurs ressources alimentaires. Ce modèle particulier, le « nomadisme marin » va perdurer, dans ses grandes lignes, jusqu’au début du 20ème siècle et la disparition des derniers Indiens canoeros. Ainsi, l’ethnographie nous décrit les trois groupes Chono, Alakaluf et Yamana qui nomadisent encore en Patagonie. De nombreux textes font référence à l’utilisation par ces groupes de « couteaux de coquillages ». Cet outil est décrit comme une valve de grande moule, parfois emmanchée, qui servirait à de multiples usages, tel le travail du bois, de l’os, la boucherie, etc. Mais qu’est vraiment cet outil ? L’idée de ce travail est d’étudier cet artefact du point de vue technologique. Il s’agit d’en reconstituer les chaînes opératoires de production et de consommation. Une lecture approfondie des sources ethnographiques nous a permis de constituer une première image de l’outil, de sa fabrication à son utilisation. Mais il nous fallait préciser cette image floue. Le recours à l’expérimentation nous permet de tester les hypothèses ethnographiques. Enfin, l’analyse tracéologique de ce référentiel expérimental concourt à affiner notre

connaissance de l’outil et, de par sa pertinence, ouvre également de nouvelles perspectives méthodologiques en ce qui concerne l’étude du matériel coquillier. Cette analyse du « couteau de coquillage » est présentée en trois mouvements : les hypothèses de l’ethnographie, l’étude des modalités de fabrication et l’expérimentation fonctionnelle du « couteau ».

1. Ethnographie du « couteau de coquillage » : le schéma opératoire théorique Au départ de cette étude, se situe un travail de compilation des données ethnographiques. Celui-ci a permis de rassembler une masse importante d’observations concernant l’exploitation des coquillages par les canoeros. Parmi les observateurs analysés, on pourrait distinguer des explorateurs en quête de ressources, des navigateurs de passage, des militaires, des missionnaires religieux, et parfois des ethnologues venus étudier les Indiens. De ces données brutes, nous avons dégagé les descriptions et les illustrations concernant le « couteau ». Celles-ci nous ont permis de tenter de reconstituer des schémas opératoires. La difficulté réside dans le fait que les observateurs ne concentraient pas forcément leur attention sur les techniques utilisées. Ainsi, ces descriptions sont pour la plupart le fruit du hasard et non d’une

* Texte issu d’un article de D.E.A de l’Université de Paris I,17Panthéon-Sorbonne, intitulé : Ethnarchéologie du « couteau de coquillage » : un essai en technologie coquillière.

Une technologie du coquillage en Patagonie ? Ethnoarchéologie du « Couteau de Coquillage » recherche systématique. Par voie de conséquence, le premier travail d’analyse a consisté à confronter les descriptions de gestes et à en éliminer une partie. Ensuite, ces gestes techniques ont été organisés en chaînes techniques, selon qu’ils concernaient l’acquisition de la matière première, la production ou l’utilisation de l’outil. A l’intérieur de ces divisions primaires, nous avons ensuite tenté de dégager des sous-ensembles de gestes organisés dans une même intention. Nous avons désigné ces sousensembles par le terme de phase.

Les descriptions ethnographiques permettent de dégager trois phases, l’expédition, la collecte et le transport. L’expédition est le déplacement vers la zone d’acquisition. La collecte est le ramassage proprement dit du coquillage. Enfin, le transport consiste à rapporter le coquillage vers le lieu de production.

La figure 3 présente un schéma opératoire simplifié du « couteau de coquillage » emmanché. Ce schéma se décompose en trois chaînes techniques :

La production Il s’agit de l’ensemble des gestes de transformation de la coquille brute en l’outil fini. Quatre phases ont pu être différenciées, l’aiguisage, le façonnage, la pose et enfin la ligature. L’aiguisage est la mise en place par abrasion d’une surface active sur le bord opposé à la charnière de la coquille. Le façonnage est l’enlèvement de la charnière et la réduction de la concavité naturelle de la coquille, en vue de permettre l’emmanchement. La pose est l’ajustement de la coquille façonnée sur le manche en intercalant un calage végétal. La ligature est l’assemblage du manche, de la coquille et du calage à l’aide d’un lien en matière animale.

L’acquisition Elle correspond aux actions liées à la recherche de la matière première, la coquille.

La consommation L’outil fini est utilisé. Nous présentons ici les modes d’action les plus décrits, racler/gratter et couper.

Les figures 1 et 2 montrent des couteaux de coquillages rapportés par des ethnographes. Ils sont constitués d’une coquille de moule, ligaturée par un lien en matière animale sur un manche en pierre.

Fig. 1 : Couteau de coquillage, collection Mission scientifique du Cap Horn, 1891, Musée de l’Homme, France.

Fig . 2 : Couteau de coquillage, collection Rousson-Willems, 1890, Musée de l’Homme, France.

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Une technologie du coquillage en Patagonie ? Ethnoarchéologie du « Couteau de Coquillage »

Fig.3 : Schéma opératoire du « Couteau de coquillage » emmanché (issu de données ethnographiques).

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Une technologie du coquillage en Patagonie ? Ethnoarchéologie du « Couteau de Coquillage » étudiés et le second est de reproduire des outils, le plus fidèlement possible, pour en étudier l’utilisation. Dans notre étude, nous fonctionnerons selon les deux points de vue. Dans un premier temps, l’expérimentation portera sur les techniques de production de l’outil ; elle consistera alors à tester des hypothèses dans le but de percevoir des possibilités et surtout des impossibilités techniques. Dans un second temps, pour ce qui est des modalités d’utilisation, l’idée est surtout de reproduire des traces, de former un référentiel. Les références traitant d’un matériel analogue à celui de notre étude sont rares. On citera l’analyse tracéologique de Mansur-Franchomme (1984) sur deux « couteaux de coquillage » de Patagonie et le travail de Vigié et Courtin (1986) sur les outils sur Mytilus galloprovincialus de la grotte de Camprafaud. Ces deux travaux, novateurs, n’abordent pas les techniques de fabrication (ou d’aménagement) et, du point de vue tracéologique, aucun référentiel expérimental n’est proposé. C’est pourquoi nous nous sommes tournés vers les industries lithiques et osseuses pour trouver des approches comparables à la nôtre. Pour ce qui est de l’étude des techniques de fabrication, nos références ont été principalement celles de la technologie lithique ; nous citerons Pigeot (1991). En ce qui concerne la tracéologie , nous avons travaillé essentiellement à partir des travaux de Plisson (1985) et de Maigrot (1994). Nous utiliserons le vocabulaire de ces disciplines. Nous discuterons de l’intention technique de l’artisan, c'est-à-dire du projet à la base de l’exécution des gestes. Ce projet doit s’adapter à des contraintes matérielles, en d’autres termes, des conditions de structure et d’état de la matière travaillée qui guident les choix et les réponses de l’artisan. Ensuite, la lecture se situe au niveau des « manières de faire » de l’artisan. Pour ce qui est de la description de la gestuelle de l’artisan, les concepts de percussion, de pression, par exemple, ont été utilisés. L’analyse tracéologique a été possible grâce à l’accès au matériel du laboratoire de Préhistoire de l’Université de Paris I. Cette structure dispose d’une binoculaire et d’un microscope métallographique. Notre recherche des traces sur les outils s’est limitée, dans le cadre de ce travail, à l’analyse macroscopique des émoussés et microscopique des stries et micropolis. Les émoussés ont été observés à la binoculaire (x40) ; les stries et les micropolis à la fois à la binoculaire (x40) et au microscope métallographique (x100 et x200).

2. Interrogations et problématique La lecture du schéma opératoire reconstitué à partir de l’ethnographie montre l’imprécision des descriptions des gestes techniques liés au « couteau ». De ces imprécisions naissent des interrogations multiples. Ces questions portent tant sur les techniques de production de l’outil que sur les modalités de son utilisation. Problématiques liées à la production Au sein des techniques de production de l’outil, nous avons choisi de nous pencher sur les techniques liées aux phases de façonnage et de pose. La taille de la coquille : La taille du coquillage intervient lors de l’emmanchement. Nous présenterons ici une discussion expérimentale sur une interrogation : Quel moyen d’action est décrit sous les termes de « cassure » et « éclatement » ? Notre questionnement porte sur la nature de l’action effectuée lors de la taille. Il s’agit de discuter la manière de faire, du mouvement, de la gestuelle de l’artisan. Le calage : Cet élément intervient lors de la pose de la coquille modifiée sur un manche en pierre. Quel est le rôle de cet élément ? Nous nous interrogerons ici sur la nécessité d’intercaler du végétal entre le manche et le coquillage qui sert de partie active. Problématiques liées à la consommation Nous nous sommes également interrogés sur les modalités d’utilisation de l’outil. Dans cette direction, notre recherche a porté sur deux types de travaux, les plus susceptibles de laisser des traces sur l’outil, le travail du bois et celui de l’os. L’idée est de tester l’utilisation du coquillage sur ces deux types de matière. Le but est de confirmer ou d’infirmer les descriptions ethnographiques et surtout d’analyser les traces d’utilisation pour en vérifier la pertinence.

3. Méthode et références Nous prendrons ici le terme « expérimentation » sous son acception la plus large, c'est-à-dire une méthode scientifique qui fonctionne par tests, observation et comparaison des résultats. Pour ce qui de l’archéologie des techniques, elle revêt deux principaux axes. Le premier est de reconstituer et de tester des méthodes de fabrication selon les connaissances et les moyens des groupes humains

Fig. 4 : Coquille brute

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Une technologie du coquillage en Patagonie ? Ethnoarchéologie du « Couteau de Coquillage » coquillage entrent en jeu : ce sont les morphologies de la charnière et du crochet. En effet, cette partie de la valve présente une largeur réduite, une forte concavité et un relief gênant, le crochet. Elle doit donc être supprimée pour obtenir une surface plus plane. Les informations ethnographiques nous décrivent cette action sous les termes de « cassure » et « d’éclatement ». Nous allons discuter plus finement de la technique utilisée. Le point clé de cette séquence est la réponse mécanique de la matière à l’action de l’artisan. En d’autres termes, la manière dont la valve va se fracturer en réponse à l’application d’une force. L’approche expérimentale consiste à tester différentes techniques de taille. Notre choix de variable s’est porté sur le test de trois techniques de taille que sont la pression manuelle, la percussion directe au percuteur en pierre et la percussion directe au percuteur en pierre avec enclume.

4.2 La taille de la coquille Si l’artisan désire emmancher la coquille, il doit en modifier la morphologie car il doit réduire la concavité de la valve pour obtenir une surface aisément adaptable au manche. Lors du façonnage intervient donc une séquence de taille que nous explorons ici expérimentalement. La stratégie de la taille est de façonner la valve pour faciliter l’emmanchement. L’artisan planifie, en termes géométriques, la surface à obtenir. Etant donné que la partie active de l’outil est la partie postérieure de la valve, l’artisan va modifier la partie antérieure. L’artisan est confronté ici à des contraintes matérielles propres à sa matière première. Lors de la séquence de taille, deux éléments de la structure du coquillage entrent en jeu. L’artisan est confronté ici à des contraintes matérielles propres à sa matière première. Lors de la séquence de taille, deux éléments de la structure du

Fig.5 : Schéma stratégique de l’emmanchement incluant la taille de la coquille.

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Une technologie du coquillage en Patagonie ? Ethnoarchéologie du « Couteau de Coquillage » L’extraction du premier enlèvement au niveau de la charnière semble faciliter le second enlèvement. L’inverse est plus difficile. Le contrôle des enlèvements est bon. Cependant, la fracturation d’une valve de longueur supérieure à 11 cm a été impossible. Cette limite correspond au maximum de la force que l’on peut exercer. Au-delà de cette dimension, une autre technique semble nécessaire ; nous avons donc envisagé une percussion au percuteur sur la valve.

4.2.1 La technique de taille par pression manuelle La technique la plus simple a consisté à exercer une pression à la main pour fracturer la valve. Les points de pression ont été choisis pour supprimer la charnière et le crochet en deux enlèvements successifs. Les photos suivantes illustrent la technique utilisée et les résultats obtenus sur une valve droite. Résultats Le travail par pression manuelle a été effectué sur 10 valves. La technique fonctionne très bien. La saisie de la valve entre le pouce et l’index permet un mouvement de levier avec le bras.

Fig. 6: La taille d’une valve par pression manuelle : technique et résultats. 22

Une technologie du coquillage en Patagonie ? Ethnoarchéologie du « Couteau de Coquillage » Résultats Cette opération a été effectuée sur 7 valves. Le contrôle de la fracturation est bon. La méthode permet d’obtenir sans difficultés les deux enlèvements souhaités. La force exercée pour obtenir la fracture est assez faible, l’inertie du percuteur est quasiment suffisante. La préhension de la valve semble un élément important. L’efficacité est accrue par une orientation correcte de la valve. La zone d’impact doit être placée à l’horizontale et reposer sur une assise (main ou jambe). Cet élément nous conduit à tester l’utilisation d’une enclume.

4.2.2 La technique de taille par percussion directe au percuteur en pierre Cette technique a consisté à percuter la face ventrale de la valve à l’aide d’un percuteur en pierre. Ce percuteur provient d’un ramassage sur le littoral. Les points d’impact ont été choisis de manière à supprimer la charnière et le crochet en deux enlèvements. La figure suivante montre la frappe utilisée et le résultat obtenu sur une valve gauche.

Fig. 7 : La taille d’une valve par percussion directe : technique et résultats.

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Une technologie du coquillage en Patagonie ? Ethnoarchéologie du « Couteau de Coquillage » Résultats Le travail par percussion directe sur enclume a été effectué sur 4 valves. La technique fonctionne correctement. Cependant, le contrôle de la taille est moins bon qu’avec la percussion directe simple. La différence tient sûrement à un mauvais placement de l’enclume. En effet, il entraîne probablement une mauvaise diffusion de l’onde de choc, mais cette hypothèse reste invérifiable ici. En résumé, si la technique fonctionne, elle n’apporte aucune amélioration par rapport aux autres.

4.2.3 La technique de taille par percussion directe sur enclume au percuteur en pierre Cette technique, illustrée par la figure 8, a consisté à percuter la face dorsale de la valve à l’aide d’un percuteur en pierre. La face ventrale de la valve repose sur une enclume (galet de plage). Les points d’impact ont été choisis de façon à retirer crochet et charnière.

Fig. 8 : La taille d’une valve par percussion directe sur enclume : technique et résultats.

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Une technologie du coquillage en Patagonie ? Ethnoarchéologie du « Couteau de Coquillage » -les modes de fracture La taille de la valve ne produit pas de cassures conchoïdales. La fracture de la matière répond à d’autres lois mécaniques. L’artisan ne peut passer outre la connaissance de ces lois. Le choix de la technique utilisée passe par cette compréhension précise de la matière travaillée. Ces réactions de la matière doivent être étudiées pour saisir les techniques qui permettent de s’en jouer.

4.2.4 La taille de la coquille : une souplesse tactique ? L’expérience de taille menée sur 21 valves nous apporte des éléments qui permettent de relire les informations ethnographiques. Elle nous permet notamment d’entrevoir la diversité des réponses possibles, mais aussi les limites matérielles à ce champ du possible. La stratégie élaborée à la base de cette séquence est de façonner la valve dans le but d’obtenir une surface adaptée au manche. Le test expérimental montre que l’objectif est atteint aussi bien par percussion directe que par simple pression manuelle. On perçoit ainsi la multitude de techniques possibles englobées sous les termes de « cassure » et « d’éclatement ». Nous semblons toucher ici à une certaine souplesse de la tactique opératoire. La réaction de la matière aux forces exercées est le plus souvent bonne. Notre inexpérience n’a pas été un frein à l’obtention d’un résultat satisfaisant. Elle nous pousse à envisager d’autres techniques plus performantes (pression pédestre ?). En tout état de cause, cette expérimentation ne permet pas de trancher pour une technique en particulier. Elle nous incite cependant à éliminer la percussion sur enclume qui n’apporte aucun avantage. Par contre, nos tests soulignent certains éléments qui ont pu influencer le choix de la technique de taille :

4.3 L’opération de calage lors de l’emmanchement Notre travail expérimental nous a conduit à emmancher 15 valves taillées sur des manches en pierre. Cette opération consiste à disposer la coquille sur le manche en pierre puis à la ligaturer. Le manche se doit d’être préhensile et de posséder une surface adaptée à la faible courbure du fragment de coquille taillée. Selon les descriptions ethnographiques, il est en pierre et mesure plus de 10 cm, sa taille maximale avoisinant les 20 cm : ce sont donc les critères que nous avons retenus pour notre expérimentation. Le manche est issu d’une chaîne d’acquisition distincte qui pourrait être antérieure ou postérieure à la taille de la coquille ; il procède d’un choix effectué parmi des galets naturels, sélectionnés en fonction de leur morphologie. Cependant, il est pratiquement impossible que la courbure du galet choisi corresponde exactement à celle de la valve taillée : d’où la nécessité de procéder à un calage dont le but est d’éviter tout jeu entre le manche et la coquille lors de l’utilisation du couteau, et donc d’en réduire les risques de fractures.

-les dimensions de la valve Les valves de moins de 12 cm possèdent une structure qui peut permettre une taille par pression manuelle. Pour les valves de très grande taille, l’artisan doit sans doute faire appel à une technique particulière. En effet, la force nécessaire à la fracturation est supérieure. La percussion permet de répondre à cette contrainte matérielle.

Fig. 9 : Les manches en pierre retenus 25

Une technologie du coquillage en Patagonie ? Ethnoarchéologie du « Couteau de Coquillage » contraintes mécaniques pouvant entraîner une rupture. La présence du calage permet d’assurer une meilleure ligature en répartissant la pression sur l’ensemble de la surface de la valve. Il réduit artificiellement la concavité de la valve taillée.

L’ethnographie décrit l’utilisation de matières végétales comme calage (mousse ou copeaux de bois). Nous avons choisi de travailler avec de la mousse (fraîche). La pose a été réalisée en deux étapes : -une quantité importante de mousse est posée dans la concavité de la valve (fig. 10, a.) -la valve et le calage sont associés au manche en réalisant une pression importante (fig. 10, b.)

-lors de l’utilisation : l’utilisation de l’outil soumet également la valve à de fortes pressions. La figure 10d en montre un exemple lors du rabotage d’un morceau de hêtre. La pression s’exerce d’abord en 1 (zone de contact entre la valve et la matière), puis elle se répercute en 2, où la valve est mise sous pression en sa partie antérieure. Le calage sert alors d’amortisseur. L’approche expérimentale nous amène à considérer l’importance du calage végétal. Il s’inscrit en complément de la taille pour adapter et protéger la valve, la partie active de l’outil. Sa fonction est de réguler les multiples pressions qui s’exercent sur la valve. Il sert donc à la fois de calage et d’amortisseur.

Le calage utilisé par l’artisan lors de l’emmanchement tient, à notre avis, un rôle essentiel. Il semble participer à la régulation des phénomènes de pression qui vont s’exercer lors de la fabrication et de l’utilisation de l’outil. La mise en place du calage répond à deux types de pressions exercées sur la valve : -lors de l’emmanchement : la ligature entraîne une forte pression sur la valve (fig. 10, c.). La structure de la valve est alors soumise à des

Fig. 10 :

a. Pose du calage dans la concavité d’une valve b. Positionnement de la valve sur son manche c. Ligature et la pression exercée (matérialisée par la flèche) d. L’utilisation en rabotage et les pressions exercée (1. pression directe, 2. pression indirecte)

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Une technologie du coquillage en Patagonie ? Ethnoarchéologie du « Couteau de Coquillage » 5.1 Les matières travaillées et les actions

5. Exploration des modalités d’utilisation du couteau de coquillage

5.1.1-le travail du bois

Afin de mieux préciser les possibilités et les modalités d’utilisation du « couteau de coquillage », nous avons procédé à une expérimentation didactique. Celle-ci a consisté à utiliser nos outils expérimentaux pour travailler différentes matières selon différents moyens d’actions.

1. le hêtre la matière Il s’agit de tiges d’environ 2cm de diamètre de Fagus sylvatica (hêtre commun). Le bois était frais, avec l’écorce. Ce bois a été choisi pour sa proximité avec des espèces patagones. les actions Onze outils ont été utilisés sur le hêtre : sept dans des opérations de rabotage, action transversale, en coupe négative, c'est-à-dire avec un angle d’attaque supérieur à 90°, en « poussant » l’outil (fig. 12, a). Trois en sciant, action longitudinale, en mouvement de « va et vient » (fig. 12, b). Enfin, un outil a servi à entailler la tige, en percussion lancée tranchante (fig. 12, c).

Fig. 11 : Exemple de couteau emmanché expérimental,

2. le cyprès la matière Il s’agit de tiges de Cupressus sp. Le bois était frais avec son écorce. Ce bois a été choisi car il est présent en Patagonie. les actions Onze autres outils ont été utilisés sur du cyprès, chacun durant 10 minutes : cinq pour raboter, trois pour scier et trois pour entailler. Les modes d’actions sont les mêmes que pour le hêtre.

longueur 25 cm.

Trente-quatre outils ont été utilisés. Parmi ceux-ci, 20 sont des outils emmanchés, 6 sont des valves entières et 8 des fragments de valves. Nous allons présenter ici uniquement le travail du bois et de l’os, car ces deux matières ont livrés les traces les plus claires à l’analyse microscopique.

a.

b.

c. Fig. 12 : Les modes d’actions pour le travail du bois a. rabotage b. sciage c. entaillage

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Une technologie du coquillage en Patagonie ? Ethnoarchéologie du « Couteau de Coquillage » si l’une des faces est plus usée que l’autre et planes si le tranchant présente une surface plane après utilisation. Nous les avons également caractérisés de très léger, léger, moyen ou fort, selon l’intensité de l’usure.

5.1.2 -le travail de l’os la matière Nous avons travaillé de l’os de cachalot. Cette matière a été choisie car elle est attestée sur des sites archéologiques en Patagonie. Un rostre (partie de la mâchoire) a été utilisé. L’os était sec.

-les stries Rayures sur la surface d'un outil. Elles sont le résultat de fines particules abrasives venues s'interposer, lors d'une utilisation, entre l'outil et la matière travaillée. Elles témoignent principalement de la cinématique de l'outil. Elles ont été recherchées à la binoculaire (40 x) et au microscope métallographique à des grossissements de 100 et 200 fois. Les critères de description retenus ont été leur localisation (face dorsale ou ventrale), leur nombre (rares, peu nombreuses, nombreuses, très nombreuses), leur largeur (étroites, moyennes, larges), leur longueur (courtes, moyenne, longues), l’allure de l’ensemble formé (entrecroisées, légèrement entrecroisées, globalement parallèles, parallèles). Enfin, nous avons également noté l’organisation des stries par rapport au tranchant (désordonnées, parallèles, perpendiculaires, autre angulation).

les actions Deux outils ont été utilisés durant 10 minutes chacun. Ils ont servis à raboter, action transversale, en coupe négative, avec un angle d’attaque de plus de 90°, en « poussant » l’outil (fig. 13).

-les micropolis (ou polis) Conséquence physico-chimique, lisible optiquement, du contact mécanique entre l’outil et la matière travaillée. Ils informent notamment sur la nature de la matière travaillée et sur la localisation du contact outil-matière. Ils ont été recherchés au microscope métallographique (x100 et x200). Les critères retenus ici pour l’analyse des micropolis sont : leur étendue (marginale, modérée, envahissante ou couvrante), leur localisation (face ventrale ou dorsale), leur trame (lâche, moyenne, serrée ou unie) et leur coalescence (vierge, fluide, douce ou dure).

5.2.2 -les traces issues du travail du bois -1. le travail du hêtre a. Le rabotage (fig. 14)

Fig. 13 : Le rabotage de l’os de cachalot



Emoussé Le rabotage, a produit sur les outils utilisés, au niveau du tranchant, un émoussé très léger asymétrique.



Stries



Poli

Les stries dues au rabotage du hêtre sont localisées au niveau du tranchant. Elles sont nombreuses à très nombreuses, étroites et courtes. L'ensemble des stries montre un parallélisme global. Elles sont orientées perpendiculairement au fil du tranchant.

5.2 Les traces d’utilisation 5.2.1 -Les traces recherchées -les émoussés Il s’agit de la déformation de la partie active d'un outil liée à une perte de matière due à son utilisation. Ils informent principalement de la position de l'outil lors de l'utilisation et de la structure de la matière travaillée. Ils ont été recherchés à la binoculaire à un grossissement de 40 fois. Ils se situent sur le tranchant de l’outil. Nous avons distingué les émoussés, symétriques lorsque les deux faces du tranchant sont usées de la même manière, asymétriques 28

Le rabotage du hêtre se caractérise particulièrement par l'apparition sur le biseau du tranchant d'un poli d'étendue marginale à modérée, de trame unie, de coalescence dure bombée.

Une technologie du coquillage en Patagonie ? Ethnoarchéologie du « Couteau de Coquillage »

Fig. 14: Polis caractéristiques du rabotage de hêtre, x200 b. Le sciage (fig. 15) •

Emoussé L'action de scier a produit sur les outils utilisés, au niveau du tranchant, un émoussé plane léger à moyen.



Stries



c. L’entaillage (fig. 16)

Les stries dues du sciage du hêtre sont localisées au niveau du biseau. Elles sont nombreuses à très nombreuses, étroites et de longueur courte à moyenne. L'ensemble des stries montre un parallélisme global. Elles sont orientées parallèlement au fil du tranchant. Poli



Emoussé L’entaillage a produit, au niveau du tranchant, un émoussé asymétrique fort.



Stries



Poli

L’entaillage du hêtre par percussion lancée semble laisser de rares stries, étroites et courtes. Ces stries sont majoritairement perpendiculaires au tranchant. Le poli observé sur l'outil est très marginal. Sa trame est serrée à unie et sa coalescence est dure.

Le sciage du hêtre se caractérise particulièrement par l'apparition sur le biseau du tranchant d'un poli d'étendue marginale à modérée, de trame unie et de coalescence dure bombée.

Fig.16 : Poli d’entaillage de hêtre. x200

Fig. 15 : Poli de sciage de hêtre, x200 29

Une technologie du coquillage en Patagonie ? Ethnoarchéologie du « Couteau de Coquillage » •

-2. Le travail du cyprès

Poli Le sciage du cyprès se caractérise par l’apparition au niveau du tranchant d'un poli d'étendue modérée, de trame unie, de coalescence dure bombée.

a. Le rabotage (fig. 17) •





Emoussé Le rabotage a produit sur les outils utilisés, au niveau du tranchant, un émoussé asymétrique très léger.

c. L’entaillage Celui-ci n’a pas laissé de traces identifiables.

Stries

Conclusion

Les stries dues au rabotage du cyprès sont localisées au niveau du tranchant. Elles sont nombreuses à très nombreuses, étroites et de longueur courte à moyenne. L'ensemble des stries montre un parallélisme global. Elles sont orientées perpendiculairement au fil du tranchant.

Une comparaison des analyses tracéologiques sur les outils ayant travaillé du hêtre et du cyprès en rabotant nous montre des similitudes fortes. Les polis formés sont comparables. Ils possèdent une même étendue marginale, une trame unie et une coalescence dure. Les actions longitudinales forment des polis similaires mais se différencient indiscutablement par des stries parallèles au tranchant alors qu’elles sont perpendiculaires lors du rabotage. De même, les émoussés se forment planes au sciage et asymétriques au rabotage. Si les modes d’actions sont clairement différenciables, les différents bois travaillés ne le sont pas.

Poli Le rabotage du cyprès se caractérise par l'apparition sur le tranchant d'un poli d'étendue marginale à modérée, de trame unie, de coalescence dure bombée.

5.2.3 -les traces issues du travail de l’os de cachalot a. le rabotage (fig. 18)

Fig. 17 : Polis caractéristiques du rabotage de cyprès, x200



Emoussé Les outils présentent un émoussé moyen de forme asymétrique.



Stries



Poli

Les stries observées sont nombreuses, courtes et étroites. L'ensemble dégage une allure de parallélisme. Ces stries s'organisent perpendiculairement au tranchant. Au niveau de l'arête du bord, se forme un poli marginal. Celui-ci s'organise en plaques de trame unie à coalescence dure "nappée". Les limites des plaques sont franches.

b. Le sciage •

Emoussé L'action de scier, a produit sur les outils utilisés, au niveau du tranchant, un émoussé plane léger.



Stries Les stries dues du sciage du cyprès sont localisées au niveau du tranchant. Elles sont nombreuses à très nombreuses, étroites et de longueur courte. L'ensemble des stries montre un parallélisme global. Elles sont orientées parallèlement au fil du tranchant. Fig. 18 : Plaques de poli dur, rabotage d'os de 30

cachalot, x200

Une technologie du coquillage en Patagonie ? Ethnoarchéologie du « Couteau de Coquillage »

Conclusion Le travail de l’os de cachalot forme sur la valve un poli marginal, mais qui peut se caractériser par sa distribution en plaques aux limites franches et de coalescence dure. Le mode d’action est clairement identifiable par la forme de l’émoussé et l’organisation perpendiculaire au tranchant de l’ensemble des stries.

Conclusion générale L’approche expérimentale du « couteau de coquillage » a été riche d’enseignements. La mise en lumière de techniques complexes de production de l’outil montre des savoir-faire particuliers à la matière coquillière et au « couteau ». La taille du coquillage visant à permettre l’emmanchement nous montre que cette matière première peut faire l’objet d’un traitement semblable à celui de la matière lithique. Mais à la différence qu’ici apparaissent d’autres éventualités techniques plus expéditives telle la taille par simple pression manuelle. Toujours dans la fabrication de l’outil, notre expérimentation révèle la subtilité de la mise en place d’un calage lors de l’emmanchement. Cet élément apparaît comme primordial dans la résolution des problèmes liés aux pressions exercées sur la partie active de l’outil. Il est important de noter que ce calage, en matière végétale, peut passer totalement inaperçu dans un contexte archéologique plus ancien. L’étude des modalités d’utilisation de l’outil nous apporte, modestement, quelques premiers critères de définition des traces laissées par différentes matières et modes d’actions sur le coquillage. L’orientation des stries et la forme des émoussés obtenus en travaillant du bois et de l’os nous montrent que le coquillage « marque » correctement la cinématique de l’utilisation. Le travail de deux bois différents n’a pas permis de caractériser l’espèce travaillée, mais nous permet d’esquisser un type de micropolis laissé par le bois frais. Il s’agirait d’un micropoli plutôt marginal, de trame unie à coalescence dure. Pour ce qui est de l’os, celui-ci se caractériserait par des plaques de poli aux limites franches et de coalescence dure. La multiplication des études sur la matière coquillière, associée à la mise en place de référentiels de qualité infirmera ou confirmera ces premières hypothèses de travail.

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Les relations Homme/Milieu dans l’archéologie Diego Gerez : L’importance du milieu naturel sur le peuplement du sud Quintana Roo (Mexique).

Claude Coutet : Des Andes à la Selva. . .Les relations entre les Andes et l'Amazonie occidentale aux périodes préincaïque.

Pablo Cruz / Anne Touchard : In terra memoris. Les systèmes de production dans le bassin du río Los Puestos (Dept. Ambato, prov. Catamarca).

Erwan Duffait : La red víal prehispánica de la cordillera de Vilcabamba (Departamento de Cuzco, Perú) : un esbozo de estudio.

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L'importance du milieu naturel sur le peuplement du sud Quintana Roo, Mexique.

L'IMPORTANCE DU MILIEU NATUREL SUR LE PEUPLEMENT DU SUD QUINTANA ROO, MEXIQUE*. Diego GEREZ

Resumen : El estudio del medio ambiente del área arqueológica del sur del estado federal del Quintano Roo se matricula en una dinámica de poblamento de las sociedades mayas de las Tierras Bajas centrales, desde el Preclásico Tardío alrededor del 50 d.C. hasta su caída durante el Clásico Terminal entre los 800 et 850 d.C. Paralelamente al cuadro histórico, trataremos del papel esencial del medio natural sobre el desarollo de estas sociedades. La hidrografía particular de este territorio se origina en una red de fallas geológicas que resultan de la actividad tectónica de la planicie del Yucatán. Se constituye hoy por el Rió Hondo que desemboca en la bahía de Chetumal, por lagunas, y por bajos que son zonas pantanosas. Los suelos de los bajos bien fértiles fueron explotados de manera intensiva durante todo el Clásico. Procederemos al análisis de la ocupación de los suelos, y trataremos de los principales fenómenos sísmicos, ciclónicos y climáticos de la región, con el fin de precisar su impacto el que pudo haber inicializado la extinción de la civilización maya en el sur del Quintana Roo.

Abstract : The environmental study of the archaeological area of the south of the federal state of Quintana Roo falls under a dynamics of settlement of Maya society of the Petén cultural sphere, since the Late Preclassic around 50 AD.J-C. to their collapse, with the Classic Terminal between 800 and 850 AC.J-C. In parallel to the historical context, we will address the essential role of the natural environment on the development of this society. The particular hydrography of this area originates in a network of geological faults resulting from the tectonic activity of the Yucatan plate. It is made up today by Rio Hondo flowing in the bay of Chetumal, by water levels, lagoons, and by the bajos, of the marshy zones. The grounds of good-fertility level bajos were exploited in an intensive way during all the Classic period. We will carry out the analysis of the grounds occupation, and address the main seismic, cyclonic and climatic phenomena of the area, in order to define their impact, likely to have caused the extinction of the Maya civilization in southern Quintana Roo.

Introduction La dynamique de peuplement et de développement des sociétés mayas des Basses Terres centrales (Petén et nord du Belize) vers la péninsule du Yucatan (Fig. 1) s'inscrit dans l'étude environnementale de l'aire archéologique du sud de l'Etat Fédéral du Quintana Roo, au Mexique. Elle s'est opérée au Préclassique Tardif vers 50 apr. J.-C. jusqu'au Classique Terminal vers 800 apr. J.-C. Sans sous-estimer l’influence du contexte historique régional, nous traiterons de l'importance du rôle du milieu naturel sur la mise en place et l’existence de ces sociétés, principalement à travers les aspects géologiques, hydrographiques et climatiques. L'aire archéologique s’inscrit dans un quadrilatère de 142 par 151 kilomètres, entre les latitudes 17°50’ et 19°30’, et les longitudes 87°30’ et 89°20’. Elle est délimitée, au nord par la route fédérale 184 reliant la localité de Felipe Carrillo Puerto à Chunhuhub, à l’ouest par l’Etat du Campeche, à l’est par la baie de Chetumal et la mer Caraïbe, et au sud-est par le Rio Hondo fleuve frontalier avec le Belize, et au sud par le Rio Azul fleuve frontalier avec le Petén au Guatemala (Fig. 2). Le relief de ce territoire résulte d'une élévation graduelle du plateau du Yucatan dès le début de l’ère tertiaire, il y a 65 millions d’années environ; il correspond à une étendue de terres de faibles dénivelés, à une vaste plaine sylvestre dont l’altimétrie varie en moyenne entre 10 et 50 mètres au-dessus de la mer. A l’est, vers le Campeche quelques collines culminent aux alentours des 200 mètres. L'hydrographie de ce territoire s’est constituée dans des dépressions géologiques résultant de l’activité tectonique du plateau du Yucatan ; elle fut vraisemblablement modifiée

*Article réalisé dans le cadre d’une recherche doctoral.

par des phénomènes climatiques liés à la présence d’épicentres de turbulences cycloniques situés aux confins de la mer Caraïbe. Ces variations climatiques ont vraisemblablement affecté les végétations de type tropical humide ou humide suivant leurs latitudes. Les premiers centres civiques monumentaux des Basses Terres centrales sont apparus au Préclassique Moyen vers 600 av. J.-C. ; leur propre extension urbaine, administrée au Préclassique Tardif (300 av. J.-C. -250 apr. J.-C.) par un pouvoir très centralisé participera de la dynamique d’occupation de l’ensemble de la sphère Petén. C’est plus tard, au Classique Ancien (250-600 apr. J.-C.), au nordouest du Rio Hondo, dans le sud du Quintana Roo, qu’apparaîtront de nouveaux centres influents : Chakanbakan, Kohunlich et le complexe « Les Quatre » de Dzibanche. Nous situerons les principaux sites archéologiques de ce secteur dans leur environnement immédiat et procéderons à l'analyse de l'occupation des sols, dont le relief et les degrés de fertilité conditionnèrent leur exploitation au Classique Récent, face à une importante expansion démographique. Nous traiterons du rôle possible du milieu naturel et des phénomènes susceptibles d’être à l’origine de l’effondrement, de l’énigme qu’est l'extinction des sociétés mayas du sud du Quintana Roo. Nous développerons tour à tour, sur ce sujet, les hypothèses émises : causes sismiques, causes cycloniques se manifestant par des tempêtes accompagnées de pluies torrentielles, et causes climatiques sous forme de variations de températures et de niveau d’humidité.

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L'importance du milieu naturel sur le peuplement du sud Quintana Roo, Mexique.

L’AIRE MESOAMERICAINE

Péninsule du Yucatan SUD QUINTANA ROO

Baie du Campeche

Mer Caraïbe

SPHERE CULTURELLE PETEN

Fig. 1 : Dynamique de peuplement et contexte régional Source : Linda Schele and Peter Mathews, 1991.

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L'importance du milieu naturel sur le peuplement du sud Quintana Roo, Mexique.

Fig. 2 : Tipographie et hydrographie Extrait de la carte topographique « TPC J-25C », Ech. 1 : 500 000.

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L'importance du milieu naturel sur le peuplement du sud Quintana Roo, Mexique. environ deux kilomètres, « l’Acropole » monumentale de Kinichná qui domine la zone. Les quatre centres furent construits à diverses périodes du Classique Ancien et occupés jusqu’à l’effondrement au Classique Terminal ; bien après, seul Lamay fut réoccupé au Postclassique vers 1100 apr. J.-C. (E. Nalda, 1987, 1995, 2000).

Archéologie du sud du Quintana Roo Historique des recherches Le sud du Quintana Roo fut l'objet d'une série d'explorations et de travaux archéologiques : - de 1909 à 1915, Raymond Merwin, archéologue de l'Université de Harvard, visita et enregistra les sites au nord du Rio Hondo : Oxtankah, Xulhà et Kohunlich. - en 1926, Thomas Gann visita le site de Ichpaatùn, au bord de la baie de Chetumal et proche d’Oxtankah. En 1927, il découvrit Dzibanché (1935, pp. 155-166), et en 1993, 15 kilomètres plus au nord, il visita Resbalón. - en 1929, l'Institut Carnegie organisa avec la Pan America Airways une reconnaissance aérienne sur la péninsule du Yucatan. L'avion piloté par Lindbergh a survolé les 8 et 9 octobre : Kohunlich, Dzibanché, Chacchoben et Chichmuul. - en 1959, fut publié par F. Muller, le premier Atlas archéologique de l’état fédéral du Quintana Roo. Y figuraient notamment : Dzibanche, Ichmuul, Las Higueras, Mario Ancona, Nohbec et Oxtankah. - en 1968, les fouilles de Kohunlich menées par Victor Segovia mirent au jour des vestiges témoins d'une période de constructions monumentales de type acropole, décorées de masques anthropomorphes, et affiliées à la culture Petén du Classique Ancien. - de 1972 à 1974, avec l’appui de l’INAH, (Instituto National de Arqueología y Historia), Peter D. Harrison réalisa une reconnaissance couvrant le sud du Quintana Roo. En 1993, le programme archéologique Sur Quintana Roo du Centro INAH fut lancé et la direction en fut confiée à Enrique Nalda. C’est avec ses collaborateurs : Luz Evelia Campana, Javier Lopez Camacho y Adriana Velasquez Morlet, qu’ils mirent au jour et restaurèrent les sites du complexe « Les quatre » : Dzibanché, Kinichná, Lamay et Tut’til, ainsi que les sites d’Oxtancah et de Chacchoben. - en 1996, dans ce même cadre, l’archéologue Fernando Cortés de Brasdefer effectua des fouilles à Chakanbakan et fit restaurer par Victor Segovia 6 des 14 masques monumentaux stuqués et datés selon lui du Protoclassique.

- Le site de Kohunlich, situé à 9 kilomètres au sud de la route fédérale 186 au niveau du village de Francisco Villa, occupe une aire d’environ 11 km2. Des structures, disposées autour de la la Place principale Ya’axna, furent probablement construites dès le Préclassique Tardif, tout du moins en ce qui concerne l’édifice E-1 orné de masques du dieu solaire. L’édifice E-2 fut réalisé quant à lui en deux étapes constructives, datées respectivement du Classique Ancien et Récent (G.F. Andrews, 1987 - A. Velazquez, 2000). - Chacchoben fut construit à la période du Classique ancien, dans une zone nommée région centrale des lacs (E.M. Romero, 2000). Le site qui s’étend sur près de 6 km2 est situé près de la localité de Lazaro Cardenas. Il est dominé par un Gran Basamento, une plate-forme aux dimensions impressionnantes, haute de 13 mètres, et reposant sur une assise rectangulaire de 120 par 110 mètres; elle est surmontée de quatre structures cérémonielles, dont deux temples-pyramides. - Chakanbakan, près des localités de Laguna Om et de Caoba, est situé au nord de la route fédérale 186, non loin de la frontière avec le Campeche. Le site est regroupé autour du complexe monumental de l’Acropole formé par une grande plate-forme d’assise rectangulaire de 260 mètres par 240 mètres. Au Classique Ancien, au sud-est de l’Acropole fut construit le jeu de balle Ukuchilbaxal. L’imposante pyramide à masques de Nohochbalan qui domine le site (F. Cortes, 1996, 2000) aurait été construite au Protoclassique (ou à la fin du Préclassique Tardif). - Oxtankah, au bord de la baie de Chetumal, est situé à 16 kilomètres au nord de Chetumal et voisine avec un autre site côtier nommé Calderitas. Le site d’explorations et de fouilles d’Oxtankah fut délimité sur une aire d’environ un kilomètre carré environ (H. de Vega Nova, 2000, pp. 107127). Deux des places mises au jour, dont celle dite Des Abeilles, furent construites au Classique Ancien.

Les sites archéologiques Selon Cortés de Brasdefer (1995), 448 sites auraient été inventoriés par l’INAH depuis les années cinquante. Ce chiffre devrait être considéré plutôt comme simpleindicateur à la hausse, d'ensembles plus ou moins importants de terrasses et de monticules recouverts par la végétation. En mars 2004, fut constitué par nos soins un registre archéologique de 147 sites localisés, résultant d'une synthèse des recherches documentaires avec le Centro INAH de Chetumal (Fig. 3). Seuls neuf d'entre eux ont été fouillés, consolidés et restaurés, ce qui atteste d’un certain retard dans les recherches archéologiques de cette région. Quelques autres ont récemment fait l'objet de relevés topographiques tels M.M. de Juarez en 2000, Resbalon en 2001 et Mario Ancona en 2003. Les principaux sites mis au jour sont: - Le complexe de Dzibanché appelé localement "Les Quatre" qui est situé à trois kilomètres au nord-est de l’actuel village de Morocoy. C’est une aire de 14 km2 qui intègre le centre principal de Dzibanche et trois autres espaces civiques : Kinichná, Tut’til et Lamay. Ils sont entourés de nombreuses aires résidentielles et sont reliés par un réseau de sacbe’ob (chemins de pierres, surélevés et stuqués). A l’est de Dzibanché, on trouve successivement les sites de Lamay et Tut'til, et au nord de Dzibanché, à

- Le site de Resbalón distant de 15 kilomètres de Dzibanché fut indiqué par P. Harrison sur sa carte du Uaymil1 Survey Project (1984, p. 22). A la fin des années soixante, Ramon Carrasco et Sylviane Boucher y étudièrent les marches sculptées des escaliers hiéroglyphiques I, II et III de la structure principale2 conservées au musée INAH de Cancun. De façon générale, on constate donc que le peuplement régional et le développement des sites surviennent plus tardivement que dans le Petén, soit au mieux au Préclassique Tardif.

Milieu naturel de l’aire archéologique La géomorphologie La Péninsule du Yucatan est un plateau calcaire qui se forma et émergea graduellement au néogène, à la fin de l’ère tertiaire. Formé de couches calcaires horizontales, seule la dolomie d’origine du crétacé fut fracturée par l’onde de choc de l’impact de la météorite Chicxulub, il y a de cela, environ 65 millions d’années. 38

L'importance du milieu naturel sur le peuplement du sud Quintana Roo, Mexique.

Fig. 3 : L’aire archéologique centrale D’après Luz Evelia Campana, base cartographique INEGI, 1987, zone E16-4-7.

L’hydrographie

L’altimétrie moyenne du plateau au sud du Quintana Roo, au-dessus du niveau de la mer est en moyenne de 35 mètres, pour buter au sud-ouest sur un ressaut d’environ 120 mètres. La pression de la plaque tectonique Cocos jusqu'au nordouest et les déplacements horizontaux avec élargissements simultanés dans la région de la faille Cayman, induirent le système de faille « Rio Hondo-Bacalar » (Fig. 7) : à savoir un mouvement d'inclinaison montant peu à peu vers le sud pour atteindre les 180 mètres, et des ruptures fragmentaires (Enno Seele, 2001). Tout au sud de la zone, dans le secteur de La Unión, au bord du Rio Hondo, on peut observer des formations géomorphologiques récentes, liées selon l’auteur, à un réveil de l’activité tectonique de la péninsule. Les failles enregistrées sont majoritairement du quaternaire, en incluant les périodes glacières du pléistocène qui affectèrent le climat et le niveau de la mer3. Entre les élévations de terrain, dont certaines culminent à 180 mètres et les dépressions géologiques, de nombreux plans d’eau ont fait leur lit. Sur les éminences, la roche pedregoso4 affleure ; elle provient des soubassements rocheux calcaires. Les caractéristiques dominantes de l'aire définie se résument donc à un relief où alternent les plaines sylvestres, les dépressions et les collines, et un sous-sol perméable où l'eau des pluies s'infiltre, dissout la roche calcaire et forme ainsi des grottes et par effondrement de grands puits naturels, les cenotes. La formation des dépressions eut pour origine l'affaissement du terrain par dissolution des roches carbonatées sous-jacentes. Une fois formées, véritables évents, elles formèrent les lagunas et les bajos.

Une des caractéristiques du sud du Quintana Roo est la rareté du drainage naturel superficiel qui se limite au Rio Hondo, de faible débit, qui fait la jonction entre la Baie de Chetumal et le Petén central au Guatemala par l’intermédiaire du Rio Azul. Nous observerons également l’existence dans la région de cours d’eau saisonniers nommés Rios Escondidos. Le Rio Hondo dans son cours inférieur a une profondeur de 9 mètres, sa source se situe au Guatemala, où il est nommé Rio Tikal, et culmine à 50 mètres au-dessus du niveau de la mer. En revanche l’hydrographie de la région bénéficie de nombreux plans d’eau, les lagunas (Fig.2) et les cenotes. Les lagunas peu profondes se sont formées dans des dépressions géologiques de faible dénivelé. Quant aux cenotes, ils résultent d’effondrements ou de fractures de terrain. A ces réservoirs naturels viennent s’ajouter des zones humides et inondables, les bajos. Nous dénombrons sur notre zone archéologique quatre zones lacustres : - Le système lacustre proche de la Baie de Chetumal qui regroupe les lagunas Bacalar, Hile Verde, Roja, Guerrero, Champucté, San Felipe, et Laguna Reforma. La laguna Guerrero communique avec la baie de Chetumal par un canal apte à la navigation, sauf à marée basse. La salinité des eaux de la laguna Guerrero n'est pas très élevée, en raison de l'apport supplémentaire, à marée haute, des eaux douces du petit río Raudales. Ce cours d'eau fonctionne comme un canal de jonction avec la laguna Bacalar. Par contre la 39

L'importance du milieu naturel sur le peuplement du sud Quintana Roo, Mexique. salinité de la laguna Roja proche de la laguna Guerrero est relativement élevée. - La région centrale des lacs se situe entre Chacchoben et la route fédérale passant par Felipe Carillo Puerto ; elle regroupe les lagunas Chacchoben, Noh Bec, Valle Hermoso, Peytoro, Sac Ayin Kanab et Ocom. - La région frontalière de la zone archéologique Río Bec au Campeche regroupe quant à elle les petites lagunas de Chacambacab, Caoba, Om et San José de Aguila. - Dans l’aire de recherches géodésiques de La Union, tout au sud de la zone, couvrant une superficie de 200 km2, on dénombre plus de 25 cenotes (Fig. 4), de dimensions diverses, de 50 à 500 mètres de diamètre, cachés par l’environnement sylvestre. L’hydrographie de surface est entretenue par les précipitations pluviales d’un niveau compris entre 2000 et 1500 mm du à l’évaporation ou sudation végétale, les masses d’eau maintenues par les sols, et le drainage de superficie. Elle est conditionnée par les perturbations de la couche terrestre provoquées par les mouvements tectoniques du plateau péninsulaire, sous forme de soulèvements, d’inclinaisons et de fractures du terrain, et par les variations climatiques et du niveau de la mer.

lagunas et des bajos couvrant l’ensemble du territoire, et d’une variété de sols plutôt fertiles et générateurs d’une grande biodiversité. En effet, une faune abondante et variée habite cette bio-zone, elle est composée de gibiers à poils (cerfs, pécaris, tapirs, lièvres etc..), de gibiers à plumes (canards, faisans, perdrix, pigeons etc..) et d’une faune lacustre abondante.

Les ressources

Au Préclassique Moyen (1000-300 av. J.-C.), des sociétés d’agriculteurs mayas étaient déjà implantées dans les Basses Terres du Sud, et leur population connaissait une croissance remarquable. Cette période fut le théâtre de la mise en place des premières sociétés urbaines ordonnancées et de la naissance de la civilisation maya. Vers 500 av. J.-C. l’architecture publique monumentale apparaît, notamment à Nakbé qui passe de la dimension et de la fonction de village à celle de cité. Rapidement, des sites comme El Mirador, Tikal et Uaxactun, la mise en place de structures publiques sophistiquées, reflet d’une hiérarchisation sociale, est également observée. Un peu plus tard, à compter de 300 av. J.-C. au Préclassique Tardif, l'implantation de centres civiques s’accélère dans toutes les Basses Terres centrales du Petén et du nord du Belize.

Facteurs d’une dynamique de peuplement Une description préalable de la sphère culturelle maya du Petén et de son rôle dans la dynamique de peuplement de notre aire archéologique s’impose à notre approche. Pourquoi ? Pour deux raisons essentielles : une géographie similaire, au-delà des rios Hondo et Azul, et un contexte historique conflictuel permanent lié au développement urbain et territorial de ses deux grandes cités-états de Tikal et de Calakmul. Nous considérons que son influence s’est exercée très nettement dans la dynamique de peuplement qui s’est opérée au sud du Quintana Roo dès le Préclassique Tardif (300 av. J.-C.-250 apr. J.-C.), jusqu’au Classique Récent (600–800 apr. J.-C.).

Les origines culturelles

Steggerda, en 1941, proposa, sous une désignation en mayayucatèque, une classification des sols de la région, prenant en compte : l’aspect coloré, la présence de matière basique, la quantité d'oxyde de fer, le drainage etc… Les principaux types concernés sont le kankab, prédominant en ak'alche (parties basses des bajos), sols profonds, humides, de couleur rouge claire et de moyenne fertilité, et le tzekel kankab en ak'alche, sols humides, de couleur noire et de grande fertilité. Des trois facteurs conditionnant les sols du sud du Quintana Roo : la teneur en argile, le microclimat et le relief, nous retiendrons la typologie de la géologue J. Morales Rosas (1999, pp. 41-49) basée sur ce dernier. Les sols se trouvant en-dessous des 200 mètres correspondent aux lithosols et aux rendzines, de couleur variant du brun au rougeâtre ; la profondeur du lithosol n'excède pas les 10 centimètres, celle du rendzine peut dépasser les 30 centimètres. Dans les parties basses des bajos, on trouve des sols plus profonds, de texture fine, qui correspondent aux vertisols, parfois associés au lithosol et au rendzine. C’est l’humus qui compose la superficie biologique du sol, d'une épaisseur de 20 à 30 centimètres et la décomposition des calcaires sous-jacents qui donnent des terres argileuses de grise ou noire. Les faibles amplitudes en variation thermique de cette région chaude et les précipitations annuelles durant sept mois, entretiennent une végétation tropicale dense faisant place rapidement à une forêt claire couvrant une vaste partie du sud du Quintana Roo. Aux frontières du Guatemala et du Belize, le régime des pluies lui permet d’être plus dense et plus haute5. La couverture végétale de la région est une forêt semi-humide de type sempervirent, moyenne ; sa hauteur varie de 15 à 30 mètres et elle occupe 85% du territoire. Elle est composée d’une grande diversité de ligneux : ramon, cèdre tropical, caoba, et de plusieurs variétés de palmiers, en particulier la palma corrozo qu’on retrouve à Kohunlich et à Chacchoben. En remontant vers le Nord, elle perd progressivement de son unicité au profit d’une végétation secondaire formée par de la brousse et de la savane. Le sud du Quintana Roo a bénéficié par son relief et son climat tropical d’une hydrographie constituée par des

Lleurs habitants se lancent sur une grande échelle dans des chantiers d’architecture monumentale, transformant des sites comme Calakmul, El Mirador, Lamanaï, Tikal et Uaxactun en des centres urbains, modèles d’une grande complexité. Ces cités « vertes » totalement intégrées dans le milieu naturel regroupent une multitude de hameaux agricoles avec leurs vergers et leurs champs, organisées autour d’édifices majestueux à fonctions publique et résidentielle. Le Classique Ancien fut marqué par la naissance de cités-états, de grandes agglomérations intégrant des centres civiques secondaires. Elles se sont développées dans les zones du Petén située au nord du Guatemala, au nord du Belize, et dans le sud des états fédéraux du Campeche et du Quintana Roo au Mexique. La sphère culturelle Petén constituait le berceau du monde Maya Classique. Nous citerons par exemple pour la caractériser l'existence : - de l'écriture glyphique6 et du système calendérique en compte long gravé sur les monuments et sur les stèles. Ce système de datation fut utilisé par les Mayas jusqu’à l’effondrement de leur grande période Classique (Thomson, 1972, pp. 21-22) ; - des complexes architecturaux à caractère civique intégrant des places publiques délimitées par des temples-pyramides ornés de masques monumentaux, des plates-formes 40

L'importance du milieu naturel sur le peuplement du sud Quintana Roo, Mexique. dénivelé, se situe entre 0 et 50 mètres. Chacchoben est situé au sud de cette région, à proximité des lagunas Chacchoben, El Ocho et Teresita. Non loin, aux alentours, on remarquera la présence de bajos. Le site est implanté dans un environnement végétal se composant d’îlots de forêt sempervirente moyenne au milieu de brousses et de pâtures. On remarquera la présence d’un îlot de palmiers corozos au sud du site.

résidentielles et des jeux de balle. Calakmul, Caracol, El Mirador, Lamanaï, Naranjo, Rio Azul, Tikal et Uaxactun en sont les exemples les plus connus. Sites remarquables par l’importance de leurs dimensions urbaines, de leurs stylistiques architecturales, et de leur rôle politique connu dans un contexte régional troublé qui marquèrent la fin du Préclassique Tardif jusqu’au Classique Récent (R.E.W. Adams, 1989 ; T. Proskouriakoff, 1993, pp. 1-66). De 495 à 562 les relations conflictuelles permanentes entre Tikal et Calakmul sembleraient les avoir encouragés à des fins stratégiques : - à coloniser de nouveaux territoires déjà exploités par de petites sociétés agricoles et y implanter de nouveaux centres administratifs, dont l’influence s’étendaient entre 6000 et 15000 km2. L’importance d’un centre majeur se mesurait au niveau de sa densité urbaine comme Tikal avec une population estimé à 40.000 habitants au Classique Récent (W. Coe, 1988). - à nouer des alliances militaires et économiques avec des centres voisins : Caracol, El Peru, Naranjo, Río Azul etc... - à instaurer parfois des liens dynastiques avec ces nouveaux centres en organisant des mariages royaux en vue de l’instauration de nouveaux lignages. Cette idéologie expansionniste des zones sud et nord du Petén central aurait eu pour conséquence d’accélérer une dynamique de peuplement dès le Classique Ancien sur le territoire du sud du Quintana Roo. Sur le site de Dzibanché,7 des indices archéologiques de liens avec Calakmul seraient datés de 495 et de 554. A Resbalón une relation possible avec El Perù allié de Calakmul est datée de 560. A Ichpaatùn, T. Gann trouva deux stèles dont une est datée de 593 apr. J.-C.

- Chakanbakan, signifiant en maya yucatèque « entouré de brousse », est située au sud-ouest de notre zone archéologique, proche de la zone Rio Bec au Campeche. L’hydrographie de la zone est constituée par un système lacustre formé par quatre lagunas : Om, Chakanbakan, Chi et Chakanbacta. Le site fut construit au bord de la Laguna Om et la présence de bajos, d’aguadas et de chultunes nous indique un grand potentiel de subsistance. De surcroît, les sols des alentours de Chakanbakan, de type tzekel-kankab, sont particulièrement fertiles. - Le site d’Oxtankah au milieu de la forêt où domine l’arbre ramon est proche de la baie de Chetumal, distante d’environ un kilomètre, face à l’île de Tamalcab. A l’est, plus éloigné de ce système lacustre s’étend une zone de lagunas et de bajos entourant les collines près desquelles furent érigées les structures d’Oxtankah. Des chultunes ont été mis au jour près de zones résidentielles. Les habitants d’Oxtankah bénéficiaient d’une position hydrographique privilégiée tant par la proximité d'une alimentation de pêche maritime que lacustre. A l’instar de ces sites archéologiques mis au jour, les besoins en eaux des anciens habitants de tous les autres centres civiques de la région devaient être assurés en période sèche (Fig. 4). Les milieux maritimes et lacustres environnant constituaient de surcroît une réserve supplémentaire de ressources alimentaires.

L’implantation des sites Les diverses configurations des principaux sites archéologiques du sud du Quintana Roo dans leur environnement naturel devraient nous apporter une meilleure compréhension des conditions et des raisons de leur installation et de leur développement : - Le complexe « Les Quatre » de Dzibanche est implanté sur une aire de hautes terres et de collines, culminant à 100 mètres, et entourées de bajos. Les sols bien drainés sont fertiles et le site bénéficie d’une grande biodiversité. Le Rio Hondo marque la limite de cette aire archéologique centrale bordée à l’ouest par le bajo de Morocoy. Les sites sont alimentés par deux cours d’eau saisonniers, El Tigrito et Ucum nommé également Rio Escondido, (un par mis d’autres), qui alimentent une grande mare proche de Dzibanche, la aguada de Los Patos.

L’exploitation des ressources De nombreux indices archéologiques (petites plates-formes basses en terre et pierres, présence de matériel anthropique) révèlent la présence d'une multitude de hameaux agricoles autour et entre les centres civiques de la zone. En effet, dès le Classique Ancien, les habitants développèrent l’agriculture par l’emploi de techniques intensives, basées sur une main d’œuvre rurale nombreuse, l’irrigation des terres cultivables, le drainage des parties basses et le stockage de l’eau. L’humus qui compose la superficie biologique du sol calcaire, d'une épaisseur de 30 à 60 centimètres et la décomposition des calcaires donnent des terres argileuses fertiles de couleur rougeâtre, grise ou noire. Elles se prêtaient diversement, suivant leur composition, à une agriculture durable et intensive. Se référant aux pratiques encore en vigueur, les paléoenvironnementalistes admettent la primauté de la culture itinérante du maïs indispensable à la subsistance des habitants. Par contre, ils ont peu d'informations archéologiques pour définir précisément les modèles agricoles du Préclassique. Le cadre conventionnel de l’agriculture maya est le modèle de la culture céréalière itinérante et temporaire du maïs, probablement adjointe à celles des haricots, des citrouilles et du chile. L’observation de la baisse rapide du rendement et les pratiques des agriculteurs contemporains renforcent l’hypothèse que l’unique type de culture possible dans ces terres serait un système de rotation d’essartement qui permettrait à la forêt de se régénérer entre chaque intervalle. Chaque parcelle devait être cultivée pendant deux ans et laissée ensuite en friche, en jachère de quatre à sept ans au

- Kohunlich fut construit sur une plate-forme naturelle. Cette surélévation s'inscrit dans un relief sinueux formé par des collines culminant à 120 mètres. Les sols fertiles des bajos environnants sont de type tzekel et tzekel-kankab. Son environnement végétal se distingue par la présence de palmiers « cohunes » (Corrozos) qui devint l’appellation du site. L’aire de Kohunlich est alimentée par plusieurs sources et les anciens habitants du site y aménagèrent une aguada (mare ou bassin) et des chultunes (13 de ces puits furent mis au jour). - Chacchoben quisignifie en maya yucatèque « maïs rouge » fut construit à la période du Classique, dans la zone nommée Région centrale des lacs. La topographie du site, de faible 41

L'importance du milieu naturel sur le peuplement du sud Quintana Roo, Mexique. explication correspond à l’origine à des conditions d’accueil peut-être plus favorables dans les Basses Terres centrales. Une seconde explication confirme la précédente, celle de faiblesses du milieu naturel de la zone, caractérisée par un manque d’eau courante, une disparité des sols et une trop grande extension des bajos. C’est seulement après avoir maîtrisé les techniques des terrasses et des champs surélevés, que les Mayas colonisèrent le sud-est du Yucatan. Malgré une abondance apparente de ressources, la zone apparaît plus « fragile », à contrario de ce qui à été admis. L’examen du Collapse régional nous fournira quelques clefs de compréhension.

Petén et de dix à quinze ans au sud du Quintana Roo. Il est clair que l’agriculture itinérante a une limite incontournable imposée par une proportion de population dans un territoire disponible. Les vestiges de champs surélevés et drainés le long du Rio Hondo ont été datés provisoirement entre le Préclassique Tardif et le Classique Récent (Hammond, 1976). La construction de ces plates-formes (terre-plein) de cinq à six mètres de large, de 25 à 30 mètres de long et d’un mètre de hauteur nécessita une quantité de travaux considérables. Ces plates formes devaient être recouvertes d’arbres fruitiers et de tubercules de maturation longue comme par exemple la mandioca, et de petites parcelles de maïs. Les quelques routes fluviales (Río Azul, Río Hondo.. ) pénétrant la péninsule du Yucatan pourrait avoir été le théâtre d'expérimentations agricoles très anciennes, dès le Préclassique Moyen. Autour des bajos et des diverses dépressions, les techniques de drainage sont associées à la construction extensive de terrasses dont les vestiges, qui se comptent par milliers, recouvrent les versants du sud du Campeche et du Quintana Roo sur une aire de plus de 10000 kilomètres carrés (Turner, 1974). Le développement graduel de ces techniques intensives est attribué à l'accroissement de la population durant le Classique Récent. L’intensification agricole pouvait se résumer à un modèle type constitué par des milpas avec plusieurs récoltes dans la mesure du possible, des champs surélevés drainés en aires alluviales ou marécageuses, des terrasses en versants, des jardins potagers organisés en parcelles fixes. Il pouvait constituer la base de subsistance d'une densité de population située entre 110 et 190 habitants par km2. La preuve tangible des techniques agricoles intensives des Mayas des Basses terres centrales et du nord est l'existence des vestiges de champs surélevés et drainés situés le long des fleuves Candelaria et Usumacinta (Puleston et Puleston, 1971 ; Siemens et Puleston, 1972). Dennis Puleston (1968) fut parmi les premiers mayanistes à contredire la croyance sur la culture prépondérante de la milpa dans la société maya. Il situa et décrivit l'importance potentielle des tubercules et des fruits dans la nourriture des populations locales. Elles consommaient les tubercules très répandues, nutritives (apports protéiniques) et faciles à cultiver : Malanga, Yuca, Camote et Jicama. Pour ce qui est des arbres exploités par les Mayas, ils passent avec facilité du sauvage au domestique et vice et versa. L'association statistique de l'arbre Ramon (Brosimum) avec les emplacements des monticules ou des vestiges d'habitation, est une démonstration de ce processus. Ces arbres produisaient des fruits d'importance économique vitale à la subsistance des habitants. Parallèlement aux luttes et aux manoeuvres hégémoniques de Tikal et de Calakmul capitales régionales de la sphère Petén, on assiste au sud du Quintana Roo à l’installation des complexes civiques de Dzibanché, de Kohunlich et d’autres centres importants. Leur implantation se fit soit au bord des lagunas (Chacchoben, Chakanbacan), soit systématiquement, non loin des bajos humides et fertiles, à une distance de 1 à 5 kilomètres (Fig. 5). L’équilibre entre la production des agrosystèmes (champs et vergers) et la consommation des nouveaux habitants était fragile et pouvait être rompu par la moindre perturbation climatique.

Le Collapse, plusieurs hypothèses L’effondrement brutal de nombreuses cités mayas demeure encore une énigme et pose un défi majeur à l’archéologie mésoaméricaine. L'extinction de la civilisation maya de l’aire archéologique du sud du Quintana Roo a commencé entre le huitième et le neuvième siècle, même si certaines cités ont poursuivi leurs activités jusqu’au Xe, voire au XIe siècle. Plusieurs hypothèses ont été avancées sur les causes de ces phénomènes ; il pourrait s’agir, selon les auteurs, d’épidémies, d’invasions extérieures ou de révoltes des populations sinistrées à l’encontre de leurs élites dirigeantes. Ces théories n’ont pu être infirmées, ni prouvées. Un des effets catastrophiques parmi les plus plausibles pourrait être la famine causée par une rupture d’équilibre entre les possibilités du rendement des sols et les besoins alimentaires d’une population en accroissement ; cette hypothèse, vue l’importance et l’étendue des terres exploitées est à priori incomplète et orienterait les archéologues dans leurs recherches sur les migrations, les guerres et les catastrophes naturelles. A la fin du Classique Récent, les grands centres civiques de Dzibanche et de Kohunlich perdirent de leur influence au profit de multiples petites unités politiques moins centralisées et regroupées dans la région centrale des lacs. Les nouveaux centres de pouvoir par exemple : de M.M. de Juarez, Los Tres Reyes et Valle Hermoso étaient plus proches les uns des autres et moins étendus. Aux alentours des années 800-850, selon des indices archéologiques, commença l’abandon des cités mayas du sud du Quintana Roo. Parmi les théories avancées, celles qui impliquent des causes naturelles de l’effondrement de ces sociétés peuvent se résumer en trois points.

Des causes sismiques Des tremblements de terre qui déclenchent des oscillations longitudinales (avançant à la vitesse du son) peuvent mettrent en œuvres des vagues destructrices. Les raz de marée sont des ensembles de vagues les plus destructrices que l'on connaisse ; ils sont déclenchés par des glissements de terrains sous-marins, au cours d'un tremblement de terre ou par l'éruption de volcans sous-marins. Dans la péninsule du Yucatan, aucun tremblement de terre de niveau dévastateur, suivi de raz de marée, ne fut enregistré depuis la période coloniale. En revanche, tout au sud du Quintana Roo, proche du Rio Hondo, dans la zone de la Union, nombre de formations géomorphologiques présentent un intérêt archéologique analysé récemment par Enno Seele (2001). Elles auraient été accentuées par une activité tectonique récente dont la courbe ou profil de rupture nous révèle le secteur de la Union culminant à 180 mètres audessus du niveau de la mer.

On peut s’étonner, vu sa proximité avec la sphère Petén, que cette zone hospitalière ne fut pas occupé antérieurement. Plusieurs facteurs expliquent ce retard à l’installation des Mayas dans le sud du Quintana Roo. La première 42

L'importance du milieu naturel sur le peuplement du sud Quintana Roo, Mexique.

Fig . 4 : Cenote de Lagarto. Falaise de fracture du tertiaire Enno Seele, 2001, p. 97

Fig. 5 : Sites et bajos D’après Javier Lopez Camacho, base cartographique INEGI, 1987, zone 27A.

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L'importance du milieu naturel sur le peuplement du sud Quintana Roo, Mexique. et de la région du Petén entre 800 et 850 apr. J.-C., à savoir, un changement climatique brutal. Un climat très sec se serait installé dans les basses centrales pendant plusieurs décennies, marqué par trois sécheresses de grande ampleur. Selon Hodell, la plus grande aurait été observée vers 800 de notre ère, elle correspondrait au début de la décadence des sociétés mayas, notamment dans le sud du Quintana Roo. La subsistance des Mayas installés à proximité des ríos, des lagunas, des cenotes, et non loin des bajos dépendait des conséquences des variations climatiques sur leurs agrosystèmes. Des analyses de sédiments prélevés à faible profondeur, dans les ríos Hondo et Azul, a permis aux scientifiques de calculer les débits de ces cours d’eau depuis 2000 ans environ, dans les zones résidentielles mayas proches. D’après les résultats, la disparition de la civilisation maya aurait été causée par le pic d’un cycle solaire de 206 ans. Elle aurait connu des périodes de productivité ralentie et au final aurait disparu à cause des effets climatiques de ce cycle solaire de 206 ans. En 2001, le géologue américain David Hodell et son équipe ont procédé à des sondages dans la laguna de Chichancanab afin d’y extraire des « carottes » de sédiments, dont les plus anciens ont 2600 ans. Laguna Chichancanab8 située dans la partie centrale du Quintana Roo, est le plan d’eau le plus grand, après Laguna Bacalar ; elle porte le nom du site découvert par Fernandez Manuel A. (1937). Les chercheurs ont trouvé dans les prélèvements des strates de gypse dont la formation s’est opérée dans les eaux de la laguna, suite à de fortes sécheresses. Cette présence de grandes quantités de gypse est la preuve, selon les géologues, d’un déficit en eau. Selon l'analyse de l'échantillon des sédiments, un cycle de grandes sécheresses apparaîtrait tous les 208 ans, correspondant à deux ans près à un pic de cycle solaire invoqué précédemment et lié à l'accroissement de son activité. Un léger réchauffement climatique aurait donc pu causer une baisse des précipitations entraînant plusieurs sécheresses dans le sud du Quintana Roo, causant ainsi un ralentissement catastrophique des productions agricoles autour des centres urbains.

Cette élévation et l’inclinaison des massifs au-delà de la faille interrompirent un passage direct à la mer Caraïbe du Rio Hondo ou d’un de ses anciens affluents. Seele, s’appuyant sur cette hypothèse, émet une théorie de l’inondation qui s’étendait du sud du Quintana Roo au Petén central. Elle aurait été produite par une période de violentes intempéries. Seele appuie sa théorie de l’inondation sur la concordance chronologique de deux indices. Le premier serait un mouvement sismique sur la zone de failles « Bacalar-Rio Hondo » (Fig. 6) provoquée par une forte éruption du volcan Popocatépetl dans le bassin de Mexico aux alentours de 800 apr. J.-C. . Le deuxième indice serait une iconographie peinte sur un os trouvé dans la tombe 116 à Tikal ; sur cet os est mentionné la date de 736 apr. J.-C et le nom du souverain, Chan K’awill, qui figure, se déplaçant sur une embarcation. Le rapprochement est audacieux, car rien n’empêchait ce dirigeant de voyager réellement sur un cours d’eau ou symboliquement dans l’inframonde aquatique des Mayas. L’hypothèse sismique est à ce jour peu probable.

Des causes cycloniques Les cyclones tropicaux régionaux sont formés par des vents périodiques qui ont leurs origines dans les zones maritimes situées à l’est de la péninsule du Yucatan, près du Tropique du Cancer (A. E. Nava, 1986, p. 46). La matrice est située dans l’Atlantique Est entre les latitudes Nord de 8° et 12°, au sud des Iles du Cap Vert (Fig. 7). Ils forment de gigantesques tourbillons capables de détruire de nombreux obstacles qui s’opposent à leur passage, provoquant des pluies torrentielles dans leur aire d’activité s’étendant sur plusieurs milliers de kilomètres carrés. Ils sont redoutables par les destructions occasionnées dans les milieux urbains et dans les zones agricoles. L’état du Quintana Roo est le territoire du Mexique qui a été touché par le plus grand nombre de cyclones issus de l’épicentre « Caraïbe oriental », qui sévit en juillet. De 1952 à 1978, ce furent 46 cyclones qui traversèrent le territoire. De triste mémoire, nous citerons les cyclones Janet, le 29 septembre 1955 et Carmen le 29 août 1974 ; le premier détruisit totalement l’ancienne ville de Chetumal. Depuis 1995, l’ensemble architectural du site de Lamay a souffert de détériorations graduelles produites par une série de cyclones et intempéries qui ont frappé le sud du Quintana Roo. Ce sont les ouragans Roxanne et Opal en 1995, Mitch en 1998 et Keith en 2000. Ceci amena en 2002 les archéologues de l’INAH à consolider de façon urgente l’ensemble des édifices mis au jour du complexe de Dzibanché. Du 20 au 26 septembre 2002, l'ouragan Isidore s'est abattu sur la péninsule du Yucatan, avec des rafales de vents de plus de 165km/h, accompagnées de violentes averses et faisant de nombreuses victimes. L'ouragan a déraciné des arbres et arraché des toits de maisons; il est classé dans la catégorie 3 sur l'échelle Saffir-Simpson (qui en compte 5). A la lumière de ces récentes catastrophes naturelles, l’hypothèse d’une période cyclonique au Classique Terminal ayant dévasté les centres urbains mayas et peut-être ravagé les sols du sud du Quintana Roo est possible.

Conclusion Dès le Préclassique tardif, des populations mayas issues de la sphère Petén se sont implantées dans le territoire correspondant au sud de l’actuel Quintana Roo. Cette colonisation s’est amplifiée au Classique Ancien, elle serait la résultante d’une dynamique de peuplement générée par une culture expansionniste en vigueur dans les basses terres centrales. L’installation généralisée des nouveaux habitants près du Río Hondo, des zones de lagunas, de cenotes, et non loin de bajos, souligne le rôle majeur du milieu naturel sur le développement rapide de ces sociétés dans le cadre de connaissances techniques déjà acquises et maîtrisées. Ce territoire a bénéficié par son relief et son climat tropical humide et semi-humide, d’une hydrographie accueillante à laquelle s’ajoutait une variété de sols argileux et fertiles, plus particulièrement ceux des bajos. L’exploitation intensive de ces bajos a pu largement assurer la subsistance des populations d’agriculteurs regroupées autour des centres civiques locaux, notamment ceux de Dzibanché et de Kohunlich, véritables cités-états locales. Les révélatrices d’une large période climatique, favorable à l’agriculture, du Préclassique Ancien au Classique Terminal. Dès le Classique Ancien, plusieurs indices archéologiques indiquent une prolifération de hameaux agricoles entre les

Des causes climatiques Une équipe de paléoenvironnementalistes de l’Université de Floride, sous la direction du géologue David Hodell, a proposé il y a quelques années une autre cause plausible de la disparition des sociétés mayas de la péninsule du Yucatan 44

L'importance du milieu naturel sur le peuplement du sud Quintana Roo, Mexique.

Fig. 6 : Géomorphologie de l’aire archéologique D’après Enno Seele, 2001, p. 93.

Fig. 7 : Les épicentres cycloniques D’après Armando Escobar, 1986, p. 46.

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L'importance du milieu naturel sur le peuplement du sud Quintana Roo, Mexique. mécanique et les courants de surface, est connu sous la désignation allemande de karst ou sous la désignation locale de pedregoso (rocailleux, pierreux). Sur le plateau péninsulaire une abondante matière organique se décompose rapidement et produit de grandes quantités d’acides qui engendrent la formation de karst. Les vallées de karst sont des dépressions fermées avec des drainages souterrains (Gary Gates, 1999, pp. 31-39). 5 - De grands arbres dits émergeants dépassent çà et là de la canopée ; en font partie différentes espèces d’acajous, dont le plus répandu est le caoba (Swietenia macrophyla), le sapotillier (Manilkara zapota) déjà exploité par les Mayas afin de produire une pâte à mâcher, le chiclé, et le cèdre rouge (cedrela odorata). Dans ces bois durs, ils taillaient les poutres et les linteaux de leurs monuments ; ils utilisaient également les bois des arbustes des bajos également réputés pour leur grande dureté. Le fromager, un autre arbre de grande taille, avoisinant les 40 mètres, est connu également sous le nom de kapokier (Ceiba pentendra) l’arbre sacré des Mayas. 6 - En relation avec l’évolution du pouvoir politique de Tikal, un nombre croissant de cités revendiquaient leur identité, en se dotant notamment d'un glyphe emblème. La lecture de ces toponymes a permis de mettre en évidence les relations politiques entre les différentes cités mayas et leur évolution (Linda Scheele and Peter Mathews, 1991, pp. 226252). De 495 à 562 une série de manœuvres diplomatiques et d’opérations militaires aboutiront à l’encerclement de Tikal et à sa défaite devant Caracol allié de Calakmul. Le 5 août 695, Tikal et ses alliés brisèrent l’encerclement de la coalition des cités de Calakmul, Caracol et El Perú (Simon Martin, 2000, pp. 40-45). 7 - Sur le site de Dzibanché, les premiers indices de premières relations avec Calakmul seraient datées de 495 (R. Carrasco Vargas, 2000, p. 16). Le linteau du temple VI de Dzibanché indiquerait en 554 (Tatania Proskouriakoff) une possible alliance Calakmul-Dzibanché contre Tikal. Il en serait de même pour les glyphes associés aux bas-reliefs des marches du Temple XIII, dit des captifs, de Dzibanché. L’aspect calendaire des inscriptions accompagnant cette iconographie indiquerait une victoire militaire.

centres civiques et administratifs de ce territoire. Ensuite au Classique Récent, cette étonnante densité en matière d’occupation des sols témoigne d’une expansion liée à une croissance démographique exceptionnelle, ayant vraisemblablement entraîné une décentralisation globale des centres majeurs au profit d’une multiplicité de petits centres de pouvoir, aux frontières aujourd’hui indéfinies. C’est après cette longue période, que les archéologues ont pu observer ,vers 800-850 apr. J.-C., l’absence de nouvelles étapes constructives architecturales sur l’ensemble des sites. L’extinction rapide de ces sociétés, synchroniquement avec celles du Petén, semblerait après examen de toutes les hypothèses et scénarios émis, avoir été le résultat d’une catastrophe climatique régionale liée à plusieurs sécheresses consécutives. Cet impact naturel sur un équilibre précaire entre les productions agricoles et l’augmentation croissante de la démographie, aurait vraisemblablement eu pour conséquences immédiates des famines provoquant à la fois des désordres internes entre les populations nombreuses d’agriculteurs et leurs élites guerrières, et une multiplication des conflits entre les cités, entraînant ainsi un effondrement rapide de ces sociétés. La réimplantation des populations mayas sur plusieurs sites au Postclassique (900- 1200 apr. J.C.) permet d’envisager à cette période un retour rapide d’un climat plus humide, qui aurait ramené les lagunas et les cenotes au niveau d’eau actuel, ainsi que le désassèchement des nombreux bajos proches des sites archéologiques du sud du Quintana Roo.

Notes 1- Ce territoire correspond à l’ancienne province préhispanique de Uaymil, au nord de celle de Chetumal qui faisaient partie toutes deux à la période Postclassique (950 à 1200 apr. J.-C.) d’un ensemble de fédérations de cités, les cacicats, que nous connaissons au travers des chroniques espagnoles du 16e et 17e siècle (Landa Fray Diego de, 1996). 2 - Les archéologues R. Carrasco et S. Boucher auront une excellente lecture de la série de glyphes, des escaliers I, II, et III de Resbalón qui sont conservés dans les locaux de l’INAH, au musée de Cancun. L’escalier III révèlerait la date de l’intronisation de Hok’ Ma Balan souverain de Resbalon en 560 et une probable alliance avec El Perù, puissant allié de Calakmul, face à Tikal et Naranjo. 3 - Sur le plan géologique, une des particularités du sud du Quintana Roo est l'érosion karstique. A la période du pléistocène, le gel d'énormes masses d'eau dans les glaciers polaires se traduisit par une baisse du niveau des océans, de plusieurs dizaines de mètres. Le plateau péninsulaire humide s'éroda, se creusa de l'intérieur, formant ainsi un vaste réseau hydrographique souterrain. Des dolines, des puits absorbants amenaient les eaux de pluie à des torrents souterrains s'écoulant à des profondeurs de 30 à 40 mètres. A la fin de la période glaciaire les eaux des mers remontèrent, noyant ainsi tous les conduits souterrains. Les cenotes actuels sont des regards sur l'ancien réseau karstique. 4 - La Péninsule du Yucatan est constituée par de grosses formations rocheuses de carbonate couvertes par plusieurs mètres de nitrate, et de sols de faibles épaisseurs contenant des matières organiques. Le processus primaire qui agit sur les matériaux de surface et les matériaux souterrains consiste dans la dissolution du carbonate de calcium par infiltration des eaux de pluies ; les calcium et carbonate ionisés sont véhiculés sous forme de solutions par les eaux souterraines vers la surface. Ce type de terrain où prédominent le drainage souterrain et l’action chimique, plus que l’érosion 46

Des Andes à la Selva…

DES ANDES A LA SELVA… LES RELATIONS ENTRE LES ANDES ET L’AMAZONIE OCCIDENTALE AUX PERIODES PREINCAIQUES*. Claude COUTET

Resumen : A través de este artículo, intentamos operar la síntesis crítica de los elementos que dejan entrever relaciones entre las tierras altas de los Andes y las tierras bajas orientales a la epoca preincaíca. Fueron estudiados y clasificados los datos que existían para las regiones del Perú central y septentrional así como para el sur del Ecuador según su pertinencia. Así, de las investigaciones de D.W. Lathrap hasta las de J. Guffroy, establecemos aquí un estado de los lugares más exhaustivo posible con el fin de saber como entender mejor hoy este tema de investigación. Abstract : In this article, we try to present the critical synthesis of the elements showing the possibility of relationship between the highlands of the Andes and the Eastern lowlands during the preincaïc periods. The available data for the areas of central and northern Peru, as for the south of Ecuador have been gathered and examined according to their relevance. Thus, from the research of D.W. Lathrap to those of J. Guffroy, we established an inventory of fixtures as exhaustive as possible in order to know how to apprehend this research topic as well as possible today.

cultures dont le milieu écologique, trop contraignant selon eux, n’aurait pas permis le développement. Elles n’auraient jamais pu atteindre le degré évolutif nécessaire pour contribuer à l’émergence des hautes cultures andines. En revanche, les partisans de la richesse culturelle des basses terres estiment que leur apport aux civilisations des hautes terres a été important. Leurs arguments se fondent sur plusieurs éléments. En premier lieu, Karl O. Sauer (1952) émet l’hypothèse que certains des plus anciens cultigènes ont pour origine les basses terres. Il suggère que les “cultures de la Forêt Tropicale” (comme les nomme Steward, 1948) seraient à l’origine de l’agriculture et que celles-ci auraient diffusé cette innovation dans les hautes terres. Évidemment, cette hypothèse est à nuancer : Sauer néglige les cultigènes des hautes terres, de plus, l’origine des plantes cultivées est souvent très difficile à déterminer avec certitude (Moutarde, 2001). Les recherches sur l’apparition de la céramique appuient également cette position, car à ce jour, les fragments les plus anciens ont été découverts dans les basses terres de Colombie (Puerto Hormiga et Momíl, datés de 3500 av J.-C., Reichel Dolmatoff, 1965) et sur la côte à Puerto Chacho (Legros, 1992). En Equateur, la céramique de Valdivia date d’environ 3800 av.J.-C. (Marcos, 1998), mais le complexe San Pedro semble encore plus ancien (Bischof et Viteri, 1972). Au Brésil, la céramique de Santarém est datée de 5000 av. J.-C., (Roosevelt, 1991). Ces données pourraient également témoigner de l’existence de plusieurs foyers d’invention. Parmi les plus grands défenseurs des cultures des basses terres figure le chercheur américain Donald W. Lathrap. Ses recherches dans l’Aire Centrale du Pérou étaient focalisées sur l’apport des populations du piémont amazonien dans le développement culturel andin. Ses arguments étaient parfois empreints d’une certaine démarche évolutionniste, notamment en ce qui concerne ses réflexions sur les styles céramiques ou iconographiques.

En 1968, le géographe Karl Troll faisait coïncider la limite de la civilisation avec la limite supérieure de la végétation entre hautes et basses terres de l’Amérique du Sud (Fig.1) (Troll, 1968). Au- delà de cette frontière, s’étendaient les “terres insalubres” et “sauvages” décrites par les explorateurs européens, héritant d’une vision ethnocentriste déjà établie depuis l’Empire Inca (Renard-Cazevitz et al., 1986). Les régions situées à l’Est des Andes étaient considérées comme un milieu hostile et inhospitalier. L’occupation humaine dans ces zones entièrement dédiées à l’état de Nature semblait impossible, ou alors réduite à un degré primitif de l’évolution, bien loin des hautes civilisations andines s’épanouissant à la même époque. A fortiori, on pensait qu’aucune relation ne pouvait exister entre deux mondes si différents. Depuis plusieurs dizaines d’années, de nombreux éléments viennent ébranler cette vision quelque peu étriquée du monde amazonien. Les recherches archéologiques et ethnologiques ont démontré que, loin d’être un désert humain, les basses terres tropicales avaient accueilli des sociétés nombreuses et extrêmement organisées. Devant la découverte d’indices attestant l’existence de relations entre ces cultures méconnues et les sociétés andines — présence de plumes exotiques sur la Côte Pacifique du Pérou, spondyles de la côte équatorienne en forêt tropicale, animaux et plantes tropicaux de l’iconographie Chavín... — les chercheurs ont été conduits à s’interroger sur la nature des liens ayant pu se tisser entre les peuples de ces milieux écologiquement opposés. De nombreux archéologues (D.W. Lathrap, B.J. Meggers, L.G. Lumbreras, F. Kauffman Doig, J. Guffroy, K. Bruhns. etc) se sont penchés sur la question, qui au-delà de simples relations, mettait en cause le développement même des civilisations andines. Quelles influences dans leur construction ces relations avec les basses terres ont-elles pu avoir ? De ces réflexions ont surgi deux courants : Francisco Kauffman Doig ou Betty J. Meggers, partisans du déterminisme écologique, s’opposent à toute hypothèse mettant au premier plan un apport culturel provenant des groupes des basses terres :

Toutefois, par ses analyses et les controverses qu’elles ont soulevées, Lathrap a amené d’autres chercheurs à 47

* Article tiré d’un Mémoire de DEA intitulé "Des Andes à la Selva : Les relations entre les hautes terres andines et les basses terres orientales (période préincaïque)". Soutenu en Juin 2002, sous la direction d’Eric Taladoire, université Paris 1, Panthéon-Sorbonne.

Des Andes à la Selva…

reste mal défini. En outre, les preuves matérielles que nous avons en faveur de relations entre hautes et basses terres sont éparses. Il s’agit, par exemple, de coquillages maritimes découverts dans des sites amazoniens ou de plumes exotiques retrouvés sur la côte, mais compte tenu de l’immensité du territoire et de l’amplitude du cadre temporel, leur nombre est trop insuffisant pour apporter des conclusions définitives. Quels sont alors les éléments qui permettent réellement d’attester ces relations ?

s’interroger et à entreprendre des recherches dirigées vers le piémont oriental andin. Nous nous bornerons ici à explorer et à synthétiser les données bibliographiques existantes pour les aires Centrale et Septentrionale du Pérou et l’aire Méridionale de l’Equateur, cadre cohérent1 où les informations concernant les périodes antérieures à l’expansion inca sont les moins sporadiques. Malgré tout, l’inadéquation des données concernant ces deux milieux oblige à comparer deux ensembles dont l’un

Fig. 1: Carte de localisation des zones étudiées

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Des Andes à la Selva…

vases : les bols larges de profil concave comportant un angle basal sont courants dans les deux groupes.

1- L’Aire Centrale du Pérou Les données concernant l’Aire Centrale du Pérou se concentrent sur les régions de l’Ucayali central (sites de Yarinacocha et de Cueva de las Lechuzas), du Bassin de Huánuco (Kotosh) et de Chavín de Huantar (cf. Tabl. 1).

A- De l’Ucayali Huánuco…

central

au

Bassin

de

1- Indices de relations entre les phases Tutishcainyo Ancien et la première phase céramique de Kotosh.

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La région de l’Ucayali central, située à moins de 200 m d’altitude, a donné lieu à de nombreuses recherches archéologiques. Lathrap y a débuté ses travaux en 1956, aux environs du lac de Yarinacocha, proche de la ville actuelle de Pucallpa. Les sites de l’Ucayali central ont essentiellement livré du matériel céramique ; Lathrap en a dégagé une séquence complexe qui documente jusqu’à nos jours les cultures agricoles et sédentaires qui vivent dans les zones inondables bordant l’Ucayali. La tradition Tutishcainyo Ancien marque le début de la séquence de Yarinacocha. Elle a été datée d’environ 2000-1600 av. J.-C. à partir de corrélations stratigraphiques et céramiques (datations qui correspondent à l’arrivée des premières céramiques dans les autres régions du Pérou). La poterie de la phase Tutishcainyo Ancien (Fig.2) se distingue par des décors géométriques incisés. Le motif le plus courant consiste en une alternance de zones travaillées et d’autres laissées vierges, le tout délimité par de larges incisions en U. Les zones travaillées sont décorées de hachures (souvent diagonales) ou de motifs réticulés, composés de fines lignes incisées et parfois associés à des rangées de points. Les zones les plus décorées sont des bourrelets localisés sur les bases ou les lèvres. On ne connaît, à ce jour qu’un seul exemple de représentation figurative : une tête de félin incisée sur la panse d’un bol. Enfin, malgré l’érosion de la plupart des céramiques, on remarque que de la peinture rouge (et plus rarement, blanche et jaune) est appliquée après cuisson sur les zones incisées (Lathrap, 1970 : 85-86). Les formes céramiques répertoriées sont principalement des formes ouvertes (bols ou plats). La forme la plus commune est un large bol aux parois concaves orné d’un bourrelet labial. On remarque souvent un second bourrelet basal (parfois très accentué) qui marque la limite entre le fond et la panse du récipient. Des poteries plus petites présentant des parois inclinées vers l’intérieur et un angle basal aigu sont également fréquentes. La dernière forme principale est un plat aux bords peu élevés, de profil concave. Parmi les formes plus rares, on trouve les bouteilles à double goulot et à pont ; cette dernière est répandue sur un grand territoire allant de Paracas (complexe céramique de la côte sud du Pérou) jusqu’au bas de l’Orénoque (tradition Barrancas, 200 apr. J.-C.) (Lathrap, 1970).

Fig. 2 : Céramiques de la phase Tutishcainyo Ancien (d’après Lathrap, 1970, Fig. 7 p 86-87).

On peut ajouter à cela l’adjonction de larges bourrelets sublabiaux richement décorés et la présence de bouteilles à double goulot et à pont. L’usage de peinture rouge (à base de résine et d’hématite) recouvrant les zones travaillées après cuisson est courant. Des traces de peinture blanche ou jaune, appliquée après cuisson, sont également attestées dans les deux sites. Les différences notables concernent le soin apporté à la décoration (plus minutieux à Tutishcainyo Ancien) et l’absence à Tutishcainyo Ancien de motifs très courants à Kotosh Waira-jirca (Lathrap, 1968b : 86). Dans leur ensemble, ces données suggèrent une certaine parenté entre ces deux groupes. Pour des raisons chronologiques, Lathrap pense que ces concordances ne témoignent pas de l’extension de la culture de Kotosh dans les basses terres. En revanche, il émet l’hypothèse que la céramique de Kotosh Waira-jirca est le résultat d’une influence de Tutishcainyo Ancien : Waira-jirca est la première phase céramique de Kotosh. Or, la “qualité technique et artistique de cette poterie laisse supposer qu’elle est le fruit d’une céramique déjà élaborée” (Burger, 1992 : 47). La distance relativment peu élevée entre l’Ucayali et Kotosh (environ 260 km à vol d’oiseau) et les similitudes existantes entre les deux groupes paraissent abonder dans le sens de la provenance proposée par Lathrap. Cependant, peut-on affirmer qu’une céramique raffinée doit forcément avoir des antécédents plus grossiers, et donc ne peut être le fait d’une innovation locale ? 2- La phase Tutischcainyo Tardif La céramique de la tradition Tutishcainyo Tardif dérive de celle de Tutishcainyo Ancien mais montre des changements considérables du point de vue stylistique. La stratigraphie du site Uca.-6 montre une période d’abandon entre les deux phases (Lathrap, 1970 : 89). Ces deux données suggèrent, pour Lathrap, un écart d’au moins 450 ans entre Tutishcainyo Ancien et Tutishcainyo Tardif, ce qui donnerait une date approximative pour le début de la phase tardive de 1400 av. J.-C.. Aucune datation plus précise n’ayant été établie depuis les fouilles de Lathrap, il faudra nous contenter de ces estimations.

Lathrap note des similitudes nombreuses entre Tutishcainyo Ancien et la phase Waira-jirca de Kotosh (1800-1300 av. J.C.), site de hautes terres le plus proche. Les formes, les techniques et motifs de décors sont semblables sur certains

Les décors incisés sont plus rares et semblent moins soignés pendant cette phase. Cette technique décorative semble remplacée par l’utilisation de technique de modelé-appliqué. 49

Des Andes à la Selva…

La seconde forme commune est un bol hémisphérique avec un bord large. Le groupe Monzon Coarse Ware (21 fragments) est plus hétérogène et plus grossier à la fois dans la forme et le décor (Lathrap & Roys, 1963 : 34).

Le plus fréquent reste la décoration à partir de multiples petites encoches sur les bords, les angles basaux et toutes autres arêtes saillantes des récipients. Les formes ouvertes sont toujours très courantes. La forme fermée la plus représentative de cette phase est la bouteille à double goulot et à pont dont les goulots sont modelés avec une grande habileté (Lathrap, 1968b ; 1970) (Fig. 3).

Fig. 3 : Céramiques de la phase Tutishcainyo Tardif (d’après Lathrap, 1970, Fig. 9 p 90-91)

Aux côtés des poteries caractéristiques de Tutishcainyo Tardif, on trouve environ 5% de céramiques de facture étrangère. La plus remarquable des poteries importées, Sanidine Tempered Ware, est fabriquée à partir d’une argile tout à fait différente de celle présente dans la région : elle contient des cristaux de roches volcaniques (Lathrap, 1968b : 90) (cf. 3.). Cet élément laisse supposer qu’elle a été acquise soit par un échange à longue distance, soit par l’intermédiaire d’un réseau d’échange de proche en proche. Quant à sa décoration (motifs de bandes délimitées par des incisions et peintes en rouge avant la cuisson), elle est tout à fait exceptionnelle pour la région et indiquerait que cette céramique est non seulement fabriquée, mais aussi décorée dans une autre région. Selon Lathrap (1968b : 90-91), ce type de céramique a également des traits communs avec la céramique de type Machalilla Ayangue Incised.

Fig. 4 : Tessons de céramiques de type Cave of Owls Fine Ware (d’après Lathrap & Roys, 1963, Fig. 1 p 30 et 4 p 31).

Lathrap considère que Cave of Owls Fine Ware montre des similitudes avec Tutishcainyo Ancien et Tardif. Comme nous l’avons signalé précédemment, la Cueva de las Lechuzas est relativement proche des hautes terres. Aussi, Lathrap note qu’il pourrait y avoir des ressemblances entre Cave of Owls Fine Ware et les premiers complexes céramiques de la région de Huánuco (Lathrap & Roys, 1963 : 35). Dans son article de 1963, il estime que c’est entre Cave of Owls Fine Ware et Tutishcainyo Tardif que les points communs sont les plus remarquables : similitudes entre les formes, les types de bords, la forme et la position des anses, les zones de décor, les modes d’incision, l’usage de pigment rouge après cuisson. Malgré cette correspondance stylistique, on ne peut s’empêcher de penser que ces nombreuses similitudes sont biaisées par le nombre peu élevé de l’échantillon céramique de la Cueva de las Lechuzas. Lathrap souligne également qu’il a découvert dans un site Tutishcainyo Tardif (Uca.-20) une poterie dont la forme, la pâte, la couleur et le décor sont identiques à la céramique Cave of Owls Fine Ware. Il en déduit qu’il existe probablement un échange de céramiques entre les deux groupes et suggère qu’ils sont contemporains et entretiennent des relations menant à des influences stylistiques mutuelles (Lathrap & Roys, 1963 : 35). Il semble pourtant évident qu’une seule poterie ne peut suffire à argumenter des échanges entre ces groupes. Lathrap semble lui-même s’être rendu compte du peu d’éléments sur lesquels il fondait son appréciation, car dans un article publié en 1974 (Lathrap, 1974) et après ses recherches sur les filiations de la tradition céramique de Kotosh (Lathrap, 1968b), il juge que les principales caractéristiques du décor de Cave of Owls Fine Ware sont présentes à Tutishcainyo Ancien mais aussi Kotosh Wairajirca2 et la phase suivante Saraja Patac3.

3- Indices de relations entre les phases Tutischcainyo Ancien et Tardif et le site de La Cueva de las Lechuzas. La Cueva de las Lechuzas, également fouillée par Lathrap, est située sur le cours supérieur du Huallaga, près de Tingo Maria, dans la région de Huánuco. Ce site de forêt, se trouve entre ceux de Yaricanocha et Kotosh, premier site en limite des hautes terres. Lathrap y a identifié deux styles céramiques : Cave of Owls Fine Ware et Monzon Coarse Ware. Le plus fin, Cave of Owls Fine Ware, est représenté par 78 tessons sur les 99 retrouvés. C’est une céramique relativement bien cuite, présentant une pâte homogène souvent incrustée de quartz. La surface est soigneusement polie, voire brillante. La décoration consiste principalement en des zones incisées de lignes fines délimitées par des lignes incisées larges ; on trouve également, par ordre de fréquence, des ponctuations, des décors appliqués, modelés et estampés (Lathrap & Roys, 1963 : 29) (Fig. 4). L’unique couleur utilisée est un pigment rouge (à base d’hématite) recouvrant, après cuisson, les zones incisées. Les formes sont peu diversifiées. La principale forme possède une base conique ou arrondie, une panse convexe surmontée d’un bord vertical ou concave. 50

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fond plat, aux parois convexes inclinées vers l’intérieur, sont les mêmes dans les deux phases. Elles portent également un type de décor semblable : des bandes rouges polies délimitées par des zones incisées ou excisées, qui parfois dessinent les mêmes motifs. Ainsi, pour Lathrap, il ne fait aucun doute que des relations existent entre les phases Kotosh Kotosh et Shakimu Ancien. La phase Kotosh Kotosh voit aussi le début de l’expansion de l’influence Chavín qui sera plus manifeste à la phase suivante.

Ainsi la correspondance de ces styles céramiques laisse supposer que la Cueva de las Lechuzas, située à mi-chemin entre l’Ucayali central et Kotosh, a servi de relais entre ces deux cultures. Cette grotte, selon Lathrap, montre “l’avancée” de l’influence stylistique des cultures des basses terres.

B- …Du Bassin de Huánuco à Chavín de Huantar Le Bassin de Huánuco se situe en limite du piémont oriental des Andes à 2000 m d’altitude. Cette région se trouve donc entre la zone culturelle et écologique des Andes Centrales et celle de la Ceja de selva (forêt humide d’altitude). Le bassin est à la convergence de deux plaines alluviales celles du Rio Huallaga et celle du Rio Higueras donnant accès à la plaine amazonienne. Le site principal de la région, Kotosh (déjà évoqué à plusieurs reprises) a été découvert par J.-C. Tello. Ce dernier a isolé la phase céramique Waira-jirca et a suggéré le premier, la possibilité d’une migration de ce style depuis la selva (Tello, 1942-43 : 152). Par la suite, les campagnes de fouilles ont permis de distinguer six phases céramiques dont Kotosh et Chavín qui succèdent à Wairajirca.

2- La phase Kotosh Chavín : l’émergence de l’influence Chavín La phase Kotosh Chavín est celle qui, comme son nom l’indique, se rapproche le plus de la céramique du site de Chavín de Huantar. Les formes, les techniques et styles de décors sont proches des poteries de style Chavín (Fig. 6). On trouve de nombreuses formes ouvertes décorées de volutes ou de cercles concentriques. Les motifs de félins sont également fréquents. Parmi les formes fermées, les bouteilles à anse en étrier et les bouteilles à goulot étroit sont courantes (Izumi, 1968). Cette phase correspond au début de la phase Ofrendas à Chavín de Huantar, phase à laquelle l’iconographie Chavín semble s’être le plus étendue. Kotosh Chavín est donc l’une des premières traditions à subir l’influence stylistique de Chavín. ________________________________________________

1- La phase Kotosh Kotosh : transition de l’influence de l’Ucayali à l’influence Chavín Cette phase, datée de 1120-890 av. J.-C., succède directement à Waira-jirca. Les formes des poteries de Kotosh Kotosh comprennent des bols à paroi concave ou carénée (avec un bourrelet latéral très décoré) ainsi que des bouteilles à goulot étroit. Les décors sont souvent incisés dessinant des motifs géométriques combinant des éléments triangulaires avec des ponctuations, les motifs figuratifs sont rares mais présents (félin, maïs...) (Fig.5). ________________________________________________

______________________________________________________ Fig. 6 : Exemples de céramiques de la phase Kotosh Chavín (d’après Izumi, 1968, Fig. 6 p 57) ______________________________________________________

C- Chavín de Huantar

Fig. 5 : Exemples de céramique de la phase Kotosh Kotosh (d’après Izumi, 1968, Fig.7 p 58)

Chavín de Huantar (1200/900 à 200 av. J.-C.) se situe à environ 3180 m d’altitude dans les Andes Centrales du Pérou. Le site se trouve dans une vallée à la confluence des rivières Wacheqsa et Mosna (Burger, 1992). Cette vallée débouche sur le Marañon, un des principaux affluents de l’Amazone. Chavín est en fait situé à mi-chemin entre les terres de hautes altitudes et les basses terres. Il faut compter environ sept jours de marche pour atteindre les régions forestières de basses altitudes du versant oriental des Andes et le même temps pour se rendre sur le contrefort côtier (Stone-Miller, 1996).

La phase Kotosh Kotosh partage, d'après Lathrap (1968b : 87), des traits communs avec la séquence céramique de l’Ucayali central. Par exemple, elle comporte des bourrelets sublabiaux décorés, très accentués, présents en petite quantité (3% du matériel céramique) à Tutishcainyo Tardif jusqu’à la phase suivante, Shakimu Ancien. C’est d’ailleurs avec la céramique excisée de la phase Shakimu Ancien que Kotosh Kotosh partage le plus de similitudes. Les formes les plus fréquentes, dont le bol à 51

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On trouve également des rapaces qui, pour Tello, sont des condors (Tello, 1923). Lathrap, après une étude détaillée y voit des aigles harpies, principal prédateur céleste de la plaine amazonienne (Lathrap, 1968b : 76). La courbure de leur bec serait caractéristique et bien différente de celle du bec du condor. Mais sur cette illustration (Fig.8), ni l’un ni l’autre ne sont réellement convaincants. ________________________________________________

1- L’iconographie de Chavín de Huantar : preuve de liens avec le piémont oriental? L’iconographie Chavín, présente dans les décors céramiques, les sculptures et les bas-reliefs, est connue pour son style curvilinéaire complexe et ses thèmes souvent vus comme “étrangers” au contexte de hautes terres (Tello, 1960; Lumbreras, 1989 ; Burger, 1992). Chavín semble, à travers ses représentations figuratives, être en contact étroit avec le piémont amazonien et la côte péruvienne ou équatorienne. Dans l’ensemble, les figures zoomorphes et anthropomorphes représentent des êtres d’apparence monstrueuse. Quelle que soit la nature exacte des “animaux” représentés, le félin, dans la plupart des cas, reste le thème central des représentations animales. Lathrap est le fervent défenseur d’une origine amazonienne de la culture Chavín ou, du moins, de l’influence “thématique” des cultures de la Forêt Tropicale sur l’iconographie de Chavín de Huantar. Parmi les animaux vivant en milieu selvatique représentés sur la poterie ou la sculpture Chavín, on observe, d’après certains archéologues (Lathrap, 1973 ; Roe, 1978 ; Lumbreras, 1989), le jaguar, le caïman (ou “dragon-caïman”), le piranha, le serpent ou encore l’aigle harpie. La présence du jaguar (Fig.7) (identifié grâce aux ocelles de son pelage) fut le premier indice orientant J.-C. Tello vers l’hypothèse d’une influence des basses terres sur l’iconographie du site (Tello, 1923). Le jaguar figure quasiment dans toutes les représentations zoomorphes de Chavín, notamment sous la forme de crocs et de griffes, éléments récurrents de cette iconographie. Or l’aire de répartition de ce félin ne dépasse pas les 2200 m d’altitude. ________________________________________________

______________________________________________________ Fig. 8 : a, bec de l’aigle harpie ; b, bec du condor; c, bec des représentations Chavín (d’après Lathrap, 1968b, Fig. 3 p76)

L’image du serpent (Fig.7) est également très fréquente mais elle n’occupe jamais une place centrale (sauf exception). Les serpents sont présents à la place d’éléments anatomiques (cheveux, langues ou appendices indéterminés). Cette figure du serpent a été interprétée comme un anaconda (Carrión Cachot, 1958), mais cette affirmation ne repose sur aucun argument fondé. Pour Tello (1960), Lathrap (1973), Roe (1974) et Burger (1992), il est certain que ces animaux représentés ne sont pas communs dans le paysage local. Il est intéressant de signaler que les lamas, les cervidés, les cochons d’Inde, les pumas (animaux de montagne) que l’on retrouve dans les thèmes iconographiques postérieurs, ne sont pas représentés à Chavín de Huantar. Cependant, l’absence des uns et la présence des autres ne signifient pas forcément que, comme le pense Lathrap, les cultures des Forêts Tropicales soient à l’origine de cette civilisation. D’autres hypothèses ont été envisagées... F. Kauffman Doig soutient qu’il n’existe à Chavín aucune représentation en relation avec la selva. Pour lui, le grand caïman de l’Obélisque Tello est l’illustration du félin volant porteur de pluie, personnage des mythes incas connu sous le nom d’Illapa ou Qoa (Kauffman Doig, 1964). Lumbreras (1993) émet l’hypothèse que cette représentation illustre plus certainement le caïman présent en Equateur. Cela semble assez vraisemblable étant donné la présence à Chavín de Huantar de spondylus et de strombes (néanmoins, on ne peut écarter la possibilité d’échanges de proche en proche qui n’implique pas de contact direct avec la population et le milieu d’où provient le produit échangé). Quant aux autres représentations animales, les interprétations de Lathrap sont peut-être plus fondées sur des convictions personnelles. Néanmoins, même si l’iconographie Chavín, extrêmement complexe et hermétique, est très difficile à interpréter, l’hypothèse de Lathrap reste la plus convaincante et la plus communément acceptée.

Fig. 7 : Le jaguar et le serpent dans l’iconographie Chavín (basrelief d’après Burger, 1992, Fig.142 p 152)

La représentation du jaguar a parfois été confondue avec celle du caïman, identifié plus tardivement. Tello a toujours parlé du “monstre” de l’Obélisque Tello (Fig.9) comme étant un jaguar (Tello, 1923 ; 1960). Mais il souligne tout de même que certaines caractéristiques font penser à un saurien : “la divinité (...) est un dragon au corps allongé, à la gueule armée de grands crocs et les pattes avec des griffes, comme s’il s’agissait d’un crocodile.” (Tello, 1960 : 167). Il parle ici de l’Obélisque Tello, principale représentation de ce “dragon” à la fois caïman et jaguar. Cette hypothèse a ensuite été reprise par plusieurs chercheurs (Lathrap, 1963 ; Roe, 1974 ; Rowe, 1962) qui, après une analyse iconographique, concluent que la position des dents, les écailles ou encore la crête dorsale attestent cette identification. Cependant, les critères identifiant le caïman sont toujours associés à des attributs d’autres animaux, notamment le jaguar (Coutet, 2001).

Les tentatives d’identification de plantes donnent également lieu à des interrogations sur leur origine. Dans cette région, on trouve des tubercules, des céréales (quinoa, achira, maïs, pomme de terre...). Mais, si l’on regarde les images de 52

Des Andes à la Selva…

Chavín de Huantar serait donc un site – et une culture – construit à partir d’une double influence, à la fois tropicale et andine.

végétaux présentes dans la composition de l’Obélisque Tello (fig.9), on voit plutôt, selon Lathrap, du manioc, des piments et d’autres plantes communément acceptées comme étant originaires de la selva. Le premier à s’intéresser aux plantes de l’Obélisque a été J.-C. Tello (1923). Il avait suggeré quelques identifications que Lathrap a précisé par la suite (Lathrap, 1973 : 98-103) : tubercules de manioc (Manihot esculenta), arbuste à manioc avec le détail des yeux sur le tronc, plante d’achira (Canna edulis), arachides (Arachis hypogaea) ou ají, (piment du genre Capiscum sp.), fleurs (mâle et femelle) de calebasse (Lagenaria siceraria). Lathrap utilise ces plantes comme argument en faveur de liens avec la forêt amazonienne. Leur origine n’est pas si évidente, car dans un tel milieu aucun vestige végétal ne subsiste et les éléments pouvant avérer la provenance amazonienne de ces plantes sont rares. De plus, on sait que Chavín de Huantar devait avoir des liens avec la côte ; or ces plantes sont pour la plupart présentes sur la côte. Enfin, il faut signaler que ces interprétations laissent sceptiques quiconque regarde de près l’Obélisque Tello, tant il paraît invraisemblable, à cause de la complexité de cette représentation, d’y reconnaître de tels éléments avec certitude.

2- L’Aire Septentrionale du Pérou L’Aire Septentrionale du Pérou est la zone où convergent tous les formateurs de l’Amazone. Le Huallaga et le Marañon ont creusé de profondes vallées dans les Andes, offrant ainsi des corridors naturels qui facilitent la communication entre hautes et basses terres. Ainsi les groupes vivant dans le piémont oriental andin ont pu jouer un rôle crucial dans les contacts entre les deux milieux (cf. Tabl. 2).

A- Le bassin du Marañon Le bassin du Marañon, carrefour de relations interculturelles, est un lieu très propice à l’installation humaine. Les sites évoqués ci-dessous occupent les zones dites Playa ou Temple qui sont, dans cette région, des subdivisions des basses terres orientales. La zone Playa constitue les terres planes et inondables lors des crues du Marañon et de l’Utcubamba. Ces terres s’étendent jusqu’à 600 m d’altitude, elles bénéficient donc d’un climat chaud et d’une végétation arbustive et épineuse. Cette zone correspond à la selva baja (forêt de basse altitude) du Pérou central. La zone Temple, qui coïncide avec la montaña, forêt humide et dense d’altitude, atteint 2000 m, altitude la plus élevée.

Les représentations anthropomorphisantes sont également présentes dans l’iconographie Chavín. Parmi celles-ci, le personnage appelé “déesse au vagin denté” (sur la base de mythes actuels) est fréquent. Il s’agit d’une figure monstrueuse à gueule de félin aux crocs proéminents. Ce personnage à une allure anthropomorphe, mais ses mains et ses pieds sont pourvus de griffes. Sa tête est disproportionnée ; cheveux et sourcils sont souvent représentés par des serpents. Contrairement aux personnages masculins, on voit la représentation d’un vagin garni de dents comme une gueule. Cette illustration est courante dans les régions andines. Aussi, A. Métraux dans ses Entretiens avec Kedoc et Pedro (1967), présente le récit du mythe d’origine de la femme chez les indiens Toba (Moyen Pilcomayo, Argentine). Dans ce mythe, les femmes sont à l’origine des êtres voraces qui mangent la nourriture des hommes à la fois par la bouche et par le vagin garni de dents acérées. Ce personnage dit “déesse au vagin denté” pourrait donc être l’illustration de ce mythe sans doute assez répandu dans les régions piémontaises andines. Mais nous ne nous faisons qu’évoquer ce sujet, car la différence de lieu et d’époque nous oblige à rester prudent sur cette analogie. Il est très tentant de pencher en faveur de ces hypothèses et d’estimer qu’il y a effectivement de fortes chances pour que les thèmes de l’iconographie Chavín soient inspirés, du moins partiellement, des basses terres tropicales. En effet, même si ces représentations sont difficiles à appréhender, il semble que les chercheurs opposés à cette théorie n’ont pas d’arguments suffisamment solides pour la contrer efficacement. Malgré tout, Chavín de Huantar est un site adapté aux hautes terres : son architecture en U, les galeries souterraines et la cour excavée sont des éléments andins (Burger, 1992). Sans oublier que le site a également des liens avec la côte Pacifique (spondylus...). Une influence selvatique est probable, mais il est difficile, à partir de ces seules hypothèses, d’adhérer entièrement à l’hypothèse de Lathrap (1973, 1977, 1985) selon laquelle la population du site serait originaire de la forêt tropicale.

De la Période Initiale à l’Horizon Ancien : 1- Le site de Pacopampa, carrefour entre l’aire centrale péruvienne et l’aire méridionale de l’Equateur. Le site de Pacopampa est localisé dans le bassin du Chotano, à 2000 m d’altitude, sur le piémont oriental des Andes, à la limite entre hautes et basses terres dans la zone Temple. Géographiquement, cette altitude le situe dans les basses terres, mais certains sites localisés en basses terres sont culturellement associés aux hautes terres. Les premières recherches archéologiques dans cette vallée ont été entreprises par R. Shady et H. Rosas dans les années 1970. Treize sites de la Période Initiale ont été identifiés. La première occupation de Pacopampa date du milieu de la Période Initiale (environ 1800 av. J.-C.), vers la fin de cette période (900 av. J.-C.), le site s’étend et devient un centre cérémoniel, marqué par l’influence Chavín (Rosas, 1974). La céramique des niveaux de la phase PacopampaPacopampa (1200-400 av. J.-C. environ) varie dans ses formes et ses décors. Les pièces polies monochromes (brun ou rouge sombre) prédominent. On trouve des formes ouvertes à parois droites ou inclinées vers l’intérieur ; les formes fermées sont le plus souvent de petites jarres globulaires à col court et éversé. Les décors allient incisions et peinture, on note l’usage de peinture rouge (blanche, jaune ou orange) appliquée sur les zones incisées après cuisson. Les motifs sont géométriques : bandes ondulées ou rectilignes, motifs en escalier, volutes... (Rosas & Shady, 1979).

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Fig. 9 : L’Obélisque Tello. Détails des représentations végétales selon l’interprétation de Lathrap, 1973 (d’après Lathrap, 1985,Fig.2 p 243 et 1973, Fig. 1, 2, 3, 4 p 98-99 ; Fig. 8 p 102). De haut en bas, on reconnaît : des tubercules de manioc, un arbre à manioc, de l’achira, des piments et des fleurs de calebasse.

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Nombre de ces traits sont communs à la région de Catamayo (Loja) (cf. 3.), les jarres notamment sont spécifiques du matériel céramique de cette vallée et sont certainement importées à Pacopampa. En revanche, la peinture orange est une particularité qui fera son apparition à Catamayo dans ces derniers niveaux d’occupation (Guffroy, 1987).

Centrale du Pérou. Shady et Rosas (1979) y voient un lien avec Kotosh Waira-jirca et Tutishcainyo.

Ce style de céramique est remplacé vers 900 av. J.-C. par une céramique de style Chavín (phase Pacopampa-Chavín). Durant cette période, les bouteilles à anse en étrier ou à goulot étroit sont fréquentes ainsi que les jarres sans col à lèvre arrondie soulignée de rouge et les jarres à col éversé caractéristiques de Catamayo (Guffroy, 1987). Le site de Pacopampa semble, par sa situation intermédiaire, bénéficier à la fois de contacts et d’échanges avec le nord (Aire Méridionale de l’Equateur) et le sud (Aire Centrale du Pérou).

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La présence de bouteilles à anse en étrier suggère un lien avec les cultures de la côte équatorienne (Machalilla) (Shady, 1974).

2- Le complexe Bagua À partir de leurs recherches à Pacopampa, R. Shady et H. Rosas se sont dirigés vers la basse vallée de l’Utcubamba, débouchant sur le Marañon. Ils ont identifié une vingtaine de sites localisés aux pieds des Andes à 500 m d’altitude et ont défini le complexe céramique Bagua (Shady, 1971). La céramique de cette région présente de nombreux points communs avec celle de Pacopampa : préférence pour les formes ouvertes ainsi que présence de jarres à col éversé, venues de Catamayo (Guffroy, 1987). Cette céramique se distingue par une couleur rouge ou brune. Les traitements de surface varient suivant le degré de polissage. Quant aux formes, les plats et les bols à bords rectilignes dominent ; parmi les formes fermées, les jarres à col court, éversé et à ouverture large sont les plus fréquentes. En revanche, la jarre sans col, très présente sur la côte et dans les hautes terres, est absente. Les décors sont très variés et reflètent une grande expérience de la céramique. Il s’agit dans l’ensemble de décors polychromes ou monochromes associant motifs géométriques incisés et peintures (rouge, blanc, noir) généralement appliquées avant la cuisson. On rencontre également les techniques de décors modelés, appliqués et ponctués (Shady, 1974). Shady (1971) sépare les phases du complexe Bagua en phases Formative et post-Formative. Ainsi, la tradition Bagua débute vers 1200 av. J.-C. avec la phase Bagua I, suivi de la phase Bagua II vers 800 av. J.-C., la phase La Peca (600-400 av. J.-C.), enfin la phase El Salado (400-200 av. J.-C.). Plus tardivement, les phases se caractérisent principalement par des traditions intrusives comme les complexes Cuelap et Rentema (cf.. ci-dessous). La première phase, Bagua I, est définie par un type de céramique polie, portant un décor incisé et peint en noir et blanc sur un engobe rouge avant la cuisson. En général, ce sont des motifs géométriques, notamment des bandes rouges semi-circulaires ou en escalier. Parmi les formes courantes, on trouve des jarres hémisphériques à col court et éversé et des bols à bords quasi verticaux. La céramique intrusive (Fig. 10) est non seulement représentée par des céramiques de traditions Pandanche et Catamayo (Guffroy, 1987), mais on trouve aussi des tessons au décor de hachures recouvert de peinture rouge après cuisson ainsi que des fragments de céramique portant des motifs excisés. Ces différents traits rappellent les styles céramiques que nous avons décrits dans le premier chapitre et sembleraient donc indiquer un contact avec l’Aire

______________________________________________________ Fig. 10 : Céramiques intrusives. a, b, type hachuré ; c, type excisé; d, e, f, style Pacopampa-Pandanche (d’après Shady, 1992, Fig. 2 p 205).

Ces bouteilles pourraient également représenter le début de l’influence Chavín dans la région, mais les dates de cette phase (1200-800 av. J.-C.) ne concordent pas avec les débuts de l’influence Chavín dans les autres sites (vers 800 av. J.-C. au plus tôt). La phase Bagua II voit la continuité du type céramique de Bagua I avec une baisse du décor incisé polychrome. Cependant, un complexe céramique très différent, que Shady (1971) a nommé Alenya, apparaît dans le niveau supérieur de Bagua II. Les formes communes de ce complexe sont des bols à bords inclinés vers l’intérieur, ou à silhouette composée (carènes). On note également la présence de bords à décor de colombins apparents. Cette poterie est ornée de une à trois bandes rouges horizontales ondulées, généralement localisées sur le col. Shady suggère des relations avec Momíl (Colombie) (Reichel Dolmatoff, 1965) et la phase Nazaratequi du Haut Pachitea (Allen, 1968) qui est pourtant plus tardive (600/500-400 av. J.-C.). Hypothèses qui semblent bien fragiles, surtout que les concordances chronologiques sont sans doute à revoir. Pendant la phase suivante, La Peca, les contacts semblent se centraliser vers Chavín de Huantar ou vers la zone d’influence Chavín dont la limite nord est proche. C’est pourquoi on retrouve à Bagua de nombreux éléments de Pacopampa. Ainsi, même si cette phase garde les grands traits de la tradition céramique de Bagua II, elle se différencie par l’apparition de styles communs à d’autres 55

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colombins sont courants à partir de l’Intermédiaire Ancien (200 av. J.-C.-500 apr. J.-C.) mais existent depuis Valdivia. Alors a-t-on réellement affaire au style Cumancaya? Quel élément prouve que ce style ne provient pas plutôt des traditions de l’Orénoque ? On pourrait voir à travers les vestiges de Huayurco, la trace d’une relation transversale allant de l’Ucayali au Marañon en passant par le Bassin de Huánuco (Rojas Ponce, 1985). Malheureusement, les indices paraissent un peu trop maigres pour attester cette hypothèse.

cultures du Nord du Pérou. Notamment, la relation avec Pacopampa paraît très forte (Shady, 1987). Les décors sont toujours caractérisés par le style incisé polychrome mais à cette phase, on trouve de nombreux fragments portant des motifs zoomorphes stylisés laissant apparaître crocs et appendices rappelant fortement l’iconographie Chavín. Cependant, une donnée fait défaut. Cette poterie de style Chavín est-elle fabriquée sur place? Vient-elle de Pacopampa ou directement de Chavín de Huantar? Autrement dit, s’agit-il d’un véritable contact avec les hautes terres du Pérou central ou est-ce dû à une certaine mode iconographique qui a touché la région nord du Pérou? Pendant la phase El Salado, s’ajoutent à la permanence de la tradition céramique Bagua des traits tout à fait différents de ce que l’on rencontre dans la région. Il reste encore des céramiques d’influence Chavín. Mais, on assiste à l’arrivée d’une tradition étrangère qui pourrait témoigner de la migration de certaines populations ; tradition étrangère que l’on remarque également à la phase Paita D du Piura (Shady, 1987). La céramique caractéristique de cette nouvelle tradition est cuite en atmosphère oxydante et peinte en rouge et blanc. Parmi les formes, dominent des bouteilles à anse à pont, des vases avec des appendices modelés représentant des animaux, des plats à bord en colombins apparents. Ces formes sont caractéristiques dans la tradition Barrancoïde et les peintures rouges et blanches sont communes dans la tradition Saladoïde (1000-700 av. J.-C.). Shady (1987) suggère que ces populations, originaires du bassin de l’Orénoque, ont migré en empruntant les corridors des Andes septentrionales parallèle avec lathrap. Cet argument paraît, cependant, un peu mince pour conclure tout de suite à une migration. Nous n’avons pas de renseignements sur la quantité de ces céramiques intrusives, il est donc impossible de savoir s’il s’agit d’une arrivée massive.

De l’Horizon Moyen à l’Intermédiaire Tardif (de 500 à 1470 apr. J.-C.) : 1- Le complexe Rentema Dans les articles concernant Bagua, les complexes céramiques datant de périodes plus tardives sont rarement évoqués. Or, le complexe Rentema proviendrait de traditions éloignées de Bagua. Le complexe Rentema est représenté par une céramique qui semble être, soit le fait d’un échange à longue distance, soit d’une intrusion étrangère, puisque Shady (1971) estime qu’elle est similaire à la céramique du complexe Cumancaya (850-1000 apr. J.-C.) dans l’Ucayali Central. Une technique de décor de colombins apparents particulière de Cumancaya est le principal élément laissant supposer ce lien. Cependant, comme nous l’avons déjà souligné, cette même technique est fréquente à San Augustin en Colombie, ainsi que sur les bords de l’Orénoque. Shady y fait allusion, mais juge ces cultures trop tardives pour avoir eut une répercution à Bagua ; elle évoque les dates 800-1200 apr. J.C. c’est-à-dire les mêmes dates que Cumancaya… En outre, nous savons que cette technique est en fait très ancienne puisqu’elle apparaît dans les anciens niveaux de Valdivia, mais Shady ne le mentionne pas. En fait, il est assez difficile d’identifier une provenance à partir de ce type de décor qui est répandu dans le temps et dans l’espace. Il serait nécessaire de ne pas négliger les autres styles de décors ou tout autre critère pertinent. Malgré les réserves que nous pouvons émettre concernant les interprétations de Shady, nous ne pouvons nier que la situation de Bagua est tout à fait privilégiée en tant que carrefour de nombreux réseaux d’échange. Mais leur origine reste délicate à déterminer.

3- Le site de Huayurco À la confluence du Tabaconas et du Chinchipe, dans la Ceja de selva, le site de Huayurco a été fouillé par P. Rojas Ponce en 1961. Il n’y a pas eu, à notre connaissance, de datations effectuées sur ce site. Les informations concernant ces céramiques sont extrêmement lacunaires car il n’est jamais fait état du nombre de tessons collectés. Les vestiges les plus remarquables de Huayurco sont des bols en pierre polie, dont les déchets de fabrication découverts en grande quantité identifient ce site comme centre de production. Le décor gravé de ces récipients est très proche des décors excisés de style Shakimu Ancien : des relations à travers le bassin de l’Ucayali sont probables (Rojas Ponce, 1985). Shady (1971) suggère plutôt que ces bols en pierre sont d’influence El Salado en s’appuyant sur la présence à cette phase de bols en pierre et de céramiques grises portant ce même style de décor. Les motifs excisés curvilinéaires ne sont pas distinctifs d’une seule tradition céramique, il est donc difficile dans le cas de Huayurco d’en déterminer la provenance, en admettant que ces bols ne constituent pas un type local. Dans les niveaux supérieurs, les relations à travers l’Ucayali et le Marañon semblent plus affirmées avec la découverte de céramiques à colombins apparents de style Cumancaya (850-1000 apr. J.-C.) (Guffroy, 1987 ; Rostain, 1999) phase tardive de la séquence céramique de Yarinacocha (Lathrap, 1970). Mais, une fois encore, les informations sont lacunaires à propos de ce type de céramique. Les décors aux

2- La région de Chachapoyas La région de Chachapoyas se situe au nord du Pérou, entre les rios Marañon et Huallaga. Une végétation luxuriante de type amazonien y prospère sur des pentes abruptes et s’élève parfois jusqu’à 3500 m d’altitude. Cette région s’étend sur 300 km du sud du Marañon, dans la haute vallée de l’Utcubamba, jusqu’au site de Pajatén dans le bassin de l’Abiseo. Les vestiges découverts à ce jour se situent entre 2000 et 3000 m d’altitude et se concentrent, dans l’ensemble, dans les bassins de l’Utcubamba et de l’Abiseo. La culture Chachapoya semble se développer à partir du XIe siècle de notre ère jusqu’à la conquête espagnole. Entre ces deux périodes, les Chachapoya auraient d’abord subi l’influence Huari (environ 600-1200 apr. J.-C.), puis l’intégration à l’Empire Inca (vers 1470 jusqu’à 1533). Cette culture se singularise par une architecture en pierre taillée dont témoignent les sites de Olón, Yólape, Congún, Revash, Pajatén ou encore l’imposant site de Cuelap. Les 56

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structures construites sur base de terre-plein sont de forme circulaire et s’intègrent sur les versants des vallées. Les sépultures, sarcophages et mausolées, sont hors du commun. Les sarcophages étaient en général enterrés (Kauffman Doig & Ligabue, 1990), mais sur le site d’Ucaso, des statuessarcophages inviolées ont été découvertes dans la niche d’une falaise. Selon Kauffman Doig (Kauffman Doig & Ligabue, 1990 ; Kauffman Doig, 1996), ces deux sortes de sépultures sont dues à l’influence de la culture Huari. A Revash, les mausolées seraient apparentés aux chullpa (tours funéraires) dont la propagation est importante à travers la région andine pendant la période d’expansion Tiahuanaco-Huari. Il faut souligner que ces mausolées ne présentent pas encore d’influence incaïque. Quant aux statues-sarcophages, elles évoqueraient les fardos funéraires (sorte de sarcophage en toile) : contour du corps grossier, représenté comme s’il était assis et sans représentation de membres, visage figuré par un masque. Ces analogies semblent un peu douteuses : difficile de trouver des similitudes entre une statue et un fardo funéraire. Concernant les mausolées, leur ressemblance avec les chullpa Huari est également peu convaincante. Le matériel céramique collecté sur ces sites présente de nombreux types. Le type le plus commun porte des hachures pour unique décor. Cette caractéristique a suffi à P. Lerche (1986) pour proposer l’origine amazonienne de ce type de céramique, ce qui paraît très aléatoire étant donné l’abondance des décors hachurés. Les céramiques de couleur noire, très bien polies, pourraient être un produit d’échange entre cette région de selva et la côte Pacifique car elles sont attribuables à la culture Chimú (Kauffman Doig, 1996). Sur le site de Cuelap, les céramiques gravées et décorées par pastillage sont courantes. Ce type de décor rappelle les décors modelés et gravés de Cajamarca III (Reichlen, 1949). Il semblerait que des céramiques de style cursif classique également de Cajamarca III aient été retrouvées à Cuelap. Ainsi, selon Kauffman Doig (Kauffman Doig & Ligabue, 1990 ; Kauffman Doig, 1996), les sites du Chachapoyas montrent que l’expansion de la culture Huari à l’Horizon Moyen, ne se serait pas arrêtée à la frontière des hautes terres. D. Bonavia (1990) estime qu’après de petits mouvements de population allant dans les deux sens, le mouvement s’est amplifié pour se transformer en un déplacement de population vers l’Est. On aurait affaire à une véritable colonisation de Huari qui inspirerait, à l’Horizon Récent, la colonisation inca. Kauffman Doig (Kauffman Doig & Ligabue, 1990 : 274 ; Kauffman Doig, 1996 : 134-135) estime que cette région a été peuplée dès la Période Initiale par des groupes andins, obligés à migrer face à une trop grande pression démographique et à la pénurie de terres cultivables. Il a nommé ce phénomène la “serranisation de la selva”. Cependant, il semble que cette hypothèse repose plus sur des présomptions que sur des faits. Aucun élément n’atteste, pour l’instant, de pression démographique ou de pénurie.

nécessaire de nous intéresser à cette région. D’une part parce qu’elle a fait l’objet de recherches relativement récentes et bien menées, d’autre part, ces recherches ont mis au jour de nombreux éléments (essentiellement céramiques) attestant des relations à divers degrés entre hautes terres et basses terres orientales. Le site le mieux documenté est Cerro Ñañañique, centre monumental (occupé aux environs de 900-400 av J.-C.), situé dans la quebrada de Yapatera, près de la ville actuelle de Chulucanas. Selon J. Guffroy (responsable des recherches qui durèrent de 1986 à 1991), l’implantation du site pourrait être liée à sa situation au carrefour des voies de communication entre populations côtières, andines et amazoniennes et d’un axe favorisant les contacts entre la côte nord du Pérou et la côte équatorienne (Guffroy, 1987). Il faut ajouter que la cordillère andine ne dépasse pas, dans cette région, les 3200 m d’altitude, ce qui facilite sans aucun doute les passages d’Est en Ouest et inversement. Aussi, en ne parlant pas de ce site, nous nous serions privée de données importantes.

B- Le Haut Piura : Cerro Ñañañique

Fig. 11 : a, b, bols de style A1 ; c, bol de style A2 ; d, bol de style A3 (d’après Guffroy, 1992, Fig. 9 p185).

Le Haut Piura, à l’ouest du Marañon, fournit des éléments intéressants dans le cadre d’interactions régionales. Les sites de la région du Haut Piura (dont le principal est Cerro Nañañique), sont localisés dans les basses Andes occidentales. Malgré cette situation, il nous a paru

Le second groupe, le style Local B, est presque exclusivement représenté par des bols de couleur sombre et décorés de motifs complexes de lignes entrecroisées et de hachures, recouvertes de pigment rouge après la cuisson.

1- La phase Ñañañique (900-600 av. J.-C.) Le matériel céramique de la phase Ñañañique se compose de groupes stylistiques variés dont deux sont de fabrication locale et d’autres d’origines diverses. Un premier groupe, désigné sous le nom de style Local A, est constitué de récipients fermés à col rectiligne (pouvant contenir jusqu’à 100 litres) et de récipients plus petits (bouteilles, bols, plats...) de couleur rosée dont le style est caractérisé par l’usage de pigment blanc, gris et plus rarement orange ou rose. Les décors sont variables (Fig. 11) : les pigments sont parfois combinés pour former des motifs polychromes (style A3), ou, plus communément, ils sont associés à des motifs géométriques fins incisés (losanges) sur un fond engobé rouge (style A2) (Guffroy, 1992). Le style A1 se caractérise par une décoration peignée et des motifs ondulés. L’usage de pigment blanc est tout à fait caractéristique des styles céramiques du Pérou nord, on le retrouve sur la côte ainsi que dans les régions de Cajamarca, Bagua et Pacopampa ; il en est de même pour le pigment gris et les décorations polychromes, mais on les voit plus particulièrement à Bagua et à Pacopampa.

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Bagua...) mais aussi avec les traditions plus au nord en Equateur (Alausi, Cerro Narrio-groupe X, Catamayo D).

Nous avons pu remarquer au cours de cette étude que ce dernier élément est très courant dans l’ensemble des régions parcourues, on ne peut donc tirer de conclusion particulière à sa présence ici. Cependant, cet usage tant répandu (de Tutishcainyo au sud de l’Equateur) est un élément marquant allant dans le sens d’une diffusion culturelle interrégionale. Pour en revenir au décor du style Local B, Guffroy (1994a) suggère que ce type d’incision est proche du style Ayangue Incised des traditions équatoriennes Machalilla et Chorrera (entre 1400 et 400 av. J.-C.). Le style Local B se singularise également par un motif représentant une image stylisée d’apparence monstrueuse à caractère zoomorphe. Un troisième groupe correspond à des petites jarres carénées à col légèrement éversé, représentant moins de 10% des fragments de jarres identifiées. Elles portent un décor incisé avec des protubérances ou des bandes peintes en rouge. Elles ont sans doute été importées de la région côtière de Paita car les analyses montrent que la pâte est identique à celle de Paita. Le dernier groupe est défini à partir de tessons appartenant à d’autres traditions céramiques dont le nombre peu élevé indique un système d’échange relativement sporadique. Dans ce groupe, on trouve des bouteilles, des figurines et des bols aux motifs polychromes délimités par des incisions dont le style est attribuable aux vallées de Zaña et Jequetepeque, ou aux traditions orientales de Bagua et Pacopampa (Guffroy, 1994b). Des fragments assimilables à des styles équatoriens sont également présents (Catamayo C, Chorrera-Cerro Narrio). La phase Ñañañique comprend donc de nombreux éléments témoignant d’échanges, plus ou moins épars, avec les diverses traditions qui entourent le site. Les contacts avec les régions proches semblent réguliers, notamment avec la côte (Paita) et avec les sites de Bagua (dans le piémont oriental) et de Pacopampa. Localisés à des distances plus importantes, les cultures équatoriennes (Catamayo, Machalilla...) font l’objet de liens plus occasionnels.

Fig.12 : Tessons et bol de la phase Panecillo, style B (d’après Guffroy, 1992, Fig. 9 p185 et 12 p190).

On a également découvert des dépôts associant coquillages équatoriens et coquillages amazoniens. À la phase suivante (La Encantada 400-200 av. J.-C.) les traits stylistiques précédents disparaissent et le site de Cerro Nañañique est abandonné. Les contacts réguliers de ce site avec des sites côtiers de l’extrême nord du Pérou ne semblent faire aucun doute. La présence en grande quantité de céramiques de style Paita, de coquillages et de restes de poissons marins témoignent de ce fait. On peut également supposer à la vue de l’usage de jarres de style Paita en offrande, que les habitants de ces sites côtiers ont participé aux activités du centre cérémoniel (Guffroy, 1994a). Concernant les contacts avec le sud de l’Equateur, on trouve des relations de filiations dans les techniques de décors mais très peu de vestiges importés. Les vestiges témoignant de relations avec l’Est, Andes et piémont oriental, ne sont pas nombreux non plus. Mais leur présence sous forme de matériel céramique et de coquillages indiquent des liens avec les traditions de Cajamarca, Pacopampa et Bagua. Secteurs dans lesquels on retrouve également plusieurs variantes du style Local A et un style proche du Local B (Guffroy, 1994a) (cf. ci-dessus). Comme nous l’avons signalé plus haut, la localisation de Cerro Ñañañique a facilité ses contacts avec des traditions très différentes. On peut supposer que les échanges de céramiques et de coquillages devaient s’accompagner de denrées périssables (sel, poisson, végétaux, bois). La quebrada de Yapatera constitue un moyen d’accès facile et rapide entre côte et selva puis, les cultures proches de Bagua et Pacopampa ont pu permettre l’extension des échanges jusque vers le bassin du Marañon.

2- La phase Panecillo (600-400 av. J.-C.) À la phase Panecillo, malgré quelques modifications, on retrouve les deux principaux types locaux antérieurs. Le style Local A n’a pas subi de changement majeur. Les récipients de grande taille, les petites jarres et les bols incisés et peints sont plus rares et seuls les récipients à décors polychromes maintiennent leur popularité (Guffroy, 1992). Le style Local B (Fig.12) intègre une nouvelle forme de bol, mais c’est surtout grâce à l’évolution iconographique que l’on voit les changements intervenir : un nouveau motif, synthèse du motif géométrique antérieur (losange concentrique) et de la figure monstrueuse (être serpentiforme), fait son apparition. Ce même motif se retrouve dans des vallées plus méridionales et s’apparente en fait à des motifs de style Chavín. Cependant, il est intéressant de signaler l’absence, dans le Haut Piura, des représentations de dents, crocs, griffes, présentes partout ailleurs dans la zone dite d’expansion Chavín. Ce trait semble montrer la limite de cette zone : les éléments caractéristiques de l’influence Chavín sont absents du Haut Piura (Guffroy, 1994b). Des tessons de céramiques de facture étrangère sont toujours présents et montrent que des relations se maintiennent entre Cerro Ñañañique et les régions environnantes du Pérou septentrional (Paita, Pacopampa,

C- Le Bassin du Chambira Le rio Chambira est un affluent mineur du Marañon, situé au nord-ouest de la ville actuelle d’Iquitos. Le Bassin du Chambira est donc la région la plus à l’Est considérée dans ces lignes. 58

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Sa situation permet un accès direct aux vallées du Marañon, de l’Ucayali et du Huallaga au sud, et au nord, la distance jusqu’à l’Equateur est moindre (240 km environ). Cette vallée a fait l’objet de recherches archéologiques de 1984 à 1986 sous la direction de D. Morales Chocano (1992). La moyenne vallée du Chambira est une zone non inondable (restingas) appartenant à l’étage écologique Playa. La végétation, luxuriante étant donné les précipitations abondantes et la chaleur, est de type amazonien. Propice à l’occupation humaine, cette vallée est aujourd’hui le territoire des Urarina. Les vestiges retrouvés dans cette zone sont exclusivement céramiques. Morales Chocano (1992) a distingué quatre grandes concentrations de céramiques dans les vallées du Chambira et de ses affluents et a pu identifier trois phases céramiques préhispaniques nommées Chambira, Siamba et Tigrillo.

Il est difficile de faire un tri parmi toutes les traditions évoquées ici. La bibliographie concernant ce site est mince, et nous n’avons malheureusement pas tous les éléments en main pour évaluer la pertinence de ces diverses suppositions. Il semble que tous les types de céramiques que nous avons vus jusqu’à présent se retrouvent sur ce site. Il est évident que sa situation (proche du piémont amazonien équatorien et en accès direct avec le Marañon) pourrait favoriser des contacts nombreux expliquant d’une part toutes ces ressemblances stylistiques, d’autre part, l’abondance de céramiques apparemment intrusives. Dans l’ensemble, il semblerait que ce soit une tradition relativement proche des cultures équatoriennes : figurines, céramiques apparentées à celle de l’Upano ou du Guayas. De toute façon, sans analyse fine des argiles, parler de provenance ou d’échange demeure très hypothétique.

De la Période Initiale à l’Horizon Ancien :

2- La phase Siamba

1- La phase Chambira

Pendant cette phase, la présence de styles céramiques étrangers augmente encore. À travers ces différents styles, Morales Chocano (1992) identifie des poteries provenant de l’Ucayali en se basant sur des fragments au décor incisé recouvert de peinture rouge après cuisson. Cette identification paraît un peu rapide étant donné l’étendue de ce type de décor dans tout le monde andin. Il met également en évidence des tessons provenant des Andes Septentrionales et du bassin de l’Orénoque. En effet, la majorité des tessons intrusifs semblent de tradition Barrancoïde (700 av. J.-C.-300 apr. J.-C.), très éloignée. Ils sont caractérisés par une couleur noire et des incisions polies dessinant des motifs curvilinéaires s’achevant en une spirale avec un point au centre. Ce type de céramique présente des formes carénées, des bords crénelés... On la retrouve également à la phase Hupa-iya de l’Ucayali Central (400-200 av. J.-C.).

Cette phase correspond à la première occupation du bassin. Sa céramique se singularise par un dégraissant de sable fin et par des récipients aux parois minces. Le décor est principalement constitué de zones hachurées de fines lignes sur un fond engobé clair. Parmi les formes, en général globulaires, on note la présence de bouteilles à double goulot et à pont (de type dit “en sifflet”), ainsi que ce qui pourrait être des essais de bouteilles à anse en étrier. D’autres éléments en céramique nous sont parvenus, notamment des figurines dont certaines ont la tête et les membres articulés; leurs crânes présentent une déformation bilobée et elles portent parfois une coiffe. Ces figurines sont pour la plupart féminines et portent des ornements (bracelets, colliers) (Morales Chocano, 1992). Elles ressemblent à celles de la phase Valdivia (3500-1400 av. J.-C.) mais elles s’en différencient par leur cheveux attachés à l’arrière. Elles sont également très proches de figurines de la culture Upano, dans la selva du sud de l’Equateur. Selon Myers et Dean (1999), les bouteilles à goulots tubulaires appartiennent à la phase Machalilla et les anses de type “en sifflet” sont présentes à la phase Chorrera (1000-300 av. J.-C.). On retrouve également ces types de formes aux phases Tutishcainyo Tardif et Shakimu Ancien dans l’Aire Centrale du Pérou, mais aussi à Huapula et à Chiguaza (Porras, 1987). C’est d’ailleurs la région de l’Upano que Morales Chocano a retenu comme lieu d’origine. Toutefois, les dates récentes (Rostain, 1999) n’accréditent pas cette antiquité. Quant au style des poteries, il est également très répandu, puisqu’il s’apparente à la tradition "hachuré par zones" de Meggers (1961). Il s’étend de l’île de Marajo (sur la côte brésilienne) (Meggers, 1961), à Tutishcainyo Ancien (Lathrap, 1970), à la Cueva de las Lechuzas (Lathrap & Roys, 1963), ou encore Puerto Hormiga en Colombie (Reichel Dolmatoff, 1965). Cependant, selon Morales Chocano (1992), le style incisé de Chambira est très proche des types peignés ou brossés de Valdivia et des décors hachurés de Pastaza. Concernant les tessons peints en rouge après cuisson appliquée sur les décors géométriques incisés, il les trouve semblables aux types de Pacopampa, Bagua et Tutishcainyo. Enfin, les décors en bandes superposées seraient du même style que des céramiques de Pandanche et Tutishcainyo Ancien.

L’Intermédiaire Ancien : La phase Tigrillo Cette phase est caractérisée par la présence de deux principaux styles céramiques intrusifs. Le premier est bichrome (rouge et blanc) avec des motifs incisés, comparable à un des styles retrouvés à Bagua, à la phase El Salado. Le second type de céramique présente un décor de colombins apparents et polychrome, qu’on retrouve dans les niveaux anciens de Valdivia, à la phase Cumancaya (8501000 apr.. J.-C.) de l’Ucayali, et aussi dans l’Orénoque. La présence de cette technique ne permet donc pas d’estimer une provenance, ni de dater une phase car elle a toujours été utilisée. Cependant, l’association de ces deux styles joue en la faveur d’une intrusion de traditions de l’Orénoque. En fait, malgré toutes les provenances possibles des céramiques intrusives ou des influences du matériel de Chambira, Morales Chocano (1992) estime que cette tradition avait des liens réguliers avec l’aire andine septentrionale c’est-à-dire avec l’Equateur, la Colombie et le Vénézuela où les styles hachurés et Barrancoïde sont les plus anciens. Il pense également que des relations existaient avec le nord-est des Andes amazoniennes comme à Bagua et Pacopampa. Ainsi, pour lui, le Bassin du Chambira joue un rôle dans la diffusion des styles céramiques septentrionaux qui à travers le Marañon et ses affluents, ont pu parvenir à la fois dans les aires centrales et septentrionales péruviennes.

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Guffroy (1987) estime que la phase A est représentée par un matériel céramique dont la technique et les décors dénotent déjà une certaine élaboration. De fait, il attribue à ce type de céramique une origine étrangère amenée par les premiers groupes sédentaires de la vallée, origine qu’il situe dans le piémont amazonien. Les formes de cette phase sont majoritairement des jarres globulaires à bords éversés (formes A et B), à l’exception d’un récipient ouvert à paroi rectiligne inclinée vers l’extérieur (forme T). Les décors sont composés d’incisions larges et d’impressions circulaires concentrées sur la partie supérieure des récipients. Des bandes de peinture rouge sont parfois utilisées pour souligner la lèvre des jarres ou pour recouvrir les motifs incisés.

3- L’Aire Méridionale de l’Equateur Les nombreuses recherches dont bénéficie le sud de l’Equateur fournissent des données récentes sur le sujet qui nous intéresse. Il semble qu’à l’époque préincaïque la discontinuité entre sierra et piémont oriental était bien moins franche que dans les régions plus au sud des Andes. Les données témoignent d’un réel lien culturel entre les deux milieux qui pourrait être le fait d’une plus grande proximité entre les hautes et les basses terres, alliée à un accès plus aisé (cf. Tabl. 3).

Période Formative (3500 av. J.-C. à 500 av. J.-C) :

La phase B rompt avec la A et se singularise par l’existence d’un type unique de récipient (forme C), une jarre globulaire à col court rarement décorée. La rupture entre les phases B et C est également remarquable. Les jarres à grand col vertical réapparaissent accompagnées d’un épaississement des lèvres, l’usage de la peinture rouge, de décors modelés ou gravés après cuisson (rappelant les motifs de la phase A). On voit également le début de l’usage de peinture noire et de pigments de couleur blanche.

A- La vallée de Catamayo (Loja) Les recherches archéologiques dans la vallée de Catamayo, effectuées entre 1100 et 1400 m d’altitude, ont permis d’identifier quatre traditions formatives : A (1700-1300), B (1300-950 av. J.-C.), C (950-800 av. J.-C.) et D (800-500 av. J.-C.) (Guffroy, 1987). Dans l’ensemble, les céramiques de cette vallée sont caractérisées par la prédominance des formes globulaires fermées, et par des décors incisés ou gravés, associés à l’usage de peinture rouge (Fig.13). En revanche, l’absence de bols et de bouteilles, formes très présentes dans les cultures contemporaines, est notable.

La phase D dérive de la phase C : on retrouve des formes antérieures (D et E). L’émergence de nouvelles formes influencées par les cultures de Pacopampa et Bagua caractérise cette dernière phase. Le matériel céramique est dominé par des récipients globulaires sans col, fréquents dans l’Horizon Ancien péruvien, mais absent ou rare en Equateur. La peinture de couleur rouge est remplacée par la couleur orange ou un décor polychrome souligné par des incisions, commun dans les traditions Bagua-Pacopampa. 1- Carrefour de contacts entre hautes et basses terres? Malgré un matériel céramique qui se démarque de celui des cultures contemporaines, la tradition de la vallée de Catamayo présente de nombreuses données indiquant la participation de la population à des réseaux d’échanges incluant la côte Pacifique, les hautes-terres andines et le piémont amazonien. La nature de ces contacts est indéterminée (échanges directs ou indirects ?), mais leur existence est tout à fait attestée par les types céramiques identifiés à Catamayo (Guffroy, 1987). La topographie de la vallée paraît étayer ce fait. Le rio Zamora s’écoule d’Ouest en Est et se jette dans un affluent du Marañon, donnant ainsi accès à de nombreuses régions orientales de l’Equateur et du Pérou. Les vallées du Catamayo et du Chinchipe se dirigent vers le Sud Est et permettent l’accès vers les vallées interandines et la montaña péruviennes, mais aussi vers la côte nord du Pérou. De plus, le massif andin du sud de l’Equateur est peu élevé, fracturé, facilitant le passage entre les différentes zones géographiques. La côte centrale équatorienne et la montaña péruvienne sont vues comme deux foyers possibles d’invention et certaines des hypothèses évoquées présument de l’existence d’influences entre les deux. De même, il existerait des relations entre les traditions de la sierra équatorienne (Cerro Narrio) et la côte nord du Pérou.

Fig. 13 : Évolution des récipients céramiques de Catamayo (Guffroy, 1987, Fig. 19 p 97).

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remplies de pigment généralement rouge. Mais, une fois encore, c’est un élément trop fréquent pour témoigner d’un contact. La vallée de Catamayo est donc le reflet d’échanges interrégionaux à des degrés sans doute divers : plus les cultures sont éloignées, plus le contact semble sporadique. Cependant, ces éléments d’échange, même si leur présence est avérée, ne peuvent étayer l’hypothèse de contacts directs des Andes centrales au sud de l’Equateur car les données dans les zones intermédiaires sont à ce jour inexistantes.

2- Les relations entre Catamayo et Cerro Narrio. Le site de Cerro Narrio est, selon Braun (1982), aussi ancien que Valdivia, et aurait participé à la diffusion de la céramique vers le Sud après l’apparition de cette dernière en Colombie. Ainsi, les céramiques de tradition Cerro Narrio auraient suivi un chemin passant par la vallée de Catamayo. Si cette hypothèse était exacte, on trouverait à Catamayo des traditions céramiques directement influencées par Cerro Narrio. Pendant la première phase de Cerro Narrio (Narrio Red and Buff Fine), un type de récipient globulaire à col droit ou légèrement éversé est très proche des formes de la phase C de Catamayo. En outre, les techniques décoratives de cette phase sont présentes à Cerro Narrio. Mais l’extrême rareté de lèvres épaissies, très fréquentes à Catamayo C est notable. À Catamayo, des tessons appartenant à un sous-type de la forme E sont identiques au type de Narrio Red and Buff Fine. D’ailleurs, leur pâte est particulière et permet de les identifier comme étant probablement des produits d’échanges importés de Cerro Narrio. Cependant, rien n’est sûr car on trouve ce même type de poterie dans la région de Cuenca (Guffroy, 1987). C’est avec la phase C de Catamayo que l’on trouve finalement le plus de similitudes avec la phase III b de Cerro Narrio (type Narrio Red on Buff variante C). Il s’agit de la forme C de Catamayo qui, à Cerro Narrio, a la même particularité d’apparaître puis de disparaître en un temps court, pour être à nouveau remplacée par une forme similaire dans les deux traditions. Il s’agit d’une forme globulaire à col droit et à lèvres épaissies (formes D et E) qui succède à la forme C. Cette similitude est renforcée par l’usage commun d’un décor de bande rouge peinte soulignant la lèvre et de zones incisées souvent triangulaires effectuées après la cuisson. Tous ces éléments semblent confirmer un développement parallèle des deux cultures mais pour une période réduite. Ce contact apparemment étroit est encore attesté par des céramiques importées de Cerro Narrio, par l’usage commun de coquillage d’origine marine pour la confection d’ornements et par la présence sur les deux sites d’éléments de forme carrée à perforation centrale (Guffroy, 1987).

B- Cerro Narrio Le site de Cerro Narrio est situé dans la province de Cañar, à 3100 m d’altitude. Collier et Murra y effectuèrent les premières recherches archéologiques en 1941. Ce site a livré de grandes quantités de céramiques diverses, mais les nombreux pillages ont rendu impossible l’établissement d’une séquence chronologique fine. Collier et Murra (1943) proposent tout de même une division en trois phases : Cerro Narrio Ancien (correspondant au Formatif), Cerro Narrio Récent (période des Développements Régionaux et d’Intégration) et Horizon Inca. Une autre sériation fut proposée par R. Braun (1982), qui y reconnaît quatre phases formatives dont la plus ancienne correspondrait au début de Valdivia (et dans laquelle il intègre le groupe X que Collier et Murra avaient classé dans Cerro Narrio Récent). Selon Braun (1982), Cerro Narrio et Valdivia auraient une origine commune qu’il faudrait chercher vers le foyer d’innovation de la céramique dans les basses terres de la Colombie. Cependant, Braun ne donne qu’une datation 14C pour le site (environ 2000 av. J.-C.), ce qui ne permet pas de vérifier son ancienneté par rapport aux niveaux anciens de Valdivia. La première phase définie par Braun (1982) se distingue par la présence du type Narrio Red on Buff Fine. Il s’agit de récipients de formes ouvertes ou globulaires à col droit ou éversé souvent décorés de bandes peintes en rouge sur la lèvre et à l’intérieur du col sur fond crème. Sur la partie supérieure de la panse, on peut voir une décoration peinte de la même couleur, ainsi que des éléments modelés zoomorphes, des séries de protubérances ou encore des incisions. Ce type de céramique est commun à toute la séquence de Cerro Narrio, mais diminue peu à peu. La phase suivante se caractérise par l’émergence de deux types : Cañar Polished et Narrio Red on Buff. Le dernier type présente des formes à lèvres éversées, décorées de bandes modelées entaillées ; quant au premier, il est représenté par des récipients ouverts à base annulaire. À la phase III, trois types différents font leur apparition: Narrio Red on Buff variante C, Narrio Gross Ware et Narrio Granulated Ware. La fin de la phase est marquée par l’émergence du groupe X associé à la technique de gravure et à l’apparition de récipient ouvert dont l’intérieur est parsemé de fragments de quartz. Selon Braun (1982), cet ustensile pourrait être destiné à râper le manioc et serait donc l’indication d’une intrusion de groupes amazoniens (ce type de râpe n’est cependant pas repéré en Amazonie, Rostain, com.pers.). La phase IV est l’équivalent du début de Cerro Narrio Récent. La plupart des styles de céramiques identifiés précédemment disparaît, laissant place au développement de décors de peinture iridescente et négative qui laissent supposer une influence côtière Chorrera (Gomis, 1992).

3- Les relations entre Catamayo et le piémont oriental péruvien. Malgré son éloignement, le site de Kotosh présente des traits communs avec la tradition Catamayo. A la phase Waira-jirca (contemporaine des phases Catamayo A et B), des récipients globulaires sans col et de petites jarres à col éversé sans décor sont très proches des formes B et C de Catamayo. La technique de décoration consistant en incisions larges recouvertes de pigments de couleur est également utilisée à Catamayo A. Mais, cet élément est tellement courant qu’il est peu pertinent pour affirmer un contact. À des périodes plus tardives, correspondant aux phases Kotosh-Kotosh, Kotosh-Chavín et Catamayo C et D, on trouve à Kotosh des bols à lèvre biseautée rappelant la forme Y de Catamayo D. La fréquence de récipients sans col à lèvres épaissies et des décors polychromes délimités par des lignes incisées semble confirmer les similitudes entre les deux traditions (Guffroy, 1987). À la phase Tutishcainyo Ancien, le seul trait commun est l’apparition à la même époque du décor hachuré par zones 61

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Carrefour de contacts entre hautes et basses terres?

Périodes des Développements Régionaux et d’Intégration : L’Oriente équatorien

Le complexe appelé groupe X (Collier et Murra, 1943) est apparemment le fait d’un groupe intrusif car il marque la disparition de nombreux traits antérieurs et l’apparition de nouveaux éléments. Les céramiques accompagnant ce groupe portent des décors très divers. Les motifs sont géométriques : lignes verticales ou horizontales incisées, alternance de zones triangulaires ou rectangulaires hachurées et vierges, motifs peints en escaliers, en zigzag, croix, cercles, bandes ondulées ou encore spirales, zones de ponctuations. Ces décors sont concentrés sur la partie supérieure de petites jarres ou de bols (parfois carénés). Les zones gravées ou incisées sont souvent recouvertes de peinture rouge, blanche ou jaune à base de résine, après cuisson. Des décors effectués avec la technique de peinture négative rouge brillant, des décors gravés et peints en rouge, gris, noir ainsi que des céramiques à bandes peintes en rouge entre incisions sont également présents. Collier et Murra (1943) ont assimilé les décors incisés aux motifs géométriques recouverts de peinture rouge au type Ayangue incised de Machalilla dont les motifs et les formes sont souvent similaires. Cependant, Braun (1982), en se fondant sur les similarités que Lathrap (1970) a trouvé entre le type Sanidine Tempered Ware et Ayangue incised, estime que le groupe X pourrait être en partie lié aux populations de la selva péruvienne. Il ajoute que les décors incisés remplis de peinture rouge après cuisson seraient identiques à ceux de Kotosh Waira-jirca. D’ailleurs un récipient porte exactement le type de décor de cette phase du Haut Huallaga. Le problème est que Braun se base sur un type de poterie défini par Lathrap pour la phase Tutishcainyo Tardif et non Waira-jirca, et sur un seul tesson provenant de Kotosh. En revanche, son interprétation concernant l’origine des décors effectués en peinture négative rouge brillant semble valable. Braun l’assimile à la phase Chorrera présentant ce type de décor. Il en est de même pour le type de céramique à bandes rouges entre incisions (type Upano) identifié dans la région de Macas. Étant donné le nombre de céramiques intrusives qui caractérisent le groupe X, on ne peut identifier la ou les origines de ce groupe. Il semble que s’y ajoutent des types de céramiques importés lors d’échanges à plus ou moins grande distance. Collier et Murra (1943) pensaient qu’il avait une seule origine et situaient celle-ci dans la région du noeud de l’Azuay. Pour Braun (1982), la présence d’ustensiles à râper le manioc et de céramiques qu’il attribue au type Sanidine Tempered Ware, sont des éléments qui indiqueraient une origine plutôt selvatique de ce groupe. C’est probable, mais la quantité de types divers de céramiques et le manque d’informations concernant le nombre de fragments pour chacun d’eux ne nous permet pas de juger de la véritable validité de cette hypothèse. Cerro Narrio a aussi pu jouer un rôle dans la diffusion des spondylus. De grandes quantités de déchets de découpe de ces coquilles ont été retrouvées ainsi que des coquilles entières. Seul le bord rouge était utilisé dans la fabrication de pièces d’ornement qui, ensuite étaient probablement diffusées dans les basses terres, comme le montrent les vestiges en spondylus de la Cueva de los Tayos, dans la vallée du Cenepa (Collier & Murra, 1943).

L’Oriente équatorien est caractérisé par une forte pluviosité et un relief assez tourmenté constitué de collines subandines et de ravins. Le long des fleuves principaux, le paysage est formé de terrasses alluviales, tout à fait favorables à l’installation humaine. 1- La vallée de l’Upano La vallée de l’Upano a fait l’objet de nombreuses recherches mais souvent limitées à quelques sondages dont les plus importants ont été effectués sur le site de Huapula par P. Porras entre 1978 et 1984. Les recherches archéologiques sur ce site, situé dans les environs du volcan Sangay, au nord de la ville actuelle de Macas, ont été reprises par E. Salazar et S. Rostain en 1996. Selon Rostain (1999), la sériation céramique établie par Porras (1987) est peu fiable car elle ne suit pas la stratigraphie du site (ce qui a justifié une nouvelle intervention). Huapula est un important site à monticules dont la localisation au pied des Andes, en lisière de la forêt tropicale, nous intéresse tout particulièrement. On y observe des traits à la fois caractéristiques des hautes terres et des basses terres, ainsi qu’une céramique bien spécifique dont la large diffusion à travers les Andes a attiré notre attention. La culture Upano représente le premier niveau d’occupation de Huapula et d’autres sites comme Yaunchu (fouillé par Harner, (1995) puis Rostoker en 1997). A Huapula, elle est datée de 700 av. J.-C. à 400 apr. J.-C.. Pendant cette phase, la céramique est définie par la fréquence d’écuelles à bords rectilignes avec un piédestal et décorés de motifs peints en rouge délimités par des incisions (Fig. 14). La culture Upano disparaît sur ces sites à la suite d’une éruption du volcan Sangay (importante couche de cendres recouvrant ce niveau).

______________________________________________________ Fig. 14 : Exemples de formes typiques du type céramique à Bandes Rouges Incisées (d’après Rostain, 1999, Fig.12 p71).

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al.1994), l’extension de ce type de céramique dans la sierra supposerait des échanges plus importants entre selva et hautes terres. En outre, la grande taille des récipients importés par rapport aux formes qu’on trouve sur les sites proches du Sangay, suggère une fonction de stockage et peut-être de transport. Ainsi les céramiques de la culture Upano ont été exportées dans les hautes terres et peut-être jusque dans la vallée de l’Ucayali. Des documents ethnohistoriques avaient affirmé l’importance des échanges entre hautes et basses terres en Equateur précisant que ces échanges devaient exister depuis l’époque précolombienne (Oberem, 1974 ; Taylor, 1991 ; Rostoker, 1995). Oberem (1974) parle de groupes de la selva qui échangeaient des plantes médicinales, des animaux sauvages, des plumes... contre du sel, des toiles de coton, des chiens...

Vers 700 apr. J.-C. jusqu’à 1200 apr. J.-C., des groupes de culture Huapula occupent les niveaux supérieurs de certains sites de l’Upano. La céramique de cette culture est représentée par des formes moins élaborées. Les plus fréquentes sont des bols ordinaires et des grandes jarres à col décoré de colombins apparents à impression digitale. Les motifs géométriques peints en rouge et blanc sont les plus courants. 2- La diffusion de la céramique à Bandes Rouges Incisées: premier témoin reconnu d’échanges des basses terres vers les hautes terres. Nous avons déjà évoqué ce type de céramique concernant la sierra australe de l’Equateur. Nous allons donc revenir sur la diffusion de cette céramique pour voir plus précisément son étendue. À l’Est, ce type de céramique s’étend jusqu’à la vallée du Pastaza et au sud, vers la vallée de Zamora, possible axe de diffusion vers la plaine amazonienne et vers le Pérou. Cette céramique se retrouve à environ 80 km à l’Ouest, dans la sierra. Ce type fait, en effet, partie du groupe X de Cerro Narrio ; on le trouve également dans les sites de la région de Cuenca et d’Alausi. En amont de Cuenca, sur le cours du Paute, les fouilles de K. Olsen Bruhns sur le site de Pirincay (débutées en 1984) ont révélé un grand nombre de céramiques de ce type. La première phase de Pirincay (datée entre 1200-400 av. J.-C.) indique des contacts avec d’autres sites de la sierra, notamment Cerro Narrio (type Cañar Polished) ou Chaullabamba (type “coquille d’oeuf”) (Bruhns,1989). On rencontre également des récipients incrustés d’éclats de quartz ainsi que des types de céramique Narrio Gross et Granulated correspondant à la phase III de Cerro Narrio. Quant aux échanges avec la côte, ils sont indiqués par la présence de types de céramiques de tradition Chorrera (tessons au décor à peinture iridescente) et de nombreux coquillages dont des spondylus (Bruhns, 1989). Les niveaux d’occupation supérieurs du site (400 av. J.-C.100 apr. J.-C.) témoignent d’un changement d’orientation des échanges. On remarque des poteries typiques de la phase Bagua (Bruhns et al., 1990), mais avant tout une grande quantité de céramiques à Bandes Rouges Incisées provenant de l’Upano (Bruhns et al., 1994). Enfin, à 900 km de la vallée de l’Upano, la phase Cumancaya de l’Ucayali central comprend cette céramique qui correspond ici à des niveaux datés d’avant 800 apr. J.-C. Rostain (1999a) explique que cette présence de la céramique à Bandes Rouges Incisées à une période tardive serait le fait d’un déplacement de groupes du Sud Est de l’Equateur. Deboer et Raymond (1987) préfèrent y voir une correspondance entre deux cultures distinctes. Il aurait fallu effectuer des analyses pétrographiques sur ces tessons en plus de ceux de la sierra équatorienne (cf. ci-dessous) ce qui aurait permis de renforcer ou d’infirmer l’hypothèse d’un déplacement. L’extension de ce type de céramique a conduit à effectuer des analyses pétrographiques destinées à connaître son origine. Les résultats furent publiés en 1994 par Bruhns, Burton et Rostoker. Ces analyses réalisées sur les tessons provenant de Pirincay, de Cerro Narrio, de Chaullabamba et des sites de Sucúa dont Yaunchu (dans l’Upano central), à des niveaux correspondant à des dates comprises entre 400 av. J.-C. et 100 apr. J.-C., ont d’abord confirmé l’origine commune des tessons. Puis l’argile a été identifiée comme provenant des abords du volcan Sangay. Selon Bruhns (et

3- Les vallées de Pastaza et Huasaga Ces deux vallées se situent dans la plaine amazonienne équatorienne et ont été partiellement étudiées par Porras dans les années 1970. Mais les datations très anciennes proposées pour la phase Pastaza ne semblent pas exactes. Porras (1975) nomme avec une certaine confusion “phase Pastaza ”, une séquence céramique allant de 2000 av J.-C. à 1600 apr. J.-C. Il y distingue quatre périodes. La période A est datée de 2000 à 1000 av. J.-C. et est caractérisée par le type Pastaza Incisé et Ponctué qui présente un décor d’incisions libres ou par zones. La forme la plus commune est un vase hémisphérique à ouverture large. À la période B (1000-200 av. J.-C.), les styles Pastaza Rouge Poli, Rouge Incisé et Pastaza Excisé font leur apparition, alliés à un décor de colombins apparents. Puis à la fin de la période, on remarque un décor polychrome rouge et blanc. La période C (200-800 apr. J.-C.) se caractérise par les styles Blanc sur Rouge et Pastaza Rouge Incisé ainsi que des décors à l’ongle associés aux décors de colombins apparents. La forme de jarre globulaire à col étroit est fréquente. Enfin, la période D (800-1600 apr. J.-C.) semble présenter des relations avec des groupes Jivaro. Les céramiques fabriquées à partir d’une pâte au kaolin, portent des décors à l’ongle, des motifs rouges et sont vernies. En 1980, Porras revient sur ses interprétations et limite la phase Pastaza à sa période A, estimant que ce type de céramique ne correspond pas à la céramique de Valdivia, comme il le pensait, mais dériverait de la culture Yasuní du rio Napo (à 250 km du Pastaza) ou de Tutishcainyo Tardif (à 850 km). Mais avant cela, cette céramique de type Incisé et Ponctué s’assimilerait à la tradition hachurée par zones de Meggers (1961) et serait originaire de Puerto Hormiga ou du Venezuela. Athens (1990) a trouvé dans ses fouilles sur le site de Pumpuesta (localisé près du Huasaga) des tessons de type Pastaza Incisé et Ponctué. À partir de cette occurrence, les nouvelles datations effectuées restent imprécises, mais le recul chronologique estimé est malgré tout considérable. En effet, les deux nouvelles dates 14C (180 av J.-C.-230 apr. J.C. et 630-905 apr. J.-C.) situent la phase Pastaza au premier millénaire de notre ère. Ces dates ont une différence de 700 ans, mais donnent une évaluation plus précise à celle proposée par Porras (2000-1000 av. J.-C.) (Porras, 1975). La 63

Des Andes à la Selva…

présence de céramiques à Bandes Rouges Incisées sur le site semblerait appuyer cette dernière datation.

(Almeida, 1982). Les deux principaux décors qui ornent les récipients fermés sont, d’une part les décors à colombins apparents, d’autre part, la présence sur le col d’une bande sinueuse modelée ponctuée (Fig. 15) (Guffroy, 1987). La plupart des formes ouvertes ne sont pas décorées. Ce sont des bols hémisphériques dont certains ont un bord concave et portent un décor de bandes peintes de couleur marron ou de bandes sinueuses modelées et ponctuées.

4- La phase Kamijun Cette phase a été identifiée sur un site du nord-est du Pérou, dans la vallée du Huasaga, par une équipe de W. Deboer (1977). Deux styles céramiques différents ont été identifiées sur ce site : le style Anatico, qui semble très proche des céramiques du Napo, et le style Kamijun (Deboer et al., 1977). Ce dernier est caractérisé par une apparence brillante avec un décor d’incisions fines ou larges (formant des zones hachurées ou des motifs réticulés, délimitées par des incisions plus larges), de zones ponctuées et de motifs en spirales. De la peinture rouge ou blanche recouvre parfois ces décors après cuisson (mais la majorité est décorée avant). Ce matériel céramique semble être le même que celui de Pastaza Incisé et Ponctué. Selon Deboer (et al., 1977), ces styles sont également similaires aux types Fine Line Incised de Valdivia (environ 2500 av. J.-C.) et Narrio Gross (environ 1500-1350 av. J.-C.). Ainsi nous sommes face à des relations supposées entre des types de céramiques ayant une certaine ressemblance mais à un millénaire de différence, ce qui est tout de même considérable. Taylor (dans Renard-Casevitz et al., 1986) suggère (hors des dates révisées de Pastaza) en suivant l’hypothèse de Deboer que la céramique Fine Line Incised de Valdivia est intrusive et a été importée par des cultures d’origine amazonienne. Elle estime que ces mêmes cultures, environ 1000 ans plus tard, ont influencé le type Narrio Gross de Cerro Narrio. Ainsi, ces dissonances ne l’empêchent pas de conclure à l’existence “durant la période formative ancienne, d’un foyer très important d’influences culturelles, diffusées d’est en ouest” (Taylor dans Renard-Casevitz et al., 1986 : 231). Il semble que les arguments soutenant cette diffusion soient bien minces. De plus, la dernière datation de la phase Pastaza renforce nos doutes sur l’exactitude de cette hypothèse. En tout cas, si, comme l’indique Athens (1990), les premiers niveaux de Pastaza date du premier millénaire de notre ère et que la céramique de Kamijun est réellement la même, cela signifie que nous sommes face à des styles céramiques similaires. Donc, soit les datations interdisent toutes relations mutuelles, soit les corrélations céramiques effectuées pour Kamijun sont inexactes. Nous pouvons ajouter que l’expansion des décors incisés est telle, à la fois spatialement et chronologiquement, que les comparaisons stylistiques à des fins chronologiques sont difficilement pertinentes. D’ailleurs, il paraît anormal de ne pas trouver cette céramique dans le piémont oriental au Formatif ancien car avant d’arriver à la côte, ce style aurait dû laisser des traces dans l’Oriente.

Un des types de formes ouvertes se différencie par un décor géométrique peint (Almeida, 1982 ; Guffroy, 1987 : 265281). Cette céramique montre une nette rupture stylistique avec la céramique de la période précédente. L’hétérogénéité même de ce matériel céramique renforce l’hypothèse de l’arrivée de population Palta dont les récipients diffèrent légèrement selon les groupes. Les éléments ethnohistoriques associés à cette céramique ont donc permis d’identifier cette population intrusive comme étant de la même tradition que les Palta Jivaros historiques. Ils se répandent alors dans toute la sierra australe équatorienne à partir du Ve siècle de notre ère. Cette date reste incertaine car les datations relatives sont difficiles à établir et les vestiges Palta étudiés dans la région sont datés, pour l’instant de la période préincaïque tardive (XII/XIIIe siècles de notre ère) (Taylor dans RenardCasevitz et al., 1986).

5- L’intrusion Palta dans la sierra lojanaise Pour la Période des Développements Régionaux, les informations concernant la province de Loja sont lacunaires. Les groupes de population quittent les fonds de vallées pour s’installer sur les pentes en y construisant des sites défensifs. On attribue ce repli de populations à l’arrivée de nouveaux groupes, apparemment de filiation amazonienne, dans la région (Taylor dans Renard-Casevitz et al., 1986). Cette tradition caractérise la période d’Intégration dans la province du Loja. Cette nouvelle céramique est très proche d’une tradition du nord-est équatorien attribuée aux Jivaro

________________________________________ Fig. 15 : Céramique à décor de colombins apparents et à bandes ondulées ponctuées de la période d’Intégration (d’après Almeida, dans Guffroy, 1987, Fig. 1 p 268).

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En guise de conclusion…

Notes

L’exploration de ces trois grandes aires fait apparaître des déséquilibres conséquents entre les données, d’abord entre les hautes terres et les basses terres, ensuite entre le Nord et le Sud de la zone considérée. L’extrême nord du Pérou et le sud de l’Equateur sont bien mieux documentés, sans doute grâce à des fouilles plus récentes que dans le Pérou central. Les recherches les plus anciennes (Tello, Lathrap, Shady…) recèlent souvent des maladresses et de réels biais dans l’étude des relations entre hautes et basses terres. Dans le complexe Bagua, par exemple, nous avons pu remarquer un manque de concordance chronologique dans les rapprochements de phases céramiques. Dans d’autres cas (comme à Cave of Owls), on s’étonne de la détermination de phases avec un échantillon de moins de cent tessons. Dans l’Aire Méridionale de l’Equateur deux faits ressortent. D’une part, les traits céramiques semblent voyager beaucoup plus que dans les autres régions, non seulement dans l’Equateur sud, mais aussi à travers les autres aires. D’autre part, on remarque une réciprocité dans les éléments partagés que n’avions pas ailleurs. Ici, on retrouve des éléments des hautes terres dans les basses terres et inversement. Ce fait était déjà un peu visible dans le nord du Pérou (avec les jarres globulaires et les pigments gris et blanc) mais pas dans l’Aire Centrale, où l’on a l’impression que les relations ne sont établies que dans le sens basses terres-hautes terres.

1

L’important réseau hydrographique qui relie ces trois aires, ainsi que le relief relativement peu élevé partagé par le nord du Pérou et le sud de l’Equateur, ont pu établir un lien entre ces régions et expliquent ce choix géographique. 2 A la phase Waira-jirca, Lathrap voit de nombreux points communs dans les techniques et le style de décor, notamment la décoration par zones hachurées avec des lignes fines, alliée à l’utilisation de pigment rouge après cuisson. 3 La phase Saraja Patac serait encore plus proche de Cave of Owls Fine Ware par l’usage de larges lignes horizontales ou diagonales incisées finissant par des ponctuations profondes est commune aux deux styles. Cette similarité s’ajoutant à une ressemblance dans le dessin, Lathrap propose que les groupes de Cave of Owls Fine Ware et Kotosh Saraja Patac étaient en contact.

Dans l’ensemble, la grande fragilité des hypothèses repose sur le manque de pertinence inhérent aux comparaisons stylistiques des poteries. Souvent, un seul trait décoratif suffit pour suggérer des relations entre deux régions et deux cultures qui, de ce fait, seraient contemporaines. Or nous avons pu constater que des styles pouvaient être similaires et exister à des périodes éloignées dans le temps. De plus, il est acquis aujourd’hui que la description morpho-stylistique seule ne peut suffire à caractériser une tradition céramique. Quels résultats aurions-nous en reprenant l’étude des collections céramiques évoquées et en y appliquant des analyses technologiques et pétrographiques ? Aussi, si les relations Est/Ouest nous semblent plus avérées dans le Nord, est-ce le fait de recherches plus récentes ? Ou est-ce le reflet de relations vraiment plus marquées ? La même question se pose concernant les données plus abondantes dans les périodes tardives (à partir de l’Horizon Tardif) : augmentation des relations interrégionales ? ou simple déséquilibre de l’information ? En tout état de cause, la vue des éléments mis au jour sur les sites des vallées du Zamora et du Chinchipe en Equateur (Guffroy, 2003b), nous conforte dans l’idée que plus la recherche avance, plus nous allons vers une reconnaissance du rôle des populations des basses terres dans la constitution des cultures des hautes terres. Notamment à Santa Ana La Florida, site daté autour de 4500 avant le présent, a été découvert un bol en pierre polie dont le décor gravé représente des figures zoomorphes d’aspect monstrueux (félins, rapaces, serpents…) selon une composition en miroir, propre à l’iconographie Chavín pourtant tout à fait postérieure. En attendant de plus amples résultats, certains chercheurs (Guffroy, com. pers.) commencent à voir les basses terres orientales comme une aire intermédiaire ou une aire d’interaction entre l’Amazonie et les Andes. 65

Sites/Phases

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. Motifs excisés curvilinéaires

. Formes ouvertes à profil concave . Bourrelets latéraux Kotosh Waira . Décors incisés par zone Jirca . Bouteille à goulot et à 1800-1300 pont av. J.-C. . Jarres sans col . Peinture rouge après cuisson

Chavín de Huantar 1000-200 av. J.-C.

. Formes ouvertes carénées à profil concave . Bourrelets latéraux . Décors incisés par zone

Eléments partagés

Eléments propres

. Formes ouvertes carénées à profil concave . Bourrelets latéraux . Décors incisés par zone . Bouteille à goulot et à Shakimu Ancien pont 600-400 av. J.-C. Intrusif : . Formes ouvertes à profil convexe . Motifs excisés curvilinéaires . Formes ouvertes carénées à profil concave . Décors modelés et Tutischcainyo appliqués Tardif . Décors incisés par zone 1400-1000 . Bouteille à goulot et à av. J.-C. pont . Peinture rouge après cuisson . Formes ouvertes à profil concave . Bourrelets latéraux Tutischcainyo . Décors incisés par zone Ancien . Bouteille à goulot et à 2000-1600 pont av. J.-C.

Sites/Phases

BASSES TERRES

. Formes ouvertes carénées à profil concave . Décors modelés et appliqués . Décors incisés par zone . Bouteille à goulot et à pont

Eléments partagés

Tableau 1 : Tableau récapitulatif des éléments céramiques partagés entre hautes et basses terres dans l’Aire centrale du Pérou.

. Formes ouvertes à profil concave . Bourrelets latéraux . Décors incisés par zone . Bouteille à goulot et à pont . Jarres sans col . Peinture rouge après cuisson

. Formes ouvertes à profil concave . Motifs curvilinéaires . Motifs figuratifs

. Formes ouvertes carénées Kotosh Kotosh à profil concave 1000-700 . Bourrelets latéraux av. J.-C. . Décors incisés par zone . Bouteille à goulot étroit . Motifs figuratifs

Eléments propres

HAUTES TERRES

Machalilla 1600-1000 av. J.-C.

Sites/Phases

AUTRES

Des Andes à la Selva…

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Eléments partagés

. Décors incisés et polis . Peinture rouge après cuisson . Motifs en bandes ou en Pacopampa escaliers . Décors peints gris et blancs Pacopampa 1200-400 av. J.-C.

. Bouteille à anse en étrier . Bouteille à goulot et à pont Pacopampa . Motifs zoomorphes -Chavín . Décors incisés polychromes 400-200 . Décors peints gris et blancs av. J.-C.

. Bouteille à anse en étrier . Bouteille à goulot et à pont . Motifs zoomorphes . Motifs curvilinéaires Pacopampa . Peinture rouge après cuisson -Chavín 400-200 av. J.-C.

Sites/Phases

Bagua I 1200-800 av. J.-C.

Bagua La Peca 600-400 av. J.-C.

Huayurco

Bagua El Salado 400-200 av. J.-C.

Sites/Phases

. Décors incisés, polis, bichromes . Décors modelés appliqués . Motifs en bandes ou en escaliers

. Colombins apparents . Bouteille à anse en étrier . Bouteille à goulot et à pont . Décors incisés polychromes . Décors peints gris et blancs

. Motifs en volutes . Bols en pierre polie

. Peinture rouge après cuisson

. Bouteille à anse en étrier

. Jarres à col éversé . Décors incisés polychromes . Peinture orange, blanc et gris

. Bouteille à anse en étrier . Bouteille à goulot et à pont . Motifs zoomorphes

. Colombins apparents . Décors incisés polychromes . Décors peints gris et blancs

. Motifs en volutes

. Décor peint rouge et blanc . Colombins apparents

2e groupe : . Décor peint rouge et blanc .Colombins apparents . Décors modelés

Eléments partagés . Bouteille à anse en étrier . Bouteille à goulot et à pont . Motifs zoomorphes . Motifs curvilinéaires . Peinture rouge après cuisson

Eléments propres 1 groupe : . Bouteille à anse en étrier . Bouteille à goulot et à pont . Motifs zoomorphes . Motifs curvilinéaires . Peinture rouge après cuisson

er

BASSES TERRES

Tableau 2 : Tableau récapitulatif des éléments céramiques partagés entre hautes et basses terres dans l’Aire septentrionale du Pérou.

. Bouteille à anse en étrier . Bouteille à goulot étroit . Motifs zoomorphes . Décors incisés polychromes . Motifs curvilinéaires . Peinture rouge après cuisson . Décors monochromes rouge ou brun . Décors incisés et polis . Peinture rouge après cuisson . Motifs en bandes ou en escaliers

. Bouteille à anse en étrier . Bouteille à goulot étroit . Motifs zoomorphes . Décors incisés polychromes . Motifs curvilinéaires . Peinture rouge après cuisson

Eléments propres

HAUTES TERRES

ou Kotosh ou Valdivia

Tutischcainyo

Machalilla

Catamayo

Chavín de Huantar

Barrancas ? Cerro Nañañique

Chavín de Huantar

Saladero

Chavín de Huantar

Sites/Phases

AUTRES

Des Andes à la Selva…

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Pastaza

Avec Valdivia ? Yasuni ? Tutischcainyo ? . Décors incisés ponctués . Décor peint en rouge

Avec Cerre Narrio : . Décor peint rouge sur crème

Avec Machalilla : . Bouteille à anse en étrier

Avec Cerro Narrio Groupe X ? Pirincay ? Cumancaya ? Pastaza ? . Bandes peintes en rouge délimitées par incisions

Eléments partagés

Cerro Narrio Groupe X

Cerro Narrio

Catamayo 1700-500 av. J.-C.

Sites/Phases

. Décors incisés par zone . Décors incisés polychromes . Peinture rouge après cuisson . Bandes peintes en rouge délimitées par incisions . Peinture iridescente et décors en négatif

. Jarres globulaires . Décors modelés zoomorphes . Décor peint rouge sur crème

. Jarres globulaires . Décors incisés polychromes . Décors incisés gravés . Peinture orange, blanc et gris

Eléments propres

HAUTES TERRES Avec Valdivia : . Jarres globulaires Avec Kotosh et Tutischcainyo : . Décors incisés par zone . Peinture rouge après cuisson Avec Cerro Narrio : . Décor peint rouge sur crème Avec Bagua et Pacopampa : . Jarres globulaires . Décors incisés polychromes . Peinture orange, blanc et gris Avec Catamayo : . Jarres globulaires . Bandes rouges soulignant lèvre des jarres Avec Cueva de los Tayos : . Décor peint rouge sur crème Avec Kotosh et Tutischcainyo : . Décors incisés par zone . Peinture rouge après cuisson Avec Machalilla : . Décors incisés par zone Avec Chorerra : . Peinture iridescente et décors en négatif Avec l’Upano : . Bandes peintes en rouge délimitées par incisions

Eléments partagés

Tableau 3 : Tableau récapitulatif des éléments céramiques partagés entre hautes et basses terres dans l’Aire méridionale de l’Equateur.

. Vase hémisphérique à ouverture large . Décors incisés ponctués . Décor peint en rouge

Cueva de los Tayos 1600-1000 av. J.-C.

Huapula 700 av. J.-C.400 apr. J.-C.

. Ecuelle à bord rectiligne avec piédestal . Bandes peintes en rouge délimitées par incisions

. Bouteille à anse en étrier . Décors incisés ponctués . Décor peint rouge sur crème

Sites/Phases

Eléments propres

BASSES TERRES

Des Andes à la Selva…

In Terra Memoris… IN TERRA MEMORIS : LES SYSTEMES DE PRODUCTION DANS LE BASSIN DU RIO LOS PUESTOS IN TERRA MEMORIS : (DEPT. AMBATO, PROV. CATAMARCA)*.

LES SYSTEMES DE PRODUCTION DANS LE BASSIN DU RIO LOS PUESTOS (DEPT. AMBATO, PROV. CATAMARCA). Pablo CRUZ et Anne TOUCHARD Pablo CRUZ et Anne TOUCHARD

Resumen :

Este artículo presenta como, en la cuenca del río Los Puestos, los hombres prehispánicos establecieron un complejo de viviendas asociado a un sistema agrícola complejo; adaptándolo a la vez a su territorio con todas sus características ______________________________________________________________________________________________________ morfológicas y también a su modo de pensar la producción y el espacio, en una lógica de reciprocidad con la naturaleza. La agricultura, Resumen esencia de vida en esas montañas, se podría volver igualmente, esencia cósmica. Ese articulo Abstract : presenta como en la cuenca del río Los Puestos, los hombres prehispanicos establecieron un complejo de

viviendas asociado a un to sistema agricola complejo; a la vez a su territorio cona todas sus características In this article we are going show how the Los Puestos adaptándolo River’s prehispanic population established settlement closely related morfológicas y también a su modo de pensar la producción y el espacio, en una lógica de reciprocidad con naturaleza.This La to a very complex agricultural system, which was adapted to their mind’s representation of landscape and la production. agricultura, esencia de vida en esas montañas, se podría volver igualmente, esencia cosmica. means that the reciprocity conception between Man and Nature was physically represented. Indeed, all environmental characteristics are taken into account by Los Puestos' people in order to turn agriculture into a way of life: materially and Abstract speaking. spiritually In this article we are going to show how the Los Puestos River prehispanic population established a settlement closely rel

Todo es hermoso en ella la mazorca madura que desgranan en noches de vientos campesinos. El mortero y la moza con trenzas sobre el hombro que entre los granos mezcla rubores y suspiros. Cuando la comes sientes que el pueblo te acompaña a lo largo de valles, por recodos de ríos. Cuando la comes, sientes que la tierra es tu madre más que la anciana triste que espera en el camino tu regreso del campo. Es madre de tu madre y su rostro es una piedra trabajada por siglos La Mazamorra, Antonio Esteban Agüero.

L’agriculture est devenue, depuis plusieurs années, l’un des thèmes phares des équipes archéologiques travaillant dans le Nord-Ouest argentin. Après une première approche dans les années 1970 par R. Raffino (1973) et M Albeck et al., (1984, 1993), une nouvelle vague de chercheurs également intéressés à ce sujet et cela, dans différents milieux écologiques, allant des vallées méso-thermales (N. Kriscautzky, 1997), au haut plateau (Púna) (A. Haber, 1992, 1999 ; M. Quesada, 2001 ; D. Delfino, 1999) en se focalisant sur les différents modes, techniques, et stratégies de production. Ce travail est centré sur les systèmes de production agricole préhispaniques répertoriés dans le bassin de Los Puestos (Dept. Ambato-Catamarca, Nord-Ouest de l’Argentine). Les recherches effectuées s’intègrent dans le Proyecto Arquéológico Ambato (Universidad Nacional de Córdoba) et rentrent dans le cadre d’une étude plus vaste sur le mode d’occupation du territoire. Les données présentées sont

originaires des dernières campagnes de prospections effectuées dans le bassin, entre 1999 et 2002, qui ont permis de mettre en évidence un système de subsistance particulier dans lequel était pleinement intégrée l’agriculture. Le concept de « système agricole », sera utilisé ici comme un ensemble de critères interdépendants : écologiques, technologiques, économiques, sociaux, etc., ayant pour but la production de végétaux domestiques. Ces critères, d’après la grande diversité de techniques répertoriées, ont été toutefois influencés par le haut niveau de connaissances des ressources disponibles sur le territoire. Le but est de comprendre tant le mode de production agricole que les relations de production des anciens habitants du bassin de Los Puestos.

Contexte géographique Le bassin de Los Puestos, plus connu dans la bibliographie archéologique comme “Vallée d’Ambato”, est située entre les parallèles 27° 54’ et 28° 03’ de latitude Sud, et entre les méridiens 65° 45’ et 65° 55’ de longitude Ouest (fig.1). Le bassin occupe la région centrale de la province de Catamarca, au Nord-Ouest de la République Argentine (NOA) à 1300 km de la ville de Buenos Aires (capitale de l’Argentine). Sa surface couvre environ 1797 km2 et elle est bordée à l’Est par les massifs de Balcozna-Lampazo, de la chaîne de La Graciana dont l’altitude moyenne est d’environ 1900 m et à l’Ouest par les massifs de Humaya 2278 m) de la chaîne d’Ambato, dont le point culminant est le pic « El Manchao » qui atteint 4351 m d’altitude. Au Nord, la limite du bassin est marquée par la ligne de partage des eaux dans le lieu appelée « Altos del Singuil » (G. Baez, 1993 ; D. Leyva Mendez, 1993).

*Réflexions sur les travaux de terrain réalisés en 2002 dans le bassin du Río Los Puestos. 69

In Terra Memoris… comme les tuco-tucos (Ctenomys fulvus) et de grands rongeurs comme les vizcaches (Lagostomus maximus). La population actuelle de la vallée, composée d’environ 3500 habitants, est en constante diminution en raison de l’émigration des jeunes vers les villes. Elle se regroupe principalement dans des petits villages et des hameaux sis tant dans le fond de la vallée que sur les bas versants. Ils sont constitués de maisons séparées entre elles par des terrains de culture domestique. À l’image de l’ensemble du Nord-Ouest argentin, la vallée d’Ambato est une région économiquement défavorisée et mal desservie en infrastructures basiques (santé, éducation, communication). Les recherches archéologiques réalisées semblent indiquer que le bassin de Los Puestos a été intensément occupé par des sociétés agro-potières entre le IVe et le IXe siècle après J.-C. Durant cette période, la région a connu un processus de complexification sociale qui s’est accompagné d’une importante augmentation démographique. Ce processus est connu comme culture Aguada-Ambato (J. Pérez Gollán, 1992). Les prospections réalisées ont permis de répertorier plus de 250 sites d’habitat associés à des structures agricoles. Cette importante occupation pourrait s’expliquer par la grande capacité de charge du bassin et par le développement d’une relation particulière entre l’homme et le milieu.

Figure 1- Représentation de la vallée du Los Puestos.

Le bassin de Los Puestos est situé à cheval entre les Andes orientales et les Basses-Terres chaudes et sèches du Chaco. Il s’inscrit dans la région écologique du Chaco Occidental (A. Cabrera, 1976). Le climat est marqué par une saison sèche en hiver (de mai à octobre) avec des sécheresses prolongées et une saison de pluies en été (de novembre à avril), qui sont torrentielles. Les mois les plus pluvieux sont en janvier et en février tandis que les plus secs sont en juin, en juillet et en août. Les rivières Los Puestos et le Huañomil sont les principaux cours d’eau du bassin. La rivière Los Puestos prend sa source au Nord de la vallée, sur les hauteurs des « Altos del Singuil ». Il s’agit de rivières au régime continu alimentées par de nombreux cours d’eau secondaires au régime continu et discontinu. La couverture végétale du bassin de Los Puestos est loin d’être homogène ; les différences du tapis végétal sont associées tant à l’altitude, la géomorphologie qu’à l’humidité. La végétation xérophile du bassin de Los Puestos, et de manière générale celle du nord-ouest de l’argentine n’a pas changé depuis un millénaire (V. Markgraf, 1985). Parmi les espèces les plus représentatives on trouve plusieurs variétés d’arbres tels que les algarrobos (Prosopis sp.), les talas (Celtis tala), les chañars (Geoffroea decorticans), les quebrachos blancos (Aspidosperma quebracho-blanco), les sombra e’toro (Jodina rhombifolia) et les viscotes (Acasia visco), et des arbustes épineux comme le shinqui (Mimosa farinosa). Pour leur part, les sommets des massifs sont recouverts de riches pâturages, tels que la Stipa tenuissima, la Stipa ichu, la Festuca hieronymii. (M. Morlans et B. Guichón, 1995). La faune sauvage de la vallée est celle du district biologique «Chaqueño Occidental». Parmi les principales espèces, citons : les tatous ronds (Tolypeutes tricinctus), les tatous chaqueños (Burmeiteria retusa), les quirquinchos (Chaetophractus veilerosus), des carnivores comme le renard « del monte » (Dusicyon thous) et des félins comme le puma (Felis concolor), plusieurs espèces de chats sauvages (Felis colocolo, geoffroiyi et yagouarondi), des cochons sauvages (Tayasu tajacu), des petits rongeurs

L’agriculture préhispanique dans le Nord-Ouest Argentin (NOA) Les ressources alimentaires dans le Nord-Ouest de l’Argentine (fig. 2) Selon l’archéologue A. González (1998 : 72), l’économie agricole préhispanique dans le Nord Ouest argentin répond au même schéma de diète alimentaire que de nombreuses régions andines, basée sur la triade : maïs (Zea Mays), courge (Cucurbita sp.) et haricot (Phaseolus sp.). Toutefois, d’autres végétaux comestibles et utiles ont été identifiés dans le NordOuest de l’Argentine, tels que : l’achira (Canna edulis), l’aji (Capsicum annuum), l’ajipa (Pachyrrhizus ahipa), l’ataco (Amarantus caudatus), la patate douce (Ipomaea batatas), le manioc (Manihot utilissima), le yacón ou llacón (Polymnia edulis), l’arachide (Arachis hypogaea), le tabac (Nicotiana sp.) ou le coton (Gossypium sp.). Il s’agit, pour la plupart, de cultures traditionnellement associées aux basses terres du Chaco austral. On pourrait également y ajouter plusieurs variétés de solanacées sauvages comme la Papa del monte (Hidnoráceas sp.) ainsi que des cactacées comme la tuna. Concernant les végétaux cultivés dans le bassin de Los Puestos aux temps préhispaniques, les informations archéologiques sont encore aujourd’hui réduites. Cependant, bien que peu d’espèces aient été mises au jour, la diversité des surfaces d’exploitation agricole répertoriées laisse penser que les variétés d’espèces cultivées étaient beaucoup plus nombreuses. Néanmoins, des restes carbonisés appartenant à plusieurs variétés de maïs ont été mis au jour dans de nombreux sites d’habitat fouillés, ainsi que d’autres végétaux comme l’Aracacea (Copernicia sp.) provenant des plaines chaudes orientales, et dont les fruits ont un fort potentiel nutritif. De manière générale, comme on a pu le remarquer dans quelques cas, notamment celui du « système de Cárdenez » (Las Talas), un système agricole peut être caractérisé par un ensemble de structures, fonctionnant simultanément. 70

In Terra Memoris… Il peut être caractérisé par : différents types de surfaces de production agricole, des aménagements hydrauliques, des enclos et des structures d’habitat sur lesquels nous

reviendrons, ainsi qu’un mobilier associé à la transformation des produits agricoles.

Figure 2- Coupe du bassin du Rio Los Puestos

l’algarroba sous toutes ses formes aurait pu servir à pallier une récolte en maïs un peu moins fructueuse. L’algarrobo n’est pas uniquement destiné à la consommation ; c’est également un excellent combustible. Des restes de cet arbre dans des structures de combustion nous le prouvent. Des morceaux de tronc et de branches dans des structures d’habitat démontrent également qu’il était employé comme élément de charpente. L’algarrobo semble donc avoir été un élément primordial dans l’économie de la vallée. Outre ses apports en matières premières, la couverture des plaines loessique de la vallée par cet arbre permet une optimisation des surfaces agricoles. En effet, il permet d’améliorer les conditions du sol en lui apportant des matières organiques et en réduisant son pH. Il réduit également le vent, tout en fournissant de l’ombre et diminuant l’évaporation.

La cueillette Le large développement de l’agriculture dans le bassin de Los Puestos devait certainement être renforcé par une intense activité de cueillette dont les principales espèces sont de grands arbres tels que l’albarrobo (Prosopis sp.), le Chañar (Geoffroea decorticans) et le Mistol (Ziziphus mistol), dont les fruits sont très énergétiques. D’après les diverses relations des chroniqueurs ayant visité la région (Don Jerónimo Luis de Cabrera, 1625), la cueillette avait une grande importance et était régulière. Ceci laisse penser que les populations du bassin du río Los Puestos avait systématisé cette activité, intégrée à un calendrier agricole. L’algarrobo, arbre magique Cet arbre est depuis des millénaires le symbole de richesse et de robustesse dans l’ensemble du Nord de l’Argentine. En effet, outre le fait que ses fruits sont consommés sous diverses formes pour leur saveur sucrée et leurs propriétés énergétiques (gâteau appelé patay, boisson fermentée ou aloja), l’algarrobo renferme de nombreux autres secrets. D’après les fouilles effectuées dans l’ensemble du NordOuest Argentin, cet arbre est utilisé depuis le temps des premières populations de chasseurs-cueilleurs (A. Fernandez Distel, 1980). Dans le bassin de Los Puestos, les fouilles ont pu mettre en évidence différents usages de cet arbre. D’après les observations faites sur le terrain, certaines fosses de stockage, comportant de grands vases à l’intérieur de structures d’habitat, laissent penser qu’une atmosphère stable a été volontairement créée, afin de faciliter un processus de fabrication de boisson fermentée comme l’aloja ou la chicha. L’ensemble du mobilier de mouture, retrouvé en contexte archéologique, aurait également pu servir, non seulement pour le maïs, mais également pour l’algarroba (fruit de l’algarrobo). Ainsi, d’une certaine façon, la consommation de

Les systèmes agricoles dans le Bassin de Los Puestos L’aménagement agricole dans le bassin de Los Puestos à l’époque préhispanique Dans le bassin du río Los Puestos, (Dept. Ambato, Catamarca, Argentine), les prospections effectuées ont permis d’observer qu’une grande partie des versants était occupés par un nombre élevé de structures agricoles ainsi que d’aménagements hydrauliques. Bien que les surfaces de culture soient localisées sur les deux côteaux de la vallée, ils ont chacun leurs spécificités. D’une part, les terrasses du massif de l’Ambato, principalement des terrasses linéaires et de contour couvrent, presque de manière continue, une frange comprise entre le point d’inflexion et le sommet des premières petites collines. D’autre part, les terrasses du 71

In Terra Memoris ainsi la culture a secano dont la source d’humidité vient de la condensation naturelle et des pluies saisonnières. - Le contrôle microclimatique des secteurs créé par les murs, permettant ainsi d’exercer un obstacle aux courants d’airs froids descendant le long des collines, en les « obligeant » à s’engouffrer dans les ensellements, évitant ainsi la gelée due au refroidissement nocturne des surfaces (N Kriscautzky, 1997).

massif de La Graciana, beaucoup moins nombreuses, se situent près des sources, ruisseaux et ensellements, qui recueillent l’eau de pluie. La plupart des terrasses situées sur le versant oriental, sur le massif de La Graciana et sur le massif du Lampazo, sont des terrasses de contention (crosschannels). C’est sur ce même versant qu’a été, par ailleurs, répertorié le plus grand nombre de champs terrassés irrigués. Ces surfaces sont connues sous le nom de melgas et se caractérisent par leur localisation sur un niveau inférieur par rapport aux autres surfaces terrassées. Comme nous l’avons vu plus haut, un système agricole correspond à un ensemble des éléments associés à un environnement particulier. Dans le cas du bassin de Los Puestos, la plupart de ces systèmes se déterminent par des ensembles de terrasses agricoles.

En raison du manque d’information archéologique directe ainsi que du fort processus de sédimentation que connaît le fond de vallée depuis la période d’occupation préhispanique, on peut supposer que dans les plaines très fertiles du fond de la vallée d’Ambato, de larges espaces étaient réservés à la production agricole. Cette déduction est en accord avec la distribution des unités résidentielles répertoriées, qui présente de vastes zones inoccupées, parfois associées à des structures de canalisation. Ces zones, auraient pu ainsi accueillir des surfaces extensives de production agricole, ou chacras. Les zones répertoriées ayant ces caractéristiques sont protégées des vents et donc du gel par de petites collines environnantes ; elles sont près des cours d’eau ce qui leur fournit donc un taux d’humidité constant. De plus, elles reçoivent du colluvionnement un apport en minéraux nécessaire pour une bonne fertilité des sols.

Les terrasses Le terme de terrasse comme nous l’entendons ici, correspond à une surface aplanie artificiellement, avec la construction d’un mur, en pierre ou matière périssable, permettant ainsi d’obtenir une surface capable d’accueillir des cultures (R.A. Donkin, 1979 ; W. Denevan, 1980, J. Treacy, 1994). Cette définition reste très générale car la typologie, dépend et s’adapte à chacune des zones géographiques.

Le système hydraulique

Les terrasses du bassin de los Puestos Dans le bassin de Los Puestos, on rencontre cinq types différents de surfaces terrassées : • des terrasses linéaires (simples murs rectilignes groupés, coupant la pente perpendiculairement) ; • des terrasses de contour (murs suivant les lignes du relief) ; • des cross-channel (murs placés dans les ensellements, perpendiculairement à un flux hydrolique) ; • des melgas (ou terrasses de surface large, à proximité des surfaces planes, nécessitant un apport en eau) ; • des canchones (ou champs terrassés de fond de vallée ou valley floor terrace selon la définition de Donkin, 1979, protégées par des murs d’enceinte).

De manière générale, deux grands modes de production agricole coexistent dans la région de vallées d’altitude des Andes méridionales. D’une part une production a secano, utilisée à un niveau d’altitude moyen où la régulation de l’humidité des sols se fait de manière naturelle grâce à un phénomène régulier de condensation d’humidité sous forme de nuages. D’autre part, une production irriguée, là où l’apport en humidité n’est pas suffisant pour permettre un rendement performant des cultures. Les systèmes d’irrigation sont naturellement liés à l’hydrographie locale, mais également soumis à un choix en fonction de l’investissement de travail et de la rentabilité possible. Dans le bassin du río Los Puestos, deux cours d’eau principaux ont du contribuer à une distribution des surfaces irriguées : le río Los Puestos et la rivière Huañomil. Le río Los Puestos possède actuellement un faible débit depuis l’intensification des cultures actuelles, mais put dans le passé permettre une distribution de l’eau adéquate pour une agriculture prospère. Sur les coteaux de La Graciana, de nombreux canaux d’irrigation, en relation avec des cours d’eau secondaires, ont pu également être répertoriés. La morphologie des structures de canalisation ainsi que leurs techniques de construction semblent être en relation avec le débit de la source.

Les fonctions des terrasses L’attribution d’une fonction précise à un système de terrasses est très subjective, car souvent ces terrasses sont construites pour de multiples raisons parfois combinées (W. Denevan, 1980 : 622 ; C. Field, 1966 : 508 ; A. Touchard, 2002 : 3839 ; J. Treacy 1994 : 42). Cependant d’après les réflexions faites par ces chercheurs, il a pu être attribué aux systèmes de terrasses de notre région d’étude, les fonctions suivantes : - la création d’une surface de culture plus profonde par la construction de murs de contention permettant ainsi la culture des terrains en pente de la vallée. - la réduction de l’érosion des sols due au ruissellement de l’eau de pluie charriant les sédiments, grâce à la création de murs de contention sur les surfaces en pente. - l’augmentation de la rétention d’humidité des sols grâce à l’accroissement du phénomène de condensation en raison de l’épaississement des murs. En effet, l’ensoleillement intense des collines du bassin de la rivière Los Puestos engendre une évaporation très rapide, limitant

Les acequias madres Des restes d’une structure de canalisation, de 1,5 m de largeur pour un mètre de profondeur, ont été mis au jour au sud du bassin, en bordure de la rivière Los Puestos. Cette structure, apparue dans une paroi géologique, se prolonge sur une dizaine de mètres, où elle disparaît graduellement sous le remplissage naturel (fig.3). La structure est orientée en direction Nord-Sud, et semble se diriger vers une petite plaine connue sous le nom de La Calera. Le contexte géologique et stratigraphique où se trouve cette structure confirme son antiquité. Il est intéressant de signaler que cette 72

In Terra Memoris caractéristique de ce type de canal est le canal de Cárdenez, sur lequel nous reviendrons plus loin.

technique de canalisation est encore utilisée de nos jours par les habitants d’Ambato. Ces structures sont des fossés simples, sans parois ni fond en pierre. L’action de canaliser l’eau pour atteindre les niveaux souhaités et ainsi irriguer les cultures est aujourd’hui désignée par le terme de « faire monter » l’eau. N’échappant pas à la loi de la gravité, les paysans récupèrent l’eau en amont du cours et la canalisent avec un pendage minimal (1%) jusqu'à ce qu‘elle atteigne la surface désirée.

Figure 4 – Canal du site 111

Retenue d’eau Par ailleurs, il a pu être observé un grand barrage dans la plaine de la rive gauche. Il s’agirait vraisemblablement d’un barrage à double paroi en pierre de plus de 13 m de largeur. Cette structure devrait accumuler les eaux saisonnières ainsi que les eaux conduites par les canaux décrits antérieurement.

Les enclos : structures associées aux surfaces agricoles Figure 3 – Le grand canal

Le terme « enclos » désigne tout espace fermé qui n’est pas associé à une fonction résidentielle, c'est-à-dire sans présence de toiture, construit de manière rustique, et dont les murs ne sont pas porteurs. La plupart du temps, ils sont caractérisés par une absence de matériel archéologique en surface et par leur association avec des espaces de production agricole. De nombreux enclos ont été répertoriés au cours des dernières prospections (fig. 5). La plupart sont localisés sur les deux côteaux de la vallée, non loin des surfaces agricoles et/ou des structures de transformation (traitement) des produits récoltés (ex : mortiers collectifs) ; dans quelques cas, ils sont associées aux structures d’habitat. D’autres structures furent également répertoriées en altitude, le long du chemin traversant le massif de La Graciana. La morphologie des enclos est variée. Ils peuvent être à la fois rectangulaires, quadrangulaires ou sub-circulaires dans certains cas. Ils peuvent être soit isolés, soit dispersés par petits groupes n’excédant jamais trois. Les surfaces observées sont également très variables, mais ne dépassent jamais 150 m2. La construction est généralement réalisée avec des pierres sèches ou avec des pierres de grande taille. Leur localisation en altitude a protégé ces structures du phénomène d’érosion qui sévit sur l’ensemble du bassin ; elles se caractérisent

Sondage sur le site 111 (transversal Ouest-Est ) Sur le site 111, des alignements de pierres nous ont poussé à réaliser un sondage d’un mètre carré afin de vérifier leur nature (fig.4). Il en résulta la mise au jour d’un canal d’environ 40 cm. de largeur. Ce canal est constitué de dalles d’environ 40 cm. de long placées de chant sur les côtés latéraux. Dans la partie sondée, le fond du canal, situé à environ 30 cm. de profondeur ne faisait apparaître aucune dalle, contrairement à d’autres canaux observés dans le reste du bassin. Autres canaux Au total, 8 structures de canalisation associées aux cours secondaires ont été répertoriées dans différents secteurs du bassin de Los Puestos. Toutes ces structures présentent une même morphologie : elles ont été construites avec des parois et un fond en pierres, à la différence de la structure de canalisation du site 111 que nous avons présentée plus haut. Ces structures possèdent une largeur oscillant entre 0,45 m et 0,60 m et une profondeur de 0,30 et 0,40 m. Le plus 73

In Terra Memoris structures d’habitation (cf. site 099, El Bañado. et site 253) qu’à l’intérieur d’enclos isolés (cf. site 010 : Cárdenez).

encore aujourd’hui sous forme d’élévations d’une cinquantaine de centimètres de haut. La plupart de ces enclos sont localisés à même l’affleurement rocheux. Ils peuvent avoir une ou plusieurs entrées (structure du site 196). L’entrée est souvent matérialisée par deux grandes dalles disposées sur le bout, se faisant face. Dans d’autres cas, il n’y a pas d’entrée (site 239). Dans certains sites comme le 231, les enclos peuvent communiquer entre eux par des espaces communs. Les enclos sont associés à la période d’occupation Aguada du bassin. Toutefois, l’état actuel des recherches ne nous permet pas, pour le moment, de développer plus d’hypothèse sur ces structures.

Dans les sites d’habitat Dans les sites d’habitat, nous avons enregistré deux types de structure de stockage : des enclos de petites dimensions et des fosses de stockage. - Les enclos de petite dimension ont été mis en évidence dans les sites 099, 111 et 256. De par leur taille réduite, leur morphologie, la proximité des surfaces de culture ainsi que l’absence de matériaux domestiques, il serait probable que ces structures aient été destinées au stockage de produits récoltés. Trop petites pour accueillir des animaux comme les lamas ou une quelconque activité artisanale qui, par ailleurs, auraient laissé des témoins matériels, l’hypothèse d’une fonction de stockage semble être la plus vraisemblable. - La fonction des fosses de stockage semble être confirmée grâce aux fouilles réalisées sur le site 099 ainsi que par les informations recueillies par A. Rosso sur deux des sites fouillés dans le lieu-dit Los Saavedra. Dans tous les cas, il s’agit de fosses rectangulaires, couvertes de fines dalles longitudinales. Ces structures étaient situées sous le sol d’occupation. Une structure, fouillée par Rosso, contenait à l’intérieur, trois grands vases à provisions. Dans les enclos isolés Des structures de stockage ont également été mises en évidence à l’intérieur des enclos isolés et associés aux surfaces de production agricole. Il s’agit de structures d’aspect monticulaire, de dimensions variant de 2 m à 4 m, construites de dalles brutes superposées. Le centre de la structure héberge un petit réceptacle délimité par d’autres dalles de chant. Ce type de structures se trouve isolé (cf. Cárdenez 010, fig. 6) ou regroupé en nombre réduit (cf. site 256). Nous présenterons plus en détail l’une de ces structures, lors de l’exposé du système agricole de Cárdenez.

Figure 5 – Enclos du Peñare, La Rinconada

Les greniers ou structures de stockage Dans le bassin du Rio Los Puestos, nous n’avons, jusqu’à aujourd’hui, répertorié que très peu de structures de stockage. Ce manque de données pose un certain nombre de problèmes quant à la gestion des ressources de la vallée à l’époque préhispanique. Nous y reviendrons lors de la réflexion sur les systèmes de production. Communément appelées « collcas » par les archéologues de la région - en référence aux greniers Incas - les structures de stockage sont interprétées comme des structures destinées à conserver, durant une période de temps variable, une partie de la production agricole. Dans le bassin de Los Puestos, plusieurs types de structures de stockage ont été observés. Ces dernières peuvent être localisées aussi bien à l’intérieur ou à l’extérieur des

Figure 6 – Structure de stockage 010 du système de Cárdenez

Bien que quelques structures aient pu être observées, une question essentielle reste à élucider. Où sont les silos d’Ambato, s’ils existent ? Comment se fait-il que nous n’ayons pas observé plus de structures de stockage, alors qu’il a été mis en évidence que la vallée possédait une 74

In Terra Memoris végétaux étaient alors broyés grâce à des pilons de 20 à 30 cm. de longueur ou manos de mortero (fig. 8). Les mortiers observés sur le site 230 présentent cependant des caractéristiques très différentes et restent énigmatiques. En effet, ils sont d’une part, localisés de manière très rapprochée sur une roche friable, rendant l’opération de mouture incohérente. D’autre part, ils présentent des incisions en spirale, des couches d’une sorte d’argile blanche et ont été remblayés volontairement avec du matériel céramique et lithique. Nous ne développerons toutefois pas ici d’hypothèse concernant ce cas particulier, qui nous éloignerait trop de notre thème.

production agricole intense ? Il est difficile d’avancer de grandes hypothèses à ce sujet. Toutefois, étant observées dans les régions avoisinantes, nous voyons deux raisons pour lesquelles nous ne les avons pas enregistrées, jusqu’à aujourd’hui. La première est qu’elles peuvent être localisées sous la couche sédimentaire, très importante dans la vallée. La seconde est qu’aucune fouille à grande échelle n’a encore été entreprise, en dehors de la proximité des structures résidentielles ; mais il est possible que ces silos soient situés à quelques dizaines de mètres de ces derniers. Ce manque de données nous amène à réfléchir sur la complexité de la gestion d’un espace par une population. En effet, nous sommes en droit de nous poser la question de la gestion des ressources dans le bassin du Rio Los Puestos. Ce thème de choix de système de production sera abordé dans la dernière partie de cet article.

• Un matériel mobile, constitué de pierres à moudre appelées localement conana (ou plus communément metate en Amérique) et de manos, gros galets permettant l’opération de mouture. Cet ensemble est retrouvé à l’intérieur des sites (fig. 8).

Le mobilier agricole (mobile et immobile) Comme pour l’ensemble de la région, nous avons pu mettre en évidence dans le bassin du río Los Puestos, le matériel nécessaire à la transformation des grains cultivés ou recueillis, comme le maïs ou les fruits d’algarrobo. Ces outils se présentent sous deux formes différentes : • des mortiers sur l’affleurement rocheux granitique, le plus souvent collectifs (entre deux et quinze) localisés près des sites d’habitat ou des terrasses agricoles situés sur le versant occidental du bassin (fig. 7).

Figure 8 – Mobilier de transformation des végétaux.

Un exemple, le système de Cárdenez Afin de comprendre comment ces différents structures peuvent fonctionner ensemble, nous allons présenter un des complexes agricoles qui fut jusqu’à aujourd’hui le mieux conservé et le plus étudié. Il s’agit du complexe de Cárdenez ou système de Cárdenez, localisé sur le versant occidental du bassin du río Los Puestos. Le système de Cárdenez est un ensemble agricole complexe, composé d’un ensemble de structures telles que des terrasses, des enclos, de structures de stockage, un canal. Un des traits les plus frappants dans le paysage du domaine de Cárdenez est l’impressionnante quantité de structures en terrasses. Elles peuvent être très différentes. Situées dans les ensellements, on peut observer des terrasses linéaires, des terrasses de contour ou d’autres, appelées cross-channel. Au pied des collines ou avoisinant la surface de la plaine, se remarquent également des melgas.

Un ensemble de terrasses (fig. 9) Localisé sur le flanc d’une colline possédant un affleurement quartzique, les terrasses ont, bien entendu, été construites grâce à cette matière première directement disponible. Mélangées aux blocs de quartz, des dalles de schiste ont été utilisées. Ainsi, plus on s’éloigne de la carrière de quartz, moins on observe de quartz dans les murs des terrasses. Les terrasses linéaires et de contour sont accompagnées de cross-

Figure 7 – Secteur des mortiers du site MORTER

Ces mortiers permettraient un travail simultané de plusieurs personnes, suggérant ainsi une activité communautaire. Les 75

In Terra Memoris channel, suivant une voie d’eau, allant jusqu’au lit du ruisseau Los Potrerillos. Cet ensemble de terrasses situé sur le versant sec de la vallée, fonctionne a secano, c'est-à-dire sans irrigation et possède un ensoleillement favorable.

d’une alternance de structures d’habitat et d’enclos, dont un possède une structure de stockage. Les deux zones que nous avons pu distinguer appartiennent toutes deux à la Période d’Intégration Régionale.

Le canal de Cardenez Bien que ce canal préhispanique ait subi de nombreuses modifications du fait de sa réutilisation actuelle, cela l’a tout de même rendu facilement observable, car il est entretenu. Ce canal a pu être observé en contrebas du site 256. Il court sur plus de 650 m et remonte jusqu’à sa source d’approvisionnement, où l’on a pu observer des mortiers en fin d’utilisation. Ce canal est constitué de deux rangées de dalles disposées de chant sur un lit de dalles posées horizontalement. Cette technique est observée pour l’ensemble des canaux de la vallée. La particularité de ce canal est que, contrairement aux autres de l’ensemble de la vallée qui sont rectilignes, celui-ci suit les courbes du relief, permettant ainsi de réguler la vitesse du débit. C'est pourquoi dans certains tronçons à forte pente, il est soutenu par des murs de contention.

Figure 9 – Représentation du système de Cárdenez

Le secteur 010 Cet ensemble de structures est situé au pied de la même colline, et est constitué d’un groupe de trois enclos en pierres sèches. A l’intérieur d’un de ces enclos, est localisée, comme nous l’avons vu plus haut, une structure de stockage. Ces enclos sont caractérisés par des entrées, matérialisées à l’aide de dalles posées verticalement. Sur un niveau inférieur, on rencontre des terrasses linéaires faites de blocs et en dessous des melgas. Il est important de noter qu’ici encore, nous pouvons préciser qu’à proximité de l’enclos où sont localisées des structures de stockage, un ensemble de sept mortiers collectifs sur roches a été enregistré.

Secteur 011 et 012 On rencontre dans ce secteur, en contrebas du secteur à terrasses de quartz, un ensemble de 4 enclos de forme rectangulaire aux murs simples, mais avec des blocs de quartz ça et là, ainsi qu’un large mur fait de blocs de quartz d’environ 20 mètres de long et qui pourrait constituer un mur de contention de terrasse. A proximité, on a pu observer certaines structures, mais qui restent encore aujourd’hui mal définies. Toutefois, il est possible qu’elles constituent des structures d’habitat datant, d’après les fragments de céramique récoltés, de l’occupation Aguada du bassin.

Figure 10- Canal de Cárdenez

Le système que nous avons pu présenter, sans qu’il n’y ait eu, rappelons-le, aucune fouille, offre l’ensemble des différents éléments architecturaux que nous pouvons rencontrer dans le bassin du río Los Puestos, bien qu’il ait ses particularités, comme notamment le canal. Ce complexe montre une fois de plus que les secteurs destinés à la production agricole se concentrent sur le haut des collines, que ce soit pour les enclos ou les structures d’habitat, et que les zones en pentes sont aménagées pour une utilisation agricole, tout comme les zones aux abords de la plaine. De plus, l’utilisation des

Le site 256 Faisant face aux terrasses de quartz, une autre colline supporte des vestiges de constructions, composées 76

In Terra Memoris matières premières comme le quartz permet non seulement de dire que cette zone était visible et distinguable du fait de la qualité de la roche et d’autre part, que la construction était réalisée sans plan spécifique et avec les matières premières les plus proches.

plupart), permet, grâce à la circulation des eaux de ruissellement, une diffusion du taux d’humidité sur de grandes surfaces. On peut donc en déduire que ce type de terrasses puisse être conçu dans une intention de production modérée, mais qu’il est néanmoins rentable. D’autre part, comme cela a été démontré dans la région de Tebenquiche (dept. Antofalla), des sociétés dites formatives ont su mettre en place un système très complexe d’approvisionnement en eau, géré de manière individuelle (A. Haber, 1992, 1999 ; M.Quesada, 2001). Ceci montre bien qu’un groupe peut mettre en place un système technologique complexe par un choix stratégique de planification de ses infrastructures, sans pour autant présenter un modèle de centralisation. Ainsi nous pouvons penser que l’usage de terrasses qui ne sont pas irriguées ne signifie en aucun cas qu’elles sont moins rentables et qu’elles caractérisent des sociétés moins complexes. Selon les schémas classiques de l’évolution humaine, une société complexe, une chefferie, se caractérise entre autres aspects, par une tendance à maximiser sa production. Une logique de maximisation amène toujours à une homogénéisation des cultures ainsi qu’à une standardisation des techniques de production, destinée à générer un surplus économique. Dans le cas de notre région d’étude, il est important de noter que nos observations sont en contradiction avec les concepts évolutionnistes des sociétés complexes, consistant à supposer que les techniques agricoles d’une population évoluent dans le temps, en se complexifiant socialement et en remplaçant ses techniques. Or, étant donné l’état des recherches, il semble pourtant évident que la population qui occupait le bassin dans des périodes plus anciennes disposait d’une forme de centralisation de la production. Ce qui ne l’empêchait pas pour autant, d’utiliser de manière synchronique des surfaces agricoles irriguées et d’autres qui ne l’étaient pas. Ceci remettrait ainsi en cause le concept selon lequel, ces deux modes de cultures ne pouvaient être mis en place de manière simultanée et que les surfaces qui ne sont pas irriguées sont plus anciennes et caractérisent des sociétés n’ayant pas de centralisation de production.

Réflexion sur les systèmes de production Les questions auxquelles nous voudrions tenter de répondre sont en réalité simples : quelles sont les conditions environnementales, sociales et culturelles qui vont déterminer le choix d’une population, dans notre cas celle de la vallée d’Ambato, à utiliser tel ou tel type de mode de subsistance ? Par quoi sera déterminée l’utilisation d’un type de surface agricole, d’un système irrigué ou non ? Et s’agit-il de choix ou d’obligations ? Est ce que cela laisse percevoir certains aspects de la relation sociale de la population régissant le système mis en place ? Quels sont les indices archéologiques nous permettant d’émettre certaines hypothèses sur la gestion de l’espace et des ressources ? Deux éléments vont nous aider à répondre : les systèmes de terrasses observés dans la vallée et le problème d’absence de structures de stockage dans le registre archéologique.

Les terrasses : a secano vs. irriguées Comme nous avons pu le voir précédemment, les versants du bassin sont couverts de terrasses agricoles ayant une morphologie diversifiée. Notre but est, dans un premier temps, de voir comment s’organise l’opposition entre les terrasses irriguées et celles qui ne le sont pas. En effet, il semble qu’un réel contraste se fait entre ces deux types de structures agricoles. Les spécialistes de l’agriculture préhispanique tels que Treacy (1994) ou M. Albeck (1993 : 142), soutiennent l’hypothèse que les terrasses agricoles répondent à une séquence techno-chronologique, laissant supposer que les terrasses irriguées sont plus récentes que les terrasses « a secano » et qu’elles caractérisent des sociétés plus complexes. Notre première observation face à cette hypothèse est qu’aujourd’hui encore, les terrasses agricoles sont très difficiles à dater. En effet, étant donné l’aspect très rudimentaire de leur construction dans notre région d’étude, il est impossible d’établir une chronologie précise. Néanmoins, on suppose que les terrasses et les enclos qui peuvent leur être associés sont en relation directe avec des structures d’habitat proches et qu’elles appartiennent à la Période d’Intégration Régionale, période d’occupation prédominante dans tout le bassin. Ensuite, ces affirmations sur une séquence technochronologique, ne sont nullement applicables à notre région d’étude pour plusieurs raisons. La première est que, contrairement à des affirmations qui prennent en compte le fait qu’une terrasse qui n’est pas irriguée est deux fois moins rentable du point de vue de la surface cultivable, elle demande également beaucoup moins d’investissement de travail, notamment dans son entretien, permettant ainsi aux personnes qui en ont la charge, de développer d’autres activités. La seconde raison pour laquelle nous nous opposons à l’idée que les terrasses a secano soient moins rentables est qu’elles sont localisées sur un seul versant de la vallée, le moins irrigué. Leur forme (linéaires et courtes pour la

Les structures de stockage Comme nous avons pu l’observer plus haut, le manque de données concernant la présence de structures de stockage pose un réel problème pour nous renseigner sur les systèmes de production de la population du bassin du Rio Los Puestos. Cependant, considérant l’ensemble des ressources de la vallée et l’importance que les systèmes agricoles (terrasses entre autres) et arboricole semblent avoir eu, il paraît vraisemblable d’envisager l’existence d’un système d’ensilage. Ainsi, si un tel système d’ensilage peut être mis en évidence, ceci nous mène à plusieurs hypothèses concernant les données archéologiques liées aux systèmes de terrasses : d’une part, que la conservation put se faire à plusieurs échelles ( à l’intérieur et à l’extérieur de la maison, près des enclos composant un complexe agricole, etc.) et d’autre part que la production est contrôlée à une certaine échelle qui semble locale, étant donnée la diversité des produits et le fait que les espaces de cultures ne semblent pas « standardisés ». Ainsi, en conservant les récoltes et/ou les produits à une petite échelle, qu’elle soit dans l’espace ou dans le temps, la 77

In Terra Memoris population de la vallée put, une fois de plus, se détacher du modèle des « Andes méridionales » consistant à stocker les denrées dans des collcas. Ainsi, nous voyons que les modèles économiques ne semblent pas, dans notre région d’étude, correspondre aux schémas classiques. Ce qui démontre que la population de ce bassin a montré une réelle volonté, soit de se démarquer, soit d’utiliser son territoire dans une logique de minimisation du risque (par la diversité) c'est-à-dire, en utilisant le maximum des possibilités que l’espace lui offrait. Ainsi elle put concevoir une grande diversité de surfaces de production, tout en refusant une maximisation de la production, laissant apparaître un principe de réciprocité avec le milieu et non pas de surplus de la production à tous prix. Nous pouvons supposer que l’objectif, pour les agriculteurs AguadaAmbato, consistait en une « réciprocité » totale entre ce que pouvait fournir le territoire, qu’il soit domestiqué ou non et leurs besoins. Cette volonté de mettre en perspective l’espace de l’homme et son action sur ce dernier donne au territoire une véritable symbolique, dans le sens où cet espace est un espace pensé, une construction sociale où intervient une part pratique et une part idéelle. Nous voudrions ainsi ouvrir le débat sur le fait que ce même territoire, ce même paysage agricole aurait également servi comme un marqueur d’un espace humanisé. En suivant cette logique, il est évident que les relations de production ne se limitent pas à l’humanité. Les règles de la production s’accordent et se négocient aussi bien avec les forces vives de la nature qu’avec le monde extrahumain, celui des divinités et des ancêtres. Pour P. Gose (1994), la fonction de l’agriculture, au-delà de son rôle économique immédiat, est de donner vie à la terre. Le travail de la terre serait donc une activité rituelle chargée de signification contribuant à la reproduction du cosmos. Aujourd’hui encore, certaines populations des Andes emploient un même terme quechua : llankay pour exprimer à

la fois le travail agricole et les pratiques rituelles (P. Gose, 1994). Malgré les limitations pour comprendre le type de relations que les habitants d’Ambato avaient noué avec leur environnement, on peut supposer qu’elles n’étaient pas régies par une pure logique fonctionnaliste considérant la nature uniquement comme un support et un moyen d’approvisionnement en matières première.

Conclusions Il semble donc que le bassin du Río Los Puestos, se caractérisait, autrefois, par une économie agricole volontairement basée sur une notion de rentabilité dans une logique paysanne de réduction du risque. Ceci correspond donc, selon les perspectives de l’archéologie du paysage selon Criado Boado (1988, 1991, 1993a, 1993b, 1999) à une relation basée sur la réciprocité entre l’homme et son milieu et non sur la domination de l’homme sur son milieu. Ceci se manifeste dans notre région d’étude par plusieurs caractéristiques qui sont : l’alternance de surfaces cultivées de manière irriguée ou a secano, la diversité des surfaces de production agricole, le faible investissement en terme de force de travail concernant la construction des terrasses et leur aspect plutôt rustique, ainsi que la complémentarité des ressources sylvestres disponibles dans la vallée comme l’algarrobo, le chañar et le mistol. Par conséquent, il semble que l’articulation des différents modes de production fut mise en place par une organisation sociale souhaitant être en parfait équilibre avec ce que le milieu pouvait lui fournir. Il pourrait donc être possible que ce même groupe, répondant à une logique de réciprocité avec le milieu, montre également cette même réciprocité dans sa relation à l’homme.

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LA RED VÍAL PREHISPÁNICA DE LA CORDILLERA DE VILCABAMBA (Departamento del Cusco, Perú): UN ESBOZO DE ESTUDIO PRELIMINAR*. Erwan DUFFAIT

Résumé : La cordillère de Vilcabamba fut le symbole de la résistance inca face aux conquistadors espagnols entre 1537 et 1572. Cependant, l’occupation inca de cette région plonge ses racines bien au delà de ces années de résistance. Cet article présente une ébauche d’étude du réseau routier de la cordillère de Vilcabamba durant l’Horizon Tardif (ca. 1400-1532 A.D.)∗. Ce réseau de chemins empierrés, dont l’ancienneté est probablement antérieure aux Incas, s’étendait sur toute la région telle une toile d’araignée, afin de faciliter le transport des importantes ressources minières de cordillère ainsi que des produits comme la coca, le bois et les plantes hallucinogènes, qui proviennent des basses terres chaudes et humides. Abstract : Vilcabamba’s range was the symbol of Inca resistance against Spanish conquerors between 1537 and 1572. However, the Inca occupation of this area roots itself there beyond these years of resistance. This paper presents an outline study of the road system of the Vilcabamba range during the Late Horizon (ca. 1400-1532 A.D.). This road network, whose seniority could be pre-Inca, extended on all the area like a cobweb, in order to facilitate the transport of the important mining resources from the range, as well as products like coca, wood and hallucinogen plants which come from the hot and wet lowlands.

Introducción En la cordillera de Vilcabamba, ubicada a 100 km al oeste del Cusco (Fig. 1), se encuentran varios sitios arqueológicos muy famosos: Machu Picchu, Choquequirao, Vitcos y Vilcabamba. Esta cordillera es más que todo el símbolo de la resistencia inca frente a los Españoles. Durante más de treinta años, entre 1537 y 1572, Manco Inca, hijo de Huayna Capac, y sus hijos Sayri Tupac, Titu Cusi Yupanqui y Tupac Amaru vivieron en este baluarte, luchando contra la corona española con la esperanza de derribar el nuevo orden establecido. Aislados y privados de la verdadera riqueza que hizo la fuerza del Tawantinsuyu, es decir la mano de obra, los últimos Incas de Vilcabamba vivieron en la pobreza (BNP, año 1569, fol. 403v). Esta lucha se acabó brutalmente en el mes de setiembre 1572, en la plaza de Armas del Cusco, con la decapitación del Inca Tupac Amaru, ante los ojos del virrey Francisco de Toledo (Romero 1907:71-72). El Inca Titu Cusi Yupanqui nos cuenta que sus antepasados Pachacuti, Topa Inca Yupanqui y Huayna Capac hicieron construcciones en la cordillera, y especialmente en Vitcos (Titu Cusi Yupanqui 1916:82 [1570]). Se supone además que Pachacuti habría conquistado la región el primero, y tanto Miguel Cabello Valboa (1951:300 [1586]) como Martín de Murúa (2001:65 [1590]), lo afirman. En cuanto a Bernabé Cobo, relata que Pachacuti pasó por Ollantaytambo, el valle del Amaybamba, el puente Chuquichaca, y añade que los curacas de Vitcos y Vilcabamba, reunidos en Pampaconas, se sometieron al Inca pacificamente ofreciendole varias minas de plata y oro (Cobo 1956:79-80 [1653]). Un velo de misterios y leyendas encumbre esta región. En efecto, Vilcabamba evoca las "ciudades perdidas" en los bosques tupidos y los tesoros escondidos por los ultimos Hijos del Sol, y algunos piensan que el famoso Paititi, otro *

"el Dorado", se encuentra escondido en la ceja de montaña de la región. Todavía, ignoramos la localización exacta de varios sitios, y la casi totalidad de los mapas y planos publicados en libros y revistas sobre la cordillera son erróneos. A causa de estas inexactitudes y frente al escaso numero de publicaciones sobre el tema, no es facil tener una visión científica sintética y clara de la ocupación prehispánica de la cordillera de Vilcabamba.

Ubicación de la zona de estudio La cordillera de Vilcabamba se extiende entre 13°00’ y 13°30’ L.S y 72°30’ y 73°30’ L.O y cubre una superficie de 6000 km². Geomorfológicamente, se caracteriza por terrenos elevados y accidentados desde 1000 hasta 6000 m.s.n.m (Carlotto et al. 1999:25-27), y a menudo las pendientes sobrepasan los 45° de inclinación. Los principales nevados son el Salcantay (6264 m), el Sacsarayoc (5991 m), el Choquetacarpo (5520 m), el Pumasillo (5200 m), el Panta (5840 m) y el Choquesafra (5164 m). El clima es húmedo y se nota dos temporadas en el régimen hídrico. La primera, entre diciembre y abril, corresponde a la época máxima de precipitaciones y la segunda, entre mayo y noviembre, es más seca, con lluvias debiles e intermitentes. El clima de la ladera sur de la cordillera es un poco más seco que el de la ladera norte, puesto que los nevados juegan el papel de barrera y desecan el aire húmedo que viene de la cuenca amazónica. Debajo de 3500 m.s.n.m, se encuentra el piso subalpino bajo montaño (SaBM), llamado también ceja de selva o ceja de montaña, con formaciones de mamaj, kurkur, llaulli, pati, chachacomo y helechos. A partir de 3500 m.s.n.m, aparecen los pisos suni y puna, caracterizados por una vegetación herbácea de tipo ichu (Pulgar Vidal 1996:117) y algunos arbustos como el quishuar, el tucarhuay y el tayanco. La cordillera cuenta con un gran potencial agrícola, pues se puede cultivar todos los productos de la

El presente estudio es objeto de una tesis doctoral en la Universidad Paris I Panthéon La Sorbonne (Francia). El trabajo de campo fue 79 realizado en el marco de una beca en el Instituto Francés de Estudios Andinos (IFEA-Perú), entre marzo 2002 y marzo 2004.

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Fig. 1. La red vial de Vilcamba durante el Horizonte Tardío (ca.1400-1532 d.C.) 80

La Red Vial Prehispanica de la Cordillera de Vilcabamba... de Machu Picchu y varios años después, Gene Savoy (1970:85,122) identificó rutas en la zona de Vilcabamba (llamada también Espiritu Pampa), y cerca del sitio de Incahuasi, al norte de Vitcos. Durante los años 1970 y 1980, Ann Kendall (1980:6; 1981:11) registró dos rutas en cada margen del río Urubamba, que aparecen a la altura de Ollantaytambo y bajan hacia Machu Picchu, y otros caminos que unen las cuencas de los ríos Urubamba y Apurimac, al norte de Limatambo (Fig. 3). Los investigadores del Instituto Nacional de Cultura (INC) del Cusco, reconocieron en los años 1980 varios tramos de caminos en la margen derecha del río Urubamba, frente a Machu Picchu, y en las laderas del cerro Huayna Picchu (Astete Victoria 1988:23-26). Durante la misma década, Stuart White (1984-85:143) identificó una ruta al norte de Incahuasi, yendo hacia las bajas tierras tropicales, y Vincent Lee (1989:23), un tramo de camino entre Pampaconas y el río Arma, que pasa por el abra Chalch’a. Percy Ardiles Nieves (1990) estudió un tramo del "camino inca", entre Phuyupatamarca e Intipata, mientras que Johan Reinhard (1990) reconoció algunos tramos en el valle del Aobamba. Recién, Robert von Kaupp y Octavio Fernandez registraron un tramo del camino ubicado en la margen izquierda del río Vilcabamba, entre Vitcos y el antiguo puente Chuquichaca, y otro camino que une Machu Picchu al valle del Amaybamba (von Kaupp y Fernandez 1999:15,21). Por fín, Alfredo Valencia (2001:69) encontró en el sitio de Coriwayrachina, tramos de caminos prehispánicos muy malogrados.

sierra y los de la ceja de montaña. Los más descatables son la coca, las plantas alucinógenas como la vilca y el tabaco, varias variedades de maíz, la yuca, el camote, los pimientos, la madera, la miel, las frutas tropicales, las plumas de pajaros y las pieles de animales. Además, la cordillera de Vilcabamba es una región muy rica en metales: plata, oro, cobre y plomo (Carlotto et al. 1999:173). Varios datos nos indican que algunas minas eran explotadas en la época inca y preinca, y que la minería continuó durante la Colonia, aún hasta los años 1970 (Cobo 1956:80 [1653]; Levillier 1924:231-232; Regalado de Hurtado 1992:110). A fín de conseguir todos estos recursos, se necesita caminar solamente algunas horas, lo que nos indica que esta región es muy propicia a la ocupación humana. La cordillera de Vilcabamba es la entrada hacia las bajas tierras tropicales. Los ríos Apurimac y Urubamba y sus afluentes, constituyen ejes de comunicación que permiten poner en contacto las poblaciones de la sierra y de la selva. En el siglo XVI, las poblaciones de la selva las más cercanas a la cordillera, que vivían en las cuencas del Urubamba y del Apurimac, tenían por nombres Antis, Manaries, Satis, Yscaycingas, Paros y Pilcozones (Titu Cusi Yupanqui 1916:82 [1570]; Maurtua 1906:97,109). Ellas eran, sin duda, los antepasados de los grupos llamados hoy día Campa-Machiguengas y Piro (Camino 1977:124). La naturaleza exacta de los contactos entre los Incas y estas poblaciones es poca conocida: se supone que eran relaciones pacificas con intercambios y/o con entrega de un tributo a los Incas (Calancha 1974:1900 [1638]; Camino 1977:128-130; Lyon 1984:5; Renard-Casevitz et al. 1986:103). No obstante, los Incas habían establecido algunos Manaries y Pilcozones en las laderas bajas de la cordillera de Vilcabamba, tal vez como mitmaqcuna o colonos trasladados (Titu Cusi Yupanqui 1916:122 [1570]; Maurtua 1906:209).

Presentación del estudio y metodología Hasta el momento, no existe estudio sintético acerca de la red víal prehispánica de la ladera oriental de los Andes de la región del Cusco, y especialmente de la cordillera de Vilcabamba. Alberto Regal (1936), León Strube Erdmann (1963) y John Hyslop (1984), que se interesaron en los caminos incas, no han tratado este asunto. En este artículo, exponemos los primeros resultados de nuestras investigaciones sobre la red de caminos prehispánicos de la cordillera de Vilcabamba. El objetivo principal sera presentar un primer estudio de los caminos de esta región durante el Horizonte Tardío (ca. 1400-1532 d.C.), y su posible existencia antes de los Incas: sus técnicas de construcción y sus diferentes tipos, sus conexiones con la vía Cusco-Quito, su organización y sus funciones. Nos fundaremos en los escasos trabajos anteriores al nuestro, y en la investigación que hicimos tanto en archivos como en el campo.

Los trabajos anteriores Hasta la fecha, no se ha realizado ningún estudio detallado y técnico sobre los caminos en la región de Vilcabamba. En la mayoría de los casos, los autores que se interesaron a este tema, registraron unicamente tramos de vías prehispánicas, sin descripción precisa. El primero, Hiram Bingham (1916:445-453), reconoció caminos en la zona de Machu Picchu durante las expediciones auspiciadas por la Universidad de Yale (Estados Unidos), entre 1911 y 1915 (Fig. 2). Algunos corresponden en parte al "camino inca" que conduce a este famoso sitio. Bingham (1989:172,182 [1948]) identificó también tramos de las vías Vitcos-Machu Picchu y Vitcos-Vilcabamba, y una ruta que une el "camino inca" a otro que pasa al pie del nevado Salcantay y se dirige hacia Vitcos. Además, el historiador norteamericano siguió una ruta prehispánica en la margen izquierda del río Aobamba, al oeste de Machu Picchu, a lo largo de la cual registró varios recintos incas (Bingham 1930:24).

Previamente al trabajo de campo, hicimos investigaciones en varios archivos peruanos (Archivo General de la Nación, Biblioteca Nacional del Perú, Archivo Departamental del Cusco, Archivo del Arzobispado del Cusco), con el propósito de recoger varios datos tratando de la zona de estudio: caminos, minas, canales, pueblos antiguos y topónimos. La meta de este trabajo preliminar era cotejar estos datos en el campo. Durante las prospecciones, utilizamos los mapas disponibles del Instituto Geográfico Nacional a la escala 1/100 000 y un GPS, a fín de ubicar los tramos de caminos y los sitios asociados a los caminos.

En 1936, el Alemán Christian Bües publicó un mapa de la cordillera de Vilcabamba que constituye el documento más valioso, en cuanto a la información toponímica. El autor menciona también varios caminos: uno se dirige de Vitcos hacia el valle del río Mapillo y otro sale de Choquequirao, pasa por Cotacoca y se une al camino que va de Vitcos al abra Salcantay (4500 m.s.n.m). En la década siguiente, Paul Fejos (1944:13,56) reconoció algunos caminos en la zona

Cada prospección fue realizada a pie durante 10 ó 15 días, en la época seca, entre junio y octubre, con la ayuda de las comunidades locales. Estas prospecciones se llevaron a 81

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Fig. 2. Mapa de Machu Picchu y sus alrededores, caminos y pueblos incas, según Hiram Bringham, 1930.

Fig. 3. Ubicación del valle del Cusichaca mostrando caminos Inca, según Ann Kendall, 1994. 82

La Red Vial Prehispanica de la Cordillera de Vilcabamba... Vitcos, cruzaba el río Apurimac en el puente Pumachaca y se dirigía hacia Andahuaylas y Curamba. Lo que nos demuestran las fuentes contempladas, es que las vías de penetración hacia Vilcabamba eran múltiples. Estas rutas cruzaban los ríos Urubamba y Apurimac, y seguían los cursos de los ríos de la cordillera de Vilcabamba a fín de penetrar en su corazón.

cabo en varios sectores de la cordillera: en la margen derecha del río Apurimac entre Choquequirao y Marcahuasi; entre Choquequirao y Yanama vía Coriwayrachina; en la zona de Incahuasi y entre Vitcos y Yanama. Algunas de las prospecciones se realizaron en colaboración con el Proyecto Qhapaq Ñan-INC-Cusco, encargado de registrar los caminos prehispánicos y los sitios arqueológicos: al oeste de Machu Picchu en un sector del camino Machu Picchu-Vitcos y en la margen izquierda del Urubamba cerca de Sapamarca; en el valle del Amaybamba al norte de Machu Picchu y en la quebrada del río Arma al oeste de Choquequirao.

Descripción de los caminos: identificación y tipología Hemos podido constatar que el estado de conservación general de las vías de comunicación prehispánicas es malo, y eso por dos razones: la erosión natural y la erosión antrópica. La primera es debida al clima húmedo y a las vertientes abruptas, que aumentan los riesgos de derrumbes y deslizamientos. Por otro lado, la introducción del ganado vacuno y equino por los Europeos, la reconstrucción de tramos de caminos, así que la ausencia de mantenimiento de las vías, son factores muy importantes de destrucción. Cabe señalar también, que entre 1537 y 1572, los Incas destruyeron varios caminos y puentes, a fin de impedir a los Españoles penetrar en la cordillera de Vilcabamba (Levillier 1935:307). Así, ningún camino prehispánico se encuentra totalmente intacto e identificar su trazado completo es muy delicado. A lo largo de un mismo camino, se pueden notar tramos preservados, destruídos, reconstruídos, cubiertos por la vegetación o transformados en terraza de cultura por ejemplo.

La red víal prehispánica: los datos de archivos Para entender la configuración de esta red, nos fue necesario en primer instancia reunir datos de las primeras entradas a la región, a fín de conocer las vías de penetraciones que fueron usadas. Así, el Español Diego Rodriguez de Figueroa, mandado para tratar con el Inca Titu Cusi Yupanqui, escribió una relación en 1565 que constituye el primer documento colonial sobre la región. Se aprende que el autor pasó por Ollantaytambo, el valle del Amaybamba, y cruzó el río Urubamba mediante el puente Chuquichaca. Después, entró en la cordillera por el valle del río Vilcabamba, siguiendo un camino hasta Vitcos y Pampaconas. Menciona también un camino en la margen izquierda del valle del Urubamba, que pasa por Sapamarca (identificado en 1986 por Robert von Kaupp), Picho (el sitio actual de Machu Picchu), y conduce a Ollantaytambo (BNF, año 1565, fol. 206r).

La mayoría de los caminos construídos por los Incas fueron reutilizados y reconstruídos por tramos durante la Colonia y la República. Así, en la cordillera, hoy en día, la gente utiliza todavía varios caminos prehispánicos. Es el caso de los ejes Vitcos-Yanama-Marcahuasi, Vitcos-Vilcabamba y Vitcos-Arma-Pumachaca. La vía Vitcos-puente Chuquichaca es un ejemplo de camino reconstruído: en 1752, el cura de la doctrina de Vilcabamba hizo reconstruir esta vía de comunicación (AAC, año 1753, fol. 9r).

Dos años después, el mismo Rodriguez de Figueroa estuvo nuevamente en la cordillera y reveló en una carta fechada del 4 de noviembre 1567, la existencia de varios caminos que van a Marcahuasi, Coyllor y Vilcaconga (Guillén Guillén 1980a:645). Como lo veremos más adelante, estos caminos ubicados en el valle de Limatambo, eran ramales que salían de la vía principal Cusco-Quito y permitían penetrar en la cordillera por su lado este, al pie del nevado Salcantay.

A lo largo de nuestras prospecciones, hemos notado que las piedras de los caminos miden entre 20 cm y 1 m y tienen un peso que puede alcanzar varias decenas de kilogramos. Generalmente, el trabajo de talla de las piedras que constituyen los ambos lados de los caminos, es más fino que el de las piedras del pavimento de la calzada, a fín de tener lados rectos. Las piedras utilizadas para construir los caminos son locales: el granito y la arenisca en la ladera norte de la cordillera y el esquisto, la arenisca y el gneis en la ladera sur. Sin embargo, hemos registrado variaciones en el tipo de construcción de los caminos y hemos intentado clasificarlas según la tipología siguiente. Cabe señalar que a lo largo de un mismo camino, se puede encontrar varios tipos de construcción. En este caso, ellos fueron encontrados mayormente a lo largo del camino VitcosYanama.

En un documento posterior, ubicado en los Archivos General de Indias, Francisco de Mendoza, soldado durante la conquista de Vilcabamba en 1572, indica que las tropas de Luis Pimentel y Gaspar de Sotelo penetraron en la cordillera por su lado oeste, con el fin de reunirse con todo el ejército en Pampaconas, de tal forma que los Incas no pudieran escaparse por el valle del Apurimac. Así, las tropas de Pimentel salieron de Huamanga (la ciudad actual de Ayacucho) y cruzaron el río Apurimac en Osambre, mientras que Gaspar de Sotelo salió de Curamba (Guillén Guillén 1980b:29). La probanza de servicios de Martin Garcia de Oñaz y Loyola (3 de octubre de 1572), capitán durante esta misma conquista, nos indica que en el pueblo de Pampaconas salían dos caminos hacia el sitio inca de Vilcabamba: uno seguía la margen izquierda del río Pampaconas y el otro, más largo, seguía la parte alta del valle en las crestas (Maurtua 1906:30-31). Por fín, un manuscrito del año 1594 (ADC, año 1594, fol. 10v-11r) revela la existencia de un "camino rreal del ynga" en la margen izquierda del río llamado hoy día Mapillo, un afluente del Apurimac. Este camino salía de

Los senderos no tienen ningún elemento arquitectónico y son las vías de comunicación las más simples (Fig. 4.a). El ancho de estos cambia de acuerdo a la topografía: de 20 cm en vertientes abruptas hasta 2 m en terreno llano. El segundo tipo de vía que hemos registrado es un camino sobreelevado de aparejo rústico, con piedras desbastadas, sin relleno de grava o tierra (Fig. 4.b). Las piedras descansan las unas sobre las otras sin mortero, y la altura 83

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a. Sendero

b. Camino sobreelevado sin canal

g. Camino con muro de contención y muro de retención c. Camino sobreelevado con canal

Ladera excavada

h. Camino con muro de contención y resalto d. Camino con muro de contención y excavación de la ladera

i. Calzada sobreelevada e. Camino con muro de contención sin excavación de la ladera

j. Camino republicano

Relleno de tierra y grava

f. Camino con muro de contención sin pavimento O

Fig. 4. Los diferentes tipos de vías. 84

1m

2m

La Red Vial Prehispanica de la Cordillera de Vilcabamba... las vías prehispánicas, aunque sea rústico, es más fino que el trabajo de las piedras del tramo republicano. Estas ultimas son poco debastadas. Además, la colocación de las piedras de los caminos construidos antes de la Colonia es más precisa y arreglada (Fig. 4.j). Eso nos indica que la inversión de trabajo es diferente: es minima para el tramo republicano y más importante para las vías prehispánicas. Sin embargo, este estudio no es suficiente y es necesario reproducirlo y extenderlo a otros caminos, a fín de confirmar estas primeras observaciones.

media de la construcción es 25 cm. Este tipo de camino tiene un ancho que puede alcanzar 3,5 m y se encuentra en terreno llano y fangoso. Existe una variante de este segundo tipo que tiene un canal paralelo al camino (Fig. 4.c). Este canal de drenaje abierto, puede medir 35 cm de ancho por 25 cm de profundidad. Suponemos que este camino, que conduce al sitio de Incahuasi, tiene un canal por razones climáticas. Esta zona que baja hacia la cuenca amazónica es muy húmeda y lluviosa, y tal vez era necesario construír un canal a fín de drenar la gran cantidad de agua. La cordillera de Vilcabamba tiene una topografia muy accidentada y la mayoría de los caminos son contruídos en las pendientes. Así, son mayormente caminos con muro de contención, y ellos constituyen el tercer tipo de vía. Se cuenta por lo menos tres variantes de este mismo tipo: se puede encontrar caminos con o sin excavación en la ladera del lado más alto del camino (Fig. 4.d,e). Estas vías, con relleno de gravas y tierra, son pavimentadas y tienen un ancho que puede alcanzar 2,5 m. La tercera variante no tiene pavimento y podria asemejarse a una terraza de cultura (Fig. 4.f). Así, se podría preguntarse si los ingenieros que construyeron los caminos eran también los que edificaron los andenes.

Conexiones de la red víal de la cordillera de Vilcabamba con la vía Cusco-Quito Los datos de archivos y los trabajos anteriores, nos indican que varios caminos permitían conectar la red víal de la región con la vía principal de la sierra, entre Cusco y Quito, llamada comunmente Cápac Ñan o "camino real", en idioma quechua (Santo Tomás 1951:248 [1560]). Dos caminos, por lo menos, penetraban en la cordillera, cruzando el río Apurimac. El primero salía del Cápac Ñan en el valle de Ayacucho, cruzaba el Apurimac en Osambre y conducía a Vitcos, pasando por Pampaconas (Fig. 1). Este camino fue utilizado por los Españoles para enviar embajadadores a fín de tratar con los Incas y posteriormente, para conquistar la cordillera en 1572 (Levillier 1935:307). Según Garcilaso de la Vega (1959:806 [1617]), esta vía era la más cómoda para penetrar en la cordillera de Vilcabamba.

El cuarto tipo de camino tiene un muro de contención y un muro de retención (Fig. 4.g). En este caso, la función del muro de contención es la de sostener el pavimento y conservar el trazado del camino, y la del muro de retención, es proteger el camino contra las caídas de piedras y los pequeños derrumbes. Este tipo de vía empedrada de 2,5 m de ancho, fue registrado entre Choquequirao y el sitio de Cotacoca (Valencia 2004 com. pers.). Al sur de Vitcos, en la subida del abra Choquetacarpo (4600 m.s.n.m), se nota un otro tipo de camino con un muro de contención que tiene más de 4 m de altura. Este muro muy alto tiene un resalto en forma de batimento o contrafuerte, para dar más estabilidad a la construcción (Fig. 4.h). Este tipo de construcción singular se encuentra en pendientes muy fuertes que sobrepasan 60° de inclinación.

Dos caminos salían en la zona de Andahuaylas y Curamba, dos tampu incas (Vaca de Castro 1908:444 [1543]), y cruzaban el río Pampas. Sin embargo, el trazado exacto de estos caminos es desconocido. Se unían posiblemente antes de cruzar el río Apurimac, mediante el puente Pumachaca cuyos estribos existen todavía (Heredia 1953:102). Después, esta vía pasaba por los valles del Mapillo y del Arma, cruzaba el abra Chucuito (4450 m.s.n.m) y llegaba a Vitcos. Por el lado este de la cordillera de Vilcabamba, varios caminos se unían con la vía principal Cusco-Quito, en el valle de Limatambo. Uno salía de Marcahuasi, que corresponde, tal vez, al tampu de Apurima o Guarina mencionado por Vaca de Castro (1908:443 [1543]). Como Ken Heffernan (1996:112) lo nota, el sitio arqueológico de Marcahuasi corresponde, sin duda, a este tampu de Apurima que era un oráculo según Cieza de León (1988:213 [1553]) y Pedro Pizarro (1992:84 [1571]).

El tipo siguiente de camino se encuentra en las pendientes, en zona húmeda e inundable, encima de 4000 m.s.n.m. Es una construcción sobreelevada, de aparejo rústico, con piedras desbastadas sin relleno de grava o tierra, que puede alcanzar 2,5 m de ancho por 2,5 m de altura (Fig. 4.i). Las piedras descansan las unas sobre las otras sin mortero. Así, los espacios entre las piedras permiten el drenaje del agua. Además, el peso de las piedras y la altura de la calzada confieren una muy buena estabilidad a la estructura. En caso contrario, si había argamasa entre las piedras, el agua no podría correr libremente: el camino se volvería una especie de dique y la presión del agua retenida debilitaría o destruiría la construcción.

Este camino de Marcahuasi se unía, muy posiblemente, en el valle del río Blanco, con el que venía del tampu de Limatambo, en el sector de Coyllor, antes de subir al abra Salcantay (4550 m.s.n.m). En la zona de Zurite, una ruta de 3 m de ancho salía del Cápac Ñan para subir en la cordillera de Vilcabamba (Heredia 1953:107; Kendall 1994:12), pasar al pie del Salcantay y llegar a Vitcos, pasando por Collpapampa y el abra Choquetacarpo. Durante los años de resistencia, los Incas atacaron mayormente a los Españoles a lo largo de la vía Cusco-Quito en las zonas de Huamanga, Andahuaylas, Marcahuasi y Limatambo (Guillén Guillén 1984:39-40; 1994:122). Sin duda, son estos susdichos caminos que los Incas utilizaron a fín de cumplir estas campañas guerrilleras.

Cabe señalar también que las vías prehispánicas y las vías de la época colonial o republicana se pueden confundir. A veces, las técnicas de construcción de los caminos coloniales se parecen mucho con las de la época inca, porque la población local utilizó todavía las mismas. Por estos motivos, hicimos en octubre 2003 un análisis de la técnica de construcción de dos caminos prehispánicos no reconstruidos y de un tramo de camino republicano en la zona de estudio, con el fín de tener un primer elemento de respuesta para diferenciar estos caminos. Así, el acabado de 85

La Red Vial Prehispanica de la Cordillera de Vilcabamba... En la zona de Limatambo, un camino permitía conectar la vía Cusco-Quito y el valle del Urubamba (Kendall 1980:6). En el sector de Vilcaconga, donde los Españoles vencieron en noviembre 1533 las tropas de Quisquis, general de Atahuallpa, un camino unía el Cápac Ñan y el eje ZuriteVitcos (Guillén Guillén 1980a:645; Cieza de León 1988:213 [1553]; Hemming 1993:105-107). Otro camino salía desde Huarocondo, al noreste de Zurite, y se conectaba con el del valle del Quesca y el "camino inca" que llega a Machu Picchu (Kendall 1994:96).

Chuquipalpa. Aquí, se encuentran varios edificios que constituyeron un templo del sol, y una piedra esculpida llamada Yuracrumi que estaba sobre un manantial de agua (Calancha 1974:1800-1801 [1638]). Antonio de la Calancha (1974:1827 [1638]) añade que la gente venía de largas distancias, a fín de venerar y hacer sacrificios al manantial y a esta piedra. La presencia de este lugar con el templo del sol, esta piedra sobre un manantial y las peregrinaciones parecen atestiguar la importancia religiosa de Vitcos, donde llegan todos los caminos.

Por la margen izquierda del río Urubamaba, se podía también penetrar en la cordillera de Vilcabamba (Kendall 1994:12). El camino aparecía a la altura de Ollantaytambo y seguía el río, a fín de entrar en la ceja de montaña, pasando por Choquesuysuy, cerca de Machu Picchu (Astete Victoria 1988:17). Este camino bajaba hacia el antiguo puente de Chuquichaca. Durante una prospección con el proyecto Qhapaq Ñan-INC-Cusco, hemos registrado un tramo de este camino, cerca de Sapamarca. Este tramo empedrado tiene un ancho de 1 m y corre sobre un precipicio, encima del río Urubamba.

Como lo había notado Ann Kendall (2000:224), el eje mayor de comunicación de toda la cordillera y la vía principal de acceso que permite penetrar en la cordillera desde el Cusco, sale del Capac Ñan cerca de Zurite, pasa por el abra Salcantay, Collpapampa, Yanama y llega a Vitcos. Esta vía empedrada, que tiene un ancho medio de 3 a 4 m, podía permitir a la élite inca que viajaba en andas y al ejército transitar con facilidad. Esta ruta era seguramente utilizada también para llevar al Cusco los minerales de la cordillera, y especialmente la plata de las minas de Guamani, las más importantes de toda la región, así que el oro de las minas de Choquetacarpo (Regalado de Hurtado 1992:110). Además, varios productos de las bajas tierras tropicales transitaban, sin duda, por Vitcos, antes de llegar al Cusco. Estos venían de Vilcabamba, ubicada solamente a 1400 m.s.n.m, y del norte de Vitcos, donde un camino penetra en la selva. De tal modo que Vitcos constituía, tal vez, en la estrategía de abastecimiento inca, un tampu importante, comparable a otros tantos, como el de Paria, en la región Charkas por ejemplo. Futuras investigaciones tendrían que concentrarse en Vitcos y sus alrededores, a fín de comprobar esta hipótesis.

Por fín, se podía penetrar en la cordillera de Vilcabamba, siguiendo el recorrido siguiente: Cusco-Ollantaytambo-abra Malaga o Panticalla (4350 m.s.n.m)-Wamanmarca-puente Chuquichaca. Después de cruzar este puente, un camino ubicado en la margen izquierda del río Vilcabamba conducía a Vitcos. Este recorrido era durante la Colonia, y es todavía hoy, la vía principal de acceso permitiendo penetrar en el corazón de la cordillera.

Organización y funciones de la red víal de la cordillera de Vilcabamba

Así, este camino Cusco-Zurite-Vitcos tenía posiblemente funciones políticas, administrativas, militares y rituales. Rituales, no solamente en razón de la importancia religiosa de Chuquipalpa, sino también por la presencia de las minas y de los productos de la ceja de montaña y de la selva. En efecto, las minas y los productos como la coca, las plantas alucinógenas, las plumas de pajaros y las pieles de animales, tenían un papel ritual y simbólico muy importante (Albornoz 1984:195-200; Berthelot 1978:958-962; Bouysse-Cassagne 1997a:523; 1997b:106; Salazar-Soler 2002:316-322), y no solamente económico.

Los resultados de nuestras investigaciones demuestran que la red víal prehispánica de la cordillera tiene un plano radial en forma de tela de araña, cuyo punto central es Vitcos. En este sitio, llegan y salen todos los caminos: VitcosVilcabamba, Vitcos-Machu Picchu, Vitcos-Choquequirao, Vitcos-Cusco, Vitcos-Andahuaylas/Curamba y Vitcos-valle de Ayacucho. Vitcos se ubica en el corazón de la cordillera de Vilcabamba, en zona templada, y tiene una posición central en la red de caminos. Al contrario, Machu Picchu, Choquequirao y Vilcabamba se encuentran en las laderas bajas de la cordillera, en ceja de montaña. Las vías que salen de Vitcos, se dirigen hacia los cuatro puntos cardinales: al norte hacia las bajas tierras tropicales y el puente Chuquichaca, al este hacia Machu Picchu, al sur hacia Choquequirao y al oeste hacia Vilcabamba y el valle de Ayacucho. Así, los cuatro sitios importantes de la cordillera, conocidos por el momento, son Vitcos, Machu Picchu, Choquequirao y Vilcabamba. Los tres ultimos se encuentran cada uno a tres días de caminata de Vitcos. Suponemos que este espacio regular de tres días es el resultado de una planificación, sin embargo, no podemos interpretarlo de momento.

A lo largo del eje mayor Zurite-Vitcos, salen varios ramales. Ellos se encuentran principalmente al norte de Limatambo y permiten conectar las cuencas del Urubamba y del Apurimac (Kendall 1980:6). La zona del Salcantay, nevado muy venerado en la época prehispánica (Albornoz 1984:206), es un nudo de comunicación muy importante. En su lado este, un ramal baja a fín de conectarse con el "camino inca". Otro ramal se dirige hacia el valle del Aobamba. En este valle, el ramal se divide y corre a lo largo de las dos riberas del valle, el uno yendo a Machu Picchu y el otro a Llactapata. Otro camino conduce a Limatambo y Marcahuasi. Cerca del nevado Salcantay, sale una ruta hacia el oeste que era la vía principal de acceso a Choquequirao, viniendo desde el Cusco. Lleguamos a conocer este camino empedrado durante una prospección entre Choquequirao y Marcahuasi. Esta ruta corre al pie de los nevados, entre 3800 y 4300 m.s.n.m, y tiene un ancho que puede alcanzar 2

La posición central de Vitcos en la red de caminos, le confiere una función especial a nuestro modo de ver. Vitcos era, tal vez, el centro administrativo regional. Al pie del cerro donde se ubica el sitio, a media hora de camino de la parte central de Vitcos, existe un sector llamado 86

La Red Vial Prehispanica de la Cordillera de Vilcabamba... Sin embargo, la utilización de las tierras destinadas al culto de los antepasados podría proporcionarnos elementos acerca del simbolismo del lugar y de la región. Los antepasados estan vinculados con la fertilidad y la fecundidad (BouysseCassagne 1997b:87), y la existencia de estas tierras dedicadas a este culto en el valle del Urubamba se puede entender según la logica siguiente. El valle del Urubamba, ubicado en la zona de Machu Picchu, y la cordillera de Vilcabamba, pertenecen simbólicamente al Antisuyu. En efecto, las poblaciones Antis dieron, sin duda, su nombre al Antisuyu, esta parte del mundo asociada al sol naciente, el bosque húmedo, las lluvias, el caos primordial, la fertilidad y los antepasados (Valcarcel 1988:16,45; Bouysse-Cassagne 1997b:105). Así, ¿ Que mejor lugar para las tierras dedicadas a los antepasados, que las fértiles tierras del Antisuyu ? Se sabe que el culto de las momias tenía un papel muy importante en la sociedad inca y necesitaba muchas tierras (Bouysse-Cassagne 1997b:88). A la luz de estos indicios, se podría emitir la hipótesis que la conquista inca de la cordillera de Vilcabamba tendría origenes religiosos y simbólicos, vinculados con el culto de los antepasados y la fertilidad.

m. A lo largo de ella, se encuentran lagunas y algunos recintos para camélidos. Según las comunidades locales, algunos tramos de esta ruta muy malograda estan recubiertos por la nieve durante una gran parte del año. El tramo ubicado entre el sector de Huayrurani, donde se encuentran antiguas minas (ADC, año 1785, fol. 7r), y el nevado Salcantay, ha desaparecido casi totalmente. La presencia de los nevados sagrados, de las lagunas, consideradas como pacarina, es decir lugar de origen de los hombres y del ganado (Cobo 1956:166 [1653]; Taylor 2000:134), así que de las minas, conferían posiblemente un carácter ritual al camino. Después de cruzar el abra del Salcantay, la ruta ZuriteVitcos baja hacia Collpapampa. A la altura de este sitio, ocupado durante el Horizonte Tardío (Drew 1984:361), sale un ramal que baja el valle del río Santa Teresa y llega a Machu Picchu, vía Llactapata. Tal vez, este ramal era utilizado por la gente que viajaba entre Choquequirao y Machu Picchu, y que llevaba al Cusco la coca que crece en la quebrada del Santa Teresa, llamada antiguamente Yuracmayu (ADC, año 1695, fol. 15v).

A lo largo del camino de la margen izquierda del Urubamba, sale un ramal que se conecta con el famoso "camino inca". El ancho y el acababo de este camino, así como los sitios ceremoniales ubicados a lo largo de éste (Reinhard 2002:94), parecen conferir un carácter ritual a esta ruta cuyo punto final es Machu Picchu. Las funciones exactas de este famoso sitio son, hasta el momento, desconocidas. Basándose en un manuscrito, John Rowe (1990:143) piensa que Machu Picchu habría sido una hacienda real del Inca Pachacuti. Por su lado, Johan Reinhard (2002:102) se inclina más hacia el culto a las montañas en vinculación con el sitio, el entorno y el espacio sagrado constituído por los nevados-apu de la cordillera, y especialmente el nevado Salcantay.

Los dos caminos que bajaban por las dos margenes del Urubamba permitían conectar la zona entre Ollantaytambo y Machu Picchu (Kendall 2000:224), y relacionar la sierra con la selva. La topografía muy accidentada, la naturaleza peligrosa y el ancho estrecho del camino ubicado en la margen izquierda del valle, río abajo de Machu Picchu (cf. supra.), no permitieron a la élite inca que viajaba en andas y al ejército transitar con seguridad y facilidad. Tirando unas galgas, los enemigos habrían aniquilado facilmente el ejército inca. El camino de la margen derecha presenta también las mismas particularidades. Es la razon por la cual, los relatos de Cabello Valboa (1951:300 [1586]) y Murúa (2001:65 [1590]), según los cuales Pachacuti habría conquistado la cordillera de Vilcabamba por el valle del Urubamba, nos parecen dudosos, y la versión de Cobo (1956:79 [1653]) más verosímil, el valle del Amaybamba presentando un relieve más suave. Cabello Valboa (1951:300 [1586]) y Murúa (2001:65 [1590], nos informan que este mismo valle habría sido conquistado posteriormente, por Tupac Yupanqui. Sin embargo, el topónimo Amaybamba es muy difundido y no sabemos si se trata precisamente de este valle. Además, no se sabe si las dos rutas del Urubamba fueron construídas antes o después de la conquista inca. Ellas eran más apropriadas para el tránsito en fila india o en caravana de llamas, para llevar al Cusco los productos de la ceja de montaña y de la selva.

La ruta Vitcos-Vilcabamba permitía conectar la sierra con la ceja de montaña y la selva. El sitio mismo de Vilcabamba se encuentra a 1400 m.s.n.m, en el bosque húmedo, donde el clima caliente es dificilmente soportable por la gente que vive en la sierra. Tal vez la mayoría de la población de Vilcabamba era compuesta por mitmaqcuna, en este caso gente de las tierras calientes: ¿ Los Manaries o Pilcozones desplazados por los Incas ? Al norte de Vitcos e Incahuasi, un camino baja hacia el bajo Urubamba. Según los testigos de la conquista de Vilcabamba, la zona donde se encuentran el pueblo llamado Panquis y las minas de Sapacati, donde habían mitmaqcuna (Maurtua 1906:9; Levillier 1924:231; Guillén Guillén 1977:146), se ubica en la cuenca del Urubamba. Un espacio de tres días de camino, huella de una planificación, separa Vitcos con los sitios de Vilcabamba, Choquequirao y Machu Picchu (cf. supra.). Este espacio de tres días permite también conectar Vilcabamba con Panquis (Maurtua 1906:31), Choquequirao con Machu Picchu y Choquequirao con Vilcabamba. Siguiendo este esquema, se supone que a una distancia equivalente, o sea tres días de camino, se encontrarían al norte de Vitcos, el pueblo de Panquis y las minas de Sapacati. Esta hipótesis, si se comprueba, sería un indicio suplementario para confortar la posición central de Vitcos en la red víal regional.

Según un manuscrito del año 1568, publicado por John Rowe (1990:151-152), las tierras ubicadas en la ribera derecha del río Urubamba, entre la zona de Machu Picchu y el puente Chuquichaca, pertenecían a Pachacuti y eran cultivadas con fínes rituales, para el culto de los cuerpos muertos. ¿ Esta situación indicaría que el camino de la margen izquierda habría sido utilizado únicamente para el transporte de los productos de las bajas tierras y el de la margen derecha, para fínes religiosos y especialmente para llegar a las tierras dedicadas al culto de los antepasados ? De momento, solo podemos plantearnos esta pregunta. 87

La Red Vial Prehispanica de la Cordillera de Vilcabamba... simples senderos. Sin embargo, se necesitan más datos, a fín de comprobar esta hipótesis que nos proponemos de presentar en trabajos posteriores.

La red víal preinca A menudo, los Incas reutilizaron y mejoraron técnicas preexistentes en varios campos, incluso en el caso de los caminos. La red víal utilizada durante el Horizonte Tardío tenía, en gran parte, origenes anteriores (Hyslop 1984:270). Atribuir una época o una fecha de construcción a un camino es delicado. Lo más simple es estudiar y dar una fecha absoluta a los sitios asociados a los caminos. En la cordillera de Vilcabamba, algunos elementos podrían atestiguar la reutilización de caminos. Considerando que durante la época inca, la red víal de esta región contaba por lo menos con cuatro sitios importantes, estrechamente conectados por caminos, se necesita saber si existió una ocupación preinca en cada uno de los sitios que son Vitcos, Machu Picchu, Choquequirao y Vilcabamba, así que en los otros sitios ubicados a lo largo de los caminos. Si estos sitios fueron ocupados durante la misma época, se podría plantear la hipótesis de que una red víal preinca habría podido existir.

Conclusiones Constatamos que la red de caminos de la cordillera de Vilcabamba, durante el Horizonte Tardío, se extendía sobre toda la región, como una tela de araña muy densa, y estaba estrechamente conectada con la ruta Cusco-Quito. La extensión de estos caminos tenía más de 700 km de longitud y representó una inversión de trabajo enorme y peligrosa, especialmente en los sectores muy accidentados como los abras y los precipicios. Todos los datos recogidos parecen indicar que el sitio de Vitcos, ubicado en el corazón de la cordillera, en zona templada, era el punto central de esta red víal, y era, tal vez, el centro administrativo regional con funciones políticas, económicas y religiosas. A diferencia de Vitcos, los sitios de Machu Picchu, Choquequirao, Vilcabamba y Panquis se encuentran en las laderas de la cordillera, en zona de ceja de montaña, con el fin de explotar sus recursos. Los caminos que atraviesan la cordillera eran utilizados, sin duda, a fín de llevar al Cusco los productos de la selva y de la ceja de montaña, y los minerales que tenían un papel ritual muy importante. Varias minas se encuentran a proximidad de los caminos: no solamente las de Guamani, Choquetacarpo y de Huayrurani de las que hemos hablado, sino también las de Arma y los ríos con lavaderos de oro en Osambre (o Usampi) y Purumate (ADC, año 1594, fol. 18v; Levillier 1924:232; Ocampo 1906:330 [1610?]). Baltasar de Ocampo precisa que este último lugar era una “guaca que tenía el ynga”. Este sitio corresponde, tal vez, a una importante huaca, ubicada cerca del puente Chuquichaca, que estaría vinculada con el díos Viracocha, según Cristobal de Molina (Ocampo 1906:330 [1610?]; Molina 1989:84 [1570]). Hoy, la montaña que domina la quebrada Purumate se llama Viracochan, lo cual parece confirmar esta hipótesis. Los trabajos de Thérèse Bouysse-Cassagne (1997b; 2004 com. pers.) han demostrado el estrecho vínculo entre las minas, los antepasados y el díos Viracocha, identificado como el sol y fuerza animante: las minas pertenecen al "mundo de adentro" o Pachamama, asociado a la fertilidad y los antepasados, mientras que Viracocha, asociado también a los antepasados, sería una representación del sol viajando en el "mundo de adentro", durante la noche. Todos estos elementos conducen a sugerir que la conquista y el control de la cordillera de Vilcabamba por los Incas, a través de su red víal, tenían posiblemente origenes religiosos y simbólicos, además de desempeñar un importante papel económico*.

Recién, el INC-Cusco encontró en Vitcos y sus alrededores huellas de ocupación del Periodo Intermedio Tardío (ca. 1100-1400 d.C.), y cerámica del Formativo (ca. 1000 a.C.400 d.C.) en superficie (Pérez Trujillo 2002:11). Al pie de Machu Picchu, en cuevas y terrenos adyacentes a la orilla del río Urubamba, Manuel Chávez Ballón (1961:183) identificó varias tradiciones alfareras preincas: Killke, del Periodo Intermedio Tardío, así que Huaru, que pertenece al fín del Periodo Intermedio Temprano (ca. 400 a.C.-600 d.C.). Sin embargo, estos estilos todavía son mal definidos, tanto del punto de vista cronológico y cultural. Chávez Ballón encontró también cerámica Chanapata Derivado, que pertenece al inicio del Periodo Intermedio Temprano. Ultimamente, durante las excavaciones de Patrice Lecoq en Choquequirao (Lecoq et al. en prensa), se identificó un material alfarero parecido al estilo Killke, así como varios fragmentos de cerámica que presentan estrechas similitudes con el estilo Marcavalle del Horizonte Temprano (ca. 1000 a.C.-400 d.C.) y el Formativo de Paruro (Valencia y Gibaja 1991:69,75; Bauer 2002:120,234,241). En Vilcabamba, Gene Savoy (1996:53) identificó en superficie tiestos de estilo Tiahuanaco (¿ o Huari ?) del Horizonte Medio (ca. 600-1100 d.C.), mientras que el sitio de Collpapampa, nudo de comunicación entre Machu Picchu, Cusco, Vitcos y Choquequirao, presenta huellas de ocupación durante el Periodo Intermedio Tardío (Drew 1984:362). Por fín, se encontró en Coriwayrachina, cerámica relacionado con el estilo Killke (Bejar y Frost 2002:9). Se necesita investigar más sobre las tradiciones alfareras de la región del Cusco, y especialmente de la cordillera de Vilcabamba, a fín de tener una cronología más fiable y definir con más precisiones los varios estilos regionales. Sin embargo, estos primeros elementos nos indican que había una ocupación anterior a la conquista inca en los susodichos sitios. Durante la época formativa, se nota una ocupación en Vitcos, Machu Picchu y Choquequirao. Estos tres sitios, así que Collpapampa y Coriwayrachina fueron ocupados también durante el Periodo Intermedio Tardío. Comprobar la existencia de una red víal durante el Formativo es muy delicado, sin embargo, parece más probable que ya existían caminos durante el Periodo Intermedio Tardío, en la parte este de la cordillera. Así, eso nos indicaría que los Incas reutilizaron y mejoraron una red víal ya existente o por lo menos antiguos "corredores de circulación" que eran tal vez

*Deseamos expresar nuestros sinceros agradecimientos a la Sra. T. Bouysse-Cassagne y al Sr. P. Lecoq por sus valiosas críticas y sugerencias. También deseamos dar las gracias a los Srs. W. Yepez y O. Fernandez del INC-Cusco quienes nos permitieron caminar con el Proyecto Qhapaq Ñan y nos otorgaron credenciales, así que a Luis Cerpa y Victor Carlotto por su ayuda técnica.

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Organisation et structures Sociales Séverine Bortot : Etude des structures souterraines du groupe D, d’El Moro, Etat de Guanajuato, Mexique.

Maelle Sergheraert : Les conséquences de l’expansion militaire aztèque: synthèse sur les intérêts d’une approche archéologique.

Cyril Giorgi : Entidades políticas mayas del Clásico : Síntesis teorica y aplicación. El caso de Cobá, Quintana Roo.

Rigoberto Navarro Genie : Statuaire préhispanique de l’île d’Ometepe, Nicaragua.

Vincent Chamussy : Continuity and variability of the mortuary customs pattern in central andean area between the middle Ceramic and the Final Formative periods.

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ETUDE STRUCTURES SOUTERRAINES DU « GROUPE D» Etude desDES structures souterraines du « Groupe D » d’El Moro, Etat de Guanajuato, Mexique. D’EL MORO, ETAT DE GUANAJUATO, Mexique.* Séverine BORTOT

Resumen : Los sitios del Cerro Barajas, ubicado en la parte Guanajuatense del Bajío mexicano, son estudiados en el marco de un proyecto francés desde 1998. Entre los diferentes marcos de investigación desarrollados, uno se dedica al estudio específico de las construcciones subterráneas observadas en todos los establecimientos del Cerro, en contextos variables, y bajo formas distintas. Este artículo propone presentar los resultados del estudio del grupo D del sitio del Moro que contiene un grupo de construcciones de este tipo, y la demostración que permitió interpretar esos espacios como estructuras de almacenamiento.

Abstract : The Barajas sites, mountainous massif located in the Mexican macro-region called Bajio, have been studied by a French team of archaeologists, since 1998. One of the lines of research of this project deals with the underground constructions observed in each establishment of the massif, in various contexts, and in all its forms. In this paper are presented the results of one of this group of underground structure study -group D of El Moro-, and the demonstration which allowed interpreting them as storage structures.

Introduction Sur la rive droite du fleuve Lerma, le massif du Barajas fait l’objet depuis 1998 d’un programme de recherches mené par le CEMCA (Centre d’Etudes Mexicaines et Centraméricaines). Ce projet comprend un second volet qui porte sur l’occupation préclassique et la culture Chupícuaro, dans la région du lac Solis entre Acámbaro et Tarandácuao. (Darras et Faugère, 2000). La spécificité du lieu tient à l’originalité de la quinzaine de sites qu’il abrite car ils ne participent pas à la tradition architecturale régionale. Après des débuts vers 450 apr. J.C., l’occupation majeure du massif se situe à l’Epiclassique et au début du Postclassique (700-950 apr. J.C.), période durant laquelle la région du centre-nord du Mexique connaît de nombreux changements marqués par l’arrivée progressive d’éléments d’origine nordique. L’objectif principal de ce projet est de déterminer l’identité de ces occupants et de comprendre pourquoi et en quoi leur architecture se distingue de celle des autres sites de la région. Depuis 1998, tous les établissements ont été en partie fouillés afin d’apporter des informations sur la séquence d’occupation, le matériel, l’architecture cérémonielle et les rites funéraires. Le groupe D du site d’El Moro appartient à cet ensemble de sites. Il se compose d’une concentration de structures souterraines ou semi-souterraines, localisées à flanc de colline, à l’est d’un secteur d’habitation. Ce complexe a fait l’objet de fouilles en novembre 2000, et d’une étude approfondie présentée dans le cadre de notre mémoire de DEA. Les données de cette étude ont été envisagées sous deux angles : l’essentiel de ces travaux portent sur l’identification fonctionnelle du complexe, et plus largement ces données ont participé à la définition d’un type architectural inédit. L’analyse a porté d’une part sur les informations de terrain : les données spatiales et contextuelles, et les données architecturales et sédimentaires, d’autre part sur les travaux de laboratoire, c’est-à-dire sur l’analyse des sédiments et pâtes céramiques et du matériel céramique.

L’exposé qui suit présente les résultats les plus probants de cette étude.

Le Bajio au premier millénaire La région physique La région d’étude se situe dans la moyenne vallée du fleuve Lerma, à la limite entre les Etats actuels de Guanajuato et de Michoacán, dans la macro-région appelée « Bajio » (fig. 1). Le Bajio est un bassin alluvial d’altitude, dont la majeure partie est localisée dans la portion méridionale de l’Etat mexicain de Guanajuato, entre 1550 et 2000 m d’altitude (Labat, 1995 :41). Compris entre 100 et 102° de longitude ouest et 20 et 21° de latitude nord, il est délimité, au nord par la Sierra de Guanajuato, et au sud par l’axe néovolcanique.

Fig.1 : Cartes de localisation de l’Etat de Guanajuato, et du massif du Barajas. (d’après G. Pereira)

* Etude du complexe de structures souterraines du site d’El Moro, Massif du Barajas, Etat de Guanajuato, Mexique, 91 mémoire de DEA, Paris I Panthéon –Sorbonne, 2002.

Etude des structures souterraines du « Groupe D » d’El Moro, Etat de Guanajuato, Mexique. populations ont tendance à se regrouper dans des secteurs mieux protégés. De nouvelles puissances régionales apparaissent, en partie sous l’influence de facteurs extérieurs d’origine septentrionale. Chronologiquement, cette période est marquée dans le centre nord du Mexique, par plusieurs mouvements migratoires qui ont influé sur les grandes transformations politiques du Postclassique.

Cette macro-région était traversée par une série de bassins, formés par les différents fleuves de la région, connectés entre eux. Ces réseaux saisonniers permettaient un contrôle de l’eau et assuraient, selon Sanchez et Marmolejo Morales (1990 : 268), l’existence de sols riches en humidité, utilisables pour l’agriculture, et un habitat propice à diverses espèces animales (Brambila 1993 : 5). Le climat de la région est semi-aride. La moyenne des températures oscille entre 18 et 22°, les précipitations entre 500 et 700 mm/an. Les ressources naturelles sont très diverses, ce qui a favorisé le peuplement de la région. Les fonds de vallées, marqués par la présence de petits lacs et de marécages, permettaient l’exploitation des ressources aquatiques. Sur les hauteurs, les conditions climatiques ont été favorables à l’implantation de nombreuses espèces végétales et animales. Enfin, l’abondance des ressources minérales exploitables telles que l’obsidienne, la rhyolite, la calcédoine, le silex et le quartz a eu une fonction clef dans le développement local.

Présentation du projet Bajio Le massif du Barajas se situe à la limite sud-ouest du Bajio, à la confluence des fleuves Lerma et Turbio. Cette formation rocheuse, d’origine volcanique, que de nombreux ravins entaillent perpendiculairement, atteint 2200 m d’altitude. L’occupation humaine s’est surtout implantée entre ces ravins, notamment sur le versant nord du massif. Ces établissements font l’objet de recherches archéologiques menées par une équipe française (CNRS, UMR 8096 / CEMCA (Centre d’étude mexicaines et centraméricaines) depuis 1998. Le projet, financé par le ministère des Affaires étrangères et le CNRS, porte sur la transition du Classique au Postclassique et la création des frontières culturelles et politiques dans la région du massif du Barajas. Il constitue un des volets du programme « Dynamiques culturelles dans le Bajio », dont le but général est d’approfondir la connaissance archéologique de la vallée moyenne du fleuve Lerma, et d’évaluer son rôle dans les développements culturels du Bassin de Mexico, de l’Occident et plus largement, de la Mésoamérique.

Contexte culturel Le Bajio n’est pas une région isolée sur le plan archéologique, et son occupation depuis le Préclassique (600 av. J.-C. - 200 apr. J.-C.), jusqu’au Postclassique (900 apr. J.-C. - à la Conquête), est connue dans ses grandes lignes. Néanmoins, la nature des travaux dont il a fait l’objet (absence de recherches systématiques et rareté des fouilles programmées) ne permet pas de connaître toutes les modalités de son développement culturel. Qui plus est, le Lerma ayant toujours été un couloir de passage et d’échange, l’implantation humaine est située au carrefour de plusieurs sphères culturelles. Des opérations de sauvetage réalisées par Porter ont mis au jour en 1947 des vestiges funéraires de la tradition Chupícuaro (600 av. J.-C. - 200 apr. J.C.) (Porter 1956) qui a servi de base à un développement local important au Préclassique, constituant l’une des « civilisations-mères » de l’Occident du Mexique (Healan, 1999 :133). A l’époque Classique, le matériel de la phase précédente persiste mais se manifeste sous d’autres formes et, d’après les données recueillies lors des prospections, le nombre d’installations augmente. Alors que les populations de tradition Chupícuaro tendaient à occuper les zones basses, la période est marquée par une colonisation des zones hautes. L’identité socio-culturelle du Bajio, qui se forme à cette époque, se traduit par la récurrence de certains éléments ; le patio surbaissé (patio hundido) (Cárdenas 1999 :43) se retrouve dans la plupart des installations de cette période et constitue un trait de tradition locale, au même titre que les types céramiques Rouge sur Bai (Roba) et Blanco Levantado. Plusieurs sites auraient entretenu des relations avec la métropole de Teotihuacan et des populations de la cité se seraient installées le long des routes d’échanges, de Querétaro jusqu’au sud du Lerma, formant peut-être un couloir de passage vers la zone lacustre du Michoacán. Par ailleurs, l’existence d’ensembles architecturaux circulaires sur des sites comme Plazuelas, La Gloria, La Companía et Peralta II, rappelle les « guachimontones » de la culture Teuchitlan qui se développe à la même époque dans l’Occident du Mexique (Cárdenas 1999 bis :41). A partir de la phase Xolalpan récent (550-650 apr. J.-C.), on observe le début d’une instabilité graduelle dans la région (Crespo, 1996 : 14). L’agriculture est encore l’activité principale dans les plaines et elle oriente la distribution des sites, mais les

Repères chronologiques L’analyse de la céramique (Migeon, sous presse) témoigne d’une occupation continue du massif de 450 apr. J.-C. à 1000/1100 apr. J.-C., et un peuplement organisé au moins en quatre phases. L’occupation initiale commence en 450 apr. J.-C. et se traduit par des installations à proximité de sources permanentes (groupe A de Nogales). La nature de l’implantation humaine paraît à la fois cérémonielle et domestique. Le matériel céramique, comprenant les types Blanco Levantado et Rouge sur bai, atteste de l’origine locale des occupants. Entre 450 et 650 apr. J.-C., durant la phase Nogales, seuls quelques secteurs sont habités (groupe A de Nogales, et certaines parties d’El Moro). Cette période se manifeste par un épisode de construction et un matériel céramique évoquant celui du centre-nord du Michoacán (types Cienega rouge négatif et Lupe incisé). L’occupation la plus étendue des établissements du massif semble correspondre à la phase Barajas, comprise entre 650 et 900/950 apr. J.-C., qui marque l’apogée des sites et se traduit par une phase de construction sans précédent. Elle se caractérise par la construction de structures monumentales, dont celles de Nogales. Le matériel céramique est marqué par la quasi-disparition des types antérieurs, tel que le type Blanco levantado. Les types Rouge sur Bai et Café fin (Cafipu), avec ou sans incisions, persistent mais avec de nouvelles formes et de nouveaux décors. En revanche, apparaissent des jarres orange à décors peints en noir (Anpine), des jarres rouge à décors gravés après cuisson (Monro esgrafiado), des jarres orange à décors peints en noir polies et décorées en bandes rouge de motifs au négatif (Aderob), et des récipients bruns rougeâtres grossiers (café tosco). La céramique présente, durant cette phase, des similitudes avec les sites de la Gloria (nord-ouest du 92

Etude des structures souterraines du « Groupe D » d’El Moro, Etat de Guanajuato, Mexique. Globalement, cette sub-phase se caractérise par une simplification des motifs, une raréfaction des types peints, et la généralisation des types plus grossiers. La phase Barajas fait ensuite place à une occupation sporadique durant laquelle les habitants ont une industrie lithique plus développée alors que la céramique se veut simple et grossière. Enfin, le massif sera réoccupé au XVème siècle, par des groupes de chasseurs qui ont laissé les vestiges de quelques foyers ainsi qu’un abondant matériel lithique (groupe B de Nogales).

Guanajuato), les hautes terres du Jalisco, le nord du Michoacán et le sud du Zacatecas (Migeon, sous presse). Les données stratigraphiques et céramiques permettent de distinguer une sub-phase récente et tardive : la sub-phase Barajas ancien : 600/650 a 750 apr. J.C. se traduit par l’existence du matériel Nogales en proportion moindre, et par l’apparition de nouveaux types. La sub-phase Barajas récent coïncide plus précisément avec l’épisode de construction important des établissements, et se traduit par la disparition complète des types apparus durant la phase Nogales, la persistance de certains types de la subphase précédente, et l’apparition de nouveaux types.

Fig. 2 :

Carte topographique des sites du massif de Barajas avec la localisation des espaces souterrains enregistrés (d’après, G. Pereira)

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Etude des structures souterraines du « Groupe D » d’El Moro, Etat de Guanajuato, Mexique. souterraines recouvertes de dalles (Zepeda 1988 : 303). Ces structures ont été interprétées comme des citernes connectées entre elles (Zepeda 1988 : 302). Postérieurement, les prospections effectuées dans le cadre du projet « Dynamiques culturelles dans le Bajío » remettaient en doute les premières hypothèses en penchant plutôt pour une fonction de stockage (Pereira, Migeon, Michelet, 2001 : 4). Une opération de fouille a ensuite été envisagée dans ce secteur afin de mieux connaître l’organisation, l’agencement et le contenu de ces structures. Ces éléments pouvaient apporter des informations précieuses sur leur fonction et leur importance dans le site.

Schémas d’établissement L’excellent état de conservation des sites a permis, en comparant certaines structures, de constater leur contemporanéité et d’avoir quelques idées sur l’organisation interne. Les établissements se répartissent de manière continue sur le versant nord, entre les profonds ravins qui entaillent perpendiculairement le massif (fig. 2). Il semble que ces groupes, bien que séparés par la topographie, appartenaient à la même entité culturelle. La plupart des sites s’étendent sur plusieurs hectares et comptent différents groupes. A l’est du village de Moro de la Peñita, le site d’El Moro est l’un des plus étendus du massif, mais aussi un des plus détruits. Toute la surface de l’interfluve semble avoir été occupée à l’époque préhispanique, mais la grande majorité des vestiges ont été démantelés car ces terrains sont mis en culture, et les pierres de construction délimitent actuellement les parcelles des terrains cultivés. Néanmoins certaines structures sont encore visibles en surface : les constructions monumentales qu’abrite le groupe A, connu sous le nom de « Los Corrales », en font un des ensembles les plus importants de la zone. Le groupe B est un monticule isolé assez mal conservé. Le groupe C, connu sous le nom de « Yacata de Palo Blanco », est construit sur une terrasse qui domine la vallée ; au moins cinq structures y ont été identifiées. A l’est, on trouve le groupe D, réparti sur la pente du ravin qui le sépare du site de Nogales. Il compte plusieurs structures souterraines, objet de notre étude. L’organisation interne des installations du massif du Barajas atteste d’une grande diversité architecturale. Néanmoins, pour l’architecture monumentale, au moins deux modules récurrents ont été identifiés (Pereira, Migeon, Michelet, 2001). Le premier est un bâtiment à pièces multiples, à disposition variable (allongée, en L ou en bloc) auquel est joint un édifice de plan carré « qui peut être interprété comme un hall pourvu d’un atrium central » (Pereira, Migeon, Michelet, 2001) et une cour rectangulaire en contrebas. Le second se compose d’une à trois bases pyramidales ou plates-formes hautes, réparties autour d’une place. Ces deux « modules » sont généralement réunis dans un même site. Les habitations, quant à elles, ne présentent aucun plan-type. Lorsqu’elles se situent à proximité des structures monumentales, il s’agit de constructions en pierre sèche érigées sur des plates-formes, alors que les zones basses des pentes abritaient les habitats modestes en matériaux périssables. Dans tous les sites du massif, on observe des constructions souterraines aménagées dans des terrasses artificielles. Elles peuvent être associées à des constructions de type domestique ou plus monumentales, être isolées ou concentrées, recouvertes d’énormes dalles ou à l’air libre. Le groupe D d’El Moro comprenait un exemplaire de ce module architectural.

Situation topographique

Fig. 3 : Plan du groupe D d’El Moro (d’après D. Michelet)

Le site d’ El Moro est enregistré dans l’Atlas Archéologique National sous le numéro 021, carte F14C71, sous le nom de « Moro de Barajas ». Cette installation se situe entre 1850 et 1900 m d’altitude et occupe toute la largeur du relief, à l’est du village actuel de Moro de la Peñita (fig. 2). Comme il a déjà été mentionné, c’est un des établissements les plus altérés du massif : les terrains qu’il occupe sont actuellement mis en culture et certaines pierres ont été réemployées dans des constructions modernes. La majorité des vestiges visibles en surface sont des terrasses qui occupent tout le terrain, à raison d’une tous les dix mètres. Le groupe D occupe la partie orientale du site d’El Moro, sur le flanc qui le sépare du site de Nogales, et doit son nom « Ojo de Agua » à la présence de sources d’eau permanentes à proximité. Il couvre une surface de 400 m2 environ et se présente sous la forme d’un amoncellement de dalles de basalte, sur une pente descendante vers l’est. A la limite nord-est de cet enchevêtrement, on distinguait initialement cinq structures excavées, de formes ovoïdes ou circulaires aménagées sur un méplat du terrain (fig. 3). Ces dernières sont construites en dalles, et certaines étaient, en partie, recouvertes de gros blocs à peine dégrossis (Fig. 4). A 18 m au sud de ce groupe, deux autres structures présentent les mêmes caractéristiques architecturales (fig. 5).

Le complexe D du site d’El Moro ou « Ojo de Agua » Description et travaux antérieurs Ce complexe aurait été signalé pour la première fois lors des prospections effectuées dans le cadre de la construction du gazoduc Salamanca-Degollado. Sanchez Correa et Zepeda décrivent, en effet, une concentration de structures 94

Etude des structures souterraines du « Groupe D » d’El Moro, Etat de Guanajuato, Mexique. Nous avons néanmoins entrepris l’élargissement de cette surface afin d’amorcer l’étude de l’organisation spatiale. Dans le groupe nord, le dégagement de la végétation et des dalles effondrées autour des cinq structures visibles a permis de mettre au jour six autres constructions. Cet ensemble de structures, délimité à l’ouest par les escarpements de roche basaltique, et marquant au nord et à l’est les limites du complexe, constituait une entité d’environ 8,20 x 10,60 m selon un axe nord sud. La fouille se concentra à cet endroit (fig. 4). Environ 18 m au sud, les deux autres structures souterraines présentaient le même schéma constructif avec des murs visiblement mieux construits et quelques dalles de dimensions plus importantes sur le pourtour de l’une d’entre elles. Pour ces raisons, nous avons décidé de les fouiller également (Fig. 5). Les structures ont été fouillées par décapage horizontal : à chaque couche stratigraphique naturelle ou anthropique, correspond une fiche d’enregistrement et un numéro propre. Les éléments construits ont été numérotés individuellement. Nous avons dessiné deux coupes pour chaque structure, et un registre photographique des différents éléments découverts fut réalisé. Le matériel a été enregistré par unités stratigraphiques, et des échantillons de sédiments ont été prélevés en vue des analyses de laboratoire.

Résultats des opérations de terrain Description des structures Fig. 4 : Plan au pierre à pierre du groupe nord, à la fin des fouilles, avec représentation en gris foncé de l’affleurement basaltique. (Plan de l’auteur)

Les constructions découvertes dans les groupes nord et sud du complexe D sont au nombre de douze. Il semblerait que toutes aient été au moins partiellement pillées avant notre intervention. L’élément D10 correspond visiblement à une structure inachevée, et entre D10 et D5 se localisait une portion de mur à deux assises isolé (fig. 4). Les autres structures sont disposées, sans ordre apparent, sur un méplat de la pente. Toutes se caractérisent par un espace interne excavé. Elles présentent des variations importantes quant à leurs dimensions, leurs formes ou leur mode de construction. L’espacement entre ces structures n’est pas régulier, mais elles sont rarement distantes de plus d’un mètre les unes des autres. Certaines ont l’aspect de véritables structures souterraines, d’autres s’apparentent plutôt à des caissons de profondeur réduite. Entre ces deux types, il existe encore un cas intermédiaire. Nous allons à présent rendre compte de ces différences.

Fig. 5 : Plan au pierre à pierre du groupe sud, avec représentation en gris foncé des dalles de couverture. (Plan de l’auteur)

Les structures souterraines simples : (D1, D2, D3, D4, D5, D20 et D21)

Méthodes et techniques de fouille Les travaux de terrain du groupe D d’El Moro se sont déroulés en novembre 2000. Cette opération visait à comprendre l’organisation spatiale du lieu, à connaître la stratigraphie, et à récolter du matériel pour amorcer l’étude fonctionnelle de ce complexe. Un amoncellement de dalles de basalte recouvrait la surface d’étude. Comme nous l’avons mentionné, au bas de cet ensemble, on observait cinq structures en creux, au nord (D01, D02, D03, D04 et D06) et deux plus haut dans la pente (D20 et D21) (fig. 3). Les premières observations laissaient présager que ces constructions avaient été pillées.

Nous intégrons dans cette catégorie les structures souterraines d’au moins 0,80 m de profondeur. C’est le type le plus répandu de ce complexe ; il comprend les deux constructions du groupe sud et six des neuf structures du groupe nord. Les constructions de ce lot adoptent des plans de forme circulaire, ovoïde, rectangulaire ou amorphe. Les parois sont construites en dalles de basalte. Ces dernières sont du même type que celles qui recouvraient la surface d’étude. Il semblerait qu’elles soient extraites de la roche qui affleurait dans tout le secteur. 95

Etude des structures souterraines du « Groupe D » d’El Moro, Etat de Guanajuato, Mexique. Leur taille moyenne est de 0,18 x 0,10 x 0,05 m et elles présentent une forme parallélépipédique généralement obtenue par une simple retouche des bords ou, dans certains cas, au moyen d’un équarrissage sommaire. Les murs n’avaient qu’un parement interne car ils étaient aménagés dans le remblai de terrassement du terrain. Il faut signaler que les murs du groupe sud sont plus hauts et mieux construits que ceux du groupe nord, et les interstices entre les dalles sont plus réduits. Les murs atteignaient le niveau de sol de l’époque. Aucune trace de revêtement n’a été repérée sur ces parois. De grosses dalles de basalte, posées sur la plus haute assise des murs de ces structures, couvraient encore partiellement l’espace interne de D3 et de D21. Ces blocs étaient de formes variables, généralement parallélépipédiques. Or, il est intéressant de noter qu’elles n’étaient pas assez grandes pour recouvrir toute la surface interne de la construction. Cette constatation conduit à supposer que soit la structure n’était pas entièrement recouverte, soit que d’autres dalles, retirées lors des pillages, venaient surplomber les premières créant ainsi un encorbellement sommaire, soit encore que des matériaux périssables complétaient cette installation. Bien que la première proposition soit peu probable, ces trois cas de figures peuvent être envisagés pour chaque structure de cette catégorie. Le fond des structures se matérialise, dans tous les cas, par l’affleurement rocheux. Dans D3, la roche participe même à la base des murs. Les structures ne présentaient aucun accès latéral et n’étaient pas connectées entre elles.

La structure souterraine avec accès (D6) : Nous avons jugé nécessaire de dissocier la structure D6 du reste des constructions du complexe. Celle-ci était la seule à présenter un accès : dans le mur est, une porte d’environ 0,60 m de large était percée. Ce mur est, se situant en bord de méplat, devait, à la différence des autres parois, avoir un parement externe, à l’Est, du coté descendant de la pente. Les constructeurs auraient donc adossé la structure à la pente. Néanmoins, cette porte avait été condamnée intentionnellement, comme c’est le cas dans plusieurs structures du massif. Malgré l’état de destruction avancé, nous avons pu faire quelques observations. Les murs sont construits en dalles sur les quatre côtés. Deux blocs de basalte recouvraient l’assise supérieure de la paroi ouest. Cette structure s’apparente, par conséquent, au premier type architectural décrit. Cependant, elle est la seule à ne pas avoir été construite directement sur la roche mère. Un sondage de 1 x 1 m, effectué entre D6 et D8, a montré que l’espace entre les structures du groupe nord est occupé par un remblai anthropique, ce qui signifie que la roche affleurait sur tout ce secteur, et qu’elle a été remblayée, à certains endroits, pour permettre d’agencer ces constructions. Stratigraphie Les structures D1, D2, D3, D4, D6, D20 et D21 étaient visibles depuis la surface avant les travaux de terrain. Les murs étaient dégagés et un remplissage d’origine anthropique et/ou naturelle emplissait en partie l’espace interne. Les structures D5, D7, D8, D9, n’étaient pas visibles avant les travaux de terrain. Elles étaient remplies et recouvertes de terre et de dalles. La fouille de ces constructions n’a pas fourni plus de renseignements que celle des structures dont le pillage avait complètement perturbé la stratigraphie. En effet, bien que la profondeur des constructions varie de 0,30 à 1,30 m, les seules couches enregistrées correspondent à nouveau aux remplissages naturels et/ou anthropiques. Dans certains cas, un niveau d’occupation, matérialisé par un sol de terre battue nivelant la roche (structures D2, D3 et D7) ou par un dallage (structure D4 et D20), était conservé (fig. 6).

Les structures semi-souterraines (D7, D8, D9) Ces structures présentent un mode constructif distinct de celui des structures précédemment décrites. La différence principale se traduit par une profondeur généralement plus réduite, variant de 0,30 à 0,70 m. D’un point de vue spatial, les structures de cette catégorie occupent les bordures sud et ouest du groupe nord. Les murs se matérialisent par l’affleurement rocheux qui marque les contours du groupe nord et constitue les murs ouest de D7, sud et ouest de D8 et de D9. Des parois de dalles, du même type que celles décrites précédemment, finissent de cloisonner l’espace. L’assise supérieure des parois ne présente pas la même finition que celle des structures souterraines simples, et rien ne permet de dire qu’il s’agit de la plus haute assise. Qui plus est, aucune de ces structures ne comprenait de dalles de couverture. Par conséquent, si l’on considère la faible profondeur de ces constructions, l’absence de finition de la partie supérieure des murs conservés et l’absence de couverture, il semblerait que les parois aient été plus élevées, créant ainsi un espace semi-souterrain. Les dalles recouvrant actuellement la surface du sol proviendraient, en partie, de l’effondrement de ces murs. Cependant, il est difficile de déterminer la hauteur de ces derniers à partir de la quantité de dalles découverte, car celles-ci pourraient aussi appartenir aux parois d’autres structures semi-souterraines encore ensevelies, aux abords de la zone de fouille. Ces structures n’avaient aucun accès latéral et n’étaient pas connectées entre elles.

Fig. 6 : Photo prise depuis le Nord de la structure D21, au niveau du nivellement de la roche affleurante (photo de l’auteur)

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Etude des structures souterraines du « Groupe D » d’El Moro, Etat de Guanajuato, Mexique. pâte et de décoration. Huit d’entre eux étaient diagnostiques pour élaborer la séquence d’occupation. Concernant la distribution spatiale du matériel, seuls six types ont été enregistrés. En effet, la classification est souvent affinée par l’observation des décors, généralement situés sur la panse des vases. Or, la quantification des céramiques s’est appuyée sur le comptage des bords, qui eux ne portent aucun décor, sauf dans quelques cas qui ont été pris en compte. Dans la mesure où l’observation d’un bord ne permettait pas toujours d’identifier un type diagnostique et où le comptage des tessons de panse, qui pourraient être diagnostiques, n’était pas représentatif pour recenser le nombre minimum d’individus, il était difficile d’avoir la même classification pour ces deux analyses.

Au sud, D20 montre les mêmes résultats que les structures du groupe nord, avec cependant plus de profondeur (1,72 m). En revanche, D21 se distingue et présente, cas unique, une stratigraphie plus complexe avec deux niveaux d’occupation (US 1042 et US 1036) (fig. 7).

Présentation de la collection céramique Les 2752 tessons qui constituent l’objet de cette étude se distribuent dans les douze constructions et le sondage S1 selon ces proportions :

Fig. 7 : Profil stratigraphique Est-Ouest de D21 (dessin de l’auteur)

Résultats des analyses Matériel lithique Les artéfacts lithiques ne présentent pas de concentration significative susceptible d’identifier une activité spécifique, dans la mesure où la majorité d’entre eux a été trouvée dans les couches de remplissage. De plus, le corpus se compose d’éclats d’obsidienne et de quelques lames qui ne montrent pas de spécificité typologique. Leur présence semble donc plutôt aléatoire. Six percuteurs découverts en surface sont plus symptomatiques, car ils peuvent être liés à l’extraction de dalles des affleurements rocheux de la pente.

Structures

Quantité de tessons

D1 D2 D3 D4 D5 D6 D7 D8 D9 D10

15 0 0 16 18 3 32 4 16 17 8 476 2128 18

Mur inachevé

D20 D21 Sondage S1

Matériel céramique

% 0,55 0 0 0,58 0,65 0,11 1,16 0,14 0,58 0,62 0,29 17,30 77,35 0,65

Groupe nord

4,68

Groupe sud

94,65 0,65

La différence de concentration du matériel entre les groupes nord et sud est remarquable. Le groupe nord, bien qu’il comprenne dix des douze constructions du complexe, ne contient qu’une infime partie du matériel découvert. Cette observation a été prise en compte, dans la présentation des résultats d’une part, et dans les interprétations d’autre part. Nous avons donc jugé préférable de dissocier les résultats des groupes nord et sud.

L’analyse céramique a porté sur 2752 tessons et a été effectuée au CEMCA Mexico, à partir de la classification établie par Gérald Migeon (Migeon, sous presse). Les résultats portent sur trois points : L’analyse par type/variété a permis de situer l’occupation du complexe dans la séquence chronologique du massif et, par comparaison avec les résultats 14C obtenus dans les autres sites, de dater les structures ou tout au moins leur utilisation. Ensuite, l’étude de la répartition des formes céramiques montre quels sont les modèles les plus représentés, pour quelles structures ou quels niveaux d’occupation, et fournit des informations d’ordre fonctionnel. Le calcul du poids moyen d’un tesson (poids total / nombre de tessons) apporte un élément supplémentaire : en le comparant avec celui de structures d’habitat, il permet d’obtenir des informations sur l’utilisation de l’espace interne des constructions. Enfin, chaque type céramique a été caractérisé : le recollage des quelques formes a fourni des informations sur le volume et sur la surface occupée par chaque récipient, ainsi que sur le volume contenu.

Séquence céramique Nous tenons à signaler que cette étude s’appuie sur les données de travaux encore en cours actuellement. Les résultats qui suivent sont donc susceptibles de subir quelques modifications. Les structures du groupe nord ne contenaient pas suffisamment de matériel diagnostique ; de plus, dans la mesure où nous n’avons pas identifié de niveau d’occupation, il nous a semblé préférable de ne pas engager de discussion sur des contextes peu fiables. Pour la structure D20, du groupe sud, les résultats montrent une légère concentration de types Anpine suivis des types Rofi (rouge fin), Roba et Aderob. Le type majoritaire, Anpine date de la période d’apogée du site, c’est-à-dire la phase Barajas récent (de 750 à 900/950 apr. J.-C.) et du

Dix huit types céramiques ont été répertoriés lors de la classification en prenant en compte les variétés de forme, de 97

Etude des structures souterraines du « Groupe D » d’El Moro, Etat de Guanajuato, Mexique. types sont présents : les bassins Monro _ un individu _ et deux coupes Rouge sur Bai. En revanche, pour la seconde occupation, US 1042, tous les types sont représentés par un individu au minimum et jusqu’à onze pièces pour les jarres de type Monro. L’absence complète de jarres durant la première occupation, alors que c’est la forme la plus représentée durant la seconde, est significative. On peut supposer que les jarres étaient posées sur ce sol, mais qu’elles ont été retirées avant l’abandon ; on peut aussi envisager qu’il n’y avait pas de jarres dans la structure durant la première occupation. Dans ce cas, la structure aurait contenu 3 individus durant la première occupation, alors que durant la seconde, elle en contenait 49. Cette hypothèse est la plus probable car il serait difficile d’expliquer pourquoi seulement une partie des formes aurait été retirée. Par conséquent, il paraît clair que l’espace n’était pas utilisé de la même manière durant les deux périodes d’occupation. Ce dernier élément amène à penser que la structure a pu abriter des activités différentes lors de ses deux périodes d’occupation ou qu’une même activité a été pratiquée selon deux modalités distinctes.

Postclassique ancien (de 950-1100 apr. J.-C.). Le deuxième type, Rofi n’est pas diagnostique d’une phase bien qu’il soit largement plus abondant durant la phase Barajas récent. Le type Roba date de la première période d’occupation, Nogales récent (450/500 à 600/650 apr. J.-C.) mais se retrouve aussi à la phase Barajas récent (750 à 900/950 apr. J.-C.). Enfin, le troisième type, Aderob date de la phase Barajas. Les phases d’apogée (Barajas et début du Postclassique) semblent être les plus représentées, mais quelques échantillons supplémentaires seraient nécessaires pour confirmer que la présence de cette céramique est significative. Pour la structure D21, tous les types diagnostiques sont représentés dans toutes les couches, sauf quelques exceptions peu significatives. Les couches d’occupation et celles directement en contact contenaient la plupart des tessons de la structure ; qui plus est, elles sont les plus importantes pour la compréhension de la séquence d’occupation de D21. La proportion occupée par les types Rofi, Aderob, Anpine et Capuccino est beaucoup plus importante que dans la structure D20, surtout dans les deux niveaux d’occupation (US 1036 et US 1042). Leur présence dans ces proportions atteste de l’utilisation de la structure durant les dernières phases d’occupation du site, c’est-à-dire de 750 à 1100 apr. J.-C., durant les phases Barajas récent (750 à 900/950 apr. J.-C.) et Postclassique ancien (900/950 à 1100 apr. J.-C.). En résumé, le problème pour déterminer la séquence chronologique du complexe D d’El Moro porte surtout sur le groupe nord, où les informations sont trop lacunaires pour forger des hypothèses sur l’occupation. En revanche, pour le groupe sud et plus particulièrement dans la structure D21, la céramique retrouvée atteste une occupation durant les phases Barajas et le début du Postclassique (de 750 à 1100 apr. J.-C.). Néanmoins, la construction des structures pourrait être plus ancienne. Le matériel découvert dans le remblai de construction, entre les structures D06 et D08 (sondage S1), qui aurait pu éclaircir ce point pour les structures du groupe nord, ne contenait que 18 tessons.

Indice de fragmentation L’indice de fragmentation de la céramique (calcul du poids moyen d’un tesson) pour les couches d’occupation intactes a montré que les tessons pèsent en moyenne 8.14 gr pour la première couche d’occupation, US 1036, et 13.73 gr pour la seconde, US 1042. N’ayant aucun référent pour ce type d’analyse sur le massif, nous avons considéré les résultats obtenus, en contexte d’habitat par Gérald Migeon sur le site de Milpillas, dans le Michoacán (Migeon, 1991). Le poids moyen d’un tesson, calculé en plusieurs points d’une même unité d’habitation, a donné des résultats très caractéristiques. Le poids d’un tesson est généralement différent, en fonction de son emplacement, c’est-à-dire s’il était ou non exposé au piétinement. Les valeurs les plus hautes varient entre 5 et 9,58 gr/ tesson pour les angles, alors qu’au centre de la pièce les valeurs atteignent jusqu’à 2gr/tesson. Même en prenant en compte le fait que le site de Milpillas ne contenait pas les mêmes types céramiques, et que ces derniers ne se fragmentaient certainement pas de la même manière que ceux du complexe D d’El Moro, les résultats permettent d’entrevoir à quel cas de figure correspond la structure D21. Le poids moyen des tessons semble indiquer que leur fragmentation n’est pas due à un piétinement répété dans la structure, mais plutôt à son abandon. En résumé, les résultats de l’analyse céramique portent principalement sur le groupe sud et plus particulièrement sur la structure D21. A ce titre, la présentation de la collection et de sa disparité apporte une information importante qui devra être prise en compte pour l’interprétation fonctionnelle des structures. En effet, la présence d’à peine 4,68% de la collection pour tout le groupe nord ne peut s’expliquer par le pillage, car certaines structures vides du groupe nord semblaient intactes. Cette indication devra être considérée conjointement aux autres analyses pour nous permettre de comprendre les raisons de cette disparité. Pour le groupe nord, rappelons que l’analyse n’a permis ni de recadrer chronologiquement l’occupation, ni de dissocier des zones d’activités. Pour le groupe sud, les deux structures semblent dater de la dernière période d’occupation du massif. La proportion de jarres contenue dans D20 semble significative. Pour D21, le

Répartition du matériel : L’étude a ensuite porté sur la répartition des formes céramiques pour envisager la fonction des constructions qui les abritaient d’un point de vue général, puis plus précisément en essayant de discerner des répartitions significatives au sein des structures ou des différentes occupations. Comme il a déjà été mentionné plus haut, la typologie n’est plus la même et certaines variétés n’ont plus été considérées qu’en fonction du type auquel elles appartiennent. Pour les données du groupe nord, les résultats ont apporté peu d’informations et n’ont permis aucune distinction significative. Pour D20, dans chaque couche, les jarres de type Monro sont majoritaires, suivies des jarres de type Monan. La stratigraphie ayant été perturbée par les pillages, nous n’avons pas d’information précise sur le niveau d’occupation. Néanmoins, étant donné les proportions obtenues, on peut supposer que les jarres occupaient une part importante parmi les céramiques contenues. La structure D21 est celle qui contenait le plus d’individus, comme pour l’étude de la séquence d’occupation. Pour la première occupation, matérialisée par l’US 1036, seuls deux 98

Etude des structures souterraines du « Groupe D » d’El Moro, Etat de Guanajuato, Mexique. fonction des céramique.

matériel montre deux tableaux différents pour les deux couches d’occupation. Dans les deux couches d’occupation, le poids des tessons retrouvés, plus ou moins indicatif de la taille de ces derniers, montrerait que la fragmentation n’est pas due à l’utilisation de la structure. Par conséquent, ce fractionnement serait survenu après l’occupation, c’est-àdire lors de l’abandon ou après. On peut, en ce sens, envisager que ces tessons correspondent en majorité à des formes entières, et à un nombre minimal de tessons intrusifs.

caractéristiques

morphologiques

de

la

Bassin n° 1:

Etude par forme céramique Nous avions pour objectif de calculer le volume des formes céramiques, afin de déterminer, d’une part, le volume occupé par les vases sur les deux sols d’occupation de la structure D21 d’autre part, pour évaluer la quantité de produits contenue. Ces informations pouvaient nous permettre d’avoir quelques idées, à partir du calcul du nombre minimum d’individus, sur la répartition spatiale des vases et savoir si la superficie de la structure était suffisante pour une répartition horizontale des formes ou si ces dernières devaient être superposées. Nous avons donc procédé au recollage céramique. Toutes les formes ont pu être reconstituées, sauf les jarres et les coupes qui étaient trop fragmentées. Cependant, les coupes retrouvées appartiennent à un type répandu sur le massif, et d’autres formes du même type ont pu être recollées. La perte de l’information n’est donc pas irréversible. Pour les jarres, nous n’avons pas pu estimer la forme définitive. Or, c’est le type céramique le plus répandu pour la seconde occupation de D21 (US 1042). Si toutes avaient eu le même diamètre, nous aurions éventuellement pu évaluer le volume approximatif en fonction des parties reconstituées, mais les diamètres des bords allant de 14 à 28 cm, les volumes et les formes sont tout à fait variables. Par conséquent, nous n’avons pas pu atteindre nos objectifs. Nous pouvons juste estimer qu’avec une superficie de 3,43 m² et 49 individus, chaque céramique disposait, en moyenne, de 700 cm², ce qui paraît suffisant, mais en émettant l’hypothèse que toutes les céramiques étaient entières lors de l’occupation de la structure, on peut envisager que l’espace libre devait être minime. Cette observation pourrait avoir des implications directes sur l’attribution fonctionnelle de cet espace, mais doit être confrontée aux autres données avant d’être interprétée. Pour la première occupation, les 3 individus pouvaient être disposés horizontalement sur les 3,43 m² de superficie du sol, avec un espace de 11433 cm² pour chacun.

Fig. 8 : Dessin de F. Bagot

On compte un individu de cette forme pour la couche supérieure d’occupation de D21 (US 1042) et six dans la couche inférieure (US 1036). Ils appartiennent aux types Monan ou Monro. La pâte mesure au minimum 0,6 mm d’épaisseur et les diamètres varient de 40 à 42 cm. Deux céramiques de cette forme ont été échantillonnées. Les deux présentaient des traces de combustion sur la partie externe du fond. Les résultats obtenus mènent à des interprétations assez semblables ; nous ne présentons en détail qu’un seul d’entre eux. Les échantillons de cette céramique ne contiennent aucun carbonate. Les valeurs de pH les plus hautes atteignent 9,04 pour le fond du vase ; elles sont assez élevées pour attester que cette céramique a servi à cuire son contenu, ce qui est confirmé par l’aspect externe du fond du vase. Précisons que la cuisson de la pâte céramique ne modifie pas son pH, il ne peut donc s’agir ici que de traces de cuisson. Les taux de phosphate sont relativement bas pour la panse et le fond (2 et 1). En revanche, le bord présente des valeurs élevées (5). Un aliment riche en phosphate peut avoir été contenu dans cette céramique. Or, pour qu’il n’imprègne que le bord de celle-ci, il semblerait qu’il ait été bouilli (confirmé par le pH), et qu’il se soit, en partie, évaporé ou décomposé, dégageant un gaz riche en phosphate qui n’aurait marqué que le bord des parois (A. Ortiz, communication personnelle). Les taux d’albumine (8,5) sont explicites et pourraient attester que cette céramique a effectivement contenu des produits riches en albumine.

Analyses chimiques de la pâte céramique Nous avons ensuite cherché à connaître la fonction précise de chaque forme céramique, et la nature de leur contenu en appliquant les méthodes d’analyses chimiques élaborées dans le laboratoire de prospection de la UNAM, dirigé par l’archéologue Luis Barba (Barba 1991). Nous avons donc retenu un tesson de panse, un tesson de bord et un tesson de fond pour chacune des quatre formes identifiées à savoir le bassin (fig. 8), l’écuelle (fig. 9), la coupe (fig. 10) et la jarre (fig. 11). Ces tessons, réduits en poudre, ont été analysés en vue d’évaluer leurs teneurs en phosphates, carbonates, acides gras et albumine. Aucune jarre n’ayant été reconstituée, nous avons prélevé en

Les acides gras sont présents en quantité moindre et seulement sur le bord (0,5). Ils peuvent aussi avoir imprégné la pâte lors de leur cuisson, comme le phosphate. En résumé, les analyses chimiques montrent que cette céramique a pu être utilisée pour la cuisson. Le phosphate et les acides gras sur les bords laissent penser que les produits cuits étaient riches en ces composants. La présence d’albumine pour tous les échantillons sans concentration significative suggère que des éléments riches en albumine ont été conservés et non pas cuits dans le vase. Cette céramique pourrait avoir été utilisée à plusieurs fins : la 99

Etude des structures souterraines du « Groupe D » d’El Moro, Etat de Guanajuato, Mexique. cuisson, et la conservation ou la consommation, ce qui n’est pas incompatible avec sa forme. Pour le second bassin analysé, les résultats montrent que des produits auraient pu être cuits dans cette céramique, mais la localisation des acides gras et du phosphate suggère que des produits riches en ce composant y étaient également contenus, sans cuisson.

Coupe

Ecuelle

Fig. 10 : Dessin de F. Bagot

La coupe échantillonnée est du type « rouge fin poli » (rofipu), c’est-à-dire de pâte fine, polie, avec un engobe rouge et une peinture au négatif. Elle provient d’une des structures souterraines du site de Los Toriles car c’est la seule qui pouvait nous permettre d’avoir les trois échantillons d’une même pièce. Les résultats ne pourront être interprétés au sein du groupe, mais apporteront des informations sur la fonction possible de cette forme. Fig. 9 : Dessin de F. Bagot

- Cette céramique ne contenait pas de carbonate. - Les taux en phosphate sont moyennement élevés (4, 3, et 3). On peut supposer que la céramique contenait des produits riches en phosphate.

L’écuelle analysée est de type « café fin poli » (Cafipu), c’est-à-dire d’une épaisseur inférieure ou égale à 0,6 mm et d’une pâte café engobée, lissée. Elle provient de la couche supérieure d’occupation (US 1042). La couche inférieure d’occupation ne compte pas d’individus de ce type et la couche supérieure n’en possède qu’un. Cette pièce mesure 28 cm de diamètre, 10,5 cm de hauteur, et comprend des trous de réparation, comme plusieurs autres céramiques de pâte fine, en deux endroits de sa panse. Aucune trace de combustion n’a été observée sur le fond.

- Les taux de pH sont assez élevés pour présumer que la céramique servait à cuire des aliments. Pourtant, celle-ci ne comprenait aucune trace de combustion sur la partie externe du fond. - Les taux en albumine sont élevés pour le bord et le fond (9 et 8,5), ce qui conduit à penser que des produits riches en ce composant auraient pu être cuits et conservés dans cette céramique.

- Cette céramique ne contenait aucune trace de carbonate. - Le taux de pH du fond est trop faible (7,11) pour prouver que cette céramique servait à la cuisson.

- Les taux en acides gras sont nuls, sauf pour le fond qui en contenait une quantité minime (0,5). Par conséquent, la présence de chaque élément, même en faible quantité, laisse supposer que cette céramique a contenu chacun d’entre eux, et qu’elle a peut-être servi pour la cuisson, et la consommation.

- Les taux de phosphate ne sont pas très élevés sur le bord et la panse, mais sont présents en quantité suffisante au fond de la céramique pour attester la présence de matières organiques.

Jarre

- Les taux d’albumine sont hauts pour les trois échantillons (8,5, 8,5 et 8). - Les taux d’acides gras sont les plus élevés de toutes les céramiques échantillonnées (0, 3, 3). Par conséquent, cette céramique n’aurait pas servi pour la cuisson alimentaire. En revanche, la variété des composants chimiques semble indiquer qu’elle servait pour la consommation, et que c’est cette activité qui a le plus imprégné la pâte. Elle peut également avoir servi pour la conservation, mais cette pratique ne se distingue pas réellement grâce au contenu chimique, si ce n’est dans les cas où l’on ne retrouve qu’un seul élément chimique.

Fig. 11 : Dessin de F. Bagot

Aucune jarre n’ayant pu être reconstituée entièrement, nous n’avons pas pu échantillonner le bord, la panse et le fond d’une même forme. Nous avons par conséquent, choisi deux tessons de bords, un tesson de panse et trois de fonds, au 100

Etude des structures souterraines du « Groupe D » d’El Moro, Etat de Guanajuato, Mexique. affirmer que cette forme céramique n’était pas liée à un seul et unique usage. La fonction des jarres dépendait peut-être de leur taille, mais nous ne sommes pas en mesure de le prouver. L’analyse des pâtes céramiques présente donc une grande diversité de composants chimiques. Ceux-ci attestent l’utilisation des récipients pour la préparation alimentaire, la consommation et la conservation. La plupart semblent avoir connu plusieurs utilisations avec des usages différents, mais ces analyses ne nous permettent pas encore de savoir, d’une part si cette utilisation multiple était systématique, d’autre part si la nature des différentes fonctions d’une même céramique était réfléchie. En bref, il faut surtout retenir de ces résultats que les céramiques ne paraissent pas avoir eu un usage unique et commun. En d’autres termes, il ne semble pas y avoir de lien mécanique entre la forme et la fonction. Ces analyses ne nous permettent pas non plus de savoir si ces différentes utilisations se sont déroulées simultanément, où si elles se sont succédées chronologiquement. En ce sens, il n’est pas possible de prouver qu’elles étaient réunies (hormis la coupe) pour un seul et même usage dans la structure D21.

sein de tous les tessons de jarres identifiés. Il est nécessaire d’insister sur le fait que la jarre est la forme la plus représentée de la collection, qu’elle présente la morphologie la plus variée (le diamètre des bords varie de 14 à 28 cm) mais paradoxalement, que c’est celle pour laquelle nous avons le moins d’informations : nous en ignorons la(es) forme(s) exacte(s) et les volumes, alors qu’ils ont certainement influé sur la fonction. Par conséquent, il existe peut-être des différences fonctionnelles, dépendant de la morphologie spécifique de tel ou tel exemplaire, auxquelles nous n’avons pas accès. Les résultats seront donc interprétés avec beaucoup de prudence et ils ne peuvent être envisagés en vue de l’interprétation d’un seul individu. La couche inférieure d’occupation de D21 (US 1036) ne contenait aucune jarre. En revanche, la couche supérieure (US 1042) comprenait 25 individus. Le type céramique varie des pâtes épaisses sans engobe aux pâtes fines avec engobe rouge. Le diamètre des bords varie de 14 à 28 cm. Aucun des échantillons ne contient de carbonate. Les tessons de bords : - Les taux de phosphate sont faibles (2 et 2). - Les valeurs de pH sont assez élevées (8,64 et 9,27). L’une des pièces aurait été utilisée pour la cuisson. - La même céramique qui contient de hautes teneurs en pH, contenait un des taux les plus élevés en albumine (9), ce qui signifie que des produits riches en albumine y étaient cuits. Les taux en albumine de l’autre céramique sont trop faibles (7,5) pour affirmer qu’elle en a contenu.

Interprétations Limites des données de terrain Avant d’amorcer l’interprétation fonctionnelle des structures du complexe D d’El Moro, il est nécessaire de définir les limites au-delà desquelles l’information ne peut plus être interprétée en raison du manque de données. Ces limites portent sur l’organisation spatiale du complexe, sur la morphologie des structures et sur le matériel; elles peuvent être imputées, en majeure partie, aux pillages et aux conditions générales de la topographie qui ont influé sur la fouille. L’organisation spatiale du complexe n’a pas pu être entièrement reconstituée en raison des conditions générales de la topographie qui ont constitué un obstacle à l’acquisition de données. En effet, la pente du terrain a facilité l’éboulement des dalles des parties supérieures ainsi que les glissements de sédiments, augmentant le volume de terre et de dalles en contrebas, où se trouvent nos structures. Il n’était pas envisageable de dégager tout cet effondrement. Or, il aurait pu permettre d’évaluer le nombre de structures et par conséquent, la hauteur des murs des structures de type « structures semi-souterraines». Concernant la morphologie des structures, la perte des données est donc imputable en partie à la topographie, mais également aux pillages. En effet, la couverture des structures de type « structures souterraines simples » ne peut être entièrement connue, alors que les dalles, retrouvées à leur proximité, portent à croire que les toitures étaient complètes avant les pillages. Pour la même raison, toutes les données relatives à la stratigraphie et aux couches d’occupation des structures D1, D2, D6, D9 et D20 sont perdues. Si la stratigraphie a été, dans certains cas, perturbée par les pillages, les conséquences portent également sur le matériel. Bien qu’il soit peu probable que l’absence quasi totale d’artéfacts dans le groupe nord soit due aux pillages, nous ne pouvons ni ignorer cette éventualité ni en envisager la portée.

Le tesson de panse : - Le taux en phosphate est très bas (1). - Le taux de pH n’est pas assez élevé (8,47) pour affirmer que cette céramique était utilisée pour la cuisson. - Les quantités d’albumine (9) et acides gras (1) attestent la présence de ces composants en quantité significative. Par conséquent, la jarre d’où provient ce tesson de panse n’aurait peut-être pas servi pour la cuisson, mais plutôt pour la consommation et/ou la conservation. Les tessons de fonds : - Les trois tessons présentent des valeurs basses en phosphate (1 et 2). - Les valeurs de pH sont basses dans deux cas (7,22 et 7,81), le troisième sensiblement plus élevé (8,50), ne permet pourtant pas d’affirmer que la céramique servait pour la cuisson. - Aucun de ces tessons ne contenait d’albumine (7,5, 7,5 et 7,5). - Un seul de ces échantillons contenait des traces d’acides gras, mais en quantité trop insuffisante pour être interprétée. En résumé, aucun de ces trois tessons ne révèle d’activité spécifique. On peut supposer que ces jarres servaient à contenir de l’eau ou d’autres aliments tels que les céréales qui n’impriment pas systématiquement la pâte céramique. Mais on pencherait plus volontiers pour une fonction de conservation plutôt que de consommation, dans la mesure où il est difficile d’imaginer qu’un seul type d’aliment était consommé dans un même récipient, et cette forme de vase n’est pas la plus adéquate pour cette fonction. Les données des analyses des tessons de jarres permettent de constater la variété des résultats. Elle traduit une diversité de fonctions et de produits contenus. On peut d’ores et déjà 101

Etude des structures souterraines du « Groupe D » d’El Moro, Etat de Guanajuato, Mexique. céramique rencontrée dans la seconde couche d’occupation coïnciderait avec cette hypothèse, mais 35 % des vases ont des formes ouvertes, ce qui ne leur permettait pas de contenir un liquide sans qu’il ne s’évapore. Quant à la première couche d’occupation, elle ne contenait que quatre individus, ce qui est largement insuffisant pour cette activité. Par conséquent, il semble peu probable que cette structure servait de citerne. Les rapports de prospection menés par l’équipe française sur le site font mention de ce complexe, en précisant qu’il pourrait s’agir d’un ensemble de structures dédiées au stockage (Pereira, Migeon, Michelet : rapport de fouille non publié, 2001, p 4). Cette pratique implique l’existence d’une concentration de produits en un même lieu. Ces produits peuvent être variés ; généralement, dans un contexte de stockage, on en retrouve une quantité supérieure aux besoins quotidiens, lorsqu’il s’agit d’aliments ou aux besoins d’un groupe domestique, lorsqu’il s’agit d’objets. D’un point de vue architectural, le stockage ne requiert pas un type constructif particulier, sauf si les bâtisseurs ont pour dessein d’améliorer les conditions de conservation des produits qu’ils stockent (Sigaut, 1978). L’ensilage souterrain, qui permet le confinement, est à cet égard, la solution la plus répandue. Chimiquement, cette activité ne contamine pas toujours les pâtes céramiques. Les aliments tels que les céréales ne contaminent que très peu, et seulement dans le cas d’une pratique longue. En effet, dans la mesure où ils ne se décomposent pas, puisqu’ils doivent y être conservés, ils ne l’imprègnent pas. Les aliments frais, eux, sont susceptibles de laisser plus de traces. Par conséquent, les valeurs peuvent varier considérablement en fonction de la durée de cette pratique et des aliments contenus. Bien que nous ne sachions pas précisément quelle atmosphère interne créait le mode de couverture, les caractéristiques morphologiques de la structure D21 permettent d’envisager qu’il s’agisse d’une structure de stockage. Les interstices entre les dalles étaient, dans ce cas, assez réduits pour que les pertes de produit soient minimes. De plus, en supposant que la couverture ait été complètement hermétique, elle aurait permis, avec le fond de roche en place, d’isoler l’élément contenu de l’humidité extérieure. Concernant le matériel, la quasi-absence de matériel lithique dans la structure ne contredirait pas cette attribution fonctionnelle. Le matériel céramique de la couche inférieure d’occupation (US 1036) se compose de trois récipients utilitaires, et d’aucun autre artefact. Dans le cadre d’une activité de stockage, l’absence quasi totale de céramique peut signifier la conservation de produits périssables, sans contenants intermédiaires, ou dans des contenants en matériaux périssables. Pour la couche supérieure d’occupation (US 1042) 49 individus céramiques devaient occuper toute la surface au sol (700 cm²/individu). On peut en déduire que l’objet du stockage pouvait être le produit contenu dans les céramiques ou les céramiques elles-mêmes (la diversité morphologique des céramiques et leur aspect usé rendent pourtant cette dernière possibilité peu probable). Par conséquent, le stockage serait compatible avec les données obtenues lors des fouilles. La structure D21 aurait pu servir de dépotoir. En archéologie, cette activité peut être repérée lorsque l’on retrouve une grande quantité de matériel de différentes natures. Néanmoins, il est rare qu’une structure soit

Interprétation des résultats Rappelons que la fouille a permis de dégager douze constructions parmi lesquelles nous avons distingué onze structures architecturales que nous avons classées en trois groupes : « structures souterraines simples », « structures semi-souterraines » et « structures souterraines avec accès ». Parmi toutes les constructions fouillées, seules quatre présentaient les vestiges d’un niveau d’occupation, la stratigraphie des autres ayant été complètement perturbée par les pillages. Parmi les quatre structures épargnées, trois ont fait l’objet d’analyses chimiques ; une seule d’entre elles a fourni suffisamment de matériel pour envisager une étude plus approfondie. Par conséquent, il n’est pas possible d’aborder l’interprétation au même niveau d’analyse pour toutes les constructions, et nous devons restreindre l’étude à la structure D21, la seule qui offre assez de matériel pour engager la discussion sur sa fonction. Son interprétation permettra, ensuite, de revenir sur les autres aménagements et d’envisager les raisons de la répartition disproportionnée des artéfacts entre les groupes nord et sud. Rappelons que la structure D21 appartient au type « structures souterraines simples » c’est-à-dire qu’elle est souterraine, mesure 1,80 m de profondeur et 3,12 x 1,10 m de dimensions internes, qu’elle est construite en pierre sèche, recouverte de grosses dalles, et qu’elle n’était accessible que par son toit. La seule description architecturale de cette construction permet d’éliminer plusieurs possibilités quant à son attribution fonctionnelle. Il est effectivement inenvisageable, à la vue de ses dimensions, que cette structure ait été viable. Par conséquent, les autres utilisations possibles et compatibles avec ses caractéristiques morphologiques ne sont pas illimitées. On peut envisager qu’elle servait de citerne comme le supposaient les découvreurs du site, de structure de stockage comme il a été proposé dans les rapports de fouilles précédant les travaux de terrain, de dépotoir ; enfin, il pourrait s’agir d’une structure funéraire. Nous allons développer chacune de ces possibilités en évaluant sa validité au regard de toutes les données acquises sur le terrain et lors des analyses. On peut supposer que cette structure servait de citerne. Sánchez Correa et Zepeda (1988 : 304), qui ont prospecté la zone pour la première fois, pensaient que ces constructions souterraines étaient connectées entre elles par des canaux et qu’il s’agissait de citernes dont l’existence était liée à la présence de deux sources permanentes à proximité. En archéologie, les citernes sont souvent souterraines car il suffisait de creuser dans un matériau imperméable ou de revêtir les parois, pour que l’eau soit contenue. La forme souterraine de la structure D21 serait effectivement compatible avec cette fonction. Qui plus est, l’utilisation de l’affleurement rocheux pour constituer le fond de la construction aurait évité les infiltrations d’eau par le bas. Cependant, les parois, qui ne présentaient aucun revêtement, n’étaient pas en mesure de contenir un liquide car les interstices entre les dalles étaient trop larges. Cette constatation permet d’envisager une autre possibilité : les murs pouvaient être recouverts d’un enduit d’argile ou de stuc pour assurer l’étanchéité. Mais dans ce cas, cet enduit aurait dû laisser quelques traces, au moins entre les dalles, ce qui n’était pas le cas. On pourrait enfin supposer que l’eau était contenue dans des récipients. La quantité de 102

Etude des structures souterraines du « Groupe D » d’El Moro, Etat de Guanajuato, Mexique. durant la première occupation (US 1036), comprenant très peu de vestiges matériels, les produits auraient été contenus à même le sol ou dans des récipients périssables. La nature de ces produits est difficile à déterminer, même si la variété des formes céramiques supposerait une variété de produits. Le volume interne de D21 étant de 6,17 m3, les quantités stockées pouvaient donc être importantes. Il est également difficile de déterminer l’atmosphère interne de cette structure, comme il a déjà été mentionné, car elle dépend essentiellement de la couverture. Le corps et le fond de la construction semblent avoir permis un confinement presque total. Pour la seconde couche d’occupation, nous avons déjà évoqué qu’il était peu vraisemblable que l’objet du stockage ait été les céramiques elles-mêmes ou des produits liquides. Par conséquent, il y a une forte probabilité pour que ces produits aient été des aliments conservés dans les céramiques retrouvées. Mais cette fois encore, il est difficile de connaître la nature exacte de ces produits, même s’il est probable qu’il s’agissait de produits solides, au moins dans les contenants à forme ouverte. Concernant ces derniers, leur étude a montré qu’ils n’étaient pas neufs, et les résultats des analyses chimiques semblent attester qu’ils avaient déjà servi pour plusieurs usages avant d’être réunis dans la structure. Il semblerait aussi qu’une forme céramique n’était pas associée à un usage ou un type de produit spécifique. La majorité d’entre elles avait soit une forme ouverte, soit une taille qui les rendait difficilement transportables. Par conséquent, on peut émettre l’hypothèse qu’au moins une partie des produits contenus ait été d’origine locale. Concernant l’atmosphère de la structure pour le stockage, elle est, pour cette occupation aussi, difficile à déterminer, pour les mêmes raisons que celles précédemment énoncées. Dans tous les cas, la couverture devait être assez importante ; rappelons que les diverses propositions émises à ce sujet sont : aucune couverture autre que les dalles sur le pourtour, couverture en encorbellement, et/ou complément en matériaux périssables. La première proposition invaliderait alors toute notre interprétation pour ces structures et il faudrait alors envisager d’autres pistes de recherche. Mais dans la mesure où toutes les données actuellement disponibles suggèrent cette fonction de stockage et aucune autre n’a pu être étayée, nous pouvons écarter cette hypothèse, sous réserve des recherches ultérieures, qui nous permettront peut être de trancher. Dans le cas d’un encorbellement ou d’un complément en matériaux périssables, l’accès à l’intérieur devait être restreint. Il s’agirait donc d’un stockage de produits à moyen ou même long terme. Il serait intéressant de comprendre pourquoi les constructeurs ont choisi de localiser les structures à cet endroit. La structure D21 se situe à environ quelques dizaines de mètres d’un secteur d’habitation. On pourrait penser qu’elle appartenait à ses occupants. S’agit-il d’un stockage communautaire ou d’une concentration de structures individuelles ? Seul un rapport entre le nombre d’habitations et le nombre total de structures permettrait de faire quelques évaluations à ce sujet. Pourquoi situer des structures, à flanc de colline, et en situation souterraine ? L’affleurement de roche volcanique d’une part, a fourni la matière première pour la construction des murs ; d’autre part, ces affleurements facilitaient la construction des structures car certains servaient de murs. De plus, on pourrait penser qu’à flanc de colline, les eaux de pluies s’écoulent plus facilement au bas de la pente, ce qui est avantageux pour la conservation des produits stockés. Mais,

construite spécifiquement pour cette activité, et les dépotoirs utilisent souvent des structures qui avaient un autre usage originellement. La morphologie de cette construction n’est pas incompatible avec cette activité. De plus, elle ne nécessitait pas d’accès puisque les produits n’étaient pas récupérés. Cependant, la structure D21 contenait 2128 tessons, pour les deux couches d’occupation et les couches de remplissage. Cette quantité est très insuffisante pour envisager qu’il s’agisse d’un dépotoir. Qui plus est, la première couche d’occupation (US 1036) ne renferme pas assez d’artefacts et les composants chimiques ne sont pas assez diversifiés pour être significatifs dans le cadre de cette éventualité. Quant à la seconde couche d’occupation (US 1042), elle contient un matériel trop homogène. Nous considérons donc que tous ces éléments réunis sont suffisamment probants pour éliminer cette possibilité. Il reste enfin à savoir si la fonction funéraire serait compatible avec les données obtenues. D’autres sites archéologiques ont fourni les exemples de constructions funéraires souterraines. La couverture en dalle est même employée dans certains cas comme sur le site de Potrero de Guadalupe dans le Michoacán (Pereira, 1996). L’inaccessibilité, les dimensions et la forme sont donc justifiées, tout comme la concentration de structures plus ou moins identiques. Par conséquent, d’un point de vue architectural, il est tout à fait cohérent de concevoir qu’il s’agisse d’une structure à usage funéraire. Concernant le matériel, pour la première couche d’occupation (US 1036), la faible quantité de céramique retrouvée pourrait être adéquate dans un contexte funéraire. Cette fonction est moins probable dans la seconde occupation qui comprenait une assez grande quantité de céramique essentiellement domestique, mais elle peut être envisagée malgré tout. Cependant, il manque un élément indispensable pour valider cette hypothèse : le corps du ou des défunts. On peut supposer que, pour une raison inconnue, le ou les corps aient été retirés. Mais, dans ce cas, nous aurions quand même dû retrouver des fragments d’os ou de dents (G. Pereira, communication personnelle). De plus, concernant le matériel, les céramiques retrouvées correspondraient aux offrandes faites au(x) défunt(s). Or, si la quantité de céramique est compatible avec cette fonction, leur nature, elle, ne concorde pas avec les formes et les types céramiques habituels pour les sépultures du massif, qui ne sont généralement pas d’usage domestique, bien que les récipients puissent effectivement présentés des traces d’usure. Par conséquent, si les vestiges découverts sont représentatifs de la réalité archéologique, la structure pourrait avoir servi pour le stockage durant les deux occupations. Dans le cas contraire, c’est-à-dire si les vestiges ne représentent pas la réalité archéologique dont ils sont les uniques témoins, il est permis d’envisager que cette construction a d’abord servi de sépulture et que le corps a été retiré pour qu’elle soit ensuite réutilisée pour le stockage. Il est plus commun de trouver des structures funéraires réutilisant d’anciennes structures de stockage, mais l’inverse pourrait aussi être envisagé. Apport des analyses à la définition de la fonction Si les vestiges découverts traduisent fidèlement les activités qu’abritait la structure D21, la fonction la plus probable, parmi celles énoncées, serait celle du stockage. Dans ce cas, 103

Etude des structures souterraines du « Groupe D » d’El Moro, Etat de Guanajuato, Mexique. comme les structures sont construites directement sur l’affleurement rocheux, qui constitue même la base des murs pour la structure D3, D8, D9 et D7, l’eau pouvait facilement être contenue au fond des constructions. Ce choix serait donc valable dans le cas d’une couverture hermétique. La localisation pourrait aussi être due aux vents, généralement plus prononcés sur les flancs. Or cette supposition ne vaudrait que pour les structures semisouterraines. On pourrait également penser qu’un souci de protection animait ses constructeurs. La couverture de grosses dalles surplombées de matériaux périssables, aurait alors permis de dissimuler ces structures. Mais dans ce cas, les constructions semi-aériennes ne pouvaient pas avoir la même fonction, car elles étaient plus visibles.

aménagements présentent des variantes morphologiques et contextuelles dont il ne s’agit pas de faire état dans le cadre de cet article, mais qui nous permettent d’affirmer qu’il s’agit d’un module architectural spécifique répondant à des normes constructives établies.

Conclusion Le premier objectif de cette étude était de connaître la fonction des structures souterraines du complexe D du site d’El Moro. Nous avons présenté les données issues de la fouille et des analyses postérieures. Il a été possible de déterminer que, parmi cette concentration de constructions souterraines, on pouvait discerner trois types de structures architecturales : « les structures souterraines simples », « les structures semi-souterraines » et « les structures souterraines avec accès ». La répartition disproportionnée du matériel nous a ensuite conduit à cantonner nos interprétations à la structure D21, la seule qui fournissait assez de données pour engager la discussion sur sa fonction. L’analyse céramique a porté sur la classification, la quantification et l’étude morphologique. Les résultats ont montré que, pour les deux occupations qui datent des phases d’apogée du site (700/750 à 1100 apr. J-C.), la structure a pu être utilisée comme structure de stockage. Lors de la première utilisation, le stockage aurait été effectué à même le sol ou par l’intermédiaire de contenants en matériaux périssables aujourd’hui disparus. Pour la seconde occupation, le stockage aurait été effectué par l’intermédiaire de céramiques. Cette structure de stockage pouvait être communautaire ou individuelle ; les produits contenus devaient être solides et, au moins une partie d’entre eux, d’origine locale. La conservation aurait pu s’effectuer en milieu semi-confiné, et assurer une conservation à moyen ou même long terme. La situation topographique et le mode de couverture ont pu être mis à profit pour dissimuler les produits contenus. Si l’activité de cette construction a pu être envisagée, celle(s) des dix autres structures du complexe a causé plus de difficulté, et rien n’a permis d’affirmer qu’elles avaient la même fonction. Cependant si c’était le cas, elles auraient abrité un stockage sans contenants intermédiaires ou par l’intermédiaire de contenants en matériaux périssables.

Si la forme de D21 et le matériel que l’on y a découvert nous permettent de supposer qu’il s’agissait d’une structure de stockage, comment interpréter les vestiges des structures souterraines du groupe Nord, qui n’ont fourni quasiment aucun artéfact ? La disparité observée entre les deux groupes mérite que l’on s’y attarde, car elle ne peut s’expliquer par l’histoire post-abandon de ces structures. Dès lors, plusieurs hypothèses peuvent être envisagées : on peut supposer que les structures souterraines du groupe Nord (D1 à D11) n’aient jamais été utilisées, ce qui expliquerait qu’elles n’aient rien contenu. Il est aussi concevable qu’elles aient abrité une fonction, qui n’aurait pas laissé de vestiges, autre que celle du stockage. Enfin, il est possible, dans le cadre du stockage, que les produits aient été conservés par l’intermédiaire de produits périssables comme dans la couche inférieure de D21 (US 1036), où l’on aurait pratiqué le stockage de produits périssables et /ou par l’intermédiaire de produits périssables. Les différentes fonctions envisagées pour ce type de structure ont montré précédemment que les possibilités ne sont pas illimitées. Il est donc difficile de penser qu’elles abritaient une activité radicalement différente du stockage. En revanche, aucun élément ne nous permet d’affirmer que ces structures ont été utilisées ou qu’elles contenaient des produits périssables. A propos des structures semi-souterraines, les vestiges sont trop lacunaires pour pouvoir être interprétés. Rappelons simplement que les hypothèses émises pour la structure D21 n’iraient pas à l’encontre d’une activité liée au stockage. Elles pouvaient aussi avoir des fonctions différentes, mais nous ne sommes pas en mesure de le prouver. On pourrait également supposer que les groupes nord et sud ne datent pas de la même période, ce qui expliquerait les différences constructives. On peut aussi envisager une réoccupation dans toutes les structures. En bref, de nombreux doutes persistent quant aux fonctions, au nombre de structures, la fréquence des utilisations et la durée des occupations des constructions du groupe nord.

L’élargissement de la zone d’étude a ensuite montré que les structures du complexe D d’El Moro constituent l’exemplaire d’un type de construction répandu sur le massif. Le module de base présenterait ces caractéristiques : il s’agirait d’une structure souterraine ou semi-souterraine utilisant la morphologie du terrain qui se matérialise souvent par les affleurements de roche basaltique, construite en dalles et couverte de gros blocs posés ou fichés dans les murs. Comme il avait été supposé pour les structures monumentales, il semblerait que la construction de ces aménagements réponde à des normes architecturales. De plus, comme pour les structures monumentales, il existe une grande variété qui se traduit par des différences de forme, de plan, de taille, de nombre, de localisation, de qualité constructive, etc. Il est fort probable que, comme la forme, la fonction connaisse de nombreuses variétés. Cette étude a donc permis de proposer une fonction pour ces structures ou au moins pour l’une d’entre elles, et repérer une constante constructive au sein du massif. Il ne s’agit pas ici d’aborder le problème de l’origine de ce type de

Les structures du complexe D d’El Moro, un module architectural de tradition locale ? Le complexe D du site d’El Moro illustre, comme on l’a vu, un archétype pour le moins original d’aménagements de l’affleurement rocheux. Pourtant, des prospections thématiques ont permis d’identifier des structures du même type dans tous les groupes de structures du massif, au sein des groupes d’habitat ou dans les secteurs cérémoniels. Ces 104

Etude des structures souterraines du « Groupe D » d’El Moro, Etat de Guanajuato, Mexique. constructions, mais nous pouvons simplement exprimer à sujet, que ce type de structure n’est pas répandu dans la tradition architecturale du Bajio. Bien que l’ensilage en fosse soit une méthode très commune en Mésoamérique, et au sud-ouest des Etats-Unis, nous ne connaissons pas d’exemple, à cette période, dans cette région et jusqu’au sud du Plateau Central, de culture ayant systématisé son emploi et codifié sa construction. Pour les périodes tardives, les découvertes de ce type de structure sont souvent isolées parce que la plupart des communautés ont choisi de stocker dans des structures en bois. Néanmoins, les informations sur ce sujet sont encore très pauvres. Concernant les structures souterraines du massif du Barajas, quelques autres sites des environs semblent avoir abriter des structures du même type. C’est le cas notamment du site de San Antonio Carupo dans le Nord du Michoacán (Faugère, 1991). Ce site compte en effet, plusieurs structures souterraines de dalles, avec une couverture en encorbellement, et un accès latéral vertical. Cet exemple n’est pas isolé, mais la fréquence, les raisons et l’origine probablement nordique de cette pratique ne pourront être éclaircis qu’au terme d’une recherche systématique menée dans ce secteur du centre-nord du Mexique.

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Les Conséquences de l’Expansion Militaire Aztèque…

LES CONSEQUENCES DE L’EXPANSION MILITAIRE AZTEQUE: SYNTHESE SUR LES INTERETS D’UNE APPROCHE ARCHEOLOGIQUE*. Maëlle SERGHERAERT Abstract : Mexica’s expansion and its consequences in subjected sites are essentially known by ethnohistorical sources. In its first part, this article begins by reminding the types of information brought by ethnohistorical sources. Development of archaeological research during the last twenty years in Aztec territory constitutes a new basis of information: should-it be considered for studying Mexica’s expansion consequences ? In other words, do archaeological data improve our knowledge of this subject? We answer affirmatively. Archaeological data corroborate and complete ethnohistorical data; furthermore, their interpretation brings new information. We finish by emphasizing on the ethnohistorical and archaeological sources being complementary : ethnohistorical and archaeological data crossing must be used.

Resumen : La expansión militar Mexica (o azteca) y sus consecuencias en los sitios sumisos son esencialmente conocidas por las fuentes históricas. En la primera parte del artículo, exponemos el tipo de información obtenida desde las fuentes históricas. Gracias al incremento, durante los ultimos veinte años, de las investigaciones arqueológicas en las zonas sumisas por los Mexicas, tenemos una nueva fuente de información : los datos arqueológicos. Al preguntarnos sí estos datos son interesantes para el estudio de las consecuencias de la expansión Mexica, nuestra respuesta es positiva. Los datos arqueológicos permiten, por una parte, corroborar y completar las fuentes históricas ; por otra parte, su interpretación trae nuevas informaciones. Es obvio el interés de considerar los datos arqueológicos. Insinstimos sobre todo en el hecho que las fuentes históricas y los datos arqueológicos son complementarios. Así nos parece esencial el cruce sistemático de los dos tipos de informaciones.

Carte de l’étendue de l’empire Mexica en 1521.

* Cette étude est issue d’un mémoire de DEA (Master) intitulé « Les manifestations de l’expansion Mexica (1430-1521 après J-C) », 2003, Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne,107 et s’inscrit dans le cadre d’une recherche de Doctorat sur l’expansion Mexica (1430-1520 AD), UMR 8096, Archéologie des Amériques, Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne.

Les Conséquences de l’Expansion Militaire Aztèque… conquête espagnole. Certains chroniqueurs comme par exemple Durán (1967), ont interrogé les indigènes sur leur passé et ont consacré certains chapitres à retracer des aspects de leur histoire (genèse de la population, souverains et conquêtes). L’information apparaît donc sous la forme d’un texte dont le contenu est issu de témoignages indigènes.

En 1428, Azcapotzalco, cité tépanèque qui dominait jusqu’alors le bassin de Mexico, est vaincue par les Tenochca1, dirigés par Itzcoatl2. A la suite de cet événement, les Tenochca s’allièrent à deux cités proches déjà influentes, Texcoco et Tlacopan, pour former la Triple Alliance en 1430. C’est à partir de cette date et jusque vers 1515-1520, au moment de l’arrivée des Espagnols, que la Triple Alliance étendit son territoire par le biais de conquêtes militaires. Aspect fondamental de la civilisation mexica, l’expansion militaire fut une activité constante des six tlatoani qui se succédèrent de 1430 à 1520 après J-C. Des milliers d’hommes participèrent à la conquête de territoires éloignés parfois de plus de 800 kilomètres du bassin de Mexico (zone du Soconusco). A l’heure actuelle, ce que l’on sait à propos de l’expansion mexica et de ses conséquences dans les sites soumis émane essentiellement de textes historiques et de documents d’époque illustrés dont les principaux sont : le Codex Mendoza3, la Matrícula de tributos4, les chroniques de Durán5, les Relaciones Geográficas6. Ces documents nous informent sur l’identité des sites soumis, l’année de leur soumission, les relations antérieures entretenues entre ces cités et la Triple Alliance et certaines conséquences liées à la conquête du site comme le paiement d’un tribut, les éventuelles rébellions des populations soumises, le changement de pouvoir … Au cours de ces vingt dernières années, les recherches archéologiques dans les zones conquises par les Mexica se sont considérablement développées. Les études sur l’expansion militaire mexica et ses conséquences dans les sites soumis peuvent-elles bénéficier de ce nouvel apport ? En d’autres termes, les données archéologiques apportentelles des informations à même de compléter les connaissances sur ce sujet ?

Les codex L’article « codex Mexicanos » du Diccionario Porrua (1986) caractérise les codex par trois éléments majeurs : le support en peau de cerf ou en papier végétal, la représentation figurative et symbolique, les auteurs presque toujours indigènes. Ils peuvent avoir été réalisés avant ou après la conquête espagnole. Dans le deuxième cas, la tradition indigène du codex est plus ou moins respectée et parfois, des annotations en caractères latins (en nahuatl ou en espagnol) sont ajoutées. Les codex, en tant que supports écrits des Mexica, avaient différentes utilités et fonctions. Nous retenons plus particulièrement les codex illustrant l’Histoire des Mexica, comme la première partie du Codex Mendoza : les conquêtes y apparaissent sous forme symbolique, généralement un temple qui brûle accompagné du glyphe de la cité soumise. D’autres, comme la Matrícula de tributos ou la deuxième partie du Codex Mendoza, servaient de registres de tribut. Chaque page est composée par plusieurs glyphes représentant les cités concernées et les représentations figurées des costumes de guerres, plumes de quetzal et autres denrées accompagnées des glyphes indiquant la quantité fixée, à verser par chacune des cités en paiement du tribut. La forme principale des informations données par les codex est donc la représentation figurée ou symbolique, parfois éclairée par une explication écrite. Joaquin Galarza (1972, p.13, 16) exprime bien la difficulté de déchiffrer les codex et de les étudier : « Les aspects à envisager dans chaque document sont très complexes, parce que les manuscrits pictographiques mexicains le sont aussi. (…) L’un des problèmes principaux qui se pose pour l’étude des manuscrits pictographiques mexicains est d’en extraire le contenu thématique. Il est indispensable de connaître le sujet ou les sujets qui en sont la base, qui déterminèrent l’établissement des Codices. Puisqu’il s’agit de documents “écrits”, nous devons les lire complètement, en entier. Pour ce faire, nous avons besoin de trouver le mode de lecture : où commence et où se termine la “page”. Il nous faut découvrir le début de l’expression, le sens de son déroulement et sa fin. ».

L’expansion militaire mexica et ses conséquences connues au travers des sources ethnohistoriques Variété des types de documents Les ouvrages cités en introduction sont les plus souvent utilisés car ils sont sources d’informations pour un grand nombre de sites conquis par les Mexica. Mais ce ne sont pas les seuls à nous renseigner sur l’expansion militaire mexica et ses conséquences dans les sites soumis. En effet, il existe d’autres documents ethnohistoriques plus ciblés, consacrés par exemple à un site en particulier comme les lienzos de Chiepetlan, relatifs au site éponyme, étudiés par Joaquin Galarza (1972). Ils sont de ce fait plus susceptibles de nous livrer des détails concernant la conquête du site et certains de ses effets. Notre intention n’est pas de donner ici une liste exhaustive de ces documents, ni de faire l’inventaire des différents types de sources ayant existé (d’autres ouvrages y sont consacrés), mais de donner au lecteur une idée de la variété des formes que peuvent prendre les informations issues des différentes sources, sur l’expansion militaire mexica.

Les documents administratifs de l’époque coloniale Comme leur nom l’indique, ces documents d’ordre administratifs ont été réalisés dans les années suivant la conquête. Parmi eux, nous retenons particulièrement les Relaciones Geográficas (1985 ;cf note 4) dont plusieurs questions portent sur l’Histoire locale avant la conquête espagnole et sont particulièrement intéressantes à considérer pour l’étude de l’expansion militaire et de ses conséquences dans les sites soumis : la question 5 porte sur le nombre d’indigènes présents dans la ville ; la question 10 demande de réaliser une carte de la ville ; la question 13 interroge sur la signification du nom indigène de la ville et la langue parlée avant l’arrivée des Espagnols ; la question 14 concerne l’identité des souverains, leurs pouvoirs sur la population, le tribut exigé, les rites, les coutumes, les croyances ; la question 15 est axée sur la manière dont on

Les chroniques Les chroniques sont des récits écrits généralement par des européens -souvent religieux- dans les années suivant la 108

Les Conséquences de l’Expansion Militaire Aztèque… des versements et rappellent la présence dans certains sites soumis des calpixque, chargés de la collecte et du rassemblement des denrées dues par chaque cité et de leur acheminement sous bonne garde jusqu’à la capitale indiquée sous la forme d’un double glyphe calli7. Toutes les sources ne sont pas aussi précises sur le tribut mais ce thème revient très régulièrement dès qu’il est question de la conquête d’un site. L’analyse des sources ethnohistoriques a permis d’aboutir à la conclusion que la politique expansionniste menée, notamment par Tenochtitlan8, s’explique essentiellement par l’avantage majeur qu’elle présentait : l’acquisition du “tribut” -impôt en nature payé par les sites soumis- vital pour la capitale Tenochtitlan. La densité de la population de Tenochtitlan dépassait de loin sa capacité de production, peu favorisée entre autres choses par le milieu naturel, marécageux et saumâtre. La manne que constituait le tribut contribuait à la vie même comme au train de vie de la capitale. En effet, le versement du tribut approvisionnait une grande partie de la population en denrées alimentaires et procurait de nombreux objets de luxe à l’élite (obsidienne et chalchihuites de qualité rare, uniformes guerriers, plumes de quetzal, fèves de cacao, fruits exotiques et autres denrées introuvables dans le bassin de Mexico). Ainsi, une grande part de l’économie de Tenochtitlan reposait sur le versement du tribut. Dès l’accord scellant la victoire aztèque et un premier tribut au vainqueur en signe de soumission, le système de collecte et de distribution était institué. On observe bien que, sans un tel apport, Tenochtitlan ne serait jamais devenue une capitale d’une telle puissance.

gouvernait la population et les ennemis contre qui on faisait la guerre ; enfin la question 32 porte sur les fortifications. La qualité des réponses varie considérablement selon les villes et les gouverneurs. Certains ont consciencieusement cherché à répondre à toutes les questions avec précision en interrogeant notamment les indigènes au sujet de leur passé, mais tous ne prirent pas ce soin. Par ailleurs, concernant la question 10, certains gouverneurs dessinèrent ou firent dessiner une carte (soit par des européens, soit par des indigènes), mais ce fut loin d’être le cas général et beaucoup manquent. Ainsi, les informations apparaissent sous la forme de textes et de cartes, dont on pourrait supposer une qualité équivalente puisqu’ils émanent tous d’un même questionnaire, mais qui, pour les raisons que nous venons d’exposer, ne l’étaient pas.

Les types d’informations Il serait difficile de proposer un classement exhaustif des types d’informations apportées par les sources ethnoshistoriques sur l’expansion mexica du fait de la variété de leurs formes (on vient de le voir) et de leur richesse. On observe néanmoins que certains éléments reviennent régulièrement dans les différentes sources. Le contexte de la soumission des sites La majorité des sources permet d’identifier précisément, grâce aux glyphes ou à l’écriture, le nom des sites conquis par les Mexica. Selon la fonction de ces documents, on trouvera également l’année de la soumission des sites, le nom du tlatoani ayant mené la conquête (pour les sources consacrées à l’Histoire mexica…). Ces éléments sont de première importance car c’est à partir de cela qu’il a été établi que les Mexica ont conquis de manière progressive et sur toute la durée de leur histoire un certain nombre de territoires. Grâce à l’analyse minutieuse des documents, des chercheurs ont pu réaliser, en corrélant à la fois données chronologiques et localisation des sites identifiés, des cartes précises illustrant la progression de l’expansion mexica (Barlow, 1949). Ces cartes constituent une base de référence préliminaire à toute étude sur l’expansion mexica. Certains documents détaillés, et dont la vocation était d’expliquer ou d’éclairer certains points de l’Histoire mexica, donnent également des informations sur les relations entretenues entre le site soumis et Tenochtitlan (ou une des autres cités de la Triple Alliance) avant la soumission du site. On apprend aussi quelle était la position du site dans la hiérarchie régionale avant la conquête. Cela permet souvent de mieux comprendre les raisons d’une soumission sans combat ni violence, le site se rendant de lui même car une alliance matrimoniale le liait à Tenochtitlan depuis un certain temps, … Cela permet également d’expliquer pourquoi un site, influent avant la conquête, voyait son rôle et sa puissance volontairement diminué par les Mexica, ces derniers craignant une trop grande résistance de sa part et de possibles rébellions.

Le pouvoir sous contrôle mexica Les solutions adoptées par les Mexica au sujet du pouvoir en place dans les cités furent très variables. A Zempoala, le tlatoque local est resté en place. Pour cela, il fallait avant tout qu’il ne soit pas tué lors de la bataille et d’autre part, qu’il ne pose aucun problème pour la suprématie mexica (tlatoque très puissant, risque de soulèvement,…). Mais on note également des cas où le pouvoir passe aux mains d’une autorité locale différente, alliée aux Mexica comme à Teloloapan et Coixtlahuaca ou directement à celles d’une autorité mexica, par exemple le gouverneur militaire de Vega de la Peña, Cuauhpopoca. Ces changements de pouvoir ou au contraire le maintien en place des gouvernants locaux sont le reflet des craintes des Mexica pour leur souveraineté ou au contraire de leur sentiment de puissance selon les différentes régions et cités. Il est intéressant de constater qu’ils se sont parfois trompés : certaines cités où ils avaient fait le choix de maintenir en place un tlatoque local se sont finalement rebellés. Les rébellions Certains textes expliquent clairement le refus des peuples, soumis de force, de verser le tribut et parfois même le meurtre du calpixque et des autres fonctionnaires mexica présents dans la cité. Dans d’autres documents, on trouvera simplement mention de la conquête d’un site une première fois, puis une deuxième quelques années plus tard ( parfois sous un autre souverain) et même plus, dans des cas extrêmes comme Oztuma. Dans de telles situations, les aztèques réagissaient sévèrement : ils réprimaient violemment le soulèvement de la population allant même jusqu’à en massacrer une grande partie et alourdissaient la charge de tribut lorsque le calme était revenu.

Le tribut, conséquence majeure de la conquête d’un site Nous avons déjà évoqué l’existence de véritables registres de tribut comme la Matrícula de tributos, la deuxième partie du Codex Mendoza,… Ces sources donnent, sous forme de représentations figurées accompagnées d’annotations en nahuatl ou en espagnol, les listes précises des denrées à fournir et leurs quantités ; elles stipulent aussi la fréquence 109

Les Conséquences de l’Expansion Militaire Aztèque… d’organiser un marché comme Tepeaca. La fréquence et la nature des denrées étaient déterminées par les Mexica. Selon K.G Hirth (1998), le tlatoque Axayacatl déplaça l’endroit du marché d’Acatzingo à Tepeaca pour rappeler à cette dernière son rôle d’alliée fidèle dans la zone turbulente qu’était la vallée de Puebla.

Les changements dans l’organisation régionale Le Codex Mendoza permet d’appréhender un phénomène important consécutif à la conquête : il s’agit de la réorganisation des territoires conquis en différentes provinces Mexica. Ces provinces, au nombre de 38 selon l’étude de Berdan et Smith (1996), furent délimitées en respectant à peu près les organisations régionales préexistantes. Toutefois, dans le but de renforcer leur pouvoir et leur autorité, les Mexica firent en sorte d’inverser certaines hiérarchies dans les zones les moins bien contrôlées. Ainsi, lorsque certains sites ne connurent qu’un changement certainement imperceptible à l’échelle de la population (c’est à dire l’intégration dans une province administrative mexica), d’autres connurent un véritable bouleversement de situation. Par exemple, les cités de Tepeaca et Quauhtinchan étaient historiquement rivales, même si la deuxième était la plus influente et la plus puissante de la région. Or, le Codex Mendoza nous apprend que Tepeaca fut choisie comme capitale de la province de Tepeacac et non pas Quauhtinchan. José Luis de Rojas (1994) nous éclaire grâce à son étude minutieuse de la documentation ethnohistorique sur les conditions de soumission de Tepeaca. Il constate en effet que cette cité n’avait pas opposé de résistance aux troupes mexica lors de la conquête. Il l’explique par le fait que les dirigeants de Tepeaca avaient passé un accord avec les Mexica par lequel ils s’engageaient à se soumettre sans résister et à collecter le tribut pour eux si les Mexica amoindrissaient le pouvoir de Quauhtinchan et augmentait le leur.

Bilan : Les informations obtenues grâce aux sources ethnohistoriques sont le plus souvent de l’ordre de l’évènementiel (évènements historiques précis tels que l’année de soumission de certains sites) et factuels (type et quantité du tribut versé, changement de dirigeant,…). Il ne s’agit pas d’interpréter plusieurs données pour obtenir une information sur l’expansion et ses conséquences, mais de s’assurer de la validité des informations. Notons à ce propos que la majorité des documents émanent (directement ou par témoignage) des Tenochca, qui, comme l’ont observé plusieurs chercheurs (dont Michel Graulich, 1994), peuvent parfois embellir ou modifier certaines données pour les tourner à l’avantage et à la gloire du peuple Mexica. Toutefois, pour ce qui concerne l’expansion militaire, ces « détournements d’informations » restent minimes : attribution d’une victoire à la gloire seule des Tenochca alors que la bataille a été remportée également par Texcoco, Tlacopan, voire par une seule de ces cités ou une cité alliée, faible erreur de date dans les années de soumission,… Les Relaciones Geográficas furent, quant à elles, établies sans le concours des Tenochca et ont plutôt été rédigées en collaboration avec les populations locales. Il arrive qu’elles apportent des informations contraires à celles exprimées par les Tenochca. Elles constituent ainsi un excellent contrepoint à prendre en compte. C’est donc grâce à la confrontation entre les différents types de sources que l’on obtient l’information la plus fiable et la plus complète possible.

Langue parlée dans la cité Certaines données ethnohistoriques et notamment les Relaciones Geográficas sont à même de nous renseigner sur la langue parlée dans certaines cités, objet de la question 13. Ainsi, on apprend que le nahuatl était la langue dominante à Quauhtochco alors que la langue la plus répandue dans cette zone était le totonaque. Dans d’autres cités (Castillo de Teayo, Oxitipa…), le nahuatl était parlé par certains, mais à titre de langage administratif et n’était pas connu de la majorité de la population. Dans certains sites peu éloignés de Tenochtitlan, le nahuatl était la langue de la population avant la conquête du site (Capilco, Cuexcomate, Yautepec). Une langue proche du nahuatl : le cohuixca était parlée dans certaines régions dont les sites Tepecuacuilco et Yoallan. Parfois, le nahuatl n’était pas du tout parlé.

Les intérêts d’une approche archéologique pour étudier l’expansion mexica et ses conséquences Variété des types de données Les données archéologiques diffèrent dans leur nature même des données ethnohistoriques : elles sont le fruit de travaux de terrain plus ou moins récents (XXème et XXIème siècles). Elles sont présentées dans des publications archéologiques dans lesquelles apparaissent les analyses de l’auteur, des photographies, des dessins, des relevés, des tableaux… Les travaux de terrain préalables à leur acquisition sont variés ; il peut s’agir de prospections pédestres, de ramassages de surface, de sondages, de fouilles. La qualité et la précision des résultats sont très variables selon le type d’étude pratiqué. Les informations trouvées dans les publications archéologiques ont généralement trait à la topographie des lieux, à la chronologie établie à partir d’éléments datables trouvés en fouilles et de la stratigraphie du site, à l’étude des structures et du matériel trouvé. Aucune donnée archéologique ne nous informe donc directement sur l’expansion militaire et ses conséquences. Il faut d’abord interpréter les résultats obtenus pour obtenir l’information.

Les garnisons Sur le folio 18 du Codex Mendoza apparaissent onze personnages agenouillés prés d’un glyphe indiquant le nom des cités auxquelles ils sont rattachés. Zantwijk (1967) analyse cette page comme représentant onze garnisons de l’empire Mexica9. Par ailleurs, dans les textes, il est régulièrement question de forteresses, de lieux imprenables du fait de la nature de l’endroit (en haut d’une falaise), ou de fortifications. L’existence de ces fortifications et lieux de garnisons qui servaient à défendre l’empire contre les ennemis et à maintenir l’ordre est donc établie par les sources. Toutefois, ces données manquent parfois de précisions et ne nous informent par exemple pas sur le nombre de guerriers, l’organisation de la garnison… Les marchés Après la conquête, certaines cités se virent contraintes 110

Les Conséquences de l’Expansion Militaire Aztèque… élevé) demandé par l’élite locale, y contribua également. Donnons également l’hypothèse de Elizabeth Jiménez García (2002) sur la zone de Tlapa. Par les études archéologiques qu’elle y a mené, elle a montré que cette zone connaissait des conflits et des guerres locales constantes avant la soumission. Or ils cessent par la suite comme le montrent les données archéologiques. Elizabeth Jiménez García (2002, p.400) explique cette situation par le fait que les activités étaient désormais tournées vers la production du tribut. Le codex Azoyu ne mentionne d’ailleurs plus de conflits et de guerres entre les différents sites de cette région. Les conséquences de la production du tribut dans les populations soumises pouvaient donc être très fortes. C’est certainement une conséquence majeure de l’expansion mexica.

Les indicateurs de la conquête et de ses conséquences La conquête Mexica provoqua un certain nombre de changements dans les sites soumis. Ces modifications peuvent se traduire de plusieurs manières : destruction du site ou de certains bâtiments au moment de la conquête, influence mexica dans les sites,… Nous appelons “indicateurs” tous les éléments qui permettent d’identifier ces évolutions, ces changements. Les évidences de destructions brutales de structures Dans les codex, la conquête d’une cité est symbolisée par un temple qui brûle et des chroniqueurs comme Durán font état de la destruction entière de certaines villes, jusqu’aux arbres fruitiers comme par exemple à Oztuma. Dans certains sites, des structures présentent des traces évidentes de destruction brutale : incendie, écroulement… A la suite de ces phases de destruction, on peut observer une reconstruction de la structure ou un abandon total. Ces observations archéologiques doivent être considérées avec attention, car ces destructions peuvent témoigner de la conquête du site. Dans de tels cas, il faudra donc prendre en compte la chronologie du site pour établir à quel moment la destruction a eu lieu (et ainsi éviter de commettre une erreur car la destruction peut avoir une explication autre que la conquête). Parfois, les données ethnohistoriques peuvent corroborer les observations archéologiques et permettent de mieux comprendre à quoi correspond la phase de destruction observée.

La céramique Mexica La présence dans les sites de céramique non locale, notamment de céramique dite “aztèque”, peut également être un indicateur de modification post-conquête. Les céramiques Mexica correspondant à la période de l’expansion sont la céramique de types Aztèque III et IV10. Selon Michael E. Smith (1990, p.153-54), les types de céramiques Mexica les plus retrouvés dans les sites soumis sont la céramique « Aztec III Black-on-orange », et « Texcoco Fabric-marked salt vessels ». Il existe également une production de céramique imitant le type « Aztec III Black-on-orange ». Ce phénomène, observé à Quauhtochco, Tetela, Teloloapan et Coixtlahuaca, est extrêmement intéressant. Traduit-il l’intégration de ce trait culturel Mexica par la population de ces sites, ou la présence de Mexica sur le site, qui, n’ayant pas emporté de céramique avec eux, la fabriquent sur place avec des matériaux différents mais dans les formes qu’ils connaissent ? Comment interpréter la présence, en plus ou moins grande quantité, de céramique mexica dans les sites soumis ? Est-ce une conséquence de l’expansion ? Dans le cas où une forte proportion de céramique mexica est trouvée sur un site, et que d’autres éléments (étudiés plus loin : sculptures, style de l’architecture,…), présentent des caractéristiques mexica, on peut valablement penser qu’il s’agit d’un indicateur d’une influence mexica sur le site, certainement consécutive à la conquête. Toutefois, la seule présence de céramique mexica sur un site, même en quantité importante, ne doit pas conduire à interpréter qu’il s’agit inévitablement d’un changement lié à l’expansion : les recherches de Zeitlin et Joyce (1999), et celles de Michael E. Smith (1994, 1996) incitent à la prudence. Il faut en effet s’assurer que la céramique en question date d’après la conquête du site par les Mexica. Car les types de céramique précédemment décrits sont datés entre 1400 et 1521 après J-C. La présence de ce type de céramique sur un site peut donc dater d’avant la conquête. Grâce à ses études de terrain à Capilco, Cuexcomate et Yautepec, Michael E. Smith (1994, 1996) a pu affiner la chronologie de ces sites et distinguer plusieurs phases. A Capilco et Cuexcomate, la phase « Early Cuauhnahuac » (1350-1430) ne se termine pas exactement au moment de la soumission des sites par les Mexica car la phase « Late Cuauhnahuac » (1430-1550) débute quelques années avant celle-ci (mais cela permet tout de même une certaine précision chronologique). A Yautepec, Michael E. Smith (1996) a distingué les phases Atlan (1300-1440) et Molotla (1440-1520). Cette fois, la transition correspond à

Les structures de stockage et les modifications économiques, reflets de la production du tribut Selon le nombre et la taille des structures de stockage présentes dans un site, on peut s’interroger sur le type de denrées qu’elles contenaient et surtout à quoi ces denrées étaient destinées. En effet, elles peuvent avoir servi à stocker le tribut en attendant qu’il soit acheminé vers sa destination finale. Ainsi, la présence de plusieurs structures de stockage de grandes dimensions dans un site peut indiquer que ce lieu servait d’endroit où le tribut était collecté et stocké avant d’être envoyé à la Triple Alliance. Prenons l’exemple du site Vega de la Peña où de telles structures ont été trouvées. S.J.K Wilkerson (1993), s’appuyant sur cette donnée, sur d’autres observations de terrain ainsi que sur les sources ethnohistoriques mentionnant un site important, proche de Nautla, dont on ne sait plus la localisation précise, mais dont une fonction était de collecter le tribut de la région, affirme que le site en question était Vega de la Peña. L’archéologie est également à même de révéler une autre face du tribut : sa production. En effet, les denrées exigées étaient nombreuses et variées et la fréquence des versements était relativement élevée. Il fallait donc produire ou acquérir (par le biais de l’échange ou du commerce quand le site ne le produisait pas) les denrées demandées. A Capilco et Cuexcomate, le tribut consistait essentiellement en textiles de coton, en céréales, en papier d’écorce et en uniformes guerriers. Or, sur ces sites, Michael E. Smith (1994) a observé une intensification de l’agriculture pour augmenter la production, un essor de la production textile et un appauvrissement de la population. Pour lui, le lien entre ces changements et la production du tribut est clair, même s’il admet que le tribut supplémentaire (et parfois bien plus 111

Les Conséquences de l’Expansion Militaire Aztèque… Postclassique. Par ailleurs, l’obsidienne verte était une denrée commerciale vendue sur les marchés. Cela nous confronte à deux problèmes : d’une part, comment savoir que l’obsidienne trouvée sur le site soumis date effectivement de la période suivant la soumission (il peut d’ailleurs s’agir d’un objet fabriqué avant la conquête d’un site, mais introduit sur ce site après sa soumission) ? D’autre part, ne retrouve-t-on pas de l’obsidienne de Pachuca dans des sites non soumis par les Mexica ? A Capilco et Cuexcomate, Michael E. Smith (1994) a réussi à obtenir des données quantifiées et datées pour l’obsidienne verte de Pachuca. Ainsi, on se rend compte que sur ces sites, ce matériau était effectivement présent à la phase Early Cuauhnahuac, précédant la conquête mexica. Mais nous faisons la même observation que précédemment, ces sites pouvaient être des cas particuliers, du fait de leur proximité avec la vallée de Mexico. Jay Silverstein (2002 ; p.415), s’est intéressé à l’obsidienne trouvée dans la zone frontière entre les territoires Mexica et Tarasque. Ses conclusions sont très intéressantes : « En complément des sources ethnohistoriques, on peut aussi utiliser la distribution de l’obsidienne le long de la frontière nord du Guerrero pour reconstruire le modèle de l’influence impériale. On peut observer la forme générale de la frontière au travers de la distribution d’obsidienne dans les sites postclassiques fouillés pendant le POC (projet OztumaCutzamala), avec une division est-ouest qui suit la frontière entre les deux empires. Les sites de la partie Mexica, à l’est, ont une proportion nettement supérieure d’obsidienne de Pachuca (50% ou plus du total) alors que les sites contrôlés par les Tarasques, à l’ouest, ont un plus fort pourcentage d’obsidienne provenant d’Ucareo (en général plus de 80%). Etant donné que les mines d’Ucareo étaient sous le contrôle politique des Tarasques et celles de Pachuca contrôlées par Tenochtitlan et Texcoco (Pastrana ;1998), les états de la région frontière paraissent avoir été intégrés aux économies politiques et aux réseaux de distribution de leurs empires respectifs. »12 Selon cette remarque, l’obsidienne verte de Pachuca n’était pas distribuée (ou très peu) en territoire Tarasque approvisionné directement par les mines d’Ucareo. Mais en était-il de même par exemple dans l’enclave de Tlaxcala, qui, à notre connaissance, ne disposait pas de mines d’obsidienne à l’intérieur de son territoire ?

la soumission du site par les Mexica. Ainsi, il est parvenu à observer l’évolution de la présence de céramique de type Mexica sur ces sites avant et après la domination Mexica. Or, sur les trois sites, il observe que de la céramique Mexica était présente avant la soumission des sites, en quantité non négligeable, puisqu’à Capilco, elle est quasiment équivalente à celle de la phase suivante, et qu’à Cuexcomate elle y est même légèrement supérieure. A Yautepec, la présence de céramique mexica augmente durant la phase Molotla, mais pas énormément. Notons cependant que ces exemples concernent des sites qui commerçaient et échangeaient des biens avec la vallée de Mexico depuis longtemps, du fait de leur proximité. En cela, il peut s’agir de cas particuliers. Néanmoins, émettons deux remarques. D’une part, pour pouvoir interpréter correctement la présence de céramique mexica sur un site, il faut connaître la chronologie de celui-ci. D’autre part, cet exemple nous conduit à poser le problème de l’éloignement géographique des sites soumis par rapport à la Vallée de Mexico. La présence d’une quantité importante de céramique de type mexica sur un site proche de la vallée de Mexico sera moins surprenante que sur un site éloigné et ne sera pas interprétée de la même manière (M.E. Smith, 1990). La céramique pose enfin un dernier problème. Il s’agit très certainement d’une denrée échangée ou commercialisée par les Mexica. Ainsi, sa présence n’est pas forcément une conséquence de l’expansion. Effectivement, on retrouve aussi de la céramique Mexica dans des territoires non soumis comme dans l’enclave indépendante de Tlaxcala (M.E Smith, 1990). La sculpture Mexica La présence de sculptures et figurines mexica peut être un indicateur de l’influence mexica sur un site. L’étude de ce type de matériel nécessite une connaissance rigoureuse des styles de sculptures pour être à même de reconnaître et différencier une sculpture, de style mexica, une sculpture présentant des traits stylistiques d’influence mexica, une sculpture de style local. L’identité du personnage représenté constitue en soi un indicateur supplémentaire, car il peut s’agir d’une divinité mexica, ce qui permet de faciliter l’interprétation11. Il faut s’interroger sur les raisons de la présence de ce type de sculpture dans un site. Leur nombre, l’endroit précis où on les trouve sont également des facteurs facilitant l’interprétation : on n’analysera pas de la même manière la présence de plusieurs sculptures mexica dans une structure civico-religieuse, et la présence d’une figurine s’apparentant au style mexica dans une structure domestique.

Le style de l’architecture publique La présence d’un style architectural dit “mexica” dans une région où ce style est inhabituel peut également être un indicateur de l’influence mexica. Selon Ignacio Marquina (1951, p.204), il existait un style architectural mexica, certes influencé par les différentes cultures passées (notamment Toltèque) ou voisines, « mais en deux siècles d’évolution de l’Empire, la culture mexica était devenue tellement forte que ses édifices étaient en train d’acquérir un caractère propre »13. Dans son étude, il dégage les principales caractéristiques de l’architecture monumentale mexica en s’intéressant particulièrement aux complexes temples et pyramides : les pyramides de style mexica ont une base rectangulaire reposant sur une plate-forme. Elles sont constituées de plusieurs étages (deux à quatre le plus souvent) en talud (talus) pas trop inclinés. Sur la face principale de la pyramide se trouve généralement un escalier bordé d’alfardas (rambardes). Parfois, l’escalier est divisé en deux (notamment lorsqu’il permet d’accéder à deux temples différents). Dans ce cas, les deux parties de

L’obsidienne verte de Pachuca Le gisement de Pachuca se trouve en territoire Mexica. La production de l’obsidienne verte de Pachuca est donc logiquement contrôlée par ces ouvriers. La présence de ce matériau dans un site est, par voie de conséquence, liée aux Mexica. Si ce matériau est trouvé en forte quantité dans un site, en présence d’autres éléments présentant des caractéristiques mexica, on peut supposer que sa présence est liée à la conquête mexica. C’est par exemple le cas à Oztuma (Jay Silverstein, 2001). Toutefois, à l’instar des remarques faites au sujet de la céramique, il faut s’assurer de ce lien au moyen d’une étude précise. D’un point de vue chronologique, la technique de taille de l’obsidienne pour la production d’objets, même si elle a connu quelques évolutions, date d’avant le 112

Les Conséquences de l’Expansion Militaire Aztèque… général est formé par des terrasses échelonnées avec des parapets. La forteresse proprement dite est constituée de quatre enceintes, elle se trouve sur une grande colline dont l’accès est difficile. Celle-ci est coupée par des fossés dans ses parties les plus étroites. Certains endroits, particulièrement stratégiques, sont défendus par des parapets. »15. Le Codex Mendoza prête à Oztuma la fonction de garnison Mexica après la conquête. Ainsi, ici les données archéologiques et ethnohistoriques concordent. Selon la publication récente de Jay Silverstein (2002), cette fortification a été réalisée par les Mexica. Cette précision est nécessaire ; en effet, le seul fait d’observer une structure fortifiée dans un site ne signifie pas qu’elle fut construite et utilisée par les Mexica. L’étude doit être en mesure de montrer que ces éléments correspondent bien à une conséquence de l’expansion, qu’ils furent utilisés ou réutilisés (si la structure fortifiée préexistait avant la conquête) par les Mexica. Il existe des cas où l’ethnohistoire ne donne aucune indication de l’existence de fortifications dans des sites, mais où l’observation archéologique, comme à Tetela et Tepexi el Viejo, révèle l’existence de ce type de structure. Dans ces situations, seule une étude archéologique très complète pourra permettre d’établir s’il s’agit d’une conséquence de l’expansion Mexica ou non. Inversement, des garnisons sont mentionnées à Huaxyacac (Durán 1967,v.2) et Acatepec (Fray Juan de Mata ; 1580, Relaciones de Teozapotlan) alors qu’aucune donnée archéologique ne semble le confirmer après étude. Ce phénomène peut être éclairé par l’explication de Pedro Carrasco (1999 ; p.387) qui revient sur le terme “garnison”. Pour lui, “garnison” et le mot “presidio” reviennent souvent dans les sources pour désigner « une force armée qui défend temporairement une place précise, mais aussi les nouveaux colons assignés à une surveillance permanente pour la défense d’un territoire. »16 . Avant lui Nigel Davies (1987) insistait sur le fait que les mots “garnison” ou “presidio” n’impliquent pas forcément « une forteresse occupée par des soldats d’une armée permanente »17. Toutefois, tous les chercheurs ne s’accordent pas et Ross Hassig (1984; pp. 1516 et 19-20) réfute cette hypothèse.

l’escalier sont égales et délimitées par deux alfardas au centre. Une autre particularité des alfardas est qu’elles changent d’inclinaison, devenant verticales dans leur partie supérieure. On retrouve régulièrement des statues servant de porte-drapeaux au niveau des alfardas. L’escalier menait à une plate-forme sur laquelle étaient construits un ou deux temples dédiés à des divinités. Ces temples ne se ressemblent pas tous, mais le plus souvent ils étaient de forme rectangulaire avec une ouverture centrale. Sur la partie supérieure du temple, on trouvait régulièrement une “crête ”. Leonardo López Luján (1998, p.25) nous avertit toutefois que seul « l’ensemble des moulures en forme de nœud qui émerge des alfardas à double inclinaison » fut utilisé uniquement par les Mexica. Mais, lorsque toutes ces caractéristiques apparaissent ensemble sur un site où d’autres indicateurs de l’influence mexica sont présents, on peut valablement conclure qu’il s’agit d’une construction mexica. Cela semble être le cas par exemple à Quauhtochco, (Alfonso Medellín Zenil, 1952, p.32-34) où la structure pyramidale était composée de « quatre degrés en talud quasiment vertical, un escalier de 52 marches et des alfardas dont le plan d’inclinaison se rompait dans la partie supérieure »14. De même, à Castillo de Teayo. Felipe R. Solís Olguín (1986 ; p.74-75) insiste aussi en détail sur le style architectural Mexica de la structure pyramidale et du temple. On retrouve la structure pyramidale composée de trois degrés en talud de plus en plus verticaux. De même, l’inclinaison des alfardas devient verticale dans la partie supérieure du troisième degré. Il explique également que le temple de Castillo de Teayo ressemble énormément à celui de Quauhtochco, qui sert de base à la définition des caractéristiques architecturales des temples Mexica. Par ailleurs, l’étude précise des structures architecturales permet de les replacer dans le cadre chronologique du site. C’est grâce à cela que Noemí Castillo Tejero (2000) a pu établir un déplacement du centre du pouvoir qui se retire de la Mesa (dans les hauteurs) vers Calcahualco (dans la vallée) sur le site de Tehuacán après la domination. Or les fouilles qui ont porté sur les structures architecturales de la Mesa révèlent des habitations pauvres, qui ne devaient pas exister lorsque le pouvoir y était établi. Dans ce cas, même si la domination mexica n’a pas engendré de constructions de style Mexica sur le site, elle a tout de même eu des conséquences observables.

Les sépultures révélatrices de la présence de Mexica sur les sites La présence de sépultures similaires à celles des Mexica dans des sites où ce n’est pas la coutume peut être une indication de la présence de Mexica sur le site en question. A Yoallan, 52 sépultures furent trouvées en fouille. Sur le total, 28 présentent un mode d’inhumation utilisé chez les Mexica (le paquet mortuaire), non pratiqué dans la région, et sont accompagnées de céramique de type Aztèque III et non de céramique locale. Guadalupe Goncen Orozco (2002) conclue logiquement que les défunts étaient des Mexica ayant résidé dans le site. Elle observe que ces défunts étaient accompagnés d’offrandes funéraires comme des labrets en pierre, des grelots en cuivre, marquant leur statut privilégié, ce qui l’amène à suggérer (p.437) qu’ils « appartenaient à une classe privilégiée, peut-être à la bureaucratie administrative de Yoallan ». Les documents ethnohistoriques mentionnent parfois la présence de Mexica dans certains sites soumis. Il s’agit le plus souvent du calpixque (collecteur de tribut) ou d’un tlatoque. Ces documents laissent entendre que ces représentants Mexica ne sont pas envoyés seuls, mais le plus souvent avec quelques soldats et des membres de l’élite

Les fortifications L’identification de fortifications sur un site signifie une fonction défensive. Une étude poussée sur les raisons de la présence de ces fortifications et de leur vocation pourra souligner un lien avec l’expansion mexica ou non. Une étude topographique peut révéler l’existence d’éléments de défense naturelle sur un site, tels que falaises, cours d’eau… L’étude des structures architecturales permet également de reconnaître la présence de structures fortifiées à vocation militaire. Jaime Litvak King (1971, p.76) décrit ces structures pour Oztuma : « Le site consiste en un système complexe de fortifications formées par plusieurs enceintes. Le fort principal est protégé par un second, la Malinche, qui ferme le passage du Puerto del Niño, accès unique à la colline où il est construit. Un mur de pierres sèches à l’extérieur avec une porte défendue et un monticule de forme triangulaire au sommet mesure 32 mètres de côté. Le corps orienté en direction de l’ennemi est une construction circulaire un peu plus haute que le reste de l’édifice, qui en 113

Les Conséquences de l’Expansion Militaire Aztèque… pendant l’époque coloniale, on conservait, dans la mesure du possible, l’organisation régionale préexistante au moment du contact. Or Tehuacán eut toujours un rôle important durant la période coloniale. Ainsi, elle suppose que le feuillet qui aurait du correspondre et apparaître dans la Matrícula de tributos est perdu.

Mexica. Il paraît donc tout à fait fondé de penser que des Mexica furent inhumés dans des sites soumis. Comme nous l’avons vu pour d’autres éléments pouvant refléter une influence mexica consécutive à la conquête, il faut asseoir son interprétation sur des bases concrètes. Il faut d’abord s’assurer que la sépulture date de la période qui suit la conquête du site. Par ailleurs, la présence d’une seule sépulture inhabituelle dans un site peut être liée au hasard ou à un concours de circonstance n’ayant rien à voir avec la présence d’une autorité Mexica sur un site. Imaginons pour nous en convaincre un marchand d’origine Mexica mort en voyage et enterré sur place : cela ne signifierait pas la présence d’un Mexicatl sur le site.

Bilan : Contrairement aux données ethnohistoriques qui, à partir du moment où leur fiabilité est établie, donnent une information déjà constituée, les données archéologiques doivent être interprétées. Dans les paragraphes précédents, nous avons montré la complexité de cette interprétation, car de nombreux paramètres doivent être pris en compte. Mais l’étude minutieuse des données archéologiques se révèle extrêmement fructueuse. Les résultats sont souvent très différents et nouveaux par rapport aux types d’informations trouvés dans les sources ethnohistoriques.

L’identité des tlatoani L’analyse des données archéologiques permet d’obtenir des indications sur l’identité des dirigeants. En effet, lorsque sur un site le pouvoir était exercé par un Mexicatl, cela augmente logiquement le nombre d’éléments indiquant cette présence et celle des guerriers et/ou des membres de l’élite qui l’accompagnent : la céramique aztèque III ou IV à usage civico-religieux, l’architecture publique présentant un style mexica, des sculptures ou des figurines représentant des divinités mexica, des objets en obsidienne verte de Pachuca, les sépultures similaires à celles des Mexica. Reprenons l’exemple de Yoallan où les recherches archéologiques ont révélé la présence en forte quantité de céramique Aztèque III, ainsi que 28 sépultures de défunts Mexica de hiérarchie élevée (Guadalupe Goncen Orozco ; 2002). Cela précise nettement les données de l’ethnohistoire qui indiquent un changement de pouvoir sur ce site après la conquête, mais sans détailler si celui-ci se fit au profit d’une autorité locale ou d’un Mexicatl. Les données archéologiques permettent encore d’obtenir des informations dont il n’est pas fait mention dans les données de l’ethnohistoire. Selon Michael E. Smith (1994), il n’y aurait pas d’élite dirigeante à Capilco, petit site rural du Morelos. Le site serait dirigé par une autorité extérieure. Quant à l’élite de Cuexcomate, également un site rural du Morelos, Michael E. Smith (1994) a montré, grâce à une étude du matériel archéologique et des structures architecturales, qu’elle s’appauvrissait sous la domination Mexica. Ainsi, il se demande si le pouvoir est toujours exercé par cette élite, moins puissante, ou par celle de sites voisins.

Conclusion L’intérêt de la prise en compte des données archéologiques pour étudier l’expansion mexica et ses conséquences dans les sites soumis est évident. Nous avons en effet montré que l’archéologie apporte de nombreuses informations sur ce sujet : qu’il s’agisse d’informations inédites ou déjà connues par le biais des sources ethnohistoriques. Le point sur lequel nous souhaitons insister en conclusion est la complémentarité des données archéologiques et ethnohistoriques. A plusieurs reprises dans l’article, nous avons observé que les données archéologiques corroborent les données ethnohistoriques et inversement. La plupart du temps, chaque type de données apporte des précisions, des détails qui échapperaient si on se limitait à étudier le sujet en ne prenant en compte qu’un type de données. Le tribut et sa production constituent un bon exemple : les sources ethnohistoriques donnent les listes précises des tributs exigés, tandis que les données archéologiques permettent d’observer une augmentation de production de telle denrée alimentaire, de la production textile dans les sites. Les deux types de données se complètent : l’une permet de connaître précisément le type de denrées demandées, leur quantité, la fréquence des versements, l’autre nous apprendra comment le tribut était produit et les conséquences de sa production dans les sites. Sur certains points, les données ethnohistoriques seules ou les données archéologiques seules apportent une information. C’est le cas au sujet du marché de Tepeaca dont seules les sources ethnohistoriques permettent de connaître l’existence. De même, la présence d’éléments mexica dans des sites (céramique, sculpture…) n’est pas mentionnée dans les sources ethnohistoriques et n’est connue qu’au travers des données archéologiques. Enfin, il existe des situations où les sources ethnohistoriques et les données archéologiques ne s’accordent pas. Par exemple, les sources ethnohistoriques décrivent Oztuma comme une garnison Mexica repeuplée par des habitants de la Vallée de Mexico et non par des autochtones. Or, le matériel archéologique retrouvé dans le site présumé Oztuma ne comporte que très peu de tessons correspondant à ces populations et une grande quantité de matériel de type local. Ce genre de situation mérite l’attention et une recherche plus approfondie visant à expliquer les contradictions. Dans ce cas particulier, les études de Jay Silverstein (2001, 2002) combinant à la fois l’étude des

L’organisation régionale L’interprétation des données archéologiques renseigne également sur la réorganisation des territoires en provinces mexica. Elle peut compléter certains aspects des sources ethnohistoriques ou même apporter des éléments inédits, lorsqu’il n’y a aucune indication ethnohistorique. Ainsi, Noemí Castillo Tejero (2002) formule l’hypothèse selon laquelle Tehuacán était la capitale de la province tributaire de Tehuacán. Or cette cité n’apparaît pas dans la Matrícula de tributos. Elle s’appuie pourtant sur plusieurs arguments. D’abord, la zone géographique dans laquelle est localisée Tehuacán était entourée de cités tributaires. Ensuite, et cela est donné par les sources ethnohisthoriques, les Mexica s’étaient battus durement (ils durent même faire plusieurs tentatives) pour soumettre Tehuacán, conquête qui leur était indispensable pour continuer leur route vers le sud. Les travaux archéologiques de l’auteur dans la zone révèlent que la dernière phase d’occupation de Tehuacán est marquée par une présence de matériel mexica très significative. Enfin, 114

Les Conséquences de l’Expansion Militaire Aztèque… sources et les recherches de terrain sont fructueuses. L’hypothèse avancée par ce chercheur est qu’il existe une confusion dans les sources ethnohistoriques au sujet de la dénomination du site Oztuma et de son emplacement. Il y aurait en fait deux sites différents, l’un où la population chontal locale aurait subsisté, l’autre où la garnison Mexica serait installée. La complémentarité des sources ethnohistoriques et des données archéologiques est donc évidente. Une étude mettant en œuvre le croisement systématique de ces données nous paraît donc le moyen d’obtenir l’information la plus complète possible pour faire avancer les connaissances à propos de l’expansion mexica et de ses conséquences dans les sites soumis.

cérémonielles, les cajetes, les vases Tlaloc ; les parties d’encensoirs avec un manche en forme de serpent, les malacates, les palets, les flûtes, les sceaux et les figures humaines modelées. Céramique Aztèque IV (1500-1521) : représentée par des cajetes et des molcajetes avec un support conique plat, droit ou crénelé ou un crochet de 4 ou 5 lignes concentriques, de couleur plus jaune que l’Aztèque III, avec des motifs phytomorphes ou zoomorphes. 11 Toutefois, il faut rester prudent car les Mexica se sont appropriés beaucoup de divinités au fil de leurs conquêtes ; ainsi, une divinité que l’on croît mexica peut en fait s’avérer être originaire du site sur lequel on la trouve. 12 « Además de las fuentes documentales, también puede ser utilizada la distribución de obsidiana a través de la frontera norte de Guerrero para reconstruir el patrón básico de influencia imperial. Se puede observar la forma géneral de la frontera a través de la distribución de la obsidiana en sitios postclásicos investigados durante el POC, con una división este-oeste que sigue el lindero propuesto entre los imperios. Los sitios en la parte Mexica del lado este de la zona de recorrido tienen una proporción mucho mayor de obsidiana de Pachuca (50% o más del total), mientras que los sitios controlados por los Tarascos, al oeste, tenían un mayor porcentaje de obsidiana proveniente de Ucareo (por lo general más del 80%). Puesto que las minas de Ucareo se encontraban bajo el control político de los tarascos y las de Pachuca eran dominadas por Tenochtitlan y Texcoco (Pastrana ;1998), los estados de la región fronteriza parecen haber sido integrados a las economías políticas y redes de distribución de sus imperios respectivos.». 13 « Sin embargo, en los dos siglos de evolución del Imperio, había adquirido tanta fuerza, que sus edificios estaban ya en camino de tomar un carácter propio bien marcado. » 14 « se trataba de cuatro cuerpos en talud, con una escalinata de 52 peldaños y alfardas que rompían su plano de inclinación en la sección superior ». 15 « El sitio constituye en un complejo sistema de fortificaciones formado por varios recintos. El fuerte principal está protegido por uno secundario, la Malinche, que cierra el paso al Puerto del Niño, único acceso al cerro donde está construido. Tiene una albarrada exterior con una puerta resguardada y un montículo de forma triangular en la cumbre que mide unos 32 m. por lado. El cuerpo que mira en dirección al enemigo tiene una construcción circular un poco más alta que el resto del edificio que, en general está formado por terrazas escalonadas con parapetos. La fortaleza propiamente dicha consta de cuatro cercas, escalonadas a lo largo del cerro. (…) La fortaleza, protegida por las cercas, se encuentra en una larga loma de difícil acceso. Ésta está cortada por fosos en sus partes más angostas. Algunos sitios, especialmente críticos, están defendidos por parapetos. ». 16 « an armed force that defends a certain place temporarily, but also for the new military settlers assigned permanently for the defense of a territory ». 17 « a fortress occupied by soldiers of a permanent army ».

Notes : 1

Habitants de Tenochtitlan. Leur présence dans la vallée de Mexico est relativement récente (installation entre 1325 et 1345). Jusque là, cette population composée en majorité de mercenaires, proposait régulièrement ses services à Azcapotzalco pour l’aider dans ses conquêtes. A cette période, les Tenochca sont souvent décrits comme des “barbares” par leurs voisins. 2 Tlatoque (plur tlatoani) : souverain. Izcoatl fut tlatoque de Tenochtitlan de 1427 à 1440. 3 Le Codex Mendoza est un document pictographique réalisé par des nobles indigènes à la demande du vice roi d’Espagne en 1540. Il fut conçu pour exposer la culture Mexica à Charles Quint et sa cour. Il est composé de trois parties dont les deux premières s’avèrent extrêmement intéressantes pour notre étude puisque l’une est consacrée à l’Histoire mexica et notamment aux conquêtes des tlatoani et l’autre donne la liste des tributs dus par chaque province soumise. 4 La Matrícula de tributos est un registre de tribut mexica. Le document se compose de 32 pages où sont illustrées le type et la quantité de denrées dues par chaque province et la fréquence de la collecte de ce tribut. 5 Le premier chapitre de Historia de las indias de Nueva España e islas de tierra firme, chronique écrite par Durán s’intitule « Historia » et traite de l’Histoire mexica. 6 Il s’agit de recueils de réponses à un questionnaire de cinquante questions, daté de 1577. López de Velasco, chargé de constituer un atlas-chronique du Nouveau Monde par la couronne d’Espagne (Philippe II), avait conçu et envoyé ce questionnaire à tous les gouverneurs de la Nouvelle Espagne. 7 Calli : maison. James Cooper Clark. 1938. Codex Mendoza. Waterlow and sons. London. 3 volumes. 8 Tenochtitlan prit de plus en plus d’importance au sein de la Triple Alliance, jusqu’à s’imposer en véritable capitale de l’Empire hégémonique. 9 Les onze sites identifiés par Zantwijk (1967) comme garnisons mexica sont : Atlan, Tezapotitlan, Cuauhtochco, Izteyocan, Atzacan, Oztoman, Poctepec, Quechultenanco, Zozolan, Huaxyacac, Xoconochco. 10 Céramique Aztèque III (1400-1500) : représentée par des cajetes, molcajetes, ollas et platos fabriqués dans une céramique orange, décorée de motifs noirs, d’engobes polies, de support droit, crénelés ou coniques ; la céramique rouge polie, polychrome, comme les coupes à pulque 115

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ENTIDADES POLITICAS MAYAS DEL CLASICO : SINTESIS TEORICA Y APLICACION. EL CASO DE COBA, QUINTANA ROO.* Cyril GIORGI

Abstract : In this article, we try to present a critical synthesis of various theories related to the comprehension of the Maya political scene, and states systems that the Maya elite succeeded in founding. The identification of the Maya States and the various approaches of the rebuilding of the Maya political organization at the Classic period, were carried out starting from three principal sources, which are: archaeological data, epigraphic information, and theoretical models associated with anthropology researches. Very quickly new information related to these three sources, in particular archaeology and epigraphy helped understand better what could have been these Maya States. New sites are discovered or rediscovered, new hieroglyphic texts are put at sight, the old ones being from now on readable. Research makes steady progress and allows us to consider the Maya civilization differently.

Résumé : A travers cet article, nous tentons de réaliser une synthèse critique des diverses théories liées à la compréhension du paysage politique maya, et des systèmes étatiques que l’élite maya réussit à fonder. L’identification des entités politiques mayas et les diverses approches dans la reconstruction de l’organisation politique maya de la période classique, ont été effectués à partir de trois sources principales: les données archéologiques, l’information épigraphique, et les modèles théoriques associés à l’anthropologie. Très rapidement les nouvelles informations liées à ces trois sources, notamment l’archéologie et l’épigraphie ont permis de mieux cerner les questions relatives à l’organisation socio-politique des Etats mayas. De nouveaux sites sont découverts ou re-découverts, de nouveaux textes hiéroglyphiques sont mis au jour, les anciens sont désormais lisibles. Peu à peu la recherche avance et nous permet d’élucider de nouveaux aspects de l’organisation sociale maya.

Tratar de comprender la organización social y politíca de los diferentes grupos mayas, a través del estudio de los vestigios materiales es, sin duda, una tarea dificil de realizar. Una de las razones principales de esta dificultad reside, con frecuencia, en la definición demasiado limitada, (en relación con una zona o con una época precisa) o demasiado amplia, del campo conceptual de “organización socio-politica”, lo que conduce, frecuentemente, a numerosas dudas y ambigüedades. En muchos casos las investigaciones que trataron de destramar las entidades políticas presentes en la zona Maya desembocaron en una multiplicidad de teorizaciones y debates, algunos de ellos muy controvertidos. Teorías y debates de actualidad, que no se limitan únicamente a nuestra región de estudio (las tierras bajas mayas), sino que se extienden a todo el área centro-americana, donde las definiciones y conceptos desarrollados acerca del Estado son igualmente difícil de aplicar en los casos concreto de estudio. A partir de este estado de la cuestión, trataremos de poner en evidencia los diferentes modelos teóricos elaborados para los “Estados” Mayas. Abordaremos particularmente aquí los tres principales modelos de las estructuras políticas presentes en la región: los “Estados regionales”, las “Ciudades-estado” y los “Imperios Hegemónicos”.

El objetivo de este trabajo es presentar una síntesis crítica de las informaciones disponibles sobre de las modalidades que pudieron tener los “Estados Mayas” y no validar, o invalidar, algún tipo de modelo relativo a las diversas estructuras estatales, así como cualquier otro modelo de organización política. Por el contrario, buscaremos el debate poniendo en perspectiva estos diferentes modelos. En efecto, en la medida en que numerosas de las modelizaciones desarrolladas se muestran aplicables a los casos particulares de estudio, es necesario recordar aquí que la presencia del Estado -probado o sugerido- sólo puede constatarse si se toma en consideración sus contextos culturales, ambientales y cronológicos. Lo que puede implicar la coexistencia y la imbricación de varios esquemas de organización social diferentes dentro una misma región y en un mismo “momento” de su historia. Gracias al estudio de algunos sitios mayas, en particular el sitio de Cobá, trataremos de desglosar e identificar los elementos característicos de lo que pudieron haber sido los “Estados” Mayas. Intentaremos comprender tanto los aspectos propios a la estructura de Cobá, así como los lazos relacionales que él mismo mantuvo con otros sitios de la región, logrando instaurar un notorio radio de influencia y la formación de uno de los raros “Estados” Mayas de gran envergadura.

* Este trabajo es el resultado de una investigación llevada a cabo entre los años 2002-2003 y que desembocaron en dos

memorias, de grado y postgrados, en la Universidad de Paris 1 Panthéon – La Sorbonne : “Le système de voirie du site de Cobá, Quintana Roo. Les Sacbeob : un des instruments du pouvoir” ; “Révolution urbaine et politique chez les Mayas des Basses Terres de la période classique. Un cas pratique : Le site de Cobá, Quintana Roo”.

Entidades políticas mayas del Clásico: El caso de Cobá, Quintana Roo.

Golfo de México

Baya de Campeche

Mar Caribe Golfo de honduras

Océano Pacífico

Fronteras de los países Fronteras de los Estados Régionas culturales

El Area Maya (tomado de Taladoire et Faugère 1995.

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Entidades políticas mayas del Clásico: El caso de Cobá, Quintana Roo. Sin embargo, en la definición de los glifos consustánciales a cada sitio, Heinrich Berlín no pudo precisar si estos glifosemblemas representaron los nombres de estos sitios, de las divinidades tutelares o los nombres dinásticos (de los gobernantes). Sin embargo, las investigaciones de algunos autores como Proskouriakoff (1960), Barthel (1968), Lounsbury (1973), Kelley (1976), Marcus (1976) y luego Schele (1978) sobre los glifos-emblemas han permitido, a principios de los años 80, establecer la función patronímica de los mismos y su rol como marcadores de la apropiación de una dinastía sobre un determinado lugar (Mathews 1991, 2000, Davoust 1995).

1. Entidades políticas Mayas del período Clásico 1.1. Maya

Evidencias de la presencia “estatal” en la zona

La definición de las entidades políticas Mayas así como las distintas interpretaciones sobre la organización política Maya durante el Período Clásico fueron realizadas a partir de tres fuentes principales: los datos arqueológicos, la epigrafía y los modelos teóricos inspirados de la antropología (Carrasco 1998, Grube y Martin 1998, Grube 2000). A partir de estas fuentes de información varios modelos fueron realizados, de los cuales se demarcan tres principales: se trata de los “Estados Regionales”, las “Ciudad-Estado” y los “Súper-Estados”, que abordaremos más adelante.

Estos glifos-emblemas en general están formados por un prefijo, un superfijo y por un elemento principal. El prefijo, cuya representación variable se traduce a k’u (l) o ch’ul y que significa divino/sagrado. El superfijo, es traducido como ahaw, que significa señor/soberano, de ahí se desprende que la asociación prefijo-superfijo es leído k’u (l) ahaw, traduciéndose en “divino señor”. Finalmente el elemento principal, variable según los lugares, puede responder al nombre patronímico, pero también al nombre del sitio (Stuart and Houston 1994, Mathews 1991, 2000).

Generalmente, se considera como Estado a un territorio que integra un gran número de individuos, formando parte de una misma esfera cultural compuesta de numerosos factores comunes (políticos, económicos, sociales y religiosos), (Benson 1986, Fried 1960). Recordemos que la población de varios centros mayas superaba los 50.000 habitantes, sin contar el número de habitantes total del territorio políticamente regulado por los mismos. Por ejemplo, las reconstrucciones poblacionales para el período Clásico del sitio de Tikal, fue calculada en aproximadamente 62.000 personas sobre un sector de 90 km² y alrededor de 92.000 personas en un sector de 314 km2 (Culbert et al. 1990). Por su parte, se estima que el Estado de Tikal estaba integrado por más de 500.000 habitantes sobre una superficie superior a los 3.000 km2 (Culbert 1991). Sin embargo, no sería acertado fundamentarse únicamente en el factor demográfico -probado o supuesto- para deducir la presencia de formas estatales de organización (Rivera 2000). Pruebas adicionales son necesarias, pero en todos los casos se puede conjeturar, a partir de las inmensas construcciones presentes en algunos centros principales, un control social efectivo sobre numerosos poblados vecinos, que habrían aportado una fuerza de trabajo en las obras monumentales, que por cierto, se prolongaron en el tiempo. Se deduce también su capacidad en las estrategias y planificación de las construcciones, en el control de la información y la administración de las mismas, en la gestión de los capataces y de los arquitectos, en la logística necesaria, así como en fomentar en los trabajadores un estado de ánimo coincidente con los fines políticos de la empresa (Marcus 1989, Rivera 2000).

Superfijo: Ahaw / soberano Prefijo: k’u(l) / Divino, sagrado

Elemento principal

Elemento vinculadoprincipal a la vinculado enditad a la política, enditad política, asociado aquí al sitio de Yaxchilan. asociado aquí al sitio de Yaxchilan.

Desde el Período Clásico, y a lo menos hasta finales del siglo XVI, los Mayas de las Tierras Bajas independientemente de su filiación lingüística- nombraron con una palabra común, ahaw (ahau, ajau, ajao), la principal autoridad del gobierno, y emplearon el término de ahawel, ahawil o ahawlil (según su localización en el área lingüística chol o yucateca) para designar la entidad política controlada por un ahaw (Davoust 1995, Lacadena y Ciudad Ruiz 1998). La figura del ahaw debería entonces considerarse como el elemento principal en la caracterización y definición del Estado Maya (Freidel 1992b). Las entidades políticas mayas del Período Clásico se habrían desarrollado gracias a la aparición de una fórmula singular del ejercicio centralizado del poder, cuyo símbolo humano es el ahaw y cuya expresión suprema estaría representada por la “ciudad” construida en, y sobre, la selva. De esta manera, se puede considerar que la elaboración de una doctrina de poder centralizada en el lugar cosmogónico del Gobierno, sobre numerosos centros monumentales, ha facilitado y fomentado la cristalización del poder como forma superior de organización política (Freidel 1992b, Rivera 2000).

Por otra parte, se destaca la información proporcionada por la identificación y la comprensión progresiva de la escritura Maya, y en particular, gracias al descubrimiento realizado por Heinrich Berlín (1958), de la fórmula común presente en numerosos sitios que es el “glifo-emblema” y que permitió, incuestionablemente, un desarrollo considerable en el conocimiento de la organización socio-política Maya. Entre otros aspectos, este descubrimiento permitió una proyección significativa, en la medida en que condujo a la reformulación de las ideas que consideran la civilización Maya como una teocracia alejada de los intereses políticos (Marcus 1976, 1989, Grube 2000b).

De esta manera, las entidades políticas mayas podrían haber estructurado su territorio mediante divisiones políticas siguiendo un modelo particular de adaptación, con construcciones jerarquizadas por el tamaño y por los elementos vinculados al ejercicio del poder o las funciones 119

Entidades políticas mayas del Clásico: El caso de Cobá, Quintana Roo. observa como rayonante desde el centro y que disminuye en función de la distancia del centro del Estado mediante la utilización de límites urbanos y políticos. Así las fronteras de un sitio determinado deberían considerarse diferentemente de las de un Estado (Culbert 1991). Sin embargo, la clave que permitiría distinguir sin vacilar las fronteras de los Estados mayas no es siempre evidente, excepto en puntos muy localizados, por ejemplo, las extremidades de los sacbeob (Rivera Dorado 2000, Giorgi op. cit.). Incluso en los casos en los cuales los arqueólogos encontraron las pruebas de los límites de la ocupación de los sitios, no es evidente que estos límites correspondan con las fronteras políticas de los mismos (Grube 2000).

administrativas (Kurjack 1974, 1977). Además, se caracterizaron por la distribución espacial de los componentes arquitectónicos, que parecen organizarse para legitimar las dimensiones políticas, económicas y religiosas, sobre todo en las diferentes zonas de interacciones (Abrams 1994). En efecto, desde la arqueología, el diagnóstico de la presencia de una entidad política estratificada se facilita por el hecho de encontrar las pruebas materiales del plan establecido que expresaría el prestigio (capital simbólico) de la élite gobernante dentro del paisaje social (Bourdieu 1994), o por mostrar las manifestaciones de poder y la capacidad coercitiva de las instituciones políticas que ellos encarnan (Culbert 1991). La arquitectura del poder y los elementos simbólicos que la acompañan (estelas...) parecen constituir los marcadores de una organización social prefigurando, hasta un cierto punto la prolongación de la metáfora aportada por una cierta estabilidad política (Ringle y Bey 1992).

1.2. Caracterización de la organización política Maya clásica Las primeras tentativas de una explicación empírica de la organización política Maya, derivada del estudio de los restos materiales, se deben a William R Bullard (1960). Su análisis, basado en la teoría de Christaller (1933) llamada « del lugar central », pone en relación una jerarquía de los sitios que se establecen según su tamaño, permitiendo así delimitar un sector controlado. En los estudios sobre el sitio de Lubaantun, Norman Hammond (1972) introduce por su parte al medio ambiente como una verdadera variable, importante en la determinación de la cantidad de recursos disponibles de cada unidad política. Al aplicar este tipo de análisis al sector Maya en su conjunto, Hammond (1974) utiliza los polígonos de Thiessen con el fin de definir los límites territoriales de las unidades políticas resultantes. Para determinar los mayores centros urbanos o capitales de unidades políticas, se basa en el volumen de las construcciones y en la tipología arquitectónica, y aunque no haya podido solucionar el problema de la disparidad existente entre la superficie de los sitios, remarca la presencia de territorios controlados por centros principales (Carrasco 1998, Grube 2000b, Grube and Martin 1998). Desde este punto de vista, R. Adams y R. Jones reanudan esta problemática realizando cálculos sobre un gran número de centros urbanos (64), proponiendo un método destinado a ordenar por rango los sitios estudiados, que contempla la amplitud de los sitios y el número de plazas presentes en cada uno de ellos (Adams and Jones 1981, Culbert 1991).

Otro punto interesante se refiere a la distancia social que se manifiesta físicamente en la forma que adoptaría la comunidad, también a través del estudio de la arquitectura, caracterizándose muy rápidamente en una estratificación de la población en distintos niveles sociales. Este concepto se refleja en la cantidad de energía puesta a disposición en la construcción estratificada del paisaje social del territorio ocupado, y en la jerarquización de puntos dominantes, haciendo valer los derechos “naturales” de una élite sobre una población y sobre un territorio determinado (Benavides 1981). Los edificios monumentales localizados en el centro de los sitios mayas son indicadores privilegiados de su influencia política; palacios y pirámides se ven como una concentración de energía y de trabajo acumulado que dan cuenta del control territorial por parte de la élite que organizó tales construcciones (Kurjack 1974, Marcus 1989). Así mismo, los juegos de pelota (juego de élite por excelencia) podrían ser otro testimonio de la amplitud política del territorio sobre el cual se sitúan los terrenos de juego. En efecto, raros son los sitios que poseían varios terrenos de juego (en particular, en el Norte del Yucatán, donde los juegos de pelota son menos numerosos), lo que puede explicarse por el hecho de que el juego de pelota habría adoptado la figura de emblema asociado con la élite (Kurjack et al. 1991) y por lo tanto, susceptible de indicar la posible presencia de un poder político centralizado, o incluso de un Estado. Así la organización espacial de las comunidades mayas parece ser trazada para mantener las diferencias entre los grupos o de familias que integran las mismas. Los sacbeob (calzadas) localizados sobre algunas de ellas, serían igualmente precisos testimonios, según los edificios o grupos de viviendas que conectan, de la puesta en evidencia de un poder centralizado (Kurjack 1974, Ashmore 1981, Ashmore y Sabloff 1997). Por otro lado, los sacbeob que conectan algunos sitios entre si, deben considerarse como integrantes de un sistema estratificado, y podrían interpretarse como marcadores territoriales dentro de una zona y/o de un Estado (Kurjack 1974, Kurjack et al. 1991, Giorgi 2002, 2003). En efecto, el mantenimiento en los Estados Mayas de la influencia política mediante el empleo de fronteras se

Sin embargo, su hipótesis según la cual el número de plazas es proporcional a la importancia de los centros sigue siendo confusa, no permitiendo un orden jerárquico perfectamente establecido y sin solucionar los problemas de disparidad de tamaño entre los sitios. Siguiendo este trabajo, Adams and Jones proponen cuatro niveles jerárquicos, basándose sobre el número de plazas presentes en los sitios, con un mapa del área Maya dividida en ocho Estados principales, llamados “Regionales” (fig.1) . Estos ocho “Estados Regionales” se identificaron alrededor de los sitios de Tikal, Calakmul, Palenque, Copán, Yaxchilán, Río Bec, Cobá y Puuc-Chenes; considerando los sitios de Tikal y Calakmul como los más importantes y los más influyentes (Adams and Jones 1981, Culbert 1991). Otro aspecto de este modelo plantea un problema. Si tenemos en cuenta la repartición del área Maya efectuado por estos autores, se puede observar en efecto que algunos 120

Entidades políticas mayas del Clásico: El caso de Cobá, Quintana Roo. modelo de “Estado Regional”, el problema de la disparidad de los tamaños de los sitios persiste. Se puede constatar así un tamaño mayor de las entidades políticas regionales muy distinto, cambiando de 2.000 km² (Culbert 1991) a más de 30.000 km² (Adams and Jones 1981). Otra perspectiva establecida sobre la identificación de los distintos elementos de los glifos-emblemas por Mathews en 1985, sugiere la presencia de un modelo dicho de “CiudadEstado” (fig.2). El análisis de Mathews demostró que estos glifos particulares se relacionan con la soberanía de una entidad sobre un centro urbano o un territorio determinado. En este modelo, cada sitio donde se registró la presencia de un glifo-emblema, se consideró como independiente, contando con un estatuto más o menos similar que los otros sitios que cuentan con este tipo de glifos (Mathews 1991, Schele and Mathews 1991).

centros urbanos, capitales de estos “Estados” no se integran dentro de un mismo período de desarrollo crono-cultural. En un principio, este modelo, basado principalmente en datos arqueológicos, se argumentó también en informaciones epigráficas y etnográficas.

Fig. 1 : Los “Estados Regionales”, tomado de Culbert 1991.

El reconocimiento de los glifos-emblemas por Heinrich Berlín, y, en particular, la lectura de la estela A de Copán por Barthel en 1968, propone la presencia de cuatro glifosemblemas (Copán, Tikal, Palenque et Calakmul), cada uno asociado a una de las 4 direcciones cardinales (Culbert 1991). Barthel interpretó estos datos como vinculados con un conceptual universo político que se encontraría alineado sobre los puntos cardinales. A través de estos datos, es posible observar fuertes analogías con la etnografía y etnohistoria maya, en la medida en que esta clase de divisiones cuatripartitas del espacio constituyen una de las ideas fundamentales y recurrentes de los establecimientos mayas en distintas épocas (Carrasco 1998). Esta idea de división cuatripartita del espacio es reformulada por Joyce Marcus, quien la combina con el modelo “del lugar central”, interpretando una distribución más amplia de los glifos-emblemas, que la lleva a proponer una jerarquización entre un gran número de centros urbanos de las Tierras Bajas y cuyos cuatro centros primarios estarían controlados por Copán (Marcus 1976). Más recientemente, Joyce Marcus, de acuerdo con Adams y Jones, actualizó este modelo, incluyendo a partir de una perspectiva etnohistórica, una fragmentación política más importante, organizada alrededor de algunos “Estados Regionales” (Marcus 1976). Sin embargo, aún bajo el

Fig. 2 : Las “Ciudades-Estado”, tomado de Culbert 1991.

El esquema establecido por Mathews pone en evidencia que las Tierras Bajas mayas se dividieron en un mosaico de “Ciudades-estado” (Chase and Chase 1998). La aplicación de los polígonos de Thiessen a la distribución de los sitios que poseen glifos-emblemas hizo surgir un conjunto de territorios independientes, divididos entre sesenta y setenta “Ciudades-Estado” autónomas, identificándose todas bajo el signo de un “rey divino” y cuyo territorio oscilaba en torno a los 2.500 km² (Chase and Chase 1992, 1998). Territorios mucho más reducidos que los sugeridos por los partidarios del modelo del “Estado Regional”. Este paisaje político descentralizado puso en valor desde entonces una gran variedad de modelos. Entre ellos se destacan el del “Estado segmentario” y el del “Territorio galáctico” que obtuvieron un gran éxito en la comunidad 121

Entidades políticas mayas del Clásico: El caso de Cobá, Quintana Roo. científica (Fox 1987, Freidel and Schele 2000, Demarest 2000). Con pequeñas diferencias, estos modelos rechazan la existencia de una autoridad central y de la burocrática, pero admiten, al mismo tiempo, que el poder político fuera de una capital sería muy limitado (Southall 1991). La autoridad es llamada en este caso “carismática y ritual”, y estaría instalada en pequeños centros con un alto nivel de autonomía, conservando una fuerte imagen de la capital en su estructura interna (Demarest 1992). Sin embargo, estos modelos fueron criticados en razón de sus caracteres propios, y en la medida en que no logran explicar, contrariamente a las estructuras centralizadas, la estructura misma del Estado. Aquí el poder dependería de manera exclusiva de las relaciones de parentesco y de la ideología político-religiosa.

una opinión interna, pero que se incluían en redes políticas de mayor amplitud, dirigidas por potentes “Estados Hegemónicos” (Chase and Chase 1998, Lacadena y Ruiz 1998, Grube and Martin 1998). Y a pesar que ningún testimonio material nos permita afirmar que un Estado se haya convertido en algo tan poderoso como para instituir un control permanente sobre el vasto territorio Maya, parecería que algunos grandes Estados lograron llegar a constituir “mini imperios”, organizados sobre otro modelo, el modelo “hegemónico” (Lacadena y Ruiz 1998). Este último modelo de organización estatal Maya se basa también en la epigrafía, y autores como Martin y Grube propusieron la idea según la cual existiría una jerarquía entre los centros proveídos de glifos-emblemas, proponiendo Tikal y Calakmul como capitales supremas de su modelo de “super-estados” (Grube and Martin 1995). Desde esta óptica, todos los otros centros urbanos se ven como centros que se integran dentro de una alianza, una confederación o dentro de una determinada clase de relación jerárquica, con uno de estos dos poderosos centros, que por otro lado competían entre si. Este modelo hegemónico de las capitales políticas de las Tierras Bajas Mayas sería visto por algunos como una alternativa al modelo cuatripartito propuesto anteriormente por Joyce Marcus en 1976, basado igualmente en los datos epigráficos. Sin embargo, los resultados de las diferentas lecturas epigráficas difieren entre si, y aportan nuevamente elementos de respuesta en cuanto a la comprensión de la organización política en esta región.

En efecto, los modelos empíricos consideran el poder como basado en el control sobre el medio y la economía, con estrategias políticas más estables y un importante rol de la coerción, de manera que una de sus consecuencias más evidente sería una expansión territorial centrada en poblaciones densas, y políticamente sólidas y estables (Hansen 2000, Grube 2000b). Del mismo modo, el modelo de las “Ciudades-Estado” fue criticado frecuentemente debido a su analogía con las “Ciudades-estado” griegas clásicas (Feinman and Marcus 1998). Sin embargo esta analogía parece corresponderse con los datos arqueológicos que poseemos sobre los Estados mayas. En efecto, el término “Ciudad-Estado” es especialmente adecuado para destacar el rol dominante de su centro, personalizando así a todo el Estado. Estos centros urbanos fueron las sedes de las dinastías reales, pero también los núcleos administrativos, ceremoniales y comerciales, a partir de los cuales se establecieron vínculos, entre el poder central y otros centros localizados en su periferia (Grube 2000). Los k’u (l) ahaw o “reyes divinos” eran el centro de un poder y de una autoridad que se extendía sobre todos los sectores de la sociedad, proponiendo que la sede de la corte real haya representado, desde un aspecto simbólico, todo el Estado. El nombre dado a estas organizaciones estatales es generalmente idéntico al de su centro urbano principal, y aunque se puedan observar disidencias (Grube and Martin 1995), la identidad conceptual del Estado con su capital, y más específicamente con la sede del rey divino, se manifiesta en la utilización generalizada de los términos ahaw y ahawel que mencionamos anteriormente.

1.3. Relaciones de subordinación estatal El modelo “hegemónico” o de los “super-estados” desarrollado por Simon Martin y Nikolai Grube, se estableció de esta manera sobre la suposición de una fuerte jerarquización entre los ahawelob, que se establecía a partir de dos puntos focales, Tikal y Calakmul. Sin embargo, hasta un período relativamente reciente, ninguna confirmación epigráfica pudo consolidar este modelo. Desde entonces, se pudo resaltar la presencia de dos expresiones en las cuales se basa el mismo. En primer lugar, la expresión y-ahaw (literalmente “su soberano” o “el soberano de”), hace hincapié en el carácter de dependencia de un ahawlel sobre otro (fig. 3), en un estado de subordinación de tipo soberano/vasallo (Grube and Martin 1995,1998, Lacadena y Ruiz 1998).

De esta manera, el descifrado progresivo de los glifos mayas permitió demostrar que las Tierras Bajas mayas se dividían en un mosaico de Estados territorialmente independientes, que mantuvieron su autonomía estructural a lo largo del período clásico (Culbert 1991, Houston 1994, Grube 2000). Sin embargo, y aunque se habla a menudo de “Ciudadesestado” como “Estados” independientes, parece prematuro hablar de una “Ciudad-estado”, en tanto que comunidad política autónoma, pero que no llega necesariamente a formar Estados independientes. Hansen recuerda en este punto que la soberanía externa no es siempre considerada como una condición absoluta para hablar de “Ciudades-estado” (Hansen 2000). Se podría entonces pensar este tipo de Estado como autónomo desde

ahaw “soberano”

y-ahaw “el soberano de…”

Fig. 3 : tomado de Grube and Martin, 1998.

122

Entidades políticas mayas del Clásico: El caso de Cobá, Quintana Roo. entronización de dos soberanos, en los años 656 y 677 (de nuestra era) estipulando el rol, y en consecuencia la importancia, de Calakmul con relación a este acceso (Martin and Grube 1998).

En segundo lugar, la expresión ukahi / uchabhi (fig. 4) traducido como “debido a”, “por medio de” o “bajo la supervisión de” insiste sobre los acontecimientos de ascenso de un ahaw al gobierno, de su ahawlel, identificando de esta manera los responsables que supervisaron estos acontecimientos e indicando su posición de supremacía política (Martin and Grube 1998, Lacadena y Ruiz 1998).

Acceso al poder

Rey de Cancuén

Por la acción de…

Rey de Calakmul u-kahiy(?) Por la acción de… Fig. 6 : tomado de Grube and Martin, 1998

1.4. Debate

Fig. 4 : tomado de Grube and Martin, 1998

La dificultad que tienen la mayoría de los investigadores para caracterizar el Estado Maya se vinculó con la misma dificultad en determinar las características generales de sus centros, generalmente integrándolos en esquemas categóricos y fijos. Los modelos de “Estados regionales” de Adams y Jones y de “ciudades-estado” de Mathews parecen ambos plantear problemas. Sin embargo, no parece que deban rechazarse íntegramente, en la medida en que estos dos modelos muestran de una manera bien documentada lo que pudo haber sido la configuración de los Estados mayas (Giorgi op. cit.).

Tales expresiones pueden observarse en numerosos contextos (estelas, pinturas murales, arquitectura...) y dan cuenta de la estructura jerárquica interna de las entidades políticas de Calakmul, Tikal, pero también podrían estar señalando, en determinados casos, una hegemonía de menor escala de unos ahawelob más reducidos sobre otros (Lacadena y Ruiz 1998). A manera de ejemplo, nos concentraremos en el caso de Calakmul, que presenta evidencias claras de su influencia política dentro de su espacio territorial. A través del estudio de la escalera hieroglífica de Dos Pilas, fechada en 648 después de J.C., se puede tener en cuenta (en una narración referida a las cooperaciones militares existentes entre Dos Pilas y Calakmul acerca de la guerra) que el dirigente de Dos Pilas se declara como el vasallo del ahaw de Calakmul (Grube y Martin 1998).

De esta manera, distintos sitios, algunos de ellos ahawlelob, habrían podido desarrollarse a partir de una forma de “Ciudades-estado” hacia una forma de “Estadosregionales”, lo que puede también preverse en el sentido contrario. En efecto, cada ahawlel pudo extenderse considerablemente, y también retraerse, según esquemas consustánciales a cada zona, basándose en acontecimientos históricos importantes como conflictos políticos o bélicos, evoluciones o regresiones económicas...).

Rey de Dos Pilas

“el vasallo de...”

En cuanto al modelo de los “super-estados” o de “Imperios hegemónicos” de Martin y Grube, parece (a pesar de las recientes investigaciones epigráficas) que hay que actuar con mucha prudencia, en la medida en que los datos actuales no nos permiten prever la idea de “imperio Maya”. Parece entonces claro que se puede hablar de la presencia de una subordinación estatal real de un ahawlel sobre otro, pero de allí a utilizar el término de Imperio (en el mismo concepto que los “imperios hegemónicos” desarrollados en el México central) la brecha es grande.

Rey de Calakmul

Es posible que algunos Estados mayas hayan podido constituir sistemas de alianzas importantes. Sin embargo, parecería que ninguno de ellos logró convertirse en lo suficientemente poderoso como para transformar la región de manera permanente dentro de una única unidad política.

Fig. 5 : tomado de Grube and Martin, 1998

Además, se observará sobre el sitio de Cancuén (situado a 230 km al sur de Calakmul) una inscripción referente a la 123

Entidades políticas mayas del Clásico: El caso de Cobá, Quintana Roo. 1979 b, Cortes de Brasdefer 1984, Folan 1977, Folan et al. 1983, Robles Castellanos 1976 b, Giorgi op. cit).

Uno de los raros casos que se podrían destacar (sin volver de nuevo sobre los casos de Tikal y Calakmul) sería el sitio de Cobá, que pudo lograr, por medio de las construcciones monumentales que son los sacbeob, modificar físicamente su territorio y constituir la estructura visible de su influencia territorial y soberanía sobre numerosos otros sitios. Es importante precisar que no nos proponemos elevar aquí el sitio de Cobá y su territorio, al rango de “Imperio hegemónico”, sino reafirmar la posición casi inevitable del Estado que ha podido constituir esta entidad política.

La vegetación, muy densa, está caracterizada por un bosque alto y húmedo (selva), con una cobertura vegetal que alcanza los 30 m de altura. Numerosos árboles frutales como el ramón y el balché están presentes. El clima por su parte es sub-húmedo, y presenta una media anual de 26°C, con precipitaciones oscilantes entre 1.400 y 1.500 mm. anuales (Thompson et al.1932, Benavides 1981). Por último, en la región de Cobá se pueden distinguir dos tipos de suelos, el llamado chac luum (tierra roja) y los llamados ek luum (tierra negra), estos últimos muy fértiles y presentes principalmente en el centro y en el sector meridional de la zona arqueológica (Benavides 1981).

2. El caso de Cobá, Quintana Roo 2.1. Presentación del sitio El centro antiguo de Cobá (fig.7) se encuentra al Noreste de la península del Yucatán, al Norte del actual estado del Quintana Roo; más concretamente se sitúa adentro de las tierras, aproximadamente 42 km de la costa, a una centena de kilómetros al Este de Chichén Itzá, a 46 km al Noroeste de Tulum, y a 290 km al Noreste de Chetumal (Thompson et al. 1932, Garduno 1979 b, Navarrete et al. 1979, Benavides 1981, Robles Castellanos 1976 b).

Otra particularidad del sitio de Cobá, sitio emblemático de las Tierras Bajas del Norte, es que se encuentra geográficamente muy próximo a las Tierras Bajas Centrales, y más concretamente de las regiones del Petén, si tenemos en cuenta su vegetación, su clima y su relieve. Así mismo para el estilo arquitectónico presente en general sobre el sitio, influido por el estilo de los sitios del Petén, pero poseyendo a pesar de todo numerosas particularidades locales, dan a pensar en la posible presencia de un verdadero estilo Cobá (Benavides 1976,1981, Cortes de Brasdefer 1984, Navarrete y al. 1979, Giorgi op. cit).

Las características morfológicas del sitio de Cobá son muy particulares. Su superficie, relativamente plana, está formada por sedimentos calcáreos de origen marino. La porosidad de los mismos no permite la formación de ríos en superficie debido a la rápida filtración de agua de lluvia, que aportan, sin embargo, numerosos minerales favoreciendo así la práctica agrícola (Benavides 1981). Esta intensa filtración natural permitió la formación de abundantes corrientes subterráneas que, en las fallas de superficie, aparecen por bocas naturales o cenotes (“tz’ onot” en maya), que desempeñaron un rol importante como fuente de agua primaria en el poblamiento de la zona.

Con respecto a la cronología de ocupación, la zona geográfica donde se encuentra el sitio de Cobá, incluye varias fases de desarrollo (Benavides 1981, Folan et al. 1983, Con Uribe y Martínez Muriel 2002). Las primeras evidencias de establecimientos sedentarios fueron fechadas entre 200 B.C y 200/250 AD, durante el período Preclásico, en el cual Cobá parecía ser el emplazamiento de uno o más poblados de agricultores. Desde 300 AD a 600 AD, Cobá se transforma paulatinamente en un verdadero centro urbano, a partir del Clásico Reciente, es decir entre 600 AD y 800 AD. Durante este último período, Cobá se convierte en un gran centro urbano, incluso en capital de un Estado, con conexiones más o menos pronunciadas con el Petén y especialmente con el sitio de Naranjo en Guatemala. Desde 800 AD a 900 AD durante el Clásico Terminal, Cobá continúa funcionando como un gran centro urbano, pero cesa en numerosas actividades, y comienza a perder toda influencia en su territorio. Entre 1000 AD y 1450 AD, durante el Postclásico Antiguo, el pueblo de los Itzas invade Cobá é impregnan la arquitectura de un nuevo estilo, similar al de los sitios de la costa Este. En síntesis, es durante el período conocido como Clásico, es decir entre los años 300 y 900 de nuestra era, que el sitio de Cobá se muestra más interesante en nuestro análisis. Durante este período, el sitio prevencia la erección de numerosas estelas, la construcción de numerosas obras públicas como las acrópolis y las pirámides, los sistemas hidráulicos, la nivelación de los suelos, y sobre todo la construcción de una gigantesca red de calzadas sobreelevadas que caracteriza el sitio.

Fig. 7 : El sitio de Cobá, según Con Uribe y Martínez, 2002.

Del mismo modo, la presencia de cinco lagos, orientados según un eje general Noroeste-Sureste, llamados Macanxoc, Cobá, Sacalpuc, Yaxlaguna y Xcanhá, así como varios akalchés (pantano), situados en el centro de la ciudad, fueron determinantes e incluso vitales para el desarrollo y subsistencia de la población (Benavides 1981, Garduno 124

Entidades políticas mayas del Clásico: El caso de Cobá, Quintana Roo. península del Yucatán (Con Uribe y Martínez 2002). El sitio posee también dos juegos de pelota, numerosos pozos y chultuns (50 en total), algunos cenotes (principalmente a lo largo de algunas calzadas), 78 sascaberas (canteras), 45 estelas (entre los cuales 34 talladas y 11 largueros) fechadas entre 613 y 780 de nuestra era (Benavides 1981, Folan et al. 1983), frescos y pinturas murales, y sobre todo, una gigantesca red de calzadas, que irradian desde centro hacia la periferia.

2.2. Morfología urbana Cobá constituye probablemente el mayor sitio del Período Clásico presente en el Norte de la península del Yucatán, con cerca de 20.000 estructuras registradas, una superficie de más 70 km² y una población estimada en 55.000 h ; Cobá puede fácilmente compararse con otros grandes centros como Tikal o El Mirador en Guatemala (Benavides 1981, Cortes de Brasdefer 1984, Folan 1977, Folan et al. 1983, Gallareta 1981, Garduno, 1979a). El sitio, cuyos límites se sitúan, en relación al centro (el grupo Cobá), a 6.3 km al Norte, 11 km al Sur, 3.8 km al Oeste y 3.8 km al Este, está constituido por un centro ceremonial, compuesto de numerosos grupos de edificios monumentales, donde los más importantes son los grupos de Cobá, Macanxoc, Chumuc Mul, Nohoch Mul, Domingo Falcon, Sinacal y de Las pinturas en el centro de la “ciudad” (Benavides 1981, Garduno 1979 b, Navarrete et al. 1979, Folan et al. 1983, Gallareta 1984, Robles Castellano 1976 b, Thompson et al. 1932). Más distantes en la periferia (fig. 8) y conectados al centro gracias a una red de caminos, se presentan 12 sitios menores: Kitamna, Chan Mul, Kubulté, Lab Mul, Los Altares, Chinkin Cobá, Kucican, Mulucbaoob, Nuc Mul, San Pedro, Oxkindzonot y Telcox . Además, numerosos conjuntos residenciales más o menos complejos están presentes con imponentes edificaciones destinadas a la élite, como los conjuntos de El Cuartel y de Dzib Mul.

Estas calzadas conectan los distintos conjuntos de estructuras, sitios periféricos y otras ciudadelas más alejadas, como es el caso de Yaxuna e Ixil situadas en el actual estado del Yucatán, respectivamente a una distancia de 100 y 20 km de Cobá, y que son consideradas como partes integrantes de la entidad en un nivel regional. En Cobá, fueron registradas 45 de estas calzadas, las mismas pueden dividirse en tres grupos distintos. Los sacbeob de escala “regional” (a) en número de 2 y que conduce a Ixil y Yaxuna, respectivamente con una longitud de 20 y 100 km; los sacbeob “zonales” (b), en numero de 8, de una longitud oscilante entre 2 y 6 km, y que conducen a los sitios satélites o terminales de la zona periférica; y los sacbeob “locales” (c), en número de 35, y que aseguraron la comunicación entre los distintos conjuntos y estructuras del sitio, conduciendo en ocasiones a los pozos de agua, a los juego de pelota... etc (Benavides 1976, 1981). Otras categorías de caminos/carreteras menos imponentes están presentes sobre el sitio, como el “chichan sacbeob” (establecidos sobre el mismo modelo que los sacbeob, pero de menor magnitud), los “andadores” (trazados ligeramente sobreelevados que vinculan las unidades de viviendas con los sacbeob) y las “callejuelas” (caminos que parecen obtenerse indirectamente por medio de albarradas o tapias de delimitación residencial, dejando espacios vacíos entre ellas). Los otros componentes del sitio de Cobá constituyen los espacios no cubiertos, definidos por construcciones que presuponen un uso continuo del espacio. Estos componentes se caracterizan principalmente por la presencia de un gran número de plataformas de distintos tipos (individuales, rectangulares, poligonales...) cuya función principal sería la de servir como base para los distintos edificios públicos o domésticos (Gallareta 1984). Sus tamaños varían considerablemente según el tipo, admitiendo superficies incluidas entre 15 y 1900 m² (Folan y al.1983, Gallareta 1984, Benavides 1981). En cuanto a la organización urbana del sitio, se puede observar que el mismo se divide en varias zonas diferenciadas, incluyendo tres zonas principales y dos zonas complementarias. Es en la zona llamada “central”, de una superficie de 2 km², donde se encuentran centralizados los edificios monumentales, tanto de carácter ceremonial como residencial o administrativo, y que cuenta con la presencia de los tres grupos principales: Cobá, Nohoch Mul, y Chumuc Mul, considerados como integrantes de un territorio, permitiendo el control sobre el conjunto del sitio, tanto desde una óptica simbólica como política. La zona denominada “peri-central”, cubre una superficie de 8 km² y cuenta con la presencia de construcciones de dimensiones menores que estarían asignadas a la elite dirigente o a la nobleza, agrupadas en fuertes concentraciones de viviendas, y divididas en sectores residenciales.

Fig. 8 : Región de Cobá, según Con Uribe y Martínez 2002.

Se destacan además otros elementos como son los numerosos templos y altares (privados o públicos) cuyas manifestaciones arquitectónicas pueden también alcanzar dimensiones considerables, como en el caso del templopirámide del grupo Nohoch-mul (42 m de altura y 120 marchas) que constituye la pirámide más alta de toda la 125

Entidades políticas mayas del Clásico: El caso de Cobá, Quintana Roo. producción por parte de la clase dirigente (Chase 1992), como se puede suponer en la división estratificada de tareas relacionadas con la construcción de la red de carreteras y otras estructuras monumentales, desde su concepción hasta su realización (Giorgi op. cit.). Los barrios y sectores de residencias dan igualmente cuenta de la importante separación existente entre las distintas clases sociales del sitio, con un modelo de establecimiento que respeta siempre el orden jerárquico establecido (Folan et al.1983, Kintz 1978, 1985). Como se pudo observar en la presentación del sitio, distintas zonas se caracterizan por poseer una clase arquitectónica particular, dividiendo el sitio en tres zonas principales a partir del centro hacia la periferia, a las cuales se añaden dos zonas complementarias. Además, se formula la hipótesis que la localización de las unidades residenciales, en lo que se refiere a las fuentes de agua o carreras, así como la asociación espacial de las unidades entre ellas, reflejan un status social estratificado, y/o factores de control político (Maas Colli 1977). Es decir, las actividades sociales contribuyen a la organización de las unidades de viviendas en grupos mayores; el cálculo de las distancias entre las unidades de viviendas proporciona un índice del conjunto y de la agrupación de los alojamientos, la cual sugiere límites entre los distintos barrios de la zona. El índice define tres clases de barrios basándose en la proximidad espacial o el aislamiento: (A) los que se encuentran asociados y en contacto directo con las unidades de viviendas, (B) los que están probablemente asociados y (C) los que no presentan asociaciones. De esta manera, se observa que algunos sectores se encuentran asociados entre ellos, agrupando dos, tres o aún más unidades residenciales; aunque por otra parte, se encuentran casas aisladas en distintas zonas del sitio (Folan et al. 1983, Kintz 1978, 1985). Las unidades residenciales que presentan una arquitectura importante y que se encuentraron relativamente aisladas sirvieron probablemente como unidades civilesceremoniales entre los barrios, y que coordinaban algunas actividades en este nivel. Estas unidades que se asocian con alojamientos comunales sirvieron probablemente como hogares para el control y la coordinación de estos mismos barrios. Las casas comunales de estos conjuntos estaban en relación y probablemente controladas por las familias de la élite. Estos barrios se transforman de esta manera, en clases de unidades políticas, económicas y sociales (Folan et al. 1983, Kintz 1978, 1985).

Fig. 9 : Zonas de Cobá, según Benavides 1981.

La zona “periférica”, por su parte cubre una superficie de 2 km², e incluye los sectores terminales del sitio, vinculados por los sacbeob con el Norte San Pedro, los Altares, y Telcox, al Este Chan Mul y Mulucbaob, Nuc Mul, Kucican y Kitamna al Sur. Finalmente se encuentran las zonas complementarias de Cobá, que cubren una superficie aproximada de 58 km² y que están divididas en dos sectores, uno denominado “interiores” (de 15 km²) que incluyen los espacios en torno a los sacbeob de este sector y que rodean la zona “fallecercentral”, y otro llamado “exterior” (de 43 km²) que rodea la zona periférica del sitio (Benavides 1981). 2.3. Morfología social La morfología social del sitio de Cobá valoriza dos aspectos fundamentales, la estratificación de las categorías sociales, y la planificación de los distintos grupos sociales en el territorio.

Por otro lado, las casas comunales observadas no sólo se asocian con las casas de la élite, sino también con otras casas comunales o en aislamiento relativo. Aquellas que solamente se agrupan con otras casas comunales, se presentan como unidades políticas, económicas y sociales basadas sobre lazos de parentesco y agrupadas bajo un linaje principal, actuando socialmente como unidad coordinadora y participando en las actividades religiosas (Kintz 1978). Se admite que el modelo de residencia refleja la división de la organización socio-económica global en las clases sociales, bajo el mismo concepto que la red de sacbeob que divide la “ciudad” en secciones políticas y sociales de formas y tamaños variables (Benavides 1981). Las residencias, y las estructuras administrativas y religiosas situadas en, y en torno de ellos, así como el

Antonio Benavides pone énfasis sobre tres categorías sociales principales, una clase I, dónde se encuentran tanto los jefes e intelectuales que podrían haber desempeñado varios papeles (políticos, religiosos y administrativos), así como los comerciantes y los militares de alto rango. Una clase II, representada por los productores indirectos y por los funcionarios no muy jerarquizados, que pueden incluirse como burócratas. En fin, una clase III compuesta tanto por productores directos, principalmente campesinos, así como pescadores, cazadores y esclavos (Garduno 1979, Benavides 1981). Se puede observar, que esta jerarquización social pone en evidencia el control de los medios y útiles de 126

Entidades políticas mayas del Clásico: El caso de Cobá, Quintana Roo. núcleo de la “ciudad”, anuncian las diferencias entre sus habitantes y sus actividades que allí se asocian (Ringle and Bey 1992). Así, los grupos próximos al centro eran ocupados por la clase dirigente; en la zona intermedia los conjuntos de la élite, y que al parecer sirvieron no sólo como lugares sociales, políticos y coordinadores económicos de las actividades de los miembros asociados a los barrios, sino también como centros de actividades religiosas. En la periferia de la “ciudad”, se localizaron los pequeños grupos de casas comunes representan las viviendas de las clases inferiores, organizadas sobre la base de la familia nuclear o la gran parentela. El análisis preliminar de la organización de los barrios y vecindades en la zona de Cobá documenta así la complejidad de las zonas residenciales en los alrededores del centro de la “ciudad” (Kintz 1985). Un modelo concéntrico general podría caracterizar el plan general del sitio y la organización social de Cobá. No obstante, una interpretación más precisa podría determinar que la antigua sociedad podría haber estado organizada sobre la base de la diferenciación de agrupaciones zonales, vecindades y barrios, los cuales reflejaban precisamente la organización política, económica y social de este centro (Folan et al. 1983, Kintz 1978, 1985). 2.4. Las funciones de Cobá Una de las funciones principales de Cobá parece haber sido la función política-religiosa, que se define a través de las distintas estructuras monumentales destinadas a una élite que controlaba, administraba y organizaba la construcción de los edificios, y también que administraba todos los aspectos protocolarios de la vida social en general. Otros elementos, como las estelas describen su presencia y dan prueba de su poder, así como el ejercicio de la coerción sobre la comunidad. Sobre este punto, es importante indicar el reciente descubrimiento en una de estas estelas, efectuada por Nikolai Grube, del glifo-emblema de Cobá (Giorgi op. cit.). Este glifo-emblema de Cobá puede observarse sobre la cara anterior de la estela n°1 (fig.10), en H21-H22 (fig.12), siguiendo el nombre de una gobernante del lugar, cuyo nombre sería, en H20 (fig. 11), “Ixajaw K' awiil” o “Ixik Ajaw K’awii”l. Esta gobernante se encuentra representada con atributos reales y está acompañada por las representaciones de personajes en cautiverio. Este mismo glifo puede observarse igualmente y más precisamente sobre el lado izquierdo de esta misma estela (fig. 13), en W22 (fig.15), que porta como en el caso anterior el nombre de la “reina” “Ixajaw K' awiil” o “Ixik Ajaw K' awiil” en W21 (fig.14). La lectura del glifoemblema no queda totalmente clara, sin embargo se podría leer “IK'/ek' b a? - HO”. La presencia del logógrama IK'/ek, de “negra” y la posible presencia de la sílaba [ b a ] podría transcribirse como EK' [a]b'. Nikolaï Grube fue el primero en ponerlo en relación con el reino o la provincia de Ekab/Ecab que ocupaba la mayor parte de la costa Central y Septentrional del actual Estado de Quintana Roo, hasta la llegada de los Españoles a los XVI siglos (Alfonso Lacadena, comunicación personal).

Fig. 10 : Estela n°1, cara anterior, según Graham y Von Euw, 1997.

Fig. 11 : H20-Ixajaw K’awiil.

Fig. 12 : H21,22-Glifo-emblema de Cobá.

127

Entidades políticas mayas del Clásico: El caso de Cobá, Quintana Roo. Navarrete et al. 1979, Benavides 1981, Robles Castellanos 1976 b). Igualmente, y aunque las funciones económicas, comerciales y administrativas deberían discutirse tomando muchas precauciones, todo parece indicar que este sitio haya centralizado tales funciones. En efecto, el comercio o el intercambio (en particular, a gran distancia) se manifiestan no solamente como una actividad de apoyo, junto a la industria artesanal y la agricultura, para proporcionar nuevos insumos necesarios a la subsistencia, sino como una actividad separada de la actividad productiva general, generando una nueva división del trabajo (y de la sociedad), propiciando la aparición de comerciantes. En lo que toca a los productos destinados al intercambio y al consumo, es importante señalar que este sitio poseía una muy amplia variedad de materias primas y manufacturas, con una actividad hortícola y agrícola intensiva (con el sitio de Ixil), y una grande producción y consumo de productos silvestres como el cacao, la miel, las frutas... (Benavides 1981, Folan et al. 1983). En cuanto a los medios de transporte y conexión entre las distintas plazas y otros sitios, parece lógico que los Mayas de Cobá utilizaron la gigantesca red de sacbeob. Sin embargo, es necesario recordar que el territorio Maya no disponía de animales de carga ni de tiro; el transporte de las mercancías propiamente dicho se efectuaba a “espalda de hombre” sobre muy largas distancias. El transporte, ciertamente difícil, era acelerado por estas vías de comunicaciones excepcionales, cuyo acceso se realizaba por el empleo de rampas importantes, localizadas en puntos bien establecidos. Además, las extremidades de estos de sacbeob se localizaban en lugares que ofrecían la posibilidad de intercambios importantes. No obstante, recordemos que la existencia de verdaderos “mercados” no pudo establecerse todavía en el sitio. Se puede suponer, sin embargo, que el comercio local se organizaba en gran escala, no sólo en la “ciudad” sino también exteriormente, si tomamos en cuenta que numerosos sitios se encuentran en la periferia de Cobá, vinculados al mismo gracias a un sistema de carreteras, permitiendo así una difusión de los productos relativamente fácil. Del mismo modo, nos podemos preguntar si el comercio se efectuaba principalmente en el sitio de Cobá o mas bien en cada uno de los sitios periféricos, incluso si podemos pensar en un comercio establecido sobre el trayecto de los sacbeob, dónde se pueden observar algunas rampas asociadas a plataformas a veces de grandes dimensiones, que pudieron servir a tal fin. Otra hipótesis respecto a estos sitios particulares supone otra función, igualmente asociada con la circulación de productos económicos, y que sería asimilable a la imagen actual de aduana o puesto fronterizo. Es decir puntos destinados al control de los bienes y mercancías que transitaban. Se ha sugerido incluso la idea del pago de un tributo como medida necesaria para poder ingresar en la ciudad, lo cual supone el establecimiento de una función administrativa y coercitiva (Benavides 1981, Folan 1991). Dada la amplitud del territorio, se puede también inferir que el comercio a gran distancia se encontraba desarrollado. Sin embargo, la existencia de sólo dos sacbeob de tipo “regional” parece contrariar esta deducción, a pesar que estos caminos atraviesan varios sitios.

Fig.13: Estela n°1, lado izquierdo y cara posterior, según Graham y Von Euw, 1997.

Fig. 14 : W22-Ixajaw K’awiil.

Fig. 15 : W21-Glifo-emblema de Cobá.

El descubrimiento del glifo-emblema del sitio de Cobá es fundamental, ya que permite justificar la importancia y la función política de Cobá sobre todo un territorio (situación que era ya manifiesta en la importancia de las estructuras arquitectónicas y esculturales presentes en el sitio). Por otro lado, la función religiosa parece también destacarse ante la amplitud de las construcciones de tipo altares, templos-pirámides que caracterizan el sitio, y que condujo a más de un investigador a hablar de Cobá como el “mayor” centro ceremonial y de peregrinaje del Norte de la península del Yucatán (Thompson et al. 1932, Garduno 1979 b, 128

Entidades políticas mayas del Clásico: El caso de Cobá, Quintana Roo. Por el contrario, las vías marítimas habrían desempeñado un rol determinante en el comercio exterior, con intercambios importantes (en particular de conchas y cerámicas) que se realizaban entre Cobá y algunos puertos de la costa del Caribe, como los de Tancah y Xel-hà (Benavides 1976, 1981, Nondedeo 1995, 1998, Robles Castellano 1981).

2.5. La identificación de un Estado a Cobá El elemento principal en la caracterización y la definición de Cobá como un Estado es la presencia misma de un gran centro urbano que constituye el sitio, dónde es fácilmente posible suponer una fuerte centralización del poder. Se trata de un centro que centralizaría funciones sociales, religiosas y políticas, pero también económicas y administrativas. Estas características sugieren que Cobá, más que un centro urbano principal fue una verdadera capital, que controlaba a partir de un único centro, un extenso territorio compuesto de distintas entidades más o menos importantes.

En efecto, en estos sitios se puede observar una neta influencia de Cobá, con la presencia de un tipo arquitectónico similar, e incluso algunos sacbeob. Sin embargo, es necesario tener en cuenta que estos puertos no estarían vinculados directamente con Cobá por el medio de sacbeob, lo que parece confirmar que la influencia de Cobá sobre los mismos no era tan determinante como fue sugerido por algunos investigadores (Robles Castellanos 1981). Por el contrario se supone que estos puertos eran en alguna medida autónomos, principalmente el de Xel-hà, que parece haber sido, durante el período Clásico Reciente, un gran centro de intercambio, recibiendo por vía marítima los productos que venían del Belice, Honduras y de las Tierras Altas de Guatemala, para redistribuirlos luego por Cobá y sus sacbeob, hacia el centro del Yucatán (Nondedeo 1998, Romero Rivera 1991). Lo que podría explicar en parte la arquitectura de tipo Petén de Cobá y Xel-hà, así como la red de sacbeob de Cobá (Nondedeo 1998, Robles Castellanos 1981).

Además, el reciente descubrimiento del glifo-emblema de Cobá aporta una prueba suplementaria en la definición de una estructura política centralizada, cuyos aspectos la caracterizan como un Estado. Por otra parte, se puede constatar la presencia de una estratificación social importante, en un nivel local, refiriéndose a los sitios satélites que rodean el sitio de Cobá, y de una jerarquización según el tipo de sitio y la distancia que los separa de Cobá. Cada uno de estos sitios contaba probablemente con un rango o una función particular, dado que los sacbeob mantenían un orden y eventuales lazos de parentesco y/o políticos, entre grandes familias (Kurjack 1977). En una escala regional, se puede entonces pensar que las familias jerarquizadas estarían asociadas con Cobá, en particular, en lo que se refiere al sitio de Yaxuna, donde lazos de tipo matrimoniales o alianzas pudieron permitir el mantenimiento e incluso la constitución de un extenso territorio, consolidado por este vínculo visible de todos, excediendo posibles vínculos consanguíneos y reafirmando la posición de un sitio sobre otro (Benavides 1981, Lee andNavarrete 1978). De esta manera se presentan así al mismo tiempo, sitios de rango primario (A), secundario (B) y terciario (C) dentro de un mismo territorio, considerando el sitio de Cobá (al centro de una red de sacbeob) como capital política o centro de primer rango, implicando una jerarquía de los sitios organizados espacialmente según el modelo de los centros del Yucatán (Kurjack y Garza 1981). Así, podríamos hablar de sitios de rango A, para los sitios vinculados a Cobá por el medio de los sacbeob regionales. De sitios de rango B, para tratar de los sitios vinculados a Cobá por el medio de los sacbeob zonales, y sitios de rango C para los sitios no vinculados directamente por el sistema de caminos a Cobá. Esta influencia territorial se caracteriza por estos sacbeob, y principalmente por los que conectan el centro con los distintos sitios satélites que rodean a Cobá, y sobre todo por los sacbeob regionales.

De esta manera, se puede admitir que el comercio local se desarrollaba en gran medida, de la misma manera que el comercio a gran distancia. Sin embargo, este último debe considerarse con mucha prudencia, en la medida de que los escasos datos no permiten probar fehacientemente un sistema comercial de gran amplitud. Los análisis por fluorescencia de rayos x de los distintos depósitos de obsidiana presentes en Cobá permiten determinar la procedencia exacta, en este caso el sitio de El Chayal en Guatemala. Esta situación parece repetirse en la presencia de vestigios en jade que parecen proceder del yacimiento de Guatemala (Manzanilla 1987), lo que sugiere elementos suplementarios para hablar de un comercio de larga distancia, más o menos desarrollado. Por último, la función social como el concepto mismo de función política parece ser primordial en la cohesión general, ya que como lo indicamos, los centros mayas eran animados por la supervivencia misma, en un sentido literal, de toda la sociedad, por la viabilidad y la protección de los campesinos y de sus cosechas, de las unidades residenciales encontradas, de los alfareros y albañiles, sacerdotes y escribas... (Rivera Dorado 2000). El papel de los distintos protagonistas del paisaje social (desde el rey hasta el esclavo) era esencial para el funcionamiento de tal empresa, que se manifestaba a través de todas las funciones anteriormente descritas.

De este modo, los extensos sistemas de sacbeob, así como los sitios que ellos comunican, constituyeron un extenso territorio compuesto de una multitud de entidades sociales, garantes de todas las instituciones de un Estado. Las áreas cubiertas por estas calzadas confirman bien la presencia de esferas de influencias y de interacciones, dominadas por centros principales (Freidel 1979). Estos modelos de utilización de energía a través del tiempo y del espacio, indicaban probablemente el control centralizado de

Así, a través de la puesta en evidencia de la mayoría de las características formales y funcionales, pareciera que el sitio de Cobá habría podido constituirse como un verdadero centro urbano o “ciudad”. Además, parecería que Cobá se localizó a la cabeza de uno de los más grandes estados Mayas, y esto, gracias a los distintos elementos que trataremos a continuación. 129

Entidades políticas mayas del Clásico: El caso de Cobá, Quintana Roo.

Fig.16 : Sacbe n°1, Cobá-Yaxuna, según Villa Rojas 1934.

organizada, dirigida por unidades y por lazos de parentesco importantes. Parentescos que facilitaron y reforzaron la posibilidad de efectuar un control económico, político y religioso sobre una gran unidad territorial (Benavides 1981), como se puede ver en numerosos sitios y unidades territoriales de la zona Maya.

los recursos, en el seno de un mismo Estado. Podemos ver así probablemente, a través de estos grandes sacbeob, el esqueleto de los antiguos sistemas políticos mayas y en particular el de Cobá, que permanece uno de los más consecuentes (Kurjack 1977). Al respecto, Benavides (1981) avanza la aplicación del modelo de la teoría del “lugar central” propuesto por Christaller, y aporta algunas explicaciones en lo que se refiere a algunas semejanzas y diferencias entre la distribución, supuesta y real, de los sitios de la zona arqueológica de Cobá, en ejes y zonas geométricas más o menos bien delimitadas. Parece necesario recordar aquí que la teoría de Christaller propone para un lugar a carácter geométrico, una distribución uniforme de la población y del poder adquisitivo; una distribución uniforme del terreno y de los recursos que el ofrece, así como una igual facilidad de transporte en todas las direcciones, donde todos los sitios centrales realizan las mismas funciones y cuentan con las zonas de servicio (regiones complementarias) de misma importancia, además la distancia entre tales lugares centrales sería equidistante. En efecto, la presencia de equidistancias entre el centro y los sitios de periferia, lleva a pensar que la creación del plan de establecimiento humano sobre las zonas dependientes de Cobá, se organizó de manera geométrica, siguiendo probablemente un plan pre-establecido aunque las equidistancias pueden variar de un camino al otro, como de un sector al otro. Sin embargo, algunos puntos de la teoría de Christaller no se adaptan perfectamente a las características de Cobá, en la medida en la que la distribución uniforme de la población y del poder de acceso a los recursos y bienes en una sociedad basada en grandes disparidades sociales es imposible. Además, el principio según el cual todos los sitios tuvieron las mismas funciones, según se trate del centro o la periferia es imposible, en la medida en que estos sitios poseían funciones muy diferentes (salvo si se los integra dentro de un mismo esquema, teniendo como función principal de señalar los límites de la “ciudad”). Joyce Marcus concibe por su parte el mundo político Maya como unidad compuesta de una capital regional rodeada de una red hexagonal (en general) de centros secundarios encerrados al interior de centros inferiores (Marcus 1989), lo que parece vincularse con el sistema de organización territorial de Cobá. Se puede entonces considerar que el establecimiento del sitio y sus dependencias se organizó para asentar el poder de Cobá sobre una zona bien

Este concepto de territorio es así reforzado por el hecho de que ciertamente Cobá fue un gran centro urbano que incluye su propio territorio, pero también por el hecho de que Cobá fue el único sitio Clásico de esta importancia, sobre una superficie territorial de alrededor 6.000 km² (Folan et al. 1983). Este punto, da libre campo a la hipótesis según la cual Cobá sería más que una simple metrópolis, sino una verdadera capital de un Estado perfectamente jerarquizado, cual es lamentablemente difícil determinar hoy su amplitud y sus dimensiones exacta (Benavides 1981, Gallareta 1981). Sin embargo, es posible prever, a partir de las dimensiones del sacbe n°1 que conduce a Yaxuna (fig.16), que la esfera de influencia de Cobá haya implicado un territorio de alrededor 20.000 km² (Folan et al. 1983). Por otra parte, se puede pensar que Cobá, sirviendo de capital política, controló numerosas ciudades importantes, ciudades secundarias y terciarias sobre un sector que se extendió desde la costa del Caribe hasta los límites Sureste de otro Estado que tuvo como capital el potente centro de Chichén Itzá, el cual se le oponía (Gallareta 1984, Andrews and Robles Castellano 1985). Esta afirmación, según la cual Cobá y Chichén Itzá se opusieron, se basa sobre numerosos puntos, en particular, sobre el estudio de la cerámica de Cobá, por entonces difundida sobre un extenso territorio, llegando hasta Yaxuna, pero no superando este límite. En efecto, no se encuentra ningún vestigio de cerámica que apoye la idea de intercambio entre Chichén Itzá y Yaxuna. Este hecho sostiene, en efecto, la hipótesis según la cual esta clase de sacbe regional sería un marcador territorial visible, que culminaría en un centro-frontera, asentando así el poder de Cobá, y delimitando dos importantes zonas de influencia (Andrews y Robles Castellanos 1985, Hoppan 2000, Shuler et al. 1998). Pruebas resultantes de varias campañas de investigaciones en el sitio de Yaxuna permitieron poner en evidencia que numerosos conjuntos arquitectónicos del sitio fueron 130

Entidades políticas mayas del Clásico: El caso de Cobá, Quintana Roo. arquitectónicos (en particular, los sacbeob) o epigráficos, es posible visualizar una determinada trama política dentro de extensos territorios, como se pudo observar en el desarrollo del sitio de Cobá. Sin embargo, el elemento más característico para poder hablar de la presencia de Estados mayas, es indiscutiblemente el glifo-emblema que caracteriza por su presencia, la importancia y la influencia de un centro político sobre los hombres y sobre un territorio.

modificados y concentrados en el extremo del sacbe n°1, constituyendo una densa superficie urbana, entre 3 a 5 km² (más o menos fortificada). Por lo tanto, se podría considerar que el sitio de Yaxuna era más que un centro-frontera, quizás un verdadero puesto militar de avanzada (Freidel 1992a). Además, pareciera que el centro de Yaxuna habría desempeñado un papel importante en la evolución progresiva del “Estado” de Cobá. Ciertamente, las investigaciones preliminares efectuadas en Yaxuna permitieron poner en evidencia que la adhesión de esta a Cobá no se produjo para permitir una alianza real (o que consolidaría una alianza ya existente) dado el casi abandono del sitio antes de las fases de construcciones de este vínculo físico de un centenar de kilómetros. Sin embargo, estas mismas investigaciones probaron que el sitio de Yaxuna parece haber sido reocupado después de la construcción del gran sacbe. Por lo tanto, sería fácil pensar que el poder de Cobá (que elige deliberada y estratégicamente este sitio) haya querido constituir un estado a gran escala, rechazando sus fronteras, y en consecuencia su esfera de influencia, hasta los límites territoriales de Chichén Itzá (Freidel 1992a).

En fin, en cuanto a la caracterización de estos mismos estados, pudimos poner en evidencia numerosos esquemas, como los de los “Estados regionales” de Adams y Jones, las “Ciudades-estado” de Mathews o también el muy cuestionable “Super-estados” de Martin y Grube. Cada uno de ellos parece aportar una solución en cuanto a la caracterización de los sistemas políticos presentes en el territorio Maya. Sin embargo, sus particularidades no permiten prever plenamente lo que pudo ser la estructura de la esfera política Maya. Así, podríamos pensar que varios esquemas evolutivos y teóricos han podido en un mismo momento y en una misma superficie geográfica coexistir e imbricarse entre ellos. Del mismo modo, es posible prever que una misma estructura política haya podido verse desarrollar en su seno esquemas organizativos muy diferentes. Lo que nos conduce a pensar que no habría un modelo general (en el estado actual de los conocimientos) que permite interpretar totalmente los Estados mayas, ni con las antiguas ideas de imperios, ni con ninguna otra, rígida o mecánica, que propondría asimilar la heterogeneidad en una determinada homogeneidad.

2.6. ¿Cobá, “Estado regional” o “Ciudad-Estado”? Si a primera vista, esta pregunta parece simple, su respuesta no es tan fácil dado el hecho que Cobá tuvo varias fases, tanto en la constitución de su centro urbano, como en la constitución de su esfera política. Fases de desarrollo cuyo comienzo puede situarse a partir de las fases cronológicas. Así, y como lo propusimos en el capítulo sobre el estado Maya, pensamos que el Estado de Cobá pudo adaptarse sucesivamente las formas de “ciudad-estado” y “Estado regional” (Giorgi op. cit.). En efecto, pudimos observar a partir de la construcción (en los alrededores del 600 D.C) de los sacbeob regionales (hacia Ixil y hacia Yaxuna) y zonales (hacia los sitios satélite) que Cobá consiguió establecer con éxito un estado estable a gran escala, y esto, durante varios siglos, antes de sucumbir frente a Chichén Itzá (Andrews and Robles Castellanos 1985). Incluso, es probable que Cobá haya podido retraerse hacia una forma oficial menos importante a raíz de los distintos conflictos que le opusieron a Chichén Itzá, conduciendo Cobá hacia una decadencia progresiva, hasta una destrucción total entre el final del clásico y el principio del postclásico (Andrews and Robles Castellanos 1985).

Por último, y a través del caso de Cobá, pudimos definir la presencia de un centro urbano, verdadera sede política, rector de uno de los raros Estados a gran escala de la superficie Maya, que consiguió establecer físicamente y esto durante varios siglos, una esfera de influencia que implicó un territorio de alrededor 20.000 km². Sin embargo, no tenemos aún todas las informaciones que permiten comprender el conjunto de los vínculos que Cobá poseía con los numerosos sitios de su periferia (en particular, los situados en las extremidades de los sacbeob) ni de su esfera política en general. Investigaciones más profundas nos permitirían prever sus funciones precisas. Además, una lectura y estudio más completo de las estelas de Cobá nos permitiría igualmente comprender mejor lo que pudo haber sido el paisaje político de Cobá. La reciente lectura del nombre de una de las reinas del sitio y el glifoemblema que se le asocia, presagia nuevas informaciones que podrán iluminar la historia de Cobá y los vínculos que este sitio pudo mantener con otras entidades políticas del mundo Maya.

Conclusión Lo que se considera como “Maya”, corresponde a un conjunto de pueblos, lenguas y tradiciones culturales heterogéneas, que posee sin embargo características culturales comunes observables sobre una gran variabilidad de establecimientos humanos. Algunos de los mayores centros mayas, “en cuestión”, como las capitales políticas de los distintos territorios, permitieron definir la presencia de verdaderas estructuras estatales. Parece evidente que estos centros no eran los únicos testimonios de los Estados mayas, ya que otros elementos permiten definirlos, y esto gracias al análisis de las esferas de sus influencias, que ponen en relieve una jerarquización estructural entre los sitios que las componían. Además, a través de la observación de algunos vestigios

Agradecimientos Quisiera expresar mis agradecimientos al Dr. Eric Taladoire (Universidad de Paris I Panthéon-La Sorbonne) y la Dra. María-José Con Uribe (Co-directora del proyecto Cobá), por su ayuda y por los consejos que me brindaron. Las opiniones aquí vertidas son responsabilidad exclusiva del autor. 131

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Statuaire préhispanique de l’île d’Ometepe, Nicaragua

STATUAIRE PREHISPANIQUE DE L’ILE D’OMETEPE, NICARAGUA. Rigoberto NAVARRO GENIE*

Resumen : Este artículo reúne información histórica y arqueológica sobre la escultura monumental prehispánica en piedra, de la isla de Ometepe, Nicaragua. Se ordenan cronológicamente las referencias desde la conquista hasta la actualidad, haciendo un apartado sobre los franceses y la escultura de Nicaragua. Un total de 55 esculturas, han sido estudiadas, la mayoría provenientes de colecciones de la isla de Ometepe, del Museo Nacional de Nicaragua y del Smithsonian Museum en Washington. Se proponen posibles interpretaciones y clasificación de categorías iconográficas. La revisión de las publicaciones previas y la reciente investigación desde la perspectiva del contexto arqueológico permitió identificar la procedencia de 36 esculturas (65%) asociadas a 20 sitios diferentes. El análisis de la cronología local versus la procedencia de las esculturas, proporciona una perspectiva temporal para la fase la Paloma (1100-1300 d. C.).

Summary : This work meets historic and archaeological comparative data to the pre-Columbian monumental sculpture in stone of Ometepe Island, Nicaragua. The chronological references are ordered from the conquest until the present time, making a box on the Frenchmen and the sculpture from Nicaragua. A total of 55 sculptures has been studied, the majority from collections of Ometepe Island, National Museum from Nicaragua and Smithsonian Museum in Washington. They offer possible interpretations and classification of iconographic categories. A revision of the facts from the perspective of the archaeological context allowed identifying the source of 36 sculptures (65%); associating to 20 different sites. The analysis of the local chronology and the sites with sculptures, it is therefore possible to proportion a preliminary perspective for the phase "La Paloma" (A.D. 1100-1300).

Introduction L’île d’Ometepe (280 Km²) est la plus grande du lac Cocibolca ou lac du Nicaragua (8264 Km²). Ce dernier est une masse d’eau douce, dont la houle est parfois aussi forte que celle de l’océan. Le lac se trouve sur le versant Pacifique de la république du Nicaragua, séparé de l’océan Pacifique par un isthme de 20 Km; il est relié à la mer des Caraïbes par le fleuve San Juan. (Figures 1-4).

d’Ometepe, représentant moins de 25%; ces estimations, tirées de notre récente recherche sur le sujet, nous amènent à considérer les données publiées comme partielles.

Figure N°1 Localisation du Nicaragua dans le monde Une demi-douzaine de statues monumentales préhispaniques de l’île d’Ometepe sont connues par la littérature. Ces œuvres, uniques sur le plan iconographique, ont contribué à établir le concept connu comme statuaire des styles «Ometepe» selon Haberland (1973) ou «Zapatera» selon Arellano (1980b). Les noms de styles sont dérivés des îles homonymes où ont été trouvées ces statues1. Ces expressions plastiques se caractérisent par la présence d’une coiffure ou d’un masque, en forme d’animal sur la tête de personnages humains, généralement assis sur un banc ou «Duho». Les sculptures préhispaniques de cette région soulèvent plusieurs questions: quelle est la culture qui les a érigées ? Quelle est leur fonction ? Et comment ont-elles été élaborées? Nous ne disposons dans les publications précédentes que d’un corpus incomplet de la statuaire

Figure N° 2 Carte du Nicaragua Dans le présent article, nous avons rassemblé et allons présenter les données dispersées en rapport avec ce thème. Nous tenterons d’établir un Corpus fondé sur une révision détaillée de l’ensemble des sculptures préhispaniques d’Ometepe, d’analyser leur chronologie et d’offrir une tentative d’interprétation de l’iconographie locale, en la replaçant dans un contexte plus large; et enfin nous essaierons d’identifier la provenance et la distribution des sites comportant des sculptures.

* Doctorant à l’Université de Paris I. Chercheur associé à l’équipe d’Archéologie des Amériques, UMR 8096, CNRS et fonctionnaire de

135 l’Institut Nicaraguayen de la Culture. Il fait des études sur le thème de recherche intitulé «Statuaire monumentale préhispanique de style alter ego du Nicaragua et Costa Rica et leur contexte archéologique».

Statuaire préhispanique de l’île d’Ometepe, Nicaragua

1- Problématique d’étude de la sculpture d’Ometepe Les sculptures colossales en pierre de l’aire intermédiaire restent circonscrites à San Agustín en Colombie, à la culture de Barriles au Panamá et à la région du lac Nicaragua. Les sculptures d’Ometepe font partie des ces dernières qui, en général, ne sont pas très bien connues. Comme le mentionne Baudez (2002) il n’existe pas d’inventaire complet des sculptures de la région. Une étude iconographique régionale n’a pas encore été faite, soit en raison de la dispersion de la collection, de l’isolement de cette région, mais aussi par manque d’intérêt pour ce thème. Il est difficile de faire une étude du contexte, puisque les sculptures ont été déplacées de leurs lieux d’origine sans que l’on ait enregistré les contextes, que ce soit au moment de la découverte ou au moment du transport.

catalogues de l’art rupestre d’Ometepe ont été établis par Suzane Baker, Harmut Lettow, Rafael González et Matillo Vila, mais il n’existe pas de catalogue des sculptures. Une synthèse des différents éléments culturels préhispaniques d’Ometepe et de leur relations internes n’a pas encore été faite. Les différences et ressemblances entre la sculpture de l’île et la sculpture de la région du nord du Costa Rica, sont mieux établies que celles existant entre les différentes sculptures des sites de l’île même. Seules les plus grandes et les six plus connues ont été évoquées à l’heure des comparaisons iconographiques par Boyle (1868), Lothrop (1921b), Baudez (1970), Matillo et Furletti (1977), Arellano (1980b). L’unique publication sur l’iconographie de la sculpture d’Ometepe est celle de Haberland (l973), Stone Sculpture from southern Central America. Pour combler le manque d’information, nous avons examiné les sources disponibles et rattaché les données des publications précédentes à celles de notre propre enquête. Nous reviendrons sur ce sujet ci-dessous.

2- Ometepe et son environnement. Au Quaternaire se forment les deux cônes volcaniques qui modèlent l’île. Les dépôts pyroclastiques et sédimentaires ont permis le développement de plusieurs types de sols. (González Rivas, 1995:57). Ometepe était la «terre promise» des Nahua-Pipiles; elle doit son origine étymologique au Nahuat, Ome = deux et Tepetl = montagne. Au niveau mondial, c’est l’île de plus grandes dimensions en eau douce. L’île dont le nom nahuat donne une première approche topographique est une surface volcanique formée par les éruptions et par l’érosion des deux volcans: le Concepción (1630 mètres de hauteur), encore actif et fumant, rejette de la lave de temps à autre. Le Maderas, (1425 mètres de hauteur), avec une lagune dans l’ancien cratère, est éteint. Dans cet environnement naturel lacustre, les terres fertiles enrichies par les cendres volcaniques sont abondantes. Le climat chaud et humide fait d’Ometepe un paradis pour l’agriculture de ceux qui l’ont habité. Les températures fluctuent entre 28°C et 32°C au bord de l’eau et entre 15°C et 20°C au dessus de 400 mètres d’altitude. L’humidité relative est de 77%. Aujourd’hui les habitants de l’île continuent à exploiter ses riches sols, mais se tournent aussi vers le tourisme, qui a commencé autour des années 1990.

Figure N° 3 Lac de Nicaragua ou Cocibolca et son entourage

Figure N° 4 Ile d’Ometepe Les données publiées sur la sculpture d’Ometepe se répartissent sur les 120 dernières années en une trentaine de publications, l’œuvre de dix-neuf auteurs. Ces publications font rarement le rapport entre la sculpture et la céramique, ou entre art rupestre et sculpture. Les efforts pour relier ces éléments archéologiques se limitent soit à une approche chronologique, soit à l’association culturelle, sans argumentation scientifique. Matillo Vila (1973), dans son livre sur l’art rupestre, présente des photographies d’ « idoles» d’Ometepe sans plus de commentaires. Bransford (1881), Bovallius (1886) et Lothrop (1921) établissent des liens non démontrés entre les statues, les monticules et les tombes. Les rares images connues sur la statuaire d’Ometepe sont dispersées dans une vingtaine de publications2. Des 134

3- Ometepe et ses origines culturelles 3.1 - Les groupes autochtones La plus ancienne occupation de l’île a été documentée par l’archéologie. Haberland (1966a) a démontré que l’île était habitée par des populations sédentaires, qui utilisaient une poterie bichrome, depuis 2000 av. J.-C. Ometepe devient une des deux zones3 d’occupation permanente les plus anciennes du territoire nicaraguayen actuel. A l’époque, les habitants d’Ometepe possédaient de rustiques mais efficaces embarcations (Figure 5) pour traverser les 15 km qui séparent l’île de la terre ferme. Postérieurement, différents groupes se succédèrent dans l’île, jusqu’à l’arrivée des Espagnols. Une légende, transmise par l’historien Torquemada au XVIIe siècle, fait état de la migration d’un groupe d’indiens du Mexique, qui descendent vers le Sud. D’après ce récit, le

Statuaire préhispanique de l’île d’Ometepe, Nicaragua groupe vivait dans la région de Soconusco. Ils durent abandonner leur territoire par suite des mauvais traitements imposés par leurs ennemis, «les Olmèques»4. Ces derniers leur imposaient de grands tributs en services et en vies humaines. Après avoir consulté leurs conseillers ou Alfaquies (espèces de Chamans), ils ont fui vers le sud, pour se libérer de ce joug. Le récit situe l’évènement sur environ huit vies d’homme âgé (400 ans ?). La tradition explique qu’un de leurs Alfaquies mourut après vingt jours de voyage. Le deuxième, avant de mourir dans la région du Guatemala dit qu’ils devaient continuer, jusqu’à trouver une grande source d’eau douce au milieu de laquelle ils allaient apercevoir deux montagnes. Ils trouvèrent l’endroit qui est l’actuelle zone de Rivas, mais un autre groupe s’y était déjà établi. Ils repartirent donc pour quelque temps, mais n’ayant pas trouvé d’autre île de deux montagnes, ils revinrent, usant d’un stratagème, en disant qu’ils avaient besoin de Tlamenes (porteurs) pour poursuivre leur chemin. Après avoir obtenu ce qu’ils désiraient, ils tuèrent les Tlamenes et revinrent pour s’approprier le territoire. (Torquemada, 1943 vol. 3 chap 39:331-333)

Figure N° 5, Pirogue en poterie de 500 av. J.-C. Trouvé à l’île d’Ometepe. Photographie R. Navarro Nous savons maintenant que les Nicaraos chassèrent les Chorotegas, et que ces derniers ont dû chasser également leur prédécesseurs avant de conquérir ce territoire peuplé de groupes sud-américains de la famille linguistique «MacroChibcha». Le Nahuat, parlé par les indiens d’Ometepe à l’arrivée des Espagnols, est une langue apparentée au nahuatl des Aztèques et appartenant à la famille linguistique «Uto-Azteca». Actuellement, personne ne parle le nahuat au Nicaragua, mais la linguistique permet la traduction des mots encore présents dans la riche toponymie nicaraguayenne. Les données actuelles ne permettent pas de préciser l’origine des premières populations préhispaniques d’Ometepe. Les études archéologiques suggèrent qu’apparemment ces premiers groupes sédentaires faisaient du commerce avec les régions de l’Atlantique, du Sud et du Nord et qu’il y sont restés jusqu’à l’arrivée des Chorotegas-Mangues. Ces derniers venant du Mexique, (aux alentours de 800 apr. J.C.) se sont installés dans la région. Ils développèrent leur art et continuèrent le commerce avec les deux côtes du continent américain. Puis vers 1200 apr. J.-C. un groupe nahua, les Nicaraos, prit possession des grandes îles et de l’actuel département de Rivas, repoussant les Chorotegas vers Granada, Carazo et la péninsule de Nicoya. Les derniers arrivants imposèrent leurs lois et leurs tributs, mais les échanges culturels continuèrent. Ces échanges se firent à plusieurs niveaux et assez rapidement, car même si les Chorotegas parlaient la langue mangue, ils connaissaient aussi le nahuat, parlé par les Nicaraos. C’est ainsi que les Espagnols ont trouvé la région au XVIe siècle (1519-1521). Ils y observèrent des groupes différents qui avaient mêlé 135

leurs langues et leurs coutumes. C’est pour cette raison que les récits des chroniqueurs ne sont pas toujours suffisants pour établir des différences entre les ethnies locales, notamment entre les Chorotegas et les Nicaraos.

4- Le témoignage des Chroniqueurs 4. 1-Epoque de la conquête (1502-1524) Le territoire du Nicaragua fut découvert le 12 septembre 1502, par Christophe Colomb, durant son quatrième et dernier voyage au Nouveau Monde. Le premier équipage européen à pénétrer ce territoire, était commandé par Gil González de Avila en 1521. Avec cent hommes et quatre chevaux, il marcha depuis le golfe de Nicoya jusqu’aux environs du volcan Mombacho. Cette expédition prit fin rapidement, car elle n’était pas en mesure d’entamer une campagne de conquête face à l’abondante population de la région. Gil González, a sûrement dû observer l’île d’Ometepe, quand il a pris officiellement possession du lac. On sait qu’il est entré dans l’eau à cheval, le drapeau d’Espagne à la main, le 12 d’avril 1521, dans un village près de l’actuel port de San Jorge (Figure 6).

Figure N° 6 Peinture à l’huile sur toile du Peintre Abel Vargas, représentant le dialogue entre Espagnols et Indiens en 1521 Une des premières informations sur les sculptures monumentales du Pacifique du Nicaragua est passée inaperçue, car elle n’a pas été directement reliée à celles-ci. Gil González de Avila écrit, au sujet du Nicaragua, que: «5… los grandes ídolos fueron derribados de suntuosos templos, y la Cruz colocada en el sitio que ellos ocupaban». (Collección Somoza I: 75), ainsi que: «6 el cacique consintió ser bautizado y derribar los ídolos.». (Meléndez 1992: 4). Francisco Hernández de Córdoba est le responsable de la «paix hispanique» au Nicaragua. Il a parcouru la région du Pacifique en 1524, où il fonda les villes de León et Granada, d’où fut gérée la domination espagnole de la province les trois cent ans suivants. Une troisième ville appelée Bruxelles, fondée dans la région de Nicoya, eut une vie éphémère. 4. 2- Epoque de la Colonie (1525-1750) Le chroniqueur espagnol Oviedo, raconte qu’il avait visité une ferme dédiée à l’élevage de cochons, appartenant à Diego Mora et à un citoyen d’Avila, au bord de la lagune Songozana (Ñocarime) face à Ometepe. Il dit que l’île des volcans faisait huit lieues de circonférence et qu’elle était habitée par des indiens. Il ajoute : «On y comptait autre fois une population beaucoup plus nombreuse que celle d’aujourd’hui, répartie en huit villages; elle est très fertile, remplie de cerfs et de lapins... ». (Bénat-Tachot, 2002 :135). Il profite du paysage et dessine l’île7 dans son

Statuaire préhispanique de l’île d’Ometepe, Nicaragua livre Historia General y Natural de las Indias, Isla y Tierra Firme del Mar Océano. Ce dessin qui est la première représentation graphique de l’île d’Ometepe dans les documents occidentaux, (Figure 7), a été reproduit par Bénat-Tachot, (2002 :163). Le nombre de huit villages mentionné peut donner une idée de la population d’Ometepe à l’époque. Par rapport à d’autres populations, nous l’estimons à plus de trois mille personnes8.

Figure N° 7, dessin de l’île d’Ometepe d’après Fernández de Oviedo en 1526 Oviedo enregistre aussi l’interrogatoire de vingt indiens, aux alentours de Granada. Réalisé par Frère Francisco de Bobadilla en 1528 avec l’aide de trois interprètes, il recueille une liste des divinités (Fernández de Oviedo 1851 IV: 372). Il considère les indiens interrogés comme étant des Nicaraos. Cette information ethnohistorique n’a ensuite pas été remise en cause, mais il faudrait revoir cette interprétation, car les indiens interrogés étaient en territoire chorotega, les noms mentionnés sont chorotegas et l’organisation politique décrite ressemble à celle de ce peuple. L’historien Torquemada dans son livre «Monarquia Indiana …», publié pour la première fois à Séville en 1615, signale qu’au XVIe siècle, le lac de Granada comptait six îles habitées dont...«9 la maior fe llama Ometepetl, que quiere decir dos sierras…» (Torquemada, 1943 I cap 39: 331). Torquemada mentionne qu’Ometepe était habité, mais ne donne pas plus d’informations sur ses habitants et leur langue. Les noms nahuat des îles permettent aux études modernes de supposer qu’Ometepe était habitée par les Nicaraos à l’arrivée des Espagnols. Ce n’est pas une raison suffisante pour croire que les Nicaraos aient été l’unique population préhispanique de l’île; par ailleurs, les récits des chroniqueurs assurent que les Nicaraos ont chassé les habitants de Rivas, mais non d’Ometepe. Les preuves apportées par l’archéologie montrent une occupation continue depuis 2000 av. J.-C. A l’arrivée des Espagnols, les peuples du Pacifique des pays actuels du Nicaragua et du Costa Rica partageaient plusieurs éléments communs et peut-être formaient-ils une seule entité culturelle. L’administration espagnole pendant la colonie a suivi de certaine manière la structure indienne. «10Nicoya era solo un corregimiento11subordinado al Alcalde mayor de Nicaragua en 1569» (EUIEA vol. VII:1044). En 1570 fut crée la Audiencia de Guatemala et la région centroaméricaine devint La Capitanía Général du Guatemala ; le Nicaragua et le Costa Rica constituèrent une Gobernación. Entre 1650 et 1753, la région de Nicoya été une « Alcaldía Mayor » toujours dépendant de la Gobernación du Nicaragua. En 1756, le Costa Rica avait sa 136

propre Gobernación. Finalement Nicoya est officiellement intégrée à l’actuelle République du Costa Rica, après 1824, quand l’Amérique Centrale acquière son indépendance de l’Espagne. En 1586, Alonso Ponce parle d’indiens Guatusos à Ometepe et à Solentiname comme étant des descendants de l’ethnie des Coribices. (Rabella, 1995:18). Cela pourrait être une confusion, car le nom Coribices était aussi utilisé pour désigner les indiens insoumis. Le chroniqueur espagnol Antonio de Remesal nous donne une information ethnohistorique relative à une fête indigène dans laquelle un alligator nage en face de la population qui danse sur la plage, le corps peint. A la fin, un homme sort de l’eau alors que personne n’y était entré. Les gens viennent toucher la poitrine et les épaules de l’homme avec révérence (Remesal, 1932:169). L’auteur précise que ces indiens parlaient leur langue, sans donner le nom, et donne la date comme le premier jour de Pâques de l’année 1600. Il appelle ce lieu l’île de la lagune de la province de Nicaragua. Il pourrait bien s’agir d’Ometepe et le village serait alors Altagracia. Remesal croit que l’événement représentait une transformation diabolique. Ce récit est important, car il identifie une population indienne active qui parle leur langue et qui poursuit une tradition d’ordre chamanique à une date précise, pendant l’époque de la Colonie. Les indiens d’Ometepe étaient organisés et actifs au XVIIIe siècle et jusqu’au début du XIXe siècle. Il est donc possible que des rituels indiens se soient perpétués sur l’île jusqu’à cette époque. C’est peut-être une des causes de la conservation des grandes sculptures en pierre. Cette idée est aussi fondée sur l’information suivante. Presque deux cents Caribes, du fleuve San Juan, transportés à Chontales vingt ans auparavant, ont tenté en 1759 de s’installer près du volcan Maderas, mais de violents conflits avec un village voisin les ont obligé à revenir à Chontales (Ayón 1993 III:94 et Romero Vargas 1977:87). Ces habitants agressifs d’Ometepe, sur lesquels les sources ne mentionnent plus rien, sont peut-être les mêmes qui, cent ans plus tard, utilisaient le vocabulaire nahuat, recueilli et publié par Squier (1853a). Ometepe a dû jouer un rôle important dans l’histoire préhispanique. Les Européens ont certainement voulu la coloniser rapidement, pour éviter qu’elle ne devienne un refuge d’aborigènes insurgés. Les actions guerrières furent probablement des interventions brèves; après, quelques Espagnols assuraient la sécurité de l’île pour la monarchie espagnole. Les données confirment qu’Ometepe fut une des dernières régions du Pacifique du Nicaragua dans laquelle les habitants ont perdu leur(s) langue(s) et leurs traditions préhispaniques. 4. 3 - Voyageurs, explorateurs, antiquaires L’île d’Ometepe fut un lieu très visité par les amateurs d’antiquités. Leur attention s’est éveillée au début du XIXe siècle, quand le Nicaragua devient le lieu du projet de réalisation d’une voie trans-océanique, qui aurait relié la côte Atlantique et la côte Pacifique. Les premières publications sur l’archéologie du Nicaragua révèlent l’importance de la statuaire et, malgré la présence des monuments d’Ometepe, l’île de Zapatera attira plus

Statuaire préhispanique de l’île d’Ometepe, Nicaragua l’attention dans les publications. Il est possible aussi que les populations d’indiens de l’île d’Ometepe aient empêché la venue des premiers explorateurs, comme celle de Squier en 1849. Les publications de grande diffusion sur les statues de Penzacola, îlot proche de Granada et de Zapatera, île entre Granada et Ometepe sont celles de Squier (1851c, 1852, 1853b). Même s’il ne mentionne pas les sculptures d’Ometepe, ses successeurs le feront, tels que Boyle (1868), Habel (1878), Flint (1877-1890), Bransford (1881), Meyer (1884), Nutting (1885) et Bovallius (1886). D’autres ont utilisé les descriptions de Squier comme l’Anglais Peter F. Stout (1859) et l'Américain Bancroft (1875). Quelques années après Squier, en 1866, Frederick Boyle fouille des sépultures à Ometepe. Il souligne la différence entre les tombes du Pacifique et celles de Chontales. Boyle fut le premier à associer les statues avec les monticules. Il mentionne les différences stylistiques entre la statuaire du Pacifique et celle de Chontales, (Boyle 1868). Tandis que Habel nous a laissé quelques notions sur les sculptures d’Ometepe, Boyle, Bransford, Flint et Nutting s’intéressent plus aux sépultures de l’île et fouillent des cimetières précolombiens, qu’ils décrivent avec une certaine précision. Le nord-américain Earl Flint qui habita la ville de Rivas entre 1877 et 1890, fit des fouilles pour le compte de l’université de Harvard. Il explora plusieurs sites qu’il décrivit dans des lettres destinées au Prof. F.W. Putnam, actuellement conservées au Peabody Museum. Flint informe qu’au pied du volcan Maderas, il a retrouvé des sculptures dans plusieurs sites, dont un comptant cinq idoles (Flint dans Lothrop 1921, vol 2 apend 1). Nutting (1885) affirme que Flint avait trouvé deux sculptures sur place, et qu’il les fit transporter dans sa demeure à Rivas. Il est possible que la sculpture que Nutting a emmené à Washington soit une de celles qui était dans la maison de Flint. Avec l’appui du Smithsonian Museum, J. F. Bransford fit des fouilles archéologiques sur l’île d’Ometepe en 1872, 1876 et 1877. Il décrit au total dix sculptures à Ometepe, parmi lesquelles trois statues dans le village de Los Angeles, ainsi que quatre autres près des monticules du site de même nom (Bransford 1881:60). Sur le site de Tierra Blanca, à côté du lac, il voit une figure de pierre, sans tête. On lui dit alors qu’une autre sculpture apparaissait quand l’eau du lac baissait, à la saison sèche (Bransford 1881:63). Sur le site les Cocos, il voit une sculpture représentant un homme avec un animal sur son dos, dans un bloc12 en place dans le sol. Il se trouve à environ 90m de plusieurs monticules. Un des monticules est fouillé: il présente un anneau de pierres autour de la base et en son centre, un squelette humain entouré de deux petits objets de terre cuite (Bransford 1881:61). Son rapport intitulé Investigaciones arqueológicas en Nicaragua, a été publié en anglais, en 1881 et en espagnol en 1974. Une des sculptures (Inv N° A062091) décrite par Bransford du site Los Angeles fut transportée par Charles Nutting à Washington (Figure 9). Nutting (1885:911) décrit sept sculptures d’Ometepe. Bransford, dont les travaux représentent le commencement de l’archéologie de terrain au Nicaragua, a décrit des colonnes verticales de basalte de 90 cm de longueur, 137

enterrées jusqu’au niveau du sol et placées entre des sépultures d’enfants sur le site de Santa Helena dans l’île d’Ometepe. Le même type de colonnes fut observé au Costa Rica, (Bransford 1881: 825), et sur le site de Papagayo ( Baudez et alii, 1992). Pendant sa visite à Ometepe, en 1883, Bovallius trouve, en dehors de l’église du village de Los Angeles, deux idoles qu’il décrit comme «13Estatuas de Dioses o de gigantes de tiempos de los Niquiranos. Eran de tamaño menor que el de un hombre, con brazos excepcionalmente largos y con las manos descansando sobre las rodillas, las piernas eran desproporcionadamente cortas. Encima de la cabeza tenía una de la figuras una gorra casco representando una cabeza de jaguar; la otra, una cofia en forma de turbante. Eran monolitos cortados en basálto negro vítreo.» (Bovallius 1977:249). Il doit s’agir de deux des trois que Bransford a observées en 1872 et 1877 ; la troisième avait disparu, ou n’a peut-être pas intéressé Bovallius. Etant donné la précision des observations de ce dernier, nous ne pensons pas que la troisième était encore sur place.

Figure N° 9, sculpture 222, provenance : Los Angeles, Smithsonian Museum. Inv A062091, Hauteur: 120 cm. 4. 4 - Les français et la sculpture du Nicaragua Les données des sculptures furent publiées en français, par Squier, grâce à la Société de Géographie de Paris. C’est en 1850 et 1851 que les descriptions des sculptures monumentales du Nicaragua furent publiées en France. Il s’agit d’un article en deux parties sur la sculpture de Penzacola et Zapatera, intitulé Découverte d’anciens monuments sur les îles du lac du Nicaragua dans le Bulletin de la Société de Géographie de Paris, vol. XIII et XIV. Près du lac Cocibolca, dans la propriété appelée Valle Menier, appartenant à l’industriel français Meunier14, des idoles et des céramiques furent mises au jour par des fouilles dans les champs de cacao (Pector 1888 et 1908). L’encyclopédie Universal Ilustrada Europea-Americana, mentionne qu’une des collections particulières des plus complètes était celle ressemblée par Meunier (EUIEA 1917? vol 38:526). Ces pièces ont été exposées dans la résidence locale, selon Pardinas (1980); plusieurs d’entre elles ont aussi été transportées dans des collections privées de France. Le Comte Maurice de Périgny qui arriva au Nicaragua en 1910, écrit que M. Meunier possédait plusieurs haciendas avec de magnifiques plantations de cacao. Crées depuis 1862, elles «... s’étendent aux environs de cette ville de Rivas, au Valle Menier à San Emilio sur une superficie de 8000 hectares. Les haciendas de San Emilio et Mena sont éloignées d’environ 40 kilomètres du Valle Menier. La culture principale est le cacaoyer, mais à San Emilio il y a une grande ferme modèle avec de

Statuaire préhispanique de l’île d’Ometepe, Nicaragua nombreux troupeaux... le personnel employé dans ces propriétés est d’environ trois cents hommes et femmes.» (Périgny 1911:183). La propriété appelée San Emilio, se trouvait sur le plateau du département de Carazo, à 5 km au sud de San Marcos; elle fut la dernière à être vendue dans les années 1970. Pendant tout ce temps, des administrateurs du nom de Gavinet se sont succédés sur le même poste. Le chocolat Meunier est un élément commun aux collections de Meunier et à celles de ces administrateurs, c’est-à-dire Julius Gavinet et ses descendants. Ces informations permettent de relier certaines pièces venant du Nicaragua;, notamment celles des familles Meunier et Gavinet, dont quelques-unes figurent dans l’inventaire du Musée du Quai Branly, et dans les archives du Musée de l’Homme. Ces objets n’ont pas encore reçu de provenance spécifique (site) dans leurs fiches. Le consul de France en 1892, Désiré Pector fut membre de la commission chargée de préparer le catalogue envoyé par la République de Nicaragua, à l’Exposition HispanoAmericana de Madrid. Cette collection regroupait 166415 objets archéologiques pour la commémoration du centenaire de la découverte de l’Amérique. La plupart des pièces provenaient de l’île d’Ometepe, quelques-unes venaient de Rivas, Solentiname et Zapatera. Une partie de cette collection, soit 535 pièces (du N° 776 au N°1201), appartenait à Julius Gavinet. Dans le catalogue figuraient un total de dix sculptures en pierre, dont deux venaient certainement de l’île d’Ometepe (N° 481 et 483). Celles qui appartenaient à l’Etat nicaraguayen furent données au Musée National de Washington, et se trouvent aujourd’hui au Smithsonian Museum. Pour les autres, faute d’informations nouvelles, il semble qu’elles sont restées en Europe, comme c’est le cas de celles déjà mentionnées qui sont encore conservées dans les musées français.

La contribution de R. Vernau (1920) qui décrivit des statuettes en lave découvertes près du volcan Momotombo, en les attribuant à des immigrés mexicains, devient très importante du fait qu’il est témoin d’une découverte de statuettes faites en matériel moins dur que le basalte et l’andésite; cela permet d’affirmer que les Indiens du Nicaragua préparaient aussi des sculptures en lave. La sculpture en lave a été souvent considérée et classée comme fausse ou comme de l’artisanat post-colonial. Il faut réviser cette conception qui est mise aussi en doute par d’autres découvertes plus récentes de sculptures en lave dans la localité de Port Momotombo, au bord du lac Xolotlan. Guido Martinez (2001) présente des évidence iconographiques sur l’originalité préhispanique de ce matériel. Le jésuite d’origine français, Andrès Rongier, fouilla des tombes à Ometepe, en 1924; il nous a laissé une carte peu connue où il signala ses découvertes et quatre sites qui possédaient des sculptures sur place (Figure 11). Cette carte est la première information de localisation des sculptures de l’île d’Ometepe.

Figure N°11 Croquis de sites à sculptures d’Ometepe d’après Rongier, (1924)

Figure N°10 Sculptures de l’îlot Pensacola, Archipel de Granada. Hauteur moyenne 180 cm Afin de contribuer à l’exposition internationale de Paris, en 1900, les sculptures de l’îlot Penzacola (Figure 10) - les premières découvertes par Squier - avaient été sélectionnées par le gouvernement nicaraguayen pour être envoyées à Paris. Ce projet ne se réalisa pas en raison de problèmes techniques. Même si un effort pour déposer les sculptures au bord du lac avait été fait pour les rendre plus accessibles au moment du transport, elles sont restées encore quelques années sur l’île (Pardinas 1980:19). Ce sont justement celles-ci qui furent les premières de la collection des sculptures du collège Centroamérica, vingt-quatre années plus tard. Le collectionneur Jules Dreyfus acquiert entre autres une sculpture en pierre d’Ometepe. Elle figure dans la publication Nos Petites Amériques (Catalogue 19921993:62). La statue (Inv. T-1277) parvient en France et fait l’objet de don, en 1911 (?) au musée d’art et d’Histoire de Belfort avec huit autres pièces nicaraguayennes. 138

L’îlot Penzacola, fut, en 1924, appelée par Joaquín Gómez Harcoud, «La Marota», du français marotte. Il participe au transport des trois grandes sculptures de l’îlot jusqu’au collège Centroamérica de la ville de Granada, le 14 juillet 1924, (Pasos Arguello 1926). Il est possible que cet homme d’origine française soit celui qui a financé leur transport. En effet, c’est seulement après la visite de Gómez Harcoud que l’on retrouve l’utilisation du nom d’influence française; de plus, c’est le nom par lequel l’îlot est connu aujourd’hui. Raoul d’Harcourt, s’intéressant à Ometepe, décrivit soigneusement quelques ocarinas dans ses publications (1930, 1941? 1951) avec seize photographies. XXe Siècle Les sculptures des îles du lac Cocibolca font aussi partie des analyses de Baudez, notamment dans sa conférence La sculpture monumentale précolombienne du Nicaragua (1963), ainsi que dans l’ouvrage Amérique Centrale (1970). Il mentionne que les sculptures du Pacifique du Nicaragua peuvent être datées entre 800 et 1520 apr. J.-C. et qu’elles étaient associées à des monticules. Baudez les divise en deux styles : celles des îles du lac Cocibolca (Ometepe, Zapatera et Pensacola) et celles de Managua (Momotombito) et plus rarement de l’isthme de Rivas. Il avance plusieurs possibilités pour l’interprétation de l’«alter ego»: esprit gardien, «totem individuel» ou des

Statuaire préhispanique de l’île d’Ometepe, Nicaragua représentations de divinités (Baudez 1970:135). Récemment, Baudez a étudié une sculpture d’Ometepe, prêtée au Musée du quai Branly. Il confirme qu’il n’existe pas un inventaire de ces pièces, que leur signification reste obscure et que leur âge est mal défini, en l’absence de contexte précis. En dépit de ces lacunes, il propose de les situer chronologiquement entre 900 et 1520 de notre ère. (Baudez 2002). Une reconnaissance effectuée par Baudez dans la péninsule de Nicoya, sur les sites de Palmares, Nacascolo, Virador, Manzanillo, El Conchal et Papagayo, lui a permis d’établir un corpus de plus de 55 pièces de sculpture monumentale. C’est justement la présence de sculptures dans le site de Papagayo, qui a été un des critères importants pour y réaliser des fouilles intensives dans les années 1958 et 1959. Au cours des fouilles, plusieurs pierres sculptées furent dégagées, dont certaines se trouvaient en place; le contexte de dix-sept d’entre elles est présenté dans l’article Nuevos aspectos de la escultura lítica en territorio Chorotega, (Baudez 1959). La séquence céramique du Papagayo place le site entre 600 et 1300 apr. J.-C. Postérieurement, 37 sculptures sont présentées dans la publication Papagayo, un hameau précolombien du Costa Rica, (Baudez et al. 1992:83-94). Ces données permettent l’établissement de liens stylistiques et chronologiques entre les sculptures du nord-ouest du Costa Rica et celles des îles du grand lac du Nicaragua. L’expert de la mission française pour les études archéologiques de León Viejo, Frederick Thieck, profite de son séjour pour documenter graphiquement une partie importante des sculptures de Nicaragua. Il publie le Catálogo de ídolos de Nicaragua, en 1971. Thieck présente seulement deux sculptures d’Ometepe lesquelles n’avaient pas été publiées auparavant, (Thieck 1971:161-163). C’est la publication la plus complète en reproductions graphiques de la statuaire préhispanique de Nicaragua. Elle inclut des pièces de petite et de grande taille provenant des lieux publics et de collections privées. Le projet d’en faire un deuxième catalogue incluant l’ensemble des statues des îles du lac de Nicaragua fut annulé, car sa mission s’acheva brusquement, à cause du tremblement de terre qui a ruiné Managua en 1972. Pendant son voyage en 1984, Jacques Kerchache visite les collections de sculptures nicaraguayennes. Certaines de leurs photographies ont été publiés dans l'ouvrage Jacques Kerchache, portraits croisés, Musée du Quai Branly (2003). C’est grâce à lui que quelques années plus tard, les sculptures du Nicaragua trouvent une place à l’exposition du Pavillon des Sessions, au Musée du Louvre. Entre 1984 et 1988, la mission archéologique Française, sous la direction de Dominique Michelet et Frank Gorin, avec la participation du département d’archéologie du Nicaragua a conduit des recherches sur le versant oriental du lac de Nicaragua. Les résultats sont présentés dans deux thèses (Gorin 1989, Rigat 1992), sur l’archéologie de la région de Chontales. Ces travaux ont permis, entre autres, de fouiller une sculpture dans un monticule-atelier de lithique.

139

Sa datation par 14-C est de 1200-1350 apr. J.-C. Ceci donne un placement chronologique pour 12 des 52 sculptures du Musée Gregorio Aguilar Barea de Juigalpa (Rigat 1992). Plus récemment, Jacques Kerchache et Stéphane Martin, du Musée du Quai Branly, sont allés en mission pour évaluer l’importance de la sculpture du Nicaragua et ont visité l’île d’Ometepe en 2001. Christiane Naffah, conservateur en chef et responsable du chantier des collections du Musée du quai Branly, a réalisé une évaluation de six Musées pour améliorer les conditions d’exposition et de conservation des musées nicaraguayens. Cette dernière, à propos des sculptures du couvent San Francisco, écrit: «N’ayant pas d’équivalent, cette collection est unique au monde» (Naffah, 2001: 21). Le dernier archéologue français, dans une mission ayant rapport avec la sculpture, fut Gérald Migeon, qui, en août 2001, a réalisé une évaluation du potentiel archéologique et touristique de l’archipel Zapatera. Il a parcouru les sites de l’archipel, particulièrement ceux sur lesquels a été trouvée la majorité des sculptures: Sonzapote, Punta de las Figuras, Cañas et l’île «El Muerto». Un séminaire sur le réseau des Musées nicaraguayns a été dirigé en août 2003 par Christiane Naffah, Conservateur et Hellène Danovanere, architecte. De ce colloque, se dégage, entre autres, que le Musée du couvent San Francisco, (oú se trouve la collection de statuaire de l’île Zapatera et Penzacola) deviendrait un modèle de musée local. Les dernières visites de fonctionnaires français mettent en valeur l’originalité de ces sculptures uniques au Monde et leurs caractéristiques artistiques exceptionnelles. En même temps, ceux-ci ont attiré l’attention sur l’urgente nécessité des études à mener pour mieux les connaître et pour mieux les conserver dans le présent et pour le futur.

5- Les recherches archéologiques Les recherches d’archéologie régionale se complètent avec les résultats des dernières décennies qui ont contribué à développer les séquences céramique et d’autres domaines liés notre sujet d’étude. Au début des années quatre-vingt, à la suite des conférences de Denver, la typologie céramique du sud-ouest du Nicaragua et du nord–ouest de Costa Rica a été unifiée en une seule séquence qui englobe la sousrégion culturelle appellée « Grande Nicoya ». (tableau 1). Les études de Lothrop, entre 1920 et 1921, ont donné l’occasion d’une publication spéciale des sculptures (Lothrop:1921b et 1993). Ces documents soulignent le manque d’études sérieuses sur le sujet, résument les éléments caractéristiques dans une classification stylistique en sept catégories. Lothrop suggère des relations entre les sculptures du Nicaragua, celles des Mayas et certaines sculptures mexicaines, notamment celles du Chiapas, des hautes terres du Guatemala et de l’ouest du Honduras, ainsi qu’avec les pendentifs en Jade de Costa Rica; il attribua toutes les sculptures du Pacifique aux Chorotegas, soulignant que les sculptures nicaraguayennes ont toujours une forme humaine (Lothrop 1993:143).

Statuaire préhispanique de l’île d’Ometepe, Nicaragua Tableau N° 1 Séquence chronologique Grande Isthme Dates Nicoya de Rivas 1524 apr. J.-C. Période Ometepe 1400 1350 apr. J.-C. 1300 1100 1200 apr. J.-C. 1000 apr. J.-C. 800apr. J.C.

Altagracia

Période Sapoá

...................... San Roque Periode Bagaces

300 apr. J.C.

0 200 av. J.-C.

300 av. J.-C.

Arrivée des groupes Nicaraos. La céramique présente des motifs peints en noir et bleu-gris, sur engobe blanc, qui rappellent le style mixteca-puebla avec des représentations du panthéon mexicain. Une ………… poterie ornée de motifs méso-américains voit le jour … sous le nom de Luna polychrome. En revanche, la San Lázaro céramique sur engobe brun disparaît.

La Paloma ................... Arrivent des immigrants du groupe linguistique oto...................... . ................... mangue, appelés Chorotegas. La poterie est marquée La Virgen . par l’apparition de l’engobe blanc ou crème, sur ...................... laquelle sont peints en rouge orangé, gris vert ou noir Gato ................... des motifs géométriques et d’animaux. L’outillage de Apompuá pierre se diversifie, et l’arc et la flèche font partie de . ...................... la panoplie du guerrier et du chasseur. La statuaire de

700 apr. J.C.

200 apr. J.C.

........……...... San Jorge

grande taille devient une spécialisation artisanale. Apparaît l’orfèvrerie. San Roque

Des céramiques trichromes et polychromes. s’ajoutent aux objets de l’époque. Production ………… d’encensoirs et autres récipients zoomorphes (mi… humain, mi-animal) associant le modelé, le pastillage et l’incision à la peinture de lignes parallèles. Des Metates (meule de pierre pour broyer le maïs) Manantial tripodes rectangulaires, sans bords, sont ornés de motifs de jaguar, de perroquets et de crocodiles. Les morts sont enterrés dans des urnes avec des offrandes.

..……............ ..………..... . Aviles Sinacapa Période . ……........... Tempisque …....……...... . ? ....……....... .

500 av. J.-C. 600 av. J.-C. Dinarte Période Orosí 2000 av. J.-C.

Elements Culturels

Las Lajas

Palos Negros

500 apr. J.C.

Phases Ometepe Santa Ana

Poterie plus élaborée, comprend des statuettes de personnages assis et des représentations zoomorphes d’une grande finesse. Céramique dichrome, décorée de motifs ou présentant des zones délimitées par un trait incisé, puis peintes en rouge ou en brun foncé habituellement sur un fond naturel. A cette époque les pendentifs de jade deviennent populaires. Apparaissent les premières populations permanentes. Pots et vases de forme globulaire alternant le rouge avec la couleur naturelle. Le décor est constitué d’incisions grossières, de cannelures et de bandes poinçonnées. La céramique présente le motif du jaguar. Constructions en matériel périssable. Navigation en pirogues. Culte aux morts qui étaient enterrés sans urnes mais avec offrandes et parures.

Healy Vínculos Haberland 1980 1974 1992 Cadre chronologique de la sous-région appelée Grande Nicoya, du Pacifique du Nicaragua et de l’ilê d’Ometepe. 140

Statuaire préhispanique de l’île d’Ometepe, Nicaragua Le premier volume de Pottery of Costa Rica and Nicaragua (Lothrop, 1921a) comporte une classification préliminaire, et des hypothèses de délimitation des aires culturelles, tandis que le deuxième volume localise de nombreux sites sur lesquels existaient des sculptures. Une des informations qui ont contribué aux connaissances des origines des sculptures du Pacifique de Nicaragua est celle de Richardson (1940:404-405), qui suggère que d’après leur style les statues suggèrent une association avec les Chorotegas. La connaissance des enterrements préhispaniques d’Ometepe débute avec le travail de Boyle (1868), Bransford (1881), Meyer (1884), Bovallius (1886), Rongier (1924), David Sequeira (1938) puis celles de Haberland, (1966a, 1966b, 1971) Schmidt (1973), Zelaya Hidalgo et al (1974). Les fouilles de Meyer et Rongier n’ont pas fait l’objet de rapports détaillés, et celles de Sequeira sont des sondages non scientifiques qu’il décrit dans sa publication de 1942. Une synthèse des coutumes funéraires précolombiennes du Nicaragua, fut préparée par Cotton (1998). Elle utilise les données disponibles sur les publications en France. L’archéologue allemand Wolfgang Haberland fouilla en 1958, près de Moyogalpa une sépulture qu’il interpréta comme étant celle d’un chaman, (Haberland 1961). Il revint avec Peter Schmidt en 1962 et 1963, et ils retrouvent cinquante trois sites archéologiques dans ce qu’ils appellent l’essentiel de l’île. Ensuite, ils ont fouillé dix sites: La Paloma, Noche Buena, Los Hornos, Tierra Blanca, San Antonio del Norte, Chilaite, San Roque, Los Angeles, San Lázaro et La Providencia. Les résultats ont été diffusés dans 24 publications entre 1961 et 1992. Ces études ont été orientées vers les modes d’occupations, les modes de sépultures, la présence de statuaire et de pétroglyphes. Ils apportent la séquence la plus ancienne du versant pacifique, débutant vers 2000 av J.-C. (Haberland, 1966). Gordon Willey et Alfred Norweb en 1961 fouillent le site La Cruz à Ometepe. Ils ajoutent leur matériel à ceux des six sites de l’isthme de Rivas pour établir les premières séquences chronologiques de Rivas et d’Ometepe (Norweb 1964). Arellano (1980b) inclut de son côté dans son étude des statues de Zapatera, des données de Nutting, Squier, Bovallius sur l’île d’Ometepe. Dans un article sur la sculpture, l’ancien directeur, du Musée National de Nicaragua, Joaquín Matilló Vila, propose une hypothèse; pour lui, les sculpteurs préhispaniques d’Ometepe et Zapatera étaient de la même ethnie. Il présente sept photographies de quatre sculptures d’Ometepe, (Matilló Vila 1973:16,23,28,53). Postérieurement en 1977, avec un artiste plasticien italien, passionné par les sculptures, René Furletti, ils publient Piedras Vivas. Ils présentent six sculptures d’Ometepe, parmi lesquelles une sauterelle (Figure 12) en pierre verte de 10 cm; et un pendentif «ave hacha» (oiseau hache). Figure N° 12, Sauterelle en Jade trouvée à Ometepe, Hauteur 25 mm. Collection privée Managua. Photographie: U. Richters Ce livre offre de bonnes photographies, tirées de diverses collections. 141

Suzanne Baker et son équipe ont travaillé pendant sept ans, entre 1996 et 2004, à faire l’inventaire d’art rupestre du volcan Maderas. Une publication est en préparation, qui aidera à comprendre l’iconographie, les relations culturelles et peut-être chronologiques de ces abondants16 éléments archéologiques de l’île d’Ometepe. Un apport préliminaire de leurs travaux fait l’objet de l’article Arte Rupestre de Nicaragua, (Baker 2004). Une mission de supervision du Patrimoine Culturel en mars 2001 constata la présence d’une nouvelle tête de statue dans la localité de Balgues, près du volcan Maderas. Cette tête a été trouvée sur un monticule préhispanique de terre et pierres (Navarro 2001). Postérieurement à 2003, d’autres sculptures ont été repérées. Nous reviendrons plus tard sur ces dernières découvertes de sculptures monumentales dans l’île d’Ometepe. Les recherches de Navarro Genie, sur la sculpture ont analysé et mis en évidence la présence de pigments rouges, hématite (FeO2), trouvés sur la sculpture monumentale de l’île de Zapatera (Navarro 2002a, 2002b, 2002c). Il est possible que cette pratique de peindre les idoles ait existé à Ometepe. Peindre en rouge les sculptures était une habitude parmi les Indiens qui ont peuplé la région jusqu’à l’arrivée des Espagnols. Le laboratoire du Louvre a pris de micro échantillons de la sculpture d’Ometepe exposée au Pavillon des Sessions, mais les analyses sont encore en cours. Le résultat des analyses pourrait confirmer que la pratique d’ajouter des pigments se faisait aussi à Ometepe.

6- Ometepe et la résistance aux collectionneurs Les habitants racontent qu’ils ont conservé leurs sculptures préhispaniques en face de l’église du village, parce que «ces objets sont là pour décorer l’église17». Ils ont été obligés à plusieurs reprises de manifester pour empêcher que les idoles ne soient sorties de l’île. Le dernier effort a eu lieu dans l’année 2000, quand le gouvernement avait conclu un accord avec le Maire d’Altagracia pour prêter, pendant deux ans, une statue au Musée du Quai Branly. Le lendemain soir, un groupe de citoyens a enlevé les idoles, exposées sur le trottoir en face de l’église. Ils les ont emportées dans la cour de l’église et scellées dans des socles de béton. Le Maire ne pouvait envahir la propriété de l’église, il a donc annulé l’accord préalable. De cette situation, nous pouvons tirer deux leçons: - il existe depuis long temps un sentiment fort d’appartenance communale attaché aux sculptures et même si les images préhispaniques n’ont plus de signification pour les villageois, elles représentent une approche du sacré chez les habitants d’Ometepe. La première tentative de transférer une sculpture à France a eu lieu au cours de l’année 1900. Cent ans après, une sculpture de Chontales est arrivée à Paris. Elle est resté pendant deux ans au Musée du Louvre. Puis elle a été remplacée, par une pièce d’Ometepe, que l’on peut encore observer à l’exposition du pavillon des Sessions. Cette dernière est originaire du site d’El Corozal sur le volcan Maderas; elle fut transférée sous les ordres de la famille Somoza, dans leur ferme de Merida, puis après 1960, avec une autre, elles furent emmenées dans la maison de Luis Somoza à Managua. Elle arriva au Musée National de

Statuaire préhispanique de l’île d’Ometepe, Nicaragua Nicaragua en 1991, tandis que l’autre a été envoyée au Musée d’Anthropologie de la ville de Rivas. Les sculptures ont donc plutôt eu tendance à demeurer sur l’île. Mais certaines personnes, pourvues de moyens financiers et techniques, les ont transportées, soit entières, soit cassées sans leur prolongation inférieure. Ce fut le cas de la sculpture que Nutting a transféré aux Etats Unis en 1883. On retrouve encore des fragments de sculptures sur certains sites ; ces vestiges sont en train d’être déplacés sans contrôle. Malgré la loi et l’apparente résistance face aux collectionneurs, le pillage de la sculpture et des sites archéologiques n’a pas cessé.

7- Le Corpus et la distribution des sculptures d’Ometepe Les informations sur la sculpture peuvent être divisées en catégories : - Celles qui mentionnent des sculptures sur un site sans description de pièces et sans quantité totale: Rongier dans Arellano (1980c), Flint (1870-1890), Lothrop (1921, 1993). - Celles qui mentionnent la quantité de sculptures sur un site, mais sans descriptions : Meyer (1884). - Celles qui donnent des descriptions de certaines pièces sans quantité totale (Thieck (1971), Matillo (1972), Girard (1976b). - Celles qui mentionnent les sites, les quantités et les décrivent: Bransford (1881), Bovallius (1886), Haberland (1973, 2003), Navarro (2001b). -. Celles qui en décrivent quelques-unes en détail. Nutting (1883), Baudez (1970, 2002), Schmidt (1963). Tableau N° 2 Données statistiques sur les sites et les sculptures d’Ometepe Dans la Recherche Total Variables Littérature Récente Sites 15 13 28 documentés (54 %) (46 %) Sites 11 9 20 Identifiés (55 %) (65 %) Quantité 128 33 161 de statues (79,5 %) (20,5 %) mentionnées Statues 27 28 55 identifiées (49 %) (51 %) Images disponibles 24 20 44 de statues (55 %) (45 %) differents Statues identifiées 13 23 36 associées (36 %) (64 %) aux sites Statues identifiées 9 10 19 sans site de (47 %) (53 %) provenance Suite à notre enquête, 128 sculptures ont été repérées dans les sources disponibles. En dépit de récits divers, de descriptions incomplètes et de rares illustrations, vingt d’entre elles ont été bien identifiées. Ceci coïncide avec les informations de Haberland (1969b). Grâce à une 142

communication avec le Dr. Wolfgang Haberland, nous avons complété la documentation de onze statues, puis nous avons élargi le corpus de vingt-huit nouvelles sculptures (18 retrouvés sur l’île d’Ometepe, 8 dans les archives des musées et trouvées dans les publications) suite à notre récente recherche sur place. Le tout nous donne un corpus de 55 sculptures différentes de l’île d’Ometepe. D’après ces chiffres, l’estimation des sculptures connues à plus que doublé (Tableau 2). Pour la colonne « dans la littérature » il s’agit des sources écrites, mais les sources consultées récemment sont très variées: des archives et collections des Musées, lors des entrevues pendant les visites des collections privées. L’ensemble de ces informations est synthétisé sur ce tableau. Les sites identifiés sont ceux qui sont directement associés aux sculptures. Les pourcentages ont été calculés par variables. La colonne “recherche récente” reprend les données qui n’ont jamais été publiées. Les statues associées aux sites sont celles qui ont été trouvées “in situ” ou par témoignage des informateurs locaux. Le tableau 2 montre que les données de la récente recherche sont aussi importantes pour l’établissement du corpus et pour la distribution des sculptures, que les données antérieures. L’ensemble devient très important pour aider à comprendre le contexte des sculptures. Le total des sites qui comportaient des sculptures était de vingt-huit, selon les auteurs. Le résultat de l’analyse des données permet d’établir qu’il s’agit en réalité de vingt sites différents. Ensuite, cinquante cinq sculptures ont été différenciées, dont quarante quatre sont illustrées, par des photographies, ou des dessins. Trente six d’entre elles, soit 65%, sont associées aux vingt sites. Dix neuf sculptures identifiées restent sans provenance. Oú sont ces sculptures ? Elles se trouvent actuellement disséminées: il en reste 26 sur l’île; sept sont exposées dans la cour de l’église d’Altagracia, trois au Musée du même village, trois dans la collection de Ligia Garcia à Moyogalpa, trois dans une collection privée d’Altagracia, trois au Musée National de Managua. Il y en a même une dans un couloir à la Mairie de Granada. Certaines sont conservées dans des collections privées, quelques-unes aussi à l’étranger, notamment au Musée de Hambourg, au Musée Smithsonian de Washington, au Musée des Beaux Arts de Belfort, France. Une dernière, prêtée par le Musée National de Nicaragua, est visible au Pavillon des Sessions du Musée du Louvre (Tableau 3). Une sculpture en os a été documentée par Haberland (1992: 86) ; dans la même publication, il présente un fragment d’une petite sculpture en pierre (féminine ?); pour laquelle il ne donne pas de dimensions et de numéro d’inventaire; mais elles se trouvent au Musée de Hamburg. Ces objets trouvés en fouille peuvent peut-être aider à la compréhension des concepts créatifs des groupes préhispaniques d’Ometepe. 7. 1- Les sites de provenance des sculptures. La plupart des données publiées ignorent les sites précis des trouvailles. Ceci est contradictoire par rapport à la précision apportée pour les sites de céramique et d’art rupestre (Haberland 1966, 1992; Matillo 1973, Baker 1999, 2001,

Statuaire préhispanique de l’île d’Ometepe, Nicaragua 2004). La plupart des sites ont été désignés de différents noms, par les divers auteurs. La provenance des sculptures devient un problème, lorsqu’il faut étudier le contexte original, alors qu’il s’agit d’une territoire de 280 km². Pour y arriver, il a fallu, dans un premier temps, identifier les sites qui avaient encore des sculptures. Dans un deuxième temps, il a fallu établir le corpus de sculptures de chaque site, en tenant toutefois compte des risques de répétitions de pièces venant de sources différentes dans le temps. 7. 2- Procédure pour établir les sites de provenance des sculptures - Préparer une liste de tous les sites archéologiques connus à Ometepe. - Séparer les sites qui avaient ou qui ont été signalés comme source de sculptures. - Vérifier sur des cartes de différentes époques les sites susceptibles d’engendrer une répétition de nom. - Réunir les noms correspondant aux mêmes endroits géographiques. N°

216

Identification précédente HA1973 f 14, 2003 f 4/ WI 1974, f 220/ NA 2001 HA1963 f –5 / HA 2003 f –5 Haberland 2003 f -8 Haberland 2003 f 9 Navarro 2004 N°3 HA 2003 f 1 NA 2003 ME1883/HA2003 f 2A /SC1963 HA 2003 f- 6 Navarro 2003 Navarro 2003 Navarro 2001 Navarro 2004 Haberland 2003 f 10 HA 1969 f124, 1974 lam 93/ BD= 1963, 2001/ MN= 1-773 BNN=1960/ TH 162-164/ N°108/GI1976/ HA2003 f13 Navarro 2003

217

Haberland 2003 f 12

218 219 220

Haberland (1992 :86 f 4.10) Navarro 2003 Navarro 2003

221

Haberland 2003 f 15

222 223 224

NU:1885:911 / SM=62091 BO (1977:277)/ RO 1924 Rongier 1924

225

Navarro 2003

226

HA 2003 f 16 / NA 2003

227

NA=2003

201 202 203 204 205 206 207 208 209 210 211 212 213 214 215

228 229

HA 1973:f 14, 2003, f 3 / MA 1993:61/FA 1999 NF2001 Bransford (1881:61)

Site de provenance

- Préparer la liste des sites différents qui comptaient des sculptures. - Préparer la carte des différents sites, déterminés comme étant des sources de sculptures. 7. 3- Procédure pour établir le corpus de sculptures de chaque site. - Rassembler les sculptures et leurs descriptions par rapport aux sites identifiés et non identifiés. - Analyser les descriptions similaires selon chaque site, pour éviter des répétitions. - Etablir un corpus de sculptures pour chaque site. - Identifier les sculptures différentes qui n’ont pas de sites de provenance Une fois reliées les deux procédures mentionnées, cela donne comme résultat l’identification des sites à sculptures (tableau N°4) et le Corpus des sculptures d’Ometepe. (tableau N° 3).

Tableau N° 3 Sculptures préhispaniques de l’île d’Ometepe Localisation Hauteur en Image actuelle centimètres Existe

Taguizapa (Om-42)

Église d’Altagracia

Taguizapa (Om-42) Taguizapa (Om-42) Taguizapa (Om-42) Taguizapa (Om-42) Altagracia (Om-48) Altagracia (Om-48) Altagracia (Om-48) Balgues Balgues Balgues Balgues La Primavera (Om-45)

Musée d’Altagracia à baie en 1962-63 à baie en 1962-63 Col Privée, Ometepe église de Altagracia église d’Altagracia église d’Altagracia Musée d’Altagracia Hotel Charco Verde, Ometepe Hda.d’Agustin Guzmán, Balgues Hda. de Flor Sequeira, Balgues In situ, Cerca de la costa? Pavillon des sessions El Corozal (Om-36) Musée du Louvre Ancien Ministre des Affaires El Guineo (Om-22) Etrangers, Managua El Guineo (Om-22) Col privée, Ometepe à Merida en 1963 La Palma (Om-25) Musée de Rivas San Roque (Om-8) Museo de Hamburgo San José del sur Hotel Charco verde, Ometepe La Cruz Col. Privée, Ometepe La Muñeca In situ en 1963 (Om-53) Col Agustin Salazar ? Los Angeles (Om-9) Smithsonian Institution Los Angeles (Om-9) Non connue Loma de San Pedro (Om-49) Non connue Col Privée, Altagracia La Flor (Sans Tête) Tierra Blanca Hda. Ligia Garcia, Tierra Blanca Col. Ligia García, Moyogalpa Tierrra Blanca (Tabinacapa) (Sans Tête) San José del Norte

Église d’Altagracia

Los Cocos

Non connu 143

190

Oui

192 63 54 84,50 121 61 78 75 82 42 h, 56 lar 57 125

Oui Non Non Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui

220 cm

Oui

240

Qui

50

Oui

155

Oui

? 31 160 ?

Oui Oui Non

62

Oui

120 150 ? ?

Oui Non Non

+75

Oui

h=135,L=60

Oui

91 cm

Oui

181

Oui Oui

Statuaire préhispanique de l’île d’Ometepe, Nicaragua 230

SC 1963 HA 2003, f 14 / RO

231 233 234 235 236 237 238

SM Inv A 028831 Navarro 2003 Navarro 2004 Navarro 2004 Navarro 2003 Navarro 2003 TH 1971 214 /MA 1973:58 TH 1971:192-161N°107/ BO: (1977:277)?RO?

239

Chilaite (Om-7), playa de pueblo Viejo Sta. Helena San Silvestre San Silvestre San Silvestre Ometepe, site non identifié Ometepe, site non identifié Ometepe, site non identifié

Non connu

?

Non

Smithsonian Institution Musée d’Altagracia Col Privée, Ometepe Coté nord église Altagracia Col. Ligia García, Moyogalpa Casa Cural, Moyogalpa (piedestal) Non Connue

? 65 117 210 67 40 70?

Non Qui Oui Oui Oui Oui Oui

Ometepe, site non identifié

Mairie de Granada

138

Oui

75

Oui

83H,Diam 66 23 53 21 H=31Ep= 14 42 ? ? 130 H=121Lar=33 H=152Lar=77 H=70 71 + 95 76

Oui Oui Oui Oui Oui Oui Non

240

Haberland 2003 f 17

Ometepe, site non identifié

241 242 243 244 245 246 247 248 249 250 251 252 253 254 255

Haberland (2003,f 2B)NA: 2003 Matillo et Furletti 1977:42) Matillo et Furletti (1977:132) Matillo et Furletti (1977:84) CPA 1992-1993 SM Inv. 413974 SM Inv. A 255917 SM Inv. 017283 NA : 2003 MN N°1-765 MN N°1-775 Navarro 2004 Navarro 2004 Matillo 1973:53: Navarro 2004

Ometepe, site non identifié Ometepe, site non identifié Ometepe, site non identifié Ometepe, site non identifié Ometepe, site non identifié Ometepe, site non identifié Ometepe, site non identifié Ometepe, site non identifié Ometepe, site non identifié Ometepe, site non identifié Ometepe, site non identifié San Ramón ? Ometepe, Ometepe, site non identifié Ometepe, site non identifié Altagracia (Om-48)

à Moyogalpa en 1962/3 fragment de partie basse église d’Altagracia Col R. Furletti Col Guiseppe Valenti à Acahualinca en 1977 Musée de Belfort, France Smithsonian Institution Smithsonian Institution Smithsonian Institution église d’Altagracia Musée Nacional de Nicaragua Musée Nacional de Nicaragua Musée d’Altagracia Casa Cural Altagracia ( bloc) Non Connue Casa Cural d’Altagracia

BO : Bovallius MN : Musée National du Nic TH : Thieck

AR: Arellano FU : Furletti et Matillo Col. : Colection

FA : Falk et Frieberg NA : Navarro MM : Musée Barbier Mueler

NU : Nutting BD : Baudez GI : Girard

SM: Smithsoniam Museum

HA : Haberland

MB : Musée Belfort

BA: Baker

BR : Bransford

ME: Meyer

BCN: Banco Central de Nic

SC: Schmidt

RO : Rongier

BN: Bancrof

MA : Matillo Vila

WI : Willey

NF : Naffah 2001

CPA : Cat Petitées Amériques

N° SITE STATUES POURCENTAGE 1 Los Angeles (Om-9) 2 3,63 2 Tierra Blanca (Om-5) 2 3,63 3 Chilaite (Om-7) 1 1,81 4 Taguizapa II (Om-42) 5 9,10 5 El Guineo (Om-22) 2 3,63 6 La Palma (Om-25) 1 1,81 7 Altagracia (Om-48) 4 7,27 8 La Primavera (Om-45) 1 1,81 9 El Corozal (Om-36) 1 1,81 10 Balgües 4 7,27 11 San Silvestre 3 5,45 12 La Flor 1 1,81 13 San José del Norte 1 1,81 14 San José del Sur 1 1,81 15 Los Cocos 1 1,81 16 La Muñeca (Om-53) 1 1,81 17 San Roque (Om-8) 1 1,81 18 San Pedro (O-49) 1 1,81 19 Santa Helena 2 3,63 20 La Cruz 1 1,81 Sites non identifiés 19 34,54 Total 55 99,87

Tableau N° 4 Tableau des sites à sculptures dans l’île d’Ometepe 144

Non

Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui

Statuaire préhispanique de l’île d’Ometepe, Nicaragua n’avons pas trouvé d’étude de ce type dans la bibliographie consultée. Douze des vingt sites archéologiques identifiés dans le tableau N° 4 peuvent être reliés aux données chronologiques. Le tableau N° 5 montre que les occupations préhispaniques qui ont livré des sculptures coïncident avec les phases: Gato (1000-1200 apr. J.-C.) et Paloma (1100-1300 apr. J.-C.).

8- Sculptures et Chronologie Un article de synthèse à propos de la statuaire non maya de l’aire intermédiaire et de la frontière sud de la MésoAmérique, attribue aux sculptures du Nicaragua une datation de 500 à 1200 apr. J.-C. (Olsen Bruhns 1982:152-153). Elle mentionne les représentations de divinités mexicaines telles que Tláloc, Ehecatl et Mictlantecutli. Par ailleurs, Doris Stone propose que la totalité des statues de Nicaragua date de la période classique mésoaméricaine (300-900 apr. J.-C.). Cette datation a été suggérée par la présence de céramique de type Potosi appliqué sur un monticule de pierres associé à deux sculptures d’Ometepe, (Stone 1972). Cette affirmation, basée sur une observation isolée, ne peut pas être validée pour toute la région.

Une sculpture trouvée dans son contexte original, dans la localité de Chilaite (environ 8 km au NW d’Altagracia), a permis à Schmidt (1973), de dater cet art de 1100 à 1300 apr. J.-C. Elle a été datée par apport aux céramiques, trouvées dans le même niveau stratigraphique. Des sculptures porteuses d’une iconographie semblable, notamment par la représentation d’alligator, ont été trouvées à Papagayo par Baudez (et al. 1992). Celles de Nicoya, Costa Rica, sont moins grandes en taille, mais avec des motifs similaires à celles des statues des îles du lac du Nicaragua. Baudez a tenté de donner une chronologie à cette statuaire : il les situe entre 800 et 1520 apr. J.-C. (Baudez 1970 et 2002). Un sondage localisé autour de l’emplacement original d’une sculpture, sur le site Sonzapote (île Zapatera) a permis d’obtenir la première datation absolue de la sculpture du Pacifique du Nicaragua. La surface initiale de l’excavation présentait beaucoup de pierres globulaires et plates qui faisaient partie du calage de la sculpture. La prolongation inférieure de la statue No. 21 reposait dans le niveau 8 (90 cm de prof). Ce niveau a fourni deux échantillons de charbon dont un a été l’objet d’analyse au Centre des Faibles Radioactivités (France). Le résultat donne la date de 1325 apr. J.-C., plus au moins 45 ans. Ceci coïncide avec la datation de 1200-1400 apr. J.C. d’une sculpture trouvée en fouille sur le site El Cobano, à Chontales (Gorin, 1989), ainsi qu’avec la chronologie de 1100-1300 apr. J.-C. proposée par Haberland (1973), pour Ometepe. La céramique retrouvée sur le site Sonzapote est par ailleurs représentative des périodes allant de Bagaces (500-800 apr. J.-C.) jusqu’à Ometepe (1350-1520 apr. J.-C.).

Chilaite (Om-7) Pueblo Viejo Los Angeles (Om-9)

X

X

X

X

X

X

X

Tierra Blanca (Om-5) San Pedro (Om-49) Loma de San Pedro

X

X

Hda de Balgues

X

San Roque (Om-8) Altagracia (Om-48) Tabinacapa El Corozal (Om-36)

X

X

X

X X

X

X

X

Taguizapa II (Om-42)

X

San José del Norte

X

La Primavera (Om-45) El Guineo (Om-22)

X X

La Palma (Om-25 ?) La Muñeca (Om-53)

X

X X

Los Cocos Total de sites par phase

Les études de la céramique contribuent à la datation des sculptures par deux moyens: l’association à des types céramiques chronologiquement définis et aussi par des comparaisons iconographiques. L’iconographie des metates et des objets en or et jade peuvent également fournir des comparaisons avec les sculptures en pierre. Cependant nous 145

Sans Chronologie

Sites

Phase Dinarte 2000-500 av J.-C. Phase Angeles 800-300 av. J.-C. Phase Sansacapa 200 - 1 av. J.-C. Phase Manantial 1- 500 apr. J.-C. Phase San Roque 500 – 950 apr. J.-C. Phase Gato 1000-1200 apr. J.-C. Phase Paloma 1100- 1300 apr. J.-C. Phase San Lazaro 1300-1400 apr. J.-C. Phase Santa Ana 1400-1550 apr. J.-C..

Les sculptures ont été chronologiquement associées à une période postérieure aux années 800 apr. J.-C., et antérieure à l’arrivée des européens, (Haberland 1969b, 1973, Baudez 1970, 2002 et Navarro 2002b). La belle céramique polychrome, datée de la même époque, est fréquente sur les sites de provenance des sculptures.

Tableau N° 5 Sites de provenance de sculptures versus chronologie locale. Phases chronologiques d’après Haberland 1966

X 1

1

2

3

3

2

6

1

3

Adaptation d’après Rongier (1924), Bransford (1881), Haberland 1963, 1971, 1992 2003), Navarro (2001), Baudez 2002).

4

Statuaire préhispanique de l’île d’Ometepe, Nicaragua L’apparition de sculptures monumentales semble commencer à la phase San Roque (500-900 apr. J.-C.). Une rupture au niveau de la phase San Lazaro (1300-1400 apr. J.C.) vient rompre l’occupation continue des sites à sculptures, qui finalement sont réoccupés lors de la phase Santa Ana (1400-1550 apr. J.-C.). Les données du tableau 5 indiquent la distribution des sites à sculptures selon les phases chronologiques autour des phases Gato et Potrero, contemporaines de la période Sapoá (800– 1350 apr. J.-C.). Les colonnes voisines montrent la faible concentration des sites comportant des statues. L’analyse du tableau 5 nous montre que les données chronologiques les plus sûres sont évidemment celles des sites fouillés. Parmi les dix sites où ont été trouvées des sculptures, six ont des datations obtenues par l’étude de collections de surface et quatre d’après des fouilles: Los Angeles, Tierra Blanca, Chilaite et San Roque. Ce dernier site ne présente pas d’occupation sur la colonne grisée, du tableau 5 et sa sculpture est de petite taille. Les données du tableau 5 sont de valeur inégale, car la connaissance des sites n’est pas toujours standardisée. Il faut bien considérer que des hiatus chronologiques peuvent exister, car la majorité des sites a été datée par une seule collection de surface. Malgré ce défaut, nous pouvons, grâce à ce tableau, proposer des datations relatives pour les sculptures des sites suivants: Angeles et Tierrra Blanca de la phase Gato (1000-1200 apr. J.-C.). Les sculptures des sites Taguizapa, El Guineo et celles du site La Palma, peuvent appartenir à la phase Santa Ana (1400-1500 apr. J.-C.).

- Chilaite et Altagracia montrent des occupations isolées, mais en même temps ces deux sites partagent une occupation commune lors de la phase La Paloma (1200– 1300 apr. J.-C.). - Le site La Palma est le seul occupé durant La phase San Lazaro (1300 -1400 apr. J.-C.). Cette phase constitue donc bien une sorte de rupture temporelle. Ce changement est tout à fait normal, car il coïncide avec l’arrivée des Nicaraos. Ensuite Chilaite, San Roque et Altagracia ont été réoccupés pendant la phase Santa Ana (1400-1500 ap. J.C.) D’après les données des tableau 5 et 6, il semble que l’art de la sculpture en pierre d’Ometepe débute aux environs de 500 apr. J.-C. avec des petites pièces. Il atteint le sommet du développement des pièces monumentales entre 1100 et 1300 apr. J.-C. En synthèse, la corrélation entre sculptures et sites permet de proposer des dates à peu près certaines pour les sculptures de sept sites; deux autres sites méritent une meilleure précision. Ces propositions s’ajoutent à celle du site de Chilaite, déjà daté par le travail de Schmidt (1963).

Tableau N° 6 Sites/ Statues vs phases chronologiques SITES

Los Angeles (Om-9) Tierra Blanca (Om-5) Chilaite (Om-7) Taguizapa II (Om-42) El Guineo (Om-22) La Palma (Om-25) Altagracia (Om-48) Tabinacapa La Primavera (Om-45) El Corozal Om-36)

STATUES

PHASES CHRONOLOGIQUES

2

Gato (1000-1200 apr. J.-C.)

2

Gato (1000-1200 apr. J.-C.)

1

La Paloma (1200-1300 apr. J.-C.)

1

La Paloma (1200-1300 apr. J.-C.)

1

La Paloma (1200-1300 apr. J.-C.)

1

La Paloma (1200-1300 apr. J.-C.)

2

San Roque (500- 950 apr. J.-C.) La Paloma (1200-1300 apr. J.-C.) Santa Ana (1400 -1500 apr. J.-C.)

1

San Roque (500-950 apr. J.-C.)

1

Manantial (1- 500 apr. J.-C.)?

Figure N° 13 et 14, sculpture 214, Inv 773-1. Femme portant une masque d’oiseau. Hauteur: 250 cm, (piédestal 75 cm). Photographies de R. Navarro et Musée du Quai Branly

9- L’iconographie Parmi les cinquante cinq sculptures identifiées, trente sept apportent des données iconographiques. Le style de la sculpture d’Ometepe correspond à l’ensemble de plus grande distribution géographique d’Amérique Centrale, selon la classification faite par Haberland (1973: 135). Ce dernier classe la sculpture d’Ometepe comme étant de type Ometepe dans le style «Lake». Cette distribution doit être élargie d’après les connaissances actuelles. Le style qu’Haberland appelle «Lake» est documenté dans le département de Matagalpa, au nord du lac de Managua, particulièrement sur les sites de Sébaco et Río Blanco, (Navarro 1999).

La distribution des sites à statues, tout au long de la chronologie d’Ometepe, montre ainsi le schéma suivant. - trois sites, Balgues, Taguizapa et El Guineo, présentent une occupation à la phase la Paloma, (1200-1300 apr. J.-C.). - deux sites, Los Angeles et San Roque, pourraient éventuellement avoir développé une tradition de sculpture assez tôt, au début de notre ère. 146

Le motif principal dans l’île d’Ometepe est celui de l’anthropomorphe avec un décor ou une coiffure d’animal sur la tête d’un humain. Cette caractéristique a été nommée «alter ego». La plupart des personnages (50%) des statues monumentales se trouvent en position assise avec le regard de face. Ils ne portent pas ou peu de vêtements. Leur support est une base, avec une prolongation inférieure ou «piédestal», non décoré qui peut présenter une forme phallique; cette forme permet la stabilité de la pièce (Figure 13). Les individus sculptés sont des adultes des deux sexes.

Statuaire préhispanique de l’île d’Ometepe, Nicaragua A la différence de Baudez (2002) qui dit que les figures féminines sont rares, les représentations de femmes pourraient être relativement nombreuses. Girard, (1976:1245-1246) présente une liste de six figures féminines des îles du lac du Nicaragua.

Un exemple en est la sculpture présentée au Pavillon des Sessions au Musée du Louvre; d’autres exemples sont celles des Figures 14 à 20, sur lesquelles on voit des masques relevés qui rappellent le théâtre précolombien «El Güegüence18» vieux du XVIe siècle (Figure 21) et les figurines en terre cuite de la période Sapoa (Figure 22). Figure N° 19 Sculpture 217 du Musée de Rivas. Hauteur 155 cm. Photographie R. Navarro

Figure N° 15 et 16, sculpture 228. Homme assis sur un Duho portant une masque d’oiseau. Hauteur: 190 cm. Photographies de C. F. Baudez et R. Navarro La position de figures humaines assises a une signification de noblesse dans les códex nahuas: peut-être la sculpture présenterait-elle le même concept. Cette hypothèse est corroborée par la représentation de petatl ou natte qui se trouve sur la sculpture N°4 (B-12) du couvent San Francisco, Granada et originaire du Site Sonzapote. L’utilisation des Duhos, ou petit banc, comme celui représenté sur la sculpture d’Ometepe (Figures de la 14 à la 20) a été attestée par Fernandez de Oviedo (1851-1855 Chap XXI) dans un groupe Chorotega de Nicoya. Le Duho n’était utilisé que par le Cacique. De plus, une figure d’idole assise représentait le dieu du cacao dans le village de Tecoatega et des danseurs portant des masques d’oiseaux participaient à la fête (Bénat-Tachot 2002:206). Dans les populations actuelles des groupes Mayangna de la côté Atlantique, l’homme-médecine utilise cette sorte de siège (Hurtado de Mendoza 2001).

Figure N° 17, sculpture 214. homme portant une masque de jaguar. Hauteur: 190 cm Photographies de R. Navarro

Figure N° 18, sculpture 225. Fragment de sculpture portant un masque d’animal. Hauteur: 117 cm

Les représentations d’animaux semblent être des masques qui permettent d’illustrer la dualité du personnage, de montrer sa dimension humaine et sa dimension divine ou un pouvoir magique que l’animal donne à l’homme. Une interprétation Chamanique ne devrait donc pas être écartée. 147

Figure N° 20 Sculpture 239. Hauteur 138 cm Photograph ie R. Navarro

Les masques qui recouvrent la partie supérieure des sculptures sont des animaux typiques de l’environnement naturel local: alligator, aigle, serpent, jaguar, coyote. Parmi les sculptures d’Ometepe sans coiffure, quatre portaient un pendentif (Figure 23, 24, 25), et une autre une jupe et l’empreinte d’un bracelet sur le bras gauche (Figure 14).

Figure N° 21 danseurs traditionnels du théâtre « El Güegüence ». Photographie de Wilmor, Lopéz

Figure N 22, Figurine en terre cuite de Nicaragua qui montre une masque sur la tête. Collection Privée Londres

Figure N° 23 et 24, Sculptures 255 et 207 portant un colliers et des grosses boucles d’oreille. La sculpture 207 porte un objet dans les mains. Hauteur: 76 et 89cm. . Photographies R. Navarro La coiffure zoomorphe bicéphale et à bande incisée est présente sur quatre sculptures (Figures 23, 24, 25, 26). Elles ressemblent à la sculpture 21 de Sonzapote, île de Zapatera.(Figure 27) Il s’agit de coiffures qui représentent peut-être des serpents à deux têtes, symbolisme associé aux dieux de l’eau dans les cultures mésoaméricaines. La même symbolique a été trouvée sur des pendentifs d’or en Chontales et au Costa Rica, et également sur des pendentifs de jade trouvés à Estelí, Nicaragua (Figure 28). Des décorations semblables, sur des objets d’or, ont été

Statuaire préhispanique de l’île d’Ometepe, Nicaragua interprétées comme étant des chamans par Fernández (1999). Une stèle totémique (Figure 29) représente un individu assis sur un duho zoomorphe, avec un casque en forme de jaguar, et une décoration postérieure jusqu’à hauteur des épaules. Les bras sont en angle droit, collés au corps et les mains sur la poitrine. Une tête de reptile est placée entre les pieds. La base est décorée de cinq lignes horizontales incisées. Elle a été publiée par Thieck (1971), Girard (1976 :1224,f 2) et par la banque nationale du Nicaragua (BNN) sur le billet de cinq cordobas de l’année 1960. Selon Baudez (1970), le fait que cette statue soit tellement différente des autres ne permet pas de la considérer comme préhispanique, mais Matillo Vila présente deux photographies d’un fragment (Figure N°30) d’une sculpture semblable, trouvée à Ometepe, dans le livre Ometepe isla de círculos y espirales, (Matillo Vila 1973: 53). Tableau N° 7 Principaux Motifs de la sculpture d’Ometepe N° de Motifs identifiés Quantité % motifs 1 Anthropomorphe, 20 54% avec des animaux sur la tête 2 Anthropomorphe, 5 14% avec une coiffure bilatérale 3 “Pot Belly” 1 3% 4 Anthropomorphe, sur 3 8% bloc rectangulaire 5 Anthropomorphe, 6 16% en ronde bosse sans coiffure 6 Zoomorphe 2 4% 99 % Total 37

Figure N° 25, Sculpture 206 De visage carré avec une coiffure bilatérale portant un collier et des grosses boucles d’oreille. Hauteur : 121 cm.

Figure N° 29 Sculpture 215. La tête d’un homme émerge de la gueule d’un jaguar et un serpent sort entre les jambes. Photographie: F. Thieck

Figure N° 30 Sculpture 254. Fragment de sculpture portant un objet à la main gauche, un serpent sort entre les jambes. Photographie: J. Matillo

Figure N° 31 Sculpture 243, style «Pot belly». Hauteur: 53 cm. Photographie: U. Richters

Figure N° 32 Sculpture 229. Bloc de pierre sculpté d’un alligator, d’après Bransford 1881.

Une forme non caractéristique est la pièce de la collection de la famille Valentti (Figure 31); il s’agit d’un bloc globulaire, sur lequel se trouve un individu assis, les bras sur un gros ventre (Thieck 1971:132). Elle évoque les pièces connues comme Pot Belly du Guatemala, d’Honduras et du Salvador. Sa présence à Ometepe oblige à revoir la distribution de ce type de sculpture qui d’ailleurs, d’après Escamilla (2004), trouve sa représentation la plus méridionale à Copán, Honduras. D’après la chronologie, le site avec des sculptures certainement plus anciennes pourrait être Tierra Blanca. En effet, un style différent se dégage de ses sculptures, qui ont un aspect plus massif et présentent des coiffures plus élaborées. Les sculptures de Tierra Blanca et Los Cocos sont les seules à montrer l’animal tout seul. (Figure 32).

Figure N° 26, Sculpture 211 De visage carré avec une coiffure bilatérale. Hauteur : 42 cm. Photographies : R. Navarro Genie

Figure N° 28, pendentif en Figure N° 27, sculpture 21 Jade trouvé à Estelí. (7.5 de Sonzapote, portant cm). Collection privée, coiffure bilatérale avec deux Managua Photographie :U. serpent. Hauteur 248 cm Richters 148

L’affinité avec la plastique maya que Krickeberg observe en 1922, sur les sculptures du Pacifique du Nicaragua, le conduisit à en déduire que les Chorotegas avaient réalisé ces statues (Krickeberg 1946:312). Cette relation avec les Chorotegas peut être admise par rapport aux données archéologiques et ethnohistoriques, mais nous ne trouvons pas un lien clair entre la sculpture monumentale du Nicaragua et l’iconographie maya. Une des choses les plus frappantes concernant les sculptures de cette région est la dualité entre la force iconographique que projette la coiffure et la simplicité de décor chez l’élément anthropomorphe. Ceci incite à penser que la représentation humaine ne servait que de support des représentations zoomorphes. L’importance et le choix de sculpter essentiellement la partie supérieure apparaît clairement. Du point de vue technique, le choix de laisser un piédestal devient aussi une caractéristique iconographique qui n’a pas été remarquée auparavant. Cette

Statuaire préhispanique de l’île d’Ometepe, Nicaragua caractéristique n’est pas vraiment nécessaire pour garantir la stabilité des grandes sculptures, puisque leur propre poids suffit pour qu’elles tiennent parfaitement debout.

10- Conclusions Les études récentes montrent que la quantité de sculptures est beaucoup plus importante que celle qui était connue auparavant. Dans cette étude, nous avons établi que 66% des sculptures d’Ometepe peut être reliée à ses sites d’origine. Nous avons cerné les données des sites et la distribution des statues pour rassembler un total de 20 sites de provenance, donnée qui n’était pas du tout claire dans les informations publiées précédemment. L’établissement d’une liste de sites qui ont livré des sculptures et notre propre enquête sur place, nous ont permis de différencier les nombreuses descriptions des «idoles» et d’établir un corpus de 55 sculptures de l’île d’Ometepe, soit six fois plus que ce qui était connu auparavant; 44 d’entre elles possèdent des images et 37 peuvent être étudiées d’après les données iconographiques. Nous avons aussi intégré les sites et les sculptures en pierre d’Ometepe à la chronologie céramique de chaque site et cela nous a donné la possibilité de proposer des datations pour onze sculptures au lieu de deux mentionnées par Baudez (2002) et Schmidt (1973). Nos propositions de datations coïncident avec ce dernier, à propos du développement de la sculpture monumentale en pierre pendant la phase La Paloma (1100–1300 apr. J.-C.) ; les sites comportant des sculptures sont en décroissance pour la suite de la période Sapoá (800–1350 apr. J.-C.). Nous avons noté la possibilité d’une évolution notable dans la sculpture en pierre sur au moins deux sites: Los Angeles et San Roque et vérifié une rupture de l’occupation au niveau de la phase San Lazaro (1300-1400 apr. J.-C.). Les propositions de datations établies dans ce travail doivent être confrontées prochainement avec des études approfondies de certains sites et avec des analyses de 14-C, si c’est possible. Par ailleurs, une étude concernant le peuplement doit être réalisée à partir des données ethnohistoriques. La fréquence du style alter ego dans la sculpture de l’île d’Ometepe a été augmentée considérablement. La relation entre les sites et leur poterie confirme que la culture des Chorotegas possédait d’importants centres de développement de la sculpture monumentale en pierre, qui mérite bien d’être reconnue comme des œuvres uniques de l’Amérique précolombienne. Ces centres, considérés comme étant plus spécifiquement des lieux destinés à des rituels, nous les considérons plutôt comme des villages et certains situés au bord du lac, comme des ports d’échanges à courte et grande distance. Par ailleurs, des traditions de sculptures venant du nord et du sud ont été retrouvées à Ometepe, ce qui démontre des échanges culturels avec les populations de toute l’Amérique Centrale. Le rapport du chroniqueur Remesal, sur la tradition d’un homme et de sa transformation en crocodile est peut être une évidence de la tradition chamanique précolombienne à Ometepe. En tout cas, elle n’est pas la seule pour le Nicaragua, car Fernandez de Oviedo a aussi présenté des récits semblables dans le chapitre XVII de l’ouvrage Nicaragua en los cronistas de Indias, (Fernández de Oviedo (1851-1855) et Bénat-Tachot (2002). Les sculptures seraient 149

alors les représentations d’un pouvoir spirituel, associé aux animaux mythiques de cette culture. A l’avenir, les recherches futures sur la sculpture d’Ometepe doivent approfondir les connaissances particulièrement sur les sites qui n’ont pas encore été raccordés à une des phases chronologiques: San Pedro, San José del Norte, La Muñeca et Los Cocos, ainsi que les sites Altagracia, El Corozal et La Primavera pour lesquels il n’est pas encore possible de proposer une chronologie certaine de leur statuaire.

11- Sculptures et conservation Cent cinquante-cinq ans se sont écoulées depuis les premières découvertes et les tentatives pour sauvegarder les connaissances relatives aux sculptures monumentales de Nicaragua. Il n’est pas sûr que l’on pourra restituer les concepts véritables qui ont poussé les sculpteurs à produire ces pièces extraordinaires, mais nous avons l’obligation de les aider à survivre et à traverser les siècles de la meilleure manière possible, comme ce fut un jour le désir de nos ancêtres. Il faut agir pour la protection et conservation des statues car elles sont en grand danger. Les sculptures qui se trouvent à Altagracia et Moyogalpa ont un besoin urgent de mesures de conservation. Ces pièces, uniques au monde sont exposées aux éléments naturels et aussi au vandalisme. Si cela continue, elles seront définitivement endommagées et il est très possible que dans vingt ans, peut-être moins, les effets du temps soient irréversibles. Ce serait regrettable, en particulier pour celles qui se trouvent dans la cour de l’église d’Altagracia car deux d’entre elles justement sont certainement les pièces monumentales entières les mieux conservées de l’art préhispanique en pierre d’Ometepe et du Nicaragua.

Remerciements Nous remercions tout d’abord le Professeur Eric Taladoire, notre Directeur de Recherche à l’Université de Paris I, pour ses précieux conseils, le Dr. Claude Baudez, pour ses conseils et ses soutiens et aussi le Dr. Wolfang Haberland pour ses utiles et opportunes informations. Clemente Guido pour les discussions fortes intéressantes, qui m’ont fait avancer sur le sujet. Nous tenons à exprimer tout particulièrement nos remerciements aux mairies de Altagracia et Moyogalpa pour leur soutien et à la famille Vargas, particulièrement à mes amis Abel et Jorge Vargas pour leur appui sur l’île d’Ometepe. Nous souhaitons remercier également Ligia García, de l’exposition archéologique de Moyogalpa. Nous remercions Madame Christiane Naffah, conservateur en chef du musée du quai Branly et Gérald Migeon, archéologue conservateur du Patrimoine du Ministère de la Culture à Strasbourg, qui ont effectué la relecture du texte et m’ont orienté avec leurs conseils. Notre collègue japonaise, Fumie Iizuka, m’a procuré des articles américains. Enfin nous souhaitons étendre nos remerciements à tous les amis qui ont participé à la lecture notamment à Viviane, Catherine et Alexis.

Notes Notes 1

Navarro (2001b: 43a) a documenté 89 sculptures dans l’île voisine de Zapatera.

Statuaire préhispanique de l’île d’Ometepe, Nicaragua

3

l’autre est celle de Managua, (Espinoza, 1995). Il s’agit ici des Olmèques historiques, ou Olmeca Xicalancas 5 Les grandes idoles furent détrônées de somptueux temples et la croix fut plantée à leur place. 6 Le cacique a accepté d’être baptisé et de détrôner les idoles. 7 Ce dessin ne figure pas dans les publications postérieures en espagnol 8 En utilisant les données des populations de la zone de Granada-Rivas apportées par Fernández de Oviedo. 9 «...la plus grande s’appelle Ometepelt, qui veut dire deux montagnes… », Torquemada, (1943 I cap 39: 331). 10 « Nicoya était seulement un “corregimiento” subordonné au maire du Nicaragua en 1569» (EUIEA vol.VII :1044). 11 Administration indigène d’un partie du territoire. 12 De 53cm de longueur, 38cm de largueur et 9cm de hauteur. 13 Statues de dieux ou de géants du temps des Nicaraos. Ils étaient moins hauts qu’un homme, avec des bras exceptionnellement longs et les mains qui reposaient sur leurs genoux, les jambes étaient courtes et mal proportionnées. Une d’entre elles portait sur la tête une coiffure qui représentait une tête de jaguar; l’autre portait une coiffure en forme de turban. C’étaient des monolithes en basalte noir. ». (Bovallius 1977: 249). 4

14

Propriétaire de l’industrie de Chocolat Menier en France 15 Les colliers ont été retenus comme des objets, même si la quantité des perles était signalée, ce qui d’ailleurs n’était pas toujours le cas 16 Dans la publications de Matillo Vila (1973), plus de 2000 symboles sont recensés. 17 Communication orale de Santos Alvarez, 2003, habitant, âge de 60 ans, de Taquisapa, Ometepe. 18 Pièce de théâtre précolombienne originaire du Pacifique du Nicaragua, écrite originalement en langue nahuat ; dans la quelle les personnages sont coiffés avec des masques d’animaux.

150

CONTINUITY AND VARIABILITY OF THE MORTUARY CUSTOMS Continuity and Variability of the Mortuary Customs Pattern in Central Andean… PATTERN IN CENTRAL ANDEAN AREA BETWEEN THE MIDDLE CERAMIC AND THE FINAL FORMATIVE PERIODS.* Vincent CHAMUSSY “En esto [manera de enterrar sus mortos] ay una gran diferencia: porque en una parte las hazian Hondas, y en otra altas, u en otra llanas y cada nacion buscaua nueuo genero para haze sepulchros de sus difuntos”(Cieza de Leon, Cronicá del Perú)** “ We cannot discuss the social functions of the tombs without also discussing what they meant” (Ian Hodder, 986:34)

Résumé : Dans toutes les sociétés, le mode d’inhumation est chargé d’un sens symbolique très fort, si bien que son changement peut être interprété soit comme un remplacement de population dans une région donnée, soit comme une évolution ou une rupture des conditions socio-politiques d’une société donnée. La proportion de la population inhumée/inhumante, la position des corps et le mobilier funéraire changent radicalement entre les sociétés égalitaires de chasseurs-collecteurs du Pérou, et les sociétés du Formatif, au moment où on voit apparaître une élite de prêtres-chefs. On n’enterre plus les morts ordinaires, les inhumations sont réservées à l’élite et apparaissent les premiers caveaux en pierre ou en adobe, avec un riche mobilier. Enfin, d’autres formes de traitement des corps, encore plus lourdes de signification, ont évolué au cours de ces périodes: sacrifices humains (d’enfants notamment), utilisation propitiatoire de parties du corps, peut-être anthropophagie rituelle. A partir de la Période Intermédiaire Ancienne, les coutumes funéraires changent de nouveau et on retrouve de très nombreuses inhumations en grands cimetières.

Resumen : En todas las sociedades, el modo de inhumación está cargado de un sentido simbólico muy fuerte, por lo tanto su cambio puede ser interpretado como un reemplazo de población en una región dada, o como una evolución o una ruptura de las condiciones socio-políticas de una sociedad determinada. La proporción de la población inhumada/”inhumante”, la posición de los cuerpos y el ajuar funerario cambia radicalmente entre las sociedades igualitarias de cazadores-recolectores del Perú, y las sociedades del Formativo, cuando aparece una elite de sacerdotes-guerreros. Ya no se entierran los muertos ordinarios, las inhumaciónes están reservadas a la élite y aparecen las primeras cámaras de piedra o adobe, con un rico ajuar funerario. En fin, otras formas de tratamiento de los cuerpos, con una significación más fuerte, han evolucionado durante estos períodos: sacrificios humanos (de niños particularmente), utilización propiciatoria de partes del cuerpo, tal vez “antropofagía ritual.” A partir del Período Intermedio Temprano, las costumbres funerarias cambian nuevamente y se encuentran numerosas inhumaciónes dentro de grandes cementerios.

I-

PREAMBULE

The starting point of this study is the acknowledgment that several large graveyards and numerous burials ( more than six hundred) dating back to the Preceramic Period have been found in Central Andean Area, when only few (in tens) dating from the Early Horizon have been found in spite of a tremendous population increase. For instance, there is not any burial in the famous and reference site of Chavín de Huantar, considered by many archaeologists as the ‘cradle of Perúvian civilization’. One can wonder that in such a famous shrine, where thousands of pilgrims have stayed, where a large permanent group of priests and clerks used to live for nearly eight centuries to secure the service of the shrine and the subsistence of the pilgrims, not one evidence of burial have been found in spite of almost one century of excavations! Climatic upheavals or caused by man and taphonomy are not sufficient to explain why almost all burials of

that period Climatic upheavels or caused by man and taphonomy are not sufficient to explain why almost all burials of that period would have disappeared, when those of the anterior and posterior periods remain. This study is then first aimed to examine variations of the ‘buried population’ in relation to the ‘burying population’ (total population), in Central Andean Area between the Middle Preceramic and Final Formative or Early Horizon Periods (roughly 8000 BC-200 BC). Such a variation can be sourced only in deep shifts of the collective mentalities of the successive populations and the corresponding changing behaviours toward their deceased. We call these behaviours ‘deceased body handling pattern’ which means ‘ all the different ways the human being manipulate the body of his fellow human being when deceased’, or in a more concise way ‘ mortuary gesture’ whatever it is.

* This article is based on the “Mémoire de DEA” ( Chamussy 2002) but has been actualised in July 2004, according to the

more recent researches. ** CIEZA de LEON P. 1553, Cronicá del Perú, primera parte:153 capitulo lxii, folio 8ç, Pontifica Universidad Catolica del Perú

(ed)[1984]: 194: “ there are great differences [in the way of burying their deceased], because in some places, they buried them into the ground, at other times they put them on heights, sometimes they leave them on the surface of the ground, and every nation look for a new way to build on the burial to bury their deceases”

Continuity and Variability of the Mortuary Customs Pattern in Central Andean… In order to study these ‘mortuary gestures’ and their changes through the time, we rely basically on mortuary structures In In order to study these ‘mortuary gestures’ and their changes through time, we basically rely on morturary structures (content and container or grave) and the bone remains scattered all over the archaeological sites. Thus we intend, in a first stage, to work out the diachronic and spatial variability or the ‘mortuary gesture’. Then, in a second stage, we will look for the reasons of such collective mentality shifts and their meaning in terms of socio-political evolution. This variability can be divided in variant defined as “the various forms coexisting in a same périod

Tot.

Total nb. of sites Number of mortuary sites. * Nb of sites with burials ** Nb. of sites with burials nb. known *** Number of burials

group” or variation defined as the expression of a change in the relationship between members of a given society (LeroiGourhan 1945[1973]). To achieve this task, taking into account the specificity of the studied area, we have set up a specific typology adapted from Crubézy (2000), and have built up a data base with criteria selected from various anthropological theories related to mortuary practices (Binford 19711, Bartel 1982, Duday et Sellier 1990, Ucko 1969) . We found the expression of such a ‘ mortuary gesture’ in 90 of the 175 studied sites2, according to the breakdown of table 1.

Middle Cotton Initial Preceramic Preceramic Period not (PC) (PCC) Cupisnique (PI nonC.)

Initial Early Formative DR Period Horizon Ecuador (Eq) Cupisnique (HA) F (Eq) (PI C)

175 90

22 17

30 18

51 22

29 17

32 12

10 3

1 1

86

17

16

21

17

11

3

1

78

16

14

19

16

10

2

1

1301

662

223

149

158

51

116

30

Table 1- breakdown of the burials * Sites where a ‘mortuary gesture’ is found whatever it is, even without the number of burials’ clear indication. ** Sites with graves even without the number of burials’ clear indication. *** Sites with graves with the number of burials clear indication (taken into account for the calculation of the number of burials by site). 1- GEOGRAPHICAL FRAME AND CHRONOLOGY The studied region is divided in three distinct areas (see map in annex): • The Guyaquil Basin and Santa Elena peninsula in Ecuador, under the influence of the warm equatorial stream. This region has been the cradle of the civilizations of Las Vegas ( Preceramic 8000-3000 BC), Valdivia, Machallila and Chorrera ( Formative Period: 3000-300 BC); • The coast of Perú (from río Piura to Paracas Peninsula), with a width of 20 to 50 kilometers, under the influence of the cold Humbolt Pacific stream, almost totally desert , but cut off by about fifty coastal permanent or semipermanent rivers; • The Andes mountain, divided according to the altitude in four areas: -Sierra, between 4500m and 7000m high, uninhabited and without farming and breeding; -Puna, between 3.500 and 4500 m high, where camelids are bred and several tuber plants ( potatoes, ullucu, oca, etc..) are grown, cradle of the first human occupations of the central Andean area soon after the withdrawal of Pleistocene glaciers (10,000-8000 BC); -Inter-mountains valleys, where most of the highland population is located and where are grown staples such as maize and aji; - In Ecuador, north of Piura, the Sierra gently slopes down and the parano (Ecuador puna) is cut off by large river basins.

The climatic conditions and sea level of the Perúvian coast stabilized around 5500-5000 BP, as the maritime transgression caused by the Pleistocene glaciers melting ended. Between 12.000 and 5000 BP, the sea level raised approximately a hundred meters, over flooding a strip of land of 10 to 50 kilometres and all preceramic sites located in that strip3. An important climatic factor which influenced human settlement on the coast is the alternation of humid periods in the sierra and the coast. Whereas during austral summer (October-May), it rains in the sierra, feeding coastal rivers and allowing farming on the alluvial terraces, during winter (May-October), the flow of the rivers is small or non-existent, but permanent humidity caused by condensation of maritime air prevails and allows cultivation, particularly in the fogoasis called lomas. This alternate pattern of agriculture has been one great factor of development of the Perúvian coast since the Preceramic Period and through the Formative Period. In addition, halieutic resources, the richest of the world, caused by the cold Humbolt stream, have allowed the settlement of sedentary villages all along the coast since the Middle Preceramic Period. In Ecuador, the coastal climate has always allowed simultaneously gathering of molluscs and shells and farming,

152

Continuity and Variability of the Mortuary Customs Pattern in Central Andean… which explains why Santa Helena peninsula has been the cradle of one of the first sedentary population of the continent. Last but not least, catastrophic raining and flooding due to the climatic phenomena called El Niño, caused by the occasional descent of the warm equatorial stream all along the northern coast of Perú devastates this coast at least once a decade. The disruptions caused by El Niño are possibly the cause of several population moves between coast and sierra and of socio-political upheavals caused by these population moves. Ecuador5 Las Vegas Valdivia Machallila Chorrera

8000-5000 BC 3600-1500 BC 1750-950 BC 950-300 BC

Finally, recent studies based on variation of isotope O 18 and micro-elements studies in the ice-cores of Huascaran and Quilcayas volcanoes prove a very important and long life climatic disruption (possibly a Niño followed by a drought of several decades) around 600-500 BC, corresponding to the period of destruction of the large ceremonial centres of the central and north-central coast, the disappearing of Cupisnique culture and the development of large centres in the sierra.4 The chronological chart adopted here is indicated here below:

Péru6 Middle Preceramic Final Preceramic ( orCotton V ou VI) Initial Period (Early and Middle Formative) Early Horizon

6000-2500 BC 2500-1800/1500 BC 1850/1500-450 BC 450-200 BC

Table 2, chronological chart 3- BURIAL PATTERN REGIONAL STUDY Middle Preceramic (PC): 6000-2500 BC An important number of burials has been discovered, under or close to the dwellings, in villages scattered along the whole area, except in the northern and north-central coast where they have been over flooded by the post Pleistocene maritime transgression. In these sites, burials are very simple, bodies flexed and lying on one’s side are wrapped in a reed mat, sometimes secured by vegetal fibre ropes and lay in oval pit dug in open ground, together with few domestic artefacts such as gourd, scrapper for hide working, sometimes very simple adorning elements (shell or stone collar, etc…). Most of the burials are of primary type with few multiple and secondary burials. Some specific rites can be highlighted such as post-burying partial cremation of the body through hot stones set down on the body or hot ashes poured over the body already covered with earth by means of a kind of funnel (Quilter 1989). An other custom specific to that period is to “stick” the body to the ground by means of one or several posts embedded through the body or large stones set down upon the body (Engel 1984 for Chilca, Wendt 1964 for Rio Seco). Ochre is often associated with the burials either directly on the body or as small nuts lying besides the body. Late Preceramic-Cotton (PCC): 2500-1800/1500 BC Sea level is now stabilised and the number of fishing villages increased all along the coast (Huaca Prieta, Guanape, Culebras, Rio Seco, Ancón, Asia, etc…) when the first ceremonial constructions are built on the coast (Aspero, Alto Salaverry, etc) and in the mountain (Kotosh, La Galgada, etc…). Burying patterns are not different from the previous ones, but multiple and secondary burials are very seldom. Bodies are still wrapped in one or several reeds mats frequently dressed in clothes or with bundle of fabric folded along the corpse. The burying under dwellings custom persists, but with the rise of the first ceremonial structures, some individuals are now buried inside these structures (Aspero on the northcentral cost, La Galgada in the mountain, etc…). It seems that these latter burials are subject to more care, but the offerings they contain indicate higher status rather than richness (pearls of diatomite, spondylus, small statues in terra-cotta, etc…)

At the end of that Period, the quantity of burials decreased and numerous sites, although more populated than in the previous Period, are almost completely deprived of burials (Las Haldas, Caral, Paraiso, etc…). Initial Period (PI): 1800/1500-450 BC The number and size of the sites dramatically increased: from 30 Cotton Preceramic sites we jump to 80 excavated Initial Period sites; in addition, many of the sites have disappeared for being located under subsequent farming area (beginning of culture irrigation) or because of modern urban expansion. Their size may reach more than 100 ha, and they are sometimes very close to one another.7 They are ceremonial centres formed of several adobe or stone pyramids usually with U shape layouts and huge gathering courts for collective rituals, stairs leading to walled “atria” of progressively smaller size in order to secure a restricted access only for the elite. They were probably inhabited only by the elite, and commoners lived in surrounding villages, but few of these villages have been excavated with the exception of Monte Grande in Middle Jequetepeque (Tellenbach 1986) and Cardal in the Lurín Valley (Burger R.L. and L. 1991; Burger R. L. 1993). Here we must characterize two areas which differ by various mortuary customs: on one hand, what we call the “Cupisnique area” (PIC) including northern central valleys from Virú to Lambayeque (Burger 1992:91) and on the other hand the remaining central Andean area (PI non C) including central and south-central valleys, and central and north sierra. In PIC area, there are numerous graveyards almost all looted in the 1960s, mostly in the Jequetepeque, Zaña and Chicama valleys. The small number of archaeologically excavated burials, taken into account in the present study, allows us to figure out mortuary customs, but does not account for actual ratio buried/ burying population. In the PI non C. area, on the contrary, in spite of the number and size of the sites, one can hardly find one graveyard, but only few isolated graves dedicated to elite members, although population has much increased during that Period, thanks to the beginning of culture irrigation. Thus, in the non-C. Area, there is a dramatic shift in relation to the previous Period: the commoner burials are less and less frequent. This burying pattern develops in the final part of that Period, since 900 BC,

153

Continuity and Variability of the Mortuary Customs Pattern in Central Andean… and the only discovered burials belong to the elite (Shillacoto and Kuntur Wasi in the mountain, Cardal on the coast…); numerous sites are totally deprived of burials. In such a famous site as Chavín de Huantar, there are few human remains dedicated to particular rituals, but not one burial. In compensation, the mortuary goods now includes some luxury goods, particularly with the first appearance of gold and copper (Grossman 1972) in both areas. Thus there is diachronic variation between Late Preceramic and Initial Period (PI non C) and spatial variation between PIC. and PI non C. areas. Early Horizon ( HA): 400-200 BC. At Chavín de Huantar, whose cultural expansion now spreads over almost the whole studied area, not one burial has been found. In other places, there are very few8. It is true that

the new richness of mortuary goods has attracted the looters more and more, but at least we should find remains of the structures if they once existed. The few burials contain rich goods (mortuary ceremonial ceramics, high status artefacts, richly adorned textiles, golden and copper artefacts…). Formative (Ecuador) The Situation is different in Ecuador, which has not followed the same socio-political evolution toward complex societies as in Perú. Many graveyards and isolated burials are still found in the various coastal sites. There are strong similarities between Cupisnique and Ecuadorian Formative pattern, although the intermediate area (High and Low Piura valley, Sechura sites) sticks to same mortuary customs as the Perúvian non C. area with very few burials and sophisticated sacrificial rituals (Cerro Nañañique: Guffroy 1994).

4- DETAILED STUDY OF MORTUARY CUSTOMS Evolution of the number of burials per period

total number of burials 700

600

nb of burials

500

400

300

200

100

0 PC

PCC

PI Cupisnique

PI non Cupisnique

HA

F(EQ)

DR(EQ)

périod

Fig 1. Number of burials per period We present hereafter the diachronic and synchronic evolution of the various selected criteria, under the form of commented histograms. The total burial number drops from 662 over the Middle Preceramic to 223 over the Cotton Preceramic, 158 over the Initial Period non Cupisnique and 51 over the Early Horizon ( for reasons already explained, the number of burials PIC is

not representative of the actual situation and should be much higher). But this criterion is not entirely satisfactory because Periods do not have the same duration and the number of sites per period is different..An interesting criterion is the ratio by period: number of sites with burials on total number of sites, as showed in fig 2.

154

Continuity and Variability of the Mortuary Customs Pattern in Central Andean… % sites with graves on total number of sites

80% 70%

PC

60% PIC PCC

50% % 40%

PI non C 30%

HA

F Eq

20% 10% 0% PC

PCC

PI Cup.

PI non Cup.

HA

F

Périod

Fig 2. Number of sites with graves The percentage of sites with burials, which was over 70% in the Middle Preceramic, drops to 50% in the PCC and then to 38% in the PI non C. and to 28% in the Early Horizon. These criteria are interesting for the general trend they highlight, but they are not entirely satisfactory for they do not bring insights on the variation of the ratio buried/ burying population per site. This diachronic (inside each site) and synchronic (between the various sites of a same period) variation is unfortunately impossible to build up because, if we know reasonably well the average time of existence of the sites, there is no reliable assessment of the per site population, besides the fact that it is increasing during these Periods. Nevertheless it is possible to calculate the average number of burials per site for each period, ratio of the total number of burials per period divided by the total number of sites per period. This ratio evolves like the ratio of the buried/ burying population and then gives us valuable insights on the variation and trend of the latter (fig.3). There is an average of 42 burials per site over the Middle Preceramic, 16 over the PCC., 9.8 in the PI C. , 7.8 in the PI non C. and 5.1 over the Early Horizon9. In Ecuador the number of burials per site (30) remains important. Even if we don’t know the population per site, some clues allow us to argue that village populations were low and did not exceed some tens in the Middle Preceramic, some hundreds in the Final Preceramic, and could be of some thousands or more when population gathered around ceremonial centres of the Initial Period and Early Horizon. Then the trend of a drop of burials would be even more striking than indicated by the previous figure.

Furthermore, by carefully scrutinizing the context of the excavations, we contend that this trend towards a drop of buried population is strengthened even more than by appraising population by village for the following reasons: -Middle Preceramic : all the maritime villages of the northern and north-central coast have been over flooded with the maritime transgression and then hundreds, if not thousands of burials, have disappeared. -Cotton Preceramic : we have taken into account only 14 sites out of a total of 30 excavated sites, because the excavation reports do not account for accurate burial numbers but some sentences like “ many burials” , or “much burials”. Fore instance Wendt (1964) thought that at Rio Seco there were 2500 to 3000 burials, and Engel (1963) contends that at Asia, construction of a new road destroyed 200 observed but not yet excavated burials at the end of the first excavation campaign. There are many similar examples which indicate that our calculation is very conservative. -Initial Period Cupisnique. Reports account for numerous large graveyards in every valley of Cupisnique area. 95% of them have been looted and their state after looting does not allow for more detailed investigation. The more striking example is the Jequetepeque valley: Alva (1986) has identified and reported on the map annexed to his publication 51 “extensos cementerios saqueados que iniciandose de manera definida a partir de las proximidades del pueblo de Llanan, se proyectan ininterrumpidamente hacia la parte baja” 10 i.e more than 50 kilometres. Their size is comprised between 100 and 400 m² and each contains between 10 and 40 burials.

155

Continuity and Variability of the Mortuary Customs Pattern in Central Andean… burials average num ber by site 70

60

burials number

50

40

30

20

10

0 PC

PCC

PI Cupisnique

PI non Cupisnique

HA

F(EQ)

DR(EQ)

périod

Fig 3. Average number of burials per site and per period A conservative calculation then gives a ‘minimum’ figure of 1000 burials, when we have only taken into account 15 burials (Cerro Talambo : 3; Chungal : 4; La Bomba : 4; and 2 at Monte Grande). -Initial Period non Cupisnique: despite of the excavations, no evidence of burial has been found in most of the huge and numerous ceremonial centres of the northcentral and central coast, clearly because there were none.

For instance in the Casma valley, which includes 8 large ceremonial centres, the only discovered burials are the four burials of Pampa de las Llamas Moxeque (Pozorski S. et T. 1992: 858). The same pattern prevails for ceremonial centres of the other valleys of Santa, Nepeña, Supe, Huauara, Chancay, Chillon and Rimac). -Early Horizon: burials are few, 20 in 9 sites and 12 burials in one single site (La Granja El Rolo, north-west of Cajamarca), and all are elite tombs11.

Structure of the graves (container) Type of structure

type of structure/ nb of sites with sepultures 100%

open ground underground room coffin unknown

90% 80% 70% 60% %

50% 40% 30% 20% 10% 0% PC

PCC

PI C périod

Fig. 4 Type of tombs 156

PI non C

HA

Continuity and Variability of the Mortuary Customs Pattern in Central Andean… o o

o

Middle Ceramic: all burials are in open ground. Cotton Preceramic: open ground burials still persists but coffins or stone vaults appear at Asia and Aspero, and underground rooms at Huaca Prieta and La Galgada. However at Huaca Prieta open ground burials and underground rooms occur simultaneously and one can wonder whether underground rooms were dwellings used as tombs or mortuary rooms built on purpose (Grieder 1997). There is no geographical preferential breakdown for the coffin and underground burials: three sites are located on the coast and one in the mountain (La Galgada). In two of these sites (Aspero and La Galgada) burials are located inside a ceremonial centre and one can suppose there might be an ideological reason for this (elite status and/or subject to a particular ritual). Initial Period: the proportion of underground and coffin burials increases; open ground burials are mostly located on the coast and underground and coffin burials in the mountain. One can suppose that

o

o

the cause of such a striking contrast is the different nature of the ground, but it can also come from the custom to bury the elite inside the ceremonial centres, often into the architectonic structures such as pyramids or platforms. Early Horizon: open ground burials are mainly located in Cupisnique area and underground rooms and coffins in mountain sites. The reasons could be the same as for Initial Period. One specific burial pattern is the circular mortuary structure or “mausoleum-tower”12 whose prototype is found at Salinas de Chao (Alva 2986: 68) dated at the end of the Cotton Preceramic, and then at Monte Grande [Tellenbach and Beck 1986] and Chungal [Ravines 1982], both located in the Middle Jequetepeque and dated Initial Period. Two different interpretations are possible : either as prototype of the mortuary towers (chullpas) or as site of propitiatory sacrifice, but two of them did not include human bones but ceramics (one of Chungal and that of Monte Grande).

Individual, collective or multiple burials:

__________________________________________________________________________ type of burial, individual, collective or multiple

90 individual

80

collective multiple

70

unknown 60 50 % 40 30 20 10 0 PC

PCC

PI C

PI non C

HA

périod

Fig 5. Individual, collective or multiple burial There is a clear preference for individual burial, all along the time span. Once more La Granja el Rollo is atypical with 10 burials in 2 multiple graves . Location There are many excavated graveyards over the Middle Preceramic (44% of the sites) and over the PI Cupisnique (45% of the sites, but as we have seen earlier, they are actually much more numerous), their number drops during the Cotton Preceramic (25% of the sites) and they disappear

during the IP non C. and the Early Horizon ( but see note x, Ancón cemetery). We will examine, in the conclusions, if this diachronic variability between the Middle Preceramic, the Cotton Preceramic and the IP non C and this synchronic (or regional) variability between Cupisnique and non Cupisnique areas are variant or variation. In the Middle Ceramic, individual graves are all located under or close to dwellings, and graveyards are located close to villages.

157

Continuity and Variability of the Mortuary Customs Pattern in Central Andean… During the Cotton Preceramic, burials are spread between dwellings (8sites),ceremonial centres (8 sites) and graveyards (4 sites). At Alto Salaverry (Pozorski S. et T. 1977), there is one burial under the house, one burial on the ceremonial terrace, and one graveyard outside. During the Initial Period, all excavated graves in the non Cupisnique area are located inside or close to the ceremonial centre, as well as the individual burials of Cupisnique area, but the numerous graveyards of Cupisnique area are located

at a certain distance from the ceremonial centres (Middle Jequetepeque). In Ecuador, a gathering of hundred Formative Period burials was found at Real Alto (Marcos 1988) inside the “ Casa de los Osuaros”, considered as the prototype of ceremonial centre. During the Early Horizon, burials are all located inside ceremonial centres.

graveyard burials PI non cupisnique

PI cupisnique

PC PCC PI Aire cupisnique PI Aire non cupisnique HA

PC

PCC

Fig 6. Graveyards

Burial ( grave content) Primary/ Secondary During the Middle Preceramic, primary burial is the rule, except in Paracas 104 where 22 skeletons and 40 skulls found in a common grave are considered by Engel (1960; 1981: 3132) as secondary burials, but are more likely the result of a “cleaning of graves” (G. Pereira, 2002, personal communication), or mass burial subsequent to a massacre (Quilter 1980). Secondary burials seem to exist only in Ecuador (Las Vegas). During the Cotton Preceramic, primary burial is the rule, except in Asia where 7 burials are considered by Engel (1963) as secondary, but his explanations are not always clear enough to take a stand.

During the Initial Period, secondary burial remains an exception,13 at least if we do not take into account separated heads or skulls and bones deposits for ritual and/or propitiatory purposes. During the Early Horizon, the few secondary burials are the result of complex ritual manipulations (Chavín, La Granja el Rollo). To summarize : primary burial is the normal pattern in the central Andean area, when secondary burials appear during the Initial Period, likely linked to the development of ritual body manipulation (propitiatory rites for the beginning or the end of construction of a sacred building). Burying of heads or skulls is likely to be a variant of these rites.

Orientation and position of the bodies % PC PCC PI HA F(EQ) DR Decubitus latéral 22 64 43 8 57 10 0 Decubitus dorsal 8 6 10 0 0 0 Decubitus ventral 4 1 6 0 0 0 unknown 66 29 41 92 43 0 flexed 29 67 46 15 57 extended 5 5 5 0 0 seated 0 2 4 8 0 unknown 66 26 35 77 43 Tableau 3: position of the body 158

Continuity and Variability of the Mortuary Customs Pattern in Central Andean… The orientation of the bodies looks totally random in the studied corpus, and we could not afford any regularities either by site, region or Period. Position (table 3) is unknown in many cases, but the sample with known position is sufficiently representative except for the Early Horizon (92% unknown). During the time span covered by the study, flexed position in lateral decubitus is largely predominant. We account for only small variants, which do no seem to follow specific rules. The possible issue is that position and orientation have no symbolic importance at this stage, at least up to the Early Horizon. What is likely considered is to minimize the work invested in digging pit according to the nature of the ground, which implies almost always lateral flexed position. For the Early Horizon, the sample is not representative. We could not take into account Morro de Eten site (Elera 1993), near Chiclayo, dated from the end of the Early Horizon because the burial number is not given in the publication but, according to the author, it seems that the bodies were all laid down on the back and the graves were deeper 14. Thus it would be a local variant, for at the following Period (Salinar Early Intermediate Period), bodies are extended but in lateral decubitus at the site of Puemape (Elera 1992). In the Virú valley, both burials 8 and 9 of V-66 graveyard are dated by their ceramics from the Late Guanape Period (HA) (Strong and Evans 1952). One of them is in a lateral flexed position, when the other is laid down in lateral extended position as those of the following Puerto Moorin Phase (Salinar, initial Early Intermediate Period) in the same V-66 graveyard, or those of the Barbacoa and Palenque Salinar burials in the neighbouring Chicama valley (Larco Hoyle 1941; 1945).

always braided with reed (La Galgada, Puemape, Ancón, Curayucu, Barbacoa, Palenque and Cardal). When bodies are buried in coffins (Chungal, Huacaloma, Jargam Pata, Kotosh, La Pampa, Tablada de Lurín), there are never shroud or clothes, either because vegetal material are less easily preserved in open air than in the ground, or for a cultural reason, coffin playing the protecting role of the shroud. Underground rooms of La Galgada where textiles are exceptionally well preserved are the exception. To the contrary, when there is evidence of shroud, bodies are always buried in open ground (Barbacoa, Palenque) but the opposite is not true; for instance at Guanape or Huacaloma, the absence of shroud has been noted by the excavators. But the custom may be different in some areas: in the Virú valley, where the burials of the Cerro Prieto Period (Preceramic) did not have shroud or clothes, Strong and Evans (1952) explicitly underline that the 6 Guanape Period burials are deprived of shroud or clothes, and moreover only the two Guanape burials 8 and 9 of V-66 Salinar graveyard are deprived of shroud and clothes (besides a lack of mortuary goods as well). In the course of a recent excavation at Huaca el Gallo/ La Galina (Zoubeck 2001), in the same valley, the three burials, dated from Guanape Period were also deprived of shroud and clothes as well as of mortuary goods. If the sample is considered as sufficient (11 burials in 3 sites), it is thus likely a local variant which lasts till the Salinar population introduced new customs. -For the Early Horizon, we have no evidence of shroud, perhaps for the same reason than at the Initial Period ( burials in underground rooms), but the main reason is more likely the small sample.17 -To sum up, we don’t notice any variation of this custom through the studied time span, but only some local variants.

Shroud -Middle Preceramic: the presence of a shroud is attested in 446 burials and 10 sites out of the 662 burials and 17 excavated sites. For the remaining sites, the authors do not mention shrouds, probably because the evidence disappeared, for it seems that it is a largely followed custom. However, K. Stothert (1985) argues that at Las Vegas, the deceased were buried without shroud or clothes15. As in the Formative site of Valdivia, in the same Santa Elena peninsula of Ecuador, it seems that shroud or clothes were also absent from the burials, so one could suppose that it accounts once more for a regional specificity, a regional variation. Elsewhere in Perú, the body, with or without clothes, was wrapped in an animal hide16 or more frequently in a reed braided mat. The only noted evolution is the progressive replacement of hide by reed at Paloma between levels 200 and 400/500 (Quilter 1989) as well as in Paracas where hide was probably made of vicuna, according to Engel (1960). In some of these period burials, there were several mats superimposed; at Chilca for instance, some burials are wrapped into 6 mats (Engel 1988). The shrouds were secured around the body by vegetal fibre braided ropes and sometimes handles were set out for transport of the “fardo” to the grave. -Cotton Preceramic: Reed braided shroud kept in use in most of the cases, but some mats are made with reed warp and weft cotton (Huaca Prieta, Piedras Negras), and others completely in cotton (Asia, Aspero). A variant is found in La Galgada where some shrouds are made of reed and bark. -Initial Period: strangely, we have only few evidences of shrouds (7 sites out of 41); when they exist, they are almost

Clothes -Middle Preceramic: At Las Vegas (Ecuador), the deceased do not wear any clothes. In the case of evidence of clothes, the evolution is similar than for shroud. At the beginning it is hide clothes (Tres Ventanas, Paracas 104, Chilca level 200), then intertwined vegetal fibre (Paloma, Chilca), and cotton makes its first appearance at the very end of the period (Paracas 514). -Cotton Preceramic: twined cotton is systematically used for bags, hats (chuko), dresses (wara), loincloths and waistbands. Feather is used for ornament (La Galgada, Asia). At Rio Seco, it seems that the deceased are buried naked in the shroud, with a bundle of cotton fabric besides them. For the Initial Period and Early Horizon, we have the same lack of data than for shroud, for the same reasons, but, in the few attested cases, it seems that wool is more frequent 18 (La Galgada) even if cotton is still present (Ancón, Cardal). Mortuary goods During the Middle Preceramic domestic goods are of three types: tools for daily work19 (needles, bodkins, hooks, weights and nets for fishing), containers (gourds) and hunting weapons (spearheads, maces and javelins). During the Cotton Preceramic, their quantity increases and new artefacts appear with the cotton (spindle whorls, bags and nets in cotton). The advent of ceramic is a landmark: the quantity of artefacts drops and quite often the body is accompanied only by one or two ceramic containers. During the Early Horizon, domestic goods totally disappear. 159

Continuity and Variability of the Mortuary Customs Pattern in Central Andean… Ornament has always been present. At Telarmachay for instance (D. Lavallée 1995: 63), the child is buried with a 99 discoïd white stone pearls-collar and 18 rectangular polish and drilled bone pendants. During the Preceramic, finery is very present: collars, wrist-bands and pendants made in stone, bones, cut polished and drilled shells and animal teeth. Striking is the appearance of cane panpipe at Chilca20, engraved gourds (Huaca Prieta), terracotta statuettes (Curayucu, Aspero, Kotosh) and twined adorned pieces of cotton (Huaca Prieta, Chilca, Asia, Paraiso, etc…). During the Initial Period, bone earrings (with a promissory future) and engraved disks make their first appearance, together with needles, pins, turquoise collars, and richly adorned textiles in particular in the exceptionally rich burials of La Galgada. Jet mirrors, bone spatulas, tablets and containers for powder often come with bowls and bottles dedicated to hallucinogen drinks or powder and are likely to be the hallmark of ‘shaman’ burials, mostly in Cupisnique area (Elera 1993). Finally over the Early Horizon, prestige and status goods replace entirely domestic use goods. Rich graves (precious stone pearls, gold crowns, gold earrings and chest pendants, as well as precious engraved and adorned shells (spondylus

and strombus) of Kuntur Wasi, Granja el Rollo or Chongoyape, witness that burial become an elite privilege. This diachronic evolution of the mortuary goods presence is particularly well attested at Kuntur Wasi (Onuki 1997; Matsumura 1997; Kato 1993) where graves dated from the Idolo phase (early Initial Period) only have domestic ceramic, graves dated from the Kuntur Wasi phase (late Initial Period) contain domestic ceramics together with the first golden artefacts and graves dated from the Copa phase (Early Horizon) contain exclusively prestige and status artefacts (golden crowns and chest pendants, precious adorned spondylus and strombus). Dyes Evidences of dye (vegetal or mineral pigments) are found with numerous burials, either on the bones or in small balls near the body. In fig 7, we can see an apparent drop of the use of ochre, mainly present early in the Midlle Preceramic (Paijan, Telarmachay, Paracas 514) and less used at the end of that period (only 10 burials out of 200 at Paloma), but we cannot make a strong case of that for the sample is too small (7 sites).

. dyes

7

red ochre yellow ochre Hématite

6

cinnabar

5

4 site nb. 3

2

1

0 PC

PCC

PI C period

PI non C

Fig.7. Use of the dyes

160

HA

Continuity and Variability of the Mortuary Customs Pattern in Central Andean… Cinnabar appears at the Initial Period Barbacoa/Palenque, La Bomba, Kuntur Wasi) and seems to be very much used in the Cupisnique area. One does not know whether the use of dyes had a practical meaning ( preservation of human skin, product necessary for Other body treatment practices By these terms, we mean “every body treatment which does not lead to the burying of the entire body in a grave”. First of all we must underline that archaeology does not bring much 1. Plain and simple abandonment of the body, for which we have ethnological or prehistoric examples22 . 2. Voluntary scattering of / bones, a practice which is a kind of secondary burial, cannot be archaeologically differentiated from the from the previous pattern. 3. Scattering of the ashes after total incineration. Unfortunately, bone remains scattered through the archaeological sites have not been taken into consideration in the excavations for a very long time and when noticed, they are merely a subject of short notice without quantification or qualification. It is only since Lumbreras study on Chavín (1989), then with Guffroy publication on Cerro Nañañique (1994) that archaeologists have tried to look for their various meanings. It is worth noting that despite of this unfortunate limitation, research and interpretation of these evidences is at the core of our problematic for two reasons: 1. abandonment is no more than a cultural alternative to burial in a grave. 2. abandonment or reuse for ritual purposes correspond to two very different behaviours but it difficult to make the difference on the basis of archaeological evidences. Bones remains Physical anthropologists who have dealt 23 with the topic underline that there are three distinct cases: 1. Accidental insertion of bones or part of bones in the architectonic filling up or occupation wastes, which are the result of a disruption of old burials by new incomers. 2. abandonment of the body to open air or under a very thin layer of ground or waste. Carnivores or rodents action then explain their scattering. One can distinguish them from the former case, by the marks of teeth and the breaking on the bones. 3. delibarate incorporation of bodies or part of bodies in architectonical structures for ritual use. It is a sort of ritual amongst other rituals, likely propitiatory, consisting of blending the remains of a dead person to the construction

hide working21) or a symbolic meaning : symbol of blood and life (Leroi-Gourhan 1988: 931) or regeneration, and one cannot link its evolution to any important cultural change whatsoever.

evidences on three of what seems to be the more frequent used practices during some periods of the human history: materials of a new architectonic structure in order to secure success to the activities to be performed in this new structure. But two observations might be made: a. Clues indicating a ritual performance instead of an unpredictable or taphonomic event are very small and ambivalent. b. once admitted it is a ritual performance, it may be a human sacrifice whose victim (prisoner or member of the community) has been/is killed for the sake of the specific performance, or an already but non buried dead person, or an already buried person whose grave has been reopened in order to take out all or parts of the body and perform the sacrifice. All these cases are theoretical, but there are many ethnohistorical or ethnological occurrences. We have indicated in the following tables, by period, the various occurrences of bone remains found amongst the 90 mortuary studied sites and have tried to distribute them according to the three theoretical groups here above listed (comments in the tables are the outcome of the authors). 1. Middle Preceramic. We have not found any scattered bone remains amongst the 17 excavated sites. Clearly people did not leave the bodies of their deceased without burials, nor did they use parts of the bodies as propitiatory rituals. More likely, their beliefs required that the body was preserved from any destruction. 2. cotton Preceramic (fig 3) Four sites (table 3.1) out of the 18 mortuary sites present scattered bone remains; our general observations are as follows: - There are no indication of ritual performance or sacrifice whatsoever on these remains. -They are hardly the result of dead abandoned bodies, as we find on the same sites graveyards and isolated burials. - Thus we infer that the cause is disruption of previous burials by the further dwellers and, accordingly, there were much more burials than acknowledged in the documentation.

Site name

Country

Commentary

Chao-Los Morteros PCC

PE

the numerous scattered bones come from disrupted burials ( there were, thus, much more burials than those taken into account)

Huaca Prieta

PE

Id.

Aspero

PE

The scattered bones come from looted burials...

Ancón PCC

PE

Scattered bone remains spread over the site

Table 3.1. Cotton Preceramic scattered human remains 161

Continuity and Variability of the Mortuary Customs Pattern in Central Andean… 3.

Initial Period and Ecuador Formative

Site name

country

San Pablo Real Alto Tardio ChavínUrabarriu Huacaloma EH

EQ EQ

commentary

Tablada de Lurín Kuntur Wasi (Idolo) Pacopampa Pacopampa

PE

The 8 men would have been sacrificed ( dismembered) at the occasion of the burying of the high status woman In 0frendas gallery: woman skull surrounded by 40 children teeth + many bones carefully distributed ( IMN=33)+ in various galleries Ofrendas, “ Caracoles” and others M.Shimada (1982: 385) argues that scattered bones, none in connection, have been abandoned and that bites are dog bites Drop of burials at this period go together with increase of scattered bones .M. Shimada argues that they have been abandoned with their flesh and devoured by dogs.. Bone remains burnt, blended with animal bones and offering of ceramic and sodalite pearls

PE

Matsamuri et al 1997; not many details

PE

Cerro Nañanique Guanape

PE

El Mirador, scattered human bones “ often cut , burnt and gnawed” come in number just after cervids: , “the existence at Pacopampa of some sort of ritual cannibalism must be considered a serious possibility”, Burger 1992 Numerous bones remains are associated to foundation sediments and retaining walls. The 2nd buried individual is probably a propitiatory deposit Strong & Evans : 41 “los huesos de mamiferos son raros salvo unos huesos humanos que aparecen dispersos en los niveles 4,25-4,50 y los otros huesos humanos son probablemente de intervenciones casuales o disturbios...canibalismo no es descarable..no hay prueba definitiva”

PE PE

Huacaloma LH PE

PE

Table 3.2 Initial Period and Ecuador Formative scattered human remain Ten sites (table 3.2), out of 42 mortuary sites, have scattered bone remains. Here are our general observations: At Real Alto, Chavín Urabarriu, Tablada de Lurín, bone remains are clearly the result of a sacrificial performance. At Huacaloma, Kuntur Wasi (Idolo), Pacopampa, they seem to be the result or abandonment (despite the argument made by Burger for Pacopampa: see § cannibalism). San Pablo and Guanape have been clearly subject to disruption of previous burials by the further dwellers 4.

and consequently there were much more burials than acknowledged At Cerro Nañañique, it seems that they are the outcome of ritual performances (bones mixed with ashes in the foundations) . Thus we contend that two new and very different cultural traits have made their appearance at this stage: on one hand, a certain lack of interest in burying the deceased, since bodies are sometimes merely abandoned with garbage (4 sites); on the other hand, the first appearance of propitiatory rituals performed by the media of parts of human bodies incorporated into architectonic structures.

Early Horizon

nom du site ChavínJanabarriu Huacaloma (EL) Huaricoto

pays commentaire PE Part of dismembered skeleton of an infant 12-18 months buried on a layer of ashes under a Janabarriu platform. = ritual propitiatory before construction (Burger 1998: 38 and annex A) PE Reduction of the number (M. Shimada 1985: 283-287) PE

Human bones in a cache in the wall foundations, with ceremonial artefacts (pan pipe, carved bone, in a mixture of ashes.

Table 3.3 Early Horizon, scattered bones remains Three sites (table 3.3) out of 12 mortuary sites have scattered bone remains. Here are our general observations: At Chavín, the matter is a ritual, and probably propitiatory, performance as indicated by the presence or the bones on a layer of ashes and in the foundation wall of a platform. At Huacaloma, we are still in the case of abandonment of body as in the previous periods, but the author notes the 162

reduction of the number of scattered bones. The number of scattered abandoned bones dramatically increases at the Initial Period and seems to drop at the Early Horizon, but it is probably due to the scarcity of the sample. A Huaricoto, the likeness with the Chavín case is striking (foundation wall, ashes), although it is an adult and not an infant.

Continuity and Variability of the Mortuary Customs Pattern in Central Andean… Isolated heads and skulls Site name

period

Isolated heads or propitiatory burials skull

Commentary

Paracas site

PC

40 (56)skulls

Outcome of a “cleaning” – P Cruz 2002 personnal com.

Chilca

PC

1 fixed to the ground with a style

Asia

PCC

7 severed heads (4 children, 3 adults) in a bag

+2 headless bodies (severed according to Engel). Heads with mandibles + upper vertebras

Piedras Neras PCC

Numerous children skulls in stone structures

Special children burying pattern (see also Paloma specific foetus and recently born burying section (Quilter 1989)

Rio Seco

PCC

2 adult skulls

Jargam Pata

PI

1 skull

Cardal

PI

Child skull parts in atrium EL Burger 1993 c : 90,

Shillacoto Kotosh

PI

1upside down skull in a cane basket

ChavínUrabarriu

PI

4 skulls under plateform + 1 woman skull in Ofrendas gallery

Heads and not skulls (presence mandible) votive offering for end of construction of a platform. Ofrendas gallery:

Tablada de Lurín

PI

1 child skull sacrifice

Together with children teeth

Cerro Nañañique

PI

3 skull against a slope

2 additional skulls at Panecillo site

WichqanaChupas

HA

5 severed heads

Propitiatory sacrifice escalated in the time, in circular pit facing inside wall in a semi subterranean structure. death rictus on the faces (Lumbreras 1975)

104

Wrapped with children bones and big stones ( Quilter 1991: 414) Severed head or skull? (Ochatoma Paravicino 1998) propitiatory offering for ‘deserting’ of building nd

The skull was located in 2 burial ( Izumi and al.1972)

Table 4. Isolated heads and skulls The custom of burying skulls may be an application of the principle of “ the part for the whole” (Paracas 104 and Piedras Negras) or reflects a mortuary behaviour to honour the ancestors (Verano 1991), but since the Initial Period it appears clearly in all the above cases as a propitiatory offering (human sacrifice or not) when erecting a new structure or “deserting” an old one. In most of the sites ( Jargam Pata, Cardal, Shillacoto, Chavín, Tablada de Lurín, Cerro Nañañique), we don’t know if the head has been taken from a living or a dead, and only in the case of Wichquana do we have indication that it was perhaps the outcome of a human sacrifice, for the author argues that the heads kept on their face a rictus of pain (Lumbreras 1975). Burying of heads or skulls is then a recurrent custom in the central Andean area, for the frequency is constant during the various periods:

Midle Preceramic mortuary sites Cotton Preceramic Initial Period Early Horizon

2 cases out of 16= 13% of the 3 cases out of 16= 19% 5 cases out of 37 = 14% 2cases out of 11 = 18%

Human sacrifices The two previous chapters logically lead us to wonder whether remains or parts of the bodies incorporated in architectonic structures are not the outcome of human sacrifices. In tables 3 and 4, several cases may suggest human sacrifices. It could be the case in other examples not included theses tables. We have mentioned in the following table 5 all these occurrences:

Chilca Asia Salinas de Chao Real Alto(Tardio) Kotosh (Chavín) Chavín Urabarriu Shillacoto (Kotosh) Jargam Pata Tablada de Lurín Cerro Nañañique Huaricoto (Capila) Puemape white on red period (400-200 BC) Punkuri

PCC PCC PCC F Eq PI PI PI PI PI PI HA HA

Head separated from body (T42) and fixed to the ground with a stylet 2 bodies without heads and 7 severed heads Adult without head in a circular excavation 8 dismembred men for the burial of a woman of hight status 1 “ knifed” child buried under a wall 5 skull (or heads) buried under a terrace 1 upside down skull 1 skull or severed head 1 child skull together with children teeth 3 skulls in a slope skeleton 57 with severed head Human remains as offering below a wall 2 bodies without heads, A with phalanxes and feet cut

Engel 1988 Engel 1957; 1963b Cardenas Martin 1995 Marcos 1986 Onuki 2001 Burger 1992 Izumi et al 1972 Ochatoma Paravicino 1998 Morford and Jones 1970:50-56 Guffroy 1994 Burger RL and L 1980: 31 Elera y Pinilla 1992

HA

Sacrified woman, severed head buried under a stair

Waiwaka Wichquana (Chupas)

HA HA

Traces of violent death 5 severed heads

Tello; Proulx 1985; Dagget 1987a Grossman 1985 Lumbreras 1975

Table 5. Human sacrifices 163

Continuity and Variability of the Mortuary Customs Pattern in Central Andean… Specially striking are the 5 heads of Wichquana, for which Lumbreras says that they are human sacrifices, skeleton n° 57 of Cerro Nañañique where the atlas was still sticking to the head, which is a proof of a severed head and Huaricoto where Burger writes that it is not clear whether it was the result of a human sacrifice or the reuse of the bones after death (Burger R. et L. 1980: 85) By analogy, the very similar case of the rests of an infant at Chavín ( Burger 1998: 38) should be added to that list.Finally we have to think over on the meaning of multiple burials we find during theses periods (Guilaine et Zammit 1998: 58-60). Some simultaneous burials are probably due to contagious disease or accidents (Huaca Prieta, Paloma, etc…) but in other cases, one can

Site name

period

Telarmachay

PC

Lauricocha

PC

Special care infant burials Child buried with a 99pearl and 18 pendants collar 3 children

Tres Ventanas PC

3 children

Paloma Chilca* Bandurria Las Haldas PCC Alto Salaverry

PC PC PCC PCC

fœtus and infants 29 fœtus and infants Several children 1 infant

PCC

Aspero

PCC

One child 10-12 years old One infant in a room and the other on a terrace.

Piedras Negras PCC

Rio Seco Caral Ancón**

PCC PCC PI

legitimately wonder if some people have not been sacrificed to come with one high status member in the death (La Galgada: Grieder et Mendoza 1988, particularly burials 1,5 and 14). Burials of infants and children with special care We have gathered in table 6 all the cases where children (foetus, infants, children) have been buried in special places and/or have been subject to special and more important treatment than those of the adults in the same sites (location, grave, shroud or clothes, adornment and goods).

comments The 2 women buried with him did not have any adornment when the child “ seems to have been subject of special care “ D. Lavallée, 1995: 133 Ochre closed to the 3 children. One of them wore a collar of turquoise pearls and ochre They laid on several layers of clothes and wore shell amulets, bone spins and shell pearl- collars. House n° 28 was a special graveyard for children. Ritual space? Special cares** Buried in a basket with big stones on it The only burial found in the site, with big stones on the grave. Burial located out of the graveyard, 2 stones placed on the child. Complex ritual, the infant on the terrace was linked to an adult burial by 2 ropes. The infant in the room of Huaca de los Sacrificios was buried under an upside down stone coffin, with a 500 shell pearls-collar and was wrapped in fabric and accompanied with heap of fabric. (Feldman 1985) Cf Paloma

Numerous children skulls in a stone structure Double children burial Two adult skulls with chidren bones and big stones. I child The only burial found in the site. Rock crystal, spins and pearls Child Under a house wall special cares **

* Chilca (Engel 1988) : a special care is dedicated to the burial of small children including foetus, premature children, and infants. Their mother gave them her more precious objects; ornaments, collars, etc…The mortuary presents are laid down on a small pile of stones or sand surrounded by straw, before covering the pit; most of the time, bodies are buried in a gourd. One of them has been covered with his cradle and laid on a straw bed. ** Ancón ( Burger 1992: 93-94 quoting Patterson 1984). The child buried aside the graveyard has been subject to very specific care: his eyes were replaced by mica sheets, his stomach by a gourd and his heart by a rock crystal. Table 6. Special care children burials There is a striking evolution in the behaviour toward children: During the Preceramic Period, children are subject to special care. This care drops dramatically during the Initial Period (in spite of the case of Ancón which is ambiguous: burial of propitiatory sacrifice?). The two children burials of Aspero, in a ceremonial site dated from the Cotton Preceramic, deserve particular interest, for they have often been given as a proof of 164

ascribed status; but they can also be considered as children with special care or as ritual burials for the edification of a platform, then announcing the following period: For it is worthwhile noting that this pattern of special care ends with the Initial Period. Henceforth, as we shall see, there are only propitiatory offerings of children and children sacrifices.

Continuity and Variability of the Mortuary Customs Pattern in Central Andean… Propitiatory burials Site name

peri Propitiatiry burials od

comments

Alto Salaverry

PCC One man

Under platform before construction

Ancón

PI

Child under house wall

Dedicatory offering for the buiding of a house

Cardal

PI

Child skull in atrium of a ceremonial centre Burger 1993 c

Tablada de Lurín PI

bones mixed to offerings

Bone remains burnt and mixed with animal bones and ceramic offerings and sodalite pearls. Patch of children teeth with an infant. skull

Cerro Nañanique PI

1 man under a slope 1 man under a platform + 3 skulls

Man + 2 precious engraved shells Cranes under a platform

Chavín-Urabarriu PI

4 skulls under platform 1 skull + bones inside Ofrendas gallery

Offrendas :various interprétations Urabarriu platform: propitiatory offering

Kuntur Wasi (KW ) PI

Several Children buried under stairs

Offering or sacrifice ?( Onuki 2001)

La Pampa PI

PI

Infant buried under stairs

Id Kunter Wasi

Monte Grande

PI

2 burials under platform and stairs before construction

propitiatory

Pandanche

PI

A child under a wall

Kaulicke (1975: 30). Rosasy Shady (1970:33) mention burials associated with walls. Sacrificial?

Purulen

PI

basement of an underground room; part of Popitiatory sacrifice for new ceremonial center Alva ( n.d.) a human skeketon and skull with cervid haunch

Kotosh-Chavín

PI

2 infants ( 1 “knifed”)

1 under a wall and 1 behind the lateral wall of a stair. sacrifice(Onuki 2001)

Chavín-Janabarriu HA

1 infant under a platform

Propitiatory ritual before erecting a new platform

San Jacinto HA

HA

1 man , before platform abandonment

Ritual before giving up of the platform (orient. of the body as the arms of the edifice)

WichqanaChupas

HA

5 heads

severed ( at different times) in circular pits facing an inside wall of a semi subterranean structure

La Granja El Rollo

HA

5adults + 1 infant

t 2 (multiple: 5 indiv.) Propitiatory ritual before construction of new platform.; t3(1infant) prop. For giving up of a temple ( Webster et al 2000)

Huaricoto

HA

Indiv. under wall

offering before construction

Table 7. Propitiatory burials We have indicated in table 7, all the burial cases which could be propitiatory gesture. There are of course overlaps with cases already mentioned under other gestures, such as “scattered bones” or “isolated skulls and heads” or “children

burial with special care”, as some of them are considered as “propitiatory”. Nevertheless, eventual cases of potential cannibalism noted by authors are analysed separately.

Relations between these special care children burials/ human sacrifices/ propitiatory offering 45

children burials/ hum an sacrifices/ propiatory offering

40

% nb sites/ nb inhumations

35 30 25 children special care burials

20

propitiatory offering burials

15

human sacrifices 10 5 0 PC

PCC

PI C périodes

PI non C

HA

Fig. 8 relations between special care children burials/human sacrifices/ propitiory offering 165

Continuity and Variability of the Mortuary Customs Pattern in Central Andean… Graphic 8 shows that the ratio of children special care burials, which was very important during the Preceramic Period, drops dramatically during the Initial Period and disappears totally during the PI non C and Early Horizon. Inversely covariance between propitiatory burials and human sacrifices is striking. The Ratio of propitiatory burials, null during the PI non P and 42% during the Early Horizon. Once more Cupisnique area marks its difference, with no human sacrifice.. The sample is representative enough to allow us to consider that is a specific strong cultural trait which has to be carefully considered when studying the Cupisnique culture. But what is the more striking is that the drop in the children special care burials goes with the drop of commoners’s burials and the increase of human sacrifices and propitiatory offering burials with a notable ratio of children and void over Middle Preceramic, regularly increases, since the Cotton Preceramic (6%) till the Early Horizon (43%), and the ratio of human sacrifices increases from the Middle Preceramic (5%) to 17% over the Cotton Preceramic, 27 %. Cannibalism Ulhe argued that cannibalism was very frequent in Perú. Lumbreras (1989: 184-210) also contends that cannibalism exists in Perú since the end of the Preceramic and slows down toward the Early Horizon. He quotes evidences of scattered bones in numerous sites as proofs of cannibalism. But none of the registered cases is convincing: -At Huacaloma, there are 107 bone fragments, never in connection, with some marks of dog teeth. M. Shimada (1982; 1985) convincingly infers that bodies were abandoned in open air and that dogs and rodents ate them. -At Aspero, Feldman (1980, 1985) argues that human remains are likely the result of disturbance of old graveyards. -At Gavilanes (Bonavia 1982, Castro de la Mata 1982: 201), 445 human bone remains are more likely also the result of disturbance of old graveyards. -In Virú 434 site dated of the end of Formative, the bones are classified by Wing in an unpublished table, which makes their checking impossible 24. -At Las Haldas, Rosa Fung would have found scattered human bones dated from the early Formative, listed in the same unpublished Wing publication: table 13. -At Curayucu, Rosa Fung would have found remains dated also from the early Formative, but without proper dating and references ( Wing table 19) . -At Guanape, Strong and Evans (1952 40-41) quote ( Guanape Period) : “land mammals are rare or lacking save for human bones which are scattered in levels between 4. 5 and 2.25m. A bundle burial occurred in level 4.25-4.5 m, and the other human bones are probably from disturbed or casual interment. Although cannibalism is not precluded, there is no definite proof” -At Chavín, Lumbreras argues that the human bones laying in the Ofrendas Gallery are the result of ritual cannibalism because they are disposed in an organised way, when the other occurrences quoted above are culinary cannibalism because they are found in garbage. Baraybar (1993) is more categorical : at Chavín, the bones have been deliberately disarticulated and fragmented with cutting instruments and cut evidences; the more visible effects of contact with fire show that it happened when the flesh were still on the bones, which proves that they have been cut in order to cook or roast the flesh and not to turn bones into ashes.

-At Cerro Nañañique, Baraybar is more prudent, for he observes the lack of dismembering for the bones laying under the slopes and platforms. He suggests that it is a matter of ritual sacrifices, but without consumption of the flesh. -An other more or less attested case of cannibalism is found at Pacopampa (Burger 1992 : 109-110), but it reminds of Huacaloma and it is more likely a taphonomic effect, due to dogs and rodents. -Lastly, at Tablada de Lurín, Morford and Jones (1970 : 5056) have found numerous scattered bone remains (exclusively phalanx bones and a fragment of occipital) with marks of cremation and mixed with animal bones, together with offerings (globular vases, sodalite pearls) To summarize, it is possible that ritual cannibalism took place at Chavín, during the performance of unknown complex rituals. One can believe that ritual cannibalism also occurred in Nañañique, where complex rituals are attested. It stands to reason that if ritual cannibalism was performed in two places, it is likely a more common cultural trait; besides, it is not surprising, for cannibalism is actually attested in many other prehistoric, historical and ethnological human groups. We cannot definitely turn down than a certain form of culinary cannibalism also existed whose remains would have been released with animal bones, but it is more likely a matter of deliberate abandonment (M. Shimada’s thesis) or posterior disturbance of graveyards and taphonomy (thesis of Verano’s thesis 1999). Cremation Cremation is a very old practice, since, around 6000 BC at Tablada de Lurín, the three bodies are laying on an ashes bed, and the famous Paijan first south American man dated 8600 BC was laying “ sur une couche de cendres et de braises suffisamment chaudes pour avoir légèrement rubéfié le sédiment sous-jacent…sur la poitrine on observe une seconde couche de cendres..” (Chauchat 1992: 160)25. At Paloma, besides ashes bed or burning pebbles, laid on some bodies, Quilter (1989) describes an original cremating practice, which consists in setting on a kind of funnel which links the buried body with the outside, and pouring into burning embers. It is true that the number of sites where such practice has been found is small : 5 during the Middle Ceramic, 4 over the Cotton Preceramic, 4 over the Initial Period and 3 over the Early Horizon, but Quilter emphasises that, most likely, these practices should have been frequent, but have not been detected by archaeologists. Therefore it is a practice which continues, under various forms, in the studied time span.. Body “sticking” to the ground There are three examples over the Middle Ceramic, 8 over the Cotton Preceramic, one only over the Initial Period and none over the Early Horizon Most of the time “sticking” is done by putting large stones directly on the thorax or abdomen, or upon the grave. Sometimes, it is a symbolic gesture, with of one or several posts embedded through the body and ‘sticking’ it to the ground, as in four burials of Chilca. The fact that such burials are always open ground burial induce immediately the hypothesis that it is only a way to prevent deceased bodies to be exhumed by animals, but we shall see other interpretations later.

166

Continuity and Variability of the Mortuary Customs Pattern in Central Andean… 5

INTERPRETATIONS and CONCLUSIONS

Our first purpose was to check whether, and in which proportion, the drop of ratio buried/ burying population actually occurred during the time span of this study, as we have supposed. Figures 1, 2 and 3 bring a clear positive answer to this question. The three curves drop regularly and in the same way since the Middle Ceramic till the Early Horizon.. The number of archaeologically attested burials falls from 662 over the Middle Preceramic to 51 over the Early Horizon ( fig 1). The proportion of sites with graves on total of the number of sites, comes down from 75% to 28% (fig. 2) while the average number of burials by site drops from 42 to 5.5 (fig 3) and even to 2.2, if we omit the atypical site of Granja el Rollo. We should not give importance to the figures in themselves1389 burials for a duration of 6000 years, for instance, could seem very low- but to their comparison per Period and the pattern of covariance, and here the outcome is undisputable: the three curves show a similar trend toward a dramatic drop of buried population as compared to burying population. Actually, variation should have been much more important because the more we go backward in the past, the less we have chance to find evidences of burials (superposition or the sites, alluvium, climatic of anthropogenic upheavals, taphonomy, agricultural works, etc…). Once admitted that, during a specific period (Formative) and in a specific area (the Central Andean Area, out of Cupisnique and Ecuador) commoners were not buried in tombs, it remains to be seen what was their mortuary treatment. We can only make hypothesis because it is not a very easy task to talk of what has disappeared. The only available evidences are the human remains found out of graves which can be classified in two categories, as we have seen: Those used for ritual manipulation of the bodies, a practice which apparently did not exist over the Preceramic and increased since the Initial Period. Those found scattered and gnawed at in several sites.

examples of cremation in the ethnological societies of the South American rain forest, and the end of the Bronze age in Europe has been a period where cremation was largely used ( Crubézy et al 2000: 83). The third hypothesis is a variant of the second and is suggested by the Yanomamo and other rain forest tribe’s customs. It consists in incinerating deceased bodies in special purpose hearth or furnace, and then ritually eating the bones reduced to powder beforehand. Redmond ( 1994:79) writes: “As a matter of fact, the absence of burials at some prehistoric sites in lowland South America has been attributed occasionally to the aboriginal practice of cremation. For example Evans and Meggers (1960: 244) attribute the lack of any burial remains at Taruma phase site of the contact period along the upper Essequibo River in Guyana to the ethnographically documented practice of cremation among the Taruma Indians” . But finally it is only a form of endo-cannibalism and one could imagine a pattern of generalised endo-cannibalism for that Period, as suggests the continuation of the previous quotation: “…Similarly, the absence of burial remains at Santarem …has been attributed to the known practice of ritual endo-cannibalism among the Tapajos Indians in this area; according to Willey (1971: 416), the ornately modelled, pedestal ceramic vessels of the Santarem style were probably intended for use in such mourning ceremonies”. But we have seen that ritual cannibalism, if it existed, was quite seldom; our two potential cases are the Ofrendas gallery in Chavín de Huantar and Cerro Nañañique, and, in both /cases, bones were not reduced to powder, which excludes, in our opinion, its general use. Besides, as far as we know, one can hardly find mortuary urns in central Andean area in that period. One could also imagine, as in some North American tribes that the deceased bodies were ritually thrown into rivers or the sea, which would secure, after some centuries, the total destruction of the bones by the mechanical effect of rolling and rubbing. It is a conceivable hypothesis, for the theme of the regenerating role of water and its circulation under the Earth is a recurrent theme of the Andean mythology27. In Chavín de Huantar for example, water circulation in the galleries and the two rivers surrounding the ceremonial centre had definitely a great symbolic importance, and most of the sites were located on the seashore or along a river, but some are not, and not all /rivers are permanent; thus, during a period of time, it would have been impossible to throw the bodies into water. Not to forget any hypothesis, one can also imagine that, by chance,all the graveyards and burials of the two specific periods, but those of Cupisnique area, have been destroyed by catastrophic climatic or anthropomorphic hazards, or not found by the huaqueros or archaeologists, but it is a very remote hypothesis. Our second purpose was to look for the reasons of socio-cultural variability in the various mortuary customs, and to try to interpret them in terms of sociopolitical variability. In fact according to Binford (1971), funerary customs intra-group variability and diachronic change are the basic criteria allowing to measure the sociopolitical development degree of a society: “the form and structure which characterise the mortuary practices of any society are conditioned by the form and complexity of the organizational characteristic of the society itself” (Binford 1971: 23).

The lack of other archaeological evidences compels us to turn ourselves toward ethnology and ethno-history to find models. Our first hypothesis is that the bodies of commoners were simply exposed till total decomposition of the flesh and then, contrary to the practice of secondary burial frequently described by anthropologists, their bones, out of those used for ritual manipulation, were abandoned in open air and disappeared by biodegradation. But we have no idea if such a great quantity of loose bones could have totally disappeared (the fact that some are found inclines to prudence in that respect).And, moreover, we did not found any archaeological or historical example of such a behaviour in America. It did exist in the European Neolithic, particularly in the Cardial ceramic area ; see for instance Crubézy : “ les rivages de la Méditerranée ont livré des restes humains épars…” (Crubézy et al 2000: 67) et: “dès le Néolithique Ancien et plus encore dans les siècles qui suivirent, on rencontre souvent des os humains en contexte détritique” (id. : 76)26. The second hypothesis is of total cremation, but as we find merely none half-burned bone remains, we have to suppose that the bones were reduced to ashes, which requires a very high temperature, far from the technological abilities of Formative populations. Nevertheless, there are many 167

Continuity and Variability of the Mortuary Customs Pattern in Central Andean… Thus, in order to study the reasons of this variability, we will forget those mortuary customs which have no visible variability during our study time span: choice of individual or collective burials, primary or secondary burials, orientation of the bodies, dyes, cannibalism and cremation. But we will study more carefully, and eventually cross, those various mortuary customs whose variability grants us proofs of this socio-cultural variability: ratio of buried/ burying population, type of grave structure, localisation, funerary good, shroud and clothes, and particularly indication of ritual manipulation of the deceased bodies , trying, case by case, to work out the socio-cultural meaning of their variability (variant or variation) and to bring them back in the socio-political field. 1. The drop of the buried population suggests an evolution from an egalitarian society (same mortuary practice for every member of the band or tribe) to a complex and hierarchical society, where elite members reserve for themselves the right to go to the Other World with their human envelop. We don’t know if it means that the Other World is the exclusivity of the elite, but we suspect that it is more their status of media (necessary to exercise the power on commoners) with the Other World, which is thus turned to sacred. It has to be underlined that this specific pattern is rarely found elsewhere, the social status being more often manifested by the quantity of work dedicated to the grave and the richness of the mortuary goods (Tainter 1975), as is the case in Cupisnique area and in the Salinar polities (Early Intermediary Period). 2. In the Cupisnique area, actually, the structure and richness of the burials evolve from open ground burials to underground room during the Cotton Ceramic and the Initial Periods, and to vaults during Early Horizon, and from poor domestic goods to prestige goods, this fact being generally considered as an evolution toward complex and hierarchical society (Tainter 1975, Bartel 1982). 3. In contrast, in the non Cupisnique area, it is not the richness of the burial goods which indicates elite burials; but exclusive right to burial and transfer of grave from house to ceremonial centre seem to be the privileges of the theocratic hierarchical elite. This evolution appears toward the end of the Cotton Preceramic, increases over the Initial Period theocracies, to end up with the total disappearance of the commoner graves at the turning of the Period and over the Early Horizon when the few elite burials are all found in specially built mausoleums. Their disappearance (diachronic 4. Graveyards. variation) can be explained by the same social evolution: the change from an egalitarian society to a hierarchical society where the individual is more important than the collectivity. To the contrary, graveyards upholding in the Cupisnique area can be explained by a change of population (regional variation), that would confirm the thesis of newcomers (probably coming from Ecuador, since the same mortuary customs are going on there). Elsewhere, there would be local evolution of the former populations. 5. Position of the body does not change significantly during the major part of this time span. The only variant is

the seated position in a fardo, found in a few burials in La Galgada, which foreshadows a very common practice for elite burials on the south coast ( Paracas). The actual changes take place at the end of the Early Horizon in the northern area (Morro de Eten) with the extended dorsal decubitus burial which means more work dedicated to the dead and then a higher status. The further change of burial position (extended lateral decubitus), added to many other cultural changes, is likely to account for the arrival of a new population which progressively spreads over the north of Perú coming from the north since the first cultural evidences are found during the end of the Early Horizon at Puerto de Eten well before the following ones in the rio Virú , 200 kms southward. 6. shrouds and clothes. There are only variants, often for technological reasons (cotton replaced hide when cotton processing was invented), sometimes for local cultural reasons, in the Virú valley for example. 7. funerary goods. The generalized custom of burying the deceased with representative of their life in these World artefacts is a worldwide custom and signifies belief in an Other World. But what interests us is its evolution: During the Middle Preceramic Period, domestic artefacts and finery are the same for everybody (outside difference of sex and age); there are no rich and poor burials, necessary but insufficient clue of social equality, for during the Cotton Preceramic and non Cupisnique Initial Periods, increasing complex hierarchical societies do not lead to richer mortuary goods in the graves, presumably because elite status did not lead yet to ascribed status. During the Initial Period, domestic tools disappear and are replaced by containers; apparently food put in these containers is a sufficient asset for the Other World. Finery is richer in the Cupisnique area than in non Cupisnique area, showing a difference of status between elites which is perhaps an indication of ascribed status for the former and achieved status for the latter. During the Early Horizon, this pattern shifts because all the burials are elite burials28 and their content is only made of ritual and prestigious goods, indicating high and presumably ascribed status of the deceased; Kuntur Wasi, Morro de Eten, La Granja el Rollo, Chongoyape, as well as others which have not been taken into account, for their rich funerary goods comes from looted graves without context and are in museum or private collections29 . 8. another point to be underlined is that the lack of funerary goods often goes together with a lack of shroud and clothes: during the Cotton Preceramic, it occurs in 2 sites (Bandurria and Cerro Prieto). But Bandurria has been so badly excavated that we can ignore it. At Cerro Prieto, on the contrary, their absence has been carefully mentioned by Strong and Evans (1952). During the Initial Period, this common lack of shroud and clothes occurs in 8 sites and such a concomitance cannot be casual or economic, for in several cases such burials seem to belong to cult servants, that is to say high status people. It is more likely an indication of regional cultural variants for they do not go together with partition between Cupisnique and non Cupisnique areas. In the Virú valley for instance, the same cultural trait exists in Cerro Prieto (Preceramic) and Guanape (Formative) Periods and disappears abruptly with the arrival of Salinar populations. It is thus a regional variant.

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Continuity and Variability of the Mortuary Customs Pattern in Central Andean…

9. Special care infants and children burying. Their frequency during the Preceramic Period, their regular slowing down since the beginning of the Initial Period and their disappearance during the Early Horizon are particularly striking. This change of behaviour toward children manifests a change of collective mentalities. Now, collective mentalities evolve according to socio-political relationships existing into human societies: there are egalitarian huntergatherers and fishers, settling in villages during the Middle Preceramic Period; they devise new religious rites during the Cotton Preceramic and organise themselves into theocratic chiefdoms during the Initial Period. Socio-political evolution ends up with hereditary theocratic chiefdoms or state during the Early Horizon. The more likely interpretation is a natural tenderness towards children underlining perhaps the role played by women, but one can also argue a religious meaning : special care dedicated to infants as soon as the Middle Ceramic would manifest the belief that foetus and infants have an intervening power with the Other World where they have just come from. Later on, with the new burial pattern of burying only certain persons and changing religion beliefs, theocratic elites have retrieved and inverted this intervention power by institutionalising children propitiatory sacrifices. Whatever is the actual cause, it is a fact that the only children burials found at the end of the Initial Period and the Early Horizon witness ascribed status and not tenderness. 10. Body ritual manipulation. A/ Body “sticking” to the ground. We are tempted to see the stones or posts sticking the body to the ground as the expression of a strong supernatural fear, which is still existing in some present groups, for instance among the Laymis of Bolivian puna, where it expresses the need to preclude the “alive dead” to stand up and threat the livings. Fear that the dead come back to life is an expression of the fear of a social disruption, resulting in chaos (Quilter 1989). Olivia Harris who studied mortuary customs among the Laymis, writes accordingly: “from the many rituals associated with the period after death, it is clear that the dead are a danger to the living: the spirit must be restrained in its own body (by tying the neck arms and feet after death, the use of thorns prevents its escaping” (Harris 2001: 53). Here we also have an explanation for the several ropes tying bodies inside shrouds: it is not only a mean to carry on the mortuary fardo, but a symbolic custom that actually disappeared during the Initial Period, simultaneously with the custom to “stick” the body to the ground. It was thus a custom linked to religious ideas of the egalitarian societies and not corresponding to the religious ideas of complex societies. In the theocratic and hierarchical societies, belief in an eventual come back of the deceased among the livings is not an usable element for the elite to inspire respect and fear to the commoners. Therefore, it does not present any more interest, even more because the commoners are less and less buried in graves. B/ Ritual manipulation of head and skull is an important cultural custom and means that the head ‘is taken as the whole’ or that vital regeneration strength lies in the head. It existed since the Preceramic Period and does not increase significantly during the study time span. But our feeling is that what was a non lethal ritual at the beginning turns to human sacrifice, as attested in Wichquana and Chavín, and by the fact that the so-called ‘ trophy heads’ became very

frequent in the Formative iconography, perhaps under the cultural influence of Chavín de Huantar, for the first examples come from that shrine. C/ Cultural practices of leaving the body in open air or under a very thin layer of ground or waste instead of burying in graves, and voluntary incorporation of part of bodies in architectonical structures for propitiatory ritual use, do not exist during the Preceramic Period; start with the Initial Period and become more and more sophisticated during the Early Horizon. They are part of the increasing power of the former shamans manipulating the spontaneous human need to believe in Celestial Power ; it is not casual, if they increase inversely to the number of children burials. D/ increases since the Middle Preceramic till the Early Frequency of human and more strikingly of children sacrifices Horizon (see fig 8). Human sacrifice, a violent gesture, is an aforethought and positive religious actuation, a purification element as opposed to murder, which is always a negative element, an element of disorder. It is no wonder if human sacrifice is less frequent in egalitarian societies than in complex societies as the theocracies of the Initial Periods and mostly of the Early Horizon, when some people have confiscated the religious power and have to stress by some strong actions their communication power media with the Other World. It’s a very important clue for socio cultural evolution; beliefs have changed, influence of the prevailing priest cast becomes more and more important; their intimidation power requires human tortured body as a media between the Living and the Other World. Children are preferred because they are innocent and closer to this Other World. The shamans of the Preceramic Period, whose recognised authority was based on their relations with the Ancestors and Other World, but without civil authority, progressively seized all the powers by modifying social relations, by imposing and sanctifying more and more new complex and cruel bloody rites, particularly human sacrifices. One good example is the evolution of public behaviour with respect to children: while they were subject to very loving care at their death and burial, they came to be tortured and sacrificed to gain the favour of the Heavens on new architectonic structures. *** To summarize, the evolution of mortuary customs demonstrates the transition from an egalitarian hunter gatherers society to a complex society where inequality took place between a theocratic elite and the commoners. This inequality is manifested in different ways in the funerary customs : a. During the Middle Preceramic, the custom was to bury everybody, in the same way, under the dwelling or in large graveyards, with domestic customary instruments and finery, yet with more care for infants and children. All these customs witness an egalitarian society with natural religious beliefs, not imposed by a some outstanding persons. b. During the Cotton Preceramic, domestic burials still persist, but some people are now buried in the new ceremonial centres; the beginning and the end of construction of theses centres go together with dedicatory ritual offerings, comprising in certain special occasions, parts of human body, particularly skulls or heads. That means that some outstanding persons, through their religious and supernatural manipulation get sufficient authority to convince commoners to dedicate part of their time to erect these centres. Their role

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Continuity and Variability of the Mortuary Customs Pattern in Central Andean… give them power, but does not provide them with more richness. Inequality is not equivalent to different access to goods at this stage. c. During the Initial Period, the ceremonial centres develop dramatically, the number and power of the priests increase seemingly and the number of burials drops as well as the accompanying mortuary goods, complex body manipulation rituals are elaborated, linked to beliefs instituted by a religious hierarchy which develops his power. These rituals all emphasize /fear, and the fact that priests are the exclusive mediators between Gods or Celestial Powers and men in order to get obedience without failure. This supernatural fear is necessary because coercion means do not exist at this stage and will exist only with the advent of actual states. Indeed it is not the only way to inspire fear and obedience: confiscation of funerary space goes on with confiscation of sacred space; in fact, the layout of / huge ceremonial centres is done in order to progressively restrict the access to the more sacred part to a small group of priests, and they are decorated with huge anthropomorphic felines with projecting crossed canines and grimacing human cares dedicated to inspire fear. d. During the Early Horizon, the theocratic power is overriding, with the overall cultural and religious sphere of influence of Chavín de Huntar. In the network of polities linked to Chavín, the leaders take advantage of their new power to seize an important part of the resources and wealth

created by the new middle class of craftsman subdued to them, and found in their vaulted graves. Funerary practices and burials witness that the former egalitarian groups have evolved toward a complex and hierarchical society , whether we call it chiefdom, kingdom, or state,. Cupisnique area and Ecuador are on a different trajectory in this socio political evolution: In Ecuador, the Formative Period (Valdivia) begins more than one millenary earlier than in Perú, but the chiefdom pattern is different. Elite looks more secular than religious and power is more economic than theocratic (Raymond 1987; 1994). Accordingly, the way to subjugate commoners used by the rising elite does not require such a striking use of body manipulation; and when chiefdom evolves toward state in Perú, it remains the socio-political model in Ecuador, at least up to the Conquest. Cupisnique polities are perhaps the heirs of Formative Ecuador, which would explain why they have kept on the pattern of burying everybody, and the gathering of burials in graveyards. They could have been the trigger of /evolution in the central Andean area, but it seems that, once launched, the motion has been different in the mountain and the central and south coast: power has taken different appearances, characterized by an institutional violence toward individuals, to the advantage of a small theocratic elite and culminated with the cult of the feline in Cupisnique as well as in Chavín de Huantar, till the final collapse at the turn of the millennium and the arrival of new populations.

Map 1: Central andean area (after I. Druc, 1998 : fig 1) 170

Continuity and Variability of the Mortuary Customs Pattern in Central Andean…

Notes

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At Telarmachay, one of the Middle Preceramic site of the mountain (Junin area), D. Lavallée (Lavallé et al 1981: 81100) believes that the bodies were wrapped into a hide bag. 17 At Morro de Eten, see note xii,. the author told us that the bodies were wrapped in organic material, which would confirm the change of mortuary practices. 18 Wool is present since the Preceramic, but only as blade adornments, perhaps for technological reasons, for processing to insure duration and flexibility is trickier. 19 See the “toolkit” found with one woman burial in Telarmachay by D. Lavallée (Lavallée et al 1981; Lavallée 1995) 20 Engel 2988:28. This panpipe, found with adult burial n°110 , had a pyrographed design of a panpipe player. 21 See the “toolkit” with small balls of ochre and tools used to work hide, found near a woman’s body in Telarmachay (D. Lavallée et al 1981) 22 Crubézy (2000) gives several examples since the Neolithic Campaniform period in Europe. See also Neolithic Britannic site of Hambledon Hill ( Dorset) where the bodies were deliberately abandoned to open air, a burial practice known as “corpse exposure” (Archaeology Review 1996-97) 23 Verano 1991; Baraybar (in Guffroy 1994); Shimada M. 1982; 1985 24 Wing (m.s.) quoted by Lumbreras (1989: 208) but not listed in the related bibliography. The known publications of Wing account exclusively for animal bones. 25 “ ashes and embers sufficiently hot to have slightly turned red-pink the underlying sediment…on the chest one can notice a second ash layer” 26 “ the shores of Mediterranean Sea has shown scattered human remains….as early as Early Neolithic and even more in the following centuries, human remains are often found in the garbage” 27 see for exemple Del Carpio Perla et al, (2001: 113) “desde los trabajos pioneros de Carríon Cachot se ha venido hablando de un culto al agua para el Antiguo Perú y en especial para el Periodo Formativo...[el agua] fue el medio principal para acceder al universo de lo divino, posiblemente constituyo la parte mas importante de la parfernalia ritual para alcanzalo” (underline is of the redactor) 28 see note 10 in respect to EH Ancón cemetery and a different Southern cultural area . 29 See the rich Polli collection in Lima constituted exclusively from looted graves (Bonavia 1994), and Lavalle (ed) 1992, particularly for the site of Corbacho (Jequetepeque) as well as for many other looted graves.

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“Mortuary Practices”(1971) is entirely dedicated to the study and interpretation of mortuary practices according to New Archaeology Theory. 2 For the detailed choice and study of these criteria, the description of the sites and the data base, see Chamussy (2002) available either in Paris I University or IFEA (Lima) libraries. 3 Width of flooded coast depended on the width of the continental shelf that stretches out along the coast between Santa Elena and Paracas peninsulas. 4 See Korbacher 1999 and more specifically fig 3: 197. See also in the same publication the bibliography concerning relations between El Niño and proxy datas from the volcanoes. 5 We use the “Carta Cronológica del Formativo” (Lathrap et al 1996:16) as well as Marcos chronology 1988:78 , adding to it Las Vegas Preceramic (Stothert 1985: 1988) 6 The most widely used chart for Perú is the one of Rowe (1960) completed by Lanning (1960). As for the Early Horizon, we take into account short chronology, following Burger (1995, 1992) 7 For instance in the rio Lurín, there are 5 ceremonial enclosures in ten kms radius 8 It has to be noticed, however, that a cemetery with several hundreds burials has been found at Ancón (Colinas) by Tello in 1946, very succinctly described by Carríon Cachot (1948: 69-74); but the only available information does not allow to know the accurate number of burials nor the Period ( Initial or Early Horizon). Unfortunately, these excavations have never been published (see Kaulicke 1997: 15). If this cemetery is dated from Janabarriu, as one can suppose when looking at the only two very sketchy drawings we have ( Carríon Cachot 1951), then we could gather it with those of Paracas Cavernas. Thus we would have a separate area (south-central cost) where mortuary customs are very different from those prevailing in the whole central Andean area. In the present study we have taken into account only the burials excavated by Muelle & Ravines ( 1973). 9 This last figure would drop to 2.2 if we omit the atypical site of La Granja el Rollo (Wester et al 2000) which summarizes 12 out of the 32 Early Horizon burials 10 Huge looted cemeteries stretching without interruption from Llanan village until the low valley. 11 See note 10. 12 Burger (1992: 97) writes: “Cylindrical masonry burial towers were used for collective burial a several of the sites [of the middle portion of the Jequetepeque] 13 The only exception is Chungal (Jequetepeque) (Ravines 1982; 1985), but we have some doubts about that: according to the description and designs, it looks more like bones scattered for votive offering. 14 After this article was finished, we had the chance to read the C. Elera 1986 unpublished “Memoria de Bachiller” and meet with the author on august 1st 2004: position of the body is known for 4 out of 11 burials excavated and it is laid down on the back position, which seems to acknowledge the change of custom at the end of Early Horizon, (but only one

greatly disturbed graveyard has been excavated and there are other/ graveyards which have never been excavated at Morro de Eten ) 15 Delabarde (1997) believes that they were wrapped into an organic perishable envelop. 171

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Iconographie Nicolas Latsanopoulos : Porteurs de couteaux et Félins Volants : une approche iconographique du sacrifice humain par cardiectomie à Teotihuacan.

Chloé Pomedio : Xochipilli, Prince des Fleurs.

Bertrand Lobjois : Le serpent à plumes dans les rituels sacrificiels à Chichén Itzá.

Natasha Pantelic : Iconographie des structures architecturales de la Huaca de la Luna, et fonctions rituelles.

Marcela Sepulveda Retamal : Arte rupestre del extremo norte de Chile : evaluación crítica y nuevas perspectivas de análisis.

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Standing stones, Knives-holders and Flying Felines ...

STANDING STONES, KNIVES-HOLDERS AND FLYING FELINES : AN OVERVIEW OF RITUAL PARAPHERNALIA AND ACTORS OF CARDIECTOMY AT TEOTIHUACAN, MEXICO*. Nicolas LATSANOPOULOS

Resumen : Este artículo trata de un aspecto todavía bastante desconocido de las prácticas rituales en Teotihuacan, a saber el sacrificio humano por cardiectomía. Para este propósito, hemos procurado comprobar la existencia de una parafernalia especializada basándonos en los datos arqueológicos y los testimonios artísticos. El trabajo se inicia con el análisis del cuchillo curvo de obsidiana, la herramienta más emblemática del sacrificio por excisión del corazón, para luego dedicar el estudio a los vasos sacrificiales y en particular a los recipientes en forma de felinos recostados. Nos interrogamos después acerca de la presencia enigmática de bloques de piedra pulida hallados en las áreas de culto de los conjuntos residentiales y cuya función como piedra sacrificial no se puede excluir totalmente. A favor de esta hypótesis hemos evocado a las figurillas del tipo “Extended over ‘Table’ ”, un tipo recientemente descrito y todavía poco difundido, que representa a individuos echados de espalda sobre un soporte, en la postura característica de las víctimas de cardiectomía. A continuación, nos hemos interesado a la figura antropomorfa del “Portador de Cuchillos ”, proponiendo un estudio detallado de uno de estos supuestos sacrificadores cuyo retrato frontal adorna una lápida de travertino procedente de un contexto arqueológico bien documentado, el Palacio del Quetzalpapálotl. El análisis iconográfico del personage permitió aislar un componente de su traje, la “pata-voluta-ala ”, que no es sino uno de los atributos diagnósticos de un felino sobrenatural, el llamado “Felino Volador ”. Para acabar, hemos comentado las principales características de esta criatura al revisar su corpus puesto al día.

Résumé : Cet article se propose d’aborder un aspect encore fort mal connu des pratiques rituelles de Teotihuacan, à savoir le sacrifice humain par cardiectomie. Dans cette perspective, nous nous sommes questionné sur l’existence de mobilier rituel spécialisé en nous basant sur les données de l’archéologie et les témoignages artistiques. L’enquête a d’abord porté sur le couteau courbe d’obsidienne, l’outil le plus emblématique du sacrifice par excision du cœur, avant d’aborder la question des vases sacrificiels, et plus particulièrement le cas des récipients en forme de félins couchés. Nous nous sommes enfin attaché au problème des énigmatiques blocs de pierre polis que l’on trouve dressés dans les aires cultuelles des ensembles d’habitation et dont l’usage comme pierre sacrificielle ne peut être totalement exclu. Cette dernière hypothèse est étayée par l’existence de figurines de terre cuite du type “Extended over ‘Table’ ”, récemment décrites et encore largement ignorées, représentant un individu couché de dos sur un support, dans la posture caractéristique des victimes souffrant une excision du cœur. Par la suite, nous nous sommes penché sur la figure anthropomorphe du “Porteur de Couteaux ”, en proposant l’étude détaillée de l’un de ces soit-disant sacrificateurs dont le portrait, de face, orne une dalle de travertin issue d’un contexte archéologique bien documenté, le “Palais de l’Oiseau-Papillon ”. L’analyse iconographique du personnage a permis d’isoler une composante de son costume, la “patte-volute-aile ”, qui s’est révélée être l’un des attributs diagnostiques d’un félin surnaturel que nous avons dénommé le “Félin Volant ”. Pour finir, nous avons tâché de définir les principales caractéristiques de cette créature en nous basant sur un corpus mis à jour.

Introduction During the last decades, a number of important archaeological discoveries substantially enriched our knowledge on human sacrifice at Teotihuacan. The best examples, for the time being, are the early Feathered Serpent Pyramid (FSP) mass-sacrificial grave complex and the Moon Pyramid dedicatory burial offerings, which permitted, since the site has been the subject of studies, to acknowledge the importance of that unespected religious phenomenon in the Classic Central Highlands capital.1 In the present paper, I intentionally limited the subject to heart removal or cardiectomy, probably the favourite sacrificial mode at Teotihuacan, judging by the frequency of its evocations in the large iconographic repertory of the metropolis, and most particularly by the profusion of two

emblematic motifs : the bleeding heart and the obsidian curved knife. It is necessary to emphasize directly that the main testimonies of cardiectomy are precisely pictorial manifestations, as we cruelly lack direct material evidence, as human bones bearing the specific traumatic traces due to heart excisions. In the case of the ritual decapitation, physical remains (fundamentally the skull with the maxilla, the cervical vertebras in connection and the hyoid bones) are frequently discovered, when pictoric manifestations, like the use of human trophy heads, are absent or questionable. In order to clarify the problem of cardiectomy direct evidences, it seems useful to start our study by first recording the technics of heart removal before proceeding with the rest of the study. One of the few studies on this

* This paper is partially issued from an academic work (Mémoire 175 de Maîtrise) intituled “Approches sur le sacrifice humain dans la Vallée de Mexico à l’époque Classique : le cas de Teotihuacan ”, prepared under the direction of Professor Michel Graulich, and presented in december 2003 at the Ecole Pratique des Hautes Etudes, Vth Section, Paris.

Standing stones, Knives-holders and Flying Felines ... artefact – unfortunately removed from its original context has been presented by Florencia Müller in an unpublished study about polished and chipped stone at Teotihuacan (Müller 1966a : 36, Pl. VI, fig. A1) (Pl. I, fig. a). That intriguing tool has been immediately ranked amongst the sacrificial instruments category. Called “scalpel”, it has been examined by surgeons who concluded that “posiblemente se utilizaba como un bisturí o escapelo para cortar la aorta o el corazón. Las curvas eran para que el instrumento no se embotara en los tejidos grasosos alrededor del corazón ” (Ibid. : 36). The same green obsidian knife has been illustrated by Jorge Angulo who emphasized the resemblance between the tool and a class of hand-held objects common to pulque gods, such as the curved object that brandishes Patecatl in Codex Aubin 11 and Codex Magliabechiano 55 (Angulo 1996 : 126; see fig. 3.34b page 122). In all these cases, we think that the objects helded are god insignias which symbolic dimension prevails over a functional use. It is well known that pulque actually played a role during religious ceremonies at Teotihuacan, as a beverage and an offering, and the plant itself was anthropomorphized or placed under the authority of a specific masked god (Taube and Miller 1997 : 163; Rivas Castro 2001). Last but not least, a strong metaphorical link exists between the preparation of the maguey plant in order to produce the aguamiel and the act of heart removal itself : when ripe, the agave develops an organ known as meyolotl, “maguey’s heart”. Before growing into the floral stalk, the crescent organ has to be removed with a knife during a critical process called castration or picazón. However what may be, the delicate knife presented by Müller certainly was not used in maguey exploitation. More recently, Saburo Sugiyama (1995 : 147-48) pointed out the presence of a curved obsidian knife fragment into the disturbed layers of the FSP Grave 13, a burial looted in Pre-Columbian times, located near the centre of the pyramid. The fragment belongs to Type B, the “S-curved narrow bifacial knives with a point at one end and a stem a the other”, according to the author’s classification of obsidian bifacial tools into five types (Ibid. : 146). It remains unclear if the knife, if ever complete, was used during the execution of the buried persons, who do not present any stigma of violent death, or simply deposited as a symbol of sacrificial rituals. To these finely retouched bifaces, we should add examples of huge obsidian nuclei with a curved distal extremity, coarsely shaped out, which have been compared with sacrificial knives depictions (see Berrin and Pasztory, 1993 : 268, fig. 168; Pl. I, fig. i). That function has not been confirmed yet, and we are made to question wether these strong heavy blades are not rough nuclei intended for knife making, or rather a type of club, as some items exceed 50 centimetres in length. That hypothesis has been suggested by Müller (1966b : 618-19) who reported the discovery of several obsidian “axes”- the author calls them “hachas de desnucar”or “hachas del verdugo ”- in association with the so-called “ballcourt marker ” of La Ventilla. Müller’s designation is supported by a misreaden scene incised on a tripod vessel, depicting the beheading of a big starry cat (Pl. I, fig. j). The feline, sitting in an aquatic environment, has its head hooked by a “falling” elongated object with a bent extremity.

subject has been realized in the Maya area by Robicsek and Hales, who described methodically four ways of reaching and extracting human hearts (Robicsek and Hales 1984 : 76-85). If the two most direct approaches consist in cutting the breastbone vertically (midline axial sternotomy) or transversally (bilateral transverse thoracotomy) - which would be easily detected on the sternum - the “left anterior intercostal approach ”(an incision is carried laterally between two ribs) and the “transdiaphragmatic approach ”(the upper abdomen is opened and the heart is reached after cutting the diaphragm muscle) are presumably very difficult to detect. Another procedure, rarely mentionned, has to be added : it consists in cutting the cartilaginous bounds between the left ribs and the sternum before inserting the hand to extract the heart, an operation which “when performed by a skilled practitioner, (…) leaves little or no traces on the bones” (Goldsmith 1996 : 5, after Michael Spence, Personal communication 1996). For the time being it’s impossible to know which heart removal techniques were preferred at Teotihuacan. A gap exists in the data since no overt sacrificial scenes and bodies are depicted, as it will be shown later on. However, the intensification of anthropological studies on human remains will certainly lead to interesting new discoveries. Fortunately, other material testimonies enable us to grasp the reality of cardiectomy at Teotihuacan.

The ritual paraphernalia Such rites as human sacrifice are supposed to have been highly codified in standard procedure that included the use of specialized furniture with both an utilitarian vocation and a symbolic dimension. For the Central Highlands postclassic period, we have complete lists of ritual artefacts like those drawn up by Fray Sahagún in the Códices matritenses. Among the list referring to the artefacts used during the common ceremonial practices of the Great Temple of Tenochtitlan, the sacrificial stone, techcatl, and the sacrificial flint knife, tecpatl, come first; among the listing of the structures where sacrifices were held, the recipient used to receive the sacrificial hearts, quauhxicalli (“vasija del águila”), is frequently referred to (see León-Portilla, 1958 : 78-81). Thanks to the numerous archaeological excavations carried out in the religious centre of the Mexica capital, many examples of that specialized furniture were discovered. Now what about Teotihuacan? Do archaeological data provide direct evidence which attest to the existence of ritual paraphernalia associated with the practice of human sacrifice by cardiectomy? In order to define the way the practice expresses, we will review briefly the most eloquent testimonies available in the specialized literature. The curved obsidian knife The motif of the obsidian knife is, more often then not, represented as a curved blade on a vast range of materials and constitutes undoubtedly a common motif of the iconographic repertory. If its comercial and economic importance are recognized, very few is known about its symbolic dimension. Contrary to what should be expected, very few bifacial obsidian knives were actually found among the archaeological objects. So far the only complete 176

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Plate 1 : obsidian bifacial tools and their representations A: obsidian bifacial knife with a curved point (18,5 x6 x 1,2 cm). Teotihuacan Archaeological Zone. After Dulché’s drawing in Müller 1966a : Pl. VI, fig. A1; B: detail of a stuccoed and painted tripod decoration, Tetitla, Burial 14. From Séjourné 1966b : 110-111, fig. 92 (drawing M. Rubio); C: detail of a mural painting, Zone 5a, Conjunto del Sol, Portico 19. After photo in Séjourné 1966a : 305, Pl. CXVII; D: detail of a champlevé decoration on a sherd. Adapted from von Winning 1987 : Vol. I, Chap. VII, fig. 10a (drawing H. von Winning); E: detail of a stuccoed and painted tripod decoration. Unknown provenance. Late Xolalpan phase. MNA, Mexico City (9758). Adapted from Covarrubias 1971 : 165; F: bloody knife with human heart, mural painting, Zacuala Patios, Platform 1, Mural 2. Adapted from Miller 1973: 116, fig. 218 (drawing F. Dávalos); G: curved obsidian knife associated with a Tasseled Headdress, decorated potery sherd. Zacuala. After Mendoza’s drawing in Séjourné 1959: 155, fig. 126a. H: detail of a stuccoed and painted vessel. La Ciudadela, Conjunto ID. After Jarquín 2002 : 130, fig. 303; I: huge obsidian tool (51 x 23 cm). Teotihuacan Archaeological Zone. Metepec phase (?). MNA, Mexico City (9-3741). After photo in Berrin and Pasztory 1993 : 268, fig. 168b; J: “The beheading of the big starry cat”, cylindrical tripod decorated in champlevé (22,4 x 12,5 cm). Teotihuacan Archaeological Zone. After photo in Alcina Franch 1978 : 264, fig. 384; K: severed head of a feline eating a heart, glyphic figure from La Ventilla, Plaza of the Glyphs, Late Tlamimilolpa/Early Xolalpan (A.D. 450). In situ. After personal photo.

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Standing stones, Knives-holders and Flying Felines ... In all regards, we read the scene (a mythological event ?) as an animal decapitation ritual. This object, which general shape of which is close to the huge obsidian bifaces cited above, can be assimilated to an axe or a club. The former rite is perfectly illustrated by the discoveries of the Moon Pyramid Burial 3 which contained, between a rich sample of faunal remains, more than 18 decapitated animal heads (Sugiyama and Cabrera, 2000 : 73). A synthetic expression of the feline decapitation theme can be found in a threepart sign cluster integrating a heart bitten by a feline head and a trilobe sign falling down from the animal’s neck (Pl. I, fig. k). Consequentely, we think advisable to do a distinction between tools reserved for cardiectomy and others for decapitation, judging by the variety of bifacial obsidian implements.

British Museum, is said to have been fortuitously discovered at the west side of the Pyramid of the Sun by a farm worker from San Francisco and sold to an English traveller in Mexico City (Gamio 1922, Vol. I : 123; Seler 1998 : 189). Seler was the first to connect, undirectly, the recipient to the sacrificial sphere by comparing it in a pragmatic way to the crude pottery double vases “intended for sacrifices ”and copal burning known nowodays under the Spanish name candelero. According to the German mexicanist, the stone vessel “(was) probably used by the prince himself, or on a special occasion it was used in place of the crude pottery named above ” (Ibid. : 189). Apparently, Seler never thought about cardiectomy sacrifice, but rather about personal penitencial bloodletting, by comparing the double vases to postclassic self-sacrifice implements. This fact is approved by Zelia Nuttall’s 1904 study about Aztec penitential rites, where the author comments on Serna’s description of Atemoztli festival, during which “small sall-cellars” containing paper stripes covered with the penitent’s blood were sent on the altars of Quetzalcoatl temple, where they were burnt with copal gum (Nuttall 1904 : 449). In the forties, the Mexican art historian Salvador Toscano (1944 : 91) described the Teotihuacan vessel as a crouching jaguar with a container for hearts and blood, comparing it to the Aztec monumental Ocelotlcuauhxicalli, “Eagle’s vase in the form of a jaguar”. This opinion was quickly widespread (see Alcina Franch 1978 : 157; Díaz Balerdi 1985 : 15; Lombardo de Ruíz 1996 : 361-62), even if some commentators remained more cautious. The spectacular Mexica monument must not occult the existence of smaller modest crouching feline vessels, like the case of a basalt jaguar (60 x 27 x 33 cm), found at Atzacualco (north of Mexico City), under the floor of a portico preceding the patio of a shrine identified as the Black House, Tlillancalco (Cedillo Vargas, 2000 : 69, 71); (Pl. II, fig. h). Now, we should remind that the tecali vessel is not the only existing example of this type at Teotihuacan. A similar sculpture, of smaller size and in basalt, has been recently brought to light in La Ciudadela Compound 1D (Pl. II, fig. e). The little sculpture, out of its primary context, had been rejected in a passageway between Groups E and F, mixed with many quantities of charcoal, braseros fragments and obsidian prismatic blades (Jarquín Pacheco 2002 : Vol. I, 168 and Vol. II, 62 : figs. 119 and 120). It possesses the same containers device as the tecali recipient but it does not show particular body features. Moreover, crouching feline sculptures with only one recipient have also been discovered, even in funerary contexts, like in Tetitla Burial 17, one of the earliest burials of the compound (Late Tlamimilolpa, A.D. 300400) (Pl. II, fig. f). It was part of the rich burial offerings of a young male located in the Northeast Temple platform (Rattray, 1997 : 154-55). In short, if these zoomorphic stone recipients undeniably constituted receptacles used to receive offertories, nothing authorizes us for the moment to consider them as the specific vases reserved for the sacrificial blood and hearts of human victims despite their strong resemblance with the specialized items in postclassic times.

The sacrificial receptacles We have seen that in postclassic times ritual vessels intended to receive the sacrificial heart and blood of victims by heart removal integrated normally the cardiectomy complex and formed part of the shrines furniture. The most common existing model, both as a stone recipient and as two-dimension depictions, was a low recipient with a flat bottom and slightly flaring straight walls called the “Eagle vase”. It was decorated with a line of circles or “precious stones” on the lower part, surmounted by a range of eagle feathers (Graulich, 1993). Nevertheless, other kinds of receptacles were used as sacrificial articles, according to the divine adressee and the religious calendar. In the Maya area, the extracted hearts were generally placed on or between plates and bowls without particular shape nor decoration (Tozzer 1941 : 119, 143 note 684). The existence of sacrificial vases at Teotihuacan is a difficult case to substantiate as we lack direct evidence and validated sources for the Classic Central Highlands period. Nonetheless, some ceramic vessels decorated with suggestive human hearts, sometimes bleeding (Pl. II, fig. c), might confirm this hypothesis, even if the link between the vessels decoration and their sacrificial function is not clearly established. Recently, Ruben Cabrera (1996 : 406) asserted that a glyphic figure painted on the floor of the Plaza of the Glyphs at La Ventilla compound, is a recipient whose geometric surface design is similar to the postclassic quauhxicalli. But if the formal analogy is actually convincing, similar recipients, both in shape or decoration, have never been recovered in archaeological contexts, though. So that interesting hypothesis needs checking. The crouching felines containers In other respects, many commentators consider that a group of zoomorphic sculptures in the form of a lying or crouching feline, with one or more cavities carved on its back, served as sacrificial vessels, basing their interpretations on postclassic ethno-historical and archaeological sources. At Teotihuacan, the first reported sculpture of this type, is a tecali2 feline illustrated by Leopoldo Batres at the end of the nineteenth century (Batres, 1888 : Pl. XII ; see Pl. II, fig. d and Pl. VI, fig. a for an updated version). The sculpture, now in the London 178

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Plate 2 : painted recipients, decorated vessels and crouching feline containers A: painted “recipients”, La Ventilla, Plaza of the Glyphs. In situ. After Cabrera 1996 : 406-407; B: vessel painted with a heart. From Séjourné, 1966c : 182, fig. 164; C: roll-out drawing of a large stuccoed and painted Thin Orange vessel decorated with bleeding hearts and trispirals (50 x 14 cm). West Plaza Group, Adoratorio 9 vestibule. Adapted from Morelos’ drawing in Morelos 1993 : PI. F.I.I, El. 25; D: tecali (travertine) offering vessel in the shape of a crouching feline with extended feathered legs (33,5 x 31 x 16 cm). Teotihuacan Archaeological Zone. Late Tlamimilolpa/Xolalpan (A.D. 400-600). British Museum, London (Ethno 1926-22). From Seler 1996 : 190, fig. 15 (drawing W. von den Steinen, after Batres); E: zoomorphic recipient in andesite (17 x 16 x 9,5 cm). La Ciudadela, Compound 1D, passageway between Group E and F. PAT 1980-82 (MNA 10-213196). Front view after personal photo; lateral and upper view after Jarquín 2002 : 62, fig. 119; F: crouching feline with one receptacle in the back, sandy stone (20 x Il x 8 cm). Tetitla, Burial 17. Late Tlamimilolpa. After Séjourné 1966a : 271, fig. 181 a; G. Thin Orange zoomorphic vase. Unknown provenance. Ex-coll. K. Stavenhagen. After photo in Séjourné 1966c : 296, PI. 63; H: basaIt crouching feline, stuccoed and painted (60 x 27 x 33 cm). Atzacualco, Mexico City. Aztec culture, Late Postclassic. MNA, Mexico City. After photo in Cedillo Vargas 2000 : 70, foto 1.

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Standing stones, Knives-holders and Flying Felines ... figures (Morelos 1993 : Pl. F.1.2, El. 5; Berrin and Pasztory, 1993 : 179, fig. 16). Such a location in an intermediate zone between the devout person or the officiant and the altar does not confer them the status of a venerated image but rather a medium in the ceremonial activities. These Teotihuacan shrines share a strong similarity with the Zapotec two-room temples combining an outer room or “vestibule” where, according to the reconstitution proposed by Joyce Marcus, came persons who wished to make an offering, “but the actual ritual sacrifice would be performed in the more sacred inner room by a priest on an altar called pecogo, or pe-quie (‘stone of pè’)” (Marcus 1978 : 174). Still, in the West Plaza Compound, it is good to remind that the Thin Orange vessel decorated with bleeding hearts and trispiral signs was discovered in the vecinity of a big trapezoidal stone bearing the vestigial plaster line of a floor surface at its base, an indication of its original erected position. To sum up, it appears that the actual stage of affairs does not permit to define with assurance the function(s) of these peculiar stones. Their use as a support for the body of a human victim during a cardiectomy ritual remains hypothetical and requires more archaeological data.

Can Teotihuacan standing stones hide sacrificial stones ? If we report to pictorial scenes and to visual testimonies from the Postclassic and the Conquest periods, the act of placing the victim’s back against a rigid support, whose shape and even primary function could vary a lot (examples of standing stones, round or cubic altars, horizontal drums, or even chac-mool are known), in order to keep the victims in position and to expose their chest, was a generalized custom during the heart extraction. These supports seem to have been a fundamental part of the cardiectomy ritual throughout mesoamerican time and space. At Teotihuacan, many stone blocks, carefully polished and standard in size, have been regularly excavated in the ceremonial centre without raising any particular attention. Few authors studied the function of these enigmatic stones apart from general appreciations, like those expressed by Jorge Acosta who spoke about “objetos de gran veneración por los antiguos habitantes, los cuales las colocaban en sus habitaciones para rendirles algun culto obligado por la religión” (Acosta 1964 : 34). Esther Pasztory rather suggested that the large anthropomorphic greenstone sculptures in-the-round, usually found in the compounds shrines, may have been carved from these stones (Pasztory 1993 : 307, from R. Cabrera, Personal communication 1984). But, in that case, if we are speaking about preforms reserved to statuary confection, the attention provided to their shaping and polishing remains unexplained, as the existence of stones in situ, firmly settled into the floor, clearly attests to a concrete fonction. Moreover, a petrographic analysis of the sculpted figures is also lacking in order to identify the nature and the source of the stone and like this, determine their resemblance with the polished stones. The hypothesis that these stones could have served as sacrificial stones must be seriously taken into account. Let us examine briefly their main characteristics. A rapid overview of the polished blocks visible in the site, shows the co-existence of two categories in shape and height : tall trapezoidal stones (up to one-meter long; see Pl. IV, fig. a left) and small tronconic ones (not beyond 0,50 m length; see for example Morelos 1993 : Pl. F.4). These two categories are similar to the few existing archaeological techcatl known out of Teotihuacan, some of which still conserve their original location, which is generally in evidence on the upper platform in front of sacred precincts and temples, the place where human sacrifices used to be performed. As noted by Acosta, at Teotihuacan, the polished stones in situ are systematically found into rooms with a reduced access. One of the most eloquent case is that of the West Plaza Group, located east of the Death Avenue, where more than 10 stones have been discovered. Five of them are still settled into the floor and correspond to the small tronconic category. All are located in the compound worship area, respectively in Room 13, 14 and 23, either in the room vestibule or in the backroom. Such a location, which seems to have been the rule, impeded anyone from seing them from the outside, and confirms the private dimension of their use. Besides, the stones in Room 13 and 14 were placed in front of a permanent altar, used to receive “worship images” like the precious greenstone

A panorama of iconographic evidence of cardiectomy We have been speaking about the plethoric representation of knives and bleeding hearts at Teotihuacan, spread on all sorts of artistic mediums, as many references to a sacrificial discurse. Our purpose here is not to make a critical inventory of all the pictorical patterns describing or evoking cardiectomy, but rather to pay attention to rather unknown or forgotten elements with important implications in our debate. The terracotta figurines During our investigations, the terracotta figurines turned out to be of particular interest. As a rich and varied category of modelled or moulded artefacts produced in highly quantities during all the site history, they are unique in displaying a detailed and expressive human body. So far, few remarks about the probable depiction of sacrifice have been put forward. In this way, Warren Barbour noted the existence of articulated figurines, usually called “puppets”, with no indication of clothing and with a hole through the middle of the chest, commenting that the perforated chest “may represent a ritual sacrifice or killing ceremony in most cases” (Barbour 1975 : 20 ; Pl. 79, fig. k). Sue Scott lately suggested that the holes were designed for suspension, converting the figurines into pendants (2001 : 33 ; see Pl. 35c, Pl. 45d). Another puppet variant is figured by anthropomorphic felines with movable legs and wearing a loincloth, with one or various holes in the chest, underlined by a triple drop which is in fact a trilobal sign (Séjourné 1966c : 270, fig. 181; von Winning 1987, Vol. I : Chap. VIII, fig. 5; Scott 2001 : Pl. 80). It is well known that according to the context, the trilobe symbolizes water or blood, both precious vital liquids. Here, the association with a perforated chest suggests rather a bloody symbolism that can be connected to heart removal. 180

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Plate 3 : painted scenes and terracotta figurines related to heart removal A: “Coyotes and Deer” mural (61 x 147 ,5 cm). Probably Techinantitla. Metepec phase. The Fine Arts Museum of San Francisco, Bequest H.J. Wagner (1985.104.12). From Berrin 1988 : 122, fig. V.ll (drawing S. Sugiyama); B: “Depredatory Birds” mural (128 x 44 cm). Zacuala, Portico 7. Teotihuacan Archaeological Zone (10-570085). Alter photo in de la Fuente 1996 : Vol. I, 468, fig. 5. C: two details of the “Water Talud”, Tepantitla, Portico 2, Southeast wall. In situ. After photo (courtesy V. Magar); D: “Extended over ‘Table’” type male figurine and reconstruction drawing. Group 5. From Goldsmith 2000 : 217, ill. 55, and 218, ill. 56 (drawing V. Moreno); E: variant of the “Extended over ‘Table’” type figurine (7 x 3,5 cm). Pyramid of the Moon, Building 7 fill material. Pyramid of the Moon Project collection. After photo in Montoya 1999 : fig. 13; F: acephalic figurines with corporal incisions. Unknown provenance. Fundación Televisa A.C., Mexico City. After photo in Reyero 1978 : PI. 43; G: humpback figurine with two horizontal incisions on the chest. Zacuala. Alter Mendoza’s drawing in Séjourné 1959 : 85, fig. 59f; H: anthropomorphic whistle. Unknown provenance. British Museum, London. After photo in Langley 1991 : 296, fig. 21.

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Standing stones, Knives-holders and Flying Felines ... dealing with the manifestation of cardiectomy effects or rather an evisceration, another distinctive sacrificial mode ?3 Moreover, the authenticity of the figurine itself – a whistle in fact – has been recently questioned. According to Scott (2001 : 69-70), the whole figurine is a modern fake that integrates an original head. The author adds that the chances to find such a cruel depiction is limited because “the Teotihuacanos did not express this sort of overt personal goriness in their visual images”. Even if the authenticity of the figurine is really doubtful, such a categorical judgement must be balanced by contemplating the intensity of the dramatic charge of the “Extended over ‘Table’” type figurines which do not overtly represent the bloody act or its consequences, but stages the human victim at the crucial moment of their death. To conclude, we must recognize that the study of terracotta figurines still constitutes a very precious approach. As a sensitive reflect of Teotihuacan ethos, the figurines also express a large repertory of social practices. The “Extended over ‘Table’” figurines type openly show a sacrificial human victim. Does it mean that the purpose of describing the actors of sacrifice really existed ? With regard to the “victims” category, the discussion is limited by the lack of more complete informations. The question of the “destinaries” is essential but exceeds the limits of the present work. On the other hand, the case of an indispensable participant of the ritual, the sacrificer, generally considered to be depicted as an anthropomorphic figure carrying obsidian knives, remains to resolve. For convenience sake, we have decided to denominate him the Knives-holder.

Fortunately for us, recent studies identified much more evocative figurines like the new type described by Kim Goldsmith (1996). Determined from a group of six incomplete figurines recovered from fill contexts in Group 5 area, this type has been denominated “Extended over ‘Table’” and depicts female and male individuals laying face-up on a rigid object. If the female figurines represent unclothed pregnant female lying on a table-like object kept oblique by two legs, whereas the unique male figurine wears a simple loincloth, the basic male garment, his body arched backward on a slightly convex object with a yokelike section (Pl. III, fig. d). In the illustrated case, both arms and legs hang down while the now missing head used to be raised. According to Goldsmith, and we approve of her interpretation, the “Extended over ‘Table’” type figurine may be depicting a sacrificial scene, the object used as a support, seemingly, a sacrificial stone. Since then, other similar items have been recovered, like the case of a figurine mixed with another type of debris in the fill material of the seventh construction phase of the Moon Pyramid recently studied by Janet Montoya (Pl. III, fig. e). However, the arched body is naked and the support, now missing, left a slight depression on its back. None of these figurines possess any other traces on the body, which would have corroborated the sacrificial dimension of the scene. Nevertheless, the body posture undoubtedly reminds of the position of heart removal victims as commonly illustrated in Classic and Postclassic art and pictographic manuscripts. In other respects, we would have here the indirect evidence of the use of a specific support during the execution, an element totally absent from the metaphoric depictions of possible heart removal scenes in mural painting, like the “Coyotes and Deer” and the “Depredatory Birds” murals, and including two frequently quoted details from the Tepantitla murals (Pl. III, figs. a and b). It must be recorded that some clay figurines bear some suggestive traces on thoracic and abdominal regions, intentionally applied before firing. In 1959, Séjourné published an acephalic humpback figurine from Zacuala, with two deep horizontal incisions crossing its prominent rib cage (Pl. III, fig. g). Reyero also presented two acephalic figurines – the neck is too shorty for receiving any mobile hollow head – one with a large ventral cut while the second shows two parallel cuts at each side of the thorax (Pl. III, fig. f). Our first reaction has been to associate these cuts with the distinctive stigmata left by one of the clinical heart excision procedures, but the results are not convincing. If a large horizontal ventral cut could correspond to a “transverse bilateral thoracotomy ” wound, why do we found two incisions in one case ? And what about the double bilateral incisions ? Are they depictions of corporal cuts or rather the expression of a squeletical rib cage ? Anyway, we have to admit that we need more examples of comparison. Our last example is an intriguing figurine conserved in the London British Museum and presented by Langley in 1991. It depicts a male wearing a loincloth and a headdress, the ankles fettered with a twisted rope, the left arm bent behind the back, and with a sinuous excressence gushing from the abdomen (Pl. III, fig. h). That last point led Langley (1991 : 297) to speak about the representation of a heart removal scene, but as a matter of fact, the precise nature of the scene is still uncertain : are we

A Knives-holder portrait on the broken slab from the Quetzalpapalotl Palace Some interesting representations of individuals, either in profile or in full-face “portraits”, holding one or two curved obsidian knives in their hands exist among the rich and abundant Teotihuacan iconographic repertory. Considered as divinities in the past (Itzlacoliuhqui, “curved obsidian knife”, the god of the frost and castigation, according to Caso (1968 : 271) or, according to Séjourné (1966a : fig. 83) and Cook de Leonard (1985), Tlahuizcalpantecuhtli, “Lord of the Dawn”, the god of the morning star), the tendency has largely evolved and current scholars speak now about priests-sacrificers. The discussion about their function (they carry spears as well as copal bags, the diacritic elements of warriors and priests) and their nature (are they human beings or rather divinities ?) is still open and reflects the difficult task of identifying convincingly anthropomorphic figures in Teotihuacan art. Anyhow, the importance of the personage is expressed by the “holding posture”, a prevalent symbol of authority in whole Mesoamerican art. To wield knives is to wield power. Moreover, according to the general opinion, the elements usually impaled on the knives point are said to be bleeding human hearts depictions. To date, this prevalent judgement has not been conclusively prooved, even if it is known that they are actually “hearts” (see Pl. 3, fig. a). In effect, in view of the importance of animals sacrifice at Teotihuacan, we can not exclude that these hearts are those of animals. 182

Standing stones, Knives-holders and Flying Felines ...

Plate 4 : the Knives-holder of the Quetzalpapalotl Palace A: axonometric view of Zone 2 (drawing G. Ramírez) showing the principal artefacts recovered into the rooms of the major patio. From left to right (not to same scale): polished greenish stone (76 x 35 cm), discovered in the looting well of south room. After photo in Acosta, 1964 : figs. 50a and 50b; fragmentary tecali slab (45 x 50 x 10 cm), mixed into the destruction layers of west room. From Acosta 1964 : fig. 60b (drawing A. Mendoza); sitting Flying Feline in tecali (19,5 x 13,5 x 16 cm), associated with a rectangular base of the same material, discovered on the floor north room. After Acosta 1964 : fig. 53; B: Knife-holder in a bird costume, mural painting detail, Zone 5a, Conjunto del Sol, Portico 19. From Séjourné 1966a : 305, PI. CXVII (drawing A. Mendoza/M. Rubio); C: aviform creature, Palace of the Quetzalpapalotl, Patio of the Pillars, Pillar 3. From Acosta 1964 : fig. 10 (drawing A. Mendoza); D: detailed view of the tecali slab, showing the lateral “band”with knife and paw. After personal photo; E: frontal bust-like Knives-holder on a stuccoed and painted cylindrical tripod (13,4 x 14,3 cm). Unknown provenance. The Saint-Louis Art Museum, (SLAM 338.1978). After Berlo 1984 : Vol. II, PI. 153b; F: Knives-holder standing on a platform beneath a temple, terracotta roof ornament (82,5 x 58 cm). Site of Cînteopa near Amatlán, Municipio de Tepoztlán, Morelos. Conserved at Amatlán. After photo in Cook de Leonard 1985 : 54, fig. 2b.

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Standing stones, Knives-holders and Flying Felines ... Without a moment’s hesitation it is a sacrificial knife, despite this puzzling detail : the knife is not grasped by any hand, as usually shown, seized under the hilt. However, the absence of the Knives-holder’s hands seems to be balanced with the presence of the imposing feline paws. Shall we see any relationship between the paw and the human hand ? As a matter of fact, it seems that the clawed paw works as a perfect human hand substitute, and more precisely as a hand armed with a knife : don’t the curved claws reflect with a cold precision the sharp silhouette of the obsidian knife ? Aren’t they both invested with the same lethal power ? Many aspects remain unresolved and a more detailed deciphering of the lateral band where the knife and the paw are connected is urgently required.

In any case, as the heart has been extracted yet, it is clear that we are in presence of actors involved in a postsacrificial rite connected with cardiectomy.3 Located at the southwest corner of the Moon Pyramid Plaza, the so-called “Palace of the Feathered Butterfly” belongs to the Teotihuacan last occupational period (Metepec phase A.D. 550-650). Excavated and entirely restored in the early 1960s, this administrative-religious compound owes its name to the low-relief decoration on twelve sculpted pillars bording the main sunken courtyard, conforming to a porticaed gallery connected to three vast enclosed rooms on the north, west and south side. The archaeological data indicate that the Palace was hastily deserted before being ruined by an arson which made the roofs collapse and embedded the covered rooms. Later on, the Palace suffered from a severe looting, a systematic manoeuvre extended to the whole ceremonial centre. Finally, all these violent events were followed by the massive though not total abandonment of the city. The slab was discovered in 1962 into west room looter pit filling, three metres under the floor level (Acosta 1964 : 64). There is no doubt that the slab was intentionally rejected there but its exact source remains unreliable. The most certain is that the slab was originally located in the west room before being broken by the looters or better by the roof fall, then mixed with the destruction layer and finally thrown into the large perturbation hole that affected the central part of the room. Considering that the slab has been brought back from another zone is a less pertinent hypothesis.

A wing story or “Have you ever heard about the pawscroll-wing ?” The first step of the analysis will consist in the description of the motif formal components. The band can be divided into five registers which are successively : a fine line inflected at its half length, a large drop line register from which tops the knife hilt covering partially the following band covered with alternated triangles, then, a succession of little “loops” and finally long beams in a straight line. Do we have any comparative material that can help us to identify the band ? It appears that in Teotihuacan imagery the only similar cluster of successive different registers can be found in the bird wings representation, the osseous articulation or “scroll wing” (according to Langley’s designation, 1986 : 319) formed by an irregular band, curled at the shoulder, inflected at the elbow and gracefully bent at its tip, from which the feathers are connected, generally distributed in various rows. The feathers are sometimes separated from the wing articulation by an intermediate register composed by one or several line motives, the most frequent being triangles and volutes or scroll lines. All these features appear unequivocally on the Knivesholder costume band : the scroll wing median depression is clearly visible (despite the missing shoulder volute), and the few apparent straight lines correspond undoubtedly to the remiges (wing quills) underlined by the tectrices. The scroll wing position indicates that the wing is lying flat against the body, in the same way as the birds with frontal bodies and profile heads depicted on the Palace square pillars (Pl. IV, fig. c). Obviously the Knives-holder depicted on the slab has long wings, but what about his hands ? When individuals are dressed in a bird costume, their arms are always covered by the wings and the hands are showing at the extremities, what is more when holding an object as an incense bag or precisely a knife (Pl. IV, fig. b). In our case, the feline paw takes the place of the human hand, so that we cannot exclude the possible existence of a paw wing element. In order to check such a possibility, let us first make a rapid overview of the wing symbolism at Teotihuacan. In the first place, we observe that wings constitute the proper attribute of flying creatures, which are able to move into the air, like birds or butterflies. 5

Description of the slab The half-preserved slab is extracted from a rectangular tecali block. One face is partially covered with a light lowrelief that stands out against a regular plain background, while the other surfaces are just well polished. It portrays a single standing frontal personnage, unfortunately preserved only up to the waist so that we are deprived of the capital informations conveyed by the facial adornments and the headdress. He wears a decorated skirt, ringed with feathers, including a series of five quincunces surmounted by a large circular motif surrounded by a band covered with a sawtooth pattern. Two enigmatic falling bands ending with a feline paw flank both side of the costume. It must be noted that frontal depictions of Knives-holders are rare at Teotihuacan, where only two other cases could have been detected. The first one is a bust-like figure on a stuccoed and painted cylindrical tripod from the SLAM collection. The second case is a clay remate (roof ornament) proceeding from an archaeological site in Morelos (Pl. 4, figs. e and f).4 But let’s get back to the slab description. A curved knife extends the right band - the left one is not preserved - with a set of drops (originally three) hanging from its point (Pl. IV, fig. d). The blade possesses the distinctive shape of the obsidian curved knives and its base is wrapped by a hilt “cornet” marked with various notches. In the unique available description of the slab, Acosta (1964 : 37) perfectly identified the knife that he defines as a “cuchillo de sacrificio del cual caen dos gotas de un líquido que en el presente caso puede tratarse de sangre”. 184

Standing stones, Knives-holders and Flying Felines ...

Plate 5 : the constitution of the “paw scroll wing”motif at Teotihuacan and its legacy A: net feline with a naturalistic bird wing, plano relief decoration on a pottery sherd. From von Winning 1987 : Vol. I, Chap. VIII, fig. 8c (drawing H. von Winning); B: feathered banner-like element integrating the paw and the perfile-head of a net feline, mural painting, Zacuala, Portico 2. After Mendoza’s drawing in Séjourné 1966c : 300-01, fig. 94; C: net feline arm with an upper scroll, mural painting, Zone 5a, Conjunto del Sol, Portico 18. Adapted from Miller 1973 : 83, fig. 124 (drawing F. Dávalos); D: bird-buttertly creature with scrolled legs, mural painting, Zacuala, Patio 13. After Séjourné 1959 : 23, fig. 7; E: buttertly painted on a stuccoed ceramic vase. Unknown provenance. Ex-coll. F. Kahlo. After Séjourné 1966b : 136-37, fig. 121; F: armed personage with scroll shoulder, mural painting, Tepantitla, Patio 9. ln situ. Adapted from Miller 1973 : 106, fig. 195 (drawing F. Dávalos); G: varieties of combination of the paw wing motif. From left to right: pottery decoration, Santiago Ahuizotla (after Seler 1998 : 236, fig 169a), mural painting, Zone 2 (after Miller 1973 : 47, fig. 18), mural painting, Atetelco (after personal photo), tecali sculpture, Palace of the Quetzalpapalotl (see legend Pl. 4, fig. a); H: bird-headdress with feline paws connected to the wings, stone mosaic, Cerro del Brujo, San Antonio El Alto, Tomb I, Mosaic I. After Urcid 1993 : 153, fig. 21.10; I: andesite palma, Late Classic Veracruz, The Los Angeles Museum of Art. After photo in Mingei International Museum 1990 : frontispiece photo; J: “jaguar emerging from a cave”, Codex Fejérváry-Mayer page V. After León-Portilla 1992 : 59; K: upper part of the “Tlaloc stela”, San Miguel Totolopan, Guerrero. After Reyna Robles 2002 : 385, fig. 11a; L: Tlaltecuhtli- Tlaloc, Mexica sculpture, Late Postclassic. After Alcina Franch 1999 : 156, foto 7; M: flying creature in crouching posture. Under-slip incised ware, Nicoya Peninsula, Costa Rica. After photo in Lothrop 1926 : Vol. I, PI. XXXIII, fig. a.

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Standing stones, Knives-holders and Flying Felines ... Unfortunately, as no comparative analysis between the plaster covering the stone and the plaster cap of the floor room has never been led, the possibility to verify the original setting of the stone is lost. If the factual reconstitution is correct – it is based on the excavation data recovered by Acosta – it may be speculated that the artifacts discovered into the looter pits filling and under the rooms destruction layers can provide not only an idea of the internal organization of these shrines during their life-time but also a deep insight into the forms of worship practiced there. The presence of a sitting Flying Feline, in the same static and hieratic posture as humans in frontal view, explains, in our opinion, why the Knives-holder of the central shrine wears the paw wing attribute : both integrate the same sphere of worship. In addition, we noticied that the arm/leg scroll motif spread out of Teotihuacan : a case of combinated paw wing is reported in Oaxaca, and a feline depicted (as a sacrificer ?) on a Gulf Coast palma bears scrolled legs, quite similar to a Tlaloc-like figure on a Late Classic stela from Guerrero (Pl. V, figs. h, i and k). Absent during the Toltec period, the arm scroll suddenly reappears discretely and not randomly in a particular group of mexica statuary depicting the earth monster Tlaltecuhtli in its Tlaloc variant and is to be found as far as in Costa Rica on a reduced repertory of ceramic decoration showing alate composite beings in a dynamic posture (Pl. VI, figs. l and m). In various pictographic codices, creatures as the Earth crocodile bear scrolled legs. Our attention has been arrested by an interesting case from the Codex FejérvaryMayer, where the scroll leg occurs on a single occasion, on the alate insects of page 5. A jaguar is also represented on the same page, emerging from a cave according to LeónPortilla (1992 : 63), with the scroll pattern on its leg (Pl. V, fig. j).

These latter occasionally integrate a scroll in their anterior wings although lacking the entire element and in one case, the scroll appears on a bird-butterfly legs (Pl. V, figs. d and e). But many supernatural entities also possess the ability to fly of alate beings. A good example is given by a mural painting from Tepantitla Patio 9 representing an armed figure transported by an object emitting a smoky or ablazing trail (Pl. V, fig. f). The visible arm is bordered by a chevron band curled at the shoulder, directly issued from the scroll wing motif. In other words, it can be said that the scroll motif is the most reduced expression of the wing and as far as we can tell, it is used to refer to the property of flight in a general way. At Teotihuacan, the wing symbolism is also closely associated with felines as testified by the rare combination of a “net feline” and a naturalistic bird wing (Pl. V, fig. a ; for a discussion about the Net Jaguar creature, see von Winning 1968). Unless the wing does not bear the typical scroll wing, it is easily recognizable. In this case, the wing is simply added in the feline back, forming an hybrid creature which can be called “winged net feline”. Looking further, it appears that this supernatural entity is also represented by a simple body part, according to the principle of pars pro toto : either a paw with a row of large feathers or a paw (anthropomorphized) plus a scroll wing and feathers connected to intermediary registers (Pl. V, figs. b and c). In the latter case, we must note that the paw wing element is part of a mural painting situated in a patio, whose lateral porticaed rooms richly painted, share the same winged figures thematic complex (Miller 1973 : 75, Plan VI and 78-85). Resuming the various ways of representing or evoking this fantastic feline, we have found three possible paw wing combinations : a paw/scroll-wing, a paw/figurative feathers and a paw/scroll-wing/figurative feathers (Pl. V, fig. g). A fourth original case, tending to more shematic form, also exists : the figurative feathers are reduced to a geometric pattern, and the scroll wing - sometimes limited to the single scroll - directly integrates the paw. These three elements are intimately conflated and create a compact ensemble. That abstract paw wing is, as we will see, one of the diagnostic traits of another supernatural feline that we will try to identify further. Do we have more arguments to our disposal when speaking about a Knives-holder endowed with paw wings? An eloquent evidence is to be found in the north room of the main patio, where a feline sculpture made of tecali – the same semi-precious material as the slab – was recovered laying directly on the undisturbed floor (see Pl. 4, fig. a and Pl. 6, fig. c). This remarkable sitting feline is distinguishable from other big cat sculptures by the presence, on its forlegs, of the schematic wing pattern previously described. Is the simultanuous presence of the slab and the feline sculpture in two adjacent rooms casual ? As we have said, the Palace was first burnt down and then ransacked. It can be argued that these rooms were destroyed while still containing part of their furnitures. The difficulty to detect the exact source of the elements rejected into the looter pits filling has been evoked before. It concerns not only the tecali slab but also a polished stone uncovered in the pit layer of the south room, at 1.60 metre under the floor level. A plaster line was adhering on its base, an evidence of a fresh pulling up attribuable to the looting effects.

A preliminary recognition of the Flying feline As the study of the Flying Feline would require an extensive and complete investigation, we will limit us here to define the particularities of this relatively unnoticied creature. As a matter of fact, the Flying Feline is identifiable owing to two diagnostic traits : the now familiar paw wing pattern and a geometric symbol replacing the tail when the animal is full body depicted or crowing its head in frontal depictions. The most remarkable diagnostic feature of this supernatural creature, we mean the legs design, had been accurately identifed in the past by Seler (1996 : 189), who said that the “upper arms or thigh of the jaguar have feathers or wing-like adjuncts ”. In the same way, Kubler (1972 : 22) noted that “the legs are shown fringed with serrated forms like the paw-wing of avian derivation in Olmec art”. As for the symbol, a glyphic sign in fact, most scholars call it the Xi sign (Caso 1967 : 174-175 and 1968 : 268 ; Langley 1986 : 339-340 and 301 ; López Luján et al. 2000 : 237-242 ; Urcid 2001 : 202-205, 207). The Xi glyph does not appear among two cases of our data sample : on the tecali container and on the recently restored stone mosaic from Xalla compound (Pl. VI, figs. a and b).

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Standing stones, Knives-holders and Flying Felines ...

Plate 6 : the Flying Feline at Teotihuacan A: Flying Feline in a dynamic posture, tecali offering vessel (for more details, see legend on Plate 2. fig. d). After photo in Bernal and Simoni-Abbat 1986 : 149. fig. 112; B: Flying Feline emerging from a feathered portal, stuccoed and painted volcanic stone (96,5 x 97 ,5 x 74,5 cm). Xalla Compound, Central Plaza, Structure 2. MNA, Mexico City (10-6262690/10). After photo in Matos Moctezuma and Solís Olguín 2002: 106, fig. 17; C: sitting Flying Feline, greenish tecali (for more details, see legend on Plate 4, fig. A, right). After photo in Bernal 1963 : foto 26 (front view), and Acosta 1964 : figs. 52 and 54 (lateral and back view); D: “descending”Flying Feline, two views of a cylindrical tripod decorated in plano-relief (19,6 cm tall). Santiago Ahuizotla. Museum für Völkerkunde, Berlin (IV Ca 36684; Ex-coll. E. Seler). From Seler 1996 : 236, fig. 168 and after photo in Eisleb 1983 : 52; E: “descending”Flying Feline, roll-out drawing of a stuccoed and painted cylindrical tripod (12 x 12 cm). Unknown provenance. Late Xolalpan. Fort Worth Museum of Science and History, Texas (inv. 31M-263). Adapted from Conides’ drawing in Conides 2001 : 420, fig. 67b; F: walking Flying Feline, roll-out drawing of a stuccoed and painted cylindrical tripod. La Ventilla compound, Burial 193. Late Xolalpan (A.D. 550-650). Teotihuacan Site Museum. Adapted from Alvarez’s drawing in Gómez Chávez 2000 : 411.

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Standing stones, Knives-holders and Flying Felines ... However, in the second case, the ears profile is indented, as in figure f, conforming the Xi sign silhouette when gathered. The Xalla feline is of great interest as it constitutes the oldest manifestation of this supernatural creature. Its appearance or, more exactly, its suddenly emergence as an integral part of architecture, constitute another evidence of its ideological trascendence into the Teotihuacan political discourse.6

societies, the sacrificers played a secondary role and only the “high priest” was held in great respect. See Marcus 1978 : 175, 182.). 4 About seven remates have been uncovered by Carmen Cook de Leonard at Cinteopa, “the Temple or House of the Maize”, near Amatlán. They used to decorate the roofs of several rooms surrounding a sunken courtyard with a central talud-tablero platform, dated from Teotihuacan phase II (A.D. 300). The remate illustrated here (a similar one is conserved at the Museo Cuauhnáhuac, Cuernavaca) is placed in the village authorities care. Venerated as the image of Quetzalcoatl, it is exhibited and carried in procession each last sunday of may (Cook de Leonard, 1985 : 56). 5 The base of the scroll wing is sometimes replaced by a flame or smoke sign whose spiral substitutes the shoulder volute (see von Winning 1987 : Vol. 2, Los Glifos, II, figs. 3g, 5d and 5e; see also Langley 1986 : 254). Shall we see any concern for indicating the volatile nature of birds and fire emanations? 6 The exact provenience of the Xalla felines sculptures is quite dificult to determine even if they very likely proceed from Structure 2 (east temple) substructure. According to the recently recovered archaeological data, there are two ways to explain their localisation on the main plaza floor : they can have been reused and integrated into the new structure (in use from Early Tlamimilolpa to Late Xolalpan), otherwise they may have been extracted from the Coyotlatelco large trench that cuts Structure 2 from east to west, and thrown on the Central Plaza (Linda Manzanilla, Personal communication 2005).

Concluding remarks In this paper, we have examined a specific manifestation of ritual activity at Teotihuacan, human sacrifice by cardiectomy, from archaeological and iconographical standpoints. The first stage was to verify the existence and the use of a possible specialized ritual paraphernalia by taking the well-known standart items as the sacrificial stone and the receptacle for heart as our example. Our aim was first to gather the facts before drawing conclusions. As the collected data resulted to be insufficient, our statements remained merely tentative. In that way, the use of archaeological materials from well-documented contexts is requisite more than ever. Concurrently, the informations conveyed by the iconographic readings resulted to be very profitable, as in the case of the terracotta figurines. The recent identification of the sacrificial dimension of “Extended over ‘Table’” male figurines confirms the existence of explicit depictions of human sacrifice by cardiectomy. Contrary to the general opinion, we do not think that the so-called Knives-holders are sacrificers but rather high priests posing with their precious offertory. Except big canids and raptory birds, there is apparently no anthropomorphic depictions of heart-removers in Teotihuacan art. Finally, the lecture of the Quetzalpapalotl Palace broken slab revealed a Knives-holder embodied with a fantastic creature – a winged jaguar or puma – that we nicknamed the Flying Feline and whose diagnostic features have been briefly delineated. Further studies of this entity closely linked with the sacrificial sphere, interwining religion and politics, fusioning earthly and celestial realms, are more than ever indispensable.

Acknowledgments I wish to thank Prof. Eric Taladoire for having invited me so gently to participate in this special issue of the BAR Series. I also thank sincerely Kim Goldsmith and Alejandro Sarabia for their discussion, help and advice in the Teotihuacan Archaeological Zone, to José Luis Ramírez R. from the Archivo Técnico del INAH and to Clara Luz Díaz O. from the Museo Nacional de Antropología in Mexico City. I am indebted to Linda Manzanilla for the precise informations she provided to me about her excavations in the Xalla compound as I really appreciate Valérie Magar permitting me to use her photos of the recently restored Tepantitla murals paintings in order to realize clear drawings. I gratefully acknowledge Nada Samour-Sawaya and Anne Rapp Py-Daniel for their attentive reading and corrections of the English version of the text, and Cyril Giorgi for his deep patience. Except when noted, all the drawings are made by the author.

Notes 1

According to the reconstruction of the graves symetric disposition, more than 200 individuals were probably deposited in the mass-sacrifial and elite burials of the FSP. To date, 139 individuals have been recorded at ground level or into dugged pits (Cabrera and Serrano, 1999 : 350) 2 The tecali (travertine) is a translucent stone, dense and crystalline, formed of lime carbonate (calcite), and variously called onyx marble, cave onyx, Mexican alabaster, aragonite… Important tecali deposits are localisated in southern Puebla and northern Oaxaca, and worked since prehispanic times. The nahuatl term is derived from a eponym quarrying site at Tecali de Herrera, Puebla. An analysis of 64 tecali artefacts from Teotihuacan, indicated that 54 objects were effectively realised in travertine, the others being from other sedimentary stone (Jiménez Salas et al., 2000). 3 If he is not the sacrificer itself, a.i., the heart-remover, the Knives-holder surely belongs to the high priesthood hierarchy. We must remind that in Zapotec and Maya 188

Xochipilli, Prince des Fleurs. XOCHIPILLI, PRINCE DES FLEURS*.

Chloé POMEDIO

Resumen : Xochipilli es una divinidad compleja, interesante por su longevidad y sus numerosas representaciones dentro del Panteón mesoamericano. Sin embargo, el conocimiento acerca de su culto sigue siendo muy limitado. La principal fuente de análisis para conocer y entender mejor esta divinidad - y el culto que asociado a ella - es su iconografía. A partir de nuestra memoria de maestría - y empezando con datos generales sobre su iconografía - deseamos demostrar como un estudio iconográfico sistemático de la famosa estatua de Tlalmanalco puede ayudarnos a ver si existe una especificidad del culto de Xochipilli en el sur de la cuenca de México, lugar de origen de la escultura. El propósito de nuestro análisis es determinar lo que liga esta divinidad al sistema simbólico de la flor para entender la lógica simbólica ligada a la ideología asociada a Xochipilli. Finalmente, la orientación y objetivos de nuestra investigación nos permiten investigar el origen, la evolución y la significación de los símbolos y las flores de Xochipilli.

Abstract : Xochipilli is a complex mesoamerican divinity, interesting by its longevity and its many representations within the Mesoamerican Pantheon. However, knowledge on its worship is still very limited. The principal source of analysis for a better knowledge and understanding this divinity - and the worship which is associated to him - is his iconography. From our master's thesis - and starting from the general data on Xochipilli’s iconography - we want to determine how a systematic iconographic study of the famous statue of Tlalmanalco can help us check the existence of specific elements in Xochipilli’s worship in the south of the Basin of México, the original place of the sculpture. The objective of our analysis is to understand the symbolic logic linked to the ideology associated with Xochipilli, as well as the bond linking this divinity with the flower symbolic system. Finally, this research orientation enables us to tackle issues such as the origin, the evolution and the significance of Xochipilli’s symbols and flowers.

Introduction Parmi les sculptures aztèques exposées au Musée d’Anthropologie de Mexico, il en est une qui représente le dieu Xochipilli. En nahuatl, ce nom signifie « Prince des Fleurs ». Il est composé de deux mots « xochitl » : fleur et « pilli » : prince ou enfant. Selon les sources, Xochipilli est défini comme une divinité de la végétation, de l’amour, des jeux, de la musique et de la danse, il est aussi le soleil naissant. Les représentations de ce dieu sont nombreuses et diverses, aussi bien dans la statuaire que dans les codex. Les plus anciennes représentations de Xochipilli dateraient du début de la période Classique et les plus tardives de la conquête espagnole. Cette longue présence au sein des divers panthéons mésoaméricains (aztèque, zapotèque, mixtèque...) pose la question de l’origine de son culte et de son évolution jusqu’à la culture aztèque. Ses nombreuses fonctions, sa longévité et sa large répartition géographique sont à la fois un problème et une richesse pour l’étude de son culte. De toutes les représentations de Xochipilli, la sculpture de pierre provenant de Tlalmanalco est celle qui a retenu notre attention par sa taille, la qualité de sa facture et la complexité de sa symbolique. Elle fut découverte au milieu du XIXème siècle dans la région de Chalco, près de Tlalmanalco, sur les pentes du Popocatépetl et se trouve actuellement dans la salle mexica du Musée d’Anthropologie de Mexico. Notre objectif est de déterminer dans quelle mesure une étude systématique de la statue, à partir des données générales sur l’iconographie et le culte de Xochipilli, peut nous aider à interpréter la spécificité de la statue de Tlalmanalco. Cette approche a pour but d’ éclaircir le lien

qui unit Xochipilli à la symbolique de la fleur. L’intérêt que nous avons porté à cette pièce en particulier nous autorise à aller plus loin qu’une étude iconographique générale sur Xochipilli. En nous focalisant sur une représentation précise, et en analysant de façon systématique tous les éléments décoratifs, archéologiques et symboliques qui la composent, nous voulons obtenir une vision à la fois plus complète et plus détaillée de la sculpture et de la divinité. En considérant cette représentation comme un ensemble cohérent d’informations et en essayant de comprendre la logique qui l’organise, nous pensons percevoir de façon plus subtile l’idéologie et la symbolique qu’elle contient. En adoptant une approche focalisée sur la statue de Tlalmanalco, qui s’appuie sur l’iconographie générale de Xochipilli, notre intention est de compléter et d’enrichir mutuellement ces deux axes d’études. En premier lieu, les informations d’ordre général concernant le culte de la divinité − les sources d’informations, les mythes, les attributs et les caractéristiques du dieu − nous permettent d’aborder les problèmes d’identification liés à la complexité du panthéon mésoaméricain. L’analyse iconographique de la statue de Tlalmanalco a pour objectif de voir dans quelle mesure cette représentation témoigne de la différence qui pourrait exister entre les cultes qui étaient pratiqués à Tenochtitlan et à Tlalmanalco. Enfin, nous articulons ces deux axes de recherche et la question de l’origine du dieu autour du problème de la symbolique des fleurs dans le culte de Xochipilli. Quelques articles consacrés à Xochipilli ont été publiés. Le plus classique est celui de Justino Fernandez « una aproximación a Xochipilli » (1959). Celui de Gordon

189 “XOCHIPILLI, PRINCE DES FLEURS” , effectué à * L’article ici présenté est issu d’un mémoire de maîtrise intitulé l’Université de Paris-I , Panthéon-Sorbonne, UMR 8096 Archéologie des Amériques.

Xochipilli, Prince des Fleurs. Wasson « Xochipilli ‘Prince of Flowers’ a new interpretation » (1980) développe l’hypothèse de l’identification de fleurs hallucinogènes sur la statue de Tlalmanalco, mais cette étude fut vivement critiquée sur son argumentation et son interprétation réductrice des fonction de Xochipilli. Il existe aussi différentes études iconographiques plus ou moins approfondies. L’ouvrage le plus récent consacré à Xochipilli est l’étude de Bertina Olmedo Vera sur les temples de l’enceinte sacrée de Tenochtitlan dédiés à la divinité (2002).

Généralités Les sources d’informations sur Xochipilli Les sources utilisées pour notre étude peuvent être réparties en quatre catégories : 1- Les sources ethnohistoriques des XVI et XVIIèmes siècles. 2- Les sources bibliographiques modernes traitant de l’art, de la religion et de l’emploi des plantes médicinales et hallucinogènes chez les Aztèques. 3- Les informations recueillies auprès des différents chercheurs auxquels nous nous sommes adressée. 4- Les informations résultant directement de notre propre travail au Mexique. Nous avons deux principaux types d’informations: iconographiques et écrites. L’iconographie de Xochipilli se compose, d’une part, des codex préhispaniques et coloniaux et d’autre part, de sculptures. Les sources écrites comprennent les annotations sur les codex préhispaniques et les témoignages de l’époque coloniale. Il est représenté dans les codex Borbonicus, Magliabecchi, Tudela, Telleriano-Remensis (Graulich : 1979: 699-704), du groupe Borgia (Spranz 1964), Vindobonensis (Caso 1963), Vaticanus, Fejervary-Mayer, Tonalamatl d’Aubin, Cospi et Laud (Mateos Higuera 1992). Il est également représenté dans les œuvres coloniales : le Codex de Florence, Ixtlilxochitl et l’album de Durán (Graulich 1979 : 699-704) avec une nette influence européenne, ce qui rend les mages plus difficiles à exploiter. De ce fait, ce sont surtout les informations écrites sur les rites qui nous seront les plus utiles dans ces sources. Les sculptures de Xochipilli sont diverses. Il en existe de différentes qualités, en céramique, en obsidienne, pierre verte et en roche volcanique. Les plus belles sculptures de pierre, telles que celles de Tlalmanalco ou de Tenochtitlan proviennent de la vallée de Mexico. Des représentations en céramique de Xochipilli, provenant des vallées de Oaxaca et de Tehuacan (Ramsey 1982), appartenant à l’iconographie mixtèque, sont également de très belle facture et témoignent de l’importance de cette divinité dans cette région. Cette importance est également perceptible dans le Codex Borgia. Dans la région de Veracruz, des statuettes au visage souriant sont traditionnellement associées à Xochipilli (Heyden 1983 : 118). Il est probable que des représentations de Xochipilli puissent être identifiées dans une grande partie de la Mésoamérique. La notion de complexe divin Les sources d’informations citées ci-dessus nous permettent d’appréhender Xochipilli comme une divinité de la religion aztèque et des peuples ayant subi leur expansion. Nous 190

cette religion afin de recadrer l’idéologie du culte et des représentations de Xochipilli. La religion aztèque peut être qualifiée de « syncrétique » car elle intégrait dans ses cultes les dieux des peuples conquis, sous des formes plus ou moins fidèles. De ce fait, le nombre de dieux présents dans le panthéon aztèque était très élevé. Analysis reveals, however, that this great legion of deities was organised around a few fundamental cult themes, although they greatly overlapped and no clear line can be drawn between them. Within each theme what can be termed « deity complex » can be discerned, clusters of deities expressing various aspects of what amount to subthemes ( Nicholson, 1971:408). tenterons modestement d’aborder les principes de cette Les dieux avaient des attributions et des champs d’action extrêmement variés. Toutefois, Nicholson (op. cit) en trouve trois principaux qui semblent structurer la pensée religieuse aztèque (création céleste-paternalisme divin / pluiehumidité-fertilité agricole / nourrir la terre et le soleil par les sacrifices et la guerre ). Son analyse nous montre que la grande quantité de dieux existant dans le panthéon n’est pas une accumulation de divinités individuelles sans rapport les unes avec les autres, mais bien un ensemble structuré en grands thèmes cultuels à chacun desquels correspondent des « complexes divins », c’est-à-dire des groupes de divinités partageant des caractéristiques et des attributions communes. De plus, au sein d’un complexe, toutes les divinités qui le composent sont connectées les unes aux autres par des thèmes, des cultes et des représentations communs. D’après Lopez Austin (1983), il semblerait que le panthéon aztèque, de par sa nature syncrétique, ait connu des phénomènes de « fusion » et de « fissions » de divinités. La fusion est la création d’une nouvelle divinité à partir de deux ou plusieurs dieux originellement distincts. La fission est la création de deux ou plusieurs divinités à partir d’une seule divinité première, mais qui elle-même pouvait être issue d’une fusion ou d’une fission antérieure. Cette théorie des « fusions » et « fissions » nous permet d’expliquer d’une part pourquoi une même divinité peut prendre deux ou trois aspects différents suivant les sources, et parfois même au sein d’un même codex, et d’autre part pourquoi différentes facettes d’une divinité peuvent porter chacune un nom. Parfois, elle peut avoir le même nom et porter des insignes différentes, ou avoir un nom différent et porter quasiment les mêmes insignes. Comprendre cela est essentiel pour étudier les nombreuses facettes de Xochipilli. Le complexe Centeotl-Xochipilli fait partie du thème pluiehumidité-fertilité agricole. Centeotl est un jeune dieu du maïs qui, selon les sources, peut ne pas être différencié de Xochipilli ou bien être considéré comme un dieu à part entière. Le fait que Xochipilli ait donné son nom à un complexe montre, selon Nicholson, qu’il s’agit d’une divinité importante. Par ailleurs, Mateos Higuera le situe dans le groupe des dieux suprêmes (Mateos Higuera 1992 : 113). Ce complexe dominé par Xochipilli se compose de divinités liées au culte du maïs d’une part et d’un groupe de divinités solaires d’autre part. Dans les textes, Xochipilli, parce qu’il est un dieu des fleurs, de l’amour, des arts… a été considéré comme un dieu au culte inoffensif, comparativement à ceux des dieux solaires principalement liés aux sacrifices humains. Cependant, il ne faut pas oublier que les deux composants d’une dualité sont intimement liés dans la cosmogonie aztèque, c’est pourquoi Xochipilli était lui aussi lié aux sacrifices et à la mort (Olmedo Vera 2002).

Xochipilli, Prince des Fleurs. fleurs proprement dites par ses affinités avec Xochiquetzal, mais également aux fleurs prises dans leur sens symbolique. A partir de l’analyse de ces mythes, Graulich (1979) propose dans sa thèse une interprétation de Xochipilli qui remet en question les interprétations antérieures faisant de Xochipilli une expression du soleil naissant. Seler attira le premier l’attention sur ces aspects de dieu solaire et de la procréation (Seler 1902-23 : II : 1027 : 1099 ; II : 498 : 500 : 36) ; Krickeberg (1960 :14-15) et Fernandez (1959) interprétèrent Xochipilli comme le soleil naissant. Klein (Klein 1978 : 172-174) en revanche l’interpréta comme le soleil mort de minuit, de par l’association du dieu avec le sud, direction qui selon elle serait celle du pays des morts, ce qui n’est pas attesté. Enfin, pour Graulich (1979 : 703), Xochipilli serait « le soleil lunaire de l’après-midi et du couchant, qui fécondait la Terre et engendrait le maïs » (Graulich 1979 : 702). En tant que soleil couchant, cette interprétation de Xochipilli rentre en contradiction avec son identification à Piltzintecuhtli, le soleil naissant. Que devient également sa nature créatrice et féconde qui donne naissance aux plantes, sous l’aspect de Centeotl, jeune dieu du maïs ? Finalement, Olmedo (2002), dans son analyse iconographique de Xochipilli, démontre que le culte de Xochipilli était à la fois associé au lever et au coucher du soleil. Elle unit donc ces deux aspects, que d’autres avaient auparavant dissociés. Cette double fonction exprime la dualité de Xochipilli. L’étude des mythes évoque les fonctions de Xochipilli dans toute leur diversité : l’origine des plantes, dieu solaire, des relations sexuelles et des arts en général. Son pouvoir créatif, qui touche tous ces domaines, lui confère un statut privilégié dans la cosmogonie aztèque. L’importance de Xochipilli et ses liens avec d’autres divinités sont également perceptibles dans les calendriers aztèques, le tonalpohualli et le xihuitl. « Tonalpohualli » signifie « compte des jours », il y en a en tout 260. Ce calendrier était peint dans le « tonalamatl » ou « livre des jours » ; il était utilisé par les prêtres essentiellement à des fins religieuses et divinatoires. Dans le tonalpohualli, Xochipilli occupe différentes places et fonctions. Xochipilli apparaît dans toutes les catégories de Patrons et de Seigneurs du tonalpohualli, quoique indirectement dans la catégorie des Seigneurs de la Nuit. Toutefois, Piltzintecuhtli et Centeotl y sont représentés et ils peuvent être considérés comme des « équivalents » de Xochipilli. Dans l’utilisation du tonalpohualli expliquée par Sahagún, les jours régis par le signe Fleur sont de bon augure. Celui qui naît sous ce signe sera heureux, doué pour la musique et attiré par les plaisirs. Si c’est une femme, elle sera une grande tisseuse et de tempérament libéral. Mais ils doivent avant tout être dévots à leur signe (1989 :230). Cette forte présence de Xochipilli montre bien qu’il était considéré comme un dieu important, intervenant dans l’équilibre du monde et dans la vie des hommes. Le mot « xihuitl » signifie « année ». Celle-ci était composée de dix-huit mois de vingt jours appelés « vingtaines », plus cinq jours considérés comme néfastes à la fin de l’année. Nous nous baserons sur la vingtaine Izcalli qui semble avoir été la première vingtaine pour Tenochtitlan (Caso, 1971 :339). A Chaque vingtaine correspond une fête religieuse avec une ou plusieurs divinités fêtées. Xochipilli était fêté deux fois dans le xihuitl, au cours des huitièmes et neuvièmes vingtaines : Teucuilhuitl et Huey Tecuilhuitl. Xochipilli n’est pas le seul dieu fêté pendant ces deux vingtaines, il y a aussi Huixtocihuatl déesse du sel,

Ainsi, chaque dieu est caractérisé par un ensemble d’attributs dont la plupart sont partagés par les autres dieux du complexe, du fait des nombreux liens qui existent entre eux. De plus, les limites d’un complexe ou d’un thème cultuel n’étant pas figées, un dieu peut être classé dans plusieurs complexes. En conséquence, l’identification d’un dieu reste souvent difficile en pratique. Si l’on prend en compte les concepts de complexe divin, de fusion et de fission des divinités, de pluralité des dénominations et de partage des attributs, il apparaît essentiel de ne pas étudier Xochipilli comme une divinité isolée, mais comme un composant d’un groupe aux liens à la fois très étendus et très resserrés. Les caractéristiques de Xochipilli, ainsi que ses liens avec d’autres divinités, sont donc à définir à partir de la mythologie, des rites et des symboles que l’on retrouve d’une divinité à l’autre. Les mythes et les calendriers Le principal mythe faisant intervenir Xochipilli est celui de la création du maïs et des aliments. D’après l’Histoyre de Méchique (1905 :31), le mythe viendrait de la province de Chalco, donc de la même région que la statue de Tlalmanalco. Le mythe peut se résumer ainsi : tous les dieux descendirent dans une caverne où un dieu nommé Piltzintecuhtli s’unit à Xochiquetzal, de laquelle naquit Centeotl. Ce dernier se mit sous terre et de ses cheveux sortit le coton, de ses yeux des graines et des autres parties de son corps des fruits et des plantes que les hommes cueillent et sèment ; c’est pourquoi ce dieu est appelé Tlazolpilli (seigneur aimé). Dans le codex Magliabecchi, Tlazolpilli porte les insignes de Xochipilli et est représenté lors de sa fête. Nous pouvons donc considérer que Xochipilli est identifiable au Centeotl dont il est question dans ce mythe. Cependant, Piltzintecuhtli, dieu du soleil naissant, est aussi un équivalent de Xochipilli. En fait, Piltzintecuhtli-Xochipilli a donné naissance à Centeotl, d’où l’amalgame entre les deux. C’est aussi le cas dans le mythe de la création du soleil. D’après Historia de los mexicanos por sus pinturas (Garibay :1965 :23), le mythe de la création des aliments est un peu différent, tout en faisant intervenir les mêmes divinités. De ces mythes, nous pouvons tirer quelques remarques qui apportent des informations supplémentaires sur la nature de Xochipilli et ses relations avec les divinités Xochiquetzal, Piltzintecuhtli et Centeotl. 1. Xochiquetzal est soit la mère soit l’épouse de Xochipilli. Son nom signifie « Fleur précieuse ». C’est une déesse de l’amour, des fleurs, de la fête et du plaisir en général. Le couple Xochiquetzal-Xochipilli atteste des liens de ce dernier avec l’amour et le plaisir sexuel. 2. Piltzintecuhtli est soit le père de Xochipilli, soit il est identifié directement à lui (Olmedo 2002 : 248). Son nom signifie le « Seigneur des Princes ». C’est donc une divinité en rapport avec l’élite, mais également une divinité solaire. Sachant que Xochipilli était aussi une divinité honorée par les seigneurs et les princes (Sahagún 1989 : 40), il apparaît clairement ici qu’il s’agit du lien qui unit les deux divinités. 3. Centeotl est soit le fils de Xochipilli, soit identifié à lui. Le lien qui unit les deux divinités est le thème du maïs et des plantes alimentaires. Si l’on peut faire une distinction entre les deux, nous dirions que Centeotl est plus rattaché à l’aspect agraire, par la charge qu’il a de créer et prendre soin des plantes alimentaires et du maïs qui en est le symbole par excellence. Au contraire, Xochipilli est plus associé aux 191

Xochipilli, Prince des Fleurs. Chicomecoatl déesse du maïs qui fait partie du complexe Centeotl-Xochipilli, Cihuacoatl déesse de la Terre Mère, Xipe et Chimalman. Au XVIème siècle, ces deux vingtaines correspondaient environ aux mois de juin et juillet (Caso 1971 : 341).

1979 : 702). Les mélanges d’attributs montrent les liens unissant les divinités à travers leurs représentations.

Les caractéristiques de Xochipilli Une divinité solaire : la nature solaire de Xochipilli ne fait pas de doute. C’est un dieu solaire pour Sahagún (1989 :40), nous savons qu’un de ses principaux attributs est le symbole tonallo, c’est à dire « chaleur solaire » ; il porte parfois un ornement de nez en forme de flèche caractéristique de Tonatiuh(Graulich 1979 : 702) et il est rouge comme lui. La dernière étude à ce sujet (Olmedo 2002 : 251) montre que Xochipilli représente le soleil au moment où celui-ci apparaît, au commencement du jour et à sa disparition, provoquant la nuit. En ce sens, Graulich avait très bien compris le rôle de Xochipilli dans la rupture entre le jour et la nuit, mais n’avait pas vu que cette fonction valait pour le crépuscule comme pour l’aube. L’amour et la fertilité : Xochipilli est lié à l’amour et aux plaisirs par Xochiquetzal, sa compagne, déesse de l’amour et du plaisir sexuel. Ce couple est parfois représenté dans les codex comme le couple créateur Tonacatecuhtli et Tonacacihuatl. Par ailleurs, Mateos Higuera (1992 :109) considère Xochipilli comme étant un équivalent de Tonacatecuhtli. Dans les mythes, le couple donne naissance à Centeotl, le maïs. De ce fait, le concept d’amour est associé à celui de fertilité. Il semble qu’il s’agisse de la fertilité en général, c’est-à-dire aussi bien humaine qu’agraire. En effet, Xochipilli est lié à la fertilité humaine de par son union avec Xochiquetzal, mais en tant que dieu solaire, Prince des Fleurs et créateur des plantes alimentaires, il est également lié à la fertilité agraire. Toutefois, il semble que Centeotl assume plus particulièrement cette fonction, en tant que jeune dieu du maïs. Les arts : divinité vénérée par les nobles et les princes (Sahagún :1989 : 40), Xochipilli représente les privilèges et les plaisirs réservés à l’élite. Les mythes maya de Hunbatz et Hunchouen nous renseignent sur la figure du singe, son signe. A travers lui, Xochipilli inspire les danseurs, mais aussi les peintres et les sculpteurs. Pour ce qui est de la poésie, des chants et de la musique, parmi les offrandes du Temple Rouge Sud dédié à Xochipilli, se trouvent des représentations votives d’instruments de musique (Olmedo 2002 : 100). De plus, Ixtlilton, dieu partageant l’insigne tonallo et le yolotopilli avec Xochipilli, est celui qui associé à Xochicahuaca créa la musique (Olmedo 2002 : 124). Nous pensons aussi que le lien peut être vu à travers la symbolique de la fleur. En effet, l’art de la poésie est symbolisé en nahuatl par l’expression « in xochitl in cuicatl » qui signifie « fleur et chant ». Nous avons vu que Xochipilli symbolise à la fois la fertilité humaine, agraire et artistique, il est donc un dieu de la création et de la fertilité au sens global des termes. Les objets précieux : le dieu 7-Fleur fait partie du complexe Xochipilli-Centeotl. C’est aussi le nom d’une des divinités les plus importantes du panthéon mixtèque, d’après l’analyse du Codex Vindobonensis (Furst, 1978). Une image de ce codex le montre recevant des offrandes luxueuses, ce qui a permis à Furst d’émettre l’hypothèse que 7-Fleur était associé aux objets précieux (1978 :164). Nous n’avons pas de preuve directe que le dieu mixtèque soit identifiable au Xochipilli aztèque. Cependant, les objets luxueux et l’élite sont directement associés, ce qui nous permet d’émettre l’hypothèse d’un lien entre les deux divinités.

Les attributs de Xochipilli Les attributs de Xochipilli et de Macuilxochitl sont décrits par Sahagún (1989 :891 :903). L’auteur indique ailleurs que Xochipilli et Macuilxochitl correspondent à une même divinité (Sahagún 1989 : 40), mais il donne deux listes d’attributs différentes. Toutefois la ressemblance entre les deux listes montre encore une fois que les deux noms recouvrent deux aspects légèrement différents de la divinité, qui ont chacune leur représentation. Attributs de Xochipilli : 1teint en rouge, 2une peinture faciale le représentant pleurant, 3chevelure faite de plumes d’ara rouges, 4labret et collier d’ « émeraudes », 5ornements pectoraux et bracelets, 6vêtu d’une étoffe à bordure rouge, 7clochettes et sandales bordées de fleur, 8bouclier avec l’insigne solaire (tonallo) en mosaïque de turquoises, 9bâton avec un cœur et une huppe de plumes de quetzal (yolotopilli), Attributs de Macuilxochitl : 1main imprimée sur sa bouche, peinte en rouge fin, 2coiffe de plume et une crête, 3dans le dos un éventail avec la bannière du soleil dressée dessus se termine par des plumes de quetzal, 4vêtu d’une étoffe à bordure rouge, 5clochettes et des sandales du soleil, 6bouclier avec l’insigne tonallo et des reflets rouges, 7yolotopilli, Les différences entre les attributs des deux divinités sont minimes. Tous deux sont caractérisés par le rouge, couleur du soleil. Les deux portent des clochettes et le yolotopilli : le bâton orné d’un cœur humain et de plumes de quetzal. Ils ont en revanche une coiffe de plumes différente. Macuilxochitl a une bannière et un bouclier avec l’insigne solaire alors que Xochipilli a seulement le bouclier. Macuilxochitl correspond à une date du tonalpohualli, il correspond donc au nom calendaire de Xochipilli et symbolise en fait un de ces pouvoirs : le chiffre 5 était pour les aztèques le chiffre de l’excès. Macuilxochitl est donc le dieu qui protège les hommes de l’excès et les punit lorsqu’ils dépassent les limites autorisées (Olmedo 2002 : 109 -note 124). Le yolotopilli ou sceptre des cœurs, symbole du cœur et des âmes des hommes, indique le pouvoir que Xochipilli et les Macuiltonaleque, (aussi appelés ahuiateteo) ont sur eux. Il semblerait que ce pouvoir s’exerce aussi bien au niveau des désirs charnels que des sentiments les plus élevés. Cette liste d’attributs nous donne les éléments pour identifier Xochipilli dans les codex et les sculptures. Cependant, il existe des représentations de divinités portant à la fois leurs attributs et ceux d’autres dieux (par exemple Xochipilli ayant un ornement nasal en forme de flèche caractéristique de Tonatiuh dans le codex Borgia - Graulich 192

Xochipilli, Prince des Fleurs. Les animaux associés à Xochipilli : quatre animaux sont associés à Xochipilli. Le singe, qui préside à son jour (c’est l’animal qui représente la danse et le jeu) ; Le grand hocco et l’aigle royal ornent la coiffe du dieu, ou le remplacent parfois complètement. Le papillon est un thème récurrent de l’iconographie mixtèque liée à son culte (Ramsey 1982).

Les jeux : Xochipilli est mentionné dans les sources comme patron des jeux. Une représentation du codex Magliabecchi le montre surveillant des joueurs de Patolli, sous le nom de Macuilxochitl. De plus, Sahagún décrit Xochipilli comme un dieu du jeu de balle (Sahagún 1989: 98 : 101). Il est représenté dans le codex Borbonicus en train de jouer avec trois autres divinités pour la cérémonie de Tecuilhuitl. Sur cette représentation, il est bien reconnaissable par le yolotopilli et son bouclier avec le tonallo. Dans l’autre moitié de la feuille, correspondant à la représentation du mois Huey Tecuilhuitl, se trouvent Xochipilli et Xipe Totec. Xochipilli est assis sur une litière décorée de fleurs et de maïs. Une phrase accompagne la représentation : « A qui sont offerts ceux qui gagnent/ Dieu de ceux qui gagnent » (Piña Chán 1998 : 77).

Conclusion L’étude des sources ethnohistoriques nous a permis d’approcher le contexte religieux du culte de Xochipilli et d’aborder le problème de son identification et de ses représentations. A présent, nous nous proposons d’analyser l’iconographie de la statue de Tlalmanalco qui nous semble présenter un intérêt par la richesse des symboles qu’elle comporte. Nous aurons la possibilité de déterminer si elle est le témoignage d’un culte différent de celui des aztèques de Tenochtitlan.

Doc. 1: Xochipilli, représentation des attributs du codex de Florence (Mateos Higuera : 1992 :111)

Doc.2: Macuilxochitl, représentation des attributs du codex de Florence (León Portilla : 1992 : 150)

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Xochipilli, Prince des Fleurs.

Doc.3: La mort vomit sur le le couvrir d’obscurité. Au trouve Xochipilli. L’image l’astre, codex Laud

soleil et commence à centre de l’astre se évoque la mort de (Olmedo :2002 :251)

Doc.4: Sifflet représentant le dieu 5-Fleur, d’après le glyphe de la coiffe, hauteur : 1,6 cm, provenance : Monte Albán (Boos : 1964 :84)

Doc.5: Représentation du visage de macuilxochitlXochipilli sur un teponaztli (tambour horizontal), sur un tambour cylindrique en pierre, émergeant de la carapace d’une tortue (utilisée comme instrument de musique) (Olmedo 2002: 169)

Analyse iconographique de la statue de Tlalmanalco Informations archéologiques Le contexte archéologique N’ayant rien obtenu en France sur son contexte, nous avons cherché au Mexique d’éventuelles informations. Notre point de départ était : « trouvée à Tlalmanalco au milieu du XIXème siècle, conservée au Musée d’Anthropologie de Mexico, collection Alfredo Chavero ». Nous avons cherché dans tous les endroits et toutes les sources susceptibles 194

d’avoir enregistré une information supplémentaire : bibliothèque d’Archives Historiques du Musée d’Anthropologie, Archives de la Direction d’Archéologie, Archives de la Nation, Archives de Tlalmanalco et Institut du Sauvetage Archéologique, mais sans résultat (dans la limite du temps qui nous était imparti). Nous avons tout de même recueilli à Tlalmanalco, auprès de l’archéologue J. Noyola Rocha, des informations orales qui semblent être les seules existantes sur les conditions de la découverte de la statue.

Xochipilli, Prince des Fleurs. Alfredo Chavero, Felipe Solis en a déduit que c’est ce dernier qui a ramené la statue au musée. En effet, Chavero a été le premier à étudier cette statue qui, selon lui, représentait Ixcozauhtli ou lumière jaune, blonde, dorée, c’est à dire la lumière du soleil (Chavero 1958 : 95). Cependant, il ne précise pas que c’est lui qui l’a trouvée. Par ailleurs, dans le catalogue des Archives Historiques du musée, il n’est pas fait mention de cette découverte. Le milieu du XIXème siècle est au Mexique une période de bouleversements, puisque que le gouvernement appliquait une loi sur la collectivisation des biens de l’église, engendrant des modifications et des changements de propriétés un peu partout. En effet, dans les archives de la municipalité de Tlalmanalco, il n’existe aucun document datant de cette période mentionnant la statue. C’est peut-être lors de travaux liés à la collectivisation que la statue fut découverte. La tradition orale nous apporte des éléments sur le contexte de la découverte de la statue. Toutefois, nous n’émettons que de simples hypothèses, les contradictions et le flou des informations orales nous limitant dans notre démarche.

La municipalité de Tlalmanalco est située à l’Est de l’Etat de Mexico, à la limite du parc national PopocatepetlItzaccihuatl. La ville est située sur les pentes du volcan Itzaccihuatl. Sur les hauteurs de la ville, se trouvent une église et un couvent datant de 1532 apr. J.C., ces batiments entrent donc dans les premières constructions de la « conquête spirituelle » des Franciscains (Noyola 1999 : 76). Ce lieu datant du XVIème siècle n’a pas fait l’objet de fouilles archéologiques mais il est très probable que cette construction chrétienne se situe sur un lieu de culte indigène, au vu de la récupération d’une trentaine de pierres sculptées en forme de « chalchihuitl » intégrées aux murs de l’église. A côté de l’église, se trouve une chapelle dont il ne reste que les murs, mais dont la façade est richement décorée par des bas-reliefs en pierre. Ces bas reliefs représentent différentes scènes de la doctrine chrétienne, mais les sculpteurs indigènes qui les ont produits ont inséré dans les détails des figures de nombreux éléments de leurs propres cultes, de façon plus ou moins claire. Ceci nous montre deux choses : le travail effectué sur la façade de la chapelle témoigne de la réputation de la tradition sculpturale régionale à l’époque préhispanique (on parle de l’école de Chalco); les hauteurs de Tlamanalco devaient être très probablement un lieu de culte préhispanique. J. Noyola Rocha collecte des traditions orales depuis vingt cinq ans. A propos de la statue de Xochipilli, il a entendu deux versions concernant l’endroit où la statue a été trouvée. Dans la première, la statue aurait été découverte dans la rue del Aguila, dans le vieux cimetière de la ville. Au moment où elle fut découverte, on se serait aperçu, par la présence d’offrandes récentes, que, secrètement, des gens venaient encore lui vouer un culte. La seconde version dit que la statue aurait été trouvée dans la chapelle dont nous avons parlé plus haut, au moment de sa reconstitution. Les deux versions posent un problème, de par leur aspect sommaire et peu précis. Cependant, les deux permettent la formulation d’hypothèses, ce qui leur confère tout de même un intérêt certain. La deuxième version est la plus problématique, parce que la chapelle fut reconstruite dans les années 1960. Or, cette date est beaucoup trop tardive pour correspondre à la découverte de la statue. De plus, le parfait état de conservation de la statue sous-entend qu’elle ait été protégée - ailleurs que sous des éboulis, mise en sécurité au moment de la conquête, cachée à l’abri des Espagnols. Pour toutes ces raisons, la version de la chapelle reste peu crédible. Pourtant, cette localisation sur un ancien lieu de culte serait logique. La version du vieux cimetière soulève aussi des questions, mais reste dans l’ensemble une version probable. Pour Noyola, il était évident que ce cimetière existait depuis l’époque préhispanique. De par son aspect ancien et sacré, ce lieu semble bien convenir comme cachette pour la statue. De plus, Xochipilli est un dieu qui est en rapport avec le royaume des morts, puisqu’il représente le soleil de l’aube qui sort du royaume des morts pour renaître et commencer le jour. Sur le socle de la statue, sont aussi représentés des papillons, symbole de l’âme des guerriers morts au combat. De plus, cette version parle d’un culte secret qui continuait d’être rendu à la statue. Cet élément suppose donc que la statue devait être en partie accessible, ou du moins localisable précisément. Or, un cimetière où ne se trouvent que des tombes formées par des tas de pierres paraît être un lieu où il serait possible de cacher une statue d’un peu plus d’un mètre de hauteur. Enfin, nous savons que la statue a été trouvée au milieu du XIXème siècle. Comme elle fait partie de la collection

L’école de Chalco La région de Chalco est une zone réputée pour la qualité de ces sculptures. Gendrop (1994 :144) parle de l’école artistique de Chalco. Selon lui, cette école, et, de façon générale, la sculpture aztèque, était influencée par les anciennes traditions de Teotihuacan, Tula et Xochicalco. Il ajoute que les artistes de l’école de Chalco s’inspiraient directement des traditions artistiques du Golfe et de Xochicalco. En effet, le socle de la statue reprend les formes architecturales caractéristiques de Xochicalco. Les fleurs du Monolithe de Chalco, que l’on retrouve sur la statue, sont, avec les papillons et les conches marines, des motifs récurrents de ce courant. Un autre élément caractéristique est le ribete ou double liseré. Il est utilisé sur le socle, ce qui a permis d’éliminer les arêtes vives. Il est aussi utilisé sur la statue pour mettre en valeur les ornements du dieu. La présence zapotèque Il est intéressant de noter la forte présence de matériel archéologique zapotèque dans toute la région de Chalco, en particulier de la céramique et des statuettes de terre cuite. Ce matériel n’a pas été trouvé lors de fouilles, mais il est exposé aux musées de Tlalmanalco et de Chalco. Le premier est composé uniquement de pièces trouvées et données par les habitants de la ville et des environs, le deuxième possède également des pièces plus importantes. S’ajoutent à ce matériel deux grandes statues en terre zapotèques trouvées à Miraflores en 1990, village faisant partie de la municipalité de Tlalmanalco. Ces sculptures représentent les dieux Xipe Totec et Chauve-souris, deux divinités liées au culte du maïs et de la fertilité. Les sculptures dateraient d’environ 450 apr. J.C.. Le dieu Chauve-souris est un des principaux dieux de la culture zapotèque (…). Or, le dieu Macuil Xochitl zapotèque porte une coiffe caractérisée par une tête de chauve-souris (Boos :1964 :12). Ces données archéologiques et la position géographique de Chalco nous permettent d’avancer, non seulement l’hypothèse de contacts entre les cultures zapotèques de la région de Oaxaca et les habitants de la vallée de Chalco, mais aussi celle de l’adaptation de cette culture par les populations de la vallée. Ces hypothèses autorisent l’idée d’une influence 195

Xochipilli, Prince des Fleurs. Cette ligne symboliserait l’eau. Le temple ou la maison de Xochipilli est donc un endroit où se trouvent les fleurs, des papillons, de la mousse aquatique et par conséquent de l’eau. Nous sommes bien là en présence d’une définition possible du Tlalocan. Des études en paléontologie et en biologie ont démontré que, sans l’existence des fleurs, il n’y aurait pas de papillons et vice versa. Pour les Aztèques, il existe une étroite relation entre la fleur et le papillon, mais qui est basée sur l’observation empirique. Les dieux dont le nom est composé avec le mot xochitl sont ornés de papillons (Beyer 1965 : 465). La relation entre le papillon et les dieux de la végétation et de la fécondité est aisée à saisir, mais le papillon est aussi l’emblème du feu et de l’âme des guerriers morts. Notons que le nahual ou animal symbolique de Xiuhtecuhtli, dieu du feu, est le papillon. Sahagún et Muñoz Camargo rapportent que les Aztèques croyaient que les âmes des grands guerriers se manifestaient sous la forme de papillons ou de petits oiseaux (Beyer 1965 : 465). Mais les guerriers morts sont aussi ceux qui accompagnent le soleil de son lever à son zénith. En résumé, les papillons sont un symbole de fertilité puisque ce sont eux qui butinent les fleurs, et ils représentent également les âmes des guerriers qui accompagnent le soleil du matin. Le yolotopilli, sceptre de Xochipilli, symbolise le cœur des hommes, c’est-à-dire leur âme. Le lien entre lui et le papillon pourrait donc s’expliquer parce qu’en tant que soleil levant, il amène les âmes des guerriers de la terre où l’on dépose les morts vers le zénith. Par cette action, Xochipilli pourrait donc être celui qui élève les âmes. Le symbole tonallo est présent sur la coiffe de la statue et aussi sur le socle. Gamio (1922 :II :358) explique que le tonallo constitue la partie inférieure du hiéroglyphe Tonallimoquezayan du Codex Mendocino (11, 1). Il ajoute : Estas palabras significan sol, día, calor, verano, y el signo es emblema de las deidades del estío, de la vegetación, de la fertilidad . Nous retrouvons sur le bord supérieur du socle l’unité de base du symbole tonallo, c’està-dire le chalchihuitl ou pierre verte qui représente les pierres précieuses de couleur verte comme le jade et les différentes jadéites que l’on trouve au Mexique. C’est par extension le symbole de la préciosité, de la pureté et de la perfection avec cependant une très forte connotation morale (Thouvenot 1977 : 43). De ce fait, il n’est pas étonnant de le trouver sur la représentation du temple du dieu. En revanche, les éléments géométriques de la partie inférieure du socle sont plus difficiles à interpréter. En effet, il existe plusieurs interprétations possibles au motif de la spirale grecque. Quant à la croix, nous n’avons pas trouvé d’interprétation unique non plus. Nous proposons toutefois une hypothèse qui va dans le sens des théories de Fernandez et d’Olmedo. En effet, les deux auteurs pensent que Xochipilli est le dieu du soleil naissant. Olmedo va plus loin en expliquant qu’il représente en fait le soleil qui meurt à l’Ouest au crépuscule, séjourne dans l’inframonde et renaît à l’ Est, assurant ainsi le cycle du jour et de la nuit, de la mort et de la renaissance. De ce point de vue, Xochipilli est intimement lié au dieu de l’inframonde Tlaltecuhtli ou Mictlantecuhtli (Olmedo 2002 : 251). Ainsi, comme le dit Fernandez (1959), le socle sur lequel est assise la statue pourrait représenter cette terre d’où le soleil rentre la nuit et sort le matin. D’après cette hypothèse, nous pouvons penser que les spirales et la croix sont peut-être des symboles terrestres. Une autre explication possible est que la spirale représenterait le serpent, l’animal chthonien par excellence.

zapotèque dans l’idéologie du culte de Xochipilli à Tlalmanalco. Par ailleurs, l’analyse iconographique nous montrera des éléments de facture zapotèque sur la statue. D’après ces informations, l’interprétation iconographique (ci-dessous) de la cape de la statue et la différence générale que l’on peut observer entre les représentations de Tenochtitlan et la statue de Tlalmanalco, il semble que la statue se rapproche plus de la tradition zapotèque qu’aztèque. A ce propos, Martí (Martí 1960) se pose également la question de son appartenance à l’une ou à l’autre de ces cultures.

Analyse iconographique Historique La première analyse de la statue de Tlalmanalco est une note publiée en 1882 dans les Annales du Musée de Mexico, dans le cadre de la première classification des pièces du musée. Cette note dit que la statue, selon Alfredo Chavero, représente Ixcozauhtli, dieu du soleil (voir doc. 9). Une autre analyse a été publiée par Peñafiel en 1910 (Peñafiel 1910:15-16), qui interprète les motifs tonallo et tlapapalli en fonction du codex Féjervary-Mayer et du culte de Tonatiuh. Une description de 1937 faite par Caso et Mateos Higuera se trouve dans le catalogue de la collection des monolithes du Musée d’Anthropologie de Mexico (Caso et Mateos higuera 1937 : 44). La première véritable étude iconographique est publiée en 1959 par Justino Fernandez, qui voit en Xochipilli un dieu des fleurs, mais aussi du soleil levant. Schultes et Hofmann ont publié une analyse en 1979, mais celle-ci est uniquement axée sur l’identification des fleurs qui recouvrent la statue. Enfin, nous connaissons aussi l’existence d’une thèse d’histoire de l’art d’une université américaine sur cette statue (Olmedo, communication personnelle). Le socle Ce socle qui a la forme d’une base pyramidale pourrait bien être la représentation du temple du dieu. Les poèmes nahuatl fournissent des descriptions de ce temple qui est aussi considéré comme sa maison. Dans le Chant de Macuil Xochitl (Sahagún 1989: 903), le premier vers est : De donde están las flores enhiestas he venido yo La note qui y correspond est : mi casa es allá en donde las flores están enhiestas. Soy el proveedor, o el sacerdote, soy 5-Flor (Garibay 1958 : 220). Ce poème décrit la maison du dieu comme étant l’endroit où se trouvent les fleurs. Dans les commentaires, Garibay (Garibay 1958 : 100) traduit également Xochitl icacan par « Donde está la Flor parada », qu’il considère comme un synonyme de Tlalocan, Tamoanchan, Xochitlalpan. Le Tlalocan est le paradis végétal dont le dieu suprême est Tlaloc. Mais Xochipilli, en tant que Prince des Fleurs, y habite aussi. Dans le chant de Xochipilli, le dieu se trouve aussi dans le Tlalocan. Fernandez base son interprétation de la statue sur l’étude d’un poème de Tenochtitlan (Garibay 1953 : I : 182-183) qui est, selon lui, une ode au dieu de la joie, de la musique et de toutes les belles choses. Le poème est une allégorie du soleil naissant comparé à une fleur qui ouvre sa corolle. Dans ce poème un vers décrit la maison du dieu : Tiene entre mariposas y en el musgo acuático su casa Ce vers nous permet d’interpréter la présence des papillons, mais surtout la ligne ondulante qui parcourt le haut du socle. 196

Xochipilli, Prince des Fleurs. d’écorché. Ainsi, il porterait également le visage de l’écorché, en se basant sur la forme en orbite des yeux. La forme pendante et entrouverte de la bouche pourrait également s’expliquer de cette façon, mais elle peut également être associée avec la description faite pas Sahagún de la peinture faciale de Xochipilli « le représentant pleurant » (voir la première partie). La seconde divinité est Teteo Innan-Toci, déesse de la terre, en se référant au troisième et quatrième vers du chant de Macuilxochitl : Del mismo modo, tú, abuela mía,la de la máscara (eres), Dueña de la aurora Abuela est en fait la traduction de Noci ou Toci (Garibay 1958 : 222), déesse mère de la terre et des plantes médicinales. Nous avons vu que la statue témoignait d’un lien entre Xochipilli et la terre, donc l’hypothèse d’un lien avec Teteo Innan-Toci nous semble plausible. Cependant, il faudrait étayer cet argument par une recherche sur l’utilisation de masque dans le contexte de son culte L’ornement du cou : le dieu porte au niveau du cou un ornement qui couvre sa poitrine. La matière semble être souple comme de la peau et la bordure est décorée de griffes, de serres ou de dents. Les dénominations et les interprétations de cet ornement sont diversifiées. Pour Caso et Higuera (1937 :44), il s’agit d’un plastron en peau de tigre. Pour Gendrop (1994 :144), il s’agit de la fixation d’une sorte de maille lisse recouverte de fleurs, avec des griffes supposées de jaguar. Pour Graulich, il s’agit de la marque stylisée de l’entaille caractéristique du sacrifice du cœur sur la peau d’écorché (Graulich, communication personnelle). Fernandez (1959) pense que l’ornement que le dieu porte au cou est décoré soit par des serres d’aigles — dans ce cas le lien avec le soleil est direct — soit par des griffes de tigre. Il pourrait s’agir de canines, ayant peut-être une relation avec Tlaloc. Pour ce qui est des deux creux circulaires figurés sur cet ornement, il les considère comme de « grands disques » qui pourraient être des symboles solaires. Enfin, pour Olmedo (2002 :253), il s’agit du visage de Tlaltecuhtli, dieu de l’inframonde, les griffes ou dents représentant sa gueule. Selon elle, c’est une identification probable puisque les « yeux » ronds surmontés de sourcils ressemblent à ceux des représentations de Tlaltecuhtli. Il nous semble que Fernandez propose des hypothèses peu approfondies et sans véritable lien entre elles. Olmedo, bien qu’elle reste aussi sur un plan hypothétique, a selon nous le mérite de proposer un système cohérent avec le reste de son interprétation. Nous avons remarqué sur des sculptures et urnes zapotèques représentant des divinités, qu’elles portent de petites capes de la même façon que l’ornement du cou de la statue de Tlalmanalco. Elles semblent être en tissu et sont un peu plus longues que celui de la statue qui laisse ses épaules découvertes, mais l’on peut supposer qu’il s’agit du même type d’habit. Or, comme l’indique Gendrop, on note sur la vallée de Mexico l’influence des régions conquises (Gendrop 1994 : 49). Si l’on observe la position géographique de Tlalmanalco et de la vallée de Chalco, il s’agit en fait d’un passage naturel entre le sud de la vallée et toutes les régions du golfe et du sud (Rendon : introduction de Relaciones de Chalco Amaquemecan : 24). De plus, nous savons qu’au musée de Tlalmanalco, la grande majorité des pièces sont zapotèques. Sachant que les Zapotèques de l’époque Classique vénéraient un dieu 5-Fleur ayant des similitudes avec Xochipilli, se pose alors le problème de la destination de la sculpture. La première possibilité est de penser que,

Le socle de la statue est donc la représentation de la maison ou du temple du dieu, le Tlalocan, qu’il partage avec Tlaloc et les Tlaloques auxquels il est lié dans les cultes et dans les chants (Garibay 1958 : 102). A cette interprétation s’ajoute celle du socle représentant la terre et l’inframonde dans lequel le soleil meurt et renaît. La statue La statue de Tlalmanalco, de par sa richesse iconographique et la qualité d’exécution des détails comme de l’ensemble, a fait l’objet d’une thèse d’ Histoire de l’ Art aux Etats-Unis, preuve de sa qualité artistique. Nous développerons ici les principaux points qui nous apportent des éléments de réflexion sur le culte de Xochipilli. Les couleurs : nous avons pu observer que la statue était à l’origine polychrome. Le corps était peint en rouge et des traces de pigments blanc apparaissent sur certaines fleurs. Nous avons trouvé également une trace de pigment d’un bleu clair vif sur le socle. La couleur rouge peut donc se référer à la nature solaire de Xochipilli. Notons également que le rouge est aussi la couleur de la peau dont est revêtu Xipe Totec. Graulich (Graulich, communication personnelle) pense que la statue porte une telle peau, dont les délimitations sont les ornements du cou, des poignets et des chevilles. Sur cette peau neuve pousse la végétation représentée par les fleurs. Enfin, les griffes ou serres de la poitrine symboliseraient l’ouverture pour arracher le cœur. Nous avons vu deux raisons de lier Xochipilli à Xipe Totec: d’une part ce dernier est le dieu du printemps et Xochipilli celui de l’été, d’autre part il y a écorchement des sacrifiés dans les cérémonies de Xochipilli. Nous ne pouvons donc nier le lien entre les deux divinités. Cependant, si le rouge de la statue a peut-être un rapport avec Xipe, nous ne pensons pas qu’elle porte une peau d’écorché, ceci pour deux raisons. La première est qu’il porte un maxtlatl, alors que s’il était revêtu d’une peau, il ne pourrait pas le porter par dessus. La seconde est que si les bijoux qu’il porte aux pieds sont les délimitations de la peau d’écorché, il devrait y avoir une différence d’épaisseur entre les jambes et les pieds, les mains et les bras. Or, après une observation attentive, nous n’avons pas vu cette différence. Enfin, le pigment rouge se trouve également sur les pieds et les mains. Toutes ces remarques nous amènent donc à la conclusion que la statue ne porte pas ostensiblement une peau d’écorché. Toutefois, nous pensons qu’il est possible que cette peau ait été simplement suggérée. Le masque : Mateos Higuera (1992 : 118) pense que le masque devait être polychrome à l’origine et remarque qu’il n’en reste aucune trace. Pourtant, lors de notre observation de la statue, nous avons vu que le masque portait des restes de pigment rouge sur les joues. En outre, le dieu porte des peintures faciales polychromes dans les codex. D’après notre observation, nous pensons que le masque était peutêtre peint en rouge uniquement dans sa partie inférieure, car nous avons observé la coloration au niveau des joues, ainsi qu’une nette différence de coloration entre la coiffe, qui est rouge elle aussi, et le front. Il est donc fort probable que le bas du masque était rouge à l’origine. La statue de Tlalmanalco est le seul exemple où Xochipilli porte un masque. Il ne s’agit donc pas de la même représentation faciale. Nous pouvons l’interpréter en le reliant au culte de deux divinités. La première divinité est Xipe Totec. Nous avons vu que la couleur de la statue pouvait être mise en relation avec ce dieu et évoquer la peau 197

Xochipilli, Prince des Fleurs. pour le ciel. Finalement, quelles que soient les interprétations que l’on donne à la coiffe, cet élément n’en reste pas moins un ornement important de par l’abondance des symboles qui s’y trouvent. La position : Piltzintecuhtli, le prince enfant ou le petit enfant noble, est le nom du soleil de l’aube, ou soleil enfant (Olmedo 2002 : 248). Pilli, qui se trouve à la fois dans les noms Piltzintecuhtli et Xochipilli peut signifier prince ou enfant. Or, les proportions du corps de la statue sont celles d’un enfant, car la tête est trop développée par rapport au reste du corps pour représenter un adulte. Le dieu est assis, les jambes croisées. Fernandez (1959) voit dans la position des jambes une référence à la croix des sacrifiés de Xipe Totec. Mais cette hypothèse ne nous semble pas suffisamment argumentée pour être appuyée. En revanche, la représentation de la croix, donc des quatre points cardinaux nous paraît être une hypothèse intéressante puisque les quatre points cardinaux plus le centre correspondent au cinq, le chiffre associé à Xochipilli. Cette position assise, la tête penchée vers l’avant, mais regardant vers le haut nous fait principalement penser à une position méditative. I regarde vers le ciel, vers l’au-delà. Wasson (1980 :57) voit dans cette attitude méditative la représentation d’une transe due aux plantes hallucinogènes. L’attitude de méditation ou d’extase de la statue peut aussi s’expliquer par le fait qu’il s’agit du dieu du chant, représenté dans cet acte, à travers lequel les Aztèques cherchaient à plaire aux dieux et à communiquer avec eux. Bien que nous ne soyons pas d’accord avec toutes les conclusions de Wasson, ces deux interprétations ne se contredisent pas. Enfin, reste la question de savoir ce qu’il tenait dans ses mains. Toutes les explications possibles ont été données. Celle qui nous paraît ne pas fonctionner est celle du porteétendard. En effet les sculptures porte-étendard que nous connaissons ont les deux mains jointes pour former un trou central par lequel était soutenu la bannière. Ce n’est manifestement pas le cas pour notre statue qui a les mains séparées, chacune offrant un trou, qui ne portent pas de trace d’usure remarquables. Si l’on revient à l’idée que la statue était une idole, alors nous pouvons imaginer que, les jours de fête, on plaçait dans ses mains des fleurs, du maïs ou bien encore ses emblèmes : un bouclier avec l’insigne tonallo et le yollotopilli. Nous avons remarqué que le bras droit était relevé, alors que le gauche repose sur son genoux. S’il portait le yollotopilli, ce devait donc être de la main droite.

comme pour beaucoup d’autres cas, les Aztèques de la capitale ont commandé cette statue aux artistes de la vallée de Chalco, réputés pour leur talent de sculpteurs. Ceux-ci ont exécuté une représentation du dieu selon les canons aztèques, mais en y incluant aussi des éléments d’influence zapotèque, comme il semble que ce soit le cas pour l’ornement de la poitrine. Mais nous pouvons également poser l’hypothèse que la statue était destinée au centre cérémoniel de Tlalmanalco et que, finalement, ce Xochipilli représente plus la divinité d’un peuple dont les influences sont principalement zapotèques. Nous pourrions déterminer sa fonction si nous savions où se situait la sculpture (dans un atelier ou un temple), mais ce n’est pas possible en l’absence de détails sur le contexte de sa découverte. La coiffe : la coiffe de plumes est un objet luxueux par excellence et un signe de noblesse ou de divinité. Elle fait très souvent partie des éléments composant les coiffes des dieux dans les codex. Sur les statues aztèques de Xochipilli, cette coiffe a la forme d’une crête où les plumes sont alignées les unes derrière les autres, souvent accompagnée d’un nœud en papier sur la nuque. Or, nous savons que deux oiseaux symbolisent Xochipilli: l’aigle royal (Aquila chrysaetos) et le grand hocco (Crax rubra). Dans son étude, Olivera (Olmedo 2002 : 309) démontre que si les Mexicas représentent généralement l’aigle royal, les Mixtèques, eux, mélangent les caractéristiques des deux oiseaux. Elle ajoute que, dans les représentations des codex comme dans la sculpture du musée de Berlin, la coiffe est indépendante de l’oiseau. La statue de Tlalmanalco ne porte pas cette coiffe caractéristique en crête des représentations mexicas puisque les plumes sont disposées en couronne. Il reste des traces de pigments rouges sur les plumes au niveau du front, mais sur les côtés de la coiffe, il semble que ce soit des pigments blancs dont il reste à peine quelques traces. Le rouge correspond à la description des attributs de Sahagún : « Il porte une chevelure faite de plumes d’ara rouge ». Cet oiseau est représenté à ses côtés dans le Tonalamatl d’Aubin (Mateos Higuera 1992 : 114). A la différence des représentations mexicas et mixtèques, le bec n’est pas représenté sur la statue, ce qui ne permet pas d’identifier l’oiseau symbolisé. Toutefois la couleur nous amène à supposer que la coiffe de la statue est composée de plumes d’ara, et non d’aigle ou de grand hocco. L’arrière de la coiffe (voir doc.10 et 11) est soit en tissu, soit en peau. Elle est décorée par les symboles du dieu, le tonallo (4 ronds formant un carré) et le tlapapalli (4 barres verticales). Nous avons vu que le tonallo symbolise la chaleur solaire. Peñafiel a émis l’hypothèse d’un rapport entre le tlapapalli et les périodes de quatre années des fêtes de Tonatiuh. Pour Mateos Higuera (1992 :124), il s’agit du symbole des couleurs. Nous n’avons pas trouvé d’explications plus poussées pour ce symbole. Outre le lien que l’on peut faire entre les plumes et les oiseaux associés au dieu, nous pouvons lier la coiffe de plumes au ciel et au soleil. Une des représentations de Xochipilli dans le codex Borbonicus porte une coiffe de plumes noires décorées avec des étoiles qui représente le ciel nocturne (Mateos Higuera 1992 : 110). Ensuite, Graulich (1979) nous dit que la coiffe de plumes rose ou tlauhquecholli est associée à l’astre du jour. Cette hypothèse est cohérente avec le reste de notre interprétation en formant une suite logique de symboles : en bas, le socle qui symbolise la terre, au-dessus Xochipilli pour le soleil qui se lève et se couche, et au-dessus du soleil, la coiffe de plumes

Les fleurs : elles sont quatorze, plus deux vrilles sur les bracelets des épaules. N’oublions pas aussi les quatre grandes fleurs du socle qui sont différentes de celles du corps. Il s’agit ici de bas relief, nous n’avons qu’une seule face visible. La statue était polychrome à l’origine, et nous avons observé des traces de pigment blanc dans les creux des fleurs. Mais l’impossibilité de définir si la couleur des fleurs est réaliste, symbolique ou simplement esthétique ne nous permet pas de nous appuyer sur cette information pour l’identification. Les fleurs stylisées aux pétales arrondies sont un motif de l’école de Chalco. Mais, parmi les autres plantes de la statue, certaines pourraient correspondre à des espèces réelles. Il est tentant de vouloir y identifier des plantes hallucinogènes ou sacrées. Par exemple, la datura ou l’ololiuhqui pourraient se trouver parmi les représentations de profil des fleurs à corolle gamopétale. Mais il existe tant 198

Xochipilli, Prince des Fleurs. les traits caractéristiques de la fleur devaient suffire en euxmêmes. Le dernier point que nous voulons évoquer, c’est l’aspect archéobotanique de cette recherche. Dans l’offrande 78 du temple sud de Xochipilli, sont présents des restes carbonisés de graines (Olmedo 2002 : 100). Leur état n’a pas permis d’identification plus précise. Il faudrait donc trouver une offrande assez bien conservée pour pouvoir identifier quels types de végétaux y ont été déposés, afin d’obtenir de nouveaux éléments sur le lien entre Xochipilli et les plantes sacrées.

de fleurs de cette forme que rien, dans l’observation de cette représentation, ne nous autorise à voir une espèce précise. Nous savons que dans la représentation du Tlalocan se trouvent les plantes médicinales qui soignent les maladies envoyées par Tlaloc, leur présence obéissant au lien qui unit la médecine et la religion aztèque (Lozoya 1983). Nous avons cherché à voir s’il existait ce même lien entre des plantes utilisées pour soigner les maladies sexuelles envoyées par Xochipilli et les fleurs potentiellement identifiées sur la statue. Or, il s’est avéré que le sinicuichi (heimia salicifolia) calme l’inflammation de la matrice et les démangeaisons des parties génitales féminines (Martinez 1959 : 294). La deuxième plante hallucinogène qui soigne des maladies sexuelles est d’importance, puisqu’il s’agit de la plante de l’ololiuhqui (Turbina ou Rivea corymbosa) ou coatlxoxouqui (serpent vert). Cette plante soigne la syphilis « el mal gálico » selon Ximenes dans Quatro Libros de la Naturaleza (Martinez 1959 : 463). Un autre indice de son lien avec Xochipilli se voit dans le fait qu’un des noms de la plante est cuezpalli, c’est à dire lézard (Toro :1928). Or, un des macuiltonaleque s’appelle 5-Lézard. C’est celui qui accompagne 5-Fleur sur une représentation du temple de Tenochtitlan. Enfin, cette plante était utilisée avec, entre autres, du tabac pour communiquer avec les dieux et acquérir de la hardiesse. Cette pommade est aussi une médecine pour la divination (Vetancurt :87/Garza :1990). Nous avons donc un lien possible entre l’ololiuhqui et Xochipilli d’une part et une utilisation groupée de cette plante avec le tabac, ce qui appuie l’idée que les deux sont représentées sur la statue. En présence de ces informations, proposer une identification de ces espèces sur la statue devient défendable, puisque nous avons des éléments qui argumentent l’hypothèse de leur lien avec Xochipilli. Selon nous, deux fleurs, bien que stylisées, présentent une ressemblance morphologique presque évidente : il s’agit de la fleur de tabac (Nicotiana tabacum), sur l’avant-bras gauche, et du sinicuichi (Heimia salicifolia), sur le devant de la jambe droite (voir doc.12). Plusieurs représentations de fleurs de profil sur la statue pourraient correspondre à l’ololiuhqui. A présent, il s’agit de définir dans quelle mesure la stylisation est un frein à l’identification botanique. Pour cela, il faut essayer de comprendre les intentions du sculpteur. Voulait-il que les fleurs de la statue soient identifiables ? Très probablement, sinon il n’aurait pas pris la peine de les différencier avec des détails spécifiques appartenant aux espèces dont il est question. Toutefois, il est probable que cette identification n’était possible que pour les personnes qui connaissaient ces plantes, par conséquent

Conclusion Une des questions qui est souvent revenue au cours de notre étude est la suivante : comment a-t-on fait pour identifier telle ou telle statue comme étant une représentation de Xochipilli ? Sahagun nous décrit la statue de la divinité à la fin du chapitre qui lui est consacré. C’est donc en partant des sources, et en confrontant les informations écrites avec les données archéologiques que l’identification des statues de divinités a été possible. Pour Xochipilli, c’est sa coiffe de plumes en forme de crête qui est l’élément le plus caractéristique, or, cet élément ne se trouve pas sur la statue de Tlalmanalco. La statue de Tlalmanalco porte bien une coiffe de plumes, mais celles-ci sont placées en couronne. Sur les statues de Xochipilli de Tenochtitlan, aucune ne porte sur elle des fleurs comme celles que l’on trouve sur le corps de la statue de Tlalmanalco. Les représentations dans les codex le montrent soit tenant une fleur dans les mains, soit accompagné d’une date composée par le signe fleur. De même les temples de Xochipilli à Tenochtitlan sont décorés par des fleurs à quatre pétales, mais il s’agit de représentations stylisées et symboliques, à la différence des fleurs de la statue de Tlalmanalco qui sont des représentations plus « réalistes». Donc, le seul élément qui lie la statue aux représentations aztèques est la fleur. Cette particularité ne serait-elle pas le signe d’une différence idéologique ? Si le culte de ce dieu existait dans la région de Chalco et était pratiqué par des populations non aztèques, il est logique qu’il ait ses propres spécificités. Or, Higuera et Gendrop évoquent l’importance du culte de Xochipilli dans le Sud de la vallée de México. La région de Chalco est caractérisée par deux choses : la richesse de ses terres agricoles et sa tradition artistique. Or, Xochipilli est à la fois patron de la créativité ou fertilité artistique et de la fertilité agricole.

Le socle de la statue :

Doc.6* : Détail : papillon butinant la fleur centrale

Doc.7* : Socle : côté droit

199

Xochipilli, Prince des Fleurs.

Doc. 9 : La plus ancienne représentation de la statue que nous ayons trouvée. Elle est représentée avec le socle à l’envers. Chavero l’identifie comme Ixcozauhtli (Chavero : 1958 :95)

Doc.8* : Vue de face

Wasson :1980 :63

Doc.10* et 11: Détails de la coiffe

200

Xochipilli, Prince des Fleurs.

Les fleurs et le culte de Xochipilli La symbolique des fleurs chez les aztèques Dans la société aztèque, la symbolique liée à la fleur était présente dans beaucoup de domaines : artistique, religieux, guerrier… Dans cette dernière partie, nous tenterons de comprendre quelles sont les « fleurs » que Xochipilli a dans ses mains. la poésie et les chants Dans la poésie et les chants, le mot xochitl est une métaphore privilégiée que nous avons observée surtout dans les poèmes dédiés aux dieux de la végétation et de la terre. Le terme “fleuri” est utilisé pour mettre en valeur les concepts qui y sont associés, comme dans ces vers d’un poème de Tenochtitlan : Tu eres roja flor de pluma : abriendo estás la corola aquí en México (Un souvenir de Tlalocan, Garibay 1965 : II :77) La fleur qui ouvre sa corolle symbolise ici le soleil qui se lève. Elle peut représenter le cœur humain ou le chant: Mi corazón es flor : está abriendo la corola (idem) Una esmeralda cayó al suelo, nació una flor : tu canto ! (idem)

Nous remarquons que les thèmes symbolisés sont en rapport avec Xochipilli : le soleil, la musique, le cœur humain et le Tlalocan Tamoanchan. Le fait que la métaphore de la fleur permette de lier tous ces thèmes entre eux, nous révèle d’une part l’étendue de sa signification poétique, et d’autre part qu’il s’agit bien du motif central de tous les concepts liés au culte et à l’idéologie de Xochipilli. La fleur est aussi une métaphore de la quête spirituelle quand son épanouissement est comparé à l’élévation de l’âme. L’effet psychotrope des plantes hallucinogènes étaient associées à cette élévation, c’est pourquoi dans un poème où il est question de ces plantes, ce sont les prêtres qui disent : Los bellos cantos sólo vienen de su casa, dentro del cielo. Sólo de su casa vienen las bellas flores (idem) Le dieu évoqué dans ce poème semble être Xochipilli : les fleurs qui enivrent, c’est-à-dire les fleurs ou champignons hallucinogènes (c’est ainsi qu’elles sont définies dans les sources coloniales) sont assimilées aux chants. Or, les deux sont inspirés et créés par Xochipilli. L’expression idiomatique « fleur et chant » signifie littéralement « symbolisme et poésie ». Elle a le sens métaphorique de poésie, expression artistique, qui sont en fait l’art d’utiliser les symboles. La fleur dans l’idéologie aztèque est le symbole par excellence, elle représente l’art, la beauté, le divin et l’âme qui veut s’élever, c’est-à-dire tout ce que représente Xochipilli. Connaissance et usage des plantes médicinales et hallucinogènes

Jacinto de la Serna (Garza :1990). Les plantes hallucinogènes étaient utilisées dans des cérémonies religieuses, mais aussi à des fins curatives précises (Lopez Austin 1976 :25). Ce double emploi n’est pas étonnant puisque les indigènes croyaient que les maladies étaient, entre autres, envoyées par les dieux. En fait, l’origine d’une maladie pouvait être divine, humaine ou naturelle (Lopez Austin 1976). Dans les trois cas les plantes médicinales pouvaient être utilisées pour guérir. Le Libellus de medicinalibus Indorum Herbis est l’un des témoignages les plus importants de l’étendue de la connaissance des plantes médicinales des nahuas. Mais les remèdes décrits emploient aussi d’autres ingrédients plus considérés comme magiques que comme médicinaux. Si les auteurs coloniaux témoignent de l’emploi de plantes hallucinogènes à partir de ce qu’ils ont vu et entendu, il nous faut utiliser ces sources avec prudence car, d’une part, ils ont pu ne pas comprendre ce qu’ils décrivent ou déformer leur témoignage pour diverses raisons, d’autre part, nous pouvons supposer que les indigènes ne leur montraient ni ne leur expliquaient tout en ce qui concerne le domaine religieux et sacré. En effet, le terme de « plantes sacrées » suppose un grand respect, n’importe qui ne les prenait pas dans n’importe quelles circonstances. Il nous faut donc rester prudents quant à l’utilisation des sources concernant l’usage des plantes hallucinogènes dans le contexte religieux préhispanique. Pour tenter de définir si le culte de Xochipilli utilisait des plantes précises, nous ne disposons que d’informations indirectes, qu’il faut donc interpréter le plus objectivement possible. Les fleurs hallucinogènes dans les cérémonies Les fleurs et autres produits végétaux jouaient un rôle important dans la vie religieuse. De l’offrande aux insignes du prêtre, fleurs et plantes faisaient partie intégrante du cérémonial. Les deux insignes du prêtre aztèque sont une calebasse pleine de tabac ou picietl sur l’épaule (yatacomatl) et un sac de copal dans la main (copal xiquipilli) (Ortiz de Montellano 1980). Nous voulons souligner par là l’importance du tabac — fleur identifiée sur la statue de Tlalmanalco — puisqu’il était indispensable au prêtre comme offrande et probablement aussi pour le fumer. Nous savons que des plantes hallucinogènes comme le picietl, le yauhtli et iztauhyatl étaient utilisées dans des contextes cérémoniels (Ortiz de Montellano 1980, Garza :1990 : tableau des produits psycho-actifs), notamment pour des cérémonies dédiées aux dieux de la pluie. Or, nous savons que Xochipilli est intimement lié à Tlaloc et la fleur de tabac est représentée sur la statue de Tlalmanalco. Avec ces deux éléments, nous pouvons penser que dans le culte de Xochipilli se pratiquait l’usage de plantes hallucinogènes. Les hallucinogènes et l’élite En résumé, le lien que nous pouvons établir entre Xochipilli et le concept de fleur dans l’idéologie aztèque est double :

Les plantes hallucinogènes étaient considérées comme sacrées parce qu’elles permettaient aux hommes de communiquer avec les dieux. Certaines étaient même vénérées comme de véritables divinités, comme en témoigne 201

1- comme symbole de l’art et du spirituel 2- comme moyen de communication avec les dieux, dans un cadre médical ou spirituel.

Xochipilli, Prince des Fleurs. Cependant leur utilisation était régie par des règles, et surtout réservée à ceux qui avaient les connaissances ou le pouvoir nécessaires, c’est-à-dire les prêtres, les shamans et les nobles. L’emploi des plantes hallucinogènes leur était réservé, puisque eux seuls détenaient les connaissances nécessaires à leur utilisation. C’est pourquoi dans le poème « un souvenir de Tlalocan », le poète s’adresse aux prêtres pour savoir d’où viennent les fleurs qui enivrent. Mais il semble que les nobles aussi faisaient un usage d’hallucinogènes. Orozco y Berra relate la prise de champignons par les nobles lors du banquet du couronnement de Moctecuhzoma Xocoyotzin, mais ils les prenaient à la fois pour s’enivrer et demander aide et sagesse divine pour gouverner :

Classique. Les figurines ou sifflets représentant un dieu avec une coiffe composée d’une tête de chauve-souris, surmontée d’une grande huppe de plumes, sont très communs pour toute l’époque III-B (voir doc. 4). Elles portent le glyphe « 5- Fleur ». Ce dieu appelé Quiabelagayo ou 5-Fleur était adoré dans un village zapotèque appelé Macuilxochitl. Une autre divinité qui pourrait être une forme ancienne de Xochipilli est le dieu 5- Turquoise, qui porte un masque dans la plupart de ses représentations. Il semble être associé aux divinités de la pluie et du maïs, et une urne zapotèque le représentant possède une coiffe d’oiseau. Mais ses attributions exactes n’ont pas été déterminées (Boos 1964). A la période mixtèque, 29 objets incorporant les symboles de Xochipilli se trouvaient dans la tombe 7 de Monte Alban (Caso, Borbolla, Fernando 1969). Des figures de 5- Fleur sont gravées dans la tombe 1 de Zaachila et sur des os à Monte Alban (Caso, Borbolla, Fernando 1969 : 213-14). Il semblerait donc que les représentations les plus anciennes de Xochipilli au Post-Classique proviennent de l’art Mixtèque (Ramsey 1982 : 39). Les prêtres aztèques ont dû ainsi s’inspirer de la divinité de Teotihuacan et de celle des mixtèques pour élaborer leur propre culte de Xochipilli. Peut-être même ontils eu connaissance du Xochipilli mixtèque par les artistes et musiciens de cette région qui travaillaient à la cour de Tenochtitlan (Ramsey 1982 : 40) ? Les éléments que nous avons réunis autour de l’origine de Xochipilli ne constituent pas une recherche exhaustive sur le sujet. Mais ces quelques hypothèses montrent déjà que le lien entre Xochipilli et la fleur a toujours existé, il nous semble qu’il est en fait au cœur même de l’existence de cette divinité, quelle que soit la forme qu’elle ait prise. Nous avons vu également que des expressions anciennes de cette divinité existaient dans diverses régions, ce qui expliquerait pourquoi au Post-Classique, Xochipilli est lié à tant de domaines : il regrouperait les fonctions de divinités antérieurement distinctes.

Acabada la fiesta religiosa, los señores se reunieron a comer los hongos silvestres, que tenian la propriedad de trastornar el juicio cual cual si fuera bebida embriagante ; durante el trastorno veían visiones, avisos divinos, de revelación para el porvenir y adivinaciones de lo futuro (Toro :1928 :113) C’est donc une élite composée de prêtres, shamans, nobles et princes qui avaient le droit de consommer les « fleurs sacrées ». Le lien avec Xochipilli se retrouve une fois de plus, puisqu’il était le dieu « de ceux qui vivaient dans les maisons des seigneurs et dans les palais princiers » (Sahagún 1950-1969 : 40). Enfin, le document 13 est une représentation d’un codex, figurant un banquet présidé par Xochipilli (7Fleur comme le nomme le glyphe à côté de lui). Les personnages du banquet sont des dieux, et ils ont tous dans la main une paire de champignons.

Le Prince des Fleurs La symbolique des fleurs et l’origine de Xochipilli

Le Prince des Fleurs

Le lien privilégié entre les fleurs et Xochipilli est ce qui pourrait nous permettre de remonter à la période classique et de trouver les origines plus ou moins directes de Xochipilli. Deux sites possèdent au Classique des représentations susceptibles de correspondre à une forme ancienne de Xochipilli : Teotihuacan et Monte Alban. A Tepantitla, les peintures murales ont été interprétées comme étant des représentations de divinités mélangeant les emblèmes de Tlaloc, de Xochiquetzal et de Xochipilli (Pasztory 1972 : 158). Selon Pasztory, deux représentations semblent figurer une divinité masculine identifiable à Xochipilli : le dieu de couleur rouge accompagné de prêtres masculins de l’entrée et celui de la zone 5A. Cette divinité est peut-être une expression ancienne du Xochipilli que nous connaissons au Post-Classique. Pour Krickeberg, le culte de Xochipilli vient à l’origine de Teotitlan del Camino et fut répandu après dans la région de Oaxaca (1960 :218). Les objets rituels tels que les xantiles ou des masques venant de Tehuacan suggèrent que les thèmes associés à Xochipilli ont d’abord été élaborés à Tehuacan avant d’être diffusés dans d’autres zones (Ramsey 1982 : 39). A Monte-Alban et dans toute la région au Sud de la vallée de Mexico, nous trouvons pour les cultures zapotèques et mixtèques des représentations de dieux qui pourraient être des expressions plus anciennes du Xochipilli du Post-

Qu’est-ce qu’une fleur ? Botaniquement, c’est un organe végétal qui correspond au sexe de la plante. De la fleur sortira le fruit dont sortira à son tour la graine. C’est donc l’endroit où se concentre le potentiel créatif et génératif de la plante. Comme nous l’avons vu auparavant, ce pouvoir créatif n’existerait pas sans la présence et l’action du papillon. Mais cela n’explique pas pourquoi les fleurs ont une telle apparence esthétique. L’harmonie des formes et des couleurs d’une fleur, source d’inspiration artistique intemporelle, était pour les anciens nahuas à la fois un symbole de beauté, de pureté et de spiritualité. Cette étude nous a permis de comprendre pourquoi Xochipilli, ou Prince des Fleurs, est un dieu de la création, des arts et de l’amour. Tous ces concepts étaient pour les anciens nahuas des thèmes transcendants, qui liaient l’homme au divin. Finalement, il nous apparaît clairement que c’est sous cet angle qu’il faut percevoir Xochipilli, et interpréter les nombreux éléments archéologiques de son culte. Ce n’est ni un dieu mièvre des fleurs et de la nature, ni exclusivement un dieu des fleurs hallucinogènes, mais l’expression pure et profonde de la spiritualité, de l’idéologie religieuse et artistique des aztèques et sûrement d’autres peuples de Mésoamérique.

202

Xochipilli, Prince des Fleurs.

Nicotiana tabacum (source:internet)

*Représentation possible de la Fleur de tabac

Heimia salicifolia (source:internet)

*La spécificité des pistils est clairement représentée

Doc. 12: Détails des fleurs représentées sur la statue, et leur possible identification

Doc.13: Banquet des dieux, cérémonie des champignons, Xochipilli (7-Fleur), en haut à droite, préside l’assemblée (Caso :1963)

203

Xochipilli, Prince des Fleurs.

Conclusion générale C’est à la fois sur une vision de Xochipilli la plus étendue possible au niveau des sources iconographiques et écrites, et sur la représentation singulière de la statue de Tlalmanalco qu’a porté notre recherche, les données d’ordre général nous ayant permis d’interpréter la symbolique de la statue. L’intérêt de l’étude iconographique de la statue de Tlalmanalco était selon nous de démontrer qu’elle pouvait apporter des informations sur le culte du dieu ; elle nous a permis d’arriver aux conclusions suivantes. Cette sculpture, production de l’école de Chalco, est considérée comme un chef-d’œuvre de l’art aztèque. Nous avons mis en évidence la spécificité iconographique de la statue qui se singularise nettement des représentations de la zone de Tenochtitlan. Ceci nous amène à penser que la statue de Tlalmanalco serait le témoignage d’un culte différent de celui pratiqué à Tenochtitlan. De nombreux éléments iconographiques intrinsèques et extrinsèques − les interprétations des codex Vindobonensis et Borgia et l’iconographie du matériel

Note * Photographies personnelles

204

archéologique analysé par Ramsey − montrent qu’il s’apparenterait plus à l’idéologie mixtèque. L’analyse iconographique a également soulevé la question de l’identification des fleurs représentées sur la statue, problème qui, selon nous, touche l’essence même de l’existence de Xochipilli. L’idée selon laquelle il s’agirait de fleurs hallucinogènes ayant été vivement critiquée, nous avons, par une analyse argumentée et critique, constaté que cette hypothèse pouvait en partie se vérifier. Xochipilli n’est toutefois pas seulement le dieu des plantes hallucinogènes, bien qu’elles puissent tenir une place importante en tant que plantes sacrées. Il apparaît en fait essentiel de comprendre que la complexité de la symbolique des fleurs va bien audelà de cette interprétation. Nous avons pour notre part mis en évidence le lien privilégié entre Xochipilli et la symbolique de la fleur, c’est-à-dire un aspect profondément spirituel révélé par la mise en rapport de ses multiples attributions.

Le Serpent à Plumes Dans les Rituels Sacrificiels à Chichén Itza.

LE SERPENT A PLUMES DANS LES RITUELS SACRIFICIELS A CHICHEN ITZA*. Bertrand LOBJOIS

Résumé : Face aux multiples représentations du serpent à plumes dans le site yucatèque de Chichen Itza, l’auteur soumet une lecture de cette créature en mettant en évidence son rôle symbolique dans les rituels sacrificiels. En confrontant ses images aux chroniques mayas et mexicaines et à d’autres sites, on peut supposer que l’une de ses plus anciennes valeurs est liée aux différentes formes de sacrifice : cardiectomie, décapitation et automutilation. L’auteur indique également que les quetzalcocoa sont présents dans les rituels préparatoires à ce genre de cérémonies, notamment dans les processions des guerriers vaincus et leur présentation humiliante au dirigeant vainqueur.

Abstract : Through the multiplicity of the feathered serpent’s representations in the Yucatecan site of Chichen Itza, the author provides a reading of this complex creature by pointing out his symbolic role in sacrifice rituals. Through Maya and Mexican chronicles and comparisons with other sites’ images, one may assume one of its most ancient values is linked with different ways of sacrifice: heart-excision, decapitation and selfmutilation. The author also indicates that the quetzalcocoa are present in defeated warriors’ procession, their humiliating presentation to the winning chief.

Le site yucatèque de Chichen Itza est bien connu pour ses architectures et ses iconographies différenciées en deux zones. La zone nord est marquée par une influence du Haut Plateau central dont l’origine fait encore l’objet de nombreuses spéculations. L’architecture monumentale de cette partie du site est accompagnée de sculptures, de reliefs et de peintures reprenant fréquemment le motif du serpent à plumes. Les représentations de cette créature hybride et duelle, céleste et terrestre, diurne et nocturne, existent en Mésoamérique depuis le Préclassique. Toutefois leur interprétation pose encore de nombreux problèmes. On a généralement peu tendance à associer les sacrifices humains à la créature serpent à plumes. Ces sacrifices étaient d’ailleurs une pratique rituelle ancienne en zone Maya. A Chichen Itza, cette association forte revêt des représentations assez variées. Partant du constat que le serpent à plumes n’est pas figuré dans la partie sud du site, l’intégralité de notre corpus iconographique se situe dans la partie dite Toltèque. Devant les problèmes récurrents liés à la datation et à l’identification des styles architecturaux, nous préférons la dénomination plus neutre de zone Nord. Néanmoins, par souci d’exhaustivité, notre propos fera appel aux différentes chroniques et relations coloniales de l’aire maya comme du Mexique central, car on ne peut nier l’appartenance géographique du site au Yucatan et sa parenté stylistique avec le Haut Plateau central. Au regard du corpus iconographique établi pour une étude précédente sur les significations possibles du serpent à plumes à Chichen Itza, on peut souligner sa présence récurrente dans de nombreuses scènes guerrières. Son absence dans d’autres représentations sacrificielles nous amène à poser la question d’un sens particulier du serpent à plumes dans le contexte du sacrifice et de son déroulement. Quand bien même on considère le sacrifice humain comme une offrande suprême, on ne saurait intégrer à la présente étude tous les artefacts reprenant le motif du serpent à plumes et découverts dans le Cenote des sacrifices lors d’opérations successives de dragage.

Le serpent à plumes n’était pas en effet la seule divinité honorée en ce lieu. Nous orienterons notre propos autour des étapes amenant un sacrifice en gardant le serpent à plume comme référent iconographique. Notre réflexion cherchera d’abord à vérifier la présence du serpent à plumes lors des rituels préalables aux rituels de mise à mort que sont les défilés de guerriers capturés au combat et leur présentation humiliante au dirigeant de la cité. Puis il s’agira de détailler le rôle de cette créature lors des arrachements de cœur et des décapitations.

Les processions de captifs de guerre : l’exemple du Temple des Guerriers Le Temple supérieur des Jaguars, situé sur un des murs du Grand Terrain de jeu balle de Chichen Itza, comportait un grand nombre de batailles violentes (Coggins et Shane III, 1984 : 162-163, ill. 19 ; Lobjois 2002 : II, ill. 45-49)1. C’est lors de ces combats, qu’on capturait des prisonniers. Ils défilaient en précédant leurs vainqueurs, comme le montrerait une peinture murale aux dimensions imposantes, située en zones 15 et 16 des deux salles du Temple des Guerriers, selon la nomenclature proposée par Ann Axtell Morris de la Carnegie Institution dans les années 1930 (Fig. 1, cf. Morris et al., 1931 : I, 386-395 ; II, pl. 139)2. Cette peinture peut être divisée en trois parties. Dans le registre supérieur, à gauche, des guerriers combattent autour d’un lieu aquatique d’où émergent différents animaux marins. La seconde partie, en haut à droite, montre une bataille de plus grande ampleur à l’intérieur d’un village. Si beaucoup de personnages portent des peintures rouges et blanches sur le corps, il est difficile toutefois de distinguer des groupes, puisque tous sont revêtus de tuniques également rouges et blanches qu’ils portent au combat. Dans cette partie haute de la peinture, deux personnages portent de lourdes charges sur leur dos.

* Article issu d’un mémoire de DEA soutenu par l’auteur en septembre 2002 et intitulé « Les représentations du serpent à 205 plumes à Chichén Itza », 2 vols., E.P.H.E, Paris.

Le Serpent à Plumes Dans les Rituels Sacrificiels à Chichén Itza. 186-7). Rien ne dit en revanche que les captifs de la peinture du Temple des Guerriers soient des ennemis de Quetzalcoatl. Dans sa description des funérailles des marchands, Ragot observe que leurs cadavres étaient recouverts de lignes de « terres blanches » semblables à celles portées par les sacrifiés ou Mixcoatl (Ragot, 2000 : 72). C’est justement le cas des figures chargées de ballots : elles représentent probablement des porteurs, main-d’œuvre des commerçants. Cette peinture murale retranscrirait alors le travail des commerçants, mais aussi leurs activités militaires et religieuses. Le prisonnier ouvrant le défilé a le crâne complètement rasé. Sahagún évoque seulement un rituel de prélèvement des cheveux sur les captifs ou les esclaves souvent exécutés la nuit précédant les jours de fêtes et de sacrifices par les prêtres sacrificateurs ou par les sacrifiants en l’honneur du feu au milieu de la nuit (Sahagún, 1975 : II, ch. 29, 129 ; II, 21, 100-1 ; 33, 141 ; 34, 144 ; 36, 152). Ce genre de prélèvement correspondait chez les Mexicas à prendre possession d’une partie du tonalli de la victime, car le sommet du crâne serait le lieu d’entrée et de sortie du tonalli (Martinez Gonzalez, 2000-2001 : 45-47). Les autres captifs ont une longue mèche de cheveux qui, au Classique, étaient tenus par leurs capteurs en signes de soumission comme le montrent le linteau 1 de Bonampak ou les peintures est et sud de la salle 2 du même site (Baudez et Becquelin, 1984 : 104, ill. 68 ; Martin, 2000 : 180, ill. 270, et 181, ill. 272).

Le premier se trouve sur la rive de la surface lacustre, le second dans le village.Le registre inférieur de la peinture murale met en scène des guerriers habillés de pagnes bleus, le corps peint en noir et le nez en jaune, tenant leurs armes – bouclier, javeline et hache– dans la main droite tandis qu’ils tiennent une corde de la main gauche. Chaque corde noue solidement les poignets d’un homme, dont le corps entièrement nu est couvert de rayures horizontales rouges et blanches. Deux d’entre eux possèdent un pectoral rectangulaire bleu et marqué d’un motif de natte (Robicsek, 1975 : 47). Certains semblent passer au-dessus d’un serpent dont la gueule est grande ouverte. Son ventre est recouvert d’une teinte jaune tandis que son dos et les plumes qui l’ornent sont peints d’un ton tenant à la fois du bleu et du vert. Il s’agit bien d’un serpent à plumes.

Les capteurs Fig. 1 : Serpent à plumes dans un défilé de prisonniers, relevé de la peinture murale des zones 15 et 16, Temple des Guerriers, (2D8). In Benavides Castillo et al., 1999 : 188, ill. 112.

Les attributs des guerriers-capteurs – corps peints en noir, pagnes, colliers, boucliers et propulseur en bleu – escortant ces captifs sont proches de ceux de Quetzalcoatl dans plusieurs codex (Codex Borbonicus, 1991 : 3 et 22 ; C. Bg, 1963 : 28, 62.) : le corps du dieu, représenté sous l’aspect d’Ehecatl, est noir tandis qu’une bande verticale jaune orne le milieu de son visage du front au menton. Chez les Aztèques, le noir n’est pas réservé au seul Quetzalcoatl. Les principales divinités du panthéon aztèque ont le corps peint avec cette couleur : Xolotl, le jumeau de Quetzalcoatl dans le Codex Tudela (1980 : 42-43), Tlaloc dans le Codex Laud (1964-1967), Tezcatlipoca... Mais ces peintures peuvent également être celles d’un prêtre, ainsi que le mentionne Durán à propos du sacrificateur et de ses assistants5. Les peintures noires couvrent parfois le corps de certains pénitents « [de sorte] qu’ils ressemblaient au démon »6. Dans le Codex Telleriano-Remensis, on peut ainsi voir un homme barbu, tenant une branche et une bourse d’encens, revêtu d’habits bleus7. Ses peintures faciales font dire à Quiñones Keber qu’elles sont « typiques » de Quetzalcoatl (C.T.R., 1995 : 187 et fol. 22r). En relevant la présence du motif de natte sur les plaques rectangulaires bleues portées par deux des capteurs, Robicsek rappelle que le motif de natte est étroitement lié au pouvoir. Dans ce cadre guerrier, il pourrait conférer aux deux personnages armés d’un bouclier et de deux javelines courtes une certaine autorité ou marquer une hiérarchie au sein même des capteurs défilant derrière chaque prisonnier.

Les captifs Il ne fait aucun doute que ce défilé met en scène le retour de guerriers du champ de bataille avec des captifs de guerre, peut-être à l’instar de la guerre fleurie chez les Aztèques. Les rayures rouges et blanches, bien qu’horizontales, rappellent celles que l’on peut voir sur des victimes sacrificielles ou des divinités associées au sacrifice humain comme Mixcoatl ou Tlahuizcalpantecuhtli. Les codex et d’autres sources de la conquête regorgent de motifs comparables3. Le sens des traits de craie marquant le corps pourrait poser un problème : elles sont horizontales sur la peinture de Chichen Itza alors qu’elles sont verticales sur tous les codex du Mexique central que nous avons pu consulter. L’absence de couleur noire ou grise sur leurs yeux et leur nez empêche toutefois une identification directe à Mixcoatl, ou aux victimes sacrificielles devant représenter ce personnage. Graulich rappelle, à travers les différentes sources dont nous venons de parler, la similitude des attributs des Mimixcoa et de Mixcoatl : « les Mimixcoa sont les prototypes des victimes guerrières » (Graulich, 1987 : 164)4. La distinction de groupes parmi les guerriers recouverts de ces rayures étant impossible, on peut considérer que chaque combattant, quelle que soit son appartenance ethnique, est une victime sacrificielle en puissance. La représentation de la Guerre des cieux dans le Codex Nuttall permettrait d’identifier les ennemis d’Ehecatl, avatar de Quetzalcoatl, avec des personnages recouverts de rayures (Ringle et al., 1998 :

Une scène de genre bien documentée On peut alors se demander quelles étaient les intentions des auteurs de ces peintures. Etablissons un parallèle avec les 206

Le Serpent à Plumes Dans les Rituels Sacrificiels à Chichén Itza. (Martin, 2000 : 175, ill. 262.), la stèle 12 de Piedras Negras (Baudez et Becquelin, 1984 : 97, ill. 62.) ou même les peintures murales de Bonampak (De la Fuente, 1999, passim) qui témoignent bien de ce mode de représentation de la victoire sur un ennemi. On peut très bien imaginer que le fragment manquant sur la peinture du Temple des Guerriers présentait l’image d’un guerrier en armes en train de piétiner ses adversaires. Malheureusement rien ne le prouve. En ce qui concerne l’estrade du Mercado, il est difficile de dire s’il s’agit d’un guerrier maya. Tozzer (1957 : I, 183) affirme même que les prisonniers seraient mayas et leurs vainqueurs toltèques.

traditions mexicaines sur les significations du sacrifice. Graulich (1988a : 172-173) explique que, chez les Aztèques, la capture de prisonniers au combat recouvre deux besoins. Il s’agit, pour le capteur et le sacrifiant, de garantir leur place dans la Maison du Soleil, en mourant symboliquement à travers le sacrifice du guerrier capturé (Graulich, 1987 : 187 ; Durán, 1967 : I, 317). La capture, et donc le sacrifice d’un prisonnier, conféraient prestige et avancement social au sacrifiant (Durán, 1967 : I, 281 ; Gonzalez Torres, 1985 : 224 sq. ; Graulich, 1987 : 266-267, 341.). Ajoutée à la présence du motif de natte pouvant signifier le pouvoir et l’autorité, la procession peinte dans le Temple des Guerriers dégage une grande solennité. Situé à proximité directe de ce défilé, le serpent à plumes pourrait alors être associé à la guerre et au retour des victimes sacrificielles. La guerre pourrait par ailleurs être considérée comme une chasse symbolique dont le gibier n’est autre que l’ennemi capturé et devant être sacrifié. Le captif serait alors assimilé au cerf, gibier par excellence et symbole de la force guerrière perdue par Mixcoatl après avoir couché avec Chimalman (Codex Chimalpopoca, 1945 : 124)8. Un grelot découvert dans le Cenote des sacrifices pourrait reprendre cette comparaison de la victime sacrificielle à un gibier tandis qu’un autre met en scène un serpent à plume et un cerf sortant d’une conque (Fig. 2).

Fig. 3 : Guerrier-serpent à plumes humiliant des captifs, détail du panneau nord, estrade du Mercado (3D11). In Tozzer, 1957 : II, ill. 115.

Les rituels de préparation aux sacrifices décrits par Durán ou Sahagún n’étant pas représentés à Chichen Itza, nous nous attarderons enfin sur les différentes mises à mort. La forme de sacrifice était importante. On a retenu avant tout du sacrifice mésoaméricain ancien la décapitation et la cardiectomie, ou ablation du cœur, mais il en existait beaucoup d’autres comme l’écorchement, le sacrifice dit « gladiatoire » ou encore celui par fléchage11. Des représentations iconographiques de Chichen Itzà se dégagent surtout la décapitation, la cardiectomie et l’automutilation. Nous traiterons seulement des deux premières formes parce qu’elles paraissent les plus fréquentes.

Fig. 2 : Cervidé sortant d’un coquillage marin et serpent à plumes, relevé d’un grelot en jadéite, Cenote des sacrifices, Chichen Itza. In Proskouriakoff, 1974 : 104, pl. 42, ill. 7.

L’humiliation des vaincus La soumission des captifs est un thème abordé à plusieurs reprises à Chichen Itza selon un agencement iconographique identique à d’autres sites mayas. Elle constitue une seconde étape dans le sort réservé aux captifs de guerre. On peut voir, sur le panneau nord de l’estrade du Mercado, un guerrier en arme et au casque d’oiseau juché sur deux personnages. Derrière lui ondule un serpent à plumes, les mâchoires grandes ouvertes et menaçantes (Fig. 3)9. A sa gauche, quatre prisonniers défilent les uns derrière les autres, attachés par une corde commune. Malgré l’absence de plusieurs blocs, on reconnaît à l’extrême droite un prisonnier portant les mêmes attributs que les prisonniers du registre gauche. Pour reprendre la formule de Martin à propos de la plaque de Leyden où se déroule une scène identique, il s’agit « d’une pose caractéristique du vainqueur maya » (Martin, 2000 : 176 et 177, ill. 263)10. En effet, le bas-relief de Chichen Itza s’inscrit dans une lignée artistique et symbolique utilisée depuis le Classique ancien chez les Mayas. On peut citer, par exemple, le Panneau des esclaves retrouvé à Palenque (Baudez et Becquelin, 1984 : 349, ill. 332), un autre situé à Ucanal

Le sacrifice par cardiectomie Une pratique fréquemment décrite La cardiectomie ou ablation du cœur est sans doute le type de sacrifice le plus connu. Les informateurs de Sahagún en font une description assez détaillée. En voici la traduction : Ainsi on les faisait monter devant le dieu, on allait les prendre par les mains et celui qu’on appelait “le placeur de gens”, les allongeait sur la pierre du sacrifice. Et l’ayant été jeté dessus, quatre hommes le tiraient par ses pieds et mains. Et ensuite, une fois étendu, arrivait là le prêtre qui offrait le feu, tenant le couteau avec lequel il ouvrait la poitrine du sacrifié. Après lui avoir ouvert la poitrine, il lui enlevait en premier son cœur, alors qu’il était encore vivant, à celui à qui il avait ouvert la poitrine. Et prenant son cœur, il le présentait à Tonatiuh. (Sahagún, 1958b : 52-53). 207

Le Serpent à Plumes Dans les Rituels Sacrificiels à Chichén Itza. Quetzalcoatl, appelaient topiltzin le sacrificateur principal13. Ce terme topiltzin désigne également le titre de Quetzalcoatl chez les Toltèques dans le Codex Chimalpopoca :

Si la mise à mort par cardiectomie semble présente seulement à la fin du Classique récent à Piedras Negras (Baudez, 2002 : 132-133) la présence du serpent à plumes à Chichen Itza lors de ce rituel est un fait nouveau en zone Maya. Ce rituel est également avéré dans la péninsule yucatèque, au moment de la conquête et même décrit par Diego de Landa (1941 : 118-119 ; 1959 : 51) dans des termes très proches de Sahagún. Landa y ajoute les termes de Nacom pour le seul prêtre-sacrificateur et de Chaces pour les assesseurs, au nombre variable mais à la tâche identique : maintenir les membres et la tête de la victime pendant que le sacrificateur s’apprête à officier. L’existence d’aides au sacrificateur est très présente aussi dans la littérature du Mexique central comme Gonzalez Torres (1985 : 192) l’a observé chez Tezozomoc (1944 : 331) ou Durán (1967, 1 : 31). La peinture noire recouvrant leur corps existe également chez les Aztèques. Durán (1967, I : 52) explique comment les prêtres, mandés par Huitzilopochtli pour établir un contact avec ses ancêtres, fabriquaient cette substance et s’en enduisaient le corps avant d’accomplir leurs rituels. Appelée « nourriture des dieux », teotlacualli, Sahagún (1958 : 76-79) explique qu’elle était préparée pendant la nuit. Martinez (2001 : 84-85) émet l’hypothèse d’une association entre le fait de se peindre en noir et l’aspect nocturne de certaines divinités, notamment Quetzalcoatl et Xolotl en tant qu’Etoile du Matin et Etoile du Soir, Tlaloc comme soleil lunaire et bien évidemment Tezcatlipoca12. Les codex aztèques témoignent souvent de la présence de cette peinture noire sur le corps de Quetzalcoatl, même s’il n’est pas le seul dieu à la porter (C.Bg., 1963 : 23, 28, 56, 62). Certains de ses prêtres portent également cette peinture comme attribut qui, parfois accompagné du masque d’Ehecatl, de son bonnet conique ou de ses peintures faciales rouges, jaunes et noires, le caractérise (C.Bg., 1963 : 21 ; C.T.R., 1995 : 22r°). Et on retrouve l’idée que le prêtre-sacrificateur était enduit d’une substance noire dans une chronique maya des Hautes Terres. La Carta del Licenciado Palacio est très claire à ce sujet puisque son auteur emploie également le terme « embijado » pour désigner le sacrificateur principal (Acuña, 1982 : 276-278). Voyons maintenant à quel point ces textes pourraient s’appliquer à bon nombre de scènes de sacrifices à Chichen Itza.

C’était aussi déjà son soleil de Topiltzin de Tollan, Quetzalcoatl ; mais [lorsqu’il n’était] pas encore Soleil son nom était encore Nanahuatl sa maison était là à Tamoanchan (traduction du nahuatl de Graulich, 1987 : 120-121 pour Leyenda de los Soles, 1945 : 121). La Leyenda de los soles associe le jeune Ce Acatl à la cardiectomie lorsqu’il venge la mort de son père : Ce Acatl se dressa et lui [Apanecatl] fendit la tête avec un vase profond et lisse, à cause de quoi il tomba jusqu’en bas. Ensuite il saisit Zolton et Cuilton : les bêtes soufflèrent le feu et il les fit mourir rapidement. Il les saupoudra de poivre, coupa leur chère en morceaux, puis, après les avoir torturés, il leur ouvrit la poitrine (Codex Chimalpopoca, 1992c : fol., 81, traduction d’après Graulich, 1988 : 117. Il effectue donc des gestes sans équivoque, et lorsqu’il ouvre la poitrine de ses oncles, l’arrachage du cœur est implicite. Quetzalcoatl peut également être le destinataire des sacrifices. Le Licenciado Palacio explique, qu’une fois les prisonniers ramenés du champ de bataille, les Pipils de la localité de Mitla (sic) partageaient leurs sacrifices entre la déesse Itzqueye et Quetzalcoatl. Ce dernier bénéficiait d’une mise à mort quotidienne pendant quinze jours. Le cérémoniel rapporté par García de Palacio est très explicite : on extrayait le cœur de la poitrine de la victime et on le dirigeait vers le ciel et on demandait à la divinité d’accepter « la récompense de cette victoire » au combat (trad. De Acuña, 1982 : 279).

Le serpent à plumes instrument de sacrifice Parmi les différentes peintures du Temple des Guerriers reconstituées par l’équipe de la Carnegie Institution et évoquées au début du présent article, plusieurs fragments de peintures des zones 19, 20 et 21 doivent attirer notre attention, même si on a reconstitué partiellement l’ensemble (Fig. 4, cf. Morris et al., 1931 : II, pl. 145). Au centre de la scène, à l’embrasure d’un temple, un homme nu est sur le point d’être sacrifié. Il est allongé, le dos reposant sur une pierre sacrificielle, les bras tendus vers l’arrière. Deux Chacs, assesseurs au sacrificateur placé au dessus de la victime14 vêtus légèrement et badigeonnés de peinture noire, à l’instar de ce que nous indique les textes coloniaux le tiennent par les bras et les jambes15. Le sacrificateur ou Nacom s’apprête à porter le coup fatal dans la poitrine de la victime. Mais le plus intéressant sur cette peinture murale reste le serpent. Il n’existe que de rares équivalents à ce que nous allons décrire, sur le site de Chichen Itza ou dans les codex mexicains. Ses plumes vertes et ses plaques ventrales jaunes ne laissent aucun doute sur son identité : il s’agit d’un serpent à plumes qui encadre véritablement l’action en ondulant parmi les protagonistes. Il occupe ici un rôle prépondérant dans la mise à mort dans la mesure où la

Le serpent à plumes, sacrificateur et destinataire du sacrifice Les Codex Telleriano-Remensis (1995 : fol. 18r ), Borbonicus (1991 : 14) et Vaticanus A (1979 : fol. 31r ) contiennent tous trois la représentation d’un serpent à plumes en train de dévorer un être humain. Malgré tout, ce genre de motif reste assez rare dans les codex du Mexique central. Quetzalcoatl a joué le rôle de sacrificateur et de sacrifié lors de la création du quatrième soleil présentée dans la Codex Chimalpopoca (1945 : 121-122) : il est Nanahuatl, le « Buboneux » qui se jette dans le bûcher pour se transformer en soleil. Il est également Ehecatl qui sacrifie les autres dieux afin que le Soleil et la Lune se mettent en mouvement. Durán (1967, 1 : 31 ) rapporte que les Aztèques, lors de la fête de Panquetzaliztli dédiée à Huitzilopochtli et avant lui à 208

Le Serpent à Plumes Dans les Rituels Sacrificiels à Chichén Itza. joueraient seulement le rôle de destinataire, à en croire certains observateurs16. Considérer le Temple des Guerriers comme un bâtiment érigé en l’honneur de Quetzalcoatl nous paraît réducteur et contestable (Morris et al., 1931 : I, 400). Cette hypothèse ne tient pas compte des masques du Monstre Terrestre ornant les murs extérieurs du temple ou les bas-reliefs mettant en scène des jaguars et des aigles dévorant des cœurs sur chaque tablero de la pyramide. Une comparaison avec d’autres représentations de sacrifice serait très précieuse.

victime est en réalité allongée sur le dos de l’animal qui symbolise la pierre de sacrifice. Il reste cependant à déterminer son rôle exact dans les sacrifices représentés.

Le serpent à plumes compagnon et double animal du sacrificateur Une première mise en perspective de la peinture du Temple des Guerriers avec celle du Temple supérieur des Jaguars a déjà été proposée (op. cit. : II, pl. 145.). Cette annexe surélevée du Grand Terrain de jeu de balle contient certainement la plus grande concentration de représentations du serpent à plumes à Chichen Itza. Tozzer (1957 : I, 126 ; II, ill. 392 à 398) présente les principales scènes de sacrifice humain à Chichen Itza, sans véritablement en proposer un commentaire détaillé. En observant les relevés d’Adela Breton reproduits en grande partie par Coggins et Shane17 on remarque une certaine similitude entre la scène du Temple des Guerriers et celle présente sur la voûte ouest du Temple Supérieur des Jaguars (Fig. 5, in Coggins et Shane III, 1984 : 157-165, ill. 19).

Fig. 4 : Serpent à plumes accompagnant un sacrificateur. Relevé partiel de la peinture murale des zones 19, 20 et 21, Temple des Guerriers, (2D8). In Morris et alii, 1931 : II, pl. 145.

Le premier aspect marquant de cette peinture est l’absence d’une véritable pierre sacrificielle comme on peut en voir sur d’autres représentations de sacrifice à Chichen Itza et plus tard dans les codex mexicains. A Chichen Itza comme Tula comme et au Templo Mayor de Tenochtitlan, la pierre sacrificielle a un aspect particulier : les chac mool, ces statues de guerriers allongés, peuvent porter sur leur ventre un récipient destiné à recueillir le cœur de la victime sacrifiée (Bernal et Simoni-Abbat, 1986 : 233, ill. 195 ; 257, ill. 223 ; Matos Moctezuma, 1989 : 136-137, ill. 44). Or, dans ce cas précis, le serpent à plumes fait office de pierre sacrificielle et possèderait une signification rituelle comparable aux différents chac mool visibles ailleurs en Méso-Amérique. Ce rôle du serpent à plumes est un fait à notre connaissance unique à Chichen Itza et rare en MésoAmérique. Le placement du sacrifié sur un autel aussi peu courant soulève la question du destinataire du sacrifice. Sur la peinture murale du Temple des Guerriers, le serpent à plumes tient avant tout le rôle d’instrument du sacrifice, mais pas forcément celui de destinataire. Ce qui peut paraître comme une difficulté à rendre en trois dimensions une image bi-dimensionnelle ne nuit pas à l’objectif de l’artiste : il lui fallait utiliser le corps du serpent à plumes comme pierre sacrificielle pour reprendre son ondulation derrière le sacrificateur. Ann Morris a bien observé l’association de la réalité et du symbolique, n’hésitant pas d’ailleurs à la qualifier de « curieuse » (Morris et alii, 1931 : I, 398). Certains codex mexicains nous montrent bien des serpents à plumes, appelés parfois Quetzalcoatl, dévorant des êtres humains et symbolisant leur lien avec les sacrifices humains. Il co-dirige la treizaine 1 Chien avec Xipe Totec et préside à la fête de la Grande Peur au cours de laquelle avaient lieu des mises à mort (cf C.T.R., 1995 : fol. 18r° ; C.V.A., 1979 : fol. 31v° ; C.V.B., 1972 : fol. 62 ; Codex Borgia, 1963 : pl. 67 ; Codex Borbonicus, 1991 : pl. 14). Toutefois certains serpents survolant des sacrifices humains sur les disques en or retrouvés dans le Cenote sacré

Fig. 5 : Sacrificateur accompagné d’un serpent à plumes, détail de la peinture du mur ouest, Temple supérieur des Jaguars, Grand Terrain de jeu de balle (2D1), Chichen Itza. D’après un relevé d’A. Breton, in Coggins et Shane III, 1984 : 162-163, ill. 19.

Deux groupes de spectateurs devaient assister au sacrifice de chaque côté de la victime. L’action se situe au centre de la scène : un homme dénudé gît le dos sur la pierre sacrificielle et son abdomen est incisé transversalement. Tandis qu’un assesseur tient les chevilles de la victime, un autre, disparu aujourd’hui, devait certainement maintenir les poignets. Debout à côté du sacrifié, le sacrificateur a achevé sa besogne, à la différence de la peinture murale du Temple des Guerriers où il s’apprête à le faire. La peinture de la voûte sud du Temple supérieur est la seule à montrer les gestes du sacrificateur après l’incision de la poitrine. On le voit, accompagné d’un grand serpent à plumes vert et peint en noir, plonger sa main droite dans la poitrine d’une victime maintenue sur la pierre par deux assistants (fig. 6). Nous éprouvons un doute à l’idée de considérer, comme Tozzer (1957 : II, ill. 392), que le serpent de la voûte sud visible derrière un prêtre en train d’extraire un cœur sur une victime soit bien un serpent à 209

Le Serpent à Plumes Dans les Rituels Sacrificiels à Chichén Itza. texte ne précise pas la forme de ce nahual mais il explique comment Quetzalcoatl a fait sacrifice de son propre sang pour donner vie aux hommes (Codex Chimalpopoca, 1945 : 121). Cela prouverait que le serpent à plumes, au moins à Chichen Itza, est un alter ego animal puissant pouvant marquer le statut social important d’un individu.

plumes en dépit de sa couleur verte en raison des volutes jaunes présentes autour du serpent.

Le sacrifice par décapitation Un rituel moins rapporté Nous avons largement détaillé la présence du serpent à plumes dans les sacrifices par cardiectomie. La créature est aussi visible à proximité de mises à mort par décapitation, mais à une échelle bien moins marquée. Le complexe du Grand Terrain de jeu de balle témoignerait du lien entre la décapitation sacrificielle et le serpent à plumes. Malheureusement pour nous, il n’existe aucune référence textuelle associant clairement les différents Quetzalcoatl, et a fortiori la créature serpent à plumes, à la décapitation. Dans les codex du Haut plateau central, Quetzalcoatl figure sous sa forme anthropomorphe au côté d’autres divinités eu milieu d’un terrain de jeu de balle (Codex Nutall, 1903 : 21 ; C.Bg., 1963 : 35 et 42 ; Codex Borbonicus, 1991 : 27). Mais nous n’avons trouvé aucune référence ou représentation permettant d’associer directement le serpent à plumes au sacrifice par décapitation. L’Histoyre du Méchique (1905 : 35) rapporte ce qu’il advint des frères de Quetzalcoatl une fois qu’il les eût tués :

Fig. 6 : Sacrificateur accompagné d’un serpent à plumes, détail de la peinture de la voûte sud, Temple supérieur des Jaguars, Grand terrain de jeu de balle (2D1), Chichen Itza. Photo B. Lobjois.

Rappelons combien il est important de bien déterminer la nature du serpent présent lors du sacrifice : en regardant attentivement le disque d’or H retrouvé dans le Cenote sacré, on se rend compte que le serpent survolant le sacrifice ne correspond pas à un serpent à plumes (Lothrop, 1952 : ill. 1 ; Coggins et Shane III, 1984 : 50, ill. 25). Son corps n’est pas recouvert de plumes mais plutôt bordé de nuages ou de flammes qui rappelleraient une vision zoomorphe de Mixcoatl ou de Xiuhcoatl18. La signification du sacrifice humain dépeint sur la voûte ouest doit être trouvée dans son contexte immédiat. Juste en dessous de la scène, on peut voir la représentation d’une dépouille dont le corps est revêtu d’une tunique couverte de chalchihuitles et semblable aux tuniques portées par les divinités aquatiques comme Chalchiuhtlicue, « Celle de jade sa jupe », chez les Aztèques (Wren, 1994 : 28 et ill. 3 ; Baudez, 2002 : 290-292 et ill. 2.8.). Deux serpents verts semblent sortir de son ventre à l’instar des reliefs du Temple nord. La partie inférieure du panneau sud-est de cette structure, située en dessous d’un personnage adossé à un serpent à plumes, contient des fragments très semblables à ceux qu’on peut voir sur la voûte ouest du Temple supérieur des Jaguars (Coggins et Shane III, 1984 : 159, ill. 17). La voûte nord du Temple nord qui surmonte cet ensemble contient des rituels sacrificiels intéressants, en particulier un sacrifice humain en haut à droite sans qu’il y ait présence d’un serpent à plumes (op. cit. : 29 et ill. 4). A la lumière de ces différentes représentations du sacrifice, on peut raisonnablement penser que le serpent à plumes est en liaison étroite avec le prêtre sacrificateur comme un compagnon, un animal distinctif pouvant même l’aider dans le sacrifice19. Gonzalez Torres (1985 : 191) observe dans les récits de Durán (Durán, 1967 : I, 31) et l’Historia de los mexicanos por sus pinturas (H.M.P., 1941 : 112) : « les prêtres qui avaient autorité pour sacrifier n’importe quel type de victime possédaient un statut élevé ». Un passage de La Leyenda de los Soles rappelle que Quetzalcoatl revient de l’inframonde avec des ossements pour créer l’humanité et s’adresse à son nahual pour lui demander conseil. Le

ce que faict, ses vasaulx, qui l’aimoynt fort, le vindrent quérir honorablement, et prindrent les têtes de ses frères et lui ostant le cerveau, de dans firent des coupes à boire, et s’enivrèrent incontinent. Rien ne nous permet donc d’affirmer, comme Stierlin le fait, que les victimes du tzompantli étaient décapitées en l’honneur de Kukulkan (Stierlin, 1984 : 150). Mais, à l’instar des quezalcocoa visibles sur la façade du Temple supérieur des Jaguars ou les bordures de la banquette du Mercado, on peut plutôt émettre l’hypothèse qu’il s’agit de bandes célestes représentant le ciel dans une conception symbolique de l’univers.

Le serpent à plumes comme bande céleste Portons notre attention sur les quatre grandes bordures situées à chaque extrémité des deux talus (Fig. 7.). Ils surmontent les grands panneaux de bas-reliefs qui mettent en scène la décapitation de plusieurs personnages ayant participé à une partie de jeu de balle. De leur cou jaillissent sept gerbes de sang en forme de serpents. Des grands motifs végétaux et floraux parcourent l’ensemble des panneaux au milieu des joueurs. Il y aurait, d’après le récit de Tezozomoc, un lien étroit entre la décapitation et la fertilité : Et Huitzilopochtli installe immédiatement son jeu de balle, place son tzompantli. Et immédiatement ils obstruèrent le ravin et la pente qui collectaient et retenaient l’eau – on fit ainsi selon la volonté de Huitzilopochtli –et il dit aussitôt à ses parents, à eux, 210

Le Serpent à Plumes Dans les Rituels Sacrificiels à Chichén Itza. les mexicains : “ Oh mes parents ! Puisque maintenant l’eau est retenue, plantez des saules, des ahuehuetes, des roseaux, des cannes de joncs, la fleur de nénuphar, les poissons, les grenouilles, les têtards se reproduisent” […] et Huitzilopochtli dit ensuite : “ce vers de la lagune est certainement ma chair, mon sang, ma couleur” (traduit de Tezozomoc, 1949 : 32 et 30-36)20.

Mais on n’a jamais véritablement pris en compte ces rambardes pour expliquer ces panneaux. Au centre de chaque panneau du Grand Terrain de jeu de balle, on peut voir un des joueurs brandir la tête d’un de ses adversaires décapités au dessus d’un marqueur ou une balle sur lequel on peut voir un crâne décharné. Le serpent à plumes n’intervient pas ici directement dans la décapitation des joueurs de balle. Il ne semble pas non plus être le bénéficiaire de ces sacrifices. Il servirait plutôt d’élément d’ornementation avec un signifié sans aucun rapport avec la mise à mort de ces joueurs. En étant placé à chaque angle des murs du Terrain, il pouvait peut-être délimiter l’aire de jeu. Cette hypothèse reste peu sûre et nécessite une meilleure compréhension des règles du jeu de balle. On pourrait appréhender le serpent à plumes en se référant à deux aspects de Quetzalcoatl chez les Aztèques : il symbolise peut-être la nature aquatique de la voûte céleste, l’ilhuicatl mentionné par Sahagun, et fait également partie des Tlaloque, divinités annonciatrice la pluie et la fertilité (C.F. : XI, 115 et 247, et I, 3). En résumé, l’utilisation de serpents à plumes dans les mises à mort visibles à Chichen Itza n’est pas évidente, même si elle est indéniable en ce qui concerne la cardiectomie. De fait, il est quasiment impossible de les identifier au Quetzalcoatl postclassique. Leur rôle dans les rituels sacrificiels peut varier. Ils peuvent aussi bien figurer un instrument sacrificiel qu’un possible destinataire du sacrifice, qu’un auxiliaire ou un signe distinctif du sacrificateur. Leur présence en arrière-plan des sacrificateurs ou au milieu d’un rituel permet d’établir un lien évident entre le serpent à plumes et le sacrifice humain dès l’Epiclassique, voire le Classique tardif en zone Maya et à Chichen Itza en particulier. Il est fort probable que l’association du serpent à plumes avec certains sacrifices a subi des influences du Haut Plateau central, comme le remarque Baudez (2002 : 304). On peut en effet retrouver des traces plus anciennes de cette association à Teotihuacan. Les excavations entreprises par Sugiyama tendent à prouver cette hypothèse, l’archéologue japonais n’hésitant pas à voir dans les deux cents corps retrouvés un grand nombre de victimes sacrifiées en l’honneur du serpent à plumes (Sugiyama, 2000 : 130). La question est soulevée pour des recherches complémentaires.

Fig. 7 : Rampe serpentiforme sud-est, Grand Terrain de jeu de balle (2D1), Chichen Itza. Photo B. Lobjois.

Ce tzompantli est en fait un trou où Huitzilopochtli va jeter la tête de sa sœur Coyolxauhqui. Dans ce contexte, le deuxième chaînon qui pourrait prouver le lien entre le serpent à plumes et la décapitation se trouve à proximité du terrain de jeu de balle. Le tzompantli, cette fameuse plate-forme sur laquelle les crânes des victimes sacrifiées étaient exposés (C.F., 1950-1969 : II, 172), trouve une de ses représentations les plus marquantes à Chichen Itza (Fig. 8). On en retient souvent les crânes décharnés percés verticalement sur ses panneaux. Ce motif n’est cependant pas aussi ressemblant qu’à celui de Tula auquel on le compare : on peut en effet observer une série de reliefs sur les côtés du tronc formé par le T du tzompantli. Tozzer (1957 : 130-131) les décompose en quatre zones. Les panneaux centraux, encadrés par deux rangées de serpents à sonnettes ondulants, mettent en scène seize aigles dévorant des cœurs humains ainsi que des guerriers associés à des serpents et à des flammes, tenant la tête d’une victime sacrifiée. La corniche de cette partie de la plate-forme reprend le thème de serpents à plumes ondulants dont les gueules figurent à chaque angle (Salazar, 1952 : passim).

Notes : 1

Edicule situé au-dessus du Grand Terrain de jeu de balle. . Ann Axtell Morris a divisé les peintures du Temple des Guerriers en plusieurs zones. En l’occurrence, celle qui nous intéresse s’étend sur les zones 15 et 16. La restitution présentée dans cet ouvrage est au 1/10ème. Pour son commentaire détaillé, op. cit. : I, 386-395. 3 Pour les êtres humains sacrifiés, cf. C.Bg., 1963 : 18 et 19 ; et C.V.B., 1972 : 17. Pour les victimes par décapitation ou cardiectomie, cf. C.Bg. 21. Parmi les divinités peintes de la même manière, retenons Mixcoatl (C.Bg. : 15, 25 et 26 ; C.V.A., 1979 : 25 et 37) ; Tlahuizcalpantecuhtli (C.Bg. : 16, 19, 28, 49, 54 et 45 ; C.T.R, 1995 : 14 v°) ; le Dieu du Couteau sacrificiel (C.Bg. : 32, Tlaloc C.Bg. : 27 et Tezcatlipoca (C.T.R., 1995 : 5r). 2

Fig. 8 : Corniche serpentiforme sud-est, Tzompantli (2D2). Photo B. Lobjois.

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Le Serpent à Plumes Dans les Rituels Sacrificiels à Chichén Itza.

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Cf. Seler, 1902-1923 : I, 264-265 ; II, 1019 ; IV, 66-67, 72-75, 84-85 5 « Venían todos estos seis matadores embijados de negro, muy atezados » ; Durán, 1967 : I, 3, 6, p. 32. 6 « y los penitentes se embijaban con tinta negra que parecían al demonio », Relaciones historico-geográficas de la Gobernación de Yucatán, 1983, I : 165. Sur le symbolisme de la couleur noire, cf. Olivier, 1994 : 333sq. ; 211-216. 7 Sahagún rapporte que les Toltèques, comme de nombreuses divinités, avaient des vêtements bleus (1956, 3 : 184-189, § 17). Il est difficile de dire si les capteurs sont des guerriers toltèques. C’eût été un argument très favorable que Tozzer n’a pas forcément utilisé pour accentuer sa distinction maya-toltèque. 8 . Son nom complet est Mixcoamazatzin, mazatzin signifiant cerf d’après Graulich (1988b : 111-112). 9 Ruppert, 1943 : ill. 23. Cf. Tozzer, 1957 : II, ill. 598 ; Staines Cicero, 1999 : 150, ill. 103, Baudez, 2002 : 302, ill. 2.15. 10 Cf. Baudez et Becquelin, 1984 : 51, ill. 23 ; Miller, 1996 : 114, ill. 87. 11 Ces deux types de sacrifice se déroulaient tous les deux en Panquetzaliztli et Tlacaxipehualiztli (Graulich, 1987 : 367 et 377 ; C.T.R., 1995 : 9), celui réalisé au moyen de flèches en Ochpaniztli (Graulich, 1985 : 365, tab. I). Le sacrifice « gladiatoire » opposait la victime équipée d’une arme factice à des adversaires munis de vraies armes avant sa mise à mort.

Pour le lien entre Tezcatlipoca et la couleur noire, cf. Olivier, 1994 : 333 sq. et 1997 : 214-216 . 13 Cf. Gonzalez Torres, 1985 : 190 ; Graulich, 1987 : 353 ; Ragot, 2000 : 34, n. 103. 14 Sahagún illustre encore leur présence chez les Aztèques au Postclassique tardif (C.F., 1950-1969 : II, ill. 1). 15 Sur ce dernier point, voir le serpent à plumes dans la procession des captifs du Temple des Guerriers : supra, 2-4. 16 Disques en or F et H, cf. Lothrop, 1952 : ill. 1 ; Coggins et Shane III, 1984 : 43, ill. 14 ; 50, ill. 25. 17 Ces reproductions ont le grand intérêt d’être en couleur. A.G. Miller les a proposé quelques années plus tôt en noir et blanc (1978 : 146 sq., ill. 2 à 9). Tozzer reprend un relevé plus que douteux de la voûte est d’après le Plongeon : les visages et les attitudes représentés paraissent rajoutés car la disposition des personnages est identique à celle de la voûte ouest (1957 : II, ill. 394). 18 La confusion a pu naître de la ressemblance de ce serpent aux traits animaux et humains avec certaines représentations de Quetzalcoatl (C.Bg., 1963 : pl. 56, 72). Pour Coggins et Shane (1984 : 50), il s’agit d’un « Cloud Serpent ». 19 Cette représentation du serpent à plumes comme nahual, alter ego de l’homme, prêtre ou sorcier, ressemble beaucoup au bas-relief central B 12bis du Temple inférieur des Jaguars (Seler, 1910 : 207, ill. 102, Castellón Huerta, 2002 : 29). 20 .Cf. Sahagún, 1956, I : 337 ; Taladoire, 1981 : 465, 549 ; Graulich, 1987 : 231-232.

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ICONOGRAPHIE DES STRUCURES ARCHITECTURALES DE rituelles. LA HUACA DE Iconographie des structures architecturales de la Huaca de la Luna et fonctions LA LUNA ET FONCTIONS RITUELLES* . Iconographie des structures architecturales de la Huaca de la Luna et fonctions rituelles1. 1

Natasha Pantelic2

Natasha PANTELIC²

Resumen : Investigaciones Investigaciones arqueológicas arqueológicas realizadas realizadas en en elel sitio sitio Moche Moche de de lala Huaca Huaca de de lala Luna Luna han han conducido conducido alaldescubrimiento descubrimientode de numerosos numerosos muros muros (pintados (pintados yy en en bajo bajo relieve) relieve) con con una una iconografía iconografía muy muy elaborada elaborada yy de de un unimportante importantesitio sitiosacrificial. sacrificial.ElEl objectivo objectivo de de este este estudio estudio es es de de comprobar comprobar en en qué qué medida medida la la iconografía iconografía del del lugar lugar puede puede tener tener un un vínculo vínculo con con su su función. función.

Abstract : research carried out at the Moche site of Huaca de la Luna has led to the discovery of many walls (painted and Archeological Archaeological research carried out at the Moche site of and Huaca de la Lunasite. hasThe led to the discovery of many (painted and in low relief) with a particulary elaborate iconography a sacrificial purpose of this study is towalls check up to what in lowthe relief) with a particulary of a sacrificial site. The purpose of this study is to check up to what point iconography of the siteelaborate can haveiconography a bond withand its function. point the iconography of the site can have a link with its function.

Du 1er au 8ème siècles de notre ère, la côte nord du Pérou a été le témoin du développement de la culture Mochica. Cette dernière s’est étendue sur une dizaine de vallées comprises entre le désert de Sechura, au Nord, et la vallée de Nepeña, au Sud. Les découvertes archéologiques de ces quinze dernières années ont fait évoluer l’idée d’un « État » expansionniste unique vers deux « états ou royaumes » ; un « état » septentrional centré sur la vallée de Lambayeque et un « état » méridional centré sur la région Chicama – Moche (Castillo & Donnan, 1994). Ces découvertes ont également permis, grâce à une comparaison avec les données iconographiques, de supposer que de nombreuses actions et activités représentées sur les différents supports de l’iconographie avaient réellement eu lieu. Les représentations mochicas deviennent alors un puissant outil de recherche pouvant être vérifié sur le terrain. L’iconographie de cette culture est, à quelques exceptions près, essentiellement religieuse. Ses supports sont nombreux3, la céramique représentant à elle seule, selon Donnan (1990), 90 % de l’art conservé. Elle a d’ailleurs été très longtemps le support le plus étudié. Mais depuis les découvertes, au début des années 90, à la Huaca de la Luna (vallée de Moche) et à la Huaca Cao Viejo (complexe El Brujo, vallée de Chicama) de reliefs polychromes, un autre support – l’architecture – a pris de l’importance. Notre étude (Pantelic, 2001) propose de vérifier dans quelle mesure l’iconographie du site peut avoir un lien avec sa fonction. Pour cela, une vingtaine de décors muraux, répartis en peintures et bas-reliefs, ont été étudiés.

LE SITE Le site de Moche est situé dans la vallée du même nom, à environ cinq kilomètres du littoral. Jusqu’à la phase IV4, ce site semble avoir servi de capitale ou tout au moins de centre principal des Mochica du Sud. Composé principalement de deux édifices monumentaux construits durant la période Mochica, la Huaca del Sol et la Huaca de la Luna, il présente également des traces d’occupations antérieures, Salinar et Gallinazo, et postérieures, Huari, Chimú et Inca.

Son importance en tant que centre cérémoniel et politique atteignit son apogée lors de l’occupation mochica. Ses deux édifices principaux furent édifiés en briques d’adobe5 et constitués de plates-formes. La Huaca del Sol, à la limite de l’aire cultivable de la vallée à l’ouest, est une structure de forme tronco-pyramidale malheureusement détruite aux deux tiers et dont les dimensions actuelles sont de 345 x 160 x 30 m. La Huaca de la Luna, située à quelques 500 m à l’est de la Huaca del Sol, prend place au pied de la colline du Cerro Blanco et mesure 290 m du nord au sud, 210 m d’est en ouest pour une hauteur maximale conservée de 30 m (plate-forme I, niveau supérieur). Entre ces deux monuments s’insère le complexe urbain, dans la plaine, également appelé Moche Viejo ou Zona Urbana. Deux autres huacas sont à signaler, l’une au sud, la Huaca de Las Estrellas, et l’autre au sommet du Cerro Blanco, la Huaca Cerro Blanco, de style Chimú. La Huaca de la Luna est constituée d’une grande plateforme quadrangulaire au sud-ouest (Plate-forme I) pourvue de deux niveaux, d’une plate-forme plus petite au sud-est (Plate-forme II) et d’une troisième plate-forme de dimension moyenne dans l’angle nord-est de l’ensemble et légèrement plus élevée que les précédentes (Plate-forme III). Ces platesformes s’articulent autour de quatre places disposées de la manière suivante : -

Une grande place de 180 m de long et 100 de large située au nord de la plate-forme I (Place 1) accueille l’accès principal au complexe. Une deuxième place (Place 2) légèrement plus petite et surélevée de 3,50 m communique aussi bien avec la place intérieure qu’avec la plate-forme I. La troisième (Place 3) apparaît entre les plates-formes I et II et se caractérise par la présence d’un affleurement rocheux. La dernière (Place 4) est située au pied de la plate-forme III.

Le monument est fermé au sud par un mur formant un corridor de 18 m de large et courant jusqu’à la base du Cerro Blanco sur une longueur de 180 m.

*Article tiré du mémoire de DEA "Iconographie des structures architecturales de la Huaca de la Luna, site de Moche : 213 propositions d’étude". 2001, Université Paris 1, Panthéon Sorbonne.

Iconographie des structures architecturales de la Huaca de la Luna et fonctions rituelles. d’édifice pour désigner les étapes architecturales successives. Ces dernières sont nommées alphabétiquement et de haut en bas, soit de la plus récente à la plus ancienne. Pour une meilleure compréhension de l’évolution des décors, nous avons choisi de les présenter des plus anciens aux plus récents sachant que seuls les Édifices A, B, C et D sont actuellement étudiés. L’ÉDIFICE E Un seul décor a été répertorié pour cette étape architecturale. Il s’agit de bandes horizontales peintes (rouge / noir / jaune) localisées au niveau inférieur de la Plate-forme I (Uceda, 2001). L’ÉDIFICE D Seuls les décors en bas-relief du niveau inférieur de la plateforme I semblent appartenir à l’Édifice D. Ce niveau, connu pour les Édifices A, B, C et D, occupe les côtés sud et nordouest de la plate-forme et communique avec le niveau supérieur au moyen d’une rampe en forme de L. Il se compose d’un grand patio, d’une petite structure « sacrée ou sacerdotale » dans l’angle sud-est, de deux salles hypostyles dans l’angle sud-ouest et de deux enceintes dans l’angle nord-ouest. Des reliefs polychromes ornent les murs des patio et des structures sacrées aussi bien pour l’Édifice D que pour l’Édifice C. L’espace pictural des murs de ces deux patios est structuré par des lignes obliques partant dans les deux sens, avec une inclinaison d’environ 45° (Uceda et Canziani, 1998) et une distance de 2,80 m entre les axes. Cette division a pour résultat de créer des champs d’apparence rhomboïdale flanqués de quatre champs triangulaires, deux au sommet et deux à la base. Chaque champ accueille un visage anthropomorphe de face, traité différemment en fonction de l’espace qui lui est imparti.

Plan de la Huaca de la Luna, tiré de UCEDA, 2001, fig.3

Les antécédents archéologiques Jusqu’aux années 1990, le seul type de décor connu sur le site est un décor peint. Dès 1910, E. Seler mentionne une peinture de la plate-forme III illustrant le thème de la Révolte des objets6. De cette première étude, il nous reste un dessin montrant des armes-trophées. En 1925, une deuxième section du mur précédent fut mise au jour. A. L. Kroeber l’étudia en 1926 et trois reproductions de ses détails furent publiées7. Quant à l’identification du thème illustré, il fut très tôt admis qu’il s’agissait d’un vieux mythe américain présent dans le Popol Vuh du Guatemala ainsi que dans les mythes recueillis par AVILA à Huarochiri au 16ème siècle8. Au niveau de la datation, Bonavia (1985, 1990a et b) l’attribue, par comparaison avec les céramiques, à la cinquième phase stylistique. Enfin, en 1993, une dernière peinture fut mise au jour sur cette plate-forme. Elle présente des renards guerriers anthropomorphes et orne une rampe orientée nord-sud.

Les décors du patio (Fig. 1) 10 Seul un tronçon du mur est a été préservé. À l’intérieur d’un premier losange délimité par des bandes en relief rouge se détachent seize images géométriques représentant des têtes de serpent11 et réparties sur les quatre côtés du losange. De même traitement que la bande qui les entoure, ces images se dégagent sur un fond noir. Les serpents situés aux angles convergent tandis que les autres partent dans des directions différentes selon les losanges. Leurs yeux sont mis en valeur par une sclérotique rouge et des pupilles blanches. Un deuxième losange rouge, plus petit que le précédent, vient encadrer la figure de face d’un personnage en relief. Ce dernier se détache sur un fond blanc et possède en guise de cheveux et de barbe des appendices de couleur noire (six pour les cheveux et six pour la barbe). Ses joues sont jaunes, son nez et ses paupières rouges et la zone comprise entre le nez et les commissures des lèvres noires. Les yeux sont proéminents avec une sclérotique blanche et des pupilles noires en relief. La bouche est entrouverte et laisse apparaître les dents et les crocs du personnage. Les oreilles sont bilobées, chacune composée de deux cercles rouges au centre excisé et noir. Ce visage est accompagné d’un motif répété aux quatre angles et représentant probablement une raie. Les champs rhomboïdaux sont séparés des triangles par une série de bandes en relief ou excisées. Ces derniers accueillent un motif géométrique composite, rouge sur fond blanc. S’y distingue le motif du serpent des losanges allié à une autre version stylisée du même animal ou d’un poisson. Nous retrouvons des traces de ce décor sur le mur sud du patio.

En 1955, suite à l’action de groupes de pilleurs, un deuxième secteur – le niveau supérieur de la plate-forme I – livra une peinture murale. En 1972, dans le cadre du Chan Chan Moche Valley Project, une analyse poussée de ce décor permit d’établir l’existence de trois couches de peinture superposées reprenant l’image d’une divinité aux crocs de félin9. A partir de 2001, les archéologues mirent au jour d’autres sections de murs qui permirent une meilleure compréhension de l’articulation de ces peintures. Ce n’est qu’en octobre 1990 que furent découverts les premiers décors en relief pour l’ensemble de la culture mochica. Ceux-ci ornaient le mur sud de l’avant dernier patio du niveau bas de la plate-forme I. Dès lors, les découvertes se sont enchaînées.

Les décors muraux L’étude architecturale de la plate-forme I de Uceda et Canziani (1998) a mis en évidence une série d’édifices superposés dont la construction nécessitait l’enterrement de l’édifice précédent. Ce dernier était alors inclus dans le volume croissant de la plate-forme et servait de base pour la construction du nouvel édifice. Six bâtiments furent ainsi définis pour une période de six cent ans et chacun d’entre eux était plus haut et plus large de trois à quatre mètres que le précédent. La nomenclature en vigueur utilise le terme 214

Iconographie des structures architecturales de la Huaca de la Luna et fonctions rituelles. Le décor de la structure sacrée (Fig. 2) Située dans l’angle sud-est, son décor n’est conservé que sur une petite partie d’un de ses murs extérieurs (mur ouest ?). La représentation associe les motifs de la raie, de la vague et de l’oiseau (aigle de mer ?) à un motif pouvant être une raie ou un serpent. Les figures se développent sous la forme de panneaux rectangulaires alternant les couleurs rouge, blanche et noire. Chaque panneau s’organise de la même façon. Un tiers de la surface est coupé par une diagonale formant un triangle rectangle isocèle. L’espace ainsi imparti est occupé par le motif de la raie accompagné de deux petits triangles. Ces deux formes sont traitées en creux ou en basrelief selon les panneaux. Le reste du rectangle apparaît occupé par le motif de la vague dont la base est constituée d’une tête d’oiseau et le sommet du motif de la raie ou d’une tête de serpent (motif double). Deux types de panneaux prédominent au niveau des couleurs : les rouges et les noirs, alternant un à un à l’horizontale et deux à deux à la verticale, l’un étant la rotation à 180° de l’autre. Les limites horizontales de ce décor sont matérialisées par une bande de couleur jaune comme limite inférieure et par trois bandes (jaune, rouge et jaune) comme limite supérieure. Ce mur tourne à angle droit avec le mur sud de la cour 2 figurant un losange à demi détruit et quatre moitiés de triangle sur les côtés.

Le décor de la structure sacrée (Fig. 4) Celui-ci se développe en damier sur une vingtaine de panneaux14 encore visibles et de forme quadrangulaire. Sur une colonne alternent des panneaux ornés du motif du serpent avec des panneaux divisés en deux triangles rectangles. Chacun est occupé par un motif distinct, l’oiseau pour l’un, la raie pour l’autre. Les motifs des colonnes paires ont été obtenus par rotation à 180° des motifs des colonnes impaires. Ainsi, la langue bifide du serpent occupant un panneau entier apparaît tournée vers le haut pour les colonnes impaires et vers le bas pour les colonnes paires. Les panneaux divisés en deux triangles voient le triangle supérieur occupé par le motif de l’oiseau pour les colonnes impaires, par celui de la raie pour les colonnes paires, les motifs eux-mêmes étant inversés. Les couleurs venant rehausser ces bas-reliefs

sont au nombre de quatre (rouge, bleu, jaune et blanc). Le rouge et le bleu sont toujours associés aux mêmes motifs, le jaune et le blanc s’inversent selon les colonnes. Le niveau supérieur (Fig. 5 & 6) Ce niveau nous est connu seulement pour les Édifices B et C. Les édifices antérieurs ne sont pas documentés pour cette partie de la Huaca ; quant au dernier édifice, l’Édifice A, l’action du Niño n’en a laissé que quelques vestiges au niveau inférieur. Le niveau supérieur se compose de trois structures : la Structure 115 au nord, la Structure 216 au sud-est et la Structure 317 au sud-ouest. Lors de l’étape architecturale correspondant à l’Édifice C, la structure 1 présente, sur son côté est, une banquette18 de 1 m de haut. L’accès s’y fait à l’aide d’une ouverture aménagée dans le mur sud et communiquant avec la structure 3 ainsi qu’au moyen de rampes situées dans sa partie ouest. La Structure 2 apparaît au

L’ÉDIFICE C Cinq décors sont associés à cette étape architecturale de la Huaca, deux pour le niveau inférieur et un pour le niveau supérieur de la plate-forme I, les deux derniers ornant la façade nord ou façade principale. Le niveau inférieur Lors de cette étape, le niveau inférieur a été agrandi de quelques mètres. Ainsi le patio de l’Édifice C apparaît plus grand tout en gardant le même schéma rectangulaire estouest et en présentant une structure sacrée plus petite. Les décors étudiés pour cette étape ornent les murs est, sud, ouest et nord du nouveau patio ainsi que le mur extérieur sud de la nouvelle structure sacrée.

même niveau que la banquette de la structure précédente et se comporte comme un patio ouvert dont les murs sont recouverts d’une couche de peinture blanche. La Structure 3 a

malheureusement été détruite en grande partie par l’activité des pilleurs. Elle est dotée d’une banquette à trois marches le long du mur nord. Seule la première structure présente des motifs iconographiques peints (murs est, sud et rebord de la banquette).

Les décors du patio (Fig. 3) Identiques à ceux du patio précédent à quelques nuances près, ils ont été conservés sur les quatre murs formant la cour. Seize têtes de serpent stylisées encadrent à nouveau la figure de face du personnage des losanges ou figure majeure. Celui-ci présente, par rapport au personnage antérieur, quelques différences de couleurs et de formes. La figure du patio de l’Édifice D apparaît plutôt comme un masque, celle de l’Édifice C plus comme un véritable visage. Les quatre motifs de raie sont ici absents. Les triangles différent également. Les têtes de serpent et / ou de poisson ont été remplacées par un deuxième visage de face ou figure mineure. Celle-ci garde les mêmes caractéristiques que la figure majeure (couleurs et forme générale) à l’exception de sa taille, plus petite, en rapport avec l’espace du triangle, et de ses volutes. Certaines se terminent en motif ornithomorphe12, d’autres revêtent la forme de pinces de crabe13. Des différences infimes de style apparaissent même parmi les figures majeures de l’Édifice C. Elles reflètent soit une évolution dans le temps et une plus grande maîtrise de la matière première de la part des artisans soit l’intervention de plusieurs groupes d’artisans selon les murs.

Ainsi, une divinité tenant un serpent bicéphale dans chaque main apparaît sur les deux murs. Ce personnage, traité sous forme de motif plectomorphe19, se répète sous forme de panneaux (quatre sur le mur est et deux sur le mur sud). Chaque panneau est divisé en petits carrés de 2,5 cm de côté. Le rebord de la banquette accueille, quant à lui, un visage anthropomorphe doté de dix volutes se terminant en têtes de renard (pour au moins six d’entre elles) et de condor20. Trois visages sont visibles aujourd’hui mais d’après R. Morales (2003), le rebord en aurait accueilli neuf, organisés également sous forme de panneaux. Ces deux décors auraient d’abord été traités en reliefs polychromes avant d’être recouverts d’un enduit blanc et redessinés sous forme de motifs peints (UCEDA, 2001). La façade principale Située sur le côté nord de la plate-forme I, elle se compose de plusieurs degrés et fait face à la plus grande place du complexe. Elle permet à la Plate-forme I de communiquer avec la dite place au moyen d’une rampe en L descendant le long de ses échelons ornés de peintures et de reliefs polychromes. 215

Iconographie des structures architecturales de la Huaca de la Luna et fonctions rituelles.

EDIFICE D

EDIFICE C PLATE-FORME I. NIVEAU SUPERIEUR

Fig. 1. Patio. Mur Est.

Fig. 3. Patio. Mur Est.

Fig. 2. Structure sacrée.

Fig. 4. Structure sacrée.

216

Iconographie des structures architecturales de la Huaca de la Luna et fonctions rituelles. damier. L’un représente la divinité aux serpents de la première peinture traitée de façon beaucoup plus naturaliste. Elle apparaît sur un fond jaune dans un champ quadrangulaire délimité par des bandes rouges. Elle est représentée tête de profil, la commissure des lèvres ayant la forme caractéristique de l’être à crocs de félin, à savoir élargie et quadrangulaire. Sa coiffure se compose du corps de profil d’un animal à tête de renard d’où s’échappent six appendices noirs en forme de volute. Le corps de ce personnage est traité en rouge tandis que sa chemise apparaît en jaune, bleu, blanc et noir. Deux sceptres tricéphales, un de chaque côté, remplacent ses bras. La tête du milieu ressemble à une tête de renard tandis que celles des extrémités représentent des têtes de serpents. Le deuxième motif n’est pas sans rappeler le visage à volutes de la deuxième peinture. Il se compose d’un motif textile, au centre, terminé par une tête de serpent et entouré de visages humains stylisés pourvus d’appendices en forme de têtes d’oiseau. Les marches de l’autel subissent, elles aussi, une modification. Les marches paires s’ornent désormais de volutes jaunes sur fond noir. Chaque volute se termine en tête de renard regardant au nord (deuxième marche) et au sud (quatrième marche).

Elle est l’unique façade décorée de la huaca et son association avec la place 1 n’est pas fortuite, comme nous le verrons plus loin. A ce jour, seuls deux décors peints ont été clairement attribués à l’Édifice C. El Degollador21 (Fig. 7) Il s’agit d’un personnage en pied et de face, tenant un tumi de sa main gauche et une tête humaine dans sa main droite. Son visage est de forme quadrangulaire, sa bouche aux commissures élargies laisse entrevoir ses crocs et ses oreilles sont bilobées. Sa tenue se compose d’un cache-sexe et d’une chemise décorée de cercles blancs sur fond rouge ou bleu et dotée sur le rebord de triangles22. De son dos s’échappent quatre volutes se terminant en têtes de condor. Ce motif s’insère dans des panneaux quadrangulaires à fond blanc délimités par des bandes rouges ornées de volutes noires. Seuls deux de ces panneaux ont été dégagés à ce jour. Les guerriers (Fig. 8) Localisés dans l’angle nord-est de la façade, ils défilent l’un derrière l’autre en direction du sud. Seuls deux d’entre eux sont visibles et apparaissent, membres rouges et armes jaunes, sur fond bleu. Tous deux sont dotés d’une coiffe à panache, d’un bouclier et d’une massue. Leur attitude diffère quelque peu, l’un se dissimulant derrière son bouclier tandis que l’autre le tient devant lui.

A noter également le recouvrement du mur nord du patio de l’Édifice C par un enduit blanc au cours de l’étape B.

L’ÉDIFICE B Cet édifice n’est en réalité qu’une modification sans destruction de l’Édifice C. Le niveau supérieur est prolongé d’environ 4,20 m à l’est et un couloir y est aménagé. La structure 1 voit son niveau surélevé à hauteur de sa banquette qui disparaît et la structure 3 est divisée en deux sous-structures par l’édification d’un mur orienté est-ouest. Le programme iconographique suit le même processus de modification, mais en deux temps : 1. Un autel de 4 m de côté est créé dans l’angle nord-est (Fig. 9). Il est échelonné sur son côté ouest et l’a probablement été sur son côté nord. Le côté sud présente une face lisse, blanche à laquelle viennent s’adosser deux petites rampes. Au sommet de l’autel apparaissent quatre trous de poteaux, restes d’une structure couverte à double pente. Les quatre marches menant à cet autel sont peintes d’une couche uniforme rouge. Sa construction contre le mur est a nécessité la modification d’un des panneaux représentant la divinité aux serpents en un motif en damier. Celui-ci présente un visage stylisé possédant des caractéristiques anthropomorphes. La bouche est quadrangulaire et laisse entrevoir les dents. Les oreilles sont bilobées. Des appendices terminés en têtes d’oiseau, répétés de chaque côté de façon symétrique, font écho à certains décors du patio de l’Édifice C. Les unités dans lesquelles ce motif se répète sont rectangulaires et mesurent 35 cm de large sur 26 cm de haut. Elles sont séparées entre elles par des bandes de couleur rouge de 2 à 3 cm de large. Elles alternent le rouge sur blanc avec le jaune sur bleu. Les yeux du visage anthropomorphe ainsi que les têtes d’oiseau restent toujours noirs. Une dizaine d’unités est encore visible. Le personnage représenté ici est probablement le même que celui représenté dans les champs triangulaires des cours du niveau bas de la plate-forme I. 2. Les murs est et sud ont été recouverts d’une troisième peinture (Fig. 10). Cette dernière alterne deux motifs en

Ont également été attribués à cette étape architecturale les décors ornant la structure centrale de la Place 3C (Fig. 11). Localisée près de l’angle nord-est de la plate-forme I, la Place 3C accueille une petite structure rectangulaire de 5,80 m de côté (Uceda & Tufinio, 1999). Son mur nord, percé d’une ouverture, présente un décor en relief figurant une femme surmontée d’un félin. Cette représentation se répète sur chacun des deux pans du mur. Le félin apparaît debout sur la femme, elle-même allongée sur le dos, le corps vu de face et la tête de profil. Seul le pan de droite montre une représentation relativement complète. Quelques traces de couleurs subsistent et montrent le fond blanc. Les corps des deux protagonistes portent des traces de couleur rouge et quelques restes de peinture noire sont également à remarquer. L’interprétation du thème représenté est sujette à caution, principalement en raison du mauvais état de conservation. Deux hypothèses ont été avancées. L’une y voit l’attaque d’un félin ; l’autre, un accouplement mythique (Hocquenghem, com. pers., juin 2000). Ce thème semble être également représenté sur les autres murs de la structure mais sous forme de scène peinte. Le mur est présente en effet quelques traces de peinture rouge pouvant figurer l’arrière-train du félin. D’autres motifs sont à noter sur le mur ouest. Il semblerait qu’il y ait eu plusieurs couches de peintures, comme pour l’enceinte Garrido. Les deux premières représentent les serpents stylisés déjà aperçus sur les murs des patios des Édifices C et D, se déclinant en blanc, rouge, jaune et bleu. Les murs internes de la structure sont, quant à eux, recouverts de peinture blanche. Le motif du félin constitue la troisième couche picturale. L’EDIFICE A Cette étape architecturale a malheureusement subi le mégaNiño ayant eu lieu entre 603 et 635 après Jésus-Christ (Morales, 2003). Du patio du niveau inférieur, il ne subsiste 217

Iconographie des structures architecturales de la Huaca de la Luna et fonctions rituelles.

ÉDIFICE C Plate-forme I. Niveau supérieur

Fig. 5. Structure 1, mur Est. Seule la couche picturale visible dans la partie basse appartient à l’Édifice C.

Fig. 6. Structure 1. Banquette.

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Iconographie des structures architecturales de la Huaca de la Luna et fonctions rituelles.

ÉDIFICE C Plate-forme I. Façade principale

Fig. 7. El Degollador.

Fig. 8. Angle Nord-Est.

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Iconographie des structures architecturales de la Huaca de la Luna et fonctions rituelles. que quelques traces figurant la partie inférieure d’un rhombe en relief et quelques bandes rouges. A la différence des reliefs des patios antérieurs où sont représentées des têtes de serpent stylisées, les serpents de l’Édifice A sont figuratifs et se rapprochent en cela des reliefs retrouvés à Huaca Cao Viejo.

du décor architectural, nous pouvons facilement penser qu’il s’agissait du même thème, transposé à la Huaca de la Luna en relief. Depuis 2001, trois échelons supplémentaires ont été dégagés dans la partie basse de la façade et appartiendraient également à l’Édifice A.

La façade principale Tous les décors attribués à cet édifice ont été traités sous forme de bas-reliefs polychromes et reprennent, pour au moins deux d’entre eux, les thèmes des édifices précédents.

Les danseurs (Fig. 15) Dernier échelon découvert, il accueille la représentation de personnages de face, se tenant par la main. Sept à huit individus vêtus d’une tunique rouge ornée de cercles jaunes sont actuellement visibles sur un fond blanc. Leurs visages sont assez mal conservés et leurs coiffes peu identifiables. Le motif et son organisation rappelle en tous points les basreliefs de la façade principale de la Huaca Cao Viejo.

El Degollador (Fig. 12, partie supérieure) Il apparaît sur la partie supérieure du dernier échelon de la façade. Malgré le très mauvais état de conservation, se distingue, à l’intérieur de panneaux quadrangulaires, un être à crocs de félin, de face et en pied sur fond blanc. Tout comme la version peinte de l’Édifice C, il tient un tumi de sa main gauche et une tête humaine dans la droite. Quatre appendices serpentiformes partent de son dos et se terminent, comme dans la version antérieure, en tête de condor.

L’araignée (Fig. 16) L’avant – dernier échelon accueille six représentations d’araignée aux traits anthropomorphes et organisées sous forme de panneaux à fond rouge. L’animal est représenté vu de dessus avec la tête offrant une ouverture longitudinale symbolisant les mandibules tactiles. Le nombre de pattes varie selon les panneaux et deux bras lui ont été rajoutés. L’un tient une tête humaine et l’autre le traditionnel couteau sacrificiel, le tumi24. Toutes les araignées regardent vers l’ouest.

Les guerriers (Fig. 12, partie inférieure) Situés immédiatement en dessous du motif de l’égorgeur et sur le même échelon, dix guerriers défilent en direction de l’ouest. Ils apparaissent sur un fond bleu, de profil, portant une massue sur l’épaule droite et un bouclier de forme carrée devant eux. Il s’agit de la reprise en relief du motif des guerriers peints de l’Édifice C. Ils font face à un serpent, très mal conservé, représenté ondulant, la gueule ouverte.

Les « pêcheurs » (Fig. 17) Cet échelon, surmontant les deux décrits précédemment, offre un défilé de personnages en direction de l’est. Malgré le mauvais état de conservation de certaines parties, les personnages apparaissent bouche ouverte et crocs apparents, dotés d’une coiffe à panache et d’une ceinture se terminant en tête de serpent. Ils tiennent dans chaque main une corde ou un bâton au bout duquel est accroché ce qui semble être un poisson.

La rampe décorée du motif du serpent (Fig. 13) Située immédiatement sous le dernier échelon, la rampe en L fait la liaison entre la plate-forme I et la Place 1. Sa face externe est décorée d’un motif de serpent ondulant représenté gueule ouverte et faisant face à un motif dont le mauvais état de conservation ne permet pas l’identification.

LA PLATE-FORME III Cette plate-forme correspondrait à la dernière occupation du site. Sa technologie constructive ainsi que son décor la situent après le « méga-Niño », en phase V. Plusieurs petites saynètes de la Révolte des Objets ont été étudiées25. Bonavia (1985 : Fig. 59) illustre un bouclier, un casque et une massue s’en prenant à des humains armés représentés en position de vaincus, tenus par les cheveux ou allongés. Sur un des registres apparaît un personnage dans l’attitude caractéristique du prisonnier (nu avec une corde autour du cou). Un deuxième individu tenant une petite coupelle pourrait relier cette représentation à celle du thème du sacrifice tel qu’il est représenté sur les murs à Pañamarca. Un animal doté de deux barbillons n’est pas sans rappeler le serpent stylisé apparaissant sur les décors de la plate-forme I. Les couleurs se détachant sur le fond blanc sont le rouge, le jaune, le bleu et le marron. La couleur noire est utilisée pour les pieds et/ou les chaussures ainsi que les genoux, mais également pour le remplissage des lignes de contour, incisées au moment de l’esquisse.

Le félin monstrueux (Fig. 14) Cette représentation occupe l’échelon situé immédiatement sous la rampe et se développe sous forme de panneaux quadrangulaires. Un animal vu de profil se dégage sur un fond blanc. Sont apparents une patte pourvue de griffes, l’arrière-train de l’animal, une queue crénelée ainsi qu’un bras tenant une tête - trophée. Les couleurs utilisées sont le rouge (corps de l’animal, visage humain), le noir (crêtes de la queue), le jaune (cou de la tête - trophée et griffes) et le blanc (dents du visage humain). Morales (2003) rapproche cette représentation de celles de la Huaca Grande ou Fortaleza (Pampa Grande) et de la Huaca Cao Viejo. La première est une peinture représentant neuf figures répétitives de félin regardant vers l’ouest (Shimada, 1994 : Fig. 9.13). Malheureusement, la partie inférieure de la frise n’est pas conservée et nous ne pouvons vérifier si les félins tenaient effectivement une tête-trophée. Cependant, l’allure générale coïncide bien avec la représentation de la Huaca de la Luna malgré l’absence de crêtes sur la queue. Quant au relief de la Huaca Cao Viejo, il illustre le «monstre lunaire», aux caractéristiques félines évidentes. Pour notre part, nous avons trouvé une représentation plus exacte de ce qu’aurait pu être le décor de ce mural23. Il s’agit d’une scène peinte issue d’une céramique illustrant un félin tenant dans une de ses pattes avant une tête-trophée et possédant une queue crénelée se terminant en tête de serpent. A partir des restes

LES AUTRES DECORS La Place 2B Un des murs de cette place (mur nord ?) est orné d’une peinture murale représentant le motif géométrique du serpent bicéphale. Ce dernier, de couleur rouge, bleu et jaune, s’insère sur un fond blanc et sa tête n’est pas sans rappeler le 220

Iconographie des structures architecturales de la Huaca de la Luna et fonctions rituelles.

ÉDIFICE B

Fig. 9. Plate-forme I. Niveau supérieur. Structure 1. Autel.

Fig. 10. Plate-forme I. Niveau supérieur. Structure 1. Mur Sud.

Fig. 11. Place 3C. Structure centrale. 221

Iconographie des structures architecturales de la Huaca de la Luna et fonctions rituelles. L’ensemble architectural 18 Situé immédiatement au nord de la plate-forme Uhle, cet ensemble a livré, en 1997, les premiers bas-reliefs polychromes de la zone urbaine. Deux thèmes sont illustrés : des serpents sur le mur interne sud de la cour et des personnages dont seuls les pieds sont visibles sur le mur extérieur ouest de la galerie. Le mur aux serpents (dit aussi aux boas) n’est situé qu’à quelques mètres du relief de la plate-forme Uhle. Il est organisé en panneaux quadrangulaires à fond rouge délimités par des bandes également en relief. Les serpents sont représentés de façon naturaliste et leur corps forme également un espace quadrangulaire au centre duquel prend place la tête. Les crocs et la langue sont visibles. Les couleurs utilisées sont le blanc, le rouge, le jaune ocre, le bleu et le noir. Quant aux personnages, seuls leurs pieds, ainsi que des appendices en volutes, sont visibles. Les couleurs utilisées sont les mêmes que pour le mur aux boas.

motif surplombant la vague représentée sur la structure sacrée du patio de l’Édifice D. La plate-forme Uhle Située au pied de la façade ouest de la Plate-forme I, cette petite plate-forme a livré dans sa section nord-est, en 2000, un panneau comportant un bas-relief. Malgré un état de conservation moyen, des traces de couleurs rouge, blanche, jaune et bleue s’y distinguent. Ce panneau peut être divisé en deux registres horizontaux. Le registre supérieur porte les traces de trois volutes, similaires à celles encadrant le visage du personnage majeur des patios du niveau inférieur. Le registre inférieur accueille, quant à lui, un personnage allongé sur le dos, deux grands appendices sortant du haut de sa tête. Des graffiti sont également visibles. Le passage dans lequel ce panneau a été découvert était autrefois couvert d’un linteau.

SECTEUR Plate-forme III

ICONOGRAPHIE Révolte des objets Massues anthropomorphes Renards anthropomorphes

Technique P P P

CONTEXTE Mur Mur Rampe

ÉDIFICE A

Plate-forme I

Façade principale

Niveau inférieur

El Degollador Défilé de guerriers Serpent Le félin monstrueux Les pêcheurs L’araignée Les danseurs Visage de la divinité aux crocs de félin et aux serpents (traitement naturaliste)

BR BR BR BR BR BR BR BR

Échelon 1 Échelon 1 Rampe ou Échelon 2 Échelon 3 Échelon 4 Échelon 5 Échelon 6 Patio : mur est

Représentation en damier du visage de la divinité aux serpents Représentation en damier de la divinité aux serpents combinée avec un motif textile Volutes à têtes de renard

P

Mur est

P

Mur est Mur Sud Marches de l’autel

ÉDIFICE B

PLATE-FORME I Niveau haut PLACE 3C Structure centrale

P

Accouplement mythique Accouplement mythique

P BR

Visage de la divinité aux crocs de félin et aux serpents (losanges et triangles) Oiseau, raie et serpent Divinité aux serpents

BR

ÉDIFICE C

PLATE-FORME I Niveau inférieur

BR P

Niveau supérieur Façade principale

Visage aux volutes El Degollador Défilé de guerriers

P P P

Patio : murs est, sud, ouest et nord Structure sacrée Mur est Mur sud Banquette Échelon ? Échelon ?

ÉDIFICE E

ÉDIFICE D

PLATE-FORME I Niveau inférieur

Visage de la divinité aux crocs de félin et aux serpents (losanges seuls) Oiseau, raie et serpent

NON MENTIONNE

Bandes horizontales

BR

Patio : murs est et sud

BR

Structure sacrée

P

Attribution des décors aux différentes étapes architecturales.

222

-

Iconographie des structures architecturales de la Huaca de la Luna et fonctions rituelles.

ÉDIFICE A FAÇADE PRINCIPALE

Fig. 12. El Degollador et les guerriers.

Fig. 13. Le félin monstrueux.

Fig. 14. Rampe au serpent. 223

Iconographie des structures architecturales de la Huaca de la Luna et fonctions rituelles. tandis que la partie haute, la plate-forme II, de lieu de pratiques funéraires. Il se pourrait que les officiants du sacrifice aient été enterrés à côté du lieu du sacrifice.

FONCTIONS DES STRUCTURES ARCHITECTURALES Les cérémonies et les rituels servent de base à l’idéologie et au pouvoir dans la société Mochica. Jusqu’à la découverte des tombes de Sipán en 1987, les chercheurs ne disposaient que de données iconographiques, issues principalement de la céramique, pour tenter de reconstituer les différents rites ayant jalonné la vie des Mochica. Sipán et San José de Moro ont changé cet état de fait en démontrant que des personnages réels avaient la charge d’un certain nombre de cérémonies dépeintes en détails sur la céramique. Les découvertes faites sur le site des Huacas del Sol et de la Luna depuis une quinzaine d’années ont donné un cadre à l’action cérémonielle. Il est alors intéressant de vérifier si la fonction et l’iconographie présentent une corrélation dans les différents espaces architecturaux de la Huaca de la Luna. Pour cela, seuls les quatre derniers édifices seront pris en compte, car les mieux documentés. La plate-forme III correspondant à une occupation différente, ses décors ne seront pas analysés ici.

Au niveau de la Plate-forme I, deux des tombes localisées dans le remplissage ayant servi à enterrer le patio de l’Édifice B ont été interprétées comme des tombes d’officiants religieux (Uceda, 1996 ; Uceda y Canziani, 1998 ; Uceda et al, 1994 ; Bourget, 1998b). Dans les deux cas, il s’agit d’individus masculins âgés entre 20 et 35 ans. Parmi le matériel récolté, la tombe I a livré un vase et de nombreuses plaques en cuivre. Dans la tombe II ont été trouvées trois lames en cuivre doré représentant, une fois assemblées, un félin montrant griffes et crocs. Une sorte de spatule et un autre petit vase en cuivre doré faisaient également partie du mobilier funéraire. Ces deux tombes ont été attribuées à la phase stylistique IV de par leur matériel céramique. Il semblerait que les vases en cuivre, semblables en forme au poporo, ainsi que la spatule de la Tombe II puissent avoir une relation avec les scènes de prise de coca de l’iconographie.

Un des premiers contextes archéologiques à avoir documenté une activité ou fonction est celui de la Place 3A avec son affleurement rocheux, sorte de miniature du Cerro Blanco, et ses nombreux corps suppliciés. En effet, elle a livré les restes d’environ 70 individus portant des traces de torture et de sacrifice (Bourget, 1998a et 1998b). Une cinquantaine de statuettes en argile, représentant toutes le même sujet – des prisonniers – avaient été également déposées parmi les victimes et apparemment détruites sur place. L’analyse ostéologique de J. Verano (1998) a permis de confirmer la nature sacrificielle du lieu. Il s’agit d’individus masculins dont l’âge moyen est de 23 ans. Leur morphologie squelettique indique qu’ils étaient robustes et physiquement actifs. Des traces d’anciennes fractures et de fractures en cours de guérison au moment de la mort ont été notées. Les causes du décès seraient dues à un égorgement (traces de découpe sur les vertèbres cervicales) ou à un coup porté sur la tête par une massue (fractures du crâne). Il s’agirait de groupes de prisonniers (probablement des guerriers) capturés lors de combats (fractures récentes) pour être sacrifiés.

La place 2 se caractérise par l’absence de résidus témoignant d’une activité domestique (Baylon et al, 1997). Pour Uceda (1997), la présence de plantes hallucinogènes et rituelles, les traces de graines de coca, de restes d’aliments et la présence de décors muraux laissent penser qu’il s’agit d’un espace réservé aux activités propitiatoires. Plusieurs types de structures se dégagent alors : - Les patios et places, en relation avec le Degollador (en bas-relief, peint, représenté entier ou en partie) tels les patios du niveau bas des Édifices A, B, C et D et la place 1 dominée par la façade principale pour les Édifices A et C. - Les espaces présentant des squelettes sacrifiés et/ou torturés et correspondant aux places 3A, 3B et 3C. Les seuls motifs relevés dans ces structures sont ceux du serpent stylisé et de l’accouplement mythique. - Les espaces présentant des restes d’aliments ou de plantes sacrées comme la place 2 (Uceda, 1997) où seul le motif du serpent bicéphale a été trouvé.

Les deux autres sections de la place 3 (3B et 3C) ont également livré des individus torturés, puis mis à mort. Les sept individus découverts dans le secteur sud-est de la Place 3C (Orbegoso, 1998) portent des traces de découpe suggérant un démembrement et un décharnement intentionnel (Verano, 1998). Il semblerait que les victimes trouvées sur cette place aient bénéficié d’un traitement plus complet que celui observé pour celles de la place 3A.

La comparaison des thèmes iconographiques de la céramique, des structures architecturales des sites de la Huaca de la Luna et de la Huaca Cao Viejo ainsi que des contextes archéologiques précédemment cités a permis d’établir l’ordre séquentiel d’un type de sacrifice humain orchestré par les Mochica : l’immolation de sujets masculins à l’intérieur des centres cérémoniels.

La Plate-forme II surplombant la Place 3A a livré, quant à elle, quatre tombes partiellement pillées. Les restes d’un individu masculin, âgé entre 50 et 60 ans ont été découverts à côté de ceux d’un adolescent (entre 14 et 17 ans) dans la tombe I. Une massue en bois d’algarrobo recouverte d’une substance noirâtre se trouvait à proximité. Des tests d’immunologie sanguine ont été pratiqués et ont révélé que la massue était entièrement recouverte de sang humain. Elle aurait pu servir à briser les os et / ou le crâne de certaines victimes de la place 3A.

Le premier acte consiste à se procurer l’offrande sacrificielle ou victime lors d’une bataille, probablement plus rituelle qu’expansionniste (Arsenault, 1994). Certaines scènes nous montrent deux groupes de guerriers vêtus de la même façon et arborant les mêmes armes, faisant donc probablement partie du même groupe ethnique. D’après les quelques indices géographiques apparaissant dans ces scènes, le lieu de la bataille semble situé en dehors des huacas, probablement dans les pampas désertiques. Les vaincus sont alors désarmés, dévêtus et conduits, la corde au cou, vers un centre cérémoniel.

Pour Bourget (1998a et b), la partie basse composée de la place 3A aurait donc servi de lieu de pratiques sacrificielles

Le deuxième acte est le défilé des prisonniers, nus et attachés, devant la huaca. Ils sont alors présentés à un 224

Iconographie des structures architecturales de la Huaca de la Luna et fonctions rituelles.

ÉDIFICE A Façade principale : nouveaux décors

Fig. 15. Danseur. Photo El Comercio, 9 avril 2003.

Fig. 16. Araignée. Photo Proyecto Huaca de la Luna.

Fig. 17. Pêcheur. Photo Proyecto Huaca de la Luna.

225

Iconographie des structures architecturales de la Huaca de la Luna et fonctions rituelles. personnage de haut rang qui « choisit au sein du groupe celui devant être immolé » (Arsenault, ibid. : 399). La représentation en bas-relief du défilé sur un des échelons de la façade nord de la Huaca Cao Viejo26 nous suggère que cet acte avait lieu sur la place, face à la façade principale du complexe et surtout face à la représentation en pied de l’Égorgeur. La découverte des bas-reliefs de l’araignée et des danseurs à la Huaca de la Luna, bas-reliefs surmontant le défilé à la Huaca Cao Viejo, encourage les archéologues dans l’idée d’une découverte prochaine d’un défilé à Moche.

NOTES 1

Que soit ici remercié le Dr. Steve Bourget pour ses corrections et remarques pertinentes lors de la relecture de cet article. 2 Pantelic, 2001. Mémoire de DEA. 3 Céramique, métal, textile, structure architecturale, os, bois, pierre et individu lui-même (tatouage). 4 L’histoire Mochica a été divisée en 5 phases à partir d’une sériation des bouteilles à anse – goulot en étrier établie par Larco Hoyle en 1948. 5 Boue moulée, lissée et séchée au soleil. 6 Ce thème présente une série d’objets anthropomorphes s’attaquant à des humains. 7 Elles présentent cependant d’importantes différences entre elles. 8 Cette interprétation ne satisfit pas P. Lyon qui, après étude de la scénographie mochica et des traditions orales recueillies au Pérou et en Bolivie entre les 16ème et 20ème siècles (1980), estima être en présence non pas d’une rébellion des objets à l’encontre des humains, mais d’une bataille entre deux différents groupes de guerriers distincts. 9 La couche la plus récente fut étudiée par E. Garrido et est souvent désignée sous le terme de « Mural Garrido ». 10 Sauf mention contraire, toutes les photographies sont de l’auteur. 11 L’identification de certains motifs sera sujette à discussion dans notre thèse à venir. 12 Deux de la chevelure pour les triangles supérieurs et deux de la barbe pour les triangles inférieurs. 13 Quatre des personnages du mur sud reflèteraient de ce fait une évolution du motif. 14 De 73 à 79 cm de côté. 15 Mesurant 35,36 m de long sur 19,64 m de large. 16 Mesurant 23,23 m de long sur 13,23 m de large. 17 Mesurant 13,53 m de long sur 13,23 m de large. 18 Mesurant 8 m de long sur 19,64 m de large. 19 C’est à dire comme la copie d’un motif textile. 20 L’état de la peinture ne permet d’en apercevoir que deux. 21 L’Égorgeur. 22 Ce traitement pictural fait probablement référence aux chemises ornées de plaques métalliques récupérées dans les tombes. 23 KUTSCHER, 1983 : Abb. 10. 24 En 1992, l’étude de A. Cordy-Collins démontre que le Degollador est une araignée anthropomorphe. Les quatre éléments irradiant de son corps sont en fait des paires de pattes. 25 Il faut signaler l’existence de quatre versions de ce décor : une conservée au Field Museum of Natural History de Chicago et faite par Kroeber, une autre conservée au Museo Nacional de Antropología y Arqueología à Lima et dont l’auteur serait peut-être J.E. Garrido, une troisième publiée par BENNETT (1937) et la dernière par DIAZ (1940, dans Bonavia 1985). Toutes présentent des différences entre elles et ont été publiées incomplètes. 26 Construction de 100 m de long sur 100 de large et 30 de haut. Elle se compose d’une plate-forme donnant, côté nord, sur une grande place dominée par une façade ornée de décors. Nous retrouvons donc le schéma de la Huaca de la Luna avec la Plateforme I, la façade principale et la Place 1.

Le troisième est la prise en charge de ces futures victimes par des hommes et des femmes en tunique sombre. Ils sont chargés de les préparer pour le sacrifice. Il semblerait, d’après certaines scènes, que les prisonniers étaient drogués avant d’être amenés sur le lieu de leur immolation. Ils étaient alors soit revêtus d’un costume solennel, soit laissés nus, les poings liés dans le dos. Cette préparation devait se faire, selon Uceda (1999), dans des structures situées près des aires de sacrifice et réservées à un nombre réduit de personnes : les officiants du culte, par exemple. Les enceintes sacrées des patios du niveau inférieur des Édifices D et C-B semblent toutes désignées. Les tombes I et II trouvées dans le remplissage de l’Édifice B ont livré deux récipients en cuivre semblables au poporo et servant à la prise de la coca et d’autres substances rituelles et hallucinogènes. L’égorgement constitue le dernier acte. Il est accompli par un individu revêtu d’un costume masculin, souvent présenté sous une forme hybride, combinant des traits anthropomorphes et zoomorphes. Les crocs de félin sont une de ses caractéristiques principales. Pour Arsenault (ibid. : 400), le sacrificateur le plus important « se reconnaît non seulement à sa bouche aux crocs de félin, mais aussi à ses yeux exorbités et son visage ridé, ainsi qu’au corps d’un serpent bicéphale à tête de renard qui forme son ceinturon ». Il se pourrait alors que cet acte ait lieu au niveau des patio où l’image de cette divinité prédomine sur l’ensemble des murs. La partie finale de cet acte est constituée par la récolte du sang du sacrifié dans une coupe et par sa présentation soit à un dieu, soit à l’un de ses représentants sur terre. Cette présentation aurait eu lieu sur le niveau supérieur de plateforme I, selon Uceda (1999). La mise à mort des victimes est peut-être faite par les individus inhumés dans la plate-forme II. Les corps étaient ensuite démembrés et déposés sur les places 3. Pour Uceda (ibid.), toute cette séquence peut-être précédée ou suivie d’un acte divinatoire ayant lieu sur la place 2 (soit pour indiquer la marche à suivre soit pour vérifier le bon fonctionnement de ce qui vient d’être fait). La corrélation des données archéologiques et iconographiques de la Huaca de la Luna a permis de mettre en évidence la relation privilégiée entre les cérémonies et rituels ayant cours dans un espace défini et le décor du dit espace. Les découvertes des Huacas de la Luna et Cao Viejo viennent compléter celles de Sipán et San José de Moro et démontrent l’importance d’utiliser les données iconographiques pour interpréter ou compléter les contextes archéologiques.

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ARTE RUPESTRE EXTREMO NORTE CHILE: Arte rupestre del extremo norteDEL de Chile: evaluación crítica y nuevas DE perspectivas de análisis

EVALUACIÓN CRÍTICA Y NUEVAS PERSPECTIVAS DE ANÁLISIS*. Marcela SEPULVEDA RETAMAL

Résumé : Nous présentons les différents types et approches d´analyses (archéologique, mythologique, ethnohistorique) sur les manifestations rupestres de l´extrême nord du Chili. De ce résumé, ressort la prédominance de l´interprétation fonctionnelle qui lie les représentations rupestres au trafic et ou la mobilité de caravanes de lamas. Dans cette interprétation, l´art rupestre défini par des associations particulières et certaines caractéristiques, aurait une fonction de signalétique de chemins. De nouvelles découvertes dans un des affluents de la vallée Camarones, exposées brièvement, permettent d´approfondir et de préciser cette interprétation. En plus d´indiquer des chemins, l´art rupestre indiquerait la présence d´espace de rencontres et de connexion idéologique au milieu du désert.

Abstract : This article presents the different types of study approaches (archaeological, mythological, ethnohistoric) for the rupestral manifestation on the Northern end of Chile. This summary shows the prevalence of the functional interpretation that postulates a relation between the rupestral representations and the traffic or mobility of lama caravans. When presented as such, the rupestrian art that is defined by certain and very particular associations and characteristics, would have had a signage function. A new discovery in one of the gulches of the Camarones river basin, touched upon briefly, allows a more detailed interpretation. Besides the signage function, the rupestrian art would indicate the presence of meeting spaces and ideological connection in the middle of the desert.

Introducción El desierto de Tarapacá, situado en el extremo norte de Chile, es conocido por ser uno de los más áridos del mundo. Sin embargo, en esta zona definida como “Valles Occidentales” (Fig.1), la presencia de valles que drenan el Pacífico y la presencia de algunos oasis ponderan favorablemente el medio. Estos espacios reúnen por un lado, las condiciones suficientes para la vida humana, por otro lado, en el pasado, facilitaron el desplazamiento de los grupos humanos tanto longitudinalmente (desde la Cordillera de los Andes hasta la costa Pacífica), como latitudinalmente (de Norte a Sur). Estos movimientos fueron una práctica recurrente entre los habitantes prehispánicos de la región, para la obtención de recursos variados situados en los diferentes pisos ecológicos del área Centro-Sur andina (Fig.2), abarcando territorios más allá de los Andes.

habitantes, los cuales se presentan de manera más densa en el interior de los valles. Otras manifestaciones importantes son una gran cantidad y diversidad de sitios de arte rupestre, como geoglifos, grabados y pinturas, estas últimas concentradas más particularmente en la zonas altas (sierra) de los Andes. El interés de este trabajo consiste justamente en presentar los diferentes tipos de estudios realizados hasta ahora sobre estas manifestaciones del extremo norte de Chile. La revisión crítica de dichos trabajos permite no sólo evidenciar un escaso interés sistemático en su estudio, debido, indudablemente, a la carencia de marcos teóricos y metodológicos precisos; sino además, mostrar la diversidad de enfoques que ofrece el estudio de dichas representaciones. A pesar de lo anterior, en la actualidad predomina un modelo interpretativo funcional que vincula el arte rupestre al tráfico de caravanas. Se presenta más precisa y críticamente esta interpretación denotando sus aportes y límites. Recientes descubrimientos realizados en uno de los afluentes del valle Camarones, en la quebrada de Suca (Fig.2) permiten ampliar dicho marco interpretativo apelando a factores geográficos, sociales e ideológicos que complementan la visión funcional y casi exclusivamente económica propuesta hasta ahora.

Fig. 1: Mapa del área Centro Sud- Andina (Extraído de Schiappacasse, Castro y Niemeyer 1989)

Numerosos sitios arqueológicos dispersos en la región son testimonios de la presencia y vida de estos antiguos

Fig. 2: Mapa del extremo norte de Chile.

228 * Articulo extraido de un trabajo de DEA , titulado: « Art rupestre et routes de caravanes. Remises en question de ce lien à partir de l´analyse de deux sites de la vallée de Suca (nord du Chili) », 2002-2003, UMR 8096 Archéologie des Amériques.

Arte rupestre del extremo norte de Chile: evaluación crítica y nuevas perspectivas de análisis más tardío y más rígido probablemente adscrito a tiempos posteriores, coloniales o recientes dada la presencia de calvarios, entre otros signos. Es necesario precisar que ambos estilos podían hallarse, a veces, sobre un mismo bloque, no habiendo distinción en el uso de soporte o del espacio. Sin embargo, al no poder establecer diferencias cronológicas o de filiación cultural, le resultó difícil distinguir si realmente correspondieron a dos momentos diferentes. La comparación de sus registros, advirtiendo similitudes y diferencias entre los distintos conjuntos rupestres del valle de Camarones con otros sitios de la región, también constituyó un primer intento de síntesis (Niemeyer 1969, Niemeyer y Schiappacasse 1963). Además de los estudios realizados en el valle de Camarones, Niemeyer efectuó un análisis sobre las pinturas halladas en varios aleros de la Sierra de Arica (1972). Sus propuestas interpretativas de este arte fueron desde reconocer la existencia de “el arte por el arte” “en que habría un placer estético en reproducir o recordar escenas y situaciones trascendentes de la vida diaria” (Niemeyer 1972: 100); hasta postular “una finalidad mágica con fines propiciatorios en pro de algún beneficio para la comunidad, como sería la reproducción de animales de tanta importancia en la economía” (Niemeyer 1972: 100). Dentro del mismo marco, Niemeyer también plantea la posibilidad que dichas pinturas reflejaran “actos de magia homeopática, destinados a que los felinos por ejemplos no molestasen los grupos de camélidos domésticos” (Niemeyer 1972: 100). El arte rupestre habría estado al servicio de la vida diaria de la comunidad en un afán de controlar las fuerzas de la naturaleza a favor de su sustento. Finalmente, Niemeyer propone la existencia de una estrecha relación entre las representaciones pintadas y el nicho ecológico en el que se hallan. Los abrigos pintados se encuentran en zonas aptas para la presencia de camélidos salvajes y domésticos, distinguiéndolos de los sitios de los valles más bajos donde predominan representaciones grabadas y principalmente de especies domésticas. Sin embargo, más allá de dicha hipótesis interpretativa, el autor no desarrolla más su análisis.

Estudios acerca de las representaciones rupestres del extremo norte de Chile El arte rupestre constituyó un importante atractivo desde las primeras exploraciones realizadas en el extremo norte de Chile. Entre otros, destacan las referencias de Bollaert (1860), Philippi (1906), Plageman (1906), Boman (1908). Posteriormente, se publican la primeras descripciones por parte de científicos y arqueólogos, extranjeros y chilenos, tales como Bowman (1924), Strube (1924), Bird (1943), Schaedel (1957), Iribarren (1968) y Dauelsberg (1964). Pero, hasta ese entonces, en la mayoría de los casos, estos trabajos correspondieron a hallazgos ocasionales, y no a estudios sistemáticos realizados sobre las representaciones rupestres de la región. Sólo a partir de la década de los sesenta se empiezan a efectuar trabajos específicos sobre dichas manifestaciones, abriéndose una nueva etapa en la investigación arqueológica. El arte rupestre dejaba de ser considerado como un fenómeno aislado, ocasional o inaprensible, posibilitando la elaboración de los primeros trabajos interpretativos, o de identificación y definición estilística.

Primeros estudios sistemáticos Sintéticamente los principales aportes de esta nueva fase de investigación corresponden a los múltiples trabajos de Niemeyer y Schiappacasse en el valle de Camarones (1963, 1969 y 1981), y Niemeyer en la Sierra de Arica (1972), Núñez y Briones en la quebrada de Tarapacá (1967-1968), entre otros. Niemeyer (en ocasiones junto a Schiappacasse) concentró sus estudios en el valle de Camarones (Fig.2) intentando reconstruir la prehistoria de ese valle, a la vez que procuraba realizar un detallado registro del arte rupestre. En relación a las manifestaciones rupestres, los autores intentaron describir sistemáticamente los grabados. Con ello pretendían definir estilos, a la vez que establecer filiaciones históricoculturales, esencialmente con la “Cultura Arica”, principal entidad cultural reconocida en el extremo norte de Chile. Un primer estudio en Conanoxa (1963), un sitio situado en la parte baja del valle, hacia la costa, permitió establecer algunas distinciones estilísticas. Identificó dos estilos: uno naturalista con representaciones de varios animales (camélidos) desordenados, posiblemente como animales de caza, y no de pastoreo; otro más abstracto y referido principalmente a figuras antropomorfas estilizadas, ataviadas con disfraces, además de diferentes signos geométricos sin ordenamiento particular. Un estudio posterior (Niemeyer 1969), en la parte media del valle de Camarones permitió precisar ciertas interpretaciones acerca de los grabados, considerando diferentes aspectos en su análisis. A partir de las figuras rupestres y las escenas representadas, considerando a la vez sus asociaciones arqueológicas, Niemeyer intentó interpretar la función de los sitios de grabados. Reconoció que algunos sitios pudieron estar mayormente vinculados al tráfico de caravanas (también Niemeyer y Schiappacasse 1963); mientras otros manifestarían acontecimientos prehistóricos acontecidos en el valle de Camarones, como en el caso de las escenas de “guerreros con arcos”. Por otro lado, el estudio de las técnicas y formas de las figuras permitió distinguir un estilo más naturalista y más temprano, posiblemente vinculado a la Cultura Arica; de otro

En la misma época, más al sur en la quebrada de Tarapacá (Fig.2), Núñez y Briones (1968-69) estudiaron los petroglifos o grabados del sitio Tarapacá 47, sugiriendo diversas alternativas interpretativas. Distinguieron figuras rupestres asociadas a representaciones de cultos, tal un “culto en torno a animales”; o “cultos en torno a sacrificios” dada la presencia de la figura panandina del Sacrificador; o “cultos en torno a shamanes”, por la presencia de hombres en movimiento a modo de “danzantes”; y “cultos sexuales” manifestados por representaciones antropomorfas con órganos sexuales desarrollados. Reconocieron además, una serie de otros grabados vinculados a “representaciones acúlticas”. Entre ellas, los autores mencionan “las representaciones del tráfico interregional”, ejemplificadas por la presencia de caravanas de hombres y animales, principalmente camélidos con cargas en sus lomos; “representaciones bélicas” poco frecuentes, pero evidenciadas por la presencia de hombres con arcos, enfrentándose; y finalmente “representaciones históricas”, que agruparían las figuras vinculadas a tiempos más bien coloniales, dada la presencia de un jinete. En esta época, se forjan los inicios de los estudios descriptivos e interpretativos, perdurando incluso en las investigaciones actuales. Una síntesis de estos primeros 228

Arte rupestre del extremo norte de Chile: evaluación crítica y nuevas perspectivas de análisis satisfacen” (1996: 153). Se trata de un acto simbólico que busca el orden y el equilibrio cósmico y la fertilidad. La interpretación del arte rupestre a partir de los mitos recopilados esencialmente por los primeros cronistas españoles fue, desde entonces, una práctica cada vez más recurrente. Un estudio posterior corresponde al realizado por Chacama y Espinosa (1997), acerca de un icono particular presente en varios sitios del desierto nortiño. Se trata de una figura antropomorfa dibujada simétricamente de frente, vestida con ricos elementos de atuendo, destacando la presencia de un tocado radiado y de dos objetos, uno en cada mano (Fig.4). Basados en el mito que narra “la ruta de Tarapacá” (Wachtel 1990, Bouysse-Cassagne 1997, entre otros), los autores plantean que tales figuras antropomorfas, con características formales similares a la deidad de los báculos de la Puerta del Sol del Kalasasaya en Tiwanaku, serían diversas representaciones de Tunupa o Tarapacá, quienes son reconocidos como dos hijos de Viracocha, pero son comúnmente confundidos por las crónicas de los siglos XVIXVII, en su función de ordenar el mundo. Su análisis iconográfico permite, a los autores, identificar ciertas figuras falcónidas con atributos antropomorfos como variaciones del mismo personaje (Fig. 4).

estudios fue esbozada en el trabajo de Mostny y Niemeyer (1983) acerca del arte rupestre chileno. Sin embargo, a estos aportes se fueron integrando otros enfoques, abriendo paso a nuevas maneras de aprehender y comprender el significado y función del arte rupestre del extremo norte de Chile. El plantear distinciones entre funciones cúlticas y acúlticas de las manifestaciones rupestre posibilitaba el plantear nuevas interpretaciones. Se intentaba ir más allá del planteamiento de una función ceremonial o ritual del arte rupestre, integrando otras herramientas (semiótica, etnohistoria, prehistoria) para comprender el rol de las representaciones pintadas o grabadas como una manifestación más del quehacer de las comunidades prehispánicas el desierto chileno, como reflejo de determinados procesos sociales ocurridos en la región.

Otros enfoques en el estudio del arte rupestre del extremo norte de Chile Arte rupestre, etnohistoria y mitos Uno de los primeros estudios que intentó incorporar información etnohistórica corresponde al trabajo de Espinosa (1996), quien contempló además un acercamiento de índole semiótico. Influenciado por Mircea Eliade, se justifica el uso de los mitos para la comprensión de los significados de los motivos y figuras, así como de sus contextos de realización o producción. Espinoza analiza dos motivos presentes en un panel del sitio Ariquilda 1, en la quebrada de Aroma (Fig. 2). Se trata de la figura de un batracio (anuro) y de un zorro, este último con características antropomorfas, pues se encuentra de pie generalmente tocando un instrumento musical (Fig.3). Para el autor estas representaciones serían una manifestación “simbólica con función nemotécnica y ritual, que esquematiza una antigua ceremonia para llamar la lluvia” (1996: 133). Tales íconos se vincularían con una tradición altiplánica que tiene su origen en la tradición religiosa Yayamama característica de la fase Chiripa (Pre- Tiwanaku) y expresada en el norte de Chile dentro de la fase Alto Ramírez, pero se prolongarían en el tiempo.

Fig. 4: Ejemplos de representaciones de Tunupa o Tarapacá en relación al “personaje de los báculos” de la Puerta del Sol, en el sitio Tiwanaku (extraído de Chacama y Espinosa 1997).

Fig. 3: Detalle de un panel del sitio Ariquilda 1 (Espinosa 1996)

La presencia de este icono en el norte de Chile en relación a la ruta de Tunupa y las rutas de caravanas les permite sugerir una función simbólica complementaria de los sitios de arte rupestre. Dichas manifestaciones simbolizarían “la incorporación del desierto tarapaqueño a un orden ideológico amplio, un orden no sólo económico o político, pero también mítico, fundacional” (1997:13).

Junto al análisis iconográfico en relación a una ceremonia particular, el autor plantea que el sitio de Ariquilda 1 correspondería a un lugar ritual de peregrinaje, pues no se halla asociado a otro tipo de asentamiento1. Finalmente para el autor: “la amplitud temporal y espacial de las figuras del zorro musical y del anuro como símbolos con similares relaciones significativas, evidencian una convención social en diversos campos significativos complementarios: rituales míticos de fertilidad agrícola; evidencia de una expansión “agrícola” de poblaciones altiplánicas; metodologías nemotécnicas o educativas del patrimonio iconológico; sentimientos profundos de respeto o angustia ante el capricho de las deidades andinas que otorgan o niegan en si los ritos y las conductas humanas no lo

Arte rupestre yprocesos sociales Además de los intentos de interpretación de significado, otras investigaciones han tratado de adscribir la realización de las manifestaciones rupestres a ciertos acontecimientos o períodos histórico-culturales bien particulares. 229

Arte rupestre del extremo norte de Chile: evaluación crítica y nuevas perspectivas de análisis alto y lo bajo de una misma entidad social (relación que se observaría en el tamaño y traje de los grupos representados enfrentándose).

Santoro y Dauelsberg (1986) intentaron identificar indicadores crono-culturales en el arte rupestre del extremo norte de Chile; es decir elementos figurativos que pudieran adscribirse claramente a cierto período histórico y cronológico. Para ello, compararon ciertas figuras presentes en el arte rupestre con diseños caracterizados por asociaciones culturales bien definidas, para así intentar “descubrir diseños- tipo”, como base para una periodificación de estilos y técnicas rupestres” para el extremo norte de Chile (1986:71). Es así, como los autores logran identificar una serie de motivos con cronologías bien definidas, otras relativas. También, reconocen diseños relacionados a ciertos aspectos del medio ambiente (presencia de cierta flora y fauna en determinados ambientes); otros vinculados a determinadas técnicas de subsistencia (escenas de caza, de pastoreo o tráfico caravanero); finalmente, otras figuras se relacionarían con ciertas actividades socio-culturales (escenas de guerreros o de danzantes, entre otras).

En el otro caso, se insiste mayormente en el carácter multiétnico de la Cultura Arica, con un aumento gradual de la complejización en la ocupación del espacio por parte de distintos grupos. Esto implicaría la existencia de una “frontera dura”, en la zona de contacto con las poblaciones altiplánicas. La complementariedad ecológica y espacial habría sido posibilitada por la existencia de distintos grupos pequeños al interior de la Cultura Arica que habrían funcionado como verdaderas etnias complementarias en mitades, con identidades propias y con a su cargo la tarea de asegurar la distribución de los recursos explotados por cada uno. En este contexto, las representaciones de hombres enfrentándose formarían parte de ritos propiciatorios de esta multietnicidad requerida para el acceso a variados recursos provenientes de distintos nichos ecológicos.

Posteriormente, Romero (1996) realiza un análisis sobre un icono presente en algunos sitios del extremo norte de Chile, intentando comprenderlo en relación a procesos sociales más que a episodios de la prehistoria regional. El autor analiza la representación de figuras antropomorfas con arcos, enfrentándose, más comúnmente conocidas como “guerreros”.

Arte rupestre y tráfico de caravanas La presentación de algunos trabajos realizados sobre las manifestaciones rupestres del extremo norte de Chile evidencia una diversidad de aproximaciones posibles. Sin embargo, en los diferentes trabajos expuestos hasta ahora prima una interpretación “cúltica” de las representaciones grabadas. Sin embargo, poniendo énfasis en los aspectos no exclusivamente rituales del arte rupestre del norte de Chile se pudo avanzar en una nueva aproximación interpretativa de su función. Es así, como hasta ahora cobra mayor vigencia la interpretación que establece un fuerte vínculo entre arte rupestre y movilidad o tráfico de caravanas. Los sustentos de dicho modelo interpretativo fueron planteados inicialmente en un estudio acerca de los geoglifos del norte de Chile (Núñez 1976), para posteriormente ampliarse a petroglifos (Núñez 1986). Estas investigaciones permitieron ampliar los análisis estilístico-simbólicos enfocados en los aspectos mágicos-religiosos o ceremoniales, para optar por un estudio mayormente funcionalista basado en relaciones socio-económicas ocurridas en la región. El fundamento inicial para esta relación es la condicionante geográfica propia del territorio del Norte Grande de Chile, definido por la existencia de “diferentes ecosistemas escalerados en el perfil costa- altiplano con producciones especializadas”. Estos distintos espacios ecológicos con recursos diversificados habrían propiciado “el traslado de caravanas de hombres y llamas en extensas áreas estériles, como parte básica de una red de tráfico interregional” (Núñez 1976: 147). Esta idea constituye la base del modelo de la movilidad giratoria (Núñez y Dillehay 1995). La existencia y reconocimiento de rutas asociadas a geoglifos, sin la asociación a poblaciones determinadas, indicarían “pasos obligados o estaciones de permanencia”. La similitud estilística y temática existente entre múltiples sitios con este tipo de manifestaciones rupestres y su distribución por todo el desierto tarapaqueño avalarían la idea de la existencia de un “patrimonio cultural común en la simbología establecida en el tráfico”. En este sistema, los geoglifos tendrían una función de señalética de caminos (Núñez 1976). Pero el autor señala además la existencia de un aspecto complementario, simbólico- religioso. Los lugares marcados con geoglifos habrían sido probablemente lugares sagrados,

Fig. 5: Escenas de “guerreros” del sitio Ofragía, en la quebrada de Codpa (Romero 1996)

Romero propone que estas representaciones asignables a la Cultura Arica del Período Intermedio Tardío (900- 1.450 d.C.), formarían parte posiblemente de una serie de ritos andinos llamados tinku o “batallas rituales andinas”. Sin embargo, al no haber claridad sobre los reales acontecimientos del período en estudio, propone dos interpretaciones alternativas del tinku para “diferentes escenarios de la Cultura Arica” (1996: 115). En el caso de considerar la Cultura Arica como un “conjunto de curacazgos pequeños que controlaban principalmente las cabeceras de los valles costeros” a la vez que eran capaz de controlar “las presiones de la nación aymara”, los petroglifos analizados sólo habrían tenido una relación con algún tipo de actividades rituales. Los grabados no habrían representado guerras interétnicas, ya que se encuentran en zonas más bajas, lejos de las zonas más conflictivas (cabeceras de ríos). Las escenas de guerreros, en este caso, representarían ritos o festividades realizados con el fin de perpetuar la organización social dual y complementaria de la sociedad. Los grabados manifestarían una oposición desigual entre lo 230

Arte rupestre del extremo norte de Chile: evaluación crítica y nuevas perspectivas de análisis de indicadores de caminos, tales como, markas, apachetas y paskanas² entre otros. En relación al arte rupestre, sin embargo, los autores analizan distintamente las pictografías de los petroglifos y geoglifos. Es así, como plantean una realización más temprana para las pinturas, las cuales habrían sido realizadas principalmente por grupos de cazadores del período arcaico, durante “prácticas rituales de carácter mágico-religioso”. La realización de grabados correspondería a una tradición posterior enraizada en las pictografías (aunque no se excluye la posibilidad de que existieran grabados antiguos contemporáneos a las pinturas, además de la existencia de grabados tardíos pintados). Para ambos autores tanto los grabados como los geoglifos señalarían rumbos y sentidos a seguir por los caravaneros durante sus viajes, en relación a un aprovechamiento óptimo de recursos logísticos o vitales, como el agua, el alimento y el forraje necesario para los traslados (Muñoz y Briones 1996: 67).

donde determinados individuos realizaban algún tipo de ceremonia, como parte de creencias mítico- religiosas. Posteriormente, el mismo autor amplía su propuesta aplicándola a varios sitios de petroglifos de la quebrada de Tarapacá (Fig.2); basado en la misma premisa acerca de las diferencias existentes entre diversas zonas ecológicas del Norte Grande. La relación entre rutas y arte rupestre sin asociación a poblaciones determinadas indicarían igualmente en este caso la existencia de pasos obligados o estaciones de permanencia. Sin embargo, en esta oportunidad, el autor precisa una serie de variables que permitirían vincular los petroglifos al tráfico interregional. Núñez menciona (1986: 244): (1) el registro de conjuntos grabados en lugares de tránsito, sin asociación a ocupaciones humanas estables y ausencia de recursos; (2) la ubicación en zonas de extrema aridez; (3) la presencia de diseños exóticos al medio; (4) el grabado de simbología vinculada con la noción de tráfico de caravanas; (5) la distribución de un estilo homogéneo en segmentos ecológicos distintos por pasadizos obligados de interacción. A pesar de determinar esta serie de criterios para vincular arte rupestre y tráfico interregional, el autor plantea la existencia de muchas incógnitas acerca de quiénes realizaron este tipo de manifestaciones, qué grupos se desplazaban y porqué lo hacían.

Hasta ahora Muñoz y Briones se enmarcan dentro del modelo interpretativo propuesto por Núñez (1976 y 1985). Sin embargo, existen otros aspectos más relevante y novedosos en su estudio. Se trata del análisis particular de tres rasgos figurativos y ceremoniales dentro del contexto de las poblaciones prehispánicas: el ajedrezado, el sacrificador y el felino. Su estudio les permite plantear una función más amplia para las manifestaciones rupestres, más allá de su relación con las rutas o caminos. Ellos proponen que resulta complejo creer que este tipo de manifestaciones sólo fue realizado como un sistema de señalización, pues aunque las representaciones sean “obras artística realizadas por pastores y viajeros, en especial en lugares de descanso, o en determinados espacios estratégicos” (Muñoz y Briones 1996), en ellos se integran una múltiple cantidad de aspectos diferentes. Entre ellos, destacan “una interesante vista panorámica con un fuerte contenido mágico- religioso, caminos troperos, recursos de agua y una fuerte interacción económica social” (Muñoz y Briones 1996: 78). Por ello, concluyen también que es también muy lógico pensar que estos símbolos expresaran mensajes e ideas específicas propias de los grupos que vivían y circulaban por el desierto. Así, tal como las figuras analizadas por estos autores que pudieron tener un significado vinculado a la representación del orden y el equilibrio socio- político, muchos de los símbolos del arte rupestre tendrían otro significado más allá de lo meramente estético, visual o señalético. Además de la evidente “organización conceptual del espacio regional” que subyace al emplazamiento de los distintas manifestaciones arqueológicas (senderos, poblados y arte rupestre), algunos símbolos del arte rupestre podrían estar dibujados para transmitir un mensaje por parte de cierto grupos con “la intención de influir ideológicamente sobre otras poblaciones” (Muñoz y Briones 1996: 81).

Luego de que Núñez formulara estos planteamientos, los estudios posteriores acerca del arte rupestre no han hecho más que confirmar la relación entre este tipo de manifestaciones y rutas de tráfico interregional (Briones y Chacama 1987, Muñoz y Briones 1996, Sepúlveda et al. 2003 y 2005). El estudio del sitio de geoglifos de Ariquilda Norte (Briones y Chacama 1987) y el análisis del contexto inmediato representado por restos de cerámica permitió asignarles un rango temporal situado entre los 1.000 y 1.400 d.C. Por otro lado, el estudio de los sitios asociados demostró la presencia de ocupaciones efímeras que habrían ocurrido sólo en ciertas épocas del año. A partir de dichas evidencias y su comparación con las festividades observadas en comunidades actuales donde diversos grupos de etnias diferentes acuden para la realización de ceremonias en determinados lugares, los autores plantearon una interesante sugerencia. El sitio Ariquilda Norte habría sido un escenario particular para la práctica de ceremonias que habrían vinculado poblaciones de diferentes grupos culturales (de la costa o de las tierras altas), inmersas dentro de un intenso sistema de movilidad o tráfico de caravanas. Tal situación se vería apoyada por el emplazamiento privilegiado de los geoglifos: se trata de una zona limítrofe entre el término del desierto y el inicio del flanco occidental del cordón andino. Así, Ariquilda Norte habría sido un importante “punto de convergencia cultural”, en el cual confluyen múltiples caminos con diversas direcciones (costa, valle y cordillera). En la década del noventa, los análisis que vinculan arte rupestre y rutas precolombinas siguen cobrando vigencia, pero ahora con un enfoque más holístico. Se trataba de realizar una síntesis entre los conocimientos adquiridos acerca de los caminos prehispánicos que cruzaban el norte de Chile, el arte rupestre y los asentamientos asociados, pero todo ello enmarcado en los acontecimientos del desarrollo socio-histórico de la región (Muñoz y Briones 1996). En este nuevo esfuerzo por sintetizar informaciones de diversa índole, Muñoz y Briones (1996) identifican varias rutas de movilidad principales, con ramales secundarios y una serie

Nuevas reflexiones en torno al arte rupestre del extremo norte de Chile Recientes investigaciones realizadas en la quebrada de Suca (Fig.2), uno de los afluentes del río Camarones, permiten ahondar aún más en el lazo establecido entre arte rupestre y tráfico de caravanas. La realización de una investigación en Suca se justificaba en la medida que permitía explorar una quebrada pequeña, definido como un espacio marginal en relación a los grandes valles, donde se han llevado a cabo la 231

Arte rupestre del extremo norte de Chile: evaluación crítica y nuevas perspectivas de análisis mayoría de los estudios arqueológicos del extremo norte de Chile.

Evidencias arqueológicas en los sitios Suca 7 y Suca 13

En una primera instancia (Sepúlveda et al. 2003), el análisis del emplazamiento de los 16 sitios de grabados descubiertos en la quebrada y de sus asociaciones culturales y naturales permitió la definición de dos tipos de movilidades en relación al tráfico caravanero. Con ello, se intentó precisar el que a pesar de que muchos de los sitios de la quebrada se asocien a senderos3, no todos se vincularon con un tráfico de larga distancia. También pudieron asociarse a procesos vinculados a la organización y culturización del espacio al interior de la quebrada. Sintéticamente, se definió una “macro-funcionalidad” definida por una relación de los sitios de arte rupestre principalmente con el tráfico interregional; y por otro lado, se reconoció una “micro-funcionalidad”, en la cual los sitios de arte rupestre se definen a partir de su relación con actividades, episodios o desplazamientos ocurridos al interior de la quebrada. Dentro de esta última funcionalidad se encuentran los escasos sitios con evidencias de recintos arquitectónicos. Apoyados en estas categorías, se reconoció que en la quebrada de Suca, la mayoría de los sitios de arte rupestre no estaban vinculados directamente a senderos principales, y por ello al tráfico interregional, denotando, al contrario, la existencia de importantes procesos locales paralelos o complementarios a dicha movilidad. Sin negar, lo anterior, se reconoció, sin embargo, que la gran cantidad de senderos cruzando la quebrada (y no necesariamente asociados a sitios de arte rupestre) permitía dar cuenta de una importante movilidad interregional por dicho punto en el desierto. Esta observación junto a la multi-direccionalidad de las rutas permitió definir Suca como un importante punto de conexión o confluencia para las comunidades prehispánicas del extremo norte de Chile.

Los yacimientos se emplazan en un ensanchamiento de la parte media de la quebrada (Fig.6), dominando un amplio espacio de uso agrícola actual. Ambos sitios ocupan un espacio de 700 m lineales, separados por una abrupta caída de la ladera hacia el piso de la quebrada. Si bien, este espacio puede ser considerado como una sola área arqueológica, las características orográficas, tanto como las diferencias en las manifestaciones rupestres y rasgos arqueológicos, permiten sostener una división en términos culturales. Las evidencias arqueológicas de los sitios Suca 7 y 13 dan cuenta de grandes contrastes, a pesar de compartir senderos de movilidad y su proximidad4.

Suca 7 El sitio Suca 7 (Fig. 7), se sitúa hacia el este del área arqueológica, ocupando una terraza fluvial relativamente ancha y plana, una ladera rocosa y la adyacente planicie alta de la quebrada. Domina en la terraza fluvial el espacio una pequeña colina que se levanta de manera aislada unos 10 m del nivel del suelo. En este sitio, se reconoció, además, la presencia de varios caminos atravesándolo. El sendero mayor cruza el yacimiento en sentido este-oeste, uniéndolo, por un lado, inmediatamente a Suca 13, y continúa en dirección este. De este camino se distinguen ramales subiendo hacia el plano superior norte para remontar hacia la alta planicie, en dirección nordeste. Todas estas huellas permiten reconocer que Suca 7 se conforma en una importante encrucijada de senderos. En Suca 7, se distinguieron 3 sectores: el sector A, correspondiente al piso relativamente plano de la terraza fluvial, limitado por la colina y por la ladera rocosa de la quebrada. En esta explanada se registraron bloques dispersos grabados en forma abundante por todas sus caras. Junto a uno de ellos, se registró la presencia de una fosa circular de paredes empedradas, usada como silo, aunque pudo también ser utilizada como fosa funeraria dado el hallazgo de una vértebra de un individuo sub- adulto en el fondo de la estructura. El sector B se ubica hacia el norte y el este de la terraza, sobre la ladera de la quebrada que forma una especie de “anfiteatro” abierto hacia el sur y el oeste. En este sector se registró la mayor parte de bloques con manifestaciones rupestres, no registrándose otro tipo de evidencias. Se contabilizaron alrededor de 35 bloques grabados. Finalmente, el sector C se localiza en el borde de la planicie alta, sobre el conjunto de bloques rupestres que definen el Sector B. Este espacio se halla delimitado por dos largos alineamientos de piedra, en el interior del cual se registraron varias estructuras rectangulares y semi-circulares pequeñas, semejantes a abrigos o reparos, conocidos como paskana empleadas durante el tráfico para el descanso diario o planificar la llegada a la quebrada (Núñez 1986). Destaca en este espacio, la presencia de una pequeña estructura rectangular abierta hacia el norte, conformada por 3 bolones medianos, dispuestos de canto y que recuerdan las cajas ceremoniales, en donde los caravaneros depositaban sus ofrendas. En resumen, Suca 7, en especial los Sectores A y B, se encuentran en un espacio semi-cerrado y relativamente

Recientemente, se procuró realizar un análisis de los únicos sitios de arte rupestre de la quebrada de Suca con evidencias arquitectónicas asociadas: Suca- 7 y Suca- 13 (Sepúlveda 2003; Sepúlveda et al. 2005). Este análisis permitió ahondar aún más en la relación entre arte rupestre y tráfico de caravanas, pero esta vez revisando además el modelo de la movilidad giratoria en que se integra dicho vínculo (Sepúlveda et al. 2005). El planteamiento de varios inconvenientes en la relación entre manifestaciones rupestres y su función senalética de caminos constituyó la base de nuestro análisis. Se constató que dicha función del arte rupestre ha sido propuesta en base al estudio casi exclusivo de sitios adyacentes a importantes rutas de tráfico, con escasa atención a las asociaciones presentes en cada caso. Dicha observación ya había sido planteada por Muñoz y Briones (1996). Por otro lado, se sumó el reconocimiento que las representaciones rupestres constituyen una manifestación mucho más compleja y multifacética que la mera demarcación de rutas. En efecto, la variedad de formas, temáticas y contextos naturales y culturales sugiere que el arte rupestre participa de una serie más amplias de prácticas simbólicas de la comunidades prehispánicas, tales como la culturización del paisaje, la transmisión de ideas, la representación de ciertos principios socio culturales o hechos históricos entre otros.

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Arte rupestre del extremo norte de Chile: evaluación crítica y nuevas perspectivas de análisis Sector A. En este lugar se localizaron 40 bloques grabados. En la parte inferior del mayor conjunto, hacia el este, se registró una estructura rectangular, de características constructivas más toscas que las del Sector A. Presenta muros de una sola hilera de piedras apiladas sin utilización de argamasa, y mide 16 m de largo, dividido en dos subunidades. La presencia de una gran cantidad de guano y paja en su interior sugiere que estas construcciones fueron usadas a modo de corrales, en una época más reciente que las unidades del Sector A. En resumen, en Suca 13 se reconoce la ocupación de un espacio abierto con gran visibilidad hacia el sur y el oeste. La presencia de arquitectura bien elaborada de formas rectangulares da cuenta de una ocupación planificada. Por su lado, la evidencia de cerámica altiplánica y restos malacológicos costeros nos hacen pensar en una función orientada directamente con el tráfico y su control (Sepúlveda et al. 2005). Analíticamente, se puede asociar el Sector C de Suca 7, con el reconocimiento de la actividad caravanera en Suca 13. En relación al tráfico, estas evidencias podrían considerarse como un pequeño “puesto de control” que sirvió como “sitio de trasvasije” o “de apoyo logístico” (Núñez y Dillehay 1995). Esta hipotética mayor interacción social se respalda con el análisis de la cerámica. En Suca 13, las proporciones cerámicas dan cuenta de una mayor variedad de estilos, lo cual evidenciaría relaciones entre comunidades locales, con otras de la precordillera, y con sociedades del desierto (Complejo Pica- Tarapacá). La presencia de cerámica decorada altiplánica (Chilpe- Carangas) y la ausencia de cerámica de la Cultura Arica da cuenta de las esferas de prestigio que están funcionando en Suca 13. Más aún, una importante frecuencia de cerámica altiplánica y una arquitectura especial en el área dejan abierta la posibilidad de personeros altiplánicos en Suca (Sepúlveda et al. 2005). En este contexto las manifestaciones rupestres de Suca 13 permiten reforzar estas interpretaciones. Son frecuentes los motivos ligados al tráfico, tales como camélidos cargados, hombres asociados a camélidos y camélidos con grandes pezuñas (Fig. 10). Destacan también las escenas de enfrentamientos ya sea entre hombres, u hombres atacando aves altiplánicas (Fig.10). Es posible que tales diseños señalen una solución simbólica a conflictos sociales o políticos ocurridos por la interacción entre las sociedades locales con sociedades meridionales (Complejo PicaTarapacá, de la quebrada de Tarapacá) y/o altiplánicas6.

escondido detrás de una pequeña colina que conforma un hito particular del paisaje, y le confiere al emplazamiento un indudable valor simbólico. En dicho yacimiento se observa la presencia de diversas estructuras y rasgos todos los cuales evidencian una ocupación temporal. La cerámica da cuenta de una ocupación por parte de una comunidad mayoritariamente de origen local, vinculada a las poblaciones descritas para la precordillera de Arica (Sepúlveda et al. 2005). Los rasgos arqueológicos presentes en cada uno de los sectores no denotan una ocupación estable. Más aún, otras características, como la presencia de arte rupestre (aproximadamente 60 bloques), una significativa colina (ver Fig. 7), la posibilidad de entierros humanos y pequeños rasgos ceremoniales de tráfico5 permiten atribuir a esta área una connotación sagrada, utilizada de manera transitoria u ocasional. El emplazamiento de los motivos rupestres, dominando visualmente la explanada o Sector A, y la particular colina, da cuenta de una posible segmentación espacial. También manifiesta una relación jerárquica determinada, que puede ser entendida al poner atención a los motivos rupestres representados. Generalmente se disponen en grandes dimensiones y de manera aislada en bloques con alta visibilidad. Iconográficamente, predominan las representaciones de “hombres-cóndores”, músicos, danzantes (Fig. 8), todos ellos iconográficamente vinculados a la influencia Tiwanaku (Chacama y Espinosa 1997). El contexto descrito en Suca 7 no lo vincularía precisamente con ritos ligados directamente al tráfico de caravanas o intercambio de recursos. Más bien, la representación de deidades asociadas a Tiwanaku, la existencia de posibles estructuras de uso funerario y un conjunto de rasgos locales harían referencia a una apropiación espacial, de “fundación”, si se siguen los planteamientos sugeridos por Chacama y Espinosa (1997) en relación a la figura del “hombre-cóndor”. La presencia de representaciones de músicos o danzantes confirman un carácter eminentemente ceremonial de Suca 7 (Espinosa 1996). Más allá de las representaciones, la disposición del sitio en una especie de “anfiteatro”, y la presencia de una pequeña colina natural, son argumentos adicionales a favor de esta interpretación.

Suca 13 Suca 13 se ubica aproximadamente a 250 m hacia el oeste de Suca 7 (Fig. 6), donde la terraza fluvial se eleva, marcando un mayor desnivel con el piso o nivel de escurrimiento de agua, donde hoy se ubican amplios campos de cultivo (Fig. 9). Desde este emplazamiento se obtiene una amplia visibilidad hacia el oeste y hacia el sur, avistándose la bajada de senderos por la ladera opuesta, que provienen desde quebradas al sur de de Suca. El sitio Suca 13 se conforma, por ello en un punto estratégico en relación a la movilidad de los grupos que pudieron transitar por esta zona. En el sitio se distinguieron dos sectores. El sector A está emplazado sobre una breve terraza saliente de la ladera (Fig. 9). Comprende dos grandes unidades arquitectónicas de patrón rectangular con subdivisiones internas y cuyos muros no superan los 50 cm de altura. Fueron construidas mediante muros pircados de doble hilera con un relleno central (arena, paja y gravilla), alcanzando un ancho promedio de 90 cm. El segundo sector B, se ubica en la ladera rocosa de la quebrada, ascendiendo hacia el noreste y noroeste desde el

Con todas estas evidencias, se observa que si bien Suca-7 y 13 presentan evidencias de manifestaciones rupestres, ambos sitios se diferencian por el tipo de representaciones, su emplazamiento y el resto de las otras evidencias arqueológicas asociadas. Cabe agregar que éstos sitios aparecen además como bastante singulares dentro de la quebrada de Suca pues son los únicos casos donde se pudieron observar otras evidencias además del arte rupestre. Los otros 14 sitios sólo consisten en conjuntos de bloques grabados, a lo sumo en asociación a senderos, sean estos principales o ramales secundarios. La concentración de sitios con manifestaciones rupestres en un tramo no superior a los 10 km en Suca permite definir esta quebrada como un espacio simbólica e ideológicamente muy significativo. Sin embargo, dadas las evidencias presentadas se observa cierto ordenamiento espacial de la quebrada marcado por sitios de carácter y función diferente, como es el particular caso de 233

Arte rupestre del extremo norte de Chile: evaluación crítica y nuevas perspectivas de análisis Suca- 7 y 13. Estas diferencian apuntan a procesos particulares acontecidos dentro de la quebrada, que sin embargo aún resultan difíciles de comprender. En el contexto regional, Suca se encuentra en la encrucijada de varias importantes rutas como la precordillerana y la costera (Muñoz y Briones 1996; Mondaca y Briones 2004), y posiblemente el camino incaico (Raffino 1981) – además, de otros senderos más pequeños vinculados a la movilidad al interior de la quebrada-. Por ello se definió la quebrada de Suca, en relación al esquema de la movilidad giratoria, como un importante punto de conexión (Sepúlveda et al. 2003), el cual tuvo que ser marcado por un fuerte dominio y control, esencialmente a partir del período Intermedio Tardío (1.000- 1.350 d.C.), como lo evidencia la cerámica registrada en los sitios Suca 7 y 13. Sin embargo, debido a que no dispusimos de un buen control cronológico de cada yacimiento, resultó complejo establecer en qué grado estas distintas formas de apropiación espacial, observadas en Suca 7 y 13, respondieron a prácticas consecutivas en el tiempo; o bien, en su defecto –o complemento– fueron el producto de diferentes estrategias de sociedades contemporáneas. Sin dudas, nuevas investigaciones debieran permitir aclarar estas interrogantes.

Las evidencias analizadas demuestran aspectos funcionales, simbólicos e ideológicos relacionados con la movilidad caravanera, complementando con ello la visión obtenida del estudio de las grandes aldeas (de los valles de Camarones al norte, o Tarapacá más al sur). La exploración de quebradas secundarias o más pequeñas, puede ser tan relevante como el estudio de los valles occidentales mayores (p.e. Azapa, Camarones, etc.), para ir conformando de manera más plena un panorama de los procesos socio-históricos de la prehistoria del extremo norte de Chile. El resumen de las investigaciones llevadas a cabo en la región evidencia los avances que se están logrando en el estudio de las manifestaciones rupestres. La relación entre arte rupestre y tráfico de caravanas ha sido ampliamente aceptada y sin duda, es una de las explicaciones más comunes en los estudios actuales de este tipo de manifestaciones. Sin embargo, vemos que la relación es mucho más compleja y requiere el entrecruzamiento de la mayor cantidad de información disponible. En efecto, muchas veces no es posible explicar la función de los sitios encontrados si no se toman en cuenta todas las manifestaciones arqueológicas presentes, y la mayor cantidad de información disponible.

Palabras Finales

La revisión efectuada acerca de los diferentes estudios realizados acerca de las manifestaciones rupestres del extremo norte de Chile muestra como se ha ido avanzando en su interpretación y comprensión. La necesidad de analizar los contextos inmediatos en casos de existir permite precisar aún más la función de los sitios de arte rupestre. Vinculando elementos “cúlticos” a los no rituales se observa que en realidad ambos aspectos se manifiestan en los grabados no pudiendo siempre distinguirse claramente pues ambos forman parte de una misma realidad. Los estudios realizados en Suca permiten ahondar en esta reflexión. Es de esperar que se sigan multiplicando los estudios acerca de las representaciones rupestres, reposicionándolas como una manifestación más del quehacer del hombre prehispánico, tan válido como otros indicadores tales la cerámica o los textiles.

El arte rupestre como imagen visual es así capaz de denotar la apropiación humana de un determinado espacio natural, organizando conceptualmente el espacio (Muñoz y Briones 1996), a la vez que logra transmitir un mensaje, no necesariamente o exclusivamente relacionado con el tráfico caravanero de los grupos prehispánicos del extremo norte de Chile. Pero es a través de este tipo de movilidad que se efectúan diversos grados de influencias de un grupo sobre el otro (ver Muñoz y Briones 1996), y la transmisión de mensajes de diversas índoles. El estudio realizado en los sitios Suca- 7 y 13 muestra que a pesar de ocupar un área cercana, éstos evidencian una apropiación simbólica del espacio bajo distintas normas y/o lógicas, expresadas en las diferentes manifestaciones arqueológicas presentes en cada caso. _____________________________________________________________________________________________________ distinguen los “senderos simples” constituidos por una huella, de los “senderos múltiples”, conformados por varias huellas paralelas “tipo rastrillo”(ver también Muñoz y Briones 1996: 55-56). 4 La descripción más exhaustiva de las evidencias de Suca 7 y 13 se encuentra en Sepúlveda et al. 2004, actualmente en prensa. 5 En la parte superior de la planicie se halló una pequeña estructura conformada por tres bolones medianos dispuestos de canto, formando un rectángulo abierto hacia el Norte. Esta estructura de no más de 30 cm de largo en sentido Este- Oeste se asemeja notablemente a las observadas por Berenguer (1994) en el Alto Loa, con la diferencia de que en esta última área son mucho más frecuentes y complejas siendo formadas por un muro principal y múltiples cajas alineadas. Estas estructuras se vincularían al depósito de ofrendas por parte de los caravaneros en sus recorridos (Sinclaire 1994). 6 En otra ocasión se ha señalado que tales representaciones, en el contexto de la Cultura Arica, representan enfrentamientos rituales (Romero 1996). Los escasos antecedentes que disponemos sobre Suca nos indican que durante el Intermedio Tardío es posible la existencia de conflictos reales.

Notas 1

Según el autor de este trabajo, la quebrada de Aroma (Jaruma) significa en aymara “agua agria”, es decir agua no apta para el consumo humano (Espinosa 1996: 150). 2 "Síguiendo a Muñoz y Briones (1996: 56-57), las markas, apachetas y paskanas son indicadores de rutas distribuidos en diferentes puntos del desierto del norte de Chile. Específicamente, las markas son "montículos de piedras que indican caminos a seguir, con la particularidad de denotar algún cambio en la topografía del paisaje (cuesta o pendiente), el cruce de un antiguo aluvión, la bifurcación de senderos..."; las apachetas "son amontonamientos de piedra originados por una tradición votiva de los caravaneros" de depositar piedras en relación con el éxito de la caravana. Estos también se vinculan con "ciertas características del entorno geográfico". Finalmente, las paskanas son "refugios o campamentos transitorios" de caravaneros conformados por varias estructuras de "pircados simples o complejos con subdivisiones", asociados en ciertas ocasiones a corrales". 3 La presencia de senderos se reconoce por la presencia de huellas en el piso, por el cual indudablemente se efectuaba el tránsito. Se

________________________________________________________________________ 234

Arte rupestre del extremo norte de Chile: evaluación crítica y nuevas perspectivas de análisis

Illustraciones

Fig. 6: Mapa digital del valle de Suca. Localización de los sitios Suca- 7 y Suca- 13.

Fig. 7: Vista panorámica de Suca 7 y sus diferentes sectores.

Fig. 8: Grabados del sitio Suca 7.

235

Arte rupestre del extremo norte de Chile: evaluación crítica y nuevas perspectivas de análisis

Fig. 9: Vista panorámica de Suca 13 y sus diferentes sectores.

Fig. 10: Grabados del sitio Suca 13.

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Travaux de laboratoire Fanny Moutarde : La antracología aplicada a la arqueología peruana : un análisis de los carbones provenientes de los fogones de Pampa Chica, valle de Lurin, 700-200 AC.

Renata Garcia-Moreno : Estudio arqueométrico de dos tocados funerarios mayas del Clásico Tardío localizados en Calakmul, México.

Véronique Wright : Analyses préliminaires de caractérisation de supports et de pigments de reliefs polychromes, Huaca de la Luna, Trujillo, Pérou.

237

238

LA ANTRACOLOGIA APLICADA LA ARQUEOLOGIA PERUANA: La Antracología Aplicada a A la Arqueología Peruana… UN ANALISIS DE LOS CARBONES PROVENIENTES DE LOS FOGONES DE PAMPA CHICA, VALLE DE LURIN, 700-200 AC. Fanny MOUTARDE

Résumé : L'anthracologie est l'étude des charbons de bois trouvés en contextes archéologiques ou dans des stratigraphies naturelles. Leur détermination taxonomique permet d’aborder des thèmes tels que le paléo-environnement et l'utilisation du bois par l'homme dans le passé, comme matière première, combustible, ou outil rituel. L'anthracologie n'est pas encore bien développée au Pérou, nous nous proposons donc d’en exposer ici les démarches et méthodes. Nous présentons ensuite une application à l'étude du matériel anthracologique du site de Pampa Chica, vallée de Lurin. Il s'agit d'un site occupé de 700 aC à 200 aC, en contre-haut de la basse vallée de Lurin, situé à proximité d'une zone de loma. Nous abordons, par l'étude et l'identification des charbons provenant des foyers de ce site, les milieux exploités par l'homme à cette époque ; la sélection ou non des combustibles selon les activités pratiquées ; les choix de matériaux ligneux. Mots-clés : Anthracologie, Pérou, combustible, paléo-environnement

Abstract : Anthracology is the study of wood charcoals found in archaeological contexts or in natural stratigraphies. Taxonomic determination of wood charcoals allows us to talk about palaeoenvironment and the uses of wood in the past as raw material, fuel or ritual tools. In spite of the abundance of charcoals in coastal Peruvian archaeological sites, anthracology is not well developped in Peru. We present here methods of anthracology, its place within archaeology and the results of a charcoal analysis of Pampa Chica material (Lurín Valley, Peru, 700-200 bC). Studying and determinating charcoals coming from hearths of two structures of Pampa Chica, we approach the environments exploited by man at this time, the fuel selection according to the activities, the selection of woody material. Key-words: Anthracology, Peru, Combustible, Palaeoenvironment

Introducción Pampa Chica es un sitio arqueológico ubicado en el valle de Lurín en la Costa Central del Perú, que fue ocupado originalmente durante el Horizonte Temprano (circa 700200 aC) y reocupado posteriormente en varias ocasiones entre el Horizonte Medio y el Horizonte Tardío (circa 7001532 dC). Los carbones recuperados durante las excavaciones fueron analizados para determinar el tipo de ambientes explotados por los ocupantes de Pampa Chica y los patrones de recolección y utilización del material vegetal como combustible.

Tiene aproximadamente 106 Km de longitud. Trae agua de Noviembre a Mayo y esta casi seco entre Junio y Octubre. Es uno de los ríos más pequeños de la costa central (ONERN 1975). En el lugar donde se ubica Pampa Chica, el valle tiene un ancho de alrededor de 10 Km ; las vertientes

Pampa Chica El sitio arqueológico de Pampa Chica viene siendo investigado desde 1994 por J. Dulanto, como parte del “Proyecto Arqueológico Tablada de Lurin” (PATL) de la Pontificia Universidad Católica del Perú (PUCP) dirigido por K. Makowski. Salvo que se indique lo contrario, los datos sobre el sitio de Pampa Chica que presento a continuación provienen de varias publicaciones de J. Dulanto (2002a, 2002b, in press).

Ambiente actual

Fig. 1: Mapas de ubicación del valle de Lurín y de Pampa Chica

Pampa Chica está ubicado en el valle de Lurín, en la costa central del Perú (12°10'00''S, 76°52'06''W). El río Lurín baja de los Andes Occidentales y desemboca en el Océano Pacífico.

tienen una pendiente de 20-40% y están salpicadas por afloramientos rocosos. Pampa Chica se encuentra en la parte baja de una quebrada abierta en la ribera derecha del río Lurín a 250 m.s.n.m (fig. 1).

* Article tiré d’un D.E.A. Archéologie et Environnement 2001-2002, Université Paris1, Panthéon-Sorbonne, intitulé "Première approche de la végétation ligneuse du Pérou précolombien: - Mise en place d'un référentiel anthracologique à partir 237 de la végétation côtière péruvienne actuelle. - Application archéologique: étude anthracologique du site de Pampa Chica (côte centrale, 1er millénaire BC)".

La Antracología Aplicada a la Arqueología Peruana… Esta ubicado al pie de las lomas de Atocongo y 50 metros por encima de las tierras cultivables y del monte ribereño. Estos ambientes proporcionan recursos complementarios: los campos cultivados brindan todo el año vegetales para la alimentación (maíz, palta, maní, zapallo...); las especies ribereñas “sauce” (Salix chilensis), “caña brava” (Gynerium sagittatum), “pájaro bobo” (Tessaria integrifolia) proporcionan materia prima para la construcción y el combustible; las lomas, que se cubren de una vegetación herbácea durante el invierno, proporcionan forraje para el ganado y aporte de alimentos complementarios. M. O. Dillon (com. perso. 2004) ha encontrado varias especies leñosas en las lomas de Atocongo entre las cuales el “mito” (Carica candicans), la “hierba de alacrán” (Heliotropium angiospermum), el “rañuel” (Croton alnifolius), la “nolana” (Nolana humifusa), son las más representativas. Los carporestos1 encontrados en las excavaciones muestran que los antiguos habitantes de Pampa Chica ya consumían especies cultivadas como el “maíz” o el “maní”, pero también utilizaban especies silvestres como la “caña brava” (Gynerium sagittatum) (Chevalier 2002). El Océano Pacífico, zona de aprovisionamiento en moluscos, pescados, aves, mamíferos marinos, dista 12 Km.

Ocupaciones Las excavaciones permitieron identificar 3 periodos de ocupación: El primer periodo de ocupación, denominado Fase F1, es un periodo más bien breve que se ubica temporalmente dentro del Horizonte Temprano (700-200 aC.). Siete fechamientos radiocarbónicos permiten ubicar este periodo de ocupación entre 2640 +/- 70 BP y 2210 +/-40 BP. Durante este periodo, el sitio fue utilizado como espacio público en el que aparentemente se llevó a cabo diferente tipo de actividades rituales. Este periodo esta dividido en dos subfases. La subfase F1A corresponde a la construcción de las dos estructuras que dominan el sitio. La sub-fase F1B corresponde a la utilización y al abandono de estas estructuras. El segundo periodo de ocupación, denominado Fase F2, corresponde a la reutilización del sitio como un campamento estacional en la explotación de las lomas cercanas, probablemente durante el Intermedio Temprano (200 aC-550dC). El tercer periodo de ocupación, denominado Fase F3, corresponde a varias ocupaciones muy breves y sucesivas, durante las cuales se utilizó el sitio como un campamiento estacional por grupos de pastores, probablemente entre la segunda mitad del Horizonte Medio y el periodo colonial.

Fig. 2 : Mapa topográfica de Pampa Chica (Dulanto 2002a, b).

Las dos estructuras son edificios cerrados, de forma ortogonal, construidos con paredes de piedra y adobes semiesféricos (fig. 2). La estructura 1 (45,19 x 17,87 m), ubicada por encima de la estructura 2, está dividida en varios recintos, algunos de los cuales tenían en su interior varios contextos primarios y secundarios con restos humanos. La estructura 2 (37,16 x 17,87 m), ubicada por debajo de la estructura 1, también esta dividida en varios recintos, algunos de los cuales tenían en su interior grandes cantidades de restos alimenticios de diferente tipo. La estructura 1 parece haber sido utilizada para llevar a cabo las actividades rituales en las que se enterraba, desenterraba, manipulaba y reenterraba restos humanos, así como para consumir alimentos y bebidas en grandes espacios abiertos. La estructura 2 parece haber sido utilizada para preparar los alimentos consumidos en los espacios abiertos de la estructura 1.

Función y uso de las estructuras de la Fase F1 Durante el primer periodo de ocupación del sitio, Pampa Chica fue utilizado como espacio público. Las dos estructuras construidas durante este periodo muestran evidencia que sugiere que el sitio fue utilizado para llevar a cabo diferentes tipos de actividades rituales, entre ellas actividades que involucraban el entierro, desentierro, manipulación y reentierro de restos humanos, probablemente como parte de alguna forma de culto a los ancestros, así como la realización de grandes festines, que congregaban a una o más comunidades que habitaban en la zona. 240

La Antracología Aplicada a la Arqueología Peruana…

Definición, presentación y métodos de la antracología La antracología es el estudio de carbones de madera encontrados en sitios arqueológicos o en estratigrafías naturales. La observación de un carbón bajo un microscopio permite su determinación taxonómica al comparar su anatomía interna con las de maderas actuales.

Historial La antracología nace en Europa a fines del siglo XIX en los Alpes, cuando G. Passerini y O. Heer se interesan en el estudio de carbones arqueológicos encontrados en sitios lacustres. En esta época, los carbones son montados en láminas para ser observados por transparencia con un microscopio de luz transmitida (la luz atraviesa el objeto observado), es decir que pocos carbones son estudiados porque el tratamiento preliminar de preparación de láminas es largo y tedioso. El real desarrollo de tales estudios empezó en los años 60-70 en Europa gracias a la utilización del microscopio de luz reflejada (la luz viene de arriba y esta es reflejada por el objeto opaco observado) que permite observar mucho más carbones sin tratamiento preliminar, solamente rompiendo el carbón a mano. Desde hace unos 20 años, la disciplina se desarrolla a niveles metodológico y geográfico (Vernet 1972, Western 1963, Chabal et al. 1999). En América del Sur, la antracología se desarrolla de manera aislada a la escala de una región o de un país: R. ScheelYbert (1998, 2002) trabaja en Brasil; M. E. Solari (1993, 2000) en Chile, C. Tardy (1997) en Guyana y M. B. Marconetto (2002) en Argentina. En el Perú, la disciplina no se utiliza hasta ahora por falta de colección de referencia o de atlas de maderas peruanas, indispensables para un análisis antracológico. Tres estudios incluyendo los de carbones arqueológicos existen para el Perú (Pearsall 1980, Weir y Dering 1986, Johannessen y Hastorf 1990), pero falta todavía una reflexión de fondo sobre los métodos, las problemáticas y la toma en cuenta de la disciplina en los estudios arqueológicos. Este trabajo es un nuevo paso en esta dirección.

Fig. 3: Representaciones de los cortes anatómicos de la madera. 1: vasos; 2: radios; 3: fibras.

Los resultados, es decir las determinaciones, se muestran bajo forma de diagrama representando los histogramas de las frecuencias relativas de cada especie encontrada, por cada contexto. Los porcentajes reflejan los números de especímenes y no el peso. Para interpretar los resultados, hay que buscar datos en otras disciplinas. Siempre hay que recordar que un carbón proviene de un árbol y entonces de un medio, y que se encuentra en un sitio arqueológico porque un hombre lo trajo. Así que es indispensable tomar en cuenta datos de las ciencias naturales (botánica, ecología, geografía…) y humanas (etnología, etnohistoria…). Primero, el conocimiento de la fenología de las plantas y de sus exigencias ecológicas es primordial para determinar las especies y entender cuales eran sus sitios en los paisajes del pasado. Segundo, los datos etnográficos y etnohistóricos nos dan informaciones acerca de cómo vive y cómo vivía la gente en el lugar y de cómo gestionaba sus recursos. Nos brinda un juego de ideas para pensar a través de las evidencias arqueológicas como herramienta de trabajo.

Método Un carbón de leño es el resultado de una combustión incompleta, que se ha detenido por falta de oxígeno. Es un estado intermedio entre la madera y la ceniza. Lo interesante de este material es que conserva la anatomía interna de la madera, con algunas alteraciones como el adelgazamiento de las paredes de las células o la vitrificación, pero que no impiden su determinación (Chabal et al. 1999). Cada madera tiene una anatomía propia que se observa según tres planos: el corte transversal, perpendicular al tronco; el corte longitudinal radial que sigue los radios en el sentido de la altura y el corte longitudinal tangencial que corta perpendicularmente los radios en el sentido de la altura (fig. 3). Estos cortes permiten observar todos los elementos característicos de la madera, es decir los elementos de conducción (vasos, fibrotraqueidas), de sostén (fibras), de reserva (parénquima, radios) y cómo se organizan entre ellos. La organización de estos elementos varía de una especie a la otra y forma como un documento de identidad para cada taxón, permitiendo determinarlos. 241

La Antracología Aplicada a la Arqueología Peruana… colocamos las iniciales cf (de confere en latin) delante del nombre del taxón. Cuando no se pudo determinar el espécimen, fue clasificado como indeterminado (son 8 indeterminados diferentes), esperando el enriquecimiento de la colección de referencia. Los resultados son presentados en el diagrama, divididos según las fases y los contextos (fig. 4).

Datos de Pampa Chica Muestrario El material arqueobotánico fue recogido a mano o por flotación². Los carbones estudiados en este artículo provienen de los fogones de las estructuras 1 y 2, de la fase F1 de ocupación de Pampa Chica. Hemos elegido este corpus para varias razones. La primera era tener muestras comparables entre ellas porque provienen de contextos similares, es decir fogones. La segunda era tener una homogeneidad de tiempo, los carbones provienen de capas de la fase 1 que es la fase más importante de ocupación del sitio, que empieza por su construcción, y acaba con su primer abandono. Las problemáticas eran ver si se notan diferencias entre los combustibles utilizados en la estructura dedicada a la preparación culinaria y en la estructura cultual; saber cuales eran las zonas ecológicas utilizadas por los antiguos pobladores de Pampa Chica e intentar destacar comportamientos de colecta y utilización de la leña. Hemos estudiado las muestras en su totalidad para las flotaciones 1, 64, 124, 195 y por parte para las demás. El número de carbones estudiado por cada contexto varía mucho dada la diferencia de tamaño de las muestras: de 26 carbones para la muestra más chica hasta 360 para la más grande (Tabl. 1). Las determinaciones fueron hechas gracias a una colección de referencia de maderas de la zona constituida por nosotros. Hemos nombrado las especies con su nombre científico. Si presumimos fuertemente que se trata de una especie, pero que faltan algunos criterios diagnósticos, Especies

Los taxa presentes en Pampa Chica Hemos determinados varios taxa en el material antracológico de los fogones de Pampa Chica. A nivel de especies, hemos encontrado : - el “pájaro bobo” (Tessaria integrifolia R&P – Asteraceae fig. 5). Sus características resaltantes son: vasos pequeños, aislados, poco densos; parénquima paratraqueal; radios interrumpiéndose en el corte transversal (CT). Radios numerosos, heterogéneos, 1-3 seriados, altos (20-50 células de alto) en el corte longitudinal tangencial CLT). - la “lúcuma” (Pouteria lucuma (R&P) Kuntze – Sapotaceae – fig. 7). Se reconoce fácilmente por sus vasos en filas radiales (de 2 a 8) ; el parénquima se encuentra en bandas estrechas tangenciales en alternancia con bandas de fibras gruesas en el CT. - probablemente la “palta” (Persea americana Mill. – Lauraceae – fig. 9). En CT, los vasos son aislados o agrupados por 2-3, las fibras son muy finas y el parénquima casi ausente. En CLT, los radios son homogéneos 1-2 seriados cortos, las perforaciones son simples y a veces escalariformes (4-6 barras).

F1B

F1A Estr. 1

Estr. 1 Estr. 2 Fl#199 Fl#1 Monocotiledoneas Tessaria integrifolia - pajaro bobo

Fl#54

Fl#64

Estr. 2

Fl#38 Fl#105 Fl#124 Fl#61

Fl#71

Fl#186 Fl#194 Fl#195

187

18

91

35

179

100

299

17

178

89

85

120

19

4

79

44

58

5

35

7

111

45

41

4

cf Baccharis sp. - chilcos

5

1

8

14

5

4

3

6

1

3

Asteraceae

4

7

6

8

Inga/Caesalpinia Acacia sp . - faiques

5

3

7 3

4

1

6

5

2

10

1

6

1

1

Acacia/Prosopis Fabaceae Salix sp. - sauces

1

Pouteria lucuma - lucuma

1

4

1

1

2

6

6

34

24 7

7

2

2

1 15

6

3

1

Nolana sp. - nolana

2 1

1

cf Persea americana - palta Desconocido

3

1 2

Desconocido 1

1

1

2

1

1

5

1

2

2

21

1

22

1

5

Desconocido 2 Desconocido 4

2

1

Desconocido 5

1

4

Desconocido 7 Desconocido 8

1

2 1

1

1

1

Desconocido 9

1

Desconocido 10 Sub-total Indeterminables Total

1 235

26

196

111

271

153

360

61

302

8

2

3

1

1

5

7

28

1

243

28

199

112

272

158

367

89

303

173

172

173

189

Tab. 1: Tabla de resultados en valor relativa del análisis antracológico de los fogones de las estructuras 1 y 2 de Pampa Chica

242

137

17 137

La Antracología Aplicada a la Arqueología Peruana… Los fragmentos más grandes nos enseñaron que se trataba de “caña brava” (Gynerium sagittatum (Aubl.) Beauv. – Poaceae).

En algunos géneros es difícil distinguir las especies entre ellas por falta de elementos discriminantes. En este caso, la determinación se queda al nivel del género. Es el caso por: - los “sauces” (Salix sp. – Salicaceae – fig. 8). Las dos especies endémicas de la costa peruana son el Salix chilensis y el Salix humboldtiana. Los dos tienen vasos numerosos, aislados, pequeños; los radios siguen la curva de los vasos en CT. Los radios son uniseriados y cortos (5-10 células de alto) en CTL. - las “nolanas” (Nolana sp. – Solanaceae) tienen vasos muy pequeños, aislados o en filas radiales (2-6), las células de radios tienen más o menos el mismo tamaño que los vasos en CT. Los radios son omnipresentes, heterogéneos 1-3 seriados, mientras los vasos son estrechos en CLT. - los “chilcos” (Baccharis sp. - Asteraceae). Las especies de Baccharis tienen la particularidad de tener vasos pequeños rodeados por parénquima; las células de radios son anchas y estos radios se interrumpen a menudo en CT. Los radios son muy heterogéneos en CLT y en corte longitudinal radial (CLR). - los “espinos” o “faiques” (Acacia sp. - Fabaceae). Las Acacia se caracterizan por vasos grandes, mayormente aislados con parénquima paratraqueal aliforme en CT. Los radios son homogéneos pero de forma irregular. Las puntuaciones de los vasos son ornamentadas en CLT y CLR. La Acacia más frecuente en esta zona es la Acacia macracantha (fig. 10). En otros casos, en el interior de la misma familia, los géneros son muy parecidos entre ellos así que los hemos agrupado: - los géneros Caesalpinia (Fabaceae) e Inga (Fabaceae – fig. 6) tienen puntos en común: los vasos son grandes, aislados o agrupados por 2-3, tienen parénquima paratraqueal en CT. En CLT, los radios son homogéneos 1-seriados en mayoría y a veces 2-seriados. Las dos especies más comunes son la “tara” (Caesalpinia spinosa) y el “pacae” (Inga feuillei). - A veces, no se distingue bien el género Acacia (Fabaceae) del género Prosopis (Fabaceae). El Prosopis tiene vasos grandes aislados con parénquima paratraqueal y fibras gruesas en CT, radios 3-6 seriados homogéneos y fusiformes en CLT. Ya hemos descrito el genero Acacia. Dependiendo del estado de conservación de los carbones y de su tamaño, a veces no hay suficientes criterios presentes para determinarlos más allá de Prosopis/Acacia. En fin, por razones de falta de elementos anatómicos discriminantes y de necesidad de aumentar la colección de referencia, algunos especimenes fueron agrupados por familia: las Fabaceae y las Asteraceae. Las Fabaceae se reconocen por el parénquima paratraqueal en CT, los radios homogéneos y las puntuaciones ornamentadas en CLT y CLR; mientras las Asteraceae se reconocen por sus radios interrumpidos, sus vasos pequeños aislados o en pequeños grupos en CT y sus radios muy heterogéneos y presentes en CLT y CLR. La gran mayoría de carbones estudiados no eran carbones de leña pero de monocotiledóneas. Las monocotiledóneas son plantas como los “juncos”, las “cañas”, el “maíz” que tienen un tallo único y no ramificado (entre otras cosas). Se llaman así porque tienen un cotiledón único a diferencia de los arbustos y árboles que tienen dos. Actualmente, no se pueden diferenciar especies a nivel microscópico, pero se puede a nivel macroscópico.

Fig. 4 : Diagrama antracológico de los fogones de las estructuras 1 y 2 de Pampa Chica. Resultados expresados en %. ●: % inferiores a 1.

243

La Antracología Aplicada a la Arqueología Peruana…

Fig. 6: Inga feuillei (pacay), corte transversal 50x (foto F. Moutarde).

Fig. 5: Tessaria integrifolia (pajaro bobo), corte transversal 50x (foto F. Moutarde).

Fig. 7: Pouteria lucuma (lucuma), corte transversal 50x (foto F. Moutarde).

Fig. 8 : Salix chilensis (sauce), corte transversal 50x (foto F. Moutarde).

Fig. 9 : Persea americana (palta), corte transversal 50x (foto F. Moutarde).

Fig. 10 : Acacia macracantha (faique), corte transversal 100x (foto F. Moutarde).

244

La Antracología Aplicada a la Arqueología Peruana… El único espécimen de planta de lomas encontrado fue un carbón de “nolana” (Nolana sp. – Fl#38) las otras especies quedando ausentes. Una especie importante de loma es el “mito” (Carica candicans) pero no da carbones, su estructura leñosa fofa siendo demasiado frágil (experimentación personal), lo que puede explicar su ausencia en el material de Pampa Chica. Parece que no utilizaron las otras especies de lomas citadas. Tenemos un espécimen actual de cada una entonces esta ausencia no corresponde a una laguna en la colección de referencia. Podemos proponer dos explicaciones: o estas plantas no existían en estas lomas en esta época; o la gente de Pampa Chica utilizaba muy poco los recursos vegetales de la loma. Vacilamos del lado de la segunda, dado que primero son formaciones vegetales muy antiguas, segundo hemos encontrado solamente un espécimen de Nolana sp. y tercero A. Chevalier (2002) no encontró muchos restos de plantas de lomas en el material carpológico de Pampa Chica, solo algunos de “nolana” (Fl#1, 199) y de “mito” (Fl#1). Además, no parece que la gente de Pampa Chica tenía una actividad de ganadería y las lomas interesan sobre todo los ganaderos porque proporcionan pasto en invierno. Aparentemente la gente de Pampa Chica utilizaba con poca frecuencia la loma como lugar de aprovisionamiento en recursos vegetales.

Si las monocotiledóneas dominan en todas las flotaciones cual sea el contexto o la estructura, se destaca también que el “pájaro bobo” (Tessaria integrifolia) está bien representado y sobre todo en la estructura 2 tanto en la época F1A como en F1B. Para las demás taxa, no se destaca una en particular; funcionan como un ruido de fondo generalizado, a parte de un indeterminado (el 4) que resalta en los fogones de la fase F1A en la estructura 1

Discusión Las áreas de colecta de la leña El monte ribereño Viendo los resultados, podemos notar que la gran mayoría del combustible utilizado en los fogones de Pampa Chica proviene de los bordes del río. En efecto, la “caña brava” (Gynerium sagittatum), el “pájaro bobo” (Tessaria integrifolia), los “chilcos” (Baccharis sp.), los “sauces” (Salix sp.) son especies muy representativas del monte ribereño. En casi todos los casos, adicionando los porcentajes de estas especies, llegamos al 80-90 % del combustible utilizado. Parece que la gente de Pampa Chica bajaba al río para recoger la leña, y que se concentraba primero en la “caña brava” y luego en el “pájaro bobo”, los “chilcos” o los “sauces”. En todos los casos son especies suaves para cortar, tal vez porque no había herramientas para cortar maderas duras (estas herramientas no fueron encontradas) o simplemente porque era lo más fácil. Es sorprendente la superabundancia de cañas en el material antracológico de Pampa Chica. Una hipótesis es que esta gran proporción de “caña brava” es el testigo de incendios de techos de las estructuras excavadas. Pero se encuentra así en todos los contextos, incluso en los que se ubican en zonas abiertas. Por lo tanto, lo que tenemos aquí fue utilizado a propósito como combustible. La “lúcuma” (Pouteria lucuma), las fabaceae (Acacia sp., Inga sp., Caesalpinia sp., Prosopis sp.) y la “palta” (Persea americana) son taxa que se pueden encontrar en el monte ribereño o en las tierras de cultivo. Estos árboles dan frutos, sombra, forraje así que no hay interés en cortarlos como leña. Eso puede explicar la débil cantidad de estas especies en los carbones de Pampa Chica, lo que no quiere decir que no había árboles de “lúcuma” o “palta” en los alrededores del sitio. Los taxa como el algarrobo (Prosopis sp.), los faiques (Acacia sp.) y las taras (Caesalpinia sp.) pueden crecer tanto al borde del río como en zonas áridas. Según Weberbauer (1945), el faique (Acacia macracantha) y el pacae (Inga feuillei) son parte del cortejo de borde de río, pero se encuentran también en las pendientes rocosas. Así que no son buenos indicadores de medios.

Otros Se sabe que los antiguos peruanos utilizaban los coprolitos animales, sobre todo de llamas, como combustible (Lavallée et al. 1985, Johanessen y Hastorf 1990). Fue y sigue siendo el caso en las regiones del altiplano o de la puna donde casi no hay vegetación leñosa. En Pampa Chica, los coprolitos aparecen raramente en los fogones. Son presentes en los contextos Fl#199, 38, 105, 195 (Chevalier 2002). No es sorprendente porque como ya lo hemos mencionado, no se practicaba ganadería en el sitio y aparentemente había suficientemente leña en los alrededores para abastecer el sitio en combustible.

Diferenciación entre las dos estructuras Recordemos que hay una diferencia fundamental entre la estructura 1 y la estructura 2: se supone que en la estructura 2 preparaban la comida necesaria a los ritos practicados en la estructura 1 (Dulanto 2002). Queríamos averiguar si se encontraban los mismos combustibles en las dos estructuras o si utilizaban combustibles diferentes según las actividades practicadas. En los dos casos, la pareja Monocotiledóneas/Tessaria integrifolia forma el 80-90 % del corpus antracológico. Sin embargo, hay mucho más “pájaro bobo” (Tessaria integrifolia) en los fogones de la estructura 2 que en los de la estructura 1. A primera vista, las cañas son combustibles que sirven para prender el fuego porque se encienden fácilmente y queman en poco tiempo. Si en la estructura 1 los fogones servían solamente para los ritos, tal vez no necesitaban más que un fuego vivo pero que no durara. En este caso, las cañas serían suficientes y adecuadas. Para cocinar, la fase de encendido del fuego siempre es importante, pero se necesita sobre todo leña que dure todo el tiempo de la preparación culinaria, lo que explicaría que había, proporcionalmente, más “pájaro bobo” en la segunda

Las lomas La semblanza típica de las plantas leñosas de loma, en el caso de las lomas de Atocongo, las más cercanas al lugar, sería según M. O. Dillon (com. perso): Nolana humifusa, Scoparia dulcis, Nicotiana paniculata, Croton alnifolius, Trixis cacalioides, Carica candicans, Encelia canescens, Dicliptera tomentosa, Heliotropium arborescens, Stevia melissaefolia. 245

La Antracología Aplicada a la Arqueología Peruana… estructura dedicada a esta actividad. Es una hipótesis que habría que averiguar con estudios llevados a cabo en contextos similares y con el estudio del poder calorífico de estas dos especies. Al nivel de riqueza taxonómica, los fogones de las 2 estructuras tienen entre 6 y 12 taxones diferentes (conocidos y desconocidos), es decir que son bastante homogéneos. En los contextos Fl# 38 y 124, pertenecientes a la fase 1 de la estructura 1, se nota una fuerte presencia de una especie que hasta ahora no ha sido determinada. Quedando pendiente su determinación, cuando se tenga una colección de referencia más completa, podríamos decir si se trata de una especie con valor simbólico o no, como el “lloque” (Kagenackia lanceolada) o el “quinual” (Polylepis racemosa), citados como especies sagradas en el manuscrito de Huarochirí (Taylor 1980).

Notas 1- Los carporestos son las semillas o frutas fósiles 2- 178 recojos manuales fueron hechos durante la excavación y 251 muestras de sedimentos de 3 litros cada una fueron flotadas y separadas por A. Chevalier (arqueobotánico, Universidad de Genova).

Agradecimientos Quisieramos expresar nuestros agradecimientos al arqueólogo J. Dulanto y al Dr Makowski (PUCP) por facilitarnos el acceso al material de Pampa Chica; al Dr Chevalier (Universidad de Genova) por su trabajo de recolección y separación del material botánico; al biólogo M. Charcape Ravelo (Universidad Nacional de Piura) y al biólogo J. Mostacero León (Universidad Nacional de Trujillo) por su ayuda al momento de constituir la colección de referencia de maderas peruanas sin la cual este trabajo no hubiera dado resultados.

Conclusiones 80 y 90% del combustible utilizado en los fogones de Pampa chica era compuesto de caña brava, pájaro bobo, chilco y sauce. Sugiere que la gente de Pampa Chica iba a buscar su combustible mayormente en el borde del río, porque se trata de especies de borde de río, y a veces en las otras zonas ecológicas próximas al lugar como las lomas o las tierras arables. La predominancia de unas especies se puede explicar de dos maneras. O había una selección fuerte de algunas especies porque eran numerosas y/o fáciles de cortar o con propiedades particulares; o había una selección de las zonas de colecta del combustible tal vez en función de las actividades diarias: la agricultura se practicaba en borde de río de donde proviene la mayoría de la leña. Utilizaban combustibles omnipresentes en el paisaje (“caña brava”, “pájaro bobo”) y completaban esta colecta con madera recogida de manera oportunista: podemos imaginar que recogían las maderas muertas o secas que encontraban en camino o mientras se dedicaban a sus actividades cotidianas. La vegetación pasada de borde de río parece bastante similar a la actual, compuesta en mayoría por “cañas bravas”, “pájaros bobos”, “sauces”, “chilcos”. No se nota una selección de especies según las actividades: los mismos combustibles eran utilizados en contexto de preparación de alimentos y en contextos rituales. Este estudio es un primer paso hacia el conocimiento de la gestión de los recursos leñosos por los antiguos peruanos que habría que poner en relieve con otros estudios del mismo tipo. La multiplicación de estudios similares nos permitirá ver la evolución de los paisajes vegetales en el pasado, destacar comportamientos de recolección de leña, de gestión de los recursos, y aislar utilizaciones particulares del combustible según las actividades humanas.

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ESTUDIO ARQUEOMETRICO DE LOS TOCADOS FUNERARIOS MAYAS Estudio arqueométrico de dos tocados funerarios mayas del Clásico Tardío localizados en Calakmul, MéxicoDEL CLASICO TARDIO LOCALIZADOS EN CALAKMUL, MEXICO*. Renata GARCIA-MORENO Résumé : Cet article présente l’étude archéométrique de deux coiffures funéraires, localisés dans les sépultures royales du site archéologique de Calakmul au Mexique. Ces objets en support végétal polychrome font partie de la parure funéraire d’un dignitaire et d’une femme de la noblesse, inhumés dans deux sépultures adjacentes du début du VIIIe siècle. La rare conservation de leur support organique a permis, pour la première fois, l’approche de leur technologie. Cette recherche, faite au sein de l’Université de Paris I et du Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF, Louvre) a fait appel à diverses techniques d’examen et d’analyse complémentaires : la microscopie optique, la microscopie électronique à balayage, couplée à un détecteur élémentaire, la diffraction de rayons X, et la micro spectrométrie Raman. Les résultats ont permis de mieux connaître le choix des matières premières et leur technologie, en montrant un haut degré de spécialisation dans les traditions picturales et dans l’utilisation d’objets rituels des Mayas anciens.

Abstract : This paper presents an archaeometric approach of the two unique elite funerary headdresses found in the royal tombs of Calakmul, Mexico. These polychromed vegetal-structure headdresses were worn by a VIII century dignitary and a noble woman, who were buried in adjacent tombs. The rare conservation of the organic nature of these objects allowed to carry out a technological research with the collaboration of the University of Paris I and the Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF, Louvre). The complementary analytical techniques applied were optical microscopy, scanning electronic microscopy (SEM-EDS), X-Ray diffraction and Raman micro-spectrometry. The results permitted to contrast both headdresses in order to infer anthropological aspects concerning the Maya technological high specialisation procedures, which might reflect social hierarchical functions through the elaboration and the use of these ancient Maya ritual implements.

Antecedentes En 1997, las excavaciones en la subestructura II-B de Calakmul, Campeche llevaron al descubrimiento de la sepultura de Yuknoom Yich’ aak K’ak’, fallecido cerca del año 700 d.C. En una segunda cámara funeraria, adosada a la tumba del dignatario, una mujer joven y un niño fueron enterrados como sus acompañantes (Carrasco et al, 1999). Excepcionalmente, formando parte del ajuar funerario, algunos objetos y vestigios elaborados a partir de materiales de origen orgánico fueron localizados. A pesar de que presentaban un avanzado estado de descomposición, fue posible identificar los diversos objetos y su orden de deposición en ambos entierros, a través de una excavación minuciosa realizada paralelamente a los tratamientos de conservación in situ. Entre los objetos frágiles destacan dos tocados funerarios, portados por el dignatario y por la mujer acompañante. Ambos fueron elaborados en soportes de origen vegetal, cubiertos de estuco polícromo. El tocado del dignatario además fue decorado con un mosaico de piedra verde y de concha. Restos similares de tocados han sido reportados como parte del mobiliario de otras sepulturas en sitios como Tikal, Río Azul, Dos Pilas y recientemente, en El Perú (Hellmuth 1997; Adams 1986; Grube 1991; Freidel 2004 com. pers.). Así los tocados de Calakmul son, hasta la fecha, objetos únicos conservados en su género, no sólo para Calakmul sino para el área Maya, por lo que fueron sujetos a un estudio formal, tecnológico y simbólico. Con ello se buscaba documentar por vez primera estos tocados, lo cual no sólo permitiría llevar a cabo su restauración, sino sobretodo conocer de una manera

objetiva estas prendas esenciales de la indumentaria prehispánica de uso ceremonial y ritual. Las diferencias formales entre ambos tocados eran evidentes desde la excavación, sobretodo por la técnica decorativa a base de mosaico presente en el tocado del gobernante. Este es una compleja escultura, cuya base representa una gran cabeza o máscara de divinidad zoomorfa. La presencia de dos ojos en forma de L permiten asociarlo a una divinidad solar. Sobre esta cabeza se despliega una composición de figurillas modeladas en alto relieve, recubiertas de teselas de piedra verde y de concha rosa. La interpretación iconográfica publicada recientemente propone que los elementos de este tocado aluden a la identidad del dignatario Yich´aak K´ak´ o Garra de Jaguar. Formando un eje central se sobreponen un torso humano, probablemente representando al ahau o a algún ancestro, una pata de jaguar (sus huesos unguinales conservados en posición anatómica fueron identificados como de Panthera onca) y una cabeza de serpiente que estaría asociada al cuxcabal Ka´an (Reino de la Cabeza de Serpiente). Los perfiles esquemáticos de serpientes dispuestos lateralmente y una serie de círculos de concha nácar que enmarcan la composición son motivos comúnmente representados en los tocados de los personajes esculpidos en las estelas del período Clásico en el área Maya (GarcíaMoreno 2004). La compleja composición iconográfica y la suntuosidad de los materiales utilizados en el mosaico contrastan con la decoración abstracta y sobria del tocado de la acompañante, formado por un relieve de estuco polícromo. La ausencia de los bordes de esta prenda limitan su lectura iconográfica. Sin embargo, la conservación de los materiales permitió llevar a cabo su estudio tecnológico detallado.

247 *El presente artículo fue extraído del trabajo de DEA titulado Les coiffures funéraires de Calakmul, Campeche, Mexique: technologie et symbolisme,dirigido por el Dr. Eric Taladoire en la Universidad de París I.

Estudio arqueométrico de dos tocados funerarios mayas del Clásico Tardío localizados en Calakmul, México

azul verde rojo

Unguinal jaguar mosaico concha negro palma Cráneo ocre

.

Fig. 1 Tocado del dignatario in situ

Fig.2

Tocado de la acompañante restaurado

es suficiente. A partir de los años 1970, la clasificación de objetos ha buscado una mayor precisión y se ha apoyado en diversas disciplinas que permitan un estudio lo más detallado posible. En este sentido los métodos analíticos físico-químicos han tomado un lugar preponderante. Desarrollados prioritariamente para el estudio de materiales en general, éstos han sido cada vez mejor adaptados y utilizados en arqueología. Hoy en día la conjunción de técnicas de excavación, de conservación y de análisis permite que este tipo de estudios se extienda aún a materiales frágiles y degradados, permitiendo extraer datos concretos y a veces sutiles de gran utilidad en las interpretaciones. Así el protocolo de investigación utilizado para los tocados funerarios de Calakmul incluyó una serie de técnicas y métodos analíticos complementarios que nos permitieron la identificación de sus materiales constitutivos. El protocolo de estudio en laboratorio siguió dos fases : - La primera consistió en la examinación de materiales por medio de la microscopía. Aquí se buscaba conocer la estratigrafía y caracterizar el aspecto físico de los materiales, sobretodo en lo que se refiere a las marcas de manufactura y desgaste, y en general, al estado de conservación. - La segunda fase se centró en la identificación de los materiales constitutivos. Cabe señalar que hay dos niveles de

Las evidencias formales constituyeron el punto de partida de un estudio comparativo, para profundizar los aspectos tecnológicos. Así, este trabajo realizado en la UMR 8096 Archéologie des Amériques de la Universidad de París I en convención con el Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF), implicó un estudio específico de las técnicas de manufactura empleadas en ambos tocados. El objetivo era obtener datos concretos que fueran válidos para determinar si los tocados fueron elaborados con las mismos materiales y técnicas. Los análisis serían, asímismo, útiles para interpretar si fueron elaborados o no en un mismo momento y conocer mejor la especialización en este campo. Finalmente se buscaba información que reflejara aspectos de la organización social, particularmente los procesos de producción y de los valores funcionales y simbólicos implicados en el uso de estas prendas reservadas a la élite.

La arqueometría como método de estudio de los tocados Para el estudio material de los vestigios arqueológicos y de sus diferentes asociaciones con el contexto de enterramiento, la clasificación y la descripción general de los vestigios no 248

Estudio arqueométrico de dos tocados funerarios mayas del Clásico Tardío localizados en Calakmul, México identificación de materiales. Por una parte existen las técnicas que revelan la presencia de elementos químicos, sin detallar sus posibles combinaciones y por otra parte, están aquellas que identifican propiamente las moléculas químicas. Lo anterior es un punto crucial que debemos tener presente en este tipo de investigaciones. Dentro del primer grupo incluímos al microscopio electrónico de barrido (MEB-EDS), indispensable para tener un primer acercamiento que permita planificar el resto de los análisis. Si bien a partir de estos resultados, en ciertos casos, es posible deducir de qué materiales se trata, para otros, los resultados obtenidos permanecen generales y es necesario recurrir al segundo tipo de técnicas (DRX) que precisan la composición molecular. Sólo así es posible identificar las recetas de las bases de preparación, los aglutinantes y los pigmentos de los vestigios arqueológicos.

El muestreo El muestreo, preferentemente llevado a cabo durante la excavación, necesita de la comunicación y del trabajo interdisciplinario a lo largo del trabajo en campo y en laboratorio. De otra forma, la información presente en los objetos puede perderse tanto por las técnicas de excavación inadecuadas o por una aplicación indiscriminada de tratamientos de restauración. En el presente caso, las muestras de pintura se componen de escamas y de pequeños fragmentos de pastas recolectados durante la excavación. Ningún tratamiento de conservación fue aplicado a estas muestras para no interferir en los análisis.

dos modalidades diferentes. De una parte se pueden obtener imágenes que corresponden a los electrones secundarios, que muestran la estructura de la superficie o la topografía de la muestra. En el otro tipo de imágenes por electrones retrodispersados, el contraste de grises corresponde al peso atómico de cada elemento químico. Así las zonas más luminosas indican la presencia de elementos pesados, y en obscuro los elementos más ligeros. El detector de elementos químicos (EDS) permite la identificación por dispersión de energía, que se recupera en forma de espectro. La difracción de Rayos X La incidencia de rayos X revela en un difractograma la presencia de todos los componentes de la muestra con estructura cristalina, indicando su composición molecular, más no su localización precisa en la muestra. De esta forma, el complemento con el MEB-EDS es esencial para interpretar los resultados. Para el análisis de pigmentos, se utilizaron directamente las escamas de pintura sin preparación alguna y para el caso de las pastas de modelado se recurrió a la pulverización de la muestras. La microspectrometría infrarojo Raman Esta técnica presenta la ventaja de analizar tanto objetos completos como cortes transversales de muestras. La identificación de la estructura molecular se basa en el tipo de vibraciones características de sus enlaces químicos. En el presente caso su aplicación se reveló indispensable para detectar la presencia de colorantes y complementar la caracterización de los pigmentos.

Las técnicas analíticas Después de la examinación de los materiales bajo el microscopio estereoscópico, se prepararon los cortes transversales de las diferentes pastas de modelado y de las capas pictóricas. Las muestras de pintura de aproximadamente 1 mm2 de superficie fueron incluídas en cubos de resina sintética; posteriormente fueron cortados transversalmente y pulidos para obtener una superficie regular que permitiera la observación de los diferentes estratos de pastas de modelado, bases de preparación y policromía.

La estratigrafía de los tocados Los soportes Primeramente, la identificación del soporte vegetal fue realizada en los laboratorios de Paleobotánica del INAH*, México, por los biólogos Fernando Sánchez Martínez y José Luis Alvarado. Las estructuras de los tocados fueron hechas con fibras de tallo de una monocotiledónea. Las dimensiones y la estructura de las fibras señalaban que se trataba de haces de fibras extraídos del tronco de una palma. Si bien las palmas no forman parte de la flora original de Calakmul, éstas se presentan en las cercanías. El área de Río Bec sería el caso más próximo de una zona de fácil acceso y de frecuente intercambio para los habitantes de Calakmul (García-Moreno y Granados, 1998). El tocado del dignatario presentaba une espiga de madera en el centro del soporte, posiblemente con la finalidad de asegurar una estabilidad al tocado que llevaría un importante peso por su decoración en mosaico. Alrededor del eje de madera, las fibras longitudinales de palma fueron aglutinadas entre sí, después de una impregnación de cal y de un adhesivo protéico (colágena). Estas mismas fibras se utilizaron para elaborar el soporte del tocado de la acompañante, pero éste se diferencia del primero por la ausencia del adhesivo.

Las pruebas microquímicas Estas se basan en reacciones químicas provocadas por reactivos específicos. Los resultados positivos son evidentes por cambios perceptibles visualmente, ya sea por un cambio de color, efervescencia u otras modificaciones de la materia a analizar. En este caso las pruebas se realizaron para detectar la presencia de materias protéicas y de sacáridos que pudieran haber sido utilizados como aditivos y aglutinantes de las pastas de modelado, los enlucidos y la policromía. La microscopía óptica Se observaron por una parte la superposición de estratos correspondientes a las aplicaciones sucesivas de las bases de preparación, adhesivos y pigmentos. Una primera caracterización de la granulometría de las pastas se llevó a cabo en esta fase.

Las pastas de modelado y las bases de preparación El tocado de la acompañante fue realizado utilizando un solo tipo de estuco. Este consiste en una mezcla de cal, que presenta cargas de arenas calcáreas o sascab de granulometría media (Fig. 3B). Las pastas de es-tuco del tocado del gobernante presentan algunas variaciones de calidad. La granulometría es distinta pero en todos los casos

La microscopía electrónica de barrido acoplada a un detector elemental (MEB-EDS) El microscopio electrónico de barrido (MEB) se utiliza para examinar las muestras por imágenes en blanco y negro en 249

Estudio arqueométrico de dos tocados funerarios mayas del Clásico Tardío localizados en Calakmul, México se trata de una pasta de cal mezclada con el mismo tipo de arena. La presencia de magnesio en todos los casos parece estar asociada a la presencia de arcillas montmorilloníticas asociadas a la piedra caliza de Calakmul. Otra pasta fue utilizada como base de modelado exclusiva de los elementos decorados con concha. Se trata de una pasta a base de arcilla ferruginosa, con grandes cargas de caliza molida y partículas de sílice. Concierne una pasta de granulometría muy gruesa, superior a 50 micras (Fig. 3 A). En el caso de los colmillos rojos de la gran máscara de divinidad solar, el enlucido final fue hecho de yeso y no de cal (Fig. 3 C). Este material se encuentra frecuentemente como componente de los suelos en la zona de Calakmul. Con los reactivos de negro-amida (NA2) se identificó la presencia de aglutinantes protéicos a base de colágena en las fibras vegetales que componen la estructura del tocado del gobernante. En el mismo tocado los colores rojo y azul presentaban un encolado de un adhesivo protéico para fijar el pigmento. En el tocado de la acompañante ningún residuo de este tipo fue localizado. La examinación con luz ultravioleta no reveló la presencia de material orgánico, como resinas, que hubieran podido ser utilizadas como aditivos en las pastas y pigmentos. La presencia de material orgánico en el tocado de la acompañante se detectó, de manera general, mediante los análisis microquímicos y, posteriormente, durante la examinación en el MEB. Se observan oquedades dispersas en las pastas de modelado. Es posible que estos espacios hayan estado ocupados por materia orgánica durante el fraguado de la cal y que, posteriormente, se hayan descompuesto a lo largo del tiempo de enterramiento. Se trata de materiales poco estables, cuyos restos en ocasiones son solamente residuos de baja concentración. El deterioro de este tipo de componentes aumenta la dificultad que presenta hoy en día la identificación precisa de las especies utilizadas.

B

C Fig. 3 Tres tipos de pastas distintas: A) Estuco con cargas de cuarzo de granulometría gruesa; B) Estuco de granulometría media; C) Preparación homogénea de sulfato de calcio. La policromía Los colores presentes en el tocado del dignatario son rojo, verde, azul y negro. El tocado de la acompañante presenta la misma paleta cromática además de un ocre intenso. En las siguientes imágenes se observa un detalle del estrato pictórico verde (Fig. 4 A), donde podemos confirmar la utilización de la malaquita dispersa en una matriz de cal; el mismo pigmento fue identificado en ambos tocados. El ocre a base de óxidos de hierro (goethita) se presenta únicamente en el tocado de la acompañante (Fig. 4 B). En ambos casos los estratos azules presenta un aspecto vítreo en el microscopio óptico. Su aspecto en el MEB es homogéneo y muy compacto. Mediante la técnica Raman se reveló la presencia de indigotina en la matriz arcillosa rica en magnesio de tipo montmorillonítica. Así se trata de dos casos de azul Maya, con diferentes espesores y diferente

A

250

Estudio arqueométrico de dos tocados funerarios mayas del Clásico Tardío localizados en Calakmul, México bastante recurrente en la manufactura de los tocados, sobretodo para la fijación de los pigmentos rojo y azul. Este tipo de adhesivo sería en efecto un tipo de cola preparado a partir de piel o de huesos de animales. Así se infiere que estos tocados fueron policromados sobre un soporte previamente seco. No se trata de una aplicación al fresco, ya que los cristales de pigmento rojo no se presentan englobados por la recristalización de la cal en superficie.

concentración de índigo en la mezcla para lograr variaciones en las tonalidades (Fig. 4 C). En el caso de rojo se contrasta la combinación de cinabrio con hematita en el tocado del ahau, contrariamente al uso exclusivo de hematita en el tocado de la acompañante. El alto peso atómico del cinabrio se observa claramente, así como el reducido tamaño de sus cristales que varían de 1 a 5 micras (Fig. 4 D). Entre los aglutinantes de la capa pictórica, la utilización de un adhesivo protéico a base de colágena parece haber sido

A

C

B

D Fig. 4 Cortes transversales de pintura A) verde: malaquita B) ocre : goethita, C) azul maya, D) rojo de cinabrio. (García-Moreno)

251

Estudio arqueométrico de dos tocados funerarios mayas del Clásico Tardío localizados en Calakmul, México

Pigmento rojo : sulfuro de mercurio (cinabrio)

Pigmento verde : Mezcla de carbonato de cobre (malaquita) con presencia de fosfato de cobre y zinc (veszelita)

Pigmento ocre : a base de óxidos de hierro (goethita)

Pigmento negro : hueso carbonizado

Pigmento negro : Carbón

Fig. 5 Espectros de los pigmentos obtenidos por MEB-EDS

252

Estudio arqueométrico de dos tocados funerarios mayas del Clásico Tardío localizados en Calakmul, México tocados es en el uso de cinabrio en los colmillos de las fauces de la máscara de deidad del tocado real. La mezcla con hematita pudo haber sido efectuada para crear una tonalidad mas brillante que la hematita sola, o bien como parte de un ritual. La diferencia en el uso de otras materias primas de alto valor, como la concha anaranjada y la jadeíta, podría indicar de la misma forma una finalidad ritual. La alta calidad de la jadeíta utilizada y una evidente reutilización de las piezas para la elaboración de las teselas indican una vez más el alto valor que este material presentaba para la sociedad Maya. Las variantes en el uso de materiales podría reflejar una estratificación interna de la élite de Calakmul. Estas diferencias también podrían adjudicarse a un uso específico asociado a una tipología de tocados según el peso y la función de cada persona dentro de las ceremonias. Es posible que cada material haya tenido valores simbólicos específicos que los víncularan directamente a ciertos motivos iconográficos. Comparando los materiales arqueológicos y las representaciones de tocados en las estelas y en la pintura de la cultura Maya, podemos ver que existen asociaciones recurrentes entre los elementos y los materiales. La selección de cada uno parece haber tenido un fundamento, ya sea por sus cualidades físicas como el color, la textura y la temperatura (material considerado frío o caliente) o bien por el origen y el medio en el que se originan (medios acuáticos, volcanes, etc.), sobretodo en los objetos rituales y en la vestimenta. En el presente caso, estas asociaciones se observan claramente en la selección de teselas de jadeíta. Los círculos de concha nácar tienen sus análogos en la pintura y escultura e invariablemente se presentan pintados de blanco. Es posible que estén asociados a la simbología del agua. La utilización de una pata real de jaguar y no de una escultura que la represente nos confirma una vez más la importancia que se le daba a la materia prima como vehículo de símbolos. Así el valor de sacralidad de los objetos rituales se fundaba tanto en las formas como en los materiales utilizados. Acaso los elementos y el colorido encontrado en este par de ejemplos podría llevarnos a profundizar y a replantear interpretaciones en el estudio de la escultura Maya, donde la mayor parte de los vestigios ha perdido su policromía?

Reflexiones sobre los resultados obtenidos El estudio arqueométrico permitió identificar los materiales constitutivos de los dos tocados funerarios del período Clásico Tardío. Así fue posible comparar las técnicas de manufactura y llegar a la conclusión de que pertenecen a una misma tradición artesanal. Sin embargo, existen diferencias concretas, sobretodo a nivel de las pastas de modelado. La calidad de las pastas de cal o de estuco presentan una composición distinta. Las diferencias indican que se trata de dos procedimientos similares, más no de recetas idénticas. Por lo tanto se interpreta que cada tocado fue elaborado de manera independiente, posiblemente por diferentes artistas y en momentos distintos. El tocado de la acompañante pudo haberse fabricado para la ceremonia funeraria. Sin embargo, el tocado del gobernante a base de figurillas prácticamente en bulto exento cubiertas de teselas se muestra como un objeto mucho más elaborado, que seguramente requirió de numerosos procesos en su manufactura : la composición del mosaico, la selección de la piedra, el corte de teselas, el pulido, los retoques y el montaje. Cabe señalar que entre las teselas de jadeíta podemos distinguir dos calidades en la manufactura. Existe un grupo de teselas cuyos bordes fueron tallados para realizar empates bien ajustados y por otro lado se encuentran aquellas irregulares hechas a partir de pedaceria insertadas en las pastas. Las separaciones entre las teselas fueron pintadas de verde para dar uniformidad al mosaico. Entre las teselas las variaciones de color son muy importantes y aún las lazcas de dimensiones milimétricas fueron aprovechadas para la elaboración del mosaico. Lo anterior nos habla de un máximo aprovechamiento de este material sagrado. Asimismo una de las teselas de dimensiones importantes muestra una decoracion por incisión, lo cual indica claramente que este fragmento formaba parte de otro objeto que fue recortado y tallado por segunda vez. La constante detección de magnesio como componente de las pastas de estuco indica que la cal contenía partículas arcillosas. Este tipo de componentes es frecuente en las rocas calizas tanto de Calakmul como de otros sitios aledaños. En cuanto a la paleta cromática presente en ambos tocados, vemos que hay una utilización prioritaria de minerales de origen ígneo, que provienen de intercambios con otras regiones. El caso más evidente de productos importados es el tocado del dignatario, que presenta teselas de jadeíta y de concha, provenientes posiblemente del valle de Motagua en Guatemala y de ríos cercanos para el material conquiliológico. Los elementos de piedra verde y de concha del tocado del dignatario son sujetos de investigaciones específicas. Las teselas de jadeíta se encuentran actualmente bajo estudio en el C2RMF, la concha ha sido analizada por la arqueóloga Marinés Colón en el Instituto de Investigaciones Antropológicas en la UNAM (Chen y García-Moreno 2003; Colón 2001). La voluntad de crear diferentes tonalidades y colores es palpable en el arte Maya. El manejo del color a través de modificaciones de las recetas es patente en el presente caso. La similitud en el tipo de pigmentos, nos indica la existencia de una tradición pictórica con fuentes materiales de exportación, provenientes de las zonas volcánicas. La única diferencia substancial entre los dos

Perspectivas La combinación del estudio formal y material de estos objetos nos permite tener un acercamiento a otros vestigios arqueológicos, especialmente a las representaciones de tocados en las esculturas y pinturas mayas. En la mayoría de los casos, la manera de representar los elementos no es muy clara, y la ausencia de vestigios reales dificulta la interpretación que se hace de ellos. Esta investigación tiene la intención de conocer mejor los materiales utilizados para la elaboración de los objetos, familiarizarse con las técnicas artísticas, los gustos y la estética del momento, con el fin de permanecer en una vía lo más objetiva posible en el estudio de la historia del arte y de la cultura maya. Sin embargo, hoy en día las técnicas y los métodos de investigación de estos materiales se encuentran en un intenso desarrollo, por lo que en un futuro próximo nuevas técnicas serán mejor aptadas para recuperar estos datos que hoy consideramos prácticamente perdidos. De aquí la importancia de mantener la conservación de las piezas y así 253

Estudio arqueométrico de dos tocados funerarios mayas del Clásico Tardío localizados en Calakmul, México afinar este tipo de estudios que nos revelan diferencias concretas que reflejen la variedad y la especialización tecnológica desarrollada, como en el caso de los tocados funerarios de Calakmul. Queda abierta la posibilidad de que estos tocados hayan sido elaborados en Calakmul utilizando materiales de importación, o bien, como objetos importados. Cabe señalar que actualmente profundizar en este sentido es una posibilidad que depende de un conocimiento profundo del medio ambiente y de sus variaciones regionales. Aquí vemos nuevamente que las posibilidades de la arqueometría permanecen inagotables por el momento. La evolución de las técnicas y el aumento del número de proyectos interdisciplinarios que ven este fin es tan sólo el comienzo del desarrollo de investigaciones tecnológicas. El esclarecimiento de diferencias puntuales de los vestigios será posible conforme los hallazgos se multipliquen y un protocolo de estudio material se vea cada vez mas generalizado.

mismo de un banco de muestras que puedan ser analizadas en un futuro. Con lo que respecta al método de estudio analítico, es posible aplicarlo al estudio de materiales pictóricos de soporte diverso, con lo cual los resultados obtenidos podrían ser comparados para comprender y caracterizar mejor las tradiciones pictóricas mesoamericanas. Las grandes semejanzas en el uso de materiales y técnicas de aplicación con la pintura mural facilita el comienzo del estudio comparativo con una perspectiva a nivel regional y temporal. Las técnicas analíticas hoy en día empleadas, permanecen en constante evolución y diversificación. Los límites de cada técnica van siendo aminorados, y las adaptaciones para la elaboración de materiales de forma no destructiva son cada día más importantes. Por consiguiente, es conveniente tener en cuenta que ningún estudio arqueométrico es por el momento exhaustivo. Nuevas técnicas en un futuro próximo permitirán profundizar y llevar a cabo este tipo de análisis de manera sistemática. El trabajo interdisciplinario en este sentido es la única vía para

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Analyses préliminaires de caractérisation de supports et de pigments de reliefs polychromes, Huaca de la Luna…

ANALYSES PRELIMINAIRES DE CARACTERISATION DE SUPPORTS ET DE PIGMENTS DE RELIEFS POLYCHROMES, HUACA DE LA LUNA, TRUJILLO, PEROU*. Véronique WRIGHT

Resumen :

El descubrimiento de relieves polícromos Mochicas (1o - 9o siglos d.C.) en la Huaca de la Luna (sitio de Moche, Trujillo, Perú), por Santiago UCEDA y Ricardo MORALES, ha conducido a los arqueólogos y a los arqueómetros a desarollar varias problemáticas de investigación. Nuestro estudio busca caracterizar los pigmentos y su soporte para profundizar el conocimiento sobre la tecnología artística Mochica. Con los datos obtenidos, sería posible desarollar un protocolo eficaz de restauración / conservación de este patrimonio mundial en peligro. Nuestra investigación ha dado muchos resultados y nos ha permitido disponer de nuevos datos capitales para la comprensión de las técnicas artísticas aplicadas en este sitio. Así, estas informaciones constituyen un estudio preliminar que nos permitirá proseguir nuestras investigaciones sobre la civilización Mochica.

Abstract :

The discovery of Mochicas polychromatic reliefs (1st - 9th centuries AD) in the Huaca de la Luna (Moche site, Trujillo, Peru), by Santiago Uceda and Ricardo Morales, led archaeologists and archeometers to develop several research problematic. In this study, our goals were to characterize the colouring materials and their support to know more about the Mochica artistic technology. The final aim is to develop an efficient restoration / conservation protocol for this important world heritage presently in danger. Our research provided many results and allowed us to dispose of capital new data for comprehension of the artistic techniques implemented on this site. These pieces of information thus constitute a preliminary study which will enable us to continue our investigations on Mochica civilization.

Dans le cadre du programme de recherche du réseau PACT (Physique Archéologie Chimie Technique) / Amérique Latine, nous avons développé une recherche (TER de Maîtrise d'Archéologie, mention Physique Appliquée) sur les reliefs polychromes Mochicas de la Huaca de la Luna à Trujillo au Pérou. Ce programme, entamé par le professeur M. Schvoerer, fut coordonné par le Centre de Recherche en Physique Appliquée à l'Archéologie (CRP2A), Bordeaux III, CNRS – UMR 5060.

II- La civilisation Mochica

I- Problématique

- Contexte géographique et climatique

La mise au jour des reliefs polychromes Mochicas de la Huaca de la Luna sur le site de Moche, dès 1991, par les professeurs Santiago Uceda et Ricardo Morales (Uceda S., Mujica E., Morales R., 1995, 1996, 1997), soulève de nombreuses interrogations au sein de la communauté scientifique. - Tout d'abord, quelle était la nature du support et des matières colorantes ? - Le support et les colorants faisaient-ils l'objet d'une préparation particulière ? - Comment la matière colorante était-elle appliquée sur le support ? Enfin, ces connaissances une fois acquises nous permettrontelles d'envisager des méthodes de protection et de conservation de ce patrimoine actuellement en danger ?

Les problématiques établies nous amènent à préciser les connaissances dont nous disposons sur la technologie artistique Mochica, sur le contexte archéologique de notre étude et plus généralement sur cette civilisation côtière du nord du Pérou.

1- Généralités

Le site de Moche se situe sur le territoire Mochica, sur la côte nord du Pérou. Grâce à de nombreuses études archéologiques, les limites de ce territoire ont pu être précisées : cette civilisation se développe sur sept vallées, soit environ 6600 km2. Le développement social et agricole des Mochicas indique qu'ils bénéficièrent de conditions climatiques favorables compte tenu de leur expansion. L'étude du matériel et de l'évolution de cette civilisation a permis aux archéologues d'émettre l'hypothèse suivante : le climat était relativement chaud, caractérisé par des pluies persistantes et abondantes en été qui permettaient de tempérer l'atmosphère très sèche et d'étendre les terres cultivables. Le territoire était parcouru par un réseau de canalisations utilisées pour l'irrigation agricole. L'apport en eau a donc permis le développement et l'essor de cette société essentiellement agraire.

255 * Mémoire de Maîtrise d'Archéologie, mention Physique Appliquée, sous la direction du Professeur Max Schvoerer, CRP2A, Bordeaux III, CNRS-UMR 5060.

Analyses préliminaires de caractérisation de supports et de pigments de reliefs polychromes, Huaca de la Luna… Eléments de chronologie

- Technologie artistique

La chronologie de la culture Mochica reste encore très controversée. Les premières hypothèses sont développées au XIXè siècle par Max Uhle puis précisées par Julio C. Tello avec qui apparaît pour la première fois la période Mochica (ou Moche). Il est aujourd'hui admis que cette civilisation s'étend du début de notre ère au VIIIè-IXè siècle apr. J.C..

L'artiste Mochica utilise cinq couleurs : le rouge, le jaune, le blanc, le noir et le bleu gris. Ces teintes sont déclinées de façon plus ou moins intense. Les pigments utilisés semblent être essentiellement d'origine minérale. La matière colorante obtenue après broyage est mélangée à l'eau. A cette préparation est ajouté un fixatif ou liant qui assure la cohésion de la préparation et son adhésion à la couche support. Après l'étude des descriptions des chroniqueurs espagnols et l'observation des pratiques artisanales actuelles, il semble que ce liant soit réalisé à base de sève de cactus, le Cereus peruvianus, qui pousse encore actuellement dans cette région (Bonavia D., 1985). Avant l'application du mélange colorant sur le support, il semble que ce dernier soit préparé avec plusieurs couches d'argile superposées au mur de brique. L'artiste doit ensuite lisser la surface avant d'esquisser son motif, de réaliser son relief, puis de déposer la couleur (Morales R., 1995).

Elle est divisée en cinq phases déterminées sur des critères stylistiques et iconographiques. Les limites chronologiques de ces différentes périodes restent encore difficiles à préciser. Les plus anciennes sont les périodes Moche I et II du début de notre ère au IIIè siècle apr. J.C., viennent ensuite Moche III du IIIè au milieu du Vè siècle apr. J.C., Moche IV du milieu du Vè au milieu du VIè siècle apr. J.C., et Moche V du milieu du VIè au VIIIè-début du IXè siècle apr. J.C. (Shimada I., 1994).

- Evolution stylistique - Architecture, mode de construction des pyramides La tradition de la peinture murale est très ancienne. Les premières manifestations apparaissent au Pérou sur la côte nord. Les motifs sont tout d'abord très simples et schématiques, puis deviennent plus complexes durant la période pré-Cupisnique. Au cours de l'Horizon Ancien (environ 1000-200 av. JC) s'affirme la notion de polychromie. Durant l'Intermédiaire Ancien (environ 200 av. J.C.-500 apr. J.C.), la peinture murale se développe de manière importante. Deux styles coexistent : le style "Lima" de la côte centrale avec l'exemple de Cerro Culibra dans la vallée de Lima, et le style "Mochica" qui se prolonge sous l'Horizon Moyen (environ 500-1000 apr. J.C.). Les reliefs polychromes connus semblent tous appartenir aux dernières phases (IV et V). Le style Mochica est régi par des règles strictes : pas de perspective, la dimension sociale du personnage est matérialisée par la place qu'il occupe au sein de la composition. L'artiste Mochica possède un sens profond du volume, du rythme de la composition et des couleurs, il ne laisse aucun espace nu. Ce style présente une imagerie variée et est très expressif : grâce au jeu des couleurs et des volumes, l'artiste procure au spectateur une véritable émotion. Il peut ainsi insister sur l'aspect symbolique de ces reliefs. Durant l'Horizon Moyen, le style Mochica perdure, mais le style Huari qui se développe va fortement l'influencer. On assiste donc à une évolution du style Mochica avec des scènes plus fractionnées, des thèmes et des personnages isolés (Bonavia D., 1985). Plusieurs complexes archéologiques illustrent ce style et cette iconographie Mochicas : bien évidemment, le site de Moche où est implantée la Huaca de la Luna, site sur lequel nous reviendrons ultérieurement, mais aussi le complexe d'El Brujo dans la vallée de Chicama. Les motifs rencontrés présentent de grandes similitudes avec ceux faisant l'objet de notre étude : des animaux stylisés (poissons et serpents par exemple), des scènes de guerriers captifs et de sacrifices avec un personnage identifié comme l'"Egorgeur" ou Degollador. Enfin, sur les sites de La Mina dans la vallée de Jetequepeque, de Pañamarca dans la vallée de Nepeña et de la Huaca Pintada dans la vallée de Lambayeque ont été découverts plusieurs autres reliefs polychromes Mochicas.

Le matériau essentiellement utilisé dans les constructions Mochicas est la brique de terre crue ou "adobe". L'étude de ce matériel et de ses caractéristiques a permis de déterminer cinq phases marquant une évolution et une modification de la composition et des dimensions de ces briques. Grâce à ces matériaux et à un travail collectif organisé, les Mochicas édifièrent d'immenses pyramides ou huacas. Ces édifices colossaux sont donc composés de millions de briques de boue, modelées, lissées et séchées au soleil. Ce mode de construction est réalisable grâce à un approvisionnement conséquent en eau et à une main d'œuvre importante. Ces briques sont ensuite assemblées selon la technique de "construction par segments" : de grandes sections étaient cimentées entre elles et appuyées, mais non soudées, aux sections voisines. Grâce à ce principe, ce sont plus de cent millions de briques qui furent utilisées pour édifier la plus grande construction d'adobe du continent américain : la Huaca del Sol. Ces édifices à degrés comptent de multiples niveaux, des places et des plates-formes qui ne sont pas forcément symétriques dans l'agencement. Les plates-formes sont reliées entre elles par des plans inclinés et certaines zones sont couvertes de toits à un ou deux pans (Larco Hoyle R., 2001).

2- La peinture murale, les reliefs Mochicas Il est nécessaire de rappeler que la peinture murale est intimement liée aux activités cultuelles. En effet, ce type de vestiges fut découvert dans des lieux de culte et de cérémonie en particulier. N'oublions pas que ces reliefs n'ont pas été détruits par leurs contemporains, mais au contraire respectés et recouverts lors de reconstructions ou de modifications de l'édifice. Nous comprenons ainsi toute la symbolique dont ils sont chargés. De plus, la civilisation Mochica ne connaît pas l'écriture. Le dessin et la peinture murale en général deviennent donc un moyen de communication privilégié et permettent à l'élite, grâce aux motifs représentés, d'exercer sur le peuple un très fort pouvoir idéologique. 256

Analyses préliminaires de caractérisation de supports et de pigments de reliefs polychromes, Huaca de la Luna… Dans ce contexte, il parait évident que le Cerro Blanco ait joué un rôle fondamental dans la mise en scène de ces sacrifices, en accentuant l'aspect impressionnant et quasi divin de telles cérémonies.

3- La Huaca de la Luna - Contexte archéologique Cet édifice appartient à un grand complexe archéologique situé sur la côte nord du Pérou dans la vallée du Rio Moche, à 5 km de l'Océan Pacifique et à 3 Km de la ville actuelle de Trujillo. Il s'agit du site de Moche, considéré comme la capitale de cette civilisation Mochica. Le centre urbain se développe entre deux édifices majeurs qui se font face et qui rythment la vie de la cité. La Pyramide du Soleil (Huaca del Sol) était consacrée aux activités économiques et agricoles alors que la Pyramide de la Lune (Huaca de la Luna) au pied du Cerro Blanco était vouée aux activités rituelles et cultuelles. Précisons enfin que d'après de récentes estimations les archéologues pensent que la population devait atteindre les 20000 habitants. Cet édifice s'étend sur 290 m du nord au sud et 210 d'est en ouest. Son architecture est complexe car sa hauteur actuelle est due à la superposition de six constructions. La technique du remplissage d'adobe se répète sur la totalité du bâti. Chaque modification correspond à une augmentation de 3,5 m en hauteur et 5 m en largeur. L'ultime plate-forme visible actuellement daterait ainsi du milieu du VIè-VIIè siècle apr. J.C. (Uceda S., 1996). Elle se compose de trois grandes plates-formes articulées par quatre places disposées à des niveaux distincts. La majeure partie des recherches se concentre sur la Plateforme I. Elle est organisée en deux niveaux principaux, celui du haut composé d'enceintes et de terrasses, celui du bas d'enceintes, cours et couloirs. Le niveau supérieur se trouve au nord-est et le second, quatre mètres plus bas au sud et au nord-ouest. Deux trous réalisés par des huaqueros (pilleurs de tombe) ont détruit plus d'un tiers de cette plate-forme qui mesurait à l'origine environ 100 m de côté, et 25 m de haut.

- Peinture et reliefs polychromes Cette pyramide est ornée de nombreuses peintures murales et de reliefs polychromes. Les décors étudiés appartiennent tous au style Moche V (Horizon Moyen). Les peintures consistent en des plages monochromes blanches, rouges ou jaunes. Les murs peints sont localisés sur la plate-forme supérieure, dans le corridor intérieur. Nous trouvons en outre quelques scènes comme "la révolte des objets" par exemple (Plate-forme III). Les reliefs étudiés sont situés sur la Plate-forme I et concernent les Edifices B-C et D (cf. article N. Pantelic). Nous avons plus particulièrement travaillé sur le motif du "Degollador" ou "Egorgeur" (Plate-forme I, Edifice D), dieu principal du panthéon Mochica (Figure 01).

Fig. 01 : Photographie illustrant le relief polychrome El Degollador, ou dieu "égorgeur", Plateforme I de la Huaca de la Luna, Trujillo, Pérou (Cliché WRIGHT V., 2003).

Dans un dernier temps, il est nécessaire de rappeler que seuls les hauts dignitaires pouvaient pénétrer sur la pyramide : le seigneur (Cie-Quich), les grands chefs (Alaecs), les prêtres et les grands prêtres qui officient lors des cérémonies. Le peuple n'assistait donc pas directement aux cérémonies. Celles-ci peuvent être divisées en deux catégories : les enterrements et les sacrifices. Les sépultures sont généralement rencontrées au cœur du remplissage d'adobes, entre les édifices superposés. Il semble qu'elles aient ainsi un rôle tout particulièrement symbolique, scellant un vieil édifice pour en édifier un nouveau. Ces inhumations comportent un très riche matériel ce qui indique que les défunts sont des personnages hiérarchiquement élevés, des officiants ou appartiennent à l'élite. Quant aux sacrifices humains, ils sont en grande partie liés au phénomène El Niño, phénomène climatique dévastant de façon cyclique la côte nord du Pérou. Ces pratiques seraient ainsi vouées au culte de la fertilité agraire, économique et sociale. Ce sont donc des sacrifices propitiatoires. Le déroulement de ces sacrifices semble relativement complexe. Rappelons simplement que la plupart étaient réalisés par égorgement. La possible torture du prisonnier et son exécution se déroulent dans une sphère privée. Le peuple, qui se tenait au pied de la pyramide, n'assistait qu'aux ultimes étapes de la cérémonie.

Le visage de cette divinité s'inscrit dans un losange, et se répète de façon régulière et symétrique sur la totalité du mur dégagé. Le personnage est en haut relief et s'inscrit dans un petit losange cerné de rouge. Cette représentation anthropomorphe est caractérisée par plusieurs attributs : une tête quadrangulaire aux contours rouges et aux angles arrondis, dans laquelle se détachent deux yeux globuleux cernés de noir. Le nez très large est flanqué de deux narines volumineuses et la bouche grande ouverte laisse apparaître deux paires de crocs sur les mâchoires supérieure et inférieure. Les dents sont signifiées par des traits verticaux rouges sur les deux mâchoires blanches. Entre le nez et la bouche, une large zone noire représente peut-être une moustache. Les oreilles sont indiquées par deux cercles noirs cernés de rouge, et l'ensemble du visage est entouré de petites mèches noires qui semblent indiquer la présence de cheveux et d'une barbe. Comme l'ensemble de la frise, ce visage est symétrique. Le jeu de l'artiste sur les couleurs et la composition du motif lui confèrent une grande rigidité et une sévérité qui ne sont pas sans rappeler le caractère terrifiant de cette divinité. Le poisson-chat et le crabe stylisés, motifs récurrents de l'art Mochica, entourent ce Degollador. Le poisson-chat, espèce courante sur la côte nord péruvienne, est muni de nageoires venimeuses. Le crabe l'est aussi. Leur présence à côté du 257

Analyses préliminaires de caractérisation de supports et de pigments de reliefs polychromes, Huaca de la Luna… (probablement de l’hématite) tout comme le jaune (probablement de la goethite). Le noir et le bleu gris seraient essentiellement composés de noir de carbone.

Degollador n'est donc pas anodine. Dans le souci de respecter l'idéologie Mochica, l'artiste a ainsi associé trois illustrations de la mort (Bourget S., 1994). Ce motif nous indique donc la forte symbolique de ces décors, en totale relation avec l'ensemble des rituels, en particulier des sacrifices humains par égorgement. La peinture est ainsi au service d'une idéologie, permettant à l'élite d'exercer une domination certaine sur le peuple.

Ces quelques résultats nous indiquent que les pigments les plus importants sont les rouges essentiellement obtenus à partir de minéraux renfermant du fer, de type oxydes. Les jaunes sont également des oxydes. L’artiste semble utiliser de l’azurite et du disthène pour élaborer le bleu, des carbonates de calcium, des matériaux présentant du zinc et du talc pour le blanc, des minéraux contenant du cuivre pour le vert et du noir de carbone pour le noir. Cependant, ces conclusions ne reposent sur l’analyse que de quelques échantillons. Nous notons de plus une grande variabilité des résultats et un manque certain de données techniques.

3- Analyses physico-chimiques Peu de recherches furent réalisées sur des matières colorantes utilisées par les artistes Mochicas. De plus, les informations proposées sur les techniques d’expérimentation, le nombre et les caractéristiques des échantillons étudiés restent très lacunaires.

III- Objectifs

D'après des analyses physico-chimiques et l'étude des textes des chroniqueurs du 16° siècle, la Coordinatrice du Musée de Sicán, spécialiste de la métallurgie andine, Paloma Carcedo de Murafech, propose en 2001 la composition de plusieurs pigments employés par les artistes mochicas. Ils utilisaient, la plupart du temps, comme matière première des minéraux broyés sélectionnés suivant leur couleur et leur texture, des matériaux naturels comme les argiles ou les carbonates de calcium, et des matériaux colorés par des métaux (comme le cuivre ou le fer). Les verts et les bleus sont les couleurs les plus fréquentes. Ils sont obtenus à partir de minéraux contenant du cuivre, comme le bleu qui est probablement de l’azurite (Cu3(CO3)2(OH)2). Les tons ocres sont obtenus à partir de minéraux renfermant du fer (oxydes de fer comme l’hématite (Fe2O3) et la goethite (FeO(OH)) et peut-être des ocres). Les terres naturelles pouvaient être brûlées afin de disposer d’une gamme de teintes plus large, en particulier dans le rouge. Cette couleur pouvait également être produite à partir de sulfure de mercure (rouge de cinabre, HgS), utilisé durant plusieurs siècles, et de réalgar (As4S4). L’analyse de pigments blancs indique qu’ils étaient issus de minéraux comme la calcite (CaCO3), mais qu’ils pouvaient aussi renfermer du zinc. Enfin, le jaune est obtenu à partir d’orpiment (As2S3) et le noir à partir de pyrite et de sulfure de fer (Carcedo de Murafech P., 2001).

Notre recherche tend à atteindre plusieurs objectifs : - Confirmer ou non et compléter les analyses préliminaires réalisées au laboratoire du CRP2A (Bourgès A., 1998). En effet, en raison de la variabilité des résultats, il paraît indispensable de relancer une recherche sur les matières colorantes, puis sur leur support. Cette étude nous permettra de mettre en pratique une nouvelle technique d’expérimentation : la spectrométrie Raman. - Enfin, préciser les techniques de pose, d'application de la couche picturale ainsi que les données sur la présence d’un éventuel liant.

IV- Matériel d'étude Les résultats présentés ont été obtenus après l'étude de six échantillons prélevés en 1997 sur des zones de remblai. Les cinq premiers présentent quatre couleurs distinctes : blanc, rouge, jaune et noir. Ils proviennent du relief du Degollador (Figure 01) sur le mur est de l'Edifice D de la Plate-forme I. Le sixième échantillon fut quant à lui prélevé sur un pilier en avant du mur est de l'Edifice B-C de la Plate-forme I. La face externe est ornée de bleu gris. Sur sa face interne, nous retrouvons des traces de pigments rouges qui correspondent à l'empreinte de la couche picturale sous-jacente. Notre choix s'est effectué en fonction de plusieurs critères : variété des couleurs, éventuelles traces en surface et quantité de matière suffisante pour subir l'ensemble des expérimentations souhaitées.

D'autres analyses furent réalisées par le Professeur Roberto Sabana en 1996 (Uceda S., 1996). Ce dernier travailla en chromatographie sur papier sur des échantillons provenant du mur sud de l'édifice B-C de la Plate-forme I. Le rouge est constitué d’hématite. La limonite (Fe2O3nH2OpFeO(OH)nH2O), mélange d’oxy-hydroxyde de fer hydraté proche de la goethite, donne du jaune. Le blanc est réalisé à base de talc (Mg3Si4O10(OH)2), le noir de magnétite (Fe3O4), et le bleu de disthène (SiO5Al2).

V- Protocole expérimental Afin de mener à bien notre recherche, nous avons eu recours à plusieurs techniques d'analyse. Celles-ci furent appliquées aux supports et à l'ensemble des couches picturales. Le matériel a tout d'abord fait l'objet d’une série d’observations. L’utilisation de la loupe binoculaire nous a permis de disposer d’informations préliminaires sur les supports et les couches picturales. Les expérimentations ont été poursuivies en spectrométrie d’absorption optique. Cette technique ne demande aucune préparation particulière de l’échantillon et permet de mettre

Enfin une série d'analyses préliminaires fut réalisée au laboratoire du CRP2A de l'Université de Bordeaux III (Bourgès A., 1998). Les résultats préliminaires obtenus sur quatre échantillons prélevés sur la Huaca de la Luna, indiquent que le pigment blanc semble essentiellement constitué de gypse, que le rouge serait obtenu à l’aide d’un minéral qui renferme du fer 258

Analyses préliminaires de caractérisation de supports et de pigments de reliefs polychromes, Huaca de la Luna… en évidence les ions responsables de la coloration du matériau étudié. Nous avons utilisé un spectrophotomètre UV-visible double faisceau (CARY1, Varian), balayant une gamme spectrale de 190 à 900 nm. Les mesures ont été effectuées avec un intervalle de 0.5 nm (Data Interval = 0,5, SBW = 3), et un temps sur chaque point de 0,3 s. Cette méthode est couplée à un programme de chromamétrie qui permet d'obtenir une représentation graphique de la couleur de la zone étudiée sous deux systèmes : Yxy et L*a*b*. Plusieurs prélèvements ont ensuite été réalisés sur nos échantillons. Ceux-ci ont été inclus dans de la résine de type araldite et découpés en lames épaisses. Cette préparation nous a permis de travailler en cathodoluminescence et en microscopie électronique à balayage afin d’étudier la texture et la morphologie granulométrique du support et des couches picturales en section.

VI- Résultats 1- Le support Les cinq échantillons de support étudiés présentent les mêmes caractéristiques : ils sont très friables et poreux. Ils présentent tous une grande hétérogénéité granulométrique avec des cristaux translucides , blancs, ocres, ou noirs insérés dans un réseau de microcristaux eux-mêmes translucides , blancs, ocres, ou noirs. La teinte générale est jaune orangée et le spectre obtenu en spectrométrie d'absorption optique nous indique qu'elle est générée par l'ion chromogène Fe3+ (Lajarte S., 1969). L'ensemble des expérimentations effectuées indique que ces supports sont composés de quartz, et d'aluminosilicates calco-sodiques et potassiques. En revanche, nous n'avons pas détecté de famille d'argile particulière entrant dans la composition de la terre crue, et nous n'avons pas pu déterminer si ce support avait subi une préparation avant l'application de la matière colorante. Enfin, nous n'avons obtenu aucune donnée sur la présence d'un éventuel liant, dont l'identification nécessiterait des techniques d'analyse complémentaires (en spectroscopie infrarouge et en chromatographie en phase liquide par exemple).

En cathodoluminescence, les couleurs et les intensités lumineuses perçues dépendent principalement de la nature du cristal et des impuretés qu’il contient. L’appareillage utilisé est une chambre de cathodoluminescence de type OPEA maintenue sous vide primaire (50 mTorr). Le phénomène de cathodoluminescence est observé en général sous les conditions suivantes : une tension d’accélération d’environ 10 KeV et une intensité fixée entre 250 et 300 µA. Les informations obtenues grâce à cette technique sont ensuite développées en microscopie électronique à balayage. L'appareillage utilisé est de type JEOL, JSM 820. Nous avons travaillé en modes "électrons secondaires" et "rétrodiffusés", la tension d'accélération du faisceau d'électrons étant fixée à 20 KeV. Cette technique nous a donc permis de visualiser en section le support et les couches picturales sur des surfaces de l'ordre de quelques µm2, et d'en observer la morphologie.

2- Les couches picturales - Couche picturale blanche Cette couche picturale, d'environ 200 µm d'épaisseur, est essentiellement constituée de microcristaux blancs. Malgré quelques inclusions de cristaux plus importants blancs et ocres, elle présente une granulométrie fine et homogène qui contraste nettement avec celle du support (Figure 02).

Cette méthode est associée à un système d'analyse qualitative et semi-quantitative : la fluorescence de rayons X. Celle-ci nous a permis de débuter une série d'analyses structurales. Cette technique nous informe sur la composition élémentaire de l'échantillon étudié. Ainsi les cristaux et les zones repérées en cathodoluminescence et en microscopie électronique à balayage pourront être identifiées. La diffraction de rayons X approfondit ensuite les résultats obtenus. Cette technique permet d'identifier les différentes phases minérales d'un échantillon. Le diffractomètre utilisé est de type Siemens D500. Les comptages sont réalisés pas à pas (step = 0.02), le temps d'acquisition est fixé à 1 h et le domaine angulaire balayé est compris entre 5° et 60°. Nous avons donc pu étudier des prélèvements de pigments et de supports réalisés sous loupe binoculaire. Fig. 02 : Cliché en microscopie électronique à balayage, en modes électrons rétrodiffusés de la couche picturale blanche et de son support à un grossissement 270 (aire de la zone d'analyse = 400x.324µm).

Pour clore l'ensemble des analyses structurales, nous avons eu recours à la spectrométrie Raman. Cette méthode ne nécessite aucune préparation particulière de l'échantillon. Elle permet une reconnaissance de la structure moléculaire de l'échantillon, identifiant les composés minéraux et organiques. Nous avons utilisé un spectromètre Raman Renishaw muni d'un laser à 785 nm rouge et proche infrarouge. Les paramètres d'acquisition sont les suivants: temps fixé à 10 s, accumulation à 1, objectif à 50.

L'ensemble des analyses structurales nous indique que la teinte blanche jaunâtre observée est due au mélange de gypse (CaSO4,H2O), et de deux argiles blanches : la kaolinite (Al2Si2O5(OH)4), et l'illite ((K,H3O)AL2SIALO10(OH)2). Nous notons aussi la présence de quartz et de feldspaths calco-sodiques et potassiques.

La combinaison de ces différentes techniques nous a donc permis d'obtenir plusieurs résultats. 259

Analyses préliminaires de caractérisation de supports et de pigments de reliefs polychromes, Huaca de la Luna… conséquence de la détérioration des matières organiques sous la puissance du laser. Selon le même principe l'hématite serait le résultat de l'élimination de l'eau de la goethite sous l'impact du laser.

- Couche picturale rouge Cette couche picturale, de 200 à 300 µm d'épaisseur, est essentiellement constituée de microcristaux rouges et présente quelques inclusions plus importantes de couleurs blanche, ocre et noire. Elle présente une texture fine et une granulométrie homogène, contrastant ainsi avec le support. Les différentes expérimentations effectuées nous indiquent que ce pigment est essentiellement constitué d'hématite (Fe2O3) (Figure 03). En spectrométrie Raman, nous identifions clairement la présence de carbone (Figure 04). Cependant, la couche picturale rouge étant très homogène, ce carbone est probablement le résultat d'une détérioration des matières organiques présentes, sous la puissance trop importante du laser.

2 1

Fig. 05 : Spectres Raman comparés grâce à la base de données informatique du CRP2A. Le spectre 1 correspond au spectre obtenu après l'analyse du colorant jaune et le spectre 2 à un spectre référence de goethite.

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- Couche picturale noire Cette couche picturale, de 100 µm d'épaisseur, est constituée de microcristaux noirs. Elle présente une texture fine et une granulométrie homogène mais elle adhère beaucoup moins au support que les précédentes. La matière colorante noire est essentiellement composée de noir de carbone (Figure 06), puis de quartz et de feldspaths potassiques et calco-sodiques. Le décalage observé entre le spectre Raman expérimental et le spectre Raman de référence nous indique que nous sommes face à une structure plus désorganisée, caractéristique d'un carbone de combustion de type charbon de bois.

1

Fig. 03 : Spectres Raman comparés grâce à la base de données informatique du CRP2A. Le spectre 1 correspond au spectre obtenu après l'analyse du colorant rouge et le spectre 2 à un spectre référence d'hématite.

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Fig. 04 : Spectres Raman comparés grâce à la base de données informatique du CRP2A. Le spectre 1 correspond au spectre obtenu après l'analyse du colorant rouge et le spectre 2 à un spectre référence de carbone.

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Fig. 06 : Spectres Raman comparés grâce à la base de données informatique du CRP2A. Le spectre 1 correspond au spectre obtenu après l'analyse du colorant noir et le spectre 2 à un spectre référence de carbone.

Nous infirmons en revanche la présence de goethite (FeO(OH)) détectée lors des premières analyses (Bourgès A., 1998). Nous repérons également la présence de quartz et de feldspaths potassiques et calco-sodiques.

- Echantillon bleu gris et rouge sur sa face interne

- Couche picturale jaune

Couche picturale externe bleu gris

Cette couche picturale est essentiellement constituée de microcristaux jaunes sur environ 250 µm d'épaisseur. Elle présente une texture fine, et une granulométrie homogène malgré quelques inclusions de cristaux plus importants. Le pigment jaune est essentiellement composé de goethite (FeO(OH)) (Figure 05), puis de quartz et de feldspaths. En spectrométrie Raman, nous avons pu détecter de l'hématite et du carbone. Cependant le pigment jaune est très homogène. La présence de carbone serait donc la

Cette couche picturale est extrêmement fine et lacunaire, occasionnant un fort affleurement du support, ce qui empêche de réaliser des mesures de couleur significatives. L'observation préliminaire nous permet de remarquer que ce pigment est constitué de microcristaux blancs et noirs. Leur association crée cette couleur grise bleutée. Les analyses structurales nous indiquent que le pigment noir est similaire à celui précédemment étudié. Nous sommes face 260

Analyses préliminaires de caractérisation de supports et de pigments de reliefs polychromes, Huaca de la Luna… à du carbone, le décalage obtenu entre le spectre Raman référence et le spectre Raman expérimental nous indiquant qu'il s'agit d'un carbone de combustion de type charbon de bois. Les premiers résultats obtenus quant à la caractérisation des microcristaux blancs, laissent supposer qu'ils sont identiques à ceux étudiés lors de l'analyse de la couche picturale blanche. Des quartz et des feldspaths potassiques et calco-sodiques sont encore détectés.

Le pigment blanc est composé de gypse et de deux argiles blanches : l'illite et la kaolinite. Le rouge est essentiellement constitué d'hématite, le jaune de goethite, et le noir de carbone de combustion de type charbon de bois. Enfin le bleu gris serait obtenu par mélange des pigments noir et blanc. Pour chaque couche picturale, nous avons noté la présence de quartz et de feldspaths calco-sodiques et potassiques. Ces cristaux pourraient correspondre à un fort affleurement du support en raison de la très faible épaisseur de matière colorante. Lors de l'étude préliminaire (Bourgès A., 1998), l'hypothèse considérée était la suivante : la présence de ces éléments serait le résultat de la pénétration du colorant au sein du support. Cependant, les clichés réalisés en microscopie électronique à balayage (Figure 06) et les granulométries différentes des supports et des couches picturales semblent indiquer que la matière colorante ne pénètre pas dans son support. Il pourrait plus probablement s'agir d'une charge siliceuse ajoutée au colorant pour améliorer sa cohésion et son recouvrement sur le support (Vignaud C., 2000). Mais encore une fois cette hypothèse est à confirmer. Enfin, nous n'avons pas obtenu d'informations sur les matériaux organiques ou sur le liant.

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1

Figure 07 : Spectres Raman comparés grâce à la base de données informatique du CRP2A. Le spectre 1 correspond au spectre obtenu après l'analyse du colorant bleu gris et le spectre 2 à un spectre référence de carbone.

VII- Perspectives Couche picturale interne rouge

La variabilité des résultats obtenus sur ce type de matériel démontre la nécessité de poursuivre cette recherche. Il serait opportun d'élargir la gamme chromatique et le nombre d'échantillons afin de vérifier la pertinence de nos résultats. La comparaison de ces informations avec des prélèvements réalisés sur des reliefs d'autres sites Mochicas nous permettrait ensuite de mettre en évidence une continuité, ou une évolution spatio-temporelle de l'utilisation de cette technologie artistique dans l'art Mochica. De plus, il serait indispensable de préciser la nature d'un éventuel liant organique en particulier à l'aide de la spectrométrie Raman, de la spectroscopie infrarouge et de la chromatographie en phase liquide. La localisation des lieux d'approvisionnement en matière première constituera ensuite une part importante de notre recherche future. L'ensemble de ces données et les interprétations qui en découlent seront présentés à l'issue des recherches amorcées dès 2003 dans le cadre de notre thèse de doctorat.

Cette couche picturale est très fine et lacunaire ; son épaisseur n'a donc pas pu être mesurée. Elle est constituée de microcristaux rouges identifiés comme des cristaux d'hématite (Fe2O3) (Figure 08). Le carbone repéré en spectrométrie Raman correspond probablement à la détérioration des matières organiques par le laser.

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Fig. 08 : Spectres Raman comparés grâce à la base de données informatique du CRP2A. Le spectre 1 correspond au spectre obtenu après l'analyse du colorant rouge et le spectre 2 à un spectre référence d'hématite.

Remerciements Je tenais à remercier mon directeur de thèse, le Professeur Éric Taladoire pour ses précieux conseils et ses nombreuses relectures, ainsi que M. Rémy Chapoulie pour son soutien et sa disponibilité. Mais je remercie tout particulièrement les Professeurs Santiago Uceda et Ricardo Morales, et toute l’équipe du « Projet Archéologique Huaca de la Luna ». Sans leur confiance et leur participation, ce projet archéométrique n’aurait pas vu le jour.

Nous retrouvons la présence de quartz et de feldspaths potassiques et calco-sodiques mais le fort affleurement du support modifie certainement cette donnée.

Conclusion sur les couches picturales Nous avons donc pu rassembler plusieurs informations sur la composition des couches support et des pigments, mais ces résultats restent à développer et à confirmer. 261

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Bibliographie générale

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Liste et coordonnées des auteurs _________ Remerciements

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Liste et coordonnées des auteurs : Noms :

Adresses e-mail :

Marie ANNEREAU FULBERT

[email protected]

Séverine BORTOT

[email protected]

Vincent CHAMUSSY

[email protected]

Claude COUTET

[email protected]

Pablo CRUZ

[email protected]

Erwan DUFFAIT

[email protected]

Renata GARCIA MORENO

[email protected]

Diego GEREZ

[email protected]

Cyril GIORGI

[email protected]

Nicolas LATSANOPOULOS

[email protected]

Bertrand LOBJOIS

[email protected]

Fanny MOUTARDE

[email protected]

Rigoberto NAVARRO GENIE

[email protected]

Natasha PANTELIC

[email protected]

Kai SALAS ROSSENBACH

[email protected]

Marcela SEPULVEDA

[email protected]

Maëlle SERGHERAERT

[email protected]

Anne TOUCHARD

[email protected]

Veronique WRIGHT

[email protected]

Il est également possible de joindre les différents auteurs par courrier, à l’adresse suivante : Centre Michelet - Institut d’Art et d’Archéologie Université de Paris 1, Panthéon-Sorbonne. UMR 8096, Archéologie des Amériques 3, rue Michelet – 75006 Paris 303

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Remerciements : Nous tenions à remercier ici l’ensemble des personnes qui ont collaboré de près ou de loin à l’élaboration de ce manuscrit. Remercions tout d’abord le Professeur Eric Taladoire, pour ses précieux conseils et le temps qu’il consacra à la lecture et à la correction des articles présentés dans ce recueil. Mais également… L’ensemble des personnes composant le comité de lecture (Maria del Rosario Acosta Nieva, Claude F. Baudez, Jean François Bouchard, Steve Bourget, Ramon Carrasco, Thérèse BouysseCassagne, Jean-François Bouchard, Alain Breton, Rémy Chapoulie, Marianne Christensen, Maria-José Con Uribe, Véronique Darras, Brigitte Faugère, Michel Graulich, Jean Guffroy, Fabienne Harty de Pierrebourg, Patrice Lecoq, Dominique Legoupil, Michel Menu, Dominique Michelet, Gérald Migeon, Sandrine Pagès-Camagna, Grégory Pereira, Stéphen Rostain, Michael Smith, Eric Taladoire, Stéphanie Thiébault, Denis Vialou) dont l’engagement et les commentaires furent grandement appréciés. Cyril Giorgi, Anne Touchard, Chloé Pomédio, Marie Annereau-Fulbert, Maëlle Sergheraert, et Pierre Durand, pour leur important travail de coordination. Alexis Schwarz, Marcela Sepulveda Retamal, et Pablo Cruz, pour leur long travail de relecture et de traduction. M. Alain Ruat, responsable du service informatique de l’université de Paris I, et M. Rodolphe Labrador, responsable du service reprographie de l’université de Paris IV, pour leur collaboration fort appréciée lors de l’impression de la première version du manuscrit. Sans oublier Monsieur C. Lajije pour sa patience et le temps qu’il consacra lors de l’impression finale du manuscrit.

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