Cyrus, l'encyclopédie qui raconte 03
 9782764433133, 9782764433140, 9782764433157

Table of contents :
Couverture
Données de catalogage
Dédicaces
Exergue
Qui est Cyrus ?
Légende
Comment les savants font-ils pour savoir où ça finit, l’infini, si ça finit ?
Pourquoi les rats ont-ils si mauvaise réputation ?
Pourquoi les organismes vivants sont-ils plus petits en haute montagne ?
Y a-t-il des éclipses de Lune sur d'autres planètes ?
Pourquoi les genoux des pattes de derrière des chiens sont à l’envers ?
Pourquoi, en montagne, le vent souffle plus fort le jour que la nuit ?
Pourquoi, dans l’ancien temps, on portait des perruques ?
Qui d’autre que Saturne a des anneaux ?
Pourquoi les ours hibernent-ils ?
Pourquoi la mer est-elle salée ?
Pourquoi les dents du haut sont-elles plus grosses que celles du bas ?
Pourquoi y a-t-il de la couleur dans les bulles de savon ?
Combien y a-t-il de dieux ?
Peut-on faire un gâteau avec des œufs de pingouin ou d’autruche ?
Pourquoi la Terre est-elle penchée ?
Pourquoi dit-on que certaines anguilles sont électriques ? 
Pourquoi les nouveaux-nés ont-ils les yeux bleus ?
Est-ce dangereux ou mortel de ne pas mettre de fers aux sabots des chevaux ?
Pourquoi les carottes cuites sont-elles molles ?
Comment se forment les spermatozoïdes ?
Comment font les abeilles pour retrouver leur ruche ?
Comment se forment les aurores boréales ?
Pourquoi mes cheveux frisent-ils et pas ceux de maman ?
Pourquoi fait-on des cauchemars ?
Comment peut-on savoir l’âge des tortues ?
Comment se forme la coquille d’un mollusque ?
D’où vient le vent ?
Pourquoi les citrons sont surs ?
De quoi un arc-en-ciel est-il fait ?
Comment peut-on différencier un dinosaure mâle d’un dinosaure femelle ?
Imaginez la vie avec Cyrus !
Index
Table des matières
À lire également
Résumé

Citation preview

Christiane Duchesne • Carmen Marois

Comment peut-on différencier un dinosaure mâle d’un dinosaure femelle ? De quoi un arc-en-ciel est-il fait ? Pourquoi les nouveaux-nés ont-ils les yeux bleus ? Comment font les abeilles pour retrouver leur ruche ?

Christiane Duchesne • Carmen Marois

Projet dirigé par Stéphanie Durand, éditrice Conception graphique : Nicolas Ménard et Nathalie Caron Révision linguistique : Diane Martin Correction d’épreuves : Sabrina Raymond Illustrations : Québec Amérique International Québec Amérique 7240, rue Saint-Hubert Montréal (Québec) Canada H2R 2N1 Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010 Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition. Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 157 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays. Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.





Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Duchesne, Christiane Cyrus, l’encyclopédie qui raconte Nouvelle édition. L’ouvrage complet doit comprendre 12 volumes. Pour les jeunes. ISBN 978-2-7644-3313-3 (Version imprimée) ISBN 978-2-7644-3314-0 (PDF) ISBN 978-2-7644-3315-7 (ePub) 1. Encyclopédies et dictionnaires pour enfants français. I. Marois, Carmen. II. Titre. AG25.D82 2017 j034’.1 C2017-940075-4 Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2017 Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2017 Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés © Éditions Québec Amérique inc., 2017. quebec-amerique.com

En hommage à mon père qui a toujours su répondre à mes questions. C. D. À tous ceux qui, comme moi, ont le désir d’apprendre. C. M.

Quand je serai grande, je veux être heureuse Savoir dessiner un peu Savoir me servir d’une perceuse Savoir allumer un feu Jouer peut-être du violoncelle Avoir une belle écriture Pour écrire des mots rebelles À faire tomber tous les murs Si l’école permet pas ça Alors je dis «  Halte à tout !  » Explique-moi, papa, c’est quand qu’on va où… Renaud Séchan

Qui est Cyrus ? Très tôt, Cyrus s’est posé des questions sur l’origine du monde, la vie de la planète, les angoisses des hommes préhistoriques, la vie animale, l’univers végétal, le cosmos et le cœur des gens. Curieux comme pas un, il a cherché, il a lu, il a étudié pendant de longues années pour trouver réponse aux mille questions qu’il ne cesse de se poser. Il s’étonne encore des nouveaux phénomènes, s’intéresse aux particularités du monde qui l’entoure. Ce qu’il aime par-dessus tout ? Partager ses connaissances, en faire profiter tous ceux et celles qui, à toute heure du jour et où qu’il soit, viennent auprès de lui pour l’interroger. Tout au long des douze tomes de cette encyclopédie à nulle autre pareille, vous rencontrerez des dizaines et des dizaines de curieux qui, comme vous, souhaitent en connaître toujours un peu plus…

Légende La Terre et l’espace, phénomènes et inventions Les animaux, leurs habitudes et leurs particularités Les végétaux : arbres, fleurs et tout ce qui pousse Les gens, leur corps et leur vie Curieuses questions

Comment les savants font-ils pour savoir où ça finit, l’infini, si ça finit ? Aïda est folle de joie. Le facteur lui a apporté la lettre de Cyrus qu’elle espérait depuis mars. Les lettres mauves, gracieusement formées, se détachent sur l’enveloppe à rayures grises. — Il a répondu… Il a répondu ! répète Aïda, comblée. Elle sort de la maison et va s’installer sous le pommier dont les fruits commencent à se former. À l’abri des regards, elle décachette enfin l’enveloppe et déplie la lettre. Chère Aïda, J’étais en excursion dans le Caucase, où j’ai fait l’ascension du mont Kazbek. C’est pourquoi j’ai tardé à te répondre. Tu voudras bien m’en excuser.

Tu me demandes comment font les savants pour savoir où se termine l’espace, si ça se termine. À la place d’espace, il faudrait dire univers. La branche de l’astronomie qui étudie l’univers s’appelle la cosmologie. C’est une science extrêmement jeune où il est difficile d’élaborer des théories. Aïda lève les yeux et regarde la campagne environnante. Elle se demande bien pourquoi il est si difficile pour les cosmologues de construire des théories. Généralement, poursuit Cyrus, les scientifiques procèdent de la manière qui suit pour élaborer des théories : ils observent les phénomènes et notent les constantes. Ils réfléchissent ensuite à ce qu’ils ont observé et élaborent une théorie, c’est-à-dire un modèle, pour l’expliquer. — Hum…, fait Aïda en se grattant la tête. Étudier l’univers ne doit pas être une mince tâche. Elle reprend sa lecture : Le problème de la cosmologie, écrit Cyrus, c’est qu’il n’y a qu’un seul univers à étudier. Il est donc difficile de faire des comparaisons. On ne peut pas dire : « Tiens, notre univers se comporte de telle et telle façons, tout

comme cet autre univers », et ainsi établir des lois comparatives. Les savants ignorent si l’univers a des limites. S’il en a, on ne sait pas ce qu’il y a au-delà. La science ne peut répondre à cette question que dans le cadre d’une théorie, celle du big bang, que tu connais probablement. Selon cette théorie qui remonte à 1930, il y aurait une limite à l’univers. Mais ce ne serait pas une limite physique, comme un mur, par exemple. D’après la théorie du big bang, notre univers serait limité par ce que nous pouvons en percevoir. Aïda pose la lettre sur ses genoux et replace les plis de sa jupe à fleurs. Elle réfléchit longuement à toutes ces explications que lui fournit Cyrus. Prends la grande galaxie d’Andromède, la seule visible à l’œil nu. Elle se trouve à une très grande distance de la Terre : deux millions d’années-lumière. Quand on regarde Andromède aujourd’hui, on la voit telle qu’elle était il y a deux millions d’années. Les rayons que l’on voit aujourd’hui ont donc quitté la galaxie il y a deux millions d’années. Cela, ma chère Aïda, t’aidera, je l’espère, à mieux comprendre les explications suivantes.

Aujourd’hui, poursuit Cyrus, grâce au satellite européen Planck, on peut voir la lumière émise par l’univers 380 000  d’années après le big bang, il y a 13,8 milliards d’années. Mais on n’a jamais été en mesure de voir au-delà. Plus loin que cela dans l’espace et dans le temps, c’est le brouillard, un brouillard impénétrable. Rien ne prouve cependant qu’au-delà de tant d’années-lumière, ce soit la limite de l’univers. Mais une chose est certaine, il y fait bien noir ! Cyrus — Oui…, réfléchit Aïda. Mais aujourd’hui le ciel est bleu et le soleil brille. Elle replie soigneusement sa lettre et la glisse dans la poche de sa jupe. Elle s’éloigne ensuite en sifflotant.

L’a n née-lu m ière (dont le sy mbole est « a l ») est l’u n ité qu’uti l isent les a stronomes pou r m e s u r e r l a d i s t a n c e. E l l e é q u i v a ut à l a d i s t a n c e q u e l a lu m i è r e p a r c o u r t e n u n an dans le vide, soit environ 10 000 milliards de k i lomèt r e s.

Pourquoi les rats ont-ils si mauvaise réputation ? — Moi, j’aime bien les gros rats, déclare Antigone à toute vitesse, les loups, les serpents et les rats. Personne ne les aime, c’est triste. Quand je serai grande, j’écrirai un livre sur eux, un livre extraordinaire uniquement sur les rats. Cyrus, pourquoi est-ce qu’on raconte presque seulement des choses vilaines sur les rats ? — Reprends ton souffle, Antigone ! Respire un peu ! — Est-ce que vous le savez, vous, pourquoi on ne dit jamais de choses gentilles à propos des rats ? Cyrus soupire.

— Je voudrais bien te dire qu’ils sont gentils, mais ils ont un bien lourd héritage, tes pauvres rats, dit Cyrus. On leur a fait une très mauvaise réputation au Moyen Âge, au moment des grandes épidémies de peste. Ils étaient partout, les rats noirs, et ils propageaient l’infection, mordant ici et là… — Pauvres rats ! soupire Antigone. — Le rat le plus répandu est le rat commun, qu’on appelle aussi rat d’égout. Il est costaud, il peut peser entre 280 et 485 grammes, a un pelage gris ou brun, parfois noir. Il mesure entre 18 et 26 centimètres, sans compter sa queue qui est presque aussi longue que lui. — Moi, je trouve ça joli, murmure Antigone. — Ton cher rat mange de tout, s’adapte à toutes les sortes de nourriture. Il n’a donc jamais faim. Il gruge pour user ses incisives, qui poussent de quatorze centimètres par année. Il peut grignoter du béton, du bois, n’importe quoi. Il provoque même des incendies en rongeant des fils électriques ! — Et il sait reconnaître les poisons ! C’est un brave ! dit Antigone.

— Un brave dont on n’arrive pas à se débarras­ ser, justement parce qu’il flaire les poisons. Il est bourré de parasites qui transmettent des infections, il mord, il contamine des aliments par son urine et ses excréments… —  Mais ce n’est pas sa faute ! soupire Antigone. —  Non, mais c’est tout de même embarrassant ! dit Cyrus. Il faut des millions de dollars chaque année pour exterminer les rats des grandes villes. Et ils se reproduisent allègrement ! — À quelle vitesse ? demande Antigone. — Plus que rapidement ! Un seul couple de rats peut engendrer vingt millions de petits en trois ans. Heureusement qu’il en meurt quelques-uns ! On pense qu’il y aurait sur la Terre autant de rats que d’humains. Environ 600 espèces… — Oh ! fait Antigone, émerveillée. Et vous ne pouvez pas lui trouver une seule qualité ?

— Il s’adapte à tout, au froid, à la chaleur, à la sécheresse ; c’est une grande qualité. Il nettoie les égouts où il circule. Il semble qu’au Viêtnam une certaine espèce de rats soit considérée comme un plat très raffiné. On en mangerait également dans plusieurs pays d’Asie. — Vous voyez bien qu’il sert à quelque chose ! marmonne Antigone. — Là où il est vraiment utile, c’est dans le rôle de proie naturelle : il constitue l’alimentation de certains oiseaux, de certains reptiles et de certains mammifères. Il contribue donc à maintenir l’équilibre de la nature. — Bravo, le rat ! s’écrie Antigone.

L e r at g r i s ou s u r mu lot e s t s u r nom mé rat d’ég out pa rce c’es t là , da n s les égou ts des v i l les, qu’i l t r ouv e le m i l ieu hu m ide qu’i l a f fe c t ion ne p a r t ic u l ièr eme nt . Se s habitudes a l i ment a i res ressemblent be auc oup à cel le s de l’ hom me. En ef fet, ses préf éren ces vont à la vian de, aux frui ts et au x cér éa les. Les rat s sor t ent l a nu it , on le s voit t r è s r a r eme nt le jou r.

Pourquoi les organismes vivants sont-ils plus petits en haute montagne ? Près de chez lui, en montagne, Youri admire les gentianes. Les fleurs d’un bleu soutenu poussent en petits bouquets serrés que fait onduler le vent. — J’adore ces fleurs, soupire le garçon. Mais pourquoi sont-elles si petites ? Des crissements de pas sur les cailloux du sentier le tirent de la rêverie dans laquelle il est plongé. — Cyrus ! s’écrie joyeusement le garçon en se levant d’un bond. Que je suis heureux de vous voir ! — Bonjour, Youri. Je peux m’asseoir un instant ? demande le savant un peu essoufflé. Une petite halte serait la bienvenue. La montée m’a un peu fatigué. Que faisais-tu ?

— J’admirais les gentianes en regrettant qu’elles ne soient pas géantes. Pourquoi sont-elles si petites, Cyrus ? — Si elles étaient géantes… — Comme les tournesols ? — Elles ne survivraient tout simplement pas. En altitude, seuls les organismes nains ont une chance de survivre. — Mais pourquoi ? — Parce que les conditions climatiques sont extrêmes, donc très difficiles : la pression atmo­sphé­ ri­que est moindre, l’oxygène est plus rare, les rayons du soleil sont plus forts, la température et l’humidité relative sont moins élevées. Youri sent le soleil lui chauffer doucement la peau. — Aujourd’hui, il fait beau. Le soleil brille et la brise est légère. Mais songe à l’hiver, à l’automne et au printemps, où souvent il fait très froid et où les vents soufflent en rafales.

— Il n’y a pas beaucoup d’abris contre les intempéries, remarque-t-il. — Non, admet le savant. Rien ici ne peut arrêter le vent. C’est pourquoi les petits végétaux résistent mieux aux températures extrêmes. — Leurs tiges moins hautes donnent moins de prise au vent ? — Oui, et les plantes évitent ainsi d’être déracinées. — Est-ce aussi pour cette raison que les végétaux poussent en groupe ? demande le garçon. — Tout à fait. Puisqu’ils poussent densément, l’air a plus de difficulté à circuler entre les plants, qui conservent ainsi leur chaleur. — Comme les gens qui, l’hiver, se serrent près des abris d’autobus ? — J’aime ta comparaison, Youri. — Les insectes sont-ils eux aussi plus petits en altitude ?

— Oui. Parce qu’en altitude il y a moins de plantes, donc moins de nourriture. Si la vie en altitude est plus difficile pour les plantes, il n’y aura pas des foules d’herbivores pour les manger ni beaucoup de prédateurs carnivores pour dévorer les herbivores ! — Est-ce que les petits êtres mangent moins que les gros ? demande le garçon. — Oui, dit encore Cyrus. C’est pour cela aussi que les petits organismes survivent mieux en haute altitude. Tu savais que les humains sont également plus petits ? — Vous ne blaguez pas, Cyrus ? — Pas le moins du monde. Les gens qui vivent depuis longtemps dans les Andes et dans la chaîne

himalayenne sont vraiment plus petits. Leur corps s’est adapté au climat : poitrine très large, cœur et poumons très développés. Ils sont trapus pour que le cœur n’ait pas à pomper le sang trop loin. — C’est fascinant, Cyrus ! — Tout à fait ! Youri, lance le savant en s’éloignant de son pas souple et régulier de montagnard, ne rentre pas trop tard !

La pr em ièr e a sce n sio n du mo nt Bla nc f ut e f fe c t u é e l e 8   a o û t   17 8 6 pa r Pacca rd, mé de ci n à Ch a mo n i x, et Ja cq ue s Be l m at, u n i nt r ép ide ch a sse u r de ch a mo i s â gé de 24  a n s. I l fau d ra att en d r e 18 08 et Ma r ie Pa r a d i s p ou r qu ’u ne fem me r éu s s i s se à le g r av i r ju sq u’a u so m me t.

Y a-t-il des éclipses de Lune sur d’autres planètes ? — Dis donc, mon garçon, fais un peu attention où tu mets les pieds ! bougonne Cyrus. Maxime s’excuse. En tentant de fendre la foule massée sur la place pour admirer l’éclipse de Lune, il a écrasé les pieds du savant. — Reste ici, lui recommande ce dernier. La place est bonne. Nul besoin de te retrouver au premier rang puisqu’il suffit de lever la tête. — Ça y est ! s’écrie Maxime lorsque l’ombre de la Terre commence à voiler notre satellite. Au bout d’un moment, il demande à son compagnon : — Cyrus ? — Moui ? — Qu’est-ce qui produit une éclipse de Lune ?

— Une éclipse se produit lorsque la Lune passe derrière la Terre, qui lui fait de l’ombre. — Je ne vous suis pas, avoue le gamin. — La Terre est plus grosse que la Lune. — Ça, je sais. — Lorsque la Terre passe entre le Soleil et la Lune, elle bloque la lumière du Soleil, obscurcissant ainsi la Lune. Si tu préfères, elle projette un cône d’ombre sur notre satellite.

orbite terrestre

Terre

Soleil

Lune

— Y a-t-il des éclipses de Lune sur d’autres planètes ? demande Maxime, le nez toujours levé vers le ciel. — Oui. Mais les autres planètes n’ont pas la même Lune que nous. Saturne, par exemple, possède plusieurs lunes. On les appelle aussi des satellites. Lorsque Saturne passe entre le Soleil et un de ses satellites, obscurcissant ainsi la lumière du Soleil, il y a une éclipse. — Ça doit être chouette de vivre sur une planète possédant plusieurs satellites, commente Maxime. On a bien plus de chances de se coucher tard pour observer une éclipse ! — C’est une façon de voir les choses, marmonne le savant en frottant le bout de son pied toujours douloureux. — Hormis Saturne, demande Maxime, quelle autre planète de notre système possède des satellites ? — Tu cherches à déménager ? demande le savant. — Je suis curieux, tout simplement, rétorque Maxime sans se soucier de l’ironie de Cyrus.

— Toutes les planètes, sauf Mercure et Vénus, possèdent des satellites. — On peut donc dire, résume le garçon, que tou­ tes les planètes du système solaire, sauf Mercure et Vénus, connaissent des éclipses ? — C’est ça. — Et dites-moi, est-ce que les planètes se font de l’ombre entre elles ? interroge Maxime. — C’est une bonne question. — Ma mère dit toujours qu’il n’y a pas de mauvaise question. — Elle a raison, dit le savant. Les planètes sont trop éloignées les unes des autres. Même si elles se trouvaient alignées de manière que l’une bloque la lumière du Soleil, le cône d’ombre projeté par cette planète ne pourrait pas en atteindre une autre. — À cause de la trop grande distance entre elles ? — Exactement.

— Voilà, dit le garçon. C’est déjà terminé. Je dois rentrer à présent. J’ai été content de vous rencontrer, dit-il au savant. — Parle pour toi ! répond ce dernier. Et il éclate de rire.

écl ipses de Cont ra i rement au x le i l ne so nt Lu ne , le s éc l ip se s de So n s u ne zone obser vables que da e de l a pl ar el at iv em en t r es t r ei nt lo n l’e nd ro it nè te . C’es t d i re qu e, se ab it e, de la Te r r e qu e l’o n h si l es t pl us ou m oi ns po s i b l e d’ o b s e r v e r d e s é cl ip se s de So le i l.

Pourquoi les genoux des pattes de derrière des chiens sont à l’envers ? Joseph est arrivé très tôt pour avoir le temps de jouer avec Gratte-Bedaine. Il a une patience d’ange et il passe des heures à montrer des tours au gros saint-bernard. Depuis l’été, Joseph a réussi à le faire tenir trois secondes sur ses pattes de derrière, à le faire marcher dans tous les sens : à reculons et comme un crabe, vers la gauche ou vers la droite. Il faut croire que Gratte-Bedaine est aussi patient que Joseph, car il obéit parfaitement et recommence ses exercices tant que Joseph n’est pas satisfait. Cyrus travaille au jardin, en plein soleil depuis le matin. Il entre dans la cuisine chercher un peu de fraîcheur et

aperçoit Joseph, couché sur le plancher du salon. Gratte-Bedaine ne bouge pas d’un poil. — Joseph ? demande Cyrus. Tout va bien ? — Ne bouge surtout pas, Gratton ! dit Joseph. Oui, ajoute-t-il pour Cyrus, tout va très bien. — Un nouveau tour ? dit Cyrus. — Pas du tout, répond Joseph. Je viens de simplement de remarquer que les genoux de GratteBedaine sont à l’envers. Venez voir ! — Tu te trompes ! dit Cyrus en riant. Les chiens n’ont pas les genoux à l’envers, ils ont les genoux ailleurs. Leurs pattes ne sont pas bâties comme nos jambes. Joseph tâte les pattes de derrière du chien. — Les chiens, Joseph, sont digitigrades, c’est-à-dire qu’ils marchent sur leurs doigts. — Comme si, moi, je marchais sur mes orteils ? de­mande Joseph. — Exactement. Les articulations des pattes des chiens ne correspondent pas à celles

de nos jambes ou de nos bras. Ce que tu crois être un genou de la patte de derrière s’appelle en fait le jarret. Si le chien posait son pied par terre comme toi et moi, on pourrait dire que le jarret est son talon. — Ce serait plus simple si tout le monde était fait de la même façon, dit Joseph, pensif. — Si les chiens ont des pattes différentes de nos jambes, c’est qu’ils n’en font pas la même utilisation. Le chien s’est adapté à la course. Son anatomie en fait un coureur d’endurance. Ses muscles constituent un très fort mécanisme de propulsion, ce qui en fait un athlète hors pair. Cette adaptation à la course a entraîné un allongement et un redressement des extrémités des membres. —  Ses pattes sont faites pour courir et nos jambes pour marcher, conclut Joseph. —  Regarde bien un champion de course à pied. Observe sa position de départ, dit Cyrus. —  À quatre pattes, dit Joseph en riant. Presque comme un chien ! Bon, dit-il à Gratte-­ Bedaine, j’ai compris ! Repos, Gratton.

Gratte-Bedaine s’assied, attendant une récompense. On ne reste pas ainsi une heure à se faire examiner les pattes sans mériter un petit quelque chose… Cyrus se dirige vers une armoire, regarde son Gratton parfaitement immobile en souriant et en sort un os pour chien. — J’ai aussi quelque chose pour toi, dit le savant en faisant un clin d’œil à Joseph. Et d’une autre armoire, il sort une assiette pleine de biscuits au sucre. — Mes préférés! s’écrie Joseph. Gratte-Bedaine, bien élevé, donne la patte en attendant son os.

Ba r r y est u n épa g neu l des A lpes qu i a vécu de 1800 à 1814. I l ressembla it à u n sa i nt-ber na rd, ma is cette ra ce n’ex i st a it pa s encor e à l’époque. C’est u n p e u p lu s t a r d q u’e l l e e s t c r é é e à p a r t i r d e c r o i s e m e n t s . E n d o u z e a n s d e t r av a i l , e n vér it a ble hér os, Ba r r y a s auvé 40 p er son ne s éga r é e s d a n s l a nei ge.

Pourquoi, en montagne, le vent souffle plus fort le jour que la nuit ? Cyrus entend de très loin le téléphone sonner. Une fois, deux fois, trois fois… Il court dans la maison en essayant de se diriger vers la sonnerie persistante. « J’oublie toujours où je l’ai laissé », se dit-il en mettant la main sur l’appareil oublié sous un coussin. — Cyrus à l’appareil ! dit le savant, essoufflé. — Allô ! Cyrus, c’est Philémon ! fait une petite voix. — Quel bon vent t’amène, mon cher Philémon ? — Mais pourquoi me parlez-vous de vent, Cyrus ? — Comme ça, c’est une expression courante… — Justement, je vous appelle à propos du vent… Je suis à la montagne avec mes parents et quelque chose me tracasse… Il vente extraordinairement fort le jour, mais pas autant la nuit et… — Tes parents n’ont pas pu t’expliquer ?

— Pas vraiment. Je crois qu’ils voudraient bien savoir, eux aussi. — Faisons vite, Philémon ! J’ai rendez-vous dans dix minutes. D’abord, qu’est-ce que le vent ? — De l’air ? hasarde Philémon, sans trop savoir de quoi il retourne.

vent de vallée

vent de montagne

— Une masse d’air, une masse d’air qui se déplace. Et ce qui fait que les masses d’air se déplacent, ce sont les différences de température. — Je note tout, Cyrus, dit Philémon, parlez lentement. — L’air froid est lourd et dense, alors que l’air chaud est léger. Un truc pour s’en souvenir : pense aux montgolfières, qu’on remplit d’air chaud pour les faire voler. — C’est vrai…, murmure Philémon. — L’air de la montagne est plus froid que celui de la vallée et il refroidit à mesure que la nuit tombe. L’air du sommet de la montagne se fait plus dense, plus lourd. Il a donc tendance à descendre le long de la montagne vers la vallée. Le vent de vallée est donc un vent de nuit, et c’est un vent descendant. — Et le jour ? demande Philémon. — Le matin, les rayons du soleil frappent la montagne de côté. L’air de la vallée, celui qui se trouve près de la montagne, se réchauffe. Comme il est léger, il remonte vers la montagne.

— Et c’est là qu’il vente dans la montagne ? fait la voix de l’enfant, lointaine. — Exactement. Le vent de montagne se fait le jour et il est ascendant. Il ne vente pas trop, au moins ? demande Cyrus. — Pas trop, non. Mais j’aime le vent, dit Philémon. Et j’aime particulièrement le vent de montagne. C’est bon, Cyrus, j’ai tout noté. — Va vite expliquer le phénomène à tes parents, et bonnes vacances, Philémon ! — Merci, Cyrus. Je passerai vous voir à mon retour ! « Il ne peut jamais supporter de ne pas savoir, celui-là ! se dit Cyrus. Un jour, il en saura plus que moi… »

L a for ce du vent se c a lc u le selon l’é chel le de Be au for t . I m a g i né e en 1805 pa r l’a m i r a l Be au for t , el le e s t ut i l i sé e pa r t out d a n s le monde, s u r t out d a n s le dom a i ne de l a n av i gat ion . De 0 à 12 , le s vent s sont cl a s sé s selon leu r v it e s se. Pa r exemple, 11 à l’é chel le de Be au for t a n nonce u ne t r è s v iolent e t emp êt e ave c de s vent s de 103 à 117 k m / h .

Pourquoi, dans l’ancien temps, on portait des perruques ? — Les petits vilains ! se dit Cyrus en riant. Les petits vilains ! Ils étaient cinq garçons, rigolos comme tout, assis derrière lui dans le métro, équipés de sacs à lunch, de sacs d’école et de ballons. Ils parlaient de Cyrus et de sa tête chauve. Ils riaient comme des fous en le comparant à un œuf et en imitant la poule. Cyrus a l’habitude : il est chauve depuis au moins trente ans. Or, avant de sortir du métro, les cinq garnements se sont donné rendez-vous chez l’un d’entre eux nommé Pierre, en précisant l’adresse pour le nouveau de la bande qui l’ignorait encore. Cyrus sait donc que le garçon habite au 2, rue des Plantes. Pierre a même eu l’audace de crier en sortant du métro : « Une perruque, ça doit coûter trop cher ! »

Et toute la bande s’est sauvée dans un fou rire de première classe. Cyrus s’installe à sa table de travail et commence une lettre moqueuse, dédiée au fameux Pierre. Jeune homme, Je suis celui qui ne s’est pas encore acheté de perruque, dont vous avez copieusement ri dans le métro vers quatre heures, alors que je venais tout juste de perdre ma casquette. Me l’auriez-vous prise ? Vous avez dû croire que j’étais sourd en plus d’être chauve, mais j’ai tout entendu, et j’ai ri moi aussi. Laisse-moi t’expliquer l’histoire des cheveux et, par extension, celle des perruques. Les hommes ont longtemps cru qu’une abondance de cheveux était un symbole de force. Samson, dans la Bible, perd toute sa force le jour où Dalila la traîtresse lui coupe les cheveux. Les hommes primitifs ne coupaient pas les cheveux des enfants, car ils croyaient que cela les ferait mourir. Les perruques ne datent pas d’hier. Dans l’Ancien Empire,

en Égypte, les gens aisés portaient des perruques. Les Babyloniens et les Perses en portaient aussi. Les femmes grecques et romaines recherchaient les postiches. Tout de même, jusqu’au XIV e siècle, les perruques étaient un luxe rare. Comment la perruque devint-elle populaire, particulièrement chez les hommes ? Il semble que cela vienne du fait que Louis XIII, roi de France, était devenu chauve très jeune. Un roi sans cheveux n’ayant pas de charme, Louis XIII se mit à porter de faux cheveux. Et comme on faisait en général à la manière du roi, ses courtisans et les nobles de France l’imitèrent. Il ne fallait pas déplaire au roi : le mieux était de l’imiter. Évidemment, la mode se répandit et tout le monde voulut porter la perruque. Et, d’un royaume à l’autre, on adopta les faux cheveux. De la perruque ordinaire, on passa à des perruques hallucinantes qui allaient jusqu’à mesurer un mètre de haut. On leur donna même des noms : l’escalier, l’épinard monté en graine, l’artichaut, la comète, les ailes de pigeon, le dos de sanglier…

Quand vous parlerez désormais de perruques, vous aurez de la matière de base. Si jamais vous me croisez encore une fois dans le métro, attendez-vous à me revoir chauve. J’aime bien avoir le crâne au vent et jamais, entendez-vous, jamais, je ne porterai de faux cheveux : je ne me reconnaîtrais pas ! Sans rancune, Cyrus P.-S. Je possède une merveilleuse collection de chapeaux qui savent fort bien protéger mon crâne. Cyrus cachette l’enveloppe en riant intérieurement, sort de chez lui et marche, accompagné d’un Gratte-Bedaine heureux, vers le 2 de la rue des Plantes.

Au I I e s iè cle, C lément d’A lex a nd r ie, p èr e de l’Ég l i se g r e cque, cr it ique ver t ement le s fem me s qu i p or t ent « de s che veu x de mor t e s », c a r ce s déf u nt e s fem me s sont p eut - êt r e en t r a i n de br û ler en en fer.

Qui d’autre que Saturne a des anneaux ? — Savez-vous à quoi je rêve souvent ? demande la tendre Anna. — À des chevaux volants ? risque Cyrus. — Non. Je rêve que je m’élève au-dessus de la Terre, très haut, et que je prends appui sur des anneaux brillants. Là, je glisse pieds nus et je file autour de la planète, les cheveux au vent, les bras ouverts comme des ailes d’oiseau. — C’est un joli rêve, dit Cyrus. —  Sauf que la Terre n’a pas d’anneaux, dit Anna, les yeux levés vers le ciel. Seulement Saturne, et on ne les voit même pas à l’œil nu !

— Il n’y a pas seulement Saturne qui possède des anneaux, corrige Cyrus. Neptune, Jupiter et Uranus en ont aussi. — C’est vrai ? — Bien sûr que c’est vrai. C’est Galilée qui, le premier, a découvert en 1610 deux appendices, deux éléments qu’il n’arrivait pas à définir. Quarantecinq ans plus tard, en 1655, Huygens identi­fie une sorte de disque, séparé de la planète Saturne. Mais c’est seulement depuis le début des années 1980 qu’on connaît le vrai système des anneaux de Saturne. — Il y en a beaucoup ? demande Anna. — Sur les images envoyées par les sondes Voyager, on observe qu’il y a des dizaines de milliers d’anneaux très minces, séparés les uns des autres. Tous ensemble, ils forment un disque de 300 000 kilomètres de diamètre, alors que leur épaisseur ne dépasse pas un kilomètre. — Et les autres anneaux, Cyrus ?

— Jupiter, par exemple, a trois anneaux composés de poussières et de gaz. La planète Uranus est entourée de treize anneaux très étroits. Neptune possède cinq anneaux très sombres dont la composition est encore inconnue. — Résumons, dit Anna, qui ne perd jamais le nord. Saturne : des dizaines de milliers. Jupiter : trois anneaux. Uranus : treize anneaux. Neptune : cinq. — Résumé parfait ! s’exclame Cyrus. — Mais les anneaux, Cyrus, de quoi sont-ils faits ? — Dans le cas de Saturne, chaque anneau est fait d’une quantité incroyable de blocs et de particules. Il y en a de minuscules, de quelques centimètres. D’autres peuvent aller jusqu’à plusieurs centaines de mètres. Ils sont recouverts de glace pleine d’impuretés. — De glace sale… — Les anneaux de Jupiter sont principalement constitués de poussière. Dans celui d’Uranus, on trouve des blocs dont les dimensions varient de dix centimètres à quelques mètres.

— Et pour ceux de Neptune ? demande Anna. — Ceux de Neptune sont faits d’amas de matière espacés régulièrement. — Et c’est là, et ça reste là, et ça tourne autour des planètes…, dit Anna, songeuse. — Dommage que la Terre n’ait pas ces anneaux brillants que tu vois en rêve…, ajoute doucement Cyrus. J’installerais un mégatélescope sur le haut de la montagne et j’inviterais les gens, la nuit, à venir voir la plus grande vedette de l’espace, Anna, celle qui patine autour de la Terre… — Cyrus, vous vous moquez ! dit Anna en fronçant curieusement les sourcils. — Pas du tout, pas du tout, dit Cyrus. C’est une très belle image…

Déjà , en 1610, l’It a l ien Ga l i lée découv r e les qu at r e pr i ncip au x s at el l it e s de Jupit er. I l les nom me : Io, Eu rope, Ga ny mède et Ca l listo. O n le s app el le le s s at el l it e s ga l i lé en s .

Pourquoi les ours hibernent-ils ? — Cyrus, demande Vlad, que veut dire hiberner ? — Hiberner veut dire « passer l’hiver dans un état d’engourdissement ». Ça veut aussi dire « passer l’hiver à l’abri ». Pourquoi me demandes-tu cela ? — Ce matin, ma mère m’a dit que j’étais comme les ours et que j’hibernais. Cela parce que j’ai beaucoup de mal à me lever et que je préfère demeurer à la maison plutôt que d’aller jouer dehors. Cyrus sourit en regardant le petit garçon qu’il vient parfois garder en l’absence de ses parents. — Tu aimes beaucoup regarder la télévision, n’est-ce pas, Vlad ? — Oui, répond le garçon. On y apprend des tas de choses.

— Mais tu n’as jamais rien appris sur l’hibernation ? remarque le savant Cyrus. — Peut-être, dit Vlad. Mais j’ai oublié. — Au Québec, par exemple, explique l’érudit transformé en gardien d’enfants, seulement trois espèces d’animaux hibernent vraiment. Ce sont la marmotte, une espèce de souris des champs et certaines chauves-souris. — Et les ours ? s’étonne Vlad. Ils n’hibernent pas ? — Les ours vivent plutôt une semi-hibernation. — Quelle est la différence, Cyrus ? — En période d’hibernation, le cœur de la marmotte ne bat qu’une fois toutes les trente secondes. Elle dort si profondément que tu pourrais la mettre au congélateur. Elle ne s’en apercevrait pas ! — Vous en êtes certain ?

— Certain. Elle est trop engourdie pour se rendre compte de quoi que ce soit. — Mais pourquoi ? s’inquiète Vlad. — La marmotte agit ainsi pour se protéger des rigueurs de l’hiver. — Oui, c’est dur, l’hiver. — Il fait froid et la nourriture est rare, difficile à trouver pour les animaux qui vivent dans les bois. — Une horreur ! compatit Vlad en songeant au garde-manger bien garni de sa demeure.

— En dormant ainsi très profondément, la marmotte n’a pas besoin de nourriture et elle ne ressent pas le froid. — Pas bête, la bête ! Mais les ours ? — En hiver, les ours dorment beaucoup, mais ils sortent tout de même de leur tanière pour se nourrir. Ils sont moins actifs cependant et vivent sur leurs réserves accumulées au cours de l’été. — Ma mère aurait donc dû dire que je semihibernais comme les ours, remarque Vlad. — Tout à fait. Comme eux, tu as considérablement réduit tes activités. Mais, contrairement aux ours, toi, tu grossis. — Juste un peu, Cyrus. Juste un peu. — La semi-hibernation permet également à l’ours de rester à l’abri de ses prédateurs, de l’homme surtout. Les animaux comme le cerf, le renard et le loup n’hibernent pas. On les chasse durant l’hiver. Mais toi, Vlad, tu n’as pas ce problème. Tu peux sans crainte aller jouer dehors, ajoute le savant. La conversation prend un tour qui déplaît au garçon. Il s’efforce donc de ramener le savant au sujet qui l’intéresse.

— Y a-t-il des ours qui ne semi-hibernent pas l’hiver ? — Oui, les ours polaires, dit Cyrus. Ils restent actifs tout l’hiver comme devraient l’être les enfants de ton âge, insiste le savant. — J’irais bien glisser ou faire de la raquette demain matin, dit Vlad. — Excellente idée, mon garçon ! approuve le savant. — Vous m’accompagnerez ? Sans oser l’avouer, Cyrus se dit qu’il aimerait cent fois mieux s’installer près de sa cheminée avec un bon livre…

À l’app r oche de l’h iver, la plup a r t des oi s e au x pr éf èr ent m i g r er. Une s e u le espè ce h iber ne vér it ablem ent : c’est l’engo u le v e nt d e Nut t a l l q u i v it a u s u d d e l a Colom bie -Br it a n n ique. Des ca s de lét h a rg ie ont éga leme nt ét é obse r vé s chez le s m a r t inet s.

Pourquoi la mer est-elle salée ? Joachim s’amuse beaucoup. Il adore se jeter à la rencontre des gros rouleaux qui déferlent sur la plage. — Oh ! En voici un très gros ! Sans hésiter, le garçon s’élance la tête la première à la rencontre d’une grosse vague. Malheureusement, il ne plonge pas assez rapidement et la vague le frappe de plein fouet. Elle le tourne et le retourne comme une crêpe, l’entraînant dans sa violence. Les genoux du gamin raclent durement le fond. Surpris, il ouvre la bouche pour crier et avale une grosse gorgée d’eau. Secoué, égrati­ gné, à demi étouffé, il échoue enfin sur la plage. Il tousse et crache un peu d’eau.

— Pouah ! C’est mauvais. Le goût salé de l’eau de mer lui donne envie de vomir. Joachim décide de mettre immédiatement fin à ce jeu stupide qu’il affectionnait depuis qu’il a découvert la mer deux jours plus tôt. Enroulé dans sa grande serviette, il se dirige vers la buvette. Cyrus est là et sirote une limonade. — Je t’observais, dit ce dernier. Tu as bu la tasse, hein ? — Ouais, peste Joachim. Mais pourquoi l’eau de mer est-elle salée ? C’est tellement mauvais… — La mer est salée, répond Cyrus, parce que ses eaux contiennent du sel. — Mais d’où vient donc ce sel ? Du ciel ? — Non, de la terre. La terre, explique l’érudit, est formée de minéraux qui contiennent des sels comme le chlorure de sodium. Quand il pleut, l’eau, par le phénomène de ruissellement, transporte les sels dans les rivières.

— Mais les rivières ne sont pas salées ! objecte Joachim. — On ne le sent pas parce que le sel est extrêmement dilué. Toutes les rivières transportent le sel vers les océans, où il s’accumule. — Faut-il beaucoup de sel pour saler la mer ? demande le garçon, qui s’est à son tour commandé une limonade. — Chaque jour, des milliers de tonnes de sel sont déversées dans les mers, répond le savant. — Des milliers de tonnes ! Ça peut bien être mauvais, s’exclame Joachim, qui, au souvenir du goût de l’eau de mer, sent de nouveau son cœur se soulever. — Une partie de l’eau de mer s’évapore, dit Cyrus, mais le sel, lui, demeure. C’est pourquoi l’eau est plus salée dans les mers chaudes : l’évaporation y est plus grande. — C’est bien ma chance, soupire Joachim. On devrait toujours se baigner dans les mers froides, alors. Ce serait moins désagréable quand on y boirait la tasse.

— Certainement, mais beaucoup moins agréable pour y jouer, remarque le savant, dont les os et l’épiderme se révoltent à l’idée de bains glacés. — À moins d’être un phoque, rétorque Joachim en battant des mains et en imitant le cri de l’animal arctique. — Tu retournes te baigner ? s’enquiert le savant. — Oh non ! Merci pour moi. Je vais plutôt sortir ma planche à roulettes. — À bientôt, alors ! Cyrus s’empare de sa raquette de tennis et s’éloigne de la plage en se demandant où les enfants prennent toutes ces questions qu’ils lui posent sans cesse. — Si j’allais le demander à Cyrus…, ironise-t-il.

Une ét on n a nt e dé cou ver t e r é vélé e en 2014 nou s p er met de cr oi r e qu’i l y au r a it à env i r on 700  k i lom èt r e s sou s nos pie d s u n g i ga nt e squ e r é ser voi r qu i r en fer mer a it aut a nt d’e au qu’e n con t ien nen t t ou s le s océ a n s de l a Ter r e.

Pourquoi les dents du haut sont-elles plus grosses que celles du bas ? — J’en ai assez de porter des rails de chemin de fer ! hurle Lucas. Assez ! — Tais-toi, tu cries trop fort ! répond Jo. — Je suis venu ici justement pour pouvoir crier en paix ! Il n’y a personne, la plage est vide. — Oh non ! fait une grosse voix derrière les deux garçons. Ils se retournent, surpris de voir Cyrus pieds nus dans le sable. — Qu’est-ce que vous faites là à hurler ? demandet-il. — Ce n’est pas moi qui hurle, c’est Lucas, répond rapidement Jo. — Et moi, j’ai de très bonnes raisons de hurler ! Regardez-moi, Cyrus ! J’ai des rails de chemin de

fer dans la bouche. Ça m’agace et c’est laid ! Tout ça parce que j’ai les dents du haut trop grosses ! — Ça ne va pas durer toute la vie ! dit Cyrus. Quand tes dents seront bien replacées, on t’enlèvera ton appareil dentaire et tu n’y penseras plus. — Cyrus, demande timidement Jo, pourquoi nos dents, même normales, sont-elles plus grosses en haut qu’en bas ? — Pas seulement nos dents, jeune homme ! Toute la mâchoire supérieure est plus grosse que celle du bas. La mâchoire supérieure s’appelle le maxillaire et celle du bas se nomme la mandibule.

arcade dentaire supérieure luette

langue

amygdale

arcade dentaire inférieure

— Et le maxillaire est plus gros que la mandibule, dit Jo. — Pour permettre aux dents d’être plus grosses, pour nous permettre de mastiquer de façon efficace. Si tu fais claquer tes dents ensemble, qu’est-ce qui se passe ? demande Cyrus. Jo et Lucas se mettent aussitôt à faire claquer leur maxillaire contre leur mandibule. — Quelles sont les dents qui se frappent ensemble ? demande encore Cyrus. — Les molaires, s’exclament ensemble les deux garçons. — Si vous serrez bien les dents, vous vous apercevez que celles du haut recouvrent légèrement les dents du bas. — C’est vrai, observe Lucas. — Maintenant, dit Cyrus, collez ensemble vos incisives. — Celles du devant ? demande Jo. — Oui, dit Cyrus. Qu’est-ce qui se passerait s’il vous fallait manger avec les incisives appuyées les unes sur les autres ?

— Je pense qu’on ne pourrait rien faire d’autre que grignoter ! dit Jo en éclatant de rire. On aurait l’air de poules ! — Avec de bonnes grosses dents au maxillaire et de plus petites à la mandibule, tout vient se mettre en place de la meilleure façon pour que nous puissions manger efficacement, conclut Cyrus. — Mais pourquoi Lucas a de trop grosses dents ? demande encore Jo. — C’est un tout petit défaut de la nature, que ton appareil orthodontique va replacer en peu de temps, mon cher Lucas. — Ils m’ont dit un an ! C’est long…, dit Lucas. — L’espace entre deux anniversaires, c’est tout ! précise Cyrus. Pas si long, quand on y pense…

En O u zbék i s t a n , le comble de l’élé ga nc e c hez l a fem me e s t d’avoi r des dent s en or. Viei l le t ra d it ion fa ci le à comprend re : l’or est l a pr i ncip a le r e s sou r ce n at u r el le du pa y s. Les dent s en or ser vent de cou r on nes, m a i s c’est aussi u ne ma n ière ef f icace de préser ver s a for t u ne.

Pourquoi y a-t-il de la couleur dans les bulles de savon ? — Qu’est-ce que vous avez tous, cette année, les enfants ! s’écrie Cyrus en levant les yeux au ciel. Tout le monde me pose des questions sur la couleur de l’eau, de celles de la neige, de la glace, et maintenant de celle des bulles de savon ! — On ne sait pas…, dit Lola. C’est peut-être l’année de la couleur ? Ses deux amies restent silencieuses, impressionnées par Cyrus, qu’elles ne connaissent pas encore. — À propos de la couleur des bulles de savon, vous pouvez nous répondre, Cyrus ? demande Lola, inquiète tout à coup de ne pas obtenir de réponse, alors qu’elle a juré à ses amies que Cyrus savait tout, absolument tout, et sur tous les sujets. — Ne vous en faites pas, je vais tout vous expliquer, dit Cyrus. Mais avant, est-ce que vous savez de quoi est faite la lumière ?

Elles se regardent toutes les trois, bien embêtées. Lola essaie bravement de dire quelque chose. — La lumière… la lumière est composée de blanc transparent qui… — Voyons ! dit Cyrus. La lumière, ma Lola, nous semble blanche, mais elle est faite de sept couleurs : violet, indigo, bleu, vert, jaune, orangé, rouge. — Comme l’arc-en-ciel ! s’écrie subitement l’une des deux amies muettes. — Vous avez déjà observé ce qui se produit lorsque la lumière passe à travers un prisme ? demande Cyrus. — Non, avouent les trois petites filles, un peu penaudes. Cyrus prend sur sa table un prisme de verre et y fait passer un rayon de soleil. —  Vous voyez les sept couleurs ? C’est ce que l’on appelle le spectre de la lumière solaire. Elles ouvrent de grands yeux émerveillés.

— Pour les bulles de savon, c’est un peu la même chose. — Mais les bulles de savon n’ont pas la même forme que le prisme ! s’étonne une des deux amies de Lola. — Peu importe ! Elles décomposent tout de même la lumière, comme le font les gouttes d’eau qui constituent un arc-en-ciel ou une flaque d’huile sur le sol. Les trois petites, sidérées, n’osent plus ouvrir la bouche. — Une bulle de savon, explique lentement Cyrus, c’est extraordinairement mince, mais l’épaisseur

n’est pas la même partout. C’est ce qui donne différentes couleurs. La couleur change selon l’épaisseur de la bulle à tel ou tel endroit de sa surface parce que la lumière y passe différemment. Est-ce que c’est clair ? demande-t-il à Lola qui l’écoute, éblouie. — Je pense que oui, dit-elle en hésitant et en jetant un regard interrogateur à ses deux amies. — Le mieux, pour bien observer la chose, c’est d’aller dehors avec le prisme, de l’huile et du savon en quantité pour faire des tonnes de bulles et les regarder bien attentivement ! dit Cyrus. J’ai une vieille pipe à bulles et un bâton magique pour faire des bulles géantes… —  Vous avez encore des jouets, Cyrus ? demande Lola. —  Le jour où on n’a plus de quoi jouer, on est bien vieux ! dit Cyrus en riant. Faites bien attention au prisme, c’est fragile ! Les trois amies transportent tout dans le jardin. —  Et l’huile ? demande Lola.

— Je vais en chercher dans le garage… J’arrive tout de suite. Ce jour-là, bien des passants ont pu voir des dizai­ nes et des dizaines de bulles montant du jardin de Cyrus.

on  : P l i n e, À p r op o s d e s av du I er  si èc le h is to ri en ro m a i n r it qu e le s de no t r e èr e, a éc nt de sa vo n G au lo is se se r va ie s ch e ve u x. p ou r é cl a i r ci r le a it de s u i f C e s av on é t a it f ce nd r e s de de ch è v r e et de hê t r e.

Combien y a-t-il de dieux ? Assise dans le tramway à côté de Cyrus, Anastasie fronce les sourcils. — Cyrus, demande-t-elle, combien y a-t-il de dieux ? — Oh, fait Cyrus, on ne peut pas les compter. Toutes les religions et toutes les mythologies possèdent leurs dieux et ils sont tellement nombreux qu’on ne saurait les compter. — Comment se fait-il qu’il y en ait autant ? Cyrus sourit avant de répondre. — Depuis toujours, les humains ont tenté d’expliquer les phénomènes qu’ils ne comprenaient pas. — Quel rapport avec les dieux ? demande Anastasie. — Laisse-moi t’expliquer. Nous avons tout notre temps, nous avons un long trajet à faire.

— Au moins quarante minutes, précise Anastasie. Je vous écoute. — Imagine des hommes, des femmes et des enfants qui vivent en grande tribu dans des cavernes et qui tout à coup voient flamber la forêt qui les entoure. L’incendie est sans doute dû à la foudre, mais ces gens-là ne savent pas ce que c’est. Ils n’ont peut-être jamais vu de feu de forêt. Ils ont très peur. — Oh, les pauvres ! fait Anastasie. — Imagine encore d’autres personnes qui voient des aurores boréales ou une éclipse de Soleil pour la première fois. Ils ne comprennent pas ce qui se passe, ils n’ont pas les connaissances qu’il faut pour comprendre ces phénomènes naturels.

— Ils n’ont pas de Cyrus à qui ils peuvent poser des questions…, souffle Anastasie. Nous avons de la chance, n’est-ce pas, Cyrus, de connaître beaucoup de choses ? — Oui, Anastasie, mais les premiers hommes, eux, n’avaient pas cette chance. Et de notre côté, nous avons encore beaucoup à apprendre. — Alors, les premiers hommes, que pensaient-ils que ces phénomènes étaient ? — Ils croyaient que quelque chose ou quelqu’un de plus grand qu’eux leur envoyait des châtiments parce qu’ils l’avaient offensé. Petit à petit, ils ont nommé ces puissances. — Ils leur ont donné de vrais noms ?

— Au fil de l’évolution de l’humanité, oui. Mais sûrement pas au temps des hommes des cavernes, ajoute-t-il en riant. Ainsi, dans l’Égypte antique, on a invoqué Ra, Horus et Anubis, par exemple. Les Mayas ont vénéré notamment Hunab Ku, Chaac ou Ah Puch, alors que la mythologie nordique parlait entre autres d’Odin, de Thor ou de Loki. Quand personne ne pouvait expliquer pourquoi il pleut, pourquoi il tonne ou pourquoi il fait soleil, les hommes ont aussi inventé des légen­ des, pour expliquer ce qu’ils ne comprenaient pas. Ils ont inventé une grande quantité de dieux qui avaient parfois des histoires très compliquées, mais ils ont aussi aussi imaginé des demi-dieux et des héros qui vivaient d’incroyables aventures. Parfois, les hommes ne faisaient plus la différence entre la vie de leurs dieux et la réalité. — Finalement, ça fait beaucoup de dieux, fait remarquer Anastasie. — Qu’on ne saurait compter…, dit Cyrus. — C’est comme ça que tout ce qui était trop mystérieux pouvait devenir un dieu, dit Anastasie.

— Oui, et c’est ainsi que les hommes ont décidé que le Soleil était un dieu, que le vent était un dieu, que la Terre était une déesse. Tu sais, on a souvent besoin de croire en quelque chose de plus grand que nous…

L e s g r a nd s p er son n a ge s de s my t holo g ie s g r e cqu e s et r om a i ne s ont don né leu r nom à de nom br eu se s con s t el l at ion s de l’ hém i sph èr e Nor d. O n y r et r ouv e ent r e aut r e s C a s s iop é e, s it ué e à l’op p osé de l a Gr a nde O u r se pa r r app or t à l’ét oi le Pol a i r e. O n l a r e con n a ît a i sém ent g r â ce à s a for me de W (ou de M selo n l a s a i son) .

Peut-on faire un gâteau avec des œufs de pingouin ou d’autruche ? Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Macbeth. — Viens m’aider, Arthur, lui dit sa mère, madame Larcouette. Nous allons préparer un gâteau extraordinaire pour l’anniversaire de ta jeune sœur. — D’accord ! dit le garçon, qui adore sa sœur et encore plus faire de la pâtisserie. Je commence par quoi ? — Sors les œufs, la farine et le beurre, et metsles sur le comptoir. Arthur sort la douzaine d’œufs bruns et la regarde fixement pendant un long moment. — Ces œufs sont bien ordinaires. Comment espérer en faire un gâteau extraordinaire ? Si on mettait plutôt des œufs de pingouin ou des œufs d’autruche ? suggère Arthur.

— Je trouve ton idée très bonne, dit sa maman. Mais je ne sais pas si on pourrait faire un gâteau avec les œufs de ces oiseaux exotiques. Qu’en penses-tu ? Arthur ne sait que répondre. — Je serais bien heureuse de le savoir, murmure madame Larcouette. Voudrais-tu appeler Cyrus ? Il doit sûrement savoir ! Arthur s’empresse de composer le numéro. — Oui, bien sûr, répond Cyrus à la question du garçon. On pourrait très bien préparer un gâteau d’anniversaire avec des œufs de pingouin ou d’autruche si on en trouvait facilement dans nos épiceries. —  Ah bon, ils sont donc comme les œufs de poule ? —  Comme les œufs de poule que tu connais bien, les œufs des pingouins et ceux des autru­ches ont un jaune et un blanc. Mais à mon avis, ajoute Cyrus, ce serait du gaspillage.

— Du gaspillage ! s’étonne Arthur. Pourquoi du gaspillage ? Madame Larcouette fronce les sourcils. — Parce que les œufs de pingouin sont rares, explique Cyrus. Il est donc préférable de les laisser couver et éclore afin qu’ils donnent naissance à des petits. — Est-ce la même chose pour les œufs d’autruche ? demande Arthur, plein d’espoir. — Ceux-ci sont moins rares, en effet, car il existe des fermes où on élève des autruches. Mais ces œufs sont si gros qu’il te faudrait quintupler la recette ! ajoute Cyrus en riant. — Quintupler la recette ! s’écrie Arthur. Surprise, madame Larcouette sursaute et laisse tomber le jaune d’un œuf à côté du bol. — Tu as déjà vu une autruche ? demande le savant.

— Bien sûr. — Tu sais alors qu’elles sont très grosses. À l’heure actuelle, les autruches sont les plus gros oiseaux de la Terre. As-tu une idée de la taille d’un œuf d’autruche ? demande Cyrus. — Non, admet simplement Arthur, qui n’a aucune idée de la taille de ces œufs et qui les imagine énormes comme des ballons de basket. — L’œuf de l’autruche pèse entre un kilo et un kilo et demi, explique Cyrus. L’équivalent d’au moins deux douzaines d’œufs de poule ! — Oh ! s’exclame Arthur. Merci, Cyrus. Je crois que nous allons mettre des ingrédients extraordinaires dans la décoration du gâteau plutôt que dans sa composition.

L e s aut r uc he s dé p o s ent le u r s œ u f s d a n s le s able et ont souvent des n id s com mu nauta i res qu i peuvent conten i r ju squ’à 60  œu fs.

Pourquoi la Terre est-elle penchée ? À son réveil, Macha est soudain frappée par l’angle du globe terrestre posé sur son bureau. — Pourquoi la Terre est-elle penchée ? se demande la petite fille. Elle saute de son lit et s’habille sans prendre le temps de faire sa toilette. — Si j’y avais pensé plus tôt, se dit-elle, j’aurais pu le demander à Cyrus l’autre jour. Ça m’éviterait d’avoir à y retourner. Elle trouve sans difficulté le savant dans son verger, occupé à cueillir de belles grosses pommes rouges. — Bonjour, lance-t-elle en s’approchant doucement. — Bonjour, répond un peu distraitement le savant.

Armé d’un crayon bien aiguisé, Cyrus aligne soigneusement des chiffres dans un petit carnet noir qu’il range ensuite dans la poche de sa chemise. — Pourquoi la Terre est-elle penchée ? lui demande Macha. Le savant soupire et regarde sa montre. — Dix heures, fait-il. Je peux bien m’accorder une petite pause. Asseyons-nous à l’ombre de ce jeune pommier, là. — Pourquoi la Terre est-elle penchée ? insiste la petite. — On ne le sait pas, admet le savant. — Vous ne le savez pas ! s’exclame Macha, interloquée. — Eh non ! La seule chose que je puis te dire, c’est que l’inclinaison de la Terre a été causée par une série d’événements qui se sont produits au fil de sa formation et de son évolution. La Terre est inclinée à plus ou moins 23,5 degrés par rapport à la verticale. Et il y a bien longtemps que la Terre penche ainsi ! rétorque le savant. — Combien longtemps ? demande la petite.

— Oh ! des millions d’années ! — Aussi bien dire depuis toujours, conclut Macha en se levant. Ça ne m’avance pas vraiment, ditelle. Le savant tire son petit carnet noir de sa poche. Il en arrache une feuille sur laquelle il dessine un cercle à l’intérieur duquel il écrit le mot Soleil. — Regarde bien ceci, Macha, dit-il. Nous ne savons peut-être pas pourquoi la Terre est inclinée, mais nous savons ce que ça provoque. Nous avons ici le Soleil…

hiver

printemps

Soleil

été

automne

— C’est ce qui est écrit, en effet, fait celle-ci. — Bien. Cyrus trace ensuite un cercle plus grand autour du Soleil. — Et ça ? demande Macha. C’est quoi ? — C’est la trajectoire qu’effectue la Terre autour du Soleil. — Vous voulez dire le chemin qu’elle suit pour tourner autour du Soleil ? s’enquiert la gamine. — Oui. Veux-tu s’il te plaît aller me cueillir une petite pomme ? demande l’érudit. Ravie, Macha se lève et choisit une pomme charnue qu’elle tend au savant. — Merci. Maintenant, regarde bien. Cyrus fiche son crayon au centre de la pomme. — Ce crayon, explique-t-il, représente l’axe de la Terre. Celle-ci, tu le sais, tourne autour de son axe. Macha hoche la tête. — Je place le crayon ici, sur le plan de l’orbite terrestre, en l’inclinant un peu. En suivant son orbite, la Terre est parfois plus près et parfois plus

loin du Soleil et, puisqu’elle est inclinée, elle semble parfois tendre vers le Soleil un pôle ou un autre. Vers le 21 juin, par exemple, l’atmosphère se réchauffe, car les rayons du soleil touchent plus directement l’hémisphère Nord. C’est le début de l’été ! Le mouvement orbital de la Terre et son inclinaison sont donc responsables du phénomène des saisons. — Oh, d’accord ! s’exclame Macha. Elle quitte le savant sans oublier de le remercier, même si, pour elle, l’énigme de l’inclinaison de la Terre n’est pas résolue. Pour Cyrus non plus, d’ailleurs…

L a Ter r e se d i s t i n g ue de s aut r e s pl a nèt e s du s y s t ème sol a i r e pa r son at mosp hèr e con s t it ué e e s sent iel leme nt d’a zot e et d’ox ygèn e.

Pourquoi dit-on que certaines anguilles sont électriques ?  — Ce n’est pas possible, porter des noms pareils ! dit Valentine à Cyrus en éclatant de rire pour la dix-huitième fois. Valentine est assise sur une marche, les yeux remplis de larmes, au bord du fou rire. Chaque fois qu’elle essaie de prononcer l’un des deux noms, elle pouffe sans pouvoir articuler un mot. — Il faut dire que Valentine, c’est beaucoup plus joli, souligne Cyrus. — Gy… gymnote et tremblador ! s’écrie Valentine en prenant une voix d’opéra. Ça ne va pas du tout ! Et elle rit encore, essuyant du revers de la main les larmes qui ruissellent sur ses joues.

— Je trouve que gymnote pour une anguille électrique, poursuit-elle, ça n’est pas assez méchant ! On dirait un petit poisson heureux. — Mais tremblador, ça, c’est du sérieux ! précise Cyrus. On tremble de peur rien qu’à entendre le nom ! — Moi, pas ! pouffe Valentine. — Alors, audacieuse enfant, sache que le gymnote, ou le tremblador, est une anguille électrique féroce qui peut t’envoyer une décharge électrique de 650 volts ! Et une jeune anguille de seulement 7 à 10 centimètres peut t’envoyer une décharge de 100 volts. On reçoit un choc parce que l’anguille envoie bel et bien une décharge d’électricité. — Et on en meurt ? demande plus sérieusement Valentine. — Pas nécessairement, répond Cyrus, mais on est fortement secoué pour un bon moment. Les poissons et les grenouilles n’y survivent généralement pas. De toute façon, même s’ils ne sont

qu’assommés par la décharge, ils se font par la suite dévorer par l’anguille. — Pas de chance ! dit Valentine. Mais pourquoi une anguille est-elle électrique ? — Pour se défendre, d’abord. Tous les animaux ont des moyens de défense. L’anguille utilise également son électricité pour se diriger et pour chasser ses proies. — Et elle allume l’électricité pour y voir clair ? demande Valentine, prise par une nouvelle crise de fou rire. — Pas du tout ! Comme l’anguille vit dans des eaux peu profondes et boueuses, qu’elle a aussi une très mauvaise vue, elle envoie des ondes électriques qui lui permettent de se repérer. — Comme les chauves-souris avec l’écholocation ? demande Valentine. — C’est un peu la même chose, sauf que les chauves-souris n’envoient pas d’ondes électriques. Elles se servent des ondes pour s’orienter. — Si elle ne voit pas très clair, l’anguille électrique, et qu’elle passe à côté de nous sans nous voir, qu’est-ce qui se passe ?

— Elle te sent ! répond Cyrus. Ou elle sent sa victime. L’anguille électrique n’a pas besoin de toucher sa proie. Elle est capable de l’électrocuter à une distance de deux mètres ! — Vous commencez à me faire peur, Cyrus, dit Valentine. — N’aie pas peur, et continue d’avoir tes fous rires, Valentine ! Les anguilles électriques vivent très loin d’ici, en Amérique latine. — Si un jour j’y vais, dit Valentine en riant, j’y penserai…

L e s a n g u i l le s d’A mér ique et cel le s d’E u r op e n a i s sent d a n s l a mer de s Sa rga s se s au l a rge de s Ber mud e s. E l le s r emon t ent l’At l a nt ique p ou r a l ler v iv r e d a n s le s r iv ièr e s d’e au douc e de leu r s cont i nent s r e sp e c t i fs. Apr è s plu s ieu r s a n né e s, el le s r et ou r nent p ond r e à l’end r oit où el le s sont né e s. I l semb le qu’el le s y meu r ent apr è s le f r a i.

Pourquoi les nouveaux-nés ont-ils les yeux bleus ? — J’ai vu mon nouveau petit frère ce matin, annonce fièrement Dagmar à son amie Marine. Il est tellement beau, il a de beaux yeux bleus. — Tous les bébés ont les yeux bleus, voyons, rétorque Marine avec condescendance. Dagmar voudrait lui demander pourquoi elle est toujours aussi détestable, mais elle en est empêchée par la cloche qui sonne la fin de la récréation. « Elle est jalouse, rumine Dagmar, parce que j’aime mon petit frère alors qu’elle se dispute tout le temps avec le sien ! » Fortifiée par cette découverte, elle décide d’ignorer sa camarade pour le reste de la journée. Mais

le soir, à la sortie des classes, la discussion reprend de plus belle : — Personne chez vous n’a les yeux bleus, insiste Marine, je ne vois pas comment ton petit frère pourrait garder ses yeux bleus. Au fait, comment s’appelle-t-il ? Dagmar n’a qu’un désir, mettre fin à cette désagréable conversation. Aussi s’empresse-t-elle de répondre : — Il s’appelle Thierry. — Thierry, répète Marine. J’en connais déjà trois. Ça n’en fait jamais qu’un quatrième. Dagmar voudrait la mordre, mais elle se retient. Elle décoche à Marine son plus beau sourire avant de demander : — Au fait, pourquoi les nouveaux-nés ont-ils les yeux bleus ? Marine ouvre grand la bouche, puis la referme dans un claquement mat. « Et toc ! se réjouit Dagmar. Ça va l’occuper une bonne partie de la soirée. »

Laissant sa camarade perplexe, elle monte dans l’autobus qui vient de s’arrêter à sa hauteur. « Maintenant, réfléchit Dagmar, je vais aller poser la question à Cyrus. » Le savant n’a aucune peine à satisfaire la curiosité de sa jeune visiteuse. —  C’est simple, Dagmar. Tous les nouveaux-nés ont l’iris bleu parce que la pigmentation n’est pas encore codée. L’iris est la partie colorée de l’œil. —  Vous voulez dire qu’il y a du retard et que la couleur viendra plus tard ? demande la petite fille.

—  Oui. La couleur bleue est due à un défaut de maturation du pigment de l’iris. —  Combien de temps faudra-t-il pour savoir de quelle couleur seront réellement les yeux de Thierry ? —  Il faut en général attendre de six à neuf mois. — Ah bon. C’est vrai que chez nous tout le monde a les yeux bruns. — Marine a raison, tu sais. Si tes parents ont tous les deux les yeux couleur noisette, il y a de fortes chances pour que le petit Thierry ait, lui aussi, les yeux de cette couleur. — Est-ce que mon petit frère me voit ? demande Dagmar. — Très mal, lui répond le savant. Comme tous les bébés lorsqu’ils naissent, il est myope. Si tu veux qu’il voie les objets que tu lui présentes, tu dois les approcher à vingt ou trente centimètres de son visage. — Et quand Thierry verra-t-il de façon normale ? s’inquiète la grande sœur.

— Lorsqu’il aura atteint l’âge de trois mois en­ viron, la vision de ses deux yeux sera vraiment fonctionnelle. — Pas avant ? — Non, pas avant. — Merci, Cyrus, dit Dagmar. Maintenant je vais pouvoir répondre à cette chipie de Marine. — Présente-lui plutôt ce nouveau petit frère. Je suis sûr qu’en le voyant elle se radoucira.

La v ision de l’enfa nt se développe p e n d a nt l e s p r e m i è r e s a n n é e s de v ie. L’a c u it é v i s uel le du nou r r isson se situe au x a lentou rs de 1 ⁄ 10 . Vers l’â ge de 2 a n s, el le att ei nt 5 ⁄ 10 . Si t out va bien ver s l’â ge de 10 a n s, l’en fa nt a u ne a c u it é de 10 ⁄ 10 . L e dé velopp ement de l a v i s i on e n t r o i s d i m e n s i on s n e s e f a it qu’ent r e 8 et 9 a n s.

Est-ce dangereux ou mortel de ne pas mettre de fers aux sabots des chevaux ? — Cyrus ! Cyrus ! crie Mortimer, fou de joie. Regardez ! Regardez ce que j’ai trouvé ! Le garçon se précipite dans le garage où travaille le savant. — Qu’est-ce qui se passe ? demande ce dernier. — Regardez ce que j’ai trouvé au bord de la route ! Tout fier, le garçon exhibe sa trouvaille. — Un fer à cheval ! dit Cyrus. Tu sais qu’on le considère comme un porte-bonheur ? Le visage de Mortimer s’assombrit. — Tu n’es pas content ? — C’est que je songeais au cheval qui l’a perdu, explique Mortimer. Est-ce dangereux pour lui de ne plus avoir de fer ? Est-ce mortel ?

— Dangereux, oui. Mortel, non, répond Cyrus en s’essuyant les mains à un chiffon maculé de cambouis. — Pourquoi leur met-on des fers ? — Pour protéger leurs pieds, explique Cyrus. Les fers sont en quelque sorte les chaussures des chevaux. Sans eux, l’animal qui marche sur une surface dure ou inégale, comme du gravier, aura vite mal aux jambes. —  Aux jambes ? demande Mortimer. —  Oui, dans le cas des chevaux, on dit des jambes. —  Mais pourquoi leur met-on des fers ? Les chevaux ont des sabots, remarque Mortimer. Les sabots ne leur servent pas de souliers ? —  Le sabot, fait de corne, s’use progressivement au contact du sol. Comme les ongles, il pousse

régulièrement, mais lentement, d’un centimètre par mois environ. —  Et ce n’est pas suffisant ? s’étonne le gamin. — Tout dépend de l’activité du cheval. S’il est amené à travailler sur des surfaces très dures, à porter des fardeaux ou à parcourir de grandes distances, ses sabots s’usent plus vite que s’il est toujours au repos. — Comme nos chaussures ! — Exactement, rétorque Cyrus. Si la corne s’use trop rapidement, le cheval a mal aux pieds, il boite. — Est-ce qu’un cheval doit souvent changer de fers ? — Plusieurs fois par année. Tu sais, lui explique le savant, les chevaux sont comme les humains, chacun a sa manière à lui de marcher, d’user ses fers. — Certains les usent plus vite que d’autres, je suppose, en conclut Mortimer. Mais, dites-moi, Cyrus, qui fabrique les fers à cheval ?

— Certains sont préfabriqués, en usine. Mais le cordonnier des chevaux, c’est le maréchal-ferrant. Autrefois, il y en avait dans chaque bourg important. Aujourd’hui, on trouve plutôt des garagistes, soupire Cyrus. Le savant jette un rapide coup d’œil au moteur de son automobile. Il poursuit : — Le maréchal-ferrant peut fabriquer des fers sur mesure. Il chauffe le fer et le travaille jusqu’à ce qu’il épouse la forme exacte du sabot du cheval. Il le fixe ensuite à l’aide de huit longs clous de sept centimètres. —  Ça doit faire mal ! s’écrie Mortimer. —  Non, car il sait quel angle donner aux clous pour qu’ils pénètrent la corne sans blesser le cheval. —  Ouf ! dit le garçon. Moi, j’ai des chaussures de course, des chaussures un peu plus chics, des chaussures d’été, des chaussures d’hiver. Est-ce pareil pour les chevaux ?

—  Oui, répond Cyrus en réprimant un sourire. Il y a des fers pour les chevaux de trait, pour les chevaux de course, de compétition. Certains sont en fer, d’autres en aluminium, donc très légers. Certains ont des crampons pour l’hiver. — Le mien est en fer, dit Mortimer. Je vais l’accrocher à ma porte de chambre !

A u d é b u t d u X X e  s i è c l e , l e m é t i e r d e m a r é c h a l-f e r r a n t n’é t a i t p a s d e t o u t r e p o s. D a n s le s h a m e au x i mp or t a nt s , u n o u v r i e r d e v a i t s o u v e n t s ’o c c u p e r d’e n v i r o n 7 0 0   c h e v a u x , q u’ i l f a l l a i t fer rer tous les 3 mois. Un hom me pouva it ferrer au maximum 10 g r os che v au x pa r jou r.

Pourquoi les carottes cuites sont-elles molles ? Cunégonde se redresse, toute droite devant Cyrus. — Écoutez bien ce que j’ai préparé pour l’école ! C’est un exposé sur les légumes que j’ai fait en forme de poème. Cyrus s’installe confortablement, prêt à n’importe quoi, car Cunégonde est rarement sérieuse. Elle fait une sorte de petit salut et prend une grande inspiration. — Les légumes. Les légumes, c’est une horreur. C’est seulement bon avec du beurre. C’est toujours mou, Ça sent mauvais. Il faut être fou Pour en manger.

Le brocoli, c’est terrifiant. Le chou-fleur, lui, est déprimant. La seule jolie, c’est la carotte, Mais je l’aime mieux Quand elle est crue. C’est tout. Cunégonde salue de nouveau, bien bas, comme une grande comédienne. Cyrus applaudit. — Qu’est-ce que vous en pensez ? risque-t-elle, curieuse. — Tu vas faire rire ta classe, c’est sûr. Est-ce que tu en manges quelquefois, tout de même, des légumes ? demande Cyrus. — Il faut bien ! soupire Cunégonde. Mais je vais vous dire, Cyrus. Je mange presque uniquement des carottes crues. Autrement elles sont trop molles. — Tu devrais dire à ta mère de moins les faire cuire ! C’est parce qu’elles cuisent qu’elles ramollissent. — Pouvez-vous me dire exactement pourquoi ?

— Bien sûr ! dit Cyrus en riant. Les carottes, comme les autres légumes d’ailleurs, sont faites de cellules. Pour qu’elles tiennent ensemble, il y a entre elles une sorte de liant, comme du mortier entre des briques, qu’on appelle pectine. — Et la pectine fond ? demande Cunégonde. — La pectine se dilue dans l’eau. Il n’y a donc plus de mortier pour retenir les cellules ensemble. Mais il y a autre chose… — Les cellules s’envolent ! s’écrie Cunégonde, théâtrale. — Mais non ! Sois sérieuse une minute ! La paroi de chaque cellule est affectée par la cuisson : elle devient perméable à l’eau, de sorte que les cellules deviennent molles. — Cellule molle égale légume mou ! Et ça, ça me coupe l’appétit ! ajoute Cunégonde.

— Le légume perd tout son croquant, poursuit Cyrus. Et une fois qu’il est mou, on peut l’écraser, le piler, le réduire en purée… — Ce qui serait bien difficile avec des légumes crus ! s’exclame Cunégonde. — Tu as tout compris ! dit Cyrus. — Ça ne veut pas dire que j’aime les carottes molles ! ajoute Cunégonde. — Bien sûr que non, mais tu n’es pas obligée de les laisser trop cuire. Moi, j’aime les carottes cuites encore un peu croquantes. — Moi, j’aime les carottes râpées avec du jus de citron, du sel, du poivre, du paprika et de l’huile d’olive. — On se fera une dégustation de carottes, un de ces jours ? demande Cyrus. — Bonne idée ! s’écrie Cunégonde. J’en ferai même une à l’école ! Avec mon poème, ce sera super ! Cyrus, j’ai une grande idée ! Un menu carotte : potage de carottes… — Qu’on appelle potage Crécy, précise Cyrus.

— … salade de carottes comme j’ai dit, carottes semi-cuites et gâteau aux carottes ! — Une grande idée, oui ! murmure Cyrus. Tu me garderas un morceau de gâteau ?

nt pa s L a c a r ot t e ne co nt ie or ies. énor mément de ca l t très Pa r contre, el le es g m en t r ic he en ca r ot èn e, pi iq ue à pa r t i r du qu el se fa br é tit la v ita m in e A . Un e qu an de 10 0  g de ca ro tt es en co nt ie nt 50 0  m g.

Comment se forment les spermatozoïdes ? — Ça n’a pas l’air d’aller, dit Cyrus au jeune livreur. — Vous avez raison, Cyrus, admet le garçon. J’ai un devoir à remettre demain au cours de bio et je n’ai pas beaucoup de temps pour faire les recherches nécessaires. Je dois aider mon père au magasin. — Entre, Sylvius. Tu as bien cinq minutes ? Le garçon hésite en se tordant les mains. Son père n’aime pas le voir traîner. S’il s’attarde, il risque de se faire disputer. Surtout en ce moment où leurs rapports sont plutôt tendus. Constatant le trouble du jeune adolescent, dont il connaît un peu la situation, Cyrus tente de le rassurer.

— Viens t’asseoir. Je vais appeler ton père et lui dire que j’ai besoin de toi pour m’aider à transporter un vieux meuble. Le visage de Sylvius s’illumine. Contrairement à la sienne, la maison du savant est calme. Elle embau­ me la cannelle et le chocolat. Il a envie de rester un peu dans cette oasis. — D’accord, cinq minutes. Mais s’il vous plaît, monsieur Cyrus, appelez tout de suite mon père. Cyrus disparaît dans son bureau, dont il ferme la porte. Il revient bientôt en se frottant les mains et en annonçant : — C’est réglé. Dis-moi maintenant quel est le sujet de ton devoir de biologie et je vais t’aider. Sylvius rougit jusqu’à la racine de ses cheveux noirs. Il finit par bafouiller : — Comment se forment les spermatozoïdes ?

— C’est simple, dans les testicules, lui répond le savant. Sylvius rougit de nouveau. Sans se soucier du trouble du gamin, Cyrus poursuit ses explications. Il tend d’abord un crayon et du papier à l’adolescent. — Prends des notes, conseille-t-il, ça t’aidera à rendre un devoir convenable. Sylvius est trop heureux de trouver à s’occuper. Il ne se fait donc pas prier. Cyrus reprend : — Dans les testicules, il y a des cellules spécifiques, les spermatogonies, qui servent à fabriquer les spermatozoïdes. Elles attendent un signal du cerveau qui leur dira de se multiplier et de se transformer en spermatozoïdes. Ce signal arrive au moment de la puberté. Sylvius s’applique à noter consciencieusement les explications. Il ne lève pas les yeux de sa feuille. — L’hypothalamus et l’hypophyse, des glandes du cerveau, libèrent des hormones dans le sang et, quand celui-ci passe dans les testicules, les cellules spéciales dont je t’ai parlé comprennent

le signal. Elles s’activent, se multiplient, grandissent et se transforment. Il faut plus ou moins 72 jours pour qu’une spermatogonie donne finalement un spermatozoïde. Est-ce que je vais trop vite ? demande le savant. — Non, non, Cyrus. Continuez. — Les testicules gardent une réserve de spermatogonies pour pouvoir produire continuellement des spermatozoïdes pendant presque toute la vie de l’homme. — Vous parlez de cellules… — C’est ce qu’il y a de plus petit dans le corps. Le corps entier est fait de cellules. — Il y en a beaucoup ? demande Sylvius en levant enfin les yeux de sa feuille de notes. — Entre 75 et 100 milliards, estime-t-on, lui répond l’érudit. On ne peut pas donner de chiffre exact ! Chacune a un rôle bien particulier, certaines forment la peau, d’autres les muscles ou les spermatozoïdes…

— Merci, Cyrus, dit le garçon en se levant brusquement. Je crois que j’ai la matière qu’il me faut pour rendre mon devoir. — Alors, va vite retrouver ton père, mon garçon. Et si jamais il te faisait quelque remarque que ce soit, dis-lui de me téléphoner…

En 1677, le s av a nt hol l a nd a i s A nt on i va n Leeuwen hoek découv re, avec l’a ide de son assista nt Joha n Ha m, l’existence des sper m at ozoïdes. Des 200 m i l l ion s de sp er m at ozoïde s qu i pa r t ent à l a c onquê t e de l’o v u le, u n s e u l p a r v ient à le fé conder.

Comment font les abeilles pour retrouver leur ruche ? Cyrus descend de la montagne par le Chemin des ânes. Gratte-Bedaine marche devant, en bon éclaireur. Tout à coup, il s’arrête. — Tu as entendu quelque chose, mon gros Gratton ? Gratte-Bedaine tourne vers Cyrus ses grands yeux tristes et inquiets. — Qu’est-ce qui se passe ? Cherche, Gratton, cherche ! Le gros chien part vers la gauche et s’arrête au bout de vingt mètres. Couché sur le sol dort un petit garçon. — Holà, fait doucement Cyrus en lui touchant l’épaule. L’enfant ouvre les yeux et sourit.

— Vous m’avez retrouvé ! dit-il, visiblement heureux. — Tu t’es perdu ? demande Cyrus. — Oui, et j’ai décidé d’attendre que quelqu’un me retrouve pour ne pas me perdre encore plus, dit le petit garçon. J’ai voulu faire comme les abeilles. Elles vont très loin et retrouvent toujours leur ruche. —  Mais tu n’es pas une abeille ! dit Cyrus. Comment t’appelles-tu ? —  Tomi. Et vous ? —  Moi, c’est Cyrus, et celui qui t’a retrouvé, c’est GratteBedaine. Viens, je te ramène au village ! Cyrus prend le petit Tomi par la main. —  Tu sais, Tomi, les abeilles ne partent pas au hasard, lorsqu’elles quittent leur ruche. Elles envoient d’abord une éclaireuse. Avant de partir chercher le nectar

des fleurs, l’éclaireuse vole un court moment au-dessus de la ruche pour s’orienter par rapport au soleil. Elle se fixe des points de repère. C’est seulement lorsqu’elle est certaine de sa position qu’elle part. — Toute seule ? demande le petit Tomi. — Oui, répond Cyrus. Et quand elle a trouvé une grande quantité de nectar, elle revient chercher les autres. Elle enregistre la distance entre sa trouvaille et la ruche, et sa position selon le soleil. — Mais comment explique-t-elle aux autres le bon chemin ? demande Tomi. — Elle danse ! dit Cyrus. Si le nectar est à moins de 80 mètres de la ruche, elle exécute une danse en rond. Les autres abeilles la palpent avec leurs antennes pour bien comprendre son message. Elles peuvent même sentir quel genre de nectar elles vont trouver ! Les mouvements de l’abeille sont plus rapides quand elle veut expliquer qu’il y a beaucoup de nectar. — Elles se parlent !

—  C’est une sorte de langage. C’est très étonnant, tu sais. Si le nectar est à plus de quelques dizaines de mètres, l’éclaireuse danse en huit. Elle indique ainsi la position exacte du nectar, qu’il soit entre le soleil et la ruche ou bien plus à gauche, ou bien plus à droite, parfois même à plusieurs kilomètres de là. La danse en huit qu’elle exécute indique notamment aux autres abeilles la distance du nectar par rapport à la ruche. Plus la source est proche, plus le nombre de huit augmente. Tomi écoute Cyrus avec de grands yeux émerveillés. —  Les abeilles partent donc bien informées, vont chercher le nectar, et reviennent en suivant le chemin inverse et en s’orientant toujours selon le soleil. —  C’est extraordinaire, murmure Tomi. Je n’aurais jamais réussi… —  Une chose est certaine, mon petit Tomi, c’est qu’il ne faut jamais partir sans avertir. Et puis, même les grands aventuriers prennent des moyens pour retrouver leur chemin ! Si Gratte-Bedaine

n’avait pas été là, je crois bien que tu aurais passé la nuit dans la montagne… Gratte-Bedaine se retourne, très fier du sauvetage de Tomi.

Une abei l le peut r écolt er u n dem i-m i l l ion de g r a i n s de pollen sur ses pattes et butiner 25 0   f le u r s e n s e u le m e nt u n e he u r e. E l le s s ont le mot e u r de l a p o l l i n i s a t i o n d e 71  % d e s principal es plantes qui composen t not r e a l i ment at ion .

Comment se forment les aurores boréales ? Colin file à toute vitesse sur sa bicyclette, passe le pont de fer, tourne à gauche, prend la rue principale et s’arrête devant la maison de Cyrus. — Cyrus ! Cyrus ! C’est moi ! Colin ! — Qu’est-ce qui t’arrive, mon pauvre ! s’exclame Cyrus. On dirait que tu as vu des monstres sous ton lit ! — Cette nuit, je me suis réveillé, je me suis levé et j’ai vu dans le ciel des rideaux verts qui flottaient, qui dansaient, qui…

— Sans doute des aurores boréales, qu’on appelle aussi des aurores polaires ! dit Cyrus. Tu as de la chance, Colin ! C’est toujours une merveille à voir. — Ce matin, j’ai demandé à mes parents ce que c’était, poursuit rapidement Colin. Tout ce qu’ils ont pu me dire, c’est que c’étaient des aurores boréales. Ils ne connaissent rien ! Ils ne savent jamais expliquer… — Alors, à toute vitesse, tu es venu chez moi, dit Cyrus. J’espère que tu ne seras pas trop déçu… — Qu’est-ce que c’est, Cyrus ? Qu’est-ce qui se passe dans le ciel pour qu’on puisse voir un pareil spectacle ? — C’est très difficile à expliquer et, en plus, on ne sait pas tout sur ce qui leur donne ces formes étonnantes.

— Dites-moi au moins ce que vous savez, Cyrus, supplie Colin. — Le point de départ des aurores boréales, ce sont des tempêtes à la surface du Soleil, de gigantesques tempêtes grandes comme un océan. Lorsque ces éruptions se produisent, des particules sont projetées dans l’espace. C’est ce qu’on appelle des vents solaires. Parce qu’elles sont chargées d’électricité, les particules sont attirées par les pôles magnétiques de la Terre, comme par un aimant. — Le pôle Nord et le pôle Sud ? demande Colin.

— Les deux pôles, oui. Au pôle Nord, on parle d’aurores boréales et au pôle Sud, d’aurores australes. Mais il s’agit du même phénomène. — Mais qu’est-ce qui fait qu’on voit de la lumière ? dit Colin. — Les particules en provenance du Soleil pénètrent dans l’atmosphère et entrent en collision avec des molécules de gaz. — De quel gaz ? demande Colin, qui veut tout savoir. — De l’oxygène et de l’azote. L’oxygène émet une lueur verte, alors que l’azote produit une lumière violette. C’est ce qui explique la couleur des aurores polaires. — C’était tellement beau, Cyrus ! dit Colin. Je suis resté dehors même après l’aurore boréale, au cas où elle reviendrait… — La plus belle que j’ai vue, il y a bien longtemps, avait la forme d’un dôme, comme si elle voulait prendre tout le ciel pour elle. —  Quelle couleur avait-elle ?

— Elle était d’un violet très lumineux qui tirait vers le rose. Et moi aussi, je suis resté longtemps dehors pour voir si elle reviendrait… — Ce qui est dommage, dit tristement Colin, c’est qu’il n’y en ait pas tous les soirs. — Moi, dit Cyrus, je trouve que c’est bien ainsi. S’il y en avait tous les soirs, tu prendrais l’habitude d’en voir souvent et ce ne serait plus une surprise, comme ce le fut pour toi hier soir. — C’est vrai. Et j’aime les surprises, dit Colin en souriant. Ce soir je verrai peut-être une comète ? — Pas ce soir, mais peut-être dans quelques années…, dit doucement Cyrus pour ne pas décevoir Colin.

Si on app el le au r or e s p ol a i r e s ce c u r ieu x phénomène, c’e s t que le s lueu r s qu’i l pr ovoque d a n s le ciel r e s semblent au x pr em ièr e s lueu r s du jou r. O n app el le au r or e le moment qu i s u it l’aube et qu i pr é cè de le le ver du solei l.

Pourquoi mes cheveux frisent-ils et pas ceux de maman ? Coiffée d’un grand chapeau de paille noir, Ange-­ Marie se faufile entre les arbres du parc. Elle marche sur la pointe des pieds, s’arrête un moment, regarde à gauche et à droite et repart comme une souris traquée. Assis au bord de l’étang, Gratte-Bedaine à ses pieds, Cyrus attend les canards. Lorsqu’il voit Ange-Marie se déplacer comme une espionne, il se lève et court se cacher derrière un arbre. —  Ne bouge surtout pas, souffle-t-il à GratteBedaine avec un sourire d’enfant pas très sage. Quand Ange-Marie passe près de l’arbre derrière lequel s’est caché Cyrus, elle entend un « Bou ! » sonore suivi d’un grand éclat de rire. —  Cyrus ! s’écrie-t-elle, effrayée. Vous savez bien que je sursaute pour un rien…

— Qu’est-ce que tu fais avec ton grand chapeau ? dit Cyrus sans se justifier. Tu as réussi à cacher là-dessous ta crinière ? — Je n’ai plus de crinière, dit tout bas Ange-Marie. — Tu ne t’es pas fait couper les cheveux ! s’exclame Cyrus, horrifié. — Je les ai coupés, murmure Ange-Marie, très mal à l’aise. J’ai pris les ciseaux et j’ai tout coupé, très court. — Tes beaux cheveux qui te faisaient un nuage doré tout le tour de la tête ! — Je ne les aimais plus, poursuit AngeMarie. Ils s’emmêlaient toujours, ça tirait trop quand je les brossais. J’aurais voulu des cheveux tout droits et tout raides comme ceux de maman. Pourquoi, Cyrus, est-ce que mes cheveux frisent et pas ceux de maman ? Cyrus soulève doucement le grand chapeau d’Ange-Marie. — Tu as l’air d’un petit mouton tondu…, dit-il. Mais c’est très joli aussi, tu sais.

— Je garde quand même mon chapeau, dit-elle. Mais répondez-moi, s’il vous plaît. — Les cheveux poussent dans une sorte de petit pot miniature, le follicule. C’est là que se forme la kératine, une matière qui constitue autant les cheveux que les ongles, les griffes, les cornes ou les écailles. Les follicules ont des formes différentes : ils peuvent être ronds, ovales ou aplatis. —  Et les miens, mes follicules, ils sont comment ? demande Ange-Marie. —  Les tiens doivent être ovales, car c’est dans les follicules ovales que se forment les cheveux frisés. Les cheveux raides poussent dans les follicules ronds. Les follicules ronds traversent la peau en ligne plutôt droite, alors que les follicules ovales semblent suivre un chemin sinueux. La forme du follicule influencerait donc celle du cheveu qui y pousse. —  Mais pourquoi, moi, j’ai des fol­ licules ovales et des cheveux frisés ? demande Ange-Marie.

— C’est une question d’hérédité, dit Cyrus. Ce sont tes gènes qui déterminent la sorte de cheveux que tu auras, tout comme la couleur de tes yeux. La moitié de tes gènes viennent de ton père et l’autre moitié de ta mère… — Et mon père a les cheveux frisés ! soupire Ange-Marie. — Ce sont ses gènes, les plus forts, qui ont gagné ! conclut Cyrus. — Est-ce que vous trouvez que c’est vraiment joli, même très court ? demande Ange-Marie en soulevant son chapeau. — Je crois même que tu peux enlever ton chapeau. Que tu aies un air de petit mouton ou un air de lionne, ça te va tout à fait, dit Cyrus en passant la main dans les minuscules boucles blondes.

Q u’e s t - ce qu i fa it que le s che veu x , le s on g le s, le s g r i f fe s et le s cor ne s de s a n i m au x sent ent s i m auv a i s qu a nd i l s br û lent ? C’e s t que l a kér at i ne (du g r e c : ker a s , ker at os , qu i s i g n i f ient cor ne) qu i le s comp ose e s t u ne pr ot éi ne r iche en sou f r e. Et le sou f r e sent p a r t ic u l ièr ement m auv a i s.

Pourquoi fait-on des cauchemars ? Le plan de Samuel est parfait. Tout a été étudié dans les moindres détails. Il ne lui reste qu’à se rendre chez Cyrus pour les dernières vérifications. Il attache soigneusement la laisse au cou de Démosthène. — Viens, le chien, nous allons visiter GratteBedaine. Démosthène et GratteBedaine s’entendent à merveille. Pendant qu’ils s’amuseront ensemble, Samuel aura tout son temps pour parler à Cyrus. — Quelle surprise ! s’écrie Cyrus en voyant arriver Samuel et son grand animal. — J’ai voulu faire un petit plaisir à Gratton, dit Samuel. Et j’ai quelque chose

à vous confier, ajoute-t-il avec un air rempli de mystère. — Allons dans la bibliothèque ! dit Cyrus, curieux. — Voilà, fait Samuel, calé au fond d’un grand fauteuil de cuir. Depuis des jours, je fais de terribles cauchemars et je ne veux plus en faire. Alors, j’ai établi un plan anti-sommeil… — Tu crois que les choses vont s’améliorer si tu ne dors pas ? demande Cyrus. — En tout cas, je ne ferai pas de cauchemars ! — Samuel, dit doucement Cyrus, sais-tu que les cauchemars, comme les rêves, ont une grande utilité ? — Même si on rêve à un cobra très méchant ? demande l’enfant. — S’il s’est passé quelque chose de grave dans la journée, si tu n’as pas su comment te débrouiller avec cette chose grave, si

quelque chose t’a dérangé, t’a bouleversé, il se peut très bien que tu fasses un cauchemar. Samuel écoute toujours sans dire un mot. — Si quelque chose t’a mis très en colère durant la journée… — Mais tout va bien ! coupe Samuel. Tout va bien tous les jours ! — Rien ne te fait peur ? demande Cyrus. — Rien ! affirme fermement Samuel. Sauf…, hésitet-il. Sauf que j’ai peur de faire des cauchemars. — C’est déjà beaucoup, dit Cyrus en riant. Tu as peur d’avoir peur. Ça, c’est terrible, parce que ça ne finit plus. — Mais pourquoi on fait toujours des cauchemars ? demande Samuel. — Parce que, comme je te l’ai dit tout à l’heure, il se passe des choses qui dérangent nos émotions. Tu peux être fâché contre quelqu’un, tu peux avoir été blessé par une remarque pas très gentille, tu peux avoir peur de rater ta présentation orale. Ou bien il peut s’être passé quelque chose de bouleversant, tu peux avoir été témoin d’un accident,

avoir perdu ton chat, avoir entendu parler d’un énorme incendie, et tu as peur que cela arrive chez toi… Revivre ces émotions en rêve permet d’en prendre conscience, d’apprendre à y faire face, de s’en libérer ou même de trouver de nouvelles solutions à nos soucis quotidiens. Même une maladie, une forte fièvre, une mauvaise digestion, les médicaments que tu prends, peuvent te faire faire des cauchemars. — Alors, c’est ça ! s’écrie Samuel, tout souriant. Je sors d’une épouvantable bronchite, Cyrus ! Épouvantable ! Je faisais quarante degrés de fièvre, j’avais mal dans tout le corps et… — C’est probablement ça, Samuel. Ne cher­ che pas plus loin. Et ne t’empêche surtout pas de dormir pour éviter les cauchemars. Tu as besoin de te refaire une santé. — Je laisse tomber mon plan ! dit Samuel. Pourtant, il était très au point… — Raconte-moi ça, dit Cyrus.

Et pendant que Démosthène et Gratte-Bedaine courent au jardin, Samuel explique à Cyrus comment il avait prévu ne plus jamais dormir.

D i f f é r e n t e d u c a u c h e m a r, l a t e r r e u r noct u r ne se pr odu it souvent pend a nt l a prem ière heure de sommei l. On se révei lle en sueu r, les pupi l les d i lat ées et le cœu r a f folé. On ne se souv ient pa s, en généra l, de ce à quoi on a r êvé. L es t er r eu r s noct u r n e s t o u c h e nt p a r t i c u l i è r e m e nt le s en fa nt s de 2 à 8 a n s, chez qu i le s méc an i s me s de som mei l ne sont p a s encor e t out à fa it au p oi nt .

Comment peut-on savoir l’âge des tortues ? Cyrus contemple le bassin de son jardin. Il médite en regardant ses tortues évoluer avec une lenteur un peu maladroite. Un bruissement le fait soudain sursauter. Il se retourne et sourit à Médée. Sa jeune voisine s’est glissée à travers la haie pour venir lui rendre visite. D’un signe de la main, il l’invite à le rejoindre pour observer les tortues qui se chauffent à présent au soleil, et lui offre un brin de muguet. Sans détour, la petite fille demande à Cyrus quel âge ont ses tortues.

— Je ne sais pas vraiment, répond-il. Je ne suis sûr que d’une chose, mes tortues ont plus de douze ans. — Comment fait-on pour connaître l’âge des tortues ? demande Médée. — C’est difficile d’évaluer parfaitement leur âge, dit Cyrus. On peut le savoir approximativement en comptant les lignes concentriques, les cercles, d’une des écailles de la carapace. Cyrus se lève et prend Grincheuse, sa tortue préférée. Il se rassied aussitôt et montre à sa visiteuse les cercles qui ornent la carapace de Grincheuse. — Tu vois, ces lignes de croissance sont semblables à celles des arbres. La petite hoche la tête. — La distance que tu vois entre deux lignes correspond à une année. Tu veux compter ? demande le savant. Médée s’applique à compter les minces lignes de la carapace de Grincheuse. —  Alors ? lui demande Cyrus.

— Douze ! proclame Médée, dont le visage rayonne. — Alors notre Grincheuse a douze ans. La ligne que tu vois sur la carapace s’inscrit sur l’écaille à l’hiver, au moment où l’animal hiberne et cesse de grandir. Médée ouvre grand les yeux. — On peut aussi regarder le rebord de la carapace. Passe ton doigt sur le rebord, lui dit l’érudit. Intriguée, Médée s’exécute. — Alors ? lui demande Cyrus. — Il n’est pas très coupant, remarque la petite fille. — Plus le rebord de la carapace est coupant, plus l’animal est jeune, dit Cyrus. — Grincheuse est donc une vieille tortue, conclut Médée en caressant le ventre de l’animal, qui dissimule aussitôt ses pattes. — Elle est relativement vieille, oui, admet le savant chauve. Grincheuse est une tortue à oreilles rouges que j’ai achetée il y a une douzaine d’années maintenant. Elle pourrait vivre vingt ans.

Le visage de Médée s’assombrit brusquement. — Pas plus ? s’étonne-t-elle. Je croyais que les tortues pouvaient vivre des centaines d’années ! — Ce ne sont pas toutes les espèces de tortues qui peuvent vivre aussi longtemps, lui explique-t-il. Mais certaines tortues géantes peuvent, en effet, vivre jusqu’à deux cents ans. — Je ne sais pas si j’aimerais vivre aussi longtemps, rétorque la petite en remettant Grincheuse dans le bassin. Le jour décline lentement pendant que Cyrus et Médée continuent d’observer le monde étrange et fascinant des tortues aquatiques. L’odeur du muguet envahit le jardin. Médée passerait des heures dans le merveilleux jardin de Cyrus…

tor tues Les premières es il y a s e r a i e nt a p p a r u né es , en 19 0  m i l l io n s d’ a n m êm e t em ps qu e les prem iers cr oc od i le s.

Comment se forme la coquille d’un mollusque ? — D’accord, d’accord ! s’écrie vivement Mip. Nous irons chercher des huîtres, mais attention, tu ne les manges pas tout seul ! — Moitié-moitié ! dit Zip. Jure-le-moi, goinfre ! Mip et Zip s’appellent respectivement Gustave et Marcel. Pourquoi Mip et Zip ? Personne ne le sait vraiment, même pas eux. — Et la perle, qu’est-ce qu’on en fait ? demande sournoisement Mip. Parce que ce serait bien possible qu’on en trouve une, tu sais ! — Celui qui trouve une perle la garde, répond Zip. Pas de moitié-moitié ! — D’accord, d’accord, dit Mip. C’est quand même fabuleux, non, qu’une huître sache fabriquer une perle ? — Ce qui est encore plus fabuleux, enchaîne Zip, c’est qu’une huître sache se fabriquer une coquille.

Tu la vois, la pauvre huître, se balader dans l’eau de mer toute nue ? — Pour la perle, moi, je sais ce que c’est, dit Mip. Ça part d’un grain de sable qui entre dans le mollusque et qui se recouvre de plusieurs couches de nacre. Mais la coquille ! As-tu déjà pensé à la manière dont elle se forme, la coquille ? — Et comment ! J’y ai tellement pensé que j’ai dû demander des détails à Cyrus. — À propos des coquilles d’huîtres ? Il connaît ça, les coquilles d’huîtres ? — Il connaît tout, tu le sais bien ! — Et tu es allé lui poser des questions… — Pour savoir justement comment elle se fabrique, cette coquille. — Et il t’a répondu quoi ?

— Il m’a répondu, fait Zip, que c’est un travail de titan. Imagine-toi, poursuit-il sur le ton de la confidence, que le pauvre animal naît complètement nu. Une petite larve sans coquille qui risque de se faire dévorer toute crue. Cyrus m’a même dit que 99,9 % des œufs d’huîtres sont mangés par des poissons ou d’autres bêtes marines ! — Non ! s’écrie Mip, incrédule. — Tout à fait. Imagine encore la pauvre larve, obligée de se faire en quelques semaines une espèce d’armure ! Un travail de titan, c’est le mot ! Elle a une peau très fine, le manteau, dans laquelle se trouvent des glandes qui sécrètent le calcaire avec lequel elle construira sa coquille. — Mais, coupe Mip, pour fabriquer quelque chose, il faut qu’elle mange ! — Les mollusques sont des filtres, dit Zip. Pour se nourrir, ils filtrent l’eau et digèrent les matières organiques qu’elle contient. Il faut que l’huître se fabrique rapidement une coquille pour se protéger de ses prédateurs…

— Ses quoi ? demande Mip. — Ses prédateurs. Ceux qui veulent la manger. La pieuvre et l’étoile de mer adorent les huîtres. Dès que sa coquille est prête, l’huître peut s’y réfugier quand arrive un ennemi. Elle possède, relié à sa coquille, un muscle très fort qui lui permet de rentrer chez elle à la vitesse de l’éclair. — Je me sens tout à coup une âme de prédateur…, dit Mip. Je vais en dévorer quelques-unes ! — Moitié-moitié, rappelle Zip. — Moitié-moitié, confirme Mip. Mais la moitié de combien ? — Je sais déjà qu’on en mangera trop, dit Zip en enfonçant son coude dans les côtes de Mip.

De s hu ît r e s p erl ièr e s sont éle vé e s p ou r l a fa br ic at ion a r t i f iciel le de s p erle s. O n i nt r odu it u n cor ps ét r a n ger d a n s l’ hu ît r e. Cel le - ci r é a g it a lor s en ent ou r a nt ce cor ps ét r a n ger d’u ne couche de n a cr e. I l faut env i r on 2 à 3  a n s à u ne hu ît r e p ou r fa br iquer u ne p erle de t a i l le moyen ne et 5 a n s p ou r u ne p erle de plu s g r os c a l ibr e.

D’où vient le vent ? — Je déteste le vent, bougonne Chimène en s’accrochant fermement à son parapluie. — Tu ne devrais pas, lui répond Cyrus. Le savant force le pas. — Le vent est indispensable à la survie de l’humanité, poursuit-il, essoufflé. — Je pourrais très bien survivre sans le vent, proteste la gamine. Regardez mes cheveux ! Ils sont tout défaits. — Sans vent, insiste Cyrus, la chaleur tropicale n’atteindrait jamais nos régions et, donc, nous ne pourrions y vivre. — Ah ! fait Chimène. — Sans vent, les nuages immobiles ne pourraient nous envoyer de pluie bienfaisante. — Bienfaisante, bienfaisante, ronchonne Chimène.

— Enfin, sans le vent, les concentrations de pollution demeureraient stagnantes et rendraient toute vie impossible sur la planète. — D’accord, d’accord, admet Chimène. Vous avez presque réussi à me convaincre de l’utilité du vent. Mais dites-moi, Cyrus, d’où vient-il donc ? — Entrons ici, dit l’érudit en poussant la porte d’un salon de thé. Nous y serons plus à l’aise pour bavarder. Je t’invite. Confortablement installés devant un thé d’Assam fumant, un chocolat brûlant et deux babas dégoulinants de sirop parfumé au rhum, les deux amis poursuivent leur conversation à l’abri des intempéries et du vent qui fait rage. — Une vraie tempête, remarque Chimène en regardant par la vitre embuée. — On mesure la force du vent grâce à l’échelle de Beaufort, lui explique Cyrus. Pour qu’il y ait tempête, il faut un vent violent de force dix. Nous en sommes loin,

la météo annonçait ce matin des vents de force cinq. — Et pour un ouragan ? — Quand la tempête atteint la force douze à l’échelle de Beaufort, on parle d’ouragan. — Mais ces vents, comment sont-ils produits ? — Grâce à la chaleur du soleil. Sans elle, il n’y aurait pas de vent. Il faut aussi de l’air. Le soleil réchauffe l’air, mais de manière inégale. Songe aux températures qu’il fait à l’équateur et à celles qu’il fait aux pôles. — La différence est immense ! — Aux pôles, l’air est froid, donc plus dense. Il a tendance à descendre ou à rester bas. À l’équateur, il est plus chaud, donc plus léger. Il tend alors à s’élever. Chimène s’essuie la bouche et écoute le vent mugir au-dehors. — Ces déplacements d’air de haut en bas, poursuit Cyrus, provoquent un énorme brassage qui crée de grands courants autour du globe.

— C’est ce brassage qui fait le vent ? demande Chimène en terminant son baba. — Pas uniquement. Il faut ajouter un autre ingrédient : la rotation de la Terre. Ce mouvement de rotation fait changer les courants des vents, dissipe certains vents et divise les grands courants d’air. — C’est bien compliqué, tout ça, soupire Chimène. — On dirait que ça souffle de plus en plus fort dehors, remarque le savant. Tu sais, Chimène, si soudain tous les vents de la planète s’arrêtaient, il faudrait l’équivalent de sept millions de bombes atomiques pour réactiver le mouvement. — J’ai compris, Cyrus. Quoi­ que désagréables parce qu’ils décoiffent, les vents sont hautement utiles à la vie de la planète. — Et lorsque le vent souffle trop fort, il n’y a qu’une chose à faire…

— … se mettre à l’abri, complète Chimène. En compagnie d’un ami savant et de bons petits gâteaux. Je reprendrais bien un de ces merveilleux babas. Pas vous, monsieur Cyrus ?

dé pl a ce Le ve nt fa vo r i se le insectes m en t de c er t a i n s or t e r p a r q u i s e l a i s s e nt p a i nsi de lu i , f r a n c h i s s a nt nc es t rè s g ra nd es d i st a rnir s a n s av o i r à f o u d’ ef fo r t .

Pourquoi les citrons sont surs ? La sonnerie du téléphone fait sursauter Cyrus, qui somnolait sous son palmier. — Allô, Cyrus ? — C’est Timothée ? s’écrie Cyrus, joyeux. Où étais-tu passé ? — En Italie ! Est-ce que vous connaissez l’Italie, Cyrus ? — Oh oui ! Très bien, même ! J’y ai habité deux ans… — Est-ce qu’il y avait des citrons, où vous habitiez ? demande Timothée. — Des citrons, des oranges, des pamplemousses, de tout ! dit Cyrus. —  Moi, enchaîne Timothée, j’habitais à côté d’une forêt de citronniers ! Jamais de ma vie je n’ai vu autant de citrons, Cyrus. —  Et tu as aimé ton voyage ?

— Oui, sauf que j’ai été très malade…, murmure Timothée. J’ai mangé trop de citrons et je me suis brûlé l’estomac. — Tu mangeais des citrons ? s’inquiète Cyrus. — Comme des oranges. J’aime le citron, Cyrus. Mais j’ai un peu exagéré. Il y en avait partout ! — Tu sais ce que le citron peut faire à tes dents si tu en manges trop ? dit Cyrus. — Je sais ce qu’il a fait à mon estomac ! dit Timothée à l’autre bout du fil. — Le citron, Timothée, est acide. Trop de citron peut décalcifier les dents. — Décalcifier ? — Les désintégrer, à la limite. — Quelle horreur ! — As-tu déjà décalcifié un œuf, Timothée ? demande Cyrus. — Non ! — Essaie ceci : dans un pot, place un œuf, avec sa coquille évidemment, et couvre-le de vinaigre.

Tu verras qu’au bout de deux ou trois jours la coquille aura complètement disparu. — Décalcifiée ? — Exactement, dit Cyrus. — Et les citrons, c’est un peu comme le vinaigre ? Qu’est-ce qui fait qu’ils sont surs, Cyrus ? — Si les citrons sont surs, c’est qu’ils contiennent beaucoup d’acide citrique. Citrique, citron… On trouve de l’acide citrique dans les fruits, en petite quantité. — Et dans les citrons, il y en a beaucoup ? demande Timothée. — Entre 6 % et 10 %. — Et le reste ? — Il y a un peu de protéines, de fibres, des calories, etc. Un citron est composé de 91 % d’eau et il contient beaucoup de vitamine C. — Beaucoup ? — Beaucoup, mais quand même 40 % de moins qu’une orange. Tu aurais mieux fait de manger

des oranges, Timothée. Et, encore là, pas des tonnes… — J’exagère toujours, Cyrus. Même avec le chocolat ! Oh, il faut que je vous laisse. Ma sœur crie pour avoir le téléphone… — Passe me voir bientôt, nous parlerons de l’Italie et nous mangerons des oranges… — Demain, dit Timothée. Après l’école.

Le ju s de cit ron, tout com me le v i n a i g re bl a nc, e s t ut i l i sé com me encr e i nv i s ible ou encre sy mpat h ique . Une foi s le messa ge écr it et bien séché, i l d ispa ra ît. Pou r le fa i re appa ra ît r e, i l su f f it de l’ex poser à l a ch a leu r en ch au f fa nt le p apier ave c u n fer à repasser. On peut également ut i l i ser du l a it .

De quoi un arc-en-ciel est-il fait ? Joshua tape frénétiquement au carreau de l’atelier de Cyrus. — Venez voir ! Venez voir ! crie-t-il. Inquiet, le savant délaisse la glaise qu’il s’apprêtait à modeler et se précipite au-dehors. — Que se passe-t-il, Joshua ? Un accident ? — Non, un arc-en-ciel, venez voir ! Cyrus exhale un soupir de soulagement. — Tu m’as fait peur, grand dadais. — C’est beau, non ? demande Joshua sans se laisser démonter. — Tu as raison. On ne se lasse jamais de la beauté d’un arc-en-ciel. — De quoi un arc-en-ciel est-il fait ? — D’eau et de lumière, lui répond le savant.

— Je ne comprends pas. — Un arc-en-ciel se produit lorsqu’un rayon de soleil pénètre à travers des gouttelettes de pluie. Normalement, les rayons du soleil passent à travers l’air. Mais lorsqu’il pleut, ils traversent l’eau. — Est-ce pour cela qu’on ne voit les arcs-en-ciel qu’après la pluie ? — Ou lorsqu’il pleut, oui. Parce qu’au moment où le rayon entre dans l’eau, il se décompose en toutes les couleurs. Il y a diffraction.

lumière blanche du soleil

goutte de pluie lumière décomposée

— Mais la lumière du soleil est pourtant blanche, s’étonne Joshua. — Eh non ! corrige Cyrus. Elle a l’air d’être blanche, mais elle est composée de sept couleurs. — Celles de l’arc-en-ciel ? — Précisément. Regarde bien, Joshua. Sur le bord extérieur de l’arc-en-ciel se trouve une bande de lumière violette. — Je la vois, s’enthousiasme le gamin. — Ensuite viennent l’indigo, le bleu, le vert, le jaune, l’orange et, au sommet… — Le rouge ! complète Joshua. — Chacune de ces sept couleurs qui composent la lumière rebondit sur les gouttelettes d’eau de pluie. — Et ça se passe toujours de la même façon ? demande le garçon. — Oui, rétorque Cyrus, parce que l’eau a toujours la même densité, que la composition de l’air sur la Terre est partout pareille et que l’angle du rayon dans la gouttelette d’eau est toujours le même.

— Vous voulez dire que le rayon de soleil pénètre toujours dans les gouttes d’eau de pluie selon le même angle et qu’il ressort ensuite à l’air libre ? — Exactement. — Sur une autre planète, les arcs-en-ciel seraient différents, s’il y en avait ? — Oui. Leur forme pourrait être différente parce que la composition de l’air serait différente et que les couleurs rebondiraient alors de manière différente. — Je me pose une question idiote, avoue Joshua. — Il n’y a pas de question idiote, souligne Cyrus. — Pourquoi ne voit-on pas d’arcs-en-ciel la nuit ? — Ta question est loin d’être bête ! La lumière de la Lune peut aussi former un arc-en-ciel en tombant sur la pluie. Toutefois, cet arc-en-ciel est très pâle et on ne peut en distinguer les couleurs. Il ressemble plutôt à un arc blanchâtre dans le ciel nocturne. — Ah ! dit Joshua, pensif. Est-ce qu’un arc-en-ciel fait un cercle complet ou bien s’il s’arrête quelque part ? demande-t-il.

— L’arc-en-ciel commence et se termine au même endroit que la pluie et les nuages puisqu’il se forme dans l’eau de pluie ou dans les nuages de vapeur d’eau traversés par la lumière du soleil. — Merci, Cyrus. — Bon, dit le savant. Tu restes là si tu veux. Moi, je dois retourner à mon atelier, sinon ma glaise va sécher.

C’est New ton qui, le premier, au XVII e siècle, ex pl iqu a l a for m at ion des a r cs- en- ciel pa r l a d i s p er s ion de l a lu m ièr e s ol a i r e d a n s le s go ut t e s d’e a u . Un p e u plu s t a r d , d e s e x p é r i e n c e s ont p e r m i s d e m e s u r e r l e s lon g ueu r s d’onde a s socié e s à l a lu m ièr e : e l le s v ont d e 0,4   m i c r om è t r e ( µ) p o u r le v iolet , à 0,8 m icr omèt r e (µ) pou r le r ou ge.

Comment peut-on différencier un dinosaure mâle d’un dinosaure femelle ? — Si vous retrouviez mon squelette et celui de Charlie, vous sauriez que j’étais une fille et lui, un garçon, affirme Sabine. — Oui, dit Cyrus, car chez les humains, les femmes ont le bassin plus large que les hommes, parce que ce sont elles qui portent les bébés et qui accou­ chent. — Mais si vous trouviez un squelette de dinosaures, ce ne serait pas aussi simple puisque les dinosaures pondaient des œufs, Cyrus ! s’écrie Sabine. Leurs bassins sont identiques peu importe leur sexe ! Alors, comment on peut savoir qu’un

squelette est celui d’un mâle, et un autre celui d’une femelle ? — En effet, il n’est pas simple de distinguer leurs ossements. Entre un tyrannosaure mâle et un tyrannosaure femelle, il n’y a presque aucune différence. Mais chez les hadrosaures… — Ceux qui ont un bec de canard ? demande Sabine.

— Ceux-là mêmes. Chez les hadrosaures, on a remarqué quelque chose de spécial. Les hadrosaures portaient une crête sur la tête. Or, chaque fois qu’on découvrait un squelette d’hadrosaure, on en trouvait d’autres, plus petits, portant aussi une crête. On a cru au début qu’il s’agissait d’une autre espèce. Mais comme cela se produisait chaque fois, on en a conclu qu’il s’agissait plutôt de femelles hadrosaures. — Donc, ça ne saute pas aux yeux ! dit Sabine. — Pas du tout ! dit Cyrus. Il y a des choses dont personne n’est absolument sûr, mais qu’on peut tout de même déduire. Dans la chaîne de l’évolution, les crocodiles et les oiseaux sont ceux qui ressemblent le plus aux dinosaures. En faisant des

rapprochements, on peut supposer que le comportement des dinosaures ressemblait passablement à celui des oiseaux ou à celui des crocodiles, selon l’animal duquel ils se rapprochent le plus. — Par exemple ? — Le comportement de ces animaux n’est pas du tout le même selon qu’il s’agit d’un mâle ou d’une femelle. Chez les crocodiles, c’est la femelle qui provoque le mâle en vue de l’accouplement. C’est elle aussi qui s’occupe des petits. Chez les oiseaux, c’est le mâle qui porte les couleurs brillantes et qui fait des parades nuptiales au temps des amours.

— Pour les dinosaures, on n’en sait rien, mais on croit que…, dit Sabine, moqueuse. — On en sait de plus en plus sur les dinosaures, mais une chose est sûre, c’est que personne n’était là en même temps qu’eux pour nous donner des preuves ! dit Cyrus. — C’est dommage que l’humain n’ait pas existé au temps des dinosaures, pour les examiner, pour voir comment ils vivaient… — Je n’aurais pas aimé les côtoyer de près, dit Cyrus. — Moi non plus, réplique Sabine, mais j’aurais aimé les examiner quand même. Je sais ce que je vais faire plus tard, Cyrus… — Je devine un peu… — Je serai experte en dinosaures et j’essaierai de tout découvrir sur leur vie !

D éb ut 2016, de s c h e r c h e u r s br it a n n iq ue s ont découver t des f ra g ments de sa n g de d i n o s a u r e . C ’e s t l’a n a l y s e d’ u n e d e n t d e d i nosau r e t r ouvée en A lber t a i l y a 100 a n s qui a révélé la présence de sang. Curieusement, l a d e nt av a it é t é l a i s s é e d e p u i s c e t e mp s d a n s u n t i r oi r, d a n s u n mu sé e de L ond r e s.

Imaginez la vie avec Cyrus ! C’est le bonheur dont doivent rêver tous les saintbernard. Chaque fois que mon maître termine un tome de sa vaste encyclopédie qui raconte, j’attends impatiemment la suite pour voir si j’y serai. M’avez-vous aperçu dans le livre ? J’espère vous retrouver au prochain tome !

Index a abeille.................................103 acide.................................136 acide citrique...................... 137 altitude................................. 22 anguille................................. 79 anneaux................................43 arc-en-ciel..................... 61, 139 aurore boréale....................108 autruche............................... 70 axe (de la Terre)................... 77 azote................................. 111 b Beaufort (échelle de)......38, 131 big bang...............................15 c calcaire...............................128 carotte..................................93 cauchemar..........................117 cellule...........................95, 100 cerveau...............................100 cheval................................... 88 cheveu...........................40, 113 chien..................................... 31 citron.................................. 135 coquille...............................126 cosmologie...........................14 couleur......60, 85, 111, 116, 140 d dent.............................. 59, 136 digitigrade............................ 32 dinosaure............................144

e eau................... 52, 62, 95, 139 éclipse.................................. 26 électricité...................... 80, 110 espace...........................14, 110 évaporation..........................54 f follicule...............................115 g gène...................................116 gymnote............................. 79 h hérédité.................................116 hibernation.......................... 47 hormones...........................100 i inclinaison............................75 infini......................................13 iris........................................ 85 j jarret................................... 33 k kératine...............................115 l larve...................................128 lumière........16, 27, 60, 111, 139 Lune............................. 26, 142 m mandibule............................. 57 maréchal-ferrant...................91 maxillaire.............................. 57 mer.................................... 52 Mercure............................... 29

molécules............................111 mollusque...........................126 n nacre.................................. 127 nectar.................................104 nouveau-né.......................... 83 o œil....................................... 85 œuf............... 70, 128, 136, 144 organisme............................ 21 ours..................................... 47 oxygène.................. 22, 78, 111 p particule....................... 45, 110 pectine................................. 95 perruque............................... 39 pigment..........................86, 97 pingouin................................ 70 planète..................... 26, 43, 78 pôles..................... 78, 110, 132 prédateur................ 24, 50, 128 prisme..................................61 r rat........................................ 17 rotation............................... 133 ruche..................................103 s satellite (artificiel)..................16 satellite (naturel)................... 26 Saturne........................... 28, 43 savon...................................60 sel.........................................53 soleil................... 22, 27, 37, 61, 76, 105, 110, 132, 140 sommeil..............................118 spectre.................................61

spermatozoïde...................... 98 t température............ 22, 37, 132 Terre............... 26, 74, 110, 133 testicules.............................100 tortue.................................122 tremblador............................ 79 u univers..................................14 v vent........................ 22, 35, 130 vent solaire..........................110 Vénus................................... 29 vision................................... 87 y yeux............................ 83, 116

Table des matières Qui est Cyrus ?................................................................ 9 Légende���������������������������������������������������������������������� 11 Comment les savants font-ils pour savoir où ça finit, l’infini, si ça finit ?��������������������������������������� 13 Pourquoi les rats ont-ils si mauvaise réputation ?����������� 17 Pourquoi les organismes vivants sont-ils plus petits en haute montagne ?����������������������� 21 Y a-t-il des éclipses de Lune sur d’autres planètes ?������� 26 Pourquoi les genoux des pattes de derrière des chiens sont à l’envers ?������������������������������������������ 31 Pourquoi, en montagne, le vent souffle plus fort le jour que la nuit ?����������������������������������������� 35 Pourquoi, dans l’ancien temps, on portait des perruques ?�������������������������������������������� 39 Qui d’autre que Saturne a des anneaux ?��������������������� 43 Pourquoi les ours hibernent-ils ?����������������������������������� 47 Pourquoi la mer est-elle salée ?������������������������������������ 52 Pourquoi les dents du haut sont-elles plus grosses que celles du bas ?��������������������� 56 Pourquoi y a-t-il de la couleur dans les bulles de savon ?�������������������������������������������� 60 Combien y a-t-il de dieux ?������������������������������������������� 65 Peut-on faire un gâteau avec des œufs de pingouin ou d’autruche ?������������������ 70

Pourquoi la Terre est-elle penchée ?������������������������������ 74 Pourquoi dit-on que certaines anguilles sont électriques ?������������������������������������������� 79 Pourquoi les nouveaux-nés ont-ils les yeux bleus ?��������� 83 Est-ce dangereux ou mortel de ne pas mettre de fers aux sabots des chevaux ?���������������������������������� 88 Pourquoi les carottes cuites sont-elles molles ?�������������� 93 Comment se forment les spermatozoïdes ?.................... 98 Comment font les abeilles pour retrouver leur ruche ?����������������������������������������� 103 Comment se forment les aurores boréales ?���������������� 108 Pourquoi mes cheveux frisent-ils et pas ceux de maman ?�������������������������������������������� 113 Pourquoi fait-on des cauchemars ?����������������������������� 117 Comment peut-on savoir l’âge des tortues ?���������������� 122 Comment se forme la coquille d’un mollusque ?��������������������������������������� 126 D’où vient le vent ?���������������������������������������������������� 130 Pourquoi les citrons sont surs ?����������������������������������� 135 De quoi un arc-en-ciel est-il fait ?������������������������������� 139 Comment peut-on différencier un dinosaure mâle d’un dinosaure femelle ?��������������� 144 Imaginez la vie avec Cyrus !���������������������������������������� 149 Index........................................................................... 150

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Christiane Duchesne • Carmen Marois

Cyrus est un vieux savant à la curiosité insatiable. Pas étonnant que les enfants soient si nombreux à le consulter ! Il possède la réponse aux questions les plus pertinentes, les plus étonnantes, celles que tout le monde se pose, celles auxquelles on croit pouvoir répondre mais qui souvent nous laissent bouche bée...

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